26.03.2015 à 21h02 • Mis à jour le27.03.2015 à 17h02 | Elisa Perrigueur Les révélations sur des dépenses attribuées à Mathieu Gallet, le président-directeur général de Radio France, ont déclenché une tempête au sein de la Maison ronde. Toutefois, elles ne sont pas à l'origine du mouvement social, suivi par une partie du personnel, qui paralyse le groupe public depuis le 19 mars. Plusieurs préavis de grève illimitée avaient été signés le 13 mars et rendus publics le 16 mars, soit avant la divulgation, le 17 mars, des premières informations du Canard enchaîné concernant le président du groupe.Au neuvième jour de paralysie, vendredi 27 mars, Manuel Valls, le premier ministre, a estimé qu'il « fa[llai]t que cette grève s'arrête », appelant M. Gallet à « assumer pleinement ses responsabilités ». « Il faut que le dialogue social reparte sur de bonnes bases et il faut que Mathieu Gallet, comme la ministre [de la culture], Fleur Pellerin, [le] lui a demandé, nous fasse des propositions pour redresser Radio France », a-t-il ajouté. Un appel ignoré par les salariés, qui ont voté la reconduite de la grève jusqu'à lundi, au risque de perturber la couverture du second tour des élections départementales.1. Qui suit la grève ?Cinq des syndicats du groupe public ont déposé des préavis de grève illimitée : la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération générale du travail (CGT), le Syndicat national Force ouvrière de la radio et de la télévision (SNFORT), l'Union syndicale Solidaires, l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Les  préavis portaient sur l'arrêt des « externalisations » de certaines activités, le maintien des « formations musicales », « l'abandon de la réforme des modes de production » et « le maintien des effectifs » dans le réseau France Bleu.Le Syndicat national des journalistes (SNJ) n'a pas appelé à cette grève. Ne se reconnaissant pas dans les préavis « qui ne portaient pas sur l'emploi », précise un de ses membres, il a toutefois largement exprimé ses inquiétudes sur le financement du groupe. Le syndicat avait soutenu, avec l'UNSA et la CFDT, l'appel à une grève de vingt-quatre heures le 12 mars pour « refuser l'asphyxie budgétaire, le déclin de l'entreprise, et une régression sociale (…) ». 7% Lundi, sur 4 600 équivalents temps-plein employés par le groupe, environ 7 % des salariés avaient cessé le travail, estime la direction. « Les chiffres et la profession des grévistes sont difficiles à estimer en raison de problèmes de pointage », rétorque le syndicaliste Jean-Paul Quennesson, délégué de SUD-Radio France et corniste à l'Orchestre national. « Il y a des personnes qui font des demi-journées de grève, d'autres qui sont en grève illimitée. Tout ce qu'on peut dire, c'est que les équipes s'organisent pour un mouvement dans la durée. » Le nombre de grévistes suffit en tout cas pour perturber fortement les antennes du groupe public, de nombreuses émissions étant remplacées par des programmes musicaux.2. Equation budgétaire difficile 21,3 millions d'euros Pour la première fois, Radio France – groupe composé de ses stations nationales, France Info, France Inter, France Culture, France Musique, Fip, Mouv' ainsi que des quarante-quatre locales France Bleu et des quatre formations musicales – a adopté à la fin de janvier un budget déficitaire de 21,3 millions d'euros. Radio France est essentiellement financée – à 90 % – par la redevance audiovisuelle ; or, entre 2012 et 2015, le montant de cette ressource a baissé de 610 millions à 601 millions d'euros.Pour les syndicats, l'Etat est l'un des « responsables » de cette situation, comme le rappelle Jean-Paul Quennesson : « Ce qui nous frappe, c'est la volonté de la tutelle [le ministère de la culture] de s'exonérer de cette situation, alors qu'elle programme un sous-financement de Radio France pour les prochaines années. Excusez-moi de dire ça, mais l'Etat nous met dans la merde ! »  50 millions d'euros L'entreprise doit désormais dégager 50 millions d'euros d'économies d'ici à 2019. Tout cela dans un contexte compliqué, avec des charges de l'entreprise qui restent les mêmes, et un chantier de la Maison de la radio, à Paris, dont le coût total frôlait 584 millions d'euros à la fin de 2014.3. Des mesures « drastiques » à venirLa masse salariale représentant 60 % du budget du groupe public, les employés pourraient être les premiers visés par les coupes. Aussi, dans un communiqué diffusé le 24 mars, les syndicats appelant au mouvement soulignent que « plusieurs coupes ont déjà commencé » au sein du groupe. Ils dénoncent par exemple : la diminution de 25 % ces deux dernières années du nombre de CDD dans les rédactions ;que plusieurs corps de métiers ouvriers « sont déjà en partie externalisés ou en voie de l'être ». D'après ces syndicats, d'autres mesures sont à venir :la mutualisation des flashs de nuit entre France Inter et France Info ;la fermeture de certaines micro-locales ;la fusion de plusieurs services ;la polyvalence forcée des métiers.Si le mouvement social en cours est le plus long depuis 2004, c'est aussi que pour la première fois la Maison ronde devrait être confrontée à un plan de départs volontaires, font savoir les syndicats. « C'est un traumatisme », résume Jean-Paul Quennesson. En effet, le 24 mars, la direction a également évoqué l'annonce redoutée des salariés :200 à 300 départs volontaires pourraient être envisagés d'ici à 2019. Ils concerneraient essentiellement les « seniors » pour une « économie » de 17 millions à 24 millions d'euros ;Mathieu Gallet a également annoncé dans une interview au Monde que Radio France n'avait « pas les moyens de financer deux orchestres symphoniques, un chœur et une maîtrise pour un coût de 60 millions, ne générant que 2 millions de recettes de billetterie ». Lire notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Les salariés de Radio France seront fixés sur ces mesures en théorie dans le mois à venir. L'exécutif, par l'intermédiaire du ministère de la culture, établit actuellement, en collaboration avec le groupe, un contrat d'objectifs et de moyens qui fixera les ressources du groupe jusqu'à 2019.Lire (édition abonnés) : Le financement de l'audiovisuel public de nouveau sous pressionElisa PerrigueurJournaliste au Monde Enora Ollivier Ceux qui n'ont pas trouvé de place sur les sièges bleus sont assis sur les marches des escaliers, en tailleur sur la scène, ou se tiennent debout, sur le balcon. Ce jeudi 26 mars au matin, le studio 105 de la Maison de la radio est plein à craquer.Il est 10 h 15, et les salariés grévistes de Radio France, tous corps de métier confondus, se réunissent en assemblée générale (AG), comme chaque jour depuis le début du mouvement entamé le 19 mars, et qui ébranle autant l'antenne que le président de la société, Mathieu Gallet. L'ordre du jour est chargé : la veille, des représentants de l'intersyndicale ont été reçus par des membres du cabinet de la ministre de la culture, pour évoquer la crise, et doivent délivrer un compte rendu à leurs collègues. Un représentant de Sud donne le ton : « Ils se sont foutus de nous. Nous n'avons pas été traités sérieusement, la tutelle ne prend pas la mesure de ce qui se passe à Radio France. » Au cours de la réunion, le ministère de la culture ne sera quasiment jamais désigné autrement que par ces mots, « la tutelle », une sémantique qui en dit long sur la façon dont les salariés appréhendent leur lien avec la rue de Valois : ni plus ni moins qu'un cordon de bourse, qui a une douloureuse tendance, ces derniers temps, à se resserrer.Lire aussi : Radio France : Fleur Pellerin réclame un « projet » à Mathieu GalletMotion de défianceAu 8e jour du mouvement, les grévistes ont la sensation d'être les pions d'un jeu qui se déroule au-dessus de leurs têtes, entre la direction de Radio France, incarnée par M. Gallet, et le ministère. La première doit ficeler un projet d'économies de 50 millions d'euros sur cinq ans tandis que le second a décidé de baisser le niveau de son financement à l'entreprise publique.Les salariés se trouvent entre les deux, en colère de devoir se serrer la ceinture alors qu'ils observent d'énormes dépenses d'argent autour d'eux. Il y a bien sûr ces travaux de réhabilitation commencés il y a dix ans mais qui n'en finissent pas et dont le budget a dérapé, l'enveloppe pour la rénovation passant de 172 millions d'euros en 2004 à 584 millions aujourd'hui. Sans oublier les révélations des frais engagés pour la rénovation du bureau de M. Galet (100 000 euros) puis du coût de son conseiller en communication (90 000 euros par an). Des dépenses qui, si elles ne sont pas à l'origine de la grève, n'ont pas apaisé les aigreurs.Lire aussi, en édition abonnés : Entre Radio France et son patron, la greffe n’a pas prisPour autant, « il ne faut pas personnaliser la cible de notre lutte », répond un membre de l'AG à un journaliste qui propose le vote d'une motion de défiance contre le PDG, « notre problème, ce n'est pas tant Mathieu Gallet que l'ensemble des choix faits par la direction ». Dont acte : l'AG adoptera ce jour-là le principe d'une motion de défiance contre la politique mise en œuvre par la direction dans son ensemble.« La direction a humilié des gens »Quatre préavis de grève ont été déposés le 19 mars. Ils témoignent des craintes des salariés au sujet des externalisations de services, de la réforme des modes de production, des réductions d'effectifs sur le réseau France Bleu et de la perte d'un des deux orchestres de la maison. Les négociations qui se déroulent quasi-quotidiennement entre les grévistes et la direction ont permis une légère avancée : l'abandon de la réforme du service propreté. Un seul point, certes, mais loin d'être anecdotique : il y a un an, « les personnes qui s'occupaient du ménage des bureaux dans les étages, qui travaillaient là depuis parfois 25, 30 ans, ont été déplacées au sous-sol, tandis qu'une entreprise extérieure a été embauchée pour faire leur travail », raconte Anne Le Guehennec, technicienne et membre de la CGT. Peu de grévistes rencontrés oublieront de mentionner cette histoire, perçue comme symbolique des mutations à Radio France  – « la direction a humilié des gens qui travaillaient là depuis des années, que l'on croisait tous les jours », insiste Isabelle Yhuel, réalisatrice. Pour le reste, la situation est bloquée. Et aux préavis officiels, s'ajoute une interminable liste de griefs dépeignant un malaise généralisé dans la société. La direction « ne parle pas le même langage que nous, lance un salarié au cours de l'AG. Quand nous disons “chaînes”, comme France Inter ou France Culture, on nous répond “marques” ». Les studios où se déroulent émissions en direct et programmes enregistrés « accueillent de plus en plus d'entreprises pour des séminaires », souligne aussi Bertrand Durand, technicien et élu CGT, un choix qui, selon lui, nuit au service public que se doit de proposer Radio France. En résumé, « la valeur et l'éthique de Radio France sont en train de disparaître, et la société risque d'être privatisée », soupire celui qui se fait appeler « Franck La Révolte », responsable des services de serrurerie, signalétique,  menuiserie et maçonnerie dans la Maison ronde.« Une vraie agence d'intérim interne »Logiquement, les salariés ont reconduit la grève pour un neuvième jour et espèrent maintenant élargir la lutte. Des idées sont lancées : appeler des personnalités de la culture à afficher leur solidarité avec le mouvement, contacter les députés frondeurs de la majorité, intervenir lors des programmes qui continuent à être diffusés. Malgré la grève, quelques émissions sont en effet toujours à l'antenne, non pas à cause d'une faible mobilisation, assure M. Durand, mais parce que « des techniciens en CDD, qui ne peuvent pas se mettre en grève, ont été déplacés sur certains horaires stratégiques ». C'est ainsi que le « 7-9 », la tranche matinale de France Inter, a pu être maintenue jeudi et vendredi dernier.Combien sont-ils à observer la grève ? Les concernés contestent les chiffres de 7 % à 11 % du personnel avancés par la direction : ceux qui travaillent l'après-midi se déclarent après le point de 10 heures, transmis aux médias, et beaucoup de grévistes se relaient pour que la fiche de paie soit moins lésée à la fin du mois. Les journalistes, eux, ne sont pour l'heure pas massivement mobilisés, et le SNJ, syndicat majoritaire, n'a pas encore appelé à suivre la grève. Pourtant, « il y a matière à se mobiliser », souligne une reporter, sous couvert d'anonymat, dénonçant « l'usage abusif des journalistes en CDD à Radio France. Il y a une vraie agence d'intérim interne ». Elle cite en particulier le malaise dans les stations locales où « tout est à flux tendu : les journalistes triment, finissent souvent à 21 heures ». Et de conclure : « Ce n'est plus possible. »Lire notre dossier (édition abonnés) : France Télévisions, le grand corps maladeEnora OllivierJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Neuf candidats déclarés, sans parler des postulants restés dans l’ombre, comme la procédure le permet. Malgré la difficulté de la mission, la présidence de France Télévisions continue d’attirer les vocations. Jeudi 26 mars, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a réceptionné les derniers dossiers de candidatures et plusieurs personnalités se sont publiquement dévoilées.La première d’entre elles n’est pas une surprise. Dans un message adressé aux 10 000 salariés de France Télévisions, l’actuel président, Rémy Pflimlin, a confirmé sa candidature à sa propre succession. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, M. Pflimlin, 61 ans, compte défendre son bilan et le besoin de stabilité pour France Télévisions, confrontée à de lourdes réformes depuis plusieurs années.L’une de ses principales concurrentes est issue de l’audiovisuel public. Marie-Christine Saragosse, 55 ans, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a officialisé sa candidature, jeudi, dans un message interne. Diplômée de l’ENA, ancienne dirigeante de TV5 Monde, elle a été nommée par François Hollande en 2012 à la tête de l’audiovisuel extérieur de la France, qu’elle a apaisé après la bataille entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac. « Si ma candidature n’est pas retenue (…), nous continuerons notre chemin ensemble », a-t-elle écrit à ses équipes, tout en esquissant l’idée de « nouveaux liens » entre France Médias Monde et France Télévisions… une idée qui pourrait faire mouche.Autre figure issue du secteur public, Eric Garandeau, ancien président du Centre national du cinéma français et de l’image animée (CNC) et conseiller culture auprès de Nicolas Sarkozy, de 2008 à 2010. « Même si mes chances sont réduites, je souhaite concourir, car je suis passionné par le service public et très mobilisé par les enjeux de la transformation numérique dans le secteur audiovisuel », a-t-il déclaré au Monde. Jeune énarque, il a déjà travaillé un an à France Télévisions, sous Marc Tessier, et a été administrateur de l’entreprise.Parcours variésDe son côté, Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, a annoncé sa candidature dans un entretien aux Echos, jeudi. Il s’appuie sur son bilan au sein de l’établissement qu’il dirige depuis 2007 et qu’il a redressé, en appliquant des méthodes inspirées du secteur privé. Au conseil d’administration de France Télévisions, où il siège depuis 2011, M. Beaux s’est régulièrement positionné en opposition à la direction actuelle, refusant par exemple de voter le budget 2015.L’expérience est l’atout mis en avant par Didier Quillot, âgé de 55 ans, qui a été PDG d’Orange France, puis, à partir de 2006, président du directoire de Lagardère Active. M. Quillot met en avant son expérience de gestionnaire et de conduite du changement dans des entreprises de grande taille et souligne sa double casquette télécoms et médias.Alexandre Michelin, 50 ans, directeur général de Microsoft MSN pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, s’est déclaré fin février. Il a été directeur des programmes ou directeur général à Paris Première, à Canal+ et France 5.Parmi les autres candidats déclarés, on recense Serge Cimino, 51 ans, délégué syndical SNJ de France Télévisions, Nacer Kettane, président et fondateur du réseau Beur FM, et Cyril Hanouna, animateur sur D8.Issue de l’univers des médias, Nathalie Collin, 50 ans, directrice générale adjointe de La Poste, chargée de la communication et du numérique, est également candidate, selon nos informations. Diplômée de l’Essec, elle est aussi ancienne présidente du directoire de Libération et directrice du Nouvel Observateur et s’est investie dans des organisations professionnelles. Autre surprise, Robin Leproux, ancien vice-président du directoire du groupe M6, ex-patron du Paris Saint-Germain et de RTL, est aussi sur les rangs. L’homme peut mettre en avant un parcours varié dans l’univers des médias, avec une spécialité dans la génération de recettes, une des problématiques de France Télévisions.Pascal Josèphe, 60 ans, qui a travaillé pour le cabinet de conseil IMCA et été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, postule également à la tête de France Télévisions. Tout comme Cyrille du Peloux, 61 ans, cadre dans le groupe de services collectifs Veolia depuis douze ans, qui a été dirigeant de TF1 ou Paris Première dans les années 1980 et 1990.Delphine Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, ne s’est toujours pas exprimée. Mais son ombre continue de planer sur la campagne. Ingénieure de formation, elle a fait toute sa carrière chez l’opérateur. Pendant la précampagne, des échos de presse ont rappelé qu’elle y travaillait à l’époque de la mise en place du « plan Next », à laquelle on a attribué le suicide d’employés, mais son entourage rappelle que la longue instruction sur l’affaire n’a pas mis en cause Mme Ernotte. Souvent cité, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP, garde lui aussi le silence sur ses intentions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.03.2015 à 16h11 • Mis à jour le25.03.2015 à 18h33 La BBC a annoncé, mercredi 25 mars, sa décision de se séparer du présentateur vedette de son émission automobile « Top Gear », Jeremy Clarkson.L'animateur de l'émission de divertissement la plus populaire du Royaume-Uni avait été suspendu de ses fonctions par la chaîne publique, début mars, à la suite d'une « altercation » au cours de laquelle il aurait frappé l'un des producteurs de l'émission.« C'est avec regret que j'ai dit aujourd'hui à Jeremy Clarkson que la BBC ne renouvelerait pas son contrat », qui expire fin mars, a indiqué dans un communiqué Tony Hall, le directeur général de la BBC. Il a jugé que le présentateur s'était rendu coupable « d'agression physique et verbale » à l'encontre d'un producteur.Lire : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Succès en FranceAu Royaume-Uni, la gloire de Jeremy Clarkson est intimement liée à « Top Gear », un programme très différent des classiques émissions automobiles. Mais ses écarts de conduite avaient amené la BBC à lui lancer « un dernier avertissement » et à le menacer de licenciement « s'il faisait la moindre remarque offensante, peu importe où et quand », avait-il lui même déclaré en 2014 dans The Sun.Ironie de l'histoire, alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt, « Top Gear » France connaît un succès sans précédent sur la TNT. La diffusion du premier épisode de sa version française, mercredi 18 mars en début de soirée, sur RMC Découverte, a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience).Lire : Démarrage en trombe pour « Top Gear » sur RMC Découverte Alexandre Piquard « Le Conseil a demandé au président Mathieu Gallet, auquel il maintient sa confiance, de lui communiquer l’ensemble des orientations élaborées pour faire face aux déséquilibres financiers de Radio France en prenant en compte l’intérêt de ses personnels. » Le communiqué du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est intervenu après une discussion en séance plénière, mercredi 25 mars, à propos de l’entreprise publique, qui connaît son septième jour de grève et dont le président est critiqué pour ses dépenses.Pouvoir de révocationLe CSA, qui a nommé Mathieu Gallet début 2014, s’exprime quelques heures après que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a mis la pression sur le président de Radio France. La ministre de tutelle a jugé trop peu abouties les propositions d’économies formulées par son président, confronté à une crise financière. « Je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné », a-t-elle exigé, demandant des documents sous quinze jours.Lire aussi :Fleur Pellerin juge insuffisantes les propositions de Mathieu Gallet pour Radio FranceLe communiqué du CSA, présidé par Olivier Schrameck, utilise des mot pesés : il demande des éclaircissements à Mathieu Gallet qui estime, contrairement à ce que dit la ministre, avoir proposé des pistes précises. Pour le CSA, c’est une façon d’être présent dans un face-à-face tendu entre Radio France et le gouvernement. Face à l’aggravation de la crise, l’autorité a une démarche qui se veut suivre celle du gouvernement : à la fin de la semaine dernière, après les révélations du Canard enchaîné, l’institution estimait plutôt ne pas être directement concernée, notant que la tutelle, pour les affaires économiques, était assurée par le ministère.Mais le CSA, au passage, assure renouveler sa confiance à Mathieu Gallet, au moment où le mécontentement à Radio France croît. Et où le gouvernement ne semble pas chercher à aider particulièrement le président nommé il y a un an par l’autorité indépendante. Alors que certains dans le secteur posent en privé la question du maintien de Mathieu Gallet, le CSA assure ne pas vouloir user pour l’heure de son pouvoir de révocation.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Bruxelles dévoile ses ambitions en matière de numérique. Mercredi 25 mars, le vice-président de la commission européenne en charge du numérique, Andrus Ansip, a présenté les grandes orientations de l’institution communautaire en la matière.Le numérique fait partie des priorités du président Jean-Claude Juncker, entré en fonction en novembre dernier. Parmi les principaux chantiers : une réforme du copyright, la question de la régulation des plates-formes ou la lutte contre le « géoblocking ». Le but étant de créer un vrai marché intérieur du numérique alors qu’aujourd’hui, il est morcelé entre autant d’États membres.« Les gens doivent pouvoir être capables, en ligne, de traverser les frontières aussi facilement qu’ils le font dans la vie réelle. Les sociétés du numérique doivent être aidées afin que leur marché soit aux dimensions de l’Union et non limité à son marché national » a déclaré M. Ansip, mercredi. Le commissaire est originaire d’Estonie, un des pays considérés comme les plus connectés au monde.Territorialité des droitsConcernant la réforme du copyright, l’idée est de permettre qu’un bien culturel en ligne (film, vidéo, etc.) puisse être consommé (acheté au besoin), quel que soit le pays de localisation de l’internaute. Actuellement, les abonnements à de la vidéo à la demande ne sont le plus souvent pas « exportables » : même s’il paie son abonnement, un client ne peut consommer que s’il se trouve dans le pays où il a acheté son service. En cause, le modèle économique du cinéma et d’une partie de l’audiovisuel : la territorialité des droits. Les droits de diffusion d’un film sont achetés pays par pays.Pour remédier à cette situation, certains, à la Commission, plaidaient, ces dernières semaines, pour une remise à plat complète de ces droits. Au Parlement européen, l’unique députée du Parti pirate, Julia Reda, a publié un rapport remarqué, en février, prônant la création de licences universelles.Mais Les associations d’ayants-droits, notamment en France, sont montées au créneau avec constance, ces dernières semaines, pour dénoncer des changements qui mettraient à mal de manière irrémédiable, le modèle économique notamment du cinéma.Il semble qu’ils aient été en partie entendus : attachée à prendre en compte la rémunération des auteurs et des éditeurs, la commission ne prévoit pas de légiférer avant l’automne prochain (et non avant l’été comme prévu initialement).Consultation publiqueBruxelles veut aussi s’attaquer au « géoblocking », le fait que certains services ou produits en ligne puissent être achetés depuis certains pays et pas d’autres. Ou que le prix des biens, sur un même site, diffère considérablement selon le pays de l’acheteur. Ainsi des locations de voiture, en Belgique, par exemple, dont le prix peut varier du simple au double, selon la localisation du loueur au moment où il effectue sa transaction. C’est un sujet plutôt consensuel mais qui nécessite pas mal d’ingénierie réglementaire.Autre gros projet, plus polémique, lui, la « régulation des plates-formes ». C’est-à-dire, même si ce n’est pas évoqué frontalement par la commission, la régulation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces quatre géants du web américain dont les chiffres d’affaires cumulés sont supérieurs au PIB du Danemark…La question est, entre autres, de savoir s’il faut considérer ces géants de l’internet uniquement au travers du prisme de la concurrence (comment mieux les réguler pour faire en sorte de corriger ce que d’aucuns pointent comme des distorsions, voire des abus). Ou alors estimer que ces groupes, devenus presque aussi puissants que des États, doivent désormais être considérés comme des sociétés faisant peser un risque systémique aux économies (comme les banques).La commission devrait lancer une consultation publique sur le sujet dans les semaines qui viennent. Dans l’institution, les avis sont partagés : il y a les tenants du laissez faire (Irlande, Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni) et les autres – France, Allemagne, Italie, Espagne, attachés à une meilleure répartition des profits entre les géants du net et les autres acteurs du numérique), et qui ne voudraient pas que le débat soit enterré.La décision finale – réguler ou pas les plates-formes dépendra aussi des conclusions de l’enquête que la commission mène depuis maintenant cinq ans sur Google pour abus de position dominante. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger Après la loi de programmation militaire (LPM, fin 2013) et la loi sur le terrorisme (2014) la loi sur le renseignement, qui a été présentée par le gouvernement le 19 mars 2015, inquiète les défenseurs des libertés.Lire : Renseignement : un texte sur mesure pour les services spéciauxChacune de ces lois contient des dispositions dangereuses pour la liberté de la presse, alerte Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.Que reprochez-vous au projet de loi sur le renseignement ?Depuis 2013, nous observons une accumulation inquiétante de textes qui tendent à soustraire les questions de censure du regard des juges, qui altèrent les procédures protectrices du droit de la presse et qui développent un système de surveillance sans assurer une protection suffisante du travail des journalistes. Cela a commencé avec la LPM, cela s’est poursuivi avec la loi sur le terrorisme et cela continue avec le projet de loi sur le renseignement. Ce n’est peut-être pas fini : le gouvernement entend faire passer dans le régime pénal commun de nouvelles infractions, des délits d’insulte et de diffamation aggravées.En quoi est-ce dangereux ?Le premier danger, c'est l'atteinte au secret des sources des journalistes. L’article 20 de la LPM [qui permet aux services de renseignement d'intercepter davantage de types de données] ne prévoyait pas de mécanisme de contrôle indépendant. Dans le projet de loi sur le renseignement, les prétextes pour mener une surveillance sont extrêmement variés, du terrorisme à l’exécution des engagements européens de la France. Au nom de ces impératifs sécuritaires, les services seront en mesure de collecter des métadonnées, d'intercepter des télécommunications, de surveiller des lieux privés, de localiser des véhicules ou d'accéder aux données des sociétés de transport.Aucun garde-fou n'est prévu pour protéger les journalistes, ce que même la Cnil a regretté. RSF demande que soit prévue une « exception journalistique » à ce régime de surveillance. Je ne crois pas que les services de renseignement passent l’essentiel de leur temps à surveiller les journalistes, mais dans une société démocratique ce risque doit être conjuré.Quel est le second danger ?Il s'agit de l'adoption de mesures qui sont moins protectrices de la liberté de la presse au prétexte de la lutte contre le terrorisme. La loi sur le terrorisme a fait sortir les délits de provocation et d'apologie du terrorisme de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, en prévoyant des peines très lourdes. RSF ne défend nullement ceux qui font l'apologie du terrorisme, mais traiter les délits d’opinion en dehors de la loi de 1881 est extrêmement dangereux. Certains magistrats non spécialisés ont d’ailleurs pris des décisions aberrantes, qui font dire à l’étranger que la France applique un double standard en matière de liberté d’expression.Lire : Apologie du terrorisme : la justice face à l'urgenceA long terme, c’est nuisible pour la liberté de l’information. Sortir l’injure et la diffamation de la loi de 1881 dès lors qu’elles auraient un caractère raciste, antisémite ou homophobe, ce serait prendre le risque que des journalistes puissent être renvoyés en comparution immédiate, y compris pour des articles ou sujets d’investigation. Les accusations peuvent être tellement rapides, même pour des révélations strictement factuelles… Dans ce cas, un journaliste ne pourrait même pas faire d’offre de preuves ! Il ne faudrait pas qu'on finisse par avoir une justice de la pensée faisant régner une police de la pensée.Quid des procédures de blocage de certains sites, prévues par la loi sur le terrorisme ?RSF n’a pas vocation à défendre des sites qui relèveraient de la propagande. Mais il est ennuyeux que des sites soient bloqués sans motivation publique. Il semble que l'un des sites supprimés récemment ne faisait pas l'apologie ouverte du terrorisme, si j’en crois la lecture du Monde, et aurait été supprimé au motif de la publication d’un discours du chef de l'Etat islamique. Il serait aberrant qu'en France on ne puisse plus rapporter les propos du chef de l'EI. Où s'arrête le droit de citation conforme aux principes de l'information et où commence la propagande ? C'est une question extrêmement complexe et c'est la raison pour laquelle des juges devraient statuer.Concernant le projet de loi sur le renseignement, comment se place la France par rapport à d'autres pays qu'étudie RSF ?Les situations sont difficiles à comparer. Dans une démocratie comme les Etats-Unis, un pays où la liberté de la presse est une grande tradition, la traque des lanceurs d'alerte est absolument excessive. L'une des conséquences du Patriot Act voté après le 11-septembre a été de créer peu à peu une forme d'exception à la liberté d'information sur les questions de sécurité nationale. Des journalistes sont poursuivis et même condamnés pour avoir révélé des informations relevant de l'intérêt public. Il serait absurde d’alléguer que la France est en train de rejoindre la Chine, l'Iran, Bahreïn ou le Vietnam : la comparaison n’a aucun sens, mais très clairement, ces lois font peu à peu sortir de la logique de protection une partie des questions liées à la liberté d'expression.Allez-vous, sur la loi sur le renseignement, attaquer les décrets d'application ?Nous avons introduit des recours contre la LPM. Sur la loi contre le terrorisme, nous avons rédigé toute une argumentation pour le dépôt de questions prioritaires de constitutionnalité. Pour la loi sur le renseignement, il est prématuré d’envisager une action puisqu'elle n’a pas été adoptée. Faisons en sorte que le gouvernement corrige le tir.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sylvie Kerviel Jacques Cressard, ancien député d'Ille-et-Vilaine, est décédé samedi 7 mars à Rennes (Ille-et-Vilaine), où il vivait, à l'âge de 79 ans. Il est mort des suites d’une opération après s’être brisé le col du fémur. Gaulliste de conviction, membre de l’Union des démocrates pour la République (UDR) puis du Rassemblement pour la République (RPR), il est l'auteur de la loi Cressard du 4 juillet 1974, reconnaissant aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et leur accordant des indemnités de licenciement.Né en avril 1934, Jacques Cressard fait son entrée à l’Assemblée nationale en 1968, à 33 ans, après avoir réussi à battre aux élections législatives le centriste Henri Fréville, alors maire de Rennes et député sortant. Il sera réélu deux fois, en 1973 et 1978, avant d'être battu par le socialiste Edmond Hervé en 1981, lors de la vague rose.Jacques Cressard a aussi été vice-président du conseil général d'Ille-et-Vilaine, conseiller régional et conseiller municipal de Rennes.Des droits pour les pigistesFils de Pierre Cressard, journaliste à Ouest-France, issu d’une fratrie de onze enfants dont plusieurs ont opté pour ce métier, à l’instar d’Armelle Cressard, qui fut journaliste au Monde, le député permettra aux journalistes pigistes, au statut précaire, d’obtenir des droits. La loi portant son nom, datée du 4 juillet 1974, reconnaît aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et notamment le droit à des indemnités de licenciement en cas de fin de collaboration. « Toute convention par laquelle une entreprise de presse s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un journaliste professionnel est présumée être un contrat de travail quels que soient le montant et le mode de la rémunération », indique le texte, voté à l’unanimité.A l’Assemblée, Jacques Cressard s’était aussi distingué en prenant position dès 1969 en faveur de l’abolition de la peine de mort.En 1981, après avoir perdu les élections, il reprit son métier de professeur d'histoire-géographie, qui le passionnait, notamment au collège public Anne-de-Bretagne de Rennes. Il est l’auteur de plusieurs livres, parmi lesquels Monsieur Henri, la Cancalaise (éditions L’Amitié par le Livre, 1966), l'histoire d'une femme bourreau, co-écrit avec son père. Il avait aussi participé à une émission littéraire, « Lu et approuvé », à l'ORTF. Sylvie KervielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Il faut rapidement renouer les fils du dialogue social et rétablir une forme de sérénité », déclare Fleur Pellerin au sujet de la crise à Radio France. Alors que le PDG de l’entreprise, Mathieu Gallet, appelle l’Etat à faire des choix, la ministre de la culture ne cache pas sa préoccupation face à ce conflit qui semble s’enliser.Mercredi 25 mars, l’entreprise vivait sa septième journée consécutive de grève – son plus long mouvement social depuis dix ans –, synonyme de lourdes perturbations sur les antennes. Le dialogue entre la direction et les syndicats est dans l’impasse. Et M. Gallet doit à nouveau faire face à des révélations sur ses dépenses. Dans son édition du 25 mars, Le Canard enchaîné met au jour un contrat de 90 000 euros conclu entre Radio France et un consultant en communication, Denis Pingaud.Plan de départs volontairesLe climat s’est durci mardi, lors d’un comité central d’entreprise (CCE), quand la direction a confirmé l’hypothèse d’un plan de départs volontaires destiné aux seniors, qui concernerait 200 à 300 salariés. Soit une économie de 17 à 24 millions d’euros, sur les 50 millions de réduction budgétaire que l’entreprise veut atteindre en 2019. Une information qui aurait dû rester confidentielle, mais qu’un syndicat a fait fuiter, nourrissant la colère des salariés.Au ministère de la culture, qui exerce la tutelle sur Radio France, Mme Pellerin rappelle son souci de « respecter les salariés et de tenir compte de leur inquiétude ». Ceux-ci attendent surtout l’issue des négociations entre Radio France et l’Etat, qui doivent aboutir à la signature du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) de l’entreprise. « Je veux conclure ce travail en avril, assure Mme Pellerin. Mais pour cela, je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné. A ce stade, les propositions qui m’ont été faites ne sont pas toutes fermes ou abouties. »Le message, teinté de reproche, est adressé au PDG de Radio France, Mathieu Gallet. Pourtant, depuis trois mois, celui-ci multiplie les propositions : élargissement du type d’annonceurs sur les antennes, fin des diffusions sur les ondes longues et moyennes, fusion des orchestres, fermeture de chaînes comme FIP ou France Musique… Mais cette série d’hypothèses semble avoir créé de la confusion, voire de l’agacement.L’Etat refuse d’apparaître comme le responsable des choix de l’entreprise, notamment s’il s’agit d’éventuelles suppressions de postes, auxquelles les syndicats restent fermement opposés. « C’est un dialogue, rappelle Mme Pellerin. Le rôle de l’Etat est d’arbitrer, celui de la direction de l’entreprise de proposer un projet concret : nous ne sommes plus en gestion directe. » Selon nos informations, la ministre a rencontré M. Gallet, mercredi matin, pour lui demander formellement de lui remettre un projet stratégique finalisé.Recours à l’empruntMais la direction de Radio France n’est-elle pas fondée à pointer les incertitudes financières qui pèsent sur ses choix, et de demander à l’Etat de mieux garantir ses ressources futures ? Le ministère est conscient du fait que le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio, dont les prochaines phases ne sont aujourd’hui pas financées, empêche de stabiliser des scénarios. « Nous expertisons les solutions pour sortir de cette impasse financière due aux retards du chantier, qui cristallise tous les problèmes, pour que Radio France puisse passer à autre chose », annonce la ministre.Selon nos informations, la solution la plus probable est celle d’un recours à l’emprunt, pour un montant qui pourrait s’élever à 150 millions d’euros. Mais pour répondre aux besoins de financement du chantier, cet emprunt devrait être finalisé avant l’été. Cela implique que Radio France puisse proposer très vite aux banques un plan d’affaires jusqu’en 2019. Or ce télescopage entre calendrier financier, négociation du COM et négociations sociales est devenu très délicat à manier.Sans parler de l’impact des révélations sur les dépenses de M. Gallet, qu’il s’agisse de la rénovation de son bureau ou de son recours à un conseiller externe en communication. L’exécutif mesure combien ces informations stérilisent le dialogue avec les syndicats. « Nous avons immédiatement diligenté une enquête de l’inspection générale des finances concernant les dépenses de l’ensemble du comité exécutif, dont les résultats seront connus très rapidement », rappelle Mme Pellerin, soucieuse de « garantir un contexte de totale rigueur et de parfaite exemplarité des dirigeants dans les choix de dépenses qui les concernent directement ».« Le problème, c’est la méthode »M. Gallet, nommé en 2014, n’a-t-il pas hérité d’une situation financière dont la gravité n’avait pas été mesurée ? « Les racines du problème financier sont anciennes, estime Mme Pellerin. Elles datent du contrat d’objectifs et de moyens 2010-2014, dont la trajectoire financière n’était pas tenable. En 2012, nous avons demandé un effort à Radio France comme à tous les opérateurs publics. La contrepartie était que l’entreprise s’adapte à cette nouvelle donne, ce qui n’a pas été le cas. »Le contexte de la fin de mandat de Jean-Luc Hees, qui s’est présenté à sa succession avant d’être éconduit par le CSA, n’a probablement pas favorisé l’émergence d’un tel travail.Mais d’autres, au sein de l’exécutif, pointent la responsabilité directe du PDG actuel dans la détérioration du dialogue social à Radio France. « La situation de l’entreprise est loin d’être ingérable, juge une source gouvernementale. Le problème, c’est la méthode qu’a choisie Mathieu Gallet. Beaucoup communiquer sur la situation et la dramatiser a abouti à rompre le dialogue. On ne peut pas parler que d’économies, d’ondes courtes et d’orchestres, il faut un projet. » Comment sortir de l’impasse ? Est-il trop tard ? Le ministère devait aussi recevoir les responsables syndicaux, mercredi. La nomination d’un médiateur est une idée que certains évoquent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Rémy Pflimlin est candidat à sa propre succession à la présidence de France Télévisions, selon nos informations qui confirment celles des Echos publiées mercredi 25 mars. Certes, la direction de l’entreprise ne confirme pas et il n’a pas encore déposé de dossier au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit procéder à la nomination, entre le 22 avril et le 22 mai. Mais l’affaire ne fait plus de doute.Le président de France Télévisions avait dit qu’il attendrait pour se décider la publication, début mars, du « rapport Schwartz », dont le gouvernement s’est inspiré afin d’écrire une feuille de route pour l’entreprise d’audiovisuel public. Dans la foulée de sa publication, les ministres ont affiché des priorités – renforcer l’information, soutenir la création, renouer avec la jeunesse – qui semblent compatibles avec les orientations de la direction actuelle de France Télévisions.Besoin de continuitéLe « rapport Schwartz » lui est en tout cas moins hostile que le pré-rapport rédigé par le CSA sur le bilan des quatre années de mandat de Rémy Pflimlin : fuité dans la presse, il avait été jugé trop à charge, obligeant le CSA à reporter sa publication du document final, plus équilibré.Le président Pflimlin estime que ses chances ne sont pas nulles, car aucun nom ne sort du lot parmi les candidats évoqués dans la presse. Il compte défendre son bilan et le besoin de continuité pour France Télévisions. Le choix de Mathieu Gallet comme président de Radio France, en 2014, avait été interprété par certains comme un pari sur la jeunesse et un profil de pur gestionnaire. Ses difficultés actuelles pourraient servir les intérêts de Rémy Pflimlin.Il reste un défi de taille pour Rémy Pflimlin : faire oublier qu’il a été nommé en 2010 par le président de la République Nicolas Sarkozy, une procédure de désignation avec laquelle François Hollande a voulu rompre, pour se démarquer de son prédécesseur. Le président socialiste a tenu à confier ce pouvoir à une autorité autonome, le CSA. Les deux procédures n’ont qu’un point commun : jamais aucun président de France Télévisions n’a été renouvelé. Le rappeler est pour Rémy Pflimlin une arme à double tranchant.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.03.2015 à 11h41 • Mis à jour le25.03.2015 à 13h18 L'essentielCinq syndicats de Radio France ont lancé jeudi 19 mars une grève illimitée.Selon les syndicats, la direction a annoncé mardi qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de 200 à 300 salariés seniorsLa grève paralyse très largement les antennes du groupe public. De nombreux programmes sont remplacés par une bande musicale.La situation demeure bloquée à Radio France, fortement perturbée depuis six jours par une grève contre toute réduction d'effectifs. Cinq syndicats du groupe public à l'origine de la mobilisation ont d'ailleurs appelé mardi 24 mars à reconduire la grève pour un septième jour consécutif. Selon plusieurs sources syndicales, la direction avait annoncé plus tôt lors d'un CE extraordinaire qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de deux cents à trois cents salariés seniors, afin d'économiser jusqu'à 24 millions d'euros de masse salariale d'ici à 2019. Ces informations sont « confidentielles », s'est contentée de réagir la direction.Le syndicat SUD a déjà annoncé qu'il allait exercer un droit d'alerte sur la situation économique de l'entreprise, selon France Info. Grève illimitéeRadio France, qui prévoit un déficit de 21,3 millions d'euros cette année, doit économiser 50 millions d'euros, avait indiqué en début d'année son président, Mathieu Gallet. Cible d'une polémique sur les coûteux frais de rénovation de son bureau, révélés la semaine dernière par le Canard enchaîné, ce dernier a dû présenter lundi ses excuses au personnel dans un courrier interne. Il avait aussi averti que la direction travaillait sur des départs volontaires pour les seniors, sans chiffrer leur ampleur.Lire aussi notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Tous les syndicats, sauf le Syndicat national des journalistes, ont appelé jeudi dernier à une grève illimitée, pour l'instant reconduite de jour en jour. Malgré un taux de participation faible – 244 grévistes lundi selon les syndicats –, les antennes sont très largement paralysées, de nombreux programmes étant remplacés par des bandes musicales. Lundi et mardi, la Matinale de France Inter, son émission phare, a notamment été annulée.Radio France négocie actuellement avec l'Etat son nouveau contrat d'objectifs et de moyens, qui fixera les ressources du groupe pour plusieurs années, et qui devrait être bouclé pour la mi-avril. Autre échéance, la publication imminente d'un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de Radio France au cours des années passées, qui devrait épingler le dérapage des coûts du chantier de rénovation de la Maison de la radio, un chantier entamé en 2009 et d'un coût de plus de 350 millions d'euros.Lire aussi : Radio France : les dépenses de la direction auscultées Cédric Pietralunga Familier des manœuvres boursières, Vincent Bolloré ne s’attendait sans doute pas à un tel coup de Trafalgar. Lundi 23 mars, le fonds américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) a déposé deux résolutions auprès du directoire de Vivendi pour réclamer une hausse du dividende versé aux actionnaires et un éclaircissement de la stratégie du géant tricolore, dont le milliardaire breton préside le conseil de surveillance depuis juin. Ces deux résolutions devraient être inscrites à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril.« PSAM estime que Vivendi est nettement sous-valorisé du fait de sa trésorerie excédentaire, de sa politique de distribution inadaptée et de l’incertitude liée à l’utilisation à venir de ce capital », explique le hedge fund dans un communiqué publié lundi. Concrètement, le fonds new-yorkais reproche à Vivendi d’avoir vendu pour quelque 15 milliards d’euros d’actifs depuis dix-huit mois (SFR, GVT, Activision Blizzard, Maroc Telecom) mais de n’en reverser que 5,7 milliards à ses actionnaires. « Aucune compagnie de la taille de Vivendi ne dispose d’un tel montant de cash inutilisé, c’est anormal », explique au Monde Peter Schoenfeld, venu à Paris défendre ses positions.Fort de 0,8 % du capital de Vivendi qu’il dit représenter, PSAM demande au géant des médias de redistribuer 9 milliards d’euros à ses actionnaires. « Cela laisserait encore une trésorerie excédentaire de plus de 5 milliards d’euros à Vivendi, largement de quoi lui permettre de continuer son développement », assure M. Schoenfeld, dont le fonds dispose de 3,4 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Surtout, celui que le Financial Times surnomme le « Deal Junkie » estime que l’action Vivendi restera sous-cotée tant que M. Bolloré ne précisera pas sa stratégie. A 22,90 euros, le cours de Bourse du groupe tricolore est loin de sa « valeur intrinsèque d’environ 25 euros à 27,50 euros par action », assure PSAM. Nombreuses rumeursPas impressionnée, la direction de Vivendi a réfuté par avance les arguments avancés par PSAM. « Le directoire dénonce les tentatives de démantèlement du groupe (…) et réaffirme sa volonté de construire un groupe industriel mondial, champion français des médias et des contenus », a indiqué le géant tricolore dans un communiqué publié lundi, rappelant que M. Schoenfeld réclamait également depuis plusieurs mois la vente de sa pépite Universal Music. « Distribuer plus d’argent aux actionnaires réduirait considérablement la marge de manœuvre du groupe, ce n’est pas ce qui est souhaité par la majorité d’entre eux », assure un proche de la direction de Vivendi. Premier actionnaire de l’ex-Générale des eaux, M. Bolloré a récemment porté sa participation de 5,15 % à 8,15 %, moyennant un investissement de 852 millions d’euros.Mis sous pression, l’industriel bigouden, qui affirme vouloir créer un « Bertelsmann à la française », pourrait néanmoins dire plus vite que prévu ce qu’il compte faire du trésor de guerre de Vivendi. Alors que le groupe martèle depuis des mois privilégier la croissance organique, de nombreuses rumeurs circulent sur son intérêt pour le groupe Amaury (Le Parisien, L’Equipe, le Tour de France, etc.) ou pour Lagardère Active (Paris Match, Elle, Europe 1, etc.).Lire aussi :La stratégie de la tirelire du Groupe BolloréEn Italie, son nom est également cité pour monter à l’assaut de Telecom Italia, que M. Bolloré connaît bien pour avoir longtemps été l’un de ses premiers actionnaires par l’intermédiaire de Mediobanca. Déjà, l’espagnol Telefonica lui a cédé 5,7 % du capital de l’opérateur italien (plus 4,6 milliards d’euros en numéraire) en échange du brésilien GVT. Preuve que les choses bougent, Vivendi a pour la première fois reconnu lundi qu’il comptait mener « une politique de développement interne et externe ambitieuse ». L’attente ne devrait plus être très longue…Lire aussi :Numericable-SFR : Vivendi cède ses 20 % à Drahi Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof Une soixantaine de départs, la fusion de plusieurs éditions locales, une hausse du prix de vente du quotidien : le plan de sauvegarde de l’emploi de La Provence, doublé d’un plan stratégique de développement, sera détaillé mercredi 25 mars à Marseille devant les représentants du personnel, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire. Il cible des économies tous azimuts et une réorientation des équipes rédactionnelles sur l’information régionale.Le groupe de presse, installé à Marseille et propriété de Bernard Tapie, vit depuis plusieurs années une forte érosion de son lectorat. En décembre 2014, il vendait moins de 108 000 exemplaires par jour. Depuis 2010, le quotidien a perdu plus de 17 % de ses lecteurs. L’an dernier, il a également vu ses recettes publicitaires fondre de 14 % et fait face à une situation économique compliquée. « Grâce à des reprises de provisions, nous avons fini 2014 presque à l’équilibre… Mais il y a bien 3,5 millions d’euros annuels d’économies à trouver pour ne pas se retrouver en situation d’urgence », explique Claude Perrier, le nouveau président directeur général du groupe, nommé le 20 février.Bernard Tapie a hésitéDans un paysage médiatique marseillais en plein marasme – le quotidien La Marseillaise et le mensuel Le Ravi sont en redressement judiciaire, le site d’infos Marsactu a été liquidé le 4 mars –, La Provence n’a pas le choix : « Il faut réduire fortement les coûts et travailler sur une relance par les revenus », expose le patron du groupe, ancien directeur du réseau radiophonique France Bleu.« La stratégie était identifiée depuis juillet [2014], confie un haut cadre de La Provence, mais Bernard Tapie a beaucoup hésité… Il ne savait pas trop ce qu’il voulait. » L’actionnaire principal, en difficulté dans le cadre de l’arbitrage de l’affaire Crédit lyonnais-Adidas, a finalement donné son accord mi-février pour lancer les grandes manœuvres. « M. Tapie a fortement investi dans le plan de relance du journal », assure M. Perrier, sans vouloir donner de chiffres.Diffusée sur trois départements, La Provence compte actuellement treize éditions locales différentes. Une poignée d’entre elles devraient être fusionnées pour réduire les coûts d’impression, notamment dans le nord du Vaucluse, le pourtour de l’étang de Berre ou la zone Aubagne-La Ciotat. Cette réduction doit permettre au journal, imprimé dans son siège sur ses propres rotatives, de faire également baisser les effectifs d’ouvriers du livre qu’il emploie quotidiennement.« Relance par le contenu » « La baisse des effectifs du journal est une obligation… Mais nous ferons tout pour qu’elle se déroule uniquement sur la base du volontariat », assure Michel Clau, le directeur des ressources humaines. Comptant actuellement 700 salariés – 950 en intégrant les effectifs de Corse-Matin, également possession de M. Tapie –, La Provence vise une soixantaine de départs, dans tous les secteurs de l’entreprise : administratif, technique et rédactionnel. « Le dialogue social a déjà été fructueux », assure, à ce sujet, M. Perrier. Un avis que ne partagent pas forcément les syndicats. « Nous manquons encore de visibilité, tempère Romain Luongo, responsable FO journalistes. Notamment sur le nombre de réunions de négociation que nous aurons et sur la façon dont la rédaction sera réorganisée. »S’il souhaite concentrer le nombre de ses éditions locales, le quotidien du sud-est promet que le contenu ne subira pas de nouvelle cure d’amincissement. « Nous sommes persuadés qu’il y a encore une place pour le papier, à condition de jouer la carte de la valeur ajoutée », note M. Perrier. Depuis quelques mois, La Provence étudie toutefois la possibilité d’acheter des contenus nationaux et internationaux à des quotidiens parisiens. « L’hypothèse a été abandonnée, promet le nouveau PDG. Nous savons produire de l’information nationale. Il n’y aucune raison pour que nos équipes soient privées de ce travail, même si notre ADN, comme c’était le cas pour France Bleu, est avant tout l’information locale. »La nouvelle direction compte aussi beaucoup sur ses projets numériques – « y compris la Web-télé et la radio » – et un secteur événementiel qui a déjà rapporté 1,5 million d’euros en 2014. Une hausse du tarif de vente (1,10 euro actuellement) est aussi prévue. « Nous avons atteint un tel niveau de lecteurs que, aujourd’hui, les gens qui nous achètent encore ne sont plus sensibles à une petite augmentation de prix », juge-t-on à la tête de l’entreprise. En 2014, une hausse a déjà touché une partie des éditions du journal. « Il n’y a pas eu d’effet marquant sur les ventes par rapport aux zones où nous avons gardé le prix inchangé », rappelle-t-on.Lire aussi : « La Provence » face à l’inconnue TapieLe plan de réduction des coûts ne devrait pas frapper trop brutalement les effectifs de la rédaction de La Provence. Avec 39 départs chez les journalistes en 2014, à la suite du rachat par M. Tapie, le nombre des journalistes est tombé autour de 175. « Un point bas », reconnaît-on à la direction du groupe, où l’on précise que « des départs volontaires pourraient avoir lieu ». « Les journalistes, c’est le cœur du réacteur », assure M. Clau, lui-même issu de la rédaction.Bernard Tapie a, semble-t-il, trouvé une autre manière de faire des économies sur le poste journalistes. A sa demande, La Provence a décidé de remettre en cause les jugements de la Commission arbitrale des journalistes fixant les indemnités dues à une trentaine de salariés ayant quitté le groupe en 2014 en clause de cession. « Lors des passages devant la commission, nous avons prévenu que la situation économique de l’entreprise ne permettait pas de payer ces indemnités supplémentaires aux salariés, explique M. Clau. Nous avons donc formé un recours en annulation contre l’ensemble des sentences devant la cour d’appel de Paris, ce que nous autorise à faire le code du travail. » « Nos décisions n’ouvrent droit à aucun recours ni à aucun appel », s’étonne-t-on à la Commission, où l’on assure que cette remise en question est inédite. La somme due par La Provence à ces salariés avoisinerait, selon le groupe, près de 2 millions d’euros.  Gilles RofJournaliste au Monde Elian Peltier Blendle, un temps surnommé l’« iTunes de la presse », poursuit son expansion. Celle-ci passe désormais par les médias américains : la plate-forme hollandaise de vente d’articles à l’unité a annoncé, jeudi 12 mars, un partenariat avec le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal.Des contenus des trois titres américains seront prochainement disponibles sur ce service qui attire déjà 220 000 utilisateurs aux Pays – Bas, en attendant le lancement d’une version internationale en anglais, dans le courant de l’année.« Nous misons sur des titres prestigieux, capables d’attirer d’autres publications et des lecteurs dans le monde entier », a expliqué Alexander Klöpping au Monde. Le cofondateur de Blendle réaffirme également sa volonté de lancer à terme des versions nationales de Blendle en Europe, notamment en France et en Allemagne.Cette expansion était programmée : en octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement) pour favoriser ce déploiement international.CommoditéLes contenus des trois journaux américains vont donc s’ajouter à ceux de la quarantaine de titres hollandais et de The Economist, déjà présents sur Blendle. Les articles de journaux ordinaires y coûtent une vingtaine de centimes d’euros et les contenus plus longs, environ 1 euro ou plus. L’utilisateur reçoit 2,50 euros lors de son inscription pour acheter les premiers contenus, avant de devoir recharger son compte avec des cartes de 5, 10 ou 20 euros, sur un modèle proche de celui d’iTunes, la plate-forme musicale d’Apple.Alexander Klöpping et Marten Blankesteijn, les cofondateurs de Blendle, font un pari osé avec l’intégration des trois grands titres américains : faire payer pour des articles qui sont en partie gratuits sur leurs sites d’origine. Le site du New York Times est en effet doté d’un paywall qui permet aux internautes de lire dix articles gratuits par mois avant de devoir s’abonner – le seuil est de vingt pour le Washington Post.Sur Blendle, le lecteur devra payer quelques centimes d’euros dès le premier article de ces journaux pour le lire. Parmi les trois publications, l’intégration à Blendle semble davantage convenir au Wall Street Journal, dont le paywall plus restrictif ressemble au modèle des publications hollandaises.Mais M. Klöpping croit à l’intérêt de s’informer via Blendle, compte tenu de sa commodité. « Prenez Youtube et Spotify : les musiques du monde entier sont disponibles gratuitement sur Youtube, et pourtant les gens payent pour avoir Spotify, explique-t-il. Blendle doit être comme Spotify : une plate-forme agréable à utiliser, facile d’accès, et où vous pouvez retrouver vos amis qui partagent eux aussi des contenus ». Cette expérience, autant que les contenus eux-mêmes, justifie à ses yeux les quelques euros que l’on dépense sur Blendle.Priorité à l’EuropeMalgré des chiffres honorables aux Pays-Bas, où 20 % des inscrits sur la plate-forme rechargent leur compte, les négociations avec les publications européennes prennent du temps. MM. Klöpping et Blankesteijn veulent s’assurer la présence d’au moins deux-tiers des publications nationales sur un éventuel Blendle français ou allemand avant de lancer ces plates-formes. Les deux Hollandais de 28 ans se heurtent aux mêmes réticences que celles rencontrées aux Pays-Bas, où les négociations ont duré plus de deux ans : la peur, du côté des publications, de perdre des abonnés et de fragmenter l’offre éditoriale.L’engagement de journaux comme le New York Times pourrait changer la donne. « Ces grands titres américains suscitent l’attention mais notre démarche reste européenne, affirme M. Klöpping. C’est assez effrayant car nous ne nous sommes toujours pas lancés dans d’autres pays, mais je suis enthousiaste car si ça marche aux Pays-Bas, ça peut marcher ailleurs : on n’a pas besoin d’être Hollandais pour avoir envie de payer pour du journalisme de qualité. »Lire aussi : La start-up néerlandaise Blendle s'inspire d'iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetElian PeltierJournaliste au Monde Alexandre Piquard Il ferait sans doute un bon personnage de téléréalité, le genre qu’il a inventé. Bel homme, Néerlandais très souriant de 60 ans, John de Mol écrit ce jeudi 12 mars une nouvelle page de sa success story de producteur en vendant sa société de production Talpa au groupe de télévision britannique ITV. Le montant initial de la transaction est de 500 millions d’euros mais pourrait être porté à 1,1 milliard d’euros en fonction des performances futures du studio, a précisé l’acquéreur dans un communiqué.John de Mol va donc continuer au sein du groupe ITV l’activité qui a fait sa réputation de « pape de la téléréalité », capable d’inventer sans cesse des nouveaux concepts d’émission dont le caractère polémique n’a d’égal que les réussites d’audience : il a commencé en 1994 avec l’émission pionnière de la téléréalité « Big Brother », adaptée en France en 2001 sous le nom « Loft Story » (M6). Mais on lui doit aussi « Fear Factor » ou, dans un genre plus consensuel, le concours de chant qui fait actuellement le bonheur de TF1, « The Voice ». Sans compter les concepts qui n’ont pas marché ou n’ont pas été adaptés en France, comme « Beat the Best », « Battle of the Choir », « The Winner Is… », etc.Selon l’accord signé avec ITV, John de Mol et son équipe continueront à développer des émissions pour Talpa, en exclusivité. Le montant final de l’acquisition est conditionné à l’implication du producteur dans les affaires de l’entreprise dans les huit prochaines années.« Producteur majeur en Europe »Talpa a été fondée par John de Mol en 2004. La société revendique la création de 75 émissions, diffusées dans 180 pays. Auparavant, le producteur avait fondé en 1994 Endemol Entertainment, devenu Endemol. En 2000, le groupe de télécoms espagnol Telefonica avait racheté la société, dont John de Mol était resté actionnaire, avant qu’un nouveau tour de table soit réalisé en 2007 avec le groupe de Silvio Berlusconi.Talpa a un accord exclusif avec Shine France, la puissante filiale du groupe Shine (News Corp.), dirigé en Angleterre par Elisabeth Murdoch (fille de Rupert Murdoch). C’est via cette société – qui distribue « Master chef » ou « Amazing Race » –, qu’est notamment produit le télécrochet « The Voice » pour TF1.Pour ITV, cette acquisition doit permettre de poursuivre la stratégie de diversification dans la production et la distribution de contenus à portée internationale, engagée il y a cinq ans. Premier groupe de télévision privée au Royaume-Uni, ITV est présent dans la télévision gratuite et payante. Avec Talpa, il va « renforcer sa position de producteur majeur en Europe », souligne le communiqué.Ce deal est le signe du mouvement de consolidation est en cours dans le domaine de la production audiovisuelle en Europe. Les dirigeants du secteur estiment qu’il faut grossir, pour améliorer les coûts de production, mais aussi pour mutualiser les risques et ne pas être trop dépendants d’un pays, d’un type de programmes ou d’une chaîne. En France, cette analyse est partagée par les grands producteurs, qui ne sont pas les plus gros d’Europe. Mais cette vision est également reprise par les pouvoirs publics et les grandes chaînes, qui elles aimeraient être à l’avenir autorisées à investir davantage dans la production.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.03.2015 à 20h00 • Mis à jour le11.03.2015 à 21h00 | Alexandre Piquard François Jost est professeur à la Sorbonne nouvelle, directeur du Centre d’étude sur les images et les sons médiatiques, et auteur d’ouvrages sur la télé-réalité, dont Le Culte du banal (La Dispute). Il estime que « les jeux de l’extrême », comme « Dropped », sur le tournage duquel 10 personnes sont mortes, lundi 9 mars, « suivent le goût des Français », notamment pour les sports de l’extrême.On dit que les émissions de télé-réalité font de la surenchère dans l’exotisme et le dépassement de soi. Ne sont-elles pas au contraire plus prudentes qu’avant ?Un point va dans votre sens : l’émission « Dropped » avait pour candidats des champions sportifs, habitués à des performances extrêmes. Contrairement à d’autres émissions passées dans lesquelles les chaînes envoyaient des célébrités dans un milieu inattendu avec l’idée d’amuser grâce au décalage entre les personnalités et les conditions dans lesquelles elles étaient mises. Dans le cas de « Dropped », c’est tout l’inverse.La vogue des jeux d’aventure est-elle de plus en plus forte ?Il faut rappeler qu’il y a eu, bien avant « Koh Lanta », « La Course autour du monde » ou « La Chasse au trésor » : un candidat était dans un studio, résolvait des énigmes et Philippe de Dieuleveult se rendait dans des lieux indiqués en hélicoptère sur place. Il y a eu déjà eu des choses de ce genre, ce n’est pas nouveau.Depuis « Fort Boyard », on est passé dans les jeux de l’extrême : il y a un développement continu, qui suit le goût des Français pour les sports de l’extrême. Tous les étés, on voit des reportages dans lesquels des Français risquent leur vie, en parapente, en canyoning, dans des sauts à l’élastique…Le rôle des candidats a-t-il changé ?On en a peu parlé mais depuis les fameux procès tenus à la suite des plaintes défendues par l’avocat Jérémie Assous, les candidats sont devenus des professionnels, payés cher, avec des contrats de travail. On leur demande beaucoup. La télé-réalité est devenue un métier. On ne peut plus payer des gens à ne rien faire dans un loft.De plus, plus personne ne croit à la réalité de la télé-réalité, ce qui explique que la production a évolué vers des jeux.Les émissions d’aventure jouent-elles sur une forme de voyeurisme et de sadisme ou véhiculent-elles des valeurs de dépassement de soi et d’esprit d’équipe ?Ces émissions participent au culte de la performance. L’époque valorise cela. Le spectateur est aussi responsable de ces émissions. On a eu tout un deuil après la mort d’un candidat de « Koh Lanta » en 2013 mais les gens se sont de nouveau précipités sur l’émission quand elle a recommencé. Le sport génère chaque année la plus forte audience de la télévision. Il y a un goût de cela chez les gens, ils sont en demande.Pour les chaînes, les émissions de télé-réalité constituent-elles un enjeu d’image, en plus de celui d’audience ?Oui. Ce drame est très dur pour TF1. Quand TF1 évoque la performance des candidats, c’est une valeur qui va dans le sens de la chaîne. L’accident de « Dropped » est mauvais pour son image même si elle n’est pas directement responsable. Les émissions de télé-réalité participent à la construction de l’identité de la chaîne. TF1 met en avant des stars dans des jeux comme « Dropped », « Danse avec les stars » ou dans le jury de « The Voice »… On construit des héros en dehors des œuvres de fiction. M6 montre davantage d’anonymes, qui mangent, s’habillent… Dans ces émissions, le quotidien est héroïque.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Clément Guillou « Putain de Vietnam ! T'as perdu une bataille, mais pas la guerre. Tu as toujours été une valeur d'exemple et de réussite... » Abdelkader Bouhenia s'interrompt. Dix-sept secondes pour sécher ses larmes, retrouver sa voix et reprendre son discours à l'adresse de son « frère », Alexis Vastine. Les mots du directeur de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), Jean-Pierre de Vincenzi, et ceux des présidents des Fédérations de natation et de voile ont été applaudis poliment. Lui a droit à une ovation, parce qu'il est chez lui, à l'Insep, dans l'imposante halle Maigrot. Parce qu'il s'est exprimé au nom des autres.Bouhenia et Vastine boxent ensemble depuis plus de dix ans. « C'était le mec super rigolo. Même si ses vannes n'étaient parfois pas terribles, il les racontait d'une telle façon qu'on était obligés de rigoler. » Ce mercredi, c'est le jour des souvenirs au temple du sport français, niché dans le bois de Vincennes, à Paris. Les portraits d'Alexis Vastine, de Camille Muffat et de Florence Arthaud, disparus lundi en Argentine dans la collision entre deux hélicoptères, sont posés à côté de l'estrade. Quelques fleurs. Beaucoup de caméras.« Un peu de décence », demande une conseillère presse aux photographes mitraillant la famille Vastine, qui s'exécutent. Adriani, le frère qui ressemble tant à Alexis, dira deux mots : « Je voulais juste remercier tous les gens qui nous soutiennent, et je vous prierai de nous laisser nous recueillir en famille tranquillement. » Derrière lui, Alain Vastine, le père s'effondre en larmes sur qui lui offre son épaule. Il y a deux mois, il a perdu sa jeune fille Célie dans un accident de la route.« C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité »Pour cet hommage, ont afflué les sportifs bien sûr – on croise Sylvain Wiltord, qui participait lui aussi au jeu de TF1 « Dropped » –, mais aussi les dirigeants, les sponsors, les salariés de l'Insep. « On avait besoin de se rassembler, de se voir, de se serrer », dit l'ancien boxeur Brahim Asloum. « C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité. » Les cérémonies donnent un peu de substance aux concepts creux. Il semble donc que la « grande famille du sport » existe.« Une famille liée par un certain nombre de principes, de valeurs : le dépassement de soi, le respect et l'entraide », définit le ministre des sports, Patrick Kanner.Le plongeur Matthieu Rosset connaissait un peu Camille Muffat et Alexis Vastine. Sans plus. L'affliction n'en est pas moins grande : « La famille du sport, nous, on sait ce que ça veut dire. Quand on rencontre un sportif, même si on ne le connaît pas, il nous suffit d'une minute. Car on partage les mêmes choses. L'entraînement, très dur, les défaites, les victoires, on a tous connu les mêmes émotions. » Sur les disparus, on évoque des souvenirs communs et cet enthousiasme avec lequel tous les trois sont partis pour l'Argentine.« Ils avaient eu pour ordre de ne pas donner de nouvelles », rappelle Bouhennia. Ils échangeaient via Facebook avec ce sujet tabou, donc « parlaient de tout et de rien ». Les mots ont du mal à sortir. Certains préfèrent les coucher sur les livres d'or disposés dans la salle, où l'on peut lire : « Vous êtes partis en emportant une partie de nous-mêmes. » Valérie Fourneyron, ministre des sports au moment des Jeux olympiques de Londres, en 2012, est saisie d'émotion. Elle retient « le recueillement, la ferveur, la solidarité et aussi le courage » des sportifs rassemblés.« C'était le moment de pleurer »Après la cérémonie, le directeur technique national de la boxe, Kevinn Rabaud, a réuni ses troupes en cercle, comme à l'aube d'une grande bataille. « Je leur ai dit qu'il ne fallait pas hésiter à exprimer leur sensibilité, car c'était la grande qualité d'Alexis. Que c'était le moment de pleurer, d'échanger ensemble. Le monde de la boxe est un monde d'émotion. » Et demain ? « La meilleure manière de rendre hommage à Alexis, c'est de se remettre le plus tôt au travail et d'aller conquérir la médaille olympique qu'il convoitait. A partir de demain, l'hommage devient sportif, il se fait dans l'engagement. »Mardi, après avoir appris la nouvelle, Matthieu Rosset s'est pointé à l'entraînement comme tous les jours. Il s'est dit qu'il n'y arriverait pas. « Et puis je me suis dit qu'eux, c'étaient des champions, ils se seraient entraînés. Donc j'y suis allé. Et je sais que je le garderai à l'esprit. » Clément GuillouJournaliste au Monde 11.03.2015 à 12h08 • Mis à jour le11.03.2015 à 12h18 | Daniel Psenny L’accident d’hélicoptères qui a fait dix morts, lundi 9 mars, à Quebrada del Yeso, dans la région de La Rioja, en Argentine, pendant le tournage du jeu d’aventures « Dropped » pose, une nouvelle fois, le problème de la sécurité des candidats dans les émissions de télé-réalité. Et ce, deux ans presque jour pour jour après le décès de Gérald Babin lors du tournage de « Koh-Lanta » au Cambodge.« Malgré cette tragédie, il n’y a aucune raison pour arrêter ce jeu d’aventures qui n’a, d’ailleurs, rien à voir avec la télé-réalité », estime Xavier Couture, ex-dirigeant de TF1 et de la société de production Adventure Line Productions (ALP), productrice de « Dropped » et de « Koh-Lanta ». « Les équipes techniques sont des professionnels chevronnés mais, malheureusement, si l’hélicoptère, très souvent utilisé dans ces émissions, est indispensable, il peut parfois être aussi très dangereux. » Il ajoute : « Lorsqu’il y a des morts sur les circuits de formule 1, on ne remet pas en cause le championnat du monde. Tant qu’il restera des espaces de liberté pour se dépasser, il y aura toujours des candidats et, quel que soit le producteur, il ne pourra éviter qu’ils prennent des risques pour se surpasser. Il faut se souvenir que les émissions de Philippe de Dieuleveult étaient nettement plus dangereuses… »La télé-réalité, nouvel eldorado d’athlètes en quête d’aventureAu fil des ans, les programmes de télé-réalité et leurs dérivés, telles ces compétitions sportives orchestrées au bout du monde, ont changé de nature. Déjà en 2003, deux ans après « Loft Story », Endemol mettait à l’antenne « A bout de force » sur M6. Le but ? Filmer des candidats privés de sommeil pendant trente-six heures. A l’époque, le jeu avait fait polémique après que deux journalistes de France 2, infiltrés dans l’émission, aient dénoncé le manque de sécurité et d’assistance pour les candidats. Une marge bénéficiaire sans égalQuelques mois plus tard, TF1 lançait « Fear Factor », programme où les participants devaient affronter leurs pires phobies. « Ce n’est plus un loft avec des jeunes gens que l’on observe aujourd’hui, mais des jeux de l’extrême avec les risques que cela comporte », souligne François Jost, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. Une tendance qui, selon le chercheur, « entre en résonance avec les mœurs de la société où l’on tente d’aller toujours plus loin face à soi-même ».Polémiques et accidents ont toutefois rarement empêché les producteurs de mener ces jeux d’aventures à leur terme. Ce fut le cas en 2013 avec « Koh-Lanta », seulement interrompu quelques mois après la mort par crise cardiaque de Gérald Babin. Ce décès avait été suivi par le suicide du médecin du programme. Dans cette affaire portée devant la justice, l’instruction judiciaire ouverte au TGI de Créteil (Val-de-Marne) n’a pas conclu à la culpabilité des dirigeants d’ALP qui n’ont pas été mis en examen. La société avait trouvé un accord financier avec les proches du candidat.Condamnés ou pas, producteurs et diffuseurs ne veulent pas lâcher la télé-réalité, véritable poule aux œufs d’or de la télévision. La marge bénéficiaire qu’ils réalisent avec ce genre d’émissions est sans égal. Facturée autour de 700 000 euros, chaque émission peut rapporter à la chaîne trois fois plus en publicités. A titre de comparaison, un téléfilm ou un épisode d’une série avoisine le million d’euros sans garanties de retombées publicitaires. De plus, des jeux « feuilletonnants » comme « Pékin Express », sur M6, ou « Koh-Lanta » sur TF1, assurent une bonne dizaine de première partie de soirée aux diffuseurs. Pour les rentabiliser, les économies se font souvent a détriment des candidats qui, pendant longtemps, n’ont pas été payés, voire sur les mesures de sécurité.Ouverture d’une bataille juridique avec les assurancesSuite à plusieurs dépôts de plaintes et une longue bataille juridique, la chambre sociale de la Cour de cassation a finalement validé, en 2009, la requalification des règlements de participants en contrats de travail à durée indéterminée. Désormais, tous les candidats sont donc rémunérés avec les mêmes droits sociaux que n’importe quel salarié. Les « stars », elles, ont un statut différent et touchent des cachets qui dépassent souvent les 100 000 euros. L’accident meurtrier de « Dropped » va désormais ouvrir une bataille juridique avec les assurances qui attendront les résultats de l’enquête pour décider du montant des indemnisations aux familles des victimes.Après le drame, le temps de l’enquête en Argentine« Normalement, la production a souscrit à des assurances en cas de dommages, mais elles seront honorées à condition que les producteurs aient respecté la loi et leurs obligations en matière de sécurité », pointe Jérémie Assous, l’avocat de plusieurs candidats d’émissions de télé-réalité. « Les dommages peuvent s’élever à plusieurs millions d’euros par personne. Or, il y a des chances que les compagnies d’assurances évoquent des manquements délibérés. L’affaire risque donc de se régler à l’amiable », explique l’avocat en rappelant que la société ALP ainsi que d’autres producteurs de télé-réalité ont été condamnés près de trois cent fois « pour manquements au droit du travail et à leurs obligations de sécurité ».Mais la législation et les condamnations ne semblent guère peser sur les producteurs qui préfèrent payer des milliers d’euros d’amendes plutôt que de renoncer aux confortables profits réalisés par les émissions de télé-réalité. En Suède, pays d’origine de « Dropped », l’émission réalise ainsi des records d’audience, avec plus de 1 million de téléspectateurs présents, soit près de 30 % de part d’audience.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yann Bouchez, Florent Bouteiller et Anthony Hernandez La collision mortelle de deux hélicoptères, lundi 9 mars, l’a rappelé de manière dramatique : les sportifs, retraités ou pas, sont devenus des personnages incontournables des émissions de télé-réalité.La navigatrice Florence Arthaud, vainqueur de la Route du Rhum en 1990, la nageuse Camille Muffat, championne olympique à Londres en 2012, et le boxeur Alexis Vastine, médaille de bronze aux Jeux de Pékin, quatre ans plus tôt, tous morts dans l’accident de lundi, s’étaient d’abord fait connaître par leurs exploits sportifs. L’émission « Dropped » devait les présenter sous un profil plus large d’aventuriers, auquel seule Florence Arthaud pouvait déjà prétendre.Même si Alexis Vastine visait encore les Jeux olympiques de Rio, le projet avait pour ces trois-là le goût de l’après-carrière. « Pour les célébrités sportives, celles qui dépassent le simple cadre du sport, lorsque la première identité de sportif s’arrête, c’est la deuxième en sourdine, celle du people, qui prend le dessus », analyse Claire Carrier, médecin du sport et psychiatre. La télé-réalité devient alors un moyen de bénéficier encore de l’attention médiatique.La télé-réalité, apparue au début des années 2000, a d’abord concerné des anonymes, avant de s’élargir aux « people », dont les sportifs. Dès 2004, l’ancien gardien de but Pascal Olmeta participe à l’émission « La ferme célébrités », qu’il remporte. Le joueur de tennis Henri Leconte et le danseur Patrick Dupond ont pris part à la deuxième saison, en 2005.Nouveaux défisLa multiplication des émissions de télé-réalité d’aventure, dont « Koh-Lanta » est la plus connue, suscite l’intérêt d’athlètes en quête de nouveaux défis. Partir à l’autre bout du monde et réaliser des épreuves physiques semble mieux convenir à l’image qu’ils souhaitent renvoyer au grand public. « La découverte, le défi et l’adrénaline… c’est grisant », confie la judoka Frédérique Jossinet. A l’hiver 2009, la vice-championne olympique d’Athènes a participé à une saison de l’émission « Koh-Lanta », diffusée en 2010, et se souvient d’« une très belle expérience ».« En tant que sportive, on essaie de faire des choses différentes après notre carrière, explique l’ancienne patineuse Surya Bonaly, qui a participé à « La ferme célébrités 3 », en 2010, en Afrique du Sud, mais a refusé, en novembre 2014, de prendre part à la version américaine « The Amazing Race », jugée trop dangereuse. Quand on est dans des sports aussi exigeants que la natation, le patinage artistique, on sort rarement de la piscine ou de la patinoire. On s’entraîne huit heures par jour, ce n’est pas vraiment une vie agréable… Donc quand on nous donne l’opportunité de faire quelque chose d’exceptionnel, c’est attrayant. »Outre l’aspect du défi et de la nouveauté, les motivations financières sont bien réelles, surtout chez les sportifs à la reconversion fragile, qui n’ont pas toujours connu des carrières très lucratives. Les cachets pour ce type de programme sont assez importants, généralement supérieurs à 100 000 euros. Des sommes non négligeables quand « beaucoup de sportifs dans des disciplines olympiques ne gagnent pas les sommes astronomiques du football », rappelle Franck Hocquemiller, agent de célébrités.« Les sportifs participent à des émissions de télé-réalité pour des raisons différentes, estime Mme Jossinet. Je sais qu’un sportif de notre équipe était là juste par envie. D’autres ont touché 140 000 ou 150 000 euros, de ce que je sais. Après, on ne va pas se voiler la face : plein de sportifs participent à ces émissions pour gagner en notoriété et préparer l’avenir. »Les sociétés de production et les chaînes sont aussi très intéressées par ce profil de candidats, note M. Hocquemiller : « Les émissions les utilisent pour leur image positive : le dépassement de soi, la victoire, le travail… » « Derrière nos postes de télévision ou dans les stades, ces gens-là nous font rêver, explique le docteur Patrick Bauche, psychologue et auteur de Les héros sont fatigués. Sport, narcissisme et dépression (édition Payot). On se surprend un instant à les croire immortels, c’est leur côté demi-Dieux. Mais quand la mort vient les faucher en pleine santé, la réalité s’impose à nous : oui, ils sont mortels comme nous. »Après le drame, le temps de l’enquête en ArgentineYann BouchezJournaliste au service SportSuivreAller sur la page de ce journalisteFlorent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAnthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.03.2015 à 19h21 Les syndicats CFDT, SNJ et UNSA de Radio France appellent à une grève de vingt-quatre heures ce jeudi 10 mars, s'inquiétant de « la menace d'une réduction drastique des effectifs » de l'entreprise publique, qui a annoncé en janvier un « plan de retour à l'équilibre ». Les syndicats disent « redouter des arbitrages dramatiques pour [leurs] missions et [leurs] conditions de travail », dans le cadre des discussions en cours sur le contrat d'objectifs et de moyens 2015-2019 entre l'Etat et Radio France.En février, le syndicat SUD, s'appuyant sur un document de travail de la direction de Radio France, s'était inquiété d'« une baisse drastique de la masse salariale », à hauteur de 25 millions d'euros. SUD et plusieurs autres syndicats (CFDT, CGT, SNFORT, UNSA) avaient déjà appelé à une journée de grève en février. Le groupe public a adopté fin janvier son budget 2015, déficitaire de 21,3 millions d'euros, une première dans son histoire.Lire aussi : La tension monte à Radio France Gabriel Coutagne Il aura fallu moins de quatre minutes pour déclencher la colère parmi les photographes professionnels. La cause ? Un reportage diffusé le 2 mars, pendant le journal télévisé de France 2, et titré « Le filon juteux de la photographie amateur » sur le site de France Télévisions. Dès le 4 mars, l'Union des photographes professionnels (UPP, principal rassemblement de photographes en France) publiait un communiqué sur son compte Facebook « sommant la rédaction de s’expliquer au sujet de la diffusion du reportage », qui présente plusieurs photographes cédant leurs images contre ce que le reportage appelle « quelques cadeaux ».Le sujet montre comment des entreprises tentent de profiter de la popularité de certains comptes sur Instagram pour augmenter leur visibilité. Le reportage cite notamment l'exemple d'Arnaud Brecht, alias @discret (plus de 68 000 followers), qui met en scène des jouets dans des décors réels, et qui s'est vu proposer, par une grande entreprise, d'exposer une de ses images pour la promotion d'un jeu vidéo. Il présente ensuite @aurelycerise (plus de 39 700 followers), qui voit certaines de ses images repérées et repostées par différentes marques. « C’est une collaboration », explique la jeune femme dans le reportage. [Ces marques] utilisent ses images, et « [la] citent » précise t-elle. Ce qui arrive parfois, c'est que des marques « repostent sur les réseaux sociaux des images que l'on fait, sans qu'on en soit directement informé », précise un instagrammeur, qui a préféré garder l'anonymat. « Nous les rémunérons souvent en nature », précise David Horain, responsable numérique du groupe Etam, sur le site de Madame Figaro, évoquant un concours lancé par la marque. En l'occurrence, Qorz (plus de 185 000 followers), un instragrammeur déjà réputé, s'était vu offrir un séjour de trois semaines en Californie.« Quand le service public fait l’apologie de l’utilisation d’images amateur dans un cadre commercial sans rémunération, à des heures de grande écoute, […] ça me révolte ». déplore sur son blog la photographe Chloé Vollmer-Lo. La photographe rappelle en outre dans un de ses tweets que le code de la propriété intellectuelle (CPI) garantit le « droit de paternité ». « L'auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son oeuvre », précise l’article L121-1 du CPI, faisant de la citation d'un auteur une obligation légale.« Ce reportage ne survient pas dans un contexte neutre : la concurrence des amateurs qui cassent les prix (quand ils se font payer) est déjà un réel problème pour les pros… Sans compter que la prolifération de "fauxtographes" contribue à déséduquer le regard et à baisser l'exigence de qualité photographique », développe-t-elle.Ah cool dc des photographes amateurs volent le job de photographes pros et #france2 trouve ça cool... #jt20h— Francois Pichard (@tchuntfr)require(["twitter/widgets"]); « Le traitement du sujet est incomplet »Le courrier que l'UPP a adressé à la rédaction du journal télévisé de France 2, et que le Monde a pu consulter, reproche surtout le caractère incitatif du reportage, présentant le phénomène comme « un filon juteux », alors que le fait d'autoriser un tiers utiliser une image dans un but commercial sans rémunération et sans s'acquitter de cotisations sociales relève du « travail dissimulé ».« Le traitement du sujet est incomplet », estime de son côté Jorge Alvarez-Iberlucea, ancien administrateur de l'UPP. Pour ce photographe professionnel, également vice-président de la Société des auteurs des arts visuels et de l'image fixe, le reportage aurait dû évoquer plus précisément la nature des transactions entre instagramers et entreprises.Lire aussi : Wikicheese : une initiative qui sème le doute parmi les photographes« Ce reportage a suscité beaucoup de malentendus », confie au Monde Séverine Bourlet, également citée dans le sujet de France 2. « En ce qui nous concerne, toutes les personnes avec qui nous travaillons sont rémunérées », précise la directrice de l'agence Tribegramlab, qui met en relation entreprises et instagramers. Et les conditions d'utilisations des images sont définies « contractuellement ».Elle pointe néanmoins l'ambiguïté de la situation : selon elle, la plupart de ces photographes amateurs confient leurs images à des « amis », s'agissant plus d'une relation d'entraide ou d'une collaboration que d'une réelle relation professionnelle. L'utilisation de ce type d'images par des grandes marques relève de l'exception. « La réaction de l'UPP n'est pas mauvaise », reconnaît-elle. « Elle pose la question du vide juridique concernant ces initiatives, qui sont d'ordre collaboratif », pointant en outre le fait que le modèle économique pour ce genre de transactions n'est pas encore clairement défini. « Nous rémunérons 0,002 euro par abonné la publication. Un instagramer avec 10 000 abonnés peut ainsi toucher 20 € par photo. Ces prix grimpent selon l’influence de l’instagramer », précise t-elle sur le site de Madame Figaro : le principe de la transaction repose surtout sur la mise en valeur de la communauté des internautes qui suivent ces photographes sur les réseaux sociaux.La rédaction de France Télévisions n'a pour l'instant pas donné suite au courrier de l'UPP. Pour Jihane Benzina, l'auteure du reportage, la polémique n'est pas fondée. Le sujet s'intéresse « uniquement aux photographes amateurs », écrit-elle sur son compte Twitter. Ce qui n'empêche pas d'envisager de traiter le marché de la photo confronté à ces nouvelles pratiques, ce « qui est un angle à part entière ».Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florent Bouteiller et Anthony Hernandez Camille Muffat, Florence Arthaud et Alexis Vastine sont morts avec sept autres personnes dans un accident d'hélicoptère, lundi 9 mars, à Villa Castelli en Argentine. Ces anciens champions participaient au tournage d'une émission de télé-réalité d'aventure, « Dropped », qui devait être diffusée sur TF1. Avant eux, de nombreux sportifs avaient déjà cédé aux sirènes de la télé-réalité, de l'ancien gardien de but de l'équipe de France Pascal Olmeta (« La Ferme célébrités »),  en passant par le tennisman Henri Leconte (« La Ferme célébrités »), le coureur cycliste Richard Virenque (« Je suis une célébrité, sortez-moi de là »), ou le handballeur Jackson Richardson (« Pékin Express », « Splash, le grand plongeon »).C'est aussi le cas de la judoka Frédérique Jossinet, vice-championne olympique en 2004 et de la triple vice-championne du monde de patinage artistique Surya Bonaly, qui ont participé respectivement à « Koh-Lanta » et à « La Ferme célébrités » en 2010. Elles expliquent au Monde les raisons de leur participation à ces émissions. Mais, prévient la judoka, « les sportifs sont tous différents et ils participent à des émissions de télé-réalité pour des raisons différentes. Donc on ne peut pas tous les mettre dans le même panier. » Frédérique Jossinet : « “Koh-Lanta” a eu un impact sur ma carrière de sportive »L'aspect financier« En 2010, j'ai été approchée par les productions. J'ai mis six mois à dire oui car j'étais en pleine préparation pour les Championnats du monde de judo. A vrai dire, avant de commencer l'émission, je n'avais aucune idée de tout le côté financier qu'il y avait derrière. D'autant que les sportifs sollicités étaient tous à des montants différents. Je sais, par exemple, qu'un sportif de notre équipe était là pour zéro euro, juste parce qu'il avait envie de participer à cette émission. D'autres ont touché 140 000 où 150 000 euros à ce que je sais.Ce qui est sûr, c'est que nous avions tous des contrats différents. Par exemple, moi, j'avais la chance d'être accompagnée d'un avocat. J'ai donc pu exiger que les images tournées soient diffusées dans un ordre chronologique par exemple. »La notoriété« On ne va pas se voiler la face. Plein de sportifs participent à ces émissions pour gagner en notoriété et préparer l'avenir. “Koh-Lanta”, c'était 12 millions de téléspectateurs tous les vendredis soir pendant les grandes vacances. C'est dire l'impact d'un tel programme…J'ai participé à cette émission avant tout pour l'excitation du jeu. Personnellement, je pratiquais un sport qui n'était pas si mal reconnu. Après les Jeux d'Athènes en 2004, j'étais connue parce que j'étais la seule judoka à avoir ramené une médaille [d'argent]. Mais quand je suis sortie de “Koh-Lanta”, ça n'a pas du tout été la même chose. Je ne pouvais plus sortir de chez moi. Ça a eu aussi un impact sur ma carrière sportive car après “Koh-Lanta”, les gens qui m'avaient vue me suivaient et dès qu'on parlait de judo, automatiquement on parlait de moi. »La recherche d'adrénaline« Quand on nous propose de tels projets, forcément ça nous attire car il y a un côté découverte, défi et adrénaline qui est grisant. Personnellement, j'ai vécu une très belle expérience en faisant “Koh-Lanta” en 2011. Je ne regrette pas du tout. » Surya Bonaly : « Avec “La Ferme célébrités”, j'ai été reconnue pour autre chose »Sortir de son quotidien de sportif« En tant que sportive, on essaie de faire des choses différentes après notre carrière. Quand on est dans des sports aussi exigeants que la natation, le patinage artistique, on sort rarement de la piscine ou de la patinoire. On s'entraîne huit heures par jour, ce n'est pas vraiment une vie agréable... Donc quand on nous donne l'opportunité de faire quelque chose d'exceptionnel, c'est attrayant. On gagne un peu de sous, on est reconnu par le grand public pour autre chose. Mon expérience à “La Ferme célébrités” en Afrique du Sud en 2010 a été positive. Je suis restée moi-même. J'étais dans un cadre magnifique, exceptionnel, dans un environnement que j'affectionne, avec les animaux. »Savoir dire non« Il faut aussi savoir rester lucide... En novembre, on m'a proposé une émission américaine, qui ressemble un peu à “The Amazing Race”. On se rend dans plein de pays pour faire des choses incroyables. Il fallait nager, faire du karaté... C'était en dehors de mes possibilités. J'ai dit non. Il ne fallait pas se blesser, se faire mal. Je suis suffisamment passée à la télé pour ne pas avoir à faire ce genre d'émission par désir d'exister médiatiquement. Pour certains sportifs, c'est vrai que ça peut être un booster. »Florent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAnthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « À l’occasion de la naissance de la marque #DS Automobiles,@LesEchos entrechoquent le passé et le présent ! » Ce seul tweet à la tonalité publicitaire, publié le 4 mars sur le compte du quotidien économique Les Echos - et retiré depuis -, a suffi à déclencher les foudres de la rédaction. Les journalistes du quotidien économique ont décidé de suspendre l’utilisation de leurs comptes Twitter pour la journée du vendredi 13 mars, protestant contre ce qu’ils estiment être une intrusion de la publicité dans un espace éditorial.« Ça suffit !, s’insurge Leila de Comarmond, présidente de la Société des journalistes (SDJ) des Echos. Ce tweet est un déclencheur, mais nous protestons globalement contre un mélange des genres de plus en plus prononcé dans la presse en général et aux Echos en particulier. »Aux Echos, les journalistes se sont notamment inquiétés de la floraison des « contenus de marques » (brand content), présents dans la section « Rendez-vous partenaires » du site. Ce type de contenu, créé à l’initiative d’annonceurs et empruntant les codes des contenus éditoriaux, est en plein essor dans les médias.Pour l’encadrer, la SDJ des Echos a négocié, pendant six mois, une charte avec la direction du titre. Mais « on n’en finit jamais, déplore Leila de Comarmond. On ne peut pas tout charter ni suivre en permanence les nouveaux formats publicitaires qui sont mis en ligne. Dès qu’on parvient à boucher un trou, autre chose surgit. »Selon elle, les journalistes du titre sont « conscients des enjeux économiques » et des réalités du marché publicitaire. Mais ils redoutent que la confusion s’installe, aux yeux des lecteurs, entre les différents types de contenus. « La crise économique de la presse ne justifie pas qu’on affaiblisse notre crédibilité », juge Mme de Comarmond, qui appelle à ce que « la profession s’empare collectivement du sujet ».La direction du titre, elle, explique que le tweet incriminé n’était pas commercial. Il n’a en effet pas été publié à l’initiative de la régie, mais par le service marketing. L’objectif était de valoriser une opération spéciale qui avait notamment conduit à réaliser une « fausse Une » du quotidien. Pour Francis Morel, PDG du groupe Les Echos, « notre fil Twitter sert à 99 % à valoriser des articles et peut servir, à l’occasion, à publier des messages qui concernent notre marque, ses chiffres, son actualité ». Tout en reconnaissant qu’« il faut se montrer vigilant pour ne pas refaire ce genre de choses ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.03.2015 à 18h21 • Mis à jour le12.03.2015 à 18h34 | Yves Daudu et Yann Plougastel Agrégé de philosophie, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont Du tragi-que au matérialisme (et retour), paru en janvier aux PUF, André Comte-Sponville a pour pères spirituels Epicure, les stoïciens, Montaigne et Spinoza. Il se définit comme matérialiste, rationaliste et humaniste. Fortement influencé par l'héritage philosophique des Lumières, il défend une éthique humaniste et une spiritualité sans dieu. Nous l'avons interrogé sur les spécificités françaises en matière de liberté d'expression dans la pensée française. La liberté d'expression est une liberté fondamentale. Comme toute liberté naturelle, on la voudrait absolue ; comme toute liberté socialement réglementée, elle connaît des limites. Mais pourrait-on imaginer ou réclamer une liberté d'expression sans limites ?Il n'y a pas de liberté absolue. Même à l'état de nature, à supposer qu'il ait existé, la liberté de chacun dépend de la force dont il est capable ; elle est doublement -limitée, et par sa propre faiblesse, et par la force des autres. C'est vrai a fortiori dans un Etat de droit. Pas de liberté sans lois, pas de loi sans contraintes. On prend souvent l'exemple du code de la route : s'il n'existait pas, ma liberté de circuler, théoriquement plus grande, serait en pratique presque nulle. S'agissant de la liberté d'expression, c'est différent. On pourrait envisager qu'aucune loi ne la limite. Mais est-ce souhaitable ? Il faut bien interdire la diffamation, les appels au meurtre, protéger le droit d'auteur et les secrets commerciaux ou industriels… Même les Etats-Unis, où le Premier amendement garantit une liberté d'expression plus grande que chez nous, lui reconnaissent certaines limites. Idem en France, qui interdit en outre les incitations à la haine raciale ou religieuse, le négationnisme et les atteintes à la vie privée. On peut discuter le détail de ces interdits (contre le négationnisme, je ne suis pas certain qu'une loi soit la -meilleure arme), mais guère en contester le principe.La liberté d'expression est un droit essentiel de notre vie publique, mais la liberté est-elle une fin en soi, un absolu dénué de toute responsabilité ?Oui, la liberté est une fin en soi, autrement dit une valeur, qui mérite qu'on se batte pour elle, voire qu'on lui sacrifie sa vie. C'est vrai notamment de la liberté d'expres-sion, sans laquelle toute autre liberté serait tronquée ou vaine. Nous exempte-t-elle pour autant de toute responsabilité ? Evidemment pas. C'est d'ailleurs ce qui est clairement énoncé par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Mais il n'y a pas que la loi ; il y aussi la morale. Il arrive qu'on s'interdise de dire certaines choses, non parce que ce serait pénalement répréhensible, mais parce que ce serait manquer de douceur, de compassion ou de délicatesse. Au peuple d'en décider, pour ce qui relève de la loi. A chacun d'en juger, pour ce qui ne relève que de sa conscience.La liberté véritable va-t-elle sans conscience de la responsabilité qui lui est intrinsèque ?Aucune liberté ne vaut sans responsabilité. Mais si vous pensez à l'équipe de Charlie Hebdo, il me semble que ce serait aller trop vite que de les traiter d'irresponsables. On peut au contraire penser qu'ils ont assumé jusqu'au bout leur responsabilité de citoyens laïques ou libertaires… Personne n'est juge, moralement, de la responsabilité d'autrui. Juridiquement, les tribunaux le sont, et il est arrivé plusieurs fois qu'ils condamnent Charlie Hebdo. Ce ne fut pas le cas lors des caricatures de Mahomet, et il me semble que le tribunal, dans cette affaire, eut raison.La dénonciation des religions est un droit incontestable, mais quels sont ses objectifs ?Les objectifs varient selon les individus, comme toujours. Simplement, les opinions sont libres, donc aussi la critique des opinions. Cela vaut pour les religions comme pour n'importe quelle idéologie. Cela pose le problème de l'islamophobie. Le mot est équivoque. Si l'on entend par « islamophobie » la haine ou le mépris des musulmans, ce n'est qu'une forme de racisme, aussi haïssable qu'elles le sont toutes. Est-elle très répandue ? Je n'en ai pas l'impression : un arabe athée ou un noir catholique sont sans doute davantage -victimes du racisme qu'un musulman de type européen. Mais, même marginal, ce racisme-là doit évidemment être combattu. En revanche, si on entend par « islamophobie » non pas la haine ou le mépris des musulmans mais le refus, la critique ou la peur de l'islam (c'est le sens étymologique du mot « islamophobie »), ce n'est qu'une position idéologique comme une autre, qu'aucun Etat démocratique ne saurait interdire. On a le droit d'être antifasciste, anticommuniste ou antilibéral. Pourquoi n'aurait-on pas le droit de s'opposer au christianisme, au judaïsme ou à l'islam ?La laïcité est-elle là pour garantir la liberté d'expression ?Pas seulement. Pas d'abord. La laïcité est là pour garantir la liberté de croyance ou d'incroyance, donc aussi pour permettre la cohabitation paisible des différentes religions ou idéologies. Un Etat laïque n'est ni athée ni religieux. C'est pourquoi il protège toutes les religions, comme il garantit le droit de n'en avoir aucune et de les critiquer toutes. « Je hais tous les dieux », disait le Prométhée d'Eschyle. C'est une opinion que nul n'est tenu de partager, mais que personne, dans un Etat laïque, n'a le droit d'interdire. Et comme il n'y a pas de liberté d'opinion effective sans liberté d'expression, l'Etat, pour protéger celle-là, se doit aussi de garantir celle-ci.Contrairement à plusieurs pays européens, l'interdiction du blasphème ne figure pas dans la législation française. Est-ce un des piliers, selon vous, de la liberté d'expression ?Un pilier, ce serait sans doute trop dire. Mais que le droit de blasphémer soit un élément, parmi d'autres, de la liberté d'expression, je ne vois guère comment un laïque pourrait le contester. J'ai relu il y a peu la définition que je donnais du blasphème, dans mon Dictionnaire philosophique. Permettez moi d'en citer la dernière phrase : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme, pas des bonnes manières. » Dans les situations ordinaires de la vie, mieux vaut donc éviter, individuellement, de le pratiquer. A quoi bon choquer ou blesser les croyants ? Dans le cas de Charlie Hebdo, c'est différent : on ne va pas demander à un journal satirique et humoristique de respecter les bonnes manières ! J'ajoute qu'un droit que personne ne pratiquerait jamais risquerait fort de tomber en désuétude. Il est donc précieux qu'un journal comme Charlie Hebdo existe et transgresse régulièrement ces bonnes manières que nous continuons, dans la vie quotidienne, de respecter.Comment différencier ce qui entre dans le cadre de la liberté d'expression et ce qui en sort ?Moralement, c'est à chacun d'en juger. Politiquement, cela relève du peuple souverain, donc du législateur. On a le droit de critiquer une loi. Pas de la violer.Jusqu'où va la tolérance ?Jusqu'au point où elle risque de se détruire elle-même. On peut tolérer des opinions dissidentes, et même il le faut. On ne peut pas accepter que certains prétendent, par la violence, renverser les institutions qui garantissent la liberté de tous.On attribue à Voltaire la formule suivante : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Est-ce toujours d'actualité ? Ou revient-on à la formule attribuée à Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » ?La formule attribuée à Voltaire, même apocryphe, est belle. Celle de Saint-Just est outrancière. Si des gens publient des livres ou manifestent paisiblement pour demander la fin de la démocratie, il n'y a pas lieu de les sanctionner. S'ils fomentent une émeute ou un coup d'Etat, c'est autre chose ! L'expression des idées est libre – dans les limites prévues par la loi. Mais l'ordre républicain doit s'imposer à tous.Régis Debray notait : « La démocratie, c'est ce qui reste de la République quand on a éteint les Lumières. » Lors des grandes manifestations du 11 janvier, Voltaire fut souvent cité. A votre avis, plus qu'une affaire de religion, ces événements ne posent-ils pas la question de la liberté d'expression et du fanatisme, déjà soulevée par les Lumières ? Le combat serait donc toujours le même et seuls les adversaires auraient changé ?Oui, le combat reste le même : pour les Lumières, pour la liberté de conscience et d'expression, contre le fanatisme et l'obscurantisme. Et oui aussi, les adversaires ont changé. L'Eglise catholique, qui l'a tant combattue, a fini par accepter la laïcité. C'est une grande victoire. Les laïques auraient tort de faire la fine bouche, mais aussi de s'endormir sur leurs lauriers. « Ecrasons l'infâme », -aimait à répéter Voltaire. L'infâme, pour lui, c'était le fanatisme, à l'époque surtout catholique. Que le fanatisme, aujourd'hui, soit plus souvent le fait de musulmans, ce n'est pas une raison pour cesser de le combattre – ni bien sûr pour en accuser tous les musulmans, qui en sont, de par le monde, les premières victimes. La ligne de front ne passe pas entre les croyants et les incroyants ( Voltaire n'était pas athée ) : elle passe entre les esprits libres, ouverts et tolérants, qu'ils aient ou non une religion, et les esprits intolérants ou fanatiques, quel que soit le Dieu dont ils se réclament et quand bien même ils seraient athées.Dans une tribune publiée dans Libération, vous écrivez : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme. L'humour, des vertus du citoyen. » Peut-on rire de tout ? Et avec tout le monde ?Desproges a répondu une fois pour toutes : « On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. » Rire de Moïse, de Jésus ou de Mahomet, pourquoi pas ? Mais pas avec un antisémite, un terroriste antichrétien ou un raciste antimusulman !On entend beaucoup l'idée selon laquelle il y aurait « deux poids, deux mesures », d'un côté Charlie Hebdo « caricaturant » le Prophète, et de l'autre Dieudonné « caricaturant » les juifs : on rit dans le cas du premier, on punit dans l'autre. Ne traite-t-on pas de manière différenciée les religions ?Qu'on traite, de fait, les religions de manière différenciée, ce n'est pas exclu. Il est plus facile, dans notre pays, de se moquer des chrétiens que des juifs ou des musulmans. Cela peut d'ailleurs s'expliquer par de bonnes raisons : les chrétiens, en France, ne sont guère victimes de racisme ou de ségrégation ; on peut donc penser qu'ils ont moins besoin d'être protégés… Rappelons en passant qu'il en va tout autrement dans de nombreuses régions du globe : les chrétiens, aujourd'hui, sont sans doute la communauté religieuse la plus persécutée du monde ( le plus souvent par des fanatiques musulmans ).S'agissant de Dieudonné et de Charlie Hebdo, c'est différent. La loi interdit les incitations à la haine raciale, donc notamment l'antisémitisme. Elle n'interdit pas le blasphème. Faire « deux poids, deux mesures » n'est condamnable que s'il s'agit de deux objets identiques ou très proches. Mais il s'agit ici de deux objets clairement différents : la dénonciation d'un groupe ethnique, d'une part, la caricature d'un personnage religieux, d'autre part. Comme je n'ai vu aucun spectacle de Dieudonné, je me garderai bien de me prononcer sur son cas. Mais on ne peut pas reprocher aux juges d'appliquer la loi.Yves DauduYann PlougastelJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elian Peltier Blendle, un temps surnommé l’« iTunes de la presse », poursuit son expansion. Celle-ci passe désormais par les médias américains : la plate-forme hollandaise de vente d’articles à l’unité a annoncé, jeudi 12 mars, un partenariat avec le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal.Des contenus des trois titres américains seront prochainement disponibles sur ce service qui attire déjà 220 000 utilisateurs aux Pays – Bas, en attendant le lancement d’une version internationale en anglais, dans le courant de l’année.« Nous misons sur des titres prestigieux, capables d’attirer d’autres publications et des lecteurs dans le monde entier », a expliqué Alexander Klöpping au Monde. Le cofondateur de Blendle réaffirme également sa volonté de lancer à terme des versions nationales de Blendle en Europe, notamment en France et en Allemagne.Cette expansion était programmée : en octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement) pour favoriser ce déploiement international.CommoditéLes contenus des trois journaux américains vont donc s’ajouter à ceux de la quarantaine de titres hollandais et de The Economist, déjà présents sur Blendle. Les articles de journaux ordinaires y coûtent une vingtaine de centimes d’euros et les contenus plus longs, environ 1 euro ou plus. L’utilisateur reçoit 2,50 euros lors de son inscription pour acheter les premiers contenus, avant de devoir recharger son compte avec des cartes de 5, 10 ou 20 euros, sur un modèle proche de celui d’iTunes, la plate-forme musicale d’Apple.Alexander Klöpping et Marten Blankesteijn, les cofondateurs de Blendle, font un pari osé avec l’intégration des trois grands titres américains : faire payer pour des articles qui sont en partie gratuits sur leurs sites d’origine. Le site du New York Times est en effet doté d’un paywall qui permet aux internautes de lire dix articles gratuits par mois avant de devoir s’abonner – le seuil est de vingt pour le Washington Post.Sur Blendle, le lecteur devra payer quelques centimes d’euros dès le premier article de ces journaux pour le lire. Parmi les trois publications, l’intégration à Blendle semble davantage convenir au Wall Street Journal, dont le paywall plus restrictif ressemble au modèle des publications hollandaises.Mais M. Klöpping croit à l’intérêt de s’informer via Blendle, compte tenu de sa commodité. « Prenez Youtube et Spotify : les musiques du monde entier sont disponibles gratuitement sur Youtube, et pourtant les gens payent pour avoir Spotify, explique-t-il. Blendle doit être comme Spotify : une plate-forme agréable à utiliser, facile d’accès, et où vous pouvez retrouver vos amis qui partagent eux aussi des contenus ». Cette expérience, autant que les contenus eux-mêmes, justifie à ses yeux les quelques euros que l’on dépense sur Blendle.Priorité à l’EuropeMalgré des chiffres honorables aux Pays-Bas, où 20 % des inscrits sur la plate-forme rechargent leur compte, les négociations avec les publications européennes prennent du temps. MM. Klöpping et Blankesteijn veulent s’assurer la présence d’au moins deux-tiers des publications nationales sur un éventuel Blendle français ou allemand avant de lancer ces plates-formes. Les deux Hollandais de 28 ans se heurtent aux mêmes réticences que celles rencontrées aux Pays-Bas, où les négociations ont duré plus de deux ans : la peur, du côté des publications, de perdre des abonnés et de fragmenter l’offre éditoriale.L’engagement de journaux comme le New York Times pourrait changer la donne. « Ces grands titres américains suscitent l’attention mais notre démarche reste européenne, affirme M. Klöpping. C’est assez effrayant car nous ne nous sommes toujours pas lancés dans d’autres pays, mais je suis enthousiaste car si ça marche aux Pays-Bas, ça peut marcher ailleurs : on n’a pas besoin d’être Hollandais pour avoir envie de payer pour du journalisme de qualité. »Lire aussi : La start-up néerlandaise Blendle s'inspire d'iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetElian PeltierJournaliste au Monde Alexandre Piquard Il ferait sans doute un bon personnage de téléréalité, le genre qu’il a inventé. Bel homme, Néerlandais très souriant de 60 ans, John de Mol écrit ce jeudi 12 mars une nouvelle page de sa success story de producteur en vendant sa société de production Talpa au groupe de télévision britannique ITV. Le montant initial de la transaction est de 500 millions d’euros mais pourrait être porté à 1,1 milliard d’euros en fonction des performances futures du studio, a précisé l’acquéreur dans un communiqué.John de Mol va donc continuer au sein du groupe ITV l’activité qui a fait sa réputation de « pape de la téléréalité », capable d’inventer sans cesse des nouveaux concepts d’émission dont le caractère polémique n’a d’égal que les réussites d’audience : il a commencé en 1994 avec l’émission pionnière de la téléréalité « Big Brother », adaptée en France en 2001 sous le nom « Loft Story » (M6). Mais on lui doit aussi « Fear Factor » ou, dans un genre plus consensuel, le concours de chant qui fait actuellement le bonheur de TF1, « The Voice ». Sans compter les concepts qui n’ont pas marché ou n’ont pas été adaptés en France, comme « Beat the Best », « Battle of the Choir », « The Winner Is… », etc.Selon l’accord signé avec ITV, John de Mol et son équipe continueront à développer des émissions pour Talpa, en exclusivité. Le montant final de l’acquisition est conditionné à l’implication du producteur dans les affaires de l’entreprise dans les huit prochaines années.« Producteur majeur en Europe »Talpa a été fondée par John de Mol en 2004. La société revendique la création de 75 émissions, diffusées dans 180 pays. Auparavant, le producteur avait fondé en 1994 Endemol Entertainment, devenu Endemol. En 2000, le groupe de télécoms espagnol Telefonica avait racheté la société, dont John de Mol était resté actionnaire, avant qu’un nouveau tour de table soit réalisé en 2007 avec le groupe de Silvio Berlusconi.Talpa a un accord exclusif avec Shine France, la puissante filiale du groupe Shine (News Corp.), dirigé en Angleterre par Elisabeth Murdoch (fille de Rupert Murdoch). C’est via cette société – qui distribue « Master chef » ou « Amazing Race » –, qu’est notamment produit le télécrochet « The Voice » pour TF1.Pour ITV, cette acquisition doit permettre de poursuivre la stratégie de diversification dans la production et la distribution de contenus à portée internationale, engagée il y a cinq ans. Premier groupe de télévision privée au Royaume-Uni, ITV est présent dans la télévision gratuite et payante. Avec Talpa, il va « renforcer sa position de producteur majeur en Europe », souligne le communiqué.Ce deal est le signe du mouvement de consolidation est en cours dans le domaine de la production audiovisuelle en Europe. Les dirigeants du secteur estiment qu’il faut grossir, pour améliorer les coûts de production, mais aussi pour mutualiser les risques et ne pas être trop dépendants d’un pays, d’un type de programmes ou d’une chaîne. En France, cette analyse est partagée par les grands producteurs, qui ne sont pas les plus gros d’Europe. Mais cette vision est également reprise par les pouvoirs publics et les grandes chaînes, qui elles aimeraient être à l’avenir autorisées à investir davantage dans la production.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.03.2015 à 20h00 • Mis à jour le11.03.2015 à 21h00 | Alexandre Piquard François Jost est professeur à la Sorbonne nouvelle, directeur du Centre d’étude sur les images et les sons médiatiques, et auteur d’ouvrages sur la télé-réalité, dont Le Culte du banal (La Dispute). Il estime que « les jeux de l’extrême », comme « Dropped », sur le tournage duquel 10 personnes sont mortes, lundi 9 mars, « suivent le goût des Français », notamment pour les sports de l’extrême.On dit que les émissions de télé-réalité font de la surenchère dans l’exotisme et le dépassement de soi. Ne sont-elles pas au contraire plus prudentes qu’avant ?Un point va dans votre sens : l’émission « Dropped » avait pour candidats des champions sportifs, habitués à des performances extrêmes. Contrairement à d’autres émissions passées dans lesquelles les chaînes envoyaient des célébrités dans un milieu inattendu avec l’idée d’amuser grâce au décalage entre les personnalités et les conditions dans lesquelles elles étaient mises. Dans le cas de « Dropped », c’est tout l’inverse.La vogue des jeux d’aventure est-elle de plus en plus forte ?Il faut rappeler qu’il y a eu, bien avant « Koh Lanta », « La Course autour du monde » ou « La Chasse au trésor » : un candidat était dans un studio, résolvait des énigmes et Philippe de Dieuleveult se rendait dans des lieux indiqués en hélicoptère sur place. Il y a eu déjà eu des choses de ce genre, ce n’est pas nouveau.Depuis « Fort Boyard », on est passé dans les jeux de l’extrême : il y a un développement continu, qui suit le goût des Français pour les sports de l’extrême. Tous les étés, on voit des reportages dans lesquels des Français risquent leur vie, en parapente, en canyoning, dans des sauts à l’élastique…Le rôle des candidats a-t-il changé ?On en a peu parlé mais depuis les fameux procès tenus à la suite des plaintes défendues par l’avocat Jérémie Assous, les candidats sont devenus des professionnels, payés cher, avec des contrats de travail. On leur demande beaucoup. La télé-réalité est devenue un métier. On ne peut plus payer des gens à ne rien faire dans un loft.De plus, plus personne ne croit à la réalité de la télé-réalité, ce qui explique que la production a évolué vers des jeux.Les émissions d’aventure jouent-elles sur une forme de voyeurisme et de sadisme ou véhiculent-elles des valeurs de dépassement de soi et d’esprit d’équipe ?Ces émissions participent au culte de la performance. L’époque valorise cela. Le spectateur est aussi responsable de ces émissions. On a eu tout un deuil après la mort d’un candidat de « Koh Lanta » en 2013 mais les gens se sont de nouveau précipités sur l’émission quand elle a recommencé. Le sport génère chaque année la plus forte audience de la télévision. Il y a un goût de cela chez les gens, ils sont en demande.Pour les chaînes, les émissions de télé-réalité constituent-elles un enjeu d’image, en plus de celui d’audience ?Oui. Ce drame est très dur pour TF1. Quand TF1 évoque la performance des candidats, c’est une valeur qui va dans le sens de la chaîne. L’accident de « Dropped » est mauvais pour son image même si elle n’est pas directement responsable. Les émissions de télé-réalité participent à la construction de l’identité de la chaîne. TF1 met en avant des stars dans des jeux comme « Dropped », « Danse avec les stars » ou dans le jury de « The Voice »… On construit des héros en dehors des œuvres de fiction. M6 montre davantage d’anonymes, qui mangent, s’habillent… Dans ces émissions, le quotidien est héroïque.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Clément Guillou « Putain de Vietnam ! T'as perdu une bataille, mais pas la guerre. Tu as toujours été une valeur d'exemple et de réussite... » Abdelkader Bouhenia s'interrompt. Dix-sept secondes pour sécher ses larmes, retrouver sa voix et reprendre son discours à l'adresse de son « frère », Alexis Vastine. Les mots du directeur de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), Jean-Pierre de Vincenzi, et ceux des présidents des Fédérations de natation et de voile ont été applaudis poliment. Lui a droit à une ovation, parce qu'il est chez lui, à l'Insep, dans l'imposante halle Maigrot. Parce qu'il s'est exprimé au nom des autres.Bouhenia et Vastine boxent ensemble depuis plus de dix ans. « C'était le mec super rigolo. Même si ses vannes n'étaient parfois pas terribles, il les racontait d'une telle façon qu'on était obligés de rigoler. » Ce mercredi, c'est le jour des souvenirs au temple du sport français, niché dans le bois de Vincennes, à Paris. Les portraits d'Alexis Vastine, de Camille Muffat et de Florence Arthaud, disparus lundi en Argentine dans la collision entre deux hélicoptères, sont posés à côté de l'estrade. Quelques fleurs. Beaucoup de caméras.« Un peu de décence », demande une conseillère presse aux photographes mitraillant la famille Vastine, qui s'exécutent. Adriani, le frère qui ressemble tant à Alexis, dira deux mots : « Je voulais juste remercier tous les gens qui nous soutiennent, et je vous prierai de nous laisser nous recueillir en famille tranquillement. » Derrière lui, Alain Vastine, le père s'effondre en larmes sur qui lui offre son épaule. Il y a deux mois, il a perdu sa jeune fille Célie dans un accident de la route.« C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité »Pour cet hommage, ont afflué les sportifs bien sûr – on croise Sylvain Wiltord, qui participait lui aussi au jeu de TF1 « Dropped » –, mais aussi les dirigeants, les sponsors, les salariés de l'Insep. « On avait besoin de se rassembler, de se voir, de se serrer », dit l'ancien boxeur Brahim Asloum. « C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité. » Les cérémonies donnent un peu de substance aux concepts creux. Il semble donc que la « grande famille du sport » existe.« Une famille liée par un certain nombre de principes, de valeurs : le dépassement de soi, le respect et l'entraide », définit le ministre des sports, Patrick Kanner.Le plongeur Matthieu Rosset connaissait un peu Camille Muffat et Alexis Vastine. Sans plus. L'affliction n'en est pas moins grande : « La famille du sport, nous, on sait ce que ça veut dire. Quand on rencontre un sportif, même si on ne le connaît pas, il nous suffit d'une minute. Car on partage les mêmes choses. L'entraînement, très dur, les défaites, les victoires, on a tous connu les mêmes émotions. » Sur les disparus, on évoque des souvenirs communs et cet enthousiasme avec lequel tous les trois sont partis pour l'Argentine.« Ils avaient eu pour ordre de ne pas donner de nouvelles », rappelle Bouhennia. Ils échangeaient via Facebook avec ce sujet tabou, donc « parlaient de tout et de rien ». Les mots ont du mal à sortir. Certains préfèrent les coucher sur les livres d'or disposés dans la salle, où l'on peut lire : « Vous êtes partis en emportant une partie de nous-mêmes. » Valérie Fourneyron, ministre des sports au moment des Jeux olympiques de Londres, en 2012, est saisie d'émotion. Elle retient « le recueillement, la ferveur, la solidarité et aussi le courage » des sportifs rassemblés.« C'était le moment de pleurer »Après la cérémonie, le directeur technique national de la boxe, Kevinn Rabaud, a réuni ses troupes en cercle, comme à l'aube d'une grande bataille. « Je leur ai dit qu'il ne fallait pas hésiter à exprimer leur sensibilité, car c'était la grande qualité d'Alexis. Que c'était le moment de pleurer, d'échanger ensemble. Le monde de la boxe est un monde d'émotion. » Et demain ? « La meilleure manière de rendre hommage à Alexis, c'est de se remettre le plus tôt au travail et d'aller conquérir la médaille olympique qu'il convoitait. A partir de demain, l'hommage devient sportif, il se fait dans l'engagement. »Mardi, après avoir appris la nouvelle, Matthieu Rosset s'est pointé à l'entraînement comme tous les jours. Il s'est dit qu'il n'y arriverait pas. « Et puis je me suis dit qu'eux, c'étaient des champions, ils se seraient entraînés. Donc j'y suis allé. Et je sais que je le garderai à l'esprit. » Clément GuillouJournaliste au Monde 11.03.2015 à 12h08 • Mis à jour le11.03.2015 à 12h18 | Daniel Psenny L’accident d’hélicoptères qui a fait dix morts, lundi 9 mars, à Quebrada del Yeso, dans la région de La Rioja, en Argentine, pendant le tournage du jeu d’aventures « Dropped » pose, une nouvelle fois, le problème de la sécurité des candidats dans les émissions de télé-réalité. Et ce, deux ans presque jour pour jour après le décès de Gérald Babin lors du tournage de « Koh-Lanta » au Cambodge.« Malgré cette tragédie, il n’y a aucune raison pour arrêter ce jeu d’aventures qui n’a, d’ailleurs, rien à voir avec la télé-réalité », estime Xavier Couture, ex-dirigeant de TF1 et de la société de production Adventure Line Productions (ALP), productrice de « Dropped » et de « Koh-Lanta ». « Les équipes techniques sont des professionnels chevronnés mais, malheureusement, si l’hélicoptère, très souvent utilisé dans ces émissions, est indispensable, il peut parfois être aussi très dangereux. » Il ajoute : « Lorsqu’il y a des morts sur les circuits de formule 1, on ne remet pas en cause le championnat du monde. Tant qu’il restera des espaces de liberté pour se dépasser, il y aura toujours des candidats et, quel que soit le producteur, il ne pourra éviter qu’ils prennent des risques pour se surpasser. Il faut se souvenir que les émissions de Philippe de Dieuleveult étaient nettement plus dangereuses… »La télé-réalité, nouvel eldorado d’athlètes en quête d’aventureAu fil des ans, les programmes de télé-réalité et leurs dérivés, telles ces compétitions sportives orchestrées au bout du monde, ont changé de nature. Déjà en 2003, deux ans après « Loft Story », Endemol mettait à l’antenne « A bout de force » sur M6. Le but ? Filmer des candidats privés de sommeil pendant trente-six heures. A l’époque, le jeu avait fait polémique après que deux journalistes de France 2, infiltrés dans l’émission, aient dénoncé le manque de sécurité et d’assistance pour les candidats. Une marge bénéficiaire sans égalQuelques mois plus tard, TF1 lançait « Fear Factor », programme où les participants devaient affronter leurs pires phobies. « Ce n’est plus un loft avec des jeunes gens que l’on observe aujourd’hui, mais des jeux de l’extrême avec les risques que cela comporte », souligne François Jost, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. Une tendance qui, selon le chercheur, « entre en résonance avec les mœurs de la société où l’on tente d’aller toujours plus loin face à soi-même ».Polémiques et accidents ont toutefois rarement empêché les producteurs de mener ces jeux d’aventures à leur terme. Ce fut le cas en 2013 avec « Koh-Lanta », seulement interrompu quelques mois après la mort par crise cardiaque de Gérald Babin. Ce décès avait été suivi par le suicide du médecin du programme. Dans cette affaire portée devant la justice, l’instruction judiciaire ouverte au TGI de Créteil (Val-de-Marne) n’a pas conclu à la culpabilité des dirigeants d’ALP qui n’ont pas été mis en examen. La société avait trouvé un accord financier avec les proches du candidat.Condamnés ou pas, producteurs et diffuseurs ne veulent pas lâcher la télé-réalité, véritable poule aux œufs d’or de la télévision. La marge bénéficiaire qu’ils réalisent avec ce genre d’émissions est sans égal. Facturée autour de 700 000 euros, chaque émission peut rapporter à la chaîne trois fois plus en publicités. A titre de comparaison, un téléfilm ou un épisode d’une série avoisine le million d’euros sans garanties de retombées publicitaires. De plus, des jeux « feuilletonnants » comme « Pékin Express », sur M6, ou « Koh-Lanta » sur TF1, assurent une bonne dizaine de première partie de soirée aux diffuseurs. Pour les rentabiliser, les économies se font souvent a détriment des candidats qui, pendant longtemps, n’ont pas été payés, voire sur les mesures de sécurité.Ouverture d’une bataille juridique avec les assurancesSuite à plusieurs dépôts de plaintes et une longue bataille juridique, la chambre sociale de la Cour de cassation a finalement validé, en 2009, la requalification des règlements de participants en contrats de travail à durée indéterminée. Désormais, tous les candidats sont donc rémunérés avec les mêmes droits sociaux que n’importe quel salarié. Les « stars », elles, ont un statut différent et touchent des cachets qui dépassent souvent les 100 000 euros. L’accident meurtrier de « Dropped » va désormais ouvrir une bataille juridique avec les assurances qui attendront les résultats de l’enquête pour décider du montant des indemnisations aux familles des victimes.Après le drame, le temps de l’enquête en Argentine« Normalement, la production a souscrit à des assurances en cas de dommages, mais elles seront honorées à condition que les producteurs aient respecté la loi et leurs obligations en matière de sécurité », pointe Jérémie Assous, l’avocat de plusieurs candidats d’émissions de télé-réalité. « Les dommages peuvent s’élever à plusieurs millions d’euros par personne. Or, il y a des chances que les compagnies d’assurances évoquent des manquements délibérés. L’affaire risque donc de se régler à l’amiable », explique l’avocat en rappelant que la société ALP ainsi que d’autres producteurs de télé-réalité ont été condamnés près de trois cent fois « pour manquements au droit du travail et à leurs obligations de sécurité ».Mais la législation et les condamnations ne semblent guère peser sur les producteurs qui préfèrent payer des milliers d’euros d’amendes plutôt que de renoncer aux confortables profits réalisés par les émissions de télé-réalité. En Suède, pays d’origine de « Dropped », l’émission réalise ainsi des records d’audience, avec plus de 1 million de téléspectateurs présents, soit près de 30 % de part d’audience.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yann Bouchez, Florent Bouteiller et Anthony Hernandez La collision mortelle de deux hélicoptères, lundi 9 mars, l’a rappelé de manière dramatique : les sportifs, retraités ou pas, sont devenus des personnages incontournables des émissions de télé-réalité.La navigatrice Florence Arthaud, vainqueur de la Route du Rhum en 1990, la nageuse Camille Muffat, championne olympique à Londres en 2012, et le boxeur Alexis Vastine, médaille de bronze aux Jeux de Pékin, quatre ans plus tôt, tous morts dans l’accident de lundi, s’étaient d’abord fait connaître par leurs exploits sportifs. L’émission « Dropped » devait les présenter sous un profil plus large d’aventuriers, auquel seule Florence Arthaud pouvait déjà prétendre.Même si Alexis Vastine visait encore les Jeux olympiques de Rio, le projet avait pour ces trois-là le goût de l’après-carrière. « Pour les célébrités sportives, celles qui dépassent le simple cadre du sport, lorsque la première identité de sportif s’arrête, c’est la deuxième en sourdine, celle du people, qui prend le dessus », analyse Claire Carrier, médecin du sport et psychiatre. La télé-réalité devient alors un moyen de bénéficier encore de l’attention médiatique.La télé-réalité, apparue au début des années 2000, a d’abord concerné des anonymes, avant de s’élargir aux « people », dont les sportifs. Dès 2004, l’ancien gardien de but Pascal Olmeta participe à l’émission « La ferme célébrités », qu’il remporte. Le joueur de tennis Henri Leconte et le danseur Patrick Dupond ont pris part à la deuxième saison, en 2005.Nouveaux défisLa multiplication des émissions de télé-réalité d’aventure, dont « Koh-Lanta » est la plus connue, suscite l’intérêt d’athlètes en quête de nouveaux défis. Partir à l’autre bout du monde et réaliser des épreuves physiques semble mieux convenir à l’image qu’ils souhaitent renvoyer au grand public. « La découverte, le défi et l’adrénaline… c’est grisant », confie la judoka Frédérique Jossinet. A l’hiver 2009, la vice-championne olympique d’Athènes a participé à une saison de l’émission « Koh-Lanta », diffusée en 2010, et se souvient d’« une très belle expérience ».« En tant que sportive, on essaie de faire des choses différentes après notre carrière, explique l’ancienne patineuse Surya Bonaly, qui a participé à « La ferme célébrités 3 », en 2010, en Afrique du Sud, mais a refusé, en novembre 2014, de prendre part à la version américaine « The Amazing Race », jugée trop dangereuse. Quand on est dans des sports aussi exigeants que la natation, le patinage artistique, on sort rarement de la piscine ou de la patinoire. On s’entraîne huit heures par jour, ce n’est pas vraiment une vie agréable… Donc quand on nous donne l’opportunité de faire quelque chose d’exceptionnel, c’est attrayant. »Outre l’aspect du défi et de la nouveauté, les motivations financières sont bien réelles, surtout chez les sportifs à la reconversion fragile, qui n’ont pas toujours connu des carrières très lucratives. Les cachets pour ce type de programme sont assez importants, généralement supérieurs à 100 000 euros. Des sommes non négligeables quand « beaucoup de sportifs dans des disciplines olympiques ne gagnent pas les sommes astronomiques du football », rappelle Franck Hocquemiller, agent de célébrités.« Les sportifs participent à des émissions de télé-réalité pour des raisons différentes, estime Mme Jossinet. Je sais qu’un sportif de notre équipe était là juste par envie. D’autres ont touché 140 000 ou 150 000 euros, de ce que je sais. Après, on ne va pas se voiler la face : plein de sportifs participent à ces émissions pour gagner en notoriété et préparer l’avenir. »Les sociétés de production et les chaînes sont aussi très intéressées par ce profil de candidats, note M. Hocquemiller : « Les émissions les utilisent pour leur image positive : le dépassement de soi, la victoire, le travail… » « Derrière nos postes de télévision ou dans les stades, ces gens-là nous font rêver, explique le docteur Patrick Bauche, psychologue et auteur de Les héros sont fatigués. Sport, narcissisme et dépression (édition Payot). On se surprend un instant à les croire immortels, c’est leur côté demi-Dieux. Mais quand la mort vient les faucher en pleine santé, la réalité s’impose à nous : oui, ils sont mortels comme nous. »Après le drame, le temps de l’enquête en ArgentineYann BouchezJournaliste au service SportSuivreAller sur la page de ce journalisteFlorent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAnthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.03.2015 à 12h18 • Mis à jour le23.03.2015 à 17h48 L'essentielCinq syndicats de Radio France ont lancé jeudi 19 mars une grève illimitée.Les syndicats craignent l'annonce d'un plan d'économies avec réduction des effectifs alors que le budget de Radio France devrait être dans le rouge cette année.La grève perturbe fortement les antennes du groupe public. Les émissions sont souvent remplacées par une bande musicale. La grève illimitée lancée jeudi par cinq syndicats de Radio France est entrée lundi 23 mars dans son cinquième jour et sera reconduite mardi.Le mouvement social perturbe toujours fortement les antennes du groupe public, avec des émissions remplacées par une bande musicale. Pour la première fois depuis le début de la grève, « Le 7/9 » de France Inter a été supprimé lundi matin. Dans le même temps, France Info ne diffusait qu'un journal toutes les demi-heures tandis que France Culture et France Musique passaient de la musique en continu.La grève a aussi affecté jeudi et vendredi les concerts des deux orchestres de Radio France – l'Orchestre national de France et l'Orchestre philharmonique.Lire le post de blog : La play-list de France Inter en temps de grève fait des heureuxBudget déficitaireLes cinq syndicats – la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération générale du travail (CGT), le Syndicat national Force ouvrière de la radio et de la télévision (SNFORT), l'Union syndicale Solidaires (SUD), l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), mais pas le Syndicat national des journalistes (SNJ) – craignent que Radio France, dont le budget devrait être dans le rouge cette année pour la première fois de son histoire, n'annonce un plan d'économies avec réduction des effectifs.Le groupe connaît son troisième appel à la grève en un mois. Radio France avait annoncé à la fin de janvier un « plan de retour à l'équilibre », après l'adoption par son conseil d'administration de son budget 2015, déficitaire de 21,3 millions d'euros, une première dans l'histoire du groupe de radios publiques.Lire : Dialogue de sourds entre Mathieu Gallet et les salariés de Radio FranceClimat social dégradéLa direction de Radio France devrait annoncer vers la mi-avril les modalités du COM (contrat d'objectifs et de moyens) négocié avec l'Etat pour fixer sur plusieurs années le budget et les choix du groupe. Les syndicats craignent un plan de départ concernant plusieurs centaines d'emplois, sur 4 600 actuellement. Un rapport de la Cour des comptes attendu pour la fin de mars devrait dresser un bilan sévère de la gestion de Radio France, notamment du très coûteux chantier de rénovation de la Maison de la radio, selon des sources syndicales.Lire aussi : Radio France : les dépenses de la direction auscultéesFace à l'émotion suscitée par la révélation par Le Canard enchaîné la semaine dernière de dépenses de plus de 100 000 euros pour la rénovation de son bureau, Mathieu Gallet propose, dans une interview au Monde publiée lundi, « un moratoire sur les prochaines phases du chantier, tant qu'une expertise indépendante ne viendra pas nous préciser comment le terminer et distinguer ce qui est nécessaire, pour la sécurité et la mise aux normes, de ce qui ne l'est pas ». De son côté, l'inspection générale des finances a décidé de lancer une enquête sur les dépenses de la direction.Lire l'entretien en édition abonnés : Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio » 23.03.2015 à 11h39 Les antennes de Radio France étaient très fortement perturbées, lundi 23 mars matin, par le mouvement de grève illimitée lancé jeudi par cinq syndicats, avec des émissions remplacées par une bande musicale. Pour la première fois depuis cinq jours, le 7-9 de France Inter, son émission phare, a été supprimé. France Info ne diffusait qu’un journal toutes les demi-heures tandis que France Culture et France Musique passaient également de la musique en continu. Cinq syndicats - mais pas le SNJ (Syndicat national des journalistes) - ont lancé jeudi un appel à la grève illimitée. Stéphanie Binet Le Woop, collectif d’humoristes, diffuse sur YouTube une parodie de série télé, entre « Les Anges de la télé-réalité » et « Secret Story »L’humour sur le Web a ses héros : Bonjour Tristesse, Cyprien Iov, Norman… Le succès est tel pour ces deux derniers qu’ils ont leur one-man-show. Le Woop a suivi leur exemple sur la scène de l’Apollo de Paris et en province. Mais ce collectif, qui mélange humoristes venus de YouTube (Mister V, Hugo Tout Seul) et de la scène stand-up (Mike Kenli, Hakim Jemili, Malcolm ToTheWorld, Youssoupha Diaby et Jérémie Dethelot), vient de franchir une nouvelle étape. Depuis le 20 mars, ils diffusent sur Internet une parodie d’émission de télé.A mi-chemin entre « Les Anges de la télé-réalité » sur NRJ 12 et « Secret Story » sur TF1, « Punta Kaïra » enferme dans une villa somptueuse de République dominicaine sept jeunes de banlieue. Youssoupha, qui a grandi dans une cité de Plaisir, dans les Yvelines, a eu l’idée de l’émission en découvrant dans sa boîte mail les photos de la maison où le Woop allait passer ses vacances à Punta Cana pour se reposer de sa précédente tournée : « Ça m’a rappelé quand je partais en vacances avec ma maison de quartier. On se retrouvait tout à coup en Ardèche où tout marche au ralenti, sans que personne ne nous suive dans les magasins. Alors, je me suis dit que ce serait drôle de projeter des mecs comme nous dans un endroit paradisiaque où on ne peut pas se plaindre, où on ne peut pas rester en doudoune toute la journée, et où on ne peut pas squatter les cages d’escalier… Comment allons-nous nous en sortir ? »Absurdité des situationsL’équipe va passer ses vacances à tourner des sketchs vidéo pour sa série Web. Malcolm, originaire, lui, de Brignoles, dans le Var, propose d’introduire dans le groupe un intrus, une fausse « caillera » (verlan de « racaille »). L’enjeu de ce reality-show de quatre épisodes consistera à définir ce qu’est une vraie racaille et ce qui n’en est pas une.Toute la force comique du Woop est là. Ses membres misent sur l’absurdité des situations, sur leur parcours social, rarement sur leur couleur de peau ou leur culture d’origine. Ils n’ont pas l’humour communautaire de leurs aînés du Jamel Comedy Club : « Eux avaient un combat à mener dans les médias sur ces questions, précise Hugo Dessioux, dont le nom de scène est Hugo Tout Seul. Notre génération fait moins attention aux couleurs des uns et des autres. Ce qui est notre cas. »Les modes et les tics d’adoDans leurs vidéos, « Les Notices », qu’ils diffusent depuis février 2014 à raison de quatre par mois, ces humoristes jouent sur les modes et les tics des adolescents, tournent en dérision leur vie de jeunes de quartier ou d’habitants de zone pavillonnaire. Mister V,, de son vrai nom Yvick Letexier, a, lui, grandi dans une bourgade de 1 700 habitants en périphérie de Grenoble. A 21 ans, c’est le plus jeune de la bande. Il poste ses sketchs depuis l’âge de 15 ans et est devenu l’idole des préadolescents avec ses « phrases de moche » et ses imitations de chanteur de R’n’B : « En m’adressant à une caméra, décrypte le jeune comédien, je parle de ma vie et ça parle aux ados, parce qu’ils ont la même que la mienne. Il y a un rapport de fausse proximité entre le YouTuber et l’adolescent qui le regarde. » Hugo Tout Seul s’en plaint d’ailleurs dans le spectacle : « Quand tu fais des vidéos sur Internet, ce qui est marrant c’est que les gens sont vachement impliqués dans ta carrière. Si je ne mets pas de vidéo pendant quelques mois, je reçois des mails de plainte : “Hugo il va falloir se ressaisir, tu prends un mauvais tournant.” Je vais regarder sur le profil Facebook du plaignant, et il est en 4e B à Besançon, et en plus il a redoublé. »Animé par Mike, le DJ du groupe, le spectacle est construit comme une soirée en discothèque avec pour maître de cérémonie Hakim Jemili, Strasbourgeois de 25 ans, habitué des ligues d’improvisation. Il s’est mis à l’humour sur le Web avec le Woop.Le Woop sur le Web  : youtube..com/user/woopgang. En tournée à partir du 2 avril. Du 17 avril au 3 mai à L’Apollo, 18 rue du Faubourg-du-Temple, Paris.Stéphanie BinetJournaliste au Monde 21.03.2015 à 02h55 • Mis à jour le21.03.2015 à 14h34 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Londres. Correspondant.Depuis sa fondation, en 1821 , The Guardian n'a connu que onze rédacteurs en chef. Le douzième, qui a été désigné vendredi 20 mars, sera une femme pour la première fois de l'histoire du quotidien de centre-gauche britannique. Katharine Viner, 44 ans, qui dirigeait son édition américaine en ligne, succèdera, l'été prochain, à Alan Rusbridger. Ce dernier, qui occupait ce poste depuis vingt ans, a conduit la révolution numérique et transformé le journal en un média d'audience mondiale, défiant les gouvernants en publiant les documents de la NSA fournis par Edward Snowden.« The Guardian », du journal local au média globalKhatarine Viner a promis de continuer à faire du Guardian « un lieu dédié au journalisme le plus ambitieux, aux idées et aux événements ». Elle va apporter son « immense expérience, son flair, sa convivialité, son imagination et sa formidable énergie à ses nouvelles fonctions », a assuré son prédécesseur.Le journal fait face à d'« importants défis »Mme Viner a été désignée à l'issue d'un long processus au cours duquel elle a rallié 53 % des voix de la rédaction au cours d'un vote consultatif. Elle figurait avec Ian Katz, rédacteur en chef à la BBC 2 et ancien du Guardian, sur la « short list » retenue par le Scott Trust, structure sans but lucratif qui est garant de l'indépendance éditoriale et financière du journal.Ancienne d'Oxford, Katharine Viner s'est fait un nom au Guardian non pas dans le domaine politique ou diplomatique, mais dans la couverture des modes de vie, puis dans plusieurs postes de rédaction en chef du secteur magazine. Son premier papier publié en 1992, intitulé « Tempête dans un bonnet D » était consacré aux femmes à la poitrine opulente, rapporte le Financial Times. Ces dernières années, elle a été chargée du lancement de l'édition numérique du journal en Australie avant de devenir, en 2014, rédactrice en chef de l'édition en ligne du journal créé aux Etats-Unis trois ans plus tôt.Alors que le tirage de la version imprimée du Guardian est tombé à 180 000 exemplaires et que des rumeurs circulent sur sa disparition, la nouvelle rédactrice en chef a déclarée que l'édition papier « ne doit pas entraver notre passage au numérique mais doit être vénérée au moment où nous choisissons de la conserver ». Elle n'a pas caché qu'en dépit d'« une structure de propriété exemplaire, d'une réputation mondiale et d'excellents journalistes », le journal faisait face à d'« importants défis ». A la recherche de son modèle économiqueEn dépit de scoops à répétition et d'une avance dans le domaine numérique, le journal, installé près de la gare de King's Cross à Londres, cherche toujours son modèle économique. Le quotidien et son édition dominicale The Observer ont perdu 30, 6 millions de livres (42,3 millions d'euros) en 2014. Le choix de la gratuité intégrale sur l'Internet, la qualité et les audaces rédactionnelles ont hissé le site du Guardian au second rang mondial parmi les médias d'information de langue anglaise, derrière le site Mail On line du Daily Mail et devant le New York Times. Mme Viner s'est d'ailleurs prononcée contre l'introduction d'un « paywall » (paiement au-delà d'un certain nombre d'articles consultés) pratiqué par ce dernier. « Economiquement, il est trop tôt pour l'écarter alors que nous tentons tous de survivre, a-t-elle déclaré en 2013. Mais journalistiquement, les paywalls sont totalement contraires à l'ouverture du web ». Mais les recettes publicitaires générées par le site du Guardian et son immense audience (7,35 millions de visiteurs uniques par jour contre 14,7 millions pour Mail Online) sont loin d'assurer l'équilibre en dépit d'une bonne performance financière dans le numérique (+ 24 % l'an passé). Le secret de la bonne santé rédactionnelle du journal en dépit de pertes répétées tient dans le « trésor de guerre » de 850 millions de Livres sterling (1175 millions d'euros) en avoirs et participations dans des sociétés lucratives détenu par sa maison-mère, le Guardian Group Media (GMG). Selon le Guardian lui-même, le placement de ce pactole permet au journal d'éponger ses dettes et d'assurer son indépendance éditoriale à perpétuité.Philippe BernardPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le débat sur l’avenir de Charlie Hebdo n’est pas nouveau au sein du journal mais il est aujourd’hui plus tendu. En cause, la fuite d’un e-mail dans la presse : jeudi 19 mars, l’AFP a rapporté que des membres de l’équipe de l’hebdomadaire satirique ont annoncé avoir créé une association afin de réclamer un fonctionnement plus collectif et transparent du journal, décimé par un attentat le 7 janvier.« Je suis écœuré que des éléments tirés de réunions internes se retrouvent dans la presse. Nous avions des engagements mutuels. Ce n’est pas digne de Charlie Hebdo », regrette Eric Portheault, directeur financier du journal et détenteur de 20 % du capital (le reste est détenu à 40 % par le directeur de la publication, Riss, et à 40 % par les parents de Charb, l’ex-directeur décédé).La gêne est perceptible. Du côté de la direction mais aussi du côté du collectif de journalistes, on assure ne pas avoir transmis le courriel à la presse. La masse d’argent reçue par Charlie Hebdo depuis janvier – plus d’une quinzaine de millions d’euros entre les dons et les ventes historiques du premier numéro et celles des suivants – accentue les crispations.Concrètement, la création de l’association est la concrétisation d’une volonté affichée depuis longtemps dans la rédaction. Celle-ci réclame une gouvernance plus ouverte, dans un journal au fonctionnement assez familial, avec trois directeurs et actionnaires concentrant l’essentiel des pouvoirs.>> Lire notre enquête : « Charlie Hebdo », une résurrection sous tensionDeux avocats engagés« Jusqu’ici, à Charlie Hebdo, il n’y avait pas de société des rédacteurs, alors que c’est courant ailleurs », explique Patrick Pelloux, chroniqueur et secrétaire général de la structure dont le président, Laurent Léger, journaliste d’investigation, est l’auteur de l’e-mail cité par l’AFP. Le collectif estime représenter la grande majorité des membres de l’équipe, dont le dessinateur Luz, par exemple. Il a engagé deux avocats, dont Antoine Comte, qui a notamment défendu le site Rue89, le Syndicat de la magistrature et l’homme politique Olivier Besancenot. Et pourraient accueillir des personnalités extérieures comme l’actrice Josiane Balasko ou le metteur en scène Jean-Michel Ribes.« Nous voulons être davantage informés et associés aux décisions », explique Patrick Pelloux. Le collectif demande de plus un audit financier, « pour couper court aux ragots sur l’argent et nous protéger, ainsi que la direction ».L’équipe va plus loin et réclame l’ouverture du capital à un actionnariat salarié. Formulée depuis plusieurs semaines, cette revendication est présentée comme le moyen de refonder le journal en le mettant aussi en phase avec ses convictions politiques. « Les sociétés anonymes lucratives ne sont plus modernes. Les sociétés coopératives ont de meilleurs résultats », estime Patrick Pelloux.C’est le point qui cristallise le plus les tensions. La dépêche était titrée : « Division à Charlie Hebdo sur l’argent du journal ». Des proches de la direction sous-entendent qu’il est indigne d’évoquer dès aujourd’hui la répartition future du capital car elle concerne notamment les 40 % détenus par Charb, dont les parents sont encore en deuil. La dessinatrice Coco, qui ne fait pas partie du collectif créé cette semaine, a envoyé un message dans ce sens.« En tant qu’avocat dans ce journal depuis vingt-trois ans, je m’interdis de m’exprimer dans les médias sur une situation qui me désole et qui m’inquiète. Je sens des tensions certaines. J’ai une pensée particulière pour les familles des victimes et me demande comment ils regardent cela », déclare Richard Malka. L’avocat est très actif dans la vie du journal et y a fait venir la communicante Anne Hommel, qui, comme lui, a travaillé pour Dominique Strauss-Kahn. M. Malka est aussi proche du dessinateur Riss.« On essaye de nous faire passer pour des cupides, c’est n’importe quoi », regrette Patrick Pelloux. Après l’élan de solidarité suscité par les attentats et les épreuves vécues par l’équipe du journal, « la direction ne peut simplement pas rester dans les mains de deux personnes [les actionnaires Riss et M. Portheault] ».Sur le fond, tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut débattre de la gouvernance, du capital, et même du journal lui-même. Mais les proches de la direction souhaitent prendre du temps, alors que d’autres dans la rédaction aimeraient aller plus vite. « Il ne faut pas toujours reporter. On n’ira jamais mieux… », plaide M. Pelloux.Parmi les chantiers du journal figure la répartition des dons, qui doivent être versés aux blessés et aux familles des victimes. Mais aussi la mise en place d’une fondation destinée à soutenir le dessin de presse, en France et dans le monde. Des objectifs qui, eux, font consensus.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Exercice difficile que celui auquel s’est livré le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui est allé répondre aux questions des salariés de l’entreprise réunis en assemblée générale, vendredi 20 mars.Le PDG de #RadioFrance seul face aux salariés en colère #grève pic.twitter.com/Hf93rTcfVd— LaGrue James (@Lagruejames) 20 Mars 2015Interrogé par une salariée sur la « faute morale » qu’aurait constituée la rénovation de son bureau pour un montant global de 105 000 euros, M. Gallet a répondu « comprendre cette colère », mais a ajouté que ces travaux avaient été votés avant son arrivée.Lire aussi :Radio France : Mathieu Gallet fragilisé par le coût des travaux de son bureauSur les mesures d’économies envisagées pour résorber le déficit de l’entreprise, le PDG a expliqué poursuivre les négociations avec l’Etat pour fixer les objectifs et moyens de Radio France pour les cinq prochaines années."L'Etat ne va pas lâcher Radio France. Les négociations vont aboutir" #Gallet #RadioFrance— Jean Leymarie (@Jean_Leymarie) 20 Mars 2015M. Gallet a notamment expliqué que le départ de l’Orchestre national de France était une option."@delfsim: #Radiofrance #Gallet L'une des hypothèses est que l'Orchestre national de France "prenne son autonomie" Tollé."— Marion L'Hour (@MarionLHour) 20 Mars 2015« Je me bats avec l’Etat pour qu’il n’y ait pas de départs contraints », a également déclaré le PDG, en réponse aux inquiétudes sur un possible plan de départs qui pourrait concerner 300 à 400 personnes.M. Gallet a mis en avant le poids du chantier de rénovation de Radio France, dont le coût a explosé et qui pèse aujourd’hui lourdement sur le budget. Ainsi, sur les 21 millions d’euros de déficit programmés pour 2015, 15 millions relèveraient d’amortissements liés au chantier.Lire aussi :L’interminable chantier de la Maison de la radioLes salariés ont aujourd’hui le sentiment de devoir payer un lourd tribut à ce chantier et estiment qu’on prépare des économies sur la production de contenus pour continuer à financer l’ouvrage.#Gallet:"Je suis toujours en négociation avec l'Etat pour pouvoir finir le chantier". Les salariés: "Mais arrêtez avec votre chantier!" #AG— Julie Gacon (@juliegacon) 20 Mars 2015À l’issue d’un échange qui aura duré une heure trente, le PDG a quitté la scène du Studio 104.Bon Ben M. #Gallet a posé son micro et est parti sous les huées. The end.— Margaux Duquesne (@MduqN) 20 Mars 2015« Les salariés ont eu des éléments de langage, mais aucun élément de réponse », a jugé l’intersyndicale (CGT, SNJ-CGT, SUD, UNSA, CFDT, FOSNRT) dans un communiqué, évoquant « une crise de confiance vis-à-vis du PDG ». « C’était un peu un dialogue de sourds », a estimé Lionel Thompson, journaliste et délégué CGT.Les salariés de Radio France ont voté, vendredi après-midi, la reconduction de leur mouvement de grève.Lire aussi :Radio France : les dépenses de la direction auscultéesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 08h42 • Mis à jour le20.03.2015 à 14h31 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les tutelles de Radio France n’ont pas tardé à réagir, deux jours après les révélations sur les frais de rénovation du bureau de Mathieu Gallet. Selon les informations du Monde, une enquête a été diligentée, jeudi 19 mars, par les ministères de la culture et des finances pour vérifier les dépenses de la présidence, de la direction générale et du comité directeur de Radio France. La mission doit rendre ses conclusions dans une quinzaine de jours. Son périmètre d’étude sera notamment les frais de réception, les voitures de fonction et les frais de mission.Mardi soir, Le Canard enchaîné avait révélé que 105 000 euros avaient été dépensés en frais de rénovation du bureau du PDG. La direction avait expliqué que 70 % de ce budget correspondait à des frais de rénovation de boiseries en palissandre, une essence rare, ce qui s’apparente à de l’entretien de patrimoine, et que ces travaux avaient été décidés avant l’arrivée de M. Gallet. Néanmoins, ces révélations ont profondément marqué l’entreprise, confrontée à des exigences d’économies. Cinq syndicats ont engagé une grève illimitée, jeudi.Lire aussi :Radio France : Mathieu Gallet fragilisé par le coût des travaux de son bureauJeudi, dans les couloirs de Radio France, on évoquait aussi cette Peugeot 508 choisie pour remplacer la Citroën C6 de Jean-Luc Hees, dont M. Gallet souhaitait changer la sellerie. La direction de l’entreprise dément que le nouveau PDG ait demandé ce changement de sièges et explique que le renouvellement du véhicule était logique, le précédent comptant 125 000 km au compteur pour une valeur Argus tombée à 6 000 euros.« Problème de légitimité »À la Maison ronde – le siège de Radio France à Paris –, ces différents éléments ont nourri l’ironie et, parfois, la colère des personnels. Surtout, pour les syndicats, ils constituent une arme majeure alors qu’une grève potentiellement longue a commencé.Lors d’une assemblée générale jeudi matin, le comportement de M. Gallet a fait partie des sujets de discussion. « Il y a désormais un problème de légitimité du président », a ainsi lancé Philippe Ballet, délégué UNSA. Décrit comme un « gestionnaire », parlant plus volontiers aux médias qu’aux collaborateurs de son entreprise, le PDG a ainsi été affublé de l’étiquette « bling bling » lors des échanges. Sa décision, jeudi soir, d’annuler un concert prévu à l’Auditorium – alors que les musiciens grévistes avaient dit vouloir jouer – et de fermer le bâtiment au public, laissant l’orchestre improviser un récital dans le hall, a créé l’incompréhension.« Nous nous réjouissons de la mise en place de cette enquête, déclare Jean-Paul Quennesson, délégué SUD et membre de l’Orchestre national. Il y a à l’évidence des dépenses qui ne s’imposaient pas ou auxquelles on pouvait surseoir. La priorité doit être donnée aux outils de production et non de réception. L’Etat réagit vite car ces informations sont dévastatrices pour la parole du PDG. »« Si l’enquête ne porte que sur les frais de mission ou de réception, c’est frustrant, nuance Renaud Dalmar, délégué CFDT. Nous avons un problème majeur qui est le chantier de rénovation de la Maison de la radio, dont les coûts ont dérapé, c’est cela qu’il faudrait contrôler. »« Purger le sujet »De son côté, la direction s’affiche tranquille et voit dans cette enquête une opportunité de sortir de la polémique. « Cette mission est une bonne chose, indique Catherine Sueur, directrice générale déléguée. Cela devrait permettre de purger le sujet. » L’espoir est aussi celui d’une levée rapide de la grève. Mathieu Gallet devait s’adresser aux salariés de Radio France, vendredi à 11 heures.Le calendrier est serré. À la direction comme au gouvernement, l’heure est aux « arbitrages » sur les mesures d’économies, mais aussi les grands axes stratégiques de Radio France pour les cinq prochaines années. Aux yeux du gouvernement, il est indispensable qu’on ne puisse pas attaquer l’exemplarité de la direction de l’entreprise pendant cette période. Débat au CSALa direction du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) garde ses distances. Elle rappelle qu’elle ne dispose pas des comptes financiers de Radio France et que c’est le ministère de la culture qui exerce la tutelle. Le président Olivier Schrameck n’a donc pas appelé Mathieu Gallet pour évoquer les travaux qui ont fait polémique. « Le CSA régule les radios et les télévisions, pas les bureaux des présidents », abonde une source en interne.C’est pourtant le CSA qui a nommé M. Gallet, au terme d’une procédure censée tourner la page des nominations de l’ère Sarkozy. Comment juge-t-il son action, après un an de mandat ? Là encore, la présidence souligne que le CSA est une autorité collégiale, dont les membres n’ont pour l’instant pas débattu du bilan de Mathieu Gallet, et ne devraient en principe pas le faire avant le point d’étape prévu fin 2015.Le CSA fait le choix de la prudence et d’une lecture juridique de son rôle et de celui de la tutelle, plutôt que de réagir à chaud. Une décision qui semble fondée sur le pari que la situation peut s’arranger pour Mathieu Gallet. Car les difficultés du président de Radio France pourraient être imputées indirectement au CSA qui l’a nommé.Une autre source au CSA a un avis plus sévère et inquiet : « Mathieu Gallet donne le sentiment d’un homme assez seul, et qui est peu épaulé par les ministères, à la culture mais aussi à Bercy. On a l’impression d’un homme qui a du mal à faire face à la tempête. » Le CSA s’est-il donc trompé en le choisissant ? « La question se pose », estime cette source, rappelant « l’espoir » de renouveau et de gestion sérieuse suscité par sa candidature. « Mathieu Gallet a-t-il l’étoffe d’un patron d’audiovisuel de service public, dans cette période troublée pour le pays ? Nous allons le voir », conclut-on. Pour le CSA, les tensions autour de la présidence de Radio France sont en tout cas un élément de pression supplémentaire, au moment où il gère un dossier très sensible : la nomination du patron de France Télévisions, au plus tard le 22 mai.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Constant Du jamais vu sur la TNT. A l'occasion de la diffusion du premier épisode de la version française de « Top Gear », mercredi 18 mars 2015 en début de soirée, RMC Découverte a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience). L'émission consacrée à l'automobile a rassemblé un maximum de 1 078 000 téléspectateurs, à 21 h 39. Diffusé dans la foulée, le second épisode a rassemblé 793 000 téléspectateurs, soit 4,4 % de parts d'audience.La chaîne appartenant au groupe Next Radio TV diffusait déjà la version originale de « Top Gear », célèbre émission de la BBC dont les audiences du dimanche soir sur BBC2 dépassent souvent les 5,5 millions de fidèles. Le 11 février 2015, RMC Découverte battait déjà son record d'audience, toutes émissions confondues, avec 480 000 téléspectateurs scotchés devant un épisode de « Top Gear » UK.Lire : « Top Gear », ou l’éloge de la puérilitéEn décidant de produire une version française avec des moyens importants et le savoir-faire de BBC Worldwide France, Alain Weill prenait un risque. Car le rapport des Français à l'automobile n'est pas le même que celui des Britanniques. « Je ne m'attends pas à doubler notre audience du mercredi soir » avait-il déclaré lors de la présentation à la presse des extraits du premier épisode de ce « Top Gear » made in France. Visiblement, la sauce a pris et le public a apprécié la prestation du trio de présentateurs composé de Philippe Lellouche, Bruce Jouanny et Yann Larret-Menezo.Lire aussi : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Ironie de l'histoire, « Top Gear » France démarre en trombe alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt en raison d'un incident ayant mis aux prises Jeremy Clarkson, son présentateur emblématique, et un producteur. Une suspension qui a ému les téléspectateurs britanniques : 950 000 personnes ont signé une pétition pour le retour de la vedette.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.03.2015 à 14h18 • Mis à jour le18.03.2015 à 16h49 Poursuivi pour apologie d'actes de terrorisme et provocation à la haine envers les juifs, le polémiste Dieudonné M'Bala M'Bala a été condamné, mercredi 18 mars, à deux mois de prison avec sursis en raison d'un message posté sur Facebook après les attentats djihadistes qui avaient fait dix-sept morts au début de janvier en France.Le parquet avait demandé deux cents jours-amende à 150 euros à l'encontre du polémiste, soit 30 000 euros d'amende. Une peine de jour-amende implique que le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s'il ne s'acquitte pas de la totalité de l'amende. Il encourait jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende, les faits présumés ayant été commis en ligne.« Charlie Coulibaly »Le 11 janvier, au soir d'une grande marche citoyenne en hommage aux victimes, le polémiste avait écrit qu'il se sentait « Charlie Coulibaly », détournant le slogan « Je suis Charlie », en référence à l'un des trois auteurs des attaques, Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre clients d'un magasin juif. Ses propos avaient ensuite été retirés de sa page Facebook.Assurant condamner « sans aucune retenue et sans aucune ambiguïté » les attentats, Dieudonné M'Bala M'Bala avait affirmé à l'audience qu'il avait souhaité participer à la marche à Paris, mais que sans retour du ministère de l'intérieur, qu'il avait sollicité, il s'en était senti « exclu » et traité comme un « terroriste ». Une argumentation qui n'a pas convaincu les juges. Outre le contexte, les magistrats ont fait valoir « l'amalgame provocateur » du polémiste, dont la portée des propos « ne pouvait être ignorée » : « Le sentiment d'hostilité à l'égard de la communauté juive que Dieudonné M'Bala M'Bala entretient auprès d'un public attiré par sa personnalité accroît sa responsabilité à raison de ses propos provocateurs. »Ni l'intéressé ni ses avocats n'étaient présents devant le tribunal pour le délibéré. Le polémiste attend un autre jugement jeudi dans une affaire de provocation à la haine envers les juifs pour des propos visant le journaliste Patrick Cohen. Mardi prochain, il connaîtra l'épilogue de la plainte déposée à son encontre après avoir qualifié, fin août 2013, Manuel Valls, alors ministre de l'intérieur, de « Mussolini moitié trisomique ».Lire aussi : Dieudonné : les principaux procès perdus depuis 2007 17.03.2015 à 20h49 • Mis à jour le18.03.2015 à 13h02 Près de 100 000 euros, contre 34 500 prévus. Le groupe Radio France a confirmé, dans la soirée de mardi 17 mars, la somme payée pour les travaux de rénovation du bureau de son président, Mathieu Gallet, cet hiver. Le Canard enchaîné avait révélé cette information dans son édition à paraître mercredi.Ce dépassement s'explique notamment par la restauration de « boiseries précieuses en palissandre » qui ornent une partie des murs de la pièce, selon l'hebdomadaire satirique, qui reproduit un document interne à l'entreprise publique. Cette opération effectuée par une entreprise spécialisée — et dont le montant avait été largement sous-estimé — a coûté à elle seule quelque 70 000 euros, a fait savoir Radio France à l'Agence France-Presse. Il s'agirait des premières restaurations de ce type depuis l'inauguration de la Maison de la radio en 1963.Quadruple préavis de grèveLes dépenses supplémentaires avaient été programmées dans un « budget de parachèvement des travaux » de 2,9 millions d'euros, selon le groupe du service public. L'ensemble de la Maison de la radio est en chantier depuis 2009. Sa réfection est la plus importante d'un bâtiment occupé en France. Ces travaux, d'un coût total de 350 millions d'euros, doivent s'achever entre la fin de 2017 et le début de 2018. L'incendie, survenu vendredi 31 octobre et dont les causes restent à établir, avait constitué l'énième péripétie d'un chantier devenu interminable.Lire aussi : L’interminable chantier de la Maison de la radioMais ces dépenses tombent au moment où Radio France a annoncé un « plan de retour à l'équilibre », après l'adoption par son conseil d'administration de son budget 2015, déficitaire de 21,3 millions d'euros — une première dans l'histoire du groupe de radios publiques.Vu la situation, le Syndicat national des journalistes (SNJ) Radio France s'est dit « abasourdi, choqué et consterné », mardi, par la confirmation des révélations du Canard enchaîné. Le SNJ a ajouté qu'il était « très inquiet, dans un contexte déjà alourdi par les menaces qui pèsent sur l'emploi et, à terme, sur les missions de l'entreprise ». Plusieurs syndicats du groupe, dont le SNJ, ont déposé pour jeudi un quadruple préavis de grève. Il s'agit du troisième appel à la cessation du travail en un mois contre un éventuel plan social et des mesures d'économies.Lire aussi : Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants » Alexandre Piquard .@JVCom x @Gamekult x @gamergen_com x @Gameblog, on a pas tous le même maillot, mais on a la même passion 💝 pic.twitter.com/CfJ4cyjrV7— Julien Chièze (@JulienChieze) March 13, 2015Tout a commencé par une photo bien banale en apparence : elle montre une tablée de six jeunes gens prenant la pose dans un restaurant japonais. Pourtant, le casting de cette image postée le 13 mars 2015 sur Twitter a déclenché une guéguerre dans le milieu du jeu vidéo : les personnages sont des journalistes de sites français spécialisés, dînant ensemble lors d’un voyage au Japon payé par Sony en compagnie d’un responsable des relations presse de cet éditeur de jeux. Le cliché a ravivé un débat sur l’indépendance des médias consacrés aux jeux vidéo, latent dans le milieu depuis plusieurs années.« Moi, ce qui me gave le plus dans ce genre d’histoire, c’est le repas de famille avec le RP de Sony, dénonce un des nombreux internautes qui ont commenté la photo sur les forums de Gamekult.fr, l’un des sites représentés dans le voyage incriminé, avec Jeuxvideo.com, Gamergen et Gameblog. Tu picoles avec le mec qui te vend un produit et qui en espère un bon retour dans ton papier. » Pour d’autres lecteurs, les journalistes ne devraient pas accepter un déplacement payé par une grande entreprise du jeu vidéo, même si cela permet de produire des articles de qualité.Gamekult cultive plutôt une image d’indépendance dans le secteur. Devant la polémique, son rédacteur en chef, Thomas Cusseau, alias « Yukishiro », a décidé de ne pas rester silencieux : « Au risque que certains tombent de l’armoire, lorsque Gamekult est invité à essayer un jeu au cours d’un événement presse (ou d’un voyage, dans le cas où le studio/la démo est à l’étranger/en province), le journaliste est défrayé de ses frais de transport et de nourriture par son hôte, l’éditeur », explique-t-il sur le site. Un peu incrédule, il met les lecteurs en garde contre la nostalgie – factice – d’un « Gamekult qui ne vendait pas ses fesses ». Les usages seraient en effet les mêmes depuis le lancement du média en 2001.« Ce n’est pas sniffer de la cocaïne »« Cela revient à interviewer un écrivain pour la sortie de son bouquin, ou un réalisateur au moment de l’arrivée de son film », ajoute le rédacteur en chef, citant la littérature et le cinéma, domaines où les lancements d’œuvres sont très contraints. Pour lui, les sites français cherchent à « développer du contenu intéressant » malgré le fait que de nombreux grands éditeurs de jeux sont américains ou japonais. « Bouffer au restau avec la délégation française après une journée de boulot, ce n’est pas non plus sniffer de la cocaïne sur le ventre d’une strip-teaseuse après 11 heures de ski nautique aux frais de l’éditeur », justifie Yukishiro.L’opération transparence aurait pu s’arrêter là si le rédacteur en chef de Gamekult n’avait ajouté dans son texte cette confidence prémonitoire, à propos d’un autre personnage présent sur la photo, Julien Chièze, rédacteur en chef du site concurrent Gameblog : « Pour être totalement transparent avec vous et au risque de réveiller je ne sais quelle “rivalité” factice (et débile), sachez que je “déconseille” aux membres de la rédaction depuis un an d’être pris en photo avec Julien Chièze et de participer aux contenus de Gameblog, quels qu’ils soient, ou de parler de Gameblog sur les réseaux sociaux. » Pour se justifier, le responsable de Gamekult affirme ne pas avoir « le moindre problème personnel » avec M. Chièze mais agir simplement en raison de sa « réputation ». Il invoque l’image de Gamekult et son besoin de « différenciation » éditoriale.L’attaque fait allusion à une rivalité sourde au sein de la presse dédiée aux jeux vidéo : Gamekult s’affiche plutôt comme un site avec du recul par rapport aux éditeurs, capable par exemple de mettre des notes basses à des jeux importants. Gameblog serait lui plus intégré dans le milieu des éditeurs ou verserait même dans le mélange des genres, comme lorsque Julien Chièze a lancé une petite agence de communication et d’événementiel. Ce dernier précise que la société n’a plus d’activité depuis mi-2013 et affirme : « Notre rédaction s’est toujours montrée totalement indépendante de toutes pressions exercées par les éditeurs, ce qui nous a valu, et nous vaut encore aujourd’hui (comme d’autres), certains blacklistages ». Un débat ancienTaclée par un site rival, la rédaction de Gameblog a sans surprise riposté lundi sur son site : « Les propos de Yukishiro sont directement assimilables à de la discrimination », y dénoncent les rédacteurs. Les journalistes pointent aussi les critiques incessantes – un « torrent de vomi » – dont Julien Chièze, qui se met régulièrement en avant sur les réseaux sociaux ou des vidéos, fait l’objet dans un forum de Gamekult. Ils déplorent « la radicalisation de Gamekult dans le but de satisfaire la frange la plus dure » de son lectorat. Et disent avoir toujours agi en toute transparence. En guise de taquet final : le texte moque le fait que le rédacteur en chef de Gamekult a modifié lundi son premier article pour effacer les références à Julien Chièze…L’affrontement peut passer pour une petite querelle intestine entre deux sites concurrents, mais il réveille un débat qui traverse le milieu, notamment depuis le « Doritosgate », fin 2012 : à l’époque, la photo d’un journaliste posant entre des chips Doritos et une affiche du jeu vidéo Halo 4, lors d’un salon professionnel, avait cristallisé les critiques visant l’influence des annonceurs et des éditeurs sur les médias, comme l’a raconté Arrêt sur images (ASI).Au cours du débat qui a suivi, les rédacteurs en chef de Gamekult et de Gameblog s’affrontaient déjà, dans une émission d’ASI, à laquelle participait aussi un chroniqueur de Jeuxvideo.com, site depuis racheté par le groupe Webedia. Parmi les enjeux pointés par la profession : faut-il accepter les tests de jeux vidéo réalisés dans les conditions imposées par l’éditeur (temps limité, matériel dernier cri, etc.) ? Peut-on prendre le risque de se voir supprimer un budget publicitaire en donnant une mauvaise note à un jeu ? #container_1426756079002 .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } #container_1426756079002 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1426756079002 .subtitre{ display:block; }Audience des sites français de jeux vidéo(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1426756079002", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('http://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('http://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);« Dictature du pire »« Vu les difficultés financières actuelles des sites de jeux vidéo, imaginer pouvoir se rendre à ces événements à l’étranger par nos propres moyens serait utopique », explique l’équipe de Gameblog dans son billet de lundi. En effet, pour s’en sortir, les sites ont deux options : soit créer des contenus qui attirent un maximum de lecteurs, afin d’attirer davantage de publicité. Ou de miser davantage sur la qualité et la communauté de lecteurs, dans l’espoir de réussir un jour à tirer des revenus d’offres payantes, à l’image du site Mediapart, dans le domaine de l’investigation.En attendant de trouver des solutions économiques pour leurs médias, Gameblog en appelle à une trêve, avec cette invitation : « Posons les armes, apaisons le climat, et ne plions jamais devant la dictature du pire qu’Internet a engendré. » Un programme ambitieux.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « A partir du mois prochain, Politico aura, dans les deux centres de décision politique et réglementaire du monde – Washington et Bruxelles –, plus de journalistes qu’aucune autre publication. » Le site d’information américain a montré ses muscles, dans le communiqué qui a annoncé, mardi 17 mars, le lancement de sa version européenne, le 21 avril. Il devrait effectivement avoir une rédaction égale ou supérieure à celle de ses concurrents, médias spécialisés ou grands journaux généralistes.Lancé en 2007 aux Etats-Unis, Politico revendique aujourd’hui 300 journalistes et s’est imposé comme une source incontournable pour ceux qui veulent suivre de près les réformes en cours et les coulisses de la politique sous la présidence Obama.>> Lire : Politico, dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeLe site explique vouloir décliner ce modèle en Europe, avec une équipe de 40 à 50 personnes, dont toutes ne seront toutefois pas installées à Bruxelles, certains étant correspondants dans les grandes capitales européennes (Paris, Londres, Berlin…) Son adresse Internet sera Politico.eu.Une équipe puissanteDans son communiqué, Politico détaille les noms de onze rédacteurs recrutés à Bruxelles : parmi ces personnes, un ancien correspondant en Pologne de l’hebdomadaire économique britannique The Economist, une journaliste américaine du quotidien tabloïd New York Post, une pigiste berlinoise du Wall Street Journal ou du New York Times… Il y aura aussi des journalistes de European Voice, une agence spécialisée acquise par Politico. L’équipe va être dirigée par Matthew Kaminski, un ancien du Wall Street Journal.Un autre nom est largement mis en avant par Politico : celui de Ryan Heath, qui aura la lourde tâche de produire l’équivalent bruxellois de « Playbook », la lettre matinale sur les coulisses de la politique américaine, lue par tous les décideurs de Washington et rédigée par la star Mike Allen.Ryan Heath a un profil « d’insider » absolu puisqu’il a travaillé pour la Commission européenne sous la présidence de José Manuel Barroso et été porte-parole de la commissaire Nellie Kroes. Transfuge de la politique et de la technocratie, il devra faire preuve de son indépendance et éviter le soupçon de conflits d’intérêts.Entre généralistes et médias spécialisésFace à cette équipe généreuse, le quotidien économique britannique Financial Times, considéré comme une référence sur les affaires européennes, ne dispose pour l’heure que de cinq personnes à Bruxelles (plus deux basés à Londres mais dédiés à l’Europe). Il envisage de recruter une personne pour renforcer son suivi des questions de concurrence économique. Le Monde a lui deux personnes sur place.L’irruption de Politico sur la scène européenne souligne les concurrences nouvelles auxquelles les grands médias généralistes sont confrontés : challengés sur Internet par des sites très grand public comme le Huffington Post, ils font aussi parfois face à des publications spécialisées. Politico a ainsi une partie accessible à tous, gratuitement, outre ses lettres payantes sur des thèmes comme l’énergie.L’agence de presse française AFP a une rédaction importante à Bruxelles, avec vingt personnes dont dix-huit journalistes (rédacteurs et autres métiers), mais elle a une couverture moins spécialisée que celle prévue par Politico.Du côté des médias spécialisés, le site américain devra compter avec l’Agence Europe, qui est parfois décrite comme le « journal officiel » des institutions européennes. Treize journalistes travaillent pour le site de cette publication quotidienne. Plus modeste, Europolitics se définit comme « le numéro un de l’information européenne indépendante » et a bonne réputation. Créé en 1972, le service a connu divers rachats et édite désormais un quotidien, un service Web et un magazine trimestriel, et propose, comme Politico, du contenu premium payant.L’agence Euractiv, dédiée à l’actualité européenne, revendique elle 12 rédacteurs à Bruxelles et 40 employés au total, dans 12 pays. Contexte, un pure player français qui se qualifie de « journal des politiques publiques françaises et européennes », a lui deux rédacteurs à Bruxelles et il en recrute actuellement deux autres.Un modèle économique plurielPour Politico, tout l’enjeu sera de réussir à transformer ces moyens pléthoriques en succès économique. Pour son aventure européenne, la publication a créé une joint-venture avec un partenaire puissant, le groupe de presse allemand Axel Springer.Politico ne publie pas ses chiffres mais le site serait rentable aux Etats-Unis. Une grosse part des revenus provient de la vente, pour plusieurs milliers d’euros par an, de ses lettres thématiques ; 80 des 300 journalistes américains de Politico sont chargés de les produire. Le reste provient de la publicité qui est insérée dans les newsletters, mais aussi dans les publications papier distribuées gratuitement sur les lieux de pouvoir. Sur ce modèle, 30 000 exemplaires seront ainsi imprimés quotidiennement en Europe, à Bruxelles et dans les capitales. Aux Etats-Unis, ces supports sont truffés de réclames pour des industries ou des lobbies. Enfin, Politico organise des conférences et des événements.Pour sa fête de lancement à Bruxelles, le 23 avril, le site américain a annoncé la présence du président du Conseil européen, Donald Tusk, du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stollenberg, ou encore du commissaire européen chargé du marché numérique unique, Andrus Ansip. Mais aussi de « quelques chefs de gouvernement ». A confirmer.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Clément Guillou « Putain de Vietnam ! T'as perdu une bataille, mais pas la guerre. Tu as toujours été une valeur d'exemple et de réussite... » Abdelkader Bouhenia s'interrompt. Dix-sept secondes pour sécher ses larmes, retrouver sa voix et reprendre son discours à l'adresse de son « frère », Alexis Vastine. Les mots du directeur de l'Insep, Jean-Pierre de Vincenzi, et des dirigeants de la Fédération de boxe ont été applaudis poliment. Lui a droit à une ovation, parce qu'il est chez lui, à l'Insep, dans l'imposante halle Maigrot. Parce qu'il s'est exprimé au nom des autres.Bouhenia et Vastine boxent ensemble depuis plus de dix ans. « C'était le mec super rigolo. Même si ses vannes n'étaient parfois pas terribles, il les racontait d'une telle façon qu'on était obligés de rigoler. » Ce mercredi, c'est le jour des souvenirs au temple du sport français, niché dans le bois de Vincennes, à Paris. Les portraits d'Alexis Vastine, de Camille Muffat et de Florence Arthaud, disparus lundi en Argentine dans la collision entre deux hélicoptères, sont posés à côté de l'estrade. Quelques fleurs. Beaucoup de caméras.« Un peu de décence », demande une conseillère presse aux photographes mitraillant la famille Vastine, qui s'exécutent. Adriani, le frère qui ressemble tant à Alexis, dira deux mots : « Je voulais juste remercier tous les gens qui nous soutiennent, et je vous prierai de nous laisser nous recueillir en famille tranquillement. » Derrière lui, Alain Vastine, le père s'effondre en larmes sur qui lui offre son épaule. Il y a deux mois, il a perdu sa jeune fille Célie dans un accident de la route.« C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité »Pour cet hommage, ont afflué les sportifs bien sûr – on croise Sylvain Wiltord, qui participait lui aussi au jeu de TF1 « Dropped » –, mais aussi les dirigeants, les sponsors, les salariés de l'Insep. « On avait besoin de se rassembler, de se voir, de se serrer », dit l'ancien boxeur Brahim Asloum. « C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité. » Les cérémonies donnent un peu de substance aux concepts creux. Il semble donc que la « grande famille du sport » existe.« Une famille liée par un certain nombre de principes, de valeurs : le dépassement de soi, le respect et l'entraide », définit le ministre des sports, Patrick Kanner.Le plongeur Matthieu Rosset connaissait un peu Camille Muffat et Alexis Vastine. Sans plus. L'affliction n'en est pas moins grande : « La famille du sport, nous, on sait ce que ça veut dire. Quand on rencontre un sportif, même si on ne le connaît pas, il nous suffit d'une minute. Car on partage les mêmes choses. L'entraînement, très dur, les défaites, les victoires, on a tous connu les mêmes émotions. » Sur les disparus, on évoque des souvenirs communs et cet enthousiasme avec lequel tous les trois sont partis pour l'Argentine.« Ils avaient eu pour ordre de ne pas donner de nouvelles », rappelle Bouhennia. Ils échangeaient via Facebook avec ce sujet tabou, donc « parlaient de tout et de rien ». Les mots ont du mal à sortir. Certains préfèrent les coucher sur les livres d'or disposés dans la salle, où l'on peut lire : « Vous êtes partis en emportant une partie de nous-mêmes. » Valérie Fourneyron, ministre des sports au moment des Jeux olympiques de Londres, en 2012, est saisie d'émotion. Elle retient « le recueillement, la ferveur, la solidarité et aussi le courage » des sportifs rassemblés.« C'était le moment de pleurer »Après la cérémonie, le directeur technique national de la boxe, Kevinn Rabaud, a réuni ses troupes en cercle, comme à l'aube d'une grande bataille. « Je leur ai dit qu'il ne fallait pas hésiter à exprimer leur sensibilité, car c'était la grande qualité d'Alexis. Que c'était le moment de pleurer, d'échanger ensemble. Le monde de la boxe est un monde d'émotion. » Et demain ? « La meilleure manière de rendre hommage à Alexis, c'est de se remettre le plus tôt au travail et d'aller conquérir la médaille olympique qu'il convoitait. A partir de demain, l'hommage devient sportif, il se fait dans l'engagement. »Mardi, après avoir appris la nouvelle, Matthieu Rosset s'est pointé à l'entraînement comme tous les jours. Il s'est dit qu'il n'y arriverait pas. « Et puis je me suis dit qu'eux, c'étaient des champions, ils se seraient entraînés. Donc j'y suis allé. Et je sais que je le garderai à l'esprit. » Clément GuillouJournaliste au Monde 11.03.2015 à 12h08 • Mis à jour le11.03.2015 à 12h18 | Daniel Psenny L’accident d’hélicoptères qui a fait dix morts, lundi 9 mars, à Quebrada del Yeso, dans la région de La Rioja, en Argentine, pendant le tournage du jeu d’aventures « Dropped » pose, une nouvelle fois, le problème de la sécurité des candidats dans les émissions de télé-réalité. Et ce, deux ans presque jour pour jour après le décès de Gérald Babin lors du tournage de « Koh-Lanta » au Cambodge.« Malgré cette tragédie, il n’y a aucune raison pour arrêter ce jeu d’aventures qui n’a, d’ailleurs, rien à voir avec la télé-réalité », estime Xavier Couture, ex-dirigeant de TF1 et de la société de production Adventure Line Productions (ALP), productrice de « Dropped » et de « Koh-Lanta ». « Les équipes techniques sont des professionnels chevronnés mais, malheureusement, si l’hélicoptère, très souvent utilisé dans ces émissions, est indispensable, il peut parfois être aussi très dangereux. » Il ajoute : « Lorsqu’il y a des morts sur les circuits de formule 1, on ne remet pas en cause le championnat du monde. Tant qu’il restera des espaces de liberté pour se dépasser, il y aura toujours des candidats et, quel que soit le producteur, il ne pourra éviter qu’ils prennent des risques pour se surpasser. Il faut se souvenir que les émissions de Philippe de Dieuleveult étaient nettement plus dangereuses… »La télé-réalité, nouvel eldorado d’athlètes en quête d’aventureAu fil des ans, les programmes de télé-réalité et leurs dérivés, telles ces compétitions sportives orchestrées au bout du monde, ont changé de nature. Déjà en 2003, deux ans après « Loft Story », Endemol mettait à l’antenne « A bout de force » sur M6. Le but ? Filmer des candidats privés de sommeil pendant trente-six heures. A l’époque, le jeu avait fait polémique après que deux journalistes de France 2, infiltrés dans l’émission, aient dénoncé le manque de sécurité et d’assistance pour les candidats. Une marge bénéficiaire sans égalQuelques mois plus tard, TF1 lançait « Fear Factor », programme où les participants devaient affronter leurs pires phobies. « Ce n’est plus un loft avec des jeunes gens que l’on observe aujourd’hui, mais des jeux de l’extrême avec les risques que cela comporte », souligne François Jost, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. Une tendance qui, selon le chercheur, « entre en résonance avec les mœurs de la société où l’on tente d’aller toujours plus loin face à soi-même ».Polémiques et accidents ont toutefois rarement empêché les producteurs de mener ces jeux d’aventures à leur terme. Ce fut le cas en 2013 avec « Koh-Lanta », seulement interrompu quelques mois après la mort par crise cardiaque de Gérald Babin. Ce décès avait été suivi par le suicide du médecin du programme. Dans cette affaire portée devant la justice, l’instruction judiciaire ouverte au TGI de Créteil (Val-de-Marne) n’a pas conclu à la culpabilité des dirigeants d’ALP qui n’ont pas été mis en examen. La société avait trouvé un accord financier avec les proches du candidat.Condamnés ou pas, producteurs et diffuseurs ne veulent pas lâcher la télé-réalité, véritable poule aux œufs d’or de la télévision. La marge bénéficiaire qu’ils réalisent avec ce genre d’émissions est sans égal. Facturée autour de 700 000 euros, chaque émission peut rapporter à la chaîne trois fois plus en publicités. A titre de comparaison, un téléfilm ou un épisode d’une série avoisine le million d’euros sans garanties de retombées publicitaires. De plus, des jeux « feuilletonnants » comme « Pékin Express », sur M6, ou « Koh-Lanta » sur TF1, assurent une bonne dizaine de première partie de soirée aux diffuseurs. Pour les rentabiliser, les économies se font souvent a détriment des candidats qui, pendant longtemps, n’ont pas été payés, voire sur les mesures de sécurité.Ouverture d’une bataille juridique avec les assurancesSuite à plusieurs dépôts de plaintes et une longue bataille juridique, la chambre sociale de la Cour de cassation a finalement validé, en 2009, la requalification des règlements de participants en contrats de travail à durée indéterminée. Désormais, tous les candidats sont donc rémunérés avec les mêmes droits sociaux que n’importe quel salarié. Les « stars », elles, ont un statut différent et touchent des cachets qui dépassent souvent les 100 000 euros. L’accident meurtrier de « Dropped » va désormais ouvrir une bataille juridique avec les assurances qui attendront les résultats de l’enquête pour décider du montant des indemnisations aux familles des victimes.Après le drame, le temps de l’enquête en Argentine« Normalement, la production a souscrit à des assurances en cas de dommages, mais elles seront honorées à condition que les producteurs aient respecté la loi et leurs obligations en matière de sécurité », pointe Jérémie Assous, l’avocat de plusieurs candidats d’émissions de télé-réalité. « Les dommages peuvent s’élever à plusieurs millions d’euros par personne. Or, il y a des chances que les compagnies d’assurances évoquent des manquements délibérés. L’affaire risque donc de se régler à l’amiable », explique l’avocat en rappelant que la société ALP ainsi que d’autres producteurs de télé-réalité ont été condamnés près de trois cent fois « pour manquements au droit du travail et à leurs obligations de sécurité ».Mais la législation et les condamnations ne semblent guère peser sur les producteurs qui préfèrent payer des milliers d’euros d’amendes plutôt que de renoncer aux confortables profits réalisés par les émissions de télé-réalité. En Suède, pays d’origine de « Dropped », l’émission réalise ainsi des records d’audience, avec plus de 1 million de téléspectateurs présents, soit près de 30 % de part d’audience.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yann Bouchez, Florent Bouteiller et Anthony Hernandez La collision mortelle de deux hélicoptères, lundi 9 mars, l’a rappelé de manière dramatique : les sportifs, retraités ou pas, sont devenus des personnages incontournables des émissions de télé-réalité.La navigatrice Florence Arthaud, vainqueur de la Route du Rhum en 1990, la nageuse Camille Muffat, championne olympique à Londres en 2012, et le boxeur Alexis Vastine, médaille de bronze aux Jeux de Pékin, quatre ans plus tôt, tous morts dans l’accident de lundi, s’étaient d’abord fait connaître par leurs exploits sportifs. L’émission « Dropped » devait les présenter sous un profil plus large d’aventuriers, auquel seule Florence Arthaud pouvait déjà prétendre.Même si Alexis Vastine visait encore les Jeux olympiques de Rio, le projet avait pour ces trois-là le goût de l’après-carrière. « Pour les célébrités sportives, celles qui dépassent le simple cadre du sport, lorsque la première identité de sportif s’arrête, c’est la deuxième en sourdine, celle du people, qui prend le dessus », analyse Claire Carrier, médecin du sport et psychiatre. La télé-réalité devient alors un moyen de bénéficier encore de l’attention médiatique.La télé-réalité, apparue au début des années 2000, a d’abord concerné des anonymes, avant de s’élargir aux « people », dont les sportifs. Dès 2004, l’ancien gardien de but Pascal Olmeta participe à l’émission « La ferme célébrités », qu’il remporte. Le joueur de tennis Henri Leconte et le danseur Patrick Dupond ont pris part à la deuxième saison, en 2005.Nouveaux défisLa multiplication des émissions de télé-réalité d’aventure, dont « Koh-Lanta » est la plus connue, suscite l’intérêt d’athlètes en quête de nouveaux défis. Partir à l’autre bout du monde et réaliser des épreuves physiques semble mieux convenir à l’image qu’ils souhaitent renvoyer au grand public. « La découverte, le défi et l’adrénaline… c’est grisant », confie la judoka Frédérique Jossinet. A l’hiver 2009, la vice-championne olympique d’Athènes a participé à une saison de l’émission « Koh-Lanta », diffusée en 2010, et se souvient d’« une très belle expérience ».« En tant que sportive, on essaie de faire des choses différentes après notre carrière, explique l’ancienne patineuse Surya Bonaly, qui a participé à « La ferme célébrités 3 », en 2010, en Afrique du Sud, mais a refusé, en novembre 2014, de prendre part à la version américaine « The Amazing Race », jugée trop dangereuse. Quand on est dans des sports aussi exigeants que la natation, le patinage artistique, on sort rarement de la piscine ou de la patinoire. On s’entraîne huit heures par jour, ce n’est pas vraiment une vie agréable… Donc quand on nous donne l’opportunité de faire quelque chose d’exceptionnel, c’est attrayant. »Outre l’aspect du défi et de la nouveauté, les motivations financières sont bien réelles, surtout chez les sportifs à la reconversion fragile, qui n’ont pas toujours connu des carrières très lucratives. Les cachets pour ce type de programme sont assez importants, généralement supérieurs à 100 000 euros. Des sommes non négligeables quand « beaucoup de sportifs dans des disciplines olympiques ne gagnent pas les sommes astronomiques du football », rappelle Franck Hocquemiller, agent de célébrités.« Les sportifs participent à des émissions de télé-réalité pour des raisons différentes, estime Mme Jossinet. Je sais qu’un sportif de notre équipe était là juste par envie. D’autres ont touché 140 000 ou 150 000 euros, de ce que je sais. Après, on ne va pas se voiler la face : plein de sportifs participent à ces émissions pour gagner en notoriété et préparer l’avenir. »Les sociétés de production et les chaînes sont aussi très intéressées par ce profil de candidats, note M. Hocquemiller : « Les émissions les utilisent pour leur image positive : le dépassement de soi, la victoire, le travail… » « Derrière nos postes de télévision ou dans les stades, ces gens-là nous font rêver, explique le docteur Patrick Bauche, psychologue et auteur de Les héros sont fatigués. Sport, narcissisme et dépression (édition Payot). On se surprend un instant à les croire immortels, c’est leur côté demi-Dieux. Mais quand la mort vient les faucher en pleine santé, la réalité s’impose à nous : oui, ils sont mortels comme nous. »Après le drame, le temps de l’enquête en ArgentineYann BouchezJournaliste au service SportSuivreAller sur la page de ce journalisteFlorent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAnthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.03.2015 à 19h21 Les syndicats CFDT, SNJ et UNSA de Radio France appellent à une grève de vingt-quatre heures ce jeudi 10 mars, s'inquiétant de « la menace d'une réduction drastique des effectifs » de l'entreprise publique, qui a annoncé en janvier un « plan de retour à l'équilibre ». Les syndicats disent « redouter des arbitrages dramatiques pour [leurs] missions et [leurs] conditions de travail », dans le cadre des discussions en cours sur le contrat d'objectifs et de moyens 2015-2019 entre l'Etat et Radio France.En février, le syndicat SUD, s'appuyant sur un document de travail de la direction de Radio France, s'était inquiété d'« une baisse drastique de la masse salariale », à hauteur de 25 millions d'euros. SUD et plusieurs autres syndicats (CFDT, CGT, SNFORT, UNSA) avaient déjà appelé à une journée de grève en février. Le groupe public a adopté fin janvier son budget 2015, déficitaire de 21,3 millions d'euros, une première dans son histoire.Lire aussi : La tension monte à Radio France Gabriel Coutagne Il aura fallu moins de quatre minutes pour déclencher la colère parmi les photographes professionnels. La cause ? Un reportage diffusé le 2 mars, pendant le journal télévisé de France 2, et titré « Le filon juteux de la photographie amateur » sur le site de France Télévisions. Dès le 4 mars, l'Union des photographes professionnels (UPP, principal rassemblement de photographes en France) publiait un communiqué sur son compte Facebook « sommant la rédaction de s’expliquer au sujet de la diffusion du reportage », qui présente plusieurs photographes cédant leurs images contre ce que le reportage appelle « quelques cadeaux ».Le sujet montre comment des entreprises tentent de profiter de la popularité de certains comptes sur Instagram pour augmenter leur visibilité. Le reportage cite notamment l'exemple d'Arnaud Brecht, alias @discret (plus de 68 000 followers), qui met en scène des jouets dans des décors réels, et qui s'est vu proposer, par le groupe Warner, d'exposer une de ses images pour la promotion d'un jeu vidéo. Il présente ensuite @aurelycerise (plus de 39 700 followers), qui voit certaines de ses images repérées et repostées par différentes marques. « C’est une collaboration », explique la jeune femme dans le reportage. [Ces marques] utilisent ses images, et « [la] citent » précise t-elle. Ce qui arrive parfois, c'est que des marques « repostent sur les réseaux sociaux des images que l'on fait, sans qu'on en soit directement informé », précise un instagrammeur, qui a préféré garder l'anonymat. « Nous les rémunérons souvent en nature », précise David Horain, responsable numérique du groupe Etam, sur le site de Madame Figaro, évoquant un concours lancé par la marque. En l'occurrence, Qorz (plus de 1850 00 followers), un instragrammeur déjà réputé, s'était vu offrir un séjour de trois semaines en Californie.« Quand le service public fait l’apologie de l’utilisation d’images amateur dans un cadre commercial sans rémunération, à des heures de grande écoute, […] ça me révolte ». déplore sur son blog la photographe Chloé Vollmer-Lo. La photographe rappelle en outre dans un de ses tweets que le code de la propriété intellectuelle (CPI) garantit le « droit de paternité ». « L'auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son oeuvre », précise l’article L121-1 du CPI, faisant de la citation d'un auteur une obligation légale.« Ce reportage ne survient pas dans un contexte neutre : la concurrence des amateurs qui cassent les prix (quand ils se font payer) est déjà un réel problème pour les pros… Sans compter que la prolifération de "fauxtographes" contribue à déséduquer le regard et à baisser l'exigence de qualité photographique », développe-t-elle.Ah cool dc des photographes amateurs volent le job de photographes pros et #france2 trouve ça cool... #jt20h— Francois Pichard (@tchuntfr)require(["twitter/widgets"]); « Le traitement du sujet est incomplet »Le courrier que l'UPP a adressé à la rédaction du journal télévisé de France 2, et que le Monde a pu consulter, reproche surtout le caractère incitatif du reportage, présentant le phénomène comme « un filon juteux », alors que le fait d'autoriser un tiers utiliser une image dans un but commercial sans rémunération et sans s'acquitter de cotisations sociales relève du « travail dissimulé ».« Le traitement du sujet est incomplet », estime de son côté Jorge Alvarez-Iberlucea, ancien administrateur de l'UPP. Pour ce photographe professionnel, également vice-président de la Société des auteurs des arts visuels et de l'image fixe, le reportage aurait dû évoquer plus précisément la nature des transactions entre instagramers et entreprises.Lire aussi : Wikicheese : une initiative qui sème le doute parmi les photographes« Ce reportage a suscité beaucoup de malentendus », confie au Monde Séverine Bourlet, également citée dans le sujet de France 2. « En ce qui nous concerne, toutes les personnes avec qui nous travaillons sont rémunérées », précise la directrice de l'agence Tribegramlab, qui met en relation entreprises et instagramers. Et les conditions d'utilisations des images sont définies « contractuellement ».Elle pointe néanmoins l'ambiguïté de la situation : selon elle, la plupart de ces photographes amateurs confient leurs images à des « amis », s'agissant plus d'une relation d'entraide ou d'une collaboration que d'une réelle relation professionnelle. L'utilisation de ce type d'images par des grandes marques relève de l'exception. « La réaction de l'UPP n'est pas mauvaise », reconnaît-elle. « Elle pose la question du vide juridique concernant ces initiatives, qui sont d'ordre collaboratif », pointant en outre le fait que le modèle économique pour ce genre de transactions n'est pas encore clairement défini. « Nous rémunérons 0,002 euro par abonné la publication. Un instagramer avec 10 000 abonnés peut ainsi toucher 20 € par photo. Ces prix grimpent selon l’influence de l’instagramer », précise t-elle sur le site de Madame Figaro : le principe de la transaction repose surtout sur la mise en valeur de la communauté des internautes qui suivent ces photographes sur les réseaux sociaux.La rédaction de France Télévisions n'a pour l'instant pas donné suite au courrier de l'UPP. Pour Jihane Benzina, l'auteure du reportage, la polémique n'est pas fondée. Le sujet s'intéresse « uniquement aux photographes amateurs », écrit-elle sur son compte Twitter. Ce qui n'empêche pas d'envisager de traiter le marché de la photo confronté à ces nouvelles pratiques, ce « qui est un angle à part entière ».Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florent Bouteiller et Anthony Hernandez Camille Muffat, Florence Arthaud et Alexis Vastine sont morts avec sept autres personnes dans un accident d'hélicoptère, lundi 9 mars, à Villa Castelli en Argentine. Ces anciens champions participaient au tournage d'une émission de télé-réalité d'aventure, « Dropped », qui devait être diffusée sur TF1. Avant eux, de nombreux sportifs avaient déjà cédé aux sirènes de la télé-réalité, de l'ancien gardien de but de l'équipe de France Pascal Olmeta (« La Ferme célébrités »),  en passant par le tennisman Henri Leconte (« La Ferme célébrités »), le coureur cycliste Richard Virenque (« Je suis une célébrité, sortez-moi de là »), ou le handballeur Jackson Richardson (« Pékin Express », « Splash, le grand plongeon »).C'est aussi le cas de la judoka Frédérique Jossinet, vice-championne olympique en 2004 et de la triple vice-championne du monde de patinage artistique Surya Bonaly, qui ont participé respectivement à « Koh-Lanta » et à « La Ferme célébrités » en 2010. Elles expliquent au Monde les raisons de leur participation à ces émissions. Mais, prévient la judoka, « les sportifs sont tous différents et ils participent à des émissions de télé-réalité pour des raisons différentes. Donc on ne peut pas tous les mettre dans le même panier. » Frédérique Jossinet : « “Koh-Lanta” a eu un impact sur ma carrière de sportive »L'aspect financier« En 2010, j'ai été approchée par les productions. J'ai mis six mois à dire oui car j'étais en pleine préparation pour les Championnats du monde de judo. A vrai dire, avant de commencer l'émission, je n'avais aucune idée de tout le côté financier qu'il y avait derrière. D'autant que les sportifs sollicités étaient tous à des montants différents. Je sais, par exemple, qu'un sportif de notre équipe était là pour zéro euro, juste parce qu'il avait envie de participer à cette émission. D'autres ont touché 140 000 où 150 000 euros à ce que je sais.Ce qui est sûr, c'est que nous avions tous des contrats différents. Par exemple, moi, j'avais la chance d'être accompagnée d'un avocat. J'ai donc pu exiger que les images tournées soient diffusées dans un ordre chronologique par exemple. »La notoriété« On ne va pas se voiler la face. Plein de sportifs participent à ces émissions pour gagner en notoriété et préparer l'avenir. “Koh-Lanta”, c'était 12 millions de téléspectateurs tous les vendredis soir pendant les grandes vacances. C'est dire l'impact d'un tel programme…J'ai participé à cette émission avant tout pour l'excitation du jeu. Personnellement, je pratiquais un sport qui n'était pas si mal reconnu. Après les Jeux d'Athènes en 2004, j'étais connue parce que j'étais la seule judoka à avoir ramené une médaille [d'argent]. Mais quand je suis sortie de “Koh-Lanta”, ça n'a pas du tout été la même chose. Je ne pouvais plus sortir de chez moi. Ça a eu aussi un impact sur ma carrière sportive car après “Koh-Lanta”, les gens qui m'avaient vue me suivaient et dès qu'on parlait de judo, automatiquement on parlait de moi. »La recherche d'adrénaline« Quand on nous propose de tels projets, forcément ça nous attire car il y a un côté découverte, défi et adrénaline qui est grisant. Personnellement, j'ai vécu une très belle expérience en faisant “Koh-Lanta” en 2011. Je ne regrette pas du tout. » Surya Bonaly : « Avec “La Ferme célébrités”, j'ai été reconnue pour autre chose »Sortir de son quotidien de sportif« En tant que sportive, on essaie de faire des choses différentes après notre carrière. Quand on est dans des sports aussi exigeants que la natation, le patinage artistique, on sort rarement de la piscine ou de la patinoire. On s'entraîne huit heures par jour, ce n'est pas vraiment une vie agréable... Donc quand on nous donne l'opportunité de faire quelque chose d'exceptionnel, c'est attrayant. On gagne un peu de sous, on est reconnu par le grand public pour autre chose. Mon expérience à “La Ferme célébrités” en Afrique du Sud en 2010 a été positive. Je suis restée moi-même. J'étais dans un cadre magnifique, exceptionnel, dans un environnement que j'affectionne, avec les animaux. »Savoir dire non« Il faut aussi savoir rester lucide... En novembre, on m'a proposé une émission américaine, qui ressemble un peu à “The Amazing Race”. On se rend dans plein de pays pour faire des choses incroyables. Il fallait nager, faire du karaté... C'était en dehors de mes possibilités. J'ai dit non. Il ne fallait pas se blesser, se faire mal. Je suis suffisamment passée à la télé pour ne pas avoir à faire ce genre d'émission par désir d'exister médiatiquement. Pour certains sportifs, c'est vrai que ça peut être un booster. »Florent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAnthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Clément Guillou Dix personnes, dont les trois sportifs Florence Arthaud (voile), Camille Muffat (natation) et Alexis Vastine (boxe), sont mortes lundi 9 mars en Argentine dans une collision entre deux hélicoptères.Les trois champions étaient en tournage pour un jeu de télé­réalité de TF1 intitulé « Dropped ». Ils ne sont pas les premiers sportifs à trouver la mort dans une catastrophe aérienne.Le Torino (1949)La catastrophe du Superga, le 4 mai 1949, a changé le football italien. Ce jour-­là, le Fiat G­212 de la compagnie Aeritalia s'écrase sur cette colline des environs de Turin. L'appareil transporte l'équipe du football du Torino, le club de la classe ouvrière de la capitale du Piémont.A cette époque, on parle du « Gran Torino ». Depuis la deuxième guerre mondiale, le football offensif de l'équipe assemblée par le Hongrois Ernest Ebstein est irrésistible. Elle remporte cinq Scudetti — en 1943, 1946, 1947, 1948 et 1949. Dix-­huit joueurs, dont huit internationaux italiens et l'international français Emile Bongiorni, font partie des trente et une victimes. Le Torino rentrait d'un match amical à Lisbonne. Le grand buteur hongrois László Kubala, qui devait prendre l'avion, avait annulé son déplacement en raison de la maladie de son fils. Marcel Cerdan (1949)Le boxeur star des années 1940 est parmi les passagers du Paris-­New York d'Air France qui s'écrase sur une montagne des Açores le 28 octobre 1949, faisant quarante-huit morts. Il rejoignait Edith Piaf aux Etats- Unis.Cerdan attendait sa revanche contre le grand Jake LaMotta, prévue au Madison Square Garden en décembre, six mois après une défaite face à l'Américain à Detroit. « Le Bombardier marocain » était devenu un an plus tôt champion du monde des poids moyens en battant Tony Zale.Les « Busby Babes »  (1958)Comme le Torino neuf ans plus tôt, Manchester United est décimé dans l'accident de l'avion qui transporte l'équipe en 1958. Les « Busby Babes », la génération dorée emmenée par l'entraîneur Matt Busby, disparaît dans un crash. Elle rentrait d'un match de coupe d'Europe à Belgrade et faisait escale en Bavière. Au décollage de Munich, l'avion s'écrase en bout de piste, tuant une vingtaine de personnes, dont huit joueurs.Les « Busby Babes » étaient surnommés ainsi en raison de la faible moyenne d'âge de l'équipe lors de sa victoire dans le championnat anglais en 1956 et en 1957. Duncan Edwards, prodige de l'époque, figure parmi les victimes. Bobby Charlton, qui mènera l'Angleterre à la victoire en Coupe du monde en 1966, réchappe de l'accident.Equipe de patinage artistique américaine (1961)Toute l'équipe américaine de patinage artistique meurt dans l'accident du vol 548 de la Sabena à Berg, en Belgique, le 15 février 1961. La délégation se rendait aux championnats du monde en Slovaquie, qui sont annulés par la fédération internationale après l'accident du Boeing 707. Le patinage artistique américain est alors au sommet mondial et mettra plusieurs années à regagner des titres internationaux.Equipe de Green Cross (1961)Le Douglac DC-3 de la LAN Chile, transportant vingt-quatre personnes dont huit footballeurs de l'équipe chilienne de Green Cross, s'est écrasé dans la cordillère des Andes le 3 avril 1961. Une équipe d'alpinistes a retrouvé en février 2015 des restes du fuselage et des vêtements des victimes, loin du lieu jusqu'alors présumé de l'accident. Le club de Green Cross, champion national en 1945, a quitté Santiago en 1965 et a disparu vingt ans plus tard. Parmi les victimes de la tragédie figurait notamment l'international argentin Eliseo Mouriño.Les « Survivants » (1972)Cette catastrophe aérienne est surtout restée célèbre grâce au roman qui l'a racontée en 1974, puis à son adaptation sur grand écran en 1993, plus que pour la célébrité des victimes, membres d'une équipe uruguayenne de rugby. Le 13 octobre 1972, un Fairchild ralliant Montevideo à Santiago du Chili s'écrase dans la cordillère des Andes. Sur les 45 personnes à bord, 12 meurent sur le coup et 17  des suites de leurs blessures. Mais 16 survivront après s'être résignés à manger les restes des cadavres de leurs amis, préservés par le froid. Cette histoire de cannibalisme moderne marquera les esprits. Accident du Paris­-Dakar (1986)L'accident d'hélicoptère dans le centre du Mali lors du Paris-­Dakar 1986 est resté dans la mémoire des Français pour le nom de l'une des victimes : Daniel Balavoine. Cette année­-là, le chanteur ne participe pas à la course automobile, contrairement aux éditions 1983 et 1985, mais est présent pour une action humanitaire au profit de villages africains. L'hélicoptère qui le transportait s'écrase dans les dunes, de nuit. A son bord figure notamment le fondateur et organisateur du rallye, Thierry Sabine, lui-même ancien pilote.Equipe de football de Zambie (1993)Les « Chipolopolo » sont au sommet de leur art au début des années 1990, quand la sélection périt en avril 1993 dans l'accident de l'avion militaire qui les transporte au Sénégal pour un match de qualification pour la Coupe du monde 1994. L'avion s'abîme dans l'océan Atlantique. Aucun des trente passagers, dont dix-huit joueurs, ne survit. Les deux joueurs zambiens évoluant en Europe, qui devaient se rendre au Sénégal par leur propre moyen, convoquent à la hâte une nouvelle équipe, qui sera tout près de se qualifier pour la World Cup américaine. La Zambie se hisse aussi en finale de la Coupe d'Afrique 1994. Colin McRae (2007)Le champion du monde des rallyes 1995 meurt le 15 septembre 2007 dans l'accident de l'hélicoptère qu'il pilotait, dans sa propriété écossaise. Il transportait trois passagers, dont son fils de 5 ans.Equipe de hockey russe (2011)Le Yak­42 qui transportait les hockeyeurs et l'encadrement de l'équipe du Lokomotiv Iaroslavl à Minsk (Biélorussie) s'écrase à 300 kilomètres au nord­-est de Moscou. Quarante­-trois des quarante-cinq passagers meurent dans l'accident, dont plusieurs anciennes stars de la NHL (ligue nord-américaine de hockey sur glace), le Suédois Stefan Liv, le Slovaque Pavol Demitra ou encore le Tchèque Josef Vasicek.Clément GuillouJournaliste au Monde Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Le groupe allemand Bertelsmann, un des plus grands groupes médias du monde, voit dans la formation continue et le e-learning (apprentissage sur Internet) de fortes perspectives de croissance ces prochaines années. Le groupe multiplie actuellement les investissements dans ce secteur et espère engranger, grâce à ce nouveau segment d’activité, un chiffre d’affaires à long terme d’un milliard d’euros. Bertelsmann ambitionne, entre autres, de devenir un grand acteur mondial du e-learning, a annoncé le groupe, mardi 31 mars, lors de sa conférence de presse annuelle.« Partout dans le monde, on voit émerger un énorme besoin d’offre de formations de qualité. Grâce au numérique, la formation va devenir plus accessible, moins chère et plus individuelle », a expliqué Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann mardi.Le groupe se concentre sur trois segments du marché, jugés particulièrement attractifs : le e-learning, ou la formation continue pour les entreprises et les utilisateurs finaux, la formation supérieure et les services liés à la formation, en lien avec les universités les plus prestigieuses du monde dans le domaine de la santé.Réseau mondial d’établissements d’enseignement« Ces trois segments promettent de forts taux de croissance. Ils sont fragmentés, avec de nombreuses petites et moyennes entreprises qui veulent croître et ont donc besoin de partenaires internationaux et financièrement solides comme Bertelsmann », a poursuivi M. Rabe.Au service de cette stratégie, Bertelsmann a réalisé ces six derniers mois d’importants investissements. Il a d’abord racheté, fin octobre 2014, le groupe Relias Learning, un des plus gros prestataires de formation du marché américain, avec un portefeuille de plus de 4 000 entreprises clientes et 2 millions d’utilisateurs privés. C’est le plus gros investissement du groupe allemand sur le marché américain depuis le rachat de Random House en 1998.Pour Bertelsmann, « Relias offre d’importantes perspectives de croissance parce qu’il est porté par cinq tendances de fond au plan mondial : la formation continue, la santé, la régulation, l’externalisation et la numérisation ».En février, le groupe allemand a annoncé la formation d’un réseau mondial d’établissements d’enseignement supérieur pour la médecine et les sciences humaines, nommé Arist. Mardi, Bertelsmann a annoncé en outre l’augmentation de sa participation dans Synergis Education, une entreprise américaine qui propose notamment aux universités des cursus entièrement en ligne.Les activités médias stagnent ou reculentLa formation doit devenir à long terme le troisième pilier d’activité du groupe, à côté des médias et de la prestation de services. Cette stratégie doit permettre à Bertelsmann de renforcer ses activités génératrices de croissance, alors que certaines de ses activités traditionnelles sont en stagnation ou en recul.C’est le cas de son groupe de presse Gruner + Jahr, qui enregistre une baisse de son chiffre d’affaires de 13,3 % sur un an, à 1,7 milliards d’euros, dû à la vente de certains actifs et au recul des ventes de magazines et de la publicité.Le groupe RTL a, lui, vu son chiffre d’affaire stagner, à 5,8 milliards d’euros (– 0,3 %) notamment à cause de la légère baisse du chiffre d’affaires de ses filiales françaises, la chaine M6 et la radio RTL.La branche édition reste cependant très solide : la filiale Penguin Random House, depuis 2013 le premier éditeur d’ouvrages d’intérêt général du monde, a vu son chiffre d’affaires bondir de 25,2 % en un an, grâce à de nombreux best-sellers en langue anglaise.Bertelsmann a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires total de 16,7 milliards d’euros (+ 3,1 %), sa marge opérationnelle reste stable, à 14,2 %.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde Corine Lesnes (San Francisco, correspondante) Le Sénat américain va se pencher sur les pratiques de Google, et sur les conditions dans lesquelles le moteur de recherche a été blanchi, en 2013, des accusations d’abus de position dominante par la FTC, l’agence fédérale chargée de la défense des consommateurs.Le 20 mars, le Wall Street Journal avait révélé que les commissaires de la FTC avaient décidé de classer le dossier, alors que les experts de sa division de la concurrence avaient recommandé d’engager des poursuites. Le quotidien avait eu accès à un rapport préliminaire, qui n’aurait pas dû être rendu public mais qu’il avait obtenu dans le cadre d’une requête invoquant la loi sur la liberté de l’information.Lire aussi :Révélations sur les drôles de pratiques de GoogleCe rapport, daté de 2012, concluait que le géant de Mountain View favorisait ses propres services dans ses référencements, qu’il copiait les données de ses concurrents, comme Yelp ou Tripadvisor, et exerçait des pressions sur les annonceurs pour qu’ils choisissent sa propre régie publicitaire, AdWords.Le sénateur républicain de l’Utah, Mike Lee, qui préside le comité anti-trust de la commission des lois du Sénat, a indiqué, lundi 30 mars, au National Journal, qu’il s’intéresse aux différents aspects du dossier : « Comment la FTC a-t-elle pu laisser filtrer un rapport confidentiel, et quelles conversations, le cas échéant, la FTC ou Google ont-ils eues avec la Maison Blanche sur les investigations en cours ? »230 visites à la Maison BlancheIl ne s’agit pas, dans l’immédiat, d’enquêter sur le fond de l’affaire elle-même, à savoir la plainte pour abus de position dominante portée par Microsoft et d’autres concurrents de Google, a précisé le sénateur. L’élu républicain souhaite en savoir plus sur les contacts entre Google et l’administration Obama pour établir si celle-ci a aidé la firme à éviter les sanctions en faisant pression sur la FTC, agence statutairement indépendante.La semaine dernière, le Wall Street Journal a révélé que des employés de Google avaient été reçus quelque 230 fois à la Maison Blanche depuis l’élection de Barack Obama en 2008, soit une fois par semaine en moyenne. Le PDG de Google, Eric Schmidt a soutenu M. Obama depuis les débuts et il a joué le rôle de conseiller informel auprès du président.Google a réagi au décompte du Wall Street Journal par la voix de sa vice-présidente pour les communications, Rachel Whetstone. Celle-ci a affirmé qu’il n’avait en aucun cas été question de la plainte portée devant la FTC dans les conversations des employés de la firme à la Maison Blanche.Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.03.2015 à 16h08 • Mis à jour le31.03.2015 à 18h56 Par Ludovic Piedtenu, président de la Société des journalistes de Radio France et journaliste au service international de France Culture :« Les salariés et les auditeurs de Radio France sont spectateurs d’une mauvaise pièce de théâtre entre le PDG de Radio France et son actionnaire unique, l’État. Et ils demandent : à quand la fin ?La crise à Radio France dure depuis trop longtemps et l’intense période d’actualité que nous traversons n’a qu’un maigre écho sur nos ondes. Deux scrutins en sourdine, mais aussi une retentissante tragédie aérienne et l’attaque terroriste en Tunisie. Parmi les journalistes, si chacun porte un regard différent sur le mouvement social à Radio France, nous sommes tous rassemblés dans la volonté de mettre fin à ce malaise qui ne date pas du premier jour de grève et qui entrave jour après jour notre mission de service public.La principale variable trouvée jusqu’ici pour tenter de faire des économies budgétaires est l’emploi. Sur ce point, la direction et la tutelle, c'est-à-dire l’État, semblent être d’accord. L’avenir de Radio France est en train de se jouer dans un bras de fer inédit avec la tutelle pour négocier le prochain Contrat d’objectifs et de moyens (COM 2015-2019) qui doit déterminer le cap des prochaines années et les ressources pour l’atteindre.Or nous vivons depuis longtemps déjà les restrictions qui pèsent sur l’information, moins d’ambition et des économies à tous les étages. Et l’État n’a pas honoré 87 millions et demi d’euros promis à Radio France. Que dire du fruit de la taxe Telco ou « taxe Copé » créée en 2009 pour aider tout l’audiovisuel public dont Radio France et qui aujourd’hui abonde plus le déficit de l’État que les entreprises concernées ? L’État doit s’acquitter de ce qu’il doit à la radio publique.La contrainte budgétaire, un frein à l’informationL’État porte donc une responsabilité particulière dans la situation financière critique que connait aujourd’hui Radio France. Il doit assumer cette responsabilité s’il ne veut pas que le service public de la radio perde son identité, son indépendance, sa diversité et sa qualité.Alors que le PDG de Radio France annonce 50 millions d’euros d’économie d’ici 2019, notre métier est devenu de plus en plus compliqué, au quotidien. Savez-vous que nous mettons souvent de longues journées avant de prendre la décision de partir en reportage, le temps de vérifier si notre budget le permet ? C’est un frein à l’information.Les budgets de reportages sont chaque année un peu plus contraints, la réflexion est à la fusion de services entre rédactions, une crainte pour les identités éditoriales de chaque chaîne. Nos sites Internet regorgent déjà de publicités intrusives, l’heure du bricolage et de la vision purement comptable approche. Sauf que l’information ne se bricole pas.Savez-vous que plus de 100 journalistes en CDD, remplacent les titulaires au pied levé partout en France, faisant au mieux pour cerner les enjeux économiques, politiques d’une région, en quelques jours seulement, sans garantie aucune d’une embauche future ? Et que chaque année, la direction réduit l’enveloppe financière qui permet de les faire travailler régulièrement ?Aujourd’hui ce n’est pas la radio publique qui coûte cher mais la restauration du bâtiment qui l’abrite. S’il y a bien un budget que les directions successives ont alimenté sans compter, et qui assombrit à lui seul les perspectives de la Maison ronde : c’est bien celui de sa réhabilitation. Un chantier certes complexe, mais surtout plombé de malfaçons et de projets démesurés qui pourraient financer des décennies de reportages, de journaux, d’émissions, de podcast, d’info en ligne. Ce budget a explosé, d’un devis initial de 176 millions d’euros, l’estimation culmine aujourd’hui à 584 millions d’euros. Comment justifier les efforts demandés aux rédactions et à tous dans cette maison face à cette gabegie et l’absence de bon sens ?Mathieu Gallet vient de décider un moratoire sur une partie de la fin du chantier, nous verrons. Pour le reste, c’est l’impasse absolue. La direction et la tutelle se renvoient la balle, dans un match qui ne présage rien de bon pour la qualité de l’information à Radio France. Chacun semble improviser dans son coin et une vieille rengaine autoritaire s’échappe de la rue de Valois quand le président de Radio France y est convoqué et tancé publiquement.Réglement de comptes entre l’Etat et le CSAMadame Pellerin, Monsieur Gallet, il faut mettre un terme à la reformulation des projets pour Radio France. Monsieur Hollande, Monsieur Valls, il faut mettre un terme à cette cacophonie, au pourrissement d’une situation qui devrait au contraire vous obliger à agir, dans l’intérêt du service public de la radio et des auditeurs. Il faut sortir de l’indécision permanente et d’une espèce de nostalgie, cette volonté à peine voilée de reprise en main de l’audiovisuel public à l’opposée de la marche de l’Histoire. Radio France en apéritif de l’autre enjeu politico-médiatique : la prochaine présidence de France Télévisions.Radio France ne doit pas servir de « terrain de jeu » aux règlements de comptes entre l’État et le CSA. Monsieur Hollande, Monsieur Valls, les auditeurs et les personnels de Radio France tous corps de métier confondus n’ont que faire de ces querelles. Les salariés et les auditeurs refusent que la radio publique fasse les frais d’affaires de personnes.C’est à l’État, à Matignon et à Bercy, de ne pas casser cette maison. C’est à vous d’assurer la continuité de l’éventail unique d’information que proposent tous les jours les rédactions de France Info, France Inter, France Bleu, France Culture, France Musique et Mouv’. Exigence, réactivité, pluralité, proximité. C’est à l’État de garantir une information publique de qualité et de s’engager pour son avenir. Vous savez que dans une France qui lutte contre ses divisions, une information indépendante et gratuite qui s’adresse à tous est, plus que jamais, un enjeu primordial.Mieux qu’une négociation comptable sur un budget, Radio France mérite une négociation sur un projet. Et des moyens dignes de ce nom pour le servir. Et pour l’offrir aux auditeurs, les salariés et les journalistes de la radio publique attendent de l’ambition à tous les niveaux. Aujourd’hui, rien de tel n’est au rendez-vous. » 27.03.2015 à 08h48 • Mis à jour le27.03.2015 à 15h55 Par Philippe MeyerLes informations publiées semaine après semaine par Le Canard enchaîné ne sont pas pour rien dans la grève de Radio France, mais on aurait tort de croire qu’elles en sont la cause unique ou même principale. D’ailleurs, lorsque, il y a un an, le même hebdomadaire révéla que le premier geste du PDG fraîchement nommé à l’unanimité par le CSA avait été de réclamer à sa tutelle une substantielle augmentation de salaire, aucune vague d’indignation, de réprobation ou même de simple déception ne parcourut la Maison ronde.C’est qu’en 2014, après cinq ans d’une gouvernance médiocre, à la fois indolente et brutale, confiée par Nicolas Sarkozy à des amis ou à des complaisants, les personnels de Radio France n’accordaient d’importance qu’à une chose : avoir enfin un projet et un patron. Lors de l’arrivée de leur nouveau président, la plupart des collaborateurs avaient, comme ils l’ont aujourd’hui, conscience de l’importance des défis à relever.Lire aussi :Entre Radio France et son patron, la greffe n’a pas prisLe premier de tous est de demeurer un service public dans un monde où l’on fait bon marché de l’intérêt général, dans un domaine, celui de l’audiovisuel, où la spécificité des programmes proposés par les sociétés nationales n’a fait qu’aller en s’érodant, et dans un secteur d’activité, celui de la culture, d’autant plus difficile à faire vivre qu’il est devenu une auberge espagnole en même temps qu’une variable d’ajustement budgétaire.Des talents révélésA ceux qui doutent de la nécessité d’un service public, il faut rappeler que, tout au long de son histoire, Radio France a justifié son existence en inventant des émissions et en révélant des talents. Pour les talents, il suffit de parcourir les grilles des radios commerciales : on y verra défiler des noms d’animateurs ou de producteurs dont les premiers pas ont été faits sur les antennes du service public, alors que la situation inverse est inexistante ou exceptionnelle.Quant aux programmes, où, ailleurs que sur nos antennes, aurait pu trouver place Pierre Desproges, où pourrait-on entendre aujourd’hui les feuilletons de France Culture, les comparaisons en aveugle de « La Tribune des critiques de disques », tant de programmes de reportage, tant d’entretiens préparés, tant de portraits fouillés ?Maintenir et orienter cette spécificité en période d’austérité demande plus que jamais une vision, une volonté et le sens du risque. Ce sont cette vision, cette volonté, ce sens du risque qui ont été si fortement attendus et dont le défaut, pour l’essentiel, explique la grève.« Certaines méthodes couramment utilisées feraient même rougir dans des entreprises dont le profit est le seul but affiché »Non qu’il n’y ait pas de raisons matérielles à ce mouvement : d’abord parce que les personnels ont le droit de savoir quel avenir leur est réservé, plutôt que d’en être réduits depuis un an à interpréter des bruits de couloir, des déclarations dans des antichambres, des confidences à des journalistes médias, démenties dès qu’elles soulèvent une difficulté. Ensuite parce que la « gestion des ressources humaines » de Radio France n’est pas digne d’un service public.Certaines méthodes couramment utilisées feraient même rougir dans des entreprises dont le profit est le seul but affiché. Certains manquements, s’ils n’étaient pas le fait d’une société dont l’Etat est l’actionnaire principal, conduiraient leurs responsables devant les tribunaux.Chacun sait que nous sommes entrés dans une période de vaches maigres. Raison de plus pour apporter des réponses stratégiques aux problèmes économiques. Supplier l’Elysée et Matignon de donner à la Caisse des dépôts l’ordre d’acheter l’un de nos deux orchestres pour alléger le budget de la musique entre-t-il dans cette catégorie ? Les musiciens du National ou du Philharmonique n’ignorent pas que, en Allemagne, 37 formations symphoniques professionnelles ont disparu ou ont été contraintes de fusionner depuis 1992, entraînant la disparition d’environ 2 500 emplois de musicien dans un pays qui les protège mieux que beaucoup d’autres.Mais ne brandir cette réalité que comme une menace ou une fatalité constitue-t-il une politique ? Pourquoi les formations musicales de Radio France sont-elles aussi gravement sous-utilisées, et pourquoi, hors de France Musique, leur travail est-il pratiquement absent des antennes ? On imagine pourtant quels services pourraient rendre ces orchestres et leurs musiciens dans des programmes d’ouverture et d’initiation à la musique classique, au jazz, à la musique contemporaine. On médite l’exemple donné par le travail approfondi et de long terme de l’Orchestre national de Lille auprès des populations les moins instruites de sa région. Plutôt que de les vendre, pourquoi ne pas associer les musiciens à une redéfinition de leurs missions ?Maison mère de deux orchestres symphoniques, Radio France est aussi le premier employeur de comédiens du pays. Y a-t-il secret mieux gardé ? Au lieu d’être mise en avant comme l’un de nos atouts, la fiction souffre d’être considérée comme une inévitable obligation de notre cahier des charges, alors qu’une vision dynamique de ces programmes permettrait de leur donner toute la place que nous sommes seuls à pouvoir offrir.Radio France s’est taillé une place particulière dans le domaine de la chanson. En matière d’interprétation, d’écriture, de composition, la période est foisonnante. Or le nombre de salles ouvertes à cet art est, lui, en diminution constante, et les quelques petits lieux qui demeurent en activité sont presque tous des parkings dont l’accès est payant. Si l’on ajoute que l’industrie du disque et le show-biz ont mis la main sur la plupart des radios commerciales, on mesure l’importance et l’utilité qu’aurait, à travers l’ensemble du réseau de Radio France, le développement d’une politique d’accueil et de rendez-vous. Or France Inter – dont Jean-Louis Foulquier avait fait la chaîne de la chanson – a supprimé trois des quatre émissions qui lui étaient consacrées et faisaient connaître les talents nouveaux.Une ambition à conserverEn matière d’affaires publiques, nos antennes généralistes se perdent dans la multiplication d’émissions de plateau bavardes, dont les invités sont en général vus et entendus dans tous les médias, alors que notre force est de pouvoir produire des émissions de reportages et d’enquêtes approfondis, susceptibles d’informer intelligemment nos auditeurs sur le monde dans lequel ils vivent, de les aider à le connaître et à le comprendre.« Notre force est de pouvoir produire des émissions de reportages et d’enquêtes approfondis »Ces émissions sont dans notre ADN. Cela est vrai pour toutes les chaînes. Elles ont émaillé aussi bien les productions des rédactions que celles, plus légères, diffusées sous l’étiquette des « programmes ». On les a évoquées glorieusement lors du cinquantenaire, tout en continuant à en contredire ou même à en fouler aux pieds l’esprit et les ambitions. Nous disposons, pour relancer de telles émissions, d’un personnel capable, tant à l’antenne que dans les services techniques ; j’ajouterai même que le savoir-faire de cette dernière catégorie de collaborateurs, véritables travailleurs du son, est gravement sous-employé, et qu’on les cantonne à relayer des bruits de bouche alors qu’ils sauraient saisir et retransmettre les rumeurs du monde et en permettre l’analyse.Les dernières années ont vu les chaînes, et notamment France Inter et France Culture, se livrer à une concurrence absurde, exacerbée par des rivalités et des ambitions subalternes. Faute de pouvoir justifier cette rivalité par une politique de programmes, chaque direction s’est arc-boutée sur des sondages dont la moindre variation à la hausse, le plus souvent inférieure à la marge d’erreur de ce type de mesure, est célébrée comme un Austerlitz, à grand renfort de trompette.Radio France ne peut pas se payer de cette fausse monnaie, ni se complaire dans cette autosatisfaction ampoulée, ni se replier dans une crainte frileuse. Son mérite a toujours été de proposer à ses publics – je tiens au pluriel – des émissions dont ils ne savaient pas encore avoir envie. C’est ce qui a toujours donné une saveur particulière à son succès. Nous sommes une radio d’offre, avec les risques que cela comporte, pas une radio de marketing, même si le savoir-faire de ceux qui étudient les audiences peut nous aider à placer au mieux nos propositions dans la grille des programmes.Au lieu de cela, les rares facilités budgétaires actuelles sont attribuées à une entité dite « multimédia » dont la mission semble être de soulager la présidence de toute responsabilité éditoriale en la gavant de sondages dont les réponses sont induites par les questions, tout en professant que l’avenir de la radio est dans la vidéo !Enfin la rénovation du bâtiment a été conduite avec une irresponsabilité ubuesque. Elle ajoute à l’appauvrissement des moyens de reportages et d’émissions à l’extérieur une raréfaction des studios et des moyens internes qui met en péril la production et laisse craindre que nous n’entrions dans la situation que connaît la télévision publique, dont les producteurs privés ont fait leur vache à lait, tout en exploitant éhontément le statut de l’intermittence et les ressources de Pôle emploi.Interrogé sur son projet lors d’une récente assemblée générale, le président de Radio France a répondu que, faute de moyens, il lui était impossible de présenter une ambition. Je crains que ce ne soit là que l’on doit trouver la raison la plus forte d’une déception devenue désarroi avant de tourner à la colère.Lire notre décryptage : Quelles sont les raisons de la colère à Radio France ?Philippe Meyer est ­producteur de « L’Esprit ­public » à France Culture. Sur France Inter, il anime ­chaque samedi « La prochaine fois, je vous le chanterai ». Né en 1947, il est entré à Radio France en 1982. Elisa Perrigueur Les révélations sur des dépenses attribuées à Mathieu Gallet, le président-directeur général de Radio France, ont déclenché une tempête au sein de la Maison ronde. Toutefois, elles ne sont pas à l'origine du mouvement social, suivi par une partie du personnel, qui paralyse le groupe public depuis le 19 mars. Plusieurs préavis de grève illimitée avaient été signés le 13 mars et rendus publics le 16 mars, soit avant la divulgation, le 17 mars, des premières informations du Canard enchaîné concernant le président du groupe.Au neuvième jour de paralysie, vendredi 27 mars, Manuel Valls, le premier ministre, a estimé qu'il « fa[llai]t que cette grève s'arrête », appelant M. Gallet à « assumer pleinement ses responsabilités ». « Il faut que le dialogue social reparte sur de bonnes bases et il faut que Mathieu Gallet, comme la ministre [de la culture], Fleur Pellerin, [le] lui a demandé, nous fasse des propositions pour redresser Radio France », a-t-il ajouté. Un appel ignoré par les salariés, qui ont voté la reconduite de la grève jusqu'à lundi, au risque de perturber la couverture du second tour des élections départementales.1. Qui suit la grève ?Cinq des syndicats du groupe public ont déposé des préavis de grève illimitée : la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération générale du travail (CGT), le Syndicat national Force ouvrière de la radio et de la télévision (SNFORT), l'Union syndicale Solidaires, l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Les  préavis portaient sur l'arrêt des « externalisations » de certaines activités, le maintien des « formations musicales », « l'abandon de la réforme des modes de production » et « le maintien des effectifs » dans le réseau France Bleu.Le Syndicat national des journalistes (SNJ) n'a pas appelé à cette grève. Ne se reconnaissant pas dans les préavis « qui ne portaient pas sur l'emploi », précise un de ses membres, il a toutefois largement exprimé ses inquiétudes sur le financement du groupe. Le syndicat avait soutenu, avec l'UNSA et la CFDT, l'appel à une grève de vingt-quatre heures le 12 mars pour « refuser l'asphyxie budgétaire, le déclin de l'entreprise, et une régression sociale (…) ». 7% Lundi, sur 4 600 équivalents temps-plein employés par le groupe, environ 7 % des salariés avaient cessé le travail, estime la direction. « Les chiffres et la profession des grévistes sont difficiles à estimer en raison de problèmes de pointage », rétorque le syndicaliste Jean-Paul Quennesson, délégué de SUD-Radio France et corniste à l'Orchestre national. « Il y a des personnes qui font des demi-journées de grève, d'autres qui sont en grève illimitée. Tout ce qu'on peut dire, c'est que les équipes s'organisent pour un mouvement dans la durée. » Le nombre de grévistes suffit en tout cas pour perturber fortement les antennes du groupe public, de nombreuses émissions étant remplacées par des programmes musicaux.2. Equation budgétaire difficile 21,3 millions d'euros Pour la première fois, Radio France – groupe composé de ses stations nationales, France Info, France Inter, France Culture, France Musique, Fip, Mouv' ainsi que des quarante-quatre locales France Bleu et des quatre formations musicales – a adopté à la fin de janvier un budget déficitaire de 21,3 millions d'euros. Radio France est essentiellement financée – à 90 % – par la redevance audiovisuelle ; or, entre 2012 et 2015, le montant de cette ressource a baissé de 610 millions à 601 millions d'euros.Pour les syndicats, l'Etat est l'un des « responsables » de cette situation, comme le rappelle Jean-Paul Quennesson : « Ce qui nous frappe, c'est la volonté de la tutelle [le ministère de la culture] de s'exonérer de cette situation, alors qu'elle programme un sous-financement de Radio France pour les prochaines années. Excusez-moi de dire ça, mais l'Etat nous met dans la merde ! »  50 millions d'euros L'entreprise doit désormais dégager 50 millions d'euros d'économies d'ici à 2019. Tout cela dans un contexte compliqué, avec des charges de l'entreprise qui restent les mêmes, et un chantier de la Maison de la radio, à Paris, dont le coût total frôlait 584 millions d'euros à la fin de 2014.3. Des mesures « drastiques » à venirLa masse salariale représentant 60 % du budget du groupe public, les employés pourraient être les premiers visés par les coupes. Aussi, dans un communiqué diffusé le 24 mars, les syndicats appelant au mouvement soulignent que « plusieurs coupes ont déjà commencé » au sein du groupe. Ils dénoncent par exemple : la diminution de 25 % ces deux dernières années du nombre de CDD dans les rédactions ;que plusieurs corps de métiers ouvriers « sont déjà en partie externalisés ou en voie de l'être ». D'après ces syndicats, d'autres mesures sont à venir :la mutualisation des flashs de nuit entre France Inter et France Info ;la fermeture de certaines micro-locales ;la fusion de plusieurs services ;la polyvalence forcée des métiers.Si le mouvement social en cours est le plus long depuis 2004, c'est aussi que pour la première fois la Maison ronde devrait être confrontée à un plan de départs volontaires, font savoir les syndicats. « C'est un traumatisme », résume Jean-Paul Quennesson. En effet, le 24 mars, la direction a également évoqué l'annonce redoutée des salariés :200 à 300 départs volontaires pourraient être envisagés d'ici à 2019. Ils concerneraient essentiellement les « seniors » pour une « économie » de 17 millions à 24 millions d'euros ;Mathieu Gallet a également annoncé dans une interview au Monde que Radio France n'avait « pas les moyens de financer deux orchestres symphoniques, un chœur et une maîtrise pour un coût de 60 millions, ne générant que 2 millions de recettes de billetterie ». Lire notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Les salariés de Radio France seront fixés sur ces mesures en théorie dans le mois à venir. L'exécutif, par l'intermédiaire du ministère de la culture, établit actuellement, en collaboration avec le groupe, un contrat d'objectifs et de moyens qui fixera les ressources du groupe jusqu'à 2019.Lire (édition abonnés) : Le financement de l'audiovisuel public de nouveau sous pressionElisa PerrigueurJournaliste au Monde Enora Ollivier Ceux qui n'ont pas trouvé de place sur les sièges bleus sont assis sur les marches des escaliers, en tailleur sur la scène, ou se tiennent debout, sur le balcon. Ce jeudi 26 mars au matin, le studio 105 de la Maison de la radio est plein à craquer.Il est 10 h 15, et les salariés grévistes de Radio France, tous corps de métier confondus, se réunissent en assemblée générale (AG), comme chaque jour depuis le début du mouvement entamé le 19 mars, et qui ébranle autant l'antenne que le président de la société, Mathieu Gallet. L'ordre du jour est chargé : la veille, des représentants de l'intersyndicale ont été reçus par des membres du cabinet de la ministre de la culture, pour évoquer la crise, et doivent délivrer un compte rendu à leurs collègues. Un représentant de Sud donne le ton : « Ils se sont foutus de nous. Nous n'avons pas été traités sérieusement, la tutelle ne prend pas la mesure de ce qui se passe à Radio France. » Au cours de la réunion, le ministère de la culture ne sera quasiment jamais désigné autrement que par ces mots, « la tutelle », une sémantique qui en dit long sur la façon dont les salariés appréhendent leur lien avec la rue de Valois : ni plus ni moins qu'un cordon de bourse, qui a une douloureuse tendance, ces derniers temps, à se resserrer.Lire aussi : Radio France : Fleur Pellerin réclame un « projet » à Mathieu GalletMotion de défianceAu 8e jour du mouvement, les grévistes ont la sensation d'être les pions d'un jeu qui se déroule au-dessus de leurs têtes, entre la direction de Radio France, incarnée par M. Gallet, et le ministère. La première doit ficeler un projet d'économies de 50 millions d'euros sur cinq ans tandis que le second a décidé de baisser le niveau de son financement à l'entreprise publique.Les salariés se trouvent entre les deux, en colère de devoir se serrer la ceinture alors qu'ils observent d'énormes dépenses d'argent autour d'eux. Il y a bien sûr ces travaux de réhabilitation commencés il y a dix ans mais qui n'en finissent pas et dont le budget a dérapé, l'enveloppe pour la rénovation passant de 172 millions d'euros en 2004 à 584 millions aujourd'hui. Sans oublier les révélations des frais engagés pour la rénovation du bureau de M. Galet (100 000 euros) puis du coût de son conseiller en communication (90 000 euros par an). Des dépenses qui, si elles ne sont pas à l'origine de la grève, n'ont pas apaisé les aigreurs.Lire aussi, en édition abonnés : Entre Radio France et son patron, la greffe n’a pas prisPour autant, « il ne faut pas personnaliser la cible de notre lutte », répond un membre de l'AG à un journaliste qui propose le vote d'une motion de défiance contre le PDG, « notre problème, ce n'est pas tant Mathieu Gallet que l'ensemble des choix faits par la direction ». Dont acte : l'AG adoptera ce jour-là le principe d'une motion de défiance contre la politique mise en œuvre par la direction dans son ensemble.« La direction a humilié des gens »Quatre préavis de grève ont été déposés le 19 mars. Ils témoignent des craintes des salariés au sujet des externalisations de services, de la réforme des modes de production, des réductions d'effectifs sur le réseau France Bleu et de la perte d'un des deux orchestres de la maison. Les négociations qui se déroulent quasi-quotidiennement entre les grévistes et la direction ont permis une légère avancée : l'abandon de la réforme du service propreté. Un seul point, certes, mais loin d'être anecdotique : il y a un an, « les personnes qui s'occupaient du ménage des bureaux dans les étages, qui travaillaient là depuis parfois 25, 30 ans, ont été déplacées au sous-sol, tandis qu'une entreprise extérieure a été embauchée pour faire leur travail », raconte Anne Le Guehennec, technicienne et membre de la CGT. Peu de grévistes rencontrés oublieront de mentionner cette histoire, perçue comme symbolique des mutations à Radio France  – « la direction a humilié des gens qui travaillaient là depuis des années, que l'on croisait tous les jours », insiste Isabelle Yhuel, réalisatrice. Pour le reste, la situation est bloquée. Et aux préavis officiels, s'ajoute une interminable liste de griefs dépeignant un malaise généralisé dans la société. La direction « ne parle pas le même langage que nous, lance un salarié au cours de l'AG. Quand nous disons “chaînes”, comme France Inter ou France Culture, on nous répond “marques” ». Les studios où se déroulent émissions en direct et programmes enregistrés « accueillent de plus en plus d'entreprises pour des séminaires », souligne aussi Bertrand Durand, technicien et élu CGT, un choix qui, selon lui, nuit au service public que se doit de proposer Radio France. En résumé, « la valeur et l'éthique de Radio France sont en train de disparaître, et la société risque d'être privatisée », soupire celui qui se fait appeler « Franck La Révolte », responsable des services de serrurerie, signalétique,  menuiserie et maçonnerie dans la Maison ronde.« Une vraie agence d'intérim interne »Logiquement, les salariés ont reconduit la grève pour un neuvième jour et espèrent maintenant élargir la lutte. Des idées sont lancées : appeler des personnalités de la culture à afficher leur solidarité avec le mouvement, contacter les députés frondeurs de la majorité, intervenir lors des programmes qui continuent à être diffusés. Malgré la grève, quelques émissions sont en effet toujours à l'antenne, non pas à cause d'une faible mobilisation, assure M. Durand, mais parce que « des techniciens en CDD, qui ne peuvent pas se mettre en grève, ont été déplacés sur certains horaires stratégiques ». C'est ainsi que le « 7-9 », la tranche matinale de France Inter, a pu être maintenue jeudi et vendredi dernier.Combien sont-ils à observer la grève ? Les concernés contestent les chiffres de 7 % à 11 % du personnel avancés par la direction : ceux qui travaillent l'après-midi se déclarent après le point de 10 heures, transmis aux médias, et beaucoup de grévistes se relaient pour que la fiche de paie soit moins lésée à la fin du mois. Les journalistes, eux, ne sont pour l'heure pas massivement mobilisés, et le SNJ, syndicat majoritaire, n'a pas encore appelé à suivre la grève. Pourtant, « il y a matière à se mobiliser », souligne une reporter, sous couvert d'anonymat, dénonçant « l'usage abusif des journalistes en CDD à Radio France. Il y a une vraie agence d'intérim interne ». Elle cite en particulier le malaise dans les stations locales où « tout est à flux tendu : les journalistes triment, finissent souvent à 21 heures ». Et de conclure : « Ce n'est plus possible. »Lire notre dossier (édition abonnés) : France Télévisions, le grand corps maladeEnora OllivierJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Neuf candidats déclarés, sans parler des postulants restés dans l’ombre, comme la procédure le permet. Malgré la difficulté de la mission, la présidence de France Télévisions continue d’attirer les vocations. Jeudi 26 mars, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a réceptionné les derniers dossiers de candidatures et plusieurs personnalités se sont publiquement dévoilées.La première d’entre elles n’est pas une surprise. Dans un message adressé aux 10 000 salariés de France Télévisions, l’actuel président, Rémy Pflimlin, a confirmé sa candidature à sa propre succession. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, M. Pflimlin, 61 ans, compte défendre son bilan et le besoin de stabilité pour France Télévisions, confrontée à de lourdes réformes depuis plusieurs années.L’une de ses principales concurrentes est issue de l’audiovisuel public. Marie-Christine Saragosse, 55 ans, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a officialisé sa candidature, jeudi, dans un message interne. Diplômée de l’ENA, ancienne dirigeante de TV5 Monde, elle a été nommée par François Hollande en 2012 à la tête de l’audiovisuel extérieur de la France, qu’elle a apaisé après la bataille entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac. « Si ma candidature n’est pas retenue (…), nous continuerons notre chemin ensemble », a-t-elle écrit à ses équipes, tout en esquissant l’idée de « nouveaux liens » entre France Médias Monde et France Télévisions… une idée qui pourrait faire mouche.Autre figure issue du secteur public,... 25.03.2015 à 16h11 • Mis à jour le25.03.2015 à 18h33 La BBC a annoncé, mercredi 25 mars, sa décision de se séparer du présentateur vedette de son émission automobile « Top Gear », Jeremy Clarkson.L'animateur de l'émission de divertissement la plus populaire du Royaume-Uni avait été suspendu de ses fonctions par la chaîne publique, début mars, à la suite d'une « altercation » au cours de laquelle il aurait frappé l'un des producteurs de l'émission.« C'est avec regret que j'ai dit aujourd'hui à Jeremy Clarkson que la BBC ne renouvelerait pas son contrat », qui expire fin mars, a indiqué dans un communiqué Tony Hall, le directeur général de la BBC. Il a jugé que le présentateur s'était rendu coupable « d'agression physique et verbale » à l'encontre d'un producteur.Lire : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Succès en FranceAu Royaume-Uni, la gloire de Jeremy Clarkson est intimement liée à « Top Gear », un programme très différent des classiques émissions automobiles. Mais ses écarts de conduite avaient amené la BBC à lui lancer « un dernier avertissement » et à le menacer de licenciement « s'il faisait la moindre remarque offensante, peu importe où et quand », avait-il lui même déclaré en 2014 dans The Sun.Ironie de l'histoire, alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt, « Top Gear » France connaît un succès sans précédent sur la TNT. La diffusion du premier épisode de sa version française, mercredi 18 mars en début de soirée, sur RMC Découverte, a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience).Lire : Démarrage en trombe pour « Top Gear » sur RMC Découverte Alexandre Piquard « Le Conseil a demandé au président Mathieu Gallet, auquel il maintient sa confiance, de lui communiquer l’ensemble des orientations élaborées pour faire face aux déséquilibres financiers de Radio France en prenant en compte l’intérêt de ses personnels. » Le communiqué du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est intervenu après une discussion en séance plénière, mercredi 25 mars, à propos de l’entreprise publique, qui connaît son septième jour de grève et dont le président est critiqué pour ses dépenses.Pouvoir de révocationLe CSA, qui a nommé Mathieu Gallet début 2014, s’exprime quelques heures après que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a mis la pression sur le président de Radio France. La ministre de tutelle a jugé trop peu abouties les propositions d’économies formulées par son président, confronté à une crise financière. « Je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné », a-t-elle exigé, demandant des documents sous quinze jours.Lire aussi :Fleur Pellerin juge insuffisantes les propositions de Mathieu Gallet pour Radio FranceLe communiqué du CSA, présidé par Olivier Schrameck, utilise des mot pesés : il demande des éclaircissements à Mathieu Gallet qui estime, contrairement à ce que dit la ministre, avoir proposé des pistes précises. Pour le CSA, c’est une façon d’être présent dans un face-à-face tendu entre Radio France et le gouvernement. Face à l’aggravation de la crise, l’autorité a une démarche qui se veut suivre celle du gouvernement : à la fin de la semaine dernière, après les révélations du Canard enchaîné, l’institution estimait plutôt ne pas être directement concernée, notant que la tutelle, pour les affaires économiques, était assurée par le ministère.Mais le CSA, au passage, assure renouveler sa confiance à Mathieu Gallet, au moment où le mécontentement à Radio France croît. Et où le gouvernement ne semble pas chercher à aider particulièrement le président nommé il y a un an par l’autorité indépendante. Alors que certains dans le secteur posent en privé la question du maintien de Mathieu Gallet, le CSA assure ne pas vouloir user pour l’heure de son pouvoir de révocation.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Bruxelles dévoile ses ambitions en matière de numérique. Mercredi 25 mars, le vice-président de la commission européenne en charge du numérique, Andrus Ansip, a présenté les grandes orientations de l’institution communautaire en la matière.Le numérique fait partie des priorités du président Jean-Claude Juncker, entré en fonction en novembre dernier. Parmi les principaux chantiers : une réforme du copyright, la question de la régulation des plates-formes ou la lutte contre le « géoblocking ». Le but étant de créer un vrai marché intérieur du numérique alors qu’aujourd’hui, il est morcelé entre autant d’États membres.« Les gens doivent pouvoir être capables, en ligne, de traverser les frontières aussi facilement qu’ils le font dans la vie réelle. Les sociétés du numérique doivent être aidées afin que leur marché soit aux dimensions de l’Union et non limité à son marché national » a déclaré M. Ansip, mercredi. Le commissaire est originaire d’Estonie, un des pays considérés comme les plus connectés au monde.Territorialité des droitsConcernant la réforme du copyright, l’idée est de permettre qu’un bien culturel en ligne (film, vidéo, etc.) puisse être consommé (acheté au besoin), quel que soit le pays de localisation de l’internaute. Actuellement, les abonnements à de la vidéo à la demande ne sont le plus souvent pas « exportables » : même s’il paie son abonnement, un client ne peut consommer que s’il se trouve dans le pays où il a acheté son service. En cause, le modèle économique du cinéma et d’une partie de l’audiovisuel : la territorialité des droits. Les droits de diffusion d’un film sont achetés pays par pays.Pour remédier à cette situation, certains, à la Commission, plaidaient, ces dernières semaines, pour une remise à plat complète de ces droits. Au Parlement européen, l’unique députée du Parti pirate, Julia Reda, a publié un rapport remarqué, en février, prônant la création de licences universelles.Mais Les associations d’ayants-droits, notamment en France, sont montées au créneau avec constance, ces dernières semaines, pour dénoncer des changements qui mettraient à mal de manière irrémédiable, le modèle économique notamment du cinéma.Il semble qu’ils aient été en partie entendus : attachée à prendre en compte la rémunération des auteurs et des éditeurs, la commission ne prévoit pas de légiférer avant l’automne prochain (et non avant l’été comme prévu initialement).Consultation publiqueBruxelles veut aussi s’attaquer au « géoblocking », le fait que certains services ou produits en ligne puissent être achetés depuis certains pays et pas d’autres. Ou que le prix des biens, sur un même site, diffère considérablement selon le pays de l’acheteur. Ainsi des locations de voiture, en Belgique, par exemple, dont le prix peut varier du simple au double, selon la localisation du loueur au moment où il effectue sa transaction. C’est un sujet plutôt consensuel mais qui nécessite pas mal d’ingénierie réglementaire.Autre gros projet, plus polémique, lui, la « régulation des plates-formes ». C’est-à-dire, même si ce n’est pas évoqué frontalement par la commission, la régulation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces quatre géants du web américain dont les chiffres d’affaires cumulés sont supérieurs au PIB du Danemark…La question est, entre autres, de savoir s’il faut considérer ces géants de l’internet uniquement au travers du prisme de la concurrence (comment mieux les réguler pour faire en sorte de corriger ce que d’aucuns pointent comme des distorsions, voire des abus). Ou alors estimer que ces groupes, devenus presque aussi puissants que des États, doivent désormais être considérés comme des sociétés faisant peser un risque systémique aux économies (comme les banques).La commission devrait lancer une consultation publique sur le sujet dans les semaines qui viennent. Dans l’institution, les avis sont partagés : il y a les tenants du laissez faire (Irlande, Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni) et les autres – France, Allemagne, Italie, Espagne, attachés à une meilleure répartition des profits entre les géants du net et les autres acteurs du numérique), et qui ne voudraient pas que le débat soit enterré.La décision finale – réguler ou pas les plates-formes dépendra aussi des conclusions de l’enquête que la commission mène depuis maintenant cinq ans sur Google pour abus de position dominante. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger Après la loi de programmation militaire (LPM, fin 2013) et la loi sur le terrorisme (2014) la loi sur le renseignement, qui a été présentée par le gouvernement le 19 mars 2015, inquiète les défenseurs des libertés.Lire : Renseignement : un texte sur mesure pour les services spéciauxChacune de ces lois contient des dispositions dangereuses pour la liberté de la presse, alerte Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.Que reprochez-vous au projet de loi sur le renseignement ?Depuis 2013, nous observons une accumulation inquiétante de textes qui tendent à soustraire les questions de censure du regard des juges, qui altèrent les procédures protectrices du droit de la presse et qui développent un système de surveillance sans assurer une protection suffisante du travail des journalistes. Cela a commencé avec la LPM, cela s’est poursuivi avec la loi sur le terrorisme et cela continue avec le projet de loi sur le renseignement. Ce n’est peut-être pas fini : le gouvernement entend faire passer dans le régime pénal commun de nouvelles infractions, des délits d’insulte et de diffamation aggravées.En quoi est-ce dangereux ?Le premier danger, c'est l'atteinte au secret des sources des journalistes. L’article 20 de la LPM [qui permet aux services de renseignement d'intercepter davantage de types de données] ne prévoyait pas de mécanisme de contrôle indépendant. Dans le projet de loi sur le renseignement, les prétextes pour mener une surveillance sont extrêmement variés, du terrorisme à l’exécution des engagements européens de la France. Au nom de ces impératifs sécuritaires, les services seront en mesure de collecter des métadonnées, d'intercepter des télécommunications, de surveiller des lieux privés, de localiser des véhicules ou d'accéder aux données des sociétés de transport.Aucun garde-fou n'est prévu pour protéger les journalistes, ce que même la Cnil a regretté. RSF demande que soit prévue une « exception journalistique » à ce régime de surveillance. Je ne crois pas que les services de renseignement passent l’essentiel de leur temps à surveiller les journalistes, mais dans une société démocratique ce risque doit être conjuré.Quel est le second danger ?Il s'agit de l'adoption de mesures qui sont moins protectrices de la liberté de la presse au prétexte de la lutte contre le terrorisme. La loi sur le terrorisme a fait sortir les délits de provocation et d'apologie du terrorisme de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, en prévoyant des peines très lourdes. RSF ne défend nullement ceux qui font l'apologie du terrorisme, mais traiter les délits d’opinion en dehors de la loi de 1881 est extrêmement dangereux. Certains magistrats non spécialisés ont d’ailleurs pris des décisions aberrantes, qui font dire à l’étranger que la France applique un double standard en matière de liberté d’expression.Lire : Apologie du terrorisme : la justice face à l'urgenceA long terme, c’est nuisible pour la liberté de l’information. Sortir l’injure et la diffamation de la loi de 1881 dès lors qu’elles auraient un caractère raciste, antisémite ou homophobe, ce serait prendre le risque que des journalistes puissent être renvoyés en comparution immédiate, y compris pour des articles ou sujets d’investigation. Les accusations peuvent être tellement rapides, même pour des révélations strictement factuelles… Dans ce cas, un journaliste ne pourrait même pas faire d’offre de preuves ! Il ne faudrait pas qu'on finisse par avoir une justice de la pensée faisant régner une police de la pensée.Quid des procédures de blocage de certains sites, prévues par la loi sur le terrorisme ?RSF n’a pas vocation à défendre des sites qui relèveraient de la propagande. Mais il est ennuyeux que des sites soient bloqués sans motivation publique. Il semble que l'un des sites supprimés récemment ne faisait pas l'apologie ouverte du terrorisme, si j’en crois la lecture du Monde, et aurait été supprimé au motif de la publication d’un discours du chef de l'Etat islamique. Il serait aberrant qu'en France on ne puisse plus rapporter les propos du chef de l'EI. Où s'arrête le droit de citation conforme aux principes de l'information et où commence la propagande ? C'est une question extrêmement complexe et c'est la raison pour laquelle des juges devraient statuer.Concernant le projet de loi sur le renseignement, comment se place la France par rapport à d'autres pays qu'étudie RSF ?Les situations sont difficiles à comparer. Dans une démocratie comme les Etats-Unis, un pays où la liberté de la presse est une grande tradition, la traque des lanceurs d'alerte est absolument excessive. L'une des conséquences du Patriot Act voté après le 11-septembre a été de créer peu à peu une forme d'exception à la liberté d'information sur les questions de sécurité nationale. Des journalistes sont poursuivis et même condamnés pour avoir révélé des informations relevant de l'intérêt public. Il serait absurde d’alléguer que la France est en train de rejoindre la Chine, l'Iran, Bahreïn ou le Vietnam : la comparaison n’a aucun sens, mais très clairement, ces lois font peu à peu sortir de la logique de protection une partie des questions liées à la liberté d'expression.Allez-vous, sur la loi sur le renseignement, attaquer les décrets d'application ?Nous avons introduit des recours contre la LPM. Sur la loi contre le terrorisme, nous avons rédigé toute une argumentation pour le dépôt de questions prioritaires de constitutionnalité. Pour la loi sur le renseignement, il est prématuré d’envisager une action puisqu'elle n’a pas été adoptée. Faisons en sorte que le gouvernement corrige le tir.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.03.2015 à 11h59 • Mis à jour le30.03.2015 à 16h19 « Nous suivons jour après jour, dans la presse, les échanges entre Fleur Pellerin, Manuel Valls et Mathieu Gallet, uniques sources d’information pour les salariés de Radio France à propos de ce détail futile : leur avenir. Nous en sommes là, simples pions dans la partie d’échecs qui oppose le ministère de tutelle - qui ne « communique » que dans son intitulé - à la présidence de Radio France, mutique et passée experte en maladresses morales et stratégiques.Nous ne sommes pas dupes. Ce qui se joue dépasse le seul sort des salariés de Radio France. La rue de Valois et la présidence de Radio France sont engagées dans un bras de fer. Et nous sommes au milieu, coincés entre le marteau et l’enclume, privés d’information mais objets de beaucoup de mépris.Lire aussi :Radio France : haro sur le « jeu » du gouvernementNous les observons casser cette maison qui n’est qu’une ligne sur leur CV. Cette maison qui est notre identité, notre ADN, notre présent et notre avenir. Nous sommes tellement fiers de travailler pour elle. Et donc aujourd’hui tellement en colère de voir que nous ne sommes que les pantins d’un pathétique jeu de rôles.Alors que faut-il comprendre de ce blocage ? Pourquoi le sort de Radio France se trouve-t-il entre les mains de personnes qui semblent s’en désintéresser ?Les salariés de Radio France ne sont pas responsables de son déficit. Notre sort financier dépend à 90 % de l’Etat qui a décidé, depuis trois ans, de ne plus octroyer la dotation promise. 87 millions d’euros n’ont pas été versés. Nous avons tenu grâce aux économies, mais cette fois les caisses sont vides et le trou menace de se creuser encore un peu plus : 21 millions dès 2015, pire les années suivantes, puisque l’Etat entend négocier un Contrat d’objectifs et de moyens revu à la baisse.Comment accorder le moindre crédit à un PDG qui se rend compte neuf mois après sa nomination, que la trésorerie est à sec ? Comment croire que Bercy, qui siège au Conseil d’administration de Radio France, n’était pas au courant ? Comment faire confiance au ministère de la communication, qui prend un malin plaisir à lâcher publiquement le PDG d’une entreprise publique ?Des commentateurs assurent que l’enjeu ultime se situerait de l’autre côté de la Seine, en face de notre belle et onéreuse nouvelle Maison de la Radio. Que tout cela se jouerait en réalité à France Télévisions. La tutelle affaiblit Mathieu Gallet, et à travers lui le CSA qui l’a nommé. Et ainsi, comme au bon vieux temps de la nomination des présidents de l’audiovisuel public par le pouvoir, le ministère de la communication pourrait imposer son (sa) candidat(e) pour la présidence de la télévision de service public. Alors que le duel continue ! Et tant pis pour l’indépendance. Tant pis pour Radio France. »Valeria Emanuele, secrétaire nationale du SNJ Radio FranceLire aussi :Philippe Meyer : « Il faut stopper la dérive de Radio France » 26.03.2015 à 21h02 • Mis à jour le30.03.2015 à 16h17 | Elisa Perrigueur Les révélations sur des dépenses attribuées à Mathieu Gallet, le président-directeur général de Radio France, ont déclenché une tempête au sein de la Maison ronde. Toutefois, elles ne sont pas à l'origine du mouvement social, suivi par une partie du personnel, qui paralyse le groupe public depuis le 19 mars. Plusieurs préavis de grève illimitée avaient été signés le 13 mars et rendus publics le 16 mars, soit avant la divulgation, le 17 mars, des premières informations du Canard enchaîné concernant le président du groupe.Au neuvième jour de paralysie, vendredi 27 mars, Manuel Valls, le premier ministre, a estimé qu'il « fa[llai]t que cette grève s'arrête », appelant M. Gallet à « assumer pleinement ses responsabilités ». « Il faut que le dialogue social reparte sur de bonnes bases et il faut que Mathieu Gallet, comme la ministre [de la culture], Fleur Pellerin, [le] lui a demandé, nous fasse des propositions pour redresser Radio France », a-t-il ajouté. Un appel ignoré par les salariés, qui ont voté la reconduite de la grève jusqu'à lundi, au risque de perturber la couverture du second tour des élections départementales.1. Qui suit la grève ?Cinq des syndicats du groupe public ont déposé des préavis de grève illimitée : la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération générale du travail (CGT), le Syndicat national Force ouvrière de la radio et de la télévision (SNFORT), l'Union syndicale Solidaires, l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Les  préavis portaient sur l'arrêt des « externalisations » de certaines activités, le maintien des « formations musicales », « l'abandon de la réforme des modes de production » et « le maintien des effectifs » dans le réseau France Bleu.Le Syndicat national des journalistes (SNJ) n'a pas appelé à cette grève. Ne se reconnaissant pas dans les préavis « qui ne portaient pas sur l'emploi », précise un de ses membres, il a toutefois largement exprimé ses inquiétudes sur le financement du groupe. Le syndicat avait soutenu, avec l'UNSA et la CFDT, l'appel à une grève de vingt-quatre heures le 12 mars pour « refuser l'asphyxie budgétaire, le déclin de l'entreprise, et une régression sociale (…) ». 7% Lundi, sur 4 600 équivalents temps-plein employés par le groupe, environ 7 % des salariés avaient cessé le travail, estime la direction. « Les chiffres et la profession des grévistes sont difficiles à estimer en raison de problèmes de pointage », rétorque le syndicaliste Jean-Paul Quennesson, délégué de SUD-Radio France et corniste à l'Orchestre national. « Il y a des personnes qui font des demi-journées de grève, d'autres qui sont en grève illimitée. Tout ce qu'on peut dire, c'est que les équipes s'organisent pour un mouvement dans la durée. » Le nombre de grévistes suffit en tout cas pour perturber fortement les antennes du groupe public, de nombreuses émissions étant remplacées par des programmes musicaux.2. Equation budgétaire difficile 21,3 millions d'euros Pour la première fois, Radio France – groupe composé de ses stations nationales, France Info, France Inter, France Culture, France Musique, Fip, Mouv' ainsi que des quarante-quatre locales France Bleu et des quatre formations musicales – a adopté à la fin de janvier un budget déficitaire de 21,3 millions d'euros. Radio France est essentiellement financée – à 90 % – par la redevance audiovisuelle ; or, entre 2012 et 2015, le montant de cette ressource a baissé de 610 millions à 601 millions d'euros.Pour les syndicats, l'Etat est l'un des « responsables » de cette situation, comme le rappelle Jean-Paul Quennesson : « Ce qui nous frappe, c'est la volonté de la tutelle [le ministère de la culture] de s'exonérer de cette situation, alors qu'elle programme un sous-financement de Radio France pour les prochaines années. Excusez-moi de dire ça, mais l'Etat nous met dans la merde ! »  50 millions d'euros L'entreprise doit désormais dégager 50 millions d'euros d'économies d'ici à 2019. Tout cela dans un contexte compliqué, avec des charges de l'entreprise qui restent les mêmes, et un chantier de la Maison de la radio, à Paris, dont le coût total frôlait 584 millions d'euros à la fin de 2014.3. Des mesures « drastiques » à venirLa masse salariale représentant 60 % du budget du groupe public, les employés pourraient être les premiers visés par les coupes. Aussi, dans un communiqué diffusé le 24 mars, les syndicats appelant au mouvement soulignent que « plusieurs coupes ont déjà commencé » au sein du groupe. Ils dénoncent par exemple : la diminution de 25 % ces deux dernières années du nombre de CDD dans les rédactions ;que plusieurs corps de métiers ouvriers « sont déjà en partie externalisés ou en voie de l'être ». D'après ces syndicats, d'autres mesures sont à venir :la mutualisation des flashs de nuit entre France Inter et France Info ;la fermeture de certaines micro-locales ;la fusion de plusieurs services ;la polyvalence forcée des métiers.Si le mouvement social en cours est le plus long depuis 2004, c'est aussi que pour la première fois la Maison ronde devrait être confrontée à un plan de départs volontaires, font savoir les syndicats. « C'est un traumatisme », résume Jean-Paul Quennesson. En effet, le 24 mars, la direction a également évoqué l'annonce redoutée des salariés :200 à 300 départs volontaires pourraient être envisagés d'ici à 2019. Ils concerneraient essentiellement les « seniors » pour une « économie » de 17 millions à 24 millions d'euros ;Mathieu Gallet a également annoncé dans une interview au Monde que Radio France n'avait « pas les moyens de financer deux orchestres symphoniques, un chœur et une maîtrise pour un coût de 60 millions, ne générant que 2 millions de recettes de billetterie ». Lire notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Les salariés de Radio France seront fixés sur ces mesures en théorie dans le mois à venir. L'exécutif, par l'intermédiaire du ministère de la culture, établit actuellement, en collaboration avec le groupe, un contrat d'objectifs et de moyens qui fixera les ressources du groupe jusqu'à 2019.Lire (édition abonnés) : Le financement de l'audiovisuel public de nouveau sous pressionElisa PerrigueurJournaliste au Monde Enora Ollivier Ceux qui n'ont pas trouvé de place sur les sièges bleus sont assis sur les marches des escaliers, en tailleur sur la scène, ou se tiennent debout, sur le balcon. Ce jeudi 26 mars au matin, le studio 105 de la Maison de la radio est plein à craquer.Il est 10 h 15, et les salariés grévistes de Radio France, tous corps de métier confondus, se réunissent en assemblée générale (AG), comme chaque jour depuis le début du mouvement entamé le 19 mars, et qui ébranle autant l'antenne que le président de la société, Mathieu Gallet. L'ordre du jour est chargé : la veille, des représentants de l'intersyndicale ont été reçus par des membres du cabinet de la ministre de la culture, pour évoquer la crise, et doivent délivrer un compte rendu à leurs collègues. Un représentant de Sud donne le ton : « Ils se sont foutus de nous. Nous n'avons pas été traités sérieusement, la tutelle ne prend pas la mesure de ce qui se passe à Radio France. » Au cours de la réunion, le ministère de la culture ne sera quasiment jamais désigné autrement que par ces mots, « la tutelle », une sémantique qui en dit long sur la façon dont les salariés appréhendent leur lien avec la rue de Valois : ni plus ni moins qu'un cordon de bourse, qui a une douloureuse tendance, ces derniers temps, à se resserrer.Lire aussi : Radio France : Fleur Pellerin réclame un « projet » à Mathieu GalletMotion de défianceAu 8e jour du mouvement, les grévistes ont la sensation d'être les pions d'un jeu qui se déroule au-dessus de leurs têtes, entre la direction de Radio France, incarnée par M. Gallet, et le ministère. La première doit ficeler un projet d'économies de 50 millions d'euros sur cinq ans tandis que le second a décidé de baisser le niveau de son financement à l'entreprise publique.Les salariés se trouvent entre les deux, en colère de devoir se serrer la ceinture alors qu'ils observent d'énormes dépenses d'argent autour d'eux. Il y a bien sûr ces travaux de réhabilitation commencés il y a dix ans mais qui n'en finissent pas et dont le budget a dérapé, l'enveloppe pour la rénovation passant de 172 millions d'euros en 2004 à 584 millions aujourd'hui. Sans oublier les révélations des frais engagés pour la rénovation du bureau de M. Galet (100 000 euros) puis du coût de son conseiller en communication (90 000 euros par an). Des dépenses qui, si elles ne sont pas à l'origine de la grève, n'ont pas apaisé les aigreurs.Lire aussi, en édition abonnés : Entre Radio France et son patron, la greffe n’a pas prisPour autant, « il ne faut pas personnaliser la cible de notre lutte », répond un membre de l'AG à un journaliste qui propose le vote d'une motion de défiance contre le PDG, « notre problème, ce n'est pas tant Mathieu Gallet que l'ensemble des choix faits par la direction ». Dont acte : l'AG adoptera ce jour-là le principe d'une motion de défiance contre la politique mise en œuvre par la direction dans son ensemble.« La direction a humilié des gens »Quatre préavis de grève ont été déposés le 19 mars. Ils témoignent des craintes des salariés au sujet des externalisations de services, de la réforme des modes de production, des réductions d'effectifs sur le réseau France Bleu et de la perte d'un des deux orchestres de la maison. Les négociations qui se déroulent quasi-quotidiennement entre les grévistes et la direction ont permis une légère avancée : l'abandon de la réforme du service propreté. Un seul point, certes, mais loin d'être anecdotique : il y a un an, « les personnes qui s'occupaient du ménage des bureaux dans les étages, qui travaillaient là depuis parfois 25, 30 ans, ont été déplacées au sous-sol, tandis qu'une entreprise extérieure a été embauchée pour faire leur travail », raconte Anne Le Guehennec, technicienne et membre de la CGT. Peu de grévistes rencontrés oublieront de mentionner cette histoire, perçue comme symbolique des mutations à Radio France  – « la direction a humilié des gens qui travaillaient là depuis des années, que l'on croisait tous les jours », insiste Isabelle Yhuel, réalisatrice. Pour le reste, la situation est bloquée. Et aux préavis officiels, s'ajoute une interminable liste de griefs dépeignant un malaise généralisé dans la société. La direction « ne parle pas le même langage que nous, lance un salarié au cours de l'AG. Quand nous disons “chaînes”, comme France Inter ou France Culture, on nous répond “marques” ». Les studios où se déroulent émissions en direct et programmes enregistrés « accueillent de plus en plus d'entreprises pour des séminaires », souligne aussi Bertrand Durand, technicien et élu CGT, un choix qui, selon lui, nuit au service public que se doit de proposer Radio France. En résumé, « la valeur et l'éthique de Radio France sont en train de disparaître, et la société risque d'être privatisée », soupire celui qui se fait appeler « Franck La Révolte », responsable des services de serrurerie, signalétique,  menuiserie et maçonnerie dans la Maison ronde.« Une vraie agence d'intérim interne »Logiquement, les salariés ont reconduit la grève pour un neuvième jour et espèrent maintenant élargir la lutte. Des idées sont lancées : appeler des personnalités de la culture à afficher leur solidarité avec le mouvement, contacter les députés frondeurs de la majorité, intervenir lors des programmes qui continuent à être diffusés. Malgré la grève, quelques émissions sont en effet toujours à l'antenne, non pas à cause d'une faible mobilisation, assure M. Durand, mais parce que « des techniciens en CDD, qui ne peuvent pas se mettre en grève, ont été déplacés sur certains horaires stratégiques ». C'est ainsi que le « 7-9 », la tranche matinale de France Inter, a pu être maintenue jeudi et vendredi dernier.Combien sont-ils à observer la grève ? Les concernés contestent les chiffres de 7 % à 11 % du personnel avancés par la direction : ceux qui travaillent l'après-midi se déclarent après le point de 10 heures, transmis aux médias, et beaucoup de grévistes se relaient pour que la fiche de paie soit moins lésée à la fin du mois. Les journalistes, eux, ne sont pour l'heure pas massivement mobilisés, et le SNJ, syndicat majoritaire, n'a pas encore appelé à suivre la grève. Pourtant, « il y a matière à se mobiliser », souligne une reporter, sous couvert d'anonymat, dénonçant « l'usage abusif des journalistes en CDD à Radio France. Il y a une vraie agence d'intérim interne ». Elle cite en particulier le malaise dans les stations locales où « tout est à flux tendu : les journalistes triment, finissent souvent à 21 heures ». Et de conclure : « Ce n'est plus possible. »Lire notre dossier (édition abonnés) : France Télévisions, le grand corps maladeEnora OllivierJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Neuf candidats déclarés, sans parler des postulants restés dans l’ombre, comme la procédure le permet. Malgré la difficulté de la mission, la présidence de France Télévisions continue d’attirer les vocations. Jeudi 26 mars, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a réceptionné les derniers dossiers de candidatures et plusieurs personnalités se sont publiquement dévoilées.La première d’entre elles n’est pas une surprise. Dans un message adressé aux 10 000 salariés de France Télévisions, l’actuel président, Rémy Pflimlin, a confirmé sa candidature à sa propre succession. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, M. Pflimlin, 61 ans, compte défendre son bilan et le besoin de stabilité pour France Télévisions, confrontée à de lourdes réformes depuis plusieurs années.L’une de ses principales concurrentes est issue de l’audiovisuel public. Marie-Christine Saragosse, 55 ans, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a officialisé sa candidature, jeudi, dans un message interne. Diplômée de l’ENA, ancienne dirigeante de TV5 Monde, elle a été nommée par François Hollande en 2012 à la tête de l’audiovisuel extérieur de la France, qu’elle a apaisé après la bataille entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac. « Si ma candidature n’est pas retenue (…), nous continuerons notre chemin ensemble », a-t-elle écrit à ses équipes, tout en esquissant l’idée de « nouveaux liens » entre France Médias Monde et France Télévisions… une idée qui pourrait faire mouche.Autre figure issue du secteur public,... 25.03.2015 à 16h11 • Mis à jour le25.03.2015 à 18h33 La BBC a annoncé, mercredi 25 mars, sa décision de se séparer du présentateur vedette de son émission automobile « Top Gear », Jeremy Clarkson.L'animateur de l'émission de divertissement la plus populaire du Royaume-Uni avait été suspendu de ses fonctions par la chaîne publique, début mars, à la suite d'une « altercation » au cours de laquelle il aurait frappé l'un des producteurs de l'émission.« C'est avec regret que j'ai dit aujourd'hui à Jeremy Clarkson que la BBC ne renouvelerait pas son contrat », qui expire fin mars, a indiqué dans un communiqué Tony Hall, le directeur général de la BBC. Il a jugé que le présentateur s'était rendu coupable « d'agression physique et verbale » à l'encontre d'un producteur.Lire : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Succès en FranceAu Royaume-Uni, la gloire de Jeremy Clarkson est intimement liée à « Top Gear », un programme très différent des classiques émissions automobiles. Mais ses écarts de conduite avaient amené la BBC à lui lancer « un dernier avertissement » et à le menacer de licenciement « s'il faisait la moindre remarque offensante, peu importe où et quand », avait-il lui même déclaré en 2014 dans The Sun.Ironie de l'histoire, alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt, « Top Gear » France connaît un succès sans précédent sur la TNT. La diffusion du premier épisode de sa version française, mercredi 18 mars en début de soirée, sur RMC Découverte, a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience).Lire : Démarrage en trombe pour « Top Gear » sur RMC Découverte Alexandre Piquard « Le Conseil a demandé au président Mathieu Gallet, auquel il maintient sa confiance, de lui communiquer l’ensemble des orientations élaborées pour faire face aux déséquilibres financiers de Radio France en prenant en compte l’intérêt de ses personnels. » Le communiqué du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est intervenu après une discussion en séance plénière, mercredi 25 mars, à propos de l’entreprise publique, qui connaît son septième jour de grève et dont le président est critiqué pour ses dépenses.Pouvoir de révocationLe CSA, qui a nommé Mathieu Gallet début 2014, s’exprime quelques heures après que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a mis la pression sur le président de Radio France. La ministre de tutelle a jugé trop peu abouties les propositions d’économies formulées par son président, confronté à une crise financière. « Je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné », a-t-elle exigé, demandant des documents sous quinze jours.Lire aussi :Fleur Pellerin juge insuffisantes les propositions de Mathieu Gallet pour Radio FranceLe communiqué du CSA, présidé par Olivier Schrameck, utilise des mot pesés : il demande des éclaircissements à Mathieu Gallet qui estime, contrairement à ce que dit la ministre, avoir proposé des pistes précises. Pour le CSA, c’est une façon d’être présent dans un face-à-face tendu entre Radio France et le gouvernement. Face à l’aggravation de la crise, l’autorité a une démarche qui se veut suivre celle du gouvernement : à la fin de la semaine dernière, après les révélations du Canard enchaîné, l’institution estimait plutôt ne pas être directement concernée, notant que la tutelle, pour les affaires économiques, était assurée par le ministère.Mais le CSA, au passage, assure renouveler sa confiance à Mathieu Gallet, au moment où le mécontentement à Radio France croît. Et où le gouvernement ne semble pas chercher à aider particulièrement le président nommé il y a un an par l’autorité indépendante. Alors que certains dans le secteur posent en privé la question du maintien de Mathieu Gallet, le CSA assure ne pas vouloir user pour l’heure de son pouvoir de révocation.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Bruxelles dévoile ses ambitions en matière de numérique. Mercredi 25 mars, le vice-président de la commission européenne en charge du numérique, Andrus Ansip, a présenté les grandes orientations de l’institution communautaire en la matière.Le numérique fait partie des priorités du président Jean-Claude Juncker, entré en fonction en novembre dernier. Parmi les principaux chantiers : une réforme du copyright, la question de la régulation des plates-formes ou la lutte contre le « géoblocking ». Le but étant de créer un vrai marché intérieur du numérique alors qu’aujourd’hui, il est morcelé entre autant d’États membres.« Les gens doivent pouvoir être capables, en ligne, de traverser les frontières aussi facilement qu’ils le font dans la vie réelle. Les sociétés du numérique doivent être aidées afin que leur marché soit aux dimensions de l’Union et non limité à son marché national » a déclaré M. Ansip, mercredi. Le commissaire est originaire d’Estonie, un des pays considérés comme les plus connectés au monde.Territorialité des droitsConcernant la réforme du copyright, l’idée est de permettre qu’un bien culturel en ligne (film, vidéo, etc.) puisse être consommé (acheté au besoin), quel que soit le pays de localisation de l’internaute. Actuellement, les abonnements à de la vidéo à la demande ne sont le plus souvent pas « exportables » : même s’il paie son abonnement, un client ne peut consommer que s’il se trouve dans le pays où il a acheté son service. En cause, le modèle économique du cinéma et d’une partie de l’audiovisuel : la territorialité des droits. Les droits de diffusion d’un film sont achetés pays par pays.Pour remédier à cette situation, certains, à la Commission, plaidaient, ces dernières semaines, pour une remise à plat complète de ces droits. Au Parlement européen, l’unique députée du Parti pirate, Julia Reda, a publié un rapport remarqué, en février, prônant la création de licences universelles.Mais Les associations d’ayants-droits, notamment en France, sont montées au créneau avec constance, ces dernières semaines, pour dénoncer des changements qui mettraient à mal de manière irrémédiable, le modèle économique notamment du cinéma.Il semble qu’ils aient été en partie entendus : attachée à prendre en compte la rémunération des auteurs et des éditeurs, la commission ne prévoit pas de légiférer avant l’automne prochain (et non avant l’été comme prévu initialement).Consultation publiqueBruxelles veut aussi s’attaquer au « géoblocking », le fait que certains services ou produits en ligne puissent être achetés depuis certains pays et pas d’autres. Ou que le prix des biens, sur un même site, diffère considérablement selon le pays de l’acheteur. Ainsi des locations de voiture, en Belgique, par exemple, dont le prix peut varier du simple au double, selon la localisation du loueur au moment où il effectue sa transaction. C’est un sujet plutôt consensuel mais qui nécessite pas mal d’ingénierie réglementaire.Autre gros projet, plus polémique, lui, la « régulation des plates-formes ». C’est-à-dire, même si ce n’est pas évoqué frontalement par la commission, la régulation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces quatre géants du web américain dont les chiffres d’affaires cumulés sont supérieurs au PIB du Danemark…La question est, entre autres, de savoir s’il faut considérer ces géants de l’internet uniquement au travers du prisme de la concurrence (comment mieux les réguler pour faire en sorte de corriger ce que d’aucuns pointent comme des distorsions, voire des abus). Ou alors estimer que ces groupes, devenus presque aussi puissants que des États, doivent désormais être considérés comme des sociétés faisant peser un risque systémique aux économies (comme les banques).La commission devrait lancer une consultation publique sur le sujet dans les semaines qui viennent. Dans l’institution, les avis sont partagés : il y a les tenants du laissez faire (Irlande, Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni) et les autres – France, Allemagne, Italie, Espagne, attachés à une meilleure répartition des profits entre les géants du net et les autres acteurs du numérique), et qui ne voudraient pas que le débat soit enterré.La décision finale – réguler ou pas les plates-formes dépendra aussi des conclusions de l’enquête que la commission mène depuis maintenant cinq ans sur Google pour abus de position dominante. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger Après la loi de programmation militaire (LPM, fin 2013) et la loi sur le terrorisme (2014) la loi sur le renseignement, qui a été présentée par le gouvernement le 19 mars 2015, inquiète les défenseurs des libertés.Lire : Renseignement : un texte sur mesure pour les services spéciauxChacune de ces lois contient des dispositions dangereuses pour la liberté de la presse, alerte Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.Que reprochez-vous au projet de loi sur le renseignement ?Depuis 2013, nous observons une accumulation inquiétante de textes qui tendent à soustraire les questions de censure du regard des juges, qui altèrent les procédures protectrices du droit de la presse et qui développent un système de surveillance sans assurer une protection suffisante du travail des journalistes. Cela a commencé avec la LPM, cela s’est poursuivi avec la loi sur le terrorisme et cela continue avec le projet de loi sur le renseignement. Ce n’est peut-être pas fini : le gouvernement entend faire passer dans le régime pénal commun de nouvelles infractions, des délits d’insulte et de diffamation aggravées.En quoi est-ce dangereux ?Le premier danger, c'est l'atteinte au secret des sources des journalistes. L’article 20 de la LPM [qui permet aux services de renseignement d'intercepter davantage de types de données] ne prévoyait pas de mécanisme de contrôle indépendant. Dans le projet de loi sur le renseignement, les prétextes pour mener une surveillance sont extrêmement variés, du terrorisme à l’exécution des engagements européens de la France. Au nom de ces impératifs sécuritaires, les services seront en mesure de collecter des métadonnées, d'intercepter des télécommunications, de surveiller des lieux privés, de localiser des véhicules ou d'accéder aux données des sociétés de transport.Aucun garde-fou n'est prévu pour protéger les journalistes, ce que même la Cnil a regretté. RSF demande que soit prévue une « exception journalistique » à ce régime de surveillance. Je ne crois pas que les services de renseignement passent l’essentiel de leur temps à surveiller les journalistes, mais dans une société démocratique ce risque doit être conjuré.Quel est le second danger ?Il s'agit de l'adoption de mesures qui sont moins protectrices de la liberté de la presse au prétexte de la lutte contre le terrorisme. La loi sur le terrorisme a fait sortir les délits de provocation et d'apologie du terrorisme de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, en prévoyant des peines très lourdes. RSF ne défend nullement ceux qui font l'apologie du terrorisme, mais traiter les délits d’opinion en dehors de la loi de 1881 est extrêmement dangereux. Certains magistrats non spécialisés ont d’ailleurs pris des décisions aberrantes, qui font dire à l’étranger que la France applique un double standard en matière de liberté d’expression.Lire : Apologie du terrorisme : la justice face à l'urgenceA long terme, c’est nuisible pour la liberté de l’information. Sortir l’injure et la diffamation de la loi de 1881 dès lors qu’elles auraient un caractère raciste, antisémite ou homophobe, ce serait prendre le risque que des journalistes puissent être renvoyés en comparution immédiate, y compris pour des articles ou sujets d’investigation. Les accusations peuvent être tellement rapides, même pour des révélations strictement factuelles… Dans ce cas, un journaliste ne pourrait même pas faire d’offre de preuves ! Il ne faudrait pas qu'on finisse par avoir une justice de la pensée faisant régner une police de la pensée.Quid des procédures de blocage de certains sites, prévues par la loi sur le terrorisme ?RSF n’a pas vocation à défendre des sites qui relèveraient de la propagande. Mais il est ennuyeux que des sites soient bloqués sans motivation publique. Il semble que l'un des sites supprimés récemment ne faisait pas l'apologie ouverte du terrorisme, si j’en crois la lecture du Monde, et aurait été supprimé au motif de la publication d’un discours du chef de l'Etat islamique. Il serait aberrant qu'en France on ne puisse plus rapporter les propos du chef de l'EI. Où s'arrête le droit de citation conforme aux principes de l'information et où commence la propagande ? C'est une question extrêmement complexe et c'est la raison pour laquelle des juges devraient statuer.Concernant le projet de loi sur le renseignement, comment se place la France par rapport à d'autres pays qu'étudie RSF ?Les situations sont difficiles à comparer. Dans une démocratie comme les Etats-Unis, un pays où la liberté de la presse est une grande tradition, la traque des lanceurs d'alerte est absolument excessive. L'une des conséquences du Patriot Act voté après le 11-septembre a été de créer peu à peu une forme d'exception à la liberté d'information sur les questions de sécurité nationale. Des journalistes sont poursuivis et même condamnés pour avoir révélé des informations relevant de l'intérêt public. Il serait absurde d’alléguer que la France est en train de rejoindre la Chine, l'Iran, Bahreïn ou le Vietnam : la comparaison n’a aucun sens, mais très clairement, ces lois font peu à peu sortir de la logique de protection une partie des questions liées à la liberté d'expression.Allez-vous, sur la loi sur le renseignement, attaquer les décrets d'application ?Nous avons introduit des recours contre la LPM. Sur la loi contre le terrorisme, nous avons rédigé toute une argumentation pour le dépôt de questions prioritaires de constitutionnalité. Pour la loi sur le renseignement, il est prématuré d’envisager une action puisqu'elle n’a pas été adoptée. Faisons en sorte que le gouvernement corrige le tir.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sylvie Kerviel Jacques Cressard, ancien député d'Ille-et-Vilaine, est décédé samedi 7 mars à Rennes (Ille-et-Vilaine), où il vivait, à l'âge de 79 ans. Il est mort des suites d’une opération après s’être brisé le col du fémur. Gaulliste de conviction, membre de l’Union des démocrates pour la République (UDR) puis du Rassemblement pour la République (RPR), il est l'auteur de la loi Cressard du 4 juillet 1974, reconnaissant aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et leur accordant des indemnités de licenciement.Né en avril 1934, Jacques Cressard fait son entrée à l’Assemblée nationale en 1968, à 33 ans, après avoir réussi à battre aux élections législatives le centriste Henri Fréville, alors maire de Rennes et député sortant. Il sera réélu deux fois, en 1973 et 1978, avant d'être battu par le socialiste Edmond Hervé en 1981, lors de la vague rose.Jacques Cressard a aussi été vice-président du conseil général d'Ille-et-Vilaine, conseiller régional et conseiller municipal de Rennes.Des droits pour les pigistesFils de Pierre Cressard, journaliste à Ouest-France, issu d’une fratrie de onze enfants dont plusieurs ont opté pour ce métier, à l’instar d’Armelle Cressard, qui fut journaliste au Monde, le député permettra aux journalistes pigistes, au statut précaire, d’obtenir des droits. La loi portant son nom, datée du 4 juillet 1974, reconnaît aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et notamment le droit à des indemnités de licenciement en cas de fin de collaboration. « Toute convention par laquelle une entreprise de presse s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un journaliste professionnel est présumée être un contrat de travail quels que soient le montant et le mode de la rémunération », indique le texte, voté à l’unanimité.A l’Assemblée, Jacques Cressard s’était aussi distingué en prenant position dès 1969 en faveur de l’abolition de la peine de mort.En 1981, après avoir perdu les élections, il reprit son métier de professeur d'histoire-géographie, qui le passionnait, notamment au collège public Anne-de-Bretagne de Rennes. Il est l’auteur de plusieurs livres, parmi lesquels Monsieur Henri, la Cancalaise (éditions L’Amitié par le Livre, 1966), l'histoire d'une femme bourreau, co-écrit avec son père. Il avait aussi participé à une émission littéraire, « Lu et approuvé », à l'ORTF. Sylvie KervielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Il faut rapidement renouer les fils du dialogue social et rétablir une forme de sérénité », déclare Fleur Pellerin au sujet de la crise à Radio France. Alors que le PDG de l’entreprise, Mathieu Gallet, appelle l’Etat à faire des choix, la ministre de la culture ne cache pas sa préoccupation face à ce conflit qui semble s’enliser.Mercredi 25 mars, l’entreprise vivait sa septième journée consécutive de grève – son plus long mouvement social depuis dix ans –, synonyme de lourdes perturbations sur les antennes. Le dialogue entre la direction et les syndicats est dans l’impasse. Et M. Gallet doit à nouveau faire face à des révélations sur ses dépenses. Dans son édition du 25 mars, Le Canard enchaîné met au jour un contrat de 90 000 euros conclu entre Radio France et un consultant en communication, Denis Pingaud.Plan de départs volontairesLe climat s’est durci mardi, lors d’un comité central d’entreprise (CCE), quand la direction a confirmé l’hypothèse d’un plan de départs volontaires destiné aux seniors, qui concernerait 200 à 300 salariés. Soit une économie de 17 à 24 millions d’euros, sur les 50 millions de réduction budgétaire que l’entreprise veut atteindre en 2019. Une information qui aurait dû rester confidentielle, mais qu’un syndicat a fait fuiter, nourrissant la colère des salariés.Au ministère de la culture, qui exerce la tutelle sur Radio France, Mme Pellerin rappelle son souci de « respecter les salariés et de tenir compte de leur inquiétude ». Ceux-ci attendent surtout l’issue des négociations entre... Alexandre Piquard Rémy Pflimlin est candidat à sa propre succession à la présidence de France Télévisions, selon nos informations qui confirment celles des Echos publiées mercredi 25 mars. Certes, la direction de l’entreprise ne confirme pas et il n’a pas encore déposé de dossier au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit procéder à la nomination, entre le 22 avril et le 22 mai. Mais l’affaire ne fait plus de doute.Le président de France Télévisions avait dit qu’il attendrait pour se décider la publication, début mars, du « rapport Schwartz », dont le gouvernement s’est inspiré afin d’écrire une feuille de route pour l’entreprise d’audiovisuel public. Dans la foulée de sa publication, les ministres ont affiché des priorités – renforcer l’information, soutenir la création, renouer avec la jeunesse – qui semblent compatibles avec les orientations de la direction actuelle de France Télévisions.Besoin de continuitéLe « rapport Schwartz » lui est en tout cas moins hostile que le pré-rapport rédigé par le CSA sur le bilan des quatre années de mandat de Rémy Pflimlin : fuité dans la presse, il avait été jugé trop à charge, obligeant le CSA à reporter sa publication du document final, plus équilibré.Le président Pflimlin estime que ses chances ne sont pas nulles, car aucun nom ne sort du lot parmi les candidats évoqués dans la presse. Il compte défendre son bilan et le besoin de continuité pour France Télévisions. Le choix de Mathieu Gallet comme président de Radio France, en 2014, avait été interprété par certains comme un pari sur la jeunesse et un profil de pur gestionnaire. Ses difficultés actuelles pourraient servir les intérêts de Rémy Pflimlin.Il reste un défi de taille pour Rémy Pflimlin : faire oublier qu’il a été nommé en 2010 par le président de la République Nicolas Sarkozy, une procédure de désignation avec laquelle François Hollande a voulu rompre, pour se démarquer de son prédécesseur. Le président socialiste a tenu à confier ce pouvoir à une autorité autonome, le CSA. Les deux procédures n’ont qu’un point commun : jamais aucun président de France Télévisions n’a été renouvelé. Le rappeler est pour Rémy Pflimlin une arme à double tranchant.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.03.2015 à 11h41 • Mis à jour le30.03.2015 à 16h18 L'essentielCinq syndicats de Radio France ont lancé jeudi 19 mars une grève illimitée.Selon les syndicats, la direction a annoncé mardi qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de 200 à 300 salariés seniorsLa grève paralyse très largement les antennes du groupe public. De nombreux programmes sont remplacés par une bande musicale.La situation demeure bloquée à Radio France, fortement perturbée depuis six jours par une grève contre toute réduction d'effectifs. Cinq syndicats du groupe public à l'origine de la mobilisation ont d'ailleurs appelé mardi 24 mars à reconduire la grève pour un septième jour consécutif. Selon plusieurs sources syndicales, la direction avait annoncé plus tôt lors d'un CE extraordinaire qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de deux cents à trois cents salariés seniors, afin d'économiser jusqu'à 24 millions d'euros de masse salariale d'ici à 2019. Ces informations sont « confidentielles », s'est contentée de réagir la direction.Le syndicat SUD a déjà annoncé qu'il allait exercer un droit d'alerte sur la situation économique de l'entreprise, selon France Info. Grève illimitéeRadio France, qui prévoit un déficit de 21,3 millions d'euros cette année, doit économiser 50 millions d'euros, avait indiqué en début d'année son président, Mathieu Gallet. Cible d'une polémique sur les coûteux frais de rénovation de son bureau, révélés la semaine dernière par le Canard enchaîné, ce dernier a dû présenter lundi ses excuses au personnel dans un courrier interne. Il avait aussi averti que la direction travaillait sur des départs volontaires pour les seniors, sans chiffrer leur ampleur.Lire aussi notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Tous les syndicats, sauf le Syndicat national des journalistes, ont appelé jeudi dernier à une grève illimitée, pour l'instant reconduite de jour en jour. Malgré un taux de participation faible – 244 grévistes lundi selon les syndicats –, les antennes sont très largement paralysées, de nombreux programmes étant remplacés par des bandes musicales. Lundi et mardi, la Matinale de France Inter, son émission phare, a notamment été annulée.Radio France négocie actuellement avec l'Etat son nouveau contrat d'objectifs et de moyens, qui fixera les ressources du groupe pour plusieurs années, et qui devrait être bouclé pour la mi-avril. Autre échéance, la publication imminente d'un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de Radio France au cours des années passées, qui devrait épingler le dérapage des coûts du chantier de rénovation de la Maison de la radio, un chantier entamé en 2009 et d'un coût de plus de 350 millions d'euros.Lire aussi : Radio France : les dépenses de la direction auscultées 26.03.2015 à 21h02 • Mis à jour le28.03.2015 à 10h52 | Elisa Perrigueur Les révélations sur des dépenses attribuées à Mathieu Gallet, le président-directeur général de Radio France, ont déclenché une tempête au sein de la Maison ronde. Toutefois, elles ne sont pas à l'origine du mouvement social, suivi par une partie du personnel, qui paralyse le groupe public depuis le 19 mars. Plusieurs préavis de grève illimitée avaient été signés le 13 mars et rendus publics le 16 mars, soit avant la divulgation, le 17 mars, des premières informations du Canard enchaîné concernant le président du groupe.Au neuvième jour de paralysie, vendredi 27 mars, Manuel Valls, le premier ministre, a estimé qu'il « fa[llai]t que cette grève s'arrête », appelant M. Gallet à « assumer pleinement ses responsabilités ». « Il faut que le dialogue social reparte sur de bonnes bases et il faut que Mathieu Gallet, comme la ministre [de la culture], Fleur Pellerin, [le] lui a demandé, nous fasse des propositions pour redresser Radio France », a-t-il ajouté. Un appel ignoré par les salariés, qui ont voté la reconduite de la grève jusqu'à lundi, au risque de perturber la couverture du second tour des élections départementales.1. Qui suit la grève ?Cinq des syndicats du groupe public ont déposé des préavis de grève illimitée : la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération générale du travail (CGT), le Syndicat national Force ouvrière de la radio et de la télévision (SNFORT), l'Union syndicale Solidaires, l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Les  préavis portaient sur l'arrêt des « externalisations » de certaines activités, le maintien des « formations musicales », « l'abandon de la réforme des modes de production » et « le maintien des effectifs » dans le réseau France Bleu.Le Syndicat national des journalistes (SNJ) n'a pas appelé à cette grève. Ne se reconnaissant pas dans les préavis « qui ne portaient pas sur l'emploi », précise un de ses membres, il a toutefois largement exprimé ses inquiétudes sur le financement du groupe. Le syndicat avait soutenu, avec l'UNSA et la CFDT, l'appel à une grève de vingt-quatre heures le 12 mars pour « refuser l'asphyxie budgétaire, le déclin de l'entreprise, et une régression sociale (…) ». 7% Lundi, sur 4 600 équivalents temps-plein employés par le groupe, environ 7 % des salariés avaient cessé le travail, estime la direction. « Les chiffres et la profession des grévistes sont difficiles à estimer en raison de problèmes de pointage », rétorque le syndicaliste Jean-Paul Quennesson, délégué de SUD-Radio France et corniste à l'Orchestre national. « Il y a des personnes qui font des demi-journées de grève, d'autres qui sont en grève illimitée. Tout ce qu'on peut dire, c'est que les équipes s'organisent pour un mouvement dans la durée. » Le nombre de grévistes suffit en tout cas pour perturber fortement les antennes du groupe public, de nombreuses émissions étant remplacées par des programmes musicaux.2. Equation budgétaire difficile 21,3 millions d'euros Pour la première fois, Radio France – groupe composé de ses stations nationales, France Info, France Inter, France Culture, France Musique, Fip, Mouv' ainsi que des quarante-quatre locales France Bleu et des quatre formations musicales – a adopté à la fin de janvier un budget déficitaire de 21,3 millions d'euros. Radio France est essentiellement financée – à 90 % – par la redevance audiovisuelle ; or, entre 2012 et 2015, le montant de cette ressource a baissé de 610 millions à 601 millions d'euros.Pour les syndicats, l'Etat est l'un des « responsables » de cette situation, comme le rappelle Jean-Paul Quennesson : « Ce qui nous frappe, c'est la volonté de la tutelle [le ministère de la culture] de s'exonérer de cette situation, alors qu'elle programme un sous-financement de Radio France pour les prochaines années. Excusez-moi de dire ça, mais l'Etat nous met dans la merde ! »  50 millions d'euros L'entreprise doit désormais dégager 50 millions d'euros d'économies d'ici à 2019. Tout cela dans un contexte compliqué, avec des charges de l'entreprise qui restent les mêmes, et un chantier de la Maison de la radio, à Paris, dont le coût total frôlait 584 millions d'euros à la fin de 2014.3. Des mesures « drastiques » à venirLa masse salariale représentant 60 % du budget du groupe public, les employés pourraient être les premiers visés par les coupes. Aussi, dans un communiqué diffusé le 24 mars, les syndicats appelant au mouvement soulignent que « plusieurs coupes ont déjà commencé » au sein du groupe. Ils dénoncent par exemple : la diminution de 25 % ces deux dernières années du nombre de CDD dans les rédactions ;que plusieurs corps de métiers ouvriers « sont déjà en partie externalisés ou en voie de l'être ». D'après ces syndicats, d'autres mesures sont à venir :la mutualisation des flashs de nuit entre France Inter et France Info ;la fermeture de certaines micro-locales ;la fusion de plusieurs services ;la polyvalence forcée des métiers.Si le mouvement social en cours est le plus long depuis 2004, c'est aussi que pour la première fois la Maison ronde devrait être confrontée à un plan de départs volontaires, font savoir les syndicats. « C'est un traumatisme », résume Jean-Paul Quennesson. En effet, le 24 mars, la direction a également évoqué l'annonce redoutée des salariés :200 à 300 départs volontaires pourraient être envisagés d'ici à 2019. Ils concerneraient essentiellement les « seniors » pour une « économie » de 17 millions à 24 millions d'euros ;Mathieu Gallet a également annoncé dans une interview au Monde que Radio France n'avait « pas les moyens de financer deux orchestres symphoniques, un chœur et une maîtrise pour un coût de 60 millions, ne générant que 2 millions de recettes de billetterie ». Lire notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Les salariés de Radio France seront fixés sur ces mesures en théorie dans le mois à venir. L'exécutif, par l'intermédiaire du ministère de la culture, établit actuellement, en collaboration avec le groupe, un contrat d'objectifs et de moyens qui fixera les ressources du groupe jusqu'à 2019.Lire (édition abonnés) : Le financement de l'audiovisuel public de nouveau sous pressionElisa PerrigueurJournaliste au Monde Enora Ollivier Ceux qui n'ont pas trouvé de place sur les sièges bleus sont assis sur les marches des escaliers, en tailleur sur la scène, ou se tiennent debout, sur le balcon. Ce jeudi 26 mars au matin, le studio 105 de la Maison de la radio est plein à craquer.Il est 10 h 15, et les salariés grévistes de Radio France, tous corps de métier confondus, se réunissent en assemblée générale (AG), comme chaque jour depuis le début du mouvement entamé le 19 mars, et qui ébranle autant l'antenne que le président de la société, Mathieu Gallet. L'ordre du jour est chargé : la veille, des représentants de l'intersyndicale ont été reçus par des membres du cabinet de la ministre de la culture, pour évoquer la crise, et doivent délivrer un compte rendu à leurs collègues. Un représentant de Sud donne le ton : « Ils se sont foutus de nous. Nous n'avons pas été traités sérieusement, la tutelle ne prend pas la mesure de ce qui se passe à Radio France. » Au cours de la réunion, le ministère de la culture ne sera quasiment jamais désigné autrement que par ces mots, « la tutelle », une sémantique qui en dit long sur la façon dont les salariés appréhendent leur lien avec la rue de Valois : ni plus ni moins qu'un cordon de bourse, qui a une douloureuse tendance, ces derniers temps, à se resserrer.Lire aussi : Radio France : Fleur Pellerin réclame un « projet » à Mathieu GalletMotion de défianceAu 8e jour du mouvement, les grévistes ont la sensation d'être les pions d'un jeu qui se déroule au-dessus de leurs têtes, entre la direction de Radio France, incarnée par M. Gallet, et le ministère. La première doit ficeler un projet d'économies de 50 millions d'euros sur cinq ans tandis que le second a décidé de baisser le niveau de son financement à l'entreprise publique.Les salariés se trouvent entre les deux, en colère de devoir se serrer la ceinture alors qu'ils observent d'énormes dépenses d'argent autour d'eux. Il y a bien sûr ces travaux de réhabilitation commencés il y a dix ans mais qui n'en finissent pas et dont le budget a dérapé, l'enveloppe pour la rénovation passant de 172 millions d'euros en 2004 à 584 millions aujourd'hui. Sans oublier les révélations des frais engagés pour la rénovation du bureau de M. Galet (100 000 euros) puis du coût de son conseiller en communication (90 000 euros par an). Des dépenses qui, si elles ne sont pas à l'origine de la grève, n'ont pas apaisé les aigreurs.Lire aussi, en édition abonnés : Entre Radio France et son patron, la greffe n’a pas prisPour autant, « il ne faut pas personnaliser la cible de notre lutte », répond un membre de l'AG à un journaliste qui propose le vote d'une motion de défiance contre le PDG, « notre problème, ce n'est pas tant Mathieu Gallet que l'ensemble des choix faits par la direction ». Dont acte : l'AG adoptera ce jour-là le principe d'une motion de défiance contre la politique mise en œuvre par la direction dans son ensemble.« La direction a humilié des gens »Quatre préavis de grève ont été déposés le 19 mars. Ils témoignent des craintes des salariés au sujet des externalisations de services, de la réforme des modes de production, des réductions d'effectifs sur le réseau France Bleu et de la perte d'un des deux orchestres de la maison. Les négociations qui se déroulent quasi-quotidiennement entre les grévistes et la direction ont permis une légère avancée : l'abandon de la réforme du service propreté. Un seul point, certes, mais loin d'être anecdotique : il y a un an, « les personnes qui s'occupaient du ménage des bureaux dans les étages, qui travaillaient là depuis parfois 25, 30 ans, ont été déplacées au sous-sol, tandis qu'une entreprise extérieure a été embauchée pour faire leur travail », raconte Anne Le Guehennec, technicienne et membre de la CGT. Peu de grévistes rencontrés oublieront de mentionner cette histoire, perçue comme symbolique des mutations à Radio France  – « la direction a humilié des gens qui travaillaient là depuis des années, que l'on croisait tous les jours », insiste Isabelle Yhuel, réalisatrice. Pour le reste, la situation est bloquée. Et aux préavis officiels, s'ajoute une interminable liste de griefs dépeignant un malaise généralisé dans la société. La direction « ne parle pas le même langage que nous, lance un salarié au cours de l'AG. Quand nous disons “chaînes”, comme France Inter ou France Culture, on nous répond “marques” ». Les studios où se déroulent émissions en direct et programmes enregistrés « accueillent de plus en plus d'entreprises pour des séminaires », souligne aussi Bertrand Durand, technicien et élu CGT, un choix qui, selon lui, nuit au service public que se doit de proposer Radio France. En résumé, « la valeur et l'éthique de Radio France sont en train de disparaître, et la société risque d'être privatisée », soupire celui qui se fait appeler « Franck La Révolte », responsable des services de serrurerie, signalétique,  menuiserie et maçonnerie dans la Maison ronde.« Une vraie agence d'intérim interne »Logiquement, les salariés ont reconduit la grève pour un neuvième jour et espèrent maintenant élargir la lutte. Des idées sont lancées : appeler des personnalités de la culture à afficher leur solidarité avec le mouvement, contacter les députés frondeurs de la majorité, intervenir lors des programmes qui continuent à être diffusés. Malgré la grève, quelques émissions sont en effet toujours à l'antenne, non pas à cause d'une faible mobilisation, assure M. Durand, mais parce que « des techniciens en CDD, qui ne peuvent pas se mettre en grève, ont été déplacés sur certains horaires stratégiques ». C'est ainsi que le « 7-9 », la tranche matinale de France Inter, a pu être maintenue jeudi et vendredi dernier.Combien sont-ils à observer la grève ? Les concernés contestent les chiffres de 7 % à 11 % du personnel avancés par la direction : ceux qui travaillent l'après-midi se déclarent après le point de 10 heures, transmis aux médias, et beaucoup de grévistes se relaient pour que la fiche de paie soit moins lésée à la fin du mois. Les journalistes, eux, ne sont pour l'heure pas massivement mobilisés, et le SNJ, syndicat majoritaire, n'a pas encore appelé à suivre la grève. Pourtant, « il y a matière à se mobiliser », souligne une reporter, sous couvert d'anonymat, dénonçant « l'usage abusif des journalistes en CDD à Radio France. Il y a une vraie agence d'intérim interne ». Elle cite en particulier le malaise dans les stations locales où « tout est à flux tendu : les journalistes triment, finissent souvent à 21 heures ». Et de conclure : « Ce n'est plus possible. »Lire notre dossier (édition abonnés) : France Télévisions, le grand corps maladeEnora OllivierJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Neuf candidats déclarés, sans parler des postulants restés dans l’ombre, comme la procédure le permet. Malgré la difficulté de la mission, la présidence de France Télévisions continue d’attirer les vocations. Jeudi 26 mars, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a réceptionné les derniers dossiers de candidatures et plusieurs personnalités se sont publiquement dévoilées.La première d’entre elles n’est pas une surprise. Dans un message adressé aux 10 000 salariés de France Télévisions, l’actuel président, Rémy Pflimlin, a confirmé sa candidature à sa propre succession. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, M. Pflimlin, 61 ans, compte défendre son bilan et le besoin de stabilité pour France Télévisions, confrontée à de lourdes réformes depuis plusieurs années.L’une de ses principales concurrentes est issue de l’audiovisuel public. Marie-Christine Saragosse, 55 ans, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a officialisé sa candidature, jeudi, dans un message interne. Diplômée de l’ENA, ancienne dirigeante de TV5 Monde, elle a été nommée par François Hollande en 2012 à la tête de l’audiovisuel extérieur de la France, qu’elle a apaisé après la bataille entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac. « Si ma candidature n’est pas retenue (…), nous continuerons notre chemin ensemble », a-t-elle écrit à ses équipes, tout en esquissant l’idée de « nouveaux liens » entre France Médias Monde et France Télévisions… une idée qui pourrait faire mouche.Autre figure issue du secteur public, Eric Garandeau, ancien président du Centre national du cinéma français et de l’image animée (CNC) et conseiller culture auprès de Nicolas Sarkozy, de 2008 à 2010. « Même si mes chances sont réduites, je souhaite concourir, car je suis passionné par le service public et très mobilisé par les enjeux de la transformation numérique dans le secteur audiovisuel », a-t-il déclaré au Monde. Jeune énarque, il a déjà travaillé un an à France Télévisions, sous Marc Tessier, et a été administrateur de l’entreprise.Parcours variésDe son côté, Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, a annoncé sa candidature dans un entretien aux Echos, jeudi. Il s’appuie sur son bilan au sein de l’établissement qu’il dirige depuis 2007 et qu’il a redressé, en appliquant des méthodes inspirées du secteur privé. Au conseil d’administration de France Télévisions, où il siège depuis 2011, M. Beaux s’est régulièrement positionné en opposition à la direction actuelle, refusant par exemple de voter le budget 2015.L’expérience est l’atout mis en avant par Didier Quillot, âgé de 55 ans, qui a été PDG d’Orange France, puis, à partir de 2006, président du directoire de Lagardère Active. M. Quillot met en avant son expérience de gestionnaire et de conduite du changement dans des entreprises de grande taille et souligne sa double casquette télécoms et médias.Alexandre Michelin, 50 ans, directeur général de Microsoft MSN pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, s’est déclaré fin février. Il a été directeur des programmes ou directeur général à Paris Première, à Canal+ et France 5.Parmi les autres candidats déclarés, on recense Serge Cimino, 51 ans, délégué syndical SNJ de France Télévisions, Nacer Kettane, président et fondateur du réseau Beur FM, et Cyril Hanouna, animateur sur D8.Issue de l’univers des médias, Nathalie Collin, 50 ans, directrice générale adjointe de La Poste, chargée de la communication et du numérique, est également candidate, selon nos informations. Diplômée de l’Essec, elle est aussi ancienne présidente du directoire de Libération et directrice du Nouvel Observateur et s’est investie dans des organisations professionnelles. Autre surprise, Robin Leproux, ancien vice-président du directoire du groupe M6, ex-patron du Paris Saint-Germain et de RTL, est aussi sur les rangs. L’homme peut mettre en avant un parcours varié dans l’univers des médias, avec une spécialité dans la génération de recettes, une des problématiques de France Télévisions.Pascal Josèphe, 60 ans, qui a travaillé pour le cabinet de conseil IMCA et été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, postule également à la tête de France Télévisions. Tout comme Cyrille du Peloux, 61 ans, cadre dans le groupe de services collectifs Veolia depuis douze ans, qui a été dirigeant de TF1 ou Paris Première dans les années 1980 et 1990.Delphine Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, ne s’est toujours pas exprimée. Mais son ombre continue de planer sur la campagne. Ingénieure de formation, elle a fait toute sa carrière chez l’opérateur. Pendant la précampagne, des échos de presse ont rappelé qu’elle y travaillait à l’époque de la mise en place du « plan Next », à laquelle on a attribué le suicide d’employés, mais son entourage rappelle que la longue instruction sur l’affaire n’a pas mis en cause Mme Ernotte. Souvent cité, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP, garde lui aussi le silence sur ses intentions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.03.2015 à 16h11 • Mis à jour le25.03.2015 à 18h33 La BBC a annoncé, mercredi 25 mars, sa décision de se séparer du présentateur vedette de son émission automobile « Top Gear », Jeremy Clarkson.L'animateur de l'émission de divertissement la plus populaire du Royaume-Uni avait été suspendu de ses fonctions par la chaîne publique, début mars, à la suite d'une « altercation » au cours de laquelle il aurait frappé l'un des producteurs de l'émission.« C'est avec regret que j'ai dit aujourd'hui à Jeremy Clarkson que la BBC ne renouvelerait pas son contrat », qui expire fin mars, a indiqué dans un communiqué Tony Hall, le directeur général de la BBC. Il a jugé que le présentateur s'était rendu coupable « d'agression physique et verbale » à l'encontre d'un producteur.Lire : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Succès en FranceAu Royaume-Uni, la gloire de Jeremy Clarkson est intimement liée à « Top Gear », un programme très différent des classiques émissions automobiles. Mais ses écarts de conduite avaient amené la BBC à lui lancer « un dernier avertissement » et à le menacer de licenciement « s'il faisait la moindre remarque offensante, peu importe où et quand », avait-il lui même déclaré en 2014 dans The Sun.Ironie de l'histoire, alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt, « Top Gear » France connaît un succès sans précédent sur la TNT. La diffusion du premier épisode de sa version française, mercredi 18 mars en début de soirée, sur RMC Découverte, a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience).Lire : Démarrage en trombe pour « Top Gear » sur RMC Découverte Alexandre Piquard « Le Conseil a demandé au président Mathieu Gallet, auquel il maintient sa confiance, de lui communiquer l’ensemble des orientations élaborées pour faire face aux déséquilibres financiers de Radio France en prenant en compte l’intérêt de ses personnels. » Le communiqué du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est intervenu après une discussion en séance plénière, mercredi 25 mars, à propos de l’entreprise publique, qui connaît son septième jour de grève et dont le président est critiqué pour ses dépenses.Pouvoir de révocationLe CSA, qui a nommé Mathieu Gallet début 2014, s’exprime quelques heures après que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a mis la pression sur le président de Radio France. La ministre de tutelle a jugé trop peu abouties les propositions d’économies formulées par son président, confronté à une crise financière. « Je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné », a-t-elle exigé, demandant des documents sous quinze jours.Lire aussi :Fleur Pellerin juge insuffisantes les propositions de Mathieu Gallet pour Radio FranceLe communiqué du CSA, présidé par Olivier Schrameck, utilise des mot pesés : il demande des éclaircissements à Mathieu Gallet qui estime, contrairement à ce que dit la ministre, avoir proposé des pistes précises. Pour le CSA, c’est une façon d’être présent dans un face-à-face tendu entre Radio France et le gouvernement. Face à l’aggravation de la crise, l’autorité a une démarche qui se veut suivre celle du gouvernement : à la fin de la semaine dernière, après les révélations du Canard enchaîné, l’institution estimait plutôt ne pas être directement concernée, notant que la tutelle, pour les affaires économiques, était assurée par le ministère.Mais le CSA, au passage, assure renouveler sa confiance à Mathieu Gallet, au moment où le mécontentement à Radio France croît. Et où le gouvernement ne semble pas chercher à aider particulièrement le président nommé il y a un an par l’autorité indépendante. Alors que certains dans le secteur posent en privé la question du maintien de Mathieu Gallet, le CSA assure ne pas vouloir user pour l’heure de son pouvoir de révocation.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Bruxelles dévoile ses ambitions en matière de numérique. Mercredi 25 mars, le vice-président de la commission européenne en charge du numérique, Andrus Ansip, a présenté les grandes orientations de l’institution communautaire en la matière.Le numérique fait partie des priorités du président Jean-Claude Juncker, entré en fonction en novembre dernier. Parmi les principaux chantiers : une réforme du copyright, la question de la régulation des plates-formes ou la lutte contre le « géoblocking ». Le but étant de créer un vrai marché intérieur du numérique alors qu’aujourd’hui, il est morcelé entre autant d’États membres.« Les gens doivent pouvoir être capables, en ligne, de traverser les frontières aussi facilement qu’ils le font dans la vie réelle. Les sociétés du numérique doivent être aidées afin que leur marché soit aux dimensions de l’Union et non limité à son marché national » a déclaré M. Ansip, mercredi. Le commissaire est originaire d’Estonie, un des pays considérés comme les plus connectés au monde.Territorialité des droitsConcernant la réforme du copyright, l’idée est de permettre qu’un bien culturel en ligne (film, vidéo, etc.) puisse être consommé (acheté au besoin), quel que soit le pays de localisation de l’internaute. Actuellement, les abonnements à de la vidéo à la demande ne sont le plus souvent pas « exportables » : même s’il paie son abonnement, un client ne peut consommer que s’il se trouve dans le pays où il a acheté son service. En cause, le modèle économique du cinéma et d’une partie de l’audiovisuel : la territorialité des droits. Les droits de diffusion d’un film sont achetés pays par pays.Pour remédier à cette situation, certains, à la Commission, plaidaient, ces dernières semaines, pour une remise à plat complète de ces droits. Au Parlement européen, l’unique députée du Parti pirate, Julia Reda, a publié un rapport remarqué, en février, prônant la création de licences universelles.Mais Les associations d’ayants-droits, notamment en France, sont montées au créneau avec constance, ces dernières semaines, pour dénoncer des changements qui mettraient à mal de manière irrémédiable, le modèle économique notamment du cinéma.Il semble qu’ils aient été en partie entendus : attachée à prendre en compte la rémunération des auteurs et des éditeurs, la commission ne prévoit pas de légiférer avant l’automne prochain (et non avant l’été comme prévu initialement).Consultation publiqueBruxelles veut aussi s’attaquer au « géoblocking », le fait que certains services ou produits en ligne puissent être achetés depuis certains pays et pas d’autres. Ou que le prix des biens, sur un même site, diffère considérablement selon le pays de l’acheteur. Ainsi des locations de voiture, en Belgique, par exemple, dont le prix peut varier du simple au double, selon la localisation du loueur au moment où il effectue sa transaction. C’est un sujet plutôt consensuel mais qui nécessite pas mal d’ingénierie réglementaire.Autre gros projet, plus polémique, lui, la « régulation des plates-formes ». C’est-à-dire, même si ce n’est pas évoqué frontalement par la commission, la régulation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces quatre géants du web américain dont les chiffres d’affaires cumulés sont supérieurs au PIB du Danemark…La question est, entre autres, de savoir s’il faut considérer ces géants de l’internet uniquement au travers du prisme de la concurrence (comment mieux les réguler pour faire en sorte de corriger ce que d’aucuns pointent comme des distorsions, voire des abus). Ou alors estimer que ces groupes, devenus presque aussi puissants que des États, doivent désormais être considérés comme des sociétés faisant peser un risque systémique aux économies (comme les banques).La commission devrait lancer une consultation publique sur le sujet dans les semaines qui viennent. Dans l’institution, les avis sont partagés : il y a les tenants du laissez faire (Irlande, Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni) et les autres – France, Allemagne, Italie, Espagne, attachés à une meilleure répartition des profits entre les géants du net et les autres acteurs du numérique), et qui ne voudraient pas que le débat soit enterré.La décision finale – réguler ou pas les plates-formes dépendra aussi des conclusions de l’enquête que la commission mène depuis maintenant cinq ans sur Google pour abus de position dominante. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger Après la loi de programmation militaire (LPM, fin 2013) et la loi sur le terrorisme (2014) la loi sur le renseignement, qui a été présentée par le gouvernement le 19 mars 2015, inquiète les défenseurs des libertés.Lire : Renseignement : un texte sur mesure pour les services spéciauxChacune de ces lois contient des dispositions dangereuses pour la liberté de la presse, alerte Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.Que reprochez-vous au projet de loi sur le renseignement ?Depuis 2013, nous observons une accumulation inquiétante de textes qui tendent à soustraire les questions de censure du regard des juges, qui altèrent les procédures protectrices du droit de la presse et qui développent un système de surveillance sans assurer une protection suffisante du travail des journalistes. Cela a commencé avec la LPM, cela s’est poursuivi avec la loi sur le terrorisme et cela continue avec le projet de loi sur le renseignement. Ce n’est peut-être pas fini : le gouvernement entend faire passer dans le régime pénal commun de nouvelles infractions, des délits d’insulte et de diffamation aggravées.En quoi est-ce dangereux ?Le premier danger, c'est l'atteinte au secret des sources des journalistes. L’article 20 de la LPM [qui permet aux services de renseignement d'intercepter davantage de types de données] ne prévoyait pas de mécanisme de contrôle indépendant. Dans le projet de loi sur le renseignement, les prétextes pour mener une surveillance sont extrêmement variés, du terrorisme à l’exécution des engagements européens de la France. Au nom de ces impératifs sécuritaires, les services seront en mesure de collecter des métadonnées, d'intercepter des télécommunications, de surveiller des lieux privés, de localiser des véhicules ou d'accéder aux données des sociétés de transport.Aucun garde-fou n'est prévu pour protéger les journalistes, ce que même la Cnil a regretté. RSF demande que soit prévue une « exception journalistique » à ce régime de surveillance. Je ne crois pas que les services de renseignement passent l’essentiel de leur temps à surveiller les journalistes, mais dans une société démocratique ce risque doit être conjuré.Quel est le second danger ?Il s'agit de l'adoption de mesures qui sont moins protectrices de la liberté de la presse au prétexte de la lutte contre le terrorisme. La loi sur le terrorisme a fait sortir les délits de provocation et d'apologie du terrorisme de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, en prévoyant des peines très lourdes. RSF ne défend nullement ceux qui font l'apologie du terrorisme, mais traiter les délits d’opinion en dehors de la loi de 1881 est extrêmement dangereux. Certains magistrats non spécialisés ont d’ailleurs pris des décisions aberrantes, qui font dire à l’étranger que la France applique un double standard en matière de liberté d’expression.Lire : Apologie du terrorisme : la justice face à l'urgenceA long terme, c’est nuisible pour la liberté de l’information. Sortir l’injure et la diffamation de la loi de 1881 dès lors qu’elles auraient un caractère raciste, antisémite ou homophobe, ce serait prendre le risque que des journalistes puissent être renvoyés en comparution immédiate, y compris pour des articles ou sujets d’investigation. Les accusations peuvent être tellement rapides, même pour des révélations strictement factuelles… Dans ce cas, un journaliste ne pourrait même pas faire d’offre de preuves ! Il ne faudrait pas qu'on finisse par avoir une justice de la pensée faisant régner une police de la pensée.Quid des procédures de blocage de certains sites, prévues par la loi sur le terrorisme ?RSF n’a pas vocation à défendre des sites qui relèveraient de la propagande. Mais il est ennuyeux que des sites soient bloqués sans motivation publique. Il semble que l'un des sites supprimés récemment ne faisait pas l'apologie ouverte du terrorisme, si j’en crois la lecture du Monde, et aurait été supprimé au motif de la publication d’un discours du chef de l'Etat islamique. Il serait aberrant qu'en France on ne puisse plus rapporter les propos du chef de l'EI. Où s'arrête le droit de citation conforme aux principes de l'information et où commence la propagande ? C'est une question extrêmement complexe et c'est la raison pour laquelle des juges devraient statuer.Concernant le projet de loi sur le renseignement, comment se place la France par rapport à d'autres pays qu'étudie RSF ?Les situations sont difficiles à comparer. Dans une démocratie comme les Etats-Unis, un pays où la liberté de la presse est une grande tradition, la traque des lanceurs d'alerte est absolument excessive. L'une des conséquences du Patriot Act voté après le 11-septembre a été de créer peu à peu une forme d'exception à la liberté d'information sur les questions de sécurité nationale. Des journalistes sont poursuivis et même condamnés pour avoir révélé des informations relevant de l'intérêt public. Il serait absurde d’alléguer que la France est en train de rejoindre la Chine, l'Iran, Bahreïn ou le Vietnam : la comparaison n’a aucun sens, mais très clairement, ces lois font peu à peu sortir de la logique de protection une partie des questions liées à la liberté d'expression.Allez-vous, sur la loi sur le renseignement, attaquer les décrets d'application ?Nous avons introduit des recours contre la LPM. Sur la loi contre le terrorisme, nous avons rédigé toute une argumentation pour le dépôt de questions prioritaires de constitutionnalité. Pour la loi sur le renseignement, il est prématuré d’envisager une action puisqu'elle n’a pas été adoptée. Faisons en sorte que le gouvernement corrige le tir.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sylvie Kerviel Jacques Cressard, ancien député d'Ille-et-Vilaine, est décédé samedi 7 mars à Rennes (Ille-et-Vilaine), où il vivait, à l'âge de 79 ans. Il est mort des suites d’une opération après s’être brisé le col du fémur. Gaulliste de conviction, membre de l’Union des démocrates pour la République (UDR) puis du Rassemblement pour la République (RPR), il est l'auteur de la loi Cressard du 4 juillet 1974, reconnaissant aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et leur accordant des indemnités de licenciement.Né en avril 1934, Jacques Cressard fait son entrée à l’Assemblée nationale en 1968, à 33 ans, après avoir réussi à battre aux élections législatives le centriste Henri Fréville, alors maire de Rennes et député sortant. Il sera réélu deux fois, en 1973 et 1978, avant d'être battu par le socialiste Edmond Hervé en 1981, lors de la vague rose.Jacques Cressard a aussi été vice-président du conseil général d'Ille-et-Vilaine, conseiller régional et conseiller municipal de Rennes.Des droits pour les pigistesFils de Pierre Cressard, journaliste à Ouest-France, issu d’une fratrie de onze enfants dont plusieurs ont opté pour ce métier, à l’instar d’Armelle Cressard, qui fut journaliste au Monde, le député permettra aux journalistes pigistes, au statut précaire, d’obtenir des droits. La loi portant son nom, datée du 4 juillet 1974, reconnaît aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et notamment le droit à des indemnités de licenciement en cas de fin de collaboration. « Toute convention par laquelle une entreprise de presse s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un journaliste professionnel est présumée être un contrat de travail quels que soient le montant et le mode de la rémunération », indique le texte, voté à l’unanimité.A l’Assemblée, Jacques Cressard s’était aussi distingué en prenant position dès 1969 en faveur de l’abolition de la peine de mort.En 1981, après avoir perdu les élections, il reprit son métier de professeur d'histoire-géographie, qui le passionnait, notamment au collège public Anne-de-Bretagne de Rennes. Il est l’auteur de plusieurs livres, parmi lesquels Monsieur Henri, la Cancalaise (éditions L’Amitié par le Livre, 1966), l'histoire d'une femme bourreau, co-écrit avec son père. Il avait aussi participé à une émission littéraire, « Lu et approuvé », à l'ORTF. Sylvie KervielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Il faut rapidement renouer les fils du dialogue social et rétablir une forme de sérénité », déclare Fleur Pellerin au sujet de la crise à Radio France. Alors que le PDG de l’entreprise, Mathieu Gallet, appelle l’Etat à faire des choix, la ministre de la culture ne cache pas sa préoccupation face à ce conflit qui semble s’enliser.Mercredi 25 mars, l’entreprise vivait sa septième journée consécutive de grève – son plus long mouvement social depuis dix ans –, synonyme de lourdes perturbations sur les antennes. Le dialogue entre la direction et les syndicats est dans l’impasse. Et M. Gallet doit à nouveau faire face à des révélations sur ses dépenses. Dans son édition du 25 mars, Le Canard enchaîné met au jour un contrat de 90 000 euros conclu entre Radio France et un consultant en communication, Denis Pingaud.Plan de départs volontairesLe climat s’est durci mardi, lors d’un comité central d’entreprise (CCE), quand la direction a confirmé l’hypothèse d’un plan de départs volontaires destiné aux seniors, qui concernerait 200 à 300 salariés. Soit une économie de 17 à 24 millions d’euros, sur les 50 millions de réduction budgétaire que l’entreprise veut atteindre en 2019. Une information qui aurait dû rester confidentielle, mais qu’un syndicat a fait fuiter, nourrissant la colère des salariés.Au ministère de la culture, qui exerce la tutelle sur Radio France, Mme Pellerin rappelle son souci de « respecter les salariés et de tenir compte de leur inquiétude ». Ceux-ci attendent surtout l’issue des négociations entre Radio France et l’Etat, qui doivent aboutir à la signature du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) de l’entreprise. « Je veux conclure ce travail en avril, assure Mme Pellerin. Mais pour cela, je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné. A ce stade, les propositions qui m’ont été faites ne sont pas toutes fermes ou abouties. »Le message, teinté de reproche, est adressé au PDG de Radio France, Mathieu Gallet. Pourtant, depuis trois mois, celui-ci multiplie les propositions : élargissement du type d’annonceurs sur les antennes, fin des diffusions sur les ondes longues et moyennes, fusion des orchestres, fermeture de chaînes comme FIP ou France Musique… Mais cette série d’hypothèses semble avoir créé de la confusion, voire de l’agacement.L’Etat refuse d’apparaître comme le responsable des choix de l’entreprise, notamment s’il s’agit d’éventuelles suppressions de postes, auxquelles les syndicats restent fermement opposés. « C’est un dialogue, rappelle Mme Pellerin. Le rôle de l’Etat est d’arbitrer, celui de la direction de l’entreprise de proposer un projet concret : nous ne sommes plus en gestion directe. » Selon nos informations, la ministre a rencontré M. Gallet, mercredi matin, pour lui demander formellement de lui remettre un projet stratégique finalisé.Recours à l’empruntMais la direction de Radio France n’est-elle pas fondée à pointer les incertitudes financières qui pèsent sur ses choix, et de demander à l’Etat de mieux garantir ses ressources futures ? Le ministère est conscient du fait que le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio, dont les prochaines phases ne sont aujourd’hui pas financées, empêche de stabiliser des scénarios. « Nous expertisons les solutions pour sortir de cette impasse financière due aux retards du chantier, qui cristallise tous les problèmes, pour que Radio France puisse passer à autre chose », annonce la ministre.Selon nos informations, la solution la plus probable est celle d’un recours à l’emprunt, pour un montant qui pourrait s’élever à 150 millions d’euros. Mais pour répondre aux besoins de financement du chantier, cet emprunt devrait être finalisé avant l’été. Cela implique que Radio France puisse proposer très vite aux banques un plan d’affaires jusqu’en 2019. Or ce télescopage entre calendrier financier, négociation du COM et négociations sociales est devenu très délicat à manier.Sans parler de l’impact des révélations sur les dépenses de M. Gallet, qu’il s’agisse de la rénovation de son bureau ou de son recours à un conseiller externe en communication. L’exécutif mesure combien ces informations stérilisent le dialogue avec les syndicats. « Nous avons immédiatement diligenté une enquête de l’inspection générale des finances concernant les dépenses de l’ensemble du comité exécutif, dont les résultats seront connus très rapidement », rappelle Mme Pellerin, soucieuse de « garantir un contexte de totale rigueur et de parfaite exemplarité des dirigeants dans les choix de dépenses qui les concernent directement ».« Le problème, c’est la méthode »M. Gallet, nommé en 2014, n’a-t-il pas hérité d’une situation financière dont la gravité n’avait pas été mesurée ? « Les racines du problème financier sont anciennes, estime Mme Pellerin. Elles datent du contrat d’objectifs et de moyens 2010-2014, dont la trajectoire financière n’était pas tenable. En 2012, nous avons demandé un effort à Radio France comme à tous les opérateurs publics. La contrepartie était que l’entreprise s’adapte à cette nouvelle donne, ce qui n’a pas été le cas. »Le contexte de la fin de mandat de Jean-Luc Hees, qui s’est présenté à sa succession avant d’être éconduit par le CSA, n’a probablement pas favorisé l’émergence d’un tel travail.Mais d’autres, au sein de l’exécutif, pointent la responsabilité directe du PDG actuel dans la détérioration du dialogue social à Radio France. « La situation de l’entreprise est loin d’être ingérable, juge une source gouvernementale. Le problème, c’est la méthode qu’a choisie Mathieu Gallet. Beaucoup communiquer sur la situation et la dramatiser a abouti à rompre le dialogue. On ne peut pas parler que d’économies, d’ondes courtes et d’orchestres, il faut un projet. » Comment sortir de l’impasse ? Est-il trop tard ? Le ministère devait aussi recevoir les responsables syndicaux, mercredi. La nomination d’un médiateur est une idée que certains évoquent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Rémy Pflimlin est candidat à sa propre succession à la présidence de France Télévisions, selon nos informations qui confirment celles des Echos publiées mercredi 25 mars. Certes, la direction de l’entreprise ne confirme pas et il n’a pas encore déposé de dossier au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit procéder à la nomination, entre le 22 avril et le 22 mai. Mais l’affaire ne fait plus de doute.Le président de France Télévisions avait dit qu’il attendrait pour se décider la publication, début mars, du « rapport Schwartz », dont le gouvernement s’est inspiré afin d’écrire une feuille de route pour l’entreprise d’audiovisuel public. Dans la foulée de sa publication, les ministres ont affiché des priorités – renforcer l’information, soutenir la création, renouer avec la jeunesse – qui semblent compatibles avec les orientations de la direction actuelle de France Télévisions.Besoin de continuitéLe « rapport Schwartz » lui est en tout cas moins hostile que le pré-rapport rédigé par le CSA sur le bilan des quatre années de mandat de Rémy Pflimlin : fuité dans la presse, il avait été jugé trop à charge, obligeant le CSA à reporter sa publication du document final, plus équilibré.Le président Pflimlin estime que ses chances ne sont pas nulles, car aucun nom ne sort du lot parmi les candidats évoqués dans la presse. Il compte défendre son bilan et le besoin de continuité pour France Télévisions. Le choix de Mathieu Gallet comme président de Radio France, en 2014, avait été interprété par certains comme un pari sur la jeunesse et un profil de pur gestionnaire. Ses difficultés actuelles pourraient servir les intérêts de Rémy Pflimlin.Il reste un défi de taille pour Rémy Pflimlin : faire oublier qu’il a été nommé en 2010 par le président de la République Nicolas Sarkozy, une procédure de désignation avec laquelle François Hollande a voulu rompre, pour se démarquer de son prédécesseur. Le président socialiste a tenu à confier ce pouvoir à une autorité autonome, le CSA. Les deux procédures n’ont qu’un point commun : jamais aucun président de France Télévisions n’a été renouvelé. Le rappeler est pour Rémy Pflimlin une arme à double tranchant.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.03.2015 à 11h41 • Mis à jour le25.03.2015 à 13h18 L'essentielCinq syndicats de Radio France ont lancé jeudi 19 mars une grève illimitée.Selon les syndicats, la direction a annoncé mardi qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de 200 à 300 salariés seniorsLa grève paralyse très largement les antennes du groupe public. De nombreux programmes sont remplacés par une bande musicale.La situation demeure bloquée à Radio France, fortement perturbée depuis six jours par une grève contre toute réduction d'effectifs. Cinq syndicats du groupe public à l'origine de la mobilisation ont d'ailleurs appelé mardi 24 mars à reconduire la grève pour un septième jour consécutif. Selon plusieurs sources syndicales, la direction avait annoncé plus tôt lors d'un CE extraordinaire qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de deux cents à trois cents salariés seniors, afin d'économiser jusqu'à 24 millions d'euros de masse salariale d'ici à 2019. Ces informations sont « confidentielles », s'est contentée de réagir la direction.Le syndicat SUD a déjà annoncé qu'il allait exercer un droit d'alerte sur la situation économique de l'entreprise, selon France Info. Grève illimitéeRadio France, qui prévoit un déficit de 21,3 millions d'euros cette année, doit économiser 50 millions d'euros, avait indiqué en début d'année son président, Mathieu Gallet. Cible d'une polémique sur les coûteux frais de rénovation de son bureau, révélés la semaine dernière par le Canard enchaîné, ce dernier a dû présenter lundi ses excuses au personnel dans un courrier interne. Il avait aussi averti que la direction travaillait sur des départs volontaires pour les seniors, sans chiffrer leur ampleur.Lire aussi notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Tous les syndicats, sauf le Syndicat national des journalistes, ont appelé jeudi dernier à une grève illimitée, pour l'instant reconduite de jour en jour. Malgré un taux de participation faible – 244 grévistes lundi selon les syndicats –, les antennes sont très largement paralysées, de nombreux programmes étant remplacés par des bandes musicales. Lundi et mardi, la Matinale de France Inter, son émission phare, a notamment été annulée.Radio France négocie actuellement avec l'Etat son nouveau contrat d'objectifs et de moyens, qui fixera les ressources du groupe pour plusieurs années, et qui devrait être bouclé pour la mi-avril. Autre échéance, la publication imminente d'un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de Radio France au cours des années passées, qui devrait épingler le dérapage des coûts du chantier de rénovation de la Maison de la radio, un chantier entamé en 2009 et d'un coût de plus de 350 millions d'euros.Lire aussi : Radio France : les dépenses de la direction auscultées Cédric Pietralunga Familier des manœuvres boursières, Vincent Bolloré ne s’attendait sans doute pas à un tel coup de Trafalgar. Lundi 23 mars, le fonds américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) a déposé deux résolutions auprès du directoire de Vivendi pour réclamer une hausse du dividende versé aux actionnaires et un éclaircissement de la stratégie du géant tricolore, dont le milliardaire breton préside le conseil de surveillance depuis juin. Ces deux résolutions devraient être inscrites à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril.« PSAM estime que Vivendi est nettement sous-valorisé du fait de sa trésorerie excédentaire, de sa politique de distribution inadaptée et de l’incertitude liée à l’utilisation à venir de ce capital », explique le hedge fund dans un communiqué publié lundi. Concrètement, le fonds new-yorkais reproche à Vivendi d’avoir vendu pour quelque 15 milliards d’euros d’actifs depuis dix-huit mois (SFR, GVT, Activision Blizzard, Maroc Telecom) mais de n’en reverser que 5,7 milliards à ses actionnaires. « Aucune compagnie de la taille de Vivendi ne dispose d’un tel montant de cash inutilisé, c’est anormal », explique au Monde Peter Schoenfeld, venu à Paris défendre ses positions.Fort de 0,8 % du capital de Vivendi qu’il dit représenter, PSAM demande au géant des médias de redistribuer 9 milliards d’euros à ses actionnaires. « Cela laisserait encore une trésorerie excédentaire de plus de 5 milliards d’euros à Vivendi, largement de quoi lui permettre de continuer son développement », assure M. Schoenfeld, dont le fonds dispose de 3,4 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Surtout, celui que le Financial Times surnomme le « Deal Junkie » estime que l’action Vivendi restera sous-cotée tant que M. Bolloré ne précisera pas sa stratégie. A 22,90 euros, le cours de Bourse du groupe tricolore est loin de sa « valeur intrinsèque d’environ 25 euros à 27,50 euros par action », assure PSAM. Nombreuses rumeursPas impressionnée, la direction de Vivendi a réfuté par avance les arguments avancés par PSAM. « Le directoire dénonce les tentatives de démantèlement du groupe (…) et réaffirme sa volonté de construire un groupe industriel mondial, champion français des médias et des contenus », a indiqué le géant tricolore dans un communiqué publié lundi, rappelant que M. Schoenfeld réclamait également depuis plusieurs mois la vente de sa pépite Universal Music. « Distribuer plus d’argent aux actionnaires réduirait considérablement la marge de manœuvre du groupe, ce n’est pas ce qui est souhaité par la majorité d’entre eux », assure un proche de la direction de Vivendi. Premier actionnaire de l’ex-Générale des eaux, M. Bolloré a récemment porté sa participation de 5,15 % à 8,15 %, moyennant un investissement de 852 millions d’euros.Mis sous pression, l’industriel bigouden, qui affirme vouloir créer un « Bertelsmann à la française », pourrait néanmoins dire plus vite que prévu ce qu’il compte faire du trésor de guerre de Vivendi. Alors que le groupe martèle depuis des mois privilégier la croissance organique, de nombreuses rumeurs circulent sur son intérêt pour le groupe Amaury (Le Parisien, L’Equipe, le Tour de France, etc.) ou pour Lagardère Active (Paris Match, Elle, Europe 1, etc.).Lire aussi :La stratégie de la tirelire du Groupe BolloréEn Italie, son nom est également cité pour monter à l’assaut de Telecom Italia, que M. Bolloré connaît bien pour avoir longtemps été l’un de ses premiers actionnaires par l’intermédiaire de Mediobanca. Déjà, l’espagnol Telefonica lui a cédé 5,7 % du capital de l’opérateur italien (plus 4,6 milliards d’euros en numéraire) en échange du brésilien GVT. Preuve que les choses bougent, Vivendi a pour la première fois reconnu lundi qu’il comptait mener « une politique de développement interne et externe ambitieuse ». L’attente ne devrait plus être très longue…Lire aussi :Numericable-SFR : Vivendi cède ses 20 % à Drahi Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof Une soixantaine de départs, la fusion de plusieurs éditions locales, une hausse du prix de vente du quotidien : le plan de sauvegarde de l’emploi de La Provence, doublé d’un plan stratégique de développement, sera détaillé mercredi 25 mars à Marseille devant les représentants du personnel, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire. Il cible des économies tous azimuts et une réorientation des équipes rédactionnelles sur l’information régionale.Le groupe de presse, installé à Marseille et propriété de Bernard Tapie, vit depuis plusieurs années une forte érosion de son lectorat. En décembre 2014, il vendait moins de 108 000 exemplaires par jour. Depuis 2010, le quotidien a perdu plus de 17 % de ses lecteurs. L’an dernier, il a également vu ses recettes publicitaires fondre de 14 % et fait face à une situation économique compliquée. « Grâce à des reprises de provisions, nous avons fini 2014 presque à l’équilibre… Mais il y a bien 3,5 millions d’euros annuels d’économies à trouver pour ne pas se retrouver en situation d’urgence », explique Claude Perrier, le nouveau président directeur général du groupe, nommé le 20 février.Bernard Tapie a hésitéDans un paysage médiatique marseillais en plein marasme – le quotidien La Marseillaise et le mensuel Le Ravi sont en redressement judiciaire, le site d’infos Marsactu a été liquidé le 4 mars –, La Provence n’a pas le choix : « Il faut réduire fortement les coûts et travailler sur une relance par les revenus », expose le patron du groupe, ancien directeur du réseau radiophonique France Bleu.« La stratégie était identifiée depuis juillet [2014], confie un haut cadre de La Provence, mais Bernard Tapie a beaucoup hésité… Il ne savait pas trop ce qu’il voulait. » L’actionnaire principal, en difficulté dans le cadre de l’arbitrage de l’affaire Crédit lyonnais-Adidas, a finalement donné son accord mi-février pour lancer les grandes manœuvres. « M. Tapie a fortement investi dans le plan de relance du journal », assure M. Perrier, sans vouloir donner de chiffres.Diffusée sur trois départements, La Provence compte actuellement treize éditions locales différentes. Une poignée d’entre elles devraient être fusionnées pour réduire les coûts d’impression, notamment dans le nord du Vaucluse, le pourtour de l’étang de Berre ou la zone Aubagne-La Ciotat. Cette réduction doit permettre au journal, imprimé dans son siège sur ses propres rotatives, de faire également baisser les effectifs d’ouvriers du livre qu’il emploie quotidiennement.« Relance par le contenu » « La baisse des effectifs du journal est une obligation… Mais nous ferons tout pour qu’elle se déroule uniquement sur la base du volontariat », assure Michel Clau, le directeur des ressources humaines. Comptant actuellement 700 salariés – 950 en intégrant les effectifs de Corse-Matin, également possession de M. Tapie –, La Provence vise une soixantaine de départs, dans tous les secteurs de l’entreprise : administratif, technique et rédactionnel. « Le dialogue social a déjà été fructueux », assure, à ce sujet, M. Perrier. Un avis que ne partagent pas forcément les syndicats. « Nous manquons encore de visibilité, tempère Romain Luongo, responsable FO journalistes. Notamment sur le nombre de réunions de négociation que nous aurons et sur la façon dont la rédaction sera réorganisée. »S’il souhaite concentrer le nombre de ses éditions locales, le quotidien du sud-est promet que le contenu ne subira pas de nouvelle cure d’amincissement. « Nous sommes persuadés qu’il y a encore une place pour le papier, à condition de jouer la carte de la valeur ajoutée », note M. Perrier. Depuis quelques mois, La Provence étudie toutefois la possibilité d’acheter des contenus nationaux et internationaux à des quotidiens parisiens. « L’hypothèse a été abandonnée, promet le nouveau PDG. Nous savons produire de l’information nationale. Il n’y aucune raison pour que nos équipes soient privées de ce travail, même si notre ADN, comme c’était le cas pour France Bleu, est avant tout l’information locale. »La nouvelle direction compte aussi beaucoup sur ses projets numériques – « y compris la Web-télé et la radio » – et un secteur événementiel qui a déjà rapporté 1,5 million d’euros en 2014. Une hausse du tarif de vente (1,10 euro actuellement) est aussi prévue. « Nous avons atteint un tel niveau de lecteurs que, aujourd’hui, les gens qui nous achètent encore ne sont plus sensibles à une petite augmentation de prix », juge-t-on à la tête de l’entreprise. En 2014, une hausse a déjà touché une partie des éditions du journal. « Il n’y a pas eu d’effet marquant sur les ventes par rapport aux zones où nous avons gardé le prix inchangé », rappelle-t-on.Lire aussi : « La Provence » face à l’inconnue TapieLe plan de réduction des coûts ne devrait pas frapper trop brutalement les effectifs de la rédaction de La Provence. Avec 39 départs chez les journalistes en 2014, à la suite du rachat par M. Tapie, le nombre des journalistes est tombé autour de 175. « Un point bas », reconnaît-on à la direction du groupe, où l’on précise que « des départs volontaires pourraient avoir lieu ». « Les journalistes, c’est le cœur du réacteur », assure M. Clau, lui-même issu de la rédaction.Bernard Tapie a, semble-t-il, trouvé une autre manière de faire des économies sur le poste journalistes. A sa demande, La Provence a décidé de remettre en cause les jugements de la Commission arbitrale des journalistes fixant les indemnités dues à une trentaine de salariés ayant quitté le groupe en 2014 en clause de cession. « Lors des passages devant la commission, nous avons prévenu que la situation économique de l’entreprise ne permettait pas de payer ces indemnités supplémentaires aux salariés, explique M. Clau. Nous avons donc formé un recours en annulation contre l’ensemble des sentences devant la cour d’appel de Paris, ce que nous autorise à faire le code du travail. » « Nos décisions n’ouvrent droit à aucun recours ni à aucun appel », s’étonne-t-on à la Commission, où l’on assure que cette remise en question est inédite. La somme due par La Provence à ces salariés avoisinerait, selon le groupe, près de 2 millions d’euros.  Gilles RofJournaliste au Monde 06.03.2015 à 16h25 • Mis à jour le06.03.2015 à 19h02 Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a adressé une « mise en demeure » à la station de radio RMC et à la chaîne de télévision BFMTV à la suite d'une interview diffusée le 16 février par les deux médias de l'ancien ministre Roland Dumas par le journaliste Jean-Jacques Bourdin. « Le premier ministre est-il sous influence juive ? », lui avait demandé l'animateur.« Je peux le penser », lui avait alors répondu l'ancien président du Conseil constitutionnel. « Il a des alliances personnelles qui font qu'il a des préjugés. Chacun sait qu'il est marié avec quelqu'un, quelqu'un de très bien d'ailleurs, qui a de l'influence sur lui », avait-il déclaré, évoquant, sans la nommer, l'épouse du premier ministre, Anne Gravoin. Le CSA avait annoncé le jour même qu'il « instruisait un dossier » sur cette affaire.Lire aussi (édition abonnés) : Le CSA saisi après les propos de Roland DumasUn avertissement sans sanctionPour l'autorité publique indépendante de l'audiovisuel, « la formulation même » de la question du journaliste était « de nature à banaliser et à propager des comportements discriminatoires ». Une mise en demeure du CSA n'a qu'une valeur d'avertissement et n'entraîne pas de sanction, sauf en cas de récidive.Au cours d'un échange de deux minutes, Jean-Jacques Bourdin était revenu à la charge à plusieurs reprises après l'évocation, une première fois, par l'ex-ministre des affaires étrangères des « alliances personnelles » de Manuel Valls « qui font qu'il a des préjugés ».Lire le portrait (édition abonnés) : La rengaine de Roland DumasDans un communiqué, BFMTV et RMC disent regretter cette décision, « les deux chaînes veillent au quotidien à ne pas encourager les comportements discriminatoires et à promouvoir les valeurs de la République ». « En outre, BFMTV et RMC alertent sur les risques que ces sanctions font peser sur la liberté d'informer en France. En effet, elles pourraient conduire, demain, les seuls médias régulés par le CSA, et leurs journalistes, à systématiquement s'autocensurer dans leur mission d'information, notamment lorsqu'ils exercent leur “droit de suite” pour obtenir d'un invité une clarification de ses propos. »Le journaliste Jean-Jacques Bourdin a également réagi à la décision :Je suis sanctionné pour avoir fait mon métier. On ne me fera pas taire. Je continuerai à aller chercher la vérité. Réveillons nous.— Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC)require(["twitter/widgets"]);La déclaration de M. Dumas avait suscité un tollé, le premier ministre s'était refusé à répondre « d'un point de vue personnel », tout en dénonçant « les propos d'un homme [Roland Dumas] dont on connaît le passé et qui ne font pas honneur à la République depuis bien longtemps ». 05.03.2015 à 18h01 • Mis à jour le06.03.2015 à 09h48 | Alexis Delcambre Cinq jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues par l’Agence France-presse, les premières conséquences ont été actées avec la démission, jeudi 5 mars, du directeur de la Région France, Bernard Pellegrin, et du rédacteur en chef France Didier Lauras.A la tête de la Région France depuis 2012, M. Pellegrin est remplacé par Philippe Onillon, actuel adjoint à la direction de l’information, qui a pour mission de « tirer toutes les conséquences des dysfonctionnements qui se sont produits le samedi 28 février » et « notamment étudier les procédures d’alerte à suivre en cas de circonstances exceptionnelles », selon un communiqué.En interne, cette double démission est interprétée comme le signe que la chaîne d’erreurs survenue le 28 février n’est pas uniquement le fruit de fautes de jugement individuelles, mais procède aussi d’un contexte organisationnel.« La question est notamment celle de savoir comment une grande agence mondiale travaille un samedi, avec quelle collégialité et quelle supervision », selon un journaliste. Celui-ci fait référence a une des failles apparues ce jour-là : la journaliste de permanence a pris seule la décision de publier la dépêche annonçant à tort la mort de M. Bouygues.Cela peut signifier que la nécessité de consulter la haute hiérarchie du service ou de l’agence avant de diffuser une telle information n’était pas clairement établie. C’est en tout cas ce qu’on comprend des mots d’ordre de la direction, qui estime qu’il faut rappeler cette nécessité, y compris à travers un programme de formation.Mardi, le syndicat SNJ-CGT avait mis en garde contre la tentation de s’en tenir à une lecture individualisée des événements. Une lettre ouverte avait également circulé dans la rédaction pour défendre les agenciers impliqués dans la publication de la dépêche erronée.Dans ce texte, des journalistes évoquaient « une erreur qui affecte chacun de nous et dont aucun de nous n’est à l'abri ». « Cet échec doit être assumé collectivement, y compris par la hiérarchie, et être l’occasion d’une vraie remise à plat de nos pratiques, et d’une réaffirmation de nos règles », estimaient ces agenciers, dénonçant « un quotidien de plus en plus marqué par la course à la rapidité et la pression induites non seulement par les réseaux sociaux, les sites internet et les chaînes d'information en continu, mais aussi par la rédaction en chef et la direction ».Après son erreur sur la mort de Martin Bouygues, l’AFP agitée de débats en interneCette double exigence, parfois contradictoire, de rapidité et de fiabilité, est au cœur des débats qui parcourent l’AFP, qui doit à la fois « dire juste » et « dire vite », comme l’avait rappelé François Hollande lors du 70e anniversaire de l’agence, en janvier.« Ces dernières années, et notamment lors de la couverture de l’attentat de Charlie Hebdo, la hiérarchie a souvent "mis la pression" sur les services de production pour que ceux-ci donnent une information le plus vite possible - en dépit parfois d'éléments insuffisamment étayés - dès lors qu'elle était publiée par un autre média, et déploré les retards dus au nécessaire recoupement des sources », lisait-on encore dans cette lettre ouverte, qui concluait que « la mise sous tension des journalistes au quotidien pour courir après [les réseaux sociaux] finit par créer de mauvais réflexes ».« La fiabilité est la valeur numéro un à l’AFP, elle doit toujours primer sur la rapidité », a réaffirmé Michèle Léridon, la directrice de l’information - dont la démission a été refusée par le PDG, Emmanuel Hoog. Le nouveau directeur de la Région France, Philippe Onillon, devra ainsi « travailler (...) aux moyens de consolider nos règles en matière de sources et de vérification des faits dans un monde de l’information en pleine mutation ».Cette double démission ne signifie pas que l’affaire est close. « Les suites à donner au regard des responsabilités individuelles interviendront dans les prochains jours », selon la direction de l’AFP, qui a conduit depuis samedi une enquête interne.« Il aurait été impossible de prendre quelque sanction que ce soit sans qu’il y ait au préalable une prise de responsabilité à un certain niveau », décrypte un journaliste de l’agence, ajoutant que la hiérarchie de la Région France était de toute façon contestée de longue date, notamment pour s’être cassée les dents sur un projet de réforme des différents services. « Il fallait quelqu’un de nouveau pour mener la remise à plat des procédures et de l’organisation », estime ce journaliste.Cette annonce a également contribué à réduire la pression pesant sur M. Hoog, qui s’était trouvé attaqué par un communiqué du SNJ-CGT, qui exploitait une phrase prononcée en janvier par le PDG (« Ne soyez pas prisonniers de vos sources »). Le nom de M. Hoog est régulièrement cité parmi les postulants à la présidence de France Télévisions.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.03.2015 à 16h38 • Mis à jour le05.03.2015 à 16h40 Yves de Kerdrel, le directeur de la publication de Valeurs actuelles, a été condamné jeudi 5 mars à une amende de 3 000 euros pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation. La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a également ordonné la publication, dans Valeurs actuelles et un autre journal, d'un communiqué judiciaire qui souligne le caractère « particulièrement stigmatisant » envers les Roms dans ce dossier.Le 22 août 2013, l'hebdomadaire avait consacré un dossier aux Roms, intitulé « Roms l'overdose », qui avaient scandalisé plusieurs associations et particuliers. Les juges ont souligné jeudi que, dans ce dossier, « la répétition et la juxtaposition de termes censés [être] descriptifs tels que “fléau”, “overdose”, “plaie”, “invasion”, tous évocateurs de maladies ou de catastrophes [...] contribuent nécessairement, par-delà le supposé “constat” à opposer la communauté visée, appréhendée sous un prisme uniquement négatif, à “la France” ou aux “Français” ».Voir : Concert de réprobations après la couverture de « Valeurs actuelles » sur « L'overdose Roms »Yves de Kerdrel et la société Valmonde, éditrice du journal, ont également été condamnés à verser solidairement 2 000 euros de dommages et intérêts à la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et 1 euro à l'association La Voix des Rroms. Cette condamnation doit « servir d'exemple pour les journalistes et les hommes et femmes politiques », a réagi l'avocat de la Voix des Rroms, Me Henri Braun, à l'issue du jugement.De son côté, le directeur de la publication de l'hebdomadaire a dénoncé un « nouvel acte de censure fait à destination de Valeurs actuelles, sur un sujet grand public qui intéresse les Français » et une « atteinte à la liberté d'expression ». Ce dernier avait déjà été condamné le 3 février à 2 000 euros d'amende pour une « une » intitulée « Naturalisés, l'invasion qu'on nous cache », présentant une Marianne voilée. Il a fait appel. Alexis Delcambre et Alexandre Piquard L’Etat s’invite dans le processus de nomination du prochain président de France Télévisions, attendue d’ici le 22 mai : les ministres Fleur Pellerin, Emmanuel Macron, Michel Sapin et Christian Eckert ont formulé, mercredi 4 mars, leur version des missions de l’entreprise publique à l’horizon 2020, en s’appuyant sur un rapport commandé à l’ancien directeur financier de France Télévisions Marc Schwartz.Pour ces autorités de tutelle, il s’agit de peser dans une procédure largement confiée au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), chargé de désigner le successeur de Rémy Pflimlin, qui n’a pas encore dit s’il serait candidat. Mais il s’agit aussi pour les ministres de couper court à un reproche récurrent : l’Etat dérouterait France Télévisions par ses injonctions contradictoires, son absence de constance et de cohérence.Présidence de France Télévisions : le casse-tête du CSAFleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication, et ses homologues de Bercy entendent donc prendre leurs responsabilités et proposent de « simplifier et de rationaliser » les objectifs de la télévision publique, tout en poussant à des choix stratégiques drastiques, qui pourraient éventuellement affecter le nombre des chaînes hertziennes publiques, actuellement de cinq (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô).Le gouvernement est aussi soucieux de réconcilier la télévision publique avec la société dans son ensemble, a fortiori dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo. Si le développement numérique de France Télévisions a été significatif ces dernières années, l’audience de ses chaînes hertziennes est vieillissante. Symboliquement, les ministres proposent de remplacer le triptyque traditionnel « informer, éduquer distraire » par « comprendre, rayonner, participer ».France Télévisions, le grand corps maladePriorité à l’information « Nous attendons du prochain président de France Télévisions des propositions pour renforcer l’offre publique d’information », a dit Fleur Pellerin dans son discours, mercredi. Pour la ministre, il s’agit de promouvoir le débat et la « diversité » des paroles, mais surtout de proposer plus d’information. En la matière, l’Etat ne pense pas seulement à l’information en continu sur laquelle règnent BFM-TV et i-Télé. Il souhaite que soient associées les rédactions nationales - de France 2 et France 3 -, mais aussi locales. Et qu’il y ait une « coopération étroite » avec les autres entreprises de l’audiovisuel public. Concrètement, on peut imaginer un projet de chaîne d’information publique. Dans la lignée du canal 100 % numérique qu’a annoncé pour septembre l’actuel directeur de l’information de France Télévisions, Thierry Thuillier, et qui se nourrirait notamment du site d’information FTVI. Une autre piste pourrait être celle défendue de longue date par le sénateur PS David Assouline : dédier France 3 à l’information sous toutes ses formes (et France 2 aux autres programmes).Un devoir de soutien à la création française Pour l’Etat, France Télévisions doit aussi jouer un rôle moteur dans la création française, à la fois en proposant de nouvelles séries innovantes, mais aussi en jouant mieux de son poids économique : « France Télévisions doit développer une politique d’achat et d’investissement qui contribue à mieux structurer et professionnaliser le secteur de la production, pour que les programmes français rayonnent sur les marchés internationaux », écrivent les ministres dans leur document de synthèse.Fleur Pellerin voit France Télévisions, premier commanditaire français de créations audiovisuelles, comme un fer de lance de son projet de réforme de la réglementation pour favoriser des « champions » d’une fiction française moderne, capables d’exporter. En contrepartie, l’Etat assure qu’il jugera moins France Télévisions sur la seule « audience » des programmes : il faut « accepter clairement le droit à l’échec » et « les pouvoirs publics, comme France Télévisions, doivent adopter une culture du risque et de l’audace », écrivent les ministres. A défaut d’être un vœu pieu, c’est un message ambitieux.Répondre au divorce avec la jeunesse« Pour que les Français parlent de France Télévisions, France Télévisions doit parler d’eux », selon Fleur Pellerin. Diversité, jeunesse, « culture de l’ouverture », « apprentissage de l’altérité » : dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo, l’Etat affirme attendre « des engagements et des résultats concrets ».L’enjeu, louable mais difficile à atteindre, est de « rapprocher France Télévisions du public le plus éloigné aujourd’hui des grands médias ». Pour cela, le gouvernement imagine une télévision publique dont la culture serait transformée : « approches collaboratives », « liens avec d’autres organisations » comme les « médias de proximité ou médias citoyens » . Et il attend que les entreprises de l’audiovisuel public travaillent « à un espace de service public audiovisuel à l’intention des jeunes », dont on comprend qu’il serait probablement numérique, faisant suite aux efforts actuels de France 4 ou de Mouv’et destiné à offrir une alternative aux contenus actuels de YouTube, des réseaux sociaux et des antennes privées.Des économies et l’hypothèse d’une suppression de chaîneSur le volet financier, l’Etat joue cartes sur table : les ressources de France Télévisions seront « au mieux stables » et « plus probablement (…) à la baisse », en raison des contraintes pesant sur les finances publiques. Faut-il en conséquence rétablir la publicité en soirée, supprimée sous Nicolas Sarkozy ? « Les conditions ne sont pas réunies », tranche le gouvernement, faisant écho aux préoccupations des chaînes privées, touchées par le repli du marché publicitaire. Le prochain président aura donc une feuille de route de rigueur : poursuivre les « réformes » engagées, rechercher des « synergies », créer de l’« agilité »…Mais le gouvernement va plus loin : « L’Etat considère que maintenir cinq chaînes hertziennes ne sera possible, dans le cadre économique des cinq prochaines années, que si des réformes de gestion ambitieuse sont réalisées », selon le document de synthèse. A charge donc, pour le prochain président, de travailler à la « cohérence du bouquet », et de s’attaquer aux structures de charges les plus lourdes : le réseau régional de France 3, la filière de production et le réseau outre-mer. La réforme territoriale en cours, à laquelle les ministres se réfèrent, est vue comme l’occasion de simplifier le maillage régional de France 3.France Télévisions : l’Etat fait voeu de simplificationDepuis le retour de la gauche au pouvoir en 2012, l’exécutif a rendu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) la prérogative de nommer les patrons de l’audiovisuel public, dont celui de France Télévisions, où le mandat de Rémy Pflimlin s’achève cette année.Cependant, un an à peine après le vote de la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public, l’exécutif entend montrer qu’il lui revient d’encadrer les grandes orientations stratégiques, ce qu’il n’avait pas fait pour le choix de Mathieu Gallet à la présidence de Radio France. Le risque est de rajouter ainsi de la complexité et de donner l’impression d’une concurrence entre l’Etat et le CSA, qui a pris un poids politique croissant sous la présidence d’Olivier Schrameck.L’Etat fait pourtant ici vœu de simplification, alors qu’il est régulièrement critiqué pour la multiplicité des objectifs imposés à France Télévisions et la lourdeur de son pilotage, épuisant pour les directions de l’entreprise publique. Le gouvernement veut réduire le nombre des objectifs du groupe public et lui redonner de l’autonomie, notamment par son conseil d’administration, sur le modèle par exemple de la BBC britannique. Il assure enfin qu’il ne reviendra plus sur ses choix. Une intention louable mais qui suppose des changements culturels majeurs chez l’ensemble des acteurs : cabinets ministériels, parlementaires, dirigeants et syndicats, voire producteurs.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.03.2015 à 15h29 • Mis à jour le03.03.2015 à 19h12 | Alexis Delcambre Premiers grincements de dents à l’Agence France-Presse (AFP), trois jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues. Mardi 3 mars, le syndicat SNJ-CGT a publié un communiqué offensif pour pointer ce qu’il estime être les causes structurelles de cette erreur, au delà des manquements individuels.Depuis samedi, la direction de l’agence s’est attachée à communiquer abondamment. Elle a d’abord annulé l’ensemble de ses dépêches sur le sujet - un geste rare. L’AFP et son PDG, Emmanuel Hoog, ont présenté leurs excuses, tandis que la directrice de l’information, Michèle Léridon - dont M. Hoog a refusé, samedi, la démission -, s’attachait à exposer les erreurs ayant conduit à cet accident.Lundi, la conférence de rédaction matinale a été intégralement consacrée à un débriefing des événements de samedi. La direction a reçu tous les protagonistes pour entendre leurs versions et aboutir à un récit détaillé. « C’est une instruction rédactionnelle », a expliqué Mme Léridon, sans cacher l’hypothèse de « sanctions ».Mais désormais, une partie de la rédaction trouve que la direction de l’agence en fait trop. « Nous ne voulons pas être dans une logique de bouc émissaire, s’inquiète un journaliste. Cet épisode appelle une réflexion collective sur la rapidité, les sources et l’aspect collectif du travail, plutôt que de cibler deux individus. » « Prisonniers de vos sources »Au sein de la rédaction, des journalistes s’affichent « solidaires » du journaliste du bureau de Rennes qui a subi le quiproquo avec le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne) et de la rédactrice en chef adjointe qui a validé la dépêche. « Ce sont tous deux des professionnels estimés », dit-on. Qui auraient certes commis des erreurs de jugement, mais dans le contexte d’un improbable enchaînement de circonstances : une rumeur qui remonte accidentellement jusqu’à Paris ; un quiproquo téléphonique…Pour le SNJ-CGT la cause est entendue : l’origine de ces « erreurs humaines » est à rechercher dans « la désorganisation de la rédaction mise en place par la direction depuis plusieurs années ». Le syndicat pointe même une forme d’hypocrisie de la direction, sur la tension entre fiabilité et rapidité. Ainsi, le 8 janvier, au lendemain de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, Emmanuel Hoog serait intervenu en conférence de rédaction pour déplorer que les noms des victimes aient été donnés trop tardivement par rapport à d’autres médias. « Ne soyez pas prisonniers de vos sources », aurait notamment recommandé le PDG.« Depuis samedi, il y a eu une pression de Hoog pour sur-réagir, estime un journaliste. Peut-être parce que cette affaire peut lui porter préjudice, alors que la campagne pour la présidence de France Télévisions bat son plein. » Le nom du PDG de l’AFP est en effet régulièrement cité parmi les postulants à la succession de Rémy Pflimlin, sur laquelle le CSA doit se pencher au mois d’avril.Pour M. Hoog, la séquence est amère. Le 19 janvier, à l’occasion des 70 ans de l’AFP, il accueillait François Hollande et le tout-Paris des médias au Palais Brongniart. Dans un discours qui se voulait un éloge du journalisme, prononcé devant les survivants de la rédaction de Charlie Hebdo, le président dénonçait un « temps médiatique réduit parfois à l’immédiateté » et soulignait l’importance de « dire juste » avant celle de « dire vite ».Des zones d’ombre persistantesL’origine de la rumeur qui a conduit l’AFP à annoncer par erreur la mort de Martin Bouygues reste mystérieuse. Dans une note interne retraçant les événements de samedi, l’agence fait état d’une rumeur partie de « la commune de La Roche Mabile sur la mort de Martin Bouygues qui y possède une maison ». Problème : selon le groupe Bouygues et la mairie de La Roche Mabile, ce n’est pas le cas. « Martin Bouygues n’a aucune attache dans l’Orne », a indiqué au Monde le porte-parole du groupe de BTP.Autre zone d’ombre : la nature précise du dialogue entre un journaliste de l’agence et le maire de la commune de Saint-Denis-sur-Sarthon. Selon l’agence, le journaliste a bien demandé au maire s’il pouvait lui confirmer la mort de Martin Bouygues, et ce dernier a répondu clairement par l’affirmative. Le maire conteste cette version et assure que le nom de « Bouygues » n’a pas été prononcé.Enfin, une inconnue subsiste sur l’intensité des efforts prodigués par l’AFP pour recouper l’information. Selon l’agence, plusieurs contacts politiques et économiques n’ont rien donné et les porte-parole du groupe Bouygues n’ont pas répondu au téléphone. Ceux-ci assurent avoir retourné l’appel dans la demi-heure, mais que la dépêche était déjà partie.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gabriel Coutagne C’est au tour du photographe de répliquer après la diffusion d’une photo prétendument non retouchée de Cindy Crawford sur les réseaux sociaux. Le site américain TMZ révélait dimanche 1er mars que l’avocat de l’auteur de la fameuse photographie, John Russo, demandait au Telegraph et au Sunday Telegraph de retirer l’image, sous peine de poursuites.Cindy crawford releases honest, un-photoshopped image http://t.co/ehbjfbyWrk #BeReal http://t.co/27tLSzOg1C— BeReal_Campaign (@Be Real)require(["twitter/widgets"]);Dans une lettre adressée au Telegraph et mise en ligne par TMZ, l’auteur du cliché, connu pour ses portraits de célébrités, explique que les photos de Cindy Crawford, réalisées pour l’édition mexicaine de Marie Claire en 2013, « [lui] ont été volées ». Il ajoute que l’image qui circule sur les réseaux sociaux « est une version frauduleuse de [sa] photographie, qui a été transformée et qui ne représente pas l’image originale ».En plus de reprocher aux médias une diffusion de l’image en dépit du droit d’auteur, le photographe souligne donc que ce cliché, prétendument non retouché, a été sciemment modifié. Dans un entretien au Monde, un professionnel de la retouche avait déjà suggéré que cette image avait sans doute été retouchée afin de faire ressortir les défauts de la top-modèle. Selon lui, pour cette image, « les contrastes ont très bien pu être renforcés pour accentuer l’effet naturel ».L’éternelle retouche des photos du corps fémininDu côté de la star, la réplique était venue par la voix de son époux, qui avait publié sur son compte Instagram une photo qui fonctionnait comme un démenti.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Face à l’érosion de ses ventes (- 8,2 % en 2014) et à une mutation numérique à accélérer, Le Parisien a opté pour un renouvellement de son équipe dirigeante. Celui-ci touche notamment la direction des rédactions, où Stéphane Albouy, jusqu’ici rédacteur en chef, succède à Thierry Borsa.Directeur des rédactions depuis 2010, M. Borsa était en sursis depuis plusieurs mois. A l’automne, selon Presse News, la direction du groupe Amaury avait mandaté un cabinet de recrutement pour lui trouver un successeur. Elle s’est finalement rabattue sur une solution interne. M. Borsa s’était notamment trouvé en conflit avec ses équipes pour avoir tenté de fusionner plusieurs services dans un grand pôle « actualité ».Au-delà de ce remplacement, les cadres du groupe — Eric Herteloup, Frédéric Allary, Eric Leclerc, Julie Costes —, voient leurs responsabilités élargies ou leurs titres reformulés, pour mieux intégrer la dimension numérique.RETOUR À L’ÉQUILIBREEn termes de projet, Le Parisien promet de « renforcer son traitement de la politique, de l’économie et des sujets de société » et met en avant la création d’une « cellule data-journalisme » et le lancement du « Parisien TV », son offre vidéo.L’information locale sera proposée avec un système d’abonnement « au compteur », soit cinq articles gratuits par semaine et un abonnement à 2,99 euros par mois. Cette nouvelle offre sera proposée à partir du 11 mars sous le label « Le Parisien Ma ville ». Le Parisien cherche ainsi à accroître son nombre d’abonnés numériques, qui n’est que de 6 000 pour le moment.Malgré la forte baisse de ses ventes (- 8,2 %, à 229 637 exemplaires en moyenne par jour, pour Le Parisien, et - 7,9 %, à 148 220 exemplaires, pour Aujourd’hui en France), le quatrième quotidien français affirme avoir « quasiment atteint l’équilibre » financier en 2014 — le fruit d’une politique d’économies internes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « C'est une débâcle, une erreur énorme », lâche Michèle Léridon, directrice de l'information de l'Agence France-presse, après l'annonce erronée de la mort de Martin Bouygues, samedi 28 février.Que s'est-il passé ? Une triple erreur semble être à l'origine de cette « faute », comme l'a qualifiée Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'agence.Premier acte : samedi en milieu de journée, au siège de l'agence à Paris, serait parvenue une information faisant état de la mort, dans l'Orne, du président-directeur général du groupe Bouygues. L'origine de cette information n'est pas connue.Aussitôt, la rédaction en chef alerte les différents services concernés et contacte son bureau à Rennes, dont dépend le département de l'Orne, pour vérifier cette information.Les journalistes rennais téléphonent alors en quête d'une confirmation. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec Michel Julien, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), une commune voisine de La Roche-Mabile, où le Martin Bouygues serait mort.Se produit alors une étonnante confusion. Interrogé pour savoir si Martin Bouygues était mort, le maire aurait répondu, selon l'agence, par l'affirmative. Dans cet échange, la confusion serait liée au fait que le maire faisait référence à une autre personne, dont le patronyme est « Martin ».Sur BFM-TV, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon a démenti que le nom « Bouygues » ait été évoqué : « Le journaliste m'a dit “M. Martin est décédé” ; j'ai dit “oui” », expliquant qu'un homme qu'il connaissait bien, mais qui n'avait rien à voir avec l'industriel, était effectivement mort le matin même. « Je suis très surpris, je ne savais pas qu'on parlait de Martin Bouygues », a-t-il ajouté.« DOMMAGE CONSIDÉRABLE »Le bureau de Rennes envoie alors au siège parisien sa dépêche, forte de cette source locale. Celle-ci est immédiatement publiée sur les fils, sans recherche d'une autre confirmation. « Il est évident qu'il aurait fallu, à ce moment, attendre la confirmation du groupe Bouygues », estime Michèle Léridon, qui rappelle que les sources habituelles pour ce type d'information sont l'entourage ou les services de communication.A 16 heures, l'AFP est contrainte d'envoyer une humiliante « note aux clients » : « Veuillez ne pas tenir compte de toute la série de dépêches (alerte, urgent, LEAD et 2ELEAD) concernant l'annonce par erreur du décès de Martin Bouygues. » Entre-temps, la caisse de résonance des alertes et des tweets l'a déjà largement répandue.« Les règles rédactionnelles élémentaires dans ce type de situation, ainsi que les procédures de validation, vont être rappelées, a précisé Michèle Léridon. La réputation de l'agence est fondée d'abord sur sa fiabilité. Nous mettons, au quotidien, tout en œuvre pour qu'elle ne soit pas entachée de tels dysfonctionnements. »Dans une note interne, que s'est procurée Libération, Michèle Léridon affirme : « L'information erronée nous cause un dommage considérable en termes de crédibilité et d'image », et de rappeler plusieurs principes de l'agence : « 1) La fiabilité est la valeur numéro un à l'AFP. Elle doit toujours primer sur la rapidité. 2) L'annonce de la mort d'une personnalité quelle qu'elle soit doit faire l'objet d'une attention toute particulière, avec des sources pleinement autorisées. 3) Le travail d'agencier est un travail d'équipe. Au moindre doute, les questions doivent remonter au sein de la hiérarchie. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 février, les Américains ont découvert la troisième saison de « House of Cards ». Samedi à 20 h 50, les Français pourront à leur tour visionner les nouvelles manigances politiques de Kevin Spacey et de sa compagne, sur Canal+ Séries, ainsi que sur la plate-forme en ligne Canal+ à la demande, où tous les épisodes sont immédiatement disponibles, en version originale. Canal+ diffusera, elle, la série en version française à partir du 12 mars.Pour la chaîne payante, ce dispositif de sortie n’est pas inédit : elle avait déjà mis en ligne d’emblée tous les nouveaux épisodes de ses séries « Borgia » et « Mafiosa » en 2014. Mais elle ne l’avait pas fait pour « House of Cards », le feuilleton emblématique dont elle a acheté les droits français au service de vidéo à la demande Netflix. Canal+ se met ainsi au binge watching, ce visionnage boulimique popularisé par la plate-forme américaine. Mais la chaîne suit aussi une tendance plus large : l’essor de la télévision « délinéarisée », celle que l’on regarde quand on veut.Déclic psychologique et techniqueDepuis plusieurs semaines, les professionnels du secteur se félicitent des bons scores de cette « télévision de rattrapage », aussi appelée en anglais catch-up ou replay : qui consiste à regarder un programme après son passage à l’antenne, sur son ordinateur, sa tablette ou son smartphone, mais aussi sur son téléviseur. Une possibilité généralement offerte durant sept jours après la diffusion.Pour les patrons de l’audiovisuel, il y a eu un déclic psychologique et technique : depuis septembre, Médiamétrie, qui produit le célèbre et parfois cruel Audimat, intègre des chiffres de visionnage en différé. L’institut ne tient compte, pour l’heure, que des programmes vus sur le téléviseur, par la « box » d’un fournisseur d’accès à Internet (IPTV). Une nouveauté qui permet déjà de faire gagner sur certaines émissions quelques précieux points d’audience.« Le différé commence à monter », a ainsi résumé Elisabeth Durand, directrice des antennes de TF1, lors d’une présentation des nouveautés de 2015. Depuis la mise en place de la mesure Médiamétrie, la chaîne a gagné 0,3 point de parts d’audience hebdomadaire sur les 4 ans et +, et jusqu’à 0,8 point sur les ménagères de moins de 50 ans. TF1, qui accapare le top 100 des meilleures audiences télévisées, est fière de détenir également le record d’audience en catch-up sur téléviseur : + 1,3 million pour un épisode de « Blacklist ». L’Emprise, téléfilm de TF1 sur la violence conjugale, a gagné 1,2 million de spectateurs grâce au replay sur téléviseur, sur un total 9,8 milllions (plus 3 millions de vidéos vues sur ordinateur et mobile, selon TF1). Un épisode de « Joséphine, ange gardien » peut séduire jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.Côté programmes de flux et de divertissement, le dernier lancement du jeu de téléréalité « Koh-Lanta » a attiré 900 000 spectateurs supplémentaires en replay sur le téléviseur, sur un total de 7,7 millions. Le concours de chanteurs « The Voice », jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.La tendance touche toutes les chaînes, pointe le Centre national du cinéma (CNC), qui a publié, vendredi 27 février, un rapport incluant tous les modes de consommation : téléviseurs, ordinateurs, tablettes et smartphones. En 2014, 3,7 milliards de vidéos ont été ainsi visionnées en replay, contre 2,5 milliards en 2013, soit une progression de 50,2 %. Si on corrige l’effet lié à l’arrivée de nouvelles chaînes et programmes, la croissance est estimée à environ 30 %.Le bataillon des 15-24 ansLa consommation replay par le téléviseur est en progression, et celle-ci a, pour la première fois, dépassé celle sur ordinateur, en août, novembre et décembre 2014, pointe le rapport. Sur l’ensemble de l’année, l’ordinateur représente 40,1 % de cette consommation de télévision en ligne (– 6,9 points par rapport à 2013), l’écran de télévision 37,5 % (+ 2,7 points) et les supports mobiles totalisent 22,3 % des vidéos vues (+ 4,1 points), dont 11,3 % pour la tablette et 11 % pour le téléphone mobile.« On a franchi un cap, le paradigme est en train de changer », estime Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions. Les programmes les plus propices au visionnage en replay sont les séries « feuilletonnantes », note-t-il. « Plus belle la vie » de France 3 attire ainsi en 2015, en moyenne, 5,1 millions de téléspectateurs, dont 300 000 en différé sur téléviseur, et génère 150 000 à 200 000 vidéos vues sur les autres canaux. Les documentaires événementiels, comme Apocalypse, sur la guerre 1939-1945, connaissent aussi de fortes audiences de rattrapage, de même que les programmes « de niche », comme ceux de France 4 ou les séries de la chaîne d’outre-mer France Ô. Sur Arte, la série d’auteur « P’tit Quinquin » a entraîné 626 000 visionnages en différé sur un total de 1,9 million, selon Libération.Dans le groupe Canal+, les meilleures audiences en différé sont réalisées par « Le Petit Journal » et « Le Grand Journal » ; dans le groupe M6 par les divertissements de la chaîne W9 (« Les Princes de l’amour », « Les Marseillais à Rio »…), selon le CNC. Les programmes de deuxième partie de soirée réalisent aussi de bons scores : + 22 % en moyenne pour la série américaine « The Arrow ».Et la tendance semble bien partie pour se renforcer. Les 15-24 ans représentent, en effet, 25,3 % du public de la télévision de rattrapage, mais 42,7 % des utilisateurs quotidiens de ces services, souligne le CNC.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois (avec AFP) Mais que va faire Vincent Bolloré ? Le patron de Vivendi dispose aujourd’hui d’importantes capacités financières confortées par la sortie définitive de Numericable-SFR, annoncée vendredi 27 février. Cette journée marque un tournant. À l’occasion de la publication des résultats annuels du groupe, le conseil de surveillance de Vivendi, présidé par Vincent Bolloré, a accepté l’offre de Patrick Drahi formulée dix jours auparavant, concernant la cession de ses 20 % de Numericable-SFR. Cette vente est estimée à environ 3,9 milliards d’euros. Le groupe recentré sur les médias et les contenus a justifié sa décision au vu du « faible niveau de liquidité » du titre Numericable-SFR qui aurait rendu « incertaine une sortie dans des conditions optimales ». L’offre de 40 euros par action représente une prime de 20 % par rapport au cours du titre au 27 novembre 2014, lorsque Vivendi a conclu la cession de SFR, note le groupe.Toutefois, les analystes se sont étonnés, de cette vente qui se fait avec une décote importante, alors que le titre SFR-Numericable a terminé la séance de vendredi à la Bourse de Paris à 55,4 euros. « C’était une bonne opportunité pour encaisser le cash et éviter d’être dans une situation difficile de liquidités », a répondu le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, soulignant n’avoir d’ailleurs reçu aucune contre offre depuis celle de M. Drahi.Redistribution aux actionnairesAu total Vivendi devrait recevoir 17 milliards d’euros pour la cession du deuxième opérateur mobile français, auxquels s’ajoutent les 4,1 milliards pour la vente de Maroc Telecom. Le groupe dispose ainsi d’une trésorerie positive de 4,6 milliards d’euros fin 2014, ayant soldé toute sa dette, qui se montait à 11,1 milliards fin 2013. Et ce n’est pas fini. Vivendi prévoit encore de finaliser la cession a Telefonica de son actif télécom brésilien GVT au cours du deuxième trimestre 2015 pour 7,45 milliards d’euros.Dans un premier temps une partie de ces sommes va être restituée aux actionnaires. Ainsi, 5,7 milliards d’euros vont être rendus sous forme de dividendes et de rachats de titres sur la période 2014-2017, pour leur faire partager une partie des gains enregistrés sur ses récentes cessions. Vivendi versera un dividende au titre de 2014 de 1 euro, dont 0,8 euro correspondant à ses derniers désinvestissements. « L’objectif est de maintenir ce niveau de distribution au titre des exercices 2015 et 2016, représentant un retour aux actionnaires de 2 milliards d’euros supplémentaires », a précisé le communiqué financier. Le groupe prévoit également de racheter jusqu’à 2,7 milliards d’euros de ses propres actions.« Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française »Rien n’a été dit concernant les futures acquisitions, mais une indication avait été donnée à la fin de l’année 2014 quand le groupe s’était porté officiellement candidat au rachat du pôle français de l’éditeur belge Roularta comprenant en particulier L’Express, L’Etudiant, L’Expansion. Un pôle passé finalement sous contrôle de.. Patrick Drahi.Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 9 décembre 2014, au micro de RTL, Vincent Bolloré déclarait que « Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française, c’est-à-dire à réunir l’ensemble des médias qui soient écrits ou télévisuels ou sur le net. Donc, bien évidemment, s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisira. » Il ajoutait : « On a la chance d’avoir le groupe Canal qui est très important, on a la chance d’avoir Universal, le numéro un de la musique, mais pour que tout ça rayonne il faut des contenus et les magazines sont des contenus. »Concernant Canal +, les ventes ont progressé de 2,7% sur un an, avec un gain de 678.000 abonnements sur l'année 2014 qui atteignent désormais 15,3 millions dans le monde. Le portefeuille d'abonnés passe ainsi la barre des 11 millions pour la première fois grâce à l'Afrique et au Vietnam. L'offre de vidéo à la demande en France Canalplay y contribue aussi à cette performance avec 599.000 abonnés fin 2014.Vivendi devrait contribuer à alimenter les spéculations sur les marchés concernant ses futures acquisitions. Un point commun avec Patrick Drahi . Des rumeurs insistantes lui prêtent l’intention d’acquérir Bouygues Telecom. «Il n’y a aucune négociation en cours (…) Le choix, c’est le “stand alone”, on a été très clairs là-dessus  » a répliqué mercredi Martin Bouygues.Dominique Gallois (avec AFP)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gabriel Coutagne Une polémique en a chassé une autre. Cette année encore, le World Press Photo avait soulevé la question de la retouche en photographie, en annonçant avoir rejeté près de 20 % des photographies présentées au jury du prestigieux prix. Mais c’était compter sans une autre affaire, révélée mercredi 25 février par le site Our Age Is 13, spécialiste de l’actualité photographique.Dans un courrier adressé à la présidence du jury du World Press Photo, et que Le Monde a pu consulter, la mairie de Charleroi « demande de retirer le prix qui a été accordé à M. [Giovanni] Troilo à la lumière de notre argumentation et de nos explications ». En cause, une série d’images, très sombre, qui montre des personnages, présentés comme des Carolorégiens, dans des situations décrivant une misère sociale et morale, ou s’adonnant à des pratiques sexuelles libertines. Une demande rejetée par l’institution dimanche 1er mars, après plusieurs jours d’enquête, confortant le prix remis à Giovanni Troilo. « Le World Press Photo n’a trouvé aucun fondement permettant de remettre en cause l’intégrité [journalistique] du projet du photographe. Aucun fait n’a été manipulé dans les légendes que le jury a pu consulter », précise l’institution dans un communiqué.Le World Press Photo brise le tabou de la mise en scèneGiovanni Troilo est un photographe italien travaillant habituellement dans les domaines de la mode et de la publicité. Il a été récompensé dans la catégorie « problématiques contemporaines », pour une série intitulée The Dark Heart of Europe. Le photographe présente son travail sur son site :« Aujourd’hui, le malaise social s’insère dans la vie des citoyens [de Charleroi]. Les routes, qui étaient à l’époque propres et fleuries, sont aujourd’hui abandonnées et en mauvais état. Les usines ferment et la végétation reprend ses droits dans les vieux quartiers industriels. Une sexualité perverse et malade, la haine raciale, une obésité névrotique, l’abus d’antidépresseurs semblent être les seuls remèdes pour surmonter ce malaise endémique. »« UNE ATTEINTE À LA PROFESSION DE PHOTOJOURNALISTE » Dans les jours qui ont suivi l’annonce du prix, faite le 12 février, « plusieurs personnes, dont des photographes, ont réagi sur les réseaux sociaux », raconte Molly Benn, rédactrice en chef du site Our Age Is 13.@lesoir WPressPhoto 2015.Le misérabiliste "Dark heart of Europe" sur #charleroi primé. http://t.co/kB9S3QJoDC http://t.co/Zuo3UR9XXz— Humbert_Tesla (@Umberto di Tesla)require(["twitter/widgets"]);Parmi eux, le photojournaliste belge Thomas Vanden Driessche s’était interrogé sur ce qu’il considère comme une dérive du photojournalisme.Triste... Ou peut-être un nouveau point de départ pour s'interroger sur les dérives d'un certain photojournalisme... http://t.co/DzCvURFeHd— thomasvdd (@T. Vanden Driessche)require(["twitter/widgets"]);« C’est en tant que photojournaliste que je me suis senti concerné par ce prix », explique au Monde Thomas Vanden Driessche. Sa question a alimenté le vif débat sur les réseaux sociaux, auquel ont pris part photographes et habitants de Charleroi. « Nous avons d’abord été contactés par plusieurs photographes », confirme la mairie de la ville. Si le souci principal de la municipalité est bien d’en défendre la réputation, l’argument pour convaincre le World Press Photo de retirer ce prix est journalistique.« Nous considérons le sujet du photographe, construit de toutes pièces, tant comme une atteinte à la ville et aux habitants de Charleroi que comme une atteinte à la profession de photojournaliste en tant que telle », dénonce dans sa lettre le bourgmestre de la ville, Paul Magnette (PS), en fonction depuis juillet 2014. « Le caractère falsifié et mensonger des légendes, la manipulation de la réalité, la construction d’images-chocs mises en scène par le photographe, malhonnêtes (…) trahissent les bases de l’éthique journalistique », poursuit l’élu.Le recours à la mise en scène est parfois légitime dans un sujet documentaire, notamment lorsque l’on fait un portrait, mais le World Press Photo, dans un document disponible en ligne, précise qu’une image ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène ou d’une reconstitution. De plus, certaines imprécisions dans les légendes posent problème.UN RÉCIT PERSONNEL Le rendu de ce portrait et sa légende suggèrent que cette personne vit recluse chez elle pour fuir la violence de son quartier. Thomas Vanden Driessche souligne pourtant « qu’il s’agit de Philippe Génion, une personnalité bien connue à Charleroi (…). Il habite dans un quartier populaire, mais relativement paisible. Sa maison est également un bar à vin ». Sur son profil Facebook, le modèle raconte le moment de la prise de vue :« Le photographe m’a demandé de poser pour lui, dans mon intérieur, et a demandé à ce que je sois torse nu, ce qui ne m’a nullement dérangé, n’ayant aucun complexe par rapport à mon physique. Les deux artistes étaient sympathiques et ne cachaient pas qu’ils mettraient en scène leurs photos, disant clairement qu’ils ne faisaient pas un reportage, mais un travail photo. Par contre, je m’insurge contre le terme d’“obésité névrotique”, qui, s’il peut qualifier d’autres personnes que je ne connais pas, n’est absolument pas mon cas. »De son côté, Giovanni Troilo ne semble pour l’instant pas trop inquiet de la polémique, comme le rapporte un blog du quotidien italien La Repubblica : « Je m’attendais aux polémiques, et ils n’ont pas été tendres… Mais je n’imaginais pas des réactions de ce genre. Je comprends l’ambiance, ils cherchent à promouvoir une image neuve de la ville [Charleroi], et dire certaines choses dérange. »Le photographe se défend, présentant sa série comme un récit personnel plutôt que comme un reportage au sens strict. Pour lui, ce travail rend compte de choses « qu[’il a] vues, qu[’il] conna[ît], dont [il] sai[t] qu’elles existent », tout en concédant, en creux, que certaines images sont mises en scène : « Il y a aussi des photos où [les personnes] ne posent pas, la dame avec la tête inclinée sur la table est véritablement une personne dans un hospice, c’est une amie de ma tante. La police était vraiment en train de charger… »Giovanni Troilo avait reconnu en conclusion de l’interview accordée à La Repubblica devoir fournir des explications au World Press Photo quelques jours avant la décision de confirmer le prix remis au photographe.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.02.2015 à 17h52 • Mis à jour le27.02.2015 à 04h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Un « prédateur sexuel », pédophile, qui a pu pendant des décennies utiliser un hôpital pour multiplier viols et attouchements : le rapport publié jeudi 26 février détaille une nouvelle fois les abus sexuels de Jimmy Savile, ancienne star britannique de la télévision, aujourd’hui décédé. Soixante victimes y sont identifiées, âgées de 8 à 40 ans. La moitié avait moins de 16 ans, et dix, moins de 12 ans. L’immense majorité était de sexe féminin. Les abus ont eu lieu entre 1968 et 1992.Ces nouvelles révélations viennent une nouvelle fois illustrer l’ampleur des crimes commis par l’ancien présentateur des émissions « Top of the Pop » et « Jim’ll fix it », grands succès des années 1970 et 1980. Avec ses cheveux longs blonds, ses gros cigares, ses pantalons de survêtements et ses lunettes teintées, l’homme était toujours passé pour un excentrique. Mais il était aussi très aimé du grand public, célébré pour son aide pour de nombreuses associations caritatives. Il était en particulier très actif dans les hôpitaux.On sait désormais qu’il s’agissait d’une tactique pour avoir accès aux enfants. Mais jusqu’à son décès en 2011, les accusations d’agressions sexuelles portées contre lui n’avaient jamais été révélées publiquement. A chaque fois, elles avaient été étouffées, à différents niveaux d’autorité.450 plaintesTout a basculé en 2012 avec la diffusion d’un documentaire diffusé sur ITV. Choquant le Royaume-Uni, l’affaire a poussé la police à ouvrir une enquête. Celle-ci a désormais reçu 450 plaintes, qu’elle est en train de traiter. Parallèlement, plusieurs rapports ont été commandés, pour essayer de faire toute la lumière sur ce scandale. En juin 2014, l’un d’entre eux détaillait les abus dans plusieurs hôpitaux. Ce jeudi, un nouveau document concerne l’établissement de Stoke Mandeville, situé près d’Oxford.Jimmy Savile était arrivé en 1969 dans cet hôpital en tant que brancardier volontaire. Aucune vérification sur sa personnalité n’avait alors été réalisée, mais il était déjà star du petit écran. Progressivement, il prend de plus en plus de place dans l’établissement, et aide à lever de l’argent. En 1980, la première ministre Margaret Thatcher, qui voulait promouvoir le financement privé du système de santé, lui confie même un rôle officiel pour assembler des fonds.La star avait ainsi un accès complet et total à l’hôpital, vingt heures sur vingt-quatre. Il rentrait dans les chambres à l’improviste, discutait avec les patients et leurs familles, offrait des disques, signait des autographes… Et abusait sexuellement ses victimes.« Le brancardier m’a fait mal, ici »Soixante témoignages, pénibles à lire, sont détaillés dans le rapport. Souvent, il s’agit d’attouchements très rapides : des mains sur des seins en passant dans un couloir, un baiser avec la langue à une jeune patiente, des caresses inappropriées. Et puis, il y a les cas de viol, comme la « victime 20 », qui avait douze ans au moment des faits en 1977. Elle était à l’hôpital pour se faire retirer les amygdales. En robe de chambre, elle s’était trainée à la pièce télévision, fatiguée de l’opération. Jimmy Savile est arrivé, s’est mis devant elle, a baissé son pantalon et l’a pénétrée. Victime 20 est allée se plaindre à l’infirmière : « Le brancardier m’a fait mal, ici. » La réponse est arrivée, sèche : ne surtout rien dire, sinon cela causerait des problèmes à l’infirmière. La même nuit, l’adolescente s’est réveillée et Jimmy Savile était à côté de son lit. Cette fois, il l’a pénétrée avec les doigts.Comment a-t-il pu continuer ses agressions pendant tant d’années, sans que rien ne se sache ? Le rapport documente neuf plaintes « verbales » et une plainte « formelle ». Mais « aucune n’a été prise sérieusement et n’a été transférée à la direction de l’hôpital ». En filigrane, l’explication qui transpire est double. D’une part, l’état d’esprit général consistait à ne pas prendre trop au sérieux les plaintes des enfants. D’autre part, Jimmy Savile exerçait une influence considérable sur l’hôpital. Il levait beaucoup d’argent et apportait une publicité très positive à l’établissement. Il était devenu intouchable.En 1991, une nouvelle direction est arrivée à Stoke Mandeville. Rapidement, elle s’est érigée contre Jimmy Savile. A l’époque, la controverse concernait l’argent de l’association caritative, que la star utilisait à sa guise, à titre personnel. Son accès permanent aux patients, son intrusion au milieu du personnel, ont également été jugés inappropriés. Jimmy Savile s’est progressivement éloigné de l’hôpital. Mais il a continué à exercer ses abus sexuels ailleurs. La dernière agression documentée remonte à 2009, deux ans avant son décès.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.03.2015 à 20h04 • Mis à jour le05.03.2015 à 20h10 Raj médias, la société marseillaise éditrice du pure player d'informations sur Internet Marsactu et de la lettre économique digitale Marséco, a été placée en liquidation judiciaire mercredi 4 mars, a-t-on appris jeudi auprès de son fondateur, Pierre Boucaud. Cette décision, qui fait suite à la cessation de paiement de la société le 27 février, n'est « malheureusement pas une surprise, tant la voie du redressement judiciaire était étroite », a déclaré M. Boucaud, gérant et lui-même coactionnaire.Connu pour le sérieux de son travail d'enquête, Marsactu, site gratuit financé par la publicité créé en 2010, a enregistré 175 000 euros de pertes en 2013, pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 200 000 euros, selon M. Boucaud. Lancée en juin pour diversifier les revenus, la lettre d'information Marséco, payante, avait recruté 100 abonnés (à 500 euros l'année). Les 7 salariés, tous journalistes, seront licenciés.« Un projet de média numérique indépendant »« Nous n'avons pas su résoudre la question du modèle économique. Nous réfléchissions à une option payante, mais il fallait investir de nouveau 150 000 euros, et nous n'en avions trouvé que 50 000 auprès de nos actionnaires », a poursuivi M. Boucaud. Deux raisons spécifiques à l'environnement marseillais ont, selon lui, accentué les difficultés financières, « le fait que le marché publicitaire soit dominé par les collectivités locales, dont nous n'avons jamais rien perçu, et le niveau de consommation de presse assez faible à Marseille ».La rédaction, en tout cas, affirme « vouloir continuer sur un projet de média numérique indépendant, qui conservera sa liberté de ton journalistique », selon son rédacteur en chef, Benoît Gilles. « Nous allons inviter nos lecteurs pour en débattre, et discuter de la manière dont cette communauté pourrait nous aider à construire un nouveau projet, qui ne pourra, en tout état de cause, pas être fondé sur un modèle gratuit », a-t-il expliqué. De source proche du dossier, un repreneur issu du secteur des médias s'est également manifesté.Lire aussi (édition abonnés) : Etat d’urgence pour la presse marseillaise Alexis Delcambre Cinq jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues par l’Agence France-presse, les premières conséquences ont été actées avec la démission, jeudi 5 mars, du directeur de la Région France, Bernard Pellegrin, et du rédacteur en chef France Didier Lauras.A la tête de la Région France depuis 2012, M. Pellegrin est remplacé par Philippe Onillon, actuel adjoint à la direction de l’information, qui a pour mission de « tirer toutes les conséquences des dysfonctionnements qui se sont produits le samedi 28 février » et « notamment étudier les procédures d’alerte à suivre en cas de circonstances exceptionnelles », selon un communiqué.En interne, cette double démission est interprétée comme le signe que la chaîne d’erreurs survenue le 28 février n’est pas uniquement le fruit de fautes de jugement individuelles, mais procède aussi d’un contexte organisationnel.« La question est notamment celle de savoir comment une grande agence mondiale travaille un samedi, avec quelle collégialité et quelle supervision », selon un journaliste. Celui-ci fait référence a une des failles apparues ce jour-là : la journaliste de permanence a pris seule la décision de publier la dépêche annonçant à tort la mort de M. Bouygues.Cela peut signifier que la nécessité de consulter la haute hiérarchie du service ou de l’agence avant de diffuser une telle information n’était pas clairement établie. C’est en tout cas ce qu’on comprend des mots d’ordre de la direction, qui estime qu’il faut rappeler cette nécessité, y compris à travers un programme de formation.Mardi, le syndicat SNJ-CGT avait mis en garde contre la tentation de s’en tenir à une lecture individualisée des événements. Une lettre ouverte avait également circulé dans la rédaction pour défendre les agenciers impliqués dans la publication de la dépêche erronée.Dans ce texte, des journalistes évoquaient « une erreur qui affecte chacun de nous et dont aucun de nous n’est à l'abri ». « Cet échec doit être assumé collectivement, y compris par la hiérarchie, et être l’occasion d’une vraie remise à plat de nos pratiques, et d’une réaffirmation de nos règles », estimaient ces agenciers, dénonçant « un quotidien de plus en plus marqué par la course à la rapidité et la pression induites non seulement par les réseaux sociaux, les sites internet et les chaînes d'information en continu, mais aussi par la rédaction en chef et la direction ».Après son erreur sur la mort de Martin Bouygues, l’AFP agitée de débats en interneCette double exigence, parfois contradictoire, de rapidité et de fiabilité, est au cœur des débats qui parcourent l’AFP, qui doit à la fois « dire juste » et « dire vite », comme l’avait rappelé François Hollande lors du 70e anniversaire de l’agence, en janvier.« Ces dernières années, et notamment lors de la couverture de l’attentat de Charlie Hebdo, la hiérarchie a souvent "mis la pression" sur les services de production pour que ceux-ci donnent une information le plus vite possible - en dépit parfois d'éléments insuffisamment étayés - dès lors qu'elle était publiée par un autre média, et déploré les retards dus au nécessaire recoupement des sources », lisait-on encore dans cette lettre ouverte, qui concluait que « la mise sous tension des journalistes au quotidien pour courir après [les réseaux sociaux] finit par créer de mauvais réflexes ».« La fiabilité est la valeur numéro un à l’AFP, elle doit toujours primer sur la rapidité », a réaffirmé Michèle Léridon, la directrice de l’information - dont la démission a été refusée par le PDG, Emmanuel Hoog. Le nouveau directeur de la Région France, Philippe Onillon, devra ainsi « travailler (...) aux moyens de consolider nos règles en matière de sources et de vérification des faits dans un monde de l’information en pleine mutation ».Cette double démission ne signifie pas que l’affaire est close. « Les suites à donner au regard des responsabilités individuelles interviendront dans les prochains jours », selon la direction de l’AFP, qui a conduit depuis samedi une enquête interne.« Il aurait été impossible de prendre quelque sanction que ce soit sans qu’il y ait au préalable une prise de responsabilité à un certain niveau », décrypte un journaliste de l’agence, ajoutant que la hiérarchie de la Région France était de toute façon contestée de longue date, notamment pour s’être cassée les dents sur un projet de réforme des différents services. « Il fallait quelqu’un de nouveau pour mener la remise à plat des procédures et de l’organisation », estime ce journaliste.Cette annonce a également contribué à réduire la pression pesant sur M. Hoog, qui s’était trouvé attaqué par un communiqué du SNJ-CGT, qui exploitait une phrase prononcée en janvier par le PDG (« Ne soyez pas prisonniers de vos sources »). Le nom de M. Hoog est régulièrement cité parmi les postulants à la présidence de France Télévisions.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.03.2015 à 16h38 • Mis à jour le05.03.2015 à 16h40 Yves de Kerdrel, le directeur de la publication de Valeurs actuelles, a été condamné jeudi 5 mars à une amende de 3 000 euros pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation. La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a également ordonné la publication, dans Valeurs actuelles et un autre journal, d'un communiqué judiciaire qui souligne le caractère « particulièrement stigmatisant » envers les Roms dans ce dossier.Le 22 août 2013, l'hebdomadaire avait consacré un dossier aux Roms, intitulé « Roms l'overdose », qui avaient scandalisé plusieurs associations et particuliers. Les juges ont souligné jeudi que, dans ce dossier, « la répétition et la juxtaposition de termes censés [être] descriptifs tels que “fléau”, “overdose”, “plaie”, “invasion”, tous évocateurs de maladies ou de catastrophes [...] contribuent nécessairement, par-delà le supposé “constat” à opposer la communauté visée, appréhendée sous un prisme uniquement négatif, à “la France” ou aux “Français” ».Voir : Concert de réprobations après la couverture de « Valeurs actuelles » sur « L'overdose Roms »Yves de Kerdrel et la société Valmonde, éditrice du journal, ont également été condamnés à verser solidairement 2 000 euros de dommages et intérêts à la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et 1 euro à l'association La Voix des Rroms. Cette condamnation doit « servir d'exemple pour les journalistes et les hommes et femmes politiques », a réagi l'avocat de la Voix des Rroms, Me Henri Braun, à l'issue du jugement.De son côté, le directeur de la publication de l'hebdomadaire a dénoncé un « nouvel acte de censure fait à destination de Valeurs actuelles, sur un sujet grand public qui intéresse les Français » et une « atteinte à la liberté d'expression ». Ce dernier avait déjà été condamné le 3 février à 2 000 euros d'amende pour une « une » intitulée « Naturalisés, l'invasion qu'on nous cache », présentant une Marianne voilée. Il a fait appel. Alexis Delcambre et Alexandre Piquard L’Etat s’invite dans le processus de nomination du prochain président de France Télévisions, attendue d’ici le 22 mai : les ministres Fleur Pellerin, Emmanuel Macron, Michel Sapin et Christian Eckert ont formulé, mercredi 4 mars, leur version des missions de l’entreprise publique à l’horizon 2020, en s’appuyant sur un rapport commandé à l’ancien directeur financier de France Télévisions Marc Schwartz.Pour ces autorités de tutelle, il s’agit de peser dans une procédure largement confiée au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), chargé de désigner le successeur de Rémy Pflimlin, qui n’a pas encore dit s’il serait candidat. Mais il s’agit aussi pour les ministres de couper court à un reproche récurrent : l’Etat dérouterait France Télévisions par ses injonctions contradictoires, son absence de constance et de cohérence.Présidence de France Télévisions : le casse-tête du CSAFleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication, et ses homologues de Bercy entendent donc prendre leurs responsabilités et proposent de « simplifier et de rationaliser » les objectifs de la télévision publique, tout en poussant à des choix stratégiques drastiques, qui pourraient éventuellement affecter le nombre des chaînes hertziennes publiques, actuellement de cinq (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô).Le gouvernement est aussi soucieux de réconcilier la télévision publique avec la société dans son ensemble, a fortiori dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo. Si le développement numérique de France Télévisions a été significatif ces dernières années, l’audience de ses chaînes hertziennes est vieillissante. Symboliquement, les ministres proposent de remplacer le triptyque traditionnel « informer, éduquer distraire » par « comprendre, rayonner, participer ».France Télévisions, le grand corps maladePriorité à l’information « Nous attendons du prochain président de France Télévisions des propositions pour renforcer l’offre publique d’information », a dit Fleur Pellerin dans son discours, mercredi. Pour la ministre, il s’agit de promouvoir le débat et la « diversité » des paroles, mais surtout de proposer plus d’information. En la matière, l’Etat ne pense pas seulement à l’information en continu sur laquelle règnent BFM-TV et i-Télé. Il souhaite que soient associées les rédactions nationales - de France 2 et France 3 -, mais aussi locales. Et qu’il y ait une « coopération étroite » avec les autres entreprises de l’audiovisuel public. Concrètement, on peut imaginer un projet de chaîne d’information publique. Dans la lignée du canal 100 % numérique qu’a annoncé pour septembre l’actuel directeur de l’information de France Télévisions, Thierry Thuillier, et qui se nourrirait notamment du site d’information FTVI. Une autre piste pourrait être celle défendue de longue date par le sénateur PS David Assouline : dédier France 3 à l’information sous toutes ses formes (et France 2 aux autres programmes).Un devoir de soutien à la création française Pour l’Etat, France Télévisions doit aussi jouer un rôle moteur dans la création française, à la fois en proposant de nouvelles séries innovantes, mais aussi en jouant mieux de son poids économique : « France Télévisions doit développer une politique d’achat et d’investissement qui contribue à mieux structurer et professionnaliser le secteur de la production, pour que les programmes français rayonnent sur les marchés internationaux », écrivent les ministres dans leur document de synthèse.Fleur Pellerin voit France Télévisions, premier commanditaire français de créations audiovisuelles, comme un fer de lance de son projet de réforme de la réglementation pour favoriser des « champions » d’une fiction française moderne, capables d’exporter. En contrepartie, l’Etat assure qu’il jugera moins France Télévisions sur la seule « audience » des programmes : il faut « accepter clairement le droit à l’échec » et « les pouvoirs publics, comme France Télévisions, doivent adopter une culture du risque et de l’audace », écrivent les ministres. A défaut d’être un vœu pieu, c’est un message ambitieux.Répondre au divorce avec la jeunesse« Pour que les Français parlent de France Télévisions, France Télévisions doit parler d’eux », selon Fleur Pellerin. Diversité, jeunesse, « culture de l’ouverture », « apprentissage de l’altérité » : dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo, l’Etat affirme attendre « des engagements et des résultats concrets ».L’enjeu, louable mais difficile à atteindre, est de « rapprocher France Télévisions du public le plus éloigné aujourd’hui des grands médias ». Pour cela, le gouvernement imagine une télévision publique dont la culture serait transformée : « approches collaboratives », « liens avec d’autres organisations » comme les « médias de proximité ou médias citoyens » . Et il attend que les entreprises de l’audiovisuel public travaillent « à un espace de service public audiovisuel à l’intention des jeunes », dont on comprend qu’il serait probablement numérique, faisant suite aux efforts actuels de France 4 ou de Mouv’et destiné à offrir une alternative aux contenus actuels de YouTube, des réseaux sociaux et des antennes privées.Des économies et l’hypothèse d’une suppression de chaîneSur le volet financier, l’Etat joue cartes sur table : les ressources de France Télévisions seront « au mieux stables » et « plus probablement (…) à la baisse », en raison des contraintes pesant sur les finances publiques. Faut-il en conséquence rétablir la publicité en soirée, supprimée sous Nicolas Sarkozy ? « Les conditions ne sont pas réunies », tranche le gouvernement, faisant écho aux préoccupations des chaînes privées, touchées par le repli du marché publicitaire. Le prochain président aura donc une feuille de route de rigueur : poursuivre les « réformes » engagées, rechercher des « synergies », créer de l’« agilité »…Mais le gouvernement va plus loin : « L’Etat considère que maintenir cinq chaînes hertziennes ne sera possible, dans le cadre économique des cinq prochaines années, que si des réformes de gestion ambitieuse sont réalisées », selon le document de synthèse. A charge donc, pour le prochain président, de travailler à la « cohérence du bouquet », et de s’attaquer aux structures de charges les plus lourdes : le réseau régional de France 3, la filière de production et le réseau outre-mer. La réforme territoriale en cours, à laquelle les ministres se réfèrent, est vue comme l’occasion de simplifier le maillage régional de France 3.France Télévisions : l’Etat fait voeu de simplificationDepuis le retour de la gauche au pouvoir en 2012, l’exécutif a rendu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) la prérogative de nommer les patrons de l’audiovisuel public, dont celui de France Télévisions, où le mandat de Rémy Pflimlin s’achève cette année.Cependant, un an à peine après le vote de la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public, l’exécutif entend montrer qu’il lui revient d’encadrer les grandes orientations stratégiques, ce qu’il n’avait pas fait pour le choix de Mathieu Gallet à la présidence de Radio France. Le risque est de rajouter ainsi de la complexité et de donner l’impression d’une concurrence entre l’Etat et le CSA, qui a pris un poids politique croissant sous la présidence d’Olivier Schrameck.L’Etat fait pourtant ici vœu de simplification, alors qu’il est régulièrement critiqué pour la multiplicité des objectifs imposés à France Télévisions et la lourdeur de son pilotage, épuisant pour les directions de l’entreprise publique. Le gouvernement veut réduire le nombre des objectifs du groupe public et lui redonner de l’autonomie, notamment par son conseil d’administration, sur le modèle par exemple de la BBC britannique. Il assure enfin qu’il ne reviendra plus sur ses choix. Une intention louable mais qui suppose des changements culturels majeurs chez l’ensemble des acteurs : cabinets ministériels, parlementaires, dirigeants et syndicats, voire producteurs.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.03.2015 à 15h29 • Mis à jour le03.03.2015 à 19h12 | Alexis Delcambre Premiers grincements de dents à l’Agence France-Presse (AFP), trois jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues. Mardi 3 mars, le syndicat SNJ-CGT a publié un communiqué offensif pour pointer ce qu’il estime être les causes structurelles de cette erreur, au delà des manquements individuels.Depuis samedi, la direction de l’agence s’est attachée à communiquer abondamment. Elle a d’abord annulé l’ensemble de ses dépêches sur le sujet - un geste rare. L’AFP et son PDG, Emmanuel Hoog, ont présenté leurs excuses, tandis que la directrice de l’information, Michèle Léridon - dont M. Hoog a refusé, samedi, la démission -, s’attachait à exposer les erreurs ayant conduit à cet accident.Lundi, la conférence de rédaction matinale a été intégralement consacrée à un débriefing des événements de samedi. La direction a reçu tous les protagonistes pour entendre leurs versions et aboutir à un récit détaillé. « C’est une instruction rédactionnelle », a expliqué Mme Léridon, sans cacher l’hypothèse de « sanctions ».Mais désormais, une partie de la rédaction trouve que la direction de l’agence en fait trop. « Nous ne voulons pas être dans une logique de bouc émissaire, s’inquiète un journaliste. Cet épisode appelle une réflexion collective sur la rapidité, les sources et l’aspect collectif du travail, plutôt que de cibler deux individus. » « Prisonniers de vos sources »Au sein de la rédaction, des journalistes s’affichent « solidaires » du journaliste du bureau de Rennes qui a subi le quiproquo avec le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne) et de la rédactrice en chef adjointe qui a validé la dépêche. « Ce sont tous deux des professionnels estimés », dit-on. Qui auraient certes commis des erreurs de jugement, mais dans le contexte d’un improbable enchaînement de circonstances : une rumeur qui remonte accidentellement jusqu’à Paris ; un quiproquo téléphonique…Pour le SNJ-CGT la cause est entendue : l’origine de ces « erreurs humaines » est à rechercher dans « la désorganisation de la rédaction mise en place par la direction depuis plusieurs années ». Le syndicat pointe même une forme d’hypocrisie de la direction, sur la tension entre fiabilité et rapidité. Ainsi, le 8 janvier, au lendemain de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, Emmanuel Hoog serait intervenu en conférence de rédaction pour déplorer que les noms des victimes aient été donnés trop tardivement par rapport à d’autres médias. « Ne soyez pas prisonniers de vos sources », aurait notamment recommandé le PDG.« Depuis samedi, il y a eu une pression de Hoog pour sur-réagir, estime un journaliste. Peut-être parce que cette affaire peut lui porter préjudice, alors que la campagne pour la présidence de France Télévisions bat son plein. » Le nom du PDG de l’AFP est en effet régulièrement cité parmi les postulants à la succession de Rémy Pflimlin, sur laquelle le CSA doit se pencher au mois d’avril.Pour M. Hoog, la séquence est amère. Le 19 janvier, à l’occasion des 70 ans de l’AFP, il accueillait François Hollande et le tout-Paris des médias au Palais Brongniart. Dans un discours qui se voulait un éloge du journalisme, prononcé devant les survivants de la rédaction de Charlie Hebdo, le président dénonçait un « temps médiatique réduit parfois à l’immédiateté » et soulignait l’importance de « dire juste » avant celle de « dire vite ».Des zones d’ombre persistantesL’origine de la rumeur qui a conduit l’AFP à annoncer par erreur la mort de Martin Bouygues reste mystérieuse. Dans une note interne retraçant les événements de samedi, l’agence fait état d’une rumeur partie de « la commune de La Roche Mabile sur la mort de Martin Bouygues qui y possède une maison ». Problème : selon le groupe Bouygues et la mairie de La Roche Mabile, ce n’est pas le cas. « Martin Bouygues n’a aucune attache dans l’Orne », a indiqué au Monde le porte-parole du groupe de BTP.Autre zone d’ombre : la nature précise du dialogue entre un journaliste de l’agence et le maire de la commune de Saint-Denis-sur-Sarthon. Selon l’agence, le journaliste a bien demandé au maire s’il pouvait lui confirmer la mort de Martin Bouygues, et ce dernier a répondu clairement par l’affirmative. Le maire conteste cette version et assure que le nom de « Bouygues » n’a pas été prononcé.Enfin, une inconnue subsiste sur l’intensité des efforts prodigués par l’AFP pour recouper l’information. Selon l’agence, plusieurs contacts politiques et économiques n’ont rien donné et les porte-parole du groupe Bouygues n’ont pas répondu au téléphone. Ceux-ci assurent avoir retourné l’appel dans la demi-heure, mais que la dépêche était déjà partie.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gabriel Coutagne C’est au tour du photographe de répliquer après la diffusion d’une photo prétendument non retouchée de Cindy Crawford sur les réseaux sociaux. Le site américain TMZ révélait dimanche 1er mars que l’avocat de l’auteur de la fameuse photographie, John Russo, demandait au Telegraph et au Sunday Telegraph de retirer l’image, sous peine de poursuites.Cindy crawford releases honest, un-photoshopped image http://t.co/ehbjfbyWrk #BeReal http://t.co/27tLSzOg1C— BeReal_Campaign (@Be Real)require(["twitter/widgets"]);Dans une lettre adressée au Telegraph et mise en ligne par TMZ, l’auteur du cliché, connu pour ses portraits de célébrités, explique que les photos de Cindy Crawford, réalisées pour l’édition mexicaine de Marie Claire en 2013, « [lui] ont été volées ». Il ajoute que l’image qui circule sur les réseaux sociaux « est une version frauduleuse de [sa] photographie, qui a été transformée et qui ne représente pas l’image originale ».En plus de reprocher aux médias une diffusion de l’image en dépit du droit d’auteur, le photographe souligne donc que ce cliché, prétendument non retouché, a été sciemment modifié. Dans un entretien au Monde, un professionnel de la retouche avait déjà suggéré que cette image avait sans doute été retouchée afin de faire ressortir les défauts de la top-modèle. Selon lui, pour cette image, « les contrastes ont très bien pu être renforcés pour accentuer l’effet naturel ».L’éternelle retouche des photos du corps fémininDu côté de la star, la réplique était venue par la voix de son époux, qui avait publié sur son compte Instagram une photo qui fonctionnait comme un démenti.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Face à l’érosion de ses ventes (- 8,2 % en 2014) et à une mutation numérique à accélérer, Le Parisien a opté pour un renouvellement de son équipe dirigeante. Celui-ci touche notamment la direction des rédactions, où Stéphane Albouy, jusqu’ici rédacteur en chef, succède à Thierry Borsa.Directeur des rédactions depuis 2010, M. Borsa était en sursis depuis plusieurs mois. A l’automne, selon Presse News, la direction du groupe Amaury avait mandaté un cabinet de recrutement pour lui trouver un successeur. Elle s’est finalement rabattue sur une solution interne. M. Borsa s’était notamment trouvé en conflit avec ses équipes pour avoir tenté de fusionner plusieurs services dans un grand pôle « actualité ».Au-delà de ce remplacement, les cadres du groupe — Eric Herteloup, Frédéric Allary, Eric Leclerc, Julie Costes —, voient leurs responsabilités élargies ou leurs titres reformulés, pour mieux intégrer la dimension numérique.RETOUR À L’ÉQUILIBREEn termes de projet, Le Parisien promet de « renforcer son traitement de la politique, de l’économie et des sujets de société » et met en avant la création d’une « cellule data-journalisme » et le lancement du « Parisien TV », son offre vidéo.L’information locale sera proposée avec un système d’abonnement « au compteur », soit cinq articles gratuits par semaine et un abonnement à 2,99 euros par mois. Cette nouvelle offre sera proposée à partir du 11 mars sous le label « Le Parisien Ma ville ». Le Parisien cherche ainsi à accroître son nombre d’abonnés numériques, qui n’est que de 6 000 pour le moment.Malgré la forte baisse de ses ventes (- 8,2 %, à 229 637 exemplaires en moyenne par jour, pour Le Parisien, et - 7,9 %, à 148 220 exemplaires, pour Aujourd’hui en France), le quatrième quotidien français affirme avoir « quasiment atteint l’équilibre » financier en 2014 — le fruit d’une politique d’économies internes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « C'est une débâcle, une erreur énorme », lâche Michèle Léridon, directrice de l'information de l'Agence France-presse, après l'annonce erronée de la mort de Martin Bouygues, samedi 28 février.Que s'est-il passé ? Une triple erreur semble être à l'origine de cette « faute », comme l'a qualifiée Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'agence.Premier acte : samedi en milieu de journée, au siège de l'agence à Paris, serait parvenue une information faisant état de la mort, dans l'Orne, du président-directeur général du groupe Bouygues. L'origine de cette information n'est pas connue.Aussitôt, la rédaction en chef alerte les différents services concernés et contacte son bureau à Rennes, dont dépend le département de l'Orne, pour vérifier cette information.Les journalistes rennais téléphonent alors en quête d'une confirmation. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec Michel Julien, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), une commune voisine de La Roche-Mabile, où le Martin Bouygues serait mort.Se produit alors une étonnante confusion. Interrogé pour savoir si Martin Bouygues était mort, le maire aurait répondu, selon l'agence, par l'affirmative. Dans cet échange, la confusion serait liée au fait que le maire faisait référence à une autre personne, dont le patronyme est « Martin ».Sur BFM-TV, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon a démenti que le nom « Bouygues » ait été évoqué : « Le journaliste m'a dit “M. Martin est décédé” ; j'ai dit “oui” », expliquant qu'un homme qu'il connaissait bien, mais qui n'avait rien à voir avec l'industriel, était effectivement mort le matin même. « Je suis très surpris, je ne savais pas qu'on parlait de Martin Bouygues », a-t-il ajouté.« DOMMAGE CONSIDÉRABLE »Le bureau de Rennes envoie alors au siège parisien sa dépêche, forte de cette source locale. Celle-ci est immédiatement publiée sur les fils, sans recherche d'une autre confirmation. « Il est évident qu'il aurait fallu, à ce moment, attendre la confirmation du groupe Bouygues », estime Michèle Léridon, qui rappelle que les sources habituelles pour ce type d'information sont l'entourage ou les services de communication.A 16 heures, l'AFP est contrainte d'envoyer une humiliante « note aux clients » : « Veuillez ne pas tenir compte de toute la série de dépêches (alerte, urgent, LEAD et 2ELEAD) concernant l'annonce par erreur du décès de Martin Bouygues. » Entre-temps, la caisse de résonance des alertes et des tweets l'a déjà largement répandue.« Les règles rédactionnelles élémentaires dans ce type de situation, ainsi que les procédures de validation, vont être rappelées, a précisé Michèle Léridon. La réputation de l'agence est fondée d'abord sur sa fiabilité. Nous mettons, au quotidien, tout en œuvre pour qu'elle ne soit pas entachée de tels dysfonctionnements. »Dans une note interne, que s'est procurée Libération, Michèle Léridon affirme : « L'information erronée nous cause un dommage considérable en termes de crédibilité et d'image », et de rappeler plusieurs principes de l'agence : « 1) La fiabilité est la valeur numéro un à l'AFP. Elle doit toujours primer sur la rapidité. 2) L'annonce de la mort d'une personnalité quelle qu'elle soit doit faire l'objet d'une attention toute particulière, avec des sources pleinement autorisées. 3) Le travail d'agencier est un travail d'équipe. Au moindre doute, les questions doivent remonter au sein de la hiérarchie. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 février, les Américains ont découvert la troisième saison de « House of Cards ». Samedi à 20 h 50, les Français pourront à leur tour visionner les nouvelles manigances politiques de Kevin Spacey et de sa compagne, sur Canal+ Séries, ainsi que sur la plate-forme en ligne Canal+ à la demande, où tous les épisodes sont immédiatement disponibles, en version originale. Canal+ diffusera, elle, la série en version française à partir du 12 mars.Pour la chaîne payante, ce dispositif de sortie n’est pas inédit : elle avait déjà mis en ligne d’emblée tous les nouveaux épisodes de ses séries « Borgia » et « Mafiosa » en 2014. Mais elle ne l’avait pas fait pour « House of Cards », le feuilleton emblématique dont elle a acheté les droits français au service de vidéo à la demande Netflix. Canal+ se met ainsi au binge watching, ce visionnage boulimique popularisé par la plate-forme américaine. Mais la chaîne suit aussi une tendance plus large : l’essor de la télévision « délinéarisée », celle que l’on regarde quand on veut.Déclic psychologique et techniqueDepuis plusieurs semaines, les professionnels du secteur se félicitent des bons scores de cette « télévision de rattrapage », aussi appelée en anglais catch-up ou replay : qui consiste à regarder un programme après son passage à l’antenne, sur son ordinateur, sa tablette ou son smartphone, mais aussi sur son téléviseur. Une possibilité généralement offerte durant sept jours après la diffusion.Pour les patrons de l’audiovisuel, il y a eu un déclic psychologique et technique : depuis septembre, Médiamétrie, qui produit le célèbre et parfois cruel Audimat, intègre des chiffres de visionnage en différé. L’institut ne tient compte, pour l’heure, que des programmes vus sur le téléviseur, par la « box » d’un fournisseur d’accès à Internet (IPTV). Une nouveauté qui permet déjà de faire gagner sur certaines émissions quelques précieux points d’audience.« Le différé commence à monter », a ainsi résumé Elisabeth Durand, directrice des antennes de TF1, lors d’une présentation des nouveautés de 2015. Depuis la mise en place de la mesure Médiamétrie, la chaîne a gagné 0,3 point de parts d’audience hebdomadaire sur les 4 ans et +, et jusqu’à 0,8 point sur les ménagères de moins de 50 ans. TF1, qui accapare le top 100 des meilleures audiences télévisées, est fière de détenir également le record d’audience en catch-up sur téléviseur : + 1,3 million pour un épisode de « Blacklist ». L’Emprise, téléfilm de TF1 sur la violence conjugale, a gagné 1,2 million de spectateurs grâce au replay sur téléviseur, sur un total 9,8 milllions (plus 3 millions de vidéos vues sur ordinateur et mobile, selon TF1). Un épisode de « Joséphine, ange gardien » peut séduire jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.Côté programmes de flux et de divertissement, le dernier lancement du jeu de téléréalité « Koh-Lanta » a attiré 900 000 spectateurs supplémentaires en replay sur le téléviseur, sur un total de 7,7 millions. Le concours de chanteurs « The Voice », jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.La tendance touche toutes les chaînes, pointe le Centre national du cinéma (CNC), qui a publié, vendredi 27 février, un rapport incluant tous les modes de consommation : téléviseurs, ordinateurs, tablettes et smartphones. En 2014, 3,7 milliards de vidéos ont été ainsi visionnées en replay, contre 2,5 milliards en 2013, soit une progression de 50,2 %. Si on corrige l’effet lié à l’arrivée de nouvelles chaînes et programmes, la croissance est estimée à environ 30 %.Le bataillon des 15-24 ansLa consommation replay par le téléviseur est en progression, et celle-ci a, pour la première fois, dépassé celle sur ordinateur, en août, novembre et décembre 2014, pointe le rapport. Sur l’ensemble de l’année, l’ordinateur représente 40,1 % de cette consommation de télévision en ligne (– 6,9 points par rapport à 2013), l’écran de télévision 37,5 % (+ 2,7 points) et les supports mobiles totalisent 22,3 % des vidéos vues (+ 4,1 points), dont 11,3 % pour la tablette et 11 % pour le téléphone mobile.« On a franchi un cap, le paradigme est en train de changer », estime Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions. Les programmes les plus propices au visionnage en replay sont les séries « feuilletonnantes », note-t-il. « Plus belle la vie » de France 3 attire ainsi en 2015, en moyenne, 5,1 millions de téléspectateurs, dont 300 000 en différé sur téléviseur, et génère 150 000 à 200 000 vidéos vues sur les autres canaux. Les documentaires événementiels, comme Apocalypse, sur la guerre 1939-1945, connaissent aussi de fortes audiences de rattrapage, de même que les programmes « de niche », comme ceux de France 4 ou les séries de la chaîne d’outre-mer France Ô. Sur Arte, la série d’auteur « P’tit Quinquin » a entraîné 626 000 visionnages en différé sur un total de 1,9 million, selon Libération.Dans le groupe Canal+, les meilleures audiences en différé sont réalisées par « Le Petit Journal » et « Le Grand Journal » ; dans le groupe M6 par les divertissements de la chaîne W9 (« Les Princes de l’amour », « Les Marseillais à Rio »…), selon le CNC. Les programmes de deuxième partie de soirée réalisent aussi de bons scores : + 22 % en moyenne pour la série américaine « The Arrow ».Et la tendance semble bien partie pour se renforcer. Les 15-24 ans représentent, en effet, 25,3 % du public de la télévision de rattrapage, mais 42,7 % des utilisateurs quotidiens de ces services, souligne le CNC.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois (avec AFP) Mais que va faire Vincent Bolloré ? Le patron de Vivendi dispose aujourd’hui d’importantes capacités financières confortées par la sortie définitive de Numericable-SFR, annoncée vendredi 27 février. Cette journée marque un tournant. À l’occasion de la publication des résultats annuels du groupe, le conseil de surveillance de Vivendi, présidé par Vincent Bolloré, a accepté l’offre de Patrick Drahi formulée dix jours auparavant, concernant la cession de ses 20 % de Numericable-SFR. Cette vente est estimée à environ 3,9 milliards d’euros. Le groupe recentré sur les médias et les contenus a justifié sa décision au vu du « faible niveau de liquidité » du titre Numericable-SFR qui aurait rendu « incertaine une sortie dans des conditions optimales ». L’offre de 40 euros par action représente une prime de 20 % par rapport au cours du titre au 27 novembre 2014, lorsque Vivendi a conclu la cession de SFR, note le groupe.Toutefois, les analystes se sont étonnés, de cette vente qui se fait avec une décote importante, alors que le titre SFR-Numericable a terminé la séance de vendredi à la Bourse de Paris à 55,4 euros. « C’était une bonne opportunité pour encaisser le cash et éviter d’être dans une situation difficile de liquidités », a répondu le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, soulignant n’avoir d’ailleurs reçu aucune contre offre depuis celle de M. Drahi.Redistribution aux actionnairesAu total Vivendi devrait recevoir 17 milliards d’euros pour la cession du deuxième opérateur mobile français, auxquels s’ajoutent les 4,1 milliards pour la vente de Maroc Telecom. Le groupe dispose ainsi d’une trésorerie positive de 4,6 milliards d’euros fin 2014, ayant soldé toute sa dette, qui se montait à 11,1 milliards fin 2013. Et ce n’est pas fini. Vivendi prévoit encore de finaliser la cession a Telefonica de son actif télécom brésilien GVT au cours du deuxième trimestre 2015 pour 7,45 milliards d’euros.Dans un premier temps une partie de ces sommes va être restituée aux actionnaires. Ainsi, 5,7 milliards d’euros vont être rendus sous forme de dividendes et de rachats de titres sur la période 2014-2017, pour leur faire partager une partie des gains enregistrés sur ses récentes cessions. Vivendi versera un dividende au titre de 2014 de 1 euro, dont 0,8 euro correspondant à ses derniers désinvestissements. « L’objectif est de maintenir ce niveau de distribution au titre des exercices 2015 et 2016, représentant un retour aux actionnaires de 2 milliards d’euros supplémentaires », a précisé le communiqué financier. Le groupe prévoit également de racheter jusqu’à 2,7 milliards d’euros de ses propres actions.« Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française »Rien n’a été dit concernant les futures acquisitions, mais une indication avait été donnée à la fin de l’année 2014 quand le groupe s’était porté officiellement candidat au rachat du pôle français de l’éditeur belge Roularta comprenant en particulier L’Express, L’Etudiant, L’Expansion. Un pôle passé finalement sous contrôle de.. Patrick Drahi.Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 9 décembre 2014, au micro de RTL, Vincent Bolloré déclarait que « Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française, c’est-à-dire à réunir l’ensemble des médias qui soient écrits ou télévisuels ou sur le net. Donc, bien évidemment, s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisira. » Il ajoutait : « On a la chance d’avoir le groupe Canal qui est très important, on a la chance d’avoir Universal, le numéro un de la musique, mais pour que tout ça rayonne il faut des contenus et les magazines sont des contenus. »Concernant Canal +, les ventes ont progressé de 2,7% sur un an, avec un gain de 678.000 abonnements sur l'année 2014 qui atteignent désormais 15,3 millions dans le monde. Le portefeuille d'abonnés passe ainsi la barre des 11 millions pour la première fois grâce à l'Afrique et au Vietnam. L'offre de vidéo à la demande en France Canalplay y contribue aussi à cette performance avec 599.000 abonnés fin 2014.Vivendi devrait contribuer à alimenter les spéculations sur les marchés concernant ses futures acquisitions. Un point commun avec Patrick Drahi . Des rumeurs insistantes lui prêtent l’intention d’acquérir Bouygues Telecom. «Il n’y a aucune négociation en cours (…) Le choix, c’est le “stand alone”, on a été très clairs là-dessus  » a répliqué mercredi Martin Bouygues.Dominique Gallois (avec AFP)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gabriel Coutagne Une polémique en a chassé une autre. Cette année encore, le World Press Photo avait soulevé la question de la retouche en photographie, en annonçant avoir rejeté près de 20 % des photographies présentées au jury du prestigieux prix. Mais c’était compter sans une autre affaire, révélée mercredi 25 février par le site Our Age Is 13, spécialiste de l’actualité photographique.Dans un courrier adressé à la présidence du jury du World Press Photo, et que Le Monde a pu consulter, la mairie de Charleroi « demande de retirer le prix qui a été accordé à M. [Giovanni] Troilo à la lumière de notre argumentation et de nos explications ». En cause, une série d’images, très sombre, qui montre des personnages, présentés comme des Carolorégiens, dans des situations décrivant une misère sociale et morale, ou s’adonnant à des pratiques sexuelles libertines. Une demande rejetée par l’institution dimanche 1er mars, après plusieurs jours d’enquête, confortant le prix remis à Giovanni Troilo. « Le World Press Photo n’a trouvé aucun fondement permettant de remettre en cause l’intégrité [journalistique] du projet du photographe. Aucun fait n’a été manipulé dans les légendes que le jury a pu consulter », précise l’institution dans un communiqué.Le World Press Photo brise le tabou de la mise en scèneGiovanni Troilo est un photographe italien travaillant habituellement dans les domaines de la mode et de la publicité. Il a été récompensé dans la catégorie « problématiques contemporaines », pour une série intitulée The Dark Heart of Europe. Le photographe présente son travail sur son site :« Aujourd’hui, le malaise social s’insère dans la vie des citoyens [de Charleroi]. Les routes, qui étaient à l’époque propres et fleuries, sont aujourd’hui abandonnées et en mauvais état. Les usines ferment et la végétation reprend ses droits dans les vieux quartiers industriels. Une sexualité perverse et malade, la haine raciale, une obésité névrotique, l’abus d’antidépresseurs semblent être les seuls remèdes pour surmonter ce malaise endémique. »« UNE ATTEINTE À LA PROFESSION DE PHOTOJOURNALISTE » Dans les jours qui ont suivi l’annonce du prix, faite le 12 février, « plusieurs personnes, dont des photographes, ont réagi sur les réseaux sociaux », raconte Molly Benn, rédactrice en chef du site Our Age Is 13.@lesoir WPressPhoto 2015.Le misérabiliste "Dark heart of Europe" sur #charleroi primé. http://t.co/kB9S3QJoDC http://t.co/Zuo3UR9XXz— Humbert_Tesla (@Umberto di Tesla)require(["twitter/widgets"]);Parmi eux, le photojournaliste belge Thomas Vanden Driessche s’était interrogé sur ce qu’il considère comme une dérive du photojournalisme.Triste... Ou peut-être un nouveau point de départ pour s'interroger sur les dérives d'un certain photojournalisme... http://t.co/DzCvURFeHd— thomasvdd (@T. Vanden Driessche)require(["twitter/widgets"]);« C’est en tant que photojournaliste que je me suis senti concerné par ce prix », explique au Monde Thomas Vanden Driessche. Sa question a alimenté le vif débat sur les réseaux sociaux, auquel ont pris part photographes et habitants de Charleroi. « Nous avons d’abord été contactés par plusieurs photographes », confirme la mairie de la ville. Si le souci principal de la municipalité est bien d’en défendre la réputation, l’argument pour convaincre le World Press Photo de retirer ce prix est journalistique.« Nous considérons le sujet du photographe, construit de toutes pièces, tant comme une atteinte à la ville et aux habitants de Charleroi que comme une atteinte à la profession de photojournaliste en tant que telle », dénonce dans sa lettre le bourgmestre de la ville, Paul Magnette (PS), en fonction depuis juillet 2014. « Le caractère falsifié et mensonger des légendes, la manipulation de la réalité, la construction d’images-chocs mises en scène par le photographe, malhonnêtes (…) trahissent les bases de l’éthique journalistique », poursuit l’élu.Le recours à la mise en scène est parfois légitime dans un sujet documentaire, notamment lorsque l’on fait un portrait, mais le World Press Photo, dans un document disponible en ligne, précise qu’une image ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène ou d’une reconstitution. De plus, certaines imprécisions dans les légendes posent problème.UN RÉCIT PERSONNEL Le rendu de ce portrait et sa légende suggèrent que cette personne vit recluse chez elle pour fuir la violence de son quartier. Thomas Vanden Driessche souligne pourtant « qu’il s’agit de Philippe Génion, une personnalité bien connue à Charleroi (…). Il habite dans un quartier populaire, mais relativement paisible. Sa maison est également un bar à vin ». Sur son profil Facebook, le modèle raconte le moment de la prise de vue :« Le photographe m’a demandé de poser pour lui, dans mon intérieur, et a demandé à ce que je sois torse nu, ce qui ne m’a nullement dérangé, n’ayant aucun complexe par rapport à mon physique. Les deux artistes étaient sympathiques et ne cachaient pas qu’ils mettraient en scène leurs photos, disant clairement qu’ils ne faisaient pas un reportage, mais un travail photo. Par contre, je m’insurge contre le terme d’“obésité névrotique”, qui, s’il peut qualifier d’autres personnes que je ne connais pas, n’est absolument pas mon cas. »De son côté, Giovanni Troilo ne semble pour l’instant pas trop inquiet de la polémique, comme le rapporte un blog du quotidien italien La Repubblica : « Je m’attendais aux polémiques, et ils n’ont pas été tendres… Mais je n’imaginais pas des réactions de ce genre. Je comprends l’ambiance, ils cherchent à promouvoir une image neuve de la ville [Charleroi], et dire certaines choses dérange. »Le photographe se défend, présentant sa série comme un récit personnel plutôt que comme un reportage au sens strict. Pour lui, ce travail rend compte de choses « qu[’il a] vues, qu[’il] conna[ît], dont [il] sai[t] qu’elles existent », tout en concédant, en creux, que certaines images sont mises en scène : « Il y a aussi des photos où [les personnes] ne posent pas, la dame avec la tête inclinée sur la table est véritablement une personne dans un hospice, c’est une amie de ma tante. La police était vraiment en train de charger… »Giovanni Troilo avait reconnu en conclusion de l’interview accordée à La Repubblica devoir fournir des explications au World Press Photo quelques jours avant la décision de confirmer le prix remis au photographe.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.02.2015 à 17h52 • Mis à jour le27.02.2015 à 04h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Un « prédateur sexuel », pédophile, qui a pu pendant des décennies utiliser un hôpital pour multiplier viols et attouchements : le rapport publié jeudi 26 février détaille une nouvelle fois les abus sexuels de Jimmy Savile, ancienne star britannique de la télévision, aujourd’hui décédé. Soixante victimes y sont identifiées, âgées de 8 à 40 ans. La moitié avait moins de 16 ans, et dix, moins de 12 ans. L’immense majorité était de sexe féminin. Les abus ont eu lieu entre 1968 et 1992.Ces nouvelles révélations viennent une nouvelle fois illustrer l’ampleur des crimes commis par l’ancien présentateur des émissions « Top of the Pop » et « Jim’ll fix it », grands succès des années 1970 et 1980. Avec ses cheveux longs blonds, ses gros cigares, ses pantalons de survêtements et ses lunettes teintées, l’homme était toujours passé pour un excentrique. Mais il était aussi très aimé du grand public, célébré pour son aide pour de nombreuses associations caritatives. Il était en particulier très actif dans les hôpitaux.On sait désormais qu’il s’agissait d’une tactique pour avoir accès aux enfants. Mais jusqu’à son décès en 2011, les accusations d’agressions sexuelles portées contre lui n’avaient jamais été révélées publiquement. A chaque fois, elles avaient été étouffées, à différents niveaux d’autorité.450 plaintesTout a basculé en 2012 avec la diffusion d’un documentaire diffusé sur ITV. Choquant le Royaume-Uni, l’affaire a poussé la police à ouvrir une enquête. Celle-ci a désormais reçu 450 plaintes, qu’elle est en train de traiter. Parallèlement, plusieurs rapports ont été commandés, pour essayer de faire toute la lumière sur ce scandale. En juin 2014, l’un d’entre eux détaillait les abus dans plusieurs hôpitaux. Ce jeudi, un nouveau document concerne l’établissement de Stoke Mandeville, situé près d’Oxford.Jimmy Savile était arrivé en 1969 dans cet hôpital en tant que brancardier volontaire. Aucune vérification sur sa personnalité n’avait alors été réalisée, mais il était déjà star du petit écran. Progressivement, il prend de plus en plus de place dans l’établissement, et aide à lever de l’argent. En 1980, la première ministre Margaret Thatcher, qui voulait promouvoir le financement privé du système de santé, lui confie même un rôle officiel pour assembler des fonds.La star avait ainsi un accès complet et total à l’hôpital, vingt heures sur vingt-quatre. Il rentrait dans les chambres à l’improviste, discutait avec les patients et leurs familles, offrait des disques, signait des autographes… Et abusait sexuellement ses victimes.« Le brancardier m’a fait mal, ici »Soixante témoignages, pénibles à lire, sont détaillés dans le rapport. Souvent, il s’agit d’attouchements très rapides : des mains sur des seins en passant dans un couloir, un baiser avec la langue à une jeune patiente, des caresses inappropriées. Et puis, il y a les cas de viol, comme la « victime 20 », qui avait douze ans au moment des faits en 1977. Elle était à l’hôpital pour se faire retirer les amygdales. En robe de chambre, elle s’était trainée à la pièce télévision, fatiguée de l’opération. Jimmy Savile est arrivé, s’est mis devant elle, a baissé son pantalon et l’a pénétrée. Victime 20 est allée se plaindre à l’infirmière : « Le brancardier m’a fait mal, ici. » La réponse est arrivée, sèche : ne surtout rien dire, sinon cela causerait des problèmes à l’infirmière. La même nuit, l’adolescente s’est réveillée et Jimmy Savile était à côté de son lit. Cette fois, il l’a pénétrée avec les doigts.Comment a-t-il pu continuer ses agressions pendant tant d’années, sans que rien ne se sache ? Le rapport documente neuf plaintes « verbales » et une plainte « formelle ». Mais « aucune n’a été prise sérieusement et n’a été transférée à la direction de l’hôpital ». En filigrane, l’explication qui transpire est double. D’une part, l’état d’esprit général consistait à ne pas prendre trop au sérieux les plaintes des enfants. D’autre part, Jimmy Savile exerçait une influence considérable sur l’hôpital. Il levait beaucoup d’argent et apportait une publicité très positive à l’établissement. Il était devenu intouchable.En 1991, une nouvelle direction est arrivée à Stoke Mandeville. Rapidement, elle s’est érigée contre Jimmy Savile. A l’époque, la controverse concernait l’argent de l’association caritative, que la star utilisait à sa guise, à titre personnel. Son accès permanent aux patients, son intrusion au milieu du personnel, ont également été jugés inappropriés. Jimmy Savile s’est progressivement éloigné de l’hôpital. Mais il a continué à exercer ses abus sexuels ailleurs. La dernière agression documentée remonte à 2009, deux ans avant son décès.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Il aura été en première ligne pendant les décennies de feu qui ont façonné durablement le Proche-Orient, témoin attentif de ses guerres et de ses révolutions, interlocuteur privilégié de ses figures les plus singulières, de Gamal Abdel Nasser à Mouammar Kadhafi. Au cours de sa très riche vie, Eric Rouleau, mort mercredi 25 février à l'âge de 89 ans, fut tour à tour journaliste au Caire avant la chute de la monarchie, pilier du service Etranger du Monde de la guerre israélo-arabe de 1967 à la révolution iranienne de 1979, puis ambassadeur de France en Tunisie puis en Turquie avant de renouer avec l'écriture et la chronique d'une région troublée dans les colonnes du Monde diplomatique.Né en Egypte en 1926 au sein d'une famille juive, Elie Raffoul entre en journalisme à vingt ans avec la foi du jeune communiste qu'il est alors. L'heure des décolonisations a sonné et dans le chaudron cairote s'affrontent ordre ancien et monde nouveau, un bouillonnement auquel la création d'Israël, en 1948, a ajouté une dose de complexité. Gauchiste et juif, voilà qui est un peu trop pour le régime du roi Farouk, qui le contraint à l'exil en 1951 et le déchoit de sa nationalité. La France sera pour ce francophile une patrie d'adoption généreuse, qui ne lui fera cependant jamais oublier sa première terre.C'est au Monde, à partir de 1955, qu'Elie Raffoul, devenu Eric Rouleau, va s'imposer progressivement comme l'un des journalistes les plus à même de déchiffrer les entrelacs des crises orientales à répétition, rejoint plus tard par Haig Kirazian – Jean Gueyras, pour les lecteurs du quotidien de la rue des Italiens. Un duo de polyglottes émérites (qu'il s'agisse des langues comme des idéologies et des réseaux) complété par Amnon Kapeliouk à Jérusalem.Une carrière diplomatique sous MitterrandPendant près de trente ans, Eric Rouleau parcourt une région en ébullition. Il est au cœur de séismes dont les répliques ne cessent d'être enregistrées encore aujourd'hui, de la guerre israélo-arabe de 1967, qui précipite la naissance d'un mouvement national palestinien autonome, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la révolution iranienne de 1979, qui marque la renaissance de l'islam politique.Pour ce journal qui ne lui mégote pas ses colonnes et qui ne s'effraie pas de publier de véritables feuilletons politiques et diplomatiques, il voyage, raconte, analyse, et multiplie les rencontres avec l'Histoire et ses nombreuses incarnations. Lui qui avait déjà pu rencontrer le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, avant son assassinat en 1949, sera reçu par les principaux acteurs de la région, surtout après l'entretien accordé par Gamal Abdel Nasser en 1963.Son expertise est recherchée, y compris par des responsables politiques français, souvent fascinés par son carnet d'adresse. La curiosité réciproque qu'il entretient avec le premier secrétaire du Parti socialiste devenu président de la République en 1981, François Mitterrand, lui fera sauter le pas en 1985 vers la carrière diplomatique, au grand dam des diplomates comme de certains de ses confrères prompts à dénoncer un mélange des genres.A la suite de missions discrètes, en Libye et en Iran, il devient ambassadeur de France à Tunis, siège de l'OLP après le départ du Liban, puis à Ankara. Il revient en 1991 à la plume pour Le Monde diplomatique, le parent éloigné du quotidien.Sur l'insistance de ses proches, Eric Rouleau avait publié en 2012 des Mémoires qui avaient permis de retracer ce parcours fascinant. Un condensé d'histoire dans lequel il s'était pourtant bien gardé, pour une fois, de tout raconter.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard L’Etat s’invite dans le processus de nomination du prochain président de France Télévisions, attendue d’ici le 22 mai : les ministres Fleur Pellerin, Emmanuel Macron, Michel Sapin et Christian Eckert ont formulé, mercredi 4 mars, leur version des missions de l’entreprise publique à l’horizon 2020, en s’appuyant sur un rapport commandé à l’ancien directeur financier de France Télévisions Marc Schwartz.Pour ces autorités de tutelle, il s’agit de peser dans une procédure largement confiée au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), chargé de désigner le successeur de Rémy Pflimlin, qui n’a pas encore dit s’il serait candidat. Mais il s’agit aussi pour les ministres de couper court à un reproche récurrent : l’Etat dérouterait France Télévisions par ses injonctions contradictoires, son absence de constance et de cohérence.Présidence de France Télévisions : le casse-tête du CSAFleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication, et ses homologues de Bercy entendent donc prendre leurs responsabilités et proposent de « simplifier et de rationaliser » les objectifs de la télévision publique, tout en poussant à des choix stratégiques drastiques, qui pourraient éventuellement affecter le nombre des chaînes hertziennes publiques, actuellement de cinq (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô).Le gouvernement est aussi soucieux de réconcilier la télévision publique avec la société dans son ensemble, a fortiori dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo. Si le développement numérique de France Télévisions a été significatif ces dernières années, l’audience de ses chaînes hertziennes est vieillissante. Symboliquement, les ministres proposent de remplacer le triptyque traditionnel « informer, éduquer distraire » par « comprendre, rayonner, participer ».France Télévisions, le grand corps maladePriorité à l’information « Nous attendons du prochain président de France Télévisions des propositions pour renforcer l’offre publique d’information », a dit Fleur Pellerin dans son discours, mercredi. Pour la ministre, il s’agit de promouvoir le débat et la « diversité » des paroles, mais surtout de proposer plus d’information. En la matière, l’Etat ne pense pas seulement à l’information en continu sur laquelle règnent BFM-TV et i-Télé. Il souhaite que soient associées les rédactions nationales - de France 2 et France 3 -, mais aussi locales. Et qu’il y ait une « coopération étroite » avec les autres entreprises de l’audiovisuel public. Concrètement, on peut imaginer un projet de chaîne d’information publique. Dans la lignée du canal 100 % numérique qu’a annoncé pour septembre l’actuel directeur de l’information de France Télévisions, Thierry Thuillier, et qui se nourrirait notamment du site d’information FTVI. Une autre piste pourrait être celle défendue de longue date par le sénateur PS David Assouline : dédier France 3 à l’information sous toutes ses formes (et France 2 aux autres programmes).Un devoir de soutien à la création française Pour l’Etat, France Télévisions doit aussi jouer un rôle moteur dans la création française, à la fois en proposant de nouvelles séries innovantes, mais aussi en jouant mieux de son poids économique : « France Télévisions doit développer une politique d’achat et d’investissement qui contribue à mieux structurer et professionnaliser le secteur de la production, pour que les programmes français rayonnent sur les marchés internationaux », écrivent les ministres dans leur document de synthèse.Fleur Pellerin voit France Télévisions, premier commanditaire français de créations audiovisuelles, comme un fer de lance de son projet de réforme de la réglementation pour favoriser des « champions » d’une fiction française moderne, capables d’exporter. En contrepartie, l’Etat assure qu’il jugera moins France Télévisions sur la seule « audience » des programmes : il faut « accepter clairement le droit à l’échec » et « les pouvoirs publics, comme France Télévisions, doivent adopter une culture du risque et de l’audace », écrivent les ministres. A défaut d’être un vœu pieu, c’est un message ambitieux.Répondre au divorce avec la jeunesse« Pour que les Français parlent de France Télévisions, France Télévisions doit parler d’eux », selon Fleur Pellerin. Diversité, jeunesse, « culture de l’ouverture », « apprentissage de l’altérité » : dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo, l’Etat affirme attendre « des engagements et des résultats concrets ».L’enjeu, louable mais difficile à atteindre, est de « rapprocher France Télévisions du public le plus éloigné aujourd’hui des grands médias ». Pour cela, le gouvernement imagine une télévision publique dont la culture serait transformée : « approches collaboratives », « liens avec d’autres organisations » comme les « médias de proximité ou médias citoyens » . Et il attend que les entreprises de l’audiovisuel public travaillent « à un espace de service public audiovisuel à l’intention des jeunes », dont on comprend qu’il serait probablement numérique, faisant suite aux efforts actuels de France 4 ou de Mouv’et destiné à offrir une alternative aux contenus actuels de YouTube, des réseaux sociaux et des antennes privées.Des économies et l’hypothèse d’une suppression de chaîneSur le volet financier, l’Etat joue cartes sur table : les ressources de France Télévisions seront « au mieux stables » et « plus probablement (…) à la baisse », en raison des contraintes pesant sur les finances publiques. Faut-il en conséquence rétablir la publicité en soirée, supprimée sous Nicolas Sarkozy ? « Les conditions ne sont pas réunies », tranche le gouvernement, faisant écho aux préoccupations des chaînes privées, touchées par le repli du marché publicitaire. Le prochain président aura donc une feuille de route de rigueur : poursuivre les « réformes » engagées, rechercher des « synergies », créer de l’« agilité »…Mais le gouvernement va plus loin : « L’Etat considère que maintenir cinq chaînes hertziennes ne sera possible, dans le cadre économique des cinq prochaines années, que si des réformes de gestion ambitieuse sont réalisées », selon le document de synthèse. A charge donc, pour le prochain président, de travailler à la « cohérence du bouquet », et de s’attaquer aux structures de charges les plus lourdes : le réseau régional de France 3, la filière de production et le réseau outre-mer. La réforme territoriale en cours, à laquelle les ministres se réfèrent, est vue comme l’occasion de simplifier le maillage régional de France 3.France Télévisions : l’Etat fait voeu de simplificationDepuis le retour de la gauche au pouvoir en 2012, l’exécutif a rendu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) la prérogative de nommer les patrons de l’audiovisuel public, dont celui de France Télévisions, où le mandat de Rémy Pflimlin s’achève cette année.Cependant, un an à peine après le vote de la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public, l’exécutif entend montrer qu’il lui revient d’encadrer les grandes orientations stratégiques, ce qu’il n’avait pas fait pour le choix de Mathieu Gallet à la présidence de Radio France. Le risque est de rajouter ainsi de la complexité et de donner l’impression d’une concurrence entre l’Etat et le CSA, qui a pris un poids politique croissant sous la présidence d’Olivier Schrameck.L’Etat fait pourtant ici vœu de simplification, alors qu’il est régulièrement critiqué pour la multiplicité des objectifs imposés à France Télévisions et la lourdeur de son pilotage, épuisant pour les directions de l’entreprise publique. Le gouvernement veut réduire le nombre des objectifs du groupe public et lui redonner de l’autonomie, notamment par son conseil d’administration, sur le modèle par exemple de la BBC britannique. Il assure enfin qu’il ne reviendra plus sur ses choix. Une intention louable mais qui suppose des changements culturels majeurs chez l’ensemble des acteurs : cabinets ministériels, parlementaires, dirigeants et syndicats, voire producteurs.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.03.2015 à 15h29 • Mis à jour le03.03.2015 à 19h12 | Alexis Delcambre Premiers grincements de dents à l’Agence France-Presse (AFP), trois jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues. Mardi 3 mars, le syndicat SNJ-CGT a publié un communiqué offensif pour pointer ce qu’il estime être les causes structurelles de cette erreur, au delà des manquements individuels.Depuis samedi, la direction de l’agence s’est attachée à communiquer abondamment. Elle a d’abord annulé l’ensemble de ses dépêches sur le sujet - un geste rare. L’AFP et son PDG, Emmanuel Hoog, ont présenté leurs excuses, tandis que la directrice de l’information, Michèle Léridon - dont M. Hoog a refusé, samedi, la démission -, s’attachait à exposer les erreurs ayant conduit à cet accident.Lundi, la conférence de rédaction matinale a été intégralement consacrée à un débriefing des événements de samedi. La direction a reçu tous les protagonistes pour entendre leurs versions et aboutir à un récit détaillé. « C’est une instruction rédactionnelle », a expliqué Mme Léridon, sans cacher l’hypothèse de « sanctions ».Mais désormais, une partie de la rédaction trouve que la direction de l’agence en fait trop. « Nous ne voulons pas être dans une logique de bouc émissaire, s’inquiète un journaliste. Cet épisode appelle une réflexion collective sur la rapidité, les sources et l’aspect collectif du travail, plutôt que de cibler deux individus. » « Prisonniers de vos sources »Au sein de la rédaction, des journalistes s’affichent « solidaires » du journaliste du bureau de Rennes qui a subi le quiproquo avec le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne) et de la rédactrice en chef adjointe qui a validé la dépêche. « Ce sont tous deux des professionnels estimés », dit-on. Qui auraient certes commis des erreurs de jugement, mais dans le contexte d’un improbable enchaînement de circonstances : une rumeur qui remonte accidentellement jusqu’à Paris ; un quiproquo téléphonique…Pour le SNJ-CGT la cause est entendue : l’origine de ces « erreurs humaines » est à rechercher dans « la désorganisation de la rédaction mise en place par la direction depuis plusieurs années ». Le syndicat pointe même une forme d’hypocrisie de la direction, sur la tension entre fiabilité et rapidité. Ainsi, le 8 janvier, au lendemain de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, Emmanuel Hoog serait intervenu en conférence de rédaction pour déplorer que les noms des victimes aient été donnés trop tardivement par rapport à d’autres médias. « Ne soyez pas prisonniers de vos sources », aurait notamment recommandé le PDG.« Depuis samedi, il y a eu une pression de Hoog pour sur-réagir, estime un journaliste. Peut-être parce que cette affaire peut lui porter préjudice, alors que la campagne pour la présidence de France Télévisions bat son plein. » Le nom du PDG de l’AFP est en effet régulièrement cité parmi les postulants à la succession de Rémy Pflimlin, sur laquelle le CSA doit se pencher au mois d’avril.Pour M. Hoog, la séquence est amère. Le 19 janvier, à l’occasion des 70 ans de l’AFP, il accueillait François Hollande et le tout-Paris des médias au Palais Brongniart. Dans un discours qui se voulait un éloge du journalisme, prononcé devant les survivants de la rédaction de Charlie Hebdo, le président dénonçait un « temps médiatique réduit parfois à l’immédiateté » et soulignait l’importance de « dire juste » avant celle de « dire vite ».Des zones d’ombre persistantesL’origine de la rumeur qui a conduit l’AFP à annoncer par erreur la mort de Martin Bouygues reste mystérieuse. Dans une note interne retraçant les événements de samedi, l’agence fait état d’une rumeur partie de « la commune de La Roche Mabile sur la mort de Martin Bouygues qui y possède une maison ». Problème : selon le groupe Bouygues et la mairie de La Roche Mabile, ce n’est pas le cas. « Martin Bouygues n’a aucune attache dans l’Orne », a indiqué au Monde le porte-parole du groupe de BTP.Autre zone d’ombre : la nature précise du dialogue entre un journaliste de l’agence et le maire de la commune de Saint-Denis-sur-Sarthon. Selon l’agence, le journaliste a bien demandé au maire s’il pouvait lui confirmer la mort de Martin Bouygues, et ce dernier a répondu clairement par l’affirmative. Le maire conteste cette version et assure que le nom de « Bouygues » n’a pas été prononcé.Enfin, une inconnue subsiste sur l’intensité des efforts prodigués par l’AFP pour recouper l’information. Selon l’agence, plusieurs contacts politiques et économiques n’ont rien donné et les porte-parole du groupe Bouygues n’ont pas répondu au téléphone. Ceux-ci assurent avoir retourné l’appel dans la demi-heure, mais que la dépêche était déjà partie.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gabriel Coutagne C’est au tour du photographe de répliquer après la diffusion d’une photo prétendument non retouchée de Cindy Crawford sur les réseaux sociaux. Le site américain TMZ révélait dimanche 1er mars que l’avocat de l’auteur de la fameuse photographie, John Russo, demandait au Telegraph et au Sunday Telegraph de retirer l’image, sous peine de poursuites.Cindy crawford releases honest, un-photoshopped image http://t.co/ehbjfbyWrk #BeReal http://t.co/27tLSzOg1C— BeReal_Campaign (@Be Real)require(["twitter/widgets"]);Dans une lettre adressée au Telegraph et mise en ligne par TMZ, l’auteur du cliché, connu pour ses portraits de célébrités, explique que les photos de Cindy Crawford, réalisées pour l’édition mexicaine de Marie Claire en 2013, « [lui] ont été volées ». Il ajoute que l’image qui circule sur les réseaux sociaux « est une version frauduleuse de [sa] photographie, qui a été transformée et qui ne représente pas l’image originale ».En plus de reprocher aux médias une diffusion de l’image en dépit du droit d’auteur, le photographe souligne donc que ce cliché, prétendument non retouché, a été sciemment modifié. Dans un entretien au Monde, un professionnel de la retouche avait déjà suggéré que cette image avait sans doute été retouchée afin de faire ressortir les défauts de la top-modèle. Selon lui, pour cette image, « les contrastes ont très bien pu être renforcés pour accentuer l’effet naturel ».L’éternelle retouche des photos du corps fémininDu côté de la star, la réplique était venue par la voix de son époux, qui avait publié sur son compte Instagram une photo qui fonctionnait comme un démenti.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Face à l’érosion de ses ventes (- 8,2 % en 2014) et à une mutation numérique à accélérer, Le Parisien a opté pour un renouvellement de son équipe dirigeante. Celui-ci touche notamment la direction des rédactions, où Stéphane Albouy, jusqu’ici rédacteur en chef, succède à Thierry Borsa.Directeur des rédactions depuis 2010, M. Borsa était en sursis depuis plusieurs mois. A l’automne, selon Presse News, la direction du groupe Amaury avait mandaté un cabinet de recrutement pour lui trouver un successeur. Elle s’est finalement rabattue sur une solution interne. M. Borsa s’était notamment trouvé en conflit avec ses équipes pour avoir tenté de fusionner plusieurs services dans un grand pôle « actualité ».Au-delà de ce remplacement, les cadres du groupe — Eric Herteloup, Frédéric Allary, Eric Leclerc, Julie Costes —, voient leurs responsabilités élargies ou leurs titres reformulés, pour mieux intégrer la dimension numérique.RETOUR À L’ÉQUILIBREEn termes de projet, Le Parisien promet de « renforcer son traitement de la politique, de l’économie et des sujets de société » et met en avant la création d’une « cellule data-journalisme » et le lancement du « Parisien TV », son offre vidéo.L’information locale sera proposée avec un système d’abonnement « au compteur », soit cinq articles gratuits par semaine et un abonnement à 2,99 euros par mois. Cette nouvelle offre sera proposée à partir du 11 mars sous le label « Le Parisien Ma ville ». Le Parisien cherche ainsi à accroître son nombre d’abonnés numériques, qui n’est que de 6 000 pour le moment.Malgré la forte baisse de ses ventes (- 8,2 %, à 229 637 exemplaires en moyenne par jour, pour Le Parisien, et - 7,9 %, à 148 220 exemplaires, pour Aujourd’hui en France), le quatrième quotidien français affirme avoir « quasiment atteint l’équilibre » financier en 2014 — le fruit d’une politique d’économies internes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « C'est une débâcle, une erreur énorme », lâche Michèle Léridon, directrice de l'information de l'Agence France-presse, après l'annonce erronée de la mort de Martin Bouygues, samedi 28 février.Que s'est-il passé ? Une triple erreur semble être à l'origine de cette « faute », comme l'a qualifiée Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'agence.Premier acte : samedi en milieu de journée, au siège de l'agence à Paris, serait parvenue une information faisant état de la mort, dans l'Orne, du président-directeur général du groupe Bouygues. L'origine de cette information n'est pas connue.Aussitôt, la rédaction en chef alerte les différents services concernés et contacte son bureau à Rennes, dont dépend le département de l'Orne, pour vérifier cette information.Les journalistes rennais téléphonent alors en quête d'une confirmation. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec Michel Julien, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), une commune voisine de La Roche-Mabile, où le Martin Bouygues serait mort.Se produit alors une étonnante confusion. Interrogé pour savoir si Martin Bouygues était mort, le maire aurait répondu, selon l'agence, par l'affirmative. Dans cet échange, la confusion serait liée au fait que le maire faisait référence à une autre personne, dont le patronyme est « Martin ».Sur BFM-TV, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon a démenti que le nom « Bouygues » ait été évoqué : « Le journaliste m'a dit “M. Martin est décédé” ; j'ai dit “oui” », expliquant qu'un homme qu'il connaissait bien, mais qui n'avait rien à voir avec l'industriel, était effectivement mort le matin même. « Je suis très surpris, je ne savais pas qu'on parlait de Martin Bouygues », a-t-il ajouté.« DOMMAGE CONSIDÉRABLE »Le bureau de Rennes envoie alors au siège parisien sa dépêche, forte de cette source locale. Celle-ci est immédiatement publiée sur les fils, sans recherche d'une autre confirmation. « Il est évident qu'il aurait fallu, à ce moment, attendre la confirmation du groupe Bouygues », estime Michèle Léridon, qui rappelle que les sources habituelles pour ce type d'information sont l'entourage ou les services de communication.A 16 heures, l'AFP est contrainte d'envoyer une humiliante « note aux clients » : « Veuillez ne pas tenir compte de toute la série de dépêches (alerte, urgent, LEAD et 2ELEAD) concernant l'annonce par erreur du décès de Martin Bouygues. » Entre-temps, la caisse de résonance des alertes et des tweets l'a déjà largement répandue.« Les règles rédactionnelles élémentaires dans ce type de situation, ainsi que les procédures de validation, vont être rappelées, a précisé Michèle Léridon. La réputation de l'agence est fondée d'abord sur sa fiabilité. Nous mettons, au quotidien, tout en œuvre pour qu'elle ne soit pas entachée de tels dysfonctionnements. »Dans une note interne, que s'est procurée Libération, Michèle Léridon affirme : « L'information erronée nous cause un dommage considérable en termes de crédibilité et d'image », et de rappeler plusieurs principes de l'agence : « 1) La fiabilité est la valeur numéro un à l'AFP. Elle doit toujours primer sur la rapidité. 2) L'annonce de la mort d'une personnalité quelle qu'elle soit doit faire l'objet d'une attention toute particulière, avec des sources pleinement autorisées. 3) Le travail d'agencier est un travail d'équipe. Au moindre doute, les questions doivent remonter au sein de la hiérarchie. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 février, les Américains ont découvert la troisième saison de « House of Cards ». Samedi à 20 h 50, les Français pourront à leur tour visionner les nouvelles manigances politiques de Kevin Spacey et de sa compagne, sur Canal+ Séries, ainsi que sur la plate-forme en ligne Canal+ à la demande, où tous les épisodes sont immédiatement disponibles, en version originale. Canal+ diffusera, elle, la série en version française à partir du 12 mars.Pour la chaîne payante, ce dispositif de sortie n’est pas inédit : elle avait déjà mis en ligne d’emblée tous les nouveaux épisodes de ses séries « Borgia » et « Mafiosa » en 2014. Mais elle ne l’avait pas fait pour « House of Cards », le feuilleton emblématique dont elle a acheté les droits français au service de vidéo à la demande Netflix. Canal+ se met ainsi au binge watching, ce visionnage boulimique popularisé par la plate-forme américaine. Mais la chaîne suit aussi une tendance plus large : l’essor de la télévision « délinéarisée », celle que l’on regarde quand on veut.Déclic psychologique et techniqueDepuis plusieurs semaines, les professionnels du secteur se félicitent des bons scores de cette « télévision de rattrapage », aussi appelée en anglais catch-up ou replay : qui consiste à regarder un programme après son passage à l’antenne, sur son ordinateur, sa tablette ou son smartphone, mais aussi sur son téléviseur. Une possibilité généralement offerte durant sept jours après la diffusion.Pour les patrons de l’audiovisuel, il y a eu un déclic psychologique et technique : depuis septembre, Médiamétrie, qui produit le célèbre et parfois cruel Audimat, intègre des chiffres de visionnage en différé. L’institut ne tient compte, pour l’heure, que des programmes vus sur le téléviseur, par la « box » d’un fournisseur d’accès à Internet (IPTV). Une nouveauté qui permet déjà de faire gagner sur certaines émissions quelques précieux points d’audience.« Le différé commence à monter », a ainsi résumé Elisabeth Durand, directrice des antennes de TF1, lors d’une présentation des nouveautés de 2015. Depuis la mise en place de la mesure Médiamétrie, la chaîne a gagné 0,3 point de parts d’audience hebdomadaire sur les 4 ans et +, et jusqu’à 0,8 point sur les ménagères de moins de 50 ans. TF1, qui accapare le top 100 des meilleures audiences télévisées, est fière de détenir également le record d’audience en catch-up sur téléviseur : + 1,3 million pour un épisode de « Blacklist ». L’Emprise, téléfilm de TF1 sur la violence conjugale, a gagné 1,2 million de spectateurs grâce au replay sur téléviseur, sur un total 9,8 milllions (plus 3 millions de vidéos vues sur ordinateur et mobile, selon TF1). Un épisode de « Joséphine, ange gardien » peut séduire jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.Côté programmes de flux et de divertissement, le dernier lancement du jeu de téléréalité « Koh-Lanta » a attiré 900 000 spectateurs supplémentaires en replay sur le téléviseur, sur un total de 7,7 millions. Le concours de chanteurs « The Voice », jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.La tendance touche toutes les chaînes, pointe le Centre national du cinéma (CNC), qui a publié, vendredi 27 février, un rapport incluant tous les modes de consommation : téléviseurs, ordinateurs, tablettes et smartphones. En 2014, 3,7 milliards de vidéos ont été ainsi visionnées en replay, contre 2,5 milliards en 2013, soit une progression de 50,2 %. Si on corrige l’effet lié à l’arrivée de nouvelles chaînes et programmes, la croissance est estimée à environ 30 %.Le bataillon des 15-24 ansLa consommation replay par le téléviseur est en progression, et celle-ci a, pour la première fois, dépassé celle sur ordinateur, en août, novembre et décembre 2014, pointe le rapport. Sur l’ensemble de l’année, l’ordinateur représente 40,1 % de cette consommation de télévision en ligne (– 6,9 points par rapport à 2013), l’écran de télévision 37,5 % (+ 2,7 points) et les supports mobiles totalisent 22,3 % des vidéos vues (+ 4,1 points), dont 11,3 % pour la tablette et 11 % pour le téléphone mobile.« On a franchi un cap, le paradigme est en train de changer », estime Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions. Les programmes les plus propices au visionnage en replay sont les séries « feuilletonnantes », note-t-il. « Plus belle la vie » de France 3 attire ainsi en 2015, en moyenne, 5,1 millions de téléspectateurs, dont 300 000 en différé sur téléviseur, et génère 150 000 à 200 000 vidéos vues sur les autres canaux. Les documentaires événementiels, comme Apocalypse, sur la guerre 1939-1945, connaissent aussi de fortes audiences de rattrapage, de même que les programmes « de niche », comme ceux de France 4 ou les séries de la chaîne d’outre-mer France Ô. Sur Arte, la série d’auteur « P’tit Quinquin » a entraîné 626 000 visionnages en différé sur un total de 1,9 million, selon Libération.Dans le groupe Canal+, les meilleures audiences en différé sont réalisées par « Le Petit Journal » et « Le Grand Journal » ; dans le groupe M6 par les divertissements de la chaîne W9 (« Les Princes de l’amour », « Les Marseillais à Rio »…), selon le CNC. Les programmes de deuxième partie de soirée réalisent aussi de bons scores : + 22 % en moyenne pour la série américaine « The Arrow ».Et la tendance semble bien partie pour se renforcer. Les 15-24 ans représentent, en effet, 25,3 % du public de la télévision de rattrapage, mais 42,7 % des utilisateurs quotidiens de ces services, souligne le CNC.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois (avec AFP) Mais que va faire Vincent Bolloré ? Le patron de Vivendi dispose aujourd’hui d’importantes capacités financières confortées par la sortie définitive de Numericable-SFR, annoncée vendredi 27 février. Cette journée marque un tournant. À l’occasion de la publication des résultats annuels du groupe, le conseil de surveillance de Vivendi, présidé par Vincent Bolloré, a accepté l’offre de Patrick Drahi formulée dix jours auparavant, concernant la cession de ses 20 % de Numericable-SFR. Cette vente est estimée à environ 3,9 milliards d’euros. Le groupe recentré sur les médias et les contenus a justifié sa décision au vu du « faible niveau de liquidité » du titre Numericable-SFR qui aurait rendu « incertaine une sortie dans des conditions optimales ». L’offre de 40 euros par action représente une prime de 20 % par rapport au cours du titre au 27 novembre 2014, lorsque Vivendi a conclu la cession de SFR, note le groupe.Toutefois, les analystes se sont étonnés, de cette vente qui se fait avec une décote importante, alors que le titre SFR-Numericable a terminé la séance de vendredi à la Bourse de Paris à 55,4 euros. « C’était une bonne opportunité pour encaisser le cash et éviter d’être dans une situation difficile de liquidités », a répondu le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, soulignant n’avoir d’ailleurs reçu aucune contre offre depuis celle de M. Drahi.Redistribution aux actionnairesAu total Vivendi devrait recevoir 17 milliards d’euros pour la cession du deuxième opérateur mobile français, auxquels s’ajoutent les 4,1 milliards pour la vente de Maroc Telecom. Le groupe dispose ainsi d’une trésorerie positive de 4,6 milliards d’euros fin 2014, ayant soldé toute sa dette, qui se montait à 11,1 milliards fin 2013. Et ce n’est pas fini. Vivendi prévoit encore de finaliser la cession a Telefonica de son actif télécom brésilien GVT au cours du deuxième trimestre 2015 pour 7,45 milliards d’euros.Dans un premier temps une partie de ces sommes va être restituée aux actionnaires. Ainsi, 5,7 milliards d’euros vont être rendus sous forme de dividendes et de rachats de titres sur la période 2014-2017, pour leur faire partager une partie des gains enregistrés sur ses récentes cessions. Vivendi versera un dividende au titre de 2014 de 1 euro, dont 0,8 euro correspondant à ses derniers désinvestissements. « L’objectif est de maintenir ce niveau de distribution au titre des exercices 2015 et 2016, représentant un retour aux actionnaires de 2 milliards d’euros supplémentaires », a précisé le communiqué financier. Le groupe prévoit également de racheter jusqu’à 2,7 milliards d’euros de ses propres actions.« Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française »Rien n’a été dit concernant les futures acquisitions, mais une indication avait été donnée à la fin de l’année 2014 quand le groupe s’était porté officiellement candidat au rachat du pôle français de l’éditeur belge Roularta comprenant en particulier L’Express, L’Etudiant, L’Expansion. Un pôle passé finalement sous contrôle de.. Patrick Drahi.Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 9 décembre 2014, au micro de RTL, Vincent Bolloré déclarait que « Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française, c’est-à-dire à réunir l’ensemble des médias qui soient écrits ou télévisuels ou sur le net. Donc, bien évidemment, s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisira. » Il ajoutait : « On a la chance d’avoir le groupe Canal qui est très important, on a la chance d’avoir Universal, le numéro un de la musique, mais pour que tout ça rayonne il faut des contenus et les magazines sont des contenus. »Concernant Canal +, les ventes ont progressé de 2,7% sur un an, avec un gain de 678.000 abonnements sur l'année 2014 qui atteignent désormais 15,3 millions dans le monde. Le portefeuille d'abonnés passe ainsi la barre des 11 millions pour la première fois grâce à l'Afrique et au Vietnam. L'offre de vidéo à la demande en France Canalplay y contribue aussi à cette performance avec 599.000 abonnés fin 2014.Vivendi devrait contribuer à alimenter les spéculations sur les marchés concernant ses futures acquisitions. Un point commun avec Patrick Drahi . Des rumeurs insistantes lui prêtent l’intention d’acquérir Bouygues Telecom. «Il n’y a aucune négociation en cours (…) Le choix, c’est le “stand alone”, on a été très clairs là-dessus  » a répliqué mercredi Martin Bouygues.Dominique Gallois (avec AFP)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gabriel Coutagne Une polémique en a chassé une autre. Cette année encore, le World Press Photo avait soulevé la question de la retouche en photographie, en annonçant avoir rejeté près de 20 % des photographies présentées au jury du prestigieux prix. Mais c’était compter sans une autre affaire, révélée mercredi 25 février par le site Our Age Is 13, spécialiste de l’actualité photographique.Dans un courrier adressé à la présidence du jury du World Press Photo, et que Le Monde a pu consulter, la mairie de Charleroi « demande de retirer le prix qui a été accordé à M. [Giovanni] Troilo à la lumière de notre argumentation et de nos explications ». En cause, une série d’images, très sombre, qui montre des personnages, présentés comme des Carolorégiens, dans des situations décrivant une misère sociale et morale, ou s’adonnant à des pratiques sexuelles libertines. Une demande rejetée par l’institution dimanche 1er mars, après plusieurs jours d’enquête, confortant le prix remis à Giovanni Troilo. « Le World Press Photo n’a trouvé aucun fondement permettant de remettre en cause l’intégrité [journalistique] du projet du photographe. Aucun fait n’a été manipulé dans les légendes que le jury a pu consulter », précise l’institution dans un communiqué.Le World Press Photo brise le tabou de la mise en scèneGiovanni Troilo est un photographe italien travaillant habituellement dans les domaines de la mode et de la publicité. Il a été récompensé dans la catégorie « problématiques contemporaines », pour une série intitulée The Dark Heart of Europe. Le photographe présente son travail sur son site :« Aujourd’hui, le malaise social s’insère dans la vie des citoyens [de Charleroi]. Les routes, qui étaient à l’époque propres et fleuries, sont aujourd’hui abandonnées et en mauvais état. Les usines ferment et la végétation reprend ses droits dans les vieux quartiers industriels. Une sexualité perverse et malade, la haine raciale, une obésité névrotique, l’abus d’antidépresseurs semblent être les seuls remèdes pour surmonter ce malaise endémique. »« UNE ATTEINTE À LA PROFESSION DE PHOTOJOURNALISTE » Dans les jours qui ont suivi l’annonce du prix, faite le 12 février, « plusieurs personnes, dont des photographes, ont réagi sur les réseaux sociaux », raconte Molly Benn, rédactrice en chef du site Our Age Is 13.@lesoir WPressPhoto 2015.Le misérabiliste "Dark heart of Europe" sur #charleroi primé. http://t.co/kB9S3QJoDC http://t.co/Zuo3UR9XXz— Humbert_Tesla (@Umberto di Tesla)require(["twitter/widgets"]);Parmi eux, le photojournaliste belge Thomas Vanden Driessche s’était interrogé sur ce qu’il considère comme une dérive du photojournalisme.Triste... Ou peut-être un nouveau point de départ pour s'interroger sur les dérives d'un certain photojournalisme... http://t.co/DzCvURFeHd— thomasvdd (@T. Vanden Driessche)require(["twitter/widgets"]);« C’est en tant que photojournaliste que je me suis senti concerné par ce prix », explique au Monde Thomas Vanden Driessche. Sa question a alimenté le vif débat sur les réseaux sociaux, auquel ont pris part photographes et habitants de Charleroi. « Nous avons d’abord été contactés par plusieurs photographes », confirme la mairie de la ville. Si le souci principal de la municipalité est bien d’en défendre la réputation, l’argument pour convaincre le World Press Photo de retirer ce prix est journalistique.« Nous considérons le sujet du photographe, construit de toutes pièces, tant comme une atteinte à la ville et aux habitants de Charleroi que comme une atteinte à la profession de photojournaliste en tant que telle », dénonce dans sa lettre le bourgmestre de la ville, Paul Magnette (PS), en fonction depuis juillet 2014. « Le caractère falsifié et mensonger des légendes, la manipulation de la réalité, la construction d’images-chocs mises en scène par le photographe, malhonnêtes (…) trahissent les bases de l’éthique journalistique », poursuit l’élu.Le recours à la mise en scène est parfois légitime dans un sujet documentaire, notamment lorsque l’on fait un portrait, mais le World Press Photo, dans un document disponible en ligne, précise qu’une image ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène ou d’une reconstitution. De plus, certaines imprécisions dans les légendes posent problème.UN RÉCIT PERSONNEL Le rendu de ce portrait et sa légende suggèrent que cette personne vit recluse chez elle pour fuir la violence de son quartier. Thomas Vanden Driessche souligne pourtant « qu’il s’agit de Philippe Génion, une personnalité bien connue à Charleroi (…). Il habite dans un quartier populaire, mais relativement paisible. Sa maison est également un bar à vin ». Sur son profil Facebook, le modèle raconte le moment de la prise de vue :« Le photographe m’a demandé de poser pour lui, dans mon intérieur, et a demandé à ce que je sois torse nu, ce qui ne m’a nullement dérangé, n’ayant aucun complexe par rapport à mon physique. Les deux artistes étaient sympathiques et ne cachaient pas qu’ils mettraient en scène leurs photos, disant clairement qu’ils ne faisaient pas un reportage, mais un travail photo. Par contre, je m’insurge contre le terme d’“obésité névrotique”, qui, s’il peut qualifier d’autres personnes que je ne connais pas, n’est absolument pas mon cas. »De son côté, Giovanni Troilo ne semble pour l’instant pas trop inquiet de la polémique, comme le rapporte un blog du quotidien italien La Repubblica : « Je m’attendais aux polémiques, et ils n’ont pas été tendres… Mais je n’imaginais pas des réactions de ce genre. Je comprends l’ambiance, ils cherchent à promouvoir une image neuve de la ville [Charleroi], et dire certaines choses dérange. »Le photographe se défend, présentant sa série comme un récit personnel plutôt que comme un reportage au sens strict. Pour lui, ce travail rend compte de choses « qu[’il a] vues, qu[’il] conna[ît], dont [il] sai[t] qu’elles existent », tout en concédant, en creux, que certaines images sont mises en scène : « Il y a aussi des photos où [les personnes] ne posent pas, la dame avec la tête inclinée sur la table est véritablement une personne dans un hospice, c’est une amie de ma tante. La police était vraiment en train de charger… »Giovanni Troilo avait reconnu en conclusion de l’interview accordée à La Repubblica devoir fournir des explications au World Press Photo quelques jours avant la décision de confirmer le prix remis au photographe.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.02.2015 à 17h52 • Mis à jour le27.02.2015 à 04h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Un « prédateur sexuel », pédophile, qui a pu pendant des décennies utiliser un hôpital pour multiplier viols et attouchements : le rapport publié jeudi 26 février détaille une nouvelle fois les abus sexuels de Jimmy Savile, ancienne star britannique de la télévision, aujourd’hui décédé. Soixante victimes y sont identifiées, âgées de 8 à 40 ans. La moitié avait moins de 16 ans, et dix, moins de 12 ans. L’immense majorité était de sexe féminin. Les abus ont eu lieu entre 1968 et 1992.Ces nouvelles révélations viennent une nouvelle fois illustrer l’ampleur des crimes commis par l’ancien présentateur des émissions « Top of the Pop » et « Jim’ll fix it », grands succès des années 1970 et 1980. Avec ses cheveux longs blonds, ses gros cigares, ses pantalons de survêtements et ses lunettes teintées, l’homme était toujours passé pour un excentrique. Mais il était aussi très aimé du grand public, célébré pour son aide pour de nombreuses associations caritatives. Il était en particulier très actif dans les hôpitaux.On sait désormais qu’il s’agissait d’une tactique pour avoir accès aux enfants. Mais jusqu’à son décès en 2011, les accusations d’agressions sexuelles portées contre lui n’avaient jamais été révélées publiquement. A chaque fois, elles avaient été étouffées, à différents niveaux d’autorité.450 plaintesTout a basculé en 2012 avec la diffusion d’un documentaire diffusé sur ITV. Choquant le Royaume-Uni, l’affaire a poussé la police à ouvrir une enquête. Celle-ci a désormais reçu 450 plaintes, qu’elle est en train de traiter. Parallèlement, plusieurs rapports ont été commandés, pour essayer de faire toute la lumière sur ce scandale. En juin 2014, l’un d’entre eux détaillait les abus dans plusieurs hôpitaux. Ce jeudi, un nouveau document concerne l’établissement de Stoke Mandeville, situé près d’Oxford.Jimmy Savile était arrivé en 1969 dans cet hôpital en tant que brancardier volontaire. Aucune vérification sur sa personnalité n’avait alors été réalisée, mais il était déjà star du petit écran. Progressivement, il prend de plus en plus de place dans l’établissement, et aide à lever de l’argent. En 1980, la première ministre Margaret Thatcher, qui voulait promouvoir le financement privé du système de santé, lui confie même un rôle officiel pour assembler des fonds.La star avait ainsi un accès complet et total à l’hôpital, vingt heures sur vingt-quatre. Il rentrait dans les chambres à l’improviste, discutait avec les patients et leurs familles, offrait des disques, signait des autographes… Et abusait sexuellement ses victimes.« Le brancardier m’a fait mal, ici »Soixante témoignages, pénibles à lire, sont détaillés dans le rapport. Souvent, il s’agit d’attouchements très rapides : des mains sur des seins en passant dans un couloir, un baiser avec la langue à une jeune patiente, des caresses inappropriées. Et puis, il y a les cas de viol, comme la « victime 20 », qui avait douze ans au moment des faits en 1977. Elle était à l’hôpital pour se faire retirer les amygdales. En robe de chambre, elle s’était trainée à la pièce télévision, fatiguée de l’opération. Jimmy Savile est arrivé, s’est mis devant elle, a baissé son pantalon et l’a pénétrée. Victime 20 est allée se plaindre à l’infirmière : « Le brancardier m’a fait mal, ici. » La réponse est arrivée, sèche : ne surtout rien dire, sinon cela causerait des problèmes à l’infirmière. La même nuit, l’adolescente s’est réveillée et Jimmy Savile était à côté de son lit. Cette fois, il l’a pénétrée avec les doigts.Comment a-t-il pu continuer ses agressions pendant tant d’années, sans que rien ne se sache ? Le rapport documente neuf plaintes « verbales » et une plainte « formelle ». Mais « aucune n’a été prise sérieusement et n’a été transférée à la direction de l’hôpital ». En filigrane, l’explication qui transpire est double. D’une part, l’état d’esprit général consistait à ne pas prendre trop au sérieux les plaintes des enfants. D’autre part, Jimmy Savile exerçait une influence considérable sur l’hôpital. Il levait beaucoup d’argent et apportait une publicité très positive à l’établissement. Il était devenu intouchable.En 1991, une nouvelle direction est arrivée à Stoke Mandeville. Rapidement, elle s’est érigée contre Jimmy Savile. A l’époque, la controverse concernait l’argent de l’association caritative, que la star utilisait à sa guise, à titre personnel. Son accès permanent aux patients, son intrusion au milieu du personnel, ont également été jugés inappropriés. Jimmy Savile s’est progressivement éloigné de l’hôpital. Mais il a continué à exercer ses abus sexuels ailleurs. La dernière agression documentée remonte à 2009, deux ans avant son décès.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Il aura été en première ligne pendant les décennies de feu qui ont façonné durablement le Proche-Orient, témoin attentif de ses guerres et de ses révolutions, interlocuteur privilégié de ses figures les plus singulières, de Gamal Abdel Nasser à Mouammar Kadhafi. Au cours de sa très riche vie, Eric Rouleau, mort mercredi 25 février à l'âge de 89 ans, fut tour à tour journaliste au Caire avant la chute de la monarchie, pilier du service Etranger du Monde de la guerre israélo-arabe de 1967 à la révolution iranienne de 1979, puis ambassadeur de France en Tunisie puis en Turquie avant de renouer avec l'écriture et la chronique d'une région troublée dans les colonnes du Monde diplomatique.Né en Egypte en 1926 au sein d'une famille juive, Elie Raffoul entre en journalisme à vingt ans avec la foi du jeune communiste qu'il est alors. L'heure des décolonisations a sonné et dans le chaudron cairote s'affrontent ordre ancien et monde nouveau, un bouillonnement auquel la création d'Israël, en 1948, a ajouté une dose de complexité. Gauchiste et juif, voilà qui est un peu trop pour le régime du roi Farouk, qui le contraint à l'exil en 1951 et le déchoit de sa nationalité. La France sera pour ce francophile une patrie d'adoption généreuse, qui ne lui fera cependant jamais oublier sa première terre.C'est au Monde, à partir de 1955, qu'Elie Raffoul, devenu Eric Rouleau, va s'imposer progressivement comme l'un des journalistes les plus à même de déchiffrer les entrelacs des crises orientales à répétition, rejoint plus tard par Haig Kirazian – Jean Gueyras, pour les lecteurs du quotidien de la rue des Italiens. Un duo de polyglottes émérites (qu'il s'agisse des langues comme des idéologies et des réseaux) complété par Amnon Kapeliouk à Jérusalem.Une carrière diplomatique sous MitterrandPendant près de trente ans, Eric Rouleau parcourt une région en ébullition. Il est au cœur de séismes dont les répliques ne cessent d'être enregistrées encore aujourd'hui, de la guerre israélo-arabe de 1967, qui précipite la naissance d'un mouvement national palestinien autonome, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la révolution iranienne de 1979, qui marque la renaissance de l'islam politique.Pour ce journal qui ne lui mégote pas ses colonnes et qui ne s'effraie pas de publier de véritables feuilletons politiques et diplomatiques, il voyage, raconte, analyse, et multiplie les rencontres avec l'Histoire et ses nombreuses incarnations. Lui qui avait déjà pu rencontrer le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, avant son assassinat en 1949, sera reçu par les principaux acteurs de la région, surtout après l'entretien accordé par Gamal Abdel Nasser en 1963.Son expertise est recherchée, y compris par des responsables politiques français, souvent fascinés par son carnet d'adresse. La curiosité réciproque qu'il entretient avec le premier secrétaire du Parti socialiste devenu président de la République en 1981, François Mitterrand, lui fera sauter le pas en 1985 vers la carrière diplomatique, au grand dam des diplomates comme de certains de ses confrères prompts à dénoncer un mélange des genres.A la suite de missions discrètes, en Libye et en Iran, il devient ambassadeur de France à Tunis, siège de l'OLP après le départ du Liban, puis à Ankara. Il revient en 1991 à la plume pour Le Monde diplomatique, le parent éloigné du quotidien.Sur l'insistance de ses proches, Eric Rouleau avait publié en 2012 des Mémoires qui avaient permis de retracer ce parcours fascinant. Un condensé d'histoire dans lequel il s'était pourtant bien gardé, pour une fois, de tout raconter.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.02.2015 à 14h07 • Mis à jour le25.02.2015 à 14h48 | Jean-François Mignot (Sociologue) et Céline Goffette (Sociologue) De qui se moquait le journal satirique Charlie Hebdo, avant que deux terroristes islamistes assassinent cinq caricaturistes et six autres personnes présentes à la conférence de rédaction du 7 janvier ? Est-il vrai que ce journal faisait preuve d’une « obsession » à l’encontre des musulmans, comme cela a pu être dit à la suite des attentats, notamment dans une tribune du Monde du 15 janvier 2015, à laquelle ont contribué plusieurs chercheurs ?Pour apporter une réponse raisonnée à cette question, nous analysons les 523 « unes » du journal de janvier 2005 (n°655) au 7 janvier 2015 (n°1177). Si les « unes » de Charlie Hebdo ne résument pas à elles seules le journal, elles en sont toutefois la vitrine, que même des non-lecteurs peuvent voir en devanture des kiosques. Le faible nombre d’abonnés que comptait Charlie Hebdo avant les assassinats laisse d’ailleurs supposer que c’est sur la base de ses « unes » que le journal a été accusé d’islamophobie. De cette analyse, il ressort plusieurs enseignements.Quatre grands thèmes émergent des « unes » de Charlie Hebdo : la politique ; les personnalités médiatiques du sport et du spectacle ; l’actualité économique et sociale ; et la religion. Sur les 523 « unes » parues au cours des dix dernières années, près des deux tiers (336) concernent la politique. L’actualité économique et sociale vient ensuite (85 « unes »), puis les personnalités médiatiques du sport et du spectacle (42). La religion n’est le thème que de 7 % des « unes » (38). Enfin, 22 unes traitent de plusieurs sujets à la fois : politique et médias (n°919), médias et religion (n°928), religion et politique (n°932), religion et questions sociales (n°917), etc.Au sein de la thématique politique, un peu plus de la moitié des « unes » portent sur des personnalités de droite (en majorité Nicolas Sarkozy), près d’un quart sur des personnalités de gauche, 7 % sur l’extrême droite et 9 % sur des personnalités politiques internationales (et 9 % sur plusieurs cibles à la fois).Parmi les « unes » relevant de l’actualité économique et sociale, un peu plus de 50 % portent sur les mouvements sociaux ou sur les Français en général (comme le n°1104), 21 % portent sur les sexes ou la sexualité (par exemple le n°1155), 18 % portent sur la délinquance, la violence politique ou le terrorisme, et 6 % portent sur les relations entre générations.Au sein des personnalités médiatiques du sport et du spectacle, on trouve environ un tiers de créateurs (auteurs, chanteurs, réalisateurs, acteurs, humoristes, etc.) et deux tiers de sportifs et de personnalités des médias.Au fil des années, cette répartition en quatre catégories principales a peu changé. Néanmoins, la politique devient un sujet encore plus présent en période d’élection présidentielle.Irrévérencieux et indéniablement antiracisteParmi les 38 « unes » ayant pour cible la religion, plus de la moitié vise principalement la religion catholique (21) et moins de 20 % se moquent principalement de l’islam (7). Les juifs, quant à eux, sont toujours raillés aux côtés des membres d’au moins une autre religion, comme l’islam dans le n°1057. Trois « unes »  concernent toutes les religions à la fois, notamment les « unes » 983 et 1108.Au total, de 2005 à 2015, seulement 1,3 % des « unes » se sont moquées principalement des musulmans. De fait, Charlie Hebdo n’était pas « obsédé » par l’islam. Si obsession il y avait, celle-ci était plutôt dirigée vers des hommes politiques français, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy et, dans une moindre mesure, les Le Pen et François Hollande. Quant à certaines des « unes » les plus virulentes, on peut considérer qu’elles sont dirigées contre l’extrême droite française (n°965 et n°1031) et la religion catholique (n°1064, 1080 et 1111).Alors même que la religion est un sujet de « une » très mineur, et que parmi les quelques « unes » traitant de religion, assez peu sont consacrées à l’islam, depuis les procès de 2007 et de 2012 sur la publication des caricatures de Mahomet ce sont principalement des associations musulmanes qui intentent des procès à Charlie Hebdo. Par contraste, dans les années 1990, c’était surtout l’extrême droite et des associations catholiques identitaires qui intentaient des procès au journal satirique. En outre, avant même l’attentat du 7 janvier, les derniers actes violents contre le journal avaient eux aussi été commis, suite à l’édition « Charia Hebdo » en 2011, au nom de l’islam.Lire l’enquête : « Charlie Hebdo », une résurrection sous tensionBesoin de chercheurs en sciences socialesA la lecture, il apparaît que Charlie Hebdo, conformément à sa réputation, est un journal irrévérencieux de gauche, indéniablement antiraciste, mais intransigeant face à tous les obscurantismes religieux, musulman inclus. Ce qu’il faut expliquer, donc, ce n’est pas pourquoi Charlie Hebdo était islamophobe, mais pourquoi, de nos jours, seuls des extrémistes se revendiquant de l’islam cherchent à museler un journal qui se moque – entre beaucoup d’autres choses – de leur religion.Pour progresser dans la compréhension de ces événements dramatiques et contrecarrer les mécanismes qui en sont à l’origine, il est nécessaire de ne pas travestir la réalité des faits et de poser les bonnes questions. Nous avons besoin de chercheurs en sciences sociales qui recueillent des données fiables et les analysent de façon impartiale, pour savoir notamment dans quelle mesure les terroristes et plus largement les fondamentalistes musulmans bénéficient, en France, d’une base sociale rejetant les valeurs de la République.Cette contribution des sciences sociales est d’autant plus urgente que, comme l’indique le sociologue Olivier Galland, le manque de connaissances sérieuses « laisse le champ libre aux interprétations et aux solutions simplistes ».Jean-François Mignot (Sociologue)Céline Goffette (Sociologue) Alexandre Piquard Cette fois-ci, le tirage ne sera « que » de 2,5 millions d’exemplaires, contre huit au total pour le numéro précédent, sorti le 14 janvier. Mais tous ces chiffres restent exceptionnels pour Charlie Hebdo, à la veille de son nouveau numéro attendu en kiosques mercredi 25 février, un mois et demi après les attentats du 7 au 9 janvier.« Il y a eu un grand élan de solidarité et les montants des dons reçus et des recettes prévues sont totalement décalés. Charlie Hebdo n’était pas fait pour avoir autant d’argent », explique Richard Malka, l’avocat du journal depuis vingt-deux ans. Ce dernier détaille comment Charlie Hebdo compte gérer la quinzaine de millions d’euros attendue, tout en précisant que les derniers chiffres ne sont toujours pas définitifs.4,2 millions d’euros de donsD’abord, les dons ont atteint 4,2 millions d’euros environ, que le journal ne veut pas garder mais donner aux familles des victimes. Sur ce total, 2,65 millions arrivent par l’intermédiaire du fonds Presse et Pluralisme, une association créée par les éditeurs pour faire transiter des contributions défiscalisées. Des particuliers et des entreprises les ont notamment versées via la plateforme en ligne JaideCharlie.fr. La somme hébergée par Presse et Pluralisme pose un problème fiscal particulier, souligne toutefois Me Malka, car ce fonds doit en principe aider des entreprises de presse, pas des victimes. De plus, Charlie Hebdo devrait payer des impôts s’il versait des fonds aux familles. Mais une discussion est en cours avec le ministère des finances pour autoriser un versement direct à l’association des amis de Charlie Hebdo, raconte l’avocat.Cette dernière a été créée « quelques semaines » avant le 7 janvier, afin d’accueillir de l’argent des soutiens, à l’époque où le journal cherchait 200 000 euros pour éponger ses pertes, et un peu plus si possible. La structure a centralisé le reste des dons, soit 1,5 million d’euros reçus en direct, expose Richard Malka, ajoutant que l’association doit renouveler son bureau. Il faut en effet un président (non salarié) pour remplacer Georges Wolinski, décédé. L’actuel secrétaire général est l’avocat Christophe Thévenet. Et l’association a commencé à réunir un groupe d’avocats pour régler la question, délicate, des versements aux familles des victimes, elles-mêmes en train de se constituer en association, raconte M. Malka.« Cela va prendre des mois »« Comment repartir ? Il n’y a pas de règles évidentes, cela va prendre des mois », prévient l’avocat qui liste certaines des questions soulevées : comment indemniser les familles des morts, des blessés ? Faut-il verser aux conjoints, aux enfants, aux frères et sœurs ? Comment se coordonner avec les indemnisations prévues par le fonds de garantie pour les victimes d’attentats et la Sécurité sociale ? Il y a une volonté de ne pas faire de « distinction » entre victimes, note l’avocat, incluant les douze personnes tuées à Charlie Hebdo, dont un employé d’un prestataire et deux policiers, plus les victimes de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris et la policière tuée à Montrouge, ainsi que les blessés, dont quatre membres de la rédaction de Charlie Hebdo, mais aussi un joggeur touché par des tirs.A ces sommes s’ajouteront les droits d’auteurs perçus sur la vente de numéros spéciaux, comme celui édité par Fayard, ou de DVD.Les ventes historiques du numéro « Tout est pardonné » seront affectées à Charlie Hebdo. Mais aussi à un projet de fondation. Sont concernés 10 à 12 millions d’euros de marge environ, selon Me Malka, qui rappelle que d’autres acteurs de la presse ont bénéficié de cet afflux vers les kiosques, imprimeurs ou distributeurs (ces derniers ayant toutefois renoncé à leur part pour le premier million d’exemplaires). Toutefois, cette somme pourrait être réduite à environ 7 ou 8 millions d’euros après impôt sur les sociétés. Les quelque 220 000 abonnements souscrits devraient eux générer environ 3 millions d’euros de marge.Ces recettes viennent prendre le relais du million d’euros d’aide versé par le ministère de la culture de Fleur Pellerin pour gérer l’urgence. Elles serviront à louer et équiper de nouveaux locaux sécurisés dans le 13e arrondissement de Paris, mais surtout à assurer la pérennité du journal.Un actionnariat plus coopératif« L’ampleur du soutien reçu nous donne aussi des obligations, pense M. Malka. Il est indispensable qu’une partie des recettes aille à une fondation qui a un but plus large : soutenir le dessin de presse. Par la formation, la pédagogie dans les écoles ou l’aide aux dessinateurs dans le monde. » Selon l’avocat, il est trop tôt pour savoir quelle somme sera affectée à la fondation et qui dirigera cette dernière. Consacrée à la « liberté d’expression précieuse qui s’exprime par le dessin de presse », la structure ne se focaliserait pas sur la laïcité, même si « de fait, là où sont menacés des dessinateurs, c’est souvent pour des questions religieuses », explique Richard Malka militant de longue date pour la laïcité.Restera enfin la question de la gouvernance de l’entreprise, sur laquelle la rédaction souhaite davantage de transparence et une approche plus collective. Une des revendications est de passer à un actionnariat plus coopératif, à l’occasion de la refonte du capital liée au décès de Charb, qui détenait 40 % des parts (à égalité avec Riss, le directeur financier Eric Portheault en possédant 20 %). Il a déjà été décidé qu’il n’y aurait pas de distribution de dividendes pendant trois ans, précise l’avocat. La rédaction veut un débat rapidement. L’avocat l’estime « légitime » mais pense, comme Riss, que les discussions doivent se faire de façon « apaisée », pas dans « l’urgence ».Riss : « Tout le monde n’est pas obligé d’aimer “Charlie” »Pour l’heure, alors que tout le monde se souvient des pénuries de Charlie Hebdo en kiosques le 14 janvier, le nouveau numéro doit être diffusé à 700 000 exemplaires mercredi, puis 450 000 jeudi et 300 000 les jours suivant. Ensuite, 250 000 exemplaires seront exportés. A la « une », un chien Charlie Hebdo poursuivi par d’autres canidés : Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, BFM-TV, un financier et… un fanatique avec kalachnikov. « Charlie Hebdo ne peut pas être le seul à porter la question du blasphème, la pression serait trop forte », insiste enfin Richard Malka.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.03.2015 à 16h25 • Mis à jour le06.03.2015 à 19h02 Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a adressé une « mise en demeure » à la station de radio RMC et à la chaîne de télévision BFMTV à la suite d'une interview diffusée le 16 février par les deux médias de l'ancien ministre Roland Dumas par le journaliste Jean-Jacques Bourdin. « Le premier ministre est-il sous influence juive ? », lui avait demandé l'animateur.« Je peux le penser », lui avait alors répondu l'ancien président du Conseil constitutionnel. « Il a des alliances personnelles qui font qu'il a des préjugés. Chacun sait qu'il est marié avec quelqu'un, quelqu'un de très bien d'ailleurs, qui a de l'influence sur lui », avait-il déclaré, évoquant, sans la nommer, l'épouse du premier ministre, Anne Gravoin. Le CSA avait annoncé le jour même qu'il « instruisait un dossier » sur cette affaire.Lire aussi (édition abonnés) : Le CSA saisi après les propos de Roland DumasUn avertissement sans sanctionPour l'autorité publique indépendante de l'audiovisuel, « la formulation même » de la question du journaliste était « de nature à banaliser et à propager des comportements discriminatoires ». Une mise en demeure du CSA n'a qu'une valeur d'avertissement et n'entraîne pas de sanction, sauf en cas de récidive.Au cours d'un échange de deux minutes, Jean-Jacques Bourdin était revenu à la charge à plusieurs reprises après l'évocation, une première fois, par l'ex-ministre des affaires étrangères des « alliances personnelles » de Manuel Valls « qui font qu'il a des préjugés ».Lire le portrait (édition abonnés) : La rengaine de Roland DumasDans un communiqué, BFMTV et RMC disent regretter cette décision, « les deux chaînes veillent au quotidien à ne pas encourager les comportements discriminatoires et à promouvoir les valeurs de la République ». « En outre, BFMTV et RMC alertent sur les risques que ces sanctions font peser sur la liberté d'informer en France. En effet, elles pourraient conduire, demain, les seuls médias régulés par le CSA, et leurs journalistes, à systématiquement s'autocensurer dans leur mission d'information, notamment lorsqu'ils exercent leur “droit de suite” pour obtenir d'un invité une clarification de ses propos. »Le journaliste Jean-Jacques Bourdin a également réagi à la décision :Je suis sanctionné pour avoir fait mon métier. On ne me fera pas taire. Je continuerai à aller chercher la vérité. Réveillons nous.— Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC)require(["twitter/widgets"]);La déclaration de M. Dumas avait suscité un tollé, le premier ministre s'était refusé à répondre « d'un point de vue personnel », tout en dénonçant « les propos d'un homme [Roland Dumas] dont on connaît le passé et qui ne font pas honneur à la République depuis bien longtemps ». 05.03.2015 à 18h01 • Mis à jour le06.03.2015 à 09h48 | Alexis Delcambre Cinq jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues par l’Agence France-presse, les premières conséquences ont été actées avec la démission, jeudi 5 mars, du directeur de la Région France, Bernard Pellegrin, et du rédacteur en chef France Didier Lauras.A la tête de la Région France depuis 2012, M. Pellegrin est remplacé par Philippe Onillon, actuel adjoint à la direction de l’information, qui a pour mission de « tirer toutes les conséquences des dysfonctionnements qui se sont produits le samedi 28 février » et « notamment étudier les procédures d’alerte à suivre en cas de circonstances exceptionnelles », selon un communiqué.En interne, cette double démission est interprétée comme le signe que la chaîne d’erreurs survenue le 28 février n’est pas uniquement le fruit de fautes de jugement individuelles, mais procède aussi d’un contexte organisationnel.« La question est notamment celle de savoir comment une grande agence mondiale travaille un samedi, avec quelle collégialité et quelle supervision », selon un journaliste. Celui-ci fait référence a une des failles apparues ce jour-là : la journaliste de permanence a pris seule la décision de publier la dépêche annonçant à tort la mort de M. Bouygues.Cela peut signifier que la nécessité de consulter la haute hiérarchie du service ou de l’agence avant de diffuser une telle information n’était pas clairement établie. C’est en tout cas ce qu’on comprend des mots d’ordre de la direction, qui estime qu’il faut rappeler cette nécessité, y compris à travers un programme de formation.Mardi, le syndicat SNJ-CGT avait mis en garde contre la tentation de s’en tenir à une lecture individualisée des événements. Une lettre ouverte avait également circulé dans la rédaction pour défendre les agenciers impliqués dans la publication de la dépêche erronée.Dans ce texte, des journalistes évoquaient « une erreur qui affecte chacun de nous et dont aucun de nous n’est à l'abri ». « Cet échec doit être assumé collectivement, y compris par la hiérarchie, et être l’occasion d’une vraie remise à plat de nos pratiques, et d’une réaffirmation de nos règles », estimaient ces agenciers, dénonçant « un quotidien de plus en plus marqué par la course à la rapidité et la pression induites non seulement par les réseaux sociaux, les sites internet et les chaînes d'information en continu, mais aussi par la rédaction en chef et la direction ».Après son erreur sur la mort de Martin Bouygues, l’AFP agitée de débats en interneCette double exigence, parfois contradictoire, de rapidité et de fiabilité, est au cœur des débats qui parcourent l’AFP, qui doit à la fois « dire juste » et « dire vite », comme l’avait rappelé François Hollande lors du 70e anniversaire de l’agence, en janvier.« Ces dernières années, et notamment lors de la couverture de l’attentat de Charlie Hebdo, la hiérarchie a souvent "mis la pression" sur les services de production pour que ceux-ci donnent une information le plus vite possible - en dépit parfois d'éléments insuffisamment étayés - dès lors qu'elle était publiée par un autre média, et déploré les retards dus au nécessaire recoupement des sources », lisait-on encore dans cette lettre ouverte, qui concluait que « la mise sous tension des journalistes au quotidien pour courir après [les réseaux sociaux] finit par créer de mauvais réflexes ».« La fiabilité est la valeur numéro un à l’AFP, elle doit toujours primer sur la rapidité », a réaffirmé Michèle Léridon, la directrice de l’information - dont la démission a été refusée par le PDG, Emmanuel Hoog. Le nouveau directeur de la Région France, Philippe Onillon, devra ainsi « travailler (...) aux moyens de consolider nos règles en matière de sources et de vérification des faits dans un monde de l’information en pleine mutation ».Cette double démission ne signifie pas que l’affaire est close. « Les suites à donner au regard des responsabilités individuelles interviendront dans les prochains jours », selon la direction de l’AFP, qui a conduit depuis samedi une enquête interne.« Il aurait été impossible de prendre quelque sanction que ce soit sans qu’il y ait au préalable une prise de responsabilité à un certain niveau », décrypte un journaliste de l’agence, ajoutant que la hiérarchie de la Région France était de toute façon contestée de longue date, notamment pour s’être cassée les dents sur un projet de réforme des différents services. « Il fallait quelqu’un de nouveau pour mener la remise à plat des procédures et de l’organisation », estime ce journaliste.Cette annonce a également contribué à réduire la pression pesant sur M. Hoog, qui s’était trouvé attaqué par un communiqué du SNJ-CGT, qui exploitait une phrase prononcée en janvier par le PDG (« Ne soyez pas prisonniers de vos sources »). Le nom de M. Hoog est régulièrement cité parmi les postulants à la présidence de France Télévisions.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.03.2015 à 16h38 • Mis à jour le05.03.2015 à 16h40 Yves de Kerdrel, le directeur de la publication de Valeurs actuelles, a été condamné jeudi 5 mars à une amende de 3 000 euros pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation. La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a également ordonné la publication, dans Valeurs actuelles et un autre journal, d'un communiqué judiciaire qui souligne le caractère « particulièrement stigmatisant » envers les Roms dans ce dossier.Le 22 août 2013, l'hebdomadaire avait consacré un dossier aux Roms, intitulé « Roms l'overdose », qui avaient scandalisé plusieurs associations et particuliers. Les juges ont souligné jeudi que, dans ce dossier, « la répétition et la juxtaposition de termes censés [être] descriptifs tels que “fléau”, “overdose”, “plaie”, “invasion”, tous évocateurs de maladies ou de catastrophes [...] contribuent nécessairement, par-delà le supposé “constat” à opposer la communauté visée, appréhendée sous un prisme uniquement négatif, à “la France” ou aux “Français” ».Voir : Concert de réprobations après la couverture de « Valeurs actuelles » sur « L'overdose Roms »Yves de Kerdrel et la société Valmonde, éditrice du journal, ont également été condamnés à verser solidairement 2 000 euros de dommages et intérêts à la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et 1 euro à l'association La Voix des Rroms. Cette condamnation doit « servir d'exemple pour les journalistes et les hommes et femmes politiques », a réagi l'avocat de la Voix des Rroms, Me Henri Braun, à l'issue du jugement.De son côté, le directeur de la publication de l'hebdomadaire a dénoncé un « nouvel acte de censure fait à destination de Valeurs actuelles, sur un sujet grand public qui intéresse les Français » et une « atteinte à la liberté d'expression ». Ce dernier avait déjà été condamné le 3 février à 2 000 euros d'amende pour une « une » intitulée « Naturalisés, l'invasion qu'on nous cache », présentant une Marianne voilée. Il a fait appel. Alexis Delcambre et Alexandre Piquard L’Etat s’invite dans le processus de nomination du prochain président de France Télévisions, attendue d’ici le 22 mai : les ministres Fleur Pellerin, Emmanuel Macron, Michel Sapin et Christian Eckert ont formulé, mercredi 4 mars, leur version des missions de l’entreprise publique à l’horizon 2020, en s’appuyant sur un rapport commandé à l’ancien directeur financier de France Télévisions Marc Schwartz.Pour ces autorités de tutelle, il s’agit de peser dans une procédure largement confiée au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), chargé de désigner le successeur de Rémy Pflimlin, qui n’a pas encore dit s’il serait candidat. Mais il s’agit aussi pour les ministres de couper court à un reproche récurrent : l’Etat dérouterait France Télévisions par ses injonctions contradictoires, son absence de constance et de cohérence.Présidence de France Télévisions : le casse-tête du CSAFleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication, et ses homologues de Bercy entendent donc prendre leurs responsabilités et proposent de « simplifier et de rationaliser » les objectifs de la télévision publique, tout en poussant à des choix stratégiques drastiques, qui pourraient éventuellement affecter le nombre des chaînes hertziennes publiques, actuellement de cinq (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô).Le gouvernement est aussi soucieux de réconcilier la télévision publique avec la société dans son ensemble, a fortiori dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo. Si le développement numérique de France Télévisions a été significatif ces dernières années, l’audience de ses chaînes hertziennes est vieillissante. Symboliquement, les ministres proposent de remplacer le triptyque traditionnel « informer, éduquer distraire » par « comprendre, rayonner, participer ».France Télévisions, le grand corps maladePriorité à l’information « Nous attendons du prochain président de France Télévisions des propositions pour renforcer l’offre publique d’information », a dit Fleur Pellerin dans son discours, mercredi. Pour la ministre, il s’agit de promouvoir le débat et la « diversité » des paroles, mais surtout de proposer plus d’information. En la matière, l’Etat ne pense pas seulement à l’information en continu sur laquelle règnent BFM-TV et i-Télé. Il souhaite que soient associées les rédactions nationales - de France 2 et France 3 -, mais aussi locales. Et qu’il y ait une « coopération étroite » avec les autres entreprises de l’audiovisuel public. Concrètement, on peut imaginer un projet de chaîne d’information publique. Dans la lignée du canal 100 % numérique qu’a annoncé pour septembre l’actuel directeur de l’information de France Télévisions, Thierry Thuillier, et qui se nourrirait notamment du site d’information FTVI. Une autre piste pourrait être celle défendue de longue date par le sénateur PS David Assouline : dédier France 3 à l’information sous toutes ses formes (et France 2 aux autres programmes).Un devoir de soutien à la création française Pour l’Etat, France Télévisions doit aussi jouer un rôle moteur dans la création française, à la fois en proposant de nouvelles séries innovantes, mais aussi en jouant mieux de son poids économique : « France Télévisions doit développer une politique d’achat et d’investissement qui contribue à mieux structurer et professionnaliser le secteur de la production, pour que les programmes français rayonnent sur les marchés internationaux », écrivent les ministres dans leur document de synthèse.Fleur Pellerin voit France Télévisions, premier commanditaire français de créations audiovisuelles, comme un fer de lance de son projet de réforme de la réglementation pour favoriser des « champions » d’une fiction française moderne, capables d’exporter. En contrepartie, l’Etat assure qu’il jugera moins France Télévisions sur la seule « audience » des programmes : il faut « accepter clairement le droit à l’échec » et « les pouvoirs publics, comme France Télévisions, doivent adopter une culture du risque et de l’audace », écrivent les ministres. A défaut d’être un vœu pieu, c’est un message ambitieux.Répondre au divorce avec la jeunesse« Pour que les Français parlent de France Télévisions, France Télévisions doit parler d’eux », selon Fleur Pellerin. Diversité, jeunesse, « culture de l’ouverture », « apprentissage de l’altérité » : dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo, l’Etat affirme attendre « des engagements et des résultats concrets ».L’enjeu, louable mais difficile à atteindre, est de « rapprocher France Télévisions du public le plus éloigné aujourd’hui des grands médias ». Pour cela, le gouvernement imagine une télévision publique dont la culture serait transformée : « approches collaboratives », « liens avec d’autres organisations » comme les « médias de proximité ou médias citoyens » . Et il attend que les entreprises de l’audiovisuel public travaillent « à un espace de service public audiovisuel à l’intention des jeunes », dont on comprend qu’il serait probablement numérique, faisant suite aux efforts actuels de France 4 ou de Mouv’et destiné à offrir une alternative aux contenus actuels de YouTube, des réseaux sociaux et des antennes privées.Des économies et l’hypothèse d’une suppression de chaîneSur le volet financier, l’Etat joue cartes sur table : les ressources de France Télévisions seront « au mieux stables » et « plus probablement (…) à la baisse », en raison des contraintes pesant sur les finances publiques. Faut-il en conséquence rétablir la publicité en soirée, supprimée sous Nicolas Sarkozy ? « Les conditions ne sont pas réunies », tranche le gouvernement, faisant écho aux préoccupations des chaînes privées, touchées par le repli du marché publicitaire. Le prochain président aura donc une feuille de route de rigueur : poursuivre les « réformes » engagées, rechercher des « synergies », créer de l’« agilité »…Mais le gouvernement va plus loin : « L’Etat considère que maintenir cinq chaînes hertziennes ne sera possible, dans le cadre économique des cinq prochaines années, que si des réformes de gestion ambitieuse sont réalisées », selon le document de synthèse. A charge donc, pour le prochain président, de travailler à la « cohérence du bouquet », et de s’attaquer aux structures de charges les plus lourdes : le réseau régional de France 3, la filière de production et le réseau outre-mer. La réforme territoriale en cours, à laquelle les ministres se réfèrent, est vue comme l’occasion de simplifier le maillage régional de France 3.France Télévisions : l’Etat fait voeu de simplificationDepuis le retour de la gauche au pouvoir en 2012, l’exécutif a rendu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) la prérogative de nommer les patrons de l’audiovisuel public, dont celui de France Télévisions, où le mandat de Rémy Pflimlin s’achève cette année.Cependant, un an à peine après le vote de la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public, l’exécutif entend montrer qu’il lui revient d’encadrer les grandes orientations stratégiques, ce qu’il n’avait pas fait pour le choix de Mathieu Gallet à la présidence de Radio France. Le risque est de rajouter ainsi de la complexité et de donner l’impression d’une concurrence entre l’Etat et le CSA, qui a pris un poids politique croissant sous la présidence d’Olivier Schrameck.L’Etat fait pourtant ici vœu de simplification, alors qu’il est régulièrement critiqué pour la multiplicité des objectifs imposés à France Télévisions et la lourdeur de son pilotage, épuisant pour les directions de l’entreprise publique. Le gouvernement veut réduire le nombre des objectifs du groupe public et lui redonner de l’autonomie, notamment par son conseil d’administration, sur le modèle par exemple de la BBC britannique. Il assure enfin qu’il ne reviendra plus sur ses choix. Une intention louable mais qui suppose des changements culturels majeurs chez l’ensemble des acteurs : cabinets ministériels, parlementaires, dirigeants et syndicats, voire producteurs.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.03.2015 à 15h29 • Mis à jour le03.03.2015 à 19h12 | Alexis Delcambre Premiers grincements de dents à l’Agence France-Presse (AFP), trois jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues. Mardi 3 mars, le syndicat SNJ-CGT a publié un communiqué offensif pour pointer ce qu’il estime être les causes structurelles de cette erreur, au delà des manquements individuels.Depuis samedi, la direction de l’agence s’est attachée à communiquer abondamment. Elle a d’abord annulé l’ensemble de ses dépêches sur le sujet - un geste rare. L’AFP et son PDG, Emmanuel Hoog, ont présenté leurs excuses, tandis que la directrice de l’information, Michèle Léridon - dont M. Hoog a refusé, samedi, la démission -, s’attachait à exposer les erreurs ayant conduit à cet accident.Lundi, la conférence de rédaction matinale a été intégralement consacrée à un débriefing des événements de samedi. La direction a reçu tous les protagonistes pour entendre leurs versions et aboutir à un récit détaillé. « C’est une instruction rédactionnelle », a expliqué Mme Léridon, sans cacher l’hypothèse de « sanctions ».Mais désormais, une partie de la rédaction trouve que la direction de l’agence en fait trop. « Nous ne voulons pas être dans une logique de bouc émissaire, s’inquiète un journaliste. Cet épisode appelle une réflexion collective sur la rapidité, les sources et l’aspect collectif du travail, plutôt que de cibler deux individus. » « Prisonniers de vos sources »Au sein de la rédaction, des journalistes s’affichent « solidaires » du journaliste du bureau de Rennes qui a subi le quiproquo avec le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne) et de la rédactrice en chef adjointe qui a validé la dépêche. « Ce sont tous deux des professionnels estimés », dit-on. Qui auraient certes commis des erreurs de jugement, mais dans le contexte d’un improbable enchaînement de circonstances : une rumeur qui remonte accidentellement jusqu’à Paris ; un quiproquo téléphonique…Pour le SNJ-CGT la cause est entendue : l’origine de ces « erreurs humaines » est à rechercher dans « la désorganisation de la rédaction mise en place par la direction depuis plusieurs années ». Le syndicat pointe même une forme d’hypocrisie de la direction, sur la tension entre fiabilité et rapidité. Ainsi, le 8 janvier, au lendemain de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, Emmanuel Hoog serait intervenu en conférence de rédaction pour déplorer que les noms des victimes aient été donnés trop tardivement par rapport à d’autres médias. « Ne soyez pas prisonniers de vos sources », aurait notamment recommandé le PDG.« Depuis samedi, il y a eu une pression de Hoog pour sur-réagir, estime un journaliste. Peut-être parce que cette affaire peut lui porter préjudice, alors que la campagne pour la présidence de France Télévisions bat son plein. » Le nom du PDG de l’AFP est en effet régulièrement cité parmi les postulants à la succession de Rémy Pflimlin, sur laquelle le CSA doit se pencher au mois d’avril.Pour M. Hoog, la séquence est amère. Le 19 janvier, à l’occasion des 70 ans de l’AFP, il accueillait François Hollande et le tout-Paris des médias au Palais Brongniart. Dans un discours qui se voulait un éloge du journalisme, prononcé devant les survivants de la rédaction de Charlie Hebdo, le président dénonçait un « temps médiatique réduit parfois à l’immédiateté » et soulignait l’importance de « dire juste » avant celle de « dire vite ».Des zones d’ombre persistantesL’origine de la rumeur qui a conduit l’AFP à annoncer par erreur la mort de Martin Bouygues reste mystérieuse. Dans une note interne retraçant les événements de samedi, l’agence fait état d’une rumeur partie de « la commune de La Roche Mabile sur la mort de Martin Bouygues qui y possède une maison ». Problème : selon le groupe Bouygues et la mairie de La Roche Mabile, ce n’est pas le cas. « Martin Bouygues n’a aucune attache dans l’Orne », a indiqué au Monde le porte-parole du groupe de BTP.Autre zone d’ombre : la nature précise du dialogue entre un journaliste de l’agence et le maire de la commune de Saint-Denis-sur-Sarthon. Selon l’agence, le journaliste a bien demandé au maire s’il pouvait lui confirmer la mort de Martin Bouygues, et ce dernier a répondu clairement par l’affirmative. Le maire conteste cette version et assure que le nom de « Bouygues » n’a pas été prononcé.Enfin, une inconnue subsiste sur l’intensité des efforts prodigués par l’AFP pour recouper l’information. Selon l’agence, plusieurs contacts politiques et économiques n’ont rien donné et les porte-parole du groupe Bouygues n’ont pas répondu au téléphone. Ceux-ci assurent avoir retourné l’appel dans la demi-heure, mais que la dépêche était déjà partie.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gabriel Coutagne C’est au tour du photographe de répliquer après la diffusion d’une photo prétendument non retouchée de Cindy Crawford sur les réseaux sociaux. Le site américain TMZ révélait dimanche 1er mars que l’avocat de l’auteur de la fameuse photographie, John Russo, demandait au Telegraph et au Sunday Telegraph de retirer l’image, sous peine de poursuites.Cindy crawford releases honest, un-photoshopped image http://t.co/ehbjfbyWrk #BeReal http://t.co/27tLSzOg1C— BeReal_Campaign (@Be Real)require(["twitter/widgets"]);Dans une lettre adressée au Telegraph et mise en ligne par TMZ, l’auteur du cliché, connu pour ses portraits de célébrités, explique que les photos de Cindy Crawford, réalisées pour l’édition mexicaine de Marie Claire en 2013, « [lui] ont été volées ». Il ajoute que l’image qui circule sur les réseaux sociaux « est une version frauduleuse de [sa] photographie, qui a été transformée et qui ne représente pas l’image originale ».En plus de reprocher aux médias une diffusion de l’image en dépit du droit d’auteur, le photographe souligne donc que ce cliché, prétendument non retouché, a été sciemment modifié. Dans un entretien au Monde, un professionnel de la retouche avait déjà suggéré que cette image avait sans doute été retouchée afin de faire ressortir les défauts de la top-modèle. Selon lui, pour cette image, « les contrastes ont très bien pu être renforcés pour accentuer l’effet naturel ».L’éternelle retouche des photos du corps fémininDu côté de la star, la réplique était venue par la voix de son époux, qui avait publié sur son compte Instagram une photo qui fonctionnait comme un démenti.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Face à l’érosion de ses ventes (- 8,2 % en 2014) et à une mutation numérique à accélérer, Le Parisien a opté pour un renouvellement de son équipe dirigeante. Celui-ci touche notamment la direction des rédactions, où Stéphane Albouy, jusqu’ici rédacteur en chef, succède à Thierry Borsa.Directeur des rédactions depuis 2010, M. Borsa était en sursis depuis plusieurs mois. A l’automne, selon Presse News, la direction du groupe Amaury avait mandaté un cabinet de recrutement pour lui trouver un successeur. Elle s’est finalement rabattue sur une solution interne. M. Borsa s’était notamment trouvé en conflit avec ses équipes pour avoir tenté de fusionner plusieurs services dans un grand pôle « actualité ».Au-delà de ce remplacement, les cadres du groupe — Eric Herteloup, Frédéric Allary, Eric Leclerc, Julie Costes —, voient leurs responsabilités élargies ou leurs titres reformulés, pour mieux intégrer la dimension numérique.RETOUR À L’ÉQUILIBREEn termes de projet, Le Parisien promet de « renforcer son traitement de la politique, de l’économie et des sujets de société » et met en avant la création d’une « cellule data-journalisme » et le lancement du « Parisien TV », son offre vidéo.L’information locale sera proposée avec un système d’abonnement « au compteur », soit cinq articles gratuits par semaine et un abonnement à 2,99 euros par mois. Cette nouvelle offre sera proposée à partir du 11 mars sous le label « Le Parisien Ma ville ». Le Parisien cherche ainsi à accroître son nombre d’abonnés numériques, qui n’est que de 6 000 pour le moment.Malgré la forte baisse de ses ventes (- 8,2 %, à 229 637 exemplaires en moyenne par jour, pour Le Parisien, et - 7,9 %, à 148 220 exemplaires, pour Aujourd’hui en France), le quatrième quotidien français affirme avoir « quasiment atteint l’équilibre » financier en 2014 — le fruit d’une politique d’économies internes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « C'est une débâcle, une erreur énorme », lâche Michèle Léridon, directrice de l'information de l'Agence France-presse, après l'annonce erronée de la mort de Martin Bouygues, samedi 28 février.Que s'est-il passé ? Une triple erreur semble être à l'origine de cette « faute », comme l'a qualifiée Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'agence.Premier acte : samedi en milieu de journée, au siège de l'agence à Paris, serait parvenue une information faisant état de la mort, dans l'Orne, du président-directeur général du groupe Bouygues. L'origine de cette information n'est pas connue.Aussitôt, la rédaction en chef alerte les différents services concernés et contacte son bureau à Rennes, dont dépend le département de l'Orne, pour vérifier cette information.Les journalistes rennais téléphonent alors en quête d'une confirmation. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec Michel Julien, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), une commune voisine de La Roche-Mabile, où le Martin Bouygues serait mort.Se produit alors une étonnante confusion. Interrogé pour savoir si Martin Bouygues était mort, le maire aurait répondu, selon l'agence, par l'affirmative. Dans cet échange, la confusion serait liée au fait que le maire faisait référence à une autre personne, dont le patronyme est « Martin ».Sur BFM-TV, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon a démenti que le nom « Bouygues » ait été évoqué : « Le journaliste m'a dit “M. Martin est décédé” ; j'ai dit “oui” », expliquant qu'un homme qu'il connaissait bien, mais qui n'avait rien à voir avec l'industriel, était effectivement mort le matin même. « Je suis très surpris, je ne savais pas qu'on parlait de Martin Bouygues », a-t-il ajouté.« DOMMAGE CONSIDÉRABLE »Le bureau de Rennes envoie alors au siège parisien sa dépêche, forte de cette source locale. Celle-ci est immédiatement publiée sur les fils, sans recherche d'une autre confirmation. « Il est évident qu'il aurait fallu, à ce moment, attendre la confirmation du groupe Bouygues », estime Michèle Léridon, qui rappelle que les sources habituelles pour ce type d'information sont l'entourage ou les services de communication.A 16 heures, l'AFP est contrainte d'envoyer une humiliante « note aux clients » : « Veuillez ne pas tenir compte de toute la série de dépêches (alerte, urgent, LEAD et 2ELEAD) concernant l'annonce par erreur du décès de Martin Bouygues. » Entre-temps, la caisse de résonance des alertes et des tweets l'a déjà largement répandue.« Les règles rédactionnelles élémentaires dans ce type de situation, ainsi que les procédures de validation, vont être rappelées, a précisé Michèle Léridon. La réputation de l'agence est fondée d'abord sur sa fiabilité. Nous mettons, au quotidien, tout en œuvre pour qu'elle ne soit pas entachée de tels dysfonctionnements. »Dans une note interne, que s'est procurée Libération, Michèle Léridon affirme : « L'information erronée nous cause un dommage considérable en termes de crédibilité et d'image », et de rappeler plusieurs principes de l'agence : « 1) La fiabilité est la valeur numéro un à l'AFP. Elle doit toujours primer sur la rapidité. 2) L'annonce de la mort d'une personnalité quelle qu'elle soit doit faire l'objet d'une attention toute particulière, avec des sources pleinement autorisées. 3) Le travail d'agencier est un travail d'équipe. Au moindre doute, les questions doivent remonter au sein de la hiérarchie. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 février, les Américains ont découvert la troisième saison de « House of Cards ». Samedi à 20 h 50, les Français pourront à leur tour visionner les nouvelles manigances politiques de Kevin Spacey et de sa compagne, sur Canal+ Séries, ainsi que sur la plate-forme en ligne Canal+ à la demande, où tous les épisodes sont immédiatement disponibles, en version originale. Canal+ diffusera, elle, la série en version française à partir du 12 mars.Pour la chaîne payante, ce dispositif de sortie n’est pas inédit : elle avait déjà mis en ligne d’emblée tous les nouveaux épisodes de ses séries « Borgia » et « Mafiosa » en 2014. Mais elle ne l’avait pas fait pour « House of Cards », le feuilleton emblématique dont elle a acheté les droits français au service de vidéo à la demande Netflix. Canal+ se met ainsi au binge watching, ce visionnage boulimique popularisé par la plate-forme américaine. Mais la chaîne suit aussi une tendance plus large : l’essor de la télévision « délinéarisée », celle que l’on regarde quand on veut.Déclic psychologique et techniqueDepuis plusieurs semaines, les professionnels du secteur se félicitent des bons scores de cette « télévision de rattrapage », aussi appelée en anglais catch-up ou replay : qui consiste à regarder un programme après son passage à l’antenne, sur son ordinateur, sa tablette ou son smartphone, mais aussi sur son téléviseur. Une possibilité généralement offerte durant sept jours après la diffusion.Pour les patrons de l’audiovisuel, il y a eu un déclic psychologique et technique : depuis septembre, Médiamétrie, qui produit le célèbre et parfois cruel Audimat, intègre des chiffres de visionnage en différé. L’institut ne tient compte, pour l’heure, que des programmes vus sur le téléviseur, par la « box » d’un fournisseur d’accès à Internet (IPTV). Une nouveauté qui permet déjà de faire gagner sur certaines émissions quelques précieux points d’audience.« Le différé commence à monter », a ainsi résumé Elisabeth Durand, directrice des antennes de TF1, lors d’une présentation des nouveautés de 2015. Depuis la mise en place de la mesure Médiamétrie, la chaîne a gagné 0,3 point de parts d’audience hebdomadaire sur les 4 ans et +, et jusqu’à 0,8 point sur les ménagères de moins de 50 ans. TF1, qui accapare le top 100 des meilleures audiences télévisées, est fière de détenir également le record d’audience en catch-up sur téléviseur : + 1,3 million pour un épisode de « Blacklist ». L’Emprise, téléfilm de TF1 sur la violence conjugale, a gagné 1,2 million de spectateurs grâce au replay sur téléviseur, sur un total 9,8 milllions (plus 3 millions de vidéos vues sur ordinateur et mobile, selon TF1). Un épisode de « Joséphine, ange gardien » peut séduire jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.Côté programmes de flux et de divertissement, le dernier lancement du jeu de téléréalité « Koh-Lanta » a attiré 900 000 spectateurs supplémentaires en replay sur le téléviseur, sur un total de 7,7 millions. Le concours de chanteurs « The Voice », jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.La tendance touche toutes les chaînes, pointe le Centre national du cinéma (CNC), qui a publié, vendredi 27 février, un rapport incluant tous les modes de consommation : téléviseurs, ordinateurs, tablettes et smartphones. En 2014, 3,7 milliards de vidéos ont été ainsi visionnées en replay, contre 2,5 milliards en 2013, soit une progression de 50,2 %. Si on corrige l’effet lié à l’arrivée de nouvelles chaînes et programmes, la croissance est estimée à environ 30 %.Le bataillon des 15-24 ansLa consommation replay par le téléviseur est en progression, et celle-ci a, pour la première fois, dépassé celle sur ordinateur, en août, novembre et décembre 2014, pointe le rapport. Sur l’ensemble de l’année, l’ordinateur représente 40,1 % de cette consommation de télévision en ligne (– 6,9 points par rapport à 2013), l’écran de télévision 37,5 % (+ 2,7 points) et les supports mobiles totalisent 22,3 % des vidéos vues (+ 4,1 points), dont 11,3 % pour la tablette et 11 % pour le téléphone mobile.« On a franchi un cap, le paradigme est en train de changer », estime Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions. Les programmes les plus propices au visionnage en replay sont les séries « feuilletonnantes », note-t-il. « Plus belle la vie » de France 3 attire ainsi en 2015, en moyenne, 5,1 millions de téléspectateurs, dont 300 000 en différé sur téléviseur, et génère 150 000 à 200 000 vidéos vues sur les autres canaux. Les documentaires événementiels, comme Apocalypse, sur la guerre 1939-1945, connaissent aussi de fortes audiences de rattrapage, de même que les programmes « de niche », comme ceux de France 4 ou les séries de la chaîne d’outre-mer France Ô. Sur Arte, la série d’auteur « P’tit Quinquin » a entraîné 626 000 visionnages en différé sur un total de 1,9 million, selon Libération.Dans le groupe Canal+, les meilleures audiences en différé sont réalisées par « Le Petit Journal » et « Le Grand Journal » ; dans le groupe M6 par les divertissements de la chaîne W9 (« Les Princes de l’amour », « Les Marseillais à Rio »…), selon le CNC. Les programmes de deuxième partie de soirée réalisent aussi de bons scores : + 22 % en moyenne pour la série américaine « The Arrow ».Et la tendance semble bien partie pour se renforcer. Les 15-24 ans représentent, en effet, 25,3 % du public de la télévision de rattrapage, mais 42,7 % des utilisateurs quotidiens de ces services, souligne le CNC.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois (avec AFP) Mais que va faire Vincent Bolloré ? Le patron de Vivendi dispose aujourd’hui d’importantes capacités financières confortées par la sortie définitive de Numericable-SFR, annoncée vendredi 27 février. Cette journée marque un tournant. À l’occasion de la publication des résultats annuels du groupe, le conseil de surveillance de Vivendi, présidé par Vincent Bolloré, a accepté l’offre de Patrick Drahi formulée dix jours auparavant, concernant la cession de ses 20 % de Numericable-SFR. Cette vente est estimée à environ 3,9 milliards d’euros. Le groupe recentré sur les médias et les contenus a justifié sa décision au vu du « faible niveau de liquidité » du titre Numericable-SFR qui aurait rendu « incertaine une sortie dans des conditions optimales ». L’offre de 40 euros par action représente une prime de 20 % par rapport au cours du titre au 27 novembre 2014, lorsque Vivendi a conclu la cession de SFR, note le groupe.Toutefois, les analystes se sont étonnés, de cette vente qui se fait avec une décote importante, alors que le titre SFR-Numericable a terminé la séance de vendredi à la Bourse de Paris à 55,4 euros. « C’était une bonne opportunité pour encaisser le cash et éviter d’être dans une situation difficile de liquidités », a répondu le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, soulignant n’avoir d’ailleurs reçu aucune contre offre depuis celle de M. Drahi.Redistribution aux actionnairesAu total Vivendi devrait recevoir 17 milliards d’euros pour la cession du deuxième opérateur mobile français, auxquels s’ajoutent les 4,1 milliards pour la vente de Maroc Telecom. Le groupe dispose ainsi d’une trésorerie positive de 4,6 milliards d’euros fin 2014, ayant soldé toute sa dette, qui se montait à 11,1 milliards fin 2013. Et ce n’est pas fini. Vivendi prévoit encore de finaliser la cession a Telefonica de son actif télécom brésilien GVT au cours du deuxième trimestre 2015 pour 7,45 milliards d’euros.Dans un premier temps une partie de ces sommes va être restituée aux actionnaires. Ainsi, 5,7 milliards d’euros vont être rendus sous forme de dividendes et de rachats de titres sur la période 2014-2017, pour leur faire partager une partie des gains enregistrés sur ses récentes cessions. Vivendi versera un dividende au titre de 2014 de 1 euro, dont 0,8 euro correspondant à ses derniers désinvestissements. « L’objectif est de maintenir ce niveau de distribution au titre des exercices 2015 et 2016, représentant un retour aux actionnaires de 2 milliards d’euros supplémentaires », a précisé le communiqué financier. Le groupe prévoit également de racheter jusqu’à 2,7 milliards d’euros de ses propres actions.« Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française »Rien n’a été dit concernant les futures acquisitions, mais une indication avait été donnée à la fin de l’année 2014 quand le groupe s’était porté officiellement candidat au rachat du pôle français de l’éditeur belge Roularta comprenant en particulier L’Express, L’Etudiant, L’Expansion. Un pôle passé finalement sous contrôle de.. Patrick Drahi.Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 9 décembre 2014, au micro de RTL, Vincent Bolloré déclarait que « Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française, c’est-à-dire à réunir l’ensemble des médias qui soient écrits ou télévisuels ou sur le net. Donc, bien évidemment, s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisira. » Il ajoutait : « On a la chance d’avoir le groupe Canal qui est très important, on a la chance d’avoir Universal, le numéro un de la musique, mais pour que tout ça rayonne il faut des contenus et les magazines sont des contenus. »Concernant Canal +, les ventes ont progressé de 2,7% sur un an, avec un gain de 678.000 abonnements sur l'année 2014 qui atteignent désormais 15,3 millions dans le monde. Le portefeuille d'abonnés passe ainsi la barre des 11 millions pour la première fois grâce à l'Afrique et au Vietnam. L'offre de vidéo à la demande en France Canalplay y contribue aussi à cette performance avec 599.000 abonnés fin 2014.Vivendi devrait contribuer à alimenter les spéculations sur les marchés concernant ses futures acquisitions. Un point commun avec Patrick Drahi . Des rumeurs insistantes lui prêtent l’intention d’acquérir Bouygues Telecom. «Il n’y a aucune négociation en cours (…) Le choix, c’est le “stand alone”, on a été très clairs là-dessus  » a répliqué mercredi Martin Bouygues.Dominique Gallois (avec AFP)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gabriel Coutagne Une polémique en a chassé une autre. Cette année encore, le World Press Photo avait soulevé la question de la retouche en photographie, en annonçant avoir rejeté près de 20 % des photographies présentées au jury du prestigieux prix. Mais c’était compter sans une autre affaire, révélée mercredi 25 février par le site Our Age Is 13, spécialiste de l’actualité photographique.Dans un courrier adressé à la présidence du jury du World Press Photo, et que Le Monde a pu consulter, la mairie de Charleroi « demande de retirer le prix qui a été accordé à M. [Giovanni] Troilo à la lumière de notre argumentation et de nos explications ». En cause, une série d’images, très sombre, qui montre des personnages, présentés comme des Carolorégiens, dans des situations décrivant une misère sociale et morale, ou s’adonnant à des pratiques sexuelles libertines. Une demande rejetée par l’institution dimanche 1er mars, après plusieurs jours d’enquête, confortant le prix remis à Giovanni Troilo. « Le World Press Photo n’a trouvé aucun fondement permettant de remettre en cause l’intégrité [journalistique] du projet du photographe. Aucun fait n’a été manipulé dans les légendes que le jury a pu consulter », précise l’institution dans un communiqué.Le World Press Photo brise le tabou de la mise en scèneGiovanni Troilo est un photographe italien travaillant habituellement dans les domaines de la mode et de la publicité. Il a été récompensé dans la catégorie « problématiques contemporaines », pour une série intitulée The Dark Heart of Europe. Le photographe présente son travail sur son site :« Aujourd’hui, le malaise social s’insère dans la vie des citoyens [de Charleroi]. Les routes, qui étaient à l’époque propres et fleuries, sont aujourd’hui abandonnées et en mauvais état. Les usines ferment et la végétation reprend ses droits dans les vieux quartiers industriels. Une sexualité perverse et malade, la haine raciale, une obésité névrotique, l’abus d’antidépresseurs semblent être les seuls remèdes pour surmonter ce malaise endémique. »« UNE ATTEINTE À LA PROFESSION DE PHOTOJOURNALISTE » Dans les jours qui ont suivi l’annonce du prix, faite le 12 février, « plusieurs personnes, dont des photographes, ont réagi sur les réseaux sociaux », raconte Molly Benn, rédactrice en chef du site Our Age Is 13.@lesoir WPressPhoto 2015.Le misérabiliste "Dark heart of Europe" sur #charleroi primé. http://t.co/kB9S3QJoDC http://t.co/Zuo3UR9XXz— Humbert_Tesla (@Umberto di Tesla)require(["twitter/widgets"]);Parmi eux, le photojournaliste belge Thomas Vanden Driessche s’était interrogé sur ce qu’il considère comme une dérive du photojournalisme.Triste... Ou peut-être un nouveau point de départ pour s'interroger sur les dérives d'un certain photojournalisme... http://t.co/DzCvURFeHd— thomasvdd (@T. Vanden Driessche)require(["twitter/widgets"]);« C’est en tant que photojournaliste que je me suis senti concerné par ce prix », explique au Monde Thomas Vanden Driessche. Sa question a alimenté le vif débat sur les réseaux sociaux, auquel ont pris part photographes et habitants de Charleroi. « Nous avons d’abord été contactés par plusieurs photographes », confirme la mairie de la ville. Si le souci principal de la municipalité est bien d’en défendre la réputation, l’argument pour convaincre le World Press Photo de retirer ce prix est journalistique.« Nous considérons le sujet du photographe, construit de toutes pièces, tant comme une atteinte à la ville et aux habitants de Charleroi que comme une atteinte à la profession de photojournaliste en tant que telle », dénonce dans sa lettre le bourgmestre de la ville, Paul Magnette (PS), en fonction depuis juillet 2014. « Le caractère falsifié et mensonger des légendes, la manipulation de la réalité, la construction d’images-chocs mises en scène par le photographe, malhonnêtes (…) trahissent les bases de l’éthique journalistique », poursuit l’élu.Le recours à la mise en scène est parfois légitime dans un sujet documentaire, notamment lorsque l’on fait un portrait, mais le World Press Photo, dans un document disponible en ligne, précise qu’une image ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène ou d’une reconstitution. De plus, certaines imprécisions dans les légendes posent problème.UN RÉCIT PERSONNEL Le rendu de ce portrait et sa légende suggèrent que cette personne vit recluse chez elle pour fuir la violence de son quartier. Thomas Vanden Driessche souligne pourtant « qu’il s’agit de Philippe Génion, une personnalité bien connue à Charleroi (…). Il habite dans un quartier populaire, mais relativement paisible. Sa maison est également un bar à vin ». Sur son profil Facebook, le modèle raconte le moment de la prise de vue :« Le photographe m’a demandé de poser pour lui, dans mon intérieur, et a demandé à ce que je sois torse nu, ce qui ne m’a nullement dérangé, n’ayant aucun complexe par rapport à mon physique. Les deux artistes étaient sympathiques et ne cachaient pas qu’ils mettraient en scène leurs photos, disant clairement qu’ils ne faisaient pas un reportage, mais un travail photo. Par contre, je m’insurge contre le terme d’“obésité névrotique”, qui, s’il peut qualifier d’autres personnes que je ne connais pas, n’est absolument pas mon cas. »De son côté, Giovanni Troilo ne semble pour l’instant pas trop inquiet de la polémique, comme le rapporte un blog du quotidien italien La Repubblica : « Je m’attendais aux polémiques, et ils n’ont pas été tendres… Mais je n’imaginais pas des réactions de ce genre. Je comprends l’ambiance, ils cherchent à promouvoir une image neuve de la ville [Charleroi], et dire certaines choses dérange. »Le photographe se défend, présentant sa série comme un récit personnel plutôt que comme un reportage au sens strict. Pour lui, ce travail rend compte de choses « qu[’il a] vues, qu[’il] conna[ît], dont [il] sai[t] qu’elles existent », tout en concédant, en creux, que certaines images sont mises en scène : « Il y a aussi des photos où [les personnes] ne posent pas, la dame avec la tête inclinée sur la table est véritablement une personne dans un hospice, c’est une amie de ma tante. La police était vraiment en train de charger… »Giovanni Troilo avait reconnu en conclusion de l’interview accordée à La Repubblica devoir fournir des explications au World Press Photo quelques jours avant la décision de confirmer le prix remis au photographe.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.02.2015 à 17h52 • Mis à jour le27.02.2015 à 04h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Un « prédateur sexuel », pédophile, qui a pu pendant des décennies utiliser un hôpital pour multiplier viols et attouchements : le rapport publié jeudi 26 février détaille une nouvelle fois les abus sexuels de Jimmy Savile, ancienne star britannique de la télévision, aujourd’hui décédé. Soixante victimes y sont identifiées, âgées de 8 à 40 ans. La moitié avait moins de 16 ans, et dix, moins de 12 ans. L’immense majorité était de sexe féminin. Les abus ont eu lieu entre 1968 et 1992.Ces nouvelles révélations viennent une nouvelle fois illustrer l’ampleur des crimes commis par l’ancien présentateur des émissions « Top of the Pop » et « Jim’ll fix it », grands succès des années 1970 et 1980. Avec ses cheveux longs blonds, ses gros cigares, ses pantalons de survêtements et ses lunettes teintées, l’homme était toujours passé pour un excentrique. Mais il était aussi très aimé du grand public, célébré pour son aide pour de nombreuses associations caritatives. Il était en particulier très actif dans les hôpitaux.On sait désormais qu’il s’agissait d’une tactique pour avoir accès aux enfants. Mais jusqu’à son décès en 2011, les accusations d’agressions sexuelles portées contre lui n’avaient jamais été révélées publiquement. A chaque fois, elles avaient été étouffées, à différents niveaux d’autorité.450 plaintesTout a basculé en 2012 avec la diffusion d’un documentaire diffusé sur ITV. Choquant le Royaume-Uni, l’affaire a poussé la police à ouvrir une enquête. Celle-ci a désormais reçu 450 plaintes, qu’elle est en train de traiter. Parallèlement, plusieurs rapports ont été commandés, pour essayer de faire toute la lumière sur ce scandale. En juin 2014, l’un d’entre eux détaillait les abus dans plusieurs hôpitaux. Ce jeudi, un nouveau document concerne l’établissement de Stoke Mandeville, situé près d’Oxford.Jimmy Savile était arrivé en 1969 dans cet hôpital en tant que brancardier volontaire. Aucune vérification sur sa personnalité n’avait alors été réalisée, mais il était déjà star du petit écran. Progressivement, il prend de plus en plus de place dans l’établissement, et aide à lever de l’argent. En 1980, la première ministre Margaret Thatcher, qui voulait promouvoir le financement privé du système de santé, lui confie même un rôle officiel pour assembler des fonds.La star avait ainsi un accès complet et total à l’hôpital, vingt heures sur vingt-quatre. Il rentrait dans les chambres à l’improviste, discutait avec les patients et leurs familles, offrait des disques, signait des autographes… Et abusait sexuellement ses victimes.« Le brancardier m’a fait mal, ici »Soixante témoignages, pénibles à lire, sont détaillés dans le rapport. Souvent, il s’agit d’attouchements très rapides : des mains sur des seins en passant dans un couloir, un baiser avec la langue à une jeune patiente, des caresses inappropriées. Et puis, il y a les cas de viol, comme la « victime 20 », qui avait douze ans au moment des faits en 1977. Elle était à l’hôpital pour se faire retirer les amygdales. En robe de chambre, elle s’était trainée à la pièce télévision, fatiguée de l’opération. Jimmy Savile est arrivé, s’est mis devant elle, a baissé son pantalon et l’a pénétrée. Victime 20 est allée se plaindre à l’infirmière : « Le brancardier m’a fait mal, ici. » La réponse est arrivée, sèche : ne surtout rien dire, sinon cela causerait des problèmes à l’infirmière. La même nuit, l’adolescente s’est réveillée et Jimmy Savile était à côté de son lit. Cette fois, il l’a pénétrée avec les doigts.Comment a-t-il pu continuer ses agressions pendant tant d’années, sans que rien ne se sache ? Le rapport documente neuf plaintes « verbales » et une plainte « formelle ». Mais « aucune n’a été prise sérieusement et n’a été transférée à la direction de l’hôpital ». En filigrane, l’explication qui transpire est double. D’une part, l’état d’esprit général consistait à ne pas prendre trop au sérieux les plaintes des enfants. D’autre part, Jimmy Savile exerçait une influence considérable sur l’hôpital. Il levait beaucoup d’argent et apportait une publicité très positive à l’établissement. Il était devenu intouchable.En 1991, une nouvelle direction est arrivée à Stoke Mandeville. Rapidement, elle s’est érigée contre Jimmy Savile. A l’époque, la controverse concernait l’argent de l’association caritative, que la star utilisait à sa guise, à titre personnel. Son accès permanent aux patients, son intrusion au milieu du personnel, ont également été jugés inappropriés. Jimmy Savile s’est progressivement éloigné de l’hôpital. Mais il a continué à exercer ses abus sexuels ailleurs. La dernière agression documentée remonte à 2009, deux ans avant son décès.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Il aura été en première ligne pendant les décennies de feu qui ont façonné durablement le Proche-Orient, témoin attentif de ses guerres et de ses révolutions, interlocuteur privilégié de ses figures les plus singulières, de Gamal Abdel Nasser à Mouammar Kadhafi. Au cours de sa très riche vie, Eric Rouleau, mort mercredi 25 février à l'âge de 89 ans, fut tour à tour journaliste au Caire avant la chute de la monarchie, pilier du service Etranger du Monde de la guerre israélo-arabe de 1967 à la révolution iranienne de 1979, puis ambassadeur de France en Tunisie puis en Turquie avant de renouer avec l'écriture et la chronique d'une région troublée dans les colonnes du Monde diplomatique.Né en Egypte en 1926 au sein d'une famille juive, Elie Raffoul entre en journalisme à vingt ans avec la foi du jeune communiste qu'il est alors. L'heure des décolonisations a sonné et dans le chaudron cairote s'affrontent ordre ancien et monde nouveau, un bouillonnement auquel la création d'Israël, en 1948, a ajouté une dose de complexité. Gauchiste et juif, voilà qui est un peu trop pour le régime du roi Farouk, qui le contraint à l'exil en 1951 et le déchoit de sa nationalité. La France sera pour ce francophile une patrie d'adoption généreuse, qui ne lui fera cependant jamais oublier sa première terre.C'est au Monde, à partir de 1955, qu'Elie Raffoul, devenu Eric Rouleau, va s'imposer progressivement comme l'un des journalistes les plus à même de déchiffrer les entrelacs des crises orientales à répétition, rejoint plus tard par Haig Kirazian – Jean Gueyras, pour les lecteurs du quotidien de la rue des Italiens. Un duo de polyglottes émérites (qu'il s'agisse des langues comme des idéologies et des réseaux) complété par Amnon Kapeliouk à Jérusalem.Une carrière diplomatique sous MitterrandPendant près de trente ans, Eric Rouleau parcourt une région en ébullition. Il est au cœur de séismes dont les répliques ne cessent d'être enregistrées encore aujourd'hui, de la guerre israélo-arabe de 1967, qui précipite la naissance d'un mouvement national palestinien autonome, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la révolution iranienne de 1979, qui marque la renaissance de l'islam politique.Pour ce journal qui ne lui mégote pas ses colonnes et qui ne s'effraie pas de publier de véritables feuilletons politiques et diplomatiques, il voyage, raconte, analyse, et multiplie les rencontres avec l'Histoire et ses nombreuses incarnations. Lui qui avait déjà pu rencontrer le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, avant son assassinat en 1949, sera reçu par les principaux acteurs de la région, surtout après l'entretien accordé par Gamal Abdel Nasser en 1963.Son expertise est recherchée, y compris par des responsables politiques français, souvent fascinés par son carnet d'adresse. La curiosité réciproque qu'il entretient avec le premier secrétaire du Parti socialiste devenu président de la République en 1981, François Mitterrand, lui fera sauter le pas en 1985 vers la carrière diplomatique, au grand dam des diplomates comme de certains de ses confrères prompts à dénoncer un mélange des genres.A la suite de missions discrètes, en Libye et en Iran, il devient ambassadeur de France à Tunis, siège de l'OLP après le départ du Liban, puis à Ankara. Il revient en 1991 à la plume pour Le Monde diplomatique, le parent éloigné du quotidien.Sur l'insistance de ses proches, Eric Rouleau avait publié en 2012 des Mémoires qui avaient permis de retracer ce parcours fascinant. Un condensé d'histoire dans lequel il s'était pourtant bien gardé, pour une fois, de tout raconter.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « C'est une débâcle, une erreur énorme », lâche Michèle Leridon, directrice de l'information de l'AFP, après l'annonce erronée du décès de Martin Bouygues, samedi 28 février.Que s'est-il passé ? Une triple erreur semble être à l'origine de cette « faute », comme l'a qualifiée Emmanuel Hoog, PDG de l'agence.Premier acte : samedi en milieu de journée, au siège de l'agence à Paris, serait parvenue une information faisant état du décès, dans l'Orne, du PDG du groupe Bouygues. L'origine de cette information n'est pas connue.Aussitôt, la rédaction en chef alerte les différents services concernés et contacte son bureau à Rennes, dont dépend le département de l'Orne, pour vérifier cette information.Les journalistes rennais téléphonent alors en quête d'une confirmation. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec Michel Julien, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), une commune voisine de La Roche-Mabile, où le PDG aurait décédé.Se produit alors une étonnante confusion. Interrogé pour savoir si Martin Bouygues était mort, le maire aurait répondu, selon l'agence, par l'affirmative. Dans cet échange, la confusion serait liée au fait que le maire faisait référence au décès d'une autre personne, dont le patronyme est « Martin ».Sur BFM-TV, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon a démenti que le nom « Bouygues » ait été évoqué : « Le journaliste m'a dit 'M. Martin est décédé', j'ai dit 'oui' », expliquant qu'un homme qu'il connaissait bien, mais qui n'avait rien à voir avec l'industriel, avait effectivement trouvé la mort ce matin. « Je suis très surpris, je ne savais pas qu'on parlait de Martin Bouygues », a-t-il ajouté.HUMILIANTE « NOTE AUX CLIENTS »Le bureau de Rennes envoie alors au siège parisien sa dépêche, forte de cette source locale. Celle-ci est immédiatement publiée sur les fils, sans recherche d'une autre confirmation. « Il est évident qu'il aurait fallu, à ce moment, attendre la confirmation du groupe Bouygues », estime Michèle Leridon, qui rappelle que les sources habituelles pour ce type d'information sont l'entourage ou les services de communication.A 16 heures, l'AFP est contrainte d'envoyer une humiliante « note aux clients » : « Veuillez ne pas tenir compte de toute la série de dépêches (alerte, urgent, LEAD et 2ELEAD) concernant l'annonce par erreur du décès de Martin Bouygues. » Entre-temps, la caisse de résonance des alertes et des tweets l'a déjà largement répandue.« Les règles rédactionnelles élémentaires dans ce type de situation, ainsi que les procédures de validation, vont être rappelées, a précisé Michèle Léridon. La réputation de l'agence est fondée d'abord sur sa fiabilité. Nous mettons, au quotidien, tout en œuvre pour qu'elle ne soit pas entachée de tels dysfonctionnements. »Dans une note interne que s'est procuré Libération, Michèle Léridon affirme : « l'information erronée nous cause un dommage considérable en termes de crédibilité et d'image » et de rappeler plusieurs principes de l'agence : « 1) La fiabilité est la valeur numéro un à l'AFP. Elle doit toujours primer sur la rapidité 2) L'annonce de la mort d'une personnalité quelle qu'elle soit doit faire l'objet d'une attention toute particulière, avec des sources pleinement autorisées 3) Le travail d'agencier est un travail d'équipe. Au moindre doute, les questions doivent remonter au sein de la hiérarchie. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 février, les Américains ont découvert la troisième saison de « House of Cards ». Samedi à 20 h 50, les Français pourront à leur tour visionner les nouvelles manigances politiques de Kevin Spacey et de sa compagne, sur Canal+ Séries, ainsi que sur la plate-forme en ligne Canal+ à la demande, où tous les épisodes sont immédiatement disponibles, en version originale. Canal+ diffusera, elle, la série en version française à partir du 12 mars.Pour la chaîne payante, ce dispositif de sortie n’est pas inédit : elle avait déjà mis en ligne d’emblée tous les nouveaux épisodes de ses séries « Borgia » et « Mafiosa » en 2014. Mais elle ne l’avait pas fait pour « House of Cards », le feuilleton emblématique dont elle a acheté les droits français au service de vidéo à la demande Netflix. Canal+ se met ainsi au binge watching, ce visionnage boulimique popularisé par la plate-forme américaine. Mais la chaîne suit aussi une tendance plus large : l’essor de la télévision « délinéarisée », celle que l’on regarde quand on veut.Déclic psychologique et techniqueDepuis plusieurs semaines, les professionnels du secteur se félicitent des bons scores de cette « télévision de rattrapage », aussi appelée en anglais catch-up ou replay : qui consiste à regarder un programme après son passage à l’antenne, sur son ordinateur, sa tablette ou son smartphone, mais aussi sur son téléviseur. Une possibilité généralement offerte durant sept jours après la diffusion.Pour les patrons de l’audiovisuel, il y a eu un déclic psychologique et technique : depuis septembre, Médiamétrie, qui produit le célèbre et parfois cruel Audimat, intègre des chiffres de visionnage en différé. L’institut ne tient compte, pour l’heure, que des programmes vus sur le téléviseur, par la « box » d’un fournisseur d’accès à Internet (IPTV). Une nouveauté qui permet déjà de faire gagner sur certaines émissions quelques précieux points d’audience.« Le différé commence à monter », a ainsi résumé Elisabeth Durand, directrice des antennes de TF1, lors d’une présentation des nouveautés de 2015. Depuis la mise en place de la mesure Médiamétrie, la chaîne a gagné 0,3 point de parts d’audience hebdomadaire sur les 4 ans et +, et jusqu’à 0,8 point sur les ménagères de moins de 50 ans. TF1, qui accapare le top 100 des meilleures audiences télévisées, est fière de détenir également le record d’audience en catch-up sur téléviseur : + 1,3 million pour un épisode de « Blacklist ». L’Emprise, téléfilm de TF1 sur la violence conjugale, a gagné 1,2 million de spectateurs grâce au replay sur téléviseur, sur un total 9,8 milllions (plus 3 millions de vidéos vues sur ordinateur et mobile, selon TF1). Un épisode de « Joséphine, ange gardien » peut séduire jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.Côté programmes de flux et de divertissement, le dernier lancement du jeu de téléréalité « Koh-Lanta » a attiré 900 000 spectateurs supplémentaires en replay sur le téléviseur, sur un total de 7,7 millions. Le concours de chanteurs « The Voice », jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.La tendance touche toutes les chaînes, pointe le Centre national du cinéma (CNC), qui a publié, vendredi 27 février, un rapport incluant tous les modes de consommation : téléviseurs, ordinateurs, tablettes et smartphones. En 2014, 3,7 milliards de vidéos ont été ainsi visionnées en replay, contre 2,5 milliards en 2013, soit une progression de 50,2 %. Si on corrige l’effet lié à l’arrivée de nouvelles chaînes et programmes, la croissance est estimée à environ 30 %.Le bataillon des 15-24 ansLa consommation replay par le téléviseur est en progression, et celle-ci a, pour la première fois, dépassé celle sur ordinateur, en août, novembre et décembre 2014, pointe le rapport. Sur l’ensemble de l’année, l’ordinateur représente 40,1 % de cette consommation de télévision en ligne (– 6,9 points par rapport à 2013), l’écran de télévision 37,5 % (+ 2,7 points) et les supports mobiles totalisent 22,3 % des vidéos vues (+ 4,1 points), dont 11,3 % pour la tablette et 11 % pour le téléphone mobile.« On a franchi un cap, le paradigme est en train de changer », estime Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions. Les programmes les plus propices au visionnage en replay sont les séries « feuilletonnantes », note-t-il. « Plus belle la vie » de France 3 attire ainsi en 2015, en moyenne, 5,1 millions de téléspectateurs, dont 300 000 en différé sur téléviseur, et génère 150 000 à 200 000 vidéos vues sur les autres canaux. Les documentaires événementiels, comme Apocalypse, sur la guerre 1939-1945, connaissent aussi de fortes audiences de rattrapage, de même que les programmes « de niche », comme ceux de France 4 ou les séries de la chaîne d’outre-mer France Ô. Sur Arte, la série d’auteur « P’tit Quinquin » a entraîné 626 000 visionnages en différé sur un total de 1,9 million, selon Libération.Dans le groupe Canal+, les meilleures audiences en différé sont réalisées par « Le Petit Journal » et « Le Grand Journal » ; dans le groupe M6 par les divertissements de la chaîne W9 (« Les Princes de l’amour », « Les Marseillais à Rio »…), selon le CNC. Les programmes de deuxième partie de soirée réalisent aussi de bons scores : + 22 % en moyenne pour la série américaine « The Arrow ».Et la tendance semble bien partie pour se renforcer. Les 15-24 ans représentent, en effet, 25,3 % du public de la télévision de rattrapage, mais 42,7 % des utilisateurs quotidiens de ces services, souligne le CNC.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois (avec AFP) Mais que va faire Vincent Bolloré ? Le patron de Vivendi dispose aujourd’hui d’importantes capacités financières confortées par la sortie définitive de Numericable-SFR, annoncée vendredi 27 février. Cette journée marque un tournant. À l’occasion de la publication des résultats annuels du groupe, le conseil de surveillance de Vivendi, présidé par Vincent Bolloré, a accepté l’offre de Patrick Drahi formulée dix jours auparavant, concernant la cession de ses 20 % de Numericable-SFR. Cette vente est estimée à environ 3,9 milliards d’euros. Le groupe recentré sur les médias et les contenus a justifié sa décision au vu du « faible niveau de liquidité » du titre Numericable-SFR qui aurait rendu « incertaine une sortie dans des conditions optimales ». L’offre de 40 euros par action représente une prime de 20 % par rapport au cours du titre au 27 novembre 2014, lorsque Vivendi a conclu la cession de SFR, note le groupe.Toutefois, les analystes se sont étonnés, de cette vente qui se fait avec une décote importante, alors que le titre SFR-Numericable a terminé la séance de vendredi à la Bourse de Paris à 55,4 euros. « C’était une bonne opportunité pour encaisser le cash et éviter d’être dans une situation difficile de liquidités », a répondu le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, soulignant n’avoir d’ailleurs reçu aucune contre offre depuis celle de M. Drahi.Redistribution aux actionnairesAu total Vivendi devrait recevoir 17 milliards d’euros pour la cession du deuxième opérateur mobile français, auxquels s’ajoutent les 4,1 milliards pour la vente de Maroc Telecom. Le groupe dispose ainsi d’une trésorerie positive de 4,6 milliards d’euros fin 2014, ayant soldé toute sa dette, qui se montait à 11,1 milliards fin 2013. Et ce n’est pas fini. Vivendi prévoit encore de finaliser la cession a Telefonica de son actif télécom brésilien GVT au cours du deuxième trimestre 2015 pour 7,45 milliards d’euros.Dans un premier temps une partie de ces sommes va être restituée aux actionnaires. Ainsi, 5,7 milliards d’euros vont être rendus sous forme de dividendes et de rachats de titres sur la période 2014-2017, pour leur faire partager une partie des gains enregistrés sur ses récentes cessions. Vivendi versera un dividende au titre de 2014 de 1 euro, dont 0,8 euro correspondant à ses derniers désinvestissements. « L’objectif est de maintenir ce niveau de distribution au titre des exercices 2015 et 2016, représentant un retour aux actionnaires de 2 milliards d’euros supplémentaires », a précisé le communiqué financier. Le groupe prévoit également de racheter jusqu’à 2,7 milliards d’euros de ses propres actions.« Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française »Rien n’a été dit concernant les futures acquisitions, mais une indication avait été donnée à la fin de l’année 2014 quand le groupe s’était porté officiellement candidat au rachat du pôle français de l’éditeur belge Roularta comprenant en particulier L’Express, L’Etudiant, L’Expansion. Un pôle passé finalement sous contrôle de.. Patrick Drahi.Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 9 décembre 2014, au micro de RTL, Vincent Bolloré déclarait que « Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française, c’est-à-dire à réunir l’ensemble des médias qui soient écrits ou télévisuels ou sur le net. Donc, bien évidemment, s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisira. » Il ajoutait : « On a la chance d’avoir le groupe Canal qui est très important, on a la chance d’avoir Universal, le numéro un de la musique, mais pour que tout ça rayonne il faut des contenus et les magazines sont des contenus. »Concernant Canal +, les ventes ont progressé de 2,7% sur un an, avec un gain de 678.000 abonnements sur l'année 2014 qui atteignent désormais 15,3 millions dans le monde. Le portefeuille d'abonnés passe ainsi la barre des 11 millions pour la première fois grâce à l'Afrique et au Vietnam. L'offre de vidéo à la demande en France Canalplay y contribue aussi à cette performance avec 599.000 abonnés fin 2014.Vivendi devrait contribuer à alimenter les spéculations sur les marchés concernant ses futures acquisitions. Un point commun avec Patrick Drahi . Des rumeurs insistantes lui prêtent l’intention d’acquérir Bouygues Telecom. «Il n’y a aucune négociation en cours (…) Le choix, c’est le “stand alone”, on a été très clairs là-dessus  » a répliqué mercredi Martin Bouygues.Dominique Gallois (avec AFP)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gabriel Coutagne Une polémique en a chassé une autre. Cette année encore, le World Press Photo avait soulevé la question de la retouche en photographie, en annonçant avoir rejeté près de 20 % des photographies présentées au jury du prestigieux prix. Mais c’était compter sans une autre affaire, révélée mercredi 25 février par le site Our Age Is 13, spécialiste de l’actualité photographique.Dans un courrier adressé à la présidence du jury du World Press Photo, et que Le Monde a pu consulter, la mairie de Charleroi « demande de retirer le prix qui a été accordé à M. [Giovanni] Troilo à la lumière de notre argumentation et de nos explications ». En cause, une série d’images, très sombre, qui montre des personnages, présentés comme des Carolorégiens, dans des situations décrivant une misère sociale et morale, ou s’adonnant à des pratiques sexuelles libertines. Une demande rejetée par l’institution dimanche 1er mars, après plusieurs jours d’enquête, confortant le prix remis à Giovanni Troilo. « Le World Press Photo n’a trouvé aucun fondement permettant de remettre en cause l’intégrité [journalistique] du projet du photographe. Aucun fait n’a été manipulé dans les légendes que le jury a pu consulter », précise l’institution dans un communiqué.Giovanni Troilo est un photographe italien travaillant habituellement dans les domaines de la mode et de la publicité. Il a été récompensé dans la catégorie « sujets contemporains », pour une série intitulée The Dark Heart of Europe. Le photographe présente son travail sur son site :« Aujourd’hui, le malaise social s’insère dans la vie des citoyens [de Charleroi]. Les routes, qui étaient à l’époque propres et fleuries, sont aujourd’hui abandonnées et en mauvais état. Les usines ferment et la végétation reprend ses droits dans les vieux quartiers industriels. Une sexualité perverse et malade, la haine raciale, une obésité névrotique, l’abus d’antidépresseurs semblent être les seuls remèdes pour surmonter ce malaise endémique. »« UNE ATTEINTE À LA PROFESSION DE PHOTOJOURNALISTE » Dans les jours qui ont suivi l’annonce du prix, faite le 12 février, « plusieurs personnes, dont des photographes, ont réagi sur les réseaux sociaux », raconte Molly Benn, rédactrice en chef du site Our Age Is 13.@lesoir WPressPhoto 2015.Le misérabiliste "Dark heart of Europe" sur #charleroi primé. http://t.co/kB9S3QJoDC http://t.co/Zuo3UR9XXz— Humbert_Tesla (@Umberto di Tesla)require(["twitter/widgets"]);Parmi eux, le photojournaliste belge Thomas Vanden Driessche s’était interrogé sur ce qu’il considère comme une dérive du photojournalisme.Triste... Ou peut-être un nouveau point de départ pour s'interroger sur les dérives d'un certain photojournalisme... http://t.co/DzCvURFeHd— thomasvdd (@T. Vanden Driessche)require(["twitter/widgets"]);« C’est en tant que photojournaliste que je me suis senti concerné par ce prix », explique au Monde Thomas Vanden Driessche. Sa question a alimenté le vif débat sur les réseaux sociaux, auquel ont pris part photographes et habitants de Charleroi. « Nous avons d’abord été contactés par plusieurs photographes », confirme la mairie de la ville. Si le souci principal de la municipalité est bien d’en défendre la réputation, l’argument pour convaincre le World Press Photo de retirer ce prix est journalistique.« Nous considérons le sujet du photographe, construit de toutes pièces, tant comme une atteinte à la ville et aux habitants de Charleroi que comme une atteinte à la profession de photojournaliste en tant que telle », dénonce dans sa lettre le bourgmestre de la ville, Paul Magnette (PS), en fonction depuis juillet 2014. « Le caractère falsifié et mensonger des légendes, la manipulation de la réalité, la construction d’images-chocs mises en scène par le photographe, malhonnêtes (…) trahissent les bases de l’éthique journalistique », poursuit l’élu.Le recours à la mise en scène est parfois légitime dans un sujet documentaire, notamment lorsque l’on fait un portrait, mais le World Press Photo, dans un document disponible en ligne, précise qu’une image ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène ou d’une reconstitution. De plus, certaines imprécisions dans les légendes posent problème.UN RÉCIT PERSONNEL Le rendu de ce portrait et sa légende suggèrent que cette personne vit recluse chez elle pour fuir la violence de son quartier. Thomas Vanden Driessche souligne pourtant « qu’il s’agit de Philippe G., une personnalité bien connue à Charleroi (…). Il habite dans un quartier populaire, mais relativement paisible. Sa maison est également un bar à vin ». Sur son profil Facebook, le modèle raconte le moment de la prise de vue :« Le photographe m’a demandé de poser pour lui, dans mon intérieur, et a demandé à ce que je sois torse nu, ce qui ne m’a nullement dérangé, n’ayant aucun complexe par rapport à mon physique. Les deux artistes étaient sympathiques et ne cachaient pas qu’ils mettraient en scène leurs photos, disant clairement qu’ils ne faisaient pas un reportage, mais un travail photo. Par contre, je m’insurge contre le terme d’“obésité névrotique”, qui, s’il peut qualifier d’autres personnes que je ne connais pas, n’est absolument pas mon cas. »De son côté, Giovanni Troilo ne semble pour l’instant pas trop inquiet de la polémique, comme le rapporte un blog du quotidien italien La Repubblica : « Je m’attendais aux polémiques, et ils n’ont pas été tendres… Mais je n’imaginais pas des réactions de ce genre. Je comprends l’ambiance, ils cherchent à promouvoir une image neuve de la ville [Charleroi], et dire certaines choses dérange. »Le photographe se défend, présentant sa série comme un récit personnel plutôt que comme un reportage au sens strict. Pour lui, ce travail rend compte de choses « qu[’il a] vues, qu[’il] conna[ît], dont [il] sai[t] qu’elles existent », tout en concédant, en creux, que certaines images sont mises en scène : « Il y a aussi des photos où [les personnes] ne posent pas, la dame avec la tête inclinée sur la table est véritablement une personne dans un hospice, c’est une amie de ma tante. La police était vraiment en train de charger… »Giovanni Troilo avait reconnu en conclusion de l’interview accordée à La Repubblica devoir fournir des explications au World Press Photo quelques jours avant la décision de confirmer le prix remis au photographe.Gabriel CoutagneJournaliste au Monde 26.02.2015 à 17h52 • Mis à jour le27.02.2015 à 04h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Un « prédateur sexuel », pédophile, qui a pu pendant des décennies utiliser un hôpital pour multiplier viols et attouchements : le rapport publié jeudi 26 février détaille une nouvelle fois les abus sexuels de Jimmy Savile, ancienne star britannique de la télévision, aujourd’hui décédé. Soixante victimes y sont identifiées, âgées de 8 à 40 ans. La moitié avait moins de 16 ans, et dix, moins de 12 ans. L’immense majorité était de sexe féminin. Les abus ont eu lieu entre 1968 et 1992.Ces nouvelles révélations viennent une nouvelle fois illustrer l’ampleur des crimes commis par l’ancien présentateur des émissions « Top of the Pop » et « Jim’ll fix it », grands succès des années 1970 et 1980. Avec ses cheveux longs blonds, ses gros cigares, ses pantalons de survêtements et ses lunettes teintées, l’homme était toujours passé pour un excentrique. Mais il était aussi très aimé du grand public, célébré pour son aide pour de nombreuses associations caritatives. Il était en particulier très actif dans les hôpitaux.On sait désormais qu’il s’agissait d’une tactique pour avoir accès aux enfants. Mais jusqu’à son décès en 2011, les accusations d’agressions sexuelles portées contre lui n’avaient jamais été révélées publiquement. A chaque fois, elles avaient été étouffées, à différents niveaux d’autorité.450 plaintesTout a basculé en 2012 avec la diffusion d’un documentaire diffusé sur ITV. Choquant le Royaume-Uni, l’affaire a poussé la police à ouvrir une enquête. Celle-ci a désormais reçu 450 plaintes, qu’elle est en train de traiter. Parallèlement, plusieurs rapports ont été commandés, pour essayer de faire toute la lumière sur ce scandale. En juin 2014, l’un d’entre eux détaillait les abus dans plusieurs hôpitaux. Ce jeudi, un nouveau document concerne l’établissement de Stoke Mandeville, situé près d’Oxford.Jimmy Savile était arrivé en 1969 dans cet hôpital en tant que brancardier volontaire. Aucune vérification sur sa personnalité n’avait alors été réalisée, mais il était déjà star du petit écran. Progressivement, il prend de plus en plus de place dans l’établissement, et aide à lever de l’argent. En 1980, la première ministre Margaret Thatcher, qui voulait promouvoir le financement privé du système de santé, lui confie même un rôle officiel pour assembler des fonds.La star avait ainsi un accès complet et total à l’hôpital, vingt heures sur vingt-quatre. Il rentrait dans les chambres à l’improviste, discutait avec les patients et leurs familles, offrait des disques, signait des autographes… Et abusait sexuellement ses victimes.« Le brancardier m’a fait mal, ici »Soixante témoignages, pénibles à lire, sont détaillés dans le rapport. Souvent, il s’agit d’attouchements très rapides : des mains sur des seins en passant dans un couloir, un baiser avec la langue à une jeune patiente, des caresses inappropriées. Et puis, il y a les cas de viol, comme la « victime 20 », qui avait douze ans au moment des faits en 1977. Elle était à l’hôpital pour se faire retirer les amygdales. En robe de chambre, elle s’était trainée à la pièce télévision, fatiguée de l’opération. Jimmy Savile est arrivé, s’est mis devant elle, a baissé son pantalon et l’a pénétrée. Victime 20 est allée se plaindre à l’infirmière : « Le brancardier m’a fait mal, ici. » La réponse est arrivée, sèche : ne surtout rien dire, sinon cela causerait des problèmes à l’infirmière. La même nuit, l’adolescente s’est réveillée et Jimmy Savile était à côté de son lit. Cette fois, il l’a pénétrée avec les doigts.Comment a-t-il pu continuer ses agressions pendant tant d’années, sans que rien ne se sache ? Le rapport documente neuf plaintes « verbales » et une plainte « formelle ». Mais « aucune n’a été prise sérieusement et n’a été transférée à la direction de l’hôpital ». En filigrane, l’explication qui transpire est double. D’une part, l’état d’esprit général consistait à ne pas prendre trop au sérieux les plaintes des enfants. D’autre part, Jimmy Savile exerçait une influence considérable sur l’hôpital. Il levait beaucoup d’argent et apportait une publicité très positive à l’établissement. Il était devenu intouchable.En 1991, une nouvelle direction est arrivée à Stoke Mandeville. Rapidement, elle s’est érigée contre Jimmy Savile. A l’époque, la controverse concernait l’argent de l’association caritative, que la star utilisait à sa guise, à titre personnel. Son accès permanent aux patients, son intrusion au milieu du personnel, ont également été jugés inappropriés. Jimmy Savile s’est progressivement éloigné de l’hôpital. Mais il a continué à exercer ses abus sexuels ailleurs. La dernière agression documentée remonte à 2009, deux ans avant son décès.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Il aura été en première ligne pendant les décennies de feu qui ont façonné durablement le Proche-Orient, témoin attentif de ses guerres et de ses révolutions, interlocuteur privilégié de ses figures les plus singulières, de Gamal Abdel Nasser à Mouammar Kadhafi. Au cours de sa très riche vie, Eric Rouleau, mort mercredi 25 février à l'âge de 89 ans, fut tour à tour journaliste au Caire avant la chute de la monarchie, pilier du service Etranger du Monde de la guerre israélo-arabe de 1967 à la révolution iranienne de 1979, puis ambassadeur de France en Tunisie puis en Turquie avant de renouer avec l'écriture et la chronique d'une région troublée dans les colonnes du Monde diplomatique.Né en Egypte en 1926 au sein d'une famille juive, Elie Raffoul entre en journalisme à vingt ans avec la foi du jeune communiste qu'il est alors. L'heure des décolonisations a sonné et dans le chaudron cairote s'affrontent ordre ancien et monde nouveau, un bouillonnement auquel la création d'Israël, en 1948, a ajouté une dose de complexité. Gauchiste et juif, voilà qui est un peu trop pour le régime du roi Farouk, qui le contraint à l'exil en 1951 et le déchoit de sa nationalité. La France sera pour ce francophile une patrie d'adoption généreuse, qui ne lui fera cependant jamais oublier sa première terre.C'est au Monde, à partir de 1955, qu'Elie Raffoul, devenu Eric Rouleau, va s'imposer progressivement comme l'un des journalistes les plus à même de déchiffrer les entrelacs des crises orientales à répétition, rejoint plus tard par Haig Kirazian – Jean Gueyras, pour les lecteurs du quotidien de la rue des Italiens. Un duo de polyglottes émérites (qu'il s'agisse des langues comme des idéologies et des réseaux) complété par Amnon Kapeliouk à Jérusalem.Une carrière diplomatique sous MitterrandPendant près de trente ans, Eric Rouleau parcourt une région en ébullition. Il est au cœur de séismes dont les répliques ne cessent d'être enregistrées encore aujourd'hui, de la guerre israélo-arabe de 1967, qui précipite la naissance d'un mouvement national palestinien autonome, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la révolution iranienne de 1979, qui marque la renaissance de l'islam politique.Pour ce journal qui ne lui mégote pas ses colonnes et qui ne s'effraie pas de publier de véritables feuilletons politiques et diplomatiques, il voyage, raconte, analyse, et multiplie les rencontres avec l'Histoire et ses nombreuses incarnations. Lui qui avait déjà pu rencontrer le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, avant son assassinat en 1949, sera reçu par les principaux acteurs de la région, surtout après l'entretien accordé par Gamal Abdel Nasser en 1963.Son expertise est recherchée, y compris par des responsables politiques français, souvent fascinés par son carnet d'adresse. La curiosité réciproque qu'il entretient avec le premier secrétaire du Parti socialiste devenu président de la République en 1981, François Mitterrand, lui fera sauter le pas en 1985 vers la carrière diplomatique, au grand dam des diplomates comme de certains de ses confrères prompts à dénoncer un mélange des genres.A la suite de missions discrètes, en Libye et en Iran, il devient ambassadeur de France à Tunis, siège de l'OLP après le départ du Liban, puis à Ankara. Il revient en 1991 à la plume pour Le Monde diplomatique, le parent éloigné du quotidien.Sur l'insistance de ses proches, Eric Rouleau avait publié en 2012 des Mémoires qui avaient permis de retracer ce parcours fascinant. Un condensé d'histoire dans lequel il s'était pourtant bien gardé, pour une fois, de tout raconter.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.02.2015 à 14h07 • Mis à jour le25.02.2015 à 14h48 | Jean-François Mignot (Sociologue) et Céline Goffette (Sociologue) De qui se moquait le journal satirique Charlie Hebdo, avant que deux terroristes islamistes assassinent cinq caricaturistes et six autres personnes présentes à la conférence de rédaction du 7 janvier ? Est-il vrai que ce journal faisait preuve d’une « obsession » à l’encontre des musulmans, comme cela a pu être dit à la suite des attentats, notamment dans une tribune du Monde du 15 janvier 2015, à laquelle ont contribué plusieurs chercheurs ?Pour apporter une réponse raisonnée à cette question, nous analysons les 523 « unes » du journal de janvier 2005 (n°655) au 7 janvier 2015 (n°1177). Si les « unes » de Charlie Hebdo ne résument pas à elles seules le journal, elles en sont toutefois la vitrine, que même des non-lecteurs peuvent voir en devanture des kiosques. Le faible nombre d’abonnés que comptait Charlie Hebdo avant les assassinats laisse d’ailleurs supposer que c’est sur la base de ses « unes » que le journal a été accusé d’islamophobie. De cette analyse, il ressort plusieurs enseignements.Quatre grands thèmes émergent des « unes » de Charlie Hebdo : la politique ; les personnalités médiatiques du sport et du spectacle ; l’actualité économique et sociale ; et la religion. Sur les 523 « unes » parues au cours des dix dernières années, près des deux tiers (336) concernent la politique. L’actualité économique et sociale vient ensuite (85 « unes »), puis les personnalités médiatiques du sport et du spectacle (42). La religion n’est le thème que de 7 % des « unes » (38). Enfin, 22 unes traitent de plusieurs sujets à la fois : politique et médias (n°919), médias et religion (n°928), religion et politique (n°932), religion et questions sociales (n°917), etc.Au sein de la thématique politique, un peu plus de la moitié des « unes » portent sur des personnalités de droite (en majorité Nicolas Sarkozy), près d’un quart sur des personnalités de gauche, 7 % sur l’extrême droite et 9 % sur des personnalités politiques internationales (et 9 % sur plusieurs cibles à la fois).Parmi les « unes » relevant de l’actualité économique et sociale, un peu plus de 50 % portent sur les mouvements sociaux ou sur les Français en général (comme le n°1104), 21 % portent sur les sexes ou la sexualité (par exemple le n°1155), 18 % portent sur la délinquance, la violence politique ou le terrorisme, et 6 % portent sur les relations entre générations.Au sein des personnalités médiatiques du sport et du spectacle, on trouve environ un tiers de créateurs (auteurs, chanteurs, réalisateurs, acteurs, humoristes, etc.) et deux tiers de sportifs et de personnalités des médias.Au fil des années, cette répartition en quatre catégories principales a peu changé. Néanmoins, la politique devient un sujet encore plus présent en période d’élection présidentielle.Irrévérencieux et indéniablement antiracisteParmi les 38 « unes » ayant pour cible la religion, plus de la moitié vise principalement la religion catholique (21) et moins de 20 % se moquent principalement de l’islam (7). Les juifs, quant à eux, sont toujours raillés aux côtés des membres d’au moins une autre religion, comme l’islam dans le n°1057. Trois « unes »  concernent toutes les religions à la fois, notamment les « unes » 983 et 1108.Au total, de 2005 à 2015, seulement 1,3 % des « unes » se sont moquées principalement des musulmans. De fait, Charlie Hebdo n’était pas « obsédé » par l’islam. Si obsession il y avait, celle-ci était plutôt dirigée vers des hommes politiques français, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy et, dans une moindre mesure, les Le Pen et François Hollande. Quant à certaines des « unes » les plus virulentes, on peut considérer qu’elles sont dirigées contre l’extrême droite française (n°965 et n°1031) et la religion catholique (n°1064, 1080 et 1111).Alors même que la religion est un sujet de « une » très mineur, et que parmi les quelques « unes » traitant de religion, assez peu sont consacrées à l’islam, depuis les procès de 2007 et de 2012 sur la publication des caricatures de Mahomet ce sont principalement des associations musulmanes qui intentent des procès à Charlie Hebdo. Par contraste, dans les années 1990, c’était surtout l’extrême droite et des associations catholiques identitaires qui intentaient des procès au journal satirique. En outre, avant même l’attentat du 7 janvier, les derniers actes violents contre le journal avaient eux aussi été commis, suite à l’édition « Charia Hebdo » en 2011, au nom de l’islam.Lire l’enquête : « Charlie Hebdo », une résurrection sous tensionBesoin de chercheurs en sciences socialesA la lecture, il apparaît que Charlie Hebdo, conformément à sa réputation, est un journal irrévérencieux de gauche, indéniablement antiraciste, mais intransigeant face à tous les obscurantismes religieux, musulman inclus. Ce qu’il faut expliquer, donc, ce n’est pas pourquoi Charlie Hebdo était islamophobe, mais pourquoi, de nos jours, seuls des extrémistes se revendiquant de l’islam cherchent à museler un journal qui se moque – entre beaucoup d’autres choses – de leur religion.Pour progresser dans la compréhension de ces événements dramatiques et contrecarrer les mécanismes qui en sont à l’origine, il est nécessaire de ne pas travestir la réalité des faits et de poser les bonnes questions. Nous avons besoin de chercheurs en sciences sociales qui recueillent des données fiables et les analysent de façon impartiale, pour savoir notamment dans quelle mesure les terroristes et plus largement les fondamentalistes musulmans bénéficient, en France, d’une base sociale rejetant les valeurs de la République.Cette contribution des sciences sociales est d’autant plus urgente que, comme l’indique le sociologue Olivier Galland, le manque de connaissances sérieuses « laisse le champ libre aux interprétations et aux solutions simplistes ».Jean-François Mignot (Sociologue)Céline Goffette (Sociologue) Alexandre Piquard Cette fois-ci, le tirage ne sera « que » de 2,5 millions d’exemplaires, contre huit au total pour le numéro précédent, sorti le 14 janvier. Mais tous ces chiffres restent exceptionnels pour Charlie Hebdo, à la veille de son nouveau numéro attendu en kiosques mercredi 25 février, un mois et demi après les attentats du 7 au 9 janvier.« Il y a eu un grand élan de solidarité et les montants des dons reçus et des recettes prévues sont totalement décalés. Charlie Hebdo n’était pas fait pour avoir autant d’argent », explique Richard Malka, l’avocat du journal depuis vingt-deux ans. Ce dernier détaille comment Charlie Hebdo compte gérer la quinzaine de millions d’euros attendue, tout en précisant que les derniers chiffres ne sont toujours pas définitifs.4,2 millions d’euros de donsD’abord, les dons ont atteint 4,2 millions d’euros environ, que le journal ne veut pas garder mais donner aux familles des victimes. Sur ce total, 2,65 millions arrivent par l’intermédiaire du fonds Presse et Pluralisme, une association créée par les éditeurs pour faire transiter des contributions défiscalisées. Des particuliers et des entreprises les ont notamment versées via la plateforme en ligne JaideCharlie.fr. La somme hébergée par Presse et Pluralisme pose un problème fiscal particulier, souligne toutefois Me Malka, car ce fonds doit en principe aider des entreprises de presse, pas des victimes. De plus, Charlie Hebdo devrait payer des impôts s’il versait des fonds aux familles. Mais une discussion est en cours avec le ministère des finances pour autoriser un versement direct à l’association des amis de Charlie Hebdo, raconte l’avocat.Cette dernière a été créée « quelques semaines » avant le 7 janvier, afin d’accueillir de l’argent des soutiens, à l’époque où le journal cherchait 200 000 euros pour éponger ses pertes, et un peu plus si possible. La structure a centralisé le reste des dons, soit 1,5 million d’euros reçus en direct, expose Richard Malka, ajoutant que l’association doit renouveler son bureau. Il faut en effet un président (non salarié) pour remplacer Georges Wolinski, décédé. L’actuel secrétaire général est l’avocat Christophe Thévenet. Et l’association a commencé à réunir un groupe d’avocats pour régler la question, délicate, des versements aux familles des victimes, elles-mêmes en train de se constituer en association, raconte M. Malka.« Cela va prendre des mois »« Comment repartir ? Il n’y a pas de règles évidentes, cela va prendre des mois », prévient l’avocat qui liste certaines des questions soulevées : comment indemniser les familles des morts, des blessés ? Faut-il verser aux conjoints, aux enfants, aux frères et sœurs ? Comment se coordonner avec les indemnisations prévues par le fonds de garantie pour les victimes d’attentats et la Sécurité sociale ? Il y a une volonté de ne pas faire de « distinction » entre victimes, note l’avocat, incluant les douze personnes tuées à Charlie Hebdo, dont un employé d’un prestataire et deux policiers, plus les victimes de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris et la policière tuée à Montrouge, ainsi que les blessés, dont quatre membres de la rédaction de Charlie Hebdo, mais aussi un joggeur touché par des tirs.A ces sommes s’ajouteront les droits d’auteurs perçus sur la vente de numéros spéciaux, comme celui édité par Fayard, ou de DVD.Les ventes historiques du numéro « Tout est pardonné » seront affectées à Charlie Hebdo. Mais aussi à un projet de fondation. Sont concernés 10 à 12 millions d’euros de marge environ, selon Me Malka, qui rappelle que d’autres acteurs de la presse ont bénéficié de cet afflux vers les kiosques, imprimeurs ou distributeurs (ces derniers ayant toutefois renoncé à leur part pour le premier million d’exemplaires). Toutefois, cette somme pourrait être réduite à environ 7 ou 8 millions d’euros après impôt sur les sociétés. Les quelque 220 000 abonnements souscrits devraient eux générer environ 3 millions d’euros de marge.Ces recettes viennent prendre le relais du million d’euros d’aide versé par le ministère de la culture de Fleur Pellerin pour gérer l’urgence. Elles serviront à louer et équiper de nouveaux locaux sécurisés dans le 13e arrondissement de Paris, mais surtout à assurer la pérennité du journal.Un actionnariat plus coopératif« L’ampleur du soutien reçu nous donne aussi des obligations, pense M. Malka. Il est indispensable qu’une partie des recettes aille à une fondation qui a un but plus large : soutenir le dessin de presse. Par la formation, la pédagogie dans les écoles ou l’aide aux dessinateurs dans le monde. » Selon l’avocat, il est trop tôt pour savoir quelle somme sera affectée à la fondation et qui dirigera cette dernière. Consacrée à la « liberté d’expression précieuse qui s’exprime par le dessin de presse », la structure ne se focaliserait pas sur la laïcité, même si « de fait, là où sont menacés des dessinateurs, c’est souvent pour des questions religieuses », explique Richard Malka militant de longue date pour la laïcité.Restera enfin la question de la gouvernance de l’entreprise, sur laquelle la rédaction souhaite davantage de transparence et une approche plus collective. Une des revendications est de passer à un actionnariat plus coopératif, à l’occasion de la refonte du capital liée au décès de Charb, qui détenait 40 % des parts (à égalité avec Riss, le directeur financier Eric Portheault en possédant 20 %). Il a déjà été décidé qu’il n’y aurait pas de distribution de dividendes pendant trois ans, précise l’avocat. La rédaction veut un débat rapidement. L’avocat l’estime « légitime » mais pense, comme Riss, que les discussions doivent se faire de façon « apaisée », pas dans « l’urgence ».Riss : « Tout le monde n’est pas obligé d’aimer “Charlie” »Pour l’heure, alors que tout le monde se souvient des pénuries de Charlie Hebdo en kiosques le 14 janvier, le nouveau numéro doit être diffusé à 700 000 exemplaires mercredi, puis 450 000 jeudi et 300 000 les jours suivant. Ensuite, 250 000 exemplaires seront exportés. A la « une », un chien Charlie Hebdo poursuivi par d’autres canidés : Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, BFM-TV, un financier et… un fanatique avec kalachnikov. « Charlie Hebdo ne peut pas être le seul à porter la question du blasphème, la pression serait trop forte », insiste enfin Richard Malka.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Ceux qui ont assisté à la présentation des résultats de HSBC, lundi 23 février, ont eu droit à un rare moment d’honnêteté. Oui, la banque prive de campagne publicitaire les journaux qui se montrent « hostiles » à son égard, comme l’a reconnu le directeur général de HSBC, Stuart Gulliver, en réponse à une question.Mis en cause le matin même par The Guardian pour sa situation fiscale personnelle, M. Gulliver a doctement expliqué que sa banque avait « recours à la publicité pour vendre plus de produits bancaires », et qu’en conséquence, « ça ne fait aucun sens de placer une publicité à côté d’une couverture journalistique hostile ».« Si vous lisez pages 4 et 5 que HSBC est une mauvaise entreprise, c’est peu probable que vous vous disiez une page plus loin 'et si j’allais prendre un crédit immobilier chez eux ?’, a-t-il argumenté. C’est du bon sens, c’est le business qui veut ça : nous ne plaçons pas de publicités à côté d’articles hostiles parce que ces dépenses publicitaires ne nous rapporteraient rien. »Ces déclarations font suite à la démission spectaculaire de Peter Oborne, éditorialiste au Daily Telegraph. Mardi 17 février, celui-ci a accusé le quotidien des frères Barclay d’avoir sous-couvert les révélations « SwissLeaks » pour protéger son chiffre d’affaires publicitaire. La banque avait déjà privé le quotidien britannique de budgets publicitaires en 2012-2013 après une enquête sur la filiale HSBC de Jersey, avait révélé M. Oborne.Profil basCes pratiques ne sont pas rares dans les relations entre médias et annonceurs. On se souvient par exemple qu’en France, le géant du luxe LVMH, suivi par d’autres annonceurs, avait privé de toute publicité le quotidien Libération suite à la couverture « Casse-toi riche con ! » visant son principal actionnaire, Bernard Arnault, le 10 septembre 2012. Un conflit d’un an qui avait privé Libé d’au moins 700 000 euros de recettes, selon certaines estimations, et contribué à détériorer ses finances.Cette fois, depuis le 9 février, date de début de publication des « SwissLeaks », HSBC a suspendu ses campagnes avec les médias participant à l’opération, dont Le Monde. Une banque de cette envergure est capable de dépenser plusieurs centaines de milliers d’euros par campagne.Toutefois, la suspension des campagnes de HSBC ne se limiterait pas aux médias participant à l’opération « SwissLeaks ». La banque aurait globalement suspendu ses investissements de communication pour le moment, adoptant une stratégie de profil bas, en attendant des jours meilleurs.Sans menacer quiconque ouvertement, les propos de M. Gulliver sont néanmoins assez clairs. Il a beau déclarer que « cela n’a rien à voir avec chercher à influencer la couverture éditoriale de qui que ce soit », les médias savent à quoi s’en tenir.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.02.2015 à 12h29 • Mis à jour le23.02.2015 à 11h41 | Gabriel Coutagne Une femme à moitié nue sur une plage : voilà ce que représente la première photographie retouchée avec le logiciel Photoshop. Une quinzaine d’années plus tôt, c’était le portrait de Lenna, une playmate suédoise, qui avait servi de fichier de travail à des chercheurs en imagerie numérique voulant compresser au mieux des photos scannées.En 2015, alors que le fameux logiciel de retouche d’image Photoshop fête ses25 ans, de nombreuses images de femmes célèbres « au naturel » sont massivement diffusées sur Internet. Il y a peu, une photographie du mannequin Cindy Crawford, prise initialement en décembre 2013 pour l’édition mexicaine de Marie Claire, et publiée sans retouche le 16 février sur Twitter, a suscité un grand enthousiasme.Des portraits de la chanteuse Beyoncé attirèrent ensuite l’attention. D’abord publiées, puis retirées, sur The Beyoncé World (l’un des plus importants blogs de fans de l’artiste), ces photographies sont présentées par les internautes comme « non retouchées ». Selon le Daily Mail, les clichés dateraient de 2011 et de 2013, et auraient été pris à l’occasion d’une campagne publicitaire pour L’Oréal.Voici les photos non retouchées de #Beyonce qui affolent Twitter http://t.co/ZDLAdh1vUv http://t.co/VfThhcwSFl— MagazineCheek (@Cheek Magazine)require(["twitter/widgets"]);Ni Cindy Crawford ni Beyoncé n’ont pour l’instant réagi aux « fuites », qui pourraient aussi être de simples outils de communication marketing. Mais la publication de ces photographies pose une nouvelle fois la question de la manipulation des images numériques, devenue omniprésente dans la sphère publique.Toutes les images sont « retouchées »D’un point de vue technique, rappelons d’abord que toute photographie est l’interprétation d’une scène. La pose du modèle, son maquillage, la lumière, le cadrage, l’exposition sont autant d’aspects qui influent sur le rendu final.Cette réalité s’est accentuée depuis l’arrivée de la technologie numérique. Un capteur d’appareil photo numérique n’enregistre pas une image : il quantifie des niveaux d’intensité lumineuse, qui sont ensuite interprétés, soit par l’appareil lui-même, soit par un ordinateur, lorsque l’on développe un fichier brut (ou raw).Avec ce procédé, toute photographie, devenue l’objet d’un traitement informatique, semble incapable de représenter le réel : elle ne fait que l’interpréter. « La photo numérique est une création », expliquait en 2011 au Monde Fred Ritchin, professeur de photographie et de culture visuelle à l’université de New York. « Le pixel n’a rien à voir avec le grain de l’argentique, c’est une mosaïque dont il est facile de modifier ou de retrancher un élément », déclarait-il.La retouche numérique intervient ensuite pour accentuer ou corriger cette interprétation initiale. La fascination derrière la publication d’images soi-disant « non retouchées » révèle surtout que l’on cherche à croire à la dimension naturelle de la photographie. Alors qu’elle est, par essence, artificielle.Pour Jérôme [le prénom a été modifié], directeur technique dans une agence de postproduction de renommée internationale, il est ainsi difficile de parler d’image non retouchée en ce qui concerne la photographie de Cindy Crawford. Selon lui, pour cette image, « les contrastes ont très bien pu être renforcés pour accentuer l’effet naturel ».Cindy crawford releases honest, un-photoshopped image http://t.co/ehbjfbyWrk #BeReal http://t.co/27tLSzOg1C— BeReal_Campaign (@Be Real)require(["twitter/widgets"]);« 80 à 90 % de femmes »L’agence de Jérôme traite principalement des commandes passées par des publicitaires ou des marques du domaine du luxe. On y pratique la retouche numérique de manière intensive. « Sur certaines images très retravaillées, c’est facilement 50, voire 75 % de la surface d’une photo qui peut être modifiée », précise Jérôme.Il faut distinguer, dans son travail, plusieurs types d’intervention : la postproduction peut aller de la chromie, qui consiste à modifier les valeurs colorées et lumineuses, jusqu’à la retouche elle-même, où l’on intervient sur l’aspect géométrique de l’image. La peau est lissée, les boutons, les poils, les cernes ou les rides sont supprimés. Parfois, la retouche peut aller encore plus loin.Pour la campagne d’une grande marque de luxe incarnée par une actrice américaine, il a fallu par exemple satisfaire à la fois l’annonceur et la star. « Au bout du compte, le corps et le visage de l’actrice provenaient de deux images différentes, réalisées lors de la même prise de vue », raconte Jérôme. Il est même arrivé à l’agence de devoir masquer le ventre arrondi d’un modèle qui avait posé à trois mois de grossesse.Ces retouches concernent en grande majorité le corps féminin. « Entre 80 et 90 % des images que l’on retravaille représentent des femmes. » Et pour les photos qui représentent des hommes ? L’intervention est bien plus légère selon lui : « Les clients souhaitent un rendu plus brut quand il s’agit d’hommes, moins doux. »« Ce qui importe, c’est le rendu »Ce contrôle exercé sur l’image du corps des femmes célèbres n’est pas nouveau. Dans l’ouvrage Mythologies (Seuil, 1957), Roland Barthes consacrait un chapitre au visage de Greta Garbo, « visage non pas dessiné, mais plutôt sculpté, dans le lisse et dans le friable, c’est-à-dire à la fois parfait et éphémère ». Pour éviter de voir des images d’elle vieillissante, l’actrice aurait décidé de se retirer de la vie publique afin d’éviter que « l’essence se dégradât ».En ce qui concerne spécifiquement la photographie, les questions posées par la retouche sont également aussi vieilles que le support lui-même, comme le rappelle André Gunthert, chercheur en histoire culturelle et études visuelles. Le phénomène a accompagné la photographie à travers toute son histoire, dans la mode, comme dans le reportage ou la propagande politique, comme le montrait déjà, en mai 1945, une photo prise sur le toit du Reichstag, à Berlin, mise en scène par le photojournaliste soviétique Evgueni Khaldeï.Si, dans la photographie de presse, la retouche pose un réel débat éthique, les professionnels qui travaillent dans les domaines de la publicité, de la mode et de la retouche se sentent toutefois beaucoup plus libres. « Ce qui importe, c’est le rendu. La conformité avec la scène originale importe très peu », explique Jérôme lorsqu’il évoque le travail de son agence de postproduction.Aucune loi en FranceDe quoi provoquer des questionnements sur la manière dont sont représentés les corps dans l’espace public. Certaines campagnes de publicité se sont déjà vues interdites de publication, comme ce fut le cas au Royaume-Uni en 2011. Mais, en France, malgré un débat à l’Assemblée en 2009, aucune législation n’oblige les annonceurs à signaler une quelconque intervention sur une image.Ce débat dépasse toutefois largement le cadre du politique. En France, le magazine Causette revendique par exemple une certaine forme d’authenticité, en refusant tout type de retouche visant à masquer des imperfections dans ses pages. En 2006, le fabricant de cosmétiques Dove avait produit un court-métrage destiné à montrer l’intensité des retouches dans la publicité. Sa dénonciation était néanmoins devenue un argument marketing.Le naturel, nouvel outil de communication des starsGabriel CoutagneJournaliste au Monde Alexis Delcambre Cinq jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues par l’Agence France-presse, samedi 28 février, Le Monde a appris, jeudi 5 mars, la démission du directeur de la Région France, Bernard Pellegrin, et du rédacteur en chef Didier Lauras.M. Pellegrin est remplacé par Philippe Onillon, avec pour mission de « tirer toutes les conséquences des dysfonctionnements qui se sont produits le samedi 28 février » et « notamment étudier les procédures d’alerte à suivre en cas de circonstances exceptionnelles », selon un message interne à l’agence.« Il devra travailler, en liaison avec la rédaction en chef centrale, aux moyens de consolider nos règles en matière de sources et de vérification des faits dans un monde de l’information en pleine mutation », lit-on encore dans ce message.« L’analyse des défaillances et des éventuelles fautes individuelles qui ont conduit à la diffusion d’une information erronée est pour sa part achevée et les suites à donner au regard des responsabilités individuelles interviendront dans les prochains jours », ajoute la direction de l’AFP, qui a conduit depuis samedi une enquête interne.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.03.2015 à 16h38 • Mis à jour le05.03.2015 à 16h40 Yves de Kerdrel, le directeur de la publication de Valeurs actuelles, a été condamné jeudi 5 mars à une amende de 3 000 euros pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation. La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a également ordonné la publication, dans Valeurs actuelles et un autre journal, d'un communiqué judiciaire qui souligne le caractère « particulièrement stigmatisant » envers les Roms dans ce dossier.Le 22 août 2013, l'hebdomadaire avait consacré un dossier aux Roms, intitulé « Roms l'overdose », qui avaient scandalisé plusieurs associations et particuliers. Les juges ont souligné jeudi que, dans ce dossier, « la répétition et la juxtaposition de termes censés [être] descriptifs tels que “fléau”, “overdose”, “plaie”, “invasion”, tous évocateurs de maladies ou de catastrophes [...] contribuent nécessairement, par-delà le supposé “constat” à opposer la communauté visée, appréhendée sous un prisme uniquement négatif, à “la France” ou aux “Français” ».Voir : Concert de réprobations après la couverture de « Valeurs actuelles » sur « L'overdose Roms »Yves de Kerdrel et la société Valmonde, éditrice du journal, ont également été condamnés à verser solidairement 2 000 euros de dommages et intérêts à la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et 1 euro à l'association La Voix des Rroms. Cette condamnation doit « servir d'exemple pour les journalistes et les hommes et femmes politiques », a réagi l'avocat de la Voix des Rroms, Me Henri Braun, à l'issue du jugement.De son côté, le directeur de la publication de l'hebdomadaire a dénoncé un « nouvel acte de censure fait à destination de Valeurs actuelles, sur un sujet grand public qui intéresse les Français » et une « atteinte à la liberté d'expression ». Ce dernier avait déjà été condamné le 3 février à 2 000 euros d'amende pour une « une » intitulée « Naturalisés, l'invasion qu'on nous cache », présentant une Marianne voilée. Il a fait appel. Alexis Delcambre et Alexandre Piquard L’Etat s’invite dans le processus de nomination du prochain président de France Télévisions, attendue d’ici le 22 mai : les ministres Fleur Pellerin, Emmanuel Macron, Michel Sapin et Christian Eckert ont formulé, mercredi 4 mars, leur version des missions de l’entreprise publique à l’horizon 2020, en s’appuyant sur un rapport commandé à l’ancien directeur financier de France Télévisions Marc Schwartz.Pour ces autorités de tutelle, il s’agit de peser dans une procédure largement confiée au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), chargé de désigner le successeur de Rémy Pflimlin, qui n’a pas encore dit s’il serait candidat. Mais il s’agit aussi pour les ministres de couper court à un reproche récurrent : l’Etat dérouterait France Télévisions par ses injonctions contradictoires, son absence de constance et de cohérence.Présidence de France Télévisions : le casse-tête du CSAFleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication, et ses homologues de Bercy entendent donc prendre leurs responsabilités et proposent de « simplifier et de rationaliser » les objectifs de la télévision publique, tout en poussant à des choix stratégiques drastiques, qui pourraient éventuellement affecter le nombre des chaînes hertziennes publiques, actuellement de cinq (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô).Le gouvernement est aussi soucieux de réconcilier la télévision publique avec la société dans son ensemble, a fortiori dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo. Si le développement numérique de France Télévisions a été significatif ces dernières années, l’audience de ses chaînes hertziennes est vieillissante. Symboliquement, les ministres proposent de remplacer le triptyque traditionnel « informer, éduquer distraire » par « comprendre, rayonner, participer ».France Télévisions, le grand corps maladePriorité à l’information « Nous attendons du prochain président de France Télévisions des propositions pour renforcer l’offre publique d’information », a dit Fleur Pellerin dans son discours, mercredi. Pour la ministre, il s’agit de promouvoir le débat et la « diversité » des paroles, mais surtout de proposer plus d’information. En la matière, l’Etat ne pense pas seulement à l’information en continu sur laquelle règnent BFM-TV et i-Télé. Il souhaite que soient associées les rédactions nationales - de France 2 et France 3 -, mais aussi locales. Et qu’il y ait une « coopération étroite » avec les autres entreprises de l’audiovisuel public. Concrètement, on peut imaginer un projet de chaîne d’information publique. Dans la lignée du canal 100 % numérique qu’a annoncé pour septembre l’actuel directeur de l’information de France Télévisions, Thierry Thuillier, et qui se nourrirait notamment du site d’information FTVI. Une autre piste pourrait être celle défendue de longue date par le sénateur PS David Assouline : dédier France 3 à l’information sous toutes ses formes (et France 2 aux autres programmes).Un devoir de soutien à la création française Pour l’Etat, France Télévisions doit aussi jouer un rôle moteur dans la création française, à la fois en proposant de nouvelles séries innovantes, mais aussi en jouant mieux de son poids économique : « France Télévisions doit développer une politique d’achat et d’investissement qui contribue à mieux structurer et professionnaliser le secteur de la production, pour que les programmes français rayonnent sur les marchés internationaux », écrivent les ministres dans leur document de synthèse.Fleur Pellerin voit France Télévisions, premier commanditaire français de créations audiovisuelles, comme un fer de lance de son projet de réforme de la réglementation pour favoriser des « champions » d’une fiction française moderne, capables d’exporter. En contrepartie, l’Etat assure qu’il jugera moins France Télévisions sur la seule « audience » des programmes : il faut « accepter clairement le droit à l’échec » et « les pouvoirs publics, comme France Télévisions, doivent adopter une culture du risque et de l’audace », écrivent les ministres. A défaut d’être un vœu pieu, c’est un message ambitieux.Répondre au divorce avec la jeunesse« Pour que les Français parlent de France Télévisions, France Télévisions doit parler d’eux », selon Fleur Pellerin. Diversité, jeunesse, « culture de l’ouverture », « apprentissage de l’altérité » : dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo, l’Etat affirme attendre « des engagements et des résultats concrets ».L’enjeu, louable mais difficile à atteindre, est de « rapprocher France Télévisions du public le plus éloigné aujourd’hui des grands médias ». Pour cela, le gouvernement imagine une télévision publique dont la culture serait transformée : « approches collaboratives », « liens avec d’autres organisations » comme les « médias de proximité ou médias citoyens » . Et il attend que les entreprises de l’audiovisuel public travaillent « à un espace de service public audiovisuel à l’intention des jeunes », dont on comprend qu’il serait probablement numérique, faisant suite aux efforts actuels de France 4 ou de Mouv’et destiné à offrir une alternative aux contenus actuels de YouTube, des réseaux sociaux et des antennes privées.Des économies et l’hypothèse d’une suppression de chaîneSur le volet financier, l’Etat joue cartes sur table : les ressources de France Télévisions seront « au mieux stables » et « plus probablement (…) à la baisse », en raison des contraintes pesant sur les finances publiques. Faut-il en conséquence rétablir la publicité en soirée, supprimée sous Nicolas Sarkozy ? « Les conditions ne sont pas réunies », tranche le gouvernement, faisant écho aux préoccupations des chaînes privées, touchées par le repli du marché publicitaire. Le prochain président aura donc une feuille de route de rigueur : poursuivre les « réformes » engagées, rechercher des « synergies », créer de l’« agilité »…Mais le gouvernement va plus loin : « L’Etat considère que maintenir cinq chaînes hertziennes ne sera possible, dans le cadre économique des cinq prochaines années, que si des réformes de gestion ambitieuse sont réalisées », selon le document de synthèse. A charge donc, pour le prochain président, de travailler à la « cohérence du bouquet », et de s’attaquer aux structures de charges les plus lourdes : le réseau régional de France 3, la filière de production et le réseau outre-mer. La réforme territoriale en cours, à laquelle les ministres se réfèrent, est vue comme l’occasion de simplifier le maillage régional de France 3.France Télévisions : l’Etat fait voeu de simplificationDepuis le retour de la gauche au pouvoir en 2012, l’exécutif a rendu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) la prérogative de nommer les patrons de l’audiovisuel public, dont celui de France Télévisions, où le mandat de Rémy Pflimlin s’achève cette année.Cependant, un an à peine après le vote de la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public, l’exécutif entend montrer qu’il lui revient d’encadrer les grandes orientations stratégiques, ce qu’il n’avait pas fait pour le choix de Mathieu Gallet à la présidence de Radio France. Le risque est de rajouter ainsi de la complexité et de donner l’impression d’une concurrence entre l’Etat et le CSA, qui a pris un poids politique croissant sous la présidence d’Olivier Schrameck.L’Etat fait pourtant ici vœu de simplification, alors qu’il est régulièrement critiqué pour la multiplicité des objectifs imposés à France Télévisions et la lourdeur de son pilotage, épuisant pour les directions de l’entreprise publique. Le gouvernement veut réduire le nombre des objectifs du groupe public et lui redonner de l’autonomie, notamment par son conseil d’administration, sur le modèle par exemple de la BBC britannique. Il assure enfin qu’il ne reviendra plus sur ses choix. Une intention louable mais qui suppose des changements culturels majeurs chez l’ensemble des acteurs : cabinets ministériels, parlementaires, dirigeants et syndicats, voire producteurs.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.03.2015 à 15h29 • Mis à jour le03.03.2015 à 19h12 | Alexis Delcambre Premiers grincements de dents à l’Agence France-Presse (AFP), trois jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues. Mardi 3 mars, le syndicat SNJ-CGT a publié un communiqué offensif pour pointer ce qu’il estime être les causes structurelles de cette erreur, au delà des manquements individuels.Depuis samedi, la direction de l’agence s’est attachée à communiquer abondamment. Elle a d’abord annulé l’ensemble de ses dépêches sur le sujet - un geste rare. L’AFP et son PDG, Emmanuel Hoog, ont présenté leurs excuses, tandis que la directrice de l’information, Michèle Léridon - dont M. Hoog a refusé, samedi, la démission -, s’attachait à exposer les erreurs ayant conduit à cet accident.Lundi, la conférence de rédaction matinale a été intégralement consacrée à un débriefing des événements de samedi. La direction a reçu tous les protagonistes pour entendre leurs versions et aboutir à un récit détaillé. « C’est une instruction rédactionnelle », a expliqué Mme Léridon, sans cacher l’hypothèse de « sanctions ».Mais désormais, une partie de la rédaction trouve que la direction de l’agence en fait trop. « Nous ne voulons pas être dans une logique de bouc émissaire, s’inquiète un journaliste. Cet épisode appelle une réflexion collective sur la rapidité, les sources et l’aspect collectif du travail, plutôt que de cibler deux individus. » « Prisonniers de vos sources »Au sein de la rédaction, des journalistes s’affichent « solidaires » du journaliste du bureau de Rennes qui a subi le quiproquo avec le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne) et de la rédactrice en chef adjointe qui a validé la dépêche. « Ce sont tous deux des professionnels estimés », dit-on. Qui auraient certes commis des erreurs de jugement, mais dans le contexte d’un improbable enchaînement de circonstances : une rumeur qui remonte accidentellement jusqu’à Paris ; un quiproquo téléphonique…Pour le SNJ-CGT la cause est entendue : l’origine de ces « erreurs humaines » est à rechercher dans « la désorganisation de la rédaction mise en place par la direction depuis plusieurs années ». Le syndicat pointe même une forme d’hypocrisie de la direction, sur la tension entre fiabilité et rapidité. Ainsi, le 8 janvier, au lendemain de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, Emmanuel Hoog serait intervenu en conférence de rédaction pour déplorer que les noms des victimes aient été donnés trop tardivement par rapport à d’autres médias. « Ne soyez pas prisonniers de vos sources », aurait notamment recommandé le PDG.« Depuis samedi, il y a eu une pression de Hoog pour sur-réagir, estime un journaliste. Peut-être parce que cette affaire peut lui porter préjudice, alors que la campagne pour la présidence de France Télévisions bat son plein. » Le nom du PDG de l’AFP est en effet régulièrement cité parmi les postulants à la succession de Rémy Pflimlin, sur laquelle le CSA doit se pencher au mois d’avril.Pour M. Hoog, la séquence est amère. Le 19 janvier, à l’occasion des 70 ans de l’AFP, il accueillait François Hollande et le tout-Paris des médias au Palais Brongniart. Dans un discours qui se voulait un éloge du journalisme, prononcé devant les survivants de la rédaction de Charlie Hebdo, le président dénonçait un « temps médiatique réduit parfois à l’immédiateté » et soulignait l’importance de « dire juste » avant celle de « dire vite ».Des zones d’ombre persistantesL’origine de la rumeur qui a conduit l’AFP à annoncer par erreur la mort de Martin Bouygues reste mystérieuse. Dans une note interne retraçant les événements de samedi, l’agence fait état d’une rumeur partie de « la commune de La Roche Mabile sur la mort de Martin Bouygues qui y possède une maison ». Problème : selon le groupe Bouygues et la mairie de La Roche Mabile, ce n’est pas le cas. « Martin Bouygues n’a aucune attache dans l’Orne », a indiqué au Monde le porte-parole du groupe de BTP.Autre zone d’ombre : la nature précise du dialogue entre un journaliste de l’agence et le maire de la commune de Saint-Denis-sur-Sarthon. Selon l’agence, le journaliste a bien demandé au maire s’il pouvait lui confirmer la mort de Martin Bouygues, et ce dernier a répondu clairement par l’affirmative. Le maire conteste cette version et assure que le nom de « Bouygues » n’a pas été prononcé.Enfin, une inconnue subsiste sur l’intensité des efforts prodigués par l’AFP pour recouper l’information. Selon l’agence, plusieurs contacts politiques et économiques n’ont rien donné et les porte-parole du groupe Bouygues n’ont pas répondu au téléphone. Ceux-ci assurent avoir retourné l’appel dans la demi-heure, mais que la dépêche était déjà partie.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gabriel Coutagne C’est au tour du photographe de répliquer après la diffusion d’une photo prétendument non retouchée de Cindy Crawford sur les réseaux sociaux. Le site américain TMZ révélait dimanche 1er mars que l’avocat de l’auteur de la fameuse photographie, John Russo, demandait au Telegraph et au Sunday Telegraph de retirer l’image, sous peine de poursuites.Cindy crawford releases honest, un-photoshopped image http://t.co/ehbjfbyWrk #BeReal http://t.co/27tLSzOg1C— BeReal_Campaign (@Be Real)require(["twitter/widgets"]);Dans une lettre adressée au Telegraph et mise en ligne par TMZ, l’auteur du cliché, connu pour ses portraits de célébrités, explique que les photos de Cindy Crawford, réalisées pour l’édition mexicaine de Marie Claire en 2013, « [lui] ont été volées ». Il ajoute que l’image qui circule sur les réseaux sociaux « est une version frauduleuse de [sa] photographie, qui a été transformée et qui ne représente pas l’image originale ».En plus de reprocher aux médias une diffusion de l’image en dépit du droit d’auteur, le photographe souligne donc que ce cliché, prétendument non retouché, a été sciemment modifié. Dans un entretien au Monde, un professionnel de la retouche avait déjà suggéré que cette image avait sans doute été retouchée afin de faire ressortir les défauts de la top-modèle. Selon lui, pour cette image, « les contrastes ont très bien pu être renforcés pour accentuer l’effet naturel ».L’éternelle retouche des photos du corps fémininDu côté de la star, la réplique était venue par la voix de son époux, qui avait publié sur son compte Instagram une photo qui fonctionnait comme un démenti.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Face à l’érosion de ses ventes (- 8,2 % en 2014) et à une mutation numérique à accélérer, Le Parisien a opté pour un renouvellement de son équipe dirigeante. Celui-ci touche notamment la direction des rédactions, où Stéphane Albouy, jusqu’ici rédacteur en chef, succède à Thierry Borsa.Directeur des rédactions depuis 2010, M. Borsa était en sursis depuis plusieurs mois. A l’automne, selon Presse News, la direction du groupe Amaury avait mandaté un cabinet de recrutement pour lui trouver un successeur. Elle s’est finalement rabattue sur une solution interne. M. Borsa s’était notamment trouvé en conflit avec ses équipes pour avoir tenté de fusionner plusieurs services dans un grand pôle « actualité ».Au-delà de ce remplacement, les cadres du groupe — Eric Herteloup, Frédéric Allary, Eric Leclerc, Julie Costes —, voient leurs responsabilités élargies ou leurs titres reformulés, pour mieux intégrer la dimension numérique.RETOUR À L’ÉQUILIBREEn termes de projet, Le Parisien promet de « renforcer son traitement de la politique, de l’économie et des sujets de société » et met en avant la création d’une « cellule data-journalisme » et le lancement du « Parisien TV », son offre vidéo.L’information locale sera proposée avec un système d’abonnement « au compteur », soit cinq articles gratuits par semaine et un abonnement à 2,99 euros par mois. Cette nouvelle offre sera proposée à partir du 11 mars sous le label « Le Parisien Ma ville ». Le Parisien cherche ainsi à accroître son nombre d’abonnés numériques, qui n’est que de 6 000 pour le moment.Malgré la forte baisse de ses ventes (- 8,2 %, à 229 637 exemplaires en moyenne par jour, pour Le Parisien, et - 7,9 %, à 148 220 exemplaires, pour Aujourd’hui en France), le quatrième quotidien français affirme avoir « quasiment atteint l’équilibre » financier en 2014 — le fruit d’une politique d’économies internes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « C'est une débâcle, une erreur énorme », lâche Michèle Léridon, directrice de l'information de l'Agence France-presse, après l'annonce erronée de la mort de Martin Bouygues, samedi 28 février.Que s'est-il passé ? Une triple erreur semble être à l'origine de cette « faute », comme l'a qualifiée Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'agence.Premier acte : samedi en milieu de journée, au siège de l'agence à Paris, serait parvenue une information faisant état de la mort, dans l'Orne, du président-directeur général du groupe Bouygues. L'origine de cette information n'est pas connue.Aussitôt, la rédaction en chef alerte les différents services concernés et contacte son bureau à Rennes, dont dépend le département de l'Orne, pour vérifier cette information.Les journalistes rennais téléphonent alors en quête d'une confirmation. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec Michel Julien, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), une commune voisine de La Roche-Mabile, où le Martin Bouygues serait mort.Se produit alors une étonnante confusion. Interrogé pour savoir si Martin Bouygues était mort, le maire aurait répondu, selon l'agence, par l'affirmative. Dans cet échange, la confusion serait liée au fait que le maire faisait référence à une autre personne, dont le patronyme est « Martin ».Sur BFM-TV, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon a démenti que le nom « Bouygues » ait été évoqué : « Le journaliste m'a dit “M. Martin est décédé” ; j'ai dit “oui” », expliquant qu'un homme qu'il connaissait bien, mais qui n'avait rien à voir avec l'industriel, était effectivement mort le matin même. « Je suis très surpris, je ne savais pas qu'on parlait de Martin Bouygues », a-t-il ajouté.« DOMMAGE CONSIDÉRABLE »Le bureau de Rennes envoie alors au siège parisien sa dépêche, forte de cette source locale. Celle-ci est immédiatement publiée sur les fils, sans recherche d'une autre confirmation. « Il est évident qu'il aurait fallu, à ce moment, attendre la confirmation du groupe Bouygues », estime Michèle Léridon, qui rappelle que les sources habituelles pour ce type d'information sont l'entourage ou les services de communication.A 16 heures, l'AFP est contrainte d'envoyer une humiliante « note aux clients » : « Veuillez ne pas tenir compte de toute la série de dépêches (alerte, urgent, LEAD et 2ELEAD) concernant l'annonce par erreur du décès de Martin Bouygues. » Entre-temps, la caisse de résonance des alertes et des tweets l'a déjà largement répandue.« Les règles rédactionnelles élémentaires dans ce type de situation, ainsi que les procédures de validation, vont être rappelées, a précisé Michèle Léridon. La réputation de l'agence est fondée d'abord sur sa fiabilité. Nous mettons, au quotidien, tout en œuvre pour qu'elle ne soit pas entachée de tels dysfonctionnements. »Dans une note interne, que s'est procurée Libération, Michèle Léridon affirme : « L'information erronée nous cause un dommage considérable en termes de crédibilité et d'image », et de rappeler plusieurs principes de l'agence : « 1) La fiabilité est la valeur numéro un à l'AFP. Elle doit toujours primer sur la rapidité. 2) L'annonce de la mort d'une personnalité quelle qu'elle soit doit faire l'objet d'une attention toute particulière, avec des sources pleinement autorisées. 3) Le travail d'agencier est un travail d'équipe. Au moindre doute, les questions doivent remonter au sein de la hiérarchie. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 février, les Américains ont découvert la troisième saison de « House of Cards ». Samedi à 20 h 50, les Français pourront à leur tour visionner les nouvelles manigances politiques de Kevin Spacey et de sa compagne, sur Canal+ Séries, ainsi que sur la plate-forme en ligne Canal+ à la demande, où tous les épisodes sont immédiatement disponibles, en version originale. Canal+ diffusera, elle, la série en version française à partir du 12 mars.Pour la chaîne payante, ce dispositif de sortie n’est pas inédit : elle avait déjà mis en ligne d’emblée tous les nouveaux épisodes de ses séries « Borgia » et « Mafiosa » en 2014. Mais elle ne l’avait pas fait pour « House of Cards », le feuilleton emblématique dont elle a acheté les droits français au service de vidéo à la demande Netflix. Canal+ se met ainsi au binge watching, ce visionnage boulimique popularisé par la plate-forme américaine. Mais la chaîne suit aussi une tendance plus large : l’essor de la télévision « délinéarisée », celle que l’on regarde quand on veut.Déclic psychologique et techniqueDepuis plusieurs semaines, les professionnels du secteur se félicitent des bons scores de cette « télévision de rattrapage », aussi appelée en anglais catch-up ou replay : qui consiste à regarder un programme après son passage à l’antenne, sur son ordinateur, sa tablette ou son smartphone, mais aussi sur son téléviseur. Une possibilité généralement offerte durant sept jours après la diffusion.Pour les patrons de l’audiovisuel, il y a eu un déclic psychologique et technique : depuis septembre, Médiamétrie, qui produit le célèbre et parfois cruel Audimat, intègre des chiffres de visionnage en différé. L’institut ne tient compte, pour l’heure, que des programmes vus sur le téléviseur, par la « box » d’un fournisseur d’accès à Internet (IPTV). Une nouveauté qui permet déjà de faire gagner sur certaines émissions quelques précieux points d’audience.« Le différé commence à monter », a ainsi résumé Elisabeth Durand, directrice des antennes de TF1, lors d’une présentation des nouveautés de 2015. Depuis la mise en place de la mesure Médiamétrie, la chaîne a gagné 0,3 point de parts d’audience hebdomadaire sur les 4 ans et +, et jusqu’à 0,8 point sur les ménagères de moins de 50 ans. TF1, qui accapare le top 100 des meilleures audiences télévisées, est fière de détenir également le record d’audience en catch-up sur téléviseur : + 1,3 million pour un épisode de « Blacklist ». L’Emprise, téléfilm de TF1 sur la violence conjugale, a gagné 1,2 million de spectateurs grâce au replay sur téléviseur, sur un total 9,8 milllions (plus 3 millions de vidéos vues sur ordinateur et mobile, selon TF1). Un épisode de « Joséphine, ange gardien » peut séduire jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.Côté programmes de flux et de divertissement, le dernier lancement du jeu de téléréalité « Koh-Lanta » a attiré 900 000 spectateurs supplémentaires en replay sur le téléviseur, sur un total de 7,7 millions. Le concours de chanteurs « The Voice », jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.La tendance touche toutes les chaînes, pointe le Centre national du cinéma (CNC), qui a publié, vendredi 27 février, un rapport incluant tous les modes de consommation : téléviseurs, ordinateurs, tablettes et smartphones. En 2014, 3,7 milliards de vidéos ont été ainsi visionnées en replay, contre 2,5 milliards en 2013, soit une progression de 50,2 %. Si on corrige l’effet lié à l’arrivée de nouvelles chaînes et programmes, la croissance est estimée à environ 30 %.Le bataillon des 15-24 ansLa consommation replay par le téléviseur est en progression, et celle-ci a, pour la première fois, dépassé celle sur ordinateur, en août, novembre et décembre 2014, pointe le rapport. Sur l’ensemble de l’année, l’ordinateur représente 40,1 % de cette consommation de télévision en ligne (– 6,9 points par rapport à 2013), l’écran de télévision 37,5 % (+ 2,7 points) et les supports mobiles totalisent 22,3 % des vidéos vues (+ 4,1 points), dont 11,3 % pour la tablette et 11 % pour le téléphone mobile.« On a franchi un cap, le paradigme est en train de changer », estime Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions. Les programmes les plus propices au visionnage en replay sont les séries « feuilletonnantes », note-t-il. « Plus belle la vie » de France 3 attire ainsi en 2015, en moyenne, 5,1 millions de téléspectateurs, dont 300 000 en différé sur téléviseur, et génère 150 000 à 200 000 vidéos vues sur les autres canaux. Les documentaires événementiels, comme Apocalypse, sur la guerre 1939-1945, connaissent aussi de fortes audiences de rattrapage, de même que les programmes « de niche », comme ceux de France 4 ou les séries de la chaîne d’outre-mer France Ô. Sur Arte, la série d’auteur « P’tit Quinquin » a entraîné 626 000 visionnages en différé sur un total de 1,9 million, selon Libération.Dans le groupe Canal+, les meilleures audiences en différé sont réalisées par « Le Petit Journal » et « Le Grand Journal » ; dans le groupe M6 par les divertissements de la chaîne W9 (« Les Princes de l’amour », « Les Marseillais à Rio »…), selon le CNC. Les programmes de deuxième partie de soirée réalisent aussi de bons scores : + 22 % en moyenne pour la série américaine « The Arrow ».Et la tendance semble bien partie pour se renforcer. Les 15-24 ans représentent, en effet, 25,3 % du public de la télévision de rattrapage, mais 42,7 % des utilisateurs quotidiens de ces services, souligne le CNC.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois (avec AFP) Mais que va faire Vincent Bolloré ? Le patron de Vivendi dispose aujourd’hui d’importantes capacités financières confortées par la sortie définitive de Numericable-SFR, annoncée vendredi 27 février. Cette journée marque un tournant. À l’occasion de la publication des résultats annuels du groupe, le conseil de surveillance de Vivendi, présidé par Vincent Bolloré, a accepté l’offre de Patrick Drahi formulée dix jours auparavant, concernant la cession de ses 20 % de Numericable-SFR. Cette vente est estimée à environ 3,9 milliards d’euros. Le groupe recentré sur les médias et les contenus a justifié sa décision au vu du « faible niveau de liquidité » du titre Numericable-SFR qui aurait rendu « incertaine une sortie dans des conditions optimales ». L’offre de 40 euros par action représente une prime de 20 % par rapport au cours du titre au 27 novembre 2014, lorsque Vivendi a conclu la cession de SFR, note le groupe.Toutefois, les analystes se sont étonnés, de cette vente qui se fait avec une décote importante, alors que le titre SFR-Numericable a terminé la séance de vendredi à la Bourse de Paris à 55,4 euros. « C’était une bonne opportunité pour encaisser le cash et éviter d’être dans une situation difficile de liquidités », a répondu le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, soulignant n’avoir d’ailleurs reçu aucune contre offre depuis celle de M. Drahi.Redistribution aux actionnairesAu total Vivendi devrait recevoir 17 milliards d’euros pour la cession du deuxième opérateur mobile français, auxquels s’ajoutent les 4,1 milliards pour la vente de Maroc Telecom. Le groupe dispose ainsi d’une trésorerie positive de 4,6 milliards d’euros fin 2014, ayant soldé toute sa dette, qui se montait à 11,1 milliards fin 2013. Et ce n’est pas fini. Vivendi prévoit encore de finaliser la cession a Telefonica de son actif télécom brésilien GVT au cours du deuxième trimestre 2015 pour 7,45 milliards d’euros.Dans un premier temps une partie de ces sommes va être restituée aux actionnaires. Ainsi, 5,7 milliards d’euros vont être rendus sous forme de dividendes et de rachats de titres sur la période 2014-2017, pour leur faire partager une partie des gains enregistrés sur ses récentes cessions. Vivendi versera un dividende au titre de 2014 de 1 euro, dont 0,8 euro correspondant à ses derniers désinvestissements. « L’objectif est de maintenir ce niveau de distribution au titre des exercices 2015 et 2016, représentant un retour aux actionnaires de 2 milliards d’euros supplémentaires », a précisé le communiqué financier. Le groupe prévoit également de racheter jusqu’à 2,7 milliards d’euros de ses propres actions.« Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française »Rien n’a été dit concernant les futures acquisitions, mais une indication avait été donnée à la fin de l’année 2014 quand le groupe s’était porté officiellement candidat au rachat du pôle français de l’éditeur belge Roularta comprenant en particulier L’Express, L’Etudiant, L’Expansion. Un pôle passé finalement sous contrôle de.. Patrick Drahi.Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 9 décembre 2014, au micro de RTL, Vincent Bolloré déclarait que « Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française, c’est-à-dire à réunir l’ensemble des médias qui soient écrits ou télévisuels ou sur le net. Donc, bien évidemment, s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisira. » Il ajoutait : « On a la chance d’avoir le groupe Canal qui est très important, on a la chance d’avoir Universal, le numéro un de la musique, mais pour que tout ça rayonne il faut des contenus et les magazines sont des contenus. »Concernant Canal +, les ventes ont progressé de 2,7% sur un an, avec un gain de 678.000 abonnements sur l'année 2014 qui atteignent désormais 15,3 millions dans le monde. Le portefeuille d'abonnés passe ainsi la barre des 11 millions pour la première fois grâce à l'Afrique et au Vietnam. L'offre de vidéo à la demande en France Canalplay y contribue aussi à cette performance avec 599.000 abonnés fin 2014.Vivendi devrait contribuer à alimenter les spéculations sur les marchés concernant ses futures acquisitions. Un point commun avec Patrick Drahi . Des rumeurs insistantes lui prêtent l’intention d’acquérir Bouygues Telecom. «Il n’y a aucune négociation en cours (…) Le choix, c’est le “stand alone”, on a été très clairs là-dessus  » a répliqué mercredi Martin Bouygues.Dominique Gallois (avec AFP)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gabriel Coutagne Une polémique en a chassé une autre. Cette année encore, le World Press Photo avait soulevé la question de la retouche en photographie, en annonçant avoir rejeté près de 20 % des photographies présentées au jury du prestigieux prix. Mais c’était compter sans une autre affaire, révélée mercredi 25 février par le site Our Age Is 13, spécialiste de l’actualité photographique.Dans un courrier adressé à la présidence du jury du World Press Photo, et que Le Monde a pu consulter, la mairie de Charleroi « demande de retirer le prix qui a été accordé à M. [Giovanni] Troilo à la lumière de notre argumentation et de nos explications ». En cause, une série d’images, très sombre, qui montre des personnages, présentés comme des Carolorégiens, dans des situations décrivant une misère sociale et morale, ou s’adonnant à des pratiques sexuelles libertines. Une demande rejetée par l’institution dimanche 1er mars, après plusieurs jours d’enquête, confortant le prix remis à Giovanni Troilo. « Le World Press Photo n’a trouvé aucun fondement permettant de remettre en cause l’intégrité [journalistique] du projet du photographe. Aucun fait n’a été manipulé dans les légendes que le jury a pu consulter », précise l’institution dans un communiqué.Le World Press Photo brise le tabou de la mise en scèneGiovanni Troilo est un photographe italien travaillant habituellement dans les domaines de la mode et de la publicité. Il a été récompensé dans la catégorie « problématiques contemporaines », pour une série intitulée The Dark Heart of Europe. Le photographe présente son travail sur son site :« Aujourd’hui, le malaise social s’insère dans la vie des citoyens [de Charleroi]. Les routes, qui étaient à l’époque propres et fleuries, sont aujourd’hui abandonnées et en mauvais état. Les usines ferment et la végétation reprend ses droits dans les vieux quartiers industriels. Une sexualité perverse et malade, la haine raciale, une obésité névrotique, l’abus d’antidépresseurs semblent être les seuls remèdes pour surmonter ce malaise endémique. »« UNE ATTEINTE À LA PROFESSION DE PHOTOJOURNALISTE » Dans les jours qui ont suivi l’annonce du prix, faite le 12 février, « plusieurs personnes, dont des photographes, ont réagi sur les réseaux sociaux », raconte Molly Benn, rédactrice en chef du site Our Age Is 13.@lesoir WPressPhoto 2015.Le misérabiliste "Dark heart of Europe" sur #charleroi primé. http://t.co/kB9S3QJoDC http://t.co/Zuo3UR9XXz— Humbert_Tesla (@Umberto di Tesla)require(["twitter/widgets"]);Parmi eux, le photojournaliste belge Thomas Vanden Driessche s’était interrogé sur ce qu’il considère comme une dérive du photojournalisme.Triste... Ou peut-être un nouveau point de départ pour s'interroger sur les dérives d'un certain photojournalisme... http://t.co/DzCvURFeHd— thomasvdd (@T. Vanden Driessche)require(["twitter/widgets"]);« C’est en tant que photojournaliste que je me suis senti concerné par ce prix », explique au Monde Thomas Vanden Driessche. Sa question a alimenté le vif débat sur les réseaux sociaux, auquel ont pris part photographes et habitants de Charleroi. « Nous avons d’abord été contactés par plusieurs photographes », confirme la mairie de la ville. Si le souci principal de la municipalité est bien d’en défendre la réputation, l’argument pour convaincre le World Press Photo de retirer ce prix est journalistique.« Nous considérons le sujet du photographe, construit de toutes pièces, tant comme une atteinte à la ville et aux habitants de Charleroi que comme une atteinte à la profession de photojournaliste en tant que telle », dénonce dans sa lettre le bourgmestre de la ville, Paul Magnette (PS), en fonction depuis juillet 2014. « Le caractère falsifié et mensonger des légendes, la manipulation de la réalité, la construction d’images-chocs mises en scène par le photographe, malhonnêtes (…) trahissent les bases de l’éthique journalistique », poursuit l’élu.Le recours à la mise en scène est parfois légitime dans un sujet documentaire, notamment lorsque l’on fait un portrait, mais le World Press Photo, dans un document disponible en ligne, précise qu’une image ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène ou d’une reconstitution. De plus, certaines imprécisions dans les légendes posent problème.UN RÉCIT PERSONNEL Le rendu de ce portrait et sa légende suggèrent que cette personne vit recluse chez elle pour fuir la violence de son quartier. Thomas Vanden Driessche souligne pourtant « qu’il s’agit de Philippe Génion, une personnalité bien connue à Charleroi (…). Il habite dans un quartier populaire, mais relativement paisible. Sa maison est également un bar à vin ». Sur son profil Facebook, le modèle raconte le moment de la prise de vue :« Le photographe m’a demandé de poser pour lui, dans mon intérieur, et a demandé à ce que je sois torse nu, ce qui ne m’a nullement dérangé, n’ayant aucun complexe par rapport à mon physique. Les deux artistes étaient sympathiques et ne cachaient pas qu’ils mettraient en scène leurs photos, disant clairement qu’ils ne faisaient pas un reportage, mais un travail photo. Par contre, je m’insurge contre le terme d’“obésité névrotique”, qui, s’il peut qualifier d’autres personnes que je ne connais pas, n’est absolument pas mon cas. »De son côté, Giovanni Troilo ne semble pour l’instant pas trop inquiet de la polémique, comme le rapporte un blog du quotidien italien La Repubblica : « Je m’attendais aux polémiques, et ils n’ont pas été tendres… Mais je n’imaginais pas des réactions de ce genre. Je comprends l’ambiance, ils cherchent à promouvoir une image neuve de la ville [Charleroi], et dire certaines choses dérange. »Le photographe se défend, présentant sa série comme un récit personnel plutôt que comme un reportage au sens strict. Pour lui, ce travail rend compte de choses « qu[’il a] vues, qu[’il] conna[ît], dont [il] sai[t] qu’elles existent », tout en concédant, en creux, que certaines images sont mises en scène : « Il y a aussi des photos où [les personnes] ne posent pas, la dame avec la tête inclinée sur la table est véritablement une personne dans un hospice, c’est une amie de ma tante. La police était vraiment en train de charger… »Giovanni Troilo avait reconnu en conclusion de l’interview accordée à La Repubblica devoir fournir des explications au World Press Photo quelques jours avant la décision de confirmer le prix remis au photographe.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.02.2015 à 17h52 • Mis à jour le27.02.2015 à 04h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Un « prédateur sexuel », pédophile, qui a pu pendant des décennies utiliser un hôpital pour multiplier viols et attouchements : le rapport publié jeudi 26 février détaille une nouvelle fois les abus sexuels de Jimmy Savile, ancienne star britannique de la télévision, aujourd’hui décédé. Soixante victimes y sont identifiées, âgées de 8 à 40 ans. La moitié avait moins de 16 ans, et dix, moins de 12 ans. L’immense majorité était de sexe féminin. Les abus ont eu lieu entre 1968 et 1992.Ces nouvelles révélations viennent une nouvelle fois illustrer l’ampleur des crimes commis par l’ancien présentateur des émissions « Top of the Pop » et « Jim’ll fix it », grands succès des années 1970 et 1980. Avec ses cheveux longs blonds, ses gros cigares, ses pantalons de survêtements et ses lunettes teintées, l’homme était toujours passé pour un excentrique. Mais il était aussi très aimé du grand public, célébré pour son aide pour de nombreuses associations caritatives. Il était en particulier très actif dans les hôpitaux.On sait désormais qu’il s’agissait d’une tactique pour avoir accès aux enfants. Mais jusqu’à son décès en 2011, les accusations d’agressions sexuelles portées contre lui n’avaient jamais été révélées publiquement. A chaque fois, elles avaient été étouffées, à différents niveaux d’autorité.450 plaintesTout a basculé en 2012 avec la diffusion d’un documentaire diffusé sur ITV. Choquant le Royaume-Uni, l’affaire a poussé la police à ouvrir une enquête. Celle-ci a désormais reçu 450 plaintes, qu’elle est en train de traiter. Parallèlement, plusieurs rapports ont été commandés, pour essayer de faire toute la lumière sur ce scandale. En juin 2014, l’un d’entre eux détaillait les abus dans plusieurs hôpitaux. Ce jeudi, un nouveau document concerne l’établissement de Stoke Mandeville, situé près d’Oxford.Jimmy Savile était arrivé en 1969 dans cet hôpital en tant que brancardier volontaire. Aucune vérification sur sa personnalité n’avait alors été réalisée, mais il était déjà star du petit écran. Progressivement, il prend de plus en plus de place dans l’établissement, et aide à lever de l’argent. En 1980, la première ministre Margaret Thatcher, qui voulait promouvoir le financement privé du système de santé, lui confie même un rôle officiel pour assembler des fonds.La star avait ainsi un accès complet et total à l’hôpital, vingt heures sur vingt-quatre. Il rentrait dans les chambres à l’improviste, discutait avec les patients et leurs familles, offrait des disques, signait des autographes… Et abusait sexuellement ses victimes.« Le brancardier m’a fait mal, ici »Soixante témoignages, pénibles à lire, sont détaillés dans le rapport. Souvent, il s’agit d’attouchements très rapides : des mains sur des seins en passant dans un couloir, un baiser avec la langue à une jeune patiente, des caresses inappropriées. Et puis, il y a les cas de viol, comme la « victime 20 », qui avait douze ans au moment des faits en 1977. Elle était à l’hôpital pour se faire retirer les amygdales. En robe de chambre, elle s’était trainée à la pièce télévision, fatiguée de l’opération. Jimmy Savile est arrivé, s’est mis devant elle, a baissé son pantalon et l’a pénétrée. Victime 20 est allée se plaindre à l’infirmière : « Le brancardier m’a fait mal, ici. » La réponse est arrivée, sèche : ne surtout rien dire, sinon cela causerait des problèmes à l’infirmière. La même nuit, l’adolescente s’est réveillée et Jimmy Savile était à côté de son lit. Cette fois, il l’a pénétrée avec les doigts.Comment a-t-il pu continuer ses agressions pendant tant d’années, sans que rien ne se sache ? Le rapport documente neuf plaintes « verbales » et une plainte « formelle ». Mais « aucune n’a été prise sérieusement et n’a été transférée à la direction de l’hôpital ». En filigrane, l’explication qui transpire est double. D’une part, l’état d’esprit général consistait à ne pas prendre trop au sérieux les plaintes des enfants. D’autre part, Jimmy Savile exerçait une influence considérable sur l’hôpital. Il levait beaucoup d’argent et apportait une publicité très positive à l’établissement. Il était devenu intouchable.En 1991, une nouvelle direction est arrivée à Stoke Mandeville. Rapidement, elle s’est érigée contre Jimmy Savile. A l’époque, la controverse concernait l’argent de l’association caritative, que la star utilisait à sa guise, à titre personnel. Son accès permanent aux patients, son intrusion au milieu du personnel, ont également été jugés inappropriés. Jimmy Savile s’est progressivement éloigné de l’hôpital. Mais il a continué à exercer ses abus sexuels ailleurs. La dernière agression documentée remonte à 2009, deux ans avant son décès.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Il aura été en première ligne pendant les décennies de feu qui ont façonné durablement le Proche-Orient, témoin attentif de ses guerres et de ses révolutions, interlocuteur privilégié de ses figures les plus singulières, de Gamal Abdel Nasser à Mouammar Kadhafi. Au cours de sa très riche vie, Eric Rouleau, mort mercredi 25 février à l'âge de 89 ans, fut tour à tour journaliste au Caire avant la chute de la monarchie, pilier du service Etranger du Monde de la guerre israélo-arabe de 1967 à la révolution iranienne de 1979, puis ambassadeur de France en Tunisie puis en Turquie avant de renouer avec l'écriture et la chronique d'une région troublée dans les colonnes du Monde diplomatique.Né en Egypte en 1926 au sein d'une famille juive, Elie Raffoul entre en journalisme à vingt ans avec la foi du jeune communiste qu'il est alors. L'heure des décolonisations a sonné et dans le chaudron cairote s'affrontent ordre ancien et monde nouveau, un bouillonnement auquel la création d'Israël, en 1948, a ajouté une dose de complexité. Gauchiste et juif, voilà qui est un peu trop pour le régime du roi Farouk, qui le contraint à l'exil en 1951 et le déchoit de sa nationalité. La France sera pour ce francophile une patrie d'adoption généreuse, qui ne lui fera cependant jamais oublier sa première terre.C'est au Monde, à partir de 1955, qu'Elie Raffoul, devenu Eric Rouleau, va s'imposer progressivement comme l'un des journalistes les plus à même de déchiffrer les entrelacs des crises orientales à répétition, rejoint plus tard par Haig Kirazian – Jean Gueyras, pour les lecteurs du quotidien de la rue des Italiens. Un duo de polyglottes émérites (qu'il s'agisse des langues comme des idéologies et des réseaux) complété par Amnon Kapeliouk à Jérusalem.Une carrière diplomatique sous MitterrandPendant près de trente ans, Eric Rouleau parcourt une région en ébullition. Il est au cœur de séismes dont les répliques ne cessent d'être enregistrées encore aujourd'hui, de la guerre israélo-arabe de 1967, qui précipite la naissance d'un mouvement national palestinien autonome, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la révolution iranienne de 1979, qui marque la renaissance de l'islam politique.Pour ce journal qui ne lui mégote pas ses colonnes et qui ne s'effraie pas de publier de véritables feuilletons politiques et diplomatiques, il voyage, raconte, analyse, et multiplie les rencontres avec l'Histoire et ses nombreuses incarnations. Lui qui avait déjà pu rencontrer le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, avant son assassinat en 1949, sera reçu par les principaux acteurs de la région, surtout après l'entretien accordé par Gamal Abdel Nasser en 1963.Son expertise est recherchée, y compris par des responsables politiques français, souvent fascinés par son carnet d'adresse. La curiosité réciproque qu'il entretient avec le premier secrétaire du Parti socialiste devenu président de la République en 1981, François Mitterrand, lui fera sauter le pas en 1985 vers la carrière diplomatique, au grand dam des diplomates comme de certains de ses confrères prompts à dénoncer un mélange des genres.A la suite de missions discrètes, en Libye et en Iran, il devient ambassadeur de France à Tunis, siège de l'OLP après le départ du Liban, puis à Ankara. Il revient en 1991 à la plume pour Le Monde diplomatique, le parent éloigné du quotidien.Sur l'insistance de ses proches, Eric Rouleau avait publié en 2012 des Mémoires qui avaient permis de retracer ce parcours fascinant. Un condensé d'histoire dans lequel il s'était pourtant bien gardé, pour une fois, de tout raconter.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard « A partir du mois prochain, Politico aura, dans les deux centres de décision politique et réglementaire du monde – Washington et Bruxelles –, plus de journalistes qu’aucune autre publication. » Le site d’information américain a montré ses muscles, dans le communiqué qui a annoncé, mardi 17 mars, le lancement de sa version européenne, le 21 avril. Il devrait effectivement avoir une rédaction égale ou supérieure à celle de ses concurrents, médias spécialisés ou grands journaux généralistes.Lancé en 2007 aux Etats-Unis, Politico revendique aujourd’hui 300 journalistes et s’est imposé comme une source incontournable pour ceux qui veulent suivre de près les réformes en cours et les coulisses de la politique sous la présidence Obama.>> Lire : Politico, dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeLe site explique vouloir décliner ce modèle en Europe, avec une équipe de 40 à 50 personnes, dont toutes ne seront toutefois pas installées à Bruxelles, certains étant correspondants dans les grandes capitales européennes (Paris, Londres, Berlin…) Son adresse Internet sera Politico.eu.Une équipe puissanteDans son communiqué, Politico détaille les noms de onze rédacteurs recrutés à Bruxelles : parmi ces personnes, un ancien correspondant en Pologne de l’hebdomadaire économique britannique The Economist, une journaliste américaine du quotidien tabloïd New York Post, une pigiste berlinoise du Wall Street Journal ou du New York Times… Il y aura aussi des journalistes de European Voice, une agence spécialisée acquise par Politico. L’équipe va être dirigée par Matthew Kaminski, un ancien du Wall Street Journal.Un autre nom est largement mis en avant par Politico : celui de Ryan Heath, qui aura la lourde tâche de produire l’équivalent bruxellois de « Playbook », la lettre matinale sur les coulisses de la politique américaine, lue par tous les décideurs de Washington et rédigée par la star Mike Allen.Ryan Heath a un profil « d’insider » absolu puisqu’il a travaillé pour la Commission européenne sous la présidence de José Manuel Barroso et été porte-parole de la commissaire Nellie Kroes. Transfuge de la politique et de la technocratie, il devra faire preuve de son indépendance et éviter le soupçon de conflits d’intérêts.Entre généralistes et médias spécialisésFace à cette équipe généreuse, le quotidien économique britannique Financial Times, considéré comme une référence sur les affaires européennes, ne dispose pour l’heure que de cinq personnes à Bruxelles (plus deux basés à Londres mais dédiés à l’Europe). Il envisage de recruter une personne pour renforcer son suivi des questions de concurrence économique. Le Monde a lui deux personnes sur place.L’irruption de Politico sur la scène européenne souligne les concurrences nouvelles auxquelles les grands médias généralistes sont confrontés : challengés sur Internet par des sites très grand public comme le Huffington Post, ils font aussi parfois face à des publications spécialisées. Politico a ainsi une partie accessible à tous, gratuitement, outre ses lettres payantes sur des thèmes comme l’énergie.L’agence de presse française AFP a une rédaction importante à Bruxelles, avec vingt personnes dont dix-huit journalistes (rédacteurs et autres métiers), mais elle a une couverture moins spécialisée que celle prévue par Politico.Du côté des médias spécialisés, le site américain devra compter avec l’Agence Europe, qui est parfois décrite comme le « journal officiel » des institutions européennes. Treize journalistes travaillent pour le site de cette publication quotidienne. Plus modeste, Europolitics se définit comme « le numéro un de l’information européenne indépendante » et a bonne réputation. Créé en 1972, le service a connu divers rachats et édite désormais un quotidien, un service Web et un magazine trimestriel, et propose, comme Politico, du contenu premium payant.L’agence Euractiv, dédiée à l’actualité européenne, revendique elle 12 rédacteurs à Bruxelles et 40 employés au total, dans 12 pays. Contexte, un pure player français qui se qualifie de « journal des politiques publiques françaises et européennes », a lui deux rédacteurs à Bruxelles et il en recrute actuellement deux autres.Un modèle économique plurielPour Politico, tout l’enjeu sera de réussir à transformer ces moyens pléthoriques en succès économique. Pour son aventure européenne, la publication a créé une joint-venture avec un partenaire puissant, le groupe de presse allemand Axel Springer.Politico ne publie pas ses chiffres mais le site serait rentable aux Etats-Unis. Une grosse part des revenus provient de la vente, pour plusieurs milliers d’euros par an, de ses lettres thématiques ; 80 des 300 journalistes américains de Politico sont chargés de les produire. Le reste provient de la publicité qui est insérée dans les newsletters, mais aussi dans les publications papier distribuées gratuitement sur les lieux de pouvoir. Sur ce modèle, 30 000 exemplaires seront ainsi imprimés quotidiennement en Europe, à Bruxelles et dans les capitales. Aux Etats-Unis, ces supports sont truffés de réclames pour des industries ou des lobbies. Enfin, Politico organise des conférences et des événements.Pour sa fête de lancement à Bruxelles, le 23 avril, le site américain a annoncé la présence du président du Conseil européen, Donald Tusk, du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stollenberg, ou encore du commissaire européen chargé du marché numérique unique, Andrus Ansip. Mais aussi de « quelques chefs de gouvernement ». A confirmer.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.03.2015 à 17h08 • Mis à jour le16.03.2015 à 17h28 | Alexis Delcambre Le départ prochain de Patricia Lévy, directrice de la régie publicitaire des Échos, a été annoncé aux personnels par un courriel de la direction du quotidien, lundi 16 mars, selon nos informations.Ce départ intervient trois jours après une « grève des tweets » par laquelle la rédaction des Échos entendait protester contre les intrusions publicitaires dans les espaces éditoriaux - mais il n’y a officiellement aucun lien entre ces deux événements.Grève des tweets aux « Échos »« C’est la vie d’une entreprise, a déclaré au Monde Francis Morel, PDG du groupe. Nous avons fait un constat commun qui nous a amenés à nous séparer. »M. Morel reprendra directement la gestion de la régie Echosmédias (Les Échos, Enjeux Les Échos, Série limitée, Capital Finance, Radio Classique, Connaissance des Arts, Classica et Les Échos Events), comme il le faisait avant l’arrivée de Mme Lévy. Patricia Lévy avait rejoint les Echosmédias en septembre 2013. Elle était auparavant directrice générale de SFR Régie.La Société des journalistes des Échos, elle, connecte ce départ aux débats qu’elle a menés ces derniers mois sur les formats publicitaires. Outre le tweet à tonalité commerciale du 4 mars, la rédaction des Échos estime que la régie publicitaire a eu tendance à multiplier les initiatives mettant en péril, selon elle, la crédibilité des contenus.La régie publicitaire avait également été épinglée - parmi d’autres services - par un audit sur la qualité de vie au travail, réalisé en novembre 2014.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean Peur ? Les clients, cet après-midi du dimanche 15 mars, se récrient avec une belle énergie : « Sûrement pas ! ». Et en en dévalisant fièvreusement les étalages de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes qui a tout juste rouvert ses portes le matin même, soit deux mois après la tragique prise d'otages, ils affirment, solennels, que « la vie est plus forte », qu'il faut « redresser la tête », « se serrer les coudes », « afficher une détermination et une solidarité sans faille ». Et surtout « ne renoncer à aucun rite, aucune tradition, aucune habitude du mode de vie juif », le passage à l'épicerie cacher, surtout quelques jours avant Pessah, la Pâques juive, étant incontournable.Peur ? Allons donc ! « Le magasin est désormais protégé, affirme Eddy, un jeune père de famille qui ne souhaite pas donner son nom. Aucune raison de trembler ! Vous voyez bien : les habitués sont revenus comme un seul homme, mais aussi des voisins, des amis, même des gens hors de la communauté venus parfois de lointaine banlieue juste pour dire : Coulibaly le barbare a échoué. » D'ailleurs vous verrez bien, annonce un client venu de Beauvais : « Comme Charlie et ses 7 millions d'exemplaires, l'Hyper Cacher va exploser son chiffre d'affaire. Tout le monde viendra le soutenir ! »Lire le récit (édition abonnés) : Dans le huis clos de l’Hyper Cacher de la porte de VincennesPeur ? « On est en France depuis des générations ! insiste Olga Seban, parente de l'ancien propriétaire de la chaîne Hyper Cacher. Deux oncles ont été tués à la guerre de 14, mon père a lui-même tenu les armes. Je me sens Française avant même de me sentir juive. Très Française ! Valls a eu des mots forts, la France est avec nous. Alors s'il y a place pour l'émotion en pensant aux victimes, il n'y en a pas pour la peur. »Profonde angoisseEt pourtant... Que l'on insiste un peu et l'inquiétude émerge. Que l'on s'enquiert des débats dans la communauté et tous admettent un malaise et des doutes, des questions sur l'avenir et une profonde angoisse sur la sécurité de leurs proches. « Des gens de ma famille songent à partir en Israël, admet Mme Seban. D'autres pensent aux Etats-Unis où j'ai déjà deux petits-fils. Alors que nous sommes si Français ! » Des insultes de plus en plus fréquentes dans la rue ou sur les réseaux sociaux, les militaires devant les synagogues et les écoles... « La vérité, avoue Edith Sebbag, vice-présidente de la communauté de Villejuif, c'est que la question du départ est désormais abordée dans toutes les familles ! » >> Lire (édtion abonnés) : Chez les juifs de France, la tentation de l’alya« Absolument ! » approuve une cliente en évoquant l'affluence record des salons de l'Alyah organisés par l'agence juive, et le succès des cours d'hébreu. « La situation n'a cessé de se dégrader, estime Mme Sebbag. Je ne reconnais plus la France de mon enfance. Beaucoup renoncent à porter des signes distinctifs. La kippa, l'étoile de David sont devenus dangereux dans le métro. Où allons-nous ? Et puis, dit-elle, approuvée par plusieurs personnes du magasin, s'il n'y avait pas eu Charlie, les Français ne seraient pas descendus dans la rue. On aurait été bien seuls ! »Pas d'indignation nationale après l'affaire Halimi. Pas de sursaut républicain après l'affaire Merah... « Comment s'étonner qu' Israel soit un recours, d'autant que le pays offre de vraies opportunités de travail... »L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, venu faire quelques courses dans les rayons du magasin, sort alors sous les photos et signes affectueux de nombreux clients. « C'est un devoir, pour moi, de venir ici. Des criminels ont tué au nom de l'islam. Ils ont vendu leur âme et pris notre religion en otage. Ils ont accompli l'horreur. Mais il faut penser à l'avenir, se tourner vers la vie, songer à nos enfants. Et être solidaires. Juifs français et musulmans français ont leur avenir ici, ensemble, en France. » Autour de lui, plusieurs femmes, artistes et intellectuelles, se sont donné rendez-vous. « Militantes de la paix ». Juives et musulmanes. « Soeurs, proclament-elles. Et unies à jamais. »Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.03.2015 à 13h22 • Mis à jour le14.03.2015 à 14h07 Le concert « Sur la route des Enfoirés » au profit des Restos du cœur, diffusé après la polémique sur la chanson controversée de Jean-Jacques Goldman « Toute la vie », a réalisé vendredi 13 mars au soir sur TF1 un score d'audience important mais en baisse par rapport à l'an dernier.Lire : Les Enfoirés sont-ils réacs ? Goldman répondAvec 10,8 millions de téléspectateurs, soit 48 % de part d'audience, la 26e édition de ce show télévisé, qui réalise chaque année des records d'audience, a fait moins bien que l'édition 2014, qui avait réuni 12,2 millions de téléspectateurs (52,2 % de parts d'audience).Avec les performances de 34 artistes comme Jean-Louis Aubert ou Zazie, TF1 signe tout de même sa meilleure audience depuis le début de l'année, a indiqué la chaîne.Une chanson qualifiée de réactionnaireFin février, le très consensuel Jean-Jacques Goldman, soutenu par d'autres artistes, a dû monter au créneau pour défendre la nouvelle chanson des Enfoirés, taxée d'« anti-jeunes » voire de « réactionnaire » sur les réseaux sociaux, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, allant jusqu'à évoquer « une maladresse ».En 2014, Les Enfoirés ont rapporté aux Restos du cœur, l'association créée par Coluche, près de 23 millions d'euros, soit 12,5 % d'un budget déficitaire de 7 millions, après avoir servi 130 millions de repas à un million de personnes. Le budget 2015 prévoit un déficit de 10 millions d'euros.Lire le décryptage : Combien rapportent Les Enfoirés ? Les DécodeursBFMTV, numéro un sur Florian PhilippotLe porte-parole du FN, Florian Philippot, est souvent dans les médias, c'est sa fonction. Mais certains médias l'invitent-ils plus souvent que d'autres ?Pour le savoir, nous avons relevé, depuis le 1er janvier 2015, tous les passages à la télé, la radio ou dans une émission sur le web qu'il signale systématiquement sur son compte Twitter. En comptant réactions en direct, invitations et débats, on en recense 69 en six semaines (72 jours), soit en moyenne quasiment un par jour.Quant au choix des médias, un se distingue : BFMTV, loin devant les autres chaînes d'info en continu avec pas moins de 19 passages en tout, quand on en compte 7 pour i>Télé, 6 pour France Info, et 5 sur Europe 1, LCI ou RTL.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426261765207 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426261765207 .title").empty()if ("Interventions télé, radio et web de Florian Philippot"!= ""){Interventions télé, radio et web de Florian Philippot")}$("#container_1426261765207 .subtitle").empty()if ("Passages signalés sur son compte Twitter depuis le 1er janvier 2015"!= ""){Passages signalés sur son compte Twitter depuis le 1er janvier 2015")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426261765207 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear",Télé","France info","Europe 1","LCI","RTL","L'Opinon.fr","RMC","France 2","France 3","France 5","LCPAN","Sud Radio","Boursorama","France Inter","Le Figaro","Radio classique","RCF","RFI"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Nombre de passages", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 19 ], [ "", 7 ], [ "", 6 ], [ "", 5 ], [ "", 5 ], [ "", 5 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "color": "#0386c3" }]})});var chart = $('#container_1426261765207 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()} Alexandre Piquard « Sept ans, c’est l’âge de raison », sourit Edwy Plenel, le cofondateur de Mediapart, à propos du site né le 16 mars 2008. Une manière de dire que ce média d’investigation en ligne et payant, couronné d’un grand succès, arrive « à maturité ». Mais aussi d’esquisser un avenir dans lequel l’équipe actuelle prendra progressivement les commandes : Edwy Plenel a en effet annoncé il y a quelques semaines qu’il comptait transmettre son rôle de directeur de la publication vers 2017 ou 2018.« Notre mission de fondateurs est de construire un média non endetté qui soit rentable grâce au journalisme et indépendant, car détenu par ses journalistes », résume M. Plenel. Sur le plan économique, la mission est accomplie, comme en attestent les résultats publiés jeudi 12 mars. Rentable depuis fin 2010, Mediapart affiche une santé insolente dans le paysage morose de la presse. Il a, en 2014, dégagé 1,48 million d’euros de résultat et 900 000 euros en 2013, soit une hausse de 60 %. Pour un chiffre d’affaires de 8,8 millions d’euros en 2014 (+ 28 %).Redressement fiscalLa quasi-totalité des revenus de Mediapart provient des abonnements (9 euros par mois). Le site en revendique aujourd’hui 112 000, contre 107 000 fin 2014, année au cours de laquelle il a recruté 23 000 nouveaux lecteurs payants. « C’est d’autant plus satisfaisant que Mediapart n’a pas eu en 2014 de très gros scoop, comme en 2013 avec l’affaire Cahuzac », note Marie-Hélène Smiejan, la directrice générale. Aquilino Morelle, le conseiller de François Hollande contraint à la démission par un article, un an après le ministre du budget, serait peut-être d’un autre avis, mais qu’importe, Mediapart est désormais installé dans le paysage.Seule ombre au tableau : l’entreprise se voit toujours réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc pour avoir appliqué, de 2008 à 2014, le taux de TVA de 2,1 % accordé aux médias imprimés. Cette somme couvre 3 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités et 500 000 euros qui viennent d’être exigés par l’administration pour 2013-2014. Pourquoi Mediapart fait l’objet d’une redressement fiscal... et le contesteUn redressement que Mediapart conteste fermement au nom de la « neutralité des supports », également défendue par la profession et le gouvernement. Le site espère ne pas avoir à piocher dans sa trésorerie de 3 millions d’euros.« L’histoire de Mediapart est très exigeante »Côté indépendance, un pas a été franchi avec le rachat des 20 % du fonds Odyssée venture, repris par Mediapart et Ecofinance, l’un de ses investisseurs historiques. Ce dernier possède 18,27 %, un autre investisseur, Doxa, 27,75 %. Les fondateurs détiennent eux 36,71 % (soit une majorité si on y ajoute les parts de la société des amis, 14,65 %). Ils envisagent de transmettre leurs parts aux membres de l’équipe de Mediapart, explique Edwy Plenel, tout en précisant que la forme juridique et les modalités restent à définir.L’organisation interne est également vouée à évoluer : passée de 27 à 55 salariés, la rédaction a demandé une réflexion sur le sujet et un conseiller extérieur a été missionné pour aider à trouver « de nouveaux modes de fonctionnement afin de bien coordonner, sans pour autant reproduire les structures lourdes avec une myriade de chefs », explique M. Plenel. Jusqu’ici, la rédaction a plutôt eu une organisation légère, comme un collectif de journalistes assez autonomes. Se pose par exemple la question de créer des pôles thématiques avec des chefs. Après sept années intenses, une certaine usure se fait sentir. « L’histoire de Mediapart est très exigeante, on travaille beaucoup », reconnaît M. Plenel.« Edwy » restera dans les paragesRestera la question des dirigeants. Edwy Plenel avait déjà évoqué en interne sa volonté de passer la main mais l’équipe n’en a pris conscience que lorsqu’il l’a exposée dans Le Journal du Net, en décembre. « Nous sommes contre le cumul des mandats », s’amuse le journaliste, qui aura 65 ans en 2017, sensiblement le même âge que deux autres fondateurs, Marie-Hélène Smiejan et Laurent Mauduit (le quatrième, François Bonnet, directeur de la rédaction, est un peu plus jeune).Les journalistes, dont certains ont fait leurs armes à Mediapart, sauront gré à M. Plenel de ne pas s’accrocher à son siège comme certains patrons de presse. Mais la perspective du retrait d’une telle figure – débatteur, essayiste, ancien directeur de la rédaction du Monde – soulève aussi des questions. « Edwy » reconnaît que sa personnalité – sa « moustache » – peut être « écrasante » et comprend la « responsabilité » qui est transmise à la rédaction. Mais se dit très optimiste sur l’émergence de figures pour prendre le relais. Il précise qu’il restera dans les parages, au conseil d’administration ou pour écrire à l’occasion.Un « pure-player » d’anciens de « Libé »Un site d’information payant, Lesjours.fr, va être lancé dans les prochains mois par d’anciens journalistes de Libération qui ont quitté le quotidien à la faveur du rachat du journal par de nouveaux actionnaires dont le magnat des télécommunications, Patrick Drahi. Parmi eux, on trouve les « Garriberts » (Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts), couple qui couvrait le secteur des médias, mais aussi les rédacteurs Olivier Bertrand, Nicolas Cori, Sophian Fanen, Antoine Guiral et Charlotte Rotman.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « À l’occasion de la naissance de la marque #DS Automobiles,@LesEchos entrechoquent le passé et le présent ! » Ce seul tweet à la tonalité publicitaire, publié le 4 mars sur le compte du quotidien économique Les Echos - et retiré depuis -, a suffi à déclencher les foudres de la rédaction. Les journalistes du quotidien économique ont décidé de suspendre l’utilisation de leurs comptes Twitter pour la journée du vendredi 13 mars, protestant contre ce qu’ils estiment être une intrusion de la publicité dans un espace éditorial.« Ça suffit !, s’insurge Leila de Comarmond, présidente de la Société des journalistes (SDJ) des Echos. Ce tweet est un déclencheur, mais nous protestons globalement contre un mélange des genres de plus en plus prononcé dans la presse en général et aux Echos en particulier. »Aux Echos, les journalistes se sont notamment inquiétés de la floraison des « contenus de marques » (brand content), présents dans la section « Rendez-vous partenaires » du site. Ce type de contenu, créé à l’initiative d’annonceurs et empruntant les codes des contenus éditoriaux, est en plein essor dans les médias.Pour l’encadrer, la SDJ des Echos a négocié, pendant six mois, une charte avec la direction du titre. Mais « on n’en finit jamais, déplore Leila de Comarmond. On ne peut pas tout charter ni suivre en permanence les nouveaux formats publicitaires qui sont mis en ligne. Dès qu’on parvient à boucher un trou, autre chose surgit. »Selon elle, les journalistes du titre sont « conscients des enjeux économiques » et des réalités du marché publicitaire. Mais ils redoutent que la confusion s’installe, aux yeux des lecteurs, entre les différents types de contenus. « La crise économique de la presse ne justifie pas qu’on affaiblisse notre crédibilité », juge Mme de Comarmond, qui appelle à ce que « la profession s’empare collectivement du sujet ».La direction du titre, elle, explique que le tweet incriminé n’était pas commercial. Il n’a en effet pas été publié à l’initiative de la régie, mais par le service marketing. L’objectif était de valoriser une opération spéciale qui avait notamment conduit à réaliser une « fausse Une » du quotidien. Pour Francis Morel, PDG du groupe Les Echos, « notre fil Twitter sert à 99 % à valoriser des articles et peut servir, à l’occasion, à publier des messages qui concernent notre marque, ses chiffres, son actualité ». Tout en reconnaissant qu’« il faut se montrer vigilant pour ne pas refaire ce genre de choses ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.03.2015 à 18h21 • Mis à jour le12.03.2015 à 18h34 | Yves Daudu et Yann Plougastel Agrégé de philosophie, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont Du tragi-que au matérialisme (et retour), paru en janvier aux PUF, André Comte-Sponville a pour pères spirituels Epicure, les stoïciens, Montaigne et Spinoza. Il se définit comme matérialiste, rationaliste et humaniste. Fortement influencé par l'héritage philosophique des Lumières, il défend une éthique humaniste et une spiritualité sans dieu. Nous l'avons interrogé sur les spécificités françaises en matière de liberté d'expression dans la pensée française. La liberté d'expression est une liberté fondamentale. Comme toute liberté naturelle, on la voudrait absolue ; comme toute liberté socialement réglementée, elle connaît des limites. Mais pourrait-on imaginer ou réclamer une liberté d'expression sans limites ?Il n'y a pas de liberté absolue. Même à l'état de nature, à supposer qu'il ait existé, la liberté de chacun dépend de la force dont il est capable ; elle est doublement -limitée, et par sa propre faiblesse, et par la force des autres. C'est vrai a fortiori dans un Etat de droit. Pas de liberté sans lois, pas de loi sans contraintes. On prend souvent l'exemple du code de la route : s'il n'existait pas, ma liberté de circuler, théoriquement plus grande, serait en pratique presque nulle. S'agissant de la liberté d'expression, c'est différent. On pourrait envisager qu'aucune loi ne la limite. Mais est-ce souhaitable ? Il faut bien interdire la diffamation, les appels au meurtre, protéger le droit d'auteur et les secrets commerciaux ou industriels… Même les Etats-Unis, où le Premier amendement garantit une liberté d'expression plus grande que chez nous, lui reconnaissent certaines limites. Idem en France, qui interdit en outre les incitations à la haine raciale ou religieuse, le négationnisme et les atteintes à la vie privée. On peut discuter le détail de ces interdits (contre le négationnisme, je ne suis pas certain qu'une loi soit la -meilleure arme), mais guère en contester le principe.La liberté d'expression est un droit essentiel de notre vie publique, mais la liberté est-elle une fin en soi, un absolu dénué de toute responsabilité ?Oui, la liberté est une fin en soi, autrement dit une valeur, qui mérite qu'on se batte pour elle, voire qu'on lui sacrifie sa vie. C'est vrai notamment de la liberté d'expres-sion, sans laquelle toute autre liberté serait tronquée ou vaine. Nous exempte-t-elle pour autant de toute responsabilité ? Evidemment pas. C'est d'ailleurs ce qui est clairement énoncé par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Mais il n'y a pas que la loi ; il y aussi la morale. Il arrive qu'on s'interdise de dire certaines choses, non parce que ce serait pénalement répréhensible, mais parce que ce serait manquer de douceur, de compassion ou de délicatesse. Au peuple d'en décider, pour ce qui relève de la loi. A chacun d'en juger, pour ce qui ne relève que de sa conscience.La liberté véritable va-t-elle sans conscience de la responsabilité qui lui est intrinsèque ?Aucune liberté ne vaut sans responsabilité. Mais si vous pensez à l'équipe de Charlie Hebdo, il me semble que ce serait aller trop vite que de les traiter d'irresponsables. On peut au contraire penser qu'ils ont assumé jusqu'au bout leur responsabilité de citoyens laïques ou libertaires… Personne n'est juge, moralement, de la responsabilité d'autrui. Juridiquement, les tribunaux le sont, et il est arrivé plusieurs fois qu'ils condamnent Charlie Hebdo. Ce ne fut pas le cas lors des caricatures de Mahomet, et il me semble que le tribunal, dans cette affaire, eut raison.La dénonciation des religions est un droit incontestable, mais quels sont ses objectifs ?Les objectifs varient selon les individus, comme toujours. Simplement, les opinions sont libres, donc aussi la critique des opinions. Cela vaut pour les religions comme pour n'importe quelle idéologie. Cela pose le problème de l'islamophobie. Le mot est équivoque. Si l'on entend par « islamophobie » la haine ou le mépris des musulmans, ce n'est qu'une forme de racisme, aussi haïssable qu'elles le sont toutes. Est-elle très répandue ? Je n'en ai pas l'impression : un arabe athée ou un noir catholique sont sans doute davantage -victimes du racisme qu'un musulman de type européen. Mais, même marginal, ce racisme-là doit évidemment être combattu. En revanche, si on entend par « islamophobie » non pas la haine ou le mépris des musulmans mais le refus, la critique ou la peur de l'islam (c'est le sens étymologique du mot « islamophobie »), ce n'est qu'une position idéologique comme une autre, qu'aucun Etat démocratique ne saurait interdire. On a le droit d'être antifasciste, anticommuniste ou antilibéral. Pourquoi n'aurait-on pas le droit de s'opposer au christianisme, au judaïsme ou à l'islam ?La laïcité est-elle là pour garantir la liberté d'expression ?Pas seulement. Pas d'abord. La laïcité est là pour garantir la liberté de croyance ou d'incroyance, donc aussi pour permettre la cohabitation paisible des différentes religions ou idéologies. Un Etat laïque n'est ni athée ni religieux. C'est pourquoi il protège toutes les religions, comme il garantit le droit de n'en avoir aucune et de les critiquer toutes. « Je hais tous les dieux », disait le Prométhée d'Eschyle. C'est une opinion que nul n'est tenu de partager, mais que personne, dans un Etat laïque, n'a le droit d'interdire. Et comme il n'y a pas de liberté d'opinion effective sans liberté d'expression, l'Etat, pour protéger celle-là, se doit aussi de garantir celle-ci.Contrairement à plusieurs pays européens, l'interdiction du blasphème ne figure pas dans la législation française. Est-ce un des piliers, selon vous, de la liberté d'expression ?Un pilier, ce serait sans doute trop dire. Mais que le droit de blasphémer soit un élément, parmi d'autres, de la liberté d'expression, je ne vois guère comment un laïque pourrait le contester. J'ai relu il y a peu la définition que je donnais du blasphème, dans mon Dictionnaire philosophique. Permettez moi d'en citer la dernière phrase : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme, pas des bonnes manières. » Dans les situations ordinaires de la vie, mieux vaut donc éviter, individuellement, de le pratiquer. A quoi bon choquer ou blesser les croyants ? Dans le cas de Charlie Hebdo, c'est différent : on ne va pas demander à un journal satirique et humoristique de respecter les bonnes manières ! J'ajoute qu'un droit que personne ne pratiquerait jamais risquerait fort de tomber en désuétude. Il est donc précieux qu'un journal comme Charlie Hebdo existe et transgresse régulièrement ces bonnes manières que nous continuons, dans la vie quotidienne, de respecter.Comment différencier ce qui entre dans le cadre de la liberté d'expression et ce qui en sort ?Moralement, c'est à chacun d'en juger. Politiquement, cela relève du peuple souverain, donc du législateur. On a le droit de critiquer une loi. Pas de la violer.Jusqu'où va la tolérance ?Jusqu'au point où elle risque de se détruire elle-même. On peut tolérer des opinions dissidentes, et même il le faut. On ne peut pas accepter que certains prétendent, par la violence, renverser les institutions qui garantissent la liberté de tous.On attribue à Voltaire la formule suivante : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Est-ce toujours d'actualité ? Ou revient-on à la formule attribuée à Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » ?La formule attribuée à Voltaire, même apocryphe, est belle. Celle de Saint-Just est outrancière. Si des gens publient des livres ou manifestent paisiblement pour demander la fin de la démocratie, il n'y a pas lieu de les sanctionner. S'ils fomentent une émeute ou un coup d'Etat, c'est autre chose ! L'expression des idées est libre – dans les limites prévues par la loi. Mais l'ordre républicain doit s'imposer à tous.Régis Debray notait : « La démocratie, c'est ce qui reste de la République quand on a éteint les Lumières. » Lors des grandes manifestations du 11 janvier, Voltaire fut souvent cité. A votre avis, plus qu'une affaire de religion, ces événements ne posent-ils pas la question de la liberté d'expression et du fanatisme, déjà soulevée par les Lumières ? Le combat serait donc toujours le même et seuls les adversaires auraient changé ?Oui, le combat reste le même : pour les Lumières, pour la liberté de conscience et d'expression, contre le fanatisme et l'obscurantisme. Et oui aussi, les adversaires ont changé. L'Eglise catholique, qui l'a tant combattue, a fini par accepter la laïcité. C'est une grande victoire. Les laïques auraient tort de faire la fine bouche, mais aussi de s'endormir sur leurs lauriers. « Ecrasons l'infâme », -aimait à répéter Voltaire. L'infâme, pour lui, c'était le fanatisme, à l'époque surtout catholique. Que le fanatisme, aujourd'hui, soit plus souvent le fait de musulmans, ce n'est pas une raison pour cesser de le combattre – ni bien sûr pour en accuser tous les musulmans, qui en sont, de par le monde, les premières victimes. La ligne de front ne passe pas entre les croyants et les incroyants ( Voltaire n'était pas athée ) : elle passe entre les esprits libres, ouverts et tolérants, qu'ils aient ou non une religion, et les esprits intolérants ou fanatiques, quel que soit le Dieu dont ils se réclament et quand bien même ils seraient athées.Dans une tribune publiée dans Libération, vous écrivez : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme. L'humour, des vertus du citoyen. » Peut-on rire de tout ? Et avec tout le monde ?Desproges a répondu une fois pour toutes : « On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. » Rire de Moïse, de Jésus ou de Mahomet, pourquoi pas ? Mais pas avec un antisémite, un terroriste antichrétien ou un raciste antimusulman !On entend beaucoup l'idée selon laquelle il y aurait « deux poids, deux mesures », d'un côté Charlie Hebdo « caricaturant » le Prophète, et de l'autre Dieudonné « caricaturant » les juifs : on rit dans le cas du premier, on punit dans l'autre. Ne traite-t-on pas de manière différenciée les religions ?Qu'on traite, de fait, les religions de manière différenciée, ce n'est pas exclu. Il est plus facile, dans notre pays, de se moquer des chrétiens que des juifs ou des musulmans. Cela peut d'ailleurs s'expliquer par de bonnes raisons : les chrétiens, en France, ne sont guère victimes de racisme ou de ségrégation ; on peut donc penser qu'ils ont moins besoin d'être protégés… Rappelons en passant qu'il en va tout autrement dans de nombreuses régions du globe : les chrétiens, aujourd'hui, sont sans doute la communauté religieuse la plus persécutée du monde ( le plus souvent par des fanatiques musulmans ).S'agissant de Dieudonné et de Charlie Hebdo, c'est différent. La loi interdit les incitations à la haine raciale, donc notamment l'antisémitisme. Elle n'interdit pas le blasphème. Faire « deux poids, deux mesures » n'est condamnable que s'il s'agit de deux objets identiques ou très proches. Mais il s'agit ici de deux objets clairement différents : la dénonciation d'un groupe ethnique, d'une part, la caricature d'un personnage religieux, d'autre part. Comme je n'ai vu aucun spectacle de Dieudonné, je me garderai bien de me prononcer sur son cas. Mais on ne peut pas reprocher aux juges d'appliquer la loi.Yves DauduYann PlougastelJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elian Peltier Blendle, un temps surnommé l’« iTunes de la presse », poursuit son expansion. Celle-ci passe désormais par les médias américains : la plate-forme hollandaise de vente d’articles à l’unité a annoncé, jeudi 12 mars, un partenariat avec le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal.Des contenus des trois titres américains seront prochainement disponibles sur ce service qui attire déjà 220 000 utilisateurs aux Pays – Bas, en attendant le lancement d’une version internationale en anglais, dans le courant de l’année.« Nous misons sur des titres prestigieux, capables d’attirer d’autres publications et des lecteurs dans le monde entier », a expliqué Alexander Klöpping au Monde. Le cofondateur de Blendle réaffirme également sa volonté de lancer à terme des versions nationales de Blendle en Europe, notamment en France et en Allemagne.Cette expansion était programmée : en octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement) pour favoriser ce déploiement international.CommoditéLes contenus des trois journaux américains vont donc s’ajouter à ceux de la quarantaine de titres hollandais et de The Economist, déjà présents sur Blendle. Les articles de journaux ordinaires y coûtent une vingtaine de centimes d’euros et les contenus plus longs, environ 1 euro ou plus. L’utilisateur reçoit 2,50 euros lors de son inscription pour acheter les premiers contenus, avant de devoir recharger son compte avec des cartes de 5, 10 ou 20 euros, sur un modèle proche de celui d’iTunes, la plate-forme musicale d’Apple.Alexander Klöpping et Marten Blankesteijn, les cofondateurs de Blendle, font un pari osé avec l’intégration des trois grands titres américains : faire payer pour des articles qui sont en partie gratuits sur leurs sites d’origine. Le site du New York Times est en effet doté d’un paywall qui permet aux internautes de lire dix articles gratuits par mois avant de devoir s’abonner – le seuil est de vingt pour le Washington Post.Sur Blendle, le lecteur devra payer quelques centimes d’euros dès le premier article de ces journaux pour le lire. Parmi les trois publications, l’intégration à Blendle semble davantage convenir au Wall Street Journal, dont le paywall plus restrictif ressemble au modèle des publications hollandaises.Mais M. Klöpping croit à l’intérêt de s’informer via Blendle, compte tenu de sa commodité. « Prenez Youtube et Spotify : les musiques du monde entier sont disponibles gratuitement sur Youtube, et pourtant les gens payent pour avoir Spotify, explique-t-il. Blendle doit être comme Spotify : une plate-forme agréable à utiliser, facile d’accès, et où vous pouvez retrouver vos amis qui partagent eux aussi des contenus ». Cette expérience, autant que les contenus eux-mêmes, justifie à ses yeux les quelques euros que l’on dépense sur Blendle.Priorité à l’EuropeMalgré des chiffres honorables aux Pays-Bas, où 20 % des inscrits sur la plate-forme rechargent leur compte, les négociations avec les publications européennes prennent du temps. MM. Klöpping et Blankesteijn veulent s’assurer la présence d’au moins deux-tiers des publications nationales sur un éventuel Blendle français ou allemand avant de lancer ces plates-formes. Les deux Hollandais de 28 ans se heurtent aux mêmes réticences que celles rencontrées aux Pays-Bas, où les négociations ont duré plus de deux ans : la peur, du côté des publications, de perdre des abonnés et de fragmenter l’offre éditoriale.L’engagement de journaux comme le New York Times pourrait changer la donne. « Ces grands titres américains suscitent l’attention mais notre démarche reste européenne, affirme M. Klöpping. C’est assez effrayant car nous ne nous sommes toujours pas lancés dans d’autres pays, mais je suis enthousiaste car si ça marche aux Pays-Bas, ça peut marcher ailleurs : on n’a pas besoin d’être Hollandais pour avoir envie de payer pour du journalisme de qualité. »Lire aussi : La start-up néerlandaise Blendle s'inspire d'iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetElian PeltierJournaliste au Monde Alexandre Piquard Il ferait sans doute un bon personnage de téléréalité, le genre qu’il a inventé. Bel homme, Néerlandais très souriant de 60 ans, John de Mol écrit ce jeudi 12 mars une nouvelle page de sa success story de producteur en vendant sa société de production Talpa au groupe de télévision britannique ITV. Le montant initial de la transaction est de 500 millions d’euros mais pourrait être porté à 1,1 milliard d’euros en fonction des performances futures du studio, a précisé l’acquéreur dans un communiqué.John de Mol va donc continuer au sein du groupe ITV l’activité qui a fait sa réputation de « pape de la téléréalité », capable d’inventer sans cesse des nouveaux concepts d’émission dont le caractère polémique n’a d’égal que les réussites d’audience : il a commencé en 1994 avec l’émission pionnière de la téléréalité « Big Brother », adaptée en France en 2001 sous le nom « Loft Story » (M6). Mais on lui doit aussi « Fear Factor » ou, dans un genre plus consensuel, le concours de chant qui fait actuellement le bonheur de TF1, « The Voice ». Sans compter les concepts qui n’ont pas marché ou n’ont pas été adaptés en France, comme « Beat the Best », « Battle of the Choir », « The Winner Is… », etc.Selon l’accord signé avec ITV, John de Mol et son équipe continueront à développer des émissions pour Talpa, en exclusivité. Le montant final de l’acquisition est conditionné à l’implication du producteur dans les affaires de l’entreprise dans les huit prochaines années.« Producteur majeur en Europe »Talpa a été fondée par John de Mol en 2004. La société revendique la création de 75 émissions, diffusées dans 180 pays. Auparavant, le producteur avait fondé en 1994 Endemol Entertainment, devenu Endemol. En 2000, le groupe de télécoms espagnol Telefonica avait racheté la société, dont John de Mol était resté actionnaire, avant qu’un nouveau tour de table soit réalisé en 2007 avec le groupe de Silvio Berlusconi.Talpa a un accord exclusif avec Shine France, la puissante filiale du groupe Shine (News Corp.), dirigé en Angleterre par Elisabeth Murdoch (fille de Rupert Murdoch). C’est via cette société – qui distribue « Master chef » ou « Amazing Race » –, qu’est notamment produit le télécrochet « The Voice » pour TF1.Pour ITV, cette acquisition doit permettre de poursuivre la stratégie de diversification dans la production et la distribution de contenus à portée internationale, engagée il y a cinq ans. Premier groupe de télévision privée au Royaume-Uni, ITV est présent dans la télévision gratuite et payante. Avec Talpa, il va « renforcer sa position de producteur majeur en Europe », souligne le communiqué.Ce deal est le signe du mouvement de consolidation est en cours dans le domaine de la production audiovisuelle en Europe. Les dirigeants du secteur estiment qu’il faut grossir, pour améliorer les coûts de production, mais aussi pour mutualiser les risques et ne pas être trop dépendants d’un pays, d’un type de programmes ou d’une chaîne. En France, cette analyse est partagée par les grands producteurs, qui ne sont pas les plus gros d’Europe. Mais cette vision est également reprise par les pouvoirs publics et les grandes chaînes, qui elles aimeraient être à l’avenir autorisées à investir davantage dans la production.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.03.2015 à 20h00 • Mis à jour le11.03.2015 à 21h00 | Alexandre Piquard François Jost est professeur à la Sorbonne nouvelle, directeur du Centre d’étude sur les images et les sons médiatiques, et auteur d’ouvrages sur la télé-réalité, dont Le Culte du banal (La Dispute). Il estime que « les jeux de l’extrême », comme « Dropped », sur le tournage duquel 10 personnes sont mortes, lundi 9 mars, « suivent le goût des Français », notamment pour les sports de l’extrême.On dit que les émissions de télé-réalité font de la surenchère dans l’exotisme et le dépassement de soi. Ne sont-elles pas au contraire plus prudentes qu’avant ?Un point va dans votre sens : l’émission « Dropped » avait pour candidats des champions sportifs, habitués à des performances extrêmes. Contrairement à d’autres émissions passées dans lesquelles les chaînes envoyaient des célébrités dans un milieu inattendu avec l’idée d’amuser grâce au décalage entre les personnalités et les conditions dans lesquelles elles étaient mises. Dans le cas de « Dropped », c’est tout l’inverse.La vogue des jeux d’aventure est-elle de plus en plus forte ?Il faut rappeler qu’il y a eu, bien avant « Koh Lanta », « La Course autour du monde » ou « La Chasse au trésor » : un candidat était dans un studio, résolvait des énigmes et Philippe de Dieuleveult se rendait dans des lieux indiqués en hélicoptère sur place. Il y a eu déjà eu des choses de ce genre, ce n’est pas nouveau.Depuis « Fort Boyard », on est passé dans les jeux de l’extrême : il y a un développement continu, qui suit le goût des Français pour les sports de l’extrême. Tous les étés, on voit des reportages dans lesquels des Français risquent leur vie, en parapente, en canyoning, dans des sauts à l’élastique…Le rôle des candidats a-t-il changé ?On en a peu parlé mais depuis les fameux procès tenus à la suite des plaintes défendues par l’avocat Jérémie Assous, les candidats sont devenus des professionnels, payés cher, avec des contrats de travail. On leur demande beaucoup. La télé-réalité est devenue un métier. On ne peut plus payer des gens à ne rien faire dans un loft.De plus, plus personne ne croit à la réalité de la télé-réalité, ce qui explique que la production a évolué vers des jeux.Les émissions d’aventure jouent-elles sur une forme de voyeurisme et de sadisme ou véhiculent-elles des valeurs de dépassement de soi et d’esprit d’équipe ?Ces émissions participent au culte de la performance. L’époque valorise cela. Le spectateur est aussi responsable de ces émissions. On a eu tout un deuil après la mort d’un candidat de « Koh Lanta » en 2013 mais les gens se sont de nouveau précipités sur l’émission quand elle a recommencé. Le sport génère chaque année la plus forte audience de la télévision. Il y a un goût de cela chez les gens, ils sont en demande.Pour les chaînes, les émissions de télé-réalité constituent-elles un enjeu d’image, en plus de celui d’audience ?Oui. Ce drame est très dur pour TF1. Quand TF1 évoque la performance des candidats, c’est une valeur qui va dans le sens de la chaîne. L’accident de « Dropped » est mauvais pour son image même si elle n’est pas directement responsable. Les émissions de télé-réalité participent à la construction de l’identité de la chaîne. TF1 met en avant des stars dans des jeux comme « Dropped », « Danse avec les stars » ou dans le jury de « The Voice »… On construit des héros en dehors des œuvres de fiction. M6 montre davantage d’anonymes, qui mangent, s’habillent… Dans ces émissions, le quotidien est héroïque.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.03.2015 à 02h55 • Mis à jour le21.03.2015 à 14h34 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Londres. Correspondant.Depuis sa fondation, en 1821 , The Guardian n'a connu que onze rédacteurs en chef. Le douzième, qui a été désigné vendredi 20 mars, sera une femme pour la première fois de l'histoire du quotidien de centre-gauche britannique. Katharine Viner, 44 ans, qui dirigeait son édition américaine en ligne, succèdera, l'été prochain, à Alan Rusbridger. Ce dernier, qui occupait ce poste depuis vingt ans, a conduit la révolution numérique et transformé le journal en un média d'audience mondiale, défiant les gouvernants en publiant les documents de la NSA fournis par Edward Snowden.« The Guardian », du journal local au média globalKhatarine Viner a promis de continuer à faire du Guardian « un lieu dédié au journalisme le plus ambitieux, aux idées et aux événements ». Elle va apporter son « immense expérience, son flair, sa convivialité, son imagination et sa formidable énergie à ses nouvelles fonctions », a assuré son prédécesseur.Le journal fait face à d'« importants défis »Mme Viner a été désignée à l'issue d'un long processus au cours duquel elle a rallié 53 % des voix de la rédaction au cours d'un vote consultatif. Elle figurait avec Ian Katz, rédacteur en chef à la BBC 2 et ancien du Guardian, sur la « short list » retenue par le Scott Trust, structure sans but lucratif qui est garant de l'indépendance éditoriale et financière du journal.Ancienne d'Oxford, Katharine Viner s'est fait un nom au Guardian non pas dans le domaine politique ou diplomatique, mais dans la couverture des modes de vie, puis dans plusieurs postes de rédaction en chef du secteur magazine. Son premier papier publié en 1992, intitulé « Tempête dans un bonnet D » était consacré aux femmes à la poitrine opulente, rapporte le Financial Times. Ces dernières années, elle a été chargée du lancement de l'édition numérique du journal en Australie avant de devenir, en 2014, rédactrice en chef de l'édition en ligne du journal créé aux Etats-Unis trois ans plus tôt.Alors que le tirage de la version imprimée du Guardian est tombé à 180 000 exemplaires et que des rumeurs circulent sur sa disparition, la nouvelle rédactrice en chef a déclarée que l'édition papier « ne doit pas entraver notre passage au numérique mais doit être vénérée au moment où nous choisissons de la conserver ». Elle n'a pas caché qu'en dépit d'« une structure de propriété exemplaire, d'une réputation mondiale et d'excellents journalistes », le journal faisait face à d'« importants défis ». A la recherche de son modèle économiqueEn dépit de scoops à répétition et d'une avance dans le domaine numérique, le journal, installé près de la gare de King's Cross à Londres, cherche toujours son modèle économique. Le quotidien et son édition dominicale The Observer ont perdu 30, 6 millions de livres (42,3 millions d'euros) en 2014. Le choix de la gratuité intégrale sur l'Internet, la qualité et les audaces rédactionnelles ont hissé le site du Guardian au second rang mondial parmi les médias d'information de langue anglaise, derrière le site Mail On line du Daily Mail et devant le New York Times. Mme Viner s'est d'ailleurs prononcée contre l'introduction d'un « paywall » (paiement au-delà d'un certain nombre d'articles consultés) pratiqué par ce dernier. « Economiquement, il est trop tôt pour l'écarter alors que nous tentons tous de survivre, a-t-elle déclaré en 2013. Mais journalistiquement, les paywalls sont totalement contraires à l'ouverture du web ». Mais les recettes publicitaires générées par le site du Guardian et son immense audience (7,35 millions de visiteurs uniques par jour contre 14,7 millions pour Mail Online) sont loin d'assurer l'équilibre en dépit d'une bonne performance financière dans le numérique (+ 24 % l'an passé). Le secret de la bonne santé rédactionnelle du journal en dépit de pertes répétées tient dans le « trésor de guerre » de 850 millions de Livres sterling (1175 millions d'euros) en avoirs et participations dans des sociétés lucratives détenu par sa maison-mère, le Guardian Group Media (GMG). Selon le Guardian lui-même, le placement de ce pactole permet au journal d'éponger ses dettes et d'assurer son indépendance éditoriale à perpétuité.Philippe BernardPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le débat sur l’avenir de Charlie Hebdo n’est pas nouveau au sein du journal mais il est aujourd’hui plus tendu. En cause, la fuite d’un e-mail dans la presse : jeudi 19 mars, l’AFP a rapporté que des membres de l’équipe de l’hebdomadaire satirique ont annoncé avoir créé une association afin de réclamer un fonctionnement plus collectif et transparent du journal, décimé par un attentat le 7 janvier.« Je suis écœuré que des éléments tirés de réunions internes se retrouvent dans la presse. Nous avions des engagements mutuels. Ce n’est pas digne de Charlie Hebdo », regrette Eric Portheault, directeur financier du journal et détenteur de 20 % du capital (le reste est détenu à 40 % par le directeur de la publication, Riss, et à 40 % par les parents de Charb, l’ex-directeur décédé).La gêne est perceptible. Du côté de la direction mais aussi du côté du collectif de journalistes, on assure ne pas avoir transmis le courriel à la presse. La masse d’argent reçue par Charlie Hebdo depuis janvier – plus d’une quinzaine de millions d’euros entre les dons et les ventes historiques du premier numéro et celles des suivants – accentue les crispations.Concrètement, la création de l’association est la concrétisation d’une volonté affichée depuis longtemps dans la rédaction. Celle-ci réclame une gouvernance plus ouverte, dans un journal au fonctionnement assez familial, avec trois directeurs et actionnaires concentrant l’essentiel des pouvoirs.>> Lire notre enquête : « Charlie Hebdo », une résurrection sous tensionDeux avocats engagés« Jusqu’ici, à Charlie Hebdo, il n’y avait pas de société des rédacteurs, alors que c’est courant ailleurs », explique Patrick Pelloux, chroniqueur et secrétaire général de la structure dont le président, Laurent Léger, journaliste d’investigation, est l’auteur de l’e-mail cité par l’AFP. Le collectif estime représenter la grande majorité des membres de l’équipe, dont le dessinateur Luz, par exemple. Il a engagé deux avocats, dont Antoine Comte, qui a notamment défendu le site Rue89, le Syndicat de la magistrature et l’homme politique Olivier Besancenot. Et pourraient accueillir des personnalités extérieures comme l’actrice Josiane Balasko ou le metteur en scène Jean-Michel Ribes.« Nous voulons être davantage informés et associés aux décisions », explique Patrick Pelloux. Le collectif demande de plus un audit financier, « pour couper court aux ragots sur l’argent et nous protéger, ainsi que la direction ».L’équipe va plus loin et réclame l’ouverture du capital à un actionnariat salarié. Formulée depuis plusieurs semaines, cette revendication est présentée comme le moyen de refonder le journal en le mettant aussi en phase avec ses convictions politiques. « Les sociétés anonymes lucratives ne sont plus modernes. Les sociétés coopératives ont de meilleurs résultats », estime Patrick Pelloux.C’est le point qui cristallise le plus les tensions. La dépêche était titrée : « Division à Charlie Hebdo sur l’argent du journal ». Des proches de la direction sous-entendent qu’il est indigne d’évoquer dès aujourd’hui la répartition future du capital car elle concerne notamment les 40 % détenus par Charb, dont les parents sont encore en deuil. La dessinatrice Coco, qui ne fait pas partie du collectif créé cette semaine, a envoyé un message dans ce sens.« En tant qu’avocat dans ce journal depuis vingt-trois ans, je m’interdis de m’exprimer dans les médias sur une situation qui me désole et qui m’inquiète. Je sens des tensions certaines. J’ai une pensée particulière pour les familles des victimes et me demande comment ils regardent cela », déclare Richard Malka. L’avocat est très actif dans la vie du journal et y a fait venir la communicante Anne Hommel, qui, comme lui, a travaillé pour Dominique Strauss-Kahn. M. Malka est aussi proche du dessinateur Riss.« On essaye de nous faire passer pour des cupides, c’est n’importe quoi », regrette Patrick Pelloux. Après l’élan de solidarité suscité par les attentats et les épreuves vécues par l’équipe du journal, « la direction ne peut simplement pas rester dans les mains de deux personnes [les actionnaires Riss et M. Portheault] ».Sur le fond, tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut débattre de la gouvernance, du capital, et même du journal lui-même. Mais les proches de la direction souhaitent prendre du temps, alors que d’autres dans la rédaction aimeraient aller plus vite. « Il ne faut pas toujours reporter. On n’ira jamais mieux… », plaide M. Pelloux.Parmi les chantiers du journal figure la répartition des dons, qui doivent être versés aux blessés et aux familles des victimes. Mais aussi la mise en place d’une fondation destinée à soutenir le dessin de presse, en France et dans le monde. Des objectifs qui, eux, font consensus.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Exercice difficile que celui auquel s’est livré le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui est allé répondre aux questions des salariés de l’entreprise réunis en assemblée générale, vendredi 20 mars.Le PDG de #RadioFrance seul face aux salariés en colère #grève pic.twitter.com/Hf93rTcfVd— LaGrue James (@Lagruejames) 20 Mars 2015Interrogé par une salariée sur la « faute morale » qu’aurait constituée la rénovation de son bureau pour un montant global de 105 000 euros, M. Gallet a répondu « comprendre cette colère », mais a ajouté que ces travaux avaient été votés avant son arrivée.Radio France : Mathieu Gallet fragilisé par le coût des travaux de son bureauSur les mesures d’économies envisagées pour résorber le déficit de l’entreprise, le PDG a expliqué poursuivre les négociations avec l’Etat pour fixer les objectifs et moyens de Radio France pour les cinq prochaines années."L'Etat ne va pas lâcher Radio France. Les négociations vont aboutir" #Gallet #RadioFrance— Jean Leymarie (@Jean_Leymarie) 20 Mars 2015M. Gallet a notamment expliqué que le départ de l’Orchestre national de France était une option."@delfsim: #Radiofrance #Gallet L'une des hypothèses est que l'Orchestre national de France "prenne son autonomie" Tollé."— Marion L'Hour (@MarionLHour) 20 Mars 2015« Je me bats avec l’Etat pour qu’il n’y ait pas de départs contraints », a également déclaré le PDG, en réponse aux inquiétudes sur un possible plan de départs qui pourrait concerner 300 à 400 personnes.M. Gallet a mis en avant le poids du chantier de rénovation de Radio France, dont le coût a explosé et qui pèse aujourd’hui lourdement sur le budget. Ainsi, sur les 21 millions d’euros de déficit programmés pour 2015, 15 millions relèveraient d’amortissements liés au chantier.L’interminable chantier de la Maison de la radioLes salariés ont aujourd’hui le sentiment de devoir payer un lourd tribut à ce chantier et estiment qu’on prépare des économies sur la production de contenus pour continuer à financer l’ouvrage.#Gallet:"Je suis toujours en négociation avec l'Etat pour pouvoir finir le chantier". Les salariés: "Mais arrêtez avec votre chantier!" #AG— Julie Gacon (@juliegacon) 20 Mars 2015À l’issue d’un échange qui aura duré une heure trente, le PDG a quitté la scène du Studio 104.Bon Ben M. #Gallet a posé son micro et est parti sous les huées. The end.— Margaux Duquesne (@MduqN) 20 Mars 2015« Les salariés ont eu des éléments de langage, mais aucun élément de réponse », a jugé l’intersyndicale (CGT, SNJ-CGT, SUD, UNSA, CFDT, FOSNRT) dans un communiqué, évoquant « une crise de confiance vis-à-vis du PDG ». « C’était un peu un dialogue de sourds », a estimé Lionel Thompson, journaliste et délégué CGT.Les salariés de Radio France ont voté, vendredi après-midi, la reconduction de leur mouvement de grève.Radio France : les dépenses de la direction auscultéesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 08h42 • Mis à jour le20.03.2015 à 14h31 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les tutelles de Radio France n’ont pas tardé à réagir, deux jours après les révélations sur les frais de rénovation du bureau de Mathieu Gallet. Selon les informations du Monde, une enquête a été diligentée, jeudi 19 mars, par les ministères de la culture et des finances pour vérifier les dépenses de la présidence, de la direction générale et du comité directeur de Radio France. La mission doit rendre ses conclusions dans une quinzaine de jours. Son périmètre d’étude sera notamment les frais de réception, les voitures de fonction et les frais de mission.Mardi soir, Le Canard enchaîné avait révélé que 105 000 euros avaient été dépensés en frais de rénovation du bureau du PDG. La direction avait expliqué que 70 % de ce budget correspondait à des frais de rénovation de boiseries en palissandre, une essence rare, ce qui s’apparente à de l’entretien de patrimoine, et que ces travaux avaient été décidés avant l’arrivée de M. Gallet. Néanmoins, ces révélations ont profondément marqué l’entreprise, confrontée à des exigences d’économies. Cinq syndicats ont engagé une grève illimitée, jeudi.Radio France : Mathieu Gallet fragilisé par le coût des travaux de son bureauJeudi, dans les couloirs de Radio France, on évoquait aussi cette Peugeot 508 choisie pour remplacer la Citroën C6 de Jean-Luc Hees, dont M. Gallet souhaitait changer la sellerie. La direction de l’entreprise dément que le nouveau PDG ait demandé ce changement de sièges et explique que le renouvellement du véhicule était logique, le précédent comptant 125 000 km au compteur pour une valeur Argus tombée à 6 000 euros.« Problème de légitimité »À la Maison ronde – le siège de Radio France à Paris –, ces différents éléments ont nourri l’ironie et, parfois, la colère des personnels. Surtout, pour les syndicats, ils constituent une arme majeure alors qu’une grève potentiellement longue a commencé.Lors d’une assemblée générale jeudi matin, le comportement de M. Gallet a fait partie des sujets de discussion. « Il y a désormais un problème de légitimité du président », a ainsi lancé Philippe Ballet, délégué UNSA. Décrit comme un « gestionnaire », parlant plus volontiers aux médias qu’aux collaborateurs de son entreprise, le PDG a ainsi été affublé de l’étiquette « bling bling » lors des échanges. Sa décision, jeudi soir, d’annuler un concert prévu à l’Auditorium – alors que les musiciens grévistes avaient dit vouloir jouer – et de fermer le bâtiment au public, laissant l’orchestre improviser un récital dans le hall, a créé l’incompréhension.« Nous nous réjouissons de la mise en place de cette enquête, déclare Jean-Paul Quennesson, délégué SUD et membre de l’Orchestre national. Il y a à l’évidence des dépenses qui ne s’imposaient pas ou auxquelles on pouvait surseoir. La priorité doit être donnée aux outils de production et non de réception. L’Etat réagit vite car ces informations sont dévastatrices pour la parole du PDG. »« Si l’enquête ne porte que sur les frais de mission ou de réception, c’est frustrant, nuance Renaud Dalmar, délégué CFDT. Nous avons un problème majeur qui est le chantier de rénovation de la Maison de la radio, dont les coûts ont dérapé, c’est cela qu’il faudrait contrôler. »« Purger le sujet »De son côté, la direction s’affiche tranquille et voit dans cette enquête une opportunité de sortir de la polémique. « Cette mission est une bonne chose, indique Catherine Sueur, directrice générale déléguée. Cela devrait permettre de purger le sujet. » L’espoir est aussi celui d’une levée rapide de la grève. Mathieu Gallet devait s’adresser aux salariés de Radio France, vendredi à 11 heures.Le calendrier est serré. À la direction comme au gouvernement, l’heure est aux « arbitrages » sur les mesures d’économies, mais aussi les grands axes stratégiques de Radio France pour les cinq prochaines années. Aux yeux du gouvernement, il est indispensable qu’on ne puisse pas attaquer l’exemplarité de la direction de l’entreprise pendant cette période. Débat au CSALa direction du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) garde ses distances. Elle rappelle qu’elle ne dispose pas des comptes financiers de Radio France et que c’est le ministère de la culture qui exerce la tutelle. Le président Olivier Schrameck n’a donc pas appelé Mathieu Gallet pour évoquer les travaux qui ont fait polémique. « Le CSA régule les radios et les télévisions, pas les bureaux des présidents », abonde une source en interne.C’est pourtant le CSA qui a nommé M. Gallet, au terme d’une procédure censée tourner la page des nominations de l’ère Sarkozy. Comment juge-t-il son action, après un an de mandat ? Là encore, la présidence souligne que le CSA est une autorité collégiale, dont les membres n’ont pour l’instant pas débattu du bilan de Mathieu Gallet, et ne devraient en principe pas le faire avant le point d’étape prévu fin 2015.Le CSA fait le choix de la prudence et d’une lecture juridique de son rôle et de celui de la tutelle, plutôt que de réagir à chaud. Une décision qui semble fondée sur le pari que la situation peut s’arranger pour Mathieu Gallet. Car les difficultés du président de Radio France pourraient être imputées indirectement au CSA qui l’a nommé.Une autre source au CSA a un avis plus sévère et inquiet : « Mathieu Gallet donne le sentiment d’un homme assez seul, et qui est peu épaulé par les ministères, à la culture mais aussi à Bercy. On a l’impression d’un homme qui a du mal à faire face à la tempête. » Le CSA s’est-il donc trompé en le choisissant ? « La question se pose », estime cette source, rappelant « l’espoir » de renouveau et de gestion sérieuse suscité par sa candidature. « Mathieu Gallet a-t-il l’étoffe d’un patron d’audiovisuel de service public, dans cette période troublée pour le pays ? Nous allons le voir », conclut-on. Pour le CSA, les tensions autour de la présidence de Radio France sont en tout cas un élément de pression supplémentaire, au moment où il gère un dossier très sensible : la nomination du patron de France Télévisions, au plus tard le 22 mai.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Constant Du jamais vu sur la TNT. A l'occasion de la diffusion du premier épisode de la version française de « Top Gear », mercredi 18 mars 2015 en début de soirée, RMC Découverte a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience). L'émission consacrée à l'automobile a rassemblé un maximum de 1 078 000 téléspectateurs, à 21 h 39. Diffusé dans la foulée, le second épisode a rassemblé 793 000 téléspectateurs, soit 4,4 % de parts d'audience.La chaîne appartenant au groupe Next Radio TV diffusait déjà la version originale de « Top Gear », célèbre émission de la BBC dont les audiences du dimanche soir sur BBC2 dépassent souvent les 5,5 millions de fidèles. Le 11 février 2015, RMC Découverte battait déjà son record d'audience, toutes émissions confondues, avec 480 000 téléspectateurs scotchés devant un épisode de « Top Gear » UK.Lire : « Top Gear », ou l’éloge de la puérilitéEn décidant de produire une version française avec des moyens importants et le savoir-faire de BBC Worldwide France, Alain Weill prenait un risque. Car le rapport des Français à l'automobile n'est pas le même que celui des Britanniques. « Je ne m'attends pas à doubler notre audience du mercredi soir » avait-il déclaré lors de la présentation à la presse des extraits du premier épisode de ce « Top Gear » made in France. Visiblement, la sauce a pris et le public a apprécié la prestation du trio de présentateurs composé de Philippe Lellouche, Bruce Jouanny et Yann Larret-Menezo.Lire aussi : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Ironie de l'histoire, « Top Gear » France démarre en trombe alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt en raison d'un incident ayant mis aux prises Jeremy Clarkson, son présentateur emblématique, et un producteur. Une suspension qui a ému les téléspectateurs britanniques : 950 000 personnes ont signé une pétition pour le retour de la vedette.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.03.2015 à 14h18 • Mis à jour le18.03.2015 à 16h49 Poursuivi pour apologie d'actes de terrorisme et provocation à la haine envers les juifs, le polémiste Dieudonné M'Bala M'Bala a été condamné, mercredi 18 mars, à deux mois de prison avec sursis en raison d'un message posté sur Facebook après les attentats djihadistes qui avaient fait dix-sept morts au début de janvier en France.Le parquet avait demandé deux cents jours-amende à 150 euros à l'encontre du polémiste, soit 30 000 euros d'amende. Une peine de jour-amende implique que le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s'il ne s'acquitte pas de la totalité de l'amende. Il encourait jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende, les faits présumés ayant été commis en ligne.« Charlie Coulibaly »Le 11 janvier, au soir d'une grande marche citoyenne en hommage aux victimes, le polémiste avait écrit qu'il se sentait « Charlie Coulibaly », détournant le slogan « Je suis Charlie », en référence à l'un des trois auteurs des attaques, Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre clients d'un magasin juif. Ses propos avaient ensuite été retirés de sa page Facebook.Assurant condamner « sans aucune retenue et sans aucune ambiguïté » les attentats, Dieudonné M'Bala M'Bala avait affirmé à l'audience qu'il avait souhaité participer à la marche à Paris, mais que sans retour du ministère de l'intérieur, qu'il avait sollicité, il s'en était senti « exclu » et traité comme un « terroriste ». Une argumentation qui n'a pas convaincu les juges. Outre le contexte, les magistrats ont fait valoir « l'amalgame provocateur » du polémiste, dont la portée des propos « ne pouvait être ignorée » : « Le sentiment d'hostilité à l'égard de la communauté juive que Dieudonné M'Bala M'Bala entretient auprès d'un public attiré par sa personnalité accroît sa responsabilité à raison de ses propos provocateurs. »Ni l'intéressé ni ses avocats n'étaient présents devant le tribunal pour le délibéré. Le polémiste attend un autre jugement jeudi dans une affaire de provocation à la haine envers les juifs pour des propos visant le journaliste Patrick Cohen. Mardi prochain, il connaîtra l'épilogue de la plainte déposée à son encontre après avoir qualifié, fin août 2013, Manuel Valls, alors ministre de l'intérieur, de « Mussolini moitié trisomique ».Lire aussi : Dieudonné : les principaux procès perdus depuis 2007 17.03.2015 à 20h49 • Mis à jour le18.03.2015 à 13h02 Près de 100 000 euros, contre 34 500 prévus. Le groupe Radio France a confirmé, dans la soirée de mardi 17 mars, la somme payée pour les travaux de rénovation du bureau de son président, Mathieu Gallet, cet hiver. Le Canard enchaîné avait révélé cette information dans son édition à paraître mercredi.Ce dépassement s'explique notamment par la restauration de « boiseries précieuses en palissandre » qui ornent une partie des murs de la pièce, selon l'hebdomadaire satirique, qui reproduit un document interne à l'entreprise publique. Cette opération effectuée par une entreprise spécialisée — et dont le montant avait été largement sous-estimé — a coûté à elle seule quelque 70 000 euros, a fait savoir Radio France à l'Agence France-Presse. Il s'agirait des premières restaurations de ce type depuis l'inauguration de la Maison de la radio en 1963.Quadruple préavis de grèveLes dépenses supplémentaires avaient été programmées dans un « budget de parachèvement des travaux » de 2,9 millions d'euros, selon le groupe du service public. L'ensemble de la Maison de la radio est en chantier depuis 2009. Sa réfection est la plus importante d'un bâtiment occupé en France. Ces travaux, d'un coût total de 350 millions d'euros, doivent s'achever entre la fin de 2017 et le début de 2018. L'incendie, survenu vendredi 31 octobre et dont les causes restent à établir, avait constitué l'énième péripétie d'un chantier devenu interminable.Lire aussi : L’interminable chantier de la Maison de la radioMais ces dépenses tombent au moment où Radio France a annoncé un « plan de retour à l'équilibre », après l'adoption par son conseil d'administration de son budget 2015, déficitaire de 21,3 millions d'euros — une première dans l'histoire du groupe de radios publiques.Vu la situation, le Syndicat national des journalistes (SNJ) Radio France s'est dit « abasourdi, choqué et consterné », mardi, par la confirmation des révélations du Canard enchaîné. Le SNJ a ajouté qu'il était « très inquiet, dans un contexte déjà alourdi par les menaces qui pèsent sur l'emploi et, à terme, sur les missions de l'entreprise ». Plusieurs syndicats du groupe, dont le SNJ, ont déposé pour jeudi un quadruple préavis de grève. Il s'agit du troisième appel à la cessation du travail en un mois contre un éventuel plan social et des mesures d'économies.Lire aussi : Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants » Alexandre Piquard .@JVCom x @Gamekult x @gamergen_com x @Gameblog, on a pas tous le même maillot, mais on a la même passion 💝 pic.twitter.com/CfJ4cyjrV7— Julien Chièze (@JulienChieze) March 13, 2015Tout a commencé par une photo bien banale en apparence : elle montre une tablée de six jeunes gens prenant la pose dans un restaurant japonais. Pourtant, le casting de cette image postée le 13 mars 2015 sur Twitter a déclenché une guéguerre dans le milieu du jeu vidéo : les personnages sont des journalistes de sites français spécialisés, dînant ensemble lors d’un voyage au Japon payé par Sony en compagnie d’un responsable des relations presse de cet éditeur de jeux. Le cliché a ravivé un débat sur l’indépendance des médias consacrés aux jeux vidéo, latent dans le milieu depuis plusieurs années.« Moi, ce qui me gave le plus dans ce genre d’histoire, c’est le repas de famille avec le RP de Sony, dénonce un des nombreux internautes qui ont commenté la photo sur les forums de Gamekult.fr, l’un des sites représentés dans le voyage incriminé, avec Jeuxvideo.com, Gamergen et Gameblog. Tu picoles avec le mec qui te vend un produit et qui en espère un bon retour dans ton papier. » Pour d’autres lecteurs, les journalistes ne devraient pas accepter un déplacement payé par une grande entreprise du jeu vidéo, même si cela permet de produire des articles de qualité.Gamekult cultive plutôt une image d’indépendance dans le secteur. Devant la polémique, son rédacteur en chef, Thomas Cusseau, alias « Yukishiro », a décidé de ne pas rester silencieux : « Au risque que certains tombent de l’armoire, lorsque Gamekult est invité à essayer un jeu au cours d’un événement presse (ou d’un voyage, dans le cas où le studio/la démo est à l’étranger/en province), le journaliste est défrayé de ses frais de transport et de nourriture par son hôte, l’éditeur », explique-t-il sur le site. Un peu incrédule, il met les lecteurs en garde contre la nostalgie – factice – d’un « Gamekult qui ne vendait pas ses fesses ». Les usages seraient en effet les mêmes depuis le lancement du média en 2001.« Ce n’est pas sniffer de la cocaïne »« Cela revient à interviewer un écrivain pour la sortie de son bouquin, ou un réalisateur au moment de l’arrivée de son film », ajoute le rédacteur en chef, citant la littérature et le cinéma, domaines où les lancements d’œuvres sont très contraints. Pour lui, les sites français cherchent à « développer du contenu intéressant » malgré le fait que de nombreux grands éditeurs de jeux sont américains ou japonais. « Bouffer au restau avec la délégation française après une journée de boulot, ce n’est pas non plus sniffer de la cocaïne sur le ventre d’une strip-teaseuse après 11 heures de ski nautique aux frais de l’éditeur », justifie Yukishiro.L’opération transparence aurait pu s’arrêter là si le rédacteur en chef de Gamekult n’avait ajouté dans son texte cette confidence prémonitoire, à propos d’un autre personnage présent sur la photo, Julien Chièze, rédacteur en chef du site concurrent Gameblog : « Pour être totalement transparent avec vous et au risque de réveiller je ne sais quelle “rivalité” factice (et débile), sachez que je “déconseille” aux membres de la rédaction depuis un an d’être pris en photo avec Julien Chièze et de participer aux contenus de Gameblog, quels qu’ils soient, ou de parler de Gameblog sur les réseaux sociaux. » Pour se justifier, le responsable de Gamekult affirme ne pas avoir « le moindre problème personnel » avec M. Chièze mais agir simplement en raison de sa « réputation ». Il invoque l’image de Gamekult et son besoin de « différenciation » éditoriale.L’attaque fait allusion à une rivalité sourde au sein de la presse dédiée aux jeux vidéo : Gamekult s’affiche plutôt comme un site avec du recul par rapport aux éditeurs, capable par exemple de mettre des notes basses à des jeux importants. Gameblog serait lui plus intégré dans le milieu des éditeurs ou verserait même dans le mélange des genres, comme lorsque Julien Chièze a lancé une petite agence de communication et d’événementiel. Ce dernier précise que la société n’a plus d’activité depuis mi-2013 et affirme : « Notre rédaction s’est toujours montrée totalement indépendante de toutes pressions exercées par les éditeurs, ce qui nous a valu, et nous vaut encore aujourd’hui (comme d’autres), certains blacklistages ». Un débat ancienTaclée par un site rival, la rédaction de Gameblog a sans surprise riposté lundi sur son site : « Les propos de Yukishiro sont directement assimilables à de la discrimination », y dénoncent les rédacteurs. Les journalistes pointent aussi les critiques incessantes – un « torrent de vomi » – dont Julien Chièze, qui se met régulièrement en avant sur les réseaux sociaux ou des vidéos, fait l’objet dans un forum de Gamekult. Ils déplorent « la radicalisation de Gamekult dans le but de satisfaire la frange la plus dure » de son lectorat. Et disent avoir toujours agi en toute transparence. En guise de taquet final : le texte moque le fait que le rédacteur en chef de Gamekult a modifié lundi son premier article pour effacer les références à Julien Chièze…L’affrontement peut passer pour une petite querelle intestine entre deux sites concurrents, mais il réveille un débat qui traverse le milieu, notamment depuis le « Doritosgate », fin 2012 : à l’époque, la photo d’un journaliste posant entre des chips Doritos et une affiche du jeu vidéo Halo 4, lors d’un salon professionnel, avait cristallisé les critiques visant l’influence des annonceurs et des éditeurs sur les médias, comme l’a raconté Arrêt sur images (ASI).Au cours du débat qui a suivi, les rédacteurs en chef de Gamekult et de Gameblog s’affrontaient déjà, dans une émission d’ASI, à laquelle participait aussi un chroniqueur de Jeuxvideo.com, site depuis racheté par le groupe Webedia. Parmi les enjeux pointés par la profession : faut-il accepter les tests de jeux vidéo réalisés dans les conditions imposées par l’éditeur (temps limité, matériel dernier cri, etc.) ? Peut-on prendre le risque de se voir supprimer un budget publicitaire en donnant une mauvaise note à un jeu ? #container_1426756079002 .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } #container_1426756079002 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1426756079002 .subtitre{ display:block; }Audience des sites français de jeux vidéo(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1426756079002", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('http://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('http://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);« Dictature du pire »« Vu les difficultés financières actuelles des sites de jeux vidéo, imaginer pouvoir se rendre à ces événements à l’étranger par nos propres moyens serait utopique », explique l’équipe de Gameblog dans son billet de lundi. En effet, pour s’en sortir, les sites ont deux options : soit créer des contenus qui attirent un maximum de lecteurs, afin d’attirer davantage de publicité. Ou de miser davantage sur la qualité et la communauté de lecteurs, dans l’espoir de réussir un jour à tirer des revenus d’offres payantes, à l’image du site Mediapart, dans le domaine de l’investigation.En attendant de trouver des solutions économiques pour leurs médias, Gameblog en appelle à une trêve, avec cette invitation : « Posons les armes, apaisons le climat, et ne plions jamais devant la dictature du pire qu’Internet a engendré. » Un programme ambitieux.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « A partir du mois prochain, Politico aura, dans les deux centres de décision politique et réglementaire du monde – Washington et Bruxelles –, plus de journalistes qu’aucune autre publication. » Le site d’information américain a montré ses muscles, dans le communiqué qui a annoncé, mardi 17 mars, le lancement de sa version européenne, le 21 avril. Il devrait effectivement avoir une rédaction égale ou supérieure à celle de ses concurrents, médias spécialisés ou grands journaux généralistes.Lancé en 2007 aux Etats-Unis, Politico revendique aujourd’hui 300 journalistes et s’est imposé comme une source incontournable pour ceux qui veulent suivre de près les réformes en cours et les coulisses de la politique sous la présidence Obama.>> Lire : Politico, dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeLe site explique vouloir décliner ce modèle en Europe, avec une équipe de 40 à 50 personnes, dont toutes ne seront toutefois pas installées à Bruxelles, certains étant correspondants dans les grandes capitales européennes (Paris, Londres, Berlin…) Son adresse Internet sera Politico.eu.Une équipe puissanteDans son communiqué, Politico détaille les noms de onze rédacteurs recrutés à Bruxelles : parmi ces personnes, un ancien correspondant en Pologne de l’hebdomadaire économique britannique The Economist, une journaliste américaine du quotidien tabloïd New York Post, une pigiste berlinoise du Wall Street Journal ou du New York Times… Il y aura aussi des journalistes de European Voice, une agence spécialisée acquise par Politico. L’équipe va être dirigée par Matthew Kaminski, un ancien du Wall Street Journal.Un autre nom est largement mis en avant par Politico : celui de Ryan Heath, qui aura la lourde tâche de produire l’équivalent bruxellois de « Playbook », la lettre matinale sur les coulisses de la politique américaine, lue par tous les décideurs de Washington et rédigée par la star Mike Allen.Ryan Heath a un profil « d’insider » absolu puisqu’il a travaillé pour la Commission européenne sous la présidence de José Manuel Barroso et été porte-parole de la commissaire Nellie Kroes. Transfuge de la politique et de la technocratie, il devra faire preuve de son indépendance et éviter le soupçon de conflits d’intérêts.Entre généralistes et médias spécialisésFace à cette équipe généreuse, le quotidien économique britannique Financial Times, considéré comme une référence sur les affaires européennes, ne dispose pour l’heure que de cinq personnes à Bruxelles (plus deux basés à Londres mais dédiés à l’Europe). Il envisage de recruter une personne pour renforcer son suivi des questions de concurrence économique. Le Monde a lui deux personnes sur place.L’irruption de Politico sur la scène européenne souligne les concurrences nouvelles auxquelles les grands médias généralistes sont confrontés : challengés sur Internet par des sites très grand public comme le Huffington Post, ils font aussi parfois face à des publications spécialisées. Politico a ainsi une partie accessible à tous, gratuitement, outre ses lettres payantes sur des thèmes comme l’énergie.L’agence de presse française AFP a une rédaction importante à Bruxelles, avec vingt personnes dont dix-huit journalistes (rédacteurs et autres métiers), mais elle a une couverture moins spécialisée que celle prévue par Politico.Du côté des médias spécialisés, le site américain devra compter avec l’Agence Europe, qui est parfois décrite comme le « journal officiel » des institutions européennes. Treize journalistes travaillent pour le site de cette publication quotidienne. Plus modeste, Europolitics se définit comme « le numéro un de l’information européenne indépendante » et a bonne réputation. Créé en 1972, le service a connu divers rachats et édite désormais un quotidien, un service Web et un magazine trimestriel, et propose, comme Politico, du contenu premium payant.L’agence Euractiv, dédiée à l’actualité européenne, revendique elle 12 rédacteurs à Bruxelles et 40 employés au total, dans 12 pays. Contexte, un pure player français qui se qualifie de « journal des politiques publiques françaises et européennes », a lui deux rédacteurs à Bruxelles et il en recrute actuellement deux autres.Un modèle économique plurielPour Politico, tout l’enjeu sera de réussir à transformer ces moyens pléthoriques en succès économique. Pour son aventure européenne, la publication a créé une joint-venture avec un partenaire puissant, le groupe de presse allemand Axel Springer.Politico ne publie pas ses chiffres mais le site serait rentable aux Etats-Unis. Une grosse part des revenus provient de la vente, pour plusieurs milliers d’euros par an, de ses lettres thématiques ; 80 des 300 journalistes américains de Politico sont chargés de les produire. Le reste provient de la publicité qui est insérée dans les newsletters, mais aussi dans les publications papier distribuées gratuitement sur les lieux de pouvoir. Sur ce modèle, 30 000 exemplaires seront ainsi imprimés quotidiennement en Europe, à Bruxelles et dans les capitales. Aux Etats-Unis, ces supports sont truffés de réclames pour des industries ou des lobbies. Enfin, Politico organise des conférences et des événements.Pour sa fête de lancement à Bruxelles, le 23 avril, le site américain a annoncé la présence du président du Conseil européen, Donald Tusk, du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stollenberg, ou encore du commissaire européen chargé du marché numérique unique, Andrus Ansip. Mais aussi de « quelques chefs de gouvernement ». A confirmer.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.03.2015 à 17h08 • Mis à jour le16.03.2015 à 17h28 | Alexis Delcambre Le départ prochain de Patricia Lévy, directrice de la régie publicitaire des Échos, a été annoncé aux personnels par un courriel de la direction du quotidien, lundi 16 mars, selon nos informations.Ce départ intervient trois jours après une « grève des tweets » par laquelle la rédaction des Échos entendait protester contre les intrusions publicitaires dans les espaces éditoriaux - mais il n’y a officiellement aucun lien entre ces deux événements.Grève des tweets aux « Échos »« C’est la vie d’une entreprise, a déclaré au Monde Francis Morel, PDG du groupe. Nous avons fait un constat commun qui nous a amenés à nous séparer. »M. Morel reprendra directement la gestion de la régie Echosmédias (Les Échos, Enjeux Les Échos, Série limitée, Capital Finance, Radio Classique, Connaissance des Arts, Classica et Les Échos Events), comme il le faisait avant l’arrivée de Mme Lévy. Patricia Lévy avait rejoint les Echosmédias en septembre 2013. Elle était auparavant directrice générale de SFR Régie.La Société des journalistes des Échos, elle, connecte ce départ aux débats qu’elle a menés ces derniers mois sur les formats publicitaires. Outre le tweet à tonalité commerciale du 4 mars, la rédaction des Échos estime que la régie publicitaire a eu tendance à multiplier les initiatives mettant en péril, selon elle, la crédibilité des contenus.La régie publicitaire avait également été épinglée - parmi d’autres services - par un audit sur la qualité de vie au travail, réalisé en novembre 2014.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean Peur ? Les clients, cet après-midi du dimanche 15 mars, se récrient avec une belle énergie : « Sûrement pas ! ». Et en en dévalisant fièvreusement les étalages de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes qui a tout juste rouvert ses portes le matin même, soit deux mois après la tragique prise d'otages, ils affirment, solennels, que « la vie est plus forte », qu'il faut « redresser la tête », « se serrer les coudes », « afficher une détermination et une solidarité sans faille ». Et surtout « ne renoncer à aucun rite, aucune tradition, aucune habitude du mode de vie juif », le passage à l'épicerie cacher, surtout quelques jours avant Pessah, la Pâques juive, étant incontournable.Peur ? Allons donc ! « Le magasin est désormais protégé, affirme Eddy, un jeune père de famille qui ne souhaite pas donner son nom. Aucune raison de trembler ! Vous voyez bien : les habitués sont revenus comme un seul homme, mais aussi des voisins, des amis, même des gens hors de la communauté venus parfois de lointaine banlieue juste pour dire : Coulibaly le barbare a échoué. » D'ailleurs vous verrez bien, annonce un client venu de Beauvais : « Comme Charlie et ses 7 millions d'exemplaires, l'Hyper Cacher va exploser son chiffre d'affaire. Tout le monde viendra le soutenir ! »Lire le récit (édition abonnés) : Dans le huis clos de l’Hyper Cacher de la porte de VincennesPeur ? « On est en France depuis des générations ! insiste Olga Seban, parente de l'ancien propriétaire de la chaîne Hyper Cacher. Deux oncles ont été tués à la guerre de 14, mon père a lui-même tenu les armes. Je me sens Française avant même de me sentir juive. Très Française ! Valls a eu des mots forts, la France est avec nous. Alors s'il y a place pour l'émotion en pensant aux victimes, il n'y en a pas pour la peur. »Profonde angoisseEt pourtant... Que l'on insiste un peu et l'inquiétude émerge. Que l'on s'enquiert des débats dans la communauté et tous admettent un malaise et des doutes, des questions sur l'avenir et une profonde angoisse sur la sécurité de leurs proches. « Des gens de ma famille songent à partir en Israël, admet Mme Seban. D'autres pensent aux Etats-Unis où j'ai déjà deux petits-fils. Alors que nous sommes si Français ! » Des insultes de plus en plus fréquentes dans la rue ou sur les réseaux sociaux, les militaires devant les synagogues et les écoles... « La vérité, avoue Edith Sebbag, vice-présidente de la communauté de Villejuif, c'est que la question du départ est désormais abordée dans toutes les familles ! » >> Lire (édtion abonnés) : Chez les juifs de France, la tentation de l’alya« Absolument ! » approuve une cliente en évoquant l'affluence record des salons de l'Alyah organisés par l'agence juive, et le succès des cours d'hébreu. « La situation n'a cessé de se dégrader, estime Mme Sebbag. Je ne reconnais plus la France de mon enfance. Beaucoup renoncent à porter des signes distinctifs. La kippa, l'étoile de David sont devenus dangereux dans le métro. Où allons-nous ? Et puis, dit-elle, approuvée par plusieurs personnes du magasin, s'il n'y avait pas eu Charlie, les Français ne seraient pas descendus dans la rue. On aurait été bien seuls ! »Pas d'indignation nationale après l'affaire Halimi. Pas de sursaut républicain après l'affaire Merah... « Comment s'étonner qu' Israel soit un recours, d'autant que le pays offre de vraies opportunités de travail... »L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, venu faire quelques courses dans les rayons du magasin, sort alors sous les photos et signes affectueux de nombreux clients. « C'est un devoir, pour moi, de venir ici. Des criminels ont tué au nom de l'islam. Ils ont vendu leur âme et pris notre religion en otage. Ils ont accompli l'horreur. Mais il faut penser à l'avenir, se tourner vers la vie, songer à nos enfants. Et être solidaires. Juifs français et musulmans français ont leur avenir ici, ensemble, en France. » Autour de lui, plusieurs femmes, artistes et intellectuelles, se sont donné rendez-vous. « Militantes de la paix ». Juives et musulmanes. « Soeurs, proclament-elles. Et unies à jamais. »Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les candidat(e)s à la présidence de France Télévisions devaient remettre leur dossier au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avant 17 heures, jeudi 26 mars. La « campagne » a été jusqu’ici très feutrée, voire illisible, et l’incertitude subsiste sur le nombre et l’identité des postulants. Sept personnalités seulement se sont officiellement dévoilées. Il est vrai que le CSA a laissé aux candidat(e)s la liberté de ne pas se faire connaître, espérant ainsi attirer de grands cadres de l’audiovisuel privé.A ce stade, le CSA a réceptionné les dossiers sous enveloppe. L’autorité les ouvrira, mercredi 1er avril, mais ne communiquera que le nombre de plis reçus, pas les noms. Elle établira ensuite la liste des candidats retenus, qui seront auditionnés pour une nomination prévue entre le 22 avril et le 22 mai. Mais là encore, aucun nom ne sera rendu public si un seul candidat s’y oppose. Les déclarésChristophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris et administrateur de France Télévisions depuis 2011, a annoncé sa candidature dans un entretien aux Echos, jeudi. Il s’appuie sur son bilan à la Monnaie de Paris, qu’il a redressée.Serge Cimino, 51 ans, est journaliste au service politique intérieure de la rédaction nationale de France 3, chargé de suivre le premier ministre et les partis de gauche. Il dit s’être présenté au nom du Syndicat national des journalistes (SNJ). Il est lui-même délégué syndical SNJ.Nacer Kettane, président et fondateur du réseau Beur FM, a annoncé lui aussi sa candidature, jeudi.Alexandre Michelin, 50 ans, actuel directeur général de Microsoft MSN pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, s’est déclaré candidat, fin février. Il a été directeur des programmes de Paris Première, avant d’en devenir le directeur général. Il a travaillé pour le groupe Canal + (directeur des contenus numériques, puis directeur des programmes et services) et dirigé France 5 durant trois ans sous la présidence de Marc Tessier. Il a rejoint Microsoft en 2007.Lire aussi :France Télévisions doit incarner la RépubliqueDidier Quillot a confirmé, jeudi 26 mars, avoir déposé sa candidature. Ingénieur de formation, âgé de 55 ans, il a démarré sa carrière chez Thalès avant de devenir directeur général de Tonna Electronique, filiale de Canal+, puis de rejoindre, en 1994, France Télécom où il est devenu directeur général de Telecom Mobiles Services, puis PDG d’Orange France. En 2006, il devient président du directoire de Lagardère Active (magazines et télévisions). Depuis 2012, il a rejoint le fonds d’investissement de la famille Benetton et présidé pendant deux ans la société Coyote System. M. Quillot met en avant son expérience de gestionnaire et de conduite du changement dans des entreprises de grande taille. Il souligne aussi sa double expérience dans les télécoms et les médias.Rémy Pflimlin a confirmé, jeudi, sa candidature à sa propre succession, dans un message interne à France Télévisions. M. Pflimlin, 61 ans, estime que ses chances ne sont pas nulles, car aucun nom ne sort du lot parmi les candidats évoqués dans la presse. Il compte défendre son bilan et le besoin de continuité pour France Télévisions.Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a elle aussi officialisé sa candidature jeudi dans un message interne. « Si ma candidature n’est pas retenue, nous continuerons notre chemin ensemble, écrit-elle à ses équipes. (...) Si elle est retenue, (...) nous tisserons de nouveaux liens. »France Televisions : Marie-Christine Saragosse (France medias monde) candidate, elle l'officialise dans un message interne— alexandre piquard (@apiquard) 26 Mars 2015Les probablesPlusieurs autres noms circulent, mais les intéressés ne commentent pas, comme ceux de Delphine Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, Cyrille du Peloux, cadre chez Veolia et ancien de TF1 ou Paris Première, Pascal Josèphe, du cabinet de conseil IMCA et ancien de France Télévisions, Emmanuel Hoog, PDG de l’agence de presse AFP, Nathalie Collin, directrice générale adjointe de La Poste.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.03.2015 à 16h11 • Mis à jour le25.03.2015 à 18h33 La BBC a annoncé, mercredi 25 mars, sa décision de se séparer du présentateur vedette de son émission automobile « Top Gear », Jeremy Clarkson.L'animateur de l'émission de divertissement la plus populaire du Royaume-Uni avait été suspendu de ses fonctions par la chaîne publique, début mars, à la suite d'une « altercation » au cours de laquelle il aurait frappé l'un des producteurs de l'émission.« C'est avec regret que j'ai dit aujourd'hui à Jeremy Clarkson que la BBC ne renouvelerait pas son contrat », qui expire fin mars, a indiqué dans un communiqué Tony Hall, le directeur général de la BBC. Il a jugé que le présentateur s'était rendu coupable « d'agression physique et verbale » à l'encontre d'un producteur.Lire : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Succès en FranceAu Royaume-Uni, la gloire de Jeremy Clarkson est intimement liée à « Top Gear », un programme très différent des classiques émissions automobiles. Mais ses écarts de conduite avaient amené la BBC à lui lancer « un dernier avertissement » et à le menacer de licenciement « s'il faisait la moindre remarque offensante, peu importe où et quand », avait-il lui même déclaré en 2014 dans The Sun.Ironie de l'histoire, alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt, « Top Gear » France connaît un succès sans précédent sur la TNT. La diffusion du premier épisode de sa version française, mercredi 18 mars en début de soirée, sur RMC Découverte, a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience).Lire : Démarrage en trombe pour « Top Gear » sur RMC Découverte Alexandre Piquard « Le Conseil a demandé au président Mathieu Gallet, auquel il maintient sa confiance, de lui communiquer l’ensemble des orientations élaborées pour faire face aux déséquilibres financiers de Radio France en prenant en compte l’intérêt de ses personnels. » Le communiqué du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est intervenu après une discussion en séance plénière, mercredi 25 mars, à propos de l’entreprise publique, qui connaît son septième jour de grève et dont le président est critiqué pour ses dépenses.Pouvoir de révocationLe CSA, qui a nommé Mathieu Gallet début 2014, s’exprime quelques heures après que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a mis la pression sur le président de Radio France. La ministre de tutelle a jugé trop peu abouties les propositions d’économies formulées par son président, confronté à une crise financière. « Je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné », a-t-elle exigé, demandant des documents sous quinze jours.Lire aussi :Fleur Pellerin juge insuffisantes les propositions de Mathieu Gallet pour Radio FranceLe communiqué du CSA, présidé par Olivier Schrameck, utilise des mot pesés : il demande des éclaircissements à Mathieu Gallet qui estime, contrairement à ce que dit la ministre, avoir proposé des pistes précises. Pour le CSA, c’est une façon d’être présent dans un face-à-face tendu entre Radio France et le gouvernement. Face à l’aggravation de la crise, l’autorité a une démarche qui se veut suivre celle du gouvernement : à la fin de la semaine dernière, après les révélations du Canard enchaîné, l’institution estimait plutôt ne pas être directement concernée, notant que la tutelle, pour les affaires économiques, était assurée par le ministère.Mais le CSA, au passage, assure renouveler sa confiance à Mathieu Gallet, au moment où le mécontentement à Radio France croît. Et où le gouvernement ne semble pas chercher à aider particulièrement le président nommé il y a un an par l’autorité indépendante. Alors que certains dans le secteur posent en privé la question du maintien de Mathieu Gallet, le CSA assure ne pas vouloir user pour l’heure de son pouvoir de révocation.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Bruxelles dévoile ses ambitions en matière de numérique. Mercredi 25 mars, le vice-président de la commission européenne en charge du numérique, Andrus Ansip, a présenté les grandes orientations de l’institution communautaire en la matière.Le numérique fait partie des priorités du président Jean-Claude Juncker, entré en fonction en novembre dernier. Parmi les principaux chantiers : une réforme du copyright, la question de la régulation des plates-formes ou la lutte contre le « géoblocking ». Le but étant de créer un vrai marché intérieur du numérique alors qu’aujourd’hui, il est morcelé entre autant d’États membres.« Les gens doivent pouvoir être capables, en ligne, de traverser les frontières aussi facilement qu’ils le font dans la vie réelle. Les sociétés du numérique doivent être aidées afin que leur marché soit aux dimensions de l’Union et non limité à son marché national » a déclaré M. Ansip, mercredi. Le commissaire est originaire d’Estonie, un des pays considérés comme les plus connectés au monde.Territorialité des droitsConcernant la réforme du copyright, l’idée est de permettre qu’un bien culturel en ligne (film, vidéo, etc.) puisse être consommé (acheté au besoin), quel que soit le pays de localisation de l’internaute. Actuellement, les abonnements à de la vidéo à la demande ne sont le plus souvent pas « exportables » : même s’il paie son abonnement, un client ne peut consommer que s’il se trouve dans le pays où il a acheté son service. En cause, le modèle économique du cinéma et d’une partie de l’audiovisuel : la territorialité des droits. Les droits de diffusion d’un film sont achetés pays par pays.Pour remédier à cette situation, certains, à la Commission, plaidaient, ces dernières semaines, pour une remise à plat complète de ces droits. Au Parlement européen, l’unique députée du Parti pirate, Julia Reda, a publié un rapport remarqué, en février, prônant la création de licences universelles.Mais Les associations d’ayants-droits, notamment en France, sont montées au créneau avec constance, ces dernières semaines, pour dénoncer des changements qui mettraient à mal de manière irrémédiable, le modèle économique notamment du cinéma.Il semble qu’ils aient été en partie entendus : attachée à prendre en compte la rémunération des auteurs et des éditeurs, la commission ne prévoit pas de légiférer avant l’automne prochain (et non avant l’été comme prévu initialement).Consultation publiqueBruxelles veut aussi s’attaquer au « géoblocking », le fait que certains services ou produits en ligne puissent être achetés depuis certains pays et pas d’autres. Ou que le prix des biens, sur un même site, diffère considérablement selon le pays de l’acheteur. Ainsi des locations de voiture, en Belgique, par exemple, dont le prix peut varier du simple au double, selon la localisation du loueur au moment où il effectue sa transaction. C’est un sujet plutôt consensuel mais qui nécessite pas mal d’ingénierie réglementaire.Autre gros projet, plus polémique, lui, la « régulation des plates-formes ». C’est-à-dire, même si ce n’est pas évoqué frontalement par la commission, la régulation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces quatre géants du web américain dont les chiffres d’affaires cumulés sont supérieurs au PIB du Danemark…La question est, entre autres, de savoir s’il faut considérer ces géants de l’internet uniquement au travers du prisme de la concurrence (comment mieux les réguler pour faire en sorte de corriger ce que d’aucuns pointent comme des distorsions, voire des abus). Ou alors estimer que ces groupes, devenus presque aussi puissants que des États, doivent désormais être considérés comme des sociétés faisant peser un risque systémique aux économies (comme les banques).La commission devrait lancer une consultation publique sur le sujet dans les semaines qui viennent. Dans l’institution, les avis sont partagés : il y a les tenants du laissez faire (Irlande, Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni) et les autres – France, Allemagne, Italie, Espagne, attachés à une meilleure répartition des profits entre les géants du net et les autres acteurs du numérique), et qui ne voudraient pas que le débat soit enterré.La décision finale – réguler ou pas les plates-formes dépendra aussi des conclusions de l’enquête que la commission mène depuis maintenant cinq ans sur Google pour abus de position dominante. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger Après la loi de programmation militaire (LPM, fin 2013) et la loi sur le terrorisme (2014) la loi sur le renseignement, qui a été présentée par le gouvernement le 19 mars 2015, inquiète les défenseurs des libertés.Lire : Renseignement : un texte sur mesure pour les services spéciauxChacune de ces lois contient des dispositions dangereuses pour la liberté de la presse, alerte Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.Que reprochez-vous au projet de loi sur le renseignement ?Depuis 2013, nous observons une accumulation inquiétante de textes qui tendent à soustraire les questions de censure du regard des juges, qui altèrent les procédures protectrices du droit de la presse et qui développent un système de surveillance sans assurer une protection suffisante du travail des journalistes. Cela a commencé avec la LPM, cela s’est poursuivi avec la loi sur le terrorisme et cela continue avec le projet de loi sur le renseignement. Ce n’est peut-être pas fini : le gouvernement entend faire passer dans le régime pénal commun de nouvelles infractions, des délits d’insulte et de diffamation aggravées.En quoi est-ce dangereux ?Le premier danger, c'est l'atteinte au secret des sources des journalistes. L’article 20 de la LPM [qui permet aux services de renseignement d'intercepter davantage de types de données] ne prévoyait pas de mécanisme de contrôle indépendant. Dans le projet de loi sur le renseignement, les prétextes pour mener une surveillance sont extrêmement variés, du terrorisme à l’exécution des engagements européens de la France. Au nom de ces impératifs sécuritaires, les services seront en mesure de collecter des métadonnées, d'intercepter des télécommunications, de surveiller des lieux privés, de localiser des véhicules ou d'accéder aux données des sociétés de transport.Aucun garde-fou n'est prévu pour protéger les journalistes, ce que même la Cnil a regretté. RSF demande que soit prévue une « exception journalistique » à ce régime de surveillance. Je ne crois pas que les services de renseignement passent l’essentiel de leur temps à surveiller les journalistes, mais dans une société démocratique ce risque doit être conjuré.Quel est le second danger ?Il s'agit de l'adoption de mesures qui sont moins protectrices de la liberté de la presse au prétexte de la lutte contre le terrorisme. La loi sur le terrorisme a fait sortir les délits de provocation et d'apologie du terrorisme de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, en prévoyant des peines très lourdes. RSF ne défend nullement ceux qui font l'apologie du terrorisme, mais traiter les délits d’opinion en dehors de la loi de 1881 est extrêmement dangereux. Certains magistrats non spécialisés ont d’ailleurs pris des décisions aberrantes, qui font dire à l’étranger que la France applique un double standard en matière de liberté d’expression.Lire : Apologie du terrorisme : la justice face à l'urgenceA long terme, c’est nuisible pour la liberté de l’information. Sortir l’injure et la diffamation de la loi de 1881 dès lors qu’elles auraient un caractère raciste, antisémite ou homophobe, ce serait prendre le risque que des journalistes puissent être renvoyés en comparution immédiate, y compris pour des articles ou sujets d’investigation. Les accusations peuvent être tellement rapides, même pour des révélations strictement factuelles… Dans ce cas, un journaliste ne pourrait même pas faire d’offre de preuves ! Il ne faudrait pas qu'on finisse par avoir une justice de la pensée faisant régner une police de la pensée.Quid des procédures de blocage de certains sites, prévues par la loi sur le terrorisme ?RSF n’a pas vocation à défendre des sites qui relèveraient de la propagande. Mais il est ennuyeux que des sites soient bloqués sans motivation publique. Il semble que l'un des sites supprimés récemment ne faisait pas l'apologie ouverte du terrorisme, si j’en crois la lecture du Monde, et aurait été supprimé au motif de la publication d’un discours du chef de l'Etat islamique. Il serait aberrant qu'en France on ne puisse plus rapporter les propos du chef de l'EI. Où s'arrête le droit de citation conforme aux principes de l'information et où commence la propagande ? C'est une question extrêmement complexe et c'est la raison pour laquelle des juges devraient statuer.Concernant le projet de loi sur le renseignement, comment se place la France par rapport à d'autres pays qu'étudie RSF ?Les situations sont difficiles à comparer. Dans une démocratie comme les Etats-Unis, un pays où la liberté de la presse est une grande tradition, la traque des lanceurs d'alerte est absolument excessive. L'une des conséquences du Patriot Act voté après le 11-septembre a été de créer peu à peu une forme d'exception à la liberté d'information sur les questions de sécurité nationale. Des journalistes sont poursuivis et même condamnés pour avoir révélé des informations relevant de l'intérêt public. Il serait absurde d’alléguer que la France est en train de rejoindre la Chine, l'Iran, Bahreïn ou le Vietnam : la comparaison n’a aucun sens, mais très clairement, ces lois font peu à peu sortir de la logique de protection une partie des questions liées à la liberté d'expression.Allez-vous, sur la loi sur le renseignement, attaquer les décrets d'application ?Nous avons introduit des recours contre la LPM. Sur la loi contre le terrorisme, nous avons rédigé toute une argumentation pour le dépôt de questions prioritaires de constitutionnalité. Pour la loi sur le renseignement, il est prématuré d’envisager une action puisqu'elle n’a pas été adoptée. Faisons en sorte que le gouvernement corrige le tir.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sylvie Kerviel Jacques Cressard, ancien député d'Ille-et-Vilaine, est décédé samedi 7 mars à Rennes (Ille-et-Vilaine), où il vivait, à l'âge de 79 ans. Il est mort des suites d’une opération après s’être brisé le col du fémur. Gaulliste de conviction, membre de l’Union des démocrates pour la République (UDR) puis du Rassemblement pour la République (RPR), il est l'auteur de la loi Cressard du 4 juillet 1974, reconnaissant aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et leur accordant des indemnités de licenciement.Né en avril 1934, Jacques Cressard fait son entrée à l’Assemblée nationale en 1968, à 33 ans, après avoir réussi à battre aux élections législatives le centriste Henri Fréville, alors maire de Rennes et député sortant. Il sera réélu deux fois, en 1973 et 1978, avant d'être battu par le socialiste Edmond Hervé en 1981, lors de la vague rose.Jacques Cressard a aussi été vice-président du conseil général d'Ille-et-Vilaine, conseiller régional et conseiller municipal de Rennes.Des droits pour les pigistesFils de Pierre Cressard, journaliste à Ouest-France, issu d’une fratrie de onze enfants dont plusieurs ont opté pour ce métier, à l’instar d’Armelle Cressard, qui fut journaliste au Monde, le député permettra aux journalistes pigistes, au statut précaire, d’obtenir des droits. La loi portant son nom, datée du 4 juillet 1974, reconnaît aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et notamment le droit à des indemnités de licenciement en cas de fin de collaboration. « Toute convention par laquelle une entreprise de presse s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un journaliste professionnel est présumée être un contrat de travail quels que soient le montant et le mode de la rémunération », indique le texte, voté à l’unanimité.A l’Assemblée, Jacques Cressard s’était aussi distingué en prenant position dès 1969 en faveur de l’abolition de la peine de mort.En 1981, après avoir perdu les élections, il reprit son métier de professeur d'histoire-géographie, qui le passionnait, notamment au collège public Anne-de-Bretagne de Rennes. Il est l’auteur de plusieurs livres, parmi lesquels Monsieur Henri, la Cancalaise (éditions L’Amitié par le Livre, 1966), l'histoire d'une femme bourreau, co-écrit avec son père. Il avait aussi participé à une émission littéraire, « Lu et approuvé », à l'ORTF. Sylvie KervielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Il faut rapidement renouer les fils du dialogue social et rétablir une forme de sérénité », déclare Fleur Pellerin au sujet de la crise à Radio France. Alors que le PDG de l’entreprise, Mathieu Gallet, appelle l’Etat à faire des choix, la ministre de la culture ne cache pas sa préoccupation face à ce conflit qui semble s’enliser.Mercredi 25 mars, l’entreprise vivait sa septième journée consécutive de grève – son plus long mouvement social depuis dix ans –, synonyme de lourdes perturbations sur les antennes. Le dialogue entre la direction et les syndicats est dans l’impasse. Et M. Gallet doit à nouveau faire face à des révélations sur ses dépenses. Dans son édition du 25 mars, Le Canard enchaîné met au jour un contrat de 90 000 euros conclu entre Radio France et un consultant en communication, Denis Pingaud.Plan de départs volontairesLe climat s’est durci mardi, lors d’un comité central d’entreprise (CCE), quand la direction a confirmé l’hypothèse d’un plan de départs volontaires destiné aux seniors, qui concernerait 200 à 300 salariés. Soit une économie de 17 à 24 millions d’euros, sur les 50 millions de réduction budgétaire que l’entreprise veut atteindre en 2019. Une information qui aurait dû rester confidentielle, mais qu’un syndicat a fait fuiter, nourrissant la colère des salariés.Au ministère de la culture, qui exerce la tutelle sur Radio France, Mme Pellerin rappelle son souci de « respecter les salariés et de tenir compte de leur inquiétude ». Ceux-ci attendent surtout l’issue des négociations entre Radio France et l’Etat, qui doivent aboutir à la signature du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) de l’entreprise. « Je veux conclure ce travail en avril, assure Mme Pellerin. Mais pour cela, je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné. A ce stade, les propositions qui m’ont été faites ne sont pas toutes fermes ou abouties. »Le message, teinté de reproche, est adressé au PDG de Radio France, Mathieu Gallet. Pourtant, depuis trois mois, celui-ci multiplie les propositions : élargissement du type d’annonceurs sur les antennes, fin des diffusions sur les ondes longues et moyennes, fusion des orchestres, fermeture de chaînes comme FIP ou France Musique… Mais cette série d’hypothèses semble avoir créé de la confusion, voire de l’agacement.L’Etat refuse d’apparaître comme le responsable des choix de l’entreprise, notamment s’il s’agit d’éventuelles suppressions de postes, auxquelles les syndicats restent fermement opposés. « C’est un dialogue, rappelle Mme Pellerin. Le rôle de l’Etat est d’arbitrer, celui de la direction de l’entreprise de proposer un projet concret : nous ne sommes plus en gestion directe. » Selon nos informations, la ministre a rencontré M. Gallet, mercredi matin, pour lui demander formellement de lui remettre un projet stratégique finalisé.Recours à l’empruntMais la direction de Radio France n’est-elle pas fondée à pointer les incertitudes financières qui pèsent sur ses choix, et de demander à l’Etat de mieux garantir ses ressources futures ? Le ministère est conscient du fait que le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio, dont les prochaines phases ne sont aujourd’hui pas financées, empêche de stabiliser des scénarios. « Nous expertisons les solutions pour sortir de cette impasse financière due aux retards du chantier, qui cristallise tous les problèmes, pour que Radio France puisse passer à autre chose », annonce la ministre.Selon nos informations, la solution la plus probable est celle d’un recours à l’emprunt, pour un montant qui pourrait s’élever à 150 millions d’euros. Mais pour répondre aux besoins de financement du chantier, cet emprunt devrait être finalisé avant l’été. Cela implique que Radio France puisse proposer très vite aux banques un plan d’affaires jusqu’en 2019. Or ce télescopage entre calendrier financier, négociation du COM et négociations sociales est devenu très délicat à manier.Sans parler de l’impact des révélations sur les dépenses de M. Gallet, qu’il s’agisse de la rénovation de son bureau ou de son recours à un conseiller externe en communication. L’exécutif mesure combien ces informations stérilisent le dialogue avec les syndicats. « Nous avons immédiatement diligenté une enquête de l’inspection générale des finances concernant les dépenses de l’ensemble du comité exécutif, dont les résultats seront connus très rapidement », rappelle Mme Pellerin, soucieuse de « garantir un contexte de totale rigueur et de parfaite exemplarité des dirigeants dans les choix de dépenses qui les concernent directement ».« Le problème, c’est la méthode »M. Gallet, nommé en 2014, n’a-t-il pas hérité d’une situation financière dont la gravité n’avait pas été mesurée ? « Les racines du problème financier sont anciennes, estime Mme Pellerin. Elles datent du contrat d’objectifs et de moyens 2010-2014, dont la trajectoire financière n’était pas tenable. En 2012, nous avons demandé un effort à Radio France comme à tous les opérateurs publics. La contrepartie était que l’entreprise s’adapte à cette nouvelle donne, ce qui n’a pas été le cas. »Le contexte de la fin de mandat de Jean-Luc Hees, qui s’est présenté à sa succession avant d’être éconduit par le CSA, n’a probablement pas favorisé l’émergence d’un tel travail.Mais d’autres, au sein de l’exécutif, pointent la responsabilité directe du PDG actuel dans la détérioration du dialogue social à Radio France. « La situation de l’entreprise est loin d’être ingérable, juge une source gouvernementale. Le problème, c’est la méthode qu’a choisie Mathieu Gallet. Beaucoup communiquer sur la situation et la dramatiser a abouti à rompre le dialogue. On ne peut pas parler que d’économies, d’ondes courtes et d’orchestres, il faut un projet. » Comment sortir de l’impasse ? Est-il trop tard ? Le ministère devait aussi recevoir les responsables syndicaux, mercredi. La nomination d’un médiateur est une idée que certains évoquent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Rémy Pflimlin est candidat à sa propre succession à la présidence de France Télévisions, selon nos informations qui confirment celles des Echos publiées mercredi 25 mars. Certes, la direction de l’entreprise ne confirme pas et il n’a pas encore déposé de dossier au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit procéder à la nomination, entre le 22 avril et le 22 mai. Mais l’affaire ne fait plus de doute.Le président de France Télévisions avait dit qu’il attendrait pour se décider la publication, début mars, du « rapport Schwartz », dont le gouvernement s’est inspiré afin d’écrire une feuille de route pour l’entreprise d’audiovisuel public. Dans la foulée de sa publication, les ministres ont affiché des priorités – renforcer l’information, soutenir la création, renouer avec la jeunesse – qui semblent compatibles avec les orientations de la direction actuelle de France Télévisions.Besoin de continuitéLe « rapport Schwartz » lui est en tout cas moins hostile que le pré-rapport rédigé par le CSA sur le bilan des quatre années de mandat de Rémy Pflimlin : fuité dans la presse, il avait été jugé trop à charge, obligeant le CSA à reporter sa publication du document final, plus équilibré.Le président Pflimlin estime que ses chances ne sont pas nulles, car aucun nom ne sort du lot parmi les candidats évoqués dans la presse. Il compte défendre son bilan et le besoin de continuité pour France Télévisions. Le choix de Mathieu Gallet comme président de Radio France, en 2014, avait été interprété par certains comme un pari sur la jeunesse et un profil de pur gestionnaire. Ses difficultés actuelles pourraient servir les intérêts de Rémy Pflimlin.Il reste un défi de taille pour Rémy Pflimlin : faire oublier qu’il a été nommé en 2010 par le président de la République Nicolas Sarkozy, une procédure de désignation avec laquelle François Hollande a voulu rompre, pour se démarquer de son prédécesseur. Le président socialiste a tenu à confier ce pouvoir à une autorité autonome, le CSA. Les deux procédures n’ont qu’un point commun : jamais aucun président de France Télévisions n’a été renouvelé. Le rappeler est pour Rémy Pflimlin une arme à double tranchant.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.03.2015 à 11h41 • Mis à jour le25.03.2015 à 13h18 L'essentielCinq syndicats de Radio France ont lancé jeudi 19 mars une grève illimitée.Selon les syndicats, la direction a annoncé mardi qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de 200 à 300 salariés seniorsLa grève paralyse très largement les antennes du groupe public. De nombreux programmes sont remplacés par une bande musicale.La situation demeure bloquée à Radio France, fortement perturbée depuis six jours par une grève contre toute réduction d'effectifs. Cinq syndicats du groupe public à l'origine de la mobilisation ont d'ailleurs appelé mardi 24 mars à reconduire la grève pour un septième jour consécutif. Selon plusieurs sources syndicales, la direction avait annoncé plus tôt lors d'un CE extraordinaire qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de deux cents à trois cents salariés seniors, afin d'économiser jusqu'à 24 millions d'euros de masse salariale d'ici à 2019. Ces informations sont « confidentielles », s'est contentée de réagir la direction.Le syndicat SUD a déjà annoncé qu'il allait exercer un droit d'alerte sur la situation économique de l'entreprise, selon France Info. Grève illimitéeRadio France, qui prévoit un déficit de 21,3 millions d'euros cette année, doit économiser 50 millions d'euros, avait indiqué en début d'année son président, Mathieu Gallet. Cible d'une polémique sur les coûteux frais de rénovation de son bureau, révélés la semaine dernière par le Canard enchaîné, ce dernier a dû présenter lundi ses excuses au personnel dans un courrier interne. Il avait aussi averti que la direction travaillait sur des départs volontaires pour les seniors, sans chiffrer leur ampleur.Lire aussi notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Tous les syndicats, sauf le Syndicat national des journalistes, ont appelé jeudi dernier à une grève illimitée, pour l'instant reconduite de jour en jour. Malgré un taux de participation faible – 244 grévistes lundi selon les syndicats –, les antennes sont très largement paralysées, de nombreux programmes étant remplacés par des bandes musicales. Lundi et mardi, la Matinale de France Inter, son émission phare, a notamment été annulée.Radio France négocie actuellement avec l'Etat son nouveau contrat d'objectifs et de moyens, qui fixera les ressources du groupe pour plusieurs années, et qui devrait être bouclé pour la mi-avril. Autre échéance, la publication imminente d'un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de Radio France au cours des années passées, qui devrait épingler le dérapage des coûts du chantier de rénovation de la Maison de la radio, un chantier entamé en 2009 et d'un coût de plus de 350 millions d'euros.Lire aussi : Radio France : les dépenses de la direction auscultées Cédric Pietralunga Familier des manœuvres boursières, Vincent Bolloré ne s’attendait sans doute pas à un tel coup de Trafalgar. Lundi 23 mars, le fonds américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) a déposé deux résolutions auprès du directoire de Vivendi pour réclamer une hausse du dividende versé aux actionnaires et un éclaircissement de la stratégie du géant tricolore, dont le milliardaire breton préside le conseil de surveillance depuis juin. Ces deux résolutions devraient être inscrites à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril.« PSAM estime que Vivendi est nettement sous-valorisé du fait de sa trésorerie excédentaire, de sa politique de distribution inadaptée et de l’incertitude liée à l’utilisation à venir de ce capital », explique le hedge fund dans un communiqué publié lundi. Concrètement, le fonds new-yorkais reproche à Vivendi d’avoir vendu pour quelque 15 milliards d’euros d’actifs depuis dix-huit mois (SFR, GVT, Activision Blizzard, Maroc Telecom) mais de n’en reverser que 5,7 milliards à ses actionnaires. « Aucune compagnie de la taille de Vivendi ne dispose d’un tel montant de cash inutilisé, c’est anormal », explique au Monde Peter Schoenfeld, venu à Paris défendre ses positions.Fort de 0,8 % du capital de Vivendi qu’il dit représenter, PSAM demande au géant des médias de redistribuer 9 milliards d’euros à ses actionnaires. « Cela laisserait encore une trésorerie excédentaire de plus de 5 milliards d’euros à Vivendi, largement de quoi lui permettre de continuer son développement », assure M. Schoenfeld, dont le fonds dispose de 3,4 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Surtout, celui que le Financial Times surnomme le « Deal Junkie » estime que l’action Vivendi restera sous-cotée tant que M. Bolloré ne précisera pas sa stratégie. A 22,90 euros, le cours de Bourse du groupe tricolore est loin de sa « valeur intrinsèque d’environ 25 euros à 27,50 euros par action », assure PSAM. Nombreuses rumeursPas impressionnée, la direction de Vivendi a réfuté par avance les arguments avancés par PSAM. « Le directoire dénonce les tentatives de démantèlement du groupe (…) et réaffirme sa volonté de construire un groupe industriel mondial, champion français des médias et des contenus », a indiqué le géant tricolore dans un communiqué publié lundi, rappelant que M. Schoenfeld réclamait également depuis plusieurs mois la vente de sa pépite Universal Music. « Distribuer plus d’argent aux actionnaires réduirait considérablement la marge de manœuvre du groupe, ce n’est pas ce qui est souhaité par la majorité d’entre eux », assure un proche de la direction de Vivendi. Premier actionnaire de l’ex-Générale des eaux, M. Bolloré a récemment porté sa participation de 5,15 % à 8,15 %, moyennant un investissement de 852 millions d’euros.Mis sous pression, l’industriel bigouden, qui affirme vouloir créer un « Bertelsmann à la française », pourrait néanmoins dire plus vite que prévu ce qu’il compte faire du trésor de guerre de Vivendi. Alors que le groupe martèle depuis des mois privilégier la croissance organique, de nombreuses rumeurs circulent sur son intérêt pour le groupe Amaury (Le Parisien, L’Equipe, le Tour de France, etc.) ou pour Lagardère Active (Paris Match, Elle, Europe 1, etc.).Lire aussi :La stratégie de la tirelire du Groupe BolloréEn Italie, son nom est également cité pour monter à l’assaut de Telecom Italia, que M. Bolloré connaît bien pour avoir longtemps été l’un de ses premiers actionnaires par l’intermédiaire de Mediobanca. Déjà, l’espagnol Telefonica lui a cédé 5,7 % du capital de l’opérateur italien (plus 4,6 milliards d’euros en numéraire) en échange du brésilien GVT. Preuve que les choses bougent, Vivendi a pour la première fois reconnu lundi qu’il comptait mener « une politique de développement interne et externe ambitieuse ». L’attente ne devrait plus être très longue…Lire aussi :Numericable-SFR : Vivendi cède ses 20 % à Drahi Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof Une soixantaine de départs, la fusion de plusieurs éditions locales, une hausse du prix de vente du quotidien : le plan de sauvegarde de l’emploi de La Provence, doublé d’un plan stratégique de développement, sera détaillé mercredi 25 mars à Marseille devant les représentants du personnel, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire. Il cible des économies tous azimuts et une réorientation des équipes rédactionnelles sur l’information régionale.Le groupe de presse, installé à Marseille et propriété de Bernard Tapie, vit depuis plusieurs années une forte érosion de son lectorat. En décembre 2014, il vendait moins de 108 000 exemplaires par jour. Depuis 2010, le quotidien a perdu plus de 17 % de ses lecteurs. L’an dernier, il a également vu ses recettes publicitaires fondre de 14 % et fait face à une situation économique compliquée. « Grâce à des reprises de provisions, nous avons fini 2014 presque à l’équilibre… Mais il y a bien 3,5 millions d’euros annuels d’économies à trouver pour ne pas se retrouver en situation d’urgence », explique Claude Perrier, le nouveau président directeur général du groupe, nommé le 20 février.Bernard Tapie a hésitéDans un paysage médiatique marseillais en plein marasme – le quotidien La Marseillaise et le mensuel Le Ravi sont en redressement judiciaire, le site d’infos Marsactu a été liquidé le 4 mars –, La Provence n’a pas le choix : « Il faut réduire fortement les coûts et travailler sur une relance par les revenus », expose le patron du groupe, ancien directeur du réseau radiophonique France Bleu.« La stratégie était identifiée depuis juillet [2014], confie un haut cadre de La Provence, mais Bernard Tapie a beaucoup hésité… Il ne savait pas trop ce qu’il voulait. » L’actionnaire principal, en difficulté dans le cadre de l’arbitrage de l’affaire Crédit lyonnais-Adidas, a finalement donné son accord mi-février pour lancer les grandes manœuvres. « M. Tapie a fortement investi dans le plan de relance du journal », assure M. Perrier, sans vouloir donner de chiffres.Diffusée sur trois départements, La Provence compte actuellement treize éditions locales différentes. Une poignée d’entre elles devraient être fusionnées pour réduire les coûts d’impression, notamment dans le nord du Vaucluse, le pourtour de l’étang de Berre ou la zone Aubagne-La Ciotat. Cette réduction doit permettre au journal, imprimé dans son siège sur ses propres rotatives, de faire également baisser les effectifs d’ouvriers du livre qu’il emploie quotidiennement.« Relance par le contenu » « La baisse des effectifs du journal est une obligation… Mais nous ferons tout pour qu’elle se déroule uniquement sur la base du volontariat », assure Michel Clau, le directeur des ressources humaines. Comptant actuellement 700 salariés – 950 en intégrant les effectifs de Corse-Matin, également possession de M. Tapie –, La Provence vise une soixantaine de départs, dans tous les secteurs de l’entreprise : administratif, technique et rédactionnel. « Le dialogue social a déjà été fructueux », assure, à ce sujet, M. Perrier. Un avis que ne partagent pas forcément les syndicats. « Nous manquons encore de visibilité, tempère Romain Luongo, responsable FO journalistes. Notamment sur le nombre de réunions de négociation que nous aurons et sur la façon dont la rédaction sera réorganisée. »S’il souhaite concentrer le nombre de ses éditions locales, le quotidien du sud-est promet que le contenu ne subira pas de nouvelle cure d’amincissement. « Nous sommes persuadés qu’il y a encore une place pour le papier, à condition de jouer la carte de la valeur ajoutée », note M. Perrier. Depuis quelques mois, La Provence étudie toutefois la possibilité d’acheter des contenus nationaux et internationaux à des quotidiens parisiens. « L’hypothèse a été abandonnée, promet le nouveau PDG. Nous savons produire de l’information nationale. Il n’y aucune raison pour que nos équipes soient privées de ce travail, même si notre ADN, comme c’était le cas pour France Bleu, est avant tout l’information locale. »La nouvelle direction compte aussi beaucoup sur ses projets numériques – « y compris la Web-télé et la radio » – et un secteur événementiel qui a déjà rapporté 1,5 million d’euros en 2014. Une hausse du tarif de vente (1,10 euro actuellement) est aussi prévue. « Nous avons atteint un tel niveau de lecteurs que, aujourd’hui, les gens qui nous achètent encore ne sont plus sensibles à une petite augmentation de prix », juge-t-on à la tête de l’entreprise. En 2014, une hausse a déjà touché une partie des éditions du journal. « Il n’y a pas eu d’effet marquant sur les ventes par rapport aux zones où nous avons gardé le prix inchangé », rappelle-t-on.Lire aussi : « La Provence » face à l’inconnue TapieLe plan de réduction des coûts ne devrait pas frapper trop brutalement les effectifs de la rédaction de La Provence. Avec 39 départs chez les journalistes en 2014, à la suite du rachat par M. Tapie, le nombre des journalistes est tombé autour de 175. « Un point bas », reconnaît-on à la direction du groupe, où l’on précise que « des départs volontaires pourraient avoir lieu ». « Les journalistes, c’est le cœur du réacteur », assure M. Clau, lui-même issu de la rédaction.Bernard Tapie a, semble-t-il, trouvé une autre manière de faire des économies sur le poste journalistes. A sa demande, La Provence a décidé de remettre en cause les jugements de la Commission arbitrale des journalistes fixant les indemnités dues à une trentaine de salariés ayant quitté le groupe en 2014 en clause de cession. « Lors des passages devant la commission, nous avons prévenu que la situation économique de l’entreprise ne permettait pas de payer ces indemnités supplémentaires aux salariés, explique M. Clau. Nous avons donc formé un recours en annulation contre l’ensemble des sentences devant la cour d’appel de Paris, ce que nous autorise à faire le code du travail. » « Nos décisions n’ouvrent droit à aucun recours ni à aucun appel », s’étonne-t-on à la Commission, où l’on assure que cette remise en question est inédite. La somme due par La Provence à ces salariés avoisinerait, selon le groupe, près de 2 millions d’euros.  Gilles RofJournaliste au Monde 23.03.2015 à 15h37 • Mis à jour le23.03.2015 à 17h31 Un jugement en référé a donné raison vendredi 20 mars à la direction de France Télévisions, qui a interdit à ses salariés de faire grève cinquante-neuf minutes.Depuis la fin de janvier, les syndicats du groupe audiovisuel public déposent des préavis de grève à répétition. Des grévistes, essentiellement des techniciens, font grève cinquante-neuf minutes à des moments clés de la journée, par exemple juste avant d'enregistrer un direct, avaient expliqué les syndicats. Un choix qui leur permet de ne perdre qu'une heure de salaire.Lire aussi : France Télévisions : les syndicats en campagneCette pratique gêne considérablement de nombreuses émissions depuis des semaines, sans que le téléspectateur s'en aperçoive vraiment : les journaux ou autres émissions en direct sont enregistrés non pas en plateau mais dans la salle de régie finale, ou – comme pour certaines antennes régionales de France 3 – sans présentateur, ou encore dans des studios privés loués pour l'occasion. Dimanche soir par exemple, la soirée électorale de France 3 a été tournée dans un studio de Saint-Cloud, selon des sources syndicales. Des délocalisations qui sont coûteuses pour le groupe, justifie la direction.Le 6 mars, le président du groupe, Rémy Pflimlin, avait publié une note interne exigeant que les grévistes se déclarent comme tel en début de journée, sous peine de sanction. Les syndicats avaient alors déposé un recours en référé contre cette demande et organisé une grève jeudi 19 mars pour défendre ce type d'actions.Lire aussi (édition abonnés) : Diriger France Télévisions serait-il « le pire job des médias » ?La direction souhaite l'« apaisement »Lundi, la direction s'est félicitée de la décision du juge en référé par la voix du directeur des ressources humaines, Patrice Papet :« C'est une décision très claire : non seulement le président de France Télévisions était en droit de rédiger cette note, mais il était aussi tenu de le faire car il doit prendre les mesures qui assurent l'exécution du service.« Les salariés doivent dire s'ils sont grévistes en arrivant à leur travail. Ils peuvent alors faire grève cinquante-neuf minutes, mais en début de journée, ou bien une demi-journée ou une journée. »Dès lundi, la direction a convoqué des employés qui ont mené ces grèves de cinquante-neuf minutes pour des entretiens préalables à des sanctions. « Nous sommes prêts à ne pas donner de suite aux procédures si tout le monde respecte la note », a assuré M. Papet. A partir du moment où les règles sont appliquées, on souhaite évidemment l'apaisement. » Selon la direction, quatre cents salariés seulement ont fait grève jeudi.Lire aussi : Le gouvernement encadre le futur de France Télévisions 23.03.2015 à 11h56 • Mis à jour le23.03.2015 à 16h23 Un an après sa nomination à la présidence de Radio France, Mathieu Gallet est confronté à une équation financière délicate. A court de trésorerie, l'entreprise publique doit d'urgence rééquilibrer son budget. Cette situation suscite l'inquiétude des salariés, dont une partie est en grève depuis jeudi 19 mars, sur fond de polémique sur le train de vie de la présidence.Lire aussi : Radio France : les dépenses de la direction auscultées Comprenez-vous l'émotion suscitée par les frais de rénovation de votre bureau ?Je la comprends, surtout dans la période d'inquiétude que nous traversons, avec des économies importantes à réaliser ces prochaines années. C'est une décision prise fin 2013, avant mon arrivée, il est vrai que j'aurais pu y surseoir. C'était une erreur de ne pas le faire, c'est ma responsabilité, et je veux présenter mes excuses aux collaborateurs de Radio France.Pourquoi cet écart entre le devis initial et le coût final de 105 000 euros ?C'est un bureau historique dont la restauration a été supervisée par un architecte des Monuments historiques. La restauration du décor en palissandre a coûté, à elle seule, 70 000 euros. Ma seule intervention a consisté à changer la moquette, à refaire la peinture – ce qui était indispensable après avoir démonté le décor en bois –, à remplacer les stores et à installer une table de réunion et des chaises pour que ce bureau devienne aussi une salle de réunion.Y a-t-il d'autres dépenses qui peuvent faire débat, alors que l'inspection générale des finances va ausculter vos comptes ?Je n'ai aucun problème avec l'enquête de l'IGF qui a été diligentée par l'Etat, au contraire. Beaucoup de calomnies circulent sur mon compte, comme le fait que j'aurais voulu changer le cuir de la voiture de mon prédécesseur, ce qui est totalement faux. Je vois bien le type de campagne de déstabilisation qui semble s'organiser. Je m'attends à d'autres prétendues révélations. Mais cette campagne, lancée comme par hasard à la veille d'une grève, vise à nous détourner du fond, qui est la transformation de Radio France et son développement, dans un cadre qui va être contraint. L'équation est complexe : notre redevance a baissé de plus de 8 millions d'euros depuis 2012 et nos charges continuent de progresser.Lire aussi : Dialogue de sourds entre Mathieu Gallet et les salariés de Radio France Vendredi, vous avez parlé aux salariés qui ont ensuite reconduit leur mouvement de grève. êtes-vous dans une impasse ?J'ai retenu de l'assemblée générale que le projet immobilier de réhabilitation de la Maison de la radio cristallise beaucoup de colère. Les salariés n'ont pas envie de payer en emplois, un projet qui n'est aujourd'hui plus financé. Au cours des trois dernières années, 87 millions d'euros de dotations ne nous ont pas été affectés dans le cadre du redressement des finances publiques. C'est une des raisons pour lesquelles notre trésorerie est passée dans le rouge et sera négative de près de 280 millions d'euros en 2019 si rien n'est fait. Or ce chantier aurait dû être achevé en 2014. Moi non plus je n'ai pas envie que les emplois paient les murs. D'où mes discussions avec l'Etat pour soulager notre trésorerie, soit par une subvention spécifique, soit par un recours à l'emprunt.Personne ne semble plus maîtriser les coûts de ce chantier…Je propose un moratoire sur les prochaines phases du chantier, tant qu'une expertise indépendante ne viendra pas nous préciser comment le terminer et distinguer ce qui est nécessaire, pour la sécurité et la mise aux normes, de ce qui ne l'est pas. Il y a dix ans, quand la décision a été prise, la complexité du chantier a sans doute été sous-estimée. La Cour des comptes, qui prépare un rapport sur la gestion de Radio France, y reviendra largement.Lire l'intégralité de l'entretien (en édition abonnés) Alexis Delcambre Face à l’érosion de ses ventes (- 8,2 % en 2014) et à une mutation numérique à accélérer, Le Parisien a opté pour un renouvellement de son équipe dirigeante. Celui-ci touche notamment la direction des rédactions, où Stéphane Albouy, jusqu’ici rédacteur en chef, succède à Thierry Borsa.Directeur des rédactions depuis 2010, M. Borsa était en sursis depuis plusieurs mois. A l’automne, selon Presse News, la direction du groupe Amaury avait mandaté un cabinet de recrutement pour lui trouver un successeur. Elle s’est finalement rabattue sur une solution interne. M. Borsa s’était notamment trouvé en conflit avec ses équipes pour avoir tenté de fusionner plusieurs services dans un grand pôle « actualité ».Au-delà de ce remplacement, les cadres du groupe — Eric Herteloup, Frédéric Allary, Eric Leclerc, Julie Costes —, voient leurs responsabilités élargies ou leurs titres reformulés, pour mieux intégrer la dimension numérique.RETOUR À L’ÉQUILIBREEn termes de projet, Le Parisien promet de « renforcer son traitement de la politique, de l’économie et des sujets de société » et met en avant la création d’une « cellule data-journalisme » et le lancement du « Parisien TV », son offre vidéo.L’information locale sera proposée avec un système d’abonnement « au compteur », soit cinq articles gratuits par semaine et un abonnement à 2,99 euros par mois. Cette nouvelle offre sera proposée à partir du 11 mars sous le label « Le Parisien Ma ville ». Le Parisien cherche ainsi à accroître son nombre d’abonnés numériques, qui n’est que de 6 000 pour le moment.Malgré la forte baisse de ses ventes (- 8,2 %, à 229 637 exemplaires en moyenne par jour, pour Le Parisien, et - 7,9 %, à 148 220 exemplaires, pour Aujourd’hui en France), le quatrième quotidien français affirme avoir « quasiment atteint l’équilibre » financier en 2014 — le fruit d’une politique d’économies internes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « C'est une débâcle, une erreur énorme », lâche Michèle Léridon, directrice de l'information de l'Agence France-presse, après l'annonce erronée de la mort de Martin Bouygues, samedi 28 février.Que s'est-il passé ? Une triple erreur semble être à l'origine de cette « faute », comme l'a qualifiée Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'agence.Premier acte : samedi en milieu de journée, au siège de l'agence à Paris, serait parvenue une information faisant état de la mort, dans l'Orne, du président-directeur général du groupe Bouygues. L'origine de cette information n'est pas connue.Aussitôt, la rédaction en chef alerte les différents services concernés et contacte son bureau à Rennes, dont dépend le département de l'Orne, pour vérifier cette information.Les journalistes rennais téléphonent alors en quête d'une confirmation. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec Michel Julien, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), une commune voisine de La Roche-Mabile, où le Martin Bouygues serait mort.Se produit alors une étonnante confusion. Interrogé pour savoir si Martin Bouygues était mort, le maire aurait répondu, selon l'agence, par l'affirmative. Dans cet échange, la confusion serait liée au fait que le maire faisait référence à une autre personne, dont le patronyme est « Martin ».Sur BFM-TV, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon a démenti que le nom « Bouygues » ait été évoqué : « Le journaliste m'a dit “M. Martin est décédé” ; j'ai dit “oui” », expliquant qu'un homme qu'il connaissait bien, mais qui n'avait rien à voir avec l'industriel, était effectivement mort le matin même. « Je suis très surpris, je ne savais pas qu'on parlait de Martin Bouygues », a-t-il ajouté.« DOMMAGE CONSIDÉRABLE »Le bureau de Rennes envoie alors au siège parisien sa dépêche, forte de cette source locale. Celle-ci est immédiatement publiée sur les fils, sans recherche d'une autre confirmation. « Il est évident qu'il aurait fallu, à ce moment, attendre la confirmation du groupe Bouygues », estime Michèle Léridon, qui rappelle que les sources habituelles pour ce type d'information sont l'entourage ou les services de communication.A 16 heures, l'AFP est contrainte d'envoyer une humiliante « note aux clients » : « Veuillez ne pas tenir compte de toute la série de dépêches (alerte, urgent, LEAD et 2ELEAD) concernant l'annonce par erreur du décès de Martin Bouygues. » Entre-temps, la caisse de résonance des alertes et des tweets l'a déjà largement répandue.« Les règles rédactionnelles élémentaires dans ce type de situation, ainsi que les procédures de validation, vont être rappelées, a précisé Michèle Léridon. La réputation de l'agence est fondée d'abord sur sa fiabilité. Nous mettons, au quotidien, tout en œuvre pour qu'elle ne soit pas entachée de tels dysfonctionnements. »Dans une note interne, que s'est procurée Libération, Michèle Léridon affirme : « L'information erronée nous cause un dommage considérable en termes de crédibilité et d'image », et de rappeler plusieurs principes de l'agence : « 1) La fiabilité est la valeur numéro un à l'AFP. Elle doit toujours primer sur la rapidité. 2) L'annonce de la mort d'une personnalité quelle qu'elle soit doit faire l'objet d'une attention toute particulière, avec des sources pleinement autorisées. 3) Le travail d'agencier est un travail d'équipe. Au moindre doute, les questions doivent remonter au sein de la hiérarchie. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 février, les Américains ont découvert la troisième saison de « House of Cards ». Samedi à 20 h 50, les Français pourront à leur tour visionner les nouvelles manigances politiques de Kevin Spacey et de sa compagne, sur Canal+ Séries, ainsi que sur la plate-forme en ligne Canal+ à la demande, où tous les épisodes sont immédiatement disponibles, en version originale. Canal+ diffusera, elle, la série en version française à partir du 12 mars.Pour la chaîne payante, ce dispositif de sortie n’est pas inédit : elle avait déjà mis en ligne d’emblée tous les nouveaux épisodes de ses séries « Borgia » et « Mafiosa » en 2014. Mais elle ne l’avait pas fait pour « House of Cards », le feuilleton emblématique dont elle a acheté les droits français au service de vidéo à la demande Netflix. Canal+ se met ainsi au binge watching, ce visionnage boulimique popularisé par la plate-forme américaine. Mais la chaîne suit aussi une tendance plus large : l’essor de la télévision « délinéarisée », celle que l’on regarde quand on veut.Déclic psychologique et techniqueDepuis plusieurs semaines, les professionnels du secteur se félicitent des bons scores de cette « télévision de rattrapage », aussi appelée en anglais catch-up ou replay : qui consiste à regarder un programme après son passage à l’antenne, sur son ordinateur, sa tablette ou son smartphone, mais aussi sur son téléviseur. Une possibilité généralement offerte durant sept jours après la diffusion.Pour les patrons de l’audiovisuel, il y a eu un déclic psychologique et technique : depuis septembre, Médiamétrie, qui produit le célèbre et parfois cruel Audimat, intègre des chiffres de visionnage en différé. L’institut ne tient compte, pour l’heure, que des programmes vus sur le téléviseur, par la « box » d’un fournisseur d’accès à Internet (IPTV). Une nouveauté qui permet déjà de faire gagner sur certaines émissions quelques précieux points d’audience.« Le différé commence à monter », a ainsi résumé Elisabeth Durand, directrice des antennes de TF1, lors d’une présentation des nouveautés de 2015. Depuis la mise en place de la mesure Médiamétrie, la chaîne a gagné 0,3 point de parts d’audience hebdomadaire sur les 4 ans et +, et jusqu’à 0,8 point sur les ménagères de moins de 50 ans. TF1, qui accapare le top 100 des meilleures audiences télévisées, est fière de détenir également le record d’audience en catch-up sur téléviseur : + 1,3 million pour un épisode de « Blacklist ». L’Emprise, téléfilm de TF1 sur la violence conjugale, a gagné 1,2 million de spectateurs grâce au replay sur téléviseur, sur un total 9,8 milllions (plus 3 millions de vidéos vues sur ordinateur et mobile, selon TF1). Un épisode de « Joséphine, ange gardien » peut séduire jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.Côté programmes de flux et de divertissement, le dernier lancement du jeu de téléréalité « Koh-Lanta » a attiré 900 000 spectateurs supplémentaires en replay sur le téléviseur, sur un total de 7,7 millions. Le concours de chanteurs « The Voice », jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.La tendance touche toutes les chaînes, pointe le Centre national du cinéma (CNC), qui a publié, vendredi 27 février, un rapport incluant tous les modes de consommation : téléviseurs, ordinateurs, tablettes et smartphones. En 2014, 3,7 milliards de vidéos ont été ainsi visionnées en replay, contre 2,5 milliards en 2013, soit une progression de 50,2 %. Si on corrige l’effet lié à l’arrivée de nouvelles chaînes et programmes, la croissance est estimée à environ 30 %.Le bataillon des 15-24 ansLa consommation replay par le téléviseur est en progression, et celle-ci a, pour la première fois, dépassé celle sur ordinateur, en août, novembre et décembre 2014, pointe le rapport. Sur l’ensemble de l’année, l’ordinateur représente 40,1 % de cette consommation de télévision en ligne (– 6,9 points par rapport à 2013), l’écran de télévision 37,5 % (+ 2,7 points) et les supports mobiles totalisent 22,3 % des vidéos vues (+ 4,1 points), dont 11,3 % pour la tablette et 11 % pour le téléphone mobile.« On a franchi un cap, le paradigme est en train de changer », estime Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions. Les programmes les plus propices au visionnage en replay sont les séries « feuilletonnantes », note-t-il. « Plus belle la vie » de France 3 attire ainsi en 2015, en moyenne, 5,1 millions de téléspectateurs, dont 300 000 en différé sur téléviseur, et génère 150 000 à 200 000 vidéos vues sur les autres canaux. Les documentaires événementiels, comme Apocalypse, sur la guerre 1939-1945, connaissent aussi de fortes audiences de rattrapage, de même que les programmes « de niche », comme ceux de France 4 ou les séries de la chaîne d’outre-mer France Ô. Sur Arte, la série d’auteur « P’tit Quinquin » a entraîné 626 000 visionnages en différé sur un total de 1,9 million, selon Libération.Dans le groupe Canal+, les meilleures audiences en différé sont réalisées par « Le Petit Journal » et « Le Grand Journal » ; dans le groupe M6 par les divertissements de la chaîne W9 (« Les Princes de l’amour », « Les Marseillais à Rio »…), selon le CNC. Les programmes de deuxième partie de soirée réalisent aussi de bons scores : + 22 % en moyenne pour la série américaine « The Arrow ».Et la tendance semble bien partie pour se renforcer. Les 15-24 ans représentent, en effet, 25,3 % du public de la télévision de rattrapage, mais 42,7 % des utilisateurs quotidiens de ces services, souligne le CNC.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois (avec AFP) Mais que va faire Vincent Bolloré ? Le patron de Vivendi dispose aujourd’hui d’importantes capacités financières confortées par la sortie définitive de Numericable-SFR, annoncée vendredi 27 février. Cette journée marque un tournant. À l’occasion de la publication des résultats annuels du groupe, le conseil de surveillance de Vivendi, présidé par Vincent Bolloré, a accepté l’offre de Patrick Drahi formulée dix jours auparavant, concernant la cession de ses 20 % de Numericable-SFR. Cette vente est estimée à environ 3,9 milliards d’euros. Le groupe recentré sur les médias et les contenus a justifié sa décision au vu du « faible niveau de liquidité » du titre Numericable-SFR qui aurait rendu « incertaine une sortie dans des conditions optimales ». L’offre de 40 euros par action représente une prime de 20 % par rapport au cours du titre au 27 novembre 2014, lorsque Vivendi a conclu la cession de SFR, note le groupe.Toutefois, les analystes se sont étonnés, de cette vente qui se fait avec une décote importante, alors que le titre SFR-Numericable a terminé la séance de vendredi à la Bourse de Paris à 55,4 euros. « C’était une bonne opportunité pour encaisser le cash et éviter d’être dans une situation difficile de liquidités », a répondu le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, soulignant n’avoir d’ailleurs reçu aucune contre offre depuis celle de M. Drahi.Redistribution aux actionnairesAu total Vivendi devrait recevoir 17 milliards d’euros pour la cession du deuxième opérateur mobile français, auxquels s’ajoutent les 4,1 milliards pour la vente de Maroc Telecom. Le groupe dispose ainsi d’une trésorerie positive de 4,6 milliards d’euros fin 2014, ayant soldé toute sa dette, qui se montait à 11,1 milliards fin 2013. Et ce n’est pas fini. Vivendi prévoit encore de finaliser la cession a Telefonica de son actif télécom brésilien GVT au cours du deuxième trimestre 2015 pour 7,45 milliards d’euros.Dans un premier temps une partie de ces sommes va être restituée aux actionnaires. Ainsi, 5,7 milliards d’euros vont être rendus sous forme de dividendes et de rachats de titres sur la période 2014-2017, pour leur faire partager une partie des gains enregistrés sur ses récentes cessions. Vivendi versera un dividende au titre de 2014 de 1 euro, dont 0,8 euro correspondant à ses derniers désinvestissements. « L’objectif est de maintenir ce niveau de distribution au titre des exercices 2015 et 2016, représentant un retour aux actionnaires de 2 milliards d’euros supplémentaires », a précisé le communiqué financier. Le groupe prévoit également de racheter jusqu’à 2,7 milliards d’euros de ses propres actions.« Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française »Rien n’a été dit concernant les futures acquisitions, mais une indication avait été donnée à la fin de l’année 2014 quand le groupe s’était porté officiellement candidat au rachat du pôle français de l’éditeur belge Roularta comprenant en particulier L’Express, L’Etudiant, L’Expansion. Un pôle passé finalement sous contrôle de.. Patrick Drahi.Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 9 décembre 2014, au micro de RTL, Vincent Bolloré déclarait que « Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française, c’est-à-dire à réunir l’ensemble des médias qui soient écrits ou télévisuels ou sur le net. Donc, bien évidemment, s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisira. » Il ajoutait : « On a la chance d’avoir le groupe Canal qui est très important, on a la chance d’avoir Universal, le numéro un de la musique, mais pour que tout ça rayonne il faut des contenus et les magazines sont des contenus. »Concernant Canal +, les ventes ont progressé de 2,7% sur un an, avec un gain de 678.000 abonnements sur l'année 2014 qui atteignent désormais 15,3 millions dans le monde. Le portefeuille d'abonnés passe ainsi la barre des 11 millions pour la première fois grâce à l'Afrique et au Vietnam. L'offre de vidéo à la demande en France Canalplay y contribue aussi à cette performance avec 599.000 abonnés fin 2014.Vivendi devrait contribuer à alimenter les spéculations sur les marchés concernant ses futures acquisitions. Un point commun avec Patrick Drahi . Des rumeurs insistantes lui prêtent l’intention d’acquérir Bouygues Telecom. «Il n’y a aucune négociation en cours (…) Le choix, c’est le “stand alone”, on a été très clairs là-dessus  » a répliqué mercredi Martin Bouygues.Dominique Gallois (avec AFP)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gabriel Coutagne Une polémique en a chassé une autre. Cette année encore, le World Press Photo avait soulevé la question de la retouche en photographie, en annonçant avoir rejeté près de 20 % des photographies présentées au jury du prestigieux prix. Mais c’était compter sans une autre affaire, révélée mercredi 25 février par le site Our Age Is 13, spécialiste de l’actualité photographique.Dans un courrier adressé à la présidence du jury du World Press Photo, et que Le Monde a pu consulter, la mairie de Charleroi « demande de retirer le prix qui a été accordé à M. [Giovanni] Troilo à la lumière de notre argumentation et de nos explications ». En cause, une série d’images, très sombre, qui montre des personnages, présentés comme des Carolorégiens, dans des situations décrivant une misère sociale et morale, ou s’adonnant à des pratiques sexuelles libertines. Une demande rejetée par l’institution dimanche 1er mars, après plusieurs jours d’enquête, confortant le prix remis à Giovanni Troilo. « Le World Press Photo n’a trouvé aucun fondement permettant de remettre en cause l’intégrité [journalistique] du projet du photographe. Aucun fait n’a été manipulé dans les légendes que le jury a pu consulter », précise l’institution dans un communiqué.Le World Press Photo brise le tabou de la mise en scèneGiovanni Troilo est un photographe italien travaillant habituellement dans les domaines de la mode et de la publicité. Il a été récompensé dans la catégorie « problématiques contemporaines », pour une série intitulée The Dark Heart of Europe. Le photographe présente son travail sur son site :« Aujourd’hui, le malaise social s’insère dans la vie des citoyens [de Charleroi]. Les routes, qui étaient à l’époque propres et fleuries, sont aujourd’hui abandonnées et en mauvais état. Les usines ferment et la végétation reprend ses droits dans les vieux quartiers industriels. Une sexualité perverse et malade, la haine raciale, une obésité névrotique, l’abus d’antidépresseurs semblent être les seuls remèdes pour surmonter ce malaise endémique. »« UNE ATTEINTE À LA PROFESSION DE PHOTOJOURNALISTE » Dans les jours qui ont suivi l’annonce du prix, faite le 12 février, « plusieurs personnes, dont des photographes, ont réagi sur les réseaux sociaux », raconte Molly Benn, rédactrice en chef du site Our Age Is 13.@lesoir WPressPhoto 2015.Le misérabiliste "Dark heart of Europe" sur #charleroi primé. http://t.co/kB9S3QJoDC http://t.co/Zuo3UR9XXz— Humbert_Tesla (@Umberto di Tesla)require(["twitter/widgets"]);Parmi eux, le photojournaliste belge Thomas Vanden Driessche s’était interrogé sur ce qu’il considère comme une dérive du photojournalisme.Triste... Ou peut-être un nouveau point de départ pour s'interroger sur les dérives d'un certain photojournalisme... http://t.co/DzCvURFeHd— thomasvdd (@T. Vanden Driessche)require(["twitter/widgets"]);« C’est en tant que photojournaliste que je me suis senti concerné par ce prix », explique au Monde Thomas Vanden Driessche. Sa question a alimenté le vif débat sur les réseaux sociaux, auquel ont pris part photographes et habitants de Charleroi. « Nous avons d’abord été contactés par plusieurs photographes », confirme la mairie de la ville. Si le souci principal de la municipalité est bien d’en défendre la réputation, l’argument pour convaincre le World Press Photo de retirer ce prix est journalistique.« Nous considérons le sujet du photographe, construit de toutes pièces, tant comme une atteinte à la ville et aux habitants de Charleroi que comme une atteinte à la profession de photojournaliste en tant que telle », dénonce dans sa lettre le bourgmestre de la ville, Paul Magnette (PS), en fonction depuis juillet 2014. « Le caractère falsifié et mensonger des légendes, la manipulation de la réalité, la construction d’images-chocs mises en scène par le photographe, malhonnêtes (…) trahissent les bases de l’éthique journalistique », poursuit l’élu.Le recours à la mise en scène est parfois légitime dans un sujet documentaire, notamment lorsque l’on fait un portrait, mais le World Press Photo, dans un document disponible en ligne, précise qu’une image ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène ou d’une reconstitution. De plus, certaines imprécisions dans les légendes posent problème.UN RÉCIT PERSONNEL Le rendu de ce portrait et sa légende suggèrent que cette personne vit recluse chez elle pour fuir la violence de son quartier. Thomas Vanden Driessche souligne pourtant « qu’il s’agit de Philippe Génion, une personnalité bien connue à Charleroi (…). Il habite dans un quartier populaire, mais relativement paisible. Sa maison est également un bar à vin ». Sur son profil Facebook, le modèle raconte le moment de la prise de vue :« Le photographe m’a demandé de poser pour lui, dans mon intérieur, et a demandé à ce que je sois torse nu, ce qui ne m’a nullement dérangé, n’ayant aucun complexe par rapport à mon physique. Les deux artistes étaient sympathiques et ne cachaient pas qu’ils mettraient en scène leurs photos, disant clairement qu’ils ne faisaient pas un reportage, mais un travail photo. Par contre, je m’insurge contre le terme d’“obésité névrotique”, qui, s’il peut qualifier d’autres personnes que je ne connais pas, n’est absolument pas mon cas. »De son côté, Giovanni Troilo ne semble pour l’instant pas trop inquiet de la polémique, comme le rapporte un blog du quotidien italien La Repubblica : « Je m’attendais aux polémiques, et ils n’ont pas été tendres… Mais je n’imaginais pas des réactions de ce genre. Je comprends l’ambiance, ils cherchent à promouvoir une image neuve de la ville [Charleroi], et dire certaines choses dérange. »Le photographe se défend, présentant sa série comme un récit personnel plutôt que comme un reportage au sens strict. Pour lui, ce travail rend compte de choses « qu[’il a] vues, qu[’il] conna[ît], dont [il] sai[t] qu’elles existent », tout en concédant, en creux, que certaines images sont mises en scène : « Il y a aussi des photos où [les personnes] ne posent pas, la dame avec la tête inclinée sur la table est véritablement une personne dans un hospice, c’est une amie de ma tante. La police était vraiment en train de charger… »Giovanni Troilo avait reconnu en conclusion de l’interview accordée à La Repubblica devoir fournir des explications au World Press Photo quelques jours avant la décision de confirmer le prix remis au photographe.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.02.2015 à 17h52 • Mis à jour le27.02.2015 à 04h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Un « prédateur sexuel », pédophile, qui a pu pendant des décennies utiliser un hôpital pour multiplier viols et attouchements : le rapport publié jeudi 26 février détaille une nouvelle fois les abus sexuels de Jimmy Savile, ancienne star britannique de la télévision, aujourd’hui décédé. Soixante victimes y sont identifiées, âgées de 8 à 40 ans. La moitié avait moins de 16 ans, et dix, moins de 12 ans. L’immense majorité était de sexe féminin. Les abus ont eu lieu entre 1968 et 1992.Ces nouvelles révélations viennent une nouvelle fois illustrer l’ampleur des crimes commis par l’ancien présentateur des émissions « Top of the Pop » et « Jim’ll fix it », grands succès des années 1970 et 1980. Avec ses cheveux longs blonds, ses gros cigares, ses pantalons de survêtements et ses lunettes teintées, l’homme était toujours passé pour un excentrique. Mais il était aussi très aimé du grand public, célébré pour son aide pour de nombreuses associations caritatives. Il était en particulier très actif dans les hôpitaux.On sait désormais qu’il s’agissait d’une tactique pour avoir accès aux enfants. Mais jusqu’à son décès en 2011, les accusations d’agressions sexuelles portées contre lui n’avaient jamais été révélées publiquement. A chaque fois, elles avaient été étouffées, à différents niveaux d’autorité.450 plaintesTout a basculé en 2012 avec la diffusion d’un documentaire diffusé sur ITV. Choquant le Royaume-Uni, l’affaire a poussé la police à ouvrir une enquête. Celle-ci a désormais reçu 450 plaintes, qu’elle est en train de traiter. Parallèlement, plusieurs rapports ont été commandés, pour essayer de faire toute la lumière sur ce scandale. En juin 2014, l’un d’entre eux détaillait les abus dans plusieurs hôpitaux. Ce jeudi, un nouveau document concerne l’établissement de Stoke Mandeville, situé près d’Oxford.Jimmy Savile était arrivé en 1969 dans cet hôpital en tant que brancardier volontaire. Aucune vérification sur sa personnalité n’avait alors été réalisée, mais il était déjà star du petit écran. Progressivement, il prend de plus en plus de place dans l’établissement, et aide à lever de l’argent. En 1980, la première ministre Margaret Thatcher, qui voulait promouvoir le financement privé du système de santé, lui confie même un rôle officiel pour assembler des fonds.La star avait ainsi un accès complet et total à l’hôpital, vingt heures sur vingt-quatre. Il rentrait dans les chambres à l’improviste, discutait avec les patients et leurs familles, offrait des disques, signait des autographes… Et abusait sexuellement ses victimes.« Le brancardier m’a fait mal, ici »Soixante témoignages, pénibles à lire, sont détaillés dans le rapport. Souvent, il s’agit d’attouchements très rapides : des mains sur des seins en passant dans un couloir, un baiser avec la langue à une jeune patiente, des caresses inappropriées. Et puis, il y a les cas de viol, comme la « victime 20 », qui avait douze ans au moment des faits en 1977. Elle était à l’hôpital pour se faire retirer les amygdales. En robe de chambre, elle s’était trainée à la pièce télévision, fatiguée de l’opération. Jimmy Savile est arrivé, s’est mis devant elle, a baissé son pantalon et l’a pénétrée. Victime 20 est allée se plaindre à l’infirmière : « Le brancardier m’a fait mal, ici. » La réponse est arrivée, sèche : ne surtout rien dire, sinon cela causerait des problèmes à l’infirmière. La même nuit, l’adolescente s’est réveillée et Jimmy Savile était à côté de son lit. Cette fois, il l’a pénétrée avec les doigts.Comment a-t-il pu continuer ses agressions pendant tant d’années, sans que rien ne se sache ? Le rapport documente neuf plaintes « verbales » et une plainte « formelle ». Mais « aucune n’a été prise sérieusement et n’a été transférée à la direction de l’hôpital ». En filigrane, l’explication qui transpire est double. D’une part, l’état d’esprit général consistait à ne pas prendre trop au sérieux les plaintes des enfants. D’autre part, Jimmy Savile exerçait une influence considérable sur l’hôpital. Il levait beaucoup d’argent et apportait une publicité très positive à l’établissement. Il était devenu intouchable.En 1991, une nouvelle direction est arrivée à Stoke Mandeville. Rapidement, elle s’est érigée contre Jimmy Savile. A l’époque, la controverse concernait l’argent de l’association caritative, que la star utilisait à sa guise, à titre personnel. Son accès permanent aux patients, son intrusion au milieu du personnel, ont également été jugés inappropriés. Jimmy Savile s’est progressivement éloigné de l’hôpital. Mais il a continué à exercer ses abus sexuels ailleurs. La dernière agression documentée remonte à 2009, deux ans avant son décès.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Il aura été en première ligne pendant les décennies de feu qui ont façonné durablement le Proche-Orient, témoin attentif de ses guerres et de ses révolutions, interlocuteur privilégié de ses figures les plus singulières, de Gamal Abdel Nasser à Mouammar Kadhafi. Au cours de sa très riche vie, Eric Rouleau, mort mercredi 25 février à l'âge de 89 ans, fut tour à tour journaliste au Caire avant la chute de la monarchie, pilier du service Etranger du Monde de la guerre israélo-arabe de 1967 à la révolution iranienne de 1979, puis ambassadeur de France en Tunisie puis en Turquie avant de renouer avec l'écriture et la chronique d'une région troublée dans les colonnes du Monde diplomatique.Né en Egypte en 1926 au sein d'une famille juive, Elie Raffoul entre en journalisme à vingt ans avec la foi du jeune communiste qu'il est alors. L'heure des décolonisations a sonné et dans le chaudron cairote s'affrontent ordre ancien et monde nouveau, un bouillonnement auquel la création d'Israël, en 1948, a ajouté une dose de complexité. Gauchiste et juif, voilà qui est un peu trop pour le régime du roi Farouk, qui le contraint à l'exil en 1951 et le déchoit de sa nationalité. La France sera pour ce francophile une patrie d'adoption généreuse, qui ne lui fera cependant jamais oublier sa première terre.C'est au Monde, à partir de 1955, qu'Elie Raffoul, devenu Eric Rouleau, va s'imposer progressivement comme l'un des journalistes les plus à même de déchiffrer les entrelacs des crises orientales à répétition, rejoint plus tard par Haig Kirazian – Jean Gueyras, pour les lecteurs du quotidien de la rue des Italiens. Un duo de polyglottes émérites (qu'il s'agisse des langues comme des idéologies et des réseaux) complété par Amnon Kapeliouk à Jérusalem.Une carrière diplomatique sous MitterrandPendant près de trente ans, Eric Rouleau parcourt une région en ébullition. Il est au cœur de séismes dont les répliques ne cessent d'être enregistrées encore aujourd'hui, de la guerre israélo-arabe de 1967, qui précipite la naissance d'un mouvement national palestinien autonome, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la révolution iranienne de 1979, qui marque la renaissance de l'islam politique.Pour ce journal qui ne lui mégote pas ses colonnes et qui ne s'effraie pas de publier de véritables feuilletons politiques et diplomatiques, il voyage, raconte, analyse, et multiplie les rencontres avec l'Histoire et ses nombreuses incarnations. Lui qui avait déjà pu rencontrer le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, avant son assassinat en 1949, sera reçu par les principaux acteurs de la région, surtout après l'entretien accordé par Gamal Abdel Nasser en 1963.Son expertise est recherchée, y compris par des responsables politiques français, souvent fascinés par son carnet d'adresse. La curiosité réciproque qu'il entretient avec le premier secrétaire du Parti socialiste devenu président de la République en 1981, François Mitterrand, lui fera sauter le pas en 1985 vers la carrière diplomatique, au grand dam des diplomates comme de certains de ses confrères prompts à dénoncer un mélange des genres.A la suite de missions discrètes, en Libye et en Iran, il devient ambassadeur de France à Tunis, siège de l'OLP après le départ du Liban, puis à Ankara. Il revient en 1991 à la plume pour Le Monde diplomatique, le parent éloigné du quotidien.Sur l'insistance de ses proches, Eric Rouleau avait publié en 2012 des Mémoires qui avaient permis de retracer ce parcours fascinant. Un condensé d'histoire dans lequel il s'était pourtant bien gardé, pour une fois, de tout raconter.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.02.2015 à 14h07 • Mis à jour le25.02.2015 à 14h48 | Jean-François Mignot (Sociologue) et Céline Goffette (Sociologue) De qui se moquait le journal satirique Charlie Hebdo, avant que deux terroristes islamistes assassinent cinq caricaturistes et six autres personnes présentes à la conférence de rédaction du 7 janvier ? Est-il vrai que ce journal faisait preuve d’une « obsession » à l’encontre des musulmans, comme cela a pu être dit à la suite des attentats, notamment dans une tribune du Monde du 15 janvier 2015, à laquelle ont contribué plusieurs chercheurs ?Pour apporter une réponse raisonnée à cette question, nous analysons les 523 « unes » du journal de janvier 2005 (n°655) au 7 janvier 2015 (n°1177). Si les « unes » de Charlie Hebdo ne résument pas à elles seules le journal, elles en sont toutefois la vitrine, que même des non-lecteurs peuvent voir en devanture des kiosques. Le faible nombre d’abonnés que comptait Charlie Hebdo avant les assassinats laisse d’ailleurs supposer que c’est sur la base de ses « unes » que le journal a été accusé d’islamophobie. De cette analyse, il ressort plusieurs enseignements.Quatre grands thèmes émergent des « unes » de Charlie Hebdo : la politique ; les personnalités médiatiques du sport et du spectacle ; l’actualité économique et sociale ; et la religion. Sur les 523 « unes » parues au cours des dix dernières années, près des deux tiers (336) concernent la politique. L’actualité économique et sociale vient ensuite (85 « unes »), puis les personnalités médiatiques du sport et du spectacle (42). La religion n’est le thème que de 7 % des « unes » (38). Enfin, 22 unes traitent de plusieurs sujets à la fois : politique et médias (n°919), médias et religion (n°928), religion et politique (n°932), religion et questions sociales (n°917), etc.Au sein de la thématique politique, un peu plus de la moitié des « unes » portent sur des personnalités de droite (en majorité Nicolas Sarkozy), près d’un quart sur des personnalités de gauche, 7 % sur l’extrême droite et 9 % sur des personnalités politiques internationales (et 9 % sur plusieurs cibles à la fois).Parmi les « unes » relevant de l’actualité économique et sociale, un peu plus de 50 % portent sur les mouvements sociaux ou sur les Français en général (comme le n°1104), 21 % portent sur les sexes ou la sexualité (par exemple le n°1155), 18 % portent sur la délinquance, la violence politique ou le terrorisme, et 6 % portent sur les relations entre générations.Au sein des personnalités médiatiques du sport et du spectacle, on trouve environ un tiers de créateurs (auteurs, chanteurs, réalisateurs, acteurs, humoristes, etc.) et deux tiers de sportifs et de personnalités des médias.Au fil des années, cette répartition en quatre catégories principales a peu changé. Néanmoins, la politique devient un sujet encore plus présent en période d’élection présidentielle.Irrévérencieux et indéniablement antiracisteParmi les 38 « unes » ayant pour cible la religion, plus de la moitié vise principalement la religion catholique (21) et moins de 20 % se moquent principalement de l’islam (7). Les juifs, quant à eux, sont toujours raillés aux côtés des membres d’au moins une autre religion, comme l’islam dans le n°1057. Trois « unes »  concernent toutes les religions à la fois, notamment les « unes » 983 et 1108.Au total, de 2005 à 2015, seulement 1,3 % des « unes » se sont moquées principalement des musulmans. De fait, Charlie Hebdo n’était pas « obsédé » par l’islam. Si obsession il y avait, celle-ci était plutôt dirigée vers des hommes politiques français, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy et, dans une moindre mesure, les Le Pen et François Hollande. Quant à certaines des « unes » les plus virulentes, on peut considérer qu’elles sont dirigées contre l’extrême droite française (n°965 et n°1031) et la religion catholique (n°1064, 1080 et 1111).Alors même que la religion est un sujet de « une » très mineur, et que parmi les quelques « unes » traitant de religion, assez peu sont consacrées à l’islam, depuis les procès de 2007 et de 2012 sur la publication des caricatures de Mahomet ce sont principalement des associations musulmanes qui intentent des procès à Charlie Hebdo. Par contraste, dans les années 1990, c’était surtout l’extrême droite et des associations catholiques identitaires qui intentaient des procès au journal satirique. En outre, avant même l’attentat du 7 janvier, les derniers actes violents contre le journal avaient eux aussi été commis, suite à l’édition « Charia Hebdo » en 2011, au nom de l’islam.Lire l’enquête : « Charlie Hebdo », une résurrection sous tensionBesoin de chercheurs en sciences socialesA la lecture, il apparaît que Charlie Hebdo, conformément à sa réputation, est un journal irrévérencieux de gauche, indéniablement antiraciste, mais intransigeant face à tous les obscurantismes religieux, musulman inclus. Ce qu’il faut expliquer, donc, ce n’est pas pourquoi Charlie Hebdo était islamophobe, mais pourquoi, de nos jours, seuls des extrémistes se revendiquant de l’islam cherchent à museler un journal qui se moque – entre beaucoup d’autres choses – de leur religion.Pour progresser dans la compréhension de ces événements dramatiques et contrecarrer les mécanismes qui en sont à l’origine, il est nécessaire de ne pas travestir la réalité des faits et de poser les bonnes questions. Nous avons besoin de chercheurs en sciences sociales qui recueillent des données fiables et les analysent de façon impartiale, pour savoir notamment dans quelle mesure les terroristes et plus largement les fondamentalistes musulmans bénéficient, en France, d’une base sociale rejetant les valeurs de la République.Cette contribution des sciences sociales est d’autant plus urgente que, comme l’indique le sociologue Olivier Galland, le manque de connaissances sérieuses « laisse le champ libre aux interprétations et aux solutions simplistes ».Jean-François Mignot (Sociologue)Céline Goffette (Sociologue) Alexandre Piquard Cette fois-ci, le tirage ne sera « que » de 2,5 millions d’exemplaires, contre huit au total pour le numéro précédent, sorti le 14 janvier. Mais tous ces chiffres restent exceptionnels pour Charlie Hebdo, à la veille de son nouveau numéro attendu en kiosques mercredi 25 février, un mois et demi après les attentats du 7 au 9 janvier.« Il y a eu un grand élan de solidarité et les montants des dons reçus et des recettes prévues sont totalement décalés. Charlie Hebdo n’était pas fait pour avoir autant d’argent », explique Richard Malka, l’avocat du journal depuis vingt-deux ans. Ce dernier détaille comment Charlie Hebdo compte gérer la quinzaine de millions d’euros attendue, tout en précisant que les derniers chiffres ne sont toujours pas définitifs.4,2 millions d’euros de donsD’abord, les dons ont atteint 4,2 millions d’euros environ, que le journal ne veut pas garder mais donner aux familles des victimes. Sur ce total, 2,65 millions arrivent par l’intermédiaire du fonds Presse et Pluralisme, une association créée par les éditeurs pour faire transiter des contributions défiscalisées. Des particuliers et des entreprises les ont notamment versées via la plateforme en ligne JaideCharlie.fr. La somme hébergée par Presse et Pluralisme pose un problème fiscal particulier, souligne toutefois Me Malka, car ce fonds doit en principe aider des entreprises de presse, pas des victimes. De plus, Charlie Hebdo devrait payer des impôts s’il versait des fonds aux familles. Mais une discussion est en cours avec le ministère des finances pour autoriser un versement direct à l’association des amis de Charlie Hebdo, raconte l’avocat.Cette dernière a été créée « quelques semaines » avant le 7 janvier, afin d’accueillir de l’argent des soutiens, à l’époque où le journal cherchait 200 000 euros pour éponger ses pertes, et un peu plus si possible. La structure a centralisé le reste des dons, soit 1,5 million d’euros reçus en direct, expose Richard Malka, ajoutant que l’association doit renouveler son bureau. Il faut en effet un président (non salarié) pour remplacer Georges Wolinski, décédé. L’actuel secrétaire général est l’avocat Christophe Thévenet. Et l’association a commencé à réunir un groupe d’avocats pour régler la question, délicate, des versements aux familles des victimes, elles-mêmes en train de se constituer en association, raconte M. Malka.« Cela va prendre des mois »« Comment repartir ? Il n’y a pas de règles évidentes, cela va prendre des mois », prévient l’avocat qui liste certaines des questions soulevées : comment indemniser les familles des morts, des blessés ? Faut-il verser aux conjoints, aux enfants, aux frères et sœurs ? Comment se coordonner avec les indemnisations prévues par le fonds de garantie pour les victimes d’attentats et la Sécurité sociale ? Il y a une volonté de ne pas faire de « distinction » entre victimes, note l’avocat, incluant les douze personnes tuées à Charlie Hebdo, dont un employé d’un prestataire et deux policiers, plus les victimes de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris et la policière tuée à Montrouge, ainsi que les blessés, dont quatre membres de la rédaction de Charlie Hebdo, mais aussi un joggeur touché par des tirs.A ces sommes s’ajouteront les droits d’auteurs perçus sur la vente de numéros spéciaux, comme celui édité par Fayard, ou de DVD.Les ventes historiques du numéro « Tout est pardonné » seront affectées à Charlie Hebdo. Mais aussi à un projet de fondation. Sont concernés 10 à 12 millions d’euros de marge environ, selon Me Malka, qui rappelle que d’autres acteurs de la presse ont bénéficié de cet afflux vers les kiosques, imprimeurs ou distributeurs (ces derniers ayant toutefois renoncé à leur part pour le premier million d’exemplaires). Toutefois, cette somme pourrait être réduite à environ 7 ou 8 millions d’euros après impôt sur les sociétés. Les quelque 220 000 abonnements souscrits devraient eux générer environ 3 millions d’euros de marge.Ces recettes viennent prendre le relais du million d’euros d’aide versé par le ministère de la culture de Fleur Pellerin pour gérer l’urgence. Elles serviront à louer et équiper de nouveaux locaux sécurisés dans le 13e arrondissement de Paris, mais surtout à assurer la pérennité du journal.Un actionnariat plus coopératif« L’ampleur du soutien reçu nous donne aussi des obligations, pense M. Malka. Il est indispensable qu’une partie des recettes aille à une fondation qui a un but plus large : soutenir le dessin de presse. Par la formation, la pédagogie dans les écoles ou l’aide aux dessinateurs dans le monde. » Selon l’avocat, il est trop tôt pour savoir quelle somme sera affectée à la fondation et qui dirigera cette dernière. Consacrée à la « liberté d’expression précieuse qui s’exprime par le dessin de presse », la structure ne se focaliserait pas sur la laïcité, même si « de fait, là où sont menacés des dessinateurs, c’est souvent pour des questions religieuses », explique Richard Malka militant de longue date pour la laïcité.Restera enfin la question de la gouvernance de l’entreprise, sur laquelle la rédaction souhaite davantage de transparence et une approche plus collective. Une des revendications est de passer à un actionnariat plus coopératif, à l’occasion de la refonte du capital liée au décès de Charb, qui détenait 40 % des parts (à égalité avec Riss, le directeur financier Eric Portheault en possédant 20 %). Il a déjà été décidé qu’il n’y aurait pas de distribution de dividendes pendant trois ans, précise l’avocat. La rédaction veut un débat rapidement. L’avocat l’estime « légitime » mais pense, comme Riss, que les discussions doivent se faire de façon « apaisée », pas dans « l’urgence ».Riss : « Tout le monde n’est pas obligé d’aimer “Charlie” »Pour l’heure, alors que tout le monde se souvient des pénuries de Charlie Hebdo en kiosques le 14 janvier, le nouveau numéro doit être diffusé à 700 000 exemplaires mercredi, puis 450 000 jeudi et 300 000 les jours suivant. Ensuite, 250 000 exemplaires seront exportés. A la « une », un chien Charlie Hebdo poursuivi par d’autres canidés : Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, BFM-TV, un financier et… un fanatique avec kalachnikov. « Charlie Hebdo ne peut pas être le seul à porter la question du blasphème, la pression serait trop forte », insiste enfin Richard Malka.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Ceux qui ont assisté à la présentation des résultats de HSBC, lundi 23 février, ont eu droit à un rare moment d’honnêteté. Oui, la banque prive de campagne publicitaire les journaux qui se montrent « hostiles » à son égard, comme l’a reconnu le directeur général de HSBC, Stuart Gulliver, en réponse à une question.Mis en cause le matin même par The Guardian pour sa situation fiscale personnelle, M. Gulliver a doctement expliqué que sa banque avait « recours à la publicité pour vendre plus de produits bancaires », et qu’en conséquence, « ça ne fait aucun sens de placer une publicité à côté d’une couverture journalistique hostile ».« Si vous lisez pages 4 et 5 que HSBC est une mauvaise entreprise, c’est peu probable que vous vous disiez une page plus loin 'et si j’allais prendre un crédit immobilier chez eux ?’, a-t-il argumenté. C’est du bon sens, c’est le business qui veut ça : nous ne plaçons pas de publicités à côté d’articles hostiles parce que ces dépenses publicitaires ne nous rapporteraient rien. »Ces déclarations font suite à la démission spectaculaire de Peter Oborne, éditorialiste au Daily Telegraph. Mardi 17 février, celui-ci a accusé le quotidien des frères Barclay d’avoir sous-couvert les révélations « SwissLeaks » pour protéger son chiffre d’affaires publicitaire. La banque avait déjà privé le quotidien britannique de budgets publicitaires en 2012-2013 après une enquête sur la filiale HSBC de Jersey, avait révélé M. Oborne.Profil basCes pratiques ne sont pas rares dans les relations entre médias et annonceurs. On se souvient par exemple qu’en France, le géant du luxe LVMH, suivi par d’autres annonceurs, avait privé de toute publicité le quotidien Libération suite à la couverture « Casse-toi riche con ! » visant son principal actionnaire, Bernard Arnault, le 10 septembre 2012. Un conflit d’un an qui avait privé Libé d’au moins 700 000 euros de recettes, selon certaines estimations, et contribué à détériorer ses finances.Cette fois, depuis le 9 février, date de début de publication des « SwissLeaks », HSBC a suspendu ses campagnes avec les médias participant à l’opération, dont Le Monde. Une banque de cette envergure est capable de dépenser plusieurs centaines de milliers d’euros par campagne.Toutefois, la suspension des campagnes de HSBC ne se limiterait pas aux médias participant à l’opération « SwissLeaks ». La banque aurait globalement suspendu ses investissements de communication pour le moment, adoptant une stratégie de profil bas, en attendant des jours meilleurs.Sans menacer quiconque ouvertement, les propos de M. Gulliver sont néanmoins assez clairs. Il a beau déclarer que « cela n’a rien à voir avec chercher à influencer la couverture éditoriale de qui que ce soit », les médias savent à quoi s’en tenir.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.02.2015 à 12h29 • Mis à jour le23.02.2015 à 11h41 | Gabriel Coutagne Une femme à moitié nue sur une plage : voilà ce que représente la première photographie retouchée avec le logiciel Photoshop. Une quinzaine d’années plus tôt, c’était le portrait de Lenna, une playmate suédoise, qui avait servi de fichier de travail à des chercheurs en imagerie numérique voulant compresser au mieux des photos scannées.En 2015, alors que le fameux logiciel de retouche d’image Photoshop fête ses25 ans, de nombreuses images de femmes célèbres « au naturel » sont massivement diffusées sur Internet. Il y a peu, une photographie du mannequin Cindy Crawford, prise initialement en décembre 2013 pour l’édition mexicaine de Marie Claire, et publiée sans retouche le 16 février sur Twitter, a suscité un grand enthousiasme.Des portraits de la chanteuse Beyoncé attirèrent ensuite l’attention. D’abord publiées, puis retirées, sur The Beyoncé World (l’un des plus importants blogs de fans de l’artiste), ces photographies sont présentées par les internautes comme « non retouchées ». Selon le Daily Mail, les clichés dateraient de 2011 et de 2013, et auraient été pris à l’occasion d’une campagne publicitaire pour L’Oréal.Voici les photos non retouchées de #Beyonce qui affolent Twitter http://t.co/ZDLAdh1vUv http://t.co/VfThhcwSFl— MagazineCheek (@Cheek Magazine)require(["twitter/widgets"]);Ni Cindy Crawford ni Beyoncé n’ont pour l’instant réagi aux « fuites », qui pourraient aussi être de simples outils de communication marketing. Mais la publication de ces photographies pose une nouvelle fois la question de la manipulation des images numériques, devenue omniprésente dans la sphère publique.Toutes les images sont « retouchées »D’un point de vue technique, rappelons d’abord que toute photographie est l’interprétation d’une scène. La pose du modèle, son maquillage, la lumière, le cadrage, l’exposition sont autant d’aspects qui influent sur le rendu final.Cette réalité s’est accentuée depuis l’arrivée de la technologie numérique. Un capteur d’appareil photo numérique n’enregistre pas une image : il quantifie des niveaux d’intensité lumineuse, qui sont ensuite interprétés, soit par l’appareil lui-même, soit par un ordinateur, lorsque l’on développe un fichier brut (ou raw).Avec ce procédé, toute photographie, devenue l’objet d’un traitement informatique, semble incapable de représenter le réel : elle ne fait que l’interpréter. « La photo numérique est une création », expliquait en 2011 au Monde Fred Ritchin, professeur de photographie et de culture visuelle à l’université de New York. « Le pixel n’a rien à voir avec le grain de l’argentique, c’est une mosaïque dont il est facile de modifier ou de retrancher un élément », déclarait-il.La retouche numérique intervient ensuite pour accentuer ou corriger cette interprétation initiale. La fascination derrière la publication d’images soi-disant « non retouchées » révèle surtout que l’on cherche à croire à la dimension naturelle de la photographie. Alors qu’elle est, par essence, artificielle.Pour Jérôme [le prénom a été modifié], directeur technique dans une agence de postproduction de renommée internationale, il est ainsi difficile de parler d’image non retouchée en ce qui concerne la photographie de Cindy Crawford. Selon lui, pour cette image, « les contrastes ont très bien pu être renforcés pour accentuer l’effet naturel ».Cindy crawford releases honest, un-photoshopped image http://t.co/ehbjfbyWrk #BeReal http://t.co/27tLSzOg1C— BeReal_Campaign (@Be Real)require(["twitter/widgets"]);« 80 à 90 % de femmes »L’agence de Jérôme traite principalement des commandes passées par des publicitaires ou des marques du domaine du luxe. On y pratique la retouche numérique de manière intensive. « Sur certaines images très retravaillées, c’est facilement 50, voire 75 % de la surface d’une photo qui peut être modifiée », précise Jérôme.Il faut distinguer, dans son travail, plusieurs types d’intervention : la postproduction peut aller de la chromie, qui consiste à modifier les valeurs colorées et lumineuses, jusqu’à la retouche elle-même, où l’on intervient sur l’aspect géométrique de l’image. La peau est lissée, les boutons, les poils, les cernes ou les rides sont supprimés. Parfois, la retouche peut aller encore plus loin.Pour la campagne d’une grande marque de luxe incarnée par une actrice américaine, il a fallu par exemple satisfaire à la fois l’annonceur et la star. « Au bout du compte, le corps et le visage de l’actrice provenaient de deux images différentes, réalisées lors de la même prise de vue », raconte Jérôme. Il est même arrivé à l’agence de devoir masquer le ventre arrondi d’un modèle qui avait posé à trois mois de grossesse.Ces retouches concernent en grande majorité le corps féminin. « Entre 80 et 90 % des images que l’on retravaille représentent des femmes. » Et pour les photos qui représentent des hommes ? L’intervention est bien plus légère selon lui : « Les clients souhaitent un rendu plus brut quand il s’agit d’hommes, moins doux. »« Ce qui importe, c’est le rendu »Ce contrôle exercé sur l’image du corps des femmes célèbres n’est pas nouveau. Dans l’ouvrage Mythologies (Seuil, 1957), Roland Barthes consacrait un chapitre au visage de Greta Garbo, « visage non pas dessiné, mais plutôt sculpté, dans le lisse et dans le friable, c’est-à-dire à la fois parfait et éphémère ». Pour éviter de voir des images d’elle vieillissante, l’actrice aurait décidé de se retirer de la vie publique afin d’éviter que « l’essence se dégradât ».En ce qui concerne spécifiquement la photographie, les questions posées par la retouche sont également aussi vieilles que le support lui-même, comme le rappelle André Gunthert, chercheur en histoire culturelle et études visuelles. Le phénomène a accompagné la photographie à travers toute son histoire, dans la mode, comme dans le reportage ou la propagande politique, comme le montrait déjà, en mai 1945, une photo prise sur le toit du Reichstag, à Berlin, mise en scène par le photojournaliste soviétique Evgueni Khaldeï.Si, dans la photographie de presse, la retouche pose un réel débat éthique, les professionnels qui travaillent dans les domaines de la publicité, de la mode et de la retouche se sentent toutefois beaucoup plus libres. « Ce qui importe, c’est le rendu. La conformité avec la scène originale importe très peu », explique Jérôme lorsqu’il évoque le travail de son agence de postproduction.Aucune loi en FranceDe quoi provoquer des questionnements sur la manière dont sont représentés les corps dans l’espace public. Certaines campagnes de publicité se sont déjà vues interdites de publication, comme ce fut le cas au Royaume-Uni en 2011. Mais, en France, malgré un débat à l’Assemblée en 2009, aucune législation n’oblige les annonceurs à signaler une quelconque intervention sur une image.Ce débat dépasse toutefois largement le cadre du politique. En France, le magazine Causette revendique par exemple une certaine forme d’authenticité, en refusant tout type de retouche visant à masquer des imperfections dans ses pages. En 2006, le fabricant de cosmétiques Dove avait produit un court-métrage destiné à montrer l’intensité des retouches dans la publicité. Sa dénonciation était néanmoins devenue un argument marketing.Le naturel, nouvel outil de communication des starsGabriel CoutagneJournaliste au Monde 24.03.2015 à 10h00 • Mis à jour le24.03.2015 à 10h33 | Cédric Pietralunga Familier des manœuvres boursières, Vincent Bolloré ne s’attendait sans doute pas à un tel coup de Trafalgar. Lundi 23 mars, le fonds américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) a déposé deux résolutions auprès du directoire de Vivendi pour réclamer une hausse du dividende versé aux actionnaires et un éclaircissement de la stratégie du géant tricolore, dont le milliardaire breton préside le conseil de surveillance depuis juin. Ces deux résolutions devraient être inscrites à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril.« PSAM estime que Vivendi est nettement sous-valorisé du fait de sa trésorerie excédentaire, de sa politique de distribution inadaptée et de l’incertitude liée à l’utilisation à venir de ce capital », explique le hedge fund dans un communiqué publié lundi. Concrètement, le fonds new-yorkais reproche à Vivendi d’avoir vendu pour quelque 15 milliards d’euros d’actifs depuis dix-huit mois (SFR, GVT, Activision Blizzard, Maroc Telecom) mais de n’en reverser que 5,7 milliards à ses actionnaires. « Aucune compagnie de la taille de Vivendi ne dispose d’un tel montant de cash inutilisé, c’est anormal », explique au Monde Peter Schoenfeld, venu à Paris défendre ses positions.Fort de 0,8 % du capital de Vivendi qu’il dit représenter, PSAM demande au géant des médias de redistribuer 9 milliards d’euros à ses actionnaires. « Cela laisserait encore une trésorerie excédentaire de plus de 5 milliards d’euros à Vivendi, largement de quoi lui permettre de continuer son développement », assure M. Schoenfeld, dont le fonds dispose de 3,4 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Surtout, celui que le Financial Times surnomme le « Deal Junkie » estime que l’action Vivendi restera sous-cotée tant que M. Bolloré ne précisera pas sa stratégie. A 22,90 euros, le cours de Bourse du groupe tricolore est loin de sa « valeur intrinsèque d’environ 25 euros à 27,50 euros par action », assure PSAM. Nombreuses rumeursPas impressionnée, la direction de Vivendi a réfuté par avance les arguments avancés par PSAM. « Le directoire dénonce les tentatives de démantèlement du groupe (…) et réaffirme sa volonté de construire un groupe industriel mondial, champion français des médias et des contenus », a indiqué le géant tricolore dans un communiqué publié lundi, rappelant que M. Schoenfeld réclamait également depuis plusieurs mois la vente de sa pépite Universal Music. « Distribuer plus d’argent aux actionnaires réduirait considérablement la marge de manœuvre du groupe, ce n’est pas ce qui est souhaité par la majorité d’entre eux », assure un proche de la direction de Vivendi. Premier actionnaire de l’ex-Générale des eaux, M. Bolloré a récemment porté sa participation de 5,15 % à 8,15 %, moyennant un investissement de 852 millions d’euros.Mis sous pression, l’industriel bigouden, qui affirme vouloir créer un « Bertelsmann à la française », pourrait néanmoins dire plus vite que prévu ce qu’il compte faire du trésor de guerre de Vivendi. Alors que le groupe martèle depuis des mois privilégier la croissance organique, de nombreuses rumeurs circulent sur son intérêt pour le groupe Amaury (Le Parisien, L’Equipe, le Tour de France, etc.) ou pour Lagardère Active (Paris Match, Elle, Europe 1, etc.).Lire aussi :La stratégie de la tirelire du Groupe BolloréEn Italie, son nom est également cité pour monter à l’assaut de Telecom Italia, que M. Bolloré connaît bien pour avoir longtemps été l’un de ses premiers actionnaires par l’intermédiaire de Mediobanca. Déjà, l’espagnol Telefonica lui a cédé 5,7 % du capital de l’opérateur italien (plus 4,6 milliards d’euros en numéraire) en échange du brésilien GVT. Preuve que les choses bougent, Vivendi a pour la première fois reconnu lundi qu’il comptait mener « une politique de développement interne et externe ambitieuse ». L’attente ne devrait plus être très longue…Lire aussi :Numericable-SFR : Vivendi cède ses 20 % à Drahi Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof Une soixantaine de départs, la fusion de plusieurs éditions locales, une hausse du prix de vente du quotidien : le plan de sauvegarde de l’emploi de La Provence, doublé d’un plan stratégique de développement, sera détaillé mercredi 25 mars à Marseille devant les représentants du personnel, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire. Il cible des économies tous azimuts et une réorientation des équipes rédactionnelles sur l’information régionale.Le groupe de presse, installé à Marseille et propriété de Bernard Tapie, vit depuis plusieurs années une forte érosion de son lectorat. En décembre 2014, il vendait moins de 108 000 exemplaires par jour. Depuis 2010, le quotidien a perdu plus de 17 % de ses lecteurs. L’an dernier, il a également vu ses recettes publicitaires fondre de 14 % et fait face à une situation économique compliquée. « Grâce à des reprises de provisions, nous avons fini 2014 presque à l’équilibre… Mais il y a bien 3,5 millions d’euros annuels d’économies à trouver pour ne pas se retrouver en situation d’urgence », explique Claude Perrier, le nouveau président directeur général du groupe, nommé le 20 février.Bernard Tapie a hésitéDans un paysage médiatique marseillais en plein marasme – le quotidien La Marseillaise et le mensuel Le Ravi sont en redressement judiciaire, le site d’infos Marsactu a été liquidé le 4 mars –, La Provence n’a pas le choix : « Il faut réduire fortement les coûts et travailler sur une relance par les revenus », expose le patron du groupe, ancien directeur du réseau radiophonique France Bleu.« La stratégie était identifiée depuis juillet [2014], confie un haut cadre de La Provence, mais Bernard Tapie a beaucoup hésité… Il ne savait pas trop ce qu’il voulait. » L’actionnaire principal, en difficulté dans le cadre de l’arbitrage de l’affaire Crédit lyonnais-Adidas, a finalement donné son accord mi-février pour lancer les grandes manœuvres. « M. Tapie a fortement investi dans le plan de relance du journal », assure M. Perrier, sans vouloir donner de chiffres.Diffusée sur trois départements, La Provence compte actuellement treize éditions locales différentes. Une poignée d’entre elles devraient être fusionnées pour réduire les coûts d’impression, notamment dans le nord du Vaucluse, le pourtour de l’étang de Berre ou la zone Aubagne-La Ciotat. Cette réduction doit permettre au journal, imprimé dans son siège sur ses propres rotatives, de faire également baisser les effectifs d’ouvriers du livre qu’il emploie quotidiennement.« Relance par le contenu » « La baisse des effectifs du journal est une obligation… Mais nous ferons tout pour qu’elle se déroule uniquement sur la base du volontariat », assure Michel Clau, le directeur des ressources humaines. Comptant actuellement 700 salariés – 950 en intégrant les effectifs de Corse-Matin, également possession de M. Tapie –, La Provence vise une soixantaine de départs, dans tous les secteurs de l’entreprise : administratif, technique et rédactionnel. « Le dialogue social a déjà été fructueux », assure, à ce sujet, M. Perrier. Un avis que ne partagent pas forcément les syndicats. « Nous manquons encore de visibilité, tempère Romain Luongo, responsable FO journalistes. Notamment sur le nombre de réunions de négociation que nous aurons et sur la façon dont la rédaction sera réorganisée. »S’il souhaite concentrer le nombre de ses éditions locales, le quotidien du sud-est promet que le contenu ne subira pas de nouvelle cure d’amincissement. « Nous sommes persuadés qu’il y a encore une place pour le papier, à condition de jouer la carte de la valeur ajoutée », note M. Perrier. Depuis quelques mois, La Provence étudie toutefois la possibilité d’acheter des contenus nationaux et internationaux à des quotidiens parisiens. « L’hypothèse a été abandonnée, promet le nouveau PDG. Nous savons produire de l’information nationale. Il n’y aucune raison pour que nos équipes soient privées de ce travail, même si notre ADN, comme c’était le cas pour France Bleu, est avant tout l’information locale. »La nouvelle direction compte aussi beaucoup sur ses projets numériques – « y compris la Web-télé et la radio » – et un secteur événementiel qui a déjà rapporté 1,5 million d’euros en 2014. Une hausse du tarif de vente (1,10 euro actuellement) est aussi prévue. « Nous avons atteint un tel niveau de lecteurs que, aujourd’hui, les gens qui nous achètent encore ne sont plus sensibles à une petite augmentation de prix », juge-t-on à la tête de l’entreprise. En 2014, une hausse a déjà touché une partie des éditions du journal. « Il n’y a pas eu d’effet marquant sur les ventes par rapport aux zones où nous avons gardé le prix inchangé », rappelle-t-on.Lire aussi : « La Provence » face à l’inconnue TapieLe plan de réduction des coûts ne devrait pas frapper trop brutalement les effectifs de la rédaction de La Provence. Avec 39 départs chez les journalistes en 2014, à la suite du rachat par M. Tapie, le nombre des journalistes est tombé autour de 175. « Un point bas », reconnaît-on à la direction du groupe, où l’on précise que « des départs volontaires pourraient avoir lieu ». « Les journalistes, c’est le cœur du réacteur », assure M. Clau, lui-même issu de la rédaction.Bernard Tapie a, semble-t-il, trouvé une autre manière de faire des économies sur le poste journalistes. A sa demande, La Provence a décidé de remettre en cause les jugements de la Commission arbitrale des journalistes fixant les indemnités dues à une trentaine de salariés ayant quitté le groupe en 2014 en clause de cession. « Lors des passages devant la commission, nous avons prévenu que la situation économique de l’entreprise ne permettait pas de payer ces indemnités supplémentaires aux salariés, explique M. Clau. Nous avons donc formé un recours en annulation contre l’ensemble des sentences devant la cour d’appel de Paris, ce que nous autorise à faire le code du travail. » « Nos décisions n’ouvrent droit à aucun recours ni à aucun appel », s’étonne-t-on à la Commission, où l’on assure que cette remise en question est inédite. La somme due par La Provence à ces salariés avoisinerait, selon le groupe, près de 2 millions d’euros.  Gilles RofJournaliste au Monde 23.03.2015 à 15h37 • Mis à jour le23.03.2015 à 17h31 Un jugement en référé a donné raison vendredi 20 mars à la direction de France Télévisions, qui a interdit à ses salariés de faire grève cinquante-neuf minutes.Depuis la fin de janvier, les syndicats du groupe audiovisuel public déposent des préavis de grève à répétition. Des grévistes, essentiellement des techniciens, font grève cinquante-neuf minutes à des moments clés de la journée, par exemple juste avant d'enregistrer un direct, avaient expliqué les syndicats. Un choix qui leur permet de ne perdre qu'une heure de salaire.Lire aussi : France Télévisions : les syndicats en campagneCette pratique gêne considérablement de nombreuses émissions depuis des semaines, sans que le téléspectateur s'en aperçoive vraiment : les journaux ou autres émissions en direct sont enregistrés non pas en plateau mais dans la salle de régie finale, ou – comme pour certaines antennes régionales de France 3 – sans présentateur, ou encore dans des studios privés loués pour l'occasion. Dimanche soir par exemple, la soirée électorale de France 3 a été tournée dans un studio de Saint-Cloud, selon des sources syndicales. Des délocalisations qui sont coûteuses pour le groupe, justifie la direction.Le 6 mars, le président du groupe, Rémy Pflimlin, avait publié une note interne exigeant que les grévistes se déclarent comme tel en début de journée, sous peine de sanction. Les syndicats avaient alors déposé un recours en référé contre cette demande et organisé une grève jeudi 19 mars pour défendre ce type d'actions.Lire aussi (édition abonnés) : Diriger France Télévisions serait-il « le pire job des médias » ?La direction souhaite l'« apaisement »Lundi, la direction s'est félicitée de la décision du juge en référé par la voix du directeur des ressources humaines, Patrice Papet :« C'est une décision très claire : non seulement le président de France Télévisions était en droit de rédiger cette note, mais il était aussi tenu de le faire car il doit prendre les mesures qui assurent l'exécution du service.« Les salariés doivent dire s'ils sont grévistes en arrivant à leur travail. Ils peuvent alors faire grève cinquante-neuf minutes, mais en début de journée, ou bien une demi-journée ou une journée. »Dès lundi, la direction a convoqué des employés qui ont mené ces grèves de cinquante-neuf minutes pour des entretiens préalables à des sanctions. « Nous sommes prêts à ne pas donner de suite aux procédures si tout le monde respecte la note », a assuré M. Papet. A partir du moment où les règles sont appliquées, on souhaite évidemment l'apaisement. » Selon la direction, quatre cents salariés seulement ont fait grève jeudi.Lire aussi : Le gouvernement encadre le futur de France Télévisions 23.03.2015 à 11h56 • Mis à jour le23.03.2015 à 16h23 Un an après sa nomination à la présidence de Radio France, Mathieu Gallet est confronté à une équation financière délicate. A court de trésorerie, l'entreprise publique doit d'urgence rééquilibrer son budget. Cette situation suscite l'inquiétude des salariés, dont une partie est en grève depuis jeudi 19 mars, sur fond de polémique sur le train de vie de la présidence.Lire aussi : Radio France : les dépenses de la direction auscultées Comprenez-vous l'émotion suscitée par les frais de rénovation de votre bureau ?Je la comprends, surtout dans la période d'inquiétude que nous traversons, avec des économies importantes à réaliser ces prochaines années. C'est une décision prise fin 2013, avant mon arrivée, il est vrai que j'aurais pu y surseoir. C'était une erreur de ne pas le faire, c'est ma responsabilité, et je veux présenter mes excuses aux collaborateurs de Radio France.Pourquoi cet écart entre le devis initial et le coût final de 105 000 euros ?C'est un bureau historique dont la restauration a été supervisée par un architecte des Monuments historiques. La restauration du décor en palissandre a coûté, à elle seule, 70 000 euros. Ma seule intervention a consisté à changer la moquette, à refaire la peinture – ce qui était indispensable après avoir démonté le décor en bois –, à remplacer les stores et à installer une table de réunion et des chaises pour que ce bureau devienne aussi une salle de réunion.Y a-t-il d'autres dépenses qui peuvent faire débat, alors que l'inspection générale des finances va ausculter vos comptes ?Je n'ai aucun problème avec l'enquête de l'IGF qui a été diligentée par l'Etat, au contraire. Beaucoup de calomnies circulent sur mon compte, comme le fait que j'aurais voulu changer le cuir de la voiture de mon prédécesseur, ce qui est totalement faux. Je vois bien le type de campagne de déstabilisation qui semble s'organiser. Je m'attends à d'autres prétendues révélations. Mais cette campagne, lancée comme par hasard à la veille d'une grève, vise à nous détourner du fond, qui est la transformation de Radio France et son développement, dans un cadre qui va être contraint. L'équation est complexe : notre redevance a baissé de plus de 8 millions d'euros depuis 2012 et nos charges continuent de progresser.Lire aussi : Dialogue de sourds entre Mathieu Gallet et les salariés de Radio France Vendredi, vous avez parlé aux salariés qui ont ensuite reconduit leur mouvement de grève. êtes-vous dans une impasse ?J'ai retenu de l'assemblée générale que le projet immobilier de réhabilitation de la Maison de la radio cristallise beaucoup de colère. Les salariés n'ont pas envie de payer en emplois, un projet qui n'est aujourd'hui plus financé. Au cours des trois dernières années, 87 millions d'euros de dotations ne nous ont pas été affectés dans le cadre du redressement des finances publiques. C'est une des raisons pour lesquelles notre trésorerie est passée dans le rouge et sera négative de près de 280 millions d'euros en 2019 si rien n'est fait. Or ce chantier aurait dû être achevé en 2014. Moi non plus je n'ai pas envie que les emplois paient les murs. D'où mes discussions avec l'Etat pour soulager notre trésorerie, soit par une subvention spécifique, soit par un recours à l'emprunt.Personne ne semble plus maîtriser les coûts de ce chantier…Je propose un moratoire sur les prochaines phases du chantier, tant qu'une expertise indépendante ne viendra pas nous préciser comment le terminer et distinguer ce qui est nécessaire, pour la sécurité et la mise aux normes, de ce qui ne l'est pas. Il y a dix ans, quand la décision a été prise, la complexité du chantier a sans doute été sous-estimée. La Cour des comptes, qui prépare un rapport sur la gestion de Radio France, y reviendra largement.Lire l'intégralité de l'entretien (en édition abonnés) 23.03.2015 à 11h20 • Mis à jour le23.03.2015 à 12h29 | Stéphanie Binet Le Woop, collectif d’humoristes, diffuse sur YouTube une parodie de série télé, entre « Les Anges de la télé-réalité » et « Secret Story »L’humour sur le Web a ses héros : Bonjour Tristesse, Cyprien Iov, Norman… Le succès est tel pour ces deux derniers qu’ils ont leur one-man-show. Le Woop a suivi leur exemple sur la scène de l’Apollo de Paris et en province. Mais ce collectif, qui mélange humoristes venus de YouTube (Mister V, Hugo Tout Seul) et de la scène stand-up (Mike Kenli, Hakim Jemili, Malcolm ToTheWorld, Youssoupha Diaby et Jérémie Dethelot), vient de franchir une nouvelle étape. Depuis le 20 mars, ils diffusent sur Internet une parodie d’émission de télé.A mi-chemin entre « Les Anges de la télé-réalité » sur NRJ 12 et « Secret Story » sur TF1, « Punta Kaïra » enferme dans une villa somptueuse de République dominicaine sept jeunes de banlieue. Youssoupha, qui a grandi dans une cité de Plaisir, dans les Yvelines, a eu l’idée de l’émission en découvrant dans sa boîte mail les photos de la maison où le Woop allait passer ses vacances à Punta Cana pour se reposer de sa précédente tournée : « Ça m’a rappelé quand je partais en vacances avec ma maison de quartier. On se retrouvait tout à coup en Ardèche où tout marche au ralenti, sans que personne ne nous suive dans les magasins. Alors, je me suis dit que ce serait drôle de projeter des mecs comme nous dans un endroit paradisiaque où on ne peut pas se plaindre, où on ne peut pas rester en doudoune toute la journée, et où on ne peut pas squatter les cages d’escalier… Comment allons-nous nous en sortir ? »Absurdité des situationsL’équipe va passer ses vacances à tourner des sketchs vidéo pour sa série Web. Malcolm, originaire, lui, de Brignoles, dans le Var, propose d’introduire dans le groupe un intrus, une fausse « caillera » (verlan de « racaille »). L’enjeu de ce reality-show de quatre épisodes consistera à définir ce qu’est une vraie racaille et ce qui n’en est pas une.Toute la force comique du Woop est là. Ses membres misent sur l’absurdité des situations, sur leur parcours social, rarement sur leur couleur de peau ou leur culture d’origine. Ils n’ont pas l’humour communautaire de leurs aînés du Jamel Comedy Club : « Eux avaient un combat à mener dans les médias sur ces questions, précise Hugo Dessioux, dont le nom de scène est Hugo Tout Seul. Notre génération fait moins attention aux couleurs des uns et des autres. Ce qui est notre cas. »Les modes et les tics d’adoDans leurs vidéos, « Les Notices », qu’ils diffusent depuis février 2014 à raison de quatre par mois, ces humoristes jouent sur les modes et les tics des adolescents, tournent en dérision leur vie de jeunes de quartier ou d’habitants de zone pavillonnaire. Mister V,, de son vrai nom Yvick Letexier, a, lui, grandi dans une bourgade de 1 700 habitants en périphérie de Grenoble. A 21 ans, c’est le plus jeune de la bande. Il poste ses sketchs depuis l’âge de 15 ans et est devenu l’idole des préadolescents avec ses « phrases de moche » et ses imitations de chanteur de R’n’B : « En m’adressant à une caméra, décrypte le jeune comédien, je parle de ma vie et ça parle aux ados, parce qu’ils ont la même que la mienne. Il y a un rapport de fausse proximité entre le YouTuber et l’adolescent qui le regarde. » Hugo Tout Seul s’en plaint d’ailleurs dans le spectacle : « Quand tu fais des vidéos sur Internet, ce qui est marrant c’est que les gens sont vachement impliqués dans ta carrière. Si je ne mets pas de vidéo pendant quelques mois, je reçois des mails de plainte : “Hugo il va falloir se ressaisir, tu prends un mauvais tournant.” Je vais regarder sur le profil Facebook du plaignant, et il est en 4e B à Besançon, et en plus il a redoublé. »Animé par Mike, le DJ du groupe, le spectacle est construit comme une soirée en discothèque avec pour maître de cérémonie Hakim Jemili, Strasbourgeois de 25 ans, habitué des ligues d’improvisation. Il s’est mis à l’humour sur le Web avec le Woop.Le Woop sur le Web  : youtube..com/user/woopgang. En tournée à partir du 2 avril. Du 17 avril au 3 mai à L’Apollo, 18 rue du Faubourg-du-Temple, Paris.Stéphanie BinetJournaliste au Monde 21.03.2015 à 02h55 • Mis à jour le21.03.2015 à 14h34 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Londres. Correspondant.Depuis sa fondation, en 1821 , The Guardian n'a connu que onze rédacteurs en chef. Le douzième, qui a été désigné vendredi 20 mars, sera une femme pour la première fois de l'histoire du quotidien de centre-gauche britannique. Katharine Viner, 44 ans, qui dirigeait son édition américaine en ligne, succèdera, l'été prochain, à Alan Rusbridger. Ce dernier, qui occupait ce poste depuis vingt ans, a conduit la révolution numérique et transformé le journal en un média d'audience mondiale, défiant les gouvernants en publiant les documents de la NSA fournis par Edward Snowden.Lire aussi :« The Guardian », du journal local au média globalKhatarine Viner a promis de continuer à faire du Guardian « un lieu dédié au journalisme le plus ambitieux, aux idées et aux événements ». Elle va apporter son « immense expérience, son flair, sa convivialité, son imagination et sa formidable énergie à ses nouvelles fonctions », a assuré son prédécesseur.Le journal fait face à d'« importants défis »Mme Viner a été désignée à l'issue d'un long processus au cours duquel elle a rallié 53 % des voix de la rédaction au cours d'un vote consultatif. Elle figurait avec Ian Katz, rédacteur en chef à la BBC 2 et ancien du Guardian, sur la « short list » retenue par le Scott Trust, structure sans but lucratif qui est garant de l'indépendance éditoriale et financière du journal.Ancienne d'Oxford, Katharine Viner s'est fait un nom au Guardian non pas dans le domaine politique ou diplomatique, mais dans la couverture des modes de vie, puis dans plusieurs postes de rédaction en chef du secteur magazine. Son premier papier publié en 1992, intitulé « Tempête dans un bonnet D » était consacré aux femmes à la poitrine opulente, rapporte le Financial Times. Ces dernières années, elle a été chargée du lancement de l'édition numérique du journal en Australie avant de devenir, en 2014, rédactrice en chef de l'édition en ligne du journal créé aux Etats-Unis trois ans plus tôt.Alors que le tirage de la version imprimée du Guardian est tombé à 180 000 exemplaires et que des rumeurs circulent sur sa disparition, la nouvelle rédactrice en chef a déclarée que l'édition papier « ne doit pas entraver notre passage au numérique mais doit être vénérée au moment où nous choisissons de la conserver ». Elle n'a pas caché qu'en dépit d'« une structure de propriété exemplaire, d'une réputation mondiale et d'excellents journalistes », le journal faisait face à d'« importants défis ». A la recherche de son modèle économiqueEn dépit de scoops à répétition et d'une avance dans le domaine numérique, le journal, installé près de la gare de King's Cross à Londres, cherche toujours son modèle économique. Le quotidien et son édition dominicale The Observer ont perdu 30, 6 millions de livres (42,3 millions d'euros) en 2014. Le choix de la gratuité intégrale sur l'Internet, la qualité et les audaces rédactionnelles ont hissé le site du Guardian au second rang mondial parmi les médias d'information de langue anglaise, derrière le site Mail On line du Daily Mail et devant le New York Times. Mme Viner s'est d'ailleurs prononcée contre l'introduction d'un « paywall » (paiement au-delà d'un certain nombre d'articles consultés) pratiqué par ce dernier. « Economiquement, il est trop tôt pour l'écarter alors que nous tentons tous de survivre, a-t-elle déclaré en 2013. Mais journalistiquement, les paywalls sont totalement contraires à l'ouverture du web ». Mais les recettes publicitaires générées par le site du Guardian et son immense audience (7,35 millions de visiteurs uniques par jour contre 14,7 millions pour Mail Online) sont loin d'assurer l'équilibre en dépit d'une bonne performance financière dans le numérique (+ 24 % l'an passé). Le secret de la bonne santé rédactionnelle du journal en dépit de pertes répétées tient dans le « trésor de guerre » de 850 millions de Livres sterling (1175 millions d'euros) en avoirs et participations dans des sociétés lucratives détenu par sa maison-mère, le Guardian Group Media (GMG). Selon le Guardian lui-même, le placement de ce pactole permet au journal d'éponger ses dettes et d'assurer son indépendance éditoriale à perpétuité.Philippe BernardPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le débat sur l’avenir de Charlie Hebdo n’est pas nouveau au sein du journal mais il est aujourd’hui plus tendu. En cause, la fuite d’un e-mail dans la presse : jeudi 19 mars, l’AFP a rapporté que des membres de l’équipe de l’hebdomadaire satirique ont annoncé avoir créé une association afin de réclamer un fonctionnement plus collectif et transparent du journal, décimé par un attentat le 7 janvier.« Je suis écœuré que des éléments tirés de réunions internes se retrouvent dans la presse. Nous avions des engagements mutuels. Ce n’est pas digne de Charlie Hebdo », regrette Eric Portheault, directeur financier du journal et détenteur de 20 % du capital (le reste est détenu à 40 % par le directeur de la publication, Riss, et à 40 % par les parents de Charb, l’ex-directeur décédé).La gêne est perceptible. Du côté de la direction mais aussi du côté du collectif de journalistes, on assure ne pas avoir transmis le courriel à la presse. La masse d’argent reçue par Charlie Hebdo depuis janvier – plus d’une quinzaine de millions d’euros entre les dons et les ventes historiques du premier numéro et celles des suivants – accentue les crispations.Concrètement, la création de l’association est la concrétisation d’une volonté affichée depuis longtemps dans la rédaction. Celle-ci réclame une gouvernance plus ouverte, dans un journal au fonctionnement assez familial, avec trois directeurs et actionnaires concentrant l’essentiel des pouvoirs.>> Lire notre enquête : « Charlie Hebdo », une résurrection sous tensionDeux avocats engagés« Jusqu’ici, à Charlie Hebdo, il n’y avait pas de société des rédacteurs, alors que c’est courant ailleurs », explique Patrick Pelloux, chroniqueur et secrétaire général de la structure dont le président, Laurent Léger, journaliste d’investigation, est l’auteur de l’e-mail cité par l’AFP. Le collectif estime représenter la grande majorité des membres de l’équipe, dont le dessinateur Luz, par exemple. Il a engagé deux avocats, dont Antoine Comte, qui a notamment défendu le site Rue89, le Syndicat de la magistrature et l’homme politique Olivier Besancenot. Et pourraient accueillir des personnalités extérieures comme l’actrice Josiane Balasko ou le metteur en scène Jean-Michel Ribes.« Nous voulons être davantage informés et associés aux décisions », explique Patrick Pelloux. Le collectif demande de plus un audit financier, « pour couper court aux ragots sur l’argent et nous protéger, ainsi que la direction ».L’équipe va plus loin et réclame l’ouverture du capital à un actionnariat salarié. Formulée depuis plusieurs semaines, cette revendication est présentée comme le moyen de refonder le journal en le mettant aussi en phase avec ses convictions politiques. « Les sociétés anonymes lucratives ne sont plus modernes. Les sociétés coopératives ont de meilleurs résultats », estime Patrick Pelloux.C’est le point qui cristallise le plus les tensions. La dépêche était titrée : « Division à Charlie Hebdo sur l’argent du journal ». Des proches de la direction sous-entendent qu’il est indigne d’évoquer dès aujourd’hui la répartition future du capital car elle concerne notamment les 40 % détenus par Charb, dont les parents sont encore en deuil. La dessinatrice Coco, qui ne fait pas partie du collectif créé cette semaine, a envoyé un message dans ce sens.« En tant qu’avocat dans ce journal depuis vingt-trois ans, je m’interdis de m’exprimer dans les médias sur une situation qui me désole et qui m’inquiète. Je sens des tensions certaines. J’ai une pensée particulière pour les familles des victimes et me demande comment ils regardent cela », déclare Richard Malka. L’avocat est très actif dans la vie du journal et y a fait venir la communicante Anne Hommel, qui, comme lui, a travaillé pour Dominique Strauss-Kahn. M. Malka est aussi proche du dessinateur Riss.« On essaye de nous faire passer pour des cupides, c’est n’importe quoi », regrette Patrick Pelloux. Après l’élan de solidarité suscité par les attentats et les épreuves vécues par l’équipe du journal, « la direction ne peut simplement pas rester dans les mains de deux personnes [les actionnaires Riss et M. Portheault] ».Sur le fond, tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut débattre de la gouvernance, du capital, et même du journal lui-même. Mais les proches de la direction souhaitent prendre du temps, alors que d’autres dans la rédaction aimeraient aller plus vite. « Il ne faut pas toujours reporter. On n’ira jamais mieux… », plaide M. Pelloux.Parmi les chantiers du journal figure la répartition des dons, qui doivent être versés aux blessés et aux familles des victimes. Mais aussi la mise en place d’une fondation destinée à soutenir le dessin de presse, en France et dans le monde. Des objectifs qui, eux, font consensus.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Exercice difficile que celui auquel s’est livré le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui est allé répondre aux questions des salariés de l’entreprise réunis en assemblée générale, vendredi 20 mars.Le PDG de #RadioFrance seul face aux salariés en colère #grève pic.twitter.com/Hf93rTcfVd— LaGrue James (@Lagruejames) 20 Mars 2015Interrogé par une salariée sur la « faute morale » qu’aurait constituée la rénovation de son bureau pour un montant global de 105 000 euros, M. Gallet a répondu « comprendre cette colère », mais a ajouté que ces travaux avaient été votés avant son arrivée.Lire aussi :Radio France : Mathieu Gallet fragilisé par le coût des travaux de son bureauSur les mesures d’économies envisagées pour résorber le déficit de l’entreprise, le PDG a expliqué poursuivre les négociations avec l’Etat pour fixer les objectifs et moyens de Radio France pour les cinq prochaines années."L'Etat ne va pas lâcher Radio France. Les négociations vont aboutir" #Gallet #RadioFrance— Jean Leymarie (@Jean_Leymarie) 20 Mars 2015M. Gallet a notamment expliqué que le départ de l’Orchestre national de France était une option."@delfsim: #Radiofrance #Gallet L'une des hypothèses est que l'Orchestre national de France "prenne son autonomie" Tollé."— Marion L'Hour (@MarionLHour) 20 Mars 2015« Je me bats avec l’Etat pour qu’il n’y ait pas de départs contraints », a également déclaré le PDG, en réponse aux inquiétudes sur un possible plan de départs qui pourrait concerner 300 à 400 personnes.M. Gallet a mis en avant le poids du chantier de rénovation de Radio France, dont le coût a explosé et qui pèse aujourd’hui lourdement sur le budget. Ainsi, sur les 21 millions d’euros de déficit programmés pour 2015, 15 millions relèveraient d’amortissements liés au chantier.Lire aussi :L’interminable chantier de la Maison de la radioLes salariés ont aujourd’hui le sentiment de devoir payer un lourd tribut à ce chantier et estiment qu’on prépare des économies sur la production de contenus pour continuer à financer l’ouvrage.#Gallet:"Je suis toujours en négociation avec l'Etat pour pouvoir finir le chantier". Les salariés: "Mais arrêtez avec votre chantier!" #AG— Julie Gacon (@juliegacon) 20 Mars 2015À l’issue d’un échange qui aura duré une heure trente, le PDG a quitté la scène du Studio 104.Bon Ben M. #Gallet a posé son micro et est parti sous les huées. The end.— Margaux Duquesne (@MduqN) 20 Mars 2015« Les salariés ont eu des éléments de langage, mais aucun élément de réponse », a jugé l’intersyndicale (CGT, SNJ-CGT, SUD, UNSA, CFDT, FOSNRT) dans un communiqué, évoquant « une crise de confiance vis-à-vis du PDG ». « C’était un peu un dialogue de sourds », a estimé Lionel Thompson, journaliste et délégué CGT.Les salariés de Radio France ont voté, vendredi après-midi, la reconduction de leur mouvement de grève.Lire aussi :Radio France : les dépenses de la direction auscultéesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 08h42 • Mis à jour le20.03.2015 à 14h31 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les tutelles de Radio France n’ont pas tardé à réagir, deux jours après les révélations sur les frais de rénovation du bureau de Mathieu Gallet. Selon les informations du Monde, une enquête a été diligentée, jeudi 19 mars, par les ministères de la culture et des finances pour vérifier les dépenses de la présidence, de la direction générale et du comité directeur de Radio France. La mission doit rendre ses conclusions dans une quinzaine de jours. Son périmètre d’étude sera notamment les frais de réception, les voitures de fonction et les frais de mission.Mardi soir, Le Canard enchaîné avait révélé que 105 000 euros avaient été dépensés en frais de rénovation du bureau du PDG. La direction avait expliqué que 70 % de ce budget correspondait à des frais de rénovation de boiseries en palissandre, une essence rare, ce qui s’apparente à de l’entretien de patrimoine, et que ces travaux avaient été décidés avant l’arrivée de M. Gallet. Néanmoins, ces révélations ont profondément marqué l’entreprise, confrontée à des exigences d’économies. Cinq syndicats ont engagé une grève illimitée, jeudi.Lire aussi :Radio France : Mathieu Gallet fragilisé par le coût des travaux de son bureauJeudi, dans les couloirs de Radio France, on évoquait aussi cette Peugeot 508 choisie pour remplacer la Citroën C6 de Jean-Luc Hees, dont M. Gallet souhaitait changer la sellerie. La direction de l’entreprise dément que le nouveau PDG ait demandé ce changement de sièges et explique que le renouvellement du véhicule était logique, le précédent comptant 125 000 km au compteur pour une valeur Argus tombée à 6 000 euros.« Problème de légitimité »À la Maison ronde – le siège de Radio France à Paris –, ces différents éléments ont nourri l’ironie et, parfois, la colère des personnels. Surtout, pour les syndicats, ils constituent une arme majeure alors qu’une grève potentiellement longue a commencé.Lors d’une assemblée générale jeudi matin, le comportement de M. Gallet a fait partie des sujets de discussion. « Il y a désormais un problème de légitimité du président », a ainsi lancé Philippe Ballet, délégué UNSA. Décrit comme un « gestionnaire », parlant plus volontiers aux médias qu’aux collaborateurs de son entreprise, le PDG a ainsi été affublé de l’étiquette « bling bling » lors des échanges. Sa décision, jeudi soir, d’annuler un concert prévu à l’Auditorium – alors que les musiciens grévistes avaient dit vouloir jouer – et de fermer le bâtiment au public, laissant l’orchestre improviser un récital dans le hall, a créé l’incompréhension.« Nous nous réjouissons de la mise en place de cette enquête, déclare Jean-Paul Quennesson, délégué SUD et membre de l’Orchestre national. Il y a à l’évidence des dépenses qui ne s’imposaient pas ou auxquelles on pouvait surseoir. La priorité doit être donnée aux outils de production et non de réception. L’Etat réagit vite car ces informations sont dévastatrices pour la parole du PDG. »« Si l’enquête ne porte que sur les frais de mission ou de réception, c’est frustrant, nuance Renaud Dalmar, délégué CFDT. Nous avons un problème majeur qui est le chantier de rénovation de la Maison de la radio, dont les coûts ont dérapé, c’est cela qu’il faudrait contrôler. »« Purger le sujet »De son côté, la direction s’affiche tranquille et voit dans cette enquête une opportunité de sortir de la polémique. « Cette mission est une bonne chose, indique Catherine Sueur, directrice générale déléguée. Cela devrait permettre de purger le sujet. » L’espoir est aussi celui d’une levée rapide de la grève. Mathieu Gallet devait s’adresser aux salariés de Radio France, vendredi à 11 heures.Le calendrier est serré. À la direction comme au gouvernement, l’heure est aux « arbitrages » sur les mesures d’économies, mais aussi les grands axes stratégiques de Radio France pour les cinq prochaines années. Aux yeux du gouvernement, il est indispensable qu’on ne puisse pas attaquer l’exemplarité de la direction de l’entreprise pendant cette période. Débat au CSALa direction du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) garde ses distances. Elle rappelle qu’elle ne dispose pas des comptes financiers de Radio France et que c’est le ministère de la culture qui exerce la tutelle. Le président Olivier Schrameck n’a donc pas appelé Mathieu Gallet pour évoquer les travaux qui ont fait polémique. « Le CSA régule les radios et les télévisions, pas les bureaux des présidents », abonde une source en interne.C’est pourtant le CSA qui a nommé M. Gallet, au terme d’une procédure censée tourner la page des nominations de l’ère Sarkozy. Comment juge-t-il son action, après un an de mandat ? Là encore, la présidence souligne que le CSA est une autorité collégiale, dont les membres n’ont pour l’instant pas débattu du bilan de Mathieu Gallet, et ne devraient en principe pas le faire avant le point d’étape prévu fin 2015.Le CSA fait le choix de la prudence et d’une lecture juridique de son rôle et de celui de la tutelle, plutôt que de réagir à chaud. Une décision qui semble fondée sur le pari que la situation peut s’arranger pour Mathieu Gallet. Car les difficultés du président de Radio France pourraient être imputées indirectement au CSA qui l’a nommé.Une autre source au CSA a un avis plus sévère et inquiet : « Mathieu Gallet donne le sentiment d’un homme assez seul, et qui est peu épaulé par les ministères, à la culture mais aussi à Bercy. On a l’impression d’un homme qui a du mal à faire face à la tempête. » Le CSA s’est-il donc trompé en le choisissant ? « La question se pose », estime cette source, rappelant « l’espoir » de renouveau et de gestion sérieuse suscité par sa candidature. « Mathieu Gallet a-t-il l’étoffe d’un patron d’audiovisuel de service public, dans cette période troublée pour le pays ? Nous allons le voir », conclut-on. Pour le CSA, les tensions autour de la présidence de Radio France sont en tout cas un élément de pression supplémentaire, au moment où il gère un dossier très sensible : la nomination du patron de France Télévisions, au plus tard le 22 mai.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Constant Du jamais vu sur la TNT. A l'occasion de la diffusion du premier épisode de la version française de « Top Gear », mercredi 18 mars 2015 en début de soirée, RMC Découverte a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience). L'émission consacrée à l'automobile a rassemblé un maximum de 1 078 000 téléspectateurs, à 21 h 39. Diffusé dans la foulée, le second épisode a rassemblé 793 000 téléspectateurs, soit 4,4 % de parts d'audience.La chaîne appartenant au groupe Next Radio TV diffusait déjà la version originale de « Top Gear », célèbre émission de la BBC dont les audiences du dimanche soir sur BBC2 dépassent souvent les 5,5 millions de fidèles. Le 11 février 2015, RMC Découverte battait déjà son record d'audience, toutes émissions confondues, avec 480 000 téléspectateurs scotchés devant un épisode de « Top Gear » UK.Lire : « Top Gear », ou l’éloge de la puérilitéEn décidant de produire une version française avec des moyens importants et le savoir-faire de BBC Worldwide France, Alain Weill prenait un risque. Car le rapport des Français à l'automobile n'est pas le même que celui des Britanniques. « Je ne m'attends pas à doubler notre audience du mercredi soir » avait-il déclaré lors de la présentation à la presse des extraits du premier épisode de ce « Top Gear » made in France. Visiblement, la sauce a pris et le public a apprécié la prestation du trio de présentateurs composé de Philippe Lellouche, Bruce Jouanny et Yann Larret-Menezo.Lire aussi : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Ironie de l'histoire, « Top Gear » France démarre en trombe alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt en raison d'un incident ayant mis aux prises Jeremy Clarkson, son présentateur emblématique, et un producteur. Une suspension qui a ému les téléspectateurs britanniques : 950 000 personnes ont signé une pétition pour le retour de la vedette.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Clément Guillou Dix personnes, dont les trois sportifs Florence Arthaud (voile), Camille Muffat (natation) et Alexis Vastine (boxe), sont mortes lundi 9 mars en Argentine dans une collision entre deux hélicoptères.Les trois champions étaient en tournage pour un jeu de télé­réalité de TF1 intitulé « Dropped ». Ils ne sont pas les premiers sportifs à trouver la mort dans une catastrophe aérienne.Le Torino (1949)La catastrophe du Superga, le 4 mai 1949, a changé le football italien. Ce jour-­là, le Fiat G­212 de la compagnie Aeritalia s'écrase sur cette colline des environs de Turin. L'appareil transporte l'équipe du football du Torino, le club de la classe ouvrière de la capitale du Piémont.A cette époque, on parle du « Gran Torino ». Depuis la deuxième guerre mondiale, le football offensif de l'équipe assemblée par le Hongrois Ernest Ebstein est irrésistible. Elle remporte cinq Scudetti — en 1943, 1946, 1947, 1948 et 1949. Dix-­huit joueurs, dont huit internationaux italiens et l'international français Emile Bongiorni, font partie des trente et une victimes. Le Torino rentrait d'un match amical à Lisbonne. Le grand buteur hongrois László Kubala, qui devait prendre l'avion, avait annulé son déplacement en raison de la maladie de son fils. Marcel Cerdan (1949)Le boxeur star des années 1940 est parmi les passagers du Paris-­New York d'Air France qui s'écrase sur une montagne des Açores le 28 octobre 1949, faisant quarante-huit morts. Il rejoignait Edith Piaf aux Etats- Unis.Cerdan attendait sa revanche contre le grand Jake LaMotta, prévue au Madison Square Garden en décembre, six mois après une défaite face à l'Américain à Detroit. « Le Bombardier marocain » était devenu un an plus tôt champion du monde des poids moyens en battant Tony Zale.Les « Busby Babes »  (1958)Comme le Torino neuf ans plus tôt, Manchester United est décimé dans l'accident de l'avion qui transporte l'équipe en 1958. Les « Busby Babes », la génération dorée emmenée par l'entraîneur Matt Busby, disparaît dans un crash. Elle rentrait d'un match de coupe d'Europe à Belgrade et faisait escale en Bavière. Au décollage de Munich, l'avion s'écrase en bout de piste, tuant une vingtaine de personnes, dont huit joueurs.Les « Busby Babes » étaient surnommés ainsi en raison de la faible moyenne d'âge de l'équipe lors de sa victoire dans le championnat anglais en 1956 et en 1957. Duncan Edwards, prodige de l'époque, figure parmi les victimes. Bobby Charlton, qui mènera l'Angleterre à la victoire en Coupe du monde en 1966, réchappe de l'accident.Equipe de patinage artistique américaine (1961)Toute l'équipe américaine de patinage artistique meurt dans l'accident du vol 548 de la Sabena à Berg, en Belgique, le 15 février 1961. La délégation se rendait aux championnats du monde en Slovaquie, qui sont annulés par la fédération internationale après l'accident du Boeing 707. Le patinage artistique américain est alors au sommet mondial et mettra plusieurs années à regagner des titres internationaux.Equipe de Green Cross (1961)Le Douglac DC-3 de la LAN Chile, transportant vingt-quatre personnes dont huit footballeurs de l'équipe chilienne de Green Cross, s'est écrasé dans la cordillère des Andes le 3 avril 1961. Une équipe d'alpinistes a retrouvé en février 2015 des restes du fuselage et des vêtements des victimes, loin du lieu jusqu'alors présumé de l'accident. Le club de Green Cross, champion national en 1945, a quitté Santiago en 1965 et a disparu vingt ans plus tard. Parmi les victimes de la tragédie figurait notamment l'international argentin Eliseo Mouriño.Les « Survivants » (1972)Cette catastrophe aérienne est surtout restée célèbre grâce au roman qui l'a racontée en 1974, puis à son adaptation sur grand écran en 1993, plus que pour la célébrité des victimes, membres d'une équipe uruguayenne de rugby. Le 13 octobre 1972, un Fairchild ralliant Montevideo à Santiago du Chili s'écrase dans la cordillère des Andes. Sur les 45 personnes à bord, 12 meurent sur le coup et 17  des suites de leurs blessures. Mais 16 survivront après s'être résignés à manger les restes des cadavres de leurs amis, préservés par le froid. Cette histoire de cannibalisme moderne marquera les esprits. Accident du Paris­-Dakar (1986)L'accident d'hélicoptère dans le centre du Mali lors du Paris-­Dakar 1986 est resté dans la mémoire des Français pour le nom de l'une des victimes : Daniel Balavoine. Cette année­-là, le chanteur ne participe pas à la course automobile, contrairement aux éditions 1983 et 1985, mais est présent pour une action humanitaire au profit de villages africains. L'hélicoptère qui le transportait s'écrase dans les dunes, de nuit. A son bord figure notamment le fondateur et organisateur du rallye, Thierry Sabine, lui-même ancien pilote.Equipe de football de Zambie (1993)Les « Chipolopolo » sont au sommet de leur art au début des années 1990, quand la sélection périt en avril 1993 dans l'accident de l'avion militaire qui les transporte au Sénégal pour un match de qualification pour la Coupe du monde 1994. L'avion s'abîme dans l'océan Atlantique. Aucun des trente passagers, dont dix-huit joueurs, ne survit. Les deux joueurs zambiens évoluant en Europe, qui devaient se rendre au Sénégal par leur propre moyen, convoquent à la hâte une nouvelle équipe, qui sera tout près de se qualifier pour la World Cup américaine. La Zambie se hisse aussi en finale de la Coupe d'Afrique 1994. Colin McRae (2007)Le champion du monde des rallyes 1995 meurt le 15 septembre 2007 dans l'accident de l'hélicoptère qu'il pilotait, dans sa propriété écossaise. Il transportait trois passagers, dont son fils de 5 ans.Equipe de hockey russe (2011)Le Yak­42 qui transportait les hockeyeurs et l'encadrement de l'équipe du Lokomotiv Iaroslavl à Minsk (Biélorussie) s'écrase à 300 kilomètres au nord­-est de Moscou. Quarante­-trois des quarante-cinq passagers meurent dans l'accident, dont plusieurs anciennes stars de la NHL (ligue nord-américaine de hockey sur glace), le Suédois Stefan Liv, le Slovaque Pavol Demitra ou encore le Tchèque Josef Vasicek.Clément GuillouJournaliste au Monde 10.03.2015 à 06h02 • Mis à jour le10.03.2015 à 09h13 | Alexandre Piquard L’émission de télé-réalité « Dropped », dont le tournage s’est terminé par un drame, lundi 9 mars, avec la mort de dix personnes, dont huit Français, devait être diffusée en 2015 sur TF1. Cette émission est réalisée par Adventure Line Productions (ALP), une grande société de production française spécialiste des jeux d’aventure comme « Fort Boyard » ou « Koh-Lanta ». Société historique, créée en 1972, elle a déjà été confrontée à une crise quand, en mars 2013, un participant à « Koh-Lanta » était mort lors d’un tournage au Cambodge.A l’origine, la société produisait des jeux d’aventure comme « Fort Boyard », devenu un des fleurons de la télévision française, mais aussi « La Chasse aux trésors » ou « La Course autour du monde ». ALP, qui compte aujourd’hui une trentaine d’employés permanents au siège, produit aussi ponctuellement des fictions ou le magazine d’actualité quotidien d’Arte « 28 minutes », présenté par Elisabeth Quin.Ces dernières années, ALP a réalisé plusieurs adaptations de formats étrangers de grandes émissions aux frontières du jeu, du divertissement et de la téléréalité : « Koh-Lanta » (inspiré de « Survivor »), « Popstars », « Belle toute nue » (inspirée de « How to look good naked «)… Elle a produit « Moundir l’aventurier de l’amour », autour d’un ancien participant de « Koh-Lanta », ou « L’Etoffe des champions », jeu d’aventure diffusé à l’été 2011 avec des anciens du monde du sport, comme le judoka Thierry Rey et l’entraîneur de football Raymond Domenech.« Dropped » est un format adapté d’une émission diffusée à la télévision suédoise en 2014 et produite par Zodiak, le groupe de production auquel appartient désormais ALP. Le tournage de la version française avait commencé en Argentine à la fin février. L’accident mortel est survenu alors que l’équipe, d’environ 80 personnes au total en comptant les employés locaux, commençait l’enregistrement de la deuxième émission.Indemnisation après la mort d’un candidatAvant le crash fatal de deux hélicoptères le 9 mars, ALP avait déjà été confrontée à un drame : en mars 2013, un participant, Gérald Babin, 25 ans, avait été victime d’une crise cardiaque lors de la première journée de tournage de la 16e saison de « Koh Lanta », au Cambodge. Evacué, le candidat était mort à l’hôpital.Le drame, le premier pour une émission de télé-réalité en France, avait provoqué un choc d’autant plus fort que « Koh-Lanta », diffusé sur TF1, touche un large public. S’en était suivie une polémique sur de possibles négligences des secours et dix jours après la mort du candidat, le médecin de l’émission, Thierry Costa, se suicidait, au Cambodge. « Des accusations et suppositions injustes ont été proférées à mon encontre », écrivait-il dans une lettre posthume. Une information judiciaire pour homicide involontaire avait été ouverte.En mars 2014, selon des sources concordantes, un accord avait été conclu dans lequel ALP indemnisait la famille de Gérald Babin. Cette dernière était représentée par Me Jérémie Assous, avocat connu pour avoir lutté afin que les contrats des candidats de télé-réalité soient requalifiés en contrats de travail. Durant cette période, ALP s’était adjoint les services d’Aria Partners, une société spécialiste de la communication de crise, qui liste dans ses références des « affaires sensibles », comme celles du trader Jérôme Kerviel, de la chambre de compensation Clearstream ou du laboratoire Servier et du Mediator.Malgré le drame, l’émission « Koh-Lanta » a fait son retour sur TF1, à l’automne 2014. Le président-directeur général d’ALP, Franck Firmin-Guion, insistait alors sur le fait que les consignes de sécurité avaient été renforcées : mise en place d’un « comité médical » et installation d’infirmeries sur les camps de base des candidats. La même attention avait été appliquée pour « Dropped » : avant le début du tournage, la production précisait qu’un médecin et un « spécialiste de la survie » faisaient partie de chaque équipe de participants, suivie par une balise GPS.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.03.2015 à 03h54 • Mis à jour le10.03.2015 à 15h11 | Henri Seckel Camille Muffat avait quitté les bassins en juillet 2014, à un âge où beaucoup de ses consœurs enchaînent encore les longueurs, et engrangent encore les médailles. Sa vie s’est arrêtée moins d’un an plus tard, à 25 ans, lundi 9 mars. L’ancienne nageuse française était, comme la navigatrice Florence Arthaud, le boxeur Alexis Vastine et sept autres personnes, dans l’un des deux hélicoptères qui sont entrés en collision avant de s’écraser dans la province de La Rioja, dans le nord-ouest de l’Argentine, où elle participait à l’émission de télé-réalité « Dropped ». La dernière photo publiée sur son compte Facebook la montre souriante, emmitouflée dans un épais manteau noir, au-dessus de la légende : « Tout va bien pour moi. Départ d’Ushuaïa tôt ce matin. A bientôt. »lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2j4iy0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2j4iy0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La France vient de perdre l’une des plus grandes nageuses de son histoire, celle qui avait repris le flambeau de la natation féminine après la (première) retraite, en 2009, de la star des bassins français et des magazines people, Laure Manaudou, dont Camille Muffat était une sorte de contraire. « Camille est discrète, parfois secrète, disait il y a trois ans Fabrice Pellerin, qui fut le seul entraîneur de la Niçoise. Elle n’a pas la place qu’elle mérite aux yeux des gens. Surtout avec la présence de Laure qui alpague tous les médias. »En 2005, à peine âgée de 15 ans, Camille Muffat – crime de lèse-majesté – avait osé battre sa glorieuse compatriote lors des championnats de France sur 200 m 4 nages, puisque le « 4 nages » était sa spécialité avant qu’elle ne se consacre entièrement au crawl. « Je n’étais pas du tout prête à ça, racontera la Niçoise quelques années plus tard. Du fait que c’était Laure, tous les médias se sont emballés. C’était difficile d’être comparée tout le temps à elle. On la montait contre moi, j’avais trois ans de moins, je me disais qu’un jour elle allait m’insulter ! » Grandir d’abord dans l’ombre, puis dans la rivalité permanente avec son aînée, ne l’empêchera pas d’atteindre le Graal : l’or olympique.A Londres, elle n’est plus la « future Laure Manaudou »C’était à Londres, le 29 juillet 2012, et Laure Manaudou, qui faisait de nouveau partie de la délégation française depuis son come-back un an plus tôt, était en tribunes pour l’encourager. Au bout d’un 400 mètres nage libre mémorable, où Camille Muffat avait pris le meilleur départ avant de maintenir l’Américaine Allison Schmitt à quelques centimètres pendant toute cette course phénoménale d’intensité, elle avait définitivement cessé d’être la « future Laure Manaudou ».Lire aussi : Le gang des NiçoisL’été londonien, ponctué de deux autres médailles – l’argent sur 200 m nage libre, le bronze sur 4 x 200 m – venait récompenser des dizaines de milliers de longueurs dans la piscine de l’Olympic Nice Natation, où elle avait débarqué à 7 ans, avec déjà quelques solides aptitudes : « Elle est arrivée tout de suite avec de fortes qualités, disait Fabrice Pellerin, mais je me suis forcé à ne pas me fier qu’à ça, parce que j’aurais peut-être été trop cool avec elle en me disant qu’elle était suffisamment dotée pour que ça se passe bien. »Voyez la réaction de son ancien entraîneur :lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#6u0_FZDMhY4"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "6u0_FZDMhY4", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Camille Muffat était une bosseuse – « si vous lui donnez rendez-vous à 8 heures, elle sera là dix minutes avant », disait Pellerin –, mais la relation avec cet entraîneur si particulier, ancien mentor de Yannick Agnel, autre pépite de la natation française, n’est pas allée sans heurts. « Elle a un jour pris deux chronos dans la tête, racontait l’entraîneur niçois après le sacre olympique de sa protégée. C’est là que je me suis rendu compte qu’elle avait la tête dure. Le chrono est parti au fond de la piscine, il n’a plus jamais marché. » En plus de son talent naturel et de ses qualités physiques, les sacrifices consentis par la grande nageuse aux larges épaules ont été les clés de son succès. « Je me suis toujours dit que ce que j’obtenais avec l’entraînement, les médailles, la notoriété, valait mille fois ce que je ratais, disait-elle après l’annonce de sa retraite. J’ai commencé à nager à l’âge de 7 ans, et dès 9-10 ans, je nageais déjà tous les jours. Mais j’aimais ça, et j’aime toujours ça ! Ma décision n’a rien à voir avec un ras-le-bol de s’entraîner dur. Aujourd’hui, j’ai le recul de dire que c’est grâce à cette souffrance que j’ai eu ces résultats. »« La natation n’est pas un métier comme les autres »Ces résultats, en plus de sa moisson londonienne, ce sont quatre médailles de bronze aux championnats du monde, 24 titres de championne de France – individuel et relais confondus et la Légion d’honneur en 2013, remise à tous les champions olympiques.Après avoir atteint le sommet aux Jeux de Londres, la Niçoise ne fera plus que redescendre la pente tranquillement. Aux Mondiaux de Barcelone, en 2013, elle avait été prise de vitesse par la jeune américaine Katie Ledecky (16 ans) dont on devrait entendre parler jusqu’aux Jeux de 2020, si elle ne décide pas, comme Muffat, de quitter avant l’heure cette activité si particulière.« La natation, c’est une passion. Mais ce n’est pas un métier comme les autres », disait la Française au moment de sa retraite, qui ne lui laissait, assurait-elle, aucun regret : « Pour moi, c’était le moment d’arrêter. Depuis Londres, ce n’était que du bonus, avec moins de pression. »A l’époque, elle n’avait pas écarté l’idée de replonger un jour : « Il ne faut jamais dire jamais. Michael Phelps était catégorique, Laure Manaudou, Ian Thorpe… Aujourd’hui, je suis sûre de moi, et je pense être assez curieuse de tout pour explorer autre chose, à fond et sans retour. Le corps aurait pu supporter encore dix ans, mais je suis maîtresse de ma vie. »Henri Seckel Clément Martel Huit Français sont morts lundi 9 mars dans la collision en plein vol de deux hélicoptères en Argentine ; parmi eux trois gloires du sport français, la nageuse Camille Muffat, la navigatrice Florence Arthaud et le boxeur Alexis Vastine. Ils participaient au tournage de la nouvelle émission de télé-réalité de TFI, « Dropped », aux confins de l’Argentine.La chaîne française a racheté les droits de ce jeu suédois qui voit s’affronter deux équipes de quatre sportifs célèbres dans une épreuve de survie.« On ne connaît pas les circonstances exactes. La seule chose que je peux dire, c’est qu’on est totalement bouleversé », a réagi mardi le président-directeur général de TF1, Nonce Paolini, sur RTL.Le principe de l’émission consiste à « lâcher » (drop, en anglais) les candidats en hélicoptère dans un lieu reculé loin de toute zone habitée, et les laisser retrouver par leurs propres moyens — sans carte ni boussole — la civilisation pour recharger leur téléphone portable et appeler l’animateur de l’émission. A charge pour les candidats, des anciens sportifs professionnels, de subvenir à leurs besoins. Chaque semaine, à la fin de l’épreuve, l’équipe perdante doit éliminer l’un des siens.Des « gens hors normes » sur un terrain difficileProduite par la société Adventure Line Productions (ALP), également productrice des émissions « Koh-Lanta » et « Fort Boyard », l’émission est présentée par Louis Bodin. L’ex-« M. Météo » de TF1 a développé dans la presse au cours de la semaine le concept de « Dropped ». Selon lui, il s’agit de mettre sur un terrain difficile des gens « hors normes par leur palmarès » qui ont « des capacités d’adaptation » pour une expédition « en harmonie avec la nature ».Ci-dessous, la bande-annonce du « Dropped » suédoislmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#QhOzIW80Pd0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "QhOzIW80Pd0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Au générique de cette première saison française figuraient les nageurs Alain Bernard et Camille Muffat, la cycliste Jeannie Longo, le footballeur Sylvain Wiltord, la navigatrice Florence Arthaud, le boxeur Alexis Vastine, la snowboardeuse Anne-Flore Marxer et le patineur Philippe Candeloro.Avec un médecin et un « spécialiste de la survie »Au tout début du tournage, entamé à Ushuaïa, dans le sud de l’Argentine, ces sportifs « hors normes » avaient été embarqués à bord d’un hélicoptère, les yeux bandés, sans savoir où ils allaient atterrir, avant d’être largués dans la nature avec juste une réserve d’eau — et une balise GPS par sécurité, a confié la production au Figaro. Par la suite, chaque équipe, accompagnée d’un médecin et d’un « spécialiste de la survie » afin de prévenir des accidents, précise TV Mag, était transportée au cours du jeu en hélicoptère vers plusieurs destinations successives.« Le tournage, ce sont des journées bien remplies évidemment, parce que quand on est dans des endroits comme ça, un petit peu à part, extraordinaires, forcément la logistique, les conditions sont parfois un petit peu compliquées », avait expliqué Louis Bodin au Figaro avant le drame. « S’il s’avère que le crash est dû aux hélicoptères, je ne pense pas qu’il aura des conséquences fortes sur l’image de TF1 », pense Philippe Bailly, consultant pour NPA Conseil, joint par Le Monde. Pour celui-ci, la mécanique du jeu ne serait pas en cause, contrairement au drame de « Koh-Lanta », quand un candidat était mort d’un arrêt cardiaque sur le tournage, en mars 2013, suivi du suicide du médecin du programme.Selon plusieurs médias, « Dropped » ne devait pas arriver sur TF1 avant la fin 2015. Pour la chaîne, l’émission constituait un lancement important, même si elle ne représente pas le même enjeu qu’une marque installée comme « Koh-Lanta » (7 millions de spectateurs en moyenne environ, en 2012, et 3,6 millions d’euros de recettes publicitaires par épisode en 2012, selon Vivaki Advance).Derrière la tragédie de « Dropped », la société de production ALPClément MartelJournaliste au Monde 09.03.2015 à 23h30 • Mis à jour le09.03.2015 à 23h34 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Après des mois de réflexion, HBO a lancé sa riposte à Netflix. La chaîne payante du groupe Time Warner a annoncé, lundi 9 mars, le lancement aux États-Unis d’un service de streaming (diffusion en mode continu sur Internet) à partir du mois d’avril, à l’occasion de la diffusion de la nouvelle saison de sa série « Game of Thrones ». Ce service, baptisé « HBO Now », qui donnera accès à 2 000 contenus produits par la chaîne, ne sera disponible dans un premier temps que sur les appareils fabriqués par Apple, via iTunes, au prix mensuel de 14,99 dollars. Time Warner tente ainsi de conquérir un nouveau public, qui ne souhaite pas passer par la télévision traditionnelle et les chaînes câblées.« C’est un moment transformateur pour HBO », a déclaré Richard Plepler, le patron de la chaîne, lors de l’événement organisé lundi à San Francisco par Apple pour présenter, entre autres, l’Apple Watch. La filiale de Time Warner ne pouvait rester immobile face à la montée en puissance du streaming. Netflix compte désormais plus d’abonnés aux États-Unis que HBO, tandis que les initiatives sont en train de se multiplier. Comcast via NBC Universal a annoncé la semaine dernière le lancement d’un service proposant des contenus axés exclusivement sur la comédie.S’adapter aux nouveaux modes de consommationDish Network, le spécialiste de la télévision par satellite, a révélé récemment un projet de streaming incluant notamment la chaîne de sport ESPN, tandis que CBS et Sony sont sur le point de lancer leurs propres offres. Tous ces acteurs tentent de s’adapter aux nouveaux modes de consommation. HBO estime ainsi que 10 millions de foyers connectés à Internet aux États-Unis, ne sont abonnés ni au câble ni au satellite.Mais en élargissant les possibilités d’accéder à son offre via Internet, HBO prend le risque d’une cannibalisation de ses revenus tirés de la télévision traditionnelle. La chaîne, qui a notamment produit les séries « True Detective », « Girls », « Les Sopranos », « Sex and the City » ou « The Wire », est disponible sur le câble ou sur le satellite aux États-Unis pour le même prix que ce que va coûter son service de streaming. En général, les câblo-opérateurs perçoivent la moitié de cette somme. Pour « HBO Now », le groupe n’a pas indiqué quel serait le partage des bénéfices avec Apple.Par ailleurs, il n’est pas évident que le fabricant de l’iPhone reste l’unique distributeur du service : HBO a souligné que les négociations avec d’autres fournisseurs étaient en cours. Roku, Sony Microsoft ou Amazon pourraient eux aussi à terme distribuer un service, qui risque de donner un nouveau coup de vieux à la télévision traditionnelle.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard Sur le papier, cela tient du pari insensé. Lancer en kiosques un magazine d’actualité généraliste alors que la presse traditionnelle traîne un spleen tenace et que les concurrents bien installés – Le Point, L’Obs, l’Express – voient leurs ventes décliner. Un quinzomadaire qui plus est. Format ingrat et peu usité, aussi lourd à produire qu’un hebdo mais plus difficile à imposer aux lecteurs.Alors forcément, depuis plusieurs semaines, nombreux sont les journalistes à pousser la porte des locaux de So Press dans le 11e arrondissement de Paris, d’où est partie cette drôle d’idée. Les uns pour assister aux conférences de rédaction du tout nouveau Society et éventuellement proposer un sujet pour les pages de ce titre en kiosques depuis le 6 mars, un vendredi sur deux. Les autres pour comprendre ce qui a bien pu pousser Franck Annese, patron de ce groupe de presse atypique, à se lancer à l’abordage des news magazines, à une époque où les imprimeries tournent moins sûrement que les serveurs Internet.La quarantaine en ligne de mire – il est né en 1977 –, invariable casquette vissée sur une chevelure aussi noire que la barbe, mais que ses amis décrivent comme plus aléatoire, un bureau en pagaille où l’ordinateur portable dispute la place aux vieux numéros d’Actuel et aux canettes de Coca Light, ses deux rédacteurs en chef, Marc Beaugé et Stéphane Régy, bien campés sur la table d’en face, voilà maintenant douze ans que Franck Annese veille sur So Press.A chaque mouvement dans la « So Sphère », c’est lui qui monte au créneau. Il a un look, un discours, une success story à raconter. Le « client idéal » pour les rubriques médias habituées à chroniquer la sinistrose. Il en a un peu marre d’ailleurs. Ne voudrait plus être « la seule tête d’affiche » du groupe. S’y plie quand même avec bonne volonté, n’oubliant jamais de parler collectif et d’associer ses comparses. Avec Society, Franck Annese sait qu’il est attendu au tournant. Et qu’il change de division. « On va sans doute prendre des coups, on verra. »C’est qu’après le ballon rond (So Foot, 53 000 exemplaires par mois et fleuron de l’affaire depuis 2003), le cinéma (So Film), le vélo (Pédale !) et l’enfance (Doolittle), So Press vient jouer dans la cour des grands. A l’affiche du premier numéro, maquette arty très sixties, claquante comme une affiche de concert et foisonnante de sujets, Alain Juppé, Victoria Beckham, Abderrahmane Sissako, une horde de métaleux en croisière ou encore le site de rencontres Tinder… « On va faire notre truc, raconter les histoires qui nous intéressent, sans se soucier des autres », lâche Franck Annese.La geste So Press est là. Entre fausse modestie et sincérité, bravoure et un rien d’arrogance. « De l’orgueil, peu d’ego », nuance Marc Beaugé, également chroniqueur au Monde Magazine. Pour l’instant, la recette fonctionne plutôt bien. Le groupe écoule plus de 220 000 magazines chaque mois auprès d’un public âgé entre 25 et 49 ans. Une régie publicitaire (H3), une société de production de films (So Films), un label musical (Vietnam), une structure pour l’événementiel (Doli Events) complètent la panoplie d’un groupe de niches qui s’est construit petit à petit, sur sa propre dynamique. A l’automne, il y aura Tampon, consacré au rugby. Et le chiffre d’affaires, d’un peu plus de 5 millions d’euros en 2014, devrait atteindre 12 millions fin 2015.Adeptes des « H »« Rien n’est jamais calculé, tout marche à l’envie et aux rencontres », explique Stéphane Régy, fidèle depuis 1999 et le premier magazine culturel, Sofa, qui fera long feu. Voilà plus de deux ans que l’équipe peaufine Society. « On y pensait avant So Film », confirme Franck Annese. Enfant des Inrocks, du magazine anglais branché The Face ou de Rolling Stones, il reconnaît se sentir rarement « touché » par les articles des magazines. « C’est assez froid », dit-il.Chez So Press, les journalistes sont donc rompus aux reportages au long cours, aux récits picaresques, à ce ton décalé et vanneur qui a permis à So Foot de fidéliser les amateurs en rupture de L’Equipe ou de France Football. Adeptes aussi des « H » (histoire, humour, humain) que Franck Annese martèle comme un mantra. « Nos histoires sont parfois petites mais signifiantes », résume Marc Beaugé. « Les rédacs chef nous poussent à voyager. Il y a une culture du reportage très forte », commente Jean-Vic Chapus, ancien pigiste, devenu rédacteur en chef de So Film. C’est d’ailleurs à force de courir le monde et les stades que l’équipe a eu envie d’élargir ses horizons. « Il y avait une vraie frustration de ne pas pouvoir exploiter tout ce qu’on ramenait », reconnaît Franck Annese.Dans le grand open space du 11e arrondissement, l’ambiance oscille entre salle de rédaction d’un fanzine et bureaux d’une start-up. Table de ping-pong, canapés, paquets de bonbons pour le goûter et une moyenne d’âge trentenaire, plutôt masculine. Tout le monde se connaît, se tape dans la main avant de partir. Allergiques aux barbus et aux baskets s’abstenir. So cool, sans doute, mais surtout so work. « On met souvent le côté humoristique des papiers en avant, mais il y a beaucoup de boulot derrière », témoigne Jean-Vic Chapus. Pour Society, Franck Annese, adepte des journées à rallonge, entend garder le même esprit. « Surtout ne pas se demander ce que les autres attendent de nous. » « On ne se sent aucune obligation de parler de tel ou tel sujet, renchérit Marc Beaugé. On veut juste ressentir le frisson du bon papier à venir. »Franck Annese se dit « plutôt de gauche », mais ne veut pas faire un journal politique. « Quand nous avons lancé So Foot, nous n’étions pas journalistes sportifs et nous ne le sommes toujours pas. Pareil pour So Film, nous ne sommes pas critiques de cinéma. Alors pour Society, nous n’allons pas devenir journalistes politiques. » Il dit « fuir » les chapelles, ne pas appartenir au « sérail » et avoir « du mal » avec l’autorité. Trois bonnes raisons pour, au sortir de l’Essec et d’un premier boulot dans la publicité, se tailler un poste à sa mesure où vie privée, amitiés et travail feraient bon ménage.Plus que le CV, c’est le feeling qui ouvre les pages de ses magazines. « La première fois que j’ai rencontré Franck, on a pris un verre, et il m’a dit : viens on va se marrer », se souvient Marc Beaugé. L’anecdote n’est pas isolée. Mais, comme dans d’autres magazines branchés aux tirages modestes, la pige y est chiche. « On a longtemps eu d’autres jobs à côté », reconnaît Stéphane Régy. « Ce n’est sans doute pas très bien payé, mais en termes d’épanouissement personnel, c’est top », précise un journaliste. Pour le lancement de Society, les pigistes de longue date ont été titularisés. Une vingtaine de personnes au total. « C’est ce qu’on voulait depuis le début », dit Franck Annese.Après avoir longtemps vécu avec 450 euros de capital, l’entreprise commence à se structurer. Un directeur général (Eric Karnbauer) et un directeur du développement (Brieux Férot) ont été nommés. « Tout ce que faisait Franck et qu’il ne peut plus faire tout seul », résume Stéphane Régy. Côté finances, So Press a emprunté 700 000 euros auprès de la Banque publique d’investissement (BPI). Pour respirer un peu mieux, Franck Annese a aussi fait venir des actionnaires « amis ».Le réalisateur et producteur du « Grand Journal », Renaud Le Van Kim, qui lui a plusieurs fois confié l’écriture de textes pour la cérémonie des Césars, les ex-footballeurs Edouard Cissé et Vikash Dhorasoo, le patron de Système U, Serge Papin, le président du Red Star, Patrice Haddad, ou encore l’ancien président du PSG Robin Leproux ont répondu présents, à hauteur de 850 000 euros.« Je cherchais des gens qui voulaient partir dans l’aventure à titre individuel, sans enjeux politiques. » Grand ami d’Annese et habitué des pages de So Foot, Vikash Dhorasoo confirme. « Je ne suis pas venu pour gagner de l’argent mais pour soutenir un journal qui a du sens et de la valeur. » Plus de 50 000 euros ont également été collectés sur le site de crowdfunding Kisskissbankbank.Jeudi 5 mars, dans un cabaret de la place Pigalle, toute la « So Sphère » était réunie pour la soirée de lancement du nouveau titre. Bière, hot-dog, Coca… barbes et baskets ! Pour nombre d’observateurs, Franck Annese et son groupe viennent de faire leur entrée « dans le grand bain ». Avec les risques de banalisation que cela comporte. Une plus forte pression financière aussi. Il dit : « Je commence à sentir une responsabilité, c’est vrai. Il y a des salariés, je ne veux pas les envoyer dans le mur. » Mais relativise aussitôt, bravache : « Quand on est arrivé, c’était déjà dur pour la presse. Si Society ne marche pas, ce n’est pas si grave. » Le plus important ? « Garder notre côté informel », espère Marc Beaugé. « Eviter la professionnalisation mentale et conserver l’esprit fanzine », renchérit Stéphane Régy. « Que la fête continue », résume Franck Annese dans le dernier édito de So Foot. Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 16h25 • Mis à jour le06.03.2015 à 19h02 Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a adressé une « mise en demeure » à la station de radio RMC et à la chaîne de télévision BFMTV à la suite d'une interview diffusée le 16 février par les deux médias de l'ancien ministre Roland Dumas par le journaliste Jean-Jacques Bourdin. « Le premier ministre est-il sous influence juive ? », lui avait demandé l'animateur.« Je peux le penser », lui avait alors répondu l'ancien président du Conseil constitutionnel. « Il a des alliances personnelles qui font qu'il a des préjugés. Chacun sait qu'il est marié avec quelqu'un, quelqu'un de très bien d'ailleurs, qui a de l'influence sur lui », avait-il déclaré, évoquant, sans la nommer, l'épouse du premier ministre, Anne Gravoin. Le CSA avait annoncé le jour même qu'il « instruisait un dossier » sur cette affaire.Lire aussi (édition abonnés) : Le CSA saisi après les propos de Roland DumasUn avertissement sans sanctionPour l'autorité publique indépendante de l'audiovisuel, « la formulation même » de la question du journaliste était « de nature à banaliser et à propager des comportements discriminatoires ». Une mise en demeure du CSA n'a qu'une valeur d'avertissement et n'entraîne pas de sanction, sauf en cas de récidive.Au cours d'un échange de deux minutes, Jean-Jacques Bourdin était revenu à la charge à plusieurs reprises après l'évocation, une première fois, par l'ex-ministre des affaires étrangères des « alliances personnelles » de Manuel Valls « qui font qu'il a des préjugés ».Lire le portrait (édition abonnés) : La rengaine de Roland DumasDans un communiqué, BFMTV et RMC disent regretter cette décision, « les deux chaînes veillent au quotidien à ne pas encourager les comportements discriminatoires et à promouvoir les valeurs de la République ». « En outre, BFMTV et RMC alertent sur les risques que ces sanctions font peser sur la liberté d'informer en France. En effet, elles pourraient conduire, demain, les seuls médias régulés par le CSA, et leurs journalistes, à systématiquement s'autocensurer dans leur mission d'information, notamment lorsqu'ils exercent leur “droit de suite” pour obtenir d'un invité une clarification de ses propos. »Le journaliste Jean-Jacques Bourdin a également réagi à la décision :Je suis sanctionné pour avoir fait mon métier. On ne me fera pas taire. Je continuerai à aller chercher la vérité. Réveillons nous.— Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC)require(["twitter/widgets"]);La déclaration de M. Dumas avait suscité un tollé, le premier ministre s'était refusé à répondre « d'un point de vue personnel », tout en dénonçant « les propos d'un homme [Roland Dumas] dont on connaît le passé et qui ne font pas honneur à la République depuis bien longtemps ». 05.03.2015 à 18h01 • Mis à jour le06.03.2015 à 09h48 | Alexis Delcambre Cinq jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues par l’Agence France-presse, les premières conséquences ont été actées avec la démission, jeudi 5 mars, du directeur de la Région France, Bernard Pellegrin, et du rédacteur en chef France Didier Lauras.A la tête de la Région France depuis 2012, M. Pellegrin est remplacé par Philippe Onillon, actuel adjoint à la direction de l’information, qui a pour mission de « tirer toutes les conséquences des dysfonctionnements qui se sont produits le samedi 28 février » et « notamment étudier les procédures d’alerte à suivre en cas de circonstances exceptionnelles », selon un communiqué.En interne, cette double démission est interprétée comme le signe que la chaîne d’erreurs survenue le 28 février n’est pas uniquement le fruit de fautes de jugement individuelles, mais procède aussi d’un contexte organisationnel.« La question est notamment celle de savoir comment une grande agence mondiale travaille un samedi, avec quelle collégialité et quelle supervision », selon un journaliste. Celui-ci fait référence a une des failles apparues ce jour-là : la journaliste de permanence a pris seule la décision de publier la dépêche annonçant à tort la mort de M. Bouygues.Cela peut signifier que la nécessité de consulter la haute hiérarchie du service ou de l’agence avant de diffuser une telle information n’était pas clairement établie. C’est en tout cas ce qu’on comprend des mots d’ordre de la direction, qui estime qu’il faut rappeler cette nécessité, y compris à travers un programme de formation.Mardi, le syndicat SNJ-CGT avait mis en garde contre la tentation de s’en tenir à une lecture individualisée des événements. Une lettre ouverte avait également circulé dans la rédaction pour défendre les agenciers impliqués dans la publication de la dépêche erronée.Dans ce texte, des journalistes évoquaient « une erreur qui affecte chacun de nous et dont aucun de nous n’est à l'abri ». « Cet échec doit être assumé collectivement, y compris par la hiérarchie, et être l’occasion d’une vraie remise à plat de nos pratiques, et d’une réaffirmation de nos règles », estimaient ces agenciers, dénonçant « un quotidien de plus en plus marqué par la course à la rapidité et la pression induites non seulement par les réseaux sociaux, les sites internet et les chaînes d'information en continu, mais aussi par la rédaction en chef et la direction ».Après son erreur sur la mort de Martin Bouygues, l’AFP agitée de débats en interneCette double exigence, parfois contradictoire, de rapidité et de fiabilité, est au cœur des débats qui parcourent l’AFP, qui doit à la fois « dire juste » et « dire vite », comme l’avait rappelé François Hollande lors du 70e anniversaire de l’agence, en janvier.« Ces dernières années, et notamment lors de la couverture de l’attentat de Charlie Hebdo, la hiérarchie a souvent "mis la pression" sur les services de production pour que ceux-ci donnent une information le plus vite possible - en dépit parfois d'éléments insuffisamment étayés - dès lors qu'elle était publiée par un autre média, et déploré les retards dus au nécessaire recoupement des sources », lisait-on encore dans cette lettre ouverte, qui concluait que « la mise sous tension des journalistes au quotidien pour courir après [les réseaux sociaux] finit par créer de mauvais réflexes ».« La fiabilité est la valeur numéro un à l’AFP, elle doit toujours primer sur la rapidité », a réaffirmé Michèle Léridon, la directrice de l’information - dont la démission a été refusée par le PDG, Emmanuel Hoog. Le nouveau directeur de la Région France, Philippe Onillon, devra ainsi « travailler (...) aux moyens de consolider nos règles en matière de sources et de vérification des faits dans un monde de l’information en pleine mutation ».Cette double démission ne signifie pas que l’affaire est close. « Les suites à donner au regard des responsabilités individuelles interviendront dans les prochains jours », selon la direction de l’AFP, qui a conduit depuis samedi une enquête interne.« Il aurait été impossible de prendre quelque sanction que ce soit sans qu’il y ait au préalable une prise de responsabilité à un certain niveau », décrypte un journaliste de l’agence, ajoutant que la hiérarchie de la Région France était de toute façon contestée de longue date, notamment pour s’être cassée les dents sur un projet de réforme des différents services. « Il fallait quelqu’un de nouveau pour mener la remise à plat des procédures et de l’organisation », estime ce journaliste.Cette annonce a également contribué à réduire la pression pesant sur M. Hoog, qui s’était trouvé attaqué par un communiqué du SNJ-CGT, qui exploitait une phrase prononcée en janvier par le PDG (« Ne soyez pas prisonniers de vos sources »). Le nom de M. Hoog est régulièrement cité parmi les postulants à la présidence de France Télévisions.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.03.2015 à 16h38 • Mis à jour le05.03.2015 à 16h40 Yves de Kerdrel, le directeur de la publication de Valeurs actuelles, a été condamné jeudi 5 mars à une amende de 3 000 euros pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation. La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a également ordonné la publication, dans Valeurs actuelles et un autre journal, d'un communiqué judiciaire qui souligne le caractère « particulièrement stigmatisant » envers les Roms dans ce dossier.Le 22 août 2013, l'hebdomadaire avait consacré un dossier aux Roms, intitulé « Roms l'overdose », qui avaient scandalisé plusieurs associations et particuliers. Les juges ont souligné jeudi que, dans ce dossier, « la répétition et la juxtaposition de termes censés [être] descriptifs tels que “fléau”, “overdose”, “plaie”, “invasion”, tous évocateurs de maladies ou de catastrophes [...] contribuent nécessairement, par-delà le supposé “constat” à opposer la communauté visée, appréhendée sous un prisme uniquement négatif, à “la France” ou aux “Français” ».Voir : Concert de réprobations après la couverture de « Valeurs actuelles » sur « L'overdose Roms »Yves de Kerdrel et la société Valmonde, éditrice du journal, ont également été condamnés à verser solidairement 2 000 euros de dommages et intérêts à la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et 1 euro à l'association La Voix des Rroms. Cette condamnation doit « servir d'exemple pour les journalistes et les hommes et femmes politiques », a réagi l'avocat de la Voix des Rroms, Me Henri Braun, à l'issue du jugement.De son côté, le directeur de la publication de l'hebdomadaire a dénoncé un « nouvel acte de censure fait à destination de Valeurs actuelles, sur un sujet grand public qui intéresse les Français » et une « atteinte à la liberté d'expression ». Ce dernier avait déjà été condamné le 3 février à 2 000 euros d'amende pour une « une » intitulée « Naturalisés, l'invasion qu'on nous cache », présentant une Marianne voilée. Il a fait appel. Philippe Bernard (Londres, correspondant) Londres. Correspondant.Depuis sa fondation, en 1821 , The Guardian n'a connu que onze rédacteurs en chef. Le douzième, qui a été désigné vendredi 20 mars, sera une femme pour la première fois de l'histoire du quotidien de centre-gauche britannique. Katharine Viner, 44 ans, qui dirigeait son édition américaine en ligne, succèdera, l'été prochain, à Alan Rusbridger. Ce dernier, qui occupait ce poste depuis vingt ans, a conduit la révolution numérique et transformé le journal en un média d'audience mondiale, défiant les gouvernants en publiant les documents de la NSA fournis par Edward Snowden.« The Guardian », du journal local au média globalKhatarine Viner a promis de continuer à faire du Guardian « un lieu dédié au journalisme le plus ambitieux, aux idées et aux événements ». Elle va apporter son « immense expérience, son flair, sa convivialité, son imagination et sa formidable énergie à ses nouvelles fonctions », a assuré son prédécesseur.Le journal fait face à d'« importants défis »Mme Viner a été désignée à l'issue d'un long processus au cours duquel elle a rallié 53 % des voix de la rédaction au cours d'un vote consultatif. Elle figurait avec Ian Katz, rédacteur en chef à la BBC 2 et ancien du Guardian, sur la « short list » retenue par le Scott Trust, structure sans but lucratif qui est garant de l'indépendance éditoriale et financière du journal.Ancienne d'Oxford, Katharine Viner s'est fait un nom au Guardian non pas dans le domaine politique ou diplomatique, mais dans la couverture des modes de vie, puis dans plusieurs postes de rédaction en chef du secteur magazine. Son premier papier publié en 1992, intitulé « Tempête dans un bonnet D » était consacré aux femmes à la poitrine opulente, rapporte le Financial Times. Ces dernières années, elle a été chargée du lancement de l'édition numérique du journal en Australie avant de devenir, en 2014, rédactrice en chef de l'édition en ligne du journal créé aux Etats-Unis trois ans plus tôt.Alors que le tirage de la version imprimée du Guardian est tombé à 180 000 exemplaires et que des rumeurs circulent sur sa disparition, la nouvelle rédactrice en chef a déclarée que l'édition papier « ne doit pas entraver notre passage au numérique mais doit être vénérée au moment où nous choisissons de la conserver ». Elle n'a pas caché qu'en dépit d'« une structure de propriété exemplaire, d'une réputation mondiale et d'excellents journalistes », le journal faisait face à d'« importants défis ». A la recherche de son modèle économiqueEn dépit de scoops à répétition et d'une avance dans le domaine numérique, le journal, installé près de la gare de King's Cross à Londres, cherche toujours son modèle économique. Le quotidien et son édition dominicale The Observer ont perdu 30, 6 millions de livres (42,3 millions d'euros) en 2014. Le choix de la gratuité intégrale sur l'Internet, la qualité et les audaces rédactionnelles ont hissé le site du Guardian au second rang mondial parmi les médias d'information de langue anglaise, derrière le site Mail On line du Daily Mail et devant le New York Times. Mme Viner s'est d'ailleurs prononcée contre l'introduction d'un « paywall » (paiement au-delà d'un certain nombre d'articles consultés) pratiqué par ce dernier. « Economiquement, il est trop tôt pour l'écarter alors que nous tentons tous de survivre, a-t-elle déclaré en 2013. Mais journalistiquement, les paywalls sont totalement contraires à l'ouverture du web ». Mais les recettes publicitaires générées par le site du Guardian et son immense audience (7,35 millions de visiteurs uniques par jour contre 14,7 millions pour Mail Online) sont loin d'assurer l'équilibre en dépit d'une bonne performance financière dans le numérique (+ 24 % l'an passé). Le secret de la bonne santé rédactionnelle du journal en dépit de pertes répétées tient dans le « trésor de guerre » de 850 millions de Livres sterling (1175 millions d'euros) en avoirs et participations dans des sociétés lucratives détenu par sa maison-mère, le Guardian Group Media (GMG). Selon le Guardian lui-même, le placement de ce pactole permet au journal d'éponger ses dettes et d'assurer son indépendance éditoriale à perpétuité.Philippe BernardPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le débat sur l’avenir de Charlie Hebdo n’est pas nouveau au sein du journal mais il est aujourd’hui plus tendu. En cause, la fuite d’un e-mail dans la presse : jeudi 19 mars, l’AFP a rapporté que des membres de l’équipe de l’hebdomadaire satirique ont annoncé avoir créé une association afin de réclamer un fonctionnement plus collectif et transparent du journal, décimé par un attentat le 7 janvier.« Je suis écœuré que des éléments tirés de réunions internes se retrouvent dans la presse. Nous avions des engagements mutuels. Ce n’est pas digne de Charlie Hebdo », regrette Eric Portheault, directeur financier du journal et détenteur de 20 % du capital (le reste est détenu à 40 % par le directeur de la publication, Riss, et à 40 % par les parents de Charb, l’ex-directeur décédé).La gêne est perceptible. Du côté de la direction mais aussi du côté du collectif de journalistes, on assure ne pas avoir transmis le courriel à la presse. La masse d’argent reçue par Charlie Hebdo depuis janvier – plus d’une quinzaine de millions d’euros entre les dons et les ventes historiques du premier numéro et celles des suivants – accentue les crispations.Concrètement, la création de l’association est la concrétisation d’une volonté affichée depuis longtemps dans la rédaction. Celle-ci réclame une gouvernance plus ouverte, dans un journal au fonctionnement assez familial, avec trois directeurs et actionnaires concentrant l’essentiel des pouvoirs.>> Lire notre enquête : « Charlie Hebdo », une résurrection sous tensionDeux avocats engagés« Jusqu’ici, à Charlie Hebdo, il n’y avait pas de société des rédacteurs, alors que c’est courant ailleurs », explique Patrick Pelloux, chroniqueur et secrétaire général de la structure dont le président, Laurent Léger, journaliste d’investigation, est l’auteur de l’e-mail cité par l’AFP. Le collectif estime représenter la grande majorité des membres de l’équipe, dont le dessinateur Luz, par exemple. Il a engagé deux avocats, dont Antoine Comte, qui a notamment défendu le site Rue89, le Syndicat de la magistrature et l’homme politique Olivier Besancenot. Et pourraient accueillir des personnalités extérieures comme l’actrice Josiane Balasko ou le metteur en scène Jean-Michel Ribes.« Nous voulons être davantage informés et associés aux décisions », explique Patrick Pelloux. Le collectif demande de plus un audit financier, « pour couper court aux ragots sur l’argent et nous protéger, ainsi que la direction ».L’équipe va plus loin et réclame l’ouverture du capital à un actionnariat salarié. Formulée depuis plusieurs semaines, cette revendication est présentée comme le moyen de refonder le journal en le mettant aussi en phase avec ses convictions politiques. « Les sociétés anonymes lucratives ne sont plus modernes. Les sociétés coopératives ont de meilleurs résultats », estime Patrick Pelloux.C’est le point qui cristallise le plus les tensions. La dépêche était titrée : « Division à Charlie Hebdo sur l’argent du journal ». Des proches de la direction sous-entendent qu’il est indigne d’évoquer dès aujourd’hui la répartition future du capital car elle concerne notamment les 40 % détenus par Charb, dont les parents sont encore en deuil. La dessinatrice Coco, qui ne fait pas partie du collectif créé cette semaine, a envoyé un message dans ce sens.« En tant qu’avocat dans ce journal depuis vingt-trois ans, je m’interdis de m’exprimer dans les médias sur une situation qui me désole et qui m’inquiète. Je sens des tensions certaines. J’ai une pensée particulière pour les familles des victimes et me demande comment ils regardent cela », déclare Richard Malka. L’avocat est très actif dans la vie du journal et y a fait venir la communicante Anne Hommel, qui, comme lui, a travaillé pour Dominique Strauss-Kahn. M. Malka est aussi proche du dessinateur Riss.« On essaye de nous faire passer pour des cupides, c’est n’importe quoi », regrette Patrick Pelloux. Après l’élan de solidarité suscité par les attentats et les épreuves vécues par l’équipe du journal, « la direction ne peut simplement pas rester dans les mains de deux personnes [les actionnaires Riss et M. Portheault] ».Sur le fond, tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut débattre de la gouvernance, du capital, et même du journal lui-même. Mais les proches de la direction souhaitent prendre du temps, alors que d’autres dans la rédaction aimeraient aller plus vite. « Il ne faut pas toujours reporter. On n’ira jamais mieux… », plaide M. Pelloux.Parmi les chantiers du journal figure la répartition des dons, qui doivent être versés aux blessés et aux familles des victimes. Mais aussi la mise en place d’une fondation destinée à soutenir le dessin de presse, en France et dans le monde. Des objectifs qui, eux, font consensus.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Exercice difficile que celui auquel s’est livré le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui est allé répondre aux questions des salariés de l’entreprise réunis en assemblée générale, vendredi 20 mars.Le PDG de #RadioFrance seul face aux salariés en colère #grève pic.twitter.com/Hf93rTcfVd— LaGrue James (@Lagruejames) 20 Mars 2015Interrogé par une salariée sur la « faute morale » qu’aurait constituée la rénovation de son bureau pour un montant global de 105 000 euros, M. Gallet a répondu « comprendre cette colère », mais a ajouté que ces travaux avaient été votés avant son arrivée.Radio France : Mathieu Gallet fragilisé par le coût des travaux de son bureauSur les mesures d’économies envisagées pour résorber le déficit de l’entreprise, le PDG a expliqué poursuivre les négociations avec l’Etat pour fixer les objectifs et moyens de Radio France pour les cinq prochaines années."L'Etat ne va pas lâcher Radio France. Les négociations vont aboutir" #Gallet #RadioFrance— Jean Leymarie (@Jean_Leymarie) 20 Mars 2015M. Gallet a notamment expliqué que le départ de l’Orchestre national de France était une option."@delfsim: #Radiofrance #Gallet L'une des hypothèses est que l'Orchestre national de France "prenne son autonomie" Tollé."— Marion L'Hour (@MarionLHour) 20 Mars 2015« Je me bats avec l’Etat pour qu’il n’y ait pas de départs contraints », a également déclaré le PDG, en réponse aux inquiétudes sur un possible plan de départs qui pourrait concerner 300 à 400 personnes.M. Gallet a mis en avant le poids du chantier de rénovation de Radio France, dont le coût a explosé et qui pèse aujourd’hui lourdement sur le budget. Ainsi, sur les 21 millions d’euros de déficit programmés pour 2015, 15 millions relèveraient d’amortissements liés au chantier.L’interminable chantier de la Maison de la radioLes salariés ont aujourd’hui le sentiment de devoir payer un lourd tribut à ce chantier et estiment qu’on prépare des économies sur la production de contenus pour continuer à financer l’ouvrage.#Gallet:"Je suis toujours en négociation avec l'Etat pour pouvoir finir le chantier". Les salariés: "Mais arrêtez avec votre chantier!" #AG— Julie Gacon (@juliegacon) 20 Mars 2015À l’issue d’un échange qui aura duré une heure trente, le PDG a quitté la scène du Studio 104.Bon Ben M. #Gallet a posé son micro et est parti sous les huées. The end.— Margaux Duquesne (@MduqN) 20 Mars 2015« Les salariés ont eu des éléments de langage, mais aucun élément de réponse », a jugé l’intersyndicale (CGT, SNJ-CGT, SUD, UNSA, CFDT, FOSNRT) dans un communiqué, évoquant « une crise de confiance vis-à-vis du PDG ». « C’était un peu un dialogue de sourds », a estimé Lionel Thompson, journaliste et délégué CGT.Les salariés de Radio France ont voté, vendredi après-midi, la reconduction de leur mouvement de grève.Radio France : les dépenses de la direction auscultéesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 08h42 • Mis à jour le20.03.2015 à 14h31 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les tutelles de Radio France n’ont pas tardé à réagir, deux jours après les révélations sur les frais de rénovation du bureau de Mathieu Gallet. Selon les informations du Monde, une enquête a été diligentée, jeudi 19 mars, par les ministères de la culture et des finances pour vérifier les dépenses de la présidence, de la direction générale et du comité directeur de Radio France. La mission doit rendre ses conclusions dans une quinzaine de jours. Son périmètre d’étude sera notamment les frais de réception, les voitures de fonction et les frais de mission.Mardi soir, Le Canard enchaîné avait révélé que 105 000 euros avaient été dépensés en frais de rénovation du bureau du PDG. La direction avait expliqué que 70 % de ce budget correspondait à des frais de rénovation de boiseries en palissandre, une essence rare, ce qui s’apparente à de l’entretien de patrimoine, et que ces travaux avaient été décidés avant l’arrivée de M. Gallet. Néanmoins, ces révélations ont profondément marqué l’entreprise, confrontée à des exigences d’économies. Cinq syndicats ont engagé une grève illimitée, jeudi.Radio France : Mathieu Gallet fragilisé par le coût des travaux de son bureauJeudi, dans les couloirs de Radio France, on évoquait aussi cette Peugeot 508 choisie pour remplacer la Citroën C6 de Jean-Luc Hees, dont M. Gallet souhaitait changer la sellerie. La direction de l’entreprise dément que le nouveau PDG ait demandé ce changement de sièges et explique que le renouvellement du véhicule était logique, le précédent comptant 125 000 km au compteur pour une valeur Argus tombée à 6 000 euros.« Problème de légitimité »À la Maison ronde – le siège de Radio France à Paris –, ces différents éléments ont nourri l’ironie et, parfois, la colère des personnels. Surtout, pour les syndicats, ils constituent une arme majeure alors qu’une grève potentiellement longue a commencé.Lors d’une assemblée générale jeudi matin, le comportement de M. Gallet a fait partie des sujets de discussion. « Il y a désormais un problème de légitimité du président », a ainsi lancé Philippe Ballet, délégué UNSA. Décrit comme un « gestionnaire », parlant plus volontiers aux médias qu’aux collaborateurs de son entreprise, le PDG a ainsi été affublé de l’étiquette « bling bling » lors des échanges. Sa décision, jeudi soir, d’annuler un concert prévu à l’Auditorium – alors que les musiciens grévistes avaient dit vouloir jouer – et de fermer le bâtiment au public, laissant l’orchestre improviser un récital dans le hall, a créé l’incompréhension.« Nous nous réjouissons de la mise en place de cette enquête, déclare Jean-Paul Quennesson, délégué SUD et membre de l’Orchestre national. Il y a à l’évidence des dépenses qui ne s’imposaient pas ou auxquelles on pouvait surseoir. La priorité doit être donnée aux outils de production et non de réception. L’Etat réagit vite car ces informations sont dévastatrices pour la parole du PDG. »« Si l’enquête ne porte que sur les frais de mission ou de réception, c’est frustrant, nuance Renaud Dalmar, délégué CFDT. Nous avons un problème majeur qui est le chantier de rénovation de la Maison de la radio, dont les coûts ont dérapé, c’est cela qu’il faudrait contrôler. »« Purger le sujet »De son côté, la direction s’affiche tranquille et voit dans cette enquête une opportunité de sortir de la polémique. « Cette mission est une bonne chose, indique Catherine Sueur, directrice générale déléguée. Cela devrait permettre de purger le sujet. » L’espoir est aussi celui d’une levée rapide de la grève. Mathieu Gallet devait s’adresser aux salariés de Radio France, vendredi à 11 heures.Le calendrier est serré. À la direction comme au gouvernement, l’heure est aux « arbitrages » sur les mesures d’économies, mais aussi les grands axes stratégiques de Radio France pour les cinq prochaines années. Aux yeux du gouvernement, il est indispensable qu’on ne puisse pas attaquer l’exemplarité de la direction de l’entreprise pendant cette période. Débat au CSALa direction du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) garde ses distances. Elle rappelle qu’elle ne dispose pas des comptes financiers de Radio France et que c’est le ministère de la culture qui exerce la tutelle. Le président Olivier Schrameck n’a donc pas appelé Mathieu Gallet pour évoquer les travaux qui ont fait polémique. « Le CSA régule les radios et les télévisions, pas les bureaux des présidents », abonde une source en interne.C’est pourtant le CSA qui a nommé M. Gallet, au terme d’une procédure censée tourner la page des nominations de l’ère Sarkozy. Comment juge-t-il son action, après un an de mandat ? Là encore, la présidence souligne que le CSA est une autorité collégiale, dont les membres n’ont pour l’instant pas débattu du bilan de Mathieu Gallet, et ne devraient en principe pas le faire avant le point d’étape prévu fin 2015.Le CSA fait le choix de la prudence et d’une lecture juridique de son rôle et de celui de la tutelle, plutôt que de réagir à chaud. Une décision qui semble fondée sur le pari que la situation peut s’arranger pour Mathieu Gallet. Car les difficultés du président de Radio France pourraient être imputées indirectement au CSA qui l’a nommé.Une autre source au CSA a un avis plus sévère et inquiet : « Mathieu Gallet donne le sentiment d’un homme assez seul, et qui est peu épaulé par les ministères, à la culture mais aussi à Bercy. On a l’impression d’un homme qui a du mal à faire face à la tempête. » Le CSA s’est-il donc trompé en le choisissant ? « La question se pose », estime cette source, rappelant « l’espoir » de renouveau et de gestion sérieuse suscité par sa candidature. « Mathieu Gallet a-t-il l’étoffe d’un patron d’audiovisuel de service public, dans cette période troublée pour le pays ? Nous allons le voir », conclut-on. Pour le CSA, les tensions autour de la présidence de Radio France sont en tout cas un élément de pression supplémentaire, au moment où il gère un dossier très sensible : la nomination du patron de France Télévisions, au plus tard le 22 mai.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Constant Du jamais vu sur la TNT. A l'occasion de la diffusion du premier épisode de la version française de « Top Gear », mercredi 18 mars 2015 en début de soirée, RMC Découverte a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience). L'émission consacrée à l'automobile a rassemblé un maximum de 1 078 000 téléspectateurs, à 21 h 39. Diffusé dans la foulée, le second épisode a rassemblé 793 000 téléspectateurs, soit 4,4 % de parts d'audience.La chaîne appartenant au groupe Next Radio TV diffusait déjà la version originale de « Top Gear », célèbre émission de la BBC dont les audiences du dimanche soir sur BBC2 dépassent souvent les 5,5 millions de fidèles. Le 11 février 2015, RMC Découverte battait déjà son record d'audience, toutes émissions confondues, avec 480 000 téléspectateurs scotchés devant un épisode de « Top Gear » UK.Lire : « Top Gear », ou l’éloge de la puérilitéEn décidant de produire une version française avec des moyens importants et le savoir-faire de BBC Worldwide France, Alain Weill prenait un risque. Car le rapport des Français à l'automobile n'est pas le même que celui des Britanniques. « Je ne m'attends pas à doubler notre audience du mercredi soir » avait-il déclaré lors de la présentation à la presse des extraits du premier épisode de ce « Top Gear » made in France. Visiblement, la sauce a pris et le public a apprécié la prestation du trio de présentateurs composé de Philippe Lellouche, Bruce Jouanny et Yann Larret-Menezo.Lire aussi : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Ironie de l'histoire, « Top Gear » France démarre en trombe alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt en raison d'un incident ayant mis aux prises Jeremy Clarkson, son présentateur emblématique, et un producteur. Une suspension qui a ému les téléspectateurs britanniques : 950 000 personnes ont signé une pétition pour le retour de la vedette.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.03.2015 à 14h18 • Mis à jour le18.03.2015 à 16h49 Poursuivi pour apologie d'actes de terrorisme et provocation à la haine envers les juifs, le polémiste Dieudonné M'Bala M'Bala a été condamné, mercredi 18 mars, à deux mois de prison avec sursis en raison d'un message posté sur Facebook après les attentats djihadistes qui avaient fait dix-sept morts au début de janvier en France.Le parquet avait demandé deux cents jours-amende à 150 euros à l'encontre du polémiste, soit 30 000 euros d'amende. Une peine de jour-amende implique que le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s'il ne s'acquitte pas de la totalité de l'amende. Il encourait jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende, les faits présumés ayant été commis en ligne.« Charlie Coulibaly »Le 11 janvier, au soir d'une grande marche citoyenne en hommage aux victimes, le polémiste avait écrit qu'il se sentait « Charlie Coulibaly », détournant le slogan « Je suis Charlie », en référence à l'un des trois auteurs des attaques, Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre clients d'un magasin juif. Ses propos avaient ensuite été retirés de sa page Facebook.Assurant condamner « sans aucune retenue et sans aucune ambiguïté » les attentats, Dieudonné M'Bala M'Bala avait affirmé à l'audience qu'il avait souhaité participer à la marche à Paris, mais que sans retour du ministère de l'intérieur, qu'il avait sollicité, il s'en était senti « exclu » et traité comme un « terroriste ». Une argumentation qui n'a pas convaincu les juges. Outre le contexte, les magistrats ont fait valoir « l'amalgame provocateur » du polémiste, dont la portée des propos « ne pouvait être ignorée » : « Le sentiment d'hostilité à l'égard de la communauté juive que Dieudonné M'Bala M'Bala entretient auprès d'un public attiré par sa personnalité accroît sa responsabilité à raison de ses propos provocateurs. »Ni l'intéressé ni ses avocats n'étaient présents devant le tribunal pour le délibéré. Le polémiste attend un autre jugement jeudi dans une affaire de provocation à la haine envers les juifs pour des propos visant le journaliste Patrick Cohen. Mardi prochain, il connaîtra l'épilogue de la plainte déposée à son encontre après avoir qualifié, fin août 2013, Manuel Valls, alors ministre de l'intérieur, de « Mussolini moitié trisomique ».Lire aussi : Dieudonné : les principaux procès perdus depuis 2007 17.03.2015 à 20h49 • Mis à jour le18.03.2015 à 13h02 Près de 100 000 euros, contre 34 500 prévus. Le groupe Radio France a confirmé, dans la soirée de mardi 17 mars, la somme payée pour les travaux de rénovation du bureau de son président, Mathieu Gallet, cet hiver. Le Canard enchaîné avait révélé cette information dans son édition à paraître mercredi.Ce dépassement s'explique notamment par la restauration de « boiseries précieuses en palissandre » qui ornent une partie des murs de la pièce, selon l'hebdomadaire satirique, qui reproduit un document interne à l'entreprise publique. Cette opération effectuée par une entreprise spécialisée — et dont le montant avait été largement sous-estimé — a coûté à elle seule quelque 70 000 euros, a fait savoir Radio France à l'Agence France-Presse. Il s'agirait des premières restaurations de ce type depuis l'inauguration de la Maison de la radio en 1963.Quadruple préavis de grèveLes dépenses supplémentaires avaient été programmées dans un « budget de parachèvement des travaux » de 2,9 millions d'euros, selon le groupe du service public. L'ensemble de la Maison de la radio est en chantier depuis 2009. Sa réfection est la plus importante d'un bâtiment occupé en France. Ces travaux, d'un coût total de 350 millions d'euros, doivent s'achever entre la fin de 2017 et le début de 2018. L'incendie, survenu vendredi 31 octobre et dont les causes restent à établir, avait constitué l'énième péripétie d'un chantier devenu interminable.Lire aussi : L’interminable chantier de la Maison de la radioMais ces dépenses tombent au moment où Radio France a annoncé un « plan de retour à l'équilibre », après l'adoption par son conseil d'administration de son budget 2015, déficitaire de 21,3 millions d'euros — une première dans l'histoire du groupe de radios publiques.Vu la situation, le Syndicat national des journalistes (SNJ) Radio France s'est dit « abasourdi, choqué et consterné », mardi, par la confirmation des révélations du Canard enchaîné. Le SNJ a ajouté qu'il était « très inquiet, dans un contexte déjà alourdi par les menaces qui pèsent sur l'emploi et, à terme, sur les missions de l'entreprise ». Plusieurs syndicats du groupe, dont le SNJ, ont déposé pour jeudi un quadruple préavis de grève. Il s'agit du troisième appel à la cessation du travail en un mois contre un éventuel plan social et des mesures d'économies.Lire aussi : Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants » Alexandre Piquard .@JVCom x @Gamekult x @gamergen_com x @Gameblog, on a pas tous le même maillot, mais on a la même passion 💝 pic.twitter.com/CfJ4cyjrV7— Julien Chièze (@JulienChieze) March 13, 2015Tout a commencé par une photo bien banale en apparence : elle montre une tablée de six jeunes gens prenant la pose dans un restaurant japonais. Pourtant, le casting de cette image postée le 13 mars 2015 sur Twitter a déclenché une guéguerre dans le milieu du jeu vidéo : les personnages sont des journalistes de sites français spécialisés, dînant ensemble lors d’un voyage au Japon payé par Sony en compagnie d’un responsable des relations presse de cet éditeur de jeux. Le cliché a ravivé un débat sur l’indépendance des médias consacrés aux jeux vidéo, latent dans le milieu depuis plusieurs années.« Moi, ce qui me gave le plus dans ce genre d’histoire, c’est le repas de famille avec le RP de Sony, dénonce un des nombreux internautes qui ont commenté la photo sur les forums de Gamekult.fr, l’un des sites représentés dans le voyage incriminé, avec Jeuxvideo.com, Gamergen et Gameblog. Tu picoles avec le mec qui te vend un produit et qui en espère un bon retour dans ton papier. » Pour d’autres lecteurs, les journalistes ne devraient pas accepter un déplacement payé par une grande entreprise du jeu vidéo, même si cela permet de produire des articles de qualité.Gamekult cultive plutôt une image d’indépendance dans le secteur. Devant la polémique, son rédacteur en chef, Thomas Cusseau, alias « Yukishiro », a décidé de ne pas rester silencieux : « Au risque que certains tombent de l’armoire, lorsque Gamekult est invité à essayer un jeu au cours d’un événement presse (ou d’un voyage, dans le cas où le studio/la démo est à l’étranger/en province), le journaliste est défrayé de ses frais de transport et de nourriture par son hôte, l’éditeur », explique-t-il sur le site. Un peu incrédule, il met les lecteurs en garde contre la nostalgie – factice – d’un « Gamekult qui ne vendait pas ses fesses ». Les usages seraient en effet les mêmes depuis le lancement du média en 2001.« Ce n’est pas sniffer de la cocaïne »« Cela revient à interviewer un écrivain pour la sortie de son bouquin, ou un réalisateur au moment de l’arrivée de son film », ajoute le rédacteur en chef, citant la littérature et le cinéma, domaines où les lancements d’œuvres sont très contraints. Pour lui, les sites français cherchent à « développer du contenu intéressant » malgré le fait que de nombreux grands éditeurs de jeux sont américains ou japonais. « Bouffer au restau avec la délégation française après une journée de boulot, ce n’est pas non plus sniffer de la cocaïne sur le ventre d’une strip-teaseuse après 11 heures de ski nautique aux frais de l’éditeur », justifie Yukishiro.L’opération transparence aurait pu s’arrêter là si le rédacteur en chef de Gamekult n’avait ajouté dans son texte cette confidence prémonitoire, à propos d’un autre personnage présent sur la photo, Julien Chièze, rédacteur en chef du site concurrent Gameblog : « Pour être totalement transparent avec vous et au risque de réveiller je ne sais quelle “rivalité” factice (et débile), sachez que je “déconseille” aux membres de la rédaction depuis un an d’être pris en photo avec Julien Chièze et de participer aux contenus de Gameblog, quels qu’ils soient, ou de parler de Gameblog sur les réseaux sociaux. » Pour se justifier, le responsable de Gamekult affirme ne pas avoir « le moindre problème personnel » avec M. Chièze mais agir simplement en raison de sa « réputation ». Il invoque l’image de Gamekult et son besoin de « différenciation » éditoriale.L’attaque fait allusion à une rivalité sourde au sein de la presse dédiée aux jeux vidéo : Gamekult s’affiche plutôt comme un site avec du recul par rapport aux éditeurs, capable par exemple de mettre des notes basses à des jeux importants. Gameblog serait lui plus intégré dans le milieu des éditeurs ou verserait même dans le mélange des genres, comme lorsque Julien Chièze a lancé une petite agence de communication et d’événementiel. Ce dernier précise que la société n’a plus d’activité depuis mi-2013 et affirme : « Notre rédaction s’est toujours montrée totalement indépendante de toutes pressions exercées par les éditeurs, ce qui nous a valu, et nous vaut encore aujourd’hui (comme d’autres), certains blacklistages ». Un débat ancienTaclée par un site rival, la rédaction de Gameblog a sans surprise riposté lundi sur son site : « Les propos de Yukishiro sont directement assimilables à de la discrimination », y dénoncent les rédacteurs. Les journalistes pointent aussi les critiques incessantes – un « torrent de vomi » – dont Julien Chièze, qui se met régulièrement en avant sur les réseaux sociaux ou des vidéos, fait l’objet dans un forum de Gamekult. Ils déplorent « la radicalisation de Gamekult dans le but de satisfaire la frange la plus dure » de son lectorat. Et disent avoir toujours agi en toute transparence. En guise de taquet final : le texte moque le fait que le rédacteur en chef de Gamekult a modifié lundi son premier article pour effacer les références à Julien Chièze…L’affrontement peut passer pour une petite querelle intestine entre deux sites concurrents, mais il réveille un débat qui traverse le milieu, notamment depuis le « Doritosgate », fin 2012 : à l’époque, la photo d’un journaliste posant entre des chips Doritos et une affiche du jeu vidéo Halo 4, lors d’un salon professionnel, avait cristallisé les critiques visant l’influence des annonceurs et des éditeurs sur les médias, comme l’a raconté Arrêt sur images (ASI).Au cours du débat qui a suivi, les rédacteurs en chef de Gamekult et de Gameblog s’affrontaient déjà, dans une émission d’ASI, à laquelle participait aussi un chroniqueur de Jeuxvideo.com, site depuis racheté par le groupe Webedia. Parmi les enjeux pointés par la profession : faut-il accepter les tests de jeux vidéo réalisés dans les conditions imposées par l’éditeur (temps limité, matériel dernier cri, etc.) ? Peut-on prendre le risque de se voir supprimer un budget publicitaire en donnant une mauvaise note à un jeu ? #container_1426756079002 .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } #container_1426756079002 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1426756079002 .subtitre{ display:block; }Audience des sites français de jeux vidéo(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1426756079002", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('http://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('http://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);« Dictature du pire »« Vu les difficultés financières actuelles des sites de jeux vidéo, imaginer pouvoir se rendre à ces événements à l’étranger par nos propres moyens serait utopique », explique l’équipe de Gameblog dans son billet de lundi. En effet, pour s’en sortir, les sites ont deux options : soit créer des contenus qui attirent un maximum de lecteurs, afin d’attirer davantage de publicité. Ou de miser davantage sur la qualité et la communauté de lecteurs, dans l’espoir de réussir un jour à tirer des revenus d’offres payantes, à l’image du site Mediapart, dans le domaine de l’investigation.En attendant de trouver des solutions économiques pour leurs médias, Gameblog en appelle à une trêve, avec cette invitation : « Posons les armes, apaisons le climat, et ne plions jamais devant la dictature du pire qu’Internet a engendré. » Un programme ambitieux.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « A partir du mois prochain, Politico aura, dans les deux centres de décision politique et réglementaire du monde – Washington et Bruxelles –, plus de journalistes qu’aucune autre publication. » Le site d’information américain a montré ses muscles, dans le communiqué qui a annoncé, mardi 17 mars, le lancement de sa version européenne, le 21 avril. Il devrait effectivement avoir une rédaction égale ou supérieure à celle de ses concurrents, médias spécialisés ou grands journaux généralistes.Lancé en 2007 aux Etats-Unis, Politico revendique aujourd’hui 300 journalistes et s’est imposé comme une source incontournable pour ceux qui veulent suivre de près les réformes en cours et les coulisses de la politique sous la présidence Obama.>> Lire : Politico, dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeLe site explique vouloir décliner ce modèle en Europe, avec une équipe de 40 à 50 personnes, dont toutes ne seront toutefois pas installées à Bruxelles, certains étant correspondants dans les grandes capitales européennes (Paris, Londres, Berlin…) Son adresse Internet sera Politico.eu.Une équipe puissanteDans son communiqué, Politico détaille les noms de onze rédacteurs recrutés à Bruxelles : parmi ces personnes, un ancien correspondant en Pologne de l’hebdomadaire économique britannique The Economist, une journaliste américaine du quotidien tabloïd New York Post, une pigiste berlinoise du Wall Street Journal ou du New York Times… Il y aura aussi des journalistes de European Voice, une agence spécialisée acquise par Politico. L’équipe va être dirigée par Matthew Kaminski, un ancien du Wall Street Journal.Un autre nom est largement mis en avant par Politico : celui de Ryan Heath, qui aura la lourde tâche de produire l’équivalent bruxellois de « Playbook », la lettre matinale sur les coulisses de la politique américaine, lue par tous les décideurs de Washington et rédigée par la star Mike Allen.Ryan Heath a un profil « d’insider » absolu puisqu’il a travaillé pour la Commission européenne sous la présidence de José Manuel Barroso et été porte-parole de la commissaire Nellie Kroes. Transfuge de la politique et de la technocratie, il devra faire preuve de son indépendance et éviter le soupçon de conflits d’intérêts.Entre généralistes et médias spécialisésFace à cette équipe généreuse, le quotidien économique britannique Financial Times, considéré comme une référence sur les affaires européennes, ne dispose pour l’heure que de cinq personnes à Bruxelles (plus deux basés à Londres mais dédiés à l’Europe). Il envisage de recruter une personne pour renforcer son suivi des questions de concurrence économique. Le Monde a lui deux personnes sur place.L’irruption de Politico sur la scène européenne souligne les concurrences nouvelles auxquelles les grands médias généralistes sont confrontés : challengés sur Internet par des sites très grand public comme le Huffington Post, ils font aussi parfois face à des publications spécialisées. Politico a ainsi une partie accessible à tous, gratuitement, outre ses lettres payantes sur des thèmes comme l’énergie.L’agence de presse française AFP a une rédaction importante à Bruxelles, avec vingt personnes dont dix-huit journalistes (rédacteurs et autres métiers), mais elle a une couverture moins spécialisée que celle prévue par Politico.Du côté des médias spécialisés, le site américain devra compter avec l’Agence Europe, qui est parfois décrite comme le « journal officiel » des institutions européennes. Treize journalistes travaillent pour le site de cette publication quotidienne. Plus modeste, Europolitics se définit comme « le numéro un de l’information européenne indépendante » et a bonne réputation. Créé en 1972, le service a connu divers rachats et édite désormais un quotidien, un service Web et un magazine trimestriel, et propose, comme Politico, du contenu premium payant.L’agence Euractiv, dédiée à l’actualité européenne, revendique elle 12 rédacteurs à Bruxelles et 40 employés au total, dans 12 pays. Contexte, un pure player français qui se qualifie de « journal des politiques publiques françaises et européennes », a lui deux rédacteurs à Bruxelles et il en recrute actuellement deux autres.Un modèle économique plurielPour Politico, tout l’enjeu sera de réussir à transformer ces moyens pléthoriques en succès économique. Pour son aventure européenne, la publication a créé une joint-venture avec un partenaire puissant, le groupe de presse allemand Axel Springer.Politico ne publie pas ses chiffres mais le site serait rentable aux Etats-Unis. Une grosse part des revenus provient de la vente, pour plusieurs milliers d’euros par an, de ses lettres thématiques ; 80 des 300 journalistes américains de Politico sont chargés de les produire. Le reste provient de la publicité qui est insérée dans les newsletters, mais aussi dans les publications papier distribuées gratuitement sur les lieux de pouvoir. Sur ce modèle, 30 000 exemplaires seront ainsi imprimés quotidiennement en Europe, à Bruxelles et dans les capitales. Aux Etats-Unis, ces supports sont truffés de réclames pour des industries ou des lobbies. Enfin, Politico organise des conférences et des événements.Pour sa fête de lancement à Bruxelles, le 23 avril, le site américain a annoncé la présence du président du Conseil européen, Donald Tusk, du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stollenberg, ou encore du commissaire européen chargé du marché numérique unique, Andrus Ansip. Mais aussi de « quelques chefs de gouvernement ». A confirmer.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.03.2015 à 17h08 • Mis à jour le16.03.2015 à 17h28 | Alexis Delcambre Le départ prochain de Patricia Lévy, directrice de la régie publicitaire des Échos, a été annoncé aux personnels par un courriel de la direction du quotidien, lundi 16 mars, selon nos informations.Ce départ intervient trois jours après une « grève des tweets » par laquelle la rédaction des Échos entendait protester contre les intrusions publicitaires dans les espaces éditoriaux - mais il n’y a officiellement aucun lien entre ces deux événements.Grève des tweets aux « Échos »« C’est la vie d’une entreprise, a déclaré au Monde Francis Morel, PDG du groupe. Nous avons fait un constat commun qui nous a amenés à nous séparer. »M. Morel reprendra directement la gestion de la régie Echosmédias (Les Échos, Enjeux Les Échos, Série limitée, Capital Finance, Radio Classique, Connaissance des Arts, Classica et Les Échos Events), comme il le faisait avant l’arrivée de Mme Lévy. Patricia Lévy avait rejoint les Echosmédias en septembre 2013. Elle était auparavant directrice générale de SFR Régie.La Société des journalistes des Échos, elle, connecte ce départ aux débats qu’elle a menés ces derniers mois sur les formats publicitaires. Outre le tweet à tonalité commerciale du 4 mars, la rédaction des Échos estime que la régie publicitaire a eu tendance à multiplier les initiatives mettant en péril, selon elle, la crédibilité des contenus.La régie publicitaire avait également été épinglée - parmi d’autres services - par un audit sur la qualité de vie au travail, réalisé en novembre 2014.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean Peur ? Les clients, cet après-midi du dimanche 15 mars, se récrient avec une belle énergie : « Sûrement pas ! ». Et en en dévalisant fièvreusement les étalages de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes qui a tout juste rouvert ses portes le matin même, soit deux mois après la tragique prise d'otages, ils affirment, solennels, que « la vie est plus forte », qu'il faut « redresser la tête », « se serrer les coudes », « afficher une détermination et une solidarité sans faille ». Et surtout « ne renoncer à aucun rite, aucune tradition, aucune habitude du mode de vie juif », le passage à l'épicerie cacher, surtout quelques jours avant Pessah, la Pâques juive, étant incontournable.Peur ? Allons donc ! « Le magasin est désormais protégé, affirme Eddy, un jeune père de famille qui ne souhaite pas donner son nom. Aucune raison de trembler ! Vous voyez bien : les habitués sont revenus comme un seul homme, mais aussi des voisins, des amis, même des gens hors de la communauté venus parfois de lointaine banlieue juste pour dire : Coulibaly le barbare a échoué. » D'ailleurs vous verrez bien, annonce un client venu de Beauvais : « Comme Charlie et ses 7 millions d'exemplaires, l'Hyper Cacher va exploser son chiffre d'affaire. Tout le monde viendra le soutenir ! »Lire le récit (édition abonnés) : Dans le huis clos de l’Hyper Cacher de la porte de VincennesPeur ? « On est en France depuis des générations ! insiste Olga Seban, parente de l'ancien propriétaire de la chaîne Hyper Cacher. Deux oncles ont été tués à la guerre de 14, mon père a lui-même tenu les armes. Je me sens Française avant même de me sentir juive. Très Française ! Valls a eu des mots forts, la France est avec nous. Alors s'il y a place pour l'émotion en pensant aux victimes, il n'y en a pas pour la peur. »Profonde angoisseEt pourtant... Que l'on insiste un peu et l'inquiétude émerge. Que l'on s'enquiert des débats dans la communauté et tous admettent un malaise et des doutes, des questions sur l'avenir et une profonde angoisse sur la sécurité de leurs proches. « Des gens de ma famille songent à partir en Israël, admet Mme Seban. D'autres pensent aux Etats-Unis où j'ai déjà deux petits-fils. Alors que nous sommes si Français ! » Des insultes de plus en plus fréquentes dans la rue ou sur les réseaux sociaux, les militaires devant les synagogues et les écoles... « La vérité, avoue Edith Sebbag, vice-présidente de la communauté de Villejuif, c'est que la question du départ est désormais abordée dans toutes les familles ! » >> Lire (édtion abonnés) : Chez les juifs de France, la tentation de l’alya« Absolument ! » approuve une cliente en évoquant l'affluence record des salons de l'Alyah organisés par l'agence juive, et le succès des cours d'hébreu. « La situation n'a cessé de se dégrader, estime Mme Sebbag. Je ne reconnais plus la France de mon enfance. Beaucoup renoncent à porter des signes distinctifs. La kippa, l'étoile de David sont devenus dangereux dans le métro. Où allons-nous ? Et puis, dit-elle, approuvée par plusieurs personnes du magasin, s'il n'y avait pas eu Charlie, les Français ne seraient pas descendus dans la rue. On aurait été bien seuls ! »Pas d'indignation nationale après l'affaire Halimi. Pas de sursaut républicain après l'affaire Merah... « Comment s'étonner qu' Israel soit un recours, d'autant que le pays offre de vraies opportunités de travail... »L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, venu faire quelques courses dans les rayons du magasin, sort alors sous les photos et signes affectueux de nombreux clients. « C'est un devoir, pour moi, de venir ici. Des criminels ont tué au nom de l'islam. Ils ont vendu leur âme et pris notre religion en otage. Ils ont accompli l'horreur. Mais il faut penser à l'avenir, se tourner vers la vie, songer à nos enfants. Et être solidaires. Juifs français et musulmans français ont leur avenir ici, ensemble, en France. » Autour de lui, plusieurs femmes, artistes et intellectuelles, se sont donné rendez-vous. « Militantes de la paix ». Juives et musulmanes. « Soeurs, proclament-elles. Et unies à jamais. »Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.03.2015 à 13h22 • Mis à jour le14.03.2015 à 14h07 Le concert « Sur la route des Enfoirés » au profit des Restos du cœur, diffusé après la polémique sur la chanson controversée de Jean-Jacques Goldman « Toute la vie », a réalisé vendredi 13 mars au soir sur TF1 un score d'audience important mais en baisse par rapport à l'an dernier.Lire : Les Enfoirés sont-ils réacs ? Goldman répondAvec 10,8 millions de téléspectateurs, soit 48 % de part d'audience, la 26e édition de ce show télévisé, qui réalise chaque année des records d'audience, a fait moins bien que l'édition 2014, qui avait réuni 12,2 millions de téléspectateurs (52,2 % de parts d'audience).Avec les performances de 34 artistes comme Jean-Louis Aubert ou Zazie, TF1 signe tout de même sa meilleure audience depuis le début de l'année, a indiqué la chaîne.Une chanson qualifiée de réactionnaireFin février, le très consensuel Jean-Jacques Goldman, soutenu par d'autres artistes, a dû monter au créneau pour défendre la nouvelle chanson des Enfoirés, taxée d'« anti-jeunes » voire de « réactionnaire » sur les réseaux sociaux, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, allant jusqu'à évoquer « une maladresse ».En 2014, Les Enfoirés ont rapporté aux Restos du cœur, l'association créée par Coluche, près de 23 millions d'euros, soit 12,5 % d'un budget déficitaire de 7 millions, après avoir servi 130 millions de repas à un million de personnes. Le budget 2015 prévoit un déficit de 10 millions d'euros.Lire le décryptage : Combien rapportent Les Enfoirés ? 18.03.2015 à 06h50 • Mis à jour le18.03.2015 à 06h59 Les dépouilles des huit Français morts dans la collision de deux hélicoptères, qui a fait dix morts en Argentine pendant le tournage de l'émission de télé-réalité « Dropped » le 9 mars, ont été sorties de la morgue de la province argentine de La Rioja, mardi 17 mars. Mercredi à la mi-journée, le temps d'obtenir les dernières autorisations administratives des autorités provinciales, les cercueils devaient être conduits à 1 200 kilomètres de là, à Buenos Aires, par la route.Dans la capitale argentine, il faudra encore « compter sur deux, trois jours de démarches administratives » auprès des autorités fédérales avant le départ des huit cercueils vers Paris par un vol Air France. Dans le meilleur des cas, les corps seront acheminés en France en fin de semaine.Le juge fédéral Daniel Herrera, chargé de l'enquête sur la tragédie, avait annoncé lundi que les dépouilles de la navigatrice Florence Arthaud, de la nageuse Camille Muffat, du boxeur Alexis Vastine et de cinq membres de l'équipe de tournage avaient été identifiées par des médecins légistes français et argentins. Les corps des deux pilotes argentins ont aussi été identifiés et remis aux familles.L'enquête progresseL'enquête se poursuit dans la province de La Rioja pour déterminer les causes de la collision, alors que les deux hélicoptères venaient de décoller du village de Villa Castelli. « Selon les premiers éléments de l'enquête, plus qu'une erreur de pilotage, ce serait une mauvaise coordination entre les pilotes » qui aurait conduit à l'accident, a fait savoir à l'AFP une source argentine proche du dossier.Parallèlement à la procédure argentine, une enquête a été ouverte en France par le parquet de Paris. Deux enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie des transports aériens (GTA), envoyés en Argentine la semaine dernière, devaient retourner en France en fin de semaine, la phase d'investigations sur les lieux étant sur le point de se terminer. Ils poursuivront leur travail en France.Lire : Derrière la tragédie de « Dropped », la société de production ALP 17.03.2015 à 18h19 • Mis à jour le18.03.2015 à 16h16 | Alexandre Piquard .@JVCom x @Gamekult x @gamergen_com x @Gameblog, on a pas tous le même maillot, mais on a la même passion 💝 pic.twitter.com/CfJ4cyjrV7— Julien Chièze (@JulienChieze) March 13, 2015Tout a commencé par une photo bien banale en apparence : elle montre une tablée de six jeunes gens prenant la pose dans un restaurant japonais. Pourtant, le casting de cette image postée le 13 mars 2015 sur Twitter a déclenché une guéguerre dans le milieu du jeu vidéo : les personnages sont des journalistes de sites français spécialisés, dînant ensemble lors d’un voyage au Japon payé par Sony en compagnie d’un responsable des relations presse de cet éditeur de jeux. Le cliché a ravivé un débat sur l’indépendance des médias consacrés aux jeux vidéo, latent dans le milieu depuis plusieurs années.« Moi, ce qui me gave le plus dans ce genre d’histoire, c’est le repas de famille avec le RP de Sony, dénonce un des nombreux internautes qui ont commenté la photo sur les forums de Gamekult.fr, l’un des sites représentés dans le voyage incriminé, avec Jeuxvideo.com, Gamergen et Gameblog. Tu picoles avec le mec qui te vend un produit et qui en espère un bon retour dans ton papier. » Pour d’autres lecteurs, les journalistes ne devraient pas accepter un déplacement payé par une grande entreprise du jeu vidéo, même si cela permet de produire des articles de qualité.Gamekult cultive plutôt une image d’indépendance dans le secteur. Devant la polémique, son rédacteur en chef, Thomas Cusseau, alias « Yukishiro », a décidé de ne pas rester silencieux : « Au risque que certains tombent de l’armoire, lorsque Gamekult est invité à essayer un jeu au cours d’un événement presse (ou d’un voyage, dans le cas où le studio/la démo est à l’étranger/en province), le journaliste est défrayé de ses frais de transport et de nourriture par son hôte, l’éditeur », explique-t-il sur le site. Un peu incrédule, il met les lecteurs en garde contre la nostalgie – factice – d’un « Gamekult qui ne vendait pas ses fesses ». Les usages seraient en effet les mêmes depuis le lancement du média en 2001.« Ce n’est pas sniffer de la cocaïne »« Cela revient à interviewer un écrivain pour la sortie de son bouquin, ou un réalisateur au moment de l’arrivée de son film », ajoute le rédacteur en chef, citant la littérature et le cinéma, domaines où les lancements d’œuvres sont très contraints. Pour lui, les sites français cherchent à « développer du contenu intéressant » malgré le fait que de nombreux grands éditeurs de jeux sont américains ou japonais. « Bouffer au restau avec la délégation française après une journée de boulot, ce n’est pas non plus sniffer de la cocaïne sur le ventre d’une strip-teaseuse après 11 heures de ski nautique aux frais de l’éditeur », justifie Yukishiro.L’opération transparence aurait pu s’arrêter là si le rédacteur en chef de Gamekult n’avait ajouté dans son texte cette confidence prémonitoire, à propos d’un autre personnage présent sur la photo, Julien Chièze, rédacteur en chef du site concurrent Gameblog : « Pour être totalement transparent avec vous et au risque de réveiller je ne sais quelle “rivalité” factice (et débile), sachez que je “déconseille” aux membres de la rédaction depuis un an d’être pris en photo avec Julien Chièze et de participer aux contenus de Gameblog, quels qu’ils soient, ou de parler de Gameblog sur les réseaux sociaux. » Pour se justifier, le responsable de Gamekult affirme ne pas avoir « le moindre problème personnel » avec M. Chièze mais agir simplement en raison de sa « réputation ». Il invoque l’image de Gamekult et son besoin de « différenciation » éditoriale.L’attaque fait allusion à une rivalité sourde au sein de la presse dédiée aux jeux vidéo : Gamekult s’affiche plutôt comme un site avec du recul par rapport aux éditeurs, capable par exemple de mettre des notes basses à des jeux importants. Gameblog serait lui plus intégré dans le milieu des éditeurs ou verserait même dans le mélange des genres, comme lorsque Julien Chièze a lancé une petite agence de communication et d’événementiel. Ce dernier précise que la société n’a plus d’activité depuis mi-2013 et affirme : « Notre rédaction s’est toujours montrée totalement indépendante de toutes pressions exercées par les éditeurs, ce qui nous a valu, et nous vaut encore aujourd’hui (comme d’autres), certains blacklistages ». Un débat ancienTaclée par un site rival, la rédaction de Gameblog a sans surprise riposté lundi sur son site : « Les propos de Yukishiro sont directement assimilables à de la discrimination », y dénoncent les rédacteurs. Les journalistes pointent aussi les critiques incessantes – un « torrent de vomi » – dont Julien Chièze, qui se met régulièrement en avant sur les réseaux sociaux ou des vidéos, fait l’objet dans un forum de Gamekult. Ils déplorent « la radicalisation de Gamekult dans le but de satisfaire la frange la plus dure » de son lectorat. Et disent avoir toujours agi en toute transparence. En guise de taquet final : le texte moque le fait que le rédacteur en chef de Gamekult a modifié lundi son premier article pour effacer les références à Julien Chièze…L’affrontement peut passer pour une petite querelle intestine entre deux sites concurrents, mais il réveille un débat qui traverse le milieu, notamment depuis le « Doritosgate », fin 2012 : à l’époque, la photo d’un journaliste posant entre des chips Doritos et une affiche du jeu vidéo Halo 4, lors d’un salon professionnel, avait cristallisé les critiques visant l’influence des annonceurs et des éditeurs sur les médias, comme l’a raconté Arrêt sur images (ASI).Au cours du débat qui a suivi, les rédacteurs en chef de Gamekult et de Gameblog s’affrontaient déjà, dans une émission d’ASI, à laquelle participait aussi un chroniqueur de Jeuxvideo.com, site depuis racheté par le groupe Webedia. Parmi les enjeux pointés par la profession : faut-il accepter les tests de jeux vidéo réalisés dans les conditions imposées par l’éditeur (temps limité, matériel dernier cri, etc.) ? Peut-on prendre le risque de se voir supprimer un budget publicitaire en donnant une mauvaise note à un jeu ? #container_1426691692004 .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } #container_1426691692004 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1426691692004 .subtitre{ display:block; }Audience des sites français de jeux vidéo(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s);},initCharts = function(){$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426691692004 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", "_blank" ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"Mediametrie-Netratings", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Milliers de visiteurs uniques" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:0, max:5000, endOnTick:true, startOnTick:true, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%b %Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%b %Y"},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Jeuxvideo.com", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1388534400000, 4859 ], [ 1391212800000, 4698 ], [ 1393632000000, 4732 ], [ 1396310400000, 4368 ], [ 1398902400000, 4756 ], [ 1401580800000, 4716 ], [ 1404172800000, 4121 ], [ 1406851200000, 4012 ], [ 1409529600000, 3852 ], [ 1412121600000, 4104 ], [ 1414800000000, 4163 ], [ 1417392000000, 4159 ], [ 1420070400000, 4016 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Gamekult", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1388534400000, 815 ], [ 1391212800000, 889 ], [ 1393632000000, 798 ], [ 1396310400000, 641 ], [ 1398902400000, 891 ], [ 1401580800000, 736 ], [ 1404172800000, 749 ], [ 1406851200000, 796 ], [ 1409529600000, 616 ], [ 1412121600000, 616 ], [ 1414800000000, 704 ], [ 1417392000000, 942 ], [ 1420070400000, 849 ] ], "color": "#FFc832" }, { "name": "Jeuxvideo.fr", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1388534400000, 1375 ], [ 1391212800000, 1237 ], [ 1393632000000, 1116 ], [ 1396310400000, 995 ], [ 1398902400000, 1113 ], [ 1401580800000, 995 ], [ 1404172800000, 863 ], [ 1406851200000, 734 ], [ 1409529600000, 697 ], [ 1412121600000, 820 ], [ 1414800000000, 836 ], [ 1417392000000, 814 ], [ 1420070400000, 689 ] ], "color": "#ff3232" }, { "name": "Gameblog", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1388534400000, 359 ], [ 1391212800000, 363 ], [ 1393632000000, 354 ], [ 1396310400000, 273 ], [ 1398902400000, null ], [ 1401580800000, 315 ], [ 1404172800000, 528 ], [ 1406851200000, 841 ], [ 1409529600000, 626 ], [ 1412121600000, 693 ], [ 1414800000000, 683 ], [ 1417392000000, 648 ], [ 1420070400000, 587 ] ], "color": "#F19300" }]})})}; if (!window.Highcharts) { async('http://ajax.googleapis.com/ajax/libs/jquery/1.11.1/jquery.min.js', function() { async('http://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); });} else { initCharts();}})(window);« Dictature du pire »« Vu les difficultés financières actuelles des sites de jeux vidéo, imaginer pouvoir se rendre à ces événements à l’étranger par nos propres moyens serait utopique », explique l’équipe de Gameblog dans son billet de lundi. En effet, pour s’en sortir, les sites ont deux options : soit créer des contenus qui attirent un maximum de lecteurs, afin d’attirer davantage de publicité. Ou de miser davantage sur la qualité et la communauté de lecteurs, dans l’espoir de réussir un jour à tirer des revenus d’offres payantes, à l’image du site Mediapart, dans le domaine de l’investigation.En attendant de trouver des solutions économiques pour leurs médias, Gameblog en appelle à une trêve, avec cette invitation : « Posons les armes, apaisons le climat, et ne plions jamais devant la dictature du pire qu’Internet a engendré. » Un programme ambitieux.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « A partir du mois prochain, Politico aura, dans les deux centres de décision politique et réglementaire du monde – Washington et Bruxelles –, plus de journalistes qu’aucune autre publication. » Le site d’information américain a montré ses muscles, dans le communiqué qui a annoncé, mardi 17 mars, le lancement de sa version européenne, le 21 avril. Il devrait effectivement avoir une rédaction égale ou supérieure à celle de ses concurrents, médias spécialisés ou grands journaux généralistes.Lancé en 2007 aux Etats-Unis, Politico revendique aujourd’hui 300 journalistes et s’est imposé comme une source incontournable pour ceux qui veulent suivre de près les réformes en cours et les coulisses de la politique sous la présidence Obama.>> Lire : Politico, dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeLe site explique vouloir décliner ce modèle en Europe, avec une équipe de 40 à 50 personnes, dont toutes ne seront toutefois pas installées à Bruxelles, certains étant correspondants dans les grandes capitales européennes (Paris, Londres, Berlin…) Son adresse Internet sera Politico.eu.Une équipe puissanteDans son communiqué, Politico détaille les noms de onze rédacteurs recrutés à Bruxelles : parmi ces personnes, un ancien correspondant en Pologne de l’hebdomadaire économique britannique The Economist, une journaliste américaine du quotidien tabloïd New York Post, une pigiste berlinoise du Wall Street Journal ou du New York Times… Il y aura aussi des journalistes de European Voice, une agence spécialisée acquise par Politico. L’équipe va être dirigée par Matthew Kaminski, un ancien du Wall Street Journal.Un autre nom est largement mis en avant par Politico : celui de Ryan Heath, qui aura la lourde tâche de produire l’équivalent bruxellois de « Playbook », la lettre matinale sur les coulisses de la politique américaine, lue par tous les décideurs de Washington et rédigée par la star Mike Allen.Ryan Heath a un profil « d’insider » absolu puisqu’il a travaillé pour la Commission européenne sous la présidence de José Manuel Barroso et été porte-parole de la commissaire Nellie Kroes. Transfuge de la politique et de la technocratie, il devra faire preuve de son indépendance et éviter le soupçon de conflits d’intérêts.Entre généralistes et médias spécialisésFace à cette équipe généreuse, le quotidien économique britannique Financial Times, considéré comme une référence sur les affaires européennes, ne dispose pour l’heure que de cinq personnes à Bruxelles (plus deux basés à Londres mais dédiés à l’Europe). Il envisage de recruter une personne pour renforcer son suivi des questions de concurrence économique. Le Monde a lui deux personnes sur place.L’irruption de Politico sur la scène européenne souligne les concurrences nouvelles auxquelles les grands médias généralistes sont confrontés : challengés sur Internet par des sites très grand public comme le Huffington Post, ils font aussi parfois face à des publications spécialisées. Politico a ainsi une partie accessible à tous, gratuitement, outre ses lettres payantes sur des thèmes comme l’énergie.L’agence de presse française AFP a une rédaction importante à Bruxelles, avec vingt personnes dont dix-huit journalistes (rédacteurs et autres métiers), mais elle a une couverture moins spécialisée que celle prévue par Politico.Du côté des médias spécialisés, le site américain devra compter avec l’Agence Europe, qui est parfois décrite comme le « journal officiel » des institutions européennes. Treize journalistes travaillent pour le site de cette publication quotidienne. Plus modeste, Europolitics se définit comme « le numéro un de l’information européenne indépendante » et a bonne réputation. Créé en 1972, le service a connu divers rachats et édite désormais un quotidien, un service Web et un magazine trimestriel, et propose, comme Politico, du contenu premium payant.L’agence Euractiv, dédiée à l’actualité européenne, revendique elle 12 rédacteurs à Bruxelles et 40 employés au total, dans 12 pays. Contexte, un pure player français qui se qualifie de « journal des politiques publiques françaises et européennes », a lui deux rédacteurs à Bruxelles et il en recrute actuellement deux autres.Un modèle économique plurielPour Politico, tout l’enjeu sera de réussir à transformer ces moyens pléthoriques en succès économique. Pour son aventure européenne, la publication a créé une joint-venture avec un partenaire puissant, le groupe de presse allemand Axel Springer.Politico ne publie pas ses chiffres mais le site serait rentable aux Etats-Unis. Une grosse part des revenus provient de la vente, pour plusieurs milliers d’euros par an, de ses lettres thématiques ; 80 des 300 journalistes américains de Politico sont chargés de les produire. Le reste provient de la publicité qui est insérée dans les newsletters, mais aussi dans les publications papier distribuées gratuitement sur les lieux de pouvoir. Sur ce modèle, 30 000 exemplaires seront ainsi imprimés quotidiennement en Europe, à Bruxelles et dans les capitales. Aux Etats-Unis, ces supports sont truffés de réclames pour des industries ou des lobbies. Enfin, Politico organise des conférences et des événements.Pour sa fête de lancement à Bruxelles, le 23 avril, le site américain a annoncé la présence du président du Conseil européen, Donald Tusk, du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stollenberg, ou encore du commissaire européen chargé du marché numérique unique, Andrus Ansip. Mais aussi de « quelques chefs de gouvernement ». A confirmer.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.03.2015 à 17h08 • Mis à jour le16.03.2015 à 17h28 | Alexis Delcambre Le départ prochain de Patricia Lévy, directrice de la régie publicitaire des Échos, a été annoncé aux personnels par un courriel de la direction du quotidien, lundi 16 mars, selon nos informations.Ce départ intervient trois jours après une « grève des tweets » par laquelle la rédaction des Échos entendait protester contre les intrusions publicitaires dans les espaces éditoriaux - mais il n’y a officiellement aucun lien entre ces deux événements.Grève des tweets aux « Échos »« C’est la vie d’une entreprise, a déclaré au Monde Francis Morel, PDG du groupe. Nous avons fait un constat commun qui nous a amenés à nous séparer. »M. Morel reprendra directement la gestion de la régie Echosmédias (Les Échos, Enjeux Les Échos, Série limitée, Capital Finance, Radio Classique, Connaissance des Arts, Classica et Les Échos Events), comme il le faisait avant l’arrivée de Mme Lévy. Patricia Lévy avait rejoint les Echosmédias en septembre 2013. Elle était auparavant directrice générale de SFR Régie.La Société des journalistes des Échos, elle, connecte ce départ aux débats qu’elle a menés ces derniers mois sur les formats publicitaires. Outre le tweet à tonalité commerciale du 4 mars, la rédaction des Échos estime que la régie publicitaire a eu tendance à multiplier les initiatives mettant en péril, selon elle, la crédibilité des contenus.La régie publicitaire avait également été épinglée - parmi d’autres services - par un audit sur la qualité de vie au travail, réalisé en novembre 2014.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean Peur ? Les clients, cet après-midi du dimanche 15 mars, se récrient avec une belle énergie : « Sûrement pas ! ». Et en en dévalisant fièvreusement les étalages de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes qui a tout juste rouvert ses portes le matin même, soit deux mois après la tragique prise d'otages, ils affirment, solennels, que « la vie est plus forte », qu'il faut « redresser la tête », « se serrer les coudes », « afficher une détermination et une solidarité sans faille ». Et surtout « ne renoncer à aucun rite, aucune tradition, aucune habitude du mode de vie juif », le passage à l'épicerie cacher, surtout quelques jours avant Pessah, la Pâques juive, étant incontournable.Peur ? Allons donc ! « Le magasin est désormais protégé, affirme Eddy, un jeune père de famille qui ne souhaite pas donner son nom. Aucune raison de trembler ! Vous voyez bien : les habitués sont revenus comme un seul homme, mais aussi des voisins, des amis, même des gens hors de la communauté venus parfois de lointaine banlieue juste pour dire : Coulibaly le barbare a échoué. » D'ailleurs vous verrez bien, annonce un client venu de Beauvais : « Comme Charlie et ses 7 millions d'exemplaires, l'Hyper Cacher va exploser son chiffre d'affaire. Tout le monde viendra le soutenir ! »Lire le récit (édition abonnés) : Dans le huis clos de l’Hyper Cacher de la porte de VincennesPeur ? « On est en France depuis des générations ! insiste Olga Seban, parente de l'ancien propriétaire de la chaîne Hyper Cacher. Deux oncles ont été tués à la guerre de 14, mon père a lui-même tenu les armes. Je me sens Française avant même de me sentir juive. Très Française ! Valls a eu des mots forts, la France est avec nous. Alors s'il y a place pour l'émotion en pensant aux victimes, il n'y en a pas pour la peur. »Profonde angoisseEt pourtant... Que l'on insiste un peu et l'inquiétude émerge. Que l'on s'enquiert des débats dans la communauté et tous admettent un malaise et des doutes, des questions sur l'avenir et une profonde angoisse sur la sécurité de leurs proches. « Des gens de ma famille songent à partir en Israël, admet Mme Seban. D'autres pensent aux Etats-Unis où j'ai déjà deux petits-fils. Alors que nous sommes si Français ! » Des insultes de plus en plus fréquentes dans la rue ou sur les réseaux sociaux, les militaires devant les synagogues et les écoles... « La vérité, avoue Edith Sebbag, vice-présidente de la communauté de Villejuif, c'est que la question du départ est désormais abordée dans toutes les familles ! » >> Lire (édtion abonnés) : Chez les juifs de France, la tentation de l’alya« Absolument ! » approuve une cliente en évoquant l'affluence record des salons de l'Alyah organisés par l'agence juive, et le succès des cours d'hébreu. « La situation n'a cessé de se dégrader, estime Mme Sebbag. Je ne reconnais plus la France de mon enfance. Beaucoup renoncent à porter des signes distinctifs. La kippa, l'étoile de David sont devenus dangereux dans le métro. Où allons-nous ? Et puis, dit-elle, approuvée par plusieurs personnes du magasin, s'il n'y avait pas eu Charlie, les Français ne seraient pas descendus dans la rue. On aurait été bien seuls ! »Pas d'indignation nationale après l'affaire Halimi. Pas de sursaut républicain après l'affaire Merah... « Comment s'étonner qu' Israel soit un recours, d'autant que le pays offre de vraies opportunités de travail... »L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, venu faire quelques courses dans les rayons du magasin, sort alors sous les photos et signes affectueux de nombreux clients. « C'est un devoir, pour moi, de venir ici. Des criminels ont tué au nom de l'islam. Ils ont vendu leur âme et pris notre religion en otage. Ils ont accompli l'horreur. Mais il faut penser à l'avenir, se tourner vers la vie, songer à nos enfants. Et être solidaires. Juifs français et musulmans français ont leur avenir ici, ensemble, en France. » Autour de lui, plusieurs femmes, artistes et intellectuelles, se sont donné rendez-vous. « Militantes de la paix ». Juives et musulmanes. « Soeurs, proclament-elles. Et unies à jamais. »Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.03.2015 à 13h22 • Mis à jour le14.03.2015 à 14h07 Le concert « Sur la route des Enfoirés » au profit des Restos du cœur, diffusé après la polémique sur la chanson controversée de Jean-Jacques Goldman « Toute la vie », a réalisé vendredi 13 mars au soir sur TF1 un score d'audience important mais en baisse par rapport à l'an dernier.Lire : Les Enfoirés sont-ils réacs ? Goldman répondAvec 10,8 millions de téléspectateurs, soit 48 % de part d'audience, la 26e édition de ce show télévisé, qui réalise chaque année des records d'audience, a fait moins bien que l'édition 2014, qui avait réuni 12,2 millions de téléspectateurs (52,2 % de parts d'audience).Avec les performances de 34 artistes comme Jean-Louis Aubert ou Zazie, TF1 signe tout de même sa meilleure audience depuis le début de l'année, a indiqué la chaîne.Une chanson qualifiée de réactionnaireFin février, le très consensuel Jean-Jacques Goldman, soutenu par d'autres artistes, a dû monter au créneau pour défendre la nouvelle chanson des Enfoirés, taxée d'« anti-jeunes » voire de « réactionnaire » sur les réseaux sociaux, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, allant jusqu'à évoquer « une maladresse ».En 2014, Les Enfoirés ont rapporté aux Restos du cœur, l'association créée par Coluche, près de 23 millions d'euros, soit 12,5 % d'un budget déficitaire de 7 millions, après avoir servi 130 millions de repas à un million de personnes. Le budget 2015 prévoit un déficit de 10 millions d'euros.Lire le décryptage : Combien rapportent Les Enfoirés ? Les DécodeursBFMTV, numéro un sur Florian PhilippotLe porte-parole du FN, Florian Philippot, est souvent dans les médias, c'est sa fonction. Mais certains médias l'invitent-ils plus souvent que d'autres ?Pour le savoir, nous avons relevé, depuis le 1er janvier 2015, tous les passages à la télé, la radio ou dans une émission sur le web qu'il signale systématiquement sur son compte Twitter. En comptant réactions en direct, invitations et débats, on en recense 69 en six semaines (72 jours), soit en moyenne quasiment un par jour.Quant au choix des médias, un se distingue : BFMTV, loin devant les autres chaînes d'info en continu avec pas moins de 19 passages en tout, quand on en compte 7 pour i>Télé, 6 pour France Info, et 5 sur Europe 1, LCI ou RTL.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426261765207 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426261765207 .title").empty()if ("Interventions télé, radio et web de Florian Philippot"!= ""){Interventions télé, radio et web de Florian Philippot")}$("#container_1426261765207 .subtitle").empty()if ("Passages signalés sur son compte Twitter depuis le 1er janvier 2015"!= ""){Passages signalés sur son compte Twitter depuis le 1er janvier 2015")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426261765207 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear",Télé","France info","Europe 1","LCI","RTL","L'Opinon.fr","RMC","France 2","France 3","France 5","LCPAN","Sud Radio","Boursorama","France Inter","Le Figaro","Radio classique","RCF","RFI"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Nombre de passages", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 19 ], [ "", 7 ], [ "", 6 ], [ "", 5 ], [ "", 5 ], [ "", 5 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "color": "#0386c3" }]})});var chart = $('#container_1426261765207 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()} Alexandre Piquard « Sept ans, c’est l’âge de raison », sourit Edwy Plenel, le cofondateur de Mediapart, à propos du site né le 16 mars 2008. Une manière de dire que ce média d’investigation en ligne et payant, couronné d’un grand succès, arrive « à maturité ». Mais aussi d’esquisser un avenir dans lequel l’équipe actuelle prendra progressivement les commandes : Edwy Plenel a en effet annoncé il y a quelques semaines qu’il comptait transmettre son rôle de directeur de la publication vers 2017 ou 2018.« Notre mission de fondateurs est de construire un média non endetté qui soit rentable grâce au journalisme et indépendant, car détenu par ses journalistes », résume M. Plenel. Sur le plan économique, la mission est accomplie, comme en attestent les résultats publiés jeudi 12 mars. Rentable depuis fin 2010, Mediapart affiche une santé insolente dans le paysage morose de la presse. Il a, en 2014, dégagé 1,48 million d’euros de résultat et 900 000 euros en 2013, soit une hausse de 60 %. Pour un chiffre d’affaires de 8,8 millions d’euros en 2014 (+ 28 %).Redressement fiscalLa quasi-totalité des revenus de Mediapart provient des abonnements (9 euros par mois). Le site en revendique aujourd’hui 112 000, contre 107 000 fin 2014, année au cours de laquelle il a recruté 23 000 nouveaux lecteurs payants. « C’est d’autant plus satisfaisant que Mediapart n’a pas eu en 2014 de très gros scoop, comme en 2013 avec l’affaire Cahuzac », note Marie-Hélène Smiejan, la directrice générale. Aquilino Morelle, le conseiller de François Hollande contraint à la démission par un article, un an après le ministre du budget, serait peut-être d’un autre avis, mais qu’importe, Mediapart est désormais installé dans le paysage.Seule ombre au tableau : l’entreprise se voit toujours réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc pour avoir appliqué, de 2008 à 2014, le taux de TVA de 2,1 % accordé aux médias imprimés. Cette somme couvre 3 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités et 500 000 euros qui viennent d’être exigés par l’administration pour 2013-2014. Pourquoi Mediapart fait l’objet d’une redressement fiscal... et le contesteUn redressement que Mediapart conteste fermement au nom de la « neutralité des supports », également défendue par la profession et le gouvernement. Le site espère ne pas avoir à piocher dans sa trésorerie de 3 millions d’euros.« L’histoire de Mediapart est très exigeante »Côté indépendance, un pas a été franchi avec le rachat des 20 % du fonds Odyssée venture, repris par Mediapart et Ecofinance, l’un de ses investisseurs historiques. Ce dernier possède 18,27 %, un autre investisseur, Doxa, 27,75 %. Les fondateurs détiennent eux 36,71 % (soit une majorité si on y ajoute les parts de la société des amis, 14,65 %). Ils envisagent de transmettre leurs parts aux membres de l’équipe de Mediapart, explique Edwy Plenel, tout en précisant que la forme juridique et les modalités restent à définir.L’organisation interne est également vouée à évoluer : passée de 27 à 55 salariés, la rédaction a demandé une réflexion sur le sujet et un conseiller extérieur a été missionné pour aider à trouver « de nouveaux modes de fonctionnement afin de bien coordonner, sans pour autant reproduire les structures lourdes avec une myriade de chefs », explique M. Plenel. Jusqu’ici, la rédaction a plutôt eu une organisation légère, comme un collectif de journalistes assez autonomes. Se pose par exemple la question de créer des pôles thématiques avec des chefs. Après sept années intenses, une certaine usure se fait sentir. « L’histoire de Mediapart est très exigeante, on travaille beaucoup », reconnaît M. Plenel.« Edwy » restera dans les paragesRestera la question des dirigeants. Edwy Plenel avait déjà évoqué en interne sa volonté de passer la main mais l’équipe n’en a pris conscience que lorsqu’il l’a exposée dans Le Journal du Net, en décembre. « Nous sommes contre le cumul des mandats », s’amuse le journaliste, qui aura 65 ans en 2017, sensiblement le même âge que deux autres fondateurs, Marie-Hélène Smiejan et Laurent Mauduit (le quatrième, François Bonnet, directeur de la rédaction, est un peu plus jeune).Les journalistes, dont certains ont fait leurs armes à Mediapart, sauront gré à M. Plenel de ne pas s’accrocher à son siège comme certains patrons de presse. Mais la perspective du retrait d’une telle figure – débatteur, essayiste, ancien directeur de la rédaction du Monde – soulève aussi des questions. « Edwy » reconnaît que sa personnalité – sa « moustache » – peut être « écrasante » et comprend la « responsabilité » qui est transmise à la rédaction. Mais se dit très optimiste sur l’émergence de figures pour prendre le relais. Il précise qu’il restera dans les parages, au conseil d’administration ou pour écrire à l’occasion.Un « pure-player » d’anciens de « Libé »Un site d’information payant, Lesjours.fr, va être lancé dans les prochains mois par d’anciens journalistes de Libération qui ont quitté le quotidien à la faveur du rachat du journal par de nouveaux actionnaires dont le magnat des télécommunications, Patrick Drahi. Parmi eux, on trouve les « Garriberts » (Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts), couple qui couvrait le secteur des médias, mais aussi les rédacteurs Olivier Bertrand, Nicolas Cori, Sophian Fanen, Antoine Guiral et Charlotte Rotman.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « À l’occasion de la naissance de la marque #DS Automobiles,@LesEchos entrechoquent le passé et le présent ! » Ce seul tweet à la tonalité publicitaire, publié le 4 mars sur le compte du quotidien économique Les Echos - et retiré depuis -, a suffi à déclencher les foudres de la rédaction. Les journalistes du quotidien économique ont décidé de suspendre l’utilisation de leurs comptes Twitter pour la journée du vendredi 13 mars, protestant contre ce qu’ils estiment être une intrusion de la publicité dans un espace éditorial.« Ça suffit !, s’insurge Leila de Comarmond, présidente de la Société des journalistes (SDJ) des Echos. Ce tweet est un déclencheur, mais nous protestons globalement contre un mélange des genres de plus en plus prononcé dans la presse en général et aux Echos en particulier. »Aux Echos, les journalistes se sont notamment inquiétés de la floraison des « contenus de marques » (brand content), présents dans la section « Rendez-vous partenaires » du site. Ce type de contenu, créé à l’initiative d’annonceurs et empruntant les codes des contenus éditoriaux, est en plein essor dans les médias.Pour l’encadrer, la SDJ des Echos a négocié, pendant six mois, une charte avec la direction du titre. Mais « on n’en finit jamais, déplore Leila de Comarmond. On ne peut pas tout charter ni suivre en permanence les nouveaux formats publicitaires qui sont mis en ligne. Dès qu’on parvient à boucher un trou, autre chose surgit. »Selon elle, les journalistes du titre sont « conscients des enjeux économiques » et des réalités du marché publicitaire. Mais ils redoutent que la confusion s’installe, aux yeux des lecteurs, entre les différents types de contenus. « La crise économique de la presse ne justifie pas qu’on affaiblisse notre crédibilité », juge Mme de Comarmond, qui appelle à ce que « la profession s’empare collectivement du sujet ».La direction du titre, elle, explique que le tweet incriminé n’était pas commercial. Il n’a en effet pas été publié à l’initiative de la régie, mais par le service marketing. L’objectif était de valoriser une opération spéciale qui avait notamment conduit à réaliser une « fausse Une » du quotidien. Pour Francis Morel, PDG du groupe Les Echos, « notre fil Twitter sert à 99 % à valoriser des articles et peut servir, à l’occasion, à publier des messages qui concernent notre marque, ses chiffres, son actualité ». Tout en reconnaissant qu’« il faut se montrer vigilant pour ne pas refaire ce genre de choses ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.03.2015 à 18h21 • Mis à jour le12.03.2015 à 18h34 | Yves Daudu et Yann Plougastel Agrégé de philosophie, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont Du tragi-que au matérialisme (et retour), paru en janvier aux PUF, André Comte-Sponville a pour pères spirituels Epicure, les stoïciens, Montaigne et Spinoza. Il se définit comme matérialiste, rationaliste et humaniste. Fortement influencé par l'héritage philosophique des Lumières, il défend une éthique humaniste et une spiritualité sans dieu. Nous l'avons interrogé sur les spécificités françaises en matière de liberté d'expression dans la pensée française. La liberté d'expression est une liberté fondamentale. Comme toute liberté naturelle, on la voudrait absolue ; comme toute liberté socialement réglementée, elle connaît des limites. Mais pourrait-on imaginer ou réclamer une liberté d'expression sans limites ?Il n'y a pas de liberté absolue. Même à l'état de nature, à supposer qu'il ait existé, la liberté de chacun dépend de la force dont il est capable ; elle est doublement -limitée, et par sa propre faiblesse, et par la force des autres. C'est vrai a fortiori dans un Etat de droit. Pas de liberté sans lois, pas de loi sans contraintes. On prend souvent l'exemple du code de la route : s'il n'existait pas, ma liberté de circuler, théoriquement plus grande, serait en pratique presque nulle. S'agissant de la liberté d'expression, c'est différent. On pourrait envisager qu'aucune loi ne la limite. Mais est-ce souhaitable ? Il faut bien interdire la diffamation, les appels au meurtre, protéger le droit d'auteur et les secrets commerciaux ou industriels… Même les Etats-Unis, où le Premier amendement garantit une liberté d'expression plus grande que chez nous, lui reconnaissent certaines limites. Idem en France, qui interdit en outre les incitations à la haine raciale ou religieuse, le négationnisme et les atteintes à la vie privée. On peut discuter le détail de ces interdits (contre le négationnisme, je ne suis pas certain qu'une loi soit la -meilleure arme), mais guère en contester le principe.La liberté d'expression est un droit essentiel de notre vie publique, mais la liberté est-elle une fin en soi, un absolu dénué de toute responsabilité ?Oui, la liberté est une fin en soi, autrement dit une valeur, qui mérite qu'on se batte pour elle, voire qu'on lui sacrifie sa vie. C'est vrai notamment de la liberté d'expres-sion, sans laquelle toute autre liberté serait tronquée ou vaine. Nous exempte-t-elle pour autant de toute responsabilité ? Evidemment pas. C'est d'ailleurs ce qui est clairement énoncé par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Mais il n'y a pas que la loi ; il y aussi la morale. Il arrive qu'on s'interdise de dire certaines choses, non parce que ce serait pénalement répréhensible, mais parce que ce serait manquer de douceur, de compassion ou de délicatesse. Au peuple d'en décider, pour ce qui relève de la loi. A chacun d'en juger, pour ce qui ne relève que de sa conscience.La liberté véritable va-t-elle sans conscience de la responsabilité qui lui est intrinsèque ?Aucune liberté ne vaut sans responsabilité. Mais si vous pensez à l'équipe de Charlie Hebdo, il me semble que ce serait aller trop vite que de les traiter d'irresponsables. On peut au contraire penser qu'ils ont assumé jusqu'au bout leur responsabilité de citoyens laïques ou libertaires… Personne n'est juge, moralement, de la responsabilité d'autrui. Juridiquement, les tribunaux le sont, et il est arrivé plusieurs fois qu'ils condamnent Charlie Hebdo. Ce ne fut pas le cas lors des caricatures de Mahomet, et il me semble que le tribunal, dans cette affaire, eut raison.La dénonciation des religions est un droit incontestable, mais quels sont ses objectifs ?Les objectifs varient selon les individus, comme toujours. Simplement, les opinions sont libres, donc aussi la critique des opinions. Cela vaut pour les religions comme pour n'importe quelle idéologie. Cela pose le problème de l'islamophobie. Le mot est équivoque. Si l'on entend par « islamophobie » la haine ou le mépris des musulmans, ce n'est qu'une forme de racisme, aussi haïssable qu'elles le sont toutes. Est-elle très répandue ? Je n'en ai pas l'impression : un arabe athée ou un noir catholique sont sans doute davantage -victimes du racisme qu'un musulman de type européen. Mais, même marginal, ce racisme-là doit évidemment être combattu. En revanche, si on entend par « islamophobie » non pas la haine ou le mépris des musulmans mais le refus, la critique ou la peur de l'islam (c'est le sens étymologique du mot « islamophobie »), ce n'est qu'une position idéologique comme une autre, qu'aucun Etat démocratique ne saurait interdire. On a le droit d'être antifasciste, anticommuniste ou antilibéral. Pourquoi n'aurait-on pas le droit de s'opposer au christianisme, au judaïsme ou à l'islam ?La laïcité est-elle là pour garantir la liberté d'expression ?Pas seulement. Pas d'abord. La laïcité est là pour garantir la liberté de croyance ou d'incroyance, donc aussi pour permettre la cohabitation paisible des différentes religions ou idéologies. Un Etat laïque n'est ni athée ni religieux. C'est pourquoi il protège toutes les religions, comme il garantit le droit de n'en avoir aucune et de les critiquer toutes. « Je hais tous les dieux », disait le Prométhée d'Eschyle. C'est une opinion que nul n'est tenu de partager, mais que personne, dans un Etat laïque, n'a le droit d'interdire. Et comme il n'y a pas de liberté d'opinion effective sans liberté d'expression, l'Etat, pour protéger celle-là, se doit aussi de garantir celle-ci.Contrairement à plusieurs pays européens, l'interdiction du blasphème ne figure pas dans la législation française. Est-ce un des piliers, selon vous, de la liberté d'expression ?Un pilier, ce serait sans doute trop dire. Mais que le droit de blasphémer soit un élément, parmi d'autres, de la liberté d'expression, je ne vois guère comment un laïque pourrait le contester. J'ai relu il y a peu la définition que je donnais du blasphème, dans mon Dictionnaire philosophique. Permettez moi d'en citer la dernière phrase : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme, pas des bonnes manières. » Dans les situations ordinaires de la vie, mieux vaut donc éviter, individuellement, de le pratiquer. A quoi bon choquer ou blesser les croyants ? Dans le cas de Charlie Hebdo, c'est différent : on ne va pas demander à un journal satirique et humoristique de respecter les bonnes manières ! J'ajoute qu'un droit que personne ne pratiquerait jamais risquerait fort de tomber en désuétude. Il est donc précieux qu'un journal comme Charlie Hebdo existe et transgresse régulièrement ces bonnes manières que nous continuons, dans la vie quotidienne, de respecter.Comment différencier ce qui entre dans le cadre de la liberté d'expression et ce qui en sort ?Moralement, c'est à chacun d'en juger. Politiquement, cela relève du peuple souverain, donc du législateur. On a le droit de critiquer une loi. Pas de la violer.Jusqu'où va la tolérance ?Jusqu'au point où elle risque de se détruire elle-même. On peut tolérer des opinions dissidentes, et même il le faut. On ne peut pas accepter que certains prétendent, par la violence, renverser les institutions qui garantissent la liberté de tous.On attribue à Voltaire la formule suivante : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Est-ce toujours d'actualité ? Ou revient-on à la formule attribuée à Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » ?La formule attribuée à Voltaire, même apocryphe, est belle. Celle de Saint-Just est outrancière. Si des gens publient des livres ou manifestent paisiblement pour demander la fin de la démocratie, il n'y a pas lieu de les sanctionner. S'ils fomentent une émeute ou un coup d'Etat, c'est autre chose ! L'expression des idées est libre – dans les limites prévues par la loi. Mais l'ordre républicain doit s'imposer à tous.Régis Debray notait : « La démocratie, c'est ce qui reste de la République quand on a éteint les Lumières. » Lors des grandes manifestations du 11 janvier, Voltaire fut souvent cité. A votre avis, plus qu'une affaire de religion, ces événements ne posent-ils pas la question de la liberté d'expression et du fanatisme, déjà soulevée par les Lumières ? Le combat serait donc toujours le même et seuls les adversaires auraient changé ?Oui, le combat reste le même : pour les Lumières, pour la liberté de conscience et d'expression, contre le fanatisme et l'obscurantisme. Et oui aussi, les adversaires ont changé. L'Eglise catholique, qui l'a tant combattue, a fini par accepter la laïcité. C'est une grande victoire. Les laïques auraient tort de faire la fine bouche, mais aussi de s'endormir sur leurs lauriers. « Ecrasons l'infâme », -aimait à répéter Voltaire. L'infâme, pour lui, c'était le fanatisme, à l'époque surtout catholique. Que le fanatisme, aujourd'hui, soit plus souvent le fait de musulmans, ce n'est pas une raison pour cesser de le combattre – ni bien sûr pour en accuser tous les musulmans, qui en sont, de par le monde, les premières victimes. La ligne de front ne passe pas entre les croyants et les incroyants ( Voltaire n'était pas athée ) : elle passe entre les esprits libres, ouverts et tolérants, qu'ils aient ou non une religion, et les esprits intolérants ou fanatiques, quel que soit le Dieu dont ils se réclament et quand bien même ils seraient athées.Dans une tribune publiée dans Libération, vous écrivez : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme. L'humour, des vertus du citoyen. » Peut-on rire de tout ? Et avec tout le monde ?Desproges a répondu une fois pour toutes : « On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. » Rire de Moïse, de Jésus ou de Mahomet, pourquoi pas ? Mais pas avec un antisémite, un terroriste antichrétien ou un raciste antimusulman !On entend beaucoup l'idée selon laquelle il y aurait « deux poids, deux mesures », d'un côté Charlie Hebdo « caricaturant » le Prophète, et de l'autre Dieudonné « caricaturant » les juifs : on rit dans le cas du premier, on punit dans l'autre. Ne traite-t-on pas de manière différenciée les religions ?Qu'on traite, de fait, les religions de manière différenciée, ce n'est pas exclu. Il est plus facile, dans notre pays, de se moquer des chrétiens que des juifs ou des musulmans. Cela peut d'ailleurs s'expliquer par de bonnes raisons : les chrétiens, en France, ne sont guère victimes de racisme ou de ségrégation ; on peut donc penser qu'ils ont moins besoin d'être protégés… Rappelons en passant qu'il en va tout autrement dans de nombreuses régions du globe : les chrétiens, aujourd'hui, sont sans doute la communauté religieuse la plus persécutée du monde ( le plus souvent par des fanatiques musulmans ).S'agissant de Dieudonné et de Charlie Hebdo, c'est différent. La loi interdit les incitations à la haine raciale, donc notamment l'antisémitisme. Elle n'interdit pas le blasphème. Faire « deux poids, deux mesures » n'est condamnable que s'il s'agit de deux objets identiques ou très proches. Mais il s'agit ici de deux objets clairement différents : la dénonciation d'un groupe ethnique, d'une part, la caricature d'un personnage religieux, d'autre part. Comme je n'ai vu aucun spectacle de Dieudonné, je me garderai bien de me prononcer sur son cas. Mais on ne peut pas reprocher aux juges d'appliquer la loi.Yves DauduYann PlougastelJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elian Peltier Blendle, un temps surnommé l’« iTunes de la presse », poursuit son expansion. Celle-ci passe désormais par les médias américains : la plate-forme hollandaise de vente d’articles à l’unité a annoncé, jeudi 12 mars, un partenariat avec le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal.Des contenus des trois titres américains seront prochainement disponibles sur ce service qui attire déjà 220 000 utilisateurs aux Pays – Bas, en attendant le lancement d’une version internationale en anglais, dans le courant de l’année.« Nous misons sur des titres prestigieux, capables d’attirer d’autres publications et des lecteurs dans le monde entier », a expliqué Alexander Klöpping au Monde. Le cofondateur de Blendle réaffirme également sa volonté de lancer à terme des versions nationales de Blendle en Europe, notamment en France et en Allemagne.Cette expansion était programmée : en octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement) pour favoriser ce déploiement international.CommoditéLes contenus des trois journaux américains vont donc s’ajouter à ceux de la quarantaine de titres hollandais et de The Economist, déjà présents sur Blendle. Les articles de journaux ordinaires y coûtent une vingtaine de centimes d’euros et les contenus plus longs, environ 1 euro ou plus. L’utilisateur reçoit 2,50 euros lors de son inscription pour acheter les premiers contenus, avant de devoir recharger son compte avec des cartes de 5, 10 ou 20 euros, sur un modèle proche de celui d’iTunes, la plate-forme musicale d’Apple.Alexander Klöpping et Marten Blankesteijn, les cofondateurs de Blendle, font un pari osé avec l’intégration des trois grands titres américains : faire payer pour des articles qui sont en partie gratuits sur leurs sites d’origine. Le site du New York Times est en effet doté d’un paywall qui permet aux internautes de lire dix articles gratuits par mois avant de devoir s’abonner – le seuil est de vingt pour le Washington Post.Sur Blendle, le lecteur devra payer quelques centimes d’euros dès le premier article de ces journaux pour le lire. Parmi les trois publications, l’intégration à Blendle semble davantage convenir au Wall Street Journal, dont le paywall plus restrictif ressemble au modèle des publications hollandaises.Mais M. Klöpping croit à l’intérêt de s’informer via Blendle, compte tenu de sa commodité. « Prenez Youtube et Spotify : les musiques du monde entier sont disponibles gratuitement sur Youtube, et pourtant les gens payent pour avoir Spotify, explique-t-il. Blendle doit être comme Spotify : une plate-forme agréable à utiliser, facile d’accès, et où vous pouvez retrouver vos amis qui partagent eux aussi des contenus ». Cette expérience, autant que les contenus eux-mêmes, justifie à ses yeux les quelques euros que l’on dépense sur Blendle.Priorité à l’EuropeMalgré des chiffres honorables aux Pays-Bas, où 20 % des inscrits sur la plate-forme rechargent leur compte, les négociations avec les publications européennes prennent du temps. MM. Klöpping et Blankesteijn veulent s’assurer la présence d’au moins deux-tiers des publications nationales sur un éventuel Blendle français ou allemand avant de lancer ces plates-formes. Les deux Hollandais de 28 ans se heurtent aux mêmes réticences que celles rencontrées aux Pays-Bas, où les négociations ont duré plus de deux ans : la peur, du côté des publications, de perdre des abonnés et de fragmenter l’offre éditoriale.L’engagement de journaux comme le New York Times pourrait changer la donne. « Ces grands titres américains suscitent l’attention mais notre démarche reste européenne, affirme M. Klöpping. C’est assez effrayant car nous ne nous sommes toujours pas lancés dans d’autres pays, mais je suis enthousiaste car si ça marche aux Pays-Bas, ça peut marcher ailleurs : on n’a pas besoin d’être Hollandais pour avoir envie de payer pour du journalisme de qualité. »Lire aussi : La start-up néerlandaise Blendle s'inspire d'iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetElian PeltierJournaliste au Monde Alexis Delcambre Exercice difficile que celui auquel s’est livré le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui est allé répondre aux questions des salariés de l’entreprise réunis en assemblée générale, vendredi 20 mars.Le PDG de #RadioFrance seul face aux salariés en colère #grève pic.twitter.com/Hf93rTcfVd— LaGrue James (@Lagruejames) 20 Mars 2015Interrogé par une salariée sur la « faute morale » qu’aurait constituée la rénovation de son bureau pour un montant global de 105 000 euros, M. Gallet a répondu « comprendre cette colère », mais a ajouté que ces travaux avaient été votés avant son arrivée.Radio France : Mathieu Gallet fragilisé par le coût des travaux de son bureauSur les mesures d’économies envisagées pour résorber le déficit de l’entreprise, le PDG a expliqué poursuivre les négociations avec l’Etat pour fixer les objectifs et moyens de Radio France pour les cinq prochaines années."L'Etat ne va pas lâcher Radio France. Les négociations vont aboutir" #Gallet #RadioFrance— Jean Leymarie (@Jean_Leymarie) 20 Mars 2015M. Gallet a notamment expliqué que le départ de l’Orchestre national de France était une option."@delfsim: #Radiofrance #Gallet L'une des hypothèses est que l'Orchestre national de France "prenne son autonomie" Tollé."— Marion L'Hour (@MarionLHour) 20 Mars 2015« Je me bats avec l’Etat pour qu’il n’y ait pas de départs contraints », a également déclaré le PDG, en réponse aux inquiétudes sur un possible plan de départs qui pourrait concerner 300 à 400 personnes.M. Gallet a mis en avant le poids du chantier de rénovation de Radio France, dont le coût a explosé et qui pèse aujourd’hui lourdement sur le budget. Ainsi, sur les 21 millions d’euros de déficit programmés pour 2015, 15 millions relèveraient d’amortissements liés au chantier.L’interminable chantier de la Maison de la radioLes salariés ont aujourd’hui le sentiment de devoir payer un lourd tribut à ce chantier et estiment qu’on prépare des économies sur la production de contenus pour continuer à financer l’ouvrage.#Gallet:"Je suis toujours en négociation avec l'Etat pour pouvoir finir le chantier". Les salariés: "Mais arrêtez avec votre chantier!" #AG— Julie Gacon (@juliegacon) 20 Mars 2015À l’issue d’un échange qui aura duré une heure trente, le PDG a quitté la scène du Studio 104.Bon Ben M. #Gallet a posé son micro et est parti sous les huées. The end.— Margaux Duquesne (@MduqN) 20 Mars 2015« Les salariés ont eu des éléments de langage, mais aucun élément de réponse », a jugé l’intersyndicale (CGT, SNJ-CGT, SUD, UNSA, CFDT, FOSNRT) dans un communiqué, évoquant « une crise de confiance vis-à-vis du PDG ». « C’était un peu un dialogue de sourds », a estimé Lionel Thompson, journaliste et délégué CGT.Les salariés de Radio France ont voté, vendredi après-midi, la reconduction de leur mouvement de grève.Radio France : les dépenses de la direction auscultéesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 08h42 • Mis à jour le20.03.2015 à 14h31 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les tutelles de Radio France n’ont pas tardé à réagir, deux jours après les révélations sur les frais de rénovation du bureau de Mathieu Gallet. Selon les informations du Monde, une enquête a été diligentée, jeudi 19 mars, par les ministères de la culture et des finances pour vérifier les dépenses de la présidence, de la direction générale et du comité directeur de Radio France. La mission doit rendre ses conclusions dans une quinzaine de jours. Son périmètre d’étude sera notamment les frais de réception, les voitures de fonction et les frais de mission.Mardi soir, Le Canard enchaîné avait révélé que 105 000 euros avaient été dépensés en frais de rénovation du bureau du PDG. La direction avait expliqué que 70 % de ce budget correspondait à des frais de rénovation de boiseries en palissandre, une essence rare, ce qui s’apparente à de l’entretien de patrimoine, et que ces travaux avaient été décidés avant l’arrivée de M. Gallet. Néanmoins, ces révélations ont profondément marqué l’entreprise, confrontée à des exigences d’économies. Cinq syndicats ont engagé une grève illimitée, jeudi.Radio France : Mathieu Gallet fragilisé par le coût des travaux de son bureauJeudi, dans les couloirs de Radio France, on évoquait aussi cette Peugeot 508 choisie pour remplacer la Citroën C6 de Jean-Luc Hees, dont M. Gallet souhaitait changer la sellerie. La direction de l’entreprise dément que le nouveau PDG ait demandé ce changement de sièges et explique que le renouvellement du véhicule était logique, le précédent comptant 125 000 km au compteur pour une valeur Argus tombée à 6 000 euros.« Problème de légitimité »À la Maison ronde – le siège de Radio France à Paris –, ces différents éléments ont nourri l’ironie et, parfois, la colère des personnels. Surtout, pour les syndicats, ils constituent une arme majeure alors qu’une grève potentiellement longue a commencé.Lors d’une assemblée générale jeudi matin, le comportement de M. Gallet a fait partie des sujets de discussion. « Il y a désormais un problème de légitimité du président », a ainsi lancé Philippe Ballet, délégué UNSA. Décrit comme un « gestionnaire », parlant plus volontiers aux médias qu’aux collaborateurs de son entreprise, le PDG a ainsi été affublé de l’étiquette « bling bling » lors des échanges. Sa décision, jeudi soir, d’annuler un concert prévu à l’Auditorium – alors que les musiciens grévistes avaient dit vouloir jouer – et de fermer le bâtiment au public, laissant l’orchestre improviser un récital dans le hall, a créé l’incompréhension.« Nous nous réjouissons de la mise en place de cette enquête, déclare Jean-Paul Quennesson, délégué SUD et membre de l’Orchestre national. Il y a à l’évidence des dépenses qui ne s’imposaient pas ou auxquelles on pouvait surseoir. La priorité doit être donnée aux outils de production et non de réception. L’Etat réagit vite car ces informations sont dévastatrices pour la parole du PDG. »« Si l’enquête ne porte que sur les frais de mission ou de réception, c’est frustrant, nuance Renaud Dalmar, délégué CFDT. Nous avons un problème majeur qui est le chantier de rénovation de la Maison de la radio, dont les coûts ont dérapé, c’est cela qu’il faudrait contrôler. »« Purger le sujet »De son côté, la direction s’affiche tranquille et voit dans cette enquête une opportunité de sortir de la polémique. « Cette mission est une bonne chose, indique Catherine Sueur, directrice générale déléguée. Cela devrait permettre de purger le sujet. » L’espoir est aussi celui d’une levée rapide de la grève. Mathieu Gallet devait s’adresser aux salariés de Radio France, vendredi à 11 heures.Le calendrier est serré. À la direction comme au gouvernement, l’heure est aux « arbitrages » sur les mesures d’économies, mais aussi les grands axes stratégiques de Radio France pour les cinq prochaines années. Aux yeux du gouvernement, il est indispensable qu’on ne puisse pas attaquer l’exemplarité de la direction de l’entreprise pendant cette période. Débat au CSALa direction du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) garde ses distances. Elle rappelle qu’elle ne dispose pas des comptes financiers de Radio France et que c’est le ministère de la culture qui exerce la tutelle. Le président Olivier Schrameck n’a donc pas appelé Mathieu Gallet pour évoquer les travaux qui ont fait polémique. « Le CSA régule les radios et les télévisions, pas les bureaux des présidents », abonde une source en interne.C’est pourtant le CSA qui a nommé M. Gallet, au terme d’une procédure censée tourner la page des nominations de l’ère Sarkozy. Comment juge-t-il son action, après un an de mandat ? Là encore, la présidence souligne que le CSA est une autorité collégiale, dont les membres n’ont pour l’instant pas débattu du bilan de Mathieu Gallet, et ne devraient en principe pas le faire avant le point d’étape prévu fin 2015.Le CSA fait le choix de la prudence et d’une lecture juridique de son rôle et de celui de la tutelle, plutôt que de réagir à chaud. Une décision qui semble fondée sur le pari que la situation peut s’arranger pour Mathieu Gallet. Car les difficultés du président de Radio France pourraient être imputées indirectement au CSA qui l’a nommé.Une autre source au CSA a un avis plus sévère et inquiet : « Mathieu Gallet donne le sentiment d’un homme assez seul, et qui est peu épaulé par les ministères, à la culture mais aussi à Bercy. On a l’impression d’un homme qui a du mal à faire face à la tempête. » Le CSA s’est-il donc trompé en le choisissant ? « La question se pose », estime cette source, rappelant « l’espoir » de renouveau et de gestion sérieuse suscité par sa candidature. « Mathieu Gallet a-t-il l’étoffe d’un patron d’audiovisuel de service public, dans cette période troublée pour le pays ? Nous allons le voir », conclut-on. Pour le CSA, les tensions autour de la présidence de Radio France sont en tout cas un élément de pression supplémentaire, au moment où il gère un dossier très sensible : la nomination du patron de France Télévisions, au plus tard le 22 mai.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Constant Du jamais vu sur la TNT. A l'occasion de la diffusion du premier épisode de la version française de « Top Gear », mercredi 18 mars 2015 en début de soirée, RMC Découverte a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience). L'émission consacrée à l'automobile a rassemblé un maximum de 1 078 000 téléspectateurs, à 21 h 39. Diffusé dans la foulée, le second épisode a rassemblé 793 000 téléspectateurs, soit 4,4 % de parts d'audience.La chaîne appartenant au groupe Next Radio TV diffusait déjà la version originale de « Top Gear », célèbre émission de la BBC dont les audiences du dimanche soir sur BBC2 dépassent souvent les 5,5 millions de fidèles. Le 11 février 2015, RMC Découverte battait déjà son record d'audience, toutes émissions confondues, avec 480 000 téléspectateurs scotchés devant un épisode de « Top Gear » UK.Lire : « Top Gear », ou l’éloge de la puérilitéEn décidant de produire une version française avec des moyens importants et le savoir-faire de BBC Worldwide France, Alain Weill prenait un risque. Car le rapport des Français à l'automobile n'est pas le même que celui des Britanniques. « Je ne m'attends pas à doubler notre audience du mercredi soir » avait-il déclaré lors de la présentation à la presse des extraits du premier épisode de ce « Top Gear » made in France. Visiblement, la sauce a pris et le public a apprécié la prestation du trio de présentateurs composé de Philippe Lellouche, Bruce Jouanny et Yann Larret-Menezo.Lire aussi : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Ironie de l'histoire, « Top Gear » France démarre en trombe alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt en raison d'un incident ayant mis aux prises Jeremy Clarkson, son présentateur emblématique, et un producteur. Une suspension qui a ému les téléspectateurs britanniques : 950 000 personnes ont signé une pétition pour le retour de la vedette.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.03.2015 à 14h18 • Mis à jour le18.03.2015 à 16h49 Poursuivi pour apologie d'actes de terrorisme et provocation à la haine envers les juifs, le polémiste Dieudonné M'Bala M'Bala a été condamné, mercredi 18 mars, à deux mois de prison avec sursis en raison d'un message posté sur Facebook après les attentats djihadistes qui avaient fait dix-sept morts au début de janvier en France.Le parquet avait demandé deux cents jours-amende à 150 euros à l'encontre du polémiste, soit 30 000 euros d'amende. Une peine de jour-amende implique que le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s'il ne s'acquitte pas de la totalité de l'amende. Il encourait jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende, les faits présumés ayant été commis en ligne.« Charlie Coulibaly »Le 11 janvier, au soir d'une grande marche citoyenne en hommage aux victimes, le polémiste avait écrit qu'il se sentait « Charlie Coulibaly », détournant le slogan « Je suis Charlie », en référence à l'un des trois auteurs des attaques, Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre clients d'un magasin juif. Ses propos avaient ensuite été retirés de sa page Facebook.Assurant condamner « sans aucune retenue et sans aucune ambiguïté » les attentats, Dieudonné M'Bala M'Bala avait affirmé à l'audience qu'il avait souhaité participer à la marche à Paris, mais que sans retour du ministère de l'intérieur, qu'il avait sollicité, il s'en était senti « exclu » et traité comme un « terroriste ». Une argumentation qui n'a pas convaincu les juges. Outre le contexte, les magistrats ont fait valoir « l'amalgame provocateur » du polémiste, dont la portée des propos « ne pouvait être ignorée » : « Le sentiment d'hostilité à l'égard de la communauté juive que Dieudonné M'Bala M'Bala entretient auprès d'un public attiré par sa personnalité accroît sa responsabilité à raison de ses propos provocateurs. »Ni l'intéressé ni ses avocats n'étaient présents devant le tribunal pour le délibéré. Le polémiste attend un autre jugement jeudi dans une affaire de provocation à la haine envers les juifs pour des propos visant le journaliste Patrick Cohen. Mardi prochain, il connaîtra l'épilogue de la plainte déposée à son encontre après avoir qualifié, fin août 2013, Manuel Valls, alors ministre de l'intérieur, de « Mussolini moitié trisomique ».Lire aussi : Dieudonné : les principaux procès perdus depuis 2007 17.03.2015 à 20h49 • Mis à jour le18.03.2015 à 13h02 Près de 100 000 euros, contre 34 500 prévus. Le groupe Radio France a confirmé, dans la soirée de mardi 17 mars, la somme payée pour les travaux de rénovation du bureau de son président, Mathieu Gallet, cet hiver. Le Canard enchaîné avait révélé cette information dans son édition à paraître mercredi.Ce dépassement s'explique notamment par la restauration de « boiseries précieuses en palissandre » qui ornent une partie des murs de la pièce, selon l'hebdomadaire satirique, qui reproduit un document interne à l'entreprise publique. Cette opération effectuée par une entreprise spécialisée — et dont le montant avait été largement sous-estimé — a coûté à elle seule quelque 70 000 euros, a fait savoir Radio France à l'Agence France-Presse. Il s'agirait des premières restaurations de ce type depuis l'inauguration de la Maison de la radio en 1963.Quadruple préavis de grèveLes dépenses supplémentaires avaient été programmées dans un « budget de parachèvement des travaux » de 2,9 millions d'euros, selon le groupe du service public. L'ensemble de la Maison de la radio est en chantier depuis 2009. Sa réfection est la plus importante d'un bâtiment occupé en France. Ces travaux, d'un coût total de 350 millions d'euros, doivent s'achever entre la fin de 2017 et le début de 2018. L'incendie, survenu vendredi 31 octobre et dont les causes restent à établir, avait constitué l'énième péripétie d'un chantier devenu interminable.Lire aussi : L’interminable chantier de la Maison de la radioMais ces dépenses tombent au moment où Radio France a annoncé un « plan de retour à l'équilibre », après l'adoption par son conseil d'administration de son budget 2015, déficitaire de 21,3 millions d'euros — une première dans l'histoire du groupe de radios publiques.Vu la situation, le Syndicat national des journalistes (SNJ) Radio France s'est dit « abasourdi, choqué et consterné », mardi, par la confirmation des révélations du Canard enchaîné. Le SNJ a ajouté qu'il était « très inquiet, dans un contexte déjà alourdi par les menaces qui pèsent sur l'emploi et, à terme, sur les missions de l'entreprise ». Plusieurs syndicats du groupe, dont le SNJ, ont déposé pour jeudi un quadruple préavis de grève. Il s'agit du troisième appel à la cessation du travail en un mois contre un éventuel plan social et des mesures d'économies.Lire aussi : Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants » Alexandre Piquard .@JVCom x @Gamekult x @gamergen_com x @Gameblog, on a pas tous le même maillot, mais on a la même passion 💝 pic.twitter.com/CfJ4cyjrV7— Julien Chièze (@JulienChieze) March 13, 2015Tout a commencé par une photo bien banale en apparence : elle montre une tablée de six jeunes gens prenant la pose dans un restaurant japonais. Pourtant, le casting de cette image postée le 13 mars 2015 sur Twitter a déclenché une guéguerre dans le milieu du jeu vidéo : les personnages sont des journalistes de sites français spécialisés, dînant ensemble lors d’un voyage au Japon payé par Sony en compagnie d’un responsable des relations presse de cet éditeur de jeux. Le cliché a ravivé un débat sur l’indépendance des médias consacrés aux jeux vidéo, latent dans le milieu depuis plusieurs années.« Moi, ce qui me gave le plus dans ce genre d’histoire, c’est le repas de famille avec le RP de Sony, dénonce un des nombreux internautes qui ont commenté la photo sur les forums de Gamekult.fr, l’un des sites représentés dans le voyage incriminé, avec Jeuxvideo.com, Gamergen et Gameblog. Tu picoles avec le mec qui te vend un produit et qui en espère un bon retour dans ton papier. » Pour d’autres lecteurs, les journalistes ne devraient pas accepter un déplacement payé par une grande entreprise du jeu vidéo, même si cela permet de produire des articles de qualité.Gamekult cultive plutôt une image d’indépendance dans le secteur. Devant la polémique, son rédacteur en chef, Thomas Cusseau, alias « Yukishiro », a décidé de ne pas rester silencieux : « Au risque que certains tombent de l’armoire, lorsque Gamekult est invité à essayer un jeu au cours d’un événement presse (ou d’un voyage, dans le cas où le studio/la démo est à l’étranger/en province), le journaliste est défrayé de ses frais de transport et de nourriture par son hôte, l’éditeur », explique-t-il sur le site. Un peu incrédule, il met les lecteurs en garde contre la nostalgie – factice – d’un « Gamekult qui ne vendait pas ses fesses ». Les usages seraient en effet les mêmes depuis le lancement du média en 2001.« Ce n’est pas sniffer de la cocaïne »« Cela revient à interviewer un écrivain pour la sortie de son bouquin, ou un réalisateur au moment de l’arrivée de son film », ajoute le rédacteur en chef, citant la littérature et le cinéma, domaines où les lancements d’œuvres sont très contraints. Pour lui, les sites français cherchent à « développer du contenu intéressant » malgré le fait que de nombreux grands éditeurs de jeux sont américains ou japonais. « Bouffer au restau avec la délégation française après une journée de boulot, ce n’est pas non plus sniffer de la cocaïne sur le ventre d’une strip-teaseuse après 11 heures de ski nautique aux frais de l’éditeur », justifie Yukishiro.L’opération transparence aurait pu s’arrêter là si le rédacteur en chef de Gamekult n’avait ajouté dans son texte cette confidence prémonitoire, à propos d’un autre personnage présent sur la photo, Julien Chièze, rédacteur en chef du site concurrent Gameblog : « Pour être totalement transparent avec vous et au risque de réveiller je ne sais quelle “rivalité” factice (et débile), sachez que je “déconseille” aux membres de la rédaction depuis un an d’être pris en photo avec Julien Chièze et de participer aux contenus de Gameblog, quels qu’ils soient, ou de parler de Gameblog sur les réseaux sociaux. » Pour se justifier, le responsable de Gamekult affirme ne pas avoir « le moindre problème personnel » avec M. Chièze mais agir simplement en raison de sa « réputation ». Il invoque l’image de Gamekult et son besoin de « différenciation » éditoriale.L’attaque fait allusion à une rivalité sourde au sein de la presse dédiée aux jeux vidéo : Gamekult s’affiche plutôt comme un site avec du recul par rapport aux éditeurs, capable par exemple de mettre des notes basses à des jeux importants. Gameblog serait lui plus intégré dans le milieu des éditeurs ou verserait même dans le mélange des genres, comme lorsque Julien Chièze a lancé une petite agence de communication et d’événementiel. Ce dernier précise que la société n’a plus d’activité depuis mi-2013 et affirme : « Notre rédaction s’est toujours montrée totalement indépendante de toutes pressions exercées par les éditeurs, ce qui nous a valu, et nous vaut encore aujourd’hui (comme d’autres), certains blacklistages ». Un débat ancienTaclée par un site rival, la rédaction de Gameblog a sans surprise riposté lundi sur son site : « Les propos de Yukishiro sont directement assimilables à de la discrimination », y dénoncent les rédacteurs. Les journalistes pointent aussi les critiques incessantes – un « torrent de vomi » – dont Julien Chièze, qui se met régulièrement en avant sur les réseaux sociaux ou des vidéos, fait l’objet dans un forum de Gamekult. Ils déplorent « la radicalisation de Gamekult dans le but de satisfaire la frange la plus dure » de son lectorat. Et disent avoir toujours agi en toute transparence. En guise de taquet final : le texte moque le fait que le rédacteur en chef de Gamekult a modifié lundi son premier article pour effacer les références à Julien Chièze…L’affrontement peut passer pour une petite querelle intestine entre deux sites concurrents, mais il réveille un débat qui traverse le milieu, notamment depuis le « Doritosgate », fin 2012 : à l’époque, la photo d’un journaliste posant entre des chips Doritos et une affiche du jeu vidéo Halo 4, lors d’un salon professionnel, avait cristallisé les critiques visant l’influence des annonceurs et des éditeurs sur les médias, comme l’a raconté Arrêt sur images (ASI).Au cours du débat qui a suivi, les rédacteurs en chef de Gamekult et de Gameblog s’affrontaient déjà, dans une émission d’ASI, à laquelle participait aussi un chroniqueur de Jeuxvideo.com, site depuis racheté par le groupe Webedia. Parmi les enjeux pointés par la profession : faut-il accepter les tests de jeux vidéo réalisés dans les conditions imposées par l’éditeur (temps limité, matériel dernier cri, etc.) ? Peut-on prendre le risque de se voir supprimer un budget publicitaire en donnant une mauvaise note à un jeu ? #container_1426756079002 .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } #container_1426756079002 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1426756079002 .subtitre{ display:block; }Audience des sites français de jeux vidéo(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1426756079002", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('http://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('http://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);« Dictature du pire »« Vu les difficultés financières actuelles des sites de jeux vidéo, imaginer pouvoir se rendre à ces événements à l’étranger par nos propres moyens serait utopique », explique l’équipe de Gameblog dans son billet de lundi. En effet, pour s’en sortir, les sites ont deux options : soit créer des contenus qui attirent un maximum de lecteurs, afin d’attirer davantage de publicité. Ou de miser davantage sur la qualité et la communauté de lecteurs, dans l’espoir de réussir un jour à tirer des revenus d’offres payantes, à l’image du site Mediapart, dans le domaine de l’investigation.En attendant de trouver des solutions économiques pour leurs médias, Gameblog en appelle à une trêve, avec cette invitation : « Posons les armes, apaisons le climat, et ne plions jamais devant la dictature du pire qu’Internet a engendré. » Un programme ambitieux.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « A partir du mois prochain, Politico aura, dans les deux centres de décision politique et réglementaire du monde – Washington et Bruxelles –, plus de journalistes qu’aucune autre publication. » Le site d’information américain a montré ses muscles, dans le communiqué qui a annoncé, mardi 17 mars, le lancement de sa version européenne, le 21 avril. Il devrait effectivement avoir une rédaction égale ou supérieure à celle de ses concurrents, médias spécialisés ou grands journaux généralistes.Lancé en 2007 aux Etats-Unis, Politico revendique aujourd’hui 300 journalistes et s’est imposé comme une source incontournable pour ceux qui veulent suivre de près les réformes en cours et les coulisses de la politique sous la présidence Obama.>> Lire : Politico, dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeLe site explique vouloir décliner ce modèle en Europe, avec une équipe de 40 à 50 personnes, dont toutes ne seront toutefois pas installées à Bruxelles, certains étant correspondants dans les grandes capitales européennes (Paris, Londres, Berlin…) Son adresse Internet sera Politico.eu.Une équipe puissanteDans son communiqué, Politico détaille les noms de onze rédacteurs recrutés à Bruxelles : parmi ces personnes, un ancien correspondant en Pologne de l’hebdomadaire économique britannique The Economist, une journaliste américaine du quotidien tabloïd New York Post, une pigiste berlinoise du Wall Street Journal ou du New York Times… Il y aura aussi des journalistes de European Voice, une agence spécialisée acquise par Politico. L’équipe va être dirigée par Matthew Kaminski, un ancien du Wall Street Journal.Un autre nom est largement mis en avant par Politico : celui de Ryan Heath, qui aura la lourde tâche de produire l’équivalent bruxellois de « Playbook », la lettre matinale sur les coulisses de la politique américaine, lue par tous les décideurs de Washington et rédigée par la star Mike Allen.Ryan Heath a un profil « d’insider » absolu puisqu’il a travaillé pour la Commission européenne sous la présidence de José Manuel Barroso et été porte-parole de la commissaire Nellie Kroes. Transfuge de la politique et de la technocratie, il devra faire preuve de son indépendance et éviter le soupçon de conflits d’intérêts.Entre généralistes et médias spécialisésFace à cette équipe généreuse, le quotidien économique britannique Financial Times, considéré comme une référence sur les affaires européennes, ne dispose pour l’heure que de cinq personnes à Bruxelles (plus deux basés à Londres mais dédiés à l’Europe). Il envisage de recruter une personne pour renforcer son suivi des questions de concurrence économique. Le Monde a lui deux personnes sur place.L’irruption de Politico sur la scène européenne souligne les concurrences nouvelles auxquelles les grands médias généralistes sont confrontés : challengés sur Internet par des sites très grand public comme le Huffington Post, ils font aussi parfois face à des publications spécialisées. Politico a ainsi une partie accessible à tous, gratuitement, outre ses lettres payantes sur des thèmes comme l’énergie.L’agence de presse française AFP a une rédaction importante à Bruxelles, avec vingt personnes dont dix-huit journalistes (rédacteurs et autres métiers), mais elle a une couverture moins spécialisée que celle prévue par Politico.Du côté des médias spécialisés, le site américain devra compter avec l’Agence Europe, qui est parfois décrite comme le « journal officiel » des institutions européennes. Treize journalistes travaillent pour le site de cette publication quotidienne. Plus modeste, Europolitics se définit comme « le numéro un de l’information européenne indépendante » et a bonne réputation. Créé en 1972, le service a connu divers rachats et édite désormais un quotidien, un service Web et un magazine trimestriel, et propose, comme Politico, du contenu premium payant.L’agence Euractiv, dédiée à l’actualité européenne, revendique elle 12 rédacteurs à Bruxelles et 40 employés au total, dans 12 pays. Contexte, un pure player français qui se qualifie de « journal des politiques publiques françaises et européennes », a lui deux rédacteurs à Bruxelles et il en recrute actuellement deux autres.Un modèle économique plurielPour Politico, tout l’enjeu sera de réussir à transformer ces moyens pléthoriques en succès économique. Pour son aventure européenne, la publication a créé une joint-venture avec un partenaire puissant, le groupe de presse allemand Axel Springer.Politico ne publie pas ses chiffres mais le site serait rentable aux Etats-Unis. Une grosse part des revenus provient de la vente, pour plusieurs milliers d’euros par an, de ses lettres thématiques ; 80 des 300 journalistes américains de Politico sont chargés de les produire. Le reste provient de la publicité qui est insérée dans les newsletters, mais aussi dans les publications papier distribuées gratuitement sur les lieux de pouvoir. Sur ce modèle, 30 000 exemplaires seront ainsi imprimés quotidiennement en Europe, à Bruxelles et dans les capitales. Aux Etats-Unis, ces supports sont truffés de réclames pour des industries ou des lobbies. Enfin, Politico organise des conférences et des événements.Pour sa fête de lancement à Bruxelles, le 23 avril, le site américain a annoncé la présence du président du Conseil européen, Donald Tusk, du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stollenberg, ou encore du commissaire européen chargé du marché numérique unique, Andrus Ansip. Mais aussi de « quelques chefs de gouvernement ». A confirmer.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.03.2015 à 17h08 • Mis à jour le16.03.2015 à 17h28 | Alexis Delcambre Le départ prochain de Patricia Lévy, directrice de la régie publicitaire des Échos, a été annoncé aux personnels par un courriel de la direction du quotidien, lundi 16 mars, selon nos informations.Ce départ intervient trois jours après une « grève des tweets » par laquelle la rédaction des Échos entendait protester contre les intrusions publicitaires dans les espaces éditoriaux - mais il n’y a officiellement aucun lien entre ces deux événements.Grève des tweets aux « Échos »« C’est la vie d’une entreprise, a déclaré au Monde Francis Morel, PDG du groupe. Nous avons fait un constat commun qui nous a amenés à nous séparer. »M. Morel reprendra directement la gestion de la régie Echosmédias (Les Échos, Enjeux Les Échos, Série limitée, Capital Finance, Radio Classique, Connaissance des Arts, Classica et Les Échos Events), comme il le faisait avant l’arrivée de Mme Lévy. Patricia Lévy avait rejoint les Echosmédias en septembre 2013. Elle était auparavant directrice générale de SFR Régie.La Société des journalistes des Échos, elle, connecte ce départ aux débats qu’elle a menés ces derniers mois sur les formats publicitaires. Outre le tweet à tonalité commerciale du 4 mars, la rédaction des Échos estime que la régie publicitaire a eu tendance à multiplier les initiatives mettant en péril, selon elle, la crédibilité des contenus.La régie publicitaire avait également été épinglée - parmi d’autres services - par un audit sur la qualité de vie au travail, réalisé en novembre 2014.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean Peur ? Les clients, cet après-midi du dimanche 15 mars, se récrient avec une belle énergie : « Sûrement pas ! ». Et en en dévalisant fièvreusement les étalages de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes qui a tout juste rouvert ses portes le matin même, soit deux mois après la tragique prise d'otages, ils affirment, solennels, que « la vie est plus forte », qu'il faut « redresser la tête », « se serrer les coudes », « afficher une détermination et une solidarité sans faille ». Et surtout « ne renoncer à aucun rite, aucune tradition, aucune habitude du mode de vie juif », le passage à l'épicerie cacher, surtout quelques jours avant Pessah, la Pâques juive, étant incontournable.Peur ? Allons donc ! « Le magasin est désormais protégé, affirme Eddy, un jeune père de famille qui ne souhaite pas donner son nom. Aucune raison de trembler ! Vous voyez bien : les habitués sont revenus comme un seul homme, mais aussi des voisins, des amis, même des gens hors de la communauté venus parfois de lointaine banlieue juste pour dire : Coulibaly le barbare a échoué. » D'ailleurs vous verrez bien, annonce un client venu de Beauvais : « Comme Charlie et ses 7 millions d'exemplaires, l'Hyper Cacher va exploser son chiffre d'affaire. Tout le monde viendra le soutenir ! »Lire le récit (édition abonnés) : Dans le huis clos de l’Hyper Cacher de la porte de VincennesPeur ? « On est en France depuis des générations ! insiste Olga Seban, parente de l'ancien propriétaire de la chaîne Hyper Cacher. Deux oncles ont été tués à la guerre de 14, mon père a lui-même tenu les armes. Je me sens Française avant même de me sentir juive. Très Française ! Valls a eu des mots forts, la France est avec nous. Alors s'il y a place pour l'émotion en pensant aux victimes, il n'y en a pas pour la peur. »Profonde angoisseEt pourtant... Que l'on insiste un peu et l'inquiétude émerge. Que l'on s'enquiert des débats dans la communauté et tous admettent un malaise et des doutes, des questions sur l'avenir et une profonde angoisse sur la sécurité de leurs proches. « Des gens de ma famille songent à partir en Israël, admet Mme Seban. D'autres pensent aux Etats-Unis où j'ai déjà deux petits-fils. Alors que nous sommes si Français ! » Des insultes de plus en plus fréquentes dans la rue ou sur les réseaux sociaux, les militaires devant les synagogues et les écoles... « La vérité, avoue Edith Sebbag, vice-présidente de la communauté de Villejuif, c'est que la question du départ est désormais abordée dans toutes les familles ! » >> Lire (édtion abonnés) : Chez les juifs de France, la tentation de l’alya« Absolument ! » approuve une cliente en évoquant l'affluence record des salons de l'Alyah organisés par l'agence juive, et le succès des cours d'hébreu. « La situation n'a cessé de se dégrader, estime Mme Sebbag. Je ne reconnais plus la France de mon enfance. Beaucoup renoncent à porter des signes distinctifs. La kippa, l'étoile de David sont devenus dangereux dans le métro. Où allons-nous ? Et puis, dit-elle, approuvée par plusieurs personnes du magasin, s'il n'y avait pas eu Charlie, les Français ne seraient pas descendus dans la rue. On aurait été bien seuls ! »Pas d'indignation nationale après l'affaire Halimi. Pas de sursaut républicain après l'affaire Merah... « Comment s'étonner qu' Israel soit un recours, d'autant que le pays offre de vraies opportunités de travail... »L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, venu faire quelques courses dans les rayons du magasin, sort alors sous les photos et signes affectueux de nombreux clients. « C'est un devoir, pour moi, de venir ici. Des criminels ont tué au nom de l'islam. Ils ont vendu leur âme et pris notre religion en otage. Ils ont accompli l'horreur. Mais il faut penser à l'avenir, se tourner vers la vie, songer à nos enfants. Et être solidaires. Juifs français et musulmans français ont leur avenir ici, ensemble, en France. » Autour de lui, plusieurs femmes, artistes et intellectuelles, se sont donné rendez-vous. « Militantes de la paix ». Juives et musulmanes. « Soeurs, proclament-elles. Et unies à jamais. »Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.03.2015 à 13h22 • Mis à jour le14.03.2015 à 14h07 Le concert « Sur la route des Enfoirés » au profit des Restos du cœur, diffusé après la polémique sur la chanson controversée de Jean-Jacques Goldman « Toute la vie », a réalisé vendredi 13 mars au soir sur TF1 un score d'audience important mais en baisse par rapport à l'an dernier.Lire : Les Enfoirés sont-ils réacs ? Goldman répondAvec 10,8 millions de téléspectateurs, soit 48 % de part d'audience, la 26e édition de ce show télévisé, qui réalise chaque année des records d'audience, a fait moins bien que l'édition 2014, qui avait réuni 12,2 millions de téléspectateurs (52,2 % de parts d'audience).Avec les performances de 34 artistes comme Jean-Louis Aubert ou Zazie, TF1 signe tout de même sa meilleure audience depuis le début de l'année, a indiqué la chaîne.Une chanson qualifiée de réactionnaireFin février, le très consensuel Jean-Jacques Goldman, soutenu par d'autres artistes, a dû monter au créneau pour défendre la nouvelle chanson des Enfoirés, taxée d'« anti-jeunes » voire de « réactionnaire » sur les réseaux sociaux, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, allant jusqu'à évoquer « une maladresse ».En 2014, Les Enfoirés ont rapporté aux Restos du cœur, l'association créée par Coluche, près de 23 millions d'euros, soit 12,5 % d'un budget déficitaire de 7 millions, après avoir servi 130 millions de repas à un million de personnes. Le budget 2015 prévoit un déficit de 10 millions d'euros.Lire le décryptage : Combien rapportent Les Enfoirés ? Les DécodeursBFMTV, numéro un sur Florian PhilippotLe porte-parole du FN, Florian Philippot, est souvent dans les médias, c'est sa fonction. Mais certains médias l'invitent-ils plus souvent que d'autres ?Pour le savoir, nous avons relevé, depuis le 1er janvier 2015, tous les passages à la télé, la radio ou dans une émission sur le web qu'il signale systématiquement sur son compte Twitter. En comptant réactions en direct, invitations et débats, on en recense 69 en six semaines (72 jours), soit en moyenne quasiment un par jour.Quant au choix des médias, un se distingue : BFMTV, loin devant les autres chaînes d'info en continu avec pas moins de 19 passages en tout, quand on en compte 7 pour i>Télé, 6 pour France Info, et 5 sur Europe 1, LCI ou RTL.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426261765207 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426261765207 .title").empty()if ("Interventions télé, radio et web de Florian Philippot"!= ""){Interventions télé, radio et web de Florian Philippot")}$("#container_1426261765207 .subtitle").empty()if ("Passages signalés sur son compte Twitter depuis le 1er janvier 2015"!= ""){Passages signalés sur son compte Twitter depuis le 1er janvier 2015")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426261765207 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear",Télé","France info","Europe 1","LCI","RTL","L'Opinon.fr","RMC","France 2","France 3","France 5","LCPAN","Sud Radio","Boursorama","France Inter","Le Figaro","Radio classique","RCF","RFI"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Nombre de passages", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 19 ], [ "", 7 ], [ "", 6 ], [ "", 5 ], [ "", 5 ], [ "", 5 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "color": "#0386c3" }]})});var chart = $('#container_1426261765207 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()} 25.03.2015 à 15h46 • Mis à jour le25.03.2015 à 16h20 | Alexandre Piquard « Le Conseil a demandé au président Mathieu Gallet, auquel il maintient sa confiance, de lui communiquer l’ensemble des orientations élaborées pour faire face aux déséquilibres financiers de Radio France en prenant en compte l’intérêt de ses personnels. » Le communiqué du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est intervenu après une discussion en séance plénière, mercredi 25 mars, à propos de l’entreprise publique, qui connaît son septième jour de grève et dont le président est critiqué pour ses dépenses.Pouvoir de révocationLe CSA, qui a nommé Mathieu Gallet début 2014, s’exprime quelques heures après que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a mis la pression sur le président de Radio France. La ministre de tutelle a jugé trop peu abouties les propositions d’économies formulées par son président, confronté à une crise financière. « Je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné », a-t-elle exigé, demandant des documents sous quinze jours.Lire aussi :Fleur Pellerin juge insuffisantes les propositions de Mathieu Gallet pour Radio FranceLe communiqué du CSA, présidé par Olivier Schrameck, utilise des mot pesés : il demande des éclaircissements à Mathieu Gallet qui estime, contrairement à ce que dit la ministre, avoir proposé des pistes précises. Pour le CSA, c’est une façon d’être présent dans un face-à-face tendu entre Radio France et le gouvernement. Face à l’aggravation de la crise, l’autorité a une démarche qui se veut suivre celle du gouvernement : à la fin de la semaine dernière, après les révélations du Canard enchaîné, l’institution estimait plutôt ne pas être directement concernée, notant que la tutelle, pour les affaires économiques, était assurée par le ministère.Mais le CSA, au passage, assure renouveler sa confiance à Mathieu Gallet, au moment où le mécontentement à Radio France croît. Et où le gouvernement ne semble pas chercher à aider particulièrement le président nommé il y a un an par l’autorité indépendante. Alors que certains dans le secteur posent en privé la question du maintien de Mathieu Gallet, le CSA assure ne pas vouloir user pour l’heure de son pouvoir de révocation.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Bruxelles dévoile ses ambitions en matière de numérique. Mercredi 25 mars, le vice-président de la commission européenne en charge du numérique, Andrus Ansip, a présenté les grandes orientations de l’institution communautaire en la matière.Le numérique fait partie des priorités du président Jean-Claude Juncker, entré en fonction en novembre dernier. Parmi les principaux chantiers : une réforme du copyright, la question de la régulation des plates-formes ou la lutte contre le « géoblocking ». Le but étant de créer un vrai marché intérieur du numérique alors qu’aujourd’hui, il est morcelé entre autant d’États membres.« Les gens doivent pouvoir être capables, en ligne, de traverser les frontières aussi facilement qu’ils le font dans la vie réelle. Les sociétés du numérique doivent être aidées afin que leur marché soit aux dimensions de l’Union et non limité à son marché national » a déclaré M. Ansip, mercredi. Le commissaire est originaire d’Estonie, un des pays considérés comme les plus connectés au monde.Territorialité des droitsConcernant la réforme du copyright, l’idée est de permettre qu’un bien culturel en ligne (film, vidéo, etc.) puisse être consommé (acheté au besoin), quel que soit le pays de localisation de l’internaute. Actuellement, les abonnements à de la vidéo à la demande ne sont le plus souvent pas « exportables » : même s’il paie son abonnement, un client ne peut consommer que s’il se trouve dans le pays où il a acheté son service. En cause, le modèle économique du cinéma et d’une partie de l’audiovisuel : la territorialité des droits. Les droits de diffusion d’un film sont achetés pays par pays.Pour remédier à cette situation, certains, à la Commission, plaidaient, ces dernières semaines, pour une remise à plat complète de ces droits. Au Parlement européen, l’unique députée du Parti pirate, Julia Reda, a publié un rapport remarqué, en février, prônant la création de licences universelles.Mais Les associations d’ayants-droits, notamment en France, sont montées au créneau avec constance, ces dernières semaines, pour dénoncer des changements qui mettraient à mal de manière irrémédiable, le modèle économique notamment du cinéma.Il semble qu’ils aient été en partie entendus : attachée à prendre en compte la rémunération des auteurs et des éditeurs, la commission ne prévoit pas de légiférer avant l’automne prochain (et non avant l’été comme prévu initialement).Consultation publiqueBruxelles veut aussi s’attaquer au « géoblocking », le fait que certains services ou produits en ligne puissent être achetés depuis certains pays et pas d’autres. Ou que le prix des biens, sur un même site, diffère considérablement selon le pays de l’acheteur. Ainsi des locations de voiture, en Belgique, par exemple, dont le prix peut varier du simple au double, selon la localisation du loueur au moment où il effectue sa transaction. C’est un sujet plutôt consensuel mais qui nécessite pas mal d’ingénierie réglementaire.Autre gros projet, plus polémique, lui, la « régulation des plates-formes ». C’est-à-dire, même si ce n’est pas évoqué frontalement par la commission, la régulation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces quatre géants du web américain dont les chiffres d’affaires cumulés sont supérieurs au PIB du Danemark…La question est, entre autres, de savoir s’il faut considérer ces géants de l’internet uniquement au travers du prisme de la concurrence (comment mieux les réguler pour faire en sorte de corriger ce que d’aucuns pointent comme des distorsions, voire des abus). Ou alors estimer que ces groupes, devenus presque aussi puissants que des États, doivent désormais être considérés comme des sociétés faisant peser un risque systémique aux économies (comme les banques).La commission devrait lancer une consultation publique sur le sujet dans les semaines qui viennent. Dans l’institution, les avis sont partagés : il y a les tenants du laissez faire (Irlande, Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni) et les autres – France, Allemagne, Italie, Espagne, attachés à une meilleure répartition des profits entre les géants du net et les autres acteurs du numérique), et qui ne voudraient pas que le débat soit enterré.La décision finale – réguler ou pas les plates-formes dépendra aussi des conclusions de l’enquête que la commission mène depuis maintenant cinq ans sur Google pour abus de position dominante. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger Après la loi de programmation militaire (LPM, fin 2013) et la loi sur le terrorisme (2014) la loi sur le renseignement, qui a été présentée par le gouvernement le 19 mars 2015, inquiète les défenseurs des libertés.Lire : Renseignement : un texte sur mesure pour les services spéciauxChacune de ces lois contient des dispositions dangereuses pour la liberté de la presse, alerte Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.Que reprochez-vous au projet de loi sur le renseignement ?Depuis 2013, nous observons une accumulation inquiétante de textes qui tendent à soustraire les questions de censure du regard des juges, qui altèrent les procédures protectrices du droit de la presse et qui développent un système de surveillance sans assurer une protection suffisante du travail des journalistes. Cela a commencé avec la LPM, cela s’est poursuivi avec la loi sur le terrorisme et cela continue avec le projet de loi sur le renseignement. Ce n’est peut-être pas fini : le gouvernement entend faire passer dans le régime pénal commun de nouvelles infractions, des délits d’insulte et de diffamation aggravées.En quoi est-ce dangereux ?Le premier danger, c'est l'atteinte au secret des sources des journalistes. L’article 20 de la LPM [qui permet aux services de renseignement d'intercepter davantage de types de données] ne prévoyait pas de mécanisme de contrôle indépendant. Dans le projet de loi sur le renseignement, les prétextes pour mener une surveillance sont extrêmement variés, du terrorisme à l’exécution des engagements européens de la France. Au nom de ces impératifs sécuritaires, les services seront en mesure de collecter des métadonnées, d'intercepter des télécommunications, de surveiller des lieux privés, de localiser des véhicules ou d'accéder aux données des sociétés de transport.Aucun garde-fou n'est prévu pour protéger les journalistes, ce que même la Cnil a regretté. RSF demande que soit prévue une « exception journalistique » à ce régime de surveillance. Je ne crois pas que les services de renseignement passent l’essentiel de leur temps à surveiller les journalistes, mais dans une société démocratique ce risque doit être conjuré.Quel est le second danger ?Il s'agit de l'adoption de mesures qui sont moins protectrices de la liberté de la presse au prétexte de la lutte contre le terrorisme. La loi sur le terrorisme a fait sortir les délits de provocation et d'apologie du terrorisme de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, en prévoyant des peines très lourdes. RSF ne défend nullement ceux qui font l'apologie du terrorisme, mais traiter les délits d’opinion en dehors de la loi de 1881 est extrêmement dangereux. Certains magistrats non spécialisés ont d’ailleurs pris des décisions aberrantes, qui font dire à l’étranger que la France applique un double standard en matière de liberté d’expression.Lire : Apologie du terrorisme : la justice face à l'urgenceA long terme, c’est nuisible pour la liberté de l’information. Sortir l’injure et la diffamation de la loi de 1881 dès lors qu’elles auraient un caractère raciste, antisémite ou homophobe, ce serait prendre le risque que des journalistes puissent être renvoyés en comparution immédiate, y compris pour des articles ou sujets d’investigation. Les accusations peuvent être tellement rapides, même pour des révélations strictement factuelles… Dans ce cas, un journaliste ne pourrait même pas faire d’offre de preuves ! Il ne faudrait pas qu'on finisse par avoir une justice de la pensée faisant régner une police de la pensée.Quid des procédures de blocage de certains sites, prévues par la loi sur le terrorisme ?RSF n’a pas vocation à défendre des sites qui relèveraient de la propagande. Mais il est ennuyeux que des sites soient bloqués sans motivation publique. Il semble que l'un des sites supprimés récemment ne faisait pas l'apologie ouverte du terrorisme, si j’en crois la lecture du Monde, et aurait été supprimé au motif de la publication d’un discours du chef de l'Etat islamique. Il serait aberrant qu'en France on ne puisse plus rapporter les propos du chef de l'EI. Où s'arrête le droit de citation conforme aux principes de l'information et où commence la propagande ? C'est une question extrêmement complexe et c'est la raison pour laquelle des juges devraient statuer.Concernant le projet de loi sur le renseignement, comment se place la France par rapport à d'autres pays qu'étudie RSF ?Les situations sont difficiles à comparer. Dans une démocratie comme les Etats-Unis, un pays où la liberté de la presse est une grande tradition, la traque des lanceurs d'alerte est absolument excessive. L'une des conséquences du Patriot Act voté après le 11-septembre a été de créer peu à peu une forme d'exception à la liberté d'information sur les questions de sécurité nationale. Des journalistes sont poursuivis et même condamnés pour avoir révélé des informations relevant de l'intérêt public. Il serait absurde d’alléguer que la France est en train de rejoindre la Chine, l'Iran, Bahreïn ou le Vietnam : la comparaison n’a aucun sens, mais très clairement, ces lois font peu à peu sortir de la logique de protection une partie des questions liées à la liberté d'expression.Allez-vous, sur la loi sur le renseignement, attaquer les décrets d'application ?Nous avons introduit des recours contre la LPM. Sur la loi contre le terrorisme, nous avons rédigé toute une argumentation pour le dépôt de questions prioritaires de constitutionnalité. Pour la loi sur le renseignement, il est prématuré d’envisager une action puisqu'elle n’a pas été adoptée. Faisons en sorte que le gouvernement corrige le tir.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sylvie Kerviel Jacques Cressard, ancien député d'Ille-et-Vilaine, est décédé dimanche 8 mars à Rennes (Ille-et-Vilaine), où il vivait, à l'âge de 79 ans. Il est mort des suites d’une opération après s’être brisé le col du fémur. Gaulliste de conviction, membre de l’Union des démocrates pour la République (UDR) puis du Rassemblement pour la République (RPR), il est l'auteur de la loi Cressard du 4 juillet 1974, reconnaissant aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et leur accordant des indemnités de licenciement.Né en avril 1934, Jacques Cressard fait son entrée à l’Assemblée nationale en 1968, à 33 ans, après avoir réussi à battre aux élections législatives le centriste Henri Fréville, alors maire de Rennes et député sortant. Il sera réélu deux fois, en 1973 et 1978, avant d'être battu par le socialiste Edmond Hervé en 1981, lors de la vague rose.Jacques Cressard a aussi été vice-président du conseil général d'Ille-et-Vilaine, conseiller régional et conseiller municipal de Rennes.Des droits pour les pigistesFils de Pierre Cressard, journaliste à Ouest-France, issu d’une fratrie de onze enfants dont plusieurs ont opté pour ce métier, à l’instar d’Armelle Cressard, qui fut journaliste au Monde, le député permettra aux journalistes pigistes, au statut précaire, d’obtenir des droits. La loi portant son nom, datée du 4 juillet 1974, reconnaît aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et notamment le droit à des indemnités de licenciement en cas de fin de collaboration. « Toute convention par laquelle une entreprise de presse s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un journaliste professionnel est présumée être un contrat de travail quels que soient le montant et le mode de la rémunération », indique le texte, voté à l’unanimité.A l’Assemblée, Jacques Cressard s’était aussi distingué en prenant position dès 1969 en faveur de l’abolition de la peine de mort.En 1981, après avoir perdu les élections, il reprit son métier de professeur d'histoire-géographie, qui le passionnait, notamment au collège public Anne-de-Bretagne de Rennes. Il est l’auteur de plusieurs livres, parmi lesquels Monsieur Henri, la Cancalaise (éditions L’Amitié par le Livre, 1966), l'histoire d'une femme bourreau, co-écrit avec son père. Il avait aussi participé à une émission littéraire, « Lu et approuvé », à l'ORTF. Sylvie KervielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Il faut rapidement renouer les fils du dialogue social et rétablir une forme de sérénité », déclare Fleur Pellerin au sujet de la crise à Radio France. Alors que le PDG de l’entreprise, Mathieu Gallet, appelle l’Etat à faire des choix, la ministre de la culture ne cache pas sa préoccupation face à ce conflit qui semble s’enliser.Mercredi 25 mars, l’entreprise vivait sa septième journée consécutive de grève – son plus long mouvement social depuis dix ans –, synonyme de lourdes perturbations sur les antennes. Le dialogue entre la direction et les syndicats est dans l’impasse. Et M. Gallet doit à nouveau faire face à des révélations sur ses dépenses. Dans son édition du 25 mars, Le Canard enchaîné met au jour un contrat de 90 000 euros conclu entre Radio France et un consultant en communication, Denis Pingaud.Plan de départs volontairesLe climat s’est durci mardi, lors d’un comité central d’entreprise (CCE), quand la direction a confirmé l’hypothèse d’un plan de départs volontaires destiné aux seniors, qui concernerait 200 à 300 salariés. Soit une économie de 17 à 24 millions d’euros, sur les 50 millions de réduction budgétaire que l’entreprise veut atteindre en 2019. Une information qui aurait dû rester confidentielle, mais qu’un syndicat a fait fuiter, nourrissant la colère des salariés.Au ministère de la culture, qui exerce la tutelle sur Radio France, Mme Pellerin rappelle son souci de « respecter les salariés et de tenir compte de leur inquiétude ». Ceux-ci attendent surtout l’issue des négociations entre Radio France et l’Etat, qui doivent aboutir à la signature du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) de l’entreprise. « Je veux conclure ce travail en avril, assure Mme Pellerin. Mais pour cela, je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné. A ce stade, les propositions qui m’ont été faites ne sont pas toutes fermes ou abouties. »Le message, teinté de reproche, est adressé au PDG de Radio France, Mathieu Gallet. Pourtant, depuis trois mois, celui-ci multiplie les propositions : élargissement du type d’annonceurs sur les antennes, fin des diffusions sur les ondes longues et moyennes, fusion des orchestres, fermeture de chaînes comme FIP ou France Musique… Mais cette série d’hypothèses semble avoir créé de la confusion, voire de l’agacement.L’Etat refuse d’apparaître comme le responsable des choix de l’entreprise, notamment s’il s’agit d’éventuelles suppressions de postes, auxquelles les syndicats restent fermement opposés. « C’est un dialogue, rappelle Mme Pellerin. Le rôle de l’Etat est d’arbitrer, celui de la direction de l’entreprise de proposer un projet concret : nous ne sommes plus en gestion directe. » Selon nos informations, la ministre a rencontré M. Gallet, mercredi matin, pour lui demander formellement de lui remettre un projet stratégique finalisé.Recours à l’empruntMais la direction de Radio France n’est-elle pas fondée à pointer les incertitudes financières qui pèsent sur ses choix, et de demander à l’Etat de mieux garantir ses ressources futures ? Le ministère est conscient du fait que le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio, dont les prochaines phases ne sont aujourd’hui pas financées, empêche de stabiliser des scénarios. « Nous expertisons les solutions pour sortir de cette impasse financière due aux retards du chantier, qui cristallise tous les problèmes, pour que Radio France puisse passer à autre chose », annonce la ministre.Selon nos informations, la solution la plus probable est celle d’un recours à l’emprunt, pour un montant qui pourrait s’élever à 150 millions d’euros. Mais pour répondre aux besoins de financement du chantier, cet emprunt devrait être finalisé avant l’été. Cela implique que Radio France puisse proposer très vite aux banques un plan d’affaires jusqu’en 2019. Or ce télescopage entre calendrier financier, négociation du COM et négociations sociales est devenu très délicat à manier.Sans parler de l’impact des révélations sur les dépenses de M. Gallet, qu’il s’agisse de la rénovation de son bureau ou de son recours à un conseiller externe en communication. L’exécutif mesure combien ces informations stérilisent le dialogue avec les syndicats. « Nous avons immédiatement diligenté une enquête de l’inspection générale des finances concernant les dépenses de l’ensemble du comité exécutif, dont les résultats seront connus très rapidement », rappelle Mme Pellerin, soucieuse de « garantir un contexte de totale rigueur et de parfaite exemplarité des dirigeants dans les choix de dépenses qui les concernent directement ».« Le problème, c’est la méthode »M. Gallet, nommé en 2014, n’a-t-il pas hérité d’une situation financière dont la gravité n’avait pas été mesurée ? « Les racines du problème financier sont anciennes, estime Mme Pellerin. Elles datent du contrat d’objectifs et de moyens 2010-2014, dont la trajectoire financière n’était pas tenable. En 2012, nous avons demandé un effort à Radio France comme à tous les opérateurs publics. La contrepartie était que l’entreprise s’adapte à cette nouvelle donne, ce qui n’a pas été le cas. »Le contexte de la fin de mandat de Jean-Luc Hees, qui s’est présenté à sa succession avant d’être éconduit par le CSA, n’a probablement pas favorisé l’émergence d’un tel travail.Mais d’autres, au sein de l’exécutif, pointent la responsabilité directe du PDG actuel dans la détérioration du dialogue social à Radio France. « La situation de l’entreprise est loin d’être ingérable, juge une source gouvernementale. Le problème, c’est la méthode qu’a choisie Mathieu Gallet. Beaucoup communiquer sur la situation et la dramatiser a abouti à rompre le dialogue. On ne peut pas parler que d’économies, d’ondes courtes et d’orchestres, il faut un projet. » Comment sortir de l’impasse ? Est-il trop tard ? Le ministère devait aussi recevoir les responsables syndicaux, mercredi. La nomination d’un médiateur est une idée que certains évoquent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Rémy Pflimlin est candidat à sa propre succession à la présidence de France Télévisions, selon nos informations qui confirment celles des Echos publiées mercredi 25 mars. Certes, la direction de l’entreprise ne confirme pas et il n’a pas encore déposé de dossier au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit procéder à la nomination, entre le 22 avril et le 22 mai. Mais l’affaire ne fait plus de doute.Le président de France Télévisions avait dit qu’il attendrait pour se décider la publication, début mars, du « rapport Schwartz », dont le gouvernement s’est inspiré afin d’écrire une feuille de route pour l’entreprise d’audiovisuel public. Dans la foulée de sa publication, les ministres ont affiché des priorités – renforcer l’information, soutenir la création, renouer avec la jeunesse – qui semblent compatibles avec les orientations de la direction actuelle de France Télévisions.Besoin de continuitéLe « rapport Schwartz » lui est en tout cas moins hostile que le pré-rapport rédigé par le CSA sur le bilan des quatre années de mandat de Rémy Pflimlin : fuité dans la presse, il avait été jugé trop à charge, obligeant le CSA à reporter sa publication du document final, plus équilibré.Le président Pflimlin estime que ses chances ne sont pas nulles, car aucun nom ne sort du lot parmi les candidats évoqués dans la presse. Il compte défendre son bilan et le besoin de continuité pour France Télévisions. Le choix de Mathieu Gallet comme président de Radio France, en 2014, avait été interprété par certains comme un pari sur la jeunesse et un profil de pur gestionnaire. Ses difficultés actuelles pourraient servir les intérêts de Rémy Pflimlin.Il reste un défi de taille pour Rémy Pflimlin : faire oublier qu’il a été nommé en 2010 par le président de la République Nicolas Sarkozy, une procédure de désignation avec laquelle François Hollande a voulu rompre, pour se démarquer de son prédécesseur. Le président socialiste a tenu à confier ce pouvoir à une autorité autonome, le CSA. Les deux procédures n’ont qu’un point commun : jamais aucun président de France Télévisions n’a été renouvelé. Le rappeler est pour Rémy Pflimlin une arme à double tranchant.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.03.2015 à 11h41 • Mis à jour le25.03.2015 à 13h18 L'essentielCinq syndicats de Radio France ont lancé jeudi 19 mars une grève illimitée.Selon les syndicats, la direction a annoncé mardi qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de 200 à 300 salariés seniorsLa grève paralyse très largement les antennes du groupe public. De nombreux programmes sont remplacés par une bande musicale.La situation demeure bloquée à Radio France, fortement perturbée depuis six jours par une grève contre toute réduction d'effectifs. Cinq syndicats du groupe public à l'origine de la mobilisation ont d'ailleurs appelé mardi 24 mars à reconduire la grève pour un septième jour consécutif. Selon plusieurs sources syndicales, la direction avait annoncé plus tôt lors d'un CE extraordinaire qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de deux cents à trois cents salariés seniors, afin d'économiser jusqu'à 24 millions d'euros de masse salariale d'ici à 2019. Ces informations sont « confidentielles », s'est contentée de réagir la direction.Le syndicat SUD a déjà annoncé qu'il allait exercer un droit d'alerte sur la situation économique de l'entreprise, selon France Info. Grève illimitéeRadio France, qui prévoit un déficit de 21,3 millions d'euros cette année, doit économiser 50 millions d'euros, avait indiqué en début d'année son président, Mathieu Gallet. Cible d'une polémique sur les coûteux frais de rénovation de son bureau, révélés la semaine dernière par le Canard enchaîné, ce dernier a dû présenter lundi ses excuses au personnel dans un courrier interne. Il avait aussi averti que la direction travaillait sur des départs volontaires pour les seniors, sans chiffrer leur ampleur.Lire aussi notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Tous les syndicats, sauf le Syndicat national des journalistes, ont appelé jeudi dernier à une grève illimitée, pour l'instant reconduite de jour en jour. Malgré un taux de participation faible – 244 grévistes lundi selon les syndicats –, les antennes sont très largement paralysées, de nombreux programmes étant remplacés par des bandes musicales. Lundi et mardi, la Matinale de France Inter, son émission phare, a notamment été annulée.Radio France négocie actuellement avec l'Etat son nouveau contrat d'objectifs et de moyens, qui fixera les ressources du groupe pour plusieurs années, et qui devrait être bouclé pour la mi-avril. Autre échéance, la publication imminente d'un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de Radio France au cours des années passées, qui devrait épingler le dérapage des coûts du chantier de rénovation de la Maison de la radio, un chantier entamé en 2009 et d'un coût de plus de 350 millions d'euros.Lire aussi : Radio France : les dépenses de la direction auscultées Cédric Pietralunga Familier des manœuvres boursières, Vincent Bolloré ne s’attendait sans doute pas à un tel coup de Trafalgar. Lundi 23 mars, le fonds américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) a déposé deux résolutions auprès du directoire de Vivendi pour réclamer une hausse du dividende versé aux actionnaires et un éclaircissement de la stratégie du géant tricolore, dont le milliardaire breton préside le conseil de surveillance depuis juin. Ces deux résolutions devraient être inscrites à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril.« PSAM estime que Vivendi est nettement sous-valorisé du fait de sa trésorerie excédentaire, de sa politique de distribution inadaptée et de l’incertitude liée à l’utilisation à venir de ce capital », explique le hedge fund dans un communiqué publié lundi. Concrètement, le fonds new-yorkais reproche à Vivendi d’avoir vendu pour quelque 15 milliards d’euros d’actifs depuis dix-huit mois (SFR, GVT, Activision Blizzard, Maroc Telecom) mais de n’en reverser que 5,7 milliards à ses actionnaires. « Aucune compagnie de la taille de Vivendi ne dispose d’un tel montant de cash inutilisé, c’est anormal », explique au Monde Peter Schoenfeld, venu à Paris défendre ses positions.Fort de 0,8 % du capital de Vivendi qu’il dit représenter, PSAM demande au géant des médias de redistribuer 9 milliards d’euros à ses actionnaires. « Cela laisserait encore une trésorerie excédentaire de plus de 5 milliards d’euros à Vivendi, largement de quoi lui permettre de continuer son développement », assure M. Schoenfeld, dont le fonds dispose de 3,4 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Surtout, celui que le Financial Times surnomme le « Deal Junkie » estime que l’action Vivendi restera sous-cotée tant que M. Bolloré ne précisera pas sa stratégie. A 22,90 euros, le cours de Bourse du groupe tricolore est loin de sa « valeur intrinsèque d’environ 25 euros à 27,50 euros par action », assure PSAM. Nombreuses rumeursPas impressionnée, la direction de Vivendi a réfuté par avance les arguments avancés par PSAM. « Le directoire dénonce les tentatives de démantèlement du groupe (…) et réaffirme sa volonté de construire un groupe industriel mondial, champion français des médias et des contenus », a indiqué le géant tricolore dans un communiqué publié lundi, rappelant que M. Schoenfeld réclamait également depuis plusieurs mois la vente de sa pépite Universal Music. « Distribuer plus d’argent aux actionnaires réduirait considérablement la marge de manœuvre du groupe, ce n’est pas ce qui est souhaité par la majorité d’entre eux », assure un proche de la direction de Vivendi. Premier actionnaire de l’ex-Générale des eaux, M. Bolloré a récemment porté sa participation de 5,15 % à 8,15 %, moyennant un investissement de 852 millions d’euros.Mis sous pression, l’industriel bigouden, qui affirme vouloir créer un « Bertelsmann à la française », pourrait néanmoins dire plus vite que prévu ce qu’il compte faire du trésor de guerre de Vivendi. Alors que le groupe martèle depuis des mois privilégier la croissance organique, de nombreuses rumeurs circulent sur son intérêt pour le groupe Amaury (Le Parisien, L’Equipe, le Tour de France, etc.) ou pour Lagardère Active (Paris Match, Elle, Europe 1, etc.).Lire aussi :La stratégie de la tirelire du Groupe BolloréEn Italie, son nom est également cité pour monter à l’assaut de Telecom Italia, que M. Bolloré connaît bien pour avoir longtemps été l’un de ses premiers actionnaires par l’intermédiaire de Mediobanca. Déjà, l’espagnol Telefonica lui a cédé 5,7 % du capital de l’opérateur italien (plus 4,6 milliards d’euros en numéraire) en échange du brésilien GVT. Preuve que les choses bougent, Vivendi a pour la première fois reconnu lundi qu’il comptait mener « une politique de développement interne et externe ambitieuse ». L’attente ne devrait plus être très longue…Lire aussi :Numericable-SFR : Vivendi cède ses 20 % à Drahi Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof Une soixantaine de départs, la fusion de plusieurs éditions locales, une hausse du prix de vente du quotidien : le plan de sauvegarde de l’emploi de La Provence, doublé d’un plan stratégique de développement, sera détaillé mercredi 25 mars à Marseille devant les représentants du personnel, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire. Il cible des économies tous azimuts et une réorientation des équipes rédactionnelles sur l’information régionale.Le groupe de presse, installé à Marseille et propriété de Bernard Tapie, vit depuis plusieurs années une forte érosion de son lectorat. En décembre 2014, il vendait moins de 108 000 exemplaires par jour. Depuis 2010, le quotidien a perdu plus de 17 % de ses lecteurs. L’an dernier, il a également vu ses recettes publicitaires fondre de 14 % et fait face à une situation économique compliquée. « Grâce à des reprises de provisions, nous avons fini 2014 presque à l’équilibre… Mais il y a bien 3,5 millions d’euros annuels d’économies à trouver pour ne pas se retrouver en situation d’urgence », explique Claude Perrier, le nouveau président directeur général du groupe, nommé le 20 février.Bernard Tapie a hésitéDans un paysage médiatique marseillais en plein marasme – le quotidien La Marseillaise et le mensuel Le Ravi sont en redressement judiciaire, le site d’infos Marsactu a été liquidé le 4 mars –, La Provence n’a pas le choix : « Il faut réduire fortement les coûts et travailler sur une relance par les revenus », expose le patron du groupe, ancien directeur du réseau radiophonique France Bleu.« La stratégie était identifiée depuis juillet [2014], confie un haut cadre de La Provence, mais Bernard Tapie a beaucoup hésité… Il ne savait pas trop ce qu’il voulait. » L’actionnaire principal, en difficulté dans le cadre de l’arbitrage de l’affaire Crédit lyonnais-Adidas, a finalement donné son accord mi-février pour lancer les grandes manœuvres. « M. Tapie a fortement investi dans le plan de relance du journal », assure M. Perrier, sans vouloir donner de chiffres.Diffusée sur trois départements, La Provence compte actuellement treize éditions locales différentes. Une poignée d’entre elles devraient être fusionnées pour réduire les coûts d’impression, notamment dans le nord du Vaucluse, le pourtour de l’étang de Berre ou la zone Aubagne-La Ciotat. Cette réduction doit permettre au journal, imprimé dans son siège sur ses propres rotatives, de faire également baisser les effectifs d’ouvriers du livre qu’il emploie quotidiennement.« Relance par le contenu » « La baisse des effectifs du journal est une obligation… Mais nous ferons tout pour qu’elle se déroule uniquement sur la base du volontariat », assure Michel Clau, le directeur des ressources humaines. Comptant actuellement 700 salariés – 950 en intégrant les effectifs de Corse-Matin, également possession de M. Tapie –, La Provence vise une soixantaine de départs, dans tous les secteurs de l’entreprise : administratif, technique et rédactionnel. « Le dialogue social a déjà été fructueux », assure, à ce sujet, M. Perrier. Un avis que ne partagent pas forcément les syndicats. « Nous manquons encore de visibilité, tempère Romain Luongo, responsable FO journalistes. Notamment sur le nombre de réunions de négociation que nous aurons et sur la façon dont la rédaction sera réorganisée. »S’il souhaite concentrer le nombre de ses éditions locales, le quotidien du sud-est promet que le contenu ne subira pas de nouvelle cure d’amincissement. « Nous sommes persuadés qu’il y a encore une place pour le papier, à condition de jouer la carte de la valeur ajoutée », note M. Perrier. Depuis quelques mois, La Provence étudie toutefois la possibilité d’acheter des contenus nationaux et internationaux à des quotidiens parisiens. « L’hypothèse a été abandonnée, promet le nouveau PDG. Nous savons produire de l’information nationale. Il n’y aucune raison pour que nos équipes soient privées de ce travail, même si notre ADN, comme c’était le cas pour France Bleu, est avant tout l’information locale. »La nouvelle direction compte aussi beaucoup sur ses projets numériques – « y compris la Web-télé et la radio » – et un secteur événementiel qui a déjà rapporté 1,5 million d’euros en 2014. Une hausse du tarif de vente (1,10 euro actuellement) est aussi prévue. « Nous avons atteint un tel niveau de lecteurs que, aujourd’hui, les gens qui nous achètent encore ne sont plus sensibles à une petite augmentation de prix », juge-t-on à la tête de l’entreprise. En 2014, une hausse a déjà touché une partie des éditions du journal. « Il n’y a pas eu d’effet marquant sur les ventes par rapport aux zones où nous avons gardé le prix inchangé », rappelle-t-on.Lire aussi : « La Provence » face à l’inconnue TapieLe plan de réduction des coûts ne devrait pas frapper trop brutalement les effectifs de la rédaction de La Provence. Avec 39 départs chez les journalistes en 2014, à la suite du rachat par M. Tapie, le nombre des journalistes est tombé autour de 175. « Un point bas », reconnaît-on à la direction du groupe, où l’on précise que « des départs volontaires pourraient avoir lieu ». « Les journalistes, c’est le cœur du réacteur », assure M. Clau, lui-même issu de la rédaction.Bernard Tapie a, semble-t-il, trouvé une autre manière de faire des économies sur le poste journalistes. A sa demande, La Provence a décidé de remettre en cause les jugements de la Commission arbitrale des journalistes fixant les indemnités dues à une trentaine de salariés ayant quitté le groupe en 2014 en clause de cession. « Lors des passages devant la commission, nous avons prévenu que la situation économique de l’entreprise ne permettait pas de payer ces indemnités supplémentaires aux salariés, explique M. Clau. Nous avons donc formé un recours en annulation contre l’ensemble des sentences devant la cour d’appel de Paris, ce que nous autorise à faire le code du travail. » « Nos décisions n’ouvrent droit à aucun recours ni à aucun appel », s’étonne-t-on à la Commission, où l’on assure que cette remise en question est inédite. La somme due par La Provence à ces salariés avoisinerait, selon le groupe, près de 2 millions d’euros.  Gilles RofJournaliste au Monde 23.03.2015 à 15h37 • Mis à jour le23.03.2015 à 17h31 Un jugement en référé a donné raison vendredi 20 mars à la direction de France Télévisions, qui a interdit à ses salariés de faire grève cinquante-neuf minutes.Depuis la fin de janvier, les syndicats du groupe audiovisuel public déposent des préavis de grève à répétition. Des grévistes, essentiellement des techniciens, font grève cinquante-neuf minutes à des moments clés de la journée, par exemple juste avant d'enregistrer un direct, avaient expliqué les syndicats. Un choix qui leur permet de ne perdre qu'une heure de salaire.Lire aussi : France Télévisions : les syndicats en campagneCette pratique gêne considérablement de nombreuses émissions depuis des semaines, sans que le téléspectateur s'en aperçoive vraiment : les journaux ou autres émissions en direct sont enregistrés non pas en plateau mais dans la salle de régie finale, ou – comme pour certaines antennes régionales de France 3 – sans présentateur, ou encore dans des studios privés loués pour l'occasion. Dimanche soir par exemple, la soirée électorale de France 3 a été tournée dans un studio de Saint-Cloud, selon des sources syndicales. Des délocalisations qui sont coûteuses pour le groupe, justifie la direction.Le 6 mars, le président du groupe, Rémy Pflimlin, avait publié une note interne exigeant que les grévistes se déclarent comme tel en début de journée, sous peine de sanction. Les syndicats avaient alors déposé un recours en référé contre cette demande et organisé une grève jeudi 19 mars pour défendre ce type d'actions.Lire aussi (édition abonnés) : Diriger France Télévisions serait-il « le pire job des médias » ?La direction souhaite l'« apaisement »Lundi, la direction s'est félicitée de la décision du juge en référé par la voix du directeur des ressources humaines, Patrice Papet :« C'est une décision très claire : non seulement le président de France Télévisions était en droit de rédiger cette note, mais il était aussi tenu de le faire car il doit prendre les mesures qui assurent l'exécution du service.« Les salariés doivent dire s'ils sont grévistes en arrivant à leur travail. Ils peuvent alors faire grève cinquante-neuf minutes, mais en début de journée, ou bien une demi-journée ou une journée. »Dès lundi, la direction a convoqué des employés qui ont mené ces grèves de cinquante-neuf minutes pour des entretiens préalables à des sanctions. « Nous sommes prêts à ne pas donner de suite aux procédures si tout le monde respecte la note », a assuré M. Papet. A partir du moment où les règles sont appliquées, on souhaite évidemment l'apaisement. » Selon la direction, quatre cents salariés seulement ont fait grève jeudi.Lire aussi : Le gouvernement encadre le futur de France Télévisions 23.03.2015 à 11h56 • Mis à jour le23.03.2015 à 16h23 Un an après sa nomination à la présidence de Radio France, Mathieu Gallet est confronté à une équation financière délicate. A court de trésorerie, l'entreprise publique doit d'urgence rééquilibrer son budget. Cette situation suscite l'inquiétude des salariés, dont une partie est en grève depuis jeudi 19 mars, sur fond de polémique sur le train de vie de la présidence.Lire aussi : Radio France : les dépenses de la direction auscultées Comprenez-vous l'émotion suscitée par les frais de rénovation de votre bureau ?Je la comprends, surtout dans la période d'inquiétude que nous traversons, avec des économies importantes à réaliser ces prochaines années. C'est une décision prise fin 2013, avant mon arrivée, il est vrai que j'aurais pu y surseoir. C'était une erreur de ne pas le faire, c'est ma responsabilité, et je veux présenter mes excuses aux collaborateurs de Radio France.Pourquoi cet écart entre le devis initial et le coût final de 105 000 euros ?C'est un bureau historique dont la restauration a été supervisée par un architecte des Monuments historiques. La restauration du décor en palissandre a coûté, à elle seule, 70 000 euros. Ma seule intervention a consisté à changer la moquette, à refaire la peinture – ce qui était indispensable après avoir démonté le décor en bois –, à remplacer les stores et à installer une table de réunion et des chaises pour que ce bureau devienne aussi une salle de réunion.Y a-t-il d'autres dépenses qui peuvent faire débat, alors que l'inspection générale des finances va ausculter vos comptes ?Je n'ai aucun problème avec l'enquête de l'IGF qui a été diligentée par l'Etat, au contraire. Beaucoup de calomnies circulent sur mon compte, comme le fait que j'aurais voulu changer le cuir de la voiture de mon prédécesseur, ce qui est totalement faux. Je vois bien le type de campagne de déstabilisation qui semble s'organiser. Je m'attends à d'autres prétendues révélations. Mais cette campagne, lancée comme par hasard à la veille d'une grève, vise à nous détourner du fond, qui est la transformation de Radio France et son développement, dans un cadre qui va être contraint. L'équation est complexe : notre redevance a baissé de plus de 8 millions d'euros depuis 2012 et nos charges continuent de progresser.Lire aussi : Dialogue de sourds entre Mathieu Gallet et les salariés de Radio France Vendredi, vous avez parlé aux salariés qui ont ensuite reconduit leur mouvement de grève. êtes-vous dans une impasse ?J'ai retenu de l'assemblée générale que le projet immobilier de réhabilitation de la Maison de la radio cristallise beaucoup de colère. Les salariés n'ont pas envie de payer en emplois, un projet qui n'est aujourd'hui plus financé. Au cours des trois dernières années, 87 millions d'euros de dotations ne nous ont pas été affectés dans le cadre du redressement des finances publiques. C'est une des raisons pour lesquelles notre trésorerie est passée dans le rouge et sera négative de près de 280 millions d'euros en 2019 si rien n'est fait. Or ce chantier aurait dû être achevé en 2014. Moi non plus je n'ai pas envie que les emplois paient les murs. D'où mes discussions avec l'Etat pour soulager notre trésorerie, soit par une subvention spécifique, soit par un recours à l'emprunt.Personne ne semble plus maîtriser les coûts de ce chantier…Je propose un moratoire sur les prochaines phases du chantier, tant qu'une expertise indépendante ne viendra pas nous préciser comment le terminer et distinguer ce qui est nécessaire, pour la sécurité et la mise aux normes, de ce qui ne l'est pas. Il y a dix ans, quand la décision a été prise, la complexité du chantier a sans doute été sous-estimée. La Cour des comptes, qui prépare un rapport sur la gestion de Radio France, y reviendra largement.Lire l'intégralité de l'entretien (en édition abonnés) 23.03.2015 à 11h20 • Mis à jour le23.03.2015 à 12h29 | Stéphanie Binet Le Woop, collectif d’humoristes, diffuse sur YouTube une parodie de série télé, entre « Les Anges de la télé-réalité » et « Secret Story »L’humour sur le Web a ses héros : Bonjour Tristesse, Cyprien Iov, Norman… Le succès est tel pour ces deux derniers qu’ils ont leur one-man-show. Le Woop a suivi leur exemple sur la scène de l’Apollo de Paris et en province. Mais ce collectif, qui mélange humoristes venus de YouTube (Mister V, Hugo Tout Seul) et de la scène stand-up (Mike Kenli, Hakim Jemili, Malcolm ToTheWorld, Youssoupha Diaby et Jérémie Dethelot), vient de franchir une nouvelle étape. Depuis le 20 mars, ils diffusent sur Internet une parodie d’émission de télé.A mi-chemin entre « Les Anges de la télé-réalité » sur NRJ 12 et « Secret Story » sur TF1, « Punta Kaïra » enferme dans une villa somptueuse de République dominicaine sept jeunes de banlieue. Youssoupha, qui a grandi dans une cité de Plaisir, dans les Yvelines, a eu l’idée de l’émission en découvrant dans sa boîte mail les photos de la maison où le Woop allait passer ses vacances à Punta Cana pour se reposer de sa précédente tournée : « Ça m’a rappelé quand je partais en vacances avec ma maison de quartier. On se retrouvait tout à coup en Ardèche où tout marche au ralenti, sans que personne ne nous suive dans les magasins. Alors, je me suis dit que ce serait drôle de projeter des mecs comme nous dans un endroit paradisiaque où on ne peut pas se plaindre, où on ne peut pas rester en doudoune toute la journée, et où on ne peut pas squatter les cages d’escalier… Comment allons-nous nous en sortir ? »Absurdité des situationsL’équipe va passer ses vacances à tourner des sketchs vidéo pour sa série Web. Malcolm, originaire, lui, de Brignoles, dans le Var, propose d’introduire dans le groupe un intrus, une fausse « caillera » (verlan de « racaille »). L’enjeu de ce reality-show de quatre épisodes consistera à définir ce qu’est une vraie racaille et ce qui n’en est pas une.Toute la force comique du Woop est là. Ses membres misent sur l’absurdité des situations, sur leur parcours social, rarement sur leur couleur de peau ou leur culture d’origine. Ils n’ont pas l’humour communautaire de leurs aînés du Jamel Comedy Club : « Eux avaient un combat à mener dans les médias sur ces questions, précise Hugo Dessioux, dont le nom de scène est Hugo Tout Seul. Notre génération fait moins attention aux couleurs des uns et des autres. Ce qui est notre cas. »Les modes et les tics d’adoDans leurs vidéos, « Les Notices », qu’ils diffusent depuis février 2014 à raison de quatre par mois, ces humoristes jouent sur les modes et les tics des adolescents, tournent en dérision leur vie de jeunes de quartier ou d’habitants de zone pavillonnaire. Mister V,, de son vrai nom Yvick Letexier, a, lui, grandi dans une bourgade de 1 700 habitants en périphérie de Grenoble. A 21 ans, c’est le plus jeune de la bande. Il poste ses sketchs depuis l’âge de 15 ans et est devenu l’idole des préadolescents avec ses « phrases de moche » et ses imitations de chanteur de R’n’B : « En m’adressant à une caméra, décrypte le jeune comédien, je parle de ma vie et ça parle aux ados, parce qu’ils ont la même que la mienne. Il y a un rapport de fausse proximité entre le YouTuber et l’adolescent qui le regarde. » Hugo Tout Seul s’en plaint d’ailleurs dans le spectacle : « Quand tu fais des vidéos sur Internet, ce qui est marrant c’est que les gens sont vachement impliqués dans ta carrière. Si je ne mets pas de vidéo pendant quelques mois, je reçois des mails de plainte : “Hugo il va falloir se ressaisir, tu prends un mauvais tournant.” Je vais regarder sur le profil Facebook du plaignant, et il est en 4e B à Besançon, et en plus il a redoublé. »Animé par Mike, le DJ du groupe, le spectacle est construit comme une soirée en discothèque avec pour maître de cérémonie Hakim Jemili, Strasbourgeois de 25 ans, habitué des ligues d’improvisation. Il s’est mis à l’humour sur le Web avec le Woop.Le Woop sur le Web  : youtube..com/user/woopgang. En tournée à partir du 2 avril. Du 17 avril au 3 mai à L’Apollo, 18 rue du Faubourg-du-Temple, Paris.Stéphanie BinetJournaliste au Monde 14.03.2015 à 07h56 • Mis à jour le15.03.2015 à 16h24 Philippe Candeloro, Alain Bernard et toute l'équipe de l'émission « Dropped » sont rentrés en France samedi 14 mars, cinq jours après l'accident de deux hélicoptères qui a coûté la vie à dix personnes dont trois sportifs, Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine.Lire : Accident en Argentine : entre incrédulité et horreur, le sport français est « en deuil »Les 27 Français – Candeloro, Bernard, l'ex-cycliste Jeannie Longo, la snowboardeuse Anne-Flore Marxer et l'équipe de production de l'émission – ont atterri samedi à 11 heures à Roissy-Charles-de-Gaulle. Transportés sous escorte dans une navette aux vitres teintées à leur sortie d'avion, ils ont été accueillis au pavillon de réception de l'aéroport par une soixantaine de proches et des dirigeants de TF1 – dont le PDG, Nonce Paolini – la chaîne sur laquelle « Dropped », émission de télé-réalité produite par la société de production ALP, devait être diffusée.Ils sont repartis environ une heure plus tard, un par un, dans des taxis qui les attendaient, sans un mot pour la presse, tenue à l'écart du bâtiment.Les Français étaient jusqu'à présent restés dans un hôtel de Villa Union (Argentine). Ils ont livré jeudi leur témoignage au juge argentin Daniel Herrera, chargé de l'enquête. « C'est compliqué. Par moments, on essaie d'aller de l'avant et d'affronter la réalité cruelle qui est devant nous », expliquait mercredi le nageur Alain Bernard, pressé de revenir en France.Minutes de silence avant les matchs du week-endAprès une cérémonie organisée mercredi à l'Insep, à Paris, en mémoire de la navigatrice Florence Arthaud, de l'ex-nageuse Camille Muffat et du boxeur Alexis Vastine, le monde du sport rendra hommage ce week-end aux trois champions sur leurs terrains. Une minute de silence sera observée avant les rencontres de football, de basket et de hand, et avant le match de rugby Italie-France qui se tient dimanche à Rome pour le Tournoi des six nations. Les Championnats de France de rugby, eux, ont préféré faire du bruit : une minute d'applaudissements sera dédiée aux disparus avant les matchs de Top 14 et de Pro D2.L'enquête (édition abonnés) sur l'émotion provoquée par la mort des sportifs : A nos champions, la patrie reconnaissanteDes experts français sur placeDe l'autre côté de l'Atlantique, dans la province argentine de La Rioja, cinq gendarmes français ont entamé vendredi une mission délicate. Un médecin légiste, un dentiste et un spécialiste des empreintes digitales sont particulièrement attendus. Car les experts argentins n'ont pas encore commencé les autopsies des deux pilotes argentins et des huit Français.Les analyses des carcasses calcinées des deux hélicoptères, des Ecureuil de facture récente (2010), doivent se poursuivre. La thèse de l'erreur de pilotage est privilégiée par les spécialistes de l'aéronautique. Lire : Télé-réalité : la sécurité en question Alexandre Piquard « Sept ans, c’est l’âge de raison », sourit Edwy Plenel, le cofondateur de Mediapart, à propos du site né le 16 mars 2008. Une manière de dire que ce média d’investigation en ligne et payant, couronné d’un grand succès, arrive « à maturité ». Mais aussi d’esquisser un avenir dans lequel l’équipe actuelle prendra progressivement les commandes : Edwy Plenel a en effet annoncé il y a quelques semaines qu’il comptait transmettre son rôle de directeur de la publication vers 2017 ou 2018.« Notre mission de fondateurs est de construire un média non endetté qui soit rentable grâce au journalisme et indépendant, car détenu par ses journalistes », résume M. Plenel. Sur le plan économique, la mission est accomplie, comme en attestent les résultats publiés jeudi 12 mars. Rentable depuis fin 2010, Mediapart affiche une santé insolente dans le paysage morose de la presse. Il a, en 2014, dégagé 1,48 million d’euros de résultat et 900 000 euros en 2013, soit une hausse de 60 %. Pour un chiffre d’affaires de 8,8 millions d’euros en 2014 (+ 28 %).Redressement fiscalLa quasi-totalité des revenus de Mediapart provient des abonnements (9 euros par mois). Le site en revendique aujourd’hui 112 000, contre 107 000 fin 2014, année au cours de laquelle il a recruté 23 000 nouveaux lecteurs payants. « C’est d’autant plus satisfaisant que Mediapart n’a pas eu en 2014 de très gros scoop, comme en 2013 avec l’affaire Cahuzac », note Marie-Hélène Smiejan, la directrice générale. Aquilino Morelle, le conseiller de François Hollande contraint à la démission par un article, un an après le ministre du budget, serait peut-être d’un autre avis, mais qu’importe, Mediapart est désormais installé dans le paysage.Seule ombre au tableau : l’entreprise se voit toujours réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc pour avoir appliqué, de 2008 à 2014, le taux de TVA de 2,1 % accordé aux médias imprimés. Cette somme couvre 3 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités et 500 000 euros qui viennent d’être exigés par l’administration pour 2013-2014. Pourquoi Mediapart fait l’objet d’une redressement fiscal... et le contesteUn redressement que Mediapart conteste fermement au nom de la « neutralité des supports », également défendue par la profession et le gouvernement. Le site espère ne pas avoir à piocher dans sa trésorerie de 3 millions d’euros.« L’histoire de Mediapart est très exigeante »Côté indépendance, un pas a été franchi avec le rachat des 20 % du fonds Odyssée venture, repris par Mediapart et Ecofinance, l’un de ses investisseurs historiques. Ce dernier possède 18,27 %, un autre investisseur, Doxa, 27,75 %. Les fondateurs détiennent eux 36,71 % (soit une majorité si on y ajoute les parts de la société des amis, 14,65 %). Ils envisagent de transmettre leurs parts aux membres de l’équipe de Mediapart, explique Edwy Plenel, tout en précisant que la forme juridique et les modalités restent à définir.L’organisation interne est également vouée à évoluer : passée de 27 à 55 salariés, la rédaction a demandé une réflexion sur le sujet et un conseiller extérieur a été missionné pour aider à trouver « de nouveaux modes de fonctionnement afin de bien coordonner, sans pour autant reproduire les structures lourdes avec une myriade de chefs », explique M. Plenel. Jusqu’ici, la rédaction a plutôt eu une organisation légère, comme un collectif de journalistes assez autonomes. Se pose par exemple la question de créer des pôles thématiques avec des chefs. Après sept années intenses, une certaine usure se fait sentir. « L’histoire de Mediapart est très exigeante, on travaille beaucoup », reconnaît M. Plenel.« Edwy » restera dans les paragesRestera la question des dirigeants. Edwy Plenel avait déjà évoqué en interne sa volonté de passer la main mais l’équipe n’en a pris conscience que lorsqu’il l’a exposée dans Le Journal du Net, en décembre. « Nous sommes contre le cumul des mandats », s’amuse le journaliste, qui aura 65 ans en 2017, sensiblement le même âge que deux autres fondateurs, Marie-Hélène Smiejan et Laurent Mauduit (le quatrième, François Bonnet, directeur de la rédaction, est un peu plus jeune).Les journalistes, dont certains ont fait leurs armes à Mediapart, sauront gré à M. Plenel de ne pas s’accrocher à son siège comme certains patrons de presse. Mais la perspective du retrait d’une telle figure – débatteur, essayiste, ancien directeur de la rédaction du Monde – soulève aussi des questions. « Edwy » reconnaît que sa personnalité – sa « moustache » – peut être « écrasante » et comprend la « responsabilité » qui est transmise à la rédaction. Mais se dit très optimiste sur l’émergence de figures pour prendre le relais. Il précise qu’il restera dans les parages, au conseil d’administration ou pour écrire à l’occasion.Un « pure-player » d’anciens de « Libé »Un site d’information payant, Lesjours.fr, va être lancé dans les prochains mois par d’anciens journalistes de Libération qui ont quitté le quotidien à la faveur du rachat du journal par de nouveaux actionnaires dont le magnat des télécommunications, Patrick Drahi. Parmi eux, on trouve les « Garriberts » (Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts), couple qui couvrait le secteur des médias, mais aussi les rédacteurs Olivier Bertrand, Nicolas Cori, Sophian Fanen, Antoine Guiral et Charlotte Rotman.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « À l’occasion de la naissance de la marque #DS Automobiles,@LesEchos entrechoquent le passé et le présent ! » Ce seul tweet à la tonalité publicitaire, publié le 4 mars sur le compte du quotidien économique Les Echos - et retiré depuis -, a suffi à déclencher les foudres de la rédaction. Les journalistes du quotidien économique ont décidé de suspendre l’utilisation de leurs comptes Twitter pour la journée du vendredi 13 mars, protestant contre ce qu’ils estiment être une intrusion de la publicité dans un espace éditorial.« Ça suffit !, s’insurge Leila de Comarmond, présidente de la Société des journalistes (SDJ) des Echos. Ce tweet est un déclencheur, mais nous protestons globalement contre un mélange des genres de plus en plus prononcé dans la presse en général et aux Echos en particulier. »Aux Echos, les journalistes se sont notamment inquiétés de la floraison des « contenus de marques » (brand content), présents dans la section « Rendez-vous partenaires » du site. Ce type de contenu, créé à l’initiative d’annonceurs et empruntant les codes des contenus éditoriaux, est en plein essor dans les médias.Pour l’encadrer, la SDJ des Echos a négocié, pendant six mois, une charte avec la direction du titre. Mais « on n’en finit jamais, déplore Leila de Comarmond. On ne peut pas tout charter ni suivre en permanence les nouveaux formats publicitaires qui sont mis en ligne. Dès qu’on parvient à boucher un trou, autre chose surgit. »Selon elle, les journalistes du titre sont « conscients des enjeux économiques » et des réalités du marché publicitaire. Mais ils redoutent que la confusion s’installe, aux yeux des lecteurs, entre les différents types de contenus. « La crise économique de la presse ne justifie pas qu’on affaiblisse notre crédibilité », juge Mme de Comarmond, qui appelle à ce que « la profession s’empare collectivement du sujet ».La direction du titre, elle, explique que le tweet incriminé n’était pas commercial. Il n’a en effet pas été publié à l’initiative de la régie, mais par le service marketing. L’objectif était de valoriser une opération spéciale qui avait notamment conduit à réaliser une « fausse Une » du quotidien. Pour Francis Morel, PDG du groupe Les Echos, « notre fil Twitter sert à 99 % à valoriser des articles et peut servir, à l’occasion, à publier des messages qui concernent notre marque, ses chiffres, son actualité ». Tout en reconnaissant qu’« il faut se montrer vigilant pour ne pas refaire ce genre de choses ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.03.2015 à 18h21 • Mis à jour le12.03.2015 à 18h34 | Yves Daudu et Yann Plougastel Agrégé de philosophie, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont Du tragi-que au matérialisme (et retour), paru en janvier aux PUF, André Comte-Sponville a pour pères spirituels Epicure, les stoïciens, Montaigne et Spinoza. Il se définit comme matérialiste, rationaliste et humaniste. Fortement influencé par l'héritage philosophique des Lumières, il défend une éthique humaniste et une spiritualité sans dieu. Nous l'avons interrogé sur les spécificités françaises en matière de liberté d'expression dans la pensée française. La liberté d'expression est une liberté fondamentale. Comme toute liberté naturelle, on la voudrait absolue ; comme toute liberté socialement réglementée, elle connaît des limites. Mais pourrait-on imaginer ou réclamer une liberté d'expression sans limites ?Il n'y a pas de liberté absolue. Même à l'état de nature, à supposer qu'il ait existé, la liberté de chacun dépend de la force dont il est capable ; elle est doublement -limitée, et par sa propre faiblesse, et par la force des autres. C'est vrai a fortiori dans un Etat de droit. Pas de liberté sans lois, pas de loi sans contraintes. On prend souvent l'exemple du code de la route : s'il n'existait pas, ma liberté de circuler, théoriquement plus grande, serait en pratique presque nulle. S'agissant de la liberté d'expression, c'est différent. On pourrait envisager qu'aucune loi ne la limite. Mais est-ce souhaitable ? Il faut bien interdire la diffamation, les appels au meurtre, protéger le droit d'auteur et les secrets commerciaux ou industriels… Même les Etats-Unis, où le Premier amendement garantit une liberté d'expression plus grande que chez nous, lui reconnaissent certaines limites. Idem en France, qui interdit en outre les incitations à la haine raciale ou religieuse, le négationnisme et les atteintes à la vie privée. On peut discuter le détail de ces interdits (contre le négationnisme, je ne suis pas certain qu'une loi soit la -meilleure arme), mais guère en contester le principe.La liberté d'expression est un droit essentiel de notre vie publique, mais la liberté est-elle une fin en soi, un absolu dénué de toute responsabilité ?Oui, la liberté est une fin en soi, autrement dit une valeur, qui mérite qu'on se batte pour elle, voire qu'on lui sacrifie sa vie. C'est vrai notamment de la liberté d'expres-sion, sans laquelle toute autre liberté serait tronquée ou vaine. Nous exempte-t-elle pour autant de toute responsabilité ? Evidemment pas. C'est d'ailleurs ce qui est clairement énoncé par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Mais il n'y a pas que la loi ; il y aussi la morale. Il arrive qu'on s'interdise de dire certaines choses, non parce que ce serait pénalement répréhensible, mais parce que ce serait manquer de douceur, de compassion ou de délicatesse. Au peuple d'en décider, pour ce qui relève de la loi. A chacun d'en juger, pour ce qui ne relève que de sa conscience.La liberté véritable va-t-elle sans conscience de la responsabilité qui lui est intrinsèque ?Aucune liberté ne vaut sans responsabilité. Mais si vous pensez à l'équipe de Charlie Hebdo, il me semble que ce serait aller trop vite que de les traiter d'irresponsables. On peut au contraire penser qu'ils ont assumé jusqu'au bout leur responsabilité de citoyens laïques ou libertaires… Personne n'est juge, moralement, de la responsabilité d'autrui. Juridiquement, les tribunaux le sont, et il est arrivé plusieurs fois qu'ils condamnent Charlie Hebdo. Ce ne fut pas le cas lors des caricatures de Mahomet, et il me semble que le tribunal, dans cette affaire, eut raison.La dénonciation des religions est un droit incontestable, mais quels sont ses objectifs ?Les objectifs varient selon les individus, comme toujours. Simplement, les opinions sont libres, donc aussi la critique des opinions. Cela vaut pour les religions comme pour n'importe quelle idéologie. Cela pose le problème de l'islamophobie. Le mot est équivoque. Si l'on entend par « islamophobie » la haine ou le mépris des musulmans, ce n'est qu'une forme de racisme, aussi haïssable qu'elles le sont toutes. Est-elle très répandue ? Je n'en ai pas l'impression : un arabe athée ou un noir catholique sont sans doute davantage -victimes du racisme qu'un musulman de type européen. Mais, même marginal, ce racisme-là doit évidemment être combattu. En revanche, si on entend par « islamophobie » non pas la haine ou le mépris des musulmans mais le refus, la critique ou la peur de l'islam (c'est le sens étymologique du mot « islamophobie »), ce n'est qu'une position idéologique comme une autre, qu'aucun Etat démocratique ne saurait interdire. On a le droit d'être antifasciste, anticommuniste ou antilibéral. Pourquoi n'aurait-on pas le droit de s'opposer au christianisme, au judaïsme ou à l'islam ?La laïcité est-elle là pour garantir la liberté d'expression ?Pas seulement. Pas d'abord. La laïcité est là pour garantir la liberté de croyance ou d'incroyance, donc aussi pour permettre la cohabitation paisible des différentes religions ou idéologies. Un Etat laïque n'est ni athée ni religieux. C'est pourquoi il protège toutes les religions, comme il garantit le droit de n'en avoir aucune et de les critiquer toutes. « Je hais tous les dieux », disait le Prométhée d'Eschyle. C'est une opinion que nul n'est tenu de partager, mais que personne, dans un Etat laïque, n'a le droit d'interdire. Et comme il n'y a pas de liberté d'opinion effective sans liberté d'expression, l'Etat, pour protéger celle-là, se doit aussi de garantir celle-ci.Contrairement à plusieurs pays européens, l'interdiction du blasphème ne figure pas dans la législation française. Est-ce un des piliers, selon vous, de la liberté d'expression ?Un pilier, ce serait sans doute trop dire. Mais que le droit de blasphémer soit un élément, parmi d'autres, de la liberté d'expression, je ne vois guère comment un laïque pourrait le contester. J'ai relu il y a peu la définition que je donnais du blasphème, dans mon Dictionnaire philosophique. Permettez moi d'en citer la dernière phrase : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme, pas des bonnes manières. » Dans les situations ordinaires de la vie, mieux vaut donc éviter, individuellement, de le pratiquer. A quoi bon choquer ou blesser les croyants ? Dans le cas de Charlie Hebdo, c'est différent : on ne va pas demander à un journal satirique et humoristique de respecter les bonnes manières ! J'ajoute qu'un droit que personne ne pratiquerait jamais risquerait fort de tomber en désuétude. Il est donc précieux qu'un journal comme Charlie Hebdo existe et transgresse régulièrement ces bonnes manières que nous continuons, dans la vie quotidienne, de respecter.Comment différencier ce qui entre dans le cadre de la liberté d'expression et ce qui en sort ?Moralement, c'est à chacun d'en juger. Politiquement, cela relève du peuple souverain, donc du législateur. On a le droit de critiquer une loi. Pas de la violer.Jusqu'où va la tolérance ?Jusqu'au point où elle risque de se détruire elle-même. On peut tolérer des opinions dissidentes, et même il le faut. On ne peut pas accepter que certains prétendent, par la violence, renverser les institutions qui garantissent la liberté de tous.On attribue à Voltaire la formule suivante : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Est-ce toujours d'actualité ? Ou revient-on à la formule attribuée à Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » ?La formule attribuée à Voltaire, même apocryphe, est belle. Celle de Saint-Just est outrancière. Si des gens publient des livres ou manifestent paisiblement pour demander la fin de la démocratie, il n'y a pas lieu de les sanctionner. S'ils fomentent une émeute ou un coup d'Etat, c'est autre chose ! L'expression des idées est libre – dans les limites prévues par la loi. Mais l'ordre républicain doit s'imposer à tous.Régis Debray notait : « La démocratie, c'est ce qui reste de la République quand on a éteint les Lumières. » Lors des grandes manifestations du 11 janvier, Voltaire fut souvent cité. A votre avis, plus qu'une affaire de religion, ces événements ne posent-ils pas la question de la liberté d'expression et du fanatisme, déjà soulevée par les Lumières ? Le combat serait donc toujours le même et seuls les adversaires auraient changé ?Oui, le combat reste le même : pour les Lumières, pour la liberté de conscience et d'expression, contre le fanatisme et l'obscurantisme. Et oui aussi, les adversaires ont changé. L'Eglise catholique, qui l'a tant combattue, a fini par accepter la laïcité. C'est une grande victoire. Les laïques auraient tort de faire la fine bouche, mais aussi de s'endormir sur leurs lauriers. « Ecrasons l'infâme », -aimait à répéter Voltaire. L'infâme, pour lui, c'était le fanatisme, à l'époque surtout catholique. Que le fanatisme, aujourd'hui, soit plus souvent le fait de musulmans, ce n'est pas une raison pour cesser de le combattre – ni bien sûr pour en accuser tous les musulmans, qui en sont, de par le monde, les premières victimes. La ligne de front ne passe pas entre les croyants et les incroyants ( Voltaire n'était pas athée ) : elle passe entre les esprits libres, ouverts et tolérants, qu'ils aient ou non une religion, et les esprits intolérants ou fanatiques, quel que soit le Dieu dont ils se réclament et quand bien même ils seraient athées.Dans une tribune publiée dans Libération, vous écrivez : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme. L'humour, des vertus du citoyen. » Peut-on rire de tout ? Et avec tout le monde ?Desproges a répondu une fois pour toutes : « On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. » Rire de Moïse, de Jésus ou de Mahomet, pourquoi pas ? Mais pas avec un antisémite, un terroriste antichrétien ou un raciste antimusulman !On entend beaucoup l'idée selon laquelle il y aurait « deux poids, deux mesures », d'un côté Charlie Hebdo « caricaturant » le Prophète, et de l'autre Dieudonné « caricaturant » les juifs : on rit dans le cas du premier, on punit dans l'autre. Ne traite-t-on pas de manière différenciée les religions ?Qu'on traite, de fait, les religions de manière différenciée, ce n'est pas exclu. Il est plus facile, dans notre pays, de se moquer des chrétiens que des juifs ou des musulmans. Cela peut d'ailleurs s'expliquer par de bonnes raisons : les chrétiens, en France, ne sont guère victimes de racisme ou de ségrégation ; on peut donc penser qu'ils ont moins besoin d'être protégés… Rappelons en passant qu'il en va tout autrement dans de nombreuses régions du globe : les chrétiens, aujourd'hui, sont sans doute la communauté religieuse la plus persécutée du monde ( le plus souvent par des fanatiques musulmans ).S'agissant de Dieudonné et de Charlie Hebdo, c'est différent. La loi interdit les incitations à la haine raciale, donc notamment l'antisémitisme. Elle n'interdit pas le blasphème. Faire « deux poids, deux mesures » n'est condamnable que s'il s'agit de deux objets identiques ou très proches. Mais il s'agit ici de deux objets clairement différents : la dénonciation d'un groupe ethnique, d'une part, la caricature d'un personnage religieux, d'autre part. Comme je n'ai vu aucun spectacle de Dieudonné, je me garderai bien de me prononcer sur son cas. Mais on ne peut pas reprocher aux juges d'appliquer la loi.Yves DauduYann PlougastelJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elian Peltier Blendle, un temps surnommé l’« iTunes de la presse », poursuit son expansion. Celle-ci passe désormais par les médias américains : la plate-forme hollandaise de vente d’articles à l’unité a annoncé, jeudi 12 mars, un partenariat avec le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal.Des contenus des trois titres américains seront prochainement disponibles sur ce service qui attire déjà 220 000 utilisateurs aux Pays – Bas, en attendant le lancement d’une version internationale en anglais, dans le courant de l’année.« Nous misons sur des titres prestigieux, capables d’attirer d’autres publications et des lecteurs dans le monde entier », a expliqué Alexander Klöpping au Monde. Le cofondateur de Blendle réaffirme également sa volonté de lancer à terme des versions nationales de Blendle en Europe, notamment en France et en Allemagne.Cette expansion était programmée : en octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement) pour favoriser ce déploiement international.CommoditéLes contenus des trois journaux américains vont donc s’ajouter à ceux de la quarantaine de titres hollandais et de The Economist, déjà présents sur Blendle. Les articles de journaux ordinaires y coûtent une vingtaine de centimes d’euros et les contenus plus longs, environ 1 euro ou plus. L’utilisateur reçoit 2,50 euros lors de son inscription pour acheter les premiers contenus, avant de devoir recharger son compte avec des cartes de 5, 10 ou 20 euros, sur un modèle proche de celui d’iTunes, la plate-forme musicale d’Apple.Alexander Klöpping et Marten Blankesteijn, les cofondateurs de Blendle, font un pari osé avec l’intégration des trois grands titres américains : faire payer pour des articles qui sont en partie gratuits sur leurs sites d’origine. Le site du New York Times est en effet doté d’un paywall qui permet aux internautes de lire dix articles gratuits par mois avant de devoir s’abonner – le seuil est de vingt pour le Washington Post.Sur Blendle, le lecteur devra payer quelques centimes d’euros dès le premier article de ces journaux pour le lire. Parmi les trois publications, l’intégration à Blendle semble davantage convenir au Wall Street Journal, dont le paywall plus restrictif ressemble au modèle des publications hollandaises.Mais M. Klöpping croit à l’intérêt de s’informer via Blendle, compte tenu de sa commodité. « Prenez Youtube et Spotify : les musiques du monde entier sont disponibles gratuitement sur Youtube, et pourtant les gens payent pour avoir Spotify, explique-t-il. Blendle doit être comme Spotify : une plate-forme agréable à utiliser, facile d’accès, et où vous pouvez retrouver vos amis qui partagent eux aussi des contenus ». Cette expérience, autant que les contenus eux-mêmes, justifie à ses yeux les quelques euros que l’on dépense sur Blendle.Priorité à l’EuropeMalgré des chiffres honorables aux Pays-Bas, où 20 % des inscrits sur la plate-forme rechargent leur compte, les négociations avec les publications européennes prennent du temps. MM. Klöpping et Blankesteijn veulent s’assurer la présence d’au moins deux-tiers des publications nationales sur un éventuel Blendle français ou allemand avant de lancer ces plates-formes. Les deux Hollandais de 28 ans se heurtent aux mêmes réticences que celles rencontrées aux Pays-Bas, où les négociations ont duré plus de deux ans : la peur, du côté des publications, de perdre des abonnés et de fragmenter l’offre éditoriale.L’engagement de journaux comme le New York Times pourrait changer la donne. « Ces grands titres américains suscitent l’attention mais notre démarche reste européenne, affirme M. Klöpping. C’est assez effrayant car nous ne nous sommes toujours pas lancés dans d’autres pays, mais je suis enthousiaste car si ça marche aux Pays-Bas, ça peut marcher ailleurs : on n’a pas besoin d’être Hollandais pour avoir envie de payer pour du journalisme de qualité. »Lire aussi : La start-up néerlandaise Blendle s'inspire d'iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetElian PeltierJournaliste au Monde Alexandre Piquard Il ferait sans doute un bon personnage de téléréalité, le genre qu’il a inventé. Bel homme, Néerlandais très souriant de 60 ans, John de Mol écrit ce jeudi 12 mars une nouvelle page de sa success story de producteur en vendant sa société de production Talpa au groupe de télévision britannique ITV. Le montant initial de la transaction est de 500 millions d’euros mais pourrait être porté à 1,1 milliard d’euros en fonction des performances futures du studio, a précisé l’acquéreur dans un communiqué.John de Mol va donc continuer au sein du groupe ITV l’activité qui a fait sa réputation de « pape de la téléréalité », capable d’inventer sans cesse des nouveaux concepts d’émission dont le caractère polémique n’a d’égal que les réussites d’audience : il a commencé en 1994 avec l’émission pionnière de la téléréalité « Big Brother », adaptée en France en 2001 sous le nom « Loft Story » (M6). Mais on lui doit aussi « Fear Factor » ou, dans un genre plus consensuel, le concours de chant qui fait actuellement le bonheur de TF1, « The Voice ». Sans compter les concepts qui n’ont pas marché ou n’ont pas été adaptés en France, comme « Beat the Best », « Battle of the Choir », « The Winner Is… », etc.Selon l’accord signé avec ITV, John de Mol et son équipe continueront à développer des émissions pour Talpa, en exclusivité. Le montant final de l’acquisition est conditionné à l’implication du producteur dans les affaires de l’entreprise dans les huit prochaines années.« Producteur majeur en Europe »Talpa a été fondée par John de Mol en 2004. La société revendique la création de 75 émissions, diffusées dans 180 pays. Auparavant, le producteur avait fondé en 1994 Endemol Entertainment, devenu Endemol. En 2000, le groupe de télécoms espagnol Telefonica avait racheté la société, dont John de Mol était resté actionnaire, avant qu’un nouveau tour de table soit réalisé en 2007 avec le groupe de Silvio Berlusconi.Talpa a un accord exclusif avec Shine France, la puissante filiale du groupe Shine (News Corp.), dirigé en Angleterre par Elisabeth Murdoch (fille de Rupert Murdoch). C’est via cette société – qui distribue « Master chef » ou « Amazing Race » –, qu’est notamment produit le télécrochet « The Voice » pour TF1.Pour ITV, cette acquisition doit permettre de poursuivre la stratégie de diversification dans la production et la distribution de contenus à portée internationale, engagée il y a cinq ans. Premier groupe de télévision privée au Royaume-Uni, ITV est présent dans la télévision gratuite et payante. Avec Talpa, il va « renforcer sa position de producteur majeur en Europe », souligne le communiqué.Ce deal est le signe du mouvement de consolidation est en cours dans le domaine de la production audiovisuelle en Europe. Les dirigeants du secteur estiment qu’il faut grossir, pour améliorer les coûts de production, mais aussi pour mutualiser les risques et ne pas être trop dépendants d’un pays, d’un type de programmes ou d’une chaîne. En France, cette analyse est partagée par les grands producteurs, qui ne sont pas les plus gros d’Europe. Mais cette vision est également reprise par les pouvoirs publics et les grandes chaînes, qui elles aimeraient être à l’avenir autorisées à investir davantage dans la production.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.03.2015 à 20h00 • Mis à jour le11.03.2015 à 21h00 | Alexandre Piquard François Jost est professeur à la Sorbonne nouvelle, directeur du Centre d’étude sur les images et les sons médiatiques, et auteur d’ouvrages sur la télé-réalité, dont Le Culte du banal (La Dispute). Il estime que « les jeux de l’extrême », comme « Dropped », sur le tournage duquel 10 personnes sont mortes, lundi 9 mars, « suivent le goût des Français », notamment pour les sports de l’extrême.On dit que les émissions de télé-réalité font de la surenchère dans l’exotisme et le dépassement de soi. Ne sont-elles pas au contraire plus prudentes qu’avant ?Un point va dans votre sens : l’émission « Dropped » avait pour candidats des champions sportifs, habitués à des performances extrêmes. Contrairement à d’autres émissions passées dans lesquelles les chaînes envoyaient des célébrités dans un milieu inattendu avec l’idée d’amuser grâce au décalage entre les personnalités et les conditions dans lesquelles elles étaient mises. Dans le cas de « Dropped », c’est tout l’inverse.La vogue des jeux d’aventure est-elle de plus en plus forte ?Il faut rappeler qu’il y a eu, bien avant « Koh Lanta », « La Course autour du monde » ou « La Chasse au trésor » : un candidat était dans un studio, résolvait des énigmes et Philippe de Dieuleveult se rendait dans des lieux indiqués en hélicoptère sur place. Il y a eu déjà eu des choses de ce genre, ce n’est pas nouveau.Depuis « Fort Boyard », on est passé dans les jeux de l’extrême : il y a un développement continu, qui suit le goût des Français pour les sports de l’extrême. Tous les étés, on voit des reportages dans lesquels des Français risquent leur vie, en parapente, en canyoning, dans des sauts à l’élastique…Le rôle des candidats a-t-il changé ?On en a peu parlé mais depuis les fameux procès tenus à la suite des plaintes défendues par l’avocat Jérémie Assous, les candidats sont devenus des professionnels, payés cher, avec des contrats de travail. On leur demande beaucoup. La télé-réalité est devenue un métier. On ne peut plus payer des gens à ne rien faire dans un loft.De plus, plus personne ne croit à la réalité de la télé-réalité, ce qui explique que la production a évolué vers des jeux.Les émissions d’aventure jouent-elles sur une forme de voyeurisme et de sadisme ou véhiculent-elles des valeurs de dépassement de soi et d’esprit d’équipe ?Ces émissions participent au culte de la performance. L’époque valorise cela. Le spectateur est aussi responsable de ces émissions. On a eu tout un deuil après la mort d’un candidat de « Koh Lanta » en 2013 mais les gens se sont de nouveau précipités sur l’émission quand elle a recommencé. Le sport génère chaque année la plus forte audience de la télévision. Il y a un goût de cela chez les gens, ils sont en demande.Pour les chaînes, les émissions de télé-réalité constituent-elles un enjeu d’image, en plus de celui d’audience ?Oui. Ce drame est très dur pour TF1. Quand TF1 évoque la performance des candidats, c’est une valeur qui va dans le sens de la chaîne. L’accident de « Dropped » est mauvais pour son image même si elle n’est pas directement responsable. Les émissions de télé-réalité participent à la construction de l’identité de la chaîne. TF1 met en avant des stars dans des jeux comme « Dropped », « Danse avec les stars » ou dans le jury de « The Voice »… On construit des héros en dehors des œuvres de fiction. M6 montre davantage d’anonymes, qui mangent, s’habillent… Dans ces émissions, le quotidien est héroïque.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Clément Guillou « Putain de Vietnam ! T'as perdu une bataille, mais pas la guerre. Tu as toujours été une valeur d'exemple et de réussite... » Abdelkader Bouhenia s'interrompt. Dix-sept secondes pour sécher ses larmes, retrouver sa voix et reprendre son discours à l'adresse de son « frère », Alexis Vastine. Les mots du directeur de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), Jean-Pierre de Vincenzi, et ceux des présidents des Fédérations de natation et de voile ont été applaudis poliment. Lui a droit à une ovation, parce qu'il est chez lui, à l'Insep, dans l'imposante halle Maigrot. Parce qu'il s'est exprimé au nom des autres.Bouhenia et Vastine boxent ensemble depuis plus de dix ans. « C'était le mec super rigolo. Même si ses vannes n'étaient parfois pas terribles, il les racontait d'une telle façon qu'on était obligés de rigoler. » Ce mercredi, c'est le jour des souvenirs au temple du sport français, niché dans le bois de Vincennes, à Paris. Les portraits d'Alexis Vastine, de Camille Muffat et de Florence Arthaud, disparus lundi en Argentine dans la collision entre deux hélicoptères, sont posés à côté de l'estrade. Quelques fleurs. Beaucoup de caméras.« Un peu de décence », demande une conseillère presse aux photographes mitraillant la famille Vastine, qui s'exécutent. Adriani, le frère qui ressemble tant à Alexis, dira deux mots : « Je voulais juste remercier tous les gens qui nous soutiennent, et je vous prierai de nous laisser nous recueillir en famille tranquillement. » Derrière lui, Alain Vastine, le père s'effondre en larmes sur qui lui offre son épaule. Il y a deux mois, il a perdu sa jeune fille Célie dans un accident de la route.« C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité »Pour cet hommage, ont afflué les sportifs bien sûr – on croise Sylvain Wiltord, qui participait lui aussi au jeu de TF1 « Dropped » –, mais aussi les dirigeants, les sponsors, les salariés de l'Insep. « On avait besoin de se rassembler, de se voir, de se serrer », dit l'ancien boxeur Brahim Asloum. « C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité. » Les cérémonies donnent un peu de substance aux concepts creux. Il semble donc que la « grande famille du sport » existe.« Une famille liée par un certain nombre de principes, de valeurs : le dépassement de soi, le respect et l'entraide », définit le ministre des sports, Patrick Kanner.Le plongeur Matthieu Rosset connaissait un peu Camille Muffat et Alexis Vastine. Sans plus. L'affliction n'en est pas moins grande : « La famille du sport, nous, on sait ce que ça veut dire. Quand on rencontre un sportif, même si on ne le connaît pas, il nous suffit d'une minute. Car on partage les mêmes choses. L'entraînement, très dur, les défaites, les victoires, on a tous connu les mêmes émotions. » Sur les disparus, on évoque des souvenirs communs et cet enthousiasme avec lequel tous les trois sont partis pour l'Argentine.« Ils avaient eu pour ordre de ne pas donner de nouvelles », rappelle Bouhennia. Ils échangeaient via Facebook avec ce sujet tabou, donc « parlaient de tout et de rien ». Les mots ont du mal à sortir. Certains préfèrent les coucher sur les livres d'or disposés dans la salle, où l'on peut lire : « Vous êtes partis en emportant une partie de nous-mêmes. » Valérie Fourneyron, ministre des sports au moment des Jeux olympiques de Londres, en 2012, est saisie d'émotion. Elle retient « le recueillement, la ferveur, la solidarité et aussi le courage » des sportifs rassemblés.« C'était le moment de pleurer »Après la cérémonie, le directeur technique national de la boxe, Kevinn Rabaud, a réuni ses troupes en cercle, comme à l'aube d'une grande bataille. « Je leur ai dit qu'il ne fallait pas hésiter à exprimer leur sensibilité, car c'était la grande qualité d'Alexis. Que c'était le moment de pleurer, d'échanger ensemble. Le monde de la boxe est un monde d'émotion. » Et demain ? « La meilleure manière de rendre hommage à Alexis, c'est de se remettre le plus tôt au travail et d'aller conquérir la médaille olympique qu'il convoitait. A partir de demain, l'hommage devient sportif, il se fait dans l'engagement. »Mardi, après avoir appris la nouvelle, Matthieu Rosset s'est pointé à l'entraînement comme tous les jours. Il s'est dit qu'il n'y arriverait pas. « Et puis je me suis dit qu'eux, c'étaient des champions, ils se seraient entraînés. Donc j'y suis allé. Et je sais que je le garderai à l'esprit. » Clément GuillouJournaliste au Monde 14.03.2015 à 07h56 • Mis à jour le14.03.2015 à 15h59 Philippe Candeloro, Alain Bernard et toute l'équipe de l'émission « Dropped » sont rentrés en France samedi 14 mars, cinq jours après l'accident de deux hélicoptères qui a coûté la vie à dix personnes dont trois sportifs, Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine.Lire : Accident en Argentine : entre incrédulité et horreur, le sport français est « en deuil »Les 27 Français – Candeloro, Bernard, l'ex-cycliste Jeannie Longo, la snowboardeuse Anne-Flore Marxer et l'équipe de production de l'émission – ont atterri samedi à 11 heures à Roissy-Charles-de-Gaulle. Transportés sous escorte dans une navette aux vitres teintées à leur sortie d'avion, ils ont été accueillis au pavillon de réception de l'aéroport par une soixantaine de proches et des dirigeants de TF1 - dont le PDG, Nonce Paolini - la chaîne sur laquelle « Dropped », émission de téléréalité produite par la société de production ALP, devait être diffusée.Ils sont repartis environ une heure plus tard, un par un, dans des taxis qui les attendaient, sans un mot pour la presse, tenue à l'écart du bâtiment.Les Français étaient jusqu'à présent restés dans un hôtel de Villa Union (Argentine). Ils ont livré jeudi leur témoignage au juge argentin Daniel Herrera, chargé de l'enquête. « C'est compliqué. Par moments, on essaie d'aller de l'avant et d'affronter la réalité cruelle qui est devant nous », expliquait mercredi le nageur Alain Bernard, pressé de revenir en France.Minutes de silence avant les matchs du week-endAprès une cérémonie organisée mercredi à l'Insep, à Paris, en mémoire de la navigatrice Florence Arthaud, de l'ex-nageuse Camille Muffat et du boxeur Alexis Vastine, le monde du sport rendra hommage ce week-end aux trois champions sur leurs terrains. Une minute de silence sera observée avant les rencontres de football, de basket et de hand, et avant le match de rugby Italie-France qui se tient dimanche à Rome pour le Tournoi des six nations. Les Championnats de France de rugby, eux, ont préféré faire du bruit : une minute d'applaudissements sera dédiée aux disparus avant les matchs de Top 14 et de Pro D2.L'enquête (en édition abonnés) sur l'émotion provoquée par la mort des sportifs : A nos champions, la patrie reconnaissanteDes experts français sur placeDe l'autre côté de l'Atlantique, dans la province argentine de La Rioja, cinq gendarmes français ont entamé vendredi une mission délicate. Un médecin légiste, un dentiste et un spécialiste des empreintes digitales, sont particulièrement attendus. Car les experts argentins n'ont pas encore entamé les autopsies des deux pilotes argentins et des huit Français.Les analyses des carcasses calcinées des deux hélicoptères, des Écureuils de facture récente (2010), doivent se poursuivre. La thèse de l'erreur de pilotage est privilégiée par les spécialistes de l'aéronautique. Lire : Télé-réalité : la sécurité en question Alexis Delcambre « À l’occasion de la naissance de la marque #DS Automobiles,@LesEchos entrechoquent le passé et le présent ! » Ce seul tweet à la tonalité publicitaire, publié le 4 mars sur le compte du quotidien économique Les Echos - et retiré depuis -, a suffi à déclencher les foudres de la rédaction. Les journalistes du quotidien économique ont décidé de suspendre l’utilisation de leurs comptes Twitter pour la journée du vendredi 13 mars, protestant contre ce qu’ils estiment être une intrusion de la publicité dans un espace éditorial.« Ça suffit !, s’insurge Leila de Comarmond, présidente de la Société des journalistes (SDJ) des Echos. Ce tweet est un déclencheur, mais nous protestons globalement contre un mélange des genres de plus en plus prononcé dans la presse en général et aux Echos en particulier. »Aux Echos, les journalistes se sont notamment inquiétés de la floraison des « contenus de marques » (brand content), présents dans la section « Rendez-vous partenaires » du site. Ce type de contenu, créé à l’initiative d’annonceurs et empruntant les codes des contenus éditoriaux, est en plein essor dans les médias.Pour l’encadrer, la SDJ des Echos a négocié, pendant six mois, une charte avec la direction du titre. Mais « on n’en finit jamais, déplore Leila de Comarmond. On ne peut pas tout charter ni suivre en permanence les nouveaux formats publicitaires qui sont mis en ligne. Dès qu’on parvient à boucher un trou, autre chose surgit. »Selon elle, les journalistes du titre sont « conscients des enjeux économiques » et des réalités du marché publicitaire. Mais ils redoutent que la confusion s’installe, aux yeux des lecteurs, entre les différents types de contenus. « La crise économique de la presse ne justifie pas qu’on affaiblisse notre crédibilité », juge Mme de Comarmond, qui appelle à ce que « la profession s’empare collectivement du sujet ».La direction du titre, elle, explique que le tweet incriminé n’était pas commercial. Il n’a en effet pas été publié à l’initiative de la régie, mais par le service marketing. L’objectif était de valoriser une opération spéciale qui avait notamment conduit à réaliser une « fausse Une » du quotidien. Pour Francis Morel, PDG du groupe Les Echos, « notre fil Twitter sert à 99 % à valoriser des articles et peut servir, à l’occasion, à publier des messages qui concernent notre marque, ses chiffres, son actualité ». Tout en reconnaissant qu’« il faut se montrer vigilant pour ne pas refaire ce genre de choses ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.03.2015 à 18h21 • Mis à jour le12.03.2015 à 18h34 | Yves Daudu et Yann Plougastel Agrégé de philosophie, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont Du tragi-que au matérialisme (et retour), paru en janvier aux PUF, André Comte-Sponville a pour pères spirituels Epicure, les stoïciens, Montaigne et Spinoza. Il se définit comme matérialiste, rationaliste et humaniste. Fortement influencé par l'héritage philosophique des Lumières, il défend une éthique humaniste et une spiritualité sans dieu. Nous l'avons interrogé sur les spécificités françaises en matière de liberté d'expression dans la pensée française. La liberté d'expression est une liberté fondamentale. Comme toute liberté naturelle, on la voudrait absolue ; comme toute liberté socialement réglementée, elle connaît des limites. Mais pourrait-on imaginer ou réclamer une liberté d'expression sans limites ?Il n'y a pas de liberté absolue. Même à l'état de nature, à supposer qu'il ait existé, la liberté de chacun dépend de la force dont il est capable ; elle est doublement -limitée, et par sa propre faiblesse, et par la force des autres. C'est vrai a fortiori dans un Etat de droit. Pas de liberté sans lois, pas de loi sans contraintes. On prend souvent l'exemple du code de la route : s'il n'existait pas, ma liberté de circuler, théoriquement plus grande, serait en pratique presque nulle. S'agissant de la liberté d'expression, c'est différent. On pourrait envisager qu'aucune loi ne la limite. Mais est-ce souhaitable ? Il faut bien interdire la diffamation, les appels au meurtre, protéger le droit d'auteur et les secrets commerciaux ou industriels… Même les Etats-Unis, où le Premier amendement garantit une liberté d'expression plus grande que chez nous, lui reconnaissent certaines limites. Idem en France, qui interdit en outre les incitations à la haine raciale ou religieuse, le négationnisme et les atteintes à la vie privée. On peut discuter le détail de ces interdits (contre le négationnisme, je ne suis pas certain qu'une loi soit la -meilleure arme), mais guère en contester le principe.La liberté d'expression est un droit essentiel de notre vie publique, mais la liberté est-elle une fin en soi, un absolu dénué de toute responsabilité ?Oui, la liberté est une fin en soi, autrement dit une valeur, qui mérite qu'on se batte pour elle, voire qu'on lui sacrifie sa vie. C'est vrai notamment de la liberté d'expres-sion, sans laquelle toute autre liberté serait tronquée ou vaine. Nous exempte-t-elle pour autant de toute responsabilité ? Evidemment pas. C'est d'ailleurs ce qui est clairement énoncé par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Mais il n'y a pas que la loi ; il y aussi la morale. Il arrive qu'on s'interdise de dire certaines choses, non parce que ce serait pénalement répréhensible, mais parce que ce serait manquer de douceur, de compassion ou de délicatesse. Au peuple d'en décider, pour ce qui relève de la loi. A chacun d'en juger, pour ce qui ne relève que de sa conscience.La liberté véritable va-t-elle sans conscience de la responsabilité qui lui est intrinsèque ?Aucune liberté ne vaut sans responsabilité. Mais si vous pensez à l'équipe de Charlie Hebdo, il me semble que ce serait aller trop vite que de les traiter d'irresponsables. On peut au contraire penser qu'ils ont assumé jusqu'au bout leur responsabilité de citoyens laïques ou libertaires… Personne n'est juge, moralement, de la responsabilité d'autrui. Juridiquement, les tribunaux le sont, et il est arrivé plusieurs fois qu'ils condamnent Charlie Hebdo. Ce ne fut pas le cas lors des caricatures de Mahomet, et il me semble que le tribunal, dans cette affaire, eut raison.La dénonciation des religions est un droit incontestable, mais quels sont ses objectifs ?Les objectifs varient selon les individus, comme toujours. Simplement, les opinions sont libres, donc aussi la critique des opinions. Cela vaut pour les religions comme pour n'importe quelle idéologie. Cela pose le problème de l'islamophobie. Le mot est équivoque. Si l'on entend par « islamophobie » la haine ou le mépris des musulmans, ce n'est qu'une forme de racisme, aussi haïssable qu'elles le sont toutes. Est-elle très répandue ? Je n'en ai pas l'impression : un arabe athée ou un noir catholique sont sans doute davantage -victimes du racisme qu'un musulman de type européen. Mais, même marginal, ce racisme-là doit évidemment être combattu. En revanche, si on entend par « islamophobie » non pas la haine ou le mépris des musulmans mais le refus, la critique ou la peur de l'islam (c'est le sens étymologique du mot « islamophobie »), ce n'est qu'une position idéologique comme une autre, qu'aucun Etat démocratique ne saurait interdire. On a le droit d'être antifasciste, anticommuniste ou antilibéral. Pourquoi n'aurait-on pas le droit de s'opposer au christianisme, au judaïsme ou à l'islam ?La laïcité est-elle là pour garantir la liberté d'expression ?Pas seulement. Pas d'abord. La laïcité est là pour garantir la liberté de croyance ou d'incroyance, donc aussi pour permettre la cohabitation paisible des différentes religions ou idéologies. Un Etat laïque n'est ni athée ni religieux. C'est pourquoi il protège toutes les religions, comme il garantit le droit de n'en avoir aucune et de les critiquer toutes. « Je hais tous les dieux », disait le Prométhée d'Eschyle. C'est une opinion que nul n'est tenu de partager, mais que personne, dans un Etat laïque, n'a le droit d'interdire. Et comme il n'y a pas de liberté d'opinion effective sans liberté d'expression, l'Etat, pour protéger celle-là, se doit aussi de garantir celle-ci.Contrairement à plusieurs pays européens, l'interdiction du blasphème ne figure pas dans la législation française. Est-ce un des piliers, selon vous, de la liberté d'expression ?Un pilier, ce serait sans doute trop dire. Mais que le droit de blasphémer soit un élément, parmi d'autres, de la liberté d'expression, je ne vois guère comment un laïque pourrait le contester. J'ai relu il y a peu la définition que je donnais du blasphème, dans mon Dictionnaire philosophique. Permettez moi d'en citer la dernière phrase : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme, pas des bonnes manières. » Dans les situations ordinaires de la vie, mieux vaut donc éviter, individuellement, de le pratiquer. A quoi bon choquer ou blesser les croyants ? Dans le cas de Charlie Hebdo, c'est différent : on ne va pas demander à un journal satirique et humoristique de respecter les bonnes manières ! J'ajoute qu'un droit que personne ne pratiquerait jamais risquerait fort de tomber en désuétude. Il est donc précieux qu'un journal comme Charlie Hebdo existe et transgresse régulièrement ces bonnes manières que nous continuons, dans la vie quotidienne, de respecter.Comment différencier ce qui entre dans le cadre de la liberté d'expression et ce qui en sort ?Moralement, c'est à chacun d'en juger. Politiquement, cela relève du peuple souverain, donc du législateur. On a le droit de critiquer une loi. Pas de la violer.Jusqu'où va la tolérance ?Jusqu'au point où elle risque de se détruire elle-même. On peut tolérer des opinions dissidentes, et même il le faut. On ne peut pas accepter que certains prétendent, par la violence, renverser les institutions qui garantissent la liberté de tous.On attribue à Voltaire la formule suivante : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Est-ce toujours d'actualité ? Ou revient-on à la formule attribuée à Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » ?La formule attribuée à Voltaire, même apocryphe, est belle. Celle de Saint-Just est outrancière. Si des gens publient des livres ou manifestent paisiblement pour demander la fin de la démocratie, il n'y a pas lieu de les sanctionner. S'ils fomentent une émeute ou un coup d'Etat, c'est autre chose ! L'expression des idées est libre – dans les limites prévues par la loi. Mais l'ordre républicain doit s'imposer à tous.Régis Debray notait : « La démocratie, c'est ce qui reste de la République quand on a éteint les Lumières. » Lors des grandes manifestations du 11 janvier, Voltaire fut souvent cité. A votre avis, plus qu'une affaire de religion, ces événements ne posent-ils pas la question de la liberté d'expression et du fanatisme, déjà soulevée par les Lumières ? Le combat serait donc toujours le même et seuls les adversaires auraient changé ?Oui, le combat reste le même : pour les Lumières, pour la liberté de conscience et d'expression, contre le fanatisme et l'obscurantisme. Et oui aussi, les adversaires ont changé. L'Eglise catholique, qui l'a tant combattue, a fini par accepter la laïcité. C'est une grande victoire. Les laïques auraient tort de faire la fine bouche, mais aussi de s'endormir sur leurs lauriers. « Ecrasons l'infâme », -aimait à répéter Voltaire. L'infâme, pour lui, c'était le fanatisme, à l'époque surtout catholique. Que le fanatisme, aujourd'hui, soit plus souvent le fait de musulmans, ce n'est pas une raison pour cesser de le combattre – ni bien sûr pour en accuser tous les musulmans, qui en sont, de par le monde, les premières victimes. La ligne de front ne passe pas entre les croyants et les incroyants ( Voltaire n'était pas athée ) : elle passe entre les esprits libres, ouverts et tolérants, qu'ils aient ou non une religion, et les esprits intolérants ou fanatiques, quel que soit le Dieu dont ils se réclament et quand bien même ils seraient athées.Dans une tribune publiée dans Libération, vous écrivez : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme. L'humour, des vertus du citoyen. » Peut-on rire de tout ? Et avec tout le monde ?Desproges a répondu une fois pour toutes : « On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. » Rire de Moïse, de Jésus ou de Mahomet, pourquoi pas ? Mais pas avec un antisémite, un terroriste antichrétien ou un raciste antimusulman !On entend beaucoup l'idée selon laquelle il y aurait « deux poids, deux mesures », d'un côté Charlie Hebdo « caricaturant » le Prophète, et de l'autre Dieudonné « caricaturant » les juifs : on rit dans le cas du premier, on punit dans l'autre. Ne traite-t-on pas de manière différenciée les religions ?Qu'on traite, de fait, les religions de manière différenciée, ce n'est pas exclu. Il est plus facile, dans notre pays, de se moquer des chrétiens que des juifs ou des musulmans. Cela peut d'ailleurs s'expliquer par de bonnes raisons : les chrétiens, en France, ne sont guère victimes de racisme ou de ségrégation ; on peut donc penser qu'ils ont moins besoin d'être protégés… Rappelons en passant qu'il en va tout autrement dans de nombreuses régions du globe : les chrétiens, aujourd'hui, sont sans doute la communauté religieuse la plus persécutée du monde ( le plus souvent par des fanatiques musulmans ).S'agissant de Dieudonné et de Charlie Hebdo, c'est différent. La loi interdit les incitations à la haine raciale, donc notamment l'antisémitisme. Elle n'interdit pas le blasphème. Faire « deux poids, deux mesures » n'est condamnable que s'il s'agit de deux objets identiques ou très proches. Mais il s'agit ici de deux objets clairement différents : la dénonciation d'un groupe ethnique, d'une part, la caricature d'un personnage religieux, d'autre part. Comme je n'ai vu aucun spectacle de Dieudonné, je me garderai bien de me prononcer sur son cas. Mais on ne peut pas reprocher aux juges d'appliquer la loi.Yves DauduYann PlougastelJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elian Peltier Blendle, un temps surnommé l’« iTunes de la presse », poursuit son expansion. Celle-ci passe désormais par les médias américains : la plate-forme hollandaise de vente d’articles à l’unité a annoncé, jeudi 12 mars, un partenariat avec le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal.Des contenus des trois titres américains seront prochainement disponibles sur ce service qui attire déjà 220 000 utilisateurs aux Pays – Bas, en attendant le lancement d’une version internationale en anglais, dans le courant de l’année.« Nous misons sur des titres prestigieux, capables d’attirer d’autres publications et des lecteurs dans le monde entier », a expliqué Alexander Klöpping au Monde. Le cofondateur de Blendle réaffirme également sa volonté de lancer à terme des versions nationales de Blendle en Europe, notamment en France et en Allemagne.Cette expansion était programmée : en octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement) pour favoriser ce déploiement international.CommoditéLes contenus des trois journaux américains vont donc s’ajouter à ceux de la quarantaine de titres hollandais et de The Economist, déjà présents sur Blendle. Les articles de journaux ordinaires y coûtent une vingtaine de centimes d’euros et les contenus plus longs, environ 1 euro ou plus. L’utilisateur reçoit 2,50 euros lors de son inscription pour acheter les premiers contenus, avant de devoir recharger son compte avec des cartes de 5, 10 ou 20 euros, sur un modèle proche de celui d’iTunes, la plate-forme musicale d’Apple.Alexander Klöpping et Marten Blankesteijn, les cofondateurs de Blendle, font un pari osé avec l’intégration des trois grands titres américains : faire payer pour des articles qui sont en partie gratuits sur leurs sites d’origine. Le site du New York Times est en effet doté d’un paywall qui permet aux internautes de lire dix articles gratuits par mois avant de devoir s’abonner – le seuil est de vingt pour le Washington Post.Sur Blendle, le lecteur devra payer quelques centimes d’euros dès le premier article de ces journaux pour le lire. Parmi les trois publications, l’intégration à Blendle semble davantage convenir au Wall Street Journal, dont le paywall plus restrictif ressemble au modèle des publications hollandaises.Mais M. Klöpping croit à l’intérêt de s’informer via Blendle, compte tenu de sa commodité. « Prenez Youtube et Spotify : les musiques du monde entier sont disponibles gratuitement sur Youtube, et pourtant les gens payent pour avoir Spotify, explique-t-il. Blendle doit être comme Spotify : une plate-forme agréable à utiliser, facile d’accès, et où vous pouvez retrouver vos amis qui partagent eux aussi des contenus ». Cette expérience, autant que les contenus eux-mêmes, justifie à ses yeux les quelques euros que l’on dépense sur Blendle.Priorité à l’EuropeMalgré des chiffres honorables aux Pays-Bas, où 20 % des inscrits sur la plate-forme rechargent leur compte, les négociations avec les publications européennes prennent du temps. MM. Klöpping et Blankesteijn veulent s’assurer la présence d’au moins deux-tiers des publications nationales sur un éventuel Blendle français ou allemand avant de lancer ces plates-formes. Les deux Hollandais de 28 ans se heurtent aux mêmes réticences que celles rencontrées aux Pays-Bas, où les négociations ont duré plus de deux ans : la peur, du côté des publications, de perdre des abonnés et de fragmenter l’offre éditoriale.L’engagement de journaux comme le New York Times pourrait changer la donne. « Ces grands titres américains suscitent l’attention mais notre démarche reste européenne, affirme M. Klöpping. C’est assez effrayant car nous ne nous sommes toujours pas lancés dans d’autres pays, mais je suis enthousiaste car si ça marche aux Pays-Bas, ça peut marcher ailleurs : on n’a pas besoin d’être Hollandais pour avoir envie de payer pour du journalisme de qualité. »Lire aussi : La start-up néerlandaise Blendle s'inspire d'iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetElian PeltierJournaliste au Monde Alexandre Piquard Il ferait sans doute un bon personnage de téléréalité, le genre qu’il a inventé. Bel homme, Néerlandais très souriant de 60 ans, John de Mol écrit ce jeudi 12 mars une nouvelle page de sa success story de producteur en vendant sa société de production Talpa au groupe de télévision britannique ITV. Le montant initial de la transaction est de 500 millions d’euros mais pourrait être porté à 1,1 milliard d’euros en fonction des performances futures du studio, a précisé l’acquéreur dans un communiqué.John de Mol va donc continuer au sein du groupe ITV l’activité qui a fait sa réputation de « pape de la téléréalité », capable d’inventer sans cesse des nouveaux concepts d’émission dont le caractère polémique n’a d’égal que les réussites d’audience : il a commencé en 1994 avec l’émission pionnière de la téléréalité « Big Brother », adaptée en France en 2001 sous le nom « Loft Story » (M6). Mais on lui doit aussi « Fear Factor » ou, dans un genre plus consensuel, le concours de chant qui fait actuellement le bonheur de TF1, « The Voice ». Sans compter les concepts qui n’ont pas marché ou n’ont pas été adaptés en France, comme « Beat the Best », « Battle of the Choir », « The Winner Is… », etc.Selon l’accord signé avec ITV, John de Mol et son équipe continueront à développer des émissions pour Talpa, en exclusivité. Le montant final de l’acquisition est conditionné à l’implication du producteur dans les affaires de l’entreprise dans les huit prochaines années.« Producteur majeur en Europe »Talpa a été fondée par John de Mol en 2004. La société revendique la création de 75 émissions, diffusées dans 180 pays. Auparavant, le producteur avait fondé en 1994 Endemol Entertainment, devenu Endemol. En 2000, le groupe de télécoms espagnol Telefonica avait racheté la société, dont John de Mol était resté actionnaire, avant qu’un nouveau tour de table soit réalisé en 2007 avec le groupe de Silvio Berlusconi.Talpa a un accord exclusif avec Shine France, la puissante filiale du groupe Shine (News Corp.), dirigé en Angleterre par Elisabeth Murdoch (fille de Rupert Murdoch). C’est via cette société – qui distribue « Master chef » ou « Amazing Race » –, qu’est notamment produit le télécrochet « The Voice » pour TF1.Pour ITV, cette acquisition doit permettre de poursuivre la stratégie de diversification dans la production et la distribution de contenus à portée internationale, engagée il y a cinq ans. Premier groupe de télévision privée au Royaume-Uni, ITV est présent dans la télévision gratuite et payante. Avec Talpa, il va « renforcer sa position de producteur majeur en Europe », souligne le communiqué.Ce deal est le signe du mouvement de consolidation est en cours dans le domaine de la production audiovisuelle en Europe. Les dirigeants du secteur estiment qu’il faut grossir, pour améliorer les coûts de production, mais aussi pour mutualiser les risques et ne pas être trop dépendants d’un pays, d’un type de programmes ou d’une chaîne. En France, cette analyse est partagée par les grands producteurs, qui ne sont pas les plus gros d’Europe. Mais cette vision est également reprise par les pouvoirs publics et les grandes chaînes, qui elles aimeraient être à l’avenir autorisées à investir davantage dans la production.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.03.2015 à 20h00 • Mis à jour le11.03.2015 à 21h00 | Alexandre Piquard François Jost est professeur à la Sorbonne nouvelle, directeur du Centre d’étude sur les images et les sons médiatiques, et auteur d’ouvrages sur la télé-réalité, dont Le Culte du banal (La Dispute). Il estime que « les jeux de l’extrême », comme « Dropped », sur le tournage duquel 10 personnes sont mortes, lundi 9 mars, « suivent le goût des Français », notamment pour les sports de l’extrême.On dit que les émissions de télé-réalité font de la surenchère dans l’exotisme et le dépassement de soi. Ne sont-elles pas au contraire plus prudentes qu’avant ?Un point va dans votre sens : l’émission « Dropped » avait pour candidats des champions sportifs, habitués à des performances extrêmes. Contrairement à d’autres émissions passées dans lesquelles les chaînes envoyaient des célébrités dans un milieu inattendu avec l’idée d’amuser grâce au décalage entre les personnalités et les conditions dans lesquelles elles étaient mises. Dans le cas de « Dropped », c’est tout l’inverse.La vogue des jeux d’aventure est-elle de plus en plus forte ?Il faut rappeler qu’il y a eu, bien avant « Koh Lanta », « La Course autour du monde » ou « La Chasse au trésor » : un candidat était dans un studio, résolvait des énigmes et Philippe de Dieuleveult se rendait dans des lieux indiqués en hélicoptère sur place. Il y a eu déjà eu des choses de ce genre, ce n’est pas nouveau.Depuis « Fort Boyard », on est passé dans les jeux de l’extrême : il y a un développement continu, qui suit le goût des Français pour les sports de l’extrême. Tous les étés, on voit des reportages dans lesquels des Français risquent leur vie, en parapente, en canyoning, dans des sauts à l’élastique…Le rôle des candidats a-t-il changé ?On en a peu parlé mais depuis les fameux procès tenus à la suite des plaintes défendues par l’avocat Jérémie Assous, les candidats sont devenus des professionnels, payés cher, avec des contrats de travail. On leur demande beaucoup. La télé-réalité est devenue un métier. On ne peut plus payer des gens à ne rien faire dans un loft.De plus, plus personne ne croit à la réalité de la télé-réalité, ce qui explique que la production a évolué vers des jeux.Les émissions d’aventure jouent-elles sur une forme de voyeurisme et de sadisme ou véhiculent-elles des valeurs de dépassement de soi et d’esprit d’équipe ?Ces émissions participent au culte de la performance. L’époque valorise cela. Le spectateur est aussi responsable de ces émissions. On a eu tout un deuil après la mort d’un candidat de « Koh Lanta » en 2013 mais les gens se sont de nouveau précipités sur l’émission quand elle a recommencé. Le sport génère chaque année la plus forte audience de la télévision. Il y a un goût de cela chez les gens, ils sont en demande.Pour les chaînes, les émissions de télé-réalité constituent-elles un enjeu d’image, en plus de celui d’audience ?Oui. Ce drame est très dur pour TF1. Quand TF1 évoque la performance des candidats, c’est une valeur qui va dans le sens de la chaîne. L’accident de « Dropped » est mauvais pour son image même si elle n’est pas directement responsable. Les émissions de télé-réalité participent à la construction de l’identité de la chaîne. TF1 met en avant des stars dans des jeux comme « Dropped », « Danse avec les stars » ou dans le jury de « The Voice »… On construit des héros en dehors des œuvres de fiction. M6 montre davantage d’anonymes, qui mangent, s’habillent… Dans ces émissions, le quotidien est héroïque.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Clément Guillou « Putain de Vietnam ! T'as perdu une bataille, mais pas la guerre. Tu as toujours été une valeur d'exemple et de réussite... » Abdelkader Bouhenia s'interrompt. Dix-sept secondes pour sécher ses larmes, retrouver sa voix et reprendre son discours à l'adresse de son « frère », Alexis Vastine. Les mots du directeur de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), Jean-Pierre de Vincenzi, et ceux des présidents des Fédérations de natation et de voile ont été applaudis poliment. Lui a droit à une ovation, parce qu'il est chez lui, à l'Insep, dans l'imposante halle Maigrot. Parce qu'il s'est exprimé au nom des autres.Bouhenia et Vastine boxent ensemble depuis plus de dix ans. « C'était le mec super rigolo. Même si ses vannes n'étaient parfois pas terribles, il les racontait d'une telle façon qu'on était obligés de rigoler. » Ce mercredi, c'est le jour des souvenirs au temple du sport français, niché dans le bois de Vincennes, à Paris. Les portraits d'Alexis Vastine, de Camille Muffat et de Florence Arthaud, disparus lundi en Argentine dans la collision entre deux hélicoptères, sont posés à côté de l'estrade. Quelques fleurs. Beaucoup de caméras.« Un peu de décence », demande une conseillère presse aux photographes mitraillant la famille Vastine, qui s'exécutent. Adriani, le frère qui ressemble tant à Alexis, dira deux mots : « Je voulais juste remercier tous les gens qui nous soutiennent, et je vous prierai de nous laisser nous recueillir en famille tranquillement. » Derrière lui, Alain Vastine, le père s'effondre en larmes sur qui lui offre son épaule. Il y a deux mois, il a perdu sa jeune fille Célie dans un accident de la route.« C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité »Pour cet hommage, ont afflué les sportifs bien sûr – on croise Sylvain Wiltord, qui participait lui aussi au jeu de TF1 « Dropped » –, mais aussi les dirigeants, les sponsors, les salariés de l'Insep. « On avait besoin de se rassembler, de se voir, de se serrer », dit l'ancien boxeur Brahim Asloum. « C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité. » Les cérémonies donnent un peu de substance aux concepts creux. Il semble donc que la « grande famille du sport » existe.« Une famille liée par un certain nombre de principes, de valeurs : le dépassement de soi, le respect et l'entraide », définit le ministre des sports, Patrick Kanner.Le plongeur Matthieu Rosset connaissait un peu Camille Muffat et Alexis Vastine. Sans plus. L'affliction n'en est pas moins grande : « La famille du sport, nous, on sait ce que ça veut dire. Quand on rencontre un sportif, même si on ne le connaît pas, il nous suffit d'une minute. Car on partage les mêmes choses. L'entraînement, très dur, les défaites, les victoires, on a tous connu les mêmes émotions. » Sur les disparus, on évoque des souvenirs communs et cet enthousiasme avec lequel tous les trois sont partis pour l'Argentine.« Ils avaient eu pour ordre de ne pas donner de nouvelles », rappelle Bouhennia. Ils échangeaient via Facebook avec ce sujet tabou, donc « parlaient de tout et de rien ». Les mots ont du mal à sortir. Certains préfèrent les coucher sur les livres d'or disposés dans la salle, où l'on peut lire : « Vous êtes partis en emportant une partie de nous-mêmes. » Valérie Fourneyron, ministre des sports au moment des Jeux olympiques de Londres, en 2012, est saisie d'émotion. Elle retient « le recueillement, la ferveur, la solidarité et aussi le courage » des sportifs rassemblés.« C'était le moment de pleurer »Après la cérémonie, le directeur technique national de la boxe, Kevinn Rabaud, a réuni ses troupes en cercle, comme à l'aube d'une grande bataille. « Je leur ai dit qu'il ne fallait pas hésiter à exprimer leur sensibilité, car c'était la grande qualité d'Alexis. Que c'était le moment de pleurer, d'échanger ensemble. Le monde de la boxe est un monde d'émotion. » Et demain ? « La meilleure manière de rendre hommage à Alexis, c'est de se remettre le plus tôt au travail et d'aller conquérir la médaille olympique qu'il convoitait. A partir de demain, l'hommage devient sportif, il se fait dans l'engagement. »Mardi, après avoir appris la nouvelle, Matthieu Rosset s'est pointé à l'entraînement comme tous les jours. Il s'est dit qu'il n'y arriverait pas. « Et puis je me suis dit qu'eux, c'étaient des champions, ils se seraient entraînés. Donc j'y suis allé. Et je sais que je le garderai à l'esprit. » Clément GuillouJournaliste au Monde 11.03.2015 à 12h08 • Mis à jour le11.03.2015 à 12h18 | Daniel Psenny L’accident d’hélicoptères qui a fait dix morts, lundi 9 mars, à Quebrada del Yeso, dans la région de La Rioja, en Argentine, pendant le tournage du jeu d’aventures « Dropped » pose, une nouvelle fois, le problème de la sécurité des candidats dans les émissions de télé-réalité. Et ce, deux ans presque jour pour jour après le décès de Gérald Babin lors du tournage de « Koh-Lanta » au Cambodge.« Malgré cette tragédie, il n’y a aucune raison pour arrêter ce jeu d’aventures qui n’a, d’ailleurs, rien à voir avec la télé-réalité », estime Xavier Couture, ex-dirigeant de TF1 et de la société de production Adventure Line Productions (ALP), productrice de « Dropped » et de « Koh-Lanta ». « Les équipes techniques sont des professionnels chevronnés mais, malheureusement, si l’hélicoptère, très souvent utilisé dans ces émissions, est indispensable, il peut parfois être aussi très dangereux. » Il ajoute : « Lorsqu’il y a des morts sur les circuits de formule 1, on ne remet pas en cause le championnat du monde. Tant qu’il restera des espaces de liberté pour se dépasser, il y aura toujours des candidats et, quel que soit le producteur, il ne pourra éviter qu’ils prennent des risques pour se surpasser. Il faut se souvenir que les émissions de Philippe de Dieuleveult étaient nettement plus dangereuses… »La télé-réalité, nouvel eldorado d’athlètes en quête d’aventureAu fil des ans, les programmes de télé-réalité et leurs dérivés, telles ces compétitions sportives orchestrées au bout du monde, ont changé de nature. Déjà en 2003, deux ans après « Loft Story », Endemol mettait à l’antenne « A bout de force » sur M6. Le but ? Filmer des candidats privés de sommeil pendant trente-six heures. A l’époque, le jeu avait fait polémique après que deux journalistes de France 2, infiltrés dans l’émission, aient dénoncé le manque de sécurité et d’assistance pour les candidats. Une marge bénéficiaire sans égalQuelques mois plus tard, TF1 lançait « Fear Factor », programme où les participants devaient affronter leurs pires phobies. « Ce n’est plus un loft avec des jeunes gens que l’on observe aujourd’hui, mais des jeux de l’extrême avec les risques que cela comporte », souligne François Jost, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. Une tendance qui, selon le chercheur, « entre en résonance avec les mœurs de la société où l’on tente d’aller toujours plus loin face à soi-même ».Polémiques et accidents ont toutefois rarement empêché les producteurs de mener ces jeux d’aventures à leur terme. Ce fut le cas en 2013 avec « Koh-Lanta », seulement interrompu quelques mois après la mort par crise cardiaque de Gérald Babin. Ce décès avait été suivi par le suicide du médecin du programme. Dans cette affaire portée devant la justice, l’instruction judiciaire ouverte au TGI de Créteil (Val-de-Marne) n’a pas conclu à la culpabilité des dirigeants d’ALP qui n’ont pas été mis en examen. La société avait trouvé un accord financier avec les proches du candidat.Condamnés ou pas, producteurs et diffuseurs ne veulent pas lâcher la télé-réalité, véritable poule aux œufs d’or de la télévision. La marge bénéficiaire qu’ils réalisent avec ce genre d’émissions est sans égal. Facturée autour de 700 000 euros, chaque émission peut rapporter à la chaîne trois fois plus en publicités. A titre de comparaison, un téléfilm ou un épisode d’une série avoisine le million d’euros sans garanties de retombées publicitaires. De plus, des jeux « feuilletonnants » comme « Pékin Express », sur M6, ou « Koh-Lanta » sur TF1, assurent une bonne dizaine de première partie de soirée aux diffuseurs. Pour les rentabiliser, les économies se font souvent a détriment des candidats qui, pendant longtemps, n’ont pas été payés, voire sur les mesures de sécurité.Ouverture d’une bataille juridique avec les assurancesSuite à plusieurs dépôts de plaintes et une longue bataille juridique, la chambre sociale de la Cour de cassation a finalement validé, en 2009, la requalification des règlements de participants en contrats de travail à durée indéterminée. Désormais, tous les candidats sont donc rémunérés avec les mêmes droits sociaux que n’importe quel salarié. Les « stars », elles, ont un statut différent et touchent des cachets qui dépassent souvent les 100 000 euros. L’accident meurtrier de « Dropped » va désormais ouvrir une bataille juridique avec les assurances qui attendront les résultats de l’enquête pour décider du montant des indemnisations aux familles des victimes.Après le drame, le temps de l’enquête en Argentine« Normalement, la production a souscrit à des assurances en cas de dommages, mais elles seront honorées à condition que les producteurs aient respecté la loi et leurs obligations en matière de sécurité », pointe Jérémie Assous, l’avocat de plusieurs candidats d’émissions de télé-réalité. « Les dommages peuvent s’élever à plusieurs millions d’euros par personne. Or, il y a des chances que les compagnies d’assurances évoquent des manquements délibérés. L’affaire risque donc de se régler à l’amiable », explique l’avocat en rappelant que la société ALP ainsi que d’autres producteurs de télé-réalité ont été condamnés près de trois cent fois « pour manquements au droit du travail et à leurs obligations de sécurité ».Mais la législation et les condamnations ne semblent guère peser sur les producteurs qui préfèrent payer des milliers d’euros d’amendes plutôt que de renoncer aux confortables profits réalisés par les émissions de télé-réalité. En Suède, pays d’origine de « Dropped », l’émission réalise ainsi des records d’audience, avec plus de 1 million de téléspectateurs présents, soit près de 30 % de part d’audience.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Constant Du jamais vu sur la TNT. A l'occasion de la diffusion du premier épisode de la version française de « Top Gear », mercredi 18 mars 2015 en début de soirée, RMC Découverte a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience). L'émission consacrée à l'automobile a rassemblé un maximum de 1 078 000 téléspectateurs, à 21 h 39. Diffusé dans la foulée, le second épisode a rassemblé 793 000 téléspectateurs, soit 4,4 % de parts d'audience.La chaîne appartenant au groupe Next Radio TV diffusait déjà la version originale de « Top Gear », célèbre émission de la BBC dont les audiences du dimanche soir sur BBC2 dépassent souvent les 5,5 millions de fidèles. Le 11 février 2015, RMC Découverte battait déjà son record d'audience, toutes émissions confondues, avec 480 000 téléspectateurs scotchés devant un épisode de « Top Gear » UK.Lire : « Top Gear », ou l’éloge de la puérilitéEn décidant de produire une version française avec des moyens importants et le savoir-faire de BBC Worldwide France, Alain Weill prenait un risque. Car le rapport des Français à l'automobile n'est pas le même que celui des Britanniques. « Je ne m'attends pas à doubler notre audience du mercredi soir » avait-il déclaré lors de la présentation à la presse des extraits du premier épisode de ce « Top Gear » made in France. Visiblement, la sauce a pris et le public a apprécié la prestation du trio de présentateurs composé de Philippe Lellouche, Bruce Jouanny et Yann Larret-Menezo.Lire aussi : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Ironie de l'histoire, « Top Gear » France démarre en trombe alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt en raison d'un incident ayant mis aux prises Jeremy Clarkson, son présentateur emblématique, et un producteur. Une suspension qui a ému les téléspectateurs britanniques : 950 000 personnes ont signé une pétition pour le retour de la vedette.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.03.2015 à 14h18 • Mis à jour le18.03.2015 à 16h49 Poursuivi pour apologie d'actes de terrorisme et provocation à la haine envers les juifs, le polémiste Dieudonné M'Bala M'Bala a été condamné, mercredi 18 mars, à deux mois de prison avec sursis en raison d'un message posté sur Facebook après les attentats djihadistes qui avaient fait dix-sept morts au début de janvier en France.Le parquet avait demandé deux cents jours-amende à 150 euros à l'encontre du polémiste, soit 30 000 euros d'amende. Une peine de jour-amende implique que le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s'il ne s'acquitte pas de la totalité de l'amende. Il encourait jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende, les faits présumés ayant été commis en ligne.« Charlie Coulibaly »Le 11 janvier, au soir d'une grande marche citoyenne en hommage aux victimes, le polémiste avait écrit qu'il se sentait « Charlie Coulibaly », détournant le slogan « Je suis Charlie », en référence à l'un des trois auteurs des attaques, Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre clients d'un magasin juif. Ses propos avaient ensuite été retirés de sa page Facebook.Assurant condamner « sans aucune retenue et sans aucune ambiguïté » les attentats, Dieudonné M'Bala M'Bala avait affirmé à l'audience qu'il avait souhaité participer à la marche à Paris, mais que sans retour du ministère de l'intérieur, qu'il avait sollicité, il s'en était senti « exclu » et traité comme un « terroriste ». Une argumentation qui n'a pas convaincu les juges. Outre le contexte, les magistrats ont fait valoir « l'amalgame provocateur » du polémiste, dont la portée des propos « ne pouvait être ignorée » : « Le sentiment d'hostilité à l'égard de la communauté juive que Dieudonné M'Bala M'Bala entretient auprès d'un public attiré par sa personnalité accroît sa responsabilité à raison de ses propos provocateurs. »Ni l'intéressé ni ses avocats n'étaient présents devant le tribunal pour le délibéré. Le polémiste attend un autre jugement jeudi dans une affaire de provocation à la haine envers les juifs pour des propos visant le journaliste Patrick Cohen. Mardi prochain, il connaîtra l'épilogue de la plainte déposée à son encontre après avoir qualifié, fin août 2013, Manuel Valls, alors ministre de l'intérieur, de « Mussolini moitié trisomique ».Lire aussi : Dieudonné : les principaux procès perdus depuis 2007 17.03.2015 à 20h49 • Mis à jour le18.03.2015 à 13h02 Près de 100 000 euros, contre 34 500 prévus. Le groupe Radio France a confirmé, dans la soirée de mardi 17 mars, la somme payée pour les travaux de rénovation du bureau de son président, Mathieu Gallet, cet hiver. Le Canard enchaîné avait révélé cette information dans son édition à paraître mercredi.Ce dépassement s'explique notamment par la restauration de « boiseries précieuses en palissandre » qui ornent une partie des murs de la pièce, selon l'hebdomadaire satirique, qui reproduit un document interne à l'entreprise publique. Cette opération effectuée par une entreprise spécialisée — et dont le montant avait été largement sous-estimé — a coûté à elle seule quelque 70 000 euros, a fait savoir Radio France à l'Agence France-Presse. Il s'agirait des premières restaurations de ce type depuis l'inauguration de la Maison de la radio en 1963.Quadruple préavis de grèveLes dépenses supplémentaires avaient été programmées dans un « budget de parachèvement des travaux » de 2,9 millions d'euros, selon le groupe du service public. L'ensemble de la Maison de la radio est en chantier depuis 2009. Sa réfection est la plus importante d'un bâtiment occupé en France. Ces travaux, d'un coût total de 350 millions d'euros, doivent s'achever entre la fin de 2017 et le début de 2018. L'incendie, survenu vendredi 31 octobre et dont les causes restent à établir, avait constitué l'énième péripétie d'un chantier devenu interminable.Lire aussi : L’interminable chantier de la Maison de la radioMais ces dépenses tombent au moment où Radio France a annoncé un « plan de retour à l'équilibre », après l'adoption par son conseil d'administration de son budget 2015, déficitaire de 21,3 millions d'euros — une première dans l'histoire du groupe de radios publiques.Vu la situation, le Syndicat national des journalistes (SNJ) Radio France s'est dit « abasourdi, choqué et consterné », mardi, par la confirmation des révélations du Canard enchaîné. Le SNJ a ajouté qu'il était « très inquiet, dans un contexte déjà alourdi par les menaces qui pèsent sur l'emploi et, à terme, sur les missions de l'entreprise ». Plusieurs syndicats du groupe, dont le SNJ, ont déposé pour jeudi un quadruple préavis de grève. Il s'agit du troisième appel à la cessation du travail en un mois contre un éventuel plan social et des mesures d'économies.Lire aussi : Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants » Alexandre Piquard .@JVCom x @Gamekult x @gamergen_com x @Gameblog, on a pas tous le même maillot, mais on a la même passion 💝 pic.twitter.com/CfJ4cyjrV7— Julien Chièze (@JulienChieze) March 13, 2015Tout a commencé par une photo bien banale en apparence : elle montre une tablée de six jeunes gens prenant la pose dans un restaurant japonais. Pourtant, le casting de cette image postée le 13 mars 2015 sur Twitter a déclenché une guéguerre dans le milieu du jeu vidéo : les personnages sont des journalistes de sites français spécialisés, dînant ensemble lors d’un voyage au Japon payé par Sony en compagnie d’un responsable des relations presse de cet éditeur de jeux. Le cliché a ravivé un débat sur l’indépendance des médias consacrés aux jeux vidéo, latent dans le milieu depuis plusieurs années.« Moi, ce qui me gave le plus dans ce genre d’histoire, c’est le repas de famille avec le RP de Sony, dénonce un des nombreux internautes qui ont commenté la photo sur les forums de Gamekult.fr, l’un des sites représentés dans le voyage incriminé, avec Jeuxvideo.com, Gamergen et Gameblog. Tu picoles avec le mec qui te vend un produit et qui en espère un bon retour dans ton papier. » Pour d’autres lecteurs, les journalistes ne devraient pas accepter un déplacement payé par une grande entreprise du jeu vidéo, même si cela permet de produire des articles de qualité.Gamekult cultive plutôt une image d’indépendance dans le secteur. Devant la polémique, son rédacteur en chef, Thomas Cusseau, alias « Yukishiro », a décidé de ne pas rester silencieux : « Au risque que certains tombent de l’armoire, lorsque Gamekult est invité à essayer un jeu au cours d’un événement presse (ou d’un voyage, dans le cas où le studio/la démo est à l’étranger/en province), le journaliste est défrayé de ses frais de transport et de nourriture par son hôte, l’éditeur », explique-t-il sur le site. Un peu incrédule, il met les lecteurs en garde contre la nostalgie – factice – d’un « Gamekult qui ne vendait pas ses fesses ». Les usages seraient en effet les mêmes depuis le lancement du média en 2001.« Ce n’est pas sniffer de la cocaïne »« Cela revient à interviewer un écrivain pour la sortie de son bouquin, ou un réalisateur au moment de l’arrivée de son film », ajoute le rédacteur en chef, citant la littérature et le cinéma, domaines où les lancements d’œuvres sont très contraints. Pour lui, les sites français cherchent à « développer du contenu intéressant » malgré le fait que de nombreux grands éditeurs de jeux sont américains ou japonais. « Bouffer au restau avec la délégation française après une journée de boulot, ce n’est pas non plus sniffer de la cocaïne sur le ventre d’une strip-teaseuse après 11 heures de ski nautique aux frais de l’éditeur », justifie Yukishiro.L’opération transparence aurait pu s’arrêter là si le rédacteur en chef de Gamekult n’avait ajouté dans son texte cette confidence prémonitoire, à propos d’un autre personnage présent sur la photo, Julien Chièze, rédacteur en chef du site concurrent Gameblog : « Pour être totalement transparent avec vous et au risque de réveiller je ne sais quelle “rivalité” factice (et débile), sachez que je “déconseille” aux membres de la rédaction depuis un an d’être pris en photo avec Julien Chièze et de participer aux contenus de Gameblog, quels qu’ils soient, ou de parler de Gameblog sur les réseaux sociaux. » Pour se justifier, le responsable de Gamekult affirme ne pas avoir « le moindre problème personnel » avec M. Chièze mais agir simplement en raison de sa « réputation ». Il invoque l’image de Gamekult et son besoin de « différenciation » éditoriale.L’attaque fait allusion à une rivalité sourde au sein de la presse dédiée aux jeux vidéo : Gamekult s’affiche plutôt comme un site avec du recul par rapport aux éditeurs, capable par exemple de mettre des notes basses à des jeux importants. Gameblog serait lui plus intégré dans le milieu des éditeurs ou verserait même dans le mélange des genres, comme lorsque Julien Chièze a lancé une petite agence de communication et d’événementiel. Ce dernier précise que la société n’a plus d’activité depuis mi-2013 et affirme : « Notre rédaction s’est toujours montrée totalement indépendante de toutes pressions exercées par les éditeurs, ce qui nous a valu, et nous vaut encore aujourd’hui (comme d’autres), certains blacklistages ». Un débat ancienTaclée par un site rival, la rédaction de Gameblog a sans surprise riposté lundi sur son site : « Les propos de Yukishiro sont directement assimilables à de la discrimination », y dénoncent les rédacteurs. Les journalistes pointent aussi les critiques incessantes – un « torrent de vomi » – dont Julien Chièze, qui se met régulièrement en avant sur les réseaux sociaux ou des vidéos, fait l’objet dans un forum de Gamekult. Ils déplorent « la radicalisation de Gamekult dans le but de satisfaire la frange la plus dure » de son lectorat. Et disent avoir toujours agi en toute transparence. En guise de taquet final : le texte moque le fait que le rédacteur en chef de Gamekult a modifié lundi son premier article pour effacer les références à Julien Chièze…L’affrontement peut passer pour une petite querelle intestine entre deux sites concurrents, mais il réveille un débat qui traverse le milieu, notamment depuis le « Doritosgate », fin 2012 : à l’époque, la photo d’un journaliste posant entre des chips Doritos et une affiche du jeu vidéo Halo 4, lors d’un salon professionnel, avait cristallisé les critiques visant l’influence des annonceurs et des éditeurs sur les médias, comme l’a raconté Arrêt sur images (ASI).Au cours du débat qui a suivi, les rédacteurs en chef de Gamekult et de Gameblog s’affrontaient déjà, dans une émission d’ASI, à laquelle participait aussi un chroniqueur de Jeuxvideo.com, site depuis racheté par le groupe Webedia. Parmi les enjeux pointés par la profession : faut-il accepter les tests de jeux vidéo réalisés dans les conditions imposées par l’éditeur (temps limité, matériel dernier cri, etc.) ? Peut-on prendre le risque de se voir supprimer un budget publicitaire en donnant une mauvaise note à un jeu ? #container_1426756079002 .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } #container_1426756079002 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1426756079002 .subtitre{ display:block; }Audience des sites français de jeux vidéo(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1426756079002", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('http://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('http://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);« Dictature du pire »« Vu les difficultés financières actuelles des sites de jeux vidéo, imaginer pouvoir se rendre à ces événements à l’étranger par nos propres moyens serait utopique », explique l’équipe de Gameblog dans son billet de lundi. En effet, pour s’en sortir, les sites ont deux options : soit créer des contenus qui attirent un maximum de lecteurs, afin d’attirer davantage de publicité. Ou de miser davantage sur la qualité et la communauté de lecteurs, dans l’espoir de réussir un jour à tirer des revenus d’offres payantes, à l’image du site Mediapart, dans le domaine de l’investigation.En attendant de trouver des solutions économiques pour leurs médias, Gameblog en appelle à une trêve, avec cette invitation : « Posons les armes, apaisons le climat, et ne plions jamais devant la dictature du pire qu’Internet a engendré. » Un programme ambitieux.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « A partir du mois prochain, Politico aura, dans les deux centres de décision politique et réglementaire du monde – Washington et Bruxelles –, plus de journalistes qu’aucune autre publication. » Le site d’information américain a montré ses muscles, dans le communiqué qui a annoncé, mardi 17 mars, le lancement de sa version européenne, le 21 avril. Il devrait effectivement avoir une rédaction égale ou supérieure à celle de ses concurrents, médias spécialisés ou grands journaux généralistes.Lancé en 2007 aux Etats-Unis, Politico revendique aujourd’hui 300 journalistes et s’est imposé comme une source incontournable pour ceux qui veulent suivre de près les réformes en cours et les coulisses de la politique sous la présidence Obama.>> Lire : Politico, dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeLe site explique vouloir décliner ce modèle en Europe, avec une équipe de 40 à 50 personnes, dont toutes ne seront toutefois pas installées à Bruxelles, certains étant correspondants dans les grandes capitales européennes (Paris, Londres, Berlin…) Son adresse Internet sera Politico.eu.Une équipe puissanteDans son communiqué, Politico détaille les noms de onze rédacteurs recrutés à Bruxelles : parmi ces personnes, un ancien correspondant en Pologne de l’hebdomadaire économique britannique The Economist, une journaliste américaine du quotidien tabloïd New York Post, une pigiste berlinoise du Wall Street Journal ou du New York Times… Il y aura aussi des journalistes de European Voice, une agence spécialisée acquise par Politico. L’équipe va être dirigée par Matthew Kaminski, un ancien du Wall Street Journal.Un autre nom est largement mis en avant par Politico : celui de Ryan Heath, qui aura la lourde tâche de produire l’équivalent bruxellois de « Playbook », la lettre matinale sur les coulisses de la politique américaine, lue par tous les décideurs de Washington et rédigée par la star Mike Allen.Ryan Heath a un profil « d’insider » absolu puisqu’il a travaillé pour la Commission européenne sous la présidence de José Manuel Barroso et été porte-parole de la commissaire Nellie Kroes. Transfuge de la politique et de la technocratie, il devra faire preuve de son indépendance et éviter le soupçon de conflits d’intérêts.Entre généralistes et médias spécialisésFace à cette équipe généreuse, le quotidien économique britannique Financial Times, considéré comme une référence sur les affaires européennes, ne dispose pour l’heure que de cinq personnes à Bruxelles (plus deux basés à Londres mais dédiés à l’Europe). Il envisage de recruter une personne pour renforcer son suivi des questions de concurrence économique. Le Monde a lui deux personnes sur place.L’irruption de Politico sur la scène européenne souligne les concurrences nouvelles auxquelles les grands médias généralistes sont confrontés : challengés sur Internet par des sites très grand public comme le Huffington Post, ils font aussi parfois face à des publications spécialisées. Politico a ainsi une partie accessible à tous, gratuitement, outre ses lettres payantes sur des thèmes comme l’énergie.L’agence de presse française AFP a une rédaction importante à Bruxelles, avec vingt personnes dont dix-huit journalistes (rédacteurs et autres métiers), mais elle a une couverture moins spécialisée que celle prévue par Politico.Du côté des médias spécialisés, le site américain devra compter avec l’Agence Europe, qui est parfois décrite comme le « journal officiel » des institutions européennes. Treize journalistes travaillent pour le site de cette publication quotidienne. Plus modeste, Europolitics se définit comme « le numéro un de l’information européenne indépendante » et a bonne réputation. Créé en 1972, le service a connu divers rachats et édite désormais un quotidien, un service Web et un magazine trimestriel, et propose, comme Politico, du contenu premium payant.L’agence Euractiv, dédiée à l’actualité européenne, revendique elle 12 rédacteurs à Bruxelles et 40 employés au total, dans 12 pays. Contexte, un pure player français qui se qualifie de « journal des politiques publiques françaises et européennes », a lui deux rédacteurs à Bruxelles et il en recrute actuellement deux autres.Un modèle économique plurielPour Politico, tout l’enjeu sera de réussir à transformer ces moyens pléthoriques en succès économique. Pour son aventure européenne, la publication a créé une joint-venture avec un partenaire puissant, le groupe de presse allemand Axel Springer.Politico ne publie pas ses chiffres mais le site serait rentable aux Etats-Unis. Une grosse part des revenus provient de la vente, pour plusieurs milliers d’euros par an, de ses lettres thématiques ; 80 des 300 journalistes américains de Politico sont chargés de les produire. Le reste provient de la publicité qui est insérée dans les newsletters, mais aussi dans les publications papier distribuées gratuitement sur les lieux de pouvoir. Sur ce modèle, 30 000 exemplaires seront ainsi imprimés quotidiennement en Europe, à Bruxelles et dans les capitales. Aux Etats-Unis, ces supports sont truffés de réclames pour des industries ou des lobbies. Enfin, Politico organise des conférences et des événements.Pour sa fête de lancement à Bruxelles, le 23 avril, le site américain a annoncé la présence du président du Conseil européen, Donald Tusk, du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stollenberg, ou encore du commissaire européen chargé du marché numérique unique, Andrus Ansip. Mais aussi de « quelques chefs de gouvernement ». A confirmer.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.03.2015 à 17h08 • Mis à jour le16.03.2015 à 17h28 | Alexis Delcambre Le départ prochain de Patricia Lévy, directrice de la régie publicitaire des Échos, a été annoncé aux personnels par un courriel de la direction du quotidien, lundi 16 mars, selon nos informations.Ce départ intervient trois jours après une « grève des tweets » par laquelle la rédaction des Échos entendait protester contre les intrusions publicitaires dans les espaces éditoriaux - mais il n’y a officiellement aucun lien entre ces deux événements.Grève des tweets aux « Échos »« C’est la vie d’une entreprise, a déclaré au Monde Francis Morel, PDG du groupe. Nous avons fait un constat commun qui nous a amenés à nous séparer. »M. Morel reprendra directement la gestion de la régie Echosmédias (Les Échos, Enjeux Les Échos, Série limitée, Capital Finance, Radio Classique, Connaissance des Arts, Classica et Les Échos Events), comme il le faisait avant l’arrivée de Mme Lévy. Patricia Lévy avait rejoint les Echosmédias en septembre 2013. Elle était auparavant directrice générale de SFR Régie.La Société des journalistes des Échos, elle, connecte ce départ aux débats qu’elle a menés ces derniers mois sur les formats publicitaires. Outre le tweet à tonalité commerciale du 4 mars, la rédaction des Échos estime que la régie publicitaire a eu tendance à multiplier les initiatives mettant en péril, selon elle, la crédibilité des contenus.La régie publicitaire avait également été épinglée - parmi d’autres services - par un audit sur la qualité de vie au travail, réalisé en novembre 2014.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean Peur ? Les clients, cet après-midi du dimanche 15 mars, se récrient avec une belle énergie : « Sûrement pas ! ». Et en en dévalisant fièvreusement les étalages de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes qui a tout juste rouvert ses portes le matin même, soit deux mois après la tragique prise d'otages, ils affirment, solennels, que « la vie est plus forte », qu'il faut « redresser la tête », « se serrer les coudes », « afficher une détermination et une solidarité sans faille ». Et surtout « ne renoncer à aucun rite, aucune tradition, aucune habitude du mode de vie juif », le passage à l'épicerie cacher, surtout quelques jours avant Pessah, la Pâques juive, étant incontournable.Peur ? Allons donc ! « Le magasin est désormais protégé, affirme Eddy, un jeune père de famille qui ne souhaite pas donner son nom. Aucune raison de trembler ! Vous voyez bien : les habitués sont revenus comme un seul homme, mais aussi des voisins, des amis, même des gens hors de la communauté venus parfois de lointaine banlieue juste pour dire : Coulibaly le barbare a échoué. » D'ailleurs vous verrez bien, annonce un client venu de Beauvais : « Comme Charlie et ses 7 millions d'exemplaires, l'Hyper Cacher va exploser son chiffre d'affaire. Tout le monde viendra le soutenir ! »Lire le récit (édition abonnés) : Dans le huis clos de l’Hyper Cacher de la porte de VincennesPeur ? « On est en France depuis des générations ! insiste Olga Seban, parente de l'ancien propriétaire de la chaîne Hyper Cacher. Deux oncles ont été tués à la guerre de 14, mon père a lui-même tenu les armes. Je me sens Française avant même de me sentir juive. Très Française ! Valls a eu des mots forts, la France est avec nous. Alors s'il y a place pour l'émotion en pensant aux victimes, il n'y en a pas pour la peur. »Profonde angoisseEt pourtant... Que l'on insiste un peu et l'inquiétude émerge. Que l'on s'enquiert des débats dans la communauté et tous admettent un malaise et des doutes, des questions sur l'avenir et une profonde angoisse sur la sécurité de leurs proches. « Des gens de ma famille songent à partir en Israël, admet Mme Seban. D'autres pensent aux Etats-Unis où j'ai déjà deux petits-fils. Alors que nous sommes si Français ! » Des insultes de plus en plus fréquentes dans la rue ou sur les réseaux sociaux, les militaires devant les synagogues et les écoles... « La vérité, avoue Edith Sebbag, vice-présidente de la communauté de Villejuif, c'est que la question du départ est désormais abordée dans toutes les familles ! » >> Lire (édtion abonnés) : Chez les juifs de France, la tentation de l’alya« Absolument ! » approuve une cliente en évoquant l'affluence record des salons de l'Alyah organisés par l'agence juive, et le succès des cours d'hébreu. « La situation n'a cessé de se dégrader, estime Mme Sebbag. Je ne reconnais plus la France de mon enfance. Beaucoup renoncent à porter des signes distinctifs. La kippa, l'étoile de David sont devenus dangereux dans le métro. Où allons-nous ? Et puis, dit-elle, approuvée par plusieurs personnes du magasin, s'il n'y avait pas eu Charlie, les Français ne seraient pas descendus dans la rue. On aurait été bien seuls ! »Pas d'indignation nationale après l'affaire Halimi. Pas de sursaut républicain après l'affaire Merah... « Comment s'étonner qu' Israel soit un recours, d'autant que le pays offre de vraies opportunités de travail... »L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, venu faire quelques courses dans les rayons du magasin, sort alors sous les photos et signes affectueux de nombreux clients. « C'est un devoir, pour moi, de venir ici. Des criminels ont tué au nom de l'islam. Ils ont vendu leur âme et pris notre religion en otage. Ils ont accompli l'horreur. Mais il faut penser à l'avenir, se tourner vers la vie, songer à nos enfants. Et être solidaires. Juifs français et musulmans français ont leur avenir ici, ensemble, en France. » Autour de lui, plusieurs femmes, artistes et intellectuelles, se sont donné rendez-vous. « Militantes de la paix ». Juives et musulmanes. « Soeurs, proclament-elles. Et unies à jamais. »Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.03.2015 à 13h22 • Mis à jour le14.03.2015 à 14h07 Le concert « Sur la route des Enfoirés » au profit des Restos du cœur, diffusé après la polémique sur la chanson controversée de Jean-Jacques Goldman « Toute la vie », a réalisé vendredi 13 mars au soir sur TF1 un score d'audience important mais en baisse par rapport à l'an dernier.Lire : Les Enfoirés sont-ils réacs ? Goldman répondAvec 10,8 millions de téléspectateurs, soit 48 % de part d'audience, la 26e édition de ce show télévisé, qui réalise chaque année des records d'audience, a fait moins bien que l'édition 2014, qui avait réuni 12,2 millions de téléspectateurs (52,2 % de parts d'audience).Avec les performances de 34 artistes comme Jean-Louis Aubert ou Zazie, TF1 signe tout de même sa meilleure audience depuis le début de l'année, a indiqué la chaîne.Une chanson qualifiée de réactionnaireFin février, le très consensuel Jean-Jacques Goldman, soutenu par d'autres artistes, a dû monter au créneau pour défendre la nouvelle chanson des Enfoirés, taxée d'« anti-jeunes » voire de « réactionnaire » sur les réseaux sociaux, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, allant jusqu'à évoquer « une maladresse ».En 2014, Les Enfoirés ont rapporté aux Restos du cœur, l'association créée par Coluche, près de 23 millions d'euros, soit 12,5 % d'un budget déficitaire de 7 millions, après avoir servi 130 millions de repas à un million de personnes. Le budget 2015 prévoit un déficit de 10 millions d'euros.Lire le décryptage : Combien rapportent Les Enfoirés ? Les DécodeursBFMTV, numéro un sur Florian PhilippotLe porte-parole du FN, Florian Philippot, est souvent dans les médias, c'est sa fonction. Mais certains médias l'invitent-ils plus souvent que d'autres ?Pour le savoir, nous avons relevé, depuis le 1er janvier 2015, tous les passages à la télé, la radio ou dans une émission sur le web qu'il signale systématiquement sur son compte Twitter. En comptant réactions en direct, invitations et débats, on en recense 69 en six semaines (72 jours), soit en moyenne quasiment un par jour.Quant au choix des médias, un se distingue : BFMTV, loin devant les autres chaînes d'info en continu avec pas moins de 19 passages en tout, quand on en compte 7 pour i>Télé, 6 pour France Info, et 5 sur Europe 1, LCI ou RTL.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426261765207 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426261765207 .title").empty()if ("Interventions télé, radio et web de Florian Philippot"!= ""){Interventions télé, radio et web de Florian Philippot")}$("#container_1426261765207 .subtitle").empty()if ("Passages signalés sur son compte Twitter depuis le 1er janvier 2015"!= ""){Passages signalés sur son compte Twitter depuis le 1er janvier 2015")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426261765207 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear",Télé","France info","Europe 1","LCI","RTL","L'Opinon.fr","RMC","France 2","France 3","France 5","LCPAN","Sud Radio","Boursorama","France Inter","Le Figaro","Radio classique","RCF","RFI"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Nombre de passages", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 19 ], [ "", 7 ], [ "", 6 ], [ "", 5 ], [ "", 5 ], [ "", 5 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "color": "#0386c3" }]})});var chart = $('#container_1426261765207 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()} Alexandre Piquard « Sept ans, c’est l’âge de raison », sourit Edwy Plenel, le cofondateur de Mediapart, à propos du site né le 16 mars 2008. Une manière de dire que ce média d’investigation en ligne et payant, couronné d’un grand succès, arrive « à maturité ». Mais aussi d’esquisser un avenir dans lequel l’équipe actuelle prendra progressivement les commandes : Edwy Plenel a en effet annoncé il y a quelques semaines qu’il comptait transmettre son rôle de directeur de la publication vers 2017 ou 2018.« Notre mission de fondateurs est de construire un média non endetté qui soit rentable grâce au journalisme et indépendant, car détenu par ses journalistes », résume M. Plenel. Sur le plan économique, la mission est accomplie, comme en attestent les résultats publiés jeudi 12 mars. Rentable depuis fin 2010, Mediapart affiche une santé insolente dans le paysage morose de la presse. Il a, en 2014, dégagé 1,48 million d’euros de résultat et 900 000 euros en 2013, soit une hausse de 60 %. Pour un chiffre d’affaires de 8,8 millions d’euros en 2014 (+ 28 %).Redressement fiscalLa quasi-totalité des revenus de Mediapart provient des abonnements (9 euros par mois). Le site en revendique aujourd’hui 112 000, contre 107 000 fin 2014, année au cours de laquelle il a recruté 23 000 nouveaux lecteurs payants. « C’est d’autant plus satisfaisant que Mediapart n’a pas eu en 2014 de très gros scoop, comme en 2013 avec l’affaire Cahuzac », note Marie-Hélène Smiejan, la directrice générale. Aquilino Morelle, le conseiller de François Hollande contraint à la démission par un article, un an après le ministre du budget, serait peut-être d’un autre avis, mais qu’importe, Mediapart est désormais installé dans le paysage.Seule ombre au tableau : l’entreprise se voit toujours réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc pour avoir appliqué, de 2008 à 2014, le taux de TVA de 2,1 % accordé aux médias imprimés. Cette somme couvre 3 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités et 500 000 euros qui viennent d’être exigés par l’administration pour 2013-2014. Pourquoi Mediapart fait l’objet d’une redressement fiscal... et le contesteUn redressement que Mediapart conteste fermement au nom de la « neutralité des supports », également défendue par la profession et le gouvernement. Le site espère ne pas avoir à piocher dans sa trésorerie de 3 millions d’euros.« L’histoire de Mediapart est très exigeante »Côté indépendance, un pas a été franchi avec le rachat des 20 % du fonds Odyssée venture, repris par Mediapart et Ecofinance, l’un de ses investisseurs historiques. Ce dernier possède 18,27 %, un autre investisseur, Doxa, 27,75 %. Les fondateurs détiennent eux 36,71 % (soit une majorité si on y ajoute les parts de la société des amis, 14,65 %). Ils envisagent de transmettre leurs parts aux membres de l’équipe de Mediapart, explique Edwy Plenel, tout en précisant que la forme juridique et les modalités restent à définir.L’organisation interne est également vouée à évoluer : passée de 27 à 55 salariés, la rédaction a demandé une réflexion sur le sujet et un conseiller extérieur a été missionné pour aider à trouver « de nouveaux modes de fonctionnement afin de bien coordonner, sans pour autant reproduire les structures lourdes avec une myriade de chefs », explique M. Plenel. Jusqu’ici, la rédaction a plutôt eu une organisation légère, comme un collectif de journalistes assez autonomes. Se pose par exemple la question de créer des pôles thématiques avec des chefs. Après sept années intenses, une certaine usure se fait sentir. « L’histoire de Mediapart est très exigeante, on travaille beaucoup », reconnaît M. Plenel.« Edwy » restera dans les paragesRestera la question des dirigeants. Edwy Plenel avait déjà évoqué en interne sa volonté de passer la main mais l’équipe n’en a pris conscience que lorsqu’il l’a exposée dans Le Journal du Net, en décembre. « Nous sommes contre le cumul des mandats », s’amuse le journaliste, qui aura 65 ans en 2017, sensiblement le même âge que deux autres fondateurs, Marie-Hélène Smiejan et Laurent Mauduit (le quatrième, François Bonnet, directeur de la rédaction, est un peu plus jeune).Les journalistes, dont certains ont fait leurs armes à Mediapart, sauront gré à M. Plenel de ne pas s’accrocher à son siège comme certains patrons de presse. Mais la perspective du retrait d’une telle figure – débatteur, essayiste, ancien directeur de la rédaction du Monde – soulève aussi des questions. « Edwy » reconnaît que sa personnalité – sa « moustache » – peut être « écrasante » et comprend la « responsabilité » qui est transmise à la rédaction. Mais se dit très optimiste sur l’émergence de figures pour prendre le relais. Il précise qu’il restera dans les parages, au conseil d’administration ou pour écrire à l’occasion.Un « pure-player » d’anciens de « Libé »Un site d’information payant, Lesjours.fr, va être lancé dans les prochains mois par d’anciens journalistes de Libération qui ont quitté le quotidien à la faveur du rachat du journal par de nouveaux actionnaires dont le magnat des télécommunications, Patrick Drahi. Parmi eux, on trouve les « Garriberts » (Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts), couple qui couvrait le secteur des médias, mais aussi les rédacteurs Olivier Bertrand, Nicolas Cori, Sophian Fanen, Antoine Guiral et Charlotte Rotman.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « À l’occasion de la naissance de la marque #DS Automobiles,@LesEchos entrechoquent le passé et le présent ! » Ce seul tweet à la tonalité publicitaire, publié le 4 mars sur le compte du quotidien économique Les Echos - et retiré depuis -, a suffi à déclencher les foudres de la rédaction. Les journalistes du quotidien économique ont décidé de suspendre l’utilisation de leurs comptes Twitter pour la journée du vendredi 13 mars, protestant contre ce qu’ils estiment être une intrusion de la publicité dans un espace éditorial.« Ça suffit !, s’insurge Leila de Comarmond, présidente de la Société des journalistes (SDJ) des Echos. Ce tweet est un déclencheur, mais nous protestons globalement contre un mélange des genres de plus en plus prononcé dans la presse en général et aux Echos en particulier. »Aux Echos, les journalistes se sont notamment inquiétés de la floraison des « contenus de marques » (brand content), présents dans la section « Rendez-vous partenaires » du site. Ce type de contenu, créé à l’initiative d’annonceurs et empruntant les codes des contenus éditoriaux, est en plein essor dans les médias.Pour l’encadrer, la SDJ des Echos a négocié, pendant six mois, une charte avec la direction du titre. Mais « on n’en finit jamais, déplore Leila de Comarmond. On ne peut pas tout charter ni suivre en permanence les nouveaux formats publicitaires qui sont mis en ligne. Dès qu’on parvient à boucher un trou, autre chose surgit. »Selon elle, les journalistes du titre sont « conscients des enjeux économiques » et des réalités du marché publicitaire. Mais ils redoutent que la confusion s’installe, aux yeux des lecteurs, entre les différents types de contenus. « La crise économique de la presse ne justifie pas qu’on affaiblisse notre crédibilité », juge Mme de Comarmond, qui appelle à ce que « la profession s’empare collectivement du sujet ».La direction du titre, elle, explique que le tweet incriminé n’était pas commercial. Il n’a en effet pas été publié à l’initiative de la régie, mais par le service marketing. L’objectif était de valoriser une opération spéciale qui avait notamment conduit à réaliser une « fausse Une » du quotidien. Pour Francis Morel, PDG du groupe Les Echos, « notre fil Twitter sert à 99 % à valoriser des articles et peut servir, à l’occasion, à publier des messages qui concernent notre marque, ses chiffres, son actualité ». Tout en reconnaissant qu’« il faut se montrer vigilant pour ne pas refaire ce genre de choses ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.03.2015 à 21h02 • Mis à jour le28.03.2015 à 10h52 | Elisa Perrigueur Les révélations sur des dépenses attribuées à Mathieu Gallet, le président-directeur général de Radio France, ont déclenché une tempête au sein de la Maison ronde. Toutefois, elles ne sont pas à l'origine du mouvement social, suivi par une partie du personnel, qui paralyse le groupe public depuis le 19 mars. Plusieurs préavis de grève illimitée avaient été signés le 13 mars et rendus publics le 16 mars, soit avant la divulgation, le 17 mars, des premières informations du Canard enchaîné concernant le président du groupe.Au neuvième jour de paralysie, vendredi 27 mars, Manuel Valls, le premier ministre, a estimé qu'il « fa[llai]t que cette grève s'arrête », appelant M. Gallet à « assumer pleinement ses responsabilités ». « Il faut que le dialogue social reparte sur de bonnes bases et il faut que Mathieu Gallet, comme la ministre [de la culture], Fleur Pellerin, [le] lui a demandé, nous fasse des propositions pour redresser Radio France », a-t-il ajouté. Un appel ignoré par les salariés, qui ont voté la reconduite de la grève jusqu'à lundi, au risque de perturber la couverture du second tour des élections départementales.1. Qui suit la grève ?Cinq des syndicats du groupe public ont déposé des préavis de grève illimitée : la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération générale du travail (CGT), le Syndicat national Force ouvrière de la radio et de la télévision (SNFORT), l'Union syndicale Solidaires, l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Les  préavis portaient sur l'arrêt des « externalisations » de certaines activités, le maintien des « formations musicales », « l'abandon de la réforme des modes de production » et « le maintien des effectifs » dans le réseau France Bleu.Le Syndicat national des journalistes (SNJ) n'a pas appelé à cette grève. Ne se reconnaissant pas dans les préavis « qui ne portaient pas sur l'emploi », précise un de ses membres, il a toutefois largement exprimé ses inquiétudes sur le financement du groupe. Le syndicat avait soutenu, avec l'UNSA et la CFDT, l'appel à une grève de vingt-quatre heures le 12 mars pour « refuser l'asphyxie budgétaire, le déclin de l'entreprise, et une régression sociale (…) ». 7% Lundi, sur 4 600 équivalents temps-plein employés par le groupe, environ 7 % des salariés avaient cessé le travail, estime la direction. « Les chiffres et la profession des grévistes sont difficiles à estimer en raison de problèmes de pointage », rétorque le syndicaliste Jean-Paul Quennesson, délégué de SUD-Radio France et corniste à l'Orchestre national. « Il y a des personnes qui font des demi-journées de grève, d'autres qui sont en grève illimitée. Tout ce qu'on peut dire, c'est que les équipes s'organisent pour un mouvement dans la durée. » Le nombre de grévistes suffit en tout cas pour perturber fortement les antennes du groupe public, de nombreuses émissions étant remplacées par des programmes musicaux.2. Equation budgétaire difficile 21,3 millions d'euros Pour la première fois, Radio France – groupe composé de ses stations nationales, France Info, France Inter, France Culture, France Musique, Fip, Mouv' ainsi que des quarante-quatre locales France Bleu et des quatre formations musicales – a adopté à la fin de janvier un budget déficitaire de 21,3 millions d'euros. Radio France est essentiellement financée – à 90 % – par la redevance audiovisuelle ; or, entre 2012 et 2015, le montant de cette ressource a baissé de 610 millions à 601 millions d'euros.Pour les syndicats, l'Etat est l'un des « responsables » de cette situation, comme le rappelle Jean-Paul Quennesson : « Ce qui nous frappe, c'est la volonté de la tutelle [le ministère de la culture] de s'exonérer de cette situation, alors qu'elle programme un sous-financement de Radio France pour les prochaines années. Excusez-moi de dire ça, mais l'Etat nous met dans la merde ! »  50 millions d'euros L'entreprise doit désormais dégager 50 millions d'euros d'économies d'ici à 2019. Tout cela dans un contexte compliqué, avec des charges de l'entreprise qui restent les mêmes, et un chantier de la Maison de la radio, à Paris, dont le coût total frôlait 584 millions d'euros à la fin de 2014.3. Des mesures « drastiques » à venirLa masse salariale représentant 60 % du budget du groupe public, les employés pourraient être les premiers visés par les coupes. Aussi, dans un communiqué diffusé le 24 mars, les syndicats appelant au mouvement soulignent que « plusieurs coupes ont déjà commencé » au sein du groupe. Ils dénoncent par exemple : la diminution de 25 % ces deux dernières années du nombre de CDD dans les rédactions ;que plusieurs corps de métiers ouvriers « sont déjà en partie externalisés ou en voie de l'être ». D'après ces syndicats, d'autres mesures sont à venir :la mutualisation des flashs de nuit entre France Inter et France Info ;la fermeture de certaines micro-locales ;la fusion de plusieurs services ;la polyvalence forcée des métiers.Si le mouvement social en cours est le plus long depuis 2004, c'est aussi que pour la première fois la Maison ronde devrait être confrontée à un plan de départs volontaires, font savoir les syndicats. « C'est un traumatisme », résume Jean-Paul Quennesson. En effet, le 24 mars, la direction a également évoqué l'annonce redoutée des salariés :200 à 300 départs volontaires pourraient être envisagés d'ici à 2019. Ils concerneraient essentiellement les « seniors » pour une « économie » de 17 millions à 24 millions d'euros ;Mathieu Gallet a également annoncé dans une interview au Monde que Radio France n'avait « pas les moyens de financer deux orchestres symphoniques, un chœur et une maîtrise pour un coût de 60 millions, ne générant que 2 millions de recettes de billetterie ». Lire notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Les salariés de Radio France seront fixés sur ces mesures en théorie dans le mois à venir. L'exécutif, par l'intermédiaire du ministère de la culture, établit actuellement, en collaboration avec le groupe, un contrat d'objectifs et de moyens qui fixera les ressources du groupe jusqu'à 2019.Lire (édition abonnés) : Le financement de l'audiovisuel public de nouveau sous pressionElisa PerrigueurJournaliste au Monde Enora Ollivier Ceux qui n'ont pas trouvé de place sur les sièges bleus sont assis sur les marches des escaliers, en tailleur sur la scène, ou se tiennent debout, sur le balcon. Ce jeudi 26 mars au matin, le studio 105 de la Maison de la radio est plein à craquer.Il est 10 h 15, et les salariés grévistes de Radio France, tous corps de métier confondus, se réunissent en assemblée générale (AG), comme chaque jour depuis le début du mouvement entamé le 19 mars, et qui ébranle autant l'antenne que le président de la société, Mathieu Gallet. L'ordre du jour est chargé : la veille, des représentants de l'intersyndicale ont été reçus par des membres du cabinet de la ministre de la culture, pour évoquer la crise, et doivent délivrer un compte rendu à leurs collègues. Un représentant de Sud donne le ton : « Ils se sont foutus de nous. Nous n'avons pas été traités sérieusement, la tutelle ne prend pas la mesure de ce qui se passe à Radio France. » Au cours de la réunion, le ministère de la culture ne sera quasiment jamais désigné autrement que par ces mots, « la tutelle », une sémantique qui en dit long sur la façon dont les salariés appréhendent leur lien avec la rue de Valois : ni plus ni moins qu'un cordon de bourse, qui a une douloureuse tendance, ces derniers temps, à se resserrer.Lire aussi : Radio France : Fleur Pellerin réclame un « projet » à Mathieu GalletMotion de défianceAu 8e jour du mouvement, les grévistes ont la sensation d'être les pions d'un jeu qui se déroule au-dessus de leurs têtes, entre la direction de Radio France, incarnée par M. Gallet, et le ministère. La première doit ficeler un projet d'économies de 50 millions d'euros sur cinq ans tandis que le second a décidé de baisser le niveau de son financement à l'entreprise publique.Les salariés se trouvent entre les deux, en colère de devoir se serrer la ceinture alors qu'ils observent d'énormes dépenses d'argent autour d'eux. Il y a bien sûr ces travaux de réhabilitation commencés il y a dix ans mais qui n'en finissent pas et dont le budget a dérapé, l'enveloppe pour la rénovation passant de 172 millions d'euros en 2004 à 584 millions aujourd'hui. Sans oublier les révélations des frais engagés pour la rénovation du bureau de M. Galet (100 000 euros) puis du coût de son conseiller en communication (90 000 euros par an). Des dépenses qui, si elles ne sont pas à l'origine de la grève, n'ont pas apaisé les aigreurs.Lire aussi, en édition abonnés : Entre Radio France et son patron, la greffe n’a pas prisPour autant, « il ne faut pas personnaliser la cible de notre lutte », répond un membre de l'AG à un journaliste qui propose le vote d'une motion de défiance contre le PDG, « notre problème, ce n'est pas tant Mathieu Gallet que l'ensemble des choix faits par la direction ». Dont acte : l'AG adoptera ce jour-là le principe d'une motion de défiance contre la politique mise en œuvre par la direction dans son ensemble.« La direction a humilié des gens »Quatre préavis de grève ont été déposés le 19 mars. Ils témoignent des craintes des salariés au sujet des externalisations de services, de la réforme des modes de production, des réductions d'effectifs sur le réseau France Bleu et de la perte d'un des deux orchestres de la maison. Les négociations qui se déroulent quasi-quotidiennement entre les grévistes et la direction ont permis une légère avancée : l'abandon de la réforme du service propreté. Un seul point, certes, mais loin d'être anecdotique : il y a un an, « les personnes qui s'occupaient du ménage des bureaux dans les étages, qui travaillaient là depuis parfois 25, 30 ans, ont été déplacées au sous-sol, tandis qu'une entreprise extérieure a été embauchée pour faire leur travail », raconte Anne Le Guehennec, technicienne et membre de la CGT. Peu de grévistes rencontrés oublieront de mentionner cette histoire, perçue comme symbolique des mutations à Radio France  – « la direction a humilié des gens qui travaillaient là depuis des années, que l'on croisait tous les jours », insiste Isabelle Yhuel, réalisatrice. Pour le reste, la situation est bloquée. Et aux préavis officiels, s'ajoute une interminable liste de griefs dépeignant un malaise généralisé dans la société. La direction « ne parle pas le même langage que nous, lance un salarié au cours de l'AG. Quand nous disons “chaînes”, comme France Inter ou France Culture, on nous répond “marques” ». Les studios où se déroulent émissions en direct et programmes enregistrés « accueillent de plus en plus d'entreprises pour des séminaires », souligne aussi Bertrand Durand, technicien et élu CGT, un choix qui, selon lui, nuit au service public que se doit de proposer Radio France. En résumé, « la valeur et l'éthique de Radio France sont en train de disparaître, et la société risque d'être privatisée », soupire celui qui se fait appeler « Franck La Révolte », responsable des services de serrurerie, signalétique,  menuiserie et maçonnerie dans la Maison ronde.« Une vraie agence d'intérim interne »Logiquement, les salariés ont reconduit la grève pour un neuvième jour et espèrent maintenant élargir la lutte. Des idées sont lancées : appeler des personnalités de la culture à afficher leur solidarité avec le mouvement, contacter les députés frondeurs de la majorité, intervenir lors des programmes qui continuent à être diffusés. Malgré la grève, quelques émissions sont en effet toujours à l'antenne, non pas à cause d'une faible mobilisation, assure M. Durand, mais parce que « des techniciens en CDD, qui ne peuvent pas se mettre en grève, ont été déplacés sur certains horaires stratégiques ». C'est ainsi que le « 7-9 », la tranche matinale de France Inter, a pu être maintenue jeudi et vendredi dernier.Combien sont-ils à observer la grève ? Les concernés contestent les chiffres de 7 % à 11 % du personnel avancés par la direction : ceux qui travaillent l'après-midi se déclarent après le point de 10 heures, transmis aux médias, et beaucoup de grévistes se relaient pour que la fiche de paie soit moins lésée à la fin du mois. Les journalistes, eux, ne sont pour l'heure pas massivement mobilisés, et le SNJ, syndicat majoritaire, n'a pas encore appelé à suivre la grève. Pourtant, « il y a matière à se mobiliser », souligne une reporter, sous couvert d'anonymat, dénonçant « l'usage abusif des journalistes en CDD à Radio France. Il y a une vraie agence d'intérim interne ». Elle cite en particulier le malaise dans les stations locales où « tout est à flux tendu : les journalistes triment, finissent souvent à 21 heures ». Et de conclure : « Ce n'est plus possible. »Lire notre dossier (édition abonnés) : France Télévisions, le grand corps maladeEnora OllivierJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Neuf candidats déclarés, sans parler des postulants restés dans l’ombre, comme la procédure le permet. Malgré la difficulté de la mission, la présidence de France Télévisions continue d’attirer les vocations. Jeudi 26 mars, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a réceptionné les derniers dossiers de candidatures et plusieurs personnalités se sont publiquement dévoilées.La première d’entre elles n’est pas une surprise. Dans un message adressé aux 10 000 salariés de France Télévisions, l’actuel président, Rémy Pflimlin, a confirmé sa candidature à sa propre succession. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, M. Pflimlin, 61 ans, compte défendre son bilan et le besoin de stabilité pour France Télévisions, confrontée à de lourdes réformes depuis plusieurs années.L’une de ses principales concurrentes est issue de l’audiovisuel public. Marie-Christine Saragosse, 55 ans, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a officialisé sa candidature, jeudi, dans un message interne. Diplômée de l’ENA, ancienne dirigeante de TV5 Monde, elle a été nommée par François Hollande en 2012 à la tête de l’audiovisuel extérieur de la France, qu’elle a apaisé après la bataille entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac. « Si ma candidature n’est pas retenue (…), nous continuerons notre chemin ensemble », a-t-elle écrit à ses équipes, tout en esquissant l’idée de « nouveaux liens » entre France Médias Monde et France Télévisions… une idée qui pourrait faire mouche.Autre figure issue du secteur public, Eric Garandeau, ancien président du Centre national du cinéma français et de l’image animée (CNC) et conseiller culture auprès de Nicolas Sarkozy, de 2008 à 2010. « Même si mes chances sont réduites, je souhaite concourir, car je suis passionné par le service public et très mobilisé par les enjeux de la transformation numérique dans le secteur audiovisuel », a-t-il déclaré au Monde. Jeune énarque, il a déjà travaillé un an à France Télévisions, sous Marc Tessier, et a été administrateur de l’entreprise.Parcours variésDe son côté, Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, a annoncé sa candidature dans un entretien aux Echos, jeudi. Il s’appuie sur son bilan au sein de l’établissement qu’il dirige depuis 2007 et qu’il a redressé, en appliquant des méthodes inspirées du secteur privé. Au conseil d’administration de France Télévisions, où il siège depuis 2011, M. Beaux s’est régulièrement positionné en opposition à la direction actuelle, refusant par exemple de voter le budget 2015.L’expérience est l’atout mis en avant par Didier Quillot, âgé de 55 ans, qui a été PDG d’Orange France, puis, à partir de 2006, président du directoire de Lagardère Active. M. Quillot met en avant son expérience de gestionnaire et de conduite du changement dans des entreprises de grande taille et souligne sa double casquette télécoms et médias.Alexandre Michelin, 50 ans, directeur général de Microsoft MSN pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, s’est déclaré fin février. Il a été directeur des programmes ou directeur général à Paris Première, à Canal+ et France 5.Parmi les autres candidats déclarés, on recense Serge Cimino, 51 ans, délégué syndical SNJ de France Télévisions, Nacer Kettane, président et fondateur du réseau Beur FM, et Cyril Hanouna, animateur sur D8.Issue de l’univers des médias, Nathalie Collin, 50 ans, directrice générale adjointe de La Poste, chargée de la communication et du numérique, est également candidate, selon nos informations. Diplômée de l’Essec, elle est aussi ancienne présidente du directoire de Libération et directrice du Nouvel Observateur et s’est investie dans des organisations professionnelles. Autre surprise, Robin Leproux, ancien vice-président du directoire du groupe M6, ex-patron du Paris Saint-Germain et de RTL, est aussi sur les rangs. L’homme peut mettre en avant un parcours varié dans l’univers des médias, avec une spécialité dans la génération de recettes, une des problématiques de France Télévisions.Pascal Josèphe, 60 ans, qui a travaillé pour le cabinet de conseil IMCA et été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, postule également à la tête de France Télévisions. Tout comme Cyrille du Peloux, 61 ans, cadre dans le groupe de services collectifs Veolia depuis douze ans, qui a été dirigeant de TF1 ou Paris Première dans les années 1980 et 1990.Delphine Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, ne s’est toujours pas exprimée. Mais son ombre continue de planer sur la campagne. Ingénieure de formation, elle a fait toute sa carrière chez l’opérateur. Pendant la précampagne, des échos de presse ont rappelé qu’elle y travaillait à l’époque de la mise en place du « plan Next », à laquelle on a attribué le suicide d’employés, mais son entourage rappelle que la longue instruction sur l’affaire n’a pas mis en cause Mme Ernotte. Souvent cité, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP, garde lui aussi le silence sur ses intentions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.03.2015 à 16h11 • Mis à jour le25.03.2015 à 18h33 La BBC a annoncé, mercredi 25 mars, sa décision de se séparer du présentateur vedette de son émission automobile « Top Gear », Jeremy Clarkson.L'animateur de l'émission de divertissement la plus populaire du Royaume-Uni avait été suspendu de ses fonctions par la chaîne publique, début mars, à la suite d'une « altercation » au cours de laquelle il aurait frappé l'un des producteurs de l'émission.« C'est avec regret que j'ai dit aujourd'hui à Jeremy Clarkson que la BBC ne renouvelerait pas son contrat », qui expire fin mars, a indiqué dans un communiqué Tony Hall, le directeur général de la BBC. Il a jugé que le présentateur s'était rendu coupable « d'agression physique et verbale » à l'encontre d'un producteur.Lire : Sortie de route pour le beauf triomphant de « Top Gear »Succès en FranceAu Royaume-Uni, la gloire de Jeremy Clarkson est intimement liée à « Top Gear », un programme très différent des classiques émissions automobiles. Mais ses écarts de conduite avaient amené la BBC à lui lancer « un dernier avertissement » et à le menacer de licenciement « s'il faisait la moindre remarque offensante, peu importe où et quand », avait-il lui même déclaré en 2014 dans The Sun.Ironie de l'histoire, alors que la version britannique originale est provisoirement à l'arrêt, « Top Gear » France connaît un succès sans précédent sur la TNT. La diffusion du premier épisode de sa version française, mercredi 18 mars en début de soirée, sur RMC Découverte, a battu le record d'audience de la TNT HD avec 926 000 téléspectateurs (3,6 % de parts d'audience).Lire : Démarrage en trombe pour « Top Gear » sur RMC Découverte Alexandre Piquard « Le Conseil a demandé au président Mathieu Gallet, auquel il maintient sa confiance, de lui communiquer l’ensemble des orientations élaborées pour faire face aux déséquilibres financiers de Radio France en prenant en compte l’intérêt de ses personnels. » Le communiqué du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est intervenu après une discussion en séance plénière, mercredi 25 mars, à propos de l’entreprise publique, qui connaît son septième jour de grève et dont le président est critiqué pour ses dépenses.Pouvoir de révocationLe CSA, qui a nommé Mathieu Gallet début 2014, s’exprime quelques heures après que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a mis la pression sur le président de Radio France. La ministre de tutelle a jugé trop peu abouties les propositions d’économies formulées par son président, confronté à une crise financière. « Je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné », a-t-elle exigé, demandant des documents sous quinze jours.Lire aussi :Fleur Pellerin juge insuffisantes les propositions de Mathieu Gallet pour Radio FranceLe communiqué du CSA, présidé par Olivier Schrameck, utilise des mot pesés : il demande des éclaircissements à Mathieu Gallet qui estime, contrairement à ce que dit la ministre, avoir proposé des pistes précises. Pour le CSA, c’est une façon d’être présent dans un face-à-face tendu entre Radio France et le gouvernement. Face à l’aggravation de la crise, l’autorité a une démarche qui se veut suivre celle du gouvernement : à la fin de la semaine dernière, après les révélations du Canard enchaîné, l’institution estimait plutôt ne pas être directement concernée, notant que la tutelle, pour les affaires économiques, était assurée par le ministère.Mais le CSA, au passage, assure renouveler sa confiance à Mathieu Gallet, au moment où le mécontentement à Radio France croît. Et où le gouvernement ne semble pas chercher à aider particulièrement le président nommé il y a un an par l’autorité indépendante. Alors que certains dans le secteur posent en privé la question du maintien de Mathieu Gallet, le CSA assure ne pas vouloir user pour l’heure de son pouvoir de révocation.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Bruxelles dévoile ses ambitions en matière de numérique. Mercredi 25 mars, le vice-président de la commission européenne en charge du numérique, Andrus Ansip, a présenté les grandes orientations de l’institution communautaire en la matière.Le numérique fait partie des priorités du président Jean-Claude Juncker, entré en fonction en novembre dernier. Parmi les principaux chantiers : une réforme du copyright, la question de la régulation des plates-formes ou la lutte contre le « géoblocking ». Le but étant de créer un vrai marché intérieur du numérique alors qu’aujourd’hui, il est morcelé entre autant d’États membres.« Les gens doivent pouvoir être capables, en ligne, de traverser les frontières aussi facilement qu’ils le font dans la vie réelle. Les sociétés du numérique doivent être aidées afin que leur marché soit aux dimensions de l’Union et non limité à son marché national » a déclaré M. Ansip, mercredi. Le commissaire est originaire d’Estonie, un des pays considérés comme les plus connectés au monde.Territorialité des droitsConcernant la réforme du copyright, l’idée est de permettre qu’un bien culturel en ligne (film, vidéo, etc.) puisse être consommé (acheté au besoin), quel que soit le pays de localisation de l’internaute. Actuellement, les abonnements à de la vidéo à la demande ne sont le plus souvent pas « exportables » : même s’il paie son abonnement, un client ne peut consommer que s’il se trouve dans le pays où il a acheté son service. En cause, le modèle économique du cinéma et d’une partie de l’audiovisuel : la territorialité des droits. Les droits de diffusion d’un film sont achetés pays par pays.Pour remédier à cette situation, certains, à la Commission, plaidaient, ces dernières semaines, pour une remise à plat complète de ces droits. Au Parlement européen, l’unique députée du Parti pirate, Julia Reda, a publié un rapport remarqué, en février, prônant la création de licences universelles.Mais Les associations d’ayants-droits, notamment en France, sont montées au créneau avec constance, ces dernières semaines, pour dénoncer des changements qui mettraient à mal de manière irrémédiable, le modèle économique notamment du cinéma.Il semble qu’ils aient été en partie entendus : attachée à prendre en compte la rémunération des auteurs et des éditeurs, la commission ne prévoit pas de légiférer avant l’automne prochain (et non avant l’été comme prévu initialement).Consultation publiqueBruxelles veut aussi s’attaquer au « géoblocking », le fait que certains services ou produits en ligne puissent être achetés depuis certains pays et pas d’autres. Ou que le prix des biens, sur un même site, diffère considérablement selon le pays de l’acheteur. Ainsi des locations de voiture, en Belgique, par exemple, dont le prix peut varier du simple au double, selon la localisation du loueur au moment où il effectue sa transaction. C’est un sujet plutôt consensuel mais qui nécessite pas mal d’ingénierie réglementaire.Autre gros projet, plus polémique, lui, la « régulation des plates-formes ». C’est-à-dire, même si ce n’est pas évoqué frontalement par la commission, la régulation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces quatre géants du web américain dont les chiffres d’affaires cumulés sont supérieurs au PIB du Danemark…La question est, entre autres, de savoir s’il faut considérer ces géants de l’internet uniquement au travers du prisme de la concurrence (comment mieux les réguler pour faire en sorte de corriger ce que d’aucuns pointent comme des distorsions, voire des abus). Ou alors estimer que ces groupes, devenus presque aussi puissants que des États, doivent désormais être considérés comme des sociétés faisant peser un risque systémique aux économies (comme les banques).La commission devrait lancer une consultation publique sur le sujet dans les semaines qui viennent. Dans l’institution, les avis sont partagés : il y a les tenants du laissez faire (Irlande, Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni) et les autres – France, Allemagne, Italie, Espagne, attachés à une meilleure répartition des profits entre les géants du net et les autres acteurs du numérique), et qui ne voudraient pas que le débat soit enterré.La décision finale – réguler ou pas les plates-formes dépendra aussi des conclusions de l’enquête que la commission mène depuis maintenant cinq ans sur Google pour abus de position dominante. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger Après la loi de programmation militaire (LPM, fin 2013) et la loi sur le terrorisme (2014) la loi sur le renseignement, qui a été présentée par le gouvernement le 19 mars 2015, inquiète les défenseurs des libertés.Lire : Renseignement : un texte sur mesure pour les services spéciauxChacune de ces lois contient des dispositions dangereuses pour la liberté de la presse, alerte Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.Que reprochez-vous au projet de loi sur le renseignement ?Depuis 2013, nous observons une accumulation inquiétante de textes qui tendent à soustraire les questions de censure du regard des juges, qui altèrent les procédures protectrices du droit de la presse et qui développent un système de surveillance sans assurer une protection suffisante du travail des journalistes. Cela a commencé avec la LPM, cela s’est poursuivi avec la loi sur le terrorisme et cela continue avec le projet de loi sur le renseignement. Ce n’est peut-être pas fini : le gouvernement entend faire passer dans le régime pénal commun de nouvelles infractions, des délits d’insulte et de diffamation aggravées.En quoi est-ce dangereux ?Le premier danger, c'est l'atteinte au secret des sources des journalistes. L’article 20 de la LPM [qui permet aux services de renseignement d'intercepter davantage de types de données] ne prévoyait pas de mécanisme de contrôle indépendant. Dans le projet de loi sur le renseignement, les prétextes pour mener une surveillance sont extrêmement variés, du terrorisme à l’exécution des engagements européens de la France. Au nom de ces impératifs sécuritaires, les services seront en mesure de collecter des métadonnées, d'intercepter des télécommunications, de surveiller des lieux privés, de localiser des véhicules ou d'accéder aux données des sociétés de transport.Aucun garde-fou n'est prévu pour protéger les journalistes, ce que même la Cnil a regretté. RSF demande que soit prévue une « exception journalistique » à ce régime de surveillance. Je ne crois pas que les services de renseignement passent l’essentiel de leur temps à surveiller les journalistes, mais dans une société démocratique ce risque doit être conjuré.Quel est le second danger ?Il s'agit de l'adoption de mesures qui sont moins protectrices de la liberté de la presse au prétexte de la lutte contre le terrorisme. La loi sur le terrorisme a fait sortir les délits de provocation et d'apologie du terrorisme de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, en prévoyant des peines très lourdes. RSF ne défend nullement ceux qui font l'apologie du terrorisme, mais traiter les délits d’opinion en dehors de la loi de 1881 est extrêmement dangereux. Certains magistrats non spécialisés ont d’ailleurs pris des décisions aberrantes, qui font dire à l’étranger que la France applique un double standard en matière de liberté d’expression.Lire : Apologie du terrorisme : la justice face à l'urgenceA long terme, c’est nuisible pour la liberté de l’information. Sortir l’injure et la diffamation de la loi de 1881 dès lors qu’elles auraient un caractère raciste, antisémite ou homophobe, ce serait prendre le risque que des journalistes puissent être renvoyés en comparution immédiate, y compris pour des articles ou sujets d’investigation. Les accusations peuvent être tellement rapides, même pour des révélations strictement factuelles… Dans ce cas, un journaliste ne pourrait même pas faire d’offre de preuves ! Il ne faudrait pas qu'on finisse par avoir une justice de la pensée faisant régner une police de la pensée.Quid des procédures de blocage de certains sites, prévues par la loi sur le terrorisme ?RSF n’a pas vocation à défendre des sites qui relèveraient de la propagande. Mais il est ennuyeux que des sites soient bloqués sans motivation publique. Il semble que l'un des sites supprimés récemment ne faisait pas l'apologie ouverte du terrorisme, si j’en crois la lecture du Monde, et aurait été supprimé au motif de la publication d’un discours du chef de l'Etat islamique. Il serait aberrant qu'en France on ne puisse plus rapporter les propos du chef de l'EI. Où s'arrête le droit de citation conforme aux principes de l'information et où commence la propagande ? C'est une question extrêmement complexe et c'est la raison pour laquelle des juges devraient statuer.Concernant le projet de loi sur le renseignement, comment se place la France par rapport à d'autres pays qu'étudie RSF ?Les situations sont difficiles à comparer. Dans une démocratie comme les Etats-Unis, un pays où la liberté de la presse est une grande tradition, la traque des lanceurs d'alerte est absolument excessive. L'une des conséquences du Patriot Act voté après le 11-septembre a été de créer peu à peu une forme d'exception à la liberté d'information sur les questions de sécurité nationale. Des journalistes sont poursuivis et même condamnés pour avoir révélé des informations relevant de l'intérêt public. Il serait absurde d’alléguer que la France est en train de rejoindre la Chine, l'Iran, Bahreïn ou le Vietnam : la comparaison n’a aucun sens, mais très clairement, ces lois font peu à peu sortir de la logique de protection une partie des questions liées à la liberté d'expression.Allez-vous, sur la loi sur le renseignement, attaquer les décrets d'application ?Nous avons introduit des recours contre la LPM. Sur la loi contre le terrorisme, nous avons rédigé toute une argumentation pour le dépôt de questions prioritaires de constitutionnalité. Pour la loi sur le renseignement, il est prématuré d’envisager une action puisqu'elle n’a pas été adoptée. Faisons en sorte que le gouvernement corrige le tir.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sylvie Kerviel Jacques Cressard, ancien député d'Ille-et-Vilaine, est décédé samedi 7 mars à Rennes (Ille-et-Vilaine), où il vivait, à l'âge de 79 ans. Il est mort des suites d’une opération après s’être brisé le col du fémur. Gaulliste de conviction, membre de l’Union des démocrates pour la République (UDR) puis du Rassemblement pour la République (RPR), il est l'auteur de la loi Cressard du 4 juillet 1974, reconnaissant aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et leur accordant des indemnités de licenciement.Né en avril 1934, Jacques Cressard fait son entrée à l’Assemblée nationale en 1968, à 33 ans, après avoir réussi à battre aux élections législatives le centriste Henri Fréville, alors maire de Rennes et député sortant. Il sera réélu deux fois, en 1973 et 1978, avant d'être battu par le socialiste Edmond Hervé en 1981, lors de la vague rose.Jacques Cressard a aussi été vice-président du conseil général d'Ille-et-Vilaine, conseiller régional et conseiller municipal de Rennes.Des droits pour les pigistesFils de Pierre Cressard, journaliste à Ouest-France, issu d’une fratrie de onze enfants dont plusieurs ont opté pour ce métier, à l’instar d’Armelle Cressard, qui fut journaliste au Monde, le député permettra aux journalistes pigistes, au statut précaire, d’obtenir des droits. La loi portant son nom, datée du 4 juillet 1974, reconnaît aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel et notamment le droit à des indemnités de licenciement en cas de fin de collaboration. « Toute convention par laquelle une entreprise de presse s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un journaliste professionnel est présumée être un contrat de travail quels que soient le montant et le mode de la rémunération », indique le texte, voté à l’unanimité.A l’Assemblée, Jacques Cressard s’était aussi distingué en prenant position dès 1969 en faveur de l’abolition de la peine de mort.En 1981, après avoir perdu les élections, il reprit son métier de professeur d'histoire-géographie, qui le passionnait, notamment au collège public Anne-de-Bretagne de Rennes. Il est l’auteur de plusieurs livres, parmi lesquels Monsieur Henri, la Cancalaise (éditions L’Amitié par le Livre, 1966), l'histoire d'une femme bourreau, co-écrit avec son père. Il avait aussi participé à une émission littéraire, « Lu et approuvé », à l'ORTF. Sylvie KervielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Il faut rapidement renouer les fils du dialogue social et rétablir une forme de sérénité », déclare Fleur Pellerin au sujet de la crise à Radio France. Alors que le PDG de l’entreprise, Mathieu Gallet, appelle l’Etat à faire des choix, la ministre de la culture ne cache pas sa préoccupation face à ce conflit qui semble s’enliser.Mercredi 25 mars, l’entreprise vivait sa septième journée consécutive de grève – son plus long mouvement social depuis dix ans –, synonyme de lourdes perturbations sur les antennes. Le dialogue entre la direction et les syndicats est dans l’impasse. Et M. Gallet doit à nouveau faire face à des révélations sur ses dépenses. Dans son édition du 25 mars, Le Canard enchaîné met au jour un contrat de 90 000 euros conclu entre Radio France et un consultant en communication, Denis Pingaud.Plan de départs volontairesLe climat s’est durci mardi, lors d’un comité central d’entreprise (CCE), quand la direction a confirmé l’hypothèse d’un plan de départs volontaires destiné aux seniors, qui concernerait 200 à 300 salariés. Soit une économie de 17 à 24 millions d’euros, sur les 50 millions de réduction budgétaire que l’entreprise veut atteindre en 2019. Une information qui aurait dû rester confidentielle, mais qu’un syndicat a fait fuiter, nourrissant la colère des salariés.Au ministère de la culture, qui exerce la tutelle sur Radio France, Mme Pellerin rappelle son souci de « respecter les salariés et de tenir compte de leur inquiétude ». Ceux-ci attendent surtout l’issue des négociations entre Radio France et l’Etat, qui doivent aboutir à la signature du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) de l’entreprise. « Je veux conclure ce travail en avril, assure Mme Pellerin. Mais pour cela, je dois pouvoir me prononcer sur un projet stratégique et financier stable, documenté et incarné. A ce stade, les propositions qui m’ont été faites ne sont pas toutes fermes ou abouties. »Le message, teinté de reproche, est adressé au PDG de Radio France, Mathieu Gallet. Pourtant, depuis trois mois, celui-ci multiplie les propositions : élargissement du type d’annonceurs sur les antennes, fin des diffusions sur les ondes longues et moyennes, fusion des orchestres, fermeture de chaînes comme FIP ou France Musique… Mais cette série d’hypothèses semble avoir créé de la confusion, voire de l’agacement.L’Etat refuse d’apparaître comme le responsable des choix de l’entreprise, notamment s’il s’agit d’éventuelles suppressions de postes, auxquelles les syndicats restent fermement opposés. « C’est un dialogue, rappelle Mme Pellerin. Le rôle de l’Etat est d’arbitrer, celui de la direction de l’entreprise de proposer un projet concret : nous ne sommes plus en gestion directe. » Selon nos informations, la ministre a rencontré M. Gallet, mercredi matin, pour lui demander formellement de lui remettre un projet stratégique finalisé.Recours à l’empruntMais la direction de Radio France n’est-elle pas fondée à pointer les incertitudes financières qui pèsent sur ses choix, et de demander à l’Etat de mieux garantir ses ressources futures ? Le ministère est conscient du fait que le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio, dont les prochaines phases ne sont aujourd’hui pas financées, empêche de stabiliser des scénarios. « Nous expertisons les solutions pour sortir de cette impasse financière due aux retards du chantier, qui cristallise tous les problèmes, pour que Radio France puisse passer à autre chose », annonce la ministre.Selon nos informations, la solution la plus probable est celle d’un recours à l’emprunt, pour un montant qui pourrait s’élever à 150 millions d’euros. Mais pour répondre aux besoins de financement du chantier, cet emprunt devrait être finalisé avant l’été. Cela implique que Radio France puisse proposer très vite aux banques un plan d’affaires jusqu’en 2019. Or ce télescopage entre calendrier financier, négociation du COM et négociations sociales est devenu très délicat à manier.Sans parler de l’impact des révélations sur les dépenses de M. Gallet, qu’il s’agisse de la rénovation de son bureau ou de son recours à un conseiller externe en communication. L’exécutif mesure combien ces informations stérilisent le dialogue avec les syndicats. « Nous avons immédiatement diligenté une enquête de l’inspection générale des finances concernant les dépenses de l’ensemble du comité exécutif, dont les résultats seront connus très rapidement », rappelle Mme Pellerin, soucieuse de « garantir un contexte de totale rigueur et de parfaite exemplarité des dirigeants dans les choix de dépenses qui les concernent directement ».« Le problème, c’est la méthode »M. Gallet, nommé en 2014, n’a-t-il pas hérité d’une situation financière dont la gravité n’avait pas été mesurée ? « Les racines du problème financier sont anciennes, estime Mme Pellerin. Elles datent du contrat d’objectifs et de moyens 2010-2014, dont la trajectoire financière n’était pas tenable. En 2012, nous avons demandé un effort à Radio France comme à tous les opérateurs publics. La contrepartie était que l’entreprise s’adapte à cette nouvelle donne, ce qui n’a pas été le cas. »Le contexte de la fin de mandat de Jean-Luc Hees, qui s’est présenté à sa succession avant d’être éconduit par le CSA, n’a probablement pas favorisé l’émergence d’un tel travail.Mais d’autres, au sein de l’exécutif, pointent la responsabilité directe du PDG actuel dans la détérioration du dialogue social à Radio France. « La situation de l’entreprise est loin d’être ingérable, juge une source gouvernementale. Le problème, c’est la méthode qu’a choisie Mathieu Gallet. Beaucoup communiquer sur la situation et la dramatiser a abouti à rompre le dialogue. On ne peut pas parler que d’économies, d’ondes courtes et d’orchestres, il faut un projet. » Comment sortir de l’impasse ? Est-il trop tard ? Le ministère devait aussi recevoir les responsables syndicaux, mercredi. La nomination d’un médiateur est une idée que certains évoquent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Rémy Pflimlin est candidat à sa propre succession à la présidence de France Télévisions, selon nos informations qui confirment celles des Echos publiées mercredi 25 mars. Certes, la direction de l’entreprise ne confirme pas et il n’a pas encore déposé de dossier au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit procéder à la nomination, entre le 22 avril et le 22 mai. Mais l’affaire ne fait plus de doute.Le président de France Télévisions avait dit qu’il attendrait pour se décider la publication, début mars, du « rapport Schwartz », dont le gouvernement s’est inspiré afin d’écrire une feuille de route pour l’entreprise d’audiovisuel public. Dans la foulée de sa publication, les ministres ont affiché des priorités – renforcer l’information, soutenir la création, renouer avec la jeunesse – qui semblent compatibles avec les orientations de la direction actuelle de France Télévisions.Besoin de continuitéLe « rapport Schwartz » lui est en tout cas moins hostile que le pré-rapport rédigé par le CSA sur le bilan des quatre années de mandat de Rémy Pflimlin : fuité dans la presse, il avait été jugé trop à charge, obligeant le CSA à reporter sa publication du document final, plus équilibré.Le président Pflimlin estime que ses chances ne sont pas nulles, car aucun nom ne sort du lot parmi les candidats évoqués dans la presse. Il compte défendre son bilan et le besoin de continuité pour France Télévisions. Le choix de Mathieu Gallet comme président de Radio France, en 2014, avait été interprété par certains comme un pari sur la jeunesse et un profil de pur gestionnaire. Ses difficultés actuelles pourraient servir les intérêts de Rémy Pflimlin.Il reste un défi de taille pour Rémy Pflimlin : faire oublier qu’il a été nommé en 2010 par le président de la République Nicolas Sarkozy, une procédure de désignation avec laquelle François Hollande a voulu rompre, pour se démarquer de son prédécesseur. Le président socialiste a tenu à confier ce pouvoir à une autorité autonome, le CSA. Les deux procédures n’ont qu’un point commun : jamais aucun président de France Télévisions n’a été renouvelé. Le rappeler est pour Rémy Pflimlin une arme à double tranchant.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.03.2015 à 11h41 • Mis à jour le25.03.2015 à 13h18 L'essentielCinq syndicats de Radio France ont lancé jeudi 19 mars une grève illimitée.Selon les syndicats, la direction a annoncé mardi qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de 200 à 300 salariés seniorsLa grève paralyse très largement les antennes du groupe public. De nombreux programmes sont remplacés par une bande musicale.La situation demeure bloquée à Radio France, fortement perturbée depuis six jours par une grève contre toute réduction d'effectifs. Cinq syndicats du groupe public à l'origine de la mobilisation ont d'ailleurs appelé mardi 24 mars à reconduire la grève pour un septième jour consécutif. Selon plusieurs sources syndicales, la direction avait annoncé plus tôt lors d'un CE extraordinaire qu'elle travaillait sur un plan de départs volontaires de deux cents à trois cents salariés seniors, afin d'économiser jusqu'à 24 millions d'euros de masse salariale d'ici à 2019. Ces informations sont « confidentielles », s'est contentée de réagir la direction.Le syndicat SUD a déjà annoncé qu'il allait exercer un droit d'alerte sur la situation économique de l'entreprise, selon France Info. Grève illimitéeRadio France, qui prévoit un déficit de 21,3 millions d'euros cette année, doit économiser 50 millions d'euros, avait indiqué en début d'année son président, Mathieu Gallet. Cible d'une polémique sur les coûteux frais de rénovation de son bureau, révélés la semaine dernière par le Canard enchaîné, ce dernier a dû présenter lundi ses excuses au personnel dans un courrier interne. Il avait aussi averti que la direction travaillait sur des départs volontaires pour les seniors, sans chiffrer leur ampleur.Lire aussi notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Tous les syndicats, sauf le Syndicat national des journalistes, ont appelé jeudi dernier à une grève illimitée, pour l'instant reconduite de jour en jour. Malgré un taux de participation faible – 244 grévistes lundi selon les syndicats –, les antennes sont très largement paralysées, de nombreux programmes étant remplacés par des bandes musicales. Lundi et mardi, la Matinale de France Inter, son émission phare, a notamment été annulée.Radio France négocie actuellement avec l'Etat son nouveau contrat d'objectifs et de moyens, qui fixera les ressources du groupe pour plusieurs années, et qui devrait être bouclé pour la mi-avril. Autre échéance, la publication imminente d'un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de Radio France au cours des années passées, qui devrait épingler le dérapage des coûts du chantier de rénovation de la Maison de la radio, un chantier entamé en 2009 et d'un coût de plus de 350 millions d'euros.Lire aussi : Radio France : les dépenses de la direction auscultées Cédric Pietralunga Familier des manœuvres boursières, Vincent Bolloré ne s’attendait sans doute pas à un tel coup de Trafalgar. Lundi 23 mars, le fonds américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) a déposé deux résolutions auprès du directoire de Vivendi pour réclamer une hausse du dividende versé aux actionnaires et un éclaircissement de la stratégie du géant tricolore, dont le milliardaire breton préside le conseil de surveillance depuis juin. Ces deux résolutions devraient être inscrites à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril.« PSAM estime que Vivendi est nettement sous-valorisé du fait de sa trésorerie excédentaire, de sa politique de distribution inadaptée et de l’incertitude liée à l’utilisation à venir de ce capital », explique le hedge fund dans un communiqué publié lundi. Concrètement, le fonds new-yorkais reproche à Vivendi d’avoir vendu pour quelque 15 milliards d’euros d’actifs depuis dix-huit mois (SFR, GVT, Activision Blizzard, Maroc Telecom) mais de n’en reverser que 5,7 milliards à ses actionnaires. « Aucune compagnie de la taille de Vivendi ne dispose d’un tel montant de cash inutilisé, c’est anormal », explique au Monde Peter Schoenfeld, venu à Paris défendre ses positions.Fort de 0,8 % du capital de Vivendi qu’il dit représenter, PSAM demande au géant des médias de redistribuer 9 milliards d’euros à ses actionnaires. « Cela laisserait encore une trésorerie excédentaire de plus de 5 milliards d’euros à Vivendi, largement de quoi lui permettre de continuer son développement », assure M. Schoenfeld, dont le fonds dispose de 3,4 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Surtout, celui que le Financial Times surnomme le « Deal Junkie » estime que l’action Vivendi restera sous-cotée tant que M. Bolloré ne précisera pas sa stratégie. A 22,90 euros, le cours de Bourse du groupe tricolore est loin de sa « valeur intrinsèque d’environ 25 euros à 27,50 euros par action », assure PSAM. Nombreuses rumeursPas impressionnée, la direction de Vivendi a réfuté par avance les arguments avancés par PSAM. « Le directoire dénonce les tentatives de démantèlement du groupe (…) et réaffirme sa volonté de construire un groupe industriel mondial, champion français des médias et des contenus », a indiqué le géant tricolore dans un communiqué publié lundi, rappelant que M. Schoenfeld réclamait également depuis plusieurs mois la vente de sa pépite Universal Music. « Distribuer plus d’argent aux actionnaires réduirait considérablement la marge de manœuvre du groupe, ce n’est pas ce qui est souhaité par la majorité d’entre eux », assure un proche de la direction de Vivendi. Premier actionnaire de l’ex-Générale des eaux, M. Bolloré a récemment porté sa participation de 5,15 % à 8,15 %, moyennant un investissement de 852 millions d’euros.Mis sous pression, l’industriel bigouden, qui affirme vouloir créer un « Bertelsmann à la française », pourrait néanmoins dire plus vite que prévu ce qu’il compte faire du trésor de guerre de Vivendi. Alors que le groupe martèle depuis des mois privilégier la croissance organique, de nombreuses rumeurs circulent sur son intérêt pour le groupe Amaury (Le Parisien, L’Equipe, le Tour de France, etc.) ou pour Lagardère Active (Paris Match, Elle, Europe 1, etc.).Lire aussi :La stratégie de la tirelire du Groupe BolloréEn Italie, son nom est également cité pour monter à l’assaut de Telecom Italia, que M. Bolloré connaît bien pour avoir longtemps été l’un de ses premiers actionnaires par l’intermédiaire de Mediobanca. Déjà, l’espagnol Telefonica lui a cédé 5,7 % du capital de l’opérateur italien (plus 4,6 milliards d’euros en numéraire) en échange du brésilien GVT. Preuve que les choses bougent, Vivendi a pour la première fois reconnu lundi qu’il comptait mener « une politique de développement interne et externe ambitieuse ». L’attente ne devrait plus être très longue…Lire aussi :Numericable-SFR : Vivendi cède ses 20 % à Drahi Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof Une soixantaine de départs, la fusion de plusieurs éditions locales, une hausse du prix de vente du quotidien : le plan de sauvegarde de l’emploi de La Provence, doublé d’un plan stratégique de développement, sera détaillé mercredi 25 mars à Marseille devant les représentants du personnel, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire. Il cible des économies tous azimuts et une réorientation des équipes rédactionnelles sur l’information régionale.Le groupe de presse, installé à Marseille et propriété de Bernard Tapie, vit depuis plusieurs années une forte érosion de son lectorat. En décembre 2014, il vendait moins de 108 000 exemplaires par jour. Depuis 2010, le quotidien a perdu plus de 17 % de ses lecteurs. L’an dernier, il a également vu ses recettes publicitaires fondre de 14 % et fait face à une situation économique compliquée. « Grâce à des reprises de provisions, nous avons fini 2014 presque à l’équilibre… Mais il y a bien 3,5 millions d’euros annuels d’économies à trouver pour ne pas se retrouver en situation d’urgence », explique Claude Perrier, le nouveau président directeur général du groupe, nommé le 20 février.Bernard Tapie a hésitéDans un paysage médiatique marseillais en plein marasme – le quotidien La Marseillaise et le mensuel Le Ravi sont en redressement judiciaire, le site d’infos Marsactu a été liquidé le 4 mars –, La Provence n’a pas le choix : « Il faut réduire fortement les coûts et travailler sur une relance par les revenus », expose le patron du groupe, ancien directeur du réseau radiophonique France Bleu.« La stratégie était identifiée depuis juillet [2014], confie un haut cadre de La Provence, mais Bernard Tapie a beaucoup hésité… Il ne savait pas trop ce qu’il voulait. » L’actionnaire principal, en difficulté dans le cadre de l’arbitrage de l’affaire Crédit lyonnais-Adidas, a finalement donné son accord mi-février pour lancer les grandes manœuvres. « M. Tapie a fortement investi dans le plan de relance du journal », assure M. Perrier, sans vouloir donner de chiffres.Diffusée sur trois départements, La Provence compte actuellement treize éditions locales différentes. Une poignée d’entre elles devraient être fusionnées pour réduire les coûts d’impression, notamment dans le nord du Vaucluse, le pourtour de l’étang de Berre ou la zone Aubagne-La Ciotat. Cette réduction doit permettre au journal, imprimé dans son siège sur ses propres rotatives, de faire également baisser les effectifs d’ouvriers du livre qu’il emploie quotidiennement.« Relance par le contenu » « La baisse des effectifs du journal est une obligation… Mais nous ferons tout pour qu’elle se déroule uniquement sur la base du volontariat », assure Michel Clau, le directeur des ressources humaines. Comptant actuellement 700 salariés – 950 en intégrant les effectifs de Corse-Matin, également possession de M. Tapie –, La Provence vise une soixantaine de départs, dans tous les secteurs de l’entreprise : administratif, technique et rédactionnel. « Le dialogue social a déjà été fructueux », assure, à ce sujet, M. Perrier. Un avis que ne partagent pas forcément les syndicats. « Nous manquons encore de visibilité, tempère Romain Luongo, responsable FO journalistes. Notamment sur le nombre de réunions de négociation que nous aurons et sur la façon dont la rédaction sera réorganisée. »S’il souhaite concentrer le nombre de ses éditions locales, le quotidien du sud-est promet que le contenu ne subira pas de nouvelle cure d’amincissement. « Nous sommes persuadés qu’il y a encore une place pour le papier, à condition de jouer la carte de la valeur ajoutée », note M. Perrier. Depuis quelques mois, La Provence étudie toutefois la possibilité d’acheter des contenus nationaux et internationaux à des quotidiens parisiens. « L’hypothèse a été abandonnée, promet le nouveau PDG. Nous savons produire de l’information nationale. Il n’y aucune raison pour que nos équipes soient privées de ce travail, même si notre ADN, comme c’était le cas pour France Bleu, est avant tout l’information locale. »La nouvelle direction compte aussi beaucoup sur ses projets numériques – « y compris la Web-télé et la radio » – et un secteur événementiel qui a déjà rapporté 1,5 million d’euros en 2014. Une hausse du tarif de vente (1,10 euro actuellement) est aussi prévue. « Nous avons atteint un tel niveau de lecteurs que, aujourd’hui, les gens qui nous achètent encore ne sont plus sensibles à une petite augmentation de prix », juge-t-on à la tête de l’entreprise. En 2014, une hausse a déjà touché une partie des éditions du journal. « Il n’y a pas eu d’effet marquant sur les ventes par rapport aux zones où nous avons gardé le prix inchangé », rappelle-t-on.Lire aussi : « La Provence » face à l’inconnue TapieLe plan de réduction des coûts ne devrait pas frapper trop brutalement les effectifs de la rédaction de La Provence. Avec 39 départs chez les journalistes en 2014, à la suite du rachat par M. Tapie, le nombre des journalistes est tombé autour de 175. « Un point bas », reconnaît-on à la direction du groupe, où l’on précise que « des départs volontaires pourraient avoir lieu ». « Les journalistes, c’est le cœur du réacteur », assure M. Clau, lui-même issu de la rédaction.Bernard Tapie a, semble-t-il, trouvé une autre manière de faire des économies sur le poste journalistes. A sa demande, La Provence a décidé de remettre en cause les jugements de la Commission arbitrale des journalistes fixant les indemnités dues à une trentaine de salariés ayant quitté le groupe en 2014 en clause de cession. « Lors des passages devant la commission, nous avons prévenu que la situation économique de l’entreprise ne permettait pas de payer ces indemnités supplémentaires aux salariés, explique M. Clau. Nous avons donc formé un recours en annulation contre l’ensemble des sentences devant la cour d’appel de Paris, ce que nous autorise à faire le code du travail. » « Nos décisions n’ouvrent droit à aucun recours ni à aucun appel », s’étonne-t-on à la Commission, où l’on assure que cette remise en question est inédite. La somme due par La Provence à ces salariés avoisinerait, selon le groupe, près de 2 millions d’euros.  Gilles RofJournaliste au Monde Alexis Delcambre Le départ prochain de Patricia Lévy, directrice de la régie publicitaire des Échos, a été annoncé aux personnels par un courriel de la direction du quotidien, lundi 16 mars, selon nos informations.Ce départ intervient trois jours après une « grève des tweets » par laquelle la rédaction des Échos entendait protester contre les intrusions publicitaires dans les espaces éditoriaux - mais il n’y a officiellement aucun lien entre ces deux événements.Grève des tweets aux « Échos »« C’est la vie d’une entreprise, a déclaré au Monde Francis Morel, PDG du groupe. Nous avons fait un constat commun qui nous a amenés à nous séparer. »M. Morel reprendra directement la gestion de la régie Echosmédias (Les Échos, Enjeux Les Échos, Série limitée, Capital Finance, Radio Classique, Connaissance des Arts, Classica et Les Échos Events), comme il le faisait avant l’arrivée de Mme Lévy. Patricia Lévy avait rejoint les Echosmédias en septembre 2013. Elle était auparavant directrice générale de SFR Régie.La Société des journalistes des Échos, elle, connecte ce départ aux débats qu’elle a menés ces derniers mois sur les formats publicitaires. Outre le tweet à tonalité commerciale du 4 mars, la rédaction des Échos estime que la régie publicitaire a eu tendance à multiplier les initiatives mettant en péril, selon elle, la crédibilité des contenus.La régie publicitaire avait également été épinglée - parmi d’autres services - par un audit sur la qualité de vie au travail, réalisé en novembre 2014.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean Peur ? Les clients, cet après-midi du dimanche 15 mars, se récrient avec une belle énergie : « Sûrement pas ! ». Et en en dévalisant fièvreusement les étalages de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes qui a tout juste rouvert ses portes le matin même, soit deux mois après la tragique prise d'otages, ils affirment, solennels, que « la vie est plus forte », qu'il faut « redresser la tête », « se serrer les coudes », « afficher une détermination et une solidarité sans faille ». Et surtout « ne renoncer à aucun rite, aucune tradition, aucune habitude du mode de vie juif », le passage à l'épicerie cacher, surtout quelques jours avant Pessah, la Pâques juive, étant incontournable.Peur ? Allons donc ! « Le magasin est désormais protégé, affirme Eddy, un jeune père de famille qui ne souhaite pas donner son nom. Aucune raison de trembler ! Vous voyez bien : les habitués sont revenus comme un seul homme, mais aussi des voisins, des amis, même des gens hors de la communauté venus parfois de lointaine banlieue juste pour dire : Coulibaly le barbare a échoué. » D'ailleurs vous verrez bien, annonce un client venu de Beauvais : « Comme Charlie et ses 7 millions d'exemplaires, l'Hyper Cacher va exploser son chiffre d'affaire. Tout le monde viendra le soutenir ! »Lire le récit (édition abonnés) : Dans le huis clos de l’Hyper Cacher de la porte de VincennesPeur ? « On est en France depuis des générations ! insiste Olga Seban, parente de l'ancien propriétaire de la chaîne Hyper Cacher. Deux oncles ont été tués à la guerre de 14, mon père a lui-même tenu les armes. Je me sens Française avant même de me sentir juive. Très Française ! Valls a eu des mots forts, la France est avec nous. Alors s'il y a place pour l'émotion en pensant aux victimes, il n'y en a pas pour la peur. »Profonde angoisseEt pourtant... Que l'on insiste un peu et l'inquiétude émerge. Que l'on s'enquiert des débats dans la communauté et tous admettent un malaise et des doutes, des questions sur l'avenir et une profonde angoisse sur la sécurité de leurs proches. « Des gens de ma famille songent à partir en Israël, admet Mme Seban. D'autres pensent aux Etats-Unis où j'ai déjà deux petits-fils. Alors que nous sommes si Français ! » Des insultes de plus en plus fréquentes dans la rue ou sur les réseaux sociaux, les militaires devant les synagogues et les écoles... « La vérité, avoue Edith Sebbag, vice-présidente de la communauté de Villejuif, c'est que la question du départ est désormais abordée dans toutes les familles ! » >> Lire (édtion abonnés) : Chez les juifs de France, la tentation de l’alya« Absolument ! » approuve une cliente en évoquant l'affluence record des salons de l'Alyah organisés par l'agence juive, et le succès des cours d'hébreu. « La situation n'a cessé de se dégrader, estime Mme Sebbag. Je ne reconnais plus la France de mon enfance. Beaucoup renoncent à porter des signes distinctifs. La kippa, l'étoile de David sont devenus dangereux dans le métro. Où allons-nous ? Et puis, dit-elle, approuvée par plusieurs personnes du magasin, s'il n'y avait pas eu Charlie, les Français ne seraient pas descendus dans la rue. On aurait été bien seuls ! »Pas d'indignation nationale après l'affaire Halimi. Pas de sursaut républicain après l'affaire Merah... « Comment s'étonner qu' Israel soit un recours, d'autant que le pays offre de vraies opportunités de travail... »L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, venu faire quelques courses dans les rayons du magasin, sort alors sous les photos et signes affectueux de nombreux clients. « C'est un devoir, pour moi, de venir ici. Des criminels ont tué au nom de l'islam. Ils ont vendu leur âme et pris notre religion en otage. Ils ont accompli l'horreur. Mais il faut penser à l'avenir, se tourner vers la vie, songer à nos enfants. Et être solidaires. Juifs français et musulmans français ont leur avenir ici, ensemble, en France. » Autour de lui, plusieurs femmes, artistes et intellectuelles, se sont donné rendez-vous. « Militantes de la paix ». Juives et musulmanes. « Soeurs, proclament-elles. Et unies à jamais. »Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.03.2015 à 13h22 • Mis à jour le14.03.2015 à 14h07 Le concert « Sur la route des Enfoirés » au profit des Restos du cœur, diffusé après la polémique sur la chanson controversée de Jean-Jacques Goldman « Toute la vie », a réalisé vendredi 13 mars au soir sur TF1 un score d'audience important mais en baisse par rapport à l'an dernier.Lire : Les Enfoirés sont-ils réacs ? Goldman répondAvec 10,8 millions de téléspectateurs, soit 48 % de part d'audience, la 26e édition de ce show télévisé, qui réalise chaque année des records d'audience, a fait moins bien que l'édition 2014, qui avait réuni 12,2 millions de téléspectateurs (52,2 % de parts d'audience).Avec les performances de 34 artistes comme Jean-Louis Aubert ou Zazie, TF1 signe tout de même sa meilleure audience depuis le début de l'année, a indiqué la chaîne.Une chanson qualifiée de réactionnaireFin février, le très consensuel Jean-Jacques Goldman, soutenu par d'autres artistes, a dû monter au créneau pour défendre la nouvelle chanson des Enfoirés, taxée d'« anti-jeunes » voire de « réactionnaire » sur les réseaux sociaux, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, allant jusqu'à évoquer « une maladresse ».En 2014, Les Enfoirés ont rapporté aux Restos du cœur, l'association créée par Coluche, près de 23 millions d'euros, soit 12,5 % d'un budget déficitaire de 7 millions, après avoir servi 130 millions de repas à un million de personnes. Le budget 2015 prévoit un déficit de 10 millions d'euros.Lire le décryptage : Combien rapportent Les Enfoirés ? Les DécodeursBFMTV, numéro un sur Florian PhilippotLe porte-parole du FN, Florian Philippot, est souvent dans les médias, c'est sa fonction. Mais certains médias l'invitent-ils plus souvent que d'autres ?Pour le savoir, nous avons relevé, depuis le 1er janvier 2015, tous les passages à la télé, la radio ou dans une émission sur le web qu'il signale systématiquement sur son compte Twitter. En comptant réactions en direct, invitations et débats, on en recense 69 en six semaines (72 jours), soit en moyenne quasiment un par jour.Quant au choix des médias, un se distingue : BFMTV, loin devant les autres chaînes d'info en continu avec pas moins de 19 passages en tout, quand on en compte 7 pour i>Télé, 6 pour France Info, et 5 sur Europe 1, LCI ou RTL.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426261765207 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426261765207 .title").empty()if ("Interventions télé, radio et web de Florian Philippot"!= ""){Interventions télé, radio et web de Florian Philippot")}$("#container_1426261765207 .subtitle").empty()if ("Passages signalés sur son compte Twitter depuis le 1er janvier 2015"!= ""){Passages signalés sur son compte Twitter depuis le 1er janvier 2015")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426261765207 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear",Télé","France info","Europe 1","LCI","RTL","L'Opinon.fr","RMC","France 2","France 3","France 5","LCPAN","Sud Radio","Boursorama","France Inter","Le Figaro","Radio classique","RCF","RFI"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Nombre de passages", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 19 ], [ "", 7 ], [ "", 6 ], [ "", 5 ], [ "", 5 ], [ "", 5 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "color": "#0386c3" }]})});var chart = $('#container_1426261765207 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()} Alexandre Piquard « Sept ans, c’est l’âge de raison », sourit Edwy Plenel, le cofondateur de Mediapart, à propos du site né le 16 mars 2008. Une manière de dire que ce média d’investigation en ligne et payant, couronné d’un grand succès, arrive « à maturité ». Mais aussi d’esquisser un avenir dans lequel l’équipe actuelle prendra progressivement les commandes : Edwy Plenel a en effet annoncé il y a quelques semaines qu’il comptait transmettre son rôle de directeur de la publication vers 2017 ou 2018.« Notre mission de fondateurs est de construire un média non endetté qui soit rentable grâce au journalisme et indépendant, car détenu par ses journalistes », résume M. Plenel. Sur le plan économique, la mission est accomplie, comme en attestent les résultats publiés jeudi 12 mars. Rentable depuis fin 2010, Mediapart affiche une santé insolente dans le paysage morose de la presse. Il a, en 2014, dégagé 1,48 million d’euros de résultat et 900 000 euros en 2013, soit une hausse de 60 %. Pour un chiffre d’affaires de 8,8 millions d’euros en 2014 (+ 28 %).Redressement fiscalLa quasi-totalité des revenus de Mediapart provient des abonnements (9 euros par mois). Le site en revendique aujourd’hui 112 000, contre 107 000 fin 2014, année au cours de laquelle il a recruté 23 000 nouveaux lecteurs payants. « C’est d’autant plus satisfaisant que Mediapart n’a pas eu en 2014 de très gros scoop, comme en 2013 avec l’affaire Cahuzac », note Marie-Hélène Smiejan, la directrice générale. Aquilino Morelle, le conseiller de François Hollande contraint à la démission par un article, un an après le ministre du budget, serait peut-être d’un autre avis, mais qu’importe, Mediapart est désormais installé dans le paysage.Seule ombre au tableau : l’entreprise se voit toujours réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc pour avoir appliqué, de 2008 à 2014, le taux de TVA de 2,1 % accordé aux médias imprimés. Cette somme couvre 3 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités et 500 000 euros qui viennent d’être exigés par l’administration pour 2013-2014. Pourquoi Mediapart fait l’objet d’une redressement fiscal... et le contesteUn redressement que Mediapart conteste fermement au nom de la « neutralité des supports », également défendue par la profession et le gouvernement. Le site espère ne pas avoir à piocher dans sa trésorerie de 3 millions d’euros.« L’histoire de Mediapart est très exigeante »Côté indépendance, un pas a été franchi avec le rachat des 20 % du fonds Odyssée venture, repris par Mediapart et Ecofinance, l’un de ses investisseurs historiques. Ce dernier possède 18,27 %, un autre investisseur, Doxa, 27,75 %. Les fondateurs détiennent eux 36,71 % (soit une majorité si on y ajoute les parts de la société des amis, 14,65 %). Ils envisagent de transmettre leurs parts aux membres de l’équipe de Mediapart, explique Edwy Plenel, tout en précisant que la forme juridique et les modalités restent à définir.L’organisation interne est également vouée à évoluer : passée de 27 à 55 salariés, la rédaction a demandé une réflexion sur le sujet et un conseiller extérieur a été missionné pour aider à trouver « de nouveaux modes de fonctionnement afin de bien coordonner, sans pour autant reproduire les structures lourdes avec une myriade de chefs », explique M. Plenel. Jusqu’ici, la rédaction a plutôt eu une organisation légère, comme un collectif de journalistes assez autonomes. Se pose par exemple la question de créer des pôles thématiques avec des chefs. Après sept années intenses, une certaine usure se fait sentir. « L’histoire de Mediapart est très exigeante, on travaille beaucoup », reconnaît M. Plenel.« Edwy » restera dans les paragesRestera la question des dirigeants. Edwy Plenel avait déjà évoqué en interne sa volonté de passer la main mais l’équipe n’en a pris conscience que lorsqu’il l’a exposée dans Le Journal du Net, en décembre. « Nous sommes contre le cumul des mandats », s’amuse le journaliste, qui aura 65 ans en 2017, sensiblement le même âge que deux autres fondateurs, Marie-Hélène Smiejan et Laurent Mauduit (le quatrième, François Bonnet, directeur de la rédaction, est un peu plus jeune).Les journalistes, dont certains ont fait leurs armes à Mediapart, sauront gré à M. Plenel de ne pas s’accrocher à son siège comme certains patrons de presse. Mais la perspective du retrait d’une telle figure – débatteur, essayiste, ancien directeur de la rédaction du Monde – soulève aussi des questions. « Edwy » reconnaît que sa personnalité – sa « moustache » – peut être « écrasante » et comprend la « responsabilité » qui est transmise à la rédaction. Mais se dit très optimiste sur l’émergence de figures pour prendre le relais. Il précise qu’il restera dans les parages, au conseil d’administration ou pour écrire à l’occasion.Un « pure-player » d’anciens de « Libé »Un site d’information payant, Lesjours.fr, va être lancé dans les prochains mois par d’anciens journalistes de Libération qui ont quitté le quotidien à la faveur du rachat du journal par de nouveaux actionnaires dont le magnat des télécommunications, Patrick Drahi. Parmi eux, on trouve les « Garriberts » (Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts), couple qui couvrait le secteur des médias, mais aussi les rédacteurs Olivier Bertrand, Nicolas Cori, Sophian Fanen, Antoine Guiral et Charlotte Rotman.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « À l’occasion de la naissance de la marque #DS Automobiles,@LesEchos entrechoquent le passé et le présent ! » Ce seul tweet à la tonalité publicitaire, publié le 4 mars sur le compte du quotidien économique Les Echos - et retiré depuis -, a suffi à déclencher les foudres de la rédaction. Les journalistes du quotidien économique ont décidé de suspendre l’utilisation de leurs comptes Twitter pour la journée du vendredi 13 mars, protestant contre ce qu’ils estiment être une intrusion de la publicité dans un espace éditorial.« Ça suffit !, s’insurge Leila de Comarmond, présidente de la Société des journalistes (SDJ) des Echos. Ce tweet est un déclencheur, mais nous protestons globalement contre un mélange des genres de plus en plus prononcé dans la presse en général et aux Echos en particulier. »Aux Echos, les journalistes se sont notamment inquiétés de la floraison des « contenus de marques » (brand content), présents dans la section « Rendez-vous partenaires » du site. Ce type de contenu, créé à l’initiative d’annonceurs et empruntant les codes des contenus éditoriaux, est en plein essor dans les médias.Pour l’encadrer, la SDJ des Echos a négocié, pendant six mois, une charte avec la direction du titre. Mais « on n’en finit jamais, déplore Leila de Comarmond. On ne peut pas tout charter ni suivre en permanence les nouveaux formats publicitaires qui sont mis en ligne. Dès qu’on parvient à boucher un trou, autre chose surgit. »Selon elle, les journalistes du titre sont « conscients des enjeux économiques » et des réalités du marché publicitaire. Mais ils redoutent que la confusion s’installe, aux yeux des lecteurs, entre les différents types de contenus. « La crise économique de la presse ne justifie pas qu’on affaiblisse notre crédibilité », juge Mme de Comarmond, qui appelle à ce que « la profession s’empare collectivement du sujet ».La direction du titre, elle, explique que le tweet incriminé n’était pas commercial. Il n’a en effet pas été publié à l’initiative de la régie, mais par le service marketing. L’objectif était de valoriser une opération spéciale qui avait notamment conduit à réaliser une « fausse Une » du quotidien. Pour Francis Morel, PDG du groupe Les Echos, « notre fil Twitter sert à 99 % à valoriser des articles et peut servir, à l’occasion, à publier des messages qui concernent notre marque, ses chiffres, son actualité ». Tout en reconnaissant qu’« il faut se montrer vigilant pour ne pas refaire ce genre de choses ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.03.2015 à 18h21 • Mis à jour le12.03.2015 à 18h34 | Yves Daudu et Yann Plougastel Agrégé de philosophie, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont Du tragi-que au matérialisme (et retour), paru en janvier aux PUF, André Comte-Sponville a pour pères spirituels Epicure, les stoïciens, Montaigne et Spinoza. Il se définit comme matérialiste, rationaliste et humaniste. Fortement influencé par l'héritage philosophique des Lumières, il défend une éthique humaniste et une spiritualité sans dieu. Nous l'avons interrogé sur les spécificités françaises en matière de liberté d'expression dans la pensée française. La liberté d'expression est une liberté fondamentale. Comme toute liberté naturelle, on la voudrait absolue ; comme toute liberté socialement réglementée, elle connaît des limites. Mais pourrait-on imaginer ou réclamer une liberté d'expression sans limites ?Il n'y a pas de liberté absolue. Même à l'état de nature, à supposer qu'il ait existé, la liberté de chacun dépend de la force dont il est capable ; elle est doublement -limitée, et par sa propre faiblesse, et par la force des autres. C'est vrai a fortiori dans un Etat de droit. Pas de liberté sans lois, pas de loi sans contraintes. On prend souvent l'exemple du code de la route : s'il n'existait pas, ma liberté de circuler, théoriquement plus grande, serait en pratique presque nulle. S'agissant de la liberté d'expression, c'est différent. On pourrait envisager qu'aucune loi ne la limite. Mais est-ce souhaitable ? Il faut bien interdire la diffamation, les appels au meurtre, protéger le droit d'auteur et les secrets commerciaux ou industriels… Même les Etats-Unis, où le Premier amendement garantit une liberté d'expression plus grande que chez nous, lui reconnaissent certaines limites. Idem en France, qui interdit en outre les incitations à la haine raciale ou religieuse, le négationnisme et les atteintes à la vie privée. On peut discuter le détail de ces interdits (contre le négationnisme, je ne suis pas certain qu'une loi soit la -meilleure arme), mais guère en contester le principe.La liberté d'expression est un droit essentiel de notre vie publique, mais la liberté est-elle une fin en soi, un absolu dénué de toute responsabilité ?Oui, la liberté est une fin en soi, autrement dit une valeur, qui mérite qu'on se batte pour elle, voire qu'on lui sacrifie sa vie. C'est vrai notamment de la liberté d'expres-sion, sans laquelle toute autre liberté serait tronquée ou vaine. Nous exempte-t-elle pour autant de toute responsabilité ? Evidemment pas. C'est d'ailleurs ce qui est clairement énoncé par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Mais il n'y a pas que la loi ; il y aussi la morale. Il arrive qu'on s'interdise de dire certaines choses, non parce que ce serait pénalement répréhensible, mais parce que ce serait manquer de douceur, de compassion ou de délicatesse. Au peuple d'en décider, pour ce qui relève de la loi. A chacun d'en juger, pour ce qui ne relève que de sa conscience.La liberté véritable va-t-elle sans conscience de la responsabilité qui lui est intrinsèque ?Aucune liberté ne vaut sans responsabilité. Mais si vous pensez à l'équipe de Charlie Hebdo, il me semble que ce serait aller trop vite que de les traiter d'irresponsables. On peut au contraire penser qu'ils ont assumé jusqu'au bout leur responsabilité de citoyens laïques ou libertaires… Personne n'est juge, moralement, de la responsabilité d'autrui. Juridiquement, les tribunaux le sont, et il est arrivé plusieurs fois qu'ils condamnent Charlie Hebdo. Ce ne fut pas le cas lors des caricatures de Mahomet, et il me semble que le tribunal, dans cette affaire, eut raison.La dénonciation des religions est un droit incontestable, mais quels sont ses objectifs ?Les objectifs varient selon les individus, comme toujours. Simplement, les opinions sont libres, donc aussi la critique des opinions. Cela vaut pour les religions comme pour n'importe quelle idéologie. Cela pose le problème de l'islamophobie. Le mot est équivoque. Si l'on entend par « islamophobie » la haine ou le mépris des musulmans, ce n'est qu'une forme de racisme, aussi haïssable qu'elles le sont toutes. Est-elle très répandue ? Je n'en ai pas l'impression : un arabe athée ou un noir catholique sont sans doute davantage -victimes du racisme qu'un musulman de type européen. Mais, même marginal, ce racisme-là doit évidemment être combattu. En revanche, si on entend par « islamophobie » non pas la haine ou le mépris des musulmans mais le refus, la critique ou la peur de l'islam (c'est le sens étymologique du mot « islamophobie »), ce n'est qu'une position idéologique comme une autre, qu'aucun Etat démocratique ne saurait interdire. On a le droit d'être antifasciste, anticommuniste ou antilibéral. Pourquoi n'aurait-on pas le droit de s'opposer au christianisme, au judaïsme ou à l'islam ?La laïcité est-elle là pour garantir la liberté d'expression ?Pas seulement. Pas d'abord. La laïcité est là pour garantir la liberté de croyance ou d'incroyance, donc aussi pour permettre la cohabitation paisible des différentes religions ou idéologies. Un Etat laïque n'est ni athée ni religieux. C'est pourquoi il protège toutes les religions, comme il garantit le droit de n'en avoir aucune et de les critiquer toutes. « Je hais tous les dieux », disait le Prométhée d'Eschyle. C'est une opinion que nul n'est tenu de partager, mais que personne, dans un Etat laïque, n'a le droit d'interdire. Et comme il n'y a pas de liberté d'opinion effective sans liberté d'expression, l'Etat, pour protéger celle-là, se doit aussi de garantir celle-ci.Contrairement à plusieurs pays européens, l'interdiction du blasphème ne figure pas dans la législation française. Est-ce un des piliers, selon vous, de la liberté d'expression ?Un pilier, ce serait sans doute trop dire. Mais que le droit de blasphémer soit un élément, parmi d'autres, de la liberté d'expression, je ne vois guère comment un laïque pourrait le contester. J'ai relu il y a peu la définition que je donnais du blasphème, dans mon Dictionnaire philosophique. Permettez moi d'en citer la dernière phrase : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme, pas des bonnes manières. » Dans les situations ordinaires de la vie, mieux vaut donc éviter, individuellement, de le pratiquer. A quoi bon choquer ou blesser les croyants ? Dans le cas de Charlie Hebdo, c'est différent : on ne va pas demander à un journal satirique et humoristique de respecter les bonnes manières ! J'ajoute qu'un droit que personne ne pratiquerait jamais risquerait fort de tomber en désuétude. Il est donc précieux qu'un journal comme Charlie Hebdo existe et transgresse régulièrement ces bonnes manières que nous continuons, dans la vie quotidienne, de respecter.Comment différencier ce qui entre dans le cadre de la liberté d'expression et ce qui en sort ?Moralement, c'est à chacun d'en juger. Politiquement, cela relève du peuple souverain, donc du législateur. On a le droit de critiquer une loi. Pas de la violer.Jusqu'où va la tolérance ?Jusqu'au point où elle risque de se détruire elle-même. On peut tolérer des opinions dissidentes, et même il le faut. On ne peut pas accepter que certains prétendent, par la violence, renverser les institutions qui garantissent la liberté de tous.On attribue à Voltaire la formule suivante : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Est-ce toujours d'actualité ? Ou revient-on à la formule attribuée à Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » ?La formule attribuée à Voltaire, même apocryphe, est belle. Celle de Saint-Just est outrancière. Si des gens publient des livres ou manifestent paisiblement pour demander la fin de la démocratie, il n'y a pas lieu de les sanctionner. S'ils fomentent une émeute ou un coup d'Etat, c'est autre chose ! L'expression des idées est libre – dans les limites prévues par la loi. Mais l'ordre républicain doit s'imposer à tous.Régis Debray notait : « La démocratie, c'est ce qui reste de la République quand on a éteint les Lumières. » Lors des grandes manifestations du 11 janvier, Voltaire fut souvent cité. A votre avis, plus qu'une affaire de religion, ces événements ne posent-ils pas la question de la liberté d'expression et du fanatisme, déjà soulevée par les Lumières ? Le combat serait donc toujours le même et seuls les adversaires auraient changé ?Oui, le combat reste le même : pour les Lumières, pour la liberté de conscience et d'expression, contre le fanatisme et l'obscurantisme. Et oui aussi, les adversaires ont changé. L'Eglise catholique, qui l'a tant combattue, a fini par accepter la laïcité. C'est une grande victoire. Les laïques auraient tort de faire la fine bouche, mais aussi de s'endormir sur leurs lauriers. « Ecrasons l'infâme », -aimait à répéter Voltaire. L'infâme, pour lui, c'était le fanatisme, à l'époque surtout catholique. Que le fanatisme, aujourd'hui, soit plus souvent le fait de musulmans, ce n'est pas une raison pour cesser de le combattre – ni bien sûr pour en accuser tous les musulmans, qui en sont, de par le monde, les premières victimes. La ligne de front ne passe pas entre les croyants et les incroyants ( Voltaire n'était pas athée ) : elle passe entre les esprits libres, ouverts et tolérants, qu'ils aient ou non une religion, et les esprits intolérants ou fanatiques, quel que soit le Dieu dont ils se réclament et quand bien même ils seraient athées.Dans une tribune publiée dans Libération, vous écrivez : « Le blasphème fait partie des droits de l'homme. L'humour, des vertus du citoyen. » Peut-on rire de tout ? Et avec tout le monde ?Desproges a répondu une fois pour toutes : « On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. » Rire de Moïse, de Jésus ou de Mahomet, pourquoi pas ? Mais pas avec un antisémite, un terroriste antichrétien ou un raciste antimusulman !On entend beaucoup l'idée selon laquelle il y aurait « deux poids, deux mesures », d'un côté Charlie Hebdo « caricaturant » le Prophète, et de l'autre Dieudonné « caricaturant » les juifs : on rit dans le cas du premier, on punit dans l'autre. Ne traite-t-on pas de manière différenciée les religions ?Qu'on traite, de fait, les religions de manière différenciée, ce n'est pas exclu. Il est plus facile, dans notre pays, de se moquer des chrétiens que des juifs ou des musulmans. Cela peut d'ailleurs s'expliquer par de bonnes raisons : les chrétiens, en France, ne sont guère victimes de racisme ou de ségrégation ; on peut donc penser qu'ils ont moins besoin d'être protégés… Rappelons en passant qu'il en va tout autrement dans de nombreuses régions du globe : les chrétiens, aujourd'hui, sont sans doute la communauté religieuse la plus persécutée du monde ( le plus souvent par des fanatiques musulmans ).S'agissant de Dieudonné et de Charlie Hebdo, c'est différent. La loi interdit les incitations à la haine raciale, donc notamment l'antisémitisme. Elle n'interdit pas le blasphème. Faire « deux poids, deux mesures » n'est condamnable que s'il s'agit de deux objets identiques ou très proches. Mais il s'agit ici de deux objets clairement différents : la dénonciation d'un groupe ethnique, d'une part, la caricature d'un personnage religieux, d'autre part. Comme je n'ai vu aucun spectacle de Dieudonné, je me garderai bien de me prononcer sur son cas. Mais on ne peut pas reprocher aux juges d'appliquer la loi.Yves DauduYann PlougastelJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elian Peltier Blendle, un temps surnommé l’« iTunes de la presse », poursuit son expansion. Celle-ci passe désormais par les médias américains : la plate-forme hollandaise de vente d’articles à l’unité a annoncé, jeudi 12 mars, un partenariat avec le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal.Des contenus des trois titres américains seront prochainement disponibles sur ce service qui attire déjà 220 000 utilisateurs aux Pays – Bas, en attendant le lancement d’une version internationale en anglais, dans le courant de l’année.« Nous misons sur des titres prestigieux, capables d’attirer d’autres publications et des lecteurs dans le monde entier », a expliqué Alexander Klöpping au Monde. Le cofondateur de Blendle réaffirme également sa volonté de lancer à terme des versions nationales de Blendle en Europe, notamment en France et en Allemagne.Cette expansion était programmée : en octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement) pour favoriser ce déploiement international.CommoditéLes contenus des trois journaux américains vont donc s’ajouter à ceux de la quarantaine de titres hollandais et de The Economist, déjà présents sur Blendle. Les articles de journaux ordinaires y coûtent une vingtaine de centimes d’euros et les contenus plus longs, environ 1 euro ou plus. L’utilisateur reçoit 2,50 euros lors de son inscription pour acheter les premiers contenus, avant de devoir recharger son compte avec des cartes de 5, 10 ou 20 euros, sur un modèle proche de celui d’iTunes, la plate-forme musicale d’Apple.Alexander Klöpping et Marten Blankesteijn, les cofondateurs de Blendle, font un pari osé avec l’intégration des trois grands titres américains : faire payer pour des articles qui sont en partie gratuits sur leurs sites d’origine. Le site du New York Times est en effet doté d’un paywall qui permet aux internautes de lire dix articles gratuits par mois avant de devoir s’abonner – le seuil est de vingt pour le Washington Post.Sur Blendle, le lecteur devra payer quelques centimes d’euros dès le premier article de ces journaux pour le lire. Parmi les trois publications, l’intégration à Blendle semble davantage convenir au Wall Street Journal, dont le paywall plus restrictif ressemble au modèle des publications hollandaises.Mais M. Klöpping croit à l’intérêt de s’informer via Blendle, compte tenu de sa commodité. « Prenez Youtube et Spotify : les musiques du monde entier sont disponibles gratuitement sur Youtube, et pourtant les gens payent pour avoir Spotify, explique-t-il. Blendle doit être comme Spotify : une plate-forme agréable à utiliser, facile d’accès, et où vous pouvez retrouver vos amis qui partagent eux aussi des contenus ». Cette expérience, autant que les contenus eux-mêmes, justifie à ses yeux les quelques euros que l’on dépense sur Blendle.Priorité à l’EuropeMalgré des chiffres honorables aux Pays-Bas, où 20 % des inscrits sur la plate-forme rechargent leur compte, les négociations avec les publications européennes prennent du temps. MM. Klöpping et Blankesteijn veulent s’assurer la présence d’au moins deux-tiers des publications nationales sur un éventuel Blendle français ou allemand avant de lancer ces plates-formes. Les deux Hollandais de 28 ans se heurtent aux mêmes réticences que celles rencontrées aux Pays-Bas, où les négociations ont duré plus de deux ans : la peur, du côté des publications, de perdre des abonnés et de fragmenter l’offre éditoriale.L’engagement de journaux comme le New York Times pourrait changer la donne. « Ces grands titres américains suscitent l’attention mais notre démarche reste européenne, affirme M. Klöpping. C’est assez effrayant car nous ne nous sommes toujours pas lancés dans d’autres pays, mais je suis enthousiaste car si ça marche aux Pays-Bas, ça peut marcher ailleurs : on n’a pas besoin d’être Hollandais pour avoir envie de payer pour du journalisme de qualité. »Lire aussi : La start-up néerlandaise Blendle s'inspire d'iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetElian PeltierJournaliste au Monde Alexandre Piquard Il ferait sans doute un bon personnage de téléréalité, le genre qu’il a inventé. Bel homme, Néerlandais très souriant de 60 ans, John de Mol écrit ce jeudi 12 mars une nouvelle page de sa success story de producteur en vendant sa société de production Talpa au groupe de télévision britannique ITV. Le montant initial de la transaction est de 500 millions d’euros mais pourrait être porté à 1,1 milliard d’euros en fonction des performances futures du studio, a précisé l’acquéreur dans un communiqué.John de Mol va donc continuer au sein du groupe ITV l’activité qui a fait sa réputation de « pape de la téléréalité », capable d’inventer sans cesse des nouveaux concepts d’émission dont le caractère polémique n’a d’égal que les réussites d’audience : il a commencé en 1994 avec l’émission pionnière de la téléréalité « Big Brother », adaptée en France en 2001 sous le nom « Loft Story » (M6). Mais on lui doit aussi « Fear Factor » ou, dans un genre plus consensuel, le concours de chant qui fait actuellement le bonheur de TF1, « The Voice ». Sans compter les concepts qui n’ont pas marché ou n’ont pas été adaptés en France, comme « Beat the Best », « Battle of the Choir », « The Winner Is… », etc.Selon l’accord signé avec ITV, John de Mol et son équipe continueront à développer des émissions pour Talpa, en exclusivité. Le montant final de l’acquisition est conditionné à l’implication du producteur dans les affaires de l’entreprise dans les huit prochaines années.« Producteur majeur en Europe »Talpa a été fondée par John de Mol en 2004. La société revendique la création de 75 émissions, diffusées dans 180 pays. Auparavant, le producteur avait fondé en 1994 Endemol Entertainment, devenu Endemol. En 2000, le groupe de télécoms espagnol Telefonica avait racheté la société, dont John de Mol était resté actionnaire, avant qu’un nouveau tour de table soit réalisé en 2007 avec le groupe de Silvio Berlusconi.Talpa a un accord exclusif avec Shine France, la puissante filiale du groupe Shine (News Corp.), dirigé en Angleterre par Elisabeth Murdoch (fille de Rupert Murdoch). C’est via cette société – qui distribue « Master chef » ou « Amazing Race » –, qu’est notamment produit le télécrochet « The Voice » pour TF1.Pour ITV, cette acquisition doit permettre de poursuivre la stratégie de diversification dans la production et la distribution de contenus à portée internationale, engagée il y a cinq ans. Premier groupe de télévision privée au Royaume-Uni, ITV est présent dans la télévision gratuite et payante. Avec Talpa, il va « renforcer sa position de producteur majeur en Europe », souligne le communiqué.Ce deal est le signe du mouvement de consolidation est en cours dans le domaine de la production audiovisuelle en Europe. Les dirigeants du secteur estiment qu’il faut grossir, pour améliorer les coûts de production, mais aussi pour mutualiser les risques et ne pas être trop dépendants d’un pays, d’un type de programmes ou d’une chaîne. En France, cette analyse est partagée par les grands producteurs, qui ne sont pas les plus gros d’Europe. Mais cette vision est également reprise par les pouvoirs publics et les grandes chaînes, qui elles aimeraient être à l’avenir autorisées à investir davantage dans la production.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.03.2015 à 20h00 • Mis à jour le11.03.2015 à 21h00 | Alexandre Piquard François Jost est professeur à la Sorbonne nouvelle, directeur du Centre d’étude sur les images et les sons médiatiques, et auteur d’ouvrages sur la télé-réalité, dont Le Culte du banal (La Dispute). Il estime que « les jeux de l’extrême », comme « Dropped », sur le tournage duquel 10 personnes sont mortes, lundi 9 mars, « suivent le goût des Français », notamment pour les sports de l’extrême.On dit que les émissions de télé-réalité font de la surenchère dans l’exotisme et le dépassement de soi. Ne sont-elles pas au contraire plus prudentes qu’avant ?Un point va dans votre sens : l’émission « Dropped » avait pour candidats des champions sportifs, habitués à des performances extrêmes. Contrairement à d’autres émissions passées dans lesquelles les chaînes envoyaient des célébrités dans un milieu inattendu avec l’idée d’amuser grâce au décalage entre les personnalités et les conditions dans lesquelles elles étaient mises. Dans le cas de « Dropped », c’est tout l’inverse.La vogue des jeux d’aventure est-elle de plus en plus forte ?Il faut rappeler qu’il y a eu, bien avant « Koh Lanta », « La Course autour du monde » ou « La Chasse au trésor » : un candidat était dans un studio, résolvait des énigmes et Philippe de Dieuleveult se rendait dans des lieux indiqués en hélicoptère sur place. Il y a eu déjà eu des choses de ce genre, ce n’est pas nouveau.Depuis « Fort Boyard », on est passé dans les jeux de l’extrême : il y a un développement continu, qui suit le goût des Français pour les sports de l’extrême. Tous les étés, on voit des reportages dans lesquels des Français risquent leur vie, en parapente, en canyoning, dans des sauts à l’élastique…Le rôle des candidats a-t-il changé ?On en a peu parlé mais depuis les fameux procès tenus à la suite des plaintes défendues par l’avocat Jérémie Assous, les candidats sont devenus des professionnels, payés cher, avec des contrats de travail. On leur demande beaucoup. La télé-réalité est devenue un métier. On ne peut plus payer des gens à ne rien faire dans un loft.De plus, plus personne ne croit à la réalité de la télé-réalité, ce qui explique que la production a évolué vers des jeux.Les émissions d’aventure jouent-elles sur une forme de voyeurisme et de sadisme ou véhiculent-elles des valeurs de dépassement de soi et d’esprit d’équipe ?Ces émissions participent au culte de la performance. L’époque valorise cela. Le spectateur est aussi responsable de ces émissions. On a eu tout un deuil après la mort d’un candidat de « Koh Lanta » en 2013 mais les gens se sont de nouveau précipités sur l’émission quand elle a recommencé. Le sport génère chaque année la plus forte audience de la télévision. Il y a un goût de cela chez les gens, ils sont en demande.Pour les chaînes, les émissions de télé-réalité constituent-elles un enjeu d’image, en plus de celui d’audience ?Oui. Ce drame est très dur pour TF1. Quand TF1 évoque la performance des candidats, c’est une valeur qui va dans le sens de la chaîne. L’accident de « Dropped » est mauvais pour son image même si elle n’est pas directement responsable. Les émissions de télé-réalité participent à la construction de l’identité de la chaîne. TF1 met en avant des stars dans des jeux comme « Dropped », « Danse avec les stars » ou dans le jury de « The Voice »… On construit des héros en dehors des œuvres de fiction. M6 montre davantage d’anonymes, qui mangent, s’habillent… Dans ces émissions, le quotidien est héroïque.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Clément Guillou « Putain de Vietnam ! T'as perdu une bataille, mais pas la guerre. Tu as toujours été une valeur d'exemple et de réussite... » Abdelkader Bouhenia s'interrompt. Dix-sept secondes pour sécher ses larmes, retrouver sa voix et reprendre son discours à l'adresse de son « frère », Alexis Vastine. Les mots du directeur de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), Jean-Pierre de Vincenzi, et ceux des présidents des Fédérations de natation et de voile ont été applaudis poliment. Lui a droit à une ovation, parce qu'il est chez lui, à l'Insep, dans l'imposante halle Maigrot. Parce qu'il s'est exprimé au nom des autres.Bouhenia et Vastine boxent ensemble depuis plus de dix ans. « C'était le mec super rigolo. Même si ses vannes n'étaient parfois pas terribles, il les racontait d'une telle façon qu'on était obligés de rigoler. » Ce mercredi, c'est le jour des souvenirs au temple du sport français, niché dans le bois de Vincennes, à Paris. Les portraits d'Alexis Vastine, de Camille Muffat et de Florence Arthaud, disparus lundi en Argentine dans la collision entre deux hélicoptères, sont posés à côté de l'estrade. Quelques fleurs. Beaucoup de caméras.« Un peu de décence », demande une conseillère presse aux photographes mitraillant la famille Vastine, qui s'exécutent. Adriani, le frère qui ressemble tant à Alexis, dira deux mots : « Je voulais juste remercier tous les gens qui nous soutiennent, et je vous prierai de nous laisser nous recueillir en famille tranquillement. » Derrière lui, Alain Vastine, le père s'effondre en larmes sur qui lui offre son épaule. Il y a deux mois, il a perdu sa jeune fille Célie dans un accident de la route.« C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité »Pour cet hommage, ont afflué les sportifs bien sûr – on croise Sylvain Wiltord, qui participait lui aussi au jeu de TF1 « Dropped » –, mais aussi les dirigeants, les sponsors, les salariés de l'Insep. « On avait besoin de se rassembler, de se voir, de se serrer », dit l'ancien boxeur Brahim Asloum. « C'est dans notre ADN ce partage, cette solidarité. » Les cérémonies donnent un peu de substance aux concepts creux. Il semble donc que la « grande famille du sport » existe.« Une famille liée par un certain nombre de principes, de valeurs : le dépassement de soi, le respect et l'entraide », définit le ministre des sports, Patrick Kanner.Le plongeur Matthieu Rosset connaissait un peu Camille Muffat et Alexis Vastine. Sans plus. L'affliction n'en est pas moins grande : « La famille du sport, nous, on sait ce que ça veut dire. Quand on rencontre un sportif, même si on ne le connaît pas, il nous suffit d'une minute. Car on partage les mêmes choses. L'entraînement, très dur, les défaites, les victoires, on a tous connu les mêmes émotions. » Sur les disparus, on évoque des souvenirs communs et cet enthousiasme avec lequel tous les trois sont partis pour l'Argentine.« Ils avaient eu pour ordre de ne pas donner de nouvelles », rappelle Bouhennia. Ils échangeaient via Facebook avec ce sujet tabou, donc « parlaient de tout et de rien ». Les mots ont du mal à sortir. Certains préfèrent les coucher sur les livres d'or disposés dans la salle, où l'on peut lire : « Vous êtes partis en emportant une partie de nous-mêmes. » Valérie Fourneyron, ministre des sports au moment des Jeux olympiques de Londres, en 2012, est saisie d'émotion. Elle retient « le recueillement, la ferveur, la solidarité et aussi le courage » des sportifs rassemblés.« C'était le moment de pleurer »Après la cérémonie, le directeur technique national de la boxe, Kevinn Rabaud, a réuni ses troupes en cercle, comme à l'aube d'une grande bataille. « Je leur ai dit qu'il ne fallait pas hésiter à exprimer leur sensibilité, car c'était la grande qualité d'Alexis. Que c'était le moment de pleurer, d'échanger ensemble. Le monde de la boxe est un monde d'émotion. » Et demain ? « La meilleure manière de rendre hommage à Alexis, c'est de se remettre le plus tôt au travail et d'aller conquérir la médaille olympique qu'il convoitait. A partir de demain, l'hommage devient sportif, il se fait dans l'engagement. »Mardi, après avoir appris la nouvelle, Matthieu Rosset s'est pointé à l'entraînement comme tous les jours. Il s'est dit qu'il n'y arriverait pas. « Et puis je me suis dit qu'eux, c'étaient des champions, ils se seraient entraînés. Donc j'y suis allé. Et je sais que je le garderai à l'esprit. » Clément GuillouJournaliste au Monde 03.03.2015 à 15h29 • Mis à jour le03.03.2015 à 18h14 | Alexis Delcambre Premiers grincements de dents à l’Agence France-Presse (AFP), trois jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues. Mardi 3 mars, le syndicat SNJ-CGT a publié un communiqué offensif pour pointer ce qu’il estime être les causes structurelles de cette erreur, au delà des manquements individuels.Depuis samedi, la direction de l’agence s’est attachée à communiquer abondamment. Elle a d’abord annulé l’ensemble de ses dépêches sur le sujet - un geste rare. L’AFP et son PDG, Emmanuel Hoog, ont présenté leurs excuses, tandis que la directrice de l’information, Michèle Léridon - dont M. Hoog a refusé, samedi, la démission -, s’attachait à exposer les erreurs ayant conduit à cet accident.Lundi, la conférence de rédaction matinale a été intégralement consacrée à un débriefing des événements de samedi. La direction a reçu tous les protagonistes pour entendre leurs versions et aboutir à un récit détaillé. « C’est une instruction rédactionnelle », a expliqué Mme Léridon, sans cacher l’hypothèse de « sanctions ».Mais désormais, une partie de la rédaction trouve que la direction de l’agence en fait trop. « Nous ne voulons pas être dans une logique de bouc émissaire, s’inquiète un journaliste. Cet épisode appelle une réflexion collective sur la rapidité, les sources et l’aspect collectif du travail, plutôt que de cibler deux individus. » « Prisonniers de vos sources »Au sein de la rédaction, des journalistes s’affichent « solidaires » du journaliste du bureau de Rennes qui a subi le quiproquo avec le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne) et de la rédactrice en chef adjointe qui a validé la dépêche. « Ce sont tous deux des professionnels estimés », dit-on. Qui auraient certes commis des erreurs de jugement, mais dans le contexte d’un improbable enchaînement de circonstances : une rumeur qui remonte accidentellement jusqu’à Paris ; un quiproquo téléphonique…Pour le SNJ-CGT la cause est entendue : l’origine de ces « erreurs humaines » est à rechercher dans « la désorganisation de la rédaction mise en place par la direction depuis plusieurs années ». Le syndicat pointe même une forme d’hypocrisie de la direction, sur la tension entre fiabilité et rapidité. Ainsi, le 8 janvier, au lendemain de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, Emmanuel Hoog serait intervenu en conférence de rédaction pour déplorer que les noms des victimes aient été donnés trop tardivement par rapport à d’autres médias. « Ne soyez pas prisonniers de vos sources », aurait notamment recommandé le PDG.« Depuis samedi, il y a eu une pression de Hoog pour sur-réagir, estime un journaliste. Peut-être parce que cette affaire peut lui porter préjudice, alors que la campagne pour la présidence de France Télévisions bat son plein. » Le nom du PDG de l’AFP est en effet régulièrement cité parmi les postulants à la succession de Rémy Pflimlin, sur laquelle le CSA doit se pencher au mois d’avril.Pour M. Hoog, la séquence est amère. Le 19 janvier, à l’occasion des 70 ans de l’AFP, il accueillait François Hollande et le tout-Paris des médias au Palais Brongniart. Dans un discours qui se voulait un éloge du journalisme, prononcé devant les survivants de la rédaction de Charlie Hebdo, le président dénonçait un « temps médiatique réduit parfois à l’immédiateté » et soulignait l’importance de « dire juste » avant celle de « dire vite ».Des zones d’ombre persistantesL’origine de la rumeur qui a conduit l’AFP à annoncer par erreur la mort de Martin Bouygues reste mystérieuse. Dans une note interne retraçant les événements de samedi, l’agence fait état d’une rumeur partie de « la commune de La Roche Mabile sur la mort de Martin Bouygues qui y possède une maison ». Problème : selon le groupe Bouygues et la mairie de La Roche Mabile, ce n’est pas le cas. « Martin Bouygues n’a aucune attache dans l’Orne », a indiqué au Monde le porte-parole du groupe de BTP.Autre zone d’ombre : la nature précise du dialogue entre un journaliste de l’agence et le maire de la commune de Saint-Denis-sur-Sarthon. Selon l’agence, le journaliste a bien demandé au maire s’il pouvait lui confirmer la mort de Martin Bouygues, et ce dernier a répondu clairement par l’affirmative. Le maire conteste cette version et assure que le nom de « Bouygues » n’a pas été prononcé.Enfin, une inconnue subsiste sur l’intensité des efforts prodigués par l’AFP pour recouper l’information. Selon l’agence, plusieurs contacts politiques et économiques n’ont rien donné et les porte-parole du groupe Bouygues n’ont pas répondu au téléphone. Ceux-ci assurent avoir retourné l’appel dans la demi-heure, mais que la dépêche était déjà partie.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gabriel Coutagne C’est au tour du photographe de répliquer après la diffusion d’une photo prétendument non retouchée de Cindy Crawford sur les réseaux sociaux. Le site américain TMZ révélait dimanche 1er mars que l’avocat de l’auteur de la fameuse photographie, John Russo, demandait au Telegraph et au Sunday Telegraph de retirer l’image, sous peine de poursuites.Cindy crawford releases honest, un-photoshopped image http://t.co/ehbjfbyWrk #BeReal http://t.co/27tLSzOg1C— BeReal_Campaign (@Be Real)require(["twitter/widgets"]);Dans une lettre adressée au Telegraph et mise en ligne par TMZ, l’auteur du cliché, connu pour ses portraits de célébrités, explique que les photos de Cindy Crawford, réalisées pour l’édition mexicaine de Marie Claire en 2013, « [lui] ont été volées ». Il ajoute que l’image qui circule sur les réseaux sociaux « est une version frauduleuse de [sa] photographie, qui a été transformée et qui ne représente pas l’image originale ».En plus de reprocher aux médias une diffusion de l’image en dépit du droit d’auteur, le photographe souligne donc que ce cliché, prétendument non retouché, a été sciemment modifié. Dans un entretien au Monde, un professionnel de la retouche avait déjà suggéré que cette image avait sans doute été retouchée afin de faire ressortir les défauts de la top-modèle. Selon lui, pour cette image, « les contrastes ont très bien pu être renforcés pour accentuer l’effet naturel ».L’éternelle retouche des photos du corps fémininDu côté de la star, la réplique était venue par la voix de son époux, qui avait publié sur son compte Instagram une photo qui fonctionnait comme un démenti.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Face à l’érosion de ses ventes (- 8,2 % en 2014) et à une mutation numérique à accélérer, Le Parisien a opté pour un renouvellement de son équipe dirigeante. Celui-ci touche notamment la direction des rédactions, où Stéphane Albouy, jusqu’ici rédacteur en chef, succède à Thierry Borsa.Directeur des rédactions depuis 2010, M. Borsa était en sursis depuis plusieurs mois. A l’automne, selon Presse News, la direction du groupe Amaury avait mandaté un cabinet de recrutement pour lui trouver un successeur. Elle s’est finalement rabattue sur une solution interne. M. Borsa s’était notamment trouvé en conflit avec ses équipes pour avoir tenté de fusionner plusieurs services dans un grand pôle « actualité ».Au-delà de ce remplacement, les cadres du groupe — Eric Herteloup, Frédéric Allary, Eric Leclerc, Julie Costes —, voient leurs responsabilités élargies ou leurs titres reformulés, pour mieux intégrer la dimension numérique.RETOUR À L’ÉQUILIBREEn termes de projet, Le Parisien promet de « renforcer son traitement de la politique, de l’économie et des sujets de société » et met en avant la création d’une « cellule data-journalisme » et le lancement du « Parisien TV », son offre vidéo.L’information locale sera proposée avec un système d’abonnement « au compteur », soit cinq articles gratuits par semaine et un abonnement à 2,99 euros par mois. Cette nouvelle offre sera proposée à partir du 11 mars sous le label « Le Parisien Ma ville ». Le Parisien cherche ainsi à accroître son nombre d’abonnés numériques, qui n’est que de 6 000 pour le moment.Malgré la forte baisse de ses ventes (- 8,2 %, à 229 637 exemplaires en moyenne par jour, pour Le Parisien, et - 7,9 %, à 148 220 exemplaires, pour Aujourd’hui en France), le quatrième quotidien français affirme avoir « quasiment atteint l’équilibre » financier en 2014 — le fruit d’une politique d’économies internes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « C'est une débâcle, une erreur énorme », lâche Michèle Léridon, directrice de l'information de l'Agence France-presse, après l'annonce erronée de la mort de Martin Bouygues, samedi 28 février.Que s'est-il passé ? Une triple erreur semble être à l'origine de cette « faute », comme l'a qualifiée Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'agence.Premier acte : samedi en milieu de journée, au siège de l'agence à Paris, serait parvenue une information faisant état de la mort, dans l'Orne, du président-directeur général du groupe Bouygues. L'origine de cette information n'est pas connue.Aussitôt, la rédaction en chef alerte les différents services concernés et contacte son bureau à Rennes, dont dépend le département de l'Orne, pour vérifier cette information.Les journalistes rennais téléphonent alors en quête d'une confirmation. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec Michel Julien, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), une commune voisine de La Roche-Mabile, où le Martin Bouygues serait mort.Se produit alors une étonnante confusion. Interrogé pour savoir si Martin Bouygues était mort, le maire aurait répondu, selon l'agence, par l'affirmative. Dans cet échange, la confusion serait liée au fait que le maire faisait référence à une autre personne, dont le patronyme est « Martin ».Sur BFM-TV, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon a démenti que le nom « Bouygues » ait été évoqué : « Le journaliste m'a dit “M. Martin est décédé” ; j'ai dit “oui” », expliquant qu'un homme qu'il connaissait bien, mais qui n'avait rien à voir avec l'industriel, était effectivement mort le matin même. « Je suis très surpris, je ne savais pas qu'on parlait de Martin Bouygues », a-t-il ajouté.« DOMMAGE CONSIDÉRABLE »Le bureau de Rennes envoie alors au siège parisien sa dépêche, forte de cette source locale. Celle-ci est immédiatement publiée sur les fils, sans recherche d'une autre confirmation. « Il est évident qu'il aurait fallu, à ce moment, attendre la confirmation du groupe Bouygues », estime Michèle Léridon, qui rappelle que les sources habituelles pour ce type d'information sont l'entourage ou les services de communication.A 16 heures, l'AFP est contrainte d'envoyer une humiliante « note aux clients » : « Veuillez ne pas tenir compte de toute la série de dépêches (alerte, urgent, LEAD et 2ELEAD) concernant l'annonce par erreur du décès de Martin Bouygues. » Entre-temps, la caisse de résonance des alertes et des tweets l'a déjà largement répandue.« Les règles rédactionnelles élémentaires dans ce type de situation, ainsi que les procédures de validation, vont être rappelées, a précisé Michèle Léridon. La réputation de l'agence est fondée d'abord sur sa fiabilité. Nous mettons, au quotidien, tout en œuvre pour qu'elle ne soit pas entachée de tels dysfonctionnements. »Dans une note interne, que s'est procurée Libération, Michèle Léridon affirme : « L'information erronée nous cause un dommage considérable en termes de crédibilité et d'image », et de rappeler plusieurs principes de l'agence : « 1) La fiabilité est la valeur numéro un à l'AFP. Elle doit toujours primer sur la rapidité. 2) L'annonce de la mort d'une personnalité quelle qu'elle soit doit faire l'objet d'une attention toute particulière, avec des sources pleinement autorisées. 3) Le travail d'agencier est un travail d'équipe. Au moindre doute, les questions doivent remonter au sein de la hiérarchie. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 février, les Américains ont découvert la troisième saison de « House of Cards ». Samedi à 20 h 50, les Français pourront à leur tour visionner les nouvelles manigances politiques de Kevin Spacey et de sa compagne, sur Canal+ Séries, ainsi que sur la plate-forme en ligne Canal+ à la demande, où tous les épisodes sont immédiatement disponibles, en version originale. Canal+ diffusera, elle, la série en version française à partir du 12 mars.Pour la chaîne payante, ce dispositif de sortie n’est pas inédit : elle avait déjà mis en ligne d’emblée tous les nouveaux épisodes de ses séries « Borgia » et « Mafiosa » en 2014. Mais elle ne l’avait pas fait pour « House of Cards », le feuilleton emblématique dont elle a acheté les droits français au service de vidéo à la demande Netflix. Canal+ se met ainsi au binge watching, ce visionnage boulimique popularisé par la plate-forme américaine. Mais la chaîne suit aussi une tendance plus large : l’essor de la télévision « délinéarisée », celle que l’on regarde quand on veut.Déclic psychologique et techniqueDepuis plusieurs semaines, les professionnels du secteur se félicitent des bons scores de cette « télévision de rattrapage », aussi appelée en anglais catch-up ou replay : qui consiste à regarder un programme après son passage à l’antenne, sur son ordinateur, sa tablette ou son smartphone, mais aussi sur son téléviseur. Une possibilité généralement offerte durant sept jours après la diffusion.Pour les patrons de l’audiovisuel, il y a eu un déclic psychologique et technique : depuis septembre, Médiamétrie, qui produit le célèbre et parfois cruel Audimat, intègre des chiffres de visionnage en différé. L’institut ne tient compte, pour l’heure, que des programmes vus sur le téléviseur, par la « box » d’un fournisseur d’accès à Internet (IPTV). Une nouveauté qui permet déjà de faire gagner sur certaines émissions quelques précieux points d’audience.« Le différé commence à monter », a ainsi résumé Elisabeth Durand, directrice des antennes de TF1, lors d’une présentation des nouveautés de 2015. Depuis la mise en place de la mesure Médiamétrie, la chaîne a gagné 0,3 point de parts d’audience hebdomadaire sur les 4 ans et +, et jusqu’à 0,8 point sur les ménagères de moins de 50 ans. TF1, qui accapare le top 100 des meilleures audiences télévisées, est fière de détenir également le record d’audience en catch-up sur téléviseur : + 1,3 million pour un épisode de « Blacklist ». L’Emprise, téléfilm de TF1 sur la violence conjugale, a gagné 1,2 million de spectateurs grâce au replay sur téléviseur, sur un total 9,8 milllions (plus 3 millions de vidéos vues sur ordinateur et mobile, selon TF1). Un épisode de « Joséphine, ange gardien » peut séduire jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.Côté programmes de flux et de divertissement, le dernier lancement du jeu de téléréalité « Koh-Lanta » a attiré 900 000 spectateurs supplémentaires en replay sur le téléviseur, sur un total de 7,7 millions. Le concours de chanteurs « The Voice », jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.La tendance touche toutes les chaînes, pointe le Centre national du cinéma (CNC), qui a publié, vendredi 27 février, un rapport incluant tous les modes de consommation : téléviseurs, ordinateurs, tablettes et smartphones. En 2014, 3,7 milliards de vidéos ont été ainsi visionnées en replay, contre 2,5 milliards en 2013, soit une progression de 50,2 %. Si on corrige l’effet lié à l’arrivée de nouvelles chaînes et programmes, la croissance est estimée à environ 30 %.Le bataillon des 15-24 ansLa consommation replay par le téléviseur est en progression, et celle-ci a, pour la première fois, dépassé celle sur ordinateur, en août, novembre et décembre 2014, pointe le rapport. Sur l’ensemble de l’année, l’ordinateur représente 40,1 % de cette consommation de télévision en ligne (– 6,9 points par rapport à 2013), l’écran de télévision 37,5 % (+ 2,7 points) et les supports mobiles totalisent 22,3 % des vidéos vues (+ 4,1 points), dont 11,3 % pour la tablette et 11 % pour le téléphone mobile.« On a franchi un cap, le paradigme est en train de changer », estime Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions. Les programmes les plus propices au visionnage en replay sont les séries « feuilletonnantes », note-t-il. « Plus belle la vie » de France 3 attire ainsi en 2015, en moyenne, 5,1 millions de téléspectateurs, dont 300 000 en différé sur téléviseur, et génère 150 000 à 200 000 vidéos vues sur les autres canaux. Les documentaires événementiels, comme Apocalypse, sur la guerre 1939-1945, connaissent aussi de fortes audiences de rattrapage, de même que les programmes « de niche », comme ceux de France 4 ou les séries de la chaîne d’outre-mer France Ô. Sur Arte, la série d’auteur « P’tit Quinquin » a entraîné 626 000 visionnages en différé sur un total de 1,9 million, selon Libération.Dans le groupe Canal+, les meilleures audiences en différé sont réalisées par « Le Petit Journal » et « Le Grand Journal » ; dans le groupe M6 par les divertissements de la chaîne W9 (« Les Princes de l’amour », « Les Marseillais à Rio »…), selon le CNC. Les programmes de deuxième partie de soirée réalisent aussi de bons scores : + 22 % en moyenne pour la série américaine « The Arrow ».Et la tendance semble bien partie pour se renforcer. Les 15-24 ans représentent, en effet, 25,3 % du public de la télévision de rattrapage, mais 42,7 % des utilisateurs quotidiens de ces services, souligne le CNC.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois (avec AFP) Mais que va faire Vincent Bolloré ? Le patron de Vivendi dispose aujourd’hui d’importantes capacités financières confortées par la sortie définitive de Numericable-SFR, annoncée vendredi 27 février. Cette journée marque un tournant. À l’occasion de la publication des résultats annuels du groupe, le conseil de surveillance de Vivendi, présidé par Vincent Bolloré, a accepté l’offre de Patrick Drahi formulée dix jours auparavant, concernant la cession de ses 20 % de Numericable-SFR. Cette vente est estimée à environ 3,9 milliards d’euros. Le groupe recentré sur les médias et les contenus a justifié sa décision au vu du « faible niveau de liquidité » du titre Numericable-SFR qui aurait rendu « incertaine une sortie dans des conditions optimales ». L’offre de 40 euros par action représente une prime de 20 % par rapport au cours du titre au 27 novembre 2014, lorsque Vivendi a conclu la cession de SFR, note le groupe.Toutefois, les analystes se sont étonnés, de cette vente qui se fait avec une décote importante, alors que le titre SFR-Numericable a terminé la séance de vendredi à la Bourse de Paris à 55,4 euros. « C’était une bonne opportunité pour encaisser le cash et éviter d’être dans une situation difficile de liquidités », a répondu le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, soulignant n’avoir d’ailleurs reçu aucune contre offre depuis celle de M. Drahi.Redistribution aux actionnairesAu total Vivendi devrait recevoir 17 milliards d’euros pour la cession du deuxième opérateur mobile français, auxquels s’ajoutent les 4,1 milliards pour la vente de Maroc Telecom. Le groupe dispose ainsi d’une trésorerie positive de 4,6 milliards d’euros fin 2014, ayant soldé toute sa dette, qui se montait à 11,1 milliards fin 2013. Et ce n’est pas fini. Vivendi prévoit encore de finaliser la cession a Telefonica de son actif télécom brésilien GVT au cours du deuxième trimestre 2015 pour 7,45 milliards d’euros.Dans un premier temps une partie de ces sommes va être restituée aux actionnaires. Ainsi, 5,7 milliards d’euros vont être rendus sous forme de dividendes et de rachats de titres sur la période 2014-2017, pour leur faire partager une partie des gains enregistrés sur ses récentes cessions. Vivendi versera un dividende au titre de 2014 de 1 euro, dont 0,8 euro correspondant à ses derniers désinvestissements. « L’objectif est de maintenir ce niveau de distribution au titre des exercices 2015 et 2016, représentant un retour aux actionnaires de 2 milliards d’euros supplémentaires », a précisé le communiqué financier. Le groupe prévoit également de racheter jusqu’à 2,7 milliards d’euros de ses propres actions.« Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française »Rien n’a été dit concernant les futures acquisitions, mais une indication avait été donnée à la fin de l’année 2014 quand le groupe s’était porté officiellement candidat au rachat du pôle français de l’éditeur belge Roularta comprenant en particulier L’Express, L’Etudiant, L’Expansion. Un pôle passé finalement sous contrôle de.. Patrick Drahi.Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 9 décembre 2014, au micro de RTL, Vincent Bolloré déclarait que « Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française, c’est-à-dire à réunir l’ensemble des médias qui soient écrits ou télévisuels ou sur le net. Donc, bien évidemment, s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisira. » Il ajoutait : « On a la chance d’avoir le groupe Canal qui est très important, on a la chance d’avoir Universal, le numéro un de la musique, mais pour que tout ça rayonne il faut des contenus et les magazines sont des contenus. »Concernant Canal +, les ventes ont progressé de 2,7% sur un an, avec un gain de 678.000 abonnements sur l'année 2014 qui atteignent désormais 15,3 millions dans le monde. Le portefeuille d'abonnés passe ainsi la barre des 11 millions pour la première fois grâce à l'Afrique et au Vietnam. L'offre de vidéo à la demande en France Canalplay y contribue aussi à cette performance avec 599.000 abonnés fin 2014.Vivendi devrait contribuer à alimenter les spéculations sur les marchés concernant ses futures acquisitions. Un point commun avec Patrick Drahi . Des rumeurs insistantes lui prêtent l’intention d’acquérir Bouygues Telecom. «Il n’y a aucune négociation en cours (…) Le choix, c’est le “stand alone”, on a été très clairs là-dessus  » a répliqué mercredi Martin Bouygues.Dominique Gallois (avec AFP)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gabriel Coutagne Une polémique en a chassé une autre. Cette année encore, le World Press Photo avait soulevé la question de la retouche en photographie, en annonçant avoir rejeté près de 20 % des photographies présentées au jury du prestigieux prix. Mais c’était compter sans une autre affaire, révélée mercredi 25 février par le site Our Age Is 13, spécialiste de l’actualité photographique.Dans un courrier adressé à la présidence du jury du World Press Photo, et que Le Monde a pu consulter, la mairie de Charleroi « demande de retirer le prix qui a été accordé à M. [Giovanni] Troilo à la lumière de notre argumentation et de nos explications ». En cause, une série d’images, très sombre, qui montre des personnages, présentés comme des Carolorégiens, dans des situations décrivant une misère sociale et morale, ou s’adonnant à des pratiques sexuelles libertines. Une demande rejetée par l’institution dimanche 1er mars, après plusieurs jours d’enquête, confortant le prix remis à Giovanni Troilo. « Le World Press Photo n’a trouvé aucun fondement permettant de remettre en cause l’intégrité [journalistique] du projet du photographe. Aucun fait n’a été manipulé dans les légendes que le jury a pu consulter », précise l’institution dans un communiqué.Le World Press Photo brise le tabou de la mise en scèneGiovanni Troilo est un photographe italien travaillant habituellement dans les domaines de la mode et de la publicité. Il a été récompensé dans la catégorie « problématiques contemporaines », pour une série intitulée The Dark Heart of Europe. Le photographe présente son travail sur son site :« Aujourd’hui, le malaise social s’insère dans la vie des citoyens [de Charleroi]. Les routes, qui étaient à l’époque propres et fleuries, sont aujourd’hui abandonnées et en mauvais état. Les usines ferment et la végétation reprend ses droits dans les vieux quartiers industriels. Une sexualité perverse et malade, la haine raciale, une obésité névrotique, l’abus d’antidépresseurs semblent être les seuls remèdes pour surmonter ce malaise endémique. »« UNE ATTEINTE À LA PROFESSION DE PHOTOJOURNALISTE » Dans les jours qui ont suivi l’annonce du prix, faite le 12 février, « plusieurs personnes, dont des photographes, ont réagi sur les réseaux sociaux », raconte Molly Benn, rédactrice en chef du site Our Age Is 13.@lesoir WPressPhoto 2015.Le misérabiliste "Dark heart of Europe" sur #charleroi primé. http://t.co/kB9S3QJoDC http://t.co/Zuo3UR9XXz— Humbert_Tesla (@Umberto di Tesla)require(["twitter/widgets"]);Parmi eux, le photojournaliste belge Thomas Vanden Driessche s’était interrogé sur ce qu’il considère comme une dérive du photojournalisme.Triste... Ou peut-être un nouveau point de départ pour s'interroger sur les dérives d'un certain photojournalisme... http://t.co/DzCvURFeHd— thomasvdd (@T. Vanden Driessche)require(["twitter/widgets"]);« C’est en tant que photojournaliste que je me suis senti concerné par ce prix », explique au Monde Thomas Vanden Driessche. Sa question a alimenté le vif débat sur les réseaux sociaux, auquel ont pris part photographes et habitants de Charleroi. « Nous avons d’abord été contactés par plusieurs photographes », confirme la mairie de la ville. Si le souci principal de la municipalité est bien d’en défendre la réputation, l’argument pour convaincre le World Press Photo de retirer ce prix est journalistique.« Nous considérons le sujet du photographe, construit de toutes pièces, tant comme une atteinte à la ville et aux habitants de Charleroi que comme une atteinte à la profession de photojournaliste en tant que telle », dénonce dans sa lettre le bourgmestre de la ville, Paul Magnette (PS), en fonction depuis juillet 2014. « Le caractère falsifié et mensonger des légendes, la manipulation de la réalité, la construction d’images-chocs mises en scène par le photographe, malhonnêtes (…) trahissent les bases de l’éthique journalistique », poursuit l’élu.Le recours à la mise en scène est parfois légitime dans un sujet documentaire, notamment lorsque l’on fait un portrait, mais le World Press Photo, dans un document disponible en ligne, précise qu’une image ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène ou d’une reconstitution. De plus, certaines imprécisions dans les légendes posent problème.UN RÉCIT PERSONNEL Le rendu de ce portrait et sa légende suggèrent que cette personne vit recluse chez elle pour fuir la violence de son quartier. Thomas Vanden Driessche souligne pourtant « qu’il s’agit de Philippe Génion, une personnalité bien connue à Charleroi (…). Il habite dans un quartier populaire, mais relativement paisible. Sa maison est également un bar à vin ». Sur son profil Facebook, le modèle raconte le moment de la prise de vue :« Le photographe m’a demandé de poser pour lui, dans mon intérieur, et a demandé à ce que je sois torse nu, ce qui ne m’a nullement dérangé, n’ayant aucun complexe par rapport à mon physique. Les deux artistes étaient sympathiques et ne cachaient pas qu’ils mettraient en scène leurs photos, disant clairement qu’ils ne faisaient pas un reportage, mais un travail photo. Par contre, je m’insurge contre le terme d’“obésité névrotique”, qui, s’il peut qualifier d’autres personnes que je ne connais pas, n’est absolument pas mon cas. »De son côté, Giovanni Troilo ne semble pour l’instant pas trop inquiet de la polémique, comme le rapporte un blog du quotidien italien La Repubblica : « Je m’attendais aux polémiques, et ils n’ont pas été tendres… Mais je n’imaginais pas des réactions de ce genre. Je comprends l’ambiance, ils cherchent à promouvoir une image neuve de la ville [Charleroi], et dire certaines choses dérange. »Le photographe se défend, présentant sa série comme un récit personnel plutôt que comme un reportage au sens strict. Pour lui, ce travail rend compte de choses « qu[’il a] vues, qu[’il] conna[ît], dont [il] sai[t] qu’elles existent », tout en concédant, en creux, que certaines images sont mises en scène : « Il y a aussi des photos où [les personnes] ne posent pas, la dame avec la tête inclinée sur la table est véritablement une personne dans un hospice, c’est une amie de ma tante. La police était vraiment en train de charger… »Giovanni Troilo avait reconnu en conclusion de l’interview accordée à La Repubblica devoir fournir des explications au World Press Photo quelques jours avant la décision de confirmer le prix remis au photographe.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.02.2015 à 17h52 • Mis à jour le27.02.2015 à 04h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Un « prédateur sexuel », pédophile, qui a pu pendant des décennies utiliser un hôpital pour multiplier viols et attouchements : le rapport publié jeudi 26 février détaille une nouvelle fois les abus sexuels de Jimmy Savile, ancienne star britannique de la télévision, aujourd’hui décédé. Soixante victimes y sont identifiées, âgées de 8 à 40 ans. La moitié avait moins de 16 ans, et dix, moins de 12 ans. L’immense majorité était de sexe féminin. Les abus ont eu lieu entre 1968 et 1992.Ces nouvelles révélations viennent une nouvelle fois illustrer l’ampleur des crimes commis par l’ancien présentateur des émissions « Top of the Pop » et « Jim’ll fix it », grands succès des années 1970 et 1980. Avec ses cheveux longs blonds, ses gros cigares, ses pantalons de survêtements et ses lunettes teintées, l’homme était toujours passé pour un excentrique. Mais il était aussi très aimé du grand public, célébré pour son aide pour de nombreuses associations caritatives. Il était en particulier très actif dans les hôpitaux.On sait désormais qu’il s’agissait d’une tactique pour avoir accès aux enfants. Mais jusqu’à son décès en 2011, les accusations d’agressions sexuelles portées contre lui n’avaient jamais été révélées publiquement. A chaque fois, elles avaient été étouffées, à différents niveaux d’autorité.450 plaintesTout a basculé en 2012 avec la diffusion d’un documentaire diffusé sur ITV. Choquant le Royaume-Uni, l’affaire a poussé la police à ouvrir une enquête. Celle-ci a désormais reçu 450 plaintes, qu’elle est en train de traiter. Parallèlement, plusieurs rapports ont été commandés, pour essayer de faire toute la lumière sur ce scandale. En juin 2014, l’un d’entre eux détaillait les abus dans plusieurs hôpitaux. Ce jeudi, un nouveau document concerne l’établissement de Stoke Mandeville, situé près d’Oxford.Jimmy Savile était arrivé en 1969 dans cet hôpital en tant que brancardier volontaire. Aucune vérification sur sa personnalité n’avait alors été réalisée, mais il était déjà star du petit écran. Progressivement, il prend de plus en plus de place dans l’établissement, et aide à lever de l’argent. En 1980, la première ministre Margaret Thatcher, qui voulait promouvoir le financement privé du système de santé, lui confie même un rôle officiel pour assembler des fonds.La star avait ainsi un accès complet et total à l’hôpital, vingt heures sur vingt-quatre. Il rentrait dans les chambres à l’improviste, discutait avec les patients et leurs familles, offrait des disques, signait des autographes… Et abusait sexuellement ses victimes.« Le brancardier m’a fait mal, ici »Soixante témoignages, pénibles à lire, sont détaillés dans le rapport. Souvent, il s’agit d’attouchements très rapides : des mains sur des seins en passant dans un couloir, un baiser avec la langue à une jeune patiente, des caresses inappropriées. Et puis, il y a les cas de viol, comme la « victime 20 », qui avait douze ans au moment des faits en 1977. Elle était à l’hôpital pour se faire retirer les amygdales. En robe de chambre, elle s’était trainée à la pièce télévision, fatiguée de l’opération. Jimmy Savile est arrivé, s’est mis devant elle, a baissé son pantalon et l’a pénétrée. Victime 20 est allée se plaindre à l’infirmière : « Le brancardier m’a fait mal, ici. » La réponse est arrivée, sèche : ne surtout rien dire, sinon cela causerait des problèmes à l’infirmière. La même nuit, l’adolescente s’est réveillée et Jimmy Savile était à côté de son lit. Cette fois, il l’a pénétrée avec les doigts.Comment a-t-il pu continuer ses agressions pendant tant d’années, sans que rien ne se sache ? Le rapport documente neuf plaintes « verbales » et une plainte « formelle ». Mais « aucune n’a été prise sérieusement et n’a été transférée à la direction de l’hôpital ». En filigrane, l’explication qui transpire est double. D’une part, l’état d’esprit général consistait à ne pas prendre trop au sérieux les plaintes des enfants. D’autre part, Jimmy Savile exerçait une influence considérable sur l’hôpital. Il levait beaucoup d’argent et apportait une publicité très positive à l’établissement. Il était devenu intouchable.En 1991, une nouvelle direction est arrivée à Stoke Mandeville. Rapidement, elle s’est érigée contre Jimmy Savile. A l’époque, la controverse concernait l’argent de l’association caritative, que la star utilisait à sa guise, à titre personnel. Son accès permanent aux patients, son intrusion au milieu du personnel, ont également été jugés inappropriés. Jimmy Savile s’est progressivement éloigné de l’hôpital. Mais il a continué à exercer ses abus sexuels ailleurs. La dernière agression documentée remonte à 2009, deux ans avant son décès.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Il aura été en première ligne pendant les décennies de feu qui ont façonné durablement le Proche-Orient, témoin attentif de ses guerres et de ses révolutions, interlocuteur privilégié de ses figures les plus singulières, de Gamal Abdel Nasser à Mouammar Kadhafi. Au cours de sa très riche vie, Eric Rouleau, mort mercredi 25 février à l'âge de 89 ans, fut tour à tour journaliste au Caire avant la chute de la monarchie, pilier du service Etranger du Monde de la guerre israélo-arabe de 1967 à la révolution iranienne de 1979, puis ambassadeur de France en Tunisie puis en Turquie avant de renouer avec l'écriture et la chronique d'une région troublée dans les colonnes du Monde diplomatique.Né en Egypte en 1926 au sein d'une famille juive, Elie Raffoul entre en journalisme à vingt ans avec la foi du jeune communiste qu'il est alors. L'heure des décolonisations a sonné et dans le chaudron cairote s'affrontent ordre ancien et monde nouveau, un bouillonnement auquel la création d'Israël, en 1948, a ajouté une dose de complexité. Gauchiste et juif, voilà qui est un peu trop pour le régime du roi Farouk, qui le contraint à l'exil en 1951 et le déchoit de sa nationalité. La France sera pour ce francophile une patrie d'adoption généreuse, qui ne lui fera cependant jamais oublier sa première terre.C'est au Monde, à partir de 1955, qu'Elie Raffoul, devenu Eric Rouleau, va s'imposer progressivement comme l'un des journalistes les plus à même de déchiffrer les entrelacs des crises orientales à répétition, rejoint plus tard par Haig Kirazian – Jean Gueyras, pour les lecteurs du quotidien de la rue des Italiens. Un duo de polyglottes émérites (qu'il s'agisse des langues comme des idéologies et des réseaux) complété par Amnon Kapeliouk à Jérusalem.Une carrière diplomatique sous MitterrandPendant près de trente ans, Eric Rouleau parcourt une région en ébullition. Il est au cœur de séismes dont les répliques ne cessent d'être enregistrées encore aujourd'hui, de la guerre israélo-arabe de 1967, qui précipite la naissance d'un mouvement national palestinien autonome, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la révolution iranienne de 1979, qui marque la renaissance de l'islam politique.Pour ce journal qui ne lui mégote pas ses colonnes et qui ne s'effraie pas de publier de véritables feuilletons politiques et diplomatiques, il voyage, raconte, analyse, et multiplie les rencontres avec l'Histoire et ses nombreuses incarnations. Lui qui avait déjà pu rencontrer le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, avant son assassinat en 1949, sera reçu par les principaux acteurs de la région, surtout après l'entretien accordé par Gamal Abdel Nasser en 1963.Son expertise est recherchée, y compris par des responsables politiques français, souvent fascinés par son carnet d'adresse. La curiosité réciproque qu'il entretient avec le premier secrétaire du Parti socialiste devenu président de la République en 1981, François Mitterrand, lui fera sauter le pas en 1985 vers la carrière diplomatique, au grand dam des diplomates comme de certains de ses confrères prompts à dénoncer un mélange des genres.A la suite de missions discrètes, en Libye et en Iran, il devient ambassadeur de France à Tunis, siège de l'OLP après le départ du Liban, puis à Ankara. Il revient en 1991 à la plume pour Le Monde diplomatique, le parent éloigné du quotidien.Sur l'insistance de ses proches, Eric Rouleau avait publié en 2012 des Mémoires qui avaient permis de retracer ce parcours fascinant. Un condensé d'histoire dans lequel il s'était pourtant bien gardé, pour une fois, de tout raconter.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.02.2015 à 14h07 • Mis à jour le25.02.2015 à 14h48 | Jean-François Mignot (Sociologue) et Céline Goffette (Sociologue) De qui se moquait le journal satirique Charlie Hebdo, avant que deux terroristes islamistes assassinent cinq caricaturistes et six autres personnes présentes à la conférence de rédaction du 7 janvier ? Est-il vrai que ce journal faisait preuve d’une « obsession » à l’encontre des musulmans, comme cela a pu être dit à la suite des attentats, notamment dans une tribune du Monde du 15 janvier 2015, à laquelle ont contribué plusieurs chercheurs ?Pour apporter une réponse raisonnée à cette question, nous analysons les 523 « unes » du journal de janvier 2005 (n°655) au 7 janvier 2015 (n°1177). Si les « unes » de Charlie Hebdo ne résument pas à elles seules le journal, elles en sont toutefois la vitrine, que même des non-lecteurs peuvent voir en devanture des kiosques. Le faible nombre d’abonnés que comptait Charlie Hebdo avant les assassinats laisse d’ailleurs supposer que c’est sur la base de ses « unes » que le journal a été accusé d’islamophobie. De cette analyse, il ressort plusieurs enseignements.Quatre grands thèmes émergent des « unes » de Charlie Hebdo : la politique ; les personnalités médiatiques du sport et du spectacle ; l’actualité économique et sociale ; et la religion. Sur les 523 « unes » parues au cours des dix dernières années, près des deux tiers (336) concernent la politique. L’actualité économique et sociale vient ensuite (85 « unes »), puis les personnalités médiatiques du sport et du spectacle (42). La religion n’est le thème que de 7 % des « unes » (38). Enfin, 22 unes traitent de plusieurs sujets à la fois : politique et médias (n°919), médias et religion (n°928), religion et politique (n°932), religion et questions sociales (n°917), etc.Au sein de la thématique politique, un peu plus de la moitié des « unes » portent sur des personnalités de droite (en majorité Nicolas Sarkozy), près d’un quart sur des personnalités de gauche, 7 % sur l’extrême droite et 9 % sur des personnalités politiques internationales (et 9 % sur plusieurs cibles à la fois).Parmi les « unes » relevant de l’actualité économique et sociale, un peu plus de 50 % portent sur les mouvements sociaux ou sur les Français en général (comme le n°1104), 21 % portent sur les sexes ou la sexualité (par exemple le n°1155), 18 % portent sur la délinquance, la violence politique ou le terrorisme, et 6 % portent sur les relations entre générations.Au sein des personnalités médiatiques du sport et du spectacle, on trouve environ un tiers de créateurs (auteurs, chanteurs, réalisateurs, acteurs, humoristes, etc.) et deux tiers de sportifs et de personnalités des médias.Au fil des années, cette répartition en quatre catégories principales a peu changé. Néanmoins, la politique devient un sujet encore plus présent en période d’élection présidentielle.Irrévérencieux et indéniablement antiracisteParmi les 38 « unes » ayant pour cible la religion, plus de la moitié vise principalement la religion catholique (21) et moins de 20 % se moquent principalement de l’islam (7). Les juifs, quant à eux, sont toujours raillés aux côtés des membres d’au moins une autre religion, comme l’islam dans le n°1057. Trois « unes »  concernent toutes les religions à la fois, notamment les « unes » 983 et 1108.Au total, de 2005 à 2015, seulement 1,3 % des « unes » se sont moquées principalement des musulmans. De fait, Charlie Hebdo n’était pas « obsédé » par l’islam. Si obsession il y avait, celle-ci était plutôt dirigée vers des hommes politiques français, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy et, dans une moindre mesure, les Le Pen et François Hollande. Quant à certaines des « unes » les plus virulentes, on peut considérer qu’elles sont dirigées contre l’extrême droite française (n°965 et n°1031) et la religion catholique (n°1064, 1080 et 1111).Alors même que la religion est un sujet de « une » très mineur, et que parmi les quelques « unes » traitant de religion, assez peu sont consacrées à l’islam, depuis les procès de 2007 et de 2012 sur la publication des caricatures de Mahomet ce sont principalement des associations musulmanes qui intentent des procès à Charlie Hebdo. Par contraste, dans les années 1990, c’était surtout l’extrême droite et des associations catholiques identitaires qui intentaient des procès au journal satirique. En outre, avant même l’attentat du 7 janvier, les derniers actes violents contre le journal avaient eux aussi été commis, suite à l’édition « Charia Hebdo » en 2011, au nom de l’islam.Lire l’enquête : « Charlie Hebdo », une résurrection sous tensionBesoin de chercheurs en sciences socialesA la lecture, il apparaît que Charlie Hebdo, conformément à sa réputation, est un journal irrévérencieux de gauche, indéniablement antiraciste, mais intransigeant face à tous les obscurantismes religieux, musulman inclus. Ce qu’il faut expliquer, donc, ce n’est pas pourquoi Charlie Hebdo était islamophobe, mais pourquoi, de nos jours, seuls des extrémistes se revendiquant de l’islam cherchent à museler un journal qui se moque – entre beaucoup d’autres choses – de leur religion.Pour progresser dans la compréhension de ces événements dramatiques et contrecarrer les mécanismes qui en sont à l’origine, il est nécessaire de ne pas travestir la réalité des faits et de poser les bonnes questions. Nous avons besoin de chercheurs en sciences sociales qui recueillent des données fiables et les analysent de façon impartiale, pour savoir notamment dans quelle mesure les terroristes et plus largement les fondamentalistes musulmans bénéficient, en France, d’une base sociale rejetant les valeurs de la République.Cette contribution des sciences sociales est d’autant plus urgente que, comme l’indique le sociologue Olivier Galland, le manque de connaissances sérieuses « laisse le champ libre aux interprétations et aux solutions simplistes ».Jean-François Mignot (Sociologue)Céline Goffette (Sociologue) Alexandre Piquard Cette fois-ci, le tirage ne sera « que » de 2,5 millions d’exemplaires, contre huit au total pour le numéro précédent, sorti le 14 janvier. Mais tous ces chiffres restent exceptionnels pour Charlie Hebdo, à la veille de son nouveau numéro attendu en kiosques mercredi 25 février, un mois et demi après les attentats du 7 au 9 janvier.« Il y a eu un grand élan de solidarité et les montants des dons reçus et des recettes prévues sont totalement décalés. Charlie Hebdo n’était pas fait pour avoir autant d’argent », explique Richard Malka, l’avocat du journal depuis vingt-deux ans. Ce dernier détaille comment Charlie Hebdo compte gérer la quinzaine de millions d’euros attendue, tout en précisant que les derniers chiffres ne sont toujours pas définitifs.4,2 millions d’euros de donsD’abord, les dons ont atteint 4,2 millions d’euros environ, que le journal ne veut pas garder mais donner aux familles des victimes. Sur ce total, 2,65 millions arrivent par l’intermédiaire du fonds Presse et Pluralisme, une association créée par les éditeurs pour faire transiter des contributions défiscalisées. Des particuliers et des entreprises les ont notamment versées via la plateforme en ligne JaideCharlie.fr. La somme hébergée par Presse et Pluralisme pose un problème fiscal particulier, souligne toutefois Me Malka, car ce fonds doit en principe aider des entreprises de presse, pas des victimes. De plus, Charlie Hebdo devrait payer des impôts s’il versait des fonds aux familles. Mais une discussion est en cours avec le ministère des finances pour autoriser un versement direct à l’association des amis de Charlie Hebdo, raconte l’avocat.Cette dernière a été créée « quelques semaines » avant le 7 janvier, afin d’accueillir de l’argent des soutiens, à l’époque où le journal cherchait 200 000 euros pour éponger ses pertes, et un peu plus si possible. La structure a centralisé le reste des dons, soit 1,5 million d’euros reçus en direct, expose Richard Malka, ajoutant que l’association doit renouveler son bureau. Il faut en effet un président (non salarié) pour remplacer Georges Wolinski, décédé. L’actuel secrétaire général est l’avocat Christophe Thévenet. Et l’association a commencé à réunir un groupe d’avocats pour régler la question, délicate, des versements aux familles des victimes, elles-mêmes en train de se constituer en association, raconte M. Malka.« Cela va prendre des mois »« Comment repartir ? Il n’y a pas de règles évidentes, cela va prendre des mois », prévient l’avocat qui liste certaines des questions soulevées : comment indemniser les familles des morts, des blessés ? Faut-il verser aux conjoints, aux enfants, aux frères et sœurs ? Comment se coordonner avec les indemnisations prévues par le fonds de garantie pour les victimes d’attentats et la Sécurité sociale ? Il y a une volonté de ne pas faire de « distinction » entre victimes, note l’avocat, incluant les douze personnes tuées à Charlie Hebdo, dont un employé d’un prestataire et deux policiers, plus les victimes de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris et la policière tuée à Montrouge, ainsi que les blessés, dont quatre membres de la rédaction de Charlie Hebdo, mais aussi un joggeur touché par des tirs.A ces sommes s’ajouteront les droits d’auteurs perçus sur la vente de numéros spéciaux, comme celui édité par Fayard, ou de DVD.Les ventes historiques du numéro « Tout est pardonné » seront affectées à Charlie Hebdo. Mais aussi à un projet de fondation. Sont concernés 10 à 12 millions d’euros de marge environ, selon Me Malka, qui rappelle que d’autres acteurs de la presse ont bénéficié de cet afflux vers les kiosques, imprimeurs ou distributeurs (ces derniers ayant toutefois renoncé à leur part pour le premier million d’exemplaires). Toutefois, cette somme pourrait être réduite à environ 7 ou 8 millions d’euros après impôt sur les sociétés. Les quelque 220 000 abonnements souscrits devraient eux générer environ 3 millions d’euros de marge.Ces recettes viennent prendre le relais du million d’euros d’aide versé par le ministère de la culture de Fleur Pellerin pour gérer l’urgence. Elles serviront à louer et équiper de nouveaux locaux sécurisés dans le 13e arrondissement de Paris, mais surtout à assurer la pérennité du journal.Un actionnariat plus coopératif« L’ampleur du soutien reçu nous donne aussi des obligations, pense M. Malka. Il est indispensable qu’une partie des recettes aille à une fondation qui a un but plus large : soutenir le dessin de presse. Par la formation, la pédagogie dans les écoles ou l’aide aux dessinateurs dans le monde. » Selon l’avocat, il est trop tôt pour savoir quelle somme sera affectée à la fondation et qui dirigera cette dernière. Consacrée à la « liberté d’expression précieuse qui s’exprime par le dessin de presse », la structure ne se focaliserait pas sur la laïcité, même si « de fait, là où sont menacés des dessinateurs, c’est souvent pour des questions religieuses », explique Richard Malka militant de longue date pour la laïcité.Restera enfin la question de la gouvernance de l’entreprise, sur laquelle la rédaction souhaite davantage de transparence et une approche plus collective. Une des revendications est de passer à un actionnariat plus coopératif, à l’occasion de la refonte du capital liée au décès de Charb, qui détenait 40 % des parts (à égalité avec Riss, le directeur financier Eric Portheault en possédant 20 %). Il a déjà été décidé qu’il n’y aurait pas de distribution de dividendes pendant trois ans, précise l’avocat. La rédaction veut un débat rapidement. L’avocat l’estime « légitime » mais pense, comme Riss, que les discussions doivent se faire de façon « apaisée », pas dans « l’urgence ».Riss : « Tout le monde n’est pas obligé d’aimer “Charlie” »Pour l’heure, alors que tout le monde se souvient des pénuries de Charlie Hebdo en kiosques le 14 janvier, le nouveau numéro doit être diffusé à 700 000 exemplaires mercredi, puis 450 000 jeudi et 300 000 les jours suivant. Ensuite, 250 000 exemplaires seront exportés. A la « une », un chien Charlie Hebdo poursuivi par d’autres canidés : Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, BFM-TV, un financier et… un fanatique avec kalachnikov. « Charlie Hebdo ne peut pas être le seul à porter la question du blasphème, la pression serait trop forte », insiste enfin Richard Malka.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Ceux qui ont assisté à la présentation des résultats de HSBC, lundi 23 février, ont eu droit à un rare moment d’honnêteté. Oui, la banque prive de campagne publicitaire les journaux qui se montrent « hostiles » à son égard, comme l’a reconnu le directeur général de HSBC, Stuart Gulliver, en réponse à une question.Mis en cause le matin même par The Guardian pour sa situation fiscale personnelle, M. Gulliver a doctement expliqué que sa banque avait « recours à la publicité pour vendre plus de produits bancaires », et qu’en conséquence, « ça ne fait aucun sens de placer une publicité à côté d’une couverture journalistique hostile ».« Si vous lisez pages 4 et 5 que HSBC est une mauvaise entreprise, c’est peu probable que vous vous disiez une page plus loin 'et si j’allais prendre un crédit immobilier chez eux ?’, a-t-il argumenté. C’est du bon sens, c’est le business qui veut ça : nous ne plaçons pas de publicités à côté d’articles hostiles parce que ces dépenses publicitaires ne nous rapporteraient rien. »Ces déclarations font suite à la démission spectaculaire de Peter Oborne, éditorialiste au Daily Telegraph. Mardi 17 février, celui-ci a accusé le quotidien des frères Barclay d’avoir sous-couvert les révélations « SwissLeaks » pour protéger son chiffre d’affaires publicitaire. La banque avait déjà privé le quotidien britannique de budgets publicitaires en 2012-2013 après une enquête sur la filiale HSBC de Jersey, avait révélé M. Oborne.Profil basCes pratiques ne sont pas rares dans les relations entre médias et annonceurs. On se souvient par exemple qu’en France, le géant du luxe LVMH, suivi par d’autres annonceurs, avait privé de toute publicité le quotidien Libération suite à la couverture « Casse-toi riche con ! » visant son principal actionnaire, Bernard Arnault, le 10 septembre 2012. Un conflit d’un an qui avait privé Libé d’au moins 700 000 euros de recettes, selon certaines estimations, et contribué à détériorer ses finances.Cette fois, depuis le 9 février, date de début de publication des « SwissLeaks », HSBC a suspendu ses campagnes avec les médias participant à l’opération, dont Le Monde. Une banque de cette envergure est capable de dépenser plusieurs centaines de milliers d’euros par campagne.Toutefois, la suspension des campagnes de HSBC ne se limiterait pas aux médias participant à l’opération « SwissLeaks ». La banque aurait globalement suspendu ses investissements de communication pour le moment, adoptant une stratégie de profil bas, en attendant des jours meilleurs.Sans menacer quiconque ouvertement, les propos de M. Gulliver sont néanmoins assez clairs. Il a beau déclarer que « cela n’a rien à voir avec chercher à influencer la couverture éditoriale de qui que ce soit », les médias savent à quoi s’en tenir.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.03.2015 à 16h25 • Mis à jour le06.03.2015 à 19h02 Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a adressé une « mise en demeure » à la station de radio RMC et à la chaîne de télévision BFMTV à la suite d'une interview diffusée le 16 février par les deux médias de l'ancien ministre Roland Dumas par le journaliste Jean-Jacques Bourdin. « Le premier ministre est-il sous influence juive ? », lui avait demandé l'animateur.« Je peux le penser », lui avait alors répondu l'ancien président du Conseil constitutionnel. « Il a des alliances personnelles qui font qu'il a des préjugés. Chacun sait qu'il est marié avec quelqu'un, quelqu'un de très bien d'ailleurs, qui a de l'influence sur lui », avait-il déclaré, évoquant, sans la nommer, l'épouse du premier ministre, Anne Gravoin. Le CSA avait annoncé le jour même qu'il « instruisait un dossier » sur cette affaire.Lire aussi (édition abonnés) : Le CSA saisi après les propos de Roland DumasUn avertissement sans sanctionPour l'autorité publique indépendante de l'audiovisuel, « la formulation même » de la question du journaliste était « de nature à banaliser et à propager des comportements discriminatoires ». Une mise en demeure du CSA n'a qu'une valeur d'avertissement et n'entraîne pas de sanction, sauf en cas de récidive.Au cours d'un échange de deux minutes, Jean-Jacques Bourdin était revenu à la charge à plusieurs reprises après l'évocation, une première fois, par l'ex-ministre des affaires étrangères des « alliances personnelles » de Manuel Valls « qui font qu'il a des préjugés ».Lire le portrait (édition abonnés) : La rengaine de Roland DumasDans un communiqué, BFMTV et RMC disent regretter cette décision, « les deux chaînes veillent au quotidien à ne pas encourager les comportements discriminatoires et à promouvoir les valeurs de la République ». « En outre, BFMTV et RMC alertent sur les risques que ces sanctions font peser sur la liberté d'informer en France. En effet, elles pourraient conduire, demain, les seuls médias régulés par le CSA, et leurs journalistes, à systématiquement s'autocensurer dans leur mission d'information, notamment lorsqu'ils exercent leur “droit de suite” pour obtenir d'un invité une clarification de ses propos. »Le journaliste Jean-Jacques Bourdin a également réagi à la décision :Je suis sanctionné pour avoir fait mon métier. On ne me fera pas taire. Je continuerai à aller chercher la vérité. Réveillons nous.— Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC)require(["twitter/widgets"]);La déclaration de M. Dumas avait suscité un tollé, le premier ministre s'était refusé à répondre « d'un point de vue personnel », tout en dénonçant « les propos d'un homme [Roland Dumas] dont on connaît le passé et qui ne font pas honneur à la République depuis bien longtemps ». 05.03.2015 à 18h01 • Mis à jour le06.03.2015 à 09h48 | Alexis Delcambre Cinq jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues par l’Agence France-presse, les premières conséquences ont été actées avec la démission, jeudi 5 mars, du directeur de la Région France, Bernard Pellegrin, et du rédacteur en chef France Didier Lauras.A la tête de la Région France depuis 2012, M. Pellegrin est remplacé par Philippe Onillon, actuel adjoint à la direction de l’information, qui a pour mission de « tirer toutes les conséquences des dysfonctionnements qui se sont produits le samedi 28 février » et « notamment étudier les procédures d’alerte à suivre en cas de circonstances exceptionnelles », selon un communiqué.En interne, cette double démission est interprétée comme le signe que la chaîne d’erreurs survenue le 28 février n’est pas uniquement le fruit de fautes de jugement individuelles, mais procède aussi d’un contexte organisationnel.« La question est notamment celle de savoir comment une grande agence mondiale travaille un samedi, avec quelle collégialité et quelle supervision », selon un journaliste. Celui-ci fait référence a une des failles apparues ce jour-là : la journaliste de permanence a pris seule la décision de publier la dépêche annonçant à tort la mort de M. Bouygues.Cela peut signifier que la nécessité de consulter la haute hiérarchie du service ou de l’agence avant de diffuser une telle information n’était pas clairement établie. C’est en tout cas ce qu’on comprend des mots d’ordre de la direction, qui estime qu’il faut rappeler cette nécessité, y compris à travers un programme de formation.Mardi, le syndicat SNJ-CGT avait mis en garde contre la tentation de s’en tenir à une lecture individualisée des événements. Une lettre ouverte avait également circulé dans la rédaction pour défendre les agenciers impliqués dans la publication de la dépêche erronée.Dans ce texte, des journalistes évoquaient « une erreur qui affecte chacun de nous et dont aucun de nous n’est à l'abri ». « Cet échec doit être assumé collectivement, y compris par la hiérarchie, et être l’occasion d’une vraie remise à plat de nos pratiques, et d’une réaffirmation de nos règles », estimaient ces agenciers, dénonçant « un quotidien de plus en plus marqué par la course à la rapidité et la pression induites non seulement par les réseaux sociaux, les sites internet et les chaînes d'information en continu, mais aussi par la rédaction en chef et la direction ».Après son erreur sur la mort de Martin Bouygues, l’AFP agitée de débats en interneCette double exigence, parfois contradictoire, de rapidité et de fiabilité, est au cœur des débats qui parcourent l’AFP, qui doit à la fois « dire juste » et « dire vite », comme l’avait rappelé François Hollande lors du 70e anniversaire de l’agence, en janvier.« Ces dernières années, et notamment lors de la couverture de l’attentat de Charlie Hebdo, la hiérarchie a souvent "mis la pression" sur les services de production pour que ceux-ci donnent une information le plus vite possible - en dépit parfois d'éléments insuffisamment étayés - dès lors qu'elle était publiée par un autre média, et déploré les retards dus au nécessaire recoupement des sources », lisait-on encore dans cette lettre ouverte, qui concluait que « la mise sous tension des journalistes au quotidien pour courir après [les réseaux sociaux] finit par créer de mauvais réflexes ».« La fiabilité est la valeur numéro un à l’AFP, elle doit toujours primer sur la rapidité », a réaffirmé Michèle Léridon, la directrice de l’information - dont la démission a été refusée par le PDG, Emmanuel Hoog. Le nouveau directeur de la Région France, Philippe Onillon, devra ainsi « travailler (...) aux moyens de consolider nos règles en matière de sources et de vérification des faits dans un monde de l’information en pleine mutation ».Cette double démission ne signifie pas que l’affaire est close. « Les suites à donner au regard des responsabilités individuelles interviendront dans les prochains jours », selon la direction de l’AFP, qui a conduit depuis samedi une enquête interne.« Il aurait été impossible de prendre quelque sanction que ce soit sans qu’il y ait au préalable une prise de responsabilité à un certain niveau », décrypte un journaliste de l’agence, ajoutant que la hiérarchie de la Région France était de toute façon contestée de longue date, notamment pour s’être cassée les dents sur un projet de réforme des différents services. « Il fallait quelqu’un de nouveau pour mener la remise à plat des procédures et de l’organisation », estime ce journaliste.Cette annonce a également contribué à réduire la pression pesant sur M. Hoog, qui s’était trouvé attaqué par un communiqué du SNJ-CGT, qui exploitait une phrase prononcée en janvier par le PDG (« Ne soyez pas prisonniers de vos sources »). Le nom de M. Hoog est régulièrement cité parmi les postulants à la présidence de France Télévisions.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.03.2015 à 16h38 • Mis à jour le05.03.2015 à 16h40 Yves de Kerdrel, le directeur de la publication de Valeurs actuelles, a été condamné jeudi 5 mars à une amende de 3 000 euros pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation. La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a également ordonné la publication, dans Valeurs actuelles et un autre journal, d'un communiqué judiciaire qui souligne le caractère « particulièrement stigmatisant » envers les Roms dans ce dossier.Le 22 août 2013, l'hebdomadaire avait consacré un dossier aux Roms, intitulé « Roms l'overdose », qui avaient scandalisé plusieurs associations et particuliers. Les juges ont souligné jeudi que, dans ce dossier, « la répétition et la juxtaposition de termes censés [être] descriptifs tels que “fléau”, “overdose”, “plaie”, “invasion”, tous évocateurs de maladies ou de catastrophes [...] contribuent nécessairement, par-delà le supposé “constat” à opposer la communauté visée, appréhendée sous un prisme uniquement négatif, à “la France” ou aux “Français” ».Voir : Concert de réprobations après la couverture de « Valeurs actuelles » sur « L'overdose Roms »Yves de Kerdrel et la société Valmonde, éditrice du journal, ont également été condamnés à verser solidairement 2 000 euros de dommages et intérêts à la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et 1 euro à l'association La Voix des Rroms. Cette condamnation doit « servir d'exemple pour les journalistes et les hommes et femmes politiques », a réagi l'avocat de la Voix des Rroms, Me Henri Braun, à l'issue du jugement.De son côté, le directeur de la publication de l'hebdomadaire a dénoncé un « nouvel acte de censure fait à destination de Valeurs actuelles, sur un sujet grand public qui intéresse les Français » et une « atteinte à la liberté d'expression ». Ce dernier avait déjà été condamné le 3 février à 2 000 euros d'amende pour une « une » intitulée « Naturalisés, l'invasion qu'on nous cache », présentant une Marianne voilée. Il a fait appel. Alexis Delcambre et Alexandre Piquard L’Etat s’invite dans le processus de nomination du prochain président de France Télévisions, attendue d’ici le 22 mai : les ministres Fleur Pellerin, Emmanuel Macron, Michel Sapin et Christian Eckert ont formulé, mercredi 4 mars, leur version des missions de l’entreprise publique à l’horizon 2020, en s’appuyant sur un rapport commandé à l’ancien directeur financier de France Télévisions Marc Schwartz.Pour ces autorités de tutelle, il s’agit de peser dans une procédure largement confiée au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), chargé de désigner le successeur de Rémy Pflimlin, qui n’a pas encore dit s’il serait candidat. Mais il s’agit aussi pour les ministres de couper court à un reproche récurrent : l’Etat dérouterait France Télévisions par ses injonctions contradictoires, son absence de constance et de cohérence.Présidence de France Télévisions : le casse-tête du CSAFleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication, et ses homologues de Bercy entendent donc prendre leurs responsabilités et proposent de « simplifier et de rationaliser » les objectifs de la télévision publique, tout en poussant à des choix stratégiques drastiques, qui pourraient éventuellement affecter le nombre des chaînes hertziennes publiques, actuellement de cinq (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô).Le gouvernement est aussi soucieux de réconcilier la télévision publique avec la société dans son ensemble, a fortiori dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo. Si le développement numérique de France Télévisions a été significatif ces dernières années, l’audience de ses chaînes hertziennes est vieillissante. Symboliquement, les ministres proposent de remplacer le triptyque traditionnel « informer, éduquer distraire » par « comprendre, rayonner, participer ».France Télévisions, le grand corps maladePriorité à l’information « Nous attendons du prochain président de France Télévisions des propositions pour renforcer l’offre publique d’information », a dit Fleur Pellerin dans son discours, mercredi. Pour la ministre, il s’agit de promouvoir le débat et la « diversité » des paroles, mais surtout de proposer plus d’information. En la matière, l’Etat ne pense pas seulement à l’information en continu sur laquelle règnent BFM-TV et i-Télé. Il souhaite que soient associées les rédactions nationales - de France 2 et France 3 -, mais aussi locales. Et qu’il y ait une « coopération étroite » avec les autres entreprises de l’audiovisuel public. Concrètement, on peut imaginer un projet de chaîne d’information publique. Dans la lignée du canal 100 % numérique qu’a annoncé pour septembre l’actuel directeur de l’information de France Télévisions, Thierry Thuillier, et qui se nourrirait notamment du site d’information FTVI. Une autre piste pourrait être celle défendue de longue date par le sénateur PS David Assouline : dédier France 3 à l’information sous toutes ses formes (et France 2 aux autres programmes).Un devoir de soutien à la création française Pour l’Etat, France Télévisions doit aussi jouer un rôle moteur dans la création française, à la fois en proposant de nouvelles séries innovantes, mais aussi en jouant mieux de son poids économique : « France Télévisions doit développer une politique d’achat et d’investissement qui contribue à mieux structurer et professionnaliser le secteur de la production, pour que les programmes français rayonnent sur les marchés internationaux », écrivent les ministres dans leur document de synthèse.Fleur Pellerin voit France Télévisions, premier commanditaire français de créations audiovisuelles, comme un fer de lance de son projet de réforme de la réglementation pour favoriser des « champions » d’une fiction française moderne, capables d’exporter. En contrepartie, l’Etat assure qu’il jugera moins France Télévisions sur la seule « audience » des programmes : il faut « accepter clairement le droit à l’échec » et « les pouvoirs publics, comme France Télévisions, doivent adopter une culture du risque et de l’audace », écrivent les ministres. A défaut d’être un vœu pieu, c’est un message ambitieux.Répondre au divorce avec la jeunesse« Pour que les Français parlent de France Télévisions, France Télévisions doit parler d’eux », selon Fleur Pellerin. Diversité, jeunesse, « culture de l’ouverture », « apprentissage de l’altérité » : dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo, l’Etat affirme attendre « des engagements et des résultats concrets ».L’enjeu, louable mais difficile à atteindre, est de « rapprocher France Télévisions du public le plus éloigné aujourd’hui des grands médias ». Pour cela, le gouvernement imagine une télévision publique dont la culture serait transformée : « approches collaboratives », « liens avec d’autres organisations » comme les « médias de proximité ou médias citoyens » . Et il attend que les entreprises de l’audiovisuel public travaillent « à un espace de service public audiovisuel à l’intention des jeunes », dont on comprend qu’il serait probablement numérique, faisant suite aux efforts actuels de France 4 ou de Mouv’et destiné à offrir une alternative aux contenus actuels de YouTube, des réseaux sociaux et des antennes privées.Des économies et l’hypothèse d’une suppression de chaîneSur le volet financier, l’Etat joue cartes sur table : les ressources de France Télévisions seront « au mieux stables » et « plus probablement (…) à la baisse », en raison des contraintes pesant sur les finances publiques. Faut-il en conséquence rétablir la publicité en soirée, supprimée sous Nicolas Sarkozy ? « Les conditions ne sont pas réunies », tranche le gouvernement, faisant écho aux préoccupations des chaînes privées, touchées par le repli du marché publicitaire. Le prochain président aura donc une feuille de route de rigueur : poursuivre les « réformes » engagées, rechercher des « synergies », créer de l’« agilité »…Mais le gouvernement va plus loin : « L’Etat considère que maintenir cinq chaînes hertziennes ne sera possible, dans le cadre économique des cinq prochaines années, que si des réformes de gestion ambitieuse sont réalisées », selon le document de synthèse. A charge donc, pour le prochain président, de travailler à la « cohérence du bouquet », et de s’attaquer aux structures de charges les plus lourdes : le réseau régional de France 3, la filière de production et le réseau outre-mer. La réforme territoriale en cours, à laquelle les ministres se réfèrent, est vue comme l’occasion de simplifier le maillage régional de France 3.France Télévisions : l’Etat fait voeu de simplificationDepuis le retour de la gauche au pouvoir en 2012, l’exécutif a rendu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) la prérogative de nommer les patrons de l’audiovisuel public, dont celui de France Télévisions, où le mandat de Rémy Pflimlin s’achève cette année.Cependant, un an à peine après le vote de la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public, l’exécutif entend montrer qu’il lui revient d’encadrer les grandes orientations stratégiques, ce qu’il n’avait pas fait pour le choix de Mathieu Gallet à la présidence de Radio France. Le risque est de rajouter ainsi de la complexité et de donner l’impression d’une concurrence entre l’Etat et le CSA, qui a pris un poids politique croissant sous la présidence d’Olivier Schrameck.L’Etat fait pourtant ici vœu de simplification, alors qu’il est régulièrement critiqué pour la multiplicité des objectifs imposés à France Télévisions et la lourdeur de son pilotage, épuisant pour les directions de l’entreprise publique. Le gouvernement veut réduire le nombre des objectifs du groupe public et lui redonner de l’autonomie, notamment par son conseil d’administration, sur le modèle par exemple de la BBC britannique. Il assure enfin qu’il ne reviendra plus sur ses choix. Une intention louable mais qui suppose des changements culturels majeurs chez l’ensemble des acteurs : cabinets ministériels, parlementaires, dirigeants et syndicats, voire producteurs.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.03.2015 à 15h29 • Mis à jour le03.03.2015 à 19h12 | Alexis Delcambre Premiers grincements de dents à l’Agence France-Presse (AFP), trois jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues. Mardi 3 mars, le syndicat SNJ-CGT a publié un communiqué offensif pour pointer ce qu’il estime être les causes structurelles de cette erreur, au delà des manquements individuels.Depuis samedi, la direction de l’agence s’est attachée à communiquer abondamment. Elle a d’abord annulé l’ensemble de ses dépêches sur le sujet - un geste rare. L’AFP et son PDG, Emmanuel Hoog, ont présenté leurs excuses, tandis que la directrice de l’information, Michèle Léridon - dont M. Hoog a refusé, samedi, la démission -, s’attachait à exposer les erreurs ayant conduit à cet accident.Lundi, la conférence de rédaction matinale a été intégralement consacrée à un débriefing des événements de samedi. La direction a reçu tous les protagonistes pour entendre leurs versions et aboutir à un récit détaillé. « C’est une instruction rédactionnelle », a expliqué Mme Léridon, sans cacher l’hypothèse de « sanctions ».Mais désormais, une partie de la rédaction trouve que la direction de l’agence en fait trop. « Nous ne voulons pas être dans une logique de bouc émissaire, s’inquiète un journaliste. Cet épisode appelle une réflexion collective sur la rapidité, les sources et l’aspect collectif du travail, plutôt que de cibler deux individus. » « Prisonniers de vos sources »Au sein de la rédaction, des journalistes s’affichent « solidaires » du journaliste du bureau de Rennes qui a subi le quiproquo avec le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne) et de la rédactrice en chef adjointe qui a validé la dépêche. « Ce sont tous deux des professionnels estimés », dit-on. Qui auraient certes commis des erreurs de jugement, mais dans le contexte d’un improbable enchaînement de circonstances : une rumeur qui remonte accidentellement jusqu’à Paris ; un quiproquo téléphonique…Pour le SNJ-CGT la cause est entendue : l’origine de ces « erreurs humaines » est à rechercher dans « la désorganisation de la rédaction mise en place par la direction depuis plusieurs années ». Le syndicat pointe même une forme d’hypocrisie de la direction, sur la tension entre fiabilité et rapidité. Ainsi, le 8 janvier, au lendemain de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, Emmanuel Hoog serait intervenu en conférence de rédaction pour déplorer que les noms des victimes aient été donnés trop tardivement par rapport à d’autres médias. « Ne soyez pas prisonniers de vos sources », aurait notamment recommandé le PDG.« Depuis samedi, il y a eu une pression de Hoog pour sur-réagir, estime un journaliste. Peut-être parce que cette affaire peut lui porter préjudice, alors que la campagne pour la présidence de France Télévisions bat son plein. » Le nom du PDG de l’AFP est en effet régulièrement cité parmi les postulants à la succession de Rémy Pflimlin, sur laquelle le CSA doit se pencher au mois d’avril.Pour M. Hoog, la séquence est amère. Le 19 janvier, à l’occasion des 70 ans de l’AFP, il accueillait François Hollande et le tout-Paris des médias au Palais Brongniart. Dans un discours qui se voulait un éloge du journalisme, prononcé devant les survivants de la rédaction de Charlie Hebdo, le président dénonçait un « temps médiatique réduit parfois à l’immédiateté » et soulignait l’importance de « dire juste » avant celle de « dire vite ».Des zones d’ombre persistantesL’origine de la rumeur qui a conduit l’AFP à annoncer par erreur la mort de Martin Bouygues reste mystérieuse. Dans une note interne retraçant les événements de samedi, l’agence fait état d’une rumeur partie de « la commune de La Roche Mabile sur la mort de Martin Bouygues qui y possède une maison ». Problème : selon le groupe Bouygues et la mairie de La Roche Mabile, ce n’est pas le cas. « Martin Bouygues n’a aucune attache dans l’Orne », a indiqué au Monde le porte-parole du groupe de BTP.Autre zone d’ombre : la nature précise du dialogue entre un journaliste de l’agence et le maire de la commune de Saint-Denis-sur-Sarthon. Selon l’agence, le journaliste a bien demandé au maire s’il pouvait lui confirmer la mort de Martin Bouygues, et ce dernier a répondu clairement par l’affirmative. Le maire conteste cette version et assure que le nom de « Bouygues » n’a pas été prononcé.Enfin, une inconnue subsiste sur l’intensité des efforts prodigués par l’AFP pour recouper l’information. Selon l’agence, plusieurs contacts politiques et économiques n’ont rien donné et les porte-parole du groupe Bouygues n’ont pas répondu au téléphone. Ceux-ci assurent avoir retourné l’appel dans la demi-heure, mais que la dépêche était déjà partie.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gabriel Coutagne C’est au tour du photographe de répliquer après la diffusion d’une photo prétendument non retouchée de Cindy Crawford sur les réseaux sociaux. Le site américain TMZ révélait dimanche 1er mars que l’avocat de l’auteur de la fameuse photographie, John Russo, demandait au Telegraph et au Sunday Telegraph de retirer l’image, sous peine de poursuites.Cindy crawford releases honest, un-photoshopped image http://t.co/ehbjfbyWrk #BeReal http://t.co/27tLSzOg1C— BeReal_Campaign (@Be Real)require(["twitter/widgets"]);Dans une lettre adressée au Telegraph et mise en ligne par TMZ, l’auteur du cliché, connu pour ses portraits de célébrités, explique que les photos de Cindy Crawford, réalisées pour l’édition mexicaine de Marie Claire en 2013, « [lui] ont été volées ». Il ajoute que l’image qui circule sur les réseaux sociaux « est une version frauduleuse de [sa] photographie, qui a été transformée et qui ne représente pas l’image originale ».En plus de reprocher aux médias une diffusion de l’image en dépit du droit d’auteur, le photographe souligne donc que ce cliché, prétendument non retouché, a été sciemment modifié. Dans un entretien au Monde, un professionnel de la retouche avait déjà suggéré que cette image avait sans doute été retouchée afin de faire ressortir les défauts de la top-modèle. Selon lui, pour cette image, « les contrastes ont très bien pu être renforcés pour accentuer l’effet naturel ».L’éternelle retouche des photos du corps fémininDu côté de la star, la réplique était venue par la voix de son époux, qui avait publié sur son compte Instagram une photo qui fonctionnait comme un démenti.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Face à l’érosion de ses ventes (- 8,2 % en 2014) et à une mutation numérique à accélérer, Le Parisien a opté pour un renouvellement de son équipe dirigeante. Celui-ci touche notamment la direction des rédactions, où Stéphane Albouy, jusqu’ici rédacteur en chef, succède à Thierry Borsa.Directeur des rédactions depuis 2010, M. Borsa était en sursis depuis plusieurs mois. A l’automne, selon Presse News, la direction du groupe Amaury avait mandaté un cabinet de recrutement pour lui trouver un successeur. Elle s’est finalement rabattue sur une solution interne. M. Borsa s’était notamment trouvé en conflit avec ses équipes pour avoir tenté de fusionner plusieurs services dans un grand pôle « actualité ».Au-delà de ce remplacement, les cadres du groupe — Eric Herteloup, Frédéric Allary, Eric Leclerc, Julie Costes —, voient leurs responsabilités élargies ou leurs titres reformulés, pour mieux intégrer la dimension numérique.RETOUR À L’ÉQUILIBREEn termes de projet, Le Parisien promet de « renforcer son traitement de la politique, de l’économie et des sujets de société » et met en avant la création d’une « cellule data-journalisme » et le lancement du « Parisien TV », son offre vidéo.L’information locale sera proposée avec un système d’abonnement « au compteur », soit cinq articles gratuits par semaine et un abonnement à 2,99 euros par mois. Cette nouvelle offre sera proposée à partir du 11 mars sous le label « Le Parisien Ma ville ». Le Parisien cherche ainsi à accroître son nombre d’abonnés numériques, qui n’est que de 6 000 pour le moment.Malgré la forte baisse de ses ventes (- 8,2 %, à 229 637 exemplaires en moyenne par jour, pour Le Parisien, et - 7,9 %, à 148 220 exemplaires, pour Aujourd’hui en France), le quatrième quotidien français affirme avoir « quasiment atteint l’équilibre » financier en 2014 — le fruit d’une politique d’économies internes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « C'est une débâcle, une erreur énorme », lâche Michèle Léridon, directrice de l'information de l'Agence France-presse, après l'annonce erronée de la mort de Martin Bouygues, samedi 28 février.Que s'est-il passé ? Une triple erreur semble être à l'origine de cette « faute », comme l'a qualifiée Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'agence.Premier acte : samedi en milieu de journée, au siège de l'agence à Paris, serait parvenue une information faisant état de la mort, dans l'Orne, du président-directeur général du groupe Bouygues. L'origine de cette information n'est pas connue.Aussitôt, la rédaction en chef alerte les différents services concernés et contacte son bureau à Rennes, dont dépend le département de l'Orne, pour vérifier cette information.Les journalistes rennais téléphonent alors en quête d'une confirmation. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec Michel Julien, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), une commune voisine de La Roche-Mabile, où le Martin Bouygues serait mort.Se produit alors une étonnante confusion. Interrogé pour savoir si Martin Bouygues était mort, le maire aurait répondu, selon l'agence, par l'affirmative. Dans cet échange, la confusion serait liée au fait que le maire faisait référence à une autre personne, dont le patronyme est « Martin ».Sur BFM-TV, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon a démenti que le nom « Bouygues » ait été évoqué : « Le journaliste m'a dit “M. Martin est décédé” ; j'ai dit “oui” », expliquant qu'un homme qu'il connaissait bien, mais qui n'avait rien à voir avec l'industriel, était effectivement mort le matin même. « Je suis très surpris, je ne savais pas qu'on parlait de Martin Bouygues », a-t-il ajouté.« DOMMAGE CONSIDÉRABLE »Le bureau de Rennes envoie alors au siège parisien sa dépêche, forte de cette source locale. Celle-ci est immédiatement publiée sur les fils, sans recherche d'une autre confirmation. « Il est évident qu'il aurait fallu, à ce moment, attendre la confirmation du groupe Bouygues », estime Michèle Léridon, qui rappelle que les sources habituelles pour ce type d'information sont l'entourage ou les services de communication.A 16 heures, l'AFP est contrainte d'envoyer une humiliante « note aux clients » : « Veuillez ne pas tenir compte de toute la série de dépêches (alerte, urgent, LEAD et 2ELEAD) concernant l'annonce par erreur du décès de Martin Bouygues. » Entre-temps, la caisse de résonance des alertes et des tweets l'a déjà largement répandue.« Les règles rédactionnelles élémentaires dans ce type de situation, ainsi que les procédures de validation, vont être rappelées, a précisé Michèle Léridon. La réputation de l'agence est fondée d'abord sur sa fiabilité. Nous mettons, au quotidien, tout en œuvre pour qu'elle ne soit pas entachée de tels dysfonctionnements. »Dans une note interne, que s'est procurée Libération, Michèle Léridon affirme : « L'information erronée nous cause un dommage considérable en termes de crédibilité et d'image », et de rappeler plusieurs principes de l'agence : « 1) La fiabilité est la valeur numéro un à l'AFP. Elle doit toujours primer sur la rapidité. 2) L'annonce de la mort d'une personnalité quelle qu'elle soit doit faire l'objet d'une attention toute particulière, avec des sources pleinement autorisées. 3) Le travail d'agencier est un travail d'équipe. Au moindre doute, les questions doivent remonter au sein de la hiérarchie. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 février, les Américains ont découvert la troisième saison de « House of Cards ». Samedi à 20 h 50, les Français pourront à leur tour visionner les nouvelles manigances politiques de Kevin Spacey et de sa compagne, sur Canal+ Séries, ainsi que sur la plate-forme en ligne Canal+ à la demande, où tous les épisodes sont immédiatement disponibles, en version originale. Canal+ diffusera, elle, la série en version française à partir du 12 mars.Pour la chaîne payante, ce dispositif de sortie n’est pas inédit : elle avait déjà mis en ligne d’emblée tous les nouveaux épisodes de ses séries « Borgia » et « Mafiosa » en 2014. Mais elle ne l’avait pas fait pour « House of Cards », le feuilleton emblématique dont elle a acheté les droits français au service de vidéo à la demande Netflix. Canal+ se met ainsi au binge watching, ce visionnage boulimique popularisé par la plate-forme américaine. Mais la chaîne suit aussi une tendance plus large : l’essor de la télévision « délinéarisée », celle que l’on regarde quand on veut.Déclic psychologique et techniqueDepuis plusieurs semaines, les professionnels du secteur se félicitent des bons scores de cette « télévision de rattrapage », aussi appelée en anglais catch-up ou replay : qui consiste à regarder un programme après son passage à l’antenne, sur son ordinateur, sa tablette ou son smartphone, mais aussi sur son téléviseur. Une possibilité généralement offerte durant sept jours après la diffusion.Pour les patrons de l’audiovisuel, il y a eu un déclic psychologique et technique : depuis septembre, Médiamétrie, qui produit le célèbre et parfois cruel Audimat, intègre des chiffres de visionnage en différé. L’institut ne tient compte, pour l’heure, que des programmes vus sur le téléviseur, par la « box » d’un fournisseur d’accès à Internet (IPTV). Une nouveauté qui permet déjà de faire gagner sur certaines émissions quelques précieux points d’audience.« Le différé commence à monter », a ainsi résumé Elisabeth Durand, directrice des antennes de TF1, lors d’une présentation des nouveautés de 2015. Depuis la mise en place de la mesure Médiamétrie, la chaîne a gagné 0,3 point de parts d’audience hebdomadaire sur les 4 ans et +, et jusqu’à 0,8 point sur les ménagères de moins de 50 ans. TF1, qui accapare le top 100 des meilleures audiences télévisées, est fière de détenir également le record d’audience en catch-up sur téléviseur : + 1,3 million pour un épisode de « Blacklist ». L’Emprise, téléfilm de TF1 sur la violence conjugale, a gagné 1,2 million de spectateurs grâce au replay sur téléviseur, sur un total 9,8 milllions (plus 3 millions de vidéos vues sur ordinateur et mobile, selon TF1). Un épisode de « Joséphine, ange gardien » peut séduire jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.Côté programmes de flux et de divertissement, le dernier lancement du jeu de téléréalité « Koh-Lanta » a attiré 900 000 spectateurs supplémentaires en replay sur le téléviseur, sur un total de 7,7 millions. Le concours de chanteurs « The Voice », jusqu’à 800 000 spectateurs supplémentaires.La tendance touche toutes les chaînes, pointe le Centre national du cinéma (CNC), qui a publié, vendredi 27 février, un rapport incluant tous les modes de consommation : téléviseurs, ordinateurs, tablettes et smartphones. En 2014, 3,7 milliards de vidéos ont été ainsi visionnées en replay, contre 2,5 milliards en 2013, soit une progression de 50,2 %. Si on corrige l’effet lié à l’arrivée de nouvelles chaînes et programmes, la croissance est estimée à environ 30 %.Le bataillon des 15-24 ansLa consommation replay par le téléviseur est en progression, et celle-ci a, pour la première fois, dépassé celle sur ordinateur, en août, novembre et décembre 2014, pointe le rapport. Sur l’ensemble de l’année, l’ordinateur représente 40,1 % de cette consommation de télévision en ligne (– 6,9 points par rapport à 2013), l’écran de télévision 37,5 % (+ 2,7 points) et les supports mobiles totalisent 22,3 % des vidéos vues (+ 4,1 points), dont 11,3 % pour la tablette et 11 % pour le téléphone mobile.« On a franchi un cap, le paradigme est en train de changer », estime Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions. Les programmes les plus propices au visionnage en replay sont les séries « feuilletonnantes », note-t-il. « Plus belle la vie » de France 3 attire ainsi en 2015, en moyenne, 5,1 millions de téléspectateurs, dont 300 000 en différé sur téléviseur, et génère 150 000 à 200 000 vidéos vues sur les autres canaux. Les documentaires événementiels, comme Apocalypse, sur la guerre 1939-1945, connaissent aussi de fortes audiences de rattrapage, de même que les programmes « de niche », comme ceux de France 4 ou les séries de la chaîne d’outre-mer France Ô. Sur Arte, la série d’auteur « P’tit Quinquin » a entraîné 626 000 visionnages en différé sur un total de 1,9 million, selon Libération.Dans le groupe Canal+, les meilleures audiences en différé sont réalisées par « Le Petit Journal » et « Le Grand Journal » ; dans le groupe M6 par les divertissements de la chaîne W9 (« Les Princes de l’amour », « Les Marseillais à Rio »…), selon le CNC. Les programmes de deuxième partie de soirée réalisent aussi de bons scores : + 22 % en moyenne pour la série américaine « The Arrow ».Et la tendance semble bien partie pour se renforcer. Les 15-24 ans représentent, en effet, 25,3 % du public de la télévision de rattrapage, mais 42,7 % des utilisateurs quotidiens de ces services, souligne le CNC.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois (avec AFP) Mais que va faire Vincent Bolloré ? Le patron de Vivendi dispose aujourd’hui d’importantes capacités financières confortées par la sortie définitive de Numericable-SFR, annoncée vendredi 27 février. Cette journée marque un tournant. À l’occasion de la publication des résultats annuels du groupe, le conseil de surveillance de Vivendi, présidé par Vincent Bolloré, a accepté l’offre de Patrick Drahi formulée dix jours auparavant, concernant la cession de ses 20 % de Numericable-SFR. Cette vente est estimée à environ 3,9 milliards d’euros. Le groupe recentré sur les médias et les contenus a justifié sa décision au vu du « faible niveau de liquidité » du titre Numericable-SFR qui aurait rendu « incertaine une sortie dans des conditions optimales ». L’offre de 40 euros par action représente une prime de 20 % par rapport au cours du titre au 27 novembre 2014, lorsque Vivendi a conclu la cession de SFR, note le groupe.Toutefois, les analystes se sont étonnés, de cette vente qui se fait avec une décote importante, alors que le titre SFR-Numericable a terminé la séance de vendredi à la Bourse de Paris à 55,4 euros. « C’était une bonne opportunité pour encaisser le cash et éviter d’être dans une situation difficile de liquidités », a répondu le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, soulignant n’avoir d’ailleurs reçu aucune contre offre depuis celle de M. Drahi.Redistribution aux actionnairesAu total Vivendi devrait recevoir 17 milliards d’euros pour la cession du deuxième opérateur mobile français, auxquels s’ajoutent les 4,1 milliards pour la vente de Maroc Telecom. Le groupe dispose ainsi d’une trésorerie positive de 4,6 milliards d’euros fin 2014, ayant soldé toute sa dette, qui se montait à 11,1 milliards fin 2013. Et ce n’est pas fini. Vivendi prévoit encore de finaliser la cession a Telefonica de son actif télécom brésilien GVT au cours du deuxième trimestre 2015 pour 7,45 milliards d’euros.Dans un premier temps une partie de ces sommes va être restituée aux actionnaires. Ainsi, 5,7 milliards d’euros vont être rendus sous forme de dividendes et de rachats de titres sur la période 2014-2017, pour leur faire partager une partie des gains enregistrés sur ses récentes cessions. Vivendi versera un dividende au titre de 2014 de 1 euro, dont 0,8 euro correspondant à ses derniers désinvestissements. « L’objectif est de maintenir ce niveau de distribution au titre des exercices 2015 et 2016, représentant un retour aux actionnaires de 2 milliards d’euros supplémentaires », a précisé le communiqué financier. Le groupe prévoit également de racheter jusqu’à 2,7 milliards d’euros de ses propres actions.« Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française »Rien n’a été dit concernant les futures acquisitions, mais une indication avait été donnée à la fin de l’année 2014 quand le groupe s’était porté officiellement candidat au rachat du pôle français de l’éditeur belge Roularta comprenant en particulier L’Express, L’Etudiant, L’Expansion. Un pôle passé finalement sous contrôle de.. Patrick Drahi.Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 9 décembre 2014, au micro de RTL, Vincent Bolloré déclarait que « Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française, c’est-à-dire à réunir l’ensemble des médias qui soient écrits ou télévisuels ou sur le net. Donc, bien évidemment, s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisira. » Il ajoutait : « On a la chance d’avoir le groupe Canal qui est très important, on a la chance d’avoir Universal, le numéro un de la musique, mais pour que tout ça rayonne il faut des contenus et les magazines sont des contenus. »Concernant Canal +, les ventes ont progressé de 2,7% sur un an, avec un gain de 678.000 abonnements sur l'année 2014 qui atteignent désormais 15,3 millions dans le monde. Le portefeuille d'abonnés passe ainsi la barre des 11 millions pour la première fois grâce à l'Afrique et au Vietnam. L'offre de vidéo à la demande en France Canalplay y contribue aussi à cette performance avec 599.000 abonnés fin 2014.Vivendi devrait contribuer à alimenter les spéculations sur les marchés concernant ses futures acquisitions. Un point commun avec Patrick Drahi . Des rumeurs insistantes lui prêtent l’intention d’acquérir Bouygues Telecom. «Il n’y a aucune négociation en cours (…) Le choix, c’est le “stand alone”, on a été très clairs là-dessus  » a répliqué mercredi Martin Bouygues.Dominique Gallois (avec AFP)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gabriel Coutagne Une polémique en a chassé une autre. Cette année encore, le World Press Photo avait soulevé la question de la retouche en photographie, en annonçant avoir rejeté près de 20 % des photographies présentées au jury du prestigieux prix. Mais c’était compter sans une autre affaire, révélée mercredi 25 février par le site Our Age Is 13, spécialiste de l’actualité photographique.Dans un courrier adressé à la présidence du jury du World Press Photo, et que Le Monde a pu consulter, la mairie de Charleroi « demande de retirer le prix qui a été accordé à M. [Giovanni] Troilo à la lumière de notre argumentation et de nos explications ». En cause, une série d’images, très sombre, qui montre des personnages, présentés comme des Carolorégiens, dans des situations décrivant une misère sociale et morale, ou s’adonnant à des pratiques sexuelles libertines. Une demande rejetée par l’institution dimanche 1er mars, après plusieurs jours d’enquête, confortant le prix remis à Giovanni Troilo. « Le World Press Photo n’a trouvé aucun fondement permettant de remettre en cause l’intégrité [journalistique] du projet du photographe. Aucun fait n’a été manipulé dans les légendes que le jury a pu consulter », précise l’institution dans un communiqué.Le World Press Photo brise le tabou de la mise en scèneGiovanni Troilo est un photographe italien travaillant habituellement dans les domaines de la mode et de la publicité. Il a été récompensé dans la catégorie « problématiques contemporaines », pour une série intitulée The Dark Heart of Europe. Le photographe présente son travail sur son site :« Aujourd’hui, le malaise social s’insère dans la vie des citoyens [de Charleroi]. Les routes, qui étaient à l’époque propres et fleuries, sont aujourd’hui abandonnées et en mauvais état. Les usines ferment et la végétation reprend ses droits dans les vieux quartiers industriels. Une sexualité perverse et malade, la haine raciale, une obésité névrotique, l’abus d’antidépresseurs semblent être les seuls remèdes pour surmonter ce malaise endémique. »« UNE ATTEINTE À LA PROFESSION DE PHOTOJOURNALISTE » Dans les jours qui ont suivi l’annonce du prix, faite le 12 février, « plusieurs personnes, dont des photographes, ont réagi sur les réseaux sociaux », raconte Molly Benn, rédactrice en chef du site Our Age Is 13.@lesoir WPressPhoto 2015.Le misérabiliste "Dark heart of Europe" sur #charleroi primé. http://t.co/kB9S3QJoDC http://t.co/Zuo3UR9XXz— Humbert_Tesla (@Umberto di Tesla)require(["twitter/widgets"]);Parmi eux, le photojournaliste belge Thomas Vanden Driessche s’était interrogé sur ce qu’il considère comme une dérive du photojournalisme.Triste... Ou peut-être un nouveau point de départ pour s'interroger sur les dérives d'un certain photojournalisme... http://t.co/DzCvURFeHd— thomasvdd (@T. Vanden Driessche)require(["twitter/widgets"]);« C’est en tant que photojournaliste que je me suis senti concerné par ce prix », explique au Monde Thomas Vanden Driessche. Sa question a alimenté le vif débat sur les réseaux sociaux, auquel ont pris part photographes et habitants de Charleroi. « Nous avons d’abord été contactés par plusieurs photographes », confirme la mairie de la ville. Si le souci principal de la municipalité est bien d’en défendre la réputation, l’argument pour convaincre le World Press Photo de retirer ce prix est journalistique.« Nous considérons le sujet du photographe, construit de toutes pièces, tant comme une atteinte à la ville et aux habitants de Charleroi que comme une atteinte à la profession de photojournaliste en tant que telle », dénonce dans sa lettre le bourgmestre de la ville, Paul Magnette (PS), en fonction depuis juillet 2014. « Le caractère falsifié et mensonger des légendes, la manipulation de la réalité, la construction d’images-chocs mises en scène par le photographe, malhonnêtes (…) trahissent les bases de l’éthique journalistique », poursuit l’élu.Le recours à la mise en scène est parfois légitime dans un sujet documentaire, notamment lorsque l’on fait un portrait, mais le World Press Photo, dans un document disponible en ligne, précise qu’une image ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène ou d’une reconstitution. De plus, certaines imprécisions dans les légendes posent problème.UN RÉCIT PERSONNEL Le rendu de ce portrait et sa légende suggèrent que cette personne vit recluse chez elle pour fuir la violence de son quartier. Thomas Vanden Driessche souligne pourtant « qu’il s’agit de Philippe Génion, une personnalité bien connue à Charleroi (…). Il habite dans un quartier populaire, mais relativement paisible. Sa maison est également un bar à vin ». Sur son profil Facebook, le modèle raconte le moment de la prise de vue :« Le photographe m’a demandé de poser pour lui, dans mon intérieur, et a demandé à ce que je sois torse nu, ce qui ne m’a nullement dérangé, n’ayant aucun complexe par rapport à mon physique. Les deux artistes étaient sympathiques et ne cachaient pas qu’ils mettraient en scène leurs photos, disant clairement qu’ils ne faisaient pas un reportage, mais un travail photo. Par contre, je m’insurge contre le terme d’“obésité névrotique”, qui, s’il peut qualifier d’autres personnes que je ne connais pas, n’est absolument pas mon cas. »De son côté, Giovanni Troilo ne semble pour l’instant pas trop inquiet de la polémique, comme le rapporte un blog du quotidien italien La Repubblica : « Je m’attendais aux polémiques, et ils n’ont pas été tendres… Mais je n’imaginais pas des réactions de ce genre. Je comprends l’ambiance, ils cherchent à promouvoir une image neuve de la ville [Charleroi], et dire certaines choses dérange. »Le photographe se défend, présentant sa série comme un récit personnel plutôt que comme un reportage au sens strict. Pour lui, ce travail rend compte de choses « qu[’il a] vues, qu[’il] conna[ît], dont [il] sai[t] qu’elles existent », tout en concédant, en creux, que certaines images sont mises en scène : « Il y a aussi des photos où [les personnes] ne posent pas, la dame avec la tête inclinée sur la table est véritablement une personne dans un hospice, c’est une amie de ma tante. La police était vraiment en train de charger… »Giovanni Troilo avait reconnu en conclusion de l’interview accordée à La Repubblica devoir fournir des explications au World Press Photo quelques jours avant la décision de confirmer le prix remis au photographe.Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.02.2015 à 17h52 • Mis à jour le27.02.2015 à 04h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Un « prédateur sexuel », pédophile, qui a pu pendant des décennies utiliser un hôpital pour multiplier viols et attouchements : le rapport publié jeudi 26 février détaille une nouvelle fois les abus sexuels de Jimmy Savile, ancienne star britannique de la télévision, aujourd’hui décédé. Soixante victimes y sont identifiées, âgées de 8 à 40 ans. La moitié avait moins de 16 ans, et dix, moins de 12 ans. L’immense majorité était de sexe féminin. Les abus ont eu lieu entre 1968 et 1992.Ces nouvelles révélations viennent une nouvelle fois illustrer l’ampleur des crimes commis par l’ancien présentateur des émissions « Top of the Pop » et « Jim’ll fix it », grands succès des années 1970 et 1980. Avec ses cheveux longs blonds, ses gros cigares, ses pantalons de survêtements et ses lunettes teintées, l’homme était toujours passé pour un excentrique. Mais il était aussi très aimé du grand public, célébré pour son aide pour de nombreuses associations caritatives. Il était en particulier très actif dans les hôpitaux.On sait désormais qu’il s’agissait d’une tactique pour avoir accès aux enfants. Mais jusqu’à son décès en 2011, les accusations d’agressions sexuelles portées contre lui n’avaient jamais été révélées publiquement. A chaque fois, elles avaient été étouffées, à différents niveaux d’autorité.450 plaintesTout a basculé en 2012 avec la diffusion d’un documentaire diffusé sur ITV. Choquant le Royaume-Uni, l’affaire a poussé la police à ouvrir une enquête. Celle-ci a désormais reçu 450 plaintes, qu’elle est en train de traiter. Parallèlement, plusieurs rapports ont été commandés, pour essayer de faire toute la lumière sur ce scandale. En juin 2014, l’un d’entre eux détaillait les abus dans plusieurs hôpitaux. Ce jeudi, un nouveau document concerne l’établissement de Stoke Mandeville, situé près d’Oxford.Jimmy Savile était arrivé en 1969 dans cet hôpital en tant que brancardier volontaire. Aucune vérification sur sa personnalité n’avait alors été réalisée, mais il était déjà star du petit écran. Progressivement, il prend de plus en plus de place dans l’établissement, et aide à lever de l’argent. En 1980, la première ministre Margaret Thatcher, qui voulait promouvoir le financement privé du système de santé, lui confie même un rôle officiel pour assembler des fonds.La star avait ainsi un accès complet et total à l’hôpital, vingt heures sur vingt-quatre. Il rentrait dans les chambres à l’improviste, discutait avec les patients et leurs familles, offrait des disques, signait des autographes… Et abusait sexuellement ses victimes.« Le brancardier m’a fait mal, ici »Soixante témoignages, pénibles à lire, sont détaillés dans le rapport. Souvent, il s’agit d’attouchements très rapides : des mains sur des seins en passant dans un couloir, un baiser avec la langue à une jeune patiente, des caresses inappropriées. Et puis, il y a les cas de viol, comme la « victime 20 », qui avait douze ans au moment des faits en 1977. Elle était à l’hôpital pour se faire retirer les amygdales. En robe de chambre, elle s’était trainée à la pièce télévision, fatiguée de l’opération. Jimmy Savile est arrivé, s’est mis devant elle, a baissé son pantalon et l’a pénétrée. Victime 20 est allée se plaindre à l’infirmière : « Le brancardier m’a fait mal, ici. » La réponse est arrivée, sèche : ne surtout rien dire, sinon cela causerait des problèmes à l’infirmière. La même nuit, l’adolescente s’est réveillée et Jimmy Savile était à côté de son lit. Cette fois, il l’a pénétrée avec les doigts.Comment a-t-il pu continuer ses agressions pendant tant d’années, sans que rien ne se sache ? Le rapport documente neuf plaintes « verbales » et une plainte « formelle ». Mais « aucune n’a été prise sérieusement et n’a été transférée à la direction de l’hôpital ». En filigrane, l’explication qui transpire est double. D’une part, l’état d’esprit général consistait à ne pas prendre trop au sérieux les plaintes des enfants. D’autre part, Jimmy Savile exerçait une influence considérable sur l’hôpital. Il levait beaucoup d’argent et apportait une publicité très positive à l’établissement. Il était devenu intouchable.En 1991, une nouvelle direction est arrivée à Stoke Mandeville. Rapidement, elle s’est érigée contre Jimmy Savile. A l’époque, la controverse concernait l’argent de l’association caritative, que la star utilisait à sa guise, à titre personnel. Son accès permanent aux patients, son intrusion au milieu du personnel, ont également été jugés inappropriés. Jimmy Savile s’est progressivement éloigné de l’hôpital. Mais il a continué à exercer ses abus sexuels ailleurs. La dernière agression documentée remonte à 2009, deux ans avant son décès.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Il aura été en première ligne pendant les décennies de feu qui ont façonné durablement le Proche-Orient, témoin attentif de ses guerres et de ses révolutions, interlocuteur privilégié de ses figures les plus singulières, de Gamal Abdel Nasser à Mouammar Kadhafi. Au cours de sa très riche vie, Eric Rouleau, mort mercredi 25 février à l'âge de 89 ans, fut tour à tour journaliste au Caire avant la chute de la monarchie, pilier du service Etranger du Monde de la guerre israélo-arabe de 1967 à la révolution iranienne de 1979, puis ambassadeur de France en Tunisie puis en Turquie avant de renouer avec l'écriture et la chronique d'une région troublée dans les colonnes du Monde diplomatique.Né en Egypte en 1926 au sein d'une famille juive, Elie Raffoul entre en journalisme à vingt ans avec la foi du jeune communiste qu'il est alors. L'heure des décolonisations a sonné et dans le chaudron cairote s'affrontent ordre ancien et monde nouveau, un bouillonnement auquel la création d'Israël, en 1948, a ajouté une dose de complexité. Gauchiste et juif, voilà qui est un peu trop pour le régime du roi Farouk, qui le contraint à l'exil en 1951 et le déchoit de sa nationalité. La France sera pour ce francophile une patrie d'adoption généreuse, qui ne lui fera cependant jamais oublier sa première terre.C'est au Monde, à partir de 1955, qu'Elie Raffoul, devenu Eric Rouleau, va s'imposer progressivement comme l'un des journalistes les plus à même de déchiffrer les entrelacs des crises orientales à répétition, rejoint plus tard par Haig Kirazian – Jean Gueyras, pour les lecteurs du quotidien de la rue des Italiens. Un duo de polyglottes émérites (qu'il s'agisse des langues comme des idéologies et des réseaux) complété par Amnon Kapeliouk à Jérusalem.Une carrière diplomatique sous MitterrandPendant près de trente ans, Eric Rouleau parcourt une région en ébullition. Il est au cœur de séismes dont les répliques ne cessent d'être enregistrées encore aujourd'hui, de la guerre israélo-arabe de 1967, qui précipite la naissance d'un mouvement national palestinien autonome, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la révolution iranienne de 1979, qui marque la renaissance de l'islam politique.Pour ce journal qui ne lui mégote pas ses colonnes et qui ne s'effraie pas de publier de véritables feuilletons politiques et diplomatiques, il voyage, raconte, analyse, et multiplie les rencontres avec l'Histoire et ses nombreuses incarnations. Lui qui avait déjà pu rencontrer le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, avant son assassinat en 1949, sera reçu par les principaux acteurs de la région, surtout après l'entretien accordé par Gamal Abdel Nasser en 1963.Son expertise est recherchée, y compris par des responsables politiques français, souvent fascinés par son carnet d'adresse. La curiosité réciproque qu'il entretient avec le premier secrétaire du Parti socialiste devenu président de la République en 1981, François Mitterrand, lui fera sauter le pas en 1985 vers la carrière diplomatique, au grand dam des diplomates comme de certains de ses confrères prompts à dénoncer un mélange des genres.A la suite de missions discrètes, en Libye et en Iran, il devient ambassadeur de France à Tunis, siège de l'OLP après le départ du Liban, puis à Ankara. Il revient en 1991 à la plume pour Le Monde diplomatique, le parent éloigné du quotidien.Sur l'insistance de ses proches, Eric Rouleau avait publié en 2012 des Mémoires qui avaient permis de retracer ce parcours fascinant. Un condensé d'histoire dans lequel il s'était pourtant bien gardé, pour une fois, de tout raconter.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Elise Vincent et Alexandre Piquard Deux affaires très médiatiques concernant des enquêtes pour favoritisme dans le secteur audiovisuel pourraient-elles être annulées ? C’est ce qu’espèrent les défenseurs des personnalités visées : Patrick de Carolis, l’ancien président de France Télévisions, et Mathieu Gallet, actuel président de Radio France, visé pour son mandat à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Les deux ne sont pas du tout dans la même situation – le premier est mis en examen, l’autre ne se voit pour l’instant concerné qu’à travers une enquête préliminaire.Mais les deux ont repéré un argument juridique qui, selon leurs avocats, rendrait impossible de les inquiéter pour favoritisme. En cause : les règles particulières auxquelles sont soumis l’INA et France Télévisions en matière de marchés publics.M. de Carolis a été mis en examen, en avril 2014, dans le volet « France Télévisions » du dossier Bygmalion, qui concerne par ailleurs le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. L’enquête porte sur différents contrats signés par le groupe public d’audiovisuel, en particulier ceux conclus à partir de fin 2008 avec Bygmalion.Ces contrats avaient notamment pour but de veiller à la réputation du groupe sur Internet, gérer le courrier des téléspectateurs, etc. Or Bastien Millot, le fondateur de Bygmalion, avait été jusqu’en 2008 directeur délégué de la stratégie à France Télévisions auprès de M. de Carolis, avant de quitter l’entreprise. Il a été mis en examen pour recel de favoritisme. Camille Pascal, ancien secrétaire général de France Télévisions, est également mis en examen dans ce dossier pour favoritisme.Les révélations du « Canard enchaîné »M. Gallet est lui concerné par une enquête préliminaire conduite depuis le 8 juin sous l’autorité du parquet de Créteil (Val-de-Marne). Il n’est pas visé en tant que tel, mais les soupçons de « favoritisme » portent sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » à l’INA, alors qu’il était président. L’enquête fait suite à un signalement de la ministre de la culture, Fleur Pellerin. Au mois de mai, Le Canard enchaîné avait évoqué les prestations demandées à six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, ce que M. Gallet avait contesté dans un communiqué.Outre le débat sur les faits, le raisonnement juridique de défense est le suivant : France Télévisions est une société de droit privé et l’INA, un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Ces deux structures ne dépendent donc pas, statutairement, du code des marchés publics (CMP) mais d’un autre texte : une ordonnance du 6 juin 2005. Celle-ci fixe, comme le CMP, les consignes de mise en concurrence en fonction des montants des contrats. Mais elle est d’une nature juridique différente du CMP : ne pas respecter l’ordonnance ne pourrait être puni pénalement, selon les avocats concernés.Lire aussi :France Télévisions : l’enquête Bygmalion s’élargitDemande d’annulationLes conseillers de MM. Gallet et de Carolis ciblent en particulier le délit de favoritisme. Celui-ci ne pourrait s’appliquer car, selon une lecture littérale du code pénal, il ne permet de condamner à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende que les atteintes aux règles des « marchés publics et délégations de service public ». Un argument qui s’appuie sur un arrêt de la cour d’appel de Paris du 26 novembre 2012 : « La violation des règles applicables aux marchés soumis à cette ordonnance n’est pas pénalement sanctionnée et ne peut notamment pas être poursuivie sur le fondement d’une quelconque autre infraction de favoritisme », avait écrit la cour.Sur cette base, Patrick de Carolis, représenté par les avocats Michel Beaussier et Anastasia Pitchouguina, a contesté, avec MM. Pascal et Millot, sa mise en examen, demandant son annulation. Une audience a eu lieu devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. La décision est attendue jeudi 2 juillet.Du côté de Mathieu Gallet et de son entourage, personne ne s’exprime, faisant valoir que l’enquête préliminaire est en cours et qu’il n’est pas dit qu’elle débouche sur l’ouverture d’une information judiciaire. Mais les conseils de l’ancien président de l’INA ont bien en tête, eux aussi, l’arrêt du 26 novembre 2012.Les trois principes fondamentauxToutefois, tous les experts ne sont pas de l’avis des défenseurs de MM. Gallet et de Carolis. Pour Sébastien Palmier, avocat spécialiste du droit public et des marchés publics, les entreprises qui dépendent de l’ordonnance de 2005 ne peuvent s’exonérer des trois principes fondamentaux de la commande publique qui ont valeur « constitutionnelle » : « La liberté d’accès au marché, l’égalité des candidats et la preuve de la mise en concurrence. »L’avocat rappelle par ailleurs que deux arrêts de la cour d’appel de Saint-Denis de La Réunion de février et juin 2012 ont abouti à des conclusions inverses à celle avancée par les conseils de MM. Gallet et de Carolis. « Il existe certes un débat sur ce qu’il faut entendre par “marché public” mais la question n’est pas aussi tranchée qu’on souhaiterait le faire croire. La plus grande prudence est de mise en l’absence de décision de la Cour de cassation », souligne-t-il.Enfin, d’ici avril 2016, le ministère de l’économie doit transposer plusieurs directives européennes sur la question des marchés publics. Dans ce cadre, Bercy a pour projet de réunir dans un seul et même texte les règles relatives aux marchés publics et aux partenariats public-privé. Ce qui reviendrait à supprimer la distinction sur laquelle s’appuient aujourd’hui les avocats de MM. Gallet et de Carolis. Un texte « très attendu » par l’ensemble des acteurs du secteur, souligne Me Palmier, mais qui n’aurait pas de portée rétroactive, estime un avocat de la défense.Le débat pourrait être tranché bientôt en droit, mais ces dossiers sont aussi très politiques : Patrick de Carolis, nommé sous Jacques Chirac, travaillait avec M. Millot, proche de M. Copé, et M. Pascal, proche de Nicolas Sarkozy. Mathieu Gallet a lui travaillé dans des gouvernements de droite mais a été le premier président nommé par le CSA d’Olivier Schrameck, aux pouvoirs renforcés par M. Hollande. Tous vont scruter la décision qui va être rendue dans le dossier Bygmalion-France Télévisions, le 2 juillet.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Anne Devailly (Montpellier, correspondante) Le groupe La Dépêche du Midi, basé à Toulouse et présidé par Jean-Michel Baylet, a finalisé, jeudi 25 juin, l’acquisition des Journaux du Midi composé de Midi Libre, L’Indépendant et Centre Presse. Les Journaux du Midi appartenaient jusqu’ici au groupe Sud-Ouest basé à Bordeaux.Jean-Michel Baylet est venu à Montpellier pour entériner la vente. Il a annoncé qu’il fallait sans doute s’attendre à des suppressions d’emploi, qui seront précisées par la suite, mais qui pourraient atteindre 150 postes dans chacun des deux groupes. Ces suppressions concerneront tous les services, des rotatives à la rédaction en passant par la régie publicitaire.Les chiffres montrent que le groupe des Journaux du Midi, malgré des plans sociaux qui se suivent depuis des années, n’a pas la même rentabilité que le groupe La Dépêche : le journal de La Dépêche du Midi emploie 800 salariés, couvre 10 départements et réalise un chiffre d’affaires de 145 millions d’euros. Le groupe Les Journaux du Midi emploie 930 salariés, couvre 5 départements et réalise un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros.Quatrième groupe de presse quotidienne régionaleL’ensemble va maintenant couvrir un territoire de six millions d’habitants avec deux métropoles (Toulouse et Montpellier). Le nouvel ensemble se positionne comme le quatrième groupe de presse quotidienne régionale.L’audience cumulée de leurs deux sites (vingt millions de visites par mois) les place, selon Jean-Michel Baylet, en première position, devant le site de Ouest-France. Jean-Michel Baylet rachète Midi Libre pour 15 millions euros, alors que Sud-Ouest l’avait racheté au groupe Le Monde pour 90 millions d’euros en 2007.Jean-Michel Baylet, également président du PRG, a affirmé que ce rachat n’avait aucun rapport avec la fusion administrative qui se prépare entre le Languedoc-Roussillon et Midi- Pyrénées et ne cache pas d’arrière-pensées politiques : « Je suis contre cette fusion, personne dans ces deux régions n’avait rien demandé. On m’a prêté des intentions machiavéliques, alors que j’ai toujours été hostile à ce regroupement ».Investissements attendus sur le numériqueBernard Maffre, vice-président directeur général du groupe La Dépêche a été nommé président-directeur général de Midi Libre, en remplacement d’Olivier Gerolami (groupe Sud- Ouest). Jean-Nicolas Baylet, l’un des fils de Jean-Michel, est nommé vice-président du groupe, plus spécifiquement en charge du numérique. Xavier Clément devient directeur général des Journaux du Midi.Parmi les pistes envisagées, un développement des activités dans l’événementiel et des investissements attendus sur le numérique. La Dépêche estime notamment que ses propres outils numériques pourraient être étendus à Midi Libre.C’est notamment le cas du « Paywall » (le système qui fait que les internautes consultant beaucoup le site passent en mode payant) et d’un service Premium avec diffusion d’un journal vidéo tous les jours à 18 heures. « Il nous faut modifier l’équilibre des recettes entre la presse écrite et la diversification numérique, a estimé Jean-Nicolas Baylet. Depuis deux ans, on voit enfin que le payant peut être envisageable sur le web, c’est une bonne nouvelle. »Anne Devailly (Montpellier, correspondante)Journaliste au Monde Alexis Delcambre L’Etat va mettre la main à la poche pour aider Radio France à sortir de l’ornière. Selon nos informations, l’entreprise publique va recevoir 80 millions d’euros de financement exceptionnel, afin de faire face aux besoins de trésorerie engendrés par l’interminable chantier de réhabilitation de la Maison de la radio.Lire aussi :L’interminable chantier de la Maison de la radioCette somme, dont le montant a été annoncé, mardi 23 juin, en conseil d’administration, sera versée sous deux formes différentes. Cinquante-cinq millions d’euros seront apportés aux fonds propres de l’entreprise sous forme d’une dotation en capital, sous l’égide de l’Agence des participations de l’Etat (APE). Répartis sur trois exercices budgétaires (de 2016 à 2018), 25 autres millions d’euros seront issus de la contribution à l’audiovisuel public (la « redevance »), au titre de l’investissement.Un geste de l’Etat était attendu et avait été promis par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors de la longue grève qui a paralysé Radio France, en avril. « J’ai proposé une intervention au capital de l’entreprise, pour l’accompagner dans cette période difficile », avait-elle déclaré dans un entretien au Monde. Son montant et ses modalités restaient à définir, dans un contexte où chaque euro d’argent public compte et où il est par ailleurs demandé à l’entreprise de se réformer.Lire aussi :Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio FranceUn chantier à plus de 100 millions d’eurosAu ministère, on explique que les formes d’intervention retenues – une dotation en capital et un budget d’investissement – permettent de bien distinguer cet apport exceptionnel de ce qui relève du fonctionnement courant de l’entreprise. Cet apport ne sera par ailleurs pas le seul : Radio France a soumis une demande de prêt à trois banques et recherche 90 millions d’euros pour subvenir à ses besoins de trésorerie. Mais pour obtenir l’accord des banques, elle doit d’abord finaliser son contrat d’objectif et de moyens (COM), dont la conclusion n’est pas attendue avant septembre.L’apport de l’Etat, ainsi que cet emprunt, sont censés permettre à l’entreprise de répondre aux besoins de financement supplémentaires liés au chantier, évalués à ce stade entre 100 et 110 millions d’euros. Mais cette estimation laisse un angle mort : le sort d’une partie des studios, dits « studios moyens ». Des études doivent être menées pour déterminer comment mener leur réhabilitation.L’aide apportée par l’Etat lève une partie des incertitudes financières pesant sur Radio France. Mais elle ne résout pas la « question stratégique » qui doit être au cœur du COM, pointe-t-on au ministère. Ni la question des 44 millions d’euros d’économies, dont 24 sur la masse salariale, que l’entreprise doit dégager dans le cadre du COM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Circa News has been put on indefinite hiatus [Circa News a été suspendue pour une durée indéterminée] », écrit le co-fondateur de l’application mobile d’information, Matt Galligan, dans un post publié, jeudi 25 juin, sur la plate-forme Medium. Celui qui est aussi PDG de la start-up créée en 2011 explique que sa compagnie n’a plus les moyens de financer sa production de contenus.M. Galligan raconte qu’une nouvelle levée de fonds – après la première, de 5,7 millions d’euros –, a échoué car l’équipe de Circa n’a pas voulu affecter l’expérience des utilisateurs en optant soit pour l’insertion de formats publicitaires, soit pour la mise en place d’un système d’abonnement.Le paradoxe pour Circa est qu’il a été le premier à proposer, en 2013, une expérience d’information conçue pour le mobile, en se positionnant sur de l’agrégation de haute qualité, à base de contenus externes soigneusement choisis par une rédaction de 20 personnes, présentés de façon très découpée, agrémentés de nombreux enrichissements (citations, liens…), avec une fonctionnalité permettant de suivre un sujet. À son lancement l’application avait suscité de nombreux commentaires élogieux. Mais Circa a « échoué à construire un business à partir de son produit », admet le co-fondateur.Plusieurs obstacles au succèsL’application n’a jamais communiqué ses chiffres d’audience, que son M. Gilligan qualifie de « modeste ». Pour certains critiques, tel Joshua Benton, responsable du Nieman Lab, l’inventivité narrative de Circa ne compense pas son manque de personnalité éditoriale. « Découper un article en bouts, c’est prendre le risque d’en retirer tout le ton, tout l’aspect humain, estime M. Benton, rappelant la différence entre le style d’un site de divertissement comme Buzzfeed et l’hebdomadaire britannique de référence The Economist. Les articles sur Circa sont fades et dénués de personnalité. C’est la confusion entre une stratégie de logiciel d’édition de contenu et une stratégie éditoriale. »Mais l’échec de Circa est aussi un symptôme du développement insuffisant de l’économie du mobile, comme l’a décrypté Frédéric Filloux dans sa Monday Note. Alors que la part mobile du trafic web dépasse fréquemment les 50 %, les revenus tirés du mobile plafonnent à 30 % et sont concentrés entre les mains de quelques entreprises, notamment Facebook. Elle illustre aussi la rapidité des changements de modèles : en deux ans, Circa a vieilli, notamment dans son absence de perméabilité avec les réseaux sociaux.Si Circa ne donne pas de détails sur ce qui va désormais advenir, c’est qu’il espère vendre une partie de ses actifs, par exemple sa plateforme de publication. Il y a quelques semaines, le site américain consacré à la vie du web et des jeux vidéo Daily Dot a confirmé discuter avec les fondateurs de Circa, rapporte le blog The Desk.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.06.2015 à 01h30 • Mis à jour le25.06.2015 à 09h01 Une amende de 5 000 euros a été requise, mercredi 24 juin, à l’encontre d’Eric Zemmour, poursuivi notamment pour incitation à la haine raciale et diffamation raciale, pour avoir évoqué, lors d’une chronique à la radio, « les bandes » d’étrangers « qui dévalisent, violentent ou dépouillent ». Le parquet a en outre requis 3 000 euros d’amende avec sursis à l’encontre de RTL, poursuivie pour avoir diffusé la chronique de M. Zemmour sur son site Internet.« Dans l’urgence »Eric Zemmour a expliqué avoir appuyé ses propos sur des témoignages, comme ceux « d’agriculteurs dépouillés par des bandes de Roms » et « des touristes chinois dévalisés à Paris » par ces mêmes « bandes ». Il a aussi souligné qu’il travaillait « dans l’urgence » et qu’il ne pouvait pas analyser toutes les statistiques sur la délinquance et se devait donc de « synthétiser ».« C’est ma liberté d’expression ; si on ne fait pas ça, on ne peut plus travailler », s’est défendu M. Zemmour, qui se dit « victime d’un procès profondément politique ». « Je ne suis pas assistante sociale, mon métier n’est pas de savoir si je vais faire de la peine à Untel ou Untel. Mon métier, c’est dire la vérité », a-t-il poursuivi.Mais pour le procureur de la République M. Zemmour tient « des propos sans nuance » qui « rejaillissent sur des groupes visés dans leur ensemble » et « stigmatisent » les populations immigrées. « Vous parlez d’acharnement, mais je ne sais pas de qui l’on parle », a ajouté la magistrate après avoir souligné que le prévenu avait déjà été condamné en 2011 pour les mêmes chefs, pour avoir déclaré à la télévision que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Le jugement a été mis en délibéré au 22 septembre. Laure Belot //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/360741', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Antoine Gallimard, seul maître à bord du troisième groupe d’édition français La France, l’autre pays du mangaSortie de « kalash »sur le Vieux-Porttous les articles de la thématique Votre roman d’anticipation « Silo », auto publié en ligne en 2011, a connu un succès mondial. Vous percevez-vous comme un pionnier ?Je me considère plutôt comme quelqu’un de chanceux d’écrire à l’époque actuelle. Je fais partie de cette douzaine d’initiative d’auto-édition en ligne qui sont devenues des « succès ». C’est une sacrée chance. Ces changements étaient annoncés et auraient eu lieu, quels que soient les acteurs y participant. Cinq ans auparavant, j’aurais vendu mes droits à un éditeur pour des broutilles et n’aurai pas eu le même succès. Puis cinq années plus tard, j’aurai regardé quelqu’un d’autre être un « pionnier ». La vérité est que nous étions tout simplement en train de marcher lorsque cette voie s’est ouverte. Personne n’a eu à se frayer de passage avec une machette.Comment percevez-vous l’évolution de la lecture ?Mon premier roman est sorti en 2009, à la fois sur papier et en ligne. Je me suis toujours occupé moi-même des versions imprimées. Au fil du temps, de plus en plus de mes lecteurs ont lu en ligne, une tendance qui s’accroît encore actuellement. Cela est directement lié à la façon dont nous consommons l’information, sur plus de sites et moins de magazines, à la façon dont nous écrivons des mails plutôt que des lettres. A la façon dont nous écoutons de la musique par des canaux numériques, sans acheter d’album ou de CD.La lecture se déplace en ligne. Certaines personnes ne sont pas satisfaites de cette évolution, mais il me semble stupide de s’en irriter. Nous devons juste espérer que les personnes continuent à lire, quel que soit le support utilisé pour le faire. Pour des lecteurs qui habitent dans des zones rurales, sans librairie près de chez eux, les livres numériques sont une bénédiction. Je trouve fascinant que certaines personnes restent accrochées sur la forme sous laquelle une histoire est livrée plutôt que sur la beauté des mots eux-mêmes.Vous interagissez beaucoup avec vos lecteurs, par votre site et sur les réseaux sociaux. Que vous apporte cette activité ?Un bonheur personnel. Je suis très proche de mes lecteurs. J’ai récemment nettoyé une unité de stockage (informatique) pleine de livres et des souvenirs, certains étaient vraiment de valeur. J’ai expédié tout cela en ligne à des lecteurs qui l’ont eux-mêmes partagé avec ce qu’ils avaient sur leur propre page Facebook. Nous nous sommes tous bien amusés. Certains courriers électroniques de remerciement m’ont ému aux larmes. Cela me motive pour écrire plus, et mieux.Cela vous inspire-t-il dans votre travail ?Absolument. La « muse » de l’écriture n’est pas, selon moi, quelqu’un qui inspire une œuvre avant qu’elle ne soit écrite. la muse est quelqu’un qui apprécie l’art après sa création. J’ai écrit mon premier roman pour mon dernier ami, qui a lu chaque chapitre à sa sortie de l’imprimante et cela a alimenté ma passion pour ce métier. Entendre le retour d’un auditoire me donne envie de me replonger dans une histoire.Pendant des dizaines de milliers d’années, la tradition du conte a été orale et non écrite. Les conteurs, tels des bardes, racontaient des histoires face à un public. Cette interaction était clé. Pour de nombreux romanciers, elle a disparu, et je vois cela comme une immense perte. Nous avons bien sûr besoin de nous retirer et d’être seul pour penser et améliorer nos œuvres, mais nous devons également célébrer des aspects plus vivants, tels le partage de ces travaux, et l’écoute de ce qui vient en retour, comment ces travaux touchent les lecteurs.Breat Easton Ellis a suggéré à certains fans d’écrire la suite d’« American Psycho ». Vous avez également tenté une sorte de co-création avec votre communauté. Qu’en avez-vous tiré ?J’ai aimé ouvrir mon monde à mes fans pour qu’il puisse l’explorer. Ce n’est pas vraiment de la co-création dans le sens où nous ne travaillons pas sur la même partie, mais c’est de la co-création tout de même car il s’agit de peindre sur la même toile, avec de mêmes pinceaux. Les fans créent leur propre version de mon univers, faisant vivre de nouvelles aventures à mes personnages, et amenant l’histoire dans des directions liées à leur propre imagination. Cela a été une expérience très agréable d’observer tant d’enthousiasme et d’implication. Une fois qu’une œuvre est publiée, elle ne nous appartient plus vraiment.Lire aussi :Les communautés de lecteurs sur Internet, nouveau salut des écrivainsVous avez testé la publication par épisodes. Est-ce devenue une nécessité pour une nouvelle génération de lecteurs ?Je le pense, en effet. Regardez comment les séries télé ont jailli et sont devenues des vecteurs bien supérieurs aux films pour raconter des histoires. Cette temporalité donne plus d’espace à l’histoire pour respirer : les lecteurs ont le temps de l’examiner avant que le prochain épisode ne soit publié. Une conversation peut grandir. Cela est une excellente façon d’écrire un récit, comme Charles Dickens nous l’a montré d’ailleurs.Vous avez conclu en 2012, un accord avec une maison d’édition. Est-il vrai que vous avez gardé vos droits d’auteur pour les versions numériques ?Oui. Mon contrat aux Etats-Unis avec Simon & Schuster ne concerne que les éditions dites cartonnées [« hardcover »] et brochées [« paperback »]. J’ai gardé les autres droits. Cela me donne un contrôle créatif et me permet également d’avoir des revenus bien plus importants.Pour vous adapter au téléchargement-piratage de fichiers, vous avez créé sur votre site un bouton explicite : « Vous avez téléchargé le livre et voulez payer, c’est ici ». Cela fonctionne-t-il ?Oui. Il n’y a pas un jour où quelqu’un ne me paye pas en ligne après-coup. Juste cette semaine, deux lecteurs m’ont très largement surpayé pour l’entière série « Silo ». Un autre s’est platement excusé en me disant m’avoir volé. Je lui ai dit qu’il n’en était rien. Je vois dans cette activité en ligne et ces partages quelque chose de similaire à l’emprunt à un ami, ou lorsque l’on récupère un livre d’occasion chez un bouquiniste. Tout cela nous revient d’une manière ou d’une autre. Nous devrions, me semble-t-il aborder la lecture, ces changements et ces nouvelles questions avec plus de confiance et moins de peur.Lire aussi :Roxane Gay : « Sur Internet, j’ai gagné une communauté »Lire aussi :Margaret Atwood : « Etre sur Twitter, c’est comme posséder sa petite station de radio »Silo est publié en France par Actes Sud (trois volumes parus). Un film tiré de ce roman, produit par Ridley Scott et Steve Zaillian, est en préparation.Laure Belot Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Nous avons la volonté de réaffirmer l’exigence d’exemplarité dans les établissements publics. » Telle est l’ambition du ministère de la culture alors que Fleur Pellerin a adressé aux dirigeants des 75 établissements culturels et audiovisuels, mercredi 24 juin, une « instruction pour la maîtrise et la transparence » des dépenses. Un travail de fond pour harmoniser et renforcer les règles en vigueur. Mais aussi un affichage politique volontariste sur un thème très sensible dans l’opinion, comme l’ont démontré plusieurs affaires, touchant jusqu’au premier ministre Manuel Valls, qui avait emmené ses enfants en avion voir la finale de la Ligue des Champions.Une réaction à « l’affaire » du bureau de Mathieu GalletL’initiative de Mme Pellerin a été lancée en mars, en réaction à l’affaire Mathieu Gallet : à l’époque, le nouveau PDG de Radio France se voit reprocher les frais de rénovation de son bureau. Il sera blanchi par l’inspection générale des finances sur ses dépenses dans le groupe audiovisuel. Mais une enquête préliminaire a, depuis, été ouverte pour favoritisme sur les prestations de conseils extérieurs à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sous sa présidence (2010-2014).Lire : Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme »  Dans le sillage de ce feuilleton est née l’affaire des taxis d’Agnès Saal, poussée à la démission de la présidence de l’INA. La circulaire envoyée mercredi par le... 23.06.2015 à 19h34 • Mis à jour le23.06.2015 à 21h01 | Alexandre Piquard Les sanctions infligées aux médias par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour le traitement des attentats de janvier ne passent toujours pas. Selon nos informations, la plupart des chaînes et radios qui avaient contesté leurs mises en demeure et mises en garde ne désarment pas, malgré le rejet de leur recours gracieux par l’autorité, le 1er juin. La semaine dernière, France Télévisions, BFM-TV et RMC, France 24 et RFI, RTL et Europe 1 ont déposé chacun un recours au Conseil d’Etat contre les décisions du CSA. Selon ce dernier, des personnes avaient été mises en danger et le travail des forces de l’ordre gêné.« C’est un enjeu majeur pour la liberté de travail des journalistes de service public, dont l’information est une des missions centrales », explique-t-on à France Télévisions, résumant le sentiment d’autres médias concernés. « La volonté est d’avoir un éclairage juridique sur le fond, pour l’avenir, et d’avoir un cadre légal précisé au regard de l’évolution des médias et de l’information en continu », ajoute-t-on à France Médias Monde (France 24, RFI…). Les chaînes et radios se défendent de toute action procédurière ou corporatiste.Le cas particulier de l’assaut à Dammartin-en-GoëleLe 11 février, l’institution dirigée par Olivier Schrameck avait sanctionné pas moins de 36 « manquements » divers. Certains étaient des défauts de « respect de la dignité humaine », comme dans le cas de la diffusion d’extraits de la vidéo amateur d’un policier abattu par les frères Kouachi.D’autres ont été considérés comme des atteintes à « l’ordre public » : par exemple « la diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes », ou « la diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ».Dans leurs recours auprès du Conseil d’Etat, les médias concentrent leur argumentation sur une sanction particulière : celle visant « l’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la porte de Vincennes ». « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », avait écrit le CSA.L’ordre public, une notion trop vague ?Il ne s’agit pas de faits avérés mais d’un risque potentiel. Le CSA considère a priori qu’il aurait pu y avoir un trouble à l’ordre public, arguent les médias concernés. A BFM-TV et RMC, ainsi qu’à France Télévisions, notamment, le recours repose sur le raisonnement suivant : la liberté d’expression définie par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme ne peut être restreinte que par des références à des infractions pénales précises (par exemple la provocation à la haine raciale, le négationnisme…). Et donc pas par une interprétation par le CSA du concept, vague, d’ordre public, cité à l’article 1er de la loi sur l’audiovisuel de 1986.« Le risque est de nous contraindre à demander au ministère de l’intérieur si une information peut porter atteinte à l’ordre public. Est-ce légitime ? C’est un problème de fond », estime-t-on à RTL. Lors du début de l’assaut à Dammartin-en-Goële, les journalistes étaient témoins directs, comme d’autres riverains, ajoute-t-on. Aucune consigne n’avait été donnée sur cette information aux médias par les forces de police, ajoute-t-on à France Télévisions.« On ne veut pas que la liberté de la presse soit réduite a priori. Il y a en France des lois pour que le juge tranche a posteriori », renchérit RTL. Plusieurs médias s’inquiètent d’une « insécurité juridique » qui pourrait mener à de « l’autocensure » et réclament un cadre au Conseil d’Etat.« Distorsion de concurrence » avec les réseaux sociaux et les sites de médiasContacté, le CSA ne souhaite pour l’instant pas réagir, ne disposant pas du contenu des recours déposés. « Nous ne sommes pas donneurs de leçons », s’était défendu Olivier Schrameck dans Le Figaro. « Il ne s’agit pas de distribuer des sanctions pour l’exemple. L’hommage que j’ai rendu aux médias pour leur rôle dans la prise de conscience collective, je le réitère », avait-il ajouté, tout en reconnaissant la « portée préventive » des sanctions.Enfin est pointée une « distorsion de concurrence » défavorable aux chaînes de télévisions et aux radios, soumises au CSA. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, mais aussi les sites internet de médias, qui ont pour la plupart couvert les événements en direct, ne dépendent eux pas de cette autorité. « Si une information est diffusée ailleurs mais que nous devons la taire, il risque de s’installer une défiance de nos spectateurs, qui seront tentés de s’informer à d’autres sources. Alors que nous sommes justement garants d’un professionnalisme de l’information », estime-t-on à France Télévisions, rappelant que l’entreprise a un code de déontologie.M. Schrameck avait reconnu le « problème » : « Nous avons d’un côté un champ médiatique qui est très précisément régulé et de l’autre un champ numérique qui ne l’est pas ou très peu », avait-il dit au Figaro, renvoyant la question au législateur.« Prise de conscience commune » et prudenceCes débats et ces recours interviennent dans un contexte particulier : le CSA voit son action contestée sur plusieurs points et le Conseil d’Etat a notamment cassé sa décision contre le passage en gratuit de LCI et Paris Première. Les médias concernés, eux, restent prudents dans leur expression, car ils dépendent tous de l’autorité pour diverses décisions, à l’image d’une BFM-TV qui espère ne pas voir arriver une troisième chaîne d’information en continu sur la TNT.« Il y a eu une prise de conscience commune aux médias d’information qui ont été sanctionnés, explique pourtant l’un d’eux. Ce CSA-là a pris une tournure inattendue, alors qu’Olivier Schrameck avait dit à son arrivée qu’il voulait être davantage régulateur que censeur. »Mais les médias en continu savent aussi que la bataille de l’opinion n’est pas forcément gagnée et que la couverture des attentats, dont la plupart sont fiers, a suscité des critiques. « Le climat d’insécurité et d’attaques terroristes nous fait accepter des choses qu’on aurait refusées autrement », regrette un dirigeant. Après avoir invité les médias à un débriefing ouvert, le CSA a pris en compte dans ses sanctions l’émotion du « public » : « Dans un premier temps, il veut tout savoir, mais très curieusement, très vite, il a lui-même réagi, ayant le sentiment que tout ne peut pas être dit ou montré », avait dit Nicolas About, membre du CSA, sur Europe 1.Fleur Pellerin avait, elle, apporté son soutien aux décisions : « Le CSA est dans son rôle, il doit réguler l’audiovisuel », avait déclaré la ministre de la communication. Tout en promettant un cadre « plus clair » à l’avenir.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La rationalisation des directions est en marche au sein des titres de presse récemment acquis par Altice Media Group, contrôlé par le magnat du câble Patrick Drahi. Samedi 20 juin, Presse News a annoncé le départ de Corinne Pitavy, directrice générale de L’Express Roularta. Lundi 22 juin, c’est François Moulias, co-gérant de Libération, qui a annoncé qu’il partirait, fin juillet.Ces deux managers seront remplacés par un seul et même homme : Marc Laufer, qui va cumuler la présidence du groupe L’Express, la co-gérance de Libération et la direction générale d’Altice Media Group France. Le modèle est celui d’une direction financière centralisée, chapeautant des directions éditoriales par titre (Christophe Barbier à L’Express, Laurent Joffrin et Johan Hufnagel à Libération).Les choses ne seront toutefois pas parfaitement symétriques. A L’Express, M. Laufer assurera la direction opérationnelle de l’entreprise. Par contre, à Libération, il s’appuiera sur Pierre Fraidenraich, qui voit donc ses responsabilités s’élargir, même si la direction juridique restera incarnée par M. Laufer et Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction.Parfaitement inconnu lors de son arrivée à Libération, en janvier 2014, François Moulias quitte donc le quotidien. On comprend qu’il n’a pas choisi cette issue. Mais elle semblait inéluctable dès lors que son allié Bruno Ledoux ne détient plus que 9 % du capital, après avoir été un des actionnaires principaux.Syndrome de StockholmInvesti par Bruno Ledoux de la mission de sauver l’entreprise, arrivé peu de temps avant la mobilisation « Nous sommes un journal » de février 2014, François Moulias aura finalement mené à bien sa mission, en permettant à l’entreprise d’être recapitalisée, tout en conduisant un plan social très sévère et en négociant avec l’imprimeur, les syndicats, l’Urssaf…« Le tour de table a été restructuré, le plan social est terminé, la rédaction est réorganisée, une nouvelle formule vient de paraître, un nouveau site est en préparation et les ventes sont supérieures au budget depuis le début de l’année, a-t-il énuméré dans un message interne annonçant son départ. Cela a été extrêmement compliqué mais nous y sommes arrivés, ensemble. Même les ascenseurs fonctionnent mieux ! Enfin, Libération sera bénéficiaire cette année, après une perte abyssale en 2014. »Cet ancien publicitaire, également passé par l’immobilier et le négoce de vin, en a tiré quelques convictions sur le secteur de la presse. « Quand on arrive dans le secteur, on se dit qu’on est chez les fous, sourit-il. Tout est très contraint : la convention collective des journalistes qui est un frein à l’embauche, les prix d’abonnements contrôlés par l’OJD, la dépendance aux aides publiques… Tout le monde répète qu’il faut changer de modèle, mais rien n’est fait pour ! »Il répète qu’il ne garde aucun ressentiment envers l’équipe et l’« agressivité » qui a pu lui être témoignée et conclut son mail de départ d’un « très amicalement ». Dans la rédaction, on admet « un léger syndrome de Stockholm ». « C’était un interlocuteur fiable », pointe un journaliste. Dans un communiqué, mardi soir, les élus de Libé ont souhaité « la présence d’un directeur général et d’une gouvernance stable et distincte des autres titres d'Altice Media Group afin d'éviter une confusion éditoriale et managériale préjudiciable pour Libération. » Lire son portrait : François Moulias, l’inconnu de « Libération » Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.06.2015 à 16h28 • Mis à jour le22.06.2015 à 16h43 La chaîne de télévision Al-Jazira a annoncé, lundi 22 juin, la libération de l’un de ses présentateurs vedettes, Ahmed Mansour. L’homme, qui possède la double nationalité égyptienne et britannique, avait été arrêté samedi à l’aéroport de Berlin, à la demande de l’Egypte.Lire aussi :Un journaliste vedette d’Al-Jazira arrêté en AllemagneCe journaliste célèbre pour sa proximité avec les Frères musulmans, serait accusé, selon la police allemande de « plusieurs délits ». La justice égyptienne, qui l’avait jugé par contumace en 2014 pour avoir, selon elle, torturé un avocat sur la place Tahrir à l’hiver 2011, durant la révolution ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak, l’a ­condamné à quinze ans de prison. M. Mansour qualifie pour sa part ces accusations d’« absurdes ».« Nous saluons la décision du procureur allemand » concernant la libération d’Ahmed Mansour et l’abandon de toutes les accusations retenues contre lui, a aussitôt réagi un porte-parole de la chaîne qatarie, Hareth Adlouni.Al Jazeera's Ahmed Mansour has been released without charge - @aljazeera statement to follow shortly.— AlJazeera (@Al Jazeera PR)require(["twitter/widgets"]);Depuis le renversement en juillet 2013, par Abdel Fattah Al-Sissi, alors chef de l’armée, de Mohamed Morsi, le président égyptien issu des Frères musulmans, Al-Jazira est dans le collimateur des autorités cairotes. La chaîne reste perçue par l’Egypte comme un porte-voix du Qatar, favorable au mouvement des Frères musulmans. Trois de ses journalistes, déjà accusés de complicité avec la confrérie, avaient été arrêtés en décembre 2013. L’Australien Peter Greste avait dû attendre le mois de février 2015 pour être relâché et renvoyé dans son pays, sur décret présidentiel. Ses deux compagnons, également libérés, sont en attente d’un nouveau procès. Alexis Delcambre « Les Échos vont bien, mais nous devons sans relâche innover. » Pour le PDG du groupe d’information économique, Francis Morel, c’est dans cette dynamique que s’inscrit l’annonce, lundi 22 juin, du lancement d’une plate-forme numérique de services aux entreprises, lesechos-solutions.fr.Partiellement financée par le fonds Google - à hauteur de 2 millions d’euros environ sur un budget total de 4 millions environ -, cette plate-forme rassemble les offres de services destinées aux entreprises actuellement proposées par le groupe : dépôt d’annonces légales, consultation d’appels d’offres, études de marché, outils de communication… L’ambition est d’en faire une plate-forme que les entreprises privilégient pour réaliser une partie de leurs démarches.La cible, ce sont ces 3,8 millions de décideurs économiques, que le groupe considère comme son bassin naturel. « Nous devons être le premier groupe d’information et de service pour les entreprises », résume M. Morel. Leur proposer des contenus ou des services relève selon lui d’un même mouvement et est cohérent avec l’engagement « pro business » du titre, que rappelle Christophe Victor, directeur général délégué du groupe.Le développement de cette plate-forme est aussi emblématique de l’évolution rapide du modèle d’affaires des Échos, l’un des titres qui tire le mieux son épingle du jeu de la transition numérique. Les services contribuent ainsi actuellement pour 31 % au chiffre d’affaires du groupe, contre 12 % en 2011 (la publicité réalise 30 % et la diffusion des contenus 39 %). Le groupe souhaite atteindre, en 2018, 50 % de chiffre d’affaires généré par les services.Réalisation de contenu pour les marques (avec Les Échos Publishing), organisation de salons comme Le Salon des Entrepreneurs (avec Les Échos Events), études de marché avec Les Échos Études, etc : le groupe a multiplié les pas de côté à partir de son métier d’origine, l’information économique et financière. Celle-ci pourrait donc devenir, à moyen terme, une part minoritaire de l’activité - sur le modèle du groupe allemand Springer par exemple.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.06.2015 à 02h37 • Mis à jour le20.06.2015 à 11h36 Twitter a annoncé, vendredi 19 juin, l'expérimentation d'un nouveau service permettant d'insérer dans le flux des utilisateurs des messages sponsorisés pour des « produits et des lieux », afin de doper son chiffre d'affaires.« Nous commençons l'expérimentation avec un petit nombre de produits et de lieux », a indiqué Amaryllis Fox, chef de produit du réseau social, dans un message posté sur un blog officiel. « Pendant que nous effectuons cet essai, vous êtes susceptibles de voir dans votre flux des pages et des groupes de pages qui sont partagés par des prescripteurs et des marques », a-t-elle déclaré.Un bouton « acheter »Cette initiative permettra d'élargir la plate-forme de messages au-delà des simples tweets en proposant un accès à des informations complémentaires sur des produits et, dans certains cas, un bouton « acheter ». « Nous avons invité un groupe de personnes influentes à partager certains de leurs endroits et objets favoris », a expliqué Mme Fox.« Vous serez en mesure de parcourir des collections présentées par des personnes qui vous tiennent à cœur et d'avoir davantage d'informations sur les produits et les endroits que vous trouvez intéressants. » Cela pourrait consister en des messages de la chaîne HBO promouvant sa série télévisée Game of Thrones ou des messages de l'actrice Reese Witherspoon concernant sa ligne de vêtements, a-t-elle cité à titre d’exemples.Trouver des nouveaux relais de croissanceTwitter, qui tente de trouver de nouveaux relais de croissance, se cherche un nouveau directeur général depuis l'annonce de la démission de Dick Costolo, le 11 juin. Il était depuis cinq ans aux commandes du groupe, et était soumis à une intense pression des investisseurs pour augmenter le nombre d'abonnés et le chiffre d'affaires du réseau social.Selon les dernières données disponibles, Twitter compte environ 300 millions d'utilisateurs actifs, mais sa croissance est à la traîne par rapport à d'autres réseaux sociaux, et les bénéfices se font toujours attendre depuis sa création, en 2006. Il n'a attiré que moins de 1 % des 145 milliards de dollars dépensés dans le monde cette année en publicité sur support numérique, selon la société spécialisée eMarketer.Lire aussi :En panne de croissance, Twitter se sépare de son patron 18.06.2015 à 15h12 • Mis à jour le18.06.2015 à 16h14 Et de trois… pour ces derniers jours en tout cas. Car pour le reste, compter les victimes des dénonciations mensongères déclenchant des interventions des forces de l’ordre devient difficile. Dans la nuit de mercredi 17 au jeudi 18 juin, le directeur de la publication de Politis, Denis Sieffert, a reçu à son domicile la visite de la police, alertée par téléphone qu’il s’y déroulait un cambriolage avec séquestration, raconte au Monde la direction du magazine. Trente minutes plus tard, policiers et pompiers sont arrivés au siège du journal où, soi-disant, le directeur retenait sa femme avec l’intention de la tuer. Ils ont brisé une vitre pour y pénétrer, avant de réaliser que les lieux étaient vides.Surnommée « swatting », la technique ressemble en tout point à un des modes opératoires utilisés par le hacker franco-israélien sioniste Ulcan, que M. Sieffert venait d’évoquer dans un édito paru mercredi.Lire Cinq questions sur Ulcan, le hacker franco-israélienRecrudescence de « swatting » ces derniers joursAu cours de la même nuit, Pierre Haski, le cofondateur de Rue89 a vu arriver chez lui le SAMU, les pompiers et des policiers de différentes unités : quelqu’un avait appelé pour dire que « j’avais poignardé ma femme, et – variante fantaisiste par rapport à la précédente fois – que j’avais ouvert le gaz dans l’immeuble », raconte-t-il dans un billet.La veille, Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, a connu pareille mésaventure : « Le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police. » Résultat ? « Trente policiers de la BAC déployés dans l’escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires, une procureure adjointe, mes voisins réveillés au cœur de la nuit », relate le journaliste, qui était absent.Pourquoi Arrêt sur images a-t-il été visé ? Il avait évoqué le jour précédent une autre victime d’une de ces dénonciations malveillantes : Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Le 9 juin, ce leader d’une organisation propalestinienne raconte avoir « été plaqué au sol, tutoyé, insulté, menotté avec des menottes qui vous blessent les poignets et se resserrent dès que l’on bouge » car le Raid a pénétré son appartement. D’autres militants ont également reçu des visites policières nocturnes ces derniers jours : Jean-Claude Lefort, ex-président de l’association France-Palestine Solidarité, qui était absent, raconte Politis, et deux autres membres de l’UJFP, comme l’écrit Arrêt sur Images.Usurpation de numéro téléphonique et « contre-appel »Un point est important pour comprendre pourquoi les forces de l’ordre interviennent, alors que ces personnes n’ont absolument rien fait et ne sont pas défavorablement connues – sans parler du fait que la technique du swatting utilisée notamment par Ulcan fait déjà l’objet d’enquêtes : selon plusieurs témoignages, le malfaiteur prend le contrôle de la ligne téléphonique de sa victime. Ce qui est susceptible de crédibiliser beaucoup son appel aux forces de l’ordre.Cela va plus loin : dans le cas de M. Stambul, les policiers « ont effectué un “contre-appel” », a expliqué le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez, à l’AFP. Ils ont donc rappelé le numéro – qui correspondait bien à celui de M. Stambul – « et sont retombés sur le même individu, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte » et qu’il attendait la police « avec un fusil », a raconté le préfet. « C’est ce contre-appel qui a déclenché l’opération du Raid » a expliqué le représentant de l’Etat, selon lequel « de mémoire, c’est la première fois » qu’un pirate « répond à un contre-appel ».Deux informations judiciaires et de nombreuses plaintesSur le fond, la question se pose de l’impunité d’Ulcan, parfois aussi appelé Violvocal et dont le vrai nom est Grégory Chelli. S’il n’est pour l’heure pas prouvé qu’il est responsable des interventions de ces derniers jours, le militant a fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes, liées au piratage, en 2014, de Rue89. Et aux appels malveillants ainsi qu’au swatting dont a été victime le père du journaliste de Rue89 Benoît Le Corre, auteur d’un portrait d’Ulcan.« Cela a entraîné le décès de son père », n’hésite pas à écrire M. Haski. Thierry Le Corre était quelques jours plus tard tombé dans le coma, avant de décéder. Rue89 publie ce jeudi un rapport d’expertise médicale selon lequel « le stress a été un facteur déclenchant direct et certain, révélant son état antérieur » d’hypertension artérielle.Le parquet de Paris a ouvert début octobre 2014 une information judiciaire, notamment pour « violences volontaires », distincte de celle ouverte début août sur des actes de piratage informatique revendiqués par Ulcan, rappelle l’AFP.Lire : Qui est le hackeur sioniste soupçonné d’avoir piraté Rue89 ?De nombreuses plaintes ont été déposées, dont récemment celle de Stéphane Richard, le PDG d’Orange, touché par une polémique sur la présence de l’opérateur en Israël. Le dirigeant a porté plainte contre X pour « menaces de mort » et appels à la haine contre lui et certains de ses proches. Il avait reçu des centaines d’appels d’insultes mais aussi de menaces précises, après que ses coordonnées ont été diffusées sur Internet.Appel aux autorités françaises et israéliennesSi M. Chelli n’est pas pour l’heure inquiété, pointent certaines victimes, c’est parce qu’il est installé en Israël, à Ashdod a priori. La justice française agit « à son rythme, c’est-à-dire lentement, handicapée par l’absence de traité d’extradition entre la France et Israël, regrette M. Haski, de Rue89. Mais surtout, elle agit, ou n’agit pas, dans un contexte marqué par l’absence de signal politique du gouvernement français. » Les autorités israéliennes, pour leur part, « tout en affirmant leur disponibilité à aider la justice française, n’ont pas non plus levé le petit doigt pour faire cesser ces agissements », ajoute le journaliste. 20Minutes.fr évoque un cas d’extradition d’un franco-israélien vers Israël mais rappelle la nécessité d’une volonté politique.« Il est grand temps que le ministère de l’intérieur s’exprime sur ces affaires, renchérit Denis Sieffert de Politis. Qu’est-ce qui est fait en direction du gouvernement israélien ? Une enquête a-t-elle été diligentée pour savoir à quel niveau le dénommé Ulcan bénéficie de complicités qui apparaissent de plus en plus évidentes ? » Alexandre Piquard « Je n’ai pas participé à la campagne de Delphine Ernotte, même si je suis très content de son élection », déclare David Kessler, directeur général d’Orange Studio, parfois présenté comme un soutien actif de la nouvelle présidente de France Télévisions. Bien connu du milieu des médias et classé à gauche, le nom de cet ancien conseiller culture de l’Elysée a été cité plusieurs fois dans des articles sur la candidature de la directrice exécutive d’Orange France. Fait nouveau : il est aussi visé indirectement dans l’une des deux plaintes déposées cette semaine à la suite de la nomination opérée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire : Deux plaintes et deux recours contre la nomination de Delphine ErnotteLa nomination d’Olivier SchrameckLa démarche engagée par le syndicat SNPCA-CGC met en avant la notion de trafic d’influence : le plaignant se pose des « questions » sur un éventuel « renvoi d’ascenseur » entre Olivier Schrameck, le président du CSA, et David Kessler, qui était conseiller culture de François Hollande à l’époque de la nomination du dirigeant du régulateur de l’audiovisuel, début 2013. Selon ce raisonnement, le conseiller aurait fait nommer le président du CSA qui aurait ensuite porté sa candidate à la tête de France Télévisions.Certains ont en outre rappelé que David Kessler était entre 1995 et 2002 conseiller culture à Matignon sous Lionel Jospin, quand le directeur de cabinet était Olivier Schrameck (à l’époque, François Hollande était premier secrétaire du Parti socialiste et Manuel Valls conseiller en communication du premier ministre).M. Kessler rejette l’accusation de trafic d’influence : « Quand on connaît la machine d’Etat, on sait que ce n’est pas le conseiller culture du président de la République qui choisit le président du CSA, argue-t-il. Le président peut solliciter l’avis du ministre de la culture, du premier ministre et, à l’Elysée, de son directeur de cabinet et du secrétaire général. Au final, c’est le choix du président de la République », ajoute le conseiller, qui précise avoir donné son avis sur plusieurs noms.Les relations avec Delphine ErnottePar ailleurs, M. Kessler assure qu’au moment de la nomination de M. Schrameck au CSA, il n’avait jamais rencontré Mme Ernotte, « sauf une fois, quelques minutes, sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, à l’occasion de la Nuit Blanche », dont Les Inrockuptibles, journal qu’il dirigeait, était partenaire.Mme Ernotte n’aurait pas non plus participé au recrutement de M. Kessler à Orange, en novembre 2014, assure ce dernier, précisant que la filiale cinéma, dont il est directeur général, ne dépend pas d’Orange France, que dirige Mme Ernotte. Egalement connecté à droite, M. Kessler cite trois personnes ayant parrainé son arrivée chez l’opérateur : Pierre Louette, un « ami » ; Christine Albanel, ancienne ministre (UMP) de la culture et présidente d’Orange studio ; et Stéphane Richard, le PDG du groupe.M. Kessler raconte avoir rencontré Delphine Ernotte pour la première fois en décembre 2014 et avoir, en fin d’entretien, évoqué les échos la présentant comme candidate à France Télévisions. Cette dernière n’a pas démenti, sans vraiment confirmer non plus, raconte-t-il.Au sujet de France Télévisions, M. Kessler explique avoir ensuite revu Mme Ernotte, « une fois, environ une heure », mais il précise avoir eu le même genre d’entretien avec la plupart des candidats de premier plan à la présidence de France Télévisions.Lire : La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsLa campagne pour la présidence de France Télévisions« A quelques personnes qui me demandaient mon avis sur la campagne, j’ai dit que je trouvais que Mme Ernotte était une candidate crédible. J’aurais peut-être dû me taire… », ajoute celui qui a également été directeur général du CSA, directeur du Centre national du cinéma et de France Culture et conseiller du président de France Télévisions Marc Tessier…Pendant la campagne, il assure n’avoir appelé aucun membre du CSA, sauf Sylvie Pierre-Brossolette, une fois : c’était pour « prendre de ses nouvelles », après qu’elle a été critiquée, début novembre, lors de la fuite dans la presse de son prérapport sévère sur le bilan du président de France Télévisions Rémy Pflimlin, précise-t-il, comme il l’avait déjà dit au JDD. M. Kessler a enfin confié avoir déjeuné avec Olivier Schrameck, en décembre. A l’époque, le nom de Delphine Ernotte avait déjà fait l’objet de quelques mentions dans la presse. « Lors du déjeuner, nous avons dû parler quelques secondes de France Télévisions, mais pas de Delphine Ernotte », assure-t-il. Sur les deux plaintes déposées, il revient maintenant aux parquets de déterminer s’ils souhaitent ouvrir une enquête.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Rupert Murdoch met la dernière main à sa succession. Le magnat des médias est sur le point de céder les rênes de la 21st Century Fox à son fils James, 42 ans. Celui-ci devient directeur général du groupe, a annoncé la chaîne CNBC, qui cite des sources proches du dossier. Le groupe, contrôlé à 39,4 % par la famille Murdoch, et qui regroupe les activités dans la télévision et le cinéma, a confirmé, jeudi 11 juin, que le sujet de la succession de M. Murdoch serait abordé lors des prochains conseils d’administration.A l’issue de cette réorganisation, qui devrait intervenir dès cette année ou au plus tard en 2016, M. Murdoch, 84 ans, serait toujours président de Fox, siège qu’il partagerait avec son fils aîné, Lachlan, 43 ans. Chase Carey, le directeur général actuel du groupe, resterait au sein de la structure, mais comme conseiller auprès du magnat australien.Des changements attendusCes changements étaient attendus dans la mesure où le tycoon n’a jamais caché sa volonté que l’un de ses enfants lui succède. Par ailleurs, le calendrier s’accélérait : M. Carey devait informer avant le 30 juin prochain le conseil d’administration de Fox de ses intentions de quitter ou non le groupe avant la fin de son contrat qui se termine le 30 juin 2016.La première étape de ce remaniement avait été franchie en mars 2014, lorsque James Murdoch a été promu codirecteur général avec M. Carey. Celui-ci a d’ailleurs été partie prenante dans le processus de succession dans lequel il a joué un rôle de facilitateur.Au-delà des personnes, l’organisation reste similaire à celle qui prévalait jusqu’à présent, à savoir un président, Rupert Murdoch, s’occupant de la stratégie à long terme et d’un responsable exécutif, Chase Carey, chargé de la gestion quotidienne des affaires. Les deux fils seront donc amenés à travailler en tandem, selon cette répartition des rôles, même si l’ombre tutélaire du père reste encore dans le paysage.Pour James Murdoch, il s’agit d’un rétablissement spectaculaire dans la mesure où sa réputation avait été entachée par le scandale en 2011 des écoutes téléphoniques du tabloïd anglais News of the world. A la tête des activités du groupe au Royaume-Uni, il avait été obligé de démissionner avant de rentrer aux Etats-Unis.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean Birnbaum Quand la presse traverse une crise, elle doit se tourner vers ses lecteurs. La tradition d’un journal, son identité, bref, son avenir, ce sont eux qui en parlent le mieux, tout simplement parce qu’ils en sont les vrais dépositaires. Etre à la hauteur de cette tradition, pour un collectif de plumes, ce n’est donc pas seulement respecter des principes hérités, c’est d’abord se montrer à la hauteur des exigences, anciennes et nouvelles, que les lecteurs adressent à leur journal. Voilà pourquoi, au Monde, le courrier des lecteurs a toujours fait l’objet d’un soin particulier. Bien avant l’apparition du dialogue sur Internet et sur les réseaux sociaux, la lecture de ce courrier a imposé une évidence : la vocation d’un quotidien n’est pas figée, elle se bâtit au jour le jour dans l’échange et le partage.Après les attentats de janvier, cette évidence est devenue urgence. Les gens du Monde, toutes les femmes et les hommes qui suivent ce journal comme on s’inscrit dans une communauté, ont ressenti la ­nécessité de prendre la parole. Ils l’ont fait avec beaucoup de force et de sensibilité. On le vérifiera en lisant le volume qui paraît sous le titre Qui est vraiment Charlie ? (François Bourin-Le Monde, 176 p., 19 €). Réunies par nos collègues Pascal Galinier (médiateur du Monde) et Dominique ­Buffier, ces missives relèvent tour à tour du témoignage et de l’analyse, de l’indignation et de l’espérance. S’y déploie une diversité de points de vue et, notamment, très tôt, des doutes concernant l’unanimisme propre aux manifestations du 11 janvier. De belles confidences, aussi, de la part de Français musulmans qui se trouvent soudain sommés de prendre ­position : « C’est ce que me demande le ­regard de tous sans l’exprimer », note ainsi Walid Bekhti. Et, enfin, partout, un appel lancé au Monde, une manière de dire : mettez des mots sur ce que nous vivons, donnez du sens à cette époque débous­solée, tenez-vous bien pour nous aider à tenir bon. Essayez de « comprendre un peu plus fort, débattre un peu plus fort », comme y invite Julie Desrousseaux. ­Mobilisez-vous pour dissiper la confusion et opposer les Lumières à l’obscurantisme, « la pensée droite à la pensée tordue », ­selon la formule d’Edouard Reichenbach. Bref, travaillez à lever ce que Jean-Charles Vegliante nomme superbement un « couvre-feu mental ».Jean BirnbaumJournaliste au Monde, responsable du "Monde des Livres"SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Un rosier qui fléchit, un lilas qui jaunit, un pommier en mal de fruits… A chaque problème rencontré au jardin ou au potager, celui que l’on surnommait « Michel le jardinier » avait une solution qu’il prodiguait, derrière de grosses moustaches en broussaille, de son verbe fleuri, piqué d’anecdotes, d’adages ou de dictions. Même ceux qui n’avaient guère de goût pour le jardinage aimaient à écouter cet homme jovial et chaleureux, ce conteur hors pair qui distilla son savoir encyclopédique pendant trente ans, aussi bien à la radio qu’à la télévision. Retiré depuis quelques années à Saintes (Charente-Maritime) Michel Lis est mort, mardi 9 juin, à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, a-t-on appris de Radio France. Il était âgé de 78 ans.Surnommé « Moustaches vertes »Confiant à Laure Adler en 1999, lors de l’émission « Le Cercle de Minuit », avoir « certainement appris à marcher en plantant des radis », ce natif des Deux-Sèvres (il est né en 1937 à Pamproux) prit très tôt goût pour la terre, grâce à son grand-père cheminot qui lui enseigna les vertus du jardinage, à savoir : la patience, l’observation et le bon sens. Loin cependant d’en faire son métier, c’est vers le journaliste que le jeune homme se tourne peu après avoir obtenu son baccalauréat. Ainsi, on verra fleurir sa signature, de grand reporter notamment lors de la guerre des Six Jours ou des Jeux olympiques, tour à tour dans les colonnes du Monde graphique, du Parisien libéré, de L’Equipe ou encore de Télé 7 jours ; avant de faire en 1972 le bonheur des auditeurs de France Inter.A cette époque, Eve Ruggieri qui anime les matinées du week-end de la station avec Jacques Paugam, cherche une idée pour intéresser les auditeurs. « On a pensé au jardinage, et elle a fini par me le proposer, presque par hasard. C’est aussi elle qui a trouvé le surnom qui me colle toujours à la peau : moustaches vertes » confiait-il au Parisien, en 2003.Avec « la Minute du jardinier » diffusée chaque vendredi à 7 h 30, Michel Lis rencontre un succès immédiat. Malgré tout, il faudra attendre 1981 pour mettre enfin un visage sur cette voix qui aime à enluminer ses conseils pratiques de dictons et de maximes puisés dans des livres de botaniques. Après « Idées à suivre », une chronique qu’il tient sur France 2, ce lecteur de Rousseau, Cendrars ou de Conrad rejoint en 1985 l’équipe de « Télématin » qu’il quittera en 1999. Mais la télévision ne le détournera pas pour autant de la radio où l’on pourra l’entendre sur les ondes de France Inter, de France Info, de Radio France Gironde essaimer avec bonne humeur ses conseils et ses maximes. Toujours sans fiches, depuis qu’en 1976, une maladie de la rétine l’avait frappé, lui conférant une mémoire encyclopédique.Malgré ce handicap dont il ne se consolait pas, Michel Lis, n’avait pas abandonné l’écriture. Outre ses collaborations dans différents titres de presse dont Rustica, TV hebdo, Nice Matin ou Trente millions d’amis, il publiera plusieurs ouvrages tels Michel le jardinier au jardin de Jean-Jacques Rousseau (Mengès, 1984), Le Grand Almanach de Michel le jardinier (Mengès, 1999). Après avoir tenu une chronique sur France Bleu La Rochelle, ce militant pour la renaissance des espèces et des traitements naturels raccrochait le micro en 2012, mais non le râteau et la bêche, pour se consacrer tout entier à ses fleurs de prédilection : la rose trémière, le dahlia et la santoline, symbole de cette terre de Saintonge qu’il affectionnait tout particulièrement.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Canal+ joue la carte techno pour se distinguer dans un univers de plus en plus concurrentielRodolphe Belmer, le directeur général du groupe, a prévenu ce mardi 9 juin : Canal+ s’engage dans une « stratégie technologique de long terme ». Il a promis un « flux continu d’innovations dans les prochains mois ». Les clients de la chaîne cryptée et de Canal Sat vont bénéficier d’ici 2016 de nouveaux services. Déjà, MyCanal rencontre un grand succès. L’application disponible sur tablette et smartphone reçoit 30 millions de visites chaque mois, 1 million d’utilisateurs uniques par jour et plus de 300 000 utilisateurs en simultané les soirs de grand match. Plus de un programme à la demande sur cinq est consommé sur MyCanal.Le groupe présidé par Bertrand Méheut veut aller encore plus loin pour que ses clients puissent « profiter pleinement de leur abonnement ». Avec Netflix, You Tube ou encore BeIN, qui proposent des formules, si ce n’est gratuites, beaucoup plus compétitives, la concurrence s’intensifie et Canal se devait de frapper un grand coup.Un Cube nomadeC’est avec un petit cube que le groupe veut se démarquer. Cette mini-box remplacera peu ou prou le bon vieux décodeur en proposant davantage de services. La fonction la plus spectaculaire, « startover », permettra ainsi de remonter jusqu’à huit heures dans la programmation d’une chaîne. Un outil parfait pour les étourdis qui oublient de préparer l’enregistrement d’une émission ou ceux qui sont victimes d’un contretemps et qui ne peuvent arriver à l’heure pour voir leur série ou film préféré. Ce cube, nomade, pourra se brancher n’importe où à condition de disposer d’une connexion WiFi ou à l’Internet qu’il faudra payer en plus. Il ne remplacera donc pas les box des fournisseurs d’accès à Internet. Par ailleurs, Canal+ réfléchit pour que l’on puisse l’utiliser à l’étranger une vingtaine de jours par an, à l’image du « roaming » que proposent certains opérateurs.Canal Sat « offrant » plus de 150 chaînes, le groupe promet également de faciliter le choix du téléspectateur avec « Suggest », son nouveau moteur de recommandation qui s’appuie sur les habitudes de visionnage d’un abonné, mais aussi ses goûts.La filiale de Vivendi veut aussi être à la pointe de l’UHD, l’Ultra Haute Définition. Cette norme de diffusion permet des images quatre fois plus fines que l’actuelle haute définition. À la rentrée, Canal+ proposera du contenu UHD aux possesseurs de téléviseurs Samsung et espère diffuser des programmes dans ce nouveau standard au printemps 2016 via la fibre optique et via le satellite.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La Confédération générale des cadres (CGC) des médias a annoncé mardi 9 juin avoir déposé une plainte à Paris et un recours au Conseil d’Etat contre la nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions. Cette démarche s’ajoute à la plainte de Didier Quillot, ancien candidat à la présidence de France Télévisions et ancien cadre de Lagardère active.Une requête en annulationLa requête en « annulation » au Conseil d’Etat, déposée lundi, « s’appuie, notamment, sur le manque d’impartialité du CSA et l’opacité de la procédure de nomination », explique dans un communiqué le SNPCA-CGC, syndicat minoritaire à France Télévisions. « La loi prévoit que la décision doit être suffisamment motivée. Ce n’est pas le cas. Le CSA s’est contenté de généralités », estime l’avocat du syndicat, Me Pierre-Olivier Lambert, contacté par l’Agence France-Presse. Le CSA a publié sur son site « la décision de nomination motivée » de Delphine Ernotte, ancienne directrice exécutive d’Orange France.Une plainte du SNPCA-CGCLa plainte, qui doit être déposée, se fonde, elle, sur « des soupçons d’abus d’autorité et de manquements à l’obligation de probité du CSA dans la procédure de nomination » et « vise, en particulier, le délit de trafic d’influence », ajoute le syndicat.Le code pénal définit ainsi le trafic d’influence :« Le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable. »L’une des membres du CSA, Sylvie Pierre-Brossolette, se voit notamment reprocher, dans un article de Mediapart, d’avoir organisé un rendez-vous entre la candidate Delphine Ernotte et François Pinault, réputé proche de François Hollande. Un homme d’affaires qu’avait également rencontré Didier Quillot, un autre candidat.Une plainte de Didier QuillotMardi 2 juin, une première plainte a été déposée par Didier Quillot. Sa démarche suit ce raisonnement : l’ouverture, par le parquet, d’une enquête préliminaire est le seul moyen d’avoir des preuves d’une éventuelle infraction, la demande d’enquête parlementaire sur la nomination de Mme Ernotte ayant été rejetée.Sa plainte se fonde sur la notion d’« abus d’autorité », ainsi définie par le code pénal : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi. »La loi de novembre 2013 sur l’indépendance de l’audiovisuel public a confié au CSA la mission de désigner le patron de France Télévisions de façon « impartiale, transparente et indépendante », explique-t-on dans l’entourage de Didier Quillot. Donc si jamais des manœuvres avaient fait échec au respect de ces conditions, il pourrait s’agir d’un abus d’autorité. L’entourage de M. Quillot souligne au passage que le CSA a, dans un communiqué de la semaine dernière, envisagé des changements de procédure, et y voit une validation de sa démarche.De plus, M. Quillot a pris soin, avant de déposer sa plainte, d’avoir « tourné la page » et annoncé ses nouvelles activités : il a cofondé Reboot Media, un groupe qui ambitionne de peser dans le domaine de la presse sportive, comme l’a expliqué Le Figaro. Son avocat assure qu’il agit moins en tant que victime directe qu’en tant que citoyen.La défense du Conseil supérieur de l’audiovisuel« On a pu lire que la procédure au terme de laquelle [Delphine Ernotte] a été désignée aurait été l’objet de pressions. Chacun d’entre nous affirme n’en avoir subi aucune », ont déclaré dans un communiqué commun les huit membres du CSA, le 4 juin :« Nous réaffirmons ici solennellement que le délibéré s’est déroulé dans la plus totale indépendance et la plus stricte impartialité, au terme d’une procédure qui a respecté le principe d’égalité entre les candidats et dont chaque étape a été débattue et collégialement acceptée par le Conseil. »Le scrutin pour la présidence de France Télévisions avait divisé le collège en deux blocs au second tour et suscité des dissensions en interne.Lire aussi : La nomination de Mme Ernotte fait toujours grincer des dentsLes membres du CSA se sont en revanche dits « ouverts à toute modification allant dans le sens d’un renforcement de la publicité des procédures de nomination ». Cette procédure a été fixée par le collège du CSA à partir de la loi de 2013 par laquelle la majorité du président, François Hollande, lui a redonné le pouvoir de désigner les dirigeants d’audiovisuel public. Le CSA a notamment envisagé de publier le nom de tous les candidats ou seulement de ceux qu’il choisirait d’auditionner, ou encore d’ouvrir les auditions des candidats au public.Lire aussi : Les premiers pas de Delphine Ernotte à France TélévisionsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Apple a annoncé, lundi 8 juin, le lancement prochain de « News », une nouvelle application qui promet d’offrir une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires. Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne », lors du déploiement d’iOS9, la prochaine version du système d’exploitation mobile, au départ aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.Son interface ressemble à l’application Flipboard, un agrégateur d’informations, et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai, ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. L’initiative d’Apple illustre la volonté des grandes plate-formes de se placer en intermédiaires de distribution entre les médias et leurs lecteurs, contre la promesse d’apporter un nouveau lectorat, voire des revenus.Concrètement, « News » intégrera des flux « RSS » de résumés d’articles de tous les éditeurs qui souhaitent les partager. Mais l’application proposera surtout des contenus de médias partenaires directement hébergés par Apple. Comme Facebook, ce dernier promet un format attractif, adapté au mobile, avec des belles images, des cartes, des graphiques et des vidéos, que les médias pourront personnaliser. A la différence des articles hébergés sur les sites mobiles de ces titres, ces contenus seront en principe beaucoup plus rapides à charger, et donc susceptibles d’être davantage vus.Le gratin de la presse anglophoneAu démarrage, l’application vous demandera de nommer des sources et des thèmes qui vous plaisent, puis vous proposera une sélection d’articles, lit-on sur le site du Nieman Lab. L’algorithme qui génère « votre news » est censé se nourrir de vos habitudes de lectures voire de vos appréciations pour affiner son offre. « Ce sera du beau contenu, tiré des meilleures sources mondiales, personnalisé pour vous », a assuré Susan Prescott, vice-présidente du marketing produit chez Apple.Comme Facebook, Apple a présenté une liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times, le groupe magazine Condé Nast (Vogue, Vanity Fair), le quotidien britannique Daily Mail, le magazine économique de référence The Economist, mais aussi des acteurs issus du web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed. Le New York Times devrait commencer par publier une trentaine d’articles par jour sur News.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plateformes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? Tous cherchent une puissance de distribution… Et ont peur d’être laissés pour compte si leurs concurrents pactisent avec les plateformes et qu’ils ne le font pas.« Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a ainsi défendu Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plateformes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »La publicité mais pas les donnéesPour convaincre les éditeurs, Apple, comme Facebook, a toutefois dû faire certaines concessions dans son offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Le contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est un autre point sensible. Alors que Facebook proposait d’agréger les « vues » des « instant articles » aux audiences des médias partenaires et de leur donner accès à tous les indicateurs, Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News, mais précise qu’elle respectera la « vie privée » des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.N’y a-t-il pas un risque pour les médias d’abandonner trop de pouvoir aux géants du Net ? De se couper de la relation directe avec leurs lecteurs, d’autant plus dans le cas d’Apple, dont une des forces est de posséder les coordonnées bancaires de ses clients ? Le risque existe. Une fois l’usage créé, les grandes plateformes pourraient en effet changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google vient de le faire avec son fonds de soutien à la presse. Les éditeurs font le pari qu’il vaut mieux tenter cette voie.La tendance est-elle inéluctable ? Elle semble puissante, mais toutes les initiatives des grandes plateformes dans la presse n’ont pas été couronnées de succès : ainsi, News remplacera Newsstand, un kiosque numérique d’Apple lancé en 2011, dans lequel les éditeurs pouvaient vendre des journaux numériques à l’unité ou par abonnement, via leurs propres applications, moyennant une commission de 30 % pour Apple. Proposant une expérience assez banale, Newsstand n’a pas rencontré le succès escompté. De la même façon, Google Currents, agrégateur d’informations, a été renommé Google Play News, mais reste peu connu. Facebook Paper, un genre de magazine agrégé, avait lui aussi déçu.Apple cherche en tout cas à rassurer les médias. A la veille de la présentation de « News », on a ainsi appris que le géant californien pourrait infléchir la part de 30 % qu’il s’arroge sur les abonnements souscrits par son intermédiaire. Selon le Financial Times, Apple serait susceptible d’appliquer un taux inférieur aux abonnements souscrits via son kiosque ou son service de télévision, l’Apple TV.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Trente-sept journaux allemands, dont les prestigieux Zeit, Süddeutsche Zeitung, Spiegel et Welt, ont accepté de vendre leurs articles à l’unité sur la plate-forme Blendle, qui s’est lancée en Allemagne, mardi 9 juin.Un temps surnommé l’« i-Tunes de la presse », le site d’origine néerlandaise s’inspire en réalité davantage de Spotify et offre une expérience qui se situe aux confins d’un site d’information, d’un réseau social et d’un outil de lecture. Une fois inscrits, les utilisateurs se voient proposer des articles à l’unité issus de différents journaux, qu’ils peuvent acheter pour quelques centimes chacun.Lire : La start-up néerlandaise Blendle s’inspire d’iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetL’Allemagne est le deuxième pays de déploiement de Blendle, après les Pays-Bas, où il compte désormais 300 000 utilisateurs. Les fondateurs de Blendle entendent proposer leur service dans d’autres pays européens. Des discussions ont été lancées avec les éditeurs français.Aux États-Unis, la start-up a d’ores et déjà signé avec le Washington Post, le New York Times et The Economist, et travaille à convaincre d’autres éditeurs. En octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi dans Blendle à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Martin Sorrell a été payé 200 millions d’euros depuis 1998. Rien que pour 2014, le patron de WPP, le numéro 1 mondial de la publicité, a touché 43 millions de livres (59 millions d’euros). Il est, de loin, le patron d’entreprise cotée à la Bourse de Londres qui gagne le plus. Et probablement dans le monde. Sur les cinq dernières années, sa rémunération s’est élevée à un peu plus d’un euro par seconde.Ces statistiques ont une nouvelle fois provoqué la controverse, mardi 9 juin, lors de l’assemblée générale annuelle de WPP. Comme chaque année ou presque, l’ambiance était houleuse, sur la question du salaire de M. Sorrell. Comme à chaque fois, une bonne partie des actionnaires s’est opposée à la rémunération pour 2014: 22% d’entre eux ont voté contre, légèrement moins que le score de 28% atteint l’année dernière. Mais comme toujours, cela ne changera rien à l’affaire : le très puissant patron de WPP touchera ses émoluments.« C’est presque une blague, s’agace Catherine Howarth, la directrice de ShareAction, une association qui milite pour l’investissement responsable. Ce type se moque de ce que pensent les actionnaires et de la bonne gouvernance d’entreprise. » M. Sorrell présente un cas d’école intéressant.Une agence partie de rienL’homme affiche un succès évident. Il a créé WPP à partir de rien. En 1985, après avoir mené pendant une décennie la stratégie d’expansion des frères Saatchi, il prend le contrôle de Wire and Plastic Products, une petite entreprise qui fait des paniers en métal. Il utilise cette société cotée pour multiplier les acquisitions d’agences publicitaires. Jusqu’à devenir en 2009 le numéro 1 mondial du secteur. Aujourd’hui, WPP affiche 179 000 employés à travers le monde, une présence dans 111 pays et un chiffre d’affaires de 11,5 milliards de livres (15,8 milliards d’euros).Fort de ce succès, M. Sorrell a longtemps été très bien payé. Jusqu’en 2008, il touchait entre 1 et 4 millions d’euros par an. Mais à partir de 2009, cette somme, qui n’était pas très éloignée de celle qui revient aux autres grands patrons, s’est envolée : 10 millions d’euros en 2009, 16 millions en 2010 et 2011, 24 millions en 2012, 41 millions en 2013 et 59 millions en 2014…Lire aussi :Aux Etats-Unis, les rémunérations des patrons devront être liées à la performance de l’entrepriseOpiniâtretéEn juin 2012, les actionnaires ont fait entendre une première fois leur désaccord. Lors de l’assemblée générale, 60 % d’entre eux ont voté contre la rémunération. Un véritable coup de tonnerre, dans le monde feutré des assemblées générales, où une opposition de 20 % est déjà considérée comme une rébellion.C’était compter sans l’opiniâtreté de M. Sorrell. Comme l’autorise la réglementation sur les entreprises britanniques cotées, le vote n’était que « consultatif ». Le patron de WPP a donc passé outre, et il a quand même touché son salaire. Pour donner l’impression de réagir, M. Sorrell a changé la politique de rémunération.Son salaire est désormais composé de trois parties : un fixe, un bonus de court terme, et un autre de long terme. Leur montant dépend du succès financier de l’entreprise et de ses résultats en Bourse. Le tout est supervisé par un comité à part, dont le patron de l’entreprise n’est pas membre, comme le veut la bonne gouvernance.Excellents résultats pour WPPL’an dernier, WPP a affiché d’excellents résultats. L’entreprise a nettement mieux réussi que ses plus proches concurrents, Omnicom et Publicis, d’autant que ces derniers étaient occupés à préparer leur fusion puis à l’annuler à la dernière minute.Du point de vue du comité de rémunération de WPP, les émoluments record de M. Sorrell sont donc parfaitement justifiés. « Ce [qu’il] gagne, bien que ce soit très important en tant que tel, est égal à environ 0,33 % de l’augmentation de la valorisation boursière », écrit-il. L’argument ne convainc pourtant pas tous les détenteurs d’actions WPP.Glass Lewis, une société de conseil aux actionnaires, recommandait de voter mardi contre la rémunération de M. Sorrell, qu’elle juge « complètement excessive ». ISS, une autre société de conseil, était plus ambiguë : tout en suggérant de voter en faveur de la résolution, elle s’étouffait face au salaire « exceptionnellement haut » du patron de l’entreprise.Pour Mme Howarth, de l’association ShareAction, le comité de rémunération ne fait absolument pas son travail. « Son objectif devrait être de le payer le moins possible sans qu’il ne s’en aille de l’entreprise. Or, M. Sorrell n’a nulle part où aller. WPP est son entreprise. S’il ne touchait qu’un euro symbolique, il resterait probablement. » Un scénario qui ne semble pas près d’être testé…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.06.2015 à 08h57 • Mis à jour le08.06.2015 à 13h03 France Télévisions, Radio France et le groupe Egalis ont lancé lundi un site Internet qui recense plus de mille femmes expertes sur deux cents thématiques afin d’inciter les médias à les inviter et promouvoir la place des expertes dans les médias. « L’absence de femmes sur les écrans alimente les stéréotypes et les inégalités », affirme Egalis, qui regroupe des organisations spécialistes de l’égalité.Ce site, version numérique du Guide des expertes qui paraît chaque année aux éditions Anne Carrière, EpOke, est destiné aux journalistes, organisateurs d’événements, entreprises, associations, universités et collectivités.En 2013, le CSA avait appelé toutes les chaînes à améliorer la représentation des femmes, en estimant qu’en moyenne la part des expertes intervenant à l’antenne était inférieure à 20 %. Et quand elles sont invitées, c’est la plupart du temps pour parler de sujets dits « féminins » comme les violences faites aux femmes, les enfants, la famille, l’école, etc. Alexis Delcambre et Samuel Laurent Septembre 2002. L’empire Vivendi Universal, victime de la chute de Jean-Marie Messier, est contraint d’opérer de douloureuses cessions. A l’affût des opportunités dans la presse, Serge Dassault est sur les rangs. Et pour 237 millions d’euros (286 millions si on les convertit au pouvoir d’achat de l’euro en 2014), la Socpresse, qu’il contrôle avec la famille Hersant, s’offre l’ex-pôle presse de Vivendi : L’Express, L’Expansion, L’Etudiant…Quatre ans plus tard, en 2006, c’est au tour de la Socpresse de céder ses actifs. Elle trouve un acquéreur, le groupe de presse belge Roularta, qui a des ambitions en France. Valorisation de l’ensemble : 210 millions d’euros (235 millions de 2014) – la Socpresse réalise une opération quasi blanche.Janvier 2015. Le groupe belge s’est lassé des pertes provoquées par son pôle français et s’angoisse de voir ses actifs se déprécier. Vincent Bolloré ou Iskandar Safa étudient le dossier. Mais c’est un acteur nouveau, Patrick Drahi, qui s’offre le cinquième groupe magazine français – la vente doit être finalisée mardi 9 juin. Montant de la transaction : entre 50 et 70 millions d’euros. Un chiffre dont la faiblesse, pour un pôle qui réalise 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, frappe les esprits.La trajectoire du groupe L’Express illustre celle des journaux français, dont les valorisations sont en forte baisse, comme en témoignent les chiffres des récentes transactions compilés par Le Monde. Grossièrement, les transactions des années 2000 se chiffraient en centaines de millions d’euros quand celles des années 2010 sont libellées en dizaines.L’infographie ci-dessous présente les principales transactions survenues depuis dix ans dans le secteur de la presse française, ramenées à leur valeur en euros constants 2014. Passez sur les carrés pour afficher des informations supplémentaires.Cela ne signifie pas forcément que les valorisations de ces entreprises se sont écroulées. Pour en déduire une valorisation, il faut ajouter au montant de la transaction les dettes (ne serait-ce que celle que représentent les abonnés en cours de contrat et qu’il faudra servir), l’anticipation des pertes à venir et/ou des coûts de restructuration – exactement comme un acheteur immobilier s’appuie sur le coût des travaux à venir pour négocier une baisse de prix. Sans parler des investissements à venir pour développer de nouvelles activités. « Les acheteurs nouveaux intègrent qu’il va leur falloir renverser la table et changer le modèle de ces entreprises », explique Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, une entreprise de conseil.L’angoisse gagne les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ?Comme sur tous les marchés, ce comportement des acheteurs s’autoentretient et nourrit une spirale, en l’occurrence baissière. Dans ce secteur, il est rarement possible d’évaluer une entreprise selon sa valeur boursière – peu sont cotées – ou selon la rentabilité potentielle – tant la visibilité est faible en ces temps de transition numérique. « Reste la bonne vieille méthode des comparables, conclut M. Texier. On se réfère aux transactions récentes opérées dans le même secteur, de la même façon que l’acheteur d’un appartement se renseigne sur les ventes récentes dans le même quartier. » Dès lors, chaque vente renforce la spirale baissière. A l’image de celle de 65 % du Nouvel Observateur au trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse (par ailleurs actionnaires du Monde) en janvier 2014, pour 13,8 millions d’euros. « En un instant, la seule annonce de cette vente a fait subir une décote de 50 % au dossier de L’Express, dont le groupe Roularta envisageait déjà la vente », révèle une source.Une poignée d’acteurs récurrentsDans ce contexte, l’angoisse peut gagner les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ? Peut-on encore attendre un retournement du marché ? Les exemples d’hésitation sont légion, comme en témoigne le cas de la famille Amaury, propriétaire du Parisien (ainsi que de L’Equipe). En 2010, Marie-Odile Amaury avait missionné la banque Rothschild pour céder son journal régional. Elle en attendait 200 millions d’euros. Une offre de Vincent Bolloré atteignait 130 millions d’euros, et Mme Amaury avait baissé son objectif à 150, mais ce différentiel n’a pu être comblé.Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des AmauryCinq ans plus tard, le groupe Amaury vient d’entrer en négociations exclusives avec un nouvel acheteur, LVMH, pour un prix qui serait plus proche de 50 que de 100 millions d’euros. Entre-temps, la famille a dû éponger 37 millions de pertes…« C’est la concurrence qui fait monter les prix, rappelle M. Texier. Or, aujourd’hui, les acheteurs sont peu nombreux. » Animateurs du marché français par le passé, les grands groupes de médias étrangers s’en sont retirés, à l’exception du belge Rossel, qui vient d’investir dans 20 Minutes. Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des Amaury. Reste une poignée d’acteurs récurrents, qui travaillent à atteindre une taille critique. D’où les mariages récents, ou en cours, entre Le Monde et Le Nouvel Observateur ; Libération et L’Express ; ou Les Echos et Le Parisien. Le seuil de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires semble l’objectif souhaité pour créer un niveau suffisant de synergies et accélérer les transitions numériques.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »« C’est le temps des soldes, explique M. Texier. On passe d’une époque de survalorisation relative à une phase de sous-valorisation, peut-être momentanée. Les valeurs pourront remonter quand les modèles seront stabilisés. » L’exemple d’un journal comme le Financial Times, assez avancé dans la transformation numérique et à la valeur putative élevée, incarne cet horizon.« Force symbolique »Y arriver est l’espoir de certains « restructurateurs » qui animent également le marché, derrière les incontournables Bernard Arnault, Patrick Drahi et Xavier Niel, aux moyens illimités. On peut penser au profil d’un Marc Laufer, propriétaire du groupe NewsCo et associé à M. Drahi dans le groupe en construction Altice ; à celui de Pascal Chevalier, du groupe Reworld Media ; ou de Didier Quillot, récent acquéreur du groupe Motor Presse Stuttgart. Point commun entre la plupart de ces acteurs : une culture forgée dans les nouvelles technologies et donc un goût pour les changements de modèles.« En France, cela fait quarante ans que la presse ne gagne plus d’argent. C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement »Pour certains, l’ambition de réinventer le modèle de la presse est une illusion. « Beaucoup pensent que leur savoir-faire va leur permettre de changer la presse, pense Patrick Eveno, historien de la presse. Mais, en France, cela fait quarante ans qu’elle ne gagne plus d’argent ! C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement. » « Il y a des personnes qui attribuent à la possession de médias une valeur décorrelée de la rationalité économique, car elle apporte une force symbolique, un statut, une considération, constate M. Texier. Au fond, ce qui a le mieux résisté dans cette crise de la presse, c’est le mythe de Citizen Kane. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Je n’ai pas participé à la campagne de Delphine Ernotte, même si je suis très content de son élection », déclare David Kessler, directeur général d’Orange Studio, parfois présenté comme un soutien actif de la nouvelle présidente de France Télévisions. Bien connu du milieu des médias et classé à gauche, le nom de cet ancien conseiller culture de l’Elysée a été cité plusieurs fois dans des articles sur la candidature de la directrice exécutive d’Orange France. Fait nouveau : il est aussi visé indirectement dans l’une des deux plaintes déposées cette semaine à la suite de la nomination opérée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire : Deux plaintes et deux recours contre la nomination de Delphine ErnotteLa nomination d’Olivier SchrameckLa démarche engagée par le syndicat SNPCA-CGC met en avant la notion de trafic d’influence : le plaignant se pose des « questions » sur un éventuel « renvoi d’ascenseur » entre Olivier Schrameck, le président du CSA, et David Kessler, qui était conseiller culture de François Hollande à l’époque de la nomination du dirigeant du régulateur de l’audiovisuel, début 2013. Selon ce raisonnement, le conseiller aurait fait nommer le président du CSA qui aurait ensuite porté sa candidate à la tête de France Télévisions.Certains ont en outre rappelé que David Kessler était entre 1995 et 2002 conseiller culture à Matignon sous Lionel Jospin, quand le directeur de cabinet était Olivier Schrameck (à l’époque, François Hollande était premier secrétaire du Parti socialiste et Manuel Valls conseiller en communication du premier ministre).M. Kessler rejette l’accusation de trafic d’influence : « Quand on connaît la machine d’Etat, on sait que ce n’est pas le conseiller culture du président de la République qui choisit le président du CSA, argue-t-il. Le président peut solliciter l’avis du ministre de la culture, du premier ministre et, à l’Elysée, de son directeur de cabinet et du secrétaire général. Au final, c’est le choix du président de la République », ajoute le conseiller, qui précise avoir donné son avis sur plusieurs noms.Les relations avec Delphine ErnottePar ailleurs, M. Kessler assure qu’au moment de la nomination de M. Schrameck au CSA, il n’avait jamais rencontré Mme Ernotte, « sauf une fois, quelques minutes, sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, à l’occasion de la Nuit Blanche », dont Les Inrockuptibles, journal qu’il dirigeait, était partenaire.Mme Ernotte n’aurait pas non plus participé au recrutement de M. Kessler à Orange, en novembre 2014, assure ce dernier, précisant que la filiale cinéma, dont il est directeur général, ne dépend pas d’Orange France, que dirige Mme Ernotte. Egalement connecté à droite, M. Kessler cite trois personnes ayant parrainé son arrivée chez l’opérateur : Pierre Louette, un « ami » ; Christine Albanel, ancienne ministre (UMP) de la culture et présidente d’Orange studio ; et Stéphane Richard, le PDG du groupe.M. Kessler raconte avoir rencontré Delphine Ernotte pour la première fois en décembre 2014 et avoir, en fin d’entretien, évoqué les échos la présentant comme candidate à France Télévisions. Cette dernière n’a pas démenti, sans vraiment confirmer non plus, raconte-t-il.Au sujet de France Télévisions, M. Kessler explique avoir ensuite revu Mme Ernotte, « une fois, environ une heure », mais il précise avoir eu le même genre d’entretien avec la plupart des candidats de premier plan à la présidence de France Télévisions.Lire : La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsLa campagne pour la présidence de France Télévisions« A quelques personnes qui me demandaient mon avis sur la campagne, j’ai dit que je trouvais que Mme Ernotte était une candidate crédible. J’aurais peut-être dû me taire… », ajoute celui qui a également été directeur général du CSA, directeur du Centre national du cinéma et de France Culture et conseiller du président de France Télévisions Marc Tessier…Pendant la campagne, il assure n’avoir appelé aucun membre du CSA, sauf Sylvie Pierre-Brossolette, une fois : c’était pour « prendre de ses nouvelles », après qu’elle a été critiquée, début novembre, lors de la fuite dans la presse de son prérapport sévère sur le bilan du président de France Télévisions Rémy Pflimlin, précise-t-il, comme il l’avait déjà dit au JDD. M. Kessler a enfin confié avoir déjeuné avec Olivier Schrameck, en décembre. A l’époque, le nom de Delphine Ernotte avait déjà fait l’objet de quelques mentions dans la presse. « Lors du déjeuner, nous avons dû parler quelques secondes de France Télévisions, mais pas de Delphine Ernotte », assure-t-il. Sur les deux plaintes déposées, il revient maintenant aux parquets de déterminer s’ils souhaitent ouvrir une enquête.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Rupert Murdoch met la dernière main à sa succession. Le magnat des médias est sur le point de céder les rênes de la 21st Century Fox à son fils James, 42 ans. Celui-ci devient directeur général du groupe, a annoncé la chaîne CNBC, qui cite des sources proches du dossier. Le groupe, contrôlé à 39,4 % par la famille Murdoch, et qui regroupe les activités dans la télévision et le cinéma, a confirmé, jeudi 11 juin, que le sujet de la succession de M. Murdoch serait abordé lors des prochains conseils d’administration.A l’issue de cette réorganisation, qui devrait intervenir dès cette année ou au plus tard en 2016, M. Murdoch, 84 ans, serait toujours président de Fox, siège qu’il partagerait avec son fils aîné, Lachlan, 43 ans. Chase Carey, le directeur général actuel du groupe, resterait au sein de la structure, mais comme conseiller auprès du magnat australien.Des changements attendusCes changements étaient attendus dans la mesure où le tycoon n’a jamais caché sa volonté que l’un de ses enfants lui succède. Par ailleurs, le calendrier s’accélérait : M. Carey devait informer avant le 30 juin prochain le conseil d’administration de Fox de ses intentions de quitter ou non le groupe avant la fin de son contrat qui se termine le 30 juin 2016.La première étape de ce remaniement avait été franchie en mars 2014, lorsque James Murdoch a été promu codirecteur général avec M. Carey. Celui-ci a d’ailleurs été partie prenante dans le processus de succession dans lequel il a joué un rôle de facilitateur.Au-delà des personnes, l’organisation reste similaire à celle qui prévalait jusqu’à présent, à savoir un président, Rupert Murdoch, s’occupant de la stratégie à long terme et d’un responsable exécutif, Chase Carey, chargé de la gestion quotidienne des affaires. Les deux fils seront donc amenés à travailler en tandem, selon cette répartition des rôles, même si l’ombre tutélaire du père reste encore dans le paysage.Pour James Murdoch, il s’agit d’un rétablissement spectaculaire dans la mesure où sa réputation avait été entachée par le scandale en 2011 des écoutes téléphoniques du tabloïd anglais News of the world. A la tête des activités du groupe au Royaume-Uni, il avait été obligé de démissionner avant de rentrer aux Etats-Unis.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean Birnbaum Quand la presse traverse une crise, elle doit se tourner vers ses lecteurs. La tradition d’un journal, son identité, bref, son avenir, ce sont eux qui en parlent le mieux, tout simplement parce qu’ils en sont les vrais dépositaires. Etre à la hauteur de cette tradition, pour un collectif de plumes, ce n’est donc pas seulement respecter des principes hérités, c’est d’abord se montrer à la hauteur des exigences, anciennes et nouvelles, que les lecteurs adressent à leur journal. Voilà pourquoi, au Monde, le courrier des lecteurs a toujours fait l’objet d’un soin particulier. Bien avant l’apparition du dialogue sur Internet et sur les réseaux sociaux, la lecture de ce courrier a imposé une évidence : la vocation d’un quotidien n’est pas figée, elle se bâtit au jour le jour dans l’échange et le partage.Après les attentats de janvier, cette évidence est devenue urgence. Les gens du Monde, toutes les femmes et les hommes qui suivent ce journal comme on s’inscrit dans une communauté, ont ressenti la ­nécessité de prendre la parole. Ils l’ont fait avec beaucoup de force et de sensibilité. On le vérifiera en lisant le volume qui paraît sous le titre Qui est vraiment Charlie ? (François Bourin-Le Monde, 176 p., 19 €). Réunies par nos collègues Pascal Galinier (médiateur du Monde) et Dominique ­Buffier, ces missives relèvent tour à tour du témoignage et de l’analyse, de l’indignation et de l’espérance. S’y déploie une diversité de points de vue et, notamment, très tôt, des doutes concernant l’unanimisme propre aux manifestations du 11 janvier. De belles confidences, aussi, de la part de Français musulmans qui se trouvent soudain sommés de prendre ­position : « C’est ce que me demande le ­regard de tous sans l’exprimer », note ainsi Walid Bekhti. Et, enfin, partout, un appel lancé au Monde, une manière de dire : mettez des mots sur ce que nous vivons, donnez du sens à cette époque débous­solée, tenez-vous bien pour nous aider à tenir bon. Essayez de « comprendre un peu plus fort, débattre un peu plus fort », comme y invite Julie Desrousseaux. ­Mobilisez-vous pour dissiper la confusion et opposer les Lumières à l’obscurantisme, « la pensée droite à la pensée tordue », ­selon la formule d’Edouard Reichenbach. Bref, travaillez à lever ce que Jean-Charles Vegliante nomme superbement un « couvre-feu mental ».Jean BirnbaumJournaliste au Monde, responsable du "Monde des Livres"SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Un rosier qui fléchit, un lilas qui jaunit, un pommier en mal de fruits… A chaque problème rencontré au jardin ou au potager, celui que l’on surnommait « Michel le jardinier » avait une solution qu’il prodiguait, derrière de grosses moustaches en broussaille, de son verbe fleuri, piqué d’anecdotes, d’adages ou de dictions. Même ceux qui n’avaient guère de goût pour le jardinage aimaient à écouter cet homme jovial et chaleureux, ce conteur hors pair qui distilla son savoir encyclopédique pendant trente ans, aussi bien à la radio qu’à la télévision. Retiré depuis quelques années à Saintes (Charente-Maritime) Michel Lis est mort, mardi 9 juin, à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, a-t-on appris de Radio France. Il était âgé de 78 ans.Surnommé « Moustaches vertes »Confiant à Laure Adler en 1999, lors de l’émission « Le Cercle de Minuit », avoir « certainement appris à marcher en plantant des radis », ce natif des Deux-Sèvres (il est né en 1937 à Pamproux) prit très tôt goût pour la terre, grâce à son grand-père cheminot qui lui enseigna les vertus du jardinage, à savoir : la patience, l’observation et le bon sens. Loin cependant d’en faire son métier, c’est vers le journaliste que le jeune homme se tourne peu après avoir obtenu son baccalauréat. Ainsi, on verra fleurir sa signature, de grand reporter notamment lors de la guerre des Six Jours ou des Jeux olympiques, tour à tour dans les colonnes du Monde graphique, du Parisien libéré, de L’Equipe ou encore de Télé 7 jours ; avant de faire en 1972 le bonheur des auditeurs de France Inter.A cette époque, Eve Ruggieri qui anime les matinées du week-end de la station avec Jacques Paugam, cherche une idée pour intéresser les auditeurs. « On a pensé au jardinage, et elle a fini par me le proposer, presque par hasard. C’est aussi elle qui a trouvé le surnom qui me colle toujours à la peau : moustaches vertes » confiait-il au Parisien, en 2003.Avec « la Minute du jardinier » diffusée chaque vendredi à 7 h 30, Michel Lis rencontre un succès immédiat. Malgré tout, il faudra attendre 1981 pour mettre enfin un visage sur cette voix qui aime à enluminer ses conseils pratiques de dictons et de maximes puisés dans des livres de botaniques. Après « Idées à suivre », une chronique qu’il tient sur France 2, ce lecteur de Rousseau, Cendrars ou de Conrad rejoint en 1985 l’équipe de « Télématin » qu’il quittera en 1999. Mais la télévision ne le détournera pas pour autant de la radio où l’on pourra l’entendre sur les ondes de France Inter, de France Info, de Radio France Gironde essaimer avec bonne humeur ses conseils et ses maximes. Toujours sans fiches, depuis qu’en 1976, une maladie de la rétine l’avait frappé, lui conférant une mémoire encyclopédique.Malgré ce handicap dont il ne se consolait pas, Michel Lis, n’avait pas abandonné l’écriture. Outre ses collaborations dans différents titres de presse dont Rustica, TV hebdo, Nice Matin ou Trente millions d’amis, il publiera plusieurs ouvrages tels Michel le jardinier au jardin de Jean-Jacques Rousseau (Mengès, 1984), Le Grand Almanach de Michel le jardinier (Mengès, 1999). Après avoir tenu une chronique sur France Bleu La Rochelle, ce militant pour la renaissance des espèces et des traitements naturels raccrochait le micro en 2012, mais non le râteau et la bêche, pour se consacrer tout entier à ses fleurs de prédilection : la rose trémière, le dahlia et la santoline, symbole de cette terre de Saintonge qu’il affectionnait tout particulièrement.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Canal+ joue la carte techno pour se distinguer dans un univers de plus en plus concurrentielRodolphe Belmer, le directeur général du groupe, a prévenu ce mardi 9 juin : Canal+ s’engage dans une « stratégie technologique de long terme ». Il a promis un « flux continu d’innovations dans les prochains mois ». Les clients de la chaîne cryptée et de Canal Sat vont bénéficier d’ici 2016 de nouveaux services. Déjà, MyCanal rencontre un grand succès. L’application disponible sur tablette et smartphone reçoit 30 millions de visites chaque mois, 1 million d’utilisateurs uniques par jour et plus de 300 000 utilisateurs en simultané les soirs de grand match. Plus de un programme à la demande sur cinq est consommé sur MyCanal.Le groupe présidé par Bertrand Méheut veut aller encore plus loin pour que ses clients puissent « profiter pleinement de leur abonnement ». Avec Netflix, You Tube ou encore BeIN, qui proposent des formules, si ce n’est gratuites, beaucoup plus compétitives, la concurrence s’intensifie et Canal se devait de frapper un grand coup.Un Cube nomadeC’est avec un petit cube que le groupe veut se démarquer. Cette mini-box remplacera peu ou prou le bon vieux décodeur en proposant davantage de services. La fonction la plus spectaculaire, « startover », permettra ainsi de remonter jusqu’à huit heures dans la programmation d’une chaîne. Un outil parfait pour les étourdis qui oublient de préparer l’enregistrement d’une émission ou ceux qui sont victimes d’un contretemps et qui ne peuvent arriver à l’heure pour voir leur série ou film préféré. Ce cube, nomade, pourra se brancher n’importe où à condition de disposer d’une connexion WiFi ou à l’Internet qu’il faudra payer en plus. Il ne remplacera donc pas les box des fournisseurs d’accès à Internet. Par ailleurs, Canal+ réfléchit pour que l’on puisse l’utiliser à l’étranger une vingtaine de jours par an, à l’image du « roaming » que proposent certains opérateurs.Canal Sat « offrant » plus de 150 chaînes, le groupe promet également de faciliter le choix du téléspectateur avec « Suggest », son nouveau moteur de recommandation qui s’appuie sur les habitudes de visionnage d’un abonné, mais aussi ses goûts.La filiale de Vivendi veut aussi être à la pointe de l’UHD, l’Ultra Haute Définition. Cette norme de diffusion permet des images quatre fois plus fines que l’actuelle haute définition. À la rentrée, Canal+ proposera du contenu UHD aux possesseurs de téléviseurs Samsung et espère diffuser des programmes dans ce nouveau standard au printemps 2016 via la fibre optique et via le satellite.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La Confédération générale des cadres (CGC) des médias a annoncé mardi 9 juin avoir déposé une plainte à Paris et un recours au Conseil d’Etat contre la nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions. Cette démarche s’ajoute à la plainte de Didier Quillot, ancien candidat à la présidence de France Télévisions et ancien cadre de Lagardère active.Une requête en annulationLa requête en « annulation » au Conseil d’Etat, déposée lundi, « s’appuie, notamment, sur le manque d’impartialité du CSA et l’opacité de la procédure de nomination », explique dans un communiqué le SNPCA-CGC, syndicat minoritaire à France Télévisions. « La loi prévoit que la décision doit être suffisamment motivée. Ce n’est pas le cas. Le CSA s’est contenté de généralités », estime l’avocat du syndicat, Me Pierre-Olivier Lambert, contacté par l’Agence France-Presse. Le CSA a publié sur son site « la décision de nomination motivée » de Delphine Ernotte, ancienne directrice exécutive d’Orange France.Une plainte du SNPCA-CGCLa plainte, qui doit être déposée, se fonde, elle, sur « des soupçons d’abus d’autorité et de manquements à l’obligation de probité du CSA dans la procédure de nomination » et « vise, en particulier, le délit de trafic d’influence », ajoute le syndicat.Le code pénal définit ainsi le trafic d’influence :« Le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable. »L’une des membres du CSA, Sylvie Pierre-Brossolette, se voit notamment reprocher, dans un article de Mediapart, d’avoir organisé un rendez-vous entre la candidate Delphine Ernotte et François Pinault, réputé proche de François Hollande. Un homme d’affaires qu’avait également rencontré Didier Quillot, un autre candidat.Une plainte de Didier QuillotMardi 2 juin, une première plainte a été déposée par Didier Quillot. Sa démarche suit ce raisonnement : l’ouverture, par le parquet, d’une enquête préliminaire est le seul moyen d’avoir des preuves d’une éventuelle infraction, la demande d’enquête parlementaire sur la nomination de Mme Ernotte ayant été rejetée.Sa plainte se fonde sur la notion d’« abus d’autorité », ainsi définie par le code pénal : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi. »La loi de novembre 2013 sur l’indépendance de l’audiovisuel public a confié au CSA la mission de désigner le patron de France Télévisions de façon « impartiale, transparente et indépendante », explique-t-on dans l’entourage de Didier Quillot. Donc si jamais des manœuvres avaient fait échec au respect de ces conditions, il pourrait s’agir d’un abus d’autorité. L’entourage de M. Quillot souligne au passage que le CSA a, dans un communiqué de la semaine dernière, envisagé des changements de procédure, et y voit une validation de sa démarche.De plus, M. Quillot a pris soin, avant de déposer sa plainte, d’avoir « tourné la page » et annoncé ses nouvelles activités : il a cofondé Reboot Media, un groupe qui ambitionne de peser dans le domaine de la presse sportive, comme l’a expliqué Le Figaro. Son avocat assure qu’il agit moins en tant que victime directe qu’en tant que citoyen.La défense du Conseil supérieur de l’audiovisuel« On a pu lire que la procédure au terme de laquelle [Delphine Ernotte] a été désignée aurait été l’objet de pressions. Chacun d’entre nous affirme n’en avoir subi aucune », ont déclaré dans un communiqué commun les huit membres du CSA, le 4 juin :« Nous réaffirmons ici solennellement que le délibéré s’est déroulé dans la plus totale indépendance et la plus stricte impartialité, au terme d’une procédure qui a respecté le principe d’égalité entre les candidats et dont chaque étape a été débattue et collégialement acceptée par le Conseil. »Le scrutin pour la présidence de France Télévisions avait divisé le collège en deux blocs au second tour et suscité des dissensions en interne.Lire aussi : La nomination de Mme Ernotte fait toujours grincer des dentsLes membres du CSA se sont en revanche dits « ouverts à toute modification allant dans le sens d’un renforcement de la publicité des procédures de nomination ». Cette procédure a été fixée par le collège du CSA à partir de la loi de 2013 par laquelle la majorité du président, François Hollande, lui a redonné le pouvoir de désigner les dirigeants d’audiovisuel public. Le CSA a notamment envisagé de publier le nom de tous les candidats ou seulement de ceux qu’il choisirait d’auditionner, ou encore d’ouvrir les auditions des candidats au public.Lire aussi : Les premiers pas de Delphine Ernotte à France TélévisionsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Apple a annoncé, lundi 8 juin, le lancement prochain de « News », une nouvelle application qui promet d’offrir une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires. Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne », lors du déploiement d’iOS9, la prochaine version du système d’exploitation mobile, au départ aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.Son interface ressemble à l’application Flipboard, un agrégateur d’informations, et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai, ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. L’initiative d’Apple illustre la volonté des grandes plate-formes de se placer en intermédiaires de distribution entre les médias et leurs lecteurs, contre la promesse d’apporter un nouveau lectorat, voire des revenus.Concrètement, « News » intégrera des flux « RSS » de résumés d’articles de tous les éditeurs qui souhaitent les partager. Mais l’application proposera surtout des contenus de médias partenaires directement hébergés par Apple. Comme Facebook, ce dernier promet un format attractif, adapté au mobile, avec des belles images, des cartes, des graphiques et des vidéos, que les médias pourront personnaliser. A la différence des articles hébergés sur les sites mobiles de ces titres, ces contenus seront en principe beaucoup plus rapides à charger, et donc susceptibles d’être davantage vus.Le gratin de la presse anglophoneAu démarrage, l’application vous demandera de nommer des sources et des thèmes qui vous plaisent, puis vous proposera une sélection d’articles, lit-on sur le site du Nieman Lab. L’algorithme qui génère « votre news » est censé se nourrir de vos habitudes de lectures voire de vos appréciations pour affiner son offre. « Ce sera du beau contenu, tiré des meilleures sources mondiales, personnalisé pour vous », a assuré Susan Prescott, vice-présidente du marketing produit chez Apple.Comme Facebook, Apple a présenté une liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times, le groupe magazine Condé Nast (Vogue, Vanity Fair), le quotidien britannique Daily Mail, le magazine économique de référence The Economist, mais aussi des acteurs issus du web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed. Le New York Times devrait commencer par publier une trentaine d’articles par jour sur News.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plateformes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? Tous cherchent une puissance de distribution… Et ont peur d’être laissés pour compte si leurs concurrents pactisent avec les plateformes et qu’ils ne le font pas.« Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a ainsi défendu Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plateformes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »La publicité mais pas les donnéesPour convaincre les éditeurs, Apple, comme Facebook, a toutefois dû faire certaines concessions dans son offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Le contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est un autre point sensible. Alors que Facebook proposait d’agréger les « vues » des « instant articles » aux audiences des médias partenaires et de leur donner accès à tous les indicateurs, Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News, mais précise qu’elle respectera la « vie privée » des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.N’y a-t-il pas un risque pour les médias d’abandonner trop de pouvoir aux géants du Net ? De se couper de la relation directe avec leurs lecteurs, d’autant plus dans le cas d’Apple, dont une des forces est de posséder les coordonnées bancaires de ses clients ? Le risque existe. Une fois l’usage créé, les grandes plateformes pourraient en effet changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google vient de le faire avec son fonds de soutien à la presse. Les éditeurs font le pari qu’il vaut mieux tenter cette voie.La tendance est-elle inéluctable ? Elle semble puissante, mais toutes les initiatives des grandes plateformes dans la presse n’ont pas été couronnées de succès : ainsi, News remplacera Newsstand, un kiosque numérique d’Apple lancé en 2011, dans lequel les éditeurs pouvaient vendre des journaux numériques à l’unité ou par abonnement, via leurs propres applications, moyennant une commission de 30 % pour Apple. Proposant une expérience assez banale, Newsstand n’a pas rencontré le succès escompté. De la même façon, Google Currents, agrégateur d’informations, a été renommé Google Play News, mais reste peu connu. Facebook Paper, un genre de magazine agrégé, avait lui aussi déçu.Apple cherche en tout cas à rassurer les médias. A la veille de la présentation de « News », on a ainsi appris que le géant californien pourrait infléchir la part de 30 % qu’il s’arroge sur les abonnements souscrits par son intermédiaire. Selon le Financial Times, Apple serait susceptible d’appliquer un taux inférieur aux abonnements souscrits via son kiosque ou son service de télévision, l’Apple TV.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Trente-sept journaux allemands, dont les prestigieux Zeit, Süddeutsche Zeitung, Spiegel et Welt, ont accepté de vendre leurs articles à l’unité sur la plate-forme Blendle, qui s’est lancée en Allemagne, mardi 9 juin.Un temps surnommé l’« i-Tunes de la presse », le site d’origine néerlandaise s’inspire en réalité davantage de Spotify et offre une expérience qui se situe aux confins d’un site d’information, d’un réseau social et d’un outil de lecture. Une fois inscrits, les utilisateurs se voient proposer des articles à l’unité issus de différents journaux, qu’ils peuvent acheter pour quelques centimes chacun.Lire : La start-up néerlandaise Blendle s’inspire d’iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetL’Allemagne est le deuxième pays de déploiement de Blendle, après les Pays-Bas, où il compte désormais 300 000 utilisateurs. Les fondateurs de Blendle entendent proposer leur service dans d’autres pays européens. Des discussions ont été lancées avec les éditeurs français.Aux États-Unis, la start-up a d’ores et déjà signé avec le Washington Post, le New York Times et The Economist, et travaille à convaincre d’autres éditeurs. En octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi dans Blendle à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Martin Sorrell a été payé 200 millions d’euros depuis 1998. Rien que pour 2014, le patron de WPP, le numéro 1 mondial de la publicité, a touché 43 millions de livres (59 millions d’euros). Il est, de loin, le patron d’entreprise cotée à la Bourse de Londres qui gagne le plus. Et probablement dans le monde. Sur les cinq dernières années, sa rémunération s’est élevée à un peu plus d’un euro par seconde.Ces statistiques ont une nouvelle fois provoqué la controverse, mardi 9 juin, lors de l’assemblée générale annuelle de WPP. Comme chaque année ou presque, l’ambiance était houleuse, sur la question du salaire de M. Sorrell. Comme à chaque fois, une bonne partie des actionnaires s’est opposée à la rémunération pour 2014: 22% d’entre eux ont voté contre, légèrement moins que le score de 28% atteint l’année dernière. Mais comme toujours, cela ne changera rien à l’affaire : le très puissant patron de WPP touchera ses émoluments.« C’est presque une blague, s’agace Catherine Howarth, la directrice de ShareAction, une association qui milite pour l’investissement responsable. Ce type se moque de ce que pensent les actionnaires et de la bonne gouvernance d’entreprise. » M. Sorrell présente un cas d’école intéressant.Une agence partie de rienL’homme affiche un succès évident. Il a créé WPP à partir de rien. En 1985, après avoir mené pendant une décennie la stratégie d’expansion des frères Saatchi, il prend le contrôle de Wire and Plastic Products, une petite entreprise qui fait des paniers en métal. Il utilise cette société cotée pour multiplier les acquisitions d’agences publicitaires. Jusqu’à devenir en 2009 le numéro 1 mondial du secteur. Aujourd’hui, WPP affiche 179 000 employés à travers le monde, une présence dans 111 pays et un chiffre d’affaires de 11,5 milliards de livres (15,8 milliards d’euros).Fort de ce succès, M. Sorrell a longtemps été très bien payé. Jusqu’en 2008, il touchait entre 1 et 4 millions d’euros par an. Mais à partir de 2009, cette somme, qui n’était pas très éloignée de celle qui revient aux autres grands patrons, s’est envolée : 10 millions d’euros en 2009, 16 millions en 2010 et 2011, 24 millions en 2012, 41 millions en 2013 et 59 millions en 2014…Lire aussi :Aux Etats-Unis, les rémunérations des patrons devront être liées à la performance de l’entrepriseOpiniâtretéEn juin 2012, les actionnaires ont fait entendre une première fois leur désaccord. Lors de l’assemblée générale, 60 % d’entre eux ont voté contre la rémunération. Un véritable coup de tonnerre, dans le monde feutré des assemblées générales, où une opposition de 20 % est déjà considérée comme une rébellion.C’était compter sans l’opiniâtreté de M. Sorrell. Comme l’autorise la réglementation sur les entreprises britanniques cotées, le vote n’était que « consultatif ». Le patron de WPP a donc passé outre, et il a quand même touché son salaire. Pour donner l’impression de réagir, M. Sorrell a changé la politique de rémunération.Son salaire est désormais composé de trois parties : un fixe, un bonus de court terme, et un autre de long terme. Leur montant dépend du succès financier de l’entreprise et de ses résultats en Bourse. Le tout est supervisé par un comité à part, dont le patron de l’entreprise n’est pas membre, comme le veut la bonne gouvernance.Excellents résultats pour WPPL’an dernier, WPP a affiché d’excellents résultats. L’entreprise a nettement mieux réussi que ses plus proches concurrents, Omnicom et Publicis, d’autant que ces derniers étaient occupés à préparer leur fusion puis à l’annuler à la dernière minute.Du point de vue du comité de rémunération de WPP, les émoluments record de M. Sorrell sont donc parfaitement justifiés. « Ce [qu’il] gagne, bien que ce soit très important en tant que tel, est égal à environ 0,33 % de l’augmentation de la valorisation boursière », écrit-il. L’argument ne convainc pourtant pas tous les détenteurs d’actions WPP.Glass Lewis, une société de conseil aux actionnaires, recommandait de voter mardi contre la rémunération de M. Sorrell, qu’elle juge « complètement excessive ». ISS, une autre société de conseil, était plus ambiguë : tout en suggérant de voter en faveur de la résolution, elle s’étouffait face au salaire « exceptionnellement haut » du patron de l’entreprise.Pour Mme Howarth, de l’association ShareAction, le comité de rémunération ne fait absolument pas son travail. « Son objectif devrait être de le payer le moins possible sans qu’il ne s’en aille de l’entreprise. Or, M. Sorrell n’a nulle part où aller. WPP est son entreprise. S’il ne touchait qu’un euro symbolique, il resterait probablement. » Un scénario qui ne semble pas près d’être testé…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.06.2015 à 08h57 • Mis à jour le08.06.2015 à 13h03 France Télévisions, Radio France et le groupe Egalis ont lancé lundi un site Internet qui recense plus de mille femmes expertes sur deux cents thématiques afin d’inciter les médias à les inviter et promouvoir la place des expertes dans les médias. « L’absence de femmes sur les écrans alimente les stéréotypes et les inégalités », affirme Egalis, qui regroupe des organisations spécialistes de l’égalité.Ce site, version numérique du Guide des expertes qui paraît chaque année aux éditions Anne Carrière, EpOke, est destiné aux journalistes, organisateurs d’événements, entreprises, associations, universités et collectivités.En 2013, le CSA avait appelé toutes les chaînes à améliorer la représentation des femmes, en estimant qu’en moyenne la part des expertes intervenant à l’antenne était inférieure à 20 %. Et quand elles sont invitées, c’est la plupart du temps pour parler de sujets dits « féminins » comme les violences faites aux femmes, les enfants, la famille, l’école, etc. Alexis Delcambre et Samuel Laurent Septembre 2002. L’empire Vivendi Universal, victime de la chute de Jean-Marie Messier, est contraint d’opérer de douloureuses cessions. A l’affût des opportunités dans la presse, Serge Dassault est sur les rangs. Et pour 237 millions d’euros (286 millions si on les convertit au pouvoir d’achat de l’euro en 2014), la Socpresse, qu’il contrôle avec la famille Hersant, s’offre l’ex-pôle presse de Vivendi : L’Express, L’Expansion, L’Etudiant…Quatre ans plus tard, en 2006, c’est au tour de la Socpresse de céder ses actifs. Elle trouve un acquéreur, le groupe de presse belge Roularta, qui a des ambitions en France. Valorisation de l’ensemble : 210 millions d’euros (235 millions de 2014) – la Socpresse réalise une opération quasi blanche.Janvier 2015. Le groupe belge s’est lassé des pertes provoquées par son pôle français et s’angoisse de voir ses actifs se déprécier. Vincent Bolloré ou Iskandar Safa étudient le dossier. Mais c’est un acteur nouveau, Patrick Drahi, qui s’offre le cinquième groupe magazine français – la vente doit être finalisée mardi 9 juin. Montant de la transaction : entre 50 et 70 millions d’euros. Un chiffre dont la faiblesse, pour un pôle qui réalise 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, frappe les esprits.La trajectoire du groupe L’Express illustre celle des journaux français, dont les valorisations sont en forte baisse, comme en témoignent les chiffres des récentes transactions compilés par Le Monde. Grossièrement, les transactions des années 2000 se chiffraient en centaines de millions d’euros quand celles des années 2010 sont libellées en dizaines.L’infographie ci-dessous présente les principales transactions survenues depuis dix ans dans le secteur de la presse française, ramenées à leur valeur en euros constants 2014. Passez sur les carrés pour afficher des informations supplémentaires.Cela ne signifie pas forcément que les valorisations de ces entreprises se sont écroulées. Pour en déduire une valorisation, il faut ajouter au montant de la transaction les dettes (ne serait-ce que celle que représentent les abonnés en cours de contrat et qu’il faudra servir), l’anticipation des pertes à venir et/ou des coûts de restructuration – exactement comme un acheteur immobilier s’appuie sur le coût des travaux à venir pour négocier une baisse de prix. Sans parler des investissements à venir pour développer de nouvelles activités. « Les acheteurs nouveaux intègrent qu’il va leur falloir renverser la table et changer le modèle de ces entreprises », explique Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, une entreprise de conseil.L’angoisse gagne les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ?Comme sur tous les marchés, ce comportement des acheteurs s’autoentretient et nourrit une spirale, en l’occurrence baissière. Dans ce secteur, il est rarement possible d’évaluer une entreprise selon sa valeur boursière – peu sont cotées – ou selon la rentabilité potentielle – tant la visibilité est faible en ces temps de transition numérique. « Reste la bonne vieille méthode des comparables, conclut M. Texier. On se réfère aux transactions récentes opérées dans le même secteur, de la même façon que l’acheteur d’un appartement se renseigne sur les ventes récentes dans le même quartier. » Dès lors, chaque vente renforce la spirale baissière. A l’image de celle de 65 % du Nouvel Observateur au trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse (par ailleurs actionnaires du Monde) en janvier 2014, pour 13,8 millions d’euros. « En un instant, la seule annonce de cette vente a fait subir une décote de 50 % au dossier de L’Express, dont le groupe Roularta envisageait déjà la vente », révèle une source.Une poignée d’acteurs récurrentsDans ce contexte, l’angoisse peut gagner les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ? Peut-on encore attendre un retournement du marché ? Les exemples d’hésitation sont légion, comme en témoigne le cas de la famille Amaury, propriétaire du Parisien (ainsi que de L’Equipe). En 2010, Marie-Odile Amaury avait missionné la banque Rothschild pour céder son journal régional. Elle en attendait 200 millions d’euros. Une offre de Vincent Bolloré atteignait 130 millions d’euros, et Mme Amaury avait baissé son objectif à 150, mais ce différentiel n’a pu être comblé.Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des AmauryCinq ans plus tard, le groupe Amaury vient d’entrer en négociations exclusives avec un nouvel acheteur, LVMH, pour un prix qui serait plus proche de 50 que de 100 millions d’euros. Entre-temps, la famille a dû éponger 37 millions de pertes…« C’est la concurrence qui fait monter les prix, rappelle M. Texier. Or, aujourd’hui, les acheteurs sont peu nombreux. » Animateurs du marché français par le passé, les grands groupes de médias étrangers s’en sont retirés, à l’exception du belge Rossel, qui vient d’investir dans 20 Minutes. Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des Amaury. Reste une poignée d’acteurs récurrents, qui travaillent à atteindre une taille critique. D’où les mariages récents, ou en cours, entre Le Monde et Le Nouvel Observateur ; Libération et L’Express ; ou Les Echos et Le Parisien. Le seuil de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires semble l’objectif souhaité pour créer un niveau suffisant de synergies et accélérer les transitions numériques.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »« C’est le temps des soldes, explique M. Texier. On passe d’une époque de survalorisation relative à une phase de sous-valorisation, peut-être momentanée. Les valeurs pourront remonter quand les modèles seront stabilisés. » L’exemple d’un journal comme le Financial Times, assez avancé dans la transformation numérique et à la valeur putative élevée, incarne cet horizon.« Force symbolique »Y arriver est l’espoir de certains « restructurateurs » qui animent également le marché, derrière les incontournables Bernard Arnault, Patrick Drahi et Xavier Niel, aux moyens illimités. On peut penser au profil d’un Marc Laufer, propriétaire du groupe NewsCo et associé à M. Drahi dans le groupe en construction Altice ; à celui de Pascal Chevalier, du groupe Reworld Media ; ou de Didier Quillot, récent acquéreur du groupe Motor Presse Stuttgart. Point commun entre la plupart de ces acteurs : une culture forgée dans les nouvelles technologies et donc un goût pour les changements de modèles.« En France, cela fait quarante ans que la presse ne gagne plus d’argent. C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement »Pour certains, l’ambition de réinventer le modèle de la presse est une illusion. « Beaucoup pensent que leur savoir-faire va leur permettre de changer la presse, pense Patrick Eveno, historien de la presse. Mais, en France, cela fait quarante ans qu’elle ne gagne plus d’argent ! C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement. » « Il y a des personnes qui attribuent à la possession de médias une valeur décorrelée de la rationalité économique, car elle apporte une force symbolique, un statut, une considération, constate M. Texier. Au fond, ce qui a le mieux résisté dans cette crise de la presse, c’est le mythe de Citizen Kane. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.06.2015 à 16h28 • Mis à jour le22.06.2015 à 16h43 La chaîne de télévision Al-Jazira a annoncé, lundi 22 juin, la libération de l’un de ses présentateurs vedettes, Ahmed Mansour. L’homme, qui possède la double nationalité égyptienne et britannique, avait été arrêté samedi à l’aéroport de Berlin, à la demande de l’Egypte.Lire aussi :Un journaliste vedette d’Al-Jazira arrêté en AllemagneCe journaliste célèbre pour sa proximité avec les Frères musulmans, serait accusé, selon la police allemande de « plusieurs délits ». La justice égyptienne, qui l’avait jugé par contumace en 2014 pour avoir, selon elle, torturé un avocat sur la place Tahrir à l’hiver 2011, durant la révolution ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak, l’a ­condamné à quinze ans de prison. M. Mansour qualifie pour sa part ces accusations d’« absurdes ».« Nous saluons la décision du procureur allemand » concernant la libération d’Ahmed Mansour et l’abandon de toutes les accusations retenues contre lui, a aussitôt réagi un porte-parole de la chaîne qatarie, Hareth Adlouni.Al Jazeera's Ahmed Mansour has been released without charge - @aljazeera statement to follow shortly.— AlJazeera (@Al Jazeera PR)require(["twitter/widgets"]);Depuis le renversement en juillet 2013, par Abdel Fattah Al-Sissi, alors chef de l’armée, de Mohamed Morsi, le président égyptien issu des Frères musulmans, Al-Jazira est dans le collimateur des autorités cairotes. La chaîne reste perçue par l’Egypte comme un porte-voix du Qatar, favorable au mouvement des Frères musulmans. Trois de ses journalistes, déjà accusés de complicité avec la confrérie, avaient été arrêtés en décembre 2013. L’Australien Peter Greste avait dû attendre le mois de février 2015 pour être relâché et renvoyé dans son pays, sur décret présidentiel. Ses deux compagnons, également libérés, sont en attente d’un nouveau procès. Alexis Delcambre « Les Échos vont bien, mais nous devons sans relâche innover. » Pour le PDG du groupe d’information économique, Francis Morel, c’est dans cette dynamique que s’inscrit l’annonce, lundi 22 juin, du lancement d’une plate-forme numérique de services aux entreprises, lesechos-solutions.fr.Partiellement financée par le fonds Google - à hauteur de 2 millions d’euros environ sur un budget total de 4 millions environ -, cette plate-forme rassemble les offres de services destinées aux entreprises actuellement proposées par le groupe : dépôt d’annonces légales, consultation d’appels d’offres, études de marché, outils de communication… L’ambition est d’en faire une plate-forme que les entreprises privilégient pour réaliser une partie de leurs démarches.La cible, ce sont ces 3,8 millions de décideurs économiques, que le groupe considère comme son bassin naturel. « Nous devons être le premier groupe d’information et de service pour les entreprises », résume M. Morel. Leur proposer des contenus ou des services relève selon lui d’un même mouvement et est cohérent avec l’engagement « pro business » du titre, que rappelle Christophe Victor, directeur général délégué du groupe.Le développement de cette plate-forme est aussi emblématique de l’évolution rapide du modèle d’affaires des Échos, l’un des titres qui tire le mieux son épingle du jeu de la transition numérique. Les services contribuent ainsi actuellement pour 31 % au chiffre d’affaires du groupe, contre 12 % en 2011 (la publicité réalise 30 % et la diffusion des contenus 39 %). Le groupe souhaite atteindre, en 2018, 50 % de chiffre d’affaires généré par les services.Réalisation de contenu pour les marques (avec Les Échos Publishing), organisation de salons comme Le Salon des Entrepreneurs (avec Les Échos Events), études de marché avec Les Échos Études, etc : le groupe a multiplié les pas de côté à partir de son métier d’origine, l’information économique et financière. Celle-ci pourrait donc devenir, à moyen terme, une part minoritaire de l’activité - sur le modèle du groupe allemand Springer par exemple.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.06.2015 à 02h37 • Mis à jour le20.06.2015 à 11h36 Twitter a annoncé, vendredi 19 juin, l'expérimentation d'un nouveau service permettant d'insérer dans le flux des utilisateurs des messages sponsorisés pour des « produits et des lieux », afin de doper son chiffre d'affaires.« Nous commençons l'expérimentation avec un petit nombre de produits et de lieux », a indiqué Amaryllis Fox, chef de produit du réseau social, dans un message posté sur un blog officiel. « Pendant que nous effectuons cet essai, vous êtes susceptibles de voir dans votre flux des pages et des groupes de pages qui sont partagés par des prescripteurs et des marques », a-t-elle déclaré.Un bouton « acheter »Cette initiative permettra d'élargir la plate-forme de messages au-delà des simples tweets en proposant un accès à des informations complémentaires sur des produits et, dans certains cas, un bouton « acheter ». « Nous avons invité un groupe de personnes influentes à partager certains de leurs endroits et objets favoris », a expliqué Mme Fox.« Vous serez en mesure de parcourir des collections présentées par des personnes qui vous tiennent à cœur et d'avoir davantage d'informations sur les produits et les endroits que vous trouvez intéressants. » Cela pourrait consister en des messages de la chaîne HBO promouvant sa série télévisée Game of Thrones ou des messages de l'actrice Reese Witherspoon concernant sa ligne de vêtements, a-t-elle cité à titre d’exemples.Trouver des nouveaux relais de croissanceTwitter, qui tente de trouver de nouveaux relais de croissance, se cherche un nouveau directeur général depuis l'annonce de la démission de Dick Costolo, le 11 juin. Il était depuis cinq ans aux commandes du groupe, et était soumis à une intense pression des investisseurs pour augmenter le nombre d'abonnés et le chiffre d'affaires du réseau social.Selon les dernières données disponibles, Twitter compte environ 300 millions d'utilisateurs actifs, mais sa croissance est à la traîne par rapport à d'autres réseaux sociaux, et les bénéfices se font toujours attendre depuis sa création, en 2006. Il n'a attiré que moins de 1 % des 145 milliards de dollars dépensés dans le monde cette année en publicité sur support numérique, selon la société spécialisée eMarketer.Lire aussi :En panne de croissance, Twitter se sépare de son patron 18.06.2015 à 15h12 • Mis à jour le18.06.2015 à 16h14 Et de trois… pour ces derniers jours en tout cas. Car pour le reste, compter les victimes des dénonciations mensongères déclenchant des interventions des forces de l’ordre devient difficile. Dans la nuit de mercredi 17 au jeudi 18 juin, le directeur de la publication de Politis, Denis Sieffert, a reçu à son domicile la visite de la police, alertée par téléphone qu’il s’y déroulait un cambriolage avec séquestration, raconte au Monde la direction du magazine. Trente minutes plus tard, policiers et pompiers sont arrivés au siège du journal où, soi-disant, le directeur retenait sa femme avec l’intention de la tuer. Ils ont brisé une vitre pour y pénétrer, avant de réaliser que les lieux étaient vides.Surnommée « swatting », la technique ressemble en tout point à un des modes opératoires utilisés par le hacker franco-israélien sioniste Ulcan, que M. Sieffert venait d’évoquer dans un édito paru mercredi.Lire Cinq questions sur Ulcan, le hacker franco-israélienRecrudescence de « swatting » ces derniers joursAu cours de la même nuit, Pierre Haski, le cofondateur de Rue89 a vu arriver chez lui le SAMU, les pompiers et des policiers de différentes unités : quelqu’un avait appelé pour dire que « j’avais poignardé ma femme, et – variante fantaisiste par rapport à la précédente fois – que j’avais ouvert le gaz dans l’immeuble », raconte-t-il dans un billet.La veille, Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, a connu pareille mésaventure : « Le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police. » Résultat ? « Trente policiers de la BAC déployés dans l’escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires, une procureure adjointe, mes voisins réveillés au cœur de la nuit », relate le journaliste, qui était absent.Pourquoi Arrêt sur images a-t-il été visé ? Il avait évoqué le jour précédent une autre victime d’une de ces dénonciations malveillantes : Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Le 9 juin, ce leader d’une organisation propalestinienne raconte avoir « été plaqué au sol, tutoyé, insulté, menotté avec des menottes qui vous blessent les poignets et se resserrent dès que l’on bouge » car le Raid a pénétré son appartement. D’autres militants ont également reçu des visites policières nocturnes ces derniers jours : Jean-Claude Lefort, ex-président de l’association France-Palestine Solidarité, qui était absent, raconte Politis, et deux autres membres de l’UJFP, comme l’écrit Arrêt sur Images.Usurpation de numéro téléphonique et « contre-appel »Un point est important pour comprendre pourquoi les forces de l’ordre interviennent, alors que ces personnes n’ont absolument rien fait et ne sont pas défavorablement connues – sans parler du fait que la technique du swatting utilisée notamment par Ulcan fait déjà l’objet d’enquêtes : selon plusieurs témoignages, le malfaiteur prend le contrôle de la ligne téléphonique de sa victime. Ce qui est susceptible de crédibiliser beaucoup son appel aux forces de l’ordre.Cela va plus loin : dans le cas de M. Stambul, les policiers « ont effectué un “contre-appel” », a expliqué le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez, à l’AFP. Ils ont donc rappelé le numéro – qui correspondait bien à celui de M. Stambul – « et sont retombés sur le même individu, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte » et qu’il attendait la police « avec un fusil », a raconté le préfet. « C’est ce contre-appel qui a déclenché l’opération du Raid » a expliqué le représentant de l’Etat, selon lequel « de mémoire, c’est la première fois » qu’un pirate « répond à un contre-appel ».Deux informations judiciaires et de nombreuses plaintesSur le fond, la question se pose de l’impunité d’Ulcan, parfois aussi appelé Violvocal et dont le vrai nom est Grégory Chelli. S’il n’est pour l’heure pas prouvé qu’il est responsable des interventions de ces derniers jours, le militant a fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes, liées au piratage, en 2014, de Rue89. Et aux appels malveillants ainsi qu’au swatting dont a été victime le père du journaliste de Rue89 Benoît Le Corre, auteur d’un portrait d’Ulcan.« Cela a entraîné le décès de son père », n’hésite pas à écrire M. Haski. Thierry Le Corre était quelques jours plus tard tombé dans le coma, avant de décéder. Rue89 publie ce jeudi un rapport d’expertise médicale selon lequel « le stress a été un facteur déclenchant direct et certain, révélant son état antérieur » d’hypertension artérielle.Le parquet de Paris a ouvert début octobre 2014 une information judiciaire, notamment pour « violences volontaires », distincte de celle ouverte début août sur des actes de piratage informatique revendiqués par Ulcan, rappelle l’AFP.Lire : Qui est le hackeur sioniste soupçonné d’avoir piraté Rue89 ?De nombreuses plaintes ont été déposées, dont récemment celle de Stéphane Richard, le PDG d’Orange, touché par une polémique sur la présence de l’opérateur en Israël. Le dirigeant a porté plainte contre X pour « menaces de mort » et appels à la haine contre lui et certains de ses proches. Il avait reçu des centaines d’appels d’insultes mais aussi de menaces précises, après que ses coordonnées ont été diffusées sur Internet.Appel aux autorités françaises et israéliennesSi M. Chelli n’est pas pour l’heure inquiété, pointent certaines victimes, c’est parce qu’il est installé en Israël, à Ashdod a priori. La justice française agit « à son rythme, c’est-à-dire lentement, handicapée par l’absence de traité d’extradition entre la France et Israël, regrette M. Haski, de Rue89. Mais surtout, elle agit, ou n’agit pas, dans un contexte marqué par l’absence de signal politique du gouvernement français. » Les autorités israéliennes, pour leur part, « tout en affirmant leur disponibilité à aider la justice française, n’ont pas non plus levé le petit doigt pour faire cesser ces agissements », ajoute le journaliste. 20Minutes.fr évoque un cas d’extradition d’un franco-israélien vers Israël mais rappelle la nécessité d’une volonté politique.« Il est grand temps que le ministère de l’intérieur s’exprime sur ces affaires, renchérit Denis Sieffert de Politis. Qu’est-ce qui est fait en direction du gouvernement israélien ? Une enquête a-t-elle été diligentée pour savoir à quel niveau le dénommé Ulcan bénéficie de complicités qui apparaissent de plus en plus évidentes ? » Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) et Pierre Lescure (ancien président de Canal+) La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il se confirme, s’accélère et se radicalise : la télévision est de plus en plus délaissée, surtout par les plus jeunes qui plébiscitent tous les écrans, sauf celui que l’on surnommait naguère, avant l’arrivée des tablettes et smartphones, le « petit écran ».Selon une étude du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) réalisée en décembre, un jeune passe en moyenne une heure trente devant la télévision par jour, tandis que la plupart des Français la regardent quotidiennement près de trois heures quarante-cinq. Les plus connectés ne s’en équipent parfois même plus. Le « petit écran » a trouvé plus petit, plus pratique et surtout plus agile que lui.On se trompe de cibleOn rejette la faute sur les chaînes et leurs programmes, qui seraient inadaptés aux nouvelles attentes du public. On se trompe de cible. En réalité, la richesse et la qualité des offres sont inouïes. L’arrivée de nouvelles chaînes, gratuites et payantes, a permis de démultiplier l’offre, de l’enrichir considérablement. Ce ne sont pas tant les contenus télévisuels qu’il faut mettre en cause, mais leur mode de distribution. Les contenus en ligne ne sont pas plus pertinents que ceux diffusés à la télévision, ils sont mieux mis en valeur et surtout plus facilement accessibles.Le fait est que la télévision n’a pas évolué dans la façon dont les chaînes et leurs programmes sont mis à la disposition du public. Le poste et sa télécommande ne sont plus adaptés à l’explosion des contenus. Et encore moins à celui des nouveaux usages.Le zapping, inventé à trois chaînes, devenu ludique à six (c’est à ce moment qu’est née l’émission éponyme), quasi sportif à douze, est devenu impraticable à vingt-cinq et carrément ridicule à cent cinquante ou deux cents. Les box et les fabricants de TV ont beau améliorer leurs interfaces, rien n’y fait. Les chaînes, superposées les unes aux autres comme un mille-feuille, s’asphyxient. Quant aux EPG (electronic program guides, la fameuse « grille des programmes »), ils sont devenus indigestes.Mal valoriséeParallèlement, les plates-formes nées à l’ère d’Internet, telles que YouTube, Dailymotion ou Netflix, ont donné de nouvelles habitudes. Elles prônent l’immédiateté, l’accessibilité, le partage, la maîtrise du temps, la mobilité, l’interactivité. Revenir au poste devient même un effort.Alors, trop dense la télévision ? Non, mal valorisée. Un vrai gâchis quand on sait que les chaînes investissent chaque année pour la seule TNT gratuite près de 3 milliards dans les programmes. Programmes qui, pour beaucoup d’entre eux, ne rencontrent pas leur public, faute d’y avoir facilement accès ou, pis, d’avoir même connaissance de leur existence. Or, un programme que personne ne regarde est un programme qui n’existe pas, et qui finit par disparaître. La déperdition est énorme. On gaspille la télévision !La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. On ne peut nier les efforts faits pour tenter de s’adapter aux nouveaux modes de consommation, marqués par la mobilité et la délinéarité, et mettre un terme à une « télévision de contraintes », de lieu et de temps. La télévision de rattrapage, le « replay », et même le direct sont proposés depuis les applications développées par les chaînes et les box.Ces « applis » fonctionnent, y compris auprès des jeunes. Mais elles sont insuffisantes face aux offres nées de l’Internet, pas toujours respectueuses de l’écosystème. Elles imposent le cloisonnement entre les chaînes et renforcent le morcellement des programmes. Un peu comme si, à l’époque du zapping, il fallait changer de télécommande, voire de poste, pour passer d’une chaîne à l’autre. Qui peut croire, dès lors, que ces applications assurent, à elles seules, le futur de la télévision dans son ensemble ? Il ne suffit pas de rendre les contenus audiovisuels accessibles via Internet pour affirmer que la télévision est entrée dans l’ère d’Internet.Comportements numériquesEn vérité, si l’on veut que ceux qui détiennent le sort de la télévision – les digital natives – daignent lui accorder toute l’attention qu’elle mérite, il faut que la distribution audiovisuelle embrasse les comportements numériques d’aujourd’hui. Le succès des grandes plates-formes du Net ne s’explique pas tant par la qualité de leurs programmes que par leur capacité à offrir une nouvelle forme d’expérience.Cela signifie que la télévision doit, certes, assurer les moyens de l’ubiquité de ses contenus, mais aussi leur agrégation, leur accessibilité, leur émergence. Il faut remettre au centre le formidable investissement des chaînes pour leurs publics. Une linéarité des programmes dans la délinéarisation de l’accès, redonnant le sens de l’instant présent, l’instant télévisuel, reliant les téléspectateurs entre eux de manière organique.Il fut un temps, encore pas si lointain, où la télévision créait le lien entre les individus. On commentait le matin les programmes vus la veille. Il s’agit de renouer avec cette dimension collective qui fait la société, en redonnant à la télévision sa place de liant entre les individus avec les outils d’aujourd’hui. Tout le monde a à y gagner : le public bien entendu, mais aussi les chaînes, les producteurs, les annonceurs… Ce mode de diffusion donne à voir la télévision dans toute sa diversité et son excellence.Non, l’Internet ne va pas tuer la télévision, bien au contraire ! Il est une chance pour elle de connaître un renouveau, une nouvelle étape de son développement, dans un écosystème qui peut être respectueux et vertueux. Une opportunité de lui offrir les conditions de sa mise en valeur et les moyens de sa pertinence, gages de sa survie. Si l’industrie ne le fait pas, le public tranchera.Jean-David Blanc et Pierre Lescure devaient annoncer, jeudi 18 juin, la création d’un nouveau service de distribution de programmes de télévision, Molotov.tv.Pierre Lescure (ancien président de Canal+)Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) Alain Beuve-Méry La médiatrice du livre, Laurence Engel, après quatre mois d’échanges, a accordé son feu vert aux modèles d’abonnement numérique proposés par les start-up YouScribe et Youboox. Elle a aussi validé l’offre d’abonnement illimité du site Izneo, spécialisé en bandes dessinées.Cette décision constitue, en creux, un nouveau revers pour le géant Amazon, dont le forfait de lecture illimité, lancé dans l’Hexagone en décembre 2014, avait subi un coup d’arrêt en février, son offre « Kindle Unlimited » ayant été déclarée illégale par cette même médiatrice.Les cas de figure sont différents. En ce qui concerne les offres de Youboox et YouScribe, les deux entreprises ont accepté de modifier la présentation de leur offre d’abonnement, en proposant aux éditeurs de fixer un barème à la page, qui sera imputé sur les abonnements réglés par les internautes, en fonction de leur consommation, et après déduction de la remise des librairies. Elles ont six mois pour appliquer le nouveau dispositif.La loi du 26 mai 2011 sur le prix unique du livre numérique précise en effet que l’éditeur conserve la maîtrise du prix du livre numérique. Dans son avis du mois de février, Mme Engel avait rappelé que « ni l’abonnement dans son principe, ni évidemment le streaming ne sont interdits par la loi », mais elle avait indiqué que cette loi s’appliquait bien « aux offres de location de livres et aux services de lecture numérique par abonnement ».« Le prix de chaque consultation individuelle sera ainsi défini en fonction du tarif établi préalablement par chaque éditeur. Ce prix de référence pour la location en streaming servira de base au calcul du prix des pages consommées par la base d’abonnés dans le cadre de l’abonnement », explique Youboox, qui revendique un catalogue de 100 000 livres numériques.Lire aussi :L’offre illimitée de livres illégale en France, les éditeurs divisésLe streaming représente 5 % du marché du livre numérique« Pour les abonnés de YouScribe, cela signifie concrètement que tous les lecteurs ne pourront pas lire ensemble un nombre incalculable de livres sur un mois donné », précise Juan Pirlot de Corbion, fondateur de YouScribe. « C’est bien ce qui inquiétait les éditeurs et les auteurs : que le modèle d’abonnement ne rémunère pas suffisamment la création. »« Je pense que l’offre de YouScribe, telle qu’elle est définie et encadrée, permettra désormais à un lecteur de lire entre 8 et 20 livres par mois, selon la nature des ouvrages ou selon leur date de parution. Ce qui laisse tout de même intacte la promesse fantastique d’une bibliothèque digitale moderne », poursuit-il.Dans le cas d’Iznéo, la librairie numérique dédiée au neuvième art, la solution adoptée est différente. La loi interdisant les offres multi-éditeurs, le groupe Média-Participations, qui détient Iznéo, ne propose plus des forfaits de lecture illimitée que pour des albums des maisons du groupe (Dargaud, Dupuis, Kana, Le Lombard, etc.).De fait la bande dessinée est le secteur le plus prometteur pour la lecture numérique, notamment à travers les amateurs de séries de manga ou de BD classiques qui ont accès à tous les titres en même temps, moyennant un abonnement.Aujourd’hui, les offres de lecture de streaming sont encore à leur balbutiement. A ce stade, elles ne représentent que 5 % du marché du livre numérique qui lui-même ne pèse que 5 % du chiffre d’affaires de l’édition française. Son seul rival est à ce jour le prêt numérique en bibliothèque, qui n’est expérimenté que dans quelques établissements mais qui bénéficie du soutien des grands groupes d’édition.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.06.2015 à 14h52 • Mis à jour le17.06.2015 à 15h52 Le Conseil d’Etat a annulé mercredi 17 juin les deux décisions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), refusant le passage en diffusion gratuite des chaînes LCI (groupe TF1) et Paris Première (groupe M6).L’autorité audiovisuelle avait considéré en juillet que cette demande risquerait de fragiliser et d’entraîner la fermeture d’autres chaînes déjà présentes sur la TNT gratuite, portant ainsi atteinte au pluralisme des médias audiovisuels. Mais le Conseil d’Etat a justifié ces annulations par un « motif de procédure ». Au lieu d’avoir publié les études d’impact requises avant ses décisions de refus, comme prévu par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a tout publié le même jour, le 29 juillet 2014, relève le Conseil d’Etat. « Ces deux décisions ont donc été adoptées à la suite d’une procédure irrégulière », conclut l’institution.En conséquence, « le CSA devra se prononcer de nouveau sur les demandes de LCI et de Paris Première » de passer en gratuit. Concernant Paris Première, le CSA devra se prononcer dans un délai de six mois, conformément à une demande de la chaîne.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCILCI pourra redemander à passer en gratuitDepuis juillet 2014, LCI est en sursis. Ses 250 journalistes poursuivaient leur activité sur la TNT payante, tout en sachant que la chaîne d’information ne passerait pas l’année 2015 si ses ultimes tentatives de passage en gratuit échouaient. Après cette décision, LCI pourra à nouveau demander de passer en gratuit.Le CSA a « pris acte » de cette décision, mais a souligné dans un communiqué que le Conseil d’Etat avait tranché « contrairement aux conclusions de son rapporteur public et en l’absence d’indication dans les travaux parlementaires sur ce point ». L’autorité a confirmé qu’un nouvel examen aurait lieu, « prenant en compte les équilibres du marché publicitaire. »Contexte différentUn nouvel examen du passage en gratuit de Paris Première se fera en effet dans un contexte différent d'il y a un an. Au premier trimestre 2015, le marché publicitaire a rebondi pour la télévision, de 3 % selon l'Institut de recherches et d'études publicitaires (IREP). Or le CSA s'était notamment appuyé sur la faiblesse de ce marché, mi-2014, pour refuser les passages en gratuit de LCI, Paris Première et Planète+.Cet argument de l'amélioration du marché publicitaire vaut également pour LCI. Outre ce rebond du marché publicitaire, le groupe TF1 pourrait faire valoir que l'audience des chaînes d'information a progressé depuis juillet 2014, démontrant que ce marché, occupé par BFM-TV et iTélé, conserve un potentiel de développement. Il pourrait également soutenir que les 20 % de marge de BFM-TV (résultats financiers 2014) et son acquisition en cours de Numéro 23 pour 88 millions d'euros sont des signes de solidité.Voir le communiqué de presse du Conseil d’Etat concernant sa décision : Communiqué de Presse LCI ParisPremiere Maxime Vaudano et Amandine Réaux Les journalistes hésitent généralement à signer des pétitions, de crainte d’abdiquer la neutralité qui constitue pour beaucoup d’entre eux l’un des principes fondamentaux de leur profession. Dérogeant à cette règle, plusieurs grands noms du journalisme d’investigation se sont engagés début juin derrière une pétition d’Elise Lucet dénonçant un projet de directive européenne menaçant selon eux « le travail d’enquête des journalistes et, par ricochet, l’information éclairée du citoyen ».>> La pétition sur le site Change.orgLe collectif « Informer n’est pas un délit », emmené par la journaliste de France 2, rédactrice en chef du magazine Cash Investigation, avait réuni plus de 310 000 signatures mardi 16 juin, alors que la commission juridique du Parlement européen donnait son feu vert à la directive sur le secret des affaires.De quoi s’agit-il ?La pétition dénonce le projet de directive « sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d’affaires) contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicites », proposé en novembre 2013 par la Commission européenne. Il vise à créer une définition européenne du « secret des affaires » en harmonisant les différentes lois nationales, afin de mieux protéger les entreprises contre la divulgation de leurs « secrets économiques », dans l’optique d’améliorer leur compétitivité.Le secret des affaires est une notion juridique à la définition complexe, qui peut servir de fondement pour qu’une entreprise puisse attaquer un journaliste qui ferait des révélations, au motif que celles-ci constituent un préjudice pour l’activité de l’entreprise en question.« L’information protégée par le secret des affaires peut être stratégique pendant des décennies (par exemple une recette ou un composant chimique) ou de façon éphémère (résultats d’une étude marketing, nom prix et date de lancement d’un nouveau produit […]) », explique la Commission, qui affirme qu’un quart des entreprises européennes ont fait état d’un vol d’informations en 2013.Une fois votée par le Parlement européen et approuvée par le Conseil de l’Union européenne, la directive contraindrait les 28 Etats européens à prendre des dispositions pour mieux définir le secret des affaires selon les orientations fixées par l’Union européenne, et à instaurer des amendes pour ceux qui l’enfreignent.Quel est le problème ?Les signataires de la pétition d’Elise Lucet craignent que, sous couvert de protéger les entreprises, ce texte n’empêche les journalistes de faire leur travail, et notamment de révéler des informations compromettantes sur celles-ci.« Si une source ou un journaliste “viole” ce “secret des affaires”, des sommes colossales pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des milliards d’euros, puisqu’il faudra que les “dommages-intérêts correspond (ent) au préjudice que celui-ci a réellement subi”. On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays. »Et le collectif de citer l’affaire LuxLeaks (optimisation fiscale de multinationales au Luxembourg), les « pesticides de Monsanto » ou « le scandale du vaccin Gardasil », qui n’auraient selon lui jamais pu être rendus publics sous le régime de la nouvelle directive.Pourquoi cela pourrait être vraiQuand on s’intéresse au texte de la directive, on s’aperçoit qu’elle fixe en effet un cadre très large au secret des affaires, qui protège de nombreuses informations auxquelles l’opinion publique pourrait s’estimer en droit d’accéder : par exemple, l’article 2 rend illégale l’obtention d’informations qui « ont une valeur commerciale parce qu’elles sont secrètes », tandis que l’article suivant cible les informations issues d’un « vol », d’un « abus de confiance » ou d’un « accès non autorisé à tout document » qui contient lesdits secrets.De quoi condamner à coup sûr l’ancien informaticien de HSBC Hervé Falciani, dont la liste volée de clients de la banque suisse a permis l’éclosion de l’affaire Swissleaks. Ou le Français Antoine Deltour, soupçonné par la justice d’avoir volé des documents au cabinet PricewaterhouseCoopers (PWC) pour faire éclater le scandale LuxLeaks. Ce dernier, poursuivi pour ces faits par la justice luxembourgeoise, risque d’ores et déjà la prison et une grosse amende en vertu de la loi du Grand-Duché, de même qu’un autre lanceur d’alerte et que le journaliste Edouard Perrin.Le risque, c’est de transposer la sévérité du système luxembourgeois à l’ensemble des pays européens, alors que la plupart sont beaucoup plus protecteurs de la liberté d’informer, comme l’Espagne, qui protège aujourd’hui Hervé Falciani.Des mesures pour protéger les journalistes ?Pour se défendre, la Commission européenne fait valoir que la directive prévoit des « mesures de sauvegarde », c’est-à-dire des exceptions pour protéger le cas particulier des journalistes et des lanceurs d’alertes.C’est plutôt vraiL’article 4-2 de la directive exclut de son champ d’application :l’« usage légitime du droit à la liberté d’expression et d’information »la « révélation d’une faute, d’une malversation ou d’une activité illégale du requérant, à condition que l’obtention, l’utilisation ou la divulgation présumée du secret d’affaires ait été nécessaire à cette révélation et que le défendeur ait agi dans l’intérêt public »Mais pour les opposants au texte, ces garde-fous insuffisants placent la liberté d’informer sous l’épée de Damoclès de décisions judiciaires fondées sur des notions trop floues (ou « molles », selon l’expression du juriste Jean Carbonnier), comme « l’usage légitime » ou « l’intérêt public ». « Cela fait beaucoup de conditions, estime ainsi sur Atlantico Nicolas Gros-Verheyde, vice-président de l’Association des journalistes européens. La combinaison de tous ces éléments fait que la liberté de la presse n’est pas automatique mais subordonnée à la réalisation de la liberté des entreprises de préserver leurs “secrets”. »« Cela va créer un renversement de la charge de la preuve pour les journalistes, qui devront prouver que la diffusion de l’information était légitime, poursuit Véronique Marquet, membre et avocate du collectif « Informer n’est pas un délit ». Cela revient à leur demander s’ils sont prêts à assumer le risque d’être condamnés, ce qui constitue une vraie arme de dissuasion à disposition des entreprises. »En outre, le projet de directive ne fait à aucun moment référence à la protection des sources, principe central dans le libre exercice de la profession de journaliste, qui aurait pu constituer une garantie supplémentaire contre les poursuites. Toutefois, cette notion est largement admise et protégée dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, qui est reconnue pour sa défense des droits de la presse, comme le rappelait en 2008 un rapport du député Etienne Blanc. Cela signifie qu’en cas de violation manifeste de la liberté de la presse, les journalistes visaient devraient trouver protection en dernier ressort devant cette juridiction.Des améliorations sont-elles possibles ?OuiLa suppression pure et simple de la directive sur le secret des affaires, dont la portée est bien plus large que le débat sur la liberté de la presse, n’est sûrement pas la seule solution pour empêcher l’avènement de la « censure en Europe ».Pour dissiper les craintes, l’eurodéputée française Constance Le Grip (Les Républicains), rapporteure du texte à la commission juridique du Parlement européen, a proposé plusieurs amendements dans son rapport, adopté à une large majorité en commission des affaires juridiques du Parlement européen le 16 juin.Elle suggère notamment de préciser que le secret des affaires ne saurait être opposé aux journalistes et aux lanceurs d’alerte, tout en conservant les concepts très flous de « légitime » et « intérêt du public ». Elle souhaite aussi intégrer une référence à la protection des sources, mais en excluant les usages qui « relève [nt] d’un comportement illégal » ou « ne profite [nt] pas à l’intérêt général ». Enfin, les eurodéputés veulent clarifier le fait que la directive « ne propose pas de mesures pénales », comme des peines de prison, pour les contrevenants… sans empêcher les Etats européens d’en instaurer, comme au Luxembourg.Dans une résolution votée le 9 juin en commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, la députée socialiste Audrey Linkenheld a proposé une mesure plus radicale : exclure explicitement « les activités des journalistes » du champ d’application de la directive et protéger spécifiquement les lanceurs d’alerte agissant à titre individuel.C’est encore insuffisant juge Véronique Marquet d’« Informer n’est pas un délit » : « Le sort des journalistes et de leurs sources est intimement lié, et ces dernières ne seraient pas suffisamment protégées. » Pour le collectif, la seule solution satisfaisante serait de recentrer la directive sur le seul espionnage industriel entre entreprises, pour protéger de fait tous les individus qui révèlent des secrets d’affaires au nom de l’intérêt général.En France, le « secret des affaires » vite écartéEn janvier 2015, lors de la discussion à l'Assemblée du projet de loi Macron, le rapporteur du projet de loi Richard Ferrand estime « indispensable » d'introduire des dispositions concernant le « secret des affaires », anticipant la directive de la Commission européenne. L'idée est de protéger les entreprises françaises contre l'espionnage économique en créant la notion juridique de « secret des affaires et protection civile ». Divulguer des secrets d'affaires exposerait à des sanctions pouvant aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende, voire, en cas d'atteinte « à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France », sept ans d'emprisonnement et 750 000 euros d'amende.L'amendement provoque la colère de nombre de rédactions, agences de presse et ONG. Une pétition, signée notamment par l'eurodéputée écologiste Eva Joly, demande la modification de l'amendement, au nom de la démocratie, « pour qu'il ne puisse être opposé à la liberté d'informer de la presse ou museler les lanceurs d'alertes ». Car il ne prévoit pas de protéger les lanceurs d'alerte, sauf dans les cas où les informations divulguées concernent la santé et l'environnement.Fin janvier, François Hollande cède finalement aux revendications des journalistes et décide d'abandonner la législation sur le secret des affaires. Mais si la directive européenne était adoptée, des dispositions similaires devraient être adoptées en France sous 24 mois.Mise à jourCet article a été mis à jour le 23 juin 2015 pour souligner la jurisprudence protectrice de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en matière de droits de la presse.Amandine RéauxJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Surprise : le gouvernement a réintroduit en commission, mardi 16 juin, l’amendement qui augmente la taxe sur les reventes de chaînes de TNT, sous une forme rerédigée, a appris Le Monde d’une source gouvernementale. La semaine dernière, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, avait pourtant retiré ce texte de sa loi sur la croissance, qui doit être votée ce mardi à l’Assemblée nationale.Changement de stratégie du gouvernementM. Macron avait notamment invoqué des risques juridiques. Et il préconisait d’utiliser un autre texte pour légiférer après la revente polémique de la chaîne Numéro 23, cédée pour 90 millions d’euros à NextRadioTV par son actionnaire principal Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde), moins de trois ans après son attribution gratuite par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), sous une majorité de droite.Après discussion et arbitrage entre la ministre de la culture, Fleur Pellerin (qui avait initialement soutenu l’initiative de taxation à 20 %), et Bercy, sous l’égide de Matignon et de l’Elysée, il a été jugé préférable de retenir une option différente de celle envisagée par Emmanuel Macron la semaine dernière.Plafonnement de la taxation à 26 % de la plus-valueLe nouvel amendement vise à éviter le risque de voir la taxe jugée inconstitutionnelle : il plafonne son montant à 26 % de la plus-value réalisée sur la vente de la chaîne. Pour le reste, il conserve le mécanisme mis en place dans l’amendement précédent : la taxe sera de 20 % si la chaîne est cédée moins de cinq ans après son attribution, de 10 % entre cinq et dix ans et de 5 % au-delà.Jusqu’ici, le taux était de 5 % et les reventes interdites avant deux ans et demi, cette mesure adoptée en 2013 étant jugée insuffisante, à droite comme à gauche, pour éviter les « reventes spéculatives ».Les réserves initiales d’Emmanuel MacronUn autre risque, pointé par Emmanuel Macron, a finalement été jugé mineur par le gouvernement : le « risque conventionnel » car la mesure pourrait être jugée rétroactive, si elle s’applique à la vente de Numéro 23, qui a été annoncée avant l’amendement mais ne sera effective que lorsque le CSA aura donné son agrément.Le ministre de l’économie était allé plus loin, la semaine dernière, lors du débat en commission spéciale, qui a mené au retrait du premier amendement sur la taxation à 20 % : « Il faut adopter des décisions de principes plus structurantes, avait-il dit, comme l’a relevé Puremédias. Il faut pour cela définir, au moment de l’attribution des fréquences, des règles encadrant la revente et les plus-values. » Le ministre n’avait pas caché qu’il trouvait « plus adapté » d’introduire la mesure dans la future proposition de loi sur la bande des 700 MHz, portée par le président de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche. Tout en assurant qu’il « souscrivait à la philosophie » de lutte contre les fortes plus-values sur les fréquences gratuites. Et en rappelant que la droite avait voté contre la première taxe à 5 % en 2013. Mais M. Macron aura finalement dû adapter sa position.Des « personnalités réputés proches des cercles actuels du pouvoir »Le retrait de l’amendement introduit dans la loi Macron avait suscité de vives critiques, notamment de son auteur, la sénatrice (UDI) Catherine Morin-Desailly. L’élue de droite a appelé sur son blog la gauche à réintroduire la taxation, sous peine de devoir « assumer face aux Français d’avoir entériné des pratiques parmi les plus discutables du « monde de la finance » favorisant, qui plus est, l’enrichissement de personnalités réputées proches des cercles actuels du pouvoir ».Pascal Houzelot, qui a été lobbyiste de TF1, producteur et fondateur de la chaîne gay PinkTV, a des connexions à droite, mais aussi à gauche. Certains ont rappelé qu’il avait compté parmi les nombreux invités de ses dîners parisiens le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, mais aussi Fleur Pellerin, le premier ministre, Manuel Valls, ou le président du CSA, Olivier Schrameck (qui a succédé à Michel Boyon, qui avait attribué la fréquence de Numéro 23). Ou que son dossier avait en 2012 été défendu devant le CSA par David Kessler, ancien conseiller culture de François Hollande.M. Kessler explique aujourd’hui au Monde qu’il agissait en tant que représentant de Mathieu Pigasse qui envisageait de devenir actionnaire de Numéro 23 aux côtés d’autres investisseurs minoritaires, dont Xavier Niel, le patron de Free (tous deux sont actionnaires du Monde). Et qu’il n’a rien à voir avec la revente de Numéro 23, annoncée en avril 2015.Tensions autour de la chaîne de la « diversité »Sur le fond du projet, Numéro 23, proclamée chaîne des diversités, a été critiquée par des acteurs de la diversité comme l’ancien conseiller du CSA Rachid Arhab ou la chaîne Banlieue Diversité Média TV.De son côté, Pascal Houzelot a mis en avant d’autres acteurs réunis dans une tribune de soutien à Numéro 23. Et toujours dit que la chaîne défendait une version large de la diversité, des religions, des sexualités, des formes de familles… Une ligne éditoriale critiquée mais dont le respect a été validé par le CSA. M. Houzelot a rappelé que 40 millions des 90 millions d’euros de la vente étaient réinvestis en parts de NextRadioTV, le groupe acheteur dont M. Houzelot deviendra membre du conseil d’administration.Lire l’entretien d’Alain Weil, PDG de NextRadioTV : « Nous agissons comme TF1 ou Canal+ »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les réseaux sociaux comme Facebook s’imposent petit à petit comme des intermédiaires entre les médias et leurs lecteurs. C’est ce que souligne le rapport annuel du Reuters Institute britannique, qui s’appuie sur un sondage conduit auprès de 20 000 personnes dans 12 pays d’Europe plus les Etats-Unis, le Japon et le Brésil : 41 % des sondés ont utilisé Facebook au cours de la semaine écoulée pour trouver, lire, partager ou commenter de l’information, soit une hausse de 6 points en un an.Lire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasEn France, ils sont 35 % (+8 points). Si Facebook domine, d’autres plates-formes émergent également dans l’accès à l’information des sondés : 18 % ont utilisé Youtube, 9 % WhatsApp. Et les moyennes cachent d’autres tendances, soulignent les auteurs : pour s’informer, 34 % des sondés du Brésil urbain ont eu recours à WhatsApp et 5 % des 18-24 ans américains au réseau social éphémère Snapchat.L’annonce d’emploi publiée samedi 13 juin par Apple ne devrait donc surprendre personne : le constructeur de l’iPhone cherche des journalistes pour « identifier et transmettre les meilleurs articles de l’actualité internationale, nationale et locale ». Le rôle de ces « éditeurs » sera d’apporter une touche humaine à News, la nouvelle application mobile annoncée le 8 juin par Apple, qui promet une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires.Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne ». Et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. Toutes ces initiatives ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur les plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat, voire des revenus publicitaires. Tous proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.ConcessionsComme Facebook, Apple a présenté une première liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times mais aussi des acteurs issus du Web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plates-formes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? « Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a expliqué Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plates-formes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »Pour convaincre les éditeurs, Apple et Facebook ont toutefois fait certaines concessions dans leur offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Conséquences sur le pluralismeLe contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est aussi un point sensible. Facebook a proposé aux médias d’agréger les « vues » des « instant articles » à leur audience et d’avoir accès aux statistiques. Apple ajoute qu’elle respectera la vie privée des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.Malgré cela, le débat sur le risque couru par les médias ne fait que commencer : n’abandonnent-ils pas trop de pouvoir aux géants du Net ? « Qu’une organisation comme le New York Times, si soucieux du contrôle de sa marque, choisisse ce chemin, montre à quel point le changement des usages force les entreprises les plus déterminées à faire des compromis », s’inquiète Emily Bell, directrice du Tow Center for Digital Journalism, dans un essai annexé au rapport du Reuters institute. Une fois l’usage créé, les grandes plates-formes pourraient de plus changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google l’a fait avec son fonds de soutien à la presse.Plus largement, l’absence de transparence sur les données – et sur la façon dont les contenus sont mis en avant sur des plates-formes comme Facebook – « peut créer des problèmes commerciaux pour les éditeurs, mais soulève aussi des questions démocratiques », argue Mme Bell, estimant que les algorithmes font des choix éditoriaux pouvant influer sur le pluralisme, par exemple. « La fragmentation des médias, qui affaiblit leur pouvoir de négociation, a coïncidé avec la concentration des pouvoirs dans quelques plates-formes », note Mme Bell. Face au risque de dépendance envers un gros acteur comme Facebook, Buzzfeed, grand spécialiste de la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux, a choisi de coloniser le maximum de plates-formes différentes, et s’emploie donc à disséminer ses contenus sur Twitter, Instagram, Pinterest, Vine…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.06.2015 à 17h07 • Mis à jour le12.06.2015 à 17h26 | Alexandre Piquard « Je n’ai pas participé à la campagne de Delphine Ernotte, même si je suis très content de son élection », déclare David Kessler, directeur général d’Orange Studio, parfois présenté comme un soutien actif de la nouvelle présidente de France Télévisions. Bien connu du milieu des médias et classé à gauche, le nom de cet ancien conseiller culture de l’Elysée a été cité plusieurs fois dans des articles sur la candidature de la directrice exécutive d’Orange France. Fait nouveau : il est aussi visé indirectement dans l’une des deux plaintes déposées cette semaine à la suite de la nomination opérée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire : Deux plaintes et deux recours contre la nomination de Delphine ErnotteLa nomination d’Olivier SchrameckLa démarche engagée par le syndicat SNPCA-CGC met en avant la notion de trafic d’influence : le plaignant se pose des « questions » sur un éventuel « renvoi d’ascenseur » entre Olivier Schrameck, le président du CSA, et David Kessler, qui était conseiller culture de François Hollande à l’époque de la nomination du dirigeant du régulateur de l’audiovisuel, début 2013. Selon ce raisonnement, le conseiller aurait fait nommer le président du CSA qui aurait ensuite porté sa candidate à la tête de France Télévisions.Certains ont en outre rappelé que David Kessler était entre 1995 et 2002 conseiller culture à Matignon sous Lionel Jospin, quand le directeur de cabinet était Olivier Schrameck (à l’époque, François Hollande était premier secrétaire du Parti socialiste et Manuel Valls conseiller en communication du premier ministre).M. Kessler rejette l’accusation de trafic d’influence : « Quand on connaît la machine d’Etat, on sait que ce n’est pas le conseiller culture du président de la République qui choisit le président du CSA, argue-t-il. Le président peut solliciter l’avis du ministre de la culture, du premier ministre et, à l’Elysée, de son directeur de cabinet et du secrétaire général. Au final, c’est le choix du président de la République », ajoute le conseiller, qui précise avoir donné son avis sur plusieurs noms.Les relations avec Delphine ErnottePar ailleurs, M. Kessler assure qu’au moment de la nomination de M. Schrameck au CSA, il n’avait jamais rencontré Mme Ernotte, « sauf une fois, quelques minutes, sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, à l’occasion de la Nuit Blanche », dont Les Inrockuptibles, journal qu’il dirigeait, était partenaire.Mme Ernotte n’aurait pas non plus participé au recrutement de M. Kessler à Orange, en novembre 2014, assure ce dernier, précisant que la filiale cinéma, dont il est directeur général, ne dépend pas d’Orange France, que dirige Mme Ernotte. Egalement connecté à droite, M. Kessler cite trois personnes ayant parrainé son arrivée chez l’opérateur : Pierre Louette, un « ami » ; Christine Albanel, ancienne ministre (UMP) de la culture et présidente d’Orange studio ; et Stéphane Richard, le PDG du groupe.M. Kessler raconte avoir rencontré Delphine Ernotte pour la première fois en décembre 2014 et avoir, en fin d’entretien, évoqué les échos la présentant comme candidate à France Télévisions. Cette dernière n’a pas démenti, sans vraiment confirmer non plus, raconte-t-il.Au sujet de France Télévisions, M. Kessler explique avoir ensuite revu Mme Ernotte, « une fois, environ une heure », mais il précise avoir eu le même genre d’entretien avec la plupart des candidats de premier plan à la présidence de France Télévisions.Lire : La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsLa campagne pour la présidence de France Télévisions« A quelques personnes qui me demandaient mon avis sur la campagne, j’ai dit que je trouvais que Mme Ernotte était une candidate crédible. J’aurais peut-être dû me taire… », ajoute celui qui a également été directeur général du CSA, directeur du Centre national du cinéma et de France Culture et conseiller du président de France Télévisions Marc Tessier…Pendant la campagne, il assure n’avoir appelé aucun membre du CSA, sauf Sylvie Pierre-Brossolette, une fois : c’était pour « prendre de ses nouvelles », après qu’elle a été critiquée, début novembre, lors de la fuite dans la presse de son prérapport sévère sur le bilan du président de France Télévisions Rémy Pflimlin, précise-t-il, comme il l’avait déjà dit au JDD. M. Kessler a enfin confié avoir déjeuné avec Olivier Schrameck, en décembre. A l’époque, le nom de Delphine Ernotte avait déjà fait l’objet de quelques mentions dans la presse. « Lors du déjeuner, nous avons dû parler quelques secondes de France Télévisions, mais pas de Delphine Ernotte », assure-t-il. Sur les deux plaintes déposées, il revient maintenant aux parquets de déterminer s’ils souhaitent ouvrir une enquête.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Rupert Murdoch met la dernière main à sa succession. Le magnat des médias est sur le point de céder les rênes de la 21st Century Fox à son fils James, 42 ans. Celui-ci devient directeur général du groupe, a annoncé la chaîne CNBC, qui cite des sources proches du dossier. Le groupe, contrôlé à 39,4 % par la famille Murdoch, et qui regroupe les activités dans la télévision et le cinéma, a confirmé, jeudi 11 juin, que le sujet de la succession de M. Murdoch serait abordé lors des prochains conseils d’administration.A l’issue de cette réorganisation, qui devrait intervenir dès cette année ou au plus tard en 2016, M. Murdoch, 84 ans, serait toujours président de Fox, siège qu’il partagerait avec son fils aîné, Lachlan, 43 ans. Chase Carey, le directeur général actuel du groupe, resterait au sein de la structure, mais comme conseiller auprès du magnat australien.Des changements attendusCes changements étaient attendus dans la mesure où le tycoon n’a jamais caché sa volonté que l’un de ses enfants lui succède. Par ailleurs, le calendrier s’accélérait : M. Carey devait informer avant le 30 juin prochain le conseil d’administration de Fox de ses intentions de quitter ou non le groupe avant la fin de son contrat qui se termine le 30 juin 2016.La première étape de ce remaniement avait été franchie en mars 2014, lorsque James Murdoch a été promu codirecteur général avec M. Carey. Celui-ci a d’ailleurs été partie prenante dans le processus de succession dans lequel il a joué un rôle de facilitateur.Au-delà des personnes, l’organisation reste similaire à celle qui prévalait jusqu’à présent, à savoir un président, Rupert Murdoch, s’occupant de la stratégie à long terme et d’un responsable exécutif, Chase Carey, chargé de la gestion quotidienne des affaires. Les deux fils seront donc amenés à travailler en tandem, selon cette répartition des rôles, même si l’ombre tutélaire du père reste encore dans le paysage.Pour James Murdoch, il s’agit d’un rétablissement spectaculaire dans la mesure où sa réputation avait été entachée par le scandale en 2011 des écoutes téléphoniques du tabloïd anglais News of the world. A la tête des activités du groupe au Royaume-Uni, il avait été obligé de démissionner avant de rentrer aux Etats-Unis.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean Birnbaum Quand la presse traverse une crise, elle doit se tourner vers ses lecteurs. La tradition d’un journal, son identité, bref, son avenir, ce sont eux qui en parlent le mieux, tout simplement parce qu’ils en sont les vrais dépositaires. Etre à la hauteur de cette tradition, pour un collectif de plumes, ce n’est donc pas seulement respecter des principes hérités, c’est d’abord se montrer à la hauteur des exigences, anciennes et nouvelles, que les lecteurs adressent à leur journal. Voilà pourquoi, au Monde, le courrier des lecteurs a toujours fait l’objet d’un soin particulier. Bien avant l’apparition du dialogue sur Internet et sur les réseaux sociaux, la lecture de ce courrier a imposé une évidence : la vocation d’un quotidien n’est pas figée, elle se bâtit au jour le jour dans l’échange et le partage.Après les attentats de janvier, cette évidence est devenue urgence. Les gens du Monde, toutes les femmes et les hommes qui suivent ce journal comme on s’inscrit dans une communauté, ont ressenti la ­nécessité de prendre la parole. Ils l’ont fait avec beaucoup de force et de sensibilité. On le vérifiera en lisant le volume qui paraît sous le titre Qui est vraiment Charlie ? (François Bourin-Le Monde, 176 p., 19 €). Réunies par nos collègues Pascal Galinier (médiateur du Monde) et Dominique ­Buffier, ces missives relèvent tour à tour du témoignage et de l’analyse, de l’indignation et de l’espérance. S’y déploie une diversité de points de vue et, notamment, très tôt, des doutes concernant l’unanimisme propre aux manifestations du 11 janvier. De belles confidences, aussi, de la part de Français musulmans qui se trouvent soudain sommés de prendre ­position : « C’est ce que me demande le ­regard de tous sans l’exprimer », note ainsi Walid Bekhti. Et, enfin, partout, un appel lancé au Monde, une manière de dire : mettez des mots sur ce que nous vivons, donnez du sens à cette époque débous­solée, tenez-vous bien pour nous aider à tenir bon. Essayez de « comprendre un peu plus fort, débattre un peu plus fort », comme y invite Julie Desrousseaux. ­Mobilisez-vous pour dissiper la confusion et opposer les Lumières à l’obscurantisme, « la pensée droite à la pensée tordue », ­selon la formule d’Edouard Reichenbach. Bref, travaillez à lever ce que Jean-Charles Vegliante nomme superbement un « couvre-feu mental ».Jean BirnbaumJournaliste au Monde, responsable du "Monde des Livres"SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Un rosier qui fléchit, un lilas qui jaunit, un pommier en mal de fruits… A chaque problème rencontré au jardin ou au potager, celui que l’on surnommait « Michel le jardinier » avait une solution qu’il prodiguait, derrière de grosses moustaches en broussaille, de son verbe fleuri, piqué d’anecdotes, d’adages ou de dictions. Même ceux qui n’avaient guère de goût pour le jardinage aimaient à écouter cet homme jovial et chaleureux, ce conteur hors pair qui distilla son savoir encyclopédique pendant trente ans, aussi bien à la radio qu’à la télévision. Retiré depuis quelques années à Saintes (Charente-Maritime) Michel Lis est mort, mardi 9 juin, à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, a-t-on appris de Radio France. Il était âgé de 78 ans.Surnommé « Moustaches vertes »Confiant à Laure Adler en 1999, lors de l’émission « Le Cercle de Minuit », avoir « certainement appris à marcher en plantant des radis », ce natif des Deux-Sèvres (il est né en 1937 à Pamproux) prit très tôt goût pour la terre, grâce à son grand-père cheminot qui lui enseigna les vertus du jardinage, à savoir : la patience, l’observation et le bon sens. Loin cependant d’en faire son métier, c’est vers le journaliste que le jeune homme se tourne peu après avoir obtenu son baccalauréat. Ainsi, on verra fleurir sa signature, de grand reporter notamment lors de la guerre des Six Jours ou des Jeux olympiques, tour à tour dans les colonnes du Monde graphique, du Parisien libéré, de L’Equipe ou encore de Télé 7 jours ; avant de faire en 1972 le bonheur des auditeurs de France Inter.A cette époque, Eve Ruggieri qui anime les matinées du week-end de la station avec Jacques Paugam, cherche une idée pour intéresser les auditeurs. « On a pensé au jardinage, et elle a fini par me le proposer, presque par hasard. C’est aussi elle qui a trouvé le surnom qui me colle toujours à la peau : moustaches vertes » confiait-il au Parisien, en 2003.Avec « la Minute du jardinier » diffusée chaque vendredi à 7 h 30, Michel Lis rencontre un succès immédiat. Malgré tout, il faudra attendre 1981 pour mettre enfin un visage sur cette voix qui aime à enluminer ses conseils pratiques de dictons et de maximes puisés dans des livres de botaniques. Après « Idées à suivre », une chronique qu’il tient sur France 2, ce lecteur de Rousseau, Cendrars ou de Conrad rejoint en 1985 l’équipe de « Télématin » qu’il quittera en 1999. Mais la télévision ne le détournera pas pour autant de la radio où l’on pourra l’entendre sur les ondes de France Inter, de France Info, de Radio France Gironde essaimer avec bonne humeur ses conseils et ses maximes. Toujours sans fiches, depuis qu’en 1976, une maladie de la rétine l’avait frappé, lui conférant une mémoire encyclopédique.Malgré ce handicap dont il ne se consolait pas, Michel Lis, n’avait pas abandonné l’écriture. Outre ses collaborations dans différents titres de presse dont Rustica, TV hebdo, Nice Matin ou Trente millions d’amis, il publiera plusieurs ouvrages tels Michel le jardinier au jardin de Jean-Jacques Rousseau (Mengès, 1984), Le Grand Almanach de Michel le jardinier (Mengès, 1999). Après avoir tenu une chronique sur France Bleu La Rochelle, ce militant pour la renaissance des espèces et des traitements naturels raccrochait le micro en 2012, mais non le râteau et la bêche, pour se consacrer tout entier à ses fleurs de prédilection : la rose trémière, le dahlia et la santoline, symbole de cette terre de Saintonge qu’il affectionnait tout particulièrement.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Canal+ joue la carte techno pour se distinguer dans un univers de plus en plus concurrentielRodolphe Belmer, le directeur général du groupe, a prévenu ce mardi 9 juin : Canal+ s’engage dans une « stratégie technologique de long terme ». Il a promis un « flux continu d’innovations dans les prochains mois ». Les clients de la chaîne cryptée et de Canal Sat vont bénéficier d’ici 2016 de nouveaux services. Déjà, MyCanal rencontre un grand succès. L’application disponible sur tablette et smartphone reçoit 30 millions de visites chaque mois, 1 million d’utilisateurs uniques par jour et plus de 300 000 utilisateurs en simultané les soirs de grand match. Plus de un programme à la demande sur cinq est consommé sur MyCanal.Le groupe présidé par Bertrand Méheut veut aller encore plus loin pour que ses clients puissent « profiter pleinement de leur abonnement ». Avec Netflix, You Tube ou encore BeIN, qui proposent des formules, si ce n’est gratuites, beaucoup plus compétitives, la concurrence s’intensifie et Canal se devait de frapper un grand coup.Un Cube nomadeC’est avec un petit cube que le groupe veut se démarquer. Cette mini-box remplacera peu ou prou le bon vieux décodeur en proposant davantage de services. La fonction la plus spectaculaire, « startover », permettra ainsi de remonter jusqu’à huit heures dans la programmation d’une chaîne. Un outil parfait pour les étourdis qui oublient de préparer l’enregistrement d’une émission ou ceux qui sont victimes d’un contretemps et qui ne peuvent arriver à l’heure pour voir leur série ou film préféré. Ce cube, nomade, pourra se brancher n’importe où à condition de disposer d’une connexion WiFi ou à l’Internet qu’il faudra payer en plus. Il ne remplacera donc pas les box des fournisseurs d’accès à Internet. Par ailleurs, Canal+ réfléchit pour que l’on puisse l’utiliser à l’étranger une vingtaine de jours par an, à l’image du « roaming » que proposent certains opérateurs.Canal Sat « offrant » plus de 150 chaînes, le groupe promet également de faciliter le choix du téléspectateur avec « Suggest », son nouveau moteur de recommandation qui s’appuie sur les habitudes de visionnage d’un abonné, mais aussi ses goûts.La filiale de Vivendi veut aussi être à la pointe de l’UHD, l’Ultra Haute Définition. Cette norme de diffusion permet des images quatre fois plus fines que l’actuelle haute définition. À la rentrée, Canal+ proposera du contenu UHD aux possesseurs de téléviseurs Samsung et espère diffuser des programmes dans ce nouveau standard au printemps 2016 via la fibre optique et via le satellite.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La Confédération générale des cadres (CGC) des médias a annoncé mardi 9 juin avoir déposé une plainte à Paris et un recours au Conseil d’Etat contre la nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions. Cette démarche s’ajoute à la plainte de Didier Quillot, ancien candidat à la présidence de France Télévisions et ancien cadre de Lagardère active.Une requête en annulationLa requête en « annulation » au Conseil d’Etat, déposée lundi, « s’appuie, notamment, sur le manque d’impartialité du CSA et l’opacité de la procédure de nomination », explique dans un communiqué le SNPCA-CGC, syndicat minoritaire à France Télévisions. « La loi prévoit que la décision doit être suffisamment motivée. Ce n’est pas le cas. Le CSA s’est contenté de généralités », estime l’avocat du syndicat, Me Pierre-Olivier Lambert, contacté par l’Agence France-Presse. Le CSA a publié sur son site « la décision de nomination motivée » de Delphine Ernotte, ancienne directrice exécutive d’Orange France.Une plainte du SNPCA-CGCLa plainte, qui doit être déposée, se fonde, elle, sur « des soupçons d’abus d’autorité et de manquements à l’obligation de probité du CSA dans la procédure de nomination » et « vise, en particulier, le délit de trafic d’influence », ajoute le syndicat.Le code pénal définit ainsi le trafic d’influence :« Le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable. »L’une des membres du CSA, Sylvie Pierre-Brossolette, se voit notamment reprocher, dans un article de Mediapart, d’avoir organisé un rendez-vous entre la candidate Delphine Ernotte et François Pinault, réputé proche de François Hollande. Un homme d’affaires qu’avait également rencontré Didier Quillot, un autre candidat.Une plainte de Didier QuillotMardi 2 juin, une première plainte a été déposée par Didier Quillot. Sa démarche suit ce raisonnement : l’ouverture, par le parquet, d’une enquête préliminaire est le seul moyen d’avoir des preuves d’une éventuelle infraction, la demande d’enquête parlementaire sur la nomination de Mme Ernotte ayant été rejetée.Sa plainte se fonde sur la notion d’« abus d’autorité », ainsi définie par le code pénal : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi. »La loi de novembre 2013 sur l’indépendance de l’audiovisuel public a confié au CSA la mission de désigner le patron de France Télévisions de façon « impartiale, transparente et indépendante », explique-t-on dans l’entourage de Didier Quillot. Donc si jamais des manœuvres avaient fait échec au respect de ces conditions, il pourrait s’agir d’un abus d’autorité. L’entourage de M. Quillot souligne au passage que le CSA a, dans un communiqué de la semaine dernière, envisagé des changements de procédure, et y voit une validation de sa démarche.De plus, M. Quillot a pris soin, avant de déposer sa plainte, d’avoir « tourné la page » et annoncé ses nouvelles activités : il a cofondé Reboot Media, un groupe qui ambitionne de peser dans le domaine de la presse sportive, comme l’a expliqué Le Figaro. Son avocat assure qu’il agit moins en tant que victime directe qu’en tant que citoyen.La défense du Conseil supérieur de l’audiovisuel« On a pu lire que la procédure au terme de laquelle [Delphine Ernotte] a été désignée aurait été l’objet de pressions. Chacun d’entre nous affirme n’en avoir subi aucune », ont déclaré dans un communiqué commun les huit membres du CSA, le 4 juin :« Nous réaffirmons ici solennellement que le délibéré s’est déroulé dans la plus totale indépendance et la plus stricte impartialité, au terme d’une procédure qui a respecté le principe d’égalité entre les candidats et dont chaque étape a été débattue et collégialement acceptée par le Conseil. »Le scrutin pour la présidence de France Télévisions avait divisé le collège en deux blocs au second tour et suscité des dissensions en interne.Lire aussi : La nomination de Mme Ernotte fait toujours grincer des dentsLes membres du CSA se sont en revanche dits « ouverts à toute modification allant dans le sens d’un renforcement de la publicité des procédures de nomination ». Cette procédure a été fixée par le collège du CSA à partir de la loi de 2013 par laquelle la majorité du président, François Hollande, lui a redonné le pouvoir de désigner les dirigeants d’audiovisuel public. Le CSA a notamment envisagé de publier le nom de tous les candidats ou seulement de ceux qu’il choisirait d’auditionner, ou encore d’ouvrir les auditions des candidats au public.Lire aussi : Les premiers pas de Delphine Ernotte à France TélévisionsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Apple a annoncé, lundi 8 juin, le lancement prochain de « News », une nouvelle application qui promet d’offrir une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires. Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne », lors du déploiement d’iOS9, la prochaine version du système d’exploitation mobile, au départ aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.Son interface ressemble à l’application Flipboard, un agrégateur d’informations, et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai, ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. L’initiative d’Apple illustre la volonté des grandes plate-formes de se placer en intermédiaires de distribution entre les médias et leurs lecteurs, contre la promesse d’apporter un nouveau lectorat, voire des revenus.Concrètement, « News » intégrera des flux « RSS » de résumés d’articles de tous les éditeurs qui souhaitent les partager. Mais l’application proposera surtout des contenus de médias partenaires directement hébergés par Apple. Comme Facebook, ce dernier promet un format attractif, adapté au mobile, avec des belles images, des cartes, des graphiques et des vidéos, que les médias pourront personnaliser. A la différence des articles hébergés sur les sites mobiles de ces titres, ces contenus seront en principe beaucoup plus rapides à charger, et donc susceptibles d’être davantage vus.Le gratin de la presse anglophoneAu démarrage, l’application vous demandera de nommer des sources et des thèmes qui vous plaisent, puis vous proposera une sélection d’articles, lit-on sur le site du Nieman Lab. L’algorithme qui génère « votre news » est censé se nourrir de vos habitudes de lectures voire de vos appréciations pour affiner son offre. « Ce sera du beau contenu, tiré des meilleures sources mondiales, personnalisé pour vous », a assuré Susan Prescott, vice-présidente du marketing produit chez Apple.Comme Facebook, Apple a présenté une liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times, le groupe magazine Condé Nast (Vogue, Vanity Fair), le quotidien britannique Daily Mail, le magazine économique de référence The Economist, mais aussi des acteurs issus du web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed. Le New York Times devrait commencer par publier une trentaine d’articles par jour sur News.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plateformes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? Tous cherchent une puissance de distribution… Et ont peur d’être laissés pour compte si leurs concurrents pactisent avec les plateformes et qu’ils ne le font pas.« Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a ainsi défendu Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plateformes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »La publicité mais pas les donnéesPour convaincre les éditeurs, Apple, comme Facebook, a toutefois dû faire certaines concessions dans son offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Le contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est un autre point sensible. Alors que Facebook proposait d’agréger les « vues » des « instant articles » aux audiences des médias partenaires et de leur donner accès à tous les indicateurs, Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News, mais précise qu’elle respectera la « vie privée » des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.N’y a-t-il pas un risque pour les médias d’abandonner trop de pouvoir aux géants du Net ? De se couper de la relation directe avec leurs lecteurs, d’autant plus dans le cas d’Apple, dont une des forces est de posséder les coordonnées bancaires de ses clients ? Le risque existe. Une fois l’usage créé, les grandes plateformes pourraient en effet changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google vient de le faire avec son fonds de soutien à la presse. Les éditeurs font le pari qu’il vaut mieux tenter cette voie.La tendance est-elle inéluctable ? Elle semble puissante, mais toutes les initiatives des grandes plateformes dans la presse n’ont pas été couronnées de succès : ainsi, News remplacera Newsstand, un kiosque numérique d’Apple lancé en 2011, dans lequel les éditeurs pouvaient vendre des journaux numériques à l’unité ou par abonnement, via leurs propres applications, moyennant une commission de 30 % pour Apple. Proposant une expérience assez banale, Newsstand n’a pas rencontré le succès escompté. De la même façon, Google Currents, agrégateur d’informations, a été renommé Google Play News, mais reste peu connu. Facebook Paper, un genre de magazine agrégé, avait lui aussi déçu.Apple cherche en tout cas à rassurer les médias. A la veille de la présentation de « News », on a ainsi appris que le géant californien pourrait infléchir la part de 30 % qu’il s’arroge sur les abonnements souscrits par son intermédiaire. Selon le Financial Times, Apple serait susceptible d’appliquer un taux inférieur aux abonnements souscrits via son kiosque ou son service de télévision, l’Apple TV.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Trente-sept journaux allemands, dont les prestigieux Zeit, Süddeutsche Zeitung, Spiegel et Welt, ont accepté de vendre leurs articles à l’unité sur la plate-forme Blendle, qui s’est lancée en Allemagne, mardi 9 juin.Un temps surnommé l’« i-Tunes de la presse », le site d’origine néerlandaise s’inspire en réalité davantage de Spotify et offre une expérience qui se situe aux confins d’un site d’information, d’un réseau social et d’un outil de lecture. Une fois inscrits, les utilisateurs se voient proposer des articles à l’unité issus de différents journaux, qu’ils peuvent acheter pour quelques centimes chacun.Lire : La start-up néerlandaise Blendle s’inspire d’iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetL’Allemagne est le deuxième pays de déploiement de Blendle, après les Pays-Bas, où il compte désormais 300 000 utilisateurs. Les fondateurs de Blendle entendent proposer leur service dans d’autres pays européens. Des discussions ont été lancées avec les éditeurs français.Aux États-Unis, la start-up a d’ores et déjà signé avec le Washington Post, le New York Times et The Economist, et travaille à convaincre d’autres éditeurs. En octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi dans Blendle à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Martin Sorrell a été payé 200 millions d’euros depuis 1998. Rien que pour 2014, le patron de WPP, le numéro 1 mondial de la publicité, a touché 43 millions de livres (59 millions d’euros). Il est, de loin, le patron d’entreprise cotée à la Bourse de Londres qui gagne le plus. Et probablement dans le monde. Sur les cinq dernières années, sa rémunération s’est élevée à un peu plus d’un euro par seconde.Ces statistiques ont une nouvelle fois provoqué la controverse, mardi 9 juin, lors de l’assemblée générale annuelle de WPP. Comme chaque année ou presque, l’ambiance était houleuse, sur la question du salaire de M. Sorrell. Comme à chaque fois, une bonne partie des actionnaires s’est opposée à la rémunération pour 2014: 22% d’entre eux ont voté contre, légèrement moins que le score de 28% atteint l’année dernière. Mais comme toujours, cela ne changera rien à l’affaire : le très puissant patron de WPP touchera ses émoluments.« C’est presque une blague, s’agace Catherine Howarth, la directrice de ShareAction, une association qui milite pour l’investissement responsable. Ce type se moque de ce que pensent les actionnaires et de la bonne gouvernance d’entreprise. » M. Sorrell présente un cas d’école intéressant.Une agence partie de rienL’homme affiche un succès évident. Il a créé WPP à partir de rien. En 1985, après avoir mené pendant une décennie la stratégie d’expansion des frères Saatchi, il prend le contrôle de Wire and Plastic Products, une petite entreprise qui fait des paniers en métal. Il utilise cette société cotée pour multiplier les acquisitions d’agences publicitaires. Jusqu’à devenir en 2009 le numéro 1 mondial du secteur. Aujourd’hui, WPP affiche 179 000 employés à travers le monde, une présence dans 111 pays et un chiffre d’affaires de 11,5 milliards de livres (15,8 milliards d’euros).Fort de ce succès, M. Sorrell a longtemps été très bien payé. Jusqu’en 2008, il touchait entre 1 et 4 millions d’euros par an. Mais à partir de 2009, cette somme, qui n’était pas très éloignée de celle qui revient aux autres grands patrons, s’est envolée : 10 millions d’euros en 2009, 16 millions en 2010 et 2011, 24 millions en 2012, 41 millions en 2013 et 59 millions en 2014…Lire aussi :Aux Etats-Unis, les rémunérations des patrons devront être liées à la performance de l’entrepriseOpiniâtretéEn juin 2012, les actionnaires ont fait entendre une première fois leur désaccord. Lors de l’assemblée générale, 60 % d’entre eux ont voté contre la rémunération. Un véritable coup de tonnerre, dans le monde feutré des assemblées générales, où une opposition de 20 % est déjà considérée comme une rébellion.C’était compter sans l’opiniâtreté de M. Sorrell. Comme l’autorise la réglementation sur les entreprises britanniques cotées, le vote n’était que « consultatif ». Le patron de WPP a donc passé outre, et il a quand même touché son salaire. Pour donner l’impression de réagir, M. Sorrell a changé la politique de rémunération.Son salaire est désormais composé de trois parties : un fixe, un bonus de court terme, et un autre de long terme. Leur montant dépend du succès financier de l’entreprise et de ses résultats en Bourse. Le tout est supervisé par un comité à part, dont le patron de l’entreprise n’est pas membre, comme le veut la bonne gouvernance.Excellents résultats pour WPPL’an dernier, WPP a affiché d’excellents résultats. L’entreprise a nettement mieux réussi que ses plus proches concurrents, Omnicom et Publicis, d’autant que ces derniers étaient occupés à préparer leur fusion puis à l’annuler à la dernière minute.Du point de vue du comité de rémunération de WPP, les émoluments record de M. Sorrell sont donc parfaitement justifiés. « Ce [qu’il] gagne, bien que ce soit très important en tant que tel, est égal à environ 0,33 % de l’augmentation de la valorisation boursière », écrit-il. L’argument ne convainc pourtant pas tous les détenteurs d’actions WPP.Glass Lewis, une société de conseil aux actionnaires, recommandait de voter mardi contre la rémunération de M. Sorrell, qu’elle juge « complètement excessive ». ISS, une autre société de conseil, était plus ambiguë : tout en suggérant de voter en faveur de la résolution, elle s’étouffait face au salaire « exceptionnellement haut » du patron de l’entreprise.Pour Mme Howarth, de l’association ShareAction, le comité de rémunération ne fait absolument pas son travail. « Son objectif devrait être de le payer le moins possible sans qu’il ne s’en aille de l’entreprise. Or, M. Sorrell n’a nulle part où aller. WPP est son entreprise. S’il ne touchait qu’un euro symbolique, il resterait probablement. » Un scénario qui ne semble pas près d’être testé…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.06.2015 à 08h57 • Mis à jour le08.06.2015 à 13h03 France Télévisions, Radio France et le groupe Egalis ont lancé lundi un site Internet qui recense plus de mille femmes expertes sur deux cents thématiques afin d’inciter les médias à les inviter et promouvoir la place des expertes dans les médias. « L’absence de femmes sur les écrans alimente les stéréotypes et les inégalités », affirme Egalis, qui regroupe des organisations spécialistes de l’égalité.Ce site, version numérique du Guide des expertes qui paraît chaque année aux éditions Anne Carrière, EpOke, est destiné aux journalistes, organisateurs d’événements, entreprises, associations, universités et collectivités.En 2013, le CSA avait appelé toutes les chaînes à améliorer la représentation des femmes, en estimant qu’en moyenne la part des expertes intervenant à l’antenne était inférieure à 20 %. Et quand elles sont invitées, c’est la plupart du temps pour parler de sujets dits « féminins » comme les violences faites aux femmes, les enfants, la famille, l’école, etc. Alexis Delcambre et Samuel Laurent Septembre 2002. L’empire Vivendi Universal, victime de la chute de Jean-Marie Messier, est contraint d’opérer de douloureuses cessions. A l’affût des opportunités dans la presse, Serge Dassault est sur les rangs. Et pour 237 millions d’euros (286 millions si on les convertit au pouvoir d’achat de l’euro en 2014), la Socpresse, qu’il contrôle avec la famille Hersant, s’offre l’ex-pôle presse de Vivendi : L’Express, L’Expansion, L’Etudiant…Quatre ans plus tard, en 2006, c’est au tour de la Socpresse de céder ses actifs. Elle trouve un acquéreur, le groupe de presse belge Roularta, qui a des ambitions en France. Valorisation de l’ensemble : 210 millions d’euros (235 millions de 2014) – la Socpresse réalise une opération quasi blanche.Janvier 2015. Le groupe belge s’est lassé des pertes provoquées par son pôle français et s’angoisse de voir ses actifs se déprécier. Vincent Bolloré ou Iskandar Safa étudient le dossier. Mais c’est un acteur nouveau, Patrick Drahi, qui s’offre le cinquième groupe magazine français – la vente doit être finalisée mardi 9 juin. Montant de la transaction : entre 50 et 70 millions d’euros. Un chiffre dont la faiblesse, pour un pôle qui réalise 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, frappe les esprits.La trajectoire du groupe L’Express illustre celle des journaux français, dont les valorisations sont en forte baisse, comme en témoignent les chiffres des récentes transactions compilés par Le Monde. Grossièrement, les transactions des années 2000 se chiffraient en centaines de millions d’euros quand celles des années 2010 sont libellées en dizaines.L’infographie ci-dessous présente les principales transactions survenues depuis dix ans dans le secteur de la presse française, ramenées à leur valeur en euros constants 2014. Passez sur les carrés pour afficher des informations supplémentaires.Cela ne signifie pas forcément que les valorisations de ces entreprises se sont écroulées. Pour en déduire une valorisation, il faut ajouter au montant de la transaction les dettes (ne serait-ce que celle que représentent les abonnés en cours de contrat et qu’il faudra servir), l’anticipation des pertes à venir et/ou des coûts de restructuration – exactement comme un acheteur immobilier s’appuie sur le coût des travaux à venir pour négocier une baisse de prix. Sans parler des investissements à venir pour développer de nouvelles activités. « Les acheteurs nouveaux intègrent qu’il va leur falloir renverser la table et changer le modèle de ces entreprises », explique Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, une entreprise de conseil.L’angoisse gagne les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ?Comme sur tous les marchés, ce comportement des acheteurs s’autoentretient et nourrit une spirale, en l’occurrence baissière. Dans ce secteur, il est rarement possible d’évaluer une entreprise selon sa valeur boursière – peu sont cotées – ou selon la rentabilité potentielle – tant la visibilité est faible en ces temps de transition numérique. « Reste la bonne vieille méthode des comparables, conclut M. Texier. On se réfère aux transactions récentes opérées dans le même secteur, de la même façon que l’acheteur d’un appartement se renseigne sur les ventes récentes dans le même quartier. » Dès lors, chaque vente renforce la spirale baissière. A l’image de celle de 65 % du Nouvel Observateur au trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse (par ailleurs actionnaires du Monde) en janvier 2014, pour 13,8 millions d’euros. « En un instant, la seule annonce de cette vente a fait subir une décote de 50 % au dossier de L’Express, dont le groupe Roularta envisageait déjà la vente », révèle une source.Une poignée d’acteurs récurrentsDans ce contexte, l’angoisse peut gagner les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ? Peut-on encore attendre un retournement du marché ? Les exemples d’hésitation sont légion, comme en témoigne le cas de la famille Amaury, propriétaire du Parisien (ainsi que de L’Equipe). En 2010, Marie-Odile Amaury avait missionné la banque Rothschild pour céder son journal régional. Elle en attendait 200 millions d’euros. Une offre de Vincent Bolloré atteignait 130 millions d’euros, et Mme Amaury avait baissé son objectif à 150, mais ce différentiel n’a pu être comblé.Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des AmauryCinq ans plus tard, le groupe Amaury vient d’entrer en négociations exclusives avec un nouvel acheteur, LVMH, pour un prix qui serait plus proche de 50 que de 100 millions d’euros. Entre-temps, la famille a dû éponger 37 millions de pertes…« C’est la concurrence qui fait monter les prix, rappelle M. Texier. Or, aujourd’hui, les acheteurs sont peu nombreux. » Animateurs du marché français par le passé, les grands groupes de médias étrangers s’en sont retirés, à l’exception du belge Rossel, qui vient d’investir dans 20 Minutes. Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des Amaury. Reste une poignée d’acteurs récurrents, qui travaillent à atteindre une taille critique. D’où les mariages récents, ou en cours, entre Le Monde et Le Nouvel Observateur ; Libération et L’Express ; ou Les Echos et Le Parisien. Le seuil de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires semble l’objectif souhaité pour créer un niveau suffisant de synergies et accélérer les transitions numériques.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »« C’est le temps des soldes, explique M. Texier. On passe d’une époque de survalorisation relative à une phase de sous-valorisation, peut-être momentanée. Les valeurs pourront remonter quand les modèles seront stabilisés. » L’exemple d’un journal comme le Financial Times, assez avancé dans la transformation numérique et à la valeur putative élevée, incarne cet horizon.« Force symbolique »Y arriver est l’espoir de certains « restructurateurs » qui animent également le marché, derrière les incontournables Bernard Arnault, Patrick Drahi et Xavier Niel, aux moyens illimités. On peut penser au profil d’un Marc Laufer, propriétaire du groupe NewsCo et associé à M. Drahi dans le groupe en construction Altice ; à celui de Pascal Chevalier, du groupe Reworld Media ; ou de Didier Quillot, récent acquéreur du groupe Motor Presse Stuttgart. Point commun entre la plupart de ces acteurs : une culture forgée dans les nouvelles technologies et donc un goût pour les changements de modèles.« En France, cela fait quarante ans que la presse ne gagne plus d’argent. C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement »Pour certains, l’ambition de réinventer le modèle de la presse est une illusion. « Beaucoup pensent que leur savoir-faire va leur permettre de changer la presse, pense Patrick Eveno, historien de la presse. Mais, en France, cela fait quarante ans qu’elle ne gagne plus d’argent ! C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement. » « Il y a des personnes qui attribuent à la possession de médias une valeur décorrelée de la rationalité économique, car elle apporte une force symbolique, un statut, une considération, constate M. Texier. Au fond, ce qui a le mieux résisté dans cette crise de la presse, c’est le mythe de Citizen Kane. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 09h36 • Mis à jour le03.06.2015 à 15h48 | Alexis Delcambre Il faut aborder le secteur de l’information comme un « écosystème » qui dépasse les catégories issues de l’univers imprimé : telle est la recommandation du sociologue Jean-Marie Charon, auteur d’un rapport intitulé « Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème », remis à la ministre de la culture, Fleur Pellerin, mardi 2 juin.L’objet de ce rapport était de proposer un état des lieux du secteur pour permettre aux acteurs politiques de mieux cibler leurs interventions. Les fameuses aides publiques aux entreprises de presse, qui représentent 820 millions d’euros annuels, sont régulièrement accusées d’encourager des modèles établis ou en perte de vitesse plutôt que de favoriser l’innovation.En regard, le Fonds Google (16,1 millions d’euros) a apporté l’exemple d’une aide focalisée sur les nouveaux projets. « L’intervention de l’Etat doit donner toute sa place au binôme innovation-expérimentation », recommande donc M. Charon.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaisePriorité au pluralismeLa remise de ce rapport a été pour Fleur Pellerin l’occasion de clarifier les évolutions des aides à la presse, mais aussi de rappeler que la première préoccupation de l’Etat reste le pluralisme.Dans le contexte de l’après-Charlie, marqué par une attention accrue aux lieux du débat public, plusieurs dizaines de titres généralistes (hebdomadaires, mensuels, trimestriels…) vont désormais toucher des aides directes, jusqu’ici réservées aux quotidiens.Lire aussi le décryptage : Aides à la presse : qui touche le plus ?Ces aides directes s’élèveront dès cette année à 135 millions d’euros, contre 130 millions précédemment. En contrepartie, Mme Pellerin souhaite les conditionner à des critères éthiques ou déontologiques, aux bonnes pratiques sociales ou au respect de la diversité et de la parité.Quant aux aides indirectes (taux « super-réduit » de TVA et tarifs postaux avantageux), elles seront désormais plus sélectives. Seule la presse d’information politique et générale, ainsi que la presse « de la connaissance et du savoir », continueront de bénéficier des aides postales (130 millions d’euros annuels actuellement). La presse de loisir et de divertissement devra s’en passer.Aider les médias en créationLes détails de cette réforme des aides postales ne sont pas encore connus, puisque la ministre a lancé des missions qui seront achevées cet été. Mais le ministère compte sur ce resserrement pour dégager de quoi accompagner l’innovation.Il s’agirait de renforcer le Fonds stratégique pour le développement de la presse (en l’ouvrant davantage à des acteurs modestes), mais aussi de créer un fonds d’accompagnement à la création de nouveaux médias.Enfin, Mme Pellerin souhaite favoriser la création d’incubateurs qui, comme le suggère M. Charon, « accueillent les “pure players” d’information, les labs des entreprises de presse, ainsi que les start-up contribuant à la production d’information ».M. Charon propose aussi des formules de « start-up en résidence », où une entreprise éditrice accueillerait une start-up le temps de faire aboutir conjointement un projet innovant, avec une aide de l’Etat.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Qui n’a pas pesté devant son poste en regrettant qu’il n’y ait « rien à la télé ce soir » ? Qui ne s’est pas senti perdu dans l’offre pléthorique de programmes pour finir par sélectionner une émission au hasard ? Pour aider le téléspectateur à s’y retrouver, France Télévisions a lancé mardi 2 juin Zoom, une application gratuite destinée à ceux qui « aiment la télé, mais vivent la diffusion linéaire comme une contrainte » ; ces téléspectateurs « qui n’ont pas le temps de tout regarder, qui ont du mal à choisir parmi les centaines de chaînes et les millions de vidéos, et qui ne veulent que le meilleur ».Des playlists thématiquesEn tapotant sur l’écran de son smartphone l’utilisateur peut indiquer ses centres d’intérêt (info, sport, culture, art de vivre, jeux…), puis composer ce qui ressemble au programme de sa « chaîne idéale » avec les émissions vedettes du service public (« Le plus grand cabaret du monde », « Des racines et des ailes », « C dans l’air »…). Il peut aussi préciser celles qu’il « ne veut surtout pas voir ». On lui propose ensuite une liste de « playlists » thématique. Grâce à un algorithme, cette sélection s’affine au fur et à mesure de ses visionnages. Il peut « aider » le programme de calcul en marquant les vidéos qu’il aime et celle qu’il n’aime pas. Le mobinaute peut aussi indiquer le temps dont il dispose pour visionner des vidéos. L’offre proposée s’adapte à ce temps disponible.« Le temps de la recommandation »L’application Zoom est née de deux convictions a indiqué Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions : « C’est le temps du mobile et c’est le temps de la recommandation. » Téléchargeable dans un premier temps uniquement sur les iPhone (la version pour les smartphones Android est prévue pour la fin de l’année), cette application s’adresse en priorité aux plus jeunes qui consomment différemment la télévision. « C’est dans notre mission de permettre d’offrir nos contenus à tous les citoyens quels que soient les écrans », a insisté Rémy Pfimlin, président de France Télévisions jusqu’à la fin août.Bientôt un mode hors connexionLa mise au point de cette application a mobilisé 25 personnes depuis janvier 2014. Au total, le groupe aura investi 1,4 million d’euros pour la développer. De nouvelles fonctionnalités comme le mode hors connexion, permettant de visionner des vidéos même sans accès à l’Internet. Une version adaptée aux ordinateurs devrait être disponible à l’automne, l’application sera ensuite optimisée pour les tablettes.Lire aussi :France Télévisions : les premiers pas de Delphine ErnotteJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.06.2015 à 11h43 • Mis à jour le30.06.2015 à 13h04 | Alexis Delcambre L’idéal olympique formulé par le baron Pierre de Coubertin en 1908 ne s’applique pas au marché des droits sportifs. Dans cette discipline, l’important, c’est de gagner, plus que de participer. David Zaslav, le PDG de Discovery Communications, l’a bien compris. La maison mère d’Eurosport vient de mettre 1,3 milliard d’euros sur la table pour acquérir les droits de diffusion européens des quatre prochains Jeux olympiques (JO) (soit sur la période 2018-2024), et sur tous les supports.L’irruption d’Eurosport sur ce marché vient rompre de vieux équilibres. Jusqu’ici, le Comité international olympique (CIO), détenteur des droits, s’accordait avec l’ Union européenne de radio-télévision (UER, un consortium de diffuseurs européens parmi lesquels la BBC, France Télévisions ou l’allemand ARD) ou directement avec ces chaînes. Cette fois, ces dernières ont été doublées par un concurrent américain, un géant de la télévision payante, qui réalise près de 6 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros) de chiffre d’affaires par an et consacre 2 milliards d’euros annuels aux achats de droits et de programmes.Ces chiffres permettent de mesurer la puissance nouvelle d’Eurosport, une ancienne possession de TF1 dont Discovery est devenu l’actionnaire majoritaire en 2014. Outre la force de frappe financière, la chaîne a joué de deux autres atouts : sa présence dans plus de cinquante pays européens, et son développement numérique – avec Eurosport.com et son service Eurosport Player.Mutation à grande vitesseSeules exceptions à cet accord : la Russie, et les droits de diffusion en France et au Royaume-Uni (pour 2018 et 2020), déjà attribués à France Télévisions et à la BBC. « Nous sous-traiterons une partie des droits », a rassuré M. Zaslav lors d’une conférence de presse, lundi 29 juin. Le CIO impose que 200 heures de programmes, pour les Jeux d’été, et 100 heures, pour ceux d’hiver, soient remis sur le marché à l’intention de chaînes gratuites. « Mais encore faut-il s’accorder sur le prix », pointe Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions.Première leçon de cet accord : Discovery n’est pas venu sur le marché européen pour faire de la figuration. Si Eurosport touche déjà 220 millions d’Européens, le potentiel estimé pour les JO est de 700 millions. Le Vieux Continent est le « marché émergent » que veut occuper le groupe américain, comme l’a encore répété M. Zaslav en mai, lors d’un passage à Roland-Garros.Seconde leçon : le marché des droits sportifs mute à grande vitesse. Pour la première fois de son histoire, le CIO a cédé les droits d’un continent en bloc, et non pays par pays. Comme pour certains films ou séries, la mondialisation est en marche, et elle écarte de la compétition les acteurs de taille nationale, au bénéfice des réseaux internationaux comme Eurosport ou BeIN Sports. En février, la chaîne qatari avait ainsi acquis les droits de la Coupe Davis de tennis pour le monde entier. C’est aussi cette compétition que TF1 n’a pas voulu jouer, en sortant d’Eurosport. Participer ne sert à rien, il faut gagner.Lire aussi :JO 2020 : le stade olympique de Tokyo va coûter 1,8 milliard d’eurosAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Fin de polémique en Israël pour Orange. L’opérateur télécoms français a annoncé dans un communiqué, mardi 30 juin, être parvenu à un accord avec l’entreprise israélienne Partner afin de redéfinir un « cadre à leur relation ». Derrière cette expression pudique, c’est la fin programmée du partenariat entre les deux entreprises qui s’esquisse, quelques semaines après une polémique, qui a vu Orange se retrouver au cœur d’une tempête médiatico-diplomatique.Selon le communiqué, le nouveau contrat qui lie les deux groupes « accorde à Partner et à Orange le droit de résilier l’accord de licence de marque Orange actuellement en vigueur. Si Partner n’exerce pas son droit de résiliation dans un délai de 12 mois, Partner ou Orange pourront alors résilier l’accord de licence de marque au cours des 12 mois suivants ».Orange versera 40 millions d’euros à Partner à la signature du contrat et un paiement additionnel de 50 millions d’euros devra être acquitté, si l’accord de licence de marque est résilié dans un délai de 24 mois.Violence des réactionsAu début du mois de juin, en déplacement au Caire, Stéphane Richard, le PDG d’Orange avait déclaré que, s’il le pouvait, il déciderait dès « demain » le retrait d’Orange d’Israël. Ces propos avaient été interprétés comme une volonté de quitter le pays et semblaient faire écho aux appels au boycottage lancés contre l’Etat hébreu.Devant la levée de boucliers suscitée, le patron de l’opérateur de téléphonie français avait tenu à rappeler que son groupe n’était pas lui-même directement présent en Israël. Le seul enjeu, soulignait M. Richard, était celui du retrait de l’usage de la marque Orange par la société Partner.Orange dispose en effet en Israël d’un accord de licence avec cet opérateur, qui utilise dans ce cadre la marque en échange d’une redevance. Cet accord date toutefois de 1998, c’est-à-dire lorsque cette marque était encore la propriété du groupe chinois Hutchison, deux ans avant son rachat par France Télécom.Face à la violence des réactions en Israël, M. Richard avait été contraint de se rendre en Israël afin de s’expliquer en tête à tête avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.Lire aussi :Polémique avec Israël : le PDG d’Orange s’explique, Nétanyahou s’enflamme« Nouveau cadre de partenariat » L’accord annoncé mardi permet donc à Orange de récupérer l’usage de sa marque dans les deux ans alors que l’actuel contrat prévoyait que son partenaire israélien en bénéficie jusqu’en 2025.« Orange se réjouit de ce nouveau cadre de partenariat », commente Pierre Louette, directeur général adjoint d’Orange, selon qui « Israël est un pays important, stratégiquement parlant. Nous avons établi avec ce pays une relation durable, par le biais notamment des activités innovantes conduites par les filiales Orange présentes sur place. »L’Etat hébreu est le seul pays dans lequel Orange est présent sans exploiter lui-même sa marque. Ainsi, contrairement aux autres pays, l’incubateur d’Orange pour les start-up en Israël (Fab Israel) n’affiche pas le nom du groupe.Dans le cas où l’accord avec Partner serait résilié, l’ensemble des activités de recherche et développement (R&D) et d’innovation de l’opérateur français en Israël passeraient sous la marque Orange.Anne EvenoJournaliste au Monde Daniel Psenny « Deug » est mort. Alain de Greef, directeur des programmes emblématique de Canal+ de 1986 à 2000, s’est éteint lundi 29 juin en fin d’après-midi dans sa maison de Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse). Il avait 68 ans. Depuis deux ans, il luttait contre un cancer des poumons et un cancer de la mâchoire, qui l’avaient obligé à suspendre ses activités professionnelles, mais qui ne l'empêchaient pas de s'indigner.Malgré la maladie, Alain de Greef était très actif sur Facebook, où il postait régulièrement ses colères et ses commentaires contre la télévision, dont il aura été un des plus grands dynamiteurs. « Il avait conservé une capacité d’indignation très rare pour une personnalité audiovisuelle de ce niveau », souligne Bernard Zékri, ancien du magazine Actuel, qu’Alain de Greef fit venir à Canal+ pour s’occuper du « Vrai Journal », de Karl Zéro, puis de la rédaction d’I-Télé, lancée par de Greef en 1999.« Nulle Part ailleurs », « Les Guignols de l’info »…Dans un entretien au Monde publié en novembre 2014, à l’occasion des trente ans de Canal+, Alain de Greef avait eu des commentaires très durs contre les dirigeants de son ancienne chaîne. Avec ses mots bien pesés, il y dénonçait « les experts en marketing » et pointait férocement « les dérives » de Canal, s’indignant, par exemple, de voir Nadine Morano ou Eric Zemmour sur le plateau du « Grand Journal », l’ancêtre de « Nulle Part ailleurs », un de ses bébés favoris. « C’est comme voir un odieux graffiti sur une toile de Vermeer ! », s’était-il énervé.Ancien élève de l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec, aujourd’hui devenu la Fémis), Alain de Greef a commencé sa carrière dans l’audiovisuel en 1971 comme chef monteur à l’ORTF, avant d’émigrer sur Antenne 2, tout juste créée, en 1974. C’est là qu’il rencontre Pierre Lescure, avec qui, en avril 1982, il concocte le magazine de pop culture « Les Enfants du rock », devenue une émission de référence. Lescure et de Greef, tous deux biberonnés à la culture américaine des années 1950, y font travailler de jeunes journalistes experts en musique rock et underground. Parmi eux, Bernard Lenoir, Philippe Manœuvre, Jean-Pierre Dionnet ou Antoine de Caunes, qui font découvrir Madonna, The Cure ou Indochine aux jeunes téléspectateurs coincés, à l’époque, entre seulement trois chaînes de télévision. Tout un petit monde que le tandem Lescure-de Greef embarque dans l’aventure Canal+, qui démarre le 4 novembre 1984, sous la présidence d’André Rousselet, l’ex-directeur de cabinet de François Mitterrand.De Greef y travaille d’abord comme directeur de production. Après avoir manqué de couler faute d’abonnés, la chaîne cryptée prend véritablement son essor en 1986, année où Alain de Greef est nommé par Lescure à la direction des programmes. En toute liberté, il peut enfin donner libre cours à sa conception de la télévision, où les émissions ne sont pas formatées et soumises à la sanction de l’audience. Il est ainsi à l’origine des programmes qui ont fait la notoriété de la chaîne : « Nulle Part ailleurs », « Les Guignols de l’info », « Groland », « Les Deschiens », et c’est lui qui, en lorgnant de près dans le laboratoire de Radio Nova, repère Jamel Debbouze et lance, entre autres, Jules-Edouard Moustic, Benoît Delépine ou Benoît Poelvoorde.« Il vomissait les tièdes »Car, par-dessous tout, Alain de Greef aimait déranger. « Il vomissait les tièdes », rappelle le journaliste Paul Moreira, qui, avec l’appui de de Greef, lança le magazine « Spécial Investigation ». Adepte de l’écrivain Guy Debord, dont il diffusa un documentaire sur Canal en première partie de soirée (!), Alain de Greef avait compris depuis longtemps que la société avait besoin de sa part de chaos et qu’il était nécessaire de bousculer ses règles à travers la télévision. Une posture qui lui valut plusieurs rappels à l’ordre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), que « Les Guignols de l’Info » ont immortalisé dans un sketch devenu célèbre où la marionnette d’Alain de Greef tente d’expliquer aux « sages »  sa démarche éditoriale, avec son phrasé tout personnel, composé de « Çaaa vaaa ! », « Çaaa vaaa paas ! ».Viré en 2001 de Canal+ après les changements d’actionnaires, Alain de Greef n’avait pas abandonné son envie de télévision. Il étudiait toujours de près des projets de chaîne sur le Net, notamment avec Jamel Debbouze et Alain Chabat, l’un des Nuls qui contribua fortement au succès de Canal. Il consacrait également beaucoup de son temps à écouter du jazz et, en fin connaisseur d’art, il fréquentait beaucoup les musées. « Je suis un paisible retraité provincial », avait-il expliqué au Monde, l’œil vif et toujours rieur.Lire l'interview datant de 2014 :Alain De Greef : « Il reste beaucoup d’espace à la télévision pour des projets culturels originaux. Encore faut-il le vouloir »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.06.2015 à 11h39 • Mis à jour le27.06.2015 à 14h03 | Elise Vincent et Alexandre Piquard Deux affaires très médiatiques concernant des enquêtes pour favoritisme dans le secteur audiovisuel pourraient-elles être annulées ? C’est ce qu’espèrent les défenseurs des personnalités visées : Patrick de Carolis, l’ancien président de France Télévisions, et Mathieu Gallet, actuel président de Radio France, visé pour son mandat à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Les deux ne sont pas du tout dans la même situation – le premier est mis en examen, l’autre ne se voit pour l’instant concerné qu’à travers une enquête préliminaire.Mais les deux ont repéré un argument juridique qui, selon leurs avocats, rendrait impossible de les inquiéter pour favoritisme. En cause : les règles particulières auxquelles sont soumis l’INA et France Télévisions en matière de marchés publics.M. de Carolis a été mis en examen, en avril 2014, dans le volet « France Télévisions » du dossier Bygmalion, qui concerne par ailleurs le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. L’enquête porte sur différents contrats signés par le groupe public d’audiovisuel, en particulier ceux conclus à partir de fin 2008 avec Bygmalion.Ces contrats avaient notamment pour but de veiller à la réputation du groupe sur Internet, gérer le courrier des téléspectateurs, etc. Or Bastien Millot, le fondateur de Bygmalion, avait été jusqu’en 2008 directeur délégué de la stratégie à France Télévisions auprès de M. de Carolis, avant de quitter l’entreprise. Il a été mis en examen pour recel de favoritisme. Camille Pascal, ancien secrétaire général de France Télévisions, est également mis en examen dans ce dossier pour favoritisme.Les révélations du « Canard enchaîné »M. Gallet est lui concerné par une enquête préliminaire conduite depuis le 8 juin sous l’autorité du parquet de Créteil (Val-de-Marne). Il n’est pas visé en tant que tel, mais les soupçons de « favoritisme » portent sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » à l’INA, alors qu’il était président. L’enquête fait suite à un signalement de la ministre de la culture, Fleur Pellerin. Au mois de mai, Le Canard enchaîné avait évoqué les prestations demandées à six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, ce que M. Gallet avait contesté dans un communiqué.Outre le débat sur les faits, le raisonnement juridique de défense est le suivant : France Télévisions est une société de droit privé et l’INA, un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Ces deux structures ne dépendent donc pas, statutairement, du code des marchés publics (CMP) mais d’un autre texte : une ordonnance du 6 juin 2005. Celle-ci fixe, comme le CMP, les consignes de mise en concurrence en fonction des montants des contrats. Mais elle est d’une nature juridique différente du CMP : ne pas respecter l’ordonnance ne pourrait être puni pénalement, selon les avocats concernés.Lire aussi :France Télévisions : l’enquête Bygmalion s’élargitDemande d’annulationLes conseillers de MM. Gallet et de Carolis ciblent en particulier le délit de favoritisme. Celui-ci ne pourrait s’appliquer car, selon une lecture littérale du code pénal, il ne permet de condamner à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende que les atteintes aux règles des « marchés publics et délégations de service public ». Un argument qui s’appuie sur un arrêt de la cour d’appel de Paris du 26 novembre 2012 : « La violation des règles applicables aux marchés soumis à cette ordonnance n’est pas pénalement sanctionnée et ne peut notamment pas être poursuivie sur le fondement d’une quelconque autre infraction de favoritisme », avait écrit la cour.Sur cette base, Patrick de Carolis, représenté par les avocats Michel Beaussier et Anastasia Pitchouguina, a contesté, avec MM. Pascal et Millot, sa mise en examen, demandant son annulation. Une audience a eu lieu devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. La décision est attendue jeudi 2 juillet.Du côté de Mathieu Gallet et de son entourage, personne ne s’exprime, faisant valoir que l’enquête préliminaire est en cours et qu’il n’est pas dit qu’elle débouche sur l’ouverture d’une information judiciaire. Mais les conseils de l’ancien président de l’INA ont bien en tête, eux aussi, l’arrêt du 26 novembre 2012.Les trois principes fondamentauxToutefois, tous les experts ne sont pas de l’avis des défenseurs de MM. Gallet et de Carolis. Pour Sébastien Palmier, avocat spécialiste du droit public et des marchés publics, les entreprises qui dépendent de l’ordonnance de 2005 ne peuvent s’exonérer des trois principes fondamentaux de la commande publique qui ont valeur « constitutionnelle » : « La liberté d’accès au marché, l’égalité des candidats et la preuve de la mise en concurrence. »L’avocat rappelle par ailleurs que deux arrêts de la cour d’appel de Saint-Denis de La Réunion de février et juin 2012 ont abouti à des conclusions inverses à celle avancée par les conseils de MM. Gallet et de Carolis. « Il existe certes un débat sur ce qu’il faut entendre par “marché public” mais la question n’est pas aussi tranchée qu’on souhaiterait le faire croire. La plus grande prudence est de mise en l’absence de décision de la Cour de cassation », souligne-t-il.Enfin, d’ici avril 2016, le ministère de l’économie doit transposer plusieurs directives européennes sur la question des marchés publics. Dans ce cadre, Bercy a pour projet de réunir dans un seul et même texte les règles relatives aux marchés publics et aux partenariats public-privé. Ce qui reviendrait à supprimer la distinction sur laquelle s’appuient aujourd’hui les avocats de MM. Gallet et de Carolis. Un texte « très attendu » par l’ensemble des acteurs du secteur, souligne Me Palmier, mais qui n’aurait pas de portée rétroactive, estime un avocat de la défense.Le débat pourrait être tranché bientôt en droit, mais ces dossiers sont aussi très politiques : Patrick de Carolis, nommé sous Jacques Chirac, travaillait avec M. Millot, proche de M. Copé, et M. Pascal, proche de Nicolas Sarkozy. Mathieu Gallet a lui travaillé dans des gouvernements de droite mais a été le premier président nommé par le CSA d’Olivier Schrameck, aux pouvoirs renforcés par M. Hollande. Tous vont scruter la décision qui va être rendue dans le dossier Bygmalion-France Télévisions, le 2 juillet.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Anne Devailly (Montpellier, correspondante) Le groupe La Dépêche du Midi, basé à Toulouse et présidé par Jean-Michel Baylet, a finalisé, jeudi 25 juin, l’acquisition des Journaux du Midi composé de Midi Libre, L’Indépendant et Centre Presse. Les Journaux du Midi appartenaient jusqu’ici au groupe Sud-Ouest basé à Bordeaux.Jean-Michel Baylet est venu à Montpellier pour entériner la vente. Il a annoncé qu’il fallait sans doute s’attendre à des suppressions d’emploi, qui seront précisées par la suite, mais qui pourraient atteindre 150 postes dans chacun des deux groupes. Ces suppressions concerneront tous les services, des rotatives à la rédaction en passant par la régie publicitaire.Les chiffres montrent que le groupe des Journaux du Midi, malgré des plans sociaux qui se suivent depuis des années, n’a pas la même rentabilité que le groupe La Dépêche : le journal de La Dépêche du Midi emploie 800 salariés, couvre 10 départements et réalise un chiffre d’affaires de 145 millions d’euros. Le groupe Les Journaux du Midi emploie 930 salariés, couvre 5 départements et réalise un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros.Quatrième groupe de presse quotidienne régionaleL’ensemble va maintenant couvrir un territoire de six millions d’habitants avec deux métropoles (Toulouse et Montpellier). Le nouvel ensemble se positionne comme le quatrième groupe de presse quotidienne régionale.L’audience cumulée de leurs deux sites (vingt millions de visites par mois) les place, selon Jean-Michel Baylet, en première position, devant le site de Ouest-France. Jean-Michel Baylet rachète Midi Libre pour 15 millions euros, alors que Sud-Ouest l’avait racheté au groupe Le Monde pour 90 millions d’euros en 2007.Jean-Michel Baylet, également président du PRG, a affirmé que ce rachat n’avait aucun rapport avec la fusion administrative qui se prépare entre le Languedoc-Roussillon et Midi- Pyrénées et ne cache pas d’arrière-pensées politiques : « Je suis contre cette fusion, personne dans ces deux régions n’avait rien demandé. On m’a prêté des intentions machiavéliques, alors que j’ai toujours été hostile à ce regroupement ».Investissements attendus sur le numériqueBernard Maffre, vice-président directeur général du groupe La Dépêche a été nommé président-directeur général de Midi Libre, en remplacement d’Olivier Gerolami (groupe Sud- Ouest). Jean-Nicolas Baylet, l’un des fils de Jean-Michel, est nommé vice-président du groupe, plus spécifiquement en charge du numérique. Xavier Clément devient directeur général des Journaux du Midi.Parmi les pistes envisagées, un développement des activités dans l’événementiel et des investissements attendus sur le numérique. La Dépêche estime notamment que ses propres outils numériques pourraient être étendus à Midi Libre.C’est notamment le cas du « Paywall » (le système qui fait que les internautes consultant beaucoup le site passent en mode payant) et d’un service Premium avec diffusion d’un journal vidéo tous les jours à 18 heures. « Il nous faut modifier l’équilibre des recettes entre la presse écrite et la diversification numérique, a estimé Jean-Nicolas Baylet. Depuis deux ans, on voit enfin que le payant peut être envisageable sur le web, c’est une bonne nouvelle. »Anne Devailly (Montpellier, correspondante)Journaliste au Monde Alexis Delcambre L’Etat va mettre la main à la poche pour aider Radio France à sortir de l’ornière. Selon nos informations, l’entreprise publique va recevoir 80 millions d’euros de financement exceptionnel, afin de faire face aux besoins de trésorerie engendrés par l’interminable chantier de réhabilitation de la Maison de la radio.Lire aussi :L’interminable chantier de la Maison de la radioCette somme, dont le montant a été annoncé, mardi 23 juin, en conseil d’administration, sera versée sous deux formes différentes. Cinquante-cinq millions d’euros seront apportés aux fonds propres de l’entreprise sous forme d’une dotation en capital, sous l’égide de l’Agence des participations de l’Etat (APE). Répartis sur trois exercices budgétaires (de 2016 à 2018), 25 autres millions d’euros seront issus de la contribution à l’audiovisuel public (la « redevance »), au titre de l’investissement.Un geste de l’Etat était attendu et avait été promis par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors de la longue grève qui a paralysé Radio France, en avril. « J’ai proposé une intervention au capital de l’entreprise, pour l’accompagner dans cette période difficile », avait-elle déclaré dans un entretien au Monde. Son montant et ses modalités restaient à définir, dans un contexte où chaque euro d’argent public compte et où il est par ailleurs demandé à l’entreprise de se réformer.Lire aussi :Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio FranceUn chantier à plus de 100 millions d’eurosAu ministère, on explique que les formes d’intervention retenues – une dotation en capital et un budget d’investissement – permettent de bien distinguer cet apport exceptionnel de ce qui relève du fonctionnement courant de l’entreprise. Cet apport ne sera par ailleurs pas le seul : Radio France a soumis une demande de prêt à trois banques et recherche 90 millions d’euros pour subvenir à ses besoins de trésorerie. Mais pour obtenir l’accord des banques, elle doit d’abord finaliser son contrat d’objectif et de moyens (COM), dont la conclusion n’est pas attendue avant septembre.L’apport de l’Etat, ainsi que cet emprunt, sont censés permettre à l’entreprise de répondre aux besoins de financement supplémentaires liés au chantier, évalués à ce stade entre 100 et 110 millions d’euros. Mais cette estimation laisse un angle mort : le sort d’une partie des studios, dits « studios moyens ». Des études doivent être menées pour déterminer comment mener leur réhabilitation.L’aide apportée par l’Etat lève une partie des incertitudes financières pesant sur Radio France. Mais elle ne résout pas la « question stratégique » qui doit être au cœur du COM, pointe-t-on au ministère. Ni la question des 44 millions d’euros d’économies, dont 24 sur la masse salariale, que l’entreprise doit dégager dans le cadre du COM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Circa News has been put on indefinite hiatus [Circa News a été suspendue pour une durée indéterminée] », écrit le co-fondateur de l’application mobile d’information, Matt Galligan, dans un post publié, jeudi 25 juin, sur la plate-forme Medium. Celui qui est aussi PDG de la start-up créée en 2011 explique que sa compagnie n’a plus les moyens de financer sa production de contenus.M. Galligan raconte qu’une nouvelle levée de fonds – après la première, de 5,7 millions d’euros –, a échoué car l’équipe de Circa n’a pas voulu affecter l’expérience des utilisateurs en optant soit pour l’insertion de formats publicitaires, soit pour la mise en place d’un système d’abonnement.Le paradoxe pour Circa est qu’il a été le premier à proposer, en 2013, une expérience d’information conçue pour le mobile, en se positionnant sur de l’agrégation de haute qualité, à base de contenus externes soigneusement choisis par une rédaction de 20 personnes, présentés de façon très découpée, agrémentés de nombreux enrichissements (citations, liens…), avec une fonctionnalité permettant de suivre un sujet. À son lancement l’application avait suscité de nombreux commentaires élogieux. Mais Circa a « échoué à construire un business à partir de son produit », admet le co-fondateur.Plusieurs obstacles au succèsL’application n’a jamais communiqué ses chiffres d’audience, que son M. Gilligan qualifie de « modeste ». Pour certains critiques, tel Joshua Benton, responsable du Nieman Lab, l’inventivité narrative de Circa ne compense pas son manque de personnalité éditoriale. « Découper un article en bouts, c’est prendre le risque d’en retirer tout le ton, tout l’aspect humain, estime M. Benton, rappelant la différence entre le style d’un site de divertissement comme Buzzfeed et l’hebdomadaire britannique de référence The Economist. Les articles sur Circa sont fades et dénués de personnalité. C’est la confusion entre une stratégie de logiciel d’édition de contenu et une stratégie éditoriale. »Mais l’échec de Circa est aussi un symptôme du développement insuffisant de l’économie du mobile, comme l’a décrypté Frédéric Filloux dans sa Monday Note. Alors que la part mobile du trafic web dépasse fréquemment les 50 %, les revenus tirés du mobile plafonnent à 30 % et sont concentrés entre les mains de quelques entreprises, notamment Facebook. Elle illustre aussi la rapidité des changements de modèles : en deux ans, Circa a vieilli, notamment dans son absence de perméabilité avec les réseaux sociaux.Si Circa ne donne pas de détails sur ce qui va désormais advenir, c’est qu’il espère vendre une partie de ses actifs, par exemple sa plateforme de publication. Il y a quelques semaines, le site américain consacré à la vie du web et des jeux vidéo Daily Dot a confirmé discuter avec les fondateurs de Circa, rapporte le blog The Desk.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.06.2015 à 01h30 • Mis à jour le25.06.2015 à 09h01 Une amende de 5 000 euros a été requise, mercredi 24 juin, à l’encontre d’Eric Zemmour, poursuivi notamment pour incitation à la haine raciale et diffamation raciale, pour avoir évoqué, lors d’une chronique à la radio, « les bandes » d’étrangers « qui dévalisent, violentent ou dépouillent ». Le parquet a en outre requis 3 000 euros d’amende avec sursis à l’encontre de RTL, poursuivie pour avoir diffusé la chronique de M. Zemmour sur son site Internet.« Dans l’urgence »Eric Zemmour a expliqué avoir appuyé ses propos sur des témoignages, comme ceux « d’agriculteurs dépouillés par des bandes de Roms » et « des touristes chinois dévalisés à Paris » par ces mêmes « bandes ». Il a aussi souligné qu’il travaillait « dans l’urgence » et qu’il ne pouvait pas analyser toutes les statistiques sur la délinquance et se devait donc de « synthétiser ».« C’est ma liberté d’expression ; si on ne fait pas ça, on ne peut plus travailler », s’est défendu M. Zemmour, qui se dit « victime d’un procès profondément politique ». « Je ne suis pas assistante sociale, mon métier n’est pas de savoir si je vais faire de la peine à Untel ou Untel. Mon métier, c’est dire la vérité », a-t-il poursuivi.Mais pour le procureur de la République M. Zemmour tient « des propos sans nuance » qui « rejaillissent sur des groupes visés dans leur ensemble » et « stigmatisent » les populations immigrées. « Vous parlez d’acharnement, mais je ne sais pas de qui l’on parle », a ajouté la magistrate après avoir souligné que le prévenu avait déjà été condamné en 2011 pour les mêmes chefs, pour avoir déclaré à la télévision que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Le jugement a été mis en délibéré au 22 septembre. Laure Belot //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/360741', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Edwy Plenel raconte l’affaire GreenpeaceCoquelicots d’Irak, épisode 8 Antoine Gallimard, seul maître à bord du troisième groupe d’édition françaistous les articles de la thématique Votre roman d’anticipation « Silo », auto publié en ligne en 2011, a connu un succès mondial. Vous percevez-vous comme un pionnier ?Je me considère plutôt comme quelqu’un de chanceux d’écrire à l’époque actuelle. Je fais partie de cette douzaine d’initiative d’auto-édition en ligne qui sont devenues des « succès ». C’est une sacrée chance. Ces changements étaient annoncés et auraient eu lieu, quels que soient les acteurs y participant. Cinq ans auparavant, j’aurais vendu mes droits à un éditeur pour des broutilles et n’aurai pas eu le même succès. Puis cinq années plus tard, j’aurai regardé quelqu’un d’autre être un « pionnier ». La vérité est que nous étions tout simplement en train de marcher lorsque cette voie s’est ouverte. Personne n’a eu à se frayer de passage avec une machette.Comment percevez-vous l’évolution de la lecture ?Mon premier roman est sorti en 2009, à la fois sur papier et en ligne. Je me suis toujours occupé moi-même des versions imprimées. Au fil du temps, de plus en plus de mes lecteurs ont lu en ligne, une tendance qui s’accroît encore actuellement. Cela est directement lié à la façon dont nous consommons l’information, sur plus de sites et moins de magazines, à la façon dont nous écrivons des mails plutôt que des lettres. A la façon dont nous écoutons de la musique par des canaux numériques, sans acheter d’album ou de CD.La lecture se déplace en ligne. Certaines personnes ne sont pas satisfaites de cette évolution, mais il me semble stupide de s’en irriter. Nous devons juste espérer que les personnes continuent à lire, quel que soit le support utilisé pour le faire. Pour des lecteurs qui habitent dans des zones rurales, sans librairie près de chez eux, les livres numériques sont une bénédiction. Je trouve fascinant que certaines personnes restent accrochées sur la forme sous laquelle une histoire est livrée plutôt que sur la beauté des mots eux-mêmes.Vous interagissez beaucoup avec vos lecteurs, par votre site et sur les réseaux sociaux. Que vous apporte cette activité ?Un bonheur personnel. Je suis très proche de mes lecteurs. J’ai récemment nettoyé une unité de stockage (informatique) pleine de livres et des souvenirs, certains étaient vraiment de valeur. J’ai expédié tout cela en ligne à des lecteurs qui l’ont eux-mêmes partagé avec ce qu’ils avaient sur leur propre page Facebook. Nous nous sommes tous bien amusés. Certains courriers électroniques de remerciement m’ont ému aux larmes. Cela me motive pour écrire plus, et mieux.Cela vous inspire-t-il dans votre travail ?Absolument. La « muse » de l’écriture n’est pas, selon moi, quelqu’un qui inspire une œuvre avant qu’elle ne soit écrite. la muse est quelqu’un qui apprécie l’art après sa création. J’ai écrit mon premier roman pour mon dernier ami, qui a lu chaque chapitre à sa sortie de l’imprimante et cela a alimenté ma passion pour ce métier. Entendre le retour d’un auditoire me donne envie de me replonger dans une histoire.Pendant des dizaines de milliers d’années, la tradition du conte a été orale et non écrite. Les conteurs, tels des bardes, racontaient des histoires face à un public. Cette interaction était clé. Pour de nombreux romanciers, elle a disparu, et je vois cela comme une immense perte. Nous avons bien sûr besoin de nous retirer et d’être seul pour penser et améliorer nos œuvres, mais nous devons également célébrer des aspects plus vivants, tels le partage de ces travaux, et l’écoute de ce qui vient en retour, comment ces travaux touchent les lecteurs.Breat Easton Ellis a suggéré à certains fans d’écrire la suite d’« American Psycho ». Vous avez également tenté une sorte de co-création avec votre communauté. Qu’en avez-vous tiré ?J’ai aimé ouvrir mon monde à mes fans pour qu’il puisse l’explorer. Ce n’est pas vraiment de la co-création dans le sens où nous ne travaillons pas sur la même partie, mais c’est de la co-création tout de même car il s’agit de peindre sur la même toile, avec de mêmes pinceaux. Les fans créent leur propre version de mon univers, faisant vivre de nouvelles aventures à mes personnages, et amenant l’histoire dans des directions liées à leur propre imagination. Cela a été une expérience très agréable d’observer tant d’enthousiasme et d’implication. Une fois qu’une œuvre est publiée, elle ne nous appartient plus vraiment.Lire aussi :Les communautés de lecteurs sur Internet, nouveau salut des écrivainsVous avez testé la publication par épisodes. Est-ce devenue une nécessité pour une nouvelle génération de lecteurs ?Je le pense, en effet. Regardez comment les séries télé ont jailli et sont devenues des vecteurs bien supérieurs aux films pour raconter des histoires. Cette temporalité donne plus d’espace à l’histoire pour respirer : les lecteurs ont le temps de l’examiner avant que le prochain épisode ne soit publié. Une conversation peut grandir. Cela est une excellente façon d’écrire un récit, comme Charles Dickens nous l’a montré d’ailleurs.Vous avez conclu en 2012, un accord avec une maison d’édition. Est-il vrai que vous avez gardé vos droits d’auteur pour les versions numériques ?Oui. Mon contrat aux Etats-Unis avec Simon & Schuster ne concerne que les éditions dites cartonnées [« hardcover »] et brochées [« paperback »]. J’ai gardé les autres droits. Cela me donne un contrôle créatif et me permet également d’avoir des revenus bien plus importants.Pour vous adapter au téléchargement-piratage de fichiers, vous avez créé sur votre site un bouton explicite : « Vous avez téléchargé le livre et voulez payer, c’est ici ». Cela fonctionne-t-il ?Oui. Il n’y a pas un jour où quelqu’un ne me paye pas en ligne après-coup. Juste cette semaine, deux lecteurs m’ont très largement surpayé pour l’entière série « Silo ». Un autre s’est platement excusé en me disant m’avoir volé. Je lui ai dit qu’il n’en était rien. Je vois dans cette activité en ligne et ces partages quelque chose de similaire à l’emprunt à un ami, ou lorsque l’on récupère un livre d’occasion chez un bouquiniste. Tout cela nous revient d’une manière ou d’une autre. Nous devrions, me semble-t-il aborder la lecture, ces changements et ces nouvelles questions avec plus de confiance et moins de peur.Lire aussi :Roxane Gay : « Sur Internet, j’ai gagné une communauté »Lire aussi :Margaret Atwood : « Etre sur Twitter, c’est comme posséder sa petite station de radio »Silo est publié en France par Actes Sud (trois volumes parus). Un film tiré de ce roman, produit par Ridley Scott et Steve Zaillian, est en préparation.Laure Belot Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Nous avons la volonté de réaffirmer l’exigence d’exemplarité dans les établissements publics. » Telle est l’ambition du ministère de la culture alors que Fleur Pellerin a adressé aux dirigeants des 75 établissements culturels et audiovisuels, mercredi 24 juin, une « instruction pour la maîtrise et la transparence » des dépenses. Un travail de fond pour harmoniser et renforcer les règles en vigueur. Mais aussi un affichage politique volontariste sur un thème très sensible dans l’opinion, comme l’ont démontré plusieurs affaires, touchant jusqu’au premier ministre Manuel Valls, qui avait emmené ses enfants en avion voir la finale de la Ligue des Champions.Une réaction à « l’affaire » du bureau de Mathieu GalletL’initiative de Mme Pellerin a été lancée en mars, en réaction à l’affaire Mathieu Gallet : à l’époque, le nouveau PDG de Radio France se voit reprocher les frais de rénovation de son bureau. Il sera blanchi par l’inspection générale des finances sur ses dépenses dans le groupe audiovisuel. Mais une enquête préliminaire a, depuis, été ouverte pour favoritisme sur les prestations de conseils extérieurs à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sous sa présidence (2010-2014).Lire : Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme »  Dans le sillage de ce feuilleton est née l’affaire des taxis d’Agnès Saal, poussée à la démission de la présidence de l’INA. La circulaire envoyée mercredi par le... 23.06.2015 à 19h34 • Mis à jour le23.06.2015 à 21h01 | Alexandre Piquard Les sanctions infligées aux médias par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour le traitement des attentats de janvier ne passent toujours pas. Selon nos informations, la plupart des chaînes et radios qui avaient contesté leurs mises en demeure et mises en garde ne désarment pas, malgré le rejet de leur recours gracieux par l’autorité, le 1er juin. La semaine dernière, France Télévisions, BFM-TV et RMC, France 24 et RFI, RTL et Europe 1 ont déposé chacun un recours au Conseil d’Etat contre les décisions du CSA. Selon ce dernier, des personnes avaient été mises en danger et le travail des forces de l’ordre gêné.« C’est un enjeu majeur pour la liberté de travail des journalistes de service public, dont l’information est une des missions centrales », explique-t-on à France Télévisions, résumant le sentiment d’autres médias concernés. « La volonté est d’avoir un éclairage juridique sur le fond, pour l’avenir, et d’avoir un cadre légal précisé au regard de l’évolution des médias et de l’information en continu », ajoute-t-on à France Médias Monde (France 24, RFI…). Les chaînes et radios se défendent de toute action procédurière ou corporatiste.Le cas particulier de l’assaut à Dammartin-en-GoëleLe 11 février, l’institution dirigée par Olivier Schrameck avait sanctionné pas moins de 36 « manquements » divers. Certains étaient des défauts de « respect de la dignité humaine », comme dans le cas de la diffusion d’extraits de la vidéo amateur d’un policier abattu par les frères Kouachi.D’autres ont été considérés comme des atteintes à « l’ordre public » : par exemple « la diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes », ou « la diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ».Dans leurs recours auprès du Conseil d’Etat, les médias concentrent leur argumentation sur une sanction particulière : celle visant « l’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la porte de Vincennes ». « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », avait écrit le CSA.L’ordre public, une notion trop vague ?Il ne s’agit pas de faits avérés mais d’un risque potentiel. Le CSA considère a priori qu’il aurait pu y avoir un trouble à l’ordre public, arguent les médias concernés. A BFM-TV et RMC, ainsi qu’à France Télévisions, notamment, le recours repose sur le raisonnement suivant : la liberté d’expression définie par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme ne peut être restreinte que par des références à des infractions pénales précises (par exemple la provocation à la haine raciale, le négationnisme…). Et donc pas par une interprétation par le CSA du concept, vague, d’ordre public, cité à l’article 1er de la loi sur l’audiovisuel de 1986.« Le risque est de nous contraindre à demander au ministère de l’intérieur si une information peut porter atteinte à l’ordre public. Est-ce légitime ? C’est un problème de fond », estime-t-on à RTL. Lors du début de l’assaut à Dammartin-en-Goële, les journalistes étaient témoins directs, comme d’autres riverains, ajoute-t-on. Aucune consigne n’avait été donnée sur cette information aux médias par les forces de police, ajoute-t-on à France Télévisions.« On ne veut pas que la liberté de la presse soit réduite a priori. Il y a en France des lois pour que le juge tranche a posteriori », renchérit RTL. Plusieurs médias s’inquiètent d’une « insécurité juridique » qui pourrait mener à de « l’autocensure » et réclament un cadre au Conseil d’Etat.« Distorsion de concurrence » avec les réseaux sociaux et les sites de médiasContacté, le CSA ne souhaite pour l’instant pas réagir, ne disposant pas du contenu des recours déposés. « Nous ne sommes pas donneurs de leçons », s’était défendu Olivier Schrameck dans Le Figaro. « Il ne s’agit pas de distribuer des sanctions pour l’exemple. L’hommage que j’ai rendu aux médias pour leur rôle dans la prise de conscience collective, je le réitère », avait-il ajouté, tout en reconnaissant la « portée préventive » des sanctions.Enfin est pointée une « distorsion de concurrence » défavorable aux chaînes de télévisions et aux radios, soumises au CSA. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, mais aussi les sites internet de médias, qui ont pour la plupart couvert les événements en direct, ne dépendent eux pas de cette autorité. « Si une information est diffusée ailleurs mais que nous devons la taire, il risque de s’installer une défiance de nos spectateurs, qui seront tentés de s’informer à d’autres sources. Alors que nous sommes justement garants d’un professionnalisme de l’information », estime-t-on à France Télévisions, rappelant que l’entreprise a un code de déontologie.M. Schrameck avait reconnu le « problème » : « Nous avons d’un côté un champ médiatique qui est très précisément régulé et de l’autre un champ numérique qui ne l’est pas ou très peu », avait-il dit au Figaro, renvoyant la question au législateur.« Prise de conscience commune » et prudenceCes débats et ces recours interviennent dans un contexte particulier : le CSA voit son action contestée sur plusieurs points et le Conseil d’Etat a notamment cassé sa décision contre le passage en gratuit de LCI et Paris Première. Les médias concernés, eux, restent prudents dans leur expression, car ils dépendent tous de l’autorité pour diverses décisions, à l’image d’une BFM-TV qui espère ne pas voir arriver une troisième chaîne d’information en continu sur la TNT.« Il y a eu une prise de conscience commune aux médias d’information qui ont été sanctionnés, explique pourtant l’un d’eux. Ce CSA-là a pris une tournure inattendue, alors qu’Olivier Schrameck avait dit à son arrivée qu’il voulait être davantage régulateur que censeur. »Mais les médias en continu savent aussi que la bataille de l’opinion n’est pas forcément gagnée et que la couverture des attentats, dont la plupart sont fiers, a suscité des critiques. « Le climat d’insécurité et d’attaques terroristes nous fait accepter des choses qu’on aurait refusées autrement », regrette un dirigeant. Après avoir invité les médias à un débriefing ouvert, le CSA a pris en compte dans ses sanctions l’émotion du « public » : « Dans un premier temps, il veut tout savoir, mais très curieusement, très vite, il a lui-même réagi, ayant le sentiment que tout ne peut pas être dit ou montré », avait dit Nicolas About, membre du CSA, sur Europe 1.Fleur Pellerin avait, elle, apporté son soutien aux décisions : « Le CSA est dans son rôle, il doit réguler l’audiovisuel », avait déclaré la ministre de la communication. Tout en promettant un cadre « plus clair » à l’avenir.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La rationalisation des directions est en marche au sein des titres de presse récemment acquis par Altice Media Group, contrôlé par le magnat du câble Patrick Drahi. Samedi 20 juin, Presse News a annoncé le départ de Corinne Pitavy, directrice générale de L’Express Roularta. Lundi 22 juin, c’est François Moulias, co-gérant de Libération, qui a annoncé qu’il partirait, fin juillet.Ces deux managers seront remplacés par un seul et même homme : Marc Laufer, qui va cumuler la présidence du groupe L’Express, la co-gérance de Libération et la direction générale d’Altice Media Group France. Le modèle est celui d’une direction financière centralisée, chapeautant des directions éditoriales par titre (Christophe Barbier à L’Express, Laurent Joffrin et Johan Hufnagel à Libération).Les choses ne seront toutefois pas parfaitement symétriques. A L’Express, M. Laufer assurera la direction opérationnelle de l’entreprise. Par contre, à Libération, il s’appuiera sur Pierre Fraidenraich, qui voit donc ses responsabilités s’élargir, même si la direction juridique restera incarnée par M. Laufer et Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction.Parfaitement inconnu lors de son arrivée à Libération, en janvier 2014, François Moulias quitte donc le quotidien. On comprend qu’il n’a pas choisi cette issue. Mais elle semblait inéluctable dès lors que son allié Bruno Ledoux ne détient plus que 9 % du capital, après avoir été un des actionnaires principaux.Syndrome de StockholmInvesti par Bruno Ledoux de la mission de sauver l’entreprise, arrivé peu de temps avant la mobilisation « Nous sommes un journal » de février 2014, François Moulias aura finalement mené à bien sa mission, en permettant à l’entreprise d’être recapitalisée, tout en conduisant un plan social très sévère et en négociant avec l’imprimeur, les syndicats, l’Urssaf…« Le tour de table a été restructuré, le plan social est terminé, la rédaction est réorganisée, une nouvelle formule vient de paraître, un nouveau site est en préparation et les ventes sont supérieures au budget depuis le début de l’année, a-t-il énuméré dans un message interne annonçant son départ. Cela a été extrêmement compliqué mais nous y sommes arrivés, ensemble. Même les ascenseurs fonctionnent mieux ! Enfin, Libération sera bénéficiaire cette année, après une perte abyssale en 2014. »Cet ancien publicitaire, également passé par l’immobilier et le négoce de vin, en a tiré quelques convictions sur le secteur de la presse. « Quand on arrive dans le secteur, on se dit qu’on est chez les fous, sourit-il. Tout est très contraint : la convention collective des journalistes qui est un frein à l’embauche, les prix d’abonnements contrôlés par l’OJD, la dépendance aux aides publiques… Tout le monde répète qu’il faut changer de modèle, mais rien n’est fait pour ! »Il répète qu’il ne garde aucun ressentiment envers l’équipe et l’« agressivité » qui a pu lui être témoignée et conclut son mail de départ d’un « très amicalement ». Dans la rédaction, on admet « un léger syndrome de Stockholm ». « C’était un interlocuteur fiable », pointe un journaliste. Dans un communiqué, mardi soir, les élus de Libé ont souhaité « la présence d’un directeur général et d’une gouvernance stable et distincte des autres titres d'Altice Media Group afin d'éviter une confusion éditoriale et managériale préjudiciable pour Libération. » Lire son portrait : François Moulias, l’inconnu de « Libération » Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.06.2015 à 16h28 • Mis à jour le22.06.2015 à 16h43 La chaîne de télévision Al-Jazira a annoncé, lundi 22 juin, la libération de l’un de ses présentateurs vedettes, Ahmed Mansour. L’homme, qui possède la double nationalité égyptienne et britannique, avait été arrêté samedi à l’aéroport de Berlin, à la demande de l’Egypte.Lire aussi :Un journaliste vedette d’Al-Jazira arrêté en AllemagneCe journaliste célèbre pour sa proximité avec les Frères musulmans, serait accusé, selon la police allemande de « plusieurs délits ». La justice égyptienne, qui l’avait jugé par contumace en 2014 pour avoir, selon elle, torturé un avocat sur la place Tahrir à l’hiver 2011, durant la révolution ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak, l’a ­condamné à quinze ans de prison. M. Mansour qualifie pour sa part ces accusations d’« absurdes ».« Nous saluons la décision du procureur allemand » concernant la libération d’Ahmed Mansour et l’abandon de toutes les accusations retenues contre lui, a aussitôt réagi un porte-parole de la chaîne qatarie, Hareth Adlouni.Al Jazeera's Ahmed Mansour has been released without charge - @aljazeera statement to follow shortly.— AlJazeera (@Al Jazeera PR)require(["twitter/widgets"]);Depuis le renversement en juillet 2013, par Abdel Fattah Al-Sissi, alors chef de l’armée, de Mohamed Morsi, le président égyptien issu des Frères musulmans, Al-Jazira est dans le collimateur des autorités cairotes. La chaîne reste perçue par l’Egypte comme un porte-voix du Qatar, favorable au mouvement des Frères musulmans. Trois de ses journalistes, déjà accusés de complicité avec la confrérie, avaient été arrêtés en décembre 2013. L’Australien Peter Greste avait dû attendre le mois de février 2015 pour être relâché et renvoyé dans son pays, sur décret présidentiel. Ses deux compagnons, également libérés, sont en attente d’un nouveau procès. Elise Vincent et Alexandre Piquard Deux affaires très médiatiques concernant des enquêtes pour favoritisme dans le secteur audiovisuel pourraient-elles être annulées ? C’est ce qu’espèrent les défenseurs des personnalités visées : Patrick de Carolis, l’ancien président de France Télévisions, et Mathieu Gallet, actuel président de Radio France, visé pour son mandat à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Les deux ne sont pas du tout dans la même situation – le premier est mis en examen, l’autre ne se voit pour l’instant concerné qu’à travers une enquête préliminaire.Mais les deux ont repéré un argument juridique qui, selon leurs avocats, rendrait impossible de les inquiéter pour favoritisme. En cause : les règles particulières auxquelles sont soumis l’INA et France Télévisions en matière de marchés publics.M. de Carolis a été mis en examen, en avril 2014, dans le volet « France Télévisions » du dossier Bygmalion, qui concerne par ailleurs le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. L’enquête porte sur différents contrats signés par le groupe public d’audiovisuel, en particulier ceux conclus à partir de fin 2008 avec Bygmalion.Ces contrats avaient notamment pour but de veiller à la réputation du groupe sur Internet, gérer le courrier des téléspectateurs, etc. Or Bastien Millot, le fondateur de Bygmalion, avait été jusqu’en 2008 directeur délégué de la stratégie à France Télévisions auprès de M. de Carolis, avant de quitter l’entreprise. Il a été mis en examen pour recel de favoritisme. Camille Pascal, ancien secrétaire général de France Télévisions, est également mis en examen dans ce dossier pour favoritisme.Les révélations du « Canard enchaîné »M. Gallet est lui concerné par une enquête préliminaire conduite depuis le 8 juin sous l’autorité du parquet de Créteil (Val-de-Marne). Il n’est pas visé en tant que tel, mais les soupçons de « favoritisme » portent sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » à l’INA, alors qu’il était président. L’enquête fait suite à un signalement de la ministre de la culture, Fleur Pellerin. Au mois de mai, Le Canard enchaîné avait évoqué les prestations demandées à six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, ce que M. Gallet avait contesté dans un communiqué.Outre le débat sur les faits, le raisonnement juridique de défense est le suivant : France Télévisions est une société de droit privé et l’INA, un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Ces deux structures ne dépendent donc pas, statutairement, du code des marchés publics (CMP) mais d’un autre texte : une ordonnance du 6 juin 2005. Celle-ci fixe, comme le CMP, les consignes de mise en concurrence en fonction des montants des contrats. Mais elle est d’une nature juridique différente du CMP : ne pas respecter l’ordonnance ne pourrait être puni pénalement, selon les avocats concernés.Lire aussi :France Télévisions : l’enquête Bygmalion s’élargitDemande d’annulationLes conseillers de MM. Gallet et de Carolis ciblent en particulier le délit de favoritisme. Celui-ci ne pourrait s’appliquer car, selon une lecture littérale du code pénal, il ne permet de condamner à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende que les atteintes aux règles des « marchés publics et délégations de service public ». Un argument qui s’appuie sur un arrêt de la cour d’appel de Paris du 26 novembre 2012 : « La violation des règles applicables aux marchés soumis à cette ordonnance n’est pas pénalement sanctionnée et ne peut notamment pas être poursuivie sur le fondement d’une quelconque autre infraction de favoritisme », avait écrit la cour.Sur cette base, Patrick de Carolis, représenté par les avocats Michel Beaussier et Anastasia Pitchouguina, a contesté, avec MM. Pascal et Millot, sa mise en examen, demandant son annulation. Une audience a eu lieu devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. La décision est attendue jeudi 2 juillet.Du côté de Mathieu Gallet et de son entourage, personne ne s’exprime, faisant valoir que l’enquête préliminaire est en cours et qu’il n’est pas dit qu’elle débouche sur l’ouverture d’une information judiciaire. Mais les conseils de l’ancien président de l’INA ont bien en tête, eux aussi, l’arrêt du 26 novembre 2012.Les trois principes fondamentauxToutefois, tous les experts ne sont pas de l’avis des défenseurs de MM. Gallet et de Carolis. Pour Sébastien Palmier, avocat spécialiste du droit public et des marchés publics, les entreprises qui dépendent de l’ordonnance de 2005 ne peuvent s’exonérer des trois principes fondamentaux de la commande publique qui ont valeur « constitutionnelle » : « La liberté d’accès au marché, l’égalité des candidats et la preuve de la mise en concurrence. »L’avocat rappelle par ailleurs que deux arrêts de la cour d’appel de Saint-Denis de La Réunion de février et juin 2012 ont abouti à des conclusions inverses à celle avancée par les conseils de MM. Gallet et de Carolis. « Il existe certes un débat sur ce qu’il faut entendre par “marché public” mais la question n’est pas aussi tranchée qu’on souhaiterait le faire croire. La plus grande prudence est de mise en l’absence de décision de la Cour de cassation », souligne-t-il.Enfin, d’ici avril 2016, le ministère de l’économie doit transposer plusieurs directives européennes sur la question des marchés publics. Dans ce cadre, Bercy a pour projet de réunir dans un seul et même texte les règles relatives aux marchés publics et aux partenariats public-privé. Ce qui reviendrait à supprimer la distinction sur laquelle s’appuient aujourd’hui les avocats de MM. Gallet et de Carolis. Un texte « très attendu » par l’ensemble des acteurs du secteur, souligne Me Palmier, mais qui n’aurait pas de portée rétroactive, estime un avocat de la défense.Le débat pourrait être tranché bientôt en droit, mais ces dossiers sont aussi très politiques : Patrick de Carolis, nommé sous Jacques Chirac, travaillait avec M. Millot, proche de M. Copé, et M. Pascal, proche de Nicolas Sarkozy. Mathieu Gallet a lui travaillé dans des gouvernements de droite mais a été le premier président nommé par le CSA d’Olivier Schrameck, aux pouvoirs renforcés par M. Hollande. Tous vont scruter la décision qui va être rendue dans le dossier Bygmalion-France Télévisions, le 2 juillet.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Anne Devailly (Montpellier, correspondante) Le groupe La Dépêche du Midi, basé à Toulouse et présidé par Jean-Michel Baylet, a finalisé, jeudi 25 juin, l’acquisition des Journaux du Midi composé de Midi Libre, L’Indépendant et Centre Presse. Les Journaux du Midi appartenaient jusqu’ici au groupe Sud-Ouest basé à Bordeaux.Jean-Michel Baylet est venu à Montpellier pour entériner la vente. Il a annoncé qu’il fallait sans doute s’attendre à des suppressions d’emploi, qui seront précisées par la suite, mais qui pourraient atteindre 150 postes dans chacun des deux groupes. Ces suppressions concerneront tous les services, des rotatives à la rédaction en passant par la régie publicitaire.Les chiffres montrent que le groupe des Journaux du Midi, malgré des plans sociaux qui se suivent depuis des années, n’a pas la même rentabilité que le groupe La Dépêche : le journal de La Dépêche du Midi emploie 800 salariés, couvre 10 départements et réalise un chiffre d’affaires de 145 millions d’euros. Le groupe Les Journaux du Midi emploie 930 salariés, couvre 5 départements et réalise un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros.Quatrième groupe de presse quotidienne régionaleL’ensemble va maintenant couvrir un territoire de six millions d’habitants avec deux métropoles (Toulouse et Montpellier). Le nouvel ensemble se positionne comme le quatrième groupe de presse quotidienne régionale.L’audience cumulée de leurs deux sites (vingt millions de visites par mois) les place, selon Jean-Michel Baylet, en première position, devant le site de Ouest-France. Jean-Michel Baylet rachète Midi Libre pour 15 millions euros, alors que Sud-Ouest l’avait racheté au groupe Le Monde pour 90 millions d’euros en 2007.Jean-Michel Baylet, également président du PRG, a affirmé que ce rachat n’avait aucun rapport avec la fusion administrative qui se prépare entre le Languedoc-Roussillon et Midi- Pyrénées et ne cache pas d’arrière-pensées politiques : « Je suis contre cette fusion, personne dans ces deux régions n’avait rien demandé. On m’a prêté des intentions machiavéliques, alors que j’ai toujours été hostile à ce regroupement ».Investissements attendus sur le numériqueBernard Maffre, vice-président directeur général du groupe La Dépêche a été nommé président-directeur général de Midi Libre, en remplacement d’Olivier Gerolami (groupe Sud- Ouest). Jean-Nicolas Baylet, l’un des fils de Jean-Michel, est nommé vice-président du groupe, plus spécifiquement en charge du numérique. Xavier Clément devient directeur général des Journaux du Midi.Parmi les pistes envisagées, un développement des activités dans l’événementiel et des investissements attendus sur le numérique. La Dépêche estime notamment que ses propres outils numériques pourraient être étendus à Midi Libre.C’est notamment le cas du « Paywall » (le système qui fait que les internautes consultant beaucoup le site passent en mode payant) et d’un service Premium avec diffusion d’un journal vidéo tous les jours à 18 heures. « Il nous faut modifier l’équilibre des recettes entre la presse écrite et la diversification numérique, a estimé Jean-Nicolas Baylet. Depuis deux ans, on voit enfin que le payant peut être envisageable sur le web, c’est une bonne nouvelle. »Anne Devailly (Montpellier, correspondante)Journaliste au Monde Alexis Delcambre L’Etat va mettre la main à la poche pour aider Radio France à sortir de l’ornière. Selon nos informations, l’entreprise publique va recevoir 80 millions d’euros de financement exceptionnel, afin de faire face aux besoins de trésorerie engendrés par l’interminable chantier de réhabilitation de la Maison de la radio.Lire aussi :L’interminable chantier de la Maison de la radioCette somme, dont le montant a été annoncé, mardi 23 juin, en conseil d’administration, sera versée sous deux formes différentes. Cinquante-cinq millions d’euros seront apportés aux fonds propres de l’entreprise sous forme d’une dotation en capital, sous l’égide de l’Agence des participations de l’Etat (APE). Répartis sur trois exercices budgétaires (de 2016 à 2018), 25 autres millions d’euros seront issus de la contribution à l’audiovisuel public (la « redevance »), au titre de l’investissement.Un geste de l’Etat était attendu et avait été promis par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors de la longue grève qui a paralysé Radio France, en avril. « J’ai proposé une intervention au capital de l’entreprise, pour l’accompagner dans cette période difficile », avait-elle déclaré dans un entretien au Monde. Son montant et ses modalités restaient à définir, dans un contexte où chaque euro d’argent public compte et où il est par ailleurs demandé à l’entreprise de se réformer.Lire aussi :Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio FranceUn chantier à plus de 100 millions d’eurosAu ministère, on explique que les formes d’intervention retenues – une dotation en capital et un budget d’investissement – permettent de bien distinguer cet apport exceptionnel de ce qui relève du fonctionnement courant de l’entreprise. Cet apport ne sera par ailleurs pas le seul : Radio France a soumis une demande de prêt à trois banques et recherche 90 millions d’euros pour subvenir à ses besoins de trésorerie. Mais pour obtenir l’accord des banques, elle doit d’abord finaliser son contrat d’objectif et de moyens (COM), dont la conclusion n’est pas attendue avant septembre.L’apport de l’Etat, ainsi que cet emprunt, sont censés permettre à l’entreprise de répondre aux besoins de financement supplémentaires liés au chantier, évalués à ce stade entre 100 et 110 millions d’euros. Mais cette estimation laisse un angle mort : le sort d’une partie des studios, dits « studios moyens ». Des études doivent être menées pour déterminer comment mener leur réhabilitation.L’aide apportée par l’Etat lève une partie des incertitudes financières pesant sur Radio France. Mais elle ne résout pas la « question stratégique » qui doit être au cœur du COM, pointe-t-on au ministère. Ni la question des 44 millions d’euros d’économies, dont 24 sur la masse salariale, que l’entreprise doit dégager dans le cadre du COM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Circa News has been put on indefinite hiatus [Circa News a été suspendue pour une durée indéterminée] », écrit le co-fondateur de l’application mobile d’information, Matt Galligan, dans un post publié, jeudi 25 juin, sur la plate-forme Medium. Celui qui est aussi PDG de la start-up créée en 2011 explique que sa compagnie n’a plus les moyens de financer sa production de contenus.M. Galligan raconte qu’une nouvelle levée de fonds – après la première, de 5,7 millions d’euros –, a échoué car l’équipe de Circa n’a pas voulu affecter l’expérience des utilisateurs en optant soit pour l’insertion de formats publicitaires, soit pour la mise en place d’un système d’abonnement.Le paradoxe pour Circa est qu’il a été le premier à proposer, en 2013, une expérience d’information conçue pour le mobile, en se positionnant sur de l’agrégation de haute qualité, à base de contenus externes soigneusement choisis par une rédaction de 20 personnes, présentés de façon très découpée, agrémentés de nombreux enrichissements (citations, liens…), avec une fonctionnalité permettant de suivre un sujet. À son lancement l’application avait suscité de nombreux commentaires élogieux. Mais Circa a « échoué à construire un business à partir de son produit », admet le co-fondateur.Plusieurs obstacles au succèsL’application n’a jamais communiqué ses chiffres d’audience, que son M. Gilligan qualifie de « modeste ». Pour certains critiques, tel Joshua Benton, responsable du Nieman Lab, l’inventivité narrative de Circa ne compense pas son manque de personnalité éditoriale. « Découper un article en bouts, c’est prendre le risque d’en retirer tout le ton, tout l’aspect humain, estime M. Benton, rappelant la différence entre le style d’un site de divertissement comme Buzzfeed et l’hebdomadaire britannique de référence The Economist. Les articles sur Circa sont fades et dénués de personnalité. C’est la confusion entre une stratégie de logiciel d’édition de contenu et une stratégie éditoriale. »Mais l’échec de Circa est aussi un symptôme du développement insuffisant de l’économie du mobile, comme l’a décrypté Frédéric Filloux dans sa Monday Note. Alors que la part mobile du trafic web dépasse fréquemment les 50 %, les revenus tirés du mobile plafonnent à 30 % et sont concentrés entre les mains de quelques entreprises, notamment Facebook. Elle illustre aussi la rapidité des changements de modèles : en deux ans, Circa a vieilli, notamment dans son absence de perméabilité avec les réseaux sociaux.Si Circa ne donne pas de détails sur ce qui va désormais advenir, c’est qu’il espère vendre une partie de ses actifs, par exemple sa plateforme de publication. Il y a quelques semaines, le site américain consacré à la vie du web et des jeux vidéo Daily Dot a confirmé discuter avec les fondateurs de Circa, rapporte le blog The Desk.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.06.2015 à 01h30 • Mis à jour le25.06.2015 à 09h01 Une amende de 5 000 euros a été requise, mercredi 24 juin, à l’encontre d’Eric Zemmour, poursuivi notamment pour incitation à la haine raciale et diffamation raciale, pour avoir évoqué, lors d’une chronique à la radio, « les bandes » d’étrangers « qui dévalisent, violentent ou dépouillent ». Le parquet a en outre requis 3 000 euros d’amende avec sursis à l’encontre de RTL, poursuivie pour avoir diffusé la chronique de M. Zemmour sur son site Internet.« Dans l’urgence »Eric Zemmour a expliqué avoir appuyé ses propos sur des témoignages, comme ceux « d’agriculteurs dépouillés par des bandes de Roms » et « des touristes chinois dévalisés à Paris » par ces mêmes « bandes ». Il a aussi souligné qu’il travaillait « dans l’urgence » et qu’il ne pouvait pas analyser toutes les statistiques sur la délinquance et se devait donc de « synthétiser ».« C’est ma liberté d’expression ; si on ne fait pas ça, on ne peut plus travailler », s’est défendu M. Zemmour, qui se dit « victime d’un procès profondément politique ». « Je ne suis pas assistante sociale, mon métier n’est pas de savoir si je vais faire de la peine à Untel ou Untel. Mon métier, c’est dire la vérité », a-t-il poursuivi.Mais pour le procureur de la République M. Zemmour tient « des propos sans nuance » qui « rejaillissent sur des groupes visés dans leur ensemble » et « stigmatisent » les populations immigrées. « Vous parlez d’acharnement, mais je ne sais pas de qui l’on parle », a ajouté la magistrate après avoir souligné que le prévenu avait déjà été condamné en 2011 pour les mêmes chefs, pour avoir déclaré à la télévision que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Le jugement a été mis en délibéré au 22 septembre. Laure Belot //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/360741', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Antoine Gallimard, seul maître à bord du troisième groupe d’édition français La France, l’autre pays du mangaSortie de « kalash »sur le Vieux-Porttous les articles de la thématique Votre roman d’anticipation « Silo », auto publié en ligne en 2011, a connu un succès mondial. Vous percevez-vous comme un pionnier ?Je me considère plutôt comme quelqu’un de chanceux d’écrire à l’époque actuelle. Je fais partie de cette douzaine d’initiative d’auto-édition en ligne qui sont devenues des « succès ». C’est une sacrée chance. Ces changements étaient annoncés et auraient eu lieu, quels que soient les acteurs y participant. Cinq ans auparavant, j’aurais vendu mes droits à un éditeur pour des broutilles et n’aurai pas eu le même succès. Puis cinq années plus tard, j’aurai regardé quelqu’un d’autre être un « pionnier ». La vérité est que nous étions tout simplement en train de marcher lorsque cette voie s’est ouverte. Personne n’a eu à se frayer de passage avec une machette.Comment percevez-vous l’évolution de la lecture ?Mon premier roman est sorti en 2009, à la fois sur papier et en ligne. Je me suis toujours occupé moi-même des versions imprimées. Au fil du temps, de plus en plus de mes lecteurs ont lu en ligne, une tendance qui s’accroît encore actuellement. Cela est directement lié à la façon dont nous consommons l’information, sur plus de sites et moins de magazines, à la façon dont nous écrivons des mails plutôt que des lettres. A la façon dont nous écoutons de la musique par des canaux numériques, sans acheter d’album ou de CD.La lecture se déplace en ligne. Certaines personnes ne sont pas satisfaites de cette évolution, mais il me semble stupide de s’en irriter. Nous devons juste espérer que les personnes continuent à lire, quel que soit le support utilisé pour le faire. Pour des lecteurs qui habitent dans des zones rurales, sans librairie près de chez eux, les livres numériques sont une bénédiction. Je trouve fascinant que certaines personnes restent accrochées sur la forme sous laquelle une histoire est livrée plutôt que sur la beauté des mots eux-mêmes.Vous interagissez beaucoup avec vos lecteurs, par votre site et sur les réseaux sociaux. Que vous apporte cette activité ?Un bonheur personnel. Je suis très proche de mes lecteurs. J’ai récemment nettoyé une unité de stockage (informatique) pleine de livres et des souvenirs, certains étaient vraiment de valeur. J’ai expédié tout cela en ligne à des lecteurs qui l’ont eux-mêmes partagé avec ce qu’ils avaient sur leur propre page Facebook. Nous nous sommes tous bien amusés. Certains courriers électroniques de remerciement m’ont ému aux larmes. Cela me motive pour écrire plus, et mieux.Cela vous inspire-t-il dans votre travail ?Absolument. La « muse » de l’écriture n’est pas, selon moi, quelqu’un qui inspire une œuvre avant qu’elle ne soit écrite. la muse est quelqu’un qui apprécie l’art après sa création. J’ai écrit mon premier roman pour mon dernier ami, qui a lu chaque chapitre à sa sortie de l’imprimante et cela a alimenté ma passion pour ce métier. Entendre le retour d’un auditoire me donne envie de me replonger dans une histoire.Pendant des dizaines de milliers d’années, la tradition du conte a été orale et non écrite. Les conteurs, tels des bardes, racontaient des histoires face à un public. Cette interaction était clé. Pour de nombreux romanciers, elle a disparu, et je vois cela comme une immense perte. Nous avons bien sûr besoin de nous retirer et d’être seul pour penser et améliorer nos œuvres, mais nous devons également célébrer des aspects plus vivants, tels le partage de ces travaux, et l’écoute de ce qui vient en retour, comment ces travaux touchent les lecteurs.Breat Easton Ellis a suggéré à certains fans d’écrire la suite d’« American Psycho ». Vous avez également tenté une sorte de co-création avec votre communauté. Qu’en avez-vous tiré ?J’ai aimé ouvrir mon monde à mes fans pour qu’il puisse l’explorer. Ce n’est pas vraiment de la co-création dans le sens où nous ne travaillons pas sur la même partie, mais c’est de la co-création tout de même car il s’agit de peindre sur la même toile, avec de mêmes pinceaux. Les fans créent leur propre version de mon univers, faisant vivre de nouvelles aventures à mes personnages, et amenant l’histoire dans des directions liées à leur propre imagination. Cela a été une expérience très agréable d’observer tant d’enthousiasme et d’implication. Une fois qu’une œuvre est publiée, elle ne nous appartient plus vraiment.Lire aussi :Les communautés de lecteurs sur Internet, nouveau salut des écrivainsVous avez testé la publication par épisodes. Est-ce devenue une nécessité pour une nouvelle génération de lecteurs ?Je le pense, en effet. Regardez comment les séries télé ont jailli et sont devenues des vecteurs bien supérieurs aux films pour raconter des histoires. Cette temporalité donne plus d’espace à l’histoire pour respirer : les lecteurs ont le temps de l’examiner avant que le prochain épisode ne soit publié. Une conversation peut grandir. Cela est une excellente façon d’écrire un récit, comme Charles Dickens nous l’a montré d’ailleurs.Vous avez conclu en 2012, un accord avec une maison d’édition. Est-il vrai que vous avez gardé vos droits d’auteur pour les versions numériques ?Oui. Mon contrat aux Etats-Unis avec Simon & Schuster ne concerne que les éditions dites cartonnées [« hardcover »] et brochées [« paperback »]. J’ai gardé les autres droits. Cela me donne un contrôle créatif et me permet également d’avoir des revenus bien plus importants.Pour vous adapter au téléchargement-piratage de fichiers, vous avez créé sur votre site un bouton explicite : « Vous avez téléchargé le livre et voulez payer, c’est ici ». Cela fonctionne-t-il ?Oui. Il n’y a pas un jour où quelqu’un ne me paye pas en ligne après-coup. Juste cette semaine, deux lecteurs m’ont très largement surpayé pour l’entière série « Silo ». Un autre s’est platement excusé en me disant m’avoir volé. Je lui ai dit qu’il n’en était rien. Je vois dans cette activité en ligne et ces partages quelque chose de similaire à l’emprunt à un ami, ou lorsque l’on récupère un livre d’occasion chez un bouquiniste. Tout cela nous revient d’une manière ou d’une autre. Nous devrions, me semble-t-il aborder la lecture, ces changements et ces nouvelles questions avec plus de confiance et moins de peur.Lire aussi :Roxane Gay : « Sur Internet, j’ai gagné une communauté »Lire aussi :Margaret Atwood : « Etre sur Twitter, c’est comme posséder sa petite station de radio »Silo est publié en France par Actes Sud (trois volumes parus). Un film tiré de ce roman, produit par Ridley Scott et Steve Zaillian, est en préparation.Laure Belot Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Nous avons la volonté de réaffirmer l’exigence d’exemplarité dans les établissements publics. » Telle est l’ambition du ministère de la culture alors que Fleur Pellerin a adressé aux dirigeants des 75 établissements culturels et audiovisuels, mercredi 24 juin, une « instruction pour la maîtrise et la transparence » des dépenses. Un travail de fond pour harmoniser et renforcer les règles en vigueur. Mais aussi un affichage politique volontariste sur un thème très sensible dans l’opinion, comme l’ont démontré plusieurs affaires, touchant jusqu’au premier ministre Manuel Valls, qui avait emmené ses enfants en avion voir la finale de la Ligue des Champions.Une réaction à « l’affaire » du bureau de Mathieu GalletL’initiative de Mme Pellerin a été lancée en mars, en réaction à l’affaire Mathieu Gallet : à l’époque, le nouveau PDG de Radio France se voit reprocher les frais de rénovation de son bureau. Il sera blanchi par l’inspection générale des finances sur ses dépenses dans le groupe audiovisuel. Mais une enquête préliminaire a, depuis, été ouverte pour favoritisme sur les prestations de conseils extérieurs à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sous sa présidence (2010-2014).Lire : Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme »  Dans le sillage de ce feuilleton est née l’affaire des taxis d’Agnès Saal, poussée à la démission de la présidence de l’INA. La circulaire envoyée mercredi par le... 23.06.2015 à 19h34 • Mis à jour le23.06.2015 à 21h01 | Alexandre Piquard Les sanctions infligées aux médias par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour le traitement des attentats de janvier ne passent toujours pas. Selon nos informations, la plupart des chaînes et radios qui avaient contesté leurs mises en demeure et mises en garde ne désarment pas, malgré le rejet de leur recours gracieux par l’autorité, le 1er juin. La semaine dernière, France Télévisions, BFM-TV et RMC, France 24 et RFI, RTL et Europe 1 ont déposé chacun un recours au Conseil d’Etat contre les décisions du CSA. Selon ce dernier, des personnes avaient été mises en danger et le travail des forces de l’ordre gêné.« C’est un enjeu majeur pour la liberté de travail des journalistes de service public, dont l’information est une des missions centrales », explique-t-on à France Télévisions, résumant le sentiment d’autres médias concernés. « La volonté est d’avoir un éclairage juridique sur le fond, pour l’avenir, et d’avoir un cadre légal précisé au regard de l’évolution des médias et de l’information en continu », ajoute-t-on à France Médias Monde (France 24, RFI…). Les chaînes et radios se défendent de toute action procédurière ou corporatiste.Le cas particulier de l’assaut à Dammartin-en-GoëleLe 11 février, l’institution dirigée par Olivier Schrameck avait sanctionné pas moins de 36 « manquements » divers. Certains étaient des défauts de « respect de la dignité humaine », comme dans le cas de la diffusion d’extraits de la vidéo amateur d’un policier abattu par les frères Kouachi.D’autres ont été considérés comme des atteintes à « l’ordre public » : par exemple « la diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes », ou « la diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ».Dans leurs recours auprès du Conseil d’Etat, les médias concentrent leur argumentation sur une sanction particulière : celle visant « l’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la porte de Vincennes ». « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », avait écrit le CSA.L’ordre public, une notion trop vague ?Il ne s’agit pas de faits avérés mais d’un risque potentiel. Le CSA considère a priori qu’il aurait pu y avoir un trouble à l’ordre public, arguent les médias concernés. A BFM-TV et RMC, ainsi qu’à France Télévisions, notamment, le recours repose sur le raisonnement suivant : la liberté d’expression définie par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme ne peut être restreinte que par des références à des infractions pénales précises (par exemple la provocation à la haine raciale, le négationnisme…). Et donc pas par une interprétation par le CSA du concept, vague, d’ordre public, cité à l’article 1er de la loi sur l’audiovisuel de 1986.« Le risque est de nous contraindre à demander au ministère de l’intérieur si une information peut porter atteinte à l’ordre public. Est-ce légitime ? C’est un problème de fond », estime-t-on à RTL. Lors du début de l’assaut à Dammartin-en-Goële, les journalistes étaient témoins directs, comme d’autres riverains, ajoute-t-on. Aucune consigne n’avait été donnée sur cette information aux médias par les forces de police, ajoute-t-on à France Télévisions.« On ne veut pas que la liberté de la presse soit réduite a priori. Il y a en France des lois pour que le juge tranche a posteriori », renchérit RTL. Plusieurs médias s’inquiètent d’une « insécurité juridique » qui pourrait mener à de « l’autocensure » et réclament un cadre au Conseil d’Etat.« Distorsion de concurrence » avec les réseaux sociaux et les sites de médiasContacté, le CSA ne souhaite pour l’instant pas réagir, ne disposant pas du contenu des recours déposés. « Nous ne sommes pas donneurs de leçons », s’était défendu Olivier Schrameck dans Le Figaro. « Il ne s’agit pas de distribuer des sanctions pour l’exemple. L’hommage que j’ai rendu aux médias pour leur rôle dans la prise de conscience collective, je le réitère », avait-il ajouté, tout en reconnaissant la « portée préventive » des sanctions.Enfin est pointée une « distorsion de concurrence » défavorable aux chaînes de télévisions et aux radios, soumises au CSA. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, mais aussi les sites internet de médias, qui ont pour la plupart couvert les événements en direct, ne dépendent eux pas de cette autorité. « Si une information est diffusée ailleurs mais que nous devons la taire, il risque de s’installer une défiance de nos spectateurs, qui seront tentés de s’informer à d’autres sources. Alors que nous sommes justement garants d’un professionnalisme de l’information », estime-t-on à France Télévisions, rappelant que l’entreprise a un code de déontologie.M. Schrameck avait reconnu le « problème » : « Nous avons d’un côté un champ médiatique qui est très précisément régulé et de l’autre un champ numérique qui ne l’est pas ou très peu », avait-il dit au Figaro, renvoyant la question au législateur.« Prise de conscience commune » et prudenceCes débats et ces recours interviennent dans un contexte particulier : le CSA voit son action contestée sur plusieurs points et le Conseil d’Etat a notamment cassé sa décision contre le passage en gratuit de LCI et Paris Première. Les médias concernés, eux, restent prudents dans leur expression, car ils dépendent tous de l’autorité pour diverses décisions, à l’image d’une BFM-TV qui espère ne pas voir arriver une troisième chaîne d’information en continu sur la TNT.« Il y a eu une prise de conscience commune aux médias d’information qui ont été sanctionnés, explique pourtant l’un d’eux. Ce CSA-là a pris une tournure inattendue, alors qu’Olivier Schrameck avait dit à son arrivée qu’il voulait être davantage régulateur que censeur. »Mais les médias en continu savent aussi que la bataille de l’opinion n’est pas forcément gagnée et que la couverture des attentats, dont la plupart sont fiers, a suscité des critiques. « Le climat d’insécurité et d’attaques terroristes nous fait accepter des choses qu’on aurait refusées autrement », regrette un dirigeant. Après avoir invité les médias à un débriefing ouvert, le CSA a pris en compte dans ses sanctions l’émotion du « public » : « Dans un premier temps, il veut tout savoir, mais très curieusement, très vite, il a lui-même réagi, ayant le sentiment que tout ne peut pas être dit ou montré », avait dit Nicolas About, membre du CSA, sur Europe 1.Fleur Pellerin avait, elle, apporté son soutien aux décisions : « Le CSA est dans son rôle, il doit réguler l’audiovisuel », avait déclaré la ministre de la communication. Tout en promettant un cadre « plus clair » à l’avenir.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La rationalisation des directions est en marche au sein des titres de presse récemment acquis par Altice Media Group, contrôlé par le magnat du câble Patrick Drahi. Samedi 20 juin, Presse News a annoncé le départ de Corinne Pitavy, directrice générale de L’Express Roularta. Lundi 22 juin, c’est François Moulias, co-gérant de Libération, qui a annoncé qu’il partirait, fin juillet.Ces deux managers seront remplacés par un seul et même homme : Marc Laufer, qui va cumuler la présidence du groupe L’Express, la co-gérance de Libération et la direction générale d’Altice Media Group France. Le modèle est celui d’une direction financière centralisée, chapeautant des directions éditoriales par titre (Christophe Barbier à L’Express, Laurent Joffrin et Johan Hufnagel à Libération).Les choses ne seront toutefois pas parfaitement symétriques. A L’Express, M. Laufer assurera la direction opérationnelle de l’entreprise. Par contre, à Libération, il s’appuiera sur Pierre Fraidenraich, qui voit donc ses responsabilités s’élargir, même si la direction juridique restera incarnée par M. Laufer et Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction.Parfaitement inconnu lors de son arrivée à Libération, en janvier 2014, François Moulias quitte donc le quotidien. On comprend qu’il n’a pas choisi cette issue. Mais elle semblait inéluctable dès lors que son allié Bruno Ledoux ne détient plus que 9 % du capital, après avoir été un des actionnaires principaux.Syndrome de StockholmInvesti par Bruno Ledoux de la mission de sauver l’entreprise, arrivé peu de temps avant la mobilisation « Nous sommes un journal » de février 2014, François Moulias aura finalement mené à bien sa mission, en permettant à l’entreprise d’être recapitalisée, tout en conduisant un plan social très sévère et en négociant avec l’imprimeur, les syndicats, l’Urssaf…« Le tour de table a été restructuré, le plan social est terminé, la rédaction est réorganisée, une nouvelle formule vient de paraître, un nouveau site est en préparation et les ventes sont supérieures au budget depuis le début de l’année, a-t-il énuméré dans un message interne annonçant son départ. Cela a été extrêmement compliqué mais nous y sommes arrivés, ensemble. Même les ascenseurs fonctionnent mieux ! Enfin, Libération sera bénéficiaire cette année, après une perte abyssale en 2014. »Cet ancien publicitaire, également passé par l’immobilier et le négoce de vin, en a tiré quelques convictions sur le secteur de la presse. « Quand on arrive dans le secteur, on se dit qu’on est chez les fous, sourit-il. Tout est très contraint : la convention collective des journalistes qui est un frein à l’embauche, les prix d’abonnements contrôlés par l’OJD, la dépendance aux aides publiques… Tout le monde répète qu’il faut changer de modèle, mais rien n’est fait pour ! »Il répète qu’il ne garde aucun ressentiment envers l’équipe et l’« agressivité » qui a pu lui être témoignée et conclut son mail de départ d’un « très amicalement ». Dans la rédaction, on admet « un léger syndrome de Stockholm ». « C’était un interlocuteur fiable », pointe un journaliste. Dans un communiqué, mardi soir, les élus de Libé ont souhaité « la présence d’un directeur général et d’une gouvernance stable et distincte des autres titres d'Altice Media Group afin d'éviter une confusion éditoriale et managériale préjudiciable pour Libération. » Lire son portrait : François Moulias, l’inconnu de « Libération » Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.06.2015 à 16h28 • Mis à jour le22.06.2015 à 16h43 La chaîne de télévision Al-Jazira a annoncé, lundi 22 juin, la libération de l’un de ses présentateurs vedettes, Ahmed Mansour. L’homme, qui possède la double nationalité égyptienne et britannique, avait été arrêté samedi à l’aéroport de Berlin, à la demande de l’Egypte.Lire aussi :Un journaliste vedette d’Al-Jazira arrêté en AllemagneCe journaliste célèbre pour sa proximité avec les Frères musulmans, serait accusé, selon la police allemande de « plusieurs délits ». La justice égyptienne, qui l’avait jugé par contumace en 2014 pour avoir, selon elle, torturé un avocat sur la place Tahrir à l’hiver 2011, durant la révolution ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak, l’a ­condamné à quinze ans de prison. M. Mansour qualifie pour sa part ces accusations d’« absurdes ».« Nous saluons la décision du procureur allemand » concernant la libération d’Ahmed Mansour et l’abandon de toutes les accusations retenues contre lui, a aussitôt réagi un porte-parole de la chaîne qatarie, Hareth Adlouni.Al Jazeera's Ahmed Mansour has been released without charge - @aljazeera statement to follow shortly.— AlJazeera (@Al Jazeera PR)require(["twitter/widgets"]);Depuis le renversement en juillet 2013, par Abdel Fattah Al-Sissi, alors chef de l’armée, de Mohamed Morsi, le président égyptien issu des Frères musulmans, Al-Jazira est dans le collimateur des autorités cairotes. La chaîne reste perçue par l’Egypte comme un porte-voix du Qatar, favorable au mouvement des Frères musulmans. Trois de ses journalistes, déjà accusés de complicité avec la confrérie, avaient été arrêtés en décembre 2013. L’Australien Peter Greste avait dû attendre le mois de février 2015 pour être relâché et renvoyé dans son pays, sur décret présidentiel. Ses deux compagnons, également libérés, sont en attente d’un nouveau procès. Alexis Delcambre « Les Échos vont bien, mais nous devons sans relâche innover. » Pour le PDG du groupe d’information économique, Francis Morel, c’est dans cette dynamique que s’inscrit l’annonce, lundi 22 juin, du lancement d’une plate-forme numérique de services aux entreprises, lesechos-solutions.fr.Partiellement financée par le fonds Google - à hauteur de 2 millions d’euros environ sur un budget total de 4 millions environ -, cette plate-forme rassemble les offres de services destinées aux entreprises actuellement proposées par le groupe : dépôt d’annonces légales, consultation d’appels d’offres, études de marché, outils de communication… L’ambition est d’en faire une plate-forme que les entreprises privilégient pour réaliser une partie de leurs démarches.La cible, ce sont ces 3,8 millions de décideurs économiques, que le groupe considère comme son bassin naturel. « Nous devons être le premier groupe d’information et de service pour les entreprises », résume M. Morel. Leur proposer des contenus ou des services relève selon lui d’un même mouvement et est cohérent avec l’engagement « pro business » du titre, que rappelle Christophe Victor, directeur général délégué du groupe.Le développement de cette plate-forme est aussi emblématique de l’évolution rapide du modèle d’affaires des Échos, l’un des titres qui tire le mieux son épingle du jeu de la transition numérique. Les services contribuent ainsi actuellement pour 31 % au chiffre d’affaires du groupe, contre 12 % en 2011 (la publicité réalise 30 % et la diffusion des contenus 39 %). Le groupe souhaite atteindre, en 2018, 50 % de chiffre d’affaires généré par les services.Réalisation de contenu pour les marques (avec Les Échos Publishing), organisation de salons comme Le Salon des Entrepreneurs (avec Les Échos Events), études de marché avec Les Échos Études, etc : le groupe a multiplié les pas de côté à partir de son métier d’origine, l’information économique et financière. Celle-ci pourrait donc devenir, à moyen terme, une part minoritaire de l’activité - sur le modèle du groupe allemand Springer par exemple.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.06.2015 à 02h37 • Mis à jour le20.06.2015 à 11h36 Twitter a annoncé, vendredi 19 juin, l'expérimentation d'un nouveau service permettant d'insérer dans le flux des utilisateurs des messages sponsorisés pour des « produits et des lieux », afin de doper son chiffre d'affaires.« Nous commençons l'expérimentation avec un petit nombre de produits et de lieux », a indiqué Amaryllis Fox, chef de produit du réseau social, dans un message posté sur un blog officiel. « Pendant que nous effectuons cet essai, vous êtes susceptibles de voir dans votre flux des pages et des groupes de pages qui sont partagés par des prescripteurs et des marques », a-t-elle déclaré.Un bouton « acheter »Cette initiative permettra d'élargir la plate-forme de messages au-delà des simples tweets en proposant un accès à des informations complémentaires sur des produits et, dans certains cas, un bouton « acheter ». « Nous avons invité un groupe de personnes influentes à partager certains de leurs endroits et objets favoris », a expliqué Mme Fox.« Vous serez en mesure de parcourir des collections présentées par des personnes qui vous tiennent à cœur et d'avoir davantage d'informations sur les produits et les endroits que vous trouvez intéressants. » Cela pourrait consister en des messages de la chaîne HBO promouvant sa série télévisée Game of Thrones ou des messages de l'actrice Reese Witherspoon concernant sa ligne de vêtements, a-t-elle cité à titre d’exemples.Trouver des nouveaux relais de croissanceTwitter, qui tente de trouver de nouveaux relais de croissance, se cherche un nouveau directeur général depuis l'annonce de la démission de Dick Costolo, le 11 juin. Il était depuis cinq ans aux commandes du groupe, et était soumis à une intense pression des investisseurs pour augmenter le nombre d'abonnés et le chiffre d'affaires du réseau social.Selon les dernières données disponibles, Twitter compte environ 300 millions d'utilisateurs actifs, mais sa croissance est à la traîne par rapport à d'autres réseaux sociaux, et les bénéfices se font toujours attendre depuis sa création, en 2006. Il n'a attiré que moins de 1 % des 145 milliards de dollars dépensés dans le monde cette année en publicité sur support numérique, selon la société spécialisée eMarketer.Lire aussi :En panne de croissance, Twitter se sépare de son patron 18.06.2015 à 15h12 • Mis à jour le18.06.2015 à 16h14 Et de trois… pour ces derniers jours en tout cas. Car pour le reste, compter les victimes des dénonciations mensongères déclenchant des interventions des forces de l’ordre devient difficile. Dans la nuit de mercredi 17 au jeudi 18 juin, le directeur de la publication de Politis, Denis Sieffert, a reçu à son domicile la visite de la police, alertée par téléphone qu’il s’y déroulait un cambriolage avec séquestration, raconte au Monde la direction du magazine. Trente minutes plus tard, policiers et pompiers sont arrivés au siège du journal où, soi-disant, le directeur retenait sa femme avec l’intention de la tuer. Ils ont brisé une vitre pour y pénétrer, avant de réaliser que les lieux étaient vides.Surnommée « swatting », la technique ressemble en tout point à un des modes opératoires utilisés par le hacker franco-israélien sioniste Ulcan, que M. Sieffert venait d’évoquer dans un édito paru mercredi.Lire Cinq questions sur Ulcan, le hacker franco-israélienRecrudescence de « swatting » ces derniers joursAu cours de la même nuit, Pierre Haski, le cofondateur de Rue89 a vu arriver chez lui le SAMU, les pompiers et des policiers de différentes unités : quelqu’un avait appelé pour dire que « j’avais poignardé ma femme, et – variante fantaisiste par rapport à la précédente fois – que j’avais ouvert le gaz dans l’immeuble », raconte-t-il dans un billet.La veille, Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, a connu pareille mésaventure : « Le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police. » Résultat ? « Trente policiers de la BAC déployés dans l’escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires, une procureure adjointe, mes voisins réveillés au cœur de la nuit », relate le journaliste, qui était absent.Pourquoi Arrêt sur images a-t-il été visé ? Il avait évoqué le jour précédent une autre victime d’une de ces dénonciations malveillantes : Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Le 9 juin, ce leader d’une organisation propalestinienne raconte avoir « été plaqué au sol, tutoyé, insulté, menotté avec des menottes qui vous blessent les poignets et se resserrent dès que l’on bouge » car le Raid a pénétré son appartement. D’autres militants ont également reçu des visites policières nocturnes ces derniers jours : Jean-Claude Lefort, ex-président de l’association France-Palestine Solidarité, qui était absent, raconte Politis, et deux autres membres de l’UJFP, comme l’écrit Arrêt sur Images.Usurpation de numéro téléphonique et « contre-appel »Un point est important pour comprendre pourquoi les forces de l’ordre interviennent, alors que ces personnes n’ont absolument rien fait et ne sont pas défavorablement connues – sans parler du fait que la technique du swatting utilisée notamment par Ulcan fait déjà l’objet d’enquêtes : selon plusieurs témoignages, le malfaiteur prend le contrôle de la ligne téléphonique de sa victime. Ce qui est susceptible de crédibiliser beaucoup son appel aux forces de l’ordre.Cela va plus loin : dans le cas de M. Stambul, les policiers « ont effectué un “contre-appel” », a expliqué le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez, à l’AFP. Ils ont donc rappelé le numéro – qui correspondait bien à celui de M. Stambul – « et sont retombés sur le même individu, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte » et qu’il attendait la police « avec un fusil », a raconté le préfet. « C’est ce contre-appel qui a déclenché l’opération du Raid » a expliqué le représentant de l’Etat, selon lequel « de mémoire, c’est la première fois » qu’un pirate « répond à un contre-appel ».Deux informations judiciaires et de nombreuses plaintesSur le fond, la question se pose de l’impunité d’Ulcan, parfois aussi appelé Violvocal et dont le vrai nom est Grégory Chelli. S’il n’est pour l’heure pas prouvé qu’il est responsable des interventions de ces derniers jours, le militant a fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes, liées au piratage, en 2014, de Rue89. Et aux appels malveillants ainsi qu’au swatting dont a été victime le père du journaliste de Rue89 Benoît Le Corre, auteur d’un portrait d’Ulcan.« Cela a entraîné le décès de son père », n’hésite pas à écrire M. Haski. Thierry Le Corre était quelques jours plus tard tombé dans le coma, avant de décéder. Rue89 publie ce jeudi un rapport d’expertise médicale selon lequel « le stress a été un facteur déclenchant direct et certain, révélant son état antérieur » d’hypertension artérielle.Le parquet de Paris a ouvert début octobre 2014 une information judiciaire, notamment pour « violences volontaires », distincte de celle ouverte début août sur des actes de piratage informatique revendiqués par Ulcan, rappelle l’AFP.Lire : Qui est le hackeur sioniste soupçonné d’avoir piraté Rue89 ?De nombreuses plaintes ont été déposées, dont récemment celle de Stéphane Richard, le PDG d’Orange, touché par une polémique sur la présence de l’opérateur en Israël. Le dirigeant a porté plainte contre X pour « menaces de mort » et appels à la haine contre lui et certains de ses proches. Il avait reçu des centaines d’appels d’insultes mais aussi de menaces précises, après que ses coordonnées ont été diffusées sur Internet.Appel aux autorités françaises et israéliennesSi M. Chelli n’est pas pour l’heure inquiété, pointent certaines victimes, c’est parce qu’il est installé en Israël, à Ashdod a priori. La justice française agit « à son rythme, c’est-à-dire lentement, handicapée par l’absence de traité d’extradition entre la France et Israël, regrette M. Haski, de Rue89. Mais surtout, elle agit, ou n’agit pas, dans un contexte marqué par l’absence de signal politique du gouvernement français. » Les autorités israéliennes, pour leur part, « tout en affirmant leur disponibilité à aider la justice française, n’ont pas non plus levé le petit doigt pour faire cesser ces agissements », ajoute le journaliste. 20Minutes.fr évoque un cas d’extradition d’un franco-israélien vers Israël mais rappelle la nécessité d’une volonté politique.« Il est grand temps que le ministère de l’intérieur s’exprime sur ces affaires, renchérit Denis Sieffert de Politis. Qu’est-ce qui est fait en direction du gouvernement israélien ? Une enquête a-t-elle été diligentée pour savoir à quel niveau le dénommé Ulcan bénéficie de complicités qui apparaissent de plus en plus évidentes ? » Alexandre Piquard La Confédération générale des cadres (CGC) des médias a annoncé mardi 9 juin avoir déposé une plainte à Paris et un recours au Conseil d’Etat contre la nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions. Cette démarche s’ajoute à la plainte de Didier Quillot, ancien candidat à la présidence de France Télévisions et ancien cadre de Lagardère active.Une requête en annulationLa requête en « annulation » au Conseil d’Etat, déposée lundi, « s’appuie, notamment, sur le manque d’impartialité du CSA et l’opacité de la procédure de nomination », explique dans un communiqué le SNPCA-CGC, syndicat minoritaire à France Télévisions. « La loi prévoit que la décision doit être suffisamment motivée. Ce n’est pas le cas. Le CSA s’est contenté de généralités », estime l’avocat du syndicat, Me Pierre-Olivier Lambert, contacté par l’Agence France-Presse. Le CSA a publié sur son site « la décision de nomination motivée » de Delphine Ernotte, ancienne directrice exécutive d’Orange France.Une plainte du SNPCA-CGCLa plainte, qui doit être déposée, se fonde, elle, sur « des soupçons d’abus d’autorité et de manquements à l’obligation de probité du CSA dans la procédure de nomination » et « vise, en particulier, le délit de trafic d’influence », ajoute le syndicat.Le code pénal définit ainsi le trafic d’influence :« Le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable. »L’une des membres du CSA, Sylvie Pierre-Brossolette, se voit notamment reprocher, dans un article de Mediapart, d’avoir organisé un rendez-vous entre la candidate Delphine Ernotte et François Pinault, réputé proche de François Hollande. Un homme d’affaires qu’avait également rencontré Didier Quillot, un autre candidat.Une plainte de Didier QuillotMardi 2 juin, une première plainte a été déposée par Didier Quillot. Sa démarche suit ce raisonnement : l’ouverture, par le parquet, d’une enquête préliminaire est le seul moyen d’avoir des preuves d’une éventuelle infraction, la demande d’enquête parlementaire sur la nomination de Mme Ernotte ayant été rejetée.Sa plainte se fonde sur la notion d’« abus d’autorité », ainsi définie par le code pénal : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi. »La loi de novembre 2013 sur l’indépendance de l’audiovisuel public a confié au CSA la mission de désigner le patron de France Télévisions de façon « impartiale, transparente et indépendante », explique-t-on dans l’entourage de Didier Quillot. Donc si jamais des manœuvres avaient fait échec au respect de ces conditions, il pourrait s’agir d’un abus d’autorité. L’entourage de M. Quillot souligne au passage que le CSA a, dans un communiqué de la semaine dernière, envisagé des changements de procédure, et y voit une validation de sa démarche.De plus, M. Quillot a pris soin, avant de déposer sa plainte, d’avoir « tourné la page » et annoncé ses nouvelles activités : il a cofondé Reboot Media, un groupe qui ambitionne de peser dans le domaine de la presse sportive, comme l’a expliqué Le Figaro. Son avocat assure qu’il agit moins en tant que victime directe qu’en tant que citoyen.La défense du Conseil supérieur de l’audiovisuel« On a pu lire que la procédure au terme de laquelle [Delphine Ernotte] a été désignée aurait été l’objet de pressions. Chacun d’entre nous affirme n’en avoir subi aucune », ont déclaré dans un communiqué commun les huit membres du CSA, le 4 juin :« Nous réaffirmons ici solennellement que le délibéré s’est déroulé dans la plus totale indépendance et la plus stricte impartialité, au terme d’une procédure qui a respecté le principe d’égalité entre les candidats et dont chaque étape a été débattue et collégialement acceptée par le Conseil. »Le scrutin pour la présidence de France Télévisions avait divisé le collège en deux blocs au second tour et suscité des dissensions en interne.Lire aussi : La nomination de Mme Ernotte fait toujours grincer des dentsLes membres du CSA se sont en revanche dits « ouverts à toute modification allant dans le sens d’un renforcement de la publicité des procédures de nomination ». Cette procédure a été fixée par le collège du CSA à partir de la loi de 2013 par laquelle la majorité du président, François Hollande, lui a redonné le pouvoir de désigner les dirigeants d’audiovisuel public. Le CSA a notamment envisagé de publier le nom de tous les candidats ou seulement de ceux qu’il choisirait d’auditionner, ou encore d’ouvrir les auditions des candidats au public.Lire aussi : Les premiers pas de Delphine Ernotte à France TélévisionsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Apple a annoncé, lundi 8 juin, le lancement prochain de « News », une nouvelle application qui promet d’offrir une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires. Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne », lors du déploiement d’iOS9, la prochaine version du système d’exploitation mobile, au départ aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.Son interface ressemble à l’application Flipboard, un agrégateur d’informations, et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai, ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. L’initiative d’Apple illustre la volonté des grandes plate-formes de se placer en intermédiaires de distribution entre les médias et leurs lecteurs, contre la promesse d’apporter un nouveau lectorat, voire des revenus.Concrètement, « News » intégrera des flux « RSS » de résumés d’articles de tous les éditeurs qui souhaitent les partager. Mais l’application proposera surtout des contenus de médias partenaires directement hébergés par Apple. Comme Facebook, ce dernier promet un format attractif, adapté au mobile, avec des belles images, des cartes, des graphiques et des vidéos, que les médias pourront personnaliser. A la différence des articles hébergés sur les sites mobiles de ces titres, ces contenus seront en principe beaucoup plus rapides à charger, et donc susceptibles d’être davantage vus.Le gratin de la presse anglophoneAu démarrage, l’application vous demandera de nommer des sources et des thèmes qui vous plaisent, puis vous proposera une sélection d’articles, lit-on sur le site du Nieman Lab. L’algorithme qui génère « votre news » est censé se nourrir de vos habitudes de lectures voire de vos appréciations pour affiner son offre. « Ce sera du beau contenu, tiré des meilleures sources mondiales, personnalisé pour vous », a assuré Susan Prescott, vice-présidente du marketing produit chez Apple.Comme Facebook, Apple a présenté une liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times, le groupe magazine Condé Nast (Vogue, Vanity Fair), le quotidien britannique Daily Mail, le magazine économique de référence The Economist, mais aussi des acteurs issus du web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed. Le New York Times devrait commencer par publier une trentaine d’articles par jour sur News.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plateformes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? Tous cherchent une puissance de distribution… Et ont peur d’être laissés pour compte si leurs concurrents pactisent avec les plateformes et qu’ils ne le font pas.« Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a ainsi défendu Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plateformes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »La publicité mais pas les donnéesPour convaincre les éditeurs, Apple, comme Facebook, a toutefois dû faire certaines concessions dans son offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Le contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est un autre point sensible. Alors que Facebook proposait d’agréger les « vues » des « instant articles » aux audiences des médias partenaires et de leur donner accès à tous les indicateurs, Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News, mais précise qu’elle respectera la « vie privée » des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.N’y a-t-il pas un risque pour les médias d’abandonner trop de pouvoir aux géants du Net ? De se couper de la relation directe avec leurs lecteurs, d’autant plus dans le cas d’Apple, dont une des forces est de posséder les coordonnées bancaires de ses clients ? Le risque existe. Une fois l’usage créé, les grandes plateformes pourraient en effet changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google vient de le faire avec son fonds de soutien à la presse. Les éditeurs font le pari qu’il vaut mieux tenter cette voie.La tendance est-elle inéluctable ? Elle semble puissante, mais toutes les initiatives des grandes plateformes dans la presse n’ont pas été couronnées de succès : ainsi, News remplacera Newsstand, un kiosque numérique d’Apple lancé en 2011, dans lequel les éditeurs pouvaient vendre des journaux numériques à l’unité ou par abonnement, via leurs propres applications, moyennant une commission de 30 % pour Apple. Proposant une expérience assez banale, Newsstand n’a pas rencontré le succès escompté. De la même façon, Google Currents, agrégateur d’informations, a été renommé Google Play News, mais reste peu connu. Facebook Paper, un genre de magazine agrégé, avait lui aussi déçu.Apple cherche en tout cas à rassurer les médias. A la veille de la présentation de « News », on a ainsi appris que le géant californien pourrait infléchir la part de 30 % qu’il s’arroge sur les abonnements souscrits par son intermédiaire. Selon le Financial Times, Apple serait susceptible d’appliquer un taux inférieur aux abonnements souscrits via son kiosque ou son service de télévision, l’Apple TV.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Trente-sept journaux allemands, dont les prestigieux Zeit, Süddeutsche Zeitung, Spiegel et Welt, ont accepté de vendre leurs articles à l’unité sur la plate-forme Blendle, qui s’est lancée en Allemagne, mardi 9 juin.Un temps surnommé l’« i-Tunes de la presse », le site d’origine néerlandaise s’inspire en réalité davantage de Spotify et offre une expérience qui se situe aux confins d’un site d’information, d’un réseau social et d’un outil de lecture. Une fois inscrits, les utilisateurs se voient proposer des articles à l’unité issus de différents journaux, qu’ils peuvent acheter pour quelques centimes chacun.Lire : La start-up néerlandaise Blendle s’inspire d’iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetL’Allemagne est le deuxième pays de déploiement de Blendle, après les Pays-Bas, où il compte désormais 300 000 utilisateurs. Les fondateurs de Blendle entendent proposer leur service dans d’autres pays européens. Des discussions ont été lancées avec les éditeurs français.Aux États-Unis, la start-up a d’ores et déjà signé avec le Washington Post, le New York Times et The Economist, et travaille à convaincre d’autres éditeurs. En octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi dans Blendle à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Martin Sorrell a été payé 200 millions d’euros depuis 1998. Rien que pour 2014, le patron de WPP, le numéro 1 mondial de la publicité, a touché 43 millions de livres (59 millions d’euros). Il est, de loin, le patron d’entreprise cotée à la Bourse de Londres qui gagne le plus. Et probablement dans le monde. Sur les cinq dernières années, sa rémunération s’est élevée à un peu plus d’un euro par seconde.Ces statistiques ont une nouvelle fois provoqué la controverse, mardi 9 juin, lors de l’assemblée générale annuelle de WPP. Comme chaque année ou presque, l’ambiance était houleuse, sur la question du salaire de M. Sorrell. Comme à chaque fois, une bonne partie des actionnaires s’est opposée à la rémunération pour 2014: 22% d’entre eux ont voté contre, légèrement moins que le score de 28% atteint l’année dernière. Mais comme toujours, cela ne changera rien à l’affaire : le très puissant patron de WPP touchera ses émoluments.« C’est presque une blague, s’agace Catherine Howarth, la directrice de ShareAction, une association qui milite pour l’investissement responsable. Ce type se moque de ce que pensent les actionnaires et de la bonne gouvernance d’entreprise. » M. Sorrell présente un cas d’école intéressant.Une agence partie de rienL’homme affiche un succès évident. Il a créé WPP à partir de rien. En 1985, après avoir mené pendant une décennie la stratégie d’expansion des frères Saatchi, il prend le contrôle de Wire and Plastic Products, une petite entreprise qui fait des paniers en métal. Il utilise cette société cotée pour multiplier les acquisitions d’agences publicitaires. Jusqu’à devenir en 2009 le numéro 1 mondial du secteur. Aujourd’hui, WPP affiche 179 000 employés à travers le monde, une présence dans 111 pays et un chiffre d’affaires de 11,5 milliards de livres (15,8 milliards d’euros).Fort de ce succès, M. Sorrell a longtemps été très bien payé. Jusqu’en 2008, il touchait entre 1 et 4 millions d’euros par an. Mais à partir de 2009, cette somme, qui n’était pas très éloignée de celle qui revient aux autres grands patrons, s’est envolée : 10 millions d’euros en 2009, 16 millions en 2010 et 2011, 24 millions en 2012, 41 millions en 2013 et 59 millions en 2014…Lire aussi :Aux Etats-Unis, les rémunérations des patrons devront être liées à la performance de l’entrepriseOpiniâtretéEn juin 2012, les actionnaires ont fait entendre une première fois leur désaccord. Lors de l’assemblée générale, 60 % d’entre eux ont voté contre la rémunération. Un véritable coup de tonnerre, dans le monde feutré des assemblées générales, où une opposition de 20 % est déjà considérée comme une rébellion.C’était compter sans l’opiniâtreté de M. Sorrell. Comme l’autorise la réglementation sur les entreprises britanniques cotées, le vote n’était que « consultatif ». Le patron de WPP a donc passé outre, et il a quand même touché son salaire. Pour donner l’impression de réagir, M. Sorrell a changé la politique de rémunération.Son salaire est désormais composé de trois parties : un fixe, un bonus de court terme, et un autre de long terme. Leur montant dépend du succès financier de l’entreprise et de ses résultats en Bourse. Le tout est supervisé par un comité à part, dont le patron de l’entreprise n’est pas membre, comme le veut la bonne gouvernance.Excellents résultats pour WPPL’an dernier, WPP a affiché d’excellents résultats. L’entreprise a nettement mieux réussi que ses plus proches concurrents, Omnicom et Publicis, d’autant que ces derniers étaient occupés à préparer leur fusion puis à l’annuler à la dernière minute.Du point de vue du comité de rémunération de WPP, les émoluments record de M. Sorrell sont donc parfaitement justifiés. « Ce [qu’il] gagne, bien que ce soit très important en tant que tel, est égal à environ 0,33 % de l’augmentation de la valorisation boursière », écrit-il. L’argument ne convainc pourtant pas tous les détenteurs d’actions WPP.Glass Lewis, une société de conseil aux actionnaires, recommandait de voter mardi contre la rémunération de M. Sorrell, qu’elle juge « complètement excessive ». ISS, une autre société de conseil, était plus ambiguë : tout en suggérant de voter en faveur de la résolution, elle s’étouffait face au salaire « exceptionnellement haut » du patron de l’entreprise.Pour Mme Howarth, de l’association ShareAction, le comité de rémunération ne fait absolument pas son travail. « Son objectif devrait être de le payer le moins possible sans qu’il ne s’en aille de l’entreprise. Or, M. Sorrell n’a nulle part où aller. WPP est son entreprise. S’il ne touchait qu’un euro symbolique, il resterait probablement. » Un scénario qui ne semble pas près d’être testé…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.06.2015 à 08h57 • Mis à jour le08.06.2015 à 13h03 France Télévisions, Radio France et le groupe Egalis ont lancé lundi un site Internet qui recense plus de mille femmes expertes sur deux cents thématiques afin d’inciter les médias à les inviter et promouvoir la place des expertes dans les médias. « L’absence de femmes sur les écrans alimente les stéréotypes et les inégalités », affirme Egalis, qui regroupe des organisations spécialistes de l’égalité.Ce site, version numérique du Guide des expertes qui paraît chaque année aux éditions Anne Carrière, EpOke, est destiné aux journalistes, organisateurs d’événements, entreprises, associations, universités et collectivités.En 2013, le CSA avait appelé toutes les chaînes à améliorer la représentation des femmes, en estimant qu’en moyenne la part des expertes intervenant à l’antenne était inférieure à 20 %. Et quand elles sont invitées, c’est la plupart du temps pour parler de sujets dits « féminins » comme les violences faites aux femmes, les enfants, la famille, l’école, etc. Alexis Delcambre et Samuel Laurent Septembre 2002. L’empire Vivendi Universal, victime de la chute de Jean-Marie Messier, est contraint d’opérer de douloureuses cessions. A l’affût des opportunités dans la presse, Serge Dassault est sur les rangs. Et pour 237 millions d’euros (286 millions si on les convertit au pouvoir d’achat de l’euro en 2014), la Socpresse, qu’il contrôle avec la famille Hersant, s’offre l’ex-pôle presse de Vivendi : L’Express, L’Expansion, L’Etudiant…Quatre ans plus tard, en 2006, c’est au tour de la Socpresse de céder ses actifs. Elle trouve un acquéreur, le groupe de presse belge Roularta, qui a des ambitions en France. Valorisation de l’ensemble : 210 millions d’euros (235 millions de 2014) – la Socpresse réalise une opération quasi blanche.Janvier 2015. Le groupe belge s’est lassé des pertes provoquées par son pôle français et s’angoisse de voir ses actifs se déprécier. Vincent Bolloré ou Iskandar Safa étudient le dossier. Mais c’est un acteur nouveau, Patrick Drahi, qui s’offre le cinquième groupe magazine français – la vente doit être finalisée mardi 9 juin. Montant de la transaction : entre 50 et 70 millions d’euros. Un chiffre dont la faiblesse, pour un pôle qui réalise 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, frappe les esprits.La trajectoire du groupe L’Express illustre celle des journaux français, dont les valorisations sont en forte baisse, comme en témoignent les chiffres des récentes transactions compilés par Le Monde. Grossièrement, les transactions des années 2000 se chiffraient en centaines de millions d’euros quand celles des années 2010 sont libellées en dizaines.L’infographie ci-dessous présente les principales transactions survenues depuis dix ans dans le secteur de la presse française, ramenées à leur valeur en euros constants 2014. Passez sur les carrés pour afficher des informations supplémentaires.Cela ne signifie pas forcément que les valorisations de ces entreprises se sont écroulées. Pour en déduire une valorisation, il faut ajouter au montant de la transaction les dettes (ne serait-ce que celle que représentent les abonnés en cours de contrat et qu’il faudra servir), l’anticipation des pertes à venir et/ou des coûts de restructuration – exactement comme un acheteur immobilier s’appuie sur le coût des travaux à venir pour négocier une baisse de prix. Sans parler des investissements à venir pour développer de nouvelles activités. « Les acheteurs nouveaux intègrent qu’il va leur falloir renverser la table et changer le modèle de ces entreprises », explique Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, une entreprise de conseil.L’angoisse gagne les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ?Comme sur tous les marchés, ce comportement des acheteurs s’autoentretient et nourrit une spirale, en l’occurrence baissière. Dans ce secteur, il est rarement possible d’évaluer une entreprise selon sa valeur boursière – peu sont cotées – ou selon la rentabilité potentielle – tant la visibilité est faible en ces temps de transition numérique. « Reste la bonne vieille méthode des comparables, conclut M. Texier. On se réfère aux transactions récentes opérées dans le même secteur, de la même façon que l’acheteur d’un appartement se renseigne sur les ventes récentes dans le même quartier. » Dès lors, chaque vente renforce la spirale baissière. A l’image de celle de 65 % du Nouvel Observateur au trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse (par ailleurs actionnaires du Monde) en janvier 2014, pour 13,8 millions d’euros. « En un instant, la seule annonce de cette vente a fait subir une décote de 50 % au dossier de L’Express, dont le groupe Roularta envisageait déjà la vente », révèle une source.Une poignée d’acteurs récurrentsDans ce contexte, l’angoisse peut gagner les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ? Peut-on encore attendre un retournement du marché ? Les exemples d’hésitation sont légion, comme en témoigne le cas de la famille Amaury, propriétaire du Parisien (ainsi que de L’Equipe). En 2010, Marie-Odile Amaury avait missionné la banque Rothschild pour céder son journal régional. Elle en attendait 200 millions d’euros. Une offre de Vincent Bolloré atteignait 130 millions d’euros, et Mme Amaury avait baissé son objectif à 150, mais ce différentiel n’a pu être comblé.Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des AmauryCinq ans plus tard, le groupe Amaury vient d’entrer en négociations exclusives avec un nouvel acheteur, LVMH, pour un prix qui serait plus proche de 50 que de 100 millions d’euros. Entre-temps, la famille a dû éponger 37 millions de pertes…« C’est la concurrence qui fait monter les prix, rappelle M. Texier. Or, aujourd’hui, les acheteurs sont peu nombreux. » Animateurs du marché français par le passé, les grands groupes de médias étrangers s’en sont retirés, à l’exception du belge Rossel, qui vient d’investir dans 20 Minutes. Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des Amaury. Reste une poignée d’acteurs récurrents, qui travaillent à atteindre une taille critique. D’où les mariages récents, ou en cours, entre Le Monde et Le Nouvel Observateur ; Libération et L’Express ; ou Les Echos et Le Parisien. Le seuil de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires semble l’objectif souhaité pour créer un niveau suffisant de synergies et accélérer les transitions numériques.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »« C’est le temps des soldes, explique M. Texier. On passe d’une époque de survalorisation relative à une phase de sous-valorisation, peut-être momentanée. Les valeurs pourront remonter quand les modèles seront stabilisés. » L’exemple d’un journal comme le Financial Times, assez avancé dans la transformation numérique et à la valeur putative élevée, incarne cet horizon.« Force symbolique »Y arriver est l’espoir de certains « restructurateurs » qui animent également le marché, derrière les incontournables Bernard Arnault, Patrick Drahi et Xavier Niel, aux moyens illimités. On peut penser au profil d’un Marc Laufer, propriétaire du groupe NewsCo et associé à M. Drahi dans le groupe en construction Altice ; à celui de Pascal Chevalier, du groupe Reworld Media ; ou de Didier Quillot, récent acquéreur du groupe Motor Presse Stuttgart. Point commun entre la plupart de ces acteurs : une culture forgée dans les nouvelles technologies et donc un goût pour les changements de modèles.« En France, cela fait quarante ans que la presse ne gagne plus d’argent. C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement »Pour certains, l’ambition de réinventer le modèle de la presse est une illusion. « Beaucoup pensent que leur savoir-faire va leur permettre de changer la presse, pense Patrick Eveno, historien de la presse. Mais, en France, cela fait quarante ans qu’elle ne gagne plus d’argent ! C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement. » « Il y a des personnes qui attribuent à la possession de médias une valeur décorrelée de la rationalité économique, car elle apporte une force symbolique, un statut, une considération, constate M. Texier. Au fond, ce qui a le mieux résisté dans cette crise de la presse, c’est le mythe de Citizen Kane. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 09h36 • Mis à jour le03.06.2015 à 15h48 | Alexis Delcambre Il faut aborder le secteur de l’information comme un « écosystème » qui dépasse les catégories issues de l’univers imprimé : telle est la recommandation du sociologue Jean-Marie Charon, auteur d’un rapport intitulé « Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème », remis à la ministre de la culture, Fleur Pellerin, mardi 2 juin.L’objet de ce rapport était de proposer un état des lieux du secteur pour permettre aux acteurs politiques de mieux cibler leurs interventions. Les fameuses aides publiques aux entreprises de presse, qui représentent 820 millions d’euros annuels, sont régulièrement accusées d’encourager des modèles établis ou en perte de vitesse plutôt que de favoriser l’innovation.En regard, le Fonds Google (16,1 millions d’euros) a apporté l’exemple d’une aide focalisée sur les nouveaux projets. « L’intervention de l’Etat doit donner toute sa place au binôme innovation-expérimentation », recommande donc M. Charon.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaisePriorité au pluralismeLa remise de ce rapport a été pour Fleur Pellerin l’occasion de clarifier les évolutions des aides à la presse, mais aussi de rappeler que la première préoccupation de l’Etat reste le pluralisme.Dans le contexte de l’après-Charlie, marqué par une attention accrue aux lieux du débat public, plusieurs dizaines de titres généralistes (hebdomadaires, mensuels, trimestriels…) vont désormais toucher des aides directes, jusqu’ici réservées aux quotidiens.Lire aussi le décryptage : Aides à la presse : qui touche le plus ?Ces aides directes s’élèveront dès cette année à 135 millions d’euros, contre 130 millions précédemment. En contrepartie, Mme Pellerin souhaite les conditionner à des critères éthiques ou déontologiques, aux bonnes pratiques sociales ou au respect de la diversité et de la parité.Quant aux aides indirectes (taux « super-réduit » de TVA et tarifs postaux avantageux), elles seront désormais plus sélectives. Seule la presse d’information politique et générale, ainsi que la presse « de la connaissance et du savoir », continueront de bénéficier des aides postales (130 millions d’euros annuels actuellement). La presse de loisir et de divertissement devra s’en passer.Aider les médias en créationLes détails de cette réforme des aides postales ne sont pas encore connus, puisque la ministre a lancé des missions qui seront achevées cet été. Mais le ministère compte sur ce resserrement pour dégager de quoi accompagner l’innovation.Il s’agirait de renforcer le Fonds stratégique pour le développement de la presse (en l’ouvrant davantage à des acteurs modestes), mais aussi de créer un fonds d’accompagnement à la création de nouveaux médias.Enfin, Mme Pellerin souhaite favoriser la création d’incubateurs qui, comme le suggère M. Charon, « accueillent les “pure players” d’information, les labs des entreprises de presse, ainsi que les start-up contribuant à la production d’information ».M. Charon propose aussi des formules de « start-up en résidence », où une entreprise éditrice accueillerait une start-up le temps de faire aboutir conjointement un projet innovant, avec une aide de l’Etat.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Qui n’a pas pesté devant son poste en regrettant qu’il n’y ait « rien à la télé ce soir » ? Qui ne s’est pas senti perdu dans l’offre pléthorique de programmes pour finir par sélectionner une émission au hasard ? Pour aider le téléspectateur à s’y retrouver, France Télévisions a lancé mardi 2 juin Zoom, une application gratuite destinée à ceux qui « aiment la télé, mais vivent la diffusion linéaire comme une contrainte » ; ces téléspectateurs « qui n’ont pas le temps de tout regarder, qui ont du mal à choisir parmi les centaines de chaînes et les millions de vidéos, et qui ne veulent que le meilleur ».Des playlists thématiquesEn tapotant sur l’écran de son smartphone l’utilisateur peut indiquer ses centres d’intérêt (info, sport, culture, art de vivre, jeux…), puis composer ce qui ressemble au programme de sa « chaîne idéale » avec les émissions vedettes du service public (« Le plus grand cabaret du monde », « Des racines et des ailes », « C dans l’air »…). Il peut aussi préciser celles qu’il « ne veut surtout pas voir ». On lui propose ensuite une liste de « playlists » thématique. Grâce à un algorithme, cette sélection s’affine au fur et à mesure de ses visionnages. Il peut « aider » le programme de calcul en marquant les vidéos qu’il aime et celle qu’il n’aime pas. Le mobinaute peut aussi indiquer le temps dont il dispose pour visionner des vidéos. L’offre proposée s’adapte à ce temps disponible.« Le temps de la recommandation »L’application Zoom est née de deux convictions a indiqué Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions : « C’est le temps du mobile et c’est le temps de la recommandation. » Téléchargeable dans un premier temps uniquement sur les iPhone (la version pour les smartphones Android est prévue pour la fin de l’année), cette application s’adresse en priorité aux plus jeunes qui consomment différemment la télévision. « C’est dans notre mission de permettre d’offrir nos contenus à tous les citoyens quels que soient les écrans », a insisté Rémy Pfimlin, président de France Télévisions jusqu’à la fin août.Bientôt un mode hors connexionLa mise au point de cette application a mobilisé 25 personnes depuis janvier 2014. Au total, le groupe aura investi 1,4 million d’euros pour la développer. De nouvelles fonctionnalités comme le mode hors connexion, permettant de visionner des vidéos même sans accès à l’Internet. Une version adaptée aux ordinateurs devrait être disponible à l’automne, l’application sera ensuite optimisée pour les tablettes.Lire aussi :France Télévisions : les premiers pas de Delphine ErnotteJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 19h59 • Mis à jour le02.06.2015 à 16h55 | Alexis Delcambre « Il est à peine imaginable que Têtu puisse disparaître et pourtant, jamais le risque n’a été aussi grand. » Lundi 1er juin, la direction du magazine gay a mis en ligne un communiqué annonçant le placement de l’entreprise en redressement judiciaire, vingt ans après sa création.En cause : la situation financière du titre, propriété depuis 2013 de l’homme d’affaires Jean-Jacques Augier. Le 28 mai, la société éditrice du magazine s’était déclarée en cessation de paiement. Selon M. Augier, les pertes ont atteint 1,1 million d’euros en 2014 et devraient s’élever à 500 000 euros en 2015.Paradoxalement, elles sont moins conséquentes que celles subies avant 2013 (plus de 2 millions d’euros annuels environ). Mais celles-ci étaient alors régulièrement épongées par Pierre Bergé, le précédent propriétaire de Têtu (et actuel co-actionnaire du Monde).Restructuration lourdeLors de la cession du titre en 2013 pour un euro symbolique, M. Bergé avait laissé une trésorerie de 2,4 millions d’euros. Selon M. Augier, celle-ci a été consumée dès 2013, année où les pertes ont été de 2,35 millions d’euros.Depuis deux ans, le titre a été lourdement restructuré. Une vingtaine de postes, soit plus de la moitié des effectifs, ont été supprimés, et le journal ne compte plus que dix salariés. Les frais, eux, ont été réduits de 60 %.Ces efforts n’ont pas été accompagnés d’un réel développement de l’activité. La diffusion du magazine, qui était de près de 36 000 exemplaires en 2012, est tombée à environ 28 000 en 2014. Le nouveau Têtu, recentré, assagi et lifestyle, peine à renouveler son public même si les abonnements (8 900), ont progressé.Des relations difficiles avec les agences publicitairesSur le Web, le site Tetu.com (450 000 visiteurs uniques) affronte la concurrence sévère de sites communautaires comme Yagg, fondé par des anciens de Têtu, avec lequel un partenariat avait un temps été noué. Et en matière de développement, il a lancé une application de rencontres, So Têtu (10 000 téléchargements), qui peine à exister sur un créneau déjà largement occupé, notamment par Grindr.Mais pour M. Augier, la difficulté principale est la relation avec les agences publicitaires. « Elles nous étranglent, affirme-t-il. Nous avons une cible qui consomme, qui plaît aux annonceurs, nos pages reçoivent de la publicité, mais nous peinons à maintenir nos tarifs et à obtenir les paiements. »Un rapport du faible au fort auquel la réponse est, à ses yeux, de rompre l’isolement du magazine : « La survie de ce titre emblématique du paysage éditorial français passe par le rapprochement avec un groupe de presse, seul à même de donner au titre un poids suffisant face aux agences de publicité », énonce le communiqué publié lundi.Appel du piedL’appel du pied est clair : « Le tribunal de commerce nous a donné lundi quatre mois pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre, selon M. Augier. Si au bout de quatre mois nous n’avons pas trouvé de repreneur, le tribunal prononcera la liquidation. » En 2013, trois investisseurs avaient été candidats à la reprise du titre, dont le banquier d’affaires Matthieu Pigasse (actionnaire du Monde et propriétaire des Inrockuptibles). C’est finalement M. Augier qui l’avait emporté – un ancien énarque de la promotion Voltaire, la même que François Hollande, et trésorier de la campagne de l’actuel président en 2012.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 11h07 • Mis à jour le01.06.2015 à 17h28 | Alexandre Piquard « Nous sommes aujourd’hui au cœur d’une période dite “de tuilage”. C’est en bonne intelligence avec Rémy Pflimlin qu’elle se déroule. Je ne souhaite interférer dans aucun de ses choix au quotidien. » Pour son premier acte de communication, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a envoyé lundi 1er juin un e-mail au comité exécutif. Elle y définit l’entre-deux imaginé par le législateur pour préparer l’arrivée du futur président : nommée le 23 avril par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’ex-dirigeante d’Orange France n’entrera en fonction que le 22 août, cinq mois plus tard.« Imaginez qu’on ne vous garde pas, mais qu’on vous demande de conseiller votre successeur, qui vous regarde travailler », ironise Eric Vial, syndicaliste Force ouvrière, à propos de M. Pflimlin, qui estime, lui, que le tuilage se passe bien. « Dans d’autres entreprises, il y a une transition : l’ancienne équipe conseille mais la nouvelle est en fonction, raconte un cadre. L’ambiance est un peu surréaliste. On doit continuer à travailler normalement mais des interlocuteurs extérieurs, dans des négociations, jouent sur l’arrivée de la nouvelle équipe. Et on lit des rumeurs dans la presse sur le départ des uns ou l’arrivée d’autres. » Lire aussi :Une « cheffe » d’entreprise ne fait pas le printempsDépart de Thierry ThuillierLe cas qui a fait couler le plus d’encre est celui de Thierry Thuillier, le directeur de l’information et directeur de France 2, qui a confirmé, lundi, rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion.A en croire nombre d’échos de presse, M. Thuillier était vu comme penchant à droite par certains dans l’exécutif et indésirable de ce fait, à deux ans de la présidentielle. Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec l’exécutif étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Dans l’entourage de Mme Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de se passer de M. Thuillier, que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.Pour lui succéder plusieurs noms circulent en interne : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef du service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest, ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier, il se « poserait la question » de son avenir.Rassurer les salariésConsciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Mme Ernotte ne pourra pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut pas en principe négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants.Pour la nouvelle présidente, la résolution du cas Thuillier clarifie l’enjeu de la composition de son équipe, qui doit comporter un directeur de la stratégie et des programmes, mais aussi – selon le projet présenté au CSA – des patrons de chaînes plus forts et autonomes qu’aujourd’hui.Mme Ernotte consulte largement en interne et en externe et a notamment rencontré Bibiane Godfroid, ex-directrice des programmes de M6. « Ses choix seront scrutés car elle ne connaît pas la télévision. Son équipe importe donc », explique une cadre.Seconde phase du tuilageMme Ernotte veut entrer aujourd’hui dans une seconde phase du tuilage : « Je vous remercie de me remettre, d’ici le vendredi 5 juin, un document écrit portant sur les dossiers sous votre responsabilité, écrit-elle au comité exécutif.Depuis un mois, la future présidente dispose – comme ses prédécesseurs – de deux bureaux et d’une salle de réunion au Ponant, un immeuble situé à 200 mètres du siège de France Télévisions.Elle y est entourée de son assistante et de son directeur de cabinet, Stéphane Sitbon-Gomez, ancien bras droit de l’écologiste Cécile Duflot, ainsi que le consultant en stratégie et communication Denis Pingaud, qui reste président de sa société Balises (et conseille également le président de Radio France, Mathieu Gallet).Lire aussi :Le bras droit de Duflot rejoint l’équipe de Delphine Ernotte à France TélévisionsA la rencontre des dirigeantsJusqu’ici, Mme Ernotte a rencontré une vingtaine de dirigeants de l’entreprise, par ordre de hiérarchie. « Elle cherchait à faire connaissance, posait surtout des questions et était très à l’écoute », raconte un cadre.Lors de ces entretiens, la nouvelle présidente s’est montrée ouverte sur son projet remis au CSA, qui en interne avait suscité des inquiétudes parce qu’il faisait de France 2 une chaîne du flux, et de France 3, une chaîne de la création. Les grilles de rentrée ont été faites par l’équipe de M. Pflimlin, qui explique qu’il y aura peu de changements majeurs.« La constitution des grilles et le tuilage se passent bien parce que nos résultats sont bons, notamment sur France 2, grâce à l’information et la fiction », souligne-t-on dans l’équipe du président sortant. Le 2 juin, une « nouvelle offre numérique » sera annoncée par Bruno Patino, directeur des programmes et du numérique.Lire aussi :La création numérique, une priorité pour le service public audiovisuelM. Pflimlin a donné la consigne d’informer Mme Ernotte des dossiers pouvant engager l’entreprise à moyen terme. Celle-ci a ainsi été consultée sur une négociation de droits sportifs ou sur la pénibilité du travail. Plusieurs discussions de dialogue social se poursuivent en effet, avec l’actuel directeur des ressources humaines Patrice Papet, qui avance un bilan de 650 postes réduits sous le mandat de M. Pflimlin à France Télévisions, « passée sous la barre des 10 000 salariés ».Côté financier, la régie publicitaire se réjouit d’un très bon premier trimestre, même si depuis, le repli des parrainages à l’antenne entraîne à fin mai un retard de 5 millions d’euros environ sur l’objectif publicitaire de 2015.Les syndicats en campagnePour les syndicats, la période de tuilage n’est pas un long fleuve tranquille. Les élections syndicales qui auront lieu dans quelques semaines au siège ont été l’occasion de tensions, le syndicat minoritaire et franc-tireur SNPCA-CGC ayant insinué que la CGT avait soutenu Mme Ernotte.Appuyé par FO sur ce point, Marc Chauvelot, délégué de la CGT, a démenti et rappelé que les syndicats avaient reçu pendant la campagne un grand nombre de candidats à la présidence. L’élu préfère insister sur une revendication syndicale de longue date – qu’il souhaite faire traduire dans une charte avant l’été : le recours prioritaire à la production interne plutôt qu’à des sociétés extérieures.« Ce sera une façon de commencer à discuter avec Mme Ernotte », dit-il, alors que la présidente va rencontrer les organisations syndicales courant juin. Mme Ernotte a également prévu, ce mois, de rencontrer les personnels de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une « une » de crise qu’a choisie Libération pour lancer sa nouvelle formule papier, lundi 1er juin : les yeux inquiets de Vincent Lindon, son visage défait, sous une manchette « Le chômage superstar », consacrée au succès du film La Loi du marché.Mais ce n’est plus la crise de Libération. Un an après son sauvetage grâce à une recapitalisation menée par Patrick Drahi – le propriétaire de Numericable-SFR – et Bruno Ledoux, le titre emblématique de la gauche française veut faire de cette nouvelle maquette – larges photos, titres impactants – le premier signe visible de son renouveau.Du passé, table rase a partiellement été faite. 108 salariés ont quitté l’entreprise depuis un an, ramenant l’effectif à 180 (dont 130 journalistes). Des gardiens du temple du Libé historique sont partis, laissant une nouvelle génération s’installer aux commandes et quelques recrues rejoindre la rédaction.Lire aussi :Près de cent candidats au départ à « Libération »Le logiciel politique de cette équipe reste à découvrir, même si Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction, met en avant « ses valeurs d’indépendance, de critique mais aussi de proposition, exprimées par la devise qui sera désormais la sienne : “La liberté, ça s’invente” ».En revanche, son logiciel éditorial est plus clairement défini : Libération se veut désormais « un site qui publie un quotidien » et même un titre « mobile first », où les informations nouvelles sont publiées en première intention sur les supports numériques. Ce n’est pas encore le cas, puisque les nouvelles formules du site et de l’application mobile sont prévues pour « l’été ».A la reconquête du lectoratMais le quotidien s’affirme déjà comme celui qui va le plus loin, en France, dans la prise en compte de la production numérique. L’actualité de base est concentrée dans une rubrique unique, « Expresso », nourrie de petits modules largement inspirés du Web. Le reste du journal – où les rubriques ont disparu – ne se compose que de doubles pages consacrées à des sujets très anglés, de production originale.Tout cela a un prix : 2 euros (contre 1,80 précédemment). Cette augmentation est l’un des leviers du retour à l’équilibre d’exploitation, que M. Drahi a demandé pour 2015. Mais les sources de revenus restent à développer. En dépit d’un mois de janvier exceptionnel, à 126 000 exemplaires, les ventes du quotidien stagnent, aux alentours de 95 000 par mois. « Il faut reconquérir un lectorat », constate-t-on en interne.Les ventes numériques restent peu développées. Le journal travaille à relancer ses forums, qui apportaient avant la crise plus de 10 % du chiffre d’affaires. D’autres activités, comme la vidéo, pourraient suivre, mais restent suspendues à un nouvel investissement des actionnaires.L’intégration de « Libé » dans un groupe est l’autre grande affaire du moment. Altice Media Groupe France rassemblera également le Groupe Express-Expansion – pour lequel M. Drahi est en négociations exclusives – et la chaîne d’information i24 News.Bruno Ledoux sera présent pour environ 9 % dans AMG France, le reste étant détenu par AMG, une holding logée au Luxembourg, rassemblant les dirigeants opérationnels du groupe (Marc Laufer, Bernard Mourad) et M. Drahi. De premières synergies (mutualisation de certaines fonctions, possible déménagement de Libération au siège de L’Express) devraient être rapidement étudiées.Lire aussi :Un banquier à la tête de « L’Express » et « Libération »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 09h36 • Mis à jour le03.06.2015 à 15h48 | Alexis Delcambre Il faut aborder le secteur de l’information comme un « écosystème » qui dépasse les catégories issues de l’univers imprimé : telle est la recommandation du sociologue Jean-Marie Charon, auteur d’un rapport intitulé « Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème », remis à la ministre de la culture, Fleur Pellerin, mardi 2 juin.L’objet de ce rapport était de proposer un état des lieux du secteur pour permettre aux acteurs politiques de mieux cibler leurs interventions. Les fameuses aides publiques aux entreprises de presse, qui représentent 820 millions d’euros annuels, sont régulièrement accusées d’encourager des modèles établis ou en perte de vitesse plutôt que de favoriser l’innovation.En regard, le Fonds Google (16,1 millions d’euros) a apporté l’exemple d’une aide focalisée sur les nouveaux projets. « L’intervention de l’Etat doit donner toute sa place au binôme innovation-expérimentation », recommande donc M. Charon.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaisePriorité au pluralismeLa remise de ce rapport a été pour Fleur Pellerin l’occasion de clarifier les évolutions des aides à la presse, mais aussi de rappeler que la première préoccupation de l’Etat reste le pluralisme.Dans le contexte de l’après-Charlie, marqué par une attention accrue aux lieux du débat public, plusieurs dizaines de titres généralistes (hebdomadaires, mensuels, trimestriels…) vont désormais toucher des aides directes, jusqu’ici réservées aux quotidiens.Lire aussi le décryptage : Aides à la presse : qui touche le plus ?Ces aides directes s’élèveront dès cette année à 135 millions d’euros, contre 130 millions précédemment. En contrepartie, Mme Pellerin souhaite les conditionner à des critères éthiques ou déontologiques, aux bonnes pratiques sociales ou au respect de la diversité et de la parité.Quant aux aides indirectes (taux « super-réduit » de TVA et tarifs postaux avantageux), elles seront désormais plus sélectives. Seule la presse d’information politique et générale, ainsi que la presse « de la connaissance et du savoir », continueront de bénéficier des aides postales (130 millions d’euros annuels actuellement). La presse de loisir et de divertissement devra s’en passer.Aider les médias en créationLes détails de cette réforme des aides postales ne sont pas encore connus, puisque la ministre a lancé des missions qui seront achevées cet été. Mais le ministère compte sur ce resserrement pour dégager de quoi accompagner l’innovation.Il s’agirait de renforcer le Fonds stratégique pour le développement de la presse (en l’ouvrant davantage à des acteurs modestes), mais aussi de créer un fonds d’accompagnement à la création de nouveaux médias.Enfin, Mme Pellerin souhaite favoriser la création d’incubateurs qui, comme le suggère M. Charon, « accueillent les “pure players” d’information, les labs des entreprises de presse, ainsi que les start-up contribuant à la production d’information ».M. Charon propose aussi des formules de « start-up en résidence », où une entreprise éditrice accueillerait une start-up le temps de faire aboutir conjointement un projet innovant, avec une aide de l’Etat.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Qui n’a pas pesté devant son poste en regrettant qu’il n’y ait « rien à la télé ce soir » ? Qui ne s’est pas senti perdu dans l’offre pléthorique de programmes pour finir par sélectionner une émission au hasard ? Pour aider le téléspectateur à s’y retrouver, France Télévisions a lancé mardi 2 juin Zoom, une application gratuite destinée à ceux qui « aiment la télé, mais vivent la diffusion linéaire comme une contrainte » ; ces téléspectateurs « qui n’ont pas le temps de tout regarder, qui ont du mal à choisir parmi les centaines de chaînes et les millions de vidéos, et qui ne veulent que le meilleur ».Des playlists thématiquesEn tapotant sur l’écran de son smartphone l’utilisateur peut indiquer ses centres d’intérêt (info, sport, culture, art de vivre, jeux…), puis composer ce qui ressemble au programme de sa « chaîne idéale » avec les émissions vedettes du service public (« Le plus grand cabaret du monde », « Des racines et des ailes », « C dans l’air »…). Il peut aussi préciser celles qu’il « ne veut surtout pas voir ». On lui propose ensuite une liste de « playlists » thématique. Grâce à un algorithme, cette sélection s’affine au fur et à mesure de ses visionnages. Il peut « aider » le programme de calcul en marquant les vidéos qu’il aime et celle qu’il n’aime pas. Le mobinaute peut aussi indiquer le temps dont il dispose pour visionner des vidéos. L’offre proposée s’adapte à ce temps disponible.« Le temps de la recommandation »L’application Zoom est née de deux convictions a indiqué Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions : « C’est le temps du mobile et c’est le temps de la recommandation. » Téléchargeable dans un premier temps uniquement sur les iPhone (la version pour les smartphones Android est prévue pour la fin de l’année), cette application s’adresse en priorité aux plus jeunes qui consomment différemment la télévision. « C’est dans notre mission de permettre d’offrir nos contenus à tous les citoyens quels que soient les écrans », a insisté Rémy Pfimlin, président de France Télévisions jusqu’à la fin août.Bientôt un mode hors connexionLa mise au point de cette application a mobilisé 25 personnes depuis janvier 2014. Au total, le groupe aura investi 1,4 million d’euros pour la développer. De nouvelles fonctionnalités comme le mode hors connexion, permettant de visionner des vidéos même sans accès à l’Internet. Une version adaptée aux ordinateurs devrait être disponible à l’automne, l’application sera ensuite optimisée pour les tablettes.Lire aussi :France Télévisions : les premiers pas de Delphine ErnotteJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 19h59 • Mis à jour le02.06.2015 à 16h55 | Alexis Delcambre « Il est à peine imaginable que Têtu puisse disparaître et pourtant, jamais le risque n’a été aussi grand. » Lundi 1er juin, la direction du magazine gay a mis en ligne un communiqué annonçant le placement de l’entreprise en redressement judiciaire, vingt ans après sa création.En cause : la situation financière du titre, propriété depuis 2013 de l’homme d’affaires Jean-Jacques Augier. Le 28 mai, la société éditrice du magazine s’était déclarée en cessation de paiement. Selon M. Augier, les pertes ont atteint 1,1 million d’euros en 2014 et devraient s’élever à 500 000 euros en 2015.Paradoxalement, elles sont moins conséquentes que celles subies avant 2013 (plus de 2 millions d’euros annuels environ). Mais celles-ci étaient alors régulièrement épongées par Pierre Bergé, le précédent propriétaire de Têtu (et actuel co-actionnaire du Monde).Restructuration lourdeLors de la cession du titre en 2013 pour un euro symbolique, M. Bergé avait laissé une trésorerie de 2,4 millions d’euros. Selon M. Augier, celle-ci a été consumée dès 2013, année où les pertes ont été de 2,35 millions d’euros.Depuis deux ans, le titre a été lourdement restructuré. Une vingtaine de postes, soit plus de la moitié des effectifs, ont été supprimés, et le journal ne compte plus que dix salariés. Les frais, eux, ont été réduits de 60 %.Ces efforts n’ont pas été accompagnés d’un réel développement de l’activité. La diffusion du magazine, qui était de près de 36 000 exemplaires en 2012, est tombée à environ 28 000 en 2014. Le nouveau Têtu, recentré, assagi et lifestyle, peine à renouveler son public même si les abonnements (8 900), ont progressé.Des relations difficiles avec les agences publicitairesSur le Web, le site Tetu.com (450 000 visiteurs uniques) affronte la concurrence sévère de sites communautaires comme Yagg, fondé par des anciens de Têtu, avec lequel un partenariat avait un temps été noué. Et en matière de développement, il a lancé une application de rencontres, So Têtu (10 000 téléchargements), qui peine à exister sur un créneau déjà largement occupé, notamment par Grindr.Mais pour M. Augier, la difficulté principale est la relation avec les agences publicitaires. « Elles nous étranglent, affirme-t-il. Nous avons une cible qui consomme, qui plaît aux annonceurs, nos pages reçoivent de la publicité, mais nous peinons à maintenir nos tarifs et à obtenir les paiements. »Un rapport du faible au fort auquel la réponse est, à ses yeux, de rompre l’isolement du magazine : « La survie de ce titre emblématique du paysage éditorial français passe par le rapprochement avec un groupe de presse, seul à même de donner au titre un poids suffisant face aux agences de publicité », énonce le communiqué publié lundi.Appel du piedL’appel du pied est clair : « Le tribunal de commerce nous a donné lundi quatre mois pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre, selon M. Augier. Si au bout de quatre mois nous n’avons pas trouvé de repreneur, le tribunal prononcera la liquidation. » En 2013, trois investisseurs avaient été candidats à la reprise du titre, dont le banquier d’affaires Matthieu Pigasse (actionnaire du Monde et propriétaire des Inrockuptibles). C’est finalement M. Augier qui l’avait emporté – un ancien énarque de la promotion Voltaire, la même que François Hollande, et trésorier de la campagne de l’actuel président en 2012.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 11h07 • Mis à jour le01.06.2015 à 17h28 | Alexandre Piquard « Nous sommes aujourd’hui au cœur d’une période dite “de tuilage”. C’est en bonne intelligence avec Rémy Pflimlin qu’elle se déroule. Je ne souhaite interférer dans aucun de ses choix au quotidien. » Pour son premier acte de communication, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a envoyé lundi 1er juin un e-mail au comité exécutif. Elle y définit l’entre-deux imaginé par le législateur pour préparer l’arrivée du futur président : nommée le 23 avril par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’ex-dirigeante d’Orange France n’entrera en fonction que le 22 août, cinq mois plus tard.« Imaginez qu’on ne vous garde pas, mais qu’on vous demande de conseiller votre successeur, qui vous regarde travailler », ironise Eric Vial, syndicaliste Force ouvrière, à propos de M. Pflimlin, qui estime, lui, que le tuilage se passe bien. « Dans d’autres entreprises, il y a une transition : l’ancienne équipe conseille mais la nouvelle est en fonction, raconte un cadre. L’ambiance est un peu surréaliste. On doit continuer à travailler normalement mais des interlocuteurs extérieurs, dans des négociations, jouent sur l’arrivée de la nouvelle équipe. Et on lit des rumeurs dans la presse sur le départ des uns ou l’arrivée d’autres. » Lire aussi :Une « cheffe » d’entreprise ne fait pas le printempsDépart de Thierry ThuillierLe cas qui a fait couler le plus d’encre est celui de Thierry Thuillier, le directeur de l’information et directeur de France 2, qui a confirmé, lundi, rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion.A en croire nombre d’échos de presse, M. Thuillier était vu comme penchant à droite par certains dans l’exécutif et indésirable de ce fait, à deux ans de la présidentielle. Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec l’exécutif étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Dans l’entourage de Mme Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de se passer de M. Thuillier, que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.Pour lui succéder plusieurs noms circulent en interne : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef du service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest, ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier, il se « poserait la question » de son avenir.Rassurer les salariésConsciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Mme Ernotte ne pourra pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut pas en principe négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants.Pour la nouvelle présidente, la résolution du cas Thuillier clarifie l’enjeu de la composition de son équipe, qui doit comporter un directeur de la stratégie et des programmes, mais aussi – selon le projet présenté au CSA – des patrons de chaînes plus forts et autonomes qu’aujourd’hui.Mme Ernotte consulte largement en interne et en externe et a notamment rencontré Bibiane Godfroid, ex-directrice des programmes de M6. « Ses choix seront scrutés car elle ne connaît pas la télévision. Son équipe importe donc », explique une cadre.Seconde phase du tuilageMme Ernotte veut entrer aujourd’hui dans une seconde phase du tuilage : « Je vous remercie de me remettre, d’ici le vendredi 5 juin, un document écrit portant sur les dossiers sous votre responsabilité, écrit-elle au comité exécutif.Depuis un mois, la future présidente dispose – comme ses prédécesseurs – de deux bureaux et d’une salle de réunion au Ponant, un immeuble situé à 200 mètres du siège de France Télévisions.Elle y est entourée de son assistante et de son directeur de cabinet, Stéphane Sitbon-Gomez, ancien bras droit de l’écologiste Cécile Duflot, ainsi que le consultant en stratégie et communication Denis Pingaud, qui reste président de sa société Balises (et conseille également le président de Radio France, Mathieu Gallet).Lire aussi :Le bras droit de Duflot rejoint l’équipe de Delphine Ernotte à France TélévisionsA la rencontre des dirigeantsJusqu’ici, Mme Ernotte a rencontré une vingtaine de dirigeants de l’entreprise, par ordre de hiérarchie. « Elle cherchait à faire connaissance, posait surtout des questions et était très à l’écoute », raconte un cadre.Lors de ces entretiens, la nouvelle présidente s’est montrée ouverte sur son projet remis au CSA, qui en interne avait suscité des inquiétudes parce qu’il faisait de France 2 une chaîne du flux, et de France 3, une chaîne de la création. Les grilles de rentrée ont été faites par l’équipe de M. Pflimlin, qui explique qu’il y aura peu de changements majeurs.« La constitution des grilles et le tuilage se passent bien parce que nos résultats sont bons, notamment sur France 2, grâce à l’information et la fiction », souligne-t-on dans l’équipe du président sortant. Le 2 juin, une « nouvelle offre numérique » sera annoncée par Bruno Patino, directeur des programmes et du numérique.Lire aussi :La création numérique, une priorité pour le service public audiovisuelM. Pflimlin a donné la consigne d’informer Mme Ernotte des dossiers pouvant engager l’entreprise à moyen terme. Celle-ci a ainsi été consultée sur une négociation de droits sportifs ou sur la pénibilité du travail. Plusieurs discussions de dialogue social se poursuivent en effet, avec l’actuel directeur des ressources humaines Patrice Papet, qui avance un bilan de 650 postes réduits sous le mandat de M. Pflimlin à France Télévisions, « passée sous la barre des 10 000 salariés ».Côté financier, la régie publicitaire se réjouit d’un très bon premier trimestre, même si depuis, le repli des parrainages à l’antenne entraîne à fin mai un retard de 5 millions d’euros environ sur l’objectif publicitaire de 2015.Les syndicats en campagnePour les syndicats, la période de tuilage n’est pas un long fleuve tranquille. Les élections syndicales qui auront lieu dans quelques semaines au siège ont été l’occasion de tensions, le syndicat minoritaire et franc-tireur SNPCA-CGC ayant insinué que la CGT avait soutenu Mme Ernotte.Appuyé par FO sur ce point, Marc Chauvelot, délégué de la CGT, a démenti et rappelé que les syndicats avaient reçu pendant la campagne un grand nombre de candidats à la présidence. L’élu préfère insister sur une revendication syndicale de longue date – qu’il souhaite faire traduire dans une charte avant l’été : le recours prioritaire à la production interne plutôt qu’à des sociétés extérieures.« Ce sera une façon de commencer à discuter avec Mme Ernotte », dit-il, alors que la présidente va rencontrer les organisations syndicales courant juin. Mme Ernotte a également prévu, ce mois, de rencontrer les personnels de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une « une » de crise qu’a choisie Libération pour lancer sa nouvelle formule papier, lundi 1er juin : les yeux inquiets de Vincent Lindon, son visage défait, sous une manchette « Le chômage superstar », consacrée au succès du film La Loi du marché.Mais ce n’est plus la crise de Libération. Un an après son sauvetage grâce à une recapitalisation menée par Patrick Drahi – le propriétaire de Numericable-SFR – et Bruno Ledoux, le titre emblématique de la gauche française veut faire de cette nouvelle maquette – larges photos, titres impactants – le premier signe visible de son renouveau.Du passé, table rase a partiellement été faite. 108 salariés ont quitté l’entreprise depuis un an, ramenant l’effectif à 180 (dont 130 journalistes). Des gardiens du temple du Libé historique sont partis, laissant une nouvelle génération s’installer aux commandes et quelques recrues rejoindre la rédaction.Lire aussi :Près de cent candidats au départ à « Libération »Le logiciel politique de cette équipe reste à découvrir, même si Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction, met en avant « ses valeurs d’indépendance, de critique mais aussi de proposition, exprimées par la devise qui sera désormais la sienne : “La liberté, ça s’invente” ».En revanche, son logiciel éditorial est plus clairement défini : Libération se veut désormais « un site qui publie un quotidien » et même un titre « mobile first », où les informations nouvelles sont publiées en première intention sur les supports numériques. Ce n’est pas encore le cas, puisque les nouvelles formules du site et de l’application mobile sont prévues pour « l’été ».A la reconquête du lectoratMais le quotidien s’affirme déjà comme celui qui va le plus loin, en France, dans la prise en compte de la production numérique. L’actualité de base est concentrée dans une rubrique unique, « Expresso », nourrie de petits modules largement inspirés du Web. Le reste du journal – où les rubriques ont disparu – ne se compose que de doubles pages consacrées à des sujets très anglés, de production originale.Tout cela a un prix : 2 euros (contre 1,80 précédemment). Cette augmentation est l’un des leviers du retour à l’équilibre d’exploitation, que M. Drahi a demandé pour 2015. Mais les sources de revenus restent à développer. En dépit d’un mois de janvier exceptionnel, à 126 000 exemplaires, les ventes du quotidien stagnent, aux alentours de 95 000 par mois. « Il faut reconquérir un lectorat », constate-t-on en interne.Les ventes numériques restent peu développées. Le journal travaille à relancer ses forums, qui apportaient avant la crise plus de 10 % du chiffre d’affaires. D’autres activités, comme la vidéo, pourraient suivre, mais restent suspendues à un nouvel investissement des actionnaires.L’intégration de « Libé » dans un groupe est l’autre grande affaire du moment. Altice Media Groupe France rassemblera également le Groupe Express-Expansion – pour lequel M. Drahi est en négociations exclusives – et la chaîne d’information i24 News.Bruno Ledoux sera présent pour environ 9 % dans AMG France, le reste étant détenu par AMG, une holding logée au Luxembourg, rassemblant les dirigeants opérationnels du groupe (Marc Laufer, Bernard Mourad) et M. Drahi. De premières synergies (mutualisation de certaines fonctions, possible déménagement de Libération au siège de L’Express) devraient être rapidement étudiées.Lire aussi :Un banquier à la tête de « L’Express » et « Libération »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Thierry Thuillier, le directeur de l’information de France Télévisions et directeur de France 2, a confirmé lundi 1er juin qu’il quitte le groupe public pour rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion personnelle. Il ne gérera pas les programmes de flux et le « clair », comme un temps évoqué.Dans les spéculations autour de l’équipe de Mme Ernotte, M. Thuillier était le cas le plus médiatique car l’information est un des points forts du bilan de Rémy Pflimlin, prédécesseur de Delphine Ernotte, et parce que c’est un domaine sensible. Plusieurs échos de presse ont soutenu que Thierry Thuillier - nommé comme l’équipe de M. Pflimlin sous Nicolas Sarkozy - était classé à droite par certains dans l’exécutif et qu’il pourrait perdre sa place de ce fait, à deux ans de la présidentielle.Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec le pouvoir en place étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Il s’est toujours voulu à distance du milieu politique et a défendu une information parfois « abrasive », par exemple dans le magazine Cash Investigation. Dans l’entourage de Delphine Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de ne pas travailler avec M. Thuillier et que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.M. Thuillier parti, on se pose la question de la suite à France Télévisions. Pour lui succéder circulent en interne quelques noms : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier il se « poserait la question » de son avenir.Consciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Delphine Ernotte ne pourra pourtant a priori pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut en principe pas négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants. Elle consulte largement, en interne et en externe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.05.2015 à 10h53 • Mis à jour le01.06.2015 à 10h47 | Joël Morio Le journaliste quitte RTL pour Europe 1 et sera remplacé par Olivier Mazerolle, qui revient quatorze ans après son départ.RTL avait juré qu’elle se tiendrait, cette saison, à l’écart du mercato des animateurs et journalistes après le transfert de Laurent Ruquier, venu d’Europe 1 lors de la rentrée 2014. C’est pourtant la station de la rue Bayard qui a ouvert le bal, écartant Jean-Michel Aphatie, qui, après douze ans passés à la première radio de France, rejoint justement Europe 1, la rivale historique.Ce départ n’est pas une surprise. Christopher Baldelli, le patron de RTL, avait provoqué l’étonnement en déclarant au Nouvel Observateur : « Léa Salamé a beaucoup de talent, c’est incontestable. Peut-être sera-t-elle un jour sur RTL. Je ne l’exclus pas. »Cette sortie flatteuse pour la journaliste qui officie sur France Inter était presque un affront pour Jean-Michel Aphatie (en concurrence frontale avec elle le matin avant 8 heures), qui, de surcroît, s’est récemment fait distancer en termes d’audience par sa jeune consœur. Christopher Baldelli a néanmoins souhaité saluer « la rigueur, l’indépendance et la pugnacité » du journaliste.Jean-Michel Aphatie écarté, RTL n’en a pas profité pour rajeunir son antenne puisque c’est Olivier Mazerolle qui, à la rentrée, aura la charge de l’interview politique du matin – il avait déjà pratiqué l’exercice entre 1995 et 2001 –, reprenant ainsi du service à… 72 ans. Age qu’il jugeait, en 2001, trop élevé pour que Philippe Bouvard continue à présenter les « Grosses Têtes ».Point de chuteAlors directeur général adjoint de RTL, il avait contribué à l’éviction du journaliste. Quatorze ans plus tard, la station semble désormais totalement guérie du jeunisme. « En nommant Olivier Mazerolle aux commandes de l’emblématique interview politique de “RTL Matin”, nous avons fait le choix d’un journaliste de référence, expérimenté et indépendant, qui apportera à RTL une véritable expertise en matière d’actualité politique », estime Christopher Baldelli dans un communiqué.Ce retour permettra-t-il de relancer une matinale qui, malgré l’arrivée d’Yves Calvi à la rentrée 2014, est au coude-à-coude avec celle de France Inter et progresse lentement ? RTL a décidé de ne prendre aucun risque en confiant l’interview politique à un professionnel rompu à cet exercice, mais ce choix manque sérieusement d’audace. Il est vrai que Jean-Pierre Elkabbach, la figure emblématique des interviewers politiques, fêtera ses 78 ans à la rentrée sur Europe 1.Rue François-1er, la mission de Jean-Michel Aphatie sera plus modeste car elle ne concerne pas le prime time de la radio, un moment crucial pour les revenus publicitaires d’une station privée. Le journaliste a pour mission de redynamiser «  Europe 1 Midi  » avec Wendy Bouchard, une tranche assez faible en termes d’audience.« Fabien Namias, toute l’équipe d’Europe 1 et moi-même sommes très fiers d’accueillir à Europe 1 un grand nom du métier. Renouant avec la tradition historique de la station depuis Jacques Paoli et André Arnaud, Jean-Michel, avec Wendy, fera d’“Europe 1 Midi” un grand magazine d’information, de société et de culture, marqué du sceau de la proximité, de la curiosité et de la liberté », a indiqué Denis Olivennes, le président d’Europe 1. Jean-Michel Aphatie est désormais assuré de trouver un point de chute à la rentrée, alors que son avenir au « Grand Journal » de Canal+ est très compromis.D’autres nominations à attendreDans les services politiques des radios, d’autres nominations sont à attendre. En partance pour la présidence de la chaîne parlementaire LCP, Marie-Eve Malouines va laisser en juin sa place de chef du service de France Info. La station a décidé de prendre son temps pour la remplacer : candidature interne ou externe, rien n’est encore décidé. Laurent Guimier ne veut pas se précipiter pour choisir celui ou celle qui aura la charge de couvrir la campagne présidentielle de 2017, qui devrait débuter dès le début 2016 avec la préparation des primaires à droite et peut-être à gauche.Une chose est sûre, le choix devrait se faire indépendamment de celui du futur chef du service politique de France Inter. Marc Fauvelle, l’actuel chef du service, aurait manifesté son désir de présenter le journal de 8 heures en remplacement de Mickaël Thébault.Un changement qui pourrait être lourd de conséquences pour la station, qui enregistre à cette heure-là un pic d’audience. Au cas où le vœu de Marc Fauvelle s’exaucerait (ce que ne confirme ni ne dément la chaîne), ce serait tout un jeu de chaises musicales qui s’enclencherait alors.RMC, pour sa part, n’a pas prévu de changements notables. Malgré l’avertissement envoyé par le CSA après son interview de Roland Dumas, Jean-Jacques Bourdin continuera d’être la star des matins de la station présidée par Alain Weil. Il réfléchit tout au plus à l’arrivée de nouveaux chroniqueurs dans sa tranche horaire, qui après des années de progression a marqué le pas lors des dernières mesures d’audience.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny L’animateur de télévision incarne l’émission « On n’est pas couché », carton d’audience sur France 2.A force de prendre des notes sur son smartphone, Laurent Ruquier en a cassé son écran. Malgré les sérieuses rayures qui lézardent l’appareil, l’animateur de l’émission « On n’est pas couché » (« ONPC ») continue de consigner sur son téléphone tous les sujets qui lui passent par la tête, ainsi que l’actualité politique ou les nouveautés culturelles qu’il lit dans les journaux chaque matin. « Je suis un grand consommateur de presse écrite, j’adore ça ! », dit l’animateur avec un sourire gourmand. « Une grande partie de ma vie professionnelle se trouve dans cet appareil », poursuit-il en montrant ses dernières trouvailles.Il faut dire que chaque jour de la semaine, il doit nourrir en informations « Les Grosses Têtes » sur RTL mais également préparer « ONPC », le samedi soir sur France 2. Deux cartons d’audience qui ont fait de lui « le roi des ondes » comme l’a baptisé récemment son ami Guy Carlier dans le magazine VSD. Bourreau de travail, Ruquier ne se contente pas de lire les journaux et d’animer des émissions. Il écrit aussi des pièces et gère le Théâtre Antoine à Paris où il programme de jeunes talents qu’il a découverts.C’est souvent au détour d’une page, d’un article ou d’une brève qu’il découvre un auteur ou un artiste qu’il invitera sous peu dans « ONPC ». « Ma curiosité ne s’émousse pas, je suis curieux de tout et j’ai le privilège de pouvoir choisir mes invités », pointe-t-il en soulignant que les bonnes audiences (autant sur RTL que sur France 2) le libèrent de toutes pressions.Deux millions de téléspectateursAvec près de 2 millions de téléspectateurs en moyenne chaque semaine, son talk-show de deuxième partie de soirée sur la chaîne publique a connu une progression constante depuis le lancement le 16 septembre 2006.A la rentrée, Laurent Ruquier entamera sa dixième saison. Un cas plutôt rare dans le monde audiovisuel où les émissions sont le plus souvent arrêtées au bout de quelques semaines faute d’audience. L’animateur a d’ailleurs connu cette situation en 1995 avec « Les Niouzes » sur TF1 qui a été stoppée net au bout d’une semaine ! Et, en 2014, lorsque France 2 est venu le chercher en catastrophe pour remplacer au pied levé Sophia Aram qui conduisait la chaîne au désastre avec son émission « Jusqu’ici tout va bien ». Mais son concept n’a guère convaincu les téléspectateurs.« France 2 nous a toujours laissé une grande liberté », souligne la productrice Catherine Barma qui, dans le passé, a produit les talk-shows de Thierry Ardisson et de Marc-Olivier Fogiel. « Le succès de « ONPC » est dû à Laurent Ruquier qui incarne totalement l’émission et qui est en phase avec la société », poursuit-elle. Et compare l’émission à un hebdomadaire d’actualités avec ses pages culturelles ou politiques « que le téléspectateur feuillette à sa guise ».Ainsi, au fil des années, l’émission qui dure près de quatre heures (une des plus longues de la télévision) s’est enrichie et structurée au point de transformer le talk-show initial en un espace où défilent celles et ceux qui ont quelque chose à vendre ou à dire.Buzz et réseaux sociaux« Mais ce n’est pas une émission de promotion avec renvoi d’ascenseur », prévient Laurent Ruquier, rappelant qu’il a choisi le titre de l’émission non pas en raison de sa longueur, mais dans le sens de « on n’est pas couché devant l’invité ». Tout le monde connaît la règle du jeu et rares sont ceux qui refusent de s’installer dans le fauteuil de l’émission. Même si chacun sait qu’il peut s’y faire démolir. Seuls les meilleurs survivent.Le rendez-vous est même devenu (presque) incontournable pour les éditeurs en tous genres qui cherchent à faire la promotion d’un livre, d’un film ou d’un album. Si, en plus, un peu de polémique s’invite sur le plateau, le succès est garanti.Grâce au relais des réseaux sociaux, les propos tenus dans « ONPC » et les clashs entre l’invité(e) et les chroniqueurs sont immédiatement commentés sur Twitter ou Facebook. Sans oublier, les reprises dans les journaux du week-end, voire avant la diffusion de l’émission enregistrée le jeudi, et dont les prises de bec les plus saignantes sont savamment distillées aux journalistes pour faire le buzz.Ce fut le cas, début mai, où le violent échange entre le chroniqueur Aymeric Caron et la journaliste Caroline Fourest, invitée pour parler de son dernier essai polémique Eloge du blasphème (Grasset), a fait débat dans la presse avant qu’il soit à l’écran.« Contrairement à ce que l’on dit, je ne cherche pas le clash », affirme Laurent Ruquier qui, après l’émission, a déclaré qu’il n’inviterait plus la journaliste « en raison de ses mensonges ». « On ne décide pas à l’avance pour savoir s’il y aura un accrochage. L’émission est enregistrée dans les conditions du direct et il y a ensuite un léger montage. Mais nous gardons presque tout. Comme dans la vie, je ne triche pas et j’ai surtout horreur de l’hypocrisie », poursuit-il.« Nous avons une liberté totale de parole et aucune de nos interventions n’est préparée ou décidée pour provoquer un clash », confirme Léa Salamé qui a rejoint la table des chroniqueurs au début de cette saison. « Je suis avant tout journaliste et non pas polémiste. Chacun dit ce qu’il pense dans la plus grande sincérité », poursuit-elle.« Un artisan qui aime le travail bien fait »Un point de vue partagé par la journaliste Audrey Pulvar, ancienne chroniqueuse de l’émission. « C’est une émission où l’on peut dire des choses librement et l’un des rares espaces de la télévision où il y a encore la possibilité de faire une longue interview politique », dit-elle en saluant le professionnalisme de Laurent Ruquier « un sacré bosseur, curieux et cultivé ».« Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues », insiste Catherine Barma qui fut à l’origine de la venue d’Eric Zemmour sur le plateau pendant cinq ans. « Je suis en total désaccord avec les idées de Zemmour, mais il a droit à la parole même si, comme je l’ai dit, je regrette d’avoir participé à la banalisation de ces idées-là. Je préfère que les journalistes aient un point de vue politique mais pas militant », affirme Laurent Ruquier.L’avenir ? « Entre la radio, la télévision et le théâtre, je n’ai pas le temps de m’ennuyer et je compte bien que ça continue le plus longtemps possible », dit-il avant d’ajouter : « Je reste avant tout un artisan qui aime le travail bien fait. A la radio, je m’amuse, à la télé, je me promène et au théâtre, je m’éclate. »Lire aussi :Aymeric Caron en finit aves les débats « saignants »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous A la télévision, protéger une idée ou un concept demeure un parcours du combattant.Le 18 mai, France 3 diffusait le premier numéro d’une émission musicale : « La Vie secrète des chansons ». Quelques jours avant, Fabien Lecœuvre, agent artistique, avait accusé la chaîne de lui avoir volé le concept qu’il avait proposé plusieurs mois auparavant et qu’il s’était vu… refuser. Une accusation démentie par France 3, qui a alors menacé d’attaquer Fabien Lecœuvre en diffamation.Ce genre de polémique est courant dans le monde de l’audiovisuel où « souvent, quand tu as des idées, tu te les fais piquer », expliquele producteur Alexandre Amiel, avant de conclure « c’est la vie de la télé ».Tenter de se préserver contre une culture du copier-coller dans un monde où tout le monde s’inspire de tout le monde : telle est la véritable difficulté que rencontrent en permanence les producteurs. « Une idée ne peut pas être protégée, le mécanisme de l’émission peut l’être », souligne Thierry Ardisson. Exemple : un format dans lequel des participants doivent trouver le titre de chansons (le fameux « blind-test ») ne peut être protégé, car pas assez formalisé. En revanche, si ce jeu s’appuie sur une narration singulière, une lumière spécifique, un décor identifié, un animateur précis… alors, il s’agit là d’un format en mesure d’être protégé.DissuasionPour ce faire, il suffit d’effectuer un dépôt (sous forme de courrier) aux organismes qui gèrent les droits d’auteurs comme la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), la Société civile des auteurs multimedia (SCAM), la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) ou encore l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Première exigence de cette démarche : être le plus précis possible dans la description du projet audiovisuel (scénario, sketch, générique, musique, synopsis de documentaire, un format).« Ce qui est peut être protégé, c’est la forme pas le fond, souligne Nicolas Mazars, juriste à la SCAM. Mais undépôt ne préserve pas de la malhonnêteté, comme une alarme sur votre voiture n’empêchera pas le vol. C’est dissuasif, mais il y a d’autres précautions à prendre. » Notamment savoir parler du concept tout en gardant une certaine confidentialité – ne pas l’ébruiter – ainsi que les traces écrites des différents échanges qu’il a entraînés… Pour autant, ces précautions ne sont pas totalement suffisantes. La création de l’œuvre doit être « originale et empreinte de la personnalité de son auteur, précise Xavier Près, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle. C’est très subjectif comme termes. »Ainsi, en cas de litige, le dépôt pourra démontrer l’antériorité du projet. « Mais le seul moyen d’être protégé, c’est de saisir les juges, eux seuls pourront déterminer s’il y a contrefaçon (terme juridique du plagiat) », note Hubert Tilliet, directeur des affaires juridiques de la SACD. Et comme dans le jeu des sept erreurs, les juges devront trouver les différences et les ressemblances entre les deux « œuvres ».Les producteurs ont presque tous le réflexe de déposer leurs idées de concept. Le coût s’élève d’une centaine d’euros à plus de 12 000 euros si l’on choisit de protéger son format dans plusieurs pays du monde. Ce que fait par exemple Thierry Ardisson, qui n’hésite pas à déposer à l’INPI une dizaine de noms par an. En 2008, il avait vendu le nom « XXI » aux fondateurs d’une future revue de grands reportages dirigée par Patrick Saint-Exupéry.Une solution inattendueLes procès pour contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme font « souvent l’actualité judiciaire », assure l’avocat Xavier Près. Endemol avait attaqué Alexia Laroche-Joubert, incriminant la productrice d’avoir « copié » dans son émission « Dilemme » les formats de « Loft Story » et de « Secret Story ». Une accusation qui a valu à la société de production d’être définitivement déboutée en 2013. Si les affaires de ce type ne manquent pas, elles trouvent parfois, grâce à de petits arrangements, une issue moins radicale. Comme ce fut le cas pour le conflit qui, en janvier 2003, opposa France 2 et M6 qui, toutes deux, avaient dans leur soute un jeu portant sur le code de la route que, chacune, voulait évidemment diffuser la première. Et c’est une solution pour le moins inattendue qui permit de sortir de ce dilemme : l’ordre de programmation se déciderait par… tirage au sort. Résultat : dans un bureau d’avocats, une main innocente tira France 2, qui put ainsi dégainer son jeu avant M6.Si entre eux, les producteurs ne se font aucun cadeau, il en va autrement avec les diffuseurs, plus difficiles à attaquer. Pourtant, les anecdotes ne manquent pas qui mettent au jour le comportement peu honnête de quelques rares chaînes historiques à l’égard des producteurs.« On commence à raconter notre concept à un responsable des programmes, puis en plein milieu de la conversation, il nous dit : “Ah, je t’arrête tout de suite, nous sommes en train de travailler sur le même genre d’émission, on va la faire en interne.” On comprend alors qu’on est en train de se faire piquer l’idée ; mais que faire, à part se fâcher avec la chaîne ? », raconte l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Délicat, en effet, pour les producteurs de se mettre définitivement à dos leurs clients. Car, comme le dit Ardisson : « On ne mord pas la main qui nourrit. »Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le29.05.2015 à 16h51 Le tribunal correctionnel d’Annecy (Haute-Savoie) a condamné, vendredi 29 mai, le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud, et son journaliste Dominique Rizet à payer des amendes de 10 000 euros chacun. Une peine prononcée pour avoir diffusé à l’antenne des photos de la tuerie de Chevaline. Egalement poursuivi pour avoir publié ces clichés, le directeur de la publication du Parisien, Jean Hornain, a été relaxé.M. Béroud et M. Rizet ont été reconnus coupables de recel de violation du secret de l’instruction. Ils ont en revanche été relaxés des délits d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre et de reproduction illicite d’une scène de crime.Les trois clichés incriminés montraient la famille au complet avant la fusillade et des scènes du crime de la tuerie de Chevaline. On y voyait la voiture des victimes et le corps de Sylvain Mollier, probable victime collatérale lors du quadruple meurtre.Diffusées en exclusivité à l’antenne de la première chaîne d’infos de France, les photos furent présentées et commentées par Dominique Rizet. Une plainte avait alors été déposée par les avocats de la famille de Sylvain Mollier.Lire : Tuerie de chevaline : une plainte déposée contre BFM-TVLe 5 septembre 2012, Saad Al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d’origine irakienne, sa femme, âgée 47 ans, et sa belle-mère, âgée de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.L’une des fillettes du couple Al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s’en était miraculeusement sortie indemne. Sylvain Mollier, lui, avait été abattu de plusieurs balles. 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :INA : une enquête préliminaire ouverte pour « favoritisme » visant Mathieu Gallet 03.06.2015 à 17h57 L'Autorité de la concurrence a donné son accord mardi 3 juin à l'acquisition par Patrick Drahi du quotidien Libération et d'un groupe de magazines dont L'Express. Le gendarme de la concurrence n'a pas assorti de condition à sa décision. Elle explique en effet dans un communiqué que cette opération n'est pas susceptible de déséquilibrer le marché, « dans la mesure où elle ne crée pas de chevauchement d'activités sur les marchés de la presse », notamment magazine, et que le nouvel ensemble aura face à lui des « concurrents importants, tels que les groupes Le Monde ou Lagardère Active ».Constitution d'un nouveau groupe de médiasPatrick Drahi, premier actionnaire du groupe Altice, qui contrôle aussi l'opérateur Numericable-SFR, acquiert les sociétés PMP Holding, NewsCo Group, Group Express Roularta et A Nous Paris. A l'issue de cette opération il contrôlera notamment le quotidien Libération, les magazines L'Express, L'Expansion, Mieux vivre votre argent, Point de vue, Lire, Studio Cinélive, L'Etudiant et 01.net, ainsi que les magazines gratuits A Nous Paris, A Nous Lille, A Nous Lyon et A Nous Marseille, rappelle l'autorité.L'homme d'affaires franco-israélien a entrepris de constituer un nouveau groupe de médias, Altice Media Group, qui comprend ces titres nouvellement acquis ainsi que la chaîne israélienne i24 News.Lire aussi (édition abonnés) : Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médias Alexis Delcambre Il faut aborder le secteur de l’information comme un « écosystème » qui dépasse les catégories issues de l’univers imprimé : telle est la recommandation du sociologue Jean-Marie Charon, auteur d’un rapport intitulé « Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème », remis à la ministre de la culture, Fleur Pellerin, mardi 2 juin.L’objet de ce rapport était de proposer un état des lieux du secteur pour permettre aux acteurs politiques de mieux cibler leurs interventions. Les fameuses aides publiques aux entreprises de presse, qui représentent 820 millions d’euros annuels, sont régulièrement accusées d’encourager des modèles établis ou en perte de vitesse plutôt que de favoriser l’innovation.En regard, le Fonds Google (16,1 millions d’euros) a apporté l’exemple d’une aide focalisée sur les nouveaux projets. « L’intervention de l’Etat doit donner toute sa place au binôme innovation-expérimentation », recommande donc M. Charon.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaisePriorité au pluralismeLa remise de ce rapport a été pour Fleur Pellerin l’occasion de clarifier les évolutions des aides à la presse, mais aussi de rappeler que la première préoccupation de l’Etat reste le pluralisme.Dans le contexte de l’après-Charlie, marqué par une attention accrue aux lieux du débat public, plusieurs dizaines de titres généralistes (hebdomadaires, mensuels, trimestriels…) vont désormais toucher des aides directes, jusqu’ici réservées aux quotidiens.Lire aussi le décryptage : Aides à la presse : qui touche le plus ?Ces aides directes s’élèveront dès cette année à 135 millions d’euros, contre 130 millions précédemment. En contrepartie, Mme Pellerin souhaite les conditionner à des critères éthiques ou déontologiques, aux bonnes pratiques sociales ou au respect de la diversité et de la parité.Quant aux aides indirectes (taux « super-réduit » de TVA et tarifs postaux avantageux), elles seront désormais plus sélectives. Seule la presse d’information politique et générale, ainsi que la presse « de la connaissance et du savoir », continueront de bénéficier des aides postales (130 millions d’euros annuels actuellement). La presse de loisir et de divertissement devra s’en passer.Aider les médias en créationLes détails de cette réforme des aides postales ne sont pas encore connus, puisque la ministre a lancé des missions qui seront achevées cet été. Mais le ministère compte sur ce resserrement pour dégager de quoi accompagner l’innovation.Il s’agirait de renforcer le Fonds stratégique pour le développement de la presse (en l’ouvrant davantage à des acteurs modestes), mais aussi de créer un fonds d’accompagnement à la création de nouveaux médias.Enfin, Mme Pellerin souhaite favoriser la création d’incubateurs qui, comme le suggère M. Charon, « accueillent les “pure players” d’information, les labs des entreprises de presse, ainsi que les start-up contribuant à la production d’information ».M. Charon propose aussi des formules de « start-up en résidence », où une entreprise éditrice accueillerait une start-up le temps de faire aboutir conjointement un projet innovant, avec une aide de l’Etat.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Qui n’a pas pesté devant son poste en regrettant qu’il n’y ait « rien à la télé ce soir » ? Qui ne s’est pas senti perdu dans l’offre pléthorique de programmes pour finir par sélectionner une émission au hasard ? Pour aider le téléspectateur à s’y retrouver, France Télévisions a lancé mardi 2 juin Zoom, une application gratuite destinée à ceux qui « aiment la télé, mais vivent la diffusion linéaire comme une contrainte » ; ces téléspectateurs « qui n’ont pas le temps de tout regarder, qui ont du mal à choisir parmi les centaines de chaînes et les millions de vidéos, et qui ne veulent que le meilleur ».Des playlists thématiquesEn tapotant sur l’écran de son smartphone l’utilisateur peut indiquer ses centres d’intérêt (info, sport, culture, art de vivre, jeux…), puis composer ce qui ressemble au programme de sa « chaîne idéale » avec les émissions vedettes du service public (« Le plus grand cabaret du monde », « Des racines et des ailes », « C dans l’air »…). Il peut aussi préciser celles qu’il « ne veut surtout pas voir ». On lui propose ensuite une liste de « playlists » thématique. Grâce à un algorithme, cette sélection s’affine au fur et à mesure de ses visionnages. Il peut « aider » le programme de calcul en marquant les vidéos qu’il aime et celle qu’il n’aime pas. Le mobinaute peut aussi indiquer le temps dont il dispose pour visionner des vidéos. L’offre proposée s’adapte à ce temps disponible.« Le temps de la recommandation »L’application Zoom est née de deux convictions a indiqué Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions : « C’est le temps du mobile et c’est le temps de la recommandation. » Téléchargeable dans un premier temps uniquement sur les iPhone (la version pour les smartphones Android est prévue pour la fin de l’année), cette application s’adresse en priorité aux plus jeunes qui consomment différemment la télévision. « C’est dans notre mission de permettre d’offrir nos contenus à tous les citoyens quels que soient les écrans », a insisté Rémy Pfimlin, président de France Télévisions jusqu’à la fin août.Bientôt un mode hors connexionLa mise au point de cette application a mobilisé 25 personnes depuis janvier 2014. Au total, le groupe aura investi 1,4 million d’euros pour la développer. De nouvelles fonctionnalités comme le mode hors connexion, permettant de visionner des vidéos même sans accès à l’Internet. Une version adaptée aux ordinateurs devrait être disponible à l’automne, l’application sera ensuite optimisée pour les tablettes.Lire aussi :France Télévisions : les premiers pas de Delphine ErnotteJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 19h59 • Mis à jour le02.06.2015 à 16h55 | Alexis Delcambre « Il est à peine imaginable que Têtu puisse disparaître et pourtant, jamais le risque n’a été aussi grand. » Lundi 1er juin, la direction du magazine gay a mis en ligne un communiqué annonçant le placement de l’entreprise en redressement judiciaire, vingt ans après sa création.En cause : la situation financière du titre, propriété depuis 2013 de l’homme d’affaires Jean-Jacques Augier. Le 28 mai, la société éditrice du magazine s’était déclarée en cessation de paiement. Selon M. Augier, les pertes ont atteint 1,1 million d’euros en 2014 et devraient s’élever à 500 000 euros en 2015.Paradoxalement, elles sont moins conséquentes que celles subies avant 2013 (plus de 2 millions d’euros annuels environ). Mais celles-ci étaient alors régulièrement épongées par Pierre Bergé, le précédent propriétaire de Têtu (et actuel co-actionnaire du Monde).Restructuration lourdeLors de la cession du titre en 2013 pour un euro symbolique, M. Bergé avait laissé une trésorerie de 2,4 millions d’euros. Selon M. Augier, celle-ci a été consumée dès 2013, année où les pertes ont été de 2,35 millions d’euros.Depuis deux ans, le titre a été lourdement restructuré. Une vingtaine de postes, soit plus de la moitié des effectifs, ont été supprimés, et le journal ne compte plus que dix salariés. Les frais, eux, ont été réduits de 60 %.Ces efforts n’ont pas été accompagnés d’un réel développement de l’activité. La diffusion du magazine, qui était de près de 36 000 exemplaires en 2012, est tombée à environ 28 000 en 2014. Le nouveau Têtu, recentré, assagi et lifestyle, peine à renouveler son public même si les abonnements (8 900), ont progressé.Des relations difficiles avec les agences publicitairesSur le Web, le site Tetu.com (450 000 visiteurs uniques) affronte la concurrence sévère de sites communautaires comme Yagg, fondé par des anciens de Têtu, avec lequel un partenariat avait un temps été noué. Et en matière de développement, il a lancé une application de rencontres, So Têtu (10 000 téléchargements), qui peine à exister sur un créneau déjà largement occupé, notamment par Grindr.Mais pour M. Augier, la difficulté principale est la relation avec les agences publicitaires. « Elles nous étranglent, affirme-t-il. Nous avons une cible qui consomme, qui plaît aux annonceurs, nos pages reçoivent de la publicité, mais nous peinons à maintenir nos tarifs et à obtenir les paiements. »Un rapport du faible au fort auquel la réponse est, à ses yeux, de rompre l’isolement du magazine : « La survie de ce titre emblématique du paysage éditorial français passe par le rapprochement avec un groupe de presse, seul à même de donner au titre un poids suffisant face aux agences de publicité », énonce le communiqué publié lundi.Appel du piedL’appel du pied est clair : « Le tribunal de commerce nous a donné lundi quatre mois pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre, selon M. Augier. Si au bout de quatre mois nous n’avons pas trouvé de repreneur, le tribunal prononcera la liquidation. » En 2013, trois investisseurs avaient été candidats à la reprise du titre, dont le banquier d’affaires Matthieu Pigasse (actionnaire du Monde et propriétaire des Inrockuptibles). C’est finalement M. Augier qui l’avait emporté – un ancien énarque de la promotion Voltaire, la même que François Hollande, et trésorier de la campagne de l’actuel président en 2012.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 11h07 • Mis à jour le01.06.2015 à 17h28 | Alexandre Piquard « Nous sommes aujourd’hui au cœur d’une période dite “de tuilage”. C’est en bonne intelligence avec Rémy Pflimlin qu’elle se déroule. Je ne souhaite interférer dans aucun de ses choix au quotidien. » Pour son premier acte de communication, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a envoyé lundi 1er juin un e-mail au comité exécutif. Elle y définit l’entre-deux imaginé par le législateur pour préparer l’arrivée du futur président : nommée le 23 avril par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’ex-dirigeante d’Orange France n’entrera en fonction que le 22 août, cinq mois plus tard.« Imaginez qu’on ne vous garde pas, mais qu’on vous demande de conseiller votre successeur, qui vous regarde travailler », ironise Eric Vial, syndicaliste Force ouvrière, à propos de M. Pflimlin, qui estime, lui, que le tuilage se passe bien. « Dans d’autres entreprises, il y a une transition : l’ancienne équipe conseille mais la nouvelle est en fonction, raconte un cadre. L’ambiance est un peu surréaliste. On doit continuer à travailler normalement mais des interlocuteurs extérieurs, dans des négociations, jouent sur l’arrivée de la nouvelle équipe. Et on lit des rumeurs dans la presse sur le départ des uns ou l’arrivée d’autres. » Lire aussi :Une « cheffe » d’entreprise ne fait pas le printempsDépart de Thierry ThuillierLe cas qui a fait couler le plus d’encre est celui de Thierry Thuillier, le directeur de l’information et directeur de France 2, qui a confirmé, lundi, rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion.A en croire nombre d’échos de presse, M. Thuillier était vu comme penchant à droite par certains dans l’exécutif et indésirable de ce fait, à deux ans de la présidentielle. Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec l’exécutif étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Dans l’entourage de Mme Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de se passer de M. Thuillier, que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.Pour lui succéder plusieurs noms circulent en interne : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef du service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest, ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier, il se « poserait la question » de son avenir.Rassurer les salariésConsciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Mme Ernotte ne pourra pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut pas en principe négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants.Pour la nouvelle présidente, la résolution du cas Thuillier clarifie l’enjeu de la composition de son équipe, qui doit comporter un directeur de la stratégie et des programmes, mais aussi – selon le projet présenté au CSA – des patrons de chaînes plus forts et autonomes qu’aujourd’hui.Mme Ernotte consulte largement en interne et en externe et a notamment rencontré Bibiane Godfroid, ex-directrice des programmes de M6. « Ses choix seront scrutés car elle ne connaît pas la télévision. Son équipe importe donc », explique une cadre.Seconde phase du tuilageMme Ernotte veut entrer aujourd’hui dans une seconde phase du tuilage : « Je vous remercie de me remettre, d’ici le vendredi 5 juin, un document écrit portant sur les dossiers sous votre responsabilité, écrit-elle au comité exécutif.Depuis un mois, la future présidente dispose – comme ses prédécesseurs – de deux bureaux et d’une salle de réunion au Ponant, un immeuble situé à 200 mètres du siège de France Télévisions.Elle y est entourée de son assistante et de son directeur de cabinet, Stéphane Sitbon-Gomez, ancien bras droit de l’écologiste Cécile Duflot, ainsi que le consultant en stratégie et communication Denis Pingaud, qui reste président de sa société Balises (et conseille également le président de Radio France, Mathieu Gallet).Lire aussi :Le bras droit de Duflot rejoint l’équipe de Delphine Ernotte à France TélévisionsA la rencontre des dirigeantsJusqu’ici, Mme Ernotte a rencontré une vingtaine de dirigeants de l’entreprise, par ordre de hiérarchie. « Elle cherchait à faire connaissance, posait surtout des questions et était très à l’écoute », raconte un cadre.Lors de ces entretiens, la nouvelle présidente s’est montrée ouverte sur son projet remis au CSA, qui en interne avait suscité des inquiétudes parce qu’il faisait de France 2 une chaîne du flux, et de France 3, une chaîne de la création. Les grilles de rentrée ont été faites par l’équipe de M. Pflimlin, qui explique qu’il y aura peu de changements majeurs.« La constitution des grilles et le tuilage se passent bien parce que nos résultats sont bons, notamment sur France 2, grâce à l’information et la fiction », souligne-t-on dans l’équipe du président sortant. Le 2 juin, une « nouvelle offre numérique » sera annoncée par Bruno Patino, directeur des programmes et du numérique.Lire aussi :La création numérique, une priorité pour le service public audiovisuelM. Pflimlin a donné la consigne d’informer Mme Ernotte des dossiers pouvant engager l’entreprise à moyen terme. Celle-ci a ainsi été consultée sur une négociation de droits sportifs ou sur la pénibilité du travail. Plusieurs discussions de dialogue social se poursuivent en effet, avec l’actuel directeur des ressources humaines Patrice Papet, qui avance un bilan de 650 postes réduits sous le mandat de M. Pflimlin à France Télévisions, « passée sous la barre des 10 000 salariés ».Côté financier, la régie publicitaire se réjouit d’un très bon premier trimestre, même si depuis, le repli des parrainages à l’antenne entraîne à fin mai un retard de 5 millions d’euros environ sur l’objectif publicitaire de 2015.Les syndicats en campagnePour les syndicats, la période de tuilage n’est pas un long fleuve tranquille. Les élections syndicales qui auront lieu dans quelques semaines au siège ont été l’occasion de tensions, le syndicat minoritaire et franc-tireur SNPCA-CGC ayant insinué que la CGT avait soutenu Mme Ernotte.Appuyé par FO sur ce point, Marc Chauvelot, délégué de la CGT, a démenti et rappelé que les syndicats avaient reçu pendant la campagne un grand nombre de candidats à la présidence. L’élu préfère insister sur une revendication syndicale de longue date – qu’il souhaite faire traduire dans une charte avant l’été : le recours prioritaire à la production interne plutôt qu’à des sociétés extérieures.« Ce sera une façon de commencer à discuter avec Mme Ernotte », dit-il, alors que la présidente va rencontrer les organisations syndicales courant juin. Mme Ernotte a également prévu, ce mois, de rencontrer les personnels de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une « une » de crise qu’a choisie Libération pour lancer sa nouvelle formule papier, lundi 1er juin : les yeux inquiets de Vincent Lindon, son visage défait, sous une manchette « Le chômage superstar », consacrée au succès du film La Loi du marché.Mais ce n’est plus la crise de Libération. Un an après son sauvetage grâce à une recapitalisation menée par Patrick Drahi – le propriétaire de Numericable-SFR – et Bruno Ledoux, le titre emblématique de la gauche française veut faire de cette nouvelle maquette – larges photos, titres impactants – le premier signe visible de son renouveau.Du passé, table rase a partiellement été faite. 108 salariés ont quitté l’entreprise depuis un an, ramenant l’effectif à 180 (dont 130 journalistes). Des gardiens du temple du Libé historique sont partis, laissant une nouvelle génération s’installer aux commandes et quelques recrues rejoindre la rédaction.Lire aussi :Près de cent candidats au départ à « Libération »Le logiciel politique de cette équipe reste à découvrir, même si Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction, met en avant « ses valeurs d’indépendance, de critique mais aussi de proposition, exprimées par la devise qui sera désormais la sienne : “La liberté, ça s’invente” ».En revanche, son logiciel éditorial est plus clairement défini : Libération se veut désormais « un site qui publie un quotidien » et même un titre « mobile first », où les informations nouvelles sont publiées en première intention sur les supports numériques. Ce n’est pas encore le cas, puisque les nouvelles formules du site et de l’application mobile sont prévues pour « l’été ».A la reconquête du lectoratMais le quotidien s’affirme déjà comme celui qui va le plus loin, en France, dans la prise en compte de la production numérique. L’actualité de base est concentrée dans une rubrique unique, « Expresso », nourrie de petits modules largement inspirés du Web. Le reste du journal – où les rubriques ont disparu – ne se compose que de doubles pages consacrées à des sujets très anglés, de production originale.Tout cela a un prix : 2 euros (contre 1,80 précédemment). Cette augmentation est l’un des leviers du retour à l’équilibre d’exploitation, que M. Drahi a demandé pour 2015. Mais les sources de revenus restent à développer. En dépit d’un mois de janvier exceptionnel, à 126 000 exemplaires, les ventes du quotidien stagnent, aux alentours de 95 000 par mois. « Il faut reconquérir un lectorat », constate-t-on en interne.Les ventes numériques restent peu développées. Le journal travaille à relancer ses forums, qui apportaient avant la crise plus de 10 % du chiffre d’affaires. D’autres activités, comme la vidéo, pourraient suivre, mais restent suspendues à un nouvel investissement des actionnaires.L’intégration de « Libé » dans un groupe est l’autre grande affaire du moment. Altice Media Groupe France rassemblera également le Groupe Express-Expansion – pour lequel M. Drahi est en négociations exclusives – et la chaîne d’information i24 News.Bruno Ledoux sera présent pour environ 9 % dans AMG France, le reste étant détenu par AMG, une holding logée au Luxembourg, rassemblant les dirigeants opérationnels du groupe (Marc Laufer, Bernard Mourad) et M. Drahi. De premières synergies (mutualisation de certaines fonctions, possible déménagement de Libération au siège de L’Express) devraient être rapidement étudiées.Lire aussi :Un banquier à la tête de « L’Express » et « Libération »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Thierry Thuillier, le directeur de l’information de France Télévisions et directeur de France 2, a confirmé lundi 1er juin qu’il quitte le groupe public pour rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion personnelle. Il ne gérera pas les programmes de flux et le « clair », comme un temps évoqué.Dans les spéculations autour de l’équipe de Mme Ernotte, M. Thuillier était le cas le plus médiatique car l’information est un des points forts du bilan de Rémy Pflimlin, prédécesseur de Delphine Ernotte, et parce que c’est un domaine sensible. Plusieurs échos de presse ont soutenu que Thierry Thuillier - nommé comme l’équipe de M. Pflimlin sous Nicolas Sarkozy - était classé à droite par certains dans l’exécutif et qu’il pourrait perdre sa place de ce fait, à deux ans de la présidentielle.Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec le pouvoir en place étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Il s’est toujours voulu à distance du milieu politique et a défendu une information parfois « abrasive », par exemple dans le magazine Cash Investigation. Dans l’entourage de Delphine Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de ne pas travailler avec M. Thuillier et que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.M. Thuillier parti, on se pose la question de la suite à France Télévisions. Pour lui succéder circulent en interne quelques noms : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier il se « poserait la question » de son avenir.Consciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Delphine Ernotte ne pourra pourtant a priori pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut en principe pas négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants. Elle consulte largement, en interne et en externe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.05.2015 à 10h53 • Mis à jour le01.06.2015 à 10h47 | Joël Morio Le journaliste quitte RTL pour Europe 1 et sera remplacé par Olivier Mazerolle, qui revient quatorze ans après son départ.RTL avait juré qu’elle se tiendrait, cette saison, à l’écart du mercato des animateurs et journalistes après le transfert de Laurent Ruquier, venu d’Europe 1 lors de la rentrée 2014. C’est pourtant la station de la rue Bayard qui a ouvert le bal, écartant Jean-Michel Aphatie, qui, après douze ans passés à la première radio de France, rejoint justement Europe 1, la rivale historique.Ce départ n’est pas une surprise. Christopher Baldelli, le patron de RTL, avait provoqué l’étonnement en déclarant au Nouvel Observateur : « Léa Salamé a beaucoup de talent, c’est incontestable. Peut-être sera-t-elle un jour sur RTL. Je ne l’exclus pas. »Cette sortie flatteuse pour la journaliste qui officie sur France Inter était presque un affront pour Jean-Michel Aphatie (en concurrence frontale avec elle le matin avant 8 heures), qui, de surcroît, s’est récemment fait distancer en termes d’audience par sa jeune consœur. Christopher Baldelli a néanmoins souhaité saluer « la rigueur, l’indépendance et la pugnacité » du journaliste.Jean-Michel Aphatie écarté, RTL n’en a pas profité pour rajeunir son antenne puisque c’est Olivier Mazerolle qui, à la rentrée, aura la charge de l’interview politique du matin – il avait déjà pratiqué l’exercice entre 1995 et 2001 –, reprenant ainsi du service à… 72 ans. Age qu’il jugeait, en 2001, trop élevé pour que Philippe Bouvard continue à présenter les « Grosses Têtes ».Point de chuteAlors directeur général adjoint de RTL, il avait contribué à l’éviction du journaliste. Quatorze ans plus tard, la station semble désormais totalement guérie du jeunisme. « En nommant Olivier Mazerolle aux commandes de l’emblématique interview politique de “RTL Matin”, nous avons fait le choix d’un journaliste de référence, expérimenté et indépendant, qui apportera à RTL une véritable expertise en matière d’actualité politique », estime Christopher Baldelli dans un communiqué.Ce retour permettra-t-il de relancer une matinale qui, malgré l’arrivée d’Yves Calvi à la rentrée 2014, est au coude-à-coude avec celle de France Inter et progresse lentement ? RTL a décidé de ne prendre aucun risque en confiant l’interview politique à un professionnel rompu à cet exercice, mais ce choix manque sérieusement d’audace. Il est vrai que Jean-Pierre Elkabbach, la figure emblématique des interviewers politiques, fêtera ses 78 ans à la rentrée sur Europe 1.Rue François-1er, la mission de Jean-Michel Aphatie sera plus modeste car elle ne concerne pas le prime time de la radio, un moment crucial pour les revenus publicitaires d’une station privée. Le journaliste a pour mission de redynamiser «  Europe 1 Midi  » avec Wendy Bouchard, une tranche assez faible en termes d’audience.« Fabien Namias, toute l’équipe d’Europe 1 et moi-même sommes très fiers d’accueillir à Europe 1 un grand nom du métier. Renouant avec la tradition historique de la station depuis Jacques Paoli et André Arnaud, Jean-Michel, avec Wendy, fera d’“Europe 1 Midi” un grand magazine d’information, de société et de culture, marqué du sceau de la proximité, de la curiosité et de la liberté », a indiqué Denis Olivennes, le président d’Europe 1. Jean-Michel Aphatie est désormais assuré de trouver un point de chute à la rentrée, alors que son avenir au « Grand Journal » de Canal+ est très compromis.D’autres nominations à attendreDans les services politiques des radios, d’autres nominations sont à attendre. En partance pour la présidence de la chaîne parlementaire LCP, Marie-Eve Malouines va laisser en juin sa place de chef du service de France Info. La station a décidé de prendre son temps pour la remplacer : candidature interne ou externe, rien n’est encore décidé. Laurent Guimier ne veut pas se précipiter pour choisir celui ou celle qui aura la charge de couvrir la campagne présidentielle de 2017, qui devrait débuter dès le début 2016 avec la préparation des primaires à droite et peut-être à gauche.Une chose est sûre, le choix devrait se faire indépendamment de celui du futur chef du service politique de France Inter. Marc Fauvelle, l’actuel chef du service, aurait manifesté son désir de présenter le journal de 8 heures en remplacement de Mickaël Thébault.Un changement qui pourrait être lourd de conséquences pour la station, qui enregistre à cette heure-là un pic d’audience. Au cas où le vœu de Marc Fauvelle s’exaucerait (ce que ne confirme ni ne dément la chaîne), ce serait tout un jeu de chaises musicales qui s’enclencherait alors.RMC, pour sa part, n’a pas prévu de changements notables. Malgré l’avertissement envoyé par le CSA après son interview de Roland Dumas, Jean-Jacques Bourdin continuera d’être la star des matins de la station présidée par Alain Weil. Il réfléchit tout au plus à l’arrivée de nouveaux chroniqueurs dans sa tranche horaire, qui après des années de progression a marqué le pas lors des dernières mesures d’audience.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny L’animateur de télévision incarne l’émission « On n’est pas couché », carton d’audience sur France 2.A force de prendre des notes sur son smartphone, Laurent Ruquier en a cassé son écran. Malgré les sérieuses rayures qui lézardent l’appareil, l’animateur de l’émission « On n’est pas couché » (« ONPC ») continue de consigner sur son téléphone tous les sujets qui lui passent par la tête, ainsi que l’actualité politique ou les nouveautés culturelles qu’il lit dans les journaux chaque matin. « Je suis un grand consommateur de presse écrite, j’adore ça ! », dit l’animateur avec un sourire gourmand. « Une grande partie de ma vie professionnelle se trouve dans cet appareil », poursuit-il en montrant ses dernières trouvailles.Il faut dire que chaque jour de la semaine, il doit nourrir en informations « Les Grosses Têtes » sur RTL mais également préparer « ONPC », le samedi soir sur France 2. Deux cartons d’audience qui ont fait de lui « le roi des ondes » comme l’a baptisé récemment son ami Guy Carlier dans le magazine VSD. Bourreau de travail, Ruquier ne se contente pas de lire les journaux et d’animer des émissions. Il écrit aussi des pièces et gère le Théâtre Antoine à Paris où il programme de jeunes talents qu’il a découverts.C’est souvent au détour d’une page, d’un article ou d’une brève qu’il découvre un auteur ou un artiste qu’il invitera sous peu dans « ONPC ». « Ma curiosité ne s’émousse pas, je suis curieux de tout et j’ai le privilège de pouvoir choisir mes invités », pointe-t-il en soulignant que les bonnes audiences (autant sur RTL que sur France 2) le libèrent de toutes pressions.Deux millions de téléspectateursAvec près de 2 millions de téléspectateurs en moyenne chaque semaine, son talk-show de deuxième partie de soirée sur la chaîne publique a connu une progression constante depuis le lancement le 16 septembre 2006.A la rentrée, Laurent Ruquier entamera sa dixième saison. Un cas plutôt rare dans le monde audiovisuel où les émissions sont le plus souvent arrêtées au bout de quelques semaines faute d’audience. L’animateur a d’ailleurs connu cette situation en 1995 avec « Les Niouzes » sur TF1 qui a été stoppée net au bout d’une semaine ! Et, en 2014, lorsque France 2 est venu le chercher en catastrophe pour remplacer au pied levé Sophia Aram qui conduisait la chaîne au désastre avec son émission « Jusqu’ici tout va bien ». Mais son concept n’a guère convaincu les téléspectateurs.« France 2 nous a toujours laissé une grande liberté », souligne la productrice Catherine Barma qui, dans le passé, a produit les talk-shows de Thierry Ardisson et de Marc-Olivier Fogiel. « Le succès de « ONPC » est dû à Laurent Ruquier qui incarne totalement l’émission et qui est en phase avec la société », poursuit-elle. Et compare l’émission à un hebdomadaire d’actualités avec ses pages culturelles ou politiques « que le téléspectateur feuillette à sa guise ».Ainsi, au fil des années, l’émission qui dure près de quatre heures (une des plus longues de la télévision) s’est enrichie et structurée au point de transformer le talk-show initial en un espace où défilent celles et ceux qui ont quelque chose à vendre ou à dire.Buzz et réseaux sociaux« Mais ce n’est pas une émission de promotion avec renvoi d’ascenseur », prévient Laurent Ruquier, rappelant qu’il a choisi le titre de l’émission non pas en raison de sa longueur, mais dans le sens de « on n’est pas couché devant l’invité ». Tout le monde connaît la règle du jeu et rares sont ceux qui refusent de s’installer dans le fauteuil de l’émission. Même si chacun sait qu’il peut s’y faire démolir. Seuls les meilleurs survivent.Le rendez-vous est même devenu (presque) incontournable pour les éditeurs en tous genres qui cherchent à faire la promotion d’un livre, d’un film ou d’un album. Si, en plus, un peu de polémique s’invite sur le plateau, le succès est garanti.Grâce au relais des réseaux sociaux, les propos tenus dans « ONPC » et les clashs entre l’invité(e) et les chroniqueurs sont immédiatement commentés sur Twitter ou Facebook. Sans oublier, les reprises dans les journaux du week-end, voire avant la diffusion de l’émission enregistrée le jeudi, et dont les prises de bec les plus saignantes sont savamment distillées aux journalistes pour faire le buzz.Ce fut le cas, début mai, où le violent échange entre le chroniqueur Aymeric Caron et la journaliste Caroline Fourest, invitée pour parler de son dernier essai polémique Eloge du blasphème (Grasset), a fait débat dans la presse avant qu’il soit à l’écran.« Contrairement à ce que l’on dit, je ne cherche pas le clash », affirme Laurent Ruquier qui, après l’émission, a déclaré qu’il n’inviterait plus la journaliste « en raison de ses mensonges ». « On ne décide pas à l’avance pour savoir s’il y aura un accrochage. L’émission est enregistrée dans les conditions du direct et il y a ensuite un léger montage. Mais nous gardons presque tout. Comme dans la vie, je ne triche pas et j’ai surtout horreur de l’hypocrisie », poursuit-il.« Nous avons une liberté totale de parole et aucune de nos interventions n’est préparée ou décidée pour provoquer un clash », confirme Léa Salamé qui a rejoint la table des chroniqueurs au début de cette saison. « Je suis avant tout journaliste et non pas polémiste. Chacun dit ce qu’il pense dans la plus grande sincérité », poursuit-elle.« Un artisan qui aime le travail bien fait »Un point de vue partagé par la journaliste Audrey Pulvar, ancienne chroniqueuse de l’émission. « C’est une émission où l’on peut dire des choses librement et l’un des rares espaces de la télévision où il y a encore la possibilité de faire une longue interview politique », dit-elle en saluant le professionnalisme de Laurent Ruquier « un sacré bosseur, curieux et cultivé ».« Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues », insiste Catherine Barma qui fut à l’origine de la venue d’Eric Zemmour sur le plateau pendant cinq ans. « Je suis en total désaccord avec les idées de Zemmour, mais il a droit à la parole même si, comme je l’ai dit, je regrette d’avoir participé à la banalisation de ces idées-là. Je préfère que les journalistes aient un point de vue politique mais pas militant », affirme Laurent Ruquier.L’avenir ? « Entre la radio, la télévision et le théâtre, je n’ai pas le temps de m’ennuyer et je compte bien que ça continue le plus longtemps possible », dit-il avant d’ajouter : « Je reste avant tout un artisan qui aime le travail bien fait. A la radio, je m’amuse, à la télé, je me promène et au théâtre, je m’éclate. »Lire aussi :Aymeric Caron en finit aves les débats « saignants »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous A la télévision, protéger une idée ou un concept demeure un parcours du combattant.Le 18 mai, France 3 diffusait le premier numéro d’une émission musicale : « La Vie secrète des chansons ». Quelques jours avant, Fabien Lecœuvre, agent artistique, avait accusé la chaîne de lui avoir volé le concept qu’il avait proposé plusieurs mois auparavant et qu’il s’était vu… refuser. Une accusation démentie par France 3, qui a alors menacé d’attaquer Fabien Lecœuvre en diffamation.Ce genre de polémique est courant dans le monde de l’audiovisuel où « souvent, quand tu as des idées, tu te les fais piquer », expliquele producteur Alexandre Amiel, avant de conclure « c’est la vie de la télé ».Tenter de se préserver contre une culture du copier-coller dans un monde où tout le monde s’inspire de tout le monde : telle est la véritable difficulté que rencontrent en permanence les producteurs. « Une idée ne peut pas être protégée, le mécanisme de l’émission peut l’être », souligne Thierry Ardisson. Exemple : un format dans lequel des participants doivent trouver le titre de chansons (le fameux « blind-test ») ne peut être protégé, car pas assez formalisé. En revanche, si ce jeu s’appuie sur une narration singulière, une lumière spécifique, un décor identifié, un animateur précis… alors, il s’agit là d’un format en mesure d’être protégé.DissuasionPour ce faire, il suffit d’effectuer un dépôt (sous forme de courrier) aux organismes qui gèrent les droits d’auteurs comme la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), la Société civile des auteurs multimedia (SCAM), la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) ou encore l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Première exigence de cette démarche : être le plus précis possible dans la description du projet audiovisuel (scénario, sketch, générique, musique, synopsis de documentaire, un format).« Ce qui est peut être protégé, c’est la forme pas le fond, souligne Nicolas Mazars, juriste à la SCAM. Mais undépôt ne préserve pas de la malhonnêteté, comme une alarme sur votre voiture n’empêchera pas le vol. C’est dissuasif, mais il y a d’autres précautions à prendre. » Notamment savoir parler du concept tout en gardant une certaine confidentialité – ne pas l’ébruiter – ainsi que les traces écrites des différents échanges qu’il a entraînés… Pour autant, ces précautions ne sont pas totalement suffisantes. La création de l’œuvre doit être « originale et empreinte de la personnalité de son auteur, précise Xavier Près, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle. C’est très subjectif comme termes. »Ainsi, en cas de litige, le dépôt pourra démontrer l’antériorité du projet. « Mais le seul moyen d’être protégé, c’est de saisir les juges, eux seuls pourront déterminer s’il y a contrefaçon (terme juridique du plagiat) », note Hubert Tilliet, directeur des affaires juridiques de la SACD. Et comme dans le jeu des sept erreurs, les juges devront trouver les différences et les ressemblances entre les deux « œuvres ».Les producteurs ont presque tous le réflexe de déposer leurs idées de concept. Le coût s’élève d’une centaine d’euros à plus de 12 000 euros si l’on choisit de protéger son format dans plusieurs pays du monde. Ce que fait par exemple Thierry Ardisson, qui n’hésite pas à déposer à l’INPI une dizaine de noms par an. En 2008, il avait vendu le nom « XXI » aux fondateurs d’une future revue de grands reportages dirigée par Patrick Saint-Exupéry.Une solution inattendueLes procès pour contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme font « souvent l’actualité judiciaire », assure l’avocat Xavier Près. Endemol avait attaqué Alexia Laroche-Joubert, incriminant la productrice d’avoir « copié » dans son émission « Dilemme » les formats de « Loft Story » et de « Secret Story ». Une accusation qui a valu à la société de production d’être définitivement déboutée en 2013. Si les affaires de ce type ne manquent pas, elles trouvent parfois, grâce à de petits arrangements, une issue moins radicale. Comme ce fut le cas pour le conflit qui, en janvier 2003, opposa France 2 et M6 qui, toutes deux, avaient dans leur soute un jeu portant sur le code de la route que, chacune, voulait évidemment diffuser la première. Et c’est une solution pour le moins inattendue qui permit de sortir de ce dilemme : l’ordre de programmation se déciderait par… tirage au sort. Résultat : dans un bureau d’avocats, une main innocente tira France 2, qui put ainsi dégainer son jeu avant M6.Si entre eux, les producteurs ne se font aucun cadeau, il en va autrement avec les diffuseurs, plus difficiles à attaquer. Pourtant, les anecdotes ne manquent pas qui mettent au jour le comportement peu honnête de quelques rares chaînes historiques à l’égard des producteurs.« On commence à raconter notre concept à un responsable des programmes, puis en plein milieu de la conversation, il nous dit : “Ah, je t’arrête tout de suite, nous sommes en train de travailler sur le même genre d’émission, on va la faire en interne.” On comprend alors qu’on est en train de se faire piquer l’idée ; mais que faire, à part se fâcher avec la chaîne ? », raconte l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Délicat, en effet, pour les producteurs de se mettre définitivement à dos leurs clients. Car, comme le dit Ardisson : « On ne mord pas la main qui nourrit. »Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le29.05.2015 à 16h51 Le tribunal correctionnel d’Annecy (Haute-Savoie) a condamné, vendredi 29 mai, le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud, et son journaliste Dominique Rizet à payer des amendes de 10 000 euros chacun. Une peine prononcée pour avoir diffusé à l’antenne des photos de la tuerie de Chevaline. Egalement poursuivi pour avoir publié ces clichés, le directeur de la publication du Parisien, Jean Hornain, a été relaxé.M. Béroud et M. Rizet ont été reconnus coupables de recel de violation du secret de l’instruction. Ils ont en revanche été relaxés des délits d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre et de reproduction illicite d’une scène de crime.Les trois clichés incriminés montraient la famille au complet avant la fusillade et des scènes du crime de la tuerie de Chevaline. On y voyait la voiture des victimes et le corps de Sylvain Mollier, probable victime collatérale lors du quadruple meurtre.Diffusées en exclusivité à l’antenne de la première chaîne d’infos de France, les photos furent présentées et commentées par Dominique Rizet. Une plainte avait alors été déposée par les avocats de la famille de Sylvain Mollier.Lire : Tuerie de chevaline : une plainte déposée contre BFM-TVLe 5 septembre 2012, Saad Al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d’origine irakienne, sa femme, âgée 47 ans, et sa belle-mère, âgée de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.L’une des fillettes du couple Al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s’en était miraculeusement sortie indemne. Sylvain Mollier, lui, avait été abattu de plusieurs balles. 08.06.2015 à 08h57 • Mis à jour le08.06.2015 à 13h03 France Télévisions, Radio France et le groupe Egalis ont lancé lundi un site Internet qui recense plus de mille femmes expertes sur deux cents thématiques afin d’inciter les médias à les inviter et promouvoir la place des expertes dans les médias. « L’absence de femmes sur les écrans alimente les stéréotypes et les inégalités », affirme Egalis, qui regroupe des organisations spécialistes de l’égalité.Ce site, version numérique du Guide des expertes qui paraît chaque année aux éditions Anne Carrière, EpOke, est destiné aux journalistes, organisateurs d’événements, entreprises, associations, universités et collectivités.En 2013, le CSA avait appelé toutes les chaînes à améliorer la représentation des femmes, en estimant qu’en moyenne la part des expertes intervenant à l’antenne était inférieure à 20 %. Et quand elles sont invitées, c’est la plupart du temps pour parler de sujets dits « féminins » comme les violences faites aux femmes, les enfants, la famille, l’école, etc. Alexis Delcambre et Samuel Laurent Septembre 2002. L’empire Vivendi Universal, victime de la chute de Jean-Marie Messier, est contraint d’opérer de douloureuses cessions. A l’affût des opportunités dans la presse, Serge Dassault est sur les rangs. Et pour 237 millions d’euros (286 millions si on les convertit au pouvoir d’achat de l’euro en 2014), la Socpresse, qu’il contrôle avec la famille Hersant, s’offre l’ex-pôle presse de Vivendi : L’Express, L’Expansion, L’Etudiant…Quatre ans plus tard, en 2006, c’est au tour de la Socpresse de céder ses actifs. Elle trouve un acquéreur, le groupe de presse belge Roularta, qui a des ambitions en France. Valorisation de l’ensemble : 210 millions d’euros (235 millions de 2014) – la Socpresse réalise une opération quasi blanche.Janvier 2015. Le groupe belge s’est lassé des pertes provoquées par son pôle français et s’angoisse de voir ses actifs se déprécier. Vincent Bolloré ou Iskandar Safa étudient le dossier. Mais c’est un acteur nouveau, Patrick Drahi, qui s’offre le cinquième groupe magazine français – la vente doit être finalisée mardi 9 juin. Montant de la transaction : entre 50 et 70 millions d’euros. Un chiffre dont la faiblesse, pour un pôle qui réalise 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, frappe les esprits.La trajectoire du groupe L’Express illustre celle des journaux français, dont les valorisations sont en forte baisse, comme en témoignent les chiffres des récentes transactions compilés par Le Monde. Grossièrement, les transactions des années 2000 se chiffraient en centaines de millions d’euros quand celles des années 2010 sont libellées en dizaines.L’infographie ci-dessous présente les principales transactions survenues depuis dix ans dans le secteur de la presse française, ramenées à leur valeur en euros constants 2014. Passez sur les carrés pour afficher des informations supplémentaires.Cela ne signifie pas forcément que les valorisations de ces entreprises se sont écroulées. Pour en déduire une valorisation, il faut ajouter au montant de la transaction les dettes (ne serait-ce que celle que représentent les abonnés en cours de contrat et qu’il faudra servir), l’anticipation des pertes à venir et/ou des coûts de restructuration – exactement comme un acheteur immobilier s’appuie sur le coût des travaux à venir pour négocier une baisse de prix. Sans parler des investissements à venir pour développer de nouvelles activités. « Les acheteurs nouveaux intègrent qu’il va leur falloir renverser la table et changer le modèle de ces entreprises », explique Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, une entreprise de conseil.L’angoisse gagne les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ?Comme sur tous les marchés, ce comportement des acheteurs s’autoentretient et nourrit une spirale, en l’occurrence baissière. Dans ce secteur, il est rarement possible d’évaluer une entreprise selon sa valeur boursière – peu sont cotées – ou selon la rentabilité potentielle – tant la visibilité est faible en ces temps de transition numérique. « Reste la bonne vieille méthode des comparables, conclut M. Texier. On se réfère aux transactions récentes opérées dans le même secteur, de la même façon que l’acheteur d’un appartement se renseigne sur les ventes récentes dans le même quartier. » Dès lors, chaque vente renforce la spirale baissière. A l’image de celle de 65 % du Nouvel Observateur au trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse (par ailleurs actionnaires du Monde) en janvier 2014, pour 13,8 millions d’euros. « En un instant, la seule annonce de cette vente a fait subir une décote de 50 % au dossier de L’Express, dont le groupe Roularta envisageait déjà la vente », révèle une source.Une poignée d’acteurs récurrentsDans ce contexte, l’angoisse peut gagner les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ? Peut-on encore attendre un retournement du marché ? Les exemples d’hésitation sont légion, comme en témoigne le cas de la famille Amaury, propriétaire du Parisien (ainsi que de L’Equipe). En 2010, Marie-Odile Amaury avait missionné la banque Rothschild pour céder son journal régional. Elle en attendait 200 millions d’euros. Une offre de Vincent Bolloré atteignait 130 millions d’euros, et Mme Amaury avait baissé son objectif à 150, mais ce différentiel n’a pu être comblé.Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des AmauryCinq ans plus tard, le groupe Amaury vient d’entrer en négociations exclusives avec un nouvel acheteur, LVMH, pour un prix qui serait plus proche de 50 que de 100 millions d’euros. Entre-temps, la famille a dû éponger 37 millions de pertes…« C’est la concurrence qui fait monter les prix, rappelle M. Texier. Or, aujourd’hui, les acheteurs sont peu nombreux. » Animateurs du marché français par le passé, les grands groupes de médias étrangers s’en sont retirés, à l’exception du belge Rossel, qui vient d’investir dans 20 Minutes. Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des Amaury. Reste une poignée d’acteurs récurrents, qui travaillent à atteindre une taille critique. D’où les mariages récents, ou en cours, entre Le Monde et Le Nouvel Observateur ; Libération et L’Express ; ou Les Echos et Le Parisien. Le seuil de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires semble l’objectif souhaité pour créer un niveau suffisant de synergies et accélérer les transitions numériques.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »« C’est le temps des soldes, explique M. Texier. On passe d’une époque de survalorisation relative à une phase de sous-valorisation, peut-être momentanée. Les valeurs pourront remonter quand les modèles seront stabilisés. » L’exemple d’un journal comme le Financial Times, assez avancé dans la transformation numérique et à la valeur putative élevée, incarne cet horizon.« Force symbolique »Y arriver est l’espoir de certains « restructurateurs » qui animent également le marché, derrière les incontournables Bernard Arnault, Patrick Drahi et Xavier Niel, aux moyens illimités. On peut penser au profil d’un Marc Laufer, propriétaire du groupe NewsCo et associé à M. Drahi dans le groupe en construction Altice ; à celui de Pascal Chevalier, du groupe Reworld Media ; ou de Didier Quillot, récent acquéreur du groupe Motor Presse Stuttgart. Point commun entre la plupart de ces acteurs : une culture forgée dans les nouvelles technologies et donc un goût pour les changements de modèles.« En France, cela fait quarante ans que la presse ne gagne plus d’argent. C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement »Pour certains, l’ambition de réinventer le modèle de la presse est une illusion. « Beaucoup pensent que leur savoir-faire va leur permettre de changer la presse, pense Patrick Eveno, historien de la presse. Mais, en France, cela fait quarante ans qu’elle ne gagne plus d’argent ! C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement. » « Il y a des personnes qui attribuent à la possession de médias une valeur décorrelée de la rationalité économique, car elle apporte une force symbolique, un statut, une considération, constate M. Texier. Au fond, ce qui a le mieux résisté dans cette crise de la presse, c’est le mythe de Citizen Kane. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 09h36 • Mis à jour le03.06.2015 à 15h48 | Alexis Delcambre Il faut aborder le secteur de l’information comme un « écosystème » qui dépasse les catégories issues de l’univers imprimé : telle est la recommandation du sociologue Jean-Marie Charon, auteur d’un rapport intitulé « Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème », remis à la ministre de la culture, Fleur Pellerin, mardi 2 juin.L’objet de ce rapport était de proposer un état des lieux du secteur pour permettre aux acteurs politiques de mieux cibler leurs interventions. Les fameuses aides publiques aux entreprises de presse, qui représentent 820 millions d’euros annuels, sont régulièrement accusées d’encourager des modèles établis ou en perte de vitesse plutôt que de favoriser l’innovation.En regard, le Fonds Google (16,1 millions d’euros) a apporté l’exemple d’une aide focalisée sur les nouveaux projets. « L’intervention de l’Etat doit donner toute sa place au binôme innovation-expérimentation », recommande donc M. Charon.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaisePriorité au pluralismeLa remise de ce rapport a été pour Fleur Pellerin l’occasion de clarifier les évolutions des aides à la presse, mais aussi de rappeler que la première préoccupation de l’Etat reste le pluralisme.Dans le contexte de l’après-Charlie, marqué par une attention accrue aux lieux du débat public, plusieurs dizaines de titres généralistes (hebdomadaires, mensuels, trimestriels…) vont désormais toucher des aides directes, jusqu’ici réservées aux quotidiens.Lire aussi le décryptage : Aides à la presse : qui touche le plus ?Ces aides directes s’élèveront dès cette année à 135 millions d’euros, contre 130 millions précédemment. En contrepartie, Mme Pellerin souhaite les conditionner à des critères éthiques ou déontologiques, aux bonnes pratiques sociales ou au respect de la diversité et de la parité.Quant aux aides indirectes (taux « super-réduit » de TVA et tarifs postaux avantageux), elles seront désormais plus sélectives. Seule la presse d’information politique et générale, ainsi que la presse « de la connaissance et du savoir », continueront de bénéficier des aides postales (130 millions d’euros annuels actuellement). La presse de loisir et de divertissement devra s’en passer.Aider les médias en créationLes détails de cette réforme des aides postales ne sont pas encore connus, puisque la ministre a lancé des missions qui seront achevées cet été. Mais le ministère compte sur ce resserrement pour dégager de quoi accompagner l’innovation.Il s’agirait de renforcer le Fonds stratégique pour le développement de la presse (en l’ouvrant davantage à des acteurs modestes), mais aussi de créer un fonds d’accompagnement à la création de nouveaux médias.Enfin, Mme Pellerin souhaite favoriser la création d’incubateurs qui, comme le suggère M. Charon, « accueillent les “pure players” d’information, les labs des entreprises de presse, ainsi que les start-up contribuant à la production d’information ».M. Charon propose aussi des formules de « start-up en résidence », où une entreprise éditrice accueillerait une start-up le temps de faire aboutir conjointement un projet innovant, avec une aide de l’Etat.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Qui n’a pas pesté devant son poste en regrettant qu’il n’y ait « rien à la télé ce soir » ? Qui ne s’est pas senti perdu dans l’offre pléthorique de programmes pour finir par sélectionner une émission au hasard ? Pour aider le téléspectateur à s’y retrouver, France Télévisions a lancé mardi 2 juin Zoom, une application gratuite destinée à ceux qui « aiment la télé, mais vivent la diffusion linéaire comme une contrainte » ; ces téléspectateurs « qui n’ont pas le temps de tout regarder, qui ont du mal à choisir parmi les centaines de chaînes et les millions de vidéos, et qui ne veulent que le meilleur ».Des playlists thématiquesEn tapotant sur l’écran de son smartphone l’utilisateur peut indiquer ses centres d’intérêt (info, sport, culture, art de vivre, jeux…), puis composer ce qui ressemble au programme de sa « chaîne idéale » avec les émissions vedettes du service public (« Le plus grand cabaret du monde », « Des racines et des ailes », « C dans l’air »…). Il peut aussi préciser celles qu’il « ne veut surtout pas voir ». On lui propose ensuite une liste de « playlists » thématique. Grâce à un algorithme, cette sélection s’affine au fur et à mesure de ses visionnages. Il peut « aider » le programme de calcul en marquant les vidéos qu’il aime et celle qu’il n’aime pas. Le mobinaute peut aussi indiquer le temps dont il dispose pour visionner des vidéos. L’offre proposée s’adapte à ce temps disponible.« Le temps de la recommandation »L’application Zoom est née de deux convictions a indiqué Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions : « C’est le temps du mobile et c’est le temps de la recommandation. » Téléchargeable dans un premier temps uniquement sur les iPhone (la version pour les smartphones Android est prévue pour la fin de l’année), cette application s’adresse en priorité aux plus jeunes qui consomment différemment la télévision. « C’est dans notre mission de permettre d’offrir nos contenus à tous les citoyens quels que soient les écrans », a insisté Rémy Pfimlin, président de France Télévisions jusqu’à la fin août.Bientôt un mode hors connexionLa mise au point de cette application a mobilisé 25 personnes depuis janvier 2014. Au total, le groupe aura investi 1,4 million d’euros pour la développer. De nouvelles fonctionnalités comme le mode hors connexion, permettant de visionner des vidéos même sans accès à l’Internet. Une version adaptée aux ordinateurs devrait être disponible à l’automne, l’application sera ensuite optimisée pour les tablettes.Lire aussi :France Télévisions : les premiers pas de Delphine ErnotteJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 19h59 • Mis à jour le02.06.2015 à 16h55 | Alexis Delcambre « Il est à peine imaginable que Têtu puisse disparaître et pourtant, jamais le risque n’a été aussi grand. » Lundi 1er juin, la direction du magazine gay a mis en ligne un communiqué annonçant le placement de l’entreprise en redressement judiciaire, vingt ans après sa création.En cause : la situation financière du titre, propriété depuis 2013 de l’homme d’affaires Jean-Jacques Augier. Le 28 mai, la société éditrice du magazine s’était déclarée en cessation de paiement. Selon M. Augier, les pertes ont atteint 1,1 million d’euros en 2014 et devraient s’élever à 500 000 euros en 2015.Paradoxalement, elles sont moins conséquentes que celles subies avant 2013 (plus de 2 millions d’euros annuels environ). Mais celles-ci étaient alors régulièrement épongées par Pierre Bergé, le précédent propriétaire de Têtu (et actuel co-actionnaire du Monde).Restructuration lourdeLors de la cession du titre en 2013 pour un euro symbolique, M. Bergé avait laissé une trésorerie de 2,4 millions d’euros. Selon M. Augier, celle-ci a été consumée dès 2013, année où les pertes ont été de 2,35 millions d’euros.Depuis deux ans, le titre a été lourdement restructuré. Une vingtaine de postes, soit plus de la moitié des effectifs, ont été supprimés, et le journal ne compte plus que dix salariés. Les frais, eux, ont été réduits de 60 %.Ces efforts n’ont pas été accompagnés d’un réel développement de l’activité. La diffusion du magazine, qui était de près de 36 000 exemplaires en 2012, est tombée à environ 28 000 en 2014. Le nouveau Têtu, recentré, assagi et lifestyle, peine à renouveler son public même si les abonnements (8 900), ont progressé.Des relations difficiles avec les agences publicitairesSur le Web, le site Tetu.com (450 000 visiteurs uniques) affronte la concurrence sévère de sites communautaires comme Yagg, fondé par des anciens de Têtu, avec lequel un partenariat avait un temps été noué. Et en matière de développement, il a lancé une application de rencontres, So Têtu (10 000 téléchargements), qui peine à exister sur un créneau déjà largement occupé, notamment par Grindr.Mais pour M. Augier, la difficulté principale est la relation avec les agences publicitaires. « Elles nous étranglent, affirme-t-il. Nous avons une cible qui consomme, qui plaît aux annonceurs, nos pages reçoivent de la publicité, mais nous peinons à maintenir nos tarifs et à obtenir les paiements. »Un rapport du faible au fort auquel la réponse est, à ses yeux, de rompre l’isolement du magazine : « La survie de ce titre emblématique du paysage éditorial français passe par le rapprochement avec un groupe de presse, seul à même de donner au titre un poids suffisant face aux agences de publicité », énonce le communiqué publié lundi.Appel du piedL’appel du pied est clair : « Le tribunal de commerce nous a donné lundi quatre mois pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre, selon M. Augier. Si au bout de quatre mois nous n’avons pas trouvé de repreneur, le tribunal prononcera la liquidation. » En 2013, trois investisseurs avaient été candidats à la reprise du titre, dont le banquier d’affaires Matthieu Pigasse (actionnaire du Monde et propriétaire des Inrockuptibles). C’est finalement M. Augier qui l’avait emporté – un ancien énarque de la promotion Voltaire, la même que François Hollande, et trésorier de la campagne de l’actuel président en 2012.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 11h07 • Mis à jour le01.06.2015 à 17h28 | Alexandre Piquard « Nous sommes aujourd’hui au cœur d’une période dite “de tuilage”. C’est en bonne intelligence avec Rémy Pflimlin qu’elle se déroule. Je ne souhaite interférer dans aucun de ses choix au quotidien. » Pour son premier acte de communication, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a envoyé lundi 1er juin un e-mail au comité exécutif. Elle y définit l’entre-deux imaginé par le législateur pour préparer l’arrivée du futur président : nommée le 23 avril par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’ex-dirigeante d’Orange France n’entrera en fonction que le 22 août, cinq mois plus tard.« Imaginez qu’on ne vous garde pas, mais qu’on vous demande de conseiller votre successeur, qui vous regarde travailler », ironise Eric Vial, syndicaliste Force ouvrière, à propos de M. Pflimlin, qui estime, lui, que le tuilage se passe bien. « Dans d’autres entreprises, il y a une transition : l’ancienne équipe conseille mais la nouvelle est en fonction, raconte un cadre. L’ambiance est un peu surréaliste. On doit continuer à travailler normalement mais des interlocuteurs extérieurs, dans des négociations, jouent sur l’arrivée de la nouvelle équipe. Et on lit des rumeurs dans la presse sur le départ des uns ou l’arrivée d’autres. » Lire aussi :Une « cheffe » d’entreprise ne fait pas le printempsDépart de Thierry ThuillierLe cas qui a fait couler le plus d’encre est celui de Thierry Thuillier, le directeur de l’information et directeur de France 2, qui a confirmé, lundi, rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion.A en croire nombre d’échos de presse, M. Thuillier était vu comme penchant à droite par certains dans l’exécutif et indésirable de ce fait, à deux ans de la présidentielle. Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec l’exécutif étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Dans l’entourage de Mme Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de se passer de M. Thuillier, que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.Pour lui succéder plusieurs noms circulent en interne : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef du service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest, ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier, il se « poserait la question » de son avenir.Rassurer les salariésConsciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Mme Ernotte ne pourra pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut pas en principe négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants.Pour la nouvelle présidente, la résolution du cas Thuillier clarifie l’enjeu de la composition de son équipe, qui doit comporter un directeur de la stratégie et des programmes, mais aussi – selon le projet présenté au CSA – des patrons de chaînes plus forts et autonomes qu’aujourd’hui.Mme Ernotte consulte largement en interne et en externe et a notamment rencontré Bibiane Godfroid, ex-directrice des programmes de M6. « Ses choix seront scrutés car elle ne connaît pas la télévision. Son équipe importe donc », explique une cadre.Seconde phase du tuilageMme Ernotte veut entrer aujourd’hui dans une seconde phase du tuilage : « Je vous remercie de me remettre, d’ici le vendredi 5 juin, un document écrit portant sur les dossiers sous votre responsabilité, écrit-elle au comité exécutif.Depuis un mois, la future présidente dispose – comme ses prédécesseurs – de deux bureaux et d’une salle de réunion au Ponant, un immeuble situé à 200 mètres du siège de France Télévisions.Elle y est entourée de son assistante et de son directeur de cabinet, Stéphane Sitbon-Gomez, ancien bras droit de l’écologiste Cécile Duflot, ainsi que le consultant en stratégie et communication Denis Pingaud, qui reste président de sa société Balises (et conseille également le président de Radio France, Mathieu Gallet).Lire aussi :Le bras droit de Duflot rejoint l’équipe de Delphine Ernotte à France TélévisionsA la rencontre des dirigeantsJusqu’ici, Mme Ernotte a rencontré une vingtaine de dirigeants de l’entreprise, par ordre de hiérarchie. « Elle cherchait à faire connaissance, posait surtout des questions et était très à l’écoute », raconte un cadre.Lors de ces entretiens, la nouvelle présidente s’est montrée ouverte sur son projet remis au CSA, qui en interne avait suscité des inquiétudes parce qu’il faisait de France 2 une chaîne du flux, et de France 3, une chaîne de la création. Les grilles de rentrée ont été faites par l’équipe de M. Pflimlin, qui explique qu’il y aura peu de changements majeurs.« La constitution des grilles et le tuilage se passent bien parce que nos résultats sont bons, notamment sur France 2, grâce à l’information et la fiction », souligne-t-on dans l’équipe du président sortant. Le 2 juin, une « nouvelle offre numérique » sera annoncée par Bruno Patino, directeur des programmes et du numérique.Lire aussi :La création numérique, une priorité pour le service public audiovisuelM. Pflimlin a donné la consigne d’informer Mme Ernotte des dossiers pouvant engager l’entreprise à moyen terme. Celle-ci a ainsi été consultée sur une négociation de droits sportifs ou sur la pénibilité du travail. Plusieurs discussions de dialogue social se poursuivent en effet, avec l’actuel directeur des ressources humaines Patrice Papet, qui avance un bilan de 650 postes réduits sous le mandat de M. Pflimlin à France Télévisions, « passée sous la barre des 10 000 salariés ».Côté financier, la régie publicitaire se réjouit d’un très bon premier trimestre, même si depuis, le repli des parrainages à l’antenne entraîne à fin mai un retard de 5 millions d’euros environ sur l’objectif publicitaire de 2015.Les syndicats en campagnePour les syndicats, la période de tuilage n’est pas un long fleuve tranquille. Les élections syndicales qui auront lieu dans quelques semaines au siège ont été l’occasion de tensions, le syndicat minoritaire et franc-tireur SNPCA-CGC ayant insinué que la CGT avait soutenu Mme Ernotte.Appuyé par FO sur ce point, Marc Chauvelot, délégué de la CGT, a démenti et rappelé que les syndicats avaient reçu pendant la campagne un grand nombre de candidats à la présidence. L’élu préfère insister sur une revendication syndicale de longue date – qu’il souhaite faire traduire dans une charte avant l’été : le recours prioritaire à la production interne plutôt qu’à des sociétés extérieures.« Ce sera une façon de commencer à discuter avec Mme Ernotte », dit-il, alors que la présidente va rencontrer les organisations syndicales courant juin. Mme Ernotte a également prévu, ce mois, de rencontrer les personnels de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une « une » de crise qu’a choisie Libération pour lancer sa nouvelle formule papier, lundi 1er juin : les yeux inquiets de Vincent Lindon, son visage défait, sous une manchette « Le chômage superstar », consacrée au succès du film La Loi du marché.Mais ce n’est plus la crise de Libération. Un an après son sauvetage grâce à une recapitalisation menée par Patrick Drahi – le propriétaire de Numericable-SFR – et Bruno Ledoux, le titre emblématique de la gauche française veut faire de cette nouvelle maquette – larges photos, titres impactants – le premier signe visible de son renouveau.Du passé, table rase a partiellement été faite. 108 salariés ont quitté l’entreprise depuis un an, ramenant l’effectif à 180 (dont 130 journalistes). Des gardiens du temple du Libé historique sont partis, laissant une nouvelle génération s’installer aux commandes et quelques recrues rejoindre la rédaction.Lire aussi :Près de cent candidats au départ à « Libération »Le logiciel politique de cette équipe reste à découvrir, même si Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction, met en avant « ses valeurs d’indépendance, de critique mais aussi de proposition, exprimées par la devise qui sera désormais la sienne : “La liberté, ça s’invente” ».En revanche, son logiciel éditorial est plus clairement défini : Libération se veut désormais « un site qui publie un quotidien » et même un titre « mobile first », où les informations nouvelles sont publiées en première intention sur les supports numériques. Ce n’est pas encore le cas, puisque les nouvelles formules du site et de l’application mobile sont prévues pour « l’été ».A la reconquête du lectoratMais le quotidien s’affirme déjà comme celui qui va le plus loin, en France, dans la prise en compte de la production numérique. L’actualité de base est concentrée dans une rubrique unique, « Expresso », nourrie de petits modules largement inspirés du Web. Le reste du journal – où les rubriques ont disparu – ne se compose que de doubles pages consacrées à des sujets très anglés, de production originale.Tout cela a un prix : 2 euros (contre 1,80 précédemment). Cette augmentation est l’un des leviers du retour à l’équilibre d’exploitation, que M. Drahi a demandé pour 2015. Mais les sources de revenus restent à développer. En dépit d’un mois de janvier exceptionnel, à 126 000 exemplaires, les ventes du quotidien stagnent, aux alentours de 95 000 par mois. « Il faut reconquérir un lectorat », constate-t-on en interne.Les ventes numériques restent peu développées. Le journal travaille à relancer ses forums, qui apportaient avant la crise plus de 10 % du chiffre d’affaires. D’autres activités, comme la vidéo, pourraient suivre, mais restent suspendues à un nouvel investissement des actionnaires.L’intégration de « Libé » dans un groupe est l’autre grande affaire du moment. Altice Media Groupe France rassemblera également le Groupe Express-Expansion – pour lequel M. Drahi est en négociations exclusives – et la chaîne d’information i24 News.Bruno Ledoux sera présent pour environ 9 % dans AMG France, le reste étant détenu par AMG, une holding logée au Luxembourg, rassemblant les dirigeants opérationnels du groupe (Marc Laufer, Bernard Mourad) et M. Drahi. De premières synergies (mutualisation de certaines fonctions, possible déménagement de Libération au siège de L’Express) devraient être rapidement étudiées.Lire aussi :Un banquier à la tête de « L’Express » et « Libération »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Thierry Thuillier, le directeur de l’information de France Télévisions et directeur de France 2, a confirmé lundi 1er juin qu’il quitte le groupe public pour rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion personnelle. Il ne gérera pas les programmes de flux et le « clair », comme un temps évoqué.Dans les spéculations autour de l’équipe de Mme Ernotte, M. Thuillier était le cas le plus médiatique car l’information est un des points forts du bilan de Rémy Pflimlin, prédécesseur de Delphine Ernotte, et parce que c’est un domaine sensible. Plusieurs échos de presse ont soutenu que Thierry Thuillier - nommé comme l’équipe de M. Pflimlin sous Nicolas Sarkozy - était classé à droite par certains dans l’exécutif et qu’il pourrait perdre sa place de ce fait, à deux ans de la présidentielle.Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec le pouvoir en place étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Il s’est toujours voulu à distance du milieu politique et a défendu une information parfois « abrasive », par exemple dans le magazine Cash Investigation. Dans l’entourage de Delphine Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de ne pas travailler avec M. Thuillier et que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.M. Thuillier parti, on se pose la question de la suite à France Télévisions. Pour lui succéder circulent en interne quelques noms : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier il se « poserait la question » de son avenir.Consciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Delphine Ernotte ne pourra pourtant a priori pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut en principe pas négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants. Elle consulte largement, en interne et en externe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.05.2015 à 10h53 • Mis à jour le01.06.2015 à 10h47 | Joël Morio Le journaliste quitte RTL pour Europe 1 et sera remplacé par Olivier Mazerolle, qui revient quatorze ans après son départ.RTL avait juré qu’elle se tiendrait, cette saison, à l’écart du mercato des animateurs et journalistes après le transfert de Laurent Ruquier, venu d’Europe 1 lors de la rentrée 2014. C’est pourtant la station de la rue Bayard qui a ouvert le bal, écartant Jean-Michel Aphatie, qui, après douze ans passés à la première radio de France, rejoint justement Europe 1, la rivale historique.Ce départ n’est pas une surprise. Christopher Baldelli, le patron de RTL, avait provoqué l’étonnement en déclarant au Nouvel Observateur : « Léa Salamé a beaucoup de talent, c’est incontestable. Peut-être sera-t-elle un jour sur RTL. Je ne l’exclus pas. »Cette sortie flatteuse pour la journaliste qui officie sur France Inter était presque un affront pour Jean-Michel Aphatie (en concurrence frontale avec elle le matin avant 8 heures), qui, de surcroît, s’est récemment fait distancer en termes d’audience par sa jeune consœur. Christopher Baldelli a néanmoins souhaité saluer « la rigueur, l’indépendance et la pugnacité » du journaliste.Jean-Michel Aphatie écarté, RTL n’en a pas profité pour rajeunir son antenne puisque c’est Olivier Mazerolle qui, à la rentrée, aura la charge de l’interview politique du matin – il avait déjà pratiqué l’exercice entre 1995 et 2001 –, reprenant ainsi du service à… 72 ans. Age qu’il jugeait, en 2001, trop élevé pour que Philippe Bouvard continue à présenter les « Grosses Têtes ».Point de chuteAlors directeur général adjoint de RTL, il avait contribué à l’éviction du journaliste. Quatorze ans plus tard, la station semble désormais totalement guérie du jeunisme. « En nommant Olivier Mazerolle aux commandes de l’emblématique interview politique de “RTL Matin”, nous avons fait le choix d’un journaliste de référence, expérimenté et indépendant, qui apportera à RTL une véritable expertise en matière d’actualité politique », estime Christopher Baldelli dans un communiqué.Ce retour permettra-t-il de relancer une matinale qui, malgré l’arrivée d’Yves Calvi à la rentrée 2014, est au coude-à-coude avec celle de France Inter et progresse lentement ? RTL a décidé de ne prendre aucun risque en confiant l’interview politique à un professionnel rompu à cet exercice, mais ce choix manque sérieusement d’audace. Il est vrai que Jean-Pierre Elkabbach, la figure emblématique des interviewers politiques, fêtera ses 78 ans à la rentrée sur Europe 1.Rue François-1er, la mission de Jean-Michel Aphatie sera plus modeste car elle ne concerne pas le prime time de la radio, un moment crucial pour les revenus publicitaires d’une station privée. Le journaliste a pour mission de redynamiser «  Europe 1 Midi  » avec Wendy Bouchard, une tranche assez faible en termes d’audience.« Fabien Namias, toute l’équipe d’Europe 1 et moi-même sommes très fiers d’accueillir à Europe 1 un grand nom du métier. Renouant avec la tradition historique de la station depuis Jacques Paoli et André Arnaud, Jean-Michel, avec Wendy, fera d’“Europe 1 Midi” un grand magazine d’information, de société et de culture, marqué du sceau de la proximité, de la curiosité et de la liberté », a indiqué Denis Olivennes, le président d’Europe 1. Jean-Michel Aphatie est désormais assuré de trouver un point de chute à la rentrée, alors que son avenir au « Grand Journal » de Canal+ est très compromis.D’autres nominations à attendreDans les services politiques des radios, d’autres nominations sont à attendre. En partance pour la présidence de la chaîne parlementaire LCP, Marie-Eve Malouines va laisser en juin sa place de chef du service de France Info. La station a décidé de prendre son temps pour la remplacer : candidature interne ou externe, rien n’est encore décidé. Laurent Guimier ne veut pas se précipiter pour choisir celui ou celle qui aura la charge de couvrir la campagne présidentielle de 2017, qui devrait débuter dès le début 2016 avec la préparation des primaires à droite et peut-être à gauche.Une chose est sûre, le choix devrait se faire indépendamment de celui du futur chef du service politique de France Inter. Marc Fauvelle, l’actuel chef du service, aurait manifesté son désir de présenter le journal de 8 heures en remplacement de Mickaël Thébault.Un changement qui pourrait être lourd de conséquences pour la station, qui enregistre à cette heure-là un pic d’audience. Au cas où le vœu de Marc Fauvelle s’exaucerait (ce que ne confirme ni ne dément la chaîne), ce serait tout un jeu de chaises musicales qui s’enclencherait alors.RMC, pour sa part, n’a pas prévu de changements notables. Malgré l’avertissement envoyé par le CSA après son interview de Roland Dumas, Jean-Jacques Bourdin continuera d’être la star des matins de la station présidée par Alain Weil. Il réfléchit tout au plus à l’arrivée de nouveaux chroniqueurs dans sa tranche horaire, qui après des années de progression a marqué le pas lors des dernières mesures d’audience.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny L’animateur de télévision incarne l’émission « On n’est pas couché », carton d’audience sur France 2.A force de prendre des notes sur son smartphone, Laurent Ruquier en a cassé son écran. Malgré les sérieuses rayures qui lézardent l’appareil, l’animateur de l’émission « On n’est pas couché » (« ONPC ») continue de consigner sur son téléphone tous les sujets qui lui passent par la tête, ainsi que l’actualité politique ou les nouveautés culturelles qu’il lit dans les journaux chaque matin. « Je suis un grand consommateur de presse écrite, j’adore ça ! », dit l’animateur avec un sourire gourmand. « Une grande partie de ma vie professionnelle se trouve dans cet appareil », poursuit-il en montrant ses dernières trouvailles.Il faut dire que chaque jour de la semaine, il doit nourrir en informations « Les Grosses Têtes » sur RTL mais également préparer « ONPC », le samedi soir sur France 2. Deux cartons d’audience qui ont fait de lui « le roi des ondes » comme l’a baptisé récemment son ami Guy Carlier dans le magazine VSD. Bourreau de travail, Ruquier ne se contente pas de lire les journaux et d’animer des émissions. Il écrit aussi des pièces et gère le Théâtre Antoine à Paris où il programme de jeunes talents qu’il a découverts.C’est souvent au détour d’une page, d’un article ou d’une brève qu’il découvre un auteur ou un artiste qu’il invitera sous peu dans « ONPC ». « Ma curiosité ne s’émousse pas, je suis curieux de tout et j’ai le privilège de pouvoir choisir mes invités », pointe-t-il en soulignant que les bonnes audiences (autant sur RTL que sur France 2) le libèrent de toutes pressions.Deux millions de téléspectateursAvec près de 2 millions de téléspectateurs en moyenne chaque semaine, son talk-show de deuxième partie de soirée sur la chaîne publique a connu une progression constante depuis le lancement le 16 septembre 2006.A la rentrée, Laurent Ruquier entamera sa dixième saison. Un cas plutôt rare dans le monde audiovisuel où les émissions sont le plus souvent arrêtées au bout de quelques semaines faute d’audience. L’animateur a d’ailleurs connu cette situation en 1995 avec « Les Niouzes » sur TF1 qui a été stoppée net au bout d’une semaine ! Et, en 2014, lorsque France 2 est venu le chercher en catastrophe pour remplacer au pied levé Sophia Aram qui conduisait la chaîne au désastre avec son émission « Jusqu’ici tout va bien ». Mais son concept n’a guère convaincu les téléspectateurs.« France 2 nous a toujours laissé une grande liberté », souligne la productrice Catherine Barma qui, dans le passé, a produit les talk-shows de Thierry Ardisson et de Marc-Olivier Fogiel. « Le succès de « ONPC » est dû à Laurent Ruquier qui incarne totalement l’émission et qui est en phase avec la société », poursuit-elle. Et compare l’émission à un hebdomadaire d’actualités avec ses pages culturelles ou politiques « que le téléspectateur feuillette à sa guise ».Ainsi, au fil des années, l’émission qui dure près de quatre heures (une des plus longues de la télévision) s’est enrichie et structurée au point de transformer le talk-show initial en un espace où défilent celles et ceux qui ont quelque chose à vendre ou à dire.Buzz et réseaux sociaux« Mais ce n’est pas une émission de promotion avec renvoi d’ascenseur », prévient Laurent Ruquier, rappelant qu’il a choisi le titre de l’émission non pas en raison de sa longueur, mais dans le sens de « on n’est pas couché devant l’invité ». Tout le monde connaît la règle du jeu et rares sont ceux qui refusent de s’installer dans le fauteuil de l’émission. Même si chacun sait qu’il peut s’y faire démolir. Seuls les meilleurs survivent.Le rendez-vous est même devenu (presque) incontournable pour les éditeurs en tous genres qui cherchent à faire la promotion d’un livre, d’un film ou d’un album. Si, en plus, un peu de polémique s’invite sur le plateau, le succès est garanti.Grâce au relais des réseaux sociaux, les propos tenus dans « ONPC » et les clashs entre l’invité(e) et les chroniqueurs sont immédiatement commentés sur Twitter ou Facebook. Sans oublier, les reprises dans les journaux du week-end, voire avant la diffusion de l’émission enregistrée le jeudi, et dont les prises de bec les plus saignantes sont savamment distillées aux journalistes pour faire le buzz.Ce fut le cas, début mai, où le violent échange entre le chroniqueur Aymeric Caron et la journaliste Caroline Fourest, invitée pour parler de son dernier essai polémique Eloge du blasphème (Grasset), a fait débat dans la presse avant qu’il soit à l’écran.« Contrairement à ce que l’on dit, je ne cherche pas le clash », affirme Laurent Ruquier qui, après l’émission, a déclaré qu’il n’inviterait plus la journaliste « en raison de ses mensonges ». « On ne décide pas à l’avance pour savoir s’il y aura un accrochage. L’émission est enregistrée dans les conditions du direct et il y a ensuite un léger montage. Mais nous gardons presque tout. Comme dans la vie, je ne triche pas et j’ai surtout horreur de l’hypocrisie », poursuit-il.« Nous avons une liberté totale de parole et aucune de nos interventions n’est préparée ou décidée pour provoquer un clash », confirme Léa Salamé qui a rejoint la table des chroniqueurs au début de cette saison. « Je suis avant tout journaliste et non pas polémiste. Chacun dit ce qu’il pense dans la plus grande sincérité », poursuit-elle.« Un artisan qui aime le travail bien fait »Un point de vue partagé par la journaliste Audrey Pulvar, ancienne chroniqueuse de l’émission. « C’est une émission où l’on peut dire des choses librement et l’un des rares espaces de la télévision où il y a encore la possibilité de faire une longue interview politique », dit-elle en saluant le professionnalisme de Laurent Ruquier « un sacré bosseur, curieux et cultivé ».« Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues », insiste Catherine Barma qui fut à l’origine de la venue d’Eric Zemmour sur le plateau pendant cinq ans. « Je suis en total désaccord avec les idées de Zemmour, mais il a droit à la parole même si, comme je l’ai dit, je regrette d’avoir participé à la banalisation de ces idées-là. Je préfère que les journalistes aient un point de vue politique mais pas militant », affirme Laurent Ruquier.L’avenir ? « Entre la radio, la télévision et le théâtre, je n’ai pas le temps de m’ennuyer et je compte bien que ça continue le plus longtemps possible », dit-il avant d’ajouter : « Je reste avant tout un artisan qui aime le travail bien fait. A la radio, je m’amuse, à la télé, je me promène et au théâtre, je m’éclate. »Lire aussi :Aymeric Caron en finit aves les débats « saignants »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous A la télévision, protéger une idée ou un concept demeure un parcours du combattant.Le 18 mai, France 3 diffusait le premier numéro d’une émission musicale : « La Vie secrète des chansons ». Quelques jours avant, Fabien Lecœuvre, agent artistique, avait accusé la chaîne de lui avoir volé le concept qu’il avait proposé plusieurs mois auparavant et qu’il s’était vu… refuser. Une accusation démentie par France 3, qui a alors menacé d’attaquer Fabien Lecœuvre en diffamation.Ce genre de polémique est courant dans le monde de l’audiovisuel où « souvent, quand tu as des idées, tu te les fais piquer », expliquele producteur Alexandre Amiel, avant de conclure « c’est la vie de la télé ».Tenter de se préserver contre une culture du copier-coller dans un monde où tout le monde s’inspire de tout le monde : telle est la véritable difficulté que rencontrent en permanence les producteurs. « Une idée ne peut pas être protégée, le mécanisme de l’émission peut l’être », souligne Thierry Ardisson. Exemple : un format dans lequel des participants doivent trouver le titre de chansons (le fameux « blind-test ») ne peut être protégé, car pas assez formalisé. En revanche, si ce jeu s’appuie sur une narration singulière, une lumière spécifique, un décor identifié, un animateur précis… alors, il s’agit là d’un format en mesure d’être protégé.DissuasionPour ce faire, il suffit d’effectuer un dépôt (sous forme de courrier) aux organismes qui gèrent les droits d’auteurs comme la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), la Société civile des auteurs multimedia (SCAM), la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) ou encore l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Première exigence de cette démarche : être le plus précis possible dans la description du projet audiovisuel (scénario, sketch, générique, musique, synopsis de documentaire, un format).« Ce qui est peut être protégé, c’est la forme pas le fond, souligne Nicolas Mazars, juriste à la SCAM. Mais undépôt ne préserve pas de la malhonnêteté, comme une alarme sur votre voiture n’empêchera pas le vol. C’est dissuasif, mais il y a d’autres précautions à prendre. » Notamment savoir parler du concept tout en gardant une certaine confidentialité – ne pas l’ébruiter – ainsi que les traces écrites des différents échanges qu’il a entraînés… Pour autant, ces précautions ne sont pas totalement suffisantes. La création de l’œuvre doit être « originale et empreinte de la personnalité de son auteur, précise Xavier Près, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle. C’est très subjectif comme termes. »Ainsi, en cas de litige, le dépôt pourra démontrer l’antériorité du projet. « Mais le seul moyen d’être protégé, c’est de saisir les juges, eux seuls pourront déterminer s’il y a contrefaçon (terme juridique du plagiat) », note Hubert Tilliet, directeur des affaires juridiques de la SACD. Et comme dans le jeu des sept erreurs, les juges devront trouver les différences et les ressemblances entre les deux « œuvres ».Les producteurs ont presque tous le réflexe de déposer leurs idées de concept. Le coût s’élève d’une centaine d’euros à plus de 12 000 euros si l’on choisit de protéger son format dans plusieurs pays du monde. Ce que fait par exemple Thierry Ardisson, qui n’hésite pas à déposer à l’INPI une dizaine de noms par an. En 2008, il avait vendu le nom « XXI » aux fondateurs d’une future revue de grands reportages dirigée par Patrick Saint-Exupéry.Une solution inattendueLes procès pour contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme font « souvent l’actualité judiciaire », assure l’avocat Xavier Près. Endemol avait attaqué Alexia Laroche-Joubert, incriminant la productrice d’avoir « copié » dans son émission « Dilemme » les formats de « Loft Story » et de « Secret Story ». Une accusation qui a valu à la société de production d’être définitivement déboutée en 2013. Si les affaires de ce type ne manquent pas, elles trouvent parfois, grâce à de petits arrangements, une issue moins radicale. Comme ce fut le cas pour le conflit qui, en janvier 2003, opposa France 2 et M6 qui, toutes deux, avaient dans leur soute un jeu portant sur le code de la route que, chacune, voulait évidemment diffuser la première. Et c’est une solution pour le moins inattendue qui permit de sortir de ce dilemme : l’ordre de programmation se déciderait par… tirage au sort. Résultat : dans un bureau d’avocats, une main innocente tira France 2, qui put ainsi dégainer son jeu avant M6.Si entre eux, les producteurs ne se font aucun cadeau, il en va autrement avec les diffuseurs, plus difficiles à attaquer. Pourtant, les anecdotes ne manquent pas qui mettent au jour le comportement peu honnête de quelques rares chaînes historiques à l’égard des producteurs.« On commence à raconter notre concept à un responsable des programmes, puis en plein milieu de la conversation, il nous dit : “Ah, je t’arrête tout de suite, nous sommes en train de travailler sur le même genre d’émission, on va la faire en interne.” On comprend alors qu’on est en train de se faire piquer l’idée ; mais que faire, à part se fâcher avec la chaîne ? », raconte l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Délicat, en effet, pour les producteurs de se mettre définitivement à dos leurs clients. Car, comme le dit Ardisson : « On ne mord pas la main qui nourrit. »Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 11h07 • Mis à jour le01.06.2015 à 17h28 | Alexandre Piquard « Nous sommes aujourd’hui au cœur d’une période dite “de tuilage”. C’est en bonne intelligence avec Rémy Pflimlin qu’elle se déroule. Je ne souhaite interférer dans aucun de ses choix au quotidien. » Pour son premier acte de communication, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a envoyé lundi 1er juin un e-mail au comité exécutif. Elle y définit l’entre-deux imaginé par le législateur pour préparer l’arrivée du futur président : nommée le 23 avril par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’ex-dirigeante d’Orange France n’entrera en fonction que le 22 août, cinq mois plus tard.« Imaginez qu’on ne vous garde pas, mais qu’on vous demande de conseiller votre successeur, qui vous regarde travailler », ironise Eric Vial, syndicaliste Force ouvrière, à propos de M. Pflimlin, qui estime, lui, que le tuilage se passe bien. « Dans d’autres entreprises, il y a une transition : l’ancienne équipe conseille mais la nouvelle est en fonction, raconte un cadre. L’ambiance est un peu surréaliste. On doit continuer à travailler normalement mais des interlocuteurs extérieurs, dans des négociations, jouent sur l’arrivée de la nouvelle équipe. Et on lit des rumeurs dans la presse sur le départ des uns ou l’arrivée d’autres. » Lire aussi :Une « cheffe » d’entreprise ne fait pas le printempsDépart de Thierry ThuillierLe cas qui a fait couler le plus d’encre est celui de Thierry Thuillier, le directeur de l’information et directeur de France 2, qui a confirmé, lundi, rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion.A en croire nombre d’échos de presse, M. Thuillier était vu comme penchant à droite par certains dans l’exécutif et indésirable de ce fait, à deux ans de la présidentielle. Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec l’exécutif étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Dans l’entourage de Mme Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de se passer de M. Thuillier, que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.Pour lui succéder plusieurs noms circulent en interne : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef du service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest, ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier, il se « poserait la question » de son avenir.Rassurer les salariésConsciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Mme Ernotte ne pourra pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut pas en principe négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants.Pour la nouvelle présidente, la résolution du cas Thuillier clarifie l’enjeu de la composition de son équipe, qui doit comporter un directeur de la stratégie et des programmes, mais aussi – selon le projet présenté au CSA – des patrons de chaînes plus forts et autonomes qu’aujourd’hui.Mme Ernotte consulte largement en interne et en externe et a notamment rencontré Bibiane Godfroid, ex-directrice des programmes de M6. « Ses choix seront scrutés car elle ne connaît pas la télévision. Son équipe importe donc », explique une cadre.Seconde phase du tuilageMme Ernotte veut entrer aujourd’hui dans une seconde phase du tuilage : « Je vous remercie de me remettre, d’ici le vendredi 5 juin, un document écrit portant sur les dossiers sous votre responsabilité, écrit-elle au comité exécutif.Depuis un mois, la future présidente dispose – comme ses prédécesseurs – de deux bureaux et d’une salle de réunion au Ponant, un immeuble situé à 200 mètres du siège de France Télévisions.Elle y est entourée de son assistante et de son directeur de cabinet, Stéphane Sitbon-Gomez, ancien bras droit de l’écologiste Cécile Duflot, ainsi que le consultant en stratégie et communication Denis Pingaud, qui reste président de sa société Balises (et conseille également le président de Radio France, Mathieu Gallet).Lire aussi :Le bras droit de Duflot rejoint l’équipe de Delphine Ernotte à France TélévisionsA la rencontre des dirigeantsJusqu’ici, Mme Ernotte a rencontré une vingtaine de dirigeants de l’entreprise, par ordre de hiérarchie. « Elle cherchait à faire connaissance, posait surtout des questions et était très à l’écoute », raconte un cadre.Lors de ces entretiens, la nouvelle présidente s’est montrée ouverte sur son projet remis au CSA, qui en interne avait suscité des inquiétudes parce qu’il faisait de France 2 une chaîne du flux, et de France 3, une chaîne de la création. Les grilles de rentrée ont été faites par l’équipe de M. Pflimlin, qui explique qu’il y aura peu de changements majeurs.« La constitution des grilles et le tuilage se passent bien parce que nos résultats sont bons, notamment sur France 2, grâce à l’information et la fiction », souligne-t-on dans l’équipe du président sortant. Le 2 juin, une « nouvelle offre numérique » sera annoncée par Bruno Patino, directeur des programmes et du numérique.Lire aussi :La création numérique, une priorité pour le service public audiovisuelM. Pflimlin a donné la consigne d’informer Mme Ernotte des dossiers pouvant engager l’entreprise à moyen terme. Celle-ci a ainsi été consultée sur une négociation de droits sportifs ou sur la pénibilité du travail. Plusieurs discussions de dialogue social se poursuivent en effet, avec l’actuel directeur des ressources humaines Patrice Papet, qui avance un bilan de 650 postes réduits sous le mandat de M. Pflimlin à France Télévisions, « passée sous la barre des 10 000 salariés ».Côté financier, la régie publicitaire se réjouit d’un très bon premier trimestre, même si depuis, le repli des parrainages à l’antenne entraîne à fin mai un retard de 5 millions d’euros environ sur l’objectif publicitaire de 2015.Les syndicats en campagnePour les syndicats, la période de tuilage n’est pas un long fleuve tranquille. Les élections syndicales qui auront lieu dans quelques semaines au siège ont été l’occasion de tensions, le syndicat minoritaire et franc-tireur SNPCA-CGC ayant insinué que la CGT avait soutenu Mme Ernotte.Appuyé par FO sur ce point, Marc Chauvelot, délégué de la CGT, a démenti et rappelé que les syndicats avaient reçu pendant la campagne un grand nombre de candidats à la présidence. L’élu préfère insister sur une revendication syndicale de longue date – qu’il souhaite faire traduire dans une charte avant l’été : le recours prioritaire à la production interne plutôt qu’à des sociétés extérieures.« Ce sera une façon de commencer à discuter avec Mme Ernotte », dit-il, alors que la présidente va rencontrer les organisations syndicales courant juin. Mme Ernotte a également prévu, ce mois, de rencontrer les personnels de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une « une » de crise qu’a choisie Libération pour lancer sa nouvelle formule papier, lundi 1er juin : les yeux inquiets de Vincent Lindon, son visage défait, sous une manchette « Le chômage superstar », consacrée au succès du film La Loi du marché.Mais ce n’est plus la crise de Libération. Un an après son sauvetage grâce à une recapitalisation menée par Patrick Drahi – le propriétaire de Numericable-SFR – et Bruno Ledoux, le titre emblématique de la gauche française veut faire de cette nouvelle maquette – larges photos, titres impactants – le premier signe visible de son renouveau.Du passé, table rase a partiellement été faite. 108 salariés ont quitté l’entreprise depuis un an, ramenant l’effectif à 180 (dont 130 journalistes). Des gardiens du temple du Libé historique sont partis, laissant une nouvelle génération s’installer aux commandes et quelques recrues rejoindre la rédaction.Lire aussi :Près de cent candidats au départ à « Libération »Le logiciel politique de cette équipe reste à découvrir, même si Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction, met en avant « ses valeurs d’indépendance, de critique mais aussi de proposition, exprimées par la devise qui sera désormais la sienne : “La liberté, ça s’invente” ».En revanche, son logiciel éditorial est plus clairement défini : Libération se veut désormais « un site qui publie un quotidien » et même un titre « mobile first », où les informations nouvelles sont publiées en première intention sur les supports numériques. Ce n’est pas encore le cas, puisque les nouvelles formules du site et de l’application mobile sont prévues pour « l’été ».A la reconquête du lectoratMais le quotidien s’affirme déjà comme celui qui va le plus loin, en France, dans la prise en compte de la production numérique. L’actualité de base est concentrée dans une rubrique unique, « Expresso », nourrie de petits modules largement inspirés du Web. Le reste du journal – où les rubriques ont disparu – ne se compose que de doubles pages consacrées à des sujets très anglés, de production originale.Tout cela a un prix : 2 euros (contre 1,80 précédemment). Cette augmentation est l’un des leviers du retour à l’équilibre d’exploitation, que M. Drahi a demandé pour 2015. Mais les sources de revenus restent à développer. En dépit d’un mois de janvier exceptionnel, à 126 000 exemplaires, les ventes du quotidien stagnent, aux alentours de 95 000 par mois. « Il faut reconquérir un lectorat », constate-t-on en interne.Les ventes numériques restent peu développées. Le journal travaille à relancer ses forums, qui apportaient avant la crise plus de 10 % du chiffre d’affaires. D’autres activités, comme la vidéo, pourraient suivre, mais restent suspendues à un nouvel investissement des actionnaires.L’intégration de « Libé » dans un groupe est l’autre grande affaire du moment. Altice Media Groupe France rassemblera également le Groupe Express-Expansion – pour lequel M. Drahi est en négociations exclusives – et la chaîne d’information i24 News.Bruno Ledoux sera présent pour environ 9 % dans AMG France, le reste étant détenu par AMG, une holding logée au Luxembourg, rassemblant les dirigeants opérationnels du groupe (Marc Laufer, Bernard Mourad) et M. Drahi. De premières synergies (mutualisation de certaines fonctions, possible déménagement de Libération au siège de L’Express) devraient être rapidement étudiées.Lire aussi :Un banquier à la tête de « L’Express » et « Libération »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Thierry Thuillier, le directeur de l’information de France Télévisions et directeur de France 2, a confirmé lundi 1er juin qu’il quitte le groupe public pour rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion personnelle. Il ne gérera pas les programmes de flux et le « clair », comme un temps évoqué.Dans les spéculations autour de l’équipe de Mme Ernotte, M. Thuillier était le cas le plus médiatique car l’information est un des points forts du bilan de Rémy Pflimlin, prédécesseur de Delphine Ernotte, et parce que c’est un domaine sensible. Plusieurs échos de presse ont soutenu que Thierry Thuillier - nommé comme l’équipe de M. Pflimlin sous Nicolas Sarkozy - était classé à droite par certains dans l’exécutif et qu’il pourrait perdre sa place de ce fait, à deux ans de la présidentielle.Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec le pouvoir en place étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Il s’est toujours voulu à distance du milieu politique et a défendu une information parfois « abrasive », par exemple dans le magazine Cash Investigation. Dans l’entourage de Delphine Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de ne pas travailler avec M. Thuillier et que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.M. Thuillier parti, on se pose la question de la suite à France Télévisions. Pour lui succéder circulent en interne quelques noms : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier il se « poserait la question » de son avenir.Consciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Delphine Ernotte ne pourra pourtant a priori pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut en principe pas négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants. Elle consulte largement, en interne et en externe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.05.2015 à 10h53 • Mis à jour le01.06.2015 à 10h47 | Joël Morio Le journaliste quitte RTL pour Europe 1 et sera remplacé par Olivier Mazerolle, qui revient quatorze ans après son départ.RTL avait juré qu’elle se tiendrait, cette saison, à l’écart du mercato des animateurs et journalistes après le transfert de Laurent Ruquier, venu d’Europe 1 lors de la rentrée 2014. C’est pourtant la station de la rue Bayard qui a ouvert le bal, écartant Jean-Michel Aphatie, qui, après douze ans passés à la première radio de France, rejoint justement Europe 1, la rivale historique.Ce départ n’est pas une surprise. Christopher Baldelli, le patron de RTL, avait provoqué l’étonnement en déclarant au Nouvel Observateur : « Léa Salamé a beaucoup de talent, c’est incontestable. Peut-être sera-t-elle un jour sur RTL. Je ne l’exclus pas. »Cette sortie flatteuse pour la journaliste qui officie sur France Inter était presque un affront pour Jean-Michel Aphatie (en concurrence frontale avec elle le matin avant 8 heures), qui, de surcroît, s’est récemment fait distancer en termes d’audience par sa jeune consœur. Christopher Baldelli a néanmoins souhaité saluer « la rigueur, l’indépendance et la pugnacité » du journaliste.Jean-Michel Aphatie écarté, RTL n’en a pas profité pour rajeunir son antenne puisque c’est Olivier Mazerolle qui, à la rentrée, aura la charge de l’interview politique du matin – il avait déjà pratiqué l’exercice entre 1995 et 2001 –, reprenant ainsi du service à… 72 ans. Age qu’il jugeait, en 2001, trop élevé pour que Philippe Bouvard continue à présenter les « Grosses Têtes ».Point de chuteAlors directeur général adjoint de RTL, il avait contribué à l’éviction du journaliste. Quatorze ans plus tard, la station semble désormais totalement guérie du jeunisme. « En nommant Olivier Mazerolle aux commandes de l’emblématique interview politique de “RTL Matin”, nous avons fait le choix d’un journaliste de référence, expérimenté et indépendant, qui apportera à RTL une véritable expertise en matière d’actualité politique », estime Christopher Baldelli dans un communiqué.Ce retour permettra-t-il de relancer une matinale qui, malgré l’arrivée d’Yves Calvi à la rentrée 2014, est au coude-à-coude avec celle de France Inter et progresse lentement ? RTL a décidé de ne prendre aucun risque en confiant l’interview politique à un professionnel rompu à cet exercice, mais ce choix manque sérieusement d’audace. Il est vrai que Jean-Pierre Elkabbach, la figure emblématique des interviewers politiques, fêtera ses 78 ans à la rentrée sur Europe 1.Rue François-1er, la mission de Jean-Michel Aphatie sera plus modeste car elle ne concerne pas le prime time de la radio, un moment crucial pour les revenus publicitaires d’une station privée. Le journaliste a pour mission de redynamiser «  Europe 1 Midi  » avec Wendy Bouchard, une tranche assez faible en termes d’audience.« Fabien Namias, toute l’équipe d’Europe 1 et moi-même sommes très fiers d’accueillir à Europe 1 un grand nom du métier. Renouant avec la tradition historique de la station depuis Jacques Paoli et André Arnaud, Jean-Michel, avec Wendy, fera d’“Europe 1 Midi” un grand magazine d’information, de société et de culture, marqué du sceau de la proximité, de la curiosité et de la liberté », a indiqué Denis Olivennes, le président d’Europe 1. Jean-Michel Aphatie est désormais assuré de trouver un point de chute à la rentrée, alors que son avenir au « Grand Journal » de Canal+ est très compromis.D’autres nominations à attendreDans les services politiques des radios, d’autres nominations sont à attendre. En partance pour la présidence de la chaîne parlementaire LCP, Marie-Eve Malouines va laisser en juin sa place de chef du service de France Info. La station a décidé de prendre son temps pour la remplacer : candidature interne ou externe, rien n’est encore décidé. Laurent Guimier ne veut pas se précipiter pour choisir celui ou celle qui aura la charge de couvrir la campagne présidentielle de 2017, qui devrait débuter dès le début 2016 avec la préparation des primaires à droite et peut-être à gauche.Une chose est sûre, le choix devrait se faire indépendamment de celui du futur chef du service politique de France Inter. Marc Fauvelle, l’actuel chef du service, aurait manifesté son désir de présenter le journal de 8 heures en remplacement de Mickaël Thébault.Un changement qui pourrait être lourd de conséquences pour la station, qui enregistre à cette heure-là un pic d’audience. Au cas où le vœu de Marc Fauvelle s’exaucerait (ce que ne confirme ni ne dément la chaîne), ce serait tout un jeu de chaises musicales qui s’enclencherait alors.RMC, pour sa part, n’a pas prévu de changements notables. Malgré l’avertissement envoyé par le CSA après son interview de Roland Dumas, Jean-Jacques Bourdin continuera d’être la star des matins de la station présidée par Alain Weil. Il réfléchit tout au plus à l’arrivée de nouveaux chroniqueurs dans sa tranche horaire, qui après des années de progression a marqué le pas lors des dernières mesures d’audience.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny L’animateur de télévision incarne l’émission « On n’est pas couché », carton d’audience sur France 2.A force de prendre des notes sur son smartphone, Laurent Ruquier en a cassé son écran. Malgré les sérieuses rayures qui lézardent l’appareil, l’animateur de l’émission « On n’est pas couché » (« ONPC ») continue de consigner sur son téléphone tous les sujets qui lui passent par la tête, ainsi que l’actualité politique ou les nouveautés culturelles qu’il lit dans les journaux chaque matin. « Je suis un grand consommateur de presse écrite, j’adore ça ! », dit l’animateur avec un sourire gourmand. « Une grande partie de ma vie professionnelle se trouve dans cet appareil », poursuit-il en montrant ses dernières trouvailles.Il faut dire que chaque jour de la semaine, il doit nourrir en informations « Les Grosses Têtes » sur RTL mais également préparer « ONPC », le samedi soir sur France 2. Deux cartons d’audience qui ont fait de lui « le roi des ondes » comme l’a baptisé récemment son ami Guy Carlier dans le magazine VSD. Bourreau de travail, Ruquier ne se contente pas de lire les journaux et d’animer des émissions. Il écrit aussi des pièces et gère le Théâtre Antoine à Paris où il programme de jeunes talents qu’il a découverts.C’est souvent au détour d’une page, d’un article ou d’une brève qu’il découvre un auteur ou un artiste qu’il invitera sous peu dans « ONPC ». « Ma curiosité ne s’émousse pas, je suis curieux de tout et j’ai le privilège de pouvoir choisir mes invités », pointe-t-il en soulignant que les bonnes audiences (autant sur RTL que sur France 2) le libèrent de toutes pressions.Deux millions de téléspectateursAvec près de 2 millions de téléspectateurs en moyenne chaque semaine, son talk-show de deuxième partie de soirée sur la chaîne publique a connu une progression constante depuis le lancement le 16 septembre 2006.A la rentrée, Laurent Ruquier entamera sa dixième saison. Un cas plutôt rare dans le monde audiovisuel où les émissions sont le plus souvent arrêtées au bout de quelques semaines faute d’audience. L’animateur a d’ailleurs connu cette situation en 1995 avec « Les Niouzes » sur TF1 qui a été stoppée net au bout d’une semaine ! Et, en 2014, lorsque France 2 est venu le chercher en catastrophe pour remplacer au pied levé Sophia Aram qui conduisait la chaîne au désastre avec son émission « Jusqu’ici tout va bien ». Mais son concept n’a guère convaincu les téléspectateurs.« France 2 nous a toujours laissé une grande liberté », souligne la productrice Catherine Barma qui, dans le passé, a produit les talk-shows de Thierry Ardisson et de Marc-Olivier Fogiel. « Le succès de « ONPC » est dû à Laurent Ruquier qui incarne totalement l’émission et qui est en phase avec la société », poursuit-elle. Et compare l’émission à un hebdomadaire d’actualités avec ses pages culturelles ou politiques « que le téléspectateur feuillette à sa guise ».Ainsi, au fil des années, l’émission qui dure près de quatre heures (une des plus longues de la télévision) s’est enrichie et structurée au point de transformer le talk-show initial en un espace où défilent celles et ceux qui ont quelque chose à vendre ou à dire.Buzz et réseaux sociaux« Mais ce n’est pas une émission de promotion avec renvoi d’ascenseur », prévient Laurent Ruquier, rappelant qu’il a choisi le titre de l’émission non pas en raison de sa longueur, mais dans le sens de « on n’est pas couché devant l’invité ». Tout le monde connaît la règle du jeu et rares sont ceux qui refusent de s’installer dans le fauteuil de l’émission. Même si chacun sait qu’il peut s’y faire démolir. Seuls les meilleurs survivent.Le rendez-vous est même devenu (presque) incontournable pour les éditeurs en tous genres qui cherchent à faire la promotion d’un livre, d’un film ou d’un album. Si, en plus, un peu de polémique s’invite sur le plateau, le succès est garanti.Grâce au relais des réseaux sociaux, les propos tenus dans « ONPC » et les clashs entre l’invité(e) et les chroniqueurs sont immédiatement commentés sur Twitter ou Facebook. Sans oublier, les reprises dans les journaux du week-end, voire avant la diffusion de l’émission enregistrée le jeudi, et dont les prises de bec les plus saignantes sont savamment distillées aux journalistes pour faire le buzz.Ce fut le cas, début mai, où le violent échange entre le chroniqueur Aymeric Caron et la journaliste Caroline Fourest, invitée pour parler de son dernier essai polémique Eloge du blasphème (Grasset), a fait débat dans la presse avant qu’il soit à l’écran.« Contrairement à ce que l’on dit, je ne cherche pas le clash », affirme Laurent Ruquier qui, après l’émission, a déclaré qu’il n’inviterait plus la journaliste « en raison de ses mensonges ». « On ne décide pas à l’avance pour savoir s’il y aura un accrochage. L’émission est enregistrée dans les conditions du direct et il y a ensuite un léger montage. Mais nous gardons presque tout. Comme dans la vie, je ne triche pas et j’ai surtout horreur de l’hypocrisie », poursuit-il.« Nous avons une liberté totale de parole et aucune de nos interventions n’est préparée ou décidée pour provoquer un clash », confirme Léa Salamé qui a rejoint la table des chroniqueurs au début de cette saison. « Je suis avant tout journaliste et non pas polémiste. Chacun dit ce qu’il pense dans la plus grande sincérité », poursuit-elle.« Un artisan qui aime le travail bien fait »Un point de vue partagé par la journaliste Audrey Pulvar, ancienne chroniqueuse de l’émission. « C’est une émission où l’on peut dire des choses librement et l’un des rares espaces de la télévision où il y a encore la possibilité de faire une longue interview politique », dit-elle en saluant le professionnalisme de Laurent Ruquier « un sacré bosseur, curieux et cultivé ».« Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues », insiste Catherine Barma qui fut à l’origine de la venue d’Eric Zemmour sur le plateau pendant cinq ans. « Je suis en total désaccord avec les idées de Zemmour, mais il a droit à la parole même si, comme je l’ai dit, je regrette d’avoir participé à la banalisation de ces idées-là. Je préfère que les journalistes aient un point de vue politique mais pas militant », affirme Laurent Ruquier.L’avenir ? « Entre la radio, la télévision et le théâtre, je n’ai pas le temps de m’ennuyer et je compte bien que ça continue le plus longtemps possible », dit-il avant d’ajouter : « Je reste avant tout un artisan qui aime le travail bien fait. A la radio, je m’amuse, à la télé, je me promène et au théâtre, je m’éclate. »Lire aussi :Aymeric Caron en finit aves les débats « saignants »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous A la télévision, protéger une idée ou un concept demeure un parcours du combattant.Le 18 mai, France 3 diffusait le premier numéro d’une émission musicale : « La Vie secrète des chansons ». Quelques jours avant, Fabien Lecœuvre, agent artistique, avait accusé la chaîne de lui avoir volé le concept qu’il avait proposé plusieurs mois auparavant et qu’il s’était vu… refuser. Une accusation démentie par France 3, qui a alors menacé d’attaquer Fabien Lecœuvre en diffamation.Ce genre de polémique est courant dans le monde de l’audiovisuel où « souvent, quand tu as des idées, tu te les fais piquer », expliquele producteur Alexandre Amiel, avant de conclure « c’est la vie de la télé ».Tenter de se préserver contre une culture du copier-coller dans un monde où tout le monde s’inspire de tout le monde : telle est la véritable difficulté que rencontrent en permanence les producteurs. « Une idée ne peut pas être protégée, le mécanisme de l’émission peut l’être », souligne Thierry Ardisson. Exemple : un format dans lequel des participants doivent trouver le titre de chansons (le fameux « blind-test ») ne peut être protégé, car pas assez formalisé. En revanche, si ce jeu s’appuie sur une narration singulière, une lumière spécifique, un décor identifié, un animateur précis… alors, il s’agit là d’un format en mesure d’être protégé.DissuasionPour ce faire, il suffit d’effectuer un dépôt (sous forme de courrier) aux organismes qui gèrent les droits d’auteurs comme la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), la Société civile des auteurs multimedia (SCAM), la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) ou encore l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Première exigence de cette démarche : être le plus précis possible dans la description du projet audiovisuel (scénario, sketch, générique, musique, synopsis de documentaire, un format).« Ce qui est peut être protégé, c’est la forme pas le fond, souligne Nicolas Mazars, juriste à la SCAM. Mais undépôt ne préserve pas de la malhonnêteté, comme une alarme sur votre voiture n’empêchera pas le vol. C’est dissuasif, mais il y a d’autres précautions à prendre. » Notamment savoir parler du concept tout en gardant une certaine confidentialité – ne pas l’ébruiter – ainsi que les traces écrites des différents échanges qu’il a entraînés… Pour autant, ces précautions ne sont pas totalement suffisantes. La création de l’œuvre doit être « originale et empreinte de la personnalité de son auteur, précise Xavier Près, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle. C’est très subjectif comme termes. »Ainsi, en cas de litige, le dépôt pourra démontrer l’antériorité du projet. « Mais le seul moyen d’être protégé, c’est de saisir les juges, eux seuls pourront déterminer s’il y a contrefaçon (terme juridique du plagiat) », note Hubert Tilliet, directeur des affaires juridiques de la SACD. Et comme dans le jeu des sept erreurs, les juges devront trouver les différences et les ressemblances entre les deux « œuvres ».Les producteurs ont presque tous le réflexe de déposer leurs idées de concept. Le coût s’élève d’une centaine d’euros à plus de 12 000 euros si l’on choisit de protéger son format dans plusieurs pays du monde. Ce que fait par exemple Thierry Ardisson, qui n’hésite pas à déposer à l’INPI une dizaine de noms par an. En 2008, il avait vendu le nom « XXI » aux fondateurs d’une future revue de grands reportages dirigée par Patrick Saint-Exupéry.Une solution inattendueLes procès pour contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme font « souvent l’actualité judiciaire », assure l’avocat Xavier Près. Endemol avait attaqué Alexia Laroche-Joubert, incriminant la productrice d’avoir « copié » dans son émission « Dilemme » les formats de « Loft Story » et de « Secret Story ». Une accusation qui a valu à la société de production d’être définitivement déboutée en 2013. Si les affaires de ce type ne manquent pas, elles trouvent parfois, grâce à de petits arrangements, une issue moins radicale. Comme ce fut le cas pour le conflit qui, en janvier 2003, opposa France 2 et M6 qui, toutes deux, avaient dans leur soute un jeu portant sur le code de la route que, chacune, voulait évidemment diffuser la première. Et c’est une solution pour le moins inattendue qui permit de sortir de ce dilemme : l’ordre de programmation se déciderait par… tirage au sort. Résultat : dans un bureau d’avocats, une main innocente tira France 2, qui put ainsi dégainer son jeu avant M6.Si entre eux, les producteurs ne se font aucun cadeau, il en va autrement avec les diffuseurs, plus difficiles à attaquer. Pourtant, les anecdotes ne manquent pas qui mettent au jour le comportement peu honnête de quelques rares chaînes historiques à l’égard des producteurs.« On commence à raconter notre concept à un responsable des programmes, puis en plein milieu de la conversation, il nous dit : “Ah, je t’arrête tout de suite, nous sommes en train de travailler sur le même genre d’émission, on va la faire en interne.” On comprend alors qu’on est en train de se faire piquer l’idée ; mais que faire, à part se fâcher avec la chaîne ? », raconte l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Délicat, en effet, pour les producteurs de se mettre définitivement à dos leurs clients. Car, comme le dit Ardisson : « On ne mord pas la main qui nourrit. »Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le29.05.2015 à 16h51 Le tribunal correctionnel d’Annecy (Haute-Savoie) a condamné, vendredi 29 mai, le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud, et son journaliste Dominique Rizet à payer des amendes de 10 000 euros chacun. Une peine prononcée pour avoir diffusé à l’antenne des photos de la tuerie de Chevaline. Egalement poursuivi pour avoir publié ces clichés, le directeur de la publication du Parisien, Jean Hornain, a été relaxé.M. Béroud et M. Rizet ont été reconnus coupables de recel de violation du secret de l’instruction. Ils ont en revanche été relaxés des délits d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre et de reproduction illicite d’une scène de crime.Les trois clichés incriminés montraient la famille au complet avant la fusillade et des scènes du crime de la tuerie de Chevaline. On y voyait la voiture des victimes et le corps de Sylvain Mollier, probable victime collatérale lors du quadruple meurtre.Diffusées en exclusivité à l’antenne de la première chaîne d’infos de France, les photos furent présentées et commentées par Dominique Rizet. Une plainte avait alors été déposée par les avocats de la famille de Sylvain Mollier.Lire : Tuerie de chevaline : une plainte déposée contre BFM-TVLe 5 septembre 2012, Saad Al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d’origine irakienne, sa femme, âgée 47 ans, et sa belle-mère, âgée de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.L’une des fillettes du couple Al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s’en était miraculeusement sortie indemne. Sylvain Mollier, lui, avait été abattu de plusieurs balles. 29.05.2015 à 03h27 • Mis à jour le29.05.2015 à 09h42 | Benoît Hopquin Scène de genre politico-médiatique, jeudi 28 mai, devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, chargée de la presse. Branle-bas même, de par la qualité des protagonistes. Etait étudiée devant les juges la plainte de François Fillon, ancien premier ministre, contre Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée, contre le journal Le Monde et lemonde.fr, contre les éditions Stock et contre deux journalistes de renom, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. François Fillon est présent à l’audience. Jean-Pierre Jouyet est en revanche absent, même s’il va être le personnage central de débats qui dureront plus de dix heures.Lire aussi notre décryptage : Tout comprendre à l'affaire Jouyet-FillonDans un long mais indispensable préambule, la présidente de la cour, Fabienne Siredey-Garnier, tente de camper les faits ou plutôt leur impossible entrelacs. Dans un livre, « Sarko s’est tuer », puis dans une série d’articles parus en novembre 2014, les deux journalistes évoquaient un déjeuner qui s’est tenu le 24 juin, entre Jean-Pierre Jouyet et François Fillon. Les deux hommes entretenaient des relations de proximité, M. Jouyet ayant été deux ans ministre des affaires européennes dans le gouvernement Fillon. Selon les deux journalistes, au cours de ce repas, il aura été question des affaires qui commençaient à éclore autour de l’UMP, et de l’une d’entre elles, plus particulièrement : le remboursement par l’UMP des dépassements de dépenses survenues lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. La magistrate rappelle le contexte de concurrence politique entre MM. Sarkozy et Fillon au sein de l’UMP, le tohu-bohu que provoqua la révélation du contenu de cette rencontre Fillon-Jouyet, le sentiment que l’ancien premier ministre tentait d’enfoncer son rival, le trahissait même.Fillon dénonce une « farce »Mme Siredey-Garnier lit ensuite le décryptage des dix minutes de conversation enregistrée par les deux journalistes lors de leur rencontre avec M. Jouyet, le 20 septembre 2014. Sans fioritures ni précautions oratoires, Jean-Pierre Jouyet y affirme que François Fillon lui aurait demandé de faire accélérer les procédures contre Nicolas Sarkozy, de « taper vite », de lui « casser les pattes » alors qu’était annoncé le retour de l’ancien président de la République dans la vie politique. La présidente évoque les démentis formels de M. Fillon qui ont suivi, les revirements de M. Jouyet qui dément à demi-mot puis confirme à demi-mot les propos. Elle tente de résumer les divergences entre les versions de cet épisode. En fait, elles différent en tout. Il n’est qu’une chose reconnue par tous : le déjeuner a bien eu lieu.Pendant cet exposé, François Fillon est resté marmoréen, le menton légèrement relevé, les joues parfois traversé de rougeurs agacées. Puis il prend la parole et lit une déclaration écrite sur une feuille blanche qu’il tient d’une main tremblante d’émotion. Il rappelle que c’est la première fois qu’il s’exprime ainsi, à la barre d’un prétoire. « Je ne peux supporter la manœuvre visant à salir mon honneur dont je suis victime. Je n’accepte pas une telle salissure ». Il réfute « l’attitude abjecte » qui lui a été prêtée. Il donne en gage « toute sa vie politique » : « Je n’ai jamais été mêlé à une affaire. Je n’ai jamais fait pression ou tenté de faire pression sur l’appareil judiciaire. Jamais je n’aurais pu solliciter une intervention contre le président de la République que j’ai accepté de servir malgré nos différences ». Il dénonce ensuite une « farce » : « J’aurais été remettre mon destin et mon honneur dans les mains de mes adversaires politiques ». Et de conclure : « Je n’accepte pas la victoire du mensonge et du calcul ».Après ce préambule, interrogé, relancé par la présidente sur les propos qui lui sont prêtés dans les enregistrements de Jean-Pierre Jouyet, François Fillon n’a qu’une réponse : « Ils sont inventés », trois fois il le répète. Il insiste : « Je n’ai jamais évoqué les affaires en cours dans ma famille politique ». Avant enfin de livrer le fond de sa pensée. « Je ne peux pas ne pas y voir le fait qu’il [Jean-Pierre Jouyet] était en service commandé. Ce n’est pas quelqu’un de maladroit ou qui n’aurait pas réfléchi à ce qu’il faisait ». Il se montre plus direct encore en évoquant « une affaire d’Etat », « une opération montée avec deux objectifs : me décrédibiliser et semer la zizanie dans ma famille politique ». La ligne de François Fillon et de ses avocats est tracée pour la journée, celle du complot visant à le détruire politiquement.« Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos »Il y avait un troisième protagoniste du déjeuner : Antoine Gosset-Grainville, qui joua les intermédiaires entre les deux hommes, organisa la rencontre, fort de ses bonnes relations avec l’un et l’autre. Le voilà justement qui est appelé à la barre comme témoin, celui qui paya l’addition de ce déjeuner chez Ledoyen. La voix est suave, les mots pesés au trébuchet mais catégoriques. « Aucun des propos que vous évoquez n’ont été tenus ». Le repas n’a porté que sur l’Europe, sur l’éventualité d’une candidature de Fillon à la tête d’une instance européenne : la rencontre devait sonder l’attitude qu’aurait l’Elysée dans une telle hypothèse.Les avocats de la défense lui font remarquer qu’à d’autres moments, il a affirmé qu’il n’y avait pas d’ordre du jour. Il s’enferre un peu, revient à l’essentiel : « le sujet des affaires n’a pas été évoqué », insiste-t-il encore, une fois, deux fois, trois fois. Plus hésitantes sont ses réponses quand on lui demande pourquoi Jean-Pierre Jouyet aurait affabulé devant les journalistes. « Il invente ? », insiste deux fois la présidente. Chaque fois, le témoin use de périphrases pour ne pas répondre. « Mensonge par omission », conclut un des avocats des journalistes, François Saint-Pierre. « Cela ne correspond pas à ce qui a été dit au déjeuner », dit une dernière fois le témoin avant de se retirer.L’audience tourne alors à une longue bataille de dates, calendrier contre calendrier. François Fillon assure n’avoir connu l’existence d’un risque pénal, lié au remboursement par l’UMP de dépenses qui incombaient au candidat Sarkozy, qu’après le déjeuner du 24 juin. Comment, alors, aurait-il pu en parler à ce déjeuner ? Les journalistes et leurs avocats tentent de démontrer que les menaces pénales étaient connues à l’UMP dès le 20 juin, donc avant le fameux déjeuner.Rappelés à la barre, les deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, nommés interlocuteur 1 et interlocuteur 3 sur les transcriptions du 20 septembre, défendent le sérieux de leur travail journalistique. Le matin, ils avaient déjà expliqué avoir vérifié l’information, multiplié les sources, quatre selon leur décompte, à l’UMP ou à l’Elysée. Ils ont par ailleurs envoyé à François Fillon des SMS, cinq au total, demandant des entretiens qu’ils n’eurent jamais. Ces SMS évoquant les affaires financières n’étaient pas assez explicites, ont rétorqué les avocats de la partie civile et François Fillon. « S’ils m’avaient précisé le sujet, j’aurais accepté. A aucun moment, les auteurs de ce livre m’ont contacté sur le déjeuner et les propos que j’y ai tenus ».Gérard Davet et Fabrice Lhomme se défendent d’avoir brisé le off et fait état d’une conversation qui n’avait vocation à être publiée, comme le leur a reproché Jean Veil, avocat de M. Jouyet. Ils détaillent les conditions de l’entretien, le 20 septembre, estimant notamment que la présence de deux téléphones en mode enregistreur ne pouvait être ignorée de leur interlocuteur. Ils expliquent comment cet entretien était passé par l’intermédiaire tout ce qu’il y a de plus officiel du service de presse. Les deux journalistes ont ensuite rappelé M. Jouyet pour les prévenir de la parution de cette histoire de déjeuner dans le livre, sans que M. Jouyet ne trouve à redire. « Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos. Je n’ai aucun regret », estime Fabrice Lhomme, ajoutant : « Je n’ai jamais violé de off ». « On a avancé en toute transparence », assure Gérard Davet.Lire aussi l'analyse (en édition abonnés) :Jean-Pierre Jouyet, l’ami qui parle tropJugement mis en délibéré au 9 juilletPuis sont enfin diffusées dans la salle les quelque dix minutes de la conversation entre M. Jouyet et les deux journalistes, largement à bâtons rompus. François Fillon écoute les propos du secrétaire général. Qu’a-t-il pu penser à cet instant, en entendant crûment Jean-Pierre Jouyet, un homme en qui il avait confiance, un ami sans doute, parler aussi crûment d’un rendez-vous censé être discret, voire secret ? M. Fillon rejoint-il à cet instant les pensées de son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, qui n’a pas hésité à comparer ce qu’il a entendu aux délateurs des années noires. « C’est glaçant », a estimé l’avocat. Pour ce dernier, il n’y a qu’une hypothèse plausible : « C’est une manipulation politique. On met le cataclysme à l’UMP. Ce qui n’était pas prévu, c’est que MM Davet et Lhomme décident de fracasser leurs sources ». « C’est une affaire d’Etat », poursuit-il, en donnant le nom de l’instigateur supposé : François Hollande. Puis Orly Rezlan, également avocate de M. Fillon, a attaqué le travail des journalistes du Monde, dénoncé leur « recherche du sensationnel ». « Ils n’ont réalisé aucune enquête », a-t-elle insisté. Plus tard : « Ils ont exécuté François Fillon avec une insoutenable légèreté ».La procureure Annabelle Philippe n’a retiré des débats qu’une seule certitude : « On ne sait pas ce qui s’est passé lors de ce déjeuner et on ne le saura jamais ». A ses yeux, même l’enregistrement fourni ne permet pas de savoir formellement ce qui s’est dit entre les deux hommes. Cela reste et restera parole contre parole. « J’ai du mal à qualifier l’enquête [des deux journalistes] de très sérieuse au regard des exigences de la jurisprudence », assure-t-elle. Mais la procureure estime que l’intérêt général de leur travail est évident tout comme leur bonne foi. Elle a donc requis « de ne pas retenir de responsabilités » pénales contre eux et contre Jean-Pierre Jouyet. Jean Veil, très discret toute la journée, a plaidé « la naïveté, la franchise et la transparence » de ce dernier. Appelé comme complice de la diffamation, il serait plutôt, aux yeux de son conseil, victime du « harcèlement et de la légèreté des journalistes », le plaçant « dans une situation extraordinairement déplaisante ».Premier défendeur des journalistes, Christophe Bigot a estimé que ceux-ci n’ont pas diffamé. Ils n’ont fait que décrire les mœurs politiques, telles qu’on les connaît. « François Fillon vient chercher un brevet de vertu devant la cour ». Marie Burguburu est allée plus loin dans cette démonstration. « Il n’y a procès que parce que les faits sont vrais et révélés de manière précise ». Pour l’avocate, François Fillon ne pouvait que réagir à ce dévoilement cru des manières politiques. « Politiquement, il était en danger. » François Saint-Pierre a enfoncé le clou. « S’il a voulu ce procès, c’est pour se justifier vis-à-vis des siens. C’était le moyen nécessaire pour lui de répondre aux accusations de son propre parti ». Mais, à ce moment, François Fillon a déjà quitté la salle. Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 9 juillet.Lire notre enquête : Fillon a sollicité l'Elysée pour accélérer les poursuites judiciaires contre SarkozyBenoît HopquinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 15h46 • Mis à jour le28.05.2015 à 15h54 Défendre la liberté d’expression et apporter leur soutien à l’un des leurs. Plusieurs centaines de lycéens ont manifesté, jeudi 28 mai, à Saint-Maur-des-Fossés dans le Val-de-Marne pour dénoncer les menaces de mort reçues par Louis. Elève dans cette commune et à la tête d’un journal scolaire, il a été pris pour cible pour avoir publié en janvier un numéro en hommage à l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.Quelque 300 à 400 manifestants, originaires de plusieurs établissements de la ville, se sont donné rendez-vous à 12 h 30 devant le lycée Marcelin-Berthelot à l’initiative de syndicats lycéens. Défilant derrière une banderole « Marche pour la liberté d’expression », ils ont rejoint le parvis de la gare du parc de Saint-Maur.« Liberté dans nos classes ! Ni censure, ni menaces ! », « Résistance contre la censure ! », ont résonné dans le cortège, où plusieurs personnes brandissaient des pancartes « Je suis Louis » en lettres blanches sur fond noir, sur le modèle de « Je suis Charlie ». Cinq membres de la rédaction de l’hebdomadaire participaient à ce rassemblement. Une chronique illustrée en soutien au lycéen a par ailleurs été publiée dans le dernier numéro de Charlie Hebdo.« Apolitique et non partisane »Dans les rangs du cortège, quelques rares professeurs de l’établissement de Louis. « Certains [de mes collègues] avaient peur de la récupération politique. Moi, je pense qu’il faut manifester avant que n’arrive quelque chose de plus grave », déclare une enseignante d’histoire-géographie. La mobilisation se voulait cependant « apolitique et non partisane », selon les syndicats à son origine.Louis, 17 ans, avait fait paraître le 22 janvier un numéro spécial de La Mouette bâillonnée, la publication de son établissement, en réaction aux attentats. Depuis, il a reçu sept menaces de mort, au lycée mais aussi à son domicile. Certaines ont même été accompagnées de balles.La rédaction de La Mouette bâillonnée avait fait savoir qu’elle ne participerait pas à la marche, pour des raisons de sécurité, mais aussi, car « les motivations du ou des harceleurs ne sont pas identifiées ».« Le risque, c’est que [toute cette histoire] se traduise par un repli, une peur du débat et une difficulté des journaux lycéens à publier », s’inquiète Matthieu Porte, président de l’association Jets d’encre, qui revendique fédérer 300 journaux lycéens en France. « Cette presse est amateur mais n’est pas une sous-presse. Un lycéen rédacteur en chef n’est pas irresponsable, mais un citoyen déjà actif. »A lire également : Pour les lycéens caricaturistes, l'esprit « Charlie » demeure 27.05.2015 à 13h23 • Mis à jour le27.05.2015 à 17h05 Le groupe de presse belge Rossel a confirmé, mercredi 27 mai, son intérêt pour prendre le contrôle du quotidien gratuit français 20 Minutes, un rapprochement qui viendrait compléter ses activités en France, où il est très présent en presse quotidienne régionale.Le norvégien Schibsted, fondateur du titre, avait auparavant annoncé dans un communiqué avoir engagé des négociations exclusives avec Rossel en vue de lui céder sa participation de 49,3 %, le reste étant détenu par SIPA-Ouest-France.Selon les deux groupes, l'objectif est de clore en octobre cette transaction, dont le montant n'a pas été divulgué. Un accord éventuel serait soumis aux autorités françaises de la concurrence, précise Schibsted « Sur la base de l'offre indicative [du groupe Rossel], Schibsted devrait enregistrer un léger gain comptable », note encore le groupe norvégien. Aucun montant n'a été annoncé, ni aucun détail donné sur les conséquence de cette transaction sur l'emploi.« C'est plus un projet en développement qu'en restructuration », a affirmé à l'Agence France-Presse Bernard Marchant, le numéro un du groupe de presse francophone belge, se voulant rassurant.« Nous connaissons bien la presse gratuite. »Lancé en France en 2002, 20 Minutes emploie une centaine de journalistes, sur un total de deux cents salariés. Sa diffusion a progressé de 1,3 % en 2014, à 969 586 exemplaires en moyenne par jour. Si ce partenariat voit le jour, « ce sera une expérience très complémentaire de nos activités françaises dans la presse quotidienne régionale », a indiqué Bernard Marchant, car 20 Minutes « est un média plus urbain, avec une diffusion forte, orientée vers le numérique ».Rossel contrôle, entre autres, le quotidien belge Le Soir et le groupe de presse français La Voix, qui édite notamment La Voix du Nord. Il est également en Belgique l'éditeur de Metro, le seul quotidien gratuit du pays. L'annonce des négociations entre Rossel et Schibsted suit de moins d'une semaine celle de la disparition de l'édition papier de Metronews, détenu par TF1, dans un contexte de crise publicitaire profonde pour la presse gratuite. « C'est une évolution logique du marché », a relativisé le patron de Rossel, pour qui la coexistence de trois journaux gratuits en France, avec Direct Matin, n'était « pas simple », compte tenu d'une trop forte concurrence.Lire aussi (édition abonnés) : Pourquoi Metronews va cesser sa diffusion papier 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 09h36 • Mis à jour le03.06.2015 à 15h48 | Alexis Delcambre Il faut aborder le secteur de l’information comme un « écosystème » qui dépasse les catégories issues de l’univers imprimé : telle est la recommandation du sociologue Jean-Marie Charon, auteur d’un rapport intitulé « Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème », remis à la ministre de la culture, Fleur Pellerin, mardi 2 juin.L’objet de ce rapport était de proposer un état des lieux du secteur pour permettre aux acteurs politiques de mieux cibler leurs interventions. Les fameuses aides publiques aux entreprises de presse, qui représentent 820 millions d’euros annuels, sont régulièrement accusées d’encourager des modèles établis ou en perte de vitesse plutôt que de favoriser l’innovation.En regard, le Fonds Google (16,1 millions d’euros) a apporté l’exemple d’une aide focalisée sur les nouveaux projets. « L’intervention de l’Etat doit donner toute sa place au binôme innovation-expérimentation », recommande donc M. Charon.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaisePriorité au pluralismeLa remise de ce rapport a été pour Fleur Pellerin l’occasion de clarifier les évolutions des aides à la presse, mais aussi de rappeler que la première préoccupation de l’Etat reste le pluralisme.Dans le contexte de l’après-Charlie, marqué par une attention accrue aux lieux du débat public, plusieurs dizaines de titres généralistes (hebdomadaires, mensuels, trimestriels…) vont désormais toucher des aides directes, jusqu’ici réservées aux quotidiens.Lire aussi le décryptage : Aides à la presse : qui touche le plus ?Ces aides directes s’élèveront dès cette année à 135 millions d’euros, contre 130 millions précédemment. En contrepartie, Mme Pellerin souhaite les conditionner à des critères éthiques ou déontologiques, aux bonnes pratiques sociales ou au respect de la diversité et de la parité.Quant aux aides indirectes (taux « super-réduit » de TVA et tarifs postaux avantageux), elles seront désormais plus sélectives. Seule la presse d’information politique et générale, ainsi que la presse « de la connaissance et du savoir », continueront de bénéficier des aides postales (130 millions d’euros annuels actuellement). La presse de loisir et de divertissement devra s’en passer.Aider les médias en créationLes détails de cette réforme des aides postales ne sont pas encore connus, puisque la ministre a lancé des missions qui seront achevées cet été. Mais le ministère compte sur ce resserrement pour dégager de quoi accompagner l’innovation.Il s’agirait de renforcer le Fonds stratégique pour le développement de la presse (en l’ouvrant davantage à des acteurs modestes), mais aussi de créer un fonds d’accompagnement à la création de nouveaux médias.Enfin, Mme Pellerin souhaite favoriser la création d’incubateurs qui, comme le suggère M. Charon, « accueillent les “pure players” d’information, les labs des entreprises de presse, ainsi que les start-up contribuant à la production d’information ».M. Charon propose aussi des formules de « start-up en résidence », où une entreprise éditrice accueillerait une start-up le temps de faire aboutir conjointement un projet innovant, avec une aide de l’Etat.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Qui n’a pas pesté devant son poste en regrettant qu’il n’y ait « rien à la télé ce soir » ? Qui ne s’est pas senti perdu dans l’offre pléthorique de programmes pour finir par sélectionner une émission au hasard ? Pour aider le téléspectateur à s’y retrouver, France Télévisions a lancé mardi 2 juin Zoom, une application gratuite destinée à ceux qui « aiment la télé, mais vivent la diffusion linéaire comme une contrainte » ; ces téléspectateurs « qui n’ont pas le temps de tout regarder, qui ont du mal à choisir parmi les centaines de chaînes et les millions de vidéos, et qui ne veulent que le meilleur ».Des playlists thématiquesEn tapotant sur l’écran de son smartphone l’utilisateur peut indiquer ses centres d’intérêt (info, sport, culture, art de vivre, jeux…), puis composer ce qui ressemble au programme de sa « chaîne idéale » avec les émissions vedettes du service public (« Le plus grand cabaret du monde », « Des racines et des ailes », « C dans l’air »…). Il peut aussi préciser celles qu’il « ne veut surtout pas voir ». On lui propose ensuite une liste de « playlists » thématique. Grâce à un algorithme, cette sélection s’affine au fur et à mesure de ses visionnages. Il peut « aider » le programme de calcul en marquant les vidéos qu’il aime et celle qu’il n’aime pas. Le mobinaute peut aussi indiquer le temps dont il dispose pour visionner des vidéos. L’offre proposée s’adapte à ce temps disponible.« Le temps de la recommandation »L’application Zoom est née de deux convictions a indiqué Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions : « C’est le temps du mobile et c’est le temps de la recommandation. » Téléchargeable dans un premier temps uniquement sur les iPhone (la version pour les smartphones Android est prévue pour la fin de l’année), cette application s’adresse en priorité aux plus jeunes qui consomment différemment la télévision. « C’est dans notre mission de permettre d’offrir nos contenus à tous les citoyens quels que soient les écrans », a insisté Rémy Pfimlin, président de France Télévisions jusqu’à la fin août.Bientôt un mode hors connexionLa mise au point de cette application a mobilisé 25 personnes depuis janvier 2014. Au total, le groupe aura investi 1,4 million d’euros pour la développer. De nouvelles fonctionnalités comme le mode hors connexion, permettant de visionner des vidéos même sans accès à l’Internet. Une version adaptée aux ordinateurs devrait être disponible à l’automne, l’application sera ensuite optimisée pour les tablettes.Lire aussi :France Télévisions : les premiers pas de Delphine ErnotteJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 19h59 • Mis à jour le02.06.2015 à 16h55 | Alexis Delcambre « Il est à peine imaginable que Têtu puisse disparaître et pourtant, jamais le risque n’a été aussi grand. » Lundi 1er juin, la direction du magazine gay a mis en ligne un communiqué annonçant le placement de l’entreprise en redressement judiciaire, vingt ans après sa création.En cause : la situation financière du titre, propriété depuis 2013 de l’homme d’affaires Jean-Jacques Augier. Le 28 mai, la société éditrice du magazine s’était déclarée en cessation de paiement. Selon M. Augier, les pertes ont atteint 1,1 million d’euros en 2014 et devraient s’élever à 500 000 euros en 2015.Paradoxalement, elles sont moins conséquentes que celles subies avant 2013 (plus de 2 millions d’euros annuels environ). Mais celles-ci étaient alors régulièrement épongées par Pierre Bergé, le précédent propriétaire de Têtu (et actuel co-actionnaire du Monde).Restructuration lourdeLors de la cession du titre en 2013 pour un euro symbolique, M. Bergé avait laissé une trésorerie de 2,4 millions d’euros. Selon M. Augier, celle-ci a été consumée dès 2013, année où les pertes ont été de 2,35 millions d’euros.Depuis deux ans, le titre a été lourdement restructuré. Une vingtaine de postes, soit plus de la moitié des effectifs, ont été supprimés, et le journal ne compte plus que dix salariés. Les frais, eux, ont été réduits de 60 %.Ces efforts n’ont pas été accompagnés d’un réel développement de l’activité. La diffusion du magazine, qui était de près de 36 000 exemplaires en 2012, est tombée à environ 28 000 en 2014. Le nouveau Têtu, recentré, assagi et lifestyle, peine à renouveler son public même si les abonnements (8 900), ont progressé.Des relations difficiles avec les agences publicitairesSur le Web, le site Tetu.com (450 000 visiteurs uniques) affronte la concurrence sévère de sites communautaires comme Yagg, fondé par des anciens de Têtu, avec lequel un partenariat avait un temps été noué. Et en matière de développement, il a lancé une application de rencontres, So Têtu (10 000 téléchargements), qui peine à exister sur un créneau déjà largement occupé, notamment par Grindr.Mais pour M. Augier, la difficulté principale est la relation avec les agences publicitaires. « Elles nous étranglent, affirme-t-il. Nous avons une cible qui consomme, qui plaît aux annonceurs, nos pages reçoivent de la publicité, mais nous peinons à maintenir nos tarifs et à obtenir les paiements. »Un rapport du faible au fort auquel la réponse est, à ses yeux, de rompre l’isolement du magazine : « La survie de ce titre emblématique du paysage éditorial français passe par le rapprochement avec un groupe de presse, seul à même de donner au titre un poids suffisant face aux agences de publicité », énonce le communiqué publié lundi.Appel du piedL’appel du pied est clair : « Le tribunal de commerce nous a donné lundi quatre mois pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre, selon M. Augier. Si au bout de quatre mois nous n’avons pas trouvé de repreneur, le tribunal prononcera la liquidation. » En 2013, trois investisseurs avaient été candidats à la reprise du titre, dont le banquier d’affaires Matthieu Pigasse (actionnaire du Monde et propriétaire des Inrockuptibles). C’est finalement M. Augier qui l’avait emporté – un ancien énarque de la promotion Voltaire, la même que François Hollande, et trésorier de la campagne de l’actuel président en 2012.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 11h07 • Mis à jour le01.06.2015 à 17h28 | Alexandre Piquard « Nous sommes aujourd’hui au cœur d’une période dite “de tuilage”. C’est en bonne intelligence avec Rémy Pflimlin qu’elle se déroule. Je ne souhaite interférer dans aucun de ses choix au quotidien. » Pour son premier acte de communication, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a envoyé lundi 1er juin un e-mail au comité exécutif. Elle y définit l’entre-deux imaginé par le législateur pour préparer l’arrivée du futur président : nommée le 23 avril par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’ex-dirigeante d’Orange France n’entrera en fonction que le 22 août, cinq mois plus tard.« Imaginez qu’on ne vous garde pas, mais qu’on vous demande de conseiller votre successeur, qui vous regarde travailler », ironise Eric Vial, syndicaliste Force ouvrière, à propos de M. Pflimlin, qui estime, lui, que le tuilage se passe bien. « Dans d’autres entreprises, il y a une transition : l’ancienne équipe conseille mais la nouvelle est en fonction, raconte un cadre. L’ambiance est un peu surréaliste. On doit continuer à travailler normalement mais des interlocuteurs extérieurs, dans des négociations, jouent sur l’arrivée de la nouvelle équipe. Et on lit des rumeurs dans la presse sur le départ des uns ou l’arrivée d’autres. » Lire aussi :Une « cheffe » d’entreprise ne fait pas le printempsDépart de Thierry ThuillierLe cas qui a fait couler le plus d’encre est celui de Thierry Thuillier, le directeur de l’information et directeur de France 2, qui a confirmé, lundi, rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion.A en croire nombre d’échos de presse, M. Thuillier était vu comme penchant à droite par certains dans l’exécutif et indésirable de ce fait, à deux ans de la présidentielle. Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec l’exécutif étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Dans l’entourage de Mme Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de se passer de M. Thuillier, que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.Pour lui succéder plusieurs noms circulent en interne : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef du service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest, ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier, il se « poserait la question » de son avenir.Rassurer les salariésConsciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Mme Ernotte ne pourra pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut pas en principe négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants.Pour la nouvelle présidente, la résolution du cas Thuillier clarifie l’enjeu de la composition de son équipe, qui doit comporter un directeur de la stratégie et des programmes, mais aussi – selon le projet présenté au CSA – des patrons de chaînes plus forts et autonomes qu’aujourd’hui.Mme Ernotte consulte largement en interne et en externe et a notamment rencontré Bibiane Godfroid, ex-directrice des programmes de M6. « Ses choix seront scrutés car elle ne connaît pas la télévision. Son équipe importe donc », explique une cadre.Seconde phase du tuilageMme Ernotte veut entrer aujourd’hui dans une seconde phase du tuilage : « Je vous remercie de me remettre, d’ici le vendredi 5 juin, un document écrit portant sur les dossiers sous votre responsabilité, écrit-elle au comité exécutif.Depuis un mois, la future présidente dispose – comme ses prédécesseurs – de deux bureaux et d’une salle de réunion au Ponant, un immeuble situé à 200 mètres du siège de France Télévisions.Elle y est entourée de son assistante et de son directeur de cabinet, Stéphane Sitbon-Gomez, ancien bras droit de l’écologiste Cécile Duflot, ainsi que le consultant en stratégie et communication Denis Pingaud, qui reste président de sa société Balises (et conseille également le président de Radio France, Mathieu Gallet).Lire aussi :Le bras droit de Duflot rejoint l’équipe de Delphine Ernotte à France TélévisionsA la rencontre des dirigeantsJusqu’ici, Mme Ernotte a rencontré une vingtaine de dirigeants de l’entreprise, par ordre de hiérarchie. « Elle cherchait à faire connaissance, posait surtout des questions et était très à l’écoute », raconte un cadre.Lors de ces entretiens, la nouvelle présidente s’est montrée ouverte sur son projet remis au CSA, qui en interne avait suscité des inquiétudes parce qu’il faisait de France 2 une chaîne du flux, et de France 3, une chaîne de la création. Les grilles de rentrée ont été faites par l’équipe de M. Pflimlin, qui explique qu’il y aura peu de changements majeurs.« La constitution des grilles et le tuilage se passent bien parce que nos résultats sont bons, notamment sur France 2, grâce à l’information et la fiction », souligne-t-on dans l’équipe du président sortant. Le 2 juin, une « nouvelle offre numérique » sera annoncée par Bruno Patino, directeur des programmes et du numérique.Lire aussi :La création numérique, une priorité pour le service public audiovisuelM. Pflimlin a donné la consigne d’informer Mme Ernotte des dossiers pouvant engager l’entreprise à moyen terme. Celle-ci a ainsi été consultée sur une négociation de droits sportifs ou sur la pénibilité du travail. Plusieurs discussions de dialogue social se poursuivent en effet, avec l’actuel directeur des ressources humaines Patrice Papet, qui avance un bilan de 650 postes réduits sous le mandat de M. Pflimlin à France Télévisions, « passée sous la barre des 10 000 salariés ».Côté financier, la régie publicitaire se réjouit d’un très bon premier trimestre, même si depuis, le repli des parrainages à l’antenne entraîne à fin mai un retard de 5 millions d’euros environ sur l’objectif publicitaire de 2015.Les syndicats en campagnePour les syndicats, la période de tuilage n’est pas un long fleuve tranquille. Les élections syndicales qui auront lieu dans quelques semaines au siège ont été l’occasion de tensions, le syndicat minoritaire et franc-tireur SNPCA-CGC ayant insinué que la CGT avait soutenu Mme Ernotte.Appuyé par FO sur ce point, Marc Chauvelot, délégué de la CGT, a démenti et rappelé que les syndicats avaient reçu pendant la campagne un grand nombre de candidats à la présidence. L’élu préfère insister sur une revendication syndicale de longue date – qu’il souhaite faire traduire dans une charte avant l’été : le recours prioritaire à la production interne plutôt qu’à des sociétés extérieures.« Ce sera une façon de commencer à discuter avec Mme Ernotte », dit-il, alors que la présidente va rencontrer les organisations syndicales courant juin. Mme Ernotte a également prévu, ce mois, de rencontrer les personnels de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une « une » de crise qu’a choisie Libération pour lancer sa nouvelle formule papier, lundi 1er juin : les yeux inquiets de Vincent Lindon, son visage défait, sous une manchette « Le chômage superstar », consacrée au succès du film La Loi du marché.Mais ce n’est plus la crise de Libération. Un an après son sauvetage grâce à une recapitalisation menée par Patrick Drahi – le propriétaire de Numericable-SFR – et Bruno Ledoux, le titre emblématique de la gauche française veut faire de cette nouvelle maquette – larges photos, titres impactants – le premier signe visible de son renouveau.Du passé, table rase a partiellement été faite. 108 salariés ont quitté l’entreprise depuis un an, ramenant l’effectif à 180 (dont 130 journalistes). Des gardiens du temple du Libé historique sont partis, laissant une nouvelle génération s’installer aux commandes et quelques recrues rejoindre la rédaction.Lire aussi :Près de cent candidats au départ à « Libération »Le logiciel politique de cette équipe reste à découvrir, même si Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction, met en avant « ses valeurs d’indépendance, de critique mais aussi de proposition, exprimées par la devise qui sera désormais la sienne : “La liberté, ça s’invente” ».En revanche, son logiciel éditorial est plus clairement défini : Libération se veut désormais « un site qui publie un quotidien » et même un titre « mobile first », où les informations nouvelles sont publiées en première intention sur les supports numériques. Ce n’est pas encore le cas, puisque les nouvelles formules du site et de l’application mobile sont prévues pour « l’été ».A la reconquête du lectoratMais le quotidien s’affirme déjà comme celui qui va le plus loin, en France, dans la prise en compte de la production numérique. L’actualité de base est concentrée dans une rubrique unique, « Expresso », nourrie de petits modules largement inspirés du Web. Le reste du journal – où les rubriques ont disparu – ne se compose que de doubles pages consacrées à des sujets très anglés, de production originale.Tout cela a un prix : 2 euros (contre 1,80 précédemment). Cette augmentation est l’un des leviers du retour à l’équilibre d’exploitation, que M. Drahi a demandé pour 2015. Mais les sources de revenus restent à développer. En dépit d’un mois de janvier exceptionnel, à 126 000 exemplaires, les ventes du quotidien stagnent, aux alentours de 95 000 par mois. « Il faut reconquérir un lectorat », constate-t-on en interne.Les ventes numériques restent peu développées. Le journal travaille à relancer ses forums, qui apportaient avant la crise plus de 10 % du chiffre d’affaires. D’autres activités, comme la vidéo, pourraient suivre, mais restent suspendues à un nouvel investissement des actionnaires.L’intégration de « Libé » dans un groupe est l’autre grande affaire du moment. Altice Media Groupe France rassemblera également le Groupe Express-Expansion – pour lequel M. Drahi est en négociations exclusives – et la chaîne d’information i24 News.Bruno Ledoux sera présent pour environ 9 % dans AMG France, le reste étant détenu par AMG, une holding logée au Luxembourg, rassemblant les dirigeants opérationnels du groupe (Marc Laufer, Bernard Mourad) et M. Drahi. De premières synergies (mutualisation de certaines fonctions, possible déménagement de Libération au siège de L’Express) devraient être rapidement étudiées.Lire aussi :Un banquier à la tête de « L’Express » et « Libération »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Thierry Thuillier, le directeur de l’information de France Télévisions et directeur de France 2, a confirmé lundi 1er juin qu’il quitte le groupe public pour rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion personnelle. Il ne gérera pas les programmes de flux et le « clair », comme un temps évoqué.Dans les spéculations autour de l’équipe de Mme Ernotte, M. Thuillier était le cas le plus médiatique car l’information est un des points forts du bilan de Rémy Pflimlin, prédécesseur de Delphine Ernotte, et parce que c’est un domaine sensible. Plusieurs échos de presse ont soutenu que Thierry Thuillier - nommé comme l’équipe de M. Pflimlin sous Nicolas Sarkozy - était classé à droite par certains dans l’exécutif et qu’il pourrait perdre sa place de ce fait, à deux ans de la présidentielle.Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec le pouvoir en place étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Il s’est toujours voulu à distance du milieu politique et a défendu une information parfois « abrasive », par exemple dans le magazine Cash Investigation. Dans l’entourage de Delphine Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de ne pas travailler avec M. Thuillier et que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.M. Thuillier parti, on se pose la question de la suite à France Télévisions. Pour lui succéder circulent en interne quelques noms : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier il se « poserait la question » de son avenir.Consciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Delphine Ernotte ne pourra pourtant a priori pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut en principe pas négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants. Elle consulte largement, en interne et en externe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.05.2015 à 10h53 • Mis à jour le01.06.2015 à 10h47 | Joël Morio Le journaliste quitte RTL pour Europe 1 et sera remplacé par Olivier Mazerolle, qui revient quatorze ans après son départ.RTL avait juré qu’elle se tiendrait, cette saison, à l’écart du mercato des animateurs et journalistes après le transfert de Laurent Ruquier, venu d’Europe 1 lors de la rentrée 2014. C’est pourtant la station de la rue Bayard qui a ouvert le bal, écartant Jean-Michel Aphatie, qui, après douze ans passés à la première radio de France, rejoint justement Europe 1, la rivale historique.Ce départ n’est pas une surprise. Christopher Baldelli, le patron de RTL, avait provoqué l’étonnement en déclarant au Nouvel Observateur : « Léa Salamé a beaucoup de talent, c’est incontestable. Peut-être sera-t-elle un jour sur RTL. Je ne l’exclus pas. »Cette sortie flatteuse pour la journaliste qui officie sur France Inter était presque un affront pour Jean-Michel Aphatie (en concurrence frontale avec elle le matin avant 8 heures), qui, de surcroît, s’est récemment fait distancer en termes d’audience par sa jeune consœur. Christopher Baldelli a néanmoins souhaité saluer « la rigueur, l’indépendance et la pugnacité » du journaliste.Jean-Michel Aphatie écarté, RTL n’en a pas profité pour rajeunir son antenne puisque c’est Olivier Mazerolle qui, à la rentrée, aura la charge de l’interview politique du matin – il avait déjà pratiqué l’exercice entre 1995 et 2001 –, reprenant ainsi du service à… 72 ans. Age qu’il jugeait, en 2001, trop élevé pour que Philippe Bouvard continue à présenter les « Grosses Têtes ».Point de chuteAlors directeur général adjoint de RTL, il avait contribué à l’éviction du journaliste. Quatorze ans plus tard, la station semble désormais totalement guérie du jeunisme. « En nommant Olivier Mazerolle aux commandes de l’emblématique interview politique de “RTL Matin”, nous avons fait le choix d’un journaliste de référence, expérimenté et indépendant, qui apportera à RTL une véritable expertise en matière d’actualité politique », estime Christopher Baldelli dans un communiqué.Ce retour permettra-t-il de relancer une matinale qui, malgré l’arrivée d’Yves Calvi à la rentrée 2014, est au coude-à-coude avec celle de France Inter et progresse lentement ? RTL a décidé de ne prendre aucun risque en confiant l’interview politique à un professionnel rompu à cet exercice, mais ce choix manque sérieusement d’audace. Il est vrai que Jean-Pierre Elkabbach, la figure emblématique des interviewers politiques, fêtera ses 78 ans à la rentrée sur Europe 1.Rue François-1er, la mission de Jean-Michel Aphatie sera plus modeste car elle ne concerne pas le prime time de la radio, un moment crucial pour les revenus publicitaires d’une station privée. Le journaliste a pour mission de redynamiser «  Europe 1 Midi  » avec Wendy Bouchard, une tranche assez faible en termes d’audience.« Fabien Namias, toute l’équipe d’Europe 1 et moi-même sommes très fiers d’accueillir à Europe 1 un grand nom du métier. Renouant avec la tradition historique de la station depuis Jacques Paoli et André Arnaud, Jean-Michel, avec Wendy, fera d’“Europe 1 Midi” un grand magazine d’information, de société et de culture, marqué du sceau de la proximité, de la curiosité et de la liberté », a indiqué Denis Olivennes, le président d’Europe 1. Jean-Michel Aphatie est désormais assuré de trouver un point de chute à la rentrée, alors que son avenir au « Grand Journal » de Canal+ est très compromis.D’autres nominations à attendreDans les services politiques des radios, d’autres nominations sont à attendre. En partance pour la présidence de la chaîne parlementaire LCP, Marie-Eve Malouines va laisser en juin sa place de chef du service de France Info. La station a décidé de prendre son temps pour la remplacer : candidature interne ou externe, rien n’est encore décidé. Laurent Guimier ne veut pas se précipiter pour choisir celui ou celle qui aura la charge de couvrir la campagne présidentielle de 2017, qui devrait débuter dès le début 2016 avec la préparation des primaires à droite et peut-être à gauche.Une chose est sûre, le choix devrait se faire indépendamment de celui du futur chef du service politique de France Inter. Marc Fauvelle, l’actuel chef du service, aurait manifesté son désir de présenter le journal de 8 heures en remplacement de Mickaël Thébault.Un changement qui pourrait être lourd de conséquences pour la station, qui enregistre à cette heure-là un pic d’audience. Au cas où le vœu de Marc Fauvelle s’exaucerait (ce que ne confirme ni ne dément la chaîne), ce serait tout un jeu de chaises musicales qui s’enclencherait alors.RMC, pour sa part, n’a pas prévu de changements notables. Malgré l’avertissement envoyé par le CSA après son interview de Roland Dumas, Jean-Jacques Bourdin continuera d’être la star des matins de la station présidée par Alain Weil. Il réfléchit tout au plus à l’arrivée de nouveaux chroniqueurs dans sa tranche horaire, qui après des années de progression a marqué le pas lors des dernières mesures d’audience.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny L’animateur de télévision incarne l’émission « On n’est pas couché », carton d’audience sur France 2.A force de prendre des notes sur son smartphone, Laurent Ruquier en a cassé son écran. Malgré les sérieuses rayures qui lézardent l’appareil, l’animateur de l’émission « On n’est pas couché » (« ONPC ») continue de consigner sur son téléphone tous les sujets qui lui passent par la tête, ainsi que l’actualité politique ou les nouveautés culturelles qu’il lit dans les journaux chaque matin. « Je suis un grand consommateur de presse écrite, j’adore ça ! », dit l’animateur avec un sourire gourmand. « Une grande partie de ma vie professionnelle se trouve dans cet appareil », poursuit-il en montrant ses dernières trouvailles.Il faut dire que chaque jour de la semaine, il doit nourrir en informations « Les Grosses Têtes » sur RTL mais également préparer « ONPC », le samedi soir sur France 2. Deux cartons d’audience qui ont fait de lui « le roi des ondes » comme l’a baptisé récemment son ami Guy Carlier dans le magazine VSD. Bourreau de travail, Ruquier ne se contente pas de lire les journaux et d’animer des émissions. Il écrit aussi des pièces et gère le Théâtre Antoine à Paris où il programme de jeunes talents qu’il a découverts.C’est souvent au détour d’une page, d’un article ou d’une brève qu’il découvre un auteur ou un artiste qu’il invitera sous peu dans « ONPC ». « Ma curiosité ne s’émousse pas, je suis curieux de tout et j’ai le privilège de pouvoir choisir mes invités », pointe-t-il en soulignant que les bonnes audiences (autant sur RTL que sur France 2) le libèrent de toutes pressions.Deux millions de téléspectateursAvec près de 2 millions de téléspectateurs en moyenne chaque semaine, son talk-show de deuxième partie de soirée sur la chaîne publique a connu une progression constante depuis le lancement le 16 septembre 2006.A la rentrée, Laurent Ruquier entamera sa dixième saison. Un cas plutôt rare dans le monde audiovisuel où les émissions sont le plus souvent arrêtées au bout de quelques semaines faute d’audience. L’animateur a d’ailleurs connu cette situation en 1995 avec « Les Niouzes » sur TF1 qui a été stoppée net au bout d’une semaine ! Et, en 2014, lorsque France 2 est venu le chercher en catastrophe pour remplacer au pied levé Sophia Aram qui conduisait la chaîne au désastre avec son émission « Jusqu’ici tout va bien ». Mais son concept n’a guère convaincu les téléspectateurs.« France 2 nous a toujours laissé une grande liberté », souligne la productrice Catherine Barma qui, dans le passé, a produit les talk-shows de Thierry Ardisson et de Marc-Olivier Fogiel. « Le succès de « ONPC » est dû à Laurent Ruquier qui incarne totalement l’émission et qui est en phase avec la société », poursuit-elle. Et compare l’émission à un hebdomadaire d’actualités avec ses pages culturelles ou politiques « que le téléspectateur feuillette à sa guise ».Ainsi, au fil des années, l’émission qui dure près de quatre heures (une des plus longues de la télévision) s’est enrichie et structurée au point de transformer le talk-show initial en un espace où défilent celles et ceux qui ont quelque chose à vendre ou à dire.Buzz et réseaux sociaux« Mais ce n’est pas une émission de promotion avec renvoi d’ascenseur », prévient Laurent Ruquier, rappelant qu’il a choisi le titre de l’émission non pas en raison de sa longueur, mais dans le sens de « on n’est pas couché devant l’invité ». Tout le monde connaît la règle du jeu et rares sont ceux qui refusent de s’installer dans le fauteuil de l’émission. Même si chacun sait qu’il peut s’y faire démolir. Seuls les meilleurs survivent.Le rendez-vous est même devenu (presque) incontournable pour les éditeurs en tous genres qui cherchent à faire la promotion d’un livre, d’un film ou d’un album. Si, en plus, un peu de polémique s’invite sur le plateau, le succès est garanti.Grâce au relais des réseaux sociaux, les propos tenus dans « ONPC » et les clashs entre l’invité(e) et les chroniqueurs sont immédiatement commentés sur Twitter ou Facebook. Sans oublier, les reprises dans les journaux du week-end, voire avant la diffusion de l’émission enregistrée le jeudi, et dont les prises de bec les plus saignantes sont savamment distillées aux journalistes pour faire le buzz.Ce fut le cas, début mai, où le violent échange entre le chroniqueur Aymeric Caron et la journaliste Caroline Fourest, invitée pour parler de son dernier essai polémique Eloge du blasphème (Grasset), a fait débat dans la presse avant qu’il soit à l’écran.« Contrairement à ce que l’on dit, je ne cherche pas le clash », affirme Laurent Ruquier qui, après l’émission, a déclaré qu’il n’inviterait plus la journaliste « en raison de ses mensonges ». « On ne décide pas à l’avance pour savoir s’il y aura un accrochage. L’émission est enregistrée dans les conditions du direct et il y a ensuite un léger montage. Mais nous gardons presque tout. Comme dans la vie, je ne triche pas et j’ai surtout horreur de l’hypocrisie », poursuit-il.« Nous avons une liberté totale de parole et aucune de nos interventions n’est préparée ou décidée pour provoquer un clash », confirme Léa Salamé qui a rejoint la table des chroniqueurs au début de cette saison. « Je suis avant tout journaliste et non pas polémiste. Chacun dit ce qu’il pense dans la plus grande sincérité », poursuit-elle.« Un artisan qui aime le travail bien fait »Un point de vue partagé par la journaliste Audrey Pulvar, ancienne chroniqueuse de l’émission. « C’est une émission où l’on peut dire des choses librement et l’un des rares espaces de la télévision où il y a encore la possibilité de faire une longue interview politique », dit-elle en saluant le professionnalisme de Laurent Ruquier « un sacré bosseur, curieux et cultivé ».« Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues », insiste Catherine Barma qui fut à l’origine de la venue d’Eric Zemmour sur le plateau pendant cinq ans. « Je suis en total désaccord avec les idées de Zemmour, mais il a droit à la parole même si, comme je l’ai dit, je regrette d’avoir participé à la banalisation de ces idées-là. Je préfère que les journalistes aient un point de vue politique mais pas militant », affirme Laurent Ruquier.L’avenir ? « Entre la radio, la télévision et le théâtre, je n’ai pas le temps de m’ennuyer et je compte bien que ça continue le plus longtemps possible », dit-il avant d’ajouter : « Je reste avant tout un artisan qui aime le travail bien fait. A la radio, je m’amuse, à la télé, je me promène et au théâtre, je m’éclate. »Lire aussi :Aymeric Caron en finit aves les débats « saignants »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous A la télévision, protéger une idée ou un concept demeure un parcours du combattant.Le 18 mai, France 3 diffusait le premier numéro d’une émission musicale : « La Vie secrète des chansons ». Quelques jours avant, Fabien Lecœuvre, agent artistique, avait accusé la chaîne de lui avoir volé le concept qu’il avait proposé plusieurs mois auparavant et qu’il s’était vu… refuser. Une accusation démentie par France 3, qui a alors menacé d’attaquer Fabien Lecœuvre en diffamation.Ce genre de polémique est courant dans le monde de l’audiovisuel où « souvent, quand tu as des idées, tu te les fais piquer », expliquele producteur Alexandre Amiel, avant de conclure « c’est la vie de la télé ».Tenter de se préserver contre une culture du copier-coller dans un monde où tout le monde s’inspire de tout le monde : telle est la véritable difficulté que rencontrent en permanence les producteurs. « Une idée ne peut pas être protégée, le mécanisme de l’émission peut l’être », souligne Thierry Ardisson. Exemple : un format dans lequel des participants doivent trouver le titre de chansons (le fameux « blind-test ») ne peut être protégé, car pas assez formalisé. En revanche, si ce jeu s’appuie sur une narration singulière, une lumière spécifique, un décor identifié, un animateur précis… alors, il s’agit là d’un format en mesure d’être protégé.DissuasionPour ce faire, il suffit d’effectuer un dépôt (sous forme de courrier) aux organismes qui gèrent les droits d’auteurs comme la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), la Société civile des auteurs multimedia (SCAM), la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) ou encore l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Première exigence de cette démarche : être le plus précis possible dans la description du projet audiovisuel (scénario, sketch, générique, musique, synopsis de documentaire, un format).« Ce qui est peut être protégé, c’est la forme pas le fond, souligne Nicolas Mazars, juriste à la SCAM. Mais undépôt ne préserve pas de la malhonnêteté, comme une alarme sur votre voiture n’empêchera pas le vol. C’est dissuasif, mais il y a d’autres précautions à prendre. » Notamment savoir parler du concept tout en gardant une certaine confidentialité – ne pas l’ébruiter – ainsi que les traces écrites des différents échanges qu’il a entraînés… Pour autant, ces précautions ne sont pas totalement suffisantes. La création de l’œuvre doit être « originale et empreinte de la personnalité de son auteur, précise Xavier Près, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle. C’est très subjectif comme termes. »Ainsi, en cas de litige, le dépôt pourra démontrer l’antériorité du projet. « Mais le seul moyen d’être protégé, c’est de saisir les juges, eux seuls pourront déterminer s’il y a contrefaçon (terme juridique du plagiat) », note Hubert Tilliet, directeur des affaires juridiques de la SACD. Et comme dans le jeu des sept erreurs, les juges devront trouver les différences et les ressemblances entre les deux « œuvres ».Les producteurs ont presque tous le réflexe de déposer leurs idées de concept. Le coût s’élève d’une centaine d’euros à plus de 12 000 euros si l’on choisit de protéger son format dans plusieurs pays du monde. Ce que fait par exemple Thierry Ardisson, qui n’hésite pas à déposer à l’INPI une dizaine de noms par an. En 2008, il avait vendu le nom « XXI » aux fondateurs d’une future revue de grands reportages dirigée par Patrick Saint-Exupéry.Une solution inattendueLes procès pour contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme font « souvent l’actualité judiciaire », assure l’avocat Xavier Près. Endemol avait attaqué Alexia Laroche-Joubert, incriminant la productrice d’avoir « copié » dans son émission « Dilemme » les formats de « Loft Story » et de « Secret Story ». Une accusation qui a valu à la société de production d’être définitivement déboutée en 2013. Si les affaires de ce type ne manquent pas, elles trouvent parfois, grâce à de petits arrangements, une issue moins radicale. Comme ce fut le cas pour le conflit qui, en janvier 2003, opposa France 2 et M6 qui, toutes deux, avaient dans leur soute un jeu portant sur le code de la route que, chacune, voulait évidemment diffuser la première. Et c’est une solution pour le moins inattendue qui permit de sortir de ce dilemme : l’ordre de programmation se déciderait par… tirage au sort. Résultat : dans un bureau d’avocats, une main innocente tira France 2, qui put ainsi dégainer son jeu avant M6.Si entre eux, les producteurs ne se font aucun cadeau, il en va autrement avec les diffuseurs, plus difficiles à attaquer. Pourtant, les anecdotes ne manquent pas qui mettent au jour le comportement peu honnête de quelques rares chaînes historiques à l’égard des producteurs.« On commence à raconter notre concept à un responsable des programmes, puis en plein milieu de la conversation, il nous dit : “Ah, je t’arrête tout de suite, nous sommes en train de travailler sur le même genre d’émission, on va la faire en interne.” On comprend alors qu’on est en train de se faire piquer l’idée ; mais que faire, à part se fâcher avec la chaîne ? », raconte l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Délicat, en effet, pour les producteurs de se mettre définitivement à dos leurs clients. Car, comme le dit Ardisson : « On ne mord pas la main qui nourrit. »Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le29.05.2015 à 16h51 Le tribunal correctionnel d’Annecy (Haute-Savoie) a condamné, vendredi 29 mai, le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud, et son journaliste Dominique Rizet à payer des amendes de 10 000 euros chacun. Une peine prononcée pour avoir diffusé à l’antenne des photos de la tuerie de Chevaline. Egalement poursuivi pour avoir publié ces clichés, le directeur de la publication du Parisien, Jean Hornain, a été relaxé.M. Béroud et M. Rizet ont été reconnus coupables de recel de violation du secret de l’instruction. Ils ont en revanche été relaxés des délits d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre et de reproduction illicite d’une scène de crime.Les trois clichés incriminés montraient la famille au complet avant la fusillade et des scènes du crime de la tuerie de Chevaline. On y voyait la voiture des victimes et le corps de Sylvain Mollier, probable victime collatérale lors du quadruple meurtre.Diffusées en exclusivité à l’antenne de la première chaîne d’infos de France, les photos furent présentées et commentées par Dominique Rizet. Une plainte avait alors été déposée par les avocats de la famille de Sylvain Mollier.Lire : Tuerie de chevaline : une plainte déposée contre BFM-TVLe 5 septembre 2012, Saad Al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d’origine irakienne, sa femme, âgée 47 ans, et sa belle-mère, âgée de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.L’une des fillettes du couple Al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s’en était miraculeusement sortie indemne. Sylvain Mollier, lui, avait été abattu de plusieurs balles. 22.06.2015 à 10h12 • Mis à jour le22.06.2015 à 18h18 | Alexis Delcambre « Les Échos vont bien, mais nous devons sans relâche innover. » Pour le PDG du groupe d’information économique, Francis Morel, c’est dans cette dynamique que s’inscrit l’annonce, lundi 22 juin, du lancement d’une plate-forme numérique de services aux entreprises, lesechos-solutions.fr.Partiellement financée par le fonds Google - à hauteur de 2 millions d’euros environ sur un budget total de 4 millions environ -, cette plate-forme rassemble les offres de services destinées aux entreprises actuellement proposées par le groupe : dépôt d’annonces légales, consultation d’appels d’offres, études de marché, outils de communication… L’ambition est d’en faire une plate-forme que les entreprises privilégient pour réaliser une partie de leurs démarches.La cible, ce sont ces 3,8 millions de décideurs économiques, que le groupe considère comme son bassin naturel. « Nous devons être le premier groupe d’information et de service pour les entreprises », résume M. Morel. Leur proposer des contenus ou des services relève selon lui d’un même mouvement et est cohérent avec l’engagement « pro business » du titre, que rappelle Christophe Victor, directeur général délégué du groupe.Le développement de cette plate-forme est aussi emblématique de l’évolution rapide du modèle d’affaires des Échos, l’un des titres qui tire le mieux son épingle du jeu de la transition numérique. Les services contribuent ainsi actuellement pour 31 % au chiffre d’affaires du groupe, contre 12 % en 2011 (la publicité réalise 30 % et la diffusion des contenus 39 %). Le groupe souhaite atteindre, en 2018, 50 % de chiffre d’affaires généré par les services.Réalisation de contenu pour les marques (avec Les Échos Publishing), organisation de salons comme Le Salon des Entrepreneurs (avec Les Échos Events), études de marché avec Les Échos Études, etc : le groupe a multiplié les pas de côté à partir de son métier d’origine, l’information économique et financière. Celle-ci pourrait donc devenir, à moyen terme, une part minoritaire de l’activité - sur le modèle du groupe allemand Springer par exemple.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.06.2015 à 02h37 • Mis à jour le20.06.2015 à 11h36 Twitter a annoncé, vendredi 19 juin, l'expérimentation d'un nouveau service permettant d'insérer dans le flux des utilisateurs des messages sponsorisés pour des « produits et des lieux », afin de doper son chiffre d'affaires.« Nous commençons l'expérimentation avec un petit nombre de produits et de lieux », a indiqué Amaryllis Fox, chef de produit du réseau social, dans un message posté sur un blog officiel. « Pendant que nous effectuons cet essai, vous êtes susceptibles de voir dans votre flux des pages et des groupes de pages qui sont partagés par des prescripteurs et des marques », a-t-elle déclaré.Un bouton « acheter »Cette initiative permettra d'élargir la plate-forme de messages au-delà des simples tweets en proposant un accès à des informations complémentaires sur des produits et, dans certains cas, un bouton « acheter ». « Nous avons invité un groupe de personnes influentes à partager certains de leurs endroits et objets favoris », a expliqué Mme Fox.« Vous serez en mesure de parcourir des collections présentées par des personnes qui vous tiennent à cœur et d'avoir davantage d'informations sur les produits et les endroits que vous trouvez intéressants. » Cela pourrait consister en des messages de la chaîne HBO promouvant sa série télévisée Game of Thrones ou des messages de l'actrice Reese Witherspoon concernant sa ligne de vêtements, a-t-elle cité à titre d’exemples.Trouver des nouveaux relais de croissanceTwitter, qui tente de trouver de nouveaux relais de croissance, se cherche un nouveau directeur général depuis l'annonce de la démission de Dick Costolo, le 11 juin. Il était depuis cinq ans aux commandes du groupe, et était soumis à une intense pression des investisseurs pour augmenter le nombre d'abonnés et le chiffre d'affaires du réseau social.Selon les dernières données disponibles, Twitter compte environ 300 millions d'utilisateurs actifs, mais sa croissance est à la traîne par rapport à d'autres réseaux sociaux, et les bénéfices se font toujours attendre depuis sa création, en 2006. Il n'a attiré que moins de 1 % des 145 milliards de dollars dépensés dans le monde cette année en publicité sur support numérique, selon la société spécialisée eMarketer.Lire aussi :En panne de croissance, Twitter se sépare de son patron 18.06.2015 à 15h12 • Mis à jour le18.06.2015 à 16h14 Et de trois… pour ces derniers jours en tout cas. Car pour le reste, compter les victimes des dénonciations mensongères déclenchant des interventions des forces de l’ordre devient difficile. Dans la nuit de mercredi 17 au jeudi 18 juin, le directeur de la publication de Politis, Denis Sieffert, a reçu à son domicile la visite de la police, alertée par téléphone qu’il s’y déroulait un cambriolage avec séquestration, raconte au Monde la direction du magazine. Trente minutes plus tard, policiers et pompiers sont arrivés au siège du journal où, soi-disant, le directeur retenait sa femme avec l’intention de la tuer. Ils ont brisé une vitre pour y pénétrer, avant de réaliser que les lieux étaient vides.Surnommée « swatting », la technique ressemble en tout point à un des modes opératoires utilisés par le hacker franco-israélien sioniste Ulcan, que M. Sieffert venait d’évoquer dans un édito paru mercredi.Lire Cinq questions sur Ulcan, le hacker franco-israélienRecrudescence de « swatting » ces derniers joursAu cours de la même nuit, Pierre Haski, le cofondateur de Rue89 a vu arriver chez lui le SAMU, les pompiers et des policiers de différentes unités : quelqu’un avait appelé pour dire que « j’avais poignardé ma femme, et – variante fantaisiste par rapport à la précédente fois – que j’avais ouvert le gaz dans l’immeuble », raconte-t-il dans un billet.La veille, Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, a connu pareille mésaventure : « Le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police. » Résultat ? « Trente policiers de la BAC déployés dans l’escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires, une procureure adjointe, mes voisins réveillés au cœur de la nuit », relate le journaliste, qui était absent.Pourquoi Arrêt sur images a-t-il été visé ? Il avait évoqué le jour précédent une autre victime d’une de ces dénonciations malveillantes : Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Le 9 juin, ce leader d’une organisation propalestinienne raconte avoir « été plaqué au sol, tutoyé, insulté, menotté avec des menottes qui vous blessent les poignets et se resserrent dès que l’on bouge » car le Raid a pénétré son appartement. D’autres militants ont également reçu des visites policières nocturnes ces derniers jours : Jean-Claude Lefort, ex-président de l’association France-Palestine Solidarité, qui était absent, raconte Politis, et deux autres membres de l’UJFP, comme l’écrit Arrêt sur Images.Usurpation de numéro téléphonique et « contre-appel »Un point est important pour comprendre pourquoi les forces de l’ordre interviennent, alors que ces personnes n’ont absolument rien fait et ne sont pas défavorablement connues – sans parler du fait que la technique du swatting utilisée notamment par Ulcan fait déjà l’objet d’enquêtes : selon plusieurs témoignages, le malfaiteur prend le contrôle de la ligne téléphonique de sa victime. Ce qui est susceptible de crédibiliser beaucoup son appel aux forces de l’ordre.Cela va plus loin : dans le cas de M. Stambul, les policiers « ont effectué un “contre-appel” », a expliqué le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez, à l’AFP. Ils ont donc rappelé le numéro – qui correspondait bien à celui de M. Stambul – « et sont retombés sur le même individu, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte » et qu’il attendait la police « avec un fusil », a raconté le préfet. « C’est ce contre-appel qui a déclenché l’opération du Raid » a expliqué le représentant de l’Etat, selon lequel « de mémoire, c’est la première fois » qu’un pirate « répond à un contre-appel ».Deux informations judiciaires et de nombreuses plaintesSur le fond, la question se pose de l’impunité d’Ulcan, parfois aussi appelé Violvocal et dont le vrai nom est Grégory Chelli. S’il n’est pour l’heure pas prouvé qu’il est responsable des interventions de ces derniers jours, le militant a fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes, liées au piratage, en 2014, de Rue89. Et aux appels malveillants ainsi qu’au swatting dont a été victime le père du journaliste de Rue89 Benoît Le Corre, auteur d’un portrait d’Ulcan.« Cela a entraîné le décès de son père », n’hésite pas à écrire M. Haski. Thierry Le Corre était quelques jours plus tard tombé dans le coma, avant de décéder. Rue89 publie ce jeudi un rapport d’expertise médicale selon lequel « le stress a été un facteur déclenchant direct et certain, révélant son état antérieur » d’hypertension artérielle.Le parquet de Paris a ouvert début octobre 2014 une information judiciaire, notamment pour « violences volontaires », distincte de celle ouverte début août sur des actes de piratage informatique revendiqués par Ulcan, rappelle l’AFP.Lire : Qui est le hackeur sioniste soupçonné d’avoir piraté Rue89 ?De nombreuses plaintes ont été déposées, dont récemment celle de Stéphane Richard, le PDG d’Orange, touché par une polémique sur la présence de l’opérateur en Israël. Le dirigeant a porté plainte contre X pour « menaces de mort » et appels à la haine contre lui et certains de ses proches. Il avait reçu des centaines d’appels d’insultes mais aussi de menaces précises, après que ses coordonnées ont été diffusées sur Internet.Appel aux autorités françaises et israéliennesSi M. Chelli n’est pas pour l’heure inquiété, pointent certaines victimes, c’est parce qu’il est installé en Israël, à Ashdod a priori. La justice française agit « à son rythme, c’est-à-dire lentement, handicapée par l’absence de traité d’extradition entre la France et Israël, regrette M. Haski, de Rue89. Mais surtout, elle agit, ou n’agit pas, dans un contexte marqué par l’absence de signal politique du gouvernement français. » Les autorités israéliennes, pour leur part, « tout en affirmant leur disponibilité à aider la justice française, n’ont pas non plus levé le petit doigt pour faire cesser ces agissements », ajoute le journaliste. 20Minutes.fr évoque un cas d’extradition d’un franco-israélien vers Israël mais rappelle la nécessité d’une volonté politique.« Il est grand temps que le ministère de l’intérieur s’exprime sur ces affaires, renchérit Denis Sieffert de Politis. Qu’est-ce qui est fait en direction du gouvernement israélien ? Une enquête a-t-elle été diligentée pour savoir à quel niveau le dénommé Ulcan bénéficie de complicités qui apparaissent de plus en plus évidentes ? » Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) et Pierre Lescure (ancien président de Canal+) La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il se confirme, s’accélère et se radicalise : la télévision est de plus en plus délaissée, surtout par les plus jeunes qui plébiscitent tous les écrans, sauf celui que l’on surnommait naguère, avant l’arrivée des tablettes et smartphones, le « petit écran ».Selon une étude du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) réalisée en décembre, un jeune passe en moyenne une heure trente devant la télévision par jour, tandis que la plupart des Français la regardent quotidiennement près de trois heures quarante-cinq. Les plus connectés ne s’en équipent parfois même plus. Le « petit écran » a trouvé plus petit, plus pratique et surtout plus agile que lui.On se trompe de cibleOn rejette la faute sur les chaînes et leurs programmes, qui seraient inadaptés aux nouvelles attentes du public. On se trompe de cible. En réalité, la richesse et la qualité des offres sont inouïes. L’arrivée de nouvelles chaînes, gratuites et payantes, a permis de démultiplier l’offre, de l’enrichir considérablement. Ce ne sont pas tant les contenus télévisuels qu’il faut mettre en cause, mais leur mode de distribution. Les contenus en ligne ne sont pas plus pertinents que ceux diffusés à la télévision, ils sont mieux mis en valeur et surtout plus facilement accessibles.Le fait est que la télévision n’a pas évolué dans la façon dont les chaînes et leurs programmes sont mis à la disposition du public. Le poste et sa télécommande ne sont plus adaptés à l’explosion des contenus. Et encore moins à celui des nouveaux usages.Le zapping, inventé à trois chaînes, devenu ludique à six (c’est à ce moment qu’est née l’émission éponyme), quasi sportif à douze, est devenu impraticable à vingt-cinq et carrément ridicule à cent cinquante ou deux cents. Les box et les fabricants de TV ont beau améliorer leurs interfaces, rien n’y fait. Les chaînes, superposées les unes aux autres comme un mille-feuille, s’asphyxient. Quant aux EPG (electronic program guides, la fameuse « grille des programmes »), ils sont devenus indigestes.Mal valoriséeParallèlement, les plates-formes nées à l’ère d’Internet, telles que YouTube, Dailymotion ou Netflix, ont donné de nouvelles habitudes. Elles prônent l’immédiateté, l’accessibilité, le partage, la maîtrise du temps, la mobilité, l’interactivité. Revenir au poste devient même un effort.Alors, trop dense la télévision ? Non, mal valorisée. Un vrai gâchis quand on sait que les chaînes investissent chaque année pour la seule TNT gratuite près de 3 milliards dans les programmes. Programmes qui, pour beaucoup d’entre eux, ne rencontrent pas leur public, faute d’y avoir facilement accès ou, pis, d’avoir même connaissance de leur existence. Or, un programme que personne ne regarde est un programme qui n’existe pas, et qui finit par disparaître. La déperdition est énorme. On gaspille la télévision !La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. On ne peut nier les efforts faits pour tenter de s’adapter aux nouveaux modes de consommation, marqués par la mobilité et la délinéarité, et mettre un terme à une « télévision de contraintes », de lieu et de temps. La télévision de rattrapage, le « replay », et même le direct sont proposés depuis les applications développées par les chaînes et les box.Ces « applis » fonctionnent, y compris auprès des jeunes. Mais elles sont insuffisantes face aux offres nées de l’Internet, pas toujours respectueuses de l’écosystème. Elles imposent le cloisonnement entre les chaînes et renforcent le morcellement des programmes. Un peu comme si, à l’époque du zapping, il fallait changer de télécommande, voire de poste, pour passer d’une chaîne à l’autre. Qui peut croire, dès lors, que ces applications assurent, à elles seules, le futur de la télévision dans son ensemble ? Il ne suffit pas de rendre les contenus audiovisuels accessibles via Internet pour affirmer que la télévision est entrée dans l’ère d’Internet.Comportements numériquesEn vérité, si l’on veut que ceux qui détiennent le sort de la télévision – les digital natives – daignent lui accorder toute l’attention qu’elle mérite, il faut que la distribution audiovisuelle embrasse les comportements numériques d’aujourd’hui. Le succès des grandes plates-formes du Net ne s’explique pas tant par la qualité de leurs programmes que par leur capacité à offrir une nouvelle forme d’expérience.Cela signifie que la télévision doit, certes, assurer les moyens de l’ubiquité de ses contenus, mais aussi leur agrégation, leur accessibilité, leur émergence. Il faut remettre au centre le formidable investissement des chaînes pour leurs publics. Une linéarité des programmes dans la délinéarisation de l’accès, redonnant le sens de l’instant présent, l’instant télévisuel, reliant les téléspectateurs entre eux de manière organique.Il fut un temps, encore pas si lointain, où la télévision créait le lien entre les individus. On commentait le matin les programmes vus la veille. Il s’agit de renouer avec cette dimension collective qui fait la société, en redonnant à la télévision sa place de liant entre les individus avec les outils d’aujourd’hui. Tout le monde a à y gagner : le public bien entendu, mais aussi les chaînes, les producteurs, les annonceurs… Ce mode de diffusion donne à voir la télévision dans toute sa diversité et son excellence.Non, l’Internet ne va pas tuer la télévision, bien au contraire ! Il est une chance pour elle de connaître un renouveau, une nouvelle étape de son développement, dans un écosystème qui peut être respectueux et vertueux. Une opportunité de lui offrir les conditions de sa mise en valeur et les moyens de sa pertinence, gages de sa survie. Si l’industrie ne le fait pas, le public tranchera.Jean-David Blanc et Pierre Lescure devaient annoncer, jeudi 18 juin, la création d’un nouveau service de distribution de programmes de télévision, Molotov.tv.Pierre Lescure (ancien président de Canal+)Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) Alain Beuve-Méry La médiatrice du livre, Laurence Engel, après quatre mois d’échanges, a accordé son feu vert aux modèles d’abonnement numérique proposés par les start-up YouScribe et Youboox. Elle a aussi validé l’offre d’abonnement illimité du site Izneo, spécialisé en bandes dessinées.Cette décision constitue, en creux, un nouveau revers pour le géant Amazon, dont le forfait de lecture illimité, lancé dans l’Hexagone en décembre 2014, avait subi un coup d’arrêt en février, son offre « Kindle Unlimited » ayant été déclarée illégale par cette même médiatrice.Les cas de figure sont différents. En ce qui concerne les offres de Youboox et YouScribe, les deux entreprises ont accepté de modifier la présentation de leur offre d’abonnement, en proposant aux éditeurs de fixer un barème à la page, qui sera imputé sur les abonnements réglés par les internautes, en fonction de leur consommation, et après déduction de la remise des librairies. Elles ont six mois pour appliquer le nouveau dispositif.La loi du 26 mai 2011 sur le prix unique du livre numérique précise en effet que l’éditeur conserve la maîtrise du prix du livre numérique. Dans son avis du mois de février, Mme Engel avait rappelé que « ni l’abonnement dans son principe, ni évidemment le streaming ne sont interdits par la loi », mais elle avait indiqué que cette loi s’appliquait bien « aux offres de location de livres et aux services de lecture numérique par abonnement ».« Le prix de chaque consultation individuelle sera ainsi défini en fonction du tarif établi préalablement par chaque éditeur. Ce prix de référence pour la location en streaming servira de base au calcul du prix des pages consommées par la base d’abonnés dans le cadre de l’abonnement », explique Youboox, qui revendique un catalogue de 100 000 livres numériques.Lire aussi :L’offre illimitée de livres illégale en France, les éditeurs divisésLe streaming représente 5 % du marché du livre numérique« Pour les abonnés de YouScribe, cela signifie concrètement que tous les lecteurs ne pourront pas lire ensemble un nombre incalculable de livres sur un mois donné », précise Juan Pirlot de Corbion, fondateur de YouScribe. « C’est bien ce qui inquiétait les éditeurs et les auteurs : que le modèle d’abonnement ne rémunère pas suffisamment la création. »« Je pense que l’offre de YouScribe, telle qu’elle est définie et encadrée, permettra désormais à un lecteur de lire entre 8 et 20 livres par mois, selon la nature des ouvrages ou selon leur date de parution. Ce qui laisse tout de même intacte la promesse fantastique d’une bibliothèque digitale moderne », poursuit-il.Dans le cas d’Iznéo, la librairie numérique dédiée au neuvième art, la solution adoptée est différente. La loi interdisant les offres multi-éditeurs, le groupe Média-Participations, qui détient Iznéo, ne propose plus des forfaits de lecture illimitée que pour des albums des maisons du groupe (Dargaud, Dupuis, Kana, Le Lombard, etc.).De fait la bande dessinée est le secteur le plus prometteur pour la lecture numérique, notamment à travers les amateurs de séries de manga ou de BD classiques qui ont accès à tous les titres en même temps, moyennant un abonnement.Aujourd’hui, les offres de lecture de streaming sont encore à leur balbutiement. A ce stade, elles ne représentent que 5 % du marché du livre numérique qui lui-même ne pèse que 5 % du chiffre d’affaires de l’édition française. Son seul rival est à ce jour le prêt numérique en bibliothèque, qui n’est expérimenté que dans quelques établissements mais qui bénéficie du soutien des grands groupes d’édition.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.06.2015 à 14h52 • Mis à jour le17.06.2015 à 15h52 Le Conseil d’Etat a annulé mercredi 17 juin les deux décisions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), refusant le passage en diffusion gratuite des chaînes LCI (groupe TF1) et Paris Première (groupe M6).L’autorité audiovisuelle avait considéré en juillet que cette demande risquerait de fragiliser et d’entraîner la fermeture d’autres chaînes déjà présentes sur la TNT gratuite, portant ainsi atteinte au pluralisme des médias audiovisuels. Mais le Conseil d’Etat a justifié ces annulations par un « motif de procédure ». Au lieu d’avoir publié les études d’impact requises avant ses décisions de refus, comme prévu par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a tout publié le même jour, le 29 juillet 2014, relève le Conseil d’Etat. « Ces deux décisions ont donc été adoptées à la suite d’une procédure irrégulière », conclut l’institution.En conséquence, « le CSA devra se prononcer de nouveau sur les demandes de LCI et de Paris Première » de passer en gratuit. Concernant Paris Première, le CSA devra se prononcer dans un délai de six mois, conformément à une demande de la chaîne.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCILCI pourra redemander à passer en gratuitDepuis juillet 2014, LCI est en sursis. Ses 250 journalistes poursuivaient leur activité sur la TNT payante, tout en sachant que la chaîne d’information ne passerait pas l’année 2015 si ses ultimes tentatives de passage en gratuit échouaient. Après cette décision, LCI pourra à nouveau demander de passer en gratuit.Le CSA a « pris acte » de cette décision, mais a souligné dans un communiqué que le Conseil d’Etat avait tranché « contrairement aux conclusions de son rapporteur public et en l’absence d’indication dans les travaux parlementaires sur ce point ». L’autorité a confirmé qu’un nouvel examen aurait lieu, « prenant en compte les équilibres du marché publicitaire. »Contexte différentUn nouvel examen du passage en gratuit de Paris Première se fera en effet dans un contexte différent d'il y a un an. Au premier trimestre 2015, le marché publicitaire a rebondi pour la télévision, de 3 % selon l'Institut de recherches et d'études publicitaires (IREP). Or le CSA s'était notamment appuyé sur la faiblesse de ce marché, mi-2014, pour refuser les passages en gratuit de LCI, Paris Première et Planète+.Cet argument de l'amélioration du marché publicitaire vaut également pour LCI. Outre ce rebond du marché publicitaire, le groupe TF1 pourrait faire valoir que l'audience des chaînes d'information a progressé depuis juillet 2014, démontrant que ce marché, occupé par BFM-TV et iTélé, conserve un potentiel de développement. Il pourrait également soutenir que les 20 % de marge de BFM-TV (résultats financiers 2014) et son acquisition en cours de Numéro 23 pour 88 millions d'euros sont des signes de solidité.Voir le communiqué de presse du Conseil d’Etat concernant sa décision : Communiqué de Presse LCI ParisPremiere Maxime Vaudano et Amandine Réaux Les journalistes hésitent généralement à signer des pétitions, de crainte d’abdiquer la neutralité qui constitue pour beaucoup d’entre eux l’un des principes fondamentaux de leur profession. Dérogeant à cette règle, plusieurs grands noms du journalisme d’investigation se sont engagés début juin derrière une pétition d’Elise Lucet dénonçant un projet de directive européenne menaçant selon eux « le travail d’enquête des journalistes et, par ricochet, l’information éclairée du citoyen ».>> La pétition sur le site Change.orgLe collectif « Informer n’est pas un délit », emmené par la journaliste de France 2, rédactrice en chef du magazine Cash Investigation, avait réuni plus de 310 000 signatures mardi 16 juin, alors que la commission juridique du Parlement européen donnait son feu vert à la directive sur le secret des affaires.De quoi s’agit-il ?La pétition dénonce le projet de directive « sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d’affaires) contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicites », proposé en novembre 2013 par la Commission européenne. Il vise à créer une définition européenne du « secret des affaires » en harmonisant les différentes lois nationales, afin de mieux protéger les entreprises contre la divulgation de leurs « secrets économiques », dans l’optique d’améliorer leur compétitivité.Le secret des affaires est une notion juridique à la définition complexe, qui peut servir de fondement pour qu’une entreprise puisse attaquer un journaliste qui ferait des révélations, au motif que celles-ci constituent un préjudice pour l’activité de l’entreprise en question.« L’information protégée par le secret des affaires peut être stratégique pendant des décennies (par exemple une recette ou un composant chimique) ou de façon éphémère (résultats d’une étude marketing, nom prix et date de lancement d’un nouveau produit […]) », explique la Commission, qui affirme qu’un quart des entreprises européennes ont fait état d’un vol d’informations en 2013.Une fois votée par le Parlement européen et approuvée par le Conseil de l’Union européenne, la directive contraindrait les 28 Etats européens à prendre des dispositions pour mieux définir le secret des affaires selon les orientations fixées par l’Union européenne, et à instaurer des amendes pour ceux qui l’enfreignent.Quel est le problème ?Les signataires de la pétition d’Elise Lucet craignent que, sous couvert de protéger les entreprises, ce texte n’empêche les journalistes de faire leur travail, et notamment de révéler des informations compromettantes sur celles-ci.« Si une source ou un journaliste “viole” ce “secret des affaires”, des sommes colossales pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des milliards d’euros, puisqu’il faudra que les “dommages-intérêts correspond (ent) au préjudice que celui-ci a réellement subi”. On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays. »Et le collectif de citer l’affaire LuxLeaks (optimisation fiscale de multinationales au Luxembourg), les « pesticides de Monsanto » ou « le scandale du vaccin Gardasil », qui n’auraient selon lui jamais pu être rendus publics sous le régime de la nouvelle directive.Pourquoi cela pourrait être vraiQuand on s’intéresse au texte de la directive, on s’aperçoit qu’elle fixe en effet un cadre très large au secret des affaires, qui protège de nombreuses informations auxquelles l’opinion publique pourrait s’estimer en droit d’accéder : par exemple, l’article 2 rend illégale l’obtention d’informations qui « ont une valeur commerciale parce qu’elles sont secrètes », tandis que l’article suivant cible les informations issues d’un « vol », d’un « abus de confiance » ou d’un « accès non autorisé à tout document » qui contient lesdits secrets.De quoi condamner à coup sûr l’ancien informaticien de HSBC Hervé Falciani, dont la liste volée de clients de la banque suisse a permis l’éclosion de l’affaire Swissleaks. Ou le Français Antoine Deltour, soupçonné par la justice d’avoir volé des documents au cabinet PricewaterhouseCoopers (PWC) pour faire éclater le scandale LuxLeaks. Ce dernier, poursuivi pour ces faits par la justice luxembourgeoise, risque d’ores et déjà la prison et une grosse amende en vertu de la loi du Grand-Duché, de même qu’un autre lanceur d’alerte et que le journaliste Edouard Perrin.Le risque, c’est de transposer la sévérité du système luxembourgeois à l’ensemble des pays européens, alors que la plupart sont beaucoup plus protecteurs de la liberté d’informer, comme l’Espagne, qui protège aujourd’hui Hervé Falciani.Des mesures pour protéger les journalistes ?Pour se défendre, la Commission européenne fait valoir que la directive prévoit des « mesures de sauvegarde », c’est-à-dire des exceptions pour protéger le cas particulier des journalistes et des lanceurs d’alertes.C’est plutôt vraiL’article 4-2 de la directive exclut de son champ d’application :l’« usage légitime du droit à la liberté d’expression et d’information »la « révélation d’une faute, d’une malversation ou d’une activité illégale du requérant, à condition que l’obtention, l’utilisation ou la divulgation présumée du secret d’affaires ait été nécessaire à cette révélation et que le défendeur ait agi dans l’intérêt public »Mais pour les opposants au texte, ces garde-fous insuffisants placent la liberté d’informer sous l’épée de Damoclès de décisions judiciaires fondées sur des notions trop floues, comme « l’usage légitime » ou « l’intérêt public ». « Cela fait beaucoup de conditions, estime ainsi sur Atlantico Nicolas Gros-Verheyde, vice-président de l’Association des journalistes européens. La combinaison de tous ces éléments fait que la liberté de la presse n’est pas automatique mais subordonnée à la réalisation de la liberté des entreprises de préserver leurs “secrets”. »« Cela va créer un renversement de la charge de la preuve pour les journalistes, qui devront prouver que la diffusion de l’information était légitime, poursuit Véronique Marquet, membre et avocate du collectif « Informer n’est pas un délit ». Cela revient à leur demander s’ils sont prêts à assumer le risque d’être condamnés, ce qui constitue une vraie arme de dissuasion à disposition des entreprises. »En outre, le projet de directive ne fait à aucun moment référence à la protection des sources, principe central dans le libre exercice de la profession de journaliste, qui aurait pu constituer une garantie supplémentaire contre les poursuites.Des améliorations sont-elles possibles ?OuiLa suppression pure et simple de la directive sur le secret des affaires, dont la portée est bien plus large que le débat sur la liberté de la presse, n’est sûrement pas la seule solution pour empêcher l’avènement de la « censure en Europe ».Pour dissiper les craintes, l’eurodéputée française Constance Le Grip (Les Républicains), rapporteure du texte à la commission juridique du Parlement européen, a proposé plusieurs amendements dans son rapport, adopté à une large majorité en commission des affaires juridiques du Parlement européen le 16 juin.Elle suggère notamment de préciser que le secret des affaires ne saurait être opposé aux journalistes et aux lanceurs d’alerte, tout en conservant les concepts très flous de « légitime » et « intérêt du public ». Elle souhaite aussi intégrer une référence à la protection des sources, mais en excluant les usages qui « relève [nt] d’un comportement illégal » ou « ne profite [nt] pas à l’intérêt général ». Enfin, les eurodéputés veulent clarifier le fait que la directive « ne propose pas de mesures pénales », comme des peines de prison, pour les contrevenants… sans empêcher les Etats européens d’en instaurer, comme au Luxembourg.Dans une résolution votée le 9 juin en commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, la députée socialiste Audrey Linkenheld a proposé une mesure plus radicale : exclure explicitement « les activités des journalistes » du champ d’application de la directive et protéger spécifiquement les lanceurs d’alerte agissant à titre individuel.C’est encore insuffisant juge Véronique Marquet d’« Informer n’est pas un délit » : « Le sort des journalistes et de leurs sources est intimement lié, et ces dernières ne seraient pas suffisamment protégées. » Pour le collectif, la seule solution satisfaisante serait de recentrer la directive sur le seul espionnage industriel entre entreprises, pour protéger de fait tous les individus qui révèlent des secrets d’affaires au nom de l’intérêt général.En France, le « secret des affaires » vite écartéEn janvier 2015, lors de la discussion à l'Assemblée du projet de loi Macron, le rapporteur du projet de loi Richard Ferrand estime « indispensable » d'introduire des dispositions concernant le « secret des affaires », anticipant la directive de la Commission européenne. L'idée est de protéger les entreprises françaises contre l'espionnage économique en créant la notion juridique de « secret des affaires et protection civile ». Divulguer des secrets d'affaires exposerait à des sanctions pouvant aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende, voire, en cas d'atteinte « à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France », sept ans d'emprisonnement et 750 000 euros d'amende.L'amendement provoque la colère de nombre de rédactions, agences de presse et ONG. Une pétition, signée notamment par l'eurodéputée écologiste Eva Joly, demande la modification de l'amendement, au nom de la démocratie, « pour qu'il ne puisse être opposé à la liberté d'informer de la presse ou museler les lanceurs d'alertes ». Car il ne prévoit pas de protéger les lanceurs d'alerte, sauf dans les cas où les informations divulguées concernent la santé et l'environnement.Fin janvier, François Hollande cède finalement aux revendications des journalistes et décide d'abandonner la législation sur le secret des affaires. Mais si la directive européenne était adoptée, des dispositions similaires devraient être adoptées en France sous 24 mois.Amandine RéauxJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Surprise : le gouvernement a réintroduit en commission, mardi 16 juin, l’amendement qui augmente la taxe sur les reventes de chaînes de TNT, sous une forme rerédigée, a appris Le Monde d’une source gouvernementale. La semaine dernière, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, avait pourtant retiré ce texte de sa loi sur la croissance, qui doit être votée ce mardi à l’Assemblée nationale.Changement de stratégie du gouvernementM. Macron avait notamment invoqué des risques juridiques. Et il préconisait d’utiliser un autre texte pour légiférer après la revente polémique de la chaîne Numéro 23, cédée pour 90 millions d’euros à NextRadioTV par son actionnaire principal Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde), moins de trois ans après son attribution gratuite par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), sous une majorité de droite.Après discussion et arbitrage entre la ministre de la culture, Fleur Pellerin (qui avait initialement soutenu l’initiative de taxation à 20 %), et Bercy, sous l’égide de Matignon et de l’Elysée, il a été jugé préférable de retenir une option différente de celle envisagée par Emmanuel Macron la semaine dernière.Plafonnement de la taxation à 26 % de la plus-valueLe nouvel amendement vise à éviter le risque de voir la taxe jugée inconstitutionnelle : il plafonne son montant à 26 % de la plus-value réalisée sur la vente de la chaîne. Pour le reste, il conserve le mécanisme mis en place dans l’amendement précédent : la taxe sera de 20 % si la chaîne est cédée moins de cinq ans après son attribution, de 10 % entre cinq et dix ans et de 5 % au-delà.Jusqu’ici, le taux était de 5 % et les reventes interdites avant deux ans et demi, cette mesure adoptée en 2013 étant jugée insuffisante, à droite comme à gauche, pour éviter les « reventes spéculatives ».Les réserves initiales d’Emmanuel MacronUn autre risque, pointé par Emmanuel Macron, a finalement été jugé mineur par le gouvernement : le « risque conventionnel » car la mesure pourrait être jugée rétroactive, si elle s’applique à la vente de Numéro 23, qui a été annoncée avant l’amendement mais ne sera effective que lorsque le CSA aura donné son agrément.Le ministre de l’économie était allé plus loin, la semaine dernière, lors du débat en commission spéciale, qui a mené au retrait du premier amendement sur la taxation à 20 % : « Il faut adopter des décisions de principes plus structurantes, avait-il dit, comme l’a relevé Puremédias. Il faut pour cela définir, au moment de l’attribution des fréquences, des règles encadrant la revente et les plus-values. » Le ministre n’avait pas caché qu’il trouvait « plus adapté » d’introduire la mesure dans la future proposition de loi sur la bande des 700 MHz, portée par le président de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche. Tout en assurant qu’il « souscrivait à la philosophie » de lutte contre les fortes plus-values sur les fréquences gratuites. Et en rappelant que la droite avait voté contre la première taxe à 5 % en 2013. Mais M. Macron aura finalement dû adapter sa position.Des « personnalités réputés proches des cercles actuels du pouvoir »Le retrait de l’amendement introduit dans la loi Macron avait suscité de vives critiques, notamment de son auteur, la sénatrice (UDI) Catherine Morin-Desailly. L’élue de droite a appelé sur son blog la gauche à réintroduire la taxation, sous peine de devoir « assumer face aux Français d’avoir entériné des pratiques parmi les plus discutables du « monde de la finance » favorisant, qui plus est, l’enrichissement de personnalités réputées proches des cercles actuels du pouvoir ».Pascal Houzelot, qui a été lobbyiste de TF1, producteur et fondateur de la chaîne gay PinkTV, a des connexions à droite, mais aussi à gauche. Certains ont rappelé qu’il avait compté parmi les nombreux invités de ses dîners parisiens le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, mais aussi Fleur Pellerin, le premier ministre, Manuel Valls, ou le président du CSA, Olivier Schrameck (qui a succédé à Michel Boyon, qui avait attribué la fréquence de Numéro 23). Ou que son dossier avait en 2012 été défendu devant le CSA par David Kessler, ancien conseiller culture de François Hollande.M. Kessler explique aujourd’hui au Monde qu’il agissait en tant que représentant de Mathieu Pigasse qui envisageait de devenir actionnaire de Numéro 23 aux côtés d’autres investisseurs minoritaires, dont Xavier Niel, le patron de Free (tous deux sont actionnaires du Monde). Et qu’il n’a rien à voir avec la revente de Numéro 23, annoncée en avril 2015.Tensions autour de la chaîne de la « diversité »Sur le fond du projet, Numéro 23, proclamée chaîne des diversités, a été critiquée par des acteurs de la diversité comme l’ancien conseiller du CSA Rachid Arhab ou la chaîne Banlieue Diversité Média TV.De son côté, Pascal Houzelot a mis en avant d’autres acteurs réunis dans une tribune de soutien à Numéro 23. Et toujours dit que la chaîne défendait une version large de la diversité, des religions, des sexualités, des formes de familles… Une ligne éditoriale critiquée mais dont le respect a été validé par le CSA. M. Houzelot a rappelé que 40 millions des 90 millions d’euros de la vente étaient réinvestis en parts de NextRadioTV, le groupe acheteur dont M. Houzelot deviendra membre du conseil d’administration.Lire l’entretien d’Alain Weil, PDG de NextRadioTV : « Nous agissons comme TF1 ou Canal+ »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les réseaux sociaux comme Facebook s’imposent petit à petit comme des intermédiaires entre les médias et leurs lecteurs. C’est ce que souligne le rapport annuel du Reuters Institute britannique, qui s’appuie sur un sondage conduit auprès de 20 000 personnes dans 12 pays d’Europe plus les Etats-Unis, le Japon et le Brésil : 41 % des sondés ont utilisé Facebook au cours de la semaine écoulée pour trouver, lire, partager ou commenter de l’information, soit une hausse de 6 points en un an.Lire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasEn France, ils sont 35 % (+8 points). Si Facebook domine, d’autres plates-formes émergent également dans l’accès à l’information des sondés : 18 % ont utilisé Youtube, 9 % WhatsApp. Et les moyennes cachent d’autres tendances, soulignent les auteurs : pour s’informer, 34 % des sondés du Brésil urbain ont eu recours à WhatsApp et 5 % des 18-24 ans américains au réseau social éphémère Snapchat.L’annonce d’emploi publiée samedi 13 juin par Apple ne devrait donc surprendre personne : le constructeur de l’iPhone cherche des journalistes pour « identifier et transmettre les meilleurs articles de l’actualité internationale, nationale et locale ». Le rôle de ces « éditeurs » sera d’apporter une touche humaine à News, la nouvelle application mobile annoncée le 8 juin par Apple, qui promet une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires.Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne ». Et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. Toutes ces initiatives ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur les plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat, voire des revenus publicitaires. Tous proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.ConcessionsComme Facebook, Apple a présenté une première liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times mais aussi des acteurs issus du Web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plates-formes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? « Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a expliqué Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plates-formes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »Pour convaincre les éditeurs, Apple et Facebook ont toutefois fait certaines concessions dans leur offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Conséquences sur le pluralismeLe contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est aussi un point sensible. Facebook a proposé aux médias d’agréger les « vues » des « instant articles » à leur audience et d’avoir accès aux statistiques. Apple ajoute qu’elle respectera la vie privée des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.Malgré cela, le débat sur le risque couru par les médias ne fait que commencer : n’abandonnent-ils pas trop de pouvoir aux géants du Net ? « Qu’une organisation comme le New York Times, si soucieux du contrôle de sa marque, choisisse ce chemin, montre à quel point le changement des usages force les entreprises les plus déterminées à faire des compromis », s’inquiète Emily Bell, directrice du Tow Center for Digital Journalism, dans un essai annexé au rapport du Reuters institute. Une fois l’usage créé, les grandes plates-formes pourraient de plus changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google l’a fait avec son fonds de soutien à la presse.Plus largement, l’absence de transparence sur les données – et sur la façon dont les contenus sont mis en avant sur des plates-formes comme Facebook – « peut créer des problèmes commerciaux pour les éditeurs, mais soulève aussi des questions démocratiques », argue Mme Bell, estimant que les algorithmes font des choix éditoriaux pouvant influer sur le pluralisme, par exemple. « La fragmentation des médias, qui affaiblit leur pouvoir de négociation, a coïncidé avec la concentration des pouvoirs dans quelques plates-formes », note Mme Bell. Face au risque de dépendance envers un gros acteur comme Facebook, Buzzfeed, grand spécialiste de la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux, a choisi de coloniser le maximum de plates-formes différentes, et s’emploie donc à disséminer ses contenus sur Twitter, Instagram, Pinterest, Vine…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.06.2015 à 17h07 • Mis à jour le12.06.2015 à 17h26 | Alexandre Piquard « Je n’ai pas participé à la campagne de Delphine Ernotte, même si je suis très content de son élection », déclare David Kessler, directeur général d’Orange Studio, parfois présenté comme un soutien actif de la nouvelle présidente de France Télévisions. Bien connu du milieu des médias et classé à gauche, le nom de cet ancien conseiller culture de l’Elysée a été cité plusieurs fois dans des articles sur la candidature de la directrice exécutive d’Orange France. Fait nouveau : il est aussi visé indirectement dans l’une des deux plaintes déposées cette semaine à la suite de la nomination opérée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire : Deux plaintes et deux recours contre la nomination de Delphine ErnotteLa nomination d’Olivier SchrameckLa démarche engagée par le syndicat SNPCA-CGC met en avant la notion de trafic d’influence : le plaignant se pose des « questions » sur un éventuel « renvoi d’ascenseur » entre Olivier Schrameck, le président du CSA, et David Kessler, qui était conseiller culture de François Hollande à l’époque de la nomination du dirigeant du régulateur de l’audiovisuel, début 2013. Selon ce raisonnement, le conseiller aurait fait nommer le président du CSA qui aurait ensuite porté sa candidate à la tête de France Télévisions.Certains ont en outre rappelé que David Kessler était entre 1995 et 2002 conseiller culture à Matignon sous Lionel Jospin, quand le directeur de cabinet était Olivier Schrameck (à l’époque, François Hollande était premier secrétaire du Parti socialiste et Manuel Valls conseiller en communication du premier ministre).M. Kessler rejette l’accusation de trafic d’influence : « Quand on connaît la machine d’Etat, on sait que ce n’est pas le conseiller culture du président de la République qui choisit le président du CSA, argue-t-il. Le président peut solliciter l’avis du ministre de la culture, du premier ministre et, à l’Elysée, de son directeur de cabinet et du secrétaire général. Au final, c’est le choix du président de la République », ajoute le conseiller, qui précise avoir donné son avis sur plusieurs noms.Les relations avec Delphine ErnottePar ailleurs, M. Kessler assure qu’au moment de la nomination de M. Schrameck au CSA, il n’avait jamais rencontré Mme Ernotte, « sauf une fois, quelques minutes, sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, à l’occasion de la Nuit Blanche », dont Les Inrockuptibles, journal qu’il dirigeait, était partenaire.Mme Ernotte n’aurait pas non plus participé au recrutement de M. Kessler à Orange, en novembre 2014, assure ce dernier, précisant que la filiale cinéma, dont il est directeur général, ne dépend pas d’Orange France, que dirige Mme Ernotte. Egalement connecté à droite, M. Kessler cite trois personnes ayant parrainé son arrivée chez l’opérateur : Pierre Louette, un « ami » ; Christine Albanel, ancienne ministre (UMP) de la culture et présidente d’Orange studio ; et Stéphane Richard, le PDG du groupe.M. Kessler raconte avoir rencontré Delphine Ernotte pour la première fois en décembre 2014 et avoir, en fin d’entretien, évoqué les échos la présentant comme candidate à France Télévisions. Cette dernière n’a pas démenti, sans vraiment confirmer non plus, raconte-t-il.Au sujet de France Télévisions, M. Kessler explique avoir ensuite revu Mme Ernotte, « une fois, environ une heure », mais il précise avoir eu le même genre d’entretien avec la plupart des candidats de premier plan à la présidence de France Télévisions.Lire : La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsLa campagne pour la présidence de France Télévisions« A quelques personnes qui me demandaient mon avis sur la campagne, j’ai dit que je trouvais que Mme Ernotte était une candidate crédible. J’aurais peut-être dû me taire… », ajoute celui qui a également été directeur général du CSA, directeur du Centre national du cinéma et de France Culture et conseiller du président de France Télévisions Marc Tessier…Pendant la campagne, il assure n’avoir appelé aucun membre du CSA, sauf Sylvie Pierre-Brossolette, une fois : c’était pour « prendre de ses nouvelles », après qu’elle a été critiquée, début novembre, lors de la fuite dans la presse de son prérapport sévère sur le bilan du président de France Télévisions Rémy Pflimlin, précise-t-il, comme il l’avait déjà dit au JDD. M. Kessler a enfin confié avoir déjeuné avec Olivier Schrameck, en décembre. A l’époque, le nom de Delphine Ernotte avait déjà fait l’objet de quelques mentions dans la presse. « Lors du déjeuner, nous avons dû parler quelques secondes de France Télévisions, mais pas de Delphine Ernotte », assure-t-il. Sur les deux plaintes déposées, il revient maintenant aux parquets de déterminer s’ils souhaitent ouvrir une enquête.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Rupert Murdoch met la dernière main à sa succession. Le magnat des médias est sur le point de céder les rênes de la 21st Century Fox à son fils James, 42 ans. Celui-ci devient directeur général du groupe, a annoncé la chaîne CNBC, qui cite des sources proches du dossier. Le groupe, contrôlé à 39,4 % par la famille Murdoch, et qui regroupe les activités dans la télévision et le cinéma, a confirmé, jeudi 11 juin, que le sujet de la succession de M. Murdoch serait abordé lors des prochains conseils d’administration.A l’issue de cette réorganisation, qui devrait intervenir dès cette année ou au plus tard en 2016, M. Murdoch, 84 ans, serait toujours président de Fox, siège qu’il partagerait avec son fils aîné, Lachlan, 43 ans. Chase Carey, le directeur général actuel du groupe, resterait au sein de la structure, mais comme conseiller auprès du magnat australien.Des changements attendusCes changements étaient attendus dans la mesure où le tycoon n’a jamais caché sa volonté que l’un de ses enfants lui succède. Par ailleurs, le calendrier s’accélérait : M. Carey devait informer avant le 30 juin prochain le conseil d’administration de Fox de ses intentions de quitter ou non le groupe avant la fin de son contrat qui se termine le 30 juin 2016.La première étape de ce remaniement avait été franchie en mars 2014, lorsque James Murdoch a été promu codirecteur général avec M. Carey. Celui-ci a d’ailleurs été partie prenante dans le processus de succession dans lequel il a joué un rôle de facilitateur.Au-delà des personnes, l’organisation reste similaire à celle qui prévalait jusqu’à présent, à savoir un président, Rupert Murdoch, s’occupant de la stratégie à long terme et d’un responsable exécutif, Chase Carey, chargé de la gestion quotidienne des affaires. Les deux fils seront donc amenés à travailler en tandem, selon cette répartition des rôles, même si l’ombre tutélaire du père reste encore dans le paysage.Pour James Murdoch, il s’agit d’un rétablissement spectaculaire dans la mesure où sa réputation avait été entachée par le scandale en 2011 des écoutes téléphoniques du tabloïd anglais News of the world. A la tête des activités du groupe au Royaume-Uni, il avait été obligé de démissionner avant de rentrer aux Etats-Unis.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Devailly (Montpellier, correspondante) Le groupe La Dépêche du Midi, basé à Toulouse et présidé par Jean-Michel Baylet, a finalisé, jeudi 25 juin, l’acquisition des Journaux du Midi composé de Midi Libre, L’Indépendant et Centre Presse. Les Journaux du Midi appartenaient jusqu’ici au groupe Sud-Ouest basé à Bordeaux.Jean-Michel Baylet est venu à Montpellier pour entériner la vente. Il a annoncé qu’il fallait sans doute s’attendre à des suppressions d’emploi, qui seront précisées par la suite, mais qui pourraient atteindre 150 postes dans chacun des deux groupes. Ces suppressions concerneront tous les services, des rotatives à la rédaction en passant par la régie publicitaire.Les chiffres montrent que le groupe des Journaux du Midi, malgré des plans sociaux qui se suivent depuis des années, n’a pas la même rentabilité que le groupe La Dépêche : le journal de La Dépêche du Midi emploie 800 salariés, couvre 10 départements et réalise un chiffre d’affaires de 145 millions d’euros. Le groupe Les Journaux du Midi emploie 930 salariés, couvre 5 départements et réalise un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros.Quatrième groupe de presse quotidienne régionaleL’ensemble va maintenant couvrir un territoire de six millions d’habitants avec deux métropoles (Toulouse et Montpellier). Le nouvel ensemble se positionne comme le quatrième groupe de presse quotidienne régionale.L’audience cumulée de leurs deux sites (vingt millions de visites par mois) les place, selon Jean-Michel Baylet, en première position, devant le site de Ouest-France. Jean-Michel Baylet rachète Midi Libre pour 15 millions euros, alors que Sud-Ouest l’avait racheté au groupe Le Monde pour 90 millions d’euros en 2007.Jean-Michel Baylet, également président du PRG, a affirmé que ce rachat n’avait aucun rapport avec la fusion administrative qui se prépare entre le Languedoc-Roussillon et Midi- Pyrénées et ne cache pas d’arrière-pensées politiques : « Je suis contre cette fusion, personne dans ces deux régions n’avait rien demandé. On m’a prêté des intentions machiavéliques, alors que j’ai toujours été hostile à ce regroupement ».Investissements attendus sur le numériqueBernard Maffre, vice-président directeur général du groupe La Dépêche a été nommé président-directeur général de Midi Libre, en remplacement d’Olivier Gerolami (groupe Sud- Ouest). Jean-Nicolas Baylet, l’un des fils de Jean-Michel, est nommé vice-président du groupe, plus spécifiquement en charge du numérique. Xavier Clément devient directeur général des Journaux du Midi.Parmi les pistes envisagées, un développement des activités dans l’événementiel et des investissements attendus sur le numérique. La Dépêche estime notamment que ses propres outils numériques pourraient être étendus à Midi Libre.C’est notamment le cas du « Paywall » (le système qui fait que les internautes consultant beaucoup le site passent en mode payant) et d’un service Premium avec diffusion d’un journal vidéo tous les jours à 18 heures. « Il nous faut modifier l’équilibre des recettes entre la presse écrite et la diversification numérique, a estimé Jean-Nicolas Baylet. Depuis deux ans, on voit enfin que le payant peut être envisageable sur le web, c’est une bonne nouvelle. »Anne Devailly (Montpellier, correspondante)Journaliste au Monde Alexis Delcambre L’Etat va mettre la main à la poche pour aider Radio France à sortir de l’ornière. Selon nos informations, l’entreprise publique va recevoir 80 millions d’euros de financement exceptionnel, afin de faire face aux besoins de trésorerie engendrés par l’interminable chantier de réhabilitation de la Maison de la radio.Lire aussi :L’interminable chantier de la Maison de la radioCette somme, dont le montant a été annoncé, mardi 23 juin, en conseil d’administration, sera versée sous deux formes différentes. Cinquante-cinq millions d’euros seront apportés aux fonds propres de l’entreprise sous forme d’une dotation en capital, sous l’égide de l’Agence des participations de l’Etat (APE). Répartis sur trois exercices budgétaires (de 2016 à 2018), 25 autres millions d’euros seront issus de la contribution à l’audiovisuel public (la « redevance »), au titre de l’investissement.Un geste de l’Etat était attendu et avait été promis par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors de la longue grève qui a paralysé Radio France, en avril. « J’ai proposé une intervention au capital de l’entreprise, pour l’accompagner dans cette période difficile », avait-elle déclaré dans un entretien au Monde. Son montant et ses modalités restaient à définir, dans un contexte où chaque euro d’argent public compte et où il est par ailleurs demandé à l’entreprise de se réformer.Lire aussi :Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio FranceUn chantier à plus de 100 millions d’eurosAu ministère, on explique que les formes d’intervention retenues – une dotation en capital et un budget d’investissement – permettent de bien distinguer cet apport exceptionnel de ce qui relève du fonctionnement courant de l’entreprise. Cet apport ne sera par ailleurs pas le seul : Radio France a soumis une demande de prêt à trois banques et recherche 90 millions d’euros pour subvenir à ses besoins de trésorerie. Mais pour obtenir l’accord des banques, elle doit d’abord finaliser son contrat d’objectif et de moyens (COM), dont la conclusion n’est pas attendue avant septembre.L’apport de l’Etat, ainsi que cet emprunt, sont censés permettre à l’entreprise de répondre aux besoins de financement supplémentaires liés au chantier, évalués à ce stade entre 100 et 110 millions d’euros. Mais cette estimation laisse un angle mort : le sort d’une partie des studios, dits « studios moyens ». Des études doivent être menées pour déterminer comment mener leur réhabilitation.L’aide apportée par l’Etat lève une partie des incertitudes financières pesant sur Radio France. Mais elle ne résout pas la « question stratégique » qui doit être au cœur du COM, pointe-t-on au ministère. Ni la question des 44 millions d’euros d’économies, dont 24 sur la masse salariale, que l’entreprise doit dégager dans le cadre du COM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Circa News has been put on indefinite hiatus [Circa News a été suspendue pour une durée indéterminée] », écrit le co-fondateur de l’application mobile d’information, Matt Galligan, dans un post publié, jeudi 25 juin, sur la plate-forme Medium. Celui qui est aussi PDG de la start-up créée en 2011 explique que sa compagnie n’a plus les moyens de financer sa production de contenus.M. Galligan raconte qu’une nouvelle levée de fonds – après la première, de 5,7 millions d’euros –, a échoué car l’équipe de Circa n’a pas voulu affecter l’expérience des utilisateurs en optant soit pour l’insertion de formats publicitaires, soit pour la mise en place d’un système d’abonnement.Le paradoxe pour Circa est qu’il a été le premier à proposer, en 2013, une expérience d’information conçue pour le mobile, en se positionnant sur de l’agrégation de haute qualité, à base de contenus externes soigneusement choisis par une rédaction de 20 personnes, présentés de façon très découpée, agrémentés de nombreux enrichissements (citations, liens…), avec une fonctionnalité permettant de suivre un sujet. À son lancement l’application avait suscité de nombreux commentaires élogieux. Mais Circa a « échoué à construire un business à partir de son produit », admet le co-fondateur.Plusieurs obstacles au succèsL’application n’a jamais communiqué ses chiffres d’audience, que son M. Gilligan qualifie de « modeste ». Pour certains critiques, tel Joshua Benton, responsable du Nieman Lab, l’inventivité narrative de Circa ne compense pas son manque de personnalité éditoriale. « Découper un article en bouts, c’est prendre le risque d’en retirer tout le ton, tout l’aspect humain, estime M. Benton, rappelant la différence entre le style d’un site de divertissement comme Buzzfeed et l’hebdomadaire britannique de référence The Economist. Les articles sur Circa sont fades et dénués de personnalité. C’est la confusion entre une stratégie de logiciel d’édition de contenu et une stratégie éditoriale. »Mais l’échec de Circa est aussi un symptôme du développement insuffisant de l’économie du mobile, comme l’a décrypté Frédéric Filloux dans sa Monday Note. Alors que la part mobile du trafic web dépasse fréquemment les 50 %, les revenus tirés du mobile plafonnent à 30 % et sont concentrés entre les mains de quelques entreprises, notamment Facebook. Elle illustre aussi la rapidité des changements de modèles : en deux ans, Circa a vieilli, notamment dans son absence de perméabilité avec les réseaux sociaux.Si Circa ne donne pas de détails sur ce qui va désormais advenir, c’est qu’il espère vendre une partie de ses actifs, par exemple sa plateforme de publication. Il y a quelques semaines, le site américain consacré à la vie du web et des jeux vidéo Daily Dot a confirmé discuter avec les fondateurs de Circa, rapporte le blog The Desk.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.06.2015 à 01h30 • Mis à jour le25.06.2015 à 09h01 Une amende de 5 000 euros a été requise, mercredi 24 juin, à l’encontre d’Eric Zemmour, poursuivi notamment pour incitation à la haine raciale et diffamation raciale, pour avoir évoqué, lors d’une chronique à la radio, « les bandes » d’étrangers « qui dévalisent, violentent ou dépouillent ». Le parquet a en outre requis 3 000 euros d’amende avec sursis à l’encontre de RTL, poursuivie pour avoir diffusé la chronique de M. Zemmour sur son site Internet.« Dans l’urgence »Eric Zemmour a expliqué avoir appuyé ses propos sur des témoignages, comme ceux « d’agriculteurs dépouillés par des bandes de Roms » et « des touristes chinois dévalisés à Paris » par ces mêmes « bandes ». Il a aussi souligné qu’il travaillait « dans l’urgence » et qu’il ne pouvait pas analyser toutes les statistiques sur la délinquance et se devait donc de « synthétiser ».« C’est ma liberté d’expression ; si on ne fait pas ça, on ne peut plus travailler », s’est défendu M. Zemmour, qui se dit « victime d’un procès profondément politique ». « Je ne suis pas assistante sociale, mon métier n’est pas de savoir si je vais faire de la peine à Untel ou Untel. Mon métier, c’est dire la vérité », a-t-il poursuivi.Mais pour le procureur de la République M. Zemmour tient « des propos sans nuance » qui « rejaillissent sur des groupes visés dans leur ensemble » et « stigmatisent » les populations immigrées. « Vous parlez d’acharnement, mais je ne sais pas de qui l’on parle », a ajouté la magistrate après avoir souligné que le prévenu avait déjà été condamné en 2011 pour les mêmes chefs, pour avoir déclaré à la télévision que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Le jugement a été mis en délibéré au 22 septembre. Laure Belot //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/360741', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Antoine Gallimard, seul maître à bord du troisième groupe d’édition français La France, l’autre pays du mangaSortie de « kalash »sur le Vieux-Porttous les articles de la thématique Votre roman d’anticipation « Silo », auto publié en ligne en 2011, a connu un succès mondial. Vous percevez-vous comme un pionnier ?Je me considère plutôt comme quelqu’un de chanceux d’écrire à l’époque actuelle. Je fais partie de cette douzaine d’initiative d’auto-édition en ligne qui sont devenues des « succès ». C’est une sacrée chance. Ces changements étaient annoncés et auraient eu lieu, quels que soient les acteurs y participant. Cinq ans auparavant, j’aurais vendu mes droits à un éditeur pour des broutilles et n’aurai pas eu le même succès. Puis cinq années plus tard, j’aurai regardé quelqu’un d’autre être un « pionnier ». La vérité est que nous étions tout simplement en train de marcher lorsque cette voie s’est ouverte. Personne n’a eu à se frayer de passage avec une machette.Comment percevez-vous l’évolution de la lecture ?Mon premier roman est sorti en 2009, à la fois sur papier et en ligne. Je me suis toujours occupé moi-même des versions imprimées. Au fil du temps, de plus en plus de mes lecteurs ont lu en ligne, une tendance qui s’accroît encore actuellement. Cela est directement lié à la façon dont nous consommons l’information, sur plus de sites et moins de magazines, à la façon dont nous écrivons des mails plutôt que des lettres. A la façon dont nous écoutons de la musique par des canaux numériques, sans acheter d’album ou de CD.La lecture se déplace en ligne. Certaines personnes ne sont pas satisfaites de cette évolution, mais il me semble stupide de s’en irriter. Nous devons juste espérer que les personnes continuent à lire, quel que soit le support utilisé pour le faire. Pour des lecteurs qui habitent dans des zones rurales, sans librairie près de chez eux, les livres numériques sont une bénédiction. Je trouve fascinant que certaines personnes restent accrochées sur la forme sous laquelle une histoire est livrée plutôt que sur la beauté des mots eux-mêmes.Vous interagissez beaucoup avec vos lecteurs, par votre site et sur les réseaux sociaux. Que vous apporte cette activité ?Un bonheur personnel. Je suis très proche de mes lecteurs. J’ai récemment nettoyé une unité de stockage (informatique) pleine de livres et des souvenirs, certains étaient vraiment de valeur. J’ai expédié tout cela en ligne à des lecteurs qui l’ont eux-mêmes partagé avec ce qu’ils avaient sur leur propre page Facebook. Nous nous sommes tous bien amusés. Certains courriers électroniques de remerciement m’ont ému aux larmes. Cela me motive pour écrire plus, et mieux.Cela vous inspire-t-il dans votre travail ?Absolument. La « muse » de l’écriture n’est pas, selon moi, quelqu’un qui inspire une œuvre avant qu’elle ne soit écrite. la muse est quelqu’un qui apprécie l’art après sa création. J’ai écrit mon premier roman pour mon dernier ami, qui a lu chaque chapitre à sa sortie de l’imprimante et cela a alimenté ma passion pour ce métier. Entendre le retour d’un auditoire me donne envie de me replonger dans une histoire.Pendant des dizaines de milliers d’années, la tradition du conte a été orale et non écrite. Les conteurs, tels des bardes, racontaient des histoires face à un public. Cette interaction était clé. Pour de nombreux romanciers, elle a disparu, et je vois cela comme une immense perte. Nous avons bien sûr besoin de nous retirer et d’être seul pour penser et améliorer nos œuvres, mais nous devons également célébrer des aspects plus vivants, tels le partage de ces travaux, et l’écoute de ce qui vient en retour, comment ces travaux touchent les lecteurs.Breat Easton Ellis a suggéré à certains fans d’écrire la suite d’« American Psycho ». Vous avez également tenté une sorte de co-création avec votre communauté. Qu’en avez-vous tiré ?J’ai aimé ouvrir mon monde à mes fans pour qu’il puisse l’explorer. Ce n’est pas vraiment de la co-création dans le sens où nous ne travaillons pas sur la même partie, mais c’est de la co-création tout de même car il s’agit de peindre sur la même toile, avec de mêmes pinceaux. Les fans créent leur propre version de mon univers, faisant vivre de nouvelles aventures à mes personnages, et amenant l’histoire dans des directions liées à leur propre imagination. Cela a été une expérience très agréable d’observer tant d’enthousiasme et d’implication. Une fois qu’une œuvre est publiée, elle ne nous appartient plus vraiment.Lire aussi :Les communautés de lecteurs sur Internet, nouveau salut des écrivainsVous avez testé la publication par épisodes. Est-ce devenue une nécessité pour une nouvelle génération de lecteurs ?Je le pense, en effet. Regardez comment les séries télé ont jailli et sont devenues des vecteurs bien supérieurs aux films pour raconter des histoires. Cette temporalité donne plus d’espace à l’histoire pour respirer : les lecteurs ont le temps de l’examiner avant que le prochain épisode ne soit publié. Une conversation peut grandir. Cela est une excellente façon d’écrire un récit, comme Charles Dickens nous l’a montré d’ailleurs.Vous avez conclu en 2012, un accord avec une maison d’édition. Est-il vrai que vous avez gardé vos droits d’auteur pour les versions numériques ?Oui. Mon contrat aux Etats-Unis avec Simon & Schuster ne concerne que les éditions dites cartonnées [« hardcover »] et brochées [« paperback »]. J’ai gardé les autres droits. Cela me donne un contrôle créatif et me permet également d’avoir des revenus bien plus importants.Pour vous adapter au téléchargement-piratage de fichiers, vous avez créé sur votre site un bouton explicite : « Vous avez téléchargé le livre et voulez payer, c’est ici ». Cela fonctionne-t-il ?Oui. Il n’y a pas un jour où quelqu’un ne me paye pas en ligne après-coup. Juste cette semaine, deux lecteurs m’ont très largement surpayé pour l’entière série « Silo ». Un autre s’est platement excusé en me disant m’avoir volé. Je lui ai dit qu’il n’en était rien. Je vois dans cette activité en ligne et ces partages quelque chose de similaire à l’emprunt à un ami, ou lorsque l’on récupère un livre d’occasion chez un bouquiniste. Tout cela nous revient d’une manière ou d’une autre. Nous devrions, me semble-t-il aborder la lecture, ces changements et ces nouvelles questions avec plus de confiance et moins de peur.Lire aussi :Roxane Gay : « Sur Internet, j’ai gagné une communauté »Lire aussi :Margaret Atwood : « Etre sur Twitter, c’est comme posséder sa petite station de radio »Silo est publié en France par Actes Sud (trois volumes parus). Un film tiré de ce roman, produit par Ridley Scott et Steve Zaillian, est en préparation.Laure Belot Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Nous avons la volonté de réaffirmer l’exigence d’exemplarité dans les établissements publics. » Telle est l’ambition du ministère de la culture alors que Fleur Pellerin a adressé aux dirigeants des 75 établissements culturels et audiovisuels, mercredi 24 juin, une « instruction pour la maîtrise et la transparence » des dépenses. Un travail de fond pour harmoniser et renforcer les règles en vigueur. Mais aussi un affichage politique volontariste sur un thème très sensible dans l’opinion, comme l’ont démontré plusieurs affaires, touchant jusqu’au premier ministre Manuel Valls, qui avait emmené ses enfants en avion voir la finale de la Ligue des Champions.Une réaction à « l’affaire » du bureau de Mathieu GalletL’initiative de Mme Pellerin a été lancée en mars, en réaction à l’affaire Mathieu Gallet : à l’époque, le nouveau PDG de Radio France se voit reprocher les frais de rénovation de son bureau. Il sera blanchi par l’inspection générale des finances sur ses dépenses dans le groupe audiovisuel. Mais une enquête préliminaire a, depuis, été ouverte pour favoritisme sur les prestations de conseils extérieurs à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sous sa présidence (2010-2014).Lire : Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme »  Dans le sillage de ce feuilleton est née l’affaire des taxis d’Agnès Saal, poussée à la démission de la présidence de l’INA. La circulaire envoyée mercredi par le... 23.06.2015 à 19h34 • Mis à jour le23.06.2015 à 21h01 | Alexandre Piquard Les sanctions infligées aux médias par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour le traitement des attentats de janvier ne passent toujours pas. Selon nos informations, la plupart des chaînes et radios qui avaient contesté leurs mises en demeure et mises en garde ne désarment pas, malgré le rejet de leur recours gracieux par l’autorité, le 1er juin. La semaine dernière, France Télévisions, BFM-TV et RMC, France 24 et RFI, RTL et Europe 1 ont déposé chacun un recours au Conseil d’Etat contre les décisions du CSA. Selon ce dernier, des personnes avaient été mises en danger et le travail des forces de l’ordre gêné.« C’est un enjeu majeur pour la liberté de travail des journalistes de service public, dont l’information est une des missions centrales », explique-t-on à France Télévisions, résumant le sentiment d’autres médias concernés. « La volonté est d’avoir un éclairage juridique sur le fond, pour l’avenir, et d’avoir un cadre légal précisé au regard de l’évolution des médias et de l’information en continu », ajoute-t-on à France Médias Monde (France 24, RFI…). Les chaînes et radios se défendent de toute action procédurière ou corporatiste.Le cas particulier de l’assaut à Dammartin-en-GoëleLe 11 février, l’institution dirigée par Olivier Schrameck avait sanctionné pas moins de 36 « manquements » divers. Certains étaient des défauts de « respect de la dignité humaine », comme dans le cas de la diffusion d’extraits de la vidéo amateur d’un policier abattu par les frères Kouachi.D’autres ont été considérés comme des atteintes à « l’ordre public » : par exemple « la diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes », ou « la diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ».Dans leurs recours auprès du Conseil d’Etat, les médias concentrent leur argumentation sur une sanction particulière : celle visant « l’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la porte de Vincennes ». « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », avait écrit le CSA.L’ordre public, une notion trop vague ?Il ne s’agit pas de faits avérés mais d’un risque potentiel. Le CSA considère a priori qu’il aurait pu y avoir un trouble à l’ordre public, arguent les médias concernés. A BFM-TV et RMC, ainsi qu’à France Télévisions, notamment, le recours repose sur le raisonnement suivant : la liberté d’expression définie par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme ne peut être restreinte que par des références à des infractions pénales précises (par exemple la provocation à la haine raciale, le négationnisme…). Et donc pas par une interprétation par le CSA du concept, vague, d’ordre public, cité à l’article 1er de la loi sur l’audiovisuel de 1986.« Le risque est de nous contraindre à demander au ministère de l’intérieur si une information peut porter atteinte à l’ordre public. Est-ce légitime ? C’est un problème de fond », estime-t-on à RTL. Lors du début de l’assaut à Dammartin-en-Goële, les journalistes étaient témoins directs, comme d’autres riverains, ajoute-t-on. Aucune consigne n’avait été donnée sur cette information aux médias par les forces de police, ajoute-t-on à France Télévisions.« On ne veut pas que la liberté de la presse soit réduite a priori. Il y a en France des lois pour que le juge tranche a posteriori », renchérit RTL. Plusieurs médias s’inquiètent d’une « insécurité juridique » qui pourrait mener à de « l’autocensure » et réclament un cadre au Conseil d’Etat.« Distorsion de concurrence » avec les réseaux sociaux et les sites de médiasContacté, le CSA ne souhaite pour l’instant pas réagir, ne disposant pas du contenu des recours déposés. « Nous ne sommes pas donneurs de leçons », s’était défendu Olivier Schrameck dans Le Figaro. « Il ne s’agit pas de distribuer des sanctions pour l’exemple. L’hommage que j’ai rendu aux médias pour leur rôle dans la prise de conscience collective, je le réitère », avait-il ajouté, tout en reconnaissant la « portée préventive » des sanctions.Enfin est pointée une « distorsion de concurrence » défavorable aux chaînes de télévisions et aux radios, soumises au CSA. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, mais aussi les sites internet de médias, qui ont pour la plupart couvert les événements en direct, ne dépendent eux pas de cette autorité. « Si une information est diffusée ailleurs mais que nous devons la taire, il risque de s’installer une défiance de nos spectateurs, qui seront tentés de s’informer à d’autres sources. Alors que nous sommes justement garants d’un professionnalisme de l’information », estime-t-on à France Télévisions, rappelant que l’entreprise a un code de déontologie.M. Schrameck avait reconnu le « problème » : « Nous avons d’un côté un champ médiatique qui est très précisément régulé et de l’autre un champ numérique qui ne l’est pas ou très peu », avait-il dit au Figaro, renvoyant la question au législateur.« Prise de conscience commune » et prudenceCes débats et ces recours interviennent dans un contexte particulier : le CSA voit son action contestée sur plusieurs points et le Conseil d’Etat a notamment cassé sa décision contre le passage en gratuit de LCI et Paris Première. Les médias concernés, eux, restent prudents dans leur expression, car ils dépendent tous de l’autorité pour diverses décisions, à l’image d’une BFM-TV qui espère ne pas voir arriver une troisième chaîne d’information en continu sur la TNT.« Il y a eu une prise de conscience commune aux médias d’information qui ont été sanctionnés, explique pourtant l’un d’eux. Ce CSA-là a pris une tournure inattendue, alors qu’Olivier Schrameck avait dit à son arrivée qu’il voulait être davantage régulateur que censeur. »Mais les médias en continu savent aussi que la bataille de l’opinion n’est pas forcément gagnée et que la couverture des attentats, dont la plupart sont fiers, a suscité des critiques. « Le climat d’insécurité et d’attaques terroristes nous fait accepter des choses qu’on aurait refusées autrement », regrette un dirigeant. Après avoir invité les médias à un débriefing ouvert, le CSA a pris en compte dans ses sanctions l’émotion du « public » : « Dans un premier temps, il veut tout savoir, mais très curieusement, très vite, il a lui-même réagi, ayant le sentiment que tout ne peut pas être dit ou montré », avait dit Nicolas About, membre du CSA, sur Europe 1.Fleur Pellerin avait, elle, apporté son soutien aux décisions : « Le CSA est dans son rôle, il doit réguler l’audiovisuel », avait déclaré la ministre de la communication. Tout en promettant un cadre « plus clair » à l’avenir.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La rationalisation des directions est en marche au sein des titres de presse récemment acquis par Altice Media Group, contrôlé par le magnat du câble Patrick Drahi. Samedi 20 juin, Presse News a annoncé le départ de Corinne Pitavy, directrice générale de L’Express Roularta. Lundi 22 juin, c’est François Moulias, co-gérant de Libération, qui a annoncé qu’il partirait, fin juillet.Ces deux managers seront remplacés par un seul et même homme : Marc Laufer, qui va cumuler la présidence du groupe L’Express, la co-gérance de Libération et la direction générale d’Altice Media Group France. Le modèle est celui d’une direction financière centralisée, chapeautant des directions éditoriales par titre (Christophe Barbier à L’Express, Laurent Joffrin et Johan Hufnagel à Libération).Les choses ne seront toutefois pas parfaitement symétriques. A L’Express, M. Laufer assurera la direction opérationnelle de l’entreprise. Par contre, à Libération, il s’appuiera sur Pierre Fraidenraich, qui voit donc ses responsabilités s’élargir, même si la direction juridique restera incarnée par M. Laufer et Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction.Parfaitement inconnu lors de son arrivée à Libération, en janvier 2014, François Moulias quitte donc le quotidien. On comprend qu’il n’a pas choisi cette issue. Mais elle semblait inéluctable dès lors que son allié Bruno Ledoux ne détient plus que 9 % du capital, après avoir été un des actionnaires principaux.Syndrome de StockholmInvesti par Bruno Ledoux de la mission de sauver l’entreprise, arrivé peu de temps avant la mobilisation « Nous sommes un journal » de février 2014, François Moulias aura finalement mené à bien sa mission, en permettant à l’entreprise d’être recapitalisée, tout en conduisant un plan social très sévère et en négociant avec l’imprimeur, les syndicats, l’Urssaf…« Le tour de table a été restructuré, le plan social est terminé, la rédaction est réorganisée, une nouvelle formule vient de paraître, un nouveau site est en préparation et les ventes sont supérieures au budget depuis le début de l’année, a-t-il énuméré dans un message interne annonçant son départ. Cela a été extrêmement compliqué mais nous y sommes arrivés, ensemble. Même les ascenseurs fonctionnent mieux ! Enfin, Libération sera bénéficiaire cette année, après une perte abyssale en 2014. »Cet ancien publicitaire, également passé par l’immobilier et le négoce de vin, en a tiré quelques convictions sur le secteur de la presse. « Quand on arrive dans le secteur, on se dit qu’on est chez les fous, sourit-il. Tout est très contraint : la convention collective des journalistes qui est un frein à l’embauche, les prix d’abonnements contrôlés par l’OJD, la dépendance aux aides publiques… Tout le monde répète qu’il faut changer de modèle, mais rien n’est fait pour ! »Il répète qu’il ne garde aucun ressentiment envers l’équipe et l’« agressivité » qui a pu lui être témoignée et conclut son mail de départ d’un « très amicalement ». Dans la rédaction, on admet « un léger syndrome de Stockholm ». « C’était un interlocuteur fiable », pointe un journaliste. Dans un communiqué, mardi soir, les élus de Libé ont souhaité « la présence d’un directeur général et d’une gouvernance stable et distincte des autres titres d'Altice Media Group afin d'éviter une confusion éditoriale et managériale préjudiciable pour Libération. » Lire son portrait : François Moulias, l’inconnu de « Libération » Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.06.2015 à 16h28 • Mis à jour le22.06.2015 à 16h43 La chaîne de télévision Al-Jazira a annoncé, lundi 22 juin, la libération de l’un de ses présentateurs vedettes, Ahmed Mansour. L’homme, qui possède la double nationalité égyptienne et britannique, avait été arrêté samedi à l’aéroport de Berlin, à la demande de l’Egypte.Lire aussi :Un journaliste vedette d’Al-Jazira arrêté en AllemagneCe journaliste célèbre pour sa proximité avec les Frères musulmans, serait accusé, selon la police allemande de « plusieurs délits ». La justice égyptienne, qui l’avait jugé par contumace en 2014 pour avoir, selon elle, torturé un avocat sur la place Tahrir à l’hiver 2011, durant la révolution ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak, l’a ­condamné à quinze ans de prison. M. Mansour qualifie pour sa part ces accusations d’« absurdes ».« Nous saluons la décision du procureur allemand » concernant la libération d’Ahmed Mansour et l’abandon de toutes les accusations retenues contre lui, a aussitôt réagi un porte-parole de la chaîne qatarie, Hareth Adlouni.Al Jazeera's Ahmed Mansour has been released without charge - @aljazeera statement to follow shortly.— AlJazeera (@Al Jazeera PR)require(["twitter/widgets"]);Depuis le renversement en juillet 2013, par Abdel Fattah Al-Sissi, alors chef de l’armée, de Mohamed Morsi, le président égyptien issu des Frères musulmans, Al-Jazira est dans le collimateur des autorités cairotes. La chaîne reste perçue par l’Egypte comme un porte-voix du Qatar, favorable au mouvement des Frères musulmans. Trois de ses journalistes, déjà accusés de complicité avec la confrérie, avaient été arrêtés en décembre 2013. L’Australien Peter Greste avait dû attendre le mois de février 2015 pour être relâché et renvoyé dans son pays, sur décret présidentiel. Ses deux compagnons, également libérés, sont en attente d’un nouveau procès. Alexis Delcambre « Les Échos vont bien, mais nous devons sans relâche innover. » Pour le PDG du groupe d’information économique, Francis Morel, c’est dans cette dynamique que s’inscrit l’annonce, lundi 22 juin, du lancement d’une plate-forme numérique de services aux entreprises, lesechos-solutions.fr.Partiellement financée par le fonds Google - à hauteur de 2 millions d’euros environ sur un budget total de 4 millions environ -, cette plate-forme rassemble les offres de services destinées aux entreprises actuellement proposées par le groupe : dépôt d’annonces légales, consultation d’appels d’offres, études de marché, outils de communication… L’ambition est d’en faire une plate-forme que les entreprises privilégient pour réaliser une partie de leurs démarches.La cible, ce sont ces 3,8 millions de décideurs économiques, que le groupe considère comme son bassin naturel. « Nous devons être le premier groupe d’information et de service pour les entreprises », résume M. Morel. Leur proposer des contenus ou des services relève selon lui d’un même mouvement et est cohérent avec l’engagement « pro business » du titre, que rappelle Christophe Victor, directeur général délégué du groupe.Le développement de cette plate-forme est aussi emblématique de l’évolution rapide du modèle d’affaires des Échos, l’un des titres qui tire le mieux son épingle du jeu de la transition numérique. Les services contribuent ainsi actuellement pour 31 % au chiffre d’affaires du groupe, contre 12 % en 2011 (la publicité réalise 30 % et la diffusion des contenus 39 %). Le groupe souhaite atteindre, en 2018, 50 % de chiffre d’affaires généré par les services.Réalisation de contenu pour les marques (avec Les Échos Publishing), organisation de salons comme Le Salon des Entrepreneurs (avec Les Échos Events), études de marché avec Les Échos Études, etc : le groupe a multiplié les pas de côté à partir de son métier d’origine, l’information économique et financière. Celle-ci pourrait donc devenir, à moyen terme, une part minoritaire de l’activité - sur le modèle du groupe allemand Springer par exemple.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.06.2015 à 02h37 • Mis à jour le20.06.2015 à 11h36 Twitter a annoncé, vendredi 19 juin, l'expérimentation d'un nouveau service permettant d'insérer dans le flux des utilisateurs des messages sponsorisés pour des « produits et des lieux », afin de doper son chiffre d'affaires.« Nous commençons l'expérimentation avec un petit nombre de produits et de lieux », a indiqué Amaryllis Fox, chef de produit du réseau social, dans un message posté sur un blog officiel. « Pendant que nous effectuons cet essai, vous êtes susceptibles de voir dans votre flux des pages et des groupes de pages qui sont partagés par des prescripteurs et des marques », a-t-elle déclaré.Un bouton « acheter »Cette initiative permettra d'élargir la plate-forme de messages au-delà des simples tweets en proposant un accès à des informations complémentaires sur des produits et, dans certains cas, un bouton « acheter ». « Nous avons invité un groupe de personnes influentes à partager certains de leurs endroits et objets favoris », a expliqué Mme Fox.« Vous serez en mesure de parcourir des collections présentées par des personnes qui vous tiennent à cœur et d'avoir davantage d'informations sur les produits et les endroits que vous trouvez intéressants. » Cela pourrait consister en des messages de la chaîne HBO promouvant sa série télévisée Game of Thrones ou des messages de l'actrice Reese Witherspoon concernant sa ligne de vêtements, a-t-elle cité à titre d’exemples.Trouver des nouveaux relais de croissanceTwitter, qui tente de trouver de nouveaux relais de croissance, se cherche un nouveau directeur général depuis l'annonce de la démission de Dick Costolo, le 11 juin. Il était depuis cinq ans aux commandes du groupe, et était soumis à une intense pression des investisseurs pour augmenter le nombre d'abonnés et le chiffre d'affaires du réseau social.Selon les dernières données disponibles, Twitter compte environ 300 millions d'utilisateurs actifs, mais sa croissance est à la traîne par rapport à d'autres réseaux sociaux, et les bénéfices se font toujours attendre depuis sa création, en 2006. Il n'a attiré que moins de 1 % des 145 milliards de dollars dépensés dans le monde cette année en publicité sur support numérique, selon la société spécialisée eMarketer.Lire aussi :En panne de croissance, Twitter se sépare de son patron 18.06.2015 à 15h12 • Mis à jour le18.06.2015 à 16h14 Et de trois… pour ces derniers jours en tout cas. Car pour le reste, compter les victimes des dénonciations mensongères déclenchant des interventions des forces de l’ordre devient difficile. Dans la nuit de mercredi 17 au jeudi 18 juin, le directeur de la publication de Politis, Denis Sieffert, a reçu à son domicile la visite de la police, alertée par téléphone qu’il s’y déroulait un cambriolage avec séquestration, raconte au Monde la direction du magazine. Trente minutes plus tard, policiers et pompiers sont arrivés au siège du journal où, soi-disant, le directeur retenait sa femme avec l’intention de la tuer. Ils ont brisé une vitre pour y pénétrer, avant de réaliser que les lieux étaient vides.Surnommée « swatting », la technique ressemble en tout point à un des modes opératoires utilisés par le hacker franco-israélien sioniste Ulcan, que M. Sieffert venait d’évoquer dans un édito paru mercredi.Lire Cinq questions sur Ulcan, le hacker franco-israélienRecrudescence de « swatting » ces derniers joursAu cours de la même nuit, Pierre Haski, le cofondateur de Rue89 a vu arriver chez lui le SAMU, les pompiers et des policiers de différentes unités : quelqu’un avait appelé pour dire que « j’avais poignardé ma femme, et – variante fantaisiste par rapport à la précédente fois – que j’avais ouvert le gaz dans l’immeuble », raconte-t-il dans un billet.La veille, Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, a connu pareille mésaventure : « Le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police. » Résultat ? « Trente policiers de la BAC déployés dans l’escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires, une procureure adjointe, mes voisins réveillés au cœur de la nuit », relate le journaliste, qui était absent.Pourquoi Arrêt sur images a-t-il été visé ? Il avait évoqué le jour précédent une autre victime d’une de ces dénonciations malveillantes : Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Le 9 juin, ce leader d’une organisation propalestinienne raconte avoir « été plaqué au sol, tutoyé, insulté, menotté avec des menottes qui vous blessent les poignets et se resserrent dès que l’on bouge » car le Raid a pénétré son appartement. D’autres militants ont également reçu des visites policières nocturnes ces derniers jours : Jean-Claude Lefort, ex-président de l’association France-Palestine Solidarité, qui était absent, raconte Politis, et deux autres membres de l’UJFP, comme l’écrit Arrêt sur Images.Usurpation de numéro téléphonique et « contre-appel »Un point est important pour comprendre pourquoi les forces de l’ordre interviennent, alors que ces personnes n’ont absolument rien fait et ne sont pas défavorablement connues – sans parler du fait que la technique du swatting utilisée notamment par Ulcan fait déjà l’objet d’enquêtes : selon plusieurs témoignages, le malfaiteur prend le contrôle de la ligne téléphonique de sa victime. Ce qui est susceptible de crédibiliser beaucoup son appel aux forces de l’ordre.Cela va plus loin : dans le cas de M. Stambul, les policiers « ont effectué un “contre-appel” », a expliqué le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez, à l’AFP. Ils ont donc rappelé le numéro – qui correspondait bien à celui de M. Stambul – « et sont retombés sur le même individu, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte » et qu’il attendait la police « avec un fusil », a raconté le préfet. « C’est ce contre-appel qui a déclenché l’opération du Raid » a expliqué le représentant de l’Etat, selon lequel « de mémoire, c’est la première fois » qu’un pirate « répond à un contre-appel ».Deux informations judiciaires et de nombreuses plaintesSur le fond, la question se pose de l’impunité d’Ulcan, parfois aussi appelé Violvocal et dont le vrai nom est Grégory Chelli. S’il n’est pour l’heure pas prouvé qu’il est responsable des interventions de ces derniers jours, le militant a fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes, liées au piratage, en 2014, de Rue89. Et aux appels malveillants ainsi qu’au swatting dont a été victime le père du journaliste de Rue89 Benoît Le Corre, auteur d’un portrait d’Ulcan.« Cela a entraîné le décès de son père », n’hésite pas à écrire M. Haski. Thierry Le Corre était quelques jours plus tard tombé dans le coma, avant de décéder. Rue89 publie ce jeudi un rapport d’expertise médicale selon lequel « le stress a été un facteur déclenchant direct et certain, révélant son état antérieur » d’hypertension artérielle.Le parquet de Paris a ouvert début octobre 2014 une information judiciaire, notamment pour « violences volontaires », distincte de celle ouverte début août sur des actes de piratage informatique revendiqués par Ulcan, rappelle l’AFP.Lire : Qui est le hackeur sioniste soupçonné d’avoir piraté Rue89 ?De nombreuses plaintes ont été déposées, dont récemment celle de Stéphane Richard, le PDG d’Orange, touché par une polémique sur la présence de l’opérateur en Israël. Le dirigeant a porté plainte contre X pour « menaces de mort » et appels à la haine contre lui et certains de ses proches. Il avait reçu des centaines d’appels d’insultes mais aussi de menaces précises, après que ses coordonnées ont été diffusées sur Internet.Appel aux autorités françaises et israéliennesSi M. Chelli n’est pas pour l’heure inquiété, pointent certaines victimes, c’est parce qu’il est installé en Israël, à Ashdod a priori. La justice française agit « à son rythme, c’est-à-dire lentement, handicapée par l’absence de traité d’extradition entre la France et Israël, regrette M. Haski, de Rue89. Mais surtout, elle agit, ou n’agit pas, dans un contexte marqué par l’absence de signal politique du gouvernement français. » Les autorités israéliennes, pour leur part, « tout en affirmant leur disponibilité à aider la justice française, n’ont pas non plus levé le petit doigt pour faire cesser ces agissements », ajoute le journaliste. 20Minutes.fr évoque un cas d’extradition d’un franco-israélien vers Israël mais rappelle la nécessité d’une volonté politique.« Il est grand temps que le ministère de l’intérieur s’exprime sur ces affaires, renchérit Denis Sieffert de Politis. Qu’est-ce qui est fait en direction du gouvernement israélien ? Une enquête a-t-elle été diligentée pour savoir à quel niveau le dénommé Ulcan bénéficie de complicités qui apparaissent de plus en plus évidentes ? » Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) et Pierre Lescure (ancien président de Canal+) La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il se confirme, s’accélère et se radicalise : la télévision est de plus en plus délaissée, surtout par les plus jeunes qui plébiscitent tous les écrans, sauf celui que l’on surnommait naguère, avant l’arrivée des tablettes et smartphones, le « petit écran ».Selon une étude du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) réalisée en décembre, un jeune passe en moyenne une heure trente devant la télévision par jour, tandis que la plupart des Français la regardent quotidiennement près de trois heures quarante-cinq. Les plus connectés ne s’en équipent parfois même plus. Le « petit écran » a trouvé plus petit, plus pratique et surtout plus agile que lui.On se trompe de cibleOn rejette la faute sur les chaînes et leurs programmes, qui seraient inadaptés aux nouvelles attentes du public. On se trompe de cible. En réalité, la richesse et la qualité des offres sont inouïes. L’arrivée de nouvelles chaînes, gratuites et payantes, a permis de démultiplier l’offre, de l’enrichir considérablement. Ce ne sont pas tant les contenus télévisuels qu’il faut mettre en cause, mais leur mode de distribution. Les contenus en ligne ne sont pas plus pertinents que ceux diffusés à la télévision, ils sont mieux mis en valeur et surtout plus facilement accessibles.Le fait est que la télévision n’a pas évolué dans la façon dont les chaînes et leurs programmes sont mis à la disposition du public. Le poste et sa télécommande ne sont plus adaptés à l’explosion des contenus. Et encore moins à celui des nouveaux usages.Le zapping, inventé à trois chaînes, devenu ludique à six (c’est à ce moment qu’est née l’émission éponyme), quasi sportif à douze, est devenu impraticable à vingt-cinq et carrément ridicule à cent cinquante ou deux cents. Les box et les fabricants de TV ont beau améliorer leurs interfaces, rien n’y fait. Les chaînes, superposées les unes aux autres comme un mille-feuille, s’asphyxient. Quant aux EPG (electronic program guides, la fameuse « grille des programmes »), ils sont devenus indigestes.Mal valoriséeParallèlement, les plates-formes nées à l’ère d’Internet, telles que YouTube, Dailymotion ou Netflix, ont donné de nouvelles habitudes. Elles prônent l’immédiateté, l’accessibilité, le partage, la maîtrise du temps, la mobilité, l’interactivité. Revenir au poste devient même un effort.Alors, trop dense la télévision ? Non, mal valorisée. Un vrai gâchis quand on sait que les chaînes investissent chaque année pour la seule TNT gratuite près de 3 milliards dans les programmes. Programmes qui, pour beaucoup d’entre eux, ne rencontrent pas leur public, faute d’y avoir facilement accès ou, pis, d’avoir même connaissance de leur existence. Or, un programme que personne ne regarde est un programme qui n’existe pas, et qui finit par disparaître. La déperdition est énorme. On gaspille la télévision !La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. On ne peut nier les efforts faits pour tenter de s’adapter aux nouveaux modes de consommation, marqués par la mobilité et la délinéarité, et mettre un terme à une « télévision de contraintes », de lieu et de temps. La télévision de rattrapage, le « replay », et même le direct sont proposés depuis les applications développées par les chaînes et les box.Ces « applis » fonctionnent, y compris auprès des jeunes. Mais elles sont insuffisantes face aux offres nées de l’Internet, pas toujours respectueuses de l’écosystème. Elles imposent le cloisonnement entre les chaînes et renforcent le morcellement des programmes. Un peu comme si, à l’époque du zapping, il fallait changer de télécommande, voire de poste, pour passer d’une chaîne à l’autre. Qui peut croire, dès lors, que ces applications assurent, à elles seules, le futur de la télévision dans son ensemble ? Il ne suffit pas de rendre les contenus audiovisuels accessibles via Internet pour affirmer que la télévision est entrée dans l’ère d’Internet.Comportements numériquesEn vérité, si l’on veut que ceux qui détiennent le sort de la télévision – les digital natives – daignent lui accorder toute l’attention qu’elle mérite, il faut que la distribution audiovisuelle embrasse les comportements numériques d’aujourd’hui. Le succès des grandes plates-formes du Net ne s’explique pas tant par la qualité de leurs programmes que par leur capacité à offrir une nouvelle forme d’expérience.Cela signifie que la télévision doit, certes, assurer les moyens de l’ubiquité de ses contenus, mais aussi leur agrégation, leur accessibilité, leur émergence. Il faut remettre au centre le formidable investissement des chaînes pour leurs publics. Une linéarité des programmes dans la délinéarisation de l’accès, redonnant le sens de l’instant présent, l’instant télévisuel, reliant les téléspectateurs entre eux de manière organique.Il fut un temps, encore pas si lointain, où la télévision créait le lien entre les individus. On commentait le matin les programmes vus la veille. Il s’agit de renouer avec cette dimension collective qui fait la société, en redonnant à la télévision sa place de liant entre les individus avec les outils d’aujourd’hui. Tout le monde a à y gagner : le public bien entendu, mais aussi les chaînes, les producteurs, les annonceurs… Ce mode de diffusion donne à voir la télévision dans toute sa diversité et son excellence.Non, l’Internet ne va pas tuer la télévision, bien au contraire ! Il est une chance pour elle de connaître un renouveau, une nouvelle étape de son développement, dans un écosystème qui peut être respectueux et vertueux. Une opportunité de lui offrir les conditions de sa mise en valeur et les moyens de sa pertinence, gages de sa survie. Si l’industrie ne le fait pas, le public tranchera.Jean-David Blanc et Pierre Lescure devaient annoncer, jeudi 18 juin, la création d’un nouveau service de distribution de programmes de télévision, Molotov.tv.Pierre Lescure (ancien président de Canal+)Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) Joël Morio Qui n’a pas pesté devant son poste en regrettant qu’il n’y ait « rien à la télé ce soir » ? Qui ne s’est pas senti perdu dans l’offre pléthorique de programmes pour finir par sélectionner une émission au hasard ? Pour aider le téléspectateur à s’y retrouver, France Télévisions a lancé mardi 2 juin Zoom, une application gratuite destinée à ceux qui « aiment la télé, mais vivent la diffusion linéaire comme une contrainte » ; ces téléspectateurs « qui n’ont pas le temps de tout regarder, qui ont du mal à choisir parmi les centaines de chaînes et les millions de vidéos, et qui ne veulent que le meilleur ».Des playlists thématiquesEn tapotant sur l’écran de son smartphone l’utilisateur peut indiquer ses centres d’intérêt (info, sport, culture, art de vivre, jeux…), puis composer ce qui ressemble au programme de sa « chaîne idéale » avec les émissions vedettes du service public (« Le plus grand cabaret du monde », « Des racines et des ailes », « C dans l’air »…). Il peut aussi préciser celles qu’il « ne veut surtout pas voir ». On lui propose ensuite une liste de « playlists » thématique. Grâce à un algorithme, cette sélection s’affine au fur et à mesure de ses visionnages. Il peut « aider » le programme de calcul en marquant les vidéos qu’il aime et celle qu’il n’aime pas. Le mobinaute peut aussi indiquer le temps dont il dispose pour visionner des vidéos. L’offre proposée s’adapte à ce temps disponible.« Le temps de la recommandation »L’application Zoom est née de deux convictions a indiqué Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions : « C’est le temps du mobile et c’est le temps de la recommandation. » Téléchargeable dans un premier temps uniquement sur les iPhone (la version pour les smartphones Android est prévue pour la fin de l’année), cette application s’adresse en priorité aux plus jeunes qui consomment différemment la télévision. « C’est dans notre mission de permettre d’offrir nos contenus à tous les citoyens quels que soient les écrans », a insisté Rémy Pfimlin, président de France Télévisions jusqu’à la fin août.Bientôt un mode hors connexionLa mise au point de cette application a mobilisé 25 personnes depuis janvier 2014. Au total, le groupe aura investi 1,4 million d’euros pour la développer. De nouvelles fonctionnalités comme le mode hors connexion, permettant de visionner des vidéos même sans accès à l’Internet. Une version adaptée aux ordinateurs devrait être disponible à l’automne, l’application sera ensuite optimisée pour les tablettes.Lire aussi :France Télévisions : les premiers pas de Delphine ErnotteJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 19h59 • Mis à jour le02.06.2015 à 16h55 | Alexis Delcambre « Il est à peine imaginable que Têtu puisse disparaître et pourtant, jamais le risque n’a été aussi grand. » Lundi 1er juin, la direction du magazine gay a mis en ligne un communiqué annonçant le placement de l’entreprise en redressement judiciaire, vingt ans après sa création.En cause : la situation financière du titre, propriété depuis 2013 de l’homme d’affaires Jean-Jacques Augier. Le 28 mai, la société éditrice du magazine s’était déclarée en cessation de paiement. Selon M. Augier, les pertes ont atteint 1,1 million d’euros en 2014 et devraient s’élever à 500 000 euros en 2015.Paradoxalement, elles sont moins conséquentes que celles subies avant 2013 (plus de 2 millions d’euros annuels environ). Mais celles-ci étaient alors régulièrement épongées par Pierre Bergé, le précédent propriétaire de Têtu (et actuel co-actionnaire du Monde).Restructuration lourdeLors de la cession du titre en 2013 pour un euro symbolique, M. Bergé avait laissé une trésorerie de 2,4 millions d’euros. Selon M. Augier, celle-ci a été consumée dès 2013, année où les pertes ont été de 2,35 millions d’euros.Depuis deux ans, le titre a été lourdement restructuré. Une vingtaine de postes, soit plus de la moitié des effectifs, ont été supprimés, et le journal ne compte plus que dix salariés. Les frais, eux, ont été réduits de 60 %.Ces efforts n’ont pas été accompagnés d’un réel développement de l’activité. La diffusion du magazine, qui était de près de 36 000 exemplaires en 2012, est tombée à environ 28 000 en 2014. Le nouveau Têtu, recentré, assagi et lifestyle, peine à renouveler son public même si les abonnements (8 900), ont progressé.Des relations difficiles avec les agences publicitairesSur le Web, le site Tetu.com (450 000 visiteurs uniques) affronte la concurrence sévère de sites communautaires comme Yagg, fondé par des anciens de Têtu, avec lequel un partenariat avait un temps été noué. Et en matière de développement, il a lancé une application de rencontres, So Têtu (10 000 téléchargements), qui peine à exister sur un créneau déjà largement occupé, notamment par Grindr.Mais pour M. Augier, la difficulté principale est la relation avec les agences publicitaires. « Elles nous étranglent, affirme-t-il. Nous avons une cible qui consomme, qui plaît aux annonceurs, nos pages reçoivent de la publicité, mais nous peinons à maintenir nos tarifs et à obtenir les paiements. »Un rapport du faible au fort auquel la réponse est, à ses yeux, de rompre l’isolement du magazine : « La survie de ce titre emblématique du paysage éditorial français passe par le rapprochement avec un groupe de presse, seul à même de donner au titre un poids suffisant face aux agences de publicité », énonce le communiqué publié lundi.Appel du piedL’appel du pied est clair : « Le tribunal de commerce nous a donné lundi quatre mois pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre, selon M. Augier. Si au bout de quatre mois nous n’avons pas trouvé de repreneur, le tribunal prononcera la liquidation. » En 2013, trois investisseurs avaient été candidats à la reprise du titre, dont le banquier d’affaires Matthieu Pigasse (actionnaire du Monde et propriétaire des Inrockuptibles). C’est finalement M. Augier qui l’avait emporté – un ancien énarque de la promotion Voltaire, la même que François Hollande, et trésorier de la campagne de l’actuel président en 2012.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 11h07 • Mis à jour le01.06.2015 à 17h28 | Alexandre Piquard « Nous sommes aujourd’hui au cœur d’une période dite “de tuilage”. C’est en bonne intelligence avec Rémy Pflimlin qu’elle se déroule. Je ne souhaite interférer dans aucun de ses choix au quotidien. » Pour son premier acte de communication, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a envoyé lundi 1er juin un e-mail au comité exécutif. Elle y définit l’entre-deux imaginé par le législateur pour préparer l’arrivée du futur président : nommée le 23 avril par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’ex-dirigeante d’Orange France n’entrera en fonction que le 22 août, cinq mois plus tard.« Imaginez qu’on ne vous garde pas, mais qu’on vous demande de conseiller votre successeur, qui vous regarde travailler », ironise Eric Vial, syndicaliste Force ouvrière, à propos de M. Pflimlin, qui estime, lui, que le tuilage se passe bien. « Dans d’autres entreprises, il y a une transition : l’ancienne équipe conseille mais la nouvelle est en fonction, raconte un cadre. L’ambiance est un peu surréaliste. On doit continuer à travailler normalement mais des interlocuteurs extérieurs, dans des négociations, jouent sur l’arrivée de la nouvelle équipe. Et on lit des rumeurs dans la presse sur le départ des uns ou l’arrivée d’autres. » Lire aussi :Une « cheffe » d’entreprise ne fait pas le printempsDépart de Thierry ThuillierLe cas qui a fait couler le plus d’encre est celui de Thierry Thuillier, le directeur de l’information et directeur de France 2, qui a confirmé, lundi, rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion.A en croire nombre d’échos de presse, M. Thuillier était vu comme penchant à droite par certains dans l’exécutif et indésirable de ce fait, à deux ans de la présidentielle. Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec l’exécutif étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Dans l’entourage de Mme Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de se passer de M. Thuillier, que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.Pour lui succéder plusieurs noms circulent en interne : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef du service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest, ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier, il se « poserait la question » de son avenir.Rassurer les salariésConsciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Mme Ernotte ne pourra pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut pas en principe négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants.Pour la nouvelle présidente, la résolution du cas Thuillier clarifie l’enjeu de la composition de son équipe, qui doit comporter un directeur de la stratégie et des programmes, mais aussi – selon le projet présenté au CSA – des patrons de chaînes plus forts et autonomes qu’aujourd’hui.Mme Ernotte consulte largement en interne et en externe et a notamment rencontré Bibiane Godfroid, ex-directrice des programmes de M6. « Ses choix seront scrutés car elle ne connaît pas la télévision. Son équipe importe donc », explique une cadre.Seconde phase du tuilageMme Ernotte veut entrer aujourd’hui dans une seconde phase du tuilage : « Je vous remercie de me remettre, d’ici le vendredi 5 juin, un document écrit portant sur les dossiers sous votre responsabilité, écrit-elle au comité exécutif.Depuis un mois, la future présidente dispose – comme ses prédécesseurs – de deux bureaux et d’une salle de réunion au Ponant, un immeuble situé à 200 mètres du siège de France Télévisions.Elle y est entourée de son assistante et de son directeur de cabinet, Stéphane Sitbon-Gomez, ancien bras droit de l’écologiste Cécile Duflot, ainsi que le consultant en stratégie et communication Denis Pingaud, qui reste président de sa société Balises (et conseille également le président de Radio France, Mathieu Gallet).Lire aussi :Le bras droit de Duflot rejoint l’équipe de Delphine Ernotte à France TélévisionsA la rencontre des dirigeantsJusqu’ici, Mme Ernotte a rencontré une vingtaine de dirigeants de l’entreprise, par ordre de hiérarchie. « Elle cherchait à faire connaissance, posait surtout des questions et était très à l’écoute », raconte un cadre.Lors de ces entretiens, la nouvelle présidente s’est montrée ouverte sur son projet remis au CSA, qui en interne avait suscité des inquiétudes parce qu’il faisait de France 2 une chaîne du flux, et de France 3, une chaîne de la création. Les grilles de rentrée ont été faites par l’équipe de M. Pflimlin, qui explique qu’il y aura peu de changements majeurs.« La constitution des grilles et le tuilage se passent bien parce que nos résultats sont bons, notamment sur France 2, grâce à l’information et la fiction », souligne-t-on dans l’équipe du président sortant. Le 2 juin, une « nouvelle offre numérique » sera annoncée par Bruno Patino, directeur des programmes et du numérique.Lire aussi :La création numérique, une priorité pour le service public audiovisuelM. Pflimlin a donné la consigne d’informer Mme Ernotte des dossiers pouvant engager l’entreprise à moyen terme. Celle-ci a ainsi été consultée sur une négociation de droits sportifs ou sur la pénibilité du travail. Plusieurs discussions de dialogue social se poursuivent en effet, avec l’actuel directeur des ressources humaines Patrice Papet, qui avance un bilan de 650 postes réduits sous le mandat de M. Pflimlin à France Télévisions, « passée sous la barre des 10 000 salariés ».Côté financier, la régie publicitaire se réjouit d’un très bon premier trimestre, même si depuis, le repli des parrainages à l’antenne entraîne à fin mai un retard de 5 millions d’euros environ sur l’objectif publicitaire de 2015.Les syndicats en campagnePour les syndicats, la période de tuilage n’est pas un long fleuve tranquille. Les élections syndicales qui auront lieu dans quelques semaines au siège ont été l’occasion de tensions, le syndicat minoritaire et franc-tireur SNPCA-CGC ayant insinué que la CGT avait soutenu Mme Ernotte.Appuyé par FO sur ce point, Marc Chauvelot, délégué de la CGT, a démenti et rappelé que les syndicats avaient reçu pendant la campagne un grand nombre de candidats à la présidence. L’élu préfère insister sur une revendication syndicale de longue date – qu’il souhaite faire traduire dans une charte avant l’été : le recours prioritaire à la production interne plutôt qu’à des sociétés extérieures.« Ce sera une façon de commencer à discuter avec Mme Ernotte », dit-il, alors que la présidente va rencontrer les organisations syndicales courant juin. Mme Ernotte a également prévu, ce mois, de rencontrer les personnels de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une « une » de crise qu’a choisie Libération pour lancer sa nouvelle formule papier, lundi 1er juin : les yeux inquiets de Vincent Lindon, son visage défait, sous une manchette « Le chômage superstar », consacrée au succès du film La Loi du marché.Mais ce n’est plus la crise de Libération. Un an après son sauvetage grâce à une recapitalisation menée par Patrick Drahi – le propriétaire de Numericable-SFR – et Bruno Ledoux, le titre emblématique de la gauche française veut faire de cette nouvelle maquette – larges photos, titres impactants – le premier signe visible de son renouveau.Du passé, table rase a partiellement été faite. 108 salariés ont quitté l’entreprise depuis un an, ramenant l’effectif à 180 (dont 130 journalistes). Des gardiens du temple du Libé historique sont partis, laissant une nouvelle génération s’installer aux commandes et quelques recrues rejoindre la rédaction.Lire aussi :Près de cent candidats au départ à « Libération »Le logiciel politique de cette équipe reste à découvrir, même si Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction, met en avant « ses valeurs d’indépendance, de critique mais aussi de proposition, exprimées par la devise qui sera désormais la sienne : “La liberté, ça s’invente” ».En revanche, son logiciel éditorial est plus clairement défini : Libération se veut désormais « un site qui publie un quotidien » et même un titre « mobile first », où les informations nouvelles sont publiées en première intention sur les supports numériques. Ce n’est pas encore le cas, puisque les nouvelles formules du site et de l’application mobile sont prévues pour « l’été ».A la reconquête du lectoratMais le quotidien s’affirme déjà comme celui qui va le plus loin, en France, dans la prise en compte de la production numérique. L’actualité de base est concentrée dans une rubrique unique, « Expresso », nourrie de petits modules largement inspirés du Web. Le reste du journal – où les rubriques ont disparu – ne se compose que de doubles pages consacrées à des sujets très anglés, de production originale.Tout cela a un prix : 2 euros (contre 1,80 précédemment). Cette augmentation est l’un des leviers du retour à l’équilibre d’exploitation, que M. Drahi a demandé pour 2015. Mais les sources de revenus restent à développer. En dépit d’un mois de janvier exceptionnel, à 126 000 exemplaires, les ventes du quotidien stagnent, aux alentours de 95 000 par mois. « Il faut reconquérir un lectorat », constate-t-on en interne.Les ventes numériques restent peu développées. Le journal travaille à relancer ses forums, qui apportaient avant la crise plus de 10 % du chiffre d’affaires. D’autres activités, comme la vidéo, pourraient suivre, mais restent suspendues à un nouvel investissement des actionnaires.L’intégration de « Libé » dans un groupe est l’autre grande affaire du moment. Altice Media Groupe France rassemblera également le Groupe Express-Expansion – pour lequel M. Drahi est en négociations exclusives – et la chaîne d’information i24 News.Bruno Ledoux sera présent pour environ 9 % dans AMG France, le reste étant détenu par AMG, une holding logée au Luxembourg, rassemblant les dirigeants opérationnels du groupe (Marc Laufer, Bernard Mourad) et M. Drahi. De premières synergies (mutualisation de certaines fonctions, possible déménagement de Libération au siège de L’Express) devraient être rapidement étudiées.Lire aussi :Un banquier à la tête de « L’Express » et « Libération »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Thierry Thuillier, le directeur de l’information de France Télévisions et directeur de France 2, a confirmé lundi 1er juin qu’il quitte le groupe public pour rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion personnelle. Il ne gérera pas les programmes de flux et le « clair », comme un temps évoqué.Dans les spéculations autour de l’équipe de Mme Ernotte, M. Thuillier était le cas le plus médiatique car l’information est un des points forts du bilan de Rémy Pflimlin, prédécesseur de Delphine Ernotte, et parce que c’est un domaine sensible. Plusieurs échos de presse ont soutenu que Thierry Thuillier - nommé comme l’équipe de M. Pflimlin sous Nicolas Sarkozy - était classé à droite par certains dans l’exécutif et qu’il pourrait perdre sa place de ce fait, à deux ans de la présidentielle.Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec le pouvoir en place étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Il s’est toujours voulu à distance du milieu politique et a défendu une information parfois « abrasive », par exemple dans le magazine Cash Investigation. Dans l’entourage de Delphine Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de ne pas travailler avec M. Thuillier et que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.M. Thuillier parti, on se pose la question de la suite à France Télévisions. Pour lui succéder circulent en interne quelques noms : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier il se « poserait la question » de son avenir.Consciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Delphine Ernotte ne pourra pourtant a priori pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut en principe pas négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants. Elle consulte largement, en interne et en externe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.05.2015 à 10h53 • Mis à jour le01.06.2015 à 10h47 | Joël Morio Le journaliste quitte RTL pour Europe 1 et sera remplacé par Olivier Mazerolle, qui revient quatorze ans après son départ.RTL avait juré qu’elle se tiendrait, cette saison, à l’écart du mercato des animateurs et journalistes après le transfert de Laurent Ruquier, venu d’Europe 1 lors de la rentrée 2014. C’est pourtant la station de la rue Bayard qui a ouvert le bal, écartant Jean-Michel Aphatie, qui, après douze ans passés à la première radio de France, rejoint justement Europe 1, la rivale historique.Ce départ n’est pas une surprise. Christopher Baldelli, le patron de RTL, avait provoqué l’étonnement en déclarant au Nouvel Observateur : « Léa Salamé a beaucoup de talent, c’est incontestable. Peut-être sera-t-elle un jour sur RTL. Je ne l’exclus pas. »Cette sortie flatteuse pour la journaliste qui officie sur France Inter était presque un affront pour Jean-Michel Aphatie (en concurrence frontale avec elle le matin avant 8 heures), qui, de surcroît, s’est récemment fait distancer en termes d’audience par sa jeune consœur. Christopher Baldelli a néanmoins souhaité saluer « la rigueur, l’indépendance et la pugnacité » du journaliste.Jean-Michel Aphatie écarté, RTL n’en a pas profité pour rajeunir son antenne puisque c’est Olivier Mazerolle qui, à la rentrée, aura la charge de l’interview politique du matin – il avait déjà pratiqué l’exercice entre 1995 et 2001 –, reprenant ainsi du service à… 72 ans. Age qu’il jugeait, en 2001, trop élevé pour que Philippe Bouvard continue à présenter les « Grosses Têtes ».Point de chuteAlors directeur général adjoint de RTL, il avait contribué à l’éviction du journaliste. Quatorze ans plus tard, la station semble désormais totalement guérie du jeunisme. « En nommant Olivier Mazerolle aux commandes de l’emblématique interview politique de “RTL Matin”, nous avons fait le choix d’un journaliste de référence, expérimenté et indépendant, qui apportera à RTL une véritable expertise en matière d’actualité politique », estime Christopher Baldelli dans un communiqué.Ce retour permettra-t-il de relancer une matinale qui, malgré l’arrivée d’Yves Calvi à la rentrée 2014, est au coude-à-coude avec celle de France Inter et progresse lentement ? RTL a décidé de ne prendre aucun risque en confiant l’interview politique à un professionnel rompu à cet exercice, mais ce choix manque sérieusement d’audace. Il est vrai que Jean-Pierre Elkabbach, la figure emblématique des interviewers politiques, fêtera ses 78 ans à la rentrée sur Europe 1.Rue François-1er, la mission de Jean-Michel Aphatie sera plus modeste car elle ne concerne pas le prime time de la radio, un moment crucial pour les revenus publicitaires d’une station privée. Le journaliste a pour mission de redynamiser «  Europe 1 Midi  » avec Wendy Bouchard, une tranche assez faible en termes d’audience.« Fabien Namias, toute l’équipe d’Europe 1 et moi-même sommes très fiers d’accueillir à Europe 1 un grand nom du métier. Renouant avec la tradition historique de la station depuis Jacques Paoli et André Arnaud, Jean-Michel, avec Wendy, fera d’“Europe 1 Midi” un grand magazine d’information, de société et de culture, marqué du sceau de la proximité, de la curiosité et de la liberté », a indiqué Denis Olivennes, le président d’Europe 1. Jean-Michel Aphatie est désormais assuré de trouver un point de chute à la rentrée, alors que son avenir au « Grand Journal » de Canal+ est très compromis.D’autres nominations à attendreDans les services politiques des radios, d’autres nominations sont à attendre. En partance pour la présidence de la chaîne parlementaire LCP, Marie-Eve Malouines va laisser en juin sa place de chef du service de France Info. La station a décidé de prendre son temps pour la remplacer : candidature interne ou externe, rien n’est encore décidé. Laurent Guimier ne veut pas se précipiter pour choisir celui ou celle qui aura la charge de couvrir la campagne présidentielle de 2017, qui devrait débuter dès le début 2016 avec la préparation des primaires à droite et peut-être à gauche.Une chose est sûre, le choix devrait se faire indépendamment de celui du futur chef du service politique de France Inter. Marc Fauvelle, l’actuel chef du service, aurait manifesté son désir de présenter le journal de 8 heures en remplacement de Mickaël Thébault.Un changement qui pourrait être lourd de conséquences pour la station, qui enregistre à cette heure-là un pic d’audience. Au cas où le vœu de Marc Fauvelle s’exaucerait (ce que ne confirme ni ne dément la chaîne), ce serait tout un jeu de chaises musicales qui s’enclencherait alors.RMC, pour sa part, n’a pas prévu de changements notables. Malgré l’avertissement envoyé par le CSA après son interview de Roland Dumas, Jean-Jacques Bourdin continuera d’être la star des matins de la station présidée par Alain Weil. Il réfléchit tout au plus à l’arrivée de nouveaux chroniqueurs dans sa tranche horaire, qui après des années de progression a marqué le pas lors des dernières mesures d’audience.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny L’animateur de télévision incarne l’émission « On n’est pas couché », carton d’audience sur France 2.A force de prendre des notes sur son smartphone, Laurent Ruquier en a cassé son écran. Malgré les sérieuses rayures qui lézardent l’appareil, l’animateur de l’émission « On n’est pas couché » (« ONPC ») continue de consigner sur son téléphone tous les sujets qui lui passent par la tête, ainsi que l’actualité politique ou les nouveautés culturelles qu’il lit dans les journaux chaque matin. « Je suis un grand consommateur de presse écrite, j’adore ça ! », dit l’animateur avec un sourire gourmand. « Une grande partie de ma vie professionnelle se trouve dans cet appareil », poursuit-il en montrant ses dernières trouvailles.Il faut dire que chaque jour de la semaine, il doit nourrir en informations « Les Grosses Têtes » sur RTL mais également préparer « ONPC », le samedi soir sur France 2. Deux cartons d’audience qui ont fait de lui « le roi des ondes » comme l’a baptisé récemment son ami Guy Carlier dans le magazine VSD. Bourreau de travail, Ruquier ne se contente pas de lire les journaux et d’animer des émissions. Il écrit aussi des pièces et gère le Théâtre Antoine à Paris où il programme de jeunes talents qu’il a découverts.C’est souvent au détour d’une page, d’un article ou d’une brève qu’il découvre un auteur ou un artiste qu’il invitera sous peu dans « ONPC ». « Ma curiosité ne s’émousse pas, je suis curieux de tout et j’ai le privilège de pouvoir choisir mes invités », pointe-t-il en soulignant que les bonnes audiences (autant sur RTL que sur France 2) le libèrent de toutes pressions.Deux millions de téléspectateursAvec près de 2 millions de téléspectateurs en moyenne chaque semaine, son talk-show de deuxième partie de soirée sur la chaîne publique a connu une progression constante depuis le lancement le 16 septembre 2006.A la rentrée, Laurent Ruquier entamera sa dixième saison. Un cas plutôt rare dans le monde audiovisuel où les émissions sont le plus souvent arrêtées au bout de quelques semaines faute d’audience. L’animateur a d’ailleurs connu cette situation en 1995 avec « Les Niouzes » sur TF1 qui a été stoppée net au bout d’une semaine ! Et, en 2014, lorsque France 2 est venu le chercher en catastrophe pour remplacer au pied levé Sophia Aram qui conduisait la chaîne au désastre avec son émission « Jusqu’ici tout va bien ». Mais son concept n’a guère convaincu les téléspectateurs.« France 2 nous a toujours laissé une grande liberté », souligne la productrice Catherine Barma qui, dans le passé, a produit les talk-shows de Thierry Ardisson et de Marc-Olivier Fogiel. « Le succès de « ONPC » est dû à Laurent Ruquier qui incarne totalement l’émission et qui est en phase avec la société », poursuit-elle. Et compare l’émission à un hebdomadaire d’actualités avec ses pages culturelles ou politiques « que le téléspectateur feuillette à sa guise ».Ainsi, au fil des années, l’émission qui dure près de quatre heures (une des plus longues de la télévision) s’est enrichie et structurée au point de transformer le talk-show initial en un espace où défilent celles et ceux qui ont quelque chose à vendre ou à dire.Buzz et réseaux sociaux« Mais ce n’est pas une émission de promotion avec renvoi d’ascenseur », prévient Laurent Ruquier, rappelant qu’il a choisi le titre de l’émission non pas en raison de sa longueur, mais dans le sens de « on n’est pas couché devant l’invité ». Tout le monde connaît la règle du jeu et rares sont ceux qui refusent de s’installer dans le fauteuil de l’émission. Même si chacun sait qu’il peut s’y faire démolir. Seuls les meilleurs survivent.Le rendez-vous est même devenu (presque) incontournable pour les éditeurs en tous genres qui cherchent à faire la promotion d’un livre, d’un film ou d’un album. Si, en plus, un peu de polémique s’invite sur le plateau, le succès est garanti.Grâce au relais des réseaux sociaux, les propos tenus dans « ONPC » et les clashs entre l’invité(e) et les chroniqueurs sont immédiatement commentés sur Twitter ou Facebook. Sans oublier, les reprises dans les journaux du week-end, voire avant la diffusion de l’émission enregistrée le jeudi, et dont les prises de bec les plus saignantes sont savamment distillées aux journalistes pour faire le buzz.Ce fut le cas, début mai, où le violent échange entre le chroniqueur Aymeric Caron et la journaliste Caroline Fourest, invitée pour parler de son dernier essai polémique Eloge du blasphème (Grasset), a fait débat dans la presse avant qu’il soit à l’écran.« Contrairement à ce que l’on dit, je ne cherche pas le clash », affirme Laurent Ruquier qui, après l’émission, a déclaré qu’il n’inviterait plus la journaliste « en raison de ses mensonges ». « On ne décide pas à l’avance pour savoir s’il y aura un accrochage. L’émission est enregistrée dans les conditions du direct et il y a ensuite un léger montage. Mais nous gardons presque tout. Comme dans la vie, je ne triche pas et j’ai surtout horreur de l’hypocrisie », poursuit-il.« Nous avons une liberté totale de parole et aucune de nos interventions n’est préparée ou décidée pour provoquer un clash », confirme Léa Salamé qui a rejoint la table des chroniqueurs au début de cette saison. « Je suis avant tout journaliste et non pas polémiste. Chacun dit ce qu’il pense dans la plus grande sincérité », poursuit-elle.« Un artisan qui aime le travail bien fait »Un point de vue partagé par la journaliste Audrey Pulvar, ancienne chroniqueuse de l’émission. « C’est une émission où l’on peut dire des choses librement et l’un des rares espaces de la télévision où il y a encore la possibilité de faire une longue interview politique », dit-elle en saluant le professionnalisme de Laurent Ruquier « un sacré bosseur, curieux et cultivé ».« Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues », insiste Catherine Barma qui fut à l’origine de la venue d’Eric Zemmour sur le plateau pendant cinq ans. « Je suis en total désaccord avec les idées de Zemmour, mais il a droit à la parole même si, comme je l’ai dit, je regrette d’avoir participé à la banalisation de ces idées-là. Je préfère que les journalistes aient un point de vue politique mais pas militant », affirme Laurent Ruquier.L’avenir ? « Entre la radio, la télévision et le théâtre, je n’ai pas le temps de m’ennuyer et je compte bien que ça continue le plus longtemps possible », dit-il avant d’ajouter : « Je reste avant tout un artisan qui aime le travail bien fait. A la radio, je m’amuse, à la télé, je me promène et au théâtre, je m’éclate. »Lire aussi :Aymeric Caron en finit aves les débats « saignants »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous A la télévision, protéger une idée ou un concept demeure un parcours du combattant.Le 18 mai, France 3 diffusait le premier numéro d’une émission musicale : « La Vie secrète des chansons ». Quelques jours avant, Fabien Lecœuvre, agent artistique, avait accusé la chaîne de lui avoir volé le concept qu’il avait proposé plusieurs mois auparavant et qu’il s’était vu… refuser. Une accusation démentie par France 3, qui a alors menacé d’attaquer Fabien Lecœuvre en diffamation.Ce genre de polémique est courant dans le monde de l’audiovisuel où « souvent, quand tu as des idées, tu te les fais piquer », expliquele producteur Alexandre Amiel, avant de conclure « c’est la vie de la télé ».Tenter de se préserver contre une culture du copier-coller dans un monde où tout le monde s’inspire de tout le monde : telle est la véritable difficulté que rencontrent en permanence les producteurs. « Une idée ne peut pas être protégée, le mécanisme de l’émission peut l’être », souligne Thierry Ardisson. Exemple : un format dans lequel des participants doivent trouver le titre de chansons (le fameux « blind-test ») ne peut être protégé, car pas assez formalisé. En revanche, si ce jeu s’appuie sur une narration singulière, une lumière spécifique, un décor identifié, un animateur précis… alors, il s’agit là d’un format en mesure d’être protégé.DissuasionPour ce faire, il suffit d’effectuer un dépôt (sous forme de courrier) aux organismes qui gèrent les droits d’auteurs comme la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), la Société civile des auteurs multimedia (SCAM), la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) ou encore l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Première exigence de cette démarche : être le plus précis possible dans la description du projet audiovisuel (scénario, sketch, générique, musique, synopsis de documentaire, un format).« Ce qui est peut être protégé, c’est la forme pas le fond, souligne Nicolas Mazars, juriste à la SCAM. Mais undépôt ne préserve pas de la malhonnêteté, comme une alarme sur votre voiture n’empêchera pas le vol. C’est dissuasif, mais il y a d’autres précautions à prendre. » Notamment savoir parler du concept tout en gardant une certaine confidentialité – ne pas l’ébruiter – ainsi que les traces écrites des différents échanges qu’il a entraînés… Pour autant, ces précautions ne sont pas totalement suffisantes. La création de l’œuvre doit être « originale et empreinte de la personnalité de son auteur, précise Xavier Près, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle. C’est très subjectif comme termes. »Ainsi, en cas de litige, le dépôt pourra démontrer l’antériorité du projet. « Mais le seul moyen d’être protégé, c’est de saisir les juges, eux seuls pourront déterminer s’il y a contrefaçon (terme juridique du plagiat) », note Hubert Tilliet, directeur des affaires juridiques de la SACD. Et comme dans le jeu des sept erreurs, les juges devront trouver les différences et les ressemblances entre les deux « œuvres ».Les producteurs ont presque tous le réflexe de déposer leurs idées de concept. Le coût s’élève d’une centaine d’euros à plus de 12 000 euros si l’on choisit de protéger son format dans plusieurs pays du monde. Ce que fait par exemple Thierry Ardisson, qui n’hésite pas à déposer à l’INPI une dizaine de noms par an. En 2008, il avait vendu le nom « XXI » aux fondateurs d’une future revue de grands reportages dirigée par Patrick Saint-Exupéry.Une solution inattendueLes procès pour contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme font « souvent l’actualité judiciaire », assure l’avocat Xavier Près. Endemol avait attaqué Alexia Laroche-Joubert, incriminant la productrice d’avoir « copié » dans son émission « Dilemme » les formats de « Loft Story » et de « Secret Story ». Une accusation qui a valu à la société de production d’être définitivement déboutée en 2013. Si les affaires de ce type ne manquent pas, elles trouvent parfois, grâce à de petits arrangements, une issue moins radicale. Comme ce fut le cas pour le conflit qui, en janvier 2003, opposa France 2 et M6 qui, toutes deux, avaient dans leur soute un jeu portant sur le code de la route que, chacune, voulait évidemment diffuser la première. Et c’est une solution pour le moins inattendue qui permit de sortir de ce dilemme : l’ordre de programmation se déciderait par… tirage au sort. Résultat : dans un bureau d’avocats, une main innocente tira France 2, qui put ainsi dégainer son jeu avant M6.Si entre eux, les producteurs ne se font aucun cadeau, il en va autrement avec les diffuseurs, plus difficiles à attaquer. Pourtant, les anecdotes ne manquent pas qui mettent au jour le comportement peu honnête de quelques rares chaînes historiques à l’égard des producteurs.« On commence à raconter notre concept à un responsable des programmes, puis en plein milieu de la conversation, il nous dit : “Ah, je t’arrête tout de suite, nous sommes en train de travailler sur le même genre d’émission, on va la faire en interne.” On comprend alors qu’on est en train de se faire piquer l’idée ; mais que faire, à part se fâcher avec la chaîne ? », raconte l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Délicat, en effet, pour les producteurs de se mettre définitivement à dos leurs clients. Car, comme le dit Ardisson : « On ne mord pas la main qui nourrit. »Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le29.05.2015 à 16h51 Le tribunal correctionnel d’Annecy (Haute-Savoie) a condamné, vendredi 29 mai, le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud, et son journaliste Dominique Rizet à payer des amendes de 10 000 euros chacun. Une peine prononcée pour avoir diffusé à l’antenne des photos de la tuerie de Chevaline. Egalement poursuivi pour avoir publié ces clichés, le directeur de la publication du Parisien, Jean Hornain, a été relaxé.M. Béroud et M. Rizet ont été reconnus coupables de recel de violation du secret de l’instruction. Ils ont en revanche été relaxés des délits d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre et de reproduction illicite d’une scène de crime.Les trois clichés incriminés montraient la famille au complet avant la fusillade et des scènes du crime de la tuerie de Chevaline. On y voyait la voiture des victimes et le corps de Sylvain Mollier, probable victime collatérale lors du quadruple meurtre.Diffusées en exclusivité à l’antenne de la première chaîne d’infos de France, les photos furent présentées et commentées par Dominique Rizet. Une plainte avait alors été déposée par les avocats de la famille de Sylvain Mollier.Lire : Tuerie de chevaline : une plainte déposée contre BFM-TVLe 5 septembre 2012, Saad Al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d’origine irakienne, sa femme, âgée 47 ans, et sa belle-mère, âgée de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.L’une des fillettes du couple Al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s’en était miraculeusement sortie indemne. Sylvain Mollier, lui, avait été abattu de plusieurs balles. 29.05.2015 à 03h27 • Mis à jour le29.05.2015 à 09h42 | Benoît Hopquin Scène de genre politico-médiatique, jeudi 28 mai, devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, chargée de la presse. Branle-bas même, de par la qualité des protagonistes. Etait étudiée devant les juges la plainte de François Fillon, ancien premier ministre, contre Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée, contre le journal Le Monde et lemonde.fr, contre les éditions Stock et contre deux journalistes de renom, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. François Fillon est présent à l’audience. Jean-Pierre Jouyet est en revanche absent, même s’il va être le personnage central de débats qui dureront plus de dix heures.Lire aussi notre décryptage : Tout comprendre à l'affaire Jouyet-FillonDans un long mais indispensable préambule, la présidente de la cour, Fabienne Siredey-Garnier, tente de camper les faits ou plutôt leur impossible entrelacs. Dans un livre, « Sarko s’est tuer », puis dans une série d’articles parus en novembre 2014, les deux journalistes évoquaient un déjeuner qui s’est tenu le 24 juin, entre Jean-Pierre Jouyet et François Fillon. Les deux hommes entretenaient des relations de proximité, M. Jouyet ayant été deux ans ministre des affaires européennes dans le gouvernement Fillon. Selon les deux journalistes, au cours de ce repas, il aura été question des affaires qui commençaient à éclore autour de l’UMP, et de l’une d’entre elles, plus particulièrement : le remboursement par l’UMP des dépassements de dépenses survenues lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. La magistrate rappelle le contexte de concurrence politique entre MM. Sarkozy et Fillon au sein de l’UMP, le tohu-bohu que provoqua la révélation du contenu de cette rencontre Fillon-Jouyet, le sentiment que l’ancien premier ministre tentait d’enfoncer son rival, le trahissait même.Fillon dénonce une « farce »Mme Siredey-Garnier lit ensuite le décryptage des dix minutes de conversation enregistrée par les deux journalistes lors de leur rencontre avec M. Jouyet, le 20 septembre 2014. Sans fioritures ni précautions oratoires, Jean-Pierre Jouyet y affirme que François Fillon lui aurait demandé de faire accélérer les procédures contre Nicolas Sarkozy, de « taper vite », de lui « casser les pattes » alors qu’était annoncé le retour de l’ancien président de la République dans la vie politique. La présidente évoque les démentis formels de M. Fillon qui ont suivi, les revirements de M. Jouyet qui dément à demi-mot puis confirme à demi-mot les propos. Elle tente de résumer les divergences entre les versions de cet épisode. En fait, elles différent en tout. Il n’est qu’une chose reconnue par tous : le déjeuner a bien eu lieu.Pendant cet exposé, François Fillon est resté marmoréen, le menton légèrement relevé, les joues parfois traversé de rougeurs agacées. Puis il prend la parole et lit une déclaration écrite sur une feuille blanche qu’il tient d’une main tremblante d’émotion. Il rappelle que c’est la première fois qu’il s’exprime ainsi, à la barre d’un prétoire. « Je ne peux supporter la manœuvre visant à salir mon honneur dont je suis victime. Je n’accepte pas une telle salissure ». Il réfute « l’attitude abjecte » qui lui a été prêtée. Il donne en gage « toute sa vie politique » : « Je n’ai jamais été mêlé à une affaire. Je n’ai jamais fait pression ou tenté de faire pression sur l’appareil judiciaire. Jamais je n’aurais pu solliciter une intervention contre le président de la République que j’ai accepté de servir malgré nos différences ». Il dénonce ensuite une « farce » : « J’aurais été remettre mon destin et mon honneur dans les mains de mes adversaires politiques ». Et de conclure : « Je n’accepte pas la victoire du mensonge et du calcul ».Après ce préambule, interrogé, relancé par la présidente sur les propos qui lui sont prêtés dans les enregistrements de Jean-Pierre Jouyet, François Fillon n’a qu’une réponse : « Ils sont inventés », trois fois il le répète. Il insiste : « Je n’ai jamais évoqué les affaires en cours dans ma famille politique ». Avant enfin de livrer le fond de sa pensée. « Je ne peux pas ne pas y voir le fait qu’il [Jean-Pierre Jouyet] était en service commandé. Ce n’est pas quelqu’un de maladroit ou qui n’aurait pas réfléchi à ce qu’il faisait ». Il se montre plus direct encore en évoquant « une affaire d’Etat », « une opération montée avec deux objectifs : me décrédibiliser et semer la zizanie dans ma famille politique ». La ligne de François Fillon et de ses avocats est tracée pour la journée, celle du complot visant à le détruire politiquement.« Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos »Il y avait un troisième protagoniste du déjeuner : Antoine Gosset-Grainville, qui joua les intermédiaires entre les deux hommes, organisa la rencontre, fort de ses bonnes relations avec l’un et l’autre. Le voilà justement qui est appelé à la barre comme témoin, celui qui paya l’addition de ce déjeuner chez Ledoyen. La voix est suave, les mots pesés au trébuchet mais catégoriques. « Aucun des propos que vous évoquez n’ont été tenus ». Le repas n’a porté que sur l’Europe, sur l’éventualité d’une candidature de Fillon à la tête d’une instance européenne : la rencontre devait sonder l’attitude qu’aurait l’Elysée dans une telle hypothèse.Les avocats de la défense lui font remarquer qu’à d’autres moments, il a affirmé qu’il n’y avait pas d’ordre du jour. Il s’enferre un peu, revient à l’essentiel : « le sujet des affaires n’a pas été évoqué », insiste-t-il encore, une fois, deux fois, trois fois. Plus hésitantes sont ses réponses quand on lui demande pourquoi Jean-Pierre Jouyet aurait affabulé devant les journalistes. « Il invente ? », insiste deux fois la présidente. Chaque fois, le témoin use de périphrases pour ne pas répondre. « Mensonge par omission », conclut un des avocats des journalistes, François Saint-Pierre. « Cela ne correspond pas à ce qui a été dit au déjeuner », dit une dernière fois le témoin avant de se retirer.L’audience tourne alors à une longue bataille de dates, calendrier contre calendrier. François Fillon assure n’avoir connu l’existence d’un risque pénal, lié au remboursement par l’UMP de dépenses qui incombaient au candidat Sarkozy, qu’après le déjeuner du 24 juin. Comment, alors, aurait-il pu en parler à ce déjeuner ? Les journalistes et leurs avocats tentent de démontrer que les menaces pénales étaient connues à l’UMP dès le 20 juin, donc avant le fameux déjeuner.Rappelés à la barre, les deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, nommés interlocuteur 1 et interlocuteur 3 sur les transcriptions du 20 septembre, défendent le sérieux de leur travail journalistique. Le matin, ils avaient déjà expliqué avoir vérifié l’information, multiplié les sources, quatre selon leur décompte, à l’UMP ou à l’Elysée. Ils ont par ailleurs envoyé à François Fillon des SMS, cinq au total, demandant des entretiens qu’ils n’eurent jamais. Ces SMS évoquant les affaires financières n’étaient pas assez explicites, ont rétorqué les avocats de la partie civile et François Fillon. « S’ils m’avaient précisé le sujet, j’aurais accepté. A aucun moment, les auteurs de ce livre m’ont contacté sur le déjeuner et les propos que j’y ai tenus ».Gérard Davet et Fabrice Lhomme se défendent d’avoir brisé le off et fait état d’une conversation qui n’avait vocation à être publiée, comme le leur a reproché Jean Veil, avocat de M. Jouyet. Ils détaillent les conditions de l’entretien, le 20 septembre, estimant notamment que la présence de deux téléphones en mode enregistreur ne pouvait être ignorée de leur interlocuteur. Ils expliquent comment cet entretien était passé par l’intermédiaire tout ce qu’il y a de plus officiel du service de presse. Les deux journalistes ont ensuite rappelé M. Jouyet pour les prévenir de la parution de cette histoire de déjeuner dans le livre, sans que M. Jouyet ne trouve à redire. « Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos. Je n’ai aucun regret », estime Fabrice Lhomme, ajoutant : « Je n’ai jamais violé de off ». « On a avancé en toute transparence », assure Gérard Davet.Lire aussi l'analyse (en édition abonnés) :Jean-Pierre Jouyet, l’ami qui parle tropJugement mis en délibéré au 9 juilletPuis sont enfin diffusées dans la salle les quelque dix minutes de la conversation entre M. Jouyet et les deux journalistes, largement à bâtons rompus. François Fillon écoute les propos du secrétaire général. Qu’a-t-il pu penser à cet instant, en entendant crûment Jean-Pierre Jouyet, un homme en qui il avait confiance, un ami sans doute, parler aussi crûment d’un rendez-vous censé être discret, voire secret ? M. Fillon rejoint-il à cet instant les pensées de son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, qui n’a pas hésité à comparer ce qu’il a entendu aux délateurs des années noires. « C’est glaçant », a estimé l’avocat. Pour ce dernier, il n’y a qu’une hypothèse plausible : « C’est une manipulation politique. On met le cataclysme à l’UMP. Ce qui n’était pas prévu, c’est que MM Davet et Lhomme décident de fracasser leurs sources ». « C’est une affaire d’Etat », poursuit-il, en donnant le nom de l’instigateur supposé : François Hollande. Puis Orly Rezlan, également avocate de M. Fillon, a attaqué le travail des journalistes du Monde, dénoncé leur « recherche du sensationnel ». « Ils n’ont réalisé aucune enquête », a-t-elle insisté. Plus tard : « Ils ont exécuté François Fillon avec une insoutenable légèreté ».La procureure Annabelle Philippe n’a retiré des débats qu’une seule certitude : « On ne sait pas ce qui s’est passé lors de ce déjeuner et on ne le saura jamais ». A ses yeux, même l’enregistrement fourni ne permet pas de savoir formellement ce qui s’est dit entre les deux hommes. Cela reste et restera parole contre parole. « J’ai du mal à qualifier l’enquête [des deux journalistes] de très sérieuse au regard des exigences de la jurisprudence », assure-t-elle. Mais la procureure estime que l’intérêt général de leur travail est évident tout comme leur bonne foi. Elle a donc requis « de ne pas retenir de responsabilités » pénales contre eux et contre Jean-Pierre Jouyet. Jean Veil, très discret toute la journée, a plaidé « la naïveté, la franchise et la transparence » de ce dernier. Appelé comme complice de la diffamation, il serait plutôt, aux yeux de son conseil, victime du « harcèlement et de la légèreté des journalistes », le plaçant « dans une situation extraordinairement déplaisante ».Premier défendeur des journalistes, Christophe Bigot a estimé que ceux-ci n’ont pas diffamé. Ils n’ont fait que décrire les mœurs politiques, telles qu’on les connaît. « François Fillon vient chercher un brevet de vertu devant la cour ». Marie Burguburu est allée plus loin dans cette démonstration. « Il n’y a procès que parce que les faits sont vrais et révélés de manière précise ». Pour l’avocate, François Fillon ne pouvait que réagir à ce dévoilement cru des manières politiques. « Politiquement, il était en danger. » François Saint-Pierre a enfoncé le clou. « S’il a voulu ce procès, c’est pour se justifier vis-à-vis des siens. C’était le moyen nécessaire pour lui de répondre aux accusations de son propre parti ». Mais, à ce moment, François Fillon a déjà quitté la salle. Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 9 juillet.Lire notre enquête : Fillon a sollicité l'Elysée pour accélérer les poursuites judiciaires contre SarkozyBenoît HopquinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 15h46 • Mis à jour le28.05.2015 à 15h54 Défendre la liberté d’expression et apporter leur soutien à l’un des leurs. Plusieurs centaines de lycéens ont manifesté, jeudi 28 mai, à Saint-Maur-des-Fossés dans le Val-de-Marne pour dénoncer les menaces de mort reçues par Louis. Elève dans cette commune et à la tête d’un journal scolaire, il a été pris pour cible pour avoir publié en janvier un numéro en hommage à l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.Quelque 300 à 400 manifestants, originaires de plusieurs établissements de la ville, se sont donné rendez-vous à 12 h 30 devant le lycée Marcelin-Berthelot à l’initiative de syndicats lycéens. Défilant derrière une banderole « Marche pour la liberté d’expression », ils ont rejoint le parvis de la gare du parc de Saint-Maur.« Liberté dans nos classes ! Ni censure, ni menaces ! », « Résistance contre la censure ! », ont résonné dans le cortège, où plusieurs personnes brandissaient des pancartes « Je suis Louis » en lettres blanches sur fond noir, sur le modèle de « Je suis Charlie ». Cinq membres de la rédaction de l’hebdomadaire participaient à ce rassemblement. Une chronique illustrée en soutien au lycéen a par ailleurs été publiée dans le dernier numéro de Charlie Hebdo.« Apolitique et non partisane »Dans les rangs du cortège, quelques rares professeurs de l’établissement de Louis. « Certains [de mes collègues] avaient peur de la récupération politique. Moi, je pense qu’il faut manifester avant que n’arrive quelque chose de plus grave », déclare une enseignante d’histoire-géographie. La mobilisation se voulait cependant « apolitique et non partisane », selon les syndicats à son origine.Louis, 17 ans, avait fait paraître le 22 janvier un numéro spécial de La Mouette bâillonnée, la publication de son établissement, en réaction aux attentats. Depuis, il a reçu sept menaces de mort, au lycée mais aussi à son domicile. Certaines ont même été accompagnées de balles.La rédaction de La Mouette bâillonnée avait fait savoir qu’elle ne participerait pas à la marche, pour des raisons de sécurité, mais aussi, car « les motivations du ou des harceleurs ne sont pas identifiées ».« Le risque, c’est que [toute cette histoire] se traduise par un repli, une peur du débat et une difficulté des journaux lycéens à publier », s’inquiète Matthieu Porte, président de l’association Jets d’encre, qui revendique fédérer 300 journaux lycéens en France. « Cette presse est amateur mais n’est pas une sous-presse. Un lycéen rédacteur en chef n’est pas irresponsable, mais un citoyen déjà actif. »A lire également : Pour les lycéens caricaturistes, l'esprit « Charlie » demeure Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les affaires Mathieu Gallet et Agnès Saal ont convaincu le ministère de la culture d’agir pour éviter toute nouvelle révélation concernant les dépenses des dirigeants d’établissements publics, potentiellement désastreuse dans l’opinion. Mercredi 24 avril, une « instruction pour la maîtrise et la transparence » de ces dépenses a été transmise aux 75 établissements culturels et audiovisuels publics.Cette instruction est le fruit d’un travail engagé dès le mois de mars et confié à l’Inspection générale des affaires culturelles (IGAC). Celle-ci a adressé un questionnaire aux établissements pour leur demander d’exposer leurs règles en matière de dépenses et les procédures de contrôles dont elles font l’objet.Après cet état des lieux, l’IGAC a rédigé un document dont l’objet est de rappeler et de rassembler les règles existantes, et parfois de les harmoniser. La circulaire ne se substitue pas aux décisions des conseils d’administration, à qui il appartient de fixer éventuellement les montants de dépenses autorisées. Mais elle fixe un cadre. Ainsi, en matière de taxis, pour l’utilisation excessive desquels Agnès Saal a dû démissionner de l’INA, le texte préconise qu’un plafond annuel soit établi.90 000 euros de taxis au total pour Agnès Saal à BeaubourgActuellement visée par une enquête préliminaire ainsi qu’une procédure disciplinaire, Mme Saal va également voir épluchées ses notes de taxis au Centre Pompidou, dont elle était directrice générale, de 2007 à 2014. Le ministère a précisé qu’elle y avait généré 38 000 euros de facture entre janvier 2013 et avril 2014. Et pour l’heure, les enquêteurs ne sont saisis que sur ce montant, précise-t-on de source judiciaire.Selon nos informations, comme l’a écrit Le Figaro, le total s’élève sur sept ans à près de 90 000 euros. Précision importante : ce montant inclut les courses légitimes à but professionnel, la TVA et les frais de gestion. Et correspond, entre 2007 et 2013, à une moyenne de 15 000 euros par an, ce qui est inférieur aux montants ultérieurs, dont les 40 000 euros dépensés en dix mois à l’INA.Mathieu Gallet s’est lui vu blanchi par l’inspection générale des finances sur ses dépenses à Radio France, où on lui a reproché les frais de rénovation de son bureau. Mais une enquête préliminaire été ouverte pour favoritisme sur les prestations de conseils extérieurs à l’INA.Lire aussi :Le souhait d’« exemplarité » du gouvernement a eu raison d’Agnès SaalIsoler les dépenses des dirigeantsPour prévenir les dérapages, le ministère propose que les dépenses des dirigeants soient précisément isolées dans la comptabilité générale. Il est fréquent que les frais des dirigeants soient intégrés dans des analytiques financiers plus larges, qui ne permettent pas de les contrôler précisément. Ces dépenses seront désormais isolées, plus facilement contrôlables et publiées dans le rapport d’activité de chaque établissement, argue le ministère.Outre les frais de déplacements, de réception, de logement etc., l’instruction concerne également des dépenses comme les frais d’études et de conseils, ceux pour lesquels une enquête relative à la présidence de Mathieu Gallet à l’INA est en cours.Lire aussi :Le CSA dans le piège de l’affaire GalletAu ministère de la culture, on insiste sur les principes d’« exemplarité » et de « transparence » désormais attendus des dirigeants publics, dont l’image a été entamée par les affaires récentes. En parallèle, l’IGAC travaille à un état des lieux qui devrait aboutir prochainement, afin de ne laisser perdurer aucune situation problématique.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.06.2015 à 19h34 • Mis à jour le23.06.2015 à 21h01 | Alexandre Piquard Les sanctions infligées aux médias par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour le traitement des attentats de janvier ne passent toujours pas. Selon nos informations, la plupart des chaînes et radios qui avaient contesté leurs mises en demeure et mises en garde ne désarment pas, malgré le rejet de leur recours gracieux par l’autorité, le 1er juin. La semaine dernière, France Télévisions, BFM-TV et RMC, France 24 et RFI, RTL et Europe 1 ont déposé chacun un recours au Conseil d’Etat contre les décisions du CSA. Selon ce dernier, des personnes avaient été mises en danger et le travail des forces de l’ordre gêné.« C’est un enjeu majeur pour la liberté de travail des journalistes de service public, dont l’information est une des missions centrales », explique-t-on à France Télévisions, résumant le sentiment d’autres médias concernés. « La volonté est d’avoir un éclairage juridique sur le fond, pour l’avenir, et d’avoir un cadre légal précisé au regard de l’évolution des médias et de l’information en continu », ajoute-t-on à France Médias Monde (France 24, RFI…). Les chaînes et radios se défendent de toute action procédurière ou corporatiste.Le cas particulier de l’assaut à Dammartin-en-GoëleLe 11 février, l’institution dirigée par Olivier Schrameck avait sanctionné pas moins de 36 « manquements » divers. Certains étaient des défauts de « respect de la dignité humaine », comme dans le cas de la diffusion d’extraits de la vidéo amateur d’un policier abattu par les frères Kouachi.D’autres ont été considérés comme des atteintes à « l’ordre public » : par exemple « la diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes », ou « la diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ».Dans leurs recours auprès du Conseil d’Etat, les médias concentrent leur argumentation sur une sanction particulière : celle visant « l’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la porte de Vincennes ». « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », avait écrit le CSA.L’ordre public, une notion trop vague ?Il ne s’agit pas de faits avérés mais d’un risque potentiel. Le CSA considère a priori qu’il aurait pu y avoir un trouble à l’ordre public, arguent les médias concernés. A BFM-TV et RMC, ainsi qu’à France Télévisions, notamment, le recours repose sur le raisonnement suivant : la liberté d’expression définie par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme ne peut être restreinte que par des références à des infractions pénales précises (par exemple la provocation à la haine raciale, le négationnisme…). Et donc pas par une interprétation par le CSA du concept, vague, d’ordre public, cité à l’article 1er de la loi sur l’audiovisuel de 1986.« Le risque est de nous contraindre à demander au ministère de l’intérieur si une information peut porter atteinte à l’ordre public. Est-ce légitime ? C’est un problème de fond », estime-t-on à RTL. Lors du début de l’assaut à Dammartin-en-Goële, les journalistes étaient témoins directs, comme d’autres riverains, ajoute-t-on. Aucune consigne n’avait été donnée sur cette information aux médias par les forces de police, ajoute-t-on à France Télévisions.« On ne veut pas que la liberté de la presse soit réduite a priori. Il y a en France des lois pour que le juge tranche a posteriori », renchérit RTL. Plusieurs médias s’inquiètent d’une « insécurité juridique » qui pourrait mener à de « l’autocensure » et réclament un cadre au Conseil d’Etat.« Distorsion de concurrence » avec les réseaux sociaux et les sites de médiasContacté, le CSA ne souhaite pour l’instant pas réagir, ne disposant pas du contenu des recours déposés. « Nous ne sommes pas donneurs de leçons », s’était défendu Olivier Schrameck dans Le Figaro. « Il ne s’agit pas de distribuer des sanctions pour l’exemple. L’hommage que j’ai rendu aux médias pour leur rôle dans la prise de conscience collective, je le réitère », avait-il ajouté, tout en reconnaissant la « portée préventive » des sanctions.Enfin est pointée une « distorsion de concurrence » défavorable aux chaînes de télévisions et aux radios, soumises au CSA. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, mais aussi les sites internet de médias, qui ont pour la plupart couvert les événements en direct, ne dépendent eux pas de cette autorité. « Si une information est diffusée ailleurs mais que nous devons la taire, il risque de s’installer une défiance de nos spectateurs, qui seront tentés de s’informer à d’autres sources. Alors que nous sommes justement garants d’un professionnalisme de l’information », estime-t-on à France Télévisions, rappelant que l’entreprise a un code de déontologie.M. Schrameck avait reconnu le « problème » : « Nous avons d’un côté un champ médiatique qui est très précisément régulé et de l’autre un champ numérique qui ne l’est pas ou très peu », avait-il dit au Figaro, renvoyant la question au législateur.« Prise de conscience commune » et prudenceCes débats et ces recours interviennent dans un contexte particulier : le CSA voit son action contestée sur plusieurs points et le Conseil d’Etat a notamment cassé sa décision contre le passage en gratuit de LCI et Paris Première. Les médias concernés, eux, restent prudents dans leur expression, car ils dépendent tous de l’autorité pour diverses décisions, à l’image d’une BFM-TV qui espère ne pas voir arriver une troisième chaîne d’information en continu sur la TNT.« Il y a eu une prise de conscience commune aux médias d’information qui ont été sanctionnés, explique pourtant l’un d’eux. Ce CSA-là a pris une tournure inattendue, alors qu’Olivier Schrameck avait dit à son arrivée qu’il voulait être davantage régulateur que censeur. »Mais les médias en continu savent aussi que la bataille de l’opinion n’est pas forcément gagnée et que la couverture des attentats, dont la plupart sont fiers, a suscité des critiques. « Le climat d’insécurité et d’attaques terroristes nous fait accepter des choses qu’on aurait refusées autrement », regrette un dirigeant. Après avoir invité les médias à un débriefing ouvert, le CSA a pris en compte dans ses sanctions l’émotion du « public » : « Dans un premier temps, il veut tout savoir, mais très curieusement, très vite, il a lui-même réagi, ayant le sentiment que tout ne peut pas être dit ou montré », avait dit Nicolas About, membre du CSA, sur Europe 1.Fleur Pellerin avait, elle, apporté son soutien aux décisions : « Le CSA est dans son rôle, il doit réguler l’audiovisuel », avait déclaré la ministre de la communication. Tout en promettant un cadre « plus clair » à l’avenir.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La rationalisation des directions est en marche au sein des titres de presse récemment acquis par Altice Media Group, contrôlé par le magnat du câble Patrick Drahi. Samedi 20 juin, Presse News a annoncé le départ de Corinne Pitavy, directrice générale de L’Express Roularta. Lundi 22 juin, c’est François Moulias, co-gérant de Libération, qui a annoncé qu’il partirait, fin juillet.Ces deux managers seront remplacés par un seul et même homme : Marc Laufer, qui va cumuler la présidence du groupe L’Express, la co-gérance de Libération et la direction générale d’Altice Media Group France. Le modèle est celui d’une direction financière centralisée, chapeautant des directions éditoriales par titre (Christophe Barbier à L’Express, Laurent Joffrin et Johan Hufnagel à Libération).Les choses ne seront toutefois pas parfaitement symétriques. A L’Express, M. Laufer assurera la direction opérationnelle de l’entreprise. Par contre, à Libération, il s’appuiera sur Pierre Fraidenraich, qui voit donc ses responsabilités s’élargir, même si la direction juridique restera incarnée par M. Laufer et Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction.Parfaitement inconnu lors de son arrivée à Libération, en janvier 2014, François Moulias quitte donc le quotidien. On comprend qu’il n’a pas choisi cette issue. Mais elle semblait inéluctable dès lors que son allié Bruno Ledoux ne détient plus que 9 % du capital, après avoir été un des actionnaires principaux.Syndrome de StockholmInvesti par Bruno Ledoux de la mission de sauver l’entreprise, arrivé peu de temps avant la mobilisation « Nous sommes un journal » de février 2014, François Moulias aura finalement mené à bien sa mission, en permettant à l’entreprise d’être recapitalisée, tout en conduisant un plan social très sévère et en négociant avec l’imprimeur, les syndicats, l’Urssaf…« Le tour de table a été restructuré, le plan social est terminé, la rédaction est réorganisée, une nouvelle formule vient de paraître, un nouveau site est en préparation et les ventes sont supérieures au budget depuis le début de l’année, a-t-il énuméré dans un message interne annonçant son départ. Cela a été extrêmement compliqué mais nous y sommes arrivés, ensemble. Même les ascenseurs fonctionnent mieux ! Enfin, Libération sera bénéficiaire cette année, après une perte abyssale en 2014. »Cet ancien publicitaire, également passé par l’immobilier et le négoce de vin, en a tiré quelques convictions sur le secteur de la presse. « Quand on arrive dans le secteur, on se dit qu’on est chez les fous, sourit-il. Tout est très contraint : la convention collective des journalistes qui est un frein à l’embauche, les prix d’abonnements contrôlés par l’OJD, la dépendance aux aides publiques… Tout le monde répète qu’il faut changer de modèle, mais rien n’est fait pour ! »Il répète qu’il ne garde aucun ressentiment envers l’équipe et l’« agressivité » qui a pu lui être témoignée et conclut son mail de départ d’un « très amicalement ». Dans la rédaction, on admet « un léger syndrome de Stockholm ». « C’était un interlocuteur fiable », pointe un journaliste. Dans un communiqué, mardi soir, les élus de Libé ont souhaité « la présence d’un directeur général et d’une gouvernance stable et distincte des autres titres d'Altice Media Group afin d'éviter une confusion éditoriale et managériale préjudiciable pour Libération. » Lire son portrait : François Moulias, l’inconnu de « Libération » Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.06.2015 à 16h28 • Mis à jour le22.06.2015 à 16h43 La chaîne de télévision Al-Jazira a annoncé, lundi 22 juin, la libération de l’un de ses présentateurs vedettes, Ahmed Mansour. L’homme, qui possède la double nationalité égyptienne et britannique, avait été arrêté samedi à l’aéroport de Berlin, à la demande de l’Egypte.Lire aussi :Un journaliste vedette d’Al-Jazira arrêté en AllemagneCe journaliste célèbre pour sa proximité avec les Frères musulmans, serait accusé, selon la police allemande de « plusieurs délits ». La justice égyptienne, qui l’avait jugé par contumace en 2014 pour avoir, selon elle, torturé un avocat sur la place Tahrir à l’hiver 2011, durant la révolution ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak, l’a ­condamné à quinze ans de prison. M. Mansour qualifie pour sa part ces accusations d’« absurdes ».« Nous saluons la décision du procureur allemand » concernant la libération d’Ahmed Mansour et l’abandon de toutes les accusations retenues contre lui, a aussitôt réagi un porte-parole de la chaîne qatarie, Hareth Adlouni.Al Jazeera's Ahmed Mansour has been released without charge - @aljazeera statement to follow shortly.— AlJazeera (@Al Jazeera PR)require(["twitter/widgets"]);Depuis le renversement en juillet 2013, par Abdel Fattah Al-Sissi, alors chef de l’armée, de Mohamed Morsi, le président égyptien issu des Frères musulmans, Al-Jazira est dans le collimateur des autorités cairotes. La chaîne reste perçue par l’Egypte comme un porte-voix du Qatar, favorable au mouvement des Frères musulmans. Trois de ses journalistes, déjà accusés de complicité avec la confrérie, avaient été arrêtés en décembre 2013. L’Australien Peter Greste avait dû attendre le mois de février 2015 pour être relâché et renvoyé dans son pays, sur décret présidentiel. Ses deux compagnons, également libérés, sont en attente d’un nouveau procès. Alexis Delcambre « Les Échos vont bien, mais nous devons sans relâche innover. » Pour le PDG du groupe d’information économique, Francis Morel, c’est dans cette dynamique que s’inscrit l’annonce, lundi 22 juin, du lancement d’une plate-forme numérique de services aux entreprises, lesechos-solutions.fr.Partiellement financée par le fonds Google - à hauteur de 2 millions d’euros environ sur un budget total de 4 millions environ -, cette plate-forme rassemble les offres de services destinées aux entreprises actuellement proposées par le groupe : dépôt d’annonces légales, consultation d’appels d’offres, études de marché, outils de communication… L’ambition est d’en faire une plate-forme que les entreprises privilégient pour réaliser une partie de leurs démarches.La cible, ce sont ces 3,8 millions de décideurs économiques, que le groupe considère comme son bassin naturel. « Nous devons être le premier groupe d’information et de service pour les entreprises », résume M. Morel. Leur proposer des contenus ou des services relève selon lui d’un même mouvement et est cohérent avec l’engagement « pro business » du titre, que rappelle Christophe Victor, directeur général délégué du groupe.Le développement de cette plate-forme est aussi emblématique de l’évolution rapide du modèle d’affaires des Échos, l’un des titres qui tire le mieux son épingle du jeu de la transition numérique. Les services contribuent ainsi actuellement pour 31 % au chiffre d’affaires du groupe, contre 12 % en 2011 (la publicité réalise 30 % et la diffusion des contenus 39 %). Le groupe souhaite atteindre, en 2018, 50 % de chiffre d’affaires généré par les services.Réalisation de contenu pour les marques (avec Les Échos Publishing), organisation de salons comme Le Salon des Entrepreneurs (avec Les Échos Events), études de marché avec Les Échos Études, etc : le groupe a multiplié les pas de côté à partir de son métier d’origine, l’information économique et financière. Celle-ci pourrait donc devenir, à moyen terme, une part minoritaire de l’activité - sur le modèle du groupe allemand Springer par exemple.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.06.2015 à 02h37 • Mis à jour le20.06.2015 à 11h36 Twitter a annoncé, vendredi 19 juin, l'expérimentation d'un nouveau service permettant d'insérer dans le flux des utilisateurs des messages sponsorisés pour des « produits et des lieux », afin de doper son chiffre d'affaires.« Nous commençons l'expérimentation avec un petit nombre de produits et de lieux », a indiqué Amaryllis Fox, chef de produit du réseau social, dans un message posté sur un blog officiel. « Pendant que nous effectuons cet essai, vous êtes susceptibles de voir dans votre flux des pages et des groupes de pages qui sont partagés par des prescripteurs et des marques », a-t-elle déclaré.Un bouton « acheter »Cette initiative permettra d'élargir la plate-forme de messages au-delà des simples tweets en proposant un accès à des informations complémentaires sur des produits et, dans certains cas, un bouton « acheter ». « Nous avons invité un groupe de personnes influentes à partager certains de leurs endroits et objets favoris », a expliqué Mme Fox.« Vous serez en mesure de parcourir des collections présentées par des personnes qui vous tiennent à cœur et d'avoir davantage d'informations sur les produits et les endroits que vous trouvez intéressants. » Cela pourrait consister en des messages de la chaîne HBO promouvant sa série télévisée Game of Thrones ou des messages de l'actrice Reese Witherspoon concernant sa ligne de vêtements, a-t-elle cité à titre d’exemples.Trouver des nouveaux relais de croissanceTwitter, qui tente de trouver de nouveaux relais de croissance, se cherche un nouveau directeur général depuis l'annonce de la démission de Dick Costolo, le 11 juin. Il était depuis cinq ans aux commandes du groupe, et était soumis à une intense pression des investisseurs pour augmenter le nombre d'abonnés et le chiffre d'affaires du réseau social.Selon les dernières données disponibles, Twitter compte environ 300 millions d'utilisateurs actifs, mais sa croissance est à la traîne par rapport à d'autres réseaux sociaux, et les bénéfices se font toujours attendre depuis sa création, en 2006. Il n'a attiré que moins de 1 % des 145 milliards de dollars dépensés dans le monde cette année en publicité sur support numérique, selon la société spécialisée eMarketer.Lire aussi :En panne de croissance, Twitter se sépare de son patron 18.06.2015 à 15h12 • Mis à jour le18.06.2015 à 16h14 Et de trois… pour ces derniers jours en tout cas. Car pour le reste, compter les victimes des dénonciations mensongères déclenchant des interventions des forces de l’ordre devient difficile. Dans la nuit de mercredi 17 au jeudi 18 juin, le directeur de la publication de Politis, Denis Sieffert, a reçu à son domicile la visite de la police, alertée par téléphone qu’il s’y déroulait un cambriolage avec séquestration, raconte au Monde la direction du magazine. Trente minutes plus tard, policiers et pompiers sont arrivés au siège du journal où, soi-disant, le directeur retenait sa femme avec l’intention de la tuer. Ils ont brisé une vitre pour y pénétrer, avant de réaliser que les lieux étaient vides.Surnommée « swatting », la technique ressemble en tout point à un des modes opératoires utilisés par le hacker franco-israélien sioniste Ulcan, que M. Sieffert venait d’évoquer dans un édito paru mercredi.Lire Cinq questions sur Ulcan, le hacker franco-israélienRecrudescence de « swatting » ces derniers joursAu cours de la même nuit, Pierre Haski, le cofondateur de Rue89 a vu arriver chez lui le SAMU, les pompiers et des policiers de différentes unités : quelqu’un avait appelé pour dire que « j’avais poignardé ma femme, et – variante fantaisiste par rapport à la précédente fois – que j’avais ouvert le gaz dans l’immeuble », raconte-t-il dans un billet.La veille, Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, a connu pareille mésaventure : « Le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police. » Résultat ? « Trente policiers de la BAC déployés dans l’escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires, une procureure adjointe, mes voisins réveillés au cœur de la nuit », relate le journaliste, qui était absent.Pourquoi Arrêt sur images a-t-il été visé ? Il avait évoqué le jour précédent une autre victime d’une de ces dénonciations malveillantes : Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Le 9 juin, ce leader d’une organisation propalestinienne raconte avoir « été plaqué au sol, tutoyé, insulté, menotté avec des menottes qui vous blessent les poignets et se resserrent dès que l’on bouge » car le Raid a pénétré son appartement. D’autres militants ont également reçu des visites policières nocturnes ces derniers jours : Jean-Claude Lefort, ex-président de l’association France-Palestine Solidarité, qui était absent, raconte Politis, et deux autres membres de l’UJFP, comme l’écrit Arrêt sur Images.Usurpation de numéro téléphonique et « contre-appel »Un point est important pour comprendre pourquoi les forces de l’ordre interviennent, alors que ces personnes n’ont absolument rien fait et ne sont pas défavorablement connues – sans parler du fait que la technique du swatting utilisée notamment par Ulcan fait déjà l’objet d’enquêtes : selon plusieurs témoignages, le malfaiteur prend le contrôle de la ligne téléphonique de sa victime. Ce qui est susceptible de crédibiliser beaucoup son appel aux forces de l’ordre.Cela va plus loin : dans le cas de M. Stambul, les policiers « ont effectué un “contre-appel” », a expliqué le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez, à l’AFP. Ils ont donc rappelé le numéro – qui correspondait bien à celui de M. Stambul – « et sont retombés sur le même individu, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte » et qu’il attendait la police « avec un fusil », a raconté le préfet. « C’est ce contre-appel qui a déclenché l’opération du Raid » a expliqué le représentant de l’Etat, selon lequel « de mémoire, c’est la première fois » qu’un pirate « répond à un contre-appel ».Deux informations judiciaires et de nombreuses plaintesSur le fond, la question se pose de l’impunité d’Ulcan, parfois aussi appelé Violvocal et dont le vrai nom est Grégory Chelli. S’il n’est pour l’heure pas prouvé qu’il est responsable des interventions de ces derniers jours, le militant a fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes, liées au piratage, en 2014, de Rue89. Et aux appels malveillants ainsi qu’au swatting dont a été victime le père du journaliste de Rue89 Benoît Le Corre, auteur d’un portrait d’Ulcan.« Cela a entraîné le décès de son père », n’hésite pas à écrire M. Haski. Thierry Le Corre était quelques jours plus tard tombé dans le coma, avant de décéder. Rue89 publie ce jeudi un rapport d’expertise médicale selon lequel « le stress a été un facteur déclenchant direct et certain, révélant son état antérieur » d’hypertension artérielle.Le parquet de Paris a ouvert début octobre 2014 une information judiciaire, notamment pour « violences volontaires », distincte de celle ouverte début août sur des actes de piratage informatique revendiqués par Ulcan, rappelle l’AFP.Lire : Qui est le hackeur sioniste soupçonné d’avoir piraté Rue89 ?De nombreuses plaintes ont été déposées, dont récemment celle de Stéphane Richard, le PDG d’Orange, touché par une polémique sur la présence de l’opérateur en Israël. Le dirigeant a porté plainte contre X pour « menaces de mort » et appels à la haine contre lui et certains de ses proches. Il avait reçu des centaines d’appels d’insultes mais aussi de menaces précises, après que ses coordonnées ont été diffusées sur Internet.Appel aux autorités françaises et israéliennesSi M. Chelli n’est pas pour l’heure inquiété, pointent certaines victimes, c’est parce qu’il est installé en Israël, à Ashdod a priori. La justice française agit « à son rythme, c’est-à-dire lentement, handicapée par l’absence de traité d’extradition entre la France et Israël, regrette M. Haski, de Rue89. Mais surtout, elle agit, ou n’agit pas, dans un contexte marqué par l’absence de signal politique du gouvernement français. » Les autorités israéliennes, pour leur part, « tout en affirmant leur disponibilité à aider la justice française, n’ont pas non plus levé le petit doigt pour faire cesser ces agissements », ajoute le journaliste. 20Minutes.fr évoque un cas d’extradition d’un franco-israélien vers Israël mais rappelle la nécessité d’une volonté politique.« Il est grand temps que le ministère de l’intérieur s’exprime sur ces affaires, renchérit Denis Sieffert de Politis. Qu’est-ce qui est fait en direction du gouvernement israélien ? Une enquête a-t-elle été diligentée pour savoir à quel niveau le dénommé Ulcan bénéficie de complicités qui apparaissent de plus en plus évidentes ? » Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) et Pierre Lescure (ancien président de Canal+) La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il se confirme, s’accélère et se radicalise : la télévision est de plus en plus délaissée, surtout par les plus jeunes qui plébiscitent tous les écrans, sauf celui que l’on surnommait naguère, avant l’arrivée des tablettes et smartphones, le « petit écran ».Selon une étude du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) réalisée en décembre, un jeune passe en moyenne une heure trente devant la télévision par jour, tandis que la plupart des Français la regardent quotidiennement près de trois heures quarante-cinq. Les plus connectés ne s’en équipent parfois même plus. Le « petit écran » a trouvé plus petit, plus pratique et surtout plus agile que lui.On se trompe de cibleOn rejette la faute sur les chaînes et leurs programmes, qui seraient inadaptés aux nouvelles attentes du public. On se trompe de cible. En réalité, la richesse et la qualité des offres sont inouïes. L’arrivée de nouvelles chaînes, gratuites et payantes, a permis de démultiplier l’offre, de l’enrichir considérablement. Ce ne sont pas tant les contenus télévisuels qu’il faut mettre en cause, mais leur mode de distribution. Les contenus en ligne ne sont pas plus pertinents que ceux diffusés à la télévision, ils sont mieux mis en valeur et surtout plus facilement accessibles.Le fait est que la télévision n’a pas évolué dans la façon dont les chaînes et leurs programmes sont mis à la disposition du public. Le poste et sa télécommande ne sont plus adaptés à l’explosion des contenus. Et encore moins à celui des nouveaux usages.Le zapping, inventé à trois chaînes, devenu ludique à six (c’est à ce moment qu’est née l’émission éponyme), quasi sportif à douze, est devenu impraticable à vingt-cinq et carrément ridicule à cent cinquante ou deux cents. Les box et les fabricants de TV ont beau améliorer leurs interfaces, rien n’y fait. Les chaînes, superposées les unes aux autres comme un mille-feuille, s’asphyxient. Quant aux EPG (electronic program guides, la fameuse « grille des programmes »), ils sont devenus indigestes.Mal valoriséeParallèlement, les plates-formes nées à l’ère d’Internet, telles que YouTube, Dailymotion ou Netflix, ont donné de nouvelles habitudes. Elles prônent l’immédiateté, l’accessibilité, le partage, la maîtrise du temps, la mobilité, l’interactivité. Revenir au poste devient même un effort.Alors, trop dense la télévision ? Non, mal valorisée. Un vrai gâchis quand on sait que les chaînes investissent chaque année pour la seule TNT gratuite près de 3 milliards dans les programmes. Programmes qui, pour beaucoup d’entre eux, ne rencontrent pas leur public, faute d’y avoir facilement accès ou, pis, d’avoir même connaissance de leur existence. Or, un programme que personne ne regarde est un programme qui n’existe pas, et qui finit par disparaître. La déperdition est énorme. On gaspille la télévision !La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. On ne peut nier les efforts faits pour tenter de s’adapter aux nouveaux modes de consommation, marqués par la mobilité et la délinéarité, et mettre un terme à une « télévision de contraintes », de lieu et de temps. La télévision de rattrapage, le « replay », et même le direct sont proposés depuis les applications développées par les chaînes et les box.Ces « applis » fonctionnent, y compris auprès des jeunes. Mais elles sont insuffisantes face aux offres nées de l’Internet, pas toujours respectueuses de l’écosystème. Elles imposent le cloisonnement entre les chaînes et renforcent le morcellement des programmes. Un peu comme si, à l’époque du zapping, il fallait changer de télécommande, voire de poste, pour passer d’une chaîne à l’autre. Qui peut croire, dès lors, que ces applications assurent, à elles seules, le futur de la télévision dans son ensemble ? Il ne suffit pas de rendre les contenus audiovisuels accessibles via Internet pour affirmer que la télévision est entrée dans l’ère d’Internet.Comportements numériquesEn vérité, si l’on veut que ceux qui détiennent le sort de la télévision – les digital natives – daignent lui accorder toute l’attention qu’elle mérite, il faut que la distribution audiovisuelle embrasse les comportements numériques d’aujourd’hui. Le succès des grandes plates-formes du Net ne s’explique pas tant par la qualité de leurs programmes que par leur capacité à offrir une nouvelle forme d’expérience.Cela signifie que la télévision doit, certes, assurer les moyens de l’ubiquité de ses contenus, mais aussi leur agrégation, leur accessibilité, leur émergence. Il faut remettre au centre le formidable investissement des chaînes pour leurs publics. Une linéarité des programmes dans la délinéarisation de l’accès, redonnant le sens de l’instant présent, l’instant télévisuel, reliant les téléspectateurs entre eux de manière organique.Il fut un temps, encore pas si lointain, où la télévision créait le lien entre les individus. On commentait le matin les programmes vus la veille. Il s’agit de renouer avec cette dimension collective qui fait la société, en redonnant à la télévision sa place de liant entre les individus avec les outils d’aujourd’hui. Tout le monde a à y gagner : le public bien entendu, mais aussi les chaînes, les producteurs, les annonceurs… Ce mode de diffusion donne à voir la télévision dans toute sa diversité et son excellence.Non, l’Internet ne va pas tuer la télévision, bien au contraire ! Il est une chance pour elle de connaître un renouveau, une nouvelle étape de son développement, dans un écosystème qui peut être respectueux et vertueux. Une opportunité de lui offrir les conditions de sa mise en valeur et les moyens de sa pertinence, gages de sa survie. Si l’industrie ne le fait pas, le public tranchera.Jean-David Blanc et Pierre Lescure devaient annoncer, jeudi 18 juin, la création d’un nouveau service de distribution de programmes de télévision, Molotov.tv.Pierre Lescure (ancien président de Canal+)Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) Alain Beuve-Méry La médiatrice du livre, Laurence Engel, après quatre mois d’échanges, a accordé son feu vert aux modèles d’abonnement numérique proposés par les start-up YouScribe et Youboox. Elle a aussi validé l’offre d’abonnement illimité du site Izneo, spécialisé en bandes dessinées.Cette décision constitue, en creux, un nouveau revers pour le géant Amazon, dont le forfait de lecture illimité, lancé dans l’Hexagone en décembre 2014, avait subi un coup d’arrêt en février, son offre « Kindle Unlimited » ayant été déclarée illégale par cette même médiatrice.Les cas de figure sont différents. En ce qui concerne les offres de Youboox et YouScribe, les deux entreprises ont accepté de modifier la présentation de leur offre d’abonnement, en proposant aux éditeurs de fixer un barème à la page, qui sera imputé sur les abonnements réglés par les internautes, en fonction de leur consommation, et après déduction de la remise des librairies. Elles ont six mois pour appliquer le nouveau dispositif.La loi du 26 mai 2011 sur le prix unique du livre numérique précise en effet que l’éditeur conserve la maîtrise du prix du livre numérique. Dans son avis du mois de février, Mme Engel avait rappelé que « ni l’abonnement dans son principe, ni évidemment le streaming ne sont interdits par la loi », mais elle avait indiqué que cette loi s’appliquait bien « aux offres de location de livres et aux services de lecture numérique par abonnement ».« Le prix de chaque consultation individuelle sera ainsi défini en fonction du tarif établi préalablement par chaque éditeur. Ce prix de référence pour la location en streaming servira de base au calcul du prix des pages consommées par la base d’abonnés dans le cadre de l’abonnement », explique Youboox, qui revendique un catalogue de 100 000 livres numériques.Lire aussi :L’offre illimitée de livres illégale en France, les éditeurs divisésLe streaming représente 5 % du marché du livre numérique« Pour les abonnés de YouScribe, cela signifie concrètement que tous les lecteurs ne pourront pas lire ensemble un nombre incalculable de livres sur un mois donné », précise Juan Pirlot de Corbion, fondateur de YouScribe. « C’est bien ce qui inquiétait les éditeurs et les auteurs : que le modèle d’abonnement ne rémunère pas suffisamment la création. »« Je pense que l’offre de YouScribe, telle qu’elle est définie et encadrée, permettra désormais à un lecteur de lire entre 8 et 20 livres par mois, selon la nature des ouvrages ou selon leur date de parution. Ce qui laisse tout de même intacte la promesse fantastique d’une bibliothèque digitale moderne », poursuit-il.Dans le cas d’Iznéo, la librairie numérique dédiée au neuvième art, la solution adoptée est différente. La loi interdisant les offres multi-éditeurs, le groupe Média-Participations, qui détient Iznéo, ne propose plus des forfaits de lecture illimitée que pour des albums des maisons du groupe (Dargaud, Dupuis, Kana, Le Lombard, etc.).De fait la bande dessinée est le secteur le plus prometteur pour la lecture numérique, notamment à travers les amateurs de séries de manga ou de BD classiques qui ont accès à tous les titres en même temps, moyennant un abonnement.Aujourd’hui, les offres de lecture de streaming sont encore à leur balbutiement. A ce stade, elles ne représentent que 5 % du marché du livre numérique qui lui-même ne pèse que 5 % du chiffre d’affaires de l’édition française. Son seul rival est à ce jour le prêt numérique en bibliothèque, qui n’est expérimenté que dans quelques établissements mais qui bénéficie du soutien des grands groupes d’édition.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.06.2015 à 14h52 • Mis à jour le17.06.2015 à 15h52 Le Conseil d’Etat a annulé mercredi 17 juin les deux décisions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), refusant le passage en diffusion gratuite des chaînes LCI (groupe TF1) et Paris Première (groupe M6).L’autorité audiovisuelle avait considéré en juillet que cette demande risquerait de fragiliser et d’entraîner la fermeture d’autres chaînes déjà présentes sur la TNT gratuite, portant ainsi atteinte au pluralisme des médias audiovisuels. Mais le Conseil d’Etat a justifié ces annulations par un « motif de procédure ». Au lieu d’avoir publié les études d’impact requises avant ses décisions de refus, comme prévu par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a tout publié le même jour, le 29 juillet 2014, relève le Conseil d’Etat. « Ces deux décisions ont donc été adoptées à la suite d’une procédure irrégulière », conclut l’institution.En conséquence, « le CSA devra se prononcer de nouveau sur les demandes de LCI et de Paris Première » de passer en gratuit. Concernant Paris Première, le CSA devra se prononcer dans un délai de six mois, conformément à une demande de la chaîne.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCILCI pourra redemander à passer en gratuitDepuis juillet 2014, LCI est en sursis. Ses 250 journalistes poursuivaient leur activité sur la TNT payante, tout en sachant que la chaîne d’information ne passerait pas l’année 2015 si ses ultimes tentatives de passage en gratuit échouaient. Après cette décision, LCI pourra à nouveau demander de passer en gratuit.Le CSA a « pris acte » de cette décision, mais a souligné dans un communiqué que le Conseil d’Etat avait tranché « contrairement aux conclusions de son rapporteur public et en l’absence d’indication dans les travaux parlementaires sur ce point ». L’autorité a confirmé qu’un nouvel examen aurait lieu, « prenant en compte les équilibres du marché publicitaire. »Contexte différentUn nouvel examen du passage en gratuit de Paris Première se fera en effet dans un contexte différent d'il y a un an. Au premier trimestre 2015, le marché publicitaire a rebondi pour la télévision, de 3 % selon l'Institut de recherches et d'études publicitaires (IREP). Or le CSA s'était notamment appuyé sur la faiblesse de ce marché, mi-2014, pour refuser les passages en gratuit de LCI, Paris Première et Planète+.Cet argument de l'amélioration du marché publicitaire vaut également pour LCI. Outre ce rebond du marché publicitaire, le groupe TF1 pourrait faire valoir que l'audience des chaînes d'information a progressé depuis juillet 2014, démontrant que ce marché, occupé par BFM-TV et iTélé, conserve un potentiel de développement. Il pourrait également soutenir que les 20 % de marge de BFM-TV (résultats financiers 2014) et son acquisition en cours de Numéro 23 pour 88 millions d'euros sont des signes de solidité.Voir le communiqué de presse du Conseil d’Etat concernant sa décision : Communiqué de Presse LCI ParisPremiere Maxime Vaudano et Amandine Réaux Les journalistes hésitent généralement à signer des pétitions, de crainte d’abdiquer la neutralité qui constitue pour beaucoup d’entre eux l’un des principes fondamentaux de leur profession. Dérogeant à cette règle, plusieurs grands noms du journalisme d’investigation se sont engagés début juin derrière une pétition d’Elise Lucet dénonçant un projet de directive européenne menaçant selon eux « le travail d’enquête des journalistes et, par ricochet, l’information éclairée du citoyen ».>> La pétition sur le site Change.orgLe collectif « Informer n’est pas un délit », emmené par la journaliste de France 2, rédactrice en chef du magazine Cash Investigation, avait réuni plus de 310 000 signatures mardi 16 juin, alors que la commission juridique du Parlement européen donnait son feu vert à la directive sur le secret des affaires.De quoi s’agit-il ?La pétition dénonce le projet de directive « sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d’affaires) contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicites », proposé en novembre 2013 par la Commission européenne. Il vise à créer une définition européenne du « secret des affaires » en harmonisant les différentes lois nationales, afin de mieux protéger les entreprises contre la divulgation de leurs « secrets économiques », dans l’optique d’améliorer leur compétitivité.Le secret des affaires est une notion juridique à la définition complexe, qui peut servir de fondement pour qu’une entreprise puisse attaquer un journaliste qui ferait des révélations, au motif que celles-ci constituent un préjudice pour l’activité de l’entreprise en question.« L’information protégée par le secret des affaires peut être stratégique pendant des décennies (par exemple une recette ou un composant chimique) ou de façon éphémère (résultats d’une étude marketing, nom prix et date de lancement d’un nouveau produit […]) », explique la Commission, qui affirme qu’un quart des entreprises européennes ont fait état d’un vol d’informations en 2013.Une fois votée par le Parlement européen et approuvée par le Conseil de l’Union européenne, la directive contraindrait les 28 Etats européens à prendre des dispositions pour mieux définir le secret des affaires selon les orientations fixées par l’Union européenne, et à instaurer des amendes pour ceux qui l’enfreignent.Quel est le problème ?Les signataires de la pétition d’Elise Lucet craignent que, sous couvert de protéger les entreprises, ce texte n’empêche les journalistes de faire leur travail, et notamment de révéler des informations compromettantes sur celles-ci.« Si une source ou un journaliste “viole” ce “secret des affaires”, des sommes colossales pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des milliards d’euros, puisqu’il faudra que les “dommages-intérêts correspond (ent) au préjudice que celui-ci a réellement subi”. On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays. »Et le collectif de citer l’affaire LuxLeaks (optimisation fiscale de multinationales au Luxembourg), les « pesticides de Monsanto » ou « le scandale du vaccin Gardasil », qui n’auraient selon lui jamais pu être rendus publics sous le régime de la nouvelle directive.Pourquoi cela pourrait être vraiQuand on s’intéresse au texte de la directive, on s’aperçoit qu’elle fixe en effet un cadre très large au secret des affaires, qui protège de nombreuses informations auxquelles l’opinion publique pourrait s’estimer en droit d’accéder : par exemple, l’article 2 rend illégale l’obtention d’informations qui « ont une valeur commerciale parce qu’elles sont secrètes », tandis que l’article suivant cible les informations issues d’un « vol », d’un « abus de confiance » ou d’un « accès non autorisé à tout document » qui contient lesdits secrets.De quoi condamner à coup sûr l’ancien informaticien de HSBC Hervé Falciani, dont la liste volée de clients de la banque suisse a permis l’éclosion de l’affaire Swissleaks. Ou le Français Antoine Deltour, soupçonné par la justice d’avoir volé des documents au cabinet PricewaterhouseCoopers (PWC) pour faire éclater le scandale LuxLeaks. Ce dernier, poursuivi pour ces faits par la justice luxembourgeoise, risque d’ores et déjà la prison et une grosse amende en vertu de la loi du Grand-Duché, de même qu’un autre lanceur d’alerte et que le journaliste Edouard Perrin.Le risque, c’est de transposer la sévérité du système luxembourgeois à l’ensemble des pays européens, alors que la plupart sont beaucoup plus protecteurs de la liberté d’informer, comme l’Espagne, qui protège aujourd’hui Hervé Falciani.Des mesures pour protéger les journalistes ?Pour se défendre, la Commission européenne fait valoir que la directive prévoit des « mesures de sauvegarde », c’est-à-dire des exceptions pour protéger le cas particulier des journalistes et des lanceurs d’alertes.C’est plutôt vraiL’article 4-2 de la directive exclut de son champ d’application :l’« usage légitime du droit à la liberté d’expression et d’information »la « révélation d’une faute, d’une malversation ou d’une activité illégale du requérant, à condition que l’obtention, l’utilisation ou la divulgation présumée du secret d’affaires ait été nécessaire à cette révélation et que le défendeur ait agi dans l’intérêt public »Mais pour les opposants au texte, ces garde-fous insuffisants placent la liberté d’informer sous l’épée de Damoclès de décisions judiciaires fondées sur des notions trop floues (ou « molles », selon l’expression du juriste Jean Carbonnier), comme « l’usage légitime » ou « l’intérêt public ». « Cela fait beaucoup de conditions, estime ainsi sur Atlantico Nicolas Gros-Verheyde, vice-président de l’Association des journalistes européens. La combinaison de tous ces éléments fait que la liberté de la presse n’est pas automatique mais subordonnée à la réalisation de la liberté des entreprises de préserver leurs “secrets”. »« Cela va créer un renversement de la charge de la preuve pour les journalistes, qui devront prouver que la diffusion de l’information était légitime, poursuit Véronique Marquet, membre et avocate du collectif « Informer n’est pas un délit ». Cela revient à leur demander s’ils sont prêts à assumer le risque d’être condamnés, ce qui constitue une vraie arme de dissuasion à disposition des entreprises. »En outre, le projet de directive ne fait à aucun moment référence à la protection des sources, principe central dans le libre exercice de la profession de journaliste, qui aurait pu constituer une garantie supplémentaire contre les poursuites. Toutefois, cette notion est largement admise et protégée dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, qui est reconnue pour sa défense des droits de la presse, comme le rappelait en 2008 un rapport du député Etienne Blanc. Cela signifie qu’en cas de violation manifeste de la liberté de la presse, les journalistes visaient devraient trouver protection en dernier ressort devant cette juridiction.Des améliorations sont-elles possibles ?OuiLa suppression pure et simple de la directive sur le secret des affaires, dont la portée est bien plus large que le débat sur la liberté de la presse, n’est sûrement pas la seule solution pour empêcher l’avènement de la « censure en Europe ».Pour dissiper les craintes, l’eurodéputée française Constance Le Grip (Les Républicains), rapporteure du texte à la commission juridique du Parlement européen, a proposé plusieurs amendements dans son rapport, adopté à une large majorité en commission des affaires juridiques du Parlement européen le 16 juin.Elle suggère notamment de préciser que le secret des affaires ne saurait être opposé aux journalistes et aux lanceurs d’alerte, tout en conservant les concepts très flous de « légitime » et « intérêt du public ». Elle souhaite aussi intégrer une référence à la protection des sources, mais en excluant les usages qui « relève [nt] d’un comportement illégal » ou « ne profite [nt] pas à l’intérêt général ». Enfin, les eurodéputés veulent clarifier le fait que la directive « ne propose pas de mesures pénales », comme des peines de prison, pour les contrevenants… sans empêcher les Etats européens d’en instaurer, comme au Luxembourg.Dans une résolution votée le 9 juin en commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, la députée socialiste Audrey Linkenheld a proposé une mesure plus radicale : exclure explicitement « les activités des journalistes » du champ d’application de la directive et protéger spécifiquement les lanceurs d’alerte agissant à titre individuel.C’est encore insuffisant juge Véronique Marquet d’« Informer n’est pas un délit » : « Le sort des journalistes et de leurs sources est intimement lié, et ces dernières ne seraient pas suffisamment protégées. » Pour le collectif, la seule solution satisfaisante serait de recentrer la directive sur le seul espionnage industriel entre entreprises, pour protéger de fait tous les individus qui révèlent des secrets d’affaires au nom de l’intérêt général.En France, le « secret des affaires » vite écartéEn janvier 2015, lors de la discussion à l'Assemblée du projet de loi Macron, le rapporteur du projet de loi Richard Ferrand estime « indispensable » d'introduire des dispositions concernant le « secret des affaires », anticipant la directive de la Commission européenne. L'idée est de protéger les entreprises françaises contre l'espionnage économique en créant la notion juridique de « secret des affaires et protection civile ». Divulguer des secrets d'affaires exposerait à des sanctions pouvant aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende, voire, en cas d'atteinte « à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France », sept ans d'emprisonnement et 750 000 euros d'amende.L'amendement provoque la colère de nombre de rédactions, agences de presse et ONG. Une pétition, signée notamment par l'eurodéputée écologiste Eva Joly, demande la modification de l'amendement, au nom de la démocratie, « pour qu'il ne puisse être opposé à la liberté d'informer de la presse ou museler les lanceurs d'alertes ». Car il ne prévoit pas de protéger les lanceurs d'alerte, sauf dans les cas où les informations divulguées concernent la santé et l'environnement.Fin janvier, François Hollande cède finalement aux revendications des journalistes et décide d'abandonner la législation sur le secret des affaires. Mais si la directive européenne était adoptée, des dispositions similaires devraient être adoptées en France sous 24 mois.Mise à jourCet article a été mis à jour le 23 juin 2015 pour souligner la jurisprudence protectrice de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en matière de droits de la presse.Amandine RéauxJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Surprise : le gouvernement a réintroduit en commission, mardi 16 juin, l’amendement qui augmente la taxe sur les reventes de chaînes de TNT, sous une forme rerédigée, a appris Le Monde d’une source gouvernementale. La semaine dernière, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, avait pourtant retiré ce texte de sa loi sur la croissance, qui doit être votée ce mardi à l’Assemblée nationale.Changement de stratégie du gouvernementM. Macron avait notamment invoqué des risques juridiques. Et il préconisait d’utiliser un autre texte pour légiférer après la revente polémique de la chaîne Numéro 23, cédée pour 90 millions d’euros à NextRadioTV par son actionnaire principal Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde), moins de trois ans après son attribution gratuite par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), sous une majorité de droite.Après discussion et arbitrage entre la ministre de la culture, Fleur Pellerin (qui avait initialement soutenu l’initiative de taxation à 20 %), et Bercy, sous l’égide de Matignon et de l’Elysée, il a été jugé préférable de retenir une option différente de celle envisagée par Emmanuel Macron la semaine dernière.Plafonnement de la taxation à 26 % de la plus-valueLe nouvel amendement vise à éviter le risque de voir la taxe jugée inconstitutionnelle : il plafonne son montant à 26 % de la plus-value réalisée sur la vente de la chaîne. Pour le reste, il conserve le mécanisme mis en place dans l’amendement précédent : la taxe sera de 20 % si la chaîne est cédée moins de cinq ans après son attribution, de 10 % entre cinq et dix ans et de 5 % au-delà.Jusqu’ici, le taux était de 5 % et les reventes interdites avant deux ans et demi, cette mesure adoptée en 2013 étant jugée insuffisante, à droite comme à gauche, pour éviter les « reventes spéculatives ».Les réserves initiales d’Emmanuel MacronUn autre risque, pointé par Emmanuel Macron, a finalement été jugé mineur par le gouvernement : le « risque conventionnel » car la mesure pourrait être jugée rétroactive, si elle s’applique à la vente de Numéro 23, qui a été annoncée avant l’amendement mais ne sera effective que lorsque le CSA aura donné son agrément.Le ministre de l’économie était allé plus loin, la semaine dernière, lors du débat en commission spéciale, qui a mené au retrait du premier amendement sur la taxation à 20 % : « Il faut adopter des décisions de principes plus structurantes, avait-il dit, comme l’a relevé Puremédias. Il faut pour cela définir, au moment de l’attribution des fréquences, des règles encadrant la revente et les plus-values. » Le ministre n’avait pas caché qu’il trouvait « plus adapté » d’introduire la mesure dans la future proposition de loi sur la bande des 700 MHz, portée par le président de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche. Tout en assurant qu’il « souscrivait à la philosophie » de lutte contre les fortes plus-values sur les fréquences gratuites. Et en rappelant que la droite avait voté contre la première taxe à 5 % en 2013. Mais M. Macron aura finalement dû adapter sa position.Des « personnalités réputés proches des cercles actuels du pouvoir »Le retrait de l’amendement introduit dans la loi Macron avait suscité de vives critiques, notamment de son auteur, la sénatrice (UDI) Catherine Morin-Desailly. L’élue de droite a appelé sur son blog la gauche à réintroduire la taxation, sous peine de devoir « assumer face aux Français d’avoir entériné des pratiques parmi les plus discutables du « monde de la finance » favorisant, qui plus est, l’enrichissement de personnalités réputées proches des cercles actuels du pouvoir ».Pascal Houzelot, qui a été lobbyiste de TF1, producteur et fondateur de la chaîne gay PinkTV, a des connexions à droite, mais aussi à gauche. Certains ont rappelé qu’il avait compté parmi les nombreux invités de ses dîners parisiens le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, mais aussi Fleur Pellerin, le premier ministre, Manuel Valls, ou le président du CSA, Olivier Schrameck (qui a succédé à Michel Boyon, qui avait attribué la fréquence de Numéro 23). Ou que son dossier avait en 2012 été défendu devant le CSA par David Kessler, ancien conseiller culture de François Hollande.M. Kessler explique aujourd’hui au Monde qu’il agissait en tant que représentant de Mathieu Pigasse qui envisageait de devenir actionnaire de Numéro 23 aux côtés d’autres investisseurs minoritaires, dont Xavier Niel, le patron de Free (tous deux sont actionnaires du Monde). Et qu’il n’a rien à voir avec la revente de Numéro 23, annoncée en avril 2015.Tensions autour de la chaîne de la « diversité »Sur le fond du projet, Numéro 23, proclamée chaîne des diversités, a été critiquée par des acteurs de la diversité comme l’ancien conseiller du CSA Rachid Arhab ou la chaîne Banlieue Diversité Média TV.De son côté, Pascal Houzelot a mis en avant d’autres acteurs réunis dans une tribune de soutien à Numéro 23. Et toujours dit que la chaîne défendait une version large de la diversité, des religions, des sexualités, des formes de familles… Une ligne éditoriale critiquée mais dont le respect a été validé par le CSA. M. Houzelot a rappelé que 40 millions des 90 millions d’euros de la vente étaient réinvestis en parts de NextRadioTV, le groupe acheteur dont M. Houzelot deviendra membre du conseil d’administration.Lire l’entretien d’Alain Weil, PDG de NextRadioTV : « Nous agissons comme TF1 ou Canal+ »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean Birnbaum Quand la presse traverse une crise, elle doit se tourner vers ses lecteurs. La tradition d’un journal, son identité, bref, son avenir, ce sont eux qui en parlent le mieux, tout simplement parce qu’ils en sont les vrais dépositaires. Etre à la hauteur de cette tradition, pour un collectif de plumes, ce n’est donc pas seulement respecter des principes hérités, c’est d’abord se montrer à la hauteur des exigences, anciennes et nouvelles, que les lecteurs adressent à leur journal. Voilà pourquoi, au Monde, le courrier des lecteurs a toujours fait l’objet d’un soin particulier. Bien avant l’apparition du dialogue sur Internet et sur les réseaux sociaux, la lecture de ce courrier a imposé une évidence : la vocation d’un quotidien n’est pas figée, elle se bâtit au jour le jour dans l’échange et le partage.Après les attentats de janvier, cette évidence est devenue urgence. Les gens du Monde, toutes les femmes et les hommes qui suivent ce journal comme on s’inscrit dans une communauté, ont ressenti la ­nécessité de prendre la parole. Ils l’ont fait avec beaucoup de force et de sensibilité. On le vérifiera en lisant le volume qui paraît sous le titre Qui est vraiment Charlie ? (François Bourin-Le Monde, 176 p., 19 €). Réunies par nos collègues Pascal Galinier (médiateur du Monde) et Dominique ­Buffier, ces missives relèvent tour à tour du témoignage et de l’analyse, de l’indignation et de l’espérance. S’y déploie une diversité de points de vue et, notamment, très tôt, des doutes concernant l’unanimisme propre aux manifestations du 11 janvier. De belles confidences, aussi, de la part de Français musulmans qui se trouvent soudain sommés de prendre ­position : « C’est ce que me demande le ­regard de tous sans l’exprimer », note ainsi Walid Bekhti. Et, enfin, partout, un appel lancé au Monde, une manière de dire : mettez des mots sur ce que nous vivons, donnez du sens à cette époque débous­solée, tenez-vous bien pour nous aider à tenir bon. Essayez de « comprendre un peu plus fort, débattre un peu plus fort », comme y invite Julie Desrousseaux. ­Mobilisez-vous pour dissiper la confusion et opposer les Lumières à l’obscurantisme, « la pensée droite à la pensée tordue », ­selon la formule d’Edouard Reichenbach. Bref, travaillez à lever ce que Jean-Charles Vegliante nomme superbement un « couvre-feu mental ».Jean BirnbaumJournaliste au Monde, responsable du "Monde des Livres"SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Un rosier qui fléchit, un lilas qui jaunit, un pommier en mal de fruits… A chaque problème rencontré au jardin ou au potager, celui que l’on surnommait « Michel le jardinier » avait une solution qu’il prodiguait, derrière de grosses moustaches en broussaille, de son verbe fleuri, piqué d’anecdotes, d’adages ou de dictions. Même ceux qui n’avaient guère de goût pour le jardinage aimaient à écouter cet homme jovial et chaleureux, ce conteur hors pair qui distilla son savoir encyclopédique pendant trente ans, aussi bien à la radio qu’à la télévision. Retiré depuis quelques années à Saintes (Charente-Maritime) Michel Lis est mort, mardi 9 juin, à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, a-t-on appris de Radio France. Il était âgé de 78 ans.Surnommé « Moustaches vertes »Confiant à Laure Adler en 1999, lors de l’émission « Le Cercle de Minuit », avoir « certainement appris à marcher en plantant des radis », ce natif des Deux-Sèvres (il est né en 1937 à Pamproux) prit très tôt goût pour la terre, grâce à son grand-père cheminot qui lui enseigna les vertus du jardinage, à savoir : la patience, l’observation et le bon sens. Loin cependant d’en faire son métier, c’est vers le journaliste que le jeune homme se tourne peu après avoir obtenu son baccalauréat. Ainsi, on verra fleurir sa signature, de grand reporter notamment lors de la guerre des Six Jours ou des Jeux olympiques, tour à tour dans les colonnes du Monde graphique, du Parisien libéré, de L’Equipe ou encore de Télé 7 jours ; avant de faire en 1972 le bonheur des auditeurs de France Inter.A cette époque, Eve Ruggieri qui anime les matinées du week-end de la station avec Jacques Paugam, cherche une idée pour intéresser les auditeurs. « On a pensé au jardinage, et elle a fini par me le proposer, presque par hasard. C’est aussi elle qui a trouvé le surnom qui me colle toujours à la peau : moustaches vertes » confiait-il au Parisien, en 2003.Avec « la Minute du jardinier » diffusée chaque vendredi à 7 h 30, Michel Lis rencontre un succès immédiat. Malgré tout, il faudra attendre 1981 pour mettre enfin un visage sur cette voix qui aime à enluminer ses conseils pratiques de dictons et de maximes puisés dans des livres de botaniques. Après « Idées à suivre », une chronique qu’il tient sur France 2, ce lecteur de Rousseau, Cendrars ou de Conrad rejoint en 1985 l’équipe de « Télématin » qu’il quittera en 1999. Mais la télévision ne le détournera pas pour autant de la radio où l’on pourra l’entendre sur les ondes de France Inter, de France Info, de Radio France Gironde essaimer avec bonne humeur ses conseils et ses maximes. Toujours sans fiches, depuis qu’en 1976, une maladie de la rétine l’avait frappé, lui conférant une mémoire encyclopédique.Malgré ce handicap dont il ne se consolait pas, Michel Lis, n’avait pas abandonné l’écriture. Outre ses collaborations dans différents titres de presse dont Rustica, TV hebdo, Nice Matin ou Trente millions d’amis, il publiera plusieurs ouvrages tels Michel le jardinier au jardin de Jean-Jacques Rousseau (Mengès, 1984), Le Grand Almanach de Michel le jardinier (Mengès, 1999). Après avoir tenu une chronique sur France Bleu La Rochelle, ce militant pour la renaissance des espèces et des traitements naturels raccrochait le micro en 2012, mais non le râteau et la bêche, pour se consacrer tout entier à ses fleurs de prédilection : la rose trémière, le dahlia et la santoline, symbole de cette terre de Saintonge qu’il affectionnait tout particulièrement.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Canal+ joue la carte techno pour se distinguer dans un univers de plus en plus concurrentielRodolphe Belmer, le directeur général du groupe, a prévenu ce mardi 9 juin : Canal+ s’engage dans une « stratégie technologique de long terme ». Il a promis un « flux continu d’innovations dans les prochains mois ». Les clients de la chaîne cryptée et de Canal Sat vont bénéficier d’ici 2016 de nouveaux services. Déjà, MyCanal rencontre un grand succès. L’application disponible sur tablette et smartphone reçoit 30 millions de visites chaque mois, 1 million d’utilisateurs uniques par jour et plus de 300 000 utilisateurs en simultané les soirs de grand match. Plus de un programme à la demande sur cinq est consommé sur MyCanal.Le groupe présidé par Bertrand Méheut veut aller encore plus loin pour que ses clients puissent « profiter pleinement de leur abonnement ». Avec Netflix, You Tube ou encore BeIN, qui proposent des formules, si ce n’est gratuites, beaucoup plus compétitives, la concurrence s’intensifie et Canal se devait de frapper un grand coup.Un Cube nomadeC’est avec un petit cube que le groupe veut se démarquer. Cette mini-box remplacera peu ou prou le bon vieux décodeur en proposant davantage de services. La fonction la plus spectaculaire, « startover », permettra ainsi de remonter jusqu’à huit heures dans la programmation d’une chaîne. Un outil parfait pour les étourdis qui oublient de préparer l’enregistrement d’une émission ou ceux qui sont victimes d’un contretemps et qui ne peuvent arriver à l’heure pour voir leur série ou film préféré. Ce cube, nomade, pourra se brancher n’importe où à condition de disposer d’une connexion WiFi ou à l’Internet qu’il faudra payer en plus. Il ne remplacera donc pas les box des fournisseurs d’accès à Internet. Par ailleurs, Canal+ réfléchit pour que l’on puisse l’utiliser à l’étranger une vingtaine de jours par an, à l’image du « roaming » que proposent certains opérateurs.Canal Sat « offrant » plus de 150 chaînes, le groupe promet également de faciliter le choix du téléspectateur avec « Suggest », son nouveau moteur de recommandation qui s’appuie sur les habitudes de visionnage d’un abonné, mais aussi ses goûts.La filiale de Vivendi veut aussi être à la pointe de l’UHD, l’Ultra Haute Définition. Cette norme de diffusion permet des images quatre fois plus fines que l’actuelle haute définition. À la rentrée, Canal+ proposera du contenu UHD aux possesseurs de téléviseurs Samsung et espère diffuser des programmes dans ce nouveau standard au printemps 2016 via la fibre optique et via le satellite.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La Confédération générale des cadres (CGC) des médias a annoncé mardi 9 juin avoir déposé une plainte à Paris et un recours au Conseil d’Etat contre la nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions. Cette démarche s’ajoute à la plainte de Didier Quillot, ancien candidat à la présidence de France Télévisions et ancien cadre de Lagardère active.Une requête en annulationLa requête en « annulation » au Conseil d’Etat, déposée lundi, « s’appuie, notamment, sur le manque d’impartialité du CSA et l’opacité de la procédure de nomination », explique dans un communiqué le SNPCA-CGC, syndicat minoritaire à France Télévisions. « La loi prévoit que la décision doit être suffisamment motivée. Ce n’est pas le cas. Le CSA s’est contenté de généralités », estime l’avocat du syndicat, Me Pierre-Olivier Lambert, contacté par l’Agence France-Presse. Le CSA a publié sur son site « la décision de nomination motivée » de Delphine Ernotte, ancienne directrice exécutive d’Orange France.Une plainte du SNPCA-CGCLa plainte, qui doit être déposée, se fonde, elle, sur « des soupçons d’abus d’autorité et de manquements à l’obligation de probité du CSA dans la procédure de nomination » et « vise, en particulier, le délit de trafic d’influence », ajoute le syndicat.Le code pénal définit ainsi le trafic d’influence :« Le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable. »L’une des membres du CSA, Sylvie Pierre-Brossolette, se voit notamment reprocher, dans un article de Mediapart, d’avoir organisé un rendez-vous entre la candidate Delphine Ernotte et François Pinault, réputé proche de François Hollande. Un homme d’affaires qu’avait également rencontré Didier Quillot, un autre candidat.Une plainte de Didier QuillotMardi 2 juin, une première plainte a été déposée par Didier Quillot. Sa démarche suit ce raisonnement : l’ouverture, par le parquet, d’une enquête préliminaire est le seul moyen d’avoir des preuves d’une éventuelle infraction, la demande d’enquête parlementaire sur la nomination de Mme Ernotte ayant été rejetée.Sa plainte se fonde sur la notion d’« abus d’autorité », ainsi définie par le code pénal : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi. »La loi de novembre 2013 sur l’indépendance de l’audiovisuel public a confié au CSA la mission de désigner le patron de France Télévisions de façon « impartiale, transparente et indépendante », explique-t-on dans l’entourage de Didier Quillot. Donc si jamais des manœuvres avaient fait échec au respect de ces conditions, il pourrait s’agir d’un abus d’autorité. L’entourage de M. Quillot souligne au passage que le CSA a, dans un communiqué de la semaine dernière, envisagé des changements de procédure, et y voit une validation de sa démarche.De plus, M. Quillot a pris soin, avant de déposer sa plainte, d’avoir « tourné la page » et annoncé ses nouvelles activités : il a cofondé Reboot Media, un groupe qui ambitionne de peser dans le domaine de la presse sportive, comme l’a expliqué Le Figaro. Son avocat assure qu’il agit moins en tant que victime directe qu’en tant que citoyen.La défense du Conseil supérieur de l’audiovisuel« On a pu lire que la procédure au terme de laquelle [Delphine Ernotte] a été désignée aurait été l’objet de pressions. Chacun d’entre nous affirme n’en avoir subi aucune », ont déclaré dans un communiqué commun les huit membres du CSA, le 4 juin :« Nous réaffirmons ici solennellement que le délibéré s’est déroulé dans la plus totale indépendance et la plus stricte impartialité, au terme d’une procédure qui a respecté le principe d’égalité entre les candidats et dont chaque étape a été débattue et collégialement acceptée par le Conseil. »Le scrutin pour la présidence de France Télévisions avait divisé le collège en deux blocs au second tour et suscité des dissensions en interne.Lire aussi : La nomination de Mme Ernotte fait toujours grincer des dentsLes membres du CSA se sont en revanche dits « ouverts à toute modification allant dans le sens d’un renforcement de la publicité des procédures de nomination ». Cette procédure a été fixée par le collège du CSA à partir de la loi de 2013 par laquelle la majorité du président, François Hollande, lui a redonné le pouvoir de désigner les dirigeants d’audiovisuel public. Le CSA a notamment envisagé de publier le nom de tous les candidats ou seulement de ceux qu’il choisirait d’auditionner, ou encore d’ouvrir les auditions des candidats au public.Lire aussi : Les premiers pas de Delphine Ernotte à France TélévisionsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Apple a annoncé, lundi 8 juin, le lancement prochain de « News », une nouvelle application qui promet d’offrir une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires. Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne », lors du déploiement d’iOS9, la prochaine version du système d’exploitation mobile, au départ aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.Son interface ressemble à l’application Flipboard, un agrégateur d’informations, et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai, ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. L’initiative d’Apple illustre la volonté des grandes plate-formes de se placer en intermédiaires de distribution entre les médias et leurs lecteurs, contre la promesse d’apporter un nouveau lectorat, voire des revenus.Concrètement, « News » intégrera des flux « RSS » de résumés d’articles de tous les éditeurs qui souhaitent les partager. Mais l’application proposera surtout des contenus de médias partenaires directement hébergés par Apple. Comme Facebook, ce dernier promet un format attractif, adapté au mobile, avec des belles images, des cartes, des graphiques et des vidéos, que les médias pourront personnaliser. A la différence des articles hébergés sur les sites mobiles de ces titres, ces contenus seront en principe beaucoup plus rapides à charger, et donc susceptibles d’être davantage vus.Le gratin de la presse anglophoneAu démarrage, l’application vous demandera de nommer des sources et des thèmes qui vous plaisent, puis vous proposera une sélection d’articles, lit-on sur le site du Nieman Lab. L’algorithme qui génère « votre news » est censé se nourrir de vos habitudes de lectures voire de vos appréciations pour affiner son offre. « Ce sera du beau contenu, tiré des meilleures sources mondiales, personnalisé pour vous », a assuré Susan Prescott, vice-présidente du marketing produit chez Apple.Comme Facebook, Apple a présenté une liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times, le groupe magazine Condé Nast (Vogue, Vanity Fair), le quotidien britannique Daily Mail, le magazine économique de référence The Economist, mais aussi des acteurs issus du web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed. Le New York Times devrait commencer par publier une trentaine d’articles par jour sur News.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plateformes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? Tous cherchent une puissance de distribution… Et ont peur d’être laissés pour compte si leurs concurrents pactisent avec les plateformes et qu’ils ne le font pas.« Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a ainsi défendu Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plateformes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »La publicité mais pas les donnéesPour convaincre les éditeurs, Apple, comme Facebook, a toutefois dû faire certaines concessions dans son offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Le contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est un autre point sensible. Alors que Facebook proposait d’agréger les « vues » des « instant articles » aux audiences des médias partenaires et de leur donner accès à tous les indicateurs, Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News, mais précise qu’elle respectera la « vie privée » des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.N’y a-t-il pas un risque pour les médias d’abandonner trop de pouvoir aux géants du Net ? De se couper de la relation directe avec leurs lecteurs, d’autant plus dans le cas d’Apple, dont une des forces est de posséder les coordonnées bancaires de ses clients ? Le risque existe. Une fois l’usage créé, les grandes plateformes pourraient en effet changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google vient de le faire avec son fonds de soutien à la presse. Les éditeurs font le pari qu’il vaut mieux tenter cette voie.La tendance est-elle inéluctable ? Elle semble puissante, mais toutes les initiatives des grandes plateformes dans la presse n’ont pas été couronnées de succès : ainsi, News remplacera Newsstand, un kiosque numérique d’Apple lancé en 2011, dans lequel les éditeurs pouvaient vendre des journaux numériques à l’unité ou par abonnement, via leurs propres applications, moyennant une commission de 30 % pour Apple. Proposant une expérience assez banale, Newsstand n’a pas rencontré le succès escompté. De la même façon, Google Currents, agrégateur d’informations, a été renommé Google Play News, mais reste peu connu. Facebook Paper, un genre de magazine agrégé, avait lui aussi déçu.Apple cherche en tout cas à rassurer les médias. A la veille de la présentation de « News », on a ainsi appris que le géant californien pourrait infléchir la part de 30 % qu’il s’arroge sur les abonnements souscrits par son intermédiaire. Selon le Financial Times, Apple serait susceptible d’appliquer un taux inférieur aux abonnements souscrits via son kiosque ou son service de télévision, l’Apple TV.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Trente-sept journaux allemands, dont les prestigieux Zeit, Süddeutsche Zeitung, Spiegel et Welt, ont accepté de vendre leurs articles à l’unité sur la plate-forme Blendle, qui s’est lancée en Allemagne, mardi 9 juin.Un temps surnommé l’« i-Tunes de la presse », le site d’origine néerlandaise s’inspire en réalité davantage de Spotify et offre une expérience qui se situe aux confins d’un site d’information, d’un réseau social et d’un outil de lecture. Une fois inscrits, les utilisateurs se voient proposer des articles à l’unité issus de différents journaux, qu’ils peuvent acheter pour quelques centimes chacun.Lire : La start-up néerlandaise Blendle s’inspire d’iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetL’Allemagne est le deuxième pays de déploiement de Blendle, après les Pays-Bas, où il compte désormais 300 000 utilisateurs. Les fondateurs de Blendle entendent proposer leur service dans d’autres pays européens. Des discussions ont été lancées avec les éditeurs français.Aux États-Unis, la start-up a d’ores et déjà signé avec le Washington Post, le New York Times et The Economist, et travaille à convaincre d’autres éditeurs. En octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi dans Blendle à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Martin Sorrell a été payé 200 millions d’euros depuis 1998. Rien que pour 2014, le patron de WPP, le numéro 1 mondial de la publicité, a touché 43 millions de livres (59 millions d’euros). Il est, de loin, le patron d’entreprise cotée à la Bourse de Londres qui gagne le plus. Et probablement dans le monde. Sur les cinq dernières années, sa rémunération s’est élevée à un peu plus d’un euro par seconde.Ces statistiques ont une nouvelle fois provoqué la controverse, mardi 9 juin, lors de l’assemblée générale annuelle de WPP. Comme chaque année ou presque, l’ambiance était houleuse, sur la question du salaire de M. Sorrell. Comme à chaque fois, une bonne partie des actionnaires s’est opposée à la rémunération pour 2014: 22% d’entre eux ont voté contre, légèrement moins que le score de 28% atteint l’année dernière. Mais comme toujours, cela ne changera rien à l’affaire : le très puissant patron de WPP touchera ses émoluments.« C’est presque une blague, s’agace Catherine Howarth, la directrice de ShareAction, une association qui milite pour l’investissement responsable. Ce type se moque de ce que pensent les actionnaires et de la bonne gouvernance d’entreprise. » M. Sorrell présente un cas d’école intéressant.Une agence partie de rienL’homme affiche un succès évident. Il a créé WPP à partir de rien. En 1985, après avoir mené pendant une décennie la stratégie d’expansion des frères Saatchi, il prend le contrôle de Wire and Plastic Products, une petite entreprise qui fait des paniers en métal. Il utilise cette société cotée pour multiplier les acquisitions d’agences publicitaires. Jusqu’à devenir en 2009 le numéro 1 mondial du secteur. Aujourd’hui, WPP affiche 179 000 employés à travers le monde, une présence dans 111 pays et un chiffre d’affaires de 11,5 milliards de livres (15,8 milliards d’euros).Fort de ce succès, M. Sorrell a longtemps été très bien payé. Jusqu’en 2008, il touchait entre 1 et 4 millions d’euros par an. Mais à partir de 2009, cette somme, qui n’était pas très éloignée de celle qui revient aux autres grands patrons, s’est envolée : 10 millions d’euros en 2009, 16 millions en 2010 et 2011, 24 millions en 2012, 41 millions en 2013 et 59 millions en 2014…Lire aussi :Aux Etats-Unis, les rémunérations des patrons devront être liées à la performance de l’entrepriseOpiniâtretéEn juin 2012, les actionnaires ont fait entendre une première fois leur désaccord. Lors de l’assemblée générale, 60 % d’entre eux ont voté contre la rémunération. Un véritable coup de tonnerre, dans le monde feutré des assemblées générales, où une opposition de 20 % est déjà considérée comme une rébellion.C’était compter sans l’opiniâtreté de M. Sorrell. Comme l’autorise la réglementation sur les entreprises britanniques cotées, le vote n’était que « consultatif ». Le patron de WPP a donc passé outre, et il a quand même touché son salaire. Pour donner l’impression de réagir, M. Sorrell a changé la politique de rémunération.Son salaire est désormais composé de trois parties : un fixe, un bonus de court terme, et un autre de long terme. Leur montant dépend du succès financier de l’entreprise et de ses résultats en Bourse. Le tout est supervisé par un comité à part, dont le patron de l’entreprise n’est pas membre, comme le veut la bonne gouvernance.Excellents résultats pour WPPL’an dernier, WPP a affiché d’excellents résultats. L’entreprise a nettement mieux réussi que ses plus proches concurrents, Omnicom et Publicis, d’autant que ces derniers étaient occupés à préparer leur fusion puis à l’annuler à la dernière minute.Du point de vue du comité de rémunération de WPP, les émoluments record de M. Sorrell sont donc parfaitement justifiés. « Ce [qu’il] gagne, bien que ce soit très important en tant que tel, est égal à environ 0,33 % de l’augmentation de la valorisation boursière », écrit-il. L’argument ne convainc pourtant pas tous les détenteurs d’actions WPP.Glass Lewis, une société de conseil aux actionnaires, recommandait de voter mardi contre la rémunération de M. Sorrell, qu’elle juge « complètement excessive ». ISS, une autre société de conseil, était plus ambiguë : tout en suggérant de voter en faveur de la résolution, elle s’étouffait face au salaire « exceptionnellement haut » du patron de l’entreprise.Pour Mme Howarth, de l’association ShareAction, le comité de rémunération ne fait absolument pas son travail. « Son objectif devrait être de le payer le moins possible sans qu’il ne s’en aille de l’entreprise. Or, M. Sorrell n’a nulle part où aller. WPP est son entreprise. S’il ne touchait qu’un euro symbolique, il resterait probablement. » Un scénario qui ne semble pas près d’être testé…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.06.2015 à 08h57 • Mis à jour le08.06.2015 à 13h03 France Télévisions, Radio France et le groupe Egalis ont lancé lundi un site Internet qui recense plus de mille femmes expertes sur deux cents thématiques afin d’inciter les médias à les inviter et promouvoir la place des expertes dans les médias. « L’absence de femmes sur les écrans alimente les stéréotypes et les inégalités », affirme Egalis, qui regroupe des organisations spécialistes de l’égalité.Ce site, version numérique du Guide des expertes qui paraît chaque année aux éditions Anne Carrière, EpOke, est destiné aux journalistes, organisateurs d’événements, entreprises, associations, universités et collectivités.En 2013, le CSA avait appelé toutes les chaînes à améliorer la représentation des femmes, en estimant qu’en moyenne la part des expertes intervenant à l’antenne était inférieure à 20 %. Et quand elles sont invitées, c’est la plupart du temps pour parler de sujets dits « féminins » comme les violences faites aux femmes, les enfants, la famille, l’école, etc. Alexis Delcambre et Samuel Laurent Septembre 2002. L’empire Vivendi Universal, victime de la chute de Jean-Marie Messier, est contraint d’opérer de douloureuses cessions. A l’affût des opportunités dans la presse, Serge Dassault est sur les rangs. Et pour 237 millions d’euros (286 millions si on les convertit au pouvoir d’achat de l’euro en 2014), la Socpresse, qu’il contrôle avec la famille Hersant, s’offre l’ex-pôle presse de Vivendi : L’Express, L’Expansion, L’Etudiant…Quatre ans plus tard, en 2006, c’est au tour de la Socpresse de céder ses actifs. Elle trouve un acquéreur, le groupe de presse belge Roularta, qui a des ambitions en France. Valorisation de l’ensemble : 210 millions d’euros (235 millions de 2014) – la Socpresse réalise une opération quasi blanche.Janvier 2015. Le groupe belge s’est lassé des pertes provoquées par son pôle français et s’angoisse de voir ses actifs se déprécier. Vincent Bolloré ou Iskandar Safa étudient le dossier. Mais c’est un acteur nouveau, Patrick Drahi, qui s’offre le cinquième groupe magazine français – la vente doit être finalisée mardi 9 juin. Montant de la transaction : entre 50 et 70 millions d’euros. Un chiffre dont la faiblesse, pour un pôle qui réalise 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, frappe les esprits.La trajectoire du groupe L’Express illustre celle des journaux français, dont les valorisations sont en forte baisse, comme en témoignent les chiffres des récentes transactions compilés par Le Monde. Grossièrement, les transactions des années 2000 se chiffraient en centaines de millions d’euros quand celles des années 2010 sont libellées en dizaines.L’infographie ci-dessous présente les principales transactions survenues depuis dix ans dans le secteur de la presse française, ramenées à leur valeur en euros constants 2014. Passez sur les carrés pour afficher des informations supplémentaires.Cela ne signifie pas forcément que les valorisations de ces entreprises se sont écroulées. Pour en déduire une valorisation, il faut ajouter au montant de la transaction les dettes (ne serait-ce que celle que représentent les abonnés en cours de contrat et qu’il faudra servir), l’anticipation des pertes à venir et/ou des coûts de restructuration – exactement comme un acheteur immobilier s’appuie sur le coût des travaux à venir pour négocier une baisse de prix. Sans parler des investissements à venir pour développer de nouvelles activités. « Les acheteurs nouveaux intègrent qu’il va leur falloir renverser la table et changer le modèle de ces entreprises », explique Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, une entreprise de conseil.L’angoisse gagne les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ?Comme sur tous les marchés, ce comportement des acheteurs s’autoentretient et nourrit une spirale, en l’occurrence baissière. Dans ce secteur, il est rarement possible d’évaluer une entreprise selon sa valeur boursière – peu sont cotées – ou selon la rentabilité potentielle – tant la visibilité est faible en ces temps de transition numérique. « Reste la bonne vieille méthode des comparables, conclut M. Texier. On se réfère aux transactions récentes opérées dans le même secteur, de la même façon que l’acheteur d’un appartement se renseigne sur les ventes récentes dans le même quartier. » Dès lors, chaque vente renforce la spirale baissière. A l’image de celle de 65 % du Nouvel Observateur au trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse (par ailleurs actionnaires du Monde) en janvier 2014, pour 13,8 millions d’euros. « En un instant, la seule annonce de cette vente a fait subir une décote de 50 % au dossier de L’Express, dont le groupe Roularta envisageait déjà la vente », révèle une source.Une poignée d’acteurs récurrentsDans ce contexte, l’angoisse peut gagner les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ? Peut-on encore attendre un retournement du marché ? Les exemples d’hésitation sont légion, comme en témoigne le cas de la famille Amaury, propriétaire du Parisien (ainsi que de L’Equipe). En 2010, Marie-Odile Amaury avait missionné la banque Rothschild pour céder son journal régional. Elle en attendait 200 millions d’euros. Une offre de Vincent Bolloré atteignait 130 millions d’euros, et Mme Amaury avait baissé son objectif à 150, mais ce différentiel n’a pu être comblé.Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des AmauryCinq ans plus tard, le groupe Amaury vient d’entrer en négociations exclusives avec un nouvel acheteur, LVMH, pour un prix qui serait plus proche de 50 que de 100 millions d’euros. Entre-temps, la famille a dû éponger 37 millions de pertes…« C’est la concurrence qui fait monter les prix, rappelle M. Texier. Or, aujourd’hui, les acheteurs sont peu nombreux. » Animateurs du marché français par le passé, les grands groupes de médias étrangers s’en sont retirés, à l’exception du belge Rossel, qui vient d’investir dans 20 Minutes. Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des Amaury. Reste une poignée d’acteurs récurrents, qui travaillent à atteindre une taille critique. D’où les mariages récents, ou en cours, entre Le Monde et Le Nouvel Observateur ; Libération et L’Express ; ou Les Echos et Le Parisien. Le seuil de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires semble l’objectif souhaité pour créer un niveau suffisant de synergies et accélérer les transitions numériques.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »« C’est le temps des soldes, explique M. Texier. On passe d’une époque de survalorisation relative à une phase de sous-valorisation, peut-être momentanée. Les valeurs pourront remonter quand les modèles seront stabilisés. » L’exemple d’un journal comme le Financial Times, assez avancé dans la transformation numérique et à la valeur putative élevée, incarne cet horizon.« Force symbolique »Y arriver est l’espoir de certains « restructurateurs » qui animent également le marché, derrière les incontournables Bernard Arnault, Patrick Drahi et Xavier Niel, aux moyens illimités. On peut penser au profil d’un Marc Laufer, propriétaire du groupe NewsCo et associé à M. Drahi dans le groupe en construction Altice ; à celui de Pascal Chevalier, du groupe Reworld Media ; ou de Didier Quillot, récent acquéreur du groupe Motor Presse Stuttgart. Point commun entre la plupart de ces acteurs : une culture forgée dans les nouvelles technologies et donc un goût pour les changements de modèles.« En France, cela fait quarante ans que la presse ne gagne plus d’argent. C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement »Pour certains, l’ambition de réinventer le modèle de la presse est une illusion. « Beaucoup pensent que leur savoir-faire va leur permettre de changer la presse, pense Patrick Eveno, historien de la presse. Mais, en France, cela fait quarante ans qu’elle ne gagne plus d’argent ! C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement. » « Il y a des personnes qui attribuent à la possession de médias une valeur décorrelée de la rationalité économique, car elle apporte une force symbolique, un statut, une considération, constate M. Texier. Au fond, ce qui a le mieux résisté dans cette crise de la presse, c’est le mythe de Citizen Kane. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 09h36 • Mis à jour le03.06.2015 à 15h48 | Alexis Delcambre Il faut aborder le secteur de l’information comme un « écosystème » qui dépasse les catégories issues de l’univers imprimé : telle est la recommandation du sociologue Jean-Marie Charon, auteur d’un rapport intitulé « Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème », remis à la ministre de la culture, Fleur Pellerin, mardi 2 juin.L’objet de ce rapport était de proposer un état des lieux du secteur pour permettre aux acteurs politiques de mieux cibler leurs interventions. Les fameuses aides publiques aux entreprises de presse, qui représentent 820 millions d’euros annuels, sont régulièrement accusées d’encourager des modèles établis ou en perte de vitesse plutôt que de favoriser l’innovation.En regard, le Fonds Google (16,1 millions d’euros) a apporté l’exemple d’une aide focalisée sur les nouveaux projets. « L’intervention de l’Etat doit donner toute sa place au binôme innovation-expérimentation », recommande donc M. Charon.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaisePriorité au pluralismeLa remise de ce rapport a été pour Fleur Pellerin l’occasion de clarifier les évolutions des aides à la presse, mais aussi de rappeler que la première préoccupation de l’Etat reste le pluralisme.Dans le contexte de l’après-Charlie, marqué par une attention accrue aux lieux du débat public, plusieurs dizaines de titres généralistes (hebdomadaires, mensuels, trimestriels…) vont désormais toucher des aides directes, jusqu’ici réservées aux quotidiens.Lire aussi le décryptage : Aides à la presse : qui touche le plus ?Ces aides directes s’élèveront dès cette année à 135 millions d’euros, contre 130 millions précédemment. En contrepartie, Mme Pellerin souhaite les conditionner à des critères éthiques ou déontologiques, aux bonnes pratiques sociales ou au respect de la diversité et de la parité.Quant aux aides indirectes (taux « super-réduit » de TVA et tarifs postaux avantageux), elles seront désormais plus sélectives. Seule la presse d’information politique et générale, ainsi que la presse « de la connaissance et du savoir », continueront de bénéficier des aides postales (130 millions d’euros annuels actuellement). La presse de loisir et de divertissement devra s’en passer.Aider les médias en créationLes détails de cette réforme des aides postales ne sont pas encore connus, puisque la ministre a lancé des missions qui seront achevées cet été. Mais le ministère compte sur ce resserrement pour dégager de quoi accompagner l’innovation.Il s’agirait de renforcer le Fonds stratégique pour le développement de la presse (en l’ouvrant davantage à des acteurs modestes), mais aussi de créer un fonds d’accompagnement à la création de nouveaux médias.Enfin, Mme Pellerin souhaite favoriser la création d’incubateurs qui, comme le suggère M. Charon, « accueillent les “pure players” d’information, les labs des entreprises de presse, ainsi que les start-up contribuant à la production d’information ».M. Charon propose aussi des formules de « start-up en résidence », où une entreprise éditrice accueillerait une start-up le temps de faire aboutir conjointement un projet innovant, avec une aide de l’Etat.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Qui n’a pas pesté devant son poste en regrettant qu’il n’y ait « rien à la télé ce soir » ? Qui ne s’est pas senti perdu dans l’offre pléthorique de programmes pour finir par sélectionner une émission au hasard ? Pour aider le téléspectateur à s’y retrouver, France Télévisions a lancé mardi 2 juin Zoom, une application gratuite destinée à ceux qui « aiment la télé, mais vivent la diffusion linéaire comme une contrainte » ; ces téléspectateurs « qui n’ont pas le temps de tout regarder, qui ont du mal à choisir parmi les centaines de chaînes et les millions de vidéos, et qui ne veulent que le meilleur ».Des playlists thématiquesEn tapotant sur l’écran de son smartphone l’utilisateur peut indiquer ses centres d’intérêt (info, sport, culture, art de vivre, jeux…), puis composer ce qui ressemble au programme de sa « chaîne idéale » avec les émissions vedettes du service public (« Le plus grand cabaret du monde », « Des racines et des ailes », « C dans l’air »…). Il peut aussi préciser celles qu’il « ne veut surtout pas voir ». On lui propose ensuite une liste de « playlists » thématique. Grâce à un algorithme, cette sélection s’affine au fur et à mesure de ses visionnages. Il peut « aider » le programme de calcul en marquant les vidéos qu’il aime et celle qu’il n’aime pas. Le mobinaute peut aussi indiquer le temps dont il dispose pour visionner des vidéos. L’offre proposée s’adapte à ce temps disponible.« Le temps de la recommandation »L’application Zoom est née de deux convictions a indiqué Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions : « C’est le temps du mobile et c’est le temps de la recommandation. » Téléchargeable dans un premier temps uniquement sur les iPhone (la version pour les smartphones Android est prévue pour la fin de l’année), cette application s’adresse en priorité aux plus jeunes qui consomment différemment la télévision. « C’est dans notre mission de permettre d’offrir nos contenus à tous les citoyens quels que soient les écrans », a insisté Rémy Pfimlin, président de France Télévisions jusqu’à la fin août.Bientôt un mode hors connexionLa mise au point de cette application a mobilisé 25 personnes depuis janvier 2014. Au total, le groupe aura investi 1,4 million d’euros pour la développer. De nouvelles fonctionnalités comme le mode hors connexion, permettant de visionner des vidéos même sans accès à l’Internet. Une version adaptée aux ordinateurs devrait être disponible à l’automne, l’application sera ensuite optimisée pour les tablettes.Lire aussi :France Télévisions : les premiers pas de Delphine ErnotteJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 19h59 • Mis à jour le02.06.2015 à 16h55 | Alexis Delcambre « Il est à peine imaginable que Têtu puisse disparaître et pourtant, jamais le risque n’a été aussi grand. » Lundi 1er juin, la direction du magazine gay a mis en ligne un communiqué annonçant le placement de l’entreprise en redressement judiciaire, vingt ans après sa création.En cause : la situation financière du titre, propriété depuis 2013 de l’homme d’affaires Jean-Jacques Augier. Le 28 mai, la société éditrice du magazine s’était déclarée en cessation de paiement. Selon M. Augier, les pertes ont atteint 1,1 million d’euros en 2014 et devraient s’élever à 500 000 euros en 2015.Paradoxalement, elles sont moins conséquentes que celles subies avant 2013 (plus de 2 millions d’euros annuels environ). Mais celles-ci étaient alors régulièrement épongées par Pierre Bergé, le précédent propriétaire de Têtu (et actuel co-actionnaire du Monde).Restructuration lourdeLors de la cession du titre en 2013 pour un euro symbolique, M. Bergé avait laissé une trésorerie de 2,4 millions d’euros. Selon M. Augier, celle-ci a été consumée dès 2013, année où les pertes ont été de 2,35 millions d’euros.Depuis deux ans, le titre a été lourdement restructuré. Une vingtaine de postes, soit plus de la moitié des effectifs, ont été supprimés, et le journal ne compte plus que dix salariés. Les frais, eux, ont été réduits de 60 %.Ces efforts n’ont pas été accompagnés d’un réel développement de l’activité. La diffusion du magazine, qui était de près de 36 000 exemplaires en 2012, est tombée à environ 28 000 en 2014. Le nouveau Têtu, recentré, assagi et lifestyle, peine à renouveler son public même si les abonnements (8 900), ont progressé.Des relations difficiles avec les agences publicitairesSur le Web, le site Tetu.com (450 000 visiteurs uniques) affronte la concurrence sévère de sites communautaires comme Yagg, fondé par des anciens de Têtu, avec lequel un partenariat avait un temps été noué. Et en matière de développement, il a lancé une application de rencontres, So Têtu (10 000 téléchargements), qui peine à exister sur un créneau déjà largement occupé, notamment par Grindr.Mais pour M. Augier, la difficulté principale est la relation avec les agences publicitaires. « Elles nous étranglent, affirme-t-il. Nous avons une cible qui consomme, qui plaît aux annonceurs, nos pages reçoivent de la publicité, mais nous peinons à maintenir nos tarifs et à obtenir les paiements. »Un rapport du faible au fort auquel la réponse est, à ses yeux, de rompre l’isolement du magazine : « La survie de ce titre emblématique du paysage éditorial français passe par le rapprochement avec un groupe de presse, seul à même de donner au titre un poids suffisant face aux agences de publicité », énonce le communiqué publié lundi.Appel du piedL’appel du pied est clair : « Le tribunal de commerce nous a donné lundi quatre mois pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre, selon M. Augier. Si au bout de quatre mois nous n’avons pas trouvé de repreneur, le tribunal prononcera la liquidation. » En 2013, trois investisseurs avaient été candidats à la reprise du titre, dont le banquier d’affaires Matthieu Pigasse (actionnaire du Monde et propriétaire des Inrockuptibles). C’est finalement M. Augier qui l’avait emporté – un ancien énarque de la promotion Voltaire, la même que François Hollande, et trésorier de la campagne de l’actuel président en 2012.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.06.2015 à 02h37 • Mis à jour le20.06.2015 à 11h36 Twitter a annoncé, vendredi 19 juin, l'expérimentation d'un nouveau service permettant d'insérer dans le flux des utilisateurs des messages sponsorisés pour des « produits et des lieux », afin de doper son chiffre d'affaires.« Nous commençons l'expérimentation avec un petit nombre de produits et de lieux », a indiqué Amaryllis Fox, chef de produit du réseau social, dans un message posté sur un blog officiel. « Pendant que nous effectuons cet essai, vous êtes susceptibles de voir dans votre flux des pages et des groupes de pages qui sont partagés par des prescripteurs et des marques », a-t-elle déclaré.Un bouton « acheter »Cette initiative permettra d'élargir la plate-forme de messages au-delà des simples tweets en proposant un accès à des informations complémentaires sur des produits et, dans certains cas, un bouton « acheter ». « Nous avons invité un groupe de personnes influentes à partager certains de leurs endroits et objets favoris », a expliqué Mme Fox.« Vous serez en mesure de parcourir des collections présentées par des personnes qui vous tiennent à cœur et d'avoir davantage d'informations sur les produits et les endroits que vous trouvez intéressants. » Cela pourrait consister en des messages de la chaîne HBO promouvant sa série télévisée Game of Thrones ou des messages de l'actrice Reese Witherspoon concernant sa ligne de vêtements, a-t-elle cité à titre d’exemples.Trouver des nouveaux relais de croissanceTwitter, qui tente de trouver de nouveaux relais de croissance, se cherche un nouveau directeur général depuis l'annonce de la démission de Dick Costolo, le 11 juin. Il était depuis cinq ans aux commandes du groupe, et était soumis à une intense pression des investisseurs pour augmenter le nombre d'abonnés et le chiffre d'affaires du réseau social.Selon les dernières données disponibles, Twitter compte environ 300 millions d'utilisateurs actifs, mais sa croissance est à la traîne par rapport à d'autres réseaux sociaux, et les bénéfices se font toujours attendre depuis sa création, en 2006. Il n'a attiré que moins de 1 % des 145 milliards de dollars dépensés dans le monde cette année en publicité sur support numérique, selon la société spécialisée eMarketer.Lire aussi :En panne de croissance, Twitter se sépare de son patron 18.06.2015 à 15h12 • Mis à jour le18.06.2015 à 16h14 Et de trois… pour ces derniers jours en tout cas. Car pour le reste, compter les victimes des dénonciations mensongères déclenchant des interventions des forces de l’ordre devient difficile. Dans la nuit de mercredi 17 au jeudi 18 juin, le directeur de la publication de Politis, Denis Sieffert, a reçu à son domicile la visite de la police, alertée par téléphone qu’il s’y déroulait un cambriolage avec séquestration, raconte au Monde la direction du magazine. Trente minutes plus tard, policiers et pompiers sont arrivés au siège du journal où, soi-disant, le directeur retenait sa femme avec l’intention de la tuer. Ils ont brisé une vitre pour y pénétrer, avant de réaliser que les lieux étaient vides.Surnommée « swatting », la technique ressemble en tout point à un des modes opératoires utilisés par le hacker franco-israélien sioniste Ulcan, que M. Sieffert venait d’évoquer dans un édito paru mercredi.Lire Cinq questions sur Ulcan, le hacker franco-israélienRecrudescence de « swatting » ces derniers joursAu cours de la même nuit, Pierre Haski, le cofondateur de Rue89 a vu arriver chez lui le SAMU, les pompiers et des policiers de différentes unités : quelqu’un avait appelé pour dire que « j’avais poignardé ma femme, et – variante fantaisiste par rapport à la précédente fois – que j’avais ouvert le gaz dans l’immeuble », raconte-t-il dans un billet.La veille, Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, a connu pareille mésaventure : « Le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police. » Résultat ? « Trente policiers de la BAC déployés dans l’escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires, une procureure adjointe, mes voisins réveillés au cœur de la nuit », relate le journaliste, qui était absent.Pourquoi Arrêt sur images a-t-il été visé ? Il avait évoqué le jour précédent une autre victime d’une de ces dénonciations malveillantes : Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Le 9 juin, ce leader d’une organisation propalestinienne raconte avoir « été plaqué au sol, tutoyé, insulté, menotté avec des menottes qui vous blessent les poignets et se resserrent dès que l’on bouge » car le Raid a pénétré son appartement. D’autres militants ont également reçu des visites policières nocturnes ces derniers jours : Jean-Claude Lefort, ex-président de l’association France-Palestine Solidarité, qui était absent, raconte Politis, et deux autres membres de l’UJFP, comme l’écrit Arrêt sur Images.Usurpation de numéro téléphonique et « contre-appel »Un point est important pour comprendre pourquoi les forces de l’ordre interviennent, alors que ces personnes n’ont absolument rien fait et ne sont pas défavorablement connues – sans parler du fait que la technique du swatting utilisée notamment par Ulcan fait déjà l’objet d’enquêtes : selon plusieurs témoignages, le malfaiteur prend le contrôle de la ligne téléphonique de sa victime. Ce qui est susceptible de crédibiliser beaucoup son appel aux forces de l’ordre.Cela va plus loin : dans le cas de M. Stambul, les policiers « ont effectué un “contre-appel” », a expliqué le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez, à l’AFP. Ils ont donc rappelé le numéro – qui correspondait bien à celui de M. Stambul – « et sont retombés sur le même individu, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte » et qu’il attendait la police « avec un fusil », a raconté le préfet. « C’est ce contre-appel qui a déclenché l’opération du Raid » a expliqué le représentant de l’Etat, selon lequel « de mémoire, c’est la première fois » qu’un pirate « répond à un contre-appel ».Deux informations judiciaires et de nombreuses plaintesSur le fond, la question se pose de l’impunité d’Ulcan, parfois aussi appelé Violvocal et dont le vrai nom est Grégory Chelli. S’il n’est pour l’heure pas prouvé qu’il est responsable des interventions de ces derniers jours, le militant a fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes, liées au piratage, en 2014, de Rue89. Et aux appels malveillants ainsi qu’au swatting dont a été victime le père du journaliste de Rue89 Benoît Le Corre, auteur d’un portrait d’Ulcan.« Cela a entraîné le décès de son père », n’hésite pas à écrire M. Haski. Thierry Le Corre était quelques jours plus tard tombé dans le coma, avant de décéder. Rue89 publie ce jeudi un rapport d’expertise médicale selon lequel « le stress a été un facteur déclenchant direct et certain, révélant son état antérieur » d’hypertension artérielle.Le parquet de Paris a ouvert début octobre 2014 une information judiciaire, notamment pour « violences volontaires », distincte de celle ouverte début août sur des actes de piratage informatique revendiqués par Ulcan, rappelle l’AFP.Lire : Qui est le hackeur sioniste soupçonné d’avoir piraté Rue89 ?De nombreuses plaintes ont été déposées, dont récemment celle de Stéphane Richard, le PDG d’Orange, touché par une polémique sur la présence de l’opérateur en Israël. Le dirigeant a porté plainte contre X pour « menaces de mort » et appels à la haine contre lui et certains de ses proches. Il avait reçu des centaines d’appels d’insultes mais aussi de menaces précises, après que ses coordonnées ont été diffusées sur Internet.Appel aux autorités françaises et israéliennesSi M. Chelli n’est pas pour l’heure inquiété, pointent certaines victimes, c’est parce qu’il est installé en Israël, à Ashdod a priori. La justice française agit « à son rythme, c’est-à-dire lentement, handicapée par l’absence de traité d’extradition entre la France et Israël, regrette M. Haski, de Rue89. Mais surtout, elle agit, ou n’agit pas, dans un contexte marqué par l’absence de signal politique du gouvernement français. » Les autorités israéliennes, pour leur part, « tout en affirmant leur disponibilité à aider la justice française, n’ont pas non plus levé le petit doigt pour faire cesser ces agissements », ajoute le journaliste. 20Minutes.fr évoque un cas d’extradition d’un franco-israélien vers Israël mais rappelle la nécessité d’une volonté politique.« Il est grand temps que le ministère de l’intérieur s’exprime sur ces affaires, renchérit Denis Sieffert de Politis. Qu’est-ce qui est fait en direction du gouvernement israélien ? Une enquête a-t-elle été diligentée pour savoir à quel niveau le dénommé Ulcan bénéficie de complicités qui apparaissent de plus en plus évidentes ? » Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) et Pierre Lescure (ancien président de Canal+) La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il se confirme, s’accélère et se radicalise : la télévision est de plus en plus délaissée, surtout par les plus jeunes qui plébiscitent tous les écrans, sauf celui que l’on surnommait naguère, avant l’arrivée des tablettes et smartphones, le « petit écran ».Selon une étude du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) réalisée en décembre, un jeune passe en moyenne une heure trente devant la télévision par jour, tandis que la plupart des Français la regardent quotidiennement près de trois heures quarante-cinq. Les plus connectés ne s’en équipent parfois même plus. Le « petit écran » a trouvé plus petit, plus pratique et surtout plus agile que lui.On se trompe de cibleOn rejette la faute sur les chaînes et leurs programmes, qui seraient inadaptés aux nouvelles attentes du public. On se trompe de cible. En réalité, la richesse et la qualité des offres sont inouïes. L’arrivée de nouvelles chaînes, gratuites et payantes, a permis de démultiplier l’offre, de l’enrichir considérablement. Ce ne sont pas tant les contenus télévisuels qu’il faut mettre en cause, mais leur mode de distribution. Les contenus en ligne ne sont pas plus pertinents que ceux diffusés à la télévision, ils sont mieux mis en valeur et surtout plus facilement accessibles.Le fait est que la télévision n’a pas évolué dans la façon dont les chaînes et leurs programmes sont mis à la disposition du public. Le poste et sa télécommande ne sont plus adaptés à l’explosion des contenus. Et encore moins à celui des nouveaux usages.Le zapping, inventé à trois chaînes, devenu ludique à six (c’est à ce moment qu’est née l’émission éponyme), quasi sportif à douze, est devenu impraticable à vingt-cinq et carrément ridicule à cent cinquante ou deux cents. Les box et les fabricants de TV ont beau améliorer leurs interfaces, rien n’y fait. Les chaînes, superposées les unes aux autres comme un mille-feuille, s’asphyxient. Quant aux EPG (electronic program guides, la fameuse « grille des programmes »), ils sont devenus indigestes.Mal valoriséeParallèlement, les plates-formes nées à l’ère d’Internet, telles que YouTube, Dailymotion ou Netflix, ont donné de nouvelles habitudes. Elles prônent l’immédiateté, l’accessibilité, le partage, la maîtrise du temps, la mobilité, l’interactivité. Revenir au poste devient même un effort.Alors, trop dense la télévision ? Non, mal valorisée. Un vrai gâchis quand on sait que les chaînes investissent chaque année pour la seule TNT gratuite près de 3 milliards dans les programmes. Programmes qui, pour beaucoup d’entre eux, ne rencontrent pas leur public, faute d’y avoir facilement accès ou, pis, d’avoir même connaissance de leur existence. Or, un programme que personne ne regarde est un programme qui n’existe pas, et qui finit par disparaître. La déperdition est énorme. On gaspille la télévision !La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. On ne peut nier les efforts faits pour tenter de s’adapter aux nouveaux modes de consommation, marqués par la mobilité et la délinéarité, et mettre un terme à une « télévision de contraintes », de lieu et de temps. La télévision de rattrapage, le « replay », et même le direct sont proposés depuis les applications développées par les chaînes et les box.Ces « applis » fonctionnent, y compris auprès des jeunes. Mais elles sont insuffisantes face aux offres nées de l’Internet, pas toujours respectueuses de l’écosystème. Elles imposent le cloisonnement entre les chaînes et renforcent le morcellement des programmes. Un peu comme si, à l’époque du zapping, il fallait changer de télécommande, voire de poste, pour passer d’une chaîne à l’autre. Qui peut croire, dès lors, que ces applications assurent, à elles seules, le futur de la télévision dans son ensemble ? Il ne suffit pas de rendre les contenus audiovisuels accessibles via Internet pour affirmer que la télévision est entrée dans l’ère d’Internet.Comportements numériquesEn vérité, si l’on veut que ceux qui détiennent le sort de la télévision – les digital natives – daignent lui accorder toute l’attention qu’elle mérite, il faut que la distribution audiovisuelle embrasse les comportements numériques d’aujourd’hui. Le succès des grandes plates-formes du Net ne s’explique pas tant par la qualité de leurs programmes que par leur capacité à offrir une nouvelle forme d’expérience.Cela signifie que la télévision doit, certes, assurer les moyens de l’ubiquité de ses contenus, mais aussi leur agrégation, leur accessibilité, leur émergence. Il faut remettre au centre le formidable investissement des chaînes pour leurs publics. Une linéarité des programmes dans la délinéarisation de l’accès, redonnant le sens de l’instant présent, l’instant télévisuel, reliant les téléspectateurs entre eux de manière organique.Il fut un temps, encore pas si lointain, où la télévision créait le lien entre les individus. On commentait le matin les programmes vus la veille. Il s’agit de renouer avec cette dimension collective qui fait la société, en redonnant à la télévision sa place de liant entre les individus avec les outils d’aujourd’hui. Tout le monde a à y gagner : le public bien entendu, mais aussi les chaînes, les producteurs, les annonceurs… Ce mode de diffusion donne à voir la télévision dans toute sa diversité et son excellence.Non, l’Internet ne va pas tuer la télévision, bien au contraire ! Il est une chance pour elle de connaître un renouveau, une nouvelle étape de son développement, dans un écosystème qui peut être respectueux et vertueux. Une opportunité de lui offrir les conditions de sa mise en valeur et les moyens de sa pertinence, gages de sa survie. Si l’industrie ne le fait pas, le public tranchera.Jean-David Blanc et Pierre Lescure devaient annoncer, jeudi 18 juin, la création d’un nouveau service de distribution de programmes de télévision, Molotov.tv.Pierre Lescure (ancien président de Canal+)Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) Alain Beuve-Méry La médiatrice du livre, Laurence Engel, après quatre mois d’échanges, a accordé son feu vert aux modèles d’abonnement numérique proposés par les start-up YouScribe et Youboox. Elle a aussi validé l’offre d’abonnement illimité du site Izneo, spécialisé en bandes dessinées.Cette décision constitue, en creux, un nouveau revers pour le géant Amazon, dont le forfait de lecture illimité, lancé dans l’Hexagone en décembre 2014, avait subi un coup d’arrêt en février, son offre « Kindle Unlimited » ayant été déclarée illégale par cette même médiatrice.Les cas de figure sont différents. En ce qui concerne les offres de Youboox et YouScribe, les deux entreprises ont accepté de modifier la présentation de leur offre d’abonnement, en proposant aux éditeurs de fixer un barème à la page, qui sera imputé sur les abonnements réglés par les internautes, en fonction de leur consommation, et après déduction de la remise des librairies. Elles ont six mois pour appliquer le nouveau dispositif.La loi du 26 mai 2011 sur le prix unique du livre numérique précise en effet que l’éditeur conserve la maîtrise du prix du livre numérique. Dans son avis du mois de février, Mme Engel avait rappelé que « ni l’abonnement dans son principe, ni évidemment le streaming ne sont interdits par la loi », mais elle avait indiqué que cette loi s’appliquait bien « aux offres de location de livres et aux services de lecture numérique par abonnement ».« Le prix de chaque consultation individuelle sera ainsi défini en fonction du tarif établi préalablement par chaque éditeur. Ce prix de référence pour la location en streaming servira de base au calcul du prix des pages consommées par la base d’abonnés dans le cadre de l’abonnement », explique Youboox, qui revendique un catalogue de 100 000 livres numériques.Lire aussi :L’offre illimitée de livres illégale en France, les éditeurs divisésLe streaming représente 5 % du marché du livre numérique« Pour les abonnés de YouScribe, cela signifie concrètement que tous les lecteurs ne pourront pas lire ensemble un nombre incalculable de livres sur un mois donné », précise Juan Pirlot de Corbion, fondateur de YouScribe. « C’est bien ce qui inquiétait les éditeurs et les auteurs : que le modèle d’abonnement ne rémunère pas suffisamment la création. »« Je pense que l’offre de YouScribe, telle qu’elle est définie et encadrée, permettra désormais à un lecteur de lire entre 8 et 20 livres par mois, selon la nature des ouvrages ou selon leur date de parution. Ce qui laisse tout de même intacte la promesse fantastique d’une bibliothèque digitale moderne », poursuit-il.Dans le cas d’Iznéo, la librairie numérique dédiée au neuvième art, la solution adoptée est différente. La loi interdisant les offres multi-éditeurs, le groupe Média-Participations, qui détient Iznéo, ne propose plus des forfaits de lecture illimitée que pour des albums des maisons du groupe (Dargaud, Dupuis, Kana, Le Lombard, etc.).De fait la bande dessinée est le secteur le plus prometteur pour la lecture numérique, notamment à travers les amateurs de séries de manga ou de BD classiques qui ont accès à tous les titres en même temps, moyennant un abonnement.Aujourd’hui, les offres de lecture de streaming sont encore à leur balbutiement. A ce stade, elles ne représentent que 5 % du marché du livre numérique qui lui-même ne pèse que 5 % du chiffre d’affaires de l’édition française. Son seul rival est à ce jour le prêt numérique en bibliothèque, qui n’est expérimenté que dans quelques établissements mais qui bénéficie du soutien des grands groupes d’édition.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.06.2015 à 14h52 • Mis à jour le17.06.2015 à 15h52 Le Conseil d’Etat a annulé mercredi 17 juin les deux décisions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), refusant le passage en diffusion gratuite des chaînes LCI (groupe TF1) et Paris Première (groupe M6).L’autorité audiovisuelle avait considéré en juillet que cette demande risquerait de fragiliser et d’entraîner la fermeture d’autres chaînes déjà présentes sur la TNT gratuite, portant ainsi atteinte au pluralisme des médias audiovisuels. Mais le Conseil d’Etat a justifié ces annulations par un « motif de procédure ». Au lieu d’avoir publié les études d’impact requises avant ses décisions de refus, comme prévu par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a tout publié le même jour, le 29 juillet 2014, relève le Conseil d’Etat. « Ces deux décisions ont donc été adoptées à la suite d’une procédure irrégulière », conclut l’institution.En conséquence, « le CSA devra se prononcer de nouveau sur les demandes de LCI et de Paris Première » de passer en gratuit. Concernant Paris Première, le CSA devra se prononcer dans un délai de six mois, conformément à une demande de la chaîne.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCILCI pourra redemander à passer en gratuitDepuis juillet 2014, LCI est en sursis. Ses 250 journalistes poursuivaient leur activité sur la TNT payante, tout en sachant que la chaîne d’information ne passerait pas l’année 2015 si ses ultimes tentatives de passage en gratuit échouaient. Après cette décision, LCI pourra à nouveau demander de passer en gratuit.Le CSA a « pris acte » de cette décision, mais a souligné dans un communiqué que le Conseil d’Etat avait tranché « contrairement aux conclusions de son rapporteur public et en l’absence d’indication dans les travaux parlementaires sur ce point ». L’autorité a confirmé qu’un nouvel examen aurait lieu, « prenant en compte les équilibres du marché publicitaire. »Contexte différentUn nouvel examen du passage en gratuit de Paris Première se fera en effet dans un contexte différent d'il y a un an. Au premier trimestre 2015, le marché publicitaire a rebondi pour la télévision, de 3 % selon l'Institut de recherches et d'études publicitaires (IREP). Or le CSA s'était notamment appuyé sur la faiblesse de ce marché, mi-2014, pour refuser les passages en gratuit de LCI, Paris Première et Planète+.Cet argument de l'amélioration du marché publicitaire vaut également pour LCI. Outre ce rebond du marché publicitaire, le groupe TF1 pourrait faire valoir que l'audience des chaînes d'information a progressé depuis juillet 2014, démontrant que ce marché, occupé par BFM-TV et iTélé, conserve un potentiel de développement. Il pourrait également soutenir que les 20 % de marge de BFM-TV (résultats financiers 2014) et son acquisition en cours de Numéro 23 pour 88 millions d'euros sont des signes de solidité.Voir le communiqué de presse du Conseil d’Etat concernant sa décision : Communiqué de Presse LCI ParisPremiere Maxime Vaudano et Amandine Réaux Les journalistes hésitent généralement à signer des pétitions, de crainte d’abdiquer la neutralité qui constitue pour beaucoup d’entre eux l’un des principes fondamentaux de leur profession. Dérogeant à cette règle, plusieurs grands noms du journalisme d’investigation se sont engagés début juin derrière une pétition d’Elise Lucet dénonçant un projet de directive européenne menaçant selon eux « le travail d’enquête des journalistes et, par ricochet, l’information éclairée du citoyen ».>> La pétition sur le site Change.orgLe collectif « Informer n’est pas un délit », emmené par la journaliste de France 2, rédactrice en chef du magazine Cash Investigation, avait réuni plus de 310 000 signatures mardi 16 juin, alors que la commission juridique du Parlement européen donnait son feu vert à la directive sur le secret des affaires.De quoi s’agit-il ?La pétition dénonce le projet de directive « sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d’affaires) contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicites », proposé en novembre 2013 par la Commission européenne. Il vise à créer une définition européenne du « secret des affaires » en harmonisant les différentes lois nationales, afin de mieux protéger les entreprises contre la divulgation de leurs « secrets économiques », dans l’optique d’améliorer leur compétitivité.Le secret des affaires est une notion juridique à la définition complexe, qui peut servir de fondement pour qu’une entreprise puisse attaquer un journaliste qui ferait des révélations, au motif que celles-ci constituent un préjudice pour l’activité de l’entreprise en question.« L’information protégée par le secret des affaires peut être stratégique pendant des décennies (par exemple une recette ou un composant chimique) ou de façon éphémère (résultats d’une étude marketing, nom prix et date de lancement d’un nouveau produit […]) », explique la Commission, qui affirme qu’un quart des entreprises européennes ont fait état d’un vol d’informations en 2013.Une fois votée par le Parlement européen et approuvée par le Conseil de l’Union européenne, la directive contraindrait les 28 Etats européens à prendre des dispositions pour mieux définir le secret des affaires selon les orientations fixées par l’Union européenne, et à instaurer des amendes pour ceux qui l’enfreignent.Quel est le problème ?Les signataires de la pétition d’Elise Lucet craignent que, sous couvert de protéger les entreprises, ce texte n’empêche les journalistes de faire leur travail, et notamment de révéler des informations compromettantes sur celles-ci.« Si une source ou un journaliste “viole” ce “secret des affaires”, des sommes colossales pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des milliards d’euros, puisqu’il faudra que les “dommages-intérêts correspond (ent) au préjudice que celui-ci a réellement subi”. On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays. »Et le collectif de citer l’affaire LuxLeaks (optimisation fiscale de multinationales au Luxembourg), les « pesticides de Monsanto » ou « le scandale du vaccin Gardasil », qui n’auraient selon lui jamais pu être rendus publics sous le régime de la nouvelle directive.Pourquoi cela pourrait être vraiQuand on s’intéresse au texte de la directive, on s’aperçoit qu’elle fixe en effet un cadre très large au secret des affaires, qui protège de nombreuses informations auxquelles l’opinion publique pourrait s’estimer en droit d’accéder : par exemple, l’article 2 rend illégale l’obtention d’informations qui « ont une valeur commerciale parce qu’elles sont secrètes », tandis que l’article suivant cible les informations issues d’un « vol », d’un « abus de confiance » ou d’un « accès non autorisé à tout document » qui contient lesdits secrets.De quoi condamner à coup sûr l’ancien informaticien de HSBC Hervé Falciani, dont la liste volée de clients de la banque suisse a permis l’éclosion de l’affaire Swissleaks. Ou le Français Antoine Deltour, soupçonné par la justice d’avoir volé des documents au cabinet PricewaterhouseCoopers (PWC) pour faire éclater le scandale LuxLeaks. Ce dernier, poursuivi pour ces faits par la justice luxembourgeoise, risque d’ores et déjà la prison et une grosse amende en vertu de la loi du Grand-Duché, de même qu’un autre lanceur d’alerte et que le journaliste Edouard Perrin.Le risque, c’est de transposer la sévérité du système luxembourgeois à l’ensemble des pays européens, alors que la plupart sont beaucoup plus protecteurs de la liberté d’informer, comme l’Espagne, qui protège aujourd’hui Hervé Falciani.Des mesures pour protéger les journalistes ?Pour se défendre, la Commission européenne fait valoir que la directive prévoit des « mesures de sauvegarde », c’est-à-dire des exceptions pour protéger le cas particulier des journalistes et des lanceurs d’alertes.C’est plutôt vraiL’article 4-2 de la directive exclut de son champ d’application :l’« usage légitime du droit à la liberté d’expression et d’information »la « révélation d’une faute, d’une malversation ou d’une activité illégale du requérant, à condition que l’obtention, l’utilisation ou la divulgation présumée du secret d’affaires ait été nécessaire à cette révélation et que le défendeur ait agi dans l’intérêt public »Mais pour les opposants au texte, ces garde-fous insuffisants placent la liberté d’informer sous l’épée de Damoclès de décisions judiciaires fondées sur des notions trop floues, comme « l’usage légitime » ou « l’intérêt public ». « Cela fait beaucoup de conditions, estime ainsi sur Atlantico Nicolas Gros-Verheyde, vice-président de l’Association des journalistes européens. La combinaison de tous ces éléments fait que la liberté de la presse n’est pas automatique mais subordonnée à la réalisation de la liberté des entreprises de préserver leurs “secrets”. »« Cela va créer un renversement de la charge de la preuve pour les journalistes, qui devront prouver que la diffusion de l’information était légitime, poursuit Véronique Marquet, membre et avocate du collectif « Informer n’est pas un délit ». Cela revient à leur demander s’ils sont prêts à assumer le risque d’être condamnés, ce qui constitue une vraie arme de dissuasion à disposition des entreprises. »En outre, le projet de directive ne fait à aucun moment référence à la protection des sources, principe central dans le libre exercice de la profession de journaliste, qui aurait pu constituer une garantie supplémentaire contre les poursuites.Des améliorations sont-elles possibles ?OuiLa suppression pure et simple de la directive sur le secret des affaires, dont la portée est bien plus large que le débat sur la liberté de la presse, n’est sûrement pas la seule solution pour empêcher l’avènement de la « censure en Europe ».Pour dissiper les craintes, l’eurodéputée française Constance Le Grip (Les Républicains), rapporteure du texte à la commission juridique du Parlement européen, a proposé plusieurs amendements dans son rapport, adopté à une large majorité en commission des affaires juridiques du Parlement européen le 16 juin.Elle suggère notamment de préciser que le secret des affaires ne saurait être opposé aux journalistes et aux lanceurs d’alerte, tout en conservant les concepts très flous de « légitime » et « intérêt du public ». Elle souhaite aussi intégrer une référence à la protection des sources, mais en excluant les usages qui « relève [nt] d’un comportement illégal » ou « ne profite [nt] pas à l’intérêt général ». Enfin, les eurodéputés veulent clarifier le fait que la directive « ne propose pas de mesures pénales », comme des peines de prison, pour les contrevenants… sans empêcher les Etats européens d’en instaurer, comme au Luxembourg.Dans une résolution votée le 9 juin en commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, la députée socialiste Audrey Linkenheld a proposé une mesure plus radicale : exclure explicitement « les activités des journalistes » du champ d’application de la directive et protéger spécifiquement les lanceurs d’alerte agissant à titre individuel.C’est encore insuffisant juge Véronique Marquet d’« Informer n’est pas un délit » : « Le sort des journalistes et de leurs sources est intimement lié, et ces dernières ne seraient pas suffisamment protégées. » Pour le collectif, la seule solution satisfaisante serait de recentrer la directive sur le seul espionnage industriel entre entreprises, pour protéger de fait tous les individus qui révèlent des secrets d’affaires au nom de l’intérêt général.En France, le « secret des affaires » vite écartéEn janvier 2015, lors de la discussion à l'Assemblée du projet de loi Macron, le rapporteur du projet de loi Richard Ferrand estime « indispensable » d'introduire des dispositions concernant le « secret des affaires », anticipant la directive de la Commission européenne. L'idée est de protéger les entreprises françaises contre l'espionnage économique en créant la notion juridique de « secret des affaires et protection civile ». Divulguer des secrets d'affaires exposerait à des sanctions pouvant aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende, voire, en cas d'atteinte « à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France », sept ans d'emprisonnement et 750 000 euros d'amende.L'amendement provoque la colère de nombre de rédactions, agences de presse et ONG. Une pétition, signée notamment par l'eurodéputée écologiste Eva Joly, demande la modification de l'amendement, au nom de la démocratie, « pour qu'il ne puisse être opposé à la liberté d'informer de la presse ou museler les lanceurs d'alertes ». Car il ne prévoit pas de protéger les lanceurs d'alerte, sauf dans les cas où les informations divulguées concernent la santé et l'environnement.Fin janvier, François Hollande cède finalement aux revendications des journalistes et décide d'abandonner la législation sur le secret des affaires. Mais si la directive européenne était adoptée, des dispositions similaires devraient être adoptées en France sous 24 mois.Amandine RéauxJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Surprise : le gouvernement a réintroduit en commission, mardi 16 juin, l’amendement qui augmente la taxe sur les reventes de chaînes de TNT, sous une forme rerédigée, a appris Le Monde d’une source gouvernementale. La semaine dernière, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, avait pourtant retiré ce texte de sa loi sur la croissance, qui doit être votée ce mardi à l’Assemblée nationale.Changement de stratégie du gouvernementM. Macron avait notamment invoqué des risques juridiques. Et il préconisait d’utiliser un autre texte pour légiférer après la revente polémique de la chaîne Numéro 23, cédée pour 90 millions d’euros à NextRadioTV par son actionnaire principal Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde), moins de trois ans après son attribution gratuite par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), sous une majorité de droite.Après discussion et arbitrage entre la ministre de la culture, Fleur Pellerin (qui avait initialement soutenu l’initiative de taxation à 20 %), et Bercy, sous l’égide de Matignon et de l’Elysée, il a été jugé préférable de retenir une option différente de celle envisagée par Emmanuel Macron la semaine dernière.Plafonnement de la taxation à 26 % de la plus-valueLe nouvel amendement vise à éviter le risque de voir la taxe jugée inconstitutionnelle : il plafonne son montant à 26 % de la plus-value réalisée sur la vente de la chaîne. Pour le reste, il conserve le mécanisme mis en place dans l’amendement précédent : la taxe sera de 20 % si la chaîne est cédée moins de cinq ans après son attribution, de 10 % entre cinq et dix ans et de 5 % au-delà.Jusqu’ici, le taux était de 5 % et les reventes interdites avant deux ans et demi, cette mesure adoptée en 2013 étant jugée insuffisante, à droite comme à gauche, pour éviter les « reventes spéculatives ».Les réserves initiales d’Emmanuel MacronUn autre risque, pointé par Emmanuel Macron, a finalement été jugé mineur par le gouvernement : le « risque conventionnel » car la mesure pourrait être jugée rétroactive, si elle s’applique à la vente de Numéro 23, qui a été annoncée avant l’amendement mais ne sera effective que lorsque le CSA aura donné son agrément.Le ministre de l’économie était allé plus loin, la semaine dernière, lors du débat en commission spéciale, qui a mené au retrait du premier amendement sur la taxation à 20 % : « Il faut adopter des décisions de principes plus structurantes, avait-il dit, comme l’a relevé Puremédias. Il faut pour cela définir, au moment de l’attribution des fréquences, des règles encadrant la revente et les plus-values. » Le ministre n’avait pas caché qu’il trouvait « plus adapté » d’introduire la mesure dans la future proposition de loi sur la bande des 700 MHz, portée par le président de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche. Tout en assurant qu’il « souscrivait à la philosophie » de lutte contre les fortes plus-values sur les fréquences gratuites. Et en rappelant que la droite avait voté contre la première taxe à 5 % en 2013. Mais M. Macron aura finalement dû adapter sa position.Des « personnalités réputés proches des cercles actuels du pouvoir »Le retrait de l’amendement introduit dans la loi Macron avait suscité de vives critiques, notamment de son auteur, la sénatrice (UDI) Catherine Morin-Desailly. L’élue de droite a appelé sur son blog la gauche à réintroduire la taxation, sous peine de devoir « assumer face aux Français d’avoir entériné des pratiques parmi les plus discutables du « monde de la finance » favorisant, qui plus est, l’enrichissement de personnalités réputées proches des cercles actuels du pouvoir ».Pascal Houzelot, qui a été lobbyiste de TF1, producteur et fondateur de la chaîne gay PinkTV, a des connexions à droite, mais aussi à gauche. Certains ont rappelé qu’il avait compté parmi les nombreux invités de ses dîners parisiens le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, mais aussi Fleur Pellerin, le premier ministre, Manuel Valls, ou le président du CSA, Olivier Schrameck (qui a succédé à Michel Boyon, qui avait attribué la fréquence de Numéro 23). Ou que son dossier avait en 2012 été défendu devant le CSA par David Kessler, ancien conseiller culture de François Hollande.M. Kessler explique aujourd’hui au Monde qu’il agissait en tant que représentant de Mathieu Pigasse qui envisageait de devenir actionnaire de Numéro 23 aux côtés d’autres investisseurs minoritaires, dont Xavier Niel, le patron de Free (tous deux sont actionnaires du Monde). Et qu’il n’a rien à voir avec la revente de Numéro 23, annoncée en avril 2015.Tensions autour de la chaîne de la « diversité »Sur le fond du projet, Numéro 23, proclamée chaîne des diversités, a été critiquée par des acteurs de la diversité comme l’ancien conseiller du CSA Rachid Arhab ou la chaîne Banlieue Diversité Média TV.De son côté, Pascal Houzelot a mis en avant d’autres acteurs réunis dans une tribune de soutien à Numéro 23. Et toujours dit que la chaîne défendait une version large de la diversité, des religions, des sexualités, des formes de familles… Une ligne éditoriale critiquée mais dont le respect a été validé par le CSA. M. Houzelot a rappelé que 40 millions des 90 millions d’euros de la vente étaient réinvestis en parts de NextRadioTV, le groupe acheteur dont M. Houzelot deviendra membre du conseil d’administration.Lire l’entretien d’Alain Weil, PDG de NextRadioTV : « Nous agissons comme TF1 ou Canal+ »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les réseaux sociaux comme Facebook s’imposent petit à petit comme des intermédiaires entre les médias et leurs lecteurs. C’est ce que souligne le rapport annuel du Reuters Institute britannique, qui s’appuie sur un sondage conduit auprès de 20 000 personnes dans 12 pays d’Europe plus les Etats-Unis, le Japon et le Brésil : 41 % des sondés ont utilisé Facebook au cours de la semaine écoulée pour trouver, lire, partager ou commenter de l’information, soit une hausse de 6 points en un an.Lire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasEn France, ils sont 35 % (+8 points). Si Facebook domine, d’autres plates-formes émergent également dans l’accès à l’information des sondés : 18 % ont utilisé Youtube, 9 % WhatsApp. Et les moyennes cachent d’autres tendances, soulignent les auteurs : pour s’informer, 34 % des sondés du Brésil urbain ont eu recours à WhatsApp et 5 % des 18-24 ans américains au réseau social éphémère Snapchat.L’annonce d’emploi publiée samedi 13 juin par Apple ne devrait donc surprendre personne : le constructeur de l’iPhone cherche des journalistes pour « identifier et transmettre les meilleurs articles de l’actualité internationale, nationale et locale ». Le rôle de ces « éditeurs » sera d’apporter une touche humaine à News, la nouvelle application mobile annoncée le 8 juin par Apple, qui promet une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires.Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne ». Et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. Toutes ces initiatives ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur les plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat, voire des revenus publicitaires. Tous proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.ConcessionsComme Facebook, Apple a présenté une première liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times mais aussi des acteurs issus du Web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plates-formes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? « Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a expliqué Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plates-formes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »Pour convaincre les éditeurs, Apple et Facebook ont toutefois fait certaines concessions dans leur offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Conséquences sur le pluralismeLe contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est aussi un point sensible. Facebook a proposé aux médias d’agréger les « vues » des « instant articles » à leur audience et d’avoir accès aux statistiques. Apple ajoute qu’elle respectera la vie privée des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.Malgré cela, le débat sur le risque couru par les médias ne fait que commencer : n’abandonnent-ils pas trop de pouvoir aux géants du Net ? « Qu’une organisation comme le New York Times, si soucieux du contrôle de sa marque, choisisse ce chemin, montre à quel point le changement des usages force les entreprises les plus déterminées à faire des compromis », s’inquiète Emily Bell, directrice du Tow Center for Digital Journalism, dans un essai annexé au rapport du Reuters institute. Une fois l’usage créé, les grandes plates-formes pourraient de plus changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google l’a fait avec son fonds de soutien à la presse.Plus largement, l’absence de transparence sur les données – et sur la façon dont les contenus sont mis en avant sur des plates-formes comme Facebook – « peut créer des problèmes commerciaux pour les éditeurs, mais soulève aussi des questions démocratiques », argue Mme Bell, estimant que les algorithmes font des choix éditoriaux pouvant influer sur le pluralisme, par exemple. « La fragmentation des médias, qui affaiblit leur pouvoir de négociation, a coïncidé avec la concentration des pouvoirs dans quelques plates-formes », note Mme Bell. Face au risque de dépendance envers un gros acteur comme Facebook, Buzzfeed, grand spécialiste de la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux, a choisi de coloniser le maximum de plates-formes différentes, et s’emploie donc à disséminer ses contenus sur Twitter, Instagram, Pinterest, Vine…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.06.2015 à 17h07 • Mis à jour le12.06.2015 à 17h26 | Alexandre Piquard « Je n’ai pas participé à la campagne de Delphine Ernotte, même si je suis très content de son élection », déclare David Kessler, directeur général d’Orange Studio, parfois présenté comme un soutien actif de la nouvelle présidente de France Télévisions. Bien connu du milieu des médias et classé à gauche, le nom de cet ancien conseiller culture de l’Elysée a été cité plusieurs fois dans des articles sur la candidature de la directrice exécutive d’Orange France. Fait nouveau : il est aussi visé indirectement dans l’une des deux plaintes déposées cette semaine à la suite de la nomination opérée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire : Deux plaintes et deux recours contre la nomination de Delphine ErnotteLa nomination d’Olivier SchrameckLa démarche engagée par le syndicat SNPCA-CGC met en avant la notion de trafic d’influence : le plaignant se pose des « questions » sur un éventuel « renvoi d’ascenseur » entre Olivier Schrameck, le président du CSA, et David Kessler, qui était conseiller culture de François Hollande à l’époque de la nomination du dirigeant du régulateur de l’audiovisuel, début 2013. Selon ce raisonnement, le conseiller aurait fait nommer le président du CSA qui aurait ensuite porté sa candidate à la tête de France Télévisions.Certains ont en outre rappelé que David Kessler était entre 1995 et 2002 conseiller culture à Matignon sous Lionel Jospin, quand le directeur de cabinet était Olivier Schrameck (à l’époque, François Hollande était premier secrétaire du Parti socialiste et Manuel Valls conseiller en communication du premier ministre).M. Kessler rejette l’accusation de trafic d’influence : « Quand on connaît la machine d’Etat, on sait que ce n’est pas le conseiller culture du président de la République qui choisit le président du CSA, argue-t-il. Le président peut solliciter l’avis du ministre de la culture, du premier ministre et, à l’Elysée, de son directeur de cabinet et du secrétaire général. Au final, c’est le choix du président de la République », ajoute le conseiller, qui précise avoir donné son avis sur plusieurs noms.Les relations avec Delphine ErnottePar ailleurs, M. Kessler assure qu’au moment de la nomination de M. Schrameck au CSA, il n’avait jamais rencontré Mme Ernotte, « sauf une fois, quelques minutes, sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, à l’occasion de la Nuit Blanche », dont Les Inrockuptibles, journal qu’il dirigeait, était partenaire.Mme Ernotte n’aurait pas non plus participé au recrutement de M. Kessler à Orange, en novembre 2014, assure ce dernier, précisant que la filiale cinéma, dont il est directeur général, ne dépend pas d’Orange France, que dirige Mme Ernotte. Egalement connecté à droite, M. Kessler cite trois personnes ayant parrainé son arrivée chez l’opérateur : Pierre Louette, un « ami » ; Christine Albanel, ancienne ministre (UMP) de la culture et présidente d’Orange studio ; et Stéphane Richard, le PDG du groupe.M. Kessler raconte avoir rencontré Delphine Ernotte pour la première fois en décembre 2014 et avoir, en fin d’entretien, évoqué les échos la présentant comme candidate à France Télévisions. Cette dernière n’a pas démenti, sans vraiment confirmer non plus, raconte-t-il.Au sujet de France Télévisions, M. Kessler explique avoir ensuite revu Mme Ernotte, « une fois, environ une heure », mais il précise avoir eu le même genre d’entretien avec la plupart des candidats de premier plan à la présidence de France Télévisions.Lire : La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsLa campagne pour la présidence de France Télévisions« A quelques personnes qui me demandaient mon avis sur la campagne, j’ai dit que je trouvais que Mme Ernotte était une candidate crédible. J’aurais peut-être dû me taire… », ajoute celui qui a également été directeur général du CSA, directeur du Centre national du cinéma et de France Culture et conseiller du président de France Télévisions Marc Tessier…Pendant la campagne, il assure n’avoir appelé aucun membre du CSA, sauf Sylvie Pierre-Brossolette, une fois : c’était pour « prendre de ses nouvelles », après qu’elle a été critiquée, début novembre, lors de la fuite dans la presse de son prérapport sévère sur le bilan du président de France Télévisions Rémy Pflimlin, précise-t-il, comme il l’avait déjà dit au JDD. M. Kessler a enfin confié avoir déjeuné avec Olivier Schrameck, en décembre. A l’époque, le nom de Delphine Ernotte avait déjà fait l’objet de quelques mentions dans la presse. « Lors du déjeuner, nous avons dû parler quelques secondes de France Télévisions, mais pas de Delphine Ernotte », assure-t-il. Sur les deux plaintes déposées, il revient maintenant aux parquets de déterminer s’ils souhaitent ouvrir une enquête.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Rupert Murdoch met la dernière main à sa succession. Le magnat des médias est sur le point de céder les rênes de la 21st Century Fox à son fils James, 42 ans. Celui-ci devient directeur général du groupe, a annoncé la chaîne CNBC, qui cite des sources proches du dossier. Le groupe, contrôlé à 39,4 % par la famille Murdoch, et qui regroupe les activités dans la télévision et le cinéma, a confirmé, jeudi 11 juin, que le sujet de la succession de M. Murdoch serait abordé lors des prochains conseils d’administration.A l’issue de cette réorganisation, qui devrait intervenir dès cette année ou au plus tard en 2016, M. Murdoch, 84 ans, serait toujours président de Fox, siège qu’il partagerait avec son fils aîné, Lachlan, 43 ans. Chase Carey, le directeur général actuel du groupe, resterait au sein de la structure, mais comme conseiller auprès du magnat australien.Des changements attendusCes changements étaient attendus dans la mesure où le tycoon n’a jamais caché sa volonté que l’un de ses enfants lui succède. Par ailleurs, le calendrier s’accélérait : M. Carey devait informer avant le 30 juin prochain le conseil d’administration de Fox de ses intentions de quitter ou non le groupe avant la fin de son contrat qui se termine le 30 juin 2016.La première étape de ce remaniement avait été franchie en mars 2014, lorsque James Murdoch a été promu codirecteur général avec M. Carey. Celui-ci a d’ailleurs été partie prenante dans le processus de succession dans lequel il a joué un rôle de facilitateur.Au-delà des personnes, l’organisation reste similaire à celle qui prévalait jusqu’à présent, à savoir un président, Rupert Murdoch, s’occupant de la stratégie à long terme et d’un responsable exécutif, Chase Carey, chargé de la gestion quotidienne des affaires. Les deux fils seront donc amenés à travailler en tandem, selon cette répartition des rôles, même si l’ombre tutélaire du père reste encore dans le paysage.Pour James Murdoch, il s’agit d’un rétablissement spectaculaire dans la mesure où sa réputation avait été entachée par le scandale en 2011 des écoutes téléphoniques du tabloïd anglais News of the world. A la tête des activités du groupe au Royaume-Uni, il avait été obligé de démissionner avant de rentrer aux Etats-Unis.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean Birnbaum Quand la presse traverse une crise, elle doit se tourner vers ses lecteurs. La tradition d’un journal, son identité, bref, son avenir, ce sont eux qui en parlent le mieux, tout simplement parce qu’ils en sont les vrais dépositaires. Etre à la hauteur de cette tradition, pour un collectif de plumes, ce n’est donc pas seulement respecter des principes hérités, c’est d’abord se montrer à la hauteur des exigences, anciennes et nouvelles, que les lecteurs adressent à leur journal. Voilà pourquoi, au Monde, le courrier des lecteurs a toujours fait l’objet d’un soin particulier. Bien avant l’apparition du dialogue sur Internet et sur les réseaux sociaux, la lecture de ce courrier a imposé une évidence : la vocation d’un quotidien n’est pas figée, elle se bâtit au jour le jour dans l’échange et le partage.Après les attentats de janvier, cette évidence est devenue urgence. Les gens du Monde, toutes les femmes et les hommes qui suivent ce journal comme on s’inscrit dans une communauté, ont ressenti la ­nécessité de prendre la parole. Ils l’ont fait avec beaucoup de force et de sensibilité. On le vérifiera en lisant le volume qui paraît sous le titre Qui est vraiment Charlie ? (François Bourin-Le Monde, 176 p., 19 €). Réunies par nos collègues Pascal Galinier (médiateur du Monde) et Dominique ­Buffier, ces missives relèvent tour à tour du témoignage et de l’analyse, de l’indignation et de l’espérance. S’y déploie une diversité de points de vue et, notamment, très tôt, des doutes concernant l’unanimisme propre aux manifestations du 11 janvier. De belles confidences, aussi, de la part de Français musulmans qui se trouvent soudain sommés de prendre ­position : « C’est ce que me demande le ­regard de tous sans l’exprimer », note ainsi Walid Bekhti. Et, enfin, partout, un appel lancé au Monde, une manière de dire : mettez des mots sur ce que nous vivons, donnez du sens à cette époque débous­solée, tenez-vous bien pour nous aider à tenir bon. Essayez de « comprendre un peu plus fort, débattre un peu plus fort », comme y invite Julie Desrousseaux. ­Mobilisez-vous pour dissiper la confusion et opposer les Lumières à l’obscurantisme, « la pensée droite à la pensée tordue », ­selon la formule d’Edouard Reichenbach. Bref, travaillez à lever ce que Jean-Charles Vegliante nomme superbement un « couvre-feu mental ».Jean BirnbaumJournaliste au Monde, responsable du "Monde des Livres"SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Un rosier qui fléchit, un lilas qui jaunit, un pommier en mal de fruits… A chaque problème rencontré au jardin ou au potager, celui que l’on surnommait « Michel le jardinier » avait une solution qu’il prodiguait, derrière de grosses moustaches en broussaille, de son verbe fleuri, piqué d’anecdotes, d’adages ou de dictions. Même ceux qui n’avaient guère de goût pour le jardinage aimaient à écouter cet homme jovial et chaleureux, ce conteur hors pair qui distilla son savoir encyclopédique pendant trente ans, aussi bien à la radio qu’à la télévision. Retiré depuis quelques années à Saintes (Charente-Maritime) Michel Lis est mort, mardi 9 juin, à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, a-t-on appris de Radio France. Il était âgé de 78 ans.Surnommé « Moustaches vertes »Confiant à Laure Adler en 1999, lors de l’émission « Le Cercle de Minuit », avoir « certainement appris à marcher en plantant des radis », ce natif des Deux-Sèvres (il est né en 1937 à Pamproux) prit très tôt goût pour la terre, grâce à son grand-père cheminot qui lui enseigna les vertus du jardinage, à savoir : la patience, l’observation et le bon sens. Loin cependant d’en faire son métier, c’est vers le journaliste que le jeune homme se tourne peu après avoir obtenu son baccalauréat. Ainsi, on verra fleurir sa signature, de grand reporter notamment lors de la guerre des Six Jours ou des Jeux olympiques, tour à tour dans les colonnes du Monde graphique, du Parisien libéré, de L’Equipe ou encore de Télé 7 jours ; avant de faire en 1972 le bonheur des auditeurs de France Inter.A cette époque, Eve Ruggieri qui anime les matinées du week-end de la station avec Jacques Paugam, cherche une idée pour intéresser les auditeurs. « On a pensé au jardinage, et elle a fini par me le proposer, presque par hasard. C’est aussi elle qui a trouvé le surnom qui me colle toujours à la peau : moustaches vertes » confiait-il au Parisien, en 2003.Avec « la Minute du jardinier » diffusée chaque vendredi à 7 h 30, Michel Lis rencontre un succès immédiat. Malgré tout, il faudra attendre 1981 pour mettre enfin un visage sur cette voix qui aime à enluminer ses conseils pratiques de dictons et de maximes puisés dans des livres de botaniques. Après « Idées à suivre », une chronique qu’il tient sur France 2, ce lecteur de Rousseau, Cendrars ou de Conrad rejoint en 1985 l’équipe de « Télématin » qu’il quittera en 1999. Mais la télévision ne le détournera pas pour autant de la radio où l’on pourra l’entendre sur les ondes de France Inter, de France Info, de Radio France Gironde essaimer avec bonne humeur ses conseils et ses maximes. Toujours sans fiches, depuis qu’en 1976, une maladie de la rétine l’avait frappé, lui conférant une mémoire encyclopédique.Malgré ce handicap dont il ne se consolait pas, Michel Lis, n’avait pas abandonné l’écriture. Outre ses collaborations dans différents titres de presse dont Rustica, TV hebdo, Nice Matin ou Trente millions d’amis, il publiera plusieurs ouvrages tels Michel le jardinier au jardin de Jean-Jacques Rousseau (Mengès, 1984), Le Grand Almanach de Michel le jardinier (Mengès, 1999). Après avoir tenu une chronique sur France Bleu La Rochelle, ce militant pour la renaissance des espèces et des traitements naturels raccrochait le micro en 2012, mais non le râteau et la bêche, pour se consacrer tout entier à ses fleurs de prédilection : la rose trémière, le dahlia et la santoline, symbole de cette terre de Saintonge qu’il affectionnait tout particulièrement.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’Etat va mettre la main à la poche pour aider Radio France à sortir de l’ornière. Selon nos informations, l’entreprise publique va recevoir 80 millions d’euros de financement exceptionnel, afin de faire face aux besoins de trésorerie engendrés par l’interminable chantier de réhabilitation de la Maison de la radio.Lire aussi :L’interminable chantier de la Maison de la radioCette somme, dont le montant a été annoncé, mardi 23 juin, en conseil d’administration, sera versée sous deux formes différentes. Cinquante-cinq millions d’euros seront apportés aux fonds propres de l’entreprise sous forme d’une dotation en capital, sous l’égide de l’Agence des participations de l’Etat (APE). Répartis sur trois exercices budgétaires (de 2016 à 2018), 25 autres millions d’euros seront issus de la contribution à l’audiovisuel public (la « redevance »), au titre de l’investissement.Un geste de l’Etat était attendu et avait été promis par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors de la longue grève qui a paralysé Radio France, en avril. « J’ai proposé une intervention au capital de l’entreprise, pour l’accompagner dans cette période difficile », avait-elle déclaré dans un entretien au Monde. Son montant et ses modalités restaient à définir, dans un contexte où chaque euro d’argent public compte et où il est par ailleurs demandé à l’entreprise de se réformer.Lire aussi :Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio FranceUn chantier à plus de 100 millions d’eurosAu ministère, on explique que les formes d’intervention retenues – une dotation en capital et un budget d’investissement – permettent de bien distinguer cet apport exceptionnel de ce qui relève du fonctionnement courant de l’entreprise. Cet apport ne sera par ailleurs pas le seul : Radio France a soumis une demande de prêt à trois banques et recherche 90 millions d’euros pour subvenir à ses besoins de trésorerie. Mais pour obtenir l’accord des banques, elle doit d’abord finaliser son contrat d’objectif et de moyens (COM), dont la conclusion n’est pas attendue avant septembre.L’apport de l’Etat, ainsi que cet emprunt, sont censés permettre à l’entreprise de répondre aux besoins de financement supplémentaires liés au chantier, évalués à ce stade entre 100 et 110 millions d’euros. Mais cette estimation laisse un angle mort : le sort d’une partie des studios, dits « studios moyens ». Des études doivent être menées pour déterminer comment mener leur réhabilitation.L’aide apportée par l’Etat lève une partie des incertitudes financières pesant sur Radio France. Mais elle ne résout pas la « question stratégique » qui doit être au cœur du COM, pointe-t-on au ministère. Ni la question des 44 millions d’euros d’économies, dont 24 sur la masse salariale, que l’entreprise doit dégager dans le cadre du COM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Circa News has been put on indefinite hiatus [Circa News a été suspendue pour une durée indéterminée] », écrit le co-fondateur de l’application mobile d’information, Matt Galligan, dans un post publié, jeudi 25 juin, sur la plate-forme Medium. Celui qui est aussi PDG de la start-up créée en 2011 explique que sa compagnie n’a plus les moyens de financer sa production de contenus.M. Galligan raconte qu’une nouvelle levée de fonds – après la première, de 5,7 millions d’euros –, a échoué car l’équipe de Circa n’a pas voulu affecter l’expérience des utilisateurs en optant soit pour l’insertion de formats publicitaires, soit pour la mise en place d’un système d’abonnement.Le paradoxe pour Circa est qu’il a été le premier à proposer, en 2013, une expérience d’information conçue pour le mobile, en se positionnant sur de l’agrégation de haute qualité, à base de contenus externes soigneusement choisis par une rédaction de 20 personnes, présentés de façon très découpée, agrémentés de nombreux enrichissements (citations, liens…), avec une fonctionnalité permettant de suivre un sujet. À son lancement l’application avait suscité de nombreux commentaires élogieux. Mais Circa a « échoué à construire un business à partir de son produit », admet le co-fondateur.Plusieurs obstacles au succèsL’application n’a jamais communiqué ses chiffres d’audience, que son M. Gilligan qualifie de « modeste ». Pour certains critiques, tel Joshua Benton, responsable du Nieman Lab, l’inventivité narrative de Circa ne compense pas son manque de personnalité éditoriale. « Découper un article en bouts, c’est prendre le risque d’en retirer tout le ton, tout l’aspect humain, estime M. Benton, rappelant la différence entre le style d’un site de divertissement comme Buzzfeed et l’hebdomadaire britannique de référence The Economist. Les articles sur Circa sont fades et dénués de personnalité. C’est la confusion entre une stratégie de logiciel d’édition de contenu et une stratégie éditoriale. »Mais l’échec de Circa est aussi un symptôme du développement insuffisant de l’économie du mobile, comme l’a décrypté Frédéric Filloux dans sa Monday Note. Alors que la part mobile du trafic web dépasse fréquemment les 50 %, les revenus tirés du mobile plafonnent à 30 % et sont concentrés entre les mains de quelques entreprises, notamment Facebook. Elle illustre aussi la rapidité des changements de modèles : en deux ans, Circa a vieilli, notamment dans son absence de perméabilité avec les réseaux sociaux.Si Circa ne donne pas de détails sur ce qui va désormais advenir, c’est qu’il espère vendre une partie de ses actifs, par exemple sa plateforme de publication. Il y a quelques semaines, le site américain consacré à la vie du web et des jeux vidéo Daily Dot a confirmé discuter avec les fondateurs de Circa, rapporte le blog The Desk.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.06.2015 à 01h30 • Mis à jour le25.06.2015 à 09h01 Une amende de 5 000 euros a été requise, mercredi 24 juin, à l’encontre d’Eric Zemmour, poursuivi notamment pour incitation à la haine raciale et diffamation raciale, pour avoir évoqué, lors d’une chronique à la radio, « les bandes » d’étrangers « qui dévalisent, violentent ou dépouillent ». Le parquet a en outre requis 3 000 euros d’amende avec sursis à l’encontre de RTL, poursuivie pour avoir diffusé la chronique de M. Zemmour sur son site Internet.« Dans l’urgence »Eric Zemmour a expliqué avoir appuyé ses propos sur des témoignages, comme ceux « d’agriculteurs dépouillés par des bandes de Roms » et « des touristes chinois dévalisés à Paris » par ces mêmes « bandes ». Il a aussi souligné qu’il travaillait « dans l’urgence » et qu’il ne pouvait pas analyser toutes les statistiques sur la délinquance et se devait donc de « synthétiser ».« C’est ma liberté d’expression ; si on ne fait pas ça, on ne peut plus travailler », s’est défendu M. Zemmour, qui se dit « victime d’un procès profondément politique ». « Je ne suis pas assistante sociale, mon métier n’est pas de savoir si je vais faire de la peine à Untel ou Untel. Mon métier, c’est dire la vérité », a-t-il poursuivi.Mais pour le procureur de la République M. Zemmour tient « des propos sans nuance » qui « rejaillissent sur des groupes visés dans leur ensemble » et « stigmatisent » les populations immigrées. « Vous parlez d’acharnement, mais je ne sais pas de qui l’on parle », a ajouté la magistrate après avoir souligné que le prévenu avait déjà été condamné en 2011 pour les mêmes chefs, pour avoir déclaré à la télévision que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Le jugement a été mis en délibéré au 22 septembre. Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Nous avons la volonté de réaffirmer l’exigence d’exemplarité dans les établissements publics. » Telle est l’ambition du ministère de la culture alors que Fleur Pellerin a adressé aux dirigeants des 75 établissements culturels et audiovisuels, mercredi 24 juin, une « instruction pour la maîtrise et la transparence » des dépenses. Un travail de fond pour harmoniser et renforcer les règles en vigueur. Mais aussi un affichage politique volontariste sur un thème très sensible dans l’opinion, comme l’ont démontré plusieurs affaires, touchant jusqu’au premier ministre Manuel Valls, qui avait emmené ses enfants en avion voir la finale de la Ligue des Champions.Une réaction à « l’affaire » du bureau de Mathieu GalletL’initiative de Mme Pellerin a été lancée en mars, en réaction à l’affaire Mathieu Gallet : à l’époque, le nouveau PDG de Radio France se voit reprocher les frais de rénovation de son bureau. Il sera blanchi par l’inspection générale des finances sur ses dépenses dans le groupe audiovisuel. Mais une enquête préliminaire a, depuis, été ouverte pour favoritisme sur les prestations de conseils extérieurs à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sous sa présidence (2010-2014).Lire : Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme »  Dans le sillage de ce feuilleton est née l’affaire des taxis d’Agnès Saal, poussée à la démission de la présidence de l’INA. La circulaire envoyée mercredi par le... 23.06.2015 à 19h34 • Mis à jour le23.06.2015 à 21h01 | Alexandre Piquard Les sanctions infligées aux médias par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour le traitement des attentats de janvier ne passent toujours pas. Selon nos informations, la plupart des chaînes et radios qui avaient contesté leurs mises en demeure et mises en garde ne désarment pas, malgré le rejet de leur recours gracieux par l’autorité, le 1er juin. La semaine dernière, France Télévisions, BFM-TV et RMC, France 24 et RFI, RTL et Europe 1 ont déposé chacun un recours au Conseil d’Etat contre les décisions du CSA. Selon ce dernier, des personnes avaient été mises en danger et le travail des forces de l’ordre gêné.« C’est un enjeu majeur pour la liberté de travail des journalistes de service public, dont l’information est une des missions centrales », explique-t-on à France Télévisions, résumant le sentiment d’autres médias concernés. « La volonté est d’avoir un éclairage juridique sur le fond, pour l’avenir, et d’avoir un cadre légal précisé au regard de l’évolution des médias et de l’information en continu », ajoute-t-on à France Médias Monde (France 24, RFI…). Les chaînes et radios se défendent de toute action procédurière ou corporatiste.Le cas particulier de l’assaut à Dammartin-en-GoëleLe 11 février, l’institution dirigée par Olivier Schrameck avait sanctionné pas moins de 36 « manquements » divers. Certains étaient des défauts de « respect de la dignité humaine », comme dans le cas de la diffusion d’extraits de la vidéo amateur d’un policier abattu par les frères Kouachi.D’autres ont été considérés comme des atteintes à « l’ordre public » : par exemple « la diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes », ou « la diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ».Dans leurs recours auprès du Conseil d’Etat, les médias concentrent leur argumentation sur une sanction particulière : celle visant « l’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la porte de Vincennes ». « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », avait écrit le CSA.L’ordre public, une notion trop vague ?Il ne s’agit pas de faits avérés mais d’un risque potentiel. Le CSA considère a priori qu’il aurait pu y avoir un trouble à l’ordre public, arguent les médias concernés. A BFM-TV et RMC, ainsi qu’à France Télévisions, notamment, le recours repose sur le raisonnement suivant : la liberté d’expression définie par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme ne peut être restreinte que par des références à des infractions pénales précises (par exemple la provocation à la haine raciale, le négationnisme…). Et donc pas par une interprétation par le CSA du concept, vague, d’ordre public, cité à l’article 1er de la loi sur l’audiovisuel de 1986.« Le risque est de nous contraindre à demander au ministère de l’intérieur si une information peut porter atteinte à l’ordre public. Est-ce légitime ? C’est un problème de fond », estime-t-on à RTL. Lors du début de l’assaut à Dammartin-en-Goële, les journalistes étaient témoins directs, comme d’autres riverains, ajoute-t-on. Aucune consigne n’avait été donnée sur cette information aux médias par les forces de police, ajoute-t-on à France Télévisions.« On ne veut pas que la liberté de la presse soit réduite a priori. Il y a en France des lois pour que le juge tranche a posteriori », renchérit RTL. Plusieurs médias s’inquiètent d’une « insécurité juridique » qui pourrait mener à de « l’autocensure » et réclament un cadre au Conseil d’Etat.« Distorsion de concurrence » avec les réseaux sociaux et les sites de médiasContacté, le CSA ne souhaite pour l’instant pas réagir, ne disposant pas du contenu des recours déposés. « Nous ne sommes pas donneurs de leçons », s’était défendu Olivier Schrameck dans Le Figaro. « Il ne s’agit pas de distribuer des sanctions pour l’exemple. L’hommage que j’ai rendu aux médias pour leur rôle dans la prise de conscience collective, je le réitère », avait-il ajouté, tout en reconnaissant la « portée préventive » des sanctions.Enfin est pointée une « distorsion de concurrence » défavorable aux chaînes de télévisions et aux radios, soumises au CSA. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, mais aussi les sites internet de médias, qui ont pour la plupart couvert les événements en direct, ne dépendent eux pas de cette autorité. « Si une information est diffusée ailleurs mais que nous devons la taire, il risque de s’installer une défiance de nos spectateurs, qui seront tentés de s’informer à d’autres sources. Alors que nous sommes justement garants d’un professionnalisme de l’information », estime-t-on à France Télévisions, rappelant que l’entreprise a un code de déontologie.M. Schrameck avait reconnu le « problème » : « Nous avons d’un côté un champ médiatique qui est très précisément régulé et de l’autre un champ numérique qui ne l’est pas ou très peu », avait-il dit au Figaro, renvoyant la question au législateur.« Prise de conscience commune » et prudenceCes débats et ces recours interviennent dans un contexte particulier : le CSA voit son action contestée sur plusieurs points et le Conseil d’Etat a notamment cassé sa décision contre le passage en gratuit de LCI et Paris Première. Les médias concernés, eux, restent prudents dans leur expression, car ils dépendent tous de l’autorité pour diverses décisions, à l’image d’une BFM-TV qui espère ne pas voir arriver une troisième chaîne d’information en continu sur la TNT.« Il y a eu une prise de conscience commune aux médias d’information qui ont été sanctionnés, explique pourtant l’un d’eux. Ce CSA-là a pris une tournure inattendue, alors qu’Olivier Schrameck avait dit à son arrivée qu’il voulait être davantage régulateur que censeur. »Mais les médias en continu savent aussi que la bataille de l’opinion n’est pas forcément gagnée et que la couverture des attentats, dont la plupart sont fiers, a suscité des critiques. « Le climat d’insécurité et d’attaques terroristes nous fait accepter des choses qu’on aurait refusées autrement », regrette un dirigeant. Après avoir invité les médias à un débriefing ouvert, le CSA a pris en compte dans ses sanctions l’émotion du « public » : « Dans un premier temps, il veut tout savoir, mais très curieusement, très vite, il a lui-même réagi, ayant le sentiment que tout ne peut pas être dit ou montré », avait dit Nicolas About, membre du CSA, sur Europe 1.Fleur Pellerin avait, elle, apporté son soutien aux décisions : « Le CSA est dans son rôle, il doit réguler l’audiovisuel », avait déclaré la ministre de la communication. Tout en promettant un cadre « plus clair » à l’avenir.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La rationalisation des directions est en marche au sein des titres de presse récemment acquis par Altice Media Group, contrôlé par le magnat du câble Patrick Drahi. Samedi 20 juin, Presse News a annoncé le départ de Corinne Pitavy, directrice générale de L’Express Roularta. Lundi 22 juin, c’est François Moulias, co-gérant de Libération, qui a annoncé qu’il partirait, fin juillet.Ces deux managers seront remplacés par un seul et même homme : Marc Laufer, qui va cumuler la présidence du groupe L’Express, la co-gérance de Libération et la direction générale d’Altice Media Group France. Le modèle est celui d’une direction financière centralisée, chapeautant des directions éditoriales par titre (Christophe Barbier à L’Express, Laurent Joffrin et Johan Hufnagel à Libération).Les choses ne seront toutefois pas parfaitement symétriques. A L’Express, M. Laufer assurera la direction opérationnelle de l’entreprise. Par contre, à Libération, il s’appuiera sur Pierre Fraidenraich, qui voit donc ses responsabilités s’élargir, même si la direction juridique restera incarnée par M. Laufer et Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction.Parfaitement inconnu lors de son arrivée à Libération, en janvier 2014, François Moulias quitte donc le quotidien. On comprend qu’il n’a pas choisi cette issue. Mais elle semblait inéluctable dès lors que son allié Bruno Ledoux ne détient plus que 9 % du capital, après avoir été un des actionnaires principaux.Syndrome de StockholmInvesti par Bruno Ledoux de la mission de sauver l’entreprise, arrivé peu de temps avant la mobilisation « Nous sommes un journal » de février 2014, François Moulias aura finalement mené à bien sa mission, en permettant à l’entreprise d’être recapitalisée, tout en conduisant un plan social très sévère et en négociant avec l’imprimeur, les syndicats, l’Urssaf…« Le tour de table a été restructuré, le plan social est terminé, la rédaction est réorganisée, une nouvelle formule vient de paraître, un nouveau site est en préparation et les ventes sont supérieures au budget depuis le début de l’année, a-t-il énuméré dans un message interne annonçant son départ. Cela a été extrêmement compliqué mais nous y sommes arrivés, ensemble. Même les ascenseurs fonctionnent mieux ! Enfin, Libération sera bénéficiaire cette année, après une perte abyssale en 2014. »Cet ancien publicitaire, également passé par l’immobilier et le négoce de vin, en a tiré quelques convictions sur le secteur de la presse. « Quand on arrive dans le secteur, on se dit qu’on est chez les fous, sourit-il. Tout est très contraint : la convention collective des journalistes qui est un frein à l’embauche, les prix d’abonnements contrôlés par l’OJD, la dépendance aux aides publiques… Tout le monde répète qu’il faut changer de modèle, mais rien n’est fait pour ! »Il répète qu’il ne garde aucun ressentiment envers l’équipe et l’« agressivité » qui a pu lui être témoignée et conclut son mail de départ d’un « très amicalement ». Dans la rédaction, on admet « un léger syndrome de Stockholm ». « C’était un interlocuteur fiable », pointe un journaliste. Dans un communiqué, mardi soir, les élus de Libé ont souhaité « la présence d’un directeur général et d’une gouvernance stable et distincte des autres titres d'Altice Media Group afin d'éviter une confusion éditoriale et managériale préjudiciable pour Libération. » Lire son portrait : François Moulias, l’inconnu de « Libération » Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.06.2015 à 16h28 • Mis à jour le22.06.2015 à 16h43 La chaîne de télévision Al-Jazira a annoncé, lundi 22 juin, la libération de l’un de ses présentateurs vedettes, Ahmed Mansour. L’homme, qui possède la double nationalité égyptienne et britannique, avait été arrêté samedi à l’aéroport de Berlin, à la demande de l’Egypte.Lire aussi :Un journaliste vedette d’Al-Jazira arrêté en AllemagneCe journaliste célèbre pour sa proximité avec les Frères musulmans, serait accusé, selon la police allemande de « plusieurs délits ». La justice égyptienne, qui l’avait jugé par contumace en 2014 pour avoir, selon elle, torturé un avocat sur la place Tahrir à l’hiver 2011, durant la révolution ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak, l’a ­condamné à quinze ans de prison. M. Mansour qualifie pour sa part ces accusations d’« absurdes ».« Nous saluons la décision du procureur allemand » concernant la libération d’Ahmed Mansour et l’abandon de toutes les accusations retenues contre lui, a aussitôt réagi un porte-parole de la chaîne qatarie, Hareth Adlouni.Al Jazeera's Ahmed Mansour has been released without charge - @aljazeera statement to follow shortly.— AlJazeera (@Al Jazeera PR)require(["twitter/widgets"]);Depuis le renversement en juillet 2013, par Abdel Fattah Al-Sissi, alors chef de l’armée, de Mohamed Morsi, le président égyptien issu des Frères musulmans, Al-Jazira est dans le collimateur des autorités cairotes. La chaîne reste perçue par l’Egypte comme un porte-voix du Qatar, favorable au mouvement des Frères musulmans. Trois de ses journalistes, déjà accusés de complicité avec la confrérie, avaient été arrêtés en décembre 2013. L’Australien Peter Greste avait dû attendre le mois de février 2015 pour être relâché et renvoyé dans son pays, sur décret présidentiel. Ses deux compagnons, également libérés, sont en attente d’un nouveau procès. Alexis Delcambre « Les Échos vont bien, mais nous devons sans relâche innover. » Pour le PDG du groupe d’information économique, Francis Morel, c’est dans cette dynamique que s’inscrit l’annonce, lundi 22 juin, du lancement d’une plate-forme numérique de services aux entreprises, lesechos-solutions.fr.Partiellement financée par le fonds Google - à hauteur de 2 millions d’euros environ sur un budget total de 4 millions environ -, cette plate-forme rassemble les offres de services destinées aux entreprises actuellement proposées par le groupe : dépôt d’annonces légales, consultation d’appels d’offres, études de marché, outils de communication… L’ambition est d’en faire une plate-forme que les entreprises privilégient pour réaliser une partie de leurs démarches.La cible, ce sont ces 3,8 millions de décideurs économiques, que le groupe considère comme son bassin naturel. « Nous devons être le premier groupe d’information et de service pour les entreprises », résume M. Morel. Leur proposer des contenus ou des services relève selon lui d’un même mouvement et est cohérent avec l’engagement « pro business » du titre, que rappelle Christophe Victor, directeur général délégué du groupe.Le développement de cette plate-forme est aussi emblématique de l’évolution rapide du modèle d’affaires des Échos, l’un des titres qui tire le mieux son épingle du jeu de la transition numérique. Les services contribuent ainsi actuellement pour 31 % au chiffre d’affaires du groupe, contre 12 % en 2011 (la publicité réalise 30 % et la diffusion des contenus 39 %). Le groupe souhaite atteindre, en 2018, 50 % de chiffre d’affaires généré par les services.Réalisation de contenu pour les marques (avec Les Échos Publishing), organisation de salons comme Le Salon des Entrepreneurs (avec Les Échos Events), études de marché avec Les Échos Études, etc : le groupe a multiplié les pas de côté à partir de son métier d’origine, l’information économique et financière. Celle-ci pourrait donc devenir, à moyen terme, une part minoritaire de l’activité - sur le modèle du groupe allemand Springer par exemple.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.06.2015 à 02h37 • Mis à jour le20.06.2015 à 11h36 Twitter a annoncé, vendredi 19 juin, l'expérimentation d'un nouveau service permettant d'insérer dans le flux des utilisateurs des messages sponsorisés pour des « produits et des lieux », afin de doper son chiffre d'affaires.« Nous commençons l'expérimentation avec un petit nombre de produits et de lieux », a indiqué Amaryllis Fox, chef de produit du réseau social, dans un message posté sur un blog officiel. « Pendant que nous effectuons cet essai, vous êtes susceptibles de voir dans votre flux des pages et des groupes de pages qui sont partagés par des prescripteurs et des marques », a-t-elle déclaré.Un bouton « acheter »Cette initiative permettra d'élargir la plate-forme de messages au-delà des simples tweets en proposant un accès à des informations complémentaires sur des produits et, dans certains cas, un bouton « acheter ». « Nous avons invité un groupe de personnes influentes à partager certains de leurs endroits et objets favoris », a expliqué Mme Fox.« Vous serez en mesure de parcourir des collections présentées par des personnes qui vous tiennent à cœur et d'avoir davantage d'informations sur les produits et les endroits que vous trouvez intéressants. » Cela pourrait consister en des messages de la chaîne HBO promouvant sa série télévisée Game of Thrones ou des messages de l'actrice Reese Witherspoon concernant sa ligne de vêtements, a-t-elle cité à titre d’exemples.Trouver des nouveaux relais de croissanceTwitter, qui tente de trouver de nouveaux relais de croissance, se cherche un nouveau directeur général depuis l'annonce de la démission de Dick Costolo, le 11 juin. Il était depuis cinq ans aux commandes du groupe, et était soumis à une intense pression des investisseurs pour augmenter le nombre d'abonnés et le chiffre d'affaires du réseau social.Selon les dernières données disponibles, Twitter compte environ 300 millions d'utilisateurs actifs, mais sa croissance est à la traîne par rapport à d'autres réseaux sociaux, et les bénéfices se font toujours attendre depuis sa création, en 2006. Il n'a attiré que moins de 1 % des 145 milliards de dollars dépensés dans le monde cette année en publicité sur support numérique, selon la société spécialisée eMarketer.Lire aussi :En panne de croissance, Twitter se sépare de son patron 18.06.2015 à 15h12 • Mis à jour le18.06.2015 à 16h14 Et de trois… pour ces derniers jours en tout cas. Car pour le reste, compter les victimes des dénonciations mensongères déclenchant des interventions des forces de l’ordre devient difficile. Dans la nuit de mercredi 17 au jeudi 18 juin, le directeur de la publication de Politis, Denis Sieffert, a reçu à son domicile la visite de la police, alertée par téléphone qu’il s’y déroulait un cambriolage avec séquestration, raconte au Monde la direction du magazine. Trente minutes plus tard, policiers et pompiers sont arrivés au siège du journal où, soi-disant, le directeur retenait sa femme avec l’intention de la tuer. Ils ont brisé une vitre pour y pénétrer, avant de réaliser que les lieux étaient vides.Surnommée « swatting », la technique ressemble en tout point à un des modes opératoires utilisés par le hacker franco-israélien sioniste Ulcan, que M. Sieffert venait d’évoquer dans un édito paru mercredi.Lire Cinq questions sur Ulcan, le hacker franco-israélienRecrudescence de « swatting » ces derniers joursAu cours de la même nuit, Pierre Haski, le cofondateur de Rue89 a vu arriver chez lui le SAMU, les pompiers et des policiers de différentes unités : quelqu’un avait appelé pour dire que « j’avais poignardé ma femme, et – variante fantaisiste par rapport à la précédente fois – que j’avais ouvert le gaz dans l’immeuble », raconte-t-il dans un billet.La veille, Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, a connu pareille mésaventure : « Le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police. » Résultat ? « Trente policiers de la BAC déployés dans l’escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires, une procureure adjointe, mes voisins réveillés au cœur de la nuit », relate le journaliste, qui était absent.Pourquoi Arrêt sur images a-t-il été visé ? Il avait évoqué le jour précédent une autre victime d’une de ces dénonciations malveillantes : Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Le 9 juin, ce leader d’une organisation propalestinienne raconte avoir « été plaqué au sol, tutoyé, insulté, menotté avec des menottes qui vous blessent les poignets et se resserrent dès que l’on bouge » car le Raid a pénétré son appartement. D’autres militants ont également reçu des visites policières nocturnes ces derniers jours : Jean-Claude Lefort, ex-président de l’association France-Palestine Solidarité, qui était absent, raconte Politis, et deux autres membres de l’UJFP, comme l’écrit Arrêt sur Images.Usurpation de numéro téléphonique et « contre-appel »Un point est important pour comprendre pourquoi les forces de l’ordre interviennent, alors que ces personnes n’ont absolument rien fait et ne sont pas défavorablement connues – sans parler du fait que la technique du swatting utilisée notamment par Ulcan fait déjà l’objet d’enquêtes : selon plusieurs témoignages, le malfaiteur prend le contrôle de la ligne téléphonique de sa victime. Ce qui est susceptible de crédibiliser beaucoup son appel aux forces de l’ordre.Cela va plus loin : dans le cas de M. Stambul, les policiers « ont effectué un “contre-appel” », a expliqué le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez, à l’AFP. Ils ont donc rappelé le numéro – qui correspondait bien à celui de M. Stambul – « et sont retombés sur le même individu, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte » et qu’il attendait la police « avec un fusil », a raconté le préfet. « C’est ce contre-appel qui a déclenché l’opération du Raid » a expliqué le représentant de l’Etat, selon lequel « de mémoire, c’est la première fois » qu’un pirate « répond à un contre-appel ».Deux informations judiciaires et de nombreuses plaintesSur le fond, la question se pose de l’impunité d’Ulcan, parfois aussi appelé Violvocal et dont le vrai nom est Grégory Chelli. S’il n’est pour l’heure pas prouvé qu’il est responsable des interventions de ces derniers jours, le militant a fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes, liées au piratage, en 2014, de Rue89. Et aux appels malveillants ainsi qu’au swatting dont a été victime le père du journaliste de Rue89 Benoît Le Corre, auteur d’un portrait d’Ulcan.« Cela a entraîné le décès de son père », n’hésite pas à écrire M. Haski. Thierry Le Corre était quelques jours plus tard tombé dans le coma, avant de décéder. Rue89 publie ce jeudi un rapport d’expertise médicale selon lequel « le stress a été un facteur déclenchant direct et certain, révélant son état antérieur » d’hypertension artérielle.Le parquet de Paris a ouvert début octobre 2014 une information judiciaire, notamment pour « violences volontaires », distincte de celle ouverte début août sur des actes de piratage informatique revendiqués par Ulcan, rappelle l’AFP.Lire : Qui est le hackeur sioniste soupçonné d’avoir piraté Rue89 ?De nombreuses plaintes ont été déposées, dont récemment celle de Stéphane Richard, le PDG d’Orange, touché par une polémique sur la présence de l’opérateur en Israël. Le dirigeant a porté plainte contre X pour « menaces de mort » et appels à la haine contre lui et certains de ses proches. Il avait reçu des centaines d’appels d’insultes mais aussi de menaces précises, après que ses coordonnées ont été diffusées sur Internet.Appel aux autorités françaises et israéliennesSi M. Chelli n’est pas pour l’heure inquiété, pointent certaines victimes, c’est parce qu’il est installé en Israël, à Ashdod a priori. La justice française agit « à son rythme, c’est-à-dire lentement, handicapée par l’absence de traité d’extradition entre la France et Israël, regrette M. Haski, de Rue89. Mais surtout, elle agit, ou n’agit pas, dans un contexte marqué par l’absence de signal politique du gouvernement français. » Les autorités israéliennes, pour leur part, « tout en affirmant leur disponibilité à aider la justice française, n’ont pas non plus levé le petit doigt pour faire cesser ces agissements », ajoute le journaliste. 20Minutes.fr évoque un cas d’extradition d’un franco-israélien vers Israël mais rappelle la nécessité d’une volonté politique.« Il est grand temps que le ministère de l’intérieur s’exprime sur ces affaires, renchérit Denis Sieffert de Politis. Qu’est-ce qui est fait en direction du gouvernement israélien ? Une enquête a-t-elle été diligentée pour savoir à quel niveau le dénommé Ulcan bénéficie de complicités qui apparaissent de plus en plus évidentes ? » Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) et Pierre Lescure (ancien président de Canal+) La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il se confirme, s’accélère et se radicalise : la télévision est de plus en plus délaissée, surtout par les plus jeunes qui plébiscitent tous les écrans, sauf celui que l’on surnommait naguère, avant l’arrivée des tablettes et smartphones, le « petit écran ».Selon une étude du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) réalisée en décembre, un jeune passe en moyenne une heure trente devant la télévision par jour, tandis que la plupart des Français la regardent quotidiennement près de trois heures quarante-cinq. Les plus connectés ne s’en équipent parfois même plus. Le « petit écran » a trouvé plus petit, plus pratique et surtout plus agile que lui.On se trompe de cibleOn rejette la faute sur les chaînes et leurs programmes, qui seraient inadaptés aux nouvelles attentes du public. On se trompe de cible. En réalité, la richesse et la qualité des offres sont inouïes. L’arrivée de nouvelles chaînes, gratuites et payantes, a permis de démultiplier l’offre, de l’enrichir considérablement. Ce ne sont pas tant les contenus télévisuels qu’il faut mettre en cause, mais leur mode de distribution. Les contenus en ligne ne sont pas plus pertinents que ceux diffusés à la télévision, ils sont mieux mis en valeur et surtout plus facilement accessibles.Le fait est que la télévision n’a pas évolué dans la façon dont les chaînes et leurs programmes sont mis à la disposition du public. Le poste et sa télécommande ne sont plus adaptés à l’explosion des contenus. Et encore moins à celui des nouveaux usages.Le zapping, inventé à trois chaînes, devenu ludique à six (c’est à ce moment qu’est née l’émission éponyme), quasi sportif à douze, est devenu impraticable à vingt-cinq et carrément ridicule à cent cinquante ou deux cents. Les box et les fabricants de TV ont beau améliorer leurs interfaces, rien n’y fait. Les chaînes, superposées les unes aux autres comme un mille-feuille, s’asphyxient. Quant aux EPG (electronic program guides, la fameuse « grille des programmes »), ils sont devenus indigestes.Mal valoriséeParallèlement, les plates-formes nées à l’ère d’Internet, telles que YouTube, Dailymotion ou Netflix, ont donné de nouvelles habitudes. Elles prônent l’immédiateté, l’accessibilité, le partage, la maîtrise du temps, la mobilité, l’interactivité. Revenir au poste devient même un effort.Alors, trop dense la télévision ? Non, mal valorisée. Un vrai gâchis quand on sait que les chaînes investissent chaque année pour la seule TNT gratuite près de 3 milliards dans les programmes. Programmes qui, pour beaucoup d’entre eux, ne rencontrent pas leur public, faute d’y avoir facilement accès ou, pis, d’avoir même connaissance de leur existence. Or, un programme que personne ne regarde est un programme qui n’existe pas, et qui finit par disparaître. La déperdition est énorme. On gaspille la télévision !La télévision n’a d’avenir que si elle change la façon dont elle est distribuée. On ne peut nier les efforts faits pour tenter de s’adapter aux nouveaux modes de consommation, marqués par la mobilité et la délinéarité, et mettre un terme à une « télévision de contraintes », de lieu et de temps. La télévision de rattrapage, le « replay », et même le direct sont proposés depuis les applications développées par les chaînes et les box.Ces « applis » fonctionnent, y compris auprès des jeunes. Mais elles sont insuffisantes face aux offres nées de l’Internet, pas toujours respectueuses de l’écosystème. Elles imposent le cloisonnement entre les chaînes et renforcent le morcellement des programmes. Un peu comme si, à l’époque du zapping, il fallait changer de télécommande, voire de poste, pour passer d’une chaîne à l’autre. Qui peut croire, dès lors, que ces applications assurent, à elles seules, le futur de la télévision dans son ensemble ? Il ne suffit pas de rendre les contenus audiovisuels accessibles via Internet pour affirmer que la télévision est entrée dans l’ère d’Internet.Comportements numériquesEn vérité, si l’on veut que ceux qui détiennent le sort de la télévision – les digital natives – daignent lui accorder toute l’attention qu’elle mérite, il faut que la distribution audiovisuelle embrasse les comportements numériques d’aujourd’hui. Le succès des grandes plates-formes du Net ne s’explique pas tant par la qualité de leurs programmes que par leur capacité à offrir une nouvelle forme d’expérience.Cela signifie que la télévision doit, certes, assurer les moyens de l’ubiquité de ses contenus, mais aussi leur agrégation, leur accessibilité, leur émergence. Il faut remettre au centre le formidable investissement des chaînes pour leurs publics. Une linéarité des programmes dans la délinéarisation de l’accès, redonnant le sens de l’instant présent, l’instant télévisuel, reliant les téléspectateurs entre eux de manière organique.Il fut un temps, encore pas si lointain, où la télévision créait le lien entre les individus. On commentait le matin les programmes vus la veille. Il s’agit de renouer avec cette dimension collective qui fait la société, en redonnant à la télévision sa place de liant entre les individus avec les outils d’aujourd’hui. Tout le monde a à y gagner : le public bien entendu, mais aussi les chaînes, les producteurs, les annonceurs… Ce mode de diffusion donne à voir la télévision dans toute sa diversité et son excellence.Non, l’Internet ne va pas tuer la télévision, bien au contraire ! Il est une chance pour elle de connaître un renouveau, une nouvelle étape de son développement, dans un écosystème qui peut être respectueux et vertueux. Une opportunité de lui offrir les conditions de sa mise en valeur et les moyens de sa pertinence, gages de sa survie. Si l’industrie ne le fait pas, le public tranchera.Jean-David Blanc et Pierre Lescure devaient annoncer, jeudi 18 juin, la création d’un nouveau service de distribution de programmes de télévision, Molotov.tv.Pierre Lescure (ancien président de Canal+)Jean-David Blanc (fondateur d'AlloCiné) Alain Beuve-Méry La médiatrice du livre, Laurence Engel, après quatre mois d’échanges, a accordé son feu vert aux modèles d’abonnement numérique proposés par les start-up YouScribe et Youboox. Elle a aussi validé l’offre d’abonnement illimité du site Izneo, spécialisé en bandes dessinées.Cette décision constitue, en creux, un nouveau revers pour le géant Amazon, dont le forfait de lecture illimité, lancé dans l’Hexagone en décembre 2014, avait subi un coup d’arrêt en février, son offre « Kindle Unlimited » ayant été déclarée illégale par cette même médiatrice.Les cas de figure sont différents. En ce qui concerne les offres de Youboox et YouScribe, les deux entreprises ont accepté de modifier la présentation de leur offre d’abonnement, en proposant aux éditeurs de fixer un barème à la page, qui sera imputé sur les abonnements réglés par les internautes, en fonction de leur consommation, et après déduction de la remise des librairies. Elles ont six mois pour appliquer le nouveau dispositif.La loi du 26 mai 2011 sur le prix unique du livre numérique précise en effet que l’éditeur conserve la maîtrise du prix du livre numérique. Dans son avis du mois de février, Mme Engel avait rappelé que « ni l’abonnement dans son principe, ni évidemment le streaming ne sont interdits par la loi », mais elle avait indiqué que cette loi s’appliquait bien « aux offres de location de livres et aux services de lecture numérique par abonnement ».« Le prix de chaque consultation individuelle sera ainsi défini en fonction du tarif établi préalablement par chaque éditeur. Ce prix de référence pour la location en streaming servira de base au calcul du prix des pages consommées par la base d’abonnés dans le cadre de l’abonnement », explique Youboox, qui revendique un catalogue de 100 000 livres numériques.Lire aussi :L’offre illimitée de livres illégale en France, les éditeurs divisésLe streaming représente 5 % du marché du livre numérique« Pour les abonnés de YouScribe, cela signifie concrètement que tous les lecteurs ne pourront pas lire ensemble un nombre incalculable de livres sur un mois donné », précise Juan Pirlot de Corbion, fondateur de YouScribe. « C’est bien ce qui inquiétait les éditeurs et les auteurs : que le modèle d’abonnement ne rémunère pas suffisamment la création. »« Je pense que l’offre de YouScribe, telle qu’elle est définie et encadrée, permettra désormais à un lecteur de lire entre 8 et 20 livres par mois, selon la nature des ouvrages ou selon leur date de parution. Ce qui laisse tout de même intacte la promesse fantastique d’une bibliothèque digitale moderne », poursuit-il.Dans le cas d’Iznéo, la librairie numérique dédiée au neuvième art, la solution adoptée est différente. La loi interdisant les offres multi-éditeurs, le groupe Média-Participations, qui détient Iznéo, ne propose plus des forfaits de lecture illimitée que pour des albums des maisons du groupe (Dargaud, Dupuis, Kana, Le Lombard, etc.).De fait la bande dessinée est le secteur le plus prometteur pour la lecture numérique, notamment à travers les amateurs de séries de manga ou de BD classiques qui ont accès à tous les titres en même temps, moyennant un abonnement.Aujourd’hui, les offres de lecture de streaming sont encore à leur balbutiement. A ce stade, elles ne représentent que 5 % du marché du livre numérique qui lui-même ne pèse que 5 % du chiffre d’affaires de l’édition française. Son seul rival est à ce jour le prêt numérique en bibliothèque, qui n’est expérimenté que dans quelques établissements mais qui bénéficie du soutien des grands groupes d’édition.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Je n’ai pas participé à la campagne de Delphine Ernotte, même si je suis très content de son élection », déclare David Kessler, directeur général d’Orange Studio, parfois présenté comme un soutien actif de la nouvelle présidente de France Télévisions. Bien connu du milieu des médias et classé à gauche, le nom de cet ancien conseiller culture de l’Elysée a été cité plusieurs fois dans des articles sur la candidature de la directrice exécutive d’Orange France. Fait nouveau : il est aussi visé indirectement dans l’une des deux plaintes déposées cette semaine à la suite de la nomination opérée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire : Deux plaintes et deux recours contre la nomination de Delphine ErnotteLa nomination d’Olivier SchrameckLa démarche engagée par le syndicat SNPCA-CGC met en avant la notion de trafic d’influence : le plaignant se pose des « questions » sur un éventuel « renvoi d’ascenseur » entre Olivier Schrameck, le président du CSA, et David Kessler, qui était conseiller culture de François Hollande à l’époque de la nomination du dirigeant du régulateur de l’audiovisuel, début 2013. Selon ce raisonnement, le conseiller aurait fait nommer le président du CSA qui aurait ensuite porté sa candidate à la tête de France Télévisions.Certains ont en outre rappelé que David Kessler était entre 1995 et 2002 conseiller culture à Matignon sous Lionel Jospin, quand le directeur de cabinet était Olivier Schrameck (à l’époque, François Hollande était premier secrétaire du Parti socialiste et Manuel Valls conseiller en communication du premier ministre).M. Kessler rejette l’accusation de trafic d’influence : « Quand on connaît la machine d’Etat, on sait que ce n’est pas le conseiller culture du président de la République qui choisit le président du CSA, argue-t-il. Le président peut solliciter l’avis du ministre de la culture, du premier ministre et, à l’Elysée, de son directeur de cabinet et du secrétaire général. Au final, c’est le choix du président de la République », ajoute le conseiller, qui précise avoir donné son avis sur plusieurs noms.Les relations avec Delphine ErnottePar ailleurs, M. Kessler assure qu’au moment de la nomination de M. Schrameck au CSA, il n’avait jamais rencontré Mme Ernotte, « sauf une fois, quelques minutes, sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, à l’occasion de la Nuit Blanche », dont Les Inrockuptibles, journal qu’il dirigeait, était partenaire.Mme Ernotte n’aurait pas non plus participé au recrutement de M. Kessler à Orange, en novembre 2014, assure ce dernier, précisant que la filiale cinéma, dont il est directeur général, ne dépend pas d’Orange France, que dirige Mme Ernotte. Egalement connecté à droite, M. Kessler cite trois personnes ayant parrainé son arrivée chez l’opérateur : Pierre Louette, un « ami » ; Christine Albanel, ancienne ministre (UMP) de la culture et présidente d’Orange studio ; et Stéphane Richard, le PDG du groupe.M. Kessler raconte avoir rencontré Delphine Ernotte pour la première fois en décembre 2014 et avoir, en fin d’entretien, évoqué les échos la présentant comme candidate à France Télévisions. Cette dernière n’a pas démenti, sans vraiment confirmer non plus, raconte-t-il.Au sujet de France Télévisions, M. Kessler explique avoir ensuite revu Mme Ernotte, « une fois, environ une heure », mais il précise avoir eu le même genre d’entretien avec la plupart des candidats de premier plan à la présidence de France Télévisions.Lire : La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsLa campagne pour la présidence de France Télévisions« A quelques personnes qui me demandaient mon avis sur la campagne, j’ai dit que je trouvais que Mme Ernotte était une candidate crédible. J’aurais peut-être dû me taire… », ajoute celui qui a également été directeur général du CSA, directeur du Centre national du cinéma et de France Culture et conseiller du président de France Télévisions Marc Tessier…Pendant la campagne, il assure n’avoir appelé aucun membre du CSA, sauf Sylvie Pierre-Brossolette, une fois : c’était pour « prendre de ses nouvelles », après qu’elle a été critiquée, début novembre, lors de la fuite dans la presse de son prérapport sévère sur le bilan du président de France Télévisions Rémy Pflimlin, précise-t-il, comme il l’avait déjà dit au JDD. M. Kessler a enfin confié avoir déjeuné avec Olivier Schrameck, en décembre. A l’époque, le nom de Delphine Ernotte avait déjà fait l’objet de quelques mentions dans la presse. « Lors du déjeuner, nous avons dû parler quelques secondes de France Télévisions, mais pas de Delphine Ernotte », assure-t-il. Sur les deux plaintes déposées, il revient maintenant aux parquets de déterminer s’ils souhaitent ouvrir une enquête.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Rupert Murdoch met la dernière main à sa succession. Le magnat des médias est sur le point de céder les rênes de la 21st Century Fox à son fils James, 42 ans. Celui-ci devient directeur général du groupe, a annoncé la chaîne CNBC, qui cite des sources proches du dossier. Le groupe, contrôlé à 39,4 % par la famille Murdoch, et qui regroupe les activités dans la télévision et le cinéma, a confirmé, jeudi 11 juin, que le sujet de la succession de M. Murdoch serait abordé lors des prochains conseils d’administration.A l’issue de cette réorganisation, qui devrait intervenir dès cette année ou au plus tard en 2016, M. Murdoch, 84 ans, serait toujours président de Fox, siège qu’il partagerait avec son fils aîné, Lachlan, 43 ans. Chase Carey, le directeur général actuel du groupe, resterait au sein de la structure, mais comme conseiller auprès du magnat australien.Des changements attendusCes changements étaient attendus dans la mesure où le tycoon n’a jamais caché sa volonté que l’un de ses enfants lui succède. Par ailleurs, le calendrier s’accélérait : M. Carey devait informer avant le 30 juin prochain le conseil d’administration de Fox de ses intentions de quitter ou non le groupe avant la fin de son contrat qui se termine le 30 juin 2016.La première étape de ce remaniement avait été franchie en mars 2014, lorsque James Murdoch a été promu codirecteur général avec M. Carey. Celui-ci a d’ailleurs été partie prenante dans le processus de succession dans lequel il a joué un rôle de facilitateur.Au-delà des personnes, l’organisation reste similaire à celle qui prévalait jusqu’à présent, à savoir un président, Rupert Murdoch, s’occupant de la stratégie à long terme et d’un responsable exécutif, Chase Carey, chargé de la gestion quotidienne des affaires. Les deux fils seront donc amenés à travailler en tandem, selon cette répartition des rôles, même si l’ombre tutélaire du père reste encore dans le paysage.Pour James Murdoch, il s’agit d’un rétablissement spectaculaire dans la mesure où sa réputation avait été entachée par le scandale en 2011 des écoutes téléphoniques du tabloïd anglais News of the world. A la tête des activités du groupe au Royaume-Uni, il avait été obligé de démissionner avant de rentrer aux Etats-Unis.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean Birnbaum Quand la presse traverse une crise, elle doit se tourner vers ses lecteurs. La tradition d’un journal, son identité, bref, son avenir, ce sont eux qui en parlent le mieux, tout simplement parce qu’ils en sont les vrais dépositaires. Etre à la hauteur de cette tradition, pour un collectif de plumes, ce n’est donc pas seulement respecter des principes hérités, c’est d’abord se montrer à la hauteur des exigences, anciennes et nouvelles, que les lecteurs adressent à leur journal. Voilà pourquoi, au Monde, le courrier des lecteurs a toujours fait l’objet d’un soin particulier. Bien avant l’apparition du dialogue sur Internet et sur les réseaux sociaux, la lecture de ce courrier a imposé une évidence : la vocation d’un quotidien n’est pas figée, elle se bâtit au jour le jour dans l’échange et le partage.Après les attentats de janvier, cette évidence est devenue urgence. Les gens du Monde, toutes les femmes et les hommes qui suivent ce journal comme on s’inscrit dans une communauté, ont ressenti la ­nécessité de prendre la parole. Ils l’ont fait avec beaucoup de force et de sensibilité. On le vérifiera en lisant le volume qui paraît sous le titre Qui est vraiment Charlie ? (François Bourin-Le Monde, 176 p., 19 €). Réunies par nos collègues Pascal Galinier (médiateur du Monde) et Dominique ­Buffier, ces missives relèvent tour à tour du témoignage et de l’analyse, de l’indignation et de l’espérance. S’y déploie une diversité de points de vue et, notamment, très tôt, des doutes concernant l’unanimisme propre aux manifestations du 11 janvier. De belles confidences, aussi, de la part de Français musulmans qui se trouvent soudain sommés de prendre ­position : « C’est ce que me demande le ­regard de tous sans l’exprimer », note ainsi Walid Bekhti. Et, enfin, partout, un appel lancé au Monde, une manière de dire : mettez des mots sur ce que nous vivons, donnez du sens à cette époque débous­solée, tenez-vous bien pour nous aider à tenir bon. Essayez de « comprendre un peu plus fort, débattre un peu plus fort », comme y invite Julie Desrousseaux. ­Mobilisez-vous pour dissiper la confusion et opposer les Lumières à l’obscurantisme, « la pensée droite à la pensée tordue », ­selon la formule d’Edouard Reichenbach. Bref, travaillez à lever ce que Jean-Charles Vegliante nomme superbement un « couvre-feu mental ».Jean BirnbaumJournaliste au Monde, responsable du "Monde des Livres"SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Un rosier qui fléchit, un lilas qui jaunit, un pommier en mal de fruits… A chaque problème rencontré au jardin ou au potager, celui que l’on surnommait « Michel le jardinier » avait une solution qu’il prodiguait, derrière de grosses moustaches en broussaille, de son verbe fleuri, piqué d’anecdotes, d’adages ou de dictions. Même ceux qui n’avaient guère de goût pour le jardinage aimaient à écouter cet homme jovial et chaleureux, ce conteur hors pair qui distilla son savoir encyclopédique pendant trente ans, aussi bien à la radio qu’à la télévision. Retiré depuis quelques années à Saintes (Charente-Maritime) Michel Lis est mort, mardi 9 juin, à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, a-t-on appris de Radio France. Il était âgé de 78 ans.Surnommé « Moustaches vertes »Confiant à Laure Adler en 1999, lors de l’émission « Le Cercle de Minuit », avoir « certainement appris à marcher en plantant des radis », ce natif des Deux-Sèvres (il est né en 1937 à Pamproux) prit très tôt goût pour la terre, grâce à son grand-père cheminot qui lui enseigna les vertus du jardinage, à savoir : la patience, l’observation et le bon sens. Loin cependant d’en faire son métier, c’est vers le journaliste que le jeune homme se tourne peu après avoir obtenu son baccalauréat. Ainsi, on verra fleurir sa signature, de grand reporter notamment lors de la guerre des Six Jours ou des Jeux olympiques, tour à tour dans les colonnes du Monde graphique, du Parisien libéré, de L’Equipe ou encore de Télé 7 jours ; avant de faire en 1972 le bonheur des auditeurs de France Inter.A cette époque, Eve Ruggieri qui anime les matinées du week-end de la station avec Jacques Paugam, cherche une idée pour intéresser les auditeurs. « On a pensé au jardinage, et elle a fini par me le proposer, presque par hasard. C’est aussi elle qui a trouvé le surnom qui me colle toujours à la peau : moustaches vertes » confiait-il au Parisien, en 2003.Avec « la Minute du jardinier » diffusée chaque vendredi à 7 h 30, Michel Lis rencontre un succès immédiat. Malgré tout, il faudra attendre 1981 pour mettre enfin un visage sur cette voix qui aime à enluminer ses conseils pratiques de dictons et de maximes puisés dans des livres de botaniques. Après « Idées à suivre », une chronique qu’il tient sur France 2, ce lecteur de Rousseau, Cendrars ou de Conrad rejoint en 1985 l’équipe de « Télématin » qu’il quittera en 1999. Mais la télévision ne le détournera pas pour autant de la radio où l’on pourra l’entendre sur les ondes de France Inter, de France Info, de Radio France Gironde essaimer avec bonne humeur ses conseils et ses maximes. Toujours sans fiches, depuis qu’en 1976, une maladie de la rétine l’avait frappé, lui conférant une mémoire encyclopédique.Malgré ce handicap dont il ne se consolait pas, Michel Lis, n’avait pas abandonné l’écriture. Outre ses collaborations dans différents titres de presse dont Rustica, TV hebdo, Nice Matin ou Trente millions d’amis, il publiera plusieurs ouvrages tels Michel le jardinier au jardin de Jean-Jacques Rousseau (Mengès, 1984), Le Grand Almanach de Michel le jardinier (Mengès, 1999). Après avoir tenu une chronique sur France Bleu La Rochelle, ce militant pour la renaissance des espèces et des traitements naturels raccrochait le micro en 2012, mais non le râteau et la bêche, pour se consacrer tout entier à ses fleurs de prédilection : la rose trémière, le dahlia et la santoline, symbole de cette terre de Saintonge qu’il affectionnait tout particulièrement.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Canal+ joue la carte techno pour se distinguer dans un univers de plus en plus concurrentielRodolphe Belmer, le directeur général du groupe, a prévenu ce mardi 9 juin : Canal+ s’engage dans une « stratégie technologique de long terme ». Il a promis un « flux continu d’innovations dans les prochains mois ». Les clients de la chaîne cryptée et de Canal Sat vont bénéficier d’ici 2016 de nouveaux services. Déjà, MyCanal rencontre un grand succès. L’application disponible sur tablette et smartphone reçoit 30 millions de visites chaque mois, 1 million d’utilisateurs uniques par jour et plus de 300 000 utilisateurs en simultané les soirs de grand match. Plus de un programme à la demande sur cinq est consommé sur MyCanal.Le groupe présidé par Bertrand Méheut veut aller encore plus loin pour que ses clients puissent « profiter pleinement de leur abonnement ». Avec Netflix, You Tube ou encore BeIN, qui proposent des formules, si ce n’est gratuites, beaucoup plus compétitives, la concurrence s’intensifie et Canal se devait de frapper un grand coup.Un Cube nomadeC’est avec un petit cube que le groupe veut se démarquer. Cette mini-box remplacera peu ou prou le bon vieux décodeur en proposant davantage de services. La fonction la plus spectaculaire, « startover », permettra ainsi de remonter jusqu’à huit heures dans la programmation d’une chaîne. Un outil parfait pour les étourdis qui oublient de préparer l’enregistrement d’une émission ou ceux qui sont victimes d’un contretemps et qui ne peuvent arriver à l’heure pour voir leur série ou film préféré. Ce cube, nomade, pourra se brancher n’importe où à condition de disposer d’une connexion WiFi ou à l’Internet qu’il faudra payer en plus. Il ne remplacera donc pas les box des fournisseurs d’accès à Internet. Par ailleurs, Canal+ réfléchit pour que l’on puisse l’utiliser à l’étranger une vingtaine de jours par an, à l’image du « roaming » que proposent certains opérateurs.Canal Sat « offrant » plus de 150 chaînes, le groupe promet également de faciliter le choix du téléspectateur avec « Suggest », son nouveau moteur de recommandation qui s’appuie sur les habitudes de visionnage d’un abonné, mais aussi ses goûts.La filiale de Vivendi veut aussi être à la pointe de l’UHD, l’Ultra Haute Définition. Cette norme de diffusion permet des images quatre fois plus fines que l’actuelle haute définition. À la rentrée, Canal+ proposera du contenu UHD aux possesseurs de téléviseurs Samsung et espère diffuser des programmes dans ce nouveau standard au printemps 2016 via la fibre optique et via le satellite.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La Confédération générale des cadres (CGC) des médias a annoncé mardi 9 juin avoir déposé une plainte à Paris et un recours au Conseil d’Etat contre la nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions. Cette démarche s’ajoute à la plainte de Didier Quillot, ancien candidat à la présidence de France Télévisions et ancien cadre de Lagardère active.Une requête en annulationLa requête en « annulation » au Conseil d’Etat, déposée lundi, « s’appuie, notamment, sur le manque d’impartialité du CSA et l’opacité de la procédure de nomination », explique dans un communiqué le SNPCA-CGC, syndicat minoritaire à France Télévisions. « La loi prévoit que la décision doit être suffisamment motivée. Ce n’est pas le cas. Le CSA s’est contenté de généralités », estime l’avocat du syndicat, Me Pierre-Olivier Lambert, contacté par l’Agence France-Presse. Le CSA a publié sur son site « la décision de nomination motivée » de Delphine Ernotte, ancienne directrice exécutive d’Orange France.Une plainte du SNPCA-CGCLa plainte, qui doit être déposée, se fonde, elle, sur « des soupçons d’abus d’autorité et de manquements à l’obligation de probité du CSA dans la procédure de nomination » et « vise, en particulier, le délit de trafic d’influence », ajoute le syndicat.Le code pénal définit ainsi le trafic d’influence :« Le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable. »L’une des membres du CSA, Sylvie Pierre-Brossolette, se voit notamment reprocher, dans un article de Mediapart, d’avoir organisé un rendez-vous entre la candidate Delphine Ernotte et François Pinault, réputé proche de François Hollande. Un homme d’affaires qu’avait également rencontré Didier Quillot, un autre candidat.Une plainte de Didier QuillotMardi 2 juin, une première plainte a été déposée par Didier Quillot. Sa démarche suit ce raisonnement : l’ouverture, par le parquet, d’une enquête préliminaire est le seul moyen d’avoir des preuves d’une éventuelle infraction, la demande d’enquête parlementaire sur la nomination de Mme Ernotte ayant été rejetée.Sa plainte se fonde sur la notion d’« abus d’autorité », ainsi définie par le code pénal : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi. »La loi de novembre 2013 sur l’indépendance de l’audiovisuel public a confié au CSA la mission de désigner le patron de France Télévisions de façon « impartiale, transparente et indépendante », explique-t-on dans l’entourage de Didier Quillot. Donc si jamais des manœuvres avaient fait échec au respect de ces conditions, il pourrait s’agir d’un abus d’autorité. L’entourage de M. Quillot souligne au passage que le CSA a, dans un communiqué de la semaine dernière, envisagé des changements de procédure, et y voit une validation de sa démarche.De plus, M. Quillot a pris soin, avant de déposer sa plainte, d’avoir « tourné la page » et annoncé ses nouvelles activités : il a cofondé Reboot Media, un groupe qui ambitionne de peser dans le domaine de la presse sportive, comme l’a expliqué Le Figaro. Son avocat assure qu’il agit moins en tant que victime directe qu’en tant que citoyen.La défense du Conseil supérieur de l’audiovisuel« On a pu lire que la procédure au terme de laquelle [Delphine Ernotte] a été désignée aurait été l’objet de pressions. Chacun d’entre nous affirme n’en avoir subi aucune », ont déclaré dans un communiqué commun les huit membres du CSA, le 4 juin :« Nous réaffirmons ici solennellement que le délibéré s’est déroulé dans la plus totale indépendance et la plus stricte impartialité, au terme d’une procédure qui a respecté le principe d’égalité entre les candidats et dont chaque étape a été débattue et collégialement acceptée par le Conseil. »Le scrutin pour la présidence de France Télévisions avait divisé le collège en deux blocs au second tour et suscité des dissensions en interne.Lire aussi : La nomination de Mme Ernotte fait toujours grincer des dentsLes membres du CSA se sont en revanche dits « ouverts à toute modification allant dans le sens d’un renforcement de la publicité des procédures de nomination ». Cette procédure a été fixée par le collège du CSA à partir de la loi de 2013 par laquelle la majorité du président, François Hollande, lui a redonné le pouvoir de désigner les dirigeants d’audiovisuel public. Le CSA a notamment envisagé de publier le nom de tous les candidats ou seulement de ceux qu’il choisirait d’auditionner, ou encore d’ouvrir les auditions des candidats au public.Lire aussi : Les premiers pas de Delphine Ernotte à France TélévisionsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Apple a annoncé, lundi 8 juin, le lancement prochain de « News », une nouvelle application qui promet d’offrir une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires. Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne », lors du déploiement d’iOS9, la prochaine version du système d’exploitation mobile, au départ aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.Son interface ressemble à l’application Flipboard, un agrégateur d’informations, et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai, ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. L’initiative d’Apple illustre la volonté des grandes plate-formes de se placer en intermédiaires de distribution entre les médias et leurs lecteurs, contre la promesse d’apporter un nouveau lectorat, voire des revenus.Concrètement, « News » intégrera des flux « RSS » de résumés d’articles de tous les éditeurs qui souhaitent les partager. Mais l’application proposera surtout des contenus de médias partenaires directement hébergés par Apple. Comme Facebook, ce dernier promet un format attractif, adapté au mobile, avec des belles images, des cartes, des graphiques et des vidéos, que les médias pourront personnaliser. A la différence des articles hébergés sur les sites mobiles de ces titres, ces contenus seront en principe beaucoup plus rapides à charger, et donc susceptibles d’être davantage vus.Le gratin de la presse anglophoneAu démarrage, l’application vous demandera de nommer des sources et des thèmes qui vous plaisent, puis vous proposera une sélection d’articles, lit-on sur le site du Nieman Lab. L’algorithme qui génère « votre news » est censé se nourrir de vos habitudes de lectures voire de vos appréciations pour affiner son offre. « Ce sera du beau contenu, tiré des meilleures sources mondiales, personnalisé pour vous », a assuré Susan Prescott, vice-présidente du marketing produit chez Apple.Comme Facebook, Apple a présenté une liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times, le groupe magazine Condé Nast (Vogue, Vanity Fair), le quotidien britannique Daily Mail, le magazine économique de référence The Economist, mais aussi des acteurs issus du web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed. Le New York Times devrait commencer par publier une trentaine d’articles par jour sur News.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plateformes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? Tous cherchent une puissance de distribution… Et ont peur d’être laissés pour compte si leurs concurrents pactisent avec les plateformes et qu’ils ne le font pas.« Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a ainsi défendu Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plateformes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »La publicité mais pas les donnéesPour convaincre les éditeurs, Apple, comme Facebook, a toutefois dû faire certaines concessions dans son offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Le contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est un autre point sensible. Alors que Facebook proposait d’agréger les « vues » des « instant articles » aux audiences des médias partenaires et de leur donner accès à tous les indicateurs, Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News, mais précise qu’elle respectera la « vie privée » des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.N’y a-t-il pas un risque pour les médias d’abandonner trop de pouvoir aux géants du Net ? De se couper de la relation directe avec leurs lecteurs, d’autant plus dans le cas d’Apple, dont une des forces est de posséder les coordonnées bancaires de ses clients ? Le risque existe. Une fois l’usage créé, les grandes plateformes pourraient en effet changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google vient de le faire avec son fonds de soutien à la presse. Les éditeurs font le pari qu’il vaut mieux tenter cette voie.La tendance est-elle inéluctable ? Elle semble puissante, mais toutes les initiatives des grandes plateformes dans la presse n’ont pas été couronnées de succès : ainsi, News remplacera Newsstand, un kiosque numérique d’Apple lancé en 2011, dans lequel les éditeurs pouvaient vendre des journaux numériques à l’unité ou par abonnement, via leurs propres applications, moyennant une commission de 30 % pour Apple. Proposant une expérience assez banale, Newsstand n’a pas rencontré le succès escompté. De la même façon, Google Currents, agrégateur d’informations, a été renommé Google Play News, mais reste peu connu. Facebook Paper, un genre de magazine agrégé, avait lui aussi déçu.Apple cherche en tout cas à rassurer les médias. A la veille de la présentation de « News », on a ainsi appris que le géant californien pourrait infléchir la part de 30 % qu’il s’arroge sur les abonnements souscrits par son intermédiaire. Selon le Financial Times, Apple serait susceptible d’appliquer un taux inférieur aux abonnements souscrits via son kiosque ou son service de télévision, l’Apple TV.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Trente-sept journaux allemands, dont les prestigieux Zeit, Süddeutsche Zeitung, Spiegel et Welt, ont accepté de vendre leurs articles à l’unité sur la plate-forme Blendle, qui s’est lancée en Allemagne, mardi 9 juin.Un temps surnommé l’« i-Tunes de la presse », le site d’origine néerlandaise s’inspire en réalité davantage de Spotify et offre une expérience qui se situe aux confins d’un site d’information, d’un réseau social et d’un outil de lecture. Une fois inscrits, les utilisateurs se voient proposer des articles à l’unité issus de différents journaux, qu’ils peuvent acheter pour quelques centimes chacun.Lire : La start-up néerlandaise Blendle s’inspire d’iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetL’Allemagne est le deuxième pays de déploiement de Blendle, après les Pays-Bas, où il compte désormais 300 000 utilisateurs. Les fondateurs de Blendle entendent proposer leur service dans d’autres pays européens. Des discussions ont été lancées avec les éditeurs français.Aux États-Unis, la start-up a d’ores et déjà signé avec le Washington Post, le New York Times et The Economist, et travaille à convaincre d’autres éditeurs. En octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi dans Blendle à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Martin Sorrell a été payé 200 millions d’euros depuis 1998. Rien que pour 2014, le patron de WPP, le numéro 1 mondial de la publicité, a touché 43 millions de livres (59 millions d’euros). Il est, de loin, le patron d’entreprise cotée à la Bourse de Londres qui gagne le plus. Et probablement dans le monde. Sur les cinq dernières années, sa rémunération s’est élevée à un peu plus d’un euro par seconde.Ces statistiques ont une nouvelle fois provoqué la controverse, mardi 9 juin, lors de l’assemblée générale annuelle de WPP. Comme chaque année ou presque, l’ambiance était houleuse, sur la question du salaire de M. Sorrell. Comme à chaque fois, une bonne partie des actionnaires s’est opposée à la rémunération pour 2014: 22% d’entre eux ont voté contre, légèrement moins que le score de 28% atteint l’année dernière. Mais comme toujours, cela ne changera rien à l’affaire : le très puissant patron de WPP touchera ses émoluments.« C’est presque une blague, s’agace Catherine Howarth, la directrice de ShareAction, une association qui milite pour l’investissement responsable. Ce type se moque de ce que pensent les actionnaires et de la bonne gouvernance d’entreprise. » M. Sorrell présente un cas d’école intéressant.Une agence partie de rienL’homme affiche un succès évident. Il a créé WPP à partir de rien. En 1985, après avoir mené pendant une décennie la stratégie d’expansion des frères Saatchi, il prend le contrôle de Wire and Plastic Products, une petite entreprise qui fait des paniers en métal. Il utilise cette société cotée pour multiplier les acquisitions d’agences publicitaires. Jusqu’à devenir en 2009 le numéro 1 mondial du secteur. Aujourd’hui, WPP affiche 179 000 employés à travers le monde, une présence dans 111 pays et un chiffre d’affaires de 11,5 milliards de livres (15,8 milliards d’euros).Fort de ce succès, M. Sorrell a longtemps été très bien payé. Jusqu’en 2008, il touchait entre 1 et 4 millions d’euros par an. Mais à partir de 2009, cette somme, qui n’était pas très éloignée de celle qui revient aux autres grands patrons, s’est envolée : 10 millions d’euros en 2009, 16 millions en 2010 et 2011, 24 millions en 2012, 41 millions en 2013 et 59 millions en 2014…Lire aussi :Aux Etats-Unis, les rémunérations des patrons devront être liées à la performance de l’entrepriseOpiniâtretéEn juin 2012, les actionnaires ont fait entendre une première fois leur désaccord. Lors de l’assemblée générale, 60 % d’entre eux ont voté contre la rémunération. Un véritable coup de tonnerre, dans le monde feutré des assemblées générales, où une opposition de 20 % est déjà considérée comme une rébellion.C’était compter sans l’opiniâtreté de M. Sorrell. Comme l’autorise la réglementation sur les entreprises britanniques cotées, le vote n’était que « consultatif ». Le patron de WPP a donc passé outre, et il a quand même touché son salaire. Pour donner l’impression de réagir, M. Sorrell a changé la politique de rémunération.Son salaire est désormais composé de trois parties : un fixe, un bonus de court terme, et un autre de long terme. Leur montant dépend du succès financier de l’entreprise et de ses résultats en Bourse. Le tout est supervisé par un comité à part, dont le patron de l’entreprise n’est pas membre, comme le veut la bonne gouvernance.Excellents résultats pour WPPL’an dernier, WPP a affiché d’excellents résultats. L’entreprise a nettement mieux réussi que ses plus proches concurrents, Omnicom et Publicis, d’autant que ces derniers étaient occupés à préparer leur fusion puis à l’annuler à la dernière minute.Du point de vue du comité de rémunération de WPP, les émoluments record de M. Sorrell sont donc parfaitement justifiés. « Ce [qu’il] gagne, bien que ce soit très important en tant que tel, est égal à environ 0,33 % de l’augmentation de la valorisation boursière », écrit-il. L’argument ne convainc pourtant pas tous les détenteurs d’actions WPP.Glass Lewis, une société de conseil aux actionnaires, recommandait de voter mardi contre la rémunération de M. Sorrell, qu’elle juge « complètement excessive ». ISS, une autre société de conseil, était plus ambiguë : tout en suggérant de voter en faveur de la résolution, elle s’étouffait face au salaire « exceptionnellement haut » du patron de l’entreprise.Pour Mme Howarth, de l’association ShareAction, le comité de rémunération ne fait absolument pas son travail. « Son objectif devrait être de le payer le moins possible sans qu’il ne s’en aille de l’entreprise. Or, M. Sorrell n’a nulle part où aller. WPP est son entreprise. S’il ne touchait qu’un euro symbolique, il resterait probablement. » Un scénario qui ne semble pas près d’être testé…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.06.2015 à 08h57 • Mis à jour le08.06.2015 à 13h03 France Télévisions, Radio France et le groupe Egalis ont lancé lundi un site Internet qui recense plus de mille femmes expertes sur deux cents thématiques afin d’inciter les médias à les inviter et promouvoir la place des expertes dans les médias. « L’absence de femmes sur les écrans alimente les stéréotypes et les inégalités », affirme Egalis, qui regroupe des organisations spécialistes de l’égalité.Ce site, version numérique du Guide des expertes qui paraît chaque année aux éditions Anne Carrière, EpOke, est destiné aux journalistes, organisateurs d’événements, entreprises, associations, universités et collectivités.En 2013, le CSA avait appelé toutes les chaînes à améliorer la représentation des femmes, en estimant qu’en moyenne la part des expertes intervenant à l’antenne était inférieure à 20 %. Et quand elles sont invitées, c’est la plupart du temps pour parler de sujets dits « féminins » comme les violences faites aux femmes, les enfants, la famille, l’école, etc. Alexis Delcambre et Samuel Laurent Septembre 2002. L’empire Vivendi Universal, victime de la chute de Jean-Marie Messier, est contraint d’opérer de douloureuses cessions. A l’affût des opportunités dans la presse, Serge Dassault est sur les rangs. Et pour 237 millions d’euros (286 millions si on les convertit au pouvoir d’achat de l’euro en 2014), la Socpresse, qu’il contrôle avec la famille Hersant, s’offre l’ex-pôle presse de Vivendi : L’Express, L’Expansion, L’Etudiant…Quatre ans plus tard, en 2006, c’est au tour de la Socpresse de céder ses actifs. Elle trouve un acquéreur, le groupe de presse belge Roularta, qui a des ambitions en France. Valorisation de l’ensemble : 210 millions d’euros (235 millions de 2014) – la Socpresse réalise une opération quasi blanche.Janvier 2015. Le groupe belge s’est lassé des pertes provoquées par son pôle français et s’angoisse de voir ses actifs se déprécier. Vincent Bolloré ou Iskandar Safa étudient le dossier. Mais c’est un acteur nouveau, Patrick Drahi, qui s’offre le cinquième groupe magazine français – la vente doit être finalisée mardi 9 juin. Montant de la transaction : entre 50 et 70 millions d’euros. Un chiffre dont la faiblesse, pour un pôle qui réalise 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, frappe les esprits.La trajectoire du groupe L’Express illustre celle des journaux français, dont les valorisations sont en forte baisse, comme en témoignent les chiffres des récentes transactions compilés par Le Monde. Grossièrement, les transactions des années 2000 se chiffraient en centaines de millions d’euros quand celles des années 2010 sont libellées en dizaines.L’infographie ci-dessous présente les principales transactions survenues depuis dix ans dans le secteur de la presse française, ramenées à leur valeur en euros constants 2014. Passez sur les carrés pour afficher des informations supplémentaires.Cela ne signifie pas forcément que les valorisations de ces entreprises se sont écroulées. Pour en déduire une valorisation, il faut ajouter au montant de la transaction les dettes (ne serait-ce que celle que représentent les abonnés en cours de contrat et qu’il faudra servir), l’anticipation des pertes à venir et/ou des coûts de restructuration – exactement comme un acheteur immobilier s’appuie sur le coût des travaux à venir pour négocier une baisse de prix. Sans parler des investissements à venir pour développer de nouvelles activités. « Les acheteurs nouveaux intègrent qu’il va leur falloir renverser la table et changer le modèle de ces entreprises », explique Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, une entreprise de conseil.L’angoisse gagne les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ?Comme sur tous les marchés, ce comportement des acheteurs s’autoentretient et nourrit une spirale, en l’occurrence baissière. Dans ce secteur, il est rarement possible d’évaluer une entreprise selon sa valeur boursière – peu sont cotées – ou selon la rentabilité potentielle – tant la visibilité est faible en ces temps de transition numérique. « Reste la bonne vieille méthode des comparables, conclut M. Texier. On se réfère aux transactions récentes opérées dans le même secteur, de la même façon que l’acheteur d’un appartement se renseigne sur les ventes récentes dans le même quartier. » Dès lors, chaque vente renforce la spirale baissière. A l’image de celle de 65 % du Nouvel Observateur au trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse (par ailleurs actionnaires du Monde) en janvier 2014, pour 13,8 millions d’euros. « En un instant, la seule annonce de cette vente a fait subir une décote de 50 % au dossier de L’Express, dont le groupe Roularta envisageait déjà la vente », révèle une source.Une poignée d’acteurs récurrentsDans ce contexte, l’angoisse peut gagner les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ? Peut-on encore attendre un retournement du marché ? Les exemples d’hésitation sont légion, comme en témoigne le cas de la famille Amaury, propriétaire du Parisien (ainsi que de L’Equipe). En 2010, Marie-Odile Amaury avait missionné la banque Rothschild pour céder son journal régional. Elle en attendait 200 millions d’euros. Une offre de Vincent Bolloré atteignait 130 millions d’euros, et Mme Amaury avait baissé son objectif à 150, mais ce différentiel n’a pu être comblé.Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des AmauryCinq ans plus tard, le groupe Amaury vient d’entrer en négociations exclusives avec un nouvel acheteur, LVMH, pour un prix qui serait plus proche de 50 que de 100 millions d’euros. Entre-temps, la famille a dû éponger 37 millions de pertes…« C’est la concurrence qui fait monter les prix, rappelle M. Texier. Or, aujourd’hui, les acheteurs sont peu nombreux. » Animateurs du marché français par le passé, les grands groupes de médias étrangers s’en sont retirés, à l’exception du belge Rossel, qui vient d’investir dans 20 Minutes. Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des Amaury. Reste une poignée d’acteurs récurrents, qui travaillent à atteindre une taille critique. D’où les mariages récents, ou en cours, entre Le Monde et Le Nouvel Observateur ; Libération et L’Express ; ou Les Echos et Le Parisien. Le seuil de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires semble l’objectif souhaité pour créer un niveau suffisant de synergies et accélérer les transitions numériques.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »« C’est le temps des soldes, explique M. Texier. On passe d’une époque de survalorisation relative à une phase de sous-valorisation, peut-être momentanée. Les valeurs pourront remonter quand les modèles seront stabilisés. » L’exemple d’un journal comme le Financial Times, assez avancé dans la transformation numérique et à la valeur putative élevée, incarne cet horizon.« Force symbolique »Y arriver est l’espoir de certains « restructurateurs » qui animent également le marché, derrière les incontournables Bernard Arnault, Patrick Drahi et Xavier Niel, aux moyens illimités. On peut penser au profil d’un Marc Laufer, propriétaire du groupe NewsCo et associé à M. Drahi dans le groupe en construction Altice ; à celui de Pascal Chevalier, du groupe Reworld Media ; ou de Didier Quillot, récent acquéreur du groupe Motor Presse Stuttgart. Point commun entre la plupart de ces acteurs : une culture forgée dans les nouvelles technologies et donc un goût pour les changements de modèles.« En France, cela fait quarante ans que la presse ne gagne plus d’argent. C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement »Pour certains, l’ambition de réinventer le modèle de la presse est une illusion. « Beaucoup pensent que leur savoir-faire va leur permettre de changer la presse, pense Patrick Eveno, historien de la presse. Mais, en France, cela fait quarante ans qu’elle ne gagne plus d’argent ! C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement. » « Il y a des personnes qui attribuent à la possession de médias une valeur décorrelée de la rationalité économique, car elle apporte une force symbolique, un statut, une considération, constate M. Texier. Au fond, ce qui a le mieux résisté dans cette crise de la presse, c’est le mythe de Citizen Kane. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Je n’ai pas participé à la campagne de Delphine Ernotte, même si je suis très content de son élection », déclare David Kessler, directeur général d’Orange Studio, parfois présenté comme un soutien actif de la nouvelle présidente de France Télévisions. Bien connu du milieu des médias et classé à gauche, le nom de cet ancien conseiller culture de l’Elysée a été cité plusieurs fois dans des articles sur la candidature de la directrice exécutive d’Orange France. Fait nouveau : il est aussi visé indirectement dans l’une des deux plaintes déposées cette semaine à la suite de la nomination opérée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire : Deux plaintes et deux recours contre la nomination de Delphine ErnotteLa nomination d’Olivier SchrameckLa démarche engagée par le syndicat SNPCA-CGC met en avant la notion de trafic d’influence : le plaignant se pose des « questions » sur un éventuel « renvoi d’ascenseur » entre Olivier Schrameck, le président du CSA, et David Kessler, qui était conseiller culture de François Hollande à l’époque de la nomination du dirigeant du régulateur de l’audiovisuel, début 2013. Selon ce raisonnement, le conseiller aurait fait nommer le président du CSA qui aurait ensuite porté sa candidate à la tête de France Télévisions.Certains ont en outre rappelé que David Kessler était entre 1995 et 2002 conseiller culture à Matignon sous Lionel Jospin, quand le directeur de cabinet était Olivier Schrameck (à l’époque, François Hollande était premier secrétaire du Parti socialiste et Manuel Valls conseiller en communication du premier ministre).M. Kessler rejette l’accusation de trafic d’influence : « Quand on connaît la machine d’Etat, on sait que ce n’est pas le conseiller culture du président de la République qui choisit le président du CSA, argue-t-il. Le président peut solliciter l’avis du ministre de la culture, du premier ministre et, à l’Elysée, de son directeur de cabinet et du secrétaire général. Au final, c’est le choix du président de la République », ajoute le conseiller, qui précise avoir donné son avis sur plusieurs noms.Les relations avec Delphine ErnottePar ailleurs, M. Kessler assure qu’au moment de la nomination de M. Schrameck au CSA, il n’avait jamais rencontré Mme Ernotte, « sauf une fois, quelques minutes, sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, à l’occasion de la Nuit Blanche », dont Les Inrockuptibles, journal qu’il dirigeait, était partenaire.Mme Ernotte n’aurait pas non plus participé au recrutement de M. Kessler à Orange, en novembre 2014, assure ce dernier, précisant que la filiale cinéma, dont il est directeur général, ne dépend pas d’Orange France, que dirige Mme Ernotte. Egalement connecté à droite, M. Kessler cite trois personnes ayant parrainé son arrivée chez l’opérateur : Pierre Louette, un « ami » ; Christine Albanel, ancienne ministre (UMP) de la culture et présidente d’Orange studio ; et Stéphane Richard, le PDG du groupe.M. Kessler raconte avoir rencontré Delphine Ernotte pour la première fois en décembre 2014 et avoir, en fin d’entretien, évoqué les échos la présentant comme candidate à France Télévisions. Cette dernière n’a pas démenti, sans vraiment confirmer non plus, raconte-t-il.Au sujet de France Télévisions, M. Kessler explique avoir ensuite revu Mme Ernotte, « une fois, environ une heure », mais il précise avoir eu le même genre d’entretien avec la plupart des candidats de premier plan à la présidence de France Télévisions.Lire : La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsLa campagne pour la présidence de France Télévisions« A quelques personnes qui me demandaient mon avis sur la campagne, j’ai dit que je trouvais que Mme Ernotte était une candidate crédible. J’aurais peut-être dû me taire… », ajoute celui qui a également été directeur général du CSA, directeur du Centre national du cinéma et de France Culture et conseiller du président de France Télévisions Marc Tessier…Pendant la campagne, il assure n’avoir appelé aucun membre du CSA, sauf Sylvie Pierre-Brossolette, une fois : c’était pour « prendre de ses nouvelles », après qu’elle a été critiquée, début novembre, lors de la fuite dans la presse de son prérapport sévère sur le bilan du président de France Télévisions Rémy Pflimlin, précise-t-il, comme il l’avait déjà dit au JDD. M. Kessler a enfin confié avoir déjeuné avec Olivier Schrameck, en décembre. A l’époque, le nom de Delphine Ernotte avait déjà fait l’objet de quelques mentions dans la presse. « Lors du déjeuner, nous avons dû parler quelques secondes de France Télévisions, mais pas de Delphine Ernotte », assure-t-il. Sur les deux plaintes déposées, il revient maintenant aux parquets de déterminer s’ils souhaitent ouvrir une enquête.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Rupert Murdoch met la dernière main à sa succession. Le magnat des médias est sur le point de céder les rênes de la 21st Century Fox à son fils James, 42 ans. Celui-ci devient directeur général du groupe, a annoncé la chaîne CNBC, qui cite des sources proches du dossier. Le groupe, contrôlé à 39,4 % par la famille Murdoch, et qui regroupe les activités dans la télévision et le cinéma, a confirmé, jeudi 11 juin, que le sujet de la succession de M. Murdoch serait abordé lors des prochains conseils d’administration.A l’issue de cette réorganisation, qui devrait intervenir dès cette année ou au plus tard en 2016, M. Murdoch, 84 ans, serait toujours président de Fox, siège qu’il partagerait avec son fils aîné, Lachlan, 43 ans. Chase Carey, le directeur général actuel du groupe, resterait au sein de la structure, mais comme conseiller auprès du magnat australien.Des changements attendusCes changements étaient attendus dans la mesure où le tycoon n’a jamais caché sa volonté que l’un de ses enfants lui succède. Par ailleurs, le calendrier s’accélérait : M. Carey devait informer avant le 30 juin prochain le conseil d’administration de Fox de ses intentions de quitter ou non le groupe avant la fin de son contrat qui se termine le 30 juin 2016.La première étape de ce remaniement avait été franchie en mars 2014, lorsque James Murdoch a été promu codirecteur général avec M. Carey. Celui-ci a d’ailleurs été partie prenante dans le processus de succession dans lequel il a joué un rôle de facilitateur.Au-delà des personnes, l’organisation reste similaire à celle qui prévalait jusqu’à présent, à savoir un président, Rupert Murdoch, s’occupant de la stratégie à long terme et d’un responsable exécutif, Chase Carey, chargé de la gestion quotidienne des affaires. Les deux fils seront donc amenés à travailler en tandem, selon cette répartition des rôles, même si l’ombre tutélaire du père reste encore dans le paysage.Pour James Murdoch, il s’agit d’un rétablissement spectaculaire dans la mesure où sa réputation avait été entachée par le scandale en 2011 des écoutes téléphoniques du tabloïd anglais News of the world. A la tête des activités du groupe au Royaume-Uni, il avait été obligé de démissionner avant de rentrer aux Etats-Unis.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean Birnbaum Quand la presse traverse une crise, elle doit se tourner vers ses lecteurs. La tradition d’un journal, son identité, bref, son avenir, ce sont eux qui en parlent le mieux, tout simplement parce qu’ils en sont les vrais dépositaires. Etre à la hauteur de cette tradition, pour un collectif de plumes, ce n’est donc pas seulement respecter des principes hérités, c’est d’abord se montrer à la hauteur des exigences, anciennes et nouvelles, que les lecteurs adressent à leur journal. Voilà pourquoi, au Monde, le courrier des lecteurs a toujours fait l’objet d’un soin particulier. Bien avant l’apparition du dialogue sur Internet et sur les réseaux sociaux, la lecture de ce courrier a imposé une évidence : la vocation d’un quotidien n’est pas figée, elle se bâtit au jour le jour dans l’échange et le partage.Après les attentats de janvier, cette évidence est devenue urgence. Les gens du Monde, toutes les femmes et les hommes qui suivent ce journal comme on s’inscrit dans une communauté, ont ressenti la ­nécessité de prendre la parole. Ils l’ont fait avec beaucoup de force et de sensibilité. On le vérifiera en lisant le volume qui paraît sous le titre Qui est vraiment Charlie ? (François Bourin-Le Monde, 176 p., 19 €). Réunies par nos collègues Pascal Galinier (médiateur du Monde) et Dominique ­Buffier, ces missives relèvent tour à tour du témoignage et de l’analyse, de l’indignation et de l’espérance. S’y déploie une diversité de points de vue et, notamment, très tôt, des doutes concernant l’unanimisme propre aux manifestations du 11 janvier. De belles confidences, aussi, de la part de Français musulmans qui se trouvent soudain sommés de prendre ­position : « C’est ce que me demande le ­regard de tous sans l’exprimer », note ainsi Walid Bekhti. Et, enfin, partout, un appel lancé au Monde, une manière de dire : mettez des mots sur ce que nous vivons, donnez du sens à cette époque débous­solée, tenez-vous bien pour nous aider à tenir bon. Essayez de « comprendre un peu plus fort, débattre un peu plus fort », comme y invite Julie Desrousseaux. ­Mobilisez-vous pour dissiper la confusion et opposer les Lumières à l’obscurantisme, « la pensée droite à la pensée tordue », ­selon la formule d’Edouard Reichenbach. Bref, travaillez à lever ce que Jean-Charles Vegliante nomme superbement un « couvre-feu mental ».Jean BirnbaumJournaliste au Monde, responsable du "Monde des Livres"SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Un rosier qui fléchit, un lilas qui jaunit, un pommier en mal de fruits… A chaque problème rencontré au jardin ou au potager, celui que l’on surnommait « Michel le jardinier » avait une solution qu’il prodiguait, derrière de grosses moustaches en broussaille, de son verbe fleuri, piqué d’anecdotes, d’adages ou de dictions. Même ceux qui n’avaient guère de goût pour le jardinage aimaient à écouter cet homme jovial et chaleureux, ce conteur hors pair qui distilla son savoir encyclopédique pendant trente ans, aussi bien à la radio qu’à la télévision. Retiré depuis quelques années à Saintes (Charente-Maritime) Michel Lis est mort, mardi 9 juin, à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, a-t-on appris de Radio France. Il était âgé de 78 ans.Surnommé « Moustaches vertes »Confiant à Laure Adler en 1999, lors de l’émission « Le Cercle de Minuit », avoir « certainement appris à marcher en plantant des radis », ce natif des Deux-Sèvres (il est né en 1937 à Pamproux) prit très tôt goût pour la terre, grâce à son grand-père cheminot qui lui enseigna les vertus du jardinage, à savoir : la patience, l’observation et le bon sens. Loin cependant d’en faire son métier, c’est vers le journaliste que le jeune homme se tourne peu après avoir obtenu son baccalauréat. Ainsi, on verra fleurir sa signature, de grand reporter notamment lors de la guerre des Six Jours ou des Jeux olympiques, tour à tour dans les colonnes du Monde graphique, du Parisien libéré, de L’Equipe ou encore de Télé 7 jours ; avant de faire en 1972 le bonheur des auditeurs de France Inter.A cette époque, Eve Ruggieri qui anime les matinées du week-end de la station avec Jacques Paugam, cherche une idée pour intéresser les auditeurs. « On a pensé au jardinage, et elle a fini par me le proposer, presque par hasard. C’est aussi elle qui a trouvé le surnom qui me colle toujours à la peau : moustaches vertes » confiait-il au Parisien, en 2003.Avec « la Minute du jardinier » diffusée chaque vendredi à 7 h 30, Michel Lis rencontre un succès immédiat. Malgré tout, il faudra attendre 1981 pour mettre enfin un visage sur cette voix qui aime à enluminer ses conseils pratiques de dictons et de maximes puisés dans des livres de botaniques. Après « Idées à suivre », une chronique qu’il tient sur France 2, ce lecteur de Rousseau, Cendrars ou de Conrad rejoint en 1985 l’équipe de « Télématin » qu’il quittera en 1999. Mais la télévision ne le détournera pas pour autant de la radio où l’on pourra l’entendre sur les ondes de France Inter, de France Info, de Radio France Gironde essaimer avec bonne humeur ses conseils et ses maximes. Toujours sans fiches, depuis qu’en 1976, une maladie de la rétine l’avait frappé, lui conférant une mémoire encyclopédique.Malgré ce handicap dont il ne se consolait pas, Michel Lis, n’avait pas abandonné l’écriture. Outre ses collaborations dans différents titres de presse dont Rustica, TV hebdo, Nice Matin ou Trente millions d’amis, il publiera plusieurs ouvrages tels Michel le jardinier au jardin de Jean-Jacques Rousseau (Mengès, 1984), Le Grand Almanach de Michel le jardinier (Mengès, 1999). Après avoir tenu une chronique sur France Bleu La Rochelle, ce militant pour la renaissance des espèces et des traitements naturels raccrochait le micro en 2012, mais non le râteau et la bêche, pour se consacrer tout entier à ses fleurs de prédilection : la rose trémière, le dahlia et la santoline, symbole de cette terre de Saintonge qu’il affectionnait tout particulièrement.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Canal+ joue la carte techno pour se distinguer dans un univers de plus en plus concurrentielRodolphe Belmer, le directeur général du groupe, a prévenu ce mardi 9 juin : Canal+ s’engage dans une « stratégie technologique de long terme ». Il a promis un « flux continu d’innovations dans les prochains mois ». Les clients de la chaîne cryptée et de Canal Sat vont bénéficier d’ici 2016 de nouveaux services. Déjà, MyCanal rencontre un grand succès. L’application disponible sur tablette et smartphone reçoit 30 millions de visites chaque mois, 1 million d’utilisateurs uniques par jour et plus de 300 000 utilisateurs en simultané les soirs de grand match. Plus de un programme à la demande sur cinq est consommé sur MyCanal.Le groupe présidé par Bertrand Méheut veut aller encore plus loin pour que ses clients puissent « profiter pleinement de leur abonnement ». Avec Netflix, You Tube ou encore BeIN, qui proposent des formules, si ce n’est gratuites, beaucoup plus compétitives, la concurrence s’intensifie et Canal se devait de frapper un grand coup.Un Cube nomadeC’est avec un petit cube que le groupe veut se démarquer. Cette mini-box remplacera peu ou prou le bon vieux décodeur en proposant davantage de services. La fonction la plus spectaculaire, « startover », permettra ainsi de remonter jusqu’à huit heures dans la programmation d’une chaîne. Un outil parfait pour les étourdis qui oublient de préparer l’enregistrement d’une émission ou ceux qui sont victimes d’un contretemps et qui ne peuvent arriver à l’heure pour voir leur série ou film préféré. Ce cube, nomade, pourra se brancher n’importe où à condition de disposer d’une connexion WiFi ou à l’Internet qu’il faudra payer en plus. Il ne remplacera donc pas les box des fournisseurs d’accès à Internet. Par ailleurs, Canal+ réfléchit pour que l’on puisse l’utiliser à l’étranger une vingtaine de jours par an, à l’image du « roaming » que proposent certains opérateurs.Canal Sat « offrant » plus de 150 chaînes, le groupe promet également de faciliter le choix du téléspectateur avec « Suggest », son nouveau moteur de recommandation qui s’appuie sur les habitudes de visionnage d’un abonné, mais aussi ses goûts.La filiale de Vivendi veut aussi être à la pointe de l’UHD, l’Ultra Haute Définition. Cette norme de diffusion permet des images quatre fois plus fines que l’actuelle haute définition. À la rentrée, Canal+ proposera du contenu UHD aux possesseurs de téléviseurs Samsung et espère diffuser des programmes dans ce nouveau standard au printemps 2016 via la fibre optique et via le satellite.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La Confédération générale des cadres (CGC) des médias a annoncé mardi 9 juin avoir déposé une plainte à Paris et un recours au Conseil d’Etat contre la nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions. Cette démarche s’ajoute à la plainte de Didier Quillot, ancien candidat à la présidence de France Télévisions et ancien cadre de Lagardère active.Une requête en annulationLa requête en « annulation » au Conseil d’Etat, déposée lundi, « s’appuie, notamment, sur le manque d’impartialité du CSA et l’opacité de la procédure de nomination », explique dans un communiqué le SNPCA-CGC, syndicat minoritaire à France Télévisions. « La loi prévoit que la décision doit être suffisamment motivée. Ce n’est pas le cas. Le CSA s’est contenté de généralités », estime l’avocat du syndicat, Me Pierre-Olivier Lambert, contacté par l’Agence France-Presse. Le CSA a publié sur son site « la décision de nomination motivée » de Delphine Ernotte, ancienne directrice exécutive d’Orange France.Une plainte du SNPCA-CGCLa plainte, qui doit être déposée, se fonde, elle, sur « des soupçons d’abus d’autorité et de manquements à l’obligation de probité du CSA dans la procédure de nomination » et « vise, en particulier, le délit de trafic d’influence », ajoute le syndicat.Le code pénal définit ainsi le trafic d’influence :« Le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable. »L’une des membres du CSA, Sylvie Pierre-Brossolette, se voit notamment reprocher, dans un article de Mediapart, d’avoir organisé un rendez-vous entre la candidate Delphine Ernotte et François Pinault, réputé proche de François Hollande. Un homme d’affaires qu’avait également rencontré Didier Quillot, un autre candidat.Une plainte de Didier QuillotMardi 2 juin, une première plainte a été déposée par Didier Quillot. Sa démarche suit ce raisonnement : l’ouverture, par le parquet, d’une enquête préliminaire est le seul moyen d’avoir des preuves d’une éventuelle infraction, la demande d’enquête parlementaire sur la nomination de Mme Ernotte ayant été rejetée.Sa plainte se fonde sur la notion d’« abus d’autorité », ainsi définie par le code pénal : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi. »La loi de novembre 2013 sur l’indépendance de l’audiovisuel public a confié au CSA la mission de désigner le patron de France Télévisions de façon « impartiale, transparente et indépendante », explique-t-on dans l’entourage de Didier Quillot. Donc si jamais des manœuvres avaient fait échec au respect de ces conditions, il pourrait s’agir d’un abus d’autorité. L’entourage de M. Quillot souligne au passage que le CSA a, dans un communiqué de la semaine dernière, envisagé des changements de procédure, et y voit une validation de sa démarche.De plus, M. Quillot a pris soin, avant de déposer sa plainte, d’avoir « tourné la page » et annoncé ses nouvelles activités : il a cofondé Reboot Media, un groupe qui ambitionne de peser dans le domaine de la presse sportive, comme l’a expliqué Le Figaro. Son avocat assure qu’il agit moins en tant que victime directe qu’en tant que citoyen.La défense du Conseil supérieur de l’audiovisuel« On a pu lire que la procédure au terme de laquelle [Delphine Ernotte] a été désignée aurait été l’objet de pressions. Chacun d’entre nous affirme n’en avoir subi aucune », ont déclaré dans un communiqué commun les huit membres du CSA, le 4 juin :« Nous réaffirmons ici solennellement que le délibéré s’est déroulé dans la plus totale indépendance et la plus stricte impartialité, au terme d’une procédure qui a respecté le principe d’égalité entre les candidats et dont chaque étape a été débattue et collégialement acceptée par le Conseil. »Le scrutin pour la présidence de France Télévisions avait divisé le collège en deux blocs au second tour et suscité des dissensions en interne.Lire aussi : La nomination de Mme Ernotte fait toujours grincer des dentsLes membres du CSA se sont en revanche dits « ouverts à toute modification allant dans le sens d’un renforcement de la publicité des procédures de nomination ». Cette procédure a été fixée par le collège du CSA à partir de la loi de 2013 par laquelle la majorité du président, François Hollande, lui a redonné le pouvoir de désigner les dirigeants d’audiovisuel public. Le CSA a notamment envisagé de publier le nom de tous les candidats ou seulement de ceux qu’il choisirait d’auditionner, ou encore d’ouvrir les auditions des candidats au public.Lire aussi : Les premiers pas de Delphine Ernotte à France TélévisionsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Apple a annoncé, lundi 8 juin, le lancement prochain de « News », une nouvelle application qui promet d’offrir une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires. Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne », lors du déploiement d’iOS9, la prochaine version du système d’exploitation mobile, au départ aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.Son interface ressemble à l’application Flipboard, un agrégateur d’informations, et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai, ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. L’initiative d’Apple illustre la volonté des grandes plate-formes de se placer en intermédiaires de distribution entre les médias et leurs lecteurs, contre la promesse d’apporter un nouveau lectorat, voire des revenus.Concrètement, « News » intégrera des flux « RSS » de résumés d’articles de tous les éditeurs qui souhaitent les partager. Mais l’application proposera surtout des contenus de médias partenaires directement hébergés par Apple. Comme Facebook, ce dernier promet un format attractif, adapté au mobile, avec des belles images, des cartes, des graphiques et des vidéos, que les médias pourront personnaliser. A la différence des articles hébergés sur les sites mobiles de ces titres, ces contenus seront en principe beaucoup plus rapides à charger, et donc susceptibles d’être davantage vus.Le gratin de la presse anglophoneAu démarrage, l’application vous demandera de nommer des sources et des thèmes qui vous plaisent, puis vous proposera une sélection d’articles, lit-on sur le site du Nieman Lab. L’algorithme qui génère « votre news » est censé se nourrir de vos habitudes de lectures voire de vos appréciations pour affiner son offre. « Ce sera du beau contenu, tiré des meilleures sources mondiales, personnalisé pour vous », a assuré Susan Prescott, vice-présidente du marketing produit chez Apple.Comme Facebook, Apple a présenté une liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times, le groupe magazine Condé Nast (Vogue, Vanity Fair), le quotidien britannique Daily Mail, le magazine économique de référence The Economist, mais aussi des acteurs issus du web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed. Le New York Times devrait commencer par publier une trentaine d’articles par jour sur News.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plateformes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? Tous cherchent une puissance de distribution… Et ont peur d’être laissés pour compte si leurs concurrents pactisent avec les plateformes et qu’ils ne le font pas.« Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a ainsi défendu Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plateformes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »La publicité mais pas les donnéesPour convaincre les éditeurs, Apple, comme Facebook, a toutefois dû faire certaines concessions dans son offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Le contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est un autre point sensible. Alors que Facebook proposait d’agréger les « vues » des « instant articles » aux audiences des médias partenaires et de leur donner accès à tous les indicateurs, Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News, mais précise qu’elle respectera la « vie privée » des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.N’y a-t-il pas un risque pour les médias d’abandonner trop de pouvoir aux géants du Net ? De se couper de la relation directe avec leurs lecteurs, d’autant plus dans le cas d’Apple, dont une des forces est de posséder les coordonnées bancaires de ses clients ? Le risque existe. Une fois l’usage créé, les grandes plateformes pourraient en effet changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google vient de le faire avec son fonds de soutien à la presse. Les éditeurs font le pari qu’il vaut mieux tenter cette voie.La tendance est-elle inéluctable ? Elle semble puissante, mais toutes les initiatives des grandes plateformes dans la presse n’ont pas été couronnées de succès : ainsi, News remplacera Newsstand, un kiosque numérique d’Apple lancé en 2011, dans lequel les éditeurs pouvaient vendre des journaux numériques à l’unité ou par abonnement, via leurs propres applications, moyennant une commission de 30 % pour Apple. Proposant une expérience assez banale, Newsstand n’a pas rencontré le succès escompté. De la même façon, Google Currents, agrégateur d’informations, a été renommé Google Play News, mais reste peu connu. Facebook Paper, un genre de magazine agrégé, avait lui aussi déçu.Apple cherche en tout cas à rassurer les médias. A la veille de la présentation de « News », on a ainsi appris que le géant californien pourrait infléchir la part de 30 % qu’il s’arroge sur les abonnements souscrits par son intermédiaire. Selon le Financial Times, Apple serait susceptible d’appliquer un taux inférieur aux abonnements souscrits via son kiosque ou son service de télévision, l’Apple TV.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Trente-sept journaux allemands, dont les prestigieux Zeit, Süddeutsche Zeitung, Spiegel et Welt, ont accepté de vendre leurs articles à l’unité sur la plate-forme Blendle, qui s’est lancée en Allemagne, mardi 9 juin.Un temps surnommé l’« i-Tunes de la presse », le site d’origine néerlandaise s’inspire en réalité davantage de Spotify et offre une expérience qui se situe aux confins d’un site d’information, d’un réseau social et d’un outil de lecture. Une fois inscrits, les utilisateurs se voient proposer des articles à l’unité issus de différents journaux, qu’ils peuvent acheter pour quelques centimes chacun.Lire : La start-up néerlandaise Blendle s’inspire d’iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetL’Allemagne est le deuxième pays de déploiement de Blendle, après les Pays-Bas, où il compte désormais 300 000 utilisateurs. Les fondateurs de Blendle entendent proposer leur service dans d’autres pays européens. Des discussions ont été lancées avec les éditeurs français.Aux États-Unis, la start-up a d’ores et déjà signé avec le Washington Post, le New York Times et The Economist, et travaille à convaincre d’autres éditeurs. En octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi dans Blendle à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Martin Sorrell a été payé 200 millions d’euros depuis 1998. Rien que pour 2014, le patron de WPP, le numéro 1 mondial de la publicité, a touché 43 millions de livres (59 millions d’euros). Il est, de loin, le patron d’entreprise cotée à la Bourse de Londres qui gagne le plus. Et probablement dans le monde. Sur les cinq dernières années, sa rémunération s’est élevée à un peu plus d’un euro par seconde.Ces statistiques ont une nouvelle fois provoqué la controverse, mardi 9 juin, lors de l’assemblée générale annuelle de WPP. Comme chaque année ou presque, l’ambiance était houleuse, sur la question du salaire de M. Sorrell. Comme à chaque fois, une bonne partie des actionnaires s’est opposée à la rémunération pour 2014: 22% d’entre eux ont voté contre, légèrement moins que le score de 28% atteint l’année dernière. Mais comme toujours, cela ne changera rien à l’affaire : le très puissant patron de WPP touchera ses émoluments.« C’est presque une blague, s’agace Catherine Howarth, la directrice de ShareAction, une association qui milite pour l’investissement responsable. Ce type se moque de ce que pensent les actionnaires et de la bonne gouvernance d’entreprise. » M. Sorrell présente un cas d’école intéressant.Une agence partie de rienL’homme affiche un succès évident. Il a créé WPP à partir de rien. En 1985, après avoir mené pendant une décennie la stratégie d’expansion des frères Saatchi, il prend le contrôle de Wire and Plastic Products, une petite entreprise qui fait des paniers en métal. Il utilise cette société cotée pour multiplier les acquisitions d’agences publicitaires. Jusqu’à devenir en 2009 le numéro 1 mondial du secteur. Aujourd’hui, WPP affiche 179 000 employés à travers le monde, une présence dans 111 pays et un chiffre d’affaires de 11,5 milliards de livres (15,8 milliards d’euros).Fort de ce succès, M. Sorrell a longtemps été très bien payé. Jusqu’en 2008, il touchait entre 1 et 4 millions d’euros par an. Mais à partir de 2009, cette somme, qui n’était pas très éloignée de celle qui revient aux autres grands patrons, s’est envolée : 10 millions d’euros en 2009, 16 millions en 2010 et 2011, 24 millions en 2012, 41 millions en 2013 et 59 millions en 2014…Lire aussi :Aux Etats-Unis, les rémunérations des patrons devront être liées à la performance de l’entrepriseOpiniâtretéEn juin 2012, les actionnaires ont fait entendre une première fois leur désaccord. Lors de l’assemblée générale, 60 % d’entre eux ont voté contre la rémunération. Un véritable coup de tonnerre, dans le monde feutré des assemblées générales, où une opposition de 20 % est déjà considérée comme une rébellion.C’était compter sans l’opiniâtreté de M. Sorrell. Comme l’autorise la réglementation sur les entreprises britanniques cotées, le vote n’était que « consultatif ». Le patron de WPP a donc passé outre, et il a quand même touché son salaire. Pour donner l’impression de réagir, M. Sorrell a changé la politique de rémunération.Son salaire est désormais composé de trois parties : un fixe, un bonus de court terme, et un autre de long terme. Leur montant dépend du succès financier de l’entreprise et de ses résultats en Bourse. Le tout est supervisé par un comité à part, dont le patron de l’entreprise n’est pas membre, comme le veut la bonne gouvernance.Excellents résultats pour WPPL’an dernier, WPP a affiché d’excellents résultats. L’entreprise a nettement mieux réussi que ses plus proches concurrents, Omnicom et Publicis, d’autant que ces derniers étaient occupés à préparer leur fusion puis à l’annuler à la dernière minute.Du point de vue du comité de rémunération de WPP, les émoluments record de M. Sorrell sont donc parfaitement justifiés. « Ce [qu’il] gagne, bien que ce soit très important en tant que tel, est égal à environ 0,33 % de l’augmentation de la valorisation boursière », écrit-il. L’argument ne convainc pourtant pas tous les détenteurs d’actions WPP.Glass Lewis, une société de conseil aux actionnaires, recommandait de voter mardi contre la rémunération de M. Sorrell, qu’elle juge « complètement excessive ». ISS, une autre société de conseil, était plus ambiguë : tout en suggérant de voter en faveur de la résolution, elle s’étouffait face au salaire « exceptionnellement haut » du patron de l’entreprise.Pour Mme Howarth, de l’association ShareAction, le comité de rémunération ne fait absolument pas son travail. « Son objectif devrait être de le payer le moins possible sans qu’il ne s’en aille de l’entreprise. Or, M. Sorrell n’a nulle part où aller. WPP est son entreprise. S’il ne touchait qu’un euro symbolique, il resterait probablement. » Un scénario qui ne semble pas près d’être testé…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.06.2015 à 08h57 • Mis à jour le08.06.2015 à 13h03 France Télévisions, Radio France et le groupe Egalis ont lancé lundi un site Internet qui recense plus de mille femmes expertes sur deux cents thématiques afin d’inciter les médias à les inviter et promouvoir la place des expertes dans les médias. « L’absence de femmes sur les écrans alimente les stéréotypes et les inégalités », affirme Egalis, qui regroupe des organisations spécialistes de l’égalité.Ce site, version numérique du Guide des expertes qui paraît chaque année aux éditions Anne Carrière, EpOke, est destiné aux journalistes, organisateurs d’événements, entreprises, associations, universités et collectivités.En 2013, le CSA avait appelé toutes les chaînes à améliorer la représentation des femmes, en estimant qu’en moyenne la part des expertes intervenant à l’antenne était inférieure à 20 %. Et quand elles sont invitées, c’est la plupart du temps pour parler de sujets dits « féminins » comme les violences faites aux femmes, les enfants, la famille, l’école, etc. Alexis Delcambre et Samuel Laurent Septembre 2002. L’empire Vivendi Universal, victime de la chute de Jean-Marie Messier, est contraint d’opérer de douloureuses cessions. A l’affût des opportunités dans la presse, Serge Dassault est sur les rangs. Et pour 237 millions d’euros (286 millions si on les convertit au pouvoir d’achat de l’euro en 2014), la Socpresse, qu’il contrôle avec la famille Hersant, s’offre l’ex-pôle presse de Vivendi : L’Express, L’Expansion, L’Etudiant…Quatre ans plus tard, en 2006, c’est au tour de la Socpresse de céder ses actifs. Elle trouve un acquéreur, le groupe de presse belge Roularta, qui a des ambitions en France. Valorisation de l’ensemble : 210 millions d’euros (235 millions de 2014) – la Socpresse réalise une opération quasi blanche.Janvier 2015. Le groupe belge s’est lassé des pertes provoquées par son pôle français et s’angoisse de voir ses actifs se déprécier. Vincent Bolloré ou Iskandar Safa étudient le dossier. Mais c’est un acteur nouveau, Patrick Drahi, qui s’offre le cinquième groupe magazine français – la vente doit être finalisée mardi 9 juin. Montant de la transaction : entre 50 et 70 millions d’euros. Un chiffre dont la faiblesse, pour un pôle qui réalise 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, frappe les esprits.La trajectoire du groupe L’Express illustre celle des journaux français, dont les valorisations sont en forte baisse, comme en témoignent les chiffres des récentes transactions compilés par Le Monde. Grossièrement, les transactions des années 2000 se chiffraient en centaines de millions d’euros quand celles des années 2010 sont libellées en dizaines.L’infographie ci-dessous présente les principales transactions survenues depuis dix ans dans le secteur de la presse française, ramenées à leur valeur en euros constants 2014. Passez sur les carrés pour afficher des informations supplémentaires.Cela ne signifie pas forcément que les valorisations de ces entreprises se sont écroulées. Pour en déduire une valorisation, il faut ajouter au montant de la transaction les dettes (ne serait-ce que celle que représentent les abonnés en cours de contrat et qu’il faudra servir), l’anticipation des pertes à venir et/ou des coûts de restructuration – exactement comme un acheteur immobilier s’appuie sur le coût des travaux à venir pour négocier une baisse de prix. Sans parler des investissements à venir pour développer de nouvelles activités. « Les acheteurs nouveaux intègrent qu’il va leur falloir renverser la table et changer le modèle de ces entreprises », explique Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, une entreprise de conseil.L’angoisse gagne les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ?Comme sur tous les marchés, ce comportement des acheteurs s’autoentretient et nourrit une spirale, en l’occurrence baissière. Dans ce secteur, il est rarement possible d’évaluer une entreprise selon sa valeur boursière – peu sont cotées – ou selon la rentabilité potentielle – tant la visibilité est faible en ces temps de transition numérique. « Reste la bonne vieille méthode des comparables, conclut M. Texier. On se réfère aux transactions récentes opérées dans le même secteur, de la même façon que l’acheteur d’un appartement se renseigne sur les ventes récentes dans le même quartier. » Dès lors, chaque vente renforce la spirale baissière. A l’image de celle de 65 % du Nouvel Observateur au trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse (par ailleurs actionnaires du Monde) en janvier 2014, pour 13,8 millions d’euros. « En un instant, la seule annonce de cette vente a fait subir une décote de 50 % au dossier de L’Express, dont le groupe Roularta envisageait déjà la vente », révèle une source.Une poignée d’acteurs récurrentsDans ce contexte, l’angoisse peut gagner les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ? Peut-on encore attendre un retournement du marché ? Les exemples d’hésitation sont légion, comme en témoigne le cas de la famille Amaury, propriétaire du Parisien (ainsi que de L’Equipe). En 2010, Marie-Odile Amaury avait missionné la banque Rothschild pour céder son journal régional. Elle en attendait 200 millions d’euros. Une offre de Vincent Bolloré atteignait 130 millions d’euros, et Mme Amaury avait baissé son objectif à 150, mais ce différentiel n’a pu être comblé.Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des AmauryCinq ans plus tard, le groupe Amaury vient d’entrer en négociations exclusives avec un nouvel acheteur, LVMH, pour un prix qui serait plus proche de 50 que de 100 millions d’euros. Entre-temps, la famille a dû éponger 37 millions de pertes…« C’est la concurrence qui fait monter les prix, rappelle M. Texier. Or, aujourd’hui, les acheteurs sont peu nombreux. » Animateurs du marché français par le passé, les grands groupes de médias étrangers s’en sont retirés, à l’exception du belge Rossel, qui vient d’investir dans 20 Minutes. Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des Amaury. Reste une poignée d’acteurs récurrents, qui travaillent à atteindre une taille critique. D’où les mariages récents, ou en cours, entre Le Monde et Le Nouvel Observateur ; Libération et L’Express ; ou Les Echos et Le Parisien. Le seuil de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires semble l’objectif souhaité pour créer un niveau suffisant de synergies et accélérer les transitions numériques.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »« C’est le temps des soldes, explique M. Texier. On passe d’une époque de survalorisation relative à une phase de sous-valorisation, peut-être momentanée. Les valeurs pourront remonter quand les modèles seront stabilisés. » L’exemple d’un journal comme le Financial Times, assez avancé dans la transformation numérique et à la valeur putative élevée, incarne cet horizon.« Force symbolique »Y arriver est l’espoir de certains « restructurateurs » qui animent également le marché, derrière les incontournables Bernard Arnault, Patrick Drahi et Xavier Niel, aux moyens illimités. On peut penser au profil d’un Marc Laufer, propriétaire du groupe NewsCo et associé à M. Drahi dans le groupe en construction Altice ; à celui de Pascal Chevalier, du groupe Reworld Media ; ou de Didier Quillot, récent acquéreur du groupe Motor Presse Stuttgart. Point commun entre la plupart de ces acteurs : une culture forgée dans les nouvelles technologies et donc un goût pour les changements de modèles.« En France, cela fait quarante ans que la presse ne gagne plus d’argent. C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement »Pour certains, l’ambition de réinventer le modèle de la presse est une illusion. « Beaucoup pensent que leur savoir-faire va leur permettre de changer la presse, pense Patrick Eveno, historien de la presse. Mais, en France, cela fait quarante ans qu’elle ne gagne plus d’argent ! C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement. » « Il y a des personnes qui attribuent à la possession de médias une valeur décorrelée de la rationalité économique, car elle apporte une force symbolique, un statut, une considération, constate M. Texier. Au fond, ce qui a le mieux résisté dans cette crise de la presse, c’est le mythe de Citizen Kane. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.06.2015 à 11h39 • Mis à jour le27.06.2015 à 14h03 | Elise Vincent et Alexandre Piquard Deux affaires très médiatiques concernant des enquêtes pour favoritisme dans le secteur audiovisuel pourraient-elles être annulées ? C’est ce qu’espèrent les défenseurs des personnalités visées : Patrick de Carolis, l’ancien président de France Télévisions, et Mathieu Gallet, actuel président de Radio France, visé pour son mandat à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Les deux ne sont pas du tout dans la même situation – le premier est mis en examen, l’autre ne se voit pour l’instant concerné qu’à travers une enquête préliminaire.Mais les deux ont repéré un argument juridique qui, selon leurs avocats, rendrait impossible de les inquiéter pour favoritisme. En cause : les règles particulières auxquelles sont soumis l’INA et France Télévisions en matière de marchés publics.M. de Carolis a été mis en examen, en avril 2014, dans le volet « France Télévisions » du dossier Bygmalion, qui concerne par ailleurs le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. L’enquête porte sur différents contrats signés par le groupe public d’audiovisuel, en particulier ceux conclus à partir de fin 2008 avec Bygmalion.Ces contrats avaient notamment pour but de veiller à la réputation du groupe sur Internet, gérer le courrier des téléspectateurs, etc. Or Bastien Millot, le fondateur de Bygmalion, avait été jusqu’en 2008 directeur délégué de la stratégie à France Télévisions auprès de M. de Carolis, avant de quitter l’entreprise. Il a été mis en examen pour recel de favoritisme. Camille Pascal, ancien secrétaire général de France Télévisions, est également mis en examen dans ce dossier pour favoritisme.Les révélations du « Canard enchaîné »M. Gallet est lui concerné par une enquête préliminaire conduite depuis le 8 juin sous l’autorité du parquet de Créteil (Val-de-Marne). Il n’est pas visé en tant que tel, mais les soupçons de « favoritisme » portent sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » à l’INA, alors qu’il était président. L’enquête fait suite à un signalement de la ministre de la culture, Fleur Pellerin. Au mois de mai, Le Canard enchaîné avait évoqué les prestations demandées à six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, ce que M. Gallet avait contesté dans un communiqué.Outre le débat sur les faits, le raisonnement juridique de défense est le suivant : France Télévisions est une société de droit privé et l’INA, un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Ces deux structures ne dépendent donc pas, statutairement, du code des marchés publics (CMP) mais d’un autre texte : une ordonnance du 6 juin 2005. Celle-ci fixe, comme le CMP, les consignes de mise en concurrence en fonction des montants des contrats. Mais elle est d’une nature juridique différente du CMP : ne pas respecter l’ordonnance ne pourrait être puni pénalement, selon les avocats concernés.Lire aussi :France Télévisions : l’enquête Bygmalion s’élargitDemande d’annulationLes conseillers de MM. Gallet et de Carolis ciblent en particulier le délit de favoritisme. Celui-ci ne pourrait s’appliquer car, selon une lecture littérale du code pénal, il ne permet de condamner à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende que les atteintes aux règles des « marchés publics et délégations de service public ». Un argument qui s’appuie sur un arrêt de la cour d’appel de Paris du 26 novembre 2012 : « La violation des règles applicables aux marchés soumis à cette ordonnance n’est pas pénalement sanctionnée et ne peut notamment pas être poursuivie sur le fondement d’une quelconque autre infraction de favoritisme », avait écrit la cour.Sur cette base, Patrick de Carolis, représenté par les avocats Michel Beaussier et Anastasia Pitchouguina, a contesté, avec MM. Pascal et Millot, sa mise en examen, demandant son annulation. Une audience a eu lieu devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. La décision est attendue jeudi 2 juillet.Du côté de Mathieu Gallet et de son entourage, personne ne s’exprime, faisant valoir que l’enquête préliminaire est en cours et qu’il n’est pas dit qu’elle débouche sur l’ouverture d’une information judiciaire. Mais les conseils de l’ancien président de l’INA ont bien en tête, eux aussi, l’arrêt du 26 novembre 2012.Les trois principes fondamentauxToutefois, tous les experts ne sont pas de l’avis des défenseurs de MM. Gallet et de Carolis. Pour Sébastien Palmier, avocat spécialiste du droit public et des marchés publics, les entreprises qui dépendent de l’ordonnance de 2005 ne peuvent s’exonérer des trois principes fondamentaux de la commande publique qui ont valeur « constitutionnelle » : « La liberté d’accès au marché, l’égalité des candidats et la preuve de la mise en concurrence. »L’avocat rappelle par ailleurs que deux arrêts de la cour d’appel de Saint-Denis de La Réunion de février et juin 2012 ont abouti à des conclusions inverses à celle avancée par les conseils de MM. Gallet et de Carolis. « Il existe certes un débat sur ce qu’il faut entendre par “marché public” mais la question n’est pas aussi tranchée qu’on souhaiterait le faire croire. La plus grande prudence est de mise en l’absence de décision de la Cour de cassation », souligne-t-il.Enfin, d’ici avril 2016, le ministère de l’économie doit transposer plusieurs directives européennes sur la question des marchés publics. Dans ce cadre, Bercy a pour projet de réunir dans un seul et même texte les règles relatives aux marchés publics et aux partenariats public-privé. Ce qui reviendrait à supprimer la distinction sur laquelle s’appuient aujourd’hui les avocats de MM. Gallet et de Carolis. Un texte « très attendu » par l’ensemble des acteurs du secteur, souligne Me Palmier, mais qui n’aurait pas de portée rétroactive, estime un avocat de la défense.Le débat pourrait être tranché bientôt en droit, mais ces dossiers sont aussi très politiques : Patrick de Carolis, nommé sous Jacques Chirac, travaillait avec M. Millot, proche de M. Copé, et M. Pascal, proche de Nicolas Sarkozy. Mathieu Gallet a lui travaillé dans des gouvernements de droite mais a été le premier président nommé par le CSA d’Olivier Schrameck, aux pouvoirs renforcés par M. Hollande. Tous vont scruter la décision qui va être rendue dans le dossier Bygmalion-France Télévisions, le 2 juillet.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Anne Devailly (Montpellier, correspondante) Le groupe La Dépêche du Midi, basé à Toulouse et présidé par Jean-Michel Baylet, a finalisé, jeudi 25 juin, l’acquisition des Journaux du Midi composé de Midi Libre, L’Indépendant et Centre Presse. Les Journaux du Midi appartenaient jusqu’ici au groupe Sud-Ouest basé à Bordeaux.Jean-Michel Baylet est venu à Montpellier pour entériner la vente. Il a annoncé qu’il fallait sans doute s’attendre à des suppressions d’emploi, qui seront précisées par la suite, mais qui pourraient atteindre 150 postes dans chacun des deux groupes. Ces suppressions concerneront tous les services, des rotatives à la rédaction en passant par la régie publicitaire.Les chiffres montrent que le groupe des Journaux du Midi, malgré des plans sociaux qui se suivent depuis des années, n’a pas la même rentabilité que le groupe La Dépêche : le journal de La Dépêche du Midi emploie 800 salariés, couvre 10 départements et réalise un chiffre d’affaires de 145 millions d’euros. Le groupe Les Journaux du Midi emploie 930 salariés, couvre 5 départements et réalise un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros.Quatrième groupe de presse quotidienne régionaleL’ensemble va maintenant couvrir un territoire de six millions d’habitants avec deux métropoles (Toulouse et Montpellier). Le nouvel ensemble se positionne comme le quatrième groupe de presse quotidienne régionale.L’audience cumulée de leurs deux sites (vingt millions de visites par mois) les place, selon Jean-Michel Baylet, en première position, devant le site de Ouest-France. Jean-Michel Baylet rachète Midi Libre pour 15 millions euros, alors que Sud-Ouest l’avait racheté au groupe Le Monde pour 90 millions d’euros en 2007.Jean-Michel Baylet, également président du PRG, a affirmé que ce rachat n’avait aucun rapport avec la fusion administrative qui se prépare entre le Languedoc-Roussillon et Midi- Pyrénées et ne cache pas d’arrière-pensées politiques : « Je suis contre cette fusion, personne dans ces deux régions n’avait rien demandé. On m’a prêté des intentions machiavéliques, alors que j’ai toujours été hostile à ce regroupement ».Investissements attendus sur le numériqueBernard Maffre, vice-président directeur général du groupe La Dépêche a été nommé président-directeur général de Midi Libre, en remplacement d’Olivier Gerolami (groupe Sud- Ouest). Jean-Nicolas Baylet, l’un des fils de Jean-Michel, est nommé vice-président du groupe, plus spécifiquement en charge du numérique. Xavier Clément devient directeur général des Journaux du Midi.Parmi les pistes envisagées, un développement des activités dans l’événementiel et des investissements attendus sur le numérique. La Dépêche estime notamment que ses propres outils numériques pourraient être étendus à Midi Libre.C’est notamment le cas du « Paywall » (le système qui fait que les internautes consultant beaucoup le site passent en mode payant) et d’un service Premium avec diffusion d’un journal vidéo tous les jours à 18 heures. « Il nous faut modifier l’équilibre des recettes entre la presse écrite et la diversification numérique, a estimé Jean-Nicolas Baylet. Depuis deux ans, on voit enfin que le payant peut être envisageable sur le web, c’est une bonne nouvelle. »Anne Devailly (Montpellier, correspondante)Journaliste au Monde Alexis Delcambre L’Etat va mettre la main à la poche pour aider Radio France à sortir de l’ornière. Selon nos informations, l’entreprise publique va recevoir 80 millions d’euros de financement exceptionnel, afin de faire face aux besoins de trésorerie engendrés par l’interminable chantier de réhabilitation de la Maison de la radio.Lire aussi :L’interminable chantier de la Maison de la radioCette somme, dont le montant a été annoncé, mardi 23 juin, en conseil d’administration, sera versée sous deux formes différentes. Cinquante-cinq millions d’euros seront apportés aux fonds propres de l’entreprise sous forme d’une dotation en capital, sous l’égide de l’Agence des participations de l’Etat (APE). Répartis sur trois exercices budgétaires (de 2016 à 2018), 25 autres millions d’euros seront issus de la contribution à l’audiovisuel public (la « redevance »), au titre de l’investissement.Un geste de l’Etat était attendu et avait été promis par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors de la longue grève qui a paralysé Radio France, en avril. « J’ai proposé une intervention au capital de l’entreprise, pour l’accompagner dans cette période difficile », avait-elle déclaré dans un entretien au Monde. Son montant et ses modalités restaient à définir, dans un contexte où chaque euro d’argent public compte et où il est par ailleurs demandé à l’entreprise de se réformer.Lire aussi :Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio FranceUn chantier à plus de 100 millions d’eurosAu ministère, on explique que les formes d’intervention retenues – une dotation en capital et un budget d’investissement – permettent de bien distinguer cet apport exceptionnel de ce qui relève du fonctionnement courant de l’entreprise. Cet apport ne sera par ailleurs pas le seul : Radio France a soumis une demande de prêt à trois banques et recherche 90 millions d’euros pour subvenir à ses besoins de trésorerie. Mais pour obtenir l’accord des banques, elle doit d’abord finaliser son contrat d’objectif et de moyens (COM), dont la conclusion n’est pas attendue avant septembre.L’apport de l’Etat, ainsi que cet emprunt, sont censés permettre à l’entreprise de répondre aux besoins de financement supplémentaires liés au chantier, évalués à ce stade entre 100 et 110 millions d’euros. Mais cette estimation laisse un angle mort : le sort d’une partie des studios, dits « studios moyens ». Des études doivent être menées pour déterminer comment mener leur réhabilitation.L’aide apportée par l’Etat lève une partie des incertitudes financières pesant sur Radio France. Mais elle ne résout pas la « question stratégique » qui doit être au cœur du COM, pointe-t-on au ministère. Ni la question des 44 millions d’euros d’économies, dont 24 sur la masse salariale, que l’entreprise doit dégager dans le cadre du COM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Circa News has been put on indefinite hiatus [Circa News a été suspendue pour une durée indéterminée] », écrit le co-fondateur de l’application mobile d’information, Matt Galligan, dans un post publié, jeudi 25 juin, sur la plate-forme Medium. Celui qui est aussi PDG de la start-up créée en 2011 explique que sa compagnie n’a plus les moyens de financer sa production de contenus.M. Galligan raconte qu’une nouvelle levée de fonds – après la première, de 5,7 millions d’euros –, a échoué car l’équipe de Circa n’a pas voulu affecter l’expérience des utilisateurs en optant soit pour l’insertion de formats publicitaires, soit pour la mise en place d’un système d’abonnement.Le paradoxe pour Circa est qu’il a été le premier à proposer, en 2013, une expérience d’information conçue pour le mobile, en se positionnant sur de l’agrégation de haute qualité, à base de contenus externes soigneusement choisis par une rédaction de 20 personnes, présentés de façon très découpée, agrémentés de nombreux enrichissements (citations, liens…), avec une fonctionnalité permettant de suivre un sujet. À son lancement l’application avait suscité de nombreux commentaires élogieux. Mais Circa a « échoué à construire un business à partir de son produit », admet le co-fondateur.Plusieurs obstacles au succèsL’application n’a jamais communiqué ses chiffres d’audience, que son M. Gilligan qualifie de « modeste ». Pour certains critiques, tel Joshua Benton, responsable du Nieman Lab, l’inventivité narrative de Circa ne compense pas son manque de personnalité éditoriale. « Découper un article en bouts, c’est prendre le risque d’en retirer tout le ton, tout l’aspect humain, estime M. Benton, rappelant la différence entre le style d’un site de divertissement comme Buzzfeed et l’hebdomadaire britannique de référence The Economist. Les articles sur Circa sont fades et dénués de personnalité. C’est la confusion entre une stratégie de logiciel d’édition de contenu et une stratégie éditoriale. »Mais l’échec de Circa est aussi un symptôme du développement insuffisant de l’économie du mobile, comme l’a décrypté Frédéric Filloux dans sa Monday Note. Alors que la part mobile du trafic web dépasse fréquemment les 50 %, les revenus tirés du mobile plafonnent à 30 % et sont concentrés entre les mains de quelques entreprises, notamment Facebook. Elle illustre aussi la rapidité des changements de modèles : en deux ans, Circa a vieilli, notamment dans son absence de perméabilité avec les réseaux sociaux.Si Circa ne donne pas de détails sur ce qui va désormais advenir, c’est qu’il espère vendre une partie de ses actifs, par exemple sa plateforme de publication. Il y a quelques semaines, le site américain consacré à la vie du web et des jeux vidéo Daily Dot a confirmé discuter avec les fondateurs de Circa, rapporte le blog The Desk.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.06.2015 à 01h30 • Mis à jour le25.06.2015 à 09h01 Une amende de 5 000 euros a été requise, mercredi 24 juin, à l’encontre d’Eric Zemmour, poursuivi notamment pour incitation à la haine raciale et diffamation raciale, pour avoir évoqué, lors d’une chronique à la radio, « les bandes » d’étrangers « qui dévalisent, violentent ou dépouillent ». Le parquet a en outre requis 3 000 euros d’amende avec sursis à l’encontre de RTL, poursuivie pour avoir diffusé la chronique de M. Zemmour sur son site Internet.« Dans l’urgence »Eric Zemmour a expliqué avoir appuyé ses propos sur des témoignages, comme ceux « d’agriculteurs dépouillés par des bandes de Roms » et « des touristes chinois dévalisés à Paris » par ces mêmes « bandes ». Il a aussi souligné qu’il travaillait « dans l’urgence » et qu’il ne pouvait pas analyser toutes les statistiques sur la délinquance et se devait donc de « synthétiser ».« C’est ma liberté d’expression ; si on ne fait pas ça, on ne peut plus travailler », s’est défendu M. Zemmour, qui se dit « victime d’un procès profondément politique ». « Je ne suis pas assistante sociale, mon métier n’est pas de savoir si je vais faire de la peine à Untel ou Untel. Mon métier, c’est dire la vérité », a-t-il poursuivi.Mais pour le procureur de la République M. Zemmour tient « des propos sans nuance » qui « rejaillissent sur des groupes visés dans leur ensemble » et « stigmatisent » les populations immigrées. « Vous parlez d’acharnement, mais je ne sais pas de qui l’on parle », a ajouté la magistrate après avoir souligné que le prévenu avait déjà été condamné en 2011 pour les mêmes chefs, pour avoir déclaré à la télévision que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Le jugement a été mis en délibéré au 22 septembre. Laure Belot //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/360741', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Edwy Plenel raconte l’affaire GreenpeaceCoquelicots d’Irak, épisode 8 Antoine Gallimard, seul maître à bord du troisième groupe d’édition françaistous les articles de la thématique Votre roman d’anticipation « Silo », auto publié en ligne en 2011, a connu un succès mondial. Vous percevez-vous comme un pionnier ?Je me considère plutôt comme quelqu’un de chanceux d’écrire à l’époque actuelle. Je fais partie de cette douzaine d’initiative d’auto-édition en ligne qui sont devenues des « succès ». C’est une sacrée chance. Ces changements étaient annoncés et auraient eu lieu, quels que soient les acteurs y participant. Cinq ans auparavant, j’aurais vendu mes droits à un éditeur pour des broutilles et n’aurai pas eu le même succès. Puis cinq années plus tard, j’aurai regardé quelqu’un d’autre être un « pionnier ». La vérité est que nous étions tout simplement en train de marcher lorsque cette voie s’est ouverte. Personne n’a eu à se frayer de passage avec une machette.Comment percevez-vous l’évolution de la lecture ?Mon premier roman est sorti en 2009, à la fois sur papier et en ligne. Je me suis toujours occupé moi-même des versions imprimées. Au fil du temps, de plus en plus de mes lecteurs ont lu en ligne, une tendance qui s’accroît encore actuellement. Cela est directement lié à la façon dont nous consommons l’information, sur plus de sites et moins de magazines, à la façon dont nous écrivons des mails plutôt que des lettres. A la façon dont nous écoutons de la musique par des canaux numériques, sans acheter d’album ou de CD.La lecture se déplace en ligne. Certaines personnes ne sont pas satisfaites de cette évolution, mais il me semble stupide de s’en irriter. Nous devons juste espérer que les personnes continuent à lire, quel que soit le support utilisé pour le faire. Pour des lecteurs qui habitent dans des zones rurales, sans librairie près de chez eux, les livres numériques sont une bénédiction. Je trouve fascinant que certaines personnes restent accrochées sur la forme sous laquelle une histoire est livrée plutôt que sur la beauté des mots eux-mêmes.Vous interagissez beaucoup avec vos lecteurs, par votre site et sur les réseaux sociaux. Que vous apporte cette activité ?Un bonheur personnel. Je suis très proche de mes lecteurs. J’ai récemment nettoyé une unité de stockage (informatique) pleine de livres et des souvenirs, certains étaient vraiment de valeur. J’ai expédié tout cela en ligne à des lecteurs qui l’ont eux-mêmes partagé avec ce qu’ils avaient sur leur propre page Facebook. Nous nous sommes tous bien amusés. Certains courriers électroniques de remerciement m’ont ému aux larmes. Cela me motive pour écrire plus, et mieux.Cela vous inspire-t-il dans votre travail ?Absolument. La « muse » de l’écriture n’est pas, selon moi, quelqu’un qui inspire une œuvre avant qu’elle ne soit écrite. la muse est quelqu’un qui apprécie l’art après sa création. J’ai écrit mon premier roman pour mon dernier ami, qui a lu chaque chapitre à sa sortie de l’imprimante et cela a alimenté ma passion pour ce métier. Entendre le retour d’un auditoire me donne envie de me replonger dans une histoire.Pendant des dizaines de milliers d’années, la tradition du conte a été orale et non écrite. Les conteurs, tels des bardes, racontaient des histoires face à un public. Cette interaction était clé. Pour de nombreux romanciers, elle a disparu, et je vois cela comme une immense perte. Nous avons bien sûr besoin de nous retirer et d’être seul pour penser et améliorer nos œuvres, mais nous devons également célébrer des aspects plus vivants, tels le partage de ces travaux, et l’écoute de ce qui vient en retour, comment ces travaux touchent les lecteurs.Breat Easton Ellis a suggéré à certains fans d’écrire la suite d’« American Psycho ». Vous avez également tenté une sorte de co-création avec votre communauté. Qu’en avez-vous tiré ?J’ai aimé ouvrir mon monde à mes fans pour qu’il puisse l’explorer. Ce n’est pas vraiment de la co-création dans le sens où nous ne travaillons pas sur la même partie, mais c’est de la co-création tout de même car il s’agit de peindre sur la même toile, avec de mêmes pinceaux. Les fans créent leur propre version de mon univers, faisant vivre de nouvelles aventures à mes personnages, et amenant l’histoire dans des directions liées à leur propre imagination. Cela a été une expérience très agréable d’observer tant d’enthousiasme et d’implication. Une fois qu’une œuvre est publiée, elle ne nous appartient plus vraiment.Lire aussi :Les communautés de lecteurs sur Internet, nouveau salut des écrivainsVous avez testé la publication par épisodes. Est-ce devenue une nécessité pour une nouvelle génération de lecteurs ?Je le pense, en effet. Regardez comment les séries télé ont jailli et sont devenues des vecteurs bien supérieurs aux films pour raconter des histoires. Cette temporalité donne plus d’espace à l’histoire pour respirer : les lecteurs ont le temps de l’examiner avant que le prochain épisode ne soit publié. Une conversation peut grandir. Cela est une excellente façon d’écrire un récit, comme Charles Dickens nous l’a montré d’ailleurs.Vous avez conclu en 2012, un accord avec une maison d’édition. Est-il vrai que vous avez gardé vos droits d’auteur pour les versions numériques ?Oui. Mon contrat aux Etats-Unis avec Simon & Schuster ne concerne que les éditions dites cartonnées [« hardcover »] et brochées [« paperback »]. J’ai gardé les autres droits. Cela me donne un contrôle créatif et me permet également d’avoir des revenus bien plus importants.Pour vous adapter au téléchargement-piratage de fichiers, vous avez créé sur votre site un bouton explicite : « Vous avez téléchargé le livre et voulez payer, c’est ici ». Cela fonctionne-t-il ?Oui. Il n’y a pas un jour où quelqu’un ne me paye pas en ligne après-coup. Juste cette semaine, deux lecteurs m’ont très largement surpayé pour l’entière série « Silo ». Un autre s’est platement excusé en me disant m’avoir volé. Je lui ai dit qu’il n’en était rien. Je vois dans cette activité en ligne et ces partages quelque chose de similaire à l’emprunt à un ami, ou lorsque l’on récupère un livre d’occasion chez un bouquiniste. Tout cela nous revient d’une manière ou d’une autre. Nous devrions, me semble-t-il aborder la lecture, ces changements et ces nouvelles questions avec plus de confiance et moins de peur.Lire aussi :Roxane Gay : « Sur Internet, j’ai gagné une communauté »Lire aussi :Margaret Atwood : « Etre sur Twitter, c’est comme posséder sa petite station de radio »Silo est publié en France par Actes Sud (trois volumes parus). Un film tiré de ce roman, produit par Ridley Scott et Steve Zaillian, est en préparation.Laure Belot Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Nous avons la volonté de réaffirmer l’exigence d’exemplarité dans les établissements publics. » Telle est l’ambition du ministère de la culture alors que Fleur Pellerin a adressé aux dirigeants des 75 établissements culturels et audiovisuels, mercredi 24 juin, une « instruction pour la maîtrise et la transparence » des dépenses. Un travail de fond pour harmoniser et renforcer les règles en vigueur. Mais aussi un affichage politique volontariste sur un thème très sensible dans l’opinion, comme l’ont démontré plusieurs affaires, touchant jusqu’au premier ministre Manuel Valls, qui avait emmené ses enfants en avion voir la finale de la Ligue des Champions.Une réaction à « l’affaire » du bureau de Mathieu GalletL’initiative de Mme Pellerin a été lancée en mars, en réaction à l’affaire Mathieu Gallet : à l’époque, le nouveau PDG de Radio France se voit reprocher les frais de rénovation de son bureau. Il sera blanchi par l’inspection générale des finances sur ses dépenses dans le groupe audiovisuel. Mais une enquête préliminaire a, depuis, été ouverte pour favoritisme sur les prestations de conseils extérieurs à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sous sa présidence (2010-2014).Lire : Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme »  Dans le sillage de ce feuilleton est née l’affaire des taxis d’Agnès Saal, poussée à la démission de la présidence de l’INA. La circulaire envoyée mercredi par le... 23.06.2015 à 19h34 • Mis à jour le23.06.2015 à 21h01 | Alexandre Piquard Les sanctions infligées aux médias par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour le traitement des attentats de janvier ne passent toujours pas. Selon nos informations, la plupart des chaînes et radios qui avaient contesté leurs mises en demeure et mises en garde ne désarment pas, malgré le rejet de leur recours gracieux par l’autorité, le 1er juin. La semaine dernière, France Télévisions, BFM-TV et RMC, France 24 et RFI, RTL et Europe 1 ont déposé chacun un recours au Conseil d’Etat contre les décisions du CSA. Selon ce dernier, des personnes avaient été mises en danger et le travail des forces de l’ordre gêné.« C’est un enjeu majeur pour la liberté de travail des journalistes de service public, dont l’information est une des missions centrales », explique-t-on à France Télévisions, résumant le sentiment d’autres médias concernés. « La volonté est d’avoir un éclairage juridique sur le fond, pour l’avenir, et d’avoir un cadre légal précisé au regard de l’évolution des médias et de l’information en continu », ajoute-t-on à France Médias Monde (France 24, RFI…). Les chaînes et radios se défendent de toute action procédurière ou corporatiste.Le cas particulier de l’assaut à Dammartin-en-GoëleLe 11 février, l’institution dirigée par Olivier Schrameck avait sanctionné pas moins de 36 « manquements » divers. Certains étaient des défauts de « respect de la dignité humaine », comme dans le cas de la diffusion d’extraits de la vidéo amateur d’un policier abattu par les frères Kouachi.D’autres ont été considérés comme des atteintes à « l’ordre public » : par exemple « la diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes », ou « la diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ».Dans leurs recours auprès du Conseil d’Etat, les médias concentrent leur argumentation sur une sanction particulière : celle visant « l’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la porte de Vincennes ». « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », avait écrit le CSA.L’ordre public, une notion trop vague ?Il ne s’agit pas de faits avérés mais d’un risque potentiel. Le CSA considère a priori qu’il aurait pu y avoir un trouble à l’ordre public, arguent les médias concernés. A BFM-TV et RMC, ainsi qu’à France Télévisions, notamment, le recours repose sur le raisonnement suivant : la liberté d’expression définie par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme ne peut être restreinte que par des références à des infractions pénales précises (par exemple la provocation à la haine raciale, le négationnisme…). Et donc pas par une interprétation par le CSA du concept, vague, d’ordre public, cité à l’article 1er de la loi sur l’audiovisuel de 1986.« Le risque est de nous contraindre à demander au ministère de l’intérieur si une information peut porter atteinte à l’ordre public. Est-ce légitime ? C’est un problème de fond », estime-t-on à RTL. Lors du début de l’assaut à Dammartin-en-Goële, les journalistes étaient témoins directs, comme d’autres riverains, ajoute-t-on. Aucune consigne n’avait été donnée sur cette information aux médias par les forces de police, ajoute-t-on à France Télévisions.« On ne veut pas que la liberté de la presse soit réduite a priori. Il y a en France des lois pour que le juge tranche a posteriori », renchérit RTL. Plusieurs médias s’inquiètent d’une « insécurité juridique » qui pourrait mener à de « l’autocensure » et réclament un cadre au Conseil d’Etat.« Distorsion de concurrence » avec les réseaux sociaux et les sites de médiasContacté, le CSA ne souhaite pour l’instant pas réagir, ne disposant pas du contenu des recours déposés. « Nous ne sommes pas donneurs de leçons », s’était défendu Olivier Schrameck dans Le Figaro. « Il ne s’agit pas de distribuer des sanctions pour l’exemple. L’hommage que j’ai rendu aux médias pour leur rôle dans la prise de conscience collective, je le réitère », avait-il ajouté, tout en reconnaissant la « portée préventive » des sanctions.Enfin est pointée une « distorsion de concurrence » défavorable aux chaînes de télévisions et aux radios, soumises au CSA. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, mais aussi les sites internet de médias, qui ont pour la plupart couvert les événements en direct, ne dépendent eux pas de cette autorité. « Si une information est diffusée ailleurs mais que nous devons la taire, il risque de s’installer une défiance de nos spectateurs, qui seront tentés de s’informer à d’autres sources. Alors que nous sommes justement garants d’un professionnalisme de l’information », estime-t-on à France Télévisions, rappelant que l’entreprise a un code de déontologie.M. Schrameck avait reconnu le « problème » : « Nous avons d’un côté un champ médiatique qui est très précisément régulé et de l’autre un champ numérique qui ne l’est pas ou très peu », avait-il dit au Figaro, renvoyant la question au législateur.« Prise de conscience commune » et prudenceCes débats et ces recours interviennent dans un contexte particulier : le CSA voit son action contestée sur plusieurs points et le Conseil d’Etat a notamment cassé sa décision contre le passage en gratuit de LCI et Paris Première. Les médias concernés, eux, restent prudents dans leur expression, car ils dépendent tous de l’autorité pour diverses décisions, à l’image d’une BFM-TV qui espère ne pas voir arriver une troisième chaîne d’information en continu sur la TNT.« Il y a eu une prise de conscience commune aux médias d’information qui ont été sanctionnés, explique pourtant l’un d’eux. Ce CSA-là a pris une tournure inattendue, alors qu’Olivier Schrameck avait dit à son arrivée qu’il voulait être davantage régulateur que censeur. »Mais les médias en continu savent aussi que la bataille de l’opinion n’est pas forcément gagnée et que la couverture des attentats, dont la plupart sont fiers, a suscité des critiques. « Le climat d’insécurité et d’attaques terroristes nous fait accepter des choses qu’on aurait refusées autrement », regrette un dirigeant. Après avoir invité les médias à un débriefing ouvert, le CSA a pris en compte dans ses sanctions l’émotion du « public » : « Dans un premier temps, il veut tout savoir, mais très curieusement, très vite, il a lui-même réagi, ayant le sentiment que tout ne peut pas être dit ou montré », avait dit Nicolas About, membre du CSA, sur Europe 1.Fleur Pellerin avait, elle, apporté son soutien aux décisions : « Le CSA est dans son rôle, il doit réguler l’audiovisuel », avait déclaré la ministre de la communication. Tout en promettant un cadre « plus clair » à l’avenir.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La rationalisation des directions est en marche au sein des titres de presse récemment acquis par Altice Media Group, contrôlé par le magnat du câble Patrick Drahi. Samedi 20 juin, Presse News a annoncé le départ de Corinne Pitavy, directrice générale de L’Express Roularta. Lundi 22 juin, c’est François Moulias, co-gérant de Libération, qui a annoncé qu’il partirait, fin juillet.Ces deux managers seront remplacés par un seul et même homme : Marc Laufer, qui va cumuler la présidence du groupe L’Express, la co-gérance de Libération et la direction générale d’Altice Media Group France. Le modèle est celui d’une direction financière centralisée, chapeautant des directions éditoriales par titre (Christophe Barbier à L’Express, Laurent Joffrin et Johan Hufnagel à Libération).Les choses ne seront toutefois pas parfaitement symétriques. A L’Express, M. Laufer assurera la direction opérationnelle de l’entreprise. Par contre, à Libération, il s’appuiera sur Pierre Fraidenraich, qui voit donc ses responsabilités s’élargir, même si la direction juridique restera incarnée par M. Laufer et Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction.Parfaitement inconnu lors de son arrivée à Libération, en janvier 2014, François Moulias quitte donc le quotidien. On comprend qu’il n’a pas choisi cette issue. Mais elle semblait inéluctable dès lors que son allié Bruno Ledoux ne détient plus que 9 % du capital, après avoir été un des actionnaires principaux.Syndrome de StockholmInvesti par Bruno Ledoux de la mission de sauver l’entreprise, arrivé peu de temps avant la mobilisation « Nous sommes un journal » de février 2014, François Moulias aura finalement mené à bien sa mission, en permettant à l’entreprise d’être recapitalisée, tout en conduisant un plan social très sévère et en négociant avec l’imprimeur, les syndicats, l’Urssaf…« Le tour de table a été restructuré, le plan social est terminé, la rédaction est réorganisée, une nouvelle formule vient de paraître, un nouveau site est en préparation et les ventes sont supérieures au budget depuis le début de l’année, a-t-il énuméré dans un message interne annonçant son départ. Cela a été extrêmement compliqué mais nous y sommes arrivés, ensemble. Même les ascenseurs fonctionnent mieux ! Enfin, Libération sera bénéficiaire cette année, après une perte abyssale en 2014. »Cet ancien publicitaire, également passé par l’immobilier et le négoce de vin, en a tiré quelques convictions sur le secteur de la presse. « Quand on arrive dans le secteur, on se dit qu’on est chez les fous, sourit-il. Tout est très contraint : la convention collective des journalistes qui est un frein à l’embauche, les prix d’abonnements contrôlés par l’OJD, la dépendance aux aides publiques… Tout le monde répète qu’il faut changer de modèle, mais rien n’est fait pour ! »Il répète qu’il ne garde aucun ressentiment envers l’équipe et l’« agressivité » qui a pu lui être témoignée et conclut son mail de départ d’un « très amicalement ». Dans la rédaction, on admet « un léger syndrome de Stockholm ». « C’était un interlocuteur fiable », pointe un journaliste. Dans un communiqué, mardi soir, les élus de Libé ont souhaité « la présence d’un directeur général et d’une gouvernance stable et distincte des autres titres d'Altice Media Group afin d'éviter une confusion éditoriale et managériale préjudiciable pour Libération. » Lire son portrait : François Moulias, l’inconnu de « Libération » Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.06.2015 à 16h28 • Mis à jour le22.06.2015 à 16h43 La chaîne de télévision Al-Jazira a annoncé, lundi 22 juin, la libération de l’un de ses présentateurs vedettes, Ahmed Mansour. L’homme, qui possède la double nationalité égyptienne et britannique, avait été arrêté samedi à l’aéroport de Berlin, à la demande de l’Egypte.Lire aussi :Un journaliste vedette d’Al-Jazira arrêté en AllemagneCe journaliste célèbre pour sa proximité avec les Frères musulmans, serait accusé, selon la police allemande de « plusieurs délits ». La justice égyptienne, qui l’avait jugé par contumace en 2014 pour avoir, selon elle, torturé un avocat sur la place Tahrir à l’hiver 2011, durant la révolution ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak, l’a ­condamné à quinze ans de prison. M. Mansour qualifie pour sa part ces accusations d’« absurdes ».« Nous saluons la décision du procureur allemand » concernant la libération d’Ahmed Mansour et l’abandon de toutes les accusations retenues contre lui, a aussitôt réagi un porte-parole de la chaîne qatarie, Hareth Adlouni.Al Jazeera's Ahmed Mansour has been released without charge - @aljazeera statement to follow shortly.— AlJazeera (@Al Jazeera PR)require(["twitter/widgets"]);Depuis le renversement en juillet 2013, par Abdel Fattah Al-Sissi, alors chef de l’armée, de Mohamed Morsi, le président égyptien issu des Frères musulmans, Al-Jazira est dans le collimateur des autorités cairotes. La chaîne reste perçue par l’Egypte comme un porte-voix du Qatar, favorable au mouvement des Frères musulmans. Trois de ses journalistes, déjà accusés de complicité avec la confrérie, avaient été arrêtés en décembre 2013. L’Australien Peter Greste avait dû attendre le mois de février 2015 pour être relâché et renvoyé dans son pays, sur décret présidentiel. Ses deux compagnons, également libérés, sont en attente d’un nouveau procès. Alexis Delcambre « Les Échos vont bien, mais nous devons sans relâche innover. » Pour le PDG du groupe d’information économique, Francis Morel, c’est dans cette dynamique que s’inscrit l’annonce, lundi 22 juin, du lancement d’une plate-forme numérique de services aux entreprises, lesechos-solutions.fr.Partiellement financée par le fonds Google - à hauteur de 2 millions d’euros environ sur un budget total de 4 millions environ -, cette plate-forme rassemble les offres de services destinées aux entreprises actuellement proposées par le groupe : dépôt d’annonces légales, consultation d’appels d’offres, études de marché, outils de communication… L’ambition est d’en faire une plate-forme que les entreprises privilégient pour réaliser une partie de leurs démarches.La cible, ce sont ces 3,8 millions de décideurs économiques, que le groupe considère comme son bassin naturel. « Nous devons être le premier groupe d’information et de service pour les entreprises », résume M. Morel. Leur proposer des contenus ou des services relève selon lui d’un même mouvement et est cohérent avec l’engagement « pro business » du titre, que rappelle Christophe Victor, directeur général délégué du groupe.Le développement de cette plate-forme est aussi emblématique de l’évolution rapide du modèle d’affaires des Échos, l’un des titres qui tire le mieux son épingle du jeu de la transition numérique. Les services contribuent ainsi actuellement pour 31 % au chiffre d’affaires du groupe, contre 12 % en 2011 (la publicité réalise 30 % et la diffusion des contenus 39 %). Le groupe souhaite atteindre, en 2018, 50 % de chiffre d’affaires généré par les services.Réalisation de contenu pour les marques (avec Les Échos Publishing), organisation de salons comme Le Salon des Entrepreneurs (avec Les Échos Events), études de marché avec Les Échos Études, etc : le groupe a multiplié les pas de côté à partir de son métier d’origine, l’information économique et financière. Celle-ci pourrait donc devenir, à moyen terme, une part minoritaire de l’activité - sur le modèle du groupe allemand Springer par exemple.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.06.2015 à 02h37 • Mis à jour le20.06.2015 à 11h36 Twitter a annoncé, vendredi 19 juin, l'expérimentation d'un nouveau service permettant d'insérer dans le flux des utilisateurs des messages sponsorisés pour des « produits et des lieux », afin de doper son chiffre d'affaires.« Nous commençons l'expérimentation avec un petit nombre de produits et de lieux », a indiqué Amaryllis Fox, chef de produit du réseau social, dans un message posté sur un blog officiel. « Pendant que nous effectuons cet essai, vous êtes susceptibles de voir dans votre flux des pages et des groupes de pages qui sont partagés par des prescripteurs et des marques », a-t-elle déclaré.Un bouton « acheter »Cette initiative permettra d'élargir la plate-forme de messages au-delà des simples tweets en proposant un accès à des informations complémentaires sur des produits et, dans certains cas, un bouton « acheter ». « Nous avons invité un groupe de personnes influentes à partager certains de leurs endroits et objets favoris », a expliqué Mme Fox.« Vous serez en mesure de parcourir des collections présentées par des personnes qui vous tiennent à cœur et d'avoir davantage d'informations sur les produits et les endroits que vous trouvez intéressants. » Cela pourrait consister en des messages de la chaîne HBO promouvant sa série télévisée Game of Thrones ou des messages de l'actrice Reese Witherspoon concernant sa ligne de vêtements, a-t-elle cité à titre d’exemples.Trouver des nouveaux relais de croissanceTwitter, qui tente de trouver de nouveaux relais de croissance, se cherche un nouveau directeur général depuis l'annonce de la démission de Dick Costolo, le 11 juin. Il était depuis cinq ans aux commandes du groupe, et était soumis à une intense pression des investisseurs pour augmenter le nombre d'abonnés et le chiffre d'affaires du réseau social.Selon les dernières données disponibles, Twitter compte environ 300 millions d'utilisateurs actifs, mais sa croissance est à la traîne par rapport à d'autres réseaux sociaux, et les bénéfices se font toujours attendre depuis sa création, en 2006. Il n'a attiré que moins de 1 % des 145 milliards de dollars dépensés dans le monde cette année en publicité sur support numérique, selon la société spécialisée eMarketer.Lire aussi :En panne de croissance, Twitter se sépare de son patron Alexandre Piquard Surprise : le gouvernement a réintroduit en commission, mardi 16 juin, l’amendement qui augmente la taxe sur les reventes de chaînes de TNT, sous une forme rerédigée, a appris Le Monde d’une source gouvernementale. La semaine dernière, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, avait pourtant retiré ce texte de sa loi sur la croissance, qui doit être votée ce mardi à l’Assemblée nationale.Changement de stratégie du gouvernementM. Macron avait notamment invoqué des risques juridiques. Et il préconisait d’utiliser un autre texte pour légiférer après la revente polémique de la chaîne Numéro 23, cédée pour 90 millions d’euros à NextRadioTV par son actionnaire principal Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde), moins de trois ans après son attribution gratuite par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), sous une majorité de droite.Après discussion et arbitrage entre la ministre de la culture, Fleur Pellerin (qui avait initialement soutenu l’initiative de taxation à 20 %), et Bercy, sous l’égide de Matignon et de l’Elysée, il a été jugé préférable de retenir une option différente de celle envisagée par Emmanuel Macron la semaine dernière.Plafonnement de la taxation à 26 % de la plus-valueLe nouvel amendement vise à éviter le risque de voir la taxe jugée inconstitutionnelle : il plafonne son montant à 26 % de la plus-value réalisée sur la vente de la chaîne. Pour le reste, il conserve le mécanisme mis en place dans l’amendement précédent : la taxe sera de 20 % si la chaîne est cédée moins de cinq ans après son attribution, de 10 % entre cinq et dix ans et de 5 % au-delà.Jusqu’ici, le taux était de 5 % et les reventes interdites avant deux ans et demi, cette mesure adoptée en 2013 étant jugée insuffisante, à droite comme à gauche, pour éviter les « reventes spéculatives ».Les réserves initiales d’Emmanuel MacronUn autre risque, pointé par Emmanuel Macron, a finalement été jugé mineur par le gouvernement : le « risque conventionnel » car la mesure pourrait être jugée rétroactive, si elle s’applique à la vente de Numéro 23, qui a été annoncée avant l’amendement mais ne sera effective que lorsque le CSA aura donné son agrément.Le ministre de l’économie était allé plus loin, la semaine dernière, lors du débat en commission spéciale, qui a mené au retrait du premier amendement sur la taxation à 20 % : « Il faut adopter des décisions de principes plus structurantes, avait-il dit, comme l’a relevé Puremédias. Il faut pour cela définir, au moment de l’attribution des fréquences, des règles encadrant la revente et les plus-values. » Le ministre n’avait pas caché qu’il trouvait « plus adapté » d’introduire la mesure dans la future proposition de loi sur la bande des 700 MHz, portée par le président de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche. Tout en assurant qu’il « souscrivait à la philosophie » de lutte contre les fortes plus-values sur les fréquences gratuites. Et en rappelant que la droite avait voté contre la première taxe à 5 % en 2013. Mais M. Macron aura finalement dû adapter sa position.Des « personnalités réputés proches des cercles actuels du pouvoir »Le retrait de l’amendement introduit dans la loi Macron avait suscité de vives critiques, notamment de son auteur, la sénatrice (UDI) Catherine Morin-Desailly. L’élue de droite a appelé sur son blog la gauche à réintroduire la taxation, sous peine de devoir « assumer face aux Français d’avoir entériné des pratiques parmi les plus discutables du « monde de la finance » favorisant, qui plus est, l’enrichissement de personnalités réputées proches des cercles actuels du pouvoir ».Pascal Houzelot, qui a été lobbyiste de TF1, producteur et fondateur de la chaîne gay PinkTV, a des connexions à droite, mais aussi à gauche. Certains ont rappelé qu’il avait compté parmi les nombreux invités de ses dîners parisiens le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, mais aussi Fleur Pellerin, le premier ministre, Manuel Valls, ou le président du CSA, Olivier Schrameck (qui a succédé à Michel Boyon, qui avait attribué la fréquence de Numéro 23). Ou que son dossier avait en 2012 été défendu devant le CSA par David Kessler, ancien conseiller culture de François Hollande.M. Kessler explique aujourd’hui au Monde qu’il agissait en tant que représentant de Mathieu Pigasse qui envisageait de devenir actionnaire de Numéro 23 aux côtés d’autres investisseurs minoritaires, dont Xavier Niel, le patron de Free (tous deux sont actionnaires du Monde). Et qu’il n’a rien à voir avec la revente de Numéro 23, annoncée en avril 2015.Tensions autour de la chaîne de la « diversité »Sur le fond du projet, Numéro 23, proclamée chaîne des diversités, a été critiquée par des acteurs de la diversité comme l’ancien conseiller du CSA Rachid Arhab ou la chaîne Banlieue Diversité Média TV.De son côté, Pascal Houzelot a mis en avant d’autres acteurs réunis dans une tribune de soutien à Numéro 23. Et toujours dit que la chaîne défendait une version large de la diversité, des religions, des sexualités, des formes de familles… Une ligne éditoriale critiquée mais dont le respect a été validé par le CSA. M. Houzelot a rappelé que 40 millions des 90 millions d’euros de la vente étaient réinvestis en parts de NextRadioTV, le groupe acheteur dont M. Houzelot deviendra membre du conseil d’administration.Lire l’entretien d’Alain Weil, PDG de NextRadioTV : « Nous agissons comme TF1 ou Canal+ »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les réseaux sociaux comme Facebook s’imposent petit à petit comme des intermédiaires entre les médias et leurs lecteurs. C’est ce que souligne le rapport annuel du Reuters Institute britannique, qui s’appuie sur un sondage conduit auprès de 20 000 personnes dans 12 pays d’Europe plus les Etats-Unis, le Japon et le Brésil : 41 % des sondés ont utilisé Facebook au cours de la semaine écoulée pour trouver, lire, partager ou commenter de l’information, soit une hausse de 6 points en un an.Lire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasEn France, ils sont 35 % (+8 points). Si Facebook domine, d’autres plates-formes émergent également dans l’accès à l’information des sondés : 18 % ont utilisé Youtube, 9 % WhatsApp. Et les moyennes cachent d’autres tendances, soulignent les auteurs : pour s’informer, 34 % des sondés du Brésil urbain ont eu recours à WhatsApp et 5 % des 18-24 ans américains au réseau social éphémère Snapchat.L’annonce d’emploi publiée samedi 13 juin par Apple ne devrait donc surprendre personne : le constructeur de l’iPhone cherche des journalistes pour « identifier et transmettre les meilleurs articles de l’actualité internationale, nationale et locale ». Le rôle de ces « éditeurs » sera d’apporter une touche humaine à News, la nouvelle application mobile annoncée le 8 juin par Apple, qui promet une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires.Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne ». Et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. Toutes ces initiatives ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur les plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat, voire des revenus publicitaires. Tous proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.ConcessionsComme Facebook, Apple a présenté une première liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times mais aussi des acteurs issus du Web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plates-formes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? « Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a expliqué Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plates-formes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »Pour convaincre les éditeurs, Apple et Facebook ont toutefois fait certaines concessions dans leur offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Conséquences sur le pluralismeLe contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est aussi un point sensible. Facebook a proposé aux médias d’agréger les « vues » des « instant articles » à leur audience et d’avoir accès aux statistiques. Apple ajoute qu’elle respectera la vie privée des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.Malgré cela, le débat sur le risque couru par les médias ne fait que commencer : n’abandonnent-ils pas trop de pouvoir aux géants du Net ? « Qu’une organisation comme le New York Times, si soucieux du contrôle de sa marque, choisisse ce chemin, montre à quel point le changement des usages force les entreprises les plus déterminées à faire des compromis », s’inquiète Emily Bell, directrice du Tow Center for Digital Journalism, dans un essai annexé au rapport du Reuters institute. Une fois l’usage créé, les grandes plates-formes pourraient de plus changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google l’a fait avec son fonds de soutien à la presse.Plus largement, l’absence de transparence sur les données – et sur la façon dont les contenus sont mis en avant sur des plates-formes comme Facebook – « peut créer des problèmes commerciaux pour les éditeurs, mais soulève aussi des questions démocratiques », argue Mme Bell, estimant que les algorithmes font des choix éditoriaux pouvant influer sur le pluralisme, par exemple. « La fragmentation des médias, qui affaiblit leur pouvoir de négociation, a coïncidé avec la concentration des pouvoirs dans quelques plates-formes », note Mme Bell. Face au risque de dépendance envers un gros acteur comme Facebook, Buzzfeed, grand spécialiste de la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux, a choisi de coloniser le maximum de plates-formes différentes, et s’emploie donc à disséminer ses contenus sur Twitter, Instagram, Pinterest, Vine…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.06.2015 à 17h07 • Mis à jour le12.06.2015 à 17h26 | Alexandre Piquard « Je n’ai pas participé à la campagne de Delphine Ernotte, même si je suis très content de son élection », déclare David Kessler, directeur général d’Orange Studio, parfois présenté comme un soutien actif de la nouvelle présidente de France Télévisions. Bien connu du milieu des médias et classé à gauche, le nom de cet ancien conseiller culture de l’Elysée a été cité plusieurs fois dans des articles sur la candidature de la directrice exécutive d’Orange France. Fait nouveau : il est aussi visé indirectement dans l’une des deux plaintes déposées cette semaine à la suite de la nomination opérée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire : Deux plaintes et deux recours contre la nomination de Delphine ErnotteLa nomination d’Olivier SchrameckLa démarche engagée par le syndicat SNPCA-CGC met en avant la notion de trafic d’influence : le plaignant se pose des « questions » sur un éventuel « renvoi d’ascenseur » entre Olivier Schrameck, le président du CSA, et David Kessler, qui était conseiller culture de François Hollande à l’époque de la nomination du dirigeant du régulateur de l’audiovisuel, début 2013. Selon ce raisonnement, le conseiller aurait fait nommer le président du CSA qui aurait ensuite porté sa candidate à la tête de France Télévisions.Certains ont en outre rappelé que David Kessler était entre 1995 et 2002 conseiller culture à Matignon sous Lionel Jospin, quand le directeur de cabinet était Olivier Schrameck (à l’époque, François Hollande était premier secrétaire du Parti socialiste et Manuel Valls conseiller en communication du premier ministre).M. Kessler rejette l’accusation de trafic d’influence : « Quand on connaît la machine d’Etat, on sait que ce n’est pas le conseiller culture du président de la République qui choisit le président du CSA, argue-t-il. Le président peut solliciter l’avis du ministre de la culture, du premier ministre et, à l’Elysée, de son directeur de cabinet et du secrétaire général. Au final, c’est le choix du président de la République », ajoute le conseiller, qui précise avoir donné son avis sur plusieurs noms.Les relations avec Delphine ErnottePar ailleurs, M. Kessler assure qu’au moment de la nomination de M. Schrameck au CSA, il n’avait jamais rencontré Mme Ernotte, « sauf une fois, quelques minutes, sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, à l’occasion de la Nuit Blanche », dont Les Inrockuptibles, journal qu’il dirigeait, était partenaire.Mme Ernotte n’aurait pas non plus participé au recrutement de M. Kessler à Orange, en novembre 2014, assure ce dernier, précisant que la filiale cinéma, dont il est directeur général, ne dépend pas d’Orange France, que dirige Mme Ernotte. Egalement connecté à droite, M. Kessler cite trois personnes ayant parrainé son arrivée chez l’opérateur : Pierre Louette, un « ami » ; Christine Albanel, ancienne ministre (UMP) de la culture et présidente d’Orange studio ; et Stéphane Richard, le PDG du groupe.M. Kessler raconte avoir rencontré Delphine Ernotte pour la première fois en décembre 2014 et avoir, en fin d’entretien, évoqué les échos la présentant comme candidate à France Télévisions. Cette dernière n’a pas démenti, sans vraiment confirmer non plus, raconte-t-il.Au sujet de France Télévisions, M. Kessler explique avoir ensuite revu Mme Ernotte, « une fois, environ une heure », mais il précise avoir eu le même genre d’entretien avec la plupart des candidats de premier plan à la présidence de France Télévisions.Lire : La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsLa campagne pour la présidence de France Télévisions« A quelques personnes qui me demandaient mon avis sur la campagne, j’ai dit que je trouvais que Mme Ernotte était une candidate crédible. J’aurais peut-être dû me taire… », ajoute celui qui a également été directeur général du CSA, directeur du Centre national du cinéma et de France Culture et conseiller du président de France Télévisions Marc Tessier…Pendant la campagne, il assure n’avoir appelé aucun membre du CSA, sauf Sylvie Pierre-Brossolette, une fois : c’était pour « prendre de ses nouvelles », après qu’elle a été critiquée, début novembre, lors de la fuite dans la presse de son prérapport sévère sur le bilan du président de France Télévisions Rémy Pflimlin, précise-t-il, comme il l’avait déjà dit au JDD. M. Kessler a enfin confié avoir déjeuné avec Olivier Schrameck, en décembre. A l’époque, le nom de Delphine Ernotte avait déjà fait l’objet de quelques mentions dans la presse. « Lors du déjeuner, nous avons dû parler quelques secondes de France Télévisions, mais pas de Delphine Ernotte », assure-t-il. Sur les deux plaintes déposées, il revient maintenant aux parquets de déterminer s’ils souhaitent ouvrir une enquête.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Rupert Murdoch met la dernière main à sa succession. Le magnat des médias est sur le point de céder les rênes de la 21st Century Fox à son fils James, 42 ans. Celui-ci devient directeur général du groupe, a annoncé la chaîne CNBC, qui cite des sources proches du dossier. Le groupe, contrôlé à 39,4 % par la famille Murdoch, et qui regroupe les activités dans la télévision et le cinéma, a confirmé, jeudi 11 juin, que le sujet de la succession de M. Murdoch serait abordé lors des prochains conseils d’administration.A l’issue de cette réorganisation, qui devrait intervenir dès cette année ou au plus tard en 2016, M. Murdoch, 84 ans, serait toujours président de Fox, siège qu’il partagerait avec son fils aîné, Lachlan, 43 ans. Chase Carey, le directeur général actuel du groupe, resterait au sein de la structure, mais comme conseiller auprès du magnat australien.Des changements attendusCes changements étaient attendus dans la mesure où le tycoon n’a jamais caché sa volonté que l’un de ses enfants lui succède. Par ailleurs, le calendrier s’accélérait : M. Carey devait informer avant le 30 juin prochain le conseil d’administration de Fox de ses intentions de quitter ou non le groupe avant la fin de son contrat qui se termine le 30 juin 2016.La première étape de ce remaniement avait été franchie en mars 2014, lorsque James Murdoch a été promu codirecteur général avec M. Carey. Celui-ci a d’ailleurs été partie prenante dans le processus de succession dans lequel il a joué un rôle de facilitateur.Au-delà des personnes, l’organisation reste similaire à celle qui prévalait jusqu’à présent, à savoir un président, Rupert Murdoch, s’occupant de la stratégie à long terme et d’un responsable exécutif, Chase Carey, chargé de la gestion quotidienne des affaires. Les deux fils seront donc amenés à travailler en tandem, selon cette répartition des rôles, même si l’ombre tutélaire du père reste encore dans le paysage.Pour James Murdoch, il s’agit d’un rétablissement spectaculaire dans la mesure où sa réputation avait été entachée par le scandale en 2011 des écoutes téléphoniques du tabloïd anglais News of the world. A la tête des activités du groupe au Royaume-Uni, il avait été obligé de démissionner avant de rentrer aux Etats-Unis.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean Birnbaum Quand la presse traverse une crise, elle doit se tourner vers ses lecteurs. La tradition d’un journal, son identité, bref, son avenir, ce sont eux qui en parlent le mieux, tout simplement parce qu’ils en sont les vrais dépositaires. Etre à la hauteur de cette tradition, pour un collectif de plumes, ce n’est donc pas seulement respecter des principes hérités, c’est d’abord se montrer à la hauteur des exigences, anciennes et nouvelles, que les lecteurs adressent à leur journal. Voilà pourquoi, au Monde, le courrier des lecteurs a toujours fait l’objet d’un soin particulier. Bien avant l’apparition du dialogue sur Internet et sur les réseaux sociaux, la lecture de ce courrier a imposé une évidence : la vocation d’un quotidien n’est pas figée, elle se bâtit au jour le jour dans l’échange et le partage.Après les attentats de janvier, cette évidence est devenue urgence. Les gens du Monde, toutes les femmes et les hommes qui suivent ce journal comme on s’inscrit dans une communauté, ont ressenti la ­nécessité de prendre la parole. Ils l’ont fait avec beaucoup de force et de sensibilité. On le vérifiera en lisant le volume qui paraît sous le titre Qui est vraiment Charlie ? (François Bourin-Le Monde, 176 p., 19 €). Réunies par nos collègues Pascal Galinier (médiateur du Monde) et Dominique ­Buffier, ces missives relèvent tour à tour du témoignage et de l’analyse, de l’indignation et de l’espérance. S’y déploie une diversité de points de vue et, notamment, très tôt, des doutes concernant l’unanimisme propre aux manifestations du 11 janvier. De belles confidences, aussi, de la part de Français musulmans qui se trouvent soudain sommés de prendre ­position : « C’est ce que me demande le ­regard de tous sans l’exprimer », note ainsi Walid Bekhti. Et, enfin, partout, un appel lancé au Monde, une manière de dire : mettez des mots sur ce que nous vivons, donnez du sens à cette époque débous­solée, tenez-vous bien pour nous aider à tenir bon. Essayez de « comprendre un peu plus fort, débattre un peu plus fort », comme y invite Julie Desrousseaux. ­Mobilisez-vous pour dissiper la confusion et opposer les Lumières à l’obscurantisme, « la pensée droite à la pensée tordue », ­selon la formule d’Edouard Reichenbach. Bref, travaillez à lever ce que Jean-Charles Vegliante nomme superbement un « couvre-feu mental ».Jean BirnbaumJournaliste au Monde, responsable du "Monde des Livres"SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Un rosier qui fléchit, un lilas qui jaunit, un pommier en mal de fruits… A chaque problème rencontré au jardin ou au potager, celui que l’on surnommait « Michel le jardinier » avait une solution qu’il prodiguait, derrière de grosses moustaches en broussaille, de son verbe fleuri, piqué d’anecdotes, d’adages ou de dictions. Même ceux qui n’avaient guère de goût pour le jardinage aimaient à écouter cet homme jovial et chaleureux, ce conteur hors pair qui distilla son savoir encyclopédique pendant trente ans, aussi bien à la radio qu’à la télévision. Retiré depuis quelques années à Saintes (Charente-Maritime) Michel Lis est mort, mardi 9 juin, à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, a-t-on appris de Radio France. Il était âgé de 78 ans.Surnommé « Moustaches vertes »Confiant à Laure Adler en 1999, lors de l’émission « Le Cercle de Minuit », avoir « certainement appris à marcher en plantant des radis », ce natif des Deux-Sèvres (il est né en 1937 à Pamproux) prit très tôt goût pour la terre, grâce à son grand-père cheminot qui lui enseigna les vertus du jardinage, à savoir : la patience, l’observation et le bon sens. Loin cependant d’en faire son métier, c’est vers le journaliste que le jeune homme se tourne peu après avoir obtenu son baccalauréat. Ainsi, on verra fleurir sa signature, de grand reporter notamment lors de la guerre des Six Jours ou des Jeux olympiques, tour à tour dans les colonnes du Monde graphique, du Parisien libéré, de L’Equipe ou encore de Télé 7 jours ; avant de faire en 1972 le bonheur des auditeurs de France Inter.A cette époque, Eve Ruggieri qui anime les matinées du week-end de la station avec Jacques Paugam, cherche une idée pour intéresser les auditeurs. « On a pensé au jardinage, et elle a fini par me le proposer, presque par hasard. C’est aussi elle qui a trouvé le surnom qui me colle toujours à la peau : moustaches vertes » confiait-il au Parisien, en 2003.Avec « la Minute du jardinier » diffusée chaque vendredi à 7 h 30, Michel Lis rencontre un succès immédiat. Malgré tout, il faudra attendre 1981 pour mettre enfin un visage sur cette voix qui aime à enluminer ses conseils pratiques de dictons et de maximes puisés dans des livres de botaniques. Après « Idées à suivre », une chronique qu’il tient sur France 2, ce lecteur de Rousseau, Cendrars ou de Conrad rejoint en 1985 l’équipe de « Télématin » qu’il quittera en 1999. Mais la télévision ne le détournera pas pour autant de la radio où l’on pourra l’entendre sur les ondes de France Inter, de France Info, de Radio France Gironde essaimer avec bonne humeur ses conseils et ses maximes. Toujours sans fiches, depuis qu’en 1976, une maladie de la rétine l’avait frappé, lui conférant une mémoire encyclopédique.Malgré ce handicap dont il ne se consolait pas, Michel Lis, n’avait pas abandonné l’écriture. Outre ses collaborations dans différents titres de presse dont Rustica, TV hebdo, Nice Matin ou Trente millions d’amis, il publiera plusieurs ouvrages tels Michel le jardinier au jardin de Jean-Jacques Rousseau (Mengès, 1984), Le Grand Almanach de Michel le jardinier (Mengès, 1999). Après avoir tenu une chronique sur France Bleu La Rochelle, ce militant pour la renaissance des espèces et des traitements naturels raccrochait le micro en 2012, mais non le râteau et la bêche, pour se consacrer tout entier à ses fleurs de prédilection : la rose trémière, le dahlia et la santoline, symbole de cette terre de Saintonge qu’il affectionnait tout particulièrement.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Canal+ joue la carte techno pour se distinguer dans un univers de plus en plus concurrentielRodolphe Belmer, le directeur général du groupe, a prévenu ce mardi 9 juin : Canal+ s’engage dans une « stratégie technologique de long terme ». Il a promis un « flux continu d’innovations dans les prochains mois ». Les clients de la chaîne cryptée et de Canal Sat vont bénéficier d’ici 2016 de nouveaux services. Déjà, MyCanal rencontre un grand succès. L’application disponible sur tablette et smartphone reçoit 30 millions de visites chaque mois, 1 million d’utilisateurs uniques par jour et plus de 300 000 utilisateurs en simultané les soirs de grand match. Plus de un programme à la demande sur cinq est consommé sur MyCanal.Le groupe présidé par Bertrand Méheut veut aller encore plus loin pour que ses clients puissent « profiter pleinement de leur abonnement ». Avec Netflix, You Tube ou encore BeIN, qui proposent des formules, si ce n’est gratuites, beaucoup plus compétitives, la concurrence s’intensifie et Canal se devait de frapper un grand coup.Un Cube nomadeC’est avec un petit cube que le groupe veut se démarquer. Cette mini-box remplacera peu ou prou le bon vieux décodeur en proposant davantage de services. La fonction la plus spectaculaire, « startover », permettra ainsi de remonter jusqu’à huit heures dans la programmation d’une chaîne. Un outil parfait pour les étourdis qui oublient de préparer l’enregistrement d’une émission ou ceux qui sont victimes d’un contretemps et qui ne peuvent arriver à l’heure pour voir leur série ou film préféré. Ce cube, nomade, pourra se brancher n’importe où à condition de disposer d’une connexion WiFi ou à l’Internet qu’il faudra payer en plus. Il ne remplacera donc pas les box des fournisseurs d’accès à Internet. Par ailleurs, Canal+ réfléchit pour que l’on puisse l’utiliser à l’étranger une vingtaine de jours par an, à l’image du « roaming » que proposent certains opérateurs.Canal Sat « offrant » plus de 150 chaînes, le groupe promet également de faciliter le choix du téléspectateur avec « Suggest », son nouveau moteur de recommandation qui s’appuie sur les habitudes de visionnage d’un abonné, mais aussi ses goûts.La filiale de Vivendi veut aussi être à la pointe de l’UHD, l’Ultra Haute Définition. Cette norme de diffusion permet des images quatre fois plus fines que l’actuelle haute définition. À la rentrée, Canal+ proposera du contenu UHD aux possesseurs de téléviseurs Samsung et espère diffuser des programmes dans ce nouveau standard au printemps 2016 via la fibre optique et via le satellite.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La Confédération générale des cadres (CGC) des médias a annoncé mardi 9 juin avoir déposé une plainte à Paris et un recours au Conseil d’Etat contre la nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions. Cette démarche s’ajoute à la plainte de Didier Quillot, ancien candidat à la présidence de France Télévisions et ancien cadre de Lagardère active.Une requête en annulationLa requête en « annulation » au Conseil d’Etat, déposée lundi, « s’appuie, notamment, sur le manque d’impartialité du CSA et l’opacité de la procédure de nomination », explique dans un communiqué le SNPCA-CGC, syndicat minoritaire à France Télévisions. « La loi prévoit que la décision doit être suffisamment motivée. Ce n’est pas le cas. Le CSA s’est contenté de généralités », estime l’avocat du syndicat, Me Pierre-Olivier Lambert, contacté par l’Agence France-Presse. Le CSA a publié sur son site « la décision de nomination motivée » de Delphine Ernotte, ancienne directrice exécutive d’Orange France.Une plainte du SNPCA-CGCLa plainte, qui doit être déposée, se fonde, elle, sur « des soupçons d’abus d’autorité et de manquements à l’obligation de probité du CSA dans la procédure de nomination » et « vise, en particulier, le délit de trafic d’influence », ajoute le syndicat.Le code pénal définit ainsi le trafic d’influence :« Le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable. »L’une des membres du CSA, Sylvie Pierre-Brossolette, se voit notamment reprocher, dans un article de Mediapart, d’avoir organisé un rendez-vous entre la candidate Delphine Ernotte et François Pinault, réputé proche de François Hollande. Un homme d’affaires qu’avait également rencontré Didier Quillot, un autre candidat.Une plainte de Didier QuillotMardi 2 juin, une première plainte a été déposée par Didier Quillot. Sa démarche suit ce raisonnement : l’ouverture, par le parquet, d’une enquête préliminaire est le seul moyen d’avoir des preuves d’une éventuelle infraction, la demande d’enquête parlementaire sur la nomination de Mme Ernotte ayant été rejetée.Sa plainte se fonde sur la notion d’« abus d’autorité », ainsi définie par le code pénal : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi. »La loi de novembre 2013 sur l’indépendance de l’audiovisuel public a confié au CSA la mission de désigner le patron de France Télévisions de façon « impartiale, transparente et indépendante », explique-t-on dans l’entourage de Didier Quillot. Donc si jamais des manœuvres avaient fait échec au respect de ces conditions, il pourrait s’agir d’un abus d’autorité. L’entourage de M. Quillot souligne au passage que le CSA a, dans un communiqué de la semaine dernière, envisagé des changements de procédure, et y voit une validation de sa démarche.De plus, M. Quillot a pris soin, avant de déposer sa plainte, d’avoir « tourné la page » et annoncé ses nouvelles activités : il a cofondé Reboot Media, un groupe qui ambitionne de peser dans le domaine de la presse sportive, comme l’a expliqué Le Figaro. Son avocat assure qu’il agit moins en tant que victime directe qu’en tant que citoyen.La défense du Conseil supérieur de l’audiovisuel« On a pu lire que la procédure au terme de laquelle [Delphine Ernotte] a été désignée aurait été l’objet de pressions. Chacun d’entre nous affirme n’en avoir subi aucune », ont déclaré dans un communiqué commun les huit membres du CSA, le 4 juin :« Nous réaffirmons ici solennellement que le délibéré s’est déroulé dans la plus totale indépendance et la plus stricte impartialité, au terme d’une procédure qui a respecté le principe d’égalité entre les candidats et dont chaque étape a été débattue et collégialement acceptée par le Conseil. »Le scrutin pour la présidence de France Télévisions avait divisé le collège en deux blocs au second tour et suscité des dissensions en interne.Lire aussi : La nomination de Mme Ernotte fait toujours grincer des dentsLes membres du CSA se sont en revanche dits « ouverts à toute modification allant dans le sens d’un renforcement de la publicité des procédures de nomination ». Cette procédure a été fixée par le collège du CSA à partir de la loi de 2013 par laquelle la majorité du président, François Hollande, lui a redonné le pouvoir de désigner les dirigeants d’audiovisuel public. Le CSA a notamment envisagé de publier le nom de tous les candidats ou seulement de ceux qu’il choisirait d’auditionner, ou encore d’ouvrir les auditions des candidats au public.Lire aussi : Les premiers pas de Delphine Ernotte à France TélévisionsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Apple a annoncé, lundi 8 juin, le lancement prochain de « News », une nouvelle application qui promet d’offrir une sélection personnalisée d’articles de médias partenaires. Le service, gratuit, sera disponible « à l’automne », lors du déploiement d’iOS9, la prochaine version du système d’exploitation mobile, au départ aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.Son interface ressemble à l’application Flipboard, un agrégateur d’informations, et sa philosophie rappelle celle des « instant articles » annoncés par Facebook mi-mai, ou du service « Discover » du réseau social Snapchat. L’initiative d’Apple illustre la volonté des grandes plate-formes de se placer en intermédiaires de distribution entre les médias et leurs lecteurs, contre la promesse d’apporter un nouveau lectorat, voire des revenus.Concrètement, « News » intégrera des flux « RSS » de résumés d’articles de tous les éditeurs qui souhaitent les partager. Mais l’application proposera surtout des contenus de médias partenaires directement hébergés par Apple. Comme Facebook, ce dernier promet un format attractif, adapté au mobile, avec des belles images, des cartes, des graphiques et des vidéos, que les médias pourront personnaliser. A la différence des articles hébergés sur les sites mobiles de ces titres, ces contenus seront en principe beaucoup plus rapides à charger, et donc susceptibles d’être davantage vus.Le gratin de la presse anglophoneAu démarrage, l’application vous demandera de nommer des sources et des thèmes qui vous plaisent, puis vous proposera une sélection d’articles, lit-on sur le site du Nieman Lab. L’algorithme qui génère « votre news » est censé se nourrir de vos habitudes de lectures voire de vos appréciations pour affiner son offre. « Ce sera du beau contenu, tiré des meilleures sources mondiales, personnalisé pour vous », a assuré Susan Prescott, vice-présidente du marketing produit chez Apple.Comme Facebook, Apple a présenté une liste de médias partenaires, qui incarnent le gratin de la presse anglophone : le quotidien britannique The Guardian, le spécialiste de sports américain ESPN, la chaîne d’information CNN, le quotidien américain New York Times, le groupe magazine Condé Nast (Vogue, Vanity Fair), le quotidien britannique Daily Mail, le magazine économique de référence The Economist, mais aussi des acteurs issus du web comme le groupe Vox Media ou le site de divertissements et d’infos Buzzfeed. Le New York Times devrait commencer par publier une trentaine d’articles par jour sur News.Pourquoi les médias donnent-ils ainsi leur contenu à des plateformes comme Apple ou Facebook, alors qu’ils essaient par ailleurs d’attirer les lecteurs directement vers leurs propres applications et sites ? Tous cherchent une puissance de distribution… Et ont peur d’être laissés pour compte si leurs concurrents pactisent avec les plateformes et qu’ils ne le font pas.« Il est parfois écrit dans la presse que nous, les médias, ne réfléchissons pas au rapport entre les coûts et les bénéfices de ces partenariats, a ainsi défendu Mark Thompson, le directeur du New York Times, cité par Mashable. L’avantage de participer aux plateformes des autres est l’accès à une distribution potentiellement beaucoup plus vaste que celle que nous pourrions espérer atteindre à court terme via nos propres offres numériques. »La publicité mais pas les donnéesPour convaincre les éditeurs, Apple, comme Facebook, a toutefois dû faire certaines concessions dans son offre initiale de partenariat : les médias pourront vendre eux-mêmes de la publicité sur leurs articles hébergés par News. Ils garderont alors 100 % des revenus. Si Apple vend des annonces sur ces contenus, les éditeurs conserveront 70 % des recettes générées.Le contrôle des données sur les habitudes des lecteurs est un autre point sensible. Alors que Facebook proposait d’agréger les « vues » des « instant articles » aux audiences des médias partenaires et de leur donner accès à tous les indicateurs, Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News, mais précise qu’elle respectera la « vie privée » des utilisateurs : les données de lecture ne seront pas partagées avec les autres applications Apple ou des parties tierces, assure l’entreprise.N’y a-t-il pas un risque pour les médias d’abandonner trop de pouvoir aux géants du Net ? De se couper de la relation directe avec leurs lecteurs, d’autant plus dans le cas d’Apple, dont une des forces est de posséder les coordonnées bancaires de ses clients ? Le risque existe. Une fois l’usage créé, les grandes plateformes pourraient en effet changer les termes des partenariats avec les éditeurs, comme Google vient de le faire avec son fonds de soutien à la presse. Les éditeurs font le pari qu’il vaut mieux tenter cette voie.La tendance est-elle inéluctable ? Elle semble puissante, mais toutes les initiatives des grandes plateformes dans la presse n’ont pas été couronnées de succès : ainsi, News remplacera Newsstand, un kiosque numérique d’Apple lancé en 2011, dans lequel les éditeurs pouvaient vendre des journaux numériques à l’unité ou par abonnement, via leurs propres applications, moyennant une commission de 30 % pour Apple. Proposant une expérience assez banale, Newsstand n’a pas rencontré le succès escompté. De la même façon, Google Currents, agrégateur d’informations, a été renommé Google Play News, mais reste peu connu. Facebook Paper, un genre de magazine agrégé, avait lui aussi déçu.Apple cherche en tout cas à rassurer les médias. A la veille de la présentation de « News », on a ainsi appris que le géant californien pourrait infléchir la part de 30 % qu’il s’arroge sur les abonnements souscrits par son intermédiaire. Selon le Financial Times, Apple serait susceptible d’appliquer un taux inférieur aux abonnements souscrits via son kiosque ou son service de télévision, l’Apple TV.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Trente-sept journaux allemands, dont les prestigieux Zeit, Süddeutsche Zeitung, Spiegel et Welt, ont accepté de vendre leurs articles à l’unité sur la plate-forme Blendle, qui s’est lancée en Allemagne, mardi 9 juin.Un temps surnommé l’« i-Tunes de la presse », le site d’origine néerlandaise s’inspire en réalité davantage de Spotify et offre une expérience qui se situe aux confins d’un site d’information, d’un réseau social et d’un outil de lecture. Une fois inscrits, les utilisateurs se voient proposer des articles à l’unité issus de différents journaux, qu’ils peuvent acheter pour quelques centimes chacun.Lire : La start-up néerlandaise Blendle s’inspire d’iTunes pour vendre les contenus de la presse sur le NetL’Allemagne est le deuxième pays de déploiement de Blendle, après les Pays-Bas, où il compte désormais 300 000 utilisateurs. Les fondateurs de Blendle entendent proposer leur service dans d’autres pays européens. Des discussions ont été lancées avec les éditeurs français.Aux États-Unis, la start-up a d’ores et déjà signé avec le Washington Post, le New York Times et The Economist, et travaille à convaincre d’autres éditeurs. En octobre 2014, les groupes New York Times et Axel Springer ont investi dans Blendle à hauteur de 3,8 millions de dollars (3 millions d’euros au moment de l’accord d’investissement).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Martin Sorrell a été payé 200 millions d’euros depuis 1998. Rien que pour 2014, le patron de WPP, le numéro 1 mondial de la publicité, a touché 43 millions de livres (59 millions d’euros). Il est, de loin, le patron d’entreprise cotée à la Bourse de Londres qui gagne le plus. Et probablement dans le monde. Sur les cinq dernières années, sa rémunération s’est élevée à un peu plus d’un euro par seconde.Ces statistiques ont une nouvelle fois provoqué la controverse, mardi 9 juin, lors de l’assemblée générale annuelle de WPP. Comme chaque année ou presque, l’ambiance était houleuse, sur la question du salaire de M. Sorrell. Comme à chaque fois, une bonne partie des actionnaires s’est opposée à la rémunération pour 2014: 22% d’entre eux ont voté contre, légèrement moins que le score de 28% atteint l’année dernière. Mais comme toujours, cela ne changera rien à l’affaire : le très puissant patron de WPP touchera ses émoluments.« C’est presque une blague, s’agace Catherine Howarth, la directrice de ShareAction, une association qui milite pour l’investissement responsable. Ce type se moque de ce que pensent les actionnaires et de la bonne gouvernance d’entreprise. » M. Sorrell présente un cas d’école intéressant.Une agence partie de rienL’homme affiche un succès évident. Il a créé WPP à partir de rien. En 1985, après avoir mené pendant une décennie la stratégie d’expansion des frères Saatchi, il prend le contrôle de Wire and Plastic Products, une petite entreprise qui fait des paniers en métal. Il utilise cette société cotée pour multiplier les acquisitions d’agences publicitaires. Jusqu’à devenir en 2009 le numéro 1 mondial du secteur. Aujourd’hui, WPP affiche 179 000 employés à travers le monde, une présence dans 111 pays et un chiffre d’affaires de 11,5 milliards de livres (15,8 milliards d’euros).Fort de ce succès, M. Sorrell a longtemps été très bien payé. Jusqu’en 2008, il touchait entre 1 et 4 millions d’euros par an. Mais à partir de 2009, cette somme, qui n’était pas très éloignée de celle qui revient aux autres grands patrons, s’est envolée : 10 millions d’euros en 2009, 16 millions en 2010 et 2011, 24 millions en 2012, 41 millions en 2013 et 59 millions en 2014…Lire aussi :Aux Etats-Unis, les rémunérations des patrons devront être liées à la performance de l’entrepriseOpiniâtretéEn juin 2012, les actionnaires ont fait entendre une première fois leur désaccord. Lors de l’assemblée générale, 60 % d’entre eux ont voté contre la rémunération. Un véritable coup de tonnerre, dans le monde feutré des assemblées générales, où une opposition de 20 % est déjà considérée comme une rébellion.C’était compter sans l’opiniâtreté de M. Sorrell. Comme l’autorise la réglementation sur les entreprises britanniques cotées, le vote n’était que « consultatif ». Le patron de WPP a donc passé outre, et il a quand même touché son salaire. Pour donner l’impression de réagir, M. Sorrell a changé la politique de rémunération.Son salaire est désormais composé de trois parties : un fixe, un bonus de court terme, et un autre de long terme. Leur montant dépend du succès financier de l’entreprise et de ses résultats en Bourse. Le tout est supervisé par un comité à part, dont le patron de l’entreprise n’est pas membre, comme le veut la bonne gouvernance.Excellents résultats pour WPPL’an dernier, WPP a affiché d’excellents résultats. L’entreprise a nettement mieux réussi que ses plus proches concurrents, Omnicom et Publicis, d’autant que ces derniers étaient occupés à préparer leur fusion puis à l’annuler à la dernière minute.Du point de vue du comité de rémunération de WPP, les émoluments record de M. Sorrell sont donc parfaitement justifiés. « Ce [qu’il] gagne, bien que ce soit très important en tant que tel, est égal à environ 0,33 % de l’augmentation de la valorisation boursière », écrit-il. L’argument ne convainc pourtant pas tous les détenteurs d’actions WPP.Glass Lewis, une société de conseil aux actionnaires, recommandait de voter mardi contre la rémunération de M. Sorrell, qu’elle juge « complètement excessive ». ISS, une autre société de conseil, était plus ambiguë : tout en suggérant de voter en faveur de la résolution, elle s’étouffait face au salaire « exceptionnellement haut » du patron de l’entreprise.Pour Mme Howarth, de l’association ShareAction, le comité de rémunération ne fait absolument pas son travail. « Son objectif devrait être de le payer le moins possible sans qu’il ne s’en aille de l’entreprise. Or, M. Sorrell n’a nulle part où aller. WPP est son entreprise. S’il ne touchait qu’un euro symbolique, il resterait probablement. » Un scénario qui ne semble pas près d’être testé…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.06.2015 à 08h57 • Mis à jour le08.06.2015 à 13h03 France Télévisions, Radio France et le groupe Egalis ont lancé lundi un site Internet qui recense plus de mille femmes expertes sur deux cents thématiques afin d’inciter les médias à les inviter et promouvoir la place des expertes dans les médias. « L’absence de femmes sur les écrans alimente les stéréotypes et les inégalités », affirme Egalis, qui regroupe des organisations spécialistes de l’égalité.Ce site, version numérique du Guide des expertes qui paraît chaque année aux éditions Anne Carrière, EpOke, est destiné aux journalistes, organisateurs d’événements, entreprises, associations, universités et collectivités.En 2013, le CSA avait appelé toutes les chaînes à améliorer la représentation des femmes, en estimant qu’en moyenne la part des expertes intervenant à l’antenne était inférieure à 20 %. Et quand elles sont invitées, c’est la plupart du temps pour parler de sujets dits « féminins » comme les violences faites aux femmes, les enfants, la famille, l’école, etc. Alexis Delcambre et Samuel Laurent Septembre 2002. L’empire Vivendi Universal, victime de la chute de Jean-Marie Messier, est contraint d’opérer de douloureuses cessions. A l’affût des opportunités dans la presse, Serge Dassault est sur les rangs. Et pour 237 millions d’euros (286 millions si on les convertit au pouvoir d’achat de l’euro en 2014), la Socpresse, qu’il contrôle avec la famille Hersant, s’offre l’ex-pôle presse de Vivendi : L’Express, L’Expansion, L’Etudiant…Quatre ans plus tard, en 2006, c’est au tour de la Socpresse de céder ses actifs. Elle trouve un acquéreur, le groupe de presse belge Roularta, qui a des ambitions en France. Valorisation de l’ensemble : 210 millions d’euros (235 millions de 2014) – la Socpresse réalise une opération quasi blanche.Janvier 2015. Le groupe belge s’est lassé des pertes provoquées par son pôle français et s’angoisse de voir ses actifs se déprécier. Vincent Bolloré ou Iskandar Safa étudient le dossier. Mais c’est un acteur nouveau, Patrick Drahi, qui s’offre le cinquième groupe magazine français – la vente doit être finalisée mardi 9 juin. Montant de la transaction : entre 50 et 70 millions d’euros. Un chiffre dont la faiblesse, pour un pôle qui réalise 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, frappe les esprits.La trajectoire du groupe L’Express illustre celle des journaux français, dont les valorisations sont en forte baisse, comme en témoignent les chiffres des récentes transactions compilés par Le Monde. Grossièrement, les transactions des années 2000 se chiffraient en centaines de millions d’euros quand celles des années 2010 sont libellées en dizaines.L’infographie ci-dessous présente les principales transactions survenues depuis dix ans dans le secteur de la presse française, ramenées à leur valeur en euros constants 2014. Passez sur les carrés pour afficher des informations supplémentaires.Cela ne signifie pas forcément que les valorisations de ces entreprises se sont écroulées. Pour en déduire une valorisation, il faut ajouter au montant de la transaction les dettes (ne serait-ce que celle que représentent les abonnés en cours de contrat et qu’il faudra servir), l’anticipation des pertes à venir et/ou des coûts de restructuration – exactement comme un acheteur immobilier s’appuie sur le coût des travaux à venir pour négocier une baisse de prix. Sans parler des investissements à venir pour développer de nouvelles activités. « Les acheteurs nouveaux intègrent qu’il va leur falloir renverser la table et changer le modèle de ces entreprises », explique Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, une entreprise de conseil.L’angoisse gagne les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ?Comme sur tous les marchés, ce comportement des acheteurs s’autoentretient et nourrit une spirale, en l’occurrence baissière. Dans ce secteur, il est rarement possible d’évaluer une entreprise selon sa valeur boursière – peu sont cotées – ou selon la rentabilité potentielle – tant la visibilité est faible en ces temps de transition numérique. « Reste la bonne vieille méthode des comparables, conclut M. Texier. On se réfère aux transactions récentes opérées dans le même secteur, de la même façon que l’acheteur d’un appartement se renseigne sur les ventes récentes dans le même quartier. » Dès lors, chaque vente renforce la spirale baissière. A l’image de celle de 65 % du Nouvel Observateur au trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse (par ailleurs actionnaires du Monde) en janvier 2014, pour 13,8 millions d’euros. « En un instant, la seule annonce de cette vente a fait subir une décote de 50 % au dossier de L’Express, dont le groupe Roularta envisageait déjà la vente », révèle une source.Une poignée d’acteurs récurrentsDans ce contexte, l’angoisse peut gagner les propriétaires de journaux. Ne faut-il pas vendre au plus vite, avant la prochaine dévalorisation ? Peut-on encore attendre un retournement du marché ? Les exemples d’hésitation sont légion, comme en témoigne le cas de la famille Amaury, propriétaire du Parisien (ainsi que de L’Equipe). En 2010, Marie-Odile Amaury avait missionné la banque Rothschild pour céder son journal régional. Elle en attendait 200 millions d’euros. Une offre de Vincent Bolloré atteignait 130 millions d’euros, et Mme Amaury avait baissé son objectif à 150, mais ce différentiel n’a pu être comblé.Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des AmauryCinq ans plus tard, le groupe Amaury vient d’entrer en négociations exclusives avec un nouvel acheteur, LVMH, pour un prix qui serait plus proche de 50 que de 100 millions d’euros. Entre-temps, la famille a dû éponger 37 millions de pertes…« C’est la concurrence qui fait monter les prix, rappelle M. Texier. Or, aujourd’hui, les acheteurs sont peu nombreux. » Animateurs du marché français par le passé, les grands groupes de médias étrangers s’en sont retirés, à l’exception du belge Rossel, qui vient d’investir dans 20 Minutes. Les grandes familles de l’univers de la presse s’en vont progressivement, à l’image des Hersant ou des Amaury. Reste une poignée d’acteurs récurrents, qui travaillent à atteindre une taille critique. D’où les mariages récents, ou en cours, entre Le Monde et Le Nouvel Observateur ; Libération et L’Express ; ou Les Echos et Le Parisien. Le seuil de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires semble l’objectif souhaité pour créer un niveau suffisant de synergies et accélérer les transitions numériques.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »« C’est le temps des soldes, explique M. Texier. On passe d’une époque de survalorisation relative à une phase de sous-valorisation, peut-être momentanée. Les valeurs pourront remonter quand les modèles seront stabilisés. » L’exemple d’un journal comme le Financial Times, assez avancé dans la transformation numérique et à la valeur putative élevée, incarne cet horizon.« Force symbolique »Y arriver est l’espoir de certains « restructurateurs » qui animent également le marché, derrière les incontournables Bernard Arnault, Patrick Drahi et Xavier Niel, aux moyens illimités. On peut penser au profil d’un Marc Laufer, propriétaire du groupe NewsCo et associé à M. Drahi dans le groupe en construction Altice ; à celui de Pascal Chevalier, du groupe Reworld Media ; ou de Didier Quillot, récent acquéreur du groupe Motor Presse Stuttgart. Point commun entre la plupart de ces acteurs : une culture forgée dans les nouvelles technologies et donc un goût pour les changements de modèles.« En France, cela fait quarante ans que la presse ne gagne plus d’argent. C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement »Pour certains, l’ambition de réinventer le modèle de la presse est une illusion. « Beaucoup pensent que leur savoir-faire va leur permettre de changer la presse, pense Patrick Eveno, historien de la presse. Mais, en France, cela fait quarante ans qu’elle ne gagne plus d’argent ! C’est pourquoi beaucoup espèrent se rembourser sur autre chose que le retour sur investissement. » « Il y a des personnes qui attribuent à la possession de médias une valeur décorrelée de la rationalité économique, car elle apporte une force symbolique, un statut, une considération, constate M. Texier. Au fond, ce qui a le mieux résisté dans cette crise de la presse, c’est le mythe de Citizen Kane. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 09h36 • Mis à jour le03.06.2015 à 15h48 | Alexis Delcambre Il faut aborder le secteur de l’information comme un « écosystème » qui dépasse les catégories issues de l’univers imprimé : telle est la recommandation du sociologue Jean-Marie Charon, auteur d’un rapport intitulé « Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème », remis à la ministre de la culture, Fleur Pellerin, mardi 2 juin.L’objet de ce rapport était de proposer un état des lieux du secteur pour permettre aux acteurs politiques de mieux cibler leurs interventions. Les fameuses aides publiques aux entreprises de presse, qui représentent 820 millions d’euros annuels, sont régulièrement accusées d’encourager des modèles établis ou en perte de vitesse plutôt que de favoriser l’innovation.En regard, le Fonds Google (16,1 millions d’euros) a apporté l’exemple d’une aide focalisée sur les nouveaux projets. « L’intervention de l’Etat doit donner toute sa place au binôme innovation-expérimentation », recommande donc M. Charon.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaisePriorité au pluralismeLa remise de ce rapport a été pour Fleur Pellerin l’occasion de clarifier les évolutions des aides à la presse, mais aussi de rappeler que la première préoccupation de l’Etat reste le pluralisme.Dans le contexte de l’après-Charlie, marqué par une attention accrue aux lieux du débat public, plusieurs dizaines de titres généralistes (hebdomadaires, mensuels, trimestriels…) vont désormais toucher des aides directes, jusqu’ici réservées aux quotidiens.Lire aussi le décryptage : Aides à la presse : qui touche le plus ?Ces aides directes s’élèveront dès cette année à 135 millions d’euros, contre 130 millions précédemment. En contrepartie, Mme Pellerin souhaite les conditionner à des critères éthiques ou déontologiques, aux bonnes pratiques sociales ou au respect de la diversité et de la parité.Quant aux aides indirectes (taux « super-réduit » de TVA et tarifs postaux avantageux), elles seront désormais plus sélectives. Seule la presse d’information politique et générale, ainsi que la presse « de la connaissance et du savoir », continueront de bénéficier des aides postales (130 millions d’euros annuels actuellement). La presse de loisir et de divertissement devra s’en passer.Aider les médias en créationLes détails de cette réforme des aides postales ne sont pas encore connus, puisque la ministre a lancé des missions qui seront achevées cet été. Mais le ministère compte sur ce resserrement pour dégager de quoi accompagner l’innovation.Il s’agirait de renforcer le Fonds stratégique pour le développement de la presse (en l’ouvrant davantage à des acteurs modestes), mais aussi de créer un fonds d’accompagnement à la création de nouveaux médias.Enfin, Mme Pellerin souhaite favoriser la création d’incubateurs qui, comme le suggère M. Charon, « accueillent les “pure players” d’information, les labs des entreprises de presse, ainsi que les start-up contribuant à la production d’information ».M. Charon propose aussi des formules de « start-up en résidence », où une entreprise éditrice accueillerait une start-up le temps de faire aboutir conjointement un projet innovant, avec une aide de l’Etat.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Qui n’a pas pesté devant son poste en regrettant qu’il n’y ait « rien à la télé ce soir » ? Qui ne s’est pas senti perdu dans l’offre pléthorique de programmes pour finir par sélectionner une émission au hasard ? Pour aider le téléspectateur à s’y retrouver, France Télévisions a lancé mardi 2 juin Zoom, une application gratuite destinée à ceux qui « aiment la télé, mais vivent la diffusion linéaire comme une contrainte » ; ces téléspectateurs « qui n’ont pas le temps de tout regarder, qui ont du mal à choisir parmi les centaines de chaînes et les millions de vidéos, et qui ne veulent que le meilleur ».Des playlists thématiquesEn tapotant sur l’écran de son smartphone l’utilisateur peut indiquer ses centres d’intérêt (info, sport, culture, art de vivre, jeux…), puis composer ce qui ressemble au programme de sa « chaîne idéale » avec les émissions vedettes du service public (« Le plus grand cabaret du monde », « Des racines et des ailes », « C dans l’air »…). Il peut aussi préciser celles qu’il « ne veut surtout pas voir ». On lui propose ensuite une liste de « playlists » thématique. Grâce à un algorithme, cette sélection s’affine au fur et à mesure de ses visionnages. Il peut « aider » le programme de calcul en marquant les vidéos qu’il aime et celle qu’il n’aime pas. Le mobinaute peut aussi indiquer le temps dont il dispose pour visionner des vidéos. L’offre proposée s’adapte à ce temps disponible.« Le temps de la recommandation »L’application Zoom est née de deux convictions a indiqué Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions : « C’est le temps du mobile et c’est le temps de la recommandation. » Téléchargeable dans un premier temps uniquement sur les iPhone (la version pour les smartphones Android est prévue pour la fin de l’année), cette application s’adresse en priorité aux plus jeunes qui consomment différemment la télévision. « C’est dans notre mission de permettre d’offrir nos contenus à tous les citoyens quels que soient les écrans », a insisté Rémy Pfimlin, président de France Télévisions jusqu’à la fin août.Bientôt un mode hors connexionLa mise au point de cette application a mobilisé 25 personnes depuis janvier 2014. Au total, le groupe aura investi 1,4 million d’euros pour la développer. De nouvelles fonctionnalités comme le mode hors connexion, permettant de visionner des vidéos même sans accès à l’Internet. Une version adaptée aux ordinateurs devrait être disponible à l’automne, l’application sera ensuite optimisée pour les tablettes.Lire aussi :France Télévisions : les premiers pas de Delphine ErnotteJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 19h59 • Mis à jour le02.06.2015 à 16h55 | Alexis Delcambre « Il est à peine imaginable que Têtu puisse disparaître et pourtant, jamais le risque n’a été aussi grand. » Lundi 1er juin, la direction du magazine gay a mis en ligne un communiqué annonçant le placement de l’entreprise en redressement judiciaire, vingt ans après sa création.En cause : la situation financière du titre, propriété depuis 2013 de l’homme d’affaires Jean-Jacques Augier. Le 28 mai, la société éditrice du magazine s’était déclarée en cessation de paiement. Selon M. Augier, les pertes ont atteint 1,1 million d’euros en 2014 et devraient s’élever à 500 000 euros en 2015.Paradoxalement, elles sont moins conséquentes que celles subies avant 2013 (plus de 2 millions d’euros annuels environ). Mais celles-ci étaient alors régulièrement épongées par Pierre Bergé, le précédent propriétaire de Têtu (et actuel co-actionnaire du Monde).Restructuration lourdeLors de la cession du titre en 2013 pour un euro symbolique, M. Bergé avait laissé une trésorerie de 2,4 millions d’euros. Selon M. Augier, celle-ci a été consumée dès 2013, année où les pertes ont été de 2,35 millions d’euros.Depuis deux ans, le titre a été lourdement restructuré. Une vingtaine de postes, soit plus de la moitié des effectifs, ont été supprimés, et le journal ne compte plus que dix salariés. Les frais, eux, ont été réduits de 60 %.Ces efforts n’ont pas été accompagnés d’un réel développement de l’activité. La diffusion du magazine, qui était de près de 36 000 exemplaires en 2012, est tombée à environ 28 000 en 2014. Le nouveau Têtu, recentré, assagi et lifestyle, peine à renouveler son public même si les abonnements (8 900), ont progressé.Des relations difficiles avec les agences publicitairesSur le Web, le site Tetu.com (450 000 visiteurs uniques) affronte la concurrence sévère de sites communautaires comme Yagg, fondé par des anciens de Têtu, avec lequel un partenariat avait un temps été noué. Et en matière de développement, il a lancé une application de rencontres, So Têtu (10 000 téléchargements), qui peine à exister sur un créneau déjà largement occupé, notamment par Grindr.Mais pour M. Augier, la difficulté principale est la relation avec les agences publicitaires. « Elles nous étranglent, affirme-t-il. Nous avons une cible qui consomme, qui plaît aux annonceurs, nos pages reçoivent de la publicité, mais nous peinons à maintenir nos tarifs et à obtenir les paiements. »Un rapport du faible au fort auquel la réponse est, à ses yeux, de rompre l’isolement du magazine : « La survie de ce titre emblématique du paysage éditorial français passe par le rapprochement avec un groupe de presse, seul à même de donner au titre un poids suffisant face aux agences de publicité », énonce le communiqué publié lundi.Appel du piedL’appel du pied est clair : « Le tribunal de commerce nous a donné lundi quatre mois pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre, selon M. Augier. Si au bout de quatre mois nous n’avons pas trouvé de repreneur, le tribunal prononcera la liquidation. » En 2013, trois investisseurs avaient été candidats à la reprise du titre, dont le banquier d’affaires Matthieu Pigasse (actionnaire du Monde et propriétaire des Inrockuptibles). C’est finalement M. Augier qui l’avait emporté – un ancien énarque de la promotion Voltaire, la même que François Hollande, et trésorier de la campagne de l’actuel président en 2012.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 11h07 • Mis à jour le01.06.2015 à 17h28 | Alexandre Piquard « Nous sommes aujourd’hui au cœur d’une période dite “de tuilage”. C’est en bonne intelligence avec Rémy Pflimlin qu’elle se déroule. Je ne souhaite interférer dans aucun de ses choix au quotidien. » Pour son premier acte de communication, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a envoyé lundi 1er juin un e-mail au comité exécutif. Elle y définit l’entre-deux imaginé par le législateur pour préparer l’arrivée du futur président : nommée le 23 avril par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’ex-dirigeante d’Orange France n’entrera en fonction que le 22 août, cinq mois plus tard.« Imaginez qu’on ne vous garde pas, mais qu’on vous demande de conseiller votre successeur, qui vous regarde travailler », ironise Eric Vial, syndicaliste Force ouvrière, à propos de M. Pflimlin, qui estime, lui, que le tuilage se passe bien. « Dans d’autres entreprises, il y a une transition : l’ancienne équipe conseille mais la nouvelle est en fonction, raconte un cadre. L’ambiance est un peu surréaliste. On doit continuer à travailler normalement mais des interlocuteurs extérieurs, dans des négociations, jouent sur l’arrivée de la nouvelle équipe. Et on lit des rumeurs dans la presse sur le départ des uns ou l’arrivée d’autres. » Lire aussi :Une « cheffe » d’entreprise ne fait pas le printempsDépart de Thierry ThuillierLe cas qui a fait couler le plus d’encre est celui de Thierry Thuillier, le directeur de l’information et directeur de France 2, qui a confirmé, lundi, rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion.A en croire nombre d’échos de presse, M. Thuillier était vu comme penchant à droite par certains dans l’exécutif et indésirable de ce fait, à deux ans de la présidentielle. Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec l’exécutif étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Dans l’entourage de Mme Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de se passer de M. Thuillier, que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.Pour lui succéder plusieurs noms circulent en interne : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef du service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest, ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier, il se « poserait la question » de son avenir.Rassurer les salariésConsciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Mme Ernotte ne pourra pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut pas en principe négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants.Pour la nouvelle présidente, la résolution du cas Thuillier clarifie l’enjeu de la composition de son équipe, qui doit comporter un directeur de la stratégie et des programmes, mais aussi – selon le projet présenté au CSA – des patrons de chaînes plus forts et autonomes qu’aujourd’hui.Mme Ernotte consulte largement en interne et en externe et a notamment rencontré Bibiane Godfroid, ex-directrice des programmes de M6. « Ses choix seront scrutés car elle ne connaît pas la télévision. Son équipe importe donc », explique une cadre.Seconde phase du tuilageMme Ernotte veut entrer aujourd’hui dans une seconde phase du tuilage : « Je vous remercie de me remettre, d’ici le vendredi 5 juin, un document écrit portant sur les dossiers sous votre responsabilité, écrit-elle au comité exécutif.Depuis un mois, la future présidente dispose – comme ses prédécesseurs – de deux bureaux et d’une salle de réunion au Ponant, un immeuble situé à 200 mètres du siège de France Télévisions.Elle y est entourée de son assistante et de son directeur de cabinet, Stéphane Sitbon-Gomez, ancien bras droit de l’écologiste Cécile Duflot, ainsi que le consultant en stratégie et communication Denis Pingaud, qui reste président de sa société Balises (et conseille également le président de Radio France, Mathieu Gallet).Lire aussi :Le bras droit de Duflot rejoint l’équipe de Delphine Ernotte à France TélévisionsA la rencontre des dirigeantsJusqu’ici, Mme Ernotte a rencontré une vingtaine de dirigeants de l’entreprise, par ordre de hiérarchie. « Elle cherchait à faire connaissance, posait surtout des questions et était très à l’écoute », raconte un cadre.Lors de ces entretiens, la nouvelle présidente s’est montrée ouverte sur son projet remis au CSA, qui en interne avait suscité des inquiétudes parce qu’il faisait de France 2 une chaîne du flux, et de France 3, une chaîne de la création. Les grilles de rentrée ont été faites par l’équipe de M. Pflimlin, qui explique qu’il y aura peu de changements majeurs.« La constitution des grilles et le tuilage se passent bien parce que nos résultats sont bons, notamment sur France 2, grâce à l’information et la fiction », souligne-t-on dans l’équipe du président sortant. Le 2 juin, une « nouvelle offre numérique » sera annoncée par Bruno Patino, directeur des programmes et du numérique.Lire aussi :La création numérique, une priorité pour le service public audiovisuelM. Pflimlin a donné la consigne d’informer Mme Ernotte des dossiers pouvant engager l’entreprise à moyen terme. Celle-ci a ainsi été consultée sur une négociation de droits sportifs ou sur la pénibilité du travail. Plusieurs discussions de dialogue social se poursuivent en effet, avec l’actuel directeur des ressources humaines Patrice Papet, qui avance un bilan de 650 postes réduits sous le mandat de M. Pflimlin à France Télévisions, « passée sous la barre des 10 000 salariés ».Côté financier, la régie publicitaire se réjouit d’un très bon premier trimestre, même si depuis, le repli des parrainages à l’antenne entraîne à fin mai un retard de 5 millions d’euros environ sur l’objectif publicitaire de 2015.Les syndicats en campagnePour les syndicats, la période de tuilage n’est pas un long fleuve tranquille. Les élections syndicales qui auront lieu dans quelques semaines au siège ont été l’occasion de tensions, le syndicat minoritaire et franc-tireur SNPCA-CGC ayant insinué que la CGT avait soutenu Mme Ernotte.Appuyé par FO sur ce point, Marc Chauvelot, délégué de la CGT, a démenti et rappelé que les syndicats avaient reçu pendant la campagne un grand nombre de candidats à la présidence. L’élu préfère insister sur une revendication syndicale de longue date – qu’il souhaite faire traduire dans une charte avant l’été : le recours prioritaire à la production interne plutôt qu’à des sociétés extérieures.« Ce sera une façon de commencer à discuter avec Mme Ernotte », dit-il, alors que la présidente va rencontrer les organisations syndicales courant juin. Mme Ernotte a également prévu, ce mois, de rencontrer les personnels de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une « une » de crise qu’a choisie Libération pour lancer sa nouvelle formule papier, lundi 1er juin : les yeux inquiets de Vincent Lindon, son visage défait, sous une manchette « Le chômage superstar », consacrée au succès du film La Loi du marché.Mais ce n’est plus la crise de Libération. Un an après son sauvetage grâce à une recapitalisation menée par Patrick Drahi – le propriétaire de Numericable-SFR – et Bruno Ledoux, le titre emblématique de la gauche française veut faire de cette nouvelle maquette – larges photos, titres impactants – le premier signe visible de son renouveau.Du passé, table rase a partiellement été faite. 108 salariés ont quitté l’entreprise depuis un an, ramenant l’effectif à 180 (dont 130 journalistes). Des gardiens du temple du Libé historique sont partis, laissant une nouvelle génération s’installer aux commandes et quelques recrues rejoindre la rédaction.Lire aussi :Près de cent candidats au départ à « Libération »Le logiciel politique de cette équipe reste à découvrir, même si Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction, met en avant « ses valeurs d’indépendance, de critique mais aussi de proposition, exprimées par la devise qui sera désormais la sienne : “La liberté, ça s’invente” ».En revanche, son logiciel éditorial est plus clairement défini : Libération se veut désormais « un site qui publie un quotidien » et même un titre « mobile first », où les informations nouvelles sont publiées en première intention sur les supports numériques. Ce n’est pas encore le cas, puisque les nouvelles formules du site et de l’application mobile sont prévues pour « l’été ».A la reconquête du lectoratMais le quotidien s’affirme déjà comme celui qui va le plus loin, en France, dans la prise en compte de la production numérique. L’actualité de base est concentrée dans une rubrique unique, « Expresso », nourrie de petits modules largement inspirés du Web. Le reste du journal – où les rubriques ont disparu – ne se compose que de doubles pages consacrées à des sujets très anglés, de production originale.Tout cela a un prix : 2 euros (contre 1,80 précédemment). Cette augmentation est l’un des leviers du retour à l’équilibre d’exploitation, que M. Drahi a demandé pour 2015. Mais les sources de revenus restent à développer. En dépit d’un mois de janvier exceptionnel, à 126 000 exemplaires, les ventes du quotidien stagnent, aux alentours de 95 000 par mois. « Il faut reconquérir un lectorat », constate-t-on en interne.Les ventes numériques restent peu développées. Le journal travaille à relancer ses forums, qui apportaient avant la crise plus de 10 % du chiffre d’affaires. D’autres activités, comme la vidéo, pourraient suivre, mais restent suspendues à un nouvel investissement des actionnaires.L’intégration de « Libé » dans un groupe est l’autre grande affaire du moment. Altice Media Groupe France rassemblera également le Groupe Express-Expansion – pour lequel M. Drahi est en négociations exclusives – et la chaîne d’information i24 News.Bruno Ledoux sera présent pour environ 9 % dans AMG France, le reste étant détenu par AMG, une holding logée au Luxembourg, rassemblant les dirigeants opérationnels du groupe (Marc Laufer, Bernard Mourad) et M. Drahi. De premières synergies (mutualisation de certaines fonctions, possible déménagement de Libération au siège de L’Express) devraient être rapidement étudiées.Lire aussi :Un banquier à la tête de « L’Express » et « Libération »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Thierry Thuillier, le directeur de l’information de France Télévisions et directeur de France 2, a confirmé lundi 1er juin qu’il quitte le groupe public pour rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion personnelle. Il ne gérera pas les programmes de flux et le « clair », comme un temps évoqué.Dans les spéculations autour de l’équipe de Mme Ernotte, M. Thuillier était le cas le plus médiatique car l’information est un des points forts du bilan de Rémy Pflimlin, prédécesseur de Delphine Ernotte, et parce que c’est un domaine sensible. Plusieurs échos de presse ont soutenu que Thierry Thuillier - nommé comme l’équipe de M. Pflimlin sous Nicolas Sarkozy - était classé à droite par certains dans l’exécutif et qu’il pourrait perdre sa place de ce fait, à deux ans de la présidentielle.Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec le pouvoir en place étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Il s’est toujours voulu à distance du milieu politique et a défendu une information parfois « abrasive », par exemple dans le magazine Cash Investigation. Dans l’entourage de Delphine Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de ne pas travailler avec M. Thuillier et que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.M. Thuillier parti, on se pose la question de la suite à France Télévisions. Pour lui succéder circulent en interne quelques noms : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier il se « poserait la question » de son avenir.Consciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Delphine Ernotte ne pourra pourtant a priori pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut en principe pas négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants. Elle consulte largement, en interne et en externe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.05.2015 à 10h53 • Mis à jour le01.06.2015 à 10h47 | Joël Morio Le journaliste quitte RTL pour Europe 1 et sera remplacé par Olivier Mazerolle, qui revient quatorze ans après son départ.RTL avait juré qu’elle se tiendrait, cette saison, à l’écart du mercato des animateurs et journalistes après le transfert de Laurent Ruquier, venu d’Europe 1 lors de la rentrée 2014. C’est pourtant la station de la rue Bayard qui a ouvert le bal, écartant Jean-Michel Aphatie, qui, après douze ans passés à la première radio de France, rejoint justement Europe 1, la rivale historique.Ce départ n’est pas une surprise. Christopher Baldelli, le patron de RTL, avait provoqué l’étonnement en déclarant au Nouvel Observateur : « Léa Salamé a beaucoup de talent, c’est incontestable. Peut-être sera-t-elle un jour sur RTL. Je ne l’exclus pas. »Cette sortie flatteuse pour la journaliste qui officie sur France Inter était presque un affront pour Jean-Michel Aphatie (en concurrence frontale avec elle le matin avant 8 heures), qui, de surcroît, s’est récemment fait distancer en termes d’audience par sa jeune consœur. Christopher Baldelli a néanmoins souhaité saluer « la rigueur, l’indépendance et la pugnacité » du journaliste.Jean-Michel Aphatie écarté, RTL n’en a pas profité pour rajeunir son antenne puisque c’est Olivier Mazerolle qui, à la rentrée, aura la charge de l’interview politique du matin – il avait déjà pratiqué l’exercice entre 1995 et 2001 –, reprenant ainsi du service à… 72 ans. Age qu’il jugeait, en 2001, trop élevé pour que Philippe Bouvard continue à présenter les « Grosses Têtes ».Point de chuteAlors directeur général adjoint de RTL, il avait contribué à l’éviction du journaliste. Quatorze ans plus tard, la station semble désormais totalement guérie du jeunisme. « En nommant Olivier Mazerolle aux commandes de l’emblématique interview politique de “RTL Matin”, nous avons fait le choix d’un journaliste de référence, expérimenté et indépendant, qui apportera à RTL une véritable expertise en matière d’actualité politique », estime Christopher Baldelli dans un communiqué.Ce retour permettra-t-il de relancer une matinale qui, malgré l’arrivée d’Yves Calvi à la rentrée 2014, est au coude-à-coude avec celle de France Inter et progresse lentement ? RTL a décidé de ne prendre aucun risque en confiant l’interview politique à un professionnel rompu à cet exercice, mais ce choix manque sérieusement d’audace. Il est vrai que Jean-Pierre Elkabbach, la figure emblématique des interviewers politiques, fêtera ses 78 ans à la rentrée sur Europe 1.Rue François-1er, la mission de Jean-Michel Aphatie sera plus modeste car elle ne concerne pas le prime time de la radio, un moment crucial pour les revenus publicitaires d’une station privée. Le journaliste a pour mission de redynamiser «  Europe 1 Midi  » avec Wendy Bouchard, une tranche assez faible en termes d’audience.« Fabien Namias, toute l’équipe d’Europe 1 et moi-même sommes très fiers d’accueillir à Europe 1 un grand nom du métier. Renouant avec la tradition historique de la station depuis Jacques Paoli et André Arnaud, Jean-Michel, avec Wendy, fera d’“Europe 1 Midi” un grand magazine d’information, de société et de culture, marqué du sceau de la proximité, de la curiosité et de la liberté », a indiqué Denis Olivennes, le président d’Europe 1. Jean-Michel Aphatie est désormais assuré de trouver un point de chute à la rentrée, alors que son avenir au « Grand Journal » de Canal+ est très compromis.D’autres nominations à attendreDans les services politiques des radios, d’autres nominations sont à attendre. En partance pour la présidence de la chaîne parlementaire LCP, Marie-Eve Malouines va laisser en juin sa place de chef du service de France Info. La station a décidé de prendre son temps pour la remplacer : candidature interne ou externe, rien n’est encore décidé. Laurent Guimier ne veut pas se précipiter pour choisir celui ou celle qui aura la charge de couvrir la campagne présidentielle de 2017, qui devrait débuter dès le début 2016 avec la préparation des primaires à droite et peut-être à gauche.Une chose est sûre, le choix devrait se faire indépendamment de celui du futur chef du service politique de France Inter. Marc Fauvelle, l’actuel chef du service, aurait manifesté son désir de présenter le journal de 8 heures en remplacement de Mickaël Thébault.Un changement qui pourrait être lourd de conséquences pour la station, qui enregistre à cette heure-là un pic d’audience. Au cas où le vœu de Marc Fauvelle s’exaucerait (ce que ne confirme ni ne dément la chaîne), ce serait tout un jeu de chaises musicales qui s’enclencherait alors.RMC, pour sa part, n’a pas prévu de changements notables. Malgré l’avertissement envoyé par le CSA après son interview de Roland Dumas, Jean-Jacques Bourdin continuera d’être la star des matins de la station présidée par Alain Weil. Il réfléchit tout au plus à l’arrivée de nouveaux chroniqueurs dans sa tranche horaire, qui après des années de progression a marqué le pas lors des dernières mesures d’audience.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny L’animateur de télévision incarne l’émission « On n’est pas couché », carton d’audience sur France 2.A force de prendre des notes sur son smartphone, Laurent Ruquier en a cassé son écran. Malgré les sérieuses rayures qui lézardent l’appareil, l’animateur de l’émission « On n’est pas couché » (« ONPC ») continue de consigner sur son téléphone tous les sujets qui lui passent par la tête, ainsi que l’actualité politique ou les nouveautés culturelles qu’il lit dans les journaux chaque matin. « Je suis un grand consommateur de presse écrite, j’adore ça ! », dit l’animateur avec un sourire gourmand. « Une grande partie de ma vie professionnelle se trouve dans cet appareil », poursuit-il en montrant ses dernières trouvailles.Il faut dire que chaque jour de la semaine, il doit nourrir en informations « Les Grosses Têtes » sur RTL mais également préparer « ONPC », le samedi soir sur France 2. Deux cartons d’audience qui ont fait de lui « le roi des ondes » comme l’a baptisé récemment son ami Guy Carlier dans le magazine VSD. Bourreau de travail, Ruquier ne se contente pas de lire les journaux et d’animer des émissions. Il écrit aussi des pièces et gère le Théâtre Antoine à Paris où il programme de jeunes talents qu’il a découverts.C’est souvent au détour d’une page, d’un article ou d’une brève qu’il découvre un auteur ou un artiste qu’il invitera sous peu dans « ONPC ». « Ma curiosité ne s’émousse pas, je suis curieux de tout et j’ai le privilège de pouvoir choisir mes invités », pointe-t-il en soulignant que les bonnes audiences (autant sur RTL que sur France 2) le libèrent de toutes pressions.Deux millions de téléspectateursAvec près de 2 millions de téléspectateurs en moyenne chaque semaine, son talk-show de deuxième partie de soirée sur la chaîne publique a connu une progression constante depuis le lancement le 16 septembre 2006.A la rentrée, Laurent Ruquier entamera sa dixième saison. Un cas plutôt rare dans le monde audiovisuel où les émissions sont le plus souvent arrêtées au bout de quelques semaines faute d’audience. L’animateur a d’ailleurs connu cette situation en 1995 avec « Les Niouzes » sur TF1 qui a été stoppée net au bout d’une semaine ! Et, en 2014, lorsque France 2 est venu le chercher en catastrophe pour remplacer au pied levé Sophia Aram qui conduisait la chaîne au désastre avec son émission « Jusqu’ici tout va bien ». Mais son concept n’a guère convaincu les téléspectateurs.« France 2 nous a toujours laissé une grande liberté », souligne la productrice Catherine Barma qui, dans le passé, a produit les talk-shows de Thierry Ardisson et de Marc-Olivier Fogiel. « Le succès de « ONPC » est dû à Laurent Ruquier qui incarne totalement l’émission et qui est en phase avec la société », poursuit-elle. Et compare l’émission à un hebdomadaire d’actualités avec ses pages culturelles ou politiques « que le téléspectateur feuillette à sa guise ».Ainsi, au fil des années, l’émission qui dure près de quatre heures (une des plus longues de la télévision) s’est enrichie et structurée au point de transformer le talk-show initial en un espace où défilent celles et ceux qui ont quelque chose à vendre ou à dire.Buzz et réseaux sociaux« Mais ce n’est pas une émission de promotion avec renvoi d’ascenseur », prévient Laurent Ruquier, rappelant qu’il a choisi le titre de l’émission non pas en raison de sa longueur, mais dans le sens de « on n’est pas couché devant l’invité ». Tout le monde connaît la règle du jeu et rares sont ceux qui refusent de s’installer dans le fauteuil de l’émission. Même si chacun sait qu’il peut s’y faire démolir. Seuls les meilleurs survivent.Le rendez-vous est même devenu (presque) incontournable pour les éditeurs en tous genres qui cherchent à faire la promotion d’un livre, d’un film ou d’un album. Si, en plus, un peu de polémique s’invite sur le plateau, le succès est garanti.Grâce au relais des réseaux sociaux, les propos tenus dans « ONPC » et les clashs entre l’invité(e) et les chroniqueurs sont immédiatement commentés sur Twitter ou Facebook. Sans oublier, les reprises dans les journaux du week-end, voire avant la diffusion de l’émission enregistrée le jeudi, et dont les prises de bec les plus saignantes sont savamment distillées aux journalistes pour faire le buzz.Ce fut le cas, début mai, où le violent échange entre le chroniqueur Aymeric Caron et la journaliste Caroline Fourest, invitée pour parler de son dernier essai polémique Eloge du blasphème (Grasset), a fait débat dans la presse avant qu’il soit à l’écran.« Contrairement à ce que l’on dit, je ne cherche pas le clash », affirme Laurent Ruquier qui, après l’émission, a déclaré qu’il n’inviterait plus la journaliste « en raison de ses mensonges ». « On ne décide pas à l’avance pour savoir s’il y aura un accrochage. L’émission est enregistrée dans les conditions du direct et il y a ensuite un léger montage. Mais nous gardons presque tout. Comme dans la vie, je ne triche pas et j’ai surtout horreur de l’hypocrisie », poursuit-il.« Nous avons une liberté totale de parole et aucune de nos interventions n’est préparée ou décidée pour provoquer un clash », confirme Léa Salamé qui a rejoint la table des chroniqueurs au début de cette saison. « Je suis avant tout journaliste et non pas polémiste. Chacun dit ce qu’il pense dans la plus grande sincérité », poursuit-elle.« Un artisan qui aime le travail bien fait »Un point de vue partagé par la journaliste Audrey Pulvar, ancienne chroniqueuse de l’émission. « C’est une émission où l’on peut dire des choses librement et l’un des rares espaces de la télévision où il y a encore la possibilité de faire une longue interview politique », dit-elle en saluant le professionnalisme de Laurent Ruquier « un sacré bosseur, curieux et cultivé ».« Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues », insiste Catherine Barma qui fut à l’origine de la venue d’Eric Zemmour sur le plateau pendant cinq ans. « Je suis en total désaccord avec les idées de Zemmour, mais il a droit à la parole même si, comme je l’ai dit, je regrette d’avoir participé à la banalisation de ces idées-là. Je préfère que les journalistes aient un point de vue politique mais pas militant », affirme Laurent Ruquier.L’avenir ? « Entre la radio, la télévision et le théâtre, je n’ai pas le temps de m’ennuyer et je compte bien que ça continue le plus longtemps possible », dit-il avant d’ajouter : « Je reste avant tout un artisan qui aime le travail bien fait. A la radio, je m’amuse, à la télé, je me promène et au théâtre, je m’éclate. »Lire aussi :Aymeric Caron en finit aves les débats « saignants »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous A la télévision, protéger une idée ou un concept demeure un parcours du combattant.Le 18 mai, France 3 diffusait le premier numéro d’une émission musicale : « La Vie secrète des chansons ». Quelques jours avant, Fabien Lecœuvre, agent artistique, avait accusé la chaîne de lui avoir volé le concept qu’il avait proposé plusieurs mois auparavant et qu’il s’était vu… refuser. Une accusation démentie par France 3, qui a alors menacé d’attaquer Fabien Lecœuvre en diffamation.Ce genre de polémique est courant dans le monde de l’audiovisuel où « souvent, quand tu as des idées, tu te les fais piquer », expliquele producteur Alexandre Amiel, avant de conclure « c’est la vie de la télé ».Tenter de se préserver contre une culture du copier-coller dans un monde où tout le monde s’inspire de tout le monde : telle est la véritable difficulté que rencontrent en permanence les producteurs. « Une idée ne peut pas être protégée, le mécanisme de l’émission peut l’être », souligne Thierry Ardisson. Exemple : un format dans lequel des participants doivent trouver le titre de chansons (le fameux « blind-test ») ne peut être protégé, car pas assez formalisé. En revanche, si ce jeu s’appuie sur une narration singulière, une lumière spécifique, un décor identifié, un animateur précis… alors, il s’agit là d’un format en mesure d’être protégé.DissuasionPour ce faire, il suffit d’effectuer un dépôt (sous forme de courrier) aux organismes qui gèrent les droits d’auteurs comme la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), la Société civile des auteurs multimedia (SCAM), la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) ou encore l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Première exigence de cette démarche : être le plus précis possible dans la description du projet audiovisuel (scénario, sketch, générique, musique, synopsis de documentaire, un format).« Ce qui est peut être protégé, c’est la forme pas le fond, souligne Nicolas Mazars, juriste à la SCAM. Mais undépôt ne préserve pas de la malhonnêteté, comme une alarme sur votre voiture n’empêchera pas le vol. C’est dissuasif, mais il y a d’autres précautions à prendre. » Notamment savoir parler du concept tout en gardant une certaine confidentialité – ne pas l’ébruiter – ainsi que les traces écrites des différents échanges qu’il a entraînés… Pour autant, ces précautions ne sont pas totalement suffisantes. La création de l’œuvre doit être « originale et empreinte de la personnalité de son auteur, précise Xavier Près, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle. C’est très subjectif comme termes. »Ainsi, en cas de litige, le dépôt pourra démontrer l’antériorité du projet. « Mais le seul moyen d’être protégé, c’est de saisir les juges, eux seuls pourront déterminer s’il y a contrefaçon (terme juridique du plagiat) », note Hubert Tilliet, directeur des affaires juridiques de la SACD. Et comme dans le jeu des sept erreurs, les juges devront trouver les différences et les ressemblances entre les deux « œuvres ».Les producteurs ont presque tous le réflexe de déposer leurs idées de concept. Le coût s’élève d’une centaine d’euros à plus de 12 000 euros si l’on choisit de protéger son format dans plusieurs pays du monde. Ce que fait par exemple Thierry Ardisson, qui n’hésite pas à déposer à l’INPI une dizaine de noms par an. En 2008, il avait vendu le nom « XXI » aux fondateurs d’une future revue de grands reportages dirigée par Patrick Saint-Exupéry.Une solution inattendueLes procès pour contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme font « souvent l’actualité judiciaire », assure l’avocat Xavier Près. Endemol avait attaqué Alexia Laroche-Joubert, incriminant la productrice d’avoir « copié » dans son émission « Dilemme » les formats de « Loft Story » et de « Secret Story ». Une accusation qui a valu à la société de production d’être définitivement déboutée en 2013. Si les affaires de ce type ne manquent pas, elles trouvent parfois, grâce à de petits arrangements, une issue moins radicale. Comme ce fut le cas pour le conflit qui, en janvier 2003, opposa France 2 et M6 qui, toutes deux, avaient dans leur soute un jeu portant sur le code de la route que, chacune, voulait évidemment diffuser la première. Et c’est une solution pour le moins inattendue qui permit de sortir de ce dilemme : l’ordre de programmation se déciderait par… tirage au sort. Résultat : dans un bureau d’avocats, une main innocente tira France 2, qui put ainsi dégainer son jeu avant M6.Si entre eux, les producteurs ne se font aucun cadeau, il en va autrement avec les diffuseurs, plus difficiles à attaquer. Pourtant, les anecdotes ne manquent pas qui mettent au jour le comportement peu honnête de quelques rares chaînes historiques à l’égard des producteurs.« On commence à raconter notre concept à un responsable des programmes, puis en plein milieu de la conversation, il nous dit : “Ah, je t’arrête tout de suite, nous sommes en train de travailler sur le même genre d’émission, on va la faire en interne.” On comprend alors qu’on est en train de se faire piquer l’idée ; mais que faire, à part se fâcher avec la chaîne ? », raconte l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Délicat, en effet, pour les producteurs de se mettre définitivement à dos leurs clients. Car, comme le dit Ardisson : « On ne mord pas la main qui nourrit. »Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le29.05.2015 à 16h51 Le tribunal correctionnel d’Annecy (Haute-Savoie) a condamné, vendredi 29 mai, le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud, et son journaliste Dominique Rizet à payer des amendes de 10 000 euros chacun. Une peine prononcée pour avoir diffusé à l’antenne des photos de la tuerie de Chevaline. Egalement poursuivi pour avoir publié ces clichés, le directeur de la publication du Parisien, Jean Hornain, a été relaxé.M. Béroud et M. Rizet ont été reconnus coupables de recel de violation du secret de l’instruction. Ils ont en revanche été relaxés des délits d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre et de reproduction illicite d’une scène de crime.Les trois clichés incriminés montraient la famille au complet avant la fusillade et des scènes du crime de la tuerie de Chevaline. On y voyait la voiture des victimes et le corps de Sylvain Mollier, probable victime collatérale lors du quadruple meurtre.Diffusées en exclusivité à l’antenne de la première chaîne d’infos de France, les photos furent présentées et commentées par Dominique Rizet. Une plainte avait alors été déposée par les avocats de la famille de Sylvain Mollier.Lire : Tuerie de chevaline : une plainte déposée contre BFM-TVLe 5 septembre 2012, Saad Al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d’origine irakienne, sa femme, âgée 47 ans, et sa belle-mère, âgée de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.L’une des fillettes du couple Al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s’en était miraculeusement sortie indemne. Sylvain Mollier, lui, avait été abattu de plusieurs balles. 29.05.2015 à 03h27 • Mis à jour le29.05.2015 à 09h42 | Benoît Hopquin Scène de genre politico-médiatique, jeudi 28 mai, devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, chargée de la presse. Branle-bas même, de par la qualité des protagonistes. Etait étudiée devant les juges la plainte de François Fillon, ancien premier ministre, contre Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée, contre le journal Le Monde et lemonde.fr, contre les éditions Stock et contre deux journalistes de renom, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. François Fillon est présent à l’audience. Jean-Pierre Jouyet est en revanche absent, même s’il va être le personnage central de débats qui dureront plus de dix heures.Lire aussi notre décryptage : Tout comprendre à l'affaire Jouyet-FillonDans un long mais indispensable préambule, la présidente de la cour, Fabienne Siredey-Garnier, tente de camper les faits ou plutôt leur impossible entrelacs. Dans un livre, « Sarko s’est tuer », puis dans une série d’articles parus en novembre 2014, les deux journalistes évoquaient un déjeuner qui s’est tenu le 24 juin, entre Jean-Pierre Jouyet et François Fillon. Les deux hommes entretenaient des relations de proximité, M. Jouyet ayant été deux ans ministre des affaires européennes dans le gouvernement Fillon. Selon les deux journalistes, au cours de ce repas, il aura été question des affaires qui commençaient à éclore autour de l’UMP, et de l’une d’entre elles, plus particulièrement : le remboursement par l’UMP des dépassements de dépenses survenues lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. La magistrate rappelle le contexte de concurrence politique entre MM. Sarkozy et Fillon au sein de l’UMP, le tohu-bohu que provoqua la révélation du contenu de cette rencontre Fillon-Jouyet, le sentiment que l’ancien premier ministre tentait d’enfoncer son rival, le trahissait même.Fillon dénonce une « farce »Mme Siredey-Garnier lit ensuite le décryptage des dix minutes de conversation enregistrée par les deux journalistes lors de leur rencontre avec M. Jouyet, le 20 septembre 2014. Sans fioritures ni précautions oratoires, Jean-Pierre Jouyet y affirme que François Fillon lui aurait demandé de faire accélérer les procédures contre Nicolas Sarkozy, de « taper vite », de lui « casser les pattes » alors qu’était annoncé le retour de l’ancien président de la République dans la vie politique. La présidente évoque les démentis formels de M. Fillon qui ont suivi, les revirements de M. Jouyet qui dément à demi-mot puis confirme à demi-mot les propos. Elle tente de résumer les divergences entre les versions de cet épisode. En fait, elles différent en tout. Il n’est qu’une chose reconnue par tous : le déjeuner a bien eu lieu.Pendant cet exposé, François Fillon est resté marmoréen, le menton légèrement relevé, les joues parfois traversé de rougeurs agacées. Puis il prend la parole et lit une déclaration écrite sur une feuille blanche qu’il tient d’une main tremblante d’émotion. Il rappelle que c’est la première fois qu’il s’exprime ainsi, à la barre d’un prétoire. « Je ne peux supporter la manœuvre visant à salir mon honneur dont je suis victime. Je n’accepte pas une telle salissure ». Il réfute « l’attitude abjecte » qui lui a été prêtée. Il donne en gage « toute sa vie politique » : « Je n’ai jamais été mêlé à une affaire. Je n’ai jamais fait pression ou tenté de faire pression sur l’appareil judiciaire. Jamais je n’aurais pu solliciter une intervention contre le président de la République que j’ai accepté de servir malgré nos différences ». Il dénonce ensuite une « farce » : « J’aurais été remettre mon destin et mon honneur dans les mains de mes adversaires politiques ». Et de conclure : « Je n’accepte pas la victoire du mensonge et du calcul ».Après ce préambule, interrogé, relancé par la présidente sur les propos qui lui sont prêtés dans les enregistrements de Jean-Pierre Jouyet, François Fillon n’a qu’une réponse : « Ils sont inventés », trois fois il le répète. Il insiste : « Je n’ai jamais évoqué les affaires en cours dans ma famille politique ». Avant enfin de livrer le fond de sa pensée. « Je ne peux pas ne pas y voir le fait qu’il [Jean-Pierre Jouyet] était en service commandé. Ce n’est pas quelqu’un de maladroit ou qui n’aurait pas réfléchi à ce qu’il faisait ». Il se montre plus direct encore en évoquant « une affaire d’Etat », « une opération montée avec deux objectifs : me décrédibiliser et semer la zizanie dans ma famille politique ». La ligne de François Fillon et de ses avocats est tracée pour la journée, celle du complot visant à le détruire politiquement.« Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos »Il y avait un troisième protagoniste du déjeuner : Antoine Gosset-Grainville, qui joua les intermédiaires entre les deux hommes, organisa la rencontre, fort de ses bonnes relations avec l’un et l’autre. Le voilà justement qui est appelé à la barre comme témoin, celui qui paya l’addition de ce déjeuner chez Ledoyen. La voix est suave, les mots pesés au trébuchet mais catégoriques. « Aucun des propos que vous évoquez n’ont été tenus ». Le repas n’a porté que sur l’Europe, sur l’éventualité d’une candidature de Fillon à la tête d’une instance européenne : la rencontre devait sonder l’attitude qu’aurait l’Elysée dans une telle hypothèse.Les avocats de la défense lui font remarquer qu’à d’autres moments, il a affirmé qu’il n’y avait pas d’ordre du jour. Il s’enferre un peu, revient à l’essentiel : « le sujet des affaires n’a pas été évoqué », insiste-t-il encore, une fois, deux fois, trois fois. Plus hésitantes sont ses réponses quand on lui demande pourquoi Jean-Pierre Jouyet aurait affabulé devant les journalistes. « Il invente ? », insiste deux fois la présidente. Chaque fois, le témoin use de périphrases pour ne pas répondre. « Mensonge par omission », conclut un des avocats des journalistes, François Saint-Pierre. « Cela ne correspond pas à ce qui a été dit au déjeuner », dit une dernière fois le témoin avant de se retirer.L’audience tourne alors à une longue bataille de dates, calendrier contre calendrier. François Fillon assure n’avoir connu l’existence d’un risque pénal, lié au remboursement par l’UMP de dépenses qui incombaient au candidat Sarkozy, qu’après le déjeuner du 24 juin. Comment, alors, aurait-il pu en parler à ce déjeuner ? Les journalistes et leurs avocats tentent de démontrer que les menaces pénales étaient connues à l’UMP dès le 20 juin, donc avant le fameux déjeuner.Rappelés à la barre, les deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, nommés interlocuteur 1 et interlocuteur 3 sur les transcriptions du 20 septembre, défendent le sérieux de leur travail journalistique. Le matin, ils avaient déjà expliqué avoir vérifié l’information, multiplié les sources, quatre selon leur décompte, à l’UMP ou à l’Elysée. Ils ont par ailleurs envoyé à François Fillon des SMS, cinq au total, demandant des entretiens qu’ils n’eurent jamais. Ces SMS évoquant les affaires financières n’étaient pas assez explicites, ont rétorqué les avocats de la partie civile et François Fillon. « S’ils m’avaient précisé le sujet, j’aurais accepté. A aucun moment, les auteurs de ce livre m’ont contacté sur le déjeuner et les propos que j’y ai tenus ».Gérard Davet et Fabrice Lhomme se défendent d’avoir brisé le off et fait état d’une conversation qui n’avait vocation à être publiée, comme le leur a reproché Jean Veil, avocat de M. Jouyet. Ils détaillent les conditions de l’entretien, le 20 septembre, estimant notamment que la présence de deux téléphones en mode enregistreur ne pouvait être ignorée de leur interlocuteur. Ils expliquent comment cet entretien était passé par l’intermédiaire tout ce qu’il y a de plus officiel du service de presse. Les deux journalistes ont ensuite rappelé M. Jouyet pour les prévenir de la parution de cette histoire de déjeuner dans le livre, sans que M. Jouyet ne trouve à redire. « Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos. Je n’ai aucun regret », estime Fabrice Lhomme, ajoutant : « Je n’ai jamais violé de off ». « On a avancé en toute transparence », assure Gérard Davet.Lire aussi l'analyse (en édition abonnés) :Jean-Pierre Jouyet, l’ami qui parle tropJugement mis en délibéré au 9 juilletPuis sont enfin diffusées dans la salle les quelque dix minutes de la conversation entre M. Jouyet et les deux journalistes, largement à bâtons rompus. François Fillon écoute les propos du secrétaire général. Qu’a-t-il pu penser à cet instant, en entendant crûment Jean-Pierre Jouyet, un homme en qui il avait confiance, un ami sans doute, parler aussi crûment d’un rendez-vous censé être discret, voire secret ? M. Fillon rejoint-il à cet instant les pensées de son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, qui n’a pas hésité à comparer ce qu’il a entendu aux délateurs des années noires. « C’est glaçant », a estimé l’avocat. Pour ce dernier, il n’y a qu’une hypothèse plausible : « C’est une manipulation politique. On met le cataclysme à l’UMP. Ce qui n’était pas prévu, c’est que MM Davet et Lhomme décident de fracasser leurs sources ». « C’est une affaire d’Etat », poursuit-il, en donnant le nom de l’instigateur supposé : François Hollande. Puis Orly Rezlan, également avocate de M. Fillon, a attaqué le travail des journalistes du Monde, dénoncé leur « recherche du sensationnel ». « Ils n’ont réalisé aucune enquête », a-t-elle insisté. Plus tard : « Ils ont exécuté François Fillon avec une insoutenable légèreté ».La procureure Annabelle Philippe n’a retiré des débats qu’une seule certitude : « On ne sait pas ce qui s’est passé lors de ce déjeuner et on ne le saura jamais ». A ses yeux, même l’enregistrement fourni ne permet pas de savoir formellement ce qui s’est dit entre les deux hommes. Cela reste et restera parole contre parole. « J’ai du mal à qualifier l’enquête [des deux journalistes] de très sérieuse au regard des exigences de la jurisprudence », assure-t-elle. Mais la procureure estime que l’intérêt général de leur travail est évident tout comme leur bonne foi. Elle a donc requis « de ne pas retenir de responsabilités » pénales contre eux et contre Jean-Pierre Jouyet. Jean Veil, très discret toute la journée, a plaidé « la naïveté, la franchise et la transparence » de ce dernier. Appelé comme complice de la diffamation, il serait plutôt, aux yeux de son conseil, victime du « harcèlement et de la légèreté des journalistes », le plaçant « dans une situation extraordinairement déplaisante ».Premier défendeur des journalistes, Christophe Bigot a estimé que ceux-ci n’ont pas diffamé. Ils n’ont fait que décrire les mœurs politiques, telles qu’on les connaît. « François Fillon vient chercher un brevet de vertu devant la cour ». Marie Burguburu est allée plus loin dans cette démonstration. « Il n’y a procès que parce que les faits sont vrais et révélés de manière précise ». Pour l’avocate, François Fillon ne pouvait que réagir à ce dévoilement cru des manières politiques. « Politiquement, il était en danger. » François Saint-Pierre a enfoncé le clou. « S’il a voulu ce procès, c’est pour se justifier vis-à-vis des siens. C’était le moyen nécessaire pour lui de répondre aux accusations de son propre parti ». Mais, à ce moment, François Fillon a déjà quitté la salle. Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 9 juillet.Lire notre enquête : Fillon a sollicité l'Elysée pour accélérer les poursuites judiciaires contre SarkozyBenoît HopquinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.06.2015 à 14h17 • Mis à jour le04.06.2015 à 14h42 L'ancienne présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, poussée à la démission, fin avril, après avoir été épinglée pour ses frais de taxi, est également suspectée d'avoir fait usage de taxis pour des motifs « non exclusivement professionnels » sur un précédent poste, a indiqué, jeudi 4 juin, le parquet de Créteil.Des pièces transmises à la justice par le ministère de la culture « révèlent des présomptions d'usage non exclusivement professionnel de taxis par l'ex-présidente de l'INA durant la période » où elle était directrice générale du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), entre 2007 et 2014, souligne le parquet dans un communiqué. « Ce volet fera l'objet d'une transmission au parquet de Paris, compétent territorialement », ajoute-t-il, sans autres précisions.Le ministère de la culture a également apporté au parquet des « pièces nouvelles » concernant des « frais de taxis indus » engagés par Mme Saal lorsqu'elle était à la tête de l'INA, entre mai 2014 et avril 2015.Lire aussi :Une enquête préliminaire ouverte sur les notes de taxi de l’ancienne patronne de l’INAEnquête préliminaire pour « détournements de fonds publics aggravés »Ces éléments « viennent compléter » une enquête préliminaire ouverte le 20 mai pour « détournements de fonds publics aggravés », a-t-il précisé. L'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l'INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », avait indiqué mardi le parquet.Cette note « reprend un certain nombre d'informations, selon lesquelles certaines factures de taxi de Mme Saal correspondent aux frais d'un tiers, en l'occurrence son fils, et à des dépenses engagées hors des jours de travail ».Une enquête administrative sur Agnès Saal – sans lien avec l'enquête préliminaire – est également en cours, dont le résultat devrait être connu dans les prochains jours.L'intéressée, âgée de 57 ans, a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats, Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, qu'elle avait remboursé 15 940 euros de frais de déplacements, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».Les deux avocats font par ailleurs valoir que l'ensemble des frais de taxis de leur cliente « sont inférieurs au montant des moyens qui [lui] étaient proposés », à savoir un second chauffeur, dont « le coût annuel […] aurait été de 62 000 euros » hors frais liés à l'usage de la voiture.Lire aussi :Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme » Alexis Delcambre Les affaires ne sont pas closes pour Mathieu Gallet. Certes, le PDG de Radio France avait vu s’éteindre, en avril, la polémique liée à la rénovation de son bureau, après un rapport clément de l’Inspection générale des finances (IGF). Mais un autre dossier a pris, mardi 2 juin, un tour judiciaire. Le parquet de Créteil a en effet ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » par M. Gallet, lorsqu’il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).Cette affaire a commencé le 1er avril, quand Le Canard enchaîné a raconté comment M. Gallet avait engagé six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, qui imposent que les contrats de plus de 90 000 euros fassent l’objet d’un appel d’offres. Or le non-respect des règles d’attribution des marchés publics peut être constitutif du délit de favoritisme, potentiellement puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.« Irrégularités »Dans un communiqué, Mathieu Gallet avait alors assuré que ces contrats avaient « fait l’objet de procédures de mise en concurrence, conformément à la législation applicable et aux règles internes de l’Institut ». Il en avait appelé à sa successeure, Agnès Saal – qui a depuis quitté ses fonctions –, en demandant à « l’INA, qui dispose de tous les éléments à ce sujet, de bien vouloir apporter le démenti le plus ferme à ces allégations ».Cela n’a pas été fait. Bien au contraire : le ministère de la culture a enquêté et transmis au parquet une « série d’éléments (…) susceptibles d’être irréguliers ». Selon nos informations, ces éléments recoupent ceux déjà publiés par Le Canard enchaîné et d’autres révélés par une note du Contrôle général économique et financier (CGEFI), un service de Bercy, datée du 10 avril, et pointant des « dysfonctionnements et irrégularités ».Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, présidée par Denis Pingaud. Toujours présent aux côtés de M. Gallet, et rémunéré par Radio France (90 000 euros par an), M. Pingaud conseille aussi désormais Delphine Ernotte, la future présidente de France Télévisions. « Il la conseille à titre amical et bénévole, parmi d'autres qu'elle écoute, a indiqué, jeudi, l’entourage de M. Pingaud. Il n'est pas rémunéré. » De fait, Mme Ernotte ne prendra ses fonctions dans l’entreprise publique que le 23 août.Voilà donc Mathieu Gallet de nouveau fragilisé, quelques semaines après avoir subi la plus longue grève de l’histoire de Radio France. Le PDG avait réussi à se maintenir à la tête de l’entreprise publique, non sans accepter la présence d’un médiateur nommé par la ministre de la culture, Fleur Pellerin.Que le ministère de la culture ait lui-même procédé à un signalement au parquet montre que le gouvernement entend se montrer intransigeant sur le comportement des dirigeants publics, dans la foulée de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal. Celle-ci fait également l’objet d’une enquête préliminaire à Créteil, pour « détournement de fonds publics », ainsi que d’une enquête interne au ministère de la culture, qui devrait déboucher sur une procédure disciplinaire.Ce n’est peut-être pas tout, puisque le ministère a également ausculté les dépenses d’Agnès Saal lorsqu’elle était directrice générale du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Or les éléments rassemblés « révèlent des présomptions d’usage non exclusivement professionnel de taxis », selon le parquet de Créteil, qui les transmettra « au parquet de Paris, compétent territorialement ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 09h36 • Mis à jour le03.06.2015 à 15h48 | Alexis Delcambre Il faut aborder le secteur de l’information comme un « écosystème » qui dépasse les catégories issues de l’univers imprimé : telle est la recommandation du sociologue Jean-Marie Charon, auteur d’un rapport intitulé « Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème », remis à la ministre de la culture, Fleur Pellerin, mardi 2 juin.L’objet de ce rapport était de proposer un état des lieux du secteur pour permettre aux acteurs politiques de mieux cibler leurs interventions. Les fameuses aides publiques aux entreprises de presse, qui représentent 820 millions d’euros annuels, sont régulièrement accusées d’encourager des modèles établis ou en perte de vitesse plutôt que de favoriser l’innovation.En regard, le Fonds Google (16,1 millions d’euros) a apporté l’exemple d’une aide focalisée sur les nouveaux projets. « L’intervention de l’Etat doit donner toute sa place au binôme innovation-expérimentation », recommande donc M. Charon.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaisePriorité au pluralismeLa remise de ce rapport a été pour Fleur Pellerin l’occasion de clarifier les évolutions des aides à la presse, mais aussi de rappeler que la première préoccupation de l’Etat reste le pluralisme.Dans le contexte de l’après-Charlie, marqué par une attention accrue aux lieux du débat public, plusieurs dizaines de titres généralistes (hebdomadaires, mensuels, trimestriels…) vont désormais toucher des aides directes, jusqu’ici réservées aux quotidiens.Lire aussi le décryptage : Aides à la presse : qui touche le plus ?Ces aides directes s’élèveront dès cette année à 135 millions d’euros, contre 130 millions précédemment. En contrepartie, Mme Pellerin souhaite les conditionner à des critères éthiques ou déontologiques, aux bonnes pratiques sociales ou au respect de la diversité et de la parité.Quant aux aides indirectes (taux « super-réduit » de TVA et tarifs postaux avantageux), elles seront désormais plus sélectives. Seule la presse d’information politique et générale, ainsi que la presse « de la connaissance et du savoir », continueront de bénéficier des aides postales (130 millions d’euros annuels actuellement). La presse de loisir et de divertissement devra s’en passer.Aider les médias en créationLes détails de cette réforme des aides postales ne sont pas encore connus, puisque la ministre a lancé des missions qui seront achevées cet été. Mais le ministère compte sur ce resserrement pour dégager de quoi accompagner l’innovation.Il s’agirait de renforcer le Fonds stratégique pour le développement de la presse (en l’ouvrant davantage à des acteurs modestes), mais aussi de créer un fonds d’accompagnement à la création de nouveaux médias.Enfin, Mme Pellerin souhaite favoriser la création d’incubateurs qui, comme le suggère M. Charon, « accueillent les “pure players” d’information, les labs des entreprises de presse, ainsi que les start-up contribuant à la production d’information ».M. Charon propose aussi des formules de « start-up en résidence », où une entreprise éditrice accueillerait une start-up le temps de faire aboutir conjointement un projet innovant, avec une aide de l’Etat.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Qui n’a pas pesté devant son poste en regrettant qu’il n’y ait « rien à la télé ce soir » ? Qui ne s’est pas senti perdu dans l’offre pléthorique de programmes pour finir par sélectionner une émission au hasard ? Pour aider le téléspectateur à s’y retrouver, France Télévisions a lancé mardi 2 juin Zoom, une application gratuite destinée à ceux qui « aiment la télé, mais vivent la diffusion linéaire comme une contrainte » ; ces téléspectateurs « qui n’ont pas le temps de tout regarder, qui ont du mal à choisir parmi les centaines de chaînes et les millions de vidéos, et qui ne veulent que le meilleur ».Des playlists thématiquesEn tapotant sur l’écran de son smartphone l’utilisateur peut indiquer ses centres d’intérêt (info, sport, culture, art de vivre, jeux…), puis composer ce qui ressemble au programme de sa « chaîne idéale » avec les émissions vedettes du service public (« Le plus grand cabaret du monde », « Des racines et des ailes », « C dans l’air »…). Il peut aussi préciser celles qu’il « ne veut surtout pas voir ». On lui propose ensuite une liste de « playlists » thématique. Grâce à un algorithme, cette sélection s’affine au fur et à mesure de ses visionnages. Il peut « aider » le programme de calcul en marquant les vidéos qu’il aime et celle qu’il n’aime pas. Le mobinaute peut aussi indiquer le temps dont il dispose pour visionner des vidéos. L’offre proposée s’adapte à ce temps disponible.« Le temps de la recommandation »L’application Zoom est née de deux convictions a indiqué Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions : « C’est le temps du mobile et c’est le temps de la recommandation. » Téléchargeable dans un premier temps uniquement sur les iPhone (la version pour les smartphones Android est prévue pour la fin de l’année), cette application s’adresse en priorité aux plus jeunes qui consomment différemment la télévision. « C’est dans notre mission de permettre d’offrir nos contenus à tous les citoyens quels que soient les écrans », a insisté Rémy Pfimlin, président de France Télévisions jusqu’à la fin août.Bientôt un mode hors connexionLa mise au point de cette application a mobilisé 25 personnes depuis janvier 2014. Au total, le groupe aura investi 1,4 million d’euros pour la développer. De nouvelles fonctionnalités comme le mode hors connexion, permettant de visionner des vidéos même sans accès à l’Internet. Une version adaptée aux ordinateurs devrait être disponible à l’automne, l’application sera ensuite optimisée pour les tablettes.Lire aussi :France Télévisions : les premiers pas de Delphine ErnotteJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 19h59 • Mis à jour le02.06.2015 à 16h55 | Alexis Delcambre « Il est à peine imaginable que Têtu puisse disparaître et pourtant, jamais le risque n’a été aussi grand. » Lundi 1er juin, la direction du magazine gay a mis en ligne un communiqué annonçant le placement de l’entreprise en redressement judiciaire, vingt ans après sa création.En cause : la situation financière du titre, propriété depuis 2013 de l’homme d’affaires Jean-Jacques Augier. Le 28 mai, la société éditrice du magazine s’était déclarée en cessation de paiement. Selon M. Augier, les pertes ont atteint 1,1 million d’euros en 2014 et devraient s’élever à 500 000 euros en 2015.Paradoxalement, elles sont moins conséquentes que celles subies avant 2013 (plus de 2 millions d’euros annuels environ). Mais celles-ci étaient alors régulièrement épongées par Pierre Bergé, le précédent propriétaire de Têtu (et actuel co-actionnaire du Monde).Restructuration lourdeLors de la cession du titre en 2013 pour un euro symbolique, M. Bergé avait laissé une trésorerie de 2,4 millions d’euros. Selon M. Augier, celle-ci a été consumée dès 2013, année où les pertes ont été de 2,35 millions d’euros.Depuis deux ans, le titre a été lourdement restructuré. Une vingtaine de postes, soit plus de la moitié des effectifs, ont été supprimés, et le journal ne compte plus que dix salariés. Les frais, eux, ont été réduits de 60 %.Ces efforts n’ont pas été accompagnés d’un réel développement de l’activité. La diffusion du magazine, qui était de près de 36 000 exemplaires en 2012, est tombée à environ 28 000 en 2014. Le nouveau Têtu, recentré, assagi et lifestyle, peine à renouveler son public même si les abonnements (8 900), ont progressé.Des relations difficiles avec les agences publicitairesSur le Web, le site Tetu.com (450 000 visiteurs uniques) affronte la concurrence sévère de sites communautaires comme Yagg, fondé par des anciens de Têtu, avec lequel un partenariat avait un temps été noué. Et en matière de développement, il a lancé une application de rencontres, So Têtu (10 000 téléchargements), qui peine à exister sur un créneau déjà largement occupé, notamment par Grindr.Mais pour M. Augier, la difficulté principale est la relation avec les agences publicitaires. « Elles nous étranglent, affirme-t-il. Nous avons une cible qui consomme, qui plaît aux annonceurs, nos pages reçoivent de la publicité, mais nous peinons à maintenir nos tarifs et à obtenir les paiements. »Un rapport du faible au fort auquel la réponse est, à ses yeux, de rompre l’isolement du magazine : « La survie de ce titre emblématique du paysage éditorial français passe par le rapprochement avec un groupe de presse, seul à même de donner au titre un poids suffisant face aux agences de publicité », énonce le communiqué publié lundi.Appel du piedL’appel du pied est clair : « Le tribunal de commerce nous a donné lundi quatre mois pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre, selon M. Augier. Si au bout de quatre mois nous n’avons pas trouvé de repreneur, le tribunal prononcera la liquidation. » En 2013, trois investisseurs avaient été candidats à la reprise du titre, dont le banquier d’affaires Matthieu Pigasse (actionnaire du Monde et propriétaire des Inrockuptibles). C’est finalement M. Augier qui l’avait emporté – un ancien énarque de la promotion Voltaire, la même que François Hollande, et trésorier de la campagne de l’actuel président en 2012.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.06.2015 à 11h07 • Mis à jour le01.06.2015 à 17h28 | Alexandre Piquard « Nous sommes aujourd’hui au cœur d’une période dite “de tuilage”. C’est en bonne intelligence avec Rémy Pflimlin qu’elle se déroule. Je ne souhaite interférer dans aucun de ses choix au quotidien. » Pour son premier acte de communication, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a envoyé lundi 1er juin un e-mail au comité exécutif. Elle y définit l’entre-deux imaginé par le législateur pour préparer l’arrivée du futur président : nommée le 23 avril par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’ex-dirigeante d’Orange France n’entrera en fonction que le 22 août, cinq mois plus tard.« Imaginez qu’on ne vous garde pas, mais qu’on vous demande de conseiller votre successeur, qui vous regarde travailler », ironise Eric Vial, syndicaliste Force ouvrière, à propos de M. Pflimlin, qui estime, lui, que le tuilage se passe bien. « Dans d’autres entreprises, il y a une transition : l’ancienne équipe conseille mais la nouvelle est en fonction, raconte un cadre. L’ambiance est un peu surréaliste. On doit continuer à travailler normalement mais des interlocuteurs extérieurs, dans des négociations, jouent sur l’arrivée de la nouvelle équipe. Et on lit des rumeurs dans la presse sur le départ des uns ou l’arrivée d’autres. » Lire aussi :Une « cheffe » d’entreprise ne fait pas le printempsDépart de Thierry ThuillierLe cas qui a fait couler le plus d’encre est celui de Thierry Thuillier, le directeur de l’information et directeur de France 2, qui a confirmé, lundi, rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion.A en croire nombre d’échos de presse, M. Thuillier était vu comme penchant à droite par certains dans l’exécutif et indésirable de ce fait, à deux ans de la présidentielle. Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec l’exécutif étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Dans l’entourage de Mme Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de se passer de M. Thuillier, que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.Pour lui succéder plusieurs noms circulent en interne : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef du service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest, ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier, il se « poserait la question » de son avenir.Rassurer les salariésConsciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Mme Ernotte ne pourra pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut pas en principe négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants.Pour la nouvelle présidente, la résolution du cas Thuillier clarifie l’enjeu de la composition de son équipe, qui doit comporter un directeur de la stratégie et des programmes, mais aussi – selon le projet présenté au CSA – des patrons de chaînes plus forts et autonomes qu’aujourd’hui.Mme Ernotte consulte largement en interne et en externe et a notamment rencontré Bibiane Godfroid, ex-directrice des programmes de M6. « Ses choix seront scrutés car elle ne connaît pas la télévision. Son équipe importe donc », explique une cadre.Seconde phase du tuilageMme Ernotte veut entrer aujourd’hui dans une seconde phase du tuilage : « Je vous remercie de me remettre, d’ici le vendredi 5 juin, un document écrit portant sur les dossiers sous votre responsabilité, écrit-elle au comité exécutif.Depuis un mois, la future présidente dispose – comme ses prédécesseurs – de deux bureaux et d’une salle de réunion au Ponant, un immeuble situé à 200 mètres du siège de France Télévisions.Elle y est entourée de son assistante et de son directeur de cabinet, Stéphane Sitbon-Gomez, ancien bras droit de l’écologiste Cécile Duflot, ainsi que le consultant en stratégie et communication Denis Pingaud, qui reste président de sa société Balises (et conseille également le président de Radio France, Mathieu Gallet).Lire aussi :Le bras droit de Duflot rejoint l’équipe de Delphine Ernotte à France TélévisionsA la rencontre des dirigeantsJusqu’ici, Mme Ernotte a rencontré une vingtaine de dirigeants de l’entreprise, par ordre de hiérarchie. « Elle cherchait à faire connaissance, posait surtout des questions et était très à l’écoute », raconte un cadre.Lors de ces entretiens, la nouvelle présidente s’est montrée ouverte sur son projet remis au CSA, qui en interne avait suscité des inquiétudes parce qu’il faisait de France 2 une chaîne du flux, et de France 3, une chaîne de la création. Les grilles de rentrée ont été faites par l’équipe de M. Pflimlin, qui explique qu’il y aura peu de changements majeurs.« La constitution des grilles et le tuilage se passent bien parce que nos résultats sont bons, notamment sur France 2, grâce à l’information et la fiction », souligne-t-on dans l’équipe du président sortant. Le 2 juin, une « nouvelle offre numérique » sera annoncée par Bruno Patino, directeur des programmes et du numérique.Lire aussi :La création numérique, une priorité pour le service public audiovisuelM. Pflimlin a donné la consigne d’informer Mme Ernotte des dossiers pouvant engager l’entreprise à moyen terme. Celle-ci a ainsi été consultée sur une négociation de droits sportifs ou sur la pénibilité du travail. Plusieurs discussions de dialogue social se poursuivent en effet, avec l’actuel directeur des ressources humaines Patrice Papet, qui avance un bilan de 650 postes réduits sous le mandat de M. Pflimlin à France Télévisions, « passée sous la barre des 10 000 salariés ».Côté financier, la régie publicitaire se réjouit d’un très bon premier trimestre, même si depuis, le repli des parrainages à l’antenne entraîne à fin mai un retard de 5 millions d’euros environ sur l’objectif publicitaire de 2015.Les syndicats en campagnePour les syndicats, la période de tuilage n’est pas un long fleuve tranquille. Les élections syndicales qui auront lieu dans quelques semaines au siège ont été l’occasion de tensions, le syndicat minoritaire et franc-tireur SNPCA-CGC ayant insinué que la CGT avait soutenu Mme Ernotte.Appuyé par FO sur ce point, Marc Chauvelot, délégué de la CGT, a démenti et rappelé que les syndicats avaient reçu pendant la campagne un grand nombre de candidats à la présidence. L’élu préfère insister sur une revendication syndicale de longue date – qu’il souhaite faire traduire dans une charte avant l’été : le recours prioritaire à la production interne plutôt qu’à des sociétés extérieures.« Ce sera une façon de commencer à discuter avec Mme Ernotte », dit-il, alors que la présidente va rencontrer les organisations syndicales courant juin. Mme Ernotte a également prévu, ce mois, de rencontrer les personnels de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une « une » de crise qu’a choisie Libération pour lancer sa nouvelle formule papier, lundi 1er juin : les yeux inquiets de Vincent Lindon, son visage défait, sous une manchette « Le chômage superstar », consacrée au succès du film La Loi du marché.Mais ce n’est plus la crise de Libération. Un an après son sauvetage grâce à une recapitalisation menée par Patrick Drahi – le propriétaire de Numericable-SFR – et Bruno Ledoux, le titre emblématique de la gauche française veut faire de cette nouvelle maquette – larges photos, titres impactants – le premier signe visible de son renouveau.Du passé, table rase a partiellement été faite. 108 salariés ont quitté l’entreprise depuis un an, ramenant l’effectif à 180 (dont 130 journalistes). Des gardiens du temple du Libé historique sont partis, laissant une nouvelle génération s’installer aux commandes et quelques recrues rejoindre la rédaction.Lire aussi :Près de cent candidats au départ à « Libération »Le logiciel politique de cette équipe reste à découvrir, même si Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction, met en avant « ses valeurs d’indépendance, de critique mais aussi de proposition, exprimées par la devise qui sera désormais la sienne : “La liberté, ça s’invente” ».En revanche, son logiciel éditorial est plus clairement défini : Libération se veut désormais « un site qui publie un quotidien » et même un titre « mobile first », où les informations nouvelles sont publiées en première intention sur les supports numériques. Ce n’est pas encore le cas, puisque les nouvelles formules du site et de l’application mobile sont prévues pour « l’été ».A la reconquête du lectoratMais le quotidien s’affirme déjà comme celui qui va le plus loin, en France, dans la prise en compte de la production numérique. L’actualité de base est concentrée dans une rubrique unique, « Expresso », nourrie de petits modules largement inspirés du Web. Le reste du journal – où les rubriques ont disparu – ne se compose que de doubles pages consacrées à des sujets très anglés, de production originale.Tout cela a un prix : 2 euros (contre 1,80 précédemment). Cette augmentation est l’un des leviers du retour à l’équilibre d’exploitation, que M. Drahi a demandé pour 2015. Mais les sources de revenus restent à développer. En dépit d’un mois de janvier exceptionnel, à 126 000 exemplaires, les ventes du quotidien stagnent, aux alentours de 95 000 par mois. « Il faut reconquérir un lectorat », constate-t-on en interne.Les ventes numériques restent peu développées. Le journal travaille à relancer ses forums, qui apportaient avant la crise plus de 10 % du chiffre d’affaires. D’autres activités, comme la vidéo, pourraient suivre, mais restent suspendues à un nouvel investissement des actionnaires.L’intégration de « Libé » dans un groupe est l’autre grande affaire du moment. Altice Media Groupe France rassemblera également le Groupe Express-Expansion – pour lequel M. Drahi est en négociations exclusives – et la chaîne d’information i24 News.Bruno Ledoux sera présent pour environ 9 % dans AMG France, le reste étant détenu par AMG, une holding logée au Luxembourg, rassemblant les dirigeants opérationnels du groupe (Marc Laufer, Bernard Mourad) et M. Drahi. De premières synergies (mutualisation de certaines fonctions, possible déménagement de Libération au siège de L’Express) devraient être rapidement étudiées.Lire aussi :Un banquier à la tête de « L’Express » et « Libération »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Thierry Thuillier, le directeur de l’information de France Télévisions et directeur de France 2, a confirmé lundi 1er juin qu’il quitte le groupe public pour rejoindre Canal+. Il y prendra en main les sports, un secteur stratégique mais aussi une passion personnelle. Il ne gérera pas les programmes de flux et le « clair », comme un temps évoqué.Dans les spéculations autour de l’équipe de Mme Ernotte, M. Thuillier était le cas le plus médiatique car l’information est un des points forts du bilan de Rémy Pflimlin, prédécesseur de Delphine Ernotte, et parce que c’est un domaine sensible. Plusieurs échos de presse ont soutenu que Thierry Thuillier - nommé comme l’équipe de M. Pflimlin sous Nicolas Sarkozy - était classé à droite par certains dans l’exécutif et qu’il pourrait perdre sa place de ce fait, à deux ans de la présidentielle.Interrogé, celui-ci a toujours dit que ses relations professionnelles avec le pouvoir en place étaient bonnes et que les accrochages sur des contenus concernaient tant la majorité que l’opposition. Il s’est toujours voulu à distance du milieu politique et a défendu une information parfois « abrasive », par exemple dans le magazine Cash Investigation. Dans l’entourage de Delphine Ernotte, on fait remarquer qu’elle n’a pas décidé de ne pas travailler avec M. Thuillier et que c’est lui qui a choisi de partir en négociant depuis plusieurs mois avec Canal+.M. Thuillier parti, on se pose la question de la suite à France Télévisions. Pour lui succéder circulent en interne quelques noms : Etienne Leenhardt, rédacteur en chef service enquêtes et reportages de France 2, Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest ou Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2, qui précise ne pas avoir rencontré Mme Ernotte. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV a été cité par Le Figaro. Par ailleurs, le présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, a déclaré qu’en cas de départ de M. Thuillier il se « poserait la question » de son avenir.Consciente que les salariés attendent d’être rassurés sur le casting de la nouvelle direction, l’équipe de Delphine Ernotte ne pourra pourtant a priori pas donner de précisions rapidement : n’étant pas mandataire social, elle ne peut en principe pas négocier d’embauches ou de départs. C’est plutôt à la faveur de départs choisis, comme celui de M. Thuillier, qu’elle pourra donner le nom de remplaçants. Elle consulte largement, en interne et en externe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.05.2015 à 10h53 • Mis à jour le01.06.2015 à 10h47 | Joël Morio Le journaliste quitte RTL pour Europe 1 et sera remplacé par Olivier Mazerolle, qui revient quatorze ans après son départ.RTL avait juré qu’elle se tiendrait, cette saison, à l’écart du mercato des animateurs et journalistes après le transfert de Laurent Ruquier, venu d’Europe 1 lors de la rentrée 2014. C’est pourtant la station de la rue Bayard qui a ouvert le bal, écartant Jean-Michel Aphatie, qui, après douze ans passés à la première radio de France, rejoint justement Europe 1, la rivale historique.Ce départ n’est pas une surprise. Christopher Baldelli, le patron de RTL, avait provoqué l’étonnement en déclarant au Nouvel Observateur : « Léa Salamé a beaucoup de talent, c’est incontestable. Peut-être sera-t-elle un jour sur RTL. Je ne l’exclus pas. »Cette sortie flatteuse pour la journaliste qui officie sur France Inter était presque un affront pour Jean-Michel Aphatie (en concurrence frontale avec elle le matin avant 8 heures), qui, de surcroît, s’est récemment fait distancer en termes d’audience par sa jeune consœur. Christopher Baldelli a néanmoins souhaité saluer « la rigueur, l’indépendance et la pugnacité » du journaliste.Jean-Michel Aphatie écarté, RTL n’en a pas profité pour rajeunir son antenne puisque c’est Olivier Mazerolle qui, à la rentrée, aura la charge de l’interview politique du matin – il avait déjà pratiqué l’exercice entre 1995 et 2001 –, reprenant ainsi du service à… 72 ans. Age qu’il jugeait, en 2001, trop élevé pour que Philippe Bouvard continue à présenter les « Grosses Têtes ».Point de chuteAlors directeur général adjoint de RTL, il avait contribué à l’éviction du journaliste. Quatorze ans plus tard, la station semble désormais totalement guérie du jeunisme. « En nommant Olivier Mazerolle aux commandes de l’emblématique interview politique de “RTL Matin”, nous avons fait le choix d’un journaliste de référence, expérimenté et indépendant, qui apportera à RTL une véritable expertise en matière d’actualité politique », estime Christopher Baldelli dans un communiqué.Ce retour permettra-t-il de relancer une matinale qui, malgré l’arrivée d’Yves Calvi à la rentrée 2014, est au coude-à-coude avec celle de France Inter et progresse lentement ? RTL a décidé de ne prendre aucun risque en confiant l’interview politique à un professionnel rompu à cet exercice, mais ce choix manque sérieusement d’audace. Il est vrai que Jean-Pierre Elkabbach, la figure emblématique des interviewers politiques, fêtera ses 78 ans à la rentrée sur Europe 1.Rue François-1er, la mission de Jean-Michel Aphatie sera plus modeste car elle ne concerne pas le prime time de la radio, un moment crucial pour les revenus publicitaires d’une station privée. Le journaliste a pour mission de redynamiser «  Europe 1 Midi  » avec Wendy Bouchard, une tranche assez faible en termes d’audience.« Fabien Namias, toute l’équipe d’Europe 1 et moi-même sommes très fiers d’accueillir à Europe 1 un grand nom du métier. Renouant avec la tradition historique de la station depuis Jacques Paoli et André Arnaud, Jean-Michel, avec Wendy, fera d’“Europe 1 Midi” un grand magazine d’information, de société et de culture, marqué du sceau de la proximité, de la curiosité et de la liberté », a indiqué Denis Olivennes, le président d’Europe 1. Jean-Michel Aphatie est désormais assuré de trouver un point de chute à la rentrée, alors que son avenir au « Grand Journal » de Canal+ est très compromis.D’autres nominations à attendreDans les services politiques des radios, d’autres nominations sont à attendre. En partance pour la présidence de la chaîne parlementaire LCP, Marie-Eve Malouines va laisser en juin sa place de chef du service de France Info. La station a décidé de prendre son temps pour la remplacer : candidature interne ou externe, rien n’est encore décidé. Laurent Guimier ne veut pas se précipiter pour choisir celui ou celle qui aura la charge de couvrir la campagne présidentielle de 2017, qui devrait débuter dès le début 2016 avec la préparation des primaires à droite et peut-être à gauche.Une chose est sûre, le choix devrait se faire indépendamment de celui du futur chef du service politique de France Inter. Marc Fauvelle, l’actuel chef du service, aurait manifesté son désir de présenter le journal de 8 heures en remplacement de Mickaël Thébault.Un changement qui pourrait être lourd de conséquences pour la station, qui enregistre à cette heure-là un pic d’audience. Au cas où le vœu de Marc Fauvelle s’exaucerait (ce que ne confirme ni ne dément la chaîne), ce serait tout un jeu de chaises musicales qui s’enclencherait alors.RMC, pour sa part, n’a pas prévu de changements notables. Malgré l’avertissement envoyé par le CSA après son interview de Roland Dumas, Jean-Jacques Bourdin continuera d’être la star des matins de la station présidée par Alain Weil. Il réfléchit tout au plus à l’arrivée de nouveaux chroniqueurs dans sa tranche horaire, qui après des années de progression a marqué le pas lors des dernières mesures d’audience.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny L’animateur de télévision incarne l’émission « On n’est pas couché », carton d’audience sur France 2.A force de prendre des notes sur son smartphone, Laurent Ruquier en a cassé son écran. Malgré les sérieuses rayures qui lézardent l’appareil, l’animateur de l’émission « On n’est pas couché » (« ONPC ») continue de consigner sur son téléphone tous les sujets qui lui passent par la tête, ainsi que l’actualité politique ou les nouveautés culturelles qu’il lit dans les journaux chaque matin. « Je suis un grand consommateur de presse écrite, j’adore ça ! », dit l’animateur avec un sourire gourmand. « Une grande partie de ma vie professionnelle se trouve dans cet appareil », poursuit-il en montrant ses dernières trouvailles.Il faut dire que chaque jour de la semaine, il doit nourrir en informations « Les Grosses Têtes » sur RTL mais également préparer « ONPC », le samedi soir sur France 2. Deux cartons d’audience qui ont fait de lui « le roi des ondes » comme l’a baptisé récemment son ami Guy Carlier dans le magazine VSD. Bourreau de travail, Ruquier ne se contente pas de lire les journaux et d’animer des émissions. Il écrit aussi des pièces et gère le Théâtre Antoine à Paris où il programme de jeunes talents qu’il a découverts.C’est souvent au détour d’une page, d’un article ou d’une brève qu’il découvre un auteur ou un artiste qu’il invitera sous peu dans « ONPC ». « Ma curiosité ne s’émousse pas, je suis curieux de tout et j’ai le privilège de pouvoir choisir mes invités », pointe-t-il en soulignant que les bonnes audiences (autant sur RTL que sur France 2) le libèrent de toutes pressions.Deux millions de téléspectateursAvec près de 2 millions de téléspectateurs en moyenne chaque semaine, son talk-show de deuxième partie de soirée sur la chaîne publique a connu une progression constante depuis le lancement le 16 septembre 2006.A la rentrée, Laurent Ruquier entamera sa dixième saison. Un cas plutôt rare dans le monde audiovisuel où les émissions sont le plus souvent arrêtées au bout de quelques semaines faute d’audience. L’animateur a d’ailleurs connu cette situation en 1995 avec « Les Niouzes » sur TF1 qui a été stoppée net au bout d’une semaine ! Et, en 2014, lorsque France 2 est venu le chercher en catastrophe pour remplacer au pied levé Sophia Aram qui conduisait la chaîne au désastre avec son émission « Jusqu’ici tout va bien ». Mais son concept n’a guère convaincu les téléspectateurs.« France 2 nous a toujours laissé une grande liberté », souligne la productrice Catherine Barma qui, dans le passé, a produit les talk-shows de Thierry Ardisson et de Marc-Olivier Fogiel. « Le succès de « ONPC » est dû à Laurent Ruquier qui incarne totalement l’émission et qui est en phase avec la société », poursuit-elle. Et compare l’émission à un hebdomadaire d’actualités avec ses pages culturelles ou politiques « que le téléspectateur feuillette à sa guise ».Ainsi, au fil des années, l’émission qui dure près de quatre heures (une des plus longues de la télévision) s’est enrichie et structurée au point de transformer le talk-show initial en un espace où défilent celles et ceux qui ont quelque chose à vendre ou à dire.Buzz et réseaux sociaux« Mais ce n’est pas une émission de promotion avec renvoi d’ascenseur », prévient Laurent Ruquier, rappelant qu’il a choisi le titre de l’émission non pas en raison de sa longueur, mais dans le sens de « on n’est pas couché devant l’invité ». Tout le monde connaît la règle du jeu et rares sont ceux qui refusent de s’installer dans le fauteuil de l’émission. Même si chacun sait qu’il peut s’y faire démolir. Seuls les meilleurs survivent.Le rendez-vous est même devenu (presque) incontournable pour les éditeurs en tous genres qui cherchent à faire la promotion d’un livre, d’un film ou d’un album. Si, en plus, un peu de polémique s’invite sur le plateau, le succès est garanti.Grâce au relais des réseaux sociaux, les propos tenus dans « ONPC » et les clashs entre l’invité(e) et les chroniqueurs sont immédiatement commentés sur Twitter ou Facebook. Sans oublier, les reprises dans les journaux du week-end, voire avant la diffusion de l’émission enregistrée le jeudi, et dont les prises de bec les plus saignantes sont savamment distillées aux journalistes pour faire le buzz.Ce fut le cas, début mai, où le violent échange entre le chroniqueur Aymeric Caron et la journaliste Caroline Fourest, invitée pour parler de son dernier essai polémique Eloge du blasphème (Grasset), a fait débat dans la presse avant qu’il soit à l’écran.« Contrairement à ce que l’on dit, je ne cherche pas le clash », affirme Laurent Ruquier qui, après l’émission, a déclaré qu’il n’inviterait plus la journaliste « en raison de ses mensonges ». « On ne décide pas à l’avance pour savoir s’il y aura un accrochage. L’émission est enregistrée dans les conditions du direct et il y a ensuite un léger montage. Mais nous gardons presque tout. Comme dans la vie, je ne triche pas et j’ai surtout horreur de l’hypocrisie », poursuit-il.« Nous avons une liberté totale de parole et aucune de nos interventions n’est préparée ou décidée pour provoquer un clash », confirme Léa Salamé qui a rejoint la table des chroniqueurs au début de cette saison. « Je suis avant tout journaliste et non pas polémiste. Chacun dit ce qu’il pense dans la plus grande sincérité », poursuit-elle.« Un artisan qui aime le travail bien fait »Un point de vue partagé par la journaliste Audrey Pulvar, ancienne chroniqueuse de l’émission. « C’est une émission où l’on peut dire des choses librement et l’un des rares espaces de la télévision où il y a encore la possibilité de faire une longue interview politique », dit-elle en saluant le professionnalisme de Laurent Ruquier « un sacré bosseur, curieux et cultivé ».« Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues », insiste Catherine Barma qui fut à l’origine de la venue d’Eric Zemmour sur le plateau pendant cinq ans. « Je suis en total désaccord avec les idées de Zemmour, mais il a droit à la parole même si, comme je l’ai dit, je regrette d’avoir participé à la banalisation de ces idées-là. Je préfère que les journalistes aient un point de vue politique mais pas militant », affirme Laurent Ruquier.L’avenir ? « Entre la radio, la télévision et le théâtre, je n’ai pas le temps de m’ennuyer et je compte bien que ça continue le plus longtemps possible », dit-il avant d’ajouter : « Je reste avant tout un artisan qui aime le travail bien fait. A la radio, je m’amuse, à la télé, je me promène et au théâtre, je m’éclate. »Lire aussi :Aymeric Caron en finit aves les débats « saignants »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous A la télévision, protéger une idée ou un concept demeure un parcours du combattant.Le 18 mai, France 3 diffusait le premier numéro d’une émission musicale : « La Vie secrète des chansons ». Quelques jours avant, Fabien Lecœuvre, agent artistique, avait accusé la chaîne de lui avoir volé le concept qu’il avait proposé plusieurs mois auparavant et qu’il s’était vu… refuser. Une accusation démentie par France 3, qui a alors menacé d’attaquer Fabien Lecœuvre en diffamation.Ce genre de polémique est courant dans le monde de l’audiovisuel où « souvent, quand tu as des idées, tu te les fais piquer », expliquele producteur Alexandre Amiel, avant de conclure « c’est la vie de la télé ».Tenter de se préserver contre une culture du copier-coller dans un monde où tout le monde s’inspire de tout le monde : telle est la véritable difficulté que rencontrent en permanence les producteurs. « Une idée ne peut pas être protégée, le mécanisme de l’émission peut l’être », souligne Thierry Ardisson. Exemple : un format dans lequel des participants doivent trouver le titre de chansons (le fameux « blind-test ») ne peut être protégé, car pas assez formalisé. En revanche, si ce jeu s’appuie sur une narration singulière, une lumière spécifique, un décor identifié, un animateur précis… alors, il s’agit là d’un format en mesure d’être protégé.DissuasionPour ce faire, il suffit d’effectuer un dépôt (sous forme de courrier) aux organismes qui gèrent les droits d’auteurs comme la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), la Société civile des auteurs multimedia (SCAM), la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) ou encore l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Première exigence de cette démarche : être le plus précis possible dans la description du projet audiovisuel (scénario, sketch, générique, musique, synopsis de documentaire, un format).« Ce qui est peut être protégé, c’est la forme pas le fond, souligne Nicolas Mazars, juriste à la SCAM. Mais undépôt ne préserve pas de la malhonnêteté, comme une alarme sur votre voiture n’empêchera pas le vol. C’est dissuasif, mais il y a d’autres précautions à prendre. » Notamment savoir parler du concept tout en gardant une certaine confidentialité – ne pas l’ébruiter – ainsi que les traces écrites des différents échanges qu’il a entraînés… Pour autant, ces précautions ne sont pas totalement suffisantes. La création de l’œuvre doit être « originale et empreinte de la personnalité de son auteur, précise Xavier Près, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle. C’est très subjectif comme termes. »Ainsi, en cas de litige, le dépôt pourra démontrer l’antériorité du projet. « Mais le seul moyen d’être protégé, c’est de saisir les juges, eux seuls pourront déterminer s’il y a contrefaçon (terme juridique du plagiat) », note Hubert Tilliet, directeur des affaires juridiques de la SACD. Et comme dans le jeu des sept erreurs, les juges devront trouver les différences et les ressemblances entre les deux « œuvres ».Les producteurs ont presque tous le réflexe de déposer leurs idées de concept. Le coût s’élève d’une centaine d’euros à plus de 12 000 euros si l’on choisit de protéger son format dans plusieurs pays du monde. Ce que fait par exemple Thierry Ardisson, qui n’hésite pas à déposer à l’INPI une dizaine de noms par an. En 2008, il avait vendu le nom « XXI » aux fondateurs d’une future revue de grands reportages dirigée par Patrick Saint-Exupéry.Une solution inattendueLes procès pour contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme font « souvent l’actualité judiciaire », assure l’avocat Xavier Près. Endemol avait attaqué Alexia Laroche-Joubert, incriminant la productrice d’avoir « copié » dans son émission « Dilemme » les formats de « Loft Story » et de « Secret Story ». Une accusation qui a valu à la société de production d’être définitivement déboutée en 2013. Si les affaires de ce type ne manquent pas, elles trouvent parfois, grâce à de petits arrangements, une issue moins radicale. Comme ce fut le cas pour le conflit qui, en janvier 2003, opposa France 2 et M6 qui, toutes deux, avaient dans leur soute un jeu portant sur le code de la route que, chacune, voulait évidemment diffuser la première. Et c’est une solution pour le moins inattendue qui permit de sortir de ce dilemme : l’ordre de programmation se déciderait par… tirage au sort. Résultat : dans un bureau d’avocats, une main innocente tira France 2, qui put ainsi dégainer son jeu avant M6.Si entre eux, les producteurs ne se font aucun cadeau, il en va autrement avec les diffuseurs, plus difficiles à attaquer. Pourtant, les anecdotes ne manquent pas qui mettent au jour le comportement peu honnête de quelques rares chaînes historiques à l’égard des producteurs.« On commence à raconter notre concept à un responsable des programmes, puis en plein milieu de la conversation, il nous dit : “Ah, je t’arrête tout de suite, nous sommes en train de travailler sur le même genre d’émission, on va la faire en interne.” On comprend alors qu’on est en train de se faire piquer l’idée ; mais que faire, à part se fâcher avec la chaîne ? », raconte l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Délicat, en effet, pour les producteurs de se mettre définitivement à dos leurs clients. Car, comme le dit Ardisson : « On ne mord pas la main qui nourrit. »Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le29.05.2015 à 16h51 Le tribunal correctionnel d’Annecy (Haute-Savoie) a condamné, vendredi 29 mai, le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud, et son journaliste Dominique Rizet à payer des amendes de 10 000 euros chacun. Une peine prononcée pour avoir diffusé à l’antenne des photos de la tuerie de Chevaline. Egalement poursuivi pour avoir publié ces clichés, le directeur de la publication du Parisien, Jean Hornain, a été relaxé.M. Béroud et M. Rizet ont été reconnus coupables de recel de violation du secret de l’instruction. Ils ont en revanche été relaxés des délits d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre et de reproduction illicite d’une scène de crime.Les trois clichés incriminés montraient la famille au complet avant la fusillade et des scènes du crime de la tuerie de Chevaline. On y voyait la voiture des victimes et le corps de Sylvain Mollier, probable victime collatérale lors du quadruple meurtre.Diffusées en exclusivité à l’antenne de la première chaîne d’infos de France, les photos furent présentées et commentées par Dominique Rizet. Une plainte avait alors été déposée par les avocats de la famille de Sylvain Mollier.Lire : Tuerie de chevaline : une plainte déposée contre BFM-TVLe 5 septembre 2012, Saad Al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d’origine irakienne, sa femme, âgée 47 ans, et sa belle-mère, âgée de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.L’une des fillettes du couple Al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s’en était miraculeusement sortie indemne. Sylvain Mollier, lui, avait été abattu de plusieurs balles. Pascale Krémer Norman « fait des vidéos » Thavaud, pas loin de 7 millions d’abonnés sur YouTube, est sorti cette année de son écran d’ordinateur pour venir se frotter au public. Il raconte le parcours qui l’a mené de sa chambre d’ado au Palace, où il se produit jusqu’en janvier.Je ne serais pas arrivé là si…… je n’avais pas rencontré le producteur et metteur en scène Kader Aoun, grâce à un ami commun. Il m’a demandé si cela m’amusait d’essayer la scène. Evidemment, le one-man-show, c’était un rêve de gosse. Mais j’avais l’impression que c’était réservé à des Jamel Debbouze, des Gad Elmaleh. Est-ce que moi, le youtubeur, le gars qui fait des vidéos sur Internet, j’étais marrant, en vrai, devant les gens ? Débarquer dans le milieu du stand-up avec la carte Kader Aoun m’a apporté une crédibilité. Tout le monde sait qu’il a travaillé avec Jamel Debbouze, Omar et Fred, Eric et Ramzy… Il m’a nourri, il m’a ouvert au stand-up américain. C’est devenu un ami et un mentor.Avant de démarrer le spectacle « Norman sur scène », il y a un peu plus d’un an, vous aviez déjà six millions d’abonnés à votre chaîne YouTube. Aviez-vous réellement besoin de gagner en crédibilité en tant qu’humoriste ?Il y a tellement d’a priori sur les youtubeurs ! Celui qui réussit est un guignol d’Internet, un humoriste pour élèves de CE1. Oui, ce sont les enfants qui sont les plus actifs dans les commentaires. Ils n’ont un peu que ça à faire. Mais, selon les statistiques, mon public, à 60 %, est composé de jeunes de 18-34 ans. Kader Aoun m’a aidé à contrer cette image « Club Dorothée », il m’a aussi épaulé dans l’écriture, pour éviter les vannes en carton-pâte. Dans le spectacle, il y a ce moment, chez l’épicier : ma sœur m’appelle au téléphone et je n’ose pas lui répondre « Je suis chez l’Arabe » parce qu’il est à côté de moi. C’est du vécu, mais pour le restituer la mécanique est délicate.Passer des sketchs vidéo sur Internet à la scène a-t-il été un énorme travail ?J’étais le deuxième plus gros youtubeur de France, je suis reparti de zéro. Derrière mon petit micro, à lancer des vannes dans une salle parisienne de 70 places. En sous-sol. Il m’est arrivé de jouer devant dix personnes : un type bourré, trois autres qui ne parlaient pas français, et une petite bande au fond qui rigolait en boucle sur l’avant-dernière blague sans écouter la suite… Je me suis entraîné pendant deux ans, mais on a la fibre du travail dans la famille. Tout le cliché des corons. Mes deux grands-pères étaient mineurs. Ma mère était professeure d’histoire et dirigeait un collège, son travail importait plus que tout. Et moi, quand il est question de mes vidéos, je vire un peu dictateur. Donc la scène, c’est totalement douloureux. Excitant et traumatisant. On est « bad », on a envie de vomir, on ne respire pas, on ne digère pas. Comme pour un marathon, il faut une condition physique, une hygiène de vie, arrêter de manger trois heures avant, organiser toute sa journée pour être au top à ce moment précis.Vous avez découvert le contact direct avec le public…Internet, c’est abstrait. Je ne savais pas si j’avais une place dans la tête des gens ou si c’était éphémère. Oui, on m’arrêtait dans la rue pour me demander si le chat dans mes vidéos était bien mon vrai chat (non, non, je le loue…), ou pour me dire que j’ai l’air plus grand sur le Web. Maintenant, les rires, je les prends en plein visage. La phrase nulle sur « tout l’amour qu’on reçoit sur scène », en fait, elle est vraie. C’est comme un anniversaire, tous les amis sont venus te montrer qu’ils t’aiment. Sauf que là, ils sont trois mille. Il ne faut pas le dire si on n’est pas Céline Dion, ça fait pitié, mais parfois tout ça me donne envie de pleurer sur scène. A Bruxelles, il y avait 5 300 personnes qui avaient pris sur leurs économies, qui étaient sorties de chez elles en famille, en me faisant confiance. C’est plus fort qu’un clic Internet. C’est magique. Je me sens pousser des ailes.Avez-vous toujours eu le goût du spectacle ?Mon père était à la tête d’un centre d’animation culturelle, à Lens. Alors moi, le fils du « dirlo », j’avais accès à tout. J’ai fait claquettes, peinture sur soie, théâtre, saxophone, guitare, batterie… Dès que ça devenait compliqué, j’abandonnais.Comment en êtes-vous venu à penser que raconter votre quotidien en vous filmant vous-même dans votre chambre pouvait intéresser les autres ? Après le décès de ma mère − j’avais 15 ans −, on s’est installés à Paris. J’ai atterri au lycée Saint-Sulpice [6e arrondissement] pour l’option cinéma, venant de ma cambrousse, avec mes fringues d’ado, parmi les bourgeois en Dior, les filles qui sortaient avec des gars de 35 ans. Le jour où j’ai ouvert ma bouche, après deux mois d’analyse de la situation, c’était pour faire des blagues. Là, j’ai rencontré Hugo Dessioux [désormais connu sous le nom d’Hugo tout seul, sur YouTube]. Il venait du « 9-3 », il avait des parents gauchos, on s’est trouvés. Comme on s’ennuyait, on a commencé à filmer nos délires avec l’ordinateur. On s’appelait Le Velcrou, on avait une dizaine de milliers de vues à chaque fois, sur Dailymotion. J’ai fait la fac de cinéma pour avoir des conventions de stage. Il m’a fallu cinq ans pour la licence parce que j’ai passé deux années sur World of Warcraft, un jeu de rôle multijoueurs en ligne. Je n’avais aucune vie sexuelle mais je m’étais choisi un superbe avatar féminin.Et c’est en 2010 que vous démarrez sur la plate-forme de partage vidéo YouTube. J’ai fait tout seul une vidéo sur mon club de ping-pong. Et là, ma vie a changé. L’explosion, un truc de malade mental, des centaines de milliers de vues ! J’en ai fait d’autres. Du coup, un jour, YouTube m’a appelé. Est-ce que vous voulez gagner votre vie avec des vidéos ? Un petit mec tout seul avec des bouts de ficelle dans sa chambre de HLM à Montreuil pouvait gagner sa vie ! J’ai arrêté les petits boulots. Le train passait, je suis monté dedans, il ne s’est jamais arrêté.L’effet magique d’Internet ?Internet, c’est ma vie, je me suis construit dessus. Bien l’utiliser, c’est une des facettes de mon métier, avec les réseaux sociaux comme démultiplicateurs. Cela a remplacé la télé que plus personne ne regarde. Quand je suis invité dans une émission, je me sens mal à l’aise, bridé. Il n’y a pas la liberté d’expression totale d’Internet.200 000 spectateurs pour « Norman sur scène », bientôt 7 millions d’abonnés à votre chaîne YouTube, un milliard de « vues » pour vos vidéos… A 28 ans, n’est-ce pas dangereusement grisant ?Il m’a fallu le public de Bruxelles pour réaliser le phénomène. Mais attention, sur Internet, si les gens sentent que tu n’es plus normal, que tu prends la grosse tête, ça ne leur plaît pas. Alors quand je me plains, je redescends vite. Les youtubeurs sont les artistes les plus proches de leurs fans. Avec les commentaires de nos vidéos et les réseaux sociaux, on est connectés à eux. Ils sont dans notre poche. Je me réveille, je tweete, ils ont mon intimité. Il n’y a presque plus de barrière entre vie privée et publique. Je suis né là-dedans.Dans votre famille, on comprend votre métier ? Cela a mis du temps. Ma grand-mère, je lui ai fait un petit « check » depuis le canapé de Michel Drucker. Là, je suis entré dans son univers. Même chose pour mon père avec « Le Grand Journal » de Canal+. Il a arrêté de me demander « Quand est-ce que tu travailles ? » depuis que je l’aide à payer sa voiture.Le soir des attentats à Paris vous avez été très présent sur Twitter. Vous vous sentiez impliqué ?J’étais sur la scène du Palace au moment où tous ces gens étaient pris en otage. Le Bataclan, on me l’avait proposé, cela aurait pu être moi. Au Palace, on est restés enfermés dans la loge du fond jusqu’à 3 heures du matin. J’ai retweeté un maximum de messages « #portesouvertes », parce que 4 millions de personnes me suivent sur Twitter. Je pouvais me rendre utile… Quand j’ai repris le spectacle, dix jours après, j’avais les mains moites. Entre deux personnages, je vérifiais que la porte ne s’ouvrait pas. Et je sentais de la terreur dans les rires. Tous ces gens qui sont morts me ressemblaient. J’ai essayé de faire une vidéo, mais je n’y arrive pas. C’est la parole d’un mec écorché.Votre popularité chez les jeunes vous confère-t-elle une responsabilité ? Oui, complètement. Quand je fais une vidéo sur l’alcool, je répète toutes les secondes qu’il faut boire le moins possible. Mais je suis juste un youtubeur qui fait des vannes sur les toilettes. Et Internet n’est pas un média très politisé. Si je ne suis pas neutre, c’est le chaos dans les commentaires. Déjà, c’est violent quand on parle de chatons… Je me dis que tout ça est un peu lâche, j’y pense de plus en plus, alors je laisse des choses au montage. Dans un de mes derniers podcasts, où je teste des jeux vidéo avec des enfants, un gamin de 7 ans dit « Je suis pas Marine Le Pen », après avoir confié que son amoureuse est martiniquaise. Un autre regrette que François Hollande envoie la guerre en Syrie au lieu d’envoyer la paix. Surtout, je pense qu’il faudrait laisser les jeunes voter sur Internet. On sait que cela arrivera un jour, alors pourquoi pas maintenant ?« Norman sur scène », au Palace jusqu’au 17 janvier 2016. Puis en tournée dans toute la France, en Belgique et en Suisse, jusqu’en mai 2016.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Escande La vieillesse est un naufrage, même au sommet de la réussite. L’exceptionnel destin de Sumner Redstone, 92 ans et toujours patron de Viacom, est en train de s’achever dans le déballage le plus sordide et fait désormais les délices du tout Hollywood. Avec tous les ingrédients d’une bonne série télé : l’argent, le sexe et le pouvoir. Le 25 novembre, Manuela Herzer, l’ex-petite amie du plus célèbre magnat américain des médias, a déposé plainte devant la Cour de justice de l’Etat de Californie pour demander le droit de s’occuper de la santé déclinante de Sumner. Le 21 décembre, le juge a décidé de repousser à janvier l’audition des médecins du nonagénaireAprès avoir hérité en 1967 de la petite chaîne de salles de cinéma fondée par son père, Sumner Redstone l’a progressivement transformée en géant des médias grâce à l’acquisition successive du producteur de chaînes de télévision Viacom (MTV, Nickelodeon…), du studio de cinéma Paramount, puis du réseau national CBS. Un empire valorisé aujourd’hui plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) et dont il possède 80 % des droits de vote. Sa fortune personnelle est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Voilà pour l’argent.Une vocation d’homme à femmesLe sexe a accompagné la gloire. Avec son éternelle mèche teinte en blond et sa démarche hésitante, le milliardaire, grièvement blessé lors d’un incendie, s’est découvert sur le tard une vocation d’homme à femmes. A 76 ans, il a divorcé de sa première épouse, s’est remarié trois ans plus tard avec une jeunesse de 39 ans sa cadette, avant de divorcer à nouveau alors qu’il avait 85 ans. Il se met alors en couple avec Manuela Herzer, 50 ans, avant de lui préférer Sydney Holland, 40 ans. The Hollywood Reporter, la bible du quartier le plus célèbre de Los Angeles, a fait ses gorges chaudes de ses aventures avec une jeune chanteuse dont il a imposé l’éphémère groupe de rock féminin, The Electric Barbarellas, sur sa chaîne musicale MTV.En mai, pour ses 92 ans, le vieil homme était apparu pour la dernière fois fermement soutenu par Manuela et Sydney. Mais en octobre, la première fut exclue à la fois du château du testament qui faisait d’elle et de Sydney les curateurs de Sumner, responsables de sa santé. A leur place, c’est Philippe Dauman – directeur général de Viacom et homme de confiance du magnat – qui fut désigné.Depuis, verrouillage complet. Officiellement M. Redstone garde bon pied bon œil, même s’il ne s’exprime plus de manière intelligible. Ce n’est pas l’avis de Manuela, qui le qualifie avec moult détails de « fantôme vivant », incapable de bouger et demandant des soins constants. Les investisseurs s’inquiètent et demandent une contre-expertise. Quelle qu’en soit l’issue, la fin du mélodrame est proche et il y a peu de chances qu’il se termine bien pour l’intrépide Sumner qui avait proclamé un jour qu’il ne mourrait jamais.Lire aussi :Les grands médias audiovisuels américains contraints de changer de stratégiePhilippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 21h44 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h23 Une erreur de pilotage est à l’origine de l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à huit français, dont trois sportifs, en mars lors du tournage en Argentine de l’émission de télévision « Dropped ». Un rapport de la Direction d’enquête des accidents de l’aviation civile argentine (JIAAC) diffusé jeudi 17 décembre dit :« Le facteur déclencheur de cet accident a été le défaut d’appréciation des pilotes de la proximité ou du manque de séparation de leurs aéronefs respectifs. Ce manque d’appréciation a entraîné la collision aérienne des aéronefs sans aucune tentative de manœuvre évasive ou d’évitement. »Le rapport de 50 pages relève qu’un des pilotes aurait aussi pu être ébloui peu avant la collision. La JIAAC suggère également que les nécessités du tournage ont pu conduire les pilotes à commettre une imprudence.« Il est plausible d’affirmer que la nécessité de réaliser des images ait pu amener les cameramen à influencer ou à distraire les pilotes. »Aucun survivant Le 9 mars, deux hélicoptères s’étaient heurtés peu après le décollage et avaient pris feu lors du tournage d’une émission de téléréalité de TF1 dans le nord-ouest de l’Argentine.La navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine, médaillé olympique, sont morts dans la catastrophe, ainsi que cinq autres Français, membres de la production de l’émission « Dropped », et les deux pilotes argentins.De nombreux experts aéronautiques estimaient qu’une faute de pilotage pouvait être à l’origine du drame. Les deux hélicoptères, des Ecureuil de fabrication récente (2010), volaient l’un près de l’autre, à faible altitude, quand l’un d’eux heurta le second.Outre le volet argentin de l’enquête, une information judiciaire pour homicide involontaire a également été ouverte le 3 avril par le parquet de Paris.Lire aussi :« Dropped », la plus grande tragédie de l’histoire de la télé-réalité Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique une audience de 70 millions de personnes par semaine, dont la moitié la regardent quotidiennement, selon une étude Ipsos pour 38 pays. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 08h14 • Mis à jour le11.12.2015 à 14h14 | Alexis Delcambre Pour pouvoir notamment exporter des séries, France Télévisions a signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction, dont le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international, a annoncé le groupe, jeudi 10 décembre.L’accord conclu avec le Satev (Syndicat des agences de presse télévisée), le SPFA (Syndicat français des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) prévoit que France Télévisions portera à 25 % de ses dépenses de création les œuvres « dépendantes » (dont elle détient en partie les droits) contre 5 % actuellement. Le groupe bénéficiera ainsi du même seuil de 25 % que les groupes privés.« La moitié de cette part dépendante pourra être réalisée avec la filiale de production de France Télévisions MFP, seule ou en coproduction », précise le groupe, qui s’engage à maintenir à 400 millions d’euros minimum son budget pour la création. L’autre moitié de cette part « dépendante » sera réalisée par des producteurs indépendants mais avec des conditions plus favorables à France Télévision, par exemple sur la durée des droits ou le niveau de coproduction. Les budgets alloués au webcréations devraient également être intégrés à cette part.Du côté de la part « indépendante », France Télévisions a notamment obtenu la possibilité de mieux faire circuler les œuvres au sein de son bouquet de chaînes. Jusqu’ici France Télévisions commandait des œuvres à des producteurs indépendants, à hauteur de 95 % de ses dépenses de création, sans détenir aucun droit de propriété sur elles – un système instauré par les décrets « Tasca » des années 1990 pour protéger les producteurs indépendants et que le ministère de la culture veut réformer.Succès pour Delphine ErnotteOr, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut faire de l’exportation de fictions une nouvelle source de revenus et de rayonnement. Sans attendre une nouvelle réglementation, elle passe ainsi par un accord professionnel amiable pour atteindre son but. Elle prévoit même que sa filiale MFP pourra davantage produire seule : c’est un retour de France Télévisions dans la production en propre, qui rappelle le temps de l’ORTF et de ses grandes séries populaires.Dans la quête des groupes médias pour détenir des contenus, c’est aussi une riposte de France Télévisions à la chaîne TF1, qui va se lancer dans la production en rachetant le producteur Newen, qui réalisait de nombreuses séries pour France Télévisions. L’accord est un succès pour Delphine Ernotte, qui a fait de la maîtrise des droits un enjeu du développement entrepreneurial de France Télévisions, et pour sa directrice du développement commercial et PDG de MFP, Laëtitia Recayte.« Cet accord interprofessionnel répond à la nécessité pour le service public de mieux protéger et de mieux valoriser ses programmes », a indiqué France Télévisions dans un communiqué. « France Télévisions et la production indépendante prennent des engagements mutuels sur la durée des droits, l’exploitation sur les plates-formes numériques, la circulation des œuvres, le partage de la valeur, tant dans la part indépendante que dans la part dépendante » des budgets dédiés à la création, indique le groupe sans autre détail.L’accord est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la culture, Fleur Pellerin, dont le cabinet travaille à élaborer un « acte II » redéfinissant les relations entre producteurs et diffuseurs, quelques mois après la publication d’un premier décret. Cet accord devrait faciliter les choses. Dans un communiqué, la ministre s’est félicitée de « cet accord majeur qui va favoriser l’investissement du service public dans la création, en offrant plus de flexibilité à France Télévisions – qui bénéficiera notamment d’un renforcement de ses capacités de production –, et des garanties solides en faveur des producteurs indépendants ».« Cette « nouvelle alliance » qui renforce le partenariat entre producteurs et diffuseurs permettra un meilleur partage du risque, clarifiera les modèles de production et soutiendra la diversité de la création, a-t-elle ajouté. La ministre souhaite que cette étape importante puisse être complétée très rapidement par un accord sur la transparence, et que des discussions s’engagent très vite entre diffuseurs privés et producteurs sur des principes similaires. »Lire aussi :Télévision : renforçons l’alliance entre producteurs et diffuseurs au service de la créationAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le10.12.2015 à 11h32 | Alexis Delcambre Le PDG de TF1, Nonce Paolini, a déclaré, jeudi 10 décembre, qu’il n’existait « aucune discussion » concernant un éventuel rachat du groupe de télévision privé par l’opérateur télécoms Orange.Auditionné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) afin de défendre sa demande de passage en gratuit de la chaîne d’information LCI, M. Paolini a déclaré que « l’hypothèse d’un rachat de TF1 par Orange sort de nulle part, c’est une curiosité ».Le PDG de TF1 a expliqué avoir eu son actionnaire, Martin Bouygues, au téléphone à ce sujet : « Il m’a assuré que ceci est sans aucun objet. » « On ne voit pas très bien ce que TF1 viendrait faire dans un éventuel rapprochement avec Orange », a ajouté M. Paolini, le dirigeant du groupe, qui contrôle la chaîne vedette TF1, mais aussi les chaînes gratuites TMC, NT1 et HD1.Comme l’a révélé l’agence Bloomberg, lundi, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Lire aussi :Bouygues Telecom discute mariage avec OrangeNouvelle offre du « Monde »Nonce Paolini a par ailleurs déclaré qu’il n’existait à ce jour « aucune discussion » sur une vente de LCI aux actionnaires du groupe Le Monde, qui ont ouvertement fait part de leur intérêt pour la chaîne d’information. M. Paolini a indiqué avoir reçu de la part de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, une nouvelle offre de rachat, vendredi 4 décembre.Cette offre intervient alors que le CSA doit rendre une décision – attendue au plus tôt le 16 décembre – sur le passage en gratuit de LCI. « Nous aurons à juger [de cette offre] en cas de refus » du CSA de passer la chaîne en gratuit, a expliqué M. Paolini, tout en s’interrogeant sur l’« éthique » de cette démarche.Le CSA a publié, fin novembre, une étude sur l’impact du passage en gratuit de la chaîne d’info, réclamé par TF1, qui présente des éléments d’analyse moins défavorables que l’étude de juillet 2014, qui avait motivé son refus.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesLe CSA doit également se prononcer sur deux autres demandes de passage en gratuit concernant Paris Première (groupe M6) et Planète + (groupe Canal+).Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 19h36 • Mis à jour le09.12.2015 à 22h08 Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a décidé, mercredi 9 décembre, de rejeter le recours gracieux qui lui avait été présenté par la chaîne Numéro 23, suite à l’abrogation de son autorisation de diffusion prononcée en octobre.Le CSA considère comme insuffisants les gages donnés par la chaîne quant à son pacte d’actionnaires, à son éventuelle cession à NextRadioTV et au respect de sa ligne éditoriale, explique-t-il dans un communiqué.Pour la première fois de son histoire, le CSA a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet.Numéro 23 a réagi dans un communiqué en annonçant sa « décision d’introduire un recours contentieux » devant le Conseil d’Etat contre la décision du CSA, « afin de faire valoir ses droits et d’assurer la pérennité de la société ». Ce recours permettra à la chaîne de continuer à émettre tant que l’autorité administrative suprême n’aura pas rendu sa décision.Lire aussi :Numéro 23 : dans les coulisses d’une décision inédite Alexis Delcambre Vincent Bolloré ne s’avoue pas vaincu sur le terrain des droits sportifs. Quelques jours après avoir perdu les droits du football anglais au bénéfice d’Altice, le groupe Canal+ a annoncé avoir acquis les droits des trois prochaines éditions de la finale de la Ligue des champions, la compétition phare du football européen.Ces droits étaient la propriété de BeIn Sports, mais la chaîne qatarie devait les revendre, car cet événement fait partie de ceux qui doivent être diffusés en clair (c’est TF1 qui en assurait habituellement la diffusion). Le groupe Canal+ les diffusera donc sur sa chaîne gratuite D8, dont le coût de grille s’alourdira de trois millions d’euros par an.Lire aussi :Droits sportifs, la guerre est relancéeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 10h43 • Mis à jour le09.12.2015 à 11h41 | Sandrine Cassini, Sarah Belouezzane et Isabelle Chaperon La trêve aura été de courte durée. Six mois après la tentative de rachat de Bouygues Telecom par Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR, le grand bal des négociations entre opérateurs télécoms a recommencé. Comme l’a révélé l’agence Bloomberg lundi 7 décembre, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Selon nos informations, les négociations ont été entamées au début de l’automne, lorsque le président de Bouygues est allé voir Stéphane Richard, PDG de l’opérateur historique, afin de réactiver un projet datant de 2014. Le bétonneur a posé une condition : que l’opération soit réglée essentiellement en titres, de façon à permettre à Bouygues d’entrer au capital d’Orange.Ces discussions sont « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autreInterrompues au moment de l’appel d’offres sur les « fréquences en or » de téléphonie mobile (les fameuses 700 MHz), achevées le jeudi 19 novembre, les discussions ont repris à l’initiative de M. Bouygues dès le lendemain du processus. Une telle opération lui permettrait de rester présent dans le secteur des télécoms, qui lui tient à cœur.Lire aussi :« Fréquences en or » : 2,8 milliards d’euros pour l’EtatSur la base d’une valorisation de 10 milliards d’euros pour le seul Bouygues Telecom, le conglomérat présent dans le secteur de la construction, qui détient 90 % de sa filiale (aux côtés de JC Decaux), obtiendrait une part de 22 % d’Orange, dont le premier actionnaire est aujourd’hui l’Etat, avec 25 % des actions. « Le groupe Bouygues indique qu’il n’a aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision et réaffirme son ancrage durable dans ces deux industries », a précisé le groupe familial, utilisant une formulation ambiguë lui permettant d’éviter un démenti.Les pouvoirs publics ont été tenus informés de ces discussions, « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autre. En juin, lorsque M. Drahi avait mis sur la table une offre de 10 milliards d’euros pour racheter Bouygues Telecom, le gouvernement s’était montré très réticent à la perspective de cette concentration.« Je dis et répète que la consolidation n’est pas aujourd’hui souhaitable pour le secteur. L’emploi, l’investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or, les conséquences d’une consolidation sont à ces égards négatives, comme l’ont prouvé les cas récents en Europe », avait lancé Emmanuel Macron, le ministre de l’économie. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée »A l’époque, toutefois, le gouvernement s’inquiétait avant tout du sort réservé à son prochain appel d’offres sur les fréquences 700 MHz. Le passage de quatre à trois acteurs signifiait une compétition limitée et donc une moindre rentrée d’argent. Les enchères ont finalement eu lieu en novembre et ont permis à l’Etat d’engranger 2,8 milliards d’euros, plus que prévu.Interrogations sur le rôle de TF1Cette échéance passée, les pouvoirs publics pourraient voir d’un autre œil la consolidation dans les télécoms. Orange et Bouygues ont commencé leur lobbying et il se déroulerait au plus haut niveau de l’Etat. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée », témoigne un bon connaisseur du dossier. Compte tenu des positions initiales, M. Macron n’aurait pas été mis dans la boucle dans un premier temps. Raison pour laquelle, selon un proche de Bercy, le ministre de l’économie ne cachait pas son irritation après les révélations de ces discussions, lundi.Lire aussi :Bouygues dément un éventuel rachat par Orange de ses activités médias et télécomsCoïncidence troublante, Les Echos ont révélé que Martin Bouygues avait écrit le 4 décembre au premier ministre, Manuel Valls, pour réclamer 2,28 milliards d’euros à l’Etat, une somme censée le dédommager du préjudice lié à l’arrivée de Free début 2012, un quatrième opérateur qui a déstabilisé le marché. Une façon de mettre la pression sur les pouvoirs publics ? De même, certains s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer la chaîne TF1, qui serait associée à la transaction, selon Bloomberg, dans la réussite de l’opération.C’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenirPour prendre forme, le rapprochement doit néanmoins franchir de nombreux obstacles. Orange et Bouygues Telecom savent qu’ils auront fort à faire pour convaincre la Commission européenne, dont la nouvelle commissaire à la concurrence Margrethe Vestager se montre peu favorable à la consolidation. En septembre, Bruxelles avait mis son veto à la fusion au Danemark de TeliaSonera et de Telenor, une opération qui aurait fait passer le marché de quatre à trois opérateurs.En France, c’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenir. Son président, Bruno Lasserre, avait ouvert la porte à la consolidation, en indiquant en 2014 qu’il n’y avait pas de nombre « magique » d’opérateurs. Pour autant, Orange détient déjà 50 % du marché fixe et mobile, ce qui rend difficile pour lui l’acquisition d’un concurrent.Le mariage doit obtenir l’approbation de la « famille »Conscient de cet écueil, Stéphane Richard a, selon nos informations, prévenu dès le départ SFR et Free des tractations en cours. Objectif : définir avec eux quels actifs ils seraient prêts à racheter, afin de mieux répartir leurs forces et amadouer les autorités de la concurrence.En d’autres termes, une reprise par Orange signifierait le démantèlement de Bouygues Telecom. En 2014, lors de précédentes négociations, d’abord avec SFR puis avec Orange, Bouygues avait prévu de céder son réseau fixe et des fréquences pour 1,8 milliard d’euros. Depuis, la donne a changé, Free ayant récupéré des fréquences de téléphonie lors du dernier appel d’offres.L’élimination d’un concurrent est le prélude à une accalmie dans la guerre des prixCependant, l’élimination d’un concurrent étant le prélude à une accalmie dans la guerre des prix, SFR et Free ont intérêt à jouer le jeu et à se partager fréquences, réseaux, équipes et boutiques de leur concurrent. C’est toute la particularité de ce secteur. Pour que l’un des acteurs se marie avec l’autre, il faut que l’ensemble de la « famille » soit d’accord.Autre sujet décisif pour la réussite de ce rapprochement : la gouvernance. Martin Bouygues n’est pas du genre à se contenter d’un strapontin en échange de son précieux réseau. Un équilibre doit donc être trouvé avec l’Etat, afin que ce dernier partage ses prérogatives de premier actionnaire avec le groupe privé.Ce n’est pas impossible, relève un banquier d’affaires, comme le prouve le tour de table de Thales. L’Etat et Dassault, au coude-à-coude au capital du groupe d’électronique et de défense, avec respectivement 27 % et 26 % des actions, y sont liés par un pacte d’actionnaires. Cela n’empêche évidemment pas les frictions, à l’image de la nomination contrariée d’Henri Proglio à la présidence de Thales en mai 2015. Mais dans l’ensemble, toutes les parties se montrent satisfaites de cet équilibre, six ans après sa construction. Un modèle à suivre ?Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiSandrine CassiniJournaliste au MondeIsabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le groupe détenu par Patrick Drahi entend poursuivre son développement dans la presse, après avoir repris le groupe L’Express et plusieurs autres titres dont Stratégies. Altice, propriétaire également de SFR, est en effet candidat à la reprise de Télé 7 Jours, France Dimanche et Ici Paris, trois magazines appartenant au groupe Lagardère.Selon une source proche du dossier, cette offre serait la mieux placée pour emporter ces trois titres, dont le plus important, Télé7Jours, vend encore 1,2 million d’exemplaires. Joints par Le Monde, les groupes Altice et Lagardère n’ont fait aucun commentaire.Lundi 7 décembre, La lettre de L’Expansion citait les groupes de presse allemand Bauer et italien Mondadori parmi les autres acquéreurs potentiels. Ils seraient désormais distancés par Patrick Drahi et Marc Laufer, selon cette même source proche du dossier.Début octobre, Arnaud Lagardère, associé commandité du groupe, avait admis qu’il se « posait des questions » sur l’éventuelle cession de ces magazines. En 2014, Lagardère a cédé dix de ses titres historiques et le groupe entend se recentrer autour d’un « environnement sacré » composé d’Elle, Europe 1 et le Journal du dimanche.Lire aussi :La stratégie de Lagardère sur les médias en questionAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Nous concentrons nos histoires sur les gens qui sont derrière la technologie. C’est plus intéressant que de faire une chronique sur le dernier iPhone. » C’est avec ce credo que Derek Mead, le rédacteur en chef de Motherboard, explique le succès de son site consacré à l’innovation. Et cette filiale du groupe américain de médias pour jeunes Vice compte désormais percer en France : Motherboard s’y lance mardi 8 décembre, après avoir décliné son site américain en espagnol et ouvert des bureaux au Royaume-Uni, au Canada, au Brésil, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne.Motherboard s’est récemment illustré par quelques scoops, dont la révélation du piratage des données du constructeur de jouets connectés VTech.Lire aussi :VTech : des millions de comptes clients et de profils d’enfants volés lors d’un piratageHackers, zombies et nourriture du futurOu celle des noms des utilisateurs du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison. « Motherboard avait interrogé les hackers eux-mêmes mais aussi des gens qui avaient vu leur nom publié, en rappelant que l’adultère peut être puni de mort dans certains pays », note Sébastien Chavigner, rédacteur en chef de la version française de Motherboard, pour souligner l’approche « humaine » du site.Parmi les premiers sujets français, M. Chavigner racontera sa semaine passée à se nourrir presque exclusivement de Soylent, une forme de nourriture du futur créée pour apporter tous les nutriments nécessaires sous forme de poudre à diluer : « Un enfer » (voir la version américaine). On lira aussi le portrait d’une des personnes chargées de calculer la trajectoire des débris dans « l’espace poubelle ». Ou un sujet sur le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier, parti à Haïti à la recherche des « zombies » – sortes de « morts-vivants », endormis avec des poisons puissants et ranimés après avoir été déclarés morts, explique M. Chavigner. Un sujet conforme au goût des marges et de la provocation de Vice.« Notre approche est globale, explique M. Mead. Nous ne voulons pas seulement parler de New York et de la Silicon Valley : la France et l’Europe ne sont pas assez couverts. » Le rédacteur en chef américain se dit intéressé par le projet de fusion nucléaire Iter.« En France, il y a peu de sites de médias dédiés à l’actualité de l’innovation », regrette M. Chavigner, qui souligne l’importance croissante du thème chez les supports généralistes, comme Le Monde, Le Figaro ou Slate, où la thématique est souvent traitée par une équipe dédiée, comme Pixels au Monde ou Rue89 au Nouvel Observateur.« Wired » et les références anglo-saxonnesPour tous, les exemples sont des sites anglo-saxons comme le très léché The Verge, créé en 2011 et rattaché au groupe de nouveaux médias Vox, ou The Register, réputé sur le thème de la sécurité informatique. Motherboard est connu pour ses enquêtes et ses vidéos (il aura en France quatre personnes dédiées aux images, en plus des quatre permanents de la rédaction).La référence historique incontestée reste le californien Wired, qui dès les années 1990 a proposé un magazine papier époustouflant, doublé d’un site Web quotidien. Propriété du groupe de presse Conde Nast (Vanity Fair, Vogue…), son possible lancement en France fait l’objet de rumeurs régulières.Les essais françaisOccuper ce créneau reste un défi : le magazine papier Humanoïde l’a tenté un an, avant de jeter l’éponge à la mi-septembre ; comme le journal et le site Transfert près de quinze ans avant lui. Le flambeau est pourtant toujours relevé : deux anciens d’Humanoïde se sont lancés à plein temps dans le site Geekzone, alors que d’autres ont rejoint Numerama. Ce site connu pour ses combats autour du téléchargement illégal et des libertés publiques vient d’être racheté et « repositionné ».« Nous avons une ligne beaucoup plus ouverte, proche des Anglo-Saxons : on intègre de la science, de l’économie et de la pop culture », explique Ulrich Rozier. Ce dernier a acquis Numerama grâce au succès de Frandroid, un site consacré au mobile qu’il avait cofondé. Lui aussi revendique un traitement « humain » des technologies et espère importer un peu de l’optimisme américain, parfois forcené dans le cas de Wired.Reste l’épineuse question des modèles économiques : Motherboard bénéficiera du soutien du groupe Vice, expert en publicité ciblant les jeunes et en vidéos sponsorisées. M. Rozier a lui complété ses revenus publicitaires avec des liens vers des fiches de comparateurs de produits et envisage une version payante de Numerama.Lire aussi :L’empire du ViceAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.12.2015 à 15h00 • Mis à jour le08.12.2015 à 16h09 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les grandes manœuvres s’accélèrent dans le domaine de l’information à France Télévisions. Lundi 7 décembre, l’entreprise publique a confié ce domaine sensible à Michel Field, qui dirigeait France 5, en remplacement de Pascal Golomer, conservé par Delphine Ernotte après avoir fait partie de l’équipe précédente. Du côté de France 5, c’est Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, qui remplace provisoirement M. Field.Lire aussi :Michel Field : « Il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans »Pourquoi ce changement, trois mois et demi après l’entrée en fonction de la nouvelle présidente ? Selon un premier niveau de lecture, M. Golomer n’aurait pas donné satisfaction. « A son arrivée, Mme Ernotte a fait le choix de la continuité. Cela n’a pas fonctionné », explique-t-on à la présidence de France Télévisions, en précisant que le remplacement de celui qui a fait toute sa carrière dans le service public, et doit être « appelé à d’autres fonctions », ne sanctionne pas un problème précis.Les dysfonctionnements n’ont pourtant pas manqué, qu’il s’agisse du cafouillage autour de la venue – annulée – de Marine Le Pen à « Des Paroles et des actes », mi-octobre, ou du lancement tardif d’une édition spéciale sur France 2 au soir des attentats du 13 novembre. M. Golomer aurait aussi défendu le directeur de la rédaction de France 2, Eric Monnier, qui devrait prochainement quitter ses fonctions après avoir vu ses méthodes de management contestées par les syndicats.Derrière ces incidents se nichent aussi une divergence d’état d’esprit et une forme d’impatience. L’information est la priorité du début de mandat de Mme Ernotte, qui a choisi de lancer une chaîne en continu et doit mener à son terme un plan de fusion des rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) baptisé « Info 2015 ».Le calendrier est serré : les consultations sociales sur la chaîne d’info doivent commencer en décembre, pour un lancement prévu en septembre 2016. Alors que les syndicats continuent de combattre « Info 2015 », ce projet va nécessiter une accélération du travail en commun, y compris avec les autres acteurs de l’audiovisuel public. « Il faut qu’on avance et qu’on renforce l’esprit collectif », résume-t-on à la présidence.Selon ce deuxième niveau de lecture, il fallait donc tourner la page et installer une figure nouvelle, non marquée par les rivalités entre France 2 et France 3, ni par les affrontements avec les syndicats sur le projet de fusion. D’où le choix de Michel Field, qui doit apporter un « nouveau souffle ».Ce dernier est une pièce importante de l’équipe Ernotte depuis sa constitution. Homme de réseaux, agitateur d’idées, cet agrégé de philosophie entré en télévision chez Christophe Dechavanne en 1989 fait partie de ceux dont la présidente apprécie les conseils. Ces dernières semaines, il a participé aux réunions consacrées au projet de chaîne d’information, chapeauté par un ancien de LCI, comme lui : Germain Dagognet.Sur la chaîne d’information du groupe TF1, M. Field a notamment animé une tranche d’information ou l’émission de débat « Politiquement Show », aux côtés de Patrick Buisson, futur conseiller de Nicolas Sarkozy. D’un point de vue politique, il offre l’avantage d’avoir une image de gauche, en partie liée à son engagement de jeunesse à la Ligue communiste révolutionnaire, tout en ayant bâti une proximité avec l’ancien président de la République. Une double compatibilité précieuse à un an et demi de l’élection présidentielle.L’animateur est surtout connu pour ses émissions culturelles comme « Le Cercle de minuit » ou « Au Field de la nuit ». Cette expérience suscite des interrogations dans la maison. « Nous ne sommes pas surpris qu’il y ait un changement, déclare ainsi Serge Cimino, journaliste à France 3 et membre du bureau national du SNJ. Mais nous sommes étonnés du profil retenu. »Les journalistes ont donc commencé à spéculer sur l’identité du directeur des rédactions qui est à leurs yeux le complément opérationnel indispensable à Michel Field. Des noms comme ceux d’Agnès Vahramian ou d’Hervé Brusini sont cités, mais il semble difficile de convaincre quiconque de porter le projet de fusion. « Michel Field va-t-il remettre en question les projets de l’équipe précédente comme “Info 2015” ? », interroge l’élu (CGT) Marc Chauvelot.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 • Mis à jour le06.12.2015 à 07h37 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place.Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris.Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard.Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ».Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire Alexandre Piquard Surprise : l’Assemblée nationale a voté de justesse et contre l’avis du gouvernement, vendredi 4 décembre, un amendement qui donne raison aux sites de presse en ligne visés par un redressement fiscal pour avoir appliqué le taux superréduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le texte accorde a posteriori à Mediapart ou Arrêt sur images le droit de recourir au taux de 2,1 %, initialement réservé aux médias papier, pour la période entre 2008 et début 2014.Lire : La TVA pour la presse numérique bientôt alignée sur celle du papierLa réaction du gouvernement « pas encore arbitrée »Pour autant, il reste des obstacles pour que le texte soit pleinement confirmé : l’amendement n’a été voté qu’à 11 voix contre 10. Le texte était porté par des députés socialistes, notamment l’ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l’ex-ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative 2015. Une dizaine de députés Les Républicains (LR) avaient déposé un amendement identique, mais le groupe LR, et notamment son président Christian Jacob, avait fermement pris position contre.Le gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, était opposé à l’amendement, accusé de rompre l’égalité devant l’impôt : « Les contribuables qui ont appliqué le taux normal en 2009, 2010, 2011 ne pourront pas obtenir le remboursement, puisque la TVA est prescrite. Ceux qui se sont appliqué d’autorité le taux de 2,1 % en auront donc bénéficié entre 2008 et 2012, et les autres non », a-t-il plaidé. Avant de citer deux autres problèmes juridiques : la conformité envers le droit européen et la rétroactivité, qui suppose qu’on agisse au nom de l’intérêt général.Joint par Le Monde, le cabinet de M. Eckert explique toutefois qu’il n’a pas demandé de seconde délibération sur l’amendement, vendredi. Quant à savoir s’il déposera un amendement pour supprimer la disposition votée jeudi, la question est « prématurée » et pas encore « arbitrée ».L’obstacle du Sénat et du Conseil constitutionnelQue va-t-il se passer maintenant ? Le texte doit être examiné par le Sénat, a priori entre le 10 et le 12 décembre, explique le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), très favorable à l’amendement. Il est alors possible que soit proposée au vote la suppression du texte, à l’initiative du gouvernement ou, éventuellement, à celle de l’opposition de droite, qui dispose d’une majorité au Sénat.Si le texte est modifié, un accord entre sénateurs et députés devra être trouvé au sein d’une commission mixte paritaire entre le 12 et le 15 décembre, note le Spiil. En cas de désaccord, il peut y avoir un second vote à l’Assemblée.Arrivera enfin l’étape du Conseil constitutionnel, avant le 31 décembre. L’autorité peut censurer l’amendement, pensent certains, à l’image du président de la commission des finances, Gilles Carrez (Les Républicains), qui le jugent « totalement inconstitutionnel ».Pour M. Carrez, l’« amendement de rétroactivité comporte un aspect d’amnistie fiscale tout à fait déplaisant ». « Or en droit fiscal, on ne peut admettre qu’un contribuable qui, de sa propre initiative, n’applique pas la loi fiscale, puisse bénéficier d’une sorte de complaisance du Parlement et voir sa situation régularisée a posteriori », selon le député, qui était en désaccord avec la rapporteure générale du budget, la députée PS Valérie Rabault, favorable au texte.Débat sur la rétroactivitéJean-Christophe Boulanger, président du Spiil, rétorque que depuis la création du statut de la presse en ligne, il y a un principe d’égalité entre les titres de presse, quel que soit leur support. Un argument auquel ont été sensibles des parlementaires de droite, qui avaient initialement déposé des amendements, avant que le groupe LR se positionne contre la disposition.« Il n’y a pas de rétroactivité, assure M. Boulanger. L’amendement est une disposition interprétative qui précise comment il fallait appliquer la loi, dans le cas de textes flous ou incohérents. Cela ne change pas les règles ex post [portant sur des faits constitués], ça les clarifie. »Le cas particulier de MediapartDu côté de Mediapart, Edwy Plenel ne s’exprime pas. Mais le site a un argumentaire qui vise à lutter sur le terrain médiatique, dans un dossier jugé politique : il ne s’agit pas « d’amnistie », car il n’y a pas eu de fraude, l’action de Mediapart étant revendiquée, écrit le site.Idem pour la notion « d’amendement Mediapart ». Le site d’investigation, dont certaines enquêtes ont gêné le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande, estime que la personnalisation du dossier autour de son cas particulier est un piège. En première ligne, Mediapart rappelle que le Spiil soutient son combat et que d’autres sites ont fait l’objet d’un redressement, comme Arrêt sur images (540 000 euros) et Indigo Publications (Lettre A, Presse News…).Lire aussi :Mediapart et Arrêt sur images appellent leurs lecteurs à la générositéLe site fondé par Edwy Plenel a toutefois publié, via un blog d’auteur, un billet de Roland Veillepeau, ancien patron de la direction nationale des enquêtes fiscales, selon lequel le contrôle fiscal du site « fleure bon, quoi qu’on dise, le règlement de comptes ».Pour Mediapart, l’enjeu est de taille. Bénéficiaire, il dispose d’une trésorerie de 3 millions d’euros environ. Mais se voit réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc : 3,5 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités.Lire aussi : Mediapart : Plenel prépare l’après-PlenelAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 08h14 • Mis à jour le11.12.2015 à 14h14 | Alexis Delcambre Pour pouvoir notamment exporter des séries, France Télévisions a signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction, dont le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international, a annoncé le groupe, jeudi 10 décembre.L’accord conclu avec le Satev (Syndicat des agences de presse télévisée), le SPFA (Syndicat français des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) prévoit que France Télévisions portera à 25 % de ses dépenses de création les œuvres « dépendantes » (dont elle détient en partie les droits) contre 5 % actuellement. Le groupe bénéficiera ainsi du même seuil de 25 % que les groupes privés.« La moitié de cette part dépendante pourra être réalisée avec la filiale de production de France Télévisions MFP, seule ou en coproduction », précise le groupe, qui s’engage à maintenir à 400 millions d’euros minimum son budget pour la création. L’autre moitié de cette part « dépendante » sera réalisée par des producteurs indépendants mais avec des conditions plus favorables à France Télévision, par exemple sur la durée des droits ou le niveau de coproduction. Les budgets alloués au webcréations devraient également être intégrés à cette part.Du côté de la part « indépendante », France Télévisions a notamment obtenu la possibilité de mieux faire circuler les œuvres au sein de son bouquet de chaînes. Jusqu’ici France Télévisions commandait des œuvres à des producteurs indépendants, à hauteur de 95 % de ses dépenses de création, sans détenir aucun droit de propriété sur elles – un système instauré par les décrets « Tasca » des années 1990 pour protéger les producteurs indépendants et que le ministère de la culture veut réformer.Succès pour Delphine ErnotteOr, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut faire de l’exportation de fictions une nouvelle source de revenus et de rayonnement. Sans attendre une nouvelle réglementation, elle passe ainsi par un accord professionnel amiable pour atteindre son but. Elle prévoit même que sa filiale MFP pourra davantage produire seule : c’est un retour de France Télévisions dans la production en propre, qui rappelle le temps de l’ORTF et de ses grandes séries populaires.Dans la quête des groupes médias pour détenir des contenus, c’est aussi une riposte de France Télévisions à la chaîne TF1, qui va se lancer dans la production en rachetant le producteur Newen, qui réalisait de nombreuses séries pour France Télévisions. L’accord est un succès pour Delphine Ernotte, qui a fait de la maîtrise des droits un enjeu du développement entrepreneurial de France Télévisions, et pour sa directrice du développement commercial et PDG de MFP, Laëtitia Recayte.« Cet accord interprofessionnel répond à la nécessité pour le service public de mieux protéger et de mieux valoriser ses programmes », a indiqué France Télévisions dans un communiqué. « France Télévisions et la production indépendante prennent des engagements mutuels sur la durée des droits, l’exploitation sur les plates-formes numériques, la circulation des œuvres, le partage de la valeur, tant dans la part indépendante que dans la part dépendante » des budgets dédiés à la création, indique le groupe sans autre détail.L’accord est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la culture, Fleur Pellerin, dont le cabinet travaille à élaborer un « acte II » redéfinissant les relations entre producteurs et diffuseurs, quelques mois après la publication d’un premier décret. Cet accord devrait faciliter les choses. Dans un communiqué, la ministre s’est félicitée de « cet accord majeur qui va favoriser l’investissement du service public dans la création, en offrant plus de flexibilité à France Télévisions – qui bénéficiera notamment d’un renforcement de ses capacités de production –, et des garanties solides en faveur des producteurs indépendants ».« Cette « nouvelle alliance » qui renforce le partenariat entre producteurs et diffuseurs permettra un meilleur partage du risque, clarifiera les modèles de production et soutiendra la diversité de la création, a-t-elle ajouté. La ministre souhaite que cette étape importante puisse être complétée très rapidement par un accord sur la transparence, et que des discussions s’engagent très vite entre diffuseurs privés et producteurs sur des principes similaires. »Lire aussi :Télévision : renforçons l’alliance entre producteurs et diffuseurs au service de la créationAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le10.12.2015 à 11h32 | Alexis Delcambre Le PDG de TF1, Nonce Paolini, a déclaré, jeudi 10 décembre, qu’il n’existait « aucune discussion » concernant un éventuel rachat du groupe de télévision privé par l’opérateur télécoms Orange.Auditionné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) afin de défendre sa demande de passage en gratuit de la chaîne d’information LCI, M. Paolini a déclaré que « l’hypothèse d’un rachat de TF1 par Orange sort de nulle part, c’est une curiosité ».Le PDG de TF1 a expliqué avoir eu son actionnaire, Martin Bouygues, au téléphone à ce sujet : « Il m’a assuré que ceci est sans aucun objet. » « On ne voit pas très bien ce que TF1 viendrait faire dans un éventuel rapprochement avec Orange », a ajouté M. Paolini, le dirigeant du groupe, qui contrôle la chaîne vedette TF1, mais aussi les chaînes gratuites TMC, NT1 et HD1.Comme l’a révélé l’agence Bloomberg, lundi, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Lire aussi :Bouygues Telecom discute mariage avec OrangeNouvelle offre du « Monde »Nonce Paolini a par ailleurs déclaré qu’il n’existait à ce jour « aucune discussion » sur une vente de LCI aux actionnaires du groupe Le Monde, qui ont ouvertement fait part de leur intérêt pour la chaîne d’information. M. Paolini a indiqué avoir reçu de la part de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, une nouvelle offre de rachat, vendredi 4 décembre.Cette offre intervient alors que le CSA doit rendre une décision – attendue au plus tôt le 16 décembre – sur le passage en gratuit de LCI. « Nous aurons à juger [de cette offre] en cas de refus » du CSA de passer la chaîne en gratuit, a expliqué M. Paolini, tout en s’interrogeant sur l’« éthique » de cette démarche.Le CSA a publié, fin novembre, une étude sur l’impact du passage en gratuit de la chaîne d’info, réclamé par TF1, qui présente des éléments d’analyse moins défavorables que l’étude de juillet 2014, qui avait motivé son refus.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesLe CSA doit également se prononcer sur deux autres demandes de passage en gratuit concernant Paris Première (groupe M6) et Planète + (groupe Canal+).Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 19h36 • Mis à jour le09.12.2015 à 22h08 Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a décidé, mercredi 9 décembre, de rejeter le recours gracieux qui lui avait été présenté par la chaîne Numéro 23, suite à l’abrogation de son autorisation de diffusion prononcée en octobre.Le CSA considère comme insuffisants les gages donnés par la chaîne quant à son pacte d’actionnaires, à son éventuelle cession à NextRadioTV et au respect de sa ligne éditoriale, explique-t-il dans un communiqué.Pour la première fois de son histoire, le CSA a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet.Numéro 23 a réagi dans un communiqué en annonçant sa « décision d’introduire un recours contentieux » devant le Conseil d’Etat contre la décision du CSA, « afin de faire valoir ses droits et d’assurer la pérennité de la société ». Ce recours permettra à la chaîne de continuer à émettre tant que l’autorité administrative suprême n’aura pas rendu sa décision.Lire aussi :Numéro 23 : dans les coulisses d’une décision inédite Alexis Delcambre Vincent Bolloré ne s’avoue pas vaincu sur le terrain des droits sportifs. Quelques jours après avoir perdu les droits du football anglais au bénéfice d’Altice, le groupe Canal+ a annoncé avoir acquis les droits des trois prochaines éditions de la finale de la Ligue des champions, la compétition phare du football européen.Ces droits étaient la propriété de BeIn Sports, mais la chaîne qatarie devait les revendre, car cet événement fait partie de ceux qui doivent être diffusés en clair (c’est TF1 qui en assurait habituellement la diffusion). Le groupe Canal+ les diffusera donc sur sa chaîne gratuite D8, dont le coût de grille s’alourdira de trois millions d’euros par an.Lire aussi :Droits sportifs, la guerre est relancéeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 10h43 • Mis à jour le09.12.2015 à 11h41 | Sandrine Cassini, Sarah Belouezzane et Isabelle Chaperon La trêve aura été de courte durée. Six mois après la tentative de rachat de Bouygues Telecom par Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR, le grand bal des négociations entre opérateurs télécoms a recommencé. Comme l’a révélé l’agence Bloomberg lundi 7 décembre, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Selon nos informations, les négociations ont été entamées au début de l’automne, lorsque le président de Bouygues est allé voir Stéphane Richard, PDG de l’opérateur historique, afin de réactiver un projet datant de 2014. Le bétonneur a posé une condition : que l’opération soit réglée essentiellement en titres, de façon à permettre à Bouygues d’entrer au capital d’Orange.Ces discussions sont « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autreInterrompues au moment de l’appel d’offres sur les « fréquences en or » de téléphonie mobile (les fameuses 700 MHz), achevées le jeudi 19 novembre, les discussions ont repris à l’initiative de M. Bouygues dès le lendemain du processus. Une telle opération lui permettrait de rester présent dans le secteur des télécoms, qui lui tient à cœur.Lire aussi :« Fréquences en or » : 2,8 milliards d’euros pour l’EtatSur la base d’une valorisation de 10 milliards d’euros pour le seul Bouygues Telecom, le conglomérat présent dans le secteur de la construction, qui détient 90 % de sa filiale (aux côtés de JC Decaux), obtiendrait une part de 22 % d’Orange, dont le premier actionnaire est aujourd’hui l’Etat, avec 25 % des actions. « Le groupe Bouygues indique qu’il n’a aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision et réaffirme son ancrage durable dans ces deux industries », a précisé le groupe familial, utilisant une formulation ambiguë lui permettant d’éviter un démenti.Les pouvoirs publics ont été tenus informés de ces discussions, « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autre. En juin, lorsque M. Drahi avait mis sur la table une offre de 10 milliards d’euros pour racheter Bouygues Telecom, le gouvernement s’était montré très réticent à la perspective de cette concentration.« Je dis et répète que la consolidation n’est pas aujourd’hui souhaitable pour le secteur. L’emploi, l’investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or, les conséquences d’une consolidation sont à ces égards négatives, comme l’ont prouvé les cas récents en Europe », avait lancé Emmanuel Macron, le ministre de l’économie. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée »A l’époque, toutefois, le gouvernement s’inquiétait avant tout du sort réservé à son prochain appel d’offres sur les fréquences 700 MHz. Le passage de quatre à trois acteurs signifiait une compétition limitée et donc une moindre rentrée d’argent. Les enchères ont finalement eu lieu en novembre et ont permis à l’Etat d’engranger 2,8 milliards d’euros, plus que prévu.Interrogations sur le rôle de TF1Cette échéance passée, les pouvoirs publics pourraient voir d’un autre œil la consolidation dans les télécoms. Orange et Bouygues ont commencé leur lobbying et il se déroulerait au plus haut niveau de l’Etat. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée », témoigne un bon connaisseur du dossier. Compte tenu des positions initiales, M. Macron n’aurait pas été mis dans la boucle dans un premier temps. Raison pour laquelle, selon un proche de Bercy, le ministre de l’économie ne cachait pas son irritation après les révélations de ces discussions, lundi.Lire aussi :Bouygues dément un éventuel rachat par Orange de ses activités médias et télécomsCoïncidence troublante, Les Echos ont révélé que Martin Bouygues avait écrit le 4 décembre au premier ministre, Manuel Valls, pour réclamer 2,28 milliards d’euros à l’Etat, une somme censée le dédommager du préjudice lié à l’arrivée de Free début 2012, un quatrième opérateur qui a déstabilisé le marché. Une façon de mettre la pression sur les pouvoirs publics ? De même, certains s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer la chaîne TF1, qui serait associée à la transaction, selon Bloomberg, dans la réussite de l’opération.C’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenirPour prendre forme, le rapprochement doit néanmoins franchir de nombreux obstacles. Orange et Bouygues Telecom savent qu’ils auront fort à faire pour convaincre la Commission européenne, dont la nouvelle commissaire à la concurrence Margrethe Vestager se montre peu favorable à la consolidation. En septembre, Bruxelles avait mis son veto à la fusion au Danemark de TeliaSonera et de Telenor, une opération qui aurait fait passer le marché de quatre à trois opérateurs.En France, c’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenir. Son président, Bruno Lasserre, avait ouvert la porte à la consolidation, en indiquant en 2014 qu’il n’y avait pas de nombre « magique » d’opérateurs. Pour autant, Orange détient déjà 50 % du marché fixe et mobile, ce qui rend difficile pour lui l’acquisition d’un concurrent.Le mariage doit obtenir l’approbation de la « famille »Conscient de cet écueil, Stéphane Richard a, selon nos informations, prévenu dès le départ SFR et Free des tractations en cours. Objectif : définir avec eux quels actifs ils seraient prêts à racheter, afin de mieux répartir leurs forces et amadouer les autorités de la concurrence.En d’autres termes, une reprise par Orange signifierait le démantèlement de Bouygues Telecom. En 2014, lors de précédentes négociations, d’abord avec SFR puis avec Orange, Bouygues avait prévu de céder son réseau fixe et des fréquences pour 1,8 milliard d’euros. Depuis, la donne a changé, Free ayant récupéré des fréquences de téléphonie lors du dernier appel d’offres.L’élimination d’un concurrent est le prélude à une accalmie dans la guerre des prixCependant, l’élimination d’un concurrent étant le prélude à une accalmie dans la guerre des prix, SFR et Free ont intérêt à jouer le jeu et à se partager fréquences, réseaux, équipes et boutiques de leur concurrent. C’est toute la particularité de ce secteur. Pour que l’un des acteurs se marie avec l’autre, il faut que l’ensemble de la « famille » soit d’accord.Autre sujet décisif pour la réussite de ce rapprochement : la gouvernance. Martin Bouygues n’est pas du genre à se contenter d’un strapontin en échange de son précieux réseau. Un équilibre doit donc être trouvé avec l’Etat, afin que ce dernier partage ses prérogatives de premier actionnaire avec le groupe privé.Ce n’est pas impossible, relève un banquier d’affaires, comme le prouve le tour de table de Thales. L’Etat et Dassault, au coude-à-coude au capital du groupe d’électronique et de défense, avec respectivement 27 % et 26 % des actions, y sont liés par un pacte d’actionnaires. Cela n’empêche évidemment pas les frictions, à l’image de la nomination contrariée d’Henri Proglio à la présidence de Thales en mai 2015. Mais dans l’ensemble, toutes les parties se montrent satisfaites de cet équilibre, six ans après sa construction. Un modèle à suivre ?Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiSandrine CassiniJournaliste au MondeIsabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le groupe détenu par Patrick Drahi entend poursuivre son développement dans la presse, après avoir repris le groupe L’Express et plusieurs autres titres dont Stratégies. Altice, propriétaire également de SFR, est en effet candidat à la reprise de Télé 7 Jours, France Dimanche et Ici Paris, trois magazines appartenant au groupe Lagardère.Selon une source proche du dossier, cette offre serait la mieux placée pour emporter ces trois titres, dont le plus important, Télé7Jours, vend encore 1,2 million d’exemplaires. Joints par Le Monde, les groupes Altice et Lagardère n’ont fait aucun commentaire.Lundi 7 décembre, La lettre de L’Expansion citait les groupes de presse allemand Bauer et italien Mondadori parmi les autres acquéreurs potentiels. Ils seraient désormais distancés par Patrick Drahi et Marc Laufer, selon cette même source proche du dossier.Début octobre, Arnaud Lagardère, associé commandité du groupe, avait admis qu’il se « posait des questions » sur l’éventuelle cession de ces magazines. En 2014, Lagardère a cédé dix de ses titres historiques et le groupe entend se recentrer autour d’un « environnement sacré » composé d’Elle, Europe 1 et le Journal du dimanche.Lire aussi :La stratégie de Lagardère sur les médias en questionAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Nous concentrons nos histoires sur les gens qui sont derrière la technologie. C’est plus intéressant que de faire une chronique sur le dernier iPhone. » C’est avec ce credo que Derek Mead, le rédacteur en chef de Motherboard, explique le succès de son site consacré à l’innovation. Et cette filiale du groupe américain de médias pour jeunes Vice compte désormais percer en France : Motherboard s’y lance mardi 8 décembre, après avoir décliné son site américain en espagnol et ouvert des bureaux au Royaume-Uni, au Canada, au Brésil, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne.Motherboard s’est récemment illustré par quelques scoops, dont la révélation du piratage des données du constructeur de jouets connectés VTech.Lire aussi :VTech : des millions de comptes clients et de profils d’enfants volés lors d’un piratageHackers, zombies et nourriture du futurOu celle des noms des utilisateurs du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison. « Motherboard avait interrogé les hackers eux-mêmes mais aussi des gens qui avaient vu leur nom publié, en rappelant que l’adultère peut être puni de mort dans certains pays », note Sébastien Chavigner, rédacteur en chef de la version française de Motherboard, pour souligner l’approche « humaine » du site.Parmi les premiers sujets français, M. Chavigner racontera sa semaine passée à se nourrir presque exclusivement de Soylent, une forme de nourriture du futur créée pour apporter tous les nutriments nécessaires sous forme de poudre à diluer : « Un enfer » (voir la version américaine). On lira aussi le portrait d’une des personnes chargées de calculer la trajectoire des débris dans « l’espace poubelle ». Ou un sujet sur le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier, parti à Haïti à la recherche des « zombies » – sortes de « morts-vivants », endormis avec des poisons puissants et ranimés après avoir été déclarés morts, explique M. Chavigner. Un sujet conforme au goût des marges et de la provocation de Vice.« Notre approche est globale, explique M. Mead. Nous ne voulons pas seulement parler de New York et de la Silicon Valley : la France et l’Europe ne sont pas assez couverts. » Le rédacteur en chef américain se dit intéressé par le projet de fusion nucléaire Iter.« En France, il y a peu de sites de médias dédiés à l’actualité de l’innovation », regrette M. Chavigner, qui souligne l’importance croissante du thème chez les supports généralistes, comme Le Monde, Le Figaro ou Slate, où la thématique est souvent traitée par une équipe dédiée, comme Pixels au Monde ou Rue89 au Nouvel Observateur.« Wired » et les références anglo-saxonnesPour tous, les exemples sont des sites anglo-saxons comme le très léché The Verge, créé en 2011 et rattaché au groupe de nouveaux médias Vox, ou The Register, réputé sur le thème de la sécurité informatique. Motherboard est connu pour ses enquêtes et ses vidéos (il aura en France quatre personnes dédiées aux images, en plus des quatre permanents de la rédaction).La référence historique incontestée reste le californien Wired, qui dès les années 1990 a proposé un magazine papier époustouflant, doublé d’un site Web quotidien. Propriété du groupe de presse Conde Nast (Vanity Fair, Vogue…), son possible lancement en France fait l’objet de rumeurs régulières.Les essais françaisOccuper ce créneau reste un défi : le magazine papier Humanoïde l’a tenté un an, avant de jeter l’éponge à la mi-septembre ; comme le journal et le site Transfert près de quinze ans avant lui. Le flambeau est pourtant toujours relevé : deux anciens d’Humanoïde se sont lancés à plein temps dans le site Geekzone, alors que d’autres ont rejoint Numerama. Ce site connu pour ses combats autour du téléchargement illégal et des libertés publiques vient d’être racheté et « repositionné ».« Nous avons une ligne beaucoup plus ouverte, proche des Anglo-Saxons : on intègre de la science, de l’économie et de la pop culture », explique Ulrich Rozier. Ce dernier a acquis Numerama grâce au succès de Frandroid, un site consacré au mobile qu’il avait cofondé. Lui aussi revendique un traitement « humain » des technologies et espère importer un peu de l’optimisme américain, parfois forcené dans le cas de Wired.Reste l’épineuse question des modèles économiques : Motherboard bénéficiera du soutien du groupe Vice, expert en publicité ciblant les jeunes et en vidéos sponsorisées. M. Rozier a lui complété ses revenus publicitaires avec des liens vers des fiches de comparateurs de produits et envisage une version payante de Numerama.Lire aussi :L’empire du ViceAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.12.2015 à 15h00 • Mis à jour le08.12.2015 à 16h09 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les grandes manœuvres s’accélèrent dans le domaine de l’information à France Télévisions. Lundi 7 décembre, l’entreprise publique a confié ce domaine sensible à Michel Field, qui dirigeait France 5, en remplacement de Pascal Golomer, conservé par Delphine Ernotte après avoir fait partie de l’équipe précédente. Du côté de France 5, c’est Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, qui remplace provisoirement M. Field.Lire aussi :Michel Field : « Il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans »Pourquoi ce changement, trois mois et demi après l’entrée en fonction de la nouvelle présidente ? Selon un premier niveau de lecture, M. Golomer n’aurait pas donné satisfaction. « A son arrivée, Mme Ernotte a fait le choix de la continuité. Cela n’a pas fonctionné », explique-t-on à la présidence de France Télévisions, en précisant que le remplacement de celui qui a fait toute sa carrière dans le service public, et doit être « appelé à d’autres fonctions », ne sanctionne pas un problème précis.Les dysfonctionnements n’ont pourtant pas manqué, qu’il s’agisse du cafouillage autour de la venue – annulée – de Marine Le Pen à « Des Paroles et des actes », mi-octobre, ou du lancement tardif d’une édition spéciale sur France 2 au soir des attentats du 13 novembre. M. Golomer aurait aussi défendu le directeur de la rédaction de France 2, Eric Monnier, qui devrait prochainement quitter ses fonctions après avoir vu ses méthodes de management contestées par les syndicats.Derrière ces incidents se nichent aussi une divergence d’état d’esprit et une forme d’impatience. L’information est la priorité du début de mandat de Mme Ernotte, qui a choisi de lancer une chaîne en continu et doit mener à son terme un plan de fusion des rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) baptisé « Info 2015 ».Le calendrier est serré : les consultations sociales sur la chaîne d’info doivent commencer en décembre, pour un lancement prévu en septembre 2016. Alors que les syndicats continuent de combattre « Info 2015 », ce projet va nécessiter une accélération du travail en commun, y compris avec les autres acteurs de l’audiovisuel public. « Il faut qu’on avance et qu’on renforce l’esprit collectif », résume-t-on à la présidence.Selon ce deuxième niveau de lecture, il fallait donc tourner la page et installer une figure nouvelle, non marquée par les rivalités entre France 2 et France 3, ni par les affrontements avec les syndicats sur le projet de fusion. D’où le choix de Michel Field, qui doit apporter un « nouveau souffle ».Ce dernier est une pièce importante de l’équipe Ernotte depuis sa constitution. Homme de réseaux, agitateur d’idées, cet agrégé de philosophie entré en télévision chez Christophe Dechavanne en 1989 fait partie de ceux dont la présidente apprécie les conseils. Ces dernières semaines, il a participé aux réunions consacrées au projet de chaîne d’information, chapeauté par un ancien de LCI, comme lui : Germain Dagognet.Sur la chaîne d’information du groupe TF1, M. Field a notamment animé une tranche d’information ou l’émission de débat « Politiquement Show », aux côtés de Patrick Buisson, futur conseiller de Nicolas Sarkozy. D’un point de vue politique, il offre l’avantage d’avoir une image de gauche, en partie liée à son engagement de jeunesse à la Ligue communiste révolutionnaire, tout en ayant bâti une proximité avec l’ancien président de la République. Une double compatibilité précieuse à un an et demi de l’élection présidentielle.L’animateur est surtout connu pour ses émissions culturelles comme « Le Cercle de minuit » ou « Au Field de la nuit ». Cette expérience suscite des interrogations dans la maison. « Nous ne sommes pas surpris qu’il y ait un changement, déclare ainsi Serge Cimino, journaliste à France 3 et membre du bureau national du SNJ. Mais nous sommes étonnés du profil retenu. »Les journalistes ont donc commencé à spéculer sur l’identité du directeur des rédactions qui est à leurs yeux le complément opérationnel indispensable à Michel Field. Des noms comme ceux d’Agnès Vahramian ou d’Hervé Brusini sont cités, mais il semble difficile de convaincre quiconque de porter le projet de fusion. « Michel Field va-t-il remettre en question les projets de l’équipe précédente comme “Info 2015” ? », interroge l’élu (CGT) Marc Chauvelot.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 • Mis à jour le06.12.2015 à 07h37 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place.Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris.Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard.Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ».Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire Alexandre Piquard Surprise : l’Assemblée nationale a voté de justesse et contre l’avis du gouvernement, vendredi 4 décembre, un amendement qui donne raison aux sites de presse en ligne visés par un redressement fiscal pour avoir appliqué le taux superréduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le texte accorde a posteriori à Mediapart ou Arrêt sur images le droit de recourir au taux de 2,1 %, initialement réservé aux médias papier, pour la période entre 2008 et début 2014.Lire : La TVA pour la presse numérique bientôt alignée sur celle du papierLa réaction du gouvernement « pas encore arbitrée »Pour autant, il reste des obstacles pour que le texte soit pleinement confirmé : l’amendement n’a été voté qu’à 11 voix contre 10. Le texte était porté par des députés socialistes, notamment l’ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l’ex-ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative 2015. Une dizaine de députés Les Républicains (LR) avaient déposé un amendement identique, mais le groupe LR, et notamment son président Christian Jacob, avait fermement pris position contre.Le gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, était opposé à l’amendement, accusé de rompre l’égalité devant l’impôt : « Les contribuables qui ont appliqué le taux normal en 2009, 2010, 2011 ne pourront pas obtenir le remboursement, puisque la TVA est prescrite. Ceux qui se sont appliqué d’autorité le taux de 2,1 % en auront donc bénéficié entre 2008 et 2012, et les autres non », a-t-il plaidé. Avant de citer deux autres problèmes juridiques : la conformité envers le droit européen et la rétroactivité, qui suppose qu’on agisse au nom de l’intérêt général.Joint par Le Monde, le cabinet de M. Eckert explique toutefois qu’il n’a pas demandé de seconde délibération sur l’amendement, vendredi. Quant à savoir s’il déposera un amendement pour supprimer la disposition votée jeudi, la question est « prématurée » et pas encore « arbitrée ».L’obstacle du Sénat et du Conseil constitutionnelQue va-t-il se passer maintenant ? Le texte doit être examiné par le Sénat, a priori entre le 10 et le 12 décembre, explique le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), très favorable à l’amendement. Il est alors possible que soit proposée au vote la suppression du texte, à l’initiative du gouvernement ou, éventuellement, à celle de l’opposition de droite, qui dispose d’une majorité au Sénat.Si le texte est modifié, un accord entre sénateurs et députés devra être trouvé au sein d’une commission mixte paritaire entre le 12 et le 15 décembre, note le Spiil. En cas de désaccord, il peut y avoir un second vote à l’Assemblée.Arrivera enfin l’étape du Conseil constitutionnel, avant le 31 décembre. L’autorité peut censurer l’amendement, pensent certains, à l’image du président de la commission des finances, Gilles Carrez (Les Républicains), qui le jugent « totalement inconstitutionnel ».Pour M. Carrez, l’« amendement de rétroactivité comporte un aspect d’amnistie fiscale tout à fait déplaisant ». « Or en droit fiscal, on ne peut admettre qu’un contribuable qui, de sa propre initiative, n’applique pas la loi fiscale, puisse bénéficier d’une sorte de complaisance du Parlement et voir sa situation régularisée a posteriori », selon le député, qui était en désaccord avec la rapporteure générale du budget, la députée PS Valérie Rabault, favorable au texte.Débat sur la rétroactivitéJean-Christophe Boulanger, président du Spiil, rétorque que depuis la création du statut de la presse en ligne, il y a un principe d’égalité entre les titres de presse, quel que soit leur support. Un argument auquel ont été sensibles des parlementaires de droite, qui avaient initialement déposé des amendements, avant que le groupe LR se positionne contre la disposition.« Il n’y a pas de rétroactivité, assure M. Boulanger. L’amendement est une disposition interprétative qui précise comment il fallait appliquer la loi, dans le cas de textes flous ou incohérents. Cela ne change pas les règles ex post [portant sur des faits constitués], ça les clarifie. »Le cas particulier de MediapartDu côté de Mediapart, Edwy Plenel ne s’exprime pas. Mais le site a un argumentaire qui vise à lutter sur le terrain médiatique, dans un dossier jugé politique : il ne s’agit pas « d’amnistie », car il n’y a pas eu de fraude, l’action de Mediapart étant revendiquée, écrit le site.Idem pour la notion « d’amendement Mediapart ». Le site d’investigation, dont certaines enquêtes ont gêné le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande, estime que la personnalisation du dossier autour de son cas particulier est un piège. En première ligne, Mediapart rappelle que le Spiil soutient son combat et que d’autres sites ont fait l’objet d’un redressement, comme Arrêt sur images (540 000 euros) et Indigo Publications (Lettre A, Presse News…).Lire aussi :Mediapart et Arrêt sur images appellent leurs lecteurs à la générositéLe site fondé par Edwy Plenel a toutefois publié, via un blog d’auteur, un billet de Roland Veillepeau, ancien patron de la direction nationale des enquêtes fiscales, selon lequel le contrôle fiscal du site « fleure bon, quoi qu’on dise, le règlement de comptes ».Pour Mediapart, l’enjeu est de taille. Bénéficiaire, il dispose d’une trésorerie de 3 millions d’euros environ. Mais se voit réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc : 3,5 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités.Lire aussi : Mediapart : Plenel prépare l’après-PlenelAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande La vieillesse est un naufrage, même au sommet de la réussite. L’exceptionnel destin de Sumner Redstone, 92 ans et toujours patron de Viacom, est en train de s’achever dans le déballage le plus sordide et fait désormais les délices du tout Hollywood. Avec tous les ingrédients d’une bonne série télé : l’argent, le sexe et le pouvoir. Le 25 novembre, Manuela Herzer, l’ex-petite amie du plus célèbre magnat américain des médias, a déposé plainte devant la Cour de justice de l’Etat de Californie pour demander le droit de s’occuper de la santé déclinante de Sumner. Le 21 décembre, le juge a décidé de repousser à janvier l’audition des médecins du nonagénaireAprès avoir hérité en 1967 de la petite chaîne de salles de cinéma fondée par son père, Sumner Redstone l’a progressivement transformée en géant des médias grâce à l’acquisition successive du producteur de chaînes de télévision Viacom (MTV, Nickelodeon…), du studio de cinéma Paramount, puis du réseau national CBS. Un empire valorisé aujourd’hui plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) et dont il possède 80 % des droits de vote. Sa fortune personnelle est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Voilà pour l’argent.Une vocation d’homme à femmesLe sexe a accompagné la gloire. Avec son éternelle mèche teinte en blond et sa démarche hésitante, le milliardaire, grièvement blessé lors d’un incendie, s’est découvert sur le tard une vocation d’homme à femmes. A 76 ans, il a divorcé de sa première épouse, s’est remarié trois ans plus tard avec une jeunesse de 39 ans sa cadette, avant de divorcer à nouveau alors qu’il avait 85 ans. Il se met alors en couple avec Manuela Herzer, 50 ans, avant de lui préférer Sydney Holland, 40 ans. The Hollywood Reporter, la bible du quartier le plus célèbre de Los Angeles, a fait ses gorges chaudes de ses aventures avec une jeune chanteuse dont il a imposé l’éphémère groupe de rock féminin, The Electric Barbarellas, sur sa chaîne musicale MTV.En mai, pour ses 92 ans, le vieil homme était apparu pour la dernière fois fermement soutenu par Manuela et Sydney. Mais en octobre, la première fut exclue à la fois du château du testament qui faisait d’elle et de Sydney les curateurs de Sumner, responsables de sa santé. A leur place, c’est Philippe Dauman – directeur général de Viacom et homme de confiance du magnat – qui fut désigné.Depuis, verrouillage complet. Officiellement M. Redstone garde bon pied bon œil, même s’il ne s’exprime plus de manière intelligible. Ce n’est pas l’avis de Manuela, qui le qualifie avec moult détails de « fantôme vivant », incapable de bouger et demandant des soins constants. Les investisseurs s’inquiètent et demandent une contre-expertise. Quelle qu’en soit l’issue, la fin du mélodrame est proche et il y a peu de chances qu’il se termine bien pour l’intrépide Sumner qui avait proclamé un jour qu’il ne mourrait jamais.Lire aussi :Les grands médias audiovisuels américains contraints de changer de stratégiePhilippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 21h44 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h23 Une erreur de pilotage est à l’origine de l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à huit français, dont trois sportifs, en mars lors du tournage en Argentine de l’émission de télévision « Dropped ». Un rapport de la Direction d’enquête des accidents de l’aviation civile argentine (JIAAC) diffusé jeudi 17 décembre dit :« Le facteur déclencheur de cet accident a été le défaut d’appréciation des pilotes de la proximité ou du manque de séparation de leurs aéronefs respectifs. Ce manque d’appréciation a entraîné la collision aérienne des aéronefs sans aucune tentative de manœuvre évasive ou d’évitement. »Le rapport de 50 pages relève qu’un des pilotes aurait aussi pu être ébloui peu avant la collision. La JIAAC suggère également que les nécessités du tournage ont pu conduire les pilotes à commettre une imprudence.« Il est plausible d’affirmer que la nécessité de réaliser des images ait pu amener les cameramen à influencer ou à distraire les pilotes. »Aucun survivant Le 9 mars, deux hélicoptères s’étaient heurtés peu après le décollage et avaient pris feu lors du tournage d’une émission de téléréalité de TF1 dans le nord-ouest de l’Argentine.La navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine, médaillé olympique, sont morts dans la catastrophe, ainsi que cinq autres Français, membres de la production de l’émission « Dropped », et les deux pilotes argentins.De nombreux experts aéronautiques estimaient qu’une faute de pilotage pouvait être à l’origine du drame. Les deux hélicoptères, des Ecureuil de fabrication récente (2010), volaient l’un près de l’autre, à faible altitude, quand l’un d’eux heurta le second.Outre le volet argentin de l’enquête, une information judiciaire pour homicide involontaire a également été ouverte le 3 avril par le parquet de Paris.Lire aussi :« Dropped », la plus grande tragédie de l’histoire de la télé-réalité Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique une audience de 70 millions de personnes par semaine, dont la moitié la regardent quotidiennement, selon une étude Ipsos pour 38 pays. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 08h14 • Mis à jour le11.12.2015 à 14h14 | Alexis Delcambre Pour pouvoir notamment exporter des séries, France Télévisions a signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction, dont le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international, a annoncé le groupe, jeudi 10 décembre.L’accord conclu avec le Satev (Syndicat des agences de presse télévisée), le SPFA (Syndicat français des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) prévoit que France Télévisions portera à 25 % de ses dépenses de création les œuvres « dépendantes » (dont elle détient en partie les droits) contre 5 % actuellement. Le groupe bénéficiera ainsi du même seuil de 25 % que les groupes privés.« La moitié de cette part dépendante pourra être réalisée avec la filiale de production de France Télévisions MFP, seule ou en coproduction », précise le groupe, qui s’engage à maintenir à 400 millions d’euros minimum son budget pour la création. L’autre moitié de cette part « dépendante » sera réalisée par des producteurs indépendants mais avec des conditions plus favorables à France Télévision, par exemple sur la durée des droits ou le niveau de coproduction. Les budgets alloués au webcréations devraient également être intégrés à cette part.Du côté de la part « indépendante », France Télévisions a notamment obtenu la possibilité de mieux faire circuler les œuvres au sein de son bouquet de chaînes. Jusqu’ici France Télévisions commandait des œuvres à des producteurs indépendants, à hauteur de 95 % de ses dépenses de création, sans détenir aucun droit de propriété sur elles – un système instauré par les décrets « Tasca » des années 1990 pour protéger les producteurs indépendants et que le ministère de la culture veut réformer.Succès pour Delphine ErnotteOr, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut faire de l’exportation de fictions une nouvelle source de revenus et de rayonnement. Sans attendre une nouvelle réglementation, elle passe ainsi par un accord professionnel amiable pour atteindre son but. Elle prévoit même que sa filiale MFP pourra davantage produire seule : c’est un retour de France Télévisions dans la production en propre, qui rappelle le temps de l’ORTF et de ses grandes séries populaires.Dans la quête des groupes médias pour détenir des contenus, c’est aussi une riposte de France Télévisions à la chaîne TF1, qui va se lancer dans la production en rachetant le producteur Newen, qui réalisait de nombreuses séries pour France Télévisions. L’accord est un succès pour Delphine Ernotte, qui a fait de la maîtrise des droits un enjeu du développement entrepreneurial de France Télévisions, et pour sa directrice du développement commercial et PDG de MFP, Laëtitia Recayte.« Cet accord interprofessionnel répond à la nécessité pour le service public de mieux protéger et de mieux valoriser ses programmes », a indiqué France Télévisions dans un communiqué. « France Télévisions et la production indépendante prennent des engagements mutuels sur la durée des droits, l’exploitation sur les plates-formes numériques, la circulation des œuvres, le partage de la valeur, tant dans la part indépendante que dans la part dépendante » des budgets dédiés à la création, indique le groupe sans autre détail.L’accord est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la culture, Fleur Pellerin, dont le cabinet travaille à élaborer un « acte II » redéfinissant les relations entre producteurs et diffuseurs, quelques mois après la publication d’un premier décret. Cet accord devrait faciliter les choses. Dans un communiqué, la ministre s’est félicitée de « cet accord majeur qui va favoriser l’investissement du service public dans la création, en offrant plus de flexibilité à France Télévisions – qui bénéficiera notamment d’un renforcement de ses capacités de production –, et des garanties solides en faveur des producteurs indépendants ».« Cette « nouvelle alliance » qui renforce le partenariat entre producteurs et diffuseurs permettra un meilleur partage du risque, clarifiera les modèles de production et soutiendra la diversité de la création, a-t-elle ajouté. La ministre souhaite que cette étape importante puisse être complétée très rapidement par un accord sur la transparence, et que des discussions s’engagent très vite entre diffuseurs privés et producteurs sur des principes similaires. »Lire aussi :Télévision : renforçons l’alliance entre producteurs et diffuseurs au service de la créationAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le10.12.2015 à 11h32 | Alexis Delcambre Le PDG de TF1, Nonce Paolini, a déclaré, jeudi 10 décembre, qu’il n’existait « aucune discussion » concernant un éventuel rachat du groupe de télévision privé par l’opérateur télécoms Orange.Auditionné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) afin de défendre sa demande de passage en gratuit de la chaîne d’information LCI, M. Paolini a déclaré que « l’hypothèse d’un rachat de TF1 par Orange sort de nulle part, c’est une curiosité ».Le PDG de TF1 a expliqué avoir eu son actionnaire, Martin Bouygues, au téléphone à ce sujet : « Il m’a assuré que ceci est sans aucun objet. » « On ne voit pas très bien ce que TF1 viendrait faire dans un éventuel rapprochement avec Orange », a ajouté M. Paolini, le dirigeant du groupe, qui contrôle la chaîne vedette TF1, mais aussi les chaînes gratuites TMC, NT1 et HD1.Comme l’a révélé l’agence Bloomberg, lundi, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Lire aussi :Bouygues Telecom discute mariage avec OrangeNouvelle offre du « Monde »Nonce Paolini a par ailleurs déclaré qu’il n’existait à ce jour « aucune discussion » sur une vente de LCI aux actionnaires du groupe Le Monde, qui ont ouvertement fait part de leur intérêt pour la chaîne d’information. M. Paolini a indiqué avoir reçu de la part de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, une nouvelle offre de rachat, vendredi 4 décembre.Cette offre intervient alors que le CSA doit rendre une décision – attendue au plus tôt le 16 décembre – sur le passage en gratuit de LCI. « Nous aurons à juger [de cette offre] en cas de refus » du CSA de passer la chaîne en gratuit, a expliqué M. Paolini, tout en s’interrogeant sur l’« éthique » de cette démarche.Le CSA a publié, fin novembre, une étude sur l’impact du passage en gratuit de la chaîne d’info, réclamé par TF1, qui présente des éléments d’analyse moins défavorables que l’étude de juillet 2014, qui avait motivé son refus.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesLe CSA doit également se prononcer sur deux autres demandes de passage en gratuit concernant Paris Première (groupe M6) et Planète + (groupe Canal+).Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 19h36 • Mis à jour le09.12.2015 à 22h08 Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a décidé, mercredi 9 décembre, de rejeter le recours gracieux qui lui avait été présenté par la chaîne Numéro 23, suite à l’abrogation de son autorisation de diffusion prononcée en octobre.Le CSA considère comme insuffisants les gages donnés par la chaîne quant à son pacte d’actionnaires, à son éventuelle cession à NextRadioTV et au respect de sa ligne éditoriale, explique-t-il dans un communiqué.Pour la première fois de son histoire, le CSA a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet.Numéro 23 a réagi dans un communiqué en annonçant sa « décision d’introduire un recours contentieux » devant le Conseil d’Etat contre la décision du CSA, « afin de faire valoir ses droits et d’assurer la pérennité de la société ». Ce recours permettra à la chaîne de continuer à émettre tant que l’autorité administrative suprême n’aura pas rendu sa décision.Lire aussi :Numéro 23 : dans les coulisses d’une décision inédite Alexis Delcambre Vincent Bolloré ne s’avoue pas vaincu sur le terrain des droits sportifs. Quelques jours après avoir perdu les droits du football anglais au bénéfice d’Altice, le groupe Canal+ a annoncé avoir acquis les droits des trois prochaines éditions de la finale de la Ligue des champions, la compétition phare du football européen.Ces droits étaient la propriété de BeIn Sports, mais la chaîne qatarie devait les revendre, car cet événement fait partie de ceux qui doivent être diffusés en clair (c’est TF1 qui en assurait habituellement la diffusion). Le groupe Canal+ les diffusera donc sur sa chaîne gratuite D8, dont le coût de grille s’alourdira de trois millions d’euros par an.Lire aussi :Droits sportifs, la guerre est relancéeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 10h43 • Mis à jour le09.12.2015 à 11h41 | Sandrine Cassini, Sarah Belouezzane et Isabelle Chaperon La trêve aura été de courte durée. Six mois après la tentative de rachat de Bouygues Telecom par Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR, le grand bal des négociations entre opérateurs télécoms a recommencé. Comme l’a révélé l’agence Bloomberg lundi 7 décembre, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Selon nos informations, les négociations ont été entamées au début de l’automne, lorsque le président de Bouygues est allé voir Stéphane Richard, PDG de l’opérateur historique, afin de réactiver un projet datant de 2014. Le bétonneur a posé une condition : que l’opération soit réglée essentiellement en titres, de façon à permettre à Bouygues d’entrer au capital d’Orange.Ces discussions sont « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autreInterrompues au moment de l’appel d’offres sur les « fréquences en or » de téléphonie mobile (les fameuses 700 MHz), achevées le jeudi 19 novembre, les discussions ont repris à l’initiative de M. Bouygues dès le lendemain du processus. Une telle opération lui permettrait de rester présent dans le secteur des télécoms, qui lui tient à cœur.Lire aussi :« Fréquences en or » : 2,8 milliards d’euros pour l’EtatSur la base d’une valorisation de 10 milliards d’euros pour le seul Bouygues Telecom, le conglomérat présent dans le secteur de la construction, qui détient 90 % de sa filiale (aux côtés de JC Decaux), obtiendrait une part de 22 % d’Orange, dont le premier actionnaire est aujourd’hui l’Etat, avec 25 % des actions. « Le groupe Bouygues indique qu’il n’a aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision et réaffirme son ancrage durable dans ces deux industries », a précisé le groupe familial, utilisant une formulation ambiguë lui permettant d’éviter un démenti.Les pouvoirs publics ont été tenus informés de ces discussions, « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autre. En juin, lorsque M. Drahi avait mis sur la table une offre de 10 milliards d’euros pour racheter Bouygues Telecom, le gouvernement s’était montré très réticent à la perspective de cette concentration.« Je dis et répète que la consolidation n’est pas aujourd’hui souhaitable pour le secteur. L’emploi, l’investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or, les conséquences d’une consolidation sont à ces égards négatives, comme l’ont prouvé les cas récents en Europe », avait lancé Emmanuel Macron, le ministre de l’économie. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée »A l’époque, toutefois, le gouvernement s’inquiétait avant tout du sort réservé à son prochain appel d’offres sur les fréquences 700 MHz. Le passage de quatre à trois acteurs signifiait une compétition limitée et donc une moindre rentrée d’argent. Les enchères ont finalement eu lieu en novembre et ont permis à l’Etat d’engranger 2,8 milliards d’euros, plus que prévu.Interrogations sur le rôle de TF1Cette échéance passée, les pouvoirs publics pourraient voir d’un autre œil la consolidation dans les télécoms. Orange et Bouygues ont commencé leur lobbying et il se déroulerait au plus haut niveau de l’Etat. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée », témoigne un bon connaisseur du dossier. Compte tenu des positions initiales, M. Macron n’aurait pas été mis dans la boucle dans un premier temps. Raison pour laquelle, selon un proche de Bercy, le ministre de l’économie ne cachait pas son irritation après les révélations de ces discussions, lundi.Lire aussi :Bouygues dément un éventuel rachat par Orange de ses activités médias et télécomsCoïncidence troublante, Les Echos ont révélé que Martin Bouygues avait écrit le 4 décembre au premier ministre, Manuel Valls, pour réclamer 2,28 milliards d’euros à l’Etat, une somme censée le dédommager du préjudice lié à l’arrivée de Free début 2012, un quatrième opérateur qui a déstabilisé le marché. Une façon de mettre la pression sur les pouvoirs publics ? De même, certains s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer la chaîne TF1, qui serait associée à la transaction, selon Bloomberg, dans la réussite de l’opération.C’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenirPour prendre forme, le rapprochement doit néanmoins franchir de nombreux obstacles. Orange et Bouygues Telecom savent qu’ils auront fort à faire pour convaincre la Commission européenne, dont la nouvelle commissaire à la concurrence Margrethe Vestager se montre peu favorable à la consolidation. En septembre, Bruxelles avait mis son veto à la fusion au Danemark de TeliaSonera et de Telenor, une opération qui aurait fait passer le marché de quatre à trois opérateurs.En France, c’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenir. Son président, Bruno Lasserre, avait ouvert la porte à la consolidation, en indiquant en 2014 qu’il n’y avait pas de nombre « magique » d’opérateurs. Pour autant, Orange détient déjà 50 % du marché fixe et mobile, ce qui rend difficile pour lui l’acquisition d’un concurrent.Le mariage doit obtenir l’approbation de la « famille »Conscient de cet écueil, Stéphane Richard a, selon nos informations, prévenu dès le départ SFR et Free des tractations en cours. Objectif : définir avec eux quels actifs ils seraient prêts à racheter, afin de mieux répartir leurs forces et amadouer les autorités de la concurrence.En d’autres termes, une reprise par Orange signifierait le démantèlement de Bouygues Telecom. En 2014, lors de précédentes négociations, d’abord avec SFR puis avec Orange, Bouygues avait prévu de céder son réseau fixe et des fréquences pour 1,8 milliard d’euros. Depuis, la donne a changé, Free ayant récupéré des fréquences de téléphonie lors du dernier appel d’offres.L’élimination d’un concurrent est le prélude à une accalmie dans la guerre des prixCependant, l’élimination d’un concurrent étant le prélude à une accalmie dans la guerre des prix, SFR et Free ont intérêt à jouer le jeu et à se partager fréquences, réseaux, équipes et boutiques de leur concurrent. C’est toute la particularité de ce secteur. Pour que l’un des acteurs se marie avec l’autre, il faut que l’ensemble de la « famille » soit d’accord.Autre sujet décisif pour la réussite de ce rapprochement : la gouvernance. Martin Bouygues n’est pas du genre à se contenter d’un strapontin en échange de son précieux réseau. Un équilibre doit donc être trouvé avec l’Etat, afin que ce dernier partage ses prérogatives de premier actionnaire avec le groupe privé.Ce n’est pas impossible, relève un banquier d’affaires, comme le prouve le tour de table de Thales. L’Etat et Dassault, au coude-à-coude au capital du groupe d’électronique et de défense, avec respectivement 27 % et 26 % des actions, y sont liés par un pacte d’actionnaires. Cela n’empêche évidemment pas les frictions, à l’image de la nomination contrariée d’Henri Proglio à la présidence de Thales en mai 2015. Mais dans l’ensemble, toutes les parties se montrent satisfaites de cet équilibre, six ans après sa construction. Un modèle à suivre ?Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiSandrine CassiniJournaliste au MondeIsabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le groupe détenu par Patrick Drahi entend poursuivre son développement dans la presse, après avoir repris le groupe L’Express et plusieurs autres titres dont Stratégies. Altice, propriétaire également de SFR, est en effet candidat à la reprise de Télé 7 Jours, France Dimanche et Ici Paris, trois magazines appartenant au groupe Lagardère.Selon une source proche du dossier, cette offre serait la mieux placée pour emporter ces trois titres, dont le plus important, Télé7Jours, vend encore 1,2 million d’exemplaires. Joints par Le Monde, les groupes Altice et Lagardère n’ont fait aucun commentaire.Lundi 7 décembre, La lettre de L’Expansion citait les groupes de presse allemand Bauer et italien Mondadori parmi les autres acquéreurs potentiels. Ils seraient désormais distancés par Patrick Drahi et Marc Laufer, selon cette même source proche du dossier.Début octobre, Arnaud Lagardère, associé commandité du groupe, avait admis qu’il se « posait des questions » sur l’éventuelle cession de ces magazines. En 2014, Lagardère a cédé dix de ses titres historiques et le groupe entend se recentrer autour d’un « environnement sacré » composé d’Elle, Europe 1 et le Journal du dimanche.Lire aussi :La stratégie de Lagardère sur les médias en questionAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Nous concentrons nos histoires sur les gens qui sont derrière la technologie. C’est plus intéressant que de faire une chronique sur le dernier iPhone. » C’est avec ce credo que Derek Mead, le rédacteur en chef de Motherboard, explique le succès de son site consacré à l’innovation. Et cette filiale du groupe américain de médias pour jeunes Vice compte désormais percer en France : Motherboard s’y lance mardi 8 décembre, après avoir décliné son site américain en espagnol et ouvert des bureaux au Royaume-Uni, au Canada, au Brésil, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne.Motherboard s’est récemment illustré par quelques scoops, dont la révélation du piratage des données du constructeur de jouets connectés VTech.Lire aussi :VTech : des millions de comptes clients et de profils d’enfants volés lors d’un piratageHackers, zombies et nourriture du futurOu celle des noms des utilisateurs du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison. « Motherboard avait interrogé les hackers eux-mêmes mais aussi des gens qui avaient vu leur nom publié, en rappelant que l’adultère peut être puni de mort dans certains pays », note Sébastien Chavigner, rédacteur en chef de la version française de Motherboard, pour souligner l’approche « humaine » du site.Parmi les premiers sujets français, M. Chavigner racontera sa semaine passée à se nourrir presque exclusivement de Soylent, une forme de nourriture du futur créée pour apporter tous les nutriments nécessaires sous forme de poudre à diluer : « Un enfer » (voir la version américaine). On lira aussi le portrait d’une des personnes chargées de calculer la trajectoire des débris dans « l’espace poubelle ». Ou un sujet sur le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier, parti à Haïti à la recherche des « zombies » – sortes de « morts-vivants », endormis avec des poisons puissants et ranimés après avoir été déclarés morts, explique M. Chavigner. Un sujet conforme au goût des marges et de la provocation de Vice.« Notre approche est globale, explique M. Mead. Nous ne voulons pas seulement parler de New York et de la Silicon Valley : la France et l’Europe ne sont pas assez couverts. » Le rédacteur en chef américain se dit intéressé par le projet de fusion nucléaire Iter.« En France, il y a peu de sites de médias dédiés à l’actualité de l’innovation », regrette M. Chavigner, qui souligne l’importance croissante du thème chez les supports généralistes, comme Le Monde, Le Figaro ou Slate, où la thématique est souvent traitée par une équipe dédiée, comme Pixels au Monde ou Rue89 au Nouvel Observateur.« Wired » et les références anglo-saxonnesPour tous, les exemples sont des sites anglo-saxons comme le très léché The Verge, créé en 2011 et rattaché au groupe de nouveaux médias Vox, ou The Register, réputé sur le thème de la sécurité informatique. Motherboard est connu pour ses enquêtes et ses vidéos (il aura en France quatre personnes dédiées aux images, en plus des quatre permanents de la rédaction).La référence historique incontestée reste le californien Wired, qui dès les années 1990 a proposé un magazine papier époustouflant, doublé d’un site Web quotidien. Propriété du groupe de presse Conde Nast (Vanity Fair, Vogue…), son possible lancement en France fait l’objet de rumeurs régulières.Les essais françaisOccuper ce créneau reste un défi : le magazine papier Humanoïde l’a tenté un an, avant de jeter l’éponge à la mi-septembre ; comme le journal et le site Transfert près de quinze ans avant lui. Le flambeau est pourtant toujours relevé : deux anciens d’Humanoïde se sont lancés à plein temps dans le site Geekzone, alors que d’autres ont rejoint Numerama. Ce site connu pour ses combats autour du téléchargement illégal et des libertés publiques vient d’être racheté et « repositionné ».« Nous avons une ligne beaucoup plus ouverte, proche des Anglo-Saxons : on intègre de la science, de l’économie et de la pop culture », explique Ulrich Rozier. Ce dernier a acquis Numerama grâce au succès de Frandroid, un site consacré au mobile qu’il avait cofondé. Lui aussi revendique un traitement « humain » des technologies et espère importer un peu de l’optimisme américain, parfois forcené dans le cas de Wired.Reste l’épineuse question des modèles économiques : Motherboard bénéficiera du soutien du groupe Vice, expert en publicité ciblant les jeunes et en vidéos sponsorisées. M. Rozier a lui complété ses revenus publicitaires avec des liens vers des fiches de comparateurs de produits et envisage une version payante de Numerama.Lire aussi :L’empire du ViceAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.12.2015 à 15h00 • Mis à jour le08.12.2015 à 16h09 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les grandes manœuvres s’accélèrent dans le domaine de l’information à France Télévisions. Lundi 7 décembre, l’entreprise publique a confié ce domaine sensible à Michel Field, qui dirigeait France 5, en remplacement de Pascal Golomer, conservé par Delphine Ernotte après avoir fait partie de l’équipe précédente. Du côté de France 5, c’est Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, qui remplace provisoirement M. Field.Lire aussi :Michel Field : « Il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans »Pourquoi ce changement, trois mois et demi après l’entrée en fonction de la nouvelle présidente ? Selon un premier niveau de lecture, M. Golomer n’aurait pas donné satisfaction. « A son arrivée, Mme Ernotte a fait le choix de la continuité. Cela n’a pas fonctionné », explique-t-on à la présidence de France Télévisions, en précisant que le remplacement de celui qui a fait toute sa carrière dans le service public, et doit être « appelé à d’autres fonctions », ne sanctionne pas un problème précis.Les dysfonctionnements n’ont pourtant pas manqué, qu’il s’agisse du cafouillage autour de la venue – annulée – de Marine Le Pen à « Des Paroles et des actes », mi-octobre, ou du lancement tardif d’une édition spéciale sur France 2 au soir des attentats du 13 novembre. M. Golomer aurait aussi défendu le directeur de la rédaction de France 2, Eric Monnier, qui devrait prochainement quitter ses fonctions après avoir vu ses méthodes de management contestées par les syndicats.Derrière ces incidents se nichent aussi une divergence d’état d’esprit et une forme d’impatience. L’information est la priorité du début de mandat de Mme Ernotte, qui a choisi de lancer une chaîne en continu et doit mener à son terme un plan de fusion des rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) baptisé « Info 2015 ».Le calendrier est serré : les consultations sociales sur la chaîne d’info doivent commencer en décembre, pour un lancement prévu en septembre 2016. Alors que les syndicats continuent de combattre « Info 2015 », ce projet va nécessiter une accélération du travail en commun, y compris avec les autres acteurs de l’audiovisuel public. « Il faut qu’on avance et qu’on renforce l’esprit collectif », résume-t-on à la présidence.Selon ce deuxième niveau de lecture, il fallait donc tourner la page et installer une figure nouvelle, non marquée par les rivalités entre France 2 et France 3, ni par les affrontements avec les syndicats sur le projet de fusion. D’où le choix de Michel Field, qui doit apporter un « nouveau souffle ».Ce dernier est une pièce importante de l’équipe Ernotte depuis sa constitution. Homme de réseaux, agitateur d’idées, cet agrégé de philosophie entré en télévision chez Christophe Dechavanne en 1989 fait partie de ceux dont la présidente apprécie les conseils. Ces dernières semaines, il a participé aux réunions consacrées au projet de chaîne d’information, chapeauté par un ancien de LCI, comme lui : Germain Dagognet.Sur la chaîne d’information du groupe TF1, M. Field a notamment animé une tranche d’information ou l’émission de débat « Politiquement Show », aux côtés de Patrick Buisson, futur conseiller de Nicolas Sarkozy. D’un point de vue politique, il offre l’avantage d’avoir une image de gauche, en partie liée à son engagement de jeunesse à la Ligue communiste révolutionnaire, tout en ayant bâti une proximité avec l’ancien président de la République. Une double compatibilité précieuse à un an et demi de l’élection présidentielle.L’animateur est surtout connu pour ses émissions culturelles comme « Le Cercle de minuit » ou « Au Field de la nuit ». Cette expérience suscite des interrogations dans la maison. « Nous ne sommes pas surpris qu’il y ait un changement, déclare ainsi Serge Cimino, journaliste à France 3 et membre du bureau national du SNJ. Mais nous sommes étonnés du profil retenu. »Les journalistes ont donc commencé à spéculer sur l’identité du directeur des rédactions qui est à leurs yeux le complément opérationnel indispensable à Michel Field. Des noms comme ceux d’Agnès Vahramian ou d’Hervé Brusini sont cités, mais il semble difficile de convaincre quiconque de porter le projet de fusion. « Michel Field va-t-il remettre en question les projets de l’équipe précédente comme “Info 2015” ? », interroge l’élu (CGT) Marc Chauvelot.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 • Mis à jour le06.12.2015 à 07h37 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place.Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris.Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard.Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ».Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire Alexandre Piquard Surprise : l’Assemblée nationale a voté de justesse et contre l’avis du gouvernement, vendredi 4 décembre, un amendement qui donne raison aux sites de presse en ligne visés par un redressement fiscal pour avoir appliqué le taux superréduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le texte accorde a posteriori à Mediapart ou Arrêt sur images le droit de recourir au taux de 2,1 %, initialement réservé aux médias papier, pour la période entre 2008 et début 2014.Lire : La TVA pour la presse numérique bientôt alignée sur celle du papierLa réaction du gouvernement « pas encore arbitrée »Pour autant, il reste des obstacles pour que le texte soit pleinement confirmé : l’amendement n’a été voté qu’à 11 voix contre 10. Le texte était porté par des députés socialistes, notamment l’ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l’ex-ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative 2015. Une dizaine de députés Les Républicains (LR) avaient déposé un amendement identique, mais le groupe LR, et notamment son président Christian Jacob, avait fermement pris position contre.Le gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, était opposé à l’amendement, accusé de rompre l’égalité devant l’impôt : « Les contribuables qui ont appliqué le taux normal en 2009, 2010, 2011 ne pourront pas obtenir le remboursement, puisque la TVA est prescrite. Ceux qui se sont appliqué d’autorité le taux de 2,1 % en auront donc bénéficié entre 2008 et 2012, et les autres non », a-t-il plaidé. Avant de citer deux autres problèmes juridiques : la conformité envers le droit européen et la rétroactivité, qui suppose qu’on agisse au nom de l’intérêt général.Joint par Le Monde, le cabinet de M. Eckert explique toutefois qu’il n’a pas demandé de seconde délibération sur l’amendement, vendredi. Quant à savoir s’il déposera un amendement pour supprimer la disposition votée jeudi, la question est « prématurée » et pas encore « arbitrée ».L’obstacle du Sénat et du Conseil constitutionnelQue va-t-il se passer maintenant ? Le texte doit être examiné par le Sénat, a priori entre le 10 et le 12 décembre, explique le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), très favorable à l’amendement. Il est alors possible que soit proposée au vote la suppression du texte, à l’initiative du gouvernement ou, éventuellement, à celle de l’opposition de droite, qui dispose d’une majorité au Sénat.Si le texte est modifié, un accord entre sénateurs et députés devra être trouvé au sein d’une commission mixte paritaire entre le 12 et le 15 décembre, note le Spiil. En cas de désaccord, il peut y avoir un second vote à l’Assemblée.Arrivera enfin l’étape du Conseil constitutionnel, avant le 31 décembre. L’autorité peut censurer l’amendement, pensent certains, à l’image du président de la commission des finances, Gilles Carrez (Les Républicains), qui le jugent « totalement inconstitutionnel ».Pour M. Carrez, l’« amendement de rétroactivité comporte un aspect d’amnistie fiscale tout à fait déplaisant ». « Or en droit fiscal, on ne peut admettre qu’un contribuable qui, de sa propre initiative, n’applique pas la loi fiscale, puisse bénéficier d’une sorte de complaisance du Parlement et voir sa situation régularisée a posteriori », selon le député, qui était en désaccord avec la rapporteure générale du budget, la députée PS Valérie Rabault, favorable au texte.Débat sur la rétroactivitéJean-Christophe Boulanger, président du Spiil, rétorque que depuis la création du statut de la presse en ligne, il y a un principe d’égalité entre les titres de presse, quel que soit leur support. Un argument auquel ont été sensibles des parlementaires de droite, qui avaient initialement déposé des amendements, avant que le groupe LR se positionne contre la disposition.« Il n’y a pas de rétroactivité, assure M. Boulanger. L’amendement est une disposition interprétative qui précise comment il fallait appliquer la loi, dans le cas de textes flous ou incohérents. Cela ne change pas les règles ex post [portant sur des faits constitués], ça les clarifie. »Le cas particulier de MediapartDu côté de Mediapart, Edwy Plenel ne s’exprime pas. Mais le site a un argumentaire qui vise à lutter sur le terrain médiatique, dans un dossier jugé politique : il ne s’agit pas « d’amnistie », car il n’y a pas eu de fraude, l’action de Mediapart étant revendiquée, écrit le site.Idem pour la notion « d’amendement Mediapart ». Le site d’investigation, dont certaines enquêtes ont gêné le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande, estime que la personnalisation du dossier autour de son cas particulier est un piège. En première ligne, Mediapart rappelle que le Spiil soutient son combat et que d’autres sites ont fait l’objet d’un redressement, comme Arrêt sur images (540 000 euros) et Indigo Publications (Lettre A, Presse News…).Lire aussi :Mediapart et Arrêt sur images appellent leurs lecteurs à la générositéLe site fondé par Edwy Plenel a toutefois publié, via un blog d’auteur, un billet de Roland Veillepeau, ancien patron de la direction nationale des enquêtes fiscales, selon lequel le contrôle fiscal du site « fleure bon, quoi qu’on dise, le règlement de comptes ».Pour Mediapart, l’enjeu est de taille. Bénéficiaire, il dispose d’une trésorerie de 3 millions d’euros environ. Mais se voit réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc : 3,5 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités.Lire aussi : Mediapart : Plenel prépare l’après-PlenelAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.12.2015 à 19h41 • Mis à jour le30.12.2015 à 20h06 Un an après l’attentat du 7 janvier, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo sortira le 6 janvier un numéro spécial, qui sera tiré à près d’un million d’exemplaires. Ce numéro double, de 32 pages au lieu de 16, vendu au prix habituel de 3 euros, comportera un cahier de dessins de Charb, Honoré, Cabu, Wolinski, Tignous, les dessinateurs tués dans l’attaque ainsi que ceux des dessinateurs actuels et des messages de soutien de personnalités.Pour ce numéro, l’hebdomadaire satirique a reçu une demande importante de certains pays comme l’Allemagne, où les diffuseurs souhaitent recevoir 50 000 exemplaires. Actuellement, le journal se vend à environ 100 000 exemplaires en kiosques, dont 10 000 à l’international, auxquels s’ajoutent 183 000 abonnements.Autour de 100 000 ventes par semaineUne semaine après l’attentat, qui avait fait douze morts à Charlie Hebdo, le journal satirique avait publié un « numéro des survivants », avec en « une » un dessin de Mahomet sous le titre « Tout est pardonné », qui s’était arraché à 7,5 millions d’exemplaires en France et dans le monde.Le journal a ensuite repris son rythme hebdomadaire du mercredi, et ses ventes en kiosques sont peu à peu revenues à un niveau plus normal, passant de 750 000 en moyenne en juin à 300 000 en septembre. Actuellement, elles ne baissent plus après s’être stabilisées autour de 100 000, selon le directeur financier. Avant l’attentat, Charlie Hebdo, en grandes difficultés financières, ne vendait que 30 000 exemplaires environ par semaine.Lire aussi :L’équipe de « Charlie Hebdo » fête son nouveau statut d’entreprise solidaire 29.12.2015 à 18h32 • Mis à jour le30.12.2015 à 05h58 Six mois après avoir été placé en liquidation judiciaire, le magazine gay Têtu est réapparu, mardi soir 29 décembre, dans une version uniquement numérique. La start-up française iDyls, qui a racheté le titre en novembre, a annoncé que le site Tetu.com s’intéressera à l’information lesbienne, gay, bisexuel et transgenre (LGBT), mais abordera aussi des sujets culturels ou de développement personnel.La nouvelle équipe du site veut en faire « un média collaboratif de genre masculin et d’orientation gay qui soit en mesure d’apporter un regard neuf et curieux sur les questions LGBT », a précisé iDyls dans un communiqué.Le magazine gay francophone de référence, qui a déposé le bilan cet été après vingt ans d’existence, était déficitaire depuis sa fondation. La start-up iDyls, composée de quatre personnes, était jusqu’ici chargée de « So Têtu », une application de rencontres et de sorties lancée par le magazine.Lire aussi :« Têtu » tout proche de la liquidationNouveau lancement en kiosque ?Le nouveau site s’enrichira au début de 2016 d’une « plate-forme de services gays et gay-friendly à forte dimension locale et sociale » et pourrait déboucher sur un nouveau lancement en kiosque sous un format renouvelé si le projet était plébiscité, expliquent les repreneurs.Créé en juillet 1995 par des militants de la lutte contre le sida, Têtu avait vu sa diffusion baisser de 12,5 % depuis 2010, à 28 275 exemplaires par mois. Il avait été financé pendant dix-huit ans par son propriétaire et mécène Pierre Bergé, qui avait épongé les pertes de plusieurs dizaines de millions d’euros, avant de le revendre pour 1 euro symbolique à Jean-Jacques Augier, un proche de François Hollande.Le titre avait encore perdu 2 millions d’euros en 2013 et 1,1 million en 2014, pour un chiffre d’affaires de 2,8 millions d’euros. Jean-Jacques Augier, propriétaire d’iDyls à hauteur de 10 % à ses débuts, est sorti du capital de la start-up en octobre.Lire aussi :Opération sauvetage pour le magazine gay « Têtu » 28.12.2015 à 10h49 Joël Collado, qui présentait la météo depuis vingt et un ans sur France Inter et France Info, a animé dimanche 27 décembre son dernier bulletin météo. Le prévisionniste, âgé de 66 ans, a qualifié son départ de « sanction » de la part de la radio publique, une affirmation récusée par Radio France et Météo France.Sur France 3 Midi-Pyrénées, M. Collado a fait savoir qu’il avait été écarté « pour des raisons mystérieuses qu’il ne connaît pas » et dit en avoir été prévenu seulement à la fin de septembre. De son côté, Météo France a affirmé à l’Agence France-Presse que « Radio France voulait faire évoluer le format de la météo » pour qu’elle soit « plus incarnée, avec plus d’interactions entre le journaliste en studio et le prévisionniste ».M. Collado est remplacé par Elodie CallacOr, Joël Collado officiait depuis Toulouse. « C’était compliqué, il fallait des prévisionnistes qui soient en Ile-de-France », a poursuivi Météo France, précisant que M. Collado était « proche de la retraite », n’était « pas licencié et continuerait à percevoir son salaire de Météo France ».C’est Elodie Callac, qui faisait déjà partie depuis 2013 de l’équipe météo sur France Inter et France Info aux côtés de Joël Collado, qui présentera désormais les bulletins météo de la semaine.« Elodie Callac sera en direct une grosse partie de la journée et en studio, ce qui n’était pas possible avec Joël Collado », a expliqué Michel Polacco, secrétaire général de l’information de Radio France. Pascale Krémer Norman « fait des vidéos » Thavaud, pas loin de 7 millions d’abonnés sur YouTube, est sorti cette année de son écran d’ordinateur pour venir se frotter au public. Il raconte le parcours qui l’a mené de sa chambre d’ado au Palace, où il se produit jusqu’en janvier.Je ne serais pas arrivé là si…… je n’avais pas rencontré le producteur et metteur en scène Kader Aoun, grâce à un ami commun. Il m’a demandé si cela m’amusait d’essayer la scène. Evidemment, le one-man-show, c’était un rêve de gosse. Mais j’avais l’impression que c’était réservé à des Jamel Debbouze, des Gad Elmaleh. Est-ce que moi, le youtubeur, le gars qui fait des vidéos sur Internet, j’étais marrant, en vrai, devant les gens ? Débarquer dans le milieu du stand-up avec la carte Kader Aoun m’a apporté une crédibilité. Tout le monde sait qu’il a travaillé avec Jamel Debbouze, Omar et Fred, Eric et Ramzy… Il m’a nourri, il m’a ouvert au stand-up américain. C’est devenu un ami et un mentor.Avant de démarrer le spectacle « Norman sur scène », il y a un peu plus d’un an, vous aviez déjà six millions d’abonnés à votre chaîne YouTube. Aviez-vous réellement besoin de gagner en crédibilité en tant qu’humoriste ?Il y a tellement d’a priori sur les youtubeurs ! Celui qui réussit est un guignol d’Internet, un humoriste pour élèves de CE1. Oui, ce sont les enfants qui sont les plus actifs dans les commentaires. Ils n’ont un peu que ça à faire. Mais, selon les statistiques, mon public, à 60 %, est composé de jeunes de 18-34 ans. Kader Aoun m’a aidé à contrer cette image « Club Dorothée », il m’a aussi épaulé dans l’écriture, pour éviter les vannes en carton-pâte. Dans le spectacle, il y a ce moment, chez l’épicier : ma sœur m’appelle au téléphone et je n’ose pas lui répondre « Je suis chez l’Arabe » parce qu’il est à côté de moi. C’est du vécu, mais pour le restituer la mécanique est délicate.Passer des sketchs vidéo sur Internet à la scène a-t-il été un énorme travail ?J’étais le deuxième plus gros youtubeur de France, je suis reparti de zéro. Derrière mon petit micro, à lancer des vannes dans une salle parisienne de 70 places. En sous-sol. Il m’est arrivé de jouer devant dix personnes : un type bourré, trois autres qui ne parlaient pas français, et une petite bande au fond qui rigolait en boucle sur l’avant-dernière blague sans écouter la suite… Je me suis entraîné pendant deux ans, mais on a la fibre du travail dans la famille. Tout le cliché des corons. Mes deux grands-pères étaient mineurs. Ma mère était professeure d’histoire et dirigeait un collège, son travail importait plus que tout. Et moi, quand il est question de mes vidéos, je vire un peu dictateur. Donc la scène, c’est totalement douloureux. Excitant et traumatisant. On est « bad », on a envie de vomir, on ne respire pas, on ne digère pas. Comme pour un marathon, il faut une condition physique, une hygiène de vie, arrêter de manger trois heures avant, organiser toute sa journée pour être au top à ce moment précis.Vous avez découvert le contact direct avec le public…Internet, c’est abstrait. Je ne savais pas si j’avais une place dans la tête des gens ou si c’était éphémère. Oui, on m’arrêtait dans la rue pour me demander si le chat dans mes vidéos était bien mon vrai chat (non, non, je le loue…), ou pour me dire que j’ai l’air plus grand sur le Web. Maintenant, les rires, je les prends en plein visage. La phrase nulle sur « tout l’amour qu’on reçoit sur scène », en fait, elle est vraie. C’est comme un anniversaire, tous les amis sont venus te montrer qu’ils t’aiment. Sauf que là, ils sont trois mille. Il ne faut pas le dire si on n’est pas Céline Dion, ça fait pitié, mais parfois tout ça me donne envie de pleurer sur scène. A Bruxelles, il y avait 5 300 personnes qui avaient pris sur leurs économies, qui étaient sorties de chez elles en famille, en me faisant confiance. C’est plus fort qu’un clic Internet. C’est magique. Je me sens pousser des ailes.Avez-vous toujours eu le goût du spectacle ?Mon père était à la tête d’un centre d’animation culturelle, à Lens. Alors moi, le fils du « dirlo », j’avais accès à tout. J’ai fait claquettes, peinture sur soie, théâtre, saxophone, guitare, batterie… Dès que ça devenait compliqué, j’abandonnais.Comment en êtes-vous venu à penser que raconter votre quotidien en vous filmant vous-même dans votre chambre pouvait intéresser les autres ? Après le décès de ma mère − j’avais 15 ans −, on s’est installés à Paris. J’ai atterri au lycée Saint-Sulpice [6e arrondissement] pour l’option cinéma, venant de ma cambrousse, avec mes fringues d’ado, parmi les bourgeois en Dior, les filles qui sortaient avec des gars de 35 ans. Le jour où j’ai ouvert ma bouche, après deux mois d’analyse de la situation, c’était pour faire des blagues. Là, j’ai rencontré Hugo Dessioux [désormais connu sous le nom d’Hugo tout seul, sur YouTube]. Il venait du « 9-3 », il avait des parents gauchos, on s’est trouvés. Comme on s’ennuyait, on a commencé à filmer nos délires avec l’ordinateur. On s’appelait Le Velcrou, on avait une dizaine de milliers de vues à chaque fois, sur Dailymotion. J’ai fait la fac de cinéma pour avoir des conventions de stage. Il m’a fallu cinq ans pour la licence parce que j’ai passé deux années sur World of Warcraft, un jeu de rôle multijoueurs en ligne. Je n’avais aucune vie sexuelle mais je m’étais choisi un superbe avatar féminin.Et c’est en 2010 que vous démarrez sur la plate-forme de partage vidéo YouTube. J’ai fait tout seul une vidéo sur mon club de ping-pong. Et là, ma vie a changé. L’explosion, un truc de malade mental, des centaines de milliers de vues ! J’en ai fait d’autres. Du coup, un jour, YouTube m’a appelé. Est-ce que vous voulez gagner votre vie avec des vidéos ? Un petit mec tout seul avec des bouts de ficelle dans sa chambre de HLM à Montreuil pouvait gagner sa vie ! J’ai arrêté les petits boulots. Le train passait, je suis monté dedans, il ne s’est jamais arrêté.L’effet magique d’Internet ?Internet, c’est ma vie, je me suis construit dessus. Bien l’utiliser, c’est une des facettes de mon métier, avec les réseaux sociaux comme démultiplicateurs. Cela a remplacé la télé que plus personne ne regarde. Quand je suis invité dans une émission, je me sens mal à l’aise, bridé. Il n’y a pas la liberté d’expression totale d’Internet.200 000 spectateurs pour « Norman sur scène », bientôt 7 millions d’abonnés à votre chaîne YouTube, un milliard de « vues » pour vos vidéos… A 28 ans, n’est-ce pas dangereusement grisant ?Il m’a fallu le public de Bruxelles pour réaliser le phénomène. Mais attention, sur Internet, si les gens sentent que tu n’es plus normal, que tu prends la grosse tête, ça ne leur plaît pas. Alors quand je me plains, je redescends vite. Les youtubeurs sont les artistes les plus proches de leurs fans. Avec les commentaires de nos vidéos et les réseaux sociaux, on est connectés à eux. Ils sont dans notre poche. Je me réveille, je tweete, ils ont mon intimité. Il n’y a presque plus de barrière entre vie privée et publique. Je suis né là-dedans.Dans votre famille, on comprend votre métier ? Cela a mis du temps. Ma grand-mère, je lui ai fait un petit « check » depuis le canapé de Michel Drucker. Là, je suis entré dans son univers. Même chose pour mon père avec « Le Grand Journal » de Canal+. Il a arrêté de me demander « Quand est-ce que tu travailles ? » depuis que je l’aide à payer sa voiture.Le soir des attentats à Paris vous avez été très présent sur Twitter. Vous vous sentiez impliqué ?J’étais sur la scène du Palace au moment où tous ces gens étaient pris en otage. Le Bataclan, on me l’avait proposé, cela aurait pu être moi. Au Palace, on est restés enfermés dans la loge du fond jusqu’à 3 heures du matin. J’ai retweeté un maximum de messages « #portesouvertes », parce que 4 millions de personnes me suivent sur Twitter. Je pouvais me rendre utile… Quand j’ai repris le spectacle, dix jours après, j’avais les mains moites. Entre deux personnages, je vérifiais que la porte ne s’ouvrait pas. Et je sentais de la terreur dans les rires. Tous ces gens qui sont morts me ressemblaient. J’ai essayé de faire une vidéo, mais je n’y arrive pas. C’est la parole d’un mec écorché.Votre popularité chez les jeunes vous confère-t-elle une responsabilité ? Oui, complètement. Quand je fais une vidéo sur l’alcool, je répète toutes les secondes qu’il faut boire le moins possible. Mais je suis juste un youtubeur qui fait des vannes sur les toilettes. Et Internet n’est pas un média très politisé. Si je ne suis pas neutre, c’est le chaos dans les commentaires. Déjà, c’est violent quand on parle de chatons… Je me dis que tout ça est un peu lâche, j’y pense de plus en plus, alors je laisse des choses au montage. Dans un de mes derniers podcasts, où je teste des jeux vidéo avec des enfants, un gamin de 7 ans dit « Je suis pas Marine Le Pen », après avoir confié que son amoureuse est martiniquaise. Un autre regrette que François Hollande envoie la guerre en Syrie au lieu d’envoyer la paix. Surtout, je pense qu’il faudrait laisser les jeunes voter sur Internet. On sait que cela arrivera un jour, alors pourquoi pas maintenant ?« Norman sur scène », au Palace jusqu’au 17 janvier 2016. Puis en tournée dans toute la France, en Belgique et en Suisse, jusqu’en mai 2016.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Escande La vieillesse est un naufrage, même au sommet de la réussite. L’exceptionnel destin de Sumner Redstone, 92 ans et toujours patron de Viacom, est en train de s’achever dans le déballage le plus sordide et fait désormais les délices du tout Hollywood. Avec tous les ingrédients d’une bonne série télé : l’argent, le sexe et le pouvoir. Le 25 novembre, Manuela Herzer, l’ex-petite amie du plus célèbre magnat américain des médias, a déposé plainte devant la Cour de justice de l’Etat de Californie pour demander le droit de s’occuper de la santé déclinante de Sumner. Le 21 décembre, le juge a décidé de repousser à janvier l’audition des médecins du nonagénaireAprès avoir hérité en 1967 de la petite chaîne de salles de cinéma fondée par son père, Sumner Redstone l’a progressivement transformée en géant des médias grâce à l’acquisition successive du producteur de chaînes de télévision Viacom (MTV, Nickelodeon…), du studio de cinéma Paramount, puis du réseau national CBS. Un empire valorisé aujourd’hui plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) et dont il possède 80 % des droits de vote. Sa fortune personnelle est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Voilà pour l’argent.Une vocation d’homme à femmesLe sexe a accompagné la gloire. Avec son éternelle mèche teinte en blond et sa démarche hésitante, le milliardaire, grièvement blessé lors d’un incendie, s’est découvert sur le tard une vocation d’homme à femmes. A 76 ans, il a divorcé de sa première épouse, s’est remarié trois ans plus tard avec une jeunesse de 39 ans sa cadette, avant de divorcer à nouveau alors qu’il avait 85 ans. Il se met alors en couple avec Manuela Herzer, 50 ans, avant de lui préférer Sydney Holland, 40 ans. The Hollywood Reporter, la bible du quartier le plus célèbre de Los Angeles, a fait ses gorges chaudes de ses aventures avec une jeune chanteuse dont il a imposé l’éphémère groupe de rock féminin, The Electric Barbarellas, sur sa chaîne musicale MTV.En mai, pour ses 92 ans, le vieil homme était apparu pour la dernière fois fermement soutenu par Manuela et Sydney. Mais en octobre, la première fut exclue à la fois du château du testament qui faisait d’elle et de Sydney les curateurs de Sumner, responsables de sa santé. A leur place, c’est Philippe Dauman – directeur général de Viacom et homme de confiance du magnat – qui fut désigné.Depuis, verrouillage complet. Officiellement M. Redstone garde bon pied bon œil, même s’il ne s’exprime plus de manière intelligible. Ce n’est pas l’avis de Manuela, qui le qualifie avec moult détails de « fantôme vivant », incapable de bouger et demandant des soins constants. Les investisseurs s’inquiètent et demandent une contre-expertise. Quelle qu’en soit l’issue, la fin du mélodrame est proche et il y a peu de chances qu’il se termine bien pour l’intrépide Sumner qui avait proclamé un jour qu’il ne mourrait jamais.Lire aussi :Les grands médias audiovisuels américains contraints de changer de stratégiePhilippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 21h44 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h23 Une erreur de pilotage est à l’origine de l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à huit français, dont trois sportifs, en mars lors du tournage en Argentine de l’émission de télévision « Dropped ». Un rapport de la Direction d’enquête des accidents de l’aviation civile argentine (JIAAC) diffusé jeudi 17 décembre dit :« Le facteur déclencheur de cet accident a été le défaut d’appréciation des pilotes de la proximité ou du manque de séparation de leurs aéronefs respectifs. Ce manque d’appréciation a entraîné la collision aérienne des aéronefs sans aucune tentative de manœuvre évasive ou d’évitement. »Le rapport de 50 pages relève qu’un des pilotes aurait aussi pu être ébloui peu avant la collision. La JIAAC suggère également que les nécessités du tournage ont pu conduire les pilotes à commettre une imprudence.« Il est plausible d’affirmer que la nécessité de réaliser des images ait pu amener les cameramen à influencer ou à distraire les pilotes. »Aucun survivant Le 9 mars, deux hélicoptères s’étaient heurtés peu après le décollage et avaient pris feu lors du tournage d’une émission de téléréalité de TF1 dans le nord-ouest de l’Argentine.La navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine, médaillé olympique, sont morts dans la catastrophe, ainsi que cinq autres Français, membres de la production de l’émission « Dropped », et les deux pilotes argentins.De nombreux experts aéronautiques estimaient qu’une faute de pilotage pouvait être à l’origine du drame. Les deux hélicoptères, des Ecureuil de fabrication récente (2010), volaient l’un près de l’autre, à faible altitude, quand l’un d’eux heurta le second.Outre le volet argentin de l’enquête, une information judiciaire pour homicide involontaire a également été ouverte le 3 avril par le parquet de Paris.Lire aussi :« Dropped », la plus grande tragédie de l’histoire de la télé-réalité 29.12.2015 à 18h32 • Mis à jour le30.12.2015 à 05h58 Six mois après avoir été placé en liquidation judiciaire, le magazine gay Têtu est réapparu, mardi soir 29 décembre, dans une version uniquement numérique. La start-up française iDyls, qui a racheté le titre en novembre, a annoncé que le site Tetu.com s’intéressera à l’information lesbienne, gay, bisexuel et transgenre (LGBT), mais abordera aussi des sujets culturels ou de développement personnel.La nouvelle équipe du site veut en faire « un média collaboratif de genre masculin et d’orientation gay qui soit en mesure d’apporter un regard neuf et curieux sur les questions LGBT », a précisé iDyls dans un communiqué.Le magazine gay francophone de référence, qui a déposé le bilan cet été après vingt ans d’existence, était déficitaire depuis sa fondation. La start-up iDyls, composée de quatre personnes, était jusqu’ici chargée de « So Têtu », une application de rencontres et de sorties lancée par le magazine.Lire aussi :« Têtu » tout proche de la liquidationNouveau lancement en kiosque ?Le nouveau site s’enrichira au début de 2016 d’une « plate-forme de services gays et gay-friendly à forte dimension locale et sociale » et pourrait déboucher sur un nouveau lancement en kiosque sous un format renouvelé si le projet était plébiscité, expliquent les repreneurs.Créé en juillet 1995 par des militants de la lutte contre le sida, Têtu avait vu sa diffusion baisser de 12,5 % depuis 2010, à 28 275 exemplaires par mois. Il avait été financé pendant dix-huit ans par son propriétaire et mécène Pierre Bergé, qui avait épongé les pertes de plusieurs dizaines de millions d’euros, avant de le revendre pour 1 euro symbolique à Jean-Jacques Augier, un proche de François Hollande.Le titre avait encore perdu 2 millions d’euros en 2013 et 1,1 million en 2014, pour un chiffre d’affaires de 2,8 millions d’euros. Jean-Jacques Augier, propriétaire d’iDyls à hauteur de 10 % à ses débuts, est sorti du capital de la start-up en octobre.Lire aussi :Opération sauvetage pour le magazine gay « Têtu » 28.12.2015 à 10h49 Joël Collado, qui présentait la météo depuis vingt et un ans sur France Inter et France Info, a animé dimanche 27 décembre son dernier bulletin météo. Le prévisionniste, âgé de 66 ans, a qualifié son départ de « sanction » de la part de la radio publique, une affirmation récusée par Radio France et Météo France.Sur France 3 Midi-Pyrénées, M. Collado a fait savoir qu’il avait été écarté « pour des raisons mystérieuses qu’il ne connaît pas » et dit en avoir été prévenu seulement à la fin de septembre. De son côté, Météo France a affirmé à l’Agence France-Presse que « Radio France voulait faire évoluer le format de la météo » pour qu’elle soit « plus incarnée, avec plus d’interactions entre le journaliste en studio et le prévisionniste ».M. Collado est remplacé par Elodie CallacOr, Joël Collado officiait depuis Toulouse. « C’était compliqué, il fallait des prévisionnistes qui soient en Ile-de-France », a poursuivi Météo France, précisant que M. Collado était « proche de la retraite », n’était « pas licencié et continuerait à percevoir son salaire de Météo France ».C’est Elodie Callac, qui faisait déjà partie depuis 2013 de l’équipe météo sur France Inter et France Info aux côtés de Joël Collado, qui présentera désormais les bulletins météo de la semaine.« Elodie Callac sera en direct une grosse partie de la journée et en studio, ce qui n’était pas possible avec Joël Collado », a expliqué Michel Polacco, secrétaire général de l’information de Radio France. Pascale Krémer Norman « fait des vidéos » Thavaud, pas loin de 7 millions d’abonnés sur YouTube, est sorti cette année de son écran d’ordinateur pour venir se frotter au public. Il raconte le parcours qui l’a mené de sa chambre d’ado au Palace, où il se produit jusqu’en janvier.Je ne serais pas arrivé là si…… je n’avais pas rencontré le producteur et metteur en scène Kader Aoun, grâce à un ami commun. Il m’a demandé si cela m’amusait d’essayer la scène. Evidemment, le one-man-show, c’était un rêve de gosse. Mais j’avais l’impression que c’était réservé à des Jamel Debbouze, des Gad Elmaleh. Est-ce que moi, le youtubeur, le gars qui fait des vidéos sur Internet, j’étais marrant, en vrai, devant les gens ? Débarquer dans le milieu du stand-up avec la carte Kader Aoun m’a apporté une crédibilité. Tout le monde sait qu’il a travaillé avec Jamel Debbouze, Omar et Fred, Eric et Ramzy… Il m’a nourri, il m’a ouvert au stand-up américain. C’est devenu un ami et un mentor.Avant de démarrer le spectacle « Norman sur scène », il y a un peu plus d’un an, vous aviez déjà six millions d’abonnés à votre chaîne YouTube. Aviez-vous réellement besoin de gagner en crédibilité en tant qu’humoriste ?Il y a tellement d’a priori sur les youtubeurs ! Celui qui réussit est un guignol d’Internet, un humoriste pour élèves de CE1. Oui, ce sont les enfants qui sont les plus actifs dans les commentaires. Ils n’ont un peu que ça à faire. Mais, selon les statistiques, mon public, à 60 %, est composé de jeunes de 18-34 ans. Kader Aoun m’a aidé à contrer cette image « Club Dorothée », il m’a aussi épaulé dans l’écriture, pour éviter les vannes en carton-pâte. Dans le spectacle, il y a ce moment, chez l’épicier : ma sœur m’appelle au téléphone et je n’ose pas lui répondre « Je suis chez l’Arabe » parce qu’il est à côté de moi. C’est du vécu, mais pour le restituer la mécanique est délicate.Passer des sketchs vidéo sur Internet à la scène a-t-il été un énorme travail ?J’étais le deuxième plus gros youtubeur de France, je suis reparti de zéro. Derrière mon petit micro, à lancer des vannes dans une salle parisienne de 70 places. En sous-sol. Il m’est arrivé de jouer devant dix personnes : un type bourré, trois autres qui ne parlaient pas français, et une petite bande au fond qui rigolait en boucle sur l’avant-dernière blague sans écouter la suite… Je me suis entraîné pendant deux ans, mais on a la fibre du travail dans la famille. Tout le cliché des corons. Mes deux grands-pères étaient mineurs. Ma mère était professeure d’histoire et dirigeait un collège, son travail importait plus que tout. Et moi, quand il est question de mes vidéos, je vire un peu dictateur. Donc la scène, c’est totalement douloureux. Excitant et traumatisant. On est « bad », on a envie de vomir, on ne respire pas, on ne digère pas. Comme pour un marathon, il faut une condition physique, une hygiène de vie, arrêter de manger trois heures avant, organiser toute sa journée pour être au top à ce moment précis.Vous avez découvert le contact direct avec le public…Internet, c’est abstrait. Je ne savais pas si j’avais une place dans la tête des gens ou si c’était éphémère. Oui, on m’arrêtait dans la rue pour me demander si le chat dans mes vidéos était bien mon vrai chat (non, non, je le loue…), ou pour me dire que j’ai l’air plus grand sur le Web. Maintenant, les rires, je les prends en plein visage. La phrase nulle sur « tout l’amour qu’on reçoit sur scène », en fait, elle est vraie. C’est comme un anniversaire, tous les amis sont venus te montrer qu’ils t’aiment. Sauf que là, ils sont trois mille. Il ne faut pas le dire si on n’est pas Céline Dion, ça fait pitié, mais parfois tout ça me donne envie de pleurer sur scène. A Bruxelles, il y avait 5 300 personnes qui avaient pris sur leurs économies, qui étaient sorties de chez elles en famille, en me faisant confiance. C’est plus fort qu’un clic Internet. C’est magique. Je me sens pousser des ailes.Avez-vous toujours eu le goût du spectacle ?Mon père était à la tête d’un centre d’animation culturelle, à Lens. Alors moi, le fils du « dirlo », j’avais accès à tout. J’ai fait claquettes, peinture sur soie, théâtre, saxophone, guitare, batterie… Dès que ça devenait compliqué, j’abandonnais.Comment en êtes-vous venu à penser que raconter votre quotidien en vous filmant vous-même dans votre chambre pouvait intéresser les autres ? Après le décès de ma mère − j’avais 15 ans −, on s’est installés à Paris. J’ai atterri au lycée Saint-Sulpice [6e arrondissement] pour l’option cinéma, venant de ma cambrousse, avec mes fringues d’ado, parmi les bourgeois en Dior, les filles qui sortaient avec des gars de 35 ans. Le jour où j’ai ouvert ma bouche, après deux mois d’analyse de la situation, c’était pour faire des blagues. Là, j’ai rencontré Hugo Dessioux [désormais connu sous le nom d’Hugo tout seul, sur YouTube]. Il venait du « 9-3 », il avait des parents gauchos, on s’est trouvés. Comme on s’ennuyait, on a commencé à filmer nos délires avec l’ordinateur. On s’appelait Le Velcrou, on avait une dizaine de milliers de vues à chaque fois, sur Dailymotion. J’ai fait la fac de cinéma pour avoir des conventions de stage. Il m’a fallu cinq ans pour la licence parce que j’ai passé deux années sur World of Warcraft, un jeu de rôle multijoueurs en ligne. Je n’avais aucune vie sexuelle mais je m’étais choisi un superbe avatar féminin.Et c’est en 2010 que vous démarrez sur la plate-forme de partage vidéo YouTube. J’ai fait tout seul une vidéo sur mon club de ping-pong. Et là, ma vie a changé. L’explosion, un truc de malade mental, des centaines de milliers de vues ! J’en ai fait d’autres. Du coup, un jour, YouTube m’a appelé. Est-ce que vous voulez gagner votre vie avec des vidéos ? Un petit mec tout seul avec des bouts de ficelle dans sa chambre de HLM à Montreuil pouvait gagner sa vie ! J’ai arrêté les petits boulots. Le train passait, je suis monté dedans, il ne s’est jamais arrêté.L’effet magique d’Internet ?Internet, c’est ma vie, je me suis construit dessus. Bien l’utiliser, c’est une des facettes de mon métier, avec les réseaux sociaux comme démultiplicateurs. Cela a remplacé la télé que plus personne ne regarde. Quand je suis invité dans une émission, je me sens mal à l’aise, bridé. Il n’y a pas la liberté d’expression totale d’Internet.200 000 spectateurs pour « Norman sur scène », bientôt 7 millions d’abonnés à votre chaîne YouTube, un milliard de « vues » pour vos vidéos… A 28 ans, n’est-ce pas dangereusement grisant ?Il m’a fallu le public de Bruxelles pour réaliser le phénomène. Mais attention, sur Internet, si les gens sentent que tu n’es plus normal, que tu prends la grosse tête, ça ne leur plaît pas. Alors quand je me plains, je redescends vite. Les youtubeurs sont les artistes les plus proches de leurs fans. Avec les commentaires de nos vidéos et les réseaux sociaux, on est connectés à eux. Ils sont dans notre poche. Je me réveille, je tweete, ils ont mon intimité. Il n’y a presque plus de barrière entre vie privée et publique. Je suis né là-dedans.Dans votre famille, on comprend votre métier ? Cela a mis du temps. Ma grand-mère, je lui ai fait un petit « check » depuis le canapé de Michel Drucker. Là, je suis entré dans son univers. Même chose pour mon père avec « Le Grand Journal » de Canal+. Il a arrêté de me demander « Quand est-ce que tu travailles ? » depuis que je l’aide à payer sa voiture.Le soir des attentats à Paris vous avez été très présent sur Twitter. Vous vous sentiez impliqué ?J’étais sur la scène du Palace au moment où tous ces gens étaient pris en otage. Le Bataclan, on me l’avait proposé, cela aurait pu être moi. Au Palace, on est restés enfermés dans la loge du fond jusqu’à 3 heures du matin. J’ai retweeté un maximum de messages « #portesouvertes », parce que 4 millions de personnes me suivent sur Twitter. Je pouvais me rendre utile… Quand j’ai repris le spectacle, dix jours après, j’avais les mains moites. Entre deux personnages, je vérifiais que la porte ne s’ouvrait pas. Et je sentais de la terreur dans les rires. Tous ces gens qui sont morts me ressemblaient. J’ai essayé de faire une vidéo, mais je n’y arrive pas. C’est la parole d’un mec écorché.Votre popularité chez les jeunes vous confère-t-elle une responsabilité ? Oui, complètement. Quand je fais une vidéo sur l’alcool, je répète toutes les secondes qu’il faut boire le moins possible. Mais je suis juste un youtubeur qui fait des vannes sur les toilettes. Et Internet n’est pas un média très politisé. Si je ne suis pas neutre, c’est le chaos dans les commentaires. Déjà, c’est violent quand on parle de chatons… Je me dis que tout ça est un peu lâche, j’y pense de plus en plus, alors je laisse des choses au montage. Dans un de mes derniers podcasts, où je teste des jeux vidéo avec des enfants, un gamin de 7 ans dit « Je suis pas Marine Le Pen », après avoir confié que son amoureuse est martiniquaise. Un autre regrette que François Hollande envoie la guerre en Syrie au lieu d’envoyer la paix. Surtout, je pense qu’il faudrait laisser les jeunes voter sur Internet. On sait que cela arrivera un jour, alors pourquoi pas maintenant ?« Norman sur scène », au Palace jusqu’au 17 janvier 2016. Puis en tournée dans toute la France, en Belgique et en Suisse, jusqu’en mai 2016.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Escande La vieillesse est un naufrage, même au sommet de la réussite. L’exceptionnel destin de Sumner Redstone, 92 ans et toujours patron de Viacom, est en train de s’achever dans le déballage le plus sordide et fait désormais les délices du tout Hollywood. Avec tous les ingrédients d’une bonne série télé : l’argent, le sexe et le pouvoir. Le 25 novembre, Manuela Herzer, l’ex-petite amie du plus célèbre magnat américain des médias, a déposé plainte devant la Cour de justice de l’Etat de Californie pour demander le droit de s’occuper de la santé déclinante de Sumner. Le 21 décembre, le juge a décidé de repousser à janvier l’audition des médecins du nonagénaireAprès avoir hérité en 1967 de la petite chaîne de salles de cinéma fondée par son père, Sumner Redstone l’a progressivement transformée en géant des médias grâce à l’acquisition successive du producteur de chaînes de télévision Viacom (MTV, Nickelodeon…), du studio de cinéma Paramount, puis du réseau national CBS. Un empire valorisé aujourd’hui plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) et dont il possède 80 % des droits de vote. Sa fortune personnelle est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Voilà pour l’argent.Une vocation d’homme à femmesLe sexe a accompagné la gloire. Avec son éternelle mèche teinte en blond et sa démarche hésitante, le milliardaire, grièvement blessé lors d’un incendie, s’est découvert sur le tard une vocation d’homme à femmes. A 76 ans, il a divorcé de sa première épouse, s’est remarié trois ans plus tard avec une jeunesse de 39 ans sa cadette, avant de divorcer à nouveau alors qu’il avait 85 ans. Il se met alors en couple avec Manuela Herzer, 50 ans, avant de lui préférer Sydney Holland, 40 ans. The Hollywood Reporter, la bible du quartier le plus célèbre de Los Angeles, a fait ses gorges chaudes de ses aventures avec une jeune chanteuse dont il a imposé l’éphémère groupe de rock féminin, The Electric Barbarellas, sur sa chaîne musicale MTV.En mai, pour ses 92 ans, le vieil homme était apparu pour la dernière fois fermement soutenu par Manuela et Sydney. Mais en octobre, la première fut exclue à la fois du château du testament qui faisait d’elle et de Sydney les curateurs de Sumner, responsables de sa santé. A leur place, c’est Philippe Dauman – directeur général de Viacom et homme de confiance du magnat – qui fut désigné.Depuis, verrouillage complet. Officiellement M. Redstone garde bon pied bon œil, même s’il ne s’exprime plus de manière intelligible. Ce n’est pas l’avis de Manuela, qui le qualifie avec moult détails de « fantôme vivant », incapable de bouger et demandant des soins constants. Les investisseurs s’inquiètent et demandent une contre-expertise. Quelle qu’en soit l’issue, la fin du mélodrame est proche et il y a peu de chances qu’il se termine bien pour l’intrépide Sumner qui avait proclamé un jour qu’il ne mourrait jamais.Lire aussi :Les grands médias audiovisuels américains contraints de changer de stratégiePhilippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 21h44 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h23 Une erreur de pilotage est à l’origine de l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à huit français, dont trois sportifs, en mars lors du tournage en Argentine de l’émission de télévision « Dropped ». Un rapport de la Direction d’enquête des accidents de l’aviation civile argentine (JIAAC) diffusé jeudi 17 décembre dit :« Le facteur déclencheur de cet accident a été le défaut d’appréciation des pilotes de la proximité ou du manque de séparation de leurs aéronefs respectifs. Ce manque d’appréciation a entraîné la collision aérienne des aéronefs sans aucune tentative de manœuvre évasive ou d’évitement. »Le rapport de 50 pages relève qu’un des pilotes aurait aussi pu être ébloui peu avant la collision. La JIAAC suggère également que les nécessités du tournage ont pu conduire les pilotes à commettre une imprudence.« Il est plausible d’affirmer que la nécessité de réaliser des images ait pu amener les cameramen à influencer ou à distraire les pilotes. »Aucun survivant Le 9 mars, deux hélicoptères s’étaient heurtés peu après le décollage et avaient pris feu lors du tournage d’une émission de téléréalité de TF1 dans le nord-ouest de l’Argentine.La navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine, médaillé olympique, sont morts dans la catastrophe, ainsi que cinq autres Français, membres de la production de l’émission « Dropped », et les deux pilotes argentins.De nombreux experts aéronautiques estimaient qu’une faute de pilotage pouvait être à l’origine du drame. Les deux hélicoptères, des Ecureuil de fabrication récente (2010), volaient l’un près de l’autre, à faible altitude, quand l’un d’eux heurta le second.Outre le volet argentin de l’enquête, une information judiciaire pour homicide involontaire a également été ouverte le 3 avril par le parquet de Paris.Lire aussi :« Dropped », la plus grande tragédie de l’histoire de la télé-réalité Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.12.2015 à 07h37 • Mis à jour le27.12.2015 à 17h12 | Pascale Krémer Norman « fait des vidéos » Thavaud, pas loin de 7 millions d’abonnés sur YouTube, est sorti cette année de son écran d’ordinateur pour venir se frotter au public. Il raconte le parcours qui l’a mené de sa chambre d’ado au Palace, où il se produit jusqu’en janvier.Je ne serais pas arrivé là si…… je n’avais pas rencontré le producteur et metteur en scène Kader Aoun, grâce à un ami commun. Il m’a demandé si cela m’amusait d’essayer la scène. Evidemment, le one-man-show, c’était un rêve de gosse. Mais j’avais l’impression que c’était réservé à des Jamel Debbouze, des Gad Elmaleh. Est-ce que moi, le youtubeur, le gars qui fait des vidéos sur Internet, j’étais marrant, en vrai, devant les gens ? Débarquer dans le milieu du stand-up avec la carte Kader Aoun m’a apporté une crédibilité. Tout le monde sait qu’il a travaillé avec Jamel Debbouze, Omar et Fred, Eric et Ramzy… Il m’a nourri, il m’a ouvert au stand-up américain. C’est devenu un ami et un mentor.Avant de démarrer le spectacle « Norman sur scène », il y a un peu plus d’un an, vous aviez déjà six millions d’abonnés à votre chaîne YouTube. Aviez-vous réellement besoin de gagner en crédibilité en tant qu’humoriste ?Il y a tellement d’a priori sur les youtubeurs ! Celui qui réussit est un guignol d’Internet, un humoriste pour élèves de CE1. Oui, ce sont les enfants qui sont les plus actifs dans les commentaires. Ils n’ont un peu que ça à faire. Mais, selon les statistiques, mon public, à 60 %, est composé de jeunes de 18-34 ans. Kader Aoun m’a aidé à contrer cette image « Club Dorothée », il m’a aussi épaulé dans l’écriture, pour éviter les vannes en carton-pâte. Dans le spectacle, il y a ce moment, chez l’épicier : ma sœur m’appelle au téléphone et je n’ose pas lui répondre « Je suis chez l’Arabe » parce qu’il est à côté de moi. C’est du vécu, mais pour le restituer la mécanique est délicate.Passer des sketchs vidéo sur Internet à la scène a-t-il été un énorme travail ?J’étais le deuxième plus gros youtubeur de France, je suis reparti de zéro. Derrière mon petit micro, à lancer des vannes dans une salle parisienne de 70 places. En sous-sol. Il m’est arrivé de jouer devant dix personnes : un type bourré, trois autres qui ne parlaient pas français, et une petite bande au fond qui rigolait en boucle sur l’avant-dernière blague sans écouter la suite… Je me suis entraîné pendant deux ans, mais on a la fibre du travail dans la famille. Tout le cliché des corons. Mes deux grands-pères étaient mineurs. Ma mère était professeure d’histoire et dirigeait un collège, son travail importait plus que tout. Et moi, quand il est question de mes vidéos, je vire un peu dictateur. Donc la scène, c’est totalement douloureux. Excitant et traumatisant. On est « bad », on a envie de vomir, on ne respire pas, on ne digère pas. Comme pour un marathon, il faut une condition physique, une hygiène de vie, arrêter de manger trois heures avant, organiser toute sa journée pour être au top à ce moment précis.Vous avez découvert le contact direct avec le public…Internet, c’est abstrait. Je ne savais pas si j’avais une place dans la tête des gens ou si c’était éphémère. Oui, on m’arrêtait dans la rue pour me demander si le chat dans mes vidéos était bien mon vrai chat (non, non, je le loue…), ou pour me dire que j’ai l’air plus grand sur le Web. Maintenant, les rires, je les prends en plein visage. La phrase nulle sur « tout l’amour qu’on reçoit sur scène », en fait, elle est vraie. C’est comme un anniversaire, tous les amis sont venus te montrer qu’ils t’aiment. Sauf que là, ils sont trois mille. Il ne faut pas le dire si on n’est pas Céline Dion, ça fait pitié, mais parfois tout ça me donne envie de pleurer sur scène. A Bruxelles, il y avait 5 300 personnes qui avaient pris sur leurs économies, qui étaient sorties de chez elles en famille, en me faisant confiance. C’est plus fort qu’un clic Internet. C’est magique. Je me sens pousser des ailes.Avez-vous toujours eu le goût du spectacle ?Mon père était à la tête d’un centre d’animation culturelle, à Lens. Alors moi, le fils du « dirlo », j’avais accès à tout. J’ai fait claquettes, peinture sur soie, théâtre, saxophone, guitare, batterie… Dès que ça devenait compliqué, j’abandonnais.Comment en êtes-vous venu à penser que raconter votre quotidien en vous filmant vous-même dans votre chambre pouvait intéresser les autres ? Après le décès de ma mère − j’avais 15 ans −, on s’est installés à Paris. J’ai atterri au lycée Saint-Sulpice [6e arrondissement] pour l’option cinéma, venant de ma cambrousse, avec mes fringues d’ado, parmi les bourgeois en Dior, les filles qui sortaient avec des gars de 35 ans. Le jour où j’ai ouvert ma bouche, après deux mois d’analyse de la situation, c’était pour faire des blagues. Là, j’ai rencontré Hugo Dessioux [désormais connu sous le nom d’Hugo tout seul, sur YouTube]. Il venait du « 9-3 », il avait des parents gauchos, on s’est trouvés. Comme on s’ennuyait, on a commencé à filmer nos délires avec l’ordinateur. On s’appelait Le Velcrou, on avait une dizaine de milliers de vues à chaque fois, sur Dailymotion. J’ai fait la fac de cinéma pour avoir des conventions de stage. Il m’a fallu cinq ans pour la licence parce que j’ai passé deux années sur World of Warcraft, un jeu de rôle multijoueurs en ligne. Je n’avais aucune vie sexuelle mais je m’étais choisi un superbe avatar féminin.Et c’est en 2010 que vous démarrez sur la plate-forme de partage vidéo YouTube. J’ai fait tout seul une vidéo sur mon club de ping-pong. Et là, ma vie a changé. L’explosion, un truc de malade mental, des centaines de milliers de vues ! J’en ai fait d’autres. Du coup, un jour, YouTube m’a appelé. Est-ce que vous voulez gagner votre vie avec des vidéos ? Un petit mec tout seul avec des bouts de ficelle dans sa chambre de HLM à Montreuil pouvait gagner sa vie ! J’ai arrêté les petits boulots. Le train passait, je suis monté dedans, il ne s’est jamais arrêté.L’effet magique d’Internet ?Internet, c’est ma vie, je me suis construit dessus. Bien l’utiliser, c’est une des facettes de mon métier, avec les réseaux sociaux comme démultiplicateurs. Cela a remplacé la télé que plus personne ne regarde. Quand je suis invité dans une émission, je me sens mal à l’aise, bridé. Il n’y a pas la liberté d’expression totale d’Internet.200 000 spectateurs pour « Norman sur scène », bientôt 7 millions d’abonnés à votre chaîne YouTube, un milliard de « vues » pour vos vidéos… A 28 ans, n’est-ce pas dangereusement grisant ?Il m’a fallu le public de Bruxelles pour réaliser le phénomène. Mais attention, sur Internet, si les gens sentent que tu n’es plus normal, que tu prends la grosse tête, ça ne leur plaît pas. Alors quand je me plains, je redescends vite. Les youtubeurs sont les artistes les plus proches de leurs fans. Avec les commentaires de nos vidéos et les réseaux sociaux, on est connectés à eux. Ils sont dans notre poche. Je me réveille, je tweete, ils ont mon intimité. Il n’y a presque plus de barrière entre vie privée et publique. Je suis né là-dedans.Dans votre famille, on comprend votre métier ? Cela a mis du temps. Ma grand-mère, je lui ai fait un petit « check » depuis le canapé de Michel Drucker. Là, je suis entré dans son univers. Même chose pour mon père avec « Le Grand Journal » de Canal+. Il a arrêté de me demander « Quand est-ce que tu travailles ? » depuis que je l’aide à payer sa voiture.Le soir des attentats à Paris vous avez été très présent sur Twitter. Vous vous sentiez impliqué ?J’étais sur la scène du Palace au moment où tous ces gens étaient pris en otage. Le Bataclan, on me l’avait proposé, cela aurait pu être moi. Au Palace, on est restés enfermés dans la loge du fond jusqu’à 3 heures du matin. J’ai retweeté un maximum de messages « #portesouvertes », parce que 4 millions de personnes me suivent sur Twitter. Je pouvais me rendre utile… Quand j’ai repris le spectacle, dix jours après, j’avais les mains moites. Entre deux personnages, je vérifiais que la porte ne s’ouvrait pas. Et je sentais de la terreur dans les rires. Tous ces gens qui sont morts me ressemblaient. J’ai essayé de faire une vidéo, mais je n’y arrive pas. C’est la parole d’un mec écorché.Votre popularité chez les jeunes vous confère-t-elle une responsabilité ? Oui, complètement. Quand je fais une vidéo sur l’alcool, je répète toutes les secondes qu’il faut boire le moins possible. Mais je suis juste un youtubeur qui fait des vannes sur les toilettes. Et Internet n’est pas un média très politisé. Si je ne suis pas neutre, c’est le chaos dans les commentaires. Déjà, c’est violent quand on parle de chatons… Je me dis que tout ça est un peu lâche, j’y pense de plus en plus, alors je laisse des choses au montage. Dans un de mes derniers podcasts, où je teste des jeux vidéo avec des enfants, un gamin de 7 ans dit « Je suis pas Marine Le Pen », après avoir confié que son amoureuse est martiniquaise. Un autre regrette que François Hollande envoie la guerre en Syrie au lieu d’envoyer la paix. Surtout, je pense qu’il faudrait laisser les jeunes voter sur Internet. On sait que cela arrivera un jour, alors pourquoi pas maintenant ?« Norman sur scène », au Palace jusqu’au 17 janvier 2016. Puis en tournée dans toute la France, en Belgique et en Suisse, jusqu’en mai 2016.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Escande La vieillesse est un naufrage, même au sommet de la réussite. L’exceptionnel destin de Sumner Redstone, 92 ans et toujours patron de Viacom, est en train de s’achever dans le déballage le plus sordide et fait désormais les délices du tout Hollywood. Avec tous les ingrédients d’une bonne série télé : l’argent, le sexe et le pouvoir. Le 25 novembre, Manuela Herzer, l’ex-petite amie du plus célèbre magnat américain des médias, a déposé plainte devant la Cour de justice de l’Etat de Californie pour demander le droit de s’occuper de la santé déclinante de Sumner. Le 21 décembre, le juge a décidé de repousser à janvier l’audition des médecins du nonagénaireAprès avoir hérité en 1967 de la petite chaîne de salles de cinéma fondée par son père, Sumner Redstone l’a progressivement transformée en géant des médias grâce à l’acquisition successive du producteur de chaînes de télévision Viacom (MTV, Nickelodeon…), du studio de cinéma Paramount, puis du réseau national CBS. Un empire valorisé aujourd’hui plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) et dont il possède 80 % des droits de vote. Sa fortune personnelle est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Voilà pour l’argent.Une vocation d’homme à femmesLe sexe a accompagné la gloire. Avec son éternelle mèche teinte en blond et sa démarche hésitante, le milliardaire, grièvement blessé lors d’un incendie, s’est découvert sur le tard une vocation d’homme à femmes. A 76 ans, il a divorcé de sa première épouse, s’est remarié trois ans plus tard avec une jeunesse de 39 ans sa cadette, avant de divorcer à nouveau alors qu’il avait 85 ans. Il se met alors en couple avec Manuela Herzer, 50 ans, avant de lui préférer Sydney Holland, 40 ans. The Hollywood Reporter, la bible du quartier le plus célèbre de Los Angeles, a fait ses gorges chaudes de ses aventures avec une jeune chanteuse dont il a imposé l’éphémère groupe de rock féminin, The Electric Barbarellas, sur sa chaîne musicale MTV.En mai, pour ses 92 ans, le vieil homme était apparu pour la dernière fois fermement soutenu par Manuela et Sydney. Mais en octobre, la première fut exclue à la fois du château du testament qui faisait d’elle et de Sydney les curateurs de Sumner, responsables de sa santé. A leur place, c’est Philippe Dauman – directeur général de Viacom et homme de confiance du magnat – qui fut désigné.Depuis, verrouillage complet. Officiellement M. Redstone garde bon pied bon œil, même s’il ne s’exprime plus de manière intelligible. Ce n’est pas l’avis de Manuela, qui le qualifie avec moult détails de « fantôme vivant », incapable de bouger et demandant des soins constants. Les investisseurs s’inquiètent et demandent une contre-expertise. Quelle qu’en soit l’issue, la fin du mélodrame est proche et il y a peu de chances qu’il se termine bien pour l’intrépide Sumner qui avait proclamé un jour qu’il ne mourrait jamais.Lire aussi :Les grands médias audiovisuels américains contraints de changer de stratégiePhilippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 21h44 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h23 Une erreur de pilotage est à l’origine de l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à huit français, dont trois sportifs, en mars lors du tournage en Argentine de l’émission de télévision « Dropped ». Un rapport de la Direction d’enquête des accidents de l’aviation civile argentine (JIAAC) diffusé jeudi 17 décembre dit :« Le facteur déclencheur de cet accident a été le défaut d’appréciation des pilotes de la proximité ou du manque de séparation de leurs aéronefs respectifs. Ce manque d’appréciation a entraîné la collision aérienne des aéronefs sans aucune tentative de manœuvre évasive ou d’évitement. »Le rapport de 50 pages relève qu’un des pilotes aurait aussi pu être ébloui peu avant la collision. La JIAAC suggère également que les nécessités du tournage ont pu conduire les pilotes à commettre une imprudence.« Il est plausible d’affirmer que la nécessité de réaliser des images ait pu amener les cameramen à influencer ou à distraire les pilotes. »Aucun survivant Le 9 mars, deux hélicoptères s’étaient heurtés peu après le décollage et avaient pris feu lors du tournage d’une émission de téléréalité de TF1 dans le nord-ouest de l’Argentine.La navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine, médaillé olympique, sont morts dans la catastrophe, ainsi que cinq autres Français, membres de la production de l’émission « Dropped », et les deux pilotes argentins.De nombreux experts aéronautiques estimaient qu’une faute de pilotage pouvait être à l’origine du drame. Les deux hélicoptères, des Ecureuil de fabrication récente (2010), volaient l’un près de l’autre, à faible altitude, quand l’un d’eux heurta le second.Outre le volet argentin de l’enquête, une information judiciaire pour homicide involontaire a également été ouverte le 3 avril par le parquet de Paris.Lire aussi :« Dropped », la plus grande tragédie de l’histoire de la télé-réalité Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Vincent Bolloré ne s’avoue pas vaincu sur le terrain des droits sportifs. Quelques jours après avoir perdu les droits du football anglais au bénéfice d’Altice, le groupe Canal+ aurait acquis, selon Lequipe.fr, les droits des trois prochaines éditions de la finale de la Ligue des champions, la compétition phare du football européen.Ces droits étaient la propriété de BeIn Sports, mais la chaîne qatarie devait les revendre, car cet événement fait partie de ceux qui doivent être diffusés en clair (c’est TF1 qui en assurait habituellement la diffusion). Le groupe Canal+ les diffusera donc sur sa chaîne gratuite D8, dont le coût de grille s’alourdira de trois millions d’euros par an.Lire aussi :Droits sportifs, la guerre est relancéeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 10h43 • Mis à jour le09.12.2015 à 11h41 | Sandrine Cassini, Sarah Belouezzane et Isabelle Chaperon La trêve aura été de courte durée. Six mois après la tentative de rachat de Bouygues Telecom par Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR, le grand bal des négociations entre opérateurs télécoms a recommencé. Comme l’a révélé l’agence Bloomberg lundi 7 décembre, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Selon nos informations, les négociations ont été entamées au début de l’automne, lorsque le président de Bouygues est allé voir Stéphane Richard, PDG de l’opérateur historique, afin de réactiver un projet datant de 2014. Le bétonneur a posé une condition : que l’opération soit réglée essentiellement en titres, de façon à permettre à Bouygues d’entrer au capital d’Orange.Ces discussions sont « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autreInterrompues au moment de l’appel d’offres sur les « fréquences en or » de téléphonie mobile (les fameuses 700 MHz), achevées le jeudi 19 novembre, les discussions ont repris à l’initiative de M. Bouygues dès le lendemain du processus. Une telle opération lui permettrait de rester présent dans le secteur des télécoms, qui lui tient à cœur.Lire aussi :« Fréquences en or » : 2,8 milliards d’euros pour l’EtatSur la base d’une valorisation de 10 milliards d’euros pour le seul Bouygues Telecom, le conglomérat présent dans le secteur de la construction, qui détient 90 % de sa filiale (aux côtés de JC Decaux), obtiendrait une part de 22 % d’Orange, dont le premier actionnaire est aujourd’hui l’Etat, avec 25 % des actions. « Le groupe Bouygues indique qu’il n’a aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision et réaffirme son ancrage durable dans ces deux industries », a précisé le groupe familial, utilisant une formulation ambiguë lui permettant d’éviter un démenti.Les pouvoirs publics ont été tenus informés de ces discussions, « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autre. En juin, lorsque M. Drahi avait mis sur la table une offre de 10 milliards d’euros pour racheter Bouygues Telecom, le gouvernement s’était montré très réticent à la perspective de cette concentration.« Je dis et répète que la consolidation n’est pas aujourd’hui souhaitable pour le secteur. L’emploi, l’investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or, les conséquences d’une consolidation sont à ces égards négatives, comme l’ont prouvé les cas récents en Europe », avait lancé Emmanuel Macron, le ministre de l’économie. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée »A l’époque, toutefois, le gouvernement s’inquiétait avant tout du sort réservé à son prochain appel d’offres sur les fréquences 700 MHz. Le passage de quatre à trois acteurs signifiait une compétition limitée et donc une moindre rentrée d’argent. Les enchères ont finalement eu lieu en novembre et ont permis à l’Etat d’engranger 2,8 milliards d’euros, plus que prévu.Interrogations sur le rôle de TF1Cette échéance passée, les pouvoirs publics pourraient voir d’un autre œil la consolidation dans les télécoms. Orange et Bouygues ont commencé leur lobbying et il se déroulerait au plus haut niveau de l’Etat. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée », témoigne un bon connaisseur du dossier. Compte tenu des positions initiales, M. Macron n’aurait pas été mis dans la boucle dans un premier temps. Raison pour laquelle, selon un proche de Bercy, le ministre de l’économie ne cachait pas son irritation après les révélations de ces discussions, lundi.Lire aussi :Bouygues dément un éventuel rachat par Orange de ses activités médias et télécomsCoïncidence troublante, Les Echos ont révélé que Martin Bouygues avait écrit le 4 décembre au premier ministre, Manuel Valls, pour réclamer 2,28 milliards d’euros à l’Etat, une somme censée le dédommager du préjudice lié à l’arrivée de Free début 2012, un quatrième opérateur qui a déstabilisé le marché. Une façon de mettre la pression sur les pouvoirs publics ? De même, certains s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer la chaîne TF1, qui serait associée à la transaction, selon Bloomberg, dans la réussite de l’opération.C’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenirPour prendre forme, le rapprochement doit néanmoins franchir de nombreux obstacles. Orange et Bouygues Telecom savent qu’ils auront fort à faire pour convaincre la Commission européenne, dont la nouvelle commissaire à la concurrence Margrethe Vestager se montre peu favorable à la consolidation. En septembre, Bruxelles avait mis son veto à la fusion au Danemark de TeliaSonera et de Telenor, une opération qui aurait fait passer le marché de quatre à trois opérateurs.En France, c’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenir. Son président, Bruno Lasserre, avait ouvert la porte à la consolidation, en indiquant en 2014 qu’il n’y avait pas de nombre « magique » d’opérateurs. Pour autant, Orange détient déjà 50 % du marché fixe et mobile, ce qui rend difficile pour lui l’acquisition d’un concurrent.Le mariage doit obtenir l’approbation de la « famille »Conscient de cet écueil, Stéphane Richard a, selon nos informations, prévenu dès le départ SFR et Free des tractations en cours. Objectif : définir avec eux quels actifs ils seraient prêts à racheter, afin de mieux répartir leurs forces et amadouer les autorités de la concurrence.En d’autres termes, une reprise par Orange signifierait le démantèlement de Bouygues Telecom. En 2014, lors de précédentes négociations, d’abord avec SFR puis avec Orange, Bouygues avait prévu de céder son réseau fixe et des fréquences pour 1,8 milliard d’euros. Depuis, la donne a changé, Free ayant récupéré des fréquences de téléphonie lors du dernier appel d’offres.L’élimination d’un concurrent est le prélude à une accalmie dans la guerre des prixCependant, l’élimination d’un concurrent étant le prélude à une accalmie dans la guerre des prix, SFR et Free ont intérêt à jouer le jeu et à se partager fréquences, réseaux, équipes et boutiques de leur concurrent. C’est toute la particularité de ce secteur. Pour que l’un des acteurs se marie avec l’autre, il faut que l’ensemble de la « famille » soit d’accord.Autre sujet décisif pour la réussite de ce rapprochement : la gouvernance. Martin Bouygues n’est pas du genre à se contenter d’un strapontin en échange de son précieux réseau. Un équilibre doit donc être trouvé avec l’Etat, afin que ce dernier partage ses prérogatives de premier actionnaire avec le groupe privé.Ce n’est pas impossible, relève un banquier d’affaires, comme le prouve le tour de table de Thales. L’Etat et Dassault, au coude-à-coude au capital du groupe d’électronique et de défense, avec respectivement 27 % et 26 % des actions, y sont liés par un pacte d’actionnaires. Cela n’empêche évidemment pas les frictions, à l’image de la nomination contrariée d’Henri Proglio à la présidence de Thales en mai 2015. Mais dans l’ensemble, toutes les parties se montrent satisfaites de cet équilibre, six ans après sa construction. Un modèle à suivre ?Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiSandrine CassiniJournaliste au MondeIsabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le groupe détenu par Patrick Drahi entend poursuivre son développement dans la presse, après avoir repris le groupe L’Express et plusieurs autres titres dont Stratégies. Altice, propriétaire également de SFR, est en effet candidat à la reprise de Télé 7 Jours, France Dimanche et Ici Paris, trois magazines appartenant au groupe Lagardère.Selon une source proche du dossier, cette offre serait la mieux placée pour emporter ces trois titres, dont le plus important, Télé7Jours, vend encore 1,2 million d’exemplaires. Joints par Le Monde, les groupes Altice et Lagardère n’ont fait aucun commentaire.Lundi 7 décembre, La lettre de L’Expansion citait les groupes de presse allemand Bauer et italien Mondadori parmi les autres acquéreurs potentiels. Ils seraient désormais distancés par Patrick Drahi et Marc Laufer, selon cette même source proche du dossier.Début octobre, Arnaud Lagardère, associé commandité du groupe, avait admis qu’il se « posait des questions » sur l’éventuelle cession de ces magazines. En 2014, Lagardère a cédé dix de ses titres historiques et le groupe entend se recentrer autour d’un « environnement sacré » composé d’Elle, Europe 1 et le Journal du dimanche.Lire aussi :La stratégie de Lagardère sur les médias en questionAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Nous concentrons nos histoires sur les gens qui sont derrière la technologie. C’est plus intéressant que de faire une chronique sur le dernier iPhone. » C’est avec ce credo que Derek Mead, le rédacteur en chef de Motherboard, explique le succès de son site consacré à l’innovation. Et cette filiale du groupe américain de médias pour jeunes Vice compte désormais percer en France : Motherboard s’y lance mardi 8 décembre, après avoir décliné son site américain en espagnol et ouvert des bureaux au Royaume-Uni, au Canada, au Brésil, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne.Motherboard s’est récemment illustré par quelques scoops, dont la révélation du piratage des données du constructeur de jouets connectés VTech.Lire aussi :VTech : des millions de comptes clients et de profils d’enfants volés lors d’un piratageHackers, zombies et nourriture du futurOu celle des noms des utilisateurs du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison. « Motherboard avait interrogé les hackers eux-mêmes mais aussi des gens qui avaient vu leur nom publié, en rappelant que l’adultère peut être puni de mort dans certains pays », note Sébastien Chavigner, rédacteur en chef de la version française de Motherboard, pour souligner l’approche « humaine » du site.Parmi les premiers sujets français, M. Chavigner racontera sa semaine passée à se nourrir presque exclusivement de Soylent, une forme de nourriture du futur créée pour apporter tous les nutriments nécessaires sous forme de poudre à diluer : « Un enfer » (voir la version américaine). On lira aussi le portrait d’une des personnes chargées de calculer la trajectoire des débris dans « l’espace poubelle ». Ou un sujet sur le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier, parti à Haïti à la recherche des « zombies » – sortes de « morts-vivants », endormis avec des poisons puissants et ranimés après avoir été déclarés morts, explique M. Chavigner. Un sujet conforme au goût des marges et de la provocation de Vice.« Notre approche est globale, explique M. Mead. Nous ne voulons pas seulement parler de New York et de la Silicon Valley : la France et l’Europe ne sont pas assez couverts. » Le rédacteur en chef américain se dit intéressé par le projet de fusion nucléaire Iter.« En France, il y a peu de sites de médias dédiés à l’actualité de l’innovation », regrette M. Chavigner, qui souligne l’importance croissante du thème chez les supports généralistes, comme Le Monde, Le Figaro ou Slate, où la thématique est souvent traitée par une équipe dédiée, comme Pixels au Monde ou Rue89 au Nouvel Observateur.« Wired » et les références anglo-saxonnesPour tous, les exemples sont des sites anglo-saxons comme le très léché The Verge, créé en 2011 et rattaché au groupe de nouveaux médias Vox, ou The Register, réputé sur le thème de la sécurité informatique. Motherboard est connu pour ses enquêtes et ses vidéos (il aura en France quatre personnes dédiées aux images, en plus des quatre permanents de la rédaction).La référence historique incontestée reste le californien Wired, qui dès les années 1990 a proposé un magazine papier époustouflant, doublé d’un site Web quotidien. Propriété du groupe de presse Conde Nast (Vanity Fair, Vogue…), son possible lancement en France fait l’objet de rumeurs régulières.Les essais françaisOccuper ce créneau reste un défi : le magazine papier Humanoïde l’a tenté un an, avant de jeter l’éponge à la mi-septembre ; comme le journal et le site Transfert près de quinze ans avant lui. Le flambeau est pourtant toujours relevé : deux anciens d’Humanoïde se sont lancés à plein temps dans le site Geekzone, alors que d’autres ont rejoint Numerama. Ce site connu pour ses combats autour du téléchargement illégal et des libertés publiques vient d’être racheté et « repositionné ».« Nous avons une ligne beaucoup plus ouverte, proche des Anglo-Saxons : on intègre de la science, de l’économie et de la pop culture », explique Ulrich Rozier. Ce dernier a acquis Numerama grâce au succès de Frandroid, un site consacré au mobile qu’il avait cofondé. Lui aussi revendique un traitement « humain » des technologies et espère importer un peu de l’optimisme américain, parfois forcené dans le cas de Wired.Reste l’épineuse question des modèles économiques : Motherboard bénéficiera du soutien du groupe Vice, expert en publicité ciblant les jeunes et en vidéos sponsorisées. M. Rozier a lui complété ses revenus publicitaires avec des liens vers des fiches de comparateurs de produits et envisage une version payante de Numerama.Lire aussi :L’empire du ViceAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.12.2015 à 15h00 • Mis à jour le08.12.2015 à 16h09 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les grandes manœuvres s’accélèrent dans le domaine de l’information à France Télévisions. Lundi 7 décembre, l’entreprise publique a confié ce domaine sensible à Michel Field, qui dirigeait France 5, en remplacement de Pascal Golomer, conservé par Delphine Ernotte après avoir fait partie de l’équipe précédente. Du côté de France 5, c’est Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, qui remplace provisoirement M. Field.Lire aussi :Michel Field : « Il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans »Pourquoi ce changement, trois mois et demi après l’entrée en fonction de la nouvelle présidente ? Selon un premier niveau de lecture, M. Golomer n’aurait pas donné satisfaction. « A son arrivée, Mme Ernotte a fait le choix de la continuité. Cela n’a pas fonctionné », explique-t-on à la présidence de France Télévisions, en précisant que le remplacement de celui qui a fait toute sa carrière dans le service public, et doit être « appelé à d’autres fonctions », ne sanctionne pas un problème précis.Les dysfonctionnements n’ont pourtant pas manqué, qu’il s’agisse du cafouillage autour de la venue – annulée – de Marine Le Pen à « Des Paroles et des actes », mi-octobre, ou du lancement tardif d’une édition spéciale sur France 2 au soir des attentats du 13 novembre. M. Golomer aurait aussi défendu le directeur de la rédaction de France 2, Eric Monnier, qui devrait prochainement quitter ses fonctions après avoir vu ses méthodes de management contestées par les syndicats.Derrière ces incidents se nichent aussi une divergence d’état d’esprit et une forme d’impatience. L’information est la priorité du début de mandat de Mme Ernotte, qui a choisi de lancer une chaîne en continu et doit mener à son terme un plan de fusion des rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) baptisé « Info 2015 ».Le calendrier est serré : les consultations sociales sur la chaîne d’info doivent commencer en décembre, pour un lancement prévu en septembre 2016. Alors que les syndicats continuent de combattre « Info 2015 », ce projet va nécessiter une accélération du travail en commun, y compris avec les autres acteurs de l’audiovisuel public. « Il faut qu’on avance et qu’on renforce l’esprit collectif », résume-t-on à la présidence.Selon ce deuxième niveau de lecture, il fallait donc tourner la page et installer une figure nouvelle, non marquée par les rivalités entre France 2 et France 3, ni par les affrontements avec les syndicats sur le projet de fusion. D’où le choix de Michel Field, qui doit apporter un « nouveau souffle ».Ce dernier est une pièce importante de l’équipe Ernotte depuis sa constitution. Homme de réseaux, agitateur d’idées, cet agrégé de philosophie entré en télévision chez Christophe Dechavanne en 1989 fait partie de ceux dont la présidente apprécie les conseils. Ces dernières semaines, il a participé aux réunions consacrées au projet de chaîne d’information, chapeauté par un ancien de LCI, comme lui : Germain Dagognet.Sur la chaîne d’information du groupe TF1, M. Field a notamment animé une tranche d’information ou l’émission de débat « Politiquement Show », aux côtés de Patrick Buisson, futur conseiller de Nicolas Sarkozy. D’un point de vue politique, il offre l’avantage d’avoir une image de gauche, en partie liée à son engagement de jeunesse à la Ligue communiste révolutionnaire, tout en ayant bâti une proximité avec l’ancien président de la République. Une double compatibilité précieuse à un an et demi de l’élection présidentielle.L’animateur est surtout connu pour ses émissions culturelles comme « Le Cercle de minuit » ou « Au Field de la nuit ». Cette expérience suscite des interrogations dans la maison. « Nous ne sommes pas surpris qu’il y ait un changement, déclare ainsi Serge Cimino, journaliste à France 3 et membre du bureau national du SNJ. Mais nous sommes étonnés du profil retenu. »Les journalistes ont donc commencé à spéculer sur l’identité du directeur des rédactions qui est à leurs yeux le complément opérationnel indispensable à Michel Field. Des noms comme ceux d’Agnès Vahramian ou d’Hervé Brusini sont cités, mais il semble difficile de convaincre quiconque de porter le projet de fusion. « Michel Field va-t-il remettre en question les projets de l’équipe précédente comme “Info 2015” ? », interroge l’élu (CGT) Marc Chauvelot.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 • Mis à jour le06.12.2015 à 07h37 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place.Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris.Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard.Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ».Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire Alexandre Piquard Surprise : l’Assemblée nationale a voté de justesse et contre l’avis du gouvernement, vendredi 4 décembre, un amendement qui donne raison aux sites de presse en ligne visés par un redressement fiscal pour avoir appliqué le taux superréduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le texte accorde a posteriori à Mediapart ou Arrêt sur images le droit de recourir au taux de 2,1 %, initialement réservé aux médias papier, pour la période entre 2008 et début 2014.Lire : La TVA pour la presse numérique bientôt alignée sur celle du papierLa réaction du gouvernement « pas encore arbitrée »Pour autant, il reste des obstacles pour que le texte soit pleinement confirmé : l’amendement n’a été voté qu’à 11 voix contre 10. Le texte était porté par des députés socialistes, notamment l’ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l’ex-ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative 2015. Une dizaine de députés Les Républicains (LR) avaient déposé un amendement identique, mais le groupe LR, et notamment son président Christian Jacob, avait fermement pris position contre.Le gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, était opposé à l’amendement, accusé de rompre l’égalité devant l’impôt : « Les contribuables qui ont appliqué le taux normal en 2009, 2010, 2011 ne pourront pas obtenir le remboursement, puisque la TVA est prescrite. Ceux qui se sont appliqué d’autorité le taux de 2,1 % en auront donc bénéficié entre 2008 et 2012, et les autres non », a-t-il plaidé. Avant de citer deux autres problèmes juridiques : la conformité envers le droit européen et la rétroactivité, qui suppose qu’on agisse au nom de l’intérêt général.Joint par Le Monde, le cabinet de M. Eckert explique toutefois qu’il n’a pas demandé de seconde délibération sur l’amendement, vendredi. Quant à savoir s’il déposera un amendement pour supprimer la disposition votée jeudi, la question est « prématurée » et pas encore « arbitrée ».L’obstacle du Sénat et du Conseil constitutionnelQue va-t-il se passer maintenant ? Le texte doit être examiné par le Sénat, a priori entre le 10 et le 12 décembre, explique le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), très favorable à l’amendement. Il est alors possible que soit proposée au vote la suppression du texte, à l’initiative du gouvernement ou, éventuellement, à celle de l’opposition de droite, qui dispose d’une majorité au Sénat.Si le texte est modifié, un accord entre sénateurs et députés devra être trouvé au sein d’une commission mixte paritaire entre le 12 et le 15 décembre, note le Spiil. En cas de désaccord, il peut y avoir un second vote à l’Assemblée.Arrivera enfin l’étape du Conseil constitutionnel, avant le 31 décembre. L’autorité peut censurer l’amendement, pensent certains, à l’image du président de la commission des finances, Gilles Carrez (Les Républicains), qui le jugent « totalement inconstitutionnel ».Pour M. Carrez, l’« amendement de rétroactivité comporte un aspect d’amnistie fiscale tout à fait déplaisant ». « Or en droit fiscal, on ne peut admettre qu’un contribuable qui, de sa propre initiative, n’applique pas la loi fiscale, puisse bénéficier d’une sorte de complaisance du Parlement et voir sa situation régularisée a posteriori », selon le député, qui était en désaccord avec la rapporteure générale du budget, la députée PS Valérie Rabault, favorable au texte.Débat sur la rétroactivitéJean-Christophe Boulanger, président du Spiil, rétorque que depuis la création du statut de la presse en ligne, il y a un principe d’égalité entre les titres de presse, quel que soit leur support. Un argument auquel ont été sensibles des parlementaires de droite, qui avaient initialement déposé des amendements, avant que le groupe LR se positionne contre la disposition.« Il n’y a pas de rétroactivité, assure M. Boulanger. L’amendement est une disposition interprétative qui précise comment il fallait appliquer la loi, dans le cas de textes flous ou incohérents. Cela ne change pas les règles ex post [portant sur des faits constitués], ça les clarifie. »Le cas particulier de MediapartDu côté de Mediapart, Edwy Plenel ne s’exprime pas. Mais le site a un argumentaire qui vise à lutter sur le terrain médiatique, dans un dossier jugé politique : il ne s’agit pas « d’amnistie », car il n’y a pas eu de fraude, l’action de Mediapart étant revendiquée, écrit le site.Idem pour la notion « d’amendement Mediapart ». Le site d’investigation, dont certaines enquêtes ont gêné le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande, estime que la personnalisation du dossier autour de son cas particulier est un piège. En première ligne, Mediapart rappelle que le Spiil soutient son combat et que d’autres sites ont fait l’objet d’un redressement, comme Arrêt sur images (540 000 euros) et Indigo Publications (Lettre A, Presse News…).Lire aussi :Mediapart et Arrêt sur images appellent leurs lecteurs à la générositéLe site fondé par Edwy Plenel a toutefois publié, via un blog d’auteur, un billet de Roland Veillepeau, ancien patron de la direction nationale des enquêtes fiscales, selon lequel le contrôle fiscal du site « fleure bon, quoi qu’on dise, le règlement de comptes ».Pour Mediapart, l’enjeu est de taille. Bénéficiaire, il dispose d’une trésorerie de 3 millions d’euros environ. Mais se voit réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc : 3,5 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités.Lire aussi : Mediapart : Plenel prépare l’après-PlenelAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Trente-cinq postes « sauvés » : le plan social prévu dans le groupe L’Express-L’Expansion est passé de 125 départs à 90, jeudi 3 décembre, à l’issue d’une réunion avec les élus syndicaux. Le groupe racheté par le milliardaire des télécoms et des médias Patrick Drahi début 2015 conservera donc une quinzaine de titulaires de carte de presse supplémentaires.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Certaines mauvaises langues verront dans le grand nombre de postes épargnés le signe que le nouvel actionnaire Altice s’était laissé une généreuse marge de négociation. Une source proche de la direction y voit plutôt « l’effet positif du dialogue social ». Une manière de montrer que les hommes placés par Patrick Drahi, parfois décrits comme des gestionnaires raides, n’ont pas rechigné à tenir des dizaines de réunions avec les élus.Le représentant CFDT Jacques Trentesaux se dit lui « plutôt satisfait » sur le nombre de postes conservés : « C’est au-delà de nos attentes de départ », juge l’élu.« Monopoly »Mais le satisfecit s’arrête là : « Sur la stratégie, les dirigeants semblent raisonner davantage en cost killers qu’en patrons de presse », regrette M. Trentesaux. Selon l’élu, les dirigeants d’Altice seraient surtout concentrés sur le jeu de « Monopoly » et de synergies possible entre les titres qu’ils ont racheté (Libération ou, à 49 %, BFM-TV et RMC) ou pourraient acquérir. Moins par la mise en œuvre d’une stratégie éditoriale et économique pour chaque titre.La stratégie présentée par la direction a fait l’objet d’un avis négatif des élus, lundi 30 novembre, note M. Trentesaux. Une semaine plus tôt, les sociétés de rédacteurs avaient rejeté dans une lettre la nouvelle formule envisagée pour L’Expansion, jugée « contraire à la déontologie journalistique ». Le projet prévoyait une « ligne éditoriale positive ». Du côté de L’Express, la relance du journal, prévue pour début mars et fondée sur la recherche d’une plus grande « qualité », rencontre une part de scepticisme au sein de la rédaction. Certains regrettent que ce choix diffère de la ligne du site Web, centrée sur l’actualité chaude, d’autres doutent qu’on puisse faire mieux avec moins de salariés.« Que certains aient des doutes, c’est normal : nous voulons faire les choses par étapes, pour les faire bien, dans la durée et dans l’intérêt des titres », relativise une source proche de la direction. Des groupes de travail thématiques sont à l’œuvre, ajoute cette source, qui rappelle que L’Express-L’Expansion allait mal lors de son rachat. Il prévoit une perte de 4 millions d’euros environ en 2015 et le retour à l’équilibre en 2016. Quant au directeur des rédactions du groupe, Christophe Barbier – qui faisait jeudi dans son éditorial-vidéo un clin d’œil à Libération, qui doit déménager à L’Express en décembre –, il conserve jusqu’ici la confiance des actionnaires.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le03.12.2015 à 08h46 | Alexis Delcambre et Gilles Rof (à Marseille) A Marseille, Nancy, Nice ou Reims, les quotidiens régionaux ne sont pas prêts à imiter leurs homologues nordistes et picard. A l’approche des élections régionales, les 6 et 13 décembre, ces derniers se sont en effet ouvertement engagés contre Marine Le Pen, tête de liste du Front national en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.Lundi 30 novembre et mardi 1er décembre, La Voix du Nord a publié deux doubles pages démontant le discours et les pratiques du parti, qui arrive en tête des intentions de vote dans la région. « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », titrait le quotidien lillois lundi, avant d’énoncer, mardi, « Marine Le Pen et le FN ne sont pas ce qu’ils disent ».Egalement membre du groupe belge Rossel, le quotidien de Roubaix, Nord-Eclair, interrogeait de son côté : « La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? » et « Qui sont réellement les membres du FN ? » Enfin, mercredi, Le Courrier picard, autre titre de Rossel, faisait sa « une » sur « Le vrai visage du FN à la région ».« Rester observateur »S’ils saluent le « courage » de cette démarche, les responsables des journaux diffusés dans d’autres régions où le Front national est annoncé à un niveau élevé, comme en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou en Bourgogne-Franche-Comté, n’entendent pas prendre position.A Nice-Matin, la question a fait débat lundi matin mais la décision a été de « rester observateur ». A La Provence, « il n’y a pas vraiment eu de discussion car nous avons une ligne claire fondée sur l’équilibre », selon son rédacteur en chef, Jean-Michel Marcoul. A Metz ou Nancy, la question ne s’est pas vraiment posée. « Ce n’est pas dans la culture maison », explique un journaliste du Républicain lorrain, un titre membre du groupe Ebra comme L’Est républicain, à Nancy, ou Le Bien public, à Dijon.Interrogés par Le Monde, des responsables de la presse régionale se disent mal à l’aise avec le fait de « prendre le lecteur par la main ». « Nous ne sommes pas là pour ça. Ce serait du reste contre-productif, pense ainsi Denis Carreaux, directeur des rédactions de Nice-Matin. Cela fait longtemps que la presse ne fait plus les résultats des élections. » « C’est difficile de dire au lecteur ce qu’il doit voter », renchérit Didier Louis, rédacteur en chef de L’Union, à Reims.« En prenant position, je mettrais mon journal et mes équipes en porte-à-faux »La démarche de La Voix du Nord « est très politiquement correcte », juge encore un responsable de rédaction. « Nous ne voulons pas jouer les donneurs de leçon à grands coups d’édito ou donner raison à ceux parmi nos lecteurs qui jugent les médias trop proches des politiques », argumente Denis Carreaux. Même son de cloche du côté de l’actionnaire de La Provence, Bernard Tapie, jadis en première ligne contre le Front national : « Tous les discours qui tentent de diaboliser le FN sont inefficaces et ne font que le renforcer. » Ces titres revendiquent une exigence dans le traitement des programmes des candidats. Ainsi, à La Provence, les quatre principaux postulants ont eu droit à un « Face aux lecteurs », avec deux pages consacrées à leurs réponses. Une deuxième série a commencé, mardi matin, de portraits plus approfondis. A Nice, « on essaye de pointer les contradictions, les approximations, les faiblesses éventuelles », énumère Denis Carreaux.Cependant, « ce type de travail doit être fait avec toutes les formations », pense Didier Louis, qui invite ses homologues du Nord à traiter avec la même vigueur les socialistes locaux, qui gouvernent la région depuis sa création, que les candidats frontistes.Tissu de relationsLa plupart des quotidiens s’attachent à rester neutres vis-à-vis des exécutifs locaux – alors que certains affichaient des identités très partisanes jusque dans les années 1980. « Ma position dans la région, en tant que propriétaire de La Provence, rend délicat tout commentaire, admet ainsi Bernard Tapie. En prenant position, je mettrais forcément mon journal et mes équipes en porte-à-faux. » Un tissu de relations existe entre la presse régionale quotidienne et les collectivités locales. Outre la couverture journalistique de leur activité, ces dernières restent des pourvoyeuses de publicité, même si les budgets ont généralement baissé sous l’effet de la crise, et des partenaires d’opérations spéciales. Voire des bouées de sauvetage, à l’image de la région PACA pour Nice-Matin en 2014.Mais l’importance économique de ces liens dépend des régions. A ce titre, le partenariat entre le Nord-Pas-de-Calais et le groupe Voix du Nord autour de plusieurs chaînes de télévision locales constitue un type de relation élaboré, qui ne se retrouve pas dans toutes les régions.Autre singularité nordiste : le climat hostile entretenu tout au long de la campagne entre les candidats frontistes et la presse locale. Rien de tel à Marseille, où il n’y a eu « aucune crispation », selon M. Marcoul. A Nice, reconnaît Denis Carreaux, « la personnalité de Marion Maréchal-Le Pen est différente et les relations ne sont pas particulièrement conflictuelles », au contraire de celles avec les élus municipaux ou cantonaux du parti. Il y aurait même, selon lui, « un risque de surexposer le FN, qui attire naturellement les médias ».Gilles Rof (à Marseille)Journaliste au MondeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard L’alarme est nouvelle. BFM-TV agite la menace de 100 suppressions d’emplois si sa concurrente LCI est autorisée à passer en gratuit. Alain Weill, le PDG de NextRadioTV, la maison mère de la chaîne, a affiché ses intentions, lundi 30 novembre, lors d’un déjeuner avec des journalistes. L’argument fait écho aux propos de TF1, qui a promis un plan social, voire l’arrêt de sa chaîne d’information LCI, si sa demande de changement de modèle de diffusion n’est pas acceptée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel d’ici au 31 décembre.Lire aussi :Sur BFM-TV, « le direct n’exclut pas la réflexion »« S’il y a le lancement d’une troisième chaîne d’information gratuite – et, a fortiori, d’une quatrième – nous risquons de devoir réduire la voilure et de licencier », a expliqué Alain Weill, en référence à LCI et au projet de chaîne d’information publique lancé par France Télévisions. Le dirigeant a assuré que l’estimation de 100 emplois menacés valait pour le seul passage de LCI en gratuit.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueSelon les calculs de BFM-TV, chaque perte de 0,1 point d’audience au profit des nouveaux concurrents se traduirait par 4 millions de revenus en moins. « Avec 0,3 point d’audience en moins, on passe dans le rouge », a développé M. Weill, dont le groupe a dégagé 17 millions de résultat net en 2014. Côté emploi, 100 « équivalent temps plein » seraient menacés sur 400 au total (dont environ 320 CDI).« Nous sommes très inquiets »Ce discours marque une rupture. Lors des précédents épisodes, au cours desquels le CSA a refusé le passage de LCI en gratuit, BFM-TV avait simplement menacé d’arrêter d’embaucher. M. Weill ne se rend-il pas coupable de chantage à l’emploi, un travers qu’il dénonçait justement chez TF1 ? « Si c’est la vérité, ce n’est pas un chantage », a-t-il répondu. Avant de faire référence à l’entrée de Free comme quatrième opérateur sur le marché des télécoms, qui a provoqué des licenciements chez Bouygues et SFR.La direction de BFM-TV peut compter sur le soutien d’une représentante du personnel :« Nous sommes très inquiets », a affirmé Céline Bruel, élue au comité d’entreprise de BFM-TV et membre de sa société des journalistes, conviée au déjeuner. « BFM-TV, ce n’est pas du low cost », a insisté Mme Bruel. Les élus négocient en outre en ce moment des augmentations de salaires pour le personnel, a-t-elle noté.« Enjeux économiques considérables »Pour peser, les représentants des salariés des chaînes d’information BFM-TV et iTélé ont demandé à être reçus par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. La démarche rappelle celle des employés de LCI, qui étaient allés jusqu’à manifester devant l’autorité. « Nous ne sommes pas commandités par la direction », s’est toutefois défendue l’élue de BFM-TV.La sortie médiatique du groupe NextRadioTV intervient alors que le CSA doit se prononcer avant la fin décembre sur la nouvelle demande de LCI de passer en gratuit. Certains observateurs croient déceler des signaux favorables à la demande de TF1 :« Les enjeux économiques sont considérables », a par exemple noté le président du CSA, Olivier Schrameck, dans un entretien au Figaro lundi.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesPar ailleurs, afin de rassurer la concurrence, TF1 s’est engagée à ne pas faire d’offres publicitaires couplées avec LCI, ni de promotions croisées, et à ne pas consacrer plus de 30 % de son temps d’antenne aux journaux télévisés. Une façon de se différencier du modèle « info en direct » de BFM-TV.« Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir »Pour M. Weill, ces arguments « ne changent rien ». Et autoriser une troisième, voire une quatrième chaîne d’information, « reviendrait à renforcer les acteurs historiques dominants, TF1 et France Télévisions », a-t-il ajouté. Par rapport à ces chaînes, BFM-TV se dépeint comme un « nouvel entrant », malgré le partenariat capitalistique noué avec Altice, le puissant groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Pour M. Weill, « les pouvoirs publics veulent affaiblir les chaînes d’information existantes, qui apportent de l’indépendance et de la transparence ». « Mais ils confondent indépendance et parti pris. Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir, quel qu’il soit. C’était déjà le cas sous la majorité précédente », a-t-il expliqué. Sa chaîne, après avoir eu des relations un peu crispées avec l’Elysée et Matignon sous Jean-Marc Ayrault, semblait pourtant avoir normalisé son rapport avec le gouvernement.Lire : Critiquée par la majorité, BFM-TV plaide sa cause à Matignon et à l’ÉlyséeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent Marine Le Pen contre La Voix du Nord, c’est une histoire ancienne. Dernier épisode en date, la patronne du FN et candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas du tout apprécié la manchette du quotidien régional de lundi 30 novembre, titrée « pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». Ni la deuxième « une », publiée mardi.La candidate d’extrême droite a donc expliqué qu’en cas de victoire, elle comptait bien « supprimer les subventions » du quotidien :« Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l’énorme subvention qu’ils ont touchée. Nous considérons que les 1,5 million qui sont accordés par an au groupe La Voix du Nord ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres. C’est la raison pour laquelle ils nous attaquent, ils cherchent à défendre leurs subventions alors qu’il y a un million de pauvres dans notre région. »Pourquoi c’est plus compliqué ?1. Pas de subventions directes de la région à la presse locale, mais à une télévisionMarine Le Pen a sans doute été un peu vite en besogne, en oubliant qu’il n’y a pas réellement de subventions régionales à la presse locale. La seule « aide » est l’exonération de contribution économique territoriale (CET), une taxe qui frappe les entreprises, mais cette aide est la même sur tout le territoire et un conseil régional ne peut décider de la supprimer.Marine Le Pen ciblait en fait un point précis : il existe, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, une télévision locale, Weo, créée en 2009, qui est une société d’économie mixte, cogérée par la région, le groupe La Voix et d’autres partenaires (Roularta, la Caisse d’épargne ou NRJ). La Voix du Nord n’a que 35 % des parts, a expliqué le quotidien lundi. En réalité, « le chiffre de 1,5 million d’euros correspond à ce que la région verse en termes de production et de moyens de financement de coproduction entre Weo et les différents organismes », précise-t-on à la Voix du Nord. Ce budget correspond aux « commandes » de productions par la région, qui souhaite des reportages et documentaires pour évoquer son patrimoine, notamment. Ces subventions concernent d’ailleurs une dizaine de télévisions locales et non la seule Weo.« C’est une manière de mettre en avant la région, ces programmes permettent aux habitants de savoir ce qu’il se passe, de défendre l’identité ch’ti », précise-t-on à la région, où l’on assume totalement ces neuf millions d’euros de subvention sur cinq ans. En 2015, les dépenses de la région se sont élevées à 2,12 milliards d’euros. Les 1,5 million consacrés aux programmes de Weo représentent donc 0,07 % de ces dépenses.La région pourrait donc choisir de « torpiller » ce projet si Mme Le Pen arrivait à sa tête, mais les conséquences iraient au-delà de la seule Voix du Nord. D’autres partenaires seraient concernés, sans compter le risque de provoquer la fin d’une télévision locale.2. La fausse collusion entre le groupe de presse et Xavier BertrandMardi, Marine Le Pen a contre-attaqué, quitte à mettre en avant une nouvelle intox : invitée de BFM TV, la patronne du Front national a cette fois cherché à démontrer une collusion entre La Voix du Nord et Xavier Bertrand, son adversaire du parti Les Républicains aux régionales. Elle en profite pour évoquer le rôle de la société Bygmalion.« J’ai découvert que La Voix du Nord est aussi liée à Xavier Bertrand, car figurez-vous que La Voix du Nord est actionnaire de la Télé de Xavier Bertrand, MaTélé, la télé de Saint-Quentin. Et d’ailleurs, La Voix du Nord l’a été un certain temps aux côtés de Bygmalion, vous savez cette société dont Xavier Bertrand expliquait qu’il ne la connaissait pas. »Pourquoi c’est n’importe quoi ?Mais là encore, les ficelles sont un peu grosses.Le groupe La Voix est effectivement actionnaire, à 22,4 %, de MaTélé, une chaîne locale, basée à Saint-Quentin, dans l’Aisne, ville dont Xavier Bertrand est maire. Assez logiquement, le groupe de presse, en situation de quasi-monopole dans la région, est sollicité, ici comme à Lille avec Weo, pour participer à ce type de projets.Cette télévision lancée en 2013 est possédée par divers acteurs. dont une agence de communication et la société télévisuelle Demain !, son actionnaire principal qui possède 56,5 % des parts. Si la chaîne ne se positionne pas spécialement en opposition au maire de Saint-Quentin, il est quelque peu abusif de la qualifier de « télé de Xavier Bertrand ».Bygmalion est en partie installée à Saint-Quentin. La société a effectivement pris des parts dans MaTélé : 11,2 %. Bygmalion a investi dans d’autres télévisions locales, notamment Weo Picardie. Mais elle s’en est retirée après les scandales financiers l’impliquant. Incidemment, La Voix n’avait pas vu d’un très bon œil l’arrivée de Bygmalion dans le capital.A suivre le raisonnement de Marine Le Pen, le groupe La Voix serait ainsi « lié » à tous les élus de toutes les municipalités dans lesquelles il est partie prenante d’un projet. C’est passer très vite sur le fait que ce groupe de presse est le plus puissant de la région, et qu’il est donc logique qu’il s’intéresse aux télévisions locales.En outre, Marine Le Pen explique donc ici que La Voix, qu’elle accusait lundi de collusions avec la gauche, serait selon elle lié aussi à la droite. Ce qui n’est pas très cohérent.Enfin, elle prend soin de lâcher au milieu de tout cela le nom de Bygmalion, qui fut actionnaire minoritaire de cette télévision locale, mais ne l’est plus.Surtout, la polémique de la veille portait sur le fait que Mme Le Pen, mécontente de La Voix du Nord, évoquait la suppression de « subventions » qui n’en étaient, on l’a dit, pas vraiment. Ici, il s’agit d’autre chose : le fait qu’un groupe de presse locale investisse dans des télévisions locales. Ce qui, à y réfléchir quelques instants, semble plutôt cohérent.Lire aussi :Régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie : l’obsession Front nationalSamuel LaurentResponsable des Décodeurs - Vérifications, contexte, données. SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 • Mis à jour le06.12.2015 à 07h37 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place.Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris.Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard.Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ».Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire Alexandre Piquard Surprise : l’Assemblée nationale a voté de justesse et contre l’avis du gouvernement, vendredi 4 décembre, un amendement qui donne raison aux sites de presse en ligne visés par un redressement fiscal pour avoir appliqué le taux superréduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le texte accorde a posteriori à Mediapart ou Arrêt sur images le droit de recourir au taux de 2,1 %, initialement réservé aux médias papier, pour la période entre 2008 et début 2014.Lire : La TVA pour la presse numérique bientôt alignée sur celle du papierLa réaction du gouvernement « pas encore arbitrée »Pour autant, il reste des obstacles pour que le texte soit pleinement confirmé : l’amendement n’a été voté qu’à 11 voix contre 10. Le texte était porté par des députés socialistes, notamment l’ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l’ex-ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative 2015. Une dizaine de députés Les Républicains (LR) avaient déposé un amendement identique, mais le groupe LR, et notamment son président Christian Jacob, avait fermement pris position contre.Le gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, était opposé à l’amendement, accusé de rompre l’égalité devant l’impôt : « Les contribuables qui ont appliqué le taux normal en 2009, 2010, 2011 ne pourront pas obtenir le remboursement, puisque la TVA est prescrite. Ceux qui se sont appliqué d’autorité le taux de 2,1 % en auront donc bénéficié entre 2008 et 2012, et les autres non », a-t-il plaidé. Avant de citer deux autres problèmes juridiques : la conformité envers le droit européen et la rétroactivité, qui suppose qu’on agisse au nom de l’intérêt général.Joint par Le Monde, le cabinet de M. Eckert explique toutefois qu’il n’a pas demandé de seconde délibération sur l’amendement, vendredi. Quant à savoir s’il déposera un amendement pour supprimer la disposition votée jeudi, la question est « prématurée » et pas encore « arbitrée ».L’obstacle du Sénat et du Conseil constitutionnelQue va-t-il se passer maintenant ? Le texte doit être examiné par le Sénat, a priori entre le 10 et le 12 décembre, explique le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), très favorable à l’amendement. Il est alors possible que soit proposée au vote la suppression du texte, à l’initiative du gouvernement ou, éventuellement, à celle de l’opposition de droite, qui dispose d’une majorité au Sénat.Si le texte est modifié, un accord entre sénateurs et députés devra être trouvé au sein d’une commission mixte paritaire entre le 12 et le 15 décembre, note le Spiil. En cas de désaccord, il peut y avoir un second vote à l’Assemblée.Arrivera enfin l’étape du Conseil constitutionnel, avant le 31 décembre. L’autorité peut censurer l’amendement, pensent certains, à l’image du président de la commission des finances, Gilles Carrez (Les Républicains), qui le jugent « totalement inconstitutionnel ».Pour M. Carrez, l’« amendement de rétroactivité comporte un aspect d’amnistie fiscale tout à fait déplaisant ». « Or en droit fiscal, on ne peut admettre qu’un contribuable qui, de sa propre initiative, n’applique pas la loi fiscale, puisse bénéficier d’une sorte de complaisance du Parlement et voir sa situation régularisée a posteriori », selon le député, qui était en désaccord avec la rapporteure générale du budget, la députée PS Valérie Rabault, favorable au texte.Débat sur la rétroactivitéJean-Christophe Boulanger, président du Spiil, rétorque que depuis la création du statut de la presse en ligne, il y a un principe d’égalité entre les titres de presse, quel que soit leur support. Un argument auquel ont été sensibles des parlementaires de droite, qui avaient initialement déposé des amendements, avant que le groupe LR se positionne contre la disposition.« Il n’y a pas de rétroactivité, assure M. Boulanger. L’amendement est une disposition interprétative qui précise comment il fallait appliquer la loi, dans le cas de textes flous ou incohérents. Cela ne change pas les règles ex post [portant sur des faits constitués], ça les clarifie. »Le cas particulier de MediapartDu côté de Mediapart, Edwy Plenel ne s’exprime pas. Mais le site a un argumentaire qui vise à lutter sur le terrain médiatique, dans un dossier jugé politique : il ne s’agit pas « d’amnistie », car il n’y a pas eu de fraude, l’action de Mediapart étant revendiquée, écrit le site.Idem pour la notion « d’amendement Mediapart ». Le site d’investigation, dont certaines enquêtes ont gêné le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande, estime que la personnalisation du dossier autour de son cas particulier est un piège. En première ligne, Mediapart rappelle que le Spiil soutient son combat et que d’autres sites ont fait l’objet d’un redressement, comme Arrêt sur images (540 000 euros) et Indigo Publications (Lettre A, Presse News…).Lire aussi :Mediapart et Arrêt sur images appellent leurs lecteurs à la générositéLe site fondé par Edwy Plenel a toutefois publié, via un blog d’auteur, un billet de Roland Veillepeau, ancien patron de la direction nationale des enquêtes fiscales, selon lequel le contrôle fiscal du site « fleure bon, quoi qu’on dise, le règlement de comptes ».Pour Mediapart, l’enjeu est de taille. Bénéficiaire, il dispose d’une trésorerie de 3 millions d’euros environ. Mais se voit réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc : 3,5 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités.Lire aussi : Mediapart : Plenel prépare l’après-PlenelAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Trente-cinq postes « sauvés » : le plan social prévu dans le groupe L’Express-L’Expansion est passé de 125 départs à 90, jeudi 3 décembre, à l’issue d’une réunion avec les élus syndicaux. Le groupe racheté par le milliardaire des télécoms et des médias Patrick Drahi début 2015 conservera donc une quinzaine de titulaires de carte de presse supplémentaires.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Certaines mauvaises langues verront dans le grand nombre de postes épargnés le signe que le nouvel actionnaire Altice s’était laissé une généreuse marge de négociation. Une source proche de la direction y voit plutôt « l’effet positif du dialogue social ». Une manière de montrer que les hommes placés par Patrick Drahi, parfois décrits comme des gestionnaires raides, n’ont pas rechigné à tenir des dizaines de réunions avec les élus.Le représentant CFDT Jacques Trentesaux se dit lui « plutôt satisfait » sur le nombre de postes conservés : « C’est au-delà de nos attentes de départ », juge l’élu.« Monopoly »Mais le satisfecit s’arrête là : « Sur la stratégie, les dirigeants semblent raisonner davantage en cost killers qu’en patrons de presse », regrette M. Trentesaux. Selon l’élu, les dirigeants d’Altice seraient surtout concentrés sur le jeu de « Monopoly » et de synergies possible entre les titres qu’ils ont racheté (Libération ou, à 49 %, BFM-TV et RMC) ou pourraient acquérir. Moins par la mise en œuvre d’une stratégie éditoriale et économique pour chaque titre.La stratégie présentée par la direction a fait l’objet d’un avis négatif des élus, lundi 30 novembre, note M. Trentesaux. Une semaine plus tôt, les sociétés de rédacteurs avaient rejeté dans une lettre la nouvelle formule envisagée pour L’Expansion, jugée « contraire à la déontologie journalistique ». Le projet prévoyait une « ligne éditoriale positive ». Du côté de L’Express, la relance du journal, prévue pour début mars et fondée sur la recherche d’une plus grande « qualité », rencontre une part de scepticisme au sein de la rédaction. Certains regrettent que ce choix diffère de la ligne du site Web, centrée sur l’actualité chaude, d’autres doutent qu’on puisse faire mieux avec moins de salariés.« Que certains aient des doutes, c’est normal : nous voulons faire les choses par étapes, pour les faire bien, dans la durée et dans l’intérêt des titres », relativise une source proche de la direction. Des groupes de travail thématiques sont à l’œuvre, ajoute cette source, qui rappelle que L’Express-L’Expansion allait mal lors de son rachat. Il prévoit une perte de 4 millions d’euros environ en 2015 et le retour à l’équilibre en 2016. Quant au directeur des rédactions du groupe, Christophe Barbier – qui faisait jeudi dans son éditorial-vidéo un clin d’œil à Libération, qui doit déménager à L’Express en décembre –, il conserve jusqu’ici la confiance des actionnaires.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le03.12.2015 à 08h46 | Alexis Delcambre et Gilles Rof (à Marseille) A Marseille, Nancy, Nice ou Reims, les quotidiens régionaux ne sont pas prêts à imiter leurs homologues nordistes et picard. A l’approche des élections régionales, les 6 et 13 décembre, ces derniers se sont en effet ouvertement engagés contre Marine Le Pen, tête de liste du Front national en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.Lundi 30 novembre et mardi 1er décembre, La Voix du Nord a publié deux doubles pages démontant le discours et les pratiques du parti, qui arrive en tête des intentions de vote dans la région. « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », titrait le quotidien lillois lundi, avant d’énoncer, mardi, « Marine Le Pen et le FN ne sont pas ce qu’ils disent ».Egalement membre du groupe belge Rossel, le quotidien de Roubaix, Nord-Eclair, interrogeait de son côté : « La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? » et « Qui sont réellement les membres du FN ? » Enfin, mercredi, Le Courrier picard, autre titre de Rossel, faisait sa « une » sur « Le vrai visage du FN à la région ».« Rester observateur »S’ils saluent le « courage » de cette démarche, les responsables des journaux diffusés dans d’autres régions où le Front national est annoncé à un niveau élevé, comme en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou en Bourgogne-Franche-Comté, n’entendent pas prendre position.A Nice-Matin, la question a fait débat lundi matin mais la décision a été de « rester observateur ». A La Provence, « il n’y a pas vraiment eu de discussion car nous avons une ligne claire fondée sur l’équilibre », selon son rédacteur en chef, Jean-Michel Marcoul. A Metz ou Nancy, la question ne s’est pas vraiment posée. « Ce n’est pas dans la culture maison », explique un journaliste du Républicain lorrain, un titre membre du groupe Ebra comme L’Est républicain, à Nancy, ou Le Bien public, à Dijon.Interrogés par Le Monde, des responsables de la presse régionale se disent mal à l’aise avec le fait de « prendre le lecteur par la main ». « Nous ne sommes pas là pour ça. Ce serait du reste contre-productif, pense ainsi Denis Carreaux, directeur des rédactions de Nice-Matin. Cela fait longtemps que la presse ne fait plus les résultats des élections. » « C’est difficile de dire au lecteur ce qu’il doit voter », renchérit Didier Louis, rédacteur en chef de L’Union, à Reims.« En prenant position, je mettrais mon journal et mes équipes en porte-à-faux »La démarche de La Voix du Nord « est très politiquement correcte », juge encore un responsable de rédaction. « Nous ne voulons pas jouer les donneurs de leçon à grands coups d’édito ou donner raison à ceux parmi nos lecteurs qui jugent les médias trop proches des politiques », argumente Denis Carreaux. Même son de cloche du côté de l’actionnaire de La Provence, Bernard Tapie, jadis en première ligne contre le Front national : « Tous les discours qui tentent de diaboliser le FN sont inefficaces et ne font que le renforcer. » Ces titres revendiquent une exigence dans le traitement des programmes des candidats. Ainsi, à La Provence, les quatre principaux postulants ont eu droit à un « Face aux lecteurs », avec deux pages consacrées à leurs réponses. Une deuxième série a commencé, mardi matin, de portraits plus approfondis. A Nice, « on essaye de pointer les contradictions, les approximations, les faiblesses éventuelles », énumère Denis Carreaux.Cependant, « ce type de travail doit être fait avec toutes les formations », pense Didier Louis, qui invite ses homologues du Nord à traiter avec la même vigueur les socialistes locaux, qui gouvernent la région depuis sa création, que les candidats frontistes.Tissu de relationsLa plupart des quotidiens s’attachent à rester neutres vis-à-vis des exécutifs locaux – alors que certains affichaient des identités très partisanes jusque dans les années 1980. « Ma position dans la région, en tant que propriétaire de La Provence, rend délicat tout commentaire, admet ainsi Bernard Tapie. En prenant position, je mettrais forcément mon journal et mes équipes en porte-à-faux. » Un tissu de relations existe entre la presse régionale quotidienne et les collectivités locales. Outre la couverture journalistique de leur activité, ces dernières restent des pourvoyeuses de publicité, même si les budgets ont généralement baissé sous l’effet de la crise, et des partenaires d’opérations spéciales. Voire des bouées de sauvetage, à l’image de la région PACA pour Nice-Matin en 2014.Mais l’importance économique de ces liens dépend des régions. A ce titre, le partenariat entre le Nord-Pas-de-Calais et le groupe Voix du Nord autour de plusieurs chaînes de télévision locales constitue un type de relation élaboré, qui ne se retrouve pas dans toutes les régions.Autre singularité nordiste : le climat hostile entretenu tout au long de la campagne entre les candidats frontistes et la presse locale. Rien de tel à Marseille, où il n’y a eu « aucune crispation », selon M. Marcoul. A Nice, reconnaît Denis Carreaux, « la personnalité de Marion Maréchal-Le Pen est différente et les relations ne sont pas particulièrement conflictuelles », au contraire de celles avec les élus municipaux ou cantonaux du parti. Il y aurait même, selon lui, « un risque de surexposer le FN, qui attire naturellement les médias ».Gilles Rof (à Marseille)Journaliste au MondeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard L’alarme est nouvelle. BFM-TV agite la menace de 100 suppressions d’emplois si sa concurrente LCI est autorisée à passer en gratuit. Alain Weill, le PDG de NextRadioTV, la maison mère de la chaîne, a affiché ses intentions, lundi 30 novembre, lors d’un déjeuner avec des journalistes. L’argument fait écho aux propos de TF1, qui a promis un plan social, voire l’arrêt de sa chaîne d’information LCI, si sa demande de changement de modèle de diffusion n’est pas acceptée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel d’ici au 31 décembre.Lire aussi :Sur BFM-TV, « le direct n’exclut pas la réflexion »« S’il y a le lancement d’une troisième chaîne d’information gratuite – et, a fortiori, d’une quatrième – nous risquons de devoir réduire la voilure et de licencier », a expliqué Alain Weill, en référence à LCI et au projet de chaîne d’information publique lancé par France Télévisions. Le dirigeant a assuré que l’estimation de 100 emplois menacés valait pour le seul passage de LCI en gratuit.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueSelon les calculs de BFM-TV, chaque perte de 0,1 point d’audience au profit des nouveaux concurrents se traduirait par 4 millions de revenus en moins. « Avec 0,3 point d’audience en moins, on passe dans le rouge », a développé M. Weill, dont le groupe a dégagé 17 millions de résultat net en 2014. Côté emploi, 100 « équivalent temps plein » seraient menacés sur 400 au total (dont environ 320 CDI).« Nous sommes très inquiets »Ce discours marque une rupture. Lors des précédents épisodes, au cours desquels le CSA a refusé le passage de LCI en gratuit, BFM-TV avait simplement menacé d’arrêter d’embaucher. M. Weill ne se rend-il pas coupable de chantage à l’emploi, un travers qu’il dénonçait justement chez TF1 ? « Si c’est la vérité, ce n’est pas un chantage », a-t-il répondu. Avant de faire référence à l’entrée de Free comme quatrième opérateur sur le marché des télécoms, qui a provoqué des licenciements chez Bouygues et SFR.La direction de BFM-TV peut compter sur le soutien d’une représentante du personnel :« Nous sommes très inquiets », a affirmé Céline Bruel, élue au comité d’entreprise de BFM-TV et membre de sa société des journalistes, conviée au déjeuner. « BFM-TV, ce n’est pas du low cost », a insisté Mme Bruel. Les élus négocient en outre en ce moment des augmentations de salaires pour le personnel, a-t-elle noté.« Enjeux économiques considérables »Pour peser, les représentants des salariés des chaînes d’information BFM-TV et iTélé ont demandé à être reçus par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. La démarche rappelle celle des employés de LCI, qui étaient allés jusqu’à manifester devant l’autorité. « Nous ne sommes pas commandités par la direction », s’est toutefois défendue l’élue de BFM-TV.La sortie médiatique du groupe NextRadioTV intervient alors que le CSA doit se prononcer avant la fin décembre sur la nouvelle demande de LCI de passer en gratuit. Certains observateurs croient déceler des signaux favorables à la demande de TF1 :« Les enjeux économiques sont considérables », a par exemple noté le président du CSA, Olivier Schrameck, dans un entretien au Figaro lundi.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesPar ailleurs, afin de rassurer la concurrence, TF1 s’est engagée à ne pas faire d’offres publicitaires couplées avec LCI, ni de promotions croisées, et à ne pas consacrer plus de 30 % de son temps d’antenne aux journaux télévisés. Une façon de se différencier du modèle « info en direct » de BFM-TV.« Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir »Pour M. Weill, ces arguments « ne changent rien ». Et autoriser une troisième, voire une quatrième chaîne d’information, « reviendrait à renforcer les acteurs historiques dominants, TF1 et France Télévisions », a-t-il ajouté. Par rapport à ces chaînes, BFM-TV se dépeint comme un « nouvel entrant », malgré le partenariat capitalistique noué avec Altice, le puissant groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Pour M. Weill, « les pouvoirs publics veulent affaiblir les chaînes d’information existantes, qui apportent de l’indépendance et de la transparence ». « Mais ils confondent indépendance et parti pris. Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir, quel qu’il soit. C’était déjà le cas sous la majorité précédente », a-t-il expliqué. Sa chaîne, après avoir eu des relations un peu crispées avec l’Elysée et Matignon sous Jean-Marc Ayrault, semblait pourtant avoir normalisé son rapport avec le gouvernement.Lire : Critiquée par la majorité, BFM-TV plaide sa cause à Matignon et à l’ÉlyséeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent Marine Le Pen contre La Voix du Nord, c’est une histoire ancienne. Dernier épisode en date, la patronne du FN et candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas du tout apprécié la manchette du quotidien régional de lundi 30 novembre, titrée « pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». Ni la deuxième « une », publiée mardi.La candidate d’extrême droite a donc expliqué qu’en cas de victoire, elle comptait bien « supprimer les subventions » du quotidien :« Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l’énorme subvention qu’ils ont touchée. Nous considérons que les 1,5 million qui sont accordés par an au groupe La Voix du Nord ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres. C’est la raison pour laquelle ils nous attaquent, ils cherchent à défendre leurs subventions alors qu’il y a un million de pauvres dans notre région. »Pourquoi c’est plus compliqué ?1. Pas de subventions directes de la région à la presse locale, mais à une télévisionMarine Le Pen a sans doute été un peu vite en besogne, en oubliant qu’il n’y a pas réellement de subventions régionales à la presse locale. La seule « aide » est l’exonération de contribution économique territoriale (CET), une taxe qui frappe les entreprises, mais cette aide est la même sur tout le territoire et un conseil régional ne peut décider de la supprimer.Marine Le Pen ciblait en fait un point précis : il existe, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, une télévision locale, Weo, créée en 2009, qui est une société d’économie mixte, cogérée par la région, le groupe La Voix et d’autres partenaires (Roularta, la Caisse d’épargne ou NRJ). La Voix du Nord n’a que 35 % des parts, a expliqué le quotidien lundi. En réalité, « le chiffre de 1,5 million d’euros correspond à ce que la région verse en termes de production et de moyens de financement de coproduction entre Weo et les différents organismes », précise-t-on à la Voix du Nord. Ce budget correspond aux « commandes » de productions par la région, qui souhaite des reportages et documentaires pour évoquer son patrimoine, notamment. Ces subventions concernent d’ailleurs une dizaine de télévisions locales et non la seule Weo.« C’est une manière de mettre en avant la région, ces programmes permettent aux habitants de savoir ce qu’il se passe, de défendre l’identité ch’ti », précise-t-on à la région, où l’on assume totalement ces neuf millions d’euros de subvention sur cinq ans. En 2015, les dépenses de la région se sont élevées à 2,12 milliards d’euros. Les 1,5 million consacrés aux programmes de Weo représentent donc 0,07 % de ces dépenses.La région pourrait donc choisir de « torpiller » ce projet si Mme Le Pen arrivait à sa tête, mais les conséquences iraient au-delà de la seule Voix du Nord. D’autres partenaires seraient concernés, sans compter le risque de provoquer la fin d’une télévision locale.2. La fausse collusion entre le groupe de presse et Xavier BertrandMardi, Marine Le Pen a contre-attaqué, quitte à mettre en avant une nouvelle intox : invitée de BFM TV, la patronne du Front national a cette fois cherché à démontrer une collusion entre La Voix du Nord et Xavier Bertrand, son adversaire du parti Les Républicains aux régionales. Elle en profite pour évoquer le rôle de la société Bygmalion.« J’ai découvert que La Voix du Nord est aussi liée à Xavier Bertrand, car figurez-vous que La Voix du Nord est actionnaire de la Télé de Xavier Bertrand, MaTélé, la télé de Saint-Quentin. Et d’ailleurs, La Voix du Nord l’a été un certain temps aux côtés de Bygmalion, vous savez cette société dont Xavier Bertrand expliquait qu’il ne la connaissait pas. »Pourquoi c’est n’importe quoi ?Mais là encore, les ficelles sont un peu grosses.Le groupe La Voix est effectivement actionnaire, à 22,4 %, de MaTélé, une chaîne locale, basée à Saint-Quentin, dans l’Aisne, ville dont Xavier Bertrand est maire. Assez logiquement, le groupe de presse, en situation de quasi-monopole dans la région, est sollicité, ici comme à Lille avec Weo, pour participer à ce type de projets.Cette télévision lancée en 2013 est possédée par divers acteurs. dont une agence de communication et la société télévisuelle Demain !, son actionnaire principal qui possède 56,5 % des parts. Si la chaîne ne se positionne pas spécialement en opposition au maire de Saint-Quentin, il est quelque peu abusif de la qualifier de « télé de Xavier Bertrand ».Bygmalion est en partie installée à Saint-Quentin. La société a effectivement pris des parts dans MaTélé : 11,2 %. Bygmalion a investi dans d’autres télévisions locales, notamment Weo Picardie. Mais elle s’en est retirée après les scandales financiers l’impliquant. Incidemment, La Voix n’avait pas vu d’un très bon œil l’arrivée de Bygmalion dans le capital.A suivre le raisonnement de Marine Le Pen, le groupe La Voix serait ainsi « lié » à tous les élus de toutes les municipalités dans lesquelles il est partie prenante d’un projet. C’est passer très vite sur le fait que ce groupe de presse est le plus puissant de la région, et qu’il est donc logique qu’il s’intéresse aux télévisions locales.En outre, Marine Le Pen explique donc ici que La Voix, qu’elle accusait lundi de collusions avec la gauche, serait selon elle lié aussi à la droite. Ce qui n’est pas très cohérent.Enfin, elle prend soin de lâcher au milieu de tout cela le nom de Bygmalion, qui fut actionnaire minoritaire de cette télévision locale, mais ne l’est plus.Surtout, la polémique de la veille portait sur le fait que Mme Le Pen, mécontente de La Voix du Nord, évoquait la suppression de « subventions » qui n’en étaient, on l’a dit, pas vraiment. Ici, il s’agit d’autre chose : le fait qu’un groupe de presse locale investisse dans des télévisions locales. Ce qui, à y réfléchir quelques instants, semble plutôt cohérent.Lire aussi :Régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie : l’obsession Front nationalSamuel LaurentResponsable des Décodeurs - Vérifications, contexte, données. SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète » : dans son édition du lundi 30 novembre, le quotidien La Voix du Nord a choisi de prendre position dans la campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, alors que les sondages annoncent le Front national en tête en Nord-Pas-de-Calais–Picardie. Jacques Hardoin, directeur général du groupe Rossel-La Voix, explique au Monde le sens de cette démarche.Pourquoi avez-vous décidé de prendre parti contre Marine Le Pen, tête de liste Front national aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais–Picardie ?Notre journal a toujours affiché des positions claires quand il le fallait, comme au lendemain du 21 avril 2002, en appelant à voter contre Jean-Marie Le Pen. Cette fois, nous avons pensé qu’il était important de le faire avant le premier tour prévu dimanche. Mais ce n’est pas une démarche anti-Marine Le Pen, nous restons purement factuels et précis, sans nous situer dans le registre de l’opinion. Nous le ferons de nouveau dans notre édition de mardi, avec deux nouvelles pages consacrées au Front national.Marine Le Pen affirme que votre engagement est partisan et que vous soutenez la majorité sortante, de gauche, pour « défendre votre subvention ». Que répondez-vous ?La somme annuelle de 1,5 million d’euros dont parle Marine Le Pen n’est pas à proprement parler une subvention. Il se trouve que notre groupe est éditeur d’une télévision locale, Weo, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la région. Celle-ci assure un tiers du budget de fonctionnement de la chaîne. En contrepartie, Weo s’intéresse aux domaines de compétence régionale, par exemple aux lycées. Son activité est contrôlée par un comité d’éthique.Si la région se retirait de Weo, pourriez-vous assumer seuls son fonctionnement ?La convention actuelle entre La Voix du Nord et la région court jusqu’en décembre 2016, date à laquelle celle-ci peut décider de sortir. Il n’est pas envisageable pour nous de financer l’intégralité de Weo, mais nous pourrions éventuellement nous tourner vers d’autres collectivités locales.Après cette une, avez-vous eu des retours ? Y a-t-il un risque de clivage de votre lectorat ?Un quotidien régional n’est pas un journal d’opinion et nos lecteurs n’attendent pas de nous une prise de position. Mais nous sommes au service des habitants de la région. A ce titre, il est important de leur faire part de nos inquiétudes économiques, sociales ou culturelles en cas de victoire du FN. Les positions du parti sont contraires aux valeurs que ce journal, issu d’un mouvement de résistance, défend depuis la Libération, et que nous continuerons de défendre.Plus lisible dans ce format. https://t.co/fZavN1ZrPE— jacqueshardoin (@Jacques Hardoin)require(["twitter/widgets"]);Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 16h35 • Mis à jour le02.12.2015 à 09h20 | Stéphane Foucart A chaque étape-clé des négociations climatiques, les climatosceptiques refont surface. La conférence de Paris qui s’ouvre le 30 novembre ne fait pas exception. Comme celle de ­Copenhague, en décembre 2009, elle a été marquée par une recrudescence de l’activisme d’un petit réseau de personnalités niant la réalité du réchauffement en cours ou son origine anthropique.En France, l’événement le plus visible de ce retour des climatosceptiques a été l’ouvrage de Philippe Verdier, chef du service météo de France Télévisions, Climat investigation (Ring, 330 pages, 18 euros). Marketé avec soin par son éditeur, grâce à une vidéo promotionnelle empreinte de conspirationnisme, le livre de M. Verdier a eu un écho important, notamment dans les médias audiovisuels. L’intérêt pour l’ouvrage s’est encore accru après que France Télévisions a annoncé, début novembre, le licenciement de son présentateur météo, accusé d’avoir mis en avant ses fonctions au sein du groupe audiovisuel public pour faire la promotion de son ouvrage.Plusieurs associations et personnalités, regroupées au sein du Collectif des climato-réalistes, ont pris fait et cause pour Philippe ­Verdier et ont lancé une pétition pour le ­soutenir. Ce collectif, créé le 1er septembre, rassemble des promoteurs du libéralisme économique comme la fédération d’associations Liberté chérie, l’Institut Turgot (un cercle de réflexion néolibéral), Contribuables ­associés, ou encore des associations proches des industries fossiles comme l’Amicale des foreurs et des métiers du pétrole. Quelques scientifiques (chimistes, mathématiciens…) font aussi partie du collectif, mais tous sont étrangers à la question climatique.L’événement le plus visible du retour des climatosceptiques, en 2015, a été le livre de Philippe Verdier « Climat investigation »Au reste, leur argumentaire est en grand ­décalage avec l’état des connaissances. Le Collectif des climato-réalistes allègue ainsi « l’absence de tout réchauffement statistiquement significatif (…) depuis près de vingt ans », « la hausse (…) sans accélération du niveau de l’océan depuis un siècle », « la baisse de l’activité cyclonique de ces dernières années », etc. Autant d’affirmations en contradiction avec les constats de la communauté scientifique.Pour Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, et coprésidente du groupe 1 au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « ces scientifiques s’informent généralement sur le climat par le biais de la presse généraliste, où des responsables politiques, des ­acteurs du monde associatif, des ONG, etc., s’expriment sur le changement climatique ». « Cela produit une confusion : “sciences du climat” égale “écologie politique”, ajoute-t-elle. En réalité, les scientifiques qui propagent un discours climatosceptique ne lisent souvent ni les publications scientifiques en sciences du climat ni les différents chapitres des rapports du GIEC. »Le retour des climatosceptiques français s’est également opéré dans les coulisses, loin de la scène médiatique. L’Académie des sciences a ainsi été le théâtre, tout au long de l’année, d’un affrontement discret, mais âpre, ­entre ­climatosceptiques et tenants du consen­sus scientifique. Un groupe – dit « groupe COP21 » – avait été créé en 2014, avec pour mission de rédiger un avis de l’Académie des sciences sur le climat, en appui des négociations devant se ­tenir en décembre à Paris. Mais au sein du groupe, le géophysicien Vincent Courtillot, en rupture avec ses pairs, a évoqué la possibilité de publier un avis minoritaire climatosceptique, au côté de l’avis majoritaire, en ligne avec le consensus scientifique.Lire aussi :#Jourdeclimat : village solaire, maison flottante… des solutions face au réchauffementUne levée de boucliersCette perspective a provoqué une levée de boucliers. « Cette éventualité serait tout à fait déplorable, déclarait au Monde, en mai, le physicien Edouard Brézin, ancien président de l’Académie des sciences et membre du « groupe COP21 ». Cela ne rendrait absolument pas compte de l’état réel des connaissances. Cela reviendrait à publier un avis pour dire que la Terre est ronde et un autre pour dire qu’elle est plate. »L’avis finalement publié le 3 novembre par l’Académie ne comportait pas d’avis minoritaire. Mais la question climatique y a été ­réduite à la portion congrue. Au terme d’un processus dont plusieurs académiciens, interrogés par Le Monde, ont dénoncé l’opacité, la version de travail de huit pages a été ramenée à quatre pages, où la question climatique a presque disparu devant la question de la transition énergétique. Et, si le texte ne remet pas en cause le consensus scientifique, il se garde aussi d’admettre de manière explicite la responsabilité humaine dans le réchauffement en cours, de même qu’il occulte les projections de la dérive climatique à l’horizon de la fin du siècle, en fonction des scénarios d’émissions…Lire aussi :Climat : une académie sous influenceD’autres cénacles, moins prestigieux que l’Académie des sciences, sont également au centre de l’attention des climatosceptiques. Le 18 novembre, la Maison de la chimie accueillait un colloque sur « Chimie et changement climatique » dont l’une des deux présentations introductives, donnée par Vincent Courtillot, assurait que « l’importance relative du Soleil et des gaz à effet de serre dans l’évolution récente du climat terrestre reste encore une question ouverte »…De même, au sein de l’Association des anciens élèves de l’Ecole polytechnique (AX), la possible création d’un groupe de réflexion sur le climat a suscité, à la mi-novembre, une levée de boucliers. Le thème lui-même n’était pas en cause, mais plusieurs membres de l’AX se sont émus de ce que le groupe, animé par Christian Gérondeau, président délégué de l’Automobile Club de France et l’une des figures du mouvement climatosceptique français, ne soit rien d’autre qu’un instrument de dénégation du consensus scientifique.La réalité du problème climatique dérange et bouscule des convictions profondes. « Intégrer les limites planétaires dans sa vision du monde, interroger son rapport au progrès, à la croissance économique : c’est une vraie difficulté, dit Valérie Masson-Delmotte. Cette réticence s’exprime dans toutes les strates de la ­société, y compris parmi les scientifiques de nombreux domaines… »Lire aussi :Climat : le terreau du scepticisme aux Etats-UnisStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place. Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris. Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard. Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ». Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire 04.12.2015 à 11h20 • Mis à jour le04.12.2015 à 15h11 | Alexandre Piquard Trente-cinq postes « sauvés » : le plan social prévu dans le groupe L’Express-L’Expansion est passé de 125 départs à 90, jeudi 3 décembre, à l’issue d’une réunion avec les élus syndicaux. Le groupe racheté par le milliardaire des télécoms et des médias Patrick Drahi début 2015 conservera donc une quinzaine de titulaires de carte de presse supplémentaires.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Certaines mauvaises langues verront dans le grand nombre de postes épargnés le signe que le nouvel actionnaire Altice s’était laissé une généreuse marge de négociation. Une source proche de la direction y voit plutôt « l’effet positif du dialogue social ». Une manière de montrer que les hommes placés par Patrick Drahi, parfois décrits comme des gestionnaires raides, n’ont pas rechigné à tenir des dizaines de réunions avec les élus.Le représentant CFDT Jacques Trentesaux se dit lui « plutôt satisfait » sur le nombre de postes conservés : « C’est au-delà de nos attentes de départ », juge l’élu.« Monopoly »Mais le satisfecit s’arrête là : « Sur la stratégie, les dirigeants semblent raisonner davantage en cost killers qu’en patrons de presse », regrette M. Trentesaux. Selon l’élu, les dirigeants d’Altice seraient surtout concentrés sur le jeu de « Monopoly » et de synergies possible entre les titres qu’ils ont racheté (Libération ou, à 49 %, BFM-TV et RMC) ou pourraient acquérir. Moins par la mise en œuvre d’une stratégie éditoriale et économique pour chaque titre.La stratégie présentée par la direction a fait l’objet d’un avis négatif des élus, lundi 30 novembre, note M. Trentesaux. Une semaine plus tôt, les sociétés de rédacteurs avaient rejeté dans une lettre la nouvelle formule envisagée pour L’Expansion, jugée « contraire à la déontologie journalistique ». Le projet prévoyait une « ligne éditoriale positive ». Du côté de L’Express, la relance du journal, prévue pour début mars et fondée sur la recherche d’une plus grande « qualité », rencontre une part de scepticisme au sein de la rédaction. Certains regrettent que ce choix diffère de la ligne du site Web, centrée sur l’actualité chaude, d’autres doutent qu’on puisse faire mieux avec moins de salariés.« Que certains aient des doutes, c’est normal : nous voulons faire les choses par étapes, pour les faire bien, dans la durée et dans l’intérêt des titres », relativise une source proche de la direction. Des groupes de travail thématiques sont à l’œuvre, ajoute cette source, qui rappelle que L’Express-L’Expansion allait mal lors de son rachat. Il prévoit une perte de 4 millions d’euros environ en 2015 et le retour à l’équilibre en 2016. Quant au directeur des rédactions du groupe, Christophe Barbier – qui faisait jeudi dans son éditorial-vidéo un clin d’œil à Libération, qui doit déménager à L’Express en décembre –, il conserve jusqu’ici la confiance des actionnaires.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le03.12.2015 à 08h46 | Alexis Delcambre et Gilles Rof (à Marseille) A Marseille, Nancy, Nice ou Reims, les quotidiens régionaux ne sont pas prêts à imiter leurs homologues nordistes et picard. A l’approche des élections régionales, les 6 et 13 décembre, ces derniers se sont en effet ouvertement engagés contre Marine Le Pen, tête de liste du Front national en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.Lundi 30 novembre et mardi 1er décembre, La Voix du Nord a publié deux doubles pages démontant le discours et les pratiques du parti, qui arrive en tête des intentions de vote dans la région. « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », titrait le quotidien lillois lundi, avant d’énoncer, mardi, « Marine Le Pen et le FN ne sont pas ce qu’ils disent ».Egalement membre du groupe belge Rossel, le quotidien de Roubaix, Nord-Eclair, interrogeait de son côté : « La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? » et « Qui sont réellement les membres du FN ? » Enfin, mercredi, Le Courrier picard, autre titre de Rossel, faisait sa « une » sur « Le vrai visage du FN à la région ».« Rester observateur »S’ils saluent le « courage » de cette démarche, les responsables des journaux diffusés dans d’autres régions où le Front national est annoncé à un niveau élevé, comme en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou en Bourgogne-Franche-Comté, n’entendent pas prendre position.A Nice-Matin, la question a fait débat lundi matin mais la décision a été de « rester observateur ». A La Provence, « il n’y a pas vraiment eu de discussion car nous avons une ligne claire fondée sur l’équilibre », selon son rédacteur en chef, Jean-Michel Marcoul. A Metz ou Nancy, la question ne s’est pas vraiment posée. « Ce n’est pas dans la culture maison », explique un journaliste du Républicain lorrain, un titre membre du groupe Ebra comme L’Est républicain, à Nancy, ou Le Bien public, à Dijon.Interrogés par Le Monde, des responsables de la presse régionale se disent mal à l’aise avec le fait de « prendre le lecteur par la main ». « Nous ne sommes pas là pour ça. Ce serait du reste contre-productif, pense ainsi Denis Carreaux, directeur des rédactions de Nice-Matin. Cela fait longtemps que la presse ne fait plus les résultats des élections. » « C’est difficile de dire au lecteur ce qu’il doit voter », renchérit Didier Louis, rédacteur en chef de L’Union, à Reims.« En prenant position, je mettrais mon journal et mes équipes en porte-à-faux »La démarche de La Voix du Nord « est très politiquement correcte », juge encore un responsable de rédaction. « Nous ne voulons pas jouer les donneurs de leçon à grands coups d’édito ou donner raison à ceux parmi nos lecteurs qui jugent les médias trop proches des politiques », argumente Denis Carreaux. Même son de cloche du côté de l’actionnaire de La Provence, Bernard Tapie, jadis en première ligne contre le Front national : « Tous les discours qui tentent de diaboliser le FN sont inefficaces et ne font que le renforcer. » Ces titres revendiquent une exigence dans le traitement des programmes des candidats. Ainsi, à La Provence, les quatre principaux postulants ont eu droit à un « Face aux lecteurs », avec deux pages consacrées à leurs réponses. Une deuxième série a commencé, mardi matin, de portraits plus approfondis. A Nice, « on essaye de pointer les contradictions, les approximations, les faiblesses éventuelles », énumère Denis Carreaux.Cependant, « ce type de travail doit être fait avec toutes les formations », pense Didier Louis, qui invite ses homologues du Nord à traiter avec la même vigueur les socialistes locaux, qui gouvernent la région depuis sa création, que les candidats frontistes.Tissu de relationsLa plupart des quotidiens s’attachent à rester neutres vis-à-vis des exécutifs locaux – alors que certains affichaient des identités très partisanes jusque dans les années 1980. « Ma position dans la région, en tant que propriétaire de La Provence, rend délicat tout commentaire, admet ainsi Bernard Tapie. En prenant position, je mettrais forcément mon journal et mes équipes en porte-à-faux. » Un tissu de relations existe entre la presse régionale quotidienne et les collectivités locales. Outre la couverture journalistique de leur activité, ces dernières restent des pourvoyeuses de publicité, même si les budgets ont généralement baissé sous l’effet de la crise, et des partenaires d’opérations spéciales. Voire des bouées de sauvetage, à l’image de la région PACA pour Nice-Matin en 2014.Mais l’importance économique de ces liens dépend des régions. A ce titre, le partenariat entre le Nord-Pas-de-Calais et le groupe Voix du Nord autour de plusieurs chaînes de télévision locales constitue un type de relation élaboré, qui ne se retrouve pas dans toutes les régions.Autre singularité nordiste : le climat hostile entretenu tout au long de la campagne entre les candidats frontistes et la presse locale. Rien de tel à Marseille, où il n’y a eu « aucune crispation », selon M. Marcoul. A Nice, reconnaît Denis Carreaux, « la personnalité de Marion Maréchal-Le Pen est différente et les relations ne sont pas particulièrement conflictuelles », au contraire de celles avec les élus municipaux ou cantonaux du parti. Il y aurait même, selon lui, « un risque de surexposer le FN, qui attire naturellement les médias ».Gilles Rof (à Marseille)Journaliste au MondeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard L’alarme est nouvelle. BFM-TV agite la menace de 100 suppressions d’emplois si sa concurrente LCI est autorisée à passer en gratuit. Alain Weill, le PDG de NextRadioTV, la maison mère de la chaîne, a affiché ses intentions, lundi 30 novembre, lors d’un déjeuner avec des journalistes. L’argument fait écho aux propos de TF1, qui a promis un plan social, voire l’arrêt de sa chaîne d’information LCI, si sa demande de changement de modèle de diffusion n’est pas acceptée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel d’ici au 31 décembre.Lire aussi :Sur BFM-TV, « le direct n’exclut pas la réflexion »« S’il y a le lancement d’une troisième chaîne d’information gratuite – et, a fortiori, d’une quatrième – nous risquons de devoir réduire la voilure et de licencier », a expliqué Alain Weill, en référence à LCI et au projet de chaîne d’information publique lancé par France Télévisions. Le dirigeant a assuré que l’estimation de 100 emplois menacés valait pour le seul passage de LCI en gratuit.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueSelon les calculs de BFM-TV, chaque perte de 0,1 point d’audience au profit des nouveaux concurrents se traduirait par 4 millions de revenus en moins. « Avec 0,3 point d’audience en moins, on passe dans le rouge », a développé M. Weill, dont le groupe a dégagé 17 millions de résultat net en 2014. Côté emploi, 100 « équivalent temps plein » seraient menacés sur 400 au total (dont environ 320 CDI).« Nous sommes très inquiets »Ce discours marque une rupture. Lors des précédents épisodes, au cours desquels le CSA a refusé le passage de LCI en gratuit, BFM-TV avait simplement menacé d’arrêter d’embaucher. M. Weill ne se rend-il pas coupable de chantage à l’emploi, un travers qu’il dénonçait justement chez TF1 ? « Si c’est la vérité, ce n’est pas un chantage », a-t-il répondu. Avant de faire référence à l’entrée de Free comme quatrième opérateur sur le marché des télécoms, qui a provoqué des licenciements chez Bouygues et SFR.La direction de BFM-TV peut compter sur le soutien d’une représentante du personnel :« Nous sommes très inquiets », a affirmé Céline Bruel, élue au comité d’entreprise de BFM-TV et membre de sa société des journalistes, conviée au déjeuner. « BFM-TV, ce n’est pas du low cost », a insisté Mme Bruel. Les élus négocient en outre en ce moment des augmentations de salaires pour le personnel, a-t-elle noté.« Enjeux économiques considérables »Pour peser, les représentants des salariés des chaînes d’information BFM-TV et iTélé ont demandé à être reçus par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. La démarche rappelle celle des employés de LCI, qui étaient allés jusqu’à manifester devant l’autorité. « Nous ne sommes pas commandités par la direction », s’est toutefois défendue l’élue de BFM-TV.La sortie médiatique du groupe NextRadioTV intervient alors que le CSA doit se prononcer avant la fin décembre sur la nouvelle demande de LCI de passer en gratuit. Certains observateurs croient déceler des signaux favorables à la demande de TF1 :« Les enjeux économiques sont considérables », a par exemple noté le président du CSA, Olivier Schrameck, dans un entretien au Figaro lundi.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesPar ailleurs, afin de rassurer la concurrence, TF1 s’est engagée à ne pas faire d’offres publicitaires couplées avec LCI, ni de promotions croisées, et à ne pas consacrer plus de 30 % de son temps d’antenne aux journaux télévisés. Une façon de se différencier du modèle « info en direct » de BFM-TV.« Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir »Pour M. Weill, ces arguments « ne changent rien ». Et autoriser une troisième, voire une quatrième chaîne d’information, « reviendrait à renforcer les acteurs historiques dominants, TF1 et France Télévisions », a-t-il ajouté. Par rapport à ces chaînes, BFM-TV se dépeint comme un « nouvel entrant », malgré le partenariat capitalistique noué avec Altice, le puissant groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Pour M. Weill, « les pouvoirs publics veulent affaiblir les chaînes d’information existantes, qui apportent de l’indépendance et de la transparence ». « Mais ils confondent indépendance et parti pris. Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir, quel qu’il soit. C’était déjà le cas sous la majorité précédente », a-t-il expliqué. Sa chaîne, après avoir eu des relations un peu crispées avec l’Elysée et Matignon sous Jean-Marc Ayrault, semblait pourtant avoir normalisé son rapport avec le gouvernement.Lire : Critiquée par la majorité, BFM-TV plaide sa cause à Matignon et à l’ÉlyséeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent Marine Le Pen contre La Voix du Nord, c’est une histoire ancienne. Dernier épisode en date, la patronne du FN et candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas du tout apprécié la manchette du quotidien régional de lundi 30 novembre, titrée « pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». Ni la deuxième « une », publiée mardi.La candidate d’extrême droite a donc expliqué qu’en cas de victoire, elle comptait bien « supprimer les subventions » du quotidien :« Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l’énorme subvention qu’ils ont touchée. Nous considérons que les 1,5 million qui sont accordés par an au groupe La Voix du Nord ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres. C’est la raison pour laquelle ils nous attaquent, ils cherchent à défendre leurs subventions alors qu’il y a un million de pauvres dans notre région. »Pourquoi c’est plus compliqué ?1. Pas de subventions directes de la région à la presse locale, mais à une télévisionMarine Le Pen a sans doute été un peu vite en besogne, en oubliant qu’il n’y a pas réellement de subventions régionales à la presse locale. La seule « aide » est l’exonération de contribution économique territoriale (CET), une taxe qui frappe les entreprises, mais cette aide est la même sur tout le territoire et un conseil régional ne peut décider de la supprimer.Marine Le Pen ciblait en fait un point précis : il existe, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, une télévision locale, Weo, créée en 2009, qui est une société d’économie mixte, cogérée par la région, le groupe La Voix et d’autres partenaires (Roularta, la Caisse d’épargne ou NRJ). La Voix du Nord n’a que 35 % des parts, a expliqué le quotidien lundi. En réalité, « le chiffre de 1,5 million d’euros correspond à ce que la région verse en termes de production et de moyens de financement de coproduction entre Weo et les différents organismes », précise-t-on à la Voix du Nord. Ce budget correspond aux « commandes » de productions par la région, qui souhaite des reportages et documentaires pour évoquer son patrimoine, notamment. Ces subventions concernent d’ailleurs une dizaine de télévisions locales et non la seule Weo.« C’est une manière de mettre en avant la région, ces programmes permettent aux habitants de savoir ce qu’il se passe, de défendre l’identité ch’ti », précise-t-on à la région, où l’on assume totalement ces neuf millions d’euros de subvention sur cinq ans. En 2015, les dépenses de la région se sont élevées à 2,12 milliards d’euros. Les 1,5 million consacrés aux programmes de Weo représentent donc 0,07 % de ces dépenses.La région pourrait donc choisir de « torpiller » ce projet si Mme Le Pen arrivait à sa tête, mais les conséquences iraient au-delà de la seule Voix du Nord. D’autres partenaires seraient concernés, sans compter le risque de provoquer la fin d’une télévision locale.2. La fausse collusion entre le groupe de presse et Xavier BertrandMardi, Marine Le Pen a contre-attaqué, quitte à mettre en avant une nouvelle intox : invitée de BFM TV, la patronne du Front national a cette fois cherché à démontrer une collusion entre La Voix du Nord et Xavier Bertrand, son adversaire du parti Les Républicains aux régionales. Elle en profite pour évoquer le rôle de la société Bygmalion.« J’ai découvert que La Voix du Nord est aussi liée à Xavier Bertrand, car figurez-vous que La Voix du Nord est actionnaire de la Télé de Xavier Bertrand, MaTélé, la télé de Saint-Quentin. Et d’ailleurs, La Voix du Nord l’a été un certain temps aux côtés de Bygmalion, vous savez cette société dont Xavier Bertrand expliquait qu’il ne la connaissait pas. »Pourquoi c’est n’importe quoi ?Mais là encore, les ficelles sont un peu grosses.Le groupe La Voix est effectivement actionnaire, à 22,4 %, de MaTélé, une chaîne locale, basée à Saint-Quentin, dans l’Aisne, ville dont Xavier Bertrand est maire. Assez logiquement, le groupe de presse, en situation de quasi-monopole dans la région, est sollicité, ici comme à Lille avec Weo, pour participer à ce type de projets.Cette télévision lancée en 2013 est possédée par divers acteurs. dont une agence de communication et la société télévisuelle Demain !, son actionnaire principal qui possède 56,5 % des parts. Si la chaîne ne se positionne pas spécialement en opposition au maire de Saint-Quentin, il est quelque peu abusif de la qualifier de « télé de Xavier Bertrand ».Bygmalion est en partie installée à Saint-Quentin. La société a effectivement pris des parts dans MaTélé : 11,2 %. Bygmalion a investi dans d’autres télévisions locales, notamment Weo Picardie. Mais elle s’en est retirée après les scandales financiers l’impliquant. Incidemment, La Voix n’avait pas vu d’un très bon œil l’arrivée de Bygmalion dans le capital.A suivre le raisonnement de Marine Le Pen, le groupe La Voix serait ainsi « lié » à tous les élus de toutes les municipalités dans lesquelles il est partie prenante d’un projet. C’est passer très vite sur le fait que ce groupe de presse est le plus puissant de la région, et qu’il est donc logique qu’il s’intéresse aux télévisions locales.En outre, Marine Le Pen explique donc ici que La Voix, qu’elle accusait lundi de collusions avec la gauche, serait selon elle lié aussi à la droite. Ce qui n’est pas très cohérent.Enfin, elle prend soin de lâcher au milieu de tout cela le nom de Bygmalion, qui fut actionnaire minoritaire de cette télévision locale, mais ne l’est plus.Surtout, la polémique de la veille portait sur le fait que Mme Le Pen, mécontente de La Voix du Nord, évoquait la suppression de « subventions » qui n’en étaient, on l’a dit, pas vraiment. Ici, il s’agit d’autre chose : le fait qu’un groupe de presse locale investisse dans des télévisions locales. Ce qui, à y réfléchir quelques instants, semble plutôt cohérent.Lire aussi :Régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie : l’obsession Front nationalSamuel LaurentResponsable des Décodeurs - Vérifications, contexte, données. SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète » : dans son édition du lundi 30 novembre, le quotidien La Voix du Nord a choisi de prendre position dans la campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, alors que les sondages annoncent le Front national en tête en Nord-Pas-de-Calais–Picardie. Jacques Hardoin, directeur général du groupe Rossel-La Voix, explique au Monde le sens de cette démarche.Pourquoi avez-vous décidé de prendre parti contre Marine Le Pen, tête de liste Front national aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais–Picardie ?Notre journal a toujours affiché des positions claires quand il le fallait, comme au lendemain du 21 avril 2002, en appelant à voter contre Jean-Marie Le Pen. Cette fois, nous avons pensé qu’il était important de le faire avant le premier tour prévu dimanche. Mais ce n’est pas une démarche anti-Marine Le Pen, nous restons purement factuels et précis, sans nous situer dans le registre de l’opinion. Nous le ferons de nouveau dans notre édition de mardi, avec deux nouvelles pages consacrées au Front national.Marine Le Pen affirme que votre engagement est partisan et que vous soutenez la majorité sortante, de gauche, pour « défendre votre subvention ». Que répondez-vous ?La somme annuelle de 1,5 million d’euros dont parle Marine Le Pen n’est pas à proprement parler une subvention. Il se trouve que notre groupe est éditeur d’une télévision locale, Weo, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la région. Celle-ci assure un tiers du budget de fonctionnement de la chaîne. En contrepartie, Weo s’intéresse aux domaines de compétence régionale, par exemple aux lycées. Son activité est contrôlée par un comité d’éthique.Si la région se retirait de Weo, pourriez-vous assumer seuls son fonctionnement ?La convention actuelle entre La Voix du Nord et la région court jusqu’en décembre 2016, date à laquelle celle-ci peut décider de sortir. Il n’est pas envisageable pour nous de financer l’intégralité de Weo, mais nous pourrions éventuellement nous tourner vers d’autres collectivités locales.Après cette une, avez-vous eu des retours ? Y a-t-il un risque de clivage de votre lectorat ?Un quotidien régional n’est pas un journal d’opinion et nos lecteurs n’attendent pas de nous une prise de position. Mais nous sommes au service des habitants de la région. A ce titre, il est important de leur faire part de nos inquiétudes économiques, sociales ou culturelles en cas de victoire du FN. Les positions du parti sont contraires aux valeurs que ce journal, issu d’un mouvement de résistance, défend depuis la Libération, et que nous continuerons de défendre.Plus lisible dans ce format. https://t.co/fZavN1ZrPE— jacqueshardoin (@Jacques Hardoin)require(["twitter/widgets"]);Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 16h35 • Mis à jour le02.12.2015 à 09h20 | Stéphane Foucart A chaque étape-clé des négociations climatiques, les climatosceptiques refont surface. La conférence de Paris qui s’ouvre le 30 novembre ne fait pas exception. Comme celle de ­Copenhague, en décembre 2009, elle a été marquée par une recrudescence de l’activisme d’un petit réseau de personnalités niant la réalité du réchauffement en cours ou son origine anthropique.En France, l’événement le plus visible de ce retour des climatosceptiques a été l’ouvrage de Philippe Verdier, chef du service météo de France Télévisions, Climat investigation (Ring, 330 pages, 18 euros). Marketé avec soin par son éditeur, grâce à une vidéo promotionnelle empreinte de conspirationnisme, le livre de M. Verdier a eu un écho important, notamment dans les médias audiovisuels. L’intérêt pour l’ouvrage s’est encore accru après que France Télévisions a annoncé, début novembre, le licenciement de son présentateur météo, accusé d’avoir mis en avant ses fonctions au sein du groupe audiovisuel public pour faire la promotion de son ouvrage.Plusieurs associations et personnalités, regroupées au sein du Collectif des climato-réalistes, ont pris fait et cause pour Philippe ­Verdier et ont lancé une pétition pour le ­soutenir. Ce collectif, créé le 1er septembre, rassemble des promoteurs du libéralisme économique comme la fédération d’associations Liberté chérie, l’Institut Turgot (un cercle de réflexion néolibéral), Contribuables ­associés, ou encore des associations proches des industries fossiles comme l’Amicale des foreurs et des métiers du pétrole. Quelques scientifiques (chimistes, mathématiciens…) font aussi partie du collectif, mais tous sont étrangers à la question climatique.L’événement le plus visible du retour des climatosceptiques, en 2015, a été le livre de Philippe Verdier « Climat investigation »Au reste, leur argumentaire est en grand ­décalage avec l’état des connaissances. Le Collectif des climato-réalistes allègue ainsi « l’absence de tout réchauffement statistiquement significatif (…) depuis près de vingt ans », « la hausse (…) sans accélération du niveau de l’océan depuis un siècle », « la baisse de l’activité cyclonique de ces dernières années », etc. Autant d’affirmations en contradiction avec les constats de la communauté scientifique.Pour Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, et coprésidente du groupe 1 au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « ces scientifiques s’informent généralement sur le climat par le biais de la presse généraliste, où des responsables politiques, des ­acteurs du monde associatif, des ONG, etc., s’expriment sur le changement climatique ». « Cela produit une confusion : “sciences du climat” égale “écologie politique”, ajoute-t-elle. En réalité, les scientifiques qui propagent un discours climatosceptique ne lisent souvent ni les publications scientifiques en sciences du climat ni les différents chapitres des rapports du GIEC. »Le retour des climatosceptiques français s’est également opéré dans les coulisses, loin de la scène médiatique. L’Académie des sciences a ainsi été le théâtre, tout au long de l’année, d’un affrontement discret, mais âpre, ­entre ­climatosceptiques et tenants du consen­sus scientifique. Un groupe – dit « groupe COP21 » – avait été créé en 2014, avec pour mission de rédiger un avis de l’Académie des sciences sur le climat, en appui des négociations devant se ­tenir en décembre à Paris. Mais au sein du groupe, le géophysicien Vincent Courtillot, en rupture avec ses pairs, a évoqué la possibilité de publier un avis minoritaire climatosceptique, au côté de l’avis majoritaire, en ligne avec le consensus scientifique.Lire aussi :#Jourdeclimat : village solaire, maison flottante… des solutions face au réchauffementUne levée de boucliersCette perspective a provoqué une levée de boucliers. « Cette éventualité serait tout à fait déplorable, déclarait au Monde, en mai, le physicien Edouard Brézin, ancien président de l’Académie des sciences et membre du « groupe COP21 ». Cela ne rendrait absolument pas compte de l’état réel des connaissances. Cela reviendrait à publier un avis pour dire que la Terre est ronde et un autre pour dire qu’elle est plate. »L’avis finalement publié le 3 novembre par l’Académie ne comportait pas d’avis minoritaire. Mais la question climatique y a été ­réduite à la portion congrue. Au terme d’un processus dont plusieurs académiciens, interrogés par Le Monde, ont dénoncé l’opacité, la version de travail de huit pages a été ramenée à quatre pages, où la question climatique a presque disparu devant la question de la transition énergétique. Et, si le texte ne remet pas en cause le consensus scientifique, il se garde aussi d’admettre de manière explicite la responsabilité humaine dans le réchauffement en cours, de même qu’il occulte les projections de la dérive climatique à l’horizon de la fin du siècle, en fonction des scénarios d’émissions…Lire aussi :Climat : une académie sous influenceD’autres cénacles, moins prestigieux que l’Académie des sciences, sont également au centre de l’attention des climatosceptiques. Le 18 novembre, la Maison de la chimie accueillait un colloque sur « Chimie et changement climatique » dont l’une des deux présentations introductives, donnée par Vincent Courtillot, assurait que « l’importance relative du Soleil et des gaz à effet de serre dans l’évolution récente du climat terrestre reste encore une question ouverte »…De même, au sein de l’Association des anciens élèves de l’Ecole polytechnique (AX), la possible création d’un groupe de réflexion sur le climat a suscité, à la mi-novembre, une levée de boucliers. Le thème lui-même n’était pas en cause, mais plusieurs membres de l’AX se sont émus de ce que le groupe, animé par Christian Gérondeau, président délégué de l’Automobile Club de France et l’une des figures du mouvement climatosceptique français, ne soit rien d’autre qu’un instrument de dénégation du consensus scientifique.La réalité du problème climatique dérange et bouscule des convictions profondes. « Intégrer les limites planétaires dans sa vision du monde, interroger son rapport au progrès, à la croissance économique : c’est une vraie difficulté, dit Valérie Masson-Delmotte. Cette réticence s’exprime dans toutes les strates de la ­société, y compris parmi les scientifiques de nombreux domaines… »Lire aussi :Climat : le terreau du scepticisme aux Etats-UnisStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Nous concentrons nos histoires sur les gens qui sont derrière la technologie. C’est plus intéressant que de faire une chronique sur le dernier iPhone. » C’est avec ce credo que Derek Mead, le rédacteur en chef de Motherboard, explique le succès de son site consacré à l’innovation. Et cette filiale du groupe américain de médias pour jeunes Vice compte désormais percer en France : Motherboard s’y lance mardi 8 décembre, après avoir décliné son site américain en espagnol et ouvert des bureaux au Royaume-Uni, au Canada, au Brésil, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne.Motherboard s’est récemment illustré par quelques scoops, dont la révélation du piratage des données du constructeur de jouets connectés VTech.Lire aussi :VTech : des millions de comptes clients et de profils d’enfants volés lors d’un piratageHackers, zombies et nourriture du futurOu celle des noms des utilisateurs du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison. « Motherboard avait interrogé les hackers eux-mêmes mais aussi des gens qui avaient vu leur nom publié, en rappelant que l’adultère peut être puni de mort dans certains pays », note Sébastien Chavigner, rédacteur en chef de la version française de Motherboard, pour souligner l’approche « humaine » du site.Parmi les premiers sujets français, M. Chavigner racontera sa semaine passée à se nourrir presque exclusivement de Soylent, une forme de nourriture du futur créée pour apporter tous les nutriments nécessaires sous forme de poudre à diluer : « Un enfer » (voir la version américaine). On lira aussi le portrait d’une des personnes chargées de calculer la trajectoire des débris dans « l’espace poubelle ». Ou un sujet sur le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier, parti à Haïti à la recherche des « zombies » – sortes de « morts-vivants », endormis avec des poisons puissants et ranimés après avoir été déclarés morts, explique M. Chavigner. Un sujet conforme au goût des marges et de la provocation de Vice.« Notre approche est globale, explique M. Mead. Nous ne voulons pas seulement parler de New York et de la Silicon Valley : la France et l’Europe ne sont pas assez couverts. » Le rédacteur en chef américain se dit intéressé par le projet de fusion nucléaire Iter.« En France, il y a peu de sites de médias dédiés à l’actualité de l’innovation », regrette M. Chavigner, qui souligne l’importance croissante du thème chez les supports généralistes, comme Le Monde, Le Figaro ou Slate, où la thématique est souvent traitée par une équipe dédiée, comme Pixels au Monde ou Rue89 au Nouvel Observateur.« Wired » et les références anglo-saxonnesPour tous, les exemples sont des sites anglo-saxons comme le très léché The Verge, créé en 2011 et rattaché au groupe de nouveaux médias Vox, ou The Register, réputé sur le thème de la sécurité informatique. Motherboard est connu pour ses enquêtes et ses vidéos (il aura en France quatre personnes dédiées aux images, en plus des quatre permanents de la rédaction).La référence historique incontestée reste le californien Wired, qui dès les années 1990 a proposé un magazine papier époustouflant, doublé d’un site Web quotidien. Propriété du groupe de presse Conde Nast (Vanity Fair, Vogue…), son possible lancement en France fait l’objet de rumeurs régulières.Les essais françaisOccuper ce créneau reste un défi : le magazine papier Humanoïde l’a tenté un an, avant de jeter l’éponge à la mi-septembre ; comme le journal et le site Transfert près de quinze ans avant lui. Le flambeau est pourtant toujours relevé : deux anciens d’Humanoïde se sont lancés à plein temps dans le site Geekzone, alors que d’autres ont rejoint Numerama. Ce site connu pour ses combats autour du téléchargement illégal et des libertés publiques vient d’être racheté et « repositionné ».« Nous avons une ligne beaucoup plus ouverte, proche des Anglo-Saxons : on intègre de la science, de l’économie et de la pop culture », explique Ulrich Rozier. Ce dernier a acquis Numerama grâce au succès de Frandroid, un site consacré au mobile qu’il avait cofondé. Lui aussi revendique un traitement « humain » des technologies et espère importer un peu de l’optimisme américain, parfois forcené dans le cas de Wired.Reste l’épineuse question des modèles économiques : Motherboard bénéficiera du soutien du groupe Vice, expert en publicité ciblant les jeunes et en vidéos sponsorisées. M. Rozier a lui complété ses revenus publicitaires avec des liens vers des fiches de comparateurs de produits et envisage une version payante de Numerama.Lire aussi :L’empire du ViceAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.12.2015 à 15h00 • Mis à jour le08.12.2015 à 16h09 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les grandes manœuvres s’accélèrent dans le domaine de l’information à France Télévisions. Lundi 7 décembre, l’entreprise publique a confié ce domaine sensible à Michel Field, qui dirigeait France 5, en remplacement de Pascal Golomer, conservé par Delphine Ernotte après avoir fait partie de l’équipe précédente. Du côté de France 5, c’est Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, qui remplace provisoirement M. Field.Lire aussi :Michel Field : « Il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans »Pourquoi ce changement, trois mois et demi après l’entrée en fonction de la nouvelle présidente ? Selon un premier niveau de lecture, M. Golomer n’aurait pas donné satisfaction. « A son arrivée, Mme Ernotte a fait le choix de la continuité. Cela n’a pas fonctionné », explique-t-on à la présidence de France Télévisions, en précisant que le remplacement de celui qui a fait toute sa carrière dans le service public, et doit être « appelé à d’autres fonctions », ne sanctionne pas un problème précis.Les dysfonctionnements n’ont pourtant pas manqué, qu’il s’agisse du cafouillage autour de la venue – annulée – de Marine Le Pen à « Des Paroles et des actes », mi-octobre, ou du lancement tardif d’une édition spéciale sur France 2 au soir des attentats du 13 novembre. M. Golomer aurait aussi défendu le directeur de la rédaction de France 2, Eric Monnier, qui devrait prochainement quitter ses fonctions après avoir vu ses méthodes de management contestées par les syndicats.Derrière ces incidents se nichent aussi une divergence d’état d’esprit et une forme d’impatience. L’information est la priorité du début de mandat de Mme Ernotte, qui a choisi de lancer une chaîne en continu et doit mener à son terme un plan de fusion des rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) baptisé « Info 2015 ».Le calendrier est serré : les consultations sociales sur la chaîne d’info doivent commencer en décembre, pour un lancement prévu en septembre 2016. Alors que les syndicats continuent de combattre « Info 2015 », ce projet va nécessiter une accélération du travail en commun, y compris avec les autres acteurs de l’audiovisuel public. « Il faut qu’on avance et qu’on renforce l’esprit collectif », résume-t-on à la présidence.Selon ce deuxième niveau de lecture, il fallait donc tourner la page et installer une figure nouvelle, non marquée par les rivalités entre France 2 et France 3, ni par les affrontements avec les syndicats sur le projet de fusion. D’où le choix de Michel Field, qui doit apporter un « nouveau souffle ».Ce dernier est une pièce importante de l’équipe Ernotte depuis sa constitution. Homme de réseaux, agitateur d’idées, cet agrégé de philosophie entré en télévision chez Christophe Dechavanne en 1989 fait partie de ceux dont la présidente apprécie les conseils. Ces dernières semaines, il a participé aux réunions consacrées au projet de chaîne d’information, chapeauté par un ancien de LCI, comme lui : Germain Dagognet.Sur la chaîne d’information du groupe TF1, M. Field a notamment animé une tranche d’information ou l’émission de débat « Politiquement Show », aux côtés de Patrick Buisson, futur conseiller de Nicolas Sarkozy. D’un point de vue politique, il offre l’avantage d’avoir une image de gauche, en partie liée à son engagement de jeunesse à la Ligue communiste révolutionnaire, tout en ayant bâti une proximité avec l’ancien président de la République. Une double compatibilité précieuse à un an et demi de l’élection présidentielle.L’animateur est surtout connu pour ses émissions culturelles comme « Le Cercle de minuit » ou « Au Field de la nuit ». Cette expérience suscite des interrogations dans la maison. « Nous ne sommes pas surpris qu’il y ait un changement, déclare ainsi Serge Cimino, journaliste à France 3 et membre du bureau national du SNJ. Mais nous sommes étonnés du profil retenu. »Les journalistes ont donc commencé à spéculer sur l’identité du directeur des rédactions qui est à leurs yeux le complément opérationnel indispensable à Michel Field. Des noms comme ceux d’Agnès Vahramian ou d’Hervé Brusini sont cités, mais il semble difficile de convaincre quiconque de porter le projet de fusion. « Michel Field va-t-il remettre en question les projets de l’équipe précédente comme “Info 2015” ? », interroge l’élu (CGT) Marc Chauvelot.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 • Mis à jour le06.12.2015 à 07h37 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place.Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris.Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard.Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ».Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire Alexandre Piquard Surprise : l’Assemblée nationale a voté de justesse et contre l’avis du gouvernement, vendredi 4 décembre, un amendement qui donne raison aux sites de presse en ligne visés par un redressement fiscal pour avoir appliqué le taux superréduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le texte accorde a posteriori à Mediapart ou Arrêt sur images le droit de recourir au taux de 2,1 %, initialement réservé aux médias papier, pour la période entre 2008 et début 2014.Lire : La TVA pour la presse numérique bientôt alignée sur celle du papierLa réaction du gouvernement « pas encore arbitrée »Pour autant, il reste des obstacles pour que le texte soit pleinement confirmé : l’amendement n’a été voté qu’à 11 voix contre 10. Le texte était porté par des députés socialistes, notamment l’ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l’ex-ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative 2015. Une dizaine de députés Les Républicains (LR) avaient déposé un amendement identique, mais le groupe LR, et notamment son président Christian Jacob, avait fermement pris position contre.Le gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, était opposé à l’amendement, accusé de rompre l’égalité devant l’impôt : « Les contribuables qui ont appliqué le taux normal en 2009, 2010, 2011 ne pourront pas obtenir le remboursement, puisque la TVA est prescrite. Ceux qui se sont appliqué d’autorité le taux de 2,1 % en auront donc bénéficié entre 2008 et 2012, et les autres non », a-t-il plaidé. Avant de citer deux autres problèmes juridiques : la conformité envers le droit européen et la rétroactivité, qui suppose qu’on agisse au nom de l’intérêt général.Joint par Le Monde, le cabinet de M. Eckert explique toutefois qu’il n’a pas demandé de seconde délibération sur l’amendement, vendredi. Quant à savoir s’il déposera un amendement pour supprimer la disposition votée jeudi, la question est « prématurée » et pas encore « arbitrée ».L’obstacle du Sénat et du Conseil constitutionnelQue va-t-il se passer maintenant ? Le texte doit être examiné par le Sénat, a priori entre le 10 et le 12 décembre, explique le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), très favorable à l’amendement. Il est alors possible que soit proposée au vote la suppression du texte, à l’initiative du gouvernement ou, éventuellement, à celle de l’opposition de droite, qui dispose d’une majorité au Sénat.Si le texte est modifié, un accord entre sénateurs et députés devra être trouvé au sein d’une commission mixte paritaire entre le 12 et le 15 décembre, note le Spiil. En cas de désaccord, il peut y avoir un second vote à l’Assemblée.Arrivera enfin l’étape du Conseil constitutionnel, avant le 31 décembre. L’autorité peut censurer l’amendement, pensent certains, à l’image du président de la commission des finances, Gilles Carrez (Les Républicains), qui le jugent « totalement inconstitutionnel ».Pour M. Carrez, l’« amendement de rétroactivité comporte un aspect d’amnistie fiscale tout à fait déplaisant ». « Or en droit fiscal, on ne peut admettre qu’un contribuable qui, de sa propre initiative, n’applique pas la loi fiscale, puisse bénéficier d’une sorte de complaisance du Parlement et voir sa situation régularisée a posteriori », selon le député, qui était en désaccord avec la rapporteure générale du budget, la députée PS Valérie Rabault, favorable au texte.Débat sur la rétroactivitéJean-Christophe Boulanger, président du Spiil, rétorque que depuis la création du statut de la presse en ligne, il y a un principe d’égalité entre les titres de presse, quel que soit leur support. Un argument auquel ont été sensibles des parlementaires de droite, qui avaient initialement déposé des amendements, avant que le groupe LR se positionne contre la disposition.« Il n’y a pas de rétroactivité, assure M. Boulanger. L’amendement est une disposition interprétative qui précise comment il fallait appliquer la loi, dans le cas de textes flous ou incohérents. Cela ne change pas les règles ex post [portant sur des faits constitués], ça les clarifie. »Le cas particulier de MediapartDu côté de Mediapart, Edwy Plenel ne s’exprime pas. Mais le site a un argumentaire qui vise à lutter sur le terrain médiatique, dans un dossier jugé politique : il ne s’agit pas « d’amnistie », car il n’y a pas eu de fraude, l’action de Mediapart étant revendiquée, écrit le site.Idem pour la notion « d’amendement Mediapart ». Le site d’investigation, dont certaines enquêtes ont gêné le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande, estime que la personnalisation du dossier autour de son cas particulier est un piège. En première ligne, Mediapart rappelle que le Spiil soutient son combat et que d’autres sites ont fait l’objet d’un redressement, comme Arrêt sur images (540 000 euros) et Indigo Publications (Lettre A, Presse News…).Lire aussi :Mediapart et Arrêt sur images appellent leurs lecteurs à la générositéLe site fondé par Edwy Plenel a toutefois publié, via un blog d’auteur, un billet de Roland Veillepeau, ancien patron de la direction nationale des enquêtes fiscales, selon lequel le contrôle fiscal du site « fleure bon, quoi qu’on dise, le règlement de comptes ».Pour Mediapart, l’enjeu est de taille. Bénéficiaire, il dispose d’une trésorerie de 3 millions d’euros environ. Mais se voit réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc : 3,5 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités.Lire aussi : Mediapart : Plenel prépare l’après-PlenelAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Trente-cinq postes « sauvés » : le plan social prévu dans le groupe L’Express-L’Expansion est passé de 125 départs à 90, jeudi 3 décembre, à l’issue d’une réunion avec les élus syndicaux. Le groupe racheté par le milliardaire des télécoms et des médias Patrick Drahi début 2015 conservera donc une quinzaine de titulaires de carte de presse supplémentaires.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Certaines mauvaises langues verront dans le grand nombre de postes épargnés le signe que le nouvel actionnaire Altice s’était laissé une généreuse marge de négociation. Une source proche de la direction y voit plutôt « l’effet positif du dialogue social ». Une manière de montrer que les hommes placés par Patrick Drahi, parfois décrits comme des gestionnaires raides, n’ont pas rechigné à tenir des dizaines de réunions avec les élus.Le représentant CFDT Jacques Trentesaux se dit lui « plutôt satisfait » sur le nombre de postes conservés : « C’est au-delà de nos attentes de départ », juge l’élu.« Monopoly »Mais le satisfecit s’arrête là : « Sur la stratégie, les dirigeants semblent raisonner davantage en cost killers qu’en patrons de presse », regrette M. Trentesaux. Selon l’élu, les dirigeants d’Altice seraient surtout concentrés sur le jeu de « Monopoly » et de synergies possible entre les titres qu’ils ont racheté (Libération ou, à 49 %, BFM-TV et RMC) ou pourraient acquérir. Moins par la mise en œuvre d’une stratégie éditoriale et économique pour chaque titre.La stratégie présentée par la direction a fait l’objet d’un avis négatif des élus, lundi 30 novembre, note M. Trentesaux. Une semaine plus tôt, les sociétés de rédacteurs avaient rejeté dans une lettre la nouvelle formule envisagée pour L’Expansion, jugée « contraire à la déontologie journalistique ». Le projet prévoyait une « ligne éditoriale positive ». Du côté de L’Express, la relance du journal, prévue pour début mars et fondée sur la recherche d’une plus grande « qualité », rencontre une part de scepticisme au sein de la rédaction. Certains regrettent que ce choix diffère de la ligne du site Web, centrée sur l’actualité chaude, d’autres doutent qu’on puisse faire mieux avec moins de salariés.« Que certains aient des doutes, c’est normal : nous voulons faire les choses par étapes, pour les faire bien, dans la durée et dans l’intérêt des titres », relativise une source proche de la direction. Des groupes de travail thématiques sont à l’œuvre, ajoute cette source, qui rappelle que L’Express-L’Expansion allait mal lors de son rachat. Il prévoit une perte de 4 millions d’euros environ en 2015 et le retour à l’équilibre en 2016. Quant au directeur des rédactions du groupe, Christophe Barbier – qui faisait jeudi dans son éditorial-vidéo un clin d’œil à Libération, qui doit déménager à L’Express en décembre –, il conserve jusqu’ici la confiance des actionnaires.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le03.12.2015 à 08h46 | Alexis Delcambre et Gilles Rof (à Marseille) A Marseille, Nancy, Nice ou Reims, les quotidiens régionaux ne sont pas prêts à imiter leurs homologues nordistes et picard. A l’approche des élections régionales, les 6 et 13 décembre, ces derniers se sont en effet ouvertement engagés contre Marine Le Pen, tête de liste du Front national en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.Lundi 30 novembre et mardi 1er décembre, La Voix du Nord a publié deux doubles pages démontant le discours et les pratiques du parti, qui arrive en tête des intentions de vote dans la région. « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », titrait le quotidien lillois lundi, avant d’énoncer, mardi, « Marine Le Pen et le FN ne sont pas ce qu’ils disent ».Egalement membre du groupe belge Rossel, le quotidien de Roubaix, Nord-Eclair, interrogeait de son côté : « La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? » et « Qui sont réellement les membres du FN ? » Enfin, mercredi, Le Courrier picard, autre titre de Rossel, faisait sa « une » sur « Le vrai visage du FN à la région ».« Rester observateur »S’ils saluent le « courage » de cette démarche, les responsables des journaux diffusés dans d’autres régions où le Front national est annoncé à un niveau élevé, comme en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou en Bourgogne-Franche-Comté, n’entendent pas prendre position.A Nice-Matin, la question a fait débat lundi matin mais la décision a été de « rester observateur ». A La Provence, « il n’y a pas vraiment eu de discussion car nous avons une ligne claire fondée sur l’équilibre », selon son rédacteur en chef, Jean-Michel Marcoul. A Metz ou Nancy, la question ne s’est pas vraiment posée. « Ce n’est pas dans la culture maison », explique un journaliste du Républicain lorrain, un titre membre du groupe Ebra comme L’Est républicain, à Nancy, ou Le Bien public, à Dijon.Interrogés par Le Monde, des responsables de la presse régionale se disent mal à l’aise avec le fait de « prendre le lecteur par la main ». « Nous ne sommes pas là pour ça. Ce serait du reste contre-productif, pense ainsi Denis Carreaux, directeur des rédactions de Nice-Matin. Cela fait longtemps que la presse ne fait plus les résultats des élections. » « C’est difficile de dire au lecteur ce qu’il doit voter », renchérit Didier Louis, rédacteur en chef de L’Union, à Reims.« En prenant position, je mettrais mon journal et mes équipes en porte-à-faux »La démarche de La Voix du Nord « est très politiquement correcte », juge encore un responsable de rédaction. « Nous ne voulons pas jouer les donneurs de leçon à grands coups d’édito ou donner raison à ceux parmi nos lecteurs qui jugent les médias trop proches des politiques », argumente Denis Carreaux. Même son de cloche du côté de l’actionnaire de La Provence, Bernard Tapie, jadis en première ligne contre le Front national : « Tous les discours qui tentent de diaboliser le FN sont inefficaces et ne font que le renforcer. » Ces titres revendiquent une exigence dans le traitement des programmes des candidats. Ainsi, à La Provence, les quatre principaux postulants ont eu droit à un « Face aux lecteurs », avec deux pages consacrées à leurs réponses. Une deuxième série a commencé, mardi matin, de portraits plus approfondis. A Nice, « on essaye de pointer les contradictions, les approximations, les faiblesses éventuelles », énumère Denis Carreaux.Cependant, « ce type de travail doit être fait avec toutes les formations », pense Didier Louis, qui invite ses homologues du Nord à traiter avec la même vigueur les socialistes locaux, qui gouvernent la région depuis sa création, que les candidats frontistes.Tissu de relationsLa plupart des quotidiens s’attachent à rester neutres vis-à-vis des exécutifs locaux – alors que certains affichaient des identités très partisanes jusque dans les années 1980. « Ma position dans la région, en tant que propriétaire de La Provence, rend délicat tout commentaire, admet ainsi Bernard Tapie. En prenant position, je mettrais forcément mon journal et mes équipes en porte-à-faux. » Un tissu de relations existe entre la presse régionale quotidienne et les collectivités locales. Outre la couverture journalistique de leur activité, ces dernières restent des pourvoyeuses de publicité, même si les budgets ont généralement baissé sous l’effet de la crise, et des partenaires d’opérations spéciales. Voire des bouées de sauvetage, à l’image de la région PACA pour Nice-Matin en 2014.Mais l’importance économique de ces liens dépend des régions. A ce titre, le partenariat entre le Nord-Pas-de-Calais et le groupe Voix du Nord autour de plusieurs chaînes de télévision locales constitue un type de relation élaboré, qui ne se retrouve pas dans toutes les régions.Autre singularité nordiste : le climat hostile entretenu tout au long de la campagne entre les candidats frontistes et la presse locale. Rien de tel à Marseille, où il n’y a eu « aucune crispation », selon M. Marcoul. A Nice, reconnaît Denis Carreaux, « la personnalité de Marion Maréchal-Le Pen est différente et les relations ne sont pas particulièrement conflictuelles », au contraire de celles avec les élus municipaux ou cantonaux du parti. Il y aurait même, selon lui, « un risque de surexposer le FN, qui attire naturellement les médias ».Gilles Rof (à Marseille)Journaliste au MondeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard L’alarme est nouvelle. BFM-TV agite la menace de 100 suppressions d’emplois si sa concurrente LCI est autorisée à passer en gratuit. Alain Weill, le PDG de NextRadioTV, la maison mère de la chaîne, a affiché ses intentions, lundi 30 novembre, lors d’un déjeuner avec des journalistes. L’argument fait écho aux propos de TF1, qui a promis un plan social, voire l’arrêt de sa chaîne d’information LCI, si sa demande de changement de modèle de diffusion n’est pas acceptée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel d’ici au 31 décembre.Lire aussi :Sur BFM-TV, « le direct n’exclut pas la réflexion »« S’il y a le lancement d’une troisième chaîne d’information gratuite – et, a fortiori, d’une quatrième – nous risquons de devoir réduire la voilure et de licencier », a expliqué Alain Weill, en référence à LCI et au projet de chaîne d’information publique lancé par France Télévisions. Le dirigeant a assuré que l’estimation de 100 emplois menacés valait pour le seul passage de LCI en gratuit.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueSelon les calculs de BFM-TV, chaque perte de 0,1 point d’audience au profit des nouveaux concurrents se traduirait par 4 millions de revenus en moins. « Avec 0,3 point d’audience en moins, on passe dans le rouge », a développé M. Weill, dont le groupe a dégagé 17 millions de résultat net en 2014. Côté emploi, 100 « équivalent temps plein » seraient menacés sur 400 au total (dont environ 320 CDI).« Nous sommes très inquiets »Ce discours marque une rupture. Lors des précédents épisodes, au cours desquels le CSA a refusé le passage de LCI en gratuit, BFM-TV avait simplement menacé d’arrêter d’embaucher. M. Weill ne se rend-il pas coupable de chantage à l’emploi, un travers qu’il dénonçait justement chez TF1 ? « Si c’est la vérité, ce n’est pas un chantage », a-t-il répondu. Avant de faire référence à l’entrée de Free comme quatrième opérateur sur le marché des télécoms, qui a provoqué des licenciements chez Bouygues et SFR.La direction de BFM-TV peut compter sur le soutien d’une représentante du personnel :« Nous sommes très inquiets », a affirmé Céline Bruel, élue au comité d’entreprise de BFM-TV et membre de sa société des journalistes, conviée au déjeuner. « BFM-TV, ce n’est pas du low cost », a insisté Mme Bruel. Les élus négocient en outre en ce moment des augmentations de salaires pour le personnel, a-t-elle noté.« Enjeux économiques considérables »Pour peser, les représentants des salariés des chaînes d’information BFM-TV et iTélé ont demandé à être reçus par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. La démarche rappelle celle des employés de LCI, qui étaient allés jusqu’à manifester devant l’autorité. « Nous ne sommes pas commandités par la direction », s’est toutefois défendue l’élue de BFM-TV.La sortie médiatique du groupe NextRadioTV intervient alors que le CSA doit se prononcer avant la fin décembre sur la nouvelle demande de LCI de passer en gratuit. Certains observateurs croient déceler des signaux favorables à la demande de TF1 :« Les enjeux économiques sont considérables », a par exemple noté le président du CSA, Olivier Schrameck, dans un entretien au Figaro lundi.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesPar ailleurs, afin de rassurer la concurrence, TF1 s’est engagée à ne pas faire d’offres publicitaires couplées avec LCI, ni de promotions croisées, et à ne pas consacrer plus de 30 % de son temps d’antenne aux journaux télévisés. Une façon de se différencier du modèle « info en direct » de BFM-TV.« Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir »Pour M. Weill, ces arguments « ne changent rien ». Et autoriser une troisième, voire une quatrième chaîne d’information, « reviendrait à renforcer les acteurs historiques dominants, TF1 et France Télévisions », a-t-il ajouté. Par rapport à ces chaînes, BFM-TV se dépeint comme un « nouvel entrant », malgré le partenariat capitalistique noué avec Altice, le puissant groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Pour M. Weill, « les pouvoirs publics veulent affaiblir les chaînes d’information existantes, qui apportent de l’indépendance et de la transparence ». « Mais ils confondent indépendance et parti pris. Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir, quel qu’il soit. C’était déjà le cas sous la majorité précédente », a-t-il expliqué. Sa chaîne, après avoir eu des relations un peu crispées avec l’Elysée et Matignon sous Jean-Marc Ayrault, semblait pourtant avoir normalisé son rapport avec le gouvernement.Lire : Critiquée par la majorité, BFM-TV plaide sa cause à Matignon et à l’ÉlyséeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent Marine Le Pen contre La Voix du Nord, c’est une histoire ancienne. Dernier épisode en date, la patronne du FN et candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas du tout apprécié la manchette du quotidien régional de lundi 30 novembre, titrée « pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». Ni la deuxième « une », publiée mardi.La candidate d’extrême droite a donc expliqué qu’en cas de victoire, elle comptait bien « supprimer les subventions » du quotidien :« Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l’énorme subvention qu’ils ont touchée. Nous considérons que les 1,5 million qui sont accordés par an au groupe La Voix du Nord ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres. C’est la raison pour laquelle ils nous attaquent, ils cherchent à défendre leurs subventions alors qu’il y a un million de pauvres dans notre région. »Pourquoi c’est plus compliqué ?1. Pas de subventions directes de la région à la presse locale, mais à une télévisionMarine Le Pen a sans doute été un peu vite en besogne, en oubliant qu’il n’y a pas réellement de subventions régionales à la presse locale. La seule « aide » est l’exonération de contribution économique territoriale (CET), une taxe qui frappe les entreprises, mais cette aide est la même sur tout le territoire et un conseil régional ne peut décider de la supprimer.Marine Le Pen ciblait en fait un point précis : il existe, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, une télévision locale, Weo, créée en 2009, qui est une société d’économie mixte, cogérée par la région, le groupe La Voix et d’autres partenaires (Roularta, la Caisse d’épargne ou NRJ). La Voix du Nord n’a que 35 % des parts, a expliqué le quotidien lundi. En réalité, « le chiffre de 1,5 million d’euros correspond à ce que la région verse en termes de production et de moyens de financement de coproduction entre Weo et les différents organismes », précise-t-on à la Voix du Nord. Ce budget correspond aux « commandes » de productions par la région, qui souhaite des reportages et documentaires pour évoquer son patrimoine, notamment. Ces subventions concernent d’ailleurs une dizaine de télévisions locales et non la seule Weo.« C’est une manière de mettre en avant la région, ces programmes permettent aux habitants de savoir ce qu’il se passe, de défendre l’identité ch’ti », précise-t-on à la région, où l’on assume totalement ces neuf millions d’euros de subvention sur cinq ans. En 2015, les dépenses de la région se sont élevées à 2,12 milliards d’euros. Les 1,5 million consacrés aux programmes de Weo représentent donc 0,07 % de ces dépenses.La région pourrait donc choisir de « torpiller » ce projet si Mme Le Pen arrivait à sa tête, mais les conséquences iraient au-delà de la seule Voix du Nord. D’autres partenaires seraient concernés, sans compter le risque de provoquer la fin d’une télévision locale.2. La fausse collusion entre le groupe de presse et Xavier BertrandMardi, Marine Le Pen a contre-attaqué, quitte à mettre en avant une nouvelle intox : invitée de BFM TV, la patronne du Front national a cette fois cherché à démontrer une collusion entre La Voix du Nord et Xavier Bertrand, son adversaire du parti Les Républicains aux régionales. Elle en profite pour évoquer le rôle de la société Bygmalion.« J’ai découvert que La Voix du Nord est aussi liée à Xavier Bertrand, car figurez-vous que La Voix du Nord est actionnaire de la Télé de Xavier Bertrand, MaTélé, la télé de Saint-Quentin. Et d’ailleurs, La Voix du Nord l’a été un certain temps aux côtés de Bygmalion, vous savez cette société dont Xavier Bertrand expliquait qu’il ne la connaissait pas. »Pourquoi c’est n’importe quoi ?Mais là encore, les ficelles sont un peu grosses.Le groupe La Voix est effectivement actionnaire, à 22,4 %, de MaTélé, une chaîne locale, basée à Saint-Quentin, dans l’Aisne, ville dont Xavier Bertrand est maire. Assez logiquement, le groupe de presse, en situation de quasi-monopole dans la région, est sollicité, ici comme à Lille avec Weo, pour participer à ce type de projets.Cette télévision lancée en 2013 est possédée par divers acteurs. dont une agence de communication et la société télévisuelle Demain !, son actionnaire principal qui possède 56,5 % des parts. Si la chaîne ne se positionne pas spécialement en opposition au maire de Saint-Quentin, il est quelque peu abusif de la qualifier de « télé de Xavier Bertrand ».Bygmalion est en partie installée à Saint-Quentin. La société a effectivement pris des parts dans MaTélé : 11,2 %. Bygmalion a investi dans d’autres télévisions locales, notamment Weo Picardie. Mais elle s’en est retirée après les scandales financiers l’impliquant. Incidemment, La Voix n’avait pas vu d’un très bon œil l’arrivée de Bygmalion dans le capital.A suivre le raisonnement de Marine Le Pen, le groupe La Voix serait ainsi « lié » à tous les élus de toutes les municipalités dans lesquelles il est partie prenante d’un projet. C’est passer très vite sur le fait que ce groupe de presse est le plus puissant de la région, et qu’il est donc logique qu’il s’intéresse aux télévisions locales.En outre, Marine Le Pen explique donc ici que La Voix, qu’elle accusait lundi de collusions avec la gauche, serait selon elle lié aussi à la droite. Ce qui n’est pas très cohérent.Enfin, elle prend soin de lâcher au milieu de tout cela le nom de Bygmalion, qui fut actionnaire minoritaire de cette télévision locale, mais ne l’est plus.Surtout, la polémique de la veille portait sur le fait que Mme Le Pen, mécontente de La Voix du Nord, évoquait la suppression de « subventions » qui n’en étaient, on l’a dit, pas vraiment. Ici, il s’agit d’autre chose : le fait qu’un groupe de presse locale investisse dans des télévisions locales. Ce qui, à y réfléchir quelques instants, semble plutôt cohérent.Lire aussi :Régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie : l’obsession Front nationalSamuel LaurentResponsable des Décodeurs - Vérifications, contexte, données. SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète » : dans son édition du lundi 30 novembre, le quotidien La Voix du Nord a choisi de prendre position dans la campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, alors que les sondages annoncent le Front national en tête en Nord-Pas-de-Calais–Picardie. Jacques Hardoin, directeur général du groupe Rossel-La Voix, explique au Monde le sens de cette démarche.Pourquoi avez-vous décidé de prendre parti contre Marine Le Pen, tête de liste Front national aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais–Picardie ?Notre journal a toujours affiché des positions claires quand il le fallait, comme au lendemain du 21 avril 2002, en appelant à voter contre Jean-Marie Le Pen. Cette fois, nous avons pensé qu’il était important de le faire avant le premier tour prévu dimanche. Mais ce n’est pas une démarche anti-Marine Le Pen, nous restons purement factuels et précis, sans nous situer dans le registre de l’opinion. Nous le ferons de nouveau dans notre édition de mardi, avec deux nouvelles pages consacrées au Front national.Marine Le Pen affirme que votre engagement est partisan et que vous soutenez la majorité sortante, de gauche, pour « défendre votre subvention ». Que répondez-vous ?La somme annuelle de 1,5 million d’euros dont parle Marine Le Pen n’est pas à proprement parler une subvention. Il se trouve que notre groupe est éditeur d’une télévision locale, Weo, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la région. Celle-ci assure un tiers du budget de fonctionnement de la chaîne. En contrepartie, Weo s’intéresse aux domaines de compétence régionale, par exemple aux lycées. Son activité est contrôlée par un comité d’éthique.Si la région se retirait de Weo, pourriez-vous assumer seuls son fonctionnement ?La convention actuelle entre La Voix du Nord et la région court jusqu’en décembre 2016, date à laquelle celle-ci peut décider de sortir. Il n’est pas envisageable pour nous de financer l’intégralité de Weo, mais nous pourrions éventuellement nous tourner vers d’autres collectivités locales.Après cette une, avez-vous eu des retours ? Y a-t-il un risque de clivage de votre lectorat ?Un quotidien régional n’est pas un journal d’opinion et nos lecteurs n’attendent pas de nous une prise de position. Mais nous sommes au service des habitants de la région. A ce titre, il est important de leur faire part de nos inquiétudes économiques, sociales ou culturelles en cas de victoire du FN. Les positions du parti sont contraires aux valeurs que ce journal, issu d’un mouvement de résistance, défend depuis la Libération, et que nous continuerons de défendre.Plus lisible dans ce format. https://t.co/fZavN1ZrPE— jacqueshardoin (@Jacques Hardoin)require(["twitter/widgets"]);Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 16h35 • Mis à jour le02.12.2015 à 09h20 | Stéphane Foucart A chaque étape-clé des négociations climatiques, les climatosceptiques refont surface. La conférence de Paris qui s’ouvre le 30 novembre ne fait pas exception. Comme celle de ­Copenhague, en décembre 2009, elle a été marquée par une recrudescence de l’activisme d’un petit réseau de personnalités niant la réalité du réchauffement en cours ou son origine anthropique.En France, l’événement le plus visible de ce retour des climatosceptiques a été l’ouvrage de Philippe Verdier, chef du service météo de France Télévisions, Climat investigation (Ring, 330 pages, 18 euros). Marketé avec soin par son éditeur, grâce à une vidéo promotionnelle empreinte de conspirationnisme, le livre de M. Verdier a eu un écho important, notamment dans les médias audiovisuels. L’intérêt pour l’ouvrage s’est encore accru après que France Télévisions a annoncé, début novembre, le licenciement de son présentateur météo, accusé d’avoir mis en avant ses fonctions au sein du groupe audiovisuel public pour faire la promotion de son ouvrage.Plusieurs associations et personnalités, regroupées au sein du Collectif des climato-réalistes, ont pris fait et cause pour Philippe ­Verdier et ont lancé une pétition pour le ­soutenir. Ce collectif, créé le 1er septembre, rassemble des promoteurs du libéralisme économique comme la fédération d’associations Liberté chérie, l’Institut Turgot (un cercle de réflexion néolibéral), Contribuables ­associés, ou encore des associations proches des industries fossiles comme l’Amicale des foreurs et des métiers du pétrole. Quelques scientifiques (chimistes, mathématiciens…) font aussi partie du collectif, mais tous sont étrangers à la question climatique.L’événement le plus visible du retour des climatosceptiques, en 2015, a été le livre de Philippe Verdier « Climat investigation »Au reste, leur argumentaire est en grand ­décalage avec l’état des connaissances. Le Collectif des climato-réalistes allègue ainsi « l’absence de tout réchauffement statistiquement significatif (…) depuis près de vingt ans », « la hausse (…) sans accélération du niveau de l’océan depuis un siècle », « la baisse de l’activité cyclonique de ces dernières années », etc. Autant d’affirmations en contradiction avec les constats de la communauté scientifique.Pour Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, et coprésidente du groupe 1 au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « ces scientifiques s’informent généralement sur le climat par le biais de la presse généraliste, où des responsables politiques, des ­acteurs du monde associatif, des ONG, etc., s’expriment sur le changement climatique ». « Cela produit une confusion : “sciences du climat” égale “écologie politique”, ajoute-t-elle. En réalité, les scientifiques qui propagent un discours climatosceptique ne lisent souvent ni les publications scientifiques en sciences du climat ni les différents chapitres des rapports du GIEC. »Le retour des climatosceptiques français s’est également opéré dans les coulisses, loin de la scène médiatique. L’Académie des sciences a ainsi été le théâtre, tout au long de l’année, d’un affrontement discret, mais âpre, ­entre ­climatosceptiques et tenants du consen­sus scientifique. Un groupe – dit « groupe COP21 » – avait été créé en 2014, avec pour mission de rédiger un avis de l’Académie des sciences sur le climat, en appui des négociations devant se ­tenir en décembre à Paris. Mais au sein du groupe, le géophysicien Vincent Courtillot, en rupture avec ses pairs, a évoqué la possibilité de publier un avis minoritaire climatosceptique, au côté de l’avis majoritaire, en ligne avec le consensus scientifique.Lire aussi :#Jourdeclimat : village solaire, maison flottante… des solutions face au réchauffementUne levée de boucliersCette perspective a provoqué une levée de boucliers. « Cette éventualité serait tout à fait déplorable, déclarait au Monde, en mai, le physicien Edouard Brézin, ancien président de l’Académie des sciences et membre du « groupe COP21 ». Cela ne rendrait absolument pas compte de l’état réel des connaissances. Cela reviendrait à publier un avis pour dire que la Terre est ronde et un autre pour dire qu’elle est plate. »L’avis finalement publié le 3 novembre par l’Académie ne comportait pas d’avis minoritaire. Mais la question climatique y a été ­réduite à la portion congrue. Au terme d’un processus dont plusieurs académiciens, interrogés par Le Monde, ont dénoncé l’opacité, la version de travail de huit pages a été ramenée à quatre pages, où la question climatique a presque disparu devant la question de la transition énergétique. Et, si le texte ne remet pas en cause le consensus scientifique, il se garde aussi d’admettre de manière explicite la responsabilité humaine dans le réchauffement en cours, de même qu’il occulte les projections de la dérive climatique à l’horizon de la fin du siècle, en fonction des scénarios d’émissions…Lire aussi :Climat : une académie sous influenceD’autres cénacles, moins prestigieux que l’Académie des sciences, sont également au centre de l’attention des climatosceptiques. Le 18 novembre, la Maison de la chimie accueillait un colloque sur « Chimie et changement climatique » dont l’une des deux présentations introductives, donnée par Vincent Courtillot, assurait que « l’importance relative du Soleil et des gaz à effet de serre dans l’évolution récente du climat terrestre reste encore une question ouverte »…De même, au sein de l’Association des anciens élèves de l’Ecole polytechnique (AX), la possible création d’un groupe de réflexion sur le climat a suscité, à la mi-novembre, une levée de boucliers. Le thème lui-même n’était pas en cause, mais plusieurs membres de l’AX se sont émus de ce que le groupe, animé par Christian Gérondeau, président délégué de l’Automobile Club de France et l’une des figures du mouvement climatosceptique français, ne soit rien d’autre qu’un instrument de dénégation du consensus scientifique.La réalité du problème climatique dérange et bouscule des convictions profondes. « Intégrer les limites planétaires dans sa vision du monde, interroger son rapport au progrès, à la croissance économique : c’est une vraie difficulté, dit Valérie Masson-Delmotte. Cette réticence s’exprime dans toutes les strates de la ­société, y compris parmi les scientifiques de nombreux domaines… »Lire aussi :Climat : le terreau du scepticisme aux Etats-UnisStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard L’alarme est nouvelle. BFM-TV agite la menace de 100 suppressions d’emplois si sa concurrente LCI est autorisée à passer en gratuit. Alain Weill, le PDG de NextRadioTV, la maison mère de la chaîne, a affiché ses intentions, lundi 30 novembre, lors d’un déjeuner avec des journalistes. L’argument fait écho aux propos de TF1, qui a promis un plan social, voire l’arrêt de sa chaîne d’information LCI, si sa demande de changement de modèle de diffusion n’est pas acceptée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel d’ici au 31 décembre.Lire aussi :Sur BFM-TV, « le direct n’exclut pas la réflexion »« S’il y a le lancement d’une troisième chaîne d’information gratuite – et, a fortiori, d’une quatrième – nous risquons de devoir réduire la voilure et de licencier », a expliqué Alain Weill, en référence à LCI et au projet de chaîne d’information publique lancé par France Télévisions. Le dirigeant a assuré que l’estimation de 100 emplois menacés valait pour le seul passage de LCI en gratuit.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueSelon les calculs de BFM-TV, chaque perte de 0,1 point d’audience au profit des nouveaux concurrents se traduirait par 4 millions de revenus en moins. « Avec 0,3 point d’audience en moins, on passe dans le rouge », a développé M. Weill, dont le groupe a dégagé 17 millions de résultat net en 2014. Côté emploi, 100 « équivalent temps plein » seraient menacés sur 400 au total (dont environ 320 CDI).« Nous sommes très inquiets »Ce discours marque une rupture. Lors des précédents épisodes, au cours desquels le CSA a refusé le passage de LCI en gratuit, BFM-TV avait simplement menacé d’arrêter d’embaucher. M. Weill ne se rend-il pas coupable de chantage à l’emploi, un travers qu’il dénonçait justement chez TF1 ? « Si c’est la vérité, ce n’est pas un chantage », a-t-il répondu. Avant de faire référence à l’entrée de Free comme quatrième opérateur sur le marché des télécoms, qui a provoqué des licenciements chez Bouygues et SFR.La direction de BFM-TV peut compter sur le soutien d’une représentante du personnel :« Nous sommes très inquiets », a affirmé Céline Bruel, élue au comité d’entreprise de BFM-TV et membre de sa société des journalistes, conviée au déjeuner. « BFM-TV, ce n’est pas du low cost », a insisté Mme Bruel. Les élus négocient en outre en ce moment des augmentations de salaires pour le personnel, a-t-elle noté.« Enjeux économiques considérables »Pour peser, les représentants des salariés des chaînes d’information BFM-TV et iTélé ont demandé à être reçus par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. La démarche rappelle celle des employés de LCI, qui étaient allés jusqu’à manifester devant l’autorité. « Nous ne sommes pas commandités par la direction », s’est toutefois défendue l’élue de BFM-TV.La sortie médiatique du groupe NextRadioTV intervient alors que le CSA doit se prononcer avant la fin décembre sur la nouvelle demande de LCI de passer en gratuit. Certains observateurs croient déceler des signaux favorables à la demande de TF1 :« Les enjeux économiques sont considérables », a par exemple noté le président du CSA, Olivier Schrameck, dans un entretien au Figaro lundi.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesPar ailleurs, afin de rassurer la concurrence, TF1 s’est engagée à ne pas faire d’offres publicitaires couplées avec LCI, ni de promotions croisées, et à ne pas consacrer plus de 30 % de son temps d’antenne aux journaux télévisés. Une façon de se différencier du modèle « info en direct » de BFM-TV.« Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir »Pour M. Weill, ces arguments « ne changent rien ». Et autoriser une troisième, voire une quatrième chaîne d’information, « reviendrait à renforcer les acteurs historiques dominants, TF1 et France Télévisions », a-t-il ajouté. Par rapport à ces chaînes, BFM-TV se dépeint comme un « nouvel entrant », malgré le partenariat capitalistique noué avec Altice, le puissant groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Pour M. Weill, « les pouvoirs publics veulent affaiblir les chaînes d’information existantes, qui apportent de l’indépendance et de la transparence ». « Mais ils confondent indépendance et parti pris. Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir, quel qu’il soit. C’était déjà le cas sous la majorité précédente », a-t-il expliqué. Sa chaîne, après avoir eu des relations un peu crispées avec l’Elysée et Matignon sous Jean-Marc Ayrault, semblait pourtant avoir normalisé son rapport avec le gouvernement.Lire : Critiquée par la majorité, BFM-TV plaide sa cause à Matignon et à l’ÉlyséeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent Marine Le Pen contre La Voix du Nord, c’est une histoire ancienne. Dernier épisode en date, la patronne du FN et candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas du tout apprécié la manchette du quotidien régional de lundi 30 novembre, titrée « pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». Ni la deuxième « une », publiée mardi.La candidate d’extrême droite a donc expliqué qu’en cas de victoire, elle comptait bien « supprimer les subventions » du quotidien :« Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l’énorme subvention qu’ils ont touchée. Nous considérons que les 1,5 million qui sont accordés par an au groupe La Voix du Nord ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres. C’est la raison pour laquelle ils nous attaquent, ils cherchent à défendre leurs subventions alors qu’il y a un million de pauvres dans notre région. »Pourquoi c’est plus compliqué ?1. Pas de subventions directes de la région à la presse locale, mais à une télévisionMarine Le Pen a sans doute été un peu vite en besogne, en oubliant qu’il n’y a pas réellement de subventions régionales à la presse locale. La seule « aide » est l’exonération de contribution économique territoriale (CET), une taxe qui frappe les entreprises, mais cette aide est la même sur tout le territoire et un conseil régional ne peut décider de la supprimer.Marine Le Pen ciblait en fait un point précis : il existe, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, une télévision locale, Weo, créée en 2009, qui est une société d’économie mixte, cogérée par la région, le groupe La Voix et d’autres partenaires (Roularta, la Caisse d’épargne ou NRJ). La Voix du Nord n’a que 35 % des parts, a expliqué le quotidien lundi. En réalité, « le chiffre de 1,5 million d’euros correspond à ce que la région verse en termes de production et de moyens de financement de coproduction entre Weo et les différents organismes », précise-t-on à la Voix du Nord. Ce budget correspond aux « commandes » de productions par la région, qui souhaite des reportages et documentaires pour évoquer son patrimoine, notamment. Ces subventions concernent d’ailleurs une dizaine de télévisions locales et non la seule Weo.« C’est une manière de mettre en avant la région, ces programmes permettent aux habitants de savoir ce qu’il se passe, de défendre l’identité ch’ti », précise-t-on à la région, où l’on assume totalement ces neuf millions d’euros de subvention sur cinq ans. En 2015, les dépenses de la région se sont élevées à 2,12 milliards d’euros. Les 1,5 million consacrés aux programmes de Weo représentent donc 0,07 % de ces dépenses.La région pourrait donc choisir de « torpiller » ce projet si Mme Le Pen arrivait à sa tête, mais les conséquences iraient au-delà de la seule Voix du Nord. D’autres partenaires seraient concernés, sans compter le risque de provoquer la fin d’une télévision locale.2. La fausse collusion entre le groupe de presse et Xavier BertrandMardi, Marine Le Pen a contre-attaqué, quitte à mettre en avant une nouvelle intox : invitée de BFM TV, la patronne du Front national a cette fois cherché à démontrer une collusion entre La Voix du Nord et Xavier Bertrand, son adversaire du parti Les Républicains aux régionales. Elle en profite pour évoquer le rôle de la société Bygmalion.« J’ai découvert que La Voix du Nord est aussi liée à Xavier Bertrand, car figurez-vous que La Voix du Nord est actionnaire de la Télé de Xavier Bertrand, MaTélé, la télé de Saint-Quentin. Et d’ailleurs, La Voix du Nord l’a été un certain temps aux côtés de Bygmalion, vous savez cette société dont Xavier Bertrand expliquait qu’il ne la connaissait pas. »Pourquoi c’est n’importe quoi ?Mais là encore, les ficelles sont un peu grosses.Le groupe La Voix est effectivement actionnaire, à 22,4 %, de MaTélé, une chaîne locale, basée à Saint-Quentin, dans l’Aisne, ville dont Xavier Bertrand est maire. Assez logiquement, le groupe de presse, en situation de quasi-monopole dans la région, est sollicité, ici comme à Lille avec Weo, pour participer à ce type de projets.Cette télévision lancée en 2013 est possédée par divers acteurs. dont une agence de communication et la société télévisuelle Demain !, son actionnaire principal qui possède 56,5 % des parts. Si la chaîne ne se positionne pas spécialement en opposition au maire de Saint-Quentin, il est quelque peu abusif de la qualifier de « télé de Xavier Bertrand ».Bygmalion est en partie installée à Saint-Quentin. La société a effectivement pris des parts dans MaTélé : 11,2 %. Bygmalion a investi dans d’autres télévisions locales, notamment Weo Picardie. Mais elle s’en est retirée après les scandales financiers l’impliquant. Incidemment, La Voix n’avait pas vu d’un très bon œil l’arrivée de Bygmalion dans le capital.A suivre le raisonnement de Marine Le Pen, le groupe La Voix serait ainsi « lié » à tous les élus de toutes les municipalités dans lesquelles il est partie prenante d’un projet. C’est passer très vite sur le fait que ce groupe de presse est le plus puissant de la région, et qu’il est donc logique qu’il s’intéresse aux télévisions locales.En outre, Marine Le Pen explique donc ici que La Voix, qu’elle accusait lundi de collusions avec la gauche, serait selon elle lié aussi à la droite. Ce qui n’est pas très cohérent.Enfin, elle prend soin de lâcher au milieu de tout cela le nom de Bygmalion, qui fut actionnaire minoritaire de cette télévision locale, mais ne l’est plus.Surtout, la polémique de la veille portait sur le fait que Mme Le Pen, mécontente de La Voix du Nord, évoquait la suppression de « subventions » qui n’en étaient, on l’a dit, pas vraiment. Ici, il s’agit d’autre chose : le fait qu’un groupe de presse locale investisse dans des télévisions locales. Ce qui, à y réfléchir quelques instants, semble plutôt cohérent.Lire aussi :Régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie : l’obsession Front nationalSamuel LaurentResponsable des Décodeurs - Vérifications, contexte, données. SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète » : dans son édition du lundi 30 novembre, le quotidien La Voix du Nord a choisi de prendre position dans la campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, alors que les sondages annoncent le Front national en tête en Nord-Pas-de-Calais–Picardie. Jacques Hardoin, directeur général du groupe Rossel-La Voix, explique au Monde le sens de cette démarche.Pourquoi avez-vous décidé de prendre parti contre Marine Le Pen, tête de liste Front national aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais–Picardie ?Notre journal a toujours affiché des positions claires quand il le fallait, comme au lendemain du 21 avril 2002, en appelant à voter contre Jean-Marie Le Pen. Cette fois, nous avons pensé qu’il était important de le faire avant le premier tour prévu dimanche. Mais ce n’est pas une démarche anti-Marine Le Pen, nous restons purement factuels et précis, sans nous situer dans le registre de l’opinion. Nous le ferons de nouveau dans notre édition de mardi, avec deux nouvelles pages consacrées au Front national.Marine Le Pen affirme que votre engagement est partisan et que vous soutenez la majorité sortante, de gauche, pour « défendre votre subvention ». Que répondez-vous ?La somme annuelle de 1,5 million d’euros dont parle Marine Le Pen n’est pas à proprement parler une subvention. Il se trouve que notre groupe est éditeur d’une télévision locale, Weo, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la région. Celle-ci assure un tiers du budget de fonctionnement de la chaîne. En contrepartie, Weo s’intéresse aux domaines de compétence régionale, par exemple aux lycées. Son activité est contrôlée par un comité d’éthique.Si la région se retirait de Weo, pourriez-vous assumer seuls son fonctionnement ?La convention actuelle entre La Voix du Nord et la région court jusqu’en décembre 2016, date à laquelle celle-ci peut décider de sortir. Il n’est pas envisageable pour nous de financer l’intégralité de Weo, mais nous pourrions éventuellement nous tourner vers d’autres collectivités locales.Après cette une, avez-vous eu des retours ? Y a-t-il un risque de clivage de votre lectorat ?Un quotidien régional n’est pas un journal d’opinion et nos lecteurs n’attendent pas de nous une prise de position. Mais nous sommes au service des habitants de la région. A ce titre, il est important de leur faire part de nos inquiétudes économiques, sociales ou culturelles en cas de victoire du FN. Les positions du parti sont contraires aux valeurs que ce journal, issu d’un mouvement de résistance, défend depuis la Libération, et que nous continuerons de défendre.Plus lisible dans ce format. https://t.co/fZavN1ZrPE— jacqueshardoin (@Jacques Hardoin)require(["twitter/widgets"]);Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 12h02 • Mis à jour le27.11.2015 à 14h53 | Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est une histoire glauque. Où le malaise lié à la vente d’images d’attentats se mêle aux versions contradictoires des protagonistes. L’achat, par le Daily Mail, pour 50 000 euros, d’une vidéosurveillance filmée le soir des attentats du 13 novembre à la pizzeria Casa Nostra, située dans le 11e arrondissement de Paris, a suscité l’émotion.L’indignation s’est d’abord concentrée sur le patron de la pizzeria, accusé par un document diffusé au « Petit Journal » de Canal+ d’avoir vendu les images des fusillades. Mais, depuis, ses démentis ont créé une certaine confusion.Lire aussi :Attentats : 50 000 euros pour des images de vidéosurveillanceQui a vendu la vidéo ?Pour le journaliste Djaffer Ait Aoudia, pas de doute : c’est le patron de la pizzeria, Dmitri Mohamadi, qui a cédé les images. Il l’a expliqué au « Petit Journal », lundi 23 novembre, en diffusant une vidéo qu’il a tournée en caméra cachée dans la cave du restaurant.La vidéo de surveillance de la Casa Nostra - Le Petit Journal du 23/11En réponse, le patron du Casa Nostra a démenti avoir touché l’argent du Daily Mail, sur Nice Matin et France 2 notamment. Il a d’abord pointé du doigt le journaliste Djaffer Ait Aoudia, qui l’aurait incité à vendre les images : « Le journaliste qui a témoigné au “Petit Journal”, il est venu pour une interview et il voulait la vidéo. C’est le seul que j’ai fait entrer dans ma cave. C’est surtout lui qui m’a proposé de prendre de l’argent. »Puis à RTL, le patron a assuré qu’un proche avait empoché l’argent : « Des gens que je connais, de la famille. Un cousin éloigné qui avait les clés. J’ai porté plainte, c’est très choquant. »Que penser des démentis du patron ?L’histoire du « cousin » fait écho à la façon dont BFMTV s’est vu proposer les images : une personne se présentant comme un employé de la pizzeria, « ami d’un cousin du patron », a demandé 50 000 euros à la chaîne d’info, qui a refusé, raconte au Monde une source au sein de la chaîne.Une autre étaie le discours du patron selon lequel il ne voulait pas d’argent : il a montré les images à « tout le monde » dans le quartier, dit-il. Et il avait d’abord accepté de donner les images gratuitement à un journal algérien, qui en a finalement fait un texte le dimanche 15, a pointé Rue89.En revanche, malgré ses démentis, le propriétaire de la pizzeria reste accusé par « Le Petit Journal » : « Un proche semblait effectivement à la manœuvre mais le patron ne pouvait pas ignorer la transaction », explique « Le Petit Journal » à FTVinfo. Europe 1, qui a eu accès aux images non floutées, est aussi catégorique : « C’est le “cousin” qui parle et négocie avec les journalistes anglais. A côté, le patron hésite mais accepte finalement la transaction. Il propose même une réduction si les Anglais achètent la vidéo, de moins bonne qualité, enregistrée sur son téléphone portable. »Quel a été le rôle du journaliste ?Djaffer Ait Aoudia est journaliste pigiste. Il raconte qu’il a commencé à venir dans la pizzeria pour préparer un portrait du propriétaire après les attentats.Il est tombé sur place sur les journalistes du Daily Mail et il a pu ensuite suivre les négociations car les protagonistes étaient habitués à sa présence, a-t-il expliqué au « Petit Journal ». En désaccord, il a choisi de filmer en caméra cachée à partir du lundi 16 et de « porter le sujet à la connaissance du public », via l’émission de Canal+, contactée le jeudi 19.Le patron de la pizzeria Casa Nostra parle à France 2 Le patron de la pizzeria a une version tout autre. Il a affirmé sur France 2 que le journaliste lui a proposé 12 000 euros :« Je pense que ce qui l’a dégoûté, ce mec-là, c’est le fait de ne pas avoir les images en premier. Au début, j’allais lui donner. (…) Finalement, je ne voulais pas. Il l’a mal pris. »Par ailleurs, alors qu’il avait filmé à son insu le propriétaire pour le confondre, le journaliste a proposé au Monde un sujet-texte décrivant le contenu des images de la Casa Nostra, auxquelles il avait « eu accès ». Il disait avoir été en contact avec le Daily Mail, qui allait publier les images. Mais il n’a pas parlé d’une transaction dont il aurait été témoin. Sa proposition semblait floue, elle a été refusée.Joint par Le Monde, Djaffer Ait Aoudia assume sa démarche :« J’avais deux sujets. L’un d’actualité, dans lequel j’ai proposé de commenter les images, après leur sortie sur le site du Daily Mail, le 18 à minuit. L’autre, a posteriori, pour raconter les coulisses. » Le journaliste dément avoir voulu vendre ou acheter les images. Il reconnaît toutefois avoir cherché à les récupérer, auprès du patron, mais seulement le 19, « après leur diffusion sur le Daily Mail ». Il les voulait pour éviter d’avoir le logo du journal britannique, s’il utilisait le document pour un éventuel sujet pour la télévision, explique-t-il.Quant à l’idée de la caméra cachée, elle aurait été suggérée par sa boîte de production, dans le cadre de discussions sur un sujet sur « le marchandage des images », dit-il.Qui a payé pour les images ?Le Daily Mail a justifié le fait d’avoir acheté la vidéo, une démarche courante dans les pays anglo-saxons : « Il n’y a rien dans l’acquisition par le Daily Mail de cette vidéo qui puisse faire l’objet d’une controverse », a déclaré un porte-parole à l’AFP. « Elle a été obtenue sur fond de forte compétition entre les médias français et internationaux et fournit une perspective essentielle » sur les attentats.Selon Djaffer Ait Aoudia, « Le Petit Journal » a payé « environ 1 000 euros » pour son sujet et sa vidéo, à lui-même et à sa société de production. Une estimation fondée sur le tarif syndical des images en télévision, autour de 1 000 à 1 500 euros la minute, explique-t-il.Enfin, de nombreux médias ont diffusé les images, dont France 2 par exemple. Mais on ne sait pas s’ils les ont payées ni combien.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.11.2015 à 12h57 • Mis à jour le24.11.2015 à 16h15 | Alexis Delcambre Les salariés du Groupe Altice Média (L’Express, L’Expansion…) poursuivent leur mobilisation contre les mesures d’économies envisagées par leur direction. Mardi 24 novembre a été prévu un arrêt de travail de quelques heures, alors qu’environ 120 suppressions de postes restent envisagées.Lancé par tous les syndicats et sociétés de journalistes, cet arrêt de travail se veut une réponse à la « vacuité du projet stratégique » présenté lors des comités d’entreprise du 30 octobre et du 18 novembre, estiment ces représentants.« Ligne éditoriale positive »Le mécontentement touche notamment la rédaction de L’Expansion où la société des rédacteurs juge le projet de nouvelle formule « contraire aux principes et aux règles éthiques ». Elle réagi ainsi à un projet qui revendique une « ligne éditoriale positive », qui valorise les entreprises et noue des relations avec elles à travers notamment le développement d’événements.À L’Express, le projet de nouvelle formule présenté par Christophe Barbier suscite également des interrogations. L’objectif du directeur des rédactions est de faire de l’hebdomadaire un titre « premium » et « référent », un projet perçu par certains comme trop élitiste.Lire aussi :La tension monte d’un cran à « L’Express » après le vote d’une double motion de défiancePlus généralement, les représentants des salariés dénoncent l’écart entre les ambitions affichées et la sévère réduction des coûts et des effectifs conduite par l’équipe dirigeante choisie par l’actionnaire Patrick Drahi. Le groupe devrait perdre 3,5 millions d’euros cette année, hors coût de la clause de cession actuellement ouverte.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Whaou ! » On peut lire un mélange de fierté et de soulagement dans le sous-titre du billet par lequel Nicolas Beytout annonce, dans son journal L’Opinion, mardi 24 novembre, avoir convaincu le groupe Dow Jones d’y investir deux millions d’euros. La maison mère du puissant quotidien économique américain The Wall Street Journal, propriété du magnat des médias Rupert Murdoch, vient donc soutenir le petit quotidien français d’inspiration libérale, lancé en 2013, en entrant au capital à hauteur de 10 % environ.« Il y a un effet d’image important, se félicite Nicolas Beytout, fondateur et directeur de la rédaction de L’Opinion. Cela nous fait monter un peu en statut. Nous ne sommes plus juste une petite expérience franco-française, nous avons la reconnaissance d’un acteur international. »En interne, la nouvelle est une « agréable surprise », raconte un membre de l’équipe. En effet, la quarantaine d’employés, dont une trentaine de journalistes, vit avec le sentiment que l’horizon n’est pas totalement dégagé pour L’Opinion, dont le fondateur doit régulièrement chercher des fonds pour poursuivre l’activité, déficitaire jusqu’ici.Dans le milieu de la presse, le quotidien est vu comme un média dont le positionnement éditorial est clair, mais qui dispose d’un lectorat restreint et d’un avenir incertain. Il s’appuie notamment sur la notoriété de M. Beytout, connu comme ancien directeur de la rédaction du quotidien économique Les Échos et du Figaro.L’Opinion revendique 20 000 exemplaires vendus, pour la grande majorité par abonnement (couplé papier et Web). Le titre n’écoule que 3 000 exemplaires en kiosques, dont 5 à 600 environ à Paris. Il affiche une diffusion de 35 000 exemplaires, qui prend en compte des journaux distribués via des partenariats.SynergiesMais M. Beytout assure avoir, depuis janvier, conquis 11 000 abonnés supplémentaires, 100 % Web, via une offre baptisée « licence », qui permet à des collectivités d’avoir un nombre limité d’accès simultanés au site, mais utilisable par tous leurs collaborateurs. « Nous visons une cible particulière de lecteurs, pas la quantité », défend M. Beytout.Pourquoi un géant mondial de la presse économique fait-il son premier investissement en France dans un média indépendant ? Certes, la somme est modique à l’échelle du groupe Dow Jones, filiale de l’empire News Corp qui, avec ses titres britanniques comme le Times ou le Sun, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,84 milliard d’euros au troisième trimestre.Il a néanmoins fallu que M. Beytout convainque Rupert Murdoch, lors de leurs deux rendez-vous, à Londres et New York. L’Opinion et le groupe Dow Jones partagent d’abord deux convictions stratégiques, explique M. Beytout : la foi dans l’importance du support papier et la défense d’un modèle payant strict. De plus, le Wall Street Journal a décidé en juin de relancer son édition internationale et Paris fait partie des villes cibles pour ce redéploiement, explique-t-on à L’Opinion.« L’Opinion est une publication influente dans l’univers français de l’économie, des affaires et de la politique, a expliqué William Levis, le PDG de Dow Jones, dans un communiqué. Cet investissement va accroître nos ambitions internationales et relever nos objectifs au cœur de l’Europe. » Concrètement, le partenariat de cinq ans noué entre les deux entreprises doit permettre des synergies dans les contenus et la distribution. Les contenus de L’Opinion seront versés à la base de données mondiale de Dow Jones, Factiva. Le titre libéral peut en principe espérer des reprises de ses contenus dans d’autres médias, à l’étranger. Des « échanges de liens » entre les sites sont envisagés et des traductions d’articles du Wall Street Journal sous la bannière de L’Opinion ne sont pas exclues, explique M. Beytout.D’autres collaborations sont espérées dans la vidéo, que L’Opinion compte développer, notamment avec Erik Monjalous, un ex-directeur de l’AFP recruté en octobre. Des conférences en partenariat sont également prévues.Sur les ventes, il est envisagé de « travailler conjointement sur le marketing et les abonnements numériques ». On peut imaginer que les deux entreprises partageront leurs fichiers d’abonnés en France.Le dernier levier de ce deal est politique : « Dow Jones et nous sommes dans la même sphère d’idées : un corpus globalement libéral, même si eux sont un peu moins proeuropéens », explique M. Beytout. Alors que la présidentielle de 2017 pointe à l’horizon, ce dernier assure avoir une démarche plus « idéologique » que « partisane », notant avec malice que le libéralisme économique a également des apôtres à gauche. 2017, c’est aussi l’année à la fin de laquelle L’Opinion espère atteindre désormais l’équilibre, après l’avoir envisagé (en vain) à l’horizon 2016.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le politologue Thomas Guénolé a été remercié par la station de radio RMC, où il tenait une chronique dans la matinale animée par Jean-Jacques Bourdin, a révélé Arrêt sur Images. En cause : un billet, diffusé mardi 17 novembre, évoquant des dysfonctionnements présumés de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) lors des attentats du 13 novembre, notamment au Bataclan. Des affirmations qui ont depuis été contestées, par le ministère de l’intérieur notamment.« Boycott punitif »Pour M. Guénolé, l’affaire est grave : RMC aurait réagi à un « boycott punitif » de la part du ministère, à des « pressions proches d’une censure ». Le chroniqueur affirme au Monde que l’e-mail reçu de la direction de la rédaction de la radio invoque les conséquences de sa chronique pour le travail de ses collègues : « Le ministère et tous les services de police invités à l’antenne depuis mardi ont refusé de venir sur RMC en raison des inexactitudes de ta chronique. La plupart des sources policières de nos spécialistes se sont tues depuis mardi », selon le courriel.Au ministère de l’intérieur, joint par Le Monde, on dément toute « consigne » : « Il n’y a pas eu de boycott organisé des forces de l’ordre, mais un mouvement d’humeur de gens blessés qui n’ont pas envie d’intervenir sur RMC et de faire plaisir à cette station », admet-on, tout en pensant que « les choses finiront par rentrer dans l’ordre » entre la radio et la police. Le ministère a demandé un démenti, mais pas la tête d’un chroniqueur, ajoute-t-on.Evocation de la démission de CazeneuveDans la chronique incriminée, M. Guénolé disait : « Le 13 novembre, les brigades d’intervention manquaient gravement d’hommes et de moyens. » « Quand les fusillades éclatent, il n’y a que trois fonctionnaires de garde ce soir-là à la BRI », ajoutait-il, soutenant ensuite que lors des interventions, certains policiers avaient manqué de gilets pare-balles lourds. Et que le manque de personnels à la BRI avait obligé des agents de la Brigade anticriminalité (BAC) à intervenir, alors que ce n’était pas leur vocation.Aujourd’hui, le politologue se défend en assurant s’être « distancié » des faits, dans ses propos, évoquant en début de chronique les « accusations de dysfonctionnements qui s’accumulent dans la presse », même si, dans le passage en question, il ne citait pas de source particulière. Il rappelle aussi qu’en conclusion, il demandait une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces questions. Si ces faits étaient avérés, les responsables des forces de police, ainsi que le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, devraient démissionner, disait M. Guénolé.Agents de « garde » ou « d’astreinte » ?« RMC dit que j’ai porté des “accusations graves, non vérifiées”, mais la construction de ma chronique était de dire qu’il fallait les vérifier », se défend-il encore.Cette chronique a été vivement contestée, notamment par la conseillère spéciale de Bernard Cazeneuve, Marie-Emmanuelle Assidon, sur Twitter. Dans les échanges, Thomas Guénolé a reconnu s’être appuyé sur un article de la publication professionnelle La Lettre A, sans le citer. S’il a admis à un moment sur Twitter que l’article était « faux », M. Guénolé insiste aujourd’hui sur « l’absence de démenti officiel, à sa connaissance ». Selon lui, les syndicalistes policiers - qui ont rappelé qu’une quinzaine de fonctionnaires de la BRI était en fait « d’astreinte » ce soir-là - n’ont pas invalidé l’information sur les trois agents de garde. De son côté, La Lettre A a indiqué au Monde qu’elle « maintient qu’il y avait bien trois fonctionnaires de garde au siège de la BRI au 36 quai des Orfèvres après 20 heures, ainsi que le mentionnait [la] brève qui n’a fait l’objet d’aucun démenti malgré de nombreuses sollicitations auprès de la Place Beauvau. Douze autres policiers de la brigade étaient d’astreinte, mais à leur domicile. » Au ministère, on affirme surtout que « la BRI est intervenue dans des délais normaux ».« Editorialiste grande gueule »Dans un récent portrait, Libération décrivait M. Guénolé comme un « politologue pressé », par ailleurs consultant pour un cabinet de conseil. Il s’y disait « ni de droite, ni de gauche et anti-FN ». Après être intervenu dans les médias comme politologue, notamment sur le centre et la droite, il est devenu récemment chroniqueur, plutôt engagé et touche-à-tout. Il a signé un livre sur les banlieues.En licenciant M. Guénolé, RMC (qui appartient au groupe NextRadioTV, également propriétaire de BFM-TV) ne risque-t-elle pas de donner l’impression de se plier aux arguments du ministère de l’intérieur, en pleine période d’état d’urgence ? Une source au sein de la radio affirme que les chroniques de M. Guénolé avaient déjà suscité des critiques en interne. Ce que M. Guénolé ne conteste pas : « On me dit que je donnais trop mon opinion dans mes chroniques. Certes, il y a eu d’abondantes discussions et tensions sur le contenu de mes chroniques, mais c’était dans le cadre de la relation d’un éditorialiste grande gueule et d’un rédacteur en chef. »A RMC, une source souligne elle qu’avec Jean-Jacques Bourdin, Hervé Gattegno ou Les Grandes Gueules, la station ne saurait être taxée de complaisance.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place. Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris. Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard. Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ». Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire Alexandre Piquard Surprise : l’Assemblée nationale a voté de justesse et contre l’avis du gouvernement, vendredi 4 décembre, un amendement qui donne raison aux sites de presse en ligne visés par un redressement fiscal pour avoir appliqué le taux superréduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le texte accorde a posteriori à Mediapart ou Arrêt sur images le droit de recourir au taux de 2,1 %, initialement réservé aux médias papier, pour la période entre 2008 et début 2014.Lire : La TVA pour la presse numérique bientôt alignée sur celle du papierLa réaction du gouvernement « pas encore arbitrée »Pour autant, il reste des obstacles pour que le texte soit pleinement confirmé : l’amendement n’a été voté qu’à 11 voix contre 10. Le texte était porté par des députés socialistes, notamment l’ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l’ex-ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative 2015. Une dizaine de députés Les Républicains (LR) avaient déposé un amendement identique, mais le groupe LR, et notamment son président Christian Jacob, avait fermement pris position contre.Le gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, était opposé à l’amendement, accusé de rompre l’égalité devant l’impôt : « Les contribuables qui ont appliqué le taux normal en 2009, 2010, 2011 ne pourront pas obtenir le remboursement, puisque la TVA est prescrite. Ceux qui se sont appliqué d’autorité le taux de 2,1 % en auront donc bénéficié entre 2008 et 2012, et les autres non », a-t-il plaidé. Avant de citer deux autres problèmes juridiques : la conformité envers le droit européen et la rétroactivité, qui suppose qu’on agisse au nom de l’intérêt général.Joint par Le Monde, le cabinet de M. Eckert explique toutefois qu’il n’a pas demandé de seconde délibération sur l’amendement, vendredi. Quant à savoir s’il déposera un amendement pour supprimer la disposition votée jeudi, la question est « prématurée » et pas encore « arbitrée ».L’obstacle du Sénat et du Conseil constitutionnelQue va-t-il se passer maintenant ? Le texte doit être examiné par le Sénat, a priori entre le 10 et le 12 décembre, explique le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), très favorable à l’amendement. Il est alors possible que soit proposée au vote la suppression du texte, à l’initiative du gouvernement ou, éventuellement, à celle de l’opposition de droite, qui dispose d’une majorité au Sénat.Si le texte est modifié, un accord entre sénateurs et députés devra être trouvé au sein d’une commission mixte paritaire entre le 12 et le 15 décembre, note le Spiil. En cas de désaccord, il peut y avoir un second vote à l’Assemblée.Arrivera enfin l’étape du Conseil constitutionnel, avant le 31 décembre. L’autorité peut censurer l’amendement, pensent certains, à l’image du président de la commission des finances, Gilles Carrez (Les Républicains), qui le jugent « totalement inconstitutionnel ».Pour M. Carrez, l’« amendement de rétroactivité comporte un aspect d’amnistie fiscale tout à fait déplaisant ». « Or en droit fiscal, on ne peut admettre qu’un contribuable qui, de sa propre initiative, n’applique pas la loi fiscale, puisse bénéficier d’une sorte de complaisance du Parlement et voir sa situation régularisée a posteriori », selon le député, qui était en désaccord avec la rapporteure générale du budget, la députée PS Valérie Rabault, favorable au texte.Débat sur la rétroactivitéJean-Christophe Boulanger, président du Spiil, rétorque que depuis la création du statut de la presse en ligne, il y a un principe d’égalité entre les titres de presse, quel que soit leur support. Un argument auquel ont été sensibles des parlementaires de droite, qui avaient initialement déposé des amendements, avant que le groupe LR se positionne contre la disposition.« Il n’y a pas de rétroactivité, assure M. Boulanger. L’amendement est une disposition interprétative qui précise comment il fallait appliquer la loi, dans le cas de textes flous ou incohérents. Cela ne change pas les règles ex post [portant sur des faits constitués], ça les clarifie. »Le cas particulier de MediapartDu côté de Mediapart, Edwy Plenel ne s’exprime pas. Mais le site a un argumentaire qui vise à lutter sur le terrain médiatique, dans un dossier jugé politique : il ne s’agit pas « d’amnistie », car il n’y a pas eu de fraude, l’action de Mediapart étant revendiquée, écrit le site.Idem pour la notion « d’amendement Mediapart ». Le site d’investigation, dont certaines enquêtes ont gêné le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande, estime que la personnalisation du dossier autour de son cas particulier est un piège. En première ligne, Mediapart rappelle que le Spiil soutient son combat et que d’autres sites ont fait l’objet d’un redressement, comme Arrêt sur images (540 000 euros) et Indigo Publications (Lettre A, Presse News…).Lire aussi :Mediapart et Arrêt sur images appellent leurs lecteurs à la générositéLe site fondé par Edwy Plenel a toutefois publié, via un blog d’auteur, un billet de Roland Veillepeau, ancien patron de la direction nationale des enquêtes fiscales, selon lequel le contrôle fiscal du site « fleure bon, quoi qu’on dise, le règlement de comptes ».Pour Mediapart, l’enjeu est de taille. Bénéficiaire, il dispose d’une trésorerie de 3 millions d’euros environ. Mais se voit réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc : 3,5 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités.Lire aussi : Mediapart : Plenel prépare l’après-PlenelAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Trente-cinq postes « sauvés » : le plan social prévu dans le groupe L’Express-L’Expansion est passé de 125 départs à 90, jeudi 3 décembre, à l’issue d’une réunion avec les élus syndicaux. Le groupe racheté par le milliardaire des télécoms et des médias Patrick Drahi début 2015 conservera donc une quinzaine de titulaires de carte de presse supplémentaires.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Certaines mauvaises langues verront dans le grand nombre de postes épargnés le signe que le nouvel actionnaire Altice s’était laissé une généreuse marge de négociation. Une source proche de la direction y voit plutôt « l’effet positif du dialogue social ». Une manière de montrer que les hommes placés par Patrick Drahi, parfois décrits comme des gestionnaires raides, n’ont pas rechigné à tenir des dizaines de réunions avec les élus.Le représentant CFDT Jacques Trentesaux se dit lui « plutôt satisfait » sur le nombre de postes conservés : « C’est au-delà de nos attentes de départ », juge l’élu.« Monopoly »Mais le satisfecit s’arrête là : « Sur la stratégie, les dirigeants semblent raisonner davantage en cost killers qu’en patrons de presse », regrette M. Trentesaux. Selon l’élu, les dirigeants d’Altice seraient surtout concentrés sur le jeu de « Monopoly » et de synergies possible entre les titres qu’ils ont racheté (Libération ou, à 49 %, BFM-TV et RMC) ou pourraient acquérir. Moins par la mise en œuvre d’une stratégie éditoriale et économique pour chaque titre.La stratégie présentée par la direction a fait l’objet d’un avis négatif des élus, lundi 30 novembre, note M. Trentesaux. Une semaine plus tôt, les sociétés de rédacteurs avaient rejeté dans une lettre la nouvelle formule envisagée pour L’Expansion, jugée « contraire à la déontologie journalistique ». Le projet prévoyait une « ligne éditoriale positive ». Du côté de L’Express, la relance du journal, prévue pour début mars et fondée sur la recherche d’une plus grande « qualité », rencontre une part de scepticisme au sein de la rédaction. Certains regrettent que ce choix diffère de la ligne du site Web, centrée sur l’actualité chaude, d’autres doutent qu’on puisse faire mieux avec moins de salariés.« Que certains aient des doutes, c’est normal : nous voulons faire les choses par étapes, pour les faire bien, dans la durée et dans l’intérêt des titres », relativise une source proche de la direction. Des groupes de travail thématiques sont à l’œuvre, ajoute cette source, qui rappelle que L’Express-L’Expansion allait mal lors de son rachat. Il prévoit une perte de 4 millions d’euros environ en 2015 et le retour à l’équilibre en 2016. Quant au directeur des rédactions du groupe, Christophe Barbier – qui faisait jeudi dans son éditorial-vidéo un clin d’œil à Libération, qui doit déménager à L’Express en décembre –, il conserve jusqu’ici la confiance des actionnaires.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le03.12.2015 à 08h46 | Alexis Delcambre et Gilles Rof (à Marseille) A Marseille, Nancy, Nice ou Reims, les quotidiens régionaux ne sont pas prêts à imiter leurs homologues nordistes et picard. A l’approche des élections régionales, les 6 et 13 décembre, ces derniers se sont en effet ouvertement engagés contre Marine Le Pen, tête de liste du Front national en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.Lundi 30 novembre et mardi 1er décembre, La Voix du Nord a publié deux doubles pages démontant le discours et les pratiques du parti, qui arrive en tête des intentions de vote dans la région. « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », titrait le quotidien lillois lundi, avant d’énoncer, mardi, « Marine Le Pen et le FN ne sont pas ce qu’ils disent ».Egalement membre du groupe belge Rossel, le quotidien de Roubaix, Nord-Eclair, interrogeait de son côté : « La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? » et « Qui sont réellement les membres du FN ? » Enfin, mercredi, Le Courrier picard, autre titre de Rossel, faisait sa « une » sur « Le vrai visage du FN à la région ».« Rester observateur »S’ils saluent le « courage » de cette démarche, les responsables des journaux diffusés dans d’autres régions où le Front national est annoncé à un niveau élevé, comme en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou en Bourgogne-Franche-Comté, n’entendent pas prendre position.A Nice-Matin, la question a fait débat lundi matin mais la décision a été de « rester observateur ». A La Provence, « il n’y a pas vraiment eu de discussion car nous avons une ligne claire fondée sur l’équilibre », selon son rédacteur en chef, Jean-Michel Marcoul. A Metz ou Nancy, la question ne s’est pas vraiment posée. « Ce n’est pas dans la culture maison », explique un journaliste du Républicain lorrain, un titre membre du groupe Ebra comme L’Est républicain, à Nancy, ou Le Bien public, à Dijon.Interrogés par Le Monde, des responsables de la presse régionale se disent mal à l’aise avec le fait de « prendre le lecteur par la main ». « Nous ne sommes pas là pour ça. Ce serait du reste contre-productif, pense ainsi Denis Carreaux, directeur des rédactions de Nice-Matin. Cela fait longtemps que la presse ne fait plus les résultats des élections. » « C’est difficile de dire au lecteur ce qu’il doit voter », renchérit Didier Louis, rédacteur en chef de L’Union, à Reims.« En prenant position, je mettrais mon journal et mes équipes en porte-à-faux »La démarche de La Voix du Nord « est très politiquement correcte », juge encore un responsable de rédaction. « Nous ne voulons pas jouer les donneurs de leçon à grands coups d’édito ou donner raison à ceux parmi nos lecteurs qui jugent les médias trop proches des politiques », argumente Denis Carreaux. Même son de cloche du côté de l’actionnaire de La Provence, Bernard Tapie, jadis en première ligne contre le Front national : « Tous les discours qui tentent de diaboliser le FN sont inefficaces et ne font que le renforcer. » Ces titres revendiquent une exigence dans le traitement des programmes des candidats. Ainsi, à La Provence, les quatre principaux postulants ont eu droit à un « Face aux lecteurs », avec deux pages consacrées à leurs réponses. Une deuxième série a commencé, mardi matin, de portraits plus approfondis. A Nice, « on essaye de pointer les contradictions, les approximations, les faiblesses éventuelles », énumère Denis Carreaux.Cependant, « ce type de travail doit être fait avec toutes les formations », pense Didier Louis, qui invite ses homologues du Nord à traiter avec la même vigueur les socialistes locaux, qui gouvernent la région depuis sa création, que les candidats frontistes.Tissu de relationsLa plupart des quotidiens s’attachent à rester neutres vis-à-vis des exécutifs locaux – alors que certains affichaient des identités très partisanes jusque dans les années 1980. « Ma position dans la région, en tant que propriétaire de La Provence, rend délicat tout commentaire, admet ainsi Bernard Tapie. En prenant position, je mettrais forcément mon journal et mes équipes en porte-à-faux. » Un tissu de relations existe entre la presse régionale quotidienne et les collectivités locales. Outre la couverture journalistique de leur activité, ces dernières restent des pourvoyeuses de publicité, même si les budgets ont généralement baissé sous l’effet de la crise, et des partenaires d’opérations spéciales. Voire des bouées de sauvetage, à l’image de la région PACA pour Nice-Matin en 2014.Mais l’importance économique de ces liens dépend des régions. A ce titre, le partenariat entre le Nord-Pas-de-Calais et le groupe Voix du Nord autour de plusieurs chaînes de télévision locales constitue un type de relation élaboré, qui ne se retrouve pas dans toutes les régions.Autre singularité nordiste : le climat hostile entretenu tout au long de la campagne entre les candidats frontistes et la presse locale. Rien de tel à Marseille, où il n’y a eu « aucune crispation », selon M. Marcoul. A Nice, reconnaît Denis Carreaux, « la personnalité de Marion Maréchal-Le Pen est différente et les relations ne sont pas particulièrement conflictuelles », au contraire de celles avec les élus municipaux ou cantonaux du parti. Il y aurait même, selon lui, « un risque de surexposer le FN, qui attire naturellement les médias ».Gilles Rof (à Marseille)Journaliste au MondeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard L’alarme est nouvelle. BFM-TV agite la menace de 100 suppressions d’emplois si sa concurrente LCI est autorisée à passer en gratuit. Alain Weill, le PDG de NextRadioTV, la maison mère de la chaîne, a affiché ses intentions, lundi 30 novembre, lors d’un déjeuner avec des journalistes. L’argument fait écho aux propos de TF1, qui a promis un plan social, voire l’arrêt de sa chaîne d’information LCI, si sa demande de changement de modèle de diffusion n’est pas acceptée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel d’ici au 31 décembre.Lire aussi :Sur BFM-TV, « le direct n’exclut pas la réflexion »« S’il y a le lancement d’une troisième chaîne d’information gratuite – et, a fortiori, d’une quatrième – nous risquons de devoir réduire la voilure et de licencier », a expliqué Alain Weill, en référence à LCI et au projet de chaîne d’information publique lancé par France Télévisions. Le dirigeant a assuré que l’estimation de 100 emplois menacés valait pour le seul passage de LCI en gratuit.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueSelon les calculs de BFM-TV, chaque perte de 0,1 point d’audience au profit des nouveaux concurrents se traduirait par 4 millions de revenus en moins. « Avec 0,3 point d’audience en moins, on passe dans le rouge », a développé M. Weill, dont le groupe a dégagé 17 millions de résultat net en 2014. Côté emploi, 100 « équivalent temps plein » seraient menacés sur 400 au total (dont environ 320 CDI).« Nous sommes très inquiets »Ce discours marque une rupture. Lors des précédents épisodes, au cours desquels le CSA a refusé le passage de LCI en gratuit, BFM-TV avait simplement menacé d’arrêter d’embaucher. M. Weill ne se rend-il pas coupable de chantage à l’emploi, un travers qu’il dénonçait justement chez TF1 ? « Si c’est la vérité, ce n’est pas un chantage », a-t-il répondu. Avant de faire référence à l’entrée de Free comme quatrième opérateur sur le marché des télécoms, qui a provoqué des licenciements chez Bouygues et SFR.La direction de BFM-TV peut compter sur le soutien d’une représentante du personnel :« Nous sommes très inquiets », a affirmé Céline Bruel, élue au comité d’entreprise de BFM-TV et membre de sa société des journalistes, conviée au déjeuner. « BFM-TV, ce n’est pas du low cost », a insisté Mme Bruel. Les élus négocient en outre en ce moment des augmentations de salaires pour le personnel, a-t-elle noté.« Enjeux économiques considérables »Pour peser, les représentants des salariés des chaînes d’information BFM-TV et iTélé ont demandé à être reçus par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. La démarche rappelle celle des employés de LCI, qui étaient allés jusqu’à manifester devant l’autorité. « Nous ne sommes pas commandités par la direction », s’est toutefois défendue l’élue de BFM-TV.La sortie médiatique du groupe NextRadioTV intervient alors que le CSA doit se prononcer avant la fin décembre sur la nouvelle demande de LCI de passer en gratuit. Certains observateurs croient déceler des signaux favorables à la demande de TF1 :« Les enjeux économiques sont considérables », a par exemple noté le président du CSA, Olivier Schrameck, dans un entretien au Figaro lundi.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesPar ailleurs, afin de rassurer la concurrence, TF1 s’est engagée à ne pas faire d’offres publicitaires couplées avec LCI, ni de promotions croisées, et à ne pas consacrer plus de 30 % de son temps d’antenne aux journaux télévisés. Une façon de se différencier du modèle « info en direct » de BFM-TV.« Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir »Pour M. Weill, ces arguments « ne changent rien ». Et autoriser une troisième, voire une quatrième chaîne d’information, « reviendrait à renforcer les acteurs historiques dominants, TF1 et France Télévisions », a-t-il ajouté. Par rapport à ces chaînes, BFM-TV se dépeint comme un « nouvel entrant », malgré le partenariat capitalistique noué avec Altice, le puissant groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Pour M. Weill, « les pouvoirs publics veulent affaiblir les chaînes d’information existantes, qui apportent de l’indépendance et de la transparence ». « Mais ils confondent indépendance et parti pris. Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir, quel qu’il soit. C’était déjà le cas sous la majorité précédente », a-t-il expliqué. Sa chaîne, après avoir eu des relations un peu crispées avec l’Elysée et Matignon sous Jean-Marc Ayrault, semblait pourtant avoir normalisé son rapport avec le gouvernement.Lire : Critiquée par la majorité, BFM-TV plaide sa cause à Matignon et à l’ÉlyséeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent Marine Le Pen contre La Voix du Nord, c’est une histoire ancienne. Dernier épisode en date, la patronne du FN et candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas du tout apprécié la manchette du quotidien régional de lundi 30 novembre, titrée « pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». Ni la deuxième « une », publiée mardi.La candidate d’extrême droite a donc expliqué qu’en cas de victoire, elle comptait bien « supprimer les subventions » du quotidien :« Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l’énorme subvention qu’ils ont touchée. Nous considérons que les 1,5 million qui sont accordés par an au groupe La Voix du Nord ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres. C’est la raison pour laquelle ils nous attaquent, ils cherchent à défendre leurs subventions alors qu’il y a un million de pauvres dans notre région. »Pourquoi c’est plus compliqué ?1. Pas de subventions directes de la région à la presse locale, mais à une télévisionMarine Le Pen a sans doute été un peu vite en besogne, en oubliant qu’il n’y a pas réellement de subventions régionales à la presse locale. La seule « aide » est l’exonération de contribution économique territoriale (CET), une taxe qui frappe les entreprises, mais cette aide est la même sur tout le territoire et un conseil régional ne peut décider de la supprimer.Marine Le Pen ciblait en fait un point précis : il existe, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, une télévision locale, Weo, créée en 2009, qui est une société d’économie mixte, cogérée par la région, le groupe La Voix et d’autres partenaires (Roularta, la Caisse d’épargne ou NRJ). La Voix du Nord n’a que 35 % des parts, a expliqué le quotidien lundi. En réalité, « le chiffre de 1,5 million d’euros correspond à ce que la région verse en termes de production et de moyens de financement de coproduction entre Weo et les différents organismes », précise-t-on à la Voix du Nord. Ce budget correspond aux « commandes » de productions par la région, qui souhaite des reportages et documentaires pour évoquer son patrimoine, notamment. Ces subventions concernent d’ailleurs une dizaine de télévisions locales et non la seule Weo.« C’est une manière de mettre en avant la région, ces programmes permettent aux habitants de savoir ce qu’il se passe, de défendre l’identité ch’ti », précise-t-on à la région, où l’on assume totalement ces neuf millions d’euros de subvention sur cinq ans. En 2015, les dépenses de la région se sont élevées à 2,12 milliards d’euros. Les 1,5 million consacrés aux programmes de Weo représentent donc 0,07 % de ces dépenses.La région pourrait donc choisir de « torpiller » ce projet si Mme Le Pen arrivait à sa tête, mais les conséquences iraient au-delà de la seule Voix du Nord. D’autres partenaires seraient concernés, sans compter le risque de provoquer la fin d’une télévision locale.2. La fausse collusion entre le groupe de presse et Xavier BertrandMardi, Marine Le Pen a contre-attaqué, quitte à mettre en avant une nouvelle intox : invitée de BFM TV, la patronne du Front national a cette fois cherché à démontrer une collusion entre La Voix du Nord et Xavier Bertrand, son adversaire du parti Les Républicains aux régionales. Elle en profite pour évoquer le rôle de la société Bygmalion.« J’ai découvert que La Voix du Nord est aussi liée à Xavier Bertrand, car figurez-vous que La Voix du Nord est actionnaire de la Télé de Xavier Bertrand, MaTélé, la télé de Saint-Quentin. Et d’ailleurs, La Voix du Nord l’a été un certain temps aux côtés de Bygmalion, vous savez cette société dont Xavier Bertrand expliquait qu’il ne la connaissait pas. »Pourquoi c’est n’importe quoi ?Mais là encore, les ficelles sont un peu grosses.Le groupe La Voix est effectivement actionnaire, à 22,4 %, de MaTélé, une chaîne locale, basée à Saint-Quentin, dans l’Aisne, ville dont Xavier Bertrand est maire. Assez logiquement, le groupe de presse, en situation de quasi-monopole dans la région, est sollicité, ici comme à Lille avec Weo, pour participer à ce type de projets.Cette télévision lancée en 2013 est possédée par divers acteurs. dont une agence de communication et la société télévisuelle Demain !, son actionnaire principal qui possède 56,5 % des parts. Si la chaîne ne se positionne pas spécialement en opposition au maire de Saint-Quentin, il est quelque peu abusif de la qualifier de « télé de Xavier Bertrand ».Bygmalion est en partie installée à Saint-Quentin. La société a effectivement pris des parts dans MaTélé : 11,2 %. Bygmalion a investi dans d’autres télévisions locales, notamment Weo Picardie. Mais elle s’en est retirée après les scandales financiers l’impliquant. Incidemment, La Voix n’avait pas vu d’un très bon œil l’arrivée de Bygmalion dans le capital.A suivre le raisonnement de Marine Le Pen, le groupe La Voix serait ainsi « lié » à tous les élus de toutes les municipalités dans lesquelles il est partie prenante d’un projet. C’est passer très vite sur le fait que ce groupe de presse est le plus puissant de la région, et qu’il est donc logique qu’il s’intéresse aux télévisions locales.En outre, Marine Le Pen explique donc ici que La Voix, qu’elle accusait lundi de collusions avec la gauche, serait selon elle lié aussi à la droite. Ce qui n’est pas très cohérent.Enfin, elle prend soin de lâcher au milieu de tout cela le nom de Bygmalion, qui fut actionnaire minoritaire de cette télévision locale, mais ne l’est plus.Surtout, la polémique de la veille portait sur le fait que Mme Le Pen, mécontente de La Voix du Nord, évoquait la suppression de « subventions » qui n’en étaient, on l’a dit, pas vraiment. Ici, il s’agit d’autre chose : le fait qu’un groupe de presse locale investisse dans des télévisions locales. Ce qui, à y réfléchir quelques instants, semble plutôt cohérent.Lire aussi :Régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie : l’obsession Front nationalSamuel LaurentResponsable des Décodeurs - Vérifications, contexte, données. SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète » : dans son édition du lundi 30 novembre, le quotidien La Voix du Nord a choisi de prendre position dans la campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, alors que les sondages annoncent le Front national en tête en Nord-Pas-de-Calais–Picardie. Jacques Hardoin, directeur général du groupe Rossel-La Voix, explique au Monde le sens de cette démarche.Pourquoi avez-vous décidé de prendre parti contre Marine Le Pen, tête de liste Front national aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais–Picardie ?Notre journal a toujours affiché des positions claires quand il le fallait, comme au lendemain du 21 avril 2002, en appelant à voter contre Jean-Marie Le Pen. Cette fois, nous avons pensé qu’il était important de le faire avant le premier tour prévu dimanche. Mais ce n’est pas une démarche anti-Marine Le Pen, nous restons purement factuels et précis, sans nous situer dans le registre de l’opinion. Nous le ferons de nouveau dans notre édition de mardi, avec deux nouvelles pages consacrées au Front national.Marine Le Pen affirme que votre engagement est partisan et que vous soutenez la majorité sortante, de gauche, pour « défendre votre subvention ». Que répondez-vous ?La somme annuelle de 1,5 million d’euros dont parle Marine Le Pen n’est pas à proprement parler une subvention. Il se trouve que notre groupe est éditeur d’une télévision locale, Weo, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la région. Celle-ci assure un tiers du budget de fonctionnement de la chaîne. En contrepartie, Weo s’intéresse aux domaines de compétence régionale, par exemple aux lycées. Son activité est contrôlée par un comité d’éthique.Si la région se retirait de Weo, pourriez-vous assumer seuls son fonctionnement ?La convention actuelle entre La Voix du Nord et la région court jusqu’en décembre 2016, date à laquelle celle-ci peut décider de sortir. Il n’est pas envisageable pour nous de financer l’intégralité de Weo, mais nous pourrions éventuellement nous tourner vers d’autres collectivités locales.Après cette une, avez-vous eu des retours ? Y a-t-il un risque de clivage de votre lectorat ?Un quotidien régional n’est pas un journal d’opinion et nos lecteurs n’attendent pas de nous une prise de position. Mais nous sommes au service des habitants de la région. A ce titre, il est important de leur faire part de nos inquiétudes économiques, sociales ou culturelles en cas de victoire du FN. Les positions du parti sont contraires aux valeurs que ce journal, issu d’un mouvement de résistance, défend depuis la Libération, et que nous continuerons de défendre.Plus lisible dans ce format. https://t.co/fZavN1ZrPE— jacqueshardoin (@Jacques Hardoin)require(["twitter/widgets"]);Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 16h35 • Mis à jour le02.12.2015 à 09h20 | Stéphane Foucart A chaque étape-clé des négociations climatiques, les climatosceptiques refont surface. La conférence de Paris qui s’ouvre le 30 novembre ne fait pas exception. Comme celle de ­Copenhague, en décembre 2009, elle a été marquée par une recrudescence de l’activisme d’un petit réseau de personnalités niant la réalité du réchauffement en cours ou son origine anthropique.En France, l’événement le plus visible de ce retour des climatosceptiques a été l’ouvrage de Philippe Verdier, chef du service météo de France Télévisions, Climat investigation (Ring, 330 pages, 18 euros). Marketé avec soin par son éditeur, grâce à une vidéo promotionnelle empreinte de conspirationnisme, le livre de M. Verdier a eu un écho important, notamment dans les médias audiovisuels. L’intérêt pour l’ouvrage s’est encore accru après que France Télévisions a annoncé, début novembre, le licenciement de son présentateur météo, accusé d’avoir mis en avant ses fonctions au sein du groupe audiovisuel public pour faire la promotion de son ouvrage.Plusieurs associations et personnalités, regroupées au sein du Collectif des climato-réalistes, ont pris fait et cause pour Philippe ­Verdier et ont lancé une pétition pour le ­soutenir. Ce collectif, créé le 1er septembre, rassemble des promoteurs du libéralisme économique comme la fédération d’associations Liberté chérie, l’Institut Turgot (un cercle de réflexion néolibéral), Contribuables ­associés, ou encore des associations proches des industries fossiles comme l’Amicale des foreurs et des métiers du pétrole. Quelques scientifiques (chimistes, mathématiciens…) font aussi partie du collectif, mais tous sont étrangers à la question climatique.L’événement le plus visible du retour des climatosceptiques, en 2015, a été le livre de Philippe Verdier « Climat investigation »Au reste, leur argumentaire est en grand ­décalage avec l’état des connaissances. Le Collectif des climato-réalistes allègue ainsi « l’absence de tout réchauffement statistiquement significatif (…) depuis près de vingt ans », « la hausse (…) sans accélération du niveau de l’océan depuis un siècle », « la baisse de l’activité cyclonique de ces dernières années », etc. Autant d’affirmations en contradiction avec les constats de la communauté scientifique.Pour Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, et coprésidente du groupe 1 au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « ces scientifiques s’informent généralement sur le climat par le biais de la presse généraliste, où des responsables politiques, des ­acteurs du monde associatif, des ONG, etc., s’expriment sur le changement climatique ». « Cela produit une confusion : “sciences du climat” égale “écologie politique”, ajoute-t-elle. En réalité, les scientifiques qui propagent un discours climatosceptique ne lisent souvent ni les publications scientifiques en sciences du climat ni les différents chapitres des rapports du GIEC. »Le retour des climatosceptiques français s’est également opéré dans les coulisses, loin de la scène médiatique. L’Académie des sciences a ainsi été le théâtre, tout au long de l’année, d’un affrontement discret, mais âpre, ­entre ­climatosceptiques et tenants du consen­sus scientifique. Un groupe – dit « groupe COP21 » – avait été créé en 2014, avec pour mission de rédiger un avis de l’Académie des sciences sur le climat, en appui des négociations devant se ­tenir en décembre à Paris. Mais au sein du groupe, le géophysicien Vincent Courtillot, en rupture avec ses pairs, a évoqué la possibilité de publier un avis minoritaire climatosceptique, au côté de l’avis majoritaire, en ligne avec le consensus scientifique.Lire aussi :#Jourdeclimat : village solaire, maison flottante… des solutions face au réchauffementUne levée de boucliersCette perspective a provoqué une levée de boucliers. « Cette éventualité serait tout à fait déplorable, déclarait au Monde, en mai, le physicien Edouard Brézin, ancien président de l’Académie des sciences et membre du « groupe COP21 ». Cela ne rendrait absolument pas compte de l’état réel des connaissances. Cela reviendrait à publier un avis pour dire que la Terre est ronde et un autre pour dire qu’elle est plate. »L’avis finalement publié le 3 novembre par l’Académie ne comportait pas d’avis minoritaire. Mais la question climatique y a été ­réduite à la portion congrue. Au terme d’un processus dont plusieurs académiciens, interrogés par Le Monde, ont dénoncé l’opacité, la version de travail de huit pages a été ramenée à quatre pages, où la question climatique a presque disparu devant la question de la transition énergétique. Et, si le texte ne remet pas en cause le consensus scientifique, il se garde aussi d’admettre de manière explicite la responsabilité humaine dans le réchauffement en cours, de même qu’il occulte les projections de la dérive climatique à l’horizon de la fin du siècle, en fonction des scénarios d’émissions…Lire aussi :Climat : une académie sous influenceD’autres cénacles, moins prestigieux que l’Académie des sciences, sont également au centre de l’attention des climatosceptiques. Le 18 novembre, la Maison de la chimie accueillait un colloque sur « Chimie et changement climatique » dont l’une des deux présentations introductives, donnée par Vincent Courtillot, assurait que « l’importance relative du Soleil et des gaz à effet de serre dans l’évolution récente du climat terrestre reste encore une question ouverte »…De même, au sein de l’Association des anciens élèves de l’Ecole polytechnique (AX), la possible création d’un groupe de réflexion sur le climat a suscité, à la mi-novembre, une levée de boucliers. Le thème lui-même n’était pas en cause, mais plusieurs membres de l’AX se sont émus de ce que le groupe, animé par Christian Gérondeau, président délégué de l’Automobile Club de France et l’une des figures du mouvement climatosceptique français, ne soit rien d’autre qu’un instrument de dénégation du consensus scientifique.La réalité du problème climatique dérange et bouscule des convictions profondes. « Intégrer les limites planétaires dans sa vision du monde, interroger son rapport au progrès, à la croissance économique : c’est une vraie difficulté, dit Valérie Masson-Delmotte. Cette réticence s’exprime dans toutes les strates de la ­société, y compris parmi les scientifiques de nombreux domaines… »Lire aussi :Climat : le terreau du scepticisme aux Etats-UnisStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI, dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a estimé, en revanche, que « les situations particulières de Paris Première et Planète + ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ».Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois chaînes, actuellement distribuées sur la TNT payante. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision. Au passage, il avait également affiné les critères selon lesquels une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Cette fois, le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMLCI sera donc la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, et en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Dans la minute qui a suivi l’annonce du CSA, le groupe NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV, a estimé qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ».« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill.NextRadioTV ajoute qu’il « va examiner les voies de droit qu’il va engager devant les juridictions compétentes » et « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI.Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le17.12.2015 à 17h05 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation possibles sont actuellement à l’étude.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais ce rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel, consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’une réflexion qui pourrait porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Un immeuble pépiteUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait ainsi de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège du groupe, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Elles interviennent aussi dans un contexte de relative fragilité pour les médias concernés. Pilotée par son directeur général, Fabien Namias, Europe 1 traverse une phase de repli de ses audiences depuis le départ de Laurent Ruquier à l’été 2014. Le JDD est lui dirigé par Jérôme Bellay, un pilier historique du groupe qui a notamment conduit une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990. Celui-ci a été récemment contesté par sa rédaction et doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique plusieurs centaines de millions de téléspectateurs dans le monde. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.12.2015 à 22h53 • Mis à jour le15.12.2015 à 14h00 | Renaud Machart Plus on voyait, au cours d’entretiens télévisés récents, les mines crispées des rescapés et des proches encore en poste à Canal+ de l’ancienne équipe des « Guignols de l’info », moins on doutait que la nouvelle mouture de l’émission satirique phare de la chaîne cryptée jouait un dangereux va-tout avec sa nouvelle formule, programmée lundi 14 décembre.Les « Guignols » étaient absents des écrans depuis six mois. D’abord parce que Vincent Bolloré — qui contrôle Canal+ — en avait souhaité la suppression, probablement en raison des charges violentes contre ses amis politiques — au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui, on s’en souvient, avait passé ses premières vacances de président de la République sur le bateau de M. Bolloré. Ensuite parce que, contrainte de la réinstaurer sous la pression médiatique qui avait dénoncé une attaque contre la liberté de penser, Canal+ dut recruter de nouveaux auteurs et repenser entièrement le concept initial, qui n’avait guère bougé depuis ses débuts, le 29 août 1988.L’émission, intitulée désormais « Les Guignols », retrouvait donc l’antenne, en crypté, lundi à 20 h 50 — avec cinq bonnes minutes de retard sur l’horaire programmé, juste avant la série « Versailles ». Le premier épisode de cette 27e saison a attiré 1,45 million de téléspectateurs (5,5 % de part d’audience), alors que lors de la saison précédente, diffusée en clair et une heure plus tôt dans le cadre du « Grand Journal », l’émission comptait en moyenne entre 1,6 et 1,8 million de téléspectateurs.Si l’on juge que les nouveaux auteurs, Matthieu Burnel, Cédric Clémenceau, Nans Delgado et Frédéric Hazan, ont eu de longues semaines pour préparer leurs premiers sketchs « intemporels », on craint le pire pour la suite tant leur humour est rase-mottes. Leur réaction aux événements récents — COP21, élections régionales — n’est pas plus piquante.Lire aussi :Les Guignols de l’info reviennent en crypté sur Canal+Lucet et Pujadas à la place de PPDL’idée de remplacer PPD — la marionnette à l’effigie de Patrick Poivre d’Arvor, qui menait cette parodie de journal télévisé depuis les débuts des « Guignols » — par Elise Lucet — dont la réplique s’exprime en décalque des manières de Nadine Morano —, par David Pujadas, qui mènent les entretiens, et par deux jeunes animateurs « lambda », qui présentent les nouvelles, n’est probablement pas promise au succès. Encore moins l’idée de rassembler les présentateurs des JT (Elise Lucet, Jean-Pierre Pernaut, David Pujadas, etc.) en une même salle de rédaction : plutôt que les charges acides que menaient les Guignols contre les concurrents de Canal+, on a désormais droit à des blagounettes bien inoffensives entre collègues autour de la table de conférence ou de la machine à café.On pensait que Vincent Bolloré — dont Yves Le Rolland, directeur artistique des « Guignols », jurait, avec des mines d’enfant de chœur, dans l’émission « Le Tube », de Canal+, du 5 décembre, qu’il n’avait rien imposé — aurait fait disparaître certaines marionnettes politiques, dont celle de M. Sarkozy. Elle est bien là, ce qui rassurera, en surface.Mais il est à craindre que son personnage ne soit que gentiment perturbé dans ces « Guignols » new-look qui, s’ils continuent sur ce mode, nous feront les regarder de temps en temps d’un œil professionnel et non plus pour la gondole quotidienne qu’ils provoquaient.Lire aussi :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Véronique Cauhapé Après six mois d’absence et de silence, les Guignols étaient de retour sur Canal+, lundi 14 décembre à 20 h 50, mais cette fois en crypté. On pourra les retrouver un peu plus tard en clair sur le site de la chaîne et celui de Dailymotion (société contrôlée par Vivendi). Au préalable, ils ont également fait une apparition, dans un sketch, à 19 h 50 dans « Le Grand Journal ».Avec ce come-back, cette émission entame sa 27e saison. Autant dire un bail ! Mais aussi un défi car, en juin, elle fut menacée de disparition, jugée trop irrévérencieuse par Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de Canal+. Vincent Bolloré avait déclaré, en février : « Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Après un casting lancé en août pour trouver quatre auteurs – en l’occurrence, Matthieu Burnel, Nans Delgado, Cédric Clémenceau, Frédéric Hazan, retenus parmi plus de mille candidats –, quatre mois de travail ont été nécessaires pour relancer les Guignols sur une nouvelle formule.Créer vingt nouveaux personnages par anDécor repensé, personnages réinventés, ligne éditoriale remaniée… les marionnettes commencent une nouvelle vie. Yves le Rolland, directeur artistique et producteur de l’émission depuis plus de vingt ans, espère que celle-ci durera encore « vingt ans ».Pour ce second souffle, les Guignols se retrouveront désormais non plus dans un studio de JT, mais dans une « newsroom » de chaîne info, plus vaste, avec deux comptoirs, des bureaux, une machine à café et une salle de maquillage.Lire aussi :PPD, la marionnette de PPDA, ne présentera plus Les Guignols de l’infoL’émission sera désormais découpée en plusieurs parties : la salle de rédaction où se discutent les sujets, le plateau que se partagera un couple de présentateurs façon chaîne info, la machine à café, les coulisses.La relookeuse Cristina Cordula dispensera ses conseils beauté en salle de maquillage. Tandis que dans la newsroom, deux « petits nouveaux » – Elise Lucet et bientôt Laurent Delahousse – rejoindront PPD et David Pujadas. Si dans l’ombre, on retrouve les mêmes imitateurs (Yves le Coq, présent depuis 1988, Sandrine Alexi, Marc-Antoine Le Bret…), de nouveaux personnages vont faire leur apparition à l’écran, au rythme de vingt par an (contre sept jusqu’à présent) : Donald Trump (élections américaines obligent), le couple Kanye West et Kim Kardashian, ainsi que le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg.« S’exporter et voyager sur les réseaux sociaux »Car l’ambition est d’accorder une large place à des sujets plus internationaux, notamment les élections américaines, la culture pop outre-Atlantique… Cette ouverture, selon Yves le Rolland, vise à « mieux s’exporter et mieux voyager sur les réseaux sociaux », ainsi que l’a souhaité Vincent Bolloré, qui veut faire de Canal+ un acteur global du divertissement. « Canal+ veut investir massivement dans les contenus premium et diffuser ces contenus à l’international », avait résumé le directeur général de Canal+, Maxime Saada, en juillet.Pour atteindre d’autres pays par Internet, certains sketches seront sous-titrés, en anglais et en espagnol. « Les Guignols ont pour vocation de représenter le théâtre du monde », n’a pas hésité à déclarer leur producteur dans le magazine de Canal+, « Le tube », samedi 5 décembre.L’émission devrait, selon les équipes, marquer une rupture avec le passé. Sans perdre l’ADN de ce qui fit le succès des marionnettes : l’impertinence et le décryptage de l’actualité.Stopper l’érosion des abonnésAncienne vitrine de Canal+ en gratuit, l’émission devient donc un produit réservé aux abonnés, diffusé à 20 h 50, juste avant le prime time. Car la priorité de Vincent Bolloré est désormais de stopper l’érosion des abonnés en France métropolitaine : la chaîne en a perdu 88 000 sur un an.L’idée est qu’une émission aussi emblématique peut être un motif d’abonnement. « Nous considérons que c’est une pépite qui contribue à l’attractivité de la chaîne », soulignait M. Saada en juillet.La nouvelle émission doit aussi servir de vecteur à la présence numérique de Canal+. D’où sa diffusion sur Dailymotion, gratuitement, après sa diffusion à l’antenne. D’où aussi l’idée de lancer de nouvelles marionnettes mondialement connues, comme Donald Trump ou Kim Kardashian.Autre objectif de M. Bolloré : la diversification et le lien entre les différentes entités de Vivendi (Universal Music, Canal+, Dailymotion, Vivendi Village dans le spectacle). « Bolloré souhaite même développer cette marque », selon un membre de l’équipe des Guignols. Un projet de film aurait ainsi été évoqué.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterVéronique CauhapéJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 08h14 • Mis à jour le11.12.2015 à 14h14 | Alexis Delcambre Pour pouvoir notamment exporter des séries, France Télévisions a signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction, dont le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international, a annoncé le groupe, jeudi 10 décembre.L’accord conclu avec le Satev (Syndicat des agences de presse télévisée), le SPFA (Syndicat français des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) prévoit que France Télévisions portera à 25 % de ses dépenses de création les œuvres « dépendantes » (dont elle détient en partie les droits) contre 5 % actuellement. Le groupe bénéficiera ainsi du même seuil de 25 % que les groupes privés.« La moitié de cette part dépendante pourra être réalisée avec la filiale de production de France Télévisions MFP, seule ou en coproduction », précise le groupe, qui s’engage à maintenir à 400 millions d’euros minimum son budget pour la création. L’autre moitié de cette part « dépendante » sera réalisée par des producteurs indépendants mais avec des conditions plus favorables à France Télévision, par exemple sur la durée des droits ou le niveau de coproduction. Les budgets alloués au webcréations devraient également être intégrés à cette part.Du côté de la part « indépendante », France Télévisions a notamment obtenu la possibilité de mieux faire circuler les œuvres au sein de son bouquet de chaînes. Jusqu’ici France Télévisions commandait des œuvres à des producteurs indépendants, à hauteur de 95 % de ses dépenses de création, sans détenir aucun droit de propriété sur elles – un système instauré par les décrets « Tasca » des années 1990 pour protéger les producteurs indépendants et que le ministère de la culture veut réformer.Succès pour Delphine ErnotteOr, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut faire de l’exportation de fictions une nouvelle source de revenus et de rayonnement. Sans attendre une nouvelle réglementation, elle passe ainsi par un accord professionnel amiable pour atteindre son but. Elle prévoit même que sa filiale MFP pourra davantage produire seule : c’est un retour de France Télévisions dans la production en propre, qui rappelle le temps de l’ORTF et de ses grandes séries populaires.Dans la quête des groupes médias pour détenir des contenus, c’est aussi une riposte de France Télévisions à la chaîne TF1, qui va se lancer dans la production en rachetant le producteur Newen, qui réalisait de nombreuses séries pour France Télévisions. L’accord est un succès pour Delphine Ernotte, qui a fait de la maîtrise des droits un enjeu du développement entrepreneurial de France Télévisions, et pour sa directrice du développement commercial et PDG de MFP, Laëtitia Recayte.« Cet accord interprofessionnel répond à la nécessité pour le service public de mieux protéger et de mieux valoriser ses programmes », a indiqué France Télévisions dans un communiqué. « France Télévisions et la production indépendante prennent des engagements mutuels sur la durée des droits, l’exploitation sur les plates-formes numériques, la circulation des œuvres, le partage de la valeur, tant dans la part indépendante que dans la part dépendante » des budgets dédiés à la création, indique le groupe sans autre détail.L’accord est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la culture, Fleur Pellerin, dont le cabinet travaille à élaborer un « acte II » redéfinissant les relations entre producteurs et diffuseurs, quelques mois après la publication d’un premier décret. Cet accord devrait faciliter les choses. Dans un communiqué, la ministre s’est félicitée de « cet accord majeur qui va favoriser l’investissement du service public dans la création, en offrant plus de flexibilité à France Télévisions – qui bénéficiera notamment d’un renforcement de ses capacités de production –, et des garanties solides en faveur des producteurs indépendants ».« Cette « nouvelle alliance » qui renforce le partenariat entre producteurs et diffuseurs permettra un meilleur partage du risque, clarifiera les modèles de production et soutiendra la diversité de la création, a-t-elle ajouté. La ministre souhaite que cette étape importante puisse être complétée très rapidement par un accord sur la transparence, et que des discussions s’engagent très vite entre diffuseurs privés et producteurs sur des principes similaires. »Lire aussi :Télévision : renforçons l’alliance entre producteurs et diffuseurs au service de la créationAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le10.12.2015 à 11h32 | Alexis Delcambre Le PDG de TF1, Nonce Paolini, a déclaré, jeudi 10 décembre, qu’il n’existait « aucune discussion » concernant un éventuel rachat du groupe de télévision privé par l’opérateur télécoms Orange.Auditionné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) afin de défendre sa demande de passage en gratuit de la chaîne d’information LCI, M. Paolini a déclaré que « l’hypothèse d’un rachat de TF1 par Orange sort de nulle part, c’est une curiosité ».Le PDG de TF1 a expliqué avoir eu son actionnaire, Martin Bouygues, au téléphone à ce sujet : « Il m’a assuré que ceci est sans aucun objet. » « On ne voit pas très bien ce que TF1 viendrait faire dans un éventuel rapprochement avec Orange », a ajouté M. Paolini, le dirigeant du groupe, qui contrôle la chaîne vedette TF1, mais aussi les chaînes gratuites TMC, NT1 et HD1.Comme l’a révélé l’agence Bloomberg, lundi, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Lire aussi :Bouygues Telecom discute mariage avec OrangeNouvelle offre du « Monde »Nonce Paolini a par ailleurs déclaré qu’il n’existait à ce jour « aucune discussion » sur une vente de LCI aux actionnaires du groupe Le Monde, qui ont ouvertement fait part de leur intérêt pour la chaîne d’information. M. Paolini a indiqué avoir reçu de la part de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, une nouvelle offre de rachat, vendredi 4 décembre.Cette offre intervient alors que le CSA doit rendre une décision – attendue au plus tôt le 16 décembre – sur le passage en gratuit de LCI. « Nous aurons à juger [de cette offre] en cas de refus » du CSA de passer la chaîne en gratuit, a expliqué M. Paolini, tout en s’interrogeant sur l’« éthique » de cette démarche.Le CSA a publié, fin novembre, une étude sur l’impact du passage en gratuit de la chaîne d’info, réclamé par TF1, qui présente des éléments d’analyse moins défavorables que l’étude de juillet 2014, qui avait motivé son refus.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesLe CSA doit également se prononcer sur deux autres demandes de passage en gratuit concernant Paris Première (groupe M6) et Planète + (groupe Canal+).Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 19h36 • Mis à jour le09.12.2015 à 22h08 Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a décidé, mercredi 9 décembre, de rejeter le recours gracieux qui lui avait été présenté par la chaîne Numéro 23, suite à l’abrogation de son autorisation de diffusion prononcée en octobre.Le CSA considère comme insuffisants les gages donnés par la chaîne quant à son pacte d’actionnaires, à son éventuelle cession à NextRadioTV et au respect de sa ligne éditoriale, explique-t-il dans un communiqué.Pour la première fois de son histoire, le CSA a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet.Numéro 23 a réagi dans un communiqué en annonçant sa « décision d’introduire un recours contentieux » devant le Conseil d’Etat contre la décision du CSA, « afin de faire valoir ses droits et d’assurer la pérennité de la société ». Ce recours permettra à la chaîne de continuer à émettre tant que l’autorité administrative suprême n’aura pas rendu sa décision.Lire aussi :Numéro 23 : dans les coulisses d’une décision inédite Alexis Delcambre Vincent Bolloré ne s’avoue pas vaincu sur le terrain des droits sportifs. Quelques jours après avoir perdu les droits du football anglais au bénéfice d’Altice, le groupe Canal+ a annoncé avoir acquis les droits des trois prochaines éditions de la finale de la Ligue des champions, la compétition phare du football européen.Ces droits étaient la propriété de BeIn Sports, mais la chaîne qatarie devait les revendre, car cet événement fait partie de ceux qui doivent être diffusés en clair (c’est TF1 qui en assurait habituellement la diffusion). Le groupe Canal+ les diffusera donc sur sa chaîne gratuite D8, dont le coût de grille s’alourdira de trois millions d’euros par an.Lire aussi :Droits sportifs, la guerre est relancéeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 21h44 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h23 Une erreur de pilotage est à l’origine de l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à huit français, dont trois sportifs, en mars lors du tournage en Argentine de l’émission de télévision « Dropped ». Un rapport de la Direction d’enquête des accidents de l’aviation civile argentine (JIAAC) diffusé jeudi 17 décembre dit :« Le facteur déclencheur de cet accident a été le défaut d’appréciation des pilotes de la proximité ou du manque de séparation de leurs aéronefs respectifs. Ce manque d’appréciation a entraîné la collision aérienne des aéronefs sans aucune tentative de manœuvre évasive ou d’évitement. »Le rapport de 50 pages relève qu’un des pilotes aurait aussi pu être ébloui peu avant la collision. La JIAAC suggère également que les nécessités du tournage ont pu conduire les pilotes à commettre une imprudence.« Il est plausible d’affirmer que la nécessité de réaliser des images ait pu amener les cameramen à influencer ou à distraire les pilotes. »Aucun survivant Le 9 mars, deux hélicoptères s’étaient heurtés peu après le décollage et avaient pris feu lors du tournage d’une émission de téléréalité de TF1 dans le nord-ouest de l’Argentine.La navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine, médaillé olympique, sont morts dans la catastrophe, ainsi que cinq autres Français, membres de la production de l’émission « Dropped », et les deux pilotes argentins.De nombreux experts aéronautiques estimaient qu’une faute de pilotage pouvait être à l’origine du drame. Les deux hélicoptères, des Ecureuil de fabrication récente (2010), volaient l’un près de l’autre, à faible altitude, quand l’un d’eux heurta le second.Outre le volet argentin de l’enquête, une information judiciaire pour homicide involontaire a également été ouverte le 3 avril par le parquet de Paris.Lire aussi :« Dropped », la plus grande tragédie de l’histoire de la télé-réalité Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique une audience de 70 millions de personnes par semaine, dont la moitié la regardent quotidiennement, selon une étude Ipsos pour 38 pays. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.12.2015 à 22h53 • Mis à jour le15.12.2015 à 14h00 | Renaud Machart Plus on voyait, au cours d’entretiens télévisés récents, les mines crispées des rescapés et des proches encore en poste à Canal+ de l’ancienne équipe des « Guignols de l’info », moins on doutait que la nouvelle mouture de l’émission satirique phare de la chaîne cryptée jouait un dangereux va-tout avec sa nouvelle formule, programmée lundi 14 décembre.Les « Guignols » étaient absents des écrans depuis six mois. D’abord parce que Vincent Bolloré — qui contrôle Canal+ — en avait souhaité la suppression, probablement en raison des charges violentes contre ses amis politiques — au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui, on s’en souvient, avait passé ses premières vacances de président de la République sur le bateau de M. Bolloré. Ensuite parce que, contrainte de la réinstaurer sous la pression médiatique qui avait dénoncé une attaque contre la liberté de penser, Canal+ dut recruter de nouveaux auteurs et repenser entièrement le concept initial, qui n’avait guère bougé depuis ses débuts, le 29 août 1988.L’émission, intitulée désormais « Les Guignols », retrouvait donc l’antenne, en crypté, lundi à 20 h 50 — avec cinq bonnes minutes de retard sur l’horaire programmé, juste avant la série « Versailles ». Le premier épisode de cette 27e saison a attiré 1,45 million de téléspectateurs (5,5 % de part d’audience), alors que lors de la saison précédente, diffusée en clair et une heure plus tôt dans le cadre du « Grand Journal », l’émission comptait en moyenne entre 1,6 et 1,8 million de téléspectateurs.Si l’on juge que les nouveaux auteurs, Matthieu Burnel, Cédric Clémenceau, Nans Delgado et Frédéric Hazan, ont eu de longues semaines pour préparer leurs premiers sketchs « intemporels », on craint le pire pour la suite tant leur humour est rase-mottes. Leur réaction aux événements récents — COP21, élections régionales — n’est pas plus piquante.Lire aussi :Les Guignols de l’info reviennent en crypté sur Canal+Lucet et Pujadas à la place de PPDL’idée de remplacer PPD — la marionnette à l’effigie de Patrick Poivre d’Arvor, qui menait cette parodie de journal télévisé depuis les débuts des « Guignols » — par Elise Lucet — dont la réplique s’exprime en décalque des manières de Nadine Morano —, par David Pujadas, qui mènent les entretiens, et par deux jeunes animateurs « lambda », qui présentent les nouvelles, n’est probablement pas promise au succès. Encore moins l’idée de rassembler les présentateurs des JT (Elise Lucet, Jean-Pierre Pernaut, David Pujadas, etc.) en une même salle de rédaction : plutôt que les charges acides que menaient les Guignols contre les concurrents de Canal+, on a désormais droit à des blagounettes bien inoffensives entre collègues autour de la table de conférence ou de la machine à café.On pensait que Vincent Bolloré — dont Yves Le Rolland, directeur artistique des « Guignols », jurait, avec des mines d’enfant de chœur, dans l’émission « Le Tube », de Canal+, du 5 décembre, qu’il n’avait rien imposé — aurait fait disparaître certaines marionnettes politiques, dont celle de M. Sarkozy. Elle est bien là, ce qui rassurera, en surface.Mais il est à craindre que son personnage ne soit que gentiment perturbé dans ces « Guignols » new-look qui, s’ils continuent sur ce mode, nous feront les regarder de temps en temps d’un œil professionnel et non plus pour la gondole quotidienne qu’ils provoquaient.Lire aussi :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Véronique Cauhapé Après six mois d’absence et de silence, les Guignols étaient de retour sur Canal+, lundi 14 décembre à 20 h 50, mais cette fois en crypté. On pourra les retrouver un peu plus tard en clair sur le site de la chaîne et celui de Dailymotion (société contrôlée par Vivendi). Au préalable, ils ont également fait une apparition, dans un sketch, à 19 h 50 dans « Le Grand Journal ».Avec ce come-back, cette émission entame sa 27e saison. Autant dire un bail ! Mais aussi un défi car, en juin, elle fut menacée de disparition, jugée trop irrévérencieuse par Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de Canal+. Vincent Bolloré avait déclaré, en février : « Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Après un casting lancé en août pour trouver quatre auteurs – en l’occurrence, Matthieu Burnel, Nans Delgado, Cédric Clémenceau, Frédéric Hazan, retenus parmi plus de mille candidats –, quatre mois de travail ont été nécessaires pour relancer les Guignols sur une nouvelle formule.Créer vingt nouveaux personnages par anDécor repensé, personnages réinventés, ligne éditoriale remaniée… les marionnettes commencent une nouvelle vie. Yves le Rolland, directeur artistique et producteur de l’émission depuis plus de vingt ans, espère que celle-ci durera encore « vingt ans ».Pour ce second souffle, les Guignols se retrouveront désormais non plus dans un studio de JT, mais dans une « newsroom » de chaîne info, plus vaste, avec deux comptoirs, des bureaux, une machine à café et une salle de maquillage.Lire aussi :PPD, la marionnette de PPDA, ne présentera plus Les Guignols de l’infoL’émission sera désormais découpée en plusieurs parties : la salle de rédaction où se discutent les sujets, le plateau que se partagera un couple de présentateurs façon chaîne info, la machine à café, les coulisses.La relookeuse Cristina Cordula dispensera ses conseils beauté en salle de maquillage. Tandis que dans la newsroom, deux « petits nouveaux » – Elise Lucet et bientôt Laurent Delahousse – rejoindront PPD et David Pujadas. Si dans l’ombre, on retrouve les mêmes imitateurs (Yves le Coq, présent depuis 1988, Sandrine Alexi, Marc-Antoine Le Bret…), de nouveaux personnages vont faire leur apparition à l’écran, au rythme de vingt par an (contre sept jusqu’à présent) : Donald Trump (élections américaines obligent), le couple Kanye West et Kim Kardashian, ainsi que le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg.« S’exporter et voyager sur les réseaux sociaux »Car l’ambition est d’accorder une large place à des sujets plus internationaux, notamment les élections américaines, la culture pop outre-Atlantique… Cette ouverture, selon Yves le Rolland, vise à « mieux s’exporter et mieux voyager sur les réseaux sociaux », ainsi que l’a souhaité Vincent Bolloré, qui veut faire de Canal+ un acteur global du divertissement. « Canal+ veut investir massivement dans les contenus premium et diffuser ces contenus à l’international », avait résumé le directeur général de Canal+, Maxime Saada, en juillet.Pour atteindre d’autres pays par Internet, certains sketches seront sous-titrés, en anglais et en espagnol. « Les Guignols ont pour vocation de représenter le théâtre du monde », n’a pas hésité à déclarer leur producteur dans le magazine de Canal+, « Le tube », samedi 5 décembre.L’émission devrait, selon les équipes, marquer une rupture avec le passé. Sans perdre l’ADN de ce qui fit le succès des marionnettes : l’impertinence et le décryptage de l’actualité.Stopper l’érosion des abonnésAncienne vitrine de Canal+ en gratuit, l’émission devient donc un produit réservé aux abonnés, diffusé à 20 h 50, juste avant le prime time. Car la priorité de Vincent Bolloré est désormais de stopper l’érosion des abonnés en France métropolitaine : la chaîne en a perdu 88 000 sur un an.L’idée est qu’une émission aussi emblématique peut être un motif d’abonnement. « Nous considérons que c’est une pépite qui contribue à l’attractivité de la chaîne », soulignait M. Saada en juillet.La nouvelle émission doit aussi servir de vecteur à la présence numérique de Canal+. D’où sa diffusion sur Dailymotion, gratuitement, après sa diffusion à l’antenne. D’où aussi l’idée de lancer de nouvelles marionnettes mondialement connues, comme Donald Trump ou Kim Kardashian.Autre objectif de M. Bolloré : la diversification et le lien entre les différentes entités de Vivendi (Universal Music, Canal+, Dailymotion, Vivendi Village dans le spectacle). « Bolloré souhaite même développer cette marque », selon un membre de l’équipe des Guignols. Un projet de film aurait ainsi été évoqué.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterVéronique CauhapéJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Escande La vieillesse est un naufrage, même au sommet de la réussite. L’exceptionnel destin de Sumner Redstone, 92 ans et toujours patron de Viacom, est en train de s’achever dans le déballage le plus sordide et fait désormais les délices du tout Hollywood. Avec tous les ingrédients d’une bonne série télé : l’argent, le sexe et le pouvoir. Le 25 novembre, Manuela Herzer, l’ex-petite amie du plus célèbre magnat américain des médias, a déposé plainte devant la Cour de justice de l’Etat de Californie pour demander le droit de s’occuper de la santé déclinante de Sumner. Le 21 décembre, le juge a décidé de repousser à janvier l’audition des médecins du nonagénaireAprès avoir hérité en 1967 de la petite chaîne de salles de cinéma fondée par son père, Sumner Redstone l’a progressivement transformée en géant des médias grâce à l’acquisition successive du producteur de chaînes de télévision Viacom (MTV, Nickelodeon…), du studio de cinéma Paramount, puis du réseau national CBS. Un empire valorisé aujourd’hui plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) et dont il possède 80 % des droits de vote. Sa fortune personnelle est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Voilà pour l’argent.Une vocation d’homme à femmesLe sexe a accompagné la gloire. Avec son éternelle mèche teinte en blond et sa démarche hésitante, le milliardaire, grièvement blessé lors d’un incendie, s’est découvert sur le tard une vocation d’homme à femmes. A 76 ans, il a divorcé de sa première épouse, s’est remarié trois ans plus tard avec une jeunesse de 39 ans sa cadette, avant de divorcer à nouveau alors qu’il avait 85 ans. Il se met alors en couple avec Manuela Herzer, 50 ans, avant de lui préférer Sydney Holland, 40 ans. The Hollywood Reporter, la bible du quartier le plus célèbre de Los Angeles, a fait ses gorges chaudes de ses aventures avec une jeune chanteuse dont il a imposé l’éphémère groupe de rock féminin, The Electric Barbarellas, sur sa chaîne musicale MTV.En mai, pour ses 92 ans, le vieil homme était apparu pour la dernière fois fermement soutenu par Manuela et Sydney. Mais en octobre, la première fut exclue à la fois du château du testament qui faisait d’elle et de Sydney les curateurs de Sumner, responsables de sa santé. A leur place, c’est Philippe Dauman – directeur général de Viacom et homme de confiance du magnat – qui fut désigné.Depuis, verrouillage complet. Officiellement M. Redstone garde bon pied bon œil, même s’il ne s’exprime plus de manière intelligible. Ce n’est pas l’avis de Manuela, qui le qualifie avec moult détails de « fantôme vivant », incapable de bouger et demandant des soins constants. Les investisseurs s’inquiètent et demandent une contre-expertise. Quelle qu’en soit l’issue, la fin du mélodrame est proche et il y a peu de chances qu’il se termine bien pour l’intrépide Sumner qui avait proclamé un jour qu’il ne mourrait jamais.Lire aussi :Les grands médias audiovisuels américains contraints de changer de stratégiePhilippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 21h44 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h23 Une erreur de pilotage est à l’origine de l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à huit français, dont trois sportifs, en mars lors du tournage en Argentine de l’émission de télévision « Dropped ». Un rapport de la Direction d’enquête des accidents de l’aviation civile argentine (JIAAC) diffusé jeudi 17 décembre dit :« Le facteur déclencheur de cet accident a été le défaut d’appréciation des pilotes de la proximité ou du manque de séparation de leurs aéronefs respectifs. Ce manque d’appréciation a entraîné la collision aérienne des aéronefs sans aucune tentative de manœuvre évasive ou d’évitement. »Le rapport de 50 pages relève qu’un des pilotes aurait aussi pu être ébloui peu avant la collision. La JIAAC suggère également que les nécessités du tournage ont pu conduire les pilotes à commettre une imprudence.« Il est plausible d’affirmer que la nécessité de réaliser des images ait pu amener les cameramen à influencer ou à distraire les pilotes. »Aucun survivant Le 9 mars, deux hélicoptères s’étaient heurtés peu après le décollage et avaient pris feu lors du tournage d’une émission de téléréalité de TF1 dans le nord-ouest de l’Argentine.La navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine, médaillé olympique, sont morts dans la catastrophe, ainsi que cinq autres Français, membres de la production de l’émission « Dropped », et les deux pilotes argentins.De nombreux experts aéronautiques estimaient qu’une faute de pilotage pouvait être à l’origine du drame. Les deux hélicoptères, des Ecureuil de fabrication récente (2010), volaient l’un près de l’autre, à faible altitude, quand l’un d’eux heurta le second.Outre le volet argentin de l’enquête, une information judiciaire pour homicide involontaire a également été ouverte le 3 avril par le parquet de Paris.Lire aussi :« Dropped », la plus grande tragédie de l’histoire de la télé-réalité Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique une audience de 70 millions de personnes par semaine, dont la moitié la regardent quotidiennement, selon une étude Ipsos pour 38 pays. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.11.2015 à 17h15 • Mis à jour le01.12.2015 à 15h58 | Alexandre Piquard L’alarme est nouvelle. BFM-TV agite la menace de 100 suppressions d’emplois si sa concurrente LCI est autorisée à passer en gratuit. Alain Weill, le PDG de NextRadioTV, la maison mère de la chaîne, a affiché ses intentions, lundi 30 novembre, lors d’un déjeuner avec des journalistes. L’argument fait écho aux propos de TF1, qui a promis un plan social, voire l’arrêt de sa chaîne d’information LCI, si sa demande de changement de modèle de diffusion n’est pas acceptée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel d’ici au 31 décembre.Lire aussi :Sur BFM-TV, « le direct n’exclut pas la réflexion »« S’il y a le lancement d’une troisième chaîne d’information gratuite – et, a fortiori, d’une quatrième – nous risquons de devoir réduire la voilure et de licencier », a expliqué Alain Weill, en référence à LCI et au projet de chaîne d’information publique lancé par France Télévisions. Le dirigeant a assuré que l’estimation de 100 emplois menacés valait pour le seul passage de LCI en gratuit.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueSelon les calculs de BFM-TV, chaque perte de 0,1 point d’audience au profit des nouveaux concurrents se traduirait par 4 millions de revenus en moins. « Avec 0,3 point d’audience en moins, on passe dans le rouge », a développé M. Weill, dont le groupe a dégagé 17 millions de résultat net en 2014. Côté emploi, 100 « équivalent temps plein » seraient menacés sur 400 au total (dont environ 320 CDI).« Nous sommes très inquiets »Ce discours marque une rupture. Lors des précédents épisodes, au cours desquels le CSA a refusé le passage de LCI en gratuit, BFM-TV avait simplement menacé d’arrêter d’embaucher. M. Weill ne se rend-il pas coupable de chantage à l’emploi, un travers qu’il dénonçait justement chez TF1 ? « Si c’est la vérité, ce n’est pas un chantage », a-t-il répondu. Avant de faire référence à l’entrée de Free comme quatrième opérateur sur le marché des télécoms, qui a provoqué des licenciements chez Bouygues et SFR.La direction de BFM-TV peut compter sur le soutien d’une représentante du personnel :« Nous sommes très inquiets », a affirmé Céline Bruel, élue au comité d’entreprise de BFM-TV et membre de sa société des journalistes, conviée au déjeuner. « BFM-TV, ce n’est pas du low cost », a insisté Mme Bruel. Les élus négocient en outre en ce moment des augmentations de salaires pour le personnel, a-t-elle noté.« Enjeux économiques considérables »Pour peser, les représentants des salariés des chaînes d’information BFM-TV et iTélé ont demandé à être reçus par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. La démarche rappelle celle des employés de LCI, qui étaient allés jusqu’à manifester devant l’autorité. « Nous ne sommes pas commandités par la direction », s’est toutefois défendue l’élue de BFM-TV.La sortie médiatique du groupe NextRadioTV intervient alors que le CSA doit se prononcer avant la fin décembre sur la nouvelle demande de LCI de passer en gratuit. Certains observateurs croient déceler des signaux favorables à la demande de TF1 :« Les enjeux économiques sont considérables », a par exemple noté le président du CSA, Olivier Schrameck, dans un entretien au Figaro lundi.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesPar ailleurs, afin de rassurer la concurrence, TF1 s’est engagée à ne pas faire d’offres publicitaires couplées avec LCI, ni de promotions croisées, et à ne pas consacrer plus de 30 % de son temps d’antenne aux journaux télévisés. Une façon de se différencier du modèle « info en direct » de BFM-TV.« Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir »Pour M. Weill, ces arguments « ne changent rien ». Et autoriser une troisième, voire une quatrième chaîne d’information, « reviendrait à renforcer les acteurs historiques dominants, TF1 et France Télévisions », a-t-il ajouté. Par rapport à ces chaînes, BFM-TV se dépeint comme un « nouvel entrant », malgré le partenariat capitalistique noué avec Altice, le puissant groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Pour M. Weill, « les pouvoirs publics veulent affaiblir les chaînes d’information existantes, qui apportent de l’indépendance et de la transparence ». « Mais ils confondent indépendance et parti pris. Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir, quel qu’il soit. C’était déjà le cas sous la majorité précédente », a-t-il expliqué. Sa chaîne, après avoir eu des relations un peu crispées avec l’Elysée et Matignon sous Jean-Marc Ayrault, semblait pourtant avoir normalisé son rapport avec le gouvernement.Lire : Critiquée par la majorité, BFM-TV plaide sa cause à Matignon et à l’ÉlyséeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent Marine Le Pen contre La Voix du Nord, c’est une histoire ancienne. Dernier épisode en date, la patronne du FN et candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas du tout apprécié la manchette du quotidien régional de lundi 30 novembre, titrée « pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». Ni la deuxième « une », publiée mardi.La candidate d’extrême droite a donc expliqué qu’en cas de victoire, elle comptait bien « supprimer les subventions » du quotidien :« Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l’énorme subvention qu’ils ont touchée. Nous considérons que les 1,5 million qui sont accordés par an au groupe La Voix du Nord ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres. C’est la raison pour laquelle ils nous attaquent, ils cherchent à défendre leurs subventions alors qu’il y a un million de pauvres dans notre région. »Pourquoi c’est plus compliqué ?1. Pas de subventions directes de la région à la presse locale, mais à une télévisionMarine Le Pen a sans doute été un peu vite en besogne, en oubliant qu’il n’y a pas réellement de subventions régionales à la presse locale. La seule « aide » est l’exonération de contribution économique territoriale (CET), une taxe qui frappe les entreprises, mais cette aide est la même sur tout le territoire et un conseil régional ne peut décider de la supprimer.Marine Le Pen ciblait en fait un point précis : il existe, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, une télévision locale, Weo, créée en 2009, qui est une société d’économie mixte, cogérée par la région, le groupe La Voix et d’autres partenaires (Roularta, la Caisse d’épargne ou NRJ). La Voix du Nord n’a que 35 % des parts, a expliqué le quotidien lundi. En réalité, « le chiffre de 1,5 million d’euros correspond à ce que la région verse en termes de production et de moyens de financement de coproduction entre Weo et les différents organismes », précise-t-on à la Voix du Nord. Ce budget correspond aux « commandes » de productions par la région, qui souhaite des reportages et documentaires pour évoquer son patrimoine, notamment. Ces subventions concernent d’ailleurs une dizaine de télévisions locales et non la seule Weo.« C’est une manière de mettre en avant la région, ces programmes permettent aux habitants de savoir ce qu’il se passe, de défendre l’identité ch’ti », précise-t-on à la région, où l’on assume totalement ces neuf millions d’euros de subvention sur cinq ans. En 2015, les dépenses de la région se sont élevées à 2,12 milliards d’euros. Les 1,5 million consacrés aux programmes de Weo représentent donc 0,07 % de ces dépenses.La région pourrait donc choisir de « torpiller » ce projet si Mme Le Pen arrivait à sa tête, mais les conséquences iraient au-delà de la seule Voix du Nord. D’autres partenaires seraient concernés, sans compter le risque de provoquer la fin d’une télévision locale.2. La fausse collusion entre le groupe de presse et Xavier BertrandMardi, Marine Le Pen a contre-attaqué, quitte à mettre en avant une nouvelle intox : invitée de BFM TV, la patronne du Front national a cette fois cherché à démontrer une collusion entre La Voix du Nord et Xavier Bertrand, son adversaire du parti Les Républicains aux régionales. Elle en profite pour évoquer le rôle de la société Bygmalion.« J’ai découvert que La Voix du Nord est aussi liée à Xavier Bertrand, car figurez-vous que La Voix du Nord est actionnaire de la Télé de Xavier Bertrand, MaTélé, la télé de Saint-Quentin. Et d’ailleurs, La Voix du Nord l’a été un certain temps aux côtés de Bygmalion, vous savez cette société dont Xavier Bertrand expliquait qu’il ne la connaissait pas. »Pourquoi c’est n’importe quoi ?Mais là encore, les ficelles sont un peu grosses.Le groupe La Voix est effectivement actionnaire, à 22,4 %, de MaTélé, une chaîne locale, basée à Saint-Quentin, dans l’Aisne, ville dont Xavier Bertrand est maire. Assez logiquement, le groupe de presse, en situation de quasi-monopole dans la région, est sollicité, ici comme à Lille avec Weo, pour participer à ce type de projets.Cette télévision lancée en 2013 est possédée par divers acteurs. dont une agence de communication et la société télévisuelle Demain !, son actionnaire principal qui possède 56,5 % des parts. Si la chaîne ne se positionne pas spécialement en opposition au maire de Saint-Quentin, il est quelque peu abusif de la qualifier de « télé de Xavier Bertrand ».Bygmalion est en partie installée à Saint-Quentin. La société a effectivement pris des parts dans MaTélé : 11,2 %. Bygmalion a investi dans d’autres télévisions locales, notamment Weo Picardie. Mais elle s’en est retirée après les scandales financiers l’impliquant. Incidemment, La Voix n’avait pas vu d’un très bon œil l’arrivée de Bygmalion dans le capital.A suivre le raisonnement de Marine Le Pen, le groupe La Voix serait ainsi « lié » à tous les élus de toutes les municipalités dans lesquelles il est partie prenante d’un projet. C’est passer très vite sur le fait que ce groupe de presse est le plus puissant de la région, et qu’il est donc logique qu’il s’intéresse aux télévisions locales.En outre, Marine Le Pen explique donc ici que La Voix, qu’elle accusait lundi de collusions avec la gauche, serait selon elle lié aussi à la droite. Ce qui n’est pas très cohérent.Enfin, elle prend soin de lâcher au milieu de tout cela le nom de Bygmalion, qui fut actionnaire minoritaire de cette télévision locale, mais ne l’est plus.Surtout, la polémique de la veille portait sur le fait que Mme Le Pen, mécontente de La Voix du Nord, évoquait la suppression de « subventions » qui n’en étaient, on l’a dit, pas vraiment. Ici, il s’agit d’autre chose : le fait qu’un groupe de presse locale investisse dans des télévisions locales. Ce qui, à y réfléchir quelques instants, semble plutôt cohérent.Lire aussi :Régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie : l’obsession Front nationalSamuel LaurentResponsable des Décodeurs - Vérifications, contexte, données. SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète » : dans son édition du lundi 30 novembre, le quotidien La Voix du Nord a choisi de prendre position dans la campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, alors que les sondages annoncent le Front national en tête en Nord-Pas-de-Calais–Picardie. Jacques Hardoin, directeur général du groupe Rossel-La Voix, explique au Monde le sens de cette démarche.Pourquoi avez-vous décidé de prendre parti contre Marine Le Pen, tête de liste Front national aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais–Picardie ?Notre journal a toujours affiché des positions claires quand il le fallait, comme au lendemain du 21 avril 2002, en appelant à voter contre Jean-Marie Le Pen. Cette fois, nous avons pensé qu’il était important de le faire avant le premier tour prévu dimanche. Mais ce n’est pas une démarche anti-Marine Le Pen, nous restons purement factuels et précis, sans nous situer dans le registre de l’opinion. Nous le ferons de nouveau dans notre édition de mardi, avec deux nouvelles pages consacrées au Front national.Marine Le Pen affirme que votre engagement est partisan et que vous soutenez la majorité sortante, de gauche, pour « défendre votre subvention ». Que répondez-vous ?La somme annuelle de 1,5 million d’euros dont parle Marine Le Pen n’est pas à proprement parler une subvention. Il se trouve que notre groupe est éditeur d’une télévision locale, Weo, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la région. Celle-ci assure un tiers du budget de fonctionnement de la chaîne. En contrepartie, Weo s’intéresse aux domaines de compétence régionale, par exemple aux lycées. Son activité est contrôlée par un comité d’éthique.Si la région se retirait de Weo, pourriez-vous assumer seuls son fonctionnement ?La convention actuelle entre La Voix du Nord et la région court jusqu’en décembre 2016, date à laquelle celle-ci peut décider de sortir. Il n’est pas envisageable pour nous de financer l’intégralité de Weo, mais nous pourrions éventuellement nous tourner vers d’autres collectivités locales.Après cette une, avez-vous eu des retours ? Y a-t-il un risque de clivage de votre lectorat ?Un quotidien régional n’est pas un journal d’opinion et nos lecteurs n’attendent pas de nous une prise de position. Mais nous sommes au service des habitants de la région. A ce titre, il est important de leur faire part de nos inquiétudes économiques, sociales ou culturelles en cas de victoire du FN. Les positions du parti sont contraires aux valeurs que ce journal, issu d’un mouvement de résistance, défend depuis la Libération, et que nous continuerons de défendre.Plus lisible dans ce format. https://t.co/fZavN1ZrPE— jacqueshardoin (@Jacques Hardoin)require(["twitter/widgets"]);Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 16h35 • Mis à jour le02.12.2015 à 09h20 | Stéphane Foucart A chaque étape-clé des négociations climatiques, les climatosceptiques refont surface. La conférence de Paris qui s’ouvre le 30 novembre ne fait pas exception. Comme celle de ­Copenhague, en décembre 2009, elle a été marquée par une recrudescence de l’activisme d’un petit réseau de personnalités niant la réalité du réchauffement en cours ou son origine anthropique.En France, l’événement le plus visible de ce retour des climatosceptiques a été l’ouvrage de Philippe Verdier, chef du service météo de France Télévisions, Climat investigation (Ring, 330 pages, 18 euros). Marketé avec soin par son éditeur, grâce à une vidéo promotionnelle empreinte de conspirationnisme, le livre de M. Verdier a eu un écho important, notamment dans les médias audiovisuels. L’intérêt pour l’ouvrage s’est encore accru après que France Télévisions a annoncé, début novembre, le licenciement de son présentateur météo, accusé d’avoir mis en avant ses fonctions au sein du groupe audiovisuel public pour faire la promotion de son ouvrage.Plusieurs associations et personnalités, regroupées au sein du Collectif des climato-réalistes, ont pris fait et cause pour Philippe ­Verdier et ont lancé une pétition pour le ­soutenir. Ce collectif, créé le 1er septembre, rassemble des promoteurs du libéralisme économique comme la fédération d’associations Liberté chérie, l’Institut Turgot (un cercle de réflexion néolibéral), Contribuables ­associés, ou encore des associations proches des industries fossiles comme l’Amicale des foreurs et des métiers du pétrole. Quelques scientifiques (chimistes, mathématiciens…) font aussi partie du collectif, mais tous sont étrangers à la question climatique.L’événement le plus visible du retour des climatosceptiques, en 2015, a été le livre de Philippe Verdier « Climat investigation »Au reste, leur argumentaire est en grand ­décalage avec l’état des connaissances. Le Collectif des climato-réalistes allègue ainsi « l’absence de tout réchauffement statistiquement significatif (…) depuis près de vingt ans », « la hausse (…) sans accélération du niveau de l’océan depuis un siècle », « la baisse de l’activité cyclonique de ces dernières années », etc. Autant d’affirmations en contradiction avec les constats de la communauté scientifique.Pour Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, et coprésidente du groupe 1 au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « ces scientifiques s’informent généralement sur le climat par le biais de la presse généraliste, où des responsables politiques, des ­acteurs du monde associatif, des ONG, etc., s’expriment sur le changement climatique ». « Cela produit une confusion : “sciences du climat” égale “écologie politique”, ajoute-t-elle. En réalité, les scientifiques qui propagent un discours climatosceptique ne lisent souvent ni les publications scientifiques en sciences du climat ni les différents chapitres des rapports du GIEC. »Le retour des climatosceptiques français s’est également opéré dans les coulisses, loin de la scène médiatique. L’Académie des sciences a ainsi été le théâtre, tout au long de l’année, d’un affrontement discret, mais âpre, ­entre ­climatosceptiques et tenants du consen­sus scientifique. Un groupe – dit « groupe COP21 » – avait été créé en 2014, avec pour mission de rédiger un avis de l’Académie des sciences sur le climat, en appui des négociations devant se ­tenir en décembre à Paris. Mais au sein du groupe, le géophysicien Vincent Courtillot, en rupture avec ses pairs, a évoqué la possibilité de publier un avis minoritaire climatosceptique, au côté de l’avis majoritaire, en ligne avec le consensus scientifique.Lire aussi :#Jourdeclimat : village solaire, maison flottante… des solutions face au réchauffementUne levée de boucliersCette perspective a provoqué une levée de boucliers. « Cette éventualité serait tout à fait déplorable, déclarait au Monde, en mai, le physicien Edouard Brézin, ancien président de l’Académie des sciences et membre du « groupe COP21 ». Cela ne rendrait absolument pas compte de l’état réel des connaissances. Cela reviendrait à publier un avis pour dire que la Terre est ronde et un autre pour dire qu’elle est plate. »L’avis finalement publié le 3 novembre par l’Académie ne comportait pas d’avis minoritaire. Mais la question climatique y a été ­réduite à la portion congrue. Au terme d’un processus dont plusieurs académiciens, interrogés par Le Monde, ont dénoncé l’opacité, la version de travail de huit pages a été ramenée à quatre pages, où la question climatique a presque disparu devant la question de la transition énergétique. Et, si le texte ne remet pas en cause le consensus scientifique, il se garde aussi d’admettre de manière explicite la responsabilité humaine dans le réchauffement en cours, de même qu’il occulte les projections de la dérive climatique à l’horizon de la fin du siècle, en fonction des scénarios d’émissions…Lire aussi :Climat : une académie sous influenceD’autres cénacles, moins prestigieux que l’Académie des sciences, sont également au centre de l’attention des climatosceptiques. Le 18 novembre, la Maison de la chimie accueillait un colloque sur « Chimie et changement climatique » dont l’une des deux présentations introductives, donnée par Vincent Courtillot, assurait que « l’importance relative du Soleil et des gaz à effet de serre dans l’évolution récente du climat terrestre reste encore une question ouverte »…De même, au sein de l’Association des anciens élèves de l’Ecole polytechnique (AX), la possible création d’un groupe de réflexion sur le climat a suscité, à la mi-novembre, une levée de boucliers. Le thème lui-même n’était pas en cause, mais plusieurs membres de l’AX se sont émus de ce que le groupe, animé par Christian Gérondeau, président délégué de l’Automobile Club de France et l’une des figures du mouvement climatosceptique français, ne soit rien d’autre qu’un instrument de dénégation du consensus scientifique.La réalité du problème climatique dérange et bouscule des convictions profondes. « Intégrer les limites planétaires dans sa vision du monde, interroger son rapport au progrès, à la croissance économique : c’est une vraie difficulté, dit Valérie Masson-Delmotte. Cette réticence s’exprime dans toutes les strates de la ­société, y compris parmi les scientifiques de nombreux domaines… »Lire aussi :Climat : le terreau du scepticisme aux Etats-UnisStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est une histoire glauque. Où le malaise lié à la vente d’images d’attentats se mêle aux versions contradictoires des protagonistes. L’achat, par le Daily Mail, pour 50 000 euros, d’une vidéosurveillance filmée le soir des attentats du 13 novembre à la pizzeria Casa Nostra, située dans le 11e arrondissement de Paris, a suscité l’émotion.L’indignation s’est d’abord concentrée sur le patron de la pizzeria, accusé par un document diffusé au « Petit Journal » de Canal+ d’avoir vendu les images des fusillades. Mais, depuis, ses démentis ont créé une certaine confusion.Lire aussi :Attentats : 50 000 euros pour des images de vidéosurveillanceQui a vendu la vidéo ?Pour le journaliste Djaffer Ait Aoudia, pas de doute : c’est le patron de la pizzeria, Dmitri Mohamadi, qui a cédé les images. Il l’a expliqué au « Petit Journal », lundi 23 novembre, en diffusant une vidéo qu’il a tournée en caméra cachée dans la cave du restaurant.La vidéo de surveillance de la Casa Nostra - Le Petit Journal du 23/11En réponse, le patron du Casa Nostra a démenti avoir touché l’argent du Daily Mail, sur Nice Matin et France 2 notamment. Il a d’abord pointé du doigt le journaliste Djaffer Ait Aoudia, qui l’aurait incité à vendre les images : « Le journaliste qui a témoigné au “Petit Journal”, il est venu pour une interview et il voulait la vidéo. C’est le seul que j’ai fait entrer dans ma cave. C’est surtout lui qui m’a proposé de prendre de l’argent. »Puis à RTL, le patron a assuré qu’un proche avait empoché l’argent : « Des gens que je connais, de la famille. Un cousin éloigné qui avait les clés. J’ai porté plainte, c’est très choquant. »Que penser des démentis du patron ?L’histoire du « cousin » fait écho à la façon dont BFMTV s’est vu proposer les images : une personne se présentant comme un employé de la pizzeria, « ami d’un cousin du patron », a demandé 50 000 euros à la chaîne d’info, qui a refusé, raconte au Monde une source au sein de la chaîne.Une autre étaie le discours du patron selon lequel il ne voulait pas d’argent : il a montré les images à « tout le monde » dans le quartier, dit-il. Et il avait d’abord accepté de donner les images gratuitement à un journal algérien, qui en a finalement fait un texte le dimanche 15, a pointé Rue89.En revanche, malgré ses démentis, le propriétaire de la pizzeria reste accusé par « Le Petit Journal » : « Un proche semblait effectivement à la manœuvre mais le patron ne pouvait pas ignorer la transaction », explique « Le Petit Journal » à FTVinfo. Europe 1, qui a eu accès aux images non floutées, est aussi catégorique : « C’est le “cousin” qui parle et négocie avec les journalistes anglais. A côté, le patron hésite mais accepte finalement la transaction. Il propose même une réduction si les Anglais achètent la vidéo, de moins bonne qualité, enregistrée sur son téléphone portable. »Quel a été le rôle du journaliste ?Djaffer Ait Aoudia est journaliste pigiste. Il raconte qu’il a commencé à venir dans la pizzeria pour préparer un portrait du propriétaire après les attentats.Il est tombé sur place sur les journalistes du Daily Mail et il a pu ensuite suivre les négociations car les protagonistes étaient habitués à sa présence, a-t-il expliqué au « Petit Journal ». En désaccord, il a choisi de filmer en caméra cachée à partir du lundi 16 et de « porter le sujet à la connaissance du public », via l’émission de Canal+, contactée le jeudi 19.Le patron de la pizzeria Casa Nostra parle à France 2 Le patron de la pizzeria a une version tout autre. Il a affirmé sur France 2 que le journaliste lui a proposé 12 000 euros :« Je pense que ce qui l’a dégoûté, ce mec-là, c’est le fait de ne pas avoir les images en premier. Au début, j’allais lui donner. (…) Finalement, je ne voulais pas. Il l’a mal pris. »Par ailleurs, alors qu’il avait filmé à son insu le propriétaire pour le confondre, le journaliste a proposé au Monde un sujet-texte décrivant le contenu des images de la Casa Nostra, auxquelles il avait « eu accès ». Il disait avoir été en contact avec le Daily Mail, qui allait publier les images. Mais il n’a pas parlé d’une transaction dont il aurait été témoin. Sa proposition semblait floue, elle a été refusée.Joint par Le Monde, Djaffer Ait Aoudia assume sa démarche :« J’avais deux sujets. L’un d’actualité, dans lequel j’ai proposé de commenter les images, après leur sortie sur le site du Daily Mail, le 18 à minuit. L’autre, a posteriori, pour raconter les coulisses. » Le journaliste dément avoir voulu vendre ou acheter les images. Il reconnaît toutefois avoir cherché à les récupérer, auprès du patron, mais seulement le 19, « après leur diffusion sur le Daily Mail ». Il les voulait pour éviter d’avoir le logo du journal britannique, s’il utilisait le document pour un éventuel sujet pour la télévision, explique-t-il.Quant à l’idée de la caméra cachée, elle aurait été suggérée par sa boîte de production, dans le cadre de discussions sur un sujet sur « le marchandage des images », dit-il.Qui a payé pour les images ?Le Daily Mail a justifié le fait d’avoir acheté la vidéo, une démarche courante dans les pays anglo-saxons : « Il n’y a rien dans l’acquisition par le Daily Mail de cette vidéo qui puisse faire l’objet d’une controverse », a déclaré un porte-parole à l’AFP. « Elle a été obtenue sur fond de forte compétition entre les médias français et internationaux et fournit une perspective essentielle » sur les attentats.Selon Djaffer Ait Aoudia, « Le Petit Journal » a payé « environ 1 000 euros » pour son sujet et sa vidéo, à lui-même et à sa société de production. Une estimation fondée sur le tarif syndical des images en télévision, autour de 1 000 à 1 500 euros la minute, explique-t-il.Enfin, de nombreux médias ont diffusé les images, dont France 2 par exemple. Mais on ne sait pas s’ils les ont payées ni combien.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.11.2015 à 12h57 • Mis à jour le24.11.2015 à 16h15 | Alexis Delcambre Les salariés du Groupe Altice Média (L’Express, L’Expansion…) poursuivent leur mobilisation contre les mesures d’économies envisagées par leur direction. Mardi 24 novembre a été prévu un arrêt de travail de quelques heures, alors qu’environ 120 suppressions de postes restent envisagées.Lancé par tous les syndicats et sociétés de journalistes, cet arrêt de travail se veut une réponse à la « vacuité du projet stratégique » présenté lors des comités d’entreprise du 30 octobre et du 18 novembre, estiment ces représentants.« Ligne éditoriale positive »Le mécontentement touche notamment la rédaction de L’Expansion où la société des rédacteurs juge le projet de nouvelle formule « contraire aux principes et aux règles éthiques ». Elle réagi ainsi à un projet qui revendique une « ligne éditoriale positive », qui valorise les entreprises et noue des relations avec elles à travers notamment le développement d’événements.À L’Express, le projet de nouvelle formule présenté par Christophe Barbier suscite également des interrogations. L’objectif du directeur des rédactions est de faire de l’hebdomadaire un titre « premium » et « référent », un projet perçu par certains comme trop élitiste.Lire aussi :La tension monte d’un cran à « L’Express » après le vote d’une double motion de défiancePlus généralement, les représentants des salariés dénoncent l’écart entre les ambitions affichées et la sévère réduction des coûts et des effectifs conduite par l’équipe dirigeante choisie par l’actionnaire Patrick Drahi. Le groupe devrait perdre 3,5 millions d’euros cette année, hors coût de la clause de cession actuellement ouverte.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande La vieillesse est un naufrage, même au sommet de la réussite. L’exceptionnel destin de Sumner Redstone, 92 ans et toujours patron de Viacom, est en train de s’achever dans le déballage le plus sordide et fait désormais les délices du tout Hollywood. Avec tous les ingrédients d’une bonne série télé : l’argent, le sexe et le pouvoir. Le 25 novembre, Manuela Herzer, l’ex-petite amie du plus célèbre magnat américain des médias, a déposé plainte devant la Cour de justice de l’Etat de Californie pour demander le droit de s’occuper de la santé déclinante de Sumner. Le 21 décembre, le juge a décidé de repousser à janvier l’audition des médecins du nonagénaireAprès avoir hérité en 1967 de la petite chaîne de salles de cinéma fondée par son père, Sumner Redstone l’a progressivement transformée en géant des médias grâce à l’acquisition successive du producteur de chaînes de télévision Viacom (MTV, Nickelodeon…), du studio de cinéma Paramount, puis du réseau national CBS. Un empire valorisé aujourd’hui plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) et dont il possède 80 % des droits de vote. Sa fortune personnelle est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Voilà pour l’argent.Une vocation d’homme à femmesLe sexe a accompagné la gloire. Avec son éternelle mèche teinte en blond et sa démarche hésitante, le milliardaire, grièvement blessé lors d’un incendie, s’est découvert sur le tard une vocation d’homme à femmes. A 76 ans, il a divorcé de sa première épouse, s’est remarié trois ans plus tard avec une jeunesse de 39 ans sa cadette, avant de divorcer à nouveau alors qu’il avait 85 ans. Il se met alors en couple avec Manuela Herzer, 50 ans, avant de lui préférer Sydney Holland, 40 ans. The Hollywood Reporter, la bible du quartier le plus célèbre de Los Angeles, a fait ses gorges chaudes de ses aventures avec une jeune chanteuse dont il a imposé l’éphémère groupe de rock féminin, The Electric Barbarellas, sur sa chaîne musicale MTV.En mai, pour ses 92 ans, le vieil homme était apparu pour la dernière fois fermement soutenu par Manuela et Sydney. Mais en octobre, la première fut exclue à la fois du château du testament qui faisait d’elle et de Sydney les curateurs de Sumner, responsables de sa santé. A leur place, c’est Philippe Dauman – directeur général de Viacom et homme de confiance du magnat – qui fut désigné.Depuis, verrouillage complet. Officiellement M. Redstone garde bon pied bon œil, même s’il ne s’exprime plus de manière intelligible. Ce n’est pas l’avis de Manuela, qui le qualifie avec moult détails de « fantôme vivant », incapable de bouger et demandant des soins constants. Les investisseurs s’inquiètent et demandent une contre-expertise. Quelle qu’en soit l’issue, la fin du mélodrame est proche et il y a peu de chances qu’il se termine bien pour l’intrépide Sumner qui avait proclamé un jour qu’il ne mourrait jamais.Lire aussi :Les grands médias audiovisuels américains contraints de changer de stratégiePhilippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 21h44 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h23 Une erreur de pilotage est à l’origine de l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à huit français, dont trois sportifs, en mars lors du tournage en Argentine de l’émission de télévision « Dropped ». Un rapport de la Direction d’enquête des accidents de l’aviation civile argentine (JIAAC) diffusé jeudi 17 décembre dit :« Le facteur déclencheur de cet accident a été le défaut d’appréciation des pilotes de la proximité ou du manque de séparation de leurs aéronefs respectifs. Ce manque d’appréciation a entraîné la collision aérienne des aéronefs sans aucune tentative de manœuvre évasive ou d’évitement. »Le rapport de 50 pages relève qu’un des pilotes aurait aussi pu être ébloui peu avant la collision. La JIAAC suggère également que les nécessités du tournage ont pu conduire les pilotes à commettre une imprudence.« Il est plausible d’affirmer que la nécessité de réaliser des images ait pu amener les cameramen à influencer ou à distraire les pilotes. »Aucun survivant Le 9 mars, deux hélicoptères s’étaient heurtés peu après le décollage et avaient pris feu lors du tournage d’une émission de téléréalité de TF1 dans le nord-ouest de l’Argentine.La navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine, médaillé olympique, sont morts dans la catastrophe, ainsi que cinq autres Français, membres de la production de l’émission « Dropped », et les deux pilotes argentins.De nombreux experts aéronautiques estimaient qu’une faute de pilotage pouvait être à l’origine du drame. Les deux hélicoptères, des Ecureuil de fabrication récente (2010), volaient l’un près de l’autre, à faible altitude, quand l’un d’eux heurta le second.Outre le volet argentin de l’enquête, une information judiciaire pour homicide involontaire a également été ouverte le 3 avril par le parquet de Paris.Lire aussi :« Dropped », la plus grande tragédie de l’histoire de la télé-réalité Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique une audience de 70 millions de personnes par semaine, dont la moitié la regardent quotidiennement, selon une étude Ipsos pour 38 pays. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le PDG de TF1, Nonce Paolini, a déclaré, jeudi 10 décembre, qu’il n’existait « aucune discussion » concernant un éventuel rachat du groupe de télévision privé par l’opérateur télécoms Orange.Auditionné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) afin de défendre sa demande de passage en gratuit de la chaîne d’information LCI, M. Paolini a déclaré que « l’hypothèse d’un rachat de TF1 par Orange sort de nulle part, c’est une curiosité ».Le PDG de TF1 a expliqué avoir eu son actionnaire, Martin Bouygues, au téléphone à ce sujet : « Il m’a assuré que ceci est sans aucun objet. » « On ne voit pas très bien ce que TF1 viendrait faire dans un éventuel rapprochement avec Orange », a ajouté M. Paolini, le dirigeant du groupe, qui contrôle la chaîne vedette TF1, mais aussi les chaînes gratuites TMC, NT1 et HD1.Comme l’a révélé l’agence Bloomberg, lundi, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Lire aussi :Bouygues Telecom discute mariage avec OrangeNouvelle offre du « Monde »Nonce Paolini a par ailleurs déclaré qu’il n’existait à ce jour « aucune discussion » sur une vente de LCI aux actionnaires du groupe Le Monde, qui ont ouvertement fait part de leur intérêt pour la chaîne d’information. M. Paolini a indiqué avoir reçu de la part de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, une nouvelle offre de rachat, vendredi 4 décembre.Cette offre intervient alors que le CSA doit rendre une décision – attendue au plus tôt le 16 décembre – sur le passage en gratuit de LCI. « Nous aurons à juger [de cette offre] en cas de refus » du CSA de passer la chaîne en gratuit, a expliqué M. Paolini, tout en s’interrogeant sur l’« éthique » de cette démarche.Le CSA a publié, fin novembre, une étude sur l’impact du passage en gratuit de la chaîne d’info, réclamé par TF1, qui présente des éléments d’analyse moins défavorables que l’étude de juillet 2014, qui avait motivé son refus.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesLe CSA doit également se prononcer sur deux autres demandes de passage en gratuit concernant Paris Première (groupe M6) et Planète + (groupe Canal+).Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 19h36 • Mis à jour le09.12.2015 à 22h08 Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a décidé, mercredi 9 décembre, de rejeter le recours gracieux qui lui avait été présenté par la chaîne Numéro 23, suite à l’abrogation de son autorisation de diffusion prononcée en octobre.Le CSA considère comme insuffisants les gages donnés par la chaîne quant à son pacte d’actionnaires, à son éventuelle cession à NextRadioTV et au respect de sa ligne éditoriale, explique-t-il dans un communiqué.Pour la première fois de son histoire, le CSA a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet.Numéro 23 a réagi dans un communiqué en annonçant sa « décision d’introduire un recours contentieux » devant le Conseil d’Etat contre la décision du CSA, « afin de faire valoir ses droits et d’assurer la pérennité de la société ». Ce recours permettra à la chaîne de continuer à émettre tant que l’autorité administrative suprême n’aura pas rendu sa décision.Lire aussi :Numéro 23 : dans les coulisses d’une décision inédite Alexis Delcambre Vincent Bolloré ne s’avoue pas vaincu sur le terrain des droits sportifs. Quelques jours après avoir perdu les droits du football anglais au bénéfice d’Altice, le groupe Canal+ a annoncé avoir acquis les droits des trois prochaines éditions de la finale de la Ligue des champions, la compétition phare du football européen.Ces droits étaient la propriété de BeIn Sports, mais la chaîne qatarie devait les revendre, car cet événement fait partie de ceux qui doivent être diffusés en clair (c’est TF1 qui en assurait habituellement la diffusion). Le groupe Canal+ les diffusera donc sur sa chaîne gratuite D8, dont le coût de grille s’alourdira de trois millions d’euros par an.Lire aussi :Droits sportifs, la guerre est relancéeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 10h43 • Mis à jour le09.12.2015 à 11h41 | Sandrine Cassini, Sarah Belouezzane et Isabelle Chaperon La trêve aura été de courte durée. Six mois après la tentative de rachat de Bouygues Telecom par Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR, le grand bal des négociations entre opérateurs télécoms a recommencé. Comme l’a révélé l’agence Bloomberg lundi 7 décembre, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Selon nos informations, les négociations ont été entamées au début de l’automne, lorsque le président de Bouygues est allé voir Stéphane Richard, PDG de l’opérateur historique, afin de réactiver un projet datant de 2014. Le bétonneur a posé une condition : que l’opération soit réglée essentiellement en titres, de façon à permettre à Bouygues d’entrer au capital d’Orange.Ces discussions sont « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autreInterrompues au moment de l’appel d’offres sur les « fréquences en or » de téléphonie mobile (les fameuses 700 MHz), achevées le jeudi 19 novembre, les discussions ont repris à l’initiative de M. Bouygues dès le lendemain du processus. Une telle opération lui permettrait de rester présent dans le secteur des télécoms, qui lui tient à cœur.Lire aussi :« Fréquences en or » : 2,8 milliards d’euros pour l’EtatSur la base d’une valorisation de 10 milliards d’euros pour le seul Bouygues Telecom, le conglomérat présent dans le secteur de la construction, qui détient 90 % de sa filiale (aux côtés de JC Decaux), obtiendrait une part de 22 % d’Orange, dont le premier actionnaire est aujourd’hui l’Etat, avec 25 % des actions. « Le groupe Bouygues indique qu’il n’a aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision et réaffirme son ancrage durable dans ces deux industries », a précisé le groupe familial, utilisant une formulation ambiguë lui permettant d’éviter un démenti.Les pouvoirs publics ont été tenus informés de ces discussions, « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autre. En juin, lorsque M. Drahi avait mis sur la table une offre de 10 milliards d’euros pour racheter Bouygues Telecom, le gouvernement s’était montré très réticent à la perspective de cette concentration.« Je dis et répète que la consolidation n’est pas aujourd’hui souhaitable pour le secteur. L’emploi, l’investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or, les conséquences d’une consolidation sont à ces égards négatives, comme l’ont prouvé les cas récents en Europe », avait lancé Emmanuel Macron, le ministre de l’économie. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée »A l’époque, toutefois, le gouvernement s’inquiétait avant tout du sort réservé à son prochain appel d’offres sur les fréquences 700 MHz. Le passage de quatre à trois acteurs signifiait une compétition limitée et donc une moindre rentrée d’argent. Les enchères ont finalement eu lieu en novembre et ont permis à l’Etat d’engranger 2,8 milliards d’euros, plus que prévu.Interrogations sur le rôle de TF1Cette échéance passée, les pouvoirs publics pourraient voir d’un autre œil la consolidation dans les télécoms. Orange et Bouygues ont commencé leur lobbying et il se déroulerait au plus haut niveau de l’Etat. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée », témoigne un bon connaisseur du dossier. Compte tenu des positions initiales, M. Macron n’aurait pas été mis dans la boucle dans un premier temps. Raison pour laquelle, selon un proche de Bercy, le ministre de l’économie ne cachait pas son irritation après les révélations de ces discussions, lundi.Lire aussi :Bouygues dément un éventuel rachat par Orange de ses activités médias et télécomsCoïncidence troublante, Les Echos ont révélé que Martin Bouygues avait écrit le 4 décembre au premier ministre, Manuel Valls, pour réclamer 2,28 milliards d’euros à l’Etat, une somme censée le dédommager du préjudice lié à l’arrivée de Free début 2012, un quatrième opérateur qui a déstabilisé le marché. Une façon de mettre la pression sur les pouvoirs publics ? De même, certains s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer la chaîne TF1, qui serait associée à la transaction, selon Bloomberg, dans la réussite de l’opération.C’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenirPour prendre forme, le rapprochement doit néanmoins franchir de nombreux obstacles. Orange et Bouygues Telecom savent qu’ils auront fort à faire pour convaincre la Commission européenne, dont la nouvelle commissaire à la concurrence Margrethe Vestager se montre peu favorable à la consolidation. En septembre, Bruxelles avait mis son veto à la fusion au Danemark de TeliaSonera et de Telenor, une opération qui aurait fait passer le marché de quatre à trois opérateurs.En France, c’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenir. Son président, Bruno Lasserre, avait ouvert la porte à la consolidation, en indiquant en 2014 qu’il n’y avait pas de nombre « magique » d’opérateurs. Pour autant, Orange détient déjà 50 % du marché fixe et mobile, ce qui rend difficile pour lui l’acquisition d’un concurrent.Le mariage doit obtenir l’approbation de la « famille »Conscient de cet écueil, Stéphane Richard a, selon nos informations, prévenu dès le départ SFR et Free des tractations en cours. Objectif : définir avec eux quels actifs ils seraient prêts à racheter, afin de mieux répartir leurs forces et amadouer les autorités de la concurrence.En d’autres termes, une reprise par Orange signifierait le démantèlement de Bouygues Telecom. En 2014, lors de précédentes négociations, d’abord avec SFR puis avec Orange, Bouygues avait prévu de céder son réseau fixe et des fréquences pour 1,8 milliard d’euros. Depuis, la donne a changé, Free ayant récupéré des fréquences de téléphonie lors du dernier appel d’offres.L’élimination d’un concurrent est le prélude à une accalmie dans la guerre des prixCependant, l’élimination d’un concurrent étant le prélude à une accalmie dans la guerre des prix, SFR et Free ont intérêt à jouer le jeu et à se partager fréquences, réseaux, équipes et boutiques de leur concurrent. C’est toute la particularité de ce secteur. Pour que l’un des acteurs se marie avec l’autre, il faut que l’ensemble de la « famille » soit d’accord.Autre sujet décisif pour la réussite de ce rapprochement : la gouvernance. Martin Bouygues n’est pas du genre à se contenter d’un strapontin en échange de son précieux réseau. Un équilibre doit donc être trouvé avec l’Etat, afin que ce dernier partage ses prérogatives de premier actionnaire avec le groupe privé.Ce n’est pas impossible, relève un banquier d’affaires, comme le prouve le tour de table de Thales. L’Etat et Dassault, au coude-à-coude au capital du groupe d’électronique et de défense, avec respectivement 27 % et 26 % des actions, y sont liés par un pacte d’actionnaires. Cela n’empêche évidemment pas les frictions, à l’image de la nomination contrariée d’Henri Proglio à la présidence de Thales en mai 2015. Mais dans l’ensemble, toutes les parties se montrent satisfaites de cet équilibre, six ans après sa construction. Un modèle à suivre ?Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiSandrine CassiniJournaliste au MondeIsabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le groupe détenu par Patrick Drahi entend poursuivre son développement dans la presse, après avoir repris le groupe L’Express et plusieurs autres titres dont Stratégies. Altice, propriétaire également de SFR, est en effet candidat à la reprise de Télé 7 Jours, France Dimanche et Ici Paris, trois magazines appartenant au groupe Lagardère.Selon une source proche du dossier, cette offre serait la mieux placée pour emporter ces trois titres, dont le plus important, Télé7Jours, vend encore 1,2 million d’exemplaires. Joints par Le Monde, les groupes Altice et Lagardère n’ont fait aucun commentaire.Lundi 7 décembre, La lettre de L’Expansion citait les groupes de presse allemand Bauer et italien Mondadori parmi les autres acquéreurs potentiels. Ils seraient désormais distancés par Patrick Drahi et Marc Laufer, selon cette même source proche du dossier.Début octobre, Arnaud Lagardère, associé commandité du groupe, avait admis qu’il se « posait des questions » sur l’éventuelle cession de ces magazines. En 2014, Lagardère a cédé dix de ses titres historiques et le groupe entend se recentrer autour d’un « environnement sacré » composé d’Elle, Europe 1 et le Journal du dimanche.Lire aussi :La stratégie de Lagardère sur les médias en questionAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Nous concentrons nos histoires sur les gens qui sont derrière la technologie. C’est plus intéressant que de faire une chronique sur le dernier iPhone. » C’est avec ce credo que Derek Mead, le rédacteur en chef de Motherboard, explique le succès de son site consacré à l’innovation. Et cette filiale du groupe américain de médias pour jeunes Vice compte désormais percer en France : Motherboard s’y lance mardi 8 décembre, après avoir décliné son site américain en espagnol et ouvert des bureaux au Royaume-Uni, au Canada, au Brésil, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne.Motherboard s’est récemment illustré par quelques scoops, dont la révélation du piratage des données du constructeur de jouets connectés VTech.Lire aussi :VTech : des millions de comptes clients et de profils d’enfants volés lors d’un piratageHackers, zombies et nourriture du futurOu celle des noms des utilisateurs du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison. « Motherboard avait interrogé les hackers eux-mêmes mais aussi des gens qui avaient vu leur nom publié, en rappelant que l’adultère peut être puni de mort dans certains pays », note Sébastien Chavigner, rédacteur en chef de la version française de Motherboard, pour souligner l’approche « humaine » du site.Parmi les premiers sujets français, M. Chavigner racontera sa semaine passée à se nourrir presque exclusivement de Soylent, une forme de nourriture du futur créée pour apporter tous les nutriments nécessaires sous forme de poudre à diluer : « Un enfer » (voir la version américaine). On lira aussi le portrait d’une des personnes chargées de calculer la trajectoire des débris dans « l’espace poubelle ». Ou un sujet sur le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier, parti à Haïti à la recherche des « zombies » – sortes de « morts-vivants », endormis avec des poisons puissants et ranimés après avoir été déclarés morts, explique M. Chavigner. Un sujet conforme au goût des marges et de la provocation de Vice.« Notre approche est globale, explique M. Mead. Nous ne voulons pas seulement parler de New York et de la Silicon Valley : la France et l’Europe ne sont pas assez couverts. » Le rédacteur en chef américain se dit intéressé par le projet de fusion nucléaire Iter.« En France, il y a peu de sites de médias dédiés à l’actualité de l’innovation », regrette M. Chavigner, qui souligne l’importance croissante du thème chez les supports généralistes, comme Le Monde, Le Figaro ou Slate, où la thématique est souvent traitée par une équipe dédiée, comme Pixels au Monde ou Rue89 au Nouvel Observateur.« Wired » et les références anglo-saxonnesPour tous, les exemples sont des sites anglo-saxons comme le très léché The Verge, créé en 2011 et rattaché au groupe de nouveaux médias Vox, ou The Register, réputé sur le thème de la sécurité informatique. Motherboard est connu pour ses enquêtes et ses vidéos (il aura en France quatre personnes dédiées aux images, en plus des quatre permanents de la rédaction).La référence historique incontestée reste le californien Wired, qui dès les années 1990 a proposé un magazine papier époustouflant, doublé d’un site Web quotidien. Propriété du groupe de presse Conde Nast (Vanity Fair, Vogue…), son possible lancement en France fait l’objet de rumeurs régulières.Les essais françaisOccuper ce créneau reste un défi : le magazine papier Humanoïde l’a tenté un an, avant de jeter l’éponge à la mi-septembre ; comme le journal et le site Transfert près de quinze ans avant lui. Le flambeau est pourtant toujours relevé : deux anciens d’Humanoïde se sont lancés à plein temps dans le site Geekzone, alors que d’autres ont rejoint Numerama. Ce site connu pour ses combats autour du téléchargement illégal et des libertés publiques vient d’être racheté et « repositionné ».« Nous avons une ligne beaucoup plus ouverte, proche des Anglo-Saxons : on intègre de la science, de l’économie et de la pop culture », explique Ulrich Rozier. Ce dernier a acquis Numerama grâce au succès de Frandroid, un site consacré au mobile qu’il avait cofondé. Lui aussi revendique un traitement « humain » des technologies et espère importer un peu de l’optimisme américain, parfois forcené dans le cas de Wired.Reste l’épineuse question des modèles économiques : Motherboard bénéficiera du soutien du groupe Vice, expert en publicité ciblant les jeunes et en vidéos sponsorisées. M. Rozier a lui complété ses revenus publicitaires avec des liens vers des fiches de comparateurs de produits et envisage une version payante de Numerama.Lire aussi :L’empire du ViceAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.12.2015 à 15h00 • Mis à jour le08.12.2015 à 16h09 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les grandes manœuvres s’accélèrent dans le domaine de l’information à France Télévisions. Lundi 7 décembre, l’entreprise publique a confié ce domaine sensible à Michel Field, qui dirigeait France 5, en remplacement de Pascal Golomer, conservé par Delphine Ernotte après avoir fait partie de l’équipe précédente. Du côté de France 5, c’est Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, qui remplace provisoirement M. Field.Lire aussi :Michel Field : « Il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans »Pourquoi ce changement, trois mois et demi après l’entrée en fonction de la nouvelle présidente ? Selon un premier niveau de lecture, M. Golomer n’aurait pas donné satisfaction. « A son arrivée, Mme Ernotte a fait le choix de la continuité. Cela n’a pas fonctionné », explique-t-on à la présidence de France Télévisions, en précisant que le remplacement de celui qui a fait toute sa carrière dans le service public, et doit être « appelé à d’autres fonctions », ne sanctionne pas un problème précis.Les dysfonctionnements n’ont pourtant pas manqué, qu’il s’agisse du cafouillage autour de la venue – annulée – de Marine Le Pen à « Des Paroles et des actes », mi-octobre, ou du lancement tardif d’une édition spéciale sur France 2 au soir des attentats du 13 novembre. M. Golomer aurait aussi défendu le directeur de la rédaction de France 2, Eric Monnier, qui devrait prochainement quitter ses fonctions après avoir vu ses méthodes de management contestées par les syndicats.Derrière ces incidents se nichent aussi une divergence d’état d’esprit et une forme d’impatience. L’information est la priorité du début de mandat de Mme Ernotte, qui a choisi de lancer une chaîne en continu et doit mener à son terme un plan de fusion des rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) baptisé « Info 2015 ».Le calendrier est serré : les consultations sociales sur la chaîne d’info doivent commencer en décembre, pour un lancement prévu en septembre 2016. Alors que les syndicats continuent de combattre « Info 2015 », ce projet va nécessiter une accélération du travail en commun, y compris avec les autres acteurs de l’audiovisuel public. « Il faut qu’on avance et qu’on renforce l’esprit collectif », résume-t-on à la présidence.Selon ce deuxième niveau de lecture, il fallait donc tourner la page et installer une figure nouvelle, non marquée par les rivalités entre France 2 et France 3, ni par les affrontements avec les syndicats sur le projet de fusion. D’où le choix de Michel Field, qui doit apporter un « nouveau souffle ».Ce dernier est une pièce importante de l’équipe Ernotte depuis sa constitution. Homme de réseaux, agitateur d’idées, cet agrégé de philosophie entré en télévision chez Christophe Dechavanne en 1989 fait partie de ceux dont la présidente apprécie les conseils. Ces dernières semaines, il a participé aux réunions consacrées au projet de chaîne d’information, chapeauté par un ancien de LCI, comme lui : Germain Dagognet.Sur la chaîne d’information du groupe TF1, M. Field a notamment animé une tranche d’information ou l’émission de débat « Politiquement Show », aux côtés de Patrick Buisson, futur conseiller de Nicolas Sarkozy. D’un point de vue politique, il offre l’avantage d’avoir une image de gauche, en partie liée à son engagement de jeunesse à la Ligue communiste révolutionnaire, tout en ayant bâti une proximité avec l’ancien président de la République. Une double compatibilité précieuse à un an et demi de l’élection présidentielle.L’animateur est surtout connu pour ses émissions culturelles comme « Le Cercle de minuit » ou « Au Field de la nuit ». Cette expérience suscite des interrogations dans la maison. « Nous ne sommes pas surpris qu’il y ait un changement, déclare ainsi Serge Cimino, journaliste à France 3 et membre du bureau national du SNJ. Mais nous sommes étonnés du profil retenu. »Les journalistes ont donc commencé à spéculer sur l’identité du directeur des rédactions qui est à leurs yeux le complément opérationnel indispensable à Michel Field. Des noms comme ceux d’Agnès Vahramian ou d’Hervé Brusini sont cités, mais il semble difficile de convaincre quiconque de porter le projet de fusion. « Michel Field va-t-il remettre en question les projets de l’équipe précédente comme “Info 2015” ? », interroge l’élu (CGT) Marc Chauvelot.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 • Mis à jour le06.12.2015 à 07h37 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place.Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris.Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard.Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ».Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire Alexandre Piquard Surprise : l’Assemblée nationale a voté de justesse et contre l’avis du gouvernement, vendredi 4 décembre, un amendement qui donne raison aux sites de presse en ligne visés par un redressement fiscal pour avoir appliqué le taux superréduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le texte accorde a posteriori à Mediapart ou Arrêt sur images le droit de recourir au taux de 2,1 %, initialement réservé aux médias papier, pour la période entre 2008 et début 2014.Lire : La TVA pour la presse numérique bientôt alignée sur celle du papierLa réaction du gouvernement « pas encore arbitrée »Pour autant, il reste des obstacles pour que le texte soit pleinement confirmé : l’amendement n’a été voté qu’à 11 voix contre 10. Le texte était porté par des députés socialistes, notamment l’ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l’ex-ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative 2015. Une dizaine de députés Les Républicains (LR) avaient déposé un amendement identique, mais le groupe LR, et notamment son président Christian Jacob, avait fermement pris position contre.Le gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, était opposé à l’amendement, accusé de rompre l’égalité devant l’impôt : « Les contribuables qui ont appliqué le taux normal en 2009, 2010, 2011 ne pourront pas obtenir le remboursement, puisque la TVA est prescrite. Ceux qui se sont appliqué d’autorité le taux de 2,1 % en auront donc bénéficié entre 2008 et 2012, et les autres non », a-t-il plaidé. Avant de citer deux autres problèmes juridiques : la conformité envers le droit européen et la rétroactivité, qui suppose qu’on agisse au nom de l’intérêt général.Joint par Le Monde, le cabinet de M. Eckert explique toutefois qu’il n’a pas demandé de seconde délibération sur l’amendement, vendredi. Quant à savoir s’il déposera un amendement pour supprimer la disposition votée jeudi, la question est « prématurée » et pas encore « arbitrée ».L’obstacle du Sénat et du Conseil constitutionnelQue va-t-il se passer maintenant ? Le texte doit être examiné par le Sénat, a priori entre le 10 et le 12 décembre, explique le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), très favorable à l’amendement. Il est alors possible que soit proposée au vote la suppression du texte, à l’initiative du gouvernement ou, éventuellement, à celle de l’opposition de droite, qui dispose d’une majorité au Sénat.Si le texte est modifié, un accord entre sénateurs et députés devra être trouvé au sein d’une commission mixte paritaire entre le 12 et le 15 décembre, note le Spiil. En cas de désaccord, il peut y avoir un second vote à l’Assemblée.Arrivera enfin l’étape du Conseil constitutionnel, avant le 31 décembre. L’autorité peut censurer l’amendement, pensent certains, à l’image du président de la commission des finances, Gilles Carrez (Les Républicains), qui le jugent « totalement inconstitutionnel ».Pour M. Carrez, l’« amendement de rétroactivité comporte un aspect d’amnistie fiscale tout à fait déplaisant ». « Or en droit fiscal, on ne peut admettre qu’un contribuable qui, de sa propre initiative, n’applique pas la loi fiscale, puisse bénéficier d’une sorte de complaisance du Parlement et voir sa situation régularisée a posteriori », selon le député, qui était en désaccord avec la rapporteure générale du budget, la députée PS Valérie Rabault, favorable au texte.Débat sur la rétroactivitéJean-Christophe Boulanger, président du Spiil, rétorque que depuis la création du statut de la presse en ligne, il y a un principe d’égalité entre les titres de presse, quel que soit leur support. Un argument auquel ont été sensibles des parlementaires de droite, qui avaient initialement déposé des amendements, avant que le groupe LR se positionne contre la disposition.« Il n’y a pas de rétroactivité, assure M. Boulanger. L’amendement est une disposition interprétative qui précise comment il fallait appliquer la loi, dans le cas de textes flous ou incohérents. Cela ne change pas les règles ex post [portant sur des faits constitués], ça les clarifie. »Le cas particulier de MediapartDu côté de Mediapart, Edwy Plenel ne s’exprime pas. Mais le site a un argumentaire qui vise à lutter sur le terrain médiatique, dans un dossier jugé politique : il ne s’agit pas « d’amnistie », car il n’y a pas eu de fraude, l’action de Mediapart étant revendiquée, écrit le site.Idem pour la notion « d’amendement Mediapart ». Le site d’investigation, dont certaines enquêtes ont gêné le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande, estime que la personnalisation du dossier autour de son cas particulier est un piège. En première ligne, Mediapart rappelle que le Spiil soutient son combat et que d’autres sites ont fait l’objet d’un redressement, comme Arrêt sur images (540 000 euros) et Indigo Publications (Lettre A, Presse News…).Lire aussi :Mediapart et Arrêt sur images appellent leurs lecteurs à la générositéLe site fondé par Edwy Plenel a toutefois publié, via un blog d’auteur, un billet de Roland Veillepeau, ancien patron de la direction nationale des enquêtes fiscales, selon lequel le contrôle fiscal du site « fleure bon, quoi qu’on dise, le règlement de comptes ».Pour Mediapart, l’enjeu est de taille. Bénéficiaire, il dispose d’une trésorerie de 3 millions d’euros environ. Mais se voit réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc : 3,5 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités.Lire aussi : Mediapart : Plenel prépare l’après-PlenelAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Trente-cinq postes « sauvés » : le plan social prévu dans le groupe L’Express-L’Expansion est passé de 125 départs à 90, jeudi 3 décembre, à l’issue d’une réunion avec les élus syndicaux. Le groupe racheté par le milliardaire des télécoms et des médias Patrick Drahi début 2015 conservera donc une quinzaine de titulaires de carte de presse supplémentaires.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Certaines mauvaises langues verront dans le grand nombre de postes épargnés le signe que le nouvel actionnaire Altice s’était laissé une généreuse marge de négociation. Une source proche de la direction y voit plutôt « l’effet positif du dialogue social ». Une manière de montrer que les hommes placés par Patrick Drahi, parfois décrits comme des gestionnaires raides, n’ont pas rechigné à tenir des dizaines de réunions avec les élus.Le représentant CFDT Jacques Trentesaux se dit lui « plutôt satisfait » sur le nombre de postes conservés : « C’est au-delà de nos attentes de départ », juge l’élu.« Monopoly »Mais le satisfecit s’arrête là : « Sur la stratégie, les dirigeants semblent raisonner davantage en cost killers qu’en patrons de presse », regrette M. Trentesaux. Selon l’élu, les dirigeants d’Altice seraient surtout concentrés sur le jeu de « Monopoly » et de synergies possible entre les titres qu’ils ont racheté (Libération ou, à 49 %, BFM-TV et RMC) ou pourraient acquérir. Moins par la mise en œuvre d’une stratégie éditoriale et économique pour chaque titre.La stratégie présentée par la direction a fait l’objet d’un avis négatif des élus, lundi 30 novembre, note M. Trentesaux. Une semaine plus tôt, les sociétés de rédacteurs avaient rejeté dans une lettre la nouvelle formule envisagée pour L’Expansion, jugée « contraire à la déontologie journalistique ». Le projet prévoyait une « ligne éditoriale positive ». Du côté de L’Express, la relance du journal, prévue pour début mars et fondée sur la recherche d’une plus grande « qualité », rencontre une part de scepticisme au sein de la rédaction. Certains regrettent que ce choix diffère de la ligne du site Web, centrée sur l’actualité chaude, d’autres doutent qu’on puisse faire mieux avec moins de salariés.« Que certains aient des doutes, c’est normal : nous voulons faire les choses par étapes, pour les faire bien, dans la durée et dans l’intérêt des titres », relativise une source proche de la direction. Des groupes de travail thématiques sont à l’œuvre, ajoute cette source, qui rappelle que L’Express-L’Expansion allait mal lors de son rachat. Il prévoit une perte de 4 millions d’euros environ en 2015 et le retour à l’équilibre en 2016. Quant au directeur des rédactions du groupe, Christophe Barbier – qui faisait jeudi dans son éditorial-vidéo un clin d’œil à Libération, qui doit déménager à L’Express en décembre –, il conserve jusqu’ici la confiance des actionnaires.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le03.12.2015 à 08h46 | Alexis Delcambre et Gilles Rof (à Marseille) A Marseille, Nancy, Nice ou Reims, les quotidiens régionaux ne sont pas prêts à imiter leurs homologues nordistes et picard. A l’approche des élections régionales, les 6 et 13 décembre, ces derniers se sont en effet ouvertement engagés contre Marine Le Pen, tête de liste du Front national en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.Lundi 30 novembre et mardi 1er décembre, La Voix du Nord a publié deux doubles pages démontant le discours et les pratiques du parti, qui arrive en tête des intentions de vote dans la région. « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », titrait le quotidien lillois lundi, avant d’énoncer, mardi, « Marine Le Pen et le FN ne sont pas ce qu’ils disent ».Egalement membre du groupe belge Rossel, le quotidien de Roubaix, Nord-Eclair, interrogeait de son côté : « La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? » et « Qui sont réellement les membres du FN ? » Enfin, mercredi, Le Courrier picard, autre titre de Rossel, faisait sa « une » sur « Le vrai visage du FN à la région ».« Rester observateur »S’ils saluent le « courage » de cette démarche, les responsables des journaux diffusés dans d’autres régions où le Front national est annoncé à un niveau élevé, comme en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou en Bourgogne-Franche-Comté, n’entendent pas prendre position.A Nice-Matin, la question a fait débat lundi matin mais la décision a été de « rester observateur ». A La Provence, « il n’y a pas vraiment eu de discussion car nous avons une ligne claire fondée sur l’équilibre », selon son rédacteur en chef, Jean-Michel Marcoul. A Metz ou Nancy, la question ne s’est pas vraiment posée. « Ce n’est pas dans la culture maison », explique un journaliste du Républicain lorrain, un titre membre du groupe Ebra comme L’Est républicain, à Nancy, ou Le Bien public, à Dijon.Interrogés par Le Monde, des responsables de la presse régionale se disent mal à l’aise avec le fait de « prendre le lecteur par la main ». « Nous ne sommes pas là pour ça. Ce serait du reste contre-productif, pense ainsi Denis Carreaux, directeur des rédactions de Nice-Matin. Cela fait longtemps que la presse ne fait plus les résultats des élections. » « C’est difficile de dire au lecteur ce qu’il doit voter », renchérit Didier Louis, rédacteur en chef de L’Union, à Reims.« En prenant position, je mettrais mon journal et mes équipes en porte-à-faux »La démarche de La Voix du Nord « est très politiquement correcte », juge encore un responsable de rédaction. « Nous ne voulons pas jouer les donneurs de leçon à grands coups d’édito ou donner raison à ceux parmi nos lecteurs qui jugent les médias trop proches des politiques », argumente Denis Carreaux. Même son de cloche du côté de l’actionnaire de La Provence, Bernard Tapie, jadis en première ligne contre le Front national : « Tous les discours qui tentent de diaboliser le FN sont inefficaces et ne font que le renforcer. » Ces titres revendiquent une exigence dans le traitement des programmes des candidats. Ainsi, à La Provence, les quatre principaux postulants ont eu droit à un « Face aux lecteurs », avec deux pages consacrées à leurs réponses. Une deuxième série a commencé, mardi matin, de portraits plus approfondis. A Nice, « on essaye de pointer les contradictions, les approximations, les faiblesses éventuelles », énumère Denis Carreaux.Cependant, « ce type de travail doit être fait avec toutes les formations », pense Didier Louis, qui invite ses homologues du Nord à traiter avec la même vigueur les socialistes locaux, qui gouvernent la région depuis sa création, que les candidats frontistes.Tissu de relationsLa plupart des quotidiens s’attachent à rester neutres vis-à-vis des exécutifs locaux – alors que certains affichaient des identités très partisanes jusque dans les années 1980. « Ma position dans la région, en tant que propriétaire de La Provence, rend délicat tout commentaire, admet ainsi Bernard Tapie. En prenant position, je mettrais forcément mon journal et mes équipes en porte-à-faux. » Un tissu de relations existe entre la presse régionale quotidienne et les collectivités locales. Outre la couverture journalistique de leur activité, ces dernières restent des pourvoyeuses de publicité, même si les budgets ont généralement baissé sous l’effet de la crise, et des partenaires d’opérations spéciales. Voire des bouées de sauvetage, à l’image de la région PACA pour Nice-Matin en 2014.Mais l’importance économique de ces liens dépend des régions. A ce titre, le partenariat entre le Nord-Pas-de-Calais et le groupe Voix du Nord autour de plusieurs chaînes de télévision locales constitue un type de relation élaboré, qui ne se retrouve pas dans toutes les régions.Autre singularité nordiste : le climat hostile entretenu tout au long de la campagne entre les candidats frontistes et la presse locale. Rien de tel à Marseille, où il n’y a eu « aucune crispation », selon M. Marcoul. A Nice, reconnaît Denis Carreaux, « la personnalité de Marion Maréchal-Le Pen est différente et les relations ne sont pas particulièrement conflictuelles », au contraire de celles avec les élus municipaux ou cantonaux du parti. Il y aurait même, selon lui, « un risque de surexposer le FN, qui attire naturellement les médias ».Gilles Rof (à Marseille)Journaliste au MondeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 17h54 • Mis à jour le18.12.2015 à 11h27 | Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique une audience de 70 millions de personnes par semaine, dont la moitié la regardent quotidiennement, selon une étude Ipsos pour 38 pays. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.12.2015 à 22h53 • Mis à jour le15.12.2015 à 14h00 | Renaud Machart Plus on voyait, au cours d’entretiens télévisés récents, les mines crispées des rescapés et des proches encore en poste à Canal+ de l’ancienne équipe des « Guignols de l’info », moins on doutait que la nouvelle mouture de l’émission satirique phare de la chaîne cryptée jouait un dangereux va-tout avec sa nouvelle formule, programmée lundi 14 décembre.Les « Guignols » étaient absents des écrans depuis six mois. D’abord parce que Vincent Bolloré — qui contrôle Canal+ — en avait souhaité la suppression, probablement en raison des charges violentes contre ses amis politiques — au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui, on s’en souvient, avait passé ses premières vacances de président de la République sur le bateau de M. Bolloré. Ensuite parce que, contrainte de la réinstaurer sous la pression médiatique qui avait dénoncé une attaque contre la liberté de penser, Canal+ dut recruter de nouveaux auteurs et repenser entièrement le concept initial, qui n’avait guère bougé depuis ses débuts, le 29 août 1988.L’émission, intitulée désormais « Les Guignols », retrouvait donc l’antenne, en crypté, lundi à 20 h 50 — avec cinq bonnes minutes de retard sur l’horaire programmé, juste avant la série « Versailles ». Le premier épisode de cette 27e saison a attiré 1,45 million de téléspectateurs (5,5 % de part d’audience), alors que lors de la saison précédente, diffusée en clair et une heure plus tôt dans le cadre du « Grand Journal », l’émission comptait en moyenne entre 1,6 et 1,8 million de téléspectateurs.Si l’on juge que les nouveaux auteurs, Matthieu Burnel, Cédric Clémenceau, Nans Delgado et Frédéric Hazan, ont eu de longues semaines pour préparer leurs premiers sketchs « intemporels », on craint le pire pour la suite tant leur humour est rase-mottes. Leur réaction aux événements récents — COP21, élections régionales — n’est pas plus piquante.Lire aussi :Les Guignols de l’info reviennent en crypté sur Canal+Lucet et Pujadas à la place de PPDL’idée de remplacer PPD — la marionnette à l’effigie de Patrick Poivre d’Arvor, qui menait cette parodie de journal télévisé depuis les débuts des « Guignols » — par Elise Lucet — dont la réplique s’exprime en décalque des manières de Nadine Morano —, par David Pujadas, qui mènent les entretiens, et par deux jeunes animateurs « lambda », qui présentent les nouvelles, n’est probablement pas promise au succès. Encore moins l’idée de rassembler les présentateurs des JT (Elise Lucet, Jean-Pierre Pernaut, David Pujadas, etc.) en une même salle de rédaction : plutôt que les charges acides que menaient les Guignols contre les concurrents de Canal+, on a désormais droit à des blagounettes bien inoffensives entre collègues autour de la table de conférence ou de la machine à café.On pensait que Vincent Bolloré — dont Yves Le Rolland, directeur artistique des « Guignols », jurait, avec des mines d’enfant de chœur, dans l’émission « Le Tube », de Canal+, du 5 décembre, qu’il n’avait rien imposé — aurait fait disparaître certaines marionnettes politiques, dont celle de M. Sarkozy. Elle est bien là, ce qui rassurera, en surface.Mais il est à craindre que son personnage ne soit que gentiment perturbé dans ces « Guignols » new-look qui, s’ils continuent sur ce mode, nous feront les regarder de temps en temps d’un œil professionnel et non plus pour la gondole quotidienne qu’ils provoquaient.Lire aussi :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Véronique Cauhapé Après six mois d’absence et de silence, les Guignols étaient de retour sur Canal+, lundi 14 décembre à 20 h 50, mais cette fois en crypté. On pourra les retrouver un peu plus tard en clair sur le site de la chaîne et celui de Dailymotion (société contrôlée par Vivendi). Au préalable, ils ont également fait une apparition, dans un sketch, à 19 h 50 dans « Le Grand Journal ».Avec ce come-back, cette émission entame sa 27e saison. Autant dire un bail ! Mais aussi un défi car, en juin, elle fut menacée de disparition, jugée trop irrévérencieuse par Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de Canal+. Vincent Bolloré avait déclaré, en février : « Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Après un casting lancé en août pour trouver quatre auteurs – en l’occurrence, Matthieu Burnel, Nans Delgado, Cédric Clémenceau, Frédéric Hazan, retenus parmi plus de mille candidats –, quatre mois de travail ont été nécessaires pour relancer les Guignols sur une nouvelle formule.Créer vingt nouveaux personnages par anDécor repensé, personnages réinventés, ligne éditoriale remaniée… les marionnettes commencent une nouvelle vie. Yves le Rolland, directeur artistique et producteur de l’émission depuis plus de vingt ans, espère que celle-ci durera encore « vingt ans ».Pour ce second souffle, les Guignols se retrouveront désormais non plus dans un studio de JT, mais dans une « newsroom » de chaîne info, plus vaste, avec deux comptoirs, des bureaux, une machine à café et une salle de maquillage.Lire aussi :PPD, la marionnette de PPDA, ne présentera plus Les Guignols de l’infoL’émission sera désormais découpée en plusieurs parties : la salle de rédaction où se discutent les sujets, le plateau que se partagera un couple de présentateurs façon chaîne info, la machine à café, les coulisses.La relookeuse Cristina Cordula dispensera ses conseils beauté en salle de maquillage. Tandis que dans la newsroom, deux « petits nouveaux » – Elise Lucet et bientôt Laurent Delahousse – rejoindront PPD et David Pujadas. Si dans l’ombre, on retrouve les mêmes imitateurs (Yves le Coq, présent depuis 1988, Sandrine Alexi, Marc-Antoine Le Bret…), de nouveaux personnages vont faire leur apparition à l’écran, au rythme de vingt par an (contre sept jusqu’à présent) : Donald Trump (élections américaines obligent), le couple Kanye West et Kim Kardashian, ainsi que le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg.« S’exporter et voyager sur les réseaux sociaux »Car l’ambition est d’accorder une large place à des sujets plus internationaux, notamment les élections américaines, la culture pop outre-Atlantique… Cette ouverture, selon Yves le Rolland, vise à « mieux s’exporter et mieux voyager sur les réseaux sociaux », ainsi que l’a souhaité Vincent Bolloré, qui veut faire de Canal+ un acteur global du divertissement. « Canal+ veut investir massivement dans les contenus premium et diffuser ces contenus à l’international », avait résumé le directeur général de Canal+, Maxime Saada, en juillet.Pour atteindre d’autres pays par Internet, certains sketches seront sous-titrés, en anglais et en espagnol. « Les Guignols ont pour vocation de représenter le théâtre du monde », n’a pas hésité à déclarer leur producteur dans le magazine de Canal+, « Le tube », samedi 5 décembre.L’émission devrait, selon les équipes, marquer une rupture avec le passé. Sans perdre l’ADN de ce qui fit le succès des marionnettes : l’impertinence et le décryptage de l’actualité.Stopper l’érosion des abonnésAncienne vitrine de Canal+ en gratuit, l’émission devient donc un produit réservé aux abonnés, diffusé à 20 h 50, juste avant le prime time. Car la priorité de Vincent Bolloré est désormais de stopper l’érosion des abonnés en France métropolitaine : la chaîne en a perdu 88 000 sur un an.L’idée est qu’une émission aussi emblématique peut être un motif d’abonnement. « Nous considérons que c’est une pépite qui contribue à l’attractivité de la chaîne », soulignait M. Saada en juillet.La nouvelle émission doit aussi servir de vecteur à la présence numérique de Canal+. D’où sa diffusion sur Dailymotion, gratuitement, après sa diffusion à l’antenne. D’où aussi l’idée de lancer de nouvelles marionnettes mondialement connues, comme Donald Trump ou Kim Kardashian.Autre objectif de M. Bolloré : la diversification et le lien entre les différentes entités de Vivendi (Universal Music, Canal+, Dailymotion, Vivendi Village dans le spectacle). « Bolloré souhaite même développer cette marque », selon un membre de l’équipe des Guignols. Un projet de film aurait ainsi été évoqué.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterVéronique CauhapéJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 17h54 • Mis à jour le18.12.2015 à 11h27 | Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique une audience de 70 millions de personnes par semaine, dont la moitié la regardent quotidiennement, selon une étude Ipsos pour 38 pays. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.12.2015 à 22h53 • Mis à jour le15.12.2015 à 14h00 | Renaud Machart Plus on voyait, au cours d’entretiens télévisés récents, les mines crispées des rescapés et des proches encore en poste à Canal+ de l’ancienne équipe des « Guignols de l’info », moins on doutait que la nouvelle mouture de l’émission satirique phare de la chaîne cryptée jouait un dangereux va-tout avec sa nouvelle formule, programmée lundi 14 décembre.Les « Guignols » étaient absents des écrans depuis six mois. D’abord parce que Vincent Bolloré — qui contrôle Canal+ — en avait souhaité la suppression, probablement en raison des charges violentes contre ses amis politiques — au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui, on s’en souvient, avait passé ses premières vacances de président de la République sur le bateau de M. Bolloré. Ensuite parce que, contrainte de la réinstaurer sous la pression médiatique qui avait dénoncé une attaque contre la liberté de penser, Canal+ dut recruter de nouveaux auteurs et repenser entièrement le concept initial, qui n’avait guère bougé depuis ses débuts, le 29 août 1988.L’émission, intitulée désormais « Les Guignols », retrouvait donc l’antenne, en crypté, lundi à 20 h 50 — avec cinq bonnes minutes de retard sur l’horaire programmé, juste avant la série « Versailles ». Le premier épisode de cette 27e saison a attiré 1,45 million de téléspectateurs (5,5 % de part d’audience), alors que lors de la saison précédente, diffusée en clair et une heure plus tôt dans le cadre du « Grand Journal », l’émission comptait en moyenne entre 1,6 et 1,8 million de téléspectateurs.Si l’on juge que les nouveaux auteurs, Matthieu Burnel, Cédric Clémenceau, Nans Delgado et Frédéric Hazan, ont eu de longues semaines pour préparer leurs premiers sketchs « intemporels », on craint le pire pour la suite tant leur humour est rase-mottes. Leur réaction aux événements récents — COP21, élections régionales — n’est pas plus piquante.Lire aussi :Les Guignols de l’info reviennent en crypté sur Canal+Lucet et Pujadas à la place de PPDL’idée de remplacer PPD — la marionnette à l’effigie de Patrick Poivre d’Arvor, qui menait cette parodie de journal télévisé depuis les débuts des « Guignols » — par Elise Lucet — dont la réplique s’exprime en décalque des manières de Nadine Morano —, par David Pujadas, qui mènent les entretiens, et par deux jeunes animateurs « lambda », qui présentent les nouvelles, n’est probablement pas promise au succès. Encore moins l’idée de rassembler les présentateurs des JT (Elise Lucet, Jean-Pierre Pernaut, David Pujadas, etc.) en une même salle de rédaction : plutôt que les charges acides que menaient les Guignols contre les concurrents de Canal+, on a désormais droit à des blagounettes bien inoffensives entre collègues autour de la table de conférence ou de la machine à café.On pensait que Vincent Bolloré — dont Yves Le Rolland, directeur artistique des « Guignols », jurait, avec des mines d’enfant de chœur, dans l’émission « Le Tube », de Canal+, du 5 décembre, qu’il n’avait rien imposé — aurait fait disparaître certaines marionnettes politiques, dont celle de M. Sarkozy. Elle est bien là, ce qui rassurera, en surface.Mais il est à craindre que son personnage ne soit que gentiment perturbé dans ces « Guignols » new-look qui, s’ils continuent sur ce mode, nous feront les regarder de temps en temps d’un œil professionnel et non plus pour la gondole quotidienne qu’ils provoquaient.Lire aussi :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Véronique Cauhapé Après six mois d’absence et de silence, les Guignols étaient de retour sur Canal+, lundi 14 décembre à 20 h 50, mais cette fois en crypté. On pourra les retrouver un peu plus tard en clair sur le site de la chaîne et celui de Dailymotion (société contrôlée par Vivendi). Au préalable, ils ont également fait une apparition, dans un sketch, à 19 h 50 dans « Le Grand Journal ».Avec ce come-back, cette émission entame sa 27e saison. Autant dire un bail ! Mais aussi un défi car, en juin, elle fut menacée de disparition, jugée trop irrévérencieuse par Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de Canal+. Vincent Bolloré avait déclaré, en février : « Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Après un casting lancé en août pour trouver quatre auteurs – en l’occurrence, Matthieu Burnel, Nans Delgado, Cédric Clémenceau, Frédéric Hazan, retenus parmi plus de mille candidats –, quatre mois de travail ont été nécessaires pour relancer les Guignols sur une nouvelle formule.Créer vingt nouveaux personnages par anDécor repensé, personnages réinventés, ligne éditoriale remaniée… les marionnettes commencent une nouvelle vie. Yves le Rolland, directeur artistique et producteur de l’émission depuis plus de vingt ans, espère que celle-ci durera encore « vingt ans ».Pour ce second souffle, les Guignols se retrouveront désormais non plus dans un studio de JT, mais dans une « newsroom » de chaîne info, plus vaste, avec deux comptoirs, des bureaux, une machine à café et une salle de maquillage.Lire aussi :PPD, la marionnette de PPDA, ne présentera plus Les Guignols de l’infoL’émission sera désormais découpée en plusieurs parties : la salle de rédaction où se discutent les sujets, le plateau que se partagera un couple de présentateurs façon chaîne info, la machine à café, les coulisses.La relookeuse Cristina Cordula dispensera ses conseils beauté en salle de maquillage. Tandis que dans la newsroom, deux « petits nouveaux » – Elise Lucet et bientôt Laurent Delahousse – rejoindront PPD et David Pujadas. Si dans l’ombre, on retrouve les mêmes imitateurs (Yves le Coq, présent depuis 1988, Sandrine Alexi, Marc-Antoine Le Bret…), de nouveaux personnages vont faire leur apparition à l’écran, au rythme de vingt par an (contre sept jusqu’à présent) : Donald Trump (élections américaines obligent), le couple Kanye West et Kim Kardashian, ainsi que le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg.« S’exporter et voyager sur les réseaux sociaux »Car l’ambition est d’accorder une large place à des sujets plus internationaux, notamment les élections américaines, la culture pop outre-Atlantique… Cette ouverture, selon Yves le Rolland, vise à « mieux s’exporter et mieux voyager sur les réseaux sociaux », ainsi que l’a souhaité Vincent Bolloré, qui veut faire de Canal+ un acteur global du divertissement. « Canal+ veut investir massivement dans les contenus premium et diffuser ces contenus à l’international », avait résumé le directeur général de Canal+, Maxime Saada, en juillet.Pour atteindre d’autres pays par Internet, certains sketches seront sous-titrés, en anglais et en espagnol. « Les Guignols ont pour vocation de représenter le théâtre du monde », n’a pas hésité à déclarer leur producteur dans le magazine de Canal+, « Le tube », samedi 5 décembre.L’émission devrait, selon les équipes, marquer une rupture avec le passé. Sans perdre l’ADN de ce qui fit le succès des marionnettes : l’impertinence et le décryptage de l’actualité.Stopper l’érosion des abonnésAncienne vitrine de Canal+ en gratuit, l’émission devient donc un produit réservé aux abonnés, diffusé à 20 h 50, juste avant le prime time. Car la priorité de Vincent Bolloré est désormais de stopper l’érosion des abonnés en France métropolitaine : la chaîne en a perdu 88 000 sur un an.L’idée est qu’une émission aussi emblématique peut être un motif d’abonnement. « Nous considérons que c’est une pépite qui contribue à l’attractivité de la chaîne », soulignait M. Saada en juillet.La nouvelle émission doit aussi servir de vecteur à la présence numérique de Canal+. D’où sa diffusion sur Dailymotion, gratuitement, après sa diffusion à l’antenne. D’où aussi l’idée de lancer de nouvelles marionnettes mondialement connues, comme Donald Trump ou Kim Kardashian.Autre objectif de M. Bolloré : la diversification et le lien entre les différentes entités de Vivendi (Universal Music, Canal+, Dailymotion, Vivendi Village dans le spectacle). « Bolloré souhaite même développer cette marque », selon un membre de l’équipe des Guignols. Un projet de film aurait ainsi été évoqué.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterVéronique CauhapéJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 08h14 • Mis à jour le11.12.2015 à 14h14 | Alexis Delcambre Pour pouvoir notamment exporter des séries, France Télévisions a signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction, dont le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international, a annoncé le groupe, jeudi 10 décembre.L’accord conclu avec le Satev (Syndicat des agences de presse télévisée), le SPFA (Syndicat français des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) prévoit que France Télévisions portera à 25 % de ses dépenses de création les œuvres « dépendantes » (dont elle détient en partie les droits) contre 5 % actuellement. Le groupe bénéficiera ainsi du même seuil de 25 % que les groupes privés.« La moitié de cette part dépendante pourra être réalisée avec la filiale de production de France Télévisions MFP, seule ou en coproduction », précise le groupe, qui s’engage à maintenir à 400 millions d’euros minimum son budget pour la création. L’autre moitié de cette part « dépendante » sera réalisée par des producteurs indépendants mais avec des conditions plus favorables à France Télévision, par exemple sur la durée des droits ou le niveau de coproduction. Les budgets alloués au webcréations devraient également être intégrés à cette part.Du côté de la part « indépendante », France Télévisions a notamment obtenu la possibilité de mieux faire circuler les œuvres au sein de son bouquet de chaînes. Jusqu’ici France Télévisions commandait des œuvres à des producteurs indépendants, à hauteur de 95 % de ses dépenses de création, sans détenir aucun droit de propriété sur elles – un système instauré par les décrets « Tasca » des années 1990 pour protéger les producteurs indépendants et que le ministère de la culture veut réformer.Succès pour Delphine ErnotteOr, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut faire de l’exportation de fictions une nouvelle source de revenus et de rayonnement. Sans attendre une nouvelle réglementation, elle passe ainsi par un accord professionnel amiable pour atteindre son but. Elle prévoit même que sa filiale MFP pourra davantage produire seule : c’est un retour de France Télévisions dans la production en propre, qui rappelle le temps de l’ORTF et de ses grandes séries populaires.Dans la quête des groupes médias pour détenir des contenus, c’est aussi une riposte de France Télévisions à la chaîne TF1, qui va se lancer dans la production en rachetant le producteur Newen, qui réalisait de nombreuses séries pour France Télévisions. L’accord est un succès pour Delphine Ernotte, qui a fait de la maîtrise des droits un enjeu du développement entrepreneurial de France Télévisions, et pour sa directrice du développement commercial et PDG de MFP, Laëtitia Recayte.« Cet accord interprofessionnel répond à la nécessité pour le service public de mieux protéger et de mieux valoriser ses programmes », a indiqué France Télévisions dans un communiqué. « France Télévisions et la production indépendante prennent des engagements mutuels sur la durée des droits, l’exploitation sur les plates-formes numériques, la circulation des œuvres, le partage de la valeur, tant dans la part indépendante que dans la part dépendante » des budgets dédiés à la création, indique le groupe sans autre détail.L’accord est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la culture, Fleur Pellerin, dont le cabinet travaille à élaborer un « acte II » redéfinissant les relations entre producteurs et diffuseurs, quelques mois après la publication d’un premier décret. Cet accord devrait faciliter les choses. Dans un communiqué, la ministre s’est félicitée de « cet accord majeur qui va favoriser l’investissement du service public dans la création, en offrant plus de flexibilité à France Télévisions – qui bénéficiera notamment d’un renforcement de ses capacités de production –, et des garanties solides en faveur des producteurs indépendants ».« Cette « nouvelle alliance » qui renforce le partenariat entre producteurs et diffuseurs permettra un meilleur partage du risque, clarifiera les modèles de production et soutiendra la diversité de la création, a-t-elle ajouté. La ministre souhaite que cette étape importante puisse être complétée très rapidement par un accord sur la transparence, et que des discussions s’engagent très vite entre diffuseurs privés et producteurs sur des principes similaires. »Lire aussi :Télévision : renforçons l’alliance entre producteurs et diffuseurs au service de la créationAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le10.12.2015 à 11h32 | Alexis Delcambre Le PDG de TF1, Nonce Paolini, a déclaré, jeudi 10 décembre, qu’il n’existait « aucune discussion » concernant un éventuel rachat du groupe de télévision privé par l’opérateur télécoms Orange.Auditionné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) afin de défendre sa demande de passage en gratuit de la chaîne d’information LCI, M. Paolini a déclaré que « l’hypothèse d’un rachat de TF1 par Orange sort de nulle part, c’est une curiosité ».Le PDG de TF1 a expliqué avoir eu son actionnaire, Martin Bouygues, au téléphone à ce sujet : « Il m’a assuré que ceci est sans aucun objet. » « On ne voit pas très bien ce que TF1 viendrait faire dans un éventuel rapprochement avec Orange », a ajouté M. Paolini, le dirigeant du groupe, qui contrôle la chaîne vedette TF1, mais aussi les chaînes gratuites TMC, NT1 et HD1.Comme l’a révélé l’agence Bloomberg, lundi, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Lire aussi :Bouygues Telecom discute mariage avec OrangeNouvelle offre du « Monde »Nonce Paolini a par ailleurs déclaré qu’il n’existait à ce jour « aucune discussion » sur une vente de LCI aux actionnaires du groupe Le Monde, qui ont ouvertement fait part de leur intérêt pour la chaîne d’information. M. Paolini a indiqué avoir reçu de la part de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, une nouvelle offre de rachat, vendredi 4 décembre.Cette offre intervient alors que le CSA doit rendre une décision – attendue au plus tôt le 16 décembre – sur le passage en gratuit de LCI. « Nous aurons à juger [de cette offre] en cas de refus » du CSA de passer la chaîne en gratuit, a expliqué M. Paolini, tout en s’interrogeant sur l’« éthique » de cette démarche.Le CSA a publié, fin novembre, une étude sur l’impact du passage en gratuit de la chaîne d’info, réclamé par TF1, qui présente des éléments d’analyse moins défavorables que l’étude de juillet 2014, qui avait motivé son refus.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesLe CSA doit également se prononcer sur deux autres demandes de passage en gratuit concernant Paris Première (groupe M6) et Planète + (groupe Canal+).Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 17h54 • Mis à jour le18.12.2015 à 11h27 | Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique une audience de 70 millions de personnes par semaine, dont la moitié la regardent quotidiennement, selon une étude Ipsos pour 38 pays. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.12.2015 à 22h53 • Mis à jour le15.12.2015 à 14h00 | Renaud Machart Plus on voyait, au cours d’entretiens télévisés récents, les mines crispées des rescapés et des proches encore en poste à Canal+ de l’ancienne équipe des « Guignols de l’info », moins on doutait que la nouvelle mouture de l’émission satirique phare de la chaîne cryptée jouait un dangereux va-tout avec sa nouvelle formule, programmée lundi 14 décembre.Les « Guignols » étaient absents des écrans depuis six mois. D’abord parce que Vincent Bolloré — qui contrôle Canal+ — en avait souhaité la suppression, probablement en raison des charges violentes contre ses amis politiques — au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui, on s’en souvient, avait passé ses premières vacances de président de la République sur le bateau de M. Bolloré. Ensuite parce que, contrainte de la réinstaurer sous la pression médiatique qui avait dénoncé une attaque contre la liberté de penser, Canal+ dut recruter de nouveaux auteurs et repenser entièrement le concept initial, qui n’avait guère bougé depuis ses débuts, le 29 août 1988.L’émission, intitulée désormais « Les Guignols », retrouvait donc l’antenne, en crypté, lundi à 20 h 50 — avec cinq bonnes minutes de retard sur l’horaire programmé, juste avant la série « Versailles ». Le premier épisode de cette 27e saison a attiré 1,45 million de téléspectateurs (5,5 % de part d’audience), alors que lors de la saison précédente, diffusée en clair et une heure plus tôt dans le cadre du « Grand Journal », l’émission comptait en moyenne entre 1,6 et 1,8 million de téléspectateurs.Si l’on juge que les nouveaux auteurs, Matthieu Burnel, Cédric Clémenceau, Nans Delgado et Frédéric Hazan, ont eu de longues semaines pour préparer leurs premiers sketchs « intemporels », on craint le pire pour la suite tant leur humour est rase-mottes. Leur réaction aux événements récents — COP21, élections régionales — n’est pas plus piquante.Lire aussi :Les Guignols de l’info reviennent en crypté sur Canal+Lucet et Pujadas à la place de PPDL’idée de remplacer PPD — la marionnette à l’effigie de Patrick Poivre d’Arvor, qui menait cette parodie de journal télévisé depuis les débuts des « Guignols » — par Elise Lucet — dont la réplique s’exprime en décalque des manières de Nadine Morano —, par David Pujadas, qui mènent les entretiens, et par deux jeunes animateurs « lambda », qui présentent les nouvelles, n’est probablement pas promise au succès. Encore moins l’idée de rassembler les présentateurs des JT (Elise Lucet, Jean-Pierre Pernaut, David Pujadas, etc.) en une même salle de rédaction : plutôt que les charges acides que menaient les Guignols contre les concurrents de Canal+, on a désormais droit à des blagounettes bien inoffensives entre collègues autour de la table de conférence ou de la machine à café.On pensait que Vincent Bolloré — dont Yves Le Rolland, directeur artistique des « Guignols », jurait, avec des mines d’enfant de chœur, dans l’émission « Le Tube », de Canal+, du 5 décembre, qu’il n’avait rien imposé — aurait fait disparaître certaines marionnettes politiques, dont celle de M. Sarkozy. Elle est bien là, ce qui rassurera, en surface.Mais il est à craindre que son personnage ne soit que gentiment perturbé dans ces « Guignols » new-look qui, s’ils continuent sur ce mode, nous feront les regarder de temps en temps d’un œil professionnel et non plus pour la gondole quotidienne qu’ils provoquaient.Lire aussi :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Véronique Cauhapé Après six mois d’absence et de silence, les Guignols étaient de retour sur Canal+, lundi 14 décembre à 20 h 50, mais cette fois en crypté. On pourra les retrouver un peu plus tard en clair sur le site de la chaîne et celui de Dailymotion (société contrôlée par Vivendi). Au préalable, ils ont également fait une apparition, dans un sketch, à 19 h 50 dans « Le Grand Journal ».Avec ce come-back, cette émission entame sa 27e saison. Autant dire un bail ! Mais aussi un défi car, en juin, elle fut menacée de disparition, jugée trop irrévérencieuse par Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de Canal+. Vincent Bolloré avait déclaré, en février : « Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Après un casting lancé en août pour trouver quatre auteurs – en l’occurrence, Matthieu Burnel, Nans Delgado, Cédric Clémenceau, Frédéric Hazan, retenus parmi plus de mille candidats –, quatre mois de travail ont été nécessaires pour relancer les Guignols sur une nouvelle formule.Créer vingt nouveaux personnages par anDécor repensé, personnages réinventés, ligne éditoriale remaniée… les marionnettes commencent une nouvelle vie. Yves le Rolland, directeur artistique et producteur de l’émission depuis plus de vingt ans, espère que celle-ci durera encore « vingt ans ».Pour ce second souffle, les Guignols se retrouveront désormais non plus dans un studio de JT, mais dans une « newsroom » de chaîne info, plus vaste, avec deux comptoirs, des bureaux, une machine à café et une salle de maquillage.Lire aussi :PPD, la marionnette de PPDA, ne présentera plus Les Guignols de l’infoL’émission sera désormais découpée en plusieurs parties : la salle de rédaction où se discutent les sujets, le plateau que se partagera un couple de présentateurs façon chaîne info, la machine à café, les coulisses.La relookeuse Cristina Cordula dispensera ses conseils beauté en salle de maquillage. Tandis que dans la newsroom, deux « petits nouveaux » – Elise Lucet et bientôt Laurent Delahousse – rejoindront PPD et David Pujadas. Si dans l’ombre, on retrouve les mêmes imitateurs (Yves le Coq, présent depuis 1988, Sandrine Alexi, Marc-Antoine Le Bret…), de nouveaux personnages vont faire leur apparition à l’écran, au rythme de vingt par an (contre sept jusqu’à présent) : Donald Trump (élections américaines obligent), le couple Kanye West et Kim Kardashian, ainsi que le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg.« S’exporter et voyager sur les réseaux sociaux »Car l’ambition est d’accorder une large place à des sujets plus internationaux, notamment les élections américaines, la culture pop outre-Atlantique… Cette ouverture, selon Yves le Rolland, vise à « mieux s’exporter et mieux voyager sur les réseaux sociaux », ainsi que l’a souhaité Vincent Bolloré, qui veut faire de Canal+ un acteur global du divertissement. « Canal+ veut investir massivement dans les contenus premium et diffuser ces contenus à l’international », avait résumé le directeur général de Canal+, Maxime Saada, en juillet.Pour atteindre d’autres pays par Internet, certains sketches seront sous-titrés, en anglais et en espagnol. « Les Guignols ont pour vocation de représenter le théâtre du monde », n’a pas hésité à déclarer leur producteur dans le magazine de Canal+, « Le tube », samedi 5 décembre.L’émission devrait, selon les équipes, marquer une rupture avec le passé. Sans perdre l’ADN de ce qui fit le succès des marionnettes : l’impertinence et le décryptage de l’actualité.Stopper l’érosion des abonnésAncienne vitrine de Canal+ en gratuit, l’émission devient donc un produit réservé aux abonnés, diffusé à 20 h 50, juste avant le prime time. Car la priorité de Vincent Bolloré est désormais de stopper l’érosion des abonnés en France métropolitaine : la chaîne en a perdu 88 000 sur un an.L’idée est qu’une émission aussi emblématique peut être un motif d’abonnement. « Nous considérons que c’est une pépite qui contribue à l’attractivité de la chaîne », soulignait M. Saada en juillet.La nouvelle émission doit aussi servir de vecteur à la présence numérique de Canal+. D’où sa diffusion sur Dailymotion, gratuitement, après sa diffusion à l’antenne. D’où aussi l’idée de lancer de nouvelles marionnettes mondialement connues, comme Donald Trump ou Kim Kardashian.Autre objectif de M. Bolloré : la diversification et le lien entre les différentes entités de Vivendi (Universal Music, Canal+, Dailymotion, Vivendi Village dans le spectacle). « Bolloré souhaite même développer cette marque », selon un membre de l’équipe des Guignols. Un projet de film aurait ainsi été évoqué.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterVéronique CauhapéJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 08h14 • Mis à jour le11.12.2015 à 14h14 | Alexis Delcambre Pour pouvoir notamment exporter des séries, France Télévisions a signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction, dont le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international, a annoncé le groupe, jeudi 10 décembre.L’accord conclu avec le Satev (Syndicat des agences de presse télévisée), le SPFA (Syndicat français des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) prévoit que France Télévisions portera à 25 % de ses dépenses de création les œuvres « dépendantes » (dont elle détient en partie les droits) contre 5 % actuellement. Le groupe bénéficiera ainsi du même seuil de 25 % que les groupes privés.« La moitié de cette part dépendante pourra être réalisée avec la filiale de production de France Télévisions MFP, seule ou en coproduction », précise le groupe, qui s’engage à maintenir à 400 millions d’euros minimum son budget pour la création. L’autre moitié de cette part « dépendante » sera réalisée par des producteurs indépendants mais avec des conditions plus favorables à France Télévision, par exemple sur la durée des droits ou le niveau de coproduction. Les budgets alloués au webcréations devraient également être intégrés à cette part.Du côté de la part « indépendante », France Télévisions a notamment obtenu la possibilité de mieux faire circuler les œuvres au sein de son bouquet de chaînes. Jusqu’ici France Télévisions commandait des œuvres à des producteurs indépendants, à hauteur de 95 % de ses dépenses de création, sans détenir aucun droit de propriété sur elles – un système instauré par les décrets « Tasca » des années 1990 pour protéger les producteurs indépendants et que le ministère de la culture veut réformer.Succès pour Delphine ErnotteOr, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut faire de l’exportation de fictions une nouvelle source de revenus et de rayonnement. Sans attendre une nouvelle réglementation, elle passe ainsi par un accord professionnel amiable pour atteindre son but. Elle prévoit même que sa filiale MFP pourra davantage produire seule : c’est un retour de France Télévisions dans la production en propre, qui rappelle le temps de l’ORTF et de ses grandes séries populaires.Dans la quête des groupes médias pour détenir des contenus, c’est aussi une riposte de France Télévisions à la chaîne TF1, qui va se lancer dans la production en rachetant le producteur Newen, qui réalisait de nombreuses séries pour France Télévisions. L’accord est un succès pour Delphine Ernotte, qui a fait de la maîtrise des droits un enjeu du développement entrepreneurial de France Télévisions, et pour sa directrice du développement commercial et PDG de MFP, Laëtitia Recayte.« Cet accord interprofessionnel répond à la nécessité pour le service public de mieux protéger et de mieux valoriser ses programmes », a indiqué France Télévisions dans un communiqué. « France Télévisions et la production indépendante prennent des engagements mutuels sur la durée des droits, l’exploitation sur les plates-formes numériques, la circulation des œuvres, le partage de la valeur, tant dans la part indépendante que dans la part dépendante » des budgets dédiés à la création, indique le groupe sans autre détail.L’accord est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la culture, Fleur Pellerin, dont le cabinet travaille à élaborer un « acte II » redéfinissant les relations entre producteurs et diffuseurs, quelques mois après la publication d’un premier décret. Cet accord devrait faciliter les choses. Dans un communiqué, la ministre s’est félicitée de « cet accord majeur qui va favoriser l’investissement du service public dans la création, en offrant plus de flexibilité à France Télévisions – qui bénéficiera notamment d’un renforcement de ses capacités de production –, et des garanties solides en faveur des producteurs indépendants ».« Cette « nouvelle alliance » qui renforce le partenariat entre producteurs et diffuseurs permettra un meilleur partage du risque, clarifiera les modèles de production et soutiendra la diversité de la création, a-t-elle ajouté. La ministre souhaite que cette étape importante puisse être complétée très rapidement par un accord sur la transparence, et que des discussions s’engagent très vite entre diffuseurs privés et producteurs sur des principes similaires. »Lire aussi :Télévision : renforçons l’alliance entre producteurs et diffuseurs au service de la créationAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande La vieillesse est un naufrage, même au sommet de la réussite. L’exceptionnel destin de Sumner Redstone, 92 ans et toujours patron de Viacom, est en train de s’achever dans le déballage le plus sordide et fait désormais les délices du tout Hollywood. Avec tous les ingrédients d’une bonne série télé : l’argent, le sexe et le pouvoir. Le 25 novembre, Manuela Herzer, l’ex-petite amie du plus célèbre magnat américain des médias, a déposé plainte devant la Cour de justice de l’Etat de Californie pour demander le droit de s’occuper de la santé déclinante de Sumner. Le 21 décembre, le juge a décidé de repousser à janvier l’audition des médecins du nonagénaireAprès avoir hérité en 1967 de la petite chaîne de salles de cinéma fondée par son père, Sumner Redstone l’a progressivement transformée en géant des médias grâce à l’acquisition successive du producteur de chaînes de télévision Viacom (MTV, Nickelodeon…), du studio de cinéma Paramount, puis du réseau national CBS. Un empire valorisé aujourd’hui plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) et dont il possède 80 % des droits de vote. Sa fortune personnelle est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Voilà pour l’argent.Une vocation d’homme à femmesLe sexe a accompagné la gloire. Avec son éternelle mèche teinte en blond et sa démarche hésitante, le milliardaire, grièvement blessé lors d’un incendie, s’est découvert sur le tard une vocation d’homme à femmes. A 76 ans, il a divorcé de sa première épouse, s’est remarié trois ans plus tard avec une jeunesse de 39 ans sa cadette, avant de divorcer à nouveau alors qu’il avait 85 ans. Il se met alors en couple avec Manuela Herzer, 50 ans, avant de lui préférer Sydney Holland, 40 ans. The Hollywood Reporter, la bible du quartier le plus célèbre de Los Angeles, a fait ses gorges chaudes de ses aventures avec une jeune chanteuse dont il a imposé l’éphémère groupe de rock féminin, The Electric Barbarellas, sur sa chaîne musicale MTV.En mai, pour ses 92 ans, le vieil homme était apparu pour la dernière fois fermement soutenu par Manuela et Sydney. Mais en octobre, la première fut exclue à la fois du château du testament qui faisait d’elle et de Sydney les curateurs de Sumner, responsables de sa santé. A leur place, c’est Philippe Dauman – directeur général de Viacom et homme de confiance du magnat – qui fut désigné.Depuis, verrouillage complet. Officiellement M. Redstone garde bon pied bon œil, même s’il ne s’exprime plus de manière intelligible. Ce n’est pas l’avis de Manuela, qui le qualifie avec moult détails de « fantôme vivant », incapable de bouger et demandant des soins constants. Les investisseurs s’inquiètent et demandent une contre-expertise. Quelle qu’en soit l’issue, la fin du mélodrame est proche et il y a peu de chances qu’il se termine bien pour l’intrépide Sumner qui avait proclamé un jour qu’il ne mourrait jamais.Lire aussi :Les grands médias audiovisuels américains contraints de changer de stratégiePhilippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 21h44 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h23 Une erreur de pilotage est à l’origine de l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à huit français, dont trois sportifs, en mars lors du tournage en Argentine de l’émission de télévision « Dropped ». Un rapport de la Direction d’enquête des accidents de l’aviation civile argentine (JIAAC) diffusé jeudi 17 décembre dit :« Le facteur déclencheur de cet accident a été le défaut d’appréciation des pilotes de la proximité ou du manque de séparation de leurs aéronefs respectifs. Ce manque d’appréciation a entraîné la collision aérienne des aéronefs sans aucune tentative de manœuvre évasive ou d’évitement. »Le rapport de 50 pages relève qu’un des pilotes aurait aussi pu être ébloui peu avant la collision. La JIAAC suggère également que les nécessités du tournage ont pu conduire les pilotes à commettre une imprudence.« Il est plausible d’affirmer que la nécessité de réaliser des images ait pu amener les cameramen à influencer ou à distraire les pilotes. »Aucun survivant Le 9 mars, deux hélicoptères s’étaient heurtés peu après le décollage et avaient pris feu lors du tournage d’une émission de téléréalité de TF1 dans le nord-ouest de l’Argentine.La navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine, médaillé olympique, sont morts dans la catastrophe, ainsi que cinq autres Français, membres de la production de l’émission « Dropped », et les deux pilotes argentins.De nombreux experts aéronautiques estimaient qu’une faute de pilotage pouvait être à l’origine du drame. Les deux hélicoptères, des Ecureuil de fabrication récente (2010), volaient l’un près de l’autre, à faible altitude, quand l’un d’eux heurta le second.Outre le volet argentin de l’enquête, une information judiciaire pour homicide involontaire a également été ouverte le 3 avril par le parquet de Paris.Lire aussi :« Dropped », la plus grande tragédie de l’histoire de la télé-réalité Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique une audience de 70 millions de personnes par semaine, dont la moitié la regardent quotidiennement, selon une étude Ipsos pour 38 pays. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique plusieurs centaines de millions de téléspectateurs dans le monde. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.12.2015 à 22h53 • Mis à jour le15.12.2015 à 14h00 | Renaud Machart Plus on voyait, au cours d’entretiens télévisés récents, les mines crispées des rescapés et des proches encore en poste à Canal+ de l’ancienne équipe des « Guignols de l’info », moins on doutait que la nouvelle mouture de l’émission satirique phare de la chaîne cryptée jouait un dangereux va-tout avec sa nouvelle formule, programmée lundi 14 décembre.Les « Guignols » étaient absents des écrans depuis six mois. D’abord parce que Vincent Bolloré — qui contrôle Canal+ — en avait souhaité la suppression, probablement en raison des charges violentes contre ses amis politiques — au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui, on s’en souvient, avait passé ses premières vacances de président de la République sur le bateau de M. Bolloré. Ensuite parce que, contrainte de la réinstaurer sous la pression médiatique qui avait dénoncé une attaque contre la liberté de penser, Canal+ dut recruter de nouveaux auteurs et repenser entièrement le concept initial, qui n’avait guère bougé depuis ses débuts, le 29 août 1988.L’émission, intitulée désormais « Les Guignols », retrouvait donc l’antenne, en crypté, lundi à 20 h 50 — avec cinq bonnes minutes de retard sur l’horaire programmé, juste avant la série « Versailles ». Le premier épisode de cette 27e saison a attiré 1,45 million de téléspectateurs (5,5 % de part d’audience), alors que lors de la saison précédente, diffusée en clair et une heure plus tôt dans le cadre du « Grand Journal », l’émission comptait en moyenne entre 1,6 et 1,8 million de téléspectateurs.Si l’on juge que les nouveaux auteurs, Matthieu Burnel, Cédric Clémenceau, Nans Delgado et Frédéric Hazan, ont eu de longues semaines pour préparer leurs premiers sketchs « intemporels », on craint le pire pour la suite tant leur humour est rase-mottes. Leur réaction aux événements récents — COP21, élections régionales — n’est pas plus piquante.Lire aussi :Les Guignols de l’info reviennent en crypté sur Canal+Lucet et Pujadas à la place de PPDL’idée de remplacer PPD — la marionnette à l’effigie de Patrick Poivre d’Arvor, qui menait cette parodie de journal télévisé depuis les débuts des « Guignols » — par Elise Lucet — dont la réplique s’exprime en décalque des manières de Nadine Morano —, par David Pujadas, qui mènent les entretiens, et par deux jeunes animateurs « lambda », qui présentent les nouvelles, n’est probablement pas promise au succès. Encore moins l’idée de rassembler les présentateurs des JT (Elise Lucet, Jean-Pierre Pernaut, David Pujadas, etc.) en une même salle de rédaction : plutôt que les charges acides que menaient les Guignols contre les concurrents de Canal+, on a désormais droit à des blagounettes bien inoffensives entre collègues autour de la table de conférence ou de la machine à café.On pensait que Vincent Bolloré — dont Yves Le Rolland, directeur artistique des « Guignols », jurait, avec des mines d’enfant de chœur, dans l’émission « Le Tube », de Canal+, du 5 décembre, qu’il n’avait rien imposé — aurait fait disparaître certaines marionnettes politiques, dont celle de M. Sarkozy. Elle est bien là, ce qui rassurera, en surface.Mais il est à craindre que son personnage ne soit que gentiment perturbé dans ces « Guignols » new-look qui, s’ils continuent sur ce mode, nous feront les regarder de temps en temps d’un œil professionnel et non plus pour la gondole quotidienne qu’ils provoquaient.Lire aussi :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Véronique Cauhapé Après six mois d’absence et de silence, les Guignols étaient de retour sur Canal+, lundi 14 décembre à 20 h 50, mais cette fois en crypté. On pourra les retrouver un peu plus tard en clair sur le site de la chaîne et celui de Dailymotion (société contrôlée par Vivendi). Au préalable, ils ont également fait une apparition, dans un sketch, à 19 h 50 dans « Le Grand Journal ».Avec ce come-back, cette émission entame sa 27e saison. Autant dire un bail ! Mais aussi un défi car, en juin, elle fut menacée de disparition, jugée trop irrévérencieuse par Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de Canal+. Vincent Bolloré avait déclaré, en février : « Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Après un casting lancé en août pour trouver quatre auteurs – en l’occurrence, Matthieu Burnel, Nans Delgado, Cédric Clémenceau, Frédéric Hazan, retenus parmi plus de mille candidats –, quatre mois de travail ont été nécessaires pour relancer les Guignols sur une nouvelle formule.Créer vingt nouveaux personnages par anDécor repensé, personnages réinventés, ligne éditoriale remaniée… les marionnettes commencent une nouvelle vie. Yves le Rolland, directeur artistique et producteur de l’émission depuis plus de vingt ans, espère que celle-ci durera encore « vingt ans ».Pour ce second souffle, les Guignols se retrouveront désormais non plus dans un studio de JT, mais dans une « newsroom » de chaîne info, plus vaste, avec deux comptoirs, des bureaux, une machine à café et une salle de maquillage.Lire aussi :PPD, la marionnette de PPDA, ne présentera plus Les Guignols de l’infoL’émission sera désormais découpée en plusieurs parties : la salle de rédaction où se discutent les sujets, le plateau que se partagera un couple de présentateurs façon chaîne info, la machine à café, les coulisses.La relookeuse Cristina Cordula dispensera ses conseils beauté en salle de maquillage. Tandis que dans la newsroom, deux « petits nouveaux » – Elise Lucet et bientôt Laurent Delahousse – rejoindront PPD et David Pujadas. Si dans l’ombre, on retrouve les mêmes imitateurs (Yves le Coq, présent depuis 1988, Sandrine Alexi, Marc-Antoine Le Bret…), de nouveaux personnages vont faire leur apparition à l’écran, au rythme de vingt par an (contre sept jusqu’à présent) : Donald Trump (élections américaines obligent), le couple Kanye West et Kim Kardashian, ainsi que le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg.« S’exporter et voyager sur les réseaux sociaux »Car l’ambition est d’accorder une large place à des sujets plus internationaux, notamment les élections américaines, la culture pop outre-Atlantique… Cette ouverture, selon Yves le Rolland, vise à « mieux s’exporter et mieux voyager sur les réseaux sociaux », ainsi que l’a souhaité Vincent Bolloré, qui veut faire de Canal+ un acteur global du divertissement. « Canal+ veut investir massivement dans les contenus premium et diffuser ces contenus à l’international », avait résumé le directeur général de Canal+, Maxime Saada, en juillet.Pour atteindre d’autres pays par Internet, certains sketches seront sous-titrés, en anglais et en espagnol. « Les Guignols ont pour vocation de représenter le théâtre du monde », n’a pas hésité à déclarer leur producteur dans le magazine de Canal+, « Le tube », samedi 5 décembre.L’émission devrait, selon les équipes, marquer une rupture avec le passé. Sans perdre l’ADN de ce qui fit le succès des marionnettes : l’impertinence et le décryptage de l’actualité.Stopper l’érosion des abonnésAncienne vitrine de Canal+ en gratuit, l’émission devient donc un produit réservé aux abonnés, diffusé à 20 h 50, juste avant le prime time. Car la priorité de Vincent Bolloré est désormais de stopper l’érosion des abonnés en France métropolitaine : la chaîne en a perdu 88 000 sur un an.L’idée est qu’une émission aussi emblématique peut être un motif d’abonnement. « Nous considérons que c’est une pépite qui contribue à l’attractivité de la chaîne », soulignait M. Saada en juillet.La nouvelle émission doit aussi servir de vecteur à la présence numérique de Canal+. D’où sa diffusion sur Dailymotion, gratuitement, après sa diffusion à l’antenne. D’où aussi l’idée de lancer de nouvelles marionnettes mondialement connues, comme Donald Trump ou Kim Kardashian.Autre objectif de M. Bolloré : la diversification et le lien entre les différentes entités de Vivendi (Universal Music, Canal+, Dailymotion, Vivendi Village dans le spectacle). « Bolloré souhaite même développer cette marque », selon un membre de l’équipe des Guignols. Un projet de film aurait ainsi été évoqué.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterVéronique CauhapéJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 08h14 • Mis à jour le11.12.2015 à 14h14 | Alexis Delcambre Pour pouvoir notamment exporter des séries, France Télévisions a signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction, dont le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international, a annoncé le groupe, jeudi 10 décembre.L’accord conclu avec le Satev (Syndicat des agences de presse télévisée), le SPFA (Syndicat français des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) prévoit que France Télévisions portera à 25 % de ses dépenses de création les œuvres « dépendantes » (dont elle détient en partie les droits) contre 5 % actuellement. Le groupe bénéficiera ainsi du même seuil de 25 % que les groupes privés.« La moitié de cette part dépendante pourra être réalisée avec la filiale de production de France Télévisions MFP, seule ou en coproduction », précise le groupe, qui s’engage à maintenir à 400 millions d’euros minimum son budget pour la création. L’autre moitié de cette part « dépendante » sera réalisée par des producteurs indépendants mais avec des conditions plus favorables à France Télévision, par exemple sur la durée des droits ou le niveau de coproduction. Les budgets alloués au webcréations devraient également être intégrés à cette part.Du côté de la part « indépendante », France Télévisions a notamment obtenu la possibilité de mieux faire circuler les œuvres au sein de son bouquet de chaînes. Jusqu’ici France Télévisions commandait des œuvres à des producteurs indépendants, à hauteur de 95 % de ses dépenses de création, sans détenir aucun droit de propriété sur elles – un système instauré par les décrets « Tasca » des années 1990 pour protéger les producteurs indépendants et que le ministère de la culture veut réformer.Succès pour Delphine ErnotteOr, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut faire de l’exportation de fictions une nouvelle source de revenus et de rayonnement. Sans attendre une nouvelle réglementation, elle passe ainsi par un accord professionnel amiable pour atteindre son but. Elle prévoit même que sa filiale MFP pourra davantage produire seule : c’est un retour de France Télévisions dans la production en propre, qui rappelle le temps de l’ORTF et de ses grandes séries populaires.Dans la quête des groupes médias pour détenir des contenus, c’est aussi une riposte de France Télévisions à la chaîne TF1, qui va se lancer dans la production en rachetant le producteur Newen, qui réalisait de nombreuses séries pour France Télévisions. L’accord est un succès pour Delphine Ernotte, qui a fait de la maîtrise des droits un enjeu du développement entrepreneurial de France Télévisions, et pour sa directrice du développement commercial et PDG de MFP, Laëtitia Recayte.« Cet accord interprofessionnel répond à la nécessité pour le service public de mieux protéger et de mieux valoriser ses programmes », a indiqué France Télévisions dans un communiqué. « France Télévisions et la production indépendante prennent des engagements mutuels sur la durée des droits, l’exploitation sur les plates-formes numériques, la circulation des œuvres, le partage de la valeur, tant dans la part indépendante que dans la part dépendante » des budgets dédiés à la création, indique le groupe sans autre détail.L’accord est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la culture, Fleur Pellerin, dont le cabinet travaille à élaborer un « acte II » redéfinissant les relations entre producteurs et diffuseurs, quelques mois après la publication d’un premier décret. Cet accord devrait faciliter les choses. Dans un communiqué, la ministre s’est félicitée de « cet accord majeur qui va favoriser l’investissement du service public dans la création, en offrant plus de flexibilité à France Télévisions – qui bénéficiera notamment d’un renforcement de ses capacités de production –, et des garanties solides en faveur des producteurs indépendants ».« Cette « nouvelle alliance » qui renforce le partenariat entre producteurs et diffuseurs permettra un meilleur partage du risque, clarifiera les modèles de production et soutiendra la diversité de la création, a-t-elle ajouté. La ministre souhaite que cette étape importante puisse être complétée très rapidement par un accord sur la transparence, et que des discussions s’engagent très vite entre diffuseurs privés et producteurs sur des principes similaires. »Lire aussi :Télévision : renforçons l’alliance entre producteurs et diffuseurs au service de la créationAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le10.12.2015 à 11h32 | Alexis Delcambre Le PDG de TF1, Nonce Paolini, a déclaré, jeudi 10 décembre, qu’il n’existait « aucune discussion » concernant un éventuel rachat du groupe de télévision privé par l’opérateur télécoms Orange.Auditionné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) afin de défendre sa demande de passage en gratuit de la chaîne d’information LCI, M. Paolini a déclaré que « l’hypothèse d’un rachat de TF1 par Orange sort de nulle part, c’est une curiosité ».Le PDG de TF1 a expliqué avoir eu son actionnaire, Martin Bouygues, au téléphone à ce sujet : « Il m’a assuré que ceci est sans aucun objet. » « On ne voit pas très bien ce que TF1 viendrait faire dans un éventuel rapprochement avec Orange », a ajouté M. Paolini, le dirigeant du groupe, qui contrôle la chaîne vedette TF1, mais aussi les chaînes gratuites TMC, NT1 et HD1.Comme l’a révélé l’agence Bloomberg, lundi, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Lire aussi :Bouygues Telecom discute mariage avec OrangeNouvelle offre du « Monde »Nonce Paolini a par ailleurs déclaré qu’il n’existait à ce jour « aucune discussion » sur une vente de LCI aux actionnaires du groupe Le Monde, qui ont ouvertement fait part de leur intérêt pour la chaîne d’information. M. Paolini a indiqué avoir reçu de la part de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, une nouvelle offre de rachat, vendredi 4 décembre.Cette offre intervient alors que le CSA doit rendre une décision – attendue au plus tôt le 16 décembre – sur le passage en gratuit de LCI. « Nous aurons à juger [de cette offre] en cas de refus » du CSA de passer la chaîne en gratuit, a expliqué M. Paolini, tout en s’interrogeant sur l’« éthique » de cette démarche.Le CSA a publié, fin novembre, une étude sur l’impact du passage en gratuit de la chaîne d’info, réclamé par TF1, qui présente des éléments d’analyse moins défavorables que l’étude de juillet 2014, qui avait motivé son refus.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesLe CSA doit également se prononcer sur deux autres demandes de passage en gratuit concernant Paris Première (groupe M6) et Planète + (groupe Canal+).Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 19h36 • Mis à jour le09.12.2015 à 22h08 Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a décidé, mercredi 9 décembre, de rejeter le recours gracieux qui lui avait été présenté par la chaîne Numéro 23, suite à l’abrogation de son autorisation de diffusion prononcée en octobre.Le CSA considère comme insuffisants les gages donnés par la chaîne quant à son pacte d’actionnaires, à son éventuelle cession à NextRadioTV et au respect de sa ligne éditoriale, explique-t-il dans un communiqué.Pour la première fois de son histoire, le CSA a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet.Numéro 23 a réagi dans un communiqué en annonçant sa « décision d’introduire un recours contentieux » devant le Conseil d’Etat contre la décision du CSA, « afin de faire valoir ses droits et d’assurer la pérennité de la société ». Ce recours permettra à la chaîne de continuer à émettre tant que l’autorité administrative suprême n’aura pas rendu sa décision.Lire aussi :Numéro 23 : dans les coulisses d’une décision inédite Alexis Delcambre Vincent Bolloré ne s’avoue pas vaincu sur le terrain des droits sportifs. Quelques jours après avoir perdu les droits du football anglais au bénéfice d’Altice, le groupe Canal+ a annoncé avoir acquis les droits des trois prochaines éditions de la finale de la Ligue des champions, la compétition phare du football européen.Ces droits étaient la propriété de BeIn Sports, mais la chaîne qatarie devait les revendre, car cet événement fait partie de ceux qui doivent être diffusés en clair (c’est TF1 qui en assurait habituellement la diffusion). Le groupe Canal+ les diffusera donc sur sa chaîne gratuite D8, dont le coût de grille s’alourdira de trois millions d’euros par an.Lire aussi :Droits sportifs, la guerre est relancéeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 10h43 • Mis à jour le09.12.2015 à 11h41 | Sandrine Cassini, Sarah Belouezzane et Isabelle Chaperon La trêve aura été de courte durée. Six mois après la tentative de rachat de Bouygues Telecom par Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR, le grand bal des négociations entre opérateurs télécoms a recommencé. Comme l’a révélé l’agence Bloomberg lundi 7 décembre, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Selon nos informations, les négociations ont été entamées au début de l’automne, lorsque le président de Bouygues est allé voir Stéphane Richard, PDG de l’opérateur historique, afin de réactiver un projet datant de 2014. Le bétonneur a posé une condition : que l’opération soit réglée essentiellement en titres, de façon à permettre à Bouygues d’entrer au capital d’Orange.Ces discussions sont « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autreInterrompues au moment de l’appel d’offres sur les « fréquences en or » de téléphonie mobile (les fameuses 700 MHz), achevées le jeudi 19 novembre, les discussions ont repris à l’initiative de M. Bouygues dès le lendemain du processus. Une telle opération lui permettrait de rester présent dans le secteur des télécoms, qui lui tient à cœur.Lire aussi :« Fréquences en or » : 2,8 milliards d’euros pour l’EtatSur la base d’une valorisation de 10 milliards d’euros pour le seul Bouygues Telecom, le conglomérat présent dans le secteur de la construction, qui détient 90 % de sa filiale (aux côtés de JC Decaux), obtiendrait une part de 22 % d’Orange, dont le premier actionnaire est aujourd’hui l’Etat, avec 25 % des actions. « Le groupe Bouygues indique qu’il n’a aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision et réaffirme son ancrage durable dans ces deux industries », a précisé le groupe familial, utilisant une formulation ambiguë lui permettant d’éviter un démenti.Les pouvoirs publics ont été tenus informés de ces discussions, « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autre. En juin, lorsque M. Drahi avait mis sur la table une offre de 10 milliards d’euros pour racheter Bouygues Telecom, le gouvernement s’était montré très réticent à la perspective de cette concentration.« Je dis et répète que la consolidation n’est pas aujourd’hui souhaitable pour le secteur. L’emploi, l’investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or, les conséquences d’une consolidation sont à ces égards négatives, comme l’ont prouvé les cas récents en Europe », avait lancé Emmanuel Macron, le ministre de l’économie. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée »A l’époque, toutefois, le gouvernement s’inquiétait avant tout du sort réservé à son prochain appel d’offres sur les fréquences 700 MHz. Le passage de quatre à trois acteurs signifiait une compétition limitée et donc une moindre rentrée d’argent. Les enchères ont finalement eu lieu en novembre et ont permis à l’Etat d’engranger 2,8 milliards d’euros, plus que prévu.Interrogations sur le rôle de TF1Cette échéance passée, les pouvoirs publics pourraient voir d’un autre œil la consolidation dans les télécoms. Orange et Bouygues ont commencé leur lobbying et il se déroulerait au plus haut niveau de l’Etat. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée », témoigne un bon connaisseur du dossier. Compte tenu des positions initiales, M. Macron n’aurait pas été mis dans la boucle dans un premier temps. Raison pour laquelle, selon un proche de Bercy, le ministre de l’économie ne cachait pas son irritation après les révélations de ces discussions, lundi.Lire aussi :Bouygues dément un éventuel rachat par Orange de ses activités médias et télécomsCoïncidence troublante, Les Echos ont révélé que Martin Bouygues avait écrit le 4 décembre au premier ministre, Manuel Valls, pour réclamer 2,28 milliards d’euros à l’Etat, une somme censée le dédommager du préjudice lié à l’arrivée de Free début 2012, un quatrième opérateur qui a déstabilisé le marché. Une façon de mettre la pression sur les pouvoirs publics ? De même, certains s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer la chaîne TF1, qui serait associée à la transaction, selon Bloomberg, dans la réussite de l’opération.C’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenirPour prendre forme, le rapprochement doit néanmoins franchir de nombreux obstacles. Orange et Bouygues Telecom savent qu’ils auront fort à faire pour convaincre la Commission européenne, dont la nouvelle commissaire à la concurrence Margrethe Vestager se montre peu favorable à la consolidation. En septembre, Bruxelles avait mis son veto à la fusion au Danemark de TeliaSonera et de Telenor, une opération qui aurait fait passer le marché de quatre à trois opérateurs.En France, c’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenir. Son président, Bruno Lasserre, avait ouvert la porte à la consolidation, en indiquant en 2014 qu’il n’y avait pas de nombre « magique » d’opérateurs. Pour autant, Orange détient déjà 50 % du marché fixe et mobile, ce qui rend difficile pour lui l’acquisition d’un concurrent.Le mariage doit obtenir l’approbation de la « famille »Conscient de cet écueil, Stéphane Richard a, selon nos informations, prévenu dès le départ SFR et Free des tractations en cours. Objectif : définir avec eux quels actifs ils seraient prêts à racheter, afin de mieux répartir leurs forces et amadouer les autorités de la concurrence.En d’autres termes, une reprise par Orange signifierait le démantèlement de Bouygues Telecom. En 2014, lors de précédentes négociations, d’abord avec SFR puis avec Orange, Bouygues avait prévu de céder son réseau fixe et des fréquences pour 1,8 milliard d’euros. Depuis, la donne a changé, Free ayant récupéré des fréquences de téléphonie lors du dernier appel d’offres.L’élimination d’un concurrent est le prélude à une accalmie dans la guerre des prixCependant, l’élimination d’un concurrent étant le prélude à une accalmie dans la guerre des prix, SFR et Free ont intérêt à jouer le jeu et à se partager fréquences, réseaux, équipes et boutiques de leur concurrent. C’est toute la particularité de ce secteur. Pour que l’un des acteurs se marie avec l’autre, il faut que l’ensemble de la « famille » soit d’accord.Autre sujet décisif pour la réussite de ce rapprochement : la gouvernance. Martin Bouygues n’est pas du genre à se contenter d’un strapontin en échange de son précieux réseau. Un équilibre doit donc être trouvé avec l’Etat, afin que ce dernier partage ses prérogatives de premier actionnaire avec le groupe privé.Ce n’est pas impossible, relève un banquier d’affaires, comme le prouve le tour de table de Thales. L’Etat et Dassault, au coude-à-coude au capital du groupe d’électronique et de défense, avec respectivement 27 % et 26 % des actions, y sont liés par un pacte d’actionnaires. Cela n’empêche évidemment pas les frictions, à l’image de la nomination contrariée d’Henri Proglio à la présidence de Thales en mai 2015. Mais dans l’ensemble, toutes les parties se montrent satisfaites de cet équilibre, six ans après sa construction. Un modèle à suivre ?Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiSandrine CassiniJournaliste au MondeIsabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le groupe détenu par Patrick Drahi entend poursuivre son développement dans la presse, après avoir repris le groupe L’Express et plusieurs autres titres dont Stratégies. Altice, propriétaire également de SFR, est en effet candidat à la reprise de Télé 7 Jours, France Dimanche et Ici Paris, trois magazines appartenant au groupe Lagardère.Selon une source proche du dossier, cette offre serait la mieux placée pour emporter ces trois titres, dont le plus important, Télé7Jours, vend encore 1,2 million d’exemplaires. Joints par Le Monde, les groupes Altice et Lagardère n’ont fait aucun commentaire.Lundi 7 décembre, La lettre de L’Expansion citait les groupes de presse allemand Bauer et italien Mondadori parmi les autres acquéreurs potentiels. Ils seraient désormais distancés par Patrick Drahi et Marc Laufer, selon cette même source proche du dossier.Début octobre, Arnaud Lagardère, associé commandité du groupe, avait admis qu’il se « posait des questions » sur l’éventuelle cession de ces magazines. En 2014, Lagardère a cédé dix de ses titres historiques et le groupe entend se recentrer autour d’un « environnement sacré » composé d’Elle, Europe 1 et le Journal du dimanche.Lire aussi :La stratégie de Lagardère sur les médias en questionAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Nous concentrons nos histoires sur les gens qui sont derrière la technologie. C’est plus intéressant que de faire une chronique sur le dernier iPhone. » C’est avec ce credo que Derek Mead, le rédacteur en chef de Motherboard, explique le succès de son site consacré à l’innovation. Et cette filiale du groupe américain de médias pour jeunes Vice compte désormais percer en France : Motherboard s’y lance mardi 8 décembre, après avoir décliné son site américain en espagnol et ouvert des bureaux au Royaume-Uni, au Canada, au Brésil, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne.Motherboard s’est récemment illustré par quelques scoops, dont la révélation du piratage des données du constructeur de jouets connectés VTech.Lire aussi :VTech : des millions de comptes clients et de profils d’enfants volés lors d’un piratageHackers, zombies et nourriture du futurOu celle des noms des utilisateurs du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison. « Motherboard avait interrogé les hackers eux-mêmes mais aussi des gens qui avaient vu leur nom publié, en rappelant que l’adultère peut être puni de mort dans certains pays », note Sébastien Chavigner, rédacteur en chef de la version française de Motherboard, pour souligner l’approche « humaine » du site.Parmi les premiers sujets français, M. Chavigner racontera sa semaine passée à se nourrir presque exclusivement de Soylent, une forme de nourriture du futur créée pour apporter tous les nutriments nécessaires sous forme de poudre à diluer : « Un enfer » (voir la version américaine). On lira aussi le portrait d’une des personnes chargées de calculer la trajectoire des débris dans « l’espace poubelle ». Ou un sujet sur le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier, parti à Haïti à la recherche des « zombies » – sortes de « morts-vivants », endormis avec des poisons puissants et ranimés après avoir été déclarés morts, explique M. Chavigner. Un sujet conforme au goût des marges et de la provocation de Vice.« Notre approche est globale, explique M. Mead. Nous ne voulons pas seulement parler de New York et de la Silicon Valley : la France et l’Europe ne sont pas assez couverts. » Le rédacteur en chef américain se dit intéressé par le projet de fusion nucléaire Iter.« En France, il y a peu de sites de médias dédiés à l’actualité de l’innovation », regrette M. Chavigner, qui souligne l’importance croissante du thème chez les supports généralistes, comme Le Monde, Le Figaro ou Slate, où la thématique est souvent traitée par une équipe dédiée, comme Pixels au Monde ou Rue89 au Nouvel Observateur.« Wired » et les références anglo-saxonnesPour tous, les exemples sont des sites anglo-saxons comme le très léché The Verge, créé en 2011 et rattaché au groupe de nouveaux médias Vox, ou The Register, réputé sur le thème de la sécurité informatique. Motherboard est connu pour ses enquêtes et ses vidéos (il aura en France quatre personnes dédiées aux images, en plus des quatre permanents de la rédaction).La référence historique incontestée reste le californien Wired, qui dès les années 1990 a proposé un magazine papier époustouflant, doublé d’un site Web quotidien. Propriété du groupe de presse Conde Nast (Vanity Fair, Vogue…), son possible lancement en France fait l’objet de rumeurs régulières.Les essais françaisOccuper ce créneau reste un défi : le magazine papier Humanoïde l’a tenté un an, avant de jeter l’éponge à la mi-septembre ; comme le journal et le site Transfert près de quinze ans avant lui. Le flambeau est pourtant toujours relevé : deux anciens d’Humanoïde se sont lancés à plein temps dans le site Geekzone, alors que d’autres ont rejoint Numerama. Ce site connu pour ses combats autour du téléchargement illégal et des libertés publiques vient d’être racheté et « repositionné ».« Nous avons une ligne beaucoup plus ouverte, proche des Anglo-Saxons : on intègre de la science, de l’économie et de la pop culture », explique Ulrich Rozier. Ce dernier a acquis Numerama grâce au succès de Frandroid, un site consacré au mobile qu’il avait cofondé. Lui aussi revendique un traitement « humain » des technologies et espère importer un peu de l’optimisme américain, parfois forcené dans le cas de Wired.Reste l’épineuse question des modèles économiques : Motherboard bénéficiera du soutien du groupe Vice, expert en publicité ciblant les jeunes et en vidéos sponsorisées. M. Rozier a lui complété ses revenus publicitaires avec des liens vers des fiches de comparateurs de produits et envisage une version payante de Numerama.Lire aussi :L’empire du ViceAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Véronique Cauhapé Après six mois d’absence et de silence, les Guignols reviennent lundi 14 décembre à l’antenne de Canal+. Ce sera à 20 h 50 en crypté. Et un peu plus tard en clair sur le site de la chaîne et celui de Dailymotion (société contrôlée par Vivendi). Au préalable, ils feront également une apparition, dans un sketch, à 19 h 50 dans « Le Grand Journal ».Avec ce come-back, cette émission va entamer sa 27e saison. Autant dire un bail ! Mais aussi un défi car, en juin, elle fut menacée de disparition, jugée trop irrévérencieuse par Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de Canal+. Vincent Bolloré avait déclaré, en février : « Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Après un casting lancé en août pour trouver quatre auteurs – en l’occurrence, Matthieu Burnel, Nans Delgado, Cédric Clémenceau, Frédéric Hazan, retenus parmi plus de mille candidats –, quatre mois de travail ont été nécessaires pour relancer les Guignols sur une nouvelle formule.Créer vingt nouveaux personnages par anDécor repensé, personnages réinventés, ligne éditoriale remaniée… les marionnettes commencent une nouvelle vie. Yves le Rolland, directeur artistique et producteur de l’émission depuis plus de vingt ans, espère que celle-ci durera encore « vingt ans ».Pour ce second souffle, les Guignols se retrouveront non plus dans un studio de JT, mais dans une « newsroom » de chaîne info, plus vaste, avec deux comptoirs, des bureaux, une machine à café et une salle de maquillage.Lire aussi :PPD, la marionnette de PPDA, ne présentera plus Les Guignols de l’infoL’émission sera désormais découpée en plusieurs parties : la salle de rédaction où se discutent les sujets, le plateau que se partagera un couple de présentateurs façon chaîne info, la machine à café, les coulisses.La relookeuse Cristina Cordula dispensera ses conseils beauté en salle de maquillage. Tandis que dans la newsroom, deux « petits nouveaux » – Elise Lucet et bientôt Laurent Delahousse – rejoindront PPD et David Pujadas. Si dans l’ombre, on retrouve les mêmes imitateurs (Yves le Coq, présent depuis 1988, Sandrine Alexi, Marc-Antoine Le Bret…), de nouveaux personnages vont faire leur apparition à l’écran, au rythme de vingt par an (contre sept jusqu’à présent) : Donald Trump (élections américaines obligent), le couple Kanye West et Kim Kardashian, ainsi que le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg.« S’exporter et voyager sur les réseaux sociaux »Car l’ambition est d’accorder une large place à des sujets plus internationaux, notamment les élections américaines, la culture pop outre-Atlantique… Cette ouverture, selon Yves le Rolland, vise à « mieux s’exporter et mieux voyager sur les réseaux sociaux », ainsi que l’a souhaité Vincent Bolloré, qui veut faire de Canal+ un acteur global du divertissement. « Canal+ veut investir massivement dans les contenus premium et diffuser ces contenus à l’international », avait résumé le directeur général de Canal+, Maxime Saada, en juillet.Pour atteindre d’autres pays par internet, certains sketches seront sous-titrés, en anglais et en espagnol. « Les Guignols ont pour vocation de représenter le théâtre du monde », n’a pas hésité à déclarer leur producteur dans le magazine de Canal+, « Le tube », samedi 5 décembre.L’émission devrait, selon les équipes, marquer une rupture avec le passé. Sans perdre l’ADN de ce qui fit le succès des marionnettes : l’impertinence et le décryptage de l’actualité.Stopper l’érosion des abonnésAncienne vitrine de Canal+ en gratuit, l’émission devient donc un produit réservé aux abonnés, diffusé à 20 h 50, juste avant le prime time. Car la priorité de Vincent Bolloré est désormais de stopper l’érosion des abonnés en France métropolitaine : la chaîne en a perdu 88 000 sur un an.L’idée est qu’une émission aussi emblématique peut être un motif d’abonnement. « Nous considérons que c’est une pépite qui contribue à l’attractivité de la chaîne », soulignait M. Saada en juillet.La nouvelle émission doit aussi servir de vecteur à la présence numérique de Canal+. D’où sa diffusion sur Dailymotion, gratuitement, après sa diffusion à l’antenne. D’où aussi l’idée de lancer de nouvelles marionnettes mondialement connues, comme Donald Trump ou Kim Kardashian.Autre objectif de M. Bolloré : la diversification et le lien entre les différentes entités de Vivendi (Universal Music, Canal+, Dailymotion, Vivendi Village dans le spectacle). « Bolloré souhaite même développer cette marque », selon un membre de l’équipe des Guignols. Un projet de film aurait ainsi été évoqué.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterVéronique CauhapéJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 08h14 • Mis à jour le11.12.2015 à 14h14 | Alexis Delcambre Pour pouvoir notamment exporter des séries, France Télévisions a signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction, dont le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international, a annoncé le groupe, jeudi 10 décembre.L’accord conclu avec le Satev (Syndicat des agences de presse télévisée), le SPFA (Syndicat français des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) prévoit que France Télévisions portera à 25 % de ses dépenses de création les œuvres « dépendantes » (dont elle détient en partie les droits) contre 5 % actuellement. Le groupe bénéficiera ainsi du même seuil de 25 % que les groupes privés.« La moitié de cette part dépendante pourra être réalisée avec la filiale de production de France Télévisions MFP, seule ou en coproduction », précise le groupe, qui s’engage à maintenir à 400 millions d’euros minimum son budget pour la création. L’autre moitié de cette part « dépendante » sera réalisée par des producteurs indépendants mais avec des conditions plus favorables à France Télévision, par exemple sur la durée des droits ou le niveau de coproduction. Les budgets alloués au webcréations devraient également être intégrés à cette part.Du côté de la part « indépendante », France Télévisions a notamment obtenu la possibilité de mieux faire circuler les œuvres au sein de son bouquet de chaînes. Jusqu’ici France Télévisions commandait des œuvres à des producteurs indépendants, à hauteur de 95 % de ses dépenses de création, sans détenir aucun droit de propriété sur elles – un système instauré par les décrets « Tasca » des années 1990 pour protéger les producteurs indépendants et que le ministère de la culture veut réformer.Succès pour Delphine ErnotteOr, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut faire de l’exportation de fictions une nouvelle source de revenus et de rayonnement. Sans attendre une nouvelle réglementation, elle passe ainsi par un accord professionnel amiable pour atteindre son but. Elle prévoit même que sa filiale MFP pourra davantage produire seule : c’est un retour de France Télévisions dans la production en propre, qui rappelle le temps de l’ORTF et de ses grandes séries populaires.Dans la quête des groupes médias pour détenir des contenus, c’est aussi une riposte de France Télévisions à la chaîne TF1, qui va se lancer dans la production en rachetant le producteur Newen, qui réalisait de nombreuses séries pour France Télévisions. L’accord est un succès pour Delphine Ernotte, qui a fait de la maîtrise des droits un enjeu du développement entrepreneurial de France Télévisions, et pour sa directrice du développement commercial et PDG de MFP, Laëtitia Recayte.« Cet accord interprofessionnel répond à la nécessité pour le service public de mieux protéger et de mieux valoriser ses programmes », a indiqué France Télévisions dans un communiqué. « France Télévisions et la production indépendante prennent des engagements mutuels sur la durée des droits, l’exploitation sur les plates-formes numériques, la circulation des œuvres, le partage de la valeur, tant dans la part indépendante que dans la part dépendante » des budgets dédiés à la création, indique le groupe sans autre détail.L’accord est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la culture, Fleur Pellerin, dont le cabinet travaille à élaborer un « acte II » redéfinissant les relations entre producteurs et diffuseurs, quelques mois après la publication d’un premier décret. Cet accord devrait faciliter les choses. Dans un communiqué, la ministre s’est félicitée de « cet accord majeur qui va favoriser l’investissement du service public dans la création, en offrant plus de flexibilité à France Télévisions – qui bénéficiera notamment d’un renforcement de ses capacités de production –, et des garanties solides en faveur des producteurs indépendants ».« Cette « nouvelle alliance » qui renforce le partenariat entre producteurs et diffuseurs permettra un meilleur partage du risque, clarifiera les modèles de production et soutiendra la diversité de la création, a-t-elle ajouté. La ministre souhaite que cette étape importante puisse être complétée très rapidement par un accord sur la transparence, et que des discussions s’engagent très vite entre diffuseurs privés et producteurs sur des principes similaires. »Lire aussi :Télévision : renforçons l’alliance entre producteurs et diffuseurs au service de la créationAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le10.12.2015 à 11h32 | Alexis Delcambre Le PDG de TF1, Nonce Paolini, a déclaré, jeudi 10 décembre, qu’il n’existait « aucune discussion » concernant un éventuel rachat du groupe de télévision privé par l’opérateur télécoms Orange.Auditionné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) afin de défendre sa demande de passage en gratuit de la chaîne d’information LCI, M. Paolini a déclaré que « l’hypothèse d’un rachat de TF1 par Orange sort de nulle part, c’est une curiosité ».Le PDG de TF1 a expliqué avoir eu son actionnaire, Martin Bouygues, au téléphone à ce sujet : « Il m’a assuré que ceci est sans aucun objet. » « On ne voit pas très bien ce que TF1 viendrait faire dans un éventuel rapprochement avec Orange », a ajouté M. Paolini, le dirigeant du groupe, qui contrôle la chaîne vedette TF1, mais aussi les chaînes gratuites TMC, NT1 et HD1.Comme l’a révélé l’agence Bloomberg, lundi, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Lire aussi :Bouygues Telecom discute mariage avec OrangeNouvelle offre du « Monde »Nonce Paolini a par ailleurs déclaré qu’il n’existait à ce jour « aucune discussion » sur une vente de LCI aux actionnaires du groupe Le Monde, qui ont ouvertement fait part de leur intérêt pour la chaîne d’information. M. Paolini a indiqué avoir reçu de la part de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, une nouvelle offre de rachat, vendredi 4 décembre.Cette offre intervient alors que le CSA doit rendre une décision – attendue au plus tôt le 16 décembre – sur le passage en gratuit de LCI. « Nous aurons à juger [de cette offre] en cas de refus » du CSA de passer la chaîne en gratuit, a expliqué M. Paolini, tout en s’interrogeant sur l’« éthique » de cette démarche.Le CSA a publié, fin novembre, une étude sur l’impact du passage en gratuit de la chaîne d’info, réclamé par TF1, qui présente des éléments d’analyse moins défavorables que l’étude de juillet 2014, qui avait motivé son refus.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesLe CSA doit également se prononcer sur deux autres demandes de passage en gratuit concernant Paris Première (groupe M6) et Planète + (groupe Canal+).Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 19h36 • Mis à jour le09.12.2015 à 22h08 Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a décidé, mercredi 9 décembre, de rejeter le recours gracieux qui lui avait été présenté par la chaîne Numéro 23, suite à l’abrogation de son autorisation de diffusion prononcée en octobre.Le CSA considère comme insuffisants les gages donnés par la chaîne quant à son pacte d’actionnaires, à son éventuelle cession à NextRadioTV et au respect de sa ligne éditoriale, explique-t-il dans un communiqué.Pour la première fois de son histoire, le CSA a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet.Numéro 23 a réagi dans un communiqué en annonçant sa « décision d’introduire un recours contentieux » devant le Conseil d’Etat contre la décision du CSA, « afin de faire valoir ses droits et d’assurer la pérennité de la société ». Ce recours permettra à la chaîne de continuer à émettre tant que l’autorité administrative suprême n’aura pas rendu sa décision.Lire aussi :Numéro 23 : dans les coulisses d’une décision inédite Alexis Delcambre Vincent Bolloré ne s’avoue pas vaincu sur le terrain des droits sportifs. Quelques jours après avoir perdu les droits du football anglais au bénéfice d’Altice, le groupe Canal+ a annoncé avoir acquis les droits des trois prochaines éditions de la finale de la Ligue des champions, la compétition phare du football européen.Ces droits étaient la propriété de BeIn Sports, mais la chaîne qatarie devait les revendre, car cet événement fait partie de ceux qui doivent être diffusés en clair (c’est TF1 qui en assurait habituellement la diffusion). Le groupe Canal+ les diffusera donc sur sa chaîne gratuite D8, dont le coût de grille s’alourdira de trois millions d’euros par an.Lire aussi :Droits sportifs, la guerre est relancéeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 10h43 • Mis à jour le09.12.2015 à 11h41 | Sandrine Cassini, Sarah Belouezzane et Isabelle Chaperon La trêve aura été de courte durée. Six mois après la tentative de rachat de Bouygues Telecom par Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR, le grand bal des négociations entre opérateurs télécoms a recommencé. Comme l’a révélé l’agence Bloomberg lundi 7 décembre, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Selon nos informations, les négociations ont été entamées au début de l’automne, lorsque le président de Bouygues est allé voir Stéphane Richard, PDG de l’opérateur historique, afin de réactiver un projet datant de 2014. Le bétonneur a posé une condition : que l’opération soit réglée essentiellement en titres, de façon à permettre à Bouygues d’entrer au capital d’Orange.Ces discussions sont « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autreInterrompues au moment de l’appel d’offres sur les « fréquences en or » de téléphonie mobile (les fameuses 700 MHz), achevées le jeudi 19 novembre, les discussions ont repris à l’initiative de M. Bouygues dès le lendemain du processus. Une telle opération lui permettrait de rester présent dans le secteur des télécoms, qui lui tient à cœur.Lire aussi :« Fréquences en or » : 2,8 milliards d’euros pour l’EtatSur la base d’une valorisation de 10 milliards d’euros pour le seul Bouygues Telecom, le conglomérat présent dans le secteur de la construction, qui détient 90 % de sa filiale (aux côtés de JC Decaux), obtiendrait une part de 22 % d’Orange, dont le premier actionnaire est aujourd’hui l’Etat, avec 25 % des actions. « Le groupe Bouygues indique qu’il n’a aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision et réaffirme son ancrage durable dans ces deux industries », a précisé le groupe familial, utilisant une formulation ambiguë lui permettant d’éviter un démenti.Les pouvoirs publics ont été tenus informés de ces discussions, « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autre. En juin, lorsque M. Drahi avait mis sur la table une offre de 10 milliards d’euros pour racheter Bouygues Telecom, le gouvernement s’était montré très réticent à la perspective de cette concentration.« Je dis et répète que la consolidation n’est pas aujourd’hui souhaitable pour le secteur. L’emploi, l’investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or, les conséquences d’une consolidation sont à ces égards négatives, comme l’ont prouvé les cas récents en Europe », avait lancé Emmanuel Macron, le ministre de l’économie. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée »A l’époque, toutefois, le gouvernement s’inquiétait avant tout du sort réservé à son prochain appel d’offres sur les fréquences 700 MHz. Le passage de quatre à trois acteurs signifiait une compétition limitée et donc une moindre rentrée d’argent. Les enchères ont finalement eu lieu en novembre et ont permis à l’Etat d’engranger 2,8 milliards d’euros, plus que prévu.Interrogations sur le rôle de TF1Cette échéance passée, les pouvoirs publics pourraient voir d’un autre œil la consolidation dans les télécoms. Orange et Bouygues ont commencé leur lobbying et il se déroulerait au plus haut niveau de l’Etat. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée », témoigne un bon connaisseur du dossier. Compte tenu des positions initiales, M. Macron n’aurait pas été mis dans la boucle dans un premier temps. Raison pour laquelle, selon un proche de Bercy, le ministre de l’économie ne cachait pas son irritation après les révélations de ces discussions, lundi.Lire aussi :Bouygues dément un éventuel rachat par Orange de ses activités médias et télécomsCoïncidence troublante, Les Echos ont révélé que Martin Bouygues avait écrit le 4 décembre au premier ministre, Manuel Valls, pour réclamer 2,28 milliards d’euros à l’Etat, une somme censée le dédommager du préjudice lié à l’arrivée de Free début 2012, un quatrième opérateur qui a déstabilisé le marché. Une façon de mettre la pression sur les pouvoirs publics ? De même, certains s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer la chaîne TF1, qui serait associée à la transaction, selon Bloomberg, dans la réussite de l’opération.C’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenirPour prendre forme, le rapprochement doit néanmoins franchir de nombreux obstacles. Orange et Bouygues Telecom savent qu’ils auront fort à faire pour convaincre la Commission européenne, dont la nouvelle commissaire à la concurrence Margrethe Vestager se montre peu favorable à la consolidation. En septembre, Bruxelles avait mis son veto à la fusion au Danemark de TeliaSonera et de Telenor, une opération qui aurait fait passer le marché de quatre à trois opérateurs.En France, c’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenir. Son président, Bruno Lasserre, avait ouvert la porte à la consolidation, en indiquant en 2014 qu’il n’y avait pas de nombre « magique » d’opérateurs. Pour autant, Orange détient déjà 50 % du marché fixe et mobile, ce qui rend difficile pour lui l’acquisition d’un concurrent.Le mariage doit obtenir l’approbation de la « famille »Conscient de cet écueil, Stéphane Richard a, selon nos informations, prévenu dès le départ SFR et Free des tractations en cours. Objectif : définir avec eux quels actifs ils seraient prêts à racheter, afin de mieux répartir leurs forces et amadouer les autorités de la concurrence.En d’autres termes, une reprise par Orange signifierait le démantèlement de Bouygues Telecom. En 2014, lors de précédentes négociations, d’abord avec SFR puis avec Orange, Bouygues avait prévu de céder son réseau fixe et des fréquences pour 1,8 milliard d’euros. Depuis, la donne a changé, Free ayant récupéré des fréquences de téléphonie lors du dernier appel d’offres.L’élimination d’un concurrent est le prélude à une accalmie dans la guerre des prixCependant, l’élimination d’un concurrent étant le prélude à une accalmie dans la guerre des prix, SFR et Free ont intérêt à jouer le jeu et à se partager fréquences, réseaux, équipes et boutiques de leur concurrent. C’est toute la particularité de ce secteur. Pour que l’un des acteurs se marie avec l’autre, il faut que l’ensemble de la « famille » soit d’accord.Autre sujet décisif pour la réussite de ce rapprochement : la gouvernance. Martin Bouygues n’est pas du genre à se contenter d’un strapontin en échange de son précieux réseau. Un équilibre doit donc être trouvé avec l’Etat, afin que ce dernier partage ses prérogatives de premier actionnaire avec le groupe privé.Ce n’est pas impossible, relève un banquier d’affaires, comme le prouve le tour de table de Thales. L’Etat et Dassault, au coude-à-coude au capital du groupe d’électronique et de défense, avec respectivement 27 % et 26 % des actions, y sont liés par un pacte d’actionnaires. Cela n’empêche évidemment pas les frictions, à l’image de la nomination contrariée d’Henri Proglio à la présidence de Thales en mai 2015. Mais dans l’ensemble, toutes les parties se montrent satisfaites de cet équilibre, six ans après sa construction. Un modèle à suivre ?Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiSandrine CassiniJournaliste au MondeIsabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le groupe détenu par Patrick Drahi entend poursuivre son développement dans la presse, après avoir repris le groupe L’Express et plusieurs autres titres dont Stratégies. Altice, propriétaire également de SFR, est en effet candidat à la reprise de Télé 7 Jours, France Dimanche et Ici Paris, trois magazines appartenant au groupe Lagardère.Selon une source proche du dossier, cette offre serait la mieux placée pour emporter ces trois titres, dont le plus important, Télé7Jours, vend encore 1,2 million d’exemplaires. Joints par Le Monde, les groupes Altice et Lagardère n’ont fait aucun commentaire.Lundi 7 décembre, La lettre de L’Expansion citait les groupes de presse allemand Bauer et italien Mondadori parmi les autres acquéreurs potentiels. Ils seraient désormais distancés par Patrick Drahi et Marc Laufer, selon cette même source proche du dossier.Début octobre, Arnaud Lagardère, associé commandité du groupe, avait admis qu’il se « posait des questions » sur l’éventuelle cession de ces magazines. En 2014, Lagardère a cédé dix de ses titres historiques et le groupe entend se recentrer autour d’un « environnement sacré » composé d’Elle, Europe 1 et le Journal du dimanche.Lire aussi :La stratégie de Lagardère sur les médias en questionAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Nous concentrons nos histoires sur les gens qui sont derrière la technologie. C’est plus intéressant que de faire une chronique sur le dernier iPhone. » C’est avec ce credo que Derek Mead, le rédacteur en chef de Motherboard, explique le succès de son site consacré à l’innovation. Et cette filiale du groupe américain de médias pour jeunes Vice compte désormais percer en France : Motherboard s’y lance mardi 8 décembre, après avoir décliné son site américain en espagnol et ouvert des bureaux au Royaume-Uni, au Canada, au Brésil, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne.Motherboard s’est récemment illustré par quelques scoops, dont la révélation du piratage des données du constructeur de jouets connectés VTech.Lire aussi :VTech : des millions de comptes clients et de profils d’enfants volés lors d’un piratageHackers, zombies et nourriture du futurOu celle des noms des utilisateurs du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison. « Motherboard avait interrogé les hackers eux-mêmes mais aussi des gens qui avaient vu leur nom publié, en rappelant que l’adultère peut être puni de mort dans certains pays », note Sébastien Chavigner, rédacteur en chef de la version française de Motherboard, pour souligner l’approche « humaine » du site.Parmi les premiers sujets français, M. Chavigner racontera sa semaine passée à se nourrir presque exclusivement de Soylent, une forme de nourriture du futur créée pour apporter tous les nutriments nécessaires sous forme de poudre à diluer : « Un enfer » (voir la version américaine). On lira aussi le portrait d’une des personnes chargées de calculer la trajectoire des débris dans « l’espace poubelle ». Ou un sujet sur le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier, parti à Haïti à la recherche des « zombies » – sortes de « morts-vivants », endormis avec des poisons puissants et ranimés après avoir été déclarés morts, explique M. Chavigner. Un sujet conforme au goût des marges et de la provocation de Vice.« Notre approche est globale, explique M. Mead. Nous ne voulons pas seulement parler de New York et de la Silicon Valley : la France et l’Europe ne sont pas assez couverts. » Le rédacteur en chef américain se dit intéressé par le projet de fusion nucléaire Iter.« En France, il y a peu de sites de médias dédiés à l’actualité de l’innovation », regrette M. Chavigner, qui souligne l’importance croissante du thème chez les supports généralistes, comme Le Monde, Le Figaro ou Slate, où la thématique est souvent traitée par une équipe dédiée, comme Pixels au Monde ou Rue89 au Nouvel Observateur.« Wired » et les références anglo-saxonnesPour tous, les exemples sont des sites anglo-saxons comme le très léché The Verge, créé en 2011 et rattaché au groupe de nouveaux médias Vox, ou The Register, réputé sur le thème de la sécurité informatique. Motherboard est connu pour ses enquêtes et ses vidéos (il aura en France quatre personnes dédiées aux images, en plus des quatre permanents de la rédaction).La référence historique incontestée reste le californien Wired, qui dès les années 1990 a proposé un magazine papier époustouflant, doublé d’un site Web quotidien. Propriété du groupe de presse Conde Nast (Vanity Fair, Vogue…), son possible lancement en France fait l’objet de rumeurs régulières.Les essais françaisOccuper ce créneau reste un défi : le magazine papier Humanoïde l’a tenté un an, avant de jeter l’éponge à la mi-septembre ; comme le journal et le site Transfert près de quinze ans avant lui. Le flambeau est pourtant toujours relevé : deux anciens d’Humanoïde se sont lancés à plein temps dans le site Geekzone, alors que d’autres ont rejoint Numerama. Ce site connu pour ses combats autour du téléchargement illégal et des libertés publiques vient d’être racheté et « repositionné ».« Nous avons une ligne beaucoup plus ouverte, proche des Anglo-Saxons : on intègre de la science, de l’économie et de la pop culture », explique Ulrich Rozier. Ce dernier a acquis Numerama grâce au succès de Frandroid, un site consacré au mobile qu’il avait cofondé. Lui aussi revendique un traitement « humain » des technologies et espère importer un peu de l’optimisme américain, parfois forcené dans le cas de Wired.Reste l’épineuse question des modèles économiques : Motherboard bénéficiera du soutien du groupe Vice, expert en publicité ciblant les jeunes et en vidéos sponsorisées. M. Rozier a lui complété ses revenus publicitaires avec des liens vers des fiches de comparateurs de produits et envisage une version payante de Numerama.Lire aussi :L’empire du ViceAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.12.2015 à 15h00 • Mis à jour le08.12.2015 à 16h09 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les grandes manœuvres s’accélèrent dans le domaine de l’information à France Télévisions. Lundi 7 décembre, l’entreprise publique a confié ce domaine sensible à Michel Field, qui dirigeait France 5, en remplacement de Pascal Golomer, conservé par Delphine Ernotte après avoir fait partie de l’équipe précédente. Du côté de France 5, c’est Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, qui remplace provisoirement M. Field.Lire aussi :Michel Field : « Il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans »Pourquoi ce changement, trois mois et demi après l’entrée en fonction de la nouvelle présidente ? Selon un premier niveau de lecture, M. Golomer n’aurait pas donné satisfaction. « A son arrivée, Mme Ernotte a fait le choix de la continuité. Cela n’a pas fonctionné », explique-t-on à la présidence de France Télévisions, en précisant que le remplacement de celui qui a fait toute sa carrière dans le service public, et doit être « appelé à d’autres fonctions », ne sanctionne pas un problème précis.Les dysfonctionnements n’ont pourtant pas manqué, qu’il s’agisse du cafouillage autour de la venue – annulée – de Marine Le Pen à « Des Paroles et des actes », mi-octobre, ou du lancement tardif d’une édition spéciale sur France 2 au soir des attentats du 13 novembre. M. Golomer aurait aussi défendu le directeur de la rédaction de France 2, Eric Monnier, qui devrait prochainement quitter ses fonctions après avoir vu ses méthodes de management contestées par les syndicats.Derrière ces incidents se nichent aussi une divergence d’état d’esprit et une forme d’impatience. L’information est la priorité du début de mandat de Mme Ernotte, qui a choisi de lancer une chaîne en continu et doit mener à son terme un plan de fusion des rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) baptisé « Info 2015 ».Le calendrier est serré : les consultations sociales sur la chaîne d’info doivent commencer en décembre, pour un lancement prévu en septembre 2016. Alors que les syndicats continuent de combattre « Info 2015 », ce projet va nécessiter une accélération du travail en commun, y compris avec les autres acteurs de l’audiovisuel public. « Il faut qu’on avance et qu’on renforce l’esprit collectif », résume-t-on à la présidence.Selon ce deuxième niveau de lecture, il fallait donc tourner la page et installer une figure nouvelle, non marquée par les rivalités entre France 2 et France 3, ni par les affrontements avec les syndicats sur le projet de fusion. D’où le choix de Michel Field, qui doit apporter un « nouveau souffle ».Ce dernier est une pièce importante de l’équipe Ernotte depuis sa constitution. Homme de réseaux, agitateur d’idées, cet agrégé de philosophie entré en télévision chez Christophe Dechavanne en 1989 fait partie de ceux dont la présidente apprécie les conseils. Ces dernières semaines, il a participé aux réunions consacrées au projet de chaîne d’information, chapeauté par un ancien de LCI, comme lui : Germain Dagognet.Sur la chaîne d’information du groupe TF1, M. Field a notamment animé une tranche d’information ou l’émission de débat « Politiquement Show », aux côtés de Patrick Buisson, futur conseiller de Nicolas Sarkozy. D’un point de vue politique, il offre l’avantage d’avoir une image de gauche, en partie liée à son engagement de jeunesse à la Ligue communiste révolutionnaire, tout en ayant bâti une proximité avec l’ancien président de la République. Une double compatibilité précieuse à un an et demi de l’élection présidentielle.L’animateur est surtout connu pour ses émissions culturelles comme « Le Cercle de minuit » ou « Au Field de la nuit ». Cette expérience suscite des interrogations dans la maison. « Nous ne sommes pas surpris qu’il y ait un changement, déclare ainsi Serge Cimino, journaliste à France 3 et membre du bureau national du SNJ. Mais nous sommes étonnés du profil retenu. »Les journalistes ont donc commencé à spéculer sur l’identité du directeur des rédactions qui est à leurs yeux le complément opérationnel indispensable à Michel Field. Des noms comme ceux d’Agnès Vahramian ou d’Hervé Brusini sont cités, mais il semble difficile de convaincre quiconque de porter le projet de fusion. « Michel Field va-t-il remettre en question les projets de l’équipe précédente comme “Info 2015” ? », interroge l’élu (CGT) Marc Chauvelot.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 • Mis à jour le06.12.2015 à 07h37 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place.Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris.Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard.Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ».Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire 17.12.2015 à 17h54 • Mis à jour le18.12.2015 à 11h27 | Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a autorisé, jeudi 17 décembre, le passage sur la TNT gratuite de la chaîne LCI (groupe TF1), dont la diffusion pourrait débuter début 2016. Il a rejeté, en revanche, les demandes de Paris Première (groupe M6) et de Planète+ (groupe Canal+), qui continueront d’être diffusées sur la TNT payante.Cette décision constitue un revirement par rapport à celle de juillet 2014, quand le CSA avait éconduit les trois mêmes chaînes pour ne pas affaiblir les autres acteurs de la TNT gratuite, forte de 25 chaînes. En juin 2015, le Conseil d’Etat avait retoqué cette décision, demandant au CSA de réexaminer les dossiers.Or, et c’est le sens de la décision du CSA, le marché de la télévision a évolué en dix-huit mois. La crise des revenus publicitaires est moins profonde. Les concurrents de LCI, BFM-TV et i-Télé, sont moins fragiles. La première, sous l’ombrelle du groupe NextRadioTV, est désormais alliée au puissant groupe Altice de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR. Au sein du groupe Canal+, la seconde profite des nouvelles ambitions de Vivendi et de son président, Vincent Bolloré. Selon le CSA, l’arrivée de LCI en gratuit pourrait prélever à chacune de ces chaînes 0,2 à 0,4 point d’audience.« Plus d’avenir économique dans l’univers payant »Autre argument : le CSA « a estimé que la chaîne n’avait plus d’avenir économique dans l’univers de la télévision payante, et que son accès gratuit contribuera au pluralisme et à l’intérêt du public », deux critères mis en avant par le Conseil d’Etat, qui a affiné les conditions selon lesquelles une chaîne peut voir son mode de diffusion modifié par une décision simple du CSA.Le fait que LCI n’ait pas de contrat de distribution sur la TNT payante au-delà du 31 décembre a fortement pesé, tout comme l’habileté du groupe TF1 à mettre en avant, cette fois, un projet qui ne soit pas frontal envers BFM-TV ou i-Télé. La nouvelle LCI ne proposera ainsi pas plus de 30 % de journaux télévisés au sein de sa grille, au profit de formats plus « magazine ». TF1 s’est également engagé à ne pas faire de couplages publicitaires ni de promotions croisées.Lire aussi :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFMColère et recours de BFM-TVCette décision du CSA a immédiatement suscité la colère de NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV. Son patron, Alain Weill, va déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Cette démarche « n’est pas suspensif », a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit « aussi vite » qu’elle le souhaite, dès « les semaines à venir ».Interrogé sur ce point par l’AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d’urgence « afin d’avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit ».Dans la minute qui avait suivi l’annonce du passage sur la TNT de LCI, NextRadioTV avait estimé, dans un communiqué cinglant, qu’« aucun argument juridique ou économique nouveau ne justifie ce revirement ». En juillet 2014, le PDG de TF1, Nonce Paolini, n’avait pas masqué sa fureur, tandis qu’Alain Weill, patron de NextRadioTV, savourait. Ce jeudi soir, les rôles étaient inversés.« Le régulateur, en cédant aux nombreuses pressions extérieures, a choisi de renforcer un acteur historique dominant [le groupe TF1] au détriment d’un nouvel entrant et de l’intérêt pour le téléspectateur », accuse le groupe d’Alain Weill. Celui-ci n’hésite pas à parler d’une « dimension politique », sous-entendant qu’on cherche à réduire l’influence de sa chaîne leader, à un an et demi d’une présidentielle risquée pour la gauche au pouvoir. « C’est incompréhensible ou, hélas, trop lisible, lâche M. Weill. Le CSA a cassé ce soir une chaîne qui marche. »L’affaire n’est pas terminée puisque le groupe NextRadioTV indique qu’il « présentera, dès le début de l’année, aux représentants du personnel, les mesures qui vont s’imposer, tant en termes d’organisation que d’emplois. » M. Weill avait menacé de supprimer cent postes à BFM-TV en cas de passage en gratuit de LCI. Interrogé sur ce point jeudi soir, il tempère toutefois son discours : « On va regarder avec nos partenaires sociaux comment préparer cette période difficile, durant laquelle nos charges vont devoir baisser. »Lire aussi :LCI en gratuit : BFM-TV menace de supprimer 100 emploisDécision « injuste et non fondée » pour M6Autre mécontent, Nicolas de Tavernost, président du groupe M6. Contacté par Le Monde après le refus du CSA d’autoriser le passage en gratuit de Paris Première, celui-ci parle d’une décision « injuste et non fondée ». Le CSA a estimé que « les situations particulières de Paris Première et Planète+ ne justifiaient pas de déroger à l’exigence générale d’un appel à candidatures ouvert ». C’est-à-dire qu’elles n’allaient pas mourir en cas de maintien en payant, et que l’apport, en termes de pluralisme, était plus discutable que dans le cas de LCI.M. de Tavernost réfute cette analyse, constatant que « le groupe Canal+ va arrêter de distribuer la TNT payante » et que celle-ci, moribonde, risque d’emporter Paris Première dans son déclin. Lui aussi annonce un recours devant le Conseil d’Etat.Nouveau paysageMalgré la menace de ces deux recours, c’est un nouveau paysage de l’information télévisée que les Français vont découvrir. LCI sera la troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite, après i-Télé et BFM-TV, en attendant le possible lancement d’une chaîne publique par France Télévisions, en septembre 2016.Ce sont donc potentiellement quatre chaînes d’information qui pourraient cohabiter dès l’automne prochain quand commencera la campagne présidentielle. N’est-ce pas trop ? Alain Weill estime que l’intensité concurrentielle sera trop forte, et que ces chaînes auront des moyens réduits, affaiblissant in fine le pluralisme. Un avis partagé chez i-Télé où l’on affirme que « la viabilité de l’ensemble des chaînes s’en trouve menacée ».Le CSA, de son côté, se protège en rappelant que pour la chaîne publique, « il n’existe à ce jour qu’une déclaration d’intention ». « Nous n’avons ni calendrier, ni projet précis, ni option claire sur l’utilisation d’un canal hertzien d’entrée ou dans une seconde étape », rappelle-t-on. Si le gouvernement fait le choix de préempter un canal pour cette future chaîne, le CSA aura à se prononcer sur l’intérêt de cette réservation pour le public. Mais l’argument du pluralisme devrait encore l’emporter.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est un budget 2016 positif de 300 000 euros que le conseil d’administration de France Télévisions a adopté jeudi 17 décembre. Les pertes de l’entreprise s’élevaient à 87 millions d’euros en 2013, 38 millions en 2014 et devraient être d’environ une dizaine de millions en 2015, pour un résultat d’exploitation négatif d’une quarantaine de millions d’euros.Pour 2016, France Télévisions avait initialement fait état d’un déficit programmé de 50 millions d’euros. Mais l’entreprise a bénéficié d’un coup de pouce de 29 millions d’euros du Parlement à l’automne, qu’elle a complété par des économies.« Ce budget marque, pour la première fois depuis trois ans, un retour à l’équilibre. Cette nouvelle donne a été rendue possible par la modification des ressources publiques lors du vote du projet de loi de finances, ainsi que par un plan d’économies de l’entreprise », indique-t-elle dans un communiqué de presse.[CP] Le Conseil d’administration de #FranceTéléapprouve un budget 2016 à l’équilibre— Francetele (@France Télévisions)require(["twitter/widgets"]);Ces économies, qui n’ont pas été détaillées, reposeraient, selon nos informations, sur une meilleure utilisation des moyens internes, une redistribution des émissions entre les chaînes du groupe, des renégociations de contrats avec des producteurs et un effort sur les programmes nationaux et régionaux. En somme, une ventilation très large pour un effort correspondant à environ 1 % des dépenses globales de l’entreprise. Celle-ci commence également à percevoir les effets sur sa masse salariale du plan de départs volontaires initié sous la présidence de Rémy Pflimlin.Le budget 2016 comprend également une « provision » liée au projet de chaîne d’information, actuellement en réflexion. Selon nos informations, celle-ci serait de 6 millions d’euros.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 12h43 • Mis à jour le18.12.2015 à 10h07 | Alexis Delcambre C’est une véritable révolution culturelle qui se prépare au sein des médias du groupe Lagardère. D’ici deux à trois ans, les rédactions d’Europe 1 et du Journal du dimanche, entre autres, devraient être rassemblées dans un lieu unique. Ce projet a été présenté, jeudi 17 décembre, lors de comités d’entreprise (CE) au sein de la branche Lagardère Active, qui rassemble les médias du groupe.Aux alentours de 2018, les équipes, actuellement installées dans l’immeuble cossu de la rue François-Ier, à Paris, quitteront le 8e arrondissement de la capitale pour un autre site « intra-muros », où ils retrouveront les salariés du JDD, actuellement basés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront accompagnés par les autres médias qui partagent actuellement l’immeuble d’Europe 1 : le site Sports.fr, les radios RFM et Virgin Radio et les chaînes Gulli, Canal J, TiJi, June et Mezzo. Trois sites d’installation seraient actuellement à l’étude mais, lors d’un CE, il a surtout été question d’un immeuble situé rue des Archives.Il ne s’agit pas, officiellement, d’une « fusion ». Chacun des titres conservera sa direction sous l’autorité du PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Mais celui-ci a expliqué, lors du CE, qu’il y aurait une unité de commandement, avec un directeur de l’information commun.Une idée ancienneCe rapprochement géographique correspond bien à un projet éditorial et organisationnel consistant à davantage intégrer les rédactions d’Europe 1 et du JDD. Les formes de cette intégration restent à définir et doivent faire l’objet, ces prochains mois, d’ateliers de réflexion qui pourraient porter, par exemple, sur des mutualisations de postes ou encore la mise en commun des moyens numériques.Le secteur des médias est en pleine concentration et Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la tailleUne telle idée n’est pas nouvelle chez Lagardère. En 2008, le projet « Lagardère News » ambitionnait déjà de rassembler les rédactions d’Europe 1, du JDD et de Paris Match, sous la direction de Jean-Pierre Elkabbach, actuel intervieweur de la matinale d’Europe 1.L’idée reprend corps aujourd’hui alors que le secteur des médias est en pleine concentration. Lagardère ne veut pas être absent de cette course à la taille.Au même moment, Europe 1 et le JDD donnent l’impression d’un essoufflement de leurs modèles. Dans la foulée du départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’été 2014, la radio dirigée par Fabien Namias peine à conquérir de nouveaux auditeurs, sur un marché globalement en repli. Europe 1 reste une marque prestigieuse, placée par Arnaud Lagardère dans un « environnement sacré » qui ne peut être vendu. Mais elle n’est plus une vache à lait pour le groupe.Déficitaire, le Journal du dimanche garde lui son influence mais doit affronter une baisse de sa diffusion de l’ordre de 5 %, à 200 000 exemplaires par semaine environ.Un immeuble pépiteDans ce contexte, Lagardère Active est forcément tenté d’améliorer la rentabilité de l’ensemble. La branche médias du groupe connaît une baisse de son chiffre d’affaires (958 millions d’euros en 2014), en partie liée à des cessions de titres, mais se targue d’améliorer son résultat opérationnel (73 millions d’euros en 2014).Le déménagement envisagé aura pour effet de libérer l’immeuble de la rue François-Ier. Une véritable pépite au cœur du « triangle d’or » de la capitale, dans un quartier où rivalisent les enseignes du luxe. La perspective d’une vente, ou d’une location à prix d’or, serait une bénédiction pour la trésorerie du groupe. Au siège, on se borne à indiquer que « toutes les hypothèses sont à l’étude », alors que Lagardère passe actuellement en revue ses actifs immobiliers.Ces annonces constituent un démenti de fait au scénario d’une vente d’Europe 1, dont la rumeur a couru ces derniers mois, mais qui avait été exclue par Arnaud Lagardère début octobre. Le groupe n’en a pourtant pas fini avec les cessions d’actifs. Il discute actuellement de la vente de titres présentés comme non stratégiques (Télé 7 Jours, France dimanche et Ici Paris). Cette cession serait désormais en passe d’être bouclée, avec le groupe Altice comme acquéreur possible. Le mensuel Parents est également sur le point d’être cédé à Uni-éditions, une filiale du Crédit agricole.Le nouveau profil du groupe se concentre sur la production audiovisuelle, l’édition, le « travel retail » et le sport. Seuls les médias disposant d’un potentiel de développement numérique important, comme Elle, ou apportant de l’image et de l’influence, comme Paris Match, le Journal du dimanche ou Europe 1, sont sûrs de conserver leur place dans son périmètre.Enfin, ces annonces interviennent alors que le Journal du dimanche vient de traverser une crise, avec l’adoption d’une motion de défiance contre son directeur. Jérôme Bellay a été contesté pour une « une » affichant un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Lire aussi :Après la « une » sur Marine Le Pen, les salariés du « JDD » votent une motion de défiance envers la directionLa société des journalistes a dénoncé « des dysfonctionnements au sein du journal, des errements managériaux, de l’absence de vision et de stratégie » et « une direction qui assume sa présence à mi-temps ». Pilier historique du groupe et auteur notamment d’une relance complète d’Europe 1 dans les années 1990, M. Bellay doit proposer prochainement un « nouveau projet éditorial », comme le lui a demandé le propriétaire du groupe, Arnaud Lagardère.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h59 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique une audience de 70 millions de personnes par semaine, dont la moitié la regardent quotidiennement, selon une étude Ipsos pour 38 pays. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.12.2015 à 22h53 • Mis à jour le15.12.2015 à 14h00 | Renaud Machart Plus on voyait, au cours d’entretiens télévisés récents, les mines crispées des rescapés et des proches encore en poste à Canal+ de l’ancienne équipe des « Guignols de l’info », moins on doutait que la nouvelle mouture de l’émission satirique phare de la chaîne cryptée jouait un dangereux va-tout avec sa nouvelle formule, programmée lundi 14 décembre.Les « Guignols » étaient absents des écrans depuis six mois. D’abord parce que Vincent Bolloré — qui contrôle Canal+ — en avait souhaité la suppression, probablement en raison des charges violentes contre ses amis politiques — au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui, on s’en souvient, avait passé ses premières vacances de président de la République sur le bateau de M. Bolloré. Ensuite parce que, contrainte de la réinstaurer sous la pression médiatique qui avait dénoncé une attaque contre la liberté de penser, Canal+ dut recruter de nouveaux auteurs et repenser entièrement le concept initial, qui n’avait guère bougé depuis ses débuts, le 29 août 1988.L’émission, intitulée désormais « Les Guignols », retrouvait donc l’antenne, en crypté, lundi à 20 h 50 — avec cinq bonnes minutes de retard sur l’horaire programmé, juste avant la série « Versailles ». Le premier épisode de cette 27e saison a attiré 1,45 million de téléspectateurs (5,5 % de part d’audience), alors que lors de la saison précédente, diffusée en clair et une heure plus tôt dans le cadre du « Grand Journal », l’émission comptait en moyenne entre 1,6 et 1,8 million de téléspectateurs.Si l’on juge que les nouveaux auteurs, Matthieu Burnel, Cédric Clémenceau, Nans Delgado et Frédéric Hazan, ont eu de longues semaines pour préparer leurs premiers sketchs « intemporels », on craint le pire pour la suite tant leur humour est rase-mottes. Leur réaction aux événements récents — COP21, élections régionales — n’est pas plus piquante.Lire aussi :Les Guignols de l’info reviennent en crypté sur Canal+Lucet et Pujadas à la place de PPDL’idée de remplacer PPD — la marionnette à l’effigie de Patrick Poivre d’Arvor, qui menait cette parodie de journal télévisé depuis les débuts des « Guignols » — par Elise Lucet — dont la réplique s’exprime en décalque des manières de Nadine Morano —, par David Pujadas, qui mènent les entretiens, et par deux jeunes animateurs « lambda », qui présentent les nouvelles, n’est probablement pas promise au succès. Encore moins l’idée de rassembler les présentateurs des JT (Elise Lucet, Jean-Pierre Pernaut, David Pujadas, etc.) en une même salle de rédaction : plutôt que les charges acides que menaient les Guignols contre les concurrents de Canal+, on a désormais droit à des blagounettes bien inoffensives entre collègues autour de la table de conférence ou de la machine à café.On pensait que Vincent Bolloré — dont Yves Le Rolland, directeur artistique des « Guignols », jurait, avec des mines d’enfant de chœur, dans l’émission « Le Tube », de Canal+, du 5 décembre, qu’il n’avait rien imposé — aurait fait disparaître certaines marionnettes politiques, dont celle de M. Sarkozy. Elle est bien là, ce qui rassurera, en surface.Mais il est à craindre que son personnage ne soit que gentiment perturbé dans ces « Guignols » new-look qui, s’ils continuent sur ce mode, nous feront les regarder de temps en temps d’un œil professionnel et non plus pour la gondole quotidienne qu’ils provoquaient.Lire aussi :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Véronique Cauhapé Après six mois d’absence et de silence, les Guignols étaient de retour sur Canal+, lundi 14 décembre à 20 h 50, mais cette fois en crypté. On pourra les retrouver un peu plus tard en clair sur le site de la chaîne et celui de Dailymotion (société contrôlée par Vivendi). Au préalable, ils ont également fait une apparition, dans un sketch, à 19 h 50 dans « Le Grand Journal ».Avec ce come-back, cette émission entame sa 27e saison. Autant dire un bail ! Mais aussi un défi car, en juin, elle fut menacée de disparition, jugée trop irrévérencieuse par Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de Canal+. Vincent Bolloré avait déclaré, en février : « Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Après un casting lancé en août pour trouver quatre auteurs – en l’occurrence, Matthieu Burnel, Nans Delgado, Cédric Clémenceau, Frédéric Hazan, retenus parmi plus de mille candidats –, quatre mois de travail ont été nécessaires pour relancer les Guignols sur une nouvelle formule.Créer vingt nouveaux personnages par anDécor repensé, personnages réinventés, ligne éditoriale remaniée… les marionnettes commencent une nouvelle vie. Yves le Rolland, directeur artistique et producteur de l’émission depuis plus de vingt ans, espère que celle-ci durera encore « vingt ans ».Pour ce second souffle, les Guignols se retrouveront désormais non plus dans un studio de JT, mais dans une « newsroom » de chaîne info, plus vaste, avec deux comptoirs, des bureaux, une machine à café et une salle de maquillage.Lire aussi :PPD, la marionnette de PPDA, ne présentera plus Les Guignols de l’infoL’émission sera désormais découpée en plusieurs parties : la salle de rédaction où se discutent les sujets, le plateau que se partagera un couple de présentateurs façon chaîne info, la machine à café, les coulisses.La relookeuse Cristina Cordula dispensera ses conseils beauté en salle de maquillage. Tandis que dans la newsroom, deux « petits nouveaux » – Elise Lucet et bientôt Laurent Delahousse – rejoindront PPD et David Pujadas. Si dans l’ombre, on retrouve les mêmes imitateurs (Yves le Coq, présent depuis 1988, Sandrine Alexi, Marc-Antoine Le Bret…), de nouveaux personnages vont faire leur apparition à l’écran, au rythme de vingt par an (contre sept jusqu’à présent) : Donald Trump (élections américaines obligent), le couple Kanye West et Kim Kardashian, ainsi que le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg.« S’exporter et voyager sur les réseaux sociaux »Car l’ambition est d’accorder une large place à des sujets plus internationaux, notamment les élections américaines, la culture pop outre-Atlantique… Cette ouverture, selon Yves le Rolland, vise à « mieux s’exporter et mieux voyager sur les réseaux sociaux », ainsi que l’a souhaité Vincent Bolloré, qui veut faire de Canal+ un acteur global du divertissement. « Canal+ veut investir massivement dans les contenus premium et diffuser ces contenus à l’international », avait résumé le directeur général de Canal+, Maxime Saada, en juillet.Pour atteindre d’autres pays par Internet, certains sketches seront sous-titrés, en anglais et en espagnol. « Les Guignols ont pour vocation de représenter le théâtre du monde », n’a pas hésité à déclarer leur producteur dans le magazine de Canal+, « Le tube », samedi 5 décembre.L’émission devrait, selon les équipes, marquer une rupture avec le passé. Sans perdre l’ADN de ce qui fit le succès des marionnettes : l’impertinence et le décryptage de l’actualité.Stopper l’érosion des abonnésAncienne vitrine de Canal+ en gratuit, l’émission devient donc un produit réservé aux abonnés, diffusé à 20 h 50, juste avant le prime time. Car la priorité de Vincent Bolloré est désormais de stopper l’érosion des abonnés en France métropolitaine : la chaîne en a perdu 88 000 sur un an.L’idée est qu’une émission aussi emblématique peut être un motif d’abonnement. « Nous considérons que c’est une pépite qui contribue à l’attractivité de la chaîne », soulignait M. Saada en juillet.La nouvelle émission doit aussi servir de vecteur à la présence numérique de Canal+. D’où sa diffusion sur Dailymotion, gratuitement, après sa diffusion à l’antenne. D’où aussi l’idée de lancer de nouvelles marionnettes mondialement connues, comme Donald Trump ou Kim Kardashian.Autre objectif de M. Bolloré : la diversification et le lien entre les différentes entités de Vivendi (Universal Music, Canal+, Dailymotion, Vivendi Village dans le spectacle). « Bolloré souhaite même développer cette marque », selon un membre de l’équipe des Guignols. Un projet de film aurait ainsi été évoqué.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterVéronique CauhapéJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 08h14 • Mis à jour le11.12.2015 à 14h14 | Alexis Delcambre Pour pouvoir notamment exporter des séries, France Télévisions a signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction, dont le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international, a annoncé le groupe, jeudi 10 décembre.L’accord conclu avec le Satev (Syndicat des agences de presse télévisée), le SPFA (Syndicat français des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) prévoit que France Télévisions portera à 25 % de ses dépenses de création les œuvres « dépendantes » (dont elle détient en partie les droits) contre 5 % actuellement. Le groupe bénéficiera ainsi du même seuil de 25 % que les groupes privés.« La moitié de cette part dépendante pourra être réalisée avec la filiale de production de France Télévisions MFP, seule ou en coproduction », précise le groupe, qui s’engage à maintenir à 400 millions d’euros minimum son budget pour la création. L’autre moitié de cette part « dépendante » sera réalisée par des producteurs indépendants mais avec des conditions plus favorables à France Télévision, par exemple sur la durée des droits ou le niveau de coproduction. Les budgets alloués au webcréations devraient également être intégrés à cette part.Du côté de la part « indépendante », France Télévisions a notamment obtenu la possibilité de mieux faire circuler les œuvres au sein de son bouquet de chaînes. Jusqu’ici France Télévisions commandait des œuvres à des producteurs indépendants, à hauteur de 95 % de ses dépenses de création, sans détenir aucun droit de propriété sur elles – un système instauré par les décrets « Tasca » des années 1990 pour protéger les producteurs indépendants et que le ministère de la culture veut réformer.Succès pour Delphine ErnotteOr, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut faire de l’exportation de fictions une nouvelle source de revenus et de rayonnement. Sans attendre une nouvelle réglementation, elle passe ainsi par un accord professionnel amiable pour atteindre son but. Elle prévoit même que sa filiale MFP pourra davantage produire seule : c’est un retour de France Télévisions dans la production en propre, qui rappelle le temps de l’ORTF et de ses grandes séries populaires.Dans la quête des groupes médias pour détenir des contenus, c’est aussi une riposte de France Télévisions à la chaîne TF1, qui va se lancer dans la production en rachetant le producteur Newen, qui réalisait de nombreuses séries pour France Télévisions. L’accord est un succès pour Delphine Ernotte, qui a fait de la maîtrise des droits un enjeu du développement entrepreneurial de France Télévisions, et pour sa directrice du développement commercial et PDG de MFP, Laëtitia Recayte.« Cet accord interprofessionnel répond à la nécessité pour le service public de mieux protéger et de mieux valoriser ses programmes », a indiqué France Télévisions dans un communiqué. « France Télévisions et la production indépendante prennent des engagements mutuels sur la durée des droits, l’exploitation sur les plates-formes numériques, la circulation des œuvres, le partage de la valeur, tant dans la part indépendante que dans la part dépendante » des budgets dédiés à la création, indique le groupe sans autre détail.L’accord est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la culture, Fleur Pellerin, dont le cabinet travaille à élaborer un « acte II » redéfinissant les relations entre producteurs et diffuseurs, quelques mois après la publication d’un premier décret. Cet accord devrait faciliter les choses. Dans un communiqué, la ministre s’est félicitée de « cet accord majeur qui va favoriser l’investissement du service public dans la création, en offrant plus de flexibilité à France Télévisions – qui bénéficiera notamment d’un renforcement de ses capacités de production –, et des garanties solides en faveur des producteurs indépendants ».« Cette « nouvelle alliance » qui renforce le partenariat entre producteurs et diffuseurs permettra un meilleur partage du risque, clarifiera les modèles de production et soutiendra la diversité de la création, a-t-elle ajouté. La ministre souhaite que cette étape importante puisse être complétée très rapidement par un accord sur la transparence, et que des discussions s’engagent très vite entre diffuseurs privés et producteurs sur des principes similaires. »Lire aussi :Télévision : renforçons l’alliance entre producteurs et diffuseurs au service de la créationAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 10h26 • Mis à jour le16.12.2015 à 11h07 | Alexis Delcambre La perspective d’un geste fiscal en faveur des sites d’information Mediapart ou Arrêt sur images s’éloigne. Mardi 15 décembre dans la soirée, les députés ont retoqué (40 voix contre 22) des amendements au projet de loi de finances pour 2016 qui prévoyaient de donner raison a posteriori aux sites qui se sont appliqué, entre 2008 et 2014, un taux de TVA « super-réduit » de 2,1 %, alors réservé aux médias papier.En 2014, la loi a finalement aligné les taux de TVA payés par tous les médias d’information à 2,1 %, comme plusieurs responsables politiques s’y étaient engagé depuis 2009. Mais l’administration fiscale réclame des arriérés et des pénalités aux supports qui avaient anticipé cette évolution. Mediapart se voit ainsi réclamer 4,1 millions d’euros et Arrêt sur images 540 000 euros. François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart, a écrit dans un billet de blog mercredi :« Ayant épuisé toutes les voies de recours auprès de l’administration fiscale, Mediapart est désormais mis en demeure de régler l’ahurissant redressement exigé, de 4,1 millions d’euros, dont 1,3 million de pénalités ».« La rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité »Le 4 décembre, l’Assemblée nationale avait voté de justesse (11 voix contre 10), contre l’avis du gouvernement, un amendement donnant raison aux sites visés par un redressement fiscal. Le Sénat avait ensuite supprimé ce geste, une position sur laquelle se sont finalement alignés les députés.Face aux partisans de cet amendement, comme Christian Paul (Nièvre, PS), le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, a estimé que ces amendements paraissaient « inapplicables », notamment parce que « la rétroactivité sur la TVA est source d’inégalité », car d’autres sites ont appliqué le taux normal, ce que « le Conseil constitutionnel ne manquerait pas de relever ». Le président de la commission des finances, Gilles Carrez (LR), a aussi souligné qu’une telle rétroactivité fiscale pour la TVA serait « sans précédent ».Mais pour Mediapart, la position de M. Eckert et, à travers lui, du gouvernement, cache un dessein politique. François Bonnet écrit :« En pleine régression par rapport au développement de l’économie numérique, et dans une atmosphère de règlements de comptes avec des sites qui visiblement dérangent le pouvoir, le gouvernement s’est brutalement mis en travers de la correction demandée à l’origine par des députés ».Lire aussi :Presse en ligne : l’égalité de TVA revendiquée par Mediapart n’est pas encore acquiseNouveaux appels aux dons« Pour ce qui nous concerne, nous avons fait appel, la semaine dernière, de la décision du tribunal administratif rejetant notre recours contre nos redressements », explique de son côté Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images.« Pour faire reconnaître notre droit, nous irons jusqu’au bout : jusqu’au Conseil d’Etat, jusqu’au Conseil constitutionnel. On tirera par la manche tous les sages de la République. »En attendant, les deux sites ont relancé l’appel aux dons de leurs lecteurs, qui leur ont déjà permis de récolter 400 000 euros pour Mediapart et 460 000 euros pour Arrêt sur images. Mediapart dispose par ailleurs d’une trésorerie de trois millions d’euros environ. L’enjeu pour ces sites est désormais de pouvoir financer leurs redressements, leurs éventuelles nouvelles démarches juridiques n’étant pas suspensives.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est sur la version française de la télévision russe Russia Today que l’on peut retrouver l’ex-Monsieur Météo de France 2. Financée par le Kremlin, la chaîne entend bien diffuser sa conception du monde sur les marchés francophones. « Je suis très content de vous retrouver pour vous parler en liberté de la COP21 sur RT France. » Voilà comment la récente notoriété du controversé Philippe Verdier, licencié de France Télévisions après avoir commis un livre contestant l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, se retrouve au service d’un des projets médiatiques les plus mystérieux du moment : la version française de la chaîne russe Russia Today (RT), accessible sur Internet.Chaque jour pendant la COP21, l’ex-« Monsieur Météo » de France 2 a livré une chronique vidéo, prenant place à côté des contenus classiques d’information fondés sur des dépêches AFP. Certains prismes y sautent cependant rapidement aux yeux, comme le relais systématique des positions du régime de Damas, protégé de Moscou, ou la part belle accordée aux défenseurs français de l’alliance avec la Russie, comme Philippe de Villiers ou le directeur de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel.La pollution climatique selon Philippe Verdier : la Russie, “bon élève”, mais “on se méfie des Etats-Unis”Lors de son lancement en 2005, Vladimir Poutine avait assigné à Russia Today la mission de « casser le monopole des médias anglo-saxons ». Dix ans après, la chaîne financée par le Kremlin, au même titre que la plate-forme Web Sputniknews lancée en janvier 2015, revendique plusieurs centaines de millions de téléspectateurs dans le monde. La sphère francophone est devenue une des zones de développement de l’influence médiatique russe.En quête d’une réelle audienceL’objectif de RT est de rejoindre, sur les boxes Internet et les satellites, France 24, la chaîne israélienne i24News, la qatarie Al-Jazira et la chinoise CCTV-4, qui émettent en français et se disputent l’attention de l’audience francophone, actuellement de 220 millions de personnes, mais qui atteindra 700 millions en 2050, selon l’ONU.« Vu le climat actuel, il est important de donner la vision de la Russie » sur les affaires internationales, avait assumé le président de RT France, Irakly Gachechiladze, en octobre, quand la chaîne publique russe a annoncé son projet de développer une chaîne d’information en continu. Douze personnes travaillent déjà sur le site Internet à Paris, tandis qu’une vingtaine gère à Moscou la postproduction des vidéos pour le fil français.Le tout n’est pas toujours d’une grande rigueur… Lors des attentats commis à Paris le 13 novembre, Russia Today a relayé des rumeurs, comme celle d’une attaque dans le quartier des Halles. Sa rubrique « Opinions », elle, offre un concentré d’une vision « désoccidentalisée » des affaires du monde : rumeurs d’un coup d’Etat inspiré par les Etats-Unis au Venezuela, accusations de trafic entre Daech et la famille Erdogan en Turquie…L’offre devrait toutefois évoluer rapidement : pour 2016, Irakly Gachechiladze promet un talk-show « avec de grands journalistes français ». En ligne de mire : la primaire à droite puis la présidentielle de 2017, deux temps forts qui pourraient permettre de développer la notoriété de RT en France, tout en proposant une vision « russe » de ces deux rendez-vous politiques français.Lire aussi :Les médias, machine de guerre du KremlinAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.12.2015 à 22h53 • Mis à jour le15.12.2015 à 14h00 | Renaud Machart Plus on voyait, au cours d’entretiens télévisés récents, les mines crispées des rescapés et des proches encore en poste à Canal+ de l’ancienne équipe des « Guignols de l’info », moins on doutait que la nouvelle mouture de l’émission satirique phare de la chaîne cryptée jouait un dangereux va-tout avec sa nouvelle formule, programmée lundi 14 décembre.Les « Guignols » étaient absents des écrans depuis six mois. D’abord parce que Vincent Bolloré — qui contrôle Canal+ — en avait souhaité la suppression, probablement en raison des charges violentes contre ses amis politiques — au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui, on s’en souvient, avait passé ses premières vacances de président de la République sur le bateau de M. Bolloré. Ensuite parce que, contrainte de la réinstaurer sous la pression médiatique qui avait dénoncé une attaque contre la liberté de penser, Canal+ dut recruter de nouveaux auteurs et repenser entièrement le concept initial, qui n’avait guère bougé depuis ses débuts, le 29 août 1988.L’émission, intitulée désormais « Les Guignols », retrouvait donc l’antenne, en crypté, lundi à 20 h 50 — avec cinq bonnes minutes de retard sur l’horaire programmé, juste avant la série « Versailles ». Le premier épisode de cette 27e saison a attiré 1,45 million de téléspectateurs (5,5 % de part d’audience), alors que lors de la saison précédente, diffusée en clair et une heure plus tôt dans le cadre du « Grand Journal », l’émission comptait en moyenne entre 1,6 et 1,8 million de téléspectateurs.Si l’on juge que les nouveaux auteurs, Matthieu Burnel, Cédric Clémenceau, Nans Delgado et Frédéric Hazan, ont eu de longues semaines pour préparer leurs premiers sketchs « intemporels », on craint le pire pour la suite tant leur humour est rase-mottes. Leur réaction aux événements récents — COP21, élections régionales — n’est pas plus piquante.Lire aussi :Les Guignols de l’info reviennent en crypté sur Canal+Lucet et Pujadas à la place de PPDL’idée de remplacer PPD — la marionnette à l’effigie de Patrick Poivre d’Arvor, qui menait cette parodie de journal télévisé depuis les débuts des « Guignols » — par Elise Lucet — dont la réplique s’exprime en décalque des manières de Nadine Morano —, par David Pujadas, qui mènent les entretiens, et par deux jeunes animateurs « lambda », qui présentent les nouvelles, n’est probablement pas promise au succès. Encore moins l’idée de rassembler les présentateurs des JT (Elise Lucet, Jean-Pierre Pernaut, David Pujadas, etc.) en une même salle de rédaction : plutôt que les charges acides que menaient les Guignols contre les concurrents de Canal+, on a désormais droit à des blagounettes bien inoffensives entre collègues autour de la table de conférence ou de la machine à café.On pensait que Vincent Bolloré — dont Yves Le Rolland, directeur artistique des « Guignols », jurait, avec des mines d’enfant de chœur, dans l’émission « Le Tube », de Canal+, du 5 décembre, qu’il n’avait rien imposé — aurait fait disparaître certaines marionnettes politiques, dont celle de M. Sarkozy. Elle est bien là, ce qui rassurera, en surface.Mais il est à craindre que son personnage ne soit que gentiment perturbé dans ces « Guignols » new-look qui, s’ils continuent sur ce mode, nous feront les regarder de temps en temps d’un œil professionnel et non plus pour la gondole quotidienne qu’ils provoquaient.Lire aussi :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Véronique Cauhapé Après six mois d’absence et de silence, les Guignols étaient de retour sur Canal+, lundi 14 décembre à 20 h 50, mais cette fois en crypté. On pourra les retrouver un peu plus tard en clair sur le site de la chaîne et celui de Dailymotion (société contrôlée par Vivendi). Au préalable, ils ont également fait une apparition, dans un sketch, à 19 h 50 dans « Le Grand Journal ».Avec ce come-back, cette émission entame sa 27e saison. Autant dire un bail ! Mais aussi un défi car, en juin, elle fut menacée de disparition, jugée trop irrévérencieuse par Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de Canal+. Vincent Bolloré avait déclaré, en février : « Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Après un casting lancé en août pour trouver quatre auteurs – en l’occurrence, Matthieu Burnel, Nans Delgado, Cédric Clémenceau, Frédéric Hazan, retenus parmi plus de mille candidats –, quatre mois de travail ont été nécessaires pour relancer les Guignols sur une nouvelle formule.Créer vingt nouveaux personnages par anDécor repensé, personnages réinventés, ligne éditoriale remaniée… les marionnettes commencent une nouvelle vie. Yves le Rolland, directeur artistique et producteur de l’émission depuis plus de vingt ans, espère que celle-ci durera encore « vingt ans ».Pour ce second souffle, les Guignols se retrouveront désormais non plus dans un studio de JT, mais dans une « newsroom » de chaîne info, plus vaste, avec deux comptoirs, des bureaux, une machine à café et une salle de maquillage.Lire aussi :PPD, la marionnette de PPDA, ne présentera plus Les Guignols de l’infoL’émission sera désormais découpée en plusieurs parties : la salle de rédaction où se discutent les sujets, le plateau que se partagera un couple de présentateurs façon chaîne info, la machine à café, les coulisses.La relookeuse Cristina Cordula dispensera ses conseils beauté en salle de maquillage. Tandis que dans la newsroom, deux « petits nouveaux » – Elise Lucet et bientôt Laurent Delahousse – rejoindront PPD et David Pujadas. Si dans l’ombre, on retrouve les mêmes imitateurs (Yves le Coq, présent depuis 1988, Sandrine Alexi, Marc-Antoine Le Bret…), de nouveaux personnages vont faire leur apparition à l’écran, au rythme de vingt par an (contre sept jusqu’à présent) : Donald Trump (élections américaines obligent), le couple Kanye West et Kim Kardashian, ainsi que le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg.« S’exporter et voyager sur les réseaux sociaux »Car l’ambition est d’accorder une large place à des sujets plus internationaux, notamment les élections américaines, la culture pop outre-Atlantique… Cette ouverture, selon Yves le Rolland, vise à « mieux s’exporter et mieux voyager sur les réseaux sociaux », ainsi que l’a souhaité Vincent Bolloré, qui veut faire de Canal+ un acteur global du divertissement. « Canal+ veut investir massivement dans les contenus premium et diffuser ces contenus à l’international », avait résumé le directeur général de Canal+, Maxime Saada, en juillet.Pour atteindre d’autres pays par Internet, certains sketches seront sous-titrés, en anglais et en espagnol. « Les Guignols ont pour vocation de représenter le théâtre du monde », n’a pas hésité à déclarer leur producteur dans le magazine de Canal+, « Le tube », samedi 5 décembre.L’émission devrait, selon les équipes, marquer une rupture avec le passé. Sans perdre l’ADN de ce qui fit le succès des marionnettes : l’impertinence et le décryptage de l’actualité.Stopper l’érosion des abonnésAncienne vitrine de Canal+ en gratuit, l’émission devient donc un produit réservé aux abonnés, diffusé à 20 h 50, juste avant le prime time. Car la priorité de Vincent Bolloré est désormais de stopper l’érosion des abonnés en France métropolitaine : la chaîne en a perdu 88 000 sur un an.L’idée est qu’une émission aussi emblématique peut être un motif d’abonnement. « Nous considérons que c’est une pépite qui contribue à l’attractivité de la chaîne », soulignait M. Saada en juillet.La nouvelle émission doit aussi servir de vecteur à la présence numérique de Canal+. D’où sa diffusion sur Dailymotion, gratuitement, après sa diffusion à l’antenne. D’où aussi l’idée de lancer de nouvelles marionnettes mondialement connues, comme Donald Trump ou Kim Kardashian.Autre objectif de M. Bolloré : la diversification et le lien entre les différentes entités de Vivendi (Universal Music, Canal+, Dailymotion, Vivendi Village dans le spectacle). « Bolloré souhaite même développer cette marque », selon un membre de l’équipe des Guignols. Un projet de film aurait ainsi été évoqué.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterVéronique CauhapéJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Robert-Diard Après son passage sur BFMTV, au lendemain des attentats du 13 novembre, cette ancienne avocate est devenue une vedette sur Internet, où un jeune homme, Karim Boukercha, a lancé un appel pour lui offrir des fleurs. A cette occasion, des messages venant du monde entier ont été adressés à “Mamie Danielle”. Nous en publions une partie. Parmi les anonymes venus déposer une fleur ou une bougie devant le Bataclan à Paris, lundi 16 novembre, la caméra de BFMTV repère une dame déjà âgée en imperméable beige et lui tend son micro. D’une voix forte, elle appelle à « fraterniser avec les musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment » et à relire Paris est une fête de Hemingway. « Mamie Danielle » enflamme aussitôt les réseaux sociaux et l’appel sur Twitter d’un jeune homme de Toulouse, Karim Boukercha, qui cherche à connaître son nom pour lui adresser un bouquet de fleurs, est relayé des milliers de fois.Lire aussi :“Mamie Danielle”, la femme de combat qui a crevé l’écranFrançais de culture musulmane, il est arrivé d’Algérie à l’âge de 9 ans, et cette « Mamie Danielle » lui en rappelle une autre, une retraitée bénévole catholique qui, dans le village de Haute-Garonne où il vivait avec sa famille, lui a appris le français et l’a aidé pendant des années à faire ses devoirs. Lorsqu’il découvre la personnalité de Danielle Mérian, une ancienne avocate de 77 ans, militante des droits de la femme et des libertés, Karim Boukercha ouvre une cagnotte intitulée #DesFleursPourDanielle sur le site de financement participatif Leetchi. En quelques jours, les dons de 1 à 150 euros affluent et jusqu’à atteindre plus de 16 000 euros. La somme, bien supérieure à la valeur d’un joli bouquet, servira à financer des associations dans lesquelles Danielle Mérian est impliquée. Au passage, Karim Boukercha propose à ceux qui le souhaitent de s’adresser directement à cette femme qui a su trouver les mots que tant d’autres ne trouvaient pas après le choc des attentats du 13 novembre. Ce sont une petite partie de ces très nombreux messages, laissés sur Leetchi ou sur Twitter, que nous publions. Ils viennent de tous les coins de France, mais aussi d’Australie, de Jordanie, du Canada, d’Algérie ou des États-Unis. Ils sont signés Khadija, Gwenn, Markus, Youssef, Tsao-Yin, Marie, Johann, ou Djouma et disent, chacun à leur manière, « Merci Danielle ».Depuis, Danielle Merian a ouvert son propre compte Twitter (@DanielleMerian) : « Face à tant de générosité et d’amour reçu, je fais un pas vers vous en débutant sur Twitter », écrit l’infatigable militante. Les mots des internautes pour « Mamie Danielle »Nicolas : « Merci Mamie Danielle, je vous aime ! Merci d’avoir ému le monde avec vos paroles pleines de sens. Si vous cherchez un énième petit-fils, je vous envoie mon CV ;) » Hak dr : « Merci Karim pour cette magnifique idée. Je ressens énormément de choses… et peu de mots pour les exprimer. Enorme merci à Danielle qui a eu ces mots si réconfortants pour nos cœurs. Je suis fière d’être française. Ma religion, l’islam, n’a rien à voir avec ces monstres. » Khadija : « Madame Danielle, lors de votre passage télévisé, j’ai eu envie de passer à travers mon écran et de vous prendre dans mes bras. Merci de tout mon cœur d’avoir prononcé des mots magnifiques, j’espère vous croiser un jour. » Markus : « Dear Karim, I’m a German living in Paris. Danielle has my greatest respect. I’m happy to live in a free Europe with citizens who speak up to defend our values. Kind regards, Markus. » (« Cher Karim, je suis un Allemand qui vit à Paris. Daniellea tout mon respect. Je suis heureux de vivre dans une Europe libre où des citoyens prennent la parole pour défendre nos valeurs. Très cordialement, Markus. ») Aicha et Ahmad : « Karim, un grand merci pour ce geste. Danielle nous a fait pleurer et rire au même moment. Nous sommes loin de Paris, en Jordanie, et nous voulions rendre hommage aux victimes et dire à toute la planète ce que veut dire le symbole de la France. Merci, merci, merci ! » Catherine : « What a wonderful idea ! We are all thinking of you in Paris from Belfast. What a wonderful Lady. Send her our love. Good luck and warm blessing. » («Quelle merveilleuse idée ! A Belfast, nous pensons tous à vous qui êtes à Paris. Quelle femme formidable ! Adressez lui tout notre amour. Bonne chance, Dieu vous bénisse. ») Jérôme : « Voici donc notre Marianne, version Mamie. » Michel : « En tant que Belge, je tenais à m’associer à votre action, en partie pour faire la nique à ceux qui critiquent mon pays, après qu’on a découvert que ces crimes ont été organisés depuis Molenbeek. » Charlene : « Merci Danielle pour ce superbe message de tolérance et d’espoir ! Cela fait plaisir à entendre. Des bisous et des sourires depuis l’Australie, si loin de ces horreurs et en même temps si près de vous par le cœur et la pensée. » Marie : « Bravo mamie Danielle ! Ce monde parfois un peu anti-vieux apprend aussi par vous à quel point votre avis et votre vie sont précieux. Merci de nous aider à construire la paix. » Gwenn : « Chère Madame, avant d’avoir vent de cette initiative, je vous avais surnommée « la Belle Dame du boulevard Richard Lenoir ». Quel bonheur de pouvoir vous le dire ! Merci Madame, pour l’élégance. » Florence : « Excellente idée. Dites à Danielle qu’on serait nombreux à voter pour elle si elle nous faisait l’honneur de représenter les valeurs de notre République. Merci Danielle pour cette belle et si juste pensée. » François : « Merci Madame pour votre bon sens et votre grandeur d’âme. Dans votre bouche, les mots sont plus forts que les armes et c’est une belle leçon de vie. Nous avons tous aujourd’hui notre “Mamie Danielle”. Belle, heureuse, et longue vie à vous. »Caroline : « Et Danielle est arrivée. Parfaite. Avec son âge, son style. Et tout ce qui fait que sa voix aura peut-être un peu plus d’écho que la nôtre auprès de certains. Je suis heureuse de lui offrir des fleurs. Heureuse de contribuer à ses associations. Heureuse de lui faire plaisir. Merci. » Emilie : « C’est la plus belle initiative que j’ai vue depuis l’horreur. Merci un million de fois de m’aider à sortir de cette torpeur avec espoir et foi en l’Humanité. »Nadia : « Merci pour vos mots qui ont réchauffé le cœur de millions de musulmans ! Salem, qui signifie paix, en arabe. » Irétie : « C’est notre grand-mère à tous. Elle a tout dit, la France, c’est elle et nous, ses enfants et petits-enfants issus de toutes les origines mais tous fiers d’être français. Affectueusement, du Cameroun, où je travaille pour une ONG. »Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 08h14 • Mis à jour le11.12.2015 à 14h14 | Alexis Delcambre Pour pouvoir notamment exporter des séries, France Télévisions a signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction, dont le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international, a annoncé le groupe, jeudi 10 décembre.L’accord conclu avec le Satev (Syndicat des agences de presse télévisée), le SPFA (Syndicat français des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) prévoit que France Télévisions portera à 25 % de ses dépenses de création les œuvres « dépendantes » (dont elle détient en partie les droits) contre 5 % actuellement. Le groupe bénéficiera ainsi du même seuil de 25 % que les groupes privés.« La moitié de cette part dépendante pourra être réalisée avec la filiale de production de France Télévisions MFP, seule ou en coproduction », précise le groupe, qui s’engage à maintenir à 400 millions d’euros minimum son budget pour la création. L’autre moitié de cette part « dépendante » sera réalisée par des producteurs indépendants mais avec des conditions plus favorables à France Télévision, par exemple sur la durée des droits ou le niveau de coproduction. Les budgets alloués au webcréations devraient également être intégrés à cette part.Du côté de la part « indépendante », France Télévisions a notamment obtenu la possibilité de mieux faire circuler les œuvres au sein de son bouquet de chaînes. Jusqu’ici France Télévisions commandait des œuvres à des producteurs indépendants, à hauteur de 95 % de ses dépenses de création, sans détenir aucun droit de propriété sur elles – un système instauré par les décrets « Tasca » des années 1990 pour protéger les producteurs indépendants et que le ministère de la culture veut réformer.Succès pour Delphine ErnotteOr, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, veut faire de l’exportation de fictions une nouvelle source de revenus et de rayonnement. Sans attendre une nouvelle réglementation, elle passe ainsi par un accord professionnel amiable pour atteindre son but. Elle prévoit même que sa filiale MFP pourra davantage produire seule : c’est un retour de France Télévisions dans la production en propre, qui rappelle le temps de l’ORTF et de ses grandes séries populaires.Dans la quête des groupes médias pour détenir des contenus, c’est aussi une riposte de France Télévisions à la chaîne TF1, qui va se lancer dans la production en rachetant le producteur Newen, qui réalisait de nombreuses séries pour France Télévisions. L’accord est un succès pour Delphine Ernotte, qui a fait de la maîtrise des droits un enjeu du développement entrepreneurial de France Télévisions, et pour sa directrice du développement commercial et PDG de MFP, Laëtitia Recayte.« Cet accord interprofessionnel répond à la nécessité pour le service public de mieux protéger et de mieux valoriser ses programmes », a indiqué France Télévisions dans un communiqué. « France Télévisions et la production indépendante prennent des engagements mutuels sur la durée des droits, l’exploitation sur les plates-formes numériques, la circulation des œuvres, le partage de la valeur, tant dans la part indépendante que dans la part dépendante » des budgets dédiés à la création, indique le groupe sans autre détail.L’accord est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la culture, Fleur Pellerin, dont le cabinet travaille à élaborer un « acte II » redéfinissant les relations entre producteurs et diffuseurs, quelques mois après la publication d’un premier décret. Cet accord devrait faciliter les choses. Dans un communiqué, la ministre s’est félicitée de « cet accord majeur qui va favoriser l’investissement du service public dans la création, en offrant plus de flexibilité à France Télévisions – qui bénéficiera notamment d’un renforcement de ses capacités de production –, et des garanties solides en faveur des producteurs indépendants ».« Cette « nouvelle alliance » qui renforce le partenariat entre producteurs et diffuseurs permettra un meilleur partage du risque, clarifiera les modèles de production et soutiendra la diversité de la création, a-t-elle ajouté. La ministre souhaite que cette étape importante puisse être complétée très rapidement par un accord sur la transparence, et que des discussions s’engagent très vite entre diffuseurs privés et producteurs sur des principes similaires. »Lire aussi :Télévision : renforçons l’alliance entre producteurs et diffuseurs au service de la créationAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le10.12.2015 à 11h32 | Alexis Delcambre Le PDG de TF1, Nonce Paolini, a déclaré, jeudi 10 décembre, qu’il n’existait « aucune discussion » concernant un éventuel rachat du groupe de télévision privé par l’opérateur télécoms Orange.Auditionné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) afin de défendre sa demande de passage en gratuit de la chaîne d’information LCI, M. Paolini a déclaré que « l’hypothèse d’un rachat de TF1 par Orange sort de nulle part, c’est une curiosité ».Le PDG de TF1 a expliqué avoir eu son actionnaire, Martin Bouygues, au téléphone à ce sujet : « Il m’a assuré que ceci est sans aucun objet. » « On ne voit pas très bien ce que TF1 viendrait faire dans un éventuel rapprochement avec Orange », a ajouté M. Paolini, le dirigeant du groupe, qui contrôle la chaîne vedette TF1, mais aussi les chaînes gratuites TMC, NT1 et HD1.Comme l’a révélé l’agence Bloomberg, lundi, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Lire aussi :Bouygues Telecom discute mariage avec OrangeNouvelle offre du « Monde »Nonce Paolini a par ailleurs déclaré qu’il n’existait à ce jour « aucune discussion » sur une vente de LCI aux actionnaires du groupe Le Monde, qui ont ouvertement fait part de leur intérêt pour la chaîne d’information. M. Paolini a indiqué avoir reçu de la part de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, une nouvelle offre de rachat, vendredi 4 décembre.Cette offre intervient alors que le CSA doit rendre une décision – attendue au plus tôt le 16 décembre – sur le passage en gratuit de LCI. « Nous aurons à juger [de cette offre] en cas de refus » du CSA de passer la chaîne en gratuit, a expliqué M. Paolini, tout en s’interrogeant sur l’« éthique » de cette démarche.Le CSA a publié, fin novembre, une étude sur l’impact du passage en gratuit de la chaîne d’info, réclamé par TF1, qui présente des éléments d’analyse moins défavorables que l’étude de juillet 2014, qui avait motivé son refus.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesLe CSA doit également se prononcer sur deux autres demandes de passage en gratuit concernant Paris Première (groupe M6) et Planète + (groupe Canal+).Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 19h36 • Mis à jour le09.12.2015 à 22h08 Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a décidé, mercredi 9 décembre, de rejeter le recours gracieux qui lui avait été présenté par la chaîne Numéro 23, suite à l’abrogation de son autorisation de diffusion prononcée en octobre.Le CSA considère comme insuffisants les gages donnés par la chaîne quant à son pacte d’actionnaires, à son éventuelle cession à NextRadioTV et au respect de sa ligne éditoriale, explique-t-il dans un communiqué.Pour la première fois de son histoire, le CSA a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet.Numéro 23 a réagi dans un communiqué en annonçant sa « décision d’introduire un recours contentieux » devant le Conseil d’Etat contre la décision du CSA, « afin de faire valoir ses droits et d’assurer la pérennité de la société ». Ce recours permettra à la chaîne de continuer à émettre tant que l’autorité administrative suprême n’aura pas rendu sa décision.Lire aussi :Numéro 23 : dans les coulisses d’une décision inédite Alexis Delcambre Vincent Bolloré ne s’avoue pas vaincu sur le terrain des droits sportifs. Quelques jours après avoir perdu les droits du football anglais au bénéfice d’Altice, le groupe Canal+ a annoncé avoir acquis les droits des trois prochaines éditions de la finale de la Ligue des champions, la compétition phare du football européen.Ces droits étaient la propriété de BeIn Sports, mais la chaîne qatarie devait les revendre, car cet événement fait partie de ceux qui doivent être diffusés en clair (c’est TF1 qui en assurait habituellement la diffusion). Le groupe Canal+ les diffusera donc sur sa chaîne gratuite D8, dont le coût de grille s’alourdira de trois millions d’euros par an.Lire aussi :Droits sportifs, la guerre est relancéeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.12.2015 à 10h43 • Mis à jour le09.12.2015 à 11h41 | Sandrine Cassini, Sarah Belouezzane et Isabelle Chaperon La trêve aura été de courte durée. Six mois après la tentative de rachat de Bouygues Telecom par Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR, le grand bal des négociations entre opérateurs télécoms a recommencé. Comme l’a révélé l’agence Bloomberg lundi 7 décembre, Martin Bouygues est bien entré en discussion avec Orange pour lui céder ses activités de téléphonie.Selon nos informations, les négociations ont été entamées au début de l’automne, lorsque le président de Bouygues est allé voir Stéphane Richard, PDG de l’opérateur historique, afin de réactiver un projet datant de 2014. Le bétonneur a posé une condition : que l’opération soit réglée essentiellement en titres, de façon à permettre à Bouygues d’entrer au capital d’Orange.Ces discussions sont « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autreInterrompues au moment de l’appel d’offres sur les « fréquences en or » de téléphonie mobile (les fameuses 700 MHz), achevées le jeudi 19 novembre, les discussions ont repris à l’initiative de M. Bouygues dès le lendemain du processus. Une telle opération lui permettrait de rester présent dans le secteur des télécoms, qui lui tient à cœur.Lire aussi :« Fréquences en or » : 2,8 milliards d’euros pour l’EtatSur la base d’une valorisation de 10 milliards d’euros pour le seul Bouygues Telecom, le conglomérat présent dans le secteur de la construction, qui détient 90 % de sa filiale (aux côtés de JC Decaux), obtiendrait une part de 22 % d’Orange, dont le premier actionnaire est aujourd’hui l’Etat, avec 25 % des actions. « Le groupe Bouygues indique qu’il n’a aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision et réaffirme son ancrage durable dans ces deux industries », a précisé le groupe familial, utilisant une formulation ambiguë lui permettant d’éviter un démenti.Les pouvoirs publics ont été tenus informés de ces discussions, « très préliminaires » pour l’un des protagonistes, « avancées » pour un autre. En juin, lorsque M. Drahi avait mis sur la table une offre de 10 milliards d’euros pour racheter Bouygues Telecom, le gouvernement s’était montré très réticent à la perspective de cette concentration.« Je dis et répète que la consolidation n’est pas aujourd’hui souhaitable pour le secteur. L’emploi, l’investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or, les conséquences d’une consolidation sont à ces égards négatives, comme l’ont prouvé les cas récents en Europe », avait lancé Emmanuel Macron, le ministre de l’économie. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée »A l’époque, toutefois, le gouvernement s’inquiétait avant tout du sort réservé à son prochain appel d’offres sur les fréquences 700 MHz. Le passage de quatre à trois acteurs signifiait une compétition limitée et donc une moindre rentrée d’argent. Les enchères ont finalement eu lieu en novembre et ont permis à l’Etat d’engranger 2,8 milliards d’euros, plus que prévu.Interrogations sur le rôle de TF1Cette échéance passée, les pouvoirs publics pourraient voir d’un autre œil la consolidation dans les télécoms. Orange et Bouygues ont commencé leur lobbying et il se déroulerait au plus haut niveau de l’Etat. « Dès qu’on parle de Martin Bouygues, cela devient politique et cela remonte à l’Elysée », témoigne un bon connaisseur du dossier. Compte tenu des positions initiales, M. Macron n’aurait pas été mis dans la boucle dans un premier temps. Raison pour laquelle, selon un proche de Bercy, le ministre de l’économie ne cachait pas son irritation après les révélations de ces discussions, lundi.Lire aussi :Bouygues dément un éventuel rachat par Orange de ses activités médias et télécomsCoïncidence troublante, Les Echos ont révélé que Martin Bouygues avait écrit le 4 décembre au premier ministre, Manuel Valls, pour réclamer 2,28 milliards d’euros à l’Etat, une somme censée le dédommager du préjudice lié à l’arrivée de Free début 2012, un quatrième opérateur qui a déstabilisé le marché. Une façon de mettre la pression sur les pouvoirs publics ? De même, certains s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer la chaîne TF1, qui serait associée à la transaction, selon Bloomberg, dans la réussite de l’opération.C’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenirPour prendre forme, le rapprochement doit néanmoins franchir de nombreux obstacles. Orange et Bouygues Telecom savent qu’ils auront fort à faire pour convaincre la Commission européenne, dont la nouvelle commissaire à la concurrence Margrethe Vestager se montre peu favorable à la consolidation. En septembre, Bruxelles avait mis son veto à la fusion au Danemark de TeliaSonera et de Telenor, une opération qui aurait fait passer le marché de quatre à trois opérateurs.En France, c’est l’aval de l’Autorité de la concurrence qu’il faudra obtenir. Son président, Bruno Lasserre, avait ouvert la porte à la consolidation, en indiquant en 2014 qu’il n’y avait pas de nombre « magique » d’opérateurs. Pour autant, Orange détient déjà 50 % du marché fixe et mobile, ce qui rend difficile pour lui l’acquisition d’un concurrent.Le mariage doit obtenir l’approbation de la « famille »Conscient de cet écueil, Stéphane Richard a, selon nos informations, prévenu dès le départ SFR et Free des tractations en cours. Objectif : définir avec eux quels actifs ils seraient prêts à racheter, afin de mieux répartir leurs forces et amadouer les autorités de la concurrence.En d’autres termes, une reprise par Orange signifierait le démantèlement de Bouygues Telecom. En 2014, lors de précédentes négociations, d’abord avec SFR puis avec Orange, Bouygues avait prévu de céder son réseau fixe et des fréquences pour 1,8 milliard d’euros. Depuis, la donne a changé, Free ayant récupéré des fréquences de téléphonie lors du dernier appel d’offres.L’élimination d’un concurrent est le prélude à une accalmie dans la guerre des prixCependant, l’élimination d’un concurrent étant le prélude à une accalmie dans la guerre des prix, SFR et Free ont intérêt à jouer le jeu et à se partager fréquences, réseaux, équipes et boutiques de leur concurrent. C’est toute la particularité de ce secteur. Pour que l’un des acteurs se marie avec l’autre, il faut que l’ensemble de la « famille » soit d’accord.Autre sujet décisif pour la réussite de ce rapprochement : la gouvernance. Martin Bouygues n’est pas du genre à se contenter d’un strapontin en échange de son précieux réseau. Un équilibre doit donc être trouvé avec l’Etat, afin que ce dernier partage ses prérogatives de premier actionnaire avec le groupe privé.Ce n’est pas impossible, relève un banquier d’affaires, comme le prouve le tour de table de Thales. L’Etat et Dassault, au coude-à-coude au capital du groupe d’électronique et de défense, avec respectivement 27 % et 26 % des actions, y sont liés par un pacte d’actionnaires. Cela n’empêche évidemment pas les frictions, à l’image de la nomination contrariée d’Henri Proglio à la présidence de Thales en mai 2015. Mais dans l’ensemble, toutes les parties se montrent satisfaites de cet équilibre, six ans après sa construction. Un modèle à suivre ?Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiSandrine CassiniJournaliste au MondeIsabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le groupe détenu par Patrick Drahi entend poursuivre son développement dans la presse, après avoir repris le groupe L’Express et plusieurs autres titres dont Stratégies. Altice, propriétaire également de SFR, est en effet candidat à la reprise de Télé 7 Jours, France Dimanche et Ici Paris, trois magazines appartenant au groupe Lagardère.Selon une source proche du dossier, cette offre serait la mieux placée pour emporter ces trois titres, dont le plus important, Télé7Jours, vend encore 1,2 million d’exemplaires. Joints par Le Monde, les groupes Altice et Lagardère n’ont fait aucun commentaire.Lundi 7 décembre, La lettre de L’Expansion citait les groupes de presse allemand Bauer et italien Mondadori parmi les autres acquéreurs potentiels. Ils seraient désormais distancés par Patrick Drahi et Marc Laufer, selon cette même source proche du dossier.Début octobre, Arnaud Lagardère, associé commandité du groupe, avait admis qu’il se « posait des questions » sur l’éventuelle cession de ces magazines. En 2014, Lagardère a cédé dix de ses titres historiques et le groupe entend se recentrer autour d’un « environnement sacré » composé d’Elle, Europe 1 et le Journal du dimanche.Lire aussi :La stratégie de Lagardère sur les médias en questionAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le03.12.2015 à 08h46 | Alexis Delcambre et Gilles Rof (à Marseille) A Marseille, Nancy, Nice ou Reims, les quotidiens régionaux ne sont pas prêts à imiter leurs homologues nordistes et picard. A l’approche des élections régionales, les 6 et 13 décembre, ces derniers se sont en effet ouvertement engagés contre Marine Le Pen, tête de liste du Front national en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.Lundi 30 novembre et mardi 1er décembre, La Voix du Nord a publié deux doubles pages démontant le discours et les pratiques du parti, qui arrive en tête des intentions de vote dans la région. « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », titrait le quotidien lillois lundi, avant d’énoncer, mardi, « Marine Le Pen et le FN ne sont pas ce qu’ils disent ».Egalement membre du groupe belge Rossel, le quotidien de Roubaix, Nord-Eclair, interrogeait de son côté : « La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? » et « Qui sont réellement les membres du FN ? » Enfin, mercredi, Le Courrier picard, autre titre de Rossel, faisait sa « une » sur « Le vrai visage du FN à la région ».« Rester observateur »S’ils saluent le « courage » de cette démarche, les responsables des journaux diffusés dans d’autres régions où le Front national est annoncé à un niveau élevé, comme en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou en Bourgogne-Franche-Comté, n’entendent pas prendre position.A Nice-Matin, la question a fait débat lundi matin mais la décision a été de « rester observateur ». A La Provence, « il n’y a pas vraiment eu de discussion car nous avons une ligne claire fondée sur l’équilibre », selon son rédacteur en chef, Jean-Michel Marcoul. A Metz ou Nancy, la question ne s’est pas vraiment posée. « Ce n’est pas dans la culture maison », explique un journaliste du Républicain lorrain, un titre membre du groupe Ebra comme L’Est républicain, à Nancy, ou Le Bien public, à Dijon.Interrogés par Le Monde, des responsables de la presse régionale se disent mal à l’aise avec le fait de « prendre le lecteur par la main ». « Nous ne sommes pas là pour ça. Ce serait du reste contre-productif, pense ainsi Denis Carreaux, directeur des rédactions de Nice-Matin. Cela fait longtemps que la presse ne fait plus les résultats des élections. » « C’est difficile de dire au lecteur ce qu’il doit voter », renchérit Didier Louis, rédacteur en chef de L’Union, à Reims.« En prenant position, je mettrais mon journal et mes équipes en porte-à-faux »La démarche de La Voix du Nord « est très politiquement correcte », juge encore un responsable de rédaction. « Nous ne voulons pas jouer les donneurs de leçon à grands coups d’édito ou donner raison à ceux parmi nos lecteurs qui jugent les médias trop proches des politiques », argumente Denis Carreaux. Même son de cloche du côté de l’actionnaire de La Provence, Bernard Tapie, jadis en première ligne contre le Front national : « Tous les discours qui tentent de diaboliser le FN sont inefficaces et ne font que le renforcer. » Ces titres revendiquent une exigence dans le traitement des programmes des candidats. Ainsi, à La Provence, les quatre principaux postulants ont eu droit à un « Face aux lecteurs », avec deux pages consacrées à leurs réponses. Une deuxième série a commencé, mardi matin, de portraits plus approfondis. A Nice, « on essaye de pointer les contradictions, les approximations, les faiblesses éventuelles », énumère Denis Carreaux.Cependant, « ce type de travail doit être fait avec toutes les formations », pense Didier Louis, qui invite ses homologues du Nord à traiter avec la même vigueur les socialistes locaux, qui gouvernent la région depuis sa création, que les candidats frontistes.Tissu de relationsLa plupart des quotidiens s’attachent à rester neutres vis-à-vis des exécutifs locaux – alors que certains affichaient des identités très partisanes jusque dans les années 1980. « Ma position dans la région, en tant que propriétaire de La Provence, rend délicat tout commentaire, admet ainsi Bernard Tapie. En prenant position, je mettrais forcément mon journal et mes équipes en porte-à-faux. » Un tissu de relations existe entre la presse régionale quotidienne et les collectivités locales. Outre la couverture journalistique de leur activité, ces dernières restent des pourvoyeuses de publicité, même si les budgets ont généralement baissé sous l’effet de la crise, et des partenaires d’opérations spéciales. Voire des bouées de sauvetage, à l’image de la région PACA pour Nice-Matin en 2014.Mais l’importance économique de ces liens dépend des régions. A ce titre, le partenariat entre le Nord-Pas-de-Calais et le groupe Voix du Nord autour de plusieurs chaînes de télévision locales constitue un type de relation élaboré, qui ne se retrouve pas dans toutes les régions.Autre singularité nordiste : le climat hostile entretenu tout au long de la campagne entre les candidats frontistes et la presse locale. Rien de tel à Marseille, où il n’y a eu « aucune crispation », selon M. Marcoul. A Nice, reconnaît Denis Carreaux, « la personnalité de Marion Maréchal-Le Pen est différente et les relations ne sont pas particulièrement conflictuelles », au contraire de celles avec les élus municipaux ou cantonaux du parti. Il y aurait même, selon lui, « un risque de surexposer le FN, qui attire naturellement les médias ».Gilles Rof (à Marseille)Journaliste au MondeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard L’alarme est nouvelle. BFM-TV agite la menace de 100 suppressions d’emplois si sa concurrente LCI est autorisée à passer en gratuit. Alain Weill, le PDG de NextRadioTV, la maison mère de la chaîne, a affiché ses intentions, lundi 30 novembre, lors d’un déjeuner avec des journalistes. L’argument fait écho aux propos de TF1, qui a promis un plan social, voire l’arrêt de sa chaîne d’information LCI, si sa demande de changement de modèle de diffusion n’est pas acceptée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel d’ici au 31 décembre.Lire aussi :Sur BFM-TV, « le direct n’exclut pas la réflexion »« S’il y a le lancement d’une troisième chaîne d’information gratuite – et, a fortiori, d’une quatrième – nous risquons de devoir réduire la voilure et de licencier », a expliqué Alain Weill, en référence à LCI et au projet de chaîne d’information publique lancé par France Télévisions. Le dirigeant a assuré que l’estimation de 100 emplois menacés valait pour le seul passage de LCI en gratuit.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueSelon les calculs de BFM-TV, chaque perte de 0,1 point d’audience au profit des nouveaux concurrents se traduirait par 4 millions de revenus en moins. « Avec 0,3 point d’audience en moins, on passe dans le rouge », a développé M. Weill, dont le groupe a dégagé 17 millions de résultat net en 2014. Côté emploi, 100 « équivalent temps plein » seraient menacés sur 400 au total (dont environ 320 CDI).« Nous sommes très inquiets »Ce discours marque une rupture. Lors des précédents épisodes, au cours desquels le CSA a refusé le passage de LCI en gratuit, BFM-TV avait simplement menacé d’arrêter d’embaucher. M. Weill ne se rend-il pas coupable de chantage à l’emploi, un travers qu’il dénonçait justement chez TF1 ? « Si c’est la vérité, ce n’est pas un chantage », a-t-il répondu. Avant de faire référence à l’entrée de Free comme quatrième opérateur sur le marché des télécoms, qui a provoqué des licenciements chez Bouygues et SFR.La direction de BFM-TV peut compter sur le soutien d’une représentante du personnel :« Nous sommes très inquiets », a affirmé Céline Bruel, élue au comité d’entreprise de BFM-TV et membre de sa société des journalistes, conviée au déjeuner. « BFM-TV, ce n’est pas du low cost », a insisté Mme Bruel. Les élus négocient en outre en ce moment des augmentations de salaires pour le personnel, a-t-elle noté.« Enjeux économiques considérables »Pour peser, les représentants des salariés des chaînes d’information BFM-TV et iTélé ont demandé à être reçus par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. La démarche rappelle celle des employés de LCI, qui étaient allés jusqu’à manifester devant l’autorité. « Nous ne sommes pas commandités par la direction », s’est toutefois défendue l’élue de BFM-TV.La sortie médiatique du groupe NextRadioTV intervient alors que le CSA doit se prononcer avant la fin décembre sur la nouvelle demande de LCI de passer en gratuit. Certains observateurs croient déceler des signaux favorables à la demande de TF1 :« Les enjeux économiques sont considérables », a par exemple noté le président du CSA, Olivier Schrameck, dans un entretien au Figaro lundi.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesPar ailleurs, afin de rassurer la concurrence, TF1 s’est engagée à ne pas faire d’offres publicitaires couplées avec LCI, ni de promotions croisées, et à ne pas consacrer plus de 30 % de son temps d’antenne aux journaux télévisés. Une façon de se différencier du modèle « info en direct » de BFM-TV.« Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir »Pour M. Weill, ces arguments « ne changent rien ». Et autoriser une troisième, voire une quatrième chaîne d’information, « reviendrait à renforcer les acteurs historiques dominants, TF1 et France Télévisions », a-t-il ajouté. Par rapport à ces chaînes, BFM-TV se dépeint comme un « nouvel entrant », malgré le partenariat capitalistique noué avec Altice, le puissant groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Pour M. Weill, « les pouvoirs publics veulent affaiblir les chaînes d’information existantes, qui apportent de l’indépendance et de la transparence ». « Mais ils confondent indépendance et parti pris. Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir, quel qu’il soit. C’était déjà le cas sous la majorité précédente », a-t-il expliqué. Sa chaîne, après avoir eu des relations un peu crispées avec l’Elysée et Matignon sous Jean-Marc Ayrault, semblait pourtant avoir normalisé son rapport avec le gouvernement.Lire : Critiquée par la majorité, BFM-TV plaide sa cause à Matignon et à l’ÉlyséeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent Marine Le Pen contre La Voix du Nord, c’est une histoire ancienne. Dernier épisode en date, la patronne du FN et candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas du tout apprécié la manchette du quotidien régional de lundi 30 novembre, titrée « pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». Ni la deuxième « une », publiée mardi.La candidate d’extrême droite a donc expliqué qu’en cas de victoire, elle comptait bien « supprimer les subventions » du quotidien :« Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l’énorme subvention qu’ils ont touchée. Nous considérons que les 1,5 million qui sont accordés par an au groupe La Voix du Nord ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres. C’est la raison pour laquelle ils nous attaquent, ils cherchent à défendre leurs subventions alors qu’il y a un million de pauvres dans notre région. »Pourquoi c’est plus compliqué ?1. Pas de subventions directes de la région à la presse locale, mais à une télévisionMarine Le Pen a sans doute été un peu vite en besogne, en oubliant qu’il n’y a pas réellement de subventions régionales à la presse locale. La seule « aide » est l’exonération de contribution économique territoriale (CET), une taxe qui frappe les entreprises, mais cette aide est la même sur tout le territoire et un conseil régional ne peut décider de la supprimer.Marine Le Pen ciblait en fait un point précis : il existe, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, une télévision locale, Weo, créée en 2009, qui est une société d’économie mixte, cogérée par la région, le groupe La Voix et d’autres partenaires (Roularta, la Caisse d’épargne ou NRJ). La Voix du Nord n’a que 35 % des parts, a expliqué le quotidien lundi. En réalité, « le chiffre de 1,5 million d’euros correspond à ce que la région verse en termes de production et de moyens de financement de coproduction entre Weo et les différents organismes », précise-t-on à la Voix du Nord. Ce budget correspond aux « commandes » de productions par la région, qui souhaite des reportages et documentaires pour évoquer son patrimoine, notamment. Ces subventions concernent d’ailleurs une dizaine de télévisions locales et non la seule Weo.« C’est une manière de mettre en avant la région, ces programmes permettent aux habitants de savoir ce qu’il se passe, de défendre l’identité ch’ti », précise-t-on à la région, où l’on assume totalement ces neuf millions d’euros de subvention sur cinq ans. En 2015, les dépenses de la région se sont élevées à 2,12 milliards d’euros. Les 1,5 million consacrés aux programmes de Weo représentent donc 0,07 % de ces dépenses.La région pourrait donc choisir de « torpiller » ce projet si Mme Le Pen arrivait à sa tête, mais les conséquences iraient au-delà de la seule Voix du Nord. D’autres partenaires seraient concernés, sans compter le risque de provoquer la fin d’une télévision locale.2. La fausse collusion entre le groupe de presse et Xavier BertrandMardi, Marine Le Pen a contre-attaqué, quitte à mettre en avant une nouvelle intox : invitée de BFM TV, la patronne du Front national a cette fois cherché à démontrer une collusion entre La Voix du Nord et Xavier Bertrand, son adversaire du parti Les Républicains aux régionales. Elle en profite pour évoquer le rôle de la société Bygmalion.« J’ai découvert que La Voix du Nord est aussi liée à Xavier Bertrand, car figurez-vous que La Voix du Nord est actionnaire de la Télé de Xavier Bertrand, MaTélé, la télé de Saint-Quentin. Et d’ailleurs, La Voix du Nord l’a été un certain temps aux côtés de Bygmalion, vous savez cette société dont Xavier Bertrand expliquait qu’il ne la connaissait pas. »Pourquoi c’est n’importe quoi ?Mais là encore, les ficelles sont un peu grosses.Le groupe La Voix est effectivement actionnaire, à 22,4 %, de MaTélé, une chaîne locale, basée à Saint-Quentin, dans l’Aisne, ville dont Xavier Bertrand est maire. Assez logiquement, le groupe de presse, en situation de quasi-monopole dans la région, est sollicité, ici comme à Lille avec Weo, pour participer à ce type de projets.Cette télévision lancée en 2013 est possédée par divers acteurs. dont une agence de communication et la société télévisuelle Demain !, son actionnaire principal qui possède 56,5 % des parts. Si la chaîne ne se positionne pas spécialement en opposition au maire de Saint-Quentin, il est quelque peu abusif de la qualifier de « télé de Xavier Bertrand ».Bygmalion est en partie installée à Saint-Quentin. La société a effectivement pris des parts dans MaTélé : 11,2 %. Bygmalion a investi dans d’autres télévisions locales, notamment Weo Picardie. Mais elle s’en est retirée après les scandales financiers l’impliquant. Incidemment, La Voix n’avait pas vu d’un très bon œil l’arrivée de Bygmalion dans le capital.A suivre le raisonnement de Marine Le Pen, le groupe La Voix serait ainsi « lié » à tous les élus de toutes les municipalités dans lesquelles il est partie prenante d’un projet. C’est passer très vite sur le fait que ce groupe de presse est le plus puissant de la région, et qu’il est donc logique qu’il s’intéresse aux télévisions locales.En outre, Marine Le Pen explique donc ici que La Voix, qu’elle accusait lundi de collusions avec la gauche, serait selon elle lié aussi à la droite. Ce qui n’est pas très cohérent.Enfin, elle prend soin de lâcher au milieu de tout cela le nom de Bygmalion, qui fut actionnaire minoritaire de cette télévision locale, mais ne l’est plus.Surtout, la polémique de la veille portait sur le fait que Mme Le Pen, mécontente de La Voix du Nord, évoquait la suppression de « subventions » qui n’en étaient, on l’a dit, pas vraiment. Ici, il s’agit d’autre chose : le fait qu’un groupe de presse locale investisse dans des télévisions locales. Ce qui, à y réfléchir quelques instants, semble plutôt cohérent.Lire aussi :Régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie : l’obsession Front nationalSamuel LaurentResponsable des Décodeurs - Vérifications, contexte, données. SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète » : dans son édition du lundi 30 novembre, le quotidien La Voix du Nord a choisi de prendre position dans la campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, alors que les sondages annoncent le Front national en tête en Nord-Pas-de-Calais–Picardie. Jacques Hardoin, directeur général du groupe Rossel-La Voix, explique au Monde le sens de cette démarche.Pourquoi avez-vous décidé de prendre parti contre Marine Le Pen, tête de liste Front national aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais–Picardie ?Notre journal a toujours affiché des positions claires quand il le fallait, comme au lendemain du 21 avril 2002, en appelant à voter contre Jean-Marie Le Pen. Cette fois, nous avons pensé qu’il était important de le faire avant le premier tour prévu dimanche. Mais ce n’est pas une démarche anti-Marine Le Pen, nous restons purement factuels et précis, sans nous situer dans le registre de l’opinion. Nous le ferons de nouveau dans notre édition de mardi, avec deux nouvelles pages consacrées au Front national.Marine Le Pen affirme que votre engagement est partisan et que vous soutenez la majorité sortante, de gauche, pour « défendre votre subvention ». Que répondez-vous ?La somme annuelle de 1,5 million d’euros dont parle Marine Le Pen n’est pas à proprement parler une subvention. Il se trouve que notre groupe est éditeur d’une télévision locale, Weo, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la région. Celle-ci assure un tiers du budget de fonctionnement de la chaîne. En contrepartie, Weo s’intéresse aux domaines de compétence régionale, par exemple aux lycées. Son activité est contrôlée par un comité d’éthique.Si la région se retirait de Weo, pourriez-vous assumer seuls son fonctionnement ?La convention actuelle entre La Voix du Nord et la région court jusqu’en décembre 2016, date à laquelle celle-ci peut décider de sortir. Il n’est pas envisageable pour nous de financer l’intégralité de Weo, mais nous pourrions éventuellement nous tourner vers d’autres collectivités locales.Après cette une, avez-vous eu des retours ? Y a-t-il un risque de clivage de votre lectorat ?Un quotidien régional n’est pas un journal d’opinion et nos lecteurs n’attendent pas de nous une prise de position. Mais nous sommes au service des habitants de la région. A ce titre, il est important de leur faire part de nos inquiétudes économiques, sociales ou culturelles en cas de victoire du FN. Les positions du parti sont contraires aux valeurs que ce journal, issu d’un mouvement de résistance, défend depuis la Libération, et que nous continuerons de défendre.Plus lisible dans ce format. https://t.co/fZavN1ZrPE— jacqueshardoin (@Jacques Hardoin)require(["twitter/widgets"]);Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 16h35 • Mis à jour le02.12.2015 à 09h20 | Stéphane Foucart A chaque étape-clé des négociations climatiques, les climatosceptiques refont surface. La conférence de Paris qui s’ouvre le 30 novembre ne fait pas exception. Comme celle de ­Copenhague, en décembre 2009, elle a été marquée par une recrudescence de l’activisme d’un petit réseau de personnalités niant la réalité du réchauffement en cours ou son origine anthropique.En France, l’événement le plus visible de ce retour des climatosceptiques a été l’ouvrage de Philippe Verdier, chef du service météo de France Télévisions, Climat investigation (Ring, 330 pages, 18 euros). Marketé avec soin par son éditeur, grâce à une vidéo promotionnelle empreinte de conspirationnisme, le livre de M. Verdier a eu un écho important, notamment dans les médias audiovisuels. L’intérêt pour l’ouvrage s’est encore accru après que France Télévisions a annoncé, début novembre, le licenciement de son présentateur météo, accusé d’avoir mis en avant ses fonctions au sein du groupe audiovisuel public pour faire la promotion de son ouvrage.Plusieurs associations et personnalités, regroupées au sein du Collectif des climato-réalistes, ont pris fait et cause pour Philippe ­Verdier et ont lancé une pétition pour le ­soutenir. Ce collectif, créé le 1er septembre, rassemble des promoteurs du libéralisme économique comme la fédération d’associations Liberté chérie, l’Institut Turgot (un cercle de réflexion néolibéral), Contribuables ­associés, ou encore des associations proches des industries fossiles comme l’Amicale des foreurs et des métiers du pétrole. Quelques scientifiques (chimistes, mathématiciens…) font aussi partie du collectif, mais tous sont étrangers à la question climatique.L’événement le plus visible du retour des climatosceptiques, en 2015, a été le livre de Philippe Verdier « Climat investigation »Au reste, leur argumentaire est en grand ­décalage avec l’état des connaissances. Le Collectif des climato-réalistes allègue ainsi « l’absence de tout réchauffement statistiquement significatif (…) depuis près de vingt ans », « la hausse (…) sans accélération du niveau de l’océan depuis un siècle », « la baisse de l’activité cyclonique de ces dernières années », etc. Autant d’affirmations en contradiction avec les constats de la communauté scientifique.Pour Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, et coprésidente du groupe 1 au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « ces scientifiques s’informent généralement sur le climat par le biais de la presse généraliste, où des responsables politiques, des ­acteurs du monde associatif, des ONG, etc., s’expriment sur le changement climatique ». « Cela produit une confusion : “sciences du climat” égale “écologie politique”, ajoute-t-elle. En réalité, les scientifiques qui propagent un discours climatosceptique ne lisent souvent ni les publications scientifiques en sciences du climat ni les différents chapitres des rapports du GIEC. »Le retour des climatosceptiques français s’est également opéré dans les coulisses, loin de la scène médiatique. L’Académie des sciences a ainsi été le théâtre, tout au long de l’année, d’un affrontement discret, mais âpre, ­entre ­climatosceptiques et tenants du consen­sus scientifique. Un groupe – dit « groupe COP21 » – avait été créé en 2014, avec pour mission de rédiger un avis de l’Académie des sciences sur le climat, en appui des négociations devant se ­tenir en décembre à Paris. Mais au sein du groupe, le géophysicien Vincent Courtillot, en rupture avec ses pairs, a évoqué la possibilité de publier un avis minoritaire climatosceptique, au côté de l’avis majoritaire, en ligne avec le consensus scientifique.Lire aussi :#Jourdeclimat : village solaire, maison flottante… des solutions face au réchauffementUne levée de boucliersCette perspective a provoqué une levée de boucliers. « Cette éventualité serait tout à fait déplorable, déclarait au Monde, en mai, le physicien Edouard Brézin, ancien président de l’Académie des sciences et membre du « groupe COP21 ». Cela ne rendrait absolument pas compte de l’état réel des connaissances. Cela reviendrait à publier un avis pour dire que la Terre est ronde et un autre pour dire qu’elle est plate. »L’avis finalement publié le 3 novembre par l’Académie ne comportait pas d’avis minoritaire. Mais la question climatique y a été ­réduite à la portion congrue. Au terme d’un processus dont plusieurs académiciens, interrogés par Le Monde, ont dénoncé l’opacité, la version de travail de huit pages a été ramenée à quatre pages, où la question climatique a presque disparu devant la question de la transition énergétique. Et, si le texte ne remet pas en cause le consensus scientifique, il se garde aussi d’admettre de manière explicite la responsabilité humaine dans le réchauffement en cours, de même qu’il occulte les projections de la dérive climatique à l’horizon de la fin du siècle, en fonction des scénarios d’émissions…Lire aussi :Climat : une académie sous influenceD’autres cénacles, moins prestigieux que l’Académie des sciences, sont également au centre de l’attention des climatosceptiques. Le 18 novembre, la Maison de la chimie accueillait un colloque sur « Chimie et changement climatique » dont l’une des deux présentations introductives, donnée par Vincent Courtillot, assurait que « l’importance relative du Soleil et des gaz à effet de serre dans l’évolution récente du climat terrestre reste encore une question ouverte »…De même, au sein de l’Association des anciens élèves de l’Ecole polytechnique (AX), la possible création d’un groupe de réflexion sur le climat a suscité, à la mi-novembre, une levée de boucliers. Le thème lui-même n’était pas en cause, mais plusieurs membres de l’AX se sont émus de ce que le groupe, animé par Christian Gérondeau, président délégué de l’Automobile Club de France et l’une des figures du mouvement climatosceptique français, ne soit rien d’autre qu’un instrument de dénégation du consensus scientifique.La réalité du problème climatique dérange et bouscule des convictions profondes. « Intégrer les limites planétaires dans sa vision du monde, interroger son rapport au progrès, à la croissance économique : c’est une vraie difficulté, dit Valérie Masson-Delmotte. Cette réticence s’exprime dans toutes les strates de la ­société, y compris parmi les scientifiques de nombreux domaines… »Lire aussi :Climat : le terreau du scepticisme aux Etats-UnisStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est une histoire glauque. Où le malaise lié à la vente d’images d’attentats se mêle aux versions contradictoires des protagonistes. L’achat, par le Daily Mail, pour 50 000 euros, d’une vidéosurveillance filmée le soir des attentats du 13 novembre à la pizzeria Casa Nostra, située dans le 11e arrondissement de Paris, a suscité l’émotion.L’indignation s’est d’abord concentrée sur le patron de la pizzeria, accusé par un document diffusé au « Petit Journal » de Canal+ d’avoir vendu les images des fusillades. Mais, depuis, ses démentis ont créé une certaine confusion.Lire aussi :Attentats : 50 000 euros pour des images de vidéosurveillanceQui a vendu la vidéo ?Pour le journaliste Djaffer Ait Aoudia, pas de doute : c’est le patron de la pizzeria, Dmitri Mohamadi, qui a cédé les images. Il l’a expliqué au « Petit Journal », lundi 23 novembre, en diffusant une vidéo qu’il a tournée en caméra cachée dans la cave du restaurant.La vidéo de surveillance de la Casa Nostra - Le Petit Journal du 23/11En réponse, le patron du Casa Nostra a démenti avoir touché l’argent du Daily Mail, sur Nice Matin et France 2 notamment. Il a d’abord pointé du doigt le journaliste Djaffer Ait Aoudia, qui l’aurait incité à vendre les images : « Le journaliste qui a témoigné au “Petit Journal”, il est venu pour une interview et il voulait la vidéo. C’est le seul que j’ai fait entrer dans ma cave. C’est surtout lui qui m’a proposé de prendre de l’argent. »Puis à RTL, le patron a assuré qu’un proche avait empoché l’argent : « Des gens que je connais, de la famille. Un cousin éloigné qui avait les clés. J’ai porté plainte, c’est très choquant. »Que penser des démentis du patron ?L’histoire du « cousin » fait écho à la façon dont BFMTV s’est vu proposer les images : une personne se présentant comme un employé de la pizzeria, « ami d’un cousin du patron », a demandé 50 000 euros à la chaîne d’info, qui a refusé, raconte au Monde une source au sein de la chaîne.Une autre étaie le discours du patron selon lequel il ne voulait pas d’argent : il a montré les images à « tout le monde » dans le quartier, dit-il. Et il avait d’abord accepté de donner les images gratuitement à un journal algérien, qui en a finalement fait un texte le dimanche 15, a pointé Rue89.En revanche, malgré ses démentis, le propriétaire de la pizzeria reste accusé par « Le Petit Journal » : « Un proche semblait effectivement à la manœuvre mais le patron ne pouvait pas ignorer la transaction », explique « Le Petit Journal » à FTVinfo. Europe 1, qui a eu accès aux images non floutées, est aussi catégorique : « C’est le “cousin” qui parle et négocie avec les journalistes anglais. A côté, le patron hésite mais accepte finalement la transaction. Il propose même une réduction si les Anglais achètent la vidéo, de moins bonne qualité, enregistrée sur son téléphone portable. »Quel a été le rôle du journaliste ?Djaffer Ait Aoudia est journaliste pigiste. Il raconte qu’il a commencé à venir dans la pizzeria pour préparer un portrait du propriétaire après les attentats.Il est tombé sur place sur les journalistes du Daily Mail et il a pu ensuite suivre les négociations car les protagonistes étaient habitués à sa présence, a-t-il expliqué au « Petit Journal ». En désaccord, il a choisi de filmer en caméra cachée à partir du lundi 16 et de « porter le sujet à la connaissance du public », via l’émission de Canal+, contactée le jeudi 19.Le patron de la pizzeria Casa Nostra parle à France 2 Le patron de la pizzeria a une version tout autre. Il a affirmé sur France 2 que le journaliste lui a proposé 12 000 euros :« Je pense que ce qui l’a dégoûté, ce mec-là, c’est le fait de ne pas avoir les images en premier. Au début, j’allais lui donner. (…) Finalement, je ne voulais pas. Il l’a mal pris. »Par ailleurs, alors qu’il avait filmé à son insu le propriétaire pour le confondre, le journaliste a proposé au Monde un sujet-texte décrivant le contenu des images de la Casa Nostra, auxquelles il avait « eu accès ». Il disait avoir été en contact avec le Daily Mail, qui allait publier les images. Mais il n’a pas parlé d’une transaction dont il aurait été témoin. Sa proposition semblait floue, elle a été refusée.Joint par Le Monde, Djaffer Ait Aoudia assume sa démarche :« J’avais deux sujets. L’un d’actualité, dans lequel j’ai proposé de commenter les images, après leur sortie sur le site du Daily Mail, le 18 à minuit. L’autre, a posteriori, pour raconter les coulisses. » Le journaliste dément avoir voulu vendre ou acheter les images. Il reconnaît toutefois avoir cherché à les récupérer, auprès du patron, mais seulement le 19, « après leur diffusion sur le Daily Mail ». Il les voulait pour éviter d’avoir le logo du journal britannique, s’il utilisait le document pour un éventuel sujet pour la télévision, explique-t-il.Quant à l’idée de la caméra cachée, elle aurait été suggérée par sa boîte de production, dans le cadre de discussions sur un sujet sur « le marchandage des images », dit-il.Qui a payé pour les images ?Le Daily Mail a justifié le fait d’avoir acheté la vidéo, une démarche courante dans les pays anglo-saxons : « Il n’y a rien dans l’acquisition par le Daily Mail de cette vidéo qui puisse faire l’objet d’une controverse », a déclaré un porte-parole à l’AFP. « Elle a été obtenue sur fond de forte compétition entre les médias français et internationaux et fournit une perspective essentielle » sur les attentats.Selon Djaffer Ait Aoudia, « Le Petit Journal » a payé « environ 1 000 euros » pour son sujet et sa vidéo, à lui-même et à sa société de production. Une estimation fondée sur le tarif syndical des images en télévision, autour de 1 000 à 1 500 euros la minute, explique-t-il.Enfin, de nombreux médias ont diffusé les images, dont France 2 par exemple. Mais on ne sait pas s’ils les ont payées ni combien.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.11.2015 à 12h57 • Mis à jour le24.11.2015 à 16h15 | Alexis Delcambre Les salariés du Groupe Altice Média (L’Express, L’Expansion…) poursuivent leur mobilisation contre les mesures d’économies envisagées par leur direction. Mardi 24 novembre a été prévu un arrêt de travail de quelques heures, alors qu’environ 120 suppressions de postes restent envisagées.Lancé par tous les syndicats et sociétés de journalistes, cet arrêt de travail se veut une réponse à la « vacuité du projet stratégique » présenté lors des comités d’entreprise du 30 octobre et du 18 novembre, estiment ces représentants.« Ligne éditoriale positive »Le mécontentement touche notamment la rédaction de L’Expansion où la société des rédacteurs juge le projet de nouvelle formule « contraire aux principes et aux règles éthiques ». Elle réagi ainsi à un projet qui revendique une « ligne éditoriale positive », qui valorise les entreprises et noue des relations avec elles à travers notamment le développement d’événements.À L’Express, le projet de nouvelle formule présenté par Christophe Barbier suscite également des interrogations. L’objectif du directeur des rédactions est de faire de l’hebdomadaire un titre « premium » et « référent », un projet perçu par certains comme trop élitiste.Lire aussi :La tension monte d’un cran à « L’Express » après le vote d’une double motion de défiancePlus généralement, les représentants des salariés dénoncent l’écart entre les ambitions affichées et la sévère réduction des coûts et des effectifs conduite par l’équipe dirigeante choisie par l’actionnaire Patrick Drahi. Le groupe devrait perdre 3,5 millions d’euros cette année, hors coût de la clause de cession actuellement ouverte.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est un changement d’organigramme important pour Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, trois mois et demi après son entrée en fonction : Michel Field est nommé directeur exécutif chargé de l’information, a fait savoir l’entreprise par communiqué, lundi 7 décembre. L’actuel directeur de France 5 remplace donc Pascal Golomer, qui avait été confirmé à la direction de l’information par la nouvelle présidente, après avoir fait partie de l’équipe précédente.Lire aussi :Michel Field : « Il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans »Selon la direction, M. Field doit apporter un « nouveau souffle » dans un domaine sensible, à deux ans de la présidentielle, alors que France Télévisions a lancé un projet de chaîne d’information publique et de fusion des rédactions en interne. La nomination de M. Field confirme son importance dans l’équipe de Delphine Ernotte.« Le choix de la continuité n’a pas fonctionné »Pascal Golomer sera « appelé à d’autres fonctions », précise le communiqué. La direction de France 5 sera assurée par Caroline Got, la directrice de la stratégie et des programmes, en attendant la nomination d’un remplaçant à M. Field, qui était en poste depuis l’entrée en fonction de Mme Ernotte, fin août.« Pour la direction de l’information, Delphine Ernotte, à son arrivée, a fait le choix de la continuité. Cela n’a pas fonctionné », explique-t-on à la direction de France Télévisions. Pascal Golomer fait en effet partie des dirigeants qui avaient des responsabilités sous la présidence de Rémy Pflimlin, en relation avec l’ancien directeur de l’information, Thierry Thuillier, parti chez Canal+ avant l’été.Le choix de nommer M. Field ne vise pas M. Golomer en tant que personne et ne sanctionne pas un problème précis, fait-on valoir à la direction de France Télévisions ; il répondrait plutôt à l’envie d’innover davantage et plus vite dans le domaine de l’information, que Mme Ernotte a d’emblée placé en tête de ses priorités.Pas une « sanction »Le changement d’organigramme ne serait pas non plus une sanction pour le traitement des attentats le vendredi 13 novembre, jour où France 2 n’avait pas décroché tout de suite son antenne : Delphine Ernotte avait envoyé un email de soutien à sa rédaction le 2 décembre, rappelle son entourage. Le cafouillage autour de la venue – annulée – de Marine Le Pen à « Des Paroles et des actes », mi-octobre, n’aurait pas non plus été un élément déclencheur, plutôt une série de petits dysfonctionnements et une divergence d’état d’esprit, explique-t-on.Delphine Ernotte a choisi Michel Field pour « incarner un renouveau », explique-t-on. Si l’animateur est connu pour ses émissions culturelles comme « Le Cercle de minuit » ou « Au Field de la nuit », ce journaliste a aussi travaillé pour des émissions généralistes comme « La Marche du siècle » ou « Public » et surtout, il est passé par la chaîne d’information LCI, fait-on valoir. M. Field y a notamment animé une tranche d’information, ou l’émission de débat « Politiquement Show ».Michel Field et Germain Dagognet, deux anciens de LCIMichel Field retrouvera à la direction de l’information un autre ancien de LCI : Germain Dagognet, nommé sous Pascal Golomer pour s’occuper en particulier du projet de chaîne d’information. Son arrivée, décidée directement par Delphine Ernotte, a suscité des remous en interne, d’autant plus qu’il a été membre du cabinet du ministre de l’éducation Lionel Jospin. « C’était il y a 25 ans, il y a prescription ! », avait balayé Mme Ernotte.Michel Field, quand on lui rappelait son engagement de jeunesse à la Ligue communiste révolutionnaire, répondait à Libération : « J’ai arrêté de militer à 21 ans. Ce qui m’a sauvé, c’est l’investissement dans les études en même temps que la politique. » La direction de France Télévisions voit en lui quelqu’un qui a un carnet d’adresses mais « a interviewé et travaillé avec les politiques de tous bords », une personnalité pas « clivante ».La CGT pas « vent debout »A court terme, le plus gros défi de Michel Field est la chaîne d’information publique que Delphine Ernotte veut lancer en septembre 2016. Pour être dans les temps, France Télévisions doit fixer le modèle éditorial avant la fin de l’année, après des discussions avec Radio France et France Médias Monde ou l’Institut national de l’audiovisuel. Il faudra ensuite clarifier un point important : la chaîne peut-elle être diffusée sur un canal hertzien ou seulement en numérique ?Courant décembre, le projet doit faire l’objet d’une présentation aux syndicats, qui sont de longue date opposés à un projet connexe : Info 2015, qui prévoit de rapprocher les rédactions de France 2 et France 3, tout en conservant des styles de journaux et magazines distincts pour les deux chaînes. Un projet porté par l’équipe de Rémy Pflimlin et Thierry Thuillier, sur lequel les élus espéraient avec Delphine Ernotte du changement. En vain, jusqu’ici.Cela explique en partie la réaction modérée de la CGT, qui n’est pas « vent debout » contre la nomination de M. Field : « Il y avait un flottement dans la mise en place du projet de Mme Ernotte, qui appelait logiquement une forme de changement, explique l’élu Marc Chauvelot. Que donnera Michel Field comme directeur de l’information ? On ne sait pas. C’est plutôt un homme de culture mais il connait bien la télévision. Va-t-il remettre en question les projets de l’équipe précédente comme Info 2015 ? »Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 14h34 • Mis à jour le06.12.2015 à 07h37 | Louise Couvelaire Les couloirs du métro constituent un espace très prisé des annonceurs… dont les campagnes sont parfois de très mauvais goût. Cette année, plusieurs affiches ont dû être retirées à Paris, Londres et New York.Novembre 2015 : les drapeaux nazis d’Amazon Pour assurer la promotion de la série « The Man in the High Castle » (où les nazis et les Japonais ont gagné la seconde guerre mondiale), Amazon a tapissé les sièges de la ligne S du métro de New York de deux drapeaux américains revisités. Sur l’un figuraient deux des symboles utilisés par les nazis : l’aigle et la Croix de fer allemande ; sur l’autre le graphisme utilisé par les Japonais. Ils disparaîtront moins de quarante-huit heures après leur mise en place.Octobre 2015 : la femme soumise de Paris-Bercy « Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds », disait la publicité pour l’AccorHotels Arena, nouveau nom du Palais omnisports de Paris-Bercy. L’affiche montrait une joueuse de tennis à genoux, face contre terre, pleurant une victoire ou une défaite. Jugée sexiste, cette campagne de communication a été retirée à la demande de la mairie de Paris.Septembre 2015 : le joueur aux dents longues d’Adidas « Impose tes règles », « Sème le désordre » et « Gagne tout ». La campagne Adidas était illustrée notamment par le visage du footballeur Luis Suárez, connu pour avoir mordu plusieurs adversaires. Le collectif Enjeux e-médias, qui rassemble plusieurs associations liées à l’éducation, a mené la charge contre ces slogans jugés contraires aux valeurs morales. Il a obtenu gain de cause deux semaines plus tard.Avril 2015 : le bikini déplacé de Protein World L’autorité de régulation de la publicité britannique a demandé à la marque Protein World (compléments alimentaires pour sportifs) de retirer son affiche, mettant en scène une jeune femme à la taille marquée vêtue d’un simple bikini. L’image et le slogan – « Votre corps est-il prêt pour la plage ? » – ont été jugés tour à tour « sexistes », « offensants » et « malsains ».Mars 2015 : le slogan malvenu de Germanwings « Préparez-vous à être surpris » : c’était l’accroche de cette campagne publicitaire de la compagnie aérienne allemande Germanwings. Cette invitation a pris une tournure sinistre après le crash de l’Airbus A320 dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Le jour même, Germanwings demandait le retrait immédiat des affiches.Louise Couvelaire Alexandre Piquard Surprise : l’Assemblée nationale a voté de justesse et contre l’avis du gouvernement, vendredi 4 décembre, un amendement qui donne raison aux sites de presse en ligne visés par un redressement fiscal pour avoir appliqué le taux superréduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le texte accorde a posteriori à Mediapart ou Arrêt sur images le droit de recourir au taux de 2,1 %, initialement réservé aux médias papier, pour la période entre 2008 et début 2014.Lire : La TVA pour la presse numérique bientôt alignée sur celle du papierLa réaction du gouvernement « pas encore arbitrée »Pour autant, il reste des obstacles pour que le texte soit pleinement confirmé : l’amendement n’a été voté qu’à 11 voix contre 10. Le texte était porté par des députés socialistes, notamment l’ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l’ex-ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative 2015. Une dizaine de députés Les Républicains (LR) avaient déposé un amendement identique, mais le groupe LR, et notamment son président Christian Jacob, avait fermement pris position contre.Le gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert, était opposé à l’amendement, accusé de rompre l’égalité devant l’impôt : « Les contribuables qui ont appliqué le taux normal en 2009, 2010, 2011 ne pourront pas obtenir le remboursement, puisque la TVA est prescrite. Ceux qui se sont appliqué d’autorité le taux de 2,1 % en auront donc bénéficié entre 2008 et 2012, et les autres non », a-t-il plaidé. Avant de citer deux autres problèmes juridiques : la conformité envers le droit européen et la rétroactivité, qui suppose qu’on agisse au nom de l’intérêt général.Joint par Le Monde, le cabinet de M. Eckert explique toutefois qu’il n’a pas demandé de seconde délibération sur l’amendement, vendredi. Quant à savoir s’il déposera un amendement pour supprimer la disposition votée jeudi, la question est « prématurée » et pas encore « arbitrée ».L’obstacle du Sénat et du Conseil constitutionnelQue va-t-il se passer maintenant ? Le texte doit être examiné par le Sénat, a priori entre le 10 et le 12 décembre, explique le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), très favorable à l’amendement. Il est alors possible que soit proposée au vote la suppression du texte, à l’initiative du gouvernement ou, éventuellement, à celle de l’opposition de droite, qui dispose d’une majorité au Sénat.Si le texte est modifié, un accord entre sénateurs et députés devra être trouvé au sein d’une commission mixte paritaire entre le 12 et le 15 décembre, note le Spiil. En cas de désaccord, il peut y avoir un second vote à l’Assemblée.Arrivera enfin l’étape du Conseil constitutionnel, avant le 31 décembre. L’autorité peut censurer l’amendement, pensent certains, à l’image du président de la commission des finances, Gilles Carrez (Les Républicains), qui le jugent « totalement inconstitutionnel ».Pour M. Carrez, l’« amendement de rétroactivité comporte un aspect d’amnistie fiscale tout à fait déplaisant ». « Or en droit fiscal, on ne peut admettre qu’un contribuable qui, de sa propre initiative, n’applique pas la loi fiscale, puisse bénéficier d’une sorte de complaisance du Parlement et voir sa situation régularisée a posteriori », selon le député, qui était en désaccord avec la rapporteure générale du budget, la députée PS Valérie Rabault, favorable au texte.Débat sur la rétroactivitéJean-Christophe Boulanger, président du Spiil, rétorque que depuis la création du statut de la presse en ligne, il y a un principe d’égalité entre les titres de presse, quel que soit leur support. Un argument auquel ont été sensibles des parlementaires de droite, qui avaient initialement déposé des amendements, avant que le groupe LR se positionne contre la disposition.« Il n’y a pas de rétroactivité, assure M. Boulanger. L’amendement est une disposition interprétative qui précise comment il fallait appliquer la loi, dans le cas de textes flous ou incohérents. Cela ne change pas les règles ex post [portant sur des faits constitués], ça les clarifie. »Le cas particulier de MediapartDu côté de Mediapart, Edwy Plenel ne s’exprime pas. Mais le site a un argumentaire qui vise à lutter sur le terrain médiatique, dans un dossier jugé politique : il ne s’agit pas « d’amnistie », car il n’y a pas eu de fraude, l’action de Mediapart étant revendiquée, écrit le site.Idem pour la notion « d’amendement Mediapart ». Le site d’investigation, dont certaines enquêtes ont gêné le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande, estime que la personnalisation du dossier autour de son cas particulier est un piège. En première ligne, Mediapart rappelle que le Spiil soutient son combat et que d’autres sites ont fait l’objet d’un redressement, comme Arrêt sur images (540 000 euros) et Indigo Publications (Lettre A, Presse News…).Lire aussi :Mediapart et Arrêt sur images appellent leurs lecteurs à la générositéLe site fondé par Edwy Plenel a toutefois publié, via un blog d’auteur, un billet de Roland Veillepeau, ancien patron de la direction nationale des enquêtes fiscales, selon lequel le contrôle fiscal du site « fleure bon, quoi qu’on dise, le règlement de comptes ».Pour Mediapart, l’enjeu est de taille. Bénéficiaire, il dispose d’une trésorerie de 3 millions d’euros environ. Mais se voit réclamer 4,7 millions d’euros par le fisc : 3,5 millions d’euros de TVA, 1,2 million de pénalités.Lire aussi : Mediapart : Plenel prépare l’après-PlenelAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Trente-cinq postes « sauvés » : le plan social prévu dans le groupe L’Express-L’Expansion est passé de 125 départs à 90, jeudi 3 décembre, à l’issue d’une réunion avec les élus syndicaux. Le groupe racheté par le milliardaire des télécoms et des médias Patrick Drahi début 2015 conservera donc une quinzaine de titulaires de carte de presse supplémentaires.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Certaines mauvaises langues verront dans le grand nombre de postes épargnés le signe que le nouvel actionnaire Altice s’était laissé une généreuse marge de négociation. Une source proche de la direction y voit plutôt « l’effet positif du dialogue social ». Une manière de montrer que les hommes placés par Patrick Drahi, parfois décrits comme des gestionnaires raides, n’ont pas rechigné à tenir des dizaines de réunions avec les élus.Le représentant CFDT Jacques Trentesaux se dit lui « plutôt satisfait » sur le nombre de postes conservés : « C’est au-delà de nos attentes de départ », juge l’élu.« Monopoly »Mais le satisfecit s’arrête là : « Sur la stratégie, les dirigeants semblent raisonner davantage en cost killers qu’en patrons de presse », regrette M. Trentesaux. Selon l’élu, les dirigeants d’Altice seraient surtout concentrés sur le jeu de « Monopoly » et de synergies possible entre les titres qu’ils ont racheté (Libération ou, à 49 %, BFM-TV et RMC) ou pourraient acquérir. Moins par la mise en œuvre d’une stratégie éditoriale et économique pour chaque titre.La stratégie présentée par la direction a fait l’objet d’un avis négatif des élus, lundi 30 novembre, note M. Trentesaux. Une semaine plus tôt, les sociétés de rédacteurs avaient rejeté dans une lettre la nouvelle formule envisagée pour L’Expansion, jugée « contraire à la déontologie journalistique ». Le projet prévoyait une « ligne éditoriale positive ». Du côté de L’Express, la relance du journal, prévue pour début mars et fondée sur la recherche d’une plus grande « qualité », rencontre une part de scepticisme au sein de la rédaction. Certains regrettent que ce choix diffère de la ligne du site Web, centrée sur l’actualité chaude, d’autres doutent qu’on puisse faire mieux avec moins de salariés.« Que certains aient des doutes, c’est normal : nous voulons faire les choses par étapes, pour les faire bien, dans la durée et dans l’intérêt des titres », relativise une source proche de la direction. Des groupes de travail thématiques sont à l’œuvre, ajoute cette source, qui rappelle que L’Express-L’Expansion allait mal lors de son rachat. Il prévoit une perte de 4 millions d’euros environ en 2015 et le retour à l’équilibre en 2016. Quant au directeur des rédactions du groupe, Christophe Barbier – qui faisait jeudi dans son éditorial-vidéo un clin d’œil à Libération, qui doit déménager à L’Express en décembre –, il conserve jusqu’ici la confiance des actionnaires.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.12.2015 à 11h29 • Mis à jour le03.12.2015 à 08h46 | Alexis Delcambre et Gilles Rof (à Marseille) A Marseille, Nancy, Nice ou Reims, les quotidiens régionaux ne sont pas prêts à imiter leurs homologues nordistes et picard. A l’approche des élections régionales, les 6 et 13 décembre, ces derniers se sont en effet ouvertement engagés contre Marine Le Pen, tête de liste du Front national en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.Lundi 30 novembre et mardi 1er décembre, La Voix du Nord a publié deux doubles pages démontant le discours et les pratiques du parti, qui arrive en tête des intentions de vote dans la région. « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », titrait le quotidien lillois lundi, avant d’énoncer, mardi, « Marine Le Pen et le FN ne sont pas ce qu’ils disent ».Egalement membre du groupe belge Rossel, le quotidien de Roubaix, Nord-Eclair, interrogeait de son côté : « La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? » et « Qui sont réellement les membres du FN ? » Enfin, mercredi, Le Courrier picard, autre titre de Rossel, faisait sa « une » sur « Le vrai visage du FN à la région ».« Rester observateur »S’ils saluent le « courage » de cette démarche, les responsables des journaux diffusés dans d’autres régions où le Front national est annoncé à un niveau élevé, comme en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou en Bourgogne-Franche-Comté, n’entendent pas prendre position.A Nice-Matin, la question a fait débat lundi matin mais la décision a été de « rester observateur ». A La Provence, « il n’y a pas vraiment eu de discussion car nous avons une ligne claire fondée sur l’équilibre », selon son rédacteur en chef, Jean-Michel Marcoul. A Metz ou Nancy, la question ne s’est pas vraiment posée. « Ce n’est pas dans la culture maison », explique un journaliste du Républicain lorrain, un titre membre du groupe Ebra comme L’Est républicain, à Nancy, ou Le Bien public, à Dijon.Interrogés par Le Monde, des responsables de la presse régionale se disent mal à l’aise avec le fait de « prendre le lecteur par la main ». « Nous ne sommes pas là pour ça. Ce serait du reste contre-productif, pense ainsi Denis Carreaux, directeur des rédactions de Nice-Matin. Cela fait longtemps que la presse ne fait plus les résultats des élections. » « C’est difficile de dire au lecteur ce qu’il doit voter », renchérit Didier Louis, rédacteur en chef de L’Union, à Reims.« En prenant position, je mettrais mon journal et mes équipes en porte-à-faux »La démarche de La Voix du Nord « est très politiquement correcte », juge encore un responsable de rédaction. « Nous ne voulons pas jouer les donneurs de leçon à grands coups d’édito ou donner raison à ceux parmi nos lecteurs qui jugent les médias trop proches des politiques », argumente Denis Carreaux. Même son de cloche du côté de l’actionnaire de La Provence, Bernard Tapie, jadis en première ligne contre le Front national : « Tous les discours qui tentent de diaboliser le FN sont inefficaces et ne font que le renforcer. » Ces titres revendiquent une exigence dans le traitement des programmes des candidats. Ainsi, à La Provence, les quatre principaux postulants ont eu droit à un « Face aux lecteurs », avec deux pages consacrées à leurs réponses. Une deuxième série a commencé, mardi matin, de portraits plus approfondis. A Nice, « on essaye de pointer les contradictions, les approximations, les faiblesses éventuelles », énumère Denis Carreaux.Cependant, « ce type de travail doit être fait avec toutes les formations », pense Didier Louis, qui invite ses homologues du Nord à traiter avec la même vigueur les socialistes locaux, qui gouvernent la région depuis sa création, que les candidats frontistes.Tissu de relationsLa plupart des quotidiens s’attachent à rester neutres vis-à-vis des exécutifs locaux – alors que certains affichaient des identités très partisanes jusque dans les années 1980. « Ma position dans la région, en tant que propriétaire de La Provence, rend délicat tout commentaire, admet ainsi Bernard Tapie. En prenant position, je mettrais forcément mon journal et mes équipes en porte-à-faux. » Un tissu de relations existe entre la presse régionale quotidienne et les collectivités locales. Outre la couverture journalistique de leur activité, ces dernières restent des pourvoyeuses de publicité, même si les budgets ont généralement baissé sous l’effet de la crise, et des partenaires d’opérations spéciales. Voire des bouées de sauvetage, à l’image de la région PACA pour Nice-Matin en 2014.Mais l’importance économique de ces liens dépend des régions. A ce titre, le partenariat entre le Nord-Pas-de-Calais et le groupe Voix du Nord autour de plusieurs chaînes de télévision locales constitue un type de relation élaboré, qui ne se retrouve pas dans toutes les régions.Autre singularité nordiste : le climat hostile entretenu tout au long de la campagne entre les candidats frontistes et la presse locale. Rien de tel à Marseille, où il n’y a eu « aucune crispation », selon M. Marcoul. A Nice, reconnaît Denis Carreaux, « la personnalité de Marion Maréchal-Le Pen est différente et les relations ne sont pas particulièrement conflictuelles », au contraire de celles avec les élus municipaux ou cantonaux du parti. Il y aurait même, selon lui, « un risque de surexposer le FN, qui attire naturellement les médias ».Gilles Rof (à Marseille)Journaliste au MondeAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard L’alarme est nouvelle. BFM-TV agite la menace de 100 suppressions d’emplois si sa concurrente LCI est autorisée à passer en gratuit. Alain Weill, le PDG de NextRadioTV, la maison mère de la chaîne, a affiché ses intentions, lundi 30 novembre, lors d’un déjeuner avec des journalistes. L’argument fait écho aux propos de TF1, qui a promis un plan social, voire l’arrêt de sa chaîne d’information LCI, si sa demande de changement de modèle de diffusion n’est pas acceptée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel d’ici au 31 décembre.Lire aussi :Sur BFM-TV, « le direct n’exclut pas la réflexion »« S’il y a le lancement d’une troisième chaîne d’information gratuite – et, a fortiori, d’une quatrième – nous risquons de devoir réduire la voilure et de licencier », a expliqué Alain Weill, en référence à LCI et au projet de chaîne d’information publique lancé par France Télévisions. Le dirigeant a assuré que l’estimation de 100 emplois menacés valait pour le seul passage de LCI en gratuit.Lire aussi :Négociations autour de la future chaîne d’info publiqueSelon les calculs de BFM-TV, chaque perte de 0,1 point d’audience au profit des nouveaux concurrents se traduirait par 4 millions de revenus en moins. « Avec 0,3 point d’audience en moins, on passe dans le rouge », a développé M. Weill, dont le groupe a dégagé 17 millions de résultat net en 2014. Côté emploi, 100 « équivalent temps plein » seraient menacés sur 400 au total (dont environ 320 CDI).« Nous sommes très inquiets »Ce discours marque une rupture. Lors des précédents épisodes, au cours desquels le CSA a refusé le passage de LCI en gratuit, BFM-TV avait simplement menacé d’arrêter d’embaucher. M. Weill ne se rend-il pas coupable de chantage à l’emploi, un travers qu’il dénonçait justement chez TF1 ? « Si c’est la vérité, ce n’est pas un chantage », a-t-il répondu. Avant de faire référence à l’entrée de Free comme quatrième opérateur sur le marché des télécoms, qui a provoqué des licenciements chez Bouygues et SFR.La direction de BFM-TV peut compter sur le soutien d’une représentante du personnel :« Nous sommes très inquiets », a affirmé Céline Bruel, élue au comité d’entreprise de BFM-TV et membre de sa société des journalistes, conviée au déjeuner. « BFM-TV, ce n’est pas du low cost », a insisté Mme Bruel. Les élus négocient en outre en ce moment des augmentations de salaires pour le personnel, a-t-elle noté.« Enjeux économiques considérables »Pour peser, les représentants des salariés des chaînes d’information BFM-TV et iTélé ont demandé à être reçus par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. La démarche rappelle celle des employés de LCI, qui étaient allés jusqu’à manifester devant l’autorité. « Nous ne sommes pas commandités par la direction », s’est toutefois défendue l’élue de BFM-TV.La sortie médiatique du groupe NextRadioTV intervient alors que le CSA doit se prononcer avant la fin décembre sur la nouvelle demande de LCI de passer en gratuit. Certains observateurs croient déceler des signaux favorables à la demande de TF1 :« Les enjeux économiques sont considérables », a par exemple noté le président du CSA, Olivier Schrameck, dans un entretien au Figaro lundi.Lire aussi :LCI, Paris Première : le CSA dévoile ses étudesPar ailleurs, afin de rassurer la concurrence, TF1 s’est engagée à ne pas faire d’offres publicitaires couplées avec LCI, ni de promotions croisées, et à ne pas consacrer plus de 30 % de son temps d’antenne aux journaux télévisés. Une façon de se différencier du modèle « info en direct » de BFM-TV.« Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir »Pour M. Weill, ces arguments « ne changent rien ». Et autoriser une troisième, voire une quatrième chaîne d’information, « reviendrait à renforcer les acteurs historiques dominants, TF1 et France Télévisions », a-t-il ajouté. Par rapport à ces chaînes, BFM-TV se dépeint comme un « nouvel entrant », malgré le partenariat capitalistique noué avec Altice, le puissant groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Pour M. Weill, « les pouvoirs publics veulent affaiblir les chaînes d’information existantes, qui apportent de l’indépendance et de la transparence ». « Mais ils confondent indépendance et parti pris. Les chaînes d’information agaceront toujours le pouvoir, quel qu’il soit. C’était déjà le cas sous la majorité précédente », a-t-il expliqué. Sa chaîne, après avoir eu des relations un peu crispées avec l’Elysée et Matignon sous Jean-Marc Ayrault, semblait pourtant avoir normalisé son rapport avec le gouvernement.Lire : Critiquée par la majorité, BFM-TV plaide sa cause à Matignon et à l’ÉlyséeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent Marine Le Pen contre La Voix du Nord, c’est une histoire ancienne. Dernier épisode en date, la patronne du FN et candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas du tout apprécié la manchette du quotidien régional de lundi 30 novembre, titrée « pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». Ni la deuxième « une », publiée mardi.La candidate d’extrême droite a donc expliqué qu’en cas de victoire, elle comptait bien « supprimer les subventions » du quotidien :« Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l’énorme subvention qu’ils ont touchée. Nous considérons que les 1,5 million qui sont accordés par an au groupe La Voix du Nord ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres. C’est la raison pour laquelle ils nous attaquent, ils cherchent à défendre leurs subventions alors qu’il y a un million de pauvres dans notre région. »Pourquoi c’est plus compliqué ?1. Pas de subventions directes de la région à la presse locale, mais à une télévisionMarine Le Pen a sans doute été un peu vite en besogne, en oubliant qu’il n’y a pas réellement de subventions régionales à la presse locale. La seule « aide » est l’exonération de contribution économique territoriale (CET), une taxe qui frappe les entreprises, mais cette aide est la même sur tout le territoire et un conseil régional ne peut décider de la supprimer.Marine Le Pen ciblait en fait un point précis : il existe, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, une télévision locale, Weo, créée en 2009, qui est une société d’économie mixte, cogérée par la région, le groupe La Voix et d’autres partenaires (Roularta, la Caisse d’épargne ou NRJ). La Voix du Nord n’a que 35 % des parts, a expliqué le quotidien lundi. En réalité, « le chiffre de 1,5 million d’euros correspond à ce que la région verse en termes de production et de moyens de financement de coproduction entre Weo et les différents organismes », précise-t-on à la Voix du Nord. Ce budget correspond aux « commandes » de productions par la région, qui souhaite des reportages et documentaires pour évoquer son patrimoine, notamment. Ces subventions concernent d’ailleurs une dizaine de télévisions locales et non la seule Weo.« C’est une manière de mettre en avant la région, ces programmes permettent aux habitants de savoir ce qu’il se passe, de défendre l’identité ch’ti », précise-t-on à la région, où l’on assume totalement ces neuf millions d’euros de subvention sur cinq ans. En 2015, les dépenses de la région se sont élevées à 2,12 milliards d’euros. Les 1,5 million consacrés aux programmes de Weo représentent donc 0,07 % de ces dépenses.La région pourrait donc choisir de « torpiller » ce projet si Mme Le Pen arrivait à sa tête, mais les conséquences iraient au-delà de la seule Voix du Nord. D’autres partenaires seraient concernés, sans compter le risque de provoquer la fin d’une télévision locale.2. La fausse collusion entre le groupe de presse et Xavier BertrandMardi, Marine Le Pen a contre-attaqué, quitte à mettre en avant une nouvelle intox : invitée de BFM TV, la patronne du Front national a cette fois cherché à démontrer une collusion entre La Voix du Nord et Xavier Bertrand, son adversaire du parti Les Républicains aux régionales. Elle en profite pour évoquer le rôle de la société Bygmalion.« J’ai découvert que La Voix du Nord est aussi liée à Xavier Bertrand, car figurez-vous que La Voix du Nord est actionnaire de la Télé de Xavier Bertrand, MaTélé, la télé de Saint-Quentin. Et d’ailleurs, La Voix du Nord l’a été un certain temps aux côtés de Bygmalion, vous savez cette société dont Xavier Bertrand expliquait qu’il ne la connaissait pas. »Pourquoi c’est n’importe quoi ?Mais là encore, les ficelles sont un peu grosses.Le groupe La Voix est effectivement actionnaire, à 22,4 %, de MaTélé, une chaîne locale, basée à Saint-Quentin, dans l’Aisne, ville dont Xavier Bertrand est maire. Assez logiquement, le groupe de presse, en situation de quasi-monopole dans la région, est sollicité, ici comme à Lille avec Weo, pour participer à ce type de projets.Cette télévision lancée en 2013 est possédée par divers acteurs. dont une agence de communication et la société télévisuelle Demain !, son actionnaire principal qui possède 56,5 % des parts. Si la chaîne ne se positionne pas spécialement en opposition au maire de Saint-Quentin, il est quelque peu abusif de la qualifier de « télé de Xavier Bertrand ».Bygmalion est en partie installée à Saint-Quentin. La société a effectivement pris des parts dans MaTélé : 11,2 %. Bygmalion a investi dans d’autres télévisions locales, notamment Weo Picardie. Mais elle s’en est retirée après les scandales financiers l’impliquant. Incidemment, La Voix n’avait pas vu d’un très bon œil l’arrivée de Bygmalion dans le capital.A suivre le raisonnement de Marine Le Pen, le groupe La Voix serait ainsi « lié » à tous les élus de toutes les municipalités dans lesquelles il est partie prenante d’un projet. C’est passer très vite sur le fait que ce groupe de presse est le plus puissant de la région, et qu’il est donc logique qu’il s’intéresse aux télévisions locales.En outre, Marine Le Pen explique donc ici que La Voix, qu’elle accusait lundi de collusions avec la gauche, serait selon elle lié aussi à la droite. Ce qui n’est pas très cohérent.Enfin, elle prend soin de lâcher au milieu de tout cela le nom de Bygmalion, qui fut actionnaire minoritaire de cette télévision locale, mais ne l’est plus.Surtout, la polémique de la veille portait sur le fait que Mme Le Pen, mécontente de La Voix du Nord, évoquait la suppression de « subventions » qui n’en étaient, on l’a dit, pas vraiment. Ici, il s’agit d’autre chose : le fait qu’un groupe de presse locale investisse dans des télévisions locales. Ce qui, à y réfléchir quelques instants, semble plutôt cohérent.Lire aussi :Régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie : l’obsession Front nationalSamuel LaurentResponsable des Décodeurs - Vérifications, contexte, données. SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète » : dans son édition du lundi 30 novembre, le quotidien La Voix du Nord a choisi de prendre position dans la campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, alors que les sondages annoncent le Front national en tête en Nord-Pas-de-Calais–Picardie. Jacques Hardoin, directeur général du groupe Rossel-La Voix, explique au Monde le sens de cette démarche.Pourquoi avez-vous décidé de prendre parti contre Marine Le Pen, tête de liste Front national aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais–Picardie ?Notre journal a toujours affiché des positions claires quand il le fallait, comme au lendemain du 21 avril 2002, en appelant à voter contre Jean-Marie Le Pen. Cette fois, nous avons pensé qu’il était important de le faire avant le premier tour prévu dimanche. Mais ce n’est pas une démarche anti-Marine Le Pen, nous restons purement factuels et précis, sans nous situer dans le registre de l’opinion. Nous le ferons de nouveau dans notre édition de mardi, avec deux nouvelles pages consacrées au Front national.Marine Le Pen affirme que votre engagement est partisan et que vous soutenez la majorité sortante, de gauche, pour « défendre votre subvention ». Que répondez-vous ?La somme annuelle de 1,5 million d’euros dont parle Marine Le Pen n’est pas à proprement parler une subvention. Il se trouve que notre groupe est éditeur d’une télévision locale, Weo, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la région. Celle-ci assure un tiers du budget de fonctionnement de la chaîne. En contrepartie, Weo s’intéresse aux domaines de compétence régionale, par exemple aux lycées. Son activité est contrôlée par un comité d’éthique.Si la région se retirait de Weo, pourriez-vous assumer seuls son fonctionnement ?La convention actuelle entre La Voix du Nord et la région court jusqu’en décembre 2016, date à laquelle celle-ci peut décider de sortir. Il n’est pas envisageable pour nous de financer l’intégralité de Weo, mais nous pourrions éventuellement nous tourner vers d’autres collectivités locales.Après cette une, avez-vous eu des retours ? Y a-t-il un risque de clivage de votre lectorat ?Un quotidien régional n’est pas un journal d’opinion et nos lecteurs n’attendent pas de nous une prise de position. Mais nous sommes au service des habitants de la région. A ce titre, il est important de leur faire part de nos inquiétudes économiques, sociales ou culturelles en cas de victoire du FN. Les positions du parti sont contraires aux valeurs que ce journal, issu d’un mouvement de résistance, défend depuis la Libération, et que nous continuerons de défendre.Plus lisible dans ce format. https://t.co/fZavN1ZrPE— jacqueshardoin (@Jacques Hardoin)require(["twitter/widgets"]);Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 16h35 • Mis à jour le02.12.2015 à 09h20 | Stéphane Foucart A chaque étape-clé des négociations climatiques, les climatosceptiques refont surface. La conférence de Paris qui s’ouvre le 30 novembre ne fait pas exception. Comme celle de ­Copenhague, en décembre 2009, elle a été marquée par une recrudescence de l’activisme d’un petit réseau de personnalités niant la réalité du réchauffement en cours ou son origine anthropique.En France, l’événement le plus visible de ce retour des climatosceptiques a été l’ouvrage de Philippe Verdier, chef du service météo de France Télévisions, Climat investigation (Ring, 330 pages, 18 euros). Marketé avec soin par son éditeur, grâce à une vidéo promotionnelle empreinte de conspirationnisme, le livre de M. Verdier a eu un écho important, notamment dans les médias audiovisuels. L’intérêt pour l’ouvrage s’est encore accru après que France Télévisions a annoncé, début novembre, le licenciement de son présentateur météo, accusé d’avoir mis en avant ses fonctions au sein du groupe audiovisuel public pour faire la promotion de son ouvrage.Plusieurs associations et personnalités, regroupées au sein du Collectif des climato-réalistes, ont pris fait et cause pour Philippe ­Verdier et ont lancé une pétition pour le ­soutenir. Ce collectif, créé le 1er septembre, rassemble des promoteurs du libéralisme économique comme la fédération d’associations Liberté chérie, l’Institut Turgot (un cercle de réflexion néolibéral), Contribuables ­associés, ou encore des associations proches des industries fossiles comme l’Amicale des foreurs et des métiers du pétrole. Quelques scientifiques (chimistes, mathématiciens…) font aussi partie du collectif, mais tous sont étrangers à la question climatique.L’événement le plus visible du retour des climatosceptiques, en 2015, a été le livre de Philippe Verdier « Climat investigation »Au reste, leur argumentaire est en grand ­décalage avec l’état des connaissances. Le Collectif des climato-réalistes allègue ainsi « l’absence de tout réchauffement statistiquement significatif (…) depuis près de vingt ans », « la hausse (…) sans accélération du niveau de l’océan depuis un siècle », « la baisse de l’activité cyclonique de ces dernières années », etc. Autant d’affirmations en contradiction avec les constats de la communauté scientifique.Pour Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, et coprésidente du groupe 1 au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « ces scientifiques s’informent généralement sur le climat par le biais de la presse généraliste, où des responsables politiques, des ­acteurs du monde associatif, des ONG, etc., s’expriment sur le changement climatique ». « Cela produit une confusion : “sciences du climat” égale “écologie politique”, ajoute-t-elle. En réalité, les scientifiques qui propagent un discours climatosceptique ne lisent souvent ni les publications scientifiques en sciences du climat ni les différents chapitres des rapports du GIEC. »Le retour des climatosceptiques français s’est également opéré dans les coulisses, loin de la scène médiatique. L’Académie des sciences a ainsi été le théâtre, tout au long de l’année, d’un affrontement discret, mais âpre, ­entre ­climatosceptiques et tenants du consen­sus scientifique. Un groupe – dit « groupe COP21 » – avait été créé en 2014, avec pour mission de rédiger un avis de l’Académie des sciences sur le climat, en appui des négociations devant se ­tenir en décembre à Paris. Mais au sein du groupe, le géophysicien Vincent Courtillot, en rupture avec ses pairs, a évoqué la possibilité de publier un avis minoritaire climatosceptique, au côté de l’avis majoritaire, en ligne avec le consensus scientifique.Lire aussi :#Jourdeclimat : village solaire, maison flottante… des solutions face au réchauffementUne levée de boucliersCette perspective a provoqué une levée de boucliers. « Cette éventualité serait tout à fait déplorable, déclarait au Monde, en mai, le physicien Edouard Brézin, ancien président de l’Académie des sciences et membre du « groupe COP21 ». Cela ne rendrait absolument pas compte de l’état réel des connaissances. Cela reviendrait à publier un avis pour dire que la Terre est ronde et un autre pour dire qu’elle est plate. »L’avis finalement publié le 3 novembre par l’Académie ne comportait pas d’avis minoritaire. Mais la question climatique y a été ­réduite à la portion congrue. Au terme d’un processus dont plusieurs académiciens, interrogés par Le Monde, ont dénoncé l’opacité, la version de travail de huit pages a été ramenée à quatre pages, où la question climatique a presque disparu devant la question de la transition énergétique. Et, si le texte ne remet pas en cause le consensus scientifique, il se garde aussi d’admettre de manière explicite la responsabilité humaine dans le réchauffement en cours, de même qu’il occulte les projections de la dérive climatique à l’horizon de la fin du siècle, en fonction des scénarios d’émissions…Lire aussi :Climat : une académie sous influenceD’autres cénacles, moins prestigieux que l’Académie des sciences, sont également au centre de l’attention des climatosceptiques. Le 18 novembre, la Maison de la chimie accueillait un colloque sur « Chimie et changement climatique » dont l’une des deux présentations introductives, donnée par Vincent Courtillot, assurait que « l’importance relative du Soleil et des gaz à effet de serre dans l’évolution récente du climat terrestre reste encore une question ouverte »…De même, au sein de l’Association des anciens élèves de l’Ecole polytechnique (AX), la possible création d’un groupe de réflexion sur le climat a suscité, à la mi-novembre, une levée de boucliers. Le thème lui-même n’était pas en cause, mais plusieurs membres de l’AX se sont émus de ce que le groupe, animé par Christian Gérondeau, président délégué de l’Automobile Club de France et l’une des figures du mouvement climatosceptique français, ne soit rien d’autre qu’un instrument de dénégation du consensus scientifique.La réalité du problème climatique dérange et bouscule des convictions profondes. « Intégrer les limites planétaires dans sa vision du monde, interroger son rapport au progrès, à la croissance économique : c’est une vraie difficulté, dit Valérie Masson-Delmotte. Cette réticence s’exprime dans toutes les strates de la ­société, y compris parmi les scientifiques de nombreux domaines… »Lire aussi :Climat : le terreau du scepticisme aux Etats-UnisStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14455165756", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#285a82","#28beaa","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Marine Le Pen","Manuel Valls","Jean-Luc Mélenchon","Arnaud Montebourg","François Bayrou","Alain Juppé","Jean-François Copé","François Fillon","François Hollande","Jean-Marc Ayrault","Nicolas Sarkozy","Pierre Moscovici","Christiane Taubira","Emmanuel Macron","Alain Lamassoure","Benoist Apparu","Benoît Hamon","Yann Galut","Bruno Le Maire","Cécile Duflot","Christian Estrosi","Bernard Cazeneuve","Valérie Pécresse","Nathalie Kosciusko-Morizet","Najat Vallaud-Belkacem","Martine Aubry","Marion Maréchal-Le Pen","Laurent Wauquiez","Laurent Fabius","Jean-Marie Le Guen","Jean-Christophe Lagarde","Henri Guaino","Harlem Désir","Florian Philippot","Éric Ciotti"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "invité principal", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 4 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "face à l'invité", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " fois", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.10.2015 à 12h10 • Mis à jour le23.10.2015 à 10h46 | Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Il aura donc suffi d’un amendement adopté en commission à l’Assemblée nationale pour relancer ce que les spécialistes des professions concernées – les producteurs de musique face aux radios privées – ont pris l’habitude d’appeler la guerre des quotas. Disons plutôt la guéguerre, et regardons les enjeux.Les députés ont adopté, dans le cadre du projet de loi sur la liberté de création, un amendement visant à éviter que les mêmes tubes francophones tournent en boucle sur les ondes des radios privées afin de se conformer, au-delà des quotas déjà imposés par la loi, à l’esprit de ces quotas qui vise à promouvoir la création en langue française. Projet soutenu, le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter par la ministre de la culture Fleur Pellerin, pour qui les députés demandent simplement aux radios privées de « remplir mieux l’obligation de promouvoir la diversité culturelle ». Pour Fleur Pellerin, c’est clair, il s’agit de « mettre mieux en valeur la jeune création française ».Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal poséVent debout contre l’amendement, les professionnels des radios privées brandissent l’étendard de la liberté éditoriale. Liberté éditoriale revendiquée afin de permettre la diffusion d’un même titre des centaines de fois. La guerre opposerait donc les tenants de deux libertés différentes : la liberté de création d’un côté, la liberté éditoriale de l’autre.Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal posé. D’un côté, des acteurs politiques soucieux d’une juste diffusion de la chanson d’expression francophone dans toutes ses composantes et dans sa grande diversité. Des politiques naturellement soutenus, voire inspirés, par les producteurs de musique pour qui la radio demeure un vecteur de diffusion et de prescription privilégié, en dépit de l’arrivée de nouveaux supports – YouTube ou les plates-formes d’écoutes comme Deezer ou Spotify.Face aux acteurs politiques, les professionnels des radios privées adoptent une posture de supposée défense des auditeurs, lesquels plébisciteraient quelques chansons seulement parmi les nouvelles productions proposées au marché. Avec un argument fondé sur des chiffres, ceux de l’effondrement, selon eux, de la production francophone.L’œuf ou la poule ?Autrement dit, les dirigeants des radios privées résument de manière simpliste une situation très compliquée, en disant peu ou prou : « Vous ne nous proposez pas assez de bonnes chansons francophones, une partie de la production française est d’ailleurs interprétée en anglais, laissez-nous au moins choisir dans une offre que nous trouvons trop maigre. » Une analyse qui justifierait la diffusion en boucle, douze ou quinze fois par jour, de la même chanson, tandis que des centaines de titres sur lesquels des artistes ont travaillé restent dans les placards et n’ont aucune chance d’arriver seulement jusqu’aux oreilles d’auditeurs considérés comme malentendants et peu capables de juger par eux-mêmes de la qualité de tel ou tel artiste ou de telle ou telle chanson.Disons-le tout net : les auditeurs ne sont pas sourds. La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistes. Le conflit repose aujourd’hui sur un cercle vicieux bien connu des philosophes et penseurs de la culture se résumant par une célèbre question existentielle : « Qui de l’œuf ou de la poule ? » Y a-t-il moins de productions francophones parce que les radios n’en diffusent que très peu ? Ou bien, les radios ne diffusent-elles que très peu de chansons françaises parce que les producteurs n’en proposent pas assez ?La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistesComment sortir d’un cercle vicieux ? En créant un cercle vertueux. Plus les radios diffuseront d’artistes, mieux les créateurs seront exposés sur les ondes, plus les producteurs seront enclins à prendre le risque d’investir sur de nouveaux talents. Et plus les radios auront le choix, donc la liberté éditoriale, de sélectionner les créateurs qu’elles voudront mettre en avant. Et plus les auditeurs, dont nous tenons à rappeler une fois de plus qu’ils sont dotés d’un cerveau et d’une paire d’oreilles souvent prolongées d’un casque audio pour mieux entendre les nuances de la création musicale, seront libres de choisir les artistes – et les radios… – qu’ils souhaitent écouter. Ce qu’il fallait démontrer.Cercle vertueux contre cercle vicieux : le choix devrait s’imposer de lui-même, et conduire à un travail en commun qui remplacerait la guéguerre provoquée par l’amendement voté en commission et soutenu légitimement par la ministre. La liberté de dialogue, entre les producteurs et les diffuseurs, remplacerait alors avantageusement la guerre des quotas et permettrait un retour bienvenu à des postures sans doute plus sérieuses que la grève des quotas décrétée par les radios privées le 29 septembre.Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Alexis Delcambre La tension est montée chez Vivendi, lundi 19 octobre, au lendemain de la publication par Le Parisien d’un article faisant état d’une « chute des abonnés » de Canal+ qui, selon le quotidien, « atteint 10 % en septembre ». Le soir même, le groupe de médias a publié un communiqué dénonçant « la propagation de fausses informations » et a demandé une enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF) après avoir vu son cours de Bourse baisser de 2,12 % en clôture de la séance du jour. Vivendi s’apprête ainsi à déposer une plainte pour divulgation d’informations trompeuses.Selon Vivendi, « ce chiffre est positif ». Mieux, le groupe assure que ses recrutements ont progressé, alors que Le Parisien écrit désormais que c’est « le nombre de nouveaux abonnés [qui] a baissé de 10 % en septembre » - un mois décisif où Canal+ proposait une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby et la saison 2 d’une de ses séries phares, Les Revenants.La concurrence de nouveaux entrantsEn France métropolitaine, Canal+ indique compter 43 900 nouveaux abonnés en septembre 2015, contre 36 100 un an plus tôt. Pour autant, Canal+ ne donne pas le volume global de ses abonnés.Trésor de Canal+, les abonnements font l’objet de toutes les attentions, mais le groupe ne communique pas à leur sujet. On estime que la chaîne en compte environ 9 millions en France, en ajoutant ceux de Canal+ au sens strict, ceux du bouquet CanalSat et ceux de l’offre de vidéo à la demande CanalPlay.Dans l’Hexagone, la baisse des abonnements à CanalSat a un temps été gommée par la progression des recrutements de CanalPlay. Selon plusieurs sources, ce ne serait plus le cas. BFM-TV a chiffré à 185 000 la baisse des abonnements en 2013 et Le Figaro a récemment évoqué un rythme annuel de 240 000 pour 2015.Le modèle premium de Canal+, placé en haut de gamme – environ 40 euros par mois pour le bouquet Canal+ et 65 euros en ajoutant CanalSat –, subit la concurrence de nouveaux entrants, comme BeINSports (13 euros par mois) ou Netflix, le service de vidéo à la demande par abonnement, dont la première offre est à 8 euros par mois. BeINSports revendique « autour » de 2,5 millions d’abonnés et on estime à 500 000 le nombre de clients conquis par Netflix en un an.Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage françaisArrivé à la tête de Vivendi et de Canal+ en juillet, Vincent Bolloré n’a pas caché que l’affaiblissement du modèle historique du groupe le préoccupait. Devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 24 septembre, il avait même indiqué que Canal+ pourrait devenir déficitaire en 2016, après avoir subi une baisse de son résultat opérationnel en 2014, à 20 millions d’euros (et 583 millions pour l’ensemble du groupe).Internationalisation croissanteMais, s’il recule en France, le nombre d’abonnés à Canal+ dans le monde progresse, et il atteindrait près de 6 millions hors de l’Hexagone. Historiquement présent en Pologne et au Vietnam, le groupe se développe fortement sur le continent africain et nourrit des ambitions en Europe du Sud via Telecom Italia, dont Vincent Bolloré détient plus de 19 %. Depuis son arrivée, celui-ci défend l’internationalisation du groupe. Une façon d’assumer que le chiffre d’affaires réalisé en France a vocation sinon à se réduire, du moins à devenir minoritaire dans l’ensemble.Intitulé « La chute de la maison Canal+ », l’article du Parisien s’arrêtait aussi sur les mauvaises performances des tranches en clair, symbolisées par la relance manquée du « Grand Journal », tombé à moins de 650 000 spectateurs par jour, loin de la formule précédente.Lire aussi :Canal+ : Vincent Bolloré confirme Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal »M. Bolloré clame depuis son arrivée que le seul indicateur de résultats qui lui importe est le nombre d’abonnés et il fait comprendre qu’il va réduire le clair sur Canal+, même si le modèle historique de la chaîne repose sur une corrélation entre la puissance des audiences en clair et la vigueur des recrutements. Vivendi semble vouloir privilégier d’autres leviers de recrutement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». 12.10.2015 à 14h28 • Mis à jour le12.10.2015 à 14h37 | Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 10h22 • Mis à jour le12.10.2015 à 10h44 Le journaliste irano-américain Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran arrêté il y a plus d’un an en Iran pour espionnage, a été jugé coupable, rapporte dimanche 11 octobre l’agence iranienne de presse ISNA. Sa peine n’a cependant pas été rendue publique, provoquant la déception du Washington Post, qui a déploré une annonce « vague et déroutante ». Le journaliste, né en Californie, dispose de vingt jours pour faire appel.Jason Rezaian, 39 ans, qui a la double nationalité iranienne et américaine, avait été arrêté le 22 juillet 2014 à son domicile en compagnie de son épouse, Yeganeh Salehi – remise en liberté depuis. Le journaliste a comparu à quatre reprises depuis mai lors d’audiences à huis clos devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, une cour spéciale qui juge les dossiers politiques ou touchant à la sécurité nationale.Possible échange de prisonniersDepuis le début de l’affaire, le Washington Post conteste les accusations d’espionnage portées contre son journaliste qui n’a fait qu’exercer son métier de journaliste. Le directeur de la rédaction du journal, Martin Baron, a qualifié ce procès de « mascarade » et de « mélange infect de farce et de tragédie ».Les Etats-Unis et l’Iran n’ont plus de liens diplomatiques depuis la crise des otages de 1979 mais l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet dernier pourrait faciliter un dégel relatif dans leurs relations.Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, n’a pas exclu début septembre l’idée d’un échange de prisonniers pour libérer Jason Rezaian et d’autres Américains détenus en Iran. Plusieurs Iraniens sont actuellement emprisonnés aux Etats-Unis. Alexis Delcambre Les nouvelles fréquences de télévision en haute définition (HD) seront attribuées… aux chaînes existantes. Jeudi 8 octobre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a annoncé, dans un communiqué, les candidatures qu’il a retenues. Retour sur une procédure qui se solde finalement par un statu quo.Lire aussi :Le CSA retient douze nouvelles chaînes pour la TNT en haute définitionPourquoi y a-t-il de nouvelles fréquences à attribuer ?En France, l’Etat gère un spectre de fréquences hertziennes qui est une ressource rare et limitée. Or les besoins sont de plus en plus importants (augmentation du nombre de chaînes de télévision, développement des télécoms…) Pour stimuler le développement de la téléphonie « 4G », le gouvernement a décidé de mettre aux enchères la bande de fréquences dite de « 700 Mhz ». Des fréquences actuellement occupées par la télévision numérique terrestre (TNT). Pour libérer de la place, il a été décidé que la TNT passerait progressivement du format Mpeg2 au format Mpeg4, un encodage qui nécessite moins d’espace. Cet encodage permet la HD : au passage, les chaînes qui ne diffusent pas encore cette qualité d’images ont donc l’occasion d’améliorer leur offre. Il y a de la place pour 29 chaînes en HD.Lire aussi :Les « fréquences en or » convoitées par tous les opérateurs de téléphonie mobileQui a candidaté ?Onze chaînes de télévision (TF1, France 2, Canal+, M6, Arte, HD1, L’Equipe 21, 6ter, Numéro 23, RMC Découverte et Chérie 25) diffusent d’ores et déjà leurs programmes en haute définition. En juillet, le CSA a lancé un appel à nouvelles candidatures, puis déclaré recevables 26 dossiers. Parmi eux, une partie était portée par des chaînes existantes. D’autres dossiers correspondaient à des projets nouveaux, comme HD26, une chaîne de télé-achat proposée par M6 et TF1, un projet consacré à la musique, porté par NextRadioTV et Radio Classique, ou encore « Nostalgie HD », proposée par NRJ, ainsi que d’autres dossiers (BFM Business, Campagnes TV, Gong, Hyper TV, LCI, Lynx, Ofive, Paris Première, IDF1 et QVC). En parallèle, le gouvernement a demandé au CSA de réserver des fréquences aux chaînes publiques non encore diffusées en HD (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN et Public Sénat).Comment le CSA a-t-il choisi ?Le CSA avait l’obligation légale de donner la priorité aux chaînes existantes. Dans la mesure où elles étaient toutes candidates, il a donc retenu 18 chaînes (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN, Public Sénat, BFM-TV, D17, D8, iTélé, Gulli, NRJ12, NT1, TMC, W9, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète +). Il n’y avait dès lors plus de place pour les projets de chaînes nouvelles qui lui avaient été présentés. Cette situation pourra bien sûr évoluer si le nombre de chaînes de la TNT change, par exemple en cas de fermeture d’un service ou de fusion entre deux chaînes. Auquel cas le CSA devra procéder à un nouvel appel à candidatures.Quel est le calendrier ?Les chaînes retenues pourront diffuser leur flux en HD dès le mois d’avril 2016. Il pourra être reçu par les téléviseurs compatibles avec la norme Mpeg4. A terme, une nouvelle norme, la HEVC, qui compresse quatre fois plus le débit d’images, pourra permettre de diffuser davantage de chaînes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les sociétés de rédacteurs de L’Express, L’Expansion, L’Etudiant, Mieux vivre votre argent, Point de vue et Studio Ciné Live ont adopté, jeudi 8 octobre, le principe d’une motion de défiance contre leurs actionnaires, dont Patrick Drahi, et le directeur des rédactions et directeur général délégué, Christophe Barbier, par 112 voix contre 64, et 7 blancs ou nuls. Les journalistes avaient aussi validé le principe d’une motion visant seulement les actionnaires, par 141 voix contre 32, et 10 blancs ou nuls.En revanche, le boycott de la conférence de rédaction du mardi a été rejeté. Et l’idée de formuler des contre-propositions au plan de sauvegarde de l’emploi en cours a été validée.Débat autour de Christophe BarbierLe groupe L’Express entre en négociation autour d’un plan de départ de 125 postes, décidé par les actionnaires en sus des départs liés à la clause de conscience (qui permet aux journalistes de bénéficier d’un licenciement en cas de rachat ou de modification de la ligne éditoriale) qui a suivi le rachat des titres, effectif en juin 2015.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialLes syndicats ont relayé les protestations des salariés, avant d’accepter de discuter des conditions du plan, puisque les actionnaires avaient concédé de rencontrer les élus beaucoup plus de fois que prévu. Ces entrevues ont commencé cette semaine.Les salariés de L’Express, eux, espèrent en parallèle maintenir une certaine pression. La motion de défiance témoigne de cette volonté. Ils ciblent particulièrement Patrick Drahi, industriel des télécoms avec son groupe Altice, propriétaire de Numericable et SFR, mais aussi possesseur de médias, dont Libération (à 100 %) et BFM-TV et RMC (à 49 %).Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsVendredi midi, une assemblée générale a suscité des débats autour de Christophe Barbier : plusieurs journalistes ont regretté que la motion de défiance puisse le fragiliser, raconte un participant. D’autres estiment qu’il faut adresser le texte au directeur des rédactions car il est porteur du plan de départs. Il a été décidé d’un vote sur le texte de la motion mardi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.10.2015 à 09h24 • Mis à jour le08.10.2015 à 10h42 En dépit des critiques émises à l’encontre de l’animatrice fraîchement nommée, Vincent Bolloré a confirmé, jeudi 8 octobre, qu’il n’envisageait pas de remplacer Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal ». « On ne peut juger de rien en quatre semaines, il faut lui laisser le temps », a tenu à préciser le patron de la chaîne cryptée, dans une interview sur RTL.Plus tôt, La Lettre de l’expansion avançait lundi que l’animateur Jean-Marc Morandini, déjà passé par Direct 8 de 2006 à 2012 avec son émission « Morandini ! », serait actuellement en discussion avec le patron de Canal+ pour la tranche d’access prime time de la chaîne. Une information catégoriquement démentie par la chaîne.Le patron de Vivendi a affirmé que l’ex-présentatrice de La Matinale et du Supplément serait à la tête du Grand Journal jusqu’en 2022, date du bicentenaire du groupe Bolloré et aussi du départ prévu de Vincent Bolloré. « Il n’y a aucun plan B », a déclaré l’industriel, avant de préciser que Maïtena Biraben s’inscrivait « dans la durée ». « Tous les gens sont en train de reconnaître que c’est une belle émission », a affirmé le patron du groupe, sans donner plus de précisions.Des audiences inférieures à celle de son prédécesseurLa remplaçante d’Antoine de Caunes a essuyé de nombreuses critiques depuis la rentrée de l’émission en raison des mauvaises audiences, inférieures à celles de son prédécesseur, mais aussi de ses propos sur « le discours de vérité du Front national ». Maïtena Biraben a refusé de s’excuser, expliquant simplement qu’il s’agissait « de la forme, pas du fond » : « Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention cette émission et mes interviews. »Lire aussi :Maïtena Biraben : « Vincent Bolloré n’est pas dans mon oreillette et j’ai un cerveau »Dans la même interview, Vincent Bolloré a estimé que le modèle Canal était « essoufflé », « il fallait bouger », précisant que Vivendi, la maison mère, allait « investir beaucoup dans les contenus, le cinéma, le sport, les émissions, la culture, et donc je pense que tout ça, à la fin, ça va porter ses fruits ». Le président du conseil de surveillance de Vivendi et de Canal+ compte aussi réduire la durée des plages en clair de la chaîne pour la rentrée.  Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Il était l’éditeur français le plus engagé dans le combat contre la position dominante de Google en Europe. Mercredi 7 octobre, à la surprise générale, Lagardère Active (Europe 1, Elle, Paris Match, Le Journal du dimanche, Doctissimo ou encore le producteur Lagardère Entertainment) a annoncé la signature d’un « partenariat stratégique de long terme » avec le géant du Web américain.Selon un communiqué, ce partenariat « comprend le développement sur YouTube des chaînes et vidéos de marques existantes et de contenus originaux, la commercialisation d’inventaires numériques, le développement et la promotion des applications des titres, stations et chaînes du groupe, et le co-sponsoring et co-marketing d’opérations spéciales ». C’est-à-dire que toutes les activités de Lagardère Active sont concernées.A court terme, selon une source interne, l’objet du partenariat est de réaliser « des choses très concrètes », comme de nouvelles chaînes YouTube ou des applications sous Android. A moyen terme, il s’agit d’identifier de nouveaux développements que les deux groupes pourraient mener de concert, sous l’œil d’un comité de suivi où siégeront notamment Denis Olivennes, le président de Lagardère Active, et Carlo d’Asaro Biondo, responsable des relations stratégiques chez Google pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique – et ancien de Lagardère. Google allouera un budget spécifique aux projets élaborés avec Lagardère.Plainte à BruxellesCette annonce surprend, compte tenu des relations jusqu’ici tendues entre les deux groupes. Avec d’autres éditeurs européens, comme Axel Springer ou CCM Benchmark, Lagardère Active a été à l’origine de la création de l’Open Internet Project (OIP), en 2014. Ce lobby a attaqué à Bruxelles la position dominante de Google dans les résultats de recherche en ligne.Lagardère a été très engagé dans l’OIP : son directeur de la communication, Thierry Orsoni, est devenu secrétaire général du regroupement. De son côté, Denis Olivennes a plusieurs fois pris la parole et échangé avec des journalistes pour dénoncer la position dominante de Google. Lagardère Active déplorait notamment les dégâts subis par son comparateur de prix, Leguide.com, en raison de la concurrence des services maison de Google, qui seraient promus par le moteur de recherche américain.Lire aussi :La fronde européenne anti-Google se durcitSituation schizophréniqueDu côté de l’OIP, l’annonce de Lagardère Active a beaucoup surpris. Pour les observateurs de la lutte entre Google et certains éditeurs européens, le deal passé avec Lagardère peut ressembler à un plat de lentilles. « C’est la France qui abandonne son futur », a déploré sur Twitter Tariq Krim, entrepreneur du Web français.Parallèlement, une autre annonce récente vient affaiblir potentiellement le front des « anti-Google » en Europe : le rachat de CCM Benchmark par le groupe Figaro. Cet acteur indépendant de l’Internet français était lui aussi un membre très actif de l’OIP, présidé par son cofondateur Benoît Sillard. Or, l’éditeur de Comment ça marche ou de L’Internaute rejoint un groupe beaucoup moins hostile à Google. Le Figaro a fait partie – comme Le Monde – des 23 projets financés par le « fonds Google-AIPG pour l’innovation numérique ». Il avait reçu 1,8 million d’euros pour cofinancer un renforcement de son offre vidéo.Le Figaro, comme Le Monde, était néanmoins membre du Geste, le groupement des éditeurs de service en ligne, dont le conseil d’administration avait décidé d’adhérer à l’OIP. « C’est une situation schizophrénique, reconnaît M. Sillard. L’ambiguïté vient du fait que nous sommes dans un écosystème où tous les acteurs doivent travailler avec Google et que, dans le même temps, nous devons nous défendre contre ses abus de position dominante. »Un discours similaire à celui tenu aujourd’hui chez Lagardère Active, qui rappelle qu’il entretenait déjà des relations avec Google. « La stratégie de Lagardère Active est de nouer avec les plus grands acteurs du numérique, tels que Google, des partenariats permettant de conjuguer des savoir-faire et des forces complémentaires », justifie Denis Olivennes.Une initiative envers les éditeurs européensCe partenariat apparaît comme un joli coup pour Google, qui est en pleine reconstruction de sa relation avec les médias. En France, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) doit cesser son activité en 2016, après avoir distribué environ 60 millions d’euros à des projets d’éditeurs français en trois ans. A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Google s’apprête à lancer un nouveau fonds, Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaiseEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media), qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus. En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds, mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.Lire aussi :Enquête antitrust : Google répond aux accusations de l’Union européenneAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Et de trois… Après Facebook et Apple, Google a annoncé, mercredi 7 octobre, une initiative pour accélérer le web mobile : il lance « Accelerated mobile pages », un format que tout éditeur pourra utiliser pour publier des pages qui seront lisibles beaucoup plus rapidement quand on les consulte depuis un téléphone ou une tablette. C’est une réponse à la lenteur de chargement des contenus sur support mobile, dénoncée quasi unanimement par nos partenaires, a expliqué Google à la presse, mercredi. Un sujet déjà mis en avant par Facebook et Apple quand ils ont lancé leurs initiatives Instant Articles et News.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseLire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasConcrètement, le format Amp allège le poids d’une page en simplifiant les éléments techniques, a expliqué Google. Et il utilise le « cache » de Google : le moteur de recherche stockera sur ses serveurs les pages au format Amp comme il stocke déjà les pages en format classique. Mais quand un internaute utilisant un smartphone ou une tablette cliquera sur le lien d’un contenu disponible au format Amp, le fichier « caché » par Google s’affichera, très rapidement. Une démo est disponible, via mobile, à l’adresse G. co/ampdemo.Soutien des réseaux Twitter, Pinterest et LinkedinPour l’heure, Google a publié les spécificités de son format, ce qui doit permettre à tout éditeur qui le souhaite de commencer à publier des pages « Amp ». Et aux robots de Google de commencer à les indexer et à les stocker en cache. Puis, « en 2016 », Google commencera à intégrer les pages « Amp » dans les résultats de son moteur de recherche.Point important : le géant du Web et la publicité dispose de partenariats avec d’autres plateformes puissantes comme les réseaux sociaux Twitter, Pinterest et Linkedin. Sur ces derniers, les liens renverront vers les formats « Amp » des pages, quand ils seront disponibles. Par ailleurs, l’éditeur de blogs Wordpress proposera un « plugin » pour permettre une publication « Amp ».Google précise que n’importe qui peut utiliser son nouveau forma, t mais se félicite d’avoir d’ores et déjà trente éditeurs de presse partenaires, dont le français Les Echos, l’anglais The Guardian, les américains The New York Times, Buzzfeed ou The Washington Post, l’espagnol El Pais… Une énumération qui rappelle les titres mis en avant par Apple et Facebook lors de leurs lancements de solutions mobiles.« Les médias traditionnels doivent atteindre leurs lecteurs hors de leurs propres sites web et aller les chercher où ils se trouvent », a expliqué Mario Calabresi, un responsable du quotidien italien La Stampa, invité par Google, tout rappelant son attachement aux valeurs de « qualité et de confiance ».Google se pose en défenseur du « Web ouvert »En quoi la solution de Google est-elle différente de celles de Facebook et Apple ? « Nous avons une approche ouverte du Web et même open source », a expliqué, mercredi, un responsable de l’équipe « produits » de Google, Danny Bernstein, en référence aux logiciels libres dont le code est public. Pour Google, ce discours est une façon, dans sa communication, de tenter de se démarquer de Facebook et Apple, accusés en creux de proposer des solutions propriétaires, et d’être des tenants d’un web « fermé ».L’annonce de Google apparaît donc comme une réponse aux initiatives prises par ses concurrents. Ces nouveaux services ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur ces plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat plus jeune, voire des revenus publicitaires. Ils proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.La publicité, point sensibleGoogle, comme ses rivaux, est bien conscient que les éditeurs de contenus ont peur que publier sur une autre plateforme que leur propre site ou application leur fasse perdre une partie de leur pouvoir dans la chaîne de valeur. Et une part de contrôle sur la publicité et sur les données concernant les lecteurs. Il a donc décidé de ne prendre aucun pourcentage de la publicité qui sera montrée sur les pages « Amp ». Google assure aussi que tous les systèmes de gestion de publicité seront convertibles, même si l’on peut se demander si tous les types de bannières seront utilisables dans Amp, qui est un format allégé.Par ailleurs Google promet que ces pages « seront comme votre site », et que les clics seront comptabilisés dans l’audience des éditeurs, à la faveur de discussions en cours avec les prestataires comme Chartbeat ou Parse.ly.Chez Apple et Facebook, les éditeurs peuvent conserver leurs revenus publicitaires, s’ils ont eux-mêmes commercialisé leur contenu. Par contre, si l’annonceur a été trouvé par Apple ou Facebook, la plate-forme conserve 30 % des revenus. En matière de données, Facebook autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs. Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News.« Devenir un standard »« Google offre toutes les possibilités de monétisation des articles publiés sur Amp : les publicités mais aussi les paywalls » donc le paiement à l’acte ou l’abonnement, s’est félicité Frédéric Filloux, ex-responsable numérique des Echos, lors de la conférence organisée par Google. Une spécificité également mise en avant par Naomi Ramirez, responsable numérique d’El Pais. « Amp a le potentiel de devenir un standard », pense-t-elle.C’est aussi l’espoir de Google, dans la bataille qu’il livre contre Facebook et Apple, particulièrement dans le mobile, dont les audiences deviennent primordiales. Pour attirer les éditeurs de sites, les trois plateformes rivalisent en proposant des solutions aux conditions assez avantageuses. Leur concurrence est un des antidotes contre la dépendance que peut créer, pour les médias, le fait de publier sur ces grandes plateformes. Qui pourront toujours, éventuellement, faire évoluer plus tard les conditions qu’ils proposent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Simon Auffret Laurent Ruquier préfère parler de « faux procès ». Le présentateur de l’émission On n’est pas couché – diffusée sur France 2 en seconde partie de soirée chaque samedi – fait face à de nombreuses critiques depuis la rentrée. Dans l’émission qu’il anime, produite par Catherine Barma, fondatrice de la société de production Tout sur l’écran, l’animateur favoriserait-il les thèmes identitaires ? Depuis le début du mois de septembre, l’intellectuel Alain Finkielkraut, ou le rédacteur en chef du magazine Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, sont ainsi intervenus dans le talk-show.C’est également dans l’émission phare de France 2, le samedi 26 septembre, que Nadine Morano a fait sa sortie sur la France, un pays de « race blanche ». Et on ne compte plus les « clash » et les petites phrases prononcées durant cette émission, parfois accusée d’« hystériser le débat politique français ». Qu’en est-il ?Bonnes audiences et polémiquesLancée à la rentrée 2006 à la suite de l’émission de Thierry Ardisson Tout le monde en parle, On n’est pas couché est d’abord un concept à succès pour France 2. Régulièrement mesurée au-dessus d’un million de téléspectateurs par Médiamétrie – environ 20 % des parts de marchés – la dixième saison du talk-show fait recette.C’est que la tranche horaire – l’une des plus longues du PAF, environ trois heures – couvre une actualité large : comédiens, réalisateurs, humoristes s’assoient régulièrement autour du plateau d’« ONPC ». Laurent Ruquier a lui décidé de mener son émission comme un talk-show à l’américaine, en favorisant le débat entre ses invités et les chroniqueurs réguliers membre de son équipe.Eric Zemmour et Michel Polac ont constitué le premier duo de chroniqueurs, en 2006. L’essayiste de droite – accompagné dès l’année suivante de l’éditeur et critique littéraire Eric Naulleau – est resté cinq ans face aux invités d’On n’est pas couché. Responsables du débat et de la critique du discours des personnalités invités de l’émission, les deux chroniqueurs occupent une place centrale dans le dispositif mis en place par Laurent Ruquier et Catherine Barma, jusqu’à leur remplacement en 2011, notamment du fait des discours souvent sulfureux d’Eric Zemmour – au sujet duquel Laurent Ruquier avouera plus tard « regretter [de lui] avoir donné la parole, toutes les semaines pendant cinq ans ».Bernard Tapie en 2006, Jacques Attali en 2008, Christophe Hondelatte en 2011… Nombreux sont les interviewés à avoir quitté le plateau, excédés par les critiques ou par la teneur du débat imprimée par les deux chroniqueurs. C’est face au duo Natacha Polony et Audrey Pulvar que Christophe Hondelatte, venu présenter son album Ou pas, a préféré s’en aller. Les deux journalistes avaient pris le relais de la première équipe de chroniqueurs moins d’un mois auparavant.Les années passent, les chroniqueurs se succèdent, mais le dispositif reste identique. C’est désormais l’écrivain Yann Moix et la journaliste Léa Salamé qui épaulent Laurent Ruquier depuis la rentrée 2015. La productrice Catherine Barma se défend cependant de tout « rôle » attribué : « Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues. »La culture avant la politiqueDepuis la rentrée 2012, quelques 574 personnalités se sont succédé dans On n’est pas couché. Parmi eux, les représentants de la sphère culturelle (réalisateurs, comédiens ou musiciens) sont bien plus nombreux que les invités politiques. #container_14440587731{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14440587731{ height:500px; } #container_14440587731 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14440587731 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14440587731 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14440587731 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Type d'invités les plus fréquents à "On n'est pas couchés" depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}L’humoriste et acteur Guy Bedos a lui aussi fait polémique, le 12 septembre, en insultant la députée européenne Nadine Morano, avec laquelle la controverse s’est déplacée sur le terrain judiciaire pour des faits similaires.A la vue de la liste des invités, On n’est pas couché apparaît d’abord comme une émission « classique » de promotion, avant d’être le lieu de débats qui ont fait du talk-show de France 2 un créneau à part dans le paysage audiovisuel français.Une diversité d’invités politiquesSi l’émission reçoit en priorité des acteurs, elle n’exclut pas les politiques, même si tous ne veulent pas s’y rendre. Nicolas Sarkozy, contacté par Metronews suite à la sortie de Nadine Morano, estimait « que ce type d’émission n’est pas adapté dans un moment où la parole politique souffre d’un manque de confiance de la part des Français ». Comme l’ancien président de la République, Alain Juppé et François Fillon ne se sont jamais assis dans le fauteuil d’On n’est pas couché.Tout comme ces cadres du parti Les Républicains, les membres du Front national refusent catégoriquement de figurer à l’ordre du jour de l’émission de Laurent Ruquier. Depuis le passage de Marine Le Pen, lors des élections présidentielles de 2012, l’animateur a décidé de ne plus inviter de membre du FN, ce qui semble convenir au parti d’extrême droite. Pour le reste, l’équilibre de l’échiquier politique est respecté dans la liste des personnalités politiques invitées. Membres du gouvernement (Manuel Valls, Christiane Taubira, Marisol Touraine), personnalités de droite (Jean-François Copé, François Barouin, Eric Ciotti) ou de gauche non socialiste (Emmanuelle Cosse, Daniel Cohn-Bendit) se succèdent chaque samedi soir sur France 2.C’est le président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui décroche la place de l’invité le plus régulier. Celui qui dit « aimer l’émission » a passé 7 soirées en compagnie de Laurent Ruquier et de ses chroniqueurs, dont 5 interventions depuis 2012. #container_14441191191{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14441191191{ height:500px; } #container_14441191191 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14441191191 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14441191191 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14441191191 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }On n'est pas couché : les invités réguliersComptage réalisé depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14441191191", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Jean-Luc Mélenchon","Michel Onfray","Philippe Geluck","Bruno Solo","Cali","Caroline Fourest","Cristiana Reali","Edwy Plenel","Fabrice Éboué","François Bayrou","Isabelle Mergault","Jean-Luc Moreau","Jean-Pierre Coffe","Laurent Baffie","Marc Lavoine","Patrick Pelloux","Patrick Sébastien","Ségolène Royal","Alain Finkielkraut"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de passage", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 5 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le philosophe Michel Onfray et le dessinateur Philippe Geluck arrivent ensuite, avec quatre interventions chacun. Dans la liste, plusieurs intellectuels – Alain Finkielkraut, Michel Onfray ou Caroline Fourest –, dont les discours abordent régulièrement le domaine des « thématiques identitaires » reprochées à l’émission de Laurent Ruquier.Interrogé dans Libération, l’animateur s’est défendu, le 4 octobre, de toute orientation conservatrice : « L’émission est jalousée parce qu’elle marche. C’est là que le débat a lieu. Et on apporte la contradiction aux intervenants, que ce soit de ma part, de celle de Yann Moix ou de Léa Salamé. » Après Nadine Morano et Alain Finkielkraut, l’invité principal d’On n’est pas couché, le 10 octobre, est le président socialiste de l’assemblée nationale – et candidat aux élections régionales en Ile-de-France – Claude Bartolone.Retrouvez dans ce tableau l’intégralité des invités depuis 2012Simon AuffretJournaliste au Monde Daniel Psenny Canal+ ne s’est donc pas lancée dans des chicanes juridiques sous forme de référé, au dernier moment : le documentaire Evasion fiscale, une affaire française, censuré en mai par la chaîne cryptée, a été diffusé mercredi 7 octobre sur France 3 dans le cadre du magazine «  Pièces à conviction  », sous le titre Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel.Cette enquête fouillée et documentée réalisée par les journalistes Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci démonte un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisé par des dirigeants du Crédit mutuel. Cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée, ce qui expliquerait la volonté de l’industriel de ne pas gêner ce précieux allié.Lundi 5 octobre, Mediapart expliquait que la direction de Canal+ a revendiqué sans ambiguïté mi-septembre, devant des représentants du personnel, la censure du documentaire afin de «  défendre les intérêts du groupe  ». «  On ne tue pas ses amis », aurait déclaré Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Il est vrai que le travail réalisé par les auteurs de l’enquête est considérable. Remonté et légèrement rallongé par rapport à sa version initiale, le documentaire explique par le détail comment la banque Pasche, filiale à 100 % du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent alors qu’il est officiellement chômeur. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Pseudonyme : Albert CamusAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré de censurer le documentaire. Apostrophé fin avril à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ses méthodes – plutôt brutales – d’interview.Pour sa défense, la direction du Crédit Mutuel a indiqué en septembre à l’AFP qu’elle a porté plainte pour «  dénonciation calomnieuse  » auprès du parquet monégasque et «  qu’à ce jour, et bien que des enquêtes aient été diligentées à Monaco par les autorités judiciaires et financières, la banque ne fait l’objet d’aucune poursuite  ».Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel, de Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci (Fr., 2015, 70 min). France 3, mercredi 7 octobre, à 23 h 20Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 21h11 • Mis à jour le06.10.2015 à 09h29 | Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouvelle initiative dans un secteur des médias en pleine reconfiguration. Les hommes d’affaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton s’apprêtent à créer un fonds d’investissement destiné à racheter des médias, selon une information du Figaro, publiée lundi 5 octobre. Une information ni confirmée ni infirmée par les intéressés.Les trois hommes sont déjà présents dans l’univers des médias. Xavier Niel et Matthieu Pigasse sont coactionnaires, à titre personnel, des groupes Le Monde et L’Obs, aux côtés de Pierre Bergé. De son côté, Pierre-Antoine Capton est le fondateur de la société Troisième œil productions, qui réalise notamment l’émission « C à vous », sur France 5.Selon Le Figaro, le fonds créé par les trois hommes sera un « SPAC » (Special purpose acquisition company), c’est-à-dire un véhicule dont l’unique objet est de procéder à des acquisitions dans un secteur précis. Un SPAC doit investir 75 % des montants levés dans une première cible, puis procéder à d’autres acquisitions. Avant chaque nouvelle opération, les investisseurs ont la possibilité de sortir ou de poursuivre l’aventure.Baptisé « Media One », ce fonds lèvera des capitaux en Bourse et ambitionnera, selon le quotidien, de réunir de 300 et 500 millions d’euros, grâce à l’apport d’investisseurs professionnels et de MM. Niel, Pigasse et Capton eux-mêmes. Ce dernier serait le dirigeant opérationnel de Media One.Tourbillon de rachatsCette initiative s’inscrit dans un tourbillon de rachats de médias en France, souvent à bas prix, et qui attire de nouveaux acquéreurs. A l’image de Patrick Drahi (Numericable-SFR) qui a acquis Libération et le groupe L’Express, ainsi que la moitié de NextRadioTV (BFM-TV, RMC…), avec de grandes ambitions à l’international, ou encore de Vincent Bolloré, qui a pris le contrôle de Vivendi et du groupe Canal+, sans oublier des « pure players » comme Webedia et des acteurs historiques comme Le Figaro qui va racheter pour un montant estimé de 110 à 130 millions d’euros le poids lourd d’Internet CCM Benchmark.En 2010, MM. Niel et Pigasse, associés à Pierre Bergé dans la structure Le Monde Libre, avaient racheté le groupe Le Monde (Le Monde, Télérama, Courrier International…) En 2014, ils ont ajouté Le Nouvel Observateur à leur portefeuille. Enfin, la même année, ils avaient manifesté leur intérêt pour la chaîne d’information en continu LCI, propriété du groupe TF1.En créant ce fonds, Xavier Niel et Mathieu Pigasse montrent que leurs ambitions vont au-delà de ce qu’ils ont fait jusqu’ici. La force de frappe envisagée pour le fonds, possiblement augmentée par des achats à effet de levier, témoigne de leur volonté de jouer sur le même terrain que de grands acteurs comme le groupe allemand Axel Springer, qui vient d’annoncer le rachat de la majorité du site économique américain Business Insider pour 306 millions d’euros.Sixième producteur françaisDe son côté, le producteur Pierre-Antoine Capton dirige Troisième œil productions, qui se veut « premier des producteurs indépendants en France », dans un secteur en pleine concentration. L’homme a fait ses armes dans la TNT et sa myriade de nouvelles chaînes aux productions peu onéreuses, avant de placer des émissions sur les chaînes historiques. Créée en 2001, sa société se place aujourd’hui au sixième rang des producteurs de programmes de flux (hors fiction) établi par le magazine Ecran Total, avec 512 heures pour la saison 2014-2015. Il réalise environ 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon Le Figaro.Outre « C à vous » sur France 5 – un succès –, Troisième œil livre également à France 3 « Les Carnets de Julie », et à Paris Première le débat des polémistes Eric Zemmour et Eric Naulleau. M. Capton produit aussi « Ça balance à Paris » (Paris première), ou encore des émissions comme « Leur objectif : trouver l’amour » (NRJ 12) ou « Talent Street » (France O). M. Capton a plusieurs fois été la cible de critiques de Thierry Ardisson, qui estimait que « C à vous » était une « pauvre copie » de son émission dîner « 93, Faubourg Saint-Honoré ».Troisième œil s’est diversifiée dans le théâtre, les films d’entreprise ou les chaînes de vidéo sur YouTube, comme celle qu’il avait créée avec Karl Zéro en 2014.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 21h49 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h43 | Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Ané Le prix s’appelle « Stop aux clichés sur les jeunes » et manque de lauréats 2015. Lancé voilà huit ans par un collectif d’associations, ce prix entend lutter contre les idées reçues véhiculées par les médias en récompensant chaque année des reportages qui « donnent la parole aux jeunes en faisant appel à des points de vue différents, sans verser dans l’amalgame ou les clichés ». L’idée est de mettre en avant les bons élèves plutôt que les mauvais. Sauf que pour la deuxième année d’affilée, la catégorie « télé » est restée sans vainqueur.« On a visionné les quatre reportages télé présélectionnés, mais avec la vingtaine d’autres membres du jury nous étions d’accord pour dire que, sans être forcément mauvais, ils étaient très quelconques : aucun ne méritait d’être primé », raconte Amélie Werdmüller, une jurée de 21 ans, originaire de Mulhouse. Les sujets évoqués ? Des jeunes qui avaient une passion en dehors de leurs études, « ce qui est quand même très courant » ou encore un centre de formation au rugby pour les jeunes, dont « le commentaire insistait sur le fait qu’ils venaient de quartiers sensibles ».Dans le troisième, « on voyait une étudiante se plaindre de devoir faire des petits boulots en parallèle de ses études et dire que quand elle manquait d’argent, elle préférait le garder pour sortir le soir plutôt que pour aller chez le médecin : pourtant, avec la Sécu, on est quand même assez bien couverts pour les soins », pointe une autre jurée, Adeline Marie-Sainte, étudiante en deuxième année de droit à Strasbourg. Quant au dernier, portrait d’une lycéenne engagée, il ne leur a laissé à toutes deux, quinze jours après les délibérations, que peu de souvenirs…« On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés »Est-ce la présélection qui a été défaillante ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché, argumente Simon Berger, coordinateur du prix au sein de l’une des associations participantes, l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes). « Nous sommes quelques-uns à effectuer une veille toute l’année et nous nous sommes rendus plusieurs journées à l’INA, où l’on peut visionner tous les reportages référencés avec le mot-clé ’jeunesse’». Mais en télé, il n’a pas été nécessaire de débattre : il n’y avait que quatre sujets qui nous semblaient remplir les critères. Le reste ressemblait trop souvent au florilège qu’a montré le Petit Journal, sur Canal+, quand il a invité des membres de Stop aux clichés : des jeunes sans arrêt au téléphone, qui boivent et ne travaillent pas ».Pour les deux jeunes jurées, les sujets soumis étaient à la mesure de ce qu’elles voient quotidiennement sur le petit écran : « Ce sont tout le temps les mêmes sujets qui reviennent au JT : le décrochage scolaire, les jeunes qui manifestent ou qui brûlent des voitures, ceux qui sont au chômage. On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés, et que toute la jeunesse est mise dans le même petit sac. Ce qu’on a aimé dans les reportages primés dans les autres médias, c’est qu’ils ne faisaient pas pleurer », explique Amélie Werdmüller. « La télé montre les incidents, les choses croustillantes, mais très peu de jeunes qui font avancer les choses », complète Adeline Marie-Sainte.La téléréalité, « grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes »Le sociologue François Jost, spécialiste de la télévision, n’est pas surpris de ce constat : « La plus grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes est la téléréalité : des garçons bodybuildés, des filles peu habillées, ou alors des jeunes de banlieue à la limite du voyou, explique ce professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. A côté, les émissions de Cyril Hanouna et le Petit Journal de Canal+ font le portrait d’une certaine jeunesse, très citadine. Les autres jeunes, on les aperçoit dans les JT lors de la rentrée, du bac, des chiffres du chômage. Et ceux-ci montrent plutôt ce qui va mal - les enfants hyperactifs notamment -, et l’exceptionnel, comme les jeunes surdoués qui passent leur bac ». Une récente étude de l’INA, portant sur l’enfance et la jeunesse dans les JT de 2010 à 2014, met en chiffres ce sentiment diffus : « les jeunes apparaissent avant tout comme les victimes, et parfois les auteurs, de faits divers (28 % de l’offre) ». Ont ainsi beaucoup été traités l’affaire Merah (179 sujets), l’enlèvement de lycéennes au Nigéria par le groupe Boko-Haram (103 sujets), la tuerie dans une école primaire de Newton aux Etats-Unis (94 sujets).Les autres grands thèmes liés à la jeunesse abordés dans les informations télévisées sont la société et l’éducation. Peu d’images positives vantent les réussites ou actes de bravoure des jeunes, avec seulement 240 sujets identifiés sur cinq ans, dont 58 en 2014, année du prix Nobel de la paix accordé à la jeune militante pakistanaise des droits des femmes Malala Yousafzai.Claire AnéJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 15h58 Faute de statistiques ethniques, interdites par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) utilise le critère d’« origine perçue » (« blancs », « noirs », « arabes », « asiatiques ou « autres ») pour évaluer la diversité mise en scène dans les programmes télévisés en France. Or, en 2015, le bilan reste le même que l’année précédente : le paysage audiovisuel français est largement dominé par les personnes apparaissant comme « blanches ».Lire aussi :L’interminable débat français sur les « statistiques ethniques »Plus gênant encore : les 14 % de « personnes perçues comme non blanches » apparaissant à l’écran sont le plus souvent présentées sous un mauvais jour, relève le cinquième baromètre de la diversité du CSA. Elles sont ainsi plutôt plus pauvres : constituant 17 % des catégories socioprofessionnelles moins aisées (CSP-) dans les émissions et seulement 11 % des CSP +. Par contre, quand des activités « marginales ou illégales » sont évoquées, le taux de personnes perçues comme « non blanches » est de 37 %, souligne cette étude réalisée en avril-mai sur 1 600 programmes de la TNT gratuite (fictions, informations, magazines et documentaires), soit 43 000 personnes vues à l’écran.Peu de héros parmi les « non-blancs »Les « non-blancs » sont aussi plutôt jeunes : représentant 18 % des moins de 20 ans contre seulement 4 % des 65 ans et plus, et il s’agit davantage d’hommes (16 %) que de femmes (13 %). Dans la fiction, le taux de personnes perçues comme « non blanches » n’est que de 9 % pour les rôles de héros.Autre catégorie peu représentée, les personnes « perçues comme handicapées » demeurent presque inexistantes à la télévision, avec 0,4 % des personnages.Lire aussi :Le CSA pousse les médias à s’engager sur la diversité Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 10h22 • Mis à jour le13.10.2015 à 01h32 Le journaliste irano-américain Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran, arrêté il y a plus d’un an en Iran pour espionnage, a été jugé coupable, rapportait dimanche 11 octobre l’agence iranienne de presse ISNA. Sa peine n’a cependant pas été rendue publique, provoquant la déception du Washington Post, qui a déploré une annonce « vague et déroutante » et a affirmé qu’il fera appel.Jason Rezaian, 39 ans, qui a la double nationalité iranienne et américaine, avait été arrêté le 22 juillet 2014 à son domicile en compagnie de son épouse, Yeganeh Salehi, remise en liberté depuis. Le journaliste a comparu à quatre reprises depuis mai lors d’audiences à huis clos devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, une cour spéciale qui juge les dossiers politiques ou touchant à la sécurité nationale.Possible échange de prisonniersDepuis le début de l’affaire, le Washington Post conteste les accusations d’espionnage portées contre son journaliste, qui n’a fait qu’exercer son métier. Le directeur de la rédaction du journal, Martin Baron, a qualifié ce procès de « mascarade » et de « mélange infect de farce et de tragédie ». « L’Iran a agi de façon impensable tout au long ce cas, mais jamais tant qu’avec cette décision indéfendable de condamner un journaliste innocent pour des crimes graves après une procédure tenue à huis clos », a-t-il encore estimé.Les Etats-Unis et l’Iran n’ont plus de liens diplomatiques depuis la crise des otages de 1979, mais l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet pourrait faciliter un dégel relatif de leurs relations.Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, n’a pas exclu au début de septembre l’idée d’un échange de prisonniers pour libérer Jason Rezaian et d’autres Américains détenus en Iran. Plusieurs Iraniens sont actuellement emprisonnés aux Etats-Unis. Alexis Delcambre Les nouvelles fréquences de télévision en haute définition (HD) seront attribuées… aux chaînes existantes. Jeudi 8 octobre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a annoncé, dans un communiqué, les candidatures qu’il a retenues. Retour sur une procédure qui se solde finalement par un statu quo.Lire aussi :Le CSA retient douze nouvelles chaînes pour la TNT en haute définitionPourquoi y a-t-il de nouvelles fréquences à attribuer ?En France, l’Etat gère un spectre de fréquences hertziennes qui est une ressource rare et limitée. Or les besoins sont de plus en plus importants (augmentation du nombre de chaînes de télévision, développement des télécoms…) Pour stimuler le développement de la téléphonie « 4G », le gouvernement a décidé de mettre aux enchères la bande de fréquences dite de « 700 Mhz ». Des fréquences actuellement occupées par la télévision numérique terrestre (TNT). Pour libérer de la place, il a été décidé que la TNT passerait progressivement du format Mpeg2 au format Mpeg4, un encodage qui nécessite moins d’espace. Cet encodage permet la HD : au passage, les chaînes qui ne diffusent pas encore cette qualité d’images ont donc l’occasion d’améliorer leur offre. Il y a de la place pour 29 chaînes en HD.Lire aussi :Les « fréquences en or » convoitées par tous les opérateurs de téléphonie mobileQui a candidaté ?Onze chaînes de télévision (TF1, France 2, Canal+, M6, Arte, HD1, L’Equipe 21, 6ter, Numéro 23, RMC Découverte et Chérie 25) diffusent d’ores et déjà leurs programmes en haute définition. En juillet, le CSA a lancé un appel à nouvelles candidatures, puis déclaré recevables 26 dossiers. Parmi eux, une partie était portée par des chaînes existantes. D’autres dossiers correspondaient à des projets nouveaux, comme HD26, une chaîne de télé-achat proposée par M6 et TF1, un projet consacré à la musique, porté par NextRadioTV et Radio Classique, ou encore « Nostalgie HD », proposée par NRJ, ainsi que d’autres dossiers (BFM Business, Campagnes TV, Gong, Hyper TV, LCI, Lynx, Ofive, Paris Première, IDF1 et QVC). En parallèle, le gouvernement a demandé au CSA de réserver des fréquences aux chaînes publiques non encore diffusées en HD (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN et Public Sénat).Comment le CSA a-t-il choisi ?Le CSA avait l’obligation légale de donner la priorité aux chaînes existantes. Dans la mesure où elles étaient toutes candidates, il a donc retenu 18 chaînes (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN, Public Sénat, BFM-TV, D17, D8, iTélé, Gulli, NRJ12, NT1, TMC, W9, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète +). Il n’y avait dès lors plus de place pour les projets de chaînes nouvelles qui lui avaient été présentés. Cette situation pourra bien sûr évoluer si le nombre de chaînes de la TNT change, par exemple en cas de fermeture d’un service ou de fusion entre deux chaînes. Auquel cas le CSA devra procéder à un nouvel appel à candidatures.Quel est le calendrier ?Les chaînes retenues pourront diffuser leur flux en HD dès le mois d’avril 2016. Il pourra être reçu par les téléviseurs compatibles avec la norme Mpeg4. A terme, une nouvelle norme, la HEVC, qui compresse quatre fois plus le débit d’images, pourra permettre de diffuser davantage de chaînes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les sociétés de rédacteurs de L’Express, L’Expansion, L’Etudiant, Mieux vivre votre argent, Point de vue et Studio Ciné Live ont adopté, jeudi 8 octobre, le principe d’une motion de défiance contre leurs actionnaires, dont Patrick Drahi, et le directeur des rédactions et directeur général délégué, Christophe Barbier, par 112 voix contre 64, et 7 blancs ou nuls. Les journalistes avaient aussi validé le principe d’une motion visant seulement les actionnaires, par 141 voix contre 32, et 10 blancs ou nuls.En revanche, le boycott de la conférence de rédaction du mardi a été rejeté. Et l’idée de formuler des contre-propositions au plan de sauvegarde de l’emploi en cours a été validée.Débat autour de Christophe BarbierLe groupe L’Express entre en négociation autour d’un plan de départ de 125 postes, décidé par les actionnaires en sus des départs liés à la clause de conscience (qui permet aux journalistes de bénéficier d’un licenciement en cas de rachat ou de modification de la ligne éditoriale) qui a suivi le rachat des titres, effectif en juin 2015.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialLes syndicats ont relayé les protestations des salariés, avant d’accepter de discuter des conditions du plan, puisque les actionnaires avaient concédé de rencontrer les élus beaucoup plus de fois que prévu. Ces entrevues ont commencé cette semaine.Les salariés de L’Express, eux, espèrent en parallèle maintenir une certaine pression. La motion de défiance témoigne de cette volonté. Ils ciblent particulièrement Patrick Drahi, industriel des télécoms avec son groupe Altice, propriétaire de Numericable et SFR, mais aussi possesseur de médias, dont Libération (à 100 %) et BFM-TV et RMC (à 49 %).Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsVendredi midi, une assemblée générale a suscité des débats autour de Christophe Barbier : plusieurs journalistes ont regretté que la motion de défiance puisse le fragiliser, raconte un participant. D’autres estiment qu’il faut adresser le texte au directeur des rédactions car il est porteur du plan de départs. Il a été décidé d’un vote sur le texte de la motion mardi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.10.2015 à 09h24 • Mis à jour le08.10.2015 à 10h42 En dépit des critiques émises à l’encontre de l’animatrice fraîchement nommée, Vincent Bolloré a confirmé, jeudi 8 octobre, qu’il n’envisageait pas de remplacer Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal ». « On ne peut juger de rien en quatre semaines, il faut lui laisser le temps », a tenu à préciser le patron de la chaîne cryptée, dans une interview sur RTL.Plus tôt, La Lettre de l’expansion avançait lundi que l’animateur Jean-Marc Morandini, déjà passé par Direct 8 de 2006 à 2012 avec son émission « Morandini ! », serait actuellement en discussion avec le patron de Canal+ pour la tranche d’access prime time de la chaîne. Une information catégoriquement démentie par la chaîne.Le patron de Vivendi a affirmé que l’ex-présentatrice de La Matinale et du Supplément serait à la tête du Grand Journal jusqu’en 2022, date du bicentenaire du groupe Bolloré et aussi du départ prévu de Vincent Bolloré. « Il n’y a aucun plan B », a déclaré l’industriel, avant de préciser que Maïtena Biraben s’inscrivait « dans la durée ». « Tous les gens sont en train de reconnaître que c’est une belle émission », a affirmé le patron du groupe, sans donner plus de précisions.Des audiences inférieures à celle de son prédécesseurLa remplaçante d’Antoine de Caunes a essuyé de nombreuses critiques depuis la rentrée de l’émission en raison des mauvaises audiences, inférieures à celles de son prédécesseur, mais aussi de ses propos sur « le discours de vérité du Front national ». Maïtena Biraben a refusé de s’excuser, expliquant simplement qu’il s’agissait « de la forme, pas du fond » : « Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention cette émission et mes interviews. »Lire aussi :Maïtena Biraben : « Vincent Bolloré n’est pas dans mon oreillette et j’ai un cerveau »Dans la même interview, Vincent Bolloré a estimé que le modèle Canal était « essoufflé », « il fallait bouger », précisant que Vivendi, la maison mère, allait « investir beaucoup dans les contenus, le cinéma, le sport, les émissions, la culture, et donc je pense que tout ça, à la fin, ça va porter ses fruits ». Le président du conseil de surveillance de Vivendi et de Canal+ compte aussi réduire la durée des plages en clair de la chaîne pour la rentrée.  Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Il était l’éditeur français le plus engagé dans le combat contre la position dominante de Google en Europe. Mercredi 7 octobre, à la surprise générale, Lagardère Active (Europe 1, Elle, Paris Match, Le Journal du dimanche, Doctissimo ou encore le producteur Lagardère Entertainment) a annoncé la signature d’un « partenariat stratégique de long terme » avec le géant du Web américain.Selon un communiqué, ce partenariat « comprend le développement sur YouTube des chaînes et vidéos de marques existantes et de contenus originaux, la commercialisation d’inventaires numériques, le développement et la promotion des applications des titres, stations et chaînes du groupe, et le co-sponsoring et co-marketing d’opérations spéciales ». C’est-à-dire que toutes les activités de Lagardère Active sont concernées.A court terme, selon une source interne, l’objet du partenariat est de réaliser « des choses très concrètes », comme de nouvelles chaînes YouTube ou des applications sous Android. A moyen terme, il s’agit d’identifier de nouveaux développements que les deux groupes pourraient mener de concert, sous l’œil d’un comité de suivi où siégeront notamment Denis Olivennes, le président de Lagardère Active, et Carlo d’Asaro Biondo, responsable des relations stratégiques chez Google pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique – et ancien de Lagardère. Google allouera un budget spécifique aux projets élaborés avec Lagardère.Plainte à BruxellesCette annonce surprend, compte tenu des relations jusqu’ici tendues entre les deux groupes. Avec d’autres éditeurs européens, comme Axel Springer ou CCM Benchmark, Lagardère Active a été à l’origine de la création de l’Open Internet Project (OIP), en 2014. Ce lobby a attaqué à Bruxelles la position dominante de Google dans les résultats de recherche en ligne.Lagardère a été très engagé dans l’OIP : son directeur de la communication, Thierry Orsoni, est devenu secrétaire général du regroupement. De son côté, Denis Olivennes a plusieurs fois pris la parole et échangé avec des journalistes pour dénoncer la position dominante de Google. Lagardère Active déplorait notamment les dégâts subis par son comparateur de prix, Leguide.com, en raison de la concurrence des services maison de Google, qui seraient promus par le moteur de recherche américain.Lire aussi :La fronde européenne anti-Google se durcitSituation schizophréniqueDu côté de l’OIP, l’annonce de Lagardère Active a beaucoup surpris. Pour les observateurs de la lutte entre Google et certains éditeurs européens, le deal passé avec Lagardère peut ressembler à un plat de lentilles. « C’est la France qui abandonne son futur », a déploré sur Twitter Tariq Krim, entrepreneur du Web français.Parallèlement, une autre annonce récente vient affaiblir potentiellement le front des « anti-Google » en Europe : le rachat de CCM Benchmark par le groupe Figaro. Cet acteur indépendant de l’Internet français était lui aussi un membre très actif de l’OIP, présidé par son cofondateur Benoît Sillard. Or, l’éditeur de Comment ça marche ou de L’Internaute rejoint un groupe beaucoup moins hostile à Google. Le Figaro a fait partie – comme Le Monde – des 23 projets financés par le « fonds Google-AIPG pour l’innovation numérique ». Il avait reçu 1,8 million d’euros pour cofinancer un renforcement de son offre vidéo.Le Figaro, comme Le Monde, était néanmoins membre du Geste, le groupement des éditeurs de service en ligne, dont le conseil d’administration avait décidé d’adhérer à l’OIP. « C’est une situation schizophrénique, reconnaît M. Sillard. L’ambiguïté vient du fait que nous sommes dans un écosystème où tous les acteurs doivent travailler avec Google et que, dans le même temps, nous devons nous défendre contre ses abus de position dominante. »Un discours similaire à celui tenu aujourd’hui chez Lagardère Active, qui rappelle qu’il entretenait déjà des relations avec Google. « La stratégie de Lagardère Active est de nouer avec les plus grands acteurs du numérique, tels que Google, des partenariats permettant de conjuguer des savoir-faire et des forces complémentaires », justifie Denis Olivennes.Une initiative envers les éditeurs européensCe partenariat apparaît comme un joli coup pour Google, qui est en pleine reconstruction de sa relation avec les médias. En France, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) doit cesser son activité en 2016, après avoir distribué environ 60 millions d’euros à des projets d’éditeurs français en trois ans. A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Google s’apprête à lancer un nouveau fonds, Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaiseEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media), qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus. En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds, mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.Lire aussi :Enquête antitrust : Google répond aux accusations de l’Union européenneAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Et de trois… Après Facebook et Apple, Google a annoncé, mercredi 7 octobre, une initiative pour accélérer le web mobile : il lance « Accelerated mobile pages », un format que tout éditeur pourra utiliser pour publier des pages qui seront lisibles beaucoup plus rapidement quand on les consulte depuis un téléphone ou une tablette. C’est une réponse à la lenteur de chargement des contenus sur support mobile, dénoncée quasi unanimement par nos partenaires, a expliqué Google à la presse, mercredi. Un sujet déjà mis en avant par Facebook et Apple quand ils ont lancé leurs initiatives Instant Articles et News.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseLire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasConcrètement, le format Amp allège le poids d’une page en simplifiant les éléments techniques, a expliqué Google. Et il utilise le « cache » de Google : le moteur de recherche stockera sur ses serveurs les pages au format Amp comme il stocke déjà les pages en format classique. Mais quand un internaute utilisant un smartphone ou une tablette cliquera sur le lien d’un contenu disponible au format Amp, le fichier « caché » par Google s’affichera, très rapidement. Une démo est disponible, via mobile, à l’adresse G. co/ampdemo.Soutien des réseaux Twitter, Pinterest et LinkedinPour l’heure, Google a publié les spécificités de son format, ce qui doit permettre à tout éditeur qui le souhaite de commencer à publier des pages « Amp ». Et aux robots de Google de commencer à les indexer et à les stocker en cache. Puis, « en 2016 », Google commencera à intégrer les pages « Amp » dans les résultats de son moteur de recherche.Point important : le géant du Web et la publicité dispose de partenariats avec d’autres plateformes puissantes comme les réseaux sociaux Twitter, Pinterest et Linkedin. Sur ces derniers, les liens renverront vers les formats « Amp » des pages, quand ils seront disponibles. Par ailleurs, l’éditeur de blogs Wordpress proposera un « plugin » pour permettre une publication « Amp ».Google précise que n’importe qui peut utiliser son nouveau forma, t mais se félicite d’avoir d’ores et déjà trente éditeurs de presse partenaires, dont le français Les Echos, l’anglais The Guardian, les américains The New York Times, Buzzfeed ou The Washington Post, l’espagnol El Pais… Une énumération qui rappelle les titres mis en avant par Apple et Facebook lors de leurs lancements de solutions mobiles.« Les médias traditionnels doivent atteindre leurs lecteurs hors de leurs propres sites web et aller les chercher où ils se trouvent », a expliqué Mario Calabresi, un responsable du quotidien italien La Stampa, invité par Google, tout rappelant son attachement aux valeurs de « qualité et de confiance ».Google se pose en défenseur du « Web ouvert »En quoi la solution de Google est-elle différente de celles de Facebook et Apple ? « Nous avons une approche ouverte du Web et même open source », a expliqué, mercredi, un responsable de l’équipe « produits » de Google, Danny Bernstein, en référence aux logiciels libres dont le code est public. Pour Google, ce discours est une façon, dans sa communication, de tenter de se démarquer de Facebook et Apple, accusés en creux de proposer des solutions propriétaires, et d’être des tenants d’un web « fermé ».L’annonce de Google apparaît donc comme une réponse aux initiatives prises par ses concurrents. Ces nouveaux services ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur ces plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat plus jeune, voire des revenus publicitaires. Ils proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.La publicité, point sensibleGoogle, comme ses rivaux, est bien conscient que les éditeurs de contenus ont peur que publier sur une autre plateforme que leur propre site ou application leur fasse perdre une partie de leur pouvoir dans la chaîne de valeur. Et une part de contrôle sur la publicité et sur les données concernant les lecteurs. Il a donc décidé de ne prendre aucun pourcentage de la publicité qui sera montrée sur les pages « Amp ». Google assure aussi que tous les systèmes de gestion de publicité seront convertibles, même si l’on peut se demander si tous les types de bannières seront utilisables dans Amp, qui est un format allégé.Par ailleurs Google promet que ces pages « seront comme votre site », et que les clics seront comptabilisés dans l’audience des éditeurs, à la faveur de discussions en cours avec les prestataires comme Chartbeat ou Parse.ly.Chez Apple et Facebook, les éditeurs peuvent conserver leurs revenus publicitaires, s’ils ont eux-mêmes commercialisé leur contenu. Par contre, si l’annonceur a été trouvé par Apple ou Facebook, la plate-forme conserve 30 % des revenus. En matière de données, Facebook autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs. Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News.« Devenir un standard »« Google offre toutes les possibilités de monétisation des articles publiés sur Amp : les publicités mais aussi les paywalls » donc le paiement à l’acte ou l’abonnement, s’est félicité Frédéric Filloux, ex-responsable numérique des Echos, lors de la conférence organisée par Google. Une spécificité également mise en avant par Naomi Ramirez, responsable numérique d’El Pais. « Amp a le potentiel de devenir un standard », pense-t-elle.C’est aussi l’espoir de Google, dans la bataille qu’il livre contre Facebook et Apple, particulièrement dans le mobile, dont les audiences deviennent primordiales. Pour attirer les éditeurs de sites, les trois plateformes rivalisent en proposant des solutions aux conditions assez avantageuses. Leur concurrence est un des antidotes contre la dépendance que peut créer, pour les médias, le fait de publier sur ces grandes plateformes. Qui pourront toujours, éventuellement, faire évoluer plus tard les conditions qu’ils proposent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Simon Auffret Laurent Ruquier préfère parler de « faux procès ». Le présentateur de l’émission On n’est pas couché – diffusée sur France 2 en seconde partie de soirée chaque samedi – fait face à de nombreuses critiques depuis la rentrée. Dans l’émission qu’il anime, produite par Catherine Barma, fondatrice de la société de production Tout sur l’écran, l’animateur favoriserait-il les thèmes identitaires ? Depuis le début du mois de septembre, l’intellectuel Alain Finkielkraut, ou le rédacteur en chef du magazine Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, sont ainsi intervenus dans le talk-show.C’est également dans l’émission phare de France 2, le samedi 26 septembre, que Nadine Morano a fait sa sortie sur la France, un pays de « race blanche ». Et on ne compte plus les « clash » et les petites phrases prononcées durant cette émission, parfois accusée d’« hystériser le débat politique français ». Qu’en est-il ?Bonnes audiences et polémiquesLancée à la rentrée 2006 à la suite de l’émission de Thierry Ardisson Tout le monde en parle, On n’est pas couché est d’abord un concept à succès pour France 2. Régulièrement mesurée au-dessus d’un million de téléspectateurs par Médiamétrie – environ 20 % des parts de marchés – la dixième saison du talk-show fait recette.C’est que la tranche horaire – l’une des plus longues du PAF, environ trois heures – couvre une actualité large : comédiens, réalisateurs, humoristes s’assoient régulièrement autour du plateau d’« ONPC ». Laurent Ruquier a lui décidé de mener son émission comme un talk-show à l’américaine, en favorisant le débat entre ses invités et les chroniqueurs réguliers membre de son équipe.Eric Zemmour et Michel Polac ont constitué le premier duo de chroniqueurs, en 2006. L’essayiste de droite – accompagné dès l’année suivante de l’éditeur et critique littéraire Eric Naulleau – est resté cinq ans face aux invités d’On n’est pas couché. Responsables du débat et de la critique du discours des personnalités invités de l’émission, les deux chroniqueurs occupent une place centrale dans le dispositif mis en place par Laurent Ruquier et Catherine Barma, jusqu’à leur remplacement en 2011, notamment du fait des discours souvent sulfureux d’Eric Zemmour – au sujet duquel Laurent Ruquier avouera plus tard « regretter [de lui] avoir donné la parole, toutes les semaines pendant cinq ans ».Bernard Tapie en 2006, Jacques Attali en 2008, Christophe Hondelatte en 2011… Nombreux sont les interviewés à avoir quitté le plateau, excédés par les critiques ou par la teneur du débat imprimée par les deux chroniqueurs. C’est face au duo Natacha Polony et Audrey Pulvar que Christophe Hondelatte, venu présenter son album Ou pas, a préféré s’en aller. Les deux journalistes avaient pris le relais de la première équipe de chroniqueurs moins d’un mois auparavant.Les années passent, les chroniqueurs se succèdent, mais le dispositif reste identique. C’est désormais l’écrivain Yann Moix et la journaliste Léa Salamé qui épaulent Laurent Ruquier depuis la rentrée 2015. La productrice Catherine Barma se défend cependant de tout « rôle » attribué : « Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues. »La culture avant la politiqueDepuis la rentrée 2012, quelques 574 personnalités se sont succédé dans On n’est pas couché. Parmi eux, les représentants de la sphère culturelle (réalisateurs, comédiens ou musiciens) sont bien plus nombreux que les invités politiques. #container_14440587731{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14440587731{ height:500px; } #container_14440587731 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14440587731 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14440587731 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14440587731 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Type d'invités les plus fréquents à "On n'est pas couchés" depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}L’humoriste et acteur Guy Bedos a lui aussi fait polémique, le 12 septembre, en insultant la députée européenne Nadine Morano, avec laquelle la controverse s’est déplacée sur le terrain judiciaire pour des faits similaires.A la vue de la liste des invités, On n’est pas couché apparaît d’abord comme une émission « classique » de promotion, avant d’être le lieu de débats qui ont fait du talk-show de France 2 un créneau à part dans le paysage audiovisuel français.Une diversité d’invités politiquesSi l’émission reçoit en priorité des acteurs, elle n’exclut pas les politiques, même si tous ne veulent pas s’y rendre. Nicolas Sarkozy, contacté par Metronews suite à la sortie de Nadine Morano, estimait « que ce type d’émission n’est pas adapté dans un moment où la parole politique souffre d’un manque de confiance de la part des Français ». Comme l’ancien président de la République, Alain Juppé et François Fillon ne se sont jamais assis dans le fauteuil d’On n’est pas couché.Tout comme ces cadres du parti Les Républicains, les membres du Front national refusent catégoriquement de figurer à l’ordre du jour de l’émission de Laurent Ruquier. Depuis le passage de Marine Le Pen, lors des élections présidentielles de 2012, l’animateur a décidé de ne plus inviter de membre du FN, ce qui semble convenir au parti d’extrême droite. Pour le reste, l’équilibre de l’échiquier politique est respecté dans la liste des personnalités politiques invitées. Membres du gouvernement (Manuel Valls, Christiane Taubira, Marisol Touraine), personnalités de droite (Jean-François Copé, François Barouin, Eric Ciotti) ou de gauche non socialiste (Emmanuelle Cosse, Daniel Cohn-Bendit) se succèdent chaque samedi soir sur France 2.C’est le président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui décroche la place de l’invité le plus régulier. Celui qui dit « aimer l’émission » a passé 7 soirées en compagnie de Laurent Ruquier et de ses chroniqueurs, dont 5 interventions depuis 2012. #container_14441191191{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14441191191{ height:500px; } #container_14441191191 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14441191191 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14441191191 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14441191191 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }On n'est pas couché : les invités réguliersComptage réalisé depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le philosophe Michel Onfray et le dessinateur Philippe Geluck arrivent ensuite, avec quatre interventions chacun. Dans la liste, plusieurs intellectuels – Alain Finkielkraut, Michel Onfray ou Caroline Fourest –, dont les discours abordent régulièrement le domaine des « thématiques identitaires » reprochées à l’émission de Laurent Ruquier.Interrogé dans Libération, l’animateur s’est défendu, le 4 octobre, de toute orientation conservatrice : « L’émission est jalousée parce qu’elle marche. C’est là que le débat a lieu. Et on apporte la contradiction aux intervenants, que ce soit de ma part, de celle de Yann Moix ou de Léa Salamé. » Après Nadine Morano et Alain Finkielkraut, l’invité principal d’On n’est pas couché, le 10 octobre, est le président socialiste de l’assemblée nationale – et candidat aux élections régionales en Ile-de-France – Claude Bartolone.Retrouvez dans ce tableau l’intégralité des invités depuis 2012Simon AuffretJournaliste au Monde Daniel Psenny Canal+ ne s’est donc pas lancée dans des chicanes juridiques sous forme de référé, au dernier moment : le documentaire Evasion fiscale, une affaire française, censuré en mai par la chaîne cryptée, a été diffusé mercredi 7 octobre sur France 3 dans le cadre du magazine «  Pièces à conviction  », sous le titre Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel.Cette enquête fouillée et documentée réalisée par les journalistes Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci démonte un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisé par des dirigeants du Crédit mutuel. Cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée, ce qui expliquerait la volonté de l’industriel de ne pas gêner ce précieux allié.Lundi 5 octobre, Mediapart expliquait que la direction de Canal+ a revendiqué sans ambiguïté mi-septembre, devant des représentants du personnel, la censure du documentaire afin de «  défendre les intérêts du groupe  ». «  On ne tue pas ses amis », aurait déclaré Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Il est vrai que le travail réalisé par les auteurs de l’enquête est considérable. Remonté et légèrement rallongé par rapport à sa version initiale, le documentaire explique par le détail comment la banque Pasche, filiale à 100 % du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent alors qu’il est officiellement chômeur. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Pseudonyme : Albert CamusAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré de censurer le documentaire. Apostrophé fin avril à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ses méthodes – plutôt brutales – d’interview.Pour sa défense, la direction du Crédit Mutuel a indiqué en septembre à l’AFP qu’elle a porté plainte pour «  dénonciation calomnieuse  » auprès du parquet monégasque et «  qu’à ce jour, et bien que des enquêtes aient été diligentées à Monaco par les autorités judiciaires et financières, la banque ne fait l’objet d’aucune poursuite  ».Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel, de Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci (Fr., 2015, 70 min). France 3, mercredi 7 octobre, à 23 h 20Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 21h11 • Mis à jour le06.10.2015 à 09h29 | Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouvelle initiative dans un secteur des médias en pleine reconfiguration. Les hommes d’affaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton s’apprêtent à créer un fonds d’investissement destiné à racheter des médias, selon une information du Figaro, publiée lundi 5 octobre. Une information ni confirmée ni infirmée par les intéressés.Les trois hommes sont déjà présents dans l’univers des médias. Xavier Niel et Matthieu Pigasse sont coactionnaires, à titre personnel, des groupes Le Monde et L’Obs, aux côtés de Pierre Bergé. De son côté, Pierre-Antoine Capton est le fondateur de la société Troisième œil productions, qui réalise notamment l’émission « C à vous », sur France 5.Selon Le Figaro, le fonds créé par les trois hommes sera un « SPAC » (Special purpose acquisition company), c’est-à-dire un véhicule dont l’unique objet est de procéder à des acquisitions dans un secteur précis. Un SPAC doit investir 75 % des montants levés dans une première cible, puis procéder à d’autres acquisitions. Avant chaque nouvelle opération, les investisseurs ont la possibilité de sortir ou de poursuivre l’aventure.Baptisé « Media One », ce fonds lèvera des capitaux en Bourse et ambitionnera, selon le quotidien, de réunir de 300 et 500 millions d’euros, grâce à l’apport d’investisseurs professionnels et de MM. Niel, Pigasse et Capton eux-mêmes. Ce dernier serait le dirigeant opérationnel de Media One.Tourbillon de rachatsCette initiative s’inscrit dans un tourbillon de rachats de médias en France, souvent à bas prix, et qui attire de nouveaux acquéreurs. A l’image de Patrick Drahi (Numericable-SFR) qui a acquis Libération et le groupe L’Express, ainsi que la moitié de NextRadioTV (BFM-TV, RMC…), avec de grandes ambitions à l’international, ou encore de Vincent Bolloré, qui a pris le contrôle de Vivendi et du groupe Canal+, sans oublier des « pure players » comme Webedia et des acteurs historiques comme Le Figaro qui va racheter pour un montant estimé de 110 à 130 millions d’euros le poids lourd d’Internet CCM Benchmark.En 2010, MM. Niel et Pigasse, associés à Pierre Bergé dans la structure Le Monde Libre, avaient racheté le groupe Le Monde (Le Monde, Télérama, Courrier International…) En 2014, ils ont ajouté Le Nouvel Observateur à leur portefeuille. Enfin, la même année, ils avaient manifesté leur intérêt pour la chaîne d’information en continu LCI, propriété du groupe TF1.En créant ce fonds, Xavier Niel et Mathieu Pigasse montrent que leurs ambitions vont au-delà de ce qu’ils ont fait jusqu’ici. La force de frappe envisagée pour le fonds, possiblement augmentée par des achats à effet de levier, témoigne de leur volonté de jouer sur le même terrain que de grands acteurs comme le groupe allemand Axel Springer, qui vient d’annoncer le rachat de la majorité du site économique américain Business Insider pour 306 millions d’euros.Sixième producteur françaisDe son côté, le producteur Pierre-Antoine Capton dirige Troisième œil productions, qui se veut « premier des producteurs indépendants en France », dans un secteur en pleine concentration. L’homme a fait ses armes dans la TNT et sa myriade de nouvelles chaînes aux productions peu onéreuses, avant de placer des émissions sur les chaînes historiques. Créée en 2001, sa société se place aujourd’hui au sixième rang des producteurs de programmes de flux (hors fiction) établi par le magazine Ecran Total, avec 512 heures pour la saison 2014-2015. Il réalise environ 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon Le Figaro.Outre « C à vous » sur France 5 – un succès –, Troisième œil livre également à France 3 « Les Carnets de Julie », et à Paris Première le débat des polémistes Eric Zemmour et Eric Naulleau. M. Capton produit aussi « Ça balance à Paris » (Paris première), ou encore des émissions comme « Leur objectif : trouver l’amour » (NRJ 12) ou « Talent Street » (France O). M. Capton a plusieurs fois été la cible de critiques de Thierry Ardisson, qui estimait que « C à vous » était une « pauvre copie » de son émission dîner « 93, Faubourg Saint-Honoré ».Troisième œil s’est diversifiée dans le théâtre, les films d’entreprise ou les chaînes de vidéo sur YouTube, comme celle qu’il avait créée avec Karl Zéro en 2014.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.10.2015 à 12h10 • Mis à jour le23.10.2015 à 10h46 | Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Il aura donc suffi d’un amendement adopté en commission à l’Assemblée nationale pour relancer ce que les spécialistes des professions concernées – les producteurs de musique face aux radios privées – ont pris l’habitude d’appeler la guerre des quotas. Disons plutôt la guéguerre, et regardons les enjeux.Les députés ont adopté, dans le cadre du projet de loi sur la liberté de création, un amendement visant à éviter que les mêmes tubes francophones tournent en boucle sur les ondes des radios privées afin de se conformer, au-delà des quotas déjà imposés par la loi, à l’esprit de ces quotas qui vise à promouvoir la création en langue française. Projet soutenu, le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter par la ministre de la culture Fleur Pellerin, pour qui les députés demandent simplement aux radios privées de « remplir mieux l’obligation de promouvoir la diversité culturelle ». Pour Fleur Pellerin, c’est clair, il s’agit de « mettre mieux en valeur la jeune création française ».Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal poséVent debout contre l’amendement, les professionnels des radios privées brandissent l’étendard de la liberté éditoriale. Liberté éditoriale revendiquée afin de permettre la diffusion d’un même titre des centaines de fois. La guerre opposerait donc les tenants de deux libertés différentes : la liberté de création d’un côté, la liberté éditoriale de l’autre.Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal posé. D’un côté, des acteurs politiques soucieux d’une juste diffusion de la chanson d’expression francophone dans toutes ses composantes et dans sa grande diversité. Des politiques naturellement soutenus, voire inspirés, par les producteurs de musique pour qui la radio demeure un vecteur de diffusion et de prescription privilégié, en dépit de l’arrivée de nouveaux supports – YouTube ou les plates-formes d’écoutes comme Deezer ou Spotify.Face aux acteurs politiques, les professionnels des radios privées adoptent une posture de supposée défense des auditeurs, lesquels plébisciteraient quelques chansons seulement parmi les nouvelles productions proposées au marché. Avec un argument fondé sur des chiffres, ceux de l’effondrement, selon eux, de la production francophone.L’œuf ou la poule ?Autrement dit, les dirigeants des radios privées résument de manière simpliste une situation très compliquée, en disant peu ou prou : « Vous ne nous proposez pas assez de bonnes chansons francophones, une partie de la production française est d’ailleurs interprétée en anglais, laissez-nous au moins choisir dans une offre que nous trouvons trop maigre. » Une analyse qui justifierait la diffusion en boucle, douze ou quinze fois par jour, de la même chanson, tandis que des centaines de titres sur lesquels des artistes ont travaillé restent dans les placards et n’ont aucune chance d’arriver seulement jusqu’aux oreilles d’auditeurs considérés comme malentendants et peu capables de juger par eux-mêmes de la qualité de tel ou tel artiste ou de telle ou telle chanson.Disons-le tout net : les auditeurs ne sont pas sourds. La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistes. Le conflit repose aujourd’hui sur un cercle vicieux bien connu des philosophes et penseurs de la culture se résumant par une célèbre question existentielle : « Qui de l’œuf ou de la poule ? » Y a-t-il moins de productions francophones parce que les radios n’en diffusent que très peu ? Ou bien, les radios ne diffusent-elles que très peu de chansons françaises parce que les producteurs n’en proposent pas assez ?La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistesComment sortir d’un cercle vicieux ? En créant un cercle vertueux. Plus les radios diffuseront d’artistes, mieux les créateurs seront exposés sur les ondes, plus les producteurs seront enclins à prendre le risque d’investir sur de nouveaux talents. Et plus les radios auront le choix, donc la liberté éditoriale, de sélectionner les créateurs qu’elles voudront mettre en avant. Et plus les auditeurs, dont nous tenons à rappeler une fois de plus qu’ils sont dotés d’un cerveau et d’une paire d’oreilles souvent prolongées d’un casque audio pour mieux entendre les nuances de la création musicale, seront libres de choisir les artistes – et les radios… – qu’ils souhaitent écouter. Ce qu’il fallait démontrer.Cercle vertueux contre cercle vicieux : le choix devrait s’imposer de lui-même, et conduire à un travail en commun qui remplacerait la guéguerre provoquée par l’amendement voté en commission et soutenu légitimement par la ministre. La liberté de dialogue, entre les producteurs et les diffuseurs, remplacerait alors avantageusement la guerre des quotas et permettrait un retour bienvenu à des postures sans doute plus sérieuses que la grève des quotas décrétée par les radios privées le 29 septembre.Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Alexis Delcambre La tension est montée chez Vivendi, lundi 19 octobre, au lendemain de la publication par Le Parisien d’un article faisant état d’une « chute des abonnés » de Canal+ qui, selon le quotidien, « atteint 10 % en septembre ». Le soir même, le groupe de médias a publié un communiqué dénonçant « la propagation de fausses informations » et a demandé une enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF) après avoir vu son cours de Bourse baisser de 2,12 % en clôture de la séance du jour. Vivendi s’apprête ainsi à déposer une plainte pour divulgation d’informations trompeuses.Selon Vivendi, « ce chiffre est positif ». Mieux, le groupe assure que ses recrutements ont progressé, alors que Le Parisien écrit désormais que c’est « le nombre de nouveaux abonnés [qui] a baissé de 10 % en septembre » - un mois décisif où Canal+ proposait une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby et la saison 2 d’une de ses séries phares, Les Revenants.La concurrence de nouveaux entrantsEn France métropolitaine, Canal+ indique compter 43 900 nouveaux abonnés en septembre 2015, contre 36 100 un an plus tôt. Pour autant, Canal+ ne donne pas le volume global de ses abonnés.Trésor de Canal+, les abonnements font l’objet de toutes les attentions, mais le groupe ne communique pas à leur sujet. On estime que la chaîne en compte environ 9 millions en France, en ajoutant ceux de Canal+ au sens strict, ceux du bouquet CanalSat et ceux de l’offre de vidéo à la demande CanalPlay.Dans l’Hexagone, la baisse des abonnements à CanalSat a un temps été gommée par la progression des recrutements de CanalPlay. Selon plusieurs sources, ce ne serait plus le cas. BFM-TV a chiffré à 185 000 la baisse des abonnements en 2013 et Le Figaro a récemment évoqué un rythme annuel de 240 000 pour 2015.Le modèle premium de Canal+, placé en haut de gamme – environ 40 euros par mois pour le bouquet Canal+ et 65 euros en ajoutant CanalSat –, subit la concurrence de nouveaux entrants, comme BeINSports (13 euros par mois) ou Netflix, le service de vidéo à la demande par abonnement, dont la première offre est à 8 euros par mois. BeINSports revendique « autour » de 2,5 millions d’abonnés et on estime à 500 000 le nombre de clients conquis par Netflix en un an.Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage françaisArrivé à la tête de Vivendi et de Canal+ en juillet, Vincent Bolloré n’a pas caché que l’affaiblissement du modèle historique du groupe le préoccupait. Devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 24 septembre, il avait même indiqué que Canal+ pourrait devenir déficitaire en 2016, après avoir subi une baisse de son résultat opérationnel en 2014, à 20 millions d’euros (et 583 millions pour l’ensemble du groupe).Internationalisation croissanteMais, s’il recule en France, le nombre d’abonnés à Canal+ dans le monde progresse, et il atteindrait près de 6 millions hors de l’Hexagone. Historiquement présent en Pologne et au Vietnam, le groupe se développe fortement sur le continent africain et nourrit des ambitions en Europe du Sud via Telecom Italia, dont Vincent Bolloré détient plus de 19 %. Depuis son arrivée, celui-ci défend l’internationalisation du groupe. Une façon d’assumer que le chiffre d’affaires réalisé en France a vocation sinon à se réduire, du moins à devenir minoritaire dans l’ensemble.Intitulé « La chute de la maison Canal+ », l’article du Parisien s’arrêtait aussi sur les mauvaises performances des tranches en clair, symbolisées par la relance manquée du « Grand Journal », tombé à moins de 650 000 spectateurs par jour, loin de la formule précédente.Lire aussi :Canal+ : Vincent Bolloré confirme Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal »M. Bolloré clame depuis son arrivée que le seul indicateur de résultats qui lui importe est le nombre d’abonnés et il fait comprendre qu’il va réduire le clair sur Canal+, même si le modèle historique de la chaîne repose sur une corrélation entre la puissance des audiences en clair et la vigueur des recrutements. Vivendi semble vouloir privilégier d’autres leviers de recrutement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexis Delcambre Les nouvelles fréquences de télévision en haute définition (HD) seront attribuées… aux chaînes existantes. Jeudi 8 octobre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a annoncé, dans un communiqué, les candidatures qu’il a retenues. Retour sur une procédure qui se solde finalement par un statu quo.Lire aussi :Le CSA retient douze nouvelles chaînes pour la TNT en haute définitionPourquoi y a-t-il de nouvelles fréquences à attribuer ?En France, l’Etat gère un spectre de fréquences hertziennes qui est une ressource rare et limitée. Or les besoins sont de plus en plus importants (augmentation du nombre de chaînes de télévision, développement des télécoms…) Pour stimuler le développement de la téléphonie « 4G », le gouvernement a décidé de mettre aux enchères la bande de fréquences dite de « 700 Mhz ». Des fréquences actuellement occupées par la télévision numérique terrestre (TNT). Pour libérer de la place, il a été décidé que la TNT passerait progressivement du format Mpeg2 au format Mpeg4, un encodage qui nécessite moins d’espace. Cet encodage permet la HD : au passage, les chaînes qui ne diffusent pas encore cette qualité d’images ont donc l’occasion d’améliorer leur offre. Il y a de la place pour 29 chaînes en HD.Lire aussi :Les « fréquences en or » convoitées par tous les opérateurs de téléphonie mobileQui a candidaté ?Onze chaînes de télévision (TF1, France 2, Canal+, M6, Arte, HD1, L’Equipe 21, 6ter, Numéro 23, RMC Découverte et Chérie 25) diffusent d’ores et déjà leurs programmes en haute définition. En juillet, le CSA a lancé un appel à nouvelles candidatures, puis déclaré recevables 26 dossiers. Parmi eux, une partie était portée par des chaînes existantes. D’autres dossiers correspondaient à des projets nouveaux, comme HD26, une chaîne de télé-achat proposée par M6 et TF1, un projet consacré à la musique, porté par NextRadioTV et Radio Classique, ou encore « Nostalgie HD », proposée par NRJ, ainsi que d’autres dossiers (BFM Business, Campagnes TV, Gong, Hyper TV, LCI, Lynx, Ofive, Paris Première, IDF1 et QVC). En parallèle, le gouvernement a demandé au CSA de réserver des fréquences aux chaînes publiques non encore diffusées en HD (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN et Public Sénat).Comment le CSA a-t-il choisi ?Le CSA avait l’obligation légale de donner la priorité aux chaînes existantes. Dans la mesure où elles étaient toutes candidates, il a donc retenu 18 chaînes (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN, Public Sénat, BFM-TV, D17, D8, iTélé, Gulli, NRJ12, NT1, TMC, W9, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète +). Il n’y avait dès lors plus de place pour les projets de chaînes nouvelles qui lui avaient été présentés. Cette situation pourra bien sûr évoluer si le nombre de chaînes de la TNT change, par exemple en cas de fermeture d’un service ou de fusion entre deux chaînes. Auquel cas le CSA devra procéder à un nouvel appel à candidatures.Quel est le calendrier ?Les chaînes retenues pourront diffuser leur flux en HD dès le mois d’avril 2016. Il pourra être reçu par les téléviseurs compatibles avec la norme Mpeg4. A terme, une nouvelle norme, la HEVC, qui compresse quatre fois plus le débit d’images, pourra permettre de diffuser davantage de chaînes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les sociétés de rédacteurs de L’Express, L’Expansion, L’Etudiant, Mieux vivre votre argent, Point de vue et Studio Ciné Live ont adopté, jeudi 8 octobre, le principe d’une motion de défiance contre leurs actionnaires, dont Patrick Drahi, et le directeur des rédactions et directeur général délégué, Christophe Barbier, par 112 voix contre 64, et 7 blancs ou nuls. Les journalistes avaient aussi validé le principe d’une motion visant seulement les actionnaires, par 141 voix contre 32, et 10 blancs ou nuls.En revanche, le boycott de la conférence de rédaction du mardi a été rejeté. Et l’idée de formuler des contre-propositions au plan de sauvegarde de l’emploi en cours a été validée.Débat autour de Christophe BarbierLe groupe L’Express entre en négociation autour d’un plan de départ de 125 postes, décidé par les actionnaires en sus des départs liés à la clause de conscience (qui permet aux journalistes de bénéficier d’un licenciement en cas de rachat ou de modification de la ligne éditoriale) qui a suivi le rachat des titres, effectif en juin 2015.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialLes syndicats ont relayé les protestations des salariés, avant d’accepter de discuter des conditions du plan, puisque les actionnaires avaient concédé de rencontrer les élus beaucoup plus de fois que prévu. Ces entrevues ont commencé cette semaine.Les salariés de L’Express, eux, espèrent en parallèle maintenir une certaine pression. La motion de défiance témoigne de cette volonté. Ils ciblent particulièrement Patrick Drahi, industriel des télécoms avec son groupe Altice, propriétaire de Numericable et SFR, mais aussi possesseur de médias, dont Libération (à 100 %) et BFM-TV et RMC (à 49 %).Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsVendredi midi, une assemblée générale a suscité des débats autour de Christophe Barbier : plusieurs journalistes ont regretté que la motion de défiance puisse le fragiliser, raconte un participant. D’autres estiment qu’il faut adresser le texte au directeur des rédactions car il est porteur du plan de départs. Il a été décidé d’un vote sur le texte de la motion mardi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.10.2015 à 09h24 • Mis à jour le08.10.2015 à 10h42 En dépit des critiques émises à l’encontre de l’animatrice fraîchement nommée, Vincent Bolloré a confirmé, jeudi 8 octobre, qu’il n’envisageait pas de remplacer Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal ». « On ne peut juger de rien en quatre semaines, il faut lui laisser le temps », a tenu à préciser le patron de la chaîne cryptée, dans une interview sur RTL.Plus tôt, La Lettre de l’expansion avançait lundi que l’animateur Jean-Marc Morandini, déjà passé par Direct 8 de 2006 à 2012 avec son émission « Morandini ! », serait actuellement en discussion avec le patron de Canal+ pour la tranche d’access prime time de la chaîne. Une information catégoriquement démentie par la chaîne.Le patron de Vivendi a affirmé que l’ex-présentatrice de La Matinale et du Supplément serait à la tête du Grand Journal jusqu’en 2022, date du bicentenaire du groupe Bolloré et aussi du départ prévu de Vincent Bolloré. « Il n’y a aucun plan B », a déclaré l’industriel, avant de préciser que Maïtena Biraben s’inscrivait « dans la durée ». « Tous les gens sont en train de reconnaître que c’est une belle émission », a affirmé le patron du groupe, sans donner plus de précisions.Des audiences inférieures à celle de son prédécesseurLa remplaçante d’Antoine de Caunes a essuyé de nombreuses critiques depuis la rentrée de l’émission en raison des mauvaises audiences, inférieures à celles de son prédécesseur, mais aussi de ses propos sur « le discours de vérité du Front national ». Maïtena Biraben a refusé de s’excuser, expliquant simplement qu’il s’agissait « de la forme, pas du fond » : « Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention cette émission et mes interviews. »Lire aussi :Maïtena Biraben : « Vincent Bolloré n’est pas dans mon oreillette et j’ai un cerveau »Dans la même interview, Vincent Bolloré a estimé que le modèle Canal était « essoufflé », « il fallait bouger », précisant que Vivendi, la maison mère, allait « investir beaucoup dans les contenus, le cinéma, le sport, les émissions, la culture, et donc je pense que tout ça, à la fin, ça va porter ses fruits ». Le président du conseil de surveillance de Vivendi et de Canal+ compte aussi réduire la durée des plages en clair de la chaîne pour la rentrée.  Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Il était l’éditeur français le plus engagé dans le combat contre la position dominante de Google en Europe. Mercredi 7 octobre, à la surprise générale, Lagardère Active (Europe 1, Elle, Paris Match, Le Journal du dimanche, Doctissimo ou encore le producteur Lagardère Entertainment) a annoncé la signature d’un « partenariat stratégique de long terme » avec le géant du Web américain.Selon un communiqué, ce partenariat « comprend le développement sur YouTube des chaînes et vidéos de marques existantes et de contenus originaux, la commercialisation d’inventaires numériques, le développement et la promotion des applications des titres, stations et chaînes du groupe, et le co-sponsoring et co-marketing d’opérations spéciales ». C’est-à-dire que toutes les activités de Lagardère Active sont concernées.A court terme, selon une source interne, l’objet du partenariat est de réaliser « des choses très concrètes », comme de nouvelles chaînes YouTube ou des applications sous Android. A moyen terme, il s’agit d’identifier de nouveaux développements que les deux groupes pourraient mener de concert, sous l’œil d’un comité de suivi où siégeront notamment Denis Olivennes, le président de Lagardère Active, et Carlo d’Asaro Biondo, responsable des relations stratégiques chez Google pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique – et ancien de Lagardère. Google allouera un budget spécifique aux projets élaborés avec Lagardère.Plainte à BruxellesCette annonce surprend, compte tenu des relations jusqu’ici tendues entre les deux groupes. Avec d’autres éditeurs européens, comme Axel Springer ou CCM Benchmark, Lagardère Active a été à l’origine de la création de l’Open Internet Project (OIP), en 2014. Ce lobby a attaqué à Bruxelles la position dominante de Google dans les résultats de recherche en ligne.Lagardère a été très engagé dans l’OIP : son directeur de la communication, Thierry Orsoni, est devenu secrétaire général du regroupement. De son côté, Denis Olivennes a plusieurs fois pris la parole et échangé avec des journalistes pour dénoncer la position dominante de Google. Lagardère Active déplorait notamment les dégâts subis par son comparateur de prix, Leguide.com, en raison de la concurrence des services maison de Google, qui seraient promus par le moteur de recherche américain.Lire aussi :La fronde européenne anti-Google se durcitSituation schizophréniqueDu côté de l’OIP, l’annonce de Lagardère Active a beaucoup surpris. Pour les observateurs de la lutte entre Google et certains éditeurs européens, le deal passé avec Lagardère peut ressembler à un plat de lentilles. « C’est la France qui abandonne son futur », a déploré sur Twitter Tariq Krim, entrepreneur du Web français.Parallèlement, une autre annonce récente vient affaiblir potentiellement le front des « anti-Google » en Europe : le rachat de CCM Benchmark par le groupe Figaro. Cet acteur indépendant de l’Internet français était lui aussi un membre très actif de l’OIP, présidé par son cofondateur Benoît Sillard. Or, l’éditeur de Comment ça marche ou de L’Internaute rejoint un groupe beaucoup moins hostile à Google. Le Figaro a fait partie – comme Le Monde – des 23 projets financés par le « fonds Google-AIPG pour l’innovation numérique ». Il avait reçu 1,8 million d’euros pour cofinancer un renforcement de son offre vidéo.Le Figaro, comme Le Monde, était néanmoins membre du Geste, le groupement des éditeurs de service en ligne, dont le conseil d’administration avait décidé d’adhérer à l’OIP. « C’est une situation schizophrénique, reconnaît M. Sillard. L’ambiguïté vient du fait que nous sommes dans un écosystème où tous les acteurs doivent travailler avec Google et que, dans le même temps, nous devons nous défendre contre ses abus de position dominante. »Un discours similaire à celui tenu aujourd’hui chez Lagardère Active, qui rappelle qu’il entretenait déjà des relations avec Google. « La stratégie de Lagardère Active est de nouer avec les plus grands acteurs du numérique, tels que Google, des partenariats permettant de conjuguer des savoir-faire et des forces complémentaires », justifie Denis Olivennes.Une initiative envers les éditeurs européensCe partenariat apparaît comme un joli coup pour Google, qui est en pleine reconstruction de sa relation avec les médias. En France, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) doit cesser son activité en 2016, après avoir distribué environ 60 millions d’euros à des projets d’éditeurs français en trois ans. A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Google s’apprête à lancer un nouveau fonds, Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaiseEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media), qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus. En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds, mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.Lire aussi :Enquête antitrust : Google répond aux accusations de l’Union européenneAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Et de trois… Après Facebook et Apple, Google a annoncé, mercredi 7 octobre, une initiative pour accélérer le web mobile : il lance « Accelerated mobile pages », un format que tout éditeur pourra utiliser pour publier des pages qui seront lisibles beaucoup plus rapidement quand on les consulte depuis un téléphone ou une tablette. C’est une réponse à la lenteur de chargement des contenus sur support mobile, dénoncée quasi unanimement par nos partenaires, a expliqué Google à la presse, mercredi. Un sujet déjà mis en avant par Facebook et Apple quand ils ont lancé leurs initiatives Instant Articles et News.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseLire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasConcrètement, le format Amp allège le poids d’une page en simplifiant les éléments techniques, a expliqué Google. Et il utilise le « cache » de Google : le moteur de recherche stockera sur ses serveurs les pages au format Amp comme il stocke déjà les pages en format classique. Mais quand un internaute utilisant un smartphone ou une tablette cliquera sur le lien d’un contenu disponible au format Amp, le fichier « caché » par Google s’affichera, très rapidement. Une démo est disponible, via mobile, à l’adresse G. co/ampdemo.Soutien des réseaux Twitter, Pinterest et LinkedinPour l’heure, Google a publié les spécificités de son format, ce qui doit permettre à tout éditeur qui le souhaite de commencer à publier des pages « Amp ». Et aux robots de Google de commencer à les indexer et à les stocker en cache. Puis, « en 2016 », Google commencera à intégrer les pages « Amp » dans les résultats de son moteur de recherche.Point important : le géant du Web et la publicité dispose de partenariats avec d’autres plateformes puissantes comme les réseaux sociaux Twitter, Pinterest et Linkedin. Sur ces derniers, les liens renverront vers les formats « Amp » des pages, quand ils seront disponibles. Par ailleurs, l’éditeur de blogs Wordpress proposera un « plugin » pour permettre une publication « Amp ».Google précise que n’importe qui peut utiliser son nouveau forma, t mais se félicite d’avoir d’ores et déjà trente éditeurs de presse partenaires, dont le français Les Echos, l’anglais The Guardian, les américains The New York Times, Buzzfeed ou The Washington Post, l’espagnol El Pais… Une énumération qui rappelle les titres mis en avant par Apple et Facebook lors de leurs lancements de solutions mobiles.« Les médias traditionnels doivent atteindre leurs lecteurs hors de leurs propres sites web et aller les chercher où ils se trouvent », a expliqué Mario Calabresi, un responsable du quotidien italien La Stampa, invité par Google, tout rappelant son attachement aux valeurs de « qualité et de confiance ».Google se pose en défenseur du « Web ouvert »En quoi la solution de Google est-elle différente de celles de Facebook et Apple ? « Nous avons une approche ouverte du Web et même open source », a expliqué, mercredi, un responsable de l’équipe « produits » de Google, Danny Bernstein, en référence aux logiciels libres dont le code est public. Pour Google, ce discours est une façon, dans sa communication, de tenter de se démarquer de Facebook et Apple, accusés en creux de proposer des solutions propriétaires, et d’être des tenants d’un web « fermé ».L’annonce de Google apparaît donc comme une réponse aux initiatives prises par ses concurrents. Ces nouveaux services ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur ces plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat plus jeune, voire des revenus publicitaires. Ils proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.La publicité, point sensibleGoogle, comme ses rivaux, est bien conscient que les éditeurs de contenus ont peur que publier sur une autre plateforme que leur propre site ou application leur fasse perdre une partie de leur pouvoir dans la chaîne de valeur. Et une part de contrôle sur la publicité et sur les données concernant les lecteurs. Il a donc décidé de ne prendre aucun pourcentage de la publicité qui sera montrée sur les pages « Amp ». Google assure aussi que tous les systèmes de gestion de publicité seront convertibles, même si l’on peut se demander si tous les types de bannières seront utilisables dans Amp, qui est un format allégé.Par ailleurs Google promet que ces pages « seront comme votre site », et que les clics seront comptabilisés dans l’audience des éditeurs, à la faveur de discussions en cours avec les prestataires comme Chartbeat ou Parse.ly.Chez Apple et Facebook, les éditeurs peuvent conserver leurs revenus publicitaires, s’ils ont eux-mêmes commercialisé leur contenu. Par contre, si l’annonceur a été trouvé par Apple ou Facebook, la plate-forme conserve 30 % des revenus. En matière de données, Facebook autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs. Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News.« Devenir un standard »« Google offre toutes les possibilités de monétisation des articles publiés sur Amp : les publicités mais aussi les paywalls » donc le paiement à l’acte ou l’abonnement, s’est félicité Frédéric Filloux, ex-responsable numérique des Echos, lors de la conférence organisée par Google. Une spécificité également mise en avant par Naomi Ramirez, responsable numérique d’El Pais. « Amp a le potentiel de devenir un standard », pense-t-elle.C’est aussi l’espoir de Google, dans la bataille qu’il livre contre Facebook et Apple, particulièrement dans le mobile, dont les audiences deviennent primordiales. Pour attirer les éditeurs de sites, les trois plateformes rivalisent en proposant des solutions aux conditions assez avantageuses. Leur concurrence est un des antidotes contre la dépendance que peut créer, pour les médias, le fait de publier sur ces grandes plateformes. Qui pourront toujours, éventuellement, faire évoluer plus tard les conditions qu’ils proposent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Simon Auffret Laurent Ruquier préfère parler de « faux procès ». Le présentateur de l’émission On n’est pas couché – diffusée sur France 2 en seconde partie de soirée chaque samedi – fait face à de nombreuses critiques depuis la rentrée. Dans l’émission qu’il anime, produite par Catherine Barma, fondatrice de la société de production Tout sur l’écran, l’animateur favoriserait-il les thèmes identitaires ? Depuis le début du mois de septembre, l’intellectuel Alain Finkielkraut, ou le rédacteur en chef du magazine Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, sont ainsi intervenus dans le talk-show.C’est également dans l’émission phare de France 2, le samedi 26 septembre, que Nadine Morano a fait sa sortie sur la France, un pays de « race blanche ». Et on ne compte plus les « clash » et les petites phrases prononcées durant cette émission, parfois accusée d’« hystériser le débat politique français ». Qu’en est-il ?Bonnes audiences et polémiquesLancée à la rentrée 2006 à la suite de l’émission de Thierry Ardisson Tout le monde en parle, On n’est pas couché est d’abord un concept à succès pour France 2. Régulièrement mesurée au-dessus d’un million de téléspectateurs par Médiamétrie – environ 20 % des parts de marchés – la dixième saison du talk-show fait recette.C’est que la tranche horaire – l’une des plus longues du PAF, environ trois heures – couvre une actualité large : comédiens, réalisateurs, humoristes s’assoient régulièrement autour du plateau d’« ONPC ». Laurent Ruquier a lui décidé de mener son émission comme un talk-show à l’américaine, en favorisant le débat entre ses invités et les chroniqueurs réguliers membre de son équipe.Eric Zemmour et Michel Polac ont constitué le premier duo de chroniqueurs, en 2006. L’essayiste de droite – accompagné dès l’année suivante de l’éditeur et critique littéraire Eric Naulleau – est resté cinq ans face aux invités d’On n’est pas couché. Responsables du débat et de la critique du discours des personnalités invités de l’émission, les deux chroniqueurs occupent une place centrale dans le dispositif mis en place par Laurent Ruquier et Catherine Barma, jusqu’à leur remplacement en 2011, notamment du fait des discours souvent sulfureux d’Eric Zemmour – au sujet duquel Laurent Ruquier avouera plus tard « regretter [de lui] avoir donné la parole, toutes les semaines pendant cinq ans ».Bernard Tapie en 2006, Jacques Attali en 2008, Christophe Hondelatte en 2011… Nombreux sont les interviewés à avoir quitté le plateau, excédés par les critiques ou par la teneur du débat imprimée par les deux chroniqueurs. C’est face au duo Natacha Polony et Audrey Pulvar que Christophe Hondelatte, venu présenter son album Ou pas, a préféré s’en aller. Les deux journalistes avaient pris le relais de la première équipe de chroniqueurs moins d’un mois auparavant.Les années passent, les chroniqueurs se succèdent, mais le dispositif reste identique. C’est désormais l’écrivain Yann Moix et la journaliste Léa Salamé qui épaulent Laurent Ruquier depuis la rentrée 2015. La productrice Catherine Barma se défend cependant de tout « rôle » attribué : « Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues. »La culture avant la politiqueDepuis la rentrée 2012, quelques 574 personnalités se sont succédé dans On n’est pas couché. Parmi eux, les représentants de la sphère culturelle (réalisateurs, comédiens ou musiciens) sont bien plus nombreux que les invités politiques. #container_14440587731{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14440587731{ height:500px; } #container_14440587731 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14440587731 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14440587731 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14440587731 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Type d'invités les plus fréquents à "On n'est pas couchés" depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14440587731", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Cinéma et théâtre","Musique","Politique","Monde médiatique","Humoristes","Monde littéraire","Intellectuels","Sportifs","Dessinateurs","Mannequins","Cuisiniers","Avocats"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre d'invités", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 175 ], [ "", 124 ], [ "", 90 ], [ "", 81 ], [ "", 61 ], [ "", 47 ], [ "", 27 ], [ "", 18 ], [ "", 11 ], [ "", 6 ], [ "", 4 ], [ "", 3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: 0, backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}L’humoriste et acteur Guy Bedos a lui aussi fait polémique, le 12 septembre, en insultant la députée européenne Nadine Morano, avec laquelle la controverse s’est déplacée sur le terrain judiciaire pour des faits similaires.A la vue de la liste des invités, On n’est pas couché apparaît d’abord comme une émission « classique » de promotion, avant d’être le lieu de débats qui ont fait du talk-show de France 2 un créneau à part dans le paysage audiovisuel français.Une diversité d’invités politiquesSi l’émission reçoit en priorité des acteurs, elle n’exclut pas les politiques, même si tous ne veulent pas s’y rendre. Nicolas Sarkozy, contacté par Metronews suite à la sortie de Nadine Morano, estimait « que ce type d’émission n’est pas adapté dans un moment où la parole politique souffre d’un manque de confiance de la part des Français ». Comme l’ancien président de la République, Alain Juppé et François Fillon ne se sont jamais assis dans le fauteuil d’On n’est pas couché.Tout comme ces cadres du parti Les Républicains, les membres du Front national refusent catégoriquement de figurer à l’ordre du jour de l’émission de Laurent Ruquier. Depuis le passage de Marine Le Pen, lors des élections présidentielles de 2012, l’animateur a décidé de ne plus inviter de membre du FN, ce qui semble convenir au parti d’extrême droite. Pour le reste, l’équilibre de l’échiquier politique est respecté dans la liste des personnalités politiques invitées. Membres du gouvernement (Manuel Valls, Christiane Taubira, Marisol Touraine), personnalités de droite (Jean-François Copé, François Barouin, Eric Ciotti) ou de gauche non socialiste (Emmanuelle Cosse, Daniel Cohn-Bendit) se succèdent chaque samedi soir sur France 2.C’est le président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui décroche la place de l’invité le plus régulier. Celui qui dit « aimer l’émission » a passé 7 soirées en compagnie de Laurent Ruquier et de ses chroniqueurs, dont 5 interventions depuis 2012. #container_14441191191{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14441191191{ height:500px; } #container_14441191191 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14441191191 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14441191191 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14441191191 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }On n'est pas couché : les invités réguliersComptage réalisé depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14441191191", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Jean-Luc Mélenchon","Michel Onfray","Philippe Geluck","Bruno Solo","Cali","Caroline Fourest","Cristiana Reali","Edwy Plenel","Fabrice Éboué","François Bayrou","Isabelle Mergault","Jean-Luc Moreau","Jean-Pierre Coffe","Laurent Baffie","Marc Lavoine","Patrick Pelloux","Patrick Sébastien","Ségolène Royal","Alain Finkielkraut"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de passage", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 5 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le philosophe Michel Onfray et le dessinateur Philippe Geluck arrivent ensuite, avec quatre interventions chacun. Dans la liste, plusieurs intellectuels – Alain Finkielkraut, Michel Onfray ou Caroline Fourest –, dont les discours abordent régulièrement le domaine des « thématiques identitaires » reprochées à l’émission de Laurent Ruquier.Interrogé dans Libération, l’animateur s’est défendu, le 4 octobre, de toute orientation conservatrice : « L’émission est jalousée parce qu’elle marche. C’est là que le débat a lieu. Et on apporte la contradiction aux intervenants, que ce soit de ma part, de celle de Yann Moix ou de Léa Salamé. » Après Nadine Morano et Alain Finkielkraut, l’invité principal d’On n’est pas couché, le 10 octobre, est le président socialiste de l’assemblée nationale – et candidat aux élections régionales en Ile-de-France – Claude Bartolone.Retrouvez dans ce tableau l’intégralité des invités depuis 2012Simon AuffretJournaliste au Monde Daniel Psenny Canal+ ne s’est donc pas lancée dans des chicanes juridiques sous forme de référé, au dernier moment : le documentaire Evasion fiscale, une affaire française, censuré en mai par la chaîne cryptée, a été diffusé mercredi 7 octobre sur France 3 dans le cadre du magazine «  Pièces à conviction  », sous le titre Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel.Cette enquête fouillée et documentée réalisée par les journalistes Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci démonte un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisé par des dirigeants du Crédit mutuel. Cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée, ce qui expliquerait la volonté de l’industriel de ne pas gêner ce précieux allié.Lundi 5 octobre, Mediapart expliquait que la direction de Canal+ a revendiqué sans ambiguïté mi-septembre, devant des représentants du personnel, la censure du documentaire afin de «  défendre les intérêts du groupe  ». «  On ne tue pas ses amis », aurait déclaré Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Il est vrai que le travail réalisé par les auteurs de l’enquête est considérable. Remonté et légèrement rallongé par rapport à sa version initiale, le documentaire explique par le détail comment la banque Pasche, filiale à 100 % du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent alors qu’il est officiellement chômeur. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Pseudonyme : Albert CamusAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré de censurer le documentaire. Apostrophé fin avril à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ses méthodes – plutôt brutales – d’interview.Pour sa défense, la direction du Crédit Mutuel a indiqué en septembre à l’AFP qu’elle a porté plainte pour «  dénonciation calomnieuse  » auprès du parquet monégasque et «  qu’à ce jour, et bien que des enquêtes aient été diligentées à Monaco par les autorités judiciaires et financières, la banque ne fait l’objet d’aucune poursuite  ».Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel, de Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci (Fr., 2015, 70 min). France 3, mercredi 7 octobre, à 23 h 20Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 21h11 • Mis à jour le06.10.2015 à 09h29 | Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouvelle initiative dans un secteur des médias en pleine reconfiguration. Les hommes d’affaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton s’apprêtent à créer un fonds d’investissement destiné à racheter des médias, selon une information du Figaro, publiée lundi 5 octobre. Une information ni confirmée ni infirmée par les intéressés.Les trois hommes sont déjà présents dans l’univers des médias. Xavier Niel et Matthieu Pigasse sont coactionnaires, à titre personnel, des groupes Le Monde et L’Obs, aux côtés de Pierre Bergé. De son côté, Pierre-Antoine Capton est le fondateur de la société Troisième œil productions, qui réalise notamment l’émission « C à vous », sur France 5.Selon Le Figaro, le fonds créé par les trois hommes sera un « SPAC » (Special purpose acquisition company), c’est-à-dire un véhicule dont l’unique objet est de procéder à des acquisitions dans un secteur précis. Un SPAC doit investir 75 % des montants levés dans une première cible, puis procéder à d’autres acquisitions. Avant chaque nouvelle opération, les investisseurs ont la possibilité de sortir ou de poursuivre l’aventure.Baptisé « Media One », ce fonds lèvera des capitaux en Bourse et ambitionnera, selon le quotidien, de réunir de 300 et 500 millions d’euros, grâce à l’apport d’investisseurs professionnels et de MM. Niel, Pigasse et Capton eux-mêmes. Ce dernier serait le dirigeant opérationnel de Media One.Tourbillon de rachatsCette initiative s’inscrit dans un tourbillon de rachats de médias en France, souvent à bas prix, et qui attire de nouveaux acquéreurs. A l’image de Patrick Drahi (Numericable-SFR) qui a acquis Libération et le groupe L’Express, ainsi que la moitié de NextRadioTV (BFM-TV, RMC…), avec de grandes ambitions à l’international, ou encore de Vincent Bolloré, qui a pris le contrôle de Vivendi et du groupe Canal+, sans oublier des « pure players » comme Webedia et des acteurs historiques comme Le Figaro qui va racheter pour un montant estimé de 110 à 130 millions d’euros le poids lourd d’Internet CCM Benchmark.En 2010, MM. Niel et Pigasse, associés à Pierre Bergé dans la structure Le Monde Libre, avaient racheté le groupe Le Monde (Le Monde, Télérama, Courrier International…) En 2014, ils ont ajouté Le Nouvel Observateur à leur portefeuille. Enfin, la même année, ils avaient manifesté leur intérêt pour la chaîne d’information en continu LCI, propriété du groupe TF1.En créant ce fonds, Xavier Niel et Mathieu Pigasse montrent que leurs ambitions vont au-delà de ce qu’ils ont fait jusqu’ici. La force de frappe envisagée pour le fonds, possiblement augmentée par des achats à effet de levier, témoigne de leur volonté de jouer sur le même terrain que de grands acteurs comme le groupe allemand Axel Springer, qui vient d’annoncer le rachat de la majorité du site économique américain Business Insider pour 306 millions d’euros.Sixième producteur françaisDe son côté, le producteur Pierre-Antoine Capton dirige Troisième œil productions, qui se veut « premier des producteurs indépendants en France », dans un secteur en pleine concentration. L’homme a fait ses armes dans la TNT et sa myriade de nouvelles chaînes aux productions peu onéreuses, avant de placer des émissions sur les chaînes historiques. Créée en 2001, sa société se place aujourd’hui au sixième rang des producteurs de programmes de flux (hors fiction) établi par le magazine Ecran Total, avec 512 heures pour la saison 2014-2015. Il réalise environ 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon Le Figaro.Outre « C à vous » sur France 5 – un succès –, Troisième œil livre également à France 3 « Les Carnets de Julie », et à Paris Première le débat des polémistes Eric Zemmour et Eric Naulleau. M. Capton produit aussi « Ça balance à Paris » (Paris première), ou encore des émissions comme « Leur objectif : trouver l’amour » (NRJ 12) ou « Talent Street » (France O). M. Capton a plusieurs fois été la cible de critiques de Thierry Ardisson, qui estimait que « C à vous » était une « pauvre copie » de son émission dîner « 93, Faubourg Saint-Honoré ».Troisième œil s’est diversifiée dans le théâtre, les films d’entreprise ou les chaînes de vidéo sur YouTube, comme celle qu’il avait créée avec Karl Zéro en 2014.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 21h49 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h43 | Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ni César ni Oscar, mais plutôt un beau bazar. Alors qu’Angoulême et Cannes sont mondialement reconnus pour leurs récompenses dans les domaines de la bande dessinée et du cinéma, le jeu vidéo, lui, court toujours après son rendez-vous français de référence. Ce n’est pourtant pas faute de tenter : rien qu’entre le lundi 26 et le vendredi 30 octobre, l’Hexagone a abrité quatre remises de prix différentes, les EIGD Awards à Montreuil, les Ping Awards à la Cité des sciences et de l’industrie, les Game Connection Development Awards ainsi que les trophées Paris Games Week au parc des Expositions de Paris.Derrière chacun de ses prix, un organisateur de type différent : syndicat représentant la filière nationale (SNJV) côté EIGD Awards ; syndicat d’éditeurs de taille mondiale présents en France (Sell) pour les trophées Paris Games Week ; organisateur d’événements professionnels internationaux (Connection Events) pour les Game Connection Development Awards ; et même agence indépendante multitâche pour les Ping Awards (l’AFJV, mini-structure qui sert notamment de portail informatif et de site de recrutement aux professionnels de France).Objectifs différentsDans le détail, les quatre prix répondent à des objectifs différents. Les Ping Awards récompensent la création franco-française, les EIGD Awards les indépendants européens, les Game Connection Awards sont un trophée professionnel et les trophées Paris Games Week, des récompenses adossées à un salon consumériste.La cérémonie de remise des prix des European Indie Game Days Awards, présidée par F. Raynal (Alone in the Dark) https://t.co/0eCwhm5lNf— Willvs (@William Audureau)require(["twitter/widgets"]);Ces différences de vues se traduisent dans le palmarès. Le jeu narratif Life is Strange, développé à Paris, a remporté le Ping d’or du meilleur jeu français ; le jeu mobile suisse Cloud Chasers l’EIGD Award du meilleur jeu indépendant européen ; le jeu britannique Lumino City le Game Connection Development Award du meilleur jeu indépendant selon la profession, et Uncharted 4 le trophée du meilleur jeu présent sur le salon grand public de la Paris Games Week. « Ces récompenses ont toutes des objectifs différents », résume Julien Villedieu, délégué général du SNJV.Avec des contraintes propres. Life is Strange, sensation française de l’année, n’était ainsi éligible ni aux EIGD ni aux GCD Awards, car il est édité par le géant japonais Square Enix, et ne rentrait pas dans la catégorie jeu indépendant. Il ne satisfaisait pas non plus aux critères d’admissibilité de la Paris Games Week, car il figurait sur le stand de l’éditeur sous forme de vidéo. « La seule condition, c’est d’être présent et jouable sur le salon », précise Emmanuel Martin, pour qui ces trophées sont aussi un moyen d’inviter les joueurs à se rendre au parc des Expositions pour essayer les jeux.« Bienvenue en Union soviétique »Vu de l’extérieur, ces récompenses évoquent parfois plus des réunions au sein de microcosme qu’une célébration nationale, d’autant que le choix des lauréats prête parfois à confusion. Jeudi soir, Fabien Delpiano, nouveau président de Capital Games et fondateur du studio Pastagames, était ainsi tout penaud en découvrant le contenu de l’enveloppe finale. Le Grand Ping 2015, saluant la personnalité de l’année, était en effet décerné à Cédric Laguarrigue, président de Focus Home Interactive, et accessoirement son éditeur sur le jeu Pix the Cat.Vendredi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur commercial et marketing de Microsoft France, mais aussi président du SELL et, à ce titre, organisateur de la Paris Games Week, s’est remis à lui-même trois trophées pour des jeux Xbox One. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », a-t-il fini par commenter avec humour au moment de brandir le troisième trophée, en réalité, décerné par un jury de journalistes spécialisés.« Je conçois qu’on puisse y voir de l’entre-soi, mais il faut voir à qui vont ces prix, tempère Julien Villedieu, délégué général du SNJV. Focus Home Interactive est un éditeur de premier plan, et son dirigeant Cédric Lagarrigue une personnalité de premier ordre de notre secteur, qui a réussi au niveau professionnel la transformation d’un petit éditeur en acteur qui concurrence les plus gros. C’est quelqu’un d’extrêmement légitime, qui a déjà été distingué par le Syntec l’an passé. Quant à Jean-Claude Ghinozzi, s’il a reçu ces trophées, c’est que les jeux proposés ont paru les meilleurs au jury. C’est ce qu’il faut regarder. » Peu de temps pour les jurys« Si on veut que ces trophées soient crédibles, on a besoin d’un jury qui travaille en profondeur », confirme Emmanuel Martin, du Sell. Celui de la Paris Games Week était présidé par Alain-Huygues Lacour, vétéran de la presse jeux vidéo. « Quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche et a imposé ses conditions », promet Emmanuel Martin.Chaque organisateur est conscient de l’importance d’arriver à des récompenses légitimes et respectées. Emmanuel Forsans, président de l’AFJV et coorganisateur des Ping Awards, ne cache pas son ambition d’en faire un jour l’équivalent des Césars du jeu vidéo, tandis qu’Emmanuel Martin, du Sell, rêve d’un parterre de jurés composé de plusieurs dizaines ou centaines de professionnels, à la manière des Oscars. Mais ces récompenses sont tenues par des contraintes de temps, et la difficulté de faire essayer une trentaine de jeux vidéo parfois longs de plusieurs heures à un jury qui n’a souvent qu’un après-midi pour se réunir. Une des raisons, sans doute, pour laquelle le jeu de rallye WRC 5 a reçu le Ping du meilleur jeu français sur console : une dizaine de minutes suffit à n’importe quel juré pour terminer plusieurs courses, là où un jeu de rôle ne « démarre » traditionnellement qu’au bout de six à dix heures de jeu.Des catégories à géométrie variableIl arrive également que le jury s’arrange avec les catégories. Par exemple, à la Paris Games Week, le prix du meilleur jeu du salon a été remis à Uncharted 4, un jeu d’action-aventure, alors que le prix du meilleur jeu d’action-aventure a été octroyé à The Rise of Tomb Raider. « Cela a permis d’équilibrer un peu les choses entre ces deux jeux qu’on avait du mal à départager », décrypte Alain-Huygues Lacour.Plus étonnant, deux casques de réalité virtuelle ont été primés dans deux catégories différentes, le HTC Vive côté accessoire et le PlayStation VR côté innovation technologique. « Deux démarches différentes », assure Emmanuel Martin. Aux Ping Awards, c’est un prix spécial spécialement créé pour l’occasion qui a récompensé A Blind Legend, jeu vidéo-audio à l’écran noir et accessible aux non-voyants. Il a été présenté dans un malaise ambiant comme « le prix du politiquement correct » par les deux coprésidents, les animateurs de radio Manu Levy et Florian Gazan.Lire aussi :« A Blind Legend », le jeu d’aventure sonore à tester les yeux fermésHeureusement, à la marge, ces récompenses mettent aussi en avant des jeux prometteurs en manque de visibilité. A l’image de Shiness, un jeu de rôle à la japonaise dans un univers à la Naruto, mené depuis cinq ans par de jeunes et ambitieux Lillois (trophée du meilleur jeu manga à la Paris Games Week). Ou de Zodiac : Orcanon Odyssey, création franco-écossaise en partenariat avec des anciens de Final Fantasy (Ping du meilleur jeu mobile et tablette). « On essaie de faire de la place à tout le monde, et que le meilleur gagne », se félicite Emmanuel Martin.« On essaie de créer des passerelles »Il reste qu’avec quatre cérémonies différentes et plus de soixante prix contradictoires remis dans la même semaine, personne n’est dupe du message brouillé qu’envoient toutes ces récompenses. « Elles ont toutes des objectifs différents, mais c’est vrai que l’on peut regretter qu’il y ait autant d’initiatives, concède Julien Villedieu. On ne va pas se satisfaire d’avoir quatre ou cinq cérémonies, c’est regrettable. » « On est la risée de l’Europe », grince un professionnel en privé.Certains rapprochements existent déjà, grâce notamment à des associations impliquées dans plusieurs événements, comme Capital Games. Ce groupement francilien est à la fois l’organisateur du stand made in France à la Paris Games Week et l’un des principaux partenaires des Ping Awards. Ce qui a permis d’arriver à un intitulé à rallonge, celui du « prix du meilleur jeu exposé sur le stand made in France », remporté par Blood Bowl Kerrunch.Le plus difficile reste toutefois de concilier l’approche cocardière des Ping Awards et l’approche consumériste de la Paris Games Week. Un faux problème, estime Julien Villedieu. « Nos entreprises font 50 % de leur chiffre d’affaires à l’international, donc ce qu’elles attendent, ce n’est pas une reconnaissance juste locale. Si, un jour, il y a une volonté de faire quelque chose d’unifié, il faudra que le jeu vidéo français soit récompensé au sein du jeu vidéo international. » Mais le premier Ping du jeu international, prévu cette année, n’a pas été décerné faute de candidats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 08h29 • Mis à jour le29.10.2015 à 19h57 | Alexandre Piquard Un nouveau patron et, déjà, une nouvelle stratégie ? Les choses ne sont pas si tranchées : l’arrivée prévue de Gilles Pélisson comme futur patron de TF1, confirmée mercredi 28 octobre, se fait main dans la main avec le PDG sortant, Nonce Paolini, et l’actionnaire Martin Bouygues. Mais l’annonce, dès le lendemain, jeudi, de l’entrée en négociations exclusives avec Newen, un des plus gros producteurs français, est une surprise. Elle tranche avec la période plus prudente et gestionnaire des dernières années.« TF1 pourrait prendre une participation majoritaire dans Newen », affirme le communiqué du groupe publié jeudi matin. Le but : « Nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels. » Newen est présent dans tous les genres, à travers ses quatre filiales, Telfrance, Capa, Be Aware et 17 Juin Media. Il produit les fictions Plus belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Versailles ou les émissions « Les Maternelles », « Le Magazine de la santé » ou « Faites entrer l’accusé ». Troisième producteur français derrière Banijay et Lagardère Entertainment, le groupe constitué par Fabrice Larue cherchait à grandir pour peser davantage en Europe, où une concentration est en cours.Si une telle prise de contrôle se concrétise, TF1, le premier groupe privé de télévision gratuite en France avec les chaînes TF1, TMC, NT1 et HD1, deviendrait l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+. Newen est présenté par son PDG, Fabrice Larue, comme « le troisième producteur français de programmes de flux » et cherche à s’internationaliser.Lire aussi :Le groupe de production Newen veut grossir et s’internationaliserEn quête de nouvelles recettesPour TF1, acquérir Newen est une réponse à l’un des deux axes stratégiques affichés pour l’avenir du groupe, confronté aux limites du modèle de la télévision gratuite financée par la publicité. Il s’agit de l’investissement dans la production, pour « remonter dans la chaîne de valeur ». TF1 a en tête le modèle de la chaîne britannique ITV, qui a racheté des sociétés comme Talpa. Le Vivendi de Vincent Bolloré a, lui, pris 30 % du poids lourd Zodiak-Banijay.L’idée est de générer de nouvelles recettes en revendant les droits de ces contenus. Une volonté commune à toutes les chaînes, qui négocient en ce moment avec les pouvoirs publics et les producteurs. TF1 cherche là des revenus « contracycliques ».L’accord TF1-Newen est un « beau projet », selon la ministre de la culture, Fleur Pellerin, interrogée par Le Monde. Il s’inscrit dans sa volonté de faire « émerger des champions français » de l’audiovisuel, même si Mme Pellerin sera attentive à « l’indépendance éditoriale » de Newen.France Télévisions, en revanche, a dénoncé dans un communiqué ce « projet de prise de contrôle » et conteste que les « investissements de France Télévisions, principalement financés par la contribution des citoyens par la redevance, puissent aujourd’hui faire l’objet d’une telle tractation ». Le groupe public a ainsi annoncé la suspension des « développements et des projets » avec Newen.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 17h49 • Mis à jour le28.10.2015 à 18h20 Le successeur de Nonce Paolini à la tête du groupe audiovisuel français, Gilles Pélisson, choisi mercredi 28 octobre par le conseil d’administration de Bouygues, arrive dans un contexte difficile, marqué par le déclin des audiences et des bénéfices.Lire aussi :Gilles Pélisson succédera à Nonce Paolini à la tête de TF1 21,4 %C’est la part d’audience de TF1 en septembre, pour 14,4 % pour France 2 et 10,1 % pour M6. En août, l’audience était tombée à 20,1 %, un niveau historiquement bas pour la chaîne qui connaît un déclin quasi continu depuis des années. TF1 enregistrait 44,8 % d’audience en 1988, 35,3 % en 1998, et 27,2 % en 2008. Depuis dix ans, les parts de la chaîne sont aussi grignotées par celles de la TNT.Face à cette érosion, TF1 rappelle qu’elle déploie une stratégie pour l’ensemble de son groupe qui vise à faire progresser l’audience de ses chaînes secondaires (HD1, NT1 et TMC). Elle insiste sur l’audience agrégée de ses quatre chaînes (27,4 % de part en moyenne en 2015, selon des chiffres de fin août), voire sur son audience numérique, où sa plate-forme MyTF1 progresse, avec environ 15 millions de vidéos vues par mois. Lire aussi (édition abonnés) :TF1 tente de contrer l’érosion de son audience413 millions d’eurosC’est le montant du résultat net part du groupe pour 2014. Il était en forte hausse par rapport à 2013 (137 millions d’euros). Mais ce résultat est en trompe-l’œil car il intègre la plus-value liée à la cession du contrôle d’Eurosport à Discovery Communications, en mai 2014, pour 299,5 millions d’euros.En réalité, la baisse des bénéfices est continue : 250,3 millions d’euros en 2000, 228 millions d’euros en 2007 et, donc, 137 millions d’euros en 2013. Du coup, l’actionnaire principal de la chaîne, le groupe de BTP Bouygues – qui détient 43,5 % des parts de l’entreprise –, a exigé, en 2008, un plan d’économies. Nonce Paolini a joué le tueur de coût, imposant un régime minceur inédit qui s’élève aujourd’hui à quelque 24 millions d’euros. Son successeur s’inscrira dans la continuité de cette stratégie.Lire aussi :TF1, toujours seule en tête 700 millions d’eurosC’est le trésor de guerre, considérable, de TF1. La chaîne a vu sa trésorerie augmenter de 491 millions d’euros grâce à la vente de ses 49 % restants dans la chaîne sportive Eurosport à l’américain Discovery, en juillet. Fin 2014, les réserves du groupe audiovisuel s’élevaient déjà à 497 millions d’euros. Après versement des dividendes, la trésorerie devrait se situer à 700 millions d’euros. De quoi relativiser les pertes occasionnées par le quotidien gratuit Metro, qui a cessé en juillet de faire paraître son édition papier, ou de la chaîne d’info en continu LCI.Avec l’arrivée de M. Pélisson, les annonceurs attendent que TF1, assez prudent jusqu’ici, s’engage sur des investissements. Le groupe pourrait choisir de faire des acquisitions dans le numérique ou dans la production de contenus.Lire aussi :TF1 gonfle sa trésorerie en se désengageant totalement d’Eurosport 8,5 millions d’eurosC’est la perte enregistrée par LCI en 2014. L’avenir de la chaîne d’information est suspendu à une décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur son passage en gratuit, qui doit intervenir d’ici à la fin de l’année. Sa précédente demande avait été rejetée par le CSA, mais le Conseil d’Etat a annulé cette décision, pour des raisons de procédure.TF1 considère que LCI n’a pas d’avenir sur la TNT payante, dont l’usage est en déclin (200 000 abonnés environ). Si le CSA ne lui accorde pas le passage en gratuit, TF1 a affirmé envisager l’arrêt de l’exploitation de sa chaîne après le 31 décembre.Lire aussi (édition abonnés) :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFM Sarah Belouezzane et Alexandre Piquard Le conseil d’administration du groupe Bouygues, qui s’est tenu mercredi 28 octobre, a choisi Gilles Pélisson pour succéder à Nonce Paolini au poste de président-directeur général de TF1. M. Pélisson prendra ses fonctions le 17 février 2016.« Jusqu’à cette date Gilles Pélisson se préparera à l’exercice de ses fonctions avec le concours de Nonce Paolini », précise le communiqué.« Le choix a été fait conjointement par Martin Bouygues et Nonce Paolini, qui a participé à la désignation de son successeur », explique une source proche du dossier. L’actionnaire et le dirigeant ont chacun fait une première liste de noms avant de trancher.« Il y avait deux choix stratégiques : soit prendre un homme de médias, télévision ou radio, plutôt extérieur, soit prendre quelqu’un qui connaît le groupe. C’est le critère Bouygues qui l’a emporté », résume cette source. Ancien patron du groupe hôtelier Accor, M. Pélisson, 58 ans, est un fin connaisseur de la maison Bouygues et de TF1, dont il est administrateur depuis 2009.Lire aussi :TF1 en négociations pour le rachat de la société qui produit « Plus belle la vie »« Président qui préside »Parmi les autres candidats figurait par exemple Olivier Roussat, patron de Bouygues Telecom, jugé prometteur mais plus jeune (51 ans).« Martin Bouygues a choisi quelqu’un avec qui il a déjà travaillé et qu’il connaît bien. Ayant de moins en moins de choses à faire au sein de son groupe, il souhaite garder la main sur TF1, ce que le choix de Pélisson, à ce poste, vu son caractère, devrait lui permettre », glisse un bon connaisseur dans les milieux d’affaires parisiens.M. Pélisson est en l’occurrence appelé à être un « président qui préside », c’est-à-dire qui représente l’entreprise et gère les relations avec les pouvoirs publics. Les orientations éditoriales ne devraient pas, par conséquent, être au centre de ses préoccupations.« C’est davantage un choix de continuité que de rupture », estime Philippe Bailly, de NPA Conseil. De fait, la maison ne devrait pas connaître de grand bouleversement. M. Paolini, qui a appuyé la candidature de M. Pélisson, devrait rester conseiller du groupe Bouygues, dans des fonctions qui restent à définir.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresUn « rêve » de longue dateCette évolution est rendue possible par la proximité des deux hommes : MM. Pélisson et Paolini se connaissent bien, ayant travaillé ensemble chez Bouygues Telecom au début des années 2000, le premier à la direction générale et le second à la direction des ressources humaines. Ils se côtoient de nouveau depuis 2009 au sein du conseil d’administration de TF1.Pour M. Pélisson, prendre la tête de TF1 était un « rêve » de longue date, précise une source proche du dossier. « Il se prépare depuis longtemps », ajoute-t-elle. Son nom avait circulé à la fin du mandat de Patrick Le Lay, auquel avait succédé M. Paolini, en 2008.Clash avec Accor en 2010C’est pourtant chez Accor que le futur dirigeant de TF1 a fait ses premières armes. Diplômé de l’Essec et titulaire d’un MBA obtenu à Harvard, M. Pélisson a commencé sa carrière dans le groupe hôtelier, cofondé par son oncle Gérard. Après plusieurs postes dans le groupe, il est devenu, en 1993, coprésident de la filiale Novotel. L’homme connaît également le secteur du divertissement : il avait rejoint Euro Disney en 1995, et en était devenu le président-directeur général en 1997.Les télécommunications sont aussi un domaine qu’il maîtrise. Après un passage chez Noos et Suez Connect, M. Pélisson avait rejoint Bouygues Telecom, en 2001, avant d’en devenir le directeur général, puis le président-directeur général en 2004.A la fin de 2005, il était revenu à ses premières amours chez Accor. Cette fois en tant que PDG du groupe, en remplacement de Jean-Marc Espalioux. Après qu’il a notamment mené la scission du groupe, Accor se séparera de lui en 2010. Il n’a pas depuis retrouvé de fonctions opérationnelles de direction, et plutôt siégé dans divers conseils d’administration (Bic, NH Hotels ou encore Accenture, depuis 2012). Dont celui de TF1.Homme de réseaux« Il est avenant et sympathique, mais il n’a pas laissé une trace indélébile lors de ses passages chez Accor ou Bouygues Telecom par exemple, relativise un dirigeant d’entreprise. Il n’a pas su faire ce qu’il fallait chez le premier et n’a rien eu de bouleversant à gérer chez le second : ni le lancement de l’opérateur, ni la concurrence féroce de Free. » Un de ses proches note qu’il a chez Bouygues Télécom développé l’i-mode, un portail de contenus.Chez Accor, M. Pélisson n’a pas que des partisans. Un détracteur qualifie son passage chez l’hôtelier de « catastrophique ». Gardant le souvenir d’une personnalité chaleureuse de prime abord, mais « difficile » au quotidien.Gilles Pélisson a une grande expérience de l’international et a toujours veillé à la qualité des relations sociales, décrit de son côté la biographie publiée par TF1 mercredi. Le futur président-directeur général serait, selon certains observateurs, la personne idéale pour gérer les questions réglementaires, par exemple le passage de LCI en gratuit, sur lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit se prononcer pour la deuxième fois dans les mois à venir. M. Pélisson est bien introduit au sein des réseaux parisiens, habitué du club d’influence Le Siècle et fin connaisseur des milieux d’affaires.Il dispose maintenant de quatre mois de « tuilage » jusqu’à sa prise de fonctions pour élaborer son plan stratégique pour TF1.Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médiasAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.10.2015 à 17h39 • Mis à jour le27.10.2015 à 20h12 | Alexandre Piquard La polémique autour du « M. Météo » de France 2 n’est pas finie : Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, a été convoqué par la direction à un entretien en vue d’une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, a-t-on appris mardi 27 octobre. L’entrevue a eu lieu le 22 octobre en présence d’un représentant de la direction des ressources humaines du siège de France Télévisions, ainsi que d’un représentant de Force ouvrière (FO), selon ce syndicat.Contrairement aux autres syndicats de l’entreprise d’audiovisuel public, FO soutient ouvertement M. Verdier. « Il n’a fait qu’user de sa liberté d’expression », affirme Eric Vial, élu du syndicat. Joint par Le Monde, M. Verdier ne veut plus s’exprimer.La direction ne commente pas, car il s’agit d’un différend en cours avec un salarié. Mais elle a invoqué plusieurs fois le « principe déontologique » selon lequel les salariés ne devraient pas s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise.« Pas de délit d’opinion », selon la directionM. Verdier a fait dans les médias une promotion active de son ouvrage, Climat investigation (éd. Ring), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique. Dans une lettre ouverte à François Hollande, à l’approche du sommet sur le climat COP21, il a estimé que le président de la République ne pouvait cautionner « les scientifiques ultrapolitisés du GIEC, les lobbys d’entreprises, les ONG environnementales, ni les chefs religieux autoproclamés nouveaux apôtres du climat ».En congé pour le lancement de son livre, paru le 1er octobre, Philippe Verdier, qui présente la météo et a le titre de chef de service, a été mis à pied par la direction de France Télévisions à la mi-octobre.Lire aussi :France 2 met à pied son « M. Météo », Philippe Verdier« Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, estime qu’il n’y a pas de délit d’opinion. Pour elle, la faute de Philippe Verdier est liée à l’exécution de son contrat de travail, car il a mis en avant sa fonction et son employeur France Télévisions dans le cadre de la communication autour de son livre », explique Serge Cimino, élu du Syndicat national des journalistes (SNJ), un autre syndicat de France Télévisions. Ce dernier résume un échange vif qui a eu lieu sur le cas de M. Verdier entre Eric Vial, de FO, et Mme Ernotte, en comité de groupe, le 19 octobre.Prudence des autres syndicatsLe SNJ est prudent et dit s’être jusqu’ici surtout assuré que le salarié mis à pied soit bien reçu en entretien. Il dit attendre que la direction prononce la sanction, dans un délai d’un mois, avec un avis motivé.En interne, on sent une réserve de certains salariés, par rapport aux accents complotistes du discours du « M. Météo » de France 2, qui en a surpris certains car il ne s’était pas exprimé en interne contre le consensus sur le réchauffement, avant son livre. De plus, certaines de ses affirmations sont contestées.Lire aussi :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2Le soutien du journaliste de France 3 lié à l’affaire du « mur des cons » FO a davantage le souhait de politiser l’affaire : le syndicat a d’abord publié un communiqué et interpellé Delphine Ernotte en comité de groupe. Puis il a accompagné M. Verdier pour son entretien, lui suggérant de se faire accompagner par Clément Weill-Raynal, un journaliste de France 3 qui a « comme lui connu des pressions », raconte M. Vial. En effet, M. Weill-Raynal a notamment été en conflit avec sa direction pour avoir filmé avec son téléphone le « mur des cons » dans un local du syndicat de la magistrature, et diffusé la vidéo sur le site Atlantico. Il avait aussi accusé Charles Enderlin, le correspondant de France 2 en Israël, d’avoir « manipulé » les images du petit Mohammed Al-Dura, mort dans les bras de son père lors d’un échange de tirs entre Palestiniens et Israéliens.Contestation possible de la sanctionDe son côté, M. Verdier avait estimé, après sa mise à pied : « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat. »« M. Verdier n’a pas commis de faute professionnelle », argumente M. Vial. Ce dernier souligne que M. Verdier n’a pas utilisé l’antenne de France 2 pour faire la promotion de son livre. Plutôt que de convoquer un conseil de discipline paritaire, FO laisse à Mme Ernotte le choix de la sanction et se réserve la possibilité de la contester, aux prud’hommes ou auprès de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Pour le syndicat, le cas d’un journaliste qui promeut un livre ou exprime des opinions dans des médias est banal.Au même moment, France Télévisions doit aussi gérer le cas du « M. Météo » de… France 3Un autre cas télescope celui de M. Verdier : Jean-Marc Souami, le « M. Météo » de France 3, Jean-Marc Souami, a été convoqué mardi pour un rappel à l’ordre, rapporte Pure Médias. On lui reproche notamment d’avoir publiquement critiqué Laurent Ruquier, l’accusant d’être « complice » des « délires racistes » de l’élu de droite Nadine Morano sur la « France, pays de race blanche ». Il prend très régulièrement position sur son compte Twitter, rappelle le site.La direction a « désapprouvé qu’un présentateur du groupe s’en prenne à un animateur de France Télévisions », dans une réaction sur le site de l’animateur Jean-Marc Morandini.« Les cas de M. Verdier et de M. Souami sont différents », estime M. Cimino. Membre de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), M. Souami semble disposer d’un plus large soutien en interne.Pour Mme Ernotte, l’affaire de M. Verdier et celle de M. Souami sont des cas à régler. Avec une pression médiatique et syndicale importante, apanage de France Télévisions, la maison qu’elle dirige depuis deux mois.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Murong Xuecun (Ecrivain) Je ne sais pas combien de projets ont été tués dans l’œuf par le système de censure chinois. Mais ce que je sais, ce que je ressens, c’est que ce système est indubitablement en train de ruiner l’imagination et la créativité des Chinois.La censure, en Chine, ne relève pas de la loi, ce qui ne l’empêche pas d’avoir plus de pouvoir qu’elle. Chez nous, toutes les lois ne sont pas respectées à la lettre par tous, mais quand il s’agit de censure, et alors même que les règles en la matière ne sont pas vraiment claires, tout un chacun sait, comme d’instinct, à quoi s’en tenir, et prend bien garde à ne pas s’aventurer sur le territoire des sujets tabous ou sensibles.En 2013, un bon ami à moi a recommandé un livre à une maison d’édition chinoise, l’histoire d’une femme qui tuait son mari. Au départ, la maison d’édition a manifesté beaucoup d’intérêt pour ce projet. Mais quand elle s’est aperçue que les personnages étaient musulmans, elle a fait machine arrière, disant :« On ne peut pas publier ça », « c’est trop risqué », « les musulmans, c’est tabou ». Malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucune loi interdisant de parler des musulmans.Lire aussi :L’écrivain chinois Murong Xuecun : « Un jour ou l’autre, je vais me faire arrêter »Dans les faits, la résistance à la censure n’a jamais cessé. Aujourd’hui, ce système se heurte à une contestation qui n’existait pas avant l’avènement d’Internet. Les nouveaux outils de communication ont permis de démultiplier les contacts entre la Chine et le reste du monde, si bien qu’un grand nombre de Chinois s’est familiarisé avec l’anglais, inventant de nouveaux mots, une sorte de « sinoglais » : au lieu du mot « citizens », les Internautes vont ainsi employer le mot « shitizens » (« citoyriens ») pour désigner les citoyens chinois.Liens dans le monde entierLa démocratie devient, quant à elle, « democrazy » (« dingocratie »), et au mot de « secretary », les Internautes préfèrent (tout particulièrement concernant celles des hauts fonctionnaires) « sexcretaries » (« sexcrétaires »). Parallèlement, une multitude de blagues à caractère politique se répand.En voici une que j’ai entendue récemment : le président Xi Jinping se rend dans un grand restaurant de Pékin. Il demande à quoi sont farcis les raviolis. La serveuse lui répond : ceux-là sont au chou et au porc, ceux-là au porc et au chou, et dans ceux-là il y a du porc et du chou, qu’est-ce que vous choisissez ? Xi Jinping, l’air contrarié, s’exclame : « Ils sont tous farcis à la même chose, ai-je vraiment le choix ? » La serveuse lui dit alors en riant : « Président Xi, vous avez oublié ? Quand il a fallu vous choisir, c’était exactement pareil ! »Murong XuecunMurong Xuecun est né en 1974 dans le Shandong. Après des études de droit à Pékin, il se lance dans l’écriture d’un premier roman, qu’il publie sur Internet au début des années 2000, Oublier Chengdu, qui remporte un énorme succès.Dans les années qui suivent, son compte Weibo (le Twitter chinois) est suivi par des millions d’internautes, avant d’être censuré par le pouvoir.Électron libre, écrivain engagé comme la Chine en compte peu, Murong Xuecun dénonce dans ses romans la corruption, le fanatisme et l’ignorance à l’œuvre dans la société chinoise.Son dernier ouvrage paru en français est Il manque un remède à la Chine, (Bleu de Chine/Gallimard, 448 pages, 29 euros).Si Internet s’est imposé comme un espace de liberté où s’exprime la résistance au système de censure, cela n’empêche pas ce dernier, à l’heure où les entreprises d’Etat chinoises nouent des liens dans le monde entier, où des Instituts Confucius, pour promouvoir la langue et la culture chinoises, sont inaugurés un peu partout sur la planète, au moment où tous les pays du monde se battent pour obtenir des commandes de la Chine, de commencer à étendre lui aussi ses ramifications hors de ses frontières. Bientôt, son ombre ne planera pas seulement sur nous citoyens chinois. Elle vous rattrapera vous aussi, vous qui vivez loin de chez nous et qui vous croyez en sécurité.Il y a environ deux ans, un magazine londonien m’a invité à écrire un article. En allant sur leur site Internet, j’ai pu voir tout un tas de textes faisant l’éloge du Parti communiste chinois. Ce n’est pas vraiment en accord avec mon style. Je leur ai demandé pourquoi ils publiaient toute cette propagande. Le rédacteur en chef m’a expliqué : « Nous n’avons pas le choix, plusieurs de nos plus gros clients publicitaires sont des entreprises chinoises. Si nous publions trop d’articles critiquant le Parti communiste et le gouvernement chinois, ils vont tout simplement arrêter de placer des publicités chez nous. »Des choix à votre placeJe sais que cette façon de procéder existe aussi dans d’autres pays européens ainsi qu’à Hongkong, aux Etats-Unis, en Australie et jusqu’en Afrique. Sydney compte déjà plus de six journaux en langue chinoise. La plupart sont proches du gouvernement chinois, quand ce dernier ne les contrôle pas directement. Les articles et les commentaires qui y sont publiés, directement inspirés par sa propagande, l’encensent sans aucune retenue. Ainsi, sur le sol même de l’Australie, les représentants du Parti communiste et du gouvernement chinois font d’ores et déjà entendre leur voix. La plupart des gens ne s’en aperçoivent même pas.En mai, le Club Pen America a montré dans un rapport intitulé « Censure et conscience morale : les auteurs étrangers et le défi de la censure chinoise » que l’industrie de l’édition et certains écrivains américains étaient déjà sous l’influence du système de censure chinois.En Australie, un article publié en 2014 par le journal The Australian explique que l’Australian Broadcasting Corporation (ABC), la société nationale de diffusion audiovisuelle australienne, a signé un partenariat visant à partager des contenus avec un groupe audiovisuel chinois, le Shanghai Media Group. Cela signifie qu’immanquablement, les émissions australiennes passeront entre les mains de la censure chinoise. Ceux qui ont bonne mémoire se souviendront qu’en 2009, lors du festival international du film de Melbourne, le consulat chinois a tenté d’annuler la projection d’un documentaire sur la militante ouïgoure Rebiya Kadeer.Tout cela va bien au-delà du sort d’un simple film. Ce que vous devez comprendre, c’est que les censeurs chinois sont déjà parmi vous, et qu’ils ont commencé à faire des choix à votre place. Des incidents comme cela, il y en aura d’autres. Et comme nous avons pu en faire l’expérience en Chine, vous constaterez que les habiles fonctionnaires de la censure agiront au fil du temps avec de plus en plus de discrétion et de subtilité.Commerce avec la Chine avant toutCertains pourraient être tentés de se dire que la censure existe déjà ailleurs, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie. Je répondrais que, s’il est vrai que la censure existe aussi dans ces pays, cela ne justifie en rien celle qui s’exerce chez nous. Par ailleurs, j’ai beau trouver que le monde ne tourne pas rond, je ne crois pas que la censure dans les pays occidentaux soit aussi sévère qu’en Chine.D’autres pensent peut-être que la liberté d’expression, bien sûr, c’est important, mais que ce qui compte avant tout, c’est de pouvoir faire du commerce avec la Chine. En réalité, toutes les entreprises étrangères qui ont des relations commerciales avec la Chine sont susceptibles de subir l’impact de la censure chinoise. En 2014, la « Grande Muraille électronique » est devenue singulièrement plus étanche. Elle bloque désormais non seulement Google, Facebook, Twitter et YouTube, mais aussi Gmail et d’autres services étrangers de messagerie sur Internet.Chaque jour, des réseaux privés virtuels, permettant de contourner la Grande Muraille électronique en liant directement des ordinateurs, sont bloqués. Laissez-moi vous poser une question : ces restrictions en matière de communication imposées par le gouvernement chinois n’affecteront-elles pas vos affaires dans le long terme ?Au sujet du gouvernement chinois, les personnes qui ne vivent pas en Chine pensent parfois : « Bon, c’est vrai que ce gouvernement n’est pas terrible, mais ce n’est quand même pas si mal que ça. » Ou bien : « Oui, d’accord, le gouvernement chinois est plus que critiquable, mais il n’est pas encore si puissant que cela, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. »Après la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997, beaucoup de gens sur cette île pensaient à peu près la même chose. Dix-huit ans plus tard, il ne faut pas longtemps pour constater que leurs conditions de vie ont d’ores et déjà subi d’énormes changements. Cette ville de plus de 7 millions d’habitants ne compte désormais quasiment plus une chaîne de télévision ni un journal indépendants. Ses hommes politiques ressemblent de plus en plus aux secrétaires de section du Parti communiste. Les personnes qui manifestent contre la politique menée par Pékin sont désormais de plus en plus souvent harcelées par la mafia. Quant aux journalistes et aux artistes qui osent encore critiquer ouvertement Pékin, ils s’exposent à des tentatives d’assassinat…Ne pas se fier aux bonnes intentions du gouvernementOn ne peut en aucune manière se fier aux bonnes intentions du gouvernement chinois. La puissance économique de la Chine lui permet d’avoir un impact sur vos vies. La censure chinoise peut paraître en Occident un phénomène encore lointain, et il est vrai qu’elle ne va pas débouler comme une fusée dans vos vies.Mais si un jour vous vous apercevez que vos journaux publient de moins en moins d’articles critiques sur la Chine, que les intellectuels et les médias se mettent tous à faire l’éloge du système chinois et que tel ou tel politicien s’efforce de manière évidente de préserver les intérêts de la Chine, j’espère que vous vous souviendrez du discours que je vous ai tenu aujourd’hui, et qui vous semble peut-être alarmiste.La civilisation est un tout indivisible. Quand le gouvernement d’un pays commence à s’y attaquer sciemment, à la bâillonner, à la détruire, cela n’a pas seulement un impact sur le peuple de ce pays, mais sur l’humanité tout entière. A l’heure de la mondialisation, la liberté d’expression ne relève plus seulement de la politique intérieure d’un pays.Si vous vous contentez d’observer en silence un gouvernement détruire des livres et arrêter des hommes dans son pays, réprimer la liberté d’expression, et que vous allez même jusqu’à vous en rapprocher, l’air de rien, pour en faire, sans aucun scrupule, votre partenaire commercial, votre allié, alors, tôt ou tard, c’est à votre liberté d’expression à vous qu’il s’attaquera. (Traduit du chinois par Frédéric Dalléas)Ce texte est extrait d’un discours prononcé à Sydney, le 5 septembre, dans le cadre du Festival of Dangerous Ideas, le « festival des idées dangereuses ».Murong Xuecun (Ecrivain) Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 08h29 • Mis à jour le29.10.2015 à 19h57 | Alexandre Piquard Un nouveau patron et, déjà, une nouvelle stratégie ? Les choses ne sont pas si tranchées : l’arrivée prévue de Gilles Pélisson comme futur patron de TF1, confirmée mercredi 28 octobre, se fait main dans la main avec le PDG sortant, Nonce Paolini, et l’actionnaire Martin Bouygues. Mais l’annonce, dès le lendemain, jeudi, de l’entrée en négociations exclusives avec Newen, un des plus gros producteurs français, est une surprise. Elle tranche avec la période plus prudente et gestionnaire des dernières années.« TF1 pourrait prendre une participation majoritaire dans Newen », affirme le communiqué du groupe publié jeudi matin. Le but : « Nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels. » Newen est présent dans tous les genres, à travers ses quatre filiales, Telfrance, Capa, Be Aware et 17 Juin Media. Il produit les fictions Plus belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Versailles ou les émissions « Les Maternelles », « Le Magazine de la santé » ou « Faites entrer l’accusé ». Troisième producteur français derrière Banijay et Lagardère Entertainment, le groupe constitué par Fabrice Larue cherchait à grandir pour peser davantage en Europe, où une concentration est en cours.Si une telle prise de contrôle se concrétise, TF1, le premier groupe privé de télévision gratuite en France avec les chaînes TF1, TMC, NT1 et HD1, deviendrait l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+. Newen est présenté par son PDG, Fabrice Larue, comme « le troisième producteur français de programmes de flux » et cherche à s’internationaliser.Lire aussi :Le groupe de production Newen veut grossir et s’internationaliserEn quête de nouvelles recettesPour TF1, acquérir Newen est une réponse à l’un des deux axes stratégiques affichés pour l’avenir du groupe, confronté aux limites du modèle de la télévision gratuite financée par la publicité. Il s’agit de l’investissement dans la production, pour « remonter dans la chaîne de valeur ». TF1 a en tête le modèle de la chaîne britannique ITV, qui a racheté des sociétés comme Talpa. Le Vivendi de Vincent Bolloré a, lui, pris 30 % du poids lourd Zodiak-Banijay.L’idée est de générer de nouvelles recettes en revendant les droits de ces contenus. Une volonté commune à toutes les chaînes, qui négocient en ce moment avec les pouvoirs publics et les producteurs. TF1 cherche là des revenus « contracycliques ».L’accord TF1-Newen est un « beau projet », selon la ministre de la culture, Fleur Pellerin, interrogée par Le Monde. Il s’inscrit dans sa volonté de faire « émerger des champions français » de l’audiovisuel, même si Mme Pellerin sera attentive à « l’indépendance éditoriale » de Newen.France Télévisions, en revanche, a dénoncé dans un communiqué ce « projet de prise de contrôle » et conteste que les « investissements de France Télévisions, principalement financés par la contribution des citoyens par la redevance, puissent aujourd’hui faire l’objet d’une telle tractation ». Le groupe public a ainsi annoncé la suspension des « développements et des projets » avec Newen.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 17h49 • Mis à jour le28.10.2015 à 18h20 Le successeur de Nonce Paolini à la tête du groupe audiovisuel français, Gilles Pélisson, choisi mercredi 28 octobre par le conseil d’administration de Bouygues, arrive dans un contexte difficile, marqué par le déclin des audiences et des bénéfices.Lire aussi :Gilles Pélisson succédera à Nonce Paolini à la tête de TF1 21,4 %C’est la part d’audience de TF1 en septembre, pour 14,4 % pour France 2 et 10,1 % pour M6. En août, l’audience était tombée à 20,1 %, un niveau historiquement bas pour la chaîne qui connaît un déclin quasi continu depuis des années. TF1 enregistrait 44,8 % d’audience en 1988, 35,3 % en 1998, et 27,2 % en 2008. Depuis dix ans, les parts de la chaîne sont aussi grignotées par celles de la TNT.Face à cette érosion, TF1 rappelle qu’elle déploie une stratégie pour l’ensemble de son groupe qui vise à faire progresser l’audience de ses chaînes secondaires (HD1, NT1 et TMC). Elle insiste sur l’audience agrégée de ses quatre chaînes (27,4 % de part en moyenne en 2015, selon des chiffres de fin août), voire sur son audience numérique, où sa plate-forme MyTF1 progresse, avec environ 15 millions de vidéos vues par mois. Lire aussi (édition abonnés) :TF1 tente de contrer l’érosion de son audience413 millions d’eurosC’est le montant du résultat net part du groupe pour 2014. Il était en forte hausse par rapport à 2013 (137 millions d’euros). Mais ce résultat est en trompe-l’œil car il intègre la plus-value liée à la cession du contrôle d’Eurosport à Discovery Communications, en mai 2014, pour 299,5 millions d’euros.En réalité, la baisse des bénéfices est continue : 250,3 millions d’euros en 2000, 228 millions d’euros en 2007 et, donc, 137 millions d’euros en 2013. Du coup, l’actionnaire principal de la chaîne, le groupe de BTP Bouygues – qui détient 43,5 % des parts de l’entreprise –, a exigé, en 2008, un plan d’économies. Nonce Paolini a joué le tueur de coût, imposant un régime minceur inédit qui s’élève aujourd’hui à quelque 24 millions d’euros. Son successeur s’inscrira dans la continuité de cette stratégie.Lire aussi :TF1, toujours seule en tête 700 millions d’eurosC’est le trésor de guerre, considérable, de TF1. La chaîne a vu sa trésorerie augmenter de 491 millions d’euros grâce à la vente de ses 49 % restants dans la chaîne sportive Eurosport à l’américain Discovery, en juillet. Fin 2014, les réserves du groupe audiovisuel s’élevaient déjà à 497 millions d’euros. Après versement des dividendes, la trésorerie devrait se situer à 700 millions d’euros. De quoi relativiser les pertes occasionnées par le quotidien gratuit Metro, qui a cessé en juillet de faire paraître son édition papier, ou de la chaîne d’info en continu LCI.Avec l’arrivée de M. Pélisson, les annonceurs attendent que TF1, assez prudent jusqu’ici, s’engage sur des investissements. Le groupe pourrait choisir de faire des acquisitions dans le numérique ou dans la production de contenus.Lire aussi :TF1 gonfle sa trésorerie en se désengageant totalement d’Eurosport 8,5 millions d’eurosC’est la perte enregistrée par LCI en 2014. L’avenir de la chaîne d’information est suspendu à une décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur son passage en gratuit, qui doit intervenir d’ici à la fin de l’année. Sa précédente demande avait été rejetée par le CSA, mais le Conseil d’Etat a annulé cette décision, pour des raisons de procédure.TF1 considère que LCI n’a pas d’avenir sur la TNT payante, dont l’usage est en déclin (200 000 abonnés environ). Si le CSA ne lui accorde pas le passage en gratuit, TF1 a affirmé envisager l’arrêt de l’exploitation de sa chaîne après le 31 décembre.Lire aussi (édition abonnés) :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFM Sarah Belouezzane et Alexandre Piquard Le conseil d’administration du groupe Bouygues, qui s’est tenu mercredi 28 octobre, a choisi Gilles Pélisson pour succéder à Nonce Paolini au poste de président-directeur général de TF1. M. Pélisson prendra ses fonctions le 17 février 2016.« Jusqu’à cette date Gilles Pélisson se préparera à l’exercice de ses fonctions avec le concours de Nonce Paolini », précise le communiqué.« Le choix a été fait conjointement par Martin Bouygues et Nonce Paolini, qui a participé à la désignation de son successeur », explique une source proche du dossier. L’actionnaire et le dirigeant ont chacun fait une première liste de noms avant de trancher.« Il y avait deux choix stratégiques : soit prendre un homme de médias, télévision ou radio, plutôt extérieur, soit prendre quelqu’un qui connaît le groupe. C’est le critère Bouygues qui l’a emporté », résume cette source. Ancien patron du groupe hôtelier Accor, M. Pélisson, 58 ans, est un fin connaisseur de la maison Bouygues et de TF1, dont il est administrateur depuis 2009.Lire aussi :TF1 en négociations pour le rachat de la société qui produit « Plus belle la vie »« Président qui préside »Parmi les autres candidats figurait par exemple Olivier Roussat, patron de Bouygues Telecom, jugé prometteur mais plus jeune (51 ans).« Martin Bouygues a choisi quelqu’un avec qui il a déjà travaillé et qu’il connaît bien. Ayant de moins en moins de choses à faire au sein de son groupe, il souhaite garder la main sur TF1, ce que le choix de Pélisson, à ce poste, vu son caractère, devrait lui permettre », glisse un bon connaisseur dans les milieux d’affaires parisiens.M. Pélisson est en l’occurrence appelé à être un « président qui préside », c’est-à-dire qui représente l’entreprise et gère les relations avec les pouvoirs publics. Les orientations éditoriales ne devraient pas, par conséquent, être au centre de ses préoccupations.« C’est davantage un choix de continuité que de rupture », estime Philippe Bailly, de NPA Conseil. De fait, la maison ne devrait pas connaître de grand bouleversement. M. Paolini, qui a appuyé la candidature de M. Pélisson, devrait rester conseiller du groupe Bouygues, dans des fonctions qui restent à définir.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresUn « rêve » de longue dateCette évolution est rendue possible par la proximité des deux hommes : MM. Pélisson et Paolini se connaissent bien, ayant travaillé ensemble chez Bouygues Telecom au début des années 2000, le premier à la direction générale et le second à la direction des ressources humaines. Ils se côtoient de nouveau depuis 2009 au sein du conseil d’administration de TF1.Pour M. Pélisson, prendre la tête de TF1 était un « rêve » de longue date, précise une source proche du dossier. « Il se prépare depuis longtemps », ajoute-t-elle. Son nom avait circulé à la fin du mandat de Patrick Le Lay, auquel avait succédé M. Paolini, en 2008.Clash avec Accor en 2010C’est pourtant chez Accor que le futur dirigeant de TF1 a fait ses premières armes. Diplômé de l’Essec et titulaire d’un MBA obtenu à Harvard, M. Pélisson a commencé sa carrière dans le groupe hôtelier, cofondé par son oncle Gérard. Après plusieurs postes dans le groupe, il est devenu, en 1993, coprésident de la filiale Novotel. L’homme connaît également le secteur du divertissement : il avait rejoint Euro Disney en 1995, et en était devenu le président-directeur général en 1997.Les télécommunications sont aussi un domaine qu’il maîtrise. Après un passage chez Noos et Suez Connect, M. Pélisson avait rejoint Bouygues Telecom, en 2001, avant d’en devenir le directeur général, puis le président-directeur général en 2004.A la fin de 2005, il était revenu à ses premières amours chez Accor. Cette fois en tant que PDG du groupe, en remplacement de Jean-Marc Espalioux. Après qu’il a notamment mené la scission du groupe, Accor se séparera de lui en 2010. Il n’a pas depuis retrouvé de fonctions opérationnelles de direction, et plutôt siégé dans divers conseils d’administration (Bic, NH Hotels ou encore Accenture, depuis 2012). Dont celui de TF1.Homme de réseaux« Il est avenant et sympathique, mais il n’a pas laissé une trace indélébile lors de ses passages chez Accor ou Bouygues Telecom par exemple, relativise un dirigeant d’entreprise. Il n’a pas su faire ce qu’il fallait chez le premier et n’a rien eu de bouleversant à gérer chez le second : ni le lancement de l’opérateur, ni la concurrence féroce de Free. » Un de ses proches note qu’il a chez Bouygues Télécom développé l’i-mode, un portail de contenus.Chez Accor, M. Pélisson n’a pas que des partisans. Un détracteur qualifie son passage chez l’hôtelier de « catastrophique ». Gardant le souvenir d’une personnalité chaleureuse de prime abord, mais « difficile » au quotidien.Gilles Pélisson a une grande expérience de l’international et a toujours veillé à la qualité des relations sociales, décrit de son côté la biographie publiée par TF1 mercredi. Le futur président-directeur général serait, selon certains observateurs, la personne idéale pour gérer les questions réglementaires, par exemple le passage de LCI en gratuit, sur lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit se prononcer pour la deuxième fois dans les mois à venir. M. Pélisson est bien introduit au sein des réseaux parisiens, habitué du club d’influence Le Siècle et fin connaisseur des milieux d’affaires.Il dispose maintenant de quatre mois de « tuilage » jusqu’à sa prise de fonctions pour élaborer son plan stratégique pour TF1.Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médiasAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.10.2015 à 17h39 • Mis à jour le27.10.2015 à 20h12 | Alexandre Piquard La polémique autour du « M. Météo » de France 2 n’est pas finie : Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, a été convoqué par la direction à un entretien en vue d’une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, a-t-on appris mardi 27 octobre. L’entrevue a eu lieu le 22 octobre en présence d’un représentant de la direction des ressources humaines du siège de France Télévisions, ainsi que d’un représentant de Force ouvrière (FO), selon ce syndicat.Contrairement aux autres syndicats de l’entreprise d’audiovisuel public, FO soutient ouvertement M. Verdier. « Il n’a fait qu’user de sa liberté d’expression », affirme Eric Vial, élu du syndicat. Joint par Le Monde, M. Verdier ne veut plus s’exprimer.La direction ne commente pas, car il s’agit d’un différend en cours avec un salarié. Mais elle a invoqué plusieurs fois le « principe déontologique » selon lequel les salariés ne devraient pas s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise.« Pas de délit d’opinion », selon la directionM. Verdier a fait dans les médias une promotion active de son ouvrage, Climat investigation (éd. Ring), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique. Dans une lettre ouverte à François Hollande, à l’approche du sommet sur le climat COP21, il a estimé que le président de la République ne pouvait cautionner « les scientifiques ultrapolitisés du GIEC, les lobbys d’entreprises, les ONG environnementales, ni les chefs religieux autoproclamés nouveaux apôtres du climat ».En congé pour le lancement de son livre, paru le 1er octobre, Philippe Verdier, qui présente la météo et a le titre de chef de service, a été mis à pied par la direction de France Télévisions à la mi-octobre.Lire aussi :France 2 met à pied son « M. Météo », Philippe Verdier« Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, estime qu’il n’y a pas de délit d’opinion. Pour elle, la faute de Philippe Verdier est liée à l’exécution de son contrat de travail, car il a mis en avant sa fonction et son employeur France Télévisions dans le cadre de la communication autour de son livre », explique Serge Cimino, élu du Syndicat national des journalistes (SNJ), un autre syndicat de France Télévisions. Ce dernier résume un échange vif qui a eu lieu sur le cas de M. Verdier entre Eric Vial, de FO, et Mme Ernotte, en comité de groupe, le 19 octobre.Prudence des autres syndicatsLe SNJ est prudent et dit s’être jusqu’ici surtout assuré que le salarié mis à pied soit bien reçu en entretien. Il dit attendre que la direction prononce la sanction, dans un délai d’un mois, avec un avis motivé.En interne, on sent une réserve de certains salariés, par rapport aux accents complotistes du discours du « M. Météo » de France 2, qui en a surpris certains car il ne s’était pas exprimé en interne contre le consensus sur le réchauffement, avant son livre. De plus, certaines de ses affirmations sont contestées.Lire aussi :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2Le soutien du journaliste de France 3 lié à l’affaire du « mur des cons » FO a davantage le souhait de politiser l’affaire : le syndicat a d’abord publié un communiqué et interpellé Delphine Ernotte en comité de groupe. Puis il a accompagné M. Verdier pour son entretien, lui suggérant de se faire accompagner par Clément Weill-Raynal, un journaliste de France 3 qui a « comme lui connu des pressions », raconte M. Vial. En effet, M. Weill-Raynal a notamment été en conflit avec sa direction pour avoir filmé avec son téléphone le « mur des cons » dans un local du syndicat de la magistrature, et diffusé la vidéo sur le site Atlantico. Il avait aussi accusé Charles Enderlin, le correspondant de France 2 en Israël, d’avoir « manipulé » les images du petit Mohammed Al-Dura, mort dans les bras de son père lors d’un échange de tirs entre Palestiniens et Israéliens.Contestation possible de la sanctionDe son côté, M. Verdier avait estimé, après sa mise à pied : « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat. »« M. Verdier n’a pas commis de faute professionnelle », argumente M. Vial. Ce dernier souligne que M. Verdier n’a pas utilisé l’antenne de France 2 pour faire la promotion de son livre. Plutôt que de convoquer un conseil de discipline paritaire, FO laisse à Mme Ernotte le choix de la sanction et se réserve la possibilité de la contester, aux prud’hommes ou auprès de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Pour le syndicat, le cas d’un journaliste qui promeut un livre ou exprime des opinions dans des médias est banal.Au même moment, France Télévisions doit aussi gérer le cas du « M. Météo » de… France 3Un autre cas télescope celui de M. Verdier : Jean-Marc Souami, le « M. Météo » de France 3, Jean-Marc Souami, a été convoqué mardi pour un rappel à l’ordre, rapporte Pure Médias. On lui reproche notamment d’avoir publiquement critiqué Laurent Ruquier, l’accusant d’être « complice » des « délires racistes » de l’élu de droite Nadine Morano sur la « France, pays de race blanche ». Il prend très régulièrement position sur son compte Twitter, rappelle le site.La direction a « désapprouvé qu’un présentateur du groupe s’en prenne à un animateur de France Télévisions », dans une réaction sur le site de l’animateur Jean-Marc Morandini.« Les cas de M. Verdier et de M. Souami sont différents », estime M. Cimino. Membre de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), M. Souami semble disposer d’un plus large soutien en interne.Pour Mme Ernotte, l’affaire de M. Verdier et celle de M. Souami sont des cas à régler. Avec une pression médiatique et syndicale importante, apanage de France Télévisions, la maison qu’elle dirige depuis deux mois.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Murong Xuecun (Ecrivain) Je ne sais pas combien de projets ont été tués dans l’œuf par le système de censure chinois. Mais ce que je sais, ce que je ressens, c’est que ce système est indubitablement en train de ruiner l’imagination et la créativité des Chinois.La censure, en Chine, ne relève pas de la loi, ce qui ne l’empêche pas d’avoir plus de pouvoir qu’elle. Chez nous, toutes les lois ne sont pas respectées à la lettre par tous, mais quand il s’agit de censure, et alors même que les règles en la matière ne sont pas vraiment claires, tout un chacun sait, comme d’instinct, à quoi s’en tenir, et prend bien garde à ne pas s’aventurer sur le territoire des sujets tabous ou sensibles.En 2013, un bon ami à moi a recommandé un livre à une maison d’édition chinoise, l’histoire d’une femme qui tuait son mari. Au départ, la maison d’édition a manifesté beaucoup d’intérêt pour ce projet. Mais quand elle s’est aperçue que les personnages étaient musulmans, elle a fait machine arrière, disant :« On ne peut pas publier ça », « c’est trop risqué », « les musulmans, c’est tabou ». Malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucune loi interdisant de parler des musulmans.Lire aussi :L’écrivain chinois Murong Xuecun : « Un jour ou l’autre, je vais me faire arrêter »Dans les faits, la résistance à la censure n’a jamais cessé. Aujourd’hui, ce système se heurte à une contestation qui n’existait pas avant l’avènement d’Internet. Les nouveaux outils de communication ont permis de démultiplier les contacts entre la Chine et le reste du monde, si bien qu’un grand nombre de Chinois s’est familiarisé avec l’anglais, inventant de nouveaux mots, une sorte de « sinoglais » : au lieu du mot « citizens », les Internautes vont ainsi employer le mot « shitizens » (« citoyriens ») pour désigner les citoyens chinois.Liens dans le monde entierLa démocratie devient, quant à elle, « democrazy » (« dingocratie »), et au mot de « secretary », les Internautes préfèrent (tout particulièrement concernant celles des hauts fonctionnaires) « sexcretaries » (« sexcrétaires »). Parallèlement, une multitude de blagues à caractère politique se répand.En voici une que j’ai entendue récemment : le président Xi Jinping se rend dans un grand restaurant de Pékin. Il demande à quoi sont farcis les raviolis. La serveuse lui répond : ceux-là sont au chou et au porc, ceux-là au porc et au chou, et dans ceux-là il y a du porc et du chou, qu’est-ce que vous choisissez ? Xi Jinping, l’air contrarié, s’exclame : « Ils sont tous farcis à la même chose, ai-je vraiment le choix ? » La serveuse lui dit alors en riant : « Président Xi, vous avez oublié ? Quand il a fallu vous choisir, c’était exactement pareil ! »Murong XuecunMurong Xuecun est né en 1974 dans le Shandong. Après des études de droit à Pékin, il se lance dans l’écriture d’un premier roman, qu’il publie sur Internet au début des années 2000, Oublier Chengdu, qui remporte un énorme succès.Dans les années qui suivent, son compte Weibo (le Twitter chinois) est suivi par des millions d’internautes, avant d’être censuré par le pouvoir.Électron libre, écrivain engagé comme la Chine en compte peu, Murong Xuecun dénonce dans ses romans la corruption, le fanatisme et l’ignorance à l’œuvre dans la société chinoise.Son dernier ouvrage paru en français est Il manque un remède à la Chine, (Bleu de Chine/Gallimard, 448 pages, 29 euros).Si Internet s’est imposé comme un espace de liberté où s’exprime la résistance au système de censure, cela n’empêche pas ce dernier, à l’heure où les entreprises d’Etat chinoises nouent des liens dans le monde entier, où des Instituts Confucius, pour promouvoir la langue et la culture chinoises, sont inaugurés un peu partout sur la planète, au moment où tous les pays du monde se battent pour obtenir des commandes de la Chine, de commencer à étendre lui aussi ses ramifications hors de ses frontières. Bientôt, son ombre ne planera pas seulement sur nous citoyens chinois. Elle vous rattrapera vous aussi, vous qui vivez loin de chez nous et qui vous croyez en sécurité.Il y a environ deux ans, un magazine londonien m’a invité à écrire un article. En allant sur leur site Internet, j’ai pu voir tout un tas de textes faisant l’éloge du Parti communiste chinois. Ce n’est pas vraiment en accord avec mon style. Je leur ai demandé pourquoi ils publiaient toute cette propagande. Le rédacteur en chef m’a expliqué : « Nous n’avons pas le choix, plusieurs de nos plus gros clients publicitaires sont des entreprises chinoises. Si nous publions trop d’articles critiquant le Parti communiste et le gouvernement chinois, ils vont tout simplement arrêter de placer des publicités chez nous. »Des choix à votre placeJe sais que cette façon de procéder existe aussi dans d’autres pays européens ainsi qu’à Hongkong, aux Etats-Unis, en Australie et jusqu’en Afrique. Sydney compte déjà plus de six journaux en langue chinoise. La plupart sont proches du gouvernement chinois, quand ce dernier ne les contrôle pas directement. Les articles et les commentaires qui y sont publiés, directement inspirés par sa propagande, l’encensent sans aucune retenue. Ainsi, sur le sol même de l’Australie, les représentants du Parti communiste et du gouvernement chinois font d’ores et déjà entendre leur voix. La plupart des gens ne s’en aperçoivent même pas.En mai, le Club Pen America a montré dans un rapport intitulé « Censure et conscience morale : les auteurs étrangers et le défi de la censure chinoise » que l’industrie de l’édition et certains écrivains américains étaient déjà sous l’influence du système de censure chinois.En Australie, un article publié en 2014 par le journal The Australian explique que l’Australian Broadcasting Corporation (ABC), la société nationale de diffusion audiovisuelle australienne, a signé un partenariat visant à partager des contenus avec un groupe audiovisuel chinois, le Shanghai Media Group. Cela signifie qu’immanquablement, les émissions australiennes passeront entre les mains de la censure chinoise. Ceux qui ont bonne mémoire se souviendront qu’en 2009, lors du festival international du film de Melbourne, le consulat chinois a tenté d’annuler la projection d’un documentaire sur la militante ouïgoure Rebiya Kadeer.Tout cela va bien au-delà du sort d’un simple film. Ce que vous devez comprendre, c’est que les censeurs chinois sont déjà parmi vous, et qu’ils ont commencé à faire des choix à votre place. Des incidents comme cela, il y en aura d’autres. Et comme nous avons pu en faire l’expérience en Chine, vous constaterez que les habiles fonctionnaires de la censure agiront au fil du temps avec de plus en plus de discrétion et de subtilité.Commerce avec la Chine avant toutCertains pourraient être tentés de se dire que la censure existe déjà ailleurs, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie. Je répondrais que, s’il est vrai que la censure existe aussi dans ces pays, cela ne justifie en rien celle qui s’exerce chez nous. Par ailleurs, j’ai beau trouver que le monde ne tourne pas rond, je ne crois pas que la censure dans les pays occidentaux soit aussi sévère qu’en Chine.D’autres pensent peut-être que la liberté d’expression, bien sûr, c’est important, mais que ce qui compte avant tout, c’est de pouvoir faire du commerce avec la Chine. En réalité, toutes les entreprises étrangères qui ont des relations commerciales avec la Chine sont susceptibles de subir l’impact de la censure chinoise. En 2014, la « Grande Muraille électronique » est devenue singulièrement plus étanche. Elle bloque désormais non seulement Google, Facebook, Twitter et YouTube, mais aussi Gmail et d’autres services étrangers de messagerie sur Internet.Chaque jour, des réseaux privés virtuels, permettant de contourner la Grande Muraille électronique en liant directement des ordinateurs, sont bloqués. Laissez-moi vous poser une question : ces restrictions en matière de communication imposées par le gouvernement chinois n’affecteront-elles pas vos affaires dans le long terme ?Au sujet du gouvernement chinois, les personnes qui ne vivent pas en Chine pensent parfois : « Bon, c’est vrai que ce gouvernement n’est pas terrible, mais ce n’est quand même pas si mal que ça. » Ou bien : « Oui, d’accord, le gouvernement chinois est plus que critiquable, mais il n’est pas encore si puissant que cela, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. »Après la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997, beaucoup de gens sur cette île pensaient à peu près la même chose. Dix-huit ans plus tard, il ne faut pas longtemps pour constater que leurs conditions de vie ont d’ores et déjà subi d’énormes changements. Cette ville de plus de 7 millions d’habitants ne compte désormais quasiment plus une chaîne de télévision ni un journal indépendants. Ses hommes politiques ressemblent de plus en plus aux secrétaires de section du Parti communiste. Les personnes qui manifestent contre la politique menée par Pékin sont désormais de plus en plus souvent harcelées par la mafia. Quant aux journalistes et aux artistes qui osent encore critiquer ouvertement Pékin, ils s’exposent à des tentatives d’assassinat…Ne pas se fier aux bonnes intentions du gouvernementOn ne peut en aucune manière se fier aux bonnes intentions du gouvernement chinois. La puissance économique de la Chine lui permet d’avoir un impact sur vos vies. La censure chinoise peut paraître en Occident un phénomène encore lointain, et il est vrai qu’elle ne va pas débouler comme une fusée dans vos vies.Mais si un jour vous vous apercevez que vos journaux publient de moins en moins d’articles critiques sur la Chine, que les intellectuels et les médias se mettent tous à faire l’éloge du système chinois et que tel ou tel politicien s’efforce de manière évidente de préserver les intérêts de la Chine, j’espère que vous vous souviendrez du discours que je vous ai tenu aujourd’hui, et qui vous semble peut-être alarmiste.La civilisation est un tout indivisible. Quand le gouvernement d’un pays commence à s’y attaquer sciemment, à la bâillonner, à la détruire, cela n’a pas seulement un impact sur le peuple de ce pays, mais sur l’humanité tout entière. A l’heure de la mondialisation, la liberté d’expression ne relève plus seulement de la politique intérieure d’un pays.Si vous vous contentez d’observer en silence un gouvernement détruire des livres et arrêter des hommes dans son pays, réprimer la liberté d’expression, et que vous allez même jusqu’à vous en rapprocher, l’air de rien, pour en faire, sans aucun scrupule, votre partenaire commercial, votre allié, alors, tôt ou tard, c’est à votre liberté d’expression à vous qu’il s’attaquera. (Traduit du chinois par Frédéric Dalléas)Ce texte est extrait d’un discours prononcé à Sydney, le 5 septembre, dans le cadre du Festival of Dangerous Ideas, le « festival des idées dangereuses ».Murong Xuecun (Ecrivain) Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14455165756", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#285a82","#28beaa","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Marine Le Pen","Manuel Valls","Jean-Luc Mélenchon","Arnaud Montebourg","François Bayrou","Alain Juppé","Jean-François Copé","François Fillon","François Hollande","Jean-Marc Ayrault","Nicolas Sarkozy","Pierre Moscovici","Christiane Taubira","Emmanuel Macron","Alain Lamassoure","Benoist Apparu","Benoît Hamon","Yann Galut","Bruno Le Maire","Cécile Duflot","Christian Estrosi","Bernard Cazeneuve","Valérie Pécresse","Nathalie Kosciusko-Morizet","Najat Vallaud-Belkacem","Martine Aubry","Marion Maréchal-Le Pen","Laurent Wauquiez","Laurent Fabius","Jean-Marie Le Guen","Jean-Christophe Lagarde","Henri Guaino","Harlem Désir","Florian Philippot","Éric Ciotti"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "invité principal", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 4 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "face à l'invité", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " fois", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.10.2015 à 12h10 • Mis à jour le23.10.2015 à 10h46 | Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Il aura donc suffi d’un amendement adopté en commission à l’Assemblée nationale pour relancer ce que les spécialistes des professions concernées – les producteurs de musique face aux radios privées – ont pris l’habitude d’appeler la guerre des quotas. Disons plutôt la guéguerre, et regardons les enjeux.Les députés ont adopté, dans le cadre du projet de loi sur la liberté de création, un amendement visant à éviter que les mêmes tubes francophones tournent en boucle sur les ondes des radios privées afin de se conformer, au-delà des quotas déjà imposés par la loi, à l’esprit de ces quotas qui vise à promouvoir la création en langue française. Projet soutenu, le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter par la ministre de la culture Fleur Pellerin, pour qui les députés demandent simplement aux radios privées de « remplir mieux l’obligation de promouvoir la diversité culturelle ». Pour Fleur Pellerin, c’est clair, il s’agit de « mettre mieux en valeur la jeune création française ».Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal poséVent debout contre l’amendement, les professionnels des radios privées brandissent l’étendard de la liberté éditoriale. Liberté éditoriale revendiquée afin de permettre la diffusion d’un même titre des centaines de fois. La guerre opposerait donc les tenants de deux libertés différentes : la liberté de création d’un côté, la liberté éditoriale de l’autre.Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal posé. D’un côté, des acteurs politiques soucieux d’une juste diffusion de la chanson d’expression francophone dans toutes ses composantes et dans sa grande diversité. Des politiques naturellement soutenus, voire inspirés, par les producteurs de musique pour qui la radio demeure un vecteur de diffusion et de prescription privilégié, en dépit de l’arrivée de nouveaux supports – YouTube ou les plates-formes d’écoutes comme Deezer ou Spotify.Face aux acteurs politiques, les professionnels des radios privées adoptent une posture de supposée défense des auditeurs, lesquels plébisciteraient quelques chansons seulement parmi les nouvelles productions proposées au marché. Avec un argument fondé sur des chiffres, ceux de l’effondrement, selon eux, de la production francophone.L’œuf ou la poule ?Autrement dit, les dirigeants des radios privées résument de manière simpliste une situation très compliquée, en disant peu ou prou : « Vous ne nous proposez pas assez de bonnes chansons francophones, une partie de la production française est d’ailleurs interprétée en anglais, laissez-nous au moins choisir dans une offre que nous trouvons trop maigre. » Une analyse qui justifierait la diffusion en boucle, douze ou quinze fois par jour, de la même chanson, tandis que des centaines de titres sur lesquels des artistes ont travaillé restent dans les placards et n’ont aucune chance d’arriver seulement jusqu’aux oreilles d’auditeurs considérés comme malentendants et peu capables de juger par eux-mêmes de la qualité de tel ou tel artiste ou de telle ou telle chanson.Disons-le tout net : les auditeurs ne sont pas sourds. La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistes. Le conflit repose aujourd’hui sur un cercle vicieux bien connu des philosophes et penseurs de la culture se résumant par une célèbre question existentielle : « Qui de l’œuf ou de la poule ? » Y a-t-il moins de productions francophones parce que les radios n’en diffusent que très peu ? Ou bien, les radios ne diffusent-elles que très peu de chansons françaises parce que les producteurs n’en proposent pas assez ?La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistesComment sortir d’un cercle vicieux ? En créant un cercle vertueux. Plus les radios diffuseront d’artistes, mieux les créateurs seront exposés sur les ondes, plus les producteurs seront enclins à prendre le risque d’investir sur de nouveaux talents. Et plus les radios auront le choix, donc la liberté éditoriale, de sélectionner les créateurs qu’elles voudront mettre en avant. Et plus les auditeurs, dont nous tenons à rappeler une fois de plus qu’ils sont dotés d’un cerveau et d’une paire d’oreilles souvent prolongées d’un casque audio pour mieux entendre les nuances de la création musicale, seront libres de choisir les artistes – et les radios… – qu’ils souhaitent écouter. Ce qu’il fallait démontrer.Cercle vertueux contre cercle vicieux : le choix devrait s’imposer de lui-même, et conduire à un travail en commun qui remplacerait la guéguerre provoquée par l’amendement voté en commission et soutenu légitimement par la ministre. La liberté de dialogue, entre les producteurs et les diffuseurs, remplacerait alors avantageusement la guerre des quotas et permettrait un retour bienvenu à des postures sans doute plus sérieuses que la grève des quotas décrétée par les radios privées le 29 septembre.Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Alexis Delcambre La tension est montée chez Vivendi, lundi 19 octobre, au lendemain de la publication par Le Parisien d’un article faisant état d’une « chute des abonnés » de Canal+ qui, selon le quotidien, « atteint 10 % en septembre ». Le soir même, le groupe de médias a publié un communiqué dénonçant « la propagation de fausses informations » et a demandé une enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF) après avoir vu son cours de Bourse baisser de 2,12 % en clôture de la séance du jour. Vivendi s’apprête ainsi à déposer une plainte pour divulgation d’informations trompeuses.Selon Vivendi, « ce chiffre est positif ». Mieux, le groupe assure que ses recrutements ont progressé, alors que Le Parisien écrit désormais que c’est « le nombre de nouveaux abonnés [qui] a baissé de 10 % en septembre » - un mois décisif où Canal+ proposait une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby et la saison 2 d’une de ses séries phares, Les Revenants.La concurrence de nouveaux entrantsEn France métropolitaine, Canal+ indique compter 43 900 nouveaux abonnés en septembre 2015, contre 36 100 un an plus tôt. Pour autant, Canal+ ne donne pas le volume global de ses abonnés.Trésor de Canal+, les abonnements font l’objet de toutes les attentions, mais le groupe ne communique pas à leur sujet. On estime que la chaîne en compte environ 9 millions en France, en ajoutant ceux de Canal+ au sens strict, ceux du bouquet CanalSat et ceux de l’offre de vidéo à la demande CanalPlay.Dans l’Hexagone, la baisse des abonnements à CanalSat a un temps été gommée par la progression des recrutements de CanalPlay. Selon plusieurs sources, ce ne serait plus le cas. BFM-TV a chiffré à 185 000 la baisse des abonnements en 2013 et Le Figaro a récemment évoqué un rythme annuel de 240 000 pour 2015.Le modèle premium de Canal+, placé en haut de gamme – environ 40 euros par mois pour le bouquet Canal+ et 65 euros en ajoutant CanalSat –, subit la concurrence de nouveaux entrants, comme BeINSports (13 euros par mois) ou Netflix, le service de vidéo à la demande par abonnement, dont la première offre est à 8 euros par mois. BeINSports revendique « autour » de 2,5 millions d’abonnés et on estime à 500 000 le nombre de clients conquis par Netflix en un an.Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage françaisArrivé à la tête de Vivendi et de Canal+ en juillet, Vincent Bolloré n’a pas caché que l’affaiblissement du modèle historique du groupe le préoccupait. Devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 24 septembre, il avait même indiqué que Canal+ pourrait devenir déficitaire en 2016, après avoir subi une baisse de son résultat opérationnel en 2014, à 20 millions d’euros (et 583 millions pour l’ensemble du groupe).Internationalisation croissanteMais, s’il recule en France, le nombre d’abonnés à Canal+ dans le monde progresse, et il atteindrait près de 6 millions hors de l’Hexagone. Historiquement présent en Pologne et au Vietnam, le groupe se développe fortement sur le continent africain et nourrit des ambitions en Europe du Sud via Telecom Italia, dont Vincent Bolloré détient plus de 19 %. Depuis son arrivée, celui-ci défend l’internationalisation du groupe. Une façon d’assumer que le chiffre d’affaires réalisé en France a vocation sinon à se réduire, du moins à devenir minoritaire dans l’ensemble.Intitulé « La chute de la maison Canal+ », l’article du Parisien s’arrêtait aussi sur les mauvaises performances des tranches en clair, symbolisées par la relance manquée du « Grand Journal », tombé à moins de 650 000 spectateurs par jour, loin de la formule précédente.Lire aussi :Canal+ : Vincent Bolloré confirme Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal »M. Bolloré clame depuis son arrivée que le seul indicateur de résultats qui lui importe est le nombre d’abonnés et il fait comprendre qu’il va réduire le clair sur Canal+, même si le modèle historique de la chaîne repose sur une corrélation entre la puissance des audiences en clair et la vigueur des recrutements. Vivendi semble vouloir privilégier d’autres leviers de recrutement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexis Delcambre Les nouvelles fréquences de télévision en haute définition (HD) seront attribuées… aux chaînes existantes. Jeudi 8 octobre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a annoncé, dans un communiqué, les candidatures qu’il a retenues. Retour sur une procédure qui se solde finalement par un statu quo.Lire aussi :Le CSA retient douze nouvelles chaînes pour la TNT en haute définitionPourquoi y a-t-il de nouvelles fréquences à attribuer ?En France, l’Etat gère un spectre de fréquences hertziennes qui est une ressource rare et limitée. Or les besoins sont de plus en plus importants (augmentation du nombre de chaînes de télévision, développement des télécoms…) Pour stimuler le développement de la téléphonie « 4G », le gouvernement a décidé de mettre aux enchères la bande de fréquences dite de « 700 Mhz ». Des fréquences actuellement occupées par la télévision numérique terrestre (TNT). Pour libérer de la place, il a été décidé que la TNT passerait progressivement du format Mpeg2 au format Mpeg4, un encodage qui nécessite moins d’espace. Cet encodage permet la HD : au passage, les chaînes qui ne diffusent pas encore cette qualité d’images ont donc l’occasion d’améliorer leur offre. Il y a de la place pour 29 chaînes en HD.Lire aussi :Les « fréquences en or » convoitées par tous les opérateurs de téléphonie mobileQui a candidaté ?Onze chaînes de télévision (TF1, France 2, Canal+, M6, Arte, HD1, L’Equipe 21, 6ter, Numéro 23, RMC Découverte et Chérie 25) diffusent d’ores et déjà leurs programmes en haute définition. En juillet, le CSA a lancé un appel à nouvelles candidatures, puis déclaré recevables 26 dossiers. Parmi eux, une partie était portée par des chaînes existantes. D’autres dossiers correspondaient à des projets nouveaux, comme HD26, une chaîne de télé-achat proposée par M6 et TF1, un projet consacré à la musique, porté par NextRadioTV et Radio Classique, ou encore « Nostalgie HD », proposée par NRJ, ainsi que d’autres dossiers (BFM Business, Campagnes TV, Gong, Hyper TV, LCI, Lynx, Ofive, Paris Première, IDF1 et QVC). En parallèle, le gouvernement a demandé au CSA de réserver des fréquences aux chaînes publiques non encore diffusées en HD (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN et Public Sénat).Comment le CSA a-t-il choisi ?Le CSA avait l’obligation légale de donner la priorité aux chaînes existantes. Dans la mesure où elles étaient toutes candidates, il a donc retenu 18 chaînes (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN, Public Sénat, BFM-TV, D17, D8, iTélé, Gulli, NRJ12, NT1, TMC, W9, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète +). Il n’y avait dès lors plus de place pour les projets de chaînes nouvelles qui lui avaient été présentés. Cette situation pourra bien sûr évoluer si le nombre de chaînes de la TNT change, par exemple en cas de fermeture d’un service ou de fusion entre deux chaînes. Auquel cas le CSA devra procéder à un nouvel appel à candidatures.Quel est le calendrier ?Les chaînes retenues pourront diffuser leur flux en HD dès le mois d’avril 2016. Il pourra être reçu par les téléviseurs compatibles avec la norme Mpeg4. A terme, une nouvelle norme, la HEVC, qui compresse quatre fois plus le débit d’images, pourra permettre de diffuser davantage de chaînes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les sociétés de rédacteurs de L’Express, L’Expansion, L’Etudiant, Mieux vivre votre argent, Point de vue et Studio Ciné Live ont adopté, jeudi 8 octobre, le principe d’une motion de défiance contre leurs actionnaires, dont Patrick Drahi, et le directeur des rédactions et directeur général délégué, Christophe Barbier, par 112 voix contre 64, et 7 blancs ou nuls. Les journalistes avaient aussi validé le principe d’une motion visant seulement les actionnaires, par 141 voix contre 32, et 10 blancs ou nuls.En revanche, le boycott de la conférence de rédaction du mardi a été rejeté. Et l’idée de formuler des contre-propositions au plan de sauvegarde de l’emploi en cours a été validée.Débat autour de Christophe BarbierLe groupe L’Express entre en négociation autour d’un plan de départ de 125 postes, décidé par les actionnaires en sus des départs liés à la clause de conscience (qui permet aux journalistes de bénéficier d’un licenciement en cas de rachat ou de modification de la ligne éditoriale) qui a suivi le rachat des titres, effectif en juin 2015.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialLes syndicats ont relayé les protestations des salariés, avant d’accepter de discuter des conditions du plan, puisque les actionnaires avaient concédé de rencontrer les élus beaucoup plus de fois que prévu. Ces entrevues ont commencé cette semaine.Les salariés de L’Express, eux, espèrent en parallèle maintenir une certaine pression. La motion de défiance témoigne de cette volonté. Ils ciblent particulièrement Patrick Drahi, industriel des télécoms avec son groupe Altice, propriétaire de Numericable et SFR, mais aussi possesseur de médias, dont Libération (à 100 %) et BFM-TV et RMC (à 49 %).Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsVendredi midi, une assemblée générale a suscité des débats autour de Christophe Barbier : plusieurs journalistes ont regretté que la motion de défiance puisse le fragiliser, raconte un participant. D’autres estiment qu’il faut adresser le texte au directeur des rédactions car il est porteur du plan de départs. Il a été décidé d’un vote sur le texte de la motion mardi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.10.2015 à 09h24 • Mis à jour le08.10.2015 à 10h42 En dépit des critiques émises à l’encontre de l’animatrice fraîchement nommée, Vincent Bolloré a confirmé, jeudi 8 octobre, qu’il n’envisageait pas de remplacer Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal ». « On ne peut juger de rien en quatre semaines, il faut lui laisser le temps », a tenu à préciser le patron de la chaîne cryptée, dans une interview sur RTL.Plus tôt, La Lettre de l’expansion avançait lundi que l’animateur Jean-Marc Morandini, déjà passé par Direct 8 de 2006 à 2012 avec son émission « Morandini ! », serait actuellement en discussion avec le patron de Canal+ pour la tranche d’access prime time de la chaîne. Une information catégoriquement démentie par la chaîne.Le patron de Vivendi a affirmé que l’ex-présentatrice de La Matinale et du Supplément serait à la tête du Grand Journal jusqu’en 2022, date du bicentenaire du groupe Bolloré et aussi du départ prévu de Vincent Bolloré. « Il n’y a aucun plan B », a déclaré l’industriel, avant de préciser que Maïtena Biraben s’inscrivait « dans la durée ». « Tous les gens sont en train de reconnaître que c’est une belle émission », a affirmé le patron du groupe, sans donner plus de précisions.Des audiences inférieures à celle de son prédécesseurLa remplaçante d’Antoine de Caunes a essuyé de nombreuses critiques depuis la rentrée de l’émission en raison des mauvaises audiences, inférieures à celles de son prédécesseur, mais aussi de ses propos sur « le discours de vérité du Front national ». Maïtena Biraben a refusé de s’excuser, expliquant simplement qu’il s’agissait « de la forme, pas du fond » : « Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention cette émission et mes interviews. »Lire aussi :Maïtena Biraben : « Vincent Bolloré n’est pas dans mon oreillette et j’ai un cerveau »Dans la même interview, Vincent Bolloré a estimé que le modèle Canal était « essoufflé », « il fallait bouger », précisant que Vivendi, la maison mère, allait « investir beaucoup dans les contenus, le cinéma, le sport, les émissions, la culture, et donc je pense que tout ça, à la fin, ça va porter ses fruits ». Le président du conseil de surveillance de Vivendi et de Canal+ compte aussi réduire la durée des plages en clair de la chaîne pour la rentrée.  Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Il était l’éditeur français le plus engagé dans le combat contre la position dominante de Google en Europe. Mercredi 7 octobre, à la surprise générale, Lagardère Active (Europe 1, Elle, Paris Match, Le Journal du dimanche, Doctissimo ou encore le producteur Lagardère Entertainment) a annoncé la signature d’un « partenariat stratégique de long terme » avec le géant du Web américain.Selon un communiqué, ce partenariat « comprend le développement sur YouTube des chaînes et vidéos de marques existantes et de contenus originaux, la commercialisation d’inventaires numériques, le développement et la promotion des applications des titres, stations et chaînes du groupe, et le co-sponsoring et co-marketing d’opérations spéciales ». C’est-à-dire que toutes les activités de Lagardère Active sont concernées.A court terme, selon une source interne, l’objet du partenariat est de réaliser « des choses très concrètes », comme de nouvelles chaînes YouTube ou des applications sous Android. A moyen terme, il s’agit d’identifier de nouveaux développements que les deux groupes pourraient mener de concert, sous l’œil d’un comité de suivi où siégeront notamment Denis Olivennes, le président de Lagardère Active, et Carlo d’Asaro Biondo, responsable des relations stratégiques chez Google pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique – et ancien de Lagardère. Google allouera un budget spécifique aux projets élaborés avec Lagardère.Plainte à BruxellesCette annonce surprend, compte tenu des relations jusqu’ici tendues entre les deux groupes. Avec d’autres éditeurs européens, comme Axel Springer ou CCM Benchmark, Lagardère Active a été à l’origine de la création de l’Open Internet Project (OIP), en 2014. Ce lobby a attaqué à Bruxelles la position dominante de Google dans les résultats de recherche en ligne.Lagardère a été très engagé dans l’OIP : son directeur de la communication, Thierry Orsoni, est devenu secrétaire général du regroupement. De son côté, Denis Olivennes a plusieurs fois pris la parole et échangé avec des journalistes pour dénoncer la position dominante de Google. Lagardère Active déplorait notamment les dégâts subis par son comparateur de prix, Leguide.com, en raison de la concurrence des services maison de Google, qui seraient promus par le moteur de recherche américain.Lire aussi :La fronde européenne anti-Google se durcitSituation schizophréniqueDu côté de l’OIP, l’annonce de Lagardère Active a beaucoup surpris. Pour les observateurs de la lutte entre Google et certains éditeurs européens, le deal passé avec Lagardère peut ressembler à un plat de lentilles. « C’est la France qui abandonne son futur », a déploré sur Twitter Tariq Krim, entrepreneur du Web français.Parallèlement, une autre annonce récente vient affaiblir potentiellement le front des « anti-Google » en Europe : le rachat de CCM Benchmark par le groupe Figaro. Cet acteur indépendant de l’Internet français était lui aussi un membre très actif de l’OIP, présidé par son cofondateur Benoît Sillard. Or, l’éditeur de Comment ça marche ou de L’Internaute rejoint un groupe beaucoup moins hostile à Google. Le Figaro a fait partie – comme Le Monde – des 23 projets financés par le « fonds Google-AIPG pour l’innovation numérique ». Il avait reçu 1,8 million d’euros pour cofinancer un renforcement de son offre vidéo.Le Figaro, comme Le Monde, était néanmoins membre du Geste, le groupement des éditeurs de service en ligne, dont le conseil d’administration avait décidé d’adhérer à l’OIP. « C’est une situation schizophrénique, reconnaît M. Sillard. L’ambiguïté vient du fait que nous sommes dans un écosystème où tous les acteurs doivent travailler avec Google et que, dans le même temps, nous devons nous défendre contre ses abus de position dominante. »Un discours similaire à celui tenu aujourd’hui chez Lagardère Active, qui rappelle qu’il entretenait déjà des relations avec Google. « La stratégie de Lagardère Active est de nouer avec les plus grands acteurs du numérique, tels que Google, des partenariats permettant de conjuguer des savoir-faire et des forces complémentaires », justifie Denis Olivennes.Une initiative envers les éditeurs européensCe partenariat apparaît comme un joli coup pour Google, qui est en pleine reconstruction de sa relation avec les médias. En France, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) doit cesser son activité en 2016, après avoir distribué environ 60 millions d’euros à des projets d’éditeurs français en trois ans. A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Google s’apprête à lancer un nouveau fonds, Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaiseEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media), qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus. En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds, mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.Lire aussi :Enquête antitrust : Google répond aux accusations de l’Union européenneAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Et de trois… Après Facebook et Apple, Google a annoncé, mercredi 7 octobre, une initiative pour accélérer le web mobile : il lance « Accelerated mobile pages », un format que tout éditeur pourra utiliser pour publier des pages qui seront lisibles beaucoup plus rapidement quand on les consulte depuis un téléphone ou une tablette. C’est une réponse à la lenteur de chargement des contenus sur support mobile, dénoncée quasi unanimement par nos partenaires, a expliqué Google à la presse, mercredi. Un sujet déjà mis en avant par Facebook et Apple quand ils ont lancé leurs initiatives Instant Articles et News.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseLire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasConcrètement, le format Amp allège le poids d’une page en simplifiant les éléments techniques, a expliqué Google. Et il utilise le « cache » de Google : le moteur de recherche stockera sur ses serveurs les pages au format Amp comme il stocke déjà les pages en format classique. Mais quand un internaute utilisant un smartphone ou une tablette cliquera sur le lien d’un contenu disponible au format Amp, le fichier « caché » par Google s’affichera, très rapidement. Une démo est disponible, via mobile, à l’adresse G. co/ampdemo.Soutien des réseaux Twitter, Pinterest et LinkedinPour l’heure, Google a publié les spécificités de son format, ce qui doit permettre à tout éditeur qui le souhaite de commencer à publier des pages « Amp ». Et aux robots de Google de commencer à les indexer et à les stocker en cache. Puis, « en 2016 », Google commencera à intégrer les pages « Amp » dans les résultats de son moteur de recherche.Point important : le géant du Web et la publicité dispose de partenariats avec d’autres plateformes puissantes comme les réseaux sociaux Twitter, Pinterest et Linkedin. Sur ces derniers, les liens renverront vers les formats « Amp » des pages, quand ils seront disponibles. Par ailleurs, l’éditeur de blogs Wordpress proposera un « plugin » pour permettre une publication « Amp ».Google précise que n’importe qui peut utiliser son nouveau forma, t mais se félicite d’avoir d’ores et déjà trente éditeurs de presse partenaires, dont le français Les Echos, l’anglais The Guardian, les américains The New York Times, Buzzfeed ou The Washington Post, l’espagnol El Pais… Une énumération qui rappelle les titres mis en avant par Apple et Facebook lors de leurs lancements de solutions mobiles.« Les médias traditionnels doivent atteindre leurs lecteurs hors de leurs propres sites web et aller les chercher où ils se trouvent », a expliqué Mario Calabresi, un responsable du quotidien italien La Stampa, invité par Google, tout rappelant son attachement aux valeurs de « qualité et de confiance ».Google se pose en défenseur du « Web ouvert »En quoi la solution de Google est-elle différente de celles de Facebook et Apple ? « Nous avons une approche ouverte du Web et même open source », a expliqué, mercredi, un responsable de l’équipe « produits » de Google, Danny Bernstein, en référence aux logiciels libres dont le code est public. Pour Google, ce discours est une façon, dans sa communication, de tenter de se démarquer de Facebook et Apple, accusés en creux de proposer des solutions propriétaires, et d’être des tenants d’un web « fermé ».L’annonce de Google apparaît donc comme une réponse aux initiatives prises par ses concurrents. Ces nouveaux services ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur ces plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat plus jeune, voire des revenus publicitaires. Ils proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.La publicité, point sensibleGoogle, comme ses rivaux, est bien conscient que les éditeurs de contenus ont peur que publier sur une autre plateforme que leur propre site ou application leur fasse perdre une partie de leur pouvoir dans la chaîne de valeur. Et une part de contrôle sur la publicité et sur les données concernant les lecteurs. Il a donc décidé de ne prendre aucun pourcentage de la publicité qui sera montrée sur les pages « Amp ». Google assure aussi que tous les systèmes de gestion de publicité seront convertibles, même si l’on peut se demander si tous les types de bannières seront utilisables dans Amp, qui est un format allégé.Par ailleurs Google promet que ces pages « seront comme votre site », et que les clics seront comptabilisés dans l’audience des éditeurs, à la faveur de discussions en cours avec les prestataires comme Chartbeat ou Parse.ly.Chez Apple et Facebook, les éditeurs peuvent conserver leurs revenus publicitaires, s’ils ont eux-mêmes commercialisé leur contenu. Par contre, si l’annonceur a été trouvé par Apple ou Facebook, la plate-forme conserve 30 % des revenus. En matière de données, Facebook autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs. Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News.« Devenir un standard »« Google offre toutes les possibilités de monétisation des articles publiés sur Amp : les publicités mais aussi les paywalls » donc le paiement à l’acte ou l’abonnement, s’est félicité Frédéric Filloux, ex-responsable numérique des Echos, lors de la conférence organisée par Google. Une spécificité également mise en avant par Naomi Ramirez, responsable numérique d’El Pais. « Amp a le potentiel de devenir un standard », pense-t-elle.C’est aussi l’espoir de Google, dans la bataille qu’il livre contre Facebook et Apple, particulièrement dans le mobile, dont les audiences deviennent primordiales. Pour attirer les éditeurs de sites, les trois plateformes rivalisent en proposant des solutions aux conditions assez avantageuses. Leur concurrence est un des antidotes contre la dépendance que peut créer, pour les médias, le fait de publier sur ces grandes plateformes. Qui pourront toujours, éventuellement, faire évoluer plus tard les conditions qu’ils proposent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Simon Auffret Laurent Ruquier préfère parler de « faux procès ». Le présentateur de l’émission On n’est pas couché – diffusée sur France 2 en seconde partie de soirée chaque samedi – fait face à de nombreuses critiques depuis la rentrée. Dans l’émission qu’il anime, produite par Catherine Barma, fondatrice de la société de production Tout sur l’écran, l’animateur favoriserait-il les thèmes identitaires ? Depuis le début du mois de septembre, l’intellectuel Alain Finkielkraut, ou le rédacteur en chef du magazine Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, sont ainsi intervenus dans le talk-show.C’est également dans l’émission phare de France 2, le samedi 26 septembre, que Nadine Morano a fait sa sortie sur la France, un pays de « race blanche ». Et on ne compte plus les « clash » et les petites phrases prononcées durant cette émission, parfois accusée d’« hystériser le débat politique français ». Qu’en est-il ?Bonnes audiences et polémiquesLancée à la rentrée 2006 à la suite de l’émission de Thierry Ardisson Tout le monde en parle, On n’est pas couché est d’abord un concept à succès pour France 2. Régulièrement mesurée au-dessus d’un million de téléspectateurs par Médiamétrie – environ 20 % des parts de marchés – la dixième saison du talk-show fait recette.C’est que la tranche horaire – l’une des plus longues du PAF, environ trois heures – couvre une actualité large : comédiens, réalisateurs, humoristes s’assoient régulièrement autour du plateau d’« ONPC ». Laurent Ruquier a lui décidé de mener son émission comme un talk-show à l’américaine, en favorisant le débat entre ses invités et les chroniqueurs réguliers membre de son équipe.Eric Zemmour et Michel Polac ont constitué le premier duo de chroniqueurs, en 2006. L’essayiste de droite – accompagné dès l’année suivante de l’éditeur et critique littéraire Eric Naulleau – est resté cinq ans face aux invités d’On n’est pas couché. Responsables du débat et de la critique du discours des personnalités invités de l’émission, les deux chroniqueurs occupent une place centrale dans le dispositif mis en place par Laurent Ruquier et Catherine Barma, jusqu’à leur remplacement en 2011, notamment du fait des discours souvent sulfureux d’Eric Zemmour – au sujet duquel Laurent Ruquier avouera plus tard « regretter [de lui] avoir donné la parole, toutes les semaines pendant cinq ans ».Bernard Tapie en 2006, Jacques Attali en 2008, Christophe Hondelatte en 2011… Nombreux sont les interviewés à avoir quitté le plateau, excédés par les critiques ou par la teneur du débat imprimée par les deux chroniqueurs. C’est face au duo Natacha Polony et Audrey Pulvar que Christophe Hondelatte, venu présenter son album Ou pas, a préféré s’en aller. Les deux journalistes avaient pris le relais de la première équipe de chroniqueurs moins d’un mois auparavant.Les années passent, les chroniqueurs se succèdent, mais le dispositif reste identique. C’est désormais l’écrivain Yann Moix et la journaliste Léa Salamé qui épaulent Laurent Ruquier depuis la rentrée 2015. La productrice Catherine Barma se défend cependant de tout « rôle » attribué : « Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues. »La culture avant la politiqueDepuis la rentrée 2012, quelques 574 personnalités se sont succédé dans On n’est pas couché. Parmi eux, les représentants de la sphère culturelle (réalisateurs, comédiens ou musiciens) sont bien plus nombreux que les invités politiques. #container_14440587731{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14440587731{ height:500px; } #container_14440587731 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14440587731 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14440587731 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14440587731 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Type d'invités les plus fréquents à "On n'est pas couchés" depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Nicolas Sarkozy, contacté par Metronews suite à la sortie de Nadine Morano, estimait « que ce type d’émission n’est pas adapté dans un moment où la parole politique souffre d’un manque de confiance de la part des Français ». Comme l’ancien président de la République, Alain Juppé et François Fillon ne se sont jamais assis dans le fauteuil d’On n’est pas couché.Tout comme ces cadres du parti Les Républicains, les membres du Front national refusent catégoriquement de figurer à l’ordre du jour de l’émission de Laurent Ruquier. Depuis le passage de Marine Le Pen, lors des élections présidentielles de 2012, l’animateur a décidé de ne plus inviter de membre du FN, ce qui semble convenir au parti d’extrême droite. Pour le reste, l’équilibre de l’échiquier politique est respecté dans la liste des personnalités politiques invitées. Membres du gouvernement (Manuel Valls, Christiane Taubira, Marisol Touraine), personnalités de droite (Jean-François Copé, François Barouin, Eric Ciotti) ou de gauche non socialiste (Emmanuelle Cosse, Daniel Cohn-Bendit) se succèdent chaque samedi soir sur France 2.C’est le président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui décroche la place de l’invité le plus régulier. Celui qui dit « aimer l’émission » a passé 7 soirées en compagnie de Laurent Ruquier et de ses chroniqueurs, dont 5 interventions depuis 2012. #container_14441191191{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14441191191{ height:500px; } #container_14441191191 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14441191191 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14441191191 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14441191191 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }On n'est pas couché : les invités réguliersComptage réalisé depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le philosophe Michel Onfray et le dessinateur Philippe Geluck arrivent ensuite, avec quatre interventions chacun. Dans la liste, plusieurs intellectuels – Alain Finkielkraut, Michel Onfray ou Caroline Fourest –, dont les discours abordent régulièrement le domaine des « thématiques identitaires » reprochées à l’émission de Laurent Ruquier.Interrogé dans Libération, l’animateur s’est défendu, le 4 octobre, de toute orientation conservatrice : « L’émission est jalousée parce qu’elle marche. C’est là que le débat a lieu. Et on apporte la contradiction aux intervenants, que ce soit de ma part, de celle de Yann Moix ou de Léa Salamé. » Après Nadine Morano et Alain Finkielkraut, l’invité principal d’On n’est pas couché, le 10 octobre, est le président socialiste de l’assemblée nationale – et candidat aux élections régionales en Ile-de-France – Claude Bartolone.Retrouvez dans ce tableau l’intégralité des invités depuis 2012Simon AuffretJournaliste au Monde Daniel Psenny Canal+ ne s’est donc pas lancée dans des chicanes juridiques sous forme de référé, au dernier moment : le documentaire Evasion fiscale, une affaire française, censuré en mai par la chaîne cryptée, a été diffusé mercredi 7 octobre sur France 3 dans le cadre du magazine «  Pièces à conviction  », sous le titre Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel.Cette enquête fouillée et documentée réalisée par les journalistes Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci démonte un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisé par des dirigeants du Crédit mutuel. Cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée, ce qui expliquerait la volonté de l’industriel de ne pas gêner ce précieux allié.Lundi 5 octobre, Mediapart expliquait que la direction de Canal+ a revendiqué sans ambiguïté mi-septembre, devant des représentants du personnel, la censure du documentaire afin de «  défendre les intérêts du groupe  ». «  On ne tue pas ses amis », aurait déclaré Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Il est vrai que le travail réalisé par les auteurs de l’enquête est considérable. Remonté et légèrement rallongé par rapport à sa version initiale, le documentaire explique par le détail comment la banque Pasche, filiale à 100 % du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent alors qu’il est officiellement chômeur. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Pseudonyme : Albert CamusAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré de censurer le documentaire. Apostrophé fin avril à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ses méthodes – plutôt brutales – d’interview.Pour sa défense, la direction du Crédit Mutuel a indiqué en septembre à l’AFP qu’elle a porté plainte pour «  dénonciation calomnieuse  » auprès du parquet monégasque et «  qu’à ce jour, et bien que des enquêtes aient été diligentées à Monaco par les autorités judiciaires et financières, la banque ne fait l’objet d’aucune poursuite  ».Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel, de Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci (Fr., 2015, 70 min). France 3, mercredi 7 octobre, à 23 h 20Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 21h11 • Mis à jour le06.10.2015 à 09h29 | Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouvelle initiative dans un secteur des médias en pleine reconfiguration. Les hommes d’affaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton s’apprêtent à créer un fonds d’investissement destiné à racheter des médias, selon une information du Figaro, publiée lundi 5 octobre. Une information ni confirmée ni infirmée par les intéressés.Les trois hommes sont déjà présents dans l’univers des médias. Xavier Niel et Matthieu Pigasse sont coactionnaires, à titre personnel, des groupes Le Monde et L’Obs, aux côtés de Pierre Bergé. De son côté, Pierre-Antoine Capton est le fondateur de la société Troisième œil productions, qui réalise notamment l’émission « C à vous », sur France 5.Selon Le Figaro, le fonds créé par les trois hommes sera un « SPAC » (Special purpose acquisition company), c’est-à-dire un véhicule dont l’unique objet est de procéder à des acquisitions dans un secteur précis. Un SPAC doit investir 75 % des montants levés dans une première cible, puis procéder à d’autres acquisitions. Avant chaque nouvelle opération, les investisseurs ont la possibilité de sortir ou de poursuivre l’aventure.Baptisé « Media One », ce fonds lèvera des capitaux en Bourse et ambitionnera, selon le quotidien, de réunir de 300 et 500 millions d’euros, grâce à l’apport d’investisseurs professionnels et de MM. Niel, Pigasse et Capton eux-mêmes. Ce dernier serait le dirigeant opérationnel de Media One.Tourbillon de rachatsCette initiative s’inscrit dans un tourbillon de rachats de médias en France, souvent à bas prix, et qui attire de nouveaux acquéreurs. A l’image de Patrick Drahi (Numericable-SFR) qui a acquis Libération et le groupe L’Express, ainsi que la moitié de NextRadioTV (BFM-TV, RMC…), avec de grandes ambitions à l’international, ou encore de Vincent Bolloré, qui a pris le contrôle de Vivendi et du groupe Canal+, sans oublier des « pure players » comme Webedia et des acteurs historiques comme Le Figaro qui va racheter pour un montant estimé de 110 à 130 millions d’euros le poids lourd d’Internet CCM Benchmark.En 2010, MM. Niel et Pigasse, associés à Pierre Bergé dans la structure Le Monde Libre, avaient racheté le groupe Le Monde (Le Monde, Télérama, Courrier International…) En 2014, ils ont ajouté Le Nouvel Observateur à leur portefeuille. Enfin, la même année, ils avaient manifesté leur intérêt pour la chaîne d’information en continu LCI, propriété du groupe TF1.En créant ce fonds, Xavier Niel et Mathieu Pigasse montrent que leurs ambitions vont au-delà de ce qu’ils ont fait jusqu’ici. La force de frappe envisagée pour le fonds, possiblement augmentée par des achats à effet de levier, témoigne de leur volonté de jouer sur le même terrain que de grands acteurs comme le groupe allemand Axel Springer, qui vient d’annoncer le rachat de la majorité du site économique américain Business Insider pour 306 millions d’euros.Sixième producteur françaisDe son côté, le producteur Pierre-Antoine Capton dirige Troisième œil productions, qui se veut « premier des producteurs indépendants en France », dans un secteur en pleine concentration. L’homme a fait ses armes dans la TNT et sa myriade de nouvelles chaînes aux productions peu onéreuses, avant de placer des émissions sur les chaînes historiques. Créée en 2001, sa société se place aujourd’hui au sixième rang des producteurs de programmes de flux (hors fiction) établi par le magazine Ecran Total, avec 512 heures pour la saison 2014-2015. Il réalise environ 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon Le Figaro.Outre « C à vous » sur France 5 – un succès –, Troisième œil livre également à France 3 « Les Carnets de Julie », et à Paris Première le débat des polémistes Eric Zemmour et Eric Naulleau. M. Capton produit aussi « Ça balance à Paris » (Paris première), ou encore des émissions comme « Leur objectif : trouver l’amour » (NRJ 12) ou « Talent Street » (France O). M. Capton a plusieurs fois été la cible de critiques de Thierry Ardisson, qui estimait que « C à vous » était une « pauvre copie » de son émission dîner « 93, Faubourg Saint-Honoré ».Troisième œil s’est diversifiée dans le théâtre, les films d’entreprise ou les chaînes de vidéo sur YouTube, comme celle qu’il avait créée avec Karl Zéro en 2014.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 21h49 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h43 | Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 21h11 • Mis à jour le06.10.2015 à 09h29 | Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouvelle initiative dans un secteur des médias en pleine reconfiguration. Les hommes d’affaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton s’apprêtent à créer un fonds d’investissement destiné à racheter des médias, selon une information du Figaro, publiée lundi 5 octobre. Une information ni confirmée ni infirmée par les intéressés.Les trois hommes sont déjà présents dans l’univers des médias. Xavier Niel et Matthieu Pigasse sont coactionnaires, à titre personnel, des groupes Le Monde et L’Obs, aux côtés de Pierre Bergé. De son côté, Pierre-Antoine Capton est le fondateur de la société Troisième œil productions, qui réalise notamment l’émission « C à vous », sur France 5.Selon Le Figaro, le fonds créé par les trois hommes sera un « SPAC » (Special purpose acquisition company), c’est-à-dire un véhicule dont l’unique objet est de procéder à des acquisitions dans un secteur précis. Un SPAC doit investir 75 % des montants levés dans une première cible, puis procéder à d’autres acquisitions. Avant chaque nouvelle opération, les investisseurs ont la possibilité de sortir ou de poursuivre l’aventure.Baptisé « Media One », ce fonds lèvera des capitaux en Bourse et ambitionnera, selon le quotidien, de réunir de 300 et 500 millions d’euros, grâce à l’apport d’investisseurs professionnels et de MM. Niel, Pigasse et Capton eux-mêmes. Ce dernier serait le dirigeant opérationnel de Media One.Tourbillon de rachatsCette initiative s’inscrit dans un tourbillon de rachats de médias en France, souvent à bas prix, et qui attire de nouveaux acquéreurs. A l’image de Patrick Drahi (Numericable-SFR) qui a acquis Libération et le groupe L’Express, ainsi que la moitié de NextRadioTV (BFM-TV, RMC…), avec de grandes ambitions à l’international, ou encore de Vincent Bolloré, qui a pris le contrôle de Vivendi et du groupe Canal+, sans oublier des « pure players » comme Webedia et des acteurs historiques comme Le Figaro qui va racheter pour un montant estimé de 110 à 130 millions d’euros le poids lourd d’Internet CCM Benchmark.En 2010, MM. Niel et Pigasse, associés à Pierre Bergé dans la structure Le Monde Libre, avaient racheté le groupe Le Monde (Le Monde, Télérama, Courrier International…) En 2014, ils ont ajouté Le Nouvel Observateur à leur portefeuille. Enfin, la même année, ils avaient manifesté leur intérêt pour la chaîne d’information en continu LCI, propriété du groupe TF1.En créant ce fonds, Xavier Niel et Mathieu Pigasse montrent que leurs ambitions vont au-delà de ce qu’ils ont fait jusqu’ici. La force de frappe envisagée pour le fonds, possiblement augmentée par des achats à effet de levier, témoigne de leur volonté de jouer sur le même terrain que de grands acteurs comme le groupe allemand Axel Springer, qui vient d’annoncer le rachat de la majorité du site économique américain Business Insider pour 306 millions d’euros.Sixième producteur françaisDe son côté, le producteur Pierre-Antoine Capton dirige Troisième œil productions, qui se veut « premier des producteurs indépendants en France », dans un secteur en pleine concentration. L’homme a fait ses armes dans la TNT et sa myriade de nouvelles chaînes aux productions peu onéreuses, avant de placer des émissions sur les chaînes historiques. Créée en 2001, sa société se place aujourd’hui au sixième rang des producteurs de programmes de flux (hors fiction) établi par le magazine Ecran Total, avec 512 heures pour la saison 2014-2015. Il réalise environ 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon Le Figaro.Outre « C à vous » sur France 5 – un succès –, Troisième œil livre également à France 3 « Les Carnets de Julie », et à Paris Première le débat des polémistes Eric Zemmour et Eric Naulleau. M. Capton produit aussi « Ça balance à Paris » (Paris première), ou encore des émissions comme « Leur objectif : trouver l’amour » (NRJ 12) ou « Talent Street » (France O). M. Capton a plusieurs fois été la cible de critiques de Thierry Ardisson, qui estimait que « C à vous » était une « pauvre copie » de son émission dîner « 93, Faubourg Saint-Honoré ».Troisième œil s’est diversifiée dans le théâtre, les films d’entreprise ou les chaînes de vidéo sur YouTube, comme celle qu’il avait créée avec Karl Zéro en 2014.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 21h49 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h43 | Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 16h12 • Mis à jour le30.09.2015 à 10h05 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Signe de la globalisation croissante des grands groupes de médias, et de la priorité désormais accordée au numérique, l’allemand Axel Springer a annoncé, mardi 29 septembre, racheter le site américain Business Insider, un pure player spécialisé dans l’information économique.Déjà détenteur d’environ 9 % du site créé en 2007 sous le nom de Silicon Valley Insider, Axel Springer va dépenser 306 millions d’euros pour en prendre 88 % supplémentaires. Les 3 % restants du capital sont détenus par Bezos Expeditions, la société d’investissement du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.Outre les Etats-Unis, Business Insider décline son site dans sept autres pays. Une version allemande doit être lancée fin 2015, tout comme une version française début 2016, en partenariat avec le groupe Prisma. L’entreprise compte 325 employés, dont la moitié de journalistes, et revendique 76 millions de visiteurs uniques par mois.Le « style Business Insider » mêle un ton sans complexe, des commentaires bruts et pratique l’agrégation massive de contenus Web. « Les scoops ne sont pas la panacée : il faut deux jours d’enquête pour en sortir un, ça ne vaut pas le coup. Si quelqu’un a un scoop, nous le reprenons sur notre site quatre minutes plus tard », s’est ainsi enorgueilli le fondateur Kevin Ryan, un entrepreneur américain, dans un article du New Yorker en 2013. Des propos en partie provocateurs, car le site est aussi réputé pour ses informations exclusives.Le site se félicite de faire une audience comparable à celle du Wall Street Journal avec beaucoup moins d’employés. Outre ses informations, il le doit en bonne partie à son ton léger, voire provocateur et attrape-clics – qui rappelle le style tabloïd du site Gawker.Sur sa page d’accueil, on peut lire des titres comme : « Quinze citations de Steve Jobs qui donnent de l’inspiration », « Les dix armes les plus terrifiantes de l’armée russe », « Voici ce que ça fait de devenir super-riche d’un coup », « Voilà pourquoi ceux qui pensent que les bloqueurs de publicité sont des extorqueurs se trompent ». Ce dernier billet a pour illustration une photo du Parrain, typique du style d’illustration Web et pop culture du site, qui peut citer un dessin animé ou le film The Big Lebowski. Dirigé par un ancien analyste financierLe site cible notamment les gens qui travaillent dans la finance. Il a pour PDG et rédacteur en chef une personnalité hors norme et controversée de la Silicon Valley : Henri Blodget.Celui-ci a été dans une première vie connu comme analyste financier dans le secteur technologique. Après être devenu une star pour avoir entre autres prévu la forte hausse de la jeune boutique en ligne Amazon, il a, à la fin des années 1990, rejoint la banque d’affaires Merrill Lynch.Il est alors devenu tristement célèbre pour avoir été banni des marchés en raison d’une infraction à l’éthique des analystes : sur certaines actions en Bourse, il avait fait des recommandations publiques qui étaient opposées à celles qu’il partageait en interne par e-mail à Merrill Lynch. Henry Blodget ainsi que la directrice générale, Julie Hansen, vont rester en place, selon Springer.« Cette transaction étend l’audience mondiale d’Axel Springer sur Internet à environ 200 millions de lecteurs », affirme le groupe allemand dans un communiqué. Cela en fera le sixième groupe de presse dans le monde en termes d’audience numérique. Le rachat de Business Insider doit toutefois encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence.Cette acquisition permet au groupe, conformément à sa stratégie depuis quelques années, de continuer à se développer dans le numérique, mais aussi dans les contenus en langue anglaise. Il y a deux mois, le groupe allemand avait échoué à racheter le Financial Times, finalement acquis par le groupe japonais Nikkei.« Le ton créé par Henry Blodget et son mode de traitement de l’information parlent aux décideurs de demain, estime Mathias Döpfner, le président d’Axel Springer. La combinaison de nos forces respectives est à même de créer de la croissance et d’élargir l’offre de Business Insider à de nouvelles thématiques et de nouveaux territoires. » Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Créer une structure unique pour l’audiovisuel public, France Médias, en 2020. C’est la proposition choc que font les sénateurs André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans un rapport qui prône « un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public », présenté mardi 29 septembre, et auquel Le Monde a pu accéder.Ce rapport constitue une contribution au débat qui agite le secteur. À court terme, la question est celle du financement de sociétés dont la situation financière est fragile (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’Institut national de l’audiovisuel…), alors que l’examen de la loi de finances 2016 doit s’engager au Parlement. Au-delà, il s’agit de trouver les moyens de sortir ces entreprises d’une situation permanente d’incertitude quant à leurs ressources et de les aider à s’autonomiser.Les sénateurs de la mission de contrôle commune à la commission des finances et à la commission de la culture rappellent d’abord quelques constats. Les ressources propres de ces entreprises stagnent, alors que la part de la contribution à l’audiovisuel public (la redevance, qui représente 3,7 milliards d’euros en 2015) dans leur budget augmente. Cela va à l’encontre de l’orientation politique générale qui les encourage à générer des recettes (publicité, diversification, etc.).A effectifs constants, les charges de personnel des sociétés d’audiovisuel public augmentent mécaniquement, et France Télévisions comme Radio France affichent, en 2015, un résultat négatif.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continu« Contribution universelle » et « publicité raisonnable »Les sénateurs proposent de stabiliser les ressources en augmentant la redevance de deux euros (hors inflation) pendant deux ans, contre des engagements de réduction des dépenses. Cela permettrait d’éviter « le recours à l’endettement des sociétés ». Ils proposent qu’une partie de cette collecte soit affectée à une réserve de 150 millions d’euros destinée à répondre aux aléas et à « inciter aux mutualisations » entre sociétés de l’audiovisuel public.On peut penser, par exemple, au projet de chaîne d’information en continu de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui planche sur le sujet en dialogue avec Radio France.Après 2017, les sénateurs proposent de remplacer la redevance par une « contribution forfaitaire universelle sur le modèle allemand ». Cela signifie que presque tous les foyers seraient concernés, alors qu’il n’y a aujourd’hui que 27 millions de Français redevables. Cette contribution tiendrait également compte des nouveaux usages (smartphones, tablettes, etc.)Autre innovation, la définition d’une sphère de « publicité raisonnable », « compatible avec les valeurs du service public », qui permette de « rétablir la possibilité de diffuser de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions » tout en « interdisant la publicité dans les plages horaires consacrées aux programmes destinés à la jeunesse ». Une proposition qui contraste avec l’arbitrage récemment exprimé par Fleur Pellerin de maintenir l’absence de publicité en soirée sur les écrans publics.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteRemise en cause des engagements envers la productionLe retour de la publicité n’est pas le seul changement culturel que proposent les sénateurs. Ceux-ci entendent également rompre avec les équilibres actuels en « supprimant l’obligation faite à France Télévisions de garantir la diversité de la production, en particulier dans la fiction, qui favorise la dispersion de ses investissements et l’émiettement du secteur de la production ». Il s’agit d’une remise en cause du cahier des charges de l’entreprise publique, qui doit aujourd’hui consacrer 95 % de ses dépenses de création audiovisuelle à des sociétés de production externes.La part de production interne serait donc renforcée. Ce serait une rupture majeure pour le secteur de la production, dans lequel France Télévisions investit quelque 400 millions d’euros par an actuellement.Enfin, en 2020, le rapport préconise la création d’une structure de tête rassemblant les entreprises de l’audiovisuel public, France Médias, « pour favoriser les mutualisations, la polyvalence des personnels, le développement d’une marque commune et les investissements dans le numérique. » Son dirigeant serait nommé par un conseil d’administration où ne siégeraient pas les ministères de tutelle mais uniquement l’Agence des participations de l’Etat (APE). Cet organe serait aussi chargé de répartir le produit de la contribution universelle entre les différentes sociétés.« Un groupe unique de l’audiovisuel public bénéficiera de plus de marges de manœuvre financières et détiendra un meilleur pouvoir de négociation pour investir dans l’information, la création et le numérique », argumentent les sénateurs, qui visent notamment la « mutualisation des investissements des sociétés de l’audiovisuel public en vue du développement d’une plateforme numérique unique ». Un vœu qui fait écho à la volonté de rapprochement plusieurs fois exprimée par l’exécutif, mais qui va aussi beaucoup plus loin.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, parmi lesquels 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Sous le choc, environ 150 salariés du groupe se sont réunis en AG pendant deux heures dans l’après-midi. Les syndicats vont poursuivre les négociations avec la direction, espérant rencontrer la ministre de la culture, Fleur Pellerin, jeudi.Salle comble à @l'express pour AG des salariés au sujet du plan social programmé mais non encore formellement annoncé http://t.co/ppmNaGSktl— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);A l’issue de ce plan social, il resterait notamment 75 journalistes rédacteurs dans les rédactions de l’hebdomadaire version papier, de son site et de son supplément Styles contre 111 précédemment.« On a besoin de quelques millions de la part d’un milliardaire. Patrick Drahi a la responsabilité de ne pas nous laisser tomber », a lancé Jacques Trentesaux (CFDT). « Le journal a des archaïsmes et des scléroses », a répondu le rédacteur en chef Christophe Barbier devant l’AG, qui l’a fraîchement accueilli..@C_Barbier reste solidaire de la direction de @lexpress tout en se posant garant d'un PSE "plus malin, moins douloureux"— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);Une organisation « tout à fait inadaptée » pour la directionDans son courrier aux salariés, dont l’AFP a obtenu copie, la direction a assuré vouloir « pérenniser et développer sur le long terme » le groupe L’Express mais avoir trouvé une situation financière « bien plus dégradée » que prévu.Elle fait état d’un déficit cumulé sur 2006-2014 de plus de 86 millions d’euros et d’une perte attendue de 4 millions cette année, qui atteindra 10 millions avec le coût de la clause de cession. Elle pointe aussi du doigt une organisation inchangée en dix ans et « tout à fait inadaptée ».Face à cette situation, « nous avons décidé d’agir rapidement » car « sans décisions de saine gestion – parfois douloureuses – il nous sera impossible de construire ensemble un projet économiquement viable », plaide-t-elle.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny Peut-être qu’un jour Vincent Bolloré, le patron de Canal+, expliquera les raisons qui l’ont poussé à censurer l’enquête du magazine « Spécial Investigation » démontrant un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisés par des dirigeants du Crédit Mutuel. Pour le moment, le seul soupçon qui plane pour expliquer cette censure est que cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée.Après avoir visionné le documentaire avant sa diffusion le 7 octobre à 23 h 20 sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction », il apparaît que cette enquête très fouillée et documentée n’aurait sans doute pas déclenché un scandale si elle avait été diffusée, comme prévu, sur Canal+.Néanmoins, le travail réalisé par Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci, les deux auteurs de l’enquête, est conséquent. Ils expliquent par le détail comment la banque Pasche, filiale du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne auquel ils ont accès, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent n’ayant aucun rapport avec son train de vie. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Entretiens sauvagesAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les deux journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré. Apostrophé fin avril dans la rue à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ces méthodes – plutôt brutales – d’interview.C’est quelques jours après cet incident, que les auteurs et la production apprennent que leur enquête prévue en diffusion le 18 mai, sera sans doute déprogrammée de Canal+. La rumeur est confirmée vers la mi-mai. L’enquête est censurée sans explications. Alain Fradin a-t-il contacté Vincent Bolloré pour lui faire part de sa colère sur les méthodes employées par les journalistes et sur cette enquête gênante ? Vincent Bolloré a t-il pris le temps de visionner le documentaire ou a-t-il devancé la demande des dirigeants du Crédit mutuel ? Les questions restent – pour l’instant – sans réponses.Remontée et légèrement rallongée, l’enquête qui a été rachetée par France 3, n’est toutefois pas encore à l’abri d’une non-diffusion. En effet, Canal+ qui a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du « Grand Journal » viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production et demander un référé à la justice avant sa diffusion sur France 3.Mais, pour le moment, la chaîne affirme n’avoir reçu aucune demande de Canal+. Le jour de sa diffusion, Médiapart, partenaire de cette enquête, devrait apporter d’autres documents sur cette affaire.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »@psennypsenny@lemonde.frDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 21h49 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h43 | Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 16h12 • Mis à jour le30.09.2015 à 10h05 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Signe de la globalisation croissante des grands groupes de médias, et de la priorité désormais accordée au numérique, l’allemand Axel Springer a annoncé, mardi 29 septembre, racheter le site américain Business Insider, un pure player spécialisé dans l’information économique.Déjà détenteur d’environ 9 % du site créé en 2007 sous le nom de Silicon Valley Insider, Axel Springer va dépenser 306 millions d’euros pour en prendre 88 % supplémentaires. Les 3 % restants du capital sont détenus par Bezos Expeditions, la société d’investissement du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.Outre les Etats-Unis, Business Insider décline son site dans sept autres pays. Une version allemande doit être lancée fin 2015, tout comme une version française début 2016, en partenariat avec le groupe Prisma. L’entreprise compte 325 employés, dont la moitié de journalistes, et revendique 76 millions de visiteurs uniques par mois.Le « style Business Insider » mêle un ton sans complexe, des commentaires bruts et pratique l’agrégation massive de contenus Web. « Les scoops ne sont pas la panacée : il faut deux jours d’enquête pour en sortir un, ça ne vaut pas le coup. Si quelqu’un a un scoop, nous le reprenons sur notre site quatre minutes plus tard », s’est ainsi enorgueilli le fondateur Kevin Ryan, un entrepreneur américain, dans un article du New Yorker en 2013. Des propos en partie provocateurs, car le site est aussi réputé pour ses informations exclusives.Le site se félicite de faire une audience comparable à celle du Wall Street Journal avec beaucoup moins d’employés. Outre ses informations, il le doit en bonne partie à son ton léger, voire provocateur et attrape-clics – qui rappelle le style tabloïd du site Gawker.Sur sa page d’accueil, on peut lire des titres comme : « Quinze citations de Steve Jobs qui donnent de l’inspiration », « Les dix armes les plus terrifiantes de l’armée russe », « Voici ce que ça fait de devenir super-riche d’un coup », « Voilà pourquoi ceux qui pensent que les bloqueurs de publicité sont des extorqueurs se trompent ». Ce dernier billet a pour illustration une photo du Parrain, typique du style d’illustration Web et pop culture du site, qui peut citer un dessin animé ou le film The Big Lebowski. Dirigé par un ancien analyste financierLe site cible notamment les gens qui travaillent dans la finance. Il a pour PDG et rédacteur en chef une personnalité hors norme et controversée de la Silicon Valley : Henri Blodget.Celui-ci a été dans une première vie connu comme analyste financier dans le secteur technologique. Après être devenu une star pour avoir entre autres prévu la forte hausse de la jeune boutique en ligne Amazon, il a, à la fin des années 1990, rejoint la banque d’affaires Merrill Lynch.Il est alors devenu tristement célèbre pour avoir été banni des marchés en raison d’une infraction à l’éthique des analystes : sur certaines actions en Bourse, il avait fait des recommandations publiques qui étaient opposées à celles qu’il partageait en interne par e-mail à Merrill Lynch. Henry Blodget ainsi que la directrice générale, Julie Hansen, vont rester en place, selon Springer.« Cette transaction étend l’audience mondiale d’Axel Springer sur Internet à environ 200 millions de lecteurs », affirme le groupe allemand dans un communiqué. Cela en fera le sixième groupe de presse dans le monde en termes d’audience numérique. Le rachat de Business Insider doit toutefois encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence.Cette acquisition permet au groupe, conformément à sa stratégie depuis quelques années, de continuer à se développer dans le numérique, mais aussi dans les contenus en langue anglaise. Il y a deux mois, le groupe allemand avait échoué à racheter le Financial Times, finalement acquis par le groupe japonais Nikkei.« Le ton créé par Henry Blodget et son mode de traitement de l’information parlent aux décideurs de demain, estime Mathias Döpfner, le président d’Axel Springer. La combinaison de nos forces respectives est à même de créer de la croissance et d’élargir l’offre de Business Insider à de nouvelles thématiques et de nouveaux territoires. » Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Créer une structure unique pour l’audiovisuel public, France Médias, en 2020. C’est la proposition choc que font les sénateurs André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans un rapport qui prône « un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public », présenté mardi 29 septembre, et auquel Le Monde a pu accéder.Ce rapport constitue une contribution au débat qui agite le secteur. À court terme, la question est celle du financement de sociétés dont la situation financière est fragile (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’Institut national de l’audiovisuel…), alors que l’examen de la loi de finances 2016 doit s’engager au Parlement. Au-delà, il s’agit de trouver les moyens de sortir ces entreprises d’une situation permanente d’incertitude quant à leurs ressources et de les aider à s’autonomiser.Les sénateurs de la mission de contrôle commune à la commission des finances et à la commission de la culture rappellent d’abord quelques constats. Les ressources propres de ces entreprises stagnent, alors que la part de la contribution à l’audiovisuel public (la redevance, qui représente 3,7 milliards d’euros en 2015) dans leur budget augmente. Cela va à l’encontre de l’orientation politique générale qui les encourage à générer des recettes (publicité, diversification, etc.).A effectifs constants, les charges de personnel des sociétés d’audiovisuel public augmentent mécaniquement, et France Télévisions comme Radio France affichent, en 2015, un résultat négatif.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continu« Contribution universelle » et « publicité raisonnable »Les sénateurs proposent de stabiliser les ressources en augmentant la redevance de deux euros (hors inflation) pendant deux ans, contre des engagements de réduction des dépenses. Cela permettrait d’éviter « le recours à l’endettement des sociétés ». Ils proposent qu’une partie de cette collecte soit affectée à une réserve de 150 millions d’euros destinée à répondre aux aléas et à « inciter aux mutualisations » entre sociétés de l’audiovisuel public.On peut penser, par exemple, au projet de chaîne d’information en continu de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui planche sur le sujet en dialogue avec Radio France.Après 2017, les sénateurs proposent de remplacer la redevance par une « contribution forfaitaire universelle sur le modèle allemand ». Cela signifie que presque tous les foyers seraient concernés, alors qu’il n’y a aujourd’hui que 27 millions de Français redevables. Cette contribution tiendrait également compte des nouveaux usages (smartphones, tablettes, etc.)Autre innovation, la définition d’une sphère de « publicité raisonnable », « compatible avec les valeurs du service public », qui permette de « rétablir la possibilité de diffuser de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions » tout en « interdisant la publicité dans les plages horaires consacrées aux programmes destinés à la jeunesse ». Une proposition qui contraste avec l’arbitrage récemment exprimé par Fleur Pellerin de maintenir l’absence de publicité en soirée sur les écrans publics.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteRemise en cause des engagements envers la productionLe retour de la publicité n’est pas le seul changement culturel que proposent les sénateurs. Ceux-ci entendent également rompre avec les équilibres actuels en « supprimant l’obligation faite à France Télévisions de garantir la diversité de la production, en particulier dans la fiction, qui favorise la dispersion de ses investissements et l’émiettement du secteur de la production ». Il s’agit d’une remise en cause du cahier des charges de l’entreprise publique, qui doit aujourd’hui consacrer 95 % de ses dépenses de création audiovisuelle à des sociétés de production externes.La part de production interne serait donc renforcée. Ce serait une rupture majeure pour le secteur de la production, dans lequel France Télévisions investit quelque 400 millions d’euros par an actuellement.Enfin, en 2020, le rapport préconise la création d’une structure de tête rassemblant les entreprises de l’audiovisuel public, France Médias, « pour favoriser les mutualisations, la polyvalence des personnels, le développement d’une marque commune et les investissements dans le numérique. » Son dirigeant serait nommé par un conseil d’administration où ne siégeraient pas les ministères de tutelle mais uniquement l’Agence des participations de l’Etat (APE). Cet organe serait aussi chargé de répartir le produit de la contribution universelle entre les différentes sociétés.« Un groupe unique de l’audiovisuel public bénéficiera de plus de marges de manœuvre financières et détiendra un meilleur pouvoir de négociation pour investir dans l’information, la création et le numérique », argumentent les sénateurs, qui visent notamment la « mutualisation des investissements des sociétés de l’audiovisuel public en vue du développement d’une plateforme numérique unique ». Un vœu qui fait écho à la volonté de rapprochement plusieurs fois exprimée par l’exécutif, mais qui va aussi beaucoup plus loin.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, parmi lesquels 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Sous le choc, environ 150 salariés du groupe se sont réunis en AG pendant deux heures dans l’après-midi. Les syndicats vont poursuivre les négociations avec la direction, espérant rencontrer la ministre de la culture, Fleur Pellerin, jeudi.Salle comble à @l'express pour AG des salariés au sujet du plan social programmé mais non encore formellement annoncé http://t.co/ppmNaGSktl— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);A l’issue de ce plan social, il resterait notamment 75 journalistes rédacteurs dans les rédactions de l’hebdomadaire version papier, de son site et de son supplément Styles contre 111 précédemment.« On a besoin de quelques millions de la part d’un milliardaire. Patrick Drahi a la responsabilité de ne pas nous laisser tomber », a lancé Jacques Trentesaux (CFDT). « Le journal a des archaïsmes et des scléroses », a répondu le rédacteur en chef Christophe Barbier devant l’AG, qui l’a fraîchement accueilli..@C_Barbier reste solidaire de la direction de @lexpress tout en se posant garant d'un PSE "plus malin, moins douloureux"— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);Une organisation « tout à fait inadaptée » pour la directionDans son courrier aux salariés, dont l’AFP a obtenu copie, la direction a assuré vouloir « pérenniser et développer sur le long terme » le groupe L’Express mais avoir trouvé une situation financière « bien plus dégradée » que prévu.Elle fait état d’un déficit cumulé sur 2006-2014 de plus de 86 millions d’euros et d’une perte attendue de 4 millions cette année, qui atteindra 10 millions avec le coût de la clause de cession. Elle pointe aussi du doigt une organisation inchangée en dix ans et « tout à fait inadaptée ».Face à cette situation, « nous avons décidé d’agir rapidement » car « sans décisions de saine gestion – parfois douloureuses – il nous sera impossible de construire ensemble un projet économiquement viable », plaide-t-elle.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny Peut-être qu’un jour Vincent Bolloré, le patron de Canal+, expliquera les raisons qui l’ont poussé à censurer l’enquête du magazine « Spécial Investigation » démontrant un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisés par des dirigeants du Crédit Mutuel. Pour le moment, le seul soupçon qui plane pour expliquer cette censure est que cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée.Après avoir visionné le documentaire avant sa diffusion le 7 octobre à 23 h 20 sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction », il apparaît que cette enquête très fouillée et documentée n’aurait sans doute pas déclenché un scandale si elle avait été diffusée, comme prévu, sur Canal+.Néanmoins, le travail réalisé par Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci, les deux auteurs de l’enquête, est conséquent. Ils expliquent par le détail comment la banque Pasche, filiale du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne auquel ils ont accès, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent n’ayant aucun rapport avec son train de vie. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Entretiens sauvagesAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les deux journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré. Apostrophé fin avril dans la rue à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ces méthodes – plutôt brutales – d’interview.C’est quelques jours après cet incident, que les auteurs et la production apprennent que leur enquête prévue en diffusion le 18 mai, sera sans doute déprogrammée de Canal+. La rumeur est confirmée vers la mi-mai. L’enquête est censurée sans explications. Alain Fradin a-t-il contacté Vincent Bolloré pour lui faire part de sa colère sur les méthodes employées par les journalistes et sur cette enquête gênante ? Vincent Bolloré a t-il pris le temps de visionner le documentaire ou a-t-il devancé la demande des dirigeants du Crédit mutuel ? Les questions restent – pour l’instant – sans réponses.Remontée et légèrement rallongée, l’enquête qui a été rachetée par France 3, n’est toutefois pas encore à l’abri d’une non-diffusion. En effet, Canal+ qui a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du « Grand Journal » viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production et demander un référé à la justice avant sa diffusion sur France 3.Mais, pour le moment, la chaîne affirme n’avoir reçu aucune demande de Canal+. Le jour de sa diffusion, Médiapart, partenaire de cette enquête, devrait apporter d’autres documents sur cette affaire.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »@psennypsenny@lemonde.frDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le27.09.2015 à 16h24 | Thomas Wieder et Ariane Chemin « Zemmour président ! » C’est la couverture de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, jeudi 24 septembre. Un slogan qui claque comme une affiche électorale, le scénario imaginaire d’un livre écrit par un journaliste maison, Geoffroy Lejeune (Une élection ordinaire, Ring) qui installe au terme d’une campagne semée d’embûches l’auteur du Suicide français (Albin Michel, 2014) à l’Elysée, en 2017.Une fiction, bien sûr ; un pitch dont Eric Zemmour n’a pas eu l’initiative – il en a reçu les épreuves, mais n’a pas eu son mot à dire. « Je ne suis ni élu ni éligible », confiait Zemmour devant Robert Ménard, qui l’avait reçu en octobre 2014 à Béziers pour son futur best-seller. Il avait aussi lâché cette phrase qui sonnait comme une prophétie : « Les hommes politiques ont peu d’importance, et plus on avance et moins ils en auront. »Quelques mois plus tôt, le journaliste avait refusé une place éligible sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) aux européennes. Le 16 septembre, on lui a demandé sur France 5 s’il se verrait ministre de la culture de Marine Le Pen, fauteuil dans lequel l’avait assis un jour la présidente du FN, il a encore répondu (en précisant que l’étiquette frontiste n’est pas l’obstacle) : ministre, « je [n’y] tiens pas spécialement ». D’après un sondage commandé par l’hebdomadaire à l’IFOP, 12 % des Français seraient « prêts à voter » pour Zemmour à la présidentielle. Susciter la demande pour imposer l’offre, comme disent les spécialistes de l’opinion : voilà... 07.10.2015 à 16h17 • Mis à jour le07.10.2015 à 16h38 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Il était l’éditeur français le plus engagé dans le combat contre la position dominante de Google en Europe. Mercredi 7 octobre, à la surprise générale, Lagardère Active (Europe 1, Elle, Paris Match, Le Journal du dimanche, Doctissimo ou encore le producteur Lagardère Entertainment) a annoncé la signature d’un « partenariat stratégique de long terme » avec le géant du Web américain.Selon un communiqué, ce partenariat « comprend le développement sur YouTube des chaînes et vidéos de marques existantes et de contenus originaux, la commercialisation d’inventaires numériques, le développement et la promotion des applications des titres, stations et chaînes du groupe, et le co-sponsoring et co-marketing d’opérations spéciales ». C’est-à-dire que toutes les activités de Lagardère Active sont concernées.A court terme, selon une source interne, l’objet du partenariat est de réaliser « des choses très concrètes », comme de nouvelles chaînes YouTube ou des applications sous Android. A moyen terme, il s’agit d’identifier de nouveaux développements que les deux groupes pourraient mener de concert, sous l’œil d’un comité de suivi où siégeront notamment Denis Olivennes, le président de Lagardère Active, et Carlo d’Asaro Biondo, responsable des relations stratégiques chez Google pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique – et ancien de Lagardère. Google allouera un budget spécifique aux projets élaborés avec Lagardère.Plainte à BruxellesCette annonce surprend, compte tenu des relations jusqu’ici tendues entre les deux groupes. Avec d’autres éditeurs européens, comme Axel Springer ou CCM Benchmark, Lagardère Active a été à l’origine de la création de l’Open Internet Project (OIP), en 2014. Ce lobby a attaqué à Bruxelles la position dominante de Google dans les résultats de recherche en ligne.Lagardère a été très engagé dans l’OIP : son directeur de la communication, Thierry Orsoni, est devenu secrétaire général du regroupement. De son côté, Denis Olivennes a plusieurs fois pris la parole et échangé avec des journalistes pour dénoncer la position dominante de Google. Lagardère Active déplorait notamment les dégâts subis par son comparateur de prix, Leguide.com, en raison de la concurrence des services maison de Google, qui seraient promus par le moteur de recherche américain.Lire aussi :La fronde européenne anti-Google se durcitSituation schizophréniqueDu côté de l’OIP, l’annonce de Lagardère Active a beaucoup surpris. Pour les observateurs de la lutte entre Google et certains éditeurs européens, le deal passé avec Lagardère peut ressembler à un plat de lentilles. « C’est la France qui abandonne son futur », a déploré sur Twitter Tariq Krim, entrepreneur du Web français.Parallèlement, une autre annonce récente vient affaiblir potentiellement le front des « anti-Google » en Europe : le rachat de CCM Benchmark par le groupe Figaro. Cet acteur indépendant de l’Internet français était lui aussi un membre très actif de l’OIP, présidé par son cofondateur Benoît Sillard. Or, l’éditeur de Comment ça marche ou de L’Internaute rejoint un groupe beaucoup moins hostile à Google. Le Figaro a fait partie – comme Le Monde – des 23 projets financés par le « fonds Google-AIPG pour l’innovation numérique ». Il avait reçu 1,8 million d’euros pour cofinancer un renforcement de son offre vidéo.Le Figaro, comme Le Monde, était néanmoins membre du Geste, le groupement des éditeurs de service en ligne, dont le conseil d’administration avait décidé d’adhérer à l’OIP. « C’est une situation schizophrénique, reconnaît M. Sillard. L’ambiguïté vient du fait que nous sommes dans un écosystème où tous les acteurs doivent travailler avec Google et que, dans le même temps, nous devons nous défendre contre ses abus de position dominante. »Un discours similaire à celui tenu aujourd’hui chez Lagardère Active, qui rappelle qu’il entretenait déjà des relations avec Google. « La stratégie de Lagardère Active est de nouer avec les plus grands acteurs du numérique, tels que Google, des partenariats permettant de conjuguer des savoir-faire et des forces complémentaires », justifie Denis Olivennes.Une initiative envers les éditeurs européensCe partenariat apparaît comme un joli coup pour Google, qui est en pleine reconstruction de sa relation avec les médias. En France, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) doit cesser son activité en 2016, après avoir distribué environ 60 millions d’euros à des projets d’éditeurs français en trois ans. A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Google s’apprête à lancer un nouveau fonds, Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaiseEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media), qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus. En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds, mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.Lire aussi :Enquête antitrust : Google répond aux accusations de l’Union européenneAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Et de trois… Après Facebook et Apple, Google a annoncé, mercredi 7 octobre, une initiative pour accélérer le web mobile : il lance « Accelerated mobile pages », un format que tout éditeur pourra utiliser pour publier des pages qui seront lisibles beaucoup plus rapidement quand on les consulte depuis un téléphone ou une tablette. C’est une réponse à la lenteur de chargement des contenus sur support mobile, dénoncée quasi unanimement par nos partenaires, a expliqué Google à la presse, mercredi. Un sujet déjà mis en avant par Facebook et Apple quand ils ont lancé leurs initiatives Instant Articles et News.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseLire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasConcrètement, le format Amp allège le poids d’une page en simplifiant les éléments techniques, a expliqué Google. Et il utilise le « cache » de Google : le moteur de recherche stockera sur ses serveurs les pages au format Amp comme il stocke déjà les pages en format classique. Mais quand un internaute utilisant un smartphone ou une tablette cliquera sur le lien d’un contenu disponible au format Amp, le fichier « caché » par Google s’affichera, très rapidement. Une démo est disponible, via mobile, à l’adresse G. co/ampdemo.Soutien des réseaux Twitter, Pinterest et LinkedinPour l’heure, Google a publié les spécificités de son format, ce qui doit permettre à tout éditeur qui le souhaite de commencer à publier des pages « Amp ». Et aux robots de Google de commencer à les indexer et à les stocker en cache. Puis, « en 2016 », Google commencera à intégrer les pages « Amp » dans les résultats de son moteur de recherche.Point important : le géant du Web et la publicité dispose de partenariats avec d’autres plateformes puissantes comme les réseaux sociaux Twitter, Pinterest et Linkedin. Sur ces derniers, les liens renverront vers les formats « Amp » des pages, quand ils seront disponibles. Par ailleurs, l’éditeur de blogs Wordpress proposera un « plugin » pour permettre une publication « Amp ».Google précise que n’importe qui peut utiliser son nouveau forma, t mais se félicite d’avoir d’ores et déjà trente éditeurs de presse partenaires, dont le français Les Echos, l’anglais The Guardian, les américains The New York Times, Buzzfeed ou The Washington Post, l’espagnol El Pais… Une énumération qui rappelle les titres mis en avant par Apple et Facebook lors de leurs lancements de solutions mobiles.« Les médias traditionnels doivent atteindre leurs lecteurs hors de leurs propres sites web et aller les chercher où ils se trouvent », a expliqué Mario Calabresi, un responsable du quotidien italien La Stampa, invité par Google, tout rappelant son attachement aux valeurs de « qualité et de confiance ».Google se pose en défenseur du « Web ouvert »En quoi la solution de Google est-elle différente de celles de Facebook et Apple ? « Nous avons une approche ouverte du Web et même open source », a expliqué, mercredi, un responsable de l’équipe « produits » de Google, Danny Bernstein, en référence aux logiciels libres dont le code est public. Pour Google, ce discours est une façon, dans sa communication, de tenter de se démarquer de Facebook et Apple, accusés en creux de proposer des solutions propriétaires, et d’être des tenants d’un web « fermé ».L’annonce de Google apparaît donc comme une réponse aux initiatives prises par ses concurrents. Ces nouveaux services ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur ces plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat plus jeune, voire des revenus publicitaires. Ils proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.La publicité, point sensibleGoogle, comme ses rivaux, est bien conscient que les éditeurs de contenus ont peur que publier sur une autre plateforme que leur propre site ou application leur fasse perdre une partie de leur pouvoir dans la chaîne de valeur. Et une part de contrôle sur la publicité et sur les données concernant les lecteurs. Il a donc décidé de ne prendre aucun pourcentage de la publicité qui sera montrée sur les pages « Amp ». Google assure aussi que tous les systèmes de gestion de publicité seront convertibles, même si l’on peut se demander si tous les types de bannières seront utilisables dans Amp, qui est un format allégé.Par ailleurs Google promet que ces pages « seront comme votre site », et que les clics seront comptabilisés dans l’audience des éditeurs, à la faveur de discussions en cours avec les prestataires comme Chartbeat ou Parse.ly.Chez Apple et Facebook, les éditeurs peuvent conserver leurs revenus publicitaires, s’ils ont eux-mêmes commercialisé leur contenu. Par contre, si l’annonceur a été trouvé par Apple ou Facebook, la plate-forme conserve 30 % des revenus. En matière de données, Facebook autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs. Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News.« Devenir un standard »« Google offre toutes les possibilités de monétisation des articles publiés sur Amp : les publicités mais aussi les paywalls » donc le paiement à l’acte ou l’abonnement, s’est félicité Frédéric Filloux, ex-responsable numérique des Echos, lors de la conférence organisée par Google. Une spécificité également mise en avant par Naomi Ramirez, responsable numérique d’El Pais. « Amp a le potentiel de devenir un standard », pense-t-elle.C’est aussi l’espoir de Google, dans la bataille qu’il livre contre Facebook et Apple, particulièrement dans le mobile, dont les audiences deviennent primordiales. Pour attirer les éditeurs de sites, les trois plateformes rivalisent en proposant des solutions aux conditions assez avantageuses. Leur concurrence est un des antidotes contre la dépendance que peut créer, pour les médias, le fait de publier sur ces grandes plateformes. Qui pourront toujours, éventuellement, faire évoluer plus tard les conditions qu’ils proposent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Simon Auffret Laurent Ruquier préfère parler de « faux procès ». Le présentateur de l’émission On n’est pas couché – diffusée sur France 2 en seconde partie de soirée chaque samedi – fait face à de nombreuses critiques depuis la rentrée. Dans l’émission qu’il anime, produite par Catherine Barma, fondatrice de la société de production Tout sur l’écran, l’animateur favoriserait-il les thèmes identitaires ? Depuis le début du mois de septembre, l’intellectuel Alain Finkielkraut, ou le rédacteur en chef du magazine Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, sont ainsi intervenus dans le talk-show.C’est également dans l’émission phare de France 2, le samedi 26 septembre, que Nadine Morano a fait sa sortie sur la France, un pays de « race blanche ». Et on ne compte plus les « clash » et les petites phrases prononcées durant cette émission, parfois accusée d’« hystériser le débat politique français ». Qu’en est-il ?Bonnes audiences et polémiquesLancée à la rentrée 2006 à la suite de l’émission de Thierry Ardisson Tout le monde en parle, On n’est pas couché est d’abord un concept à succès pour France 2. Régulièrement mesurée au-dessus d’un million de téléspectateurs par Médiamétrie – environ 20 % des parts de marchés – la dixième saison du talk-show fait recette.C’est que la tranche horaire – l’une des plus longues du PAF, environ trois heures – couvre une actualité large : comédiens, réalisateurs, humoristes s’assoient régulièrement autour du plateau d’« ONPC ». Laurent Ruquier a lui décidé de mener son émission comme un talk-show à l’américaine, en favorisant le débat entre ses invités et les chroniqueurs réguliers membre de son équipe.Eric Zemmour et Michel Polac ont constitué le premier duo de chroniqueurs, en 2006. L’essayiste de droite – accompagné dès l’année suivante de l’éditeur et critique littéraire Eric Naulleau – est resté cinq ans face aux invités d’On n’est pas couché. Responsables du débat et de la critique du discours des personnalités invités de l’émission, les deux chroniqueurs occupent une place centrale dans le dispositif mis en place par Laurent Ruquier et Catherine Barma, jusqu’à leur remplacement en 2011, notamment du fait des discours souvent sulfureux d’Eric Zemmour – au sujet duquel Laurent Ruquier avouera plus tard « regretter [de lui] avoir donné la parole, toutes les semaines pendant cinq ans ».Bernard Tapie en 2006, Jacques Attali en 2008, Christophe Hondelatte en 2011… Nombreux sont les interviewés à avoir quitté le plateau, excédés par les critiques ou par la teneur du débat imprimée par les deux chroniqueurs. C’est face au duo Natacha Polony et Audrey Pulvar que Christophe Hondelatte, venu présenter son album Ou pas, a préféré s’en aller. Les deux journalistes avaient pris le relais de la première équipe de chroniqueurs moins d’un mois auparavant.Les années passent, les chroniqueurs se succèdent, mais le dispositif reste identique. C’est désormais l’écrivain Yann Moix et la journaliste Léa Salamé qui épaulent Laurent Ruquier depuis la rentrée 2015. La productrice Catherine Barma se défend cependant de tout « rôle » attribué : « Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues. »La culture avant la politiqueDepuis la rentrée 2012, quelques 574 personnalités se sont succédé dans On n’est pas couché. Parmi eux, les représentants de la sphère culturelle (réalisateurs, comédiens ou musiciens) sont bien plus nombreux que les invités politiques. #container_14440587731{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14440587731{ height:500px; } #container_14440587731 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14440587731 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14440587731 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14440587731 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Type d'invités les plus fréquents à "On n'est pas couchés" depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}L’humoriste et acteur Guy Bedos a lui aussi fait polémique, le 12 septembre, en insultant la députée européenne Nadine Morano, avec laquelle la controverse s’est déplacée sur le terrain judiciaire pour des faits similaires.A la vue de la liste des invités, On n’est pas couché apparaît d’abord comme une émission « classique » de promotion, avant d’être le lieu de débats qui ont fait du talk-show de France 2 un créneau à part dans le paysage audiovisuel français.Une diversité d’invités politiquesSi l’émission reçoit en priorité des acteurs, elle n’exclut pas les politiques, même si tous ne veulent pas s’y rendre. Nicolas Sarkozy, contacté par Metronews suite à la sortie de Nadine Morano, estimait « que ce type d’émission n’est pas adapté dans un moment où la parole politique souffre d’un manque de confiance de la part des Français ». Comme l’ancien président de la République, Alain Juppé et François Fillon ne se sont jamais assis dans le fauteuil d’On n’est pas couché.Tout comme ces cadres du parti Les Républicains, les membres du Front national refusent catégoriquement de figurer à l’ordre du jour de l’émission de Laurent Ruquier. Depuis le passage de Marine Le Pen, lors des élections présidentielles de 2012, l’animateur a décidé de ne plus inviter de membre du FN, ce qui semble convenir au parti d’extrême droite. Pour le reste, l’équilibre de l’échiquier politique est respecté dans la liste des personnalités politiques invitées. Membres du gouvernement (Manuel Valls, Christiane Taubira, Marisol Touraine), personnalités de droite (Jean-François Copé, François Barouin, Eric Ciotti) ou de gauche non socialiste (Emmanuelle Cosse, Daniel Cohn-Bendit) se succèdent chaque samedi soir sur France 2.C’est le président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui décroche la place de l’invité le plus régulier. Celui qui dit « aimer l’émission » a passé 7 soirées en compagnie de Laurent Ruquier et de ses chroniqueurs, dont 5 interventions depuis 2012. #container_14441191191{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14441191191{ height:500px; } #container_14441191191 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14441191191 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14441191191 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14441191191 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }On n'est pas couché : les invités réguliersComptage réalisé depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le philosophe Michel Onfray et le dessinateur Philippe Geluck arrivent ensuite, avec quatre interventions chacun. Dans la liste, plusieurs intellectuels – Alain Finkielkraut, Michel Onfray ou Caroline Fourest –, dont les discours abordent régulièrement le domaine des « thématiques identitaires » reprochées à l’émission de Laurent Ruquier.Interrogé dans Libération, l’animateur s’est défendu, le 4 octobre, de toute orientation conservatrice : « L’émission est jalousée parce qu’elle marche. C’est là que le débat a lieu. Et on apporte la contradiction aux intervenants, que ce soit de ma part, de celle de Yann Moix ou de Léa Salamé. » Après Nadine Morano et Alain Finkielkraut, l’invité principal d’On n’est pas couché, le 10 octobre, est le président socialiste de l’assemblée nationale – et candidat aux élections régionales en Ile-de-France – Claude Bartolone.Retrouvez dans ce tableau l’intégralité des invités depuis 2012Simon AuffretJournaliste au Monde Daniel Psenny Canal+ ne s’est donc pas lancée dans des chicanes juridiques sous forme de référé, au dernier moment : le documentaire Evasion fiscale, une affaire française, censuré en mai par la chaîne cryptée, a été diffusé mercredi 7 octobre sur France 3 dans le cadre du magazine «  Pièces à conviction  », sous le titre Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel.Cette enquête fouillée et documentée réalisée par les journalistes Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci démonte un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisé par des dirigeants du Crédit mutuel. Cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée, ce qui expliquerait la volonté de l’industriel de ne pas gêner ce précieux allié.Lundi 5 octobre, Mediapart expliquait que la direction de Canal+ a revendiqué sans ambiguïté mi-septembre, devant des représentants du personnel, la censure du documentaire afin de «  défendre les intérêts du groupe  ». «  On ne tue pas ses amis », aurait déclaré Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Il est vrai que le travail réalisé par les auteurs de l’enquête est considérable. Remonté et légèrement rallongé par rapport à sa version initiale, le documentaire explique par le détail comment la banque Pasche, filiale à 100 % du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent alors qu’il est officiellement chômeur. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Pseudonyme : Albert CamusAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré de censurer le documentaire. Apostrophé fin avril à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ses méthodes – plutôt brutales – d’interview.Pour sa défense, la direction du Crédit Mutuel a indiqué en septembre à l’AFP qu’elle a porté plainte pour «  dénonciation calomnieuse  » auprès du parquet monégasque et «  qu’à ce jour, et bien que des enquêtes aient été diligentées à Monaco par les autorités judiciaires et financières, la banque ne fait l’objet d’aucune poursuite  ».Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel, de Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci (Fr., 2015, 70 min). France 3, mercredi 7 octobre, à 23 h 20Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 21h11 • Mis à jour le06.10.2015 à 09h29 | Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouvelle initiative dans un secteur des médias en pleine reconfiguration. Les hommes d’affaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton s’apprêtent à créer un fonds d’investissement destiné à racheter des médias, selon une information du Figaro, publiée lundi 5 octobre. Une information ni confirmée ni infirmée par les intéressés.Les trois hommes sont déjà présents dans l’univers des médias. Xavier Niel et Matthieu Pigasse sont coactionnaires, à titre personnel, des groupes Le Monde et L’Obs, aux côtés de Pierre Bergé. De son côté, Pierre-Antoine Capton est le fondateur de la société Troisième œil productions, qui réalise notamment l’émission « C à vous », sur France 5.Selon Le Figaro, le fonds créé par les trois hommes sera un « SPAC » (Special purpose acquisition company), c’est-à-dire un véhicule dont l’unique objet est de procéder à des acquisitions dans un secteur précis. Un SPAC doit investir 75 % des montants levés dans une première cible, puis procéder à d’autres acquisitions. Avant chaque nouvelle opération, les investisseurs ont la possibilité de sortir ou de poursuivre l’aventure.Baptisé « Media One », ce fonds lèvera des capitaux en Bourse et ambitionnera, selon le quotidien, de réunir de 300 et 500 millions d’euros, grâce à l’apport d’investisseurs professionnels et de MM. Niel, Pigasse et Capton eux-mêmes. Ce dernier serait le dirigeant opérationnel de Media One.Tourbillon de rachatsCette initiative s’inscrit dans un tourbillon de rachats de médias en France, souvent à bas prix, et qui attire de nouveaux acquéreurs. A l’image de Patrick Drahi (Numericable-SFR) qui a acquis Libération et le groupe L’Express, ainsi que la moitié de NextRadioTV (BFM-TV, RMC…), avec de grandes ambitions à l’international, ou encore de Vincent Bolloré, qui a pris le contrôle de Vivendi et du groupe Canal+, sans oublier des « pure players » comme Webedia et des acteurs historiques comme Le Figaro qui va racheter pour un montant estimé de 110 à 130 millions d’euros le poids lourd d’Internet CCM Benchmark.En 2010, MM. Niel et Pigasse, associés à Pierre Bergé dans la structure Le Monde Libre, avaient racheté le groupe Le Monde (Le Monde, Télérama, Courrier International…) En 2014, ils ont ajouté Le Nouvel Observateur à leur portefeuille. Enfin, la même année, ils avaient manifesté leur intérêt pour la chaîne d’information en continu LCI, propriété du groupe TF1.En créant ce fonds, Xavier Niel et Mathieu Pigasse montrent que leurs ambitions vont au-delà de ce qu’ils ont fait jusqu’ici. La force de frappe envisagée pour le fonds, possiblement augmentée par des achats à effet de levier, témoigne de leur volonté de jouer sur le même terrain que de grands acteurs comme le groupe allemand Axel Springer, qui vient d’annoncer le rachat de la majorité du site économique américain Business Insider pour 306 millions d’euros.Sixième producteur françaisDe son côté, le producteur Pierre-Antoine Capton dirige Troisième œil productions, qui se veut « premier des producteurs indépendants en France », dans un secteur en pleine concentration. L’homme a fait ses armes dans la TNT et sa myriade de nouvelles chaînes aux productions peu onéreuses, avant de placer des émissions sur les chaînes historiques. Créée en 2001, sa société se place aujourd’hui au sixième rang des producteurs de programmes de flux (hors fiction) établi par le magazine Ecran Total, avec 512 heures pour la saison 2014-2015. Il réalise environ 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon Le Figaro.Outre « C à vous » sur France 5 – un succès –, Troisième œil livre également à France 3 « Les Carnets de Julie », et à Paris Première le débat des polémistes Eric Zemmour et Eric Naulleau. M. Capton produit aussi « Ça balance à Paris » (Paris première), ou encore des émissions comme « Leur objectif : trouver l’amour » (NRJ 12) ou « Talent Street » (France O). M. Capton a plusieurs fois été la cible de critiques de Thierry Ardisson, qui estimait que « C à vous » était une « pauvre copie » de son émission dîner « 93, Faubourg Saint-Honoré ».Troisième œil s’est diversifiée dans le théâtre, les films d’entreprise ou les chaînes de vidéo sur YouTube, comme celle qu’il avait créée avec Karl Zéro en 2014.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 21h49 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h43 | Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 16h12 • Mis à jour le30.09.2015 à 10h05 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Signe de la globalisation croissante des grands groupes de médias, et de la priorité désormais accordée au numérique, l’allemand Axel Springer a annoncé, mardi 29 septembre, racheter le site américain Business Insider, un pure player spécialisé dans l’information économique.Déjà détenteur d’environ 9 % du site créé en 2007 sous le nom de Silicon Valley Insider, Axel Springer va dépenser 306 millions d’euros pour en prendre 88 % supplémentaires. Les 3 % restants du capital sont détenus par Bezos Expeditions, la société d’investissement du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.Outre les Etats-Unis, Business Insider décline son site dans sept autres pays. Une version allemande doit être lancée fin 2015, tout comme une version française début 2016, en partenariat avec le groupe Prisma. L’entreprise compte 325 employés, dont la moitié de journalistes, et revendique 76 millions de visiteurs uniques par mois.Le « style Business Insider » mêle un ton sans complexe, des commentaires bruts et pratique l’agrégation massive de contenus Web. « Les scoops ne sont pas la panacée : il faut deux jours d’enquête pour en sortir un, ça ne vaut pas le coup. Si quelqu’un a un scoop, nous le reprenons sur notre site quatre minutes plus tard », s’est ainsi enorgueilli le fondateur Kevin Ryan, un entrepreneur américain, dans un article du New Yorker en 2013. Des propos en partie provocateurs, car le site est aussi réputé pour ses informations exclusives.Le site se félicite de faire une audience comparable à celle du Wall Street Journal avec beaucoup moins d’employés. Outre ses informations, il le doit en bonne partie à son ton léger, voire provocateur et attrape-clics – qui rappelle le style tabloïd du site Gawker.Sur sa page d’accueil, on peut lire des titres comme : « Quinze citations de Steve Jobs qui donnent de l’inspiration », « Les dix armes les plus terrifiantes de l’armée russe », « Voici ce que ça fait de devenir super-riche d’un coup », « Voilà pourquoi ceux qui pensent que les bloqueurs de publicité sont des extorqueurs se trompent ». Ce dernier billet a pour illustration une photo du Parrain, typique du style d’illustration Web et pop culture du site, qui peut citer un dessin animé ou le film The Big Lebowski. Dirigé par un ancien analyste financierLe site cible notamment les gens qui travaillent dans la finance. Il a pour PDG et rédacteur en chef une personnalité hors norme et controversée de la Silicon Valley : Henri Blodget.Celui-ci a été dans une première vie connu comme analyste financier dans le secteur technologique. Après être devenu une star pour avoir entre autres prévu la forte hausse de la jeune boutique en ligne Amazon, il a, à la fin des années 1990, rejoint la banque d’affaires Merrill Lynch.Il est alors devenu tristement célèbre pour avoir été banni des marchés en raison d’une infraction à l’éthique des analystes : sur certaines actions en Bourse, il avait fait des recommandations publiques qui étaient opposées à celles qu’il partageait en interne par e-mail à Merrill Lynch. Henry Blodget ainsi que la directrice générale, Julie Hansen, vont rester en place, selon Springer.« Cette transaction étend l’audience mondiale d’Axel Springer sur Internet à environ 200 millions de lecteurs », affirme le groupe allemand dans un communiqué. Cela en fera le sixième groupe de presse dans le monde en termes d’audience numérique. Le rachat de Business Insider doit toutefois encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence.Cette acquisition permet au groupe, conformément à sa stratégie depuis quelques années, de continuer à se développer dans le numérique, mais aussi dans les contenus en langue anglaise. Il y a deux mois, le groupe allemand avait échoué à racheter le Financial Times, finalement acquis par le groupe japonais Nikkei.« Le ton créé par Henry Blodget et son mode de traitement de l’information parlent aux décideurs de demain, estime Mathias Döpfner, le président d’Axel Springer. La combinaison de nos forces respectives est à même de créer de la croissance et d’élargir l’offre de Business Insider à de nouvelles thématiques et de nouveaux territoires. » Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Créer une structure unique pour l’audiovisuel public, France Médias, en 2020. C’est la proposition choc que font les sénateurs André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans un rapport qui prône « un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public », présenté mardi 29 septembre, et auquel Le Monde a pu accéder.Ce rapport constitue une contribution au débat qui agite le secteur. À court terme, la question est celle du financement de sociétés dont la situation financière est fragile (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’Institut national de l’audiovisuel…), alors que l’examen de la loi de finances 2016 doit s’engager au Parlement. Au-delà, il s’agit de trouver les moyens de sortir ces entreprises d’une situation permanente d’incertitude quant à leurs ressources et de les aider à s’autonomiser.Les sénateurs de la mission de contrôle commune à la commission des finances et à la commission de la culture rappellent d’abord quelques constats. Les ressources propres de ces entreprises stagnent, alors que la part de la contribution à l’audiovisuel public (la redevance, qui représente 3,7 milliards d’euros en 2015) dans leur budget augmente. Cela va à l’encontre de l’orientation politique générale qui les encourage à générer des recettes (publicité, diversification, etc.).A effectifs constants, les charges de personnel des sociétés d’audiovisuel public augmentent mécaniquement, et France Télévisions comme Radio France affichent, en 2015, un résultat négatif.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continu« Contribution universelle » et « publicité raisonnable »Les sénateurs proposent de stabiliser les ressources en augmentant la redevance de deux euros (hors inflation) pendant deux ans, contre des engagements de réduction des dépenses. Cela permettrait d’éviter « le recours à l’endettement des sociétés ». Ils proposent qu’une partie de cette collecte soit affectée à une réserve de 150 millions d’euros destinée à répondre aux aléas et à « inciter aux mutualisations » entre sociétés de l’audiovisuel public.On peut penser, par exemple, au projet de chaîne d’information en continu de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui planche sur le sujet en dialogue avec Radio France.Après 2017, les sénateurs proposent de remplacer la redevance par une « contribution forfaitaire universelle sur le modèle allemand ». Cela signifie que presque tous les foyers seraient concernés, alors qu’il n’y a aujourd’hui que 27 millions de Français redevables. Cette contribution tiendrait également compte des nouveaux usages (smartphones, tablettes, etc.)Autre innovation, la définition d’une sphère de « publicité raisonnable », « compatible avec les valeurs du service public », qui permette de « rétablir la possibilité de diffuser de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions » tout en « interdisant la publicité dans les plages horaires consacrées aux programmes destinés à la jeunesse ». Une proposition qui contraste avec l’arbitrage récemment exprimé par Fleur Pellerin de maintenir l’absence de publicité en soirée sur les écrans publics.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteRemise en cause des engagements envers la productionLe retour de la publicité n’est pas le seul changement culturel que proposent les sénateurs. Ceux-ci entendent également rompre avec les équilibres actuels en « supprimant l’obligation faite à France Télévisions de garantir la diversité de la production, en particulier dans la fiction, qui favorise la dispersion de ses investissements et l’émiettement du secteur de la production ». Il s’agit d’une remise en cause du cahier des charges de l’entreprise publique, qui doit aujourd’hui consacrer 95 % de ses dépenses de création audiovisuelle à des sociétés de production externes.La part de production interne serait donc renforcée. Ce serait une rupture majeure pour le secteur de la production, dans lequel France Télévisions investit quelque 400 millions d’euros par an actuellement.Enfin, en 2020, le rapport préconise la création d’une structure de tête rassemblant les entreprises de l’audiovisuel public, France Médias, « pour favoriser les mutualisations, la polyvalence des personnels, le développement d’une marque commune et les investissements dans le numérique. » Son dirigeant serait nommé par un conseil d’administration où ne siégeraient pas les ministères de tutelle mais uniquement l’Agence des participations de l’Etat (APE). Cet organe serait aussi chargé de répartir le produit de la contribution universelle entre les différentes sociétés.« Un groupe unique de l’audiovisuel public bénéficiera de plus de marges de manœuvre financières et détiendra un meilleur pouvoir de négociation pour investir dans l’information, la création et le numérique », argumentent les sénateurs, qui visent notamment la « mutualisation des investissements des sociétés de l’audiovisuel public en vue du développement d’une plateforme numérique unique ». Un vœu qui fait écho à la volonté de rapprochement plusieurs fois exprimée par l’exécutif, mais qui va aussi beaucoup plus loin.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, parmi lesquels 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Sous le choc, environ 150 salariés du groupe se sont réunis en AG pendant deux heures dans l’après-midi. Les syndicats vont poursuivre les négociations avec la direction, espérant rencontrer la ministre de la culture, Fleur Pellerin, jeudi.Salle comble à @l'express pour AG des salariés au sujet du plan social programmé mais non encore formellement annoncé http://t.co/ppmNaGSktl— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);A l’issue de ce plan social, il resterait notamment 75 journalistes rédacteurs dans les rédactions de l’hebdomadaire version papier, de son site et de son supplément Styles contre 111 précédemment.« On a besoin de quelques millions de la part d’un milliardaire. Patrick Drahi a la responsabilité de ne pas nous laisser tomber », a lancé Jacques Trentesaux (CFDT). « Le journal a des archaïsmes et des scléroses », a répondu le rédacteur en chef Christophe Barbier devant l’AG, qui l’a fraîchement accueilli..@C_Barbier reste solidaire de la direction de @lexpress tout en se posant garant d'un PSE "plus malin, moins douloureux"— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);Une organisation « tout à fait inadaptée » pour la directionDans son courrier aux salariés, dont l’AFP a obtenu copie, la direction a assuré vouloir « pérenniser et développer sur le long terme » le groupe L’Express mais avoir trouvé une situation financière « bien plus dégradée » que prévu.Elle fait état d’un déficit cumulé sur 2006-2014 de plus de 86 millions d’euros et d’une perte attendue de 4 millions cette année, qui atteindra 10 millions avec le coût de la clause de cession. Elle pointe aussi du doigt une organisation inchangée en dix ans et « tout à fait inadaptée ».Face à cette situation, « nous avons décidé d’agir rapidement » car « sans décisions de saine gestion – parfois douloureuses – il nous sera impossible de construire ensemble un projet économiquement viable », plaide-t-elle.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 16h12 • Mis à jour le30.09.2015 à 10h05 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Signe de la globalisation croissante des grands groupes de médias, et de la priorité désormais accordée au numérique, l’allemand Axel Springer a annoncé, mardi 29 septembre, racheter le site américain Business Insider, un pure player spécialisé dans l’information économique.Déjà détenteur d’environ 9 % du site créé en 2007 sous le nom de Silicon Valley Insider, Axel Springer va dépenser 306 millions d’euros pour en prendre 88 % supplémentaires. Les 3 % restants du capital sont détenus par Bezos Expeditions, la société d’investissement du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.Outre les Etats-Unis, Business Insider décline son site dans sept autres pays. Une version allemande doit être lancée fin 2015, tout comme une version française début 2016, en partenariat avec le groupe Prisma. L’entreprise compte 325 employés, dont la moitié de journalistes, et revendique 76 millions de visiteurs uniques par mois.Le « style Business Insider » mêle un ton sans complexe, des commentaires bruts et pratique l’agrégation massive de contenus Web. « Les scoops ne sont pas la panacée : il faut deux jours d’enquête pour en sortir un, ça ne vaut pas le coup. Si quelqu’un a un scoop, nous le reprenons sur notre site quatre minutes plus tard », s’est ainsi enorgueilli le fondateur Kevin Ryan, un entrepreneur américain, dans un article du New Yorker en 2013. Des propos en partie provocateurs, car le site est aussi réputé pour ses informations exclusives.Le site se félicite de faire une audience comparable à celle du Wall Street Journal avec beaucoup moins d’employés. Outre ses informations, il le doit en bonne partie à son ton léger, voire provocateur et attrape-clics – qui rappelle le style tabloïd du site Gawker.Sur sa page d’accueil, on peut lire des titres comme : « Quinze citations de Steve Jobs qui donnent de l’inspiration », « Les dix armes les plus terrifiantes de l’armée russe », « Voici ce que ça fait de devenir super-riche d’un coup », « Voilà pourquoi ceux qui pensent que les bloqueurs de publicité sont des extorqueurs se trompent ». Ce dernier billet a pour illustration une photo du Parrain, typique du style d’illustration Web et pop culture du site, qui peut citer un dessin animé ou le film The Big Lebowski. Dirigé par un ancien analyste financierLe site cible notamment les gens qui travaillent dans la finance. Il a pour PDG et rédacteur en chef une personnalité hors norme et controversée de la Silicon Valley : Henri Blodget.Celui-ci a été dans une première vie connu comme analyste financier dans le secteur technologique. Après être devenu une star pour avoir entre autres prévu la forte hausse de la jeune boutique en ligne Amazon, il a, à la fin des années 1990, rejoint la banque d’affaires Merrill Lynch.Il est alors devenu tristement célèbre pour avoir été banni des marchés en raison d’une infraction à l’éthique des analystes : sur certaines actions en Bourse, il avait fait des recommandations publiques qui étaient opposées à celles qu’il partageait en interne par e-mail à Merrill Lynch. Henry Blodget ainsi que la directrice générale, Julie Hansen, vont rester en place, selon Springer.« Cette transaction étend l’audience mondiale d’Axel Springer sur Internet à environ 200 millions de lecteurs », affirme le groupe allemand dans un communiqué. Cela en fera le sixième groupe de presse dans le monde en termes d’audience numérique. Le rachat de Business Insider doit toutefois encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence.Cette acquisition permet au groupe, conformément à sa stratégie depuis quelques années, de continuer à se développer dans le numérique, mais aussi dans les contenus en langue anglaise. Il y a deux mois, le groupe allemand avait échoué à racheter le Financial Times, finalement acquis par le groupe japonais Nikkei.« Le ton créé par Henry Blodget et son mode de traitement de l’information parlent aux décideurs de demain, estime Mathias Döpfner, le président d’Axel Springer. La combinaison de nos forces respectives est à même de créer de la croissance et d’élargir l’offre de Business Insider à de nouvelles thématiques et de nouveaux territoires. » Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Créer une structure unique pour l’audiovisuel public, France Médias, en 2020. C’est la proposition choc que font les sénateurs André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans un rapport qui prône « un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public », présenté mardi 29 septembre, et auquel Le Monde a pu accéder.Ce rapport constitue une contribution au débat qui agite le secteur. À court terme, la question est celle du financement de sociétés dont la situation financière est fragile (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’Institut national de l’audiovisuel…), alors que l’examen de la loi de finances 2016 doit s’engager au Parlement. Au-delà, il s’agit de trouver les moyens de sortir ces entreprises d’une situation permanente d’incertitude quant à leurs ressources et de les aider à s’autonomiser.Les sénateurs de la mission de contrôle commune à la commission des finances et à la commission de la culture rappellent d’abord quelques constats. Les ressources propres de ces entreprises stagnent, alors que la part de la contribution à l’audiovisuel public (la redevance, qui représente 3,7 milliards d’euros en 2015) dans leur budget augmente. Cela va à l’encontre de l’orientation politique générale qui les encourage à générer des recettes (publicité, diversification, etc.).A effectifs constants, les charges de personnel des sociétés d’audiovisuel public augmentent mécaniquement, et France Télévisions comme Radio France affichent, en 2015, un résultat négatif.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continu« Contribution universelle » et « publicité raisonnable »Les sénateurs proposent de stabiliser les ressources en augmentant la redevance de deux euros (hors inflation) pendant deux ans, contre des engagements de réduction des dépenses. Cela permettrait d’éviter « le recours à l’endettement des sociétés ». Ils proposent qu’une partie de cette collecte soit affectée à une réserve de 150 millions d’euros destinée à répondre aux aléas et à « inciter aux mutualisations » entre sociétés de l’audiovisuel public.On peut penser, par exemple, au projet de chaîne d’information en continu de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui planche sur le sujet en dialogue avec Radio France.Après 2017, les sénateurs proposent de remplacer la redevance par une « contribution forfaitaire universelle sur le modèle allemand ». Cela signifie que presque tous les foyers seraient concernés, alors qu’il n’y a aujourd’hui que 27 millions de Français redevables. Cette contribution tiendrait également compte des nouveaux usages (smartphones, tablettes, etc.)Autre innovation, la définition d’une sphère de « publicité raisonnable », « compatible avec les valeurs du service public », qui permette de « rétablir la possibilité de diffuser de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions » tout en « interdisant la publicité dans les plages horaires consacrées aux programmes destinés à la jeunesse ». Une proposition qui contraste avec l’arbitrage récemment exprimé par Fleur Pellerin de maintenir l’absence de publicité en soirée sur les écrans publics.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteRemise en cause des engagements envers la productionLe retour de la publicité n’est pas le seul changement culturel que proposent les sénateurs. Ceux-ci entendent également rompre avec les équilibres actuels en « supprimant l’obligation faite à France Télévisions de garantir la diversité de la production, en particulier dans la fiction, qui favorise la dispersion de ses investissements et l’émiettement du secteur de la production ». Il s’agit d’une remise en cause du cahier des charges de l’entreprise publique, qui doit aujourd’hui consacrer 95 % de ses dépenses de création audiovisuelle à des sociétés de production externes.La part de production interne serait donc renforcée. Ce serait une rupture majeure pour le secteur de la production, dans lequel France Télévisions investit quelque 400 millions d’euros par an actuellement.Enfin, en 2020, le rapport préconise la création d’une structure de tête rassemblant les entreprises de l’audiovisuel public, France Médias, « pour favoriser les mutualisations, la polyvalence des personnels, le développement d’une marque commune et les investissements dans le numérique. » Son dirigeant serait nommé par un conseil d’administration où ne siégeraient pas les ministères de tutelle mais uniquement l’Agence des participations de l’Etat (APE). Cet organe serait aussi chargé de répartir le produit de la contribution universelle entre les différentes sociétés.« Un groupe unique de l’audiovisuel public bénéficiera de plus de marges de manœuvre financières et détiendra un meilleur pouvoir de négociation pour investir dans l’information, la création et le numérique », argumentent les sénateurs, qui visent notamment la « mutualisation des investissements des sociétés de l’audiovisuel public en vue du développement d’une plateforme numérique unique ». Un vœu qui fait écho à la volonté de rapprochement plusieurs fois exprimée par l’exécutif, mais qui va aussi beaucoup plus loin.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, parmi lesquels 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Sous le choc, environ 150 salariés du groupe se sont réunis en AG pendant deux heures dans l’après-midi. Les syndicats vont poursuivre les négociations avec la direction, espérant rencontrer la ministre de la culture, Fleur Pellerin, jeudi.Salle comble à @l'express pour AG des salariés au sujet du plan social programmé mais non encore formellement annoncé http://t.co/ppmNaGSktl— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);A l’issue de ce plan social, il resterait notamment 75 journalistes rédacteurs dans les rédactions de l’hebdomadaire version papier, de son site et de son supplément Styles contre 111 précédemment.« On a besoin de quelques millions de la part d’un milliardaire. Patrick Drahi a la responsabilité de ne pas nous laisser tomber », a lancé Jacques Trentesaux (CFDT). « Le journal a des archaïsmes et des scléroses », a répondu le rédacteur en chef Christophe Barbier devant l’AG, qui l’a fraîchement accueilli..@C_Barbier reste solidaire de la direction de @lexpress tout en se posant garant d'un PSE "plus malin, moins douloureux"— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);Une organisation « tout à fait inadaptée » pour la directionDans son courrier aux salariés, dont l’AFP a obtenu copie, la direction a assuré vouloir « pérenniser et développer sur le long terme » le groupe L’Express mais avoir trouvé une situation financière « bien plus dégradée » que prévu.Elle fait état d’un déficit cumulé sur 2006-2014 de plus de 86 millions d’euros et d’une perte attendue de 4 millions cette année, qui atteindra 10 millions avec le coût de la clause de cession. Elle pointe aussi du doigt une organisation inchangée en dix ans et « tout à fait inadaptée ».Face à cette situation, « nous avons décidé d’agir rapidement » car « sans décisions de saine gestion – parfois douloureuses – il nous sera impossible de construire ensemble un projet économiquement viable », plaide-t-elle.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny Peut-être qu’un jour Vincent Bolloré, le patron de Canal+, expliquera les raisons qui l’ont poussé à censurer l’enquête du magazine « Spécial Investigation » démontrant un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisés par des dirigeants du Crédit Mutuel. Pour le moment, le seul soupçon qui plane pour expliquer cette censure est que cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée.Après avoir visionné le documentaire avant sa diffusion le 7 octobre à 23 h 20 sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction », il apparaît que cette enquête très fouillée et documentée n’aurait sans doute pas déclenché un scandale si elle avait été diffusée, comme prévu, sur Canal+.Néanmoins, le travail réalisé par Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci, les deux auteurs de l’enquête, est conséquent. Ils expliquent par le détail comment la banque Pasche, filiale du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne auquel ils ont accès, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent n’ayant aucun rapport avec son train de vie. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Entretiens sauvagesAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les deux journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré. Apostrophé fin avril dans la rue à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ces méthodes – plutôt brutales – d’interview.C’est quelques jours après cet incident, que les auteurs et la production apprennent que leur enquête prévue en diffusion le 18 mai, sera sans doute déprogrammée de Canal+. La rumeur est confirmée vers la mi-mai. L’enquête est censurée sans explications. Alain Fradin a-t-il contacté Vincent Bolloré pour lui faire part de sa colère sur les méthodes employées par les journalistes et sur cette enquête gênante ? Vincent Bolloré a t-il pris le temps de visionner le documentaire ou a-t-il devancé la demande des dirigeants du Crédit mutuel ? Les questions restent – pour l’instant – sans réponses.Remontée et légèrement rallongée, l’enquête qui a été rachetée par France 3, n’est toutefois pas encore à l’abri d’une non-diffusion. En effet, Canal+ qui a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du « Grand Journal » viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production et demander un référé à la justice avant sa diffusion sur France 3.Mais, pour le moment, la chaîne affirme n’avoir reçu aucune demande de Canal+. Le jour de sa diffusion, Médiapart, partenaire de cette enquête, devrait apporter d’autres documents sur cette affaire.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »@psennypsenny@lemonde.frDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le27.09.2015 à 16h24 | Thomas Wieder et Ariane Chemin « Zemmour président ! » C’est la couverture de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, jeudi 24 septembre. Un slogan qui claque comme une affiche électorale, le scénario imaginaire d’un livre écrit par un journaliste maison, Geoffroy Lejeune (Une élection ordinaire, Ring) qui installe au terme d’une campagne semée d’embûches l’auteur du Suicide français (Albin Michel, 2014) à l’Elysée, en 2017.Une fiction, bien sûr ; un pitch dont Eric Zemmour n’a pas eu l’initiative – il en a reçu les épreuves, mais n’a pas eu son mot à dire. « Je ne suis ni élu ni éligible », confiait Zemmour devant Robert Ménard, qui l’avait reçu en octobre 2014 à Béziers pour son futur best-seller. Il avait aussi lâché cette phrase qui sonnait comme une prophétie : « Les hommes politiques ont peu d’importance, et plus on avance et moins ils en auront. »Quelques mois plus tôt, le journaliste avait refusé une place éligible sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) aux européennes. Le 16 septembre, on lui a demandé sur France 5 s’il se verrait ministre de la culture de Marine Le Pen, fauteuil dans lequel l’avait assis un jour la présidente du FN, il a encore répondu (en précisant que l’étiquette frontiste n’est pas l’obstacle) : ministre, « je [n’y] tiens pas spécialement ». D’après un sondage commandé par l’hebdomadaire à l’IFOP, 12 % des Français seraient « prêts à voter » pour Zemmour à la présidentielle. Susciter la demande pour imposer l’offre, comme disent les spécialistes de l’opinion : voilà... 25.09.2015 à 18h05 • Mis à jour le25.09.2015 à 20h35 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-MorettiL’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, est visée par une polémique pour avoir évoqué deux fois au cours de l’émission, jeudi 24 septembre, le discours « de vérité » du Front national, dans lequel, selon elle, « les Français se reconnaissent ». Simple maladresse d’expression surexploitée médiatiquement ou phrase révélatrice ? Difficile de répondre. Pour Eric Dupond-Moretti, l’avocat que Mme Biraben interrogeait ce jour-là, la polémique est « débile ». De son côté, joint par Le Monde, Canal+ a choisi de ne pas commenter. Mme Biraben, elle, a assuré que son expression désignait « la forme, pas le fond » du discours frontiste.Lire aussi :Maïtena Biraben assure avoir voulu parler « de la forme, pas du fond » du discours du FNÀ un moment où la chaîne est scrutée, car elle a changé de mains depuis l’arrivée de Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, plusieurs séquences du « Grand Journal » impliquant des responsables du FN ont récemment été taxées de complaisance. Lors de l’émission du 9 septembre, un sujet, tourné le week-end précédent à l’université d’été du Front national, montrait le journaliste Cyrille Eldin plaisantant avec Marine Le Pen et d’autres cadres. Quelques jours plus tard, le 15 septembre, Maïtena Biraben recevait Robert Ménard, le maire de Béziers, présenté comme « un pro de la com ».« Une chaîne de bobos de gauche »L’animatrice du « Grand Journal » est consciente que Canal+ a une image de chaîne de « bobos de gauche ». Et fait le lien avec le traitement du FN, comme elle l’a expliqué à TéléObs en juin, alors qu’elle était en charge du « Supplément » :« S’il y a bien une personne que j’attends, c’est Marine Le Pen. Elle ne veut pas venir sur Canal+. Elle considère que c’est une chaîne de bobos de gauche et j’en pâtis. Je suis certainement bobo mais personne ne peut dire si je suis de gauche ou de droite. Je le répète : elle est la bienvenue dans Le Supplément quand elle veut. »Maïtena Biraben a précisé aussi sa vision du traitement journalistique du FN :« Je ne comprends pas cette polémique qui consiste à se demander s’il faut ou non interviewer les personnalités du FN. Si ce parti est autorisé, je ne vois pas pourquoi je me pincerais le nez pour recevoir ses élus. Ils nous doivent des comptes, pas plus pas moins que ceux d’autres partis. »Elle rêve aussi d’accueillir « Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Matteo Renzi, Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances, Hillary Clinton, Bill Gates ou Vladimir Poutine. (…) Je ne m’interdis rien. »Contre un Canal+ « arrogant » et « parisien »L’approche personnelle revendiquée par Maïtena Biraben prend un relief particulier dans un contexte de grande attente autour de la ligne du « nouveau Canal », repris en main depuis juillet par l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Depuis leur arrivée à la tête de Canal+, M. Bolloré et ses hommes insistent sur le fait que les chaînes du groupe doivent éviter d’être trop « clivantes », notamment avec les sujets politiques ou religieux. À la direction de Vivendi, on souhaite ainsi tourner le dos à un Canal+ décrit comme trop « arrogant » et « parisien ».Ces qualificatifs ne sont pas sans rappeler ceux-là mêmes qu’employait récemment encore Marine Le Pen ou Eric Zemmour pour parler de la chaîne. Ces dernières années, la présidente du FN a choisi de cibler Canal+, faisant de la chaîne un symbole, à ses yeux, du « conformisme » et du « prêt-à-penser ».Cela ne l’a pas empêché d’accepter souvent les invitations de la chaîne, bien avant l’arrivée de Maïtena Biraben au « Grand Journal » : elle s’est rendue quatre fois dans le talk-show entre 2004 et 2011 puis, depuis 2011, au moins une fois par an, mais pas jusqu’ici en 2015. Elle a également été invitée au moins trois fois de la matinale d’i-Télé cette année.Dans ses relations avec Canal+, Mme Le Pen a régulièrement mis en scène son hostilité envers un média qu’elle a décrit peuplé de « bobos horribles ». La tension a été particulièrement vive avec « Le Petit Journal », qu’elle a – sans succès – attaqué en justice en 2011 et dont les journalistes ont été à maintes reprises refoulés d’événements organisés par le FN, avant qu’une équipe de l’émission soit agressée lors du défilé du parti le 1er mai 2015. En février, Mme Le Pen, interrogée lors d’un déplacement, assurait même : « Je ne réponds pas à Canal+. » Plus généralement, Mme Le Pen a multiplié les échanges musclés avec des figures de Canal+ comme Michel Denisot ou Anne-Sophie Lapix, qui l’avait mise en difficulté en janvier 2012 dans Dimanche +.Le souvenir de l’éviction d’Eric ZemmourCette relation houleuse avec le FN – la chaîne n’est pas la seule : Mediapart, Le Monde ou France Inter, entre autres, ont aussi subi ses critiques – a-t-elle vocation à s’apaiser ? Les mots de Maïtena Biraben, lâchés en direct, ne suffisent pas à l’établir.Depuis juillet, la prise de contrôle de Canal+ par le nouveau patron de Vivendi s’est accompagnée d’un soupçon de motivations politiques. M. Bolloré a été accusé de vouloir supprimer les « Guignols » pour faire plaisir à son ami Nicolas Sarkozy, ce qu’il a démenti.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementMais la vision exprimée par Vivendi d’une chaîne qui ne doit pas exclure des catégories de personnes – et de spectateurs et clients – évoque l’argumentation d’une radio comme RTL pour justifier le maintien à l’antenne d’Eric Zemmour, considéré comme incarnant un courant de l’opinion. La direction précédente de la chaîne d’information en continu du groupe Canal+, i-Télé, limogée depuis, s’était illustrée par son éviction de l’essayiste militant, fin 2014. Une décision qui avait déplu à la direction de Vivendi.À la rentrée, la nomination à la direction de la rédaction d’i-Télé de Guillaume Zeller – fidèle de M. Bolloré passé par la chaîne Direct 8 mais aussi proche du catholicisme traditionaliste – a alimenté en interne les craintes d’une droitisation de la chaîne d’information.Lors d’une réunion, une journaliste de la chaîne a demandé à M. Zeller si Patrick Buisson, l’ancien conseiller maurrassien de Nicolas Sarkozy, pourrait arriver sur la chaîne. Le directeur de la rédaction a fermement démenti, en haussant le ton. Et depuis, il a assuré au Conseil supérieur de l’audiovisuel, comme M. Bolloré, qu’i-Télé produirait une information « impartiale », « équilibrée » et non partisane. Donc pas marquée à droite mais pas à gauche non plus.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Les prochaines semaines du « Grand Journal » et l’évolution des chaînes de Canal+ et de sa production montreront si la reprise en main par Vivendi marque aussi une inflexion d’image et de ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 21h49 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h43 | Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 16h12 • Mis à jour le30.09.2015 à 10h05 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Signe de la globalisation croissante des grands groupes de médias, et de la priorité désormais accordée au numérique, l’allemand Axel Springer a annoncé, mardi 29 septembre, racheter le site américain Business Insider, un pure player spécialisé dans l’information économique.Déjà détenteur d’environ 9 % du site créé en 2007 sous le nom de Silicon Valley Insider, Axel Springer va dépenser 306 millions d’euros pour en prendre 88 % supplémentaires. Les 3 % restants du capital sont détenus par Bezos Expeditions, la société d’investissement du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.Outre les Etats-Unis, Business Insider décline son site dans sept autres pays. Une version allemande doit être lancée fin 2015, tout comme une version française début 2016, en partenariat avec le groupe Prisma. L’entreprise compte 325 employés, dont la moitié de journalistes, et revendique 76 millions de visiteurs uniques par mois.Le « style Business Insider » mêle un ton sans complexe, des commentaires bruts et pratique l’agrégation massive de contenus Web. « Les scoops ne sont pas la panacée : il faut deux jours d’enquête pour en sortir un, ça ne vaut pas le coup. Si quelqu’un a un scoop, nous le reprenons sur notre site quatre minutes plus tard », s’est ainsi enorgueilli le fondateur Kevin Ryan, un entrepreneur américain, dans un article du New Yorker en 2013. Des propos en partie provocateurs, car le site est aussi réputé pour ses informations exclusives.Le site se félicite de faire une audience comparable à celle du Wall Street Journal avec beaucoup moins d’employés. Outre ses informations, il le doit en bonne partie à son ton léger, voire provocateur et attrape-clics – qui rappelle le style tabloïd du site Gawker.Sur sa page d’accueil, on peut lire des titres comme : « Quinze citations de Steve Jobs qui donnent de l’inspiration », « Les dix armes les plus terrifiantes de l’armée russe », « Voici ce que ça fait de devenir super-riche d’un coup », « Voilà pourquoi ceux qui pensent que les bloqueurs de publicité sont des extorqueurs se trompent ». Ce dernier billet a pour illustration une photo du Parrain, typique du style d’illustration Web et pop culture du site, qui peut citer un dessin animé ou le film The Big Lebowski. Dirigé par un ancien analyste financierLe site cible notamment les gens qui travaillent dans la finance. Il a pour PDG et rédacteur en chef une personnalité hors norme et controversée de la Silicon Valley : Henri Blodget.Celui-ci a été dans une première vie connu comme analyste financier dans le secteur technologique. Après être devenu une star pour avoir entre autres prévu la forte hausse de la jeune boutique en ligne Amazon, il a, à la fin des années 1990, rejoint la banque d’affaires Merrill Lynch.Il est alors devenu tristement célèbre pour avoir été banni des marchés en raison d’une infraction à l’éthique des analystes : sur certaines actions en Bourse, il avait fait des recommandations publiques qui étaient opposées à celles qu’il partageait en interne par e-mail à Merrill Lynch. Henry Blodget ainsi que la directrice générale, Julie Hansen, vont rester en place, selon Springer.« Cette transaction étend l’audience mondiale d’Axel Springer sur Internet à environ 200 millions de lecteurs », affirme le groupe allemand dans un communiqué. Cela en fera le sixième groupe de presse dans le monde en termes d’audience numérique. Le rachat de Business Insider doit toutefois encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence.Cette acquisition permet au groupe, conformément à sa stratégie depuis quelques années, de continuer à se développer dans le numérique, mais aussi dans les contenus en langue anglaise. Il y a deux mois, le groupe allemand avait échoué à racheter le Financial Times, finalement acquis par le groupe japonais Nikkei.« Le ton créé par Henry Blodget et son mode de traitement de l’information parlent aux décideurs de demain, estime Mathias Döpfner, le président d’Axel Springer. La combinaison de nos forces respectives est à même de créer de la croissance et d’élargir l’offre de Business Insider à de nouvelles thématiques et de nouveaux territoires. » Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Créer une structure unique pour l’audiovisuel public, France Médias, en 2020. C’est la proposition choc que font les sénateurs André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans un rapport qui prône « un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public », présenté mardi 29 septembre, et auquel Le Monde a pu accéder.Ce rapport constitue une contribution au débat qui agite le secteur. À court terme, la question est celle du financement de sociétés dont la situation financière est fragile (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’Institut national de l’audiovisuel…), alors que l’examen de la loi de finances 2016 doit s’engager au Parlement. Au-delà, il s’agit de trouver les moyens de sortir ces entreprises d’une situation permanente d’incertitude quant à leurs ressources et de les aider à s’autonomiser.Les sénateurs de la mission de contrôle commune à la commission des finances et à la commission de la culture rappellent d’abord quelques constats. Les ressources propres de ces entreprises stagnent, alors que la part de la contribution à l’audiovisuel public (la redevance, qui représente 3,7 milliards d’euros en 2015) dans leur budget augmente. Cela va à l’encontre de l’orientation politique générale qui les encourage à générer des recettes (publicité, diversification, etc.).A effectifs constants, les charges de personnel des sociétés d’audiovisuel public augmentent mécaniquement, et France Télévisions comme Radio France affichent, en 2015, un résultat négatif.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continu« Contribution universelle » et « publicité raisonnable »Les sénateurs proposent de stabiliser les ressources en augmentant la redevance de deux euros (hors inflation) pendant deux ans, contre des engagements de réduction des dépenses. Cela permettrait d’éviter « le recours à l’endettement des sociétés ». Ils proposent qu’une partie de cette collecte soit affectée à une réserve de 150 millions d’euros destinée à répondre aux aléas et à « inciter aux mutualisations » entre sociétés de l’audiovisuel public.On peut penser, par exemple, au projet de chaîne d’information en continu de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui planche sur le sujet en dialogue avec Radio France.Après 2017, les sénateurs proposent de remplacer la redevance par une « contribution forfaitaire universelle sur le modèle allemand ». Cela signifie que presque tous les foyers seraient concernés, alors qu’il n’y a aujourd’hui que 27 millions de Français redevables. Cette contribution tiendrait également compte des nouveaux usages (smartphones, tablettes, etc.)Autre innovation, la définition d’une sphère de « publicité raisonnable », « compatible avec les valeurs du service public », qui permette de « rétablir la possibilité de diffuser de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions » tout en « interdisant la publicité dans les plages horaires consacrées aux programmes destinés à la jeunesse ». Une proposition qui contraste avec l’arbitrage récemment exprimé par Fleur Pellerin de maintenir l’absence de publicité en soirée sur les écrans publics.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteRemise en cause des engagements envers la productionLe retour de la publicité n’est pas le seul changement culturel que proposent les sénateurs. Ceux-ci entendent également rompre avec les équilibres actuels en « supprimant l’obligation faite à France Télévisions de garantir la diversité de la production, en particulier dans la fiction, qui favorise la dispersion de ses investissements et l’émiettement du secteur de la production ». Il s’agit d’une remise en cause du cahier des charges de l’entreprise publique, qui doit aujourd’hui consacrer 95 % de ses dépenses de création audiovisuelle à des sociétés de production externes.La part de production interne serait donc renforcée. Ce serait une rupture majeure pour le secteur de la production, dans lequel France Télévisions investit quelque 400 millions d’euros par an actuellement.Enfin, en 2020, le rapport préconise la création d’une structure de tête rassemblant les entreprises de l’audiovisuel public, France Médias, « pour favoriser les mutualisations, la polyvalence des personnels, le développement d’une marque commune et les investissements dans le numérique. » Son dirigeant serait nommé par un conseil d’administration où ne siégeraient pas les ministères de tutelle mais uniquement l’Agence des participations de l’Etat (APE). Cet organe serait aussi chargé de répartir le produit de la contribution universelle entre les différentes sociétés.« Un groupe unique de l’audiovisuel public bénéficiera de plus de marges de manœuvre financières et détiendra un meilleur pouvoir de négociation pour investir dans l’information, la création et le numérique », argumentent les sénateurs, qui visent notamment la « mutualisation des investissements des sociétés de l’audiovisuel public en vue du développement d’une plateforme numérique unique ». Un vœu qui fait écho à la volonté de rapprochement plusieurs fois exprimée par l’exécutif, mais qui va aussi beaucoup plus loin.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, parmi lesquels 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Sous le choc, environ 150 salariés du groupe se sont réunis en AG pendant deux heures dans l’après-midi. Les syndicats vont poursuivre les négociations avec la direction, espérant rencontrer la ministre de la culture, Fleur Pellerin, jeudi.Salle comble à @l'express pour AG des salariés au sujet du plan social programmé mais non encore formellement annoncé http://t.co/ppmNaGSktl— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);A l’issue de ce plan social, il resterait notamment 75 journalistes rédacteurs dans les rédactions de l’hebdomadaire version papier, de son site et de son supplément Styles contre 111 précédemment.« On a besoin de quelques millions de la part d’un milliardaire. Patrick Drahi a la responsabilité de ne pas nous laisser tomber », a lancé Jacques Trentesaux (CFDT). « Le journal a des archaïsmes et des scléroses », a répondu le rédacteur en chef Christophe Barbier devant l’AG, qui l’a fraîchement accueilli..@C_Barbier reste solidaire de la direction de @lexpress tout en se posant garant d'un PSE "plus malin, moins douloureux"— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);Une organisation « tout à fait inadaptée » pour la directionDans son courrier aux salariés, dont l’AFP a obtenu copie, la direction a assuré vouloir « pérenniser et développer sur le long terme » le groupe L’Express mais avoir trouvé une situation financière « bien plus dégradée » que prévu.Elle fait état d’un déficit cumulé sur 2006-2014 de plus de 86 millions d’euros et d’une perte attendue de 4 millions cette année, qui atteindra 10 millions avec le coût de la clause de cession. Elle pointe aussi du doigt une organisation inchangée en dix ans et « tout à fait inadaptée ».Face à cette situation, « nous avons décidé d’agir rapidement » car « sans décisions de saine gestion – parfois douloureuses – il nous sera impossible de construire ensemble un projet économiquement viable », plaide-t-elle.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny Peut-être qu’un jour Vincent Bolloré, le patron de Canal+, expliquera les raisons qui l’ont poussé à censurer l’enquête du magazine « Spécial Investigation » démontrant un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisés par des dirigeants du Crédit Mutuel. Pour le moment, le seul soupçon qui plane pour expliquer cette censure est que cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée.Après avoir visionné le documentaire avant sa diffusion le 7 octobre à 23 h 20 sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction », il apparaît que cette enquête très fouillée et documentée n’aurait sans doute pas déclenché un scandale si elle avait été diffusée, comme prévu, sur Canal+.Néanmoins, le travail réalisé par Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci, les deux auteurs de l’enquête, est conséquent. Ils expliquent par le détail comment la banque Pasche, filiale du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne auquel ils ont accès, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent n’ayant aucun rapport avec son train de vie. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Entretiens sauvagesAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les deux journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré. Apostrophé fin avril dans la rue à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ces méthodes – plutôt brutales – d’interview.C’est quelques jours après cet incident, que les auteurs et la production apprennent que leur enquête prévue en diffusion le 18 mai, sera sans doute déprogrammée de Canal+. La rumeur est confirmée vers la mi-mai. L’enquête est censurée sans explications. Alain Fradin a-t-il contacté Vincent Bolloré pour lui faire part de sa colère sur les méthodes employées par les journalistes et sur cette enquête gênante ? Vincent Bolloré a t-il pris le temps de visionner le documentaire ou a-t-il devancé la demande des dirigeants du Crédit mutuel ? Les questions restent – pour l’instant – sans réponses.Remontée et légèrement rallongée, l’enquête qui a été rachetée par France 3, n’est toutefois pas encore à l’abri d’une non-diffusion. En effet, Canal+ qui a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du « Grand Journal » viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production et demander un référé à la justice avant sa diffusion sur France 3.Mais, pour le moment, la chaîne affirme n’avoir reçu aucune demande de Canal+. Le jour de sa diffusion, Médiapart, partenaire de cette enquête, devrait apporter d’autres documents sur cette affaire.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »@psennypsenny@lemonde.frDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le27.09.2015 à 16h24 | Thomas Wieder et Ariane Chemin « Zemmour président ! » C’est la couverture de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, jeudi 24 septembre. Un slogan qui claque comme une affiche électorale, le scénario imaginaire d’un livre écrit par un journaliste maison, Geoffroy Lejeune (Une élection ordinaire, Ring) qui installe au terme d’une campagne semée d’embûches l’auteur du Suicide français (Albin Michel, 2014) à l’Elysée, en 2017.Une fiction, bien sûr ; un pitch dont Eric Zemmour n’a pas eu l’initiative – il en a reçu les épreuves, mais n’a pas eu son mot à dire. « Je ne suis ni élu ni éligible », confiait Zemmour devant Robert Ménard, qui l’avait reçu en octobre 2014 à Béziers pour son futur best-seller. Il avait aussi lâché cette phrase qui sonnait comme une prophétie : « Les hommes politiques ont peu d’importance, et plus on avance et moins ils en auront. »Quelques mois plus tôt, le journaliste avait refusé une place éligible sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) aux européennes. Le 16 septembre, on lui a demandé sur France 5 s’il se verrait ministre de la culture de Marine Le Pen, fauteuil dans lequel l’avait assis un jour la présidente du FN, il a encore répondu (en précisant que l’étiquette frontiste n’est pas l’obstacle) : ministre, « je [n’y] tiens pas spécialement ». D’après un sondage commandé par l’hebdomadaire à l’IFOP, 12 % des Français seraient « prêts à voter » pour Zemmour à la présidentielle. Susciter la demande pour imposer l’offre, comme disent les spécialistes de l’opinion : voilà... Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexandre Piquard et Alexis Delcambre C’est une décision inédite dans l’histoire de l’audiovisuel français : le Conseil supérieur de l’audiovisuel a décidé mercredi 14 octobre « d’abroger l’autorisation de diffusion accordée le 3 juillet 2012 » à la chaîne télévisée Numéro 23. L’autorité a décidé de frapper fort dans un dossier très sensible, celui de la revente de la chaîne à NextRadioTV, rapidement devenue symbolique pour certains d’une « spéculation » sur les canaux de télévision. En effet, cette chaîne de la « diversité des origines et des modes de vie » avait, lors de l’appel d’offres pour créer six nouvelles chaînes de la TNT, obtenu sa fréquence gratuitement, comme c’est toujours le cas en télévision.La décision du CSA ne prendra toutefois effet que le 30 juin 2016 : l’autorité veut éviter un écran noir pour les téléspectateurs. De plus, ce délai « permet aussi à la société Diversité TV de renoncer aux conditions du pacte d’actionnaires et de la cession qui ont conduit le conseil à retirer l’autorisation », suggère le CSA. En attendant, la décision suspend de facto la vente de la chaîne, cédée au début d’avril pour 88,3 millions d’euros.Numéro 23 garde une petite porte ouverte : elle pourrait renoncer à la vente et reprendre son exploitation, quitte à éventuellement envisager une cession plus tard, pourquoi pas avec NextRadioTV, qui continuera à suivre le dossier.Toutefois, le coup d’arrêt est brutal : la veille, les intéressés n’envisageaient pas une telle décision. Celle-ci ne respecterait pas le droit et serait disproportionnée, pensaient en privé l’actionnaire principal de Numéro 23, Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du Monde), et NextRadioTV.« Un abus de droit entaché de fraude »Le 23 juin, le CSA avait ouvert une procédure de sanction envers Diversité TV en raison d’une modification de son pacte d’actionnaires survenue en 2013 pour permettre l’entrée de la société russe UTH. « Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA.Le conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Or, en 2012, Diversité TV s’était engagée au moins jusqu’en 2019. En outre, « la société n’a que très partiellement rempli les objectifs affirmés lors de sa candidature ; elle a ainsi fait l’objet de plusieurs rappels, mises en garde et mises en demeure. »Pour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». Son actionnaire principal, Pascal Houzelot, aurait ainsi « dès mai 2013 (…) cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », ajoute le communiqué du CSA. Il est interdit de revendre une chaîne moins de deux ans et demi après son autorisation.Alain Weill regrette une décision « plus morale que juridique »« C’est une décision plus morale que juridique. Or, c’est le droit qui doit primer », a regretté Alain Weill, PDG de NextRadioTV, joint par Le Monde. Le propriétaire de BFM-TV et de RMC n’a pas encore pris de décision, mais il est fort probable que la sanction du CSA soit attaquée devant le Conseil d’Etat.« Je ne suis pas surpris, car on sentait que le CSA voulait vraiment sanctionner Pascal Houzelot », a commenté M. Weill. « C’est une petite victoire pour les acteurs historiques qui ne veulent pas que les nouveaux entrants prennent de l’importance dans le secteur », a-t-il ajouté, sous-entendant que M6 ou TF1 avaient été hostiles à la vente.« Je trouve que nous avons un vrai problème de régulation : les décisions sont beaucoup trop longues et paralysent les entreprises », a encore regretté le patron de NextRadioTV, également en attente du choix du CSA dans le dossier de la chaîne d’information LCI, un rival potentiel de sa chaîne BFM-TV.Un très long feuilleton politiqueDe fait, la procédure « Numéro 23 » a été un long feuilleton, lancé à l’annonce de la cession de la chaîne, au début d’avril. Le dossier est instantanément devenu politique : pour des élus et des observateurs, il symbolisait l’abus du bien public que sont les fréquences, attribuées gratuitement, contrairement à celles du secteur des télécommunications, vendues aux enchères.Le dossier a été très riche en rebondissements : le CSA a longuement mené ses travaux pour déterminer s’il agréait la vente, en réalisant notamment une étude d’impact. Mais il a aussi demandé une instruction spéciale — puis un complément d’instruction — sur la question de l’actionnariat et notamment sur l’arrivée de l’investisseur russe à hauteur de 15 %.Le dossier a suscité un débat juridique : sur la question de l’actionnariat, le rapporteur mandaté par le CSA, issu du Conseil d’Etat, avait conclu qu’il n’y avait pas lieu de sanctionner, le pacte était considéré comme une mesure classique de protection d’un actionnaire minoritaire.Lire aussi :La vente de Numéro 23 fait face à de nouvelles complicationsLa décision du CSA rappelle l’ambiance très froide de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre : le propriétaire de la chaîne a été entendu par les huit conseillers du CSA, qui n’ont pas cherché à cacher dans cet entretien public une certaine hostilité à la transaction.L’un ironisait sur la forte présence à l’antenne d’émissions de téléréalité consacrées au tatouage, un choix jugé hors sujet par rapport à l’objet de la chaîne, consacrée à la diversité des origines et des modes de vie. Une autre conseillère demandait à M. Houzelot s’il « rendrait la fréquence » en cas de refus d’agrément de la vente par le CSA. Diversité TV avait obtenu cette autorisation de diffusion en 2012, lors de l’attribution de fréquences en haute définition par le CSA.Par le passé, plusieurs acteurs ont pu céder au prix fort des chaînes fraîchement attribuées par le CSA. Vincent Bolloré a ainsi cédé ses chaînes Direct 8 et Direct Star au groupe Canal+. La seconde, alors sous le nom de Virgin 17, avait été cédée à Bolloré par le groupe Lagardère. TF1 a également racheté NT1 et TMC à AB Production. La décision du 14 octobre montre que le CSA entend désormais mieux encadrer ces pratiques.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 07h11 • Mis à jour le14.10.2015 à 07h46 | Thomas Wieder et Alexis Delcambre Les intrusions de Vincent Bolloré dans le domaine de l’information au groupe Canal+, dans un contexte de concentration accrue des médias, sont un sujet de préoccupation au ministère de la culture. Selon nos informations, la Rue de Valois réfléchit actuellement à une évolution de la loi, pour mieux protéger l’indépendance des rédactions, en particulier dans l’audiovisuel.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »L’idée serait notamment de rendre obligatoire la référence à l’indépendance éditoriale et au pluralisme des opinions dans les conventions qui lient les chaînes de télévision au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cela favoriserait la capacité du CSA à intervenir quand l’indépendance des rédactions semble menacée. Une telle notion n’est actuellement pas présente dans la convention de Canal+.Autre piste : rendre obligatoire la constitution de comités d’éthique et de déontologie, chargés de veiller au respect de ces principes. Enfin, le ministère réfléchit à la création d’un statut de « lanceur d’alertes » pour les rédactions, et à leur protection.Dès janvier ?Le ministère envisagerait que ces mesures intègrent le projet de loi relatif à la création, que Fleur Pellerin doit défendre devant le Sénat début 2016. Le sujet reste toutefois soumis à l’arbitrage de Matignon et de l’Elysée.Le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter, la ministre de la culture s’était posée en « garante du pluralisme des médias », tout en précisant, au sujet de Vincent Bolloré : « Aucune enquête n’a pour l’instant révélé s’il y avait eu une intervention directe. » « [Si c’était le cas] j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j’évoque ce sujet avec le CSA », avait ajouté la ministre.Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires avait été auditionné par le CSA. Celui-ci avait obtenu la création d’un « groupe de travail », chargé d’étudier la traduction concrète des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, de l’indépendance éditoriale et de l’exercice du métier de journaliste », avait précisé l’autorité dans un communiqué.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementDe son côté, le collectif « Informer n’est pas un délit » avait appelé le CSA à défendre l’indépendance éditoriale.Lire aussi :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterThomas WiederRédacteur en chef - chef du service FranceSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Arnaud Lagardère s’est plaint de la « une » du Journal du dimanche du 11 octobre, sur laquelle un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, était accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Le propriétaire du groupe de presse Lagardère Active, qui comprend notamment Le Journal du dimanche, Paris Match, Elle ou la radio Europe 1, a trouvé cette « une » trop empathique et a voulu le faire savoir, écrit Le Point, ce qui a été confirmé au Monde.Selon une source proche du dossier, Denis Olivennes, président du groupe de presse, n’aurait lui non plus pas apprécié cette couverture et l’aurait fait savoir directement au directeur du journal, Jérôme Bellay. Il a trouvé qu’elle manquait de recul et de nuance.Assemblée générale prévue vendrediLa « une » de dimanche en a également choqué certains dans la rédaction, raconte une source en interne. Pour certains, la grogne a été renforcée par le fait que Marine Le Pen a par ailleurs été l’invitée, le 11 octobre, de C Politique, une émission de France 5 produite par Jérôme Bellay. Cofondateur de France Info et LCI, ce dernier est également producteur, notamment de C dans l’air.Une assemblée générale de la société des journalistes est prévue vendredi 16 octobre.Ce n’est pas la première fois que M. Lagardère se plaint d’un contenu. En novembre 2014, alors que M. Bellay était également directeur du « JDD », il avait reproché une dérive « people » quand l’hebdomadaire avait titré sur « les femmes » de François Hollande, quelques jours après que Paris-Match, également propriété du groupe avait fait sa couverture sur Valérie Trierweiler. En 2005, celui qui s’est présenté un temps comme le « frère » de Nicolas Sarkozy avait également réagi à la « une » de Paris-Match consacrée, le 25 août, à la liaison entre Cécilia Sarkozy et le publicitaire Richard Attias. L’ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Alain Genestar avait été licencié un peu plus d’un an après.Lire aussi : Selon Alain Genestar, Nicolas Sarkozy est à l'origine de son licenciementAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 11h41 | Claire Ané Le prix s’appelle « Stop aux clichés sur les jeunes » et manque de lauréats 2015. Lancé voilà huit ans par un collectif d’associations, ce prix entend lutter contre les idées reçues véhiculées par les médias en récompensant chaque année des reportages qui « donnent la parole aux jeunes en faisant appel à des points de vue différents, sans verser dans l’amalgame ou les clichés ». L’idée est de mettre en avant les bons élèves plutôt que les mauvais. Sauf que pour la deuxième année d’affilée, la catégorie « télé » est restée sans vainqueur.« On a visionné les quatre reportages télé présélectionnés, mais avec la vingtaine d’autres membres du jury nous étions d’accord pour dire que, sans être forcément mauvais, ils étaient très quelconques : aucun ne méritait d’être primé », raconte Amélie Werdmüller, une jurée de 21 ans, originaire de Mulhouse. Les sujets évoqués ? Des jeunes qui avaient une passion en dehors de leurs études, « ce qui est quand même très courant » ou encore un centre de formation au rugby pour les jeunes, dont « le commentaire insistait sur le fait qu’ils venaient de quartiers sensibles ».Dans le troisième, « on voyait une étudiante se plaindre de devoir faire des petits boulots en parallèle de ses études et dire que quand elle manquait d’argent, elle préférait le garder pour sortir le soir plutôt que pour aller chez le médecin : pourtant, avec la Sécu, on est quand même assez bien couverts pour les soins », pointe une autre jurée, Adeline Marie-Sainte, étudiante en deuxième année de droit à Strasbourg. Quant au dernier, portrait d’une lycéenne engagée, il ne leur a laissé à toutes deux, quinze jours après les délibérations, que peu de souvenirs…« On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés »Est-ce la présélection qui a été défaillante ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché, argumente Simon Berger, coordinateur du prix au sein de l’une des associations participantes, l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes). « Nous sommes quelques-uns à effectuer une veille toute l’année et nous nous sommes rendus plusieurs journées à l’INA, où l’on peut visionner tous les reportages référencés avec le mot-clé ’jeunesse’». Mais en télé, il n’a pas été nécessaire de débattre : il n’y avait que quatre sujets qui nous semblaient remplir les critères. Le reste ressemblait trop souvent au florilège qu’a montré le Petit Journal, sur Canal+, quand il a invité des membres de Stop aux clichés : des jeunes sans arrêt au téléphone, qui boivent et ne travaillent pas ».Pour les deux jeunes jurées, les sujets soumis étaient à la mesure de ce qu’elles voient quotidiennement sur le petit écran : « Ce sont tout le temps les mêmes sujets qui reviennent au JT : le décrochage scolaire, les jeunes qui manifestent ou qui brûlent des voitures, ceux qui sont au chômage. On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés, et que toute la jeunesse est mise dans le même petit sac. Ce qu’on a aimé dans les reportages primés dans les autres médias, c’est qu’ils ne faisaient pas pleurer », explique Amélie Werdmüller. « La télé montre les incidents, les choses croustillantes, mais très peu de jeunes qui font avancer les choses », complète Adeline Marie-Sainte.La téléréalité, « grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes »Le sociologue François Jost, spécialiste de la télévision, n’est pas surpris de ce constat : « La plus grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes est la téléréalité : des garçons bodybuildés, des filles peu habillées, ou alors des jeunes de banlieue à la limite du voyou, explique ce professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. A côté, les émissions de Cyril Hanouna et le Petit Journal de Canal+ font le portrait d’une certaine jeunesse, très citadine. Les autres jeunes, on les aperçoit dans les JT lors de la rentrée, du bac, des chiffres du chômage. Et ceux-ci montrent plutôt ce qui va mal - les enfants hyperactifs notamment -, et l’exceptionnel, comme les jeunes surdoués qui passent leur bac ». Une récente étude de l’INA, portant sur l’enfance et la jeunesse dans les JT de 2010 à 2014, met en chiffres ce sentiment diffus : « les jeunes apparaissent avant tout comme les victimes, et parfois les auteurs, de faits divers (28 % de l’offre) ». Ont ainsi beaucoup été traités l’affaire Merah (179 sujets), l’enlèvement de lycéennes au Nigéria par le groupe Boko-Haram (103 sujets), la tuerie dans une école primaire de Newton aux Etats-Unis (94 sujets).Les autres grands thèmes liés à la jeunesse abordés dans les informations télévisées sont la société et l’éducation. Peu d’images positives vantent les réussites ou actes de bravoure des jeunes, avec seulement 240 sujets identifiés sur cinq ans, dont 58 en 2014, année du prix Nobel de la paix accordé à la jeune militante pakistanaise des droits des femmes Malala Yousafzai.Claire AnéJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 15h58 Faute de statistiques ethniques, interdites par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) utilise le critère d’« origine perçue » (« blancs », « noirs », « arabes », « asiatiques ou « autres ») pour évaluer la diversité mise en scène dans les programmes télévisés en France. Or, en 2015, le bilan reste le même que l’année précédente : le paysage audiovisuel français est largement dominé par les personnes apparaissant comme « blanches ».Lire aussi :L’interminable débat français sur les « statistiques ethniques »Plus gênant encore : les 14 % de « personnes perçues comme non blanches » apparaissant à l’écran sont le plus souvent présentées sous un mauvais jour, relève le cinquième baromètre de la diversité du CSA. Elles sont ainsi plutôt plus pauvres : constituant 17 % des catégories socioprofessionnelles moins aisées (CSP-) dans les émissions et seulement 11 % des CSP +. Par contre, quand des activités « marginales ou illégales » sont évoquées, le taux de personnes perçues comme « non blanches » est de 37 %, souligne cette étude réalisée en avril-mai sur 1 600 programmes de la TNT gratuite (fictions, informations, magazines et documentaires), soit 43 000 personnes vues à l’écran.Peu de héros parmi les « non-blancs »Les « non-blancs » sont aussi plutôt jeunes : représentant 18 % des moins de 20 ans contre seulement 4 % des 65 ans et plus, et il s’agit davantage d’hommes (16 %) que de femmes (13 %). Dans la fiction, le taux de personnes perçues comme « non blanches » n’est que de 9 % pour les rôles de héros.Autre catégorie peu représentée, les personnes « perçues comme handicapées » demeurent presque inexistantes à la télévision, avec 0,4 % des personnages.Lire aussi :Le CSA pousse les médias à s’engager sur la diversité Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 10h22 • Mis à jour le13.10.2015 à 01h32 Le journaliste irano-américain Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran, arrêté il y a plus d’un an en Iran pour espionnage, a été jugé coupable, rapportait dimanche 11 octobre l’agence iranienne de presse ISNA. Sa peine n’a cependant pas été rendue publique, provoquant la déception du Washington Post, qui a déploré une annonce « vague et déroutante » et a affirmé qu’il fera appel.Jason Rezaian, 39 ans, qui a la double nationalité iranienne et américaine, avait été arrêté le 22 juillet 2014 à son domicile en compagnie de son épouse, Yeganeh Salehi, remise en liberté depuis. Le journaliste a comparu à quatre reprises depuis mai lors d’audiences à huis clos devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, une cour spéciale qui juge les dossiers politiques ou touchant à la sécurité nationale.Possible échange de prisonniersDepuis le début de l’affaire, le Washington Post conteste les accusations d’espionnage portées contre son journaliste, qui n’a fait qu’exercer son métier. Le directeur de la rédaction du journal, Martin Baron, a qualifié ce procès de « mascarade » et de « mélange infect de farce et de tragédie ». « L’Iran a agi de façon impensable tout au long ce cas, mais jamais tant qu’avec cette décision indéfendable de condamner un journaliste innocent pour des crimes graves après une procédure tenue à huis clos », a-t-il encore estimé.Les Etats-Unis et l’Iran n’ont plus de liens diplomatiques depuis la crise des otages de 1979, mais l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet pourrait faciliter un dégel relatif de leurs relations.Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, n’a pas exclu au début de septembre l’idée d’un échange de prisonniers pour libérer Jason Rezaian et d’autres Américains détenus en Iran. Plusieurs Iraniens sont actuellement emprisonnés aux Etats-Unis. Alexis Delcambre Facebook a déployé, mardi 20 octobre, son nouveau format destiné aux publications de médias. Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 17h10 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre La venue de la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre, sur France 2, n’en finit pas de créer des remous. La présidente du Front national a vivement réagi à l’annonce de France Télévisions d’inviter également ses concurrents Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. Dans un communiqué, elle a dénoncé « très fermement les méthodes de France 2 ».« Dans ces conditions, je ne peux accepter l’invitation qui m’a été faite qu’à la condition que le débat envisagé avec messieurs Saintignon et Bertrand remplace les débats initialement prévus avec messieurs Lagarde et Le Foll. »Soumise à la critique d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ».Lire aussi :Marine Le Pen, politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Pierre de Saintignon a fait savoir en début d’après-midi qu’il serait présent à l’émission « pour défendre son projet » régional. Xavier Bertrand y participera aussi, mais il ne sera pas sur le plateau, selon son directeur de campagne, Gérald Darmanin. Il est prévu qu’ils aient un temps de parole strictement égal avec celui de Marine Le Pen, avait précisé la chaîne.Proposition de dernière minute de #DPDA : @xavierbertrand sera en duplex depuis La Chapelle d'Armentières où il tient une réunion publique— GDarmanin (@Gérald DARMANIN)require(["twitter/widgets"]);Xavier Bertrand et Pierre de Saintignon avaient chacun saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) au sujet de l’émission de jeudi. Cette dernière a lieu avant le début de la période de campagne officielle, qui commence lundi et impose un « accès équitable à l’antenne » des candidats. Mais, pour les deux têtes de liste, l’émission était trop proche de la période de campagne et de nature à l’influencer.Un axe Cambadélis-SarkozyAu fil de la journée de mercredi, la pression sur France Télévisions n’avait cessé de croître. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avait ainsi envoyé une lettre au président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy, pour lui proposer de saisir conjointement le CSA sur le sujet.« II n’est pas admissible que le service public fasse plus de deux heures de publicité pour Mme Le Pen au détriment des partis républicains représentés à l’Assemblée nationale, a écrit M. Cambadélis. Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Et de proposer une « démarche commune » à M. Sarkozy, qui pourrait par exemple passer par l’intermédiaire des têtes de liste des deux partis aux élections régionales des 6 et 13 décembre.M. Sarkozy a saisi la main tendue de M. Cambadélis. Le président des Républicains, qui a toujours refusé de débattre avec le premier secrétaire du PS ou même de lui parler au téléphone au moment de l’organisation de la marche républicaine du 11 janvier, a appelé M. Cambadélis pour lui dire qu’il « partageait son analyse » et qu’il y avait « une violation manifeste des règles républicaines en matière de temps de parole ». « Il doit y avoir dans ce contexte une solidarité des partis républicains », explique-t-on dans le camp Sarkozy.Saisine séparée L’initiative d’une lettre au CSA devait se faire par contre de façon séparée. Frédéric Péchenard, directeur général des Républicains, a préparé un courrier qu’il doit envoyer à la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et au président du CSA, Olivier Schrameck. « Il n’est pas question de vouloir débattre ou non avec Mme Le Pen. Nous ne nous sommes jamais dérobés. Il est question, à deux jours de la campagne officielle, d’exiger une stricte égalité de traitement entre les candidats », explique M. Péchenard dans cette lettre, où il demande que Xavier Bertrand soit le contradicteur de la présidente du FN.Marine Le Pen a fait mine de s’offusquer. « L’“UMPS” truste déjà 90 % du temps de parole, je trouve ça ahurissant. Mais je ne peux que les remercier de me faire autant de publicité, plus de monde va regarder mon émission, a raillé la présidente du FN, jointe par Le Monde. C’est une polémique artificielle pour mettre les gens qui vont m’interroger dans l’embarras, pour les pousser à être plus agressifs. »Douze pour cent des invitations de l’émission pour le FN Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ».En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen. « Nous nous y employons », avait-on répondu à la présidence de France Télévisions, avant d’annoncer, quelques heures plus tard, inviter MM. Bertrand et de Saintignon.Depuis la création de « Des paroles et des actes », en 2011, le Front national n’a reçu que 12 % des invitations, selon France Télévisions. Mais celles-ci se sont concentrées sur Mme Le Pen, qui en a été à cinq reprises l’invitée principale, en incluant l’émission de jeudi. Un record.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalOlivier FayeMatthieu GoarJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’Autorité de la concurrence a autorisé, mercredi 21 octobre, le rachat du Parisien et de sa déclinaison Aujourd’hui en France par le groupe de luxe LVMH, déjà propriétaire du quotidien économique Les Echos. Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La tension est montée chez Vivendi, lundi 19 octobre, au lendemain de la publication par Le Parisien d’un article faisant état d’une « chute des abonnés » de Canal+ qui, selon le quotidien, « atteint 10 % en septembre ». Le soir même, le groupe de médias a publié un communiqué dénonçant « la propagation de fausses informations » et a demandé une enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF) après avoir vu son cours de Bourse baisser de 2,12 % en clôture de la séance du jour. Vivendi s’apprête ainsi à déposer une plainte pour divulgation d’informations trompeuses.Selon Vivendi, « ce chiffre est positif ». Mieux, le groupe assure que ses recrutements ont progressé, alors que Le Parisien écrit désormais que c’est « le nombre de nouveaux abonnés [qui] a baissé de 10 % en septembre » - un mois décisif où Canal+ proposait une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby et la saison 2 d’une de ses séries phares, Les Revenants.La concurrence de nouveaux entrantsEn France métropolitaine, Canal+ indique compter 43 900 nouveaux abonnés en septembre 2015, contre 36 100 un an plus tôt. Pour autant, Canal+ ne donne pas le volume global de ses abonnés.Trésor de Canal+, les abonnements font l’objet de toutes les attentions, mais le groupe ne communique pas à leur sujet. On estime que la chaîne en compte environ 9 millions en France, en ajoutant ceux de Canal+ au sens strict, ceux du bouquet CanalSat et ceux de l’offre de vidéo à la demande CanalPlay.Dans l’Hexagone, la baisse des abonnements à CanalSat a un temps été gommée par la progression des recrutements de CanalPlay. Selon plusieurs sources, ce ne serait plus le cas. BFM-TV a chiffré à 185 000 la baisse des abonnements en 2013 et Le Figaro a récemment évoqué un rythme annuel de 240 000 pour 2015.Le modèle premium de Canal+, placé en haut de gamme – environ 40 euros par mois pour le bouquet Canal+ et 65 euros en ajoutant CanalSat –, subit la concurrence de nouveaux entrants, comme BeINSports (13 euros par mois) ou Netflix, le service de vidéo à la demande par abonnement, dont la première offre est à 8 euros par mois. BeINSports revendique « autour » de 2,5 millions d’abonnés et on estime à 500 000 le nombre de clients conquis par Netflix en un an.Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage françaisArrivé à la tête de Vivendi et de Canal+ en juillet, Vincent Bolloré n’a pas caché que l’affaiblissement du modèle historique du groupe le préoccupait. Devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 24 septembre, il avait même indiqué que Canal+ pourrait devenir déficitaire en 2016, après avoir subi une baisse de son résultat opérationnel en 2014, à 20 millions d’euros (et 583 millions pour l’ensemble du groupe).Internationalisation croissanteMais, s’il recule en France, le nombre d’abonnés à Canal+ dans le monde progresse, et il atteindrait près de 6 millions hors de l’Hexagone. Historiquement présent en Pologne et au Vietnam, le groupe se développe fortement sur le continent africain et nourrit des ambitions en Europe du Sud via Telecom Italia, dont Vincent Bolloré détient plus de 19 %. Depuis son arrivée, celui-ci défend l’internationalisation du groupe. Une façon d’assumer que le chiffre d’affaires réalisé en France a vocation sinon à se réduire, du moins à devenir minoritaire dans l’ensemble.Intitulé « La chute de la maison Canal+ », l’article du Parisien s’arrêtait aussi sur les mauvaises performances des tranches en clair, symbolisées par la relance manquée du « Grand Journal », tombé à moins de 650 000 spectateurs par jour, loin de la formule précédente.Lire aussi :Canal+ : Vincent Bolloré confirme Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal »M. Bolloré clame depuis son arrivée que le seul indicateur de résultats qui lui importe est le nombre d’abonnés et il fait comprendre qu’il va réduire le clair sur Canal+, même si le modèle historique de la chaîne repose sur une corrélation entre la puissance des audiences en clair et la vigueur des recrutements. Vivendi semble vouloir privilégier d’autres leviers de recrutement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexandre Piquard et Alexis Delcambre C’est une décision inédite dans l’histoire de l’audiovisuel français : le Conseil supérieur de l’audiovisuel a décidé mercredi 14 octobre « d’abroger l’autorisation de diffusion accordée le 3 juillet 2012 » à la chaîne télévisée Numéro 23. L’autorité a décidé de frapper fort dans un dossier très sensible, celui de la revente de la chaîne à NextRadioTV, rapidement devenue symbolique pour certains d’une « spéculation » sur les canaux de télévision. En effet, cette chaîne de la « diversité des origines et des modes de vie » avait, lors de l’appel d’offres pour créer six nouvelles chaînes de la TNT, obtenu sa fréquence gratuitement, comme c’est toujours le cas en télévision.La décision du CSA ne prendra toutefois effet que le 30 juin 2016 : l’autorité veut éviter un écran noir pour les téléspectateurs. De plus, ce délai « permet aussi à la société Diversité TV de renoncer aux conditions du pacte d’actionnaires et de la cession qui ont conduit le conseil à retirer l’autorisation », suggère le CSA. En attendant, la décision suspend de facto la vente de la chaîne, cédée au début d’avril pour 88,3 millions d’euros.Numéro 23 garde une petite porte ouverte : elle pourrait renoncer à la vente et reprendre son exploitation, quitte à éventuellement envisager une cession plus tard, pourquoi pas avec NextRadioTV, qui continuera à suivre le dossier.Toutefois, le coup d’arrêt est brutal : la veille, les intéressés n’envisageaient pas une telle décision. Celle-ci ne respecterait pas le droit et serait disproportionnée, pensaient en privé l’actionnaire principal de Numéro 23, Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du Monde), et NextRadioTV.« Un abus de droit entaché de fraude »Le 23 juin, le CSA avait ouvert une procédure de sanction envers Diversité TV en raison d’une modification de son pacte d’actionnaires survenue en 2013 pour permettre l’entrée de la société russe UTH. « Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA.Le conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Or, en 2012, Diversité TV s’était engagée au moins jusqu’en 2019. En outre, « la société n’a que très partiellement rempli les objectifs affirmés lors de sa candidature ; elle a ainsi fait l’objet de plusieurs rappels, mises en garde et mises en demeure. »Pour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». Son actionnaire principal, Pascal Houzelot, aurait ainsi « dès mai 2013 (…) cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », ajoute le communiqué du CSA. Il est interdit de revendre une chaîne moins de deux ans et demi après son autorisation.Alain Weill regrette une décision « plus morale que juridique »« C’est une décision plus morale que juridique. Or, c’est le droit qui doit primer », a regretté Alain Weill, PDG de NextRadioTV, joint par Le Monde. Le propriétaire de BFM-TV et de RMC n’a pas encore pris de décision, mais il est fort probable que la sanction du CSA soit attaquée devant le Conseil d’Etat.« Je ne suis pas surpris, car on sentait que le CSA voulait vraiment sanctionner Pascal Houzelot », a commenté M. Weill. « C’est une petite victoire pour les acteurs historiques qui ne veulent pas que les nouveaux entrants prennent de l’importance dans le secteur », a-t-il ajouté, sous-entendant que M6 ou TF1 avaient été hostiles à la vente.« Je trouve que nous avons un vrai problème de régulation : les décisions sont beaucoup trop longues et paralysent les entreprises », a encore regretté le patron de NextRadioTV, également en attente du choix du CSA dans le dossier de la chaîne d’information LCI, un rival potentiel de sa chaîne BFM-TV.Un très long feuilleton politiqueDe fait, la procédure « Numéro 23 » a été un long feuilleton, lancé à l’annonce de la cession de la chaîne, au début d’avril. Le dossier est instantanément devenu politique : pour des élus et des observateurs, il symbolisait l’abus du bien public que sont les fréquences, attribuées gratuitement, contrairement à celles du secteur des télécommunications, vendues aux enchères.Le dossier a été très riche en rebondissements : le CSA a longuement mené ses travaux pour déterminer s’il agréait la vente, en réalisant notamment une étude d’impact. Mais il a aussi demandé une instruction spéciale — puis un complément d’instruction — sur la question de l’actionnariat et notamment sur l’arrivée de l’investisseur russe à hauteur de 15 %.Le dossier a suscité un débat juridique : sur la question de l’actionnariat, le rapporteur mandaté par le CSA, issu du Conseil d’Etat, avait conclu qu’il n’y avait pas lieu de sanctionner, le pacte était considéré comme une mesure classique de protection d’un actionnaire minoritaire.Lire aussi :La vente de Numéro 23 fait face à de nouvelles complicationsLa décision du CSA rappelle l’ambiance très froide de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre : le propriétaire de la chaîne a été entendu par les huit conseillers du CSA, qui n’ont pas cherché à cacher dans cet entretien public une certaine hostilité à la transaction.L’un ironisait sur la forte présence à l’antenne d’émissions de téléréalité consacrées au tatouage, un choix jugé hors sujet par rapport à l’objet de la chaîne, consacrée à la diversité des origines et des modes de vie. Une autre conseillère demandait à M. Houzelot s’il « rendrait la fréquence » en cas de refus d’agrément de la vente par le CSA. Diversité TV avait obtenu cette autorisation de diffusion en 2012, lors de l’attribution de fréquences en haute définition par le CSA.Par le passé, plusieurs acteurs ont pu céder au prix fort des chaînes fraîchement attribuées par le CSA. Vincent Bolloré a ainsi cédé ses chaînes Direct 8 et Direct Star au groupe Canal+. La seconde, alors sous le nom de Virgin 17, avait été cédée à Bolloré par le groupe Lagardère. TF1 a également racheté NT1 et TMC à AB Production. La décision du 14 octobre montre que le CSA entend désormais mieux encadrer ces pratiques.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 07h11 • Mis à jour le14.10.2015 à 07h46 | Thomas Wieder et Alexis Delcambre Les intrusions de Vincent Bolloré dans le domaine de l’information au groupe Canal+, dans un contexte de concentration accrue des médias, sont un sujet de préoccupation au ministère de la culture. Selon nos informations, la Rue de Valois réfléchit actuellement à une évolution de la loi, pour mieux protéger l’indépendance des rédactions, en particulier dans l’audiovisuel.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »L’idée serait notamment de rendre obligatoire la référence à l’indépendance éditoriale et au pluralisme des opinions dans les conventions qui lient les chaînes de télévision au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cela favoriserait la capacité du CSA à intervenir quand l’indépendance des rédactions semble menacée. Une telle notion n’est actuellement pas présente dans la convention de Canal+.Autre piste : rendre obligatoire la constitution de comités d’éthique et de déontologie, chargés de veiller au respect de ces principes. Enfin, le ministère réfléchit à la création d’un statut de « lanceur d’alertes » pour les rédactions, et à leur protection.Dès janvier ?Le ministère envisagerait que ces mesures intègrent le projet de loi relatif à la création, que Fleur Pellerin doit défendre devant le Sénat début 2016. Le sujet reste toutefois soumis à l’arbitrage de Matignon et de l’Elysée.Le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter, la ministre de la culture s’était posée en « garante du pluralisme des médias », tout en précisant, au sujet de Vincent Bolloré : « Aucune enquête n’a pour l’instant révélé s’il y avait eu une intervention directe. » « [Si c’était le cas] j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j’évoque ce sujet avec le CSA », avait ajouté la ministre.Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires avait été auditionné par le CSA. Celui-ci avait obtenu la création d’un « groupe de travail », chargé d’étudier la traduction concrète des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, de l’indépendance éditoriale et de l’exercice du métier de journaliste », avait précisé l’autorité dans un communiqué.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementDe son côté, le collectif « Informer n’est pas un délit » avait appelé le CSA à défendre l’indépendance éditoriale.Lire aussi :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterThomas WiederRédacteur en chef - chef du service FranceSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Arnaud Lagardère s’est plaint de la « une » du Journal du dimanche du 11 octobre, sur laquelle un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, était accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Le propriétaire du groupe de presse Lagardère Active, qui comprend notamment Le Journal du dimanche, Paris Match, Elle ou la radio Europe 1, a trouvé cette « une » trop empathique et a voulu le faire savoir, écrit Le Point, ce qui a été confirmé au Monde.Selon une source proche du dossier, Denis Olivennes, président du groupe de presse, n’aurait lui non plus pas apprécié cette couverture et l’aurait fait savoir directement au directeur du journal, Jérôme Bellay. Il a trouvé qu’elle manquait de recul et de nuance.Assemblée générale prévue vendrediLa « une » de dimanche en a également choqué certains dans la rédaction, raconte une source en interne. Pour certains, la grogne a été renforcée par le fait que Marine Le Pen a par ailleurs été l’invitée, le 11 octobre, de C Politique, une émission de France 5 produite par Jérôme Bellay. Cofondateur de France Info et LCI, ce dernier est également producteur, notamment de C dans l’air.Une assemblée générale de la société des journalistes est prévue vendredi 16 octobre.Ce n’est pas la première fois que M. Lagardère se plaint d’un contenu. En novembre 2014, alors que M. Bellay était également directeur du « JDD », il avait reproché une dérive « people » quand l’hebdomadaire avait titré sur « les femmes » de François Hollande, quelques jours après que Paris-Match, également propriété du groupe avait fait sa couverture sur Valérie Trierweiler. En 2005, celui qui s’est présenté un temps comme le « frère » de Nicolas Sarkozy avait également réagi à la « une » de Paris-Match consacrée, le 25 août, à la liaison entre Cécilia Sarkozy et le publicitaire Richard Attias. L’ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Alain Genestar avait été licencié un peu plus d’un an après.Lire aussi : Selon Alain Genestar, Nicolas Sarkozy est à l'origine de son licenciementAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14455165756", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#285a82","#28beaa","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Marine Le Pen","Manuel Valls","Jean-Luc Mélenchon","Arnaud Montebourg","François Bayrou","Alain Juppé","Jean-François Copé","François Fillon","François Hollande","Jean-Marc Ayrault","Nicolas Sarkozy","Pierre Moscovici","Christiane Taubira","Emmanuel Macron","Alain Lamassoure","Benoist Apparu","Benoît Hamon","Yann Galut","Bruno Le Maire","Cécile Duflot","Christian Estrosi","Bernard Cazeneuve","Valérie Pécresse","Nathalie Kosciusko-Morizet","Najat Vallaud-Belkacem","Martine Aubry","Marion Maréchal-Le Pen","Laurent Wauquiez","Laurent Fabius","Jean-Marie Le Guen","Jean-Christophe Lagarde","Henri Guaino","Harlem Désir","Florian Philippot","Éric Ciotti"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "invité principal", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 4 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "face à l'invité", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " fois", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.10.2015 à 12h10 • Mis à jour le23.10.2015 à 10h46 | Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Il aura donc suffi d’un amendement adopté en commission à l’Assemblée nationale pour relancer ce que les spécialistes des professions concernées – les producteurs de musique face aux radios privées – ont pris l’habitude d’appeler la guerre des quotas. Disons plutôt la guéguerre, et regardons les enjeux.Les députés ont adopté, dans le cadre du projet de loi sur la liberté de création, un amendement visant à éviter que les mêmes tubes francophones tournent en boucle sur les ondes des radios privées afin de se conformer, au-delà des quotas déjà imposés par la loi, à l’esprit de ces quotas qui vise à promouvoir la création en langue française. Projet soutenu, le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter par la ministre de la culture Fleur Pellerin, pour qui les députés demandent simplement aux radios privées de « remplir mieux l’obligation de promouvoir la diversité culturelle ». Pour Fleur Pellerin, c’est clair, il s’agit de « mettre mieux en valeur la jeune création française ».Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal poséVent debout contre l’amendement, les professionnels des radios privées brandissent l’étendard de la liberté éditoriale. Liberté éditoriale revendiquée afin de permettre la diffusion d’un même titre des centaines de fois. La guerre opposerait donc les tenants de deux libertés différentes : la liberté de création d’un côté, la liberté éditoriale de l’autre.Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal posé. D’un côté, des acteurs politiques soucieux d’une juste diffusion de la chanson d’expression francophone dans toutes ses composantes et dans sa grande diversité. Des politiques naturellement soutenus, voire inspirés, par les producteurs de musique pour qui la radio demeure un vecteur de diffusion et de prescription privilégié, en dépit de l’arrivée de nouveaux supports – YouTube ou les plates-formes d’écoutes comme Deezer ou Spotify.Face aux acteurs politiques, les professionnels des radios privées adoptent une posture de supposée défense des auditeurs, lesquels plébisciteraient quelques chansons seulement parmi les nouvelles productions proposées au marché. Avec un argument fondé sur des chiffres, ceux de l’effondrement, selon eux, de la production francophone.L’œuf ou la poule ?Autrement dit, les dirigeants des radios privées résument de manière simpliste une situation très compliquée, en disant peu ou prou : « Vous ne nous proposez pas assez de bonnes chansons francophones, une partie de la production française est d’ailleurs interprétée en anglais, laissez-nous au moins choisir dans une offre que nous trouvons trop maigre. » Une analyse qui justifierait la diffusion en boucle, douze ou quinze fois par jour, de la même chanson, tandis que des centaines de titres sur lesquels des artistes ont travaillé restent dans les placards et n’ont aucune chance d’arriver seulement jusqu’aux oreilles d’auditeurs considérés comme malentendants et peu capables de juger par eux-mêmes de la qualité de tel ou tel artiste ou de telle ou telle chanson.Disons-le tout net : les auditeurs ne sont pas sourds. La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistes. Le conflit repose aujourd’hui sur un cercle vicieux bien connu des philosophes et penseurs de la culture se résumant par une célèbre question existentielle : « Qui de l’œuf ou de la poule ? » Y a-t-il moins de productions francophones parce que les radios n’en diffusent que très peu ? Ou bien, les radios ne diffusent-elles que très peu de chansons françaises parce que les producteurs n’en proposent pas assez ?La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistesComment sortir d’un cercle vicieux ? En créant un cercle vertueux. Plus les radios diffuseront d’artistes, mieux les créateurs seront exposés sur les ondes, plus les producteurs seront enclins à prendre le risque d’investir sur de nouveaux talents. Et plus les radios auront le choix, donc la liberté éditoriale, de sélectionner les créateurs qu’elles voudront mettre en avant. Et plus les auditeurs, dont nous tenons à rappeler une fois de plus qu’ils sont dotés d’un cerveau et d’une paire d’oreilles souvent prolongées d’un casque audio pour mieux entendre les nuances de la création musicale, seront libres de choisir les artistes – et les radios… – qu’ils souhaitent écouter. Ce qu’il fallait démontrer.Cercle vertueux contre cercle vicieux : le choix devrait s’imposer de lui-même, et conduire à un travail en commun qui remplacerait la guéguerre provoquée par l’amendement voté en commission et soutenu légitimement par la ministre. La liberté de dialogue, entre les producteurs et les diffuseurs, remplacerait alors avantageusement la guerre des quotas et permettrait un retour bienvenu à des postures sans doute plus sérieuses que la grève des quotas décrétée par les radios privées le 29 septembre.Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Alexis Delcambre La tension est montée chez Vivendi, lundi 19 octobre, au lendemain de la publication par Le Parisien d’un article faisant état d’une « chute des abonnés » de Canal+ qui, selon le quotidien, « atteint 10 % en septembre ». Le soir même, le groupe de médias a publié un communiqué dénonçant « la propagation de fausses informations » et a demandé une enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF) après avoir vu son cours de Bourse baisser de 2,12 % en clôture de la séance du jour. Vivendi s’apprête ainsi à déposer une plainte pour divulgation d’informations trompeuses.Selon Vivendi, « ce chiffre est positif ». Mieux, le groupe assure que ses recrutements ont progressé, alors que Le Parisien écrit désormais que c’est « le nombre de nouveaux abonnés [qui] a baissé de 10 % en septembre » - un mois décisif où Canal+ proposait une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby et la saison 2 d’une de ses séries phares, Les Revenants.La concurrence de nouveaux entrantsEn France métropolitaine, Canal+ indique compter 43 900 nouveaux abonnés en septembre 2015, contre 36 100 un an plus tôt. Pour autant, Canal+ ne donne pas le volume global de ses abonnés.Trésor de Canal+, les abonnements font l’objet de toutes les attentions, mais le groupe ne communique pas à leur sujet. On estime que la chaîne en compte environ 9 millions en France, en ajoutant ceux de Canal+ au sens strict, ceux du bouquet CanalSat et ceux de l’offre de vidéo à la demande CanalPlay.Dans l’Hexagone, la baisse des abonnements à CanalSat a un temps été gommée par la progression des recrutements de CanalPlay. Selon plusieurs sources, ce ne serait plus le cas. BFM-TV a chiffré à 185 000 la baisse des abonnements en 2013 et Le Figaro a récemment évoqué un rythme annuel de 240 000 pour 2015.Le modèle premium de Canal+, placé en haut de gamme – environ 40 euros par mois pour le bouquet Canal+ et 65 euros en ajoutant CanalSat –, subit la concurrence de nouveaux entrants, comme BeINSports (13 euros par mois) ou Netflix, le service de vidéo à la demande par abonnement, dont la première offre est à 8 euros par mois. BeINSports revendique « autour » de 2,5 millions d’abonnés et on estime à 500 000 le nombre de clients conquis par Netflix en un an.Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage françaisArrivé à la tête de Vivendi et de Canal+ en juillet, Vincent Bolloré n’a pas caché que l’affaiblissement du modèle historique du groupe le préoccupait. Devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 24 septembre, il avait même indiqué que Canal+ pourrait devenir déficitaire en 2016, après avoir subi une baisse de son résultat opérationnel en 2014, à 20 millions d’euros (et 583 millions pour l’ensemble du groupe).Internationalisation croissanteMais, s’il recule en France, le nombre d’abonnés à Canal+ dans le monde progresse, et il atteindrait près de 6 millions hors de l’Hexagone. Historiquement présent en Pologne et au Vietnam, le groupe se développe fortement sur le continent africain et nourrit des ambitions en Europe du Sud via Telecom Italia, dont Vincent Bolloré détient plus de 19 %. Depuis son arrivée, celui-ci défend l’internationalisation du groupe. Une façon d’assumer que le chiffre d’affaires réalisé en France a vocation sinon à se réduire, du moins à devenir minoritaire dans l’ensemble.Intitulé « La chute de la maison Canal+ », l’article du Parisien s’arrêtait aussi sur les mauvaises performances des tranches en clair, symbolisées par la relance manquée du « Grand Journal », tombé à moins de 650 000 spectateurs par jour, loin de la formule précédente.Lire aussi :Canal+ : Vincent Bolloré confirme Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal »M. Bolloré clame depuis son arrivée que le seul indicateur de résultats qui lui importe est le nombre d’abonnés et il fait comprendre qu’il va réduire le clair sur Canal+, même si le modèle historique de la chaîne repose sur une corrélation entre la puissance des audiences en clair et la vigueur des recrutements. Vivendi semble vouloir privilégier d’autres leviers de recrutement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 16h12 • Mis à jour le30.09.2015 à 10h05 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Signe de la globalisation croissante des grands groupes de médias, et de la priorité désormais accordée au numérique, l’allemand Axel Springer a annoncé, mardi 29 septembre, racheter le site américain Business Insider, un pure player spécialisé dans l’information économique.Déjà détenteur d’environ 9 % du site créé en 2007 sous le nom de Silicon Valley Insider, Axel Springer va dépenser 306 millions d’euros pour en prendre 88 % supplémentaires. Les 3 % restants du capital sont détenus par Bezos Expeditions, la société d’investissement du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.Outre les Etats-Unis, Business Insider décline son site dans sept autres pays. Une version allemande doit être lancée fin 2015, tout comme une version française début 2016, en partenariat avec le groupe Prisma. L’entreprise compte 325 employés, dont la moitié de journalistes, et revendique 76 millions de visiteurs uniques par mois.Le « style Business Insider » mêle un ton sans complexe, des commentaires bruts et pratique l’agrégation massive de contenus Web. « Les scoops ne sont pas la panacée : il faut deux jours d’enquête pour en sortir un, ça ne vaut pas le coup. Si quelqu’un a un scoop, nous le reprenons sur notre site quatre minutes plus tard », s’est ainsi enorgueilli le fondateur Kevin Ryan, un entrepreneur américain, dans un article du New Yorker en 2013. Des propos en partie provocateurs, car le site est aussi réputé pour ses informations exclusives.Le site se félicite de faire une audience comparable à celle du Wall Street Journal avec beaucoup moins d’employés. Outre ses informations, il le doit en bonne partie à son ton léger, voire provocateur et attrape-clics – qui rappelle le style tabloïd du site Gawker.Sur sa page d’accueil, on peut lire des titres comme : « Quinze citations de Steve Jobs qui donnent de l’inspiration », « Les dix armes les plus terrifiantes de l’armée russe », « Voici ce que ça fait de devenir super-riche d’un coup », « Voilà pourquoi ceux qui pensent que les bloqueurs de publicité sont des extorqueurs se trompent ». Ce dernier billet a pour illustration une photo du Parrain, typique du style d’illustration Web et pop culture du site, qui peut citer un dessin animé ou le film The Big Lebowski. Dirigé par un ancien analyste financierLe site cible notamment les gens qui travaillent dans la finance. Il a pour PDG et rédacteur en chef une personnalité hors norme et controversée de la Silicon Valley : Henri Blodget.Celui-ci a été dans une première vie connu comme analyste financier dans le secteur technologique. Après être devenu une star pour avoir entre autres prévu la forte hausse de la jeune boutique en ligne Amazon, il a, à la fin des années 1990, rejoint la banque d’affaires Merrill Lynch.Il est alors devenu tristement célèbre pour avoir été banni des marchés en raison d’une infraction à l’éthique des analystes : sur certaines actions en Bourse, il avait fait des recommandations publiques qui étaient opposées à celles qu’il partageait en interne par e-mail à Merrill Lynch. Henry Blodget ainsi que la directrice générale, Julie Hansen, vont rester en place, selon Springer.« Cette transaction étend l’audience mondiale d’Axel Springer sur Internet à environ 200 millions de lecteurs », affirme le groupe allemand dans un communiqué. Cela en fera le sixième groupe de presse dans le monde en termes d’audience numérique. Le rachat de Business Insider doit toutefois encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence.Cette acquisition permet au groupe, conformément à sa stratégie depuis quelques années, de continuer à se développer dans le numérique, mais aussi dans les contenus en langue anglaise. Il y a deux mois, le groupe allemand avait échoué à racheter le Financial Times, finalement acquis par le groupe japonais Nikkei.« Le ton créé par Henry Blodget et son mode de traitement de l’information parlent aux décideurs de demain, estime Mathias Döpfner, le président d’Axel Springer. La combinaison de nos forces respectives est à même de créer de la croissance et d’élargir l’offre de Business Insider à de nouvelles thématiques et de nouveaux territoires. » Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Créer une structure unique pour l’audiovisuel public, France Médias, en 2020. C’est la proposition choc que font les sénateurs André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans un rapport qui prône « un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public », présenté mardi 29 septembre, et auquel Le Monde a pu accéder.Ce rapport constitue une contribution au débat qui agite le secteur. À court terme, la question est celle du financement de sociétés dont la situation financière est fragile (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’Institut national de l’audiovisuel…), alors que l’examen de la loi de finances 2016 doit s’engager au Parlement. Au-delà, il s’agit de trouver les moyens de sortir ces entreprises d’une situation permanente d’incertitude quant à leurs ressources et de les aider à s’autonomiser.Les sénateurs de la mission de contrôle commune à la commission des finances et à la commission de la culture rappellent d’abord quelques constats. Les ressources propres de ces entreprises stagnent, alors que la part de la contribution à l’audiovisuel public (la redevance, qui représente 3,7 milliards d’euros en 2015) dans leur budget augmente. Cela va à l’encontre de l’orientation politique générale qui les encourage à générer des recettes (publicité, diversification, etc.).A effectifs constants, les charges de personnel des sociétés d’audiovisuel public augmentent mécaniquement, et France Télévisions comme Radio France affichent, en 2015, un résultat négatif.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continu« Contribution universelle » et « publicité raisonnable »Les sénateurs proposent de stabiliser les ressources en augmentant la redevance de deux euros (hors inflation) pendant deux ans, contre des engagements de réduction des dépenses. Cela permettrait d’éviter « le recours à l’endettement des sociétés ». Ils proposent qu’une partie de cette collecte soit affectée à une réserve de 150 millions d’euros destinée à répondre aux aléas et à « inciter aux mutualisations » entre sociétés de l’audiovisuel public.On peut penser, par exemple, au projet de chaîne d’information en continu de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui planche sur le sujet en dialogue avec Radio France.Après 2017, les sénateurs proposent de remplacer la redevance par une « contribution forfaitaire universelle sur le modèle allemand ». Cela signifie que presque tous les foyers seraient concernés, alors qu’il n’y a aujourd’hui que 27 millions de Français redevables. Cette contribution tiendrait également compte des nouveaux usages (smartphones, tablettes, etc.)Autre innovation, la définition d’une sphère de « publicité raisonnable », « compatible avec les valeurs du service public », qui permette de « rétablir la possibilité de diffuser de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions » tout en « interdisant la publicité dans les plages horaires consacrées aux programmes destinés à la jeunesse ». Une proposition qui contraste avec l’arbitrage récemment exprimé par Fleur Pellerin de maintenir l’absence de publicité en soirée sur les écrans publics.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteRemise en cause des engagements envers la productionLe retour de la publicité n’est pas le seul changement culturel que proposent les sénateurs. Ceux-ci entendent également rompre avec les équilibres actuels en « supprimant l’obligation faite à France Télévisions de garantir la diversité de la production, en particulier dans la fiction, qui favorise la dispersion de ses investissements et l’émiettement du secteur de la production ». Il s’agit d’une remise en cause du cahier des charges de l’entreprise publique, qui doit aujourd’hui consacrer 95 % de ses dépenses de création audiovisuelle à des sociétés de production externes.La part de production interne serait donc renforcée. Ce serait une rupture majeure pour le secteur de la production, dans lequel France Télévisions investit quelque 400 millions d’euros par an actuellement.Enfin, en 2020, le rapport préconise la création d’une structure de tête rassemblant les entreprises de l’audiovisuel public, France Médias, « pour favoriser les mutualisations, la polyvalence des personnels, le développement d’une marque commune et les investissements dans le numérique. » Son dirigeant serait nommé par un conseil d’administration où ne siégeraient pas les ministères de tutelle mais uniquement l’Agence des participations de l’Etat (APE). Cet organe serait aussi chargé de répartir le produit de la contribution universelle entre les différentes sociétés.« Un groupe unique de l’audiovisuel public bénéficiera de plus de marges de manœuvre financières et détiendra un meilleur pouvoir de négociation pour investir dans l’information, la création et le numérique », argumentent les sénateurs, qui visent notamment la « mutualisation des investissements des sociétés de l’audiovisuel public en vue du développement d’une plateforme numérique unique ». Un vœu qui fait écho à la volonté de rapprochement plusieurs fois exprimée par l’exécutif, mais qui va aussi beaucoup plus loin.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, parmi lesquels 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Sous le choc, environ 150 salariés du groupe se sont réunis en AG pendant deux heures dans l’après-midi. Les syndicats vont poursuivre les négociations avec la direction, espérant rencontrer la ministre de la culture, Fleur Pellerin, jeudi.Salle comble à @l'express pour AG des salariés au sujet du plan social programmé mais non encore formellement annoncé http://t.co/ppmNaGSktl— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);A l’issue de ce plan social, il resterait notamment 75 journalistes rédacteurs dans les rédactions de l’hebdomadaire version papier, de son site et de son supplément Styles contre 111 précédemment.« On a besoin de quelques millions de la part d’un milliardaire. Patrick Drahi a la responsabilité de ne pas nous laisser tomber », a lancé Jacques Trentesaux (CFDT). « Le journal a des archaïsmes et des scléroses », a répondu le rédacteur en chef Christophe Barbier devant l’AG, qui l’a fraîchement accueilli..@C_Barbier reste solidaire de la direction de @lexpress tout en se posant garant d'un PSE "plus malin, moins douloureux"— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);Une organisation « tout à fait inadaptée » pour la directionDans son courrier aux salariés, dont l’AFP a obtenu copie, la direction a assuré vouloir « pérenniser et développer sur le long terme » le groupe L’Express mais avoir trouvé une situation financière « bien plus dégradée » que prévu.Elle fait état d’un déficit cumulé sur 2006-2014 de plus de 86 millions d’euros et d’une perte attendue de 4 millions cette année, qui atteindra 10 millions avec le coût de la clause de cession. Elle pointe aussi du doigt une organisation inchangée en dix ans et « tout à fait inadaptée ».Face à cette situation, « nous avons décidé d’agir rapidement » car « sans décisions de saine gestion – parfois douloureuses – il nous sera impossible de construire ensemble un projet économiquement viable », plaide-t-elle.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny Peut-être qu’un jour Vincent Bolloré, le patron de Canal+, expliquera les raisons qui l’ont poussé à censurer l’enquête du magazine « Spécial Investigation » démontrant un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisés par des dirigeants du Crédit Mutuel. Pour le moment, le seul soupçon qui plane pour expliquer cette censure est que cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée.Après avoir visionné le documentaire avant sa diffusion le 7 octobre à 23 h 20 sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction », il apparaît que cette enquête très fouillée et documentée n’aurait sans doute pas déclenché un scandale si elle avait été diffusée, comme prévu, sur Canal+.Néanmoins, le travail réalisé par Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci, les deux auteurs de l’enquête, est conséquent. Ils expliquent par le détail comment la banque Pasche, filiale du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne auquel ils ont accès, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent n’ayant aucun rapport avec son train de vie. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Entretiens sauvagesAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les deux journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré. Apostrophé fin avril dans la rue à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ces méthodes – plutôt brutales – d’interview.C’est quelques jours après cet incident, que les auteurs et la production apprennent que leur enquête prévue en diffusion le 18 mai, sera sans doute déprogrammée de Canal+. La rumeur est confirmée vers la mi-mai. L’enquête est censurée sans explications. Alain Fradin a-t-il contacté Vincent Bolloré pour lui faire part de sa colère sur les méthodes employées par les journalistes et sur cette enquête gênante ? Vincent Bolloré a t-il pris le temps de visionner le documentaire ou a-t-il devancé la demande des dirigeants du Crédit mutuel ? Les questions restent – pour l’instant – sans réponses.Remontée et légèrement rallongée, l’enquête qui a été rachetée par France 3, n’est toutefois pas encore à l’abri d’une non-diffusion. En effet, Canal+ qui a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du « Grand Journal » viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production et demander un référé à la justice avant sa diffusion sur France 3.Mais, pour le moment, la chaîne affirme n’avoir reçu aucune demande de Canal+. Le jour de sa diffusion, Médiapart, partenaire de cette enquête, devrait apporter d’autres documents sur cette affaire.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »@psennypsenny@lemonde.frDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le27.09.2015 à 16h24 | Thomas Wieder et Ariane Chemin « Zemmour président ! » C’est la couverture de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, jeudi 24 septembre. Un slogan qui claque comme une affiche électorale, le scénario imaginaire d’un livre écrit par un journaliste maison, Geoffroy Lejeune (Une élection ordinaire, Ring) qui installe au terme d’une campagne semée d’embûches l’auteur du Suicide français (Albin Michel, 2014) à l’Elysée, en 2017.Une fiction, bien sûr ; un pitch dont Eric Zemmour n’a pas eu l’initiative – il en a reçu les épreuves, mais n’a pas eu son mot à dire. « Je ne suis ni élu ni éligible », confiait Zemmour devant Robert Ménard, qui l’avait reçu en octobre 2014 à Béziers pour son futur best-seller. Il avait aussi lâché cette phrase qui sonnait comme une prophétie : « Les hommes politiques ont peu d’importance, et plus on avance et moins ils en auront. »Quelques mois plus tôt, le journaliste avait refusé une place éligible sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) aux européennes. Le 16 septembre, on lui a demandé sur France 5 s’il se verrait ministre de la culture de Marine Le Pen, fauteuil dans lequel l’avait assis un jour la présidente du FN, il a encore répondu (en précisant que l’étiquette frontiste n’est pas l’obstacle) : ministre, « je [n’y] tiens pas spécialement ». D’après un sondage commandé par l’hebdomadaire à l’IFOP, 12 % des Français seraient « prêts à voter » pour Zemmour à la présidentielle. Susciter la demande pour imposer l’offre, comme disent les spécialistes de l’opinion : voilà... Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.10.2015 à 12h10 • Mis à jour le23.10.2015 à 10h46 | Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Il aura donc suffi d’un amendement adopté en commission à l’Assemblée nationale pour relancer ce que les spécialistes des professions concernées – les producteurs de musique face aux radios privées – ont pris l’habitude d’appeler la guerre des quotas. Disons plutôt la guéguerre, et regardons les enjeux.Les députés ont adopté, dans le cadre du projet de loi sur la liberté de création, un amendement visant à éviter que les mêmes tubes francophones tournent en boucle sur les ondes des radios privées afin de se conformer, au-delà des quotas déjà imposés par la loi, à l’esprit de ces quotas qui vise à promouvoir la création en langue française. Projet soutenu, le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter par la ministre de la culture Fleur Pellerin, pour qui les députés demandent simplement aux radios privées de « remplir mieux l’obligation de promouvoir la diversité culturelle ». Pour Fleur Pellerin, c’est clair, il s’agit de « mettre mieux en valeur la jeune création française ».Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal poséVent debout contre l’amendement, les professionnels des radios privées brandissent l’étendard de la liberté éditoriale. Liberté éditoriale revendiquée afin de permettre la diffusion d’un même titre des centaines de fois. La guerre opposerait donc les tenants de deux libertés différentes : la liberté de création d’un côté, la liberté éditoriale de l’autre.Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal posé. D’un côté, des acteurs politiques soucieux d’une juste diffusion de la chanson d’expression francophone dans toutes ses composantes et dans sa grande diversité. Des politiques naturellement soutenus, voire inspirés, par les producteurs de musique pour qui la radio demeure un vecteur de diffusion et de prescription privilégié, en dépit de l’arrivée de nouveaux supports – YouTube ou les plates-formes d’écoutes comme Deezer ou Spotify.Face aux acteurs politiques, les professionnels des radios privées adoptent une posture de supposée défense des auditeurs, lesquels plébisciteraient quelques chansons seulement parmi les nouvelles productions proposées au marché. Avec un argument fondé sur des chiffres, ceux de l’effondrement, selon eux, de la production francophone.L’œuf ou la poule ?Autrement dit, les dirigeants des radios privées résument de manière simpliste une situation très compliquée, en disant peu ou prou : « Vous ne nous proposez pas assez de bonnes chansons francophones, une partie de la production française est d’ailleurs interprétée en anglais, laissez-nous au moins choisir dans une offre que nous trouvons trop maigre. » Une analyse qui justifierait la diffusion en boucle, douze ou quinze fois par jour, de la même chanson, tandis que des centaines de titres sur lesquels des artistes ont travaillé restent dans les placards et n’ont aucune chance d’arriver seulement jusqu’aux oreilles d’auditeurs considérés comme malentendants et peu capables de juger par eux-mêmes de la qualité de tel ou tel artiste ou de telle ou telle chanson.Disons-le tout net : les auditeurs ne sont pas sourds. La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistes. Le conflit repose aujourd’hui sur un cercle vicieux bien connu des philosophes et penseurs de la culture se résumant par une célèbre question existentielle : « Qui de l’œuf ou de la poule ? » Y a-t-il moins de productions francophones parce que les radios n’en diffusent que très peu ? Ou bien, les radios ne diffusent-elles que très peu de chansons françaises parce que les producteurs n’en proposent pas assez ?La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistesComment sortir d’un cercle vicieux ? En créant un cercle vertueux. Plus les radios diffuseront d’artistes, mieux les créateurs seront exposés sur les ondes, plus les producteurs seront enclins à prendre le risque d’investir sur de nouveaux talents. Et plus les radios auront le choix, donc la liberté éditoriale, de sélectionner les créateurs qu’elles voudront mettre en avant. Et plus les auditeurs, dont nous tenons à rappeler une fois de plus qu’ils sont dotés d’un cerveau et d’une paire d’oreilles souvent prolongées d’un casque audio pour mieux entendre les nuances de la création musicale, seront libres de choisir les artistes – et les radios… – qu’ils souhaitent écouter. Ce qu’il fallait démontrer.Cercle vertueux contre cercle vicieux : le choix devrait s’imposer de lui-même, et conduire à un travail en commun qui remplacerait la guéguerre provoquée par l’amendement voté en commission et soutenu légitimement par la ministre. La liberté de dialogue, entre les producteurs et les diffuseurs, remplacerait alors avantageusement la guerre des quotas et permettrait un retour bienvenu à des postures sans doute plus sérieuses que la grève des quotas décrétée par les radios privées le 29 septembre.Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Alexis Delcambre La tension est montée chez Vivendi, lundi 19 octobre, au lendemain de la publication par Le Parisien d’un article faisant état d’une « chute des abonnés » de Canal+ qui, selon le quotidien, « atteint 10 % en septembre ». Le soir même, le groupe de médias a publié un communiqué dénonçant « la propagation de fausses informations » et a demandé une enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF) après avoir vu son cours de Bourse baisser de 2,12 % en clôture de la séance du jour. Vivendi s’apprête ainsi à déposer une plainte pour divulgation d’informations trompeuses.Selon Vivendi, « ce chiffre est positif ». Mieux, le groupe assure que ses recrutements ont progressé, alors que Le Parisien écrit désormais que c’est « le nombre de nouveaux abonnés [qui] a baissé de 10 % en septembre » - un mois décisif où Canal+ proposait une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby et la saison 2 d’une de ses séries phares, Les Revenants.La concurrence de nouveaux entrantsEn France métropolitaine, Canal+ indique compter 43 900 nouveaux abonnés en septembre 2015, contre 36 100 un an plus tôt. Pour autant, Canal+ ne donne pas le volume global de ses abonnés.Trésor de Canal+, les abonnements font l’objet de toutes les attentions, mais le groupe ne communique pas à leur sujet. On estime que la chaîne en compte environ 9 millions en France, en ajoutant ceux de Canal+ au sens strict, ceux du bouquet CanalSat et ceux de l’offre de vidéo à la demande CanalPlay.Dans l’Hexagone, la baisse des abonnements à CanalSat a un temps été gommée par la progression des recrutements de CanalPlay. Selon plusieurs sources, ce ne serait plus le cas. BFM-TV a chiffré à 185 000 la baisse des abonnements en 2013 et Le Figaro a récemment évoqué un rythme annuel de 240 000 pour 2015.Le modèle premium de Canal+, placé en haut de gamme – environ 40 euros par mois pour le bouquet Canal+ et 65 euros en ajoutant CanalSat –, subit la concurrence de nouveaux entrants, comme BeINSports (13 euros par mois) ou Netflix, le service de vidéo à la demande par abonnement, dont la première offre est à 8 euros par mois. BeINSports revendique « autour » de 2,5 millions d’abonnés et on estime à 500 000 le nombre de clients conquis par Netflix en un an.Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage françaisArrivé à la tête de Vivendi et de Canal+ en juillet, Vincent Bolloré n’a pas caché que l’affaiblissement du modèle historique du groupe le préoccupait. Devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 24 septembre, il avait même indiqué que Canal+ pourrait devenir déficitaire en 2016, après avoir subi une baisse de son résultat opérationnel en 2014, à 20 millions d’euros (et 583 millions pour l’ensemble du groupe).Internationalisation croissanteMais, s’il recule en France, le nombre d’abonnés à Canal+ dans le monde progresse, et il atteindrait près de 6 millions hors de l’Hexagone. Historiquement présent en Pologne et au Vietnam, le groupe se développe fortement sur le continent africain et nourrit des ambitions en Europe du Sud via Telecom Italia, dont Vincent Bolloré détient plus de 19 %. Depuis son arrivée, celui-ci défend l’internationalisation du groupe. Une façon d’assumer que le chiffre d’affaires réalisé en France a vocation sinon à se réduire, du moins à devenir minoritaire dans l’ensemble.Intitulé « La chute de la maison Canal+ », l’article du Parisien s’arrêtait aussi sur les mauvaises performances des tranches en clair, symbolisées par la relance manquée du « Grand Journal », tombé à moins de 650 000 spectateurs par jour, loin de la formule précédente.Lire aussi :Canal+ : Vincent Bolloré confirme Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal »M. Bolloré clame depuis son arrivée que le seul indicateur de résultats qui lui importe est le nombre d’abonnés et il fait comprendre qu’il va réduire le clair sur Canal+, même si le modèle historique de la chaîne repose sur une corrélation entre la puissance des audiences en clair et la vigueur des recrutements. Vivendi semble vouloir privilégier d’autres leviers de recrutement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexis Delcambre Les nouvelles fréquences de télévision en haute définition (HD) seront attribuées… aux chaînes existantes. Jeudi 8 octobre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a annoncé, dans un communiqué, les candidatures qu’il a retenues. Retour sur une procédure qui se solde finalement par un statu quo.Lire aussi :Le CSA retient douze nouvelles chaînes pour la TNT en haute définitionPourquoi y a-t-il de nouvelles fréquences à attribuer ?En France, l’Etat gère un spectre de fréquences hertziennes qui est une ressource rare et limitée. Or les besoins sont de plus en plus importants (augmentation du nombre de chaînes de télévision, développement des télécoms…) Pour stimuler le développement de la téléphonie « 4G », le gouvernement a décidé de mettre aux enchères la bande de fréquences dite de « 700 Mhz ». Des fréquences actuellement occupées par la télévision numérique terrestre (TNT). Pour libérer de la place, il a été décidé que la TNT passerait progressivement du format Mpeg2 au format Mpeg4, un encodage qui nécessite moins d’espace. Cet encodage permet la HD : au passage, les chaînes qui ne diffusent pas encore cette qualité d’images ont donc l’occasion d’améliorer leur offre. Il y a de la place pour 29 chaînes en HD.Lire aussi :Les « fréquences en or » convoitées par tous les opérateurs de téléphonie mobileQui a candidaté ?Onze chaînes de télévision (TF1, France 2, Canal+, M6, Arte, HD1, L’Equipe 21, 6ter, Numéro 23, RMC Découverte et Chérie 25) diffusent d’ores et déjà leurs programmes en haute définition. En juillet, le CSA a lancé un appel à nouvelles candidatures, puis déclaré recevables 26 dossiers. Parmi eux, une partie était portée par des chaînes existantes. D’autres dossiers correspondaient à des projets nouveaux, comme HD26, une chaîne de télé-achat proposée par M6 et TF1, un projet consacré à la musique, porté par NextRadioTV et Radio Classique, ou encore « Nostalgie HD », proposée par NRJ, ainsi que d’autres dossiers (BFM Business, Campagnes TV, Gong, Hyper TV, LCI, Lynx, Ofive, Paris Première, IDF1 et QVC). En parallèle, le gouvernement a demandé au CSA de réserver des fréquences aux chaînes publiques non encore diffusées en HD (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN et Public Sénat).Comment le CSA a-t-il choisi ?Le CSA avait l’obligation légale de donner la priorité aux chaînes existantes. Dans la mesure où elles étaient toutes candidates, il a donc retenu 18 chaînes (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN, Public Sénat, BFM-TV, D17, D8, iTélé, Gulli, NRJ12, NT1, TMC, W9, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète +). Il n’y avait dès lors plus de place pour les projets de chaînes nouvelles qui lui avaient été présentés. Cette situation pourra bien sûr évoluer si le nombre de chaînes de la TNT change, par exemple en cas de fermeture d’un service ou de fusion entre deux chaînes. Auquel cas le CSA devra procéder à un nouvel appel à candidatures.Quel est le calendrier ?Les chaînes retenues pourront diffuser leur flux en HD dès le mois d’avril 2016. Il pourra être reçu par les téléviseurs compatibles avec la norme Mpeg4. A terme, une nouvelle norme, la HEVC, qui compresse quatre fois plus le débit d’images, pourra permettre de diffuser davantage de chaînes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les sociétés de rédacteurs de L’Express, L’Expansion, L’Etudiant, Mieux vivre votre argent, Point de vue et Studio Ciné Live ont adopté, jeudi 8 octobre, le principe d’une motion de défiance contre leurs actionnaires, dont Patrick Drahi, et le directeur des rédactions et directeur général délégué, Christophe Barbier, par 112 voix contre 64, et 7 blancs ou nuls. Les journalistes avaient aussi validé le principe d’une motion visant seulement les actionnaires, par 141 voix contre 32, et 10 blancs ou nuls.En revanche, le boycott de la conférence de rédaction du mardi a été rejeté. Et l’idée de formuler des contre-propositions au plan de sauvegarde de l’emploi en cours a été validée.Débat autour de Christophe BarbierLe groupe L’Express entre en négociation autour d’un plan de départ de 125 postes, décidé par les actionnaires en sus des départs liés à la clause de conscience (qui permet aux journalistes de bénéficier d’un licenciement en cas de rachat ou de modification de la ligne éditoriale) qui a suivi le rachat des titres, effectif en juin 2015.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialLes syndicats ont relayé les protestations des salariés, avant d’accepter de discuter des conditions du plan, puisque les actionnaires avaient concédé de rencontrer les élus beaucoup plus de fois que prévu. Ces entrevues ont commencé cette semaine.Les salariés de L’Express, eux, espèrent en parallèle maintenir une certaine pression. La motion de défiance témoigne de cette volonté. Ils ciblent particulièrement Patrick Drahi, industriel des télécoms avec son groupe Altice, propriétaire de Numericable et SFR, mais aussi possesseur de médias, dont Libération (à 100 %) et BFM-TV et RMC (à 49 %).Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsVendredi midi, une assemblée générale a suscité des débats autour de Christophe Barbier : plusieurs journalistes ont regretté que la motion de défiance puisse le fragiliser, raconte un participant. D’autres estiment qu’il faut adresser le texte au directeur des rédactions car il est porteur du plan de départs. Il a été décidé d’un vote sur le texte de la motion mardi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.10.2015 à 09h24 • Mis à jour le08.10.2015 à 10h42 En dépit des critiques émises à l’encontre de l’animatrice fraîchement nommée, Vincent Bolloré a confirmé, jeudi 8 octobre, qu’il n’envisageait pas de remplacer Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal ». « On ne peut juger de rien en quatre semaines, il faut lui laisser le temps », a tenu à préciser le patron de la chaîne cryptée, dans une interview sur RTL.Plus tôt, La Lettre de l’expansion avançait lundi que l’animateur Jean-Marc Morandini, déjà passé par Direct 8 de 2006 à 2012 avec son émission « Morandini ! », serait actuellement en discussion avec le patron de Canal+ pour la tranche d’access prime time de la chaîne. Une information catégoriquement démentie par la chaîne.Le patron de Vivendi a affirmé que l’ex-présentatrice de La Matinale et du Supplément serait à la tête du Grand Journal jusqu’en 2022, date du bicentenaire du groupe Bolloré et aussi du départ prévu de Vincent Bolloré. « Il n’y a aucun plan B », a déclaré l’industriel, avant de préciser que Maïtena Biraben s’inscrivait « dans la durée ». « Tous les gens sont en train de reconnaître que c’est une belle émission », a affirmé le patron du groupe, sans donner plus de précisions.Des audiences inférieures à celle de son prédécesseurLa remplaçante d’Antoine de Caunes a essuyé de nombreuses critiques depuis la rentrée de l’émission en raison des mauvaises audiences, inférieures à celles de son prédécesseur, mais aussi de ses propos sur « le discours de vérité du Front national ». Maïtena Biraben a refusé de s’excuser, expliquant simplement qu’il s’agissait « de la forme, pas du fond » : « Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention cette émission et mes interviews. »Lire aussi :Maïtena Biraben : « Vincent Bolloré n’est pas dans mon oreillette et j’ai un cerveau »Dans la même interview, Vincent Bolloré a estimé que le modèle Canal était « essoufflé », « il fallait bouger », précisant que Vivendi, la maison mère, allait « investir beaucoup dans les contenus, le cinéma, le sport, les émissions, la culture, et donc je pense que tout ça, à la fin, ça va porter ses fruits ». Le président du conseil de surveillance de Vivendi et de Canal+ compte aussi réduire la durée des plages en clair de la chaîne pour la rentrée.  Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Il était l’éditeur français le plus engagé dans le combat contre la position dominante de Google en Europe. Mercredi 7 octobre, à la surprise générale, Lagardère Active (Europe 1, Elle, Paris Match, Le Journal du dimanche, Doctissimo ou encore le producteur Lagardère Entertainment) a annoncé la signature d’un « partenariat stratégique de long terme » avec le géant du Web américain.Selon un communiqué, ce partenariat « comprend le développement sur YouTube des chaînes et vidéos de marques existantes et de contenus originaux, la commercialisation d’inventaires numériques, le développement et la promotion des applications des titres, stations et chaînes du groupe, et le co-sponsoring et co-marketing d’opérations spéciales ». C’est-à-dire que toutes les activités de Lagardère Active sont concernées.A court terme, selon une source interne, l’objet du partenariat est de réaliser « des choses très concrètes », comme de nouvelles chaînes YouTube ou des applications sous Android. A moyen terme, il s’agit d’identifier de nouveaux développements que les deux groupes pourraient mener de concert, sous l’œil d’un comité de suivi où siégeront notamment Denis Olivennes, le président de Lagardère Active, et Carlo d’Asaro Biondo, responsable des relations stratégiques chez Google pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique – et ancien de Lagardère. Google allouera un budget spécifique aux projets élaborés avec Lagardère.Plainte à BruxellesCette annonce surprend, compte tenu des relations jusqu’ici tendues entre les deux groupes. Avec d’autres éditeurs européens, comme Axel Springer ou CCM Benchmark, Lagardère Active a été à l’origine de la création de l’Open Internet Project (OIP), en 2014. Ce lobby a attaqué à Bruxelles la position dominante de Google dans les résultats de recherche en ligne.Lagardère a été très engagé dans l’OIP : son directeur de la communication, Thierry Orsoni, est devenu secrétaire général du regroupement. De son côté, Denis Olivennes a plusieurs fois pris la parole et échangé avec des journalistes pour dénoncer la position dominante de Google. Lagardère Active déplorait notamment les dégâts subis par son comparateur de prix, Leguide.com, en raison de la concurrence des services maison de Google, qui seraient promus par le moteur de recherche américain.Lire aussi :La fronde européenne anti-Google se durcitSituation schizophréniqueDu côté de l’OIP, l’annonce de Lagardère Active a beaucoup surpris. Pour les observateurs de la lutte entre Google et certains éditeurs européens, le deal passé avec Lagardère peut ressembler à un plat de lentilles. « C’est la France qui abandonne son futur », a déploré sur Twitter Tariq Krim, entrepreneur du Web français.Parallèlement, une autre annonce récente vient affaiblir potentiellement le front des « anti-Google » en Europe : le rachat de CCM Benchmark par le groupe Figaro. Cet acteur indépendant de l’Internet français était lui aussi un membre très actif de l’OIP, présidé par son cofondateur Benoît Sillard. Or, l’éditeur de Comment ça marche ou de L’Internaute rejoint un groupe beaucoup moins hostile à Google. Le Figaro a fait partie – comme Le Monde – des 23 projets financés par le « fonds Google-AIPG pour l’innovation numérique ». Il avait reçu 1,8 million d’euros pour cofinancer un renforcement de son offre vidéo.Le Figaro, comme Le Monde, était néanmoins membre du Geste, le groupement des éditeurs de service en ligne, dont le conseil d’administration avait décidé d’adhérer à l’OIP. « C’est une situation schizophrénique, reconnaît M. Sillard. L’ambiguïté vient du fait que nous sommes dans un écosystème où tous les acteurs doivent travailler avec Google et que, dans le même temps, nous devons nous défendre contre ses abus de position dominante. »Un discours similaire à celui tenu aujourd’hui chez Lagardère Active, qui rappelle qu’il entretenait déjà des relations avec Google. « La stratégie de Lagardère Active est de nouer avec les plus grands acteurs du numérique, tels que Google, des partenariats permettant de conjuguer des savoir-faire et des forces complémentaires », justifie Denis Olivennes.Une initiative envers les éditeurs européensCe partenariat apparaît comme un joli coup pour Google, qui est en pleine reconstruction de sa relation avec les médias. En France, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) doit cesser son activité en 2016, après avoir distribué environ 60 millions d’euros à des projets d’éditeurs français en trois ans. A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Google s’apprête à lancer un nouveau fonds, Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaiseEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media), qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus. En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds, mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.Lire aussi :Enquête antitrust : Google répond aux accusations de l’Union européenneAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Et de trois… Après Facebook et Apple, Google a annoncé, mercredi 7 octobre, une initiative pour accélérer le web mobile : il lance « Accelerated mobile pages », un format que tout éditeur pourra utiliser pour publier des pages qui seront lisibles beaucoup plus rapidement quand on les consulte depuis un téléphone ou une tablette. C’est une réponse à la lenteur de chargement des contenus sur support mobile, dénoncée quasi unanimement par nos partenaires, a expliqué Google à la presse, mercredi. Un sujet déjà mis en avant par Facebook et Apple quand ils ont lancé leurs initiatives Instant Articles et News.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseLire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasConcrètement, le format Amp allège le poids d’une page en simplifiant les éléments techniques, a expliqué Google. Et il utilise le « cache » de Google : le moteur de recherche stockera sur ses serveurs les pages au format Amp comme il stocke déjà les pages en format classique. Mais quand un internaute utilisant un smartphone ou une tablette cliquera sur le lien d’un contenu disponible au format Amp, le fichier « caché » par Google s’affichera, très rapidement. Une démo est disponible, via mobile, à l’adresse G. co/ampdemo.Soutien des réseaux Twitter, Pinterest et LinkedinPour l’heure, Google a publié les spécificités de son format, ce qui doit permettre à tout éditeur qui le souhaite de commencer à publier des pages « Amp ». Et aux robots de Google de commencer à les indexer et à les stocker en cache. Puis, « en 2016 », Google commencera à intégrer les pages « Amp » dans les résultats de son moteur de recherche.Point important : le géant du Web et la publicité dispose de partenariats avec d’autres plateformes puissantes comme les réseaux sociaux Twitter, Pinterest et Linkedin. Sur ces derniers, les liens renverront vers les formats « Amp » des pages, quand ils seront disponibles. Par ailleurs, l’éditeur de blogs Wordpress proposera un « plugin » pour permettre une publication « Amp ».Google précise que n’importe qui peut utiliser son nouveau forma, t mais se félicite d’avoir d’ores et déjà trente éditeurs de presse partenaires, dont le français Les Echos, l’anglais The Guardian, les américains The New York Times, Buzzfeed ou The Washington Post, l’espagnol El Pais… Une énumération qui rappelle les titres mis en avant par Apple et Facebook lors de leurs lancements de solutions mobiles.« Les médias traditionnels doivent atteindre leurs lecteurs hors de leurs propres sites web et aller les chercher où ils se trouvent », a expliqué Mario Calabresi, un responsable du quotidien italien La Stampa, invité par Google, tout rappelant son attachement aux valeurs de « qualité et de confiance ».Google se pose en défenseur du « Web ouvert »En quoi la solution de Google est-elle différente de celles de Facebook et Apple ? « Nous avons une approche ouverte du Web et même open source », a expliqué, mercredi, un responsable de l’équipe « produits » de Google, Danny Bernstein, en référence aux logiciels libres dont le code est public. Pour Google, ce discours est une façon, dans sa communication, de tenter de se démarquer de Facebook et Apple, accusés en creux de proposer des solutions propriétaires, et d’être des tenants d’un web « fermé ».L’annonce de Google apparaît donc comme une réponse aux initiatives prises par ses concurrents. Ces nouveaux services ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur ces plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat plus jeune, voire des revenus publicitaires. Ils proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.La publicité, point sensibleGoogle, comme ses rivaux, est bien conscient que les éditeurs de contenus ont peur que publier sur une autre plateforme que leur propre site ou application leur fasse perdre une partie de leur pouvoir dans la chaîne de valeur. Et une part de contrôle sur la publicité et sur les données concernant les lecteurs. Il a donc décidé de ne prendre aucun pourcentage de la publicité qui sera montrée sur les pages « Amp ». Google assure aussi que tous les systèmes de gestion de publicité seront convertibles, même si l’on peut se demander si tous les types de bannières seront utilisables dans Amp, qui est un format allégé.Par ailleurs Google promet que ces pages « seront comme votre site », et que les clics seront comptabilisés dans l’audience des éditeurs, à la faveur de discussions en cours avec les prestataires comme Chartbeat ou Parse.ly.Chez Apple et Facebook, les éditeurs peuvent conserver leurs revenus publicitaires, s’ils ont eux-mêmes commercialisé leur contenu. Par contre, si l’annonceur a été trouvé par Apple ou Facebook, la plate-forme conserve 30 % des revenus. En matière de données, Facebook autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs. Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News.« Devenir un standard »« Google offre toutes les possibilités de monétisation des articles publiés sur Amp : les publicités mais aussi les paywalls » donc le paiement à l’acte ou l’abonnement, s’est félicité Frédéric Filloux, ex-responsable numérique des Echos, lors de la conférence organisée par Google. Une spécificité également mise en avant par Naomi Ramirez, responsable numérique d’El Pais. « Amp a le potentiel de devenir un standard », pense-t-elle.C’est aussi l’espoir de Google, dans la bataille qu’il livre contre Facebook et Apple, particulièrement dans le mobile, dont les audiences deviennent primordiales. Pour attirer les éditeurs de sites, les trois plateformes rivalisent en proposant des solutions aux conditions assez avantageuses. Leur concurrence est un des antidotes contre la dépendance que peut créer, pour les médias, le fait de publier sur ces grandes plateformes. Qui pourront toujours, éventuellement, faire évoluer plus tard les conditions qu’ils proposent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Simon Auffret Laurent Ruquier préfère parler de « faux procès ». Le présentateur de l’émission On n’est pas couché – diffusée sur France 2 en seconde partie de soirée chaque samedi – fait face à de nombreuses critiques depuis la rentrée. Dans l’émission qu’il anime, produite par Catherine Barma, fondatrice de la société de production Tout sur l’écran, l’animateur favoriserait-il les thèmes identitaires ? Depuis le début du mois de septembre, l’intellectuel Alain Finkielkraut, ou le rédacteur en chef du magazine Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, sont ainsi intervenus dans le talk-show.C’est également dans l’émission phare de France 2, le samedi 26 septembre, que Nadine Morano a fait sa sortie sur la France, un pays de « race blanche ». Et on ne compte plus les « clash » et les petites phrases prononcées durant cette émission, parfois accusée d’« hystériser le débat politique français ». Qu’en est-il ?Bonnes audiences et polémiquesLancée à la rentrée 2006 à la suite de l’émission de Thierry Ardisson Tout le monde en parle, On n’est pas couché est d’abord un concept à succès pour France 2. Régulièrement mesurée au-dessus d’un million de téléspectateurs par Médiamétrie – environ 20 % des parts de marchés – la dixième saison du talk-show fait recette.C’est que la tranche horaire – l’une des plus longues du PAF, environ trois heures – couvre une actualité large : comédiens, réalisateurs, humoristes s’assoient régulièrement autour du plateau d’« ONPC ». Laurent Ruquier a lui décidé de mener son émission comme un talk-show à l’américaine, en favorisant le débat entre ses invités et les chroniqueurs réguliers membre de son équipe.Eric Zemmour et Michel Polac ont constitué le premier duo de chroniqueurs, en 2006. L’essayiste de droite – accompagné dès l’année suivante de l’éditeur et critique littéraire Eric Naulleau – est resté cinq ans face aux invités d’On n’est pas couché. Responsables du débat et de la critique du discours des personnalités invités de l’émission, les deux chroniqueurs occupent une place centrale dans le dispositif mis en place par Laurent Ruquier et Catherine Barma, jusqu’à leur remplacement en 2011, notamment du fait des discours souvent sulfureux d’Eric Zemmour – au sujet duquel Laurent Ruquier avouera plus tard « regretter [de lui] avoir donné la parole, toutes les semaines pendant cinq ans ».Bernard Tapie en 2006, Jacques Attali en 2008, Christophe Hondelatte en 2011… Nombreux sont les interviewés à avoir quitté le plateau, excédés par les critiques ou par la teneur du débat imprimée par les deux chroniqueurs. C’est face au duo Natacha Polony et Audrey Pulvar que Christophe Hondelatte, venu présenter son album Ou pas, a préféré s’en aller. Les deux journalistes avaient pris le relais de la première équipe de chroniqueurs moins d’un mois auparavant.Les années passent, les chroniqueurs se succèdent, mais le dispositif reste identique. C’est désormais l’écrivain Yann Moix et la journaliste Léa Salamé qui épaulent Laurent Ruquier depuis la rentrée 2015. La productrice Catherine Barma se défend cependant de tout « rôle » attribué : « Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues. »La culture avant la politiqueDepuis la rentrée 2012, quelques 574 personnalités se sont succédé dans On n’est pas couché. Parmi eux, les représentants de la sphère culturelle (réalisateurs, comédiens ou musiciens) sont bien plus nombreux que les invités politiques. #container_14440587731{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14440587731{ height:500px; } #container_14440587731 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14440587731 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14440587731 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14440587731 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Type d'invités les plus fréquents à "On n'est pas couchés" depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14440587731", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Cinéma et théâtre","Musique","Politique","Monde médiatique","Humoristes","Monde littéraire","Intellectuels","Sportifs","Dessinateurs","Mannequins","Cuisiniers","Avocats"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre d'invités", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 175 ], [ "", 124 ], [ "", 90 ], [ "", 81 ], [ "", 61 ], [ "", 47 ], [ "", 27 ], [ "", 18 ], [ "", 11 ], [ "", 6 ], [ "", 4 ], [ "", 3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: 0, backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}L’humoriste et acteur Guy Bedos a lui aussi fait polémique, le 12 septembre, en insultant la députée européenne Nadine Morano, avec laquelle la controverse s’est déplacée sur le terrain judiciaire pour des faits similaires.A la vue de la liste des invités, On n’est pas couché apparaît d’abord comme une émission « classique » de promotion, avant d’être le lieu de débats qui ont fait du talk-show de France 2 un créneau à part dans le paysage audiovisuel français.Une diversité d’invités politiquesSi l’émission reçoit en priorité des acteurs, elle n’exclut pas les politiques, même si tous ne veulent pas s’y rendre. Nicolas Sarkozy, contacté par Metronews suite à la sortie de Nadine Morano, estimait « que ce type d’émission n’est pas adapté dans un moment où la parole politique souffre d’un manque de confiance de la part des Français ». Comme l’ancien président de la République, Alain Juppé et François Fillon ne se sont jamais assis dans le fauteuil d’On n’est pas couché.Tout comme ces cadres du parti Les Républicains, les membres du Front national refusent catégoriquement de figurer à l’ordre du jour de l’émission de Laurent Ruquier. Depuis le passage de Marine Le Pen, lors des élections présidentielles de 2012, l’animateur a décidé de ne plus inviter de membre du FN, ce qui semble convenir au parti d’extrême droite. Pour le reste, l’équilibre de l’échiquier politique est respecté dans la liste des personnalités politiques invitées. Membres du gouvernement (Manuel Valls, Christiane Taubira, Marisol Touraine), personnalités de droite (Jean-François Copé, François Barouin, Eric Ciotti) ou de gauche non socialiste (Emmanuelle Cosse, Daniel Cohn-Bendit) se succèdent chaque samedi soir sur France 2.C’est le président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui décroche la place de l’invité le plus régulier. Celui qui dit « aimer l’émission » a passé 7 soirées en compagnie de Laurent Ruquier et de ses chroniqueurs, dont 5 interventions depuis 2012. #container_14441191191{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14441191191{ height:500px; } #container_14441191191 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14441191191 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14441191191 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14441191191 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }On n'est pas couché : les invités réguliersComptage réalisé depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14441191191", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Jean-Luc Mélenchon","Michel Onfray","Philippe Geluck","Bruno Solo","Cali","Caroline Fourest","Cristiana Reali","Edwy Plenel","Fabrice Éboué","François Bayrou","Isabelle Mergault","Jean-Luc Moreau","Jean-Pierre Coffe","Laurent Baffie","Marc Lavoine","Patrick Pelloux","Patrick Sébastien","Ségolène Royal","Alain Finkielkraut"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de passage", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 5 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le philosophe Michel Onfray et le dessinateur Philippe Geluck arrivent ensuite, avec quatre interventions chacun. Dans la liste, plusieurs intellectuels – Alain Finkielkraut, Michel Onfray ou Caroline Fourest –, dont les discours abordent régulièrement le domaine des « thématiques identitaires » reprochées à l’émission de Laurent Ruquier.Interrogé dans Libération, l’animateur s’est défendu, le 4 octobre, de toute orientation conservatrice : « L’émission est jalousée parce qu’elle marche. C’est là que le débat a lieu. Et on apporte la contradiction aux intervenants, que ce soit de ma part, de celle de Yann Moix ou de Léa Salamé. » Après Nadine Morano et Alain Finkielkraut, l’invité principal d’On n’est pas couché, le 10 octobre, est le président socialiste de l’assemblée nationale – et candidat aux élections régionales en Ile-de-France – Claude Bartolone.Retrouvez dans ce tableau l’intégralité des invités depuis 2012Simon AuffretJournaliste au Monde Daniel Psenny Canal+ ne s’est donc pas lancée dans des chicanes juridiques sous forme de référé, au dernier moment : le documentaire Evasion fiscale, une affaire française, censuré en mai par la chaîne cryptée, a été diffusé mercredi 7 octobre sur France 3 dans le cadre du magazine «  Pièces à conviction  », sous le titre Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel.Cette enquête fouillée et documentée réalisée par les journalistes Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci démonte un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisé par des dirigeants du Crédit mutuel. Cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée, ce qui expliquerait la volonté de l’industriel de ne pas gêner ce précieux allié.Lundi 5 octobre, Mediapart expliquait que la direction de Canal+ a revendiqué sans ambiguïté mi-septembre, devant des représentants du personnel, la censure du documentaire afin de «  défendre les intérêts du groupe  ». «  On ne tue pas ses amis », aurait déclaré Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Il est vrai que le travail réalisé par les auteurs de l’enquête est considérable. Remonté et légèrement rallongé par rapport à sa version initiale, le documentaire explique par le détail comment la banque Pasche, filiale à 100 % du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent alors qu’il est officiellement chômeur. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Pseudonyme : Albert CamusAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré de censurer le documentaire. Apostrophé fin avril à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ses méthodes – plutôt brutales – d’interview.Pour sa défense, la direction du Crédit Mutuel a indiqué en septembre à l’AFP qu’elle a porté plainte pour «  dénonciation calomnieuse  » auprès du parquet monégasque et «  qu’à ce jour, et bien que des enquêtes aient été diligentées à Monaco par les autorités judiciaires et financières, la banque ne fait l’objet d’aucune poursuite  ».Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel, de Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci (Fr., 2015, 70 min). France 3, mercredi 7 octobre, à 23 h 20Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 21h11 • Mis à jour le06.10.2015 à 09h29 | Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouvelle initiative dans un secteur des médias en pleine reconfiguration. Les hommes d’affaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton s’apprêtent à créer un fonds d’investissement destiné à racheter des médias, selon une information du Figaro, publiée lundi 5 octobre. Une information ni confirmée ni infirmée par les intéressés.Les trois hommes sont déjà présents dans l’univers des médias. Xavier Niel et Matthieu Pigasse sont coactionnaires, à titre personnel, des groupes Le Monde et L’Obs, aux côtés de Pierre Bergé. De son côté, Pierre-Antoine Capton est le fondateur de la société Troisième œil productions, qui réalise notamment l’émission « C à vous », sur France 5.Selon Le Figaro, le fonds créé par les trois hommes sera un « SPAC » (Special purpose acquisition company), c’est-à-dire un véhicule dont l’unique objet est de procéder à des acquisitions dans un secteur précis. Un SPAC doit investir 75 % des montants levés dans une première cible, puis procéder à d’autres acquisitions. Avant chaque nouvelle opération, les investisseurs ont la possibilité de sortir ou de poursuivre l’aventure.Baptisé « Media One », ce fonds lèvera des capitaux en Bourse et ambitionnera, selon le quotidien, de réunir de 300 et 500 millions d’euros, grâce à l’apport d’investisseurs professionnels et de MM. Niel, Pigasse et Capton eux-mêmes. Ce dernier serait le dirigeant opérationnel de Media One.Tourbillon de rachatsCette initiative s’inscrit dans un tourbillon de rachats de médias en France, souvent à bas prix, et qui attire de nouveaux acquéreurs. A l’image de Patrick Drahi (Numericable-SFR) qui a acquis Libération et le groupe L’Express, ainsi que la moitié de NextRadioTV (BFM-TV, RMC…), avec de grandes ambitions à l’international, ou encore de Vincent Bolloré, qui a pris le contrôle de Vivendi et du groupe Canal+, sans oublier des « pure players » comme Webedia et des acteurs historiques comme Le Figaro qui va racheter pour un montant estimé de 110 à 130 millions d’euros le poids lourd d’Internet CCM Benchmark.En 2010, MM. Niel et Pigasse, associés à Pierre Bergé dans la structure Le Monde Libre, avaient racheté le groupe Le Monde (Le Monde, Télérama, Courrier International…) En 2014, ils ont ajouté Le Nouvel Observateur à leur portefeuille. Enfin, la même année, ils avaient manifesté leur intérêt pour la chaîne d’information en continu LCI, propriété du groupe TF1.En créant ce fonds, Xavier Niel et Mathieu Pigasse montrent que leurs ambitions vont au-delà de ce qu’ils ont fait jusqu’ici. La force de frappe envisagée pour le fonds, possiblement augmentée par des achats à effet de levier, témoigne de leur volonté de jouer sur le même terrain que de grands acteurs comme le groupe allemand Axel Springer, qui vient d’annoncer le rachat de la majorité du site économique américain Business Insider pour 306 millions d’euros.Sixième producteur françaisDe son côté, le producteur Pierre-Antoine Capton dirige Troisième œil productions, qui se veut « premier des producteurs indépendants en France », dans un secteur en pleine concentration. L’homme a fait ses armes dans la TNT et sa myriade de nouvelles chaînes aux productions peu onéreuses, avant de placer des émissions sur les chaînes historiques. Créée en 2001, sa société se place aujourd’hui au sixième rang des producteurs de programmes de flux (hors fiction) établi par le magazine Ecran Total, avec 512 heures pour la saison 2014-2015. Il réalise environ 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon Le Figaro.Outre « C à vous » sur France 5 – un succès –, Troisième œil livre également à France 3 « Les Carnets de Julie », et à Paris Première le débat des polémistes Eric Zemmour et Eric Naulleau. M. Capton produit aussi « Ça balance à Paris » (Paris première), ou encore des émissions comme « Leur objectif : trouver l’amour » (NRJ 12) ou « Talent Street » (France O). M. Capton a plusieurs fois été la cible de critiques de Thierry Ardisson, qui estimait que « C à vous » était une « pauvre copie » de son émission dîner « 93, Faubourg Saint-Honoré ».Troisième œil s’est diversifiée dans le théâtre, les films d’entreprise ou les chaînes de vidéo sur YouTube, comme celle qu’il avait créée avec Karl Zéro en 2014.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 21h49 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h43 | Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’Autorité de la concurrence a autorisé, mercredi 21 octobre, le rachat du Parisien et de sa déclinaison Aujourd’hui en France par le groupe de luxe LVMH, déjà propriétaire du quotidien économique Les Echos. Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La tension est montée chez Vivendi, lundi 19 octobre, au lendemain de la publication par Le Parisien d’un article faisant état d’une « chute des abonnés » de Canal+ qui, selon le quotidien, « atteint 10 % en septembre ». Le soir même, le groupe de médias a publié un communiqué dénonçant « la propagation de fausses informations » et a demandé une enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF) après avoir vu son cours de Bourse baisser de 2,12 % en clôture de la séance du jour. Vivendi s’apprête ainsi à déposer une plainte pour divulgation d’informations trompeuses.Selon Vivendi, « ce chiffre est positif ». Mieux, le groupe assure que ses recrutements ont progressé, alors que Le Parisien écrit désormais que c’est « le nombre de nouveaux abonnés [qui] a baissé de 10 % en septembre » - un mois décisif où Canal+ proposait une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby et la saison 2 d’une de ses séries phares, Les Revenants.La concurrence de nouveaux entrantsEn France métropolitaine, Canal+ indique compter 43 900 nouveaux abonnés en septembre 2015, contre 36 100 un an plus tôt. Pour autant, Canal+ ne donne pas le volume global de ses abonnés.Trésor de Canal+, les abonnements font l’objet de toutes les attentions, mais le groupe ne communique pas à leur sujet. On estime que la chaîne en compte environ 9 millions en France, en ajoutant ceux de Canal+ au sens strict, ceux du bouquet CanalSat et ceux de l’offre de vidéo à la demande CanalPlay.Dans l’Hexagone, la baisse des abonnements à CanalSat a un temps été gommée par la progression des recrutements de CanalPlay. Selon plusieurs sources, ce ne serait plus le cas. BFM-TV a chiffré à 185 000 la baisse des abonnements en 2013 et Le Figaro a récemment évoqué un rythme annuel de 240 000 pour 2015.Le modèle premium de Canal+, placé en haut de gamme – environ 40 euros par mois pour le bouquet Canal+ et 65 euros en ajoutant CanalSat –, subit la concurrence de nouveaux entrants, comme BeINSports (13 euros par mois) ou Netflix, le service de vidéo à la demande par abonnement, dont la première offre est à 8 euros par mois. BeINSports revendique « autour » de 2,5 millions d’abonnés et on estime à 500 000 le nombre de clients conquis par Netflix en un an.Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage françaisArrivé à la tête de Vivendi et de Canal+ en juillet, Vincent Bolloré n’a pas caché que l’affaiblissement du modèle historique du groupe le préoccupait. Devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 24 septembre, il avait même indiqué que Canal+ pourrait devenir déficitaire en 2016, après avoir subi une baisse de son résultat opérationnel en 2014, à 20 millions d’euros (et 583 millions pour l’ensemble du groupe).Internationalisation croissanteMais, s’il recule en France, le nombre d’abonnés à Canal+ dans le monde progresse, et il atteindrait près de 6 millions hors de l’Hexagone. Historiquement présent en Pologne et au Vietnam, le groupe se développe fortement sur le continent africain et nourrit des ambitions en Europe du Sud via Telecom Italia, dont Vincent Bolloré détient plus de 19 %. Depuis son arrivée, celui-ci défend l’internationalisation du groupe. Une façon d’assumer que le chiffre d’affaires réalisé en France a vocation sinon à se réduire, du moins à devenir minoritaire dans l’ensemble.Intitulé « La chute de la maison Canal+ », l’article du Parisien s’arrêtait aussi sur les mauvaises performances des tranches en clair, symbolisées par la relance manquée du « Grand Journal », tombé à moins de 650 000 spectateurs par jour, loin de la formule précédente.Lire aussi :Canal+ : Vincent Bolloré confirme Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal »M. Bolloré clame depuis son arrivée que le seul indicateur de résultats qui lui importe est le nombre d’abonnés et il fait comprendre qu’il va réduire le clair sur Canal+, même si le modèle historique de la chaîne repose sur une corrélation entre la puissance des audiences en clair et la vigueur des recrutements. Vivendi semble vouloir privilégier d’autres leviers de recrutement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexandre Piquard et Alexis Delcambre C’est une décision inédite dans l’histoire de l’audiovisuel français : le Conseil supérieur de l’audiovisuel a décidé mercredi 14 octobre « d’abroger l’autorisation de diffusion accordée le 3 juillet 2012 » à la chaîne télévisée Numéro 23. L’autorité a décidé de frapper fort dans un dossier très sensible, celui de la revente de la chaîne à NextRadioTV, rapidement devenue symbolique pour certains d’une « spéculation » sur les canaux de télévision. En effet, cette chaîne de la « diversité des origines et des modes de vie » avait, lors de l’appel d’offres pour créer six nouvelles chaînes de la TNT, obtenu sa fréquence gratuitement, comme c’est toujours le cas en télévision.La décision du CSA ne prendra toutefois effet que le 30 juin 2016 : l’autorité veut éviter un écran noir pour les téléspectateurs. De plus, ce délai « permet aussi à la société Diversité TV de renoncer aux conditions du pacte d’actionnaires et de la cession qui ont conduit le conseil à retirer l’autorisation », suggère le CSA. En attendant, la décision suspend de facto la vente de la chaîne, cédée au début d’avril pour 88,3 millions d’euros.Numéro 23 garde une petite porte ouverte : elle pourrait renoncer à la vente et reprendre son exploitation, quitte à éventuellement envisager une cession plus tard, pourquoi pas avec NextRadioTV, qui continuera à suivre le dossier.Toutefois, le coup d’arrêt est brutal : la veille, les intéressés n’envisageaient pas une telle décision. Celle-ci ne respecterait pas le droit et serait disproportionnée, pensaient en privé l’actionnaire principal de Numéro 23, Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du Monde), et NextRadioTV.« Un abus de droit entaché de fraude »Le 23 juin, le CSA avait ouvert une procédure de sanction envers Diversité TV en raison d’une modification de son pacte d’actionnaires survenue en 2013 pour permettre l’entrée de la société russe UTH. « Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA.Le conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Or, en 2012, Diversité TV s’était engagée au moins jusqu’en 2019. En outre, « la société n’a que très partiellement rempli les objectifs affirmés lors de sa candidature ; elle a ainsi fait l’objet de plusieurs rappels, mises en garde et mises en demeure. »Pour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». Son actionnaire principal, Pascal Houzelot, aurait ainsi « dès mai 2013 (…) cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », ajoute le communiqué du CSA. Il est interdit de revendre une chaîne moins de deux ans et demi après son autorisation.Alain Weill regrette une décision « plus morale que juridique »« C’est une décision plus morale que juridique. Or, c’est le droit qui doit primer », a regretté Alain Weill, PDG de NextRadioTV, joint par Le Monde. Le propriétaire de BFM-TV et de RMC n’a pas encore pris de décision, mais il est fort probable que la sanction du CSA soit attaquée devant le Conseil d’Etat.« Je ne suis pas surpris, car on sentait que le CSA voulait vraiment sanctionner Pascal Houzelot », a commenté M. Weill. « C’est une petite victoire pour les acteurs historiques qui ne veulent pas que les nouveaux entrants prennent de l’importance dans le secteur », a-t-il ajouté, sous-entendant que M6 ou TF1 avaient été hostiles à la vente.« Je trouve que nous avons un vrai problème de régulation : les décisions sont beaucoup trop longues et paralysent les entreprises », a encore regretté le patron de NextRadioTV, également en attente du choix du CSA dans le dossier de la chaîne d’information LCI, un rival potentiel de sa chaîne BFM-TV.Un très long feuilleton politiqueDe fait, la procédure « Numéro 23 » a été un long feuilleton, lancé à l’annonce de la cession de la chaîne, au début d’avril. Le dossier est instantanément devenu politique : pour des élus et des observateurs, il symbolisait l’abus du bien public que sont les fréquences, attribuées gratuitement, contrairement à celles du secteur des télécommunications, vendues aux enchères.Le dossier a été très riche en rebondissements : le CSA a longuement mené ses travaux pour déterminer s’il agréait la vente, en réalisant notamment une étude d’impact. Mais il a aussi demandé une instruction spéciale — puis un complément d’instruction — sur la question de l’actionnariat et notamment sur l’arrivée de l’investisseur russe à hauteur de 15 %.Le dossier a suscité un débat juridique : sur la question de l’actionnariat, le rapporteur mandaté par le CSA, issu du Conseil d’Etat, avait conclu qu’il n’y avait pas lieu de sanctionner, le pacte était considéré comme une mesure classique de protection d’un actionnaire minoritaire.Lire aussi :La vente de Numéro 23 fait face à de nouvelles complicationsLa décision du CSA rappelle l’ambiance très froide de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre : le propriétaire de la chaîne a été entendu par les huit conseillers du CSA, qui n’ont pas cherché à cacher dans cet entretien public une certaine hostilité à la transaction.L’un ironisait sur la forte présence à l’antenne d’émissions de téléréalité consacrées au tatouage, un choix jugé hors sujet par rapport à l’objet de la chaîne, consacrée à la diversité des origines et des modes de vie. Une autre conseillère demandait à M. Houzelot s’il « rendrait la fréquence » en cas de refus d’agrément de la vente par le CSA. Diversité TV avait obtenu cette autorisation de diffusion en 2012, lors de l’attribution de fréquences en haute définition par le CSA.Par le passé, plusieurs acteurs ont pu céder au prix fort des chaînes fraîchement attribuées par le CSA. Vincent Bolloré a ainsi cédé ses chaînes Direct 8 et Direct Star au groupe Canal+. La seconde, alors sous le nom de Virgin 17, avait été cédée à Bolloré par le groupe Lagardère. TF1 a également racheté NT1 et TMC à AB Production. La décision du 14 octobre montre que le CSA entend désormais mieux encadrer ces pratiques.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 07h11 • Mis à jour le14.10.2015 à 07h46 | Thomas Wieder et Alexis Delcambre Les intrusions de Vincent Bolloré dans le domaine de l’information au groupe Canal+, dans un contexte de concentration accrue des médias, sont un sujet de préoccupation au ministère de la culture. Selon nos informations, la Rue de Valois réfléchit actuellement à une évolution de la loi, pour mieux protéger l’indépendance des rédactions, en particulier dans l’audiovisuel.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »L’idée serait notamment de rendre obligatoire la référence à l’indépendance éditoriale et au pluralisme des opinions dans les conventions qui lient les chaînes de télévision au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cela favoriserait la capacité du CSA à intervenir quand l’indépendance des rédactions semble menacée. Une telle notion n’est actuellement pas présente dans la convention de Canal+.Autre piste : rendre obligatoire la constitution de comités d’éthique et de déontologie, chargés de veiller au respect de ces principes. Enfin, le ministère réfléchit à la création d’un statut de « lanceur d’alertes » pour les rédactions, et à leur protection.Dès janvier ?Le ministère envisagerait que ces mesures intègrent le projet de loi relatif à la création, que Fleur Pellerin doit défendre devant le Sénat début 2016. Le sujet reste toutefois soumis à l’arbitrage de Matignon et de l’Elysée.Le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter, la ministre de la culture s’était posée en « garante du pluralisme des médias », tout en précisant, au sujet de Vincent Bolloré : « Aucune enquête n’a pour l’instant révélé s’il y avait eu une intervention directe. » « [Si c’était le cas] j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j’évoque ce sujet avec le CSA », avait ajouté la ministre.Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires avait été auditionné par le CSA. Celui-ci avait obtenu la création d’un « groupe de travail », chargé d’étudier la traduction concrète des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, de l’indépendance éditoriale et de l’exercice du métier de journaliste », avait précisé l’autorité dans un communiqué.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementDe son côté, le collectif « Informer n’est pas un délit » avait appelé le CSA à défendre l’indépendance éditoriale.Lire aussi :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterThomas WiederRédacteur en chef - chef du service FranceSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Arnaud Lagardère s’est plaint de la « une » du Journal du dimanche du 11 octobre, sur laquelle un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, était accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Le propriétaire du groupe de presse Lagardère Active, qui comprend notamment Le Journal du dimanche, Paris Match, Elle ou la radio Europe 1, a trouvé cette « une » trop empathique et a voulu le faire savoir, écrit Le Point, ce qui a été confirmé au Monde.Selon une source proche du dossier, Denis Olivennes, président du groupe de presse, n’aurait lui non plus pas apprécié cette couverture et l’aurait fait savoir directement au directeur du journal, Jérôme Bellay. Il a trouvé qu’elle manquait de recul et de nuance.Assemblée générale prévue vendrediLa « une » de dimanche en a également choqué certains dans la rédaction, raconte une source en interne. Pour certains, la grogne a été renforcée par le fait que Marine Le Pen a par ailleurs été l’invitée, le 11 octobre, de C Politique, une émission de France 5 produite par Jérôme Bellay. Cofondateur de France Info et LCI, ce dernier est également producteur, notamment de C dans l’air.Une assemblée générale de la société des journalistes est prévue vendredi 16 octobre.Ce n’est pas la première fois que M. Lagardère se plaint d’un contenu. En novembre 2014, alors que M. Bellay était également directeur du « JDD », il avait reproché une dérive « people » quand l’hebdomadaire avait titré sur « les femmes » de François Hollande, quelques jours après que Paris-Match, également propriété du groupe avait fait sa couverture sur Valérie Trierweiler. En 2005, celui qui s’est présenté un temps comme le « frère » de Nicolas Sarkozy avait également réagi à la « une » de Paris-Match consacrée, le 25 août, à la liaison entre Cécilia Sarkozy et le publicitaire Richard Attias. L’ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Alain Genestar avait été licencié un peu plus d’un an après.Lire aussi : Selon Alain Genestar, Nicolas Sarkozy est à l'origine de son licenciementAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 11h41 | Claire Ané Le prix s’appelle « Stop aux clichés sur les jeunes » et manque de lauréats 2015. Lancé voilà huit ans par un collectif d’associations, ce prix entend lutter contre les idées reçues véhiculées par les médias en récompensant chaque année des reportages qui « donnent la parole aux jeunes en faisant appel à des points de vue différents, sans verser dans l’amalgame ou les clichés ». L’idée est de mettre en avant les bons élèves plutôt que les mauvais. Sauf que pour la deuxième année d’affilée, la catégorie « télé » est restée sans vainqueur.« On a visionné les quatre reportages télé présélectionnés, mais avec la vingtaine d’autres membres du jury nous étions d’accord pour dire que, sans être forcément mauvais, ils étaient très quelconques : aucun ne méritait d’être primé », raconte Amélie Werdmüller, une jurée de 21 ans, originaire de Mulhouse. Les sujets évoqués ? Des jeunes qui avaient une passion en dehors de leurs études, « ce qui est quand même très courant » ou encore un centre de formation au rugby pour les jeunes, dont « le commentaire insistait sur le fait qu’ils venaient de quartiers sensibles ».Dans le troisième, « on voyait une étudiante se plaindre de devoir faire des petits boulots en parallèle de ses études et dire que quand elle manquait d’argent, elle préférait le garder pour sortir le soir plutôt que pour aller chez le médecin : pourtant, avec la Sécu, on est quand même assez bien couverts pour les soins », pointe une autre jurée, Adeline Marie-Sainte, étudiante en deuxième année de droit à Strasbourg. Quant au dernier, portrait d’une lycéenne engagée, il ne leur a laissé à toutes deux, quinze jours après les délibérations, que peu de souvenirs…« On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés »Est-ce la présélection qui a été défaillante ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché, argumente Simon Berger, coordinateur du prix au sein de l’une des associations participantes, l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes). « Nous sommes quelques-uns à effectuer une veille toute l’année et nous nous sommes rendus plusieurs journées à l’INA, où l’on peut visionner tous les reportages référencés avec le mot-clé ’jeunesse’». Mais en télé, il n’a pas été nécessaire de débattre : il n’y avait que quatre sujets qui nous semblaient remplir les critères. Le reste ressemblait trop souvent au florilège qu’a montré le Petit Journal, sur Canal+, quand il a invité des membres de Stop aux clichés : des jeunes sans arrêt au téléphone, qui boivent et ne travaillent pas ».Pour les deux jeunes jurées, les sujets soumis étaient à la mesure de ce qu’elles voient quotidiennement sur le petit écran : « Ce sont tout le temps les mêmes sujets qui reviennent au JT : le décrochage scolaire, les jeunes qui manifestent ou qui brûlent des voitures, ceux qui sont au chômage. On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés, et que toute la jeunesse est mise dans le même petit sac. Ce qu’on a aimé dans les reportages primés dans les autres médias, c’est qu’ils ne faisaient pas pleurer », explique Amélie Werdmüller. « La télé montre les incidents, les choses croustillantes, mais très peu de jeunes qui font avancer les choses », complète Adeline Marie-Sainte.La téléréalité, « grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes »Le sociologue François Jost, spécialiste de la télévision, n’est pas surpris de ce constat : « La plus grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes est la téléréalité : des garçons bodybuildés, des filles peu habillées, ou alors des jeunes de banlieue à la limite du voyou, explique ce professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. A côté, les émissions de Cyril Hanouna et le Petit Journal de Canal+ font le portrait d’une certaine jeunesse, très citadine. Les autres jeunes, on les aperçoit dans les JT lors de la rentrée, du bac, des chiffres du chômage. Et ceux-ci montrent plutôt ce qui va mal - les enfants hyperactifs notamment -, et l’exceptionnel, comme les jeunes surdoués qui passent leur bac ». Une récente étude de l’INA, portant sur l’enfance et la jeunesse dans les JT de 2010 à 2014, met en chiffres ce sentiment diffus : « les jeunes apparaissent avant tout comme les victimes, et parfois les auteurs, de faits divers (28 % de l’offre) ». Ont ainsi beaucoup été traités l’affaire Merah (179 sujets), l’enlèvement de lycéennes au Nigéria par le groupe Boko-Haram (103 sujets), la tuerie dans une école primaire de Newton aux Etats-Unis (94 sujets).Les autres grands thèmes liés à la jeunesse abordés dans les informations télévisées sont la société et l’éducation. Peu d’images positives vantent les réussites ou actes de bravoure des jeunes, avec seulement 240 sujets identifiés sur cinq ans, dont 58 en 2014, année du prix Nobel de la paix accordé à la jeune militante pakistanaise des droits des femmes Malala Yousafzai.Claire AnéJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexandre Piquard et Alexis Delcambre C’est une décision inédite dans l’histoire de l’audiovisuel français : le Conseil supérieur de l’audiovisuel a décidé mercredi 14 octobre « d’abroger l’autorisation de diffusion accordée le 3 juillet 2012 » à la chaîne télévisée Numéro 23. L’autorité a décidé de frapper fort dans un dossier très sensible, celui de la revente de la chaîne à NextRadioTV, rapidement devenue symbolique pour certains d’une « spéculation » sur les canaux de télévision. En effet, cette chaîne de la « diversité des origines et des modes de vie » avait, lors de l’appel d’offres pour créer six nouvelles chaînes de la TNT, obtenu sa fréquence gratuitement, comme c’est toujours le cas en télévision.La décision du CSA ne prendra toutefois effet que le 30 juin 2016 : l’autorité veut éviter un écran noir pour les téléspectateurs. De plus, ce délai « permet aussi à la société Diversité TV de renoncer aux conditions du pacte d’actionnaires et de la cession qui ont conduit le conseil à retirer l’autorisation », suggère le CSA. En attendant, la décision suspend de facto la vente de la chaîne, cédée au début d’avril pour 88,3 millions d’euros.Numéro 23 garde une petite porte ouverte : elle pourrait renoncer à la vente et reprendre son exploitation, quitte à éventuellement envisager une cession plus tard, pourquoi pas avec NextRadioTV, qui continuera à suivre le dossier.Toutefois, le coup d’arrêt est brutal : la veille, les intéressés n’envisageaient pas une telle décision. Celle-ci ne respecterait pas le droit et serait disproportionnée, pensaient en privé l’actionnaire principal de Numéro 23, Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du Monde), et NextRadioTV.« Un abus de droit entaché de fraude »Le 23 juin, le CSA avait ouvert une procédure de sanction envers Diversité TV en raison d’une modification de son pacte d’actionnaires survenue en 2013 pour permettre l’entrée de la société russe UTH. « Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA.Le conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Or, en 2012, Diversité TV s’était engagée au moins jusqu’en 2019. En outre, « la société n’a que très partiellement rempli les objectifs affirmés lors de sa candidature ; elle a ainsi fait l’objet de plusieurs rappels, mises en garde et mises en demeure. »Pour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». Son actionnaire principal, Pascal Houzelot, aurait ainsi « dès mai 2013 (…) cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », ajoute le communiqué du CSA. Il est interdit de revendre une chaîne moins de deux ans et demi après son autorisation.Alain Weill regrette une décision « plus morale que juridique »« C’est une décision plus morale que juridique. Or, c’est le droit qui doit primer », a regretté Alain Weill, PDG de NextRadioTV, joint par Le Monde. Le propriétaire de BFM-TV et de RMC n’a pas encore pris de décision, mais il est fort probable que la sanction du CSA soit attaquée devant le Conseil d’Etat.« Je ne suis pas surpris, car on sentait que le CSA voulait vraiment sanctionner Pascal Houzelot », a commenté M. Weill. « C’est une petite victoire pour les acteurs historiques qui ne veulent pas que les nouveaux entrants prennent de l’importance dans le secteur », a-t-il ajouté, sous-entendant que M6 ou TF1 avaient été hostiles à la vente.« Je trouve que nous avons un vrai problème de régulation : les décisions sont beaucoup trop longues et paralysent les entreprises », a encore regretté le patron de NextRadioTV, également en attente du choix du CSA dans le dossier de la chaîne d’information LCI, un rival potentiel de sa chaîne BFM-TV.Un très long feuilleton politiqueDe fait, la procédure « Numéro 23 » a été un long feuilleton, lancé à l’annonce de la cession de la chaîne, au début d’avril. Le dossier est instantanément devenu politique : pour des élus et des observateurs, il symbolisait l’abus du bien public que sont les fréquences, attribuées gratuitement, contrairement à celles du secteur des télécommunications, vendues aux enchères.Le dossier a été très riche en rebondissements : le CSA a longuement mené ses travaux pour déterminer s’il agréait la vente, en réalisant notamment une étude d’impact. Mais il a aussi demandé une instruction spéciale — puis un complément d’instruction — sur la question de l’actionnariat et notamment sur l’arrivée de l’investisseur russe à hauteur de 15 %.Le dossier a suscité un débat juridique : sur la question de l’actionnariat, le rapporteur mandaté par le CSA, issu du Conseil d’Etat, avait conclu qu’il n’y avait pas lieu de sanctionner, le pacte était considéré comme une mesure classique de protection d’un actionnaire minoritaire.Lire aussi :La vente de Numéro 23 fait face à de nouvelles complicationsLa décision du CSA rappelle l’ambiance très froide de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre : le propriétaire de la chaîne a été entendu par les huit conseillers du CSA, qui n’ont pas cherché à cacher dans cet entretien public une certaine hostilité à la transaction.L’un ironisait sur la forte présence à l’antenne d’émissions de téléréalité consacrées au tatouage, un choix jugé hors sujet par rapport à l’objet de la chaîne, consacrée à la diversité des origines et des modes de vie. Une autre conseillère demandait à M. Houzelot s’il « rendrait la fréquence » en cas de refus d’agrément de la vente par le CSA. Diversité TV avait obtenu cette autorisation de diffusion en 2012, lors de l’attribution de fréquences en haute définition par le CSA.Par le passé, plusieurs acteurs ont pu céder au prix fort des chaînes fraîchement attribuées par le CSA. Vincent Bolloré a ainsi cédé ses chaînes Direct 8 et Direct Star au groupe Canal+. La seconde, alors sous le nom de Virgin 17, avait été cédée à Bolloré par le groupe Lagardère. TF1 a également racheté NT1 et TMC à AB Production. La décision du 14 octobre montre que le CSA entend désormais mieux encadrer ces pratiques.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 07h11 • Mis à jour le14.10.2015 à 07h46 | Thomas Wieder et Alexis Delcambre Les intrusions de Vincent Bolloré dans le domaine de l’information au groupe Canal+, dans un contexte de concentration accrue des médias, sont un sujet de préoccupation au ministère de la culture. Selon nos informations, la Rue de Valois réfléchit actuellement à une évolution de la loi, pour mieux protéger l’indépendance des rédactions, en particulier dans l’audiovisuel.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »L’idée serait notamment de rendre obligatoire la référence à l’indépendance éditoriale et au pluralisme des opinions dans les conventions qui lient les chaînes de télévision au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cela favoriserait la capacité du CSA à intervenir quand l’indépendance des rédactions semble menacée. Une telle notion n’est actuellement pas présente dans la convention de Canal+.Autre piste : rendre obligatoire la constitution de comités d’éthique et de déontologie, chargés de veiller au respect de ces principes. Enfin, le ministère réfléchit à la création d’un statut de « lanceur d’alertes » pour les rédactions, et à leur protection.Dès janvier ?Le ministère envisagerait que ces mesures intègrent le projet de loi relatif à la création, que Fleur Pellerin doit défendre devant le Sénat début 2016. Le sujet reste toutefois soumis à l’arbitrage de Matignon et de l’Elysée.Le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter, la ministre de la culture s’était posée en « garante du pluralisme des médias », tout en précisant, au sujet de Vincent Bolloré : « Aucune enquête n’a pour l’instant révélé s’il y avait eu une intervention directe. » « [Si c’était le cas] j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j’évoque ce sujet avec le CSA », avait ajouté la ministre.Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires avait été auditionné par le CSA. Celui-ci avait obtenu la création d’un « groupe de travail », chargé d’étudier la traduction concrète des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, de l’indépendance éditoriale et de l’exercice du métier de journaliste », avait précisé l’autorité dans un communiqué.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementDe son côté, le collectif « Informer n’est pas un délit » avait appelé le CSA à défendre l’indépendance éditoriale.Lire aussi :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterThomas WiederRédacteur en chef - chef du service FranceSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Arnaud Lagardère s’est plaint de la « une » du Journal du dimanche du 11 octobre, sur laquelle un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, était accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Le propriétaire du groupe de presse Lagardère Active, qui comprend notamment Le Journal du dimanche, Paris Match, Elle ou la radio Europe 1, a trouvé cette « une » trop empathique et a voulu le faire savoir, écrit Le Point, ce qui a été confirmé au Monde.Selon une source proche du dossier, Denis Olivennes, président du groupe de presse, n’aurait lui non plus pas apprécié cette couverture et l’aurait fait savoir directement au directeur du journal, Jérôme Bellay. Il a trouvé qu’elle manquait de recul et de nuance.Assemblée générale prévue vendrediLa « une » de dimanche en a également choqué certains dans la rédaction, raconte une source en interne. Pour certains, la grogne a été renforcée par le fait que Marine Le Pen a par ailleurs été l’invitée, le 11 octobre, de C Politique, une émission de France 5 produite par Jérôme Bellay. Cofondateur de France Info et LCI, ce dernier est également producteur, notamment de C dans l’air.Une assemblée générale de la société des journalistes est prévue vendredi 16 octobre.Ce n’est pas la première fois que M. Lagardère se plaint d’un contenu. En novembre 2014, alors que M. Bellay était également directeur du « JDD », il avait reproché une dérive « people » quand l’hebdomadaire avait titré sur « les femmes » de François Hollande, quelques jours après que Paris-Match, également propriété du groupe avait fait sa couverture sur Valérie Trierweiler. En 2005, celui qui s’est présenté un temps comme le « frère » de Nicolas Sarkozy avait également réagi à la « une » de Paris-Match consacrée, le 25 août, à la liaison entre Cécilia Sarkozy et le publicitaire Richard Attias. L’ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Alain Genestar avait été licencié un peu plus d’un an après.Lire aussi : Selon Alain Genestar, Nicolas Sarkozy est à l'origine de son licenciementAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 11h41 | Claire Ané Le prix s’appelle « Stop aux clichés sur les jeunes » et manque de lauréats 2015. Lancé voilà huit ans par un collectif d’associations, ce prix entend lutter contre les idées reçues véhiculées par les médias en récompensant chaque année des reportages qui « donnent la parole aux jeunes en faisant appel à des points de vue différents, sans verser dans l’amalgame ou les clichés ». L’idée est de mettre en avant les bons élèves plutôt que les mauvais. Sauf que pour la deuxième année d’affilée, la catégorie « télé » est restée sans vainqueur.« On a visionné les quatre reportages télé présélectionnés, mais avec la vingtaine d’autres membres du jury nous étions d’accord pour dire que, sans être forcément mauvais, ils étaient très quelconques : aucun ne méritait d’être primé », raconte Amélie Werdmüller, une jurée de 21 ans, originaire de Mulhouse. Les sujets évoqués ? Des jeunes qui avaient une passion en dehors de leurs études, « ce qui est quand même très courant » ou encore un centre de formation au rugby pour les jeunes, dont « le commentaire insistait sur le fait qu’ils venaient de quartiers sensibles ».Dans le troisième, « on voyait une étudiante se plaindre de devoir faire des petits boulots en parallèle de ses études et dire que quand elle manquait d’argent, elle préférait le garder pour sortir le soir plutôt que pour aller chez le médecin : pourtant, avec la Sécu, on est quand même assez bien couverts pour les soins », pointe une autre jurée, Adeline Marie-Sainte, étudiante en deuxième année de droit à Strasbourg. Quant au dernier, portrait d’une lycéenne engagée, il ne leur a laissé à toutes deux, quinze jours après les délibérations, que peu de souvenirs…« On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés »Est-ce la présélection qui a été défaillante ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché, argumente Simon Berger, coordinateur du prix au sein de l’une des associations participantes, l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes). « Nous sommes quelques-uns à effectuer une veille toute l’année et nous nous sommes rendus plusieurs journées à l’INA, où l’on peut visionner tous les reportages référencés avec le mot-clé ’jeunesse’». Mais en télé, il n’a pas été nécessaire de débattre : il n’y avait que quatre sujets qui nous semblaient remplir les critères. Le reste ressemblait trop souvent au florilège qu’a montré le Petit Journal, sur Canal+, quand il a invité des membres de Stop aux clichés : des jeunes sans arrêt au téléphone, qui boivent et ne travaillent pas ».Pour les deux jeunes jurées, les sujets soumis étaient à la mesure de ce qu’elles voient quotidiennement sur le petit écran : « Ce sont tout le temps les mêmes sujets qui reviennent au JT : le décrochage scolaire, les jeunes qui manifestent ou qui brûlent des voitures, ceux qui sont au chômage. On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés, et que toute la jeunesse est mise dans le même petit sac. Ce qu’on a aimé dans les reportages primés dans les autres médias, c’est qu’ils ne faisaient pas pleurer », explique Amélie Werdmüller. « La télé montre les incidents, les choses croustillantes, mais très peu de jeunes qui font avancer les choses », complète Adeline Marie-Sainte.La téléréalité, « grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes »Le sociologue François Jost, spécialiste de la télévision, n’est pas surpris de ce constat : « La plus grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes est la téléréalité : des garçons bodybuildés, des filles peu habillées, ou alors des jeunes de banlieue à la limite du voyou, explique ce professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. A côté, les émissions de Cyril Hanouna et le Petit Journal de Canal+ font le portrait d’une certaine jeunesse, très citadine. Les autres jeunes, on les aperçoit dans les JT lors de la rentrée, du bac, des chiffres du chômage. Et ceux-ci montrent plutôt ce qui va mal - les enfants hyperactifs notamment -, et l’exceptionnel, comme les jeunes surdoués qui passent leur bac ». Une récente étude de l’INA, portant sur l’enfance et la jeunesse dans les JT de 2010 à 2014, met en chiffres ce sentiment diffus : « les jeunes apparaissent avant tout comme les victimes, et parfois les auteurs, de faits divers (28 % de l’offre) ». Ont ainsi beaucoup été traités l’affaire Merah (179 sujets), l’enlèvement de lycéennes au Nigéria par le groupe Boko-Haram (103 sujets), la tuerie dans une école primaire de Newton aux Etats-Unis (94 sujets).Les autres grands thèmes liés à la jeunesse abordés dans les informations télévisées sont la société et l’éducation. Peu d’images positives vantent les réussites ou actes de bravoure des jeunes, avec seulement 240 sujets identifiés sur cinq ans, dont 58 en 2014, année du prix Nobel de la paix accordé à la jeune militante pakistanaise des droits des femmes Malala Yousafzai.Claire AnéJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 15h58 Faute de statistiques ethniques, interdites par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) utilise le critère d’« origine perçue » (« blancs », « noirs », « arabes », « asiatiques ou « autres ») pour évaluer la diversité mise en scène dans les programmes télévisés en France. Or, en 2015, le bilan reste le même que l’année précédente : le paysage audiovisuel français est largement dominé par les personnes apparaissant comme « blanches ».Lire aussi :L’interminable débat français sur les « statistiques ethniques »Plus gênant encore : les 14 % de « personnes perçues comme non blanches » apparaissant à l’écran sont le plus souvent présentées sous un mauvais jour, relève le cinquième baromètre de la diversité du CSA. Elles sont ainsi plutôt plus pauvres : constituant 17 % des catégories socioprofessionnelles moins aisées (CSP-) dans les émissions et seulement 11 % des CSP +. Par contre, quand des activités « marginales ou illégales » sont évoquées, le taux de personnes perçues comme « non blanches » est de 37 %, souligne cette étude réalisée en avril-mai sur 1 600 programmes de la TNT gratuite (fictions, informations, magazines et documentaires), soit 43 000 personnes vues à l’écran.Peu de héros parmi les « non-blancs »Les « non-blancs » sont aussi plutôt jeunes : représentant 18 % des moins de 20 ans contre seulement 4 % des 65 ans et plus, et il s’agit davantage d’hommes (16 %) que de femmes (13 %). Dans la fiction, le taux de personnes perçues comme « non blanches » n’est que de 9 % pour les rôles de héros.Autre catégorie peu représentée, les personnes « perçues comme handicapées » demeurent presque inexistantes à la télévision, avec 0,4 % des personnages.Lire aussi :Le CSA pousse les médias à s’engager sur la diversité Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 10h22 • Mis à jour le13.10.2015 à 01h32 Le journaliste irano-américain Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran, arrêté il y a plus d’un an en Iran pour espionnage, a été jugé coupable, rapportait dimanche 11 octobre l’agence iranienne de presse ISNA. Sa peine n’a cependant pas été rendue publique, provoquant la déception du Washington Post, qui a déploré une annonce « vague et déroutante » et a affirmé qu’il fera appel.Jason Rezaian, 39 ans, qui a la double nationalité iranienne et américaine, avait été arrêté le 22 juillet 2014 à son domicile en compagnie de son épouse, Yeganeh Salehi, remise en liberté depuis. Le journaliste a comparu à quatre reprises depuis mai lors d’audiences à huis clos devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, une cour spéciale qui juge les dossiers politiques ou touchant à la sécurité nationale.Possible échange de prisonniersDepuis le début de l’affaire, le Washington Post conteste les accusations d’espionnage portées contre son journaliste, qui n’a fait qu’exercer son métier. Le directeur de la rédaction du journal, Martin Baron, a qualifié ce procès de « mascarade » et de « mélange infect de farce et de tragédie ». « L’Iran a agi de façon impensable tout au long ce cas, mais jamais tant qu’avec cette décision indéfendable de condamner un journaliste innocent pour des crimes graves après une procédure tenue à huis clos », a-t-il encore estimé.Les Etats-Unis et l’Iran n’ont plus de liens diplomatiques depuis la crise des otages de 1979, mais l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet pourrait faciliter un dégel relatif de leurs relations.Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, n’a pas exclu au début de septembre l’idée d’un échange de prisonniers pour libérer Jason Rezaian et d’autres Américains détenus en Iran. Plusieurs Iraniens sont actuellement emprisonnés aux Etats-Unis. Alexis Delcambre La tension est montée chez Vivendi, lundi 19 octobre, au lendemain de la publication par Le Parisien d’un article faisant état d’une « chute des abonnés » de Canal+ qui, selon le quotidien, « atteint 10 % en septembre ». Le soir même, le groupe de médias a publié un communiqué dénonçant « la propagation de fausses informations » et a demandé une enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF) après avoir vu son cours de Bourse baisser de 2,12 % en clôture de la séance du jour. Vivendi s’apprête ainsi à déposer une plainte pour divulgation d’informations trompeuses.Selon Vivendi, « ce chiffre est positif ». Mieux, le groupe assure que ses recrutements ont progressé, alors que Le Parisien écrit désormais que c’est « le nombre de nouveaux abonnés [qui] a baissé de 10 % en septembre » - un mois décisif où Canal+ proposait une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby et la saison 2 d’une de ses séries phares, Les Revenants.La concurrence de nouveaux entrantsEn France métropolitaine, Canal+ indique compter 43 900 nouveaux abonnés en septembre 2015, contre 36 100 un an plus tôt. Pour autant, Canal+ ne donne pas le volume global de ses abonnés.Trésor de Canal+, les abonnements font l’objet de toutes les attentions, mais le groupe ne communique pas à leur sujet. On estime que la chaîne en compte environ 9 millions en France, en ajoutant ceux de Canal+ au sens strict, ceux du bouquet CanalSat et ceux de l’offre de vidéo à la demande CanalPlay.Dans l’Hexagone, la baisse des abonnements à CanalSat a un temps été gommée par la progression des recrutements de CanalPlay. Selon plusieurs sources, ce ne serait plus le cas. BFM-TV a chiffré à 185 000 la baisse des abonnements en 2013 et Le Figaro a récemment évoqué un rythme annuel de 240 000 pour 2015.Le modèle premium de Canal+, placé en haut de gamme – environ 40 euros par mois pour le bouquet Canal+ et 65 euros en ajoutant CanalSat –, subit la concurrence de nouveaux entrants, comme BeINSports (13 euros par mois) ou Netflix, le service de vidéo à la demande par abonnement, dont la première offre est à 8 euros par mois. BeINSports revendique « autour » de 2,5 millions d’abonnés et on estime à 500 000 le nombre de clients conquis par Netflix en un an.Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage françaisArrivé à la tête de Vivendi et de Canal+ en juillet, Vincent Bolloré n’a pas caché que l’affaiblissement du modèle historique du groupe le préoccupait. Devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 24 septembre, il avait même indiqué que Canal+ pourrait devenir déficitaire en 2016, après avoir subi une baisse de son résultat opérationnel en 2014, à 20 millions d’euros (et 583 millions pour l’ensemble du groupe).Internationalisation croissanteMais, s’il recule en France, le nombre d’abonnés à Canal+ dans le monde progresse, et il atteindrait près de 6 millions hors de l’Hexagone. Historiquement présent en Pologne et au Vietnam, le groupe se développe fortement sur le continent africain et nourrit des ambitions en Europe du Sud via Telecom Italia, dont Vincent Bolloré détient plus de 19 %. Depuis son arrivée, celui-ci défend l’internationalisation du groupe. Une façon d’assumer que le chiffre d’affaires réalisé en France a vocation sinon à se réduire, du moins à devenir minoritaire dans l’ensemble.Intitulé « La chute de la maison Canal+ », l’article du Parisien s’arrêtait aussi sur les mauvaises performances des tranches en clair, symbolisées par la relance manquée du « Grand Journal », tombé à moins de 650 000 spectateurs par jour, loin de la formule précédente.Lire aussi :Canal+ : Vincent Bolloré confirme Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal »M. Bolloré clame depuis son arrivée que le seul indicateur de résultats qui lui importe est le nombre d’abonnés et il fait comprendre qu’il va réduire le clair sur Canal+, même si le modèle historique de la chaîne repose sur une corrélation entre la puissance des audiences en clair et la vigueur des recrutements. Vivendi semble vouloir privilégier d’autres leviers de recrutement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexandre Piquard et Alexis Delcambre C’est une décision inédite dans l’histoire de l’audiovisuel français : le Conseil supérieur de l’audiovisuel a décidé mercredi 14 octobre « d’abroger l’autorisation de diffusion accordée le 3 juillet 2012 » à la chaîne télévisée Numéro 23. L’autorité a décidé de frapper fort dans un dossier très sensible, celui de la revente de la chaîne à NextRadioTV, rapidement devenue symbolique pour certains d’une « spéculation » sur les canaux de télévision. En effet, cette chaîne de la « diversité des origines et des modes de vie » avait, lors de l’appel d’offres pour créer six nouvelles chaînes de la TNT, obtenu sa fréquence gratuitement, comme c’est toujours le cas en télévision.La décision du CSA ne prendra toutefois effet que le 30 juin 2016 : l’autorité veut éviter un écran noir pour les téléspectateurs. De plus, ce délai « permet aussi à la société Diversité TV de renoncer aux conditions du pacte d’actionnaires et de la cession qui ont conduit le conseil à retirer l’autorisation », suggère le CSA. En attendant, la décision suspend de facto la vente de la chaîne, cédée au début d’avril pour 88,3 millions d’euros.Numéro 23 garde une petite porte ouverte : elle pourrait renoncer à la vente et reprendre son exploitation, quitte à éventuellement envisager une cession plus tard, pourquoi pas avec NextRadioTV, qui continuera à suivre le dossier.Toutefois, le coup d’arrêt est brutal : la veille, les intéressés n’envisageaient pas une telle décision. Celle-ci ne respecterait pas le droit et serait disproportionnée, pensaient en privé l’actionnaire principal de Numéro 23, Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du Monde), et NextRadioTV.« Un abus de droit entaché de fraude »Le 23 juin, le CSA avait ouvert une procédure de sanction envers Diversité TV en raison d’une modification de son pacte d’actionnaires survenue en 2013 pour permettre l’entrée de la société russe UTH. « Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA.Le conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Or, en 2012, Diversité TV s’était engagée au moins jusqu’en 2019. En outre, « la société n’a que très partiellement rempli les objectifs affirmés lors de sa candidature ; elle a ainsi fait l’objet de plusieurs rappels, mises en garde et mises en demeure. »Pour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». Son actionnaire principal, Pascal Houzelot, aurait ainsi « dès mai 2013 (…) cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », ajoute le communiqué du CSA. Il est interdit de revendre une chaîne moins de deux ans et demi après son autorisation.Alain Weill regrette une décision « plus morale que juridique »« C’est une décision plus morale que juridique. Or, c’est le droit qui doit primer », a regretté Alain Weill, PDG de NextRadioTV, joint par Le Monde. Le propriétaire de BFM-TV et de RMC n’a pas encore pris de décision, mais il est fort probable que la sanction du CSA soit attaquée devant le Conseil d’Etat.« Je ne suis pas surpris, car on sentait que le CSA voulait vraiment sanctionner Pascal Houzelot », a commenté M. Weill. « C’est une petite victoire pour les acteurs historiques qui ne veulent pas que les nouveaux entrants prennent de l’importance dans le secteur », a-t-il ajouté, sous-entendant que M6 ou TF1 avaient été hostiles à la vente.« Je trouve que nous avons un vrai problème de régulation : les décisions sont beaucoup trop longues et paralysent les entreprises », a encore regretté le patron de NextRadioTV, également en attente du choix du CSA dans le dossier de la chaîne d’information LCI, un rival potentiel de sa chaîne BFM-TV.Un très long feuilleton politiqueDe fait, la procédure « Numéro 23 » a été un long feuilleton, lancé à l’annonce de la cession de la chaîne, au début d’avril. Le dossier est instantanément devenu politique : pour des élus et des observateurs, il symbolisait l’abus du bien public que sont les fréquences, attribuées gratuitement, contrairement à celles du secteur des télécommunications, vendues aux enchères.Le dossier a été très riche en rebondissements : le CSA a longuement mené ses travaux pour déterminer s’il agréait la vente, en réalisant notamment une étude d’impact. Mais il a aussi demandé une instruction spéciale — puis un complément d’instruction — sur la question de l’actionnariat et notamment sur l’arrivée de l’investisseur russe à hauteur de 15 %.Le dossier a suscité un débat juridique : sur la question de l’actionnariat, le rapporteur mandaté par le CSA, issu du Conseil d’Etat, avait conclu qu’il n’y avait pas lieu de sanctionner, le pacte était considéré comme une mesure classique de protection d’un actionnaire minoritaire.Lire aussi :La vente de Numéro 23 fait face à de nouvelles complicationsLa décision du CSA rappelle l’ambiance très froide de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre : le propriétaire de la chaîne a été entendu par les huit conseillers du CSA, qui n’ont pas cherché à cacher dans cet entretien public une certaine hostilité à la transaction.L’un ironisait sur la forte présence à l’antenne d’émissions de téléréalité consacrées au tatouage, un choix jugé hors sujet par rapport à l’objet de la chaîne, consacrée à la diversité des origines et des modes de vie. Une autre conseillère demandait à M. Houzelot s’il « rendrait la fréquence » en cas de refus d’agrément de la vente par le CSA. Diversité TV avait obtenu cette autorisation de diffusion en 2012, lors de l’attribution de fréquences en haute définition par le CSA.Par le passé, plusieurs acteurs ont pu céder au prix fort des chaînes fraîchement attribuées par le CSA. Vincent Bolloré a ainsi cédé ses chaînes Direct 8 et Direct Star au groupe Canal+. La seconde, alors sous le nom de Virgin 17, avait été cédée à Bolloré par le groupe Lagardère. TF1 a également racheté NT1 et TMC à AB Production. La décision du 14 octobre montre que le CSA entend désormais mieux encadrer ces pratiques.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 07h11 • Mis à jour le14.10.2015 à 07h46 | Thomas Wieder et Alexis Delcambre Les intrusions de Vincent Bolloré dans le domaine de l’information au groupe Canal+, dans un contexte de concentration accrue des médias, sont un sujet de préoccupation au ministère de la culture. Selon nos informations, la Rue de Valois réfléchit actuellement à une évolution de la loi, pour mieux protéger l’indépendance des rédactions, en particulier dans l’audiovisuel.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »L’idée serait notamment de rendre obligatoire la référence à l’indépendance éditoriale et au pluralisme des opinions dans les conventions qui lient les chaînes de télévision au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cela favoriserait la capacité du CSA à intervenir quand l’indépendance des rédactions semble menacée. Une telle notion n’est actuellement pas présente dans la convention de Canal+.Autre piste : rendre obligatoire la constitution de comités d’éthique et de déontologie, chargés de veiller au respect de ces principes. Enfin, le ministère réfléchit à la création d’un statut de « lanceur d’alertes » pour les rédactions, et à leur protection.Dès janvier ?Le ministère envisagerait que ces mesures intègrent le projet de loi relatif à la création, que Fleur Pellerin doit défendre devant le Sénat début 2016. Le sujet reste toutefois soumis à l’arbitrage de Matignon et de l’Elysée.Le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter, la ministre de la culture s’était posée en « garante du pluralisme des médias », tout en précisant, au sujet de Vincent Bolloré : « Aucune enquête n’a pour l’instant révélé s’il y avait eu une intervention directe. » « [Si c’était le cas] j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j’évoque ce sujet avec le CSA », avait ajouté la ministre.Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires avait été auditionné par le CSA. Celui-ci avait obtenu la création d’un « groupe de travail », chargé d’étudier la traduction concrète des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, de l’indépendance éditoriale et de l’exercice du métier de journaliste », avait précisé l’autorité dans un communiqué.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementDe son côté, le collectif « Informer n’est pas un délit » avait appelé le CSA à défendre l’indépendance éditoriale.Lire aussi :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterThomas WiederRédacteur en chef - chef du service FranceSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Arnaud Lagardère s’est plaint de la « une » du Journal du dimanche du 11 octobre, sur laquelle un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, était accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Le propriétaire du groupe de presse Lagardère Active, qui comprend notamment Le Journal du dimanche, Paris Match, Elle ou la radio Europe 1, a trouvé cette « une » trop empathique et a voulu le faire savoir, écrit Le Point, ce qui a été confirmé au Monde.Selon une source proche du dossier, Denis Olivennes, président du groupe de presse, n’aurait lui non plus pas apprécié cette couverture et l’aurait fait savoir directement au directeur du journal, Jérôme Bellay. Il a trouvé qu’elle manquait de recul et de nuance.Assemblée générale prévue vendrediLa « une » de dimanche en a également choqué certains dans la rédaction, raconte une source en interne. Pour certains, la grogne a été renforcée par le fait que Marine Le Pen a par ailleurs été l’invitée, le 11 octobre, de C Politique, une émission de France 5 produite par Jérôme Bellay. Cofondateur de France Info et LCI, ce dernier est également producteur, notamment de C dans l’air.Une assemblée générale de la société des journalistes est prévue vendredi 16 octobre.Ce n’est pas la première fois que M. Lagardère se plaint d’un contenu. En novembre 2014, alors que M. Bellay était également directeur du « JDD », il avait reproché une dérive « people » quand l’hebdomadaire avait titré sur « les femmes » de François Hollande, quelques jours après que Paris-Match, également propriété du groupe avait fait sa couverture sur Valérie Trierweiler. En 2005, celui qui s’est présenté un temps comme le « frère » de Nicolas Sarkozy avait également réagi à la « une » de Paris-Match consacrée, le 25 août, à la liaison entre Cécilia Sarkozy et le publicitaire Richard Attias. L’ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Alain Genestar avait été licencié un peu plus d’un an après.Lire aussi : Selon Alain Genestar, Nicolas Sarkozy est à l'origine de son licenciementAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 11h41 | Claire Ané Le prix s’appelle « Stop aux clichés sur les jeunes » et manque de lauréats 2015. Lancé voilà huit ans par un collectif d’associations, ce prix entend lutter contre les idées reçues véhiculées par les médias en récompensant chaque année des reportages qui « donnent la parole aux jeunes en faisant appel à des points de vue différents, sans verser dans l’amalgame ou les clichés ». L’idée est de mettre en avant les bons élèves plutôt que les mauvais. Sauf que pour la deuxième année d’affilée, la catégorie « télé » est restée sans vainqueur.« On a visionné les quatre reportages télé présélectionnés, mais avec la vingtaine d’autres membres du jury nous étions d’accord pour dire que, sans être forcément mauvais, ils étaient très quelconques : aucun ne méritait d’être primé », raconte Amélie Werdmüller, une jurée de 21 ans, originaire de Mulhouse. Les sujets évoqués ? Des jeunes qui avaient une passion en dehors de leurs études, « ce qui est quand même très courant » ou encore un centre de formation au rugby pour les jeunes, dont « le commentaire insistait sur le fait qu’ils venaient de quartiers sensibles ».Dans le troisième, « on voyait une étudiante se plaindre de devoir faire des petits boulots en parallèle de ses études et dire que quand elle manquait d’argent, elle préférait le garder pour sortir le soir plutôt que pour aller chez le médecin : pourtant, avec la Sécu, on est quand même assez bien couverts pour les soins », pointe une autre jurée, Adeline Marie-Sainte, étudiante en deuxième année de droit à Strasbourg. Quant au dernier, portrait d’une lycéenne engagée, il ne leur a laissé à toutes deux, quinze jours après les délibérations, que peu de souvenirs…« On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés »Est-ce la présélection qui a été défaillante ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché, argumente Simon Berger, coordinateur du prix au sein de l’une des associations participantes, l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes). « Nous sommes quelques-uns à effectuer une veille toute l’année et nous nous sommes rendus plusieurs journées à l’INA, où l’on peut visionner tous les reportages référencés avec le mot-clé ’jeunesse’». Mais en télé, il n’a pas été nécessaire de débattre : il n’y avait que quatre sujets qui nous semblaient remplir les critères. Le reste ressemblait trop souvent au florilège qu’a montré le Petit Journal, sur Canal+, quand il a invité des membres de Stop aux clichés : des jeunes sans arrêt au téléphone, qui boivent et ne travaillent pas ».Pour les deux jeunes jurées, les sujets soumis étaient à la mesure de ce qu’elles voient quotidiennement sur le petit écran : « Ce sont tout le temps les mêmes sujets qui reviennent au JT : le décrochage scolaire, les jeunes qui manifestent ou qui brûlent des voitures, ceux qui sont au chômage. On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés, et que toute la jeunesse est mise dans le même petit sac. Ce qu’on a aimé dans les reportages primés dans les autres médias, c’est qu’ils ne faisaient pas pleurer », explique Amélie Werdmüller. « La télé montre les incidents, les choses croustillantes, mais très peu de jeunes qui font avancer les choses », complète Adeline Marie-Sainte.La téléréalité, « grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes »Le sociologue François Jost, spécialiste de la télévision, n’est pas surpris de ce constat : « La plus grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes est la téléréalité : des garçons bodybuildés, des filles peu habillées, ou alors des jeunes de banlieue à la limite du voyou, explique ce professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. A côté, les émissions de Cyril Hanouna et le Petit Journal de Canal+ font le portrait d’une certaine jeunesse, très citadine. Les autres jeunes, on les aperçoit dans les JT lors de la rentrée, du bac, des chiffres du chômage. Et ceux-ci montrent plutôt ce qui va mal - les enfants hyperactifs notamment -, et l’exceptionnel, comme les jeunes surdoués qui passent leur bac ». Une récente étude de l’INA, portant sur l’enfance et la jeunesse dans les JT de 2010 à 2014, met en chiffres ce sentiment diffus : « les jeunes apparaissent avant tout comme les victimes, et parfois les auteurs, de faits divers (28 % de l’offre) ». Ont ainsi beaucoup été traités l’affaire Merah (179 sujets), l’enlèvement de lycéennes au Nigéria par le groupe Boko-Haram (103 sujets), la tuerie dans une école primaire de Newton aux Etats-Unis (94 sujets).Les autres grands thèmes liés à la jeunesse abordés dans les informations télévisées sont la société et l’éducation. Peu d’images positives vantent les réussites ou actes de bravoure des jeunes, avec seulement 240 sujets identifiés sur cinq ans, dont 58 en 2014, année du prix Nobel de la paix accordé à la jeune militante pakistanaise des droits des femmes Malala Yousafzai.Claire AnéJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 15h58 Faute de statistiques ethniques, interdites par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) utilise le critère d’« origine perçue » (« blancs », « noirs », « arabes », « asiatiques ou « autres ») pour évaluer la diversité mise en scène dans les programmes télévisés en France. Or, en 2015, le bilan reste le même que l’année précédente : le paysage audiovisuel français est largement dominé par les personnes apparaissant comme « blanches ».Lire aussi :L’interminable débat français sur les « statistiques ethniques »Plus gênant encore : les 14 % de « personnes perçues comme non blanches » apparaissant à l’écran sont le plus souvent présentées sous un mauvais jour, relève le cinquième baromètre de la diversité du CSA. Elles sont ainsi plutôt plus pauvres : constituant 17 % des catégories socioprofessionnelles moins aisées (CSP-) dans les émissions et seulement 11 % des CSP +. Par contre, quand des activités « marginales ou illégales » sont évoquées, le taux de personnes perçues comme « non blanches » est de 37 %, souligne cette étude réalisée en avril-mai sur 1 600 programmes de la TNT gratuite (fictions, informations, magazines et documentaires), soit 43 000 personnes vues à l’écran.Peu de héros parmi les « non-blancs »Les « non-blancs » sont aussi plutôt jeunes : représentant 18 % des moins de 20 ans contre seulement 4 % des 65 ans et plus, et il s’agit davantage d’hommes (16 %) que de femmes (13 %). Dans la fiction, le taux de personnes perçues comme « non blanches » n’est que de 9 % pour les rôles de héros.Autre catégorie peu représentée, les personnes « perçues comme handicapées » demeurent presque inexistantes à la télévision, avec 0,4 % des personnages.Lire aussi :Le CSA pousse les médias à s’engager sur la diversité Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14455165756", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#285a82","#28beaa","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Marine Le Pen","Manuel Valls","Jean-Luc Mélenchon","Arnaud Montebourg","François Bayrou","Alain Juppé","Jean-François Copé","François Fillon","François Hollande","Jean-Marc Ayrault","Nicolas Sarkozy","Pierre Moscovici","Christiane Taubira","Emmanuel Macron","Alain Lamassoure","Benoist Apparu","Benoît Hamon","Yann Galut","Bruno Le Maire","Cécile Duflot","Christian Estrosi","Bernard Cazeneuve","Valérie Pécresse","Nathalie Kosciusko-Morizet","Najat Vallaud-Belkacem","Martine Aubry","Marion Maréchal-Le Pen","Laurent Wauquiez","Laurent Fabius","Jean-Marie Le Guen","Jean-Christophe Lagarde","Henri Guaino","Harlem Désir","Florian Philippot","Éric Ciotti"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "invité principal", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 4 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "face à l'invité", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " fois", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.10.2015 à 12h10 • Mis à jour le23.10.2015 à 10h46 | Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Il aura donc suffi d’un amendement adopté en commission à l’Assemblée nationale pour relancer ce que les spécialistes des professions concernées – les producteurs de musique face aux radios privées – ont pris l’habitude d’appeler la guerre des quotas. Disons plutôt la guéguerre, et regardons les enjeux.Les députés ont adopté, dans le cadre du projet de loi sur la liberté de création, un amendement visant à éviter que les mêmes tubes francophones tournent en boucle sur les ondes des radios privées afin de se conformer, au-delà des quotas déjà imposés par la loi, à l’esprit de ces quotas qui vise à promouvoir la création en langue française. Projet soutenu, le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter par la ministre de la culture Fleur Pellerin, pour qui les députés demandent simplement aux radios privées de « remplir mieux l’obligation de promouvoir la diversité culturelle ». Pour Fleur Pellerin, c’est clair, il s’agit de « mettre mieux en valeur la jeune création française ».Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal poséVent debout contre l’amendement, les professionnels des radios privées brandissent l’étendard de la liberté éditoriale. Liberté éditoriale revendiquée afin de permettre la diffusion d’un même titre des centaines de fois. La guerre opposerait donc les tenants de deux libertés différentes : la liberté de création d’un côté, la liberté éditoriale de l’autre.Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal posé. D’un côté, des acteurs politiques soucieux d’une juste diffusion de la chanson d’expression francophone dans toutes ses composantes et dans sa grande diversité. Des politiques naturellement soutenus, voire inspirés, par les producteurs de musique pour qui la radio demeure un vecteur de diffusion et de prescription privilégié, en dépit de l’arrivée de nouveaux supports – YouTube ou les plates-formes d’écoutes comme Deezer ou Spotify.Face aux acteurs politiques, les professionnels des radios privées adoptent une posture de supposée défense des auditeurs, lesquels plébisciteraient quelques chansons seulement parmi les nouvelles productions proposées au marché. Avec un argument fondé sur des chiffres, ceux de l’effondrement, selon eux, de la production francophone.L’œuf ou la poule ?Autrement dit, les dirigeants des radios privées résument de manière simpliste une situation très compliquée, en disant peu ou prou : « Vous ne nous proposez pas assez de bonnes chansons francophones, une partie de la production française est d’ailleurs interprétée en anglais, laissez-nous au moins choisir dans une offre que nous trouvons trop maigre. » Une analyse qui justifierait la diffusion en boucle, douze ou quinze fois par jour, de la même chanson, tandis que des centaines de titres sur lesquels des artistes ont travaillé restent dans les placards et n’ont aucune chance d’arriver seulement jusqu’aux oreilles d’auditeurs considérés comme malentendants et peu capables de juger par eux-mêmes de la qualité de tel ou tel artiste ou de telle ou telle chanson.Disons-le tout net : les auditeurs ne sont pas sourds. La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistes. Le conflit repose aujourd’hui sur un cercle vicieux bien connu des philosophes et penseurs de la culture se résumant par une célèbre question existentielle : « Qui de l’œuf ou de la poule ? » Y a-t-il moins de productions francophones parce que les radios n’en diffusent que très peu ? Ou bien, les radios ne diffusent-elles que très peu de chansons françaises parce que les producteurs n’en proposent pas assez ?La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistesComment sortir d’un cercle vicieux ? En créant un cercle vertueux. Plus les radios diffuseront d’artistes, mieux les créateurs seront exposés sur les ondes, plus les producteurs seront enclins à prendre le risque d’investir sur de nouveaux talents. Et plus les radios auront le choix, donc la liberté éditoriale, de sélectionner les créateurs qu’elles voudront mettre en avant. Et plus les auditeurs, dont nous tenons à rappeler une fois de plus qu’ils sont dotés d’un cerveau et d’une paire d’oreilles souvent prolongées d’un casque audio pour mieux entendre les nuances de la création musicale, seront libres de choisir les artistes – et les radios… – qu’ils souhaitent écouter. Ce qu’il fallait démontrer.Cercle vertueux contre cercle vicieux : le choix devrait s’imposer de lui-même, et conduire à un travail en commun qui remplacerait la guéguerre provoquée par l’amendement voté en commission et soutenu légitimement par la ministre. La liberté de dialogue, entre les producteurs et les diffuseurs, remplacerait alors avantageusement la guerre des quotas et permettrait un retour bienvenu à des postures sans doute plus sérieuses que la grève des quotas décrétée par les radios privées le 29 septembre.Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Alexis Delcambre La tension est montée chez Vivendi, lundi 19 octobre, au lendemain de la publication par Le Parisien d’un article faisant état d’une « chute des abonnés » de Canal+ qui, selon le quotidien, « atteint 10 % en septembre ». Le soir même, le groupe de médias a publié un communiqué dénonçant « la propagation de fausses informations » et a demandé une enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF) après avoir vu son cours de Bourse baisser de 2,12 % en clôture de la séance du jour. Vivendi s’apprête ainsi à déposer une plainte pour divulgation d’informations trompeuses.Selon Vivendi, « ce chiffre est positif ». Mieux, le groupe assure que ses recrutements ont progressé, alors que Le Parisien écrit désormais que c’est « le nombre de nouveaux abonnés [qui] a baissé de 10 % en septembre » - un mois décisif où Canal+ proposait une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby et la saison 2 d’une de ses séries phares, Les Revenants.La concurrence de nouveaux entrantsEn France métropolitaine, Canal+ indique compter 43 900 nouveaux abonnés en septembre 2015, contre 36 100 un an plus tôt. Pour autant, Canal+ ne donne pas le volume global de ses abonnés.Trésor de Canal+, les abonnements font l’objet de toutes les attentions, mais le groupe ne communique pas à leur sujet. On estime que la chaîne en compte environ 9 millions en France, en ajoutant ceux de Canal+ au sens strict, ceux du bouquet CanalSat et ceux de l’offre de vidéo à la demande CanalPlay.Dans l’Hexagone, la baisse des abonnements à CanalSat a un temps été gommée par la progression des recrutements de CanalPlay. Selon plusieurs sources, ce ne serait plus le cas. BFM-TV a chiffré à 185 000 la baisse des abonnements en 2013 et Le Figaro a récemment évoqué un rythme annuel de 240 000 pour 2015.Le modèle premium de Canal+, placé en haut de gamme – environ 40 euros par mois pour le bouquet Canal+ et 65 euros en ajoutant CanalSat –, subit la concurrence de nouveaux entrants, comme BeINSports (13 euros par mois) ou Netflix, le service de vidéo à la demande par abonnement, dont la première offre est à 8 euros par mois. BeINSports revendique « autour » de 2,5 millions d’abonnés et on estime à 500 000 le nombre de clients conquis par Netflix en un an.Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage françaisArrivé à la tête de Vivendi et de Canal+ en juillet, Vincent Bolloré n’a pas caché que l’affaiblissement du modèle historique du groupe le préoccupait. Devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 24 septembre, il avait même indiqué que Canal+ pourrait devenir déficitaire en 2016, après avoir subi une baisse de son résultat opérationnel en 2014, à 20 millions d’euros (et 583 millions pour l’ensemble du groupe).Internationalisation croissanteMais, s’il recule en France, le nombre d’abonnés à Canal+ dans le monde progresse, et il atteindrait près de 6 millions hors de l’Hexagone. Historiquement présent en Pologne et au Vietnam, le groupe se développe fortement sur le continent africain et nourrit des ambitions en Europe du Sud via Telecom Italia, dont Vincent Bolloré détient plus de 19 %. Depuis son arrivée, celui-ci défend l’internationalisation du groupe. Une façon d’assumer que le chiffre d’affaires réalisé en France a vocation sinon à se réduire, du moins à devenir minoritaire dans l’ensemble.Intitulé « La chute de la maison Canal+ », l’article du Parisien s’arrêtait aussi sur les mauvaises performances des tranches en clair, symbolisées par la relance manquée du « Grand Journal », tombé à moins de 650 000 spectateurs par jour, loin de la formule précédente.Lire aussi :Canal+ : Vincent Bolloré confirme Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal »M. Bolloré clame depuis son arrivée que le seul indicateur de résultats qui lui importe est le nombre d’abonnés et il fait comprendre qu’il va réduire le clair sur Canal+, même si le modèle historique de la chaîne repose sur une corrélation entre la puissance des audiences en clair et la vigueur des recrutements. Vivendi semble vouloir privilégier d’autres leviers de recrutement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexandre Piquard et Alexis Delcambre C’est une décision inédite dans l’histoire de l’audiovisuel français : le Conseil supérieur de l’audiovisuel a décidé mercredi 14 octobre « d’abroger l’autorisation de diffusion accordée le 3 juillet 2012 » à la chaîne télévisée Numéro 23. L’autorité a décidé de frapper fort dans un dossier très sensible, celui de la revente de la chaîne à NextRadioTV, rapidement devenue symbolique pour certains d’une « spéculation » sur les canaux de télévision. En effet, cette chaîne de la « diversité des origines et des modes de vie » avait, lors de l’appel d’offres pour créer six nouvelles chaînes de la TNT, obtenu sa fréquence gratuitement, comme c’est toujours le cas en télévision.La décision du CSA ne prendra toutefois effet que le 30 juin 2016 : l’autorité veut éviter un écran noir pour les téléspectateurs. De plus, ce délai « permet aussi à la société Diversité TV de renoncer aux conditions du pacte d’actionnaires et de la cession qui ont conduit le conseil à retirer l’autorisation », suggère le CSA. En attendant, la décision suspend de facto la vente de la chaîne, cédée au début d’avril pour 88,3 millions d’euros.Numéro 23 garde une petite porte ouverte : elle pourrait renoncer à la vente et reprendre son exploitation, quitte à éventuellement envisager une cession plus tard, pourquoi pas avec NextRadioTV, qui continuera à suivre le dossier.Toutefois, le coup d’arrêt est brutal : la veille, les intéressés n’envisageaient pas une telle décision. Celle-ci ne respecterait pas le droit et serait disproportionnée, pensaient en privé l’actionnaire principal de Numéro 23, Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du Monde), et NextRadioTV.« Un abus de droit entaché de fraude »Le 23 juin, le CSA avait ouvert une procédure de sanction envers Diversité TV en raison d’une modification de son pacte d’actionnaires survenue en 2013 pour permettre l’entrée de la société russe UTH. « Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA.Le conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Or, en 2012, Diversité TV s’était engagée au moins jusqu’en 2019. En outre, « la société n’a que très partiellement rempli les objectifs affirmés lors de sa candidature ; elle a ainsi fait l’objet de plusieurs rappels, mises en garde et mises en demeure. »Pour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». Son actionnaire principal, Pascal Houzelot, aurait ainsi « dès mai 2013 (…) cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », ajoute le communiqué du CSA. Il est interdit de revendre une chaîne moins de deux ans et demi après son autorisation.Alain Weill regrette une décision « plus morale que juridique »« C’est une décision plus morale que juridique. Or, c’est le droit qui doit primer », a regretté Alain Weill, PDG de NextRadioTV, joint par Le Monde. Le propriétaire de BFM-TV et de RMC n’a pas encore pris de décision, mais il est fort probable que la sanction du CSA soit attaquée devant le Conseil d’Etat.« Je ne suis pas surpris, car on sentait que le CSA voulait vraiment sanctionner Pascal Houzelot », a commenté M. Weill. « C’est une petite victoire pour les acteurs historiques qui ne veulent pas que les nouveaux entrants prennent de l’importance dans le secteur », a-t-il ajouté, sous-entendant que M6 ou TF1 avaient été hostiles à la vente.« Je trouve que nous avons un vrai problème de régulation : les décisions sont beaucoup trop longues et paralysent les entreprises », a encore regretté le patron de NextRadioTV, également en attente du choix du CSA dans le dossier de la chaîne d’information LCI, un rival potentiel de sa chaîne BFM-TV.Un très long feuilleton politiqueDe fait, la procédure « Numéro 23 » a été un long feuilleton, lancé à l’annonce de la cession de la chaîne, au début d’avril. Le dossier est instantanément devenu politique : pour des élus et des observateurs, il symbolisait l’abus du bien public que sont les fréquences, attribuées gratuitement, contrairement à celles du secteur des télécommunications, vendues aux enchères.Le dossier a été très riche en rebondissements : le CSA a longuement mené ses travaux pour déterminer s’il agréait la vente, en réalisant notamment une étude d’impact. Mais il a aussi demandé une instruction spéciale — puis un complément d’instruction — sur la question de l’actionnariat et notamment sur l’arrivée de l’investisseur russe à hauteur de 15 %.Le dossier a suscité un débat juridique : sur la question de l’actionnariat, le rapporteur mandaté par le CSA, issu du Conseil d’Etat, avait conclu qu’il n’y avait pas lieu de sanctionner, le pacte était considéré comme une mesure classique de protection d’un actionnaire minoritaire.Lire aussi :La vente de Numéro 23 fait face à de nouvelles complicationsLa décision du CSA rappelle l’ambiance très froide de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre : le propriétaire de la chaîne a été entendu par les huit conseillers du CSA, qui n’ont pas cherché à cacher dans cet entretien public une certaine hostilité à la transaction.L’un ironisait sur la forte présence à l’antenne d’émissions de téléréalité consacrées au tatouage, un choix jugé hors sujet par rapport à l’objet de la chaîne, consacrée à la diversité des origines et des modes de vie. Une autre conseillère demandait à M. Houzelot s’il « rendrait la fréquence » en cas de refus d’agrément de la vente par le CSA. Diversité TV avait obtenu cette autorisation de diffusion en 2012, lors de l’attribution de fréquences en haute définition par le CSA.Par le passé, plusieurs acteurs ont pu céder au prix fort des chaînes fraîchement attribuées par le CSA. Vincent Bolloré a ainsi cédé ses chaînes Direct 8 et Direct Star au groupe Canal+. La seconde, alors sous le nom de Virgin 17, avait été cédée à Bolloré par le groupe Lagardère. TF1 a également racheté NT1 et TMC à AB Production. La décision du 14 octobre montre que le CSA entend désormais mieux encadrer ces pratiques.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 07h11 • Mis à jour le14.10.2015 à 07h46 | Thomas Wieder et Alexis Delcambre Les intrusions de Vincent Bolloré dans le domaine de l’information au groupe Canal+, dans un contexte de concentration accrue des médias, sont un sujet de préoccupation au ministère de la culture. Selon nos informations, la Rue de Valois réfléchit actuellement à une évolution de la loi, pour mieux protéger l’indépendance des rédactions, en particulier dans l’audiovisuel.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »L’idée serait notamment de rendre obligatoire la référence à l’indépendance éditoriale et au pluralisme des opinions dans les conventions qui lient les chaînes de télévision au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cela favoriserait la capacité du CSA à intervenir quand l’indépendance des rédactions semble menacée. Une telle notion n’est actuellement pas présente dans la convention de Canal+.Autre piste : rendre obligatoire la constitution de comités d’éthique et de déontologie, chargés de veiller au respect de ces principes. Enfin, le ministère réfléchit à la création d’un statut de « lanceur d’alertes » pour les rédactions, et à leur protection.Dès janvier ?Le ministère envisagerait que ces mesures intègrent le projet de loi relatif à la création, que Fleur Pellerin doit défendre devant le Sénat début 2016. Le sujet reste toutefois soumis à l’arbitrage de Matignon et de l’Elysée.Le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter, la ministre de la culture s’était posée en « garante du pluralisme des médias », tout en précisant, au sujet de Vincent Bolloré : « Aucune enquête n’a pour l’instant révélé s’il y avait eu une intervention directe. » « [Si c’était le cas] j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j’évoque ce sujet avec le CSA », avait ajouté la ministre.Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires avait été auditionné par le CSA. Celui-ci avait obtenu la création d’un « groupe de travail », chargé d’étudier la traduction concrète des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, de l’indépendance éditoriale et de l’exercice du métier de journaliste », avait précisé l’autorité dans un communiqué.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementDe son côté, le collectif « Informer n’est pas un délit » avait appelé le CSA à défendre l’indépendance éditoriale.Lire aussi :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterThomas WiederRédacteur en chef - chef du service FranceSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Arnaud Lagardère s’est plaint de la « une » du Journal du dimanche du 11 octobre, sur laquelle un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, était accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Le propriétaire du groupe de presse Lagardère Active, qui comprend notamment Le Journal du dimanche, Paris Match, Elle ou la radio Europe 1, a trouvé cette « une » trop empathique et a voulu le faire savoir, écrit Le Point, ce qui a été confirmé au Monde.Selon une source proche du dossier, Denis Olivennes, président du groupe de presse, n’aurait lui non plus pas apprécié cette couverture et l’aurait fait savoir directement au directeur du journal, Jérôme Bellay. Il a trouvé qu’elle manquait de recul et de nuance.Assemblée générale prévue vendrediLa « une » de dimanche en a également choqué certains dans la rédaction, raconte une source en interne. Pour certains, la grogne a été renforcée par le fait que Marine Le Pen a par ailleurs été l’invitée, le 11 octobre, de C Politique, une émission de France 5 produite par Jérôme Bellay. Cofondateur de France Info et LCI, ce dernier est également producteur, notamment de C dans l’air.Une assemblée générale de la société des journalistes est prévue vendredi 16 octobre.Ce n’est pas la première fois que M. Lagardère se plaint d’un contenu. En novembre 2014, alors que M. Bellay était également directeur du « JDD », il avait reproché une dérive « people » quand l’hebdomadaire avait titré sur « les femmes » de François Hollande, quelques jours après que Paris-Match, également propriété du groupe avait fait sa couverture sur Valérie Trierweiler. En 2005, celui qui s’est présenté un temps comme le « frère » de Nicolas Sarkozy avait également réagi à la « une » de Paris-Match consacrée, le 25 août, à la liaison entre Cécilia Sarkozy et le publicitaire Richard Attias. L’ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Alain Genestar avait été licencié un peu plus d’un an après.Lire aussi : Selon Alain Genestar, Nicolas Sarkozy est à l'origine de son licenciementAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 11h41 | Claire Ané Le prix s’appelle « Stop aux clichés sur les jeunes » et manque de lauréats 2015. Lancé voilà huit ans par un collectif d’associations, ce prix entend lutter contre les idées reçues véhiculées par les médias en récompensant chaque année des reportages qui « donnent la parole aux jeunes en faisant appel à des points de vue différents, sans verser dans l’amalgame ou les clichés ». L’idée est de mettre en avant les bons élèves plutôt que les mauvais. Sauf que pour la deuxième année d’affilée, la catégorie « télé » est restée sans vainqueur.« On a visionné les quatre reportages télé présélectionnés, mais avec la vingtaine d’autres membres du jury nous étions d’accord pour dire que, sans être forcément mauvais, ils étaient très quelconques : aucun ne méritait d’être primé », raconte Amélie Werdmüller, une jurée de 21 ans, originaire de Mulhouse. Les sujets évoqués ? Des jeunes qui avaient une passion en dehors de leurs études, « ce qui est quand même très courant » ou encore un centre de formation au rugby pour les jeunes, dont « le commentaire insistait sur le fait qu’ils venaient de quartiers sensibles ».Dans le troisième, « on voyait une étudiante se plaindre de devoir faire des petits boulots en parallèle de ses études et dire que quand elle manquait d’argent, elle préférait le garder pour sortir le soir plutôt que pour aller chez le médecin : pourtant, avec la Sécu, on est quand même assez bien couverts pour les soins », pointe une autre jurée, Adeline Marie-Sainte, étudiante en deuxième année de droit à Strasbourg. Quant au dernier, portrait d’une lycéenne engagée, il ne leur a laissé à toutes deux, quinze jours après les délibérations, que peu de souvenirs…« On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés »Est-ce la présélection qui a été défaillante ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché, argumente Simon Berger, coordinateur du prix au sein de l’une des associations participantes, l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes). « Nous sommes quelques-uns à effectuer une veille toute l’année et nous nous sommes rendus plusieurs journées à l’INA, où l’on peut visionner tous les reportages référencés avec le mot-clé ’jeunesse’». Mais en télé, il n’a pas été nécessaire de débattre : il n’y avait que quatre sujets qui nous semblaient remplir les critères. Le reste ressemblait trop souvent au florilège qu’a montré le Petit Journal, sur Canal+, quand il a invité des membres de Stop aux clichés : des jeunes sans arrêt au téléphone, qui boivent et ne travaillent pas ».Pour les deux jeunes jurées, les sujets soumis étaient à la mesure de ce qu’elles voient quotidiennement sur le petit écran : « Ce sont tout le temps les mêmes sujets qui reviennent au JT : le décrochage scolaire, les jeunes qui manifestent ou qui brûlent des voitures, ceux qui sont au chômage. On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés, et que toute la jeunesse est mise dans le même petit sac. Ce qu’on a aimé dans les reportages primés dans les autres médias, c’est qu’ils ne faisaient pas pleurer », explique Amélie Werdmüller. « La télé montre les incidents, les choses croustillantes, mais très peu de jeunes qui font avancer les choses », complète Adeline Marie-Sainte.La téléréalité, « grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes »Le sociologue François Jost, spécialiste de la télévision, n’est pas surpris de ce constat : « La plus grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes est la téléréalité : des garçons bodybuildés, des filles peu habillées, ou alors des jeunes de banlieue à la limite du voyou, explique ce professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. A côté, les émissions de Cyril Hanouna et le Petit Journal de Canal+ font le portrait d’une certaine jeunesse, très citadine. Les autres jeunes, on les aperçoit dans les JT lors de la rentrée, du bac, des chiffres du chômage. Et ceux-ci montrent plutôt ce qui va mal - les enfants hyperactifs notamment -, et l’exceptionnel, comme les jeunes surdoués qui passent leur bac ». Une récente étude de l’INA, portant sur l’enfance et la jeunesse dans les JT de 2010 à 2014, met en chiffres ce sentiment diffus : « les jeunes apparaissent avant tout comme les victimes, et parfois les auteurs, de faits divers (28 % de l’offre) ». Ont ainsi beaucoup été traités l’affaire Merah (179 sujets), l’enlèvement de lycéennes au Nigéria par le groupe Boko-Haram (103 sujets), la tuerie dans une école primaire de Newton aux Etats-Unis (94 sujets).Les autres grands thèmes liés à la jeunesse abordés dans les informations télévisées sont la société et l’éducation. Peu d’images positives vantent les réussites ou actes de bravoure des jeunes, avec seulement 240 sujets identifiés sur cinq ans, dont 58 en 2014, année du prix Nobel de la paix accordé à la jeune militante pakistanaise des droits des femmes Malala Yousafzai.Claire AnéJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 15h58 Faute de statistiques ethniques, interdites par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) utilise le critère d’« origine perçue » (« blancs », « noirs », « arabes », « asiatiques ou « autres ») pour évaluer la diversité mise en scène dans les programmes télévisés en France. Or, en 2015, le bilan reste le même que l’année précédente : le paysage audiovisuel français est largement dominé par les personnes apparaissant comme « blanches ».Lire aussi :L’interminable débat français sur les « statistiques ethniques »Plus gênant encore : les 14 % de « personnes perçues comme non blanches » apparaissant à l’écran sont le plus souvent présentées sous un mauvais jour, relève le cinquième baromètre de la diversité du CSA. Elles sont ainsi plutôt plus pauvres : constituant 17 % des catégories socioprofessionnelles moins aisées (CSP-) dans les émissions et seulement 11 % des CSP +. Par contre, quand des activités « marginales ou illégales » sont évoquées, le taux de personnes perçues comme « non blanches » est de 37 %, souligne cette étude réalisée en avril-mai sur 1 600 programmes de la TNT gratuite (fictions, informations, magazines et documentaires), soit 43 000 personnes vues à l’écran.Peu de héros parmi les « non-blancs »Les « non-blancs » sont aussi plutôt jeunes : représentant 18 % des moins de 20 ans contre seulement 4 % des 65 ans et plus, et il s’agit davantage d’hommes (16 %) que de femmes (13 %). Dans la fiction, le taux de personnes perçues comme « non blanches » n’est que de 9 % pour les rôles de héros.Autre catégorie peu représentée, les personnes « perçues comme handicapées » demeurent presque inexistantes à la télévision, avec 0,4 % des personnages.Lire aussi :Le CSA pousse les médias à s’engager sur la diversité Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 10h22 • Mis à jour le13.10.2015 à 01h32 Le journaliste irano-américain Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran, arrêté il y a plus d’un an en Iran pour espionnage, a été jugé coupable, rapportait dimanche 11 octobre l’agence iranienne de presse ISNA. Sa peine n’a cependant pas été rendue publique, provoquant la déception du Washington Post, qui a déploré une annonce « vague et déroutante » et a affirmé qu’il fera appel.Jason Rezaian, 39 ans, qui a la double nationalité iranienne et américaine, avait été arrêté le 22 juillet 2014 à son domicile en compagnie de son épouse, Yeganeh Salehi, remise en liberté depuis. Le journaliste a comparu à quatre reprises depuis mai lors d’audiences à huis clos devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, une cour spéciale qui juge les dossiers politiques ou touchant à la sécurité nationale.Possible échange de prisonniersDepuis le début de l’affaire, le Washington Post conteste les accusations d’espionnage portées contre son journaliste, qui n’a fait qu’exercer son métier. Le directeur de la rédaction du journal, Martin Baron, a qualifié ce procès de « mascarade » et de « mélange infect de farce et de tragédie ». « L’Iran a agi de façon impensable tout au long ce cas, mais jamais tant qu’avec cette décision indéfendable de condamner un journaliste innocent pour des crimes graves après une procédure tenue à huis clos », a-t-il encore estimé.Les Etats-Unis et l’Iran n’ont plus de liens diplomatiques depuis la crise des otages de 1979, mais l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet pourrait faciliter un dégel relatif de leurs relations.Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, n’a pas exclu au début de septembre l’idée d’un échange de prisonniers pour libérer Jason Rezaian et d’autres Américains détenus en Iran. Plusieurs Iraniens sont actuellement emprisonnés aux Etats-Unis. Alexis Delcambre Les nouvelles fréquences de télévision en haute définition (HD) seront attribuées… aux chaînes existantes. Jeudi 8 octobre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a annoncé, dans un communiqué, les candidatures qu’il a retenues. Retour sur une procédure qui se solde finalement par un statu quo.Lire aussi :Le CSA retient douze nouvelles chaînes pour la TNT en haute définitionPourquoi y a-t-il de nouvelles fréquences à attribuer ?En France, l’Etat gère un spectre de fréquences hertziennes qui est une ressource rare et limitée. Or les besoins sont de plus en plus importants (augmentation du nombre de chaînes de télévision, développement des télécoms…) Pour stimuler le développement de la téléphonie « 4G », le gouvernement a décidé de mettre aux enchères la bande de fréquences dite de « 700 Mhz ». Des fréquences actuellement occupées par la télévision numérique terrestre (TNT). Pour libérer de la place, il a été décidé que la TNT passerait progressivement du format Mpeg2 au format Mpeg4, un encodage qui nécessite moins d’espace. Cet encodage permet la HD : au passage, les chaînes qui ne diffusent pas encore cette qualité d’images ont donc l’occasion d’améliorer leur offre. Il y a de la place pour 29 chaînes en HD.Lire aussi :Les « fréquences en or » convoitées par tous les opérateurs de téléphonie mobileQui a candidaté ?Onze chaînes de télévision (TF1, France 2, Canal+, M6, Arte, HD1, L’Equipe 21, 6ter, Numéro 23, RMC Découverte et Chérie 25) diffusent d’ores et déjà leurs programmes en haute définition. En juillet, le CSA a lancé un appel à nouvelles candidatures, puis déclaré recevables 26 dossiers. Parmi eux, une partie était portée par des chaînes existantes. D’autres dossiers correspondaient à des projets nouveaux, comme HD26, une chaîne de télé-achat proposée par M6 et TF1, un projet consacré à la musique, porté par NextRadioTV et Radio Classique, ou encore « Nostalgie HD », proposée par NRJ, ainsi que d’autres dossiers (BFM Business, Campagnes TV, Gong, Hyper TV, LCI, Lynx, Ofive, Paris Première, IDF1 et QVC). En parallèle, le gouvernement a demandé au CSA de réserver des fréquences aux chaînes publiques non encore diffusées en HD (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN et Public Sénat).Comment le CSA a-t-il choisi ?Le CSA avait l’obligation légale de donner la priorité aux chaînes existantes. Dans la mesure où elles étaient toutes candidates, il a donc retenu 18 chaînes (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN, Public Sénat, BFM-TV, D17, D8, iTélé, Gulli, NRJ12, NT1, TMC, W9, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète +). Il n’y avait dès lors plus de place pour les projets de chaînes nouvelles qui lui avaient été présentés. Cette situation pourra bien sûr évoluer si le nombre de chaînes de la TNT change, par exemple en cas de fermeture d’un service ou de fusion entre deux chaînes. Auquel cas le CSA devra procéder à un nouvel appel à candidatures.Quel est le calendrier ?Les chaînes retenues pourront diffuser leur flux en HD dès le mois d’avril 2016. Il pourra être reçu par les téléviseurs compatibles avec la norme Mpeg4. A terme, une nouvelle norme, la HEVC, qui compresse quatre fois plus le débit d’images, pourra permettre de diffuser davantage de chaînes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les sociétés de rédacteurs de L’Express, L’Expansion, L’Etudiant, Mieux vivre votre argent, Point de vue et Studio Ciné Live ont adopté, jeudi 8 octobre, le principe d’une motion de défiance contre leurs actionnaires, dont Patrick Drahi, et le directeur des rédactions et directeur général délégué, Christophe Barbier, par 112 voix contre 64, et 7 blancs ou nuls. Les journalistes avaient aussi validé le principe d’une motion visant seulement les actionnaires, par 141 voix contre 32, et 10 blancs ou nuls.En revanche, le boycott de la conférence de rédaction du mardi a été rejeté. Et l’idée de formuler des contre-propositions au plan de sauvegarde de l’emploi en cours a été validée.Débat autour de Christophe BarbierLe groupe L’Express entre en négociation autour d’un plan de départ de 125 postes, décidé par les actionnaires en sus des départs liés à la clause de conscience (qui permet aux journalistes de bénéficier d’un licenciement en cas de rachat ou de modification de la ligne éditoriale) qui a suivi le rachat des titres, effectif en juin 2015.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialLes syndicats ont relayé les protestations des salariés, avant d’accepter de discuter des conditions du plan, puisque les actionnaires avaient concédé de rencontrer les élus beaucoup plus de fois que prévu. Ces entrevues ont commencé cette semaine.Les salariés de L’Express, eux, espèrent en parallèle maintenir une certaine pression. La motion de défiance témoigne de cette volonté. Ils ciblent particulièrement Patrick Drahi, industriel des télécoms avec son groupe Altice, propriétaire de Numericable et SFR, mais aussi possesseur de médias, dont Libération (à 100 %) et BFM-TV et RMC (à 49 %).Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsVendredi midi, une assemblée générale a suscité des débats autour de Christophe Barbier : plusieurs journalistes ont regretté que la motion de défiance puisse le fragiliser, raconte un participant. D’autres estiment qu’il faut adresser le texte au directeur des rédactions car il est porteur du plan de départs. Il a été décidé d’un vote sur le texte de la motion mardi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 07h11 • Mis à jour le14.10.2015 à 07h46 | Thomas Wieder et Alexis Delcambre Les intrusions de Vincent Bolloré dans le domaine de l’information au groupe Canal+, dans un contexte de concentration accrue des médias, sont un sujet de préoccupation au ministère de la culture. Selon nos informations, la Rue de Valois réfléchit actuellement à une évolution de la loi, pour mieux protéger l’indépendance des rédactions, en particulier dans l’audiovisuel.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »L’idée serait notamment de rendre obligatoire la référence à l’indépendance éditoriale et au pluralisme des opinions dans les conventions qui lient les chaînes de télévision au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cela favoriserait la capacité du CSA à intervenir quand l’indépendance des rédactions semble menacée. Une telle notion n’est actuellement pas présente dans la convention de Canal+.Autre piste : rendre obligatoire la constitution de comités d’éthique et de déontologie, chargés de veiller au respect de ces principes. Enfin, le ministère réfléchit à la création d’un statut de « lanceur d’alertes » pour les rédactions, et à leur protection.Dès janvier ?Le ministère envisagerait que ces mesures intègrent le projet de loi relatif à la création, que Fleur Pellerin doit défendre devant le Sénat début 2016. Le sujet reste toutefois soumis à l’arbitrage de Matignon et de l’Elysée.Le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter, la ministre de la culture s’était posée en « garante du pluralisme des médias », tout en précisant, au sujet de Vincent Bolloré : « Aucune enquête n’a pour l’instant révélé s’il y avait eu une intervention directe. » « [Si c’était le cas] j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j’évoque ce sujet avec le CSA », avait ajouté la ministre.Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires avait été auditionné par le CSA. Celui-ci avait obtenu la création d’un « groupe de travail », chargé d’étudier la traduction concrète des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, de l’indépendance éditoriale et de l’exercice du métier de journaliste », avait précisé l’autorité dans un communiqué.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementDe son côté, le collectif « Informer n’est pas un délit » avait appelé le CSA à défendre l’indépendance éditoriale.Lire aussi :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterThomas WiederRédacteur en chef - chef du service FranceSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Arnaud Lagardère s’est plaint de la « une » du Journal du dimanche du 11 octobre, sur laquelle un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, était accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Le propriétaire du groupe de presse Lagardère Active, qui comprend notamment Le Journal du dimanche, Paris Match, Elle ou la radio Europe 1, a trouvé cette « une » trop empathique et a voulu le faire savoir, écrit Le Point, ce qui a été confirmé au Monde.Selon une source proche du dossier, Denis Olivennes, président du groupe de presse, n’aurait lui non plus pas apprécié cette couverture et l’aurait fait savoir directement au directeur du journal, Jérôme Bellay. Il a trouvé qu’elle manquait de recul et de nuance.Assemblée générale prévue vendrediLa « une » de dimanche en a également choqué certains dans la rédaction, raconte une source en interne. Pour certains, la grogne a été renforcée par le fait que Marine Le Pen a par ailleurs été l’invitée, le 11 octobre, de C Politique, une émission de France 5 produite par Jérôme Bellay. Cofondateur de France Info et LCI, ce dernier est également producteur, notamment de C dans l’air.Une assemblée générale de la société des journalistes est prévue vendredi 16 octobre.Ce n’est pas la première fois que M. Lagardère se plaint d’un contenu. En novembre 2014, alors que M. Bellay était également directeur du « JDD », il avait reproché une dérive « people » quand l’hebdomadaire avait titré sur « les femmes » de François Hollande, quelques jours après que Paris-Match, également propriété du groupe avait fait sa couverture sur Valérie Trierweiler. En 2005, celui qui s’est présenté un temps comme le « frère » de Nicolas Sarkozy avait également réagi à la « une » de Paris-Match consacrée, le 25 août, à la liaison entre Cécilia Sarkozy et le publicitaire Richard Attias. L’ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Alain Genestar avait été licencié un peu plus d’un an après.Lire aussi : Selon Alain Genestar, Nicolas Sarkozy est à l'origine de son licenciementAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 11h41 | Claire Ané Le prix s’appelle « Stop aux clichés sur les jeunes » et manque de lauréats 2015. Lancé voilà huit ans par un collectif d’associations, ce prix entend lutter contre les idées reçues véhiculées par les médias en récompensant chaque année des reportages qui « donnent la parole aux jeunes en faisant appel à des points de vue différents, sans verser dans l’amalgame ou les clichés ». L’idée est de mettre en avant les bons élèves plutôt que les mauvais. Sauf que pour la deuxième année d’affilée, la catégorie « télé » est restée sans vainqueur.« On a visionné les quatre reportages télé présélectionnés, mais avec la vingtaine d’autres membres du jury nous étions d’accord pour dire que, sans être forcément mauvais, ils étaient très quelconques : aucun ne méritait d’être primé », raconte Amélie Werdmüller, une jurée de 21 ans, originaire de Mulhouse. Les sujets évoqués ? Des jeunes qui avaient une passion en dehors de leurs études, « ce qui est quand même très courant » ou encore un centre de formation au rugby pour les jeunes, dont « le commentaire insistait sur le fait qu’ils venaient de quartiers sensibles ».Dans le troisième, « on voyait une étudiante se plaindre de devoir faire des petits boulots en parallèle de ses études et dire que quand elle manquait d’argent, elle préférait le garder pour sortir le soir plutôt que pour aller chez le médecin : pourtant, avec la Sécu, on est quand même assez bien couverts pour les soins », pointe une autre jurée, Adeline Marie-Sainte, étudiante en deuxième année de droit à Strasbourg. Quant au dernier, portrait d’une lycéenne engagée, il ne leur a laissé à toutes deux, quinze jours après les délibérations, que peu de souvenirs…« On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés »Est-ce la présélection qui a été défaillante ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché, argumente Simon Berger, coordinateur du prix au sein de l’une des associations participantes, l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes). « Nous sommes quelques-uns à effectuer une veille toute l’année et nous nous sommes rendus plusieurs journées à l’INA, où l’on peut visionner tous les reportages référencés avec le mot-clé ’jeunesse’». Mais en télé, il n’a pas été nécessaire de débattre : il n’y avait que quatre sujets qui nous semblaient remplir les critères. Le reste ressemblait trop souvent au florilège qu’a montré le Petit Journal, sur Canal+, quand il a invité des membres de Stop aux clichés : des jeunes sans arrêt au téléphone, qui boivent et ne travaillent pas ».Pour les deux jeunes jurées, les sujets soumis étaient à la mesure de ce qu’elles voient quotidiennement sur le petit écran : « Ce sont tout le temps les mêmes sujets qui reviennent au JT : le décrochage scolaire, les jeunes qui manifestent ou qui brûlent des voitures, ceux qui sont au chômage. On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés, et que toute la jeunesse est mise dans le même petit sac. Ce qu’on a aimé dans les reportages primés dans les autres médias, c’est qu’ils ne faisaient pas pleurer », explique Amélie Werdmüller. « La télé montre les incidents, les choses croustillantes, mais très peu de jeunes qui font avancer les choses », complète Adeline Marie-Sainte.La téléréalité, « grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes »Le sociologue François Jost, spécialiste de la télévision, n’est pas surpris de ce constat : « La plus grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes est la téléréalité : des garçons bodybuildés, des filles peu habillées, ou alors des jeunes de banlieue à la limite du voyou, explique ce professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. A côté, les émissions de Cyril Hanouna et le Petit Journal de Canal+ font le portrait d’une certaine jeunesse, très citadine. Les autres jeunes, on les aperçoit dans les JT lors de la rentrée, du bac, des chiffres du chômage. Et ceux-ci montrent plutôt ce qui va mal - les enfants hyperactifs notamment -, et l’exceptionnel, comme les jeunes surdoués qui passent leur bac ». Une récente étude de l’INA, portant sur l’enfance et la jeunesse dans les JT de 2010 à 2014, met en chiffres ce sentiment diffus : « les jeunes apparaissent avant tout comme les victimes, et parfois les auteurs, de faits divers (28 % de l’offre) ». Ont ainsi beaucoup été traités l’affaire Merah (179 sujets), l’enlèvement de lycéennes au Nigéria par le groupe Boko-Haram (103 sujets), la tuerie dans une école primaire de Newton aux Etats-Unis (94 sujets).Les autres grands thèmes liés à la jeunesse abordés dans les informations télévisées sont la société et l’éducation. Peu d’images positives vantent les réussites ou actes de bravoure des jeunes, avec seulement 240 sujets identifiés sur cinq ans, dont 58 en 2014, année du prix Nobel de la paix accordé à la jeune militante pakistanaise des droits des femmes Malala Yousafzai.Claire AnéJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 15h58 Faute de statistiques ethniques, interdites par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) utilise le critère d’« origine perçue » (« blancs », « noirs », « arabes », « asiatiques ou « autres ») pour évaluer la diversité mise en scène dans les programmes télévisés en France. Or, en 2015, le bilan reste le même que l’année précédente : le paysage audiovisuel français est largement dominé par les personnes apparaissant comme « blanches ».Lire aussi :L’interminable débat français sur les « statistiques ethniques »Plus gênant encore : les 14 % de « personnes perçues comme non blanches » apparaissant à l’écran sont le plus souvent présentées sous un mauvais jour, relève le cinquième baromètre de la diversité du CSA. Elles sont ainsi plutôt plus pauvres : constituant 17 % des catégories socioprofessionnelles moins aisées (CSP-) dans les émissions et seulement 11 % des CSP +. Par contre, quand des activités « marginales ou illégales » sont évoquées, le taux de personnes perçues comme « non blanches » est de 37 %, souligne cette étude réalisée en avril-mai sur 1 600 programmes de la TNT gratuite (fictions, informations, magazines et documentaires), soit 43 000 personnes vues à l’écran.Peu de héros parmi les « non-blancs »Les « non-blancs » sont aussi plutôt jeunes : représentant 18 % des moins de 20 ans contre seulement 4 % des 65 ans et plus, et il s’agit davantage d’hommes (16 %) que de femmes (13 %). Dans la fiction, le taux de personnes perçues comme « non blanches » n’est que de 9 % pour les rôles de héros.Autre catégorie peu représentée, les personnes « perçues comme handicapées » demeurent presque inexistantes à la télévision, avec 0,4 % des personnages.Lire aussi :Le CSA pousse les médias à s’engager sur la diversité Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 10h22 • Mis à jour le13.10.2015 à 01h32 Le journaliste irano-américain Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran, arrêté il y a plus d’un an en Iran pour espionnage, a été jugé coupable, rapportait dimanche 11 octobre l’agence iranienne de presse ISNA. Sa peine n’a cependant pas été rendue publique, provoquant la déception du Washington Post, qui a déploré une annonce « vague et déroutante » et a affirmé qu’il fera appel.Jason Rezaian, 39 ans, qui a la double nationalité iranienne et américaine, avait été arrêté le 22 juillet 2014 à son domicile en compagnie de son épouse, Yeganeh Salehi, remise en liberté depuis. Le journaliste a comparu à quatre reprises depuis mai lors d’audiences à huis clos devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, une cour spéciale qui juge les dossiers politiques ou touchant à la sécurité nationale.Possible échange de prisonniersDepuis le début de l’affaire, le Washington Post conteste les accusations d’espionnage portées contre son journaliste, qui n’a fait qu’exercer son métier. Le directeur de la rédaction du journal, Martin Baron, a qualifié ce procès de « mascarade » et de « mélange infect de farce et de tragédie ». « L’Iran a agi de façon impensable tout au long ce cas, mais jamais tant qu’avec cette décision indéfendable de condamner un journaliste innocent pour des crimes graves après une procédure tenue à huis clos », a-t-il encore estimé.Les Etats-Unis et l’Iran n’ont plus de liens diplomatiques depuis la crise des otages de 1979, mais l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet pourrait faciliter un dégel relatif de leurs relations.Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, n’a pas exclu au début de septembre l’idée d’un échange de prisonniers pour libérer Jason Rezaian et d’autres Américains détenus en Iran. Plusieurs Iraniens sont actuellement emprisonnés aux Etats-Unis. Alexis Delcambre Les nouvelles fréquences de télévision en haute définition (HD) seront attribuées… aux chaînes existantes. Jeudi 8 octobre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a annoncé, dans un communiqué, les candidatures qu’il a retenues. Retour sur une procédure qui se solde finalement par un statu quo.Lire aussi :Le CSA retient douze nouvelles chaînes pour la TNT en haute définitionPourquoi y a-t-il de nouvelles fréquences à attribuer ?En France, l’Etat gère un spectre de fréquences hertziennes qui est une ressource rare et limitée. Or les besoins sont de plus en plus importants (augmentation du nombre de chaînes de télévision, développement des télécoms…) Pour stimuler le développement de la téléphonie « 4G », le gouvernement a décidé de mettre aux enchères la bande de fréquences dite de « 700 Mhz ». Des fréquences actuellement occupées par la télévision numérique terrestre (TNT). Pour libérer de la place, il a été décidé que la TNT passerait progressivement du format Mpeg2 au format Mpeg4, un encodage qui nécessite moins d’espace. Cet encodage permet la HD : au passage, les chaînes qui ne diffusent pas encore cette qualité d’images ont donc l’occasion d’améliorer leur offre. Il y a de la place pour 29 chaînes en HD.Lire aussi :Les « fréquences en or » convoitées par tous les opérateurs de téléphonie mobileQui a candidaté ?Onze chaînes de télévision (TF1, France 2, Canal+, M6, Arte, HD1, L’Equipe 21, 6ter, Numéro 23, RMC Découverte et Chérie 25) diffusent d’ores et déjà leurs programmes en haute définition. En juillet, le CSA a lancé un appel à nouvelles candidatures, puis déclaré recevables 26 dossiers. Parmi eux, une partie était portée par des chaînes existantes. D’autres dossiers correspondaient à des projets nouveaux, comme HD26, une chaîne de télé-achat proposée par M6 et TF1, un projet consacré à la musique, porté par NextRadioTV et Radio Classique, ou encore « Nostalgie HD », proposée par NRJ, ainsi que d’autres dossiers (BFM Business, Campagnes TV, Gong, Hyper TV, LCI, Lynx, Ofive, Paris Première, IDF1 et QVC). En parallèle, le gouvernement a demandé au CSA de réserver des fréquences aux chaînes publiques non encore diffusées en HD (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN et Public Sénat).Comment le CSA a-t-il choisi ?Le CSA avait l’obligation légale de donner la priorité aux chaînes existantes. Dans la mesure où elles étaient toutes candidates, il a donc retenu 18 chaînes (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN, Public Sénat, BFM-TV, D17, D8, iTélé, Gulli, NRJ12, NT1, TMC, W9, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète +). Il n’y avait dès lors plus de place pour les projets de chaînes nouvelles qui lui avaient été présentés. Cette situation pourra bien sûr évoluer si le nombre de chaînes de la TNT change, par exemple en cas de fermeture d’un service ou de fusion entre deux chaînes. Auquel cas le CSA devra procéder à un nouvel appel à candidatures.Quel est le calendrier ?Les chaînes retenues pourront diffuser leur flux en HD dès le mois d’avril 2016. Il pourra être reçu par les téléviseurs compatibles avec la norme Mpeg4. A terme, une nouvelle norme, la HEVC, qui compresse quatre fois plus le débit d’images, pourra permettre de diffuser davantage de chaînes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les sociétés de rédacteurs de L’Express, L’Expansion, L’Etudiant, Mieux vivre votre argent, Point de vue et Studio Ciné Live ont adopté, jeudi 8 octobre, le principe d’une motion de défiance contre leurs actionnaires, dont Patrick Drahi, et le directeur des rédactions et directeur général délégué, Christophe Barbier, par 112 voix contre 64, et 7 blancs ou nuls. Les journalistes avaient aussi validé le principe d’une motion visant seulement les actionnaires, par 141 voix contre 32, et 10 blancs ou nuls.En revanche, le boycott de la conférence de rédaction du mardi a été rejeté. Et l’idée de formuler des contre-propositions au plan de sauvegarde de l’emploi en cours a été validée.Débat autour de Christophe BarbierLe groupe L’Express entre en négociation autour d’un plan de départ de 125 postes, décidé par les actionnaires en sus des départs liés à la clause de conscience (qui permet aux journalistes de bénéficier d’un licenciement en cas de rachat ou de modification de la ligne éditoriale) qui a suivi le rachat des titres, effectif en juin 2015.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialLes syndicats ont relayé les protestations des salariés, avant d’accepter de discuter des conditions du plan, puisque les actionnaires avaient concédé de rencontrer les élus beaucoup plus de fois que prévu. Ces entrevues ont commencé cette semaine.Les salariés de L’Express, eux, espèrent en parallèle maintenir une certaine pression. La motion de défiance témoigne de cette volonté. Ils ciblent particulièrement Patrick Drahi, industriel des télécoms avec son groupe Altice, propriétaire de Numericable et SFR, mais aussi possesseur de médias, dont Libération (à 100 %) et BFM-TV et RMC (à 49 %).Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsVendredi midi, une assemblée générale a suscité des débats autour de Christophe Barbier : plusieurs journalistes ont regretté que la motion de défiance puisse le fragiliser, raconte un participant. D’autres estiment qu’il faut adresser le texte au directeur des rédactions car il est porteur du plan de départs. Il a été décidé d’un vote sur le texte de la motion mardi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.10.2015 à 09h24 • Mis à jour le08.10.2015 à 10h42 En dépit des critiques émises à l’encontre de l’animatrice fraîchement nommée, Vincent Bolloré a confirmé, jeudi 8 octobre, qu’il n’envisageait pas de remplacer Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal ». « On ne peut juger de rien en quatre semaines, il faut lui laisser le temps », a tenu à préciser le patron de la chaîne cryptée, dans une interview sur RTL.Plus tôt, La Lettre de l’expansion avançait lundi que l’animateur Jean-Marc Morandini, déjà passé par Direct 8 de 2006 à 2012 avec son émission « Morandini ! », serait actuellement en discussion avec le patron de Canal+ pour la tranche d’access prime time de la chaîne. Une information catégoriquement démentie par la chaîne.Le patron de Vivendi a affirmé que l’ex-présentatrice de La Matinale et du Supplément serait à la tête du Grand Journal jusqu’en 2022, date du bicentenaire du groupe Bolloré et aussi du départ prévu de Vincent Bolloré. « Il n’y a aucun plan B », a déclaré l’industriel, avant de préciser que Maïtena Biraben s’inscrivait « dans la durée ». « Tous les gens sont en train de reconnaître que c’est une belle émission », a affirmé le patron du groupe, sans donner plus de précisions.Des audiences inférieures à celle de son prédécesseurLa remplaçante d’Antoine de Caunes a essuyé de nombreuses critiques depuis la rentrée de l’émission en raison des mauvaises audiences, inférieures à celles de son prédécesseur, mais aussi de ses propos sur « le discours de vérité du Front national ». Maïtena Biraben a refusé de s’excuser, expliquant simplement qu’il s’agissait « de la forme, pas du fond » : « Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention cette émission et mes interviews. »Lire aussi :Maïtena Biraben : « Vincent Bolloré n’est pas dans mon oreillette et j’ai un cerveau »Dans la même interview, Vincent Bolloré a estimé que le modèle Canal était « essoufflé », « il fallait bouger », précisant que Vivendi, la maison mère, allait « investir beaucoup dans les contenus, le cinéma, le sport, les émissions, la culture, et donc je pense que tout ça, à la fin, ça va porter ses fruits ». Le président du conseil de surveillance de Vivendi et de Canal+ compte aussi réduire la durée des plages en clair de la chaîne pour la rentrée.  Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Il était l’éditeur français le plus engagé dans le combat contre la position dominante de Google en Europe. Mercredi 7 octobre, à la surprise générale, Lagardère Active (Europe 1, Elle, Paris Match, Le Journal du dimanche, Doctissimo ou encore le producteur Lagardère Entertainment) a annoncé la signature d’un « partenariat stratégique de long terme » avec le géant du Web américain.Selon un communiqué, ce partenariat « comprend le développement sur YouTube des chaînes et vidéos de marques existantes et de contenus originaux, la commercialisation d’inventaires numériques, le développement et la promotion des applications des titres, stations et chaînes du groupe, et le co-sponsoring et co-marketing d’opérations spéciales ». C’est-à-dire que toutes les activités de Lagardère Active sont concernées.A court terme, selon une source interne, l’objet du partenariat est de réaliser « des choses très concrètes », comme de nouvelles chaînes YouTube ou des applications sous Android. A moyen terme, il s’agit d’identifier de nouveaux développements que les deux groupes pourraient mener de concert, sous l’œil d’un comité de suivi où siégeront notamment Denis Olivennes, le président de Lagardère Active, et Carlo d’Asaro Biondo, responsable des relations stratégiques chez Google pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique – et ancien de Lagardère. Google allouera un budget spécifique aux projets élaborés avec Lagardère.Plainte à BruxellesCette annonce surprend, compte tenu des relations jusqu’ici tendues entre les deux groupes. Avec d’autres éditeurs européens, comme Axel Springer ou CCM Benchmark, Lagardère Active a été à l’origine de la création de l’Open Internet Project (OIP), en 2014. Ce lobby a attaqué à Bruxelles la position dominante de Google dans les résultats de recherche en ligne.Lagardère a été très engagé dans l’OIP : son directeur de la communication, Thierry Orsoni, est devenu secrétaire général du regroupement. De son côté, Denis Olivennes a plusieurs fois pris la parole et échangé avec des journalistes pour dénoncer la position dominante de Google. Lagardère Active déplorait notamment les dégâts subis par son comparateur de prix, Leguide.com, en raison de la concurrence des services maison de Google, qui seraient promus par le moteur de recherche américain.Lire aussi :La fronde européenne anti-Google se durcitSituation schizophréniqueDu côté de l’OIP, l’annonce de Lagardère Active a beaucoup surpris. Pour les observateurs de la lutte entre Google et certains éditeurs européens, le deal passé avec Lagardère peut ressembler à un plat de lentilles. « C’est la France qui abandonne son futur », a déploré sur Twitter Tariq Krim, entrepreneur du Web français.Parallèlement, une autre annonce récente vient affaiblir potentiellement le front des « anti-Google » en Europe : le rachat de CCM Benchmark par le groupe Figaro. Cet acteur indépendant de l’Internet français était lui aussi un membre très actif de l’OIP, présidé par son cofondateur Benoît Sillard. Or, l’éditeur de Comment ça marche ou de L’Internaute rejoint un groupe beaucoup moins hostile à Google. Le Figaro a fait partie – comme Le Monde – des 23 projets financés par le « fonds Google-AIPG pour l’innovation numérique ». Il avait reçu 1,8 million d’euros pour cofinancer un renforcement de son offre vidéo.Le Figaro, comme Le Monde, était néanmoins membre du Geste, le groupement des éditeurs de service en ligne, dont le conseil d’administration avait décidé d’adhérer à l’OIP. « C’est une situation schizophrénique, reconnaît M. Sillard. L’ambiguïté vient du fait que nous sommes dans un écosystème où tous les acteurs doivent travailler avec Google et que, dans le même temps, nous devons nous défendre contre ses abus de position dominante. »Un discours similaire à celui tenu aujourd’hui chez Lagardère Active, qui rappelle qu’il entretenait déjà des relations avec Google. « La stratégie de Lagardère Active est de nouer avec les plus grands acteurs du numérique, tels que Google, des partenariats permettant de conjuguer des savoir-faire et des forces complémentaires », justifie Denis Olivennes.Une initiative envers les éditeurs européensCe partenariat apparaît comme un joli coup pour Google, qui est en pleine reconstruction de sa relation avec les médias. En France, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) doit cesser son activité en 2016, après avoir distribué environ 60 millions d’euros à des projets d’éditeurs français en trois ans. A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Google s’apprête à lancer un nouveau fonds, Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaiseEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media), qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus. En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds, mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.Lire aussi :Enquête antitrust : Google répond aux accusations de l’Union européenneAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Et de trois… Après Facebook et Apple, Google a annoncé, mercredi 7 octobre, une initiative pour accélérer le web mobile : il lance « Accelerated mobile pages », un format que tout éditeur pourra utiliser pour publier des pages qui seront lisibles beaucoup plus rapidement quand on les consulte depuis un téléphone ou une tablette. C’est une réponse à la lenteur de chargement des contenus sur support mobile, dénoncée quasi unanimement par nos partenaires, a expliqué Google à la presse, mercredi. Un sujet déjà mis en avant par Facebook et Apple quand ils ont lancé leurs initiatives Instant Articles et News.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseLire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasConcrètement, le format Amp allège le poids d’une page en simplifiant les éléments techniques, a expliqué Google. Et il utilise le « cache » de Google : le moteur de recherche stockera sur ses serveurs les pages au format Amp comme il stocke déjà les pages en format classique. Mais quand un internaute utilisant un smartphone ou une tablette cliquera sur le lien d’un contenu disponible au format Amp, le fichier « caché » par Google s’affichera, très rapidement. Une démo est disponible, via mobile, à l’adresse G. co/ampdemo.Soutien des réseaux Twitter, Pinterest et LinkedinPour l’heure, Google a publié les spécificités de son format, ce qui doit permettre à tout éditeur qui le souhaite de commencer à publier des pages « Amp ». Et aux robots de Google de commencer à les indexer et à les stocker en cache. Puis, « en 2016 », Google commencera à intégrer les pages « Amp » dans les résultats de son moteur de recherche.Point important : le géant du Web et la publicité dispose de partenariats avec d’autres plateformes puissantes comme les réseaux sociaux Twitter, Pinterest et Linkedin. Sur ces derniers, les liens renverront vers les formats « Amp » des pages, quand ils seront disponibles. Par ailleurs, l’éditeur de blogs Wordpress proposera un « plugin » pour permettre une publication « Amp ».Google précise que n’importe qui peut utiliser son nouveau forma, t mais se félicite d’avoir d’ores et déjà trente éditeurs de presse partenaires, dont le français Les Echos, l’anglais The Guardian, les américains The New York Times, Buzzfeed ou The Washington Post, l’espagnol El Pais… Une énumération qui rappelle les titres mis en avant par Apple et Facebook lors de leurs lancements de solutions mobiles.« Les médias traditionnels doivent atteindre leurs lecteurs hors de leurs propres sites web et aller les chercher où ils se trouvent », a expliqué Mario Calabresi, un responsable du quotidien italien La Stampa, invité par Google, tout rappelant son attachement aux valeurs de « qualité et de confiance ».Google se pose en défenseur du « Web ouvert »En quoi la solution de Google est-elle différente de celles de Facebook et Apple ? « Nous avons une approche ouverte du Web et même open source », a expliqué, mercredi, un responsable de l’équipe « produits » de Google, Danny Bernstein, en référence aux logiciels libres dont le code est public. Pour Google, ce discours est une façon, dans sa communication, de tenter de se démarquer de Facebook et Apple, accusés en creux de proposer des solutions propriétaires, et d’être des tenants d’un web « fermé ».L’annonce de Google apparaît donc comme une réponse aux initiatives prises par ses concurrents. Ces nouveaux services ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur ces plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat plus jeune, voire des revenus publicitaires. Ils proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.La publicité, point sensibleGoogle, comme ses rivaux, est bien conscient que les éditeurs de contenus ont peur que publier sur une autre plateforme que leur propre site ou application leur fasse perdre une partie de leur pouvoir dans la chaîne de valeur. Et une part de contrôle sur la publicité et sur les données concernant les lecteurs. Il a donc décidé de ne prendre aucun pourcentage de la publicité qui sera montrée sur les pages « Amp ». Google assure aussi que tous les systèmes de gestion de publicité seront convertibles, même si l’on peut se demander si tous les types de bannières seront utilisables dans Amp, qui est un format allégé.Par ailleurs Google promet que ces pages « seront comme votre site », et que les clics seront comptabilisés dans l’audience des éditeurs, à la faveur de discussions en cours avec les prestataires comme Chartbeat ou Parse.ly.Chez Apple et Facebook, les éditeurs peuvent conserver leurs revenus publicitaires, s’ils ont eux-mêmes commercialisé leur contenu. Par contre, si l’annonceur a été trouvé par Apple ou Facebook, la plate-forme conserve 30 % des revenus. En matière de données, Facebook autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs. Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News.« Devenir un standard »« Google offre toutes les possibilités de monétisation des articles publiés sur Amp : les publicités mais aussi les paywalls » donc le paiement à l’acte ou l’abonnement, s’est félicité Frédéric Filloux, ex-responsable numérique des Echos, lors de la conférence organisée par Google. Une spécificité également mise en avant par Naomi Ramirez, responsable numérique d’El Pais. « Amp a le potentiel de devenir un standard », pense-t-elle.C’est aussi l’espoir de Google, dans la bataille qu’il livre contre Facebook et Apple, particulièrement dans le mobile, dont les audiences deviennent primordiales. Pour attirer les éditeurs de sites, les trois plateformes rivalisent en proposant des solutions aux conditions assez avantageuses. Leur concurrence est un des antidotes contre la dépendance que peut créer, pour les médias, le fait de publier sur ces grandes plateformes. Qui pourront toujours, éventuellement, faire évoluer plus tard les conditions qu’ils proposent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexandre Piquard et Alexis Delcambre C’est une décision inédite dans l’histoire de l’audiovisuel français : le Conseil supérieur de l’audiovisuel a décidé mercredi 14 octobre « d’abroger l’autorisation de diffusion accordée le 3 juillet 2012 » à la chaîne télévisée Numéro 23. L’autorité a décidé de frapper fort dans un dossier très sensible, celui de la revente de la chaîne à NextRadioTV, rapidement devenue symbolique pour certains d’une « spéculation » sur les canaux de télévision. En effet, cette chaîne de la « diversité des origines et des modes de vie » avait, lors de l’appel d’offres pour créer six nouvelles chaînes de la TNT, obtenu sa fréquence gratuitement, comme c’est toujours le cas en télévision.La décision du CSA ne prendra toutefois effet que le 30 juin 2016 : l’autorité veut éviter un écran noir pour les téléspectateurs. De plus, ce délai « permet aussi à la société Diversité TV de renoncer aux conditions du pacte d’actionnaires et de la cession qui ont conduit le conseil à retirer l’autorisation », suggère le CSA. En attendant, la décision suspend de facto la vente de la chaîne, cédée au début d’avril pour 88,3 millions d’euros.Numéro 23 garde une petite porte ouverte : elle pourrait renoncer à la vente et reprendre son exploitation, quitte à éventuellement envisager une cession plus tard, pourquoi pas avec NextRadioTV, qui continuera à suivre le dossier.Toutefois, le coup d’arrêt est brutal : la veille, les intéressés n’envisageaient pas une telle décision. Celle-ci ne respecterait pas le droit et serait disproportionnée, pensaient en privé l’actionnaire principal de Numéro 23, Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du Monde), et NextRadioTV.« Un abus de droit entaché de fraude »Le 23 juin, le CSA avait ouvert une procédure de sanction envers Diversité TV en raison d’une modification de son pacte d’actionnaires survenue en 2013 pour permettre l’entrée de la société russe UTH. « Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA.Le conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Or, en 2012, Diversité TV s’était engagée au moins jusqu’en 2019. En outre, « la société n’a que très partiellement rempli les objectifs affirmés lors de sa candidature ; elle a ainsi fait l’objet de plusieurs rappels, mises en garde et mises en demeure. »Pour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». Son actionnaire principal, Pascal Houzelot, aurait ainsi « dès mai 2013 (…) cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », ajoute le communiqué du CSA. Il est interdit de revendre une chaîne moins de deux ans et demi après son autorisation.Alain Weill regrette une décision « plus morale que juridique »« C’est une décision plus morale que juridique. Or, c’est le droit qui doit primer », a regretté Alain Weill, PDG de NextRadioTV, joint par Le Monde. Le propriétaire de BFM-TV et de RMC n’a pas encore pris de décision, mais il est fort probable que la sanction du CSA soit attaquée devant le Conseil d’Etat.« Je ne suis pas surpris, car on sentait que le CSA voulait vraiment sanctionner Pascal Houzelot », a commenté M. Weill. « C’est une petite victoire pour les acteurs historiques qui ne veulent pas que les nouveaux entrants prennent de l’importance dans le secteur », a-t-il ajouté, sous-entendant que M6 ou TF1 avaient été hostiles à la vente.« Je trouve que nous avons un vrai problème de régulation : les décisions sont beaucoup trop longues et paralysent les entreprises », a encore regretté le patron de NextRadioTV, également en attente du choix du CSA dans le dossier de la chaîne d’information LCI, un rival potentiel de sa chaîne BFM-TV.Un très long feuilleton politiqueDe fait, la procédure « Numéro 23 » a été un long feuilleton, lancé à l’annonce de la cession de la chaîne, au début d’avril. Le dossier est instantanément devenu politique : pour des élus et des observateurs, il symbolisait l’abus du bien public que sont les fréquences, attribuées gratuitement, contrairement à celles du secteur des télécommunications, vendues aux enchères.Le dossier a été très riche en rebondissements : le CSA a longuement mené ses travaux pour déterminer s’il agréait la vente, en réalisant notamment une étude d’impact. Mais il a aussi demandé une instruction spéciale — puis un complément d’instruction — sur la question de l’actionnariat et notamment sur l’arrivée de l’investisseur russe à hauteur de 15 %.Le dossier a suscité un débat juridique : sur la question de l’actionnariat, le rapporteur mandaté par le CSA, issu du Conseil d’Etat, avait conclu qu’il n’y avait pas lieu de sanctionner, le pacte était considéré comme une mesure classique de protection d’un actionnaire minoritaire.Lire aussi :La vente de Numéro 23 fait face à de nouvelles complicationsLa décision du CSA rappelle l’ambiance très froide de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre : le propriétaire de la chaîne a été entendu par les huit conseillers du CSA, qui n’ont pas cherché à cacher dans cet entretien public une certaine hostilité à la transaction.L’un ironisait sur la forte présence à l’antenne d’émissions de téléréalité consacrées au tatouage, un choix jugé hors sujet par rapport à l’objet de la chaîne, consacrée à la diversité des origines et des modes de vie. Une autre conseillère demandait à M. Houzelot s’il « rendrait la fréquence » en cas de refus d’agrément de la vente par le CSA. Diversité TV avait obtenu cette autorisation de diffusion en 2012, lors de l’attribution de fréquences en haute définition par le CSA.Par le passé, plusieurs acteurs ont pu céder au prix fort des chaînes fraîchement attribuées par le CSA. Vincent Bolloré a ainsi cédé ses chaînes Direct 8 et Direct Star au groupe Canal+. La seconde, alors sous le nom de Virgin 17, avait été cédée à Bolloré par le groupe Lagardère. TF1 a également racheté NT1 et TMC à AB Production. La décision du 14 octobre montre que le CSA entend désormais mieux encadrer ces pratiques.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 07h11 • Mis à jour le14.10.2015 à 07h46 | Thomas Wieder et Alexis Delcambre Les intrusions de Vincent Bolloré dans le domaine de l’information au groupe Canal+, dans un contexte de concentration accrue des médias, sont un sujet de préoccupation au ministère de la culture. Selon nos informations, la Rue de Valois réfléchit actuellement à une évolution de la loi, pour mieux protéger l’indépendance des rédactions, en particulier dans l’audiovisuel.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »L’idée serait notamment de rendre obligatoire la référence à l’indépendance éditoriale et au pluralisme des opinions dans les conventions qui lient les chaînes de télévision au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cela favoriserait la capacité du CSA à intervenir quand l’indépendance des rédactions semble menacée. Une telle notion n’est actuellement pas présente dans la convention de Canal+.Autre piste : rendre obligatoire la constitution de comités d’éthique et de déontologie, chargés de veiller au respect de ces principes. Enfin, le ministère réfléchit à la création d’un statut de « lanceur d’alertes » pour les rédactions, et à leur protection.Dès janvier ?Le ministère envisagerait que ces mesures intègrent le projet de loi relatif à la création, que Fleur Pellerin doit défendre devant le Sénat début 2016. Le sujet reste toutefois soumis à l’arbitrage de Matignon et de l’Elysée.Le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter, la ministre de la culture s’était posée en « garante du pluralisme des médias », tout en précisant, au sujet de Vincent Bolloré : « Aucune enquête n’a pour l’instant révélé s’il y avait eu une intervention directe. » « [Si c’était le cas] j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j’évoque ce sujet avec le CSA », avait ajouté la ministre.Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires avait été auditionné par le CSA. Celui-ci avait obtenu la création d’un « groupe de travail », chargé d’étudier la traduction concrète des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, de l’indépendance éditoriale et de l’exercice du métier de journaliste », avait précisé l’autorité dans un communiqué.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementDe son côté, le collectif « Informer n’est pas un délit » avait appelé le CSA à défendre l’indépendance éditoriale.Lire aussi :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterThomas WiederRédacteur en chef - chef du service FranceSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Arnaud Lagardère s’est plaint de la « une » du Journal du dimanche du 11 octobre, sur laquelle un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, était accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Le propriétaire du groupe de presse Lagardère Active, qui comprend notamment Le Journal du dimanche, Paris Match, Elle ou la radio Europe 1, a trouvé cette « une » trop empathique et a voulu le faire savoir, écrit Le Point, ce qui a été confirmé au Monde.Selon une source proche du dossier, Denis Olivennes, président du groupe de presse, n’aurait lui non plus pas apprécié cette couverture et l’aurait fait savoir directement au directeur du journal, Jérôme Bellay. Il a trouvé qu’elle manquait de recul et de nuance.Assemblée générale prévue vendrediLa « une » de dimanche en a également choqué certains dans la rédaction, raconte une source en interne. Pour certains, la grogne a été renforcée par le fait que Marine Le Pen a par ailleurs été l’invitée, le 11 octobre, de C Politique, une émission de France 5 produite par Jérôme Bellay. Cofondateur de France Info et LCI, ce dernier est également producteur, notamment de C dans l’air.Une assemblée générale de la société des journalistes est prévue vendredi 16 octobre.Ce n’est pas la première fois que M. Lagardère se plaint d’un contenu. En novembre 2014, alors que M. Bellay était également directeur du « JDD », il avait reproché une dérive « people » quand l’hebdomadaire avait titré sur « les femmes » de François Hollande, quelques jours après que Paris-Match, également propriété du groupe avait fait sa couverture sur Valérie Trierweiler. En 2005, celui qui s’est présenté un temps comme le « frère » de Nicolas Sarkozy avait également réagi à la « une » de Paris-Match consacrée, le 25 août, à la liaison entre Cécilia Sarkozy et le publicitaire Richard Attias. L’ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Alain Genestar avait été licencié un peu plus d’un an après.Lire aussi : Selon Alain Genestar, Nicolas Sarkozy est à l'origine de son licenciementAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 11h41 | Claire Ané Le prix s’appelle « Stop aux clichés sur les jeunes » et manque de lauréats 2015. Lancé voilà huit ans par un collectif d’associations, ce prix entend lutter contre les idées reçues véhiculées par les médias en récompensant chaque année des reportages qui « donnent la parole aux jeunes en faisant appel à des points de vue différents, sans verser dans l’amalgame ou les clichés ». L’idée est de mettre en avant les bons élèves plutôt que les mauvais. Sauf que pour la deuxième année d’affilée, la catégorie « télé » est restée sans vainqueur.« On a visionné les quatre reportages télé présélectionnés, mais avec la vingtaine d’autres membres du jury nous étions d’accord pour dire que, sans être forcément mauvais, ils étaient très quelconques : aucun ne méritait d’être primé », raconte Amélie Werdmüller, une jurée de 21 ans, originaire de Mulhouse. Les sujets évoqués ? Des jeunes qui avaient une passion en dehors de leurs études, « ce qui est quand même très courant » ou encore un centre de formation au rugby pour les jeunes, dont « le commentaire insistait sur le fait qu’ils venaient de quartiers sensibles ».Dans le troisième, « on voyait une étudiante se plaindre de devoir faire des petits boulots en parallèle de ses études et dire que quand elle manquait d’argent, elle préférait le garder pour sortir le soir plutôt que pour aller chez le médecin : pourtant, avec la Sécu, on est quand même assez bien couverts pour les soins », pointe une autre jurée, Adeline Marie-Sainte, étudiante en deuxième année de droit à Strasbourg. Quant au dernier, portrait d’une lycéenne engagée, il ne leur a laissé à toutes deux, quinze jours après les délibérations, que peu de souvenirs…« On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés »Est-ce la présélection qui a été défaillante ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché, argumente Simon Berger, coordinateur du prix au sein de l’une des associations participantes, l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes). « Nous sommes quelques-uns à effectuer une veille toute l’année et nous nous sommes rendus plusieurs journées à l’INA, où l’on peut visionner tous les reportages référencés avec le mot-clé ’jeunesse’». Mais en télé, il n’a pas été nécessaire de débattre : il n’y avait que quatre sujets qui nous semblaient remplir les critères. Le reste ressemblait trop souvent au florilège qu’a montré le Petit Journal, sur Canal+, quand il a invité des membres de Stop aux clichés : des jeunes sans arrêt au téléphone, qui boivent et ne travaillent pas ».Pour les deux jeunes jurées, les sujets soumis étaient à la mesure de ce qu’elles voient quotidiennement sur le petit écran : « Ce sont tout le temps les mêmes sujets qui reviennent au JT : le décrochage scolaire, les jeunes qui manifestent ou qui brûlent des voitures, ceux qui sont au chômage. On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés, et que toute la jeunesse est mise dans le même petit sac. Ce qu’on a aimé dans les reportages primés dans les autres médias, c’est qu’ils ne faisaient pas pleurer », explique Amélie Werdmüller. « La télé montre les incidents, les choses croustillantes, mais très peu de jeunes qui font avancer les choses », complète Adeline Marie-Sainte.La téléréalité, « grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes »Le sociologue François Jost, spécialiste de la télévision, n’est pas surpris de ce constat : « La plus grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes est la téléréalité : des garçons bodybuildés, des filles peu habillées, ou alors des jeunes de banlieue à la limite du voyou, explique ce professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. A côté, les émissions de Cyril Hanouna et le Petit Journal de Canal+ font le portrait d’une certaine jeunesse, très citadine. Les autres jeunes, on les aperçoit dans les JT lors de la rentrée, du bac, des chiffres du chômage. Et ceux-ci montrent plutôt ce qui va mal - les enfants hyperactifs notamment -, et l’exceptionnel, comme les jeunes surdoués qui passent leur bac ». Une récente étude de l’INA, portant sur l’enfance et la jeunesse dans les JT de 2010 à 2014, met en chiffres ce sentiment diffus : « les jeunes apparaissent avant tout comme les victimes, et parfois les auteurs, de faits divers (28 % de l’offre) ». Ont ainsi beaucoup été traités l’affaire Merah (179 sujets), l’enlèvement de lycéennes au Nigéria par le groupe Boko-Haram (103 sujets), la tuerie dans une école primaire de Newton aux Etats-Unis (94 sujets).Les autres grands thèmes liés à la jeunesse abordés dans les informations télévisées sont la société et l’éducation. Peu d’images positives vantent les réussites ou actes de bravoure des jeunes, avec seulement 240 sujets identifiés sur cinq ans, dont 58 en 2014, année du prix Nobel de la paix accordé à la jeune militante pakistanaise des droits des femmes Malala Yousafzai.Claire AnéJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 15h58 Faute de statistiques ethniques, interdites par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) utilise le critère d’« origine perçue » (« blancs », « noirs », « arabes », « asiatiques ou « autres ») pour évaluer la diversité mise en scène dans les programmes télévisés en France. Or, en 2015, le bilan reste le même que l’année précédente : le paysage audiovisuel français est largement dominé par les personnes apparaissant comme « blanches ».Lire aussi :L’interminable débat français sur les « statistiques ethniques »Plus gênant encore : les 14 % de « personnes perçues comme non blanches » apparaissant à l’écran sont le plus souvent présentées sous un mauvais jour, relève le cinquième baromètre de la diversité du CSA. Elles sont ainsi plutôt plus pauvres : constituant 17 % des catégories socioprofessionnelles moins aisées (CSP-) dans les émissions et seulement 11 % des CSP +. Par contre, quand des activités « marginales ou illégales » sont évoquées, le taux de personnes perçues comme « non blanches » est de 37 %, souligne cette étude réalisée en avril-mai sur 1 600 programmes de la TNT gratuite (fictions, informations, magazines et documentaires), soit 43 000 personnes vues à l’écran.Peu de héros parmi les « non-blancs »Les « non-blancs » sont aussi plutôt jeunes : représentant 18 % des moins de 20 ans contre seulement 4 % des 65 ans et plus, et il s’agit davantage d’hommes (16 %) que de femmes (13 %). Dans la fiction, le taux de personnes perçues comme « non blanches » n’est que de 9 % pour les rôles de héros.Autre catégorie peu représentée, les personnes « perçues comme handicapées » demeurent presque inexistantes à la télévision, avec 0,4 % des personnages.Lire aussi :Le CSA pousse les médias à s’engager sur la diversité Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14455165756", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#285a82","#28beaa","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Marine Le Pen","Manuel Valls","Jean-Luc Mélenchon","Arnaud Montebourg","François Bayrou","Alain Juppé","Jean-François Copé","François Fillon","François Hollande","Jean-Marc Ayrault","Nicolas Sarkozy","Pierre Moscovici","Christiane Taubira","Emmanuel Macron","Alain Lamassoure","Benoist Apparu","Benoît Hamon","Yann Galut","Bruno Le Maire","Cécile Duflot","Christian Estrosi","Bernard Cazeneuve","Valérie Pécresse","Nathalie Kosciusko-Morizet","Najat Vallaud-Belkacem","Martine Aubry","Marion Maréchal-Le Pen","Laurent Wauquiez","Laurent Fabius","Jean-Marie Le Guen","Jean-Christophe Lagarde","Henri Guaino","Harlem Désir","Florian Philippot","Éric Ciotti"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "invité principal", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 4 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "face à l'invité", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " fois", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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Cette autorisation est accordée « sans engagements », ce qui signifie que le rapprochement des deux journaux ne pose aucun problème au marché de la presse écrite et de la publicité.Dans sa décision, l’Autorité relève que « les profils de lectorat du Parisien et Aujourd’hui en France et de celui des Echos et Investir sont éloignés, ce qui réduit l’intérêt d’une vente couplée entre ces titres ». Et pointe, pour la publicité, que « les risques d’atteinte à la concurrence peuvent être écartés, compte tenu notamment de l’étroitesse du marché de la PQR en Ile-de-France et du caractère improbable d’une stratégie dite de “verrouillage”, LVMH n’ayant jusqu’à présent pas privilégié ses propres marques dans les ventes d’espaces publicitaires des titres que le groupe détient ».Cette décision était la dernière marche à franchir pour LVMH, qui était entré en négociations exclusives avec la famille Amaury, propriétaire du Parisien, à la surprise générale, en mai. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public mais serait légèrement supérieur à 50 millions d’euros.Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »D’ores et déjà, le PDG des Echos, Francis Morel, a recruté comme patron de sa régie l’expérimenté Daniel Saada. Celui-ci devrait se voir confier une responsabilité transversale. Les deux régies, dont Amaury Médias qui continue pour le moment à commercialiser L’Equipe, affichent une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)…M. Morel entend également travailler à améliorer la diffusion du Parisien, un quotidien très dépendant de la vente en kiosques, alors que Les Echos ont fortement accru leur diffusion numérique. Les deux titres devraient croiser leurs expériences en matière de diffusion et de gestion des abonnés.Enfin, ce rachat ouvre une clause de cession pour les journalistes du Parisien qui souhaitent partir. Les termes de l’accord avec les syndicats sur les conditions de cette clause devraient être prochainement connus.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.10.2015 à 12h10 • Mis à jour le23.10.2015 à 10h46 | Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Il aura donc suffi d’un amendement adopté en commission à l’Assemblée nationale pour relancer ce que les spécialistes des professions concernées – les producteurs de musique face aux radios privées – ont pris l’habitude d’appeler la guerre des quotas. Disons plutôt la guéguerre, et regardons les enjeux.Les députés ont adopté, dans le cadre du projet de loi sur la liberté de création, un amendement visant à éviter que les mêmes tubes francophones tournent en boucle sur les ondes des radios privées afin de se conformer, au-delà des quotas déjà imposés par la loi, à l’esprit de ces quotas qui vise à promouvoir la création en langue française. Projet soutenu, le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter par la ministre de la culture Fleur Pellerin, pour qui les députés demandent simplement aux radios privées de « remplir mieux l’obligation de promouvoir la diversité culturelle ». Pour Fleur Pellerin, c’est clair, il s’agit de « mettre mieux en valeur la jeune création française ».Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal poséVent debout contre l’amendement, les professionnels des radios privées brandissent l’étendard de la liberté éditoriale. Liberté éditoriale revendiquée afin de permettre la diffusion d’un même titre des centaines de fois. La guerre opposerait donc les tenants de deux libertés différentes : la liberté de création d’un côté, la liberté éditoriale de l’autre.Le simple bon sens, qui conduit à penser que la liberté ne se divise pas, indique que, peut-être, le problème est mal posé. D’un côté, des acteurs politiques soucieux d’une juste diffusion de la chanson d’expression francophone dans toutes ses composantes et dans sa grande diversité. Des politiques naturellement soutenus, voire inspirés, par les producteurs de musique pour qui la radio demeure un vecteur de diffusion et de prescription privilégié, en dépit de l’arrivée de nouveaux supports – YouTube ou les plates-formes d’écoutes comme Deezer ou Spotify.Face aux acteurs politiques, les professionnels des radios privées adoptent une posture de supposée défense des auditeurs, lesquels plébisciteraient quelques chansons seulement parmi les nouvelles productions proposées au marché. Avec un argument fondé sur des chiffres, ceux de l’effondrement, selon eux, de la production francophone.L’œuf ou la poule ?Autrement dit, les dirigeants des radios privées résument de manière simpliste une situation très compliquée, en disant peu ou prou : « Vous ne nous proposez pas assez de bonnes chansons francophones, une partie de la production française est d’ailleurs interprétée en anglais, laissez-nous au moins choisir dans une offre que nous trouvons trop maigre. » Une analyse qui justifierait la diffusion en boucle, douze ou quinze fois par jour, de la même chanson, tandis que des centaines de titres sur lesquels des artistes ont travaillé restent dans les placards et n’ont aucune chance d’arriver seulement jusqu’aux oreilles d’auditeurs considérés comme malentendants et peu capables de juger par eux-mêmes de la qualité de tel ou tel artiste ou de telle ou telle chanson.Disons-le tout net : les auditeurs ne sont pas sourds. La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistes. Le conflit repose aujourd’hui sur un cercle vicieux bien connu des philosophes et penseurs de la culture se résumant par une célèbre question existentielle : « Qui de l’œuf ou de la poule ? » Y a-t-il moins de productions francophones parce que les radios n’en diffusent que très peu ? Ou bien, les radios ne diffusent-elles que très peu de chansons françaises parce que les producteurs n’en proposent pas assez ?La liberté de création des artistes et la liberté éditoriale des radios privées ne sont pas antagonistesComment sortir d’un cercle vicieux ? En créant un cercle vertueux. Plus les radios diffuseront d’artistes, mieux les créateurs seront exposés sur les ondes, plus les producteurs seront enclins à prendre le risque d’investir sur de nouveaux talents. Et plus les radios auront le choix, donc la liberté éditoriale, de sélectionner les créateurs qu’elles voudront mettre en avant. Et plus les auditeurs, dont nous tenons à rappeler une fois de plus qu’ils sont dotés d’un cerveau et d’une paire d’oreilles souvent prolongées d’un casque audio pour mieux entendre les nuances de la création musicale, seront libres de choisir les artistes – et les radios… – qu’ils souhaitent écouter. Ce qu’il fallait démontrer.Cercle vertueux contre cercle vicieux : le choix devrait s’imposer de lui-même, et conduire à un travail en commun qui remplacerait la guéguerre provoquée par l’amendement voté en commission et soutenu légitimement par la ministre. La liberté de dialogue, entre les producteurs et les diffuseurs, remplacerait alors avantageusement la guerre des quotas et permettrait un retour bienvenu à des postures sans doute plus sérieuses que la grève des quotas décrétée par les radios privées le 29 septembre.Frédéric Schlesinger (Directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France) Alexis Delcambre La tension est montée chez Vivendi, lundi 19 octobre, au lendemain de la publication par Le Parisien d’un article faisant état d’une « chute des abonnés » de Canal+ qui, selon le quotidien, « atteint 10 % en septembre ». Le soir même, le groupe de médias a publié un communiqué dénonçant « la propagation de fausses informations » et a demandé une enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF) après avoir vu son cours de Bourse baisser de 2,12 % en clôture de la séance du jour. Vivendi s’apprête ainsi à déposer une plainte pour divulgation d’informations trompeuses.Selon Vivendi, « ce chiffre est positif ». Mieux, le groupe assure que ses recrutements ont progressé, alors que Le Parisien écrit désormais que c’est « le nombre de nouveaux abonnés [qui] a baissé de 10 % en septembre » - un mois décisif où Canal+ proposait une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby et la saison 2 d’une de ses séries phares, Les Revenants.La concurrence de nouveaux entrantsEn France métropolitaine, Canal+ indique compter 43 900 nouveaux abonnés en septembre 2015, contre 36 100 un an plus tôt. Pour autant, Canal+ ne donne pas le volume global de ses abonnés.Trésor de Canal+, les abonnements font l’objet de toutes les attentions, mais le groupe ne communique pas à leur sujet. On estime que la chaîne en compte environ 9 millions en France, en ajoutant ceux de Canal+ au sens strict, ceux du bouquet CanalSat et ceux de l’offre de vidéo à la demande CanalPlay.Dans l’Hexagone, la baisse des abonnements à CanalSat a un temps été gommée par la progression des recrutements de CanalPlay. Selon plusieurs sources, ce ne serait plus le cas. BFM-TV a chiffré à 185 000 la baisse des abonnements en 2013 et Le Figaro a récemment évoqué un rythme annuel de 240 000 pour 2015.Le modèle premium de Canal+, placé en haut de gamme – environ 40 euros par mois pour le bouquet Canal+ et 65 euros en ajoutant CanalSat –, subit la concurrence de nouveaux entrants, comme BeINSports (13 euros par mois) ou Netflix, le service de vidéo à la demande par abonnement, dont la première offre est à 8 euros par mois. BeINSports revendique « autour » de 2,5 millions d’abonnés et on estime à 500 000 le nombre de clients conquis par Netflix en un an.Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage françaisArrivé à la tête de Vivendi et de Canal+ en juillet, Vincent Bolloré n’a pas caché que l’affaiblissement du modèle historique du groupe le préoccupait. Devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 24 septembre, il avait même indiqué que Canal+ pourrait devenir déficitaire en 2016, après avoir subi une baisse de son résultat opérationnel en 2014, à 20 millions d’euros (et 583 millions pour l’ensemble du groupe).Internationalisation croissanteMais, s’il recule en France, le nombre d’abonnés à Canal+ dans le monde progresse, et il atteindrait près de 6 millions hors de l’Hexagone. Historiquement présent en Pologne et au Vietnam, le groupe se développe fortement sur le continent africain et nourrit des ambitions en Europe du Sud via Telecom Italia, dont Vincent Bolloré détient plus de 19 %. Depuis son arrivée, celui-ci défend l’internationalisation du groupe. Une façon d’assumer que le chiffre d’affaires réalisé en France a vocation sinon à se réduire, du moins à devenir minoritaire dans l’ensemble.Intitulé « La chute de la maison Canal+ », l’article du Parisien s’arrêtait aussi sur les mauvaises performances des tranches en clair, symbolisées par la relance manquée du « Grand Journal », tombé à moins de 650 000 spectateurs par jour, loin de la formule précédente.Lire aussi :Canal+ : Vincent Bolloré confirme Maïtena Biraben à la tête du « Grand Journal »M. Bolloré clame depuis son arrivée que le seul indicateur de résultats qui lui importe est le nombre d’abonnés et il fait comprendre qu’il va réduire le clair sur Canal+, même si le modèle historique de la chaîne repose sur une corrélation entre la puissance des audiences en clair et la vigueur des recrutements. Vivendi semble vouloir privilégier d’autres leviers de recrutement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny La direction de Canal + a décidé de ne pas poursuivre la procédure de licenciement contre le journaliste Jean- Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint du magazine Spécial Investigation. Convoqué lundi 19 octobre par la direction des ressources humaines de la chaîne, M. Rivoire, assisté du délégué syndical CGT, s’est vu remettre une lettre en mains propres dans laquelle il est informé que Canal+ ne poursuivra pas la procédure initiée à son encontre le 9 octobre.La DRH ne lui avait pas fourni le motif de cette convocation. « Ainsi, l’entretien ’à un éventuel licenciement’ fixé au 19 octobre n’a plus lieu d’être », est-il écrit.La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, a également été reçu par la direction de Canal+. Celle-ci a démenti lui avoir ordonné de passer l’émission sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.Nomination comme représentant syndicalEn revanche, il semble que la direction de Canal+ a tenté de solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé la convocation.Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation.Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.Lire aussi :Fleur Pellerin se penche sur l’indépendance des rédactions« Mise en cause à peine masquée » de la directionLa démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+. Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.Lire aussi :La reprise en main continue à Canal +Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Un abus de droit entaché de fraude. » La sentence, infamante, illustre la force du camouflet essuyé par l’homme d’affaires Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Groupe Le Monde). Mercredi 14 octobre, le CSA a torpillé la vente de sa chaîne de télévision, Numéro 23, pour laquelle il avait obtenu une fréquence en 2012. Fréquence qui sera perdue au 30 juin s’il ne modifie pas la composition du capital de sa société, Diversité TV.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspendueRien ne laissait présager que cet habitué des cénacles médiatiques allait subir un tel affront. L’homme dispose de toutes les connexions pour prospérer aux confins de la politique et des médias. Parmi les nombreux invités de ses dîners ont figuré Olivier Schrameck, le président du CSA, ou Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication. Des relations qui ont pu paradoxalement se transformer en handicap pour un CSA désireux de montrer son indépendance.Longue séance du CSAEn 2011, lors de la présentation de son projet face à l’autorité, M. Houzelot était accompagné de David Kessler, futur conseiller culture et communication de François Hollande. M. Kessler représentait Mathieu Pigasse, qui comptait parmi les investisseurs intéressés, au même titre qu’un autre actionnaire du Monde, Xavier Niel, l’actionnaire principal de Free. Il a choisi comme directeur général Damien Cuier, un proche de Jean-François Copé.Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour.Ayant endossé l’habit de l’entrepreneur – comme producteur de films et comme patron de la chaîne gay PinkTV puis de Numéro 23 – M. Houzelot a gardé l’image d’un lobbyiste et d’un homme de réseaux, gouailleur, drôle et culotté. Le rôle qu’il a joué à Matignon sous Jacques Chirac, puis surtout dans le premier cercle d’Etienne Mougeotte, à la grande époque de TF1, ainsi qu’à Canal +.Las ! Tout cela n’a pas fait trembler le CSA. Ce n’est pas parce qu’il était divisé que le Conseil a tenu, mercredi, une des séances les plus longues de son histoire. Dès le matin, ses huit membres se sont accordés sur la nécessité de sanctionner Diversité TV. Pour eux, l’entrée au capital de la société russe UTH, dont le CSA a été tardivement informé, est bien un « cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée », selon l’article 42.3 de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Un cas dans lequel, précise la loi, « l’autorisation peut être retirée, sans mise en demeure préalable ».Faut-il aller jusqu’à remplacer la chaîne par un écran noir ? Certains sont pour. Mais la solution d’une suspension avec délai, au 30 juin, s’impose. Les conseillers passent le reste de la journée à rédiger l’imposant avis, en relation constante avec les services du CSA, pour consolider juridiquement la décision.« Quelque chose a changé sur ce dossier entre le début de son examen et la fin », relate un membre du collège. A l’origine, plusieurs conseillers étaient partagés sur la cession de Numéro 23 à NextRadioTV, annoncée début avril. Le Conseil se veut très prudent, encore marqué par la polémique née de la nomination de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en avril.Des conseillers agacésAu printemps, un élément a pu jouer en défaveur de M. Houzelot : le CSA a mis du temps à récupérer l’intégralité des documents liés à l’arrivée, en 2013, de l’actionnaire russe UTH, notamment le pacte d’actionnaires qui n’a été reçu que le 26 mai, après plusieurs rappels. Numéro 23 assure alors avoir été transparent et accuse en privé l’autorité de vouloir temporiser, mais pour certains conseillers, l’épisode marque le début de leurs soupçons.Un autre moment a joué un rôle important : l’audition, le 22 juillet, de M. Houzelot et M. Cuier. L’occasion de débattre des conclusions du rapport d’instruction commandé par le CSA à un conseiller d’Etat indépendant – rapport clairement favorable à Numéro 23. Mais lors des échanges émergent de nouvelles interrogations, notamment celle qui fondera finalement le refus du CSA : le groupe russe a-t-il investi avec la promesse d’une revente rapide de la chaîne ?M. Houzelot assure que les clauses du pacte – qu’il refuse de rendre public au nom du secret des affaires – sont de banales clauses de liquidité permettant à un actionnaire de sortir du capital au bout d’un délai. Mais les conseillers s’agacent et demandent un nouveau rapport d’instruction, pour mi-septembre. Celui-ci recommandera de ne pas sanctionner mais suggérera, dans le cas contraire, d’assortir la décision d’un délai, comme cela sera fait.«  Impact médiatique et émotionnel  »A partir de la rentrée, l’hostilité à la cession de Numéro 23 se renforce. Plusieurs offensives médiatiques sont conduites, dont celle de sociétés de perception de droits, qui disent ne pas avoir été payées, avant que le différend ne se règle. Au Parlement, des initiatives sont prises pour renforcer la taxe sur la revente de chaînes, mais aussi pour obliger le CSA à prendre en compte le respect des obligations dans sa décision.« En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot »Ce thème prend de l’ampleur et donne lieu à de vifs échanges lors de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre. Ce dernier a beau assurer que son groupe remplit « 58 obligations et demi sur 60 », les conseillers ne se privent pas de rappeler sa mise en demeure pour non-respect des quotas de diffusion de cinéma étranger ou pour ironiser sur la présence importante d’émissions de téléréalité américaines sur le tatouage.Chahuté, l’habile Pascal Houzelot a soudain du mal à trouver le ton pour répondre, hésitant entre un profil bas de bon élève et des répliques ironiques : « Je ne comprends pas votre question », dit-il à Mémona Hintermann-Afféjée qui lui demande si, en cas de refus du CSA, il « rendra sa fréquence » à l’Etat. Il regrette « l’impact médiatique et émotionnel » du dossier.Il est trop tard : le sentiment d’avoir été abusés a gagné les conseillers. « En trois ans et demi, j’ai acquis le sentiment d’avoir été trompé par la candidature de M. Houzelot », déclare avec amertume Patrice Gélinet, déçu de lui avoir accordé sa confiance en 2012.Face à la sanction, M. Houzelot étudie toutes ses options : l’une plus offensive, par une contestation juridique ; l’autre plus amiable. Il s’agirait de chercher à se mettre en conformité d’ici au 30 juin avec les désirs du CSA : changer le pacte avec l’actionnaire russe et renoncer – pour l’heure – à la vente. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il annoncé mardi.Lire aussi :Cinq questions sur la suspension de l’autorisation de diffusion de Numéro 23Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.10.2015 à 14h41 • Mis à jour le16.10.2015 à 16h05 | Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Damien Leloup « On s’est plantés. » Dès la première ligne, le communiqué publié jeudi 15 octobre par l’Interactive Advertising Bureau (IAB), la puissante fédération mondiale de la publicité en ligne, détonne. Plus souvent coutumière des communiqués vantant l’efficacité du ciblage publicitaire ou présentant les innovations du secteur, l’IAB se livre pourtant à un mea culpa en bonne et due forme dans ce long texte sur l’évolution de la publicité en ligne.Au début des années 2000, rappelle l’organisation, l’explosion de la bulle Internet s’est traduite par des milliers de fermetures d’entreprises. Après ce « Moyen Age », selon les termes de l’association, est venue la « Renaissance ». « La publicité en ligne est devenue la base d’un moteur économique qui, aujourd’hui encore, fait tourner le Web gratuit et démocratique. » Mais l’industrie publicitaire s’est ensuite « plantée » : trop de publicités invasives, trop de ciblage des utilisateurs, trop de course au profit, écrit l’IAB, en des termes que ne renieraient pas bon nombre de militants anti-publicité.« Dans notre recherche d’une plus grande automatisation et de maximisation des profits […] nous avons construit des technologies pour optimiser les revenus durant la baisse des marchés publicitaires. Avec le recul, nous avons perdu l’équivalent de beaucoup d’euros en termes de confiance des consommateurs pour faire la chasse à des centimes. Les systèmes de ciblage des utilisateurs, rapides, simples d’utilisation et rapportant gros, ont ralenti l’Internet grand public et vidé bien des batteries de téléphones. Nous étions tellement bons à ce jeu que nous sommes allés au-delà des capacités des tuyaux que nous avions nous-mêmes créés. Cela a dépassé les utilisateurs, vidé leurs terminaux, et mis leur patience à bout. »Une certification pour répondre aux bloqueurs de publicitéIl a fallu, reconnaît l’IAB, le déploiement massif des bloqueurs de publicité pour que l’industrie prenne conscience du problème. Pour autant, l’organisation estime que la partie n’est pas perdue. Et a annoncé le lancement de « Lean », une nouvelle certification pour les publicités en ligne réservée aux formats qui sont « légers, chiffrés, qui donnent le choix à l’utilisateur et qui ne sont pas invasifs ». Le grand public sera invité à participer aux discussions fixant le cadre précis de ce nouveau standard.Les critères retenus par l’IAB rappellent quelque peu ceux des « publicités acceptables » définis par certains bloqueurs de publicité. Le plus connu d’entre eux, Adblock Plus, utilise une « liste blanche » de publicités qui ne sont pas bloquées par défaut – pour y figurer, les publicités doivent ne pas perturber la lecture et ne pas être agressives (pas de publicités animées ou clignotantes, pas de pop-up surgissant lors de la navigation, etc.).Mais Adblock Plus demande également aux éditeurs de payer d’importants « frais techniques » pour figurer dans cette liste, même lorsque leurs publicités remplissaient les critères d’acceptabilité. Une pratique s’assimilant à un racket, dénoncée par de nombreux éditeurs qui ont intenté plusieurs procès – jusqu’à présent toujours remportés par Adblock Plus – à Eyeo, le concepteur du logiciel.Lire aussi :La grande guerre des bloqueurs de publicitéDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Grégoire Orain Pour la première fois de son histoire, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a abrogé l’autorisation de diffusion d’une chaîne. Accessible sur la télévision numérique terrestre (TNT), Numéro 23 ne pourra plus diffuser ses programmes à partir du 30 juin 2016, date à laquelle la décision du CSA prendra effet. Cette annonce porte un coup d’arrêt à la vente de la chaîne à NextRadioTV (BFM-TV, RMC, etc.). C’est aussi le dernier acte d’un long conflit opposant le propriétaire de Numéro 23, le groupe Diversité TV, au gendarme de l’audiovisuel. Qu’est-ce que la chaîne Numéro 23 ?En novembre 2012, le CSA décide d’attribuer six nouvelles chaînes accessibles sur la TNT. Parmi elles, Numéro 23. Créée à l’initiative de Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du groupe Le Monde) qui en est le principal actionnaire, elle se présente comme « la chaîne de la diversité », qu’il s’agisse des origines culturelles ou sociales, de l’orientation sexuelle ou du handicap.Lire : La future chaîne de la diversité présente sa grilleElle espère alors atteindre 1 % de part d’audience fin 2015, notamment grâce à un talk-show mené par Christophe Hondelatte le dimanche. En réalité, elle n’attirera que 0,7 % des spectateurs. Le 2 avril, Numéro 23 annonce être entrée en négociations exclusives avec le groupe audiovisuel NextRadioTV en vue d’un rachat pour un montant de 88,3 millions d’euros.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTV Pour quels motifs le CSA a-t-il abrogé l’autorisation de diffusion de Numéro 23 ?Pour être effective, la vente doit cependant être approuvée par le CSA. En juin, le gendarme de l’audiovisuel saisit son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Une opération qui a conduit à la modification du pacte d’actionnaires de Diversité TV.« Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA. Aux yeux du régulateur, cette opacité se double d’un manquement de la chaîne au respect de ses obligations en matière de représentation de la diversité.Surtout, le Conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Un objectif contraire aux déclarations de Numéro 23, qui s’était engagée en 2012 au moins jusqu’en 2019.Lire aussi :L’autorisation de diffusion de la chaîne Numéro 23 suspenduePour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». En clair, ses actionnaires vont s’enrichir en vendant une fréquence qui leur a été attribuée gratuitement. Pascal Houzelot aurait ainsi « dès mai 2013 […] cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », achève le communiqué du CSA. Qu’attendre après la décision du CSA ?Sans autorisation de diffuser, Numéro 23 ne présente plus d’intérêt à court terme pour NextRadioTV, même si le patron de ce groupe, Alain Weill, assure maintenir son intérêt. L’autorité a laissé une porte de sortie à Diversité TV : la chaîne pourrait retrouver son autorisation de diffusion si elle modifie son pacte d’actionnaires d’ici au 30 juin 2016. Mais même dans ce cas de figure, la perspective d’une vente à court terme s’éloigne pour M. Houzelot. Celui-ci, comme Alain Weill, a la possibilité d’attaquer la décision du CSA devant le Conseil d’Etat. Pourquoi la vente de Numéro 23 fait-elle polémique ?A l’Assemblée, des députés de droite et de gauche ont dénoncé, dès l’annonce de la vente, la plus-value escomptée par les actionnaires de Numéro 23 : puisque le CSA attribue les fréquences audiovisuelles gratuitement, les actionnaires de la chaîne pouvaient réaliser « des bénéfices sur une ressource publique », estimait alors la députée (PS) Martine Martinel.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Jusqu’alors, les ventes devaient répondre à des obligations législatives : une chaîne de la TNT ne pouvait être cédée qu’après deux ans et demi de détention, et toute plus-value était taxée à hauteur de 5 %. La vente de Numéro 23 à NextRadioTV ne contrevenait cependant pas à ces règles. Ce débat a-t-il eu un impact législatif ?Oui. En juin 2015, les parlementaires ont conçu une nouvelle mesure : en cas de vente d’une chaîne, la taxation appliquée a été fixée à 20 % du prix de vente si la chaîne est vendue moins de cinq ans après son attribution, à 10 % entre cinq et dix ans, et à 5 % au-delà.Cette mesure devait d’abord être intégrée à la loi Macron, votée durant l’été. Mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était un « cavalier législatif » sans rapport avec l’objet de la loi, et l’a donc censurée. La mesure sera finalement adoptée dans le cadre d’un texte à part, le 5 octobre.Grégoire OrainJournaliste au Monde 15.10.2015 à 01h28 • Mis à jour le15.10.2015 à 09h19 Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Depuis une semaine, le présentateur du bulletin météo sur la chaîne publique faisait la promotion de son ouvrage, Climat Investigation (Ring éditions), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique.Sur RTL, il a déclaré, le 14 octobre, avoir reçu « un courrier qui [lui] demand [ait] de ne pas venir ». « C’est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé », a précisé le présentateur qui devait retourner à l’antenne lundi après sa campagne de promotion.Contactée par Le Monde, la direction ne commente pas son cas. Mais elle rappelle le « principe déontologique » qui interdit aux salariés de s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise. Des discussions sont en cours entre la direction et le salarié mais il semble que le point de non-retour ait été atteint.Lire sur Les Décodeurs :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2« Sali », « attaqué dans mon métier »M. Verdier a estimé, en réponse à ses critiques, qu’on lui reprochait sa « liberté d’expression » à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat », dit-il.Dans son livre, celui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier », met en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoque des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ».Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait réagi à cette campagne en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger. Dans son livre, l’auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend « les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement ». Alexandre Piquard et Alexis Delcambre C’est une décision inédite dans l’histoire de l’audiovisuel français : le Conseil supérieur de l’audiovisuel a décidé mercredi 14 octobre « d’abroger l’autorisation de diffusion accordée le 3 juillet 2012 » à la chaîne télévisée Numéro 23. L’autorité a décidé de frapper fort dans un dossier très sensible, celui de la revente de la chaîne à NextRadioTV, rapidement devenue symbolique pour certains d’une « spéculation » sur les canaux de télévision. En effet, cette chaîne de la « diversité des origines et des modes de vie » avait, lors de l’appel d’offres pour créer six nouvelles chaînes de la TNT, obtenu sa fréquence gratuitement, comme c’est toujours le cas en télévision.La décision du CSA ne prendra toutefois effet que le 30 juin 2016 : l’autorité veut éviter un écran noir pour les téléspectateurs. De plus, ce délai « permet aussi à la société Diversité TV de renoncer aux conditions du pacte d’actionnaires et de la cession qui ont conduit le conseil à retirer l’autorisation », suggère le CSA. En attendant, la décision suspend de facto la vente de la chaîne, cédée au début d’avril pour 88,3 millions d’euros.Numéro 23 garde une petite porte ouverte : elle pourrait renoncer à la vente et reprendre son exploitation, quitte à éventuellement envisager une cession plus tard, pourquoi pas avec NextRadioTV, qui continuera à suivre le dossier.Toutefois, le coup d’arrêt est brutal : la veille, les intéressés n’envisageaient pas une telle décision. Celle-ci ne respecterait pas le droit et serait disproportionnée, pensaient en privé l’actionnaire principal de Numéro 23, Pascal Houzelot (également membre du conseil de surveillance du Monde), et NextRadioTV.« Un abus de droit entaché de fraude »Le 23 juin, le CSA avait ouvert une procédure de sanction envers Diversité TV en raison d’une modification de son pacte d’actionnaires survenue en 2013 pour permettre l’entrée de la société russe UTH. « Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015 », observe le CSA.Le conseil a la conviction que les conditions de ce pacte d’actionnaires anticipaient sur une « cession rapide » de la chaîne. Or, en 2012, Diversité TV s’était engagée au moins jusqu’en 2019. En outre, « la société n’a que très partiellement rempli les objectifs affirmés lors de sa candidature ; elle a ainsi fait l’objet de plusieurs rappels, mises en garde et mises en demeure. »Pour le CSA, les 88,3 millions d’euros promis par NextRadioTV reposent, « à titre principal, sur la valeur de l’autorisation qui lui a été donnée ». Son actionnaire principal, Pascal Houzelot, aurait ainsi « dès mai 2013 (…) cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue ». « Le Conseil a considéré qu’une telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude », ajoute le communiqué du CSA. Il est interdit de revendre une chaîne moins de deux ans et demi après son autorisation.Alain Weill regrette une décision « plus morale que juridique »« C’est une décision plus morale que juridique. Or, c’est le droit qui doit primer », a regretté Alain Weill, PDG de NextRadioTV, joint par Le Monde. Le propriétaire de BFM-TV et de RMC n’a pas encore pris de décision, mais il est fort probable que la sanction du CSA soit attaquée devant le Conseil d’Etat.« Je ne suis pas surpris, car on sentait que le CSA voulait vraiment sanctionner Pascal Houzelot », a commenté M. Weill. « C’est une petite victoire pour les acteurs historiques qui ne veulent pas que les nouveaux entrants prennent de l’importance dans le secteur », a-t-il ajouté, sous-entendant que M6 ou TF1 avaient été hostiles à la vente.« Je trouve que nous avons un vrai problème de régulation : les décisions sont beaucoup trop longues et paralysent les entreprises », a encore regretté le patron de NextRadioTV, également en attente du choix du CSA dans le dossier de la chaîne d’information LCI, un rival potentiel de sa chaîne BFM-TV.Un très long feuilleton politiqueDe fait, la procédure « Numéro 23 » a été un long feuilleton, lancé à l’annonce de la cession de la chaîne, au début d’avril. Le dossier est instantanément devenu politique : pour des élus et des observateurs, il symbolisait l’abus du bien public que sont les fréquences, attribuées gratuitement, contrairement à celles du secteur des télécommunications, vendues aux enchères.Le dossier a été très riche en rebondissements : le CSA a longuement mené ses travaux pour déterminer s’il agréait la vente, en réalisant notamment une étude d’impact. Mais il a aussi demandé une instruction spéciale — puis un complément d’instruction — sur la question de l’actionnariat et notamment sur l’arrivée de l’investisseur russe à hauteur de 15 %.Le dossier a suscité un débat juridique : sur la question de l’actionnariat, le rapporteur mandaté par le CSA, issu du Conseil d’Etat, avait conclu qu’il n’y avait pas lieu de sanctionner, le pacte était considéré comme une mesure classique de protection d’un actionnaire minoritaire.Lire aussi :La vente de Numéro 23 fait face à de nouvelles complicationsLa décision du CSA rappelle l’ambiance très froide de la dernière audition de Pascal Houzelot, mardi 13 octobre : le propriétaire de la chaîne a été entendu par les huit conseillers du CSA, qui n’ont pas cherché à cacher dans cet entretien public une certaine hostilité à la transaction.L’un ironisait sur la forte présence à l’antenne d’émissions de téléréalité consacrées au tatouage, un choix jugé hors sujet par rapport à l’objet de la chaîne, consacrée à la diversité des origines et des modes de vie. Une autre conseillère demandait à M. Houzelot s’il « rendrait la fréquence » en cas de refus d’agrément de la vente par le CSA. Diversité TV avait obtenu cette autorisation de diffusion en 2012, lors de l’attribution de fréquences en haute définition par le CSA.Par le passé, plusieurs acteurs ont pu céder au prix fort des chaînes fraîchement attribuées par le CSA. Vincent Bolloré a ainsi cédé ses chaînes Direct 8 et Direct Star au groupe Canal+. La seconde, alors sous le nom de Virgin 17, avait été cédée à Bolloré par le groupe Lagardère. TF1 a également racheté NT1 et TMC à AB Production. La décision du 14 octobre montre que le CSA entend désormais mieux encadrer ces pratiques.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 07h11 • Mis à jour le14.10.2015 à 07h46 | Thomas Wieder et Alexis Delcambre Les intrusions de Vincent Bolloré dans le domaine de l’information au groupe Canal+, dans un contexte de concentration accrue des médias, sont un sujet de préoccupation au ministère de la culture. Selon nos informations, la Rue de Valois réfléchit actuellement à une évolution de la loi, pour mieux protéger l’indépendance des rédactions, en particulier dans l’audiovisuel.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »L’idée serait notamment de rendre obligatoire la référence à l’indépendance éditoriale et au pluralisme des opinions dans les conventions qui lient les chaînes de télévision au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cela favoriserait la capacité du CSA à intervenir quand l’indépendance des rédactions semble menacée. Une telle notion n’est actuellement pas présente dans la convention de Canal+.Autre piste : rendre obligatoire la constitution de comités d’éthique et de déontologie, chargés de veiller au respect de ces principes. Enfin, le ministère réfléchit à la création d’un statut de « lanceur d’alertes » pour les rédactions, et à leur protection.Dès janvier ?Le ministère envisagerait que ces mesures intègrent le projet de loi relatif à la création, que Fleur Pellerin doit défendre devant le Sénat début 2016. Le sujet reste toutefois soumis à l’arbitrage de Matignon et de l’Elysée.Le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter, la ministre de la culture s’était posée en « garante du pluralisme des médias », tout en précisant, au sujet de Vincent Bolloré : « Aucune enquête n’a pour l’instant révélé s’il y avait eu une intervention directe. » « [Si c’était le cas] j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j’évoque ce sujet avec le CSA », avait ajouté la ministre.Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires avait été auditionné par le CSA. Celui-ci avait obtenu la création d’un « groupe de travail », chargé d’étudier la traduction concrète des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, de l’indépendance éditoriale et de l’exercice du métier de journaliste », avait précisé l’autorité dans un communiqué.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementDe son côté, le collectif « Informer n’est pas un délit » avait appelé le CSA à défendre l’indépendance éditoriale.Lire aussi :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterThomas WiederRédacteur en chef - chef du service FranceSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Arnaud Lagardère s’est plaint de la « une » du Journal du dimanche du 11 octobre, sur laquelle un portrait en pleine page de la présidente du Front national, Marine Le Pen, était accompagné du titre : « Un Français sur trois prêt à voter pour elle ».Le propriétaire du groupe de presse Lagardère Active, qui comprend notamment Le Journal du dimanche, Paris Match, Elle ou la radio Europe 1, a trouvé cette « une » trop empathique et a voulu le faire savoir, écrit Le Point, ce qui a été confirmé au Monde.Selon une source proche du dossier, Denis Olivennes, président du groupe de presse, n’aurait lui non plus pas apprécié cette couverture et l’aurait fait savoir directement au directeur du journal, Jérôme Bellay. Il a trouvé qu’elle manquait de recul et de nuance.Assemblée générale prévue vendrediLa « une » de dimanche en a également choqué certains dans la rédaction, raconte une source en interne. Pour certains, la grogne a été renforcée par le fait que Marine Le Pen a par ailleurs été l’invitée, le 11 octobre, de C Politique, une émission de France 5 produite par Jérôme Bellay. Cofondateur de France Info et LCI, ce dernier est également producteur, notamment de C dans l’air.Une assemblée générale de la société des journalistes est prévue vendredi 16 octobre.Ce n’est pas la première fois que M. Lagardère se plaint d’un contenu. En novembre 2014, alors que M. Bellay était également directeur du « JDD », il avait reproché une dérive « people » quand l’hebdomadaire avait titré sur « les femmes » de François Hollande, quelques jours après que Paris-Match, également propriété du groupe avait fait sa couverture sur Valérie Trierweiler. En 2005, celui qui s’est présenté un temps comme le « frère » de Nicolas Sarkozy avait également réagi à la « une » de Paris-Match consacrée, le 25 août, à la liaison entre Cécilia Sarkozy et le publicitaire Richard Attias. L’ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Alain Genestar avait été licencié un peu plus d’un an après.Lire aussi : Selon Alain Genestar, Nicolas Sarkozy est à l'origine de son licenciementAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 11h41 | Claire Ané Le prix s’appelle « Stop aux clichés sur les jeunes » et manque de lauréats 2015. Lancé voilà huit ans par un collectif d’associations, ce prix entend lutter contre les idées reçues véhiculées par les médias en récompensant chaque année des reportages qui « donnent la parole aux jeunes en faisant appel à des points de vue différents, sans verser dans l’amalgame ou les clichés ». L’idée est de mettre en avant les bons élèves plutôt que les mauvais. Sauf que pour la deuxième année d’affilée, la catégorie « télé » est restée sans vainqueur.« On a visionné les quatre reportages télé présélectionnés, mais avec la vingtaine d’autres membres du jury nous étions d’accord pour dire que, sans être forcément mauvais, ils étaient très quelconques : aucun ne méritait d’être primé », raconte Amélie Werdmüller, une jurée de 21 ans, originaire de Mulhouse. Les sujets évoqués ? Des jeunes qui avaient une passion en dehors de leurs études, « ce qui est quand même très courant » ou encore un centre de formation au rugby pour les jeunes, dont « le commentaire insistait sur le fait qu’ils venaient de quartiers sensibles ».Dans le troisième, « on voyait une étudiante se plaindre de devoir faire des petits boulots en parallèle de ses études et dire que quand elle manquait d’argent, elle préférait le garder pour sortir le soir plutôt que pour aller chez le médecin : pourtant, avec la Sécu, on est quand même assez bien couverts pour les soins », pointe une autre jurée, Adeline Marie-Sainte, étudiante en deuxième année de droit à Strasbourg. Quant au dernier, portrait d’une lycéenne engagée, il ne leur a laissé à toutes deux, quinze jours après les délibérations, que peu de souvenirs…« On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés »Est-ce la présélection qui a été défaillante ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché, argumente Simon Berger, coordinateur du prix au sein de l’une des associations participantes, l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes). « Nous sommes quelques-uns à effectuer une veille toute l’année et nous nous sommes rendus plusieurs journées à l’INA, où l’on peut visionner tous les reportages référencés avec le mot-clé ’jeunesse’». Mais en télé, il n’a pas été nécessaire de débattre : il n’y avait que quatre sujets qui nous semblaient remplir les critères. Le reste ressemblait trop souvent au florilège qu’a montré le Petit Journal, sur Canal+, quand il a invité des membres de Stop aux clichés : des jeunes sans arrêt au téléphone, qui boivent et ne travaillent pas ».Pour les deux jeunes jurées, les sujets soumis étaient à la mesure de ce qu’elles voient quotidiennement sur le petit écran : « Ce sont tout le temps les mêmes sujets qui reviennent au JT : le décrochage scolaire, les jeunes qui manifestent ou qui brûlent des voitures, ceux qui sont au chômage. On a l’impression que la télé ne s’intéresse qu’aux jeunes découragés, et que toute la jeunesse est mise dans le même petit sac. Ce qu’on a aimé dans les reportages primés dans les autres médias, c’est qu’ils ne faisaient pas pleurer », explique Amélie Werdmüller. « La télé montre les incidents, les choses croustillantes, mais très peu de jeunes qui font avancer les choses », complète Adeline Marie-Sainte.La téléréalité, « grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes »Le sociologue François Jost, spécialiste de la télévision, n’est pas surpris de ce constat : « La plus grande pourvoyeuse de clichés sur les jeunes est la téléréalité : des garçons bodybuildés, des filles peu habillées, ou alors des jeunes de banlieue à la limite du voyou, explique ce professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris-III. A côté, les émissions de Cyril Hanouna et le Petit Journal de Canal+ font le portrait d’une certaine jeunesse, très citadine. Les autres jeunes, on les aperçoit dans les JT lors de la rentrée, du bac, des chiffres du chômage. Et ceux-ci montrent plutôt ce qui va mal - les enfants hyperactifs notamment -, et l’exceptionnel, comme les jeunes surdoués qui passent leur bac ». Une récente étude de l’INA, portant sur l’enfance et la jeunesse dans les JT de 2010 à 2014, met en chiffres ce sentiment diffus : « les jeunes apparaissent avant tout comme les victimes, et parfois les auteurs, de faits divers (28 % de l’offre) ». Ont ainsi beaucoup été traités l’affaire Merah (179 sujets), l’enlèvement de lycéennes au Nigéria par le groupe Boko-Haram (103 sujets), la tuerie dans une école primaire de Newton aux Etats-Unis (94 sujets).Les autres grands thèmes liés à la jeunesse abordés dans les informations télévisées sont la société et l’éducation. Peu d’images positives vantent les réussites ou actes de bravoure des jeunes, avec seulement 240 sujets identifiés sur cinq ans, dont 58 en 2014, année du prix Nobel de la paix accordé à la jeune militante pakistanaise des droits des femmes Malala Yousafzai.Claire AnéJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 15h58 Faute de statistiques ethniques, interdites par la loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) utilise le critère d’« origine perçue » (« blancs », « noirs », « arabes », « asiatiques ou « autres ») pour évaluer la diversité mise en scène dans les programmes télévisés en France. Or, en 2015, le bilan reste le même que l’année précédente : le paysage audiovisuel français est largement dominé par les personnes apparaissant comme « blanches ».Lire aussi :L’interminable débat français sur les « statistiques ethniques »Plus gênant encore : les 14 % de « personnes perçues comme non blanches » apparaissant à l’écran sont le plus souvent présentées sous un mauvais jour, relève le cinquième baromètre de la diversité du CSA. Elles sont ainsi plutôt plus pauvres : constituant 17 % des catégories socioprofessionnelles moins aisées (CSP-) dans les émissions et seulement 11 % des CSP +. Par contre, quand des activités « marginales ou illégales » sont évoquées, le taux de personnes perçues comme « non blanches » est de 37 %, souligne cette étude réalisée en avril-mai sur 1 600 programmes de la TNT gratuite (fictions, informations, magazines et documentaires), soit 43 000 personnes vues à l’écran.Peu de héros parmi les « non-blancs »Les « non-blancs » sont aussi plutôt jeunes : représentant 18 % des moins de 20 ans contre seulement 4 % des 65 ans et plus, et il s’agit davantage d’hommes (16 %) que de femmes (13 %). Dans la fiction, le taux de personnes perçues comme « non blanches » n’est que de 9 % pour les rôles de héros.Autre catégorie peu représentée, les personnes « perçues comme handicapées » demeurent presque inexistantes à la télévision, avec 0,4 % des personnages.Lire aussi :Le CSA pousse les médias à s’engager sur la diversité Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.10.2015 à 10h22 • Mis à jour le13.10.2015 à 01h32 Le journaliste irano-américain Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran, arrêté il y a plus d’un an en Iran pour espionnage, a été jugé coupable, rapportait dimanche 11 octobre l’agence iranienne de presse ISNA. Sa peine n’a cependant pas été rendue publique, provoquant la déception du Washington Post, qui a déploré une annonce « vague et déroutante » et a affirmé qu’il fera appel.Jason Rezaian, 39 ans, qui a la double nationalité iranienne et américaine, avait été arrêté le 22 juillet 2014 à son domicile en compagnie de son épouse, Yeganeh Salehi, remise en liberté depuis. Le journaliste a comparu à quatre reprises depuis mai lors d’audiences à huis clos devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, une cour spéciale qui juge les dossiers politiques ou touchant à la sécurité nationale.Possible échange de prisonniersDepuis le début de l’affaire, le Washington Post conteste les accusations d’espionnage portées contre son journaliste, qui n’a fait qu’exercer son métier. Le directeur de la rédaction du journal, Martin Baron, a qualifié ce procès de « mascarade » et de « mélange infect de farce et de tragédie ». « L’Iran a agi de façon impensable tout au long ce cas, mais jamais tant qu’avec cette décision indéfendable de condamner un journaliste innocent pour des crimes graves après une procédure tenue à huis clos », a-t-il encore estimé.Les Etats-Unis et l’Iran n’ont plus de liens diplomatiques depuis la crise des otages de 1979, mais l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet pourrait faciliter un dégel relatif de leurs relations.Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, n’a pas exclu au début de septembre l’idée d’un échange de prisonniers pour libérer Jason Rezaian et d’autres Américains détenus en Iran. Plusieurs Iraniens sont actuellement emprisonnés aux Etats-Unis. Alexis Delcambre Les nouvelles fréquences de télévision en haute définition (HD) seront attribuées… aux chaînes existantes. Jeudi 8 octobre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a annoncé, dans un communiqué, les candidatures qu’il a retenues. Retour sur une procédure qui se solde finalement par un statu quo.Lire aussi :Le CSA retient douze nouvelles chaînes pour la TNT en haute définitionPourquoi y a-t-il de nouvelles fréquences à attribuer ?En France, l’Etat gère un spectre de fréquences hertziennes qui est une ressource rare et limitée. Or les besoins sont de plus en plus importants (augmentation du nombre de chaînes de télévision, développement des télécoms…) Pour stimuler le développement de la téléphonie « 4G », le gouvernement a décidé de mettre aux enchères la bande de fréquences dite de « 700 Mhz ». Des fréquences actuellement occupées par la télévision numérique terrestre (TNT). Pour libérer de la place, il a été décidé que la TNT passerait progressivement du format Mpeg2 au format Mpeg4, un encodage qui nécessite moins d’espace. Cet encodage permet la HD : au passage, les chaînes qui ne diffusent pas encore cette qualité d’images ont donc l’occasion d’améliorer leur offre. Il y a de la place pour 29 chaînes en HD.Lire aussi :Les « fréquences en or » convoitées par tous les opérateurs de téléphonie mobileQui a candidaté ?Onze chaînes de télévision (TF1, France 2, Canal+, M6, Arte, HD1, L’Equipe 21, 6ter, Numéro 23, RMC Découverte et Chérie 25) diffusent d’ores et déjà leurs programmes en haute définition. En juillet, le CSA a lancé un appel à nouvelles candidatures, puis déclaré recevables 26 dossiers. Parmi eux, une partie était portée par des chaînes existantes. D’autres dossiers correspondaient à des projets nouveaux, comme HD26, une chaîne de télé-achat proposée par M6 et TF1, un projet consacré à la musique, porté par NextRadioTV et Radio Classique, ou encore « Nostalgie HD », proposée par NRJ, ainsi que d’autres dossiers (BFM Business, Campagnes TV, Gong, Hyper TV, LCI, Lynx, Ofive, Paris Première, IDF1 et QVC). En parallèle, le gouvernement a demandé au CSA de réserver des fréquences aux chaînes publiques non encore diffusées en HD (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN et Public Sénat).Comment le CSA a-t-il choisi ?Le CSA avait l’obligation légale de donner la priorité aux chaînes existantes. Dans la mesure où elles étaient toutes candidates, il a donc retenu 18 chaînes (France 3, France 4, France 5, France Ô, LCP-AN, Public Sénat, BFM-TV, D17, D8, iTélé, Gulli, NRJ12, NT1, TMC, W9, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète +). Il n’y avait dès lors plus de place pour les projets de chaînes nouvelles qui lui avaient été présentés. Cette situation pourra bien sûr évoluer si le nombre de chaînes de la TNT change, par exemple en cas de fermeture d’un service ou de fusion entre deux chaînes. Auquel cas le CSA devra procéder à un nouvel appel à candidatures.Quel est le calendrier ?Les chaînes retenues pourront diffuser leur flux en HD dès le mois d’avril 2016. Il pourra être reçu par les téléviseurs compatibles avec la norme Mpeg4. A terme, une nouvelle norme, la HEVC, qui compresse quatre fois plus le débit d’images, pourra permettre de diffuser davantage de chaînes.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 21h49 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h43 | Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 16h12 • Mis à jour le30.09.2015 à 10h05 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Signe de la globalisation croissante des grands groupes de médias, et de la priorité désormais accordée au numérique, l’allemand Axel Springer a annoncé, mardi 29 septembre, racheter le site américain Business Insider, un pure player spécialisé dans l’information économique.Déjà détenteur d’environ 9 % du site créé en 2007 sous le nom de Silicon Valley Insider, Axel Springer va dépenser 306 millions d’euros pour en prendre 88 % supplémentaires. Les 3 % restants du capital sont détenus par Bezos Expeditions, la société d’investissement du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.Outre les Etats-Unis, Business Insider décline son site dans sept autres pays. Une version allemande doit être lancée fin 2015, tout comme une version française début 2016, en partenariat avec le groupe Prisma. L’entreprise compte 325 employés, dont la moitié de journalistes, et revendique 76 millions de visiteurs uniques par mois.Le « style Business Insider » mêle un ton sans complexe, des commentaires bruts et pratique l’agrégation massive de contenus Web. « Les scoops ne sont pas la panacée : il faut deux jours d’enquête pour en sortir un, ça ne vaut pas le coup. Si quelqu’un a un scoop, nous le reprenons sur notre site quatre minutes plus tard », s’est ainsi enorgueilli le fondateur Kevin Ryan, un entrepreneur américain, dans un article du New Yorker en 2013. Des propos en partie provocateurs, car le site est aussi réputé pour ses informations exclusives.Le site se félicite de faire une audience comparable à celle du Wall Street Journal avec beaucoup moins d’employés. Outre ses informations, il le doit en bonne partie à son ton léger, voire provocateur et attrape-clics – qui rappelle le style tabloïd du site Gawker.Sur sa page d’accueil, on peut lire des titres comme : « Quinze citations de Steve Jobs qui donnent de l’inspiration », « Les dix armes les plus terrifiantes de l’armée russe », « Voici ce que ça fait de devenir super-riche d’un coup », « Voilà pourquoi ceux qui pensent que les bloqueurs de publicité sont des extorqueurs se trompent ». Ce dernier billet a pour illustration une photo du Parrain, typique du style d’illustration Web et pop culture du site, qui peut citer un dessin animé ou le film The Big Lebowski. Dirigé par un ancien analyste financierLe site cible notamment les gens qui travaillent dans la finance. Il a pour PDG et rédacteur en chef une personnalité hors norme et controversée de la Silicon Valley : Henri Blodget.Celui-ci a été dans une première vie connu comme analyste financier dans le secteur technologique. Après être devenu une star pour avoir entre autres prévu la forte hausse de la jeune boutique en ligne Amazon, il a, à la fin des années 1990, rejoint la banque d’affaires Merrill Lynch.Il est alors devenu tristement célèbre pour avoir été banni des marchés en raison d’une infraction à l’éthique des analystes : sur certaines actions en Bourse, il avait fait des recommandations publiques qui étaient opposées à celles qu’il partageait en interne par e-mail à Merrill Lynch. Henry Blodget ainsi que la directrice générale, Julie Hansen, vont rester en place, selon Springer.« Cette transaction étend l’audience mondiale d’Axel Springer sur Internet à environ 200 millions de lecteurs », affirme le groupe allemand dans un communiqué. Cela en fera le sixième groupe de presse dans le monde en termes d’audience numérique. Le rachat de Business Insider doit toutefois encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence.Cette acquisition permet au groupe, conformément à sa stratégie depuis quelques années, de continuer à se développer dans le numérique, mais aussi dans les contenus en langue anglaise. Il y a deux mois, le groupe allemand avait échoué à racheter le Financial Times, finalement acquis par le groupe japonais Nikkei.« Le ton créé par Henry Blodget et son mode de traitement de l’information parlent aux décideurs de demain, estime Mathias Döpfner, le président d’Axel Springer. La combinaison de nos forces respectives est à même de créer de la croissance et d’élargir l’offre de Business Insider à de nouvelles thématiques et de nouveaux territoires. » Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Créer une structure unique pour l’audiovisuel public, France Médias, en 2020. C’est la proposition choc que font les sénateurs André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans un rapport qui prône « un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public », présenté mardi 29 septembre, et auquel Le Monde a pu accéder.Ce rapport constitue une contribution au débat qui agite le secteur. À court terme, la question est celle du financement de sociétés dont la situation financière est fragile (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’Institut national de l’audiovisuel…), alors que l’examen de la loi de finances 2016 doit s’engager au Parlement. Au-delà, il s’agit de trouver les moyens de sortir ces entreprises d’une situation permanente d’incertitude quant à leurs ressources et de les aider à s’autonomiser.Les sénateurs de la mission de contrôle commune à la commission des finances et à la commission de la culture rappellent d’abord quelques constats. Les ressources propres de ces entreprises stagnent, alors que la part de la contribution à l’audiovisuel public (la redevance, qui représente 3,7 milliards d’euros en 2015) dans leur budget augmente. Cela va à l’encontre de l’orientation politique générale qui les encourage à générer des recettes (publicité, diversification, etc.).A effectifs constants, les charges de personnel des sociétés d’audiovisuel public augmentent mécaniquement, et France Télévisions comme Radio France affichent, en 2015, un résultat négatif.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continu« Contribution universelle » et « publicité raisonnable »Les sénateurs proposent de stabiliser les ressources en augmentant la redevance de deux euros (hors inflation) pendant deux ans, contre des engagements de réduction des dépenses. Cela permettrait d’éviter « le recours à l’endettement des sociétés ». Ils proposent qu’une partie de cette collecte soit affectée à une réserve de 150 millions d’euros destinée à répondre aux aléas et à « inciter aux mutualisations » entre sociétés de l’audiovisuel public.On peut penser, par exemple, au projet de chaîne d’information en continu de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui planche sur le sujet en dialogue avec Radio France.Après 2017, les sénateurs proposent de remplacer la redevance par une « contribution forfaitaire universelle sur le modèle allemand ». Cela signifie que presque tous les foyers seraient concernés, alors qu’il n’y a aujourd’hui que 27 millions de Français redevables. Cette contribution tiendrait également compte des nouveaux usages (smartphones, tablettes, etc.)Autre innovation, la définition d’une sphère de « publicité raisonnable », « compatible avec les valeurs du service public », qui permette de « rétablir la possibilité de diffuser de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions » tout en « interdisant la publicité dans les plages horaires consacrées aux programmes destinés à la jeunesse ». Une proposition qui contraste avec l’arbitrage récemment exprimé par Fleur Pellerin de maintenir l’absence de publicité en soirée sur les écrans publics.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteRemise en cause des engagements envers la productionLe retour de la publicité n’est pas le seul changement culturel que proposent les sénateurs. Ceux-ci entendent également rompre avec les équilibres actuels en « supprimant l’obligation faite à France Télévisions de garantir la diversité de la production, en particulier dans la fiction, qui favorise la dispersion de ses investissements et l’émiettement du secteur de la production ». Il s’agit d’une remise en cause du cahier des charges de l’entreprise publique, qui doit aujourd’hui consacrer 95 % de ses dépenses de création audiovisuelle à des sociétés de production externes.La part de production interne serait donc renforcée. Ce serait une rupture majeure pour le secteur de la production, dans lequel France Télévisions investit quelque 400 millions d’euros par an actuellement.Enfin, en 2020, le rapport préconise la création d’une structure de tête rassemblant les entreprises de l’audiovisuel public, France Médias, « pour favoriser les mutualisations, la polyvalence des personnels, le développement d’une marque commune et les investissements dans le numérique. » Son dirigeant serait nommé par un conseil d’administration où ne siégeraient pas les ministères de tutelle mais uniquement l’Agence des participations de l’Etat (APE). Cet organe serait aussi chargé de répartir le produit de la contribution universelle entre les différentes sociétés.« Un groupe unique de l’audiovisuel public bénéficiera de plus de marges de manœuvre financières et détiendra un meilleur pouvoir de négociation pour investir dans l’information, la création et le numérique », argumentent les sénateurs, qui visent notamment la « mutualisation des investissements des sociétés de l’audiovisuel public en vue du développement d’une plateforme numérique unique ». Un vœu qui fait écho à la volonté de rapprochement plusieurs fois exprimée par l’exécutif, mais qui va aussi beaucoup plus loin.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, parmi lesquels 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Sous le choc, environ 150 salariés du groupe se sont réunis en AG pendant deux heures dans l’après-midi. Les syndicats vont poursuivre les négociations avec la direction, espérant rencontrer la ministre de la culture, Fleur Pellerin, jeudi.Salle comble à @l'express pour AG des salariés au sujet du plan social programmé mais non encore formellement annoncé http://t.co/ppmNaGSktl— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);A l’issue de ce plan social, il resterait notamment 75 journalistes rédacteurs dans les rédactions de l’hebdomadaire version papier, de son site et de son supplément Styles contre 111 précédemment.« On a besoin de quelques millions de la part d’un milliardaire. Patrick Drahi a la responsabilité de ne pas nous laisser tomber », a lancé Jacques Trentesaux (CFDT). « Le journal a des archaïsmes et des scléroses », a répondu le rédacteur en chef Christophe Barbier devant l’AG, qui l’a fraîchement accueilli..@C_Barbier reste solidaire de la direction de @lexpress tout en se posant garant d'un PSE "plus malin, moins douloureux"— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);Une organisation « tout à fait inadaptée » pour la directionDans son courrier aux salariés, dont l’AFP a obtenu copie, la direction a assuré vouloir « pérenniser et développer sur le long terme » le groupe L’Express mais avoir trouvé une situation financière « bien plus dégradée » que prévu.Elle fait état d’un déficit cumulé sur 2006-2014 de plus de 86 millions d’euros et d’une perte attendue de 4 millions cette année, qui atteindra 10 millions avec le coût de la clause de cession. Elle pointe aussi du doigt une organisation inchangée en dix ans et « tout à fait inadaptée ».Face à cette situation, « nous avons décidé d’agir rapidement » car « sans décisions de saine gestion – parfois douloureuses – il nous sera impossible de construire ensemble un projet économiquement viable », plaide-t-elle.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny Peut-être qu’un jour Vincent Bolloré, le patron de Canal+, expliquera les raisons qui l’ont poussé à censurer l’enquête du magazine « Spécial Investigation » démontrant un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisés par des dirigeants du Crédit Mutuel. Pour le moment, le seul soupçon qui plane pour expliquer cette censure est que cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée.Après avoir visionné le documentaire avant sa diffusion le 7 octobre à 23 h 20 sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction », il apparaît que cette enquête très fouillée et documentée n’aurait sans doute pas déclenché un scandale si elle avait été diffusée, comme prévu, sur Canal+.Néanmoins, le travail réalisé par Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci, les deux auteurs de l’enquête, est conséquent. Ils expliquent par le détail comment la banque Pasche, filiale du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne auquel ils ont accès, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent n’ayant aucun rapport avec son train de vie. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Entretiens sauvagesAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les deux journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré. Apostrophé fin avril dans la rue à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ces méthodes – plutôt brutales – d’interview.C’est quelques jours après cet incident, que les auteurs et la production apprennent que leur enquête prévue en diffusion le 18 mai, sera sans doute déprogrammée de Canal+. La rumeur est confirmée vers la mi-mai. L’enquête est censurée sans explications. Alain Fradin a-t-il contacté Vincent Bolloré pour lui faire part de sa colère sur les méthodes employées par les journalistes et sur cette enquête gênante ? Vincent Bolloré a t-il pris le temps de visionner le documentaire ou a-t-il devancé la demande des dirigeants du Crédit mutuel ? Les questions restent – pour l’instant – sans réponses.Remontée et légèrement rallongée, l’enquête qui a été rachetée par France 3, n’est toutefois pas encore à l’abri d’une non-diffusion. En effet, Canal+ qui a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du « Grand Journal » viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production et demander un référé à la justice avant sa diffusion sur France 3.Mais, pour le moment, la chaîne affirme n’avoir reçu aucune demande de Canal+. Le jour de sa diffusion, Médiapart, partenaire de cette enquête, devrait apporter d’autres documents sur cette affaire.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »@psennypsenny@lemonde.frDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le27.09.2015 à 16h24 | Thomas Wieder et Ariane Chemin « Zemmour président ! » C’est la couverture de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, jeudi 24 septembre. Un slogan qui claque comme une affiche électorale, le scénario imaginaire d’un livre écrit par un journaliste maison, Geoffroy Lejeune (Une élection ordinaire, Ring) qui installe au terme d’une campagne semée d’embûches l’auteur du Suicide français (Albin Michel, 2014) à l’Elysée, en 2017.Une fiction, bien sûr ; un pitch dont Eric Zemmour n’a pas eu l’initiative – il en a reçu les épreuves, mais n’a pas eu son mot à dire. « Je ne suis ni élu ni éligible », confiait Zemmour devant Robert Ménard, qui l’avait reçu en octobre 2014 à Béziers pour son futur best-seller. Il avait aussi lâché cette phrase qui sonnait comme une prophétie : « Les hommes politiques ont peu d’importance, et plus on avance et moins ils en auront. »Quelques mois plus tôt, le journaliste avait refusé une place éligible sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) aux européennes. Le 16 septembre, on lui a demandé sur France 5 s’il se verrait ministre de la culture de Marine Le Pen, fauteuil dans lequel l’avait assis un jour la présidente du FN, il a encore répondu (en précisant que l’étiquette frontiste n’est pas l’obstacle) : ministre, « je [n’y] tiens pas spécialement ». D’après un sondage commandé par l’hebdomadaire à l’IFOP, 12 % des Français seraient « prêts à voter » pour Zemmour à la présidentielle. Susciter la demande pour imposer l’offre, comme disent les spécialistes de l’opinion : voilà... Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Il était l’éditeur français le plus engagé dans le combat contre la position dominante de Google en Europe. Mercredi 7 octobre, à la surprise générale, Lagardère Active (Europe 1, Elle, Paris Match, Le Journal du dimanche, Doctissimo ou encore le producteur Lagardère Entertainment) a annoncé la signature d’un « partenariat stratégique de long terme » avec le géant du Web américain.Selon un communiqué, ce partenariat « comprend le développement sur YouTube des chaînes et vidéos de marques existantes et de contenus originaux, la commercialisation d’inventaires numériques, le développement et la promotion des applications des titres, stations et chaînes du groupe, et le co-sponsoring et co-marketing d’opérations spéciales ». C’est-à-dire que toutes les activités de Lagardère Active sont concernées.A court terme, selon une source interne, l’objet du partenariat est de réaliser « des choses très concrètes », comme de nouvelles chaînes YouTube ou des applications sous Android. A moyen terme, il s’agit d’identifier de nouveaux développements que les deux groupes pourraient mener de concert, sous l’œil d’un comité de suivi où siégeront notamment Denis Olivennes, le président de Lagardère Active, et Carlo d’Asaro Biondo, responsable des relations stratégiques chez Google pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique – et ancien de Lagardère. Google allouera un budget spécifique aux projets élaborés avec Lagardère.Plainte à BruxellesCette annonce surprend, compte tenu des relations jusqu’ici tendues entre les deux groupes. Avec d’autres éditeurs européens, comme Axel Springer ou CCM Benchmark, Lagardère Active a été à l’origine de la création de l’Open Internet Project (OIP), en 2014. Ce lobby a attaqué à Bruxelles la position dominante de Google dans les résultats de recherche en ligne.Lagardère a été très engagé dans l’OIP : son directeur de la communication, Thierry Orsoni, est devenu secrétaire général du regroupement. De son côté, Denis Olivennes a plusieurs fois pris la parole et échangé avec des journalistes pour dénoncer la position dominante de Google. Lagardère Active déplorait notamment les dégâts subis par son comparateur de prix, Leguide.com, en raison de la concurrence des services maison de Google, qui seraient promus par le moteur de recherche américain.Lire aussi :La fronde européenne anti-Google se durcitSituation schizophréniqueDu côté de l’OIP, l’annonce de Lagardère Active a beaucoup surpris. Pour les observateurs de la lutte entre Google et certains éditeurs européens, le deal passé avec Lagardère peut ressembler à un plat de lentilles. « C’est la France qui abandonne son futur », a déploré sur Twitter Tariq Krim, entrepreneur du Web français.Parallèlement, une autre annonce récente vient affaiblir potentiellement le front des « anti-Google » en Europe : le rachat de CCM Benchmark par le groupe Figaro. Cet acteur indépendant de l’Internet français était lui aussi un membre très actif de l’OIP, présidé par son cofondateur Benoît Sillard. Or, l’éditeur de Comment ça marche ou de L’Internaute rejoint un groupe beaucoup moins hostile à Google. Le Figaro a fait partie – comme Le Monde – des 23 projets financés par le « fonds Google-AIPG pour l’innovation numérique ». Il avait reçu 1,8 million d’euros pour cofinancer un renforcement de son offre vidéo.Le Figaro, comme Le Monde, était néanmoins membre du Geste, le groupement des éditeurs de service en ligne, dont le conseil d’administration avait décidé d’adhérer à l’OIP. « C’est une situation schizophrénique, reconnaît M. Sillard. L’ambiguïté vient du fait que nous sommes dans un écosystème où tous les acteurs doivent travailler avec Google et que, dans le même temps, nous devons nous défendre contre ses abus de position dominante. »Un discours similaire à celui tenu aujourd’hui chez Lagardère Active, qui rappelle qu’il entretenait déjà des relations avec Google. « La stratégie de Lagardère Active est de nouer avec les plus grands acteurs du numérique, tels que Google, des partenariats permettant de conjuguer des savoir-faire et des forces complémentaires », justifie Denis Olivennes.Une initiative envers les éditeurs européensCe partenariat apparaît comme un joli coup pour Google, qui est en pleine reconstruction de sa relation avec les médias. En France, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) doit cesser son activité en 2016, après avoir distribué environ 60 millions d’euros à des projets d’éditeurs français en trois ans. A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Google s’apprête à lancer un nouveau fonds, Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Lire aussi :Presse : le fonds Google n’est plus une exception françaiseEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media), qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus. En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds, mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.Lire aussi :Enquête antitrust : Google répond aux accusations de l’Union européenneAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Et de trois… Après Facebook et Apple, Google a annoncé, mercredi 7 octobre, une initiative pour accélérer le web mobile : il lance « Accelerated mobile pages », un format que tout éditeur pourra utiliser pour publier des pages qui seront lisibles beaucoup plus rapidement quand on les consulte depuis un téléphone ou une tablette. C’est une réponse à la lenteur de chargement des contenus sur support mobile, dénoncée quasi unanimement par nos partenaires, a expliqué Google à la presse, mercredi. Un sujet déjà mis en avant par Facebook et Apple quand ils ont lancé leurs initiatives Instant Articles et News.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseLire aussi :Avec « News », Apple veut attirer les médiasConcrètement, le format Amp allège le poids d’une page en simplifiant les éléments techniques, a expliqué Google. Et il utilise le « cache » de Google : le moteur de recherche stockera sur ses serveurs les pages au format Amp comme il stocke déjà les pages en format classique. Mais quand un internaute utilisant un smartphone ou une tablette cliquera sur le lien d’un contenu disponible au format Amp, le fichier « caché » par Google s’affichera, très rapidement. Une démo est disponible, via mobile, à l’adresse G. co/ampdemo.Soutien des réseaux Twitter, Pinterest et LinkedinPour l’heure, Google a publié les spécificités de son format, ce qui doit permettre à tout éditeur qui le souhaite de commencer à publier des pages « Amp ». Et aux robots de Google de commencer à les indexer et à les stocker en cache. Puis, « en 2016 », Google commencera à intégrer les pages « Amp » dans les résultats de son moteur de recherche.Point important : le géant du Web et la publicité dispose de partenariats avec d’autres plateformes puissantes comme les réseaux sociaux Twitter, Pinterest et Linkedin. Sur ces derniers, les liens renverront vers les formats « Amp » des pages, quand ils seront disponibles. Par ailleurs, l’éditeur de blogs Wordpress proposera un « plugin » pour permettre une publication « Amp ».Google précise que n’importe qui peut utiliser son nouveau forma, t mais se félicite d’avoir d’ores et déjà trente éditeurs de presse partenaires, dont le français Les Echos, l’anglais The Guardian, les américains The New York Times, Buzzfeed ou The Washington Post, l’espagnol El Pais… Une énumération qui rappelle les titres mis en avant par Apple et Facebook lors de leurs lancements de solutions mobiles.« Les médias traditionnels doivent atteindre leurs lecteurs hors de leurs propres sites web et aller les chercher où ils se trouvent », a expliqué Mario Calabresi, un responsable du quotidien italien La Stampa, invité par Google, tout rappelant son attachement aux valeurs de « qualité et de confiance ».Google se pose en défenseur du « Web ouvert »En quoi la solution de Google est-elle différente de celles de Facebook et Apple ? « Nous avons une approche ouverte du Web et même open source », a expliqué, mercredi, un responsable de l’équipe « produits » de Google, Danny Bernstein, en référence aux logiciels libres dont le code est public. Pour Google, ce discours est une façon, dans sa communication, de tenter de se démarquer de Facebook et Apple, accusés en creux de proposer des solutions propriétaires, et d’être des tenants d’un web « fermé ».L’annonce de Google apparaît donc comme une réponse aux initiatives prises par ses concurrents. Ces nouveaux services ont en commun de proposer aux grands médias de publier des articles et des vidéos directement sur ces plates-formes en échange de l’espoir de toucher un nouveau lectorat plus jeune, voire des revenus publicitaires. Ils proposent un format attractif, adapté au mobile, qui se charge plus rapidement que les articles hébergés sur les sites mobiles des médias.La publicité, point sensibleGoogle, comme ses rivaux, est bien conscient que les éditeurs de contenus ont peur que publier sur une autre plateforme que leur propre site ou application leur fasse perdre une partie de leur pouvoir dans la chaîne de valeur. Et une part de contrôle sur la publicité et sur les données concernant les lecteurs. Il a donc décidé de ne prendre aucun pourcentage de la publicité qui sera montrée sur les pages « Amp ». Google assure aussi que tous les systèmes de gestion de publicité seront convertibles, même si l’on peut se demander si tous les types de bannières seront utilisables dans Amp, qui est un format allégé.Par ailleurs Google promet que ces pages « seront comme votre site », et que les clics seront comptabilisés dans l’audience des éditeurs, à la faveur de discussions en cours avec les prestataires comme Chartbeat ou Parse.ly.Chez Apple et Facebook, les éditeurs peuvent conserver leurs revenus publicitaires, s’ils ont eux-mêmes commercialisé leur contenu. Par contre, si l’annonceur a été trouvé par Apple ou Facebook, la plate-forme conserve 30 % des revenus. En matière de données, Facebook autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs. Apple propose aussi aux éditeurs de suivre les statistiques de leurs articles hébergés par News.« Devenir un standard »« Google offre toutes les possibilités de monétisation des articles publiés sur Amp : les publicités mais aussi les paywalls » donc le paiement à l’acte ou l’abonnement, s’est félicité Frédéric Filloux, ex-responsable numérique des Echos, lors de la conférence organisée par Google. Une spécificité également mise en avant par Naomi Ramirez, responsable numérique d’El Pais. « Amp a le potentiel de devenir un standard », pense-t-elle.C’est aussi l’espoir de Google, dans la bataille qu’il livre contre Facebook et Apple, particulièrement dans le mobile, dont les audiences deviennent primordiales. Pour attirer les éditeurs de sites, les trois plateformes rivalisent en proposant des solutions aux conditions assez avantageuses. Leur concurrence est un des antidotes contre la dépendance que peut créer, pour les médias, le fait de publier sur ces grandes plateformes. Qui pourront toujours, éventuellement, faire évoluer plus tard les conditions qu’ils proposent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Simon Auffret Laurent Ruquier préfère parler de « faux procès ». Le présentateur de l’émission On n’est pas couché – diffusée sur France 2 en seconde partie de soirée chaque samedi – fait face à de nombreuses critiques depuis la rentrée. Dans l’émission qu’il anime, produite par Catherine Barma, fondatrice de la société de production Tout sur l’écran, l’animateur favoriserait-il les thèmes identitaires ? Depuis le début du mois de septembre, l’intellectuel Alain Finkielkraut, ou le rédacteur en chef du magazine Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, sont ainsi intervenus dans le talk-show.C’est également dans l’émission phare de France 2, le samedi 26 septembre, que Nadine Morano a fait sa sortie sur la France, un pays de « race blanche ». Et on ne compte plus les « clash » et les petites phrases prononcées durant cette émission, parfois accusée d’« hystériser le débat politique français ». Qu’en est-il ?Bonnes audiences et polémiquesLancée à la rentrée 2006 à la suite de l’émission de Thierry Ardisson Tout le monde en parle, On n’est pas couché est d’abord un concept à succès pour France 2. Régulièrement mesurée au-dessus d’un million de téléspectateurs par Médiamétrie – environ 20 % des parts de marchés – la dixième saison du talk-show fait recette.C’est que la tranche horaire – l’une des plus longues du PAF, environ trois heures – couvre une actualité large : comédiens, réalisateurs, humoristes s’assoient régulièrement autour du plateau d’« ONPC ». Laurent Ruquier a lui décidé de mener son émission comme un talk-show à l’américaine, en favorisant le débat entre ses invités et les chroniqueurs réguliers membre de son équipe.Eric Zemmour et Michel Polac ont constitué le premier duo de chroniqueurs, en 2006. L’essayiste de droite – accompagné dès l’année suivante de l’éditeur et critique littéraire Eric Naulleau – est resté cinq ans face aux invités d’On n’est pas couché. Responsables du débat et de la critique du discours des personnalités invités de l’émission, les deux chroniqueurs occupent une place centrale dans le dispositif mis en place par Laurent Ruquier et Catherine Barma, jusqu’à leur remplacement en 2011, notamment du fait des discours souvent sulfureux d’Eric Zemmour – au sujet duquel Laurent Ruquier avouera plus tard « regretter [de lui] avoir donné la parole, toutes les semaines pendant cinq ans ».Bernard Tapie en 2006, Jacques Attali en 2008, Christophe Hondelatte en 2011… Nombreux sont les interviewés à avoir quitté le plateau, excédés par les critiques ou par la teneur du débat imprimée par les deux chroniqueurs. C’est face au duo Natacha Polony et Audrey Pulvar que Christophe Hondelatte, venu présenter son album Ou pas, a préféré s’en aller. Les deux journalistes avaient pris le relais de la première équipe de chroniqueurs moins d’un mois auparavant.Les années passent, les chroniqueurs se succèdent, mais le dispositif reste identique. C’est désormais l’écrivain Yann Moix et la journaliste Léa Salamé qui épaulent Laurent Ruquier depuis la rentrée 2015. La productrice Catherine Barma se défend cependant de tout « rôle » attribué : « Les chroniqueurs sont des gens qui ont du caractère et non pas des idéologues. »La culture avant la politiqueDepuis la rentrée 2012, quelques 574 personnalités se sont succédé dans On n’est pas couché. Parmi eux, les représentants de la sphère culturelle (réalisateurs, comédiens ou musiciens) sont bien plus nombreux que les invités politiques. #container_14440587731{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14440587731{ height:500px; } #container_14440587731 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14440587731 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14440587731 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14440587731 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Type d'invités les plus fréquents à "On n'est pas couchés" depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}L’humoriste et acteur Guy Bedos a lui aussi fait polémique, le 12 septembre, en insultant la députée européenne Nadine Morano, avec laquelle la controverse s’est déplacée sur le terrain judiciaire pour des faits similaires.A la vue de la liste des invités, On n’est pas couché apparaît d’abord comme une émission « classique » de promotion, avant d’être le lieu de débats qui ont fait du talk-show de France 2 un créneau à part dans le paysage audiovisuel français.Une diversité d’invités politiquesSi l’émission reçoit en priorité des acteurs, elle n’exclut pas les politiques, même si tous ne veulent pas s’y rendre. Nicolas Sarkozy, contacté par Metronews suite à la sortie de Nadine Morano, estimait « que ce type d’émission n’est pas adapté dans un moment où la parole politique souffre d’un manque de confiance de la part des Français ». Comme l’ancien président de la République, Alain Juppé et François Fillon ne se sont jamais assis dans le fauteuil d’On n’est pas couché.Tout comme ces cadres du parti Les Républicains, les membres du Front national refusent catégoriquement de figurer à l’ordre du jour de l’émission de Laurent Ruquier. Depuis le passage de Marine Le Pen, lors des élections présidentielles de 2012, l’animateur a décidé de ne plus inviter de membre du FN, ce qui semble convenir au parti d’extrême droite. Pour le reste, l’équilibre de l’échiquier politique est respecté dans la liste des personnalités politiques invitées. Membres du gouvernement (Manuel Valls, Christiane Taubira, Marisol Touraine), personnalités de droite (Jean-François Copé, François Barouin, Eric Ciotti) ou de gauche non socialiste (Emmanuelle Cosse, Daniel Cohn-Bendit) se succèdent chaque samedi soir sur France 2.C’est le président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui décroche la place de l’invité le plus régulier. Celui qui dit « aimer l’émission » a passé 7 soirées en compagnie de Laurent Ruquier et de ses chroniqueurs, dont 5 interventions depuis 2012. #container_14441191191{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14441191191{ height:500px; } #container_14441191191 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14441191191 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14441191191 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14441191191 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }On n'est pas couché : les invités réguliersComptage réalisé depuis septembre 2012(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14441191191", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Jean-Luc Mélenchon","Michel Onfray","Philippe Geluck","Bruno Solo","Cali","Caroline Fourest","Cristiana Reali","Edwy Plenel","Fabrice Éboué","François Bayrou","Isabelle Mergault","Jean-Luc Moreau","Jean-Pierre Coffe","Laurent Baffie","Marc Lavoine","Patrick Pelloux","Patrick Sébastien","Ségolène Royal","Alain Finkielkraut"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de passage", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 5 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le philosophe Michel Onfray et le dessinateur Philippe Geluck arrivent ensuite, avec quatre interventions chacun. Dans la liste, plusieurs intellectuels – Alain Finkielkraut, Michel Onfray ou Caroline Fourest –, dont les discours abordent régulièrement le domaine des « thématiques identitaires » reprochées à l’émission de Laurent Ruquier.Interrogé dans Libération, l’animateur s’est défendu, le 4 octobre, de toute orientation conservatrice : « L’émission est jalousée parce qu’elle marche. C’est là que le débat a lieu. Et on apporte la contradiction aux intervenants, que ce soit de ma part, de celle de Yann Moix ou de Léa Salamé. » Après Nadine Morano et Alain Finkielkraut, l’invité principal d’On n’est pas couché, le 10 octobre, est le président socialiste de l’assemblée nationale – et candidat aux élections régionales en Ile-de-France – Claude Bartolone.Retrouvez dans ce tableau l’intégralité des invités depuis 2012Simon AuffretJournaliste au Monde Daniel Psenny Documentaire, à 23 h 20, sur France 3 L’enquête sur le Crédit mutuel, dont la diffusion sur Canal+ a été censurée par Vincent Bolloré, est diffusé par France 3.Si, au dernier moment, Canal+ ne se lance pas dans des chicanes juridiques sous forme de référé, le documentaire Evasion fiscale, une affaire française, censuré en mai par la chaîne cryptée, sera diffusé mercredi 7 octobre sur France 3 dans le cadre du magazine «  Pièces à conviction  », sous le titre Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel.Cette enquête fouillée et documentée réalisée par les journalistes Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci démonte un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisé par des dirigeants du Crédit mutuel. Cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée, ce qui expliquerait la volonté de l’industriel de ne pas gêner ce précieux allié.Lundi 5 octobre, Mediapart expliquait que la direction de Canal+ a revendiqué sans ambiguïté mi-septembre, devant des représentants du personnel, la censure du documentaire afin de «  défendre les intérêts du groupe  ». «  On ne tue pas ses amis », aurait déclaré Vincent Bolloré.Il est vrai que le travail réalisé par les auteurs de l’enquête est considérable. Remonté et légèrement rallongé par rapport à sa version initiale, le documentaire explique par le détail comment la banque Pasche, filiale à 100 % du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent alors qu’il est officiellement chômeur. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Pseudonyme : Albert CamusAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré de censurer le documentaire. Apostrophé fin avril à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ses méthodes – plutôt brutales – d’interview.Pour sa défense, la direction du Crédit Mutuel a indiqué en septembre à l’AFP qu’elle a porté plainte pour « dénonciation calomnieuse » auprès du parquet monégasque et «  qu’à ce jour, et bien que des enquêtes aient été diligentées à Monaco par les autorités judiciaires et financières, la banque ne fait l’objet d’aucune poursuite  ».Evasion fiscale, enquête sur le Crédit mutuel, de Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci (Fr., 2015, 70 min). France 3, mercredi 7 octobre, à 23 h 20Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 21h11 • Mis à jour le06.10.2015 à 09h29 | Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouvelle initiative dans un secteur des médias en pleine reconfiguration. Les hommes d’affaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton s’apprêtent à créer un fonds d’investissement destiné à racheter des médias, selon une information du Figaro, publiée lundi 5 octobre. Une information ni confirmée ni infirmée par les intéressés.Les trois hommes sont déjà présents dans l’univers des médias. Xavier Niel et Matthieu Pigasse sont coactionnaires, à titre personnel, des groupes Le Monde et L’Obs, aux côtés de Pierre Bergé. De son côté, Pierre-Antoine Capton est le fondateur de la société Troisième œil productions, qui réalise notamment l’émission « C à vous », sur France 5.Selon Le Figaro, le fonds créé par les trois hommes sera un « SPAC » (Special purpose acquisition company), c’est-à-dire un véhicule dont l’unique objet est de procéder à des acquisitions dans un secteur précis. Un SPAC doit investir 75 % des montants levés dans une première cible, puis procéder à d’autres acquisitions. Avant chaque nouvelle opération, les investisseurs ont la possibilité de sortir ou de poursuivre l’aventure.Baptisé « Media One », ce fonds lèvera des capitaux en Bourse et ambitionnera, selon le quotidien, de réunir de 300 et 500 millions d’euros, grâce à l’apport d’investisseurs professionnels et de MM. Niel, Pigasse et Capton eux-mêmes. Ce dernier serait le dirigeant opérationnel de Media One.Tourbillon de rachatsCette initiative s’inscrit dans un tourbillon de rachats de médias en France, souvent à bas prix, et qui attire de nouveaux acquéreurs. A l’image de Patrick Drahi (Numericable-SFR) qui a acquis Libération et le groupe L’Express, ainsi que la moitié de NextRadioTV (BFM-TV, RMC…), avec de grandes ambitions à l’international, ou encore de Vincent Bolloré, qui a pris le contrôle de Vivendi et du groupe Canal+, sans oublier des « pure players » comme Webedia et des acteurs historiques comme Le Figaro qui va racheter pour un montant estimé de 110 à 130 millions d’euros le poids lourd d’Internet CCM Benchmark.En 2010, MM. Niel et Pigasse, associés à Pierre Bergé dans la structure Le Monde Libre, avaient racheté le groupe Le Monde (Le Monde, Télérama, Courrier International…) En 2014, ils ont ajouté Le Nouvel Observateur à leur portefeuille. Enfin, la même année, ils avaient manifesté leur intérêt pour la chaîne d’information en continu LCI, propriété du groupe TF1.En créant ce fonds, Xavier Niel et Mathieu Pigasse montrent que leurs ambitions vont au-delà de ce qu’ils ont fait jusqu’ici. La force de frappe envisagée pour le fonds, possiblement augmentée par des achats à effet de levier, témoigne de leur volonté de jouer sur le même terrain que de grands acteurs comme le groupe allemand Axel Springer, qui vient d’annoncer le rachat de la majorité du site économique américain Business Insider pour 306 millions d’euros.Sixième producteur françaisDe son côté, le producteur Pierre-Antoine Capton dirige Troisième œil productions, qui se veut « premier des producteurs indépendants en France », dans un secteur en pleine concentration. L’homme a fait ses armes dans la TNT et sa myriade de nouvelles chaînes aux productions peu onéreuses, avant de placer des émissions sur les chaînes historiques. Créée en 2001, sa société se place aujourd’hui au sixième rang des producteurs de programmes de flux (hors fiction) établi par le magazine Ecran Total, avec 512 heures pour la saison 2014-2015. Il réalise environ 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon Le Figaro.Outre « C à vous » sur France 5 – un succès –, Troisième œil livre également à France 3 « Les Carnets de Julie », et à Paris Première le débat des polémistes Eric Zemmour et Eric Naulleau. M. Capton produit aussi « Ça balance à Paris » (Paris première), ou encore des émissions comme « Leur objectif : trouver l’amour » (NRJ 12) ou « Talent Street » (France O). M. Capton a plusieurs fois été la cible de critiques de Thierry Ardisson, qui estimait que « C à vous » était une « pauvre copie » de son émission dîner « 93, Faubourg Saint-Honoré ».Troisième œil s’est diversifiée dans le théâtre, les films d’entreprise ou les chaînes de vidéo sur YouTube, comme celle qu’il avait créée avec Karl Zéro en 2014.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 21h49 • Mis à jour le02.10.2015 à 10h43 | Alexandre Piquard En entendant le nom « CCM Benchmark », peu connu du grand public, on ne comprend pas forcément l’importance de son rachat pour le groupe Le Figaro, jeudi 1er octobre. L’intérêt de la prise pour le groupe de presse est beaucoup plus évident lorsqu’on lit les adresses des sites spécialisés à très forte audience de CCM Benchmark : Commentcamarche, Le Journal du Net, L’Internaute ou Copains d’avant. Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se félicite Marc Feuillée, directeur général du Figaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de « leader français des médias numériques ».Les chiffres d’audience sont éloquents : dans le Web hors-mobile, CCM Benchmark occupait la 6e place en France (avec 19 millions de visiteurs uniques en juin selon Mediametrie-Netratings). Le Figaro pointait à la 15e place (avec 12 millions de visiteurs uniques environ), comme les groupes Le Monde et M6.Dans le mobile, CCM Benchmark est actuellement classé 19e (avec 7,2 millions de visiteurs uniques), proche de groupes comme Le Monde, Yahoo! ou Wikimedia. Le Figaro était 10e (avec 8,2 millions).Importance de l’investissement, pour Le FigaroLe nouvel ensemble revendiquera près de 24 millions de visiteurs uniques dans le Web hors mobile, ce qui le placera à la 4e place en France, derrière le moteur de recherche américain Google (41 millions) et l’éditeur de logiciel Microsoft (35 millions), mais à portée du leader des réseaux sociaux Facebook (26 millions). Et devant l’opérateur télécoms historique français Orange (21 millions), ou des groupes comme le spécialiste du divertissement Webedia (19 millions), l’encyclopédie de Wikimedia (18 millions), le groupe de presse norvégien Schibsted éditeur de 20Minutes.fr et de Leboncoin.fr (17 millions) ou encore le distributeur en ligne Amazon (16 millions).Le prix de la transaction indique aussi l’importance de l’investissement, pour Le Figaro et le secteur des médias français : son montant précis n’est pas communiqué mais CCM Benchmark avait assuré, fin 2014, avoir refusé des offres entre 150 et 200 millions d’euros. Le prix est aujourd’hui estimé entre 110 et 130 millions d’euros, selon une source proche du dossier citée par Les Echos. Si les comparaisons ont leurs limites, le prix de l’ensemble des titres du groupe L’Express-Roularta avait été évalué entre 50 et 70 millions d’euros, tandis que la plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, « pépite » de l’Internet français, a été cédée à 80 % à Vivendi pour 217 millions d’euros.La totalité de l’argent a été amené par le groupe d’aviation de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, par l’intermédiaire la société Groupe Figaro, qui acquiert 95 % du capital de CCM Benchmark.A l’image de l’allemand Axel SpringerPour Le Figaro, racheter CCM Benchmark est d’abord un moyen de renforcer sa rentabilité : les activités d’information pratique et spécialisée et les sites thématiques ou de service sont financièrement plus attractifs que la presse d’information générale et d’actualité. Le groupe acquis, qui compte cent quatre-vingt-dix employés, affiche une marge opérationnelle de 25 % pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros.Or, Le Figaro était déjà bénéficiaire, ce qui n’est pas courant dans le secteur des médias : il revendique un résultat d’exploitation de 20 millions d’euros environ pour 500 millions de chiffres d’affaires, en 2014 et 2015. Le futur ensemble réalisera désormais 34 % de son chiffre d’affaires total dans le numérique, qui représentera 60 % de son bénéfice opérationnel.« C’est la preuve qu’on peut rééquilibrer nos activités en tant que groupe de presse, grâce au numérique », affirme Marc Feuillée.La stratégie du Figaro rappelle fortement celle d’un autre groupe de presse européen qui a fortement investi dans le numérique en se diversifiant dans les services : l’allemand Axel Springer. Celui-ci possède des titres de presse comme Die Welt ou Bild, mais aussi des quantités de sites thématiques et des plateformes comme Seloger.com, Aufeminin ou Marmiton.org. Il a racheté, mardi 29 septembre, le site Web américain d’économie Business Insider.Savoir-faire« Nous avons des marques de presse traditionnelle fortes et des diversifications pour aller chercher de la croissance », décrit M. Feuillée, qui reconnaît le parallèle avec Springer mais rappelle que Le Figaro suit cette voie depuis plusieurs années déjà. En effet, le groupe de presse de Serge Dassault a une histoire de rachat d’entreprises de services et de sites thématiques : il possède Cadremploi et des sites de petites annonces immobilières. Mais aussi de l’e-commerce avec la billetterie Ticketac ou La Chaîne météo, sans compter les annuaires comme Evene ou Le Conjugueur.C’est ce savoir-faire qui a convaincu les propriétaires de CCM Benchmark, groupe indépendant né en 2007 du mariage de Commentcamarche et Benchmark (Journal du Net). Jusqu’ici, malgré des offres, ils avaient préféré garder les 60 % du capital : désormais, Benoît Sillard et Jean-François Pillou vendent mais ce dernier intègre la direction du Figaro.Les titres de CCM Benchmark viennent renforcer le groupe Figaro dans des thématiques éditoriales qui sont autant de territoires publicitaires : l’actualité (avec lefigaro.fr et L’Internaute), le féminin (Madame Figaro et Le Journal des femmes), l’économie et la finance (Le Figaro Economie, Journal du Net, Droit-finances.net, Le Particulier), la santé (Santé-médecine.net et Le Figaro santé) et enfin le high-tech (CCM), énumère le groupe.Enfin, cet accord est le signe d’une tendance forte dans les médias : celle de la recherche d’une plus grande taille afin de s’adapter à la nouvelle donne de la publicité en ligne, dont la promesse est de toujours mieux cibler les consommateurs. Très technologique, le groupe CCM est spécialiste de la « qualification » de ses audiences. il possède des bases de données précieuses comme les 12 millions d’inscrits du site Copains d’avant. Autant d’informations que le groupe pourra croiser avec la masse de données des habitudes de ses lecteurs sur tous ses sites et thématiques. Un jeu de « data », de logiciels et de puissance.A lire aussi : Le groupe Internet français CCM Benchmark refuse de se vendreAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 10h46 • Mis à jour le01.10.2015 à 11h10 | Damien Leloup et Pauline Croquet « A priori, on va jusqu’à Noël, pas plus. » Le 15 septembre, le président-directeur-général de la chaîne de télévision Nolife, Sébastien Ruchet, a pris la parole en direct pour informer les téléspectateurs de la situation de la chaîne. Le message est bref : la chaîne, dont la devise est « Y a pas que la vraie vie dans la vie », spécialisée dans le jeu vidéo et la culture populaire japonaise, perd de l’argent. Et risque de ne pas y survivre – la trésorerie de cette PME atypique devrait lui permettre de tenir jusqu’aux fêtes de fin d’année, mais l’avenir est incertain.Lire aussi : Nolife, « cinq années de rollercoaster émotionnel »Nolife est un ovni dans le paysage télévisuel français. Présente sur le câble, le satellite et l’ADSL, la chaîne diffuse plus de 50 % de clips musicaux, français et japonais principalement, des dessins animés japonais, et produit une dizaine d’heures de contenus originaux chaque semaine sur des thématiques allant du jeu vidéo à la littérature japonaise. Résolument geek, la chaîne est animée par une quinzaine de salariés. Elle est la chaîne indépendante encore en activité la plus ancienne, avec plus de huit années de diffusion. « Même la cinquième [chaîne] de Berlusconi n’avait tenu que cinq ans », s’amuse aujourd’hui Sébastien Ruchet.Concurrence de la chaîne J-OneIntégralement réalisée par une équipe réduite, et avec un million de téléspectateurs par mois en moyenne, la chaîne a trouvé au fil des ans un relatif équilibre économique grâce à une audience de passionnés fidèles et des recettes publicitaires provenant essentiellement d’éditeurs de jeux vidéo et de mangas. Mais elle fait face au ralentissement du secteur publicitaire. « Il y a un double effet depuis la fin de l’année dernière : la montée en puissance de la TNT et la baisse globale des budgets publicitaires, qui ont plombé nos revenus plus lourdement que ce que nous avions anticipé. Or, nous sommes une chaîne indépendante : nous n’avons pas les ressources d’un groupe derrière nous pour traverser une passe difficile », explique M. Ruchet.Le début de l’année 2015 a été particulièrement difficile pour l’entreprise, qui continue de perdre de l’argent chaque mois, mais traîne surtout le passif du printemps. Ce n’est pas la première fois que Nolife traverse des difficultés – la chaîne avait déjà fait appel à ses téléspectateurs pour qu’ils s’abonnent à son service de streaming payant, Noco, afin d’équilibrer son budget. Mais cette fois, les pertes du premier trimestre sont trop importantes pour que l’aide des téléspectateurs permette, seule, de remonter la pente, estime M. Ruchet. Fonctionnant déjà avec des moyens très réduits, la chaîne ne peut pas couper davantage dans ses coûts, constitués pour l’essentiel des salaires des employés.L’option d’un passage à 100 % sur le Web sur la tableLa chaîne subit aussi la concurrence indirecte d’autres chaînes consacrées aux amateurs de culture japonaise. Ainsi, le groupe Viacom France, qui détient notamment MTV, a lancé il y a deux ans J-One, spécialisée dans les dessins animés japonais, et qui vise principalement les 15-25 ans. M. Ruchet estime toutefois que les programmes de cette nouvelle chaîne diffèrent vraiment de ceux de Nolife, dont l’audience est un peu plus âgée : « Nous faisons trois à cinq fois plus de contenus sur les jeux vidéo, et nous diffusons beaucoup plus de musique japonaise. »Menacée de dépôt de bilan, Nolife conserve cependant des atouts : une communauté fidèle et une plate-forme de streaming en haute définition entièrement conçue en interne. De quoi intéresser d’éventuels investisseurs ? En 2008, déjà menacée, la chaîne avait trouvé un soutien auprès de l’éditeur de jeux vidéo Ankama, qui lui avait permis de tenir jusqu’à son inclusion dans les bouquets de diffusion câble et satellite. M. Ruchet, qui dit voir des « signes positifs » de reprise du marché publicitaire pour début 2016, multiplie ces jours-ci les rendez-vous pour tenter de trouver une solution, sans aller jusqu’au rachat complet et à la perte d’indépendance du média. Un dilemme bien connu des radios libres ou des pures players d’information, des entreprises où les salariés participent à la fois à la production éditoriale des émissions mais aussi à la logistique d’entreprise, et comptent beaucoup sur un soutien financier et militant de leurs abonnés.Dernière option, suggérée notamment sur les forums de la chaîne par des téléspectateurs : un passage à 100 % sur le Web. Une piste qui ne changerait pas grand-chose à la situation de Nolife, estime M. Ruchet : « Les coûts de diffusion télé sont faibles, et cela couperait encore davantage nos ressources publicitaires. »Pauline CroquetJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.10.2015 à 10h33 | Sarah Belouezzane et Audrey Tonnelier Le cours d’Altice n’en finit plus de baisser. Après une journée difficile mardi 29 septembre où l’action de la maison mère de Numericable-SFR a perdu 9,4 % à la bourse d’Amsterdam, voila qu’elle a nouveau dégringolé de 7,5 % jeudi 1er octobre à l’ouverture de la bourse. La raison : une augmentation de capital de 10 % (1,8 milliards d’euros) visant à assurer, pour partie, le financement du rachat de l’opérateur new yorkais Cablevision. La holding du milliardaire Patrick Drahi avait annoncé, le 17 septembre dernier, l’acquisition du cablô-opérateur pour la somme de 17,7 milliards de dollars (15, 25 milliards d’euros).Certes, cette baisse de l’action est mécanique : le prix chute car le nombre de titres est plus important. Il n’empêche, selon les données compilées par Bloomberg, l’action d’Altice est en baisse de 40 % depuis la fin du mois d’août. Les investisseurs auraient-ils perdu confiance en les talents financiers de M. Drahi ?Un sentiment renforcé par le revers inédit essuyé récemment par l’homme d’affaires, nouveau tycoon des télécoms et des médias. Sa dernière émission obligataire réalisée dans l’objectif de financer une partie de l’acquisition du câblo-opérateur new-yorkais Cablevision, racheté 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros), n’a pas eu le succès escompté. M. Drahi qui s’attendait, selon les analystes de Goldman Sachs, à lever pour 6,3 milliards de dollars, n’a trouvé preneur « que » pour 4,8 milliards.Lire aussi :Patrick Drahi et Altice rachètent un deuxième câblo-opérateur aux Etats-UnisJusqu’à présent, la question du financement par la dette du groupe de télécommunications ne semblait pourtant pas être un problème pour les investisseurs. Le passif d’Altice, qui n’a cessé d’augmenter ces deux dernières années pour atteindre 42 milliards d’euros, était, selon eux, parfaitement gérable. Car dans un secteur à haute croissance comme le câble et le très haut débit fixe, ce n’est pas tant le montant de l’emprunt que le ratio dette sur marge brute d’exploitation qui compte. Or celui d’Altice est certes haut (autour de 5), mais il demeure dans les standards du marché. A titre de comparaison, celui de Liberty Global, le groupe de l’Américain John Malone, modèle de Patrick Drahi, tourne autour de 5,2. ?Glencore met le feu aux poudres« Les financements d’Altice sont garantis, sécurisés et de long terme », rassure un proche du dossier. De fait, le gros du remboursement de la dette n’intervient pas avant 2022 et les emprunts réalisés par le groupe sont à 85 % réalisés à taux fixes. Et donc peu sensibles à une variation de ces derniers.Pourquoi dès lors cette soudaine inquiétude des marchés ? Même si l’aventure américaine de M. Drahi n’est pas pertinente aux yeux de tous, la chute d’Altice tient beaucoup à une méfiance plus globale envers les groupes lestés de fortes dettes. Depuis un peu plus d’un mois, les marchés financiers sont particulièrement nerveux. Le ralentissement économique chinois, ses répercussions sur les pays émergents et les matières premières, sans oublier les tergiversations de la Fed (banque centrale américaine) sur une possible remontée de ses taux directeurs rendent les investisseurs fébriles. Conséquence : la volatilité (forts mouvements à la hausse ou à la baisse des actions) est de retour sur les marchés.Dans ce contexte, l’affaire Glencore a mis le feu aux poudres. Très endetté, le producteur de matières premières s’est effondré en Bourse lundi 28 septembre, provoquant une vague de défiance vis-à-vis des groupes au profil similaire.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce« Vu les conditions de marché actuelles, le secteur des obligations high yield [à fort rendement, car risquées] est soumis à une forte pression. Il ne s’agit pas d’un jugement négatif de Wall Street sur la stratégie de M. Drahi, mais certainement le reflet d’un marché sur lequel l’ensemble des entreprises ont un peu plus de peine à lever des fonds », estime Gregori Volokhine, président de Meeschaert aux Etats-Unis.« Cet attentisme de beaucoup d’investisseurs affecte toutes les entreprises. Certains attendent des jours meilleurs, d’autres réussissent à exploiter des petites fenêtres de marché, mais au prix de coupons [taux d’intérêts] plus élevés, ou d’une taille d’émission réduite. Il faudrait plusieurs jours de stabilité pour ramener un peu de sérénité », indique Félix Orsini, coresponsable des émissions de dette d’entreprise à la Société générale.Une chose est certaine : l’époque où il était possible de s’endetter à peu de frais semble sur le point de s’achever. Pas étonnant dans ce contexte que Dexter Goei, le numéro deux d’Altice, ait pris la peine de rassurer les marchés dans une interview à la presse anglo-saxonne : cette fois, c’est promis, la holding de M. Drahi va faire une pause dans ses acquisitions.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 16h12 • Mis à jour le30.09.2015 à 10h05 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Signe de la globalisation croissante des grands groupes de médias, et de la priorité désormais accordée au numérique, l’allemand Axel Springer a annoncé, mardi 29 septembre, racheter le site américain Business Insider, un pure player spécialisé dans l’information économique.Déjà détenteur d’environ 9 % du site créé en 2007 sous le nom de Silicon Valley Insider, Axel Springer va dépenser 306 millions d’euros pour en prendre 88 % supplémentaires. Les 3 % restants du capital sont détenus par Bezos Expeditions, la société d’investissement du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.Outre les Etats-Unis, Business Insider décline son site dans sept autres pays. Une version allemande doit être lancée fin 2015, tout comme une version française début 2016, en partenariat avec le groupe Prisma. L’entreprise compte 325 employés, dont la moitié de journalistes, et revendique 76 millions de visiteurs uniques par mois.Le « style Business Insider » mêle un ton sans complexe, des commentaires bruts et pratique l’agrégation massive de contenus Web. « Les scoops ne sont pas la panacée : il faut deux jours d’enquête pour en sortir un, ça ne vaut pas le coup. Si quelqu’un a un scoop, nous le reprenons sur notre site quatre minutes plus tard », s’est ainsi enorgueilli le fondateur Kevin Ryan, un entrepreneur américain, dans un article du New Yorker en 2013. Des propos en partie provocateurs, car le site est aussi réputé pour ses informations exclusives.Le site se félicite de faire une audience comparable à celle du Wall Street Journal avec beaucoup moins d’employés. Outre ses informations, il le doit en bonne partie à son ton léger, voire provocateur et attrape-clics – qui rappelle le style tabloïd du site Gawker.Sur sa page d’accueil, on peut lire des titres comme : « Quinze citations de Steve Jobs qui donnent de l’inspiration », « Les dix armes les plus terrifiantes de l’armée russe », « Voici ce que ça fait de devenir super-riche d’un coup », « Voilà pourquoi ceux qui pensent que les bloqueurs de publicité sont des extorqueurs se trompent ». Ce dernier billet a pour illustration une photo du Parrain, typique du style d’illustration Web et pop culture du site, qui peut citer un dessin animé ou le film The Big Lebowski. Dirigé par un ancien analyste financierLe site cible notamment les gens qui travaillent dans la finance. Il a pour PDG et rédacteur en chef une personnalité hors norme et controversée de la Silicon Valley : Henri Blodget.Celui-ci a été dans une première vie connu comme analyste financier dans le secteur technologique. Après être devenu une star pour avoir entre autres prévu la forte hausse de la jeune boutique en ligne Amazon, il a, à la fin des années 1990, rejoint la banque d’affaires Merrill Lynch.Il est alors devenu tristement célèbre pour avoir été banni des marchés en raison d’une infraction à l’éthique des analystes : sur certaines actions en Bourse, il avait fait des recommandations publiques qui étaient opposées à celles qu’il partageait en interne par e-mail à Merrill Lynch. Henry Blodget ainsi que la directrice générale, Julie Hansen, vont rester en place, selon Springer.« Cette transaction étend l’audience mondiale d’Axel Springer sur Internet à environ 200 millions de lecteurs », affirme le groupe allemand dans un communiqué. Cela en fera le sixième groupe de presse dans le monde en termes d’audience numérique. Le rachat de Business Insider doit toutefois encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence.Cette acquisition permet au groupe, conformément à sa stratégie depuis quelques années, de continuer à se développer dans le numérique, mais aussi dans les contenus en langue anglaise. Il y a deux mois, le groupe allemand avait échoué à racheter le Financial Times, finalement acquis par le groupe japonais Nikkei.« Le ton créé par Henry Blodget et son mode de traitement de l’information parlent aux décideurs de demain, estime Mathias Döpfner, le président d’Axel Springer. La combinaison de nos forces respectives est à même de créer de la croissance et d’élargir l’offre de Business Insider à de nouvelles thématiques et de nouveaux territoires. » Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Créer une structure unique pour l’audiovisuel public, France Médias, en 2020. C’est la proposition choc que font les sénateurs André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans un rapport qui prône « un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public », présenté mardi 29 septembre, et auquel Le Monde a pu accéder.Ce rapport constitue une contribution au débat qui agite le secteur. À court terme, la question est celle du financement de sociétés dont la situation financière est fragile (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’Institut national de l’audiovisuel…), alors que l’examen de la loi de finances 2016 doit s’engager au Parlement. Au-delà, il s’agit de trouver les moyens de sortir ces entreprises d’une situation permanente d’incertitude quant à leurs ressources et de les aider à s’autonomiser.Les sénateurs de la mission de contrôle commune à la commission des finances et à la commission de la culture rappellent d’abord quelques constats. Les ressources propres de ces entreprises stagnent, alors que la part de la contribution à l’audiovisuel public (la redevance, qui représente 3,7 milliards d’euros en 2015) dans leur budget augmente. Cela va à l’encontre de l’orientation politique générale qui les encourage à générer des recettes (publicité, diversification, etc.).A effectifs constants, les charges de personnel des sociétés d’audiovisuel public augmentent mécaniquement, et France Télévisions comme Radio France affichent, en 2015, un résultat négatif.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continu« Contribution universelle » et « publicité raisonnable »Les sénateurs proposent de stabiliser les ressources en augmentant la redevance de deux euros (hors inflation) pendant deux ans, contre des engagements de réduction des dépenses. Cela permettrait d’éviter « le recours à l’endettement des sociétés ». Ils proposent qu’une partie de cette collecte soit affectée à une réserve de 150 millions d’euros destinée à répondre aux aléas et à « inciter aux mutualisations » entre sociétés de l’audiovisuel public.On peut penser, par exemple, au projet de chaîne d’information en continu de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui planche sur le sujet en dialogue avec Radio France.Après 2017, les sénateurs proposent de remplacer la redevance par une « contribution forfaitaire universelle sur le modèle allemand ». Cela signifie que presque tous les foyers seraient concernés, alors qu’il n’y a aujourd’hui que 27 millions de Français redevables. Cette contribution tiendrait également compte des nouveaux usages (smartphones, tablettes, etc.)Autre innovation, la définition d’une sphère de « publicité raisonnable », « compatible avec les valeurs du service public », qui permette de « rétablir la possibilité de diffuser de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions » tout en « interdisant la publicité dans les plages horaires consacrées aux programmes destinés à la jeunesse ». Une proposition qui contraste avec l’arbitrage récemment exprimé par Fleur Pellerin de maintenir l’absence de publicité en soirée sur les écrans publics.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteRemise en cause des engagements envers la productionLe retour de la publicité n’est pas le seul changement culturel que proposent les sénateurs. Ceux-ci entendent également rompre avec les équilibres actuels en « supprimant l’obligation faite à France Télévisions de garantir la diversité de la production, en particulier dans la fiction, qui favorise la dispersion de ses investissements et l’émiettement du secteur de la production ». Il s’agit d’une remise en cause du cahier des charges de l’entreprise publique, qui doit aujourd’hui consacrer 95 % de ses dépenses de création audiovisuelle à des sociétés de production externes.La part de production interne serait donc renforcée. Ce serait une rupture majeure pour le secteur de la production, dans lequel France Télévisions investit quelque 400 millions d’euros par an actuellement.Enfin, en 2020, le rapport préconise la création d’une structure de tête rassemblant les entreprises de l’audiovisuel public, France Médias, « pour favoriser les mutualisations, la polyvalence des personnels, le développement d’une marque commune et les investissements dans le numérique. » Son dirigeant serait nommé par un conseil d’administration où ne siégeraient pas les ministères de tutelle mais uniquement l’Agence des participations de l’Etat (APE). Cet organe serait aussi chargé de répartir le produit de la contribution universelle entre les différentes sociétés.« Un groupe unique de l’audiovisuel public bénéficiera de plus de marges de manœuvre financières et détiendra un meilleur pouvoir de négociation pour investir dans l’information, la création et le numérique », argumentent les sénateurs, qui visent notamment la « mutualisation des investissements des sociétés de l’audiovisuel public en vue du développement d’une plateforme numérique unique ». Un vœu qui fait écho à la volonté de rapprochement plusieurs fois exprimée par l’exécutif, mais qui va aussi beaucoup plus loin.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, parmi lesquels 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Sous le choc, environ 150 salariés du groupe se sont réunis en AG pendant deux heures dans l’après-midi. Les syndicats vont poursuivre les négociations avec la direction, espérant rencontrer la ministre de la culture, Fleur Pellerin, jeudi.Salle comble à @l'express pour AG des salariés au sujet du plan social programmé mais non encore formellement annoncé http://t.co/ppmNaGSktl— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);A l’issue de ce plan social, il resterait notamment 75 journalistes rédacteurs dans les rédactions de l’hebdomadaire version papier, de son site et de son supplément Styles contre 111 précédemment.« On a besoin de quelques millions de la part d’un milliardaire. Patrick Drahi a la responsabilité de ne pas nous laisser tomber », a lancé Jacques Trentesaux (CFDT). « Le journal a des archaïsmes et des scléroses », a répondu le rédacteur en chef Christophe Barbier devant l’AG, qui l’a fraîchement accueilli..@C_Barbier reste solidaire de la direction de @lexpress tout en se posant garant d'un PSE "plus malin, moins douloureux"— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);Une organisation « tout à fait inadaptée » pour la directionDans son courrier aux salariés, dont l’AFP a obtenu copie, la direction a assuré vouloir « pérenniser et développer sur le long terme » le groupe L’Express mais avoir trouvé une situation financière « bien plus dégradée » que prévu.Elle fait état d’un déficit cumulé sur 2006-2014 de plus de 86 millions d’euros et d’une perte attendue de 4 millions cette année, qui atteindra 10 millions avec le coût de la clause de cession. Elle pointe aussi du doigt une organisation inchangée en dix ans et « tout à fait inadaptée ».Face à cette situation, « nous avons décidé d’agir rapidement » car « sans décisions de saine gestion – parfois douloureuses – il nous sera impossible de construire ensemble un projet économiquement viable », plaide-t-elle.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est une histoire glauque. Où le malaise lié à la vente d’images d’attentats se mêle aux versions contradictoires des protagonistes. L’achat, par le Daily Mail, pour 50 000 euros, d’une vidéosurveillance filmée le soir des attentats du 13 novembre à la pizzeria Casa Nostra, située dans le 11e arrondissement de Paris, a suscité l’émotion.L’indignation s’est d’abord concentrée sur le patron de la pizzeria, accusé par un document diffusé au « Petit Journal » de Canal+ d’avoir vendu les images des fusillades. Mais, depuis, ses démentis ont créé une certaine confusion.Lire aussi :Attentats : 50 000 euros pour des images de vidéosurveillanceQui a vendu la vidéo ?Pour le journaliste Djaffer Ait Aoudia, pas de doute : c’est le patron de la pizzeria, Dmitri Mohamadi, qui a cédé les images. Il l’a expliqué au « Petit Journal », lundi 23 novembre, en diffusant une vidéo qu’il a tournée en caméra cachée dans la cave du restaurant.La vidéo de surveillance de la Casa Nostra - Le Petit Journal du 23/11En réponse, le patron du Casa Nostra a démenti avoir touché l’argent du Daily Mail, sur Nice Matin et France 2 notamment. Il a d’abord pointé du doigt le journaliste Djaffer Ait Aoudia, qui l’aurait incité à vendre les images : « Le journaliste qui a témoigné au “Petit Journal”, il est venu pour une interview et il voulait la vidéo. C’est le seul que j’ai fait entrer dans ma cave. C’est surtout lui qui m’a proposé de prendre de l’argent. »Puis à RTL, le patron a assuré qu’un proche avait empoché l’argent : « Des gens que je connais, de la famille. Un cousin éloigné qui avait les clés. J’ai porté plainte, c’est très choquant. »Que penser des démentis du patron ?L’histoire du « cousin » fait écho à la façon dont BFMTV s’est vu proposer les images : une personne se présentant comme un employé de la pizzeria, « ami d’un cousin du patron », a demandé 50 000 euros à la chaîne d’info, qui a refusé, raconte au Monde une source au sein de la chaîne.Une autre étaie le discours du patron selon lequel il ne voulait pas d’argent : il a montré les images à « tout le monde » dans le quartier, dit-il. Et il avait d’abord accepté de donner les images gratuitement à un journal algérien, qui en a finalement fait un texte le dimanche 15, a pointé Rue89.En revanche, malgré ses démentis, le propriétaire de la pizzeria reste accusé par « Le Petit Journal » : « Un proche semblait effectivement à la manœuvre mais le patron ne pouvait pas ignorer la transaction », explique « Le Petit Journal » à FTVinfo. Europe 1, qui a eu accès aux images non floutées, est aussi catégorique : « C’est le “cousin” qui parle et négocie avec les journalistes anglais. A côté, le patron hésite mais accepte finalement la transaction. Il propose même une réduction si les Anglais achètent la vidéo, de moins bonne qualité, enregistrée sur son téléphone portable. »Quel a été le rôle du journaliste ?Djaffer Ait Aoudia est journaliste pigiste. Il raconte qu’il a commencé à venir dans la pizzeria pour préparer un portrait du propriétaire après les attentats.Il est tombé sur place sur les journalistes du Daily Mail et il a pu ensuite suivre les négociations car les protagonistes étaient habitués à sa présence, a-t-il expliqué au « Petit Journal ». En désaccord, il a choisi de filmer en caméra cachée à partir du lundi 16 et de « porter le sujet à la connaissance du public », via l’émission de Canal+, contactée le jeudi 19.Le patron de la pizzeria Casa Nostra parle à France 2 Le patron de la pizzeria a une version tout autre. Il a affirmé sur France 2 que le journaliste lui a proposé 12 000 euros :« Je pense que ce qui l’a dégoûté, ce mec-là, c’est le fait de ne pas avoir les images en premier. Au début, j’allais lui donner. (…) Finalement, je ne voulais pas. Il l’a mal pris. »Par ailleurs, alors qu’il avait filmé à son insu le propriétaire pour le confondre, le journaliste a proposé au Monde un sujet-texte décrivant le contenu des images de la Casa Nostra, auxquelles il avait « eu accès ». Il disait avoir été en contact avec le Daily Mail, qui allait publier les images. Mais il n’a pas parlé d’une transaction dont il aurait été témoin. Sa proposition semblait floue, elle a été refusée.Joint par Le Monde, Djaffer Ait Aoudia assume sa démarche :« J’avais deux sujets. L’un d’actualité, dans lequel j’ai proposé de commenter les images, après leur sortie sur le site du Daily Mail, le 18 à minuit. L’autre, a posteriori, pour raconter les coulisses. » Le journaliste dément avoir voulu vendre ou acheter les images. Il reconnaît toutefois avoir cherché à les récupérer, auprès du patron, mais seulement le 19, « après leur diffusion sur le Daily Mail ». Il les voulait pour éviter d’avoir le logo du journal britannique, s’il utilisait le document pour un éventuel sujet pour la télévision, explique-t-il.Quant à l’idée de la caméra cachée, elle aurait été suggérée par sa boîte de production, dans le cadre de discussions sur un sujet sur « le marchandage des images », dit-il.Qui a payé pour les images ?Le Daily Mail a justifié le fait d’avoir acheté la vidéo, une démarche courante dans les pays anglo-saxons : « Il n’y a rien dans l’acquisition par le Daily Mail de cette vidéo qui puisse faire l’objet d’une controverse », a déclaré un porte-parole à l’AFP. « Elle a été obtenue sur fond de forte compétition entre les médias français et internationaux et fournit une perspective essentielle » sur les attentats.Selon Djaffer Ait Aoudia, « Le Petit Journal » a payé « environ 1 000 euros » pour son sujet et sa vidéo, à lui-même et à sa société de production. Une estimation fondée sur le tarif syndical des images en télévision, autour de 1 000 à 1 500 euros la minute, explique-t-il.Enfin, de nombreux médias ont diffusé les images, dont France 2 par exemple. Mais on ne sait pas s’ils les ont payées ni combien.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.11.2015 à 12h57 • Mis à jour le24.11.2015 à 16h15 | Alexis Delcambre Les salariés du Groupe Altice Média (L’Express, L’Expansion…) poursuivent leur mobilisation contre les mesures d’économies envisagées par leur direction. Mardi 24 novembre a été prévu un arrêt de travail de quelques heures, alors qu’environ 120 suppressions de postes restent envisagées.Lancé par tous les syndicats et sociétés de journalistes, cet arrêt de travail se veut une réponse à la « vacuité du projet stratégique » présenté lors des comités d’entreprise du 30 octobre et du 18 novembre, estiment ces représentants.« Ligne éditoriale positive »Le mécontentement touche notamment la rédaction de L’Expansion où la société des rédacteurs juge le projet de nouvelle formule « contraire aux principes et aux règles éthiques ». Elle réagi ainsi à un projet qui revendique une « ligne éditoriale positive », qui valorise les entreprises et noue des relations avec elles à travers notamment le développement d’événements.À L’Express, le projet de nouvelle formule présenté par Christophe Barbier suscite également des interrogations. L’objectif du directeur des rédactions est de faire de l’hebdomadaire un titre « premium » et « référent », un projet perçu par certains comme trop élitiste.Lire aussi :La tension monte d’un cran à « L’Express » après le vote d’une double motion de défiancePlus généralement, les représentants des salariés dénoncent l’écart entre les ambitions affichées et la sévère réduction des coûts et des effectifs conduite par l’équipe dirigeante choisie par l’actionnaire Patrick Drahi. Le groupe devrait perdre 3,5 millions d’euros cette année, hors coût de la clause de cession actuellement ouverte.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Whaou ! » On peut lire un mélange de fierté et de soulagement dans le sous-titre du billet par lequel Nicolas Beytout annonce, dans son journal L’Opinion, mardi 24 novembre, avoir convaincu le groupe Dow Jones d’y investir deux millions d’euros. La maison mère du puissant quotidien économique américain The Wall Street Journal, propriété du magnat des médias Rupert Murdoch, vient donc soutenir le petit quotidien français d’inspiration libérale, lancé en 2013, en entrant au capital à hauteur de 10 % environ.« Il y a un effet d’image important, se félicite Nicolas Beytout, fondateur et directeur de la rédaction de L’Opinion. Cela nous fait monter un peu en statut. Nous ne sommes plus juste une petite expérience franco-française, nous avons la reconnaissance d’un acteur international. »En interne, la nouvelle est une « agréable surprise », raconte un membre de l’équipe. En effet, la quarantaine d’employés, dont une trentaine de journalistes, vit avec le sentiment que l’horizon n’est pas totalement dégagé pour L’Opinion, dont le fondateur doit régulièrement chercher des fonds pour poursuivre l’activité, déficitaire jusqu’ici.Dans le milieu de la presse, le quotidien est vu comme un média dont le positionnement éditorial est clair, mais qui dispose d’un lectorat restreint et d’un avenir incertain. Il s’appuie notamment sur la notoriété de M. Beytout, connu comme ancien directeur de la rédaction du quotidien économique Les Échos et du Figaro.L’Opinion revendique 20 000 exemplaires vendus, pour la grande majorité par abonnement (couplé papier et Web). Le titre n’écoule que 3 000 exemplaires en kiosques, dont 5 à 600 environ à Paris. Il affiche une diffusion de 35 000 exemplaires, qui prend en compte des journaux distribués via des partenariats.SynergiesMais M. Beytout assure avoir, depuis janvier, conquis 11 000 abonnés supplémentaires, 100 % Web, via une offre baptisée « licence », qui permet à des collectivités d’avoir un nombre limité d’accès simultanés au site, mais utilisable par tous leurs collaborateurs. « Nous visons une cible particulière de lecteurs, pas la quantité », défend M. Beytout.Pourquoi un géant mondial de la presse économique fait-il son premier investissement en France dans un média indépendant ? Certes, la somme est modique à l’échelle du groupe Dow Jones, filiale de l’empire News Corp qui, avec ses titres britanniques comme le Times ou le Sun, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,84 milliard d’euros au troisième trimestre.Il a néanmoins fallu que M. Beytout convainque Rupert Murdoch, lors de leurs deux rendez-vous, à Londres et New York. L’Opinion et le groupe Dow Jones partagent d’abord deux convictions stratégiques, explique M. Beytout : la foi dans l’importance du support papier et la défense d’un modèle payant strict. De plus, le Wall Street Journal a décidé en juin de relancer son édition internationale et Paris fait partie des villes cibles pour ce redéploiement, explique-t-on à L’Opinion.« L’Opinion est une publication influente dans l’univers français de l’économie, des affaires et de la politique, a expliqué William Levis, le PDG de Dow Jones, dans un communiqué. Cet investissement va accroître nos ambitions internationales et relever nos objectifs au cœur de l’Europe. » Concrètement, le partenariat de cinq ans noué entre les deux entreprises doit permettre des synergies dans les contenus et la distribution. Les contenus de L’Opinion seront versés à la base de données mondiale de Dow Jones, Factiva. Le titre libéral peut en principe espérer des reprises de ses contenus dans d’autres médias, à l’étranger. Des « échanges de liens » entre les sites sont envisagés et des traductions d’articles du Wall Street Journal sous la bannière de L’Opinion ne sont pas exclues, explique M. Beytout.D’autres collaborations sont espérées dans la vidéo, que L’Opinion compte développer, notamment avec Erik Monjalous, un ex-directeur de l’AFP recruté en octobre. Des conférences en partenariat sont également prévues.Sur les ventes, il est envisagé de « travailler conjointement sur le marketing et les abonnements numériques ». On peut imaginer que les deux entreprises partageront leurs fichiers d’abonnés en France.Le dernier levier de ce deal est politique : « Dow Jones et nous sommes dans la même sphère d’idées : un corpus globalement libéral, même si eux sont un peu moins proeuropéens », explique M. Beytout. Alors que la présidentielle de 2017 pointe à l’horizon, ce dernier assure avoir une démarche plus « idéologique » que « partisane », notant avec malice que le libéralisme économique a également des apôtres à gauche. 2017, c’est aussi l’année à la fin de laquelle L’Opinion espère atteindre désormais l’équilibre, après l’avoir envisagé (en vain) à l’horizon 2016.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le politologue Thomas Guénolé a été remercié par la station de radio RMC, où il tenait une chronique dans la matinale animée par Jean-Jacques Bourdin, a révélé Arrêt sur Images. En cause : un billet, diffusé mardi 17 novembre, évoquant des dysfonctionnements présumés de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) lors des attentats du 13 novembre, notamment au Bataclan. Des affirmations qui ont depuis été contestées, par le ministère de l’intérieur notamment.« Boycott punitif »Pour M. Guénolé, l’affaire est grave : RMC aurait réagi à un « boycott punitif » de la part du ministère, à des « pressions proches d’une censure ». Le chroniqueur affirme au Monde que l’e-mail reçu de la direction de la rédaction de la radio invoque les conséquences de sa chronique pour le travail de ses collègues : « Le ministère et tous les services de police invités à l’antenne depuis mardi ont refusé de venir sur RMC en raison des inexactitudes de ta chronique. La plupart des sources policières de nos spécialistes se sont tues depuis mardi », selon le courriel.Au ministère de l’intérieur, joint par Le Monde, on dément toute « consigne » : « Il n’y a pas eu de boycott organisé des forces de l’ordre, mais un mouvement d’humeur de gens blessés qui n’ont pas envie d’intervenir sur RMC et de faire plaisir à cette station », admet-on, tout en pensant que « les choses finiront par rentrer dans l’ordre » entre la radio et la police. Le ministère a demandé un démenti, mais pas la tête d’un chroniqueur, ajoute-t-on.Evocation de la démission de CazeneuveDans la chronique incriminée, M. Guénolé disait : « Le 13 novembre, les brigades d’intervention manquaient gravement d’hommes et de moyens. » « Quand les fusillades éclatent, il n’y a que trois fonctionnaires de garde ce soir-là à la BRI », ajoutait-il, soutenant ensuite que lors des interventions, certains policiers avaient manqué de gilets pare-balles lourds. Et que le manque de personnels à la BRI avait obligé des agents de la Brigade anticriminalité (BAC) à intervenir, alors que ce n’était pas leur vocation.Aujourd’hui, le politologue se défend en assurant s’être « distancié » des faits, dans ses propos, évoquant en début de chronique les « accusations de dysfonctionnements qui s’accumulent dans la presse », même si, dans le passage en question, il ne citait pas de source particulière. Il rappelle aussi qu’en conclusion, il demandait une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces questions. Si ces faits étaient avérés, les responsables des forces de police, ainsi que le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, devraient démissionner, disait M. Guénolé.Agents de « garde » ou « d’astreinte » ?« RMC dit que j’ai porté des “accusations graves, non vérifiées”, mais la construction de ma chronique était de dire qu’il fallait les vérifier », se défend-il encore.Cette chronique a été vivement contestée, notamment par la conseillère spéciale de Bernard Cazeneuve, Marie-Emmanuelle Assidon, sur Twitter. Dans les échanges, Thomas Guénolé a reconnu s’être appuyé sur un article de la publication professionnelle La Lettre A, sans le citer. S’il a admis à un moment sur Twitter que l’article était « faux », M. Guénolé insiste aujourd’hui sur « l’absence de démenti officiel, à sa connaissance ». Selon lui, les syndicalistes policiers - qui ont rappelé qu’une quinzaine de fonctionnaires de la BRI était en fait « d’astreinte » ce soir-là - n’ont pas invalidé l’information sur les trois agents de garde. De son côté, La Lettre A a indiqué au Monde qu’elle « maintient qu’il y avait bien trois fonctionnaires de garde au siège de la BRI au 36 quai des Orfèvres après 20 heures, ainsi que le mentionnait [la] brève qui n’a fait l’objet d’aucun démenti malgré de nombreuses sollicitations auprès de la Place Beauvau. Douze autres policiers de la brigade étaient d’astreinte, mais à leur domicile. » Au ministère, on affirme surtout que « la BRI est intervenue dans des délais normaux ».« Editorialiste grande gueule »Dans un récent portrait, Libération décrivait M. Guénolé comme un « politologue pressé », par ailleurs consultant pour un cabinet de conseil. Il s’y disait « ni de droite, ni de gauche et anti-FN ». Après être intervenu dans les médias comme politologue, notamment sur le centre et la droite, il est devenu récemment chroniqueur, plutôt engagé et touche-à-tout. Il a signé un livre sur les banlieues.En licenciant M. Guénolé, RMC (qui appartient au groupe NextRadioTV, également propriétaire de BFM-TV) ne risque-t-elle pas de donner l’impression de se plier aux arguments du ministère de l’intérieur, en pleine période d’état d’urgence ? Une source au sein de la radio affirme que les chroniques de M. Guénolé avaient déjà suscité des critiques en interne. Ce que M. Guénolé ne conteste pas : « On me dit que je donnais trop mon opinion dans mes chroniques. Certes, il y a eu d’abondantes discussions et tensions sur le contenu de mes chroniques, mais c’était dans le cadre de la relation d’un éditorialiste grande gueule et d’un rédacteur en chef. »A RMC, une source souligne elle qu’avec Jean-Jacques Bourdin, Hervé Gattegno ou Les Grandes Gueules, la station ne saurait être taxée de complaisance.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof, Nicolas Chapuis et Matthieu Goar Eclairées crûment dans la pénombre, les tentures bleu-blanc-rouge donnent à l’Agora d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) une ambiance de chapelle ardente. Ce samedi 21 novembre, Christian Estrosi, candidat Les Républicains (LR) aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, tient son troisième meeting depuis les attentats du vendredi 13. Jusqu’au public clairsemé, tout rappelle le choc national vécu une semaine plus tôt. Et les propos reflètent l’aspect sécuritaire qu’a pris la campagne des élections régionales.Suivez la situation en direct sur notre siteLa veille, à Marseille, il a présenté le nouveau cœur de son programme : un « bouclier de sécurité » de 250 millions d’euros sur six ans qui « permettront d’armer les polices municipales, d’aider à l’installation de caméras de vidéoprotection… » « Le futur président de la région devra prendre toute sa part dans la protection des Français », assume le maire de Nice, qui se persuade que « la droite républicaine est depuis toujours celle qui inspire le plus de confiance en matière de sécurité ». Plus tôt dans la soirée, le candidat avait fait son entrée sur son nouveau clip de campagne. Dans cet enchaînement d’extraits de BFM-TV ou d’I-Télé, on voit le candidat prévenir la France de la présence d’une cinquième colonne islamiste, encaisser les sarcasmes de ses adversaires sur son idée d’installer des portails de sécurité dans chaque gare ou refuser de marier un Niçois « en voie de radicalisation ». « On m’a dit “vous faites de la surenchère”… J’aurais tellement voulu ne pas avoir raison », conclut-il.Lire aussi :Régionales : la campagne reprend sur la pointe des piedsEn ce week-end de reprise de la campagne, le candidat LR en PACA n’a pas été le seul à développer les thèmes sécuritaires. Lors d’un point presse, samedi, à Lyon, Laurent Wauquiez, candidat LR en Auvergne-Rhône-Alpes, a proposé de consacrer annuellement 45 millions d’euros du budget de la région à la protection des lycées, des gares ou encore des sites industriels classés Seveso. Lors d’un meeting à Drancy (Seine-Saint-Denis), le même jour, Valérie Pécresse a fait directement référence à l’un des terroristes du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, filmé en train de frauder dans le métro parisien. « La sécurité passe par un changement de modèle : dès qu’on commence à franchir les portillons dans le métro, à taguer, ça veut dire qu’on peut tout se permettre », a déclaré la candidate LR en Ile-de-France citée par Libération.Contre-offensive sécuritairePour convaincre une opinion marquée par les attentats, la droite a décidé de donner un tour de vis sécuritaire à sa campagne. Face à un exécutif à la manœuvre, Nicolas Sarkozy a lancé la contre-offensive trois jours après les attentats. Mardi 17 novembre, il a mis en place un observatoire de suivi des mesures annoncées par le gouvernement pour la sécurité des Français. Cette instance, présidée par Eric Woerth, devait être présentée, lundi 23 novembre. Les responsables LR veulent mettre l’Etat sous surveillance. « Il y a des trous immenses dans la raquette, uniquement pour des raisons administratives. Avant de créer des nouvelles lois, faisons appliquer les lois qui existent », a estimé, dimanche 22 novembre, Thierry Solère, tête de liste départementale dans les Hauts-de-Seine, sur l’antenne de Sud radio.A moins de deux semaines du premier tour des régionales, dimanche 6 décembre, l’objectif de la droite est double : ne pas se retrouver confinée à un rôle de spectateur face à l’exécutif en action, mais aussi se montrer plus protecteur que le FN. Les dirigeants LR craignent que l’extrême droite capte la peur et la colère. Les premiers sondages semblent confirmer cette appréhension. Selon une enquête Ipsos pour France Télévisions et Radio France publiée dimanche 22 novembre, Marion Maréchal-Le Pen obtiendrait en PACA 40 % des voix dès le premier tour, trois points de mieux que lors du sondage précédent.Lire aussi :La France d’après, un pays plongé dans la peurPour lutter contre ce danger électoral, les dirigeants de la droite dénoncent un FN ferme dans les mots mais irresponsable dans les faits. Au cours de son entretien au Monde daté du 19 novembre, M. Sarkozy a rappelé que les élus de Marine Le Pen avaient refusé de voter le PNR (« Passenger Name Record ») au Parlement européen. « Le FN est un parti laxiste, dénonce Gérald Darmanin, maire (LR) de Tourcoing, député du Nord et directeur de campagne de Xavier Bertrand, opposé à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Dans mon conseil municipal, les élus frontistes sont les seuls à voter contre les heures supplémentaires aux policiers municipaux. Le FN reste un mouvement d’extrême droite qui a peur de la surveillance de l’Etat. »Le PS mise sur « le pacte de sécurité du président »De l’autre côté de l’échiquier politique, le Parti socialiste ne veut pas laisser la question de la protection à la droite. Dans une lettre écrite aux candidats, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, appelle à défendre « un triptyque commun » : « La guerre totale contre Daech, la sécurité maximale pour les Français et la concorde nationale. » Localement, les candidats vont défendre le rôle de la région dans le maintien de l’ordre.Lire aussi :La droite accuse Hidalgo « d’angélisme » en matière de sécuritéLes socialistes misent sur le fait que le discours de François Hollande et sa gestion après les attaques de Paris ont été globalement appréciés. « Il n’y a aucun angélisme de notre part, la région va contribuer au pacte de sécurité du président de la République », explique Jean-Jack Queyranne, président socialiste sortant de Rhône-Alpes. Pas question cependant de ne rester que sur cette thématique. Pour le candidat PS, qui dénonce une « surenchère sécuritaire » de son adversaire Laurent Wauquiez, les électeurs ont aussi envie d’entendre parler d’autres sujets : « Après ce qu’il s’est passé, il manque dans le discours de la droite un mot majeur, celui d’éducation. » Il reste moins de deux semaines pour faire émerger d’autres sujets de campagne…Matthieu GoarJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles RofJournaliste au Monde Martine Delahaye « C’est récent, mais on me demande maintenant des scénaristes capables d’écrire en anglais, pour monter des coproductions », note Catherine Winckelmuller, agent d’auteurs et de réalisateurs travaillant pour le cinéma ou la télévision. « Cela ne date que d’un an, mais des producteurs indépendants m’ont envoyé des projets depuis l’Angleterre, Israël ou le Danemark pour que je les lise, les propose à mes client(e)s, et que l’on voie si un scénario peut être mené en commun. Pour une série partiellement financée par la France et son système d’aides. » Agent, notamment, des auteures Virginie Brac et Anne Landois, à l’origine de la reconnaissance internationale de la série « Engrenages », Catherine Winckelmuller exerce le même métier que les personnages de « Dix pour cent », la série créée par Fanny Herrero d’après une idée originale de Dominique Besnehard, diffusée récemment sur France 2. Si ce n’est qu’elle a décidé, il y a vingt-cinq ans, en créant Agents Associés (l’une des quarante agences artistiques à Paris), de représenter non pas des comédiens mais des auteurs et des réalisateurs.« Je dis non 363 fois sur 365 »Sur quels critères accepte-t-elle ou non quelqu’un dans son agence ? « D’abord, je représente peu de gens, même pas une cinquantaine, explique-t-elle. Je n’ai qu’un assistant, c’est tout. Et puis je ne rencontre jamais les gens d’abord. Parce qu’ils sont presque toujours extrêmement séduisants, lors d’un entretien. Moi, je veux lire et voir. Si ça me plaît et que j’ai le sentiment de pouvoir apporter quelque chose, j’y vais ; sinon, je n’y vais pas. Ce qui m’intéresse chez les créateurs, c’est leur regard, ce qui fait leur originalité, ce qui les distingue de la masse. Je reçois une demande par jour, je dis non 363 fois sur 365. »Au-delà de la disponibilité et de la réactivité qu’exige ce métier tout de relations, il revient à l’agent de lire ce que lui envoient « ses » scénaristes, de les dissuader ou de les encourager au fil de leurs tentations et tentatives. En un mot, de les accompagner dans leur processus de création, pour qu’un de leurs projets aboutisse à l’écran. D’où la nécessité d’acquérir une fine connaissance des attentes des chaînes et des besoins des producteurs.Lire aussi :Succès français en sérieAprès avoir reconnu les qualités de la série « Dix pour cent » (ce qui correspond au taux de rémunération de tout agent artistique français à la signature d’un contrat par l’un de ses clients), Catherine Winckelmuller fustige, avec force, le manque de confiance et de considération accordé aux auteurs en France : « La chaîne a demandé l’écriture d’une saison 2 de “Dix pour cent”, mais les contrats que les producteurs proposent aux scénaristes en font des auteurs “substituables”, ce qui veut dire que l’on peut les renvoyer et les remplacer à volonté. C’est hallucinant ! » Les professionnels dans une impasseC’est bien simple, estime cette professionnelle : en un quart de siècle, la situation des auteurs de télévision, après une courte embellie, n’a au final pas évolué. Au-delà de quelques réussites, « qui ne sont jamais que l’arbre qui cache la forêt » (« Un village français », « Engrenages », « Ainsi soient-ils »…), la structure même de France Télévisions, la frilosité des chaînes et l’incompétence d’un grand nombre de producteurs ont rendu l’ensemble du système public français obsolète, acculant les professionnels dans une impasse.D’où la grande question que se posent les agents artistiques qui, comme elle, ont affaire à l’audiovisuel : comment Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, pourra-t-elle mettre en actes sa volonté de faire de la fiction « une priorité », comme elle l’a annoncé en septembre à La Rochelle, quand on voit à quoi a abouti, jusqu’ici, en termes de création, un groupe qui emploie 10 000 personnes et dispose d’un budget plutôt conséquent…« Pas de vision »« Qu’attendre d’un service public qui est capable de dire “Ce projet est trop bien pour nous”, comme je l’ai entendu encore récemment ? », s’insurge l’agent de Pierre Schoeller, auteur et réalisateur de L’exercice de l’Etat. « A France Télévisions, on me demande : auriez-vous un auteur qui puisse rassurer France 2 ? Je ne vois que frilosité, aucune idée de ce que l’on attend, pas de vision de ce que va devenir la fiction dans les cinq ans ! En revanche, un conseiller à la fiction, dans le service public, se prend souvent tout à la fois pour un scénariste, pour un réalisateur, pour un directeur de casting, en plus de croire savoir ce qu’attend le public… »Alors que TF1 et Canal+ créent d’imposantes unités de fiction, alors que les sociétés de production cinématographiques commencent à investir le monde sériel, le mammouth France Télévisions pourrait bientôt ne plus reconnaître le paysage dans lequel il évoluait jusqu’ici, pronostique Catherine Winckelmuller…Martine DelahayeJournaliste au Monde Gaëlle Picut Trois médias numériques, lancés en 2014 et 2015, tournent autour du travail. Leur point commun : mettre en valeur les récits des travailleurs eux-mêmes.Le premier projet éditorial, Raconter la vie (raconterlavie.fr) a été lancé en janvier 2014 par Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, et soutenu par les Editions du Seuil. Il accueille des textes écrits essentiellement par des anonymes, dont un certain nombre autour de différents métiers.« Ce projet a l’ambition de répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne mieux prise en compte », écrivait Pierre Rosanvallon lors du lancement dans un manifeste intitulé « Le parlement des invisibles » : « Donner la parole, rendre visible, c’est aider les personnes à retrouver leur dignité, à résister. C’est leur permettre de rassembler leur vie dans un récit qui fait sens, de l’insérer dans une histoire collective ».On y trouve des témoignages très variés : un conducteur de métro, une psychologue, une caissière, une conseillère d’orientation, un infirmier, un routier, un boulanger, une employée de fast-food, un directeur d’agence bancaire, un charpentier…Dans l’Education nationaleDans le sillage du projet « Raconter la vie », le SGEN-CFDT, un syndicat de l’Education nationale, a lancé en septembre 2014, Raconter le travail (raconterletravail.fr), un espace où les professionnels de l’enseignement peuvent témoigner de leur travail, de ce qu’ils vivent au quotidien, sur ce qu’il se passe de façon invisible au sein des établissements scolaires.Le but est de raconter le concret et la diversité des situations. « La représentation du travail dans l’Education nationale fait aujourd’hui défaut. La méconnaissance du travail réel des personnels, par les médias et les corps intermédiaires comme par les intéressés eux-mêmes, explique à la fois les carences des politiques publiques et l’incapacité des personnels à agir collectivement », estime Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT dans le manifeste de lancement du site. Cette initiative a été parrainée par Pierre Rosanvallon et son équipe.Le dernier né est le site Dire le travail (direletravail.coop), lancé en avril 2015 par la coopérative du même nom regroupant une cinquantaine de sociétaires et animée par Patrice Bride, ancien rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques.Ce média publie aussi des écrits signés des travailleurs eux-mêmes. Des professionnels les aident à mettre en forme leurs récits. « Nous cherchons avant tout à mettre en avant le travail, plutôt que le métier : non pas ce que fait en général un maçon, un gardien de musée ou un policier, mais la façon très particulière dont une personne forcément unique s’est débrouillée de ce qu’elle avait à faire, dans son contexte propre », explique Patrice Bride. Une vingtaine de récits sont déjà en ligne, rédigés par un dermatologue, un caissier, une infirmière, une accompagnatrice en soins palliatifs, etc.Ce qui se fait au-delà du métierCe travail d’expression écrite produirait plusieurs effets. « Dire son travail est important. Poser des mots permet de prendre de la distance par rapport au quotidien, à l’apparente routine ou à la course permanente, constate Patrice Bride. On réalise tout ce que l’on arrive à faire malgré les difficultés, les prescriptions parfois contradictoires, voire la souffrance. À cet effet révélateur, vient s’ajouter un effet assurance ou réassurance quand on n’est pas très sûr de ce que l’on fait. Enfin, l’écriture est une manière de partager avec d’autres son expérience et ses histoires de travail, de les faire reconnaître ».Nadir Abdelgaber, un jeune caissier a rédigé un texte sur son quotidien, en partant de la façon dont il plie le ticket de caisse avant de le tendre au client. « Pour lui, écrire sur son travail, être publié, lu, est une manière de montrer son travail sous un angle positif. Il ne s’agit pas seulement de montrer comment il fait son travail mais aussi la façon dont il se l’approprie », témoigne Patrice Bride.Ariane Grumbach a publié un texte (« Des mots pour mieux manger ») sur son activité de diététicienne. « J’avais déjà un certain recul sur mon vécu professionnel. En revanche, je n’avais jamais formalisé des mots dessus et en ce sens, la démarche était fructueuse », estime-t-elle. « J’aime cette façon de passer » de l’autre côté du miroir « de métiers que l’on ne connaît que très partiellement. Cela me paraît une démarche extrêmement intéressante que l’on travaille seul ou en entreprise car elle peut aider à prendre conscience de la valeur de son travail, des compétences acquises au fil du temps. C’est aussi une façon de fixer la mémoire du travail », poursuit-elle.Faire partie d’un toutAude Bellon, qui a écrit un texte sur son activité de paludière, a également ressenti l’importance de transmettre sa passion pour son métier. Au-delà, elle compare cette démarche à un « travail thérapeutique ». « J’avais témoigné une première fois sur mon métier pour un blog. Cela avait enclenché quelque chose chez moi. J’ai eu envie de poursuivre cette réflexion. Cela m’a fait du bien et m’a conforté dans mon choix de vie. Avant de devenir paludière comme mon père, j’ai été chargée de communication au sein d’une collectivité locale. Écrire ce texte m’a fait réaliser un certain nombre de choses dont je n’avais pas conscience sur le sens de ce que je faisais. Depuis, je les vis de façon encore plus intense », analyse-t-elle. « En décrivant mon activité, j’ai l’impression de faire partie d’un tout, d’être en accord avec la nature, le cycle des saisons. C’est un travail sur soi en permanence ».Par ailleurs, la publication de ce texte a favorisé des discussions avec ses proches. Elle s’est rendu compte qu’elle préférait utiliser le terme d’activité qui renvoie à des choses positives, à un épanouissement, plutôt que celui de travail associé à quelque chose de laborieux, de pénible.« En période de crise économique, d’événements tragiques comme nous le vivons actuellement, il est important de revenir aux fondamentaux, de faire son travail avec amour, de remettre les relations humaines au cœur de nos activités. Le métier de paludier est à la fois solitaire et solidaire. Le monde du marais est une grande famille alors que lorsque je travaillais dans la fonction publique j’avais le sentiment d’être très isolée », conclut-elle.Etre connecté à l’actualitéL’une des ambitions de Dire le travail est aussi de chercher des connexions avec l’actualité. Il accueille par exemple le témoignage d’Adèle Wine, partie en mission comme responsable d’approvisionnement dans un Centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières en Guinée. « Derrière chaque événement de l’actualité, il y a toujours du travail, des femmes et des hommes qui font ce qu’ils ont à faire avec de l’intelligence, des émotions, des convictions, des valeurs », résume Patrice Brice.Outre cette publication web, la coopérative Dire le travail développe d’autres activités tels que des ateliers à destination de particuliers souhaitant écrire sur leur travail, ou des interventions auprès d’organismes (associations, syndicats, entreprises, etc.), en particulier dans le cadre de formations autour de questions liées à l’expression sur le travail. Elle est actuellement en discussion avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) et la CFDT intéressées par la démarche.Pour compléter ce tour d’horizon de cette « démocratie narrative » (selon l’expression de Pierre Rosanvallon), il faut également évoquer les blogs, un média personnel parfois utilisé par leurs auteur(e) s pour s’interroger sur leurs pratiques professionnelles. Le milieu médical est incontestablement surreprésenté. On peut citer Jaddo (rédigé par une jeune généraliste), Vieux et merveilles (une auxiliaire de vie), Boules de fourrure (un vétérinaire) ou encore 10 lunes (une sage-femme).Ces différentes initiatives montrent que parler du travail n’est pas réservé aux sociologues, aux économistes, aux politiques ou aux journalistes. Derrière les notions de marché du travail, de chômage, de productivité, d’innovation, de management… il y a le travail réel, l’humain. « Nous voulons donner à lire le travail réel. De l’engagement, du conflit, de la solidarité : ce qui se joue au travail, parfois envahissant, parfois dépourvu de sens, avec ses grandeurs comme ses difficultés, toujours au cœur du fonctionnement de la société », résume Patrice Bride.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est une polémique née d’un dossier qui aurait dû être consensuel. Destinée à élargir le soutien public à un plus grand nombre de publications après les attentats contre Charlie Hebdo, la réforme des aides à la presse a fait l’objet, ces derniers jours, de vives critiques.En cause : la volonté du gouvernement de priver de ces nouvelles aides les publications ayant fait l’objet de condamnations pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence au cours des cinq dernières années. La mesure concerne des titres d’extrême droite comme Minute et Rivarol, ou encore l’hebdomadaire Valeurs actuelles, positionné à la droite de la droite et par deux fois condamné ces derniers mois, même s’il a fait appel.Lire aussi : Aides à la presse : qui touche le plus ? Dans son décret du 6 novembre 2015, le gouvernement a étendu le champ de l’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : elle concerne désormais tous les périodiques et pas uniquement les quotidiens. Il s’agit d’une démarche en faveur du pluralisme, initiée au lendemain de l’attentat qui a décimé l’hebdomadaire Charlie Hebdo, en janvier (celui-ci ne bénéficiera toutefois pas de l’aide, qui est limitée aux publications dont la diffusion est inférieure à 300 000 exemplaires, un seuil que l’hebdomadaire a dépassé depuis janvier).Plainte à BruxellesLe fait que ce renforcement des aides directes ne touche pas les titres ayant fait l’objet de condamnation a fait rapidement réagir. Mardi 17 novembre, Valeurs actuelles s’en est pris au système d’aide dans sa globalité en indiquant avoir « adressé une plainte formelle contre la France pour aide d’Etat incompatible avec le Traité de l’Union européenne dans le secteur de la presse d’information politique et générale de diffusion nationale ».Le lendemain, son directeur, Yves de Kerdrel, a également annoncé un recours au Conseil d’Etat. Il croit avoir identifié une fragilité juridique au sein du décret, dans la mesure où dans les faits, ce sont les directeurs de publication qui sont condamnés, non les titres. Or le décret fait référence à ces derniers.Plus surprenant : jeudi 19 novembre, c’est l’ensemble des quotidiens et magazines qui s’est ému de la mesure, à travers un communiqué commun du syndicat de la presse magazine (SEPM) et de la presse d’information générale (AIPG). Ce texte reprend l’argument de M. de Kerdrel en constatant que « le décret (…) soulève plusieurs points de droit, dont, mais non exclusivement –, celui du non-respect du principe de la personnalité des peines, en raison des règles particulières de responsabilité en matière de presse posées par la loi de 1881, et qui excluent la responsabilité directe de la société éditrice ».Le ministère « serein »En réponse, le ministère de la culture, joint par Le Monde, se dit « serein » sur les contestations juridiques de son décret : les condamnations touchent certes des individus, mais ils sont visés en tant que directeur de la publication, les condamnations ne sont pas personnelles, argumente-t-on. On ajoute que les amendes sont souvent payées par les titres, pas par les dirigeants.Sur la contestation des aides à la presse au niveau européen, le ministère de Fleur Pellerin ne s’affiche pas plus inquiet. Ce type de soutien public à un secteur est un choix politique, au même titre que la neutralité technologique invoquée pour accorder récemment un taux de TVA « super réduit » aux titres de presse sur Internet. Malgré une certaine opposition, Paris estime engranger des soutiens, au niveau européen, sur ces sujets.Sur le fond, cette réforme des aides au pluralisme vise à soutenir des titres qui contribuent à la « vitalité démocratique », argumente le ministère. Exclure les publications condamnées pour propos racistes ou discriminatoires est « dans l’esprit de la loi de 1881 sur la liberté de la presse ». L’article 24 de ce texte rappelle que seront notamment condamnés ceux qui auront « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes ».Une réforme politique ?Personne n’est visé en particulier à cause de sa ligne éditoriale, c’est un principe républicain, soutient-on au cabinet de Fleur Pellerin. Une tentative de couper court à l’argument selon lequel la réforme est politique et vise à affaiblir des titres d’opposition frontale à François Hollande, comme Valeurs Actuelles, ou proches de l’extrême droite.Enfin, le ministère rappelle que cette aide au pluralisme ne représente qu’une faible partie de l’ensemble des aides directes et indirectes (via les aides postales notamment). En 2014, un titre d’extrême droite comme Présent a touché 362 745 euros d’aides au total (dont 226 888 euros d’aides directes). Valeurs Actuelles a touché 961 026 euros d’aides à son transport postal mais zéro aide directe. Minute et Rivarol n’ont rien touché.Parmi la cinquantaine de titres qui pourraient bénéficier des nouvelles aides au pluralisme, on trouve les publications de gauche Le Monde diplomatique ou Politis, les publications chrétiennes Témoignage chrétien, Pèlerin magazine ou Golias, le magazine féministe Causette, le mensuel et site sur l’écologie Terra Eco, voire le bihebdomadaire généraliste Society.Malgré les arguments du ministère, les fédérations d’éditeurs de presse risquent de ne pas désarmer immédiatement : « Quelles que soient les justifications politiques et morales censées la justifier, une telle exclusion, dans son essence même, rompt avec le principe démocratique intangible de la neutralité de l’action publique vis-à-vis de la presse d’opinion », écrivent-ils, avant d’invoquer Tocqueville : « Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Nouchi Lorsque, peu après sa désignation comme directeur du Monde, le 30 juin, Jérôme Fenoglio me proposa de devenir le sixième médiateur de notre journal – après, successivement, André Laurens, Thomas Ferenczi, Robert Solé, Véronique Maurus et Pascal Galinier –, je n’imaginais évidemment pas une seconde que j’allais prendre mon poste par temps de guerre. Je me faisais une joie de pinailler sur l’orthographe ou la syntaxe défectueuse de tel ou tel article, de maugréer après tel ou tel rédacteur coupable d’une approximation douteuse, de grommeler après la découverte d’un titre de manchette imprécis ; et voici qu’il me faut dire l’émotion d’une rédaction en proie à la fatigue, à la peine et parfois même au deuil ; et voici surtout qu’il faut, dès à présent, lui tirer un immense coup de chapeau pour le travail réalisé depuis quelques jours.Croyez-moi, chers lecteurs, je ne suis pas du genre complaisant avec les confrères. Depuis un peu plus de trente ans au Monde, ayant connu moult directeurs, directeurs de la rédaction et rédacteurs en chef, je me fais une idée très haute du journalisme. Mes modèles en écriture sont à chercher du côté de Robert Guillain (1908-1998), Pierre Viansson-Ponté (1920-1979) ou encore Jean-Marc Théolleyre (1924-2001) – souvenirs émus de ces grandes plumes du journal d’avant Internet –, alors pensez : il m’arrive parfois de céder à la déception devant un journal par trop moyen. Rien de tel depuis une semaine. Le travail de la rédaction, tous supports confondus, est remarquable. Rigueur, talent d’écriture et d’analyse, scoops, tout y est, avec ce qu’il faut également de nécessaire prudence pour échapper à cette épidémie de rumeurs qui s’est emparée des réseaux sociaux. Je remarque d’ailleurs en parcourant votre courrier que vous vous faites très souvent l’écho de la qualité du travail des journalistes du Monde. Soyez-en remerciés.Par-delà ces compliments, et quelques réserves formulées par plusieurs d’entre vous concernant le choix de certaines photos jugées « racoleuses », quatre aspects qui concernent notre couverture journalistique de ces événements me semblent, d’ores et déjà, devoir être soulignés.Une mobilisation exceptionnelle Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre, plus d’une centaine de journalistes, sur les 400 que compte la rédaction du Monde, se sont mobilisés. « On attend du Monde qu’il remplisse une fonction de service public de l’information, explique Luc Bronner, le directeur des rédactions. Ce rôle, que nous revendiquons, nous ne pouvons le jouer qu’à la condition de disposer d’une rédaction très forte, composée en particulier des meilleurs spécialistes de telle ou telle question. »Un souci constant de pédagogie et de « chasse » aux « hoax » et aux informations non recoupées « L’ignorance et la peur sont les deux alliées du terrorisme, analyse Jérôme Fenoglio. C’est pourquoi nous devons veiller en permanence à ne pas alimenter les rumeurs et à mettre en perspective les événements que nous couvrons. » De ce point de vue, tant les « live » organisés sur Lemonde.fr que le travail de l’équipe des « Décodeurs » du Monde réalisé sous la houlette de Samuel Laurent, à la fois sur notre site et sur Twitter, ont permis, quasiment en temps réel, d’apporter les éclairages nécessaires à la compréhension de ce qui était en train de se passer.La nécessité d’un travail de suivi au long cours Luc Bronner le résume avec franchise : « En janvier dernier, lors des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher, nous avions été bons au moment de la crise mais un peu moins bons ensuite. Nous n’avons pas assez exploré la France de “l’après-Charlie”, l’impact que cet événement a eu tant sur les “Je suis Charlie” que sur les “Je ne suis pas Charlie”. » Cette fois, il en ira tout autrement. Jeudi 19 novembre, dans un courriel adressé à l’ensemble de la rédaction, le directeur des rédactions a annoncé la création d’une « task force » d’une dizaine de journalistes « afin de raconter, sur tous nos supports, “la France post-attentats” ». Ce dispositif, copiloté par Aline Leclerc et Benoît Hopquin, est amené à fonctionner « pour une durée indéterminée, probablement plusieurs mois ». « Nous sommes attendus, ajoute Luc Bronner dans son courriel, sur notre capacité à raconter, décrire, expliquer l’onde de choc de ces attentats en France. Nous avons évidemment déjà commencé à le faire, mais il nous faut le réussir sur plusieurs mois, en multipliant les angles, les formats, en variant les types de sujets, en creusant tous les aspects de cet épisode majeur, en couvrant tous les territoires, à Paris, en province comme en banlieue. »La guerre contre l’Etat islamique en Syrie Concernant l’action militaire de la France hors de ses frontières, il me semble que la position du Monde n’a pas été suffisamment précisée. S’agissant de la question de la coopération avec la Russie, nous avons estimé « justifié » le « tournant russe de François Hollande ». Soit. Cela signifie-t-il pour autant que Le Monde est favorable aux nouvelles frappes aériennes décidées par le chef de l’Etat contre les positions tenues par l’Etat islamique en Syrie ? Si Le Monde semble reprendre à son compte la réalité de « l’état de guerre » décrite par François Hollande (certains lecteurs, précisons-le, ne partagent pas cet avis), qu’en est-il de l’action de guerre elle-même qu’il conviendrait de mener ? Je comprends parfaitement que l’on veuille se donner du temps avant de pouvoir juger de sujets d’une telle importance mais, sans trop tarder, une clarification, d’ordre éditorial s’entend, sera nécessaire.Franck NouchiJournaliste au Monde Alexis Delcambre « Soutenez Mediapart ! » Depuis jeudi 5 novembre, ce message est affiché sur les pages du site d’information dirigé par Edwy Plenel, contraint d’en appeler à la générosité de ses lecteurs pour acquitter une ardoise fiscale de 4,1 millions d’euros. Une démarche parallèle dont le site Arrêt sur images (ASI) est à l’origine, qui doit 540 000 euros à l’administration fiscale.L’origine de cette situation remonte à la création de ces médias, en 2008. « Pure players » distribués uniquement sur Internet, sans version papier, ceux-ci sont alors, selon la lettre de la loi, soumis à un taux de TVA de 19,6 %. En regard, les médias imprimés bénéficient d’un taux « super réduit » de 2,1 %.Ces médias en ligne engagent alors un combat pour obtenir un alignement de leur taux sur celui de leurs homologues de la presse papier. Cette démarche s’incarne notamment dans la création du Spiil (Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne), un groupement qui rassemble aujourd’hui près de 150 membres. En 2011, celui-ci avait explicitement encouragé ses membres à appliquer d’eux-mêmes le taux de 2,1 %, afin de faire pression sur les pouvoirs publics.Ses membres mettent notamment en avant la notion de « neutralité » du support : la loi serait injuste en taxant davantage les supports en ligne que les supports papier, alors que les deux ont une activité identique, qui est de diffuser de l’information.« Une affaire de principe »Cette argumentation a fini par porter puisque le Parlement français a modifié la loi en ce sens, en février 2014. Depuis cette date, les sites comme Mediapart bénéficient eux aussi du taux « super réduit ». Une décision politique qui a pour le moment motivé l’ouverture d’une procédure contre la France à Bruxelles, même si le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, s’est montré favorable à une évolution de la directive concernée.Mais cette modification du cadre légal ne solde pas les comptes de la période 2008-2014. Aux yeux de l’administration fiscale, les sites qui ont appliqué le taux « super réduit » sans en avoir le droit sont redressables. C’est pourquoi Mediapart et ASI, ou encore le groupe Indigo Publications, se sont vu notifier des arriérés, pénalités et majorations.« Nous devons plusieurs centaines de milliers d’euros, et les services de Bercy en font une affaire de principe », avait estimé Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, en 2013. De son côté, M. Plenel a ciblé la « haute administration du ministère des finances », désireuse selon lui de se venger d’un média qui a poussé à la démission de l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac.« Dans l’obligation de payer »Mediapart, qui compte plus de 110 000 abonnés, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros pour un bénéfice d’un million. « Mediapart va saisir la justice administrative, a annoncé Edwy Plenel. Mais ce recours n’étant pas suspensif, nous sommes dans l’obligation de payer. » Mardi 10 novembre, le site annonçait avoir collecté 330 000 euros. Il dispose toutefois de la trésorerie nécessaire au paiement de la somme réclamée par le fisc.De son côté, Arrêt sur images, avec 26 000 abonnés, a dégagé 5 500 euros de bénéfice annuel pour un chiffre d’affaires de 900 000 euros en 2014. Sur la plate-forme Ulule, ASI avait collecté, mardi soir, près de 170 000 euros.Lire aussi :Le droit à l’information se superpose à l’affaire BettencourtAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.11.2015 à 09h27 • Mis à jour le10.11.2015 à 13h55 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est un changement d’âge pour Melty », estime Alexandre Malsch, le fondateur de Melty. Spécialisé dans la « youth culture » - la « culture jeune » - sur Internet, le groupe a annoncé, mardi 10 novembre, une levée de fonds de 10,5 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, Melty, « économe en cash » selon M. Malsch, n’avait levé que 5,5 millions d’euros.L’augmentation de capital est réalisée auprès du fonds d’investissement de Marc Simoncini, du groupe AccorHotels et des actionnaires historiques de Melty, le fonds Serena et Bouygues Telecom Initiatives. Cette levée de fonds voit également l’entrée au capital de Patricia Barbizet, directrice générale d’Artémis et vice-présidente du conseil d’administration de Kering. Ses sept fondateurs conservent le contrôle au conseil d’administration.Cette annonce témoigne une nouvelle fois de la capacité des dirigeants de Melty, dont Alexandre Malsch, son fondateur, à attirer tant des figures de la « nouvelle économie » que des personnalités du milieu des affaires issues de secteurs plus traditionnels, désireux de bénéficier de l’expertise développée par Melty.Le divertissement et la culture« Nous avons une clientèle dans nos hôtels traditionnels, autour de 40 à 60 ans, qui vieillit et est très fidèle, explique Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels. Alexandre Malsch et Melty savent produire des contenus ciblés pour les jeunes, qui sont la clientèle de demain et aussi la catégorie la plus versatile et la plus influente. » Le groupe sera représenté au conseil d’administration de Melty, qui revendique 61 % de son audience sur mobile. M. Bazin assume d’investir au capital de l’entreprise de média, pour se positionner « au sein d’une machine » présente dans plusieurs domaines, pas seulement le voyage.Le groupe Melty a connu plusieurs phases : il a d’abord construit des médias en ligne, progressivement structurés par thématiques (séries, cinéma, musique, mode…). Puis en 2012, il s’est installé dans différents pays (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni…), tout en se diversifiant, dans la vidéo ou les spectacles. En juin dernier, il s’est recentré sur les sujets divertissement et culture (excluant ceux sur lesquels il estimait ne pas avoir de valeur ajoutée, comme l’actualité sportive ou la politique). Une manière d’insister sur la « qualité » de l’audience plus que sur sa croissance erratique.La levée de fonds doit permettre d’améliorer la monétisation des diversifications, ainsi que celle des implantations internationales. Melty se dit actuellement bénéficiaire sur son activité française, mais déficitaire au global. Elle avait été dans le vert, en 2010 et 2011, avant l’internationalisation. Melty revendique 105 employés et réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. A 100 %, ils proviennent de la publicité, dont 61 % de contenus produits avec des marques.Lire aussi :Melty se diversifie dans les événements sportifsMelty met en avant des « real-time social séries » comme SnapTrip, dans laquelle quatre adolescents racontent sur le réseau social Snapchat leur week-end dans une ville d’Europe, sponsorisé par les hôtels Ibis (groupe Accor). Ou « The Selfie Race », produite pour Sony. Mais il s’est diversifié dans les événements tels que la melty BasketBall Ligue Universitaire, rachetée en partenariat avec la fédération française et sponsorisée par les Caisses d’Epargne. Le « melty eSport Club » fait lui concourir une équipe maison, soutenue par l’annonceur-actionnaire Bouygues Telecom, dans des compétitions de jeux vidéo comme League of Legend. Melty s’enorgueillit aussi de sa melty Talents House, dont elle tire notamment un spectacle de comiques.Mieux exploiter l’internationalAlexandre Malsch réfute le terme « publirédactionnel », parfois utilisé pour qualifier les formes récentes de publicité « brand content » et « native advertising ». Ces contenus ne parlent pas des produits des annonceurs, explique-t’il. Et d’ajouter : « Nos contenus de native advertising sont faits par les équipes de Melty car on veut que ce soit de vrais contenus Melty, intéressants ». Dans les rédactions de médias d’information générale, le « brand content » est généralement réalisé par des équipes à part, pour garder une séparation entre éditorial et commercial.M. Malsch cite, lui, en exemple l’intérêt suscité par la plateforme « happiness gaming zone », dédiée au jeu vidéo et financée par Coca-Cola. Une forme de publicité « moins intrusive », argumente-t-il.Concrètement, Melty va utiliser l’argent levé pour embaucher des commerciaux dans les structures internes créées pour s’occuper de la production audiovisuelle, des spectacles, etc. Ils épauleront les 10 personnes de la régie publicitaire, désormais dirigées par une transfuge des Echos, Sophie Antoine.En parallèle, le groupe espère mieux vendre le gros tiers de son audience généré hors de France. Jusqu’ici, ses sites internationaux ont peu fait de diversification. Ils prendront désormais modèle sur Melty France. Et, pour remplacer les régies locales externes qui commercialisaient les supports, des commerciaux seront embauchés.« Nous allons rester pragmatiques. Notre devise, c’est petit à petit, l’oiseau fait son nid », assure M. Malsch, 30 ans.Lire aussi : Alexandre Malsch, prodige numériqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 22h39 • Mis à jour le10.11.2015 à 11h53   « Pour France Télévisions, le problème reste entier. » L’entreprise publique n’adoucit pas sa réaction après la finalisation, lundi 9 novembre, du rachat par TF1 à 70 % de Newen, la société qui produit plusieurs programmes pour France Télévisions, dont « Plus belle la vie ». « La question de la protection des investissements publics n’est pas résolue, réagit l’entourage de la présidente, Delphine Ernotte. Cela pose le problème de la pérennité de notre relation avec Newen. » Les arguments de Nonce Paolini et Fabrice Larue, les PDG de TF1 et Newen, ne semblent pas infléchir France Télévisions. « Cette opération n’est pas un acte agressif à l’égard de qui que ce soit », assure M. Paolini dans Le Figaro, mardi. « Notre souhait est que Newen continue d’apporter des programmes et des projets de qualité à France Télévisions. » M. Larue, « désolé des précédents problèmes de communication avec Delphine Ernotte », a appelé lundi soir la présidente de France Télévisions, avec M. Paolini, afin d’éviter qu’elle apprenne l’accord dans la presse, comme c’était le cas pour l’entrée en négociations exclusives le 29 octobre.Lire aussi :Tractations autour du rachat du producteur Newen par TF1Las ! Une source à France Télévisions estime que la finalisation du rachat « du principal fournisseur de l’entreprise par son principal concurrent », loin de pousser Mme Ernotte à lâcher du lest, va durcir encore sa position. « Il faut envisager de vider tous les contrats avec Newen, y compris “Plus belle la vie”, estime cette source. France Télévisions n’a pas de droits sur ces programmes, et TF1 comme Newen ne veulent pas en lâcher. C’est dur de se séparer de programmes qui marchent, mais c’est difficilement envisageable en interne de faire produire une série importante par une société possédée par TF1. »Position de négociationLe contrat de la célèbre série marseillaise de France 3 doit être renégocié en 2016. Jeudi, sur France Inter, le secrétaire général de France Télévisions, Christian Vion, envisageait de l’arrêter si Newen n’offrait pas de garanties nouvelles. Il anticipait aussi un probable arrêt à l’été 2016 des « Maternelles », dont l’audience recule. Le débat concerne également « Faites entrer l’accusé » ou « Le Journal de la santé », produits par Newen.La menace à peine voilée de l’arrêt des collaborations entre France Télévisions et Newen pourrait toutefois être interprétée comme une position de négociation, destinée à obtenir des concessions de la part du producteur. L’entreprise peut garder « Plus belle la vie » si elle le souhaite – en vertu d’une clause de tacite reconduction – mais elle a assuré vouloir obtenir des droits sur les œuvres, qui appartiennent aujourd’hui à Newen.« J’ai proposé à Mme Ernotte que dès ce mardi, nos équipes cherchent un accord de partenariat pour assurer la présence des programmes sur France Télévisions de manière pérenne », assure au Monde Fabrice Larue, qui gardera 30 % de Newen. Mais ce dernier semble toujours exclure de partager les droits, en cas de revente ou d’utilisation sur le numérique. « Un décret vient d’autoriser les chaînes à détenir des parts de coproduction sur les programmes qu’elles financent à plus de 70 %, mais cela n’est pas prévu sur les programmes passés », explique-t-il.On ne peut donc exclure que Delphine Ernotte souhaite réellement se désengager progressivement de sa collaboration avec Newen, qui réalise près des trois quarts de son activité avec France Télévisions.Vision historiqueLe facteur interne est important. La CGT, premier syndicat de l’entreprise publique, avait publié un communiqué jugeant « scandaleux que TF1 produise les programmes de France Télévisions et que France Télévisions ne puisse produire ses programmes ». Une référence à l’interdiction pour l’entreprise publique de produire plus de 5 % de ses fictions et documentaires en interne, une règle que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, veut faire évoluer.La vivacité de la riposte de Mme Ernotte montre que la vision historique des acteurs de l’audiovisuel reste présente en France : les rivalités entre grandes chaînes, entre public et privé, entre producteurs et diffuseurs, etc. Autant de distinctions que certains aimeraient voir s’estomper. « Aujourd’hui, les grands groupes audiovisuels européens comme ITV ou RTL sont organisés autour des métiers de la production et de la diffusion, et tout le monde a l’habitude de travailler comme cela. Quand FremantleMedia, la filiale de RTL Group, vient nous proposer un programme, il n’a pas demandé l’autorisation à M6 [filiale de RTL Group] », dit M. Paolini. L’accord de rachat de Newen prévoit des clauses pour préserver « sa liberté éditoriale et son indépendance commerciale » et « garantir le secret des affaires ». On cite aussi en exemple l’investissement de Vivendi dans le producteur Banijay-Zodiak. Ou encore les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pays où des sociétés rachetées par des chaînes produiraient facilement pour des concurrents. A l’image de Talpa, acquise par la chaîne ITV qui vient tout de même de récupérer aux enchères, pour ses antennes, les droits de l’émission « The Voice », l’émission phare de ce producteur… et qui était diffusée depuis cinq saisons par la BBC, chaîne de service public.Lire aussi :Newen : comment France Télévisions peut riposter ? Alexis Delcambre « On a tout entendu ces dernières semaines au sujet d’Altice… » Michel Combes, le président de SFR-Numericable, n’a pas caché l’un des objectifs de la conférence de presse spectaculaire organisée par l’opérateur téléphonique lundi 9 novembre : couper court aux différents « bad buzz » qui circulent quant au groupe façonné par Patrick Drahi.Dans une longue prise de parole, l’ancien patron d’Alcatel-Lucent, qui a rejoint l’empire Drahi en septembre, s’est attaché à convaincre qu’Altice suivait une stratégie claire, malgré l’impression d’emballement qu’a donnée sa succession d’acquisitions menées en un peu plus d’un an (SFR, Portugal Telecom, Suddenlink, NextRadioTV, Cablevision…)Cet ensemble forme « un puzzle dont les morceaux se mettent progressivement en place », a défendu le directeur général d’Altice, Dexter Goei. Celui-ci a rappelé le postulat fait par le groupe d’une « double convergence » (du fixe et du mobile d’un côté, des médias et des télécoms de l’autre) pour justifier sa démarche d’investissement, qualifiée d’« éminemment rationnelle ».Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médias40 millions de clients« On nous voit souvent comme des financiers alors que nous sommes avant tout une équipe d’ingénieurs », a poursuivi Michel Combes, mettant l’accent sur la dimension « industrielle » d’Altice. Une réponse aux observateurs qui doutent de la cohérence de l’ensemble et de la capacité du groupe à réaliser d’importantes synergies ou à investir dans son développement.Rappelant qu’Altice compte désormais plus de 40 millions de clients grand public, le président de SFR – qui va abandonner la marque Numericable – a expliqué que le groupe était « en train de s’industrialiser », avec par exemple la mise en place d’une structure unique pour les achats. Au passage, il a rappelé que le ratio d’endettement du groupe (4,5 fois l’Ebitda) était, aux yeux de son management, « classique et raisonnable ».Pour montrer qu’Altice invente, M. Combes a annoncé la création des « Altice labs », qui doivent permettre aux équipes de recherche et développement de ses différentes entités d’échanger. Leur objectif sera de « reprendre le leadership sur l’expérience client » – une façon de reconnaître un certain recul en la matière.Reprise des investissements dans le réseauOutre sa stratégie, Altice a également été mis en cause pour la qualité de son réseau. « Nous allons accélérer nos investissements dès ce trimestre », a promis Michel Combes, évoquant notamment un effort dans la couverture des grandes villes en 4G. « Nous sommes l’opérateur de la fibre en France », s’est-il emporté, accusant ses concurrents de faire de la communication.Lire aussi :Numericable-SFR accusé de vendre de la fibre qui n’en est pasAutre annonce : le lancement d’un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) baptisé Zive, dès le 17 novembre. Ce service donnera accès à 5 000 films ou séries – 15 000 d’ici à la fin 2016. Il s’appuie sur des accords avec Disney, Pixar, ABC Studios, Warner Bros, Europa, Miramax, Sony Pictures Télévision ou encore France Télévisions.Ce service sera proposé à tous les clients SFR au tarif de 9,99 euros par mois et offert à ceux qui disposent déjà des offres Premium. En complément, l’opérateur met sur le marché une nouvelle box, également baptisée Zive, qui offrira notamment une fonction « Restart » (pour reprendre un programme au début). Sur un positionnement haut de gamme et « résolument tourné vers la famille, avec des programmes ludo-éducatifs », selon M. Combes.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ils sont les vedettes de la génération 2000, comptent jusqu’à 8 millions d’abonnés à leurs chaînes YouTube, et 120 d’entre eux ont rempli à eux seuls le pavillon 1 du Parc des expositions de Paris les 7 et 8 novembre pour Video City, le premier festival parisien dédié aux fameux youtubeurs.Lire aussi :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisMais dans le joli petit monde tout rose des vidéos en ligne, il y a des questions à ne pas poser. Celle de leur rémunération, notamment, comme l’a appris France Info à ses dépens. « Parce qu’on a osé demander en interview à une jeune youtubeuse si elle était payée, son attaché de presse, furieux, a annulé tous les autres entretiens prévus et a convaincu l’agent des poids lourds Norman, Cyprien et Squeezie de faire de même », raconte la journaliste Sandrine Etoa-Andegue dans un article sur le « business des youtubeurs ».L’argent, une question taboueObtenir des réponses est en effet difficile. Ni EnjoyPhoenix, la youtubeuse la plus célèbre de France, ni l’agent de Jhon Rachid, l’une des étoiles montantes de la plateforme, ni Ubisoft, l’un des principaux annonceurs, ni la plupart des agences impliquées dans le secteur n’ont donné suite à nos sollicitations. Et les rares à avoir répondu ont tous demandé l’anonymat.C’est peu dire que la question de la rémunération fâche. En juillet dernier, le Suédois Felix Kjellberg, plus connu sous son pseudonyme de PewDiePie, star de YouTube avec sa chaîne spécialisée dans les parties de jeux vidéo à laquelle 40 millions d’internautes sont abonnés, avait dû se défendre après la publication de sa rémunération annuelle, 6,7 millions d’euros.Lire aussi :« PewDiePie », le youtubeur millionnaire, répond aux critiques sur ses gains« Cela a explosé. Ce dont les gens ne se rendent pas compte, c’est que mes vidéos ont neuf milliards de vues [au total], ça se convertit en quelque chose, il y a des publicités, je gagne de l’argent avec celles-ci », expliquait-il.Il s’agit d’« un sujet très demandé et un peu tabou », reconnaissait de son côté l’humoriste Le rire jaune dans une vidéo du printemps dernier sur la question, évoquant des « clauses de confidentialité avec YouTube ».Système complexeCertaines informations sont toutefois connues. Si le système de rémunération employé par Google varie en fonction du type de contenu produit, en moyenne, un youtubeur gagne environ un dollar tous les mille visionnages entamés, expliquait au printemps Le Rire jaune, suivi par plus de 2 millions d’internautes. Mais tout un système complexe existe derrière.Le jeune youtubeur évoquait notamment ces structures méconnues que sont les « networks », des réseaux « comme la NBA ou des maisons de disque, chargés de protéger les droits d’auteur [des youtubeurs] en échange d’un pourcentage », de l’ordre de 10 à 20 %, et auxquels le ralliement est obligatoire dans le cas de vidéos sur des propriétés intellectuelles déposées, comme les films ou les jeux vidéo.Regardée un peu plus de 4,8 millions de fois, sa vidéo explicative lui a donc rapporté un peu moins de 4 500 euros, essentiellement grâce aux « preroll », les spots publicitaires précédant une vidéo. Une bagatelle, en réalité, rapporté aux sommes que peuvent engranger certaines stars de la plateforme – et notamment grâce au placement de produit.Jusqu’à 5 000 euros le tweetLa rémunération d’un youtubeur comporte en effet un second volet, qui provient non pas de la diffusion de spots mais de contrats passés avec des marques de cosmétiques ou de jeux vidéo.Celles-ci déboursent plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros pour placer leur produit chez les plus influents. « Le tarif dépend du youtubeur, c’est lui qui décide de sa rémunération, explique au Monde un responsable d’agence tenu par des accords de confidentialité. Cela peut monter jusqu’à 50 000 euros pour les plus gros, comme Cyprien, Norman et Squeezie, mais certains acceptent de faire certaines “opé” gratuitement si le sujet les intéresse. »Aujourd’hui, s’offrir une star de YouTube passe par des grilles tarifaires évolutives : chaque commentaire sur Twitter, chaque post Facebook, et bien sûr chaque vidéo publiée sur la chaîne officielle sont rémunérés. Un simple tweet vers une vidéo comportant un placement produit peut être facturé de 1 000 à 5 000 euros selon la notoriété du créateur.Lire : L’engouement soudain, et suspect, de stars pour un concert à la piscine MolitorA l’étranger, les tarifs s’envolent : outre-Manche, Yogscast, 7 millions d’abonnés au compteur, facture à partir de 5 000 livres sterling (7 000 euros) un test de jeu, quand l’agent d’un célèbre youtubeur international offrait les services de la star pour 250 000 dollars (232 000 euros) dans les travées de l’E3, la grand-messe du jeu vidéo.« C’est la loi de l’offre et la demande, on est dans un système dont ils vont profiter un petit moment avant qu’il ne finisse par s’écrouler », veut croire un professionnel, qui ne cache pas la surprise de certains nouveaux annonceurs face aux cachets demandés.Agences et managersCes négociations engagent parfois plusieurs intermédiaires entre l’annonceur et le youtubeur lui-même, comme l’agence de création numérique chargée de réfléchir à un concept de vidéo pertinent. A la manière des sportifs de haut niveau, les plus courtisés ont un manager chargé de faire l’interface avec ces dernières.Les trois géants français de YouTube, Norman, Squeezie et Cyprien, sont quant à eux chez Mixicom, une agence de communication leur servant à la fois de régie publicitaire et de conseil marketing. « Notre but, c’est de fournir aux créateurs des services pour qu’ils puissent se concentrer sur l’artistique », expliquait en septembre Thierry Boyer, cofondateur de Mixicom, à la revue Stratégies.La société, qui édite également les sites d’information JeuxActu et FilmActu, a souvent créé des passerelles entre ces différentes activités (à l’image de cette vidéo de Norman diffusée sur la chaîne FilmActu). Elle a depuis été achetée par Webedia (AlloCiné, JeuxVideo.com) pour une somme estimée à 14 millions d’euros.Mais les autres géants de la vidéo francophone sont également détenus par de grands groupes médias : Studio Bagel par Canal+, Golden Moustache et EnjoyPhoenix par M6.Problèmes éthiquesCes régies publicitaires posent un problème éthique. Comme le relève L’Express, l’article 20 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) oblige toute publicité à « rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée ». Mais dans la pratique, c’est le flou qui prédomine.Le 23 octobre dernier, Norman poste ainsi sur sa chaîne Youtube une vidéo intitulée « Assassin des templiers », et présentée comme « inspirée de l’univers du jeu vidéo Assassin’s Creed ». Aucune mention du commanditaire de la vidéo. Au Monde, la boîte de production IDZ confirme pourtant avoir été en contact avec Mixicom et Ubisoft, l’éditeur du jeu vidéo Assassin’s Creed. La vidéo tournait d’ailleurs en boucle sur le stand de ce dernier au Salon du jeu vidéo Paris Games Week, une semaine plus tard.« La déontologie, j’en ai rarement vu »Une vidéo promotionnelle, en somme, mais qui n’est jamais explicitement présentée comme telle. C’est que les youtubeurs les plus importants, conscients que la mode dont ils jouissent peut être éphémère, réfléchissent rarement en termes d’éthique. « La déontologie, j’en ai rarement vu, épingle un responsable d’agence. On essaie de faire des choses cohérentes, ce sont les agences qui réfléchissent et non les youtubeurs. »Certains, malgré tout, réussissent à se distinguer. Jhon Rachid ferait partie des rares à ne pas faire payer l’annonceur lorsqu’un sujet lui est proposé et l’intéresse. Dans la sphère anglophone, TotalBiscuit, sévère critique des dérives déontologiques de la presse jeu vidéo – et l’une des figures de la nébuleuse antiféministe GamerGate – ne demanderait aucun cachet pour tester les jeux envoyés par les éditeurs. Ils font toutefois figure d’exception.Pour Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix et tous ceux dont le contenu des vidéos est en partie négocié avec une régie, leur mission consiste à mettre leur popularité au service de la marque, et peu importe que leurs vidéos soient massivement regardées par des enfants peu préparés à faire la part des choses. « Il n’est jamais stipulé dans les contrats qu’ils doivent dire du bien du produit, mais si on pose un paquet de céréales sur la table et que le gars critique, il sait que ça ne va pas le faire, explique la même source. L’intérêt du youtubeur est de ne pas cracher dans la soupe. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Krémer Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents.D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. »Lire :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisLes chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ».Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty.Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux »La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours…Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. »Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes.Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Y a-t-il encore un sens à surveiller les équilibres de temps de parole uniquement à la télévision et à la radio alors que l’information se diffuse aujourd’hui à travers de multiples canaux ?L’environnement dans lequel nous évoluons a énormément changé depuis les années 1980, lorsque les règles d’équilibre du temps de parole ont été décidées. Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio La campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre s’intensifie. Moins d’un mois nous sépare du premier tour de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle. Et les calculettes commencent à chauffer, pas seulement du côté des instituts de sondage, mais au sein même des rédactions des radios et des télévisions. Désormais, elles doivent respecter l’équité entre les différents candidats, sous peine de s’attirer les foudres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Chronomètre en main, des bataillons traquent la moindre seconde de temps de parole. Ils sont constitués d’une dizaine de salariés à France Télévisions, trois en moyenne pour TF1 et LCI. « Je n’avais pas mesuré que les règles étaient aussi strictes. Dans la presse écrite, on essaie d’être vigilants à interroger toutes les formations, mais à la radio et à la télévision tout est calculé à la seconde près », confie Christophe Jakubyszyn, chef du service politique des deux chaînes.Question d’équitéA Radio France, c’est une société externe qui est chargée de cette tâche fastidieuse. Une personne pilote le travail de plusieurs stagiaires à BFM-TV ; elle est en relation quasi quotidienne avec la direction de la rédaction pour veiller au respect des équilibres. Pas question de se faire accuser encore une fois de favoriser tel ou tel parti comme ce fut le cas lors des dernières élections départementales. Une critique qui a laissé des traces : « C’était injustifié, car nous avions arrêté les compteurs en cours de période », se souvient Hervé Béroud, le directeur de la chaîne info.L’équité est une notion qui dépend de nombreux facteurs, selon la définition du CSA. Son appréciation se fonde sur deux séries d’éléments : « La représentativité des candidats qui prend en compte, en particulier, les résultats du candidat ou de la formation politique aux plus récentes élections », d’une part, et « la capacité à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d’un mandataire financier, et plus généralement toute initiative permettant de porter à la connaissance du public les éléments du programme du candidat », d’autre part.« C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. » Yael Goosz, chef du service politique de France InfoUne définition suffisamment floue pour contenter tout le monde ? Pas vraiment. Au CSA, on se garde d’imposer toute répartition chiffrée. Cependant, s’il n’existe pas d’étiage officiel, des « chiffres officieux circulent », souligne Christophe Jakubyszyn. Mieux vaut donc ne pas trop s’en éloigner. « On ne conteste pas le principe de l’équité qui nous laisse une certaine liberté, mais cela reste compliqué à gérer », remarque pour sa part Hervé Béroud. « Dans des campagnes où il y a de très nombreux candidats, de très nombreux partis, dès l’instant que l’on couvre une région, on entre dans un véritable casse-tête. Lorsqu’on interroge un candidat, il faut quasiment entendre les autres selon leur poids dans la campagne », observe-t-il.Le décompte qui est effectué au niveau de chaque circonscription dans les élections locales parasite le travail journalistique. « Cela nous empêche de faire des sujets transversaux. J’aurais aimé expliquer ce qu’est une gestion de gauche ou une gestion de droite, mais c’est pratiquement impossible si on veut faire un traitement national », juge Christophe Jakubyszyn.« Logique comptable »Le constat est presque le même à la radio. « Les sujets sont courts, deux minutes, c’est l’exception. Il est difficile de faire parler tout le monde. Quant aux débats, au-delà de trois personnes, c’est la cacophonie », assure Catherine Mangin, directrice adjointe de l’information à RTL. Yael Goosz, le chef du service politique de France Info depuis août, découvre cette « logique comptable » de la couverture des élections. « C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. Le 18 novembre, nous irons à la rencontre des électeurs du Front national dans deux régions. Nous compenserons ensuite avec d’autres sons de cloche », raconte-t-il. Le pire est peut-être à venir.Lire aussi :« On préfère appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que renforcer les règles »« C’est un casse-tête, surtout à la fin », souffle Marie-Eve Malouines, ancienne patronne du service politique de la radio tout info du service public et désormais présidente de LCP. Il faut alors rattraper les déséquilibres qui peuvent s’être formés. « Nous pouvons faire des sujets non pas en fonction de l’actualité, mais aussi en fonction des équilibres à respecter », regrette-t-elle.Un aménagement des règlesAvec la présidentielle en vue, les choses risquent d’être complexes si les règles ne changent pas. D’abord, les médias audiovisuels vont devoir gérer l’élection primaire qui se profile à droite. Celle-ci n’est pas soumise à une réglementation particulière, mais le CSA veillera à ce que sa couverture n’entraîne pas des déséquilibres de traitement entre la majorité actuelle et l’opposition. « Il faut faire vivre l’événement quand il se déroule. Il faudra nous laisser du temps pour réguler ça avec les autres partis », prévient Hervé Béroud. Télévisions et radios espèrent surtout que les conditions dans lesquelles doit se tenir l’élection présidentielle elle-même seront assouplies.Pour le moment, les candidats doivent être traités dans la plus stricte égalité dès que le Conseil constitutionnel valide la liste des participants au scrutin, c’est-à-dire plusieurs semaines avant le premier tour. « C’est une situation aberrante. Lors de la dernière présidentielle, Jacques Cheminade a eu autant de temps de parole que Nicolas Sarkozy ou François Hollande pendant cinq semaines », regrette Hervé Béroud.En septembre, le CSA a publié une série de propositions pour aménager les règles de la couverture de la vie politique. L’une d’entre elles vise à instaurer désormais le principe d’équité avant la campagne officielle, qui s’ouvre le deuxième lundi avant le premier tour du scrutin. La plupart des suggestions du CSA ont été reprises dans un texte qui devrait être discuté au printemps au Parlement.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Machart On ne saura pas ce qu’aurait pu être « Antoine sans fiche », la première mouture de l’émission hebdomadaire qu’Antoine de Caunes devait présenter sur Canal+ en cadeau de consolation de son éviction de la présentation du « Grand Journal ». Mais « L’Emission d’Antoine », qui faisait ses débuts vendredi 6 novembre à 22 h 45 sur la chaîne cryptée, est une hilarante réussite. Si le même niveau est atteint chaque semaine, elle devrait devenir le rendez-vous incontournable des réjouissances zygomatiques.C’est le grand de Caunes qu’on retrouve là : drôle, malin, coquin, leste, transformiste – toutes choses en quoi il excelle –, le tout servi par des textes léchés de langue de maître ; un de Caunes tel qu’on l’aimait lors de ses reportages urbains excentriques (« Toqué de Tokyo », « Maboul de Séoul », etc.) et de ses programmes d’antan (« Eurotrash ») ; un de Caunes libéré de ce « Grand Journal » où il n’était pas à son meilleur et auquel il règle d’ailleurs, avec une fine insolence, son compte en début de d’émission.L’esprit est très Canal, mais du Canal historique, de la grande époque (le XXe siècle), avec tout de même quelques transferts du Canal plus récent, comme Alison Wheeler et Monsieur Poulpe, qui étaient présents dans « Le Grand Journal » animé pendant deux saisons par Antoine de Caunes.Canal historiqueSi Mme Wheeler n’est toujours pas très drôle (c’est le seul point faible de « L’Emission d’Antoine »), M. Poulpe est en revanche assez bien distribué dans l’animation d’un jeu foutraque où les deux candidats, de Caunes et Fred Testot (un ancien de la séquence mythique « Service après-vente des émissions », sur Canal+, avec Omar Sy), s’évertuent à ne pas savoir répondre à des questions farfelues. Ce qui vaut à M. Poulpe la pénalité d’être méthodiquement épilé par une dame asiatique qui s’évertue à décoller trop lentement des patchs apposés sur ses cuisses. La séquence se termine par un concours de coiffure où deux malheureux garçons se font tailler des perruques de clown par de Caunes et Testot…Capillotracté, tout cela ? Normal : le fil conducteur de ce premier numéro était le poil, considéré dans tous ses états. Ce qui autorisa de Caunes à enquêter dans les arcanes d’un concours autrichien de barbes et moustaches où se présentent de véritables cascadeurs du système pileux ; à rendre visite à une cinéaste pornographique bisexuelle et féministe adepte des femmes velues (avec les images olé-olé qu’on peut voir sur une chaîne cryptée, même avant minuit, heure légale du porno maison) ; à recevoir une vraie femme à barbe et à s’entretenir sérieusement avec elle.Et à débiter des palanquées de jeu de mots artistement foireux, à dire des choses grossières sans la moindre vulgarité (art que ne possède pas encore Alison Wheeler), à se déguiser et à pouffer comme le gamin de 12 ans que ce sexagénaire génial et chenapan n’a jamais cessé d’être.Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 12h26 • Mis à jour le06.11.2015 à 13h00 | Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau La recherche d’un partenaire capable de racheter Ubisoft « n’est qu’une de nos options » pour échapper à une prise de contrôle de Vivendi, a expliqué Yves Guillemot, son président, lors d’une conférence téléphonique en marge de la présentation de ses résultats financiers semestriels. Elle reste toutefois la priorité actuelle du groupe.« Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagne et que cela soit positif pour les actionnaires », a détaillé Yves Guillemot lors d’une conférence téléphonique. Si Ubisoft a souligné dans un communiqué ses accords passés avec de « puissants partenaires internationaux » comme Columbia, Fox New Regency, Nickelodeon et Warner, le président de la plus grosse entreprise française de jeu vidéo n’a pas précisé vers quel chevalier blanc Ubisoft cherchait à se tourner pour empêcher une prise de contrôle par Vivendi.Plus aucun contact avec Vincent BolloréFace à ses actionnaires, Yves Guillemot est resté fidèle à la ligne de défense de son groupe : Ubisoft détient un savoir-faire et une connaissance du métier qui sont étrangers à Vivendi, et un rachat mettrait son modèle créatif en danger. Le président de l’entreprise a notamment relevé les quatre fondamentaux de sa stratégie : le développement de jeux en ligne avec une forte composante multijoueur, des jeux en mode ouvert, une capacité à créer de nouvelles licences de A à Z et un élargissement au-delà du jeu vidéo, notamment dans le cinéma. « Nous commençons tout juste à toucher les dividendes de cette stratégie », a assuré Yves Guillemot, qui a une nouvelle fois rappelé sa volonté d’indépendance.« Nous pensons que les synergies sont difficiles à voir surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd’hui, et dans le passé Vivendi ne voyait pas de synergie avec Activision Blizzard [dont le groupe a revendu l’essentiel de ses parts en 2013], nous ne voyons donc pas pourquoi ils en verraient aujourd’hui. »M. Guillemot a par ailleurs confié n’avoir eu aucun contact avec Vincent Bolloré depuis l’appel téléphonique de ce dernier le jour de l’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft – le géant des loisirs a depuis porté sa participation à 10,6 % d’Ubisoft, et reconfirmé sa volonté de rester indépendant. Ubisoft a par ailleurs annoncé mardi 2 novembre avoir signé un contrat avec l’agence de communication Mindshare, alors que la société était liée jusqu’à présent à Havas, qui appartient au groupe Vivendi.Trois jeux à gros budget dans les quatre moisPour son premier rapport financier depuis l’entrée non sollicitée de Vivendi dans son capital, Ubisoft a annoncé un chiffre d’affaires semestriel de 207,3 millions d’euros, en recul de 57 % par rapport à 2014, et 65,7 millions d’euros de pertes nettes (contre un bénéfice de 17,5 millions d’euros l’an passé). Un résultat prévisible : l’éditeur n’a lancé aucun jeu majeur au printemps de cette année, au contraire de Watch Dogs, sa nouvelle licence phare, en 2014.Principale sortie de l’éditeur pour ce Noël, le jeu Assassin’s Creed Syndicate a connu un lancement compliqué, avec des critiques partagées et des résultats commerciaux très en deçà des précédents opus (66 000 exemplaires en France en première semaine, contre 167 000 pour Unity). Mais la seconde semaine a renversé la tendance, assure l’éditeur. « Les notes que nous avons eues sur ce jeu ont été très élevées, notamment les plus gros sites spécialisés, et le bouche-à-oreille est actuellement favorable au jeu », a soutenu Yves Guillemot.Ubisoft publiera par ailleurs le jeu d’action Rainbow Six Siege le 1er décembre, ainsi que The Division et Far Cry Primal au premier trimestre 2016, qu’Ubisoft veut croire « historique ». Il est en effet rare de lancer deux jeux à gros budget en début d’année.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre L’heure de vérité approche pour Molotov.tv, ce service prochainement lancé qui promet de réinventer la distribution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’identité et les intentions de ses fondateurs, dont Jean-David Blanc, créateur d’AlloCiné, et Pierre Lescure, ancien président de Canal+, suscitent la curiosité, mais les détails du service restaient un mystère. Un mystère en voie de se dissiper, puisque l’interface de Molotov.tv a été présentée aux membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mercredi 4 novembre, et que Le Monde a pu parallèlement l’explorer.Lire aussi :La télévision est morte, vive la télévision !La conviction de l’équipe de Molotov.tv est que le problème qu’affronte la télévision, notamment vis-à-vis des plus jeunes, est d’abord ergonomique. Selon elle, les contenus de l’industrie télévisée restent riches et attractifs mais les nouveaux modes de circulation dans ces contenus auraient ringardisé l’usage se limitant à aller d’une chaîne à l’autre grâce à une télécommande. C’est pourquoi Molotov se définit au croisement de « la télévision d’hier et du monde d’aujourd’hui », selon M. Blanc.On peut bien sûr y choisir une chaîne et accéder au direct. Mais aussi reprendre au début un programme qui a déjà commencé. Ou explorer la liste des diffusions passées, et visionner un contenu de son choix – comme sur une plate-forme de rattrapage. Ou encore voir la liste des programmes à venir et sélectionner ceux qui nous intéressent. Le système les « enregistrera » et ils rejoindront un panier de programmes sélectionnés, visionnables à tout moment depuis n’importe quel appareil (téléphone, tablette, PC ou télévision connectée).L’utilisateur peut rechercher ce qui l’intéresse, parmi tous les programmes de télévision, à l’aide d’un moteur de recherche, et par catégories (films, séries, documentaires, enfants…).Plate-forme socialeL’usage se veut en effet nomade : un compte Molotov est par nature multisupports et on peut passer de l’un à l’autre en reprenant le visionnage d’un contenu à l’endroit précis où il a été interrompu. Le système peut également alerter l’utilisateur par e-mail en cas de prochain passage à la télévision d’une personnalité ou d’une entité qu’il a déclaré suivre.Molotov est aussi une plate-forme sociale : en visionnant un programme live, on voit défiler les tweets qui lui sont associés. L’utilisateur peut voir ce que ses amis regardent ou ont regardé, et visionner les séquences télé qui « buzzent » sur les réseaux sociaux. Et témoigner de ce qu’il regarde. Enfin, un outil permet de sélectionner une séquence pour la partager sur les réseaux sociaux.Avant son lancement prévu en décembre, l’équipe de Molotov.tv continue d’élargir son nombre de chaînes partenaires (déjà plus de 80). L’Equipe 21 vient de rejoindre la plate-forme. Avec Canal+, à ce jour le grand absent de l’offre, les discussions ne sont pas arrêtées. Misant sur un modèle freemium, avec une couche payante, les fondateurs doivent encore choisir les services qui ne seront pas gratuits et fixer les prix. Et réfléchissent à des formats publicitaires plus « comestibles » que les spots diffusés à l’ouverture des programmes.Lire aussi :L’énigmatique Molotov.tv séduit 80 chaînesAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h36 Le président et directeur de la publication du New York Times, Arthur Ochs Sulzberger Jr, 64 ans, a ouvert officiellement lundi 2 novembre le processus qui doit mener à la désignation de son successeur, choisi au sein de sa famille. Un directeur adjoint de la publication doit être nommé dans les deux ans, qui sera appelé à le remplacer. Le processus de succession est « formel » et « implique le conseil d’administration, les cadres dirigeants et les représentants de la famille », a rappelé M. Sulzberger aux employés lors d’une réunion annuelle.Arthur Ochs Sulzberger Jr, qui dirige le principal quotidien d’Amérique depuis vingt-cinq ans, est le cinquième membre de la famille à assumer cette charge. Il est l’arrière-petit-fils d’Adolph Ochs, qui a racheté le New York Times en août 1896 et en a gardé la tête jusqu’à sa mort, en 1935. Le fondateur avait été remplacé par Arthur Sulzberger, son gendre.La famille ne détient aujourd’hui qu’une participation minoritaire au capital du groupe mais possède l’essentiel des actions de type B, ce qui lui permet de désigner 9 des 14 membres du conseil d’administration.Selon une enquête du New York Magazine, publiée en août, trois descendants d’Adolph Ochs pourraient succéder à l’actuel patron du New York Times : Arthur Sulzberger (fils du directeur de la publication), David Sulzberger Perpich, cousin du premier, et Samuel Dolnick, cousin au deuxième degré des deux premiers. Tous trois sont trentenaires et occupent déjà des postes au sein du quotidien. Hélène Delye Douze documentaires inédits à l’antenne pour six jours de festival, ce n’est déjà pas si mal. Pour sa deuxième édition (du 15 au 20 novembre), le Festival du documentaire d’Arte entend mettre en avant l’ouverture sur le monde et l’éclectisme, autant en termes de regards que de formats, des films coproduits par la chaîne, dont plusieurs ont été primés lors des grands festivals internationaux.Parmi ces films documentaires dits « d’auteur », et malgré le caractère événementiel du festival, seuls deux auront les honneurs du prime time : Hitchcock/Truffaut, de Kent Jones et Serge Toubiana (2015, lundi 16 à 20 h 55); et La Maison de la radio (2012 ; mardi 17 à 20 h 55), pour lequel Nicolas Philibert s’immerge dans les coulisses du média radio afin de formuler une réflexion sur le son et l’écoute.« Sessions de rattrapage »Les dix autres documentaires de ce festival – dont le très marquant Austerlitz (2013 ; mardi 17 à 22 h 35), de Stan Neumann ; Les Yeux du silence (2014 ; jeudi 19 à 22 h 25), de Joshua Oppenheimer, ou encore, le captivant Killing Time – Entre deux fronts (2015 ; mercredi 18 à 22 h 25), de Lydie Wisshaupt-Claudel – sont tous relégués en deuxième, voire troisième partie de soirée.Martine Saada promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetéspar la chaîneUn regret récurrent auquel Martine Saada, directrice de l’unité société et culture d’Arte France, répond de façon pragmatique. « Le passage du prime vers la troisième partie de soirée des documentaires d’auteur de la case “Grand Format”a eu lieu bien avant les changements au sein des directions chez Arte », dit-elle, consciente de la nostalgie qui règne autour de l’époque, sans doute idéalisée, où Thierry Garrel dirigeait l’unité documentaires d’Arte. « Ce n’est pas une révolution de palais qui viendrait de nouvelles directions, c’est une évolution due au fait que ces films nécessitent une attention et une intention du téléspectateur. La consommation en matière de télévision a changé. On est beaucoup moins tributaires des grilles et des horaires. On se fabrique de plus en plus une grille soi-même grâce aux sessions de rattrapage. Et puis il ne faut pas se voiler la face, la télévision est aussi un média de divertissement, et il faut pouvoir offrir des choses différentes aux gens », poursuit la directrice.« Se repositionner dans un axe » Dans un contexte marqué par l’inquiétude des producteurs et des auteurs quant à la pérennité de l’engagement des diffuseurs, notamment d’Arte, auprès du documentaire d’auteur, Martine Saada tente de rasséréner : « La crainte n’est pas le meilleur des moteurs… La vigilance, oui. La crainte, non. » Ainsi répond-t-elle à la « lettre ouverte » publiée dans Le Monde (5 novembre) dans laquelle de nombreux réalisateurs exprimaient leurs craintes après le départ de Luciano Rigolini, pilier du cinéma documentaire à Arte et responsable de la case « La Lucarne » depuis sa création.Si elle admet qu’il sera difficile de remplacer cet homme de grande culture, au goût sûr et au tempérament vif, la directrice des documentaires société et culture d’Arte promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetés par la chaîne. Mais elle affirme aussi sa volonté d’aller de l’avant. « Il faudra de la patience, laisser du temps au nouveau venu. Mais je ne peux pas croire qu’il n’y a pas de nouveaux talents pour prendre la suite de Luciano Rigolini. Toute ma vie, je n’ai fait que des choses pour essayer d’installer de nouveaux talents, quels qu’ils soient », dit encore l’ancienne directrice du pôle littérature générale et documents du Seuil, mais aussi ancienne productrice de documentaires aux Films d’ici. « Je suis plutôt dans l’idée qu’il faut conforter les choses que dans une phase de chantier. Les événements de janvier nous ont tous bousculés dans nos certitudes. C’est quand vous tanguez qu’il faut rechercher du sens, pour se réancrer. Or, le moment où l’on recherche du sens n’est pas toujours celui où l’on est le plus créatif… C’est le moment où l’on se repositionne dans un axe, et il faut en passer par là », explique-t-elle avec franchise.« Eviter tout formatage »« Et n’oubliez pas qu’on ne commande pas ! Je lis ce que je reçois », dit-elle encore, anticipant une autre attaque récurrente selon laquelle on assisterait à une forme de nivellement vers le bas dans l’exigence et l’originalité des documentaires diffusés sur la chaîne franco-allemande. Pour Martine Saada, « c’est par la diversité des producteurs et des auteurs qu’on évitera tout formatage. Parce qu’il y aura toujours quelqu’un d’assez fou dans une chaîne pour croire à un projet, même risqué, l’accompagner, le porter. Et j’espère être cette personne ». Une manière pour elle de responsabiliser et renvoyer certaines questions dans le camp des producteurs et des auteurs.Mais ces relations, souvent houleuses, entre Arte et les producteurs et réalisateurs avec lesquels elle travaille, sont aussi le signe de la vigueur du secteur cinéma documentaire, qui s’exprime, qui reste vigilant sur les évolutions qu’on tente de lui imposer, et qui, en râlant contre Arte, lui dit aussi son attachement. Car rappelons-le, aucune autre chaîne ne porte aussi haut le documentaire d’auteur, malgré tout.Hélène DelyeJournaliste au Monde Charlotte Bozonnet Depuis deux ans, ce site inspiré du « Gorafi » parodie l’actualité et rencontre un beau succès populaire dans un pays où la liberté d’expression reste très encadrée. Lesquelles choisir ? Il y a eu l’histoire de ce mari déçu qui décida de porter plainte contre sa femme après l’avoir découverte sans maquillage au lendemain de leur nuit de noces. Ou encore cette déclaration de l’émir du Qatar justifiant son refus d’accueillir des réfugiés syriens : « Nous avons assez d’esclaves comme ça ! » Des nouvelles qui ne sont pas passées inaperçues et ont été reprises par les médias à travers le monde. « Une sorte de consécration pour un site comme le nôtre », reconnaît Nazim Baya, qui s’en amuse encore. A 31 ans, ce jeune pharmacien algérois est le fondateur du site parodique El Manchar.Inspiré du Gorafi français, le site Web publie de fausses nouvelles, souvent hilarantes, sur l’actualité internationale et algérienne. Avec sa liberté de ton et son ironie mordante, il s’est assuré un beau succès populaire. Son slogan : « Avec des scies, on refait le monde. »Au départ, quelques blagues sur FacebookL’aventure a commencé il y a deux ans par une page Facebook sur laquelle Nazim Baya postait de simples blagues. Peu à peu, l’envie lui vient de monter un journal satirique. Il lance un appel à contributions pour trouver des caricaturistes. Sans succès. Il décide alors de s’en tenir à des textes et reprend le nom d’un titre qui avait existé dans les années 1990 : El Manchar, un mot qui signifie à la fois « scie » et « médisance ».« En Algérie, on aime beaucoup la satire, l’humour, mais il y a un vide dans ce domaine, c’est pour ça que le site a autant de succès », estime Nazim Baya. En moyenne, le site enregistre 20 000 à 30 000 visites par jour, et jusqu’à 100 000 certains jours de buzz exceptionnel. L’équipe compte sept rédacteurs : trois en Algérie, deux au Canada et deux en France, tous algériens, avec une moyenne d’âge de 25 ans. Certains sont des amis, d’autres des connaissances virtuellesLe site est volontiers grinçant sur l’actualité internationale. Après le drame du pèlerinage à La Mecque, un article moque ainsi le mépris des autorités saoudiennes en mettant en scène le roi d’Arabie saoudite qui explique : « Pour des Africains, mourir loin d’Ebola et le ventre plein est une bénédiction. » S’agissant de l’Algérie, une prétendue étude mondiale sur le sommeil révèle que le pays « est le seul au monde où les cauchemars commencent au réveil »…“On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches.” Nazim Baya, fondateur de El MancharSur ses motivations, Nazim Baya reste discret. Pas de grand discours sur la liberté d’expression pour ce jeune développeur Web. « Oui, j’ai des choses à dire, comme tout citoyen. Notre message, c’est qu’à travers l’humour on donne une certaine vision du monde et on a plus de chance d’être entendu. » Une ligne éditoriale ? « Un fil conducteur, répond Nazim Baya. On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches. » Les auteurs n’épargnent pas les politiques algériens ni le système. Sans surprise, le président Bouteflika, très affaibli depuis son AVC de 2013, est une cible privilégiée. Ainsi cette photo du chef de l’Etat, assis dans un fauteuil roulant, le visage figé, les yeux écarquillés, sous le titre : « Abdelaziz Bouteflika sacré champion du monde du jeu 1-2-3 soleil. » Là où le canular devient vraiment savoureux, c’est lorsqu’il est repris par des médias dits « sérieux ». La première fois, se souvient Nazim Baya, c’était à propos de l’ANSEJ, l’organisme algérien qui octroie des microcrédits aux jeunes pour monter leur projet (et s’offrir du même coup une certaine paix sociale). El Manchar publie un article expliquant que l’ANSEJ va désormais financer ceux qui veulent se marier. Plusieurs chaînes de télévision reprennent l’information. Dans un pays où le mariage est un investissement très lourd, le buzz est garanti.Pas touche à la religionEn mai, alors qu’une étudiante algérienne a été empêchée de rentrer à l’université par un vigile au prétexte que sa jupe était trop courte, le site titre : « L’Algérie interdit le port de la minijupe. » La fausse information se répandra comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Une seule ligne rouge : la religion. « On ne peut pas en rire, c’est sacré. Je n’ai pas envie de heurter les gens et ça ne fait pas avancer le débat », explique le fondateur du site, précisant qu’ils ne se privent pas d’attaquer les religieux. Dans un pays où la liberté d’expression est étroitement encadrée, El Manchar n’a jamais été inquiété pour son impertinence. « Nous n’avons jamais eu de souci, confirme Nazim Baya. Ils n’ont peut-être pas pris conscience de l’ampleur du phénomène. » Cumulées, les visites se chiffrent à 700 000 par mois. Le jeune pharmacien n’a pas vraiment de projet d’agrandissement. « On est des amuseurs », dit-il. Utiles pour l’Algérie ? « Il me semble que oui. Le rire c’est important dans une société. Salutaire. »Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.11.2015 à 11h26 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h09 | Alexis Delcambre « Soutenez Mediapart ! » Depuis jeudi 5 novembre, ce message est affiché sur les pages du site d’information dirigé par Edwy Plenel, contraint d’en appeler à la générosité de ses lecteurs pour acquitter une ardoise fiscale de 4,1 millions d’euros. Une démarche parallèle dont le site Arrêt sur images (ASI) est à l’origine, qui doit 540 000 euros à l’administration fiscale.L’origine de cette situation remonte à la création de ces médias, en 2008. « Pure players » distribués uniquement sur Internet, sans version papier, ceux-ci sont alors, selon la lettre de la loi, soumis à un taux de TVA de 19,6 %. En regard, les médias imprimés bénéficient d’un taux « super réduit » de 2,1 %.Ces médias en ligne engagent alors un combat pour obtenir un alignement de leur taux sur celui de leurs homologues de la presse papier. Cette démarche s’incarne notamment dans la création du Spiil (Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne), un groupement qui rassemble aujourd’hui près de 150 membres. En 2011, celui-ci avait explicitement encouragé ses membres à appliquer d’eux-mêmes le taux de 2,1 %, afin de faire pression sur les pouvoirs publics.Ses membres mettent notamment en avant la notion de « neutralité » du support : la loi serait injuste en taxant davantage les supports en ligne que les supports papier, alors que les deux ont une activité identique, qui est de diffuser de l’information.« Une affaire de principe »Cette argumentation a fini par porter puisque le Parlement français a modifié la loi en ce sens, en février 2014. Depuis cette date, les sites comme Mediapart bénéficient eux aussi du taux « super réduit ». Une décision politique qui a pour le moment motivé l’ouverture d’une procédure contre la France à Bruxelles, même si le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, s’est montré favorable à une évolution de la directive concernée.Mais cette modification du cadre légal ne solde pas les comptes de la période 2008-2014. Aux yeux de l’administration fiscale, les sites qui ont appliqué le taux « super réduit » sans en avoir le droit sont redressables. C’est pourquoi Mediapart et ASI, ou encore le groupe Indigo Publications, se sont vu notifier des arriérés, pénalités et majorations.« Nous devons plusieurs centaines de milliers d’euros, et les services de Bercy en font une affaire de principe », avait estimé Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, en 2013. De son côté, M. Plenel a ciblé la « haute administration du ministère des finances », désireuse selon lui de se venger d’un média qui a poussé à la démission de l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac.« Dans l’obligation de payer »Mediapart, qui compte plus de 110 000 abonnés, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros pour un bénéfice d’un million. « Mediapart va saisir la justice administrative, a annoncé Edwy Plenel. Mais ce recours n’étant pas suspensif, nous sommes dans l’obligation de payer. » Mardi 10 novembre, le site annonçait avoir collecté 330 000 euros. Il dispose toutefois de la trésorerie nécessaire au paiement de la somme réclamée par le fisc.De son côté, Arrêt sur images, avec 26 000 abonnés, a dégagé 5 500 euros de bénéfice annuel pour un chiffre d’affaires de 900 000 euros en 2014. Sur la plate-forme Ulule, ASI avait collecté, mardi soir, près de 170 000 euros.Lire aussi :Le droit à l’information se superpose à l’affaire BettencourtAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.11.2015 à 09h27 • Mis à jour le10.11.2015 à 13h55 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est un changement d’âge pour Melty », estime Alexandre Malsch, le fondateur de Melty. Spécialisé dans la « youth culture » - la « culture jeune » - sur Internet, le groupe a annoncé, mardi 10 novembre, une levée de fonds de 10,5 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, Melty, « économe en cash » selon M. Malsch, n’avait levé que 5,5 millions d’euros.L’augmentation de capital est réalisée auprès du fonds d’investissement de Marc Simoncini, du groupe AccorHotels et des actionnaires historiques de Melty, le fonds Serena et Bouygues Telecom Initiatives. Cette levée de fonds voit également l’entrée au capital de Patricia Barbizet, directrice générale d’Artémis et vice-présidente du conseil d’administration de Kering. Ses sept fondateurs conservent le contrôle au conseil d’administration.Cette annonce témoigne une nouvelle fois de la capacité des dirigeants de Melty, dont Alexandre Malsch, son fondateur, à attirer tant des figures de la « nouvelle économie » que des personnalités du milieu des affaires issues de secteurs plus traditionnels, désireux de bénéficier de l’expertise développée par Melty.Le divertissement et la culture« Nous avons une clientèle dans nos hôtels traditionnels, autour de 40 à 60 ans, qui vieillit et est très fidèle, explique Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels. Alexandre Malsch et Melty savent produire des contenus ciblés pour les jeunes, qui sont la clientèle de demain et aussi la catégorie la plus versatile et la plus influente. » Le groupe sera représenté au conseil d’administration de Melty, qui revendique 61 % de son audience sur mobile. M. Bazin assume d’investir au capital de l’entreprise de média, pour se positionner « au sein d’une machine » présente dans plusieurs domaines, pas seulement le voyage.Le groupe Melty a connu plusieurs phases : il a d’abord construit des médias en ligne, progressivement structurés par thématiques (séries, cinéma, musique, mode…). Puis en 2012, il s’est installé dans différents pays (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni…), tout en se diversifiant, dans la vidéo ou les spectacles. En juin dernier, il s’est recentré sur les sujets divertissement et culture (excluant ceux sur lesquels il estimait ne pas avoir de valeur ajoutée, comme l’actualité sportive ou la politique). Une manière d’insister sur la « qualité » de l’audience plus que sur sa croissance erratique.La levée de fonds doit permettre d’améliorer la monétisation des diversifications, ainsi que celle des implantations internationales. Melty se dit actuellement bénéficiaire sur son activité française, mais déficitaire au global. Elle avait été dans le vert, en 2010 et 2011, avant l’internationalisation. Melty revendique 105 employés et réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. A 100 %, ils proviennent de la publicité, dont 61 % de contenus produits avec des marques.Lire aussi :Melty se diversifie dans les événements sportifsMelty met en avant des « real-time social séries » comme SnapTrip, dans laquelle quatre adolescents racontent sur le réseau social Snapchat leur week-end dans une ville d’Europe, sponsorisé par les hôtels Ibis (groupe Accor). Ou « The Selfie Race », produite pour Sony. Mais il s’est diversifié dans les événements tels que la melty BasketBall Ligue Universitaire, rachetée en partenariat avec la fédération française et sponsorisée par les Caisses d’Epargne. Le « melty eSport Club » fait lui concourir une équipe maison, soutenue par l’annonceur-actionnaire Bouygues Telecom, dans des compétitions de jeux vidéo comme League of Legend. Melty s’enorgueillit aussi de sa melty Talents House, dont elle tire notamment un spectacle de comiques.Mieux exploiter l’internationalAlexandre Malsch réfute le terme « publirédactionnel », parfois utilisé pour qualifier les formes récentes de publicité « brand content » et « native advertising ». Ces contenus ne parlent pas des produits des annonceurs, explique-t’il. Et d’ajouter : « Nos contenus de native advertising sont faits par les équipes de Melty car on veut que ce soit de vrais contenus Melty, intéressants ». Dans les rédactions de médias d’information générale, le « brand content » est généralement réalisé par des équipes à part, pour garder une séparation entre éditorial et commercial.M. Malsch cite, lui, en exemple l’intérêt suscité par la plateforme « happiness gaming zone », dédiée au jeu vidéo et financée par Coca-Cola. Une forme de publicité « moins intrusive », argumente-t-il.Concrètement, Melty va utiliser l’argent levé pour embaucher des commerciaux dans les structures internes créées pour s’occuper de la production audiovisuelle, des spectacles, etc. Ils épauleront les 10 personnes de la régie publicitaire, désormais dirigées par une transfuge des Echos, Sophie Antoine.En parallèle, le groupe espère mieux vendre le gros tiers de son audience généré hors de France. Jusqu’ici, ses sites internationaux ont peu fait de diversification. Ils prendront désormais modèle sur Melty France. Et, pour remplacer les régies locales externes qui commercialisaient les supports, des commerciaux seront embauchés.« Nous allons rester pragmatiques. Notre devise, c’est petit à petit, l’oiseau fait son nid », assure M. Malsch, 30 ans.Lire aussi : Alexandre Malsch, prodige numériqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 22h39 • Mis à jour le10.11.2015 à 11h53   « Pour France Télévisions, le problème reste entier. » L’entreprise publique n’adoucit pas sa réaction après la finalisation, lundi 9 novembre, du rachat par TF1 à 70 % de Newen, la société qui produit plusieurs programmes pour France Télévisions, dont « Plus belle la vie ». « La question de la protection des investissements publics n’est pas résolue, réagit l’entourage de la présidente, Delphine Ernotte. Cela pose le problème de la pérennité de notre relation avec Newen. » Les arguments de Nonce Paolini et Fabrice Larue, les PDG de TF1 et Newen, ne semblent pas infléchir France Télévisions. « Cette opération n’est pas un acte agressif à l’égard de qui que ce soit », assure M. Paolini dans Le Figaro, mardi. « Notre souhait est que Newen continue d’apporter des programmes et des projets de qualité à France Télévisions. » M. Larue, « désolé des précédents problèmes de communication avec Delphine Ernotte », a appelé lundi soir la présidente de France Télévisions, avec M. Paolini, afin d’éviter qu’elle apprenne l’accord dans la presse, comme c’était le cas pour l’entrée en négociations exclusives le 29 octobre.Lire aussi :Tractations autour du rachat du producteur Newen par TF1Las ! Une source à France Télévisions estime que la finalisation du rachat « du principal fournisseur de l’entreprise par son principal concurrent », loin de pousser Mme Ernotte à lâcher du lest, va durcir encore sa position. « Il faut envisager de vider tous les contrats avec Newen, y compris “Plus belle la vie”, estime cette source. France Télévisions n’a pas de droits sur ces programmes, et TF1 comme Newen ne veulent pas en lâcher. C’est dur de se séparer de programmes qui marchent, mais c’est difficilement envisageable en interne de faire produire une série importante par une société possédée par TF1. »Position de négociationLe contrat de la célèbre série marseillaise de France 3 doit être renégocié en 2016. Jeudi, sur France Inter, le secrétaire général de France Télévisions, Christian Vion, envisageait de l’arrêter si Newen n’offrait pas de garanties nouvelles. Il anticipait aussi un probable arrêt à l’été 2016 des « Maternelles », dont l’audience recule. Le débat concerne également « Faites entrer l’accusé » ou « Le Journal de la santé », produits par Newen.La menace à peine voilée de l’arrêt des collaborations entre France Télévisions et Newen pourrait toutefois être interprétée comme une position de négociation, destinée à obtenir des concessions de la part du producteur. L’entreprise peut garder « Plus belle la vie » si elle le souhaite – en vertu d’une clause de tacite reconduction – mais elle a assuré vouloir obtenir des droits sur les œuvres, qui appartiennent aujourd’hui à Newen.« J’ai proposé à Mme Ernotte que dès ce mardi, nos équipes cherchent un accord de partenariat pour assurer la présence des programmes sur France Télévisions de manière pérenne », assure au Monde Fabrice Larue, qui gardera 30 % de Newen. Mais ce dernier semble toujours exclure de partager les droits, en cas de revente ou d’utilisation sur le numérique. « Un décret vient d’autoriser les chaînes à détenir des parts de coproduction sur les programmes qu’elles financent à plus de 70 %, mais cela n’est pas prévu sur les programmes passés », explique-t-il.On ne peut donc exclure que Delphine Ernotte souhaite réellement se désengager progressivement de sa collaboration avec Newen, qui réalise près des trois quarts de son activité avec France Télévisions.Vision historiqueLe facteur interne est important. La CGT, premier syndicat de l’entreprise publique, avait publié un communiqué jugeant « scandaleux que TF1 produise les programmes de France Télévisions et que France Télévisions ne puisse produire ses programmes ». Une référence à l’interdiction pour l’entreprise publique de produire plus de 5 % de ses fictions et documentaires en interne, une règle que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, veut faire évoluer.La vivacité de la riposte de Mme Ernotte montre que la vision historique des acteurs de l’audiovisuel reste présente en France : les rivalités entre grandes chaînes, entre public et privé, entre producteurs et diffuseurs, etc. Autant de distinctions que certains aimeraient voir s’estomper. « Aujourd’hui, les grands groupes audiovisuels européens comme ITV ou RTL sont organisés autour des métiers de la production et de la diffusion, et tout le monde a l’habitude de travailler comme cela. Quand FremantleMedia, la filiale de RTL Group, vient nous proposer un programme, il n’a pas demandé l’autorisation à M6 [filiale de RTL Group] », dit M. Paolini. L’accord de rachat de Newen prévoit des clauses pour préserver « sa liberté éditoriale et son indépendance commerciale » et « garantir le secret des affaires ». On cite aussi en exemple l’investissement de Vivendi dans le producteur Banijay-Zodiak. Ou encore les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pays où des sociétés rachetées par des chaînes produiraient facilement pour des concurrents. A l’image de Talpa, acquise par la chaîne ITV qui vient tout de même de récupérer aux enchères, pour ses antennes, les droits de l’émission « The Voice », l’émission phare de ce producteur… et qui était diffusée depuis cinq saisons par la BBC, chaîne de service public.Lire aussi :Newen : comment France Télévisions peut riposter ? Alexis Delcambre « On a tout entendu ces dernières semaines au sujet d’Altice… » Michel Combes, le président de SFR-Numericable, n’a pas caché l’un des objectifs de la conférence de presse spectaculaire organisée par l’opérateur téléphonique lundi 9 novembre : couper court aux différents « bad buzz » qui circulent quant au groupe façonné par Patrick Drahi.Dans une longue prise de parole, l’ancien patron d’Alcatel-Lucent, qui a rejoint l’empire Drahi en septembre, s’est attaché à convaincre qu’Altice suivait une stratégie claire, malgré l’impression d’emballement qu’a donnée sa succession d’acquisitions menées en un peu plus d’un an (SFR, Portugal Telecom, Suddenlink, NextRadioTV, Cablevision…)Cet ensemble forme « un puzzle dont les morceaux se mettent progressivement en place », a défendu le directeur général d’Altice, Dexter Goei. Celui-ci a rappelé le postulat fait par le groupe d’une « double convergence » (du fixe et du mobile d’un côté, des médias et des télécoms de l’autre) pour justifier sa démarche d’investissement, qualifiée d’« éminemment rationnelle ».Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médias40 millions de clients« On nous voit souvent comme des financiers alors que nous sommes avant tout une équipe d’ingénieurs », a poursuivi Michel Combes, mettant l’accent sur la dimension « industrielle » d’Altice. Une réponse aux observateurs qui doutent de la cohérence de l’ensemble et de la capacité du groupe à réaliser d’importantes synergies ou à investir dans son développement.Rappelant qu’Altice compte désormais plus de 40 millions de clients grand public, le président de SFR – qui va abandonner la marque Numericable – a expliqué que le groupe était « en train de s’industrialiser », avec par exemple la mise en place d’une structure unique pour les achats. Au passage, il a rappelé que le ratio d’endettement du groupe (4,5 fois l’Ebitda) était, aux yeux de son management, « classique et raisonnable ».Pour montrer qu’Altice invente, M. Combes a annoncé la création des « Altice labs », qui doivent permettre aux équipes de recherche et développement de ses différentes entités d’échanger. Leur objectif sera de « reprendre le leadership sur l’expérience client » – une façon de reconnaître un certain recul en la matière.Reprise des investissements dans le réseauOutre sa stratégie, Altice a également été mis en cause pour la qualité de son réseau. « Nous allons accélérer nos investissements dès ce trimestre », a promis Michel Combes, évoquant notamment un effort dans la couverture des grandes villes en 4G. « Nous sommes l’opérateur de la fibre en France », s’est-il emporté, accusant ses concurrents de faire de la communication.Lire aussi :Numericable-SFR accusé de vendre de la fibre qui n’en est pasAutre annonce : le lancement d’un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) baptisé Zive, dès le 17 novembre. Ce service donnera accès à 5 000 films ou séries – 15 000 d’ici à la fin 2016. Il s’appuie sur des accords avec Disney, Pixar, ABC Studios, Warner Bros, Europa, Miramax, Sony Pictures Télévision ou encore France Télévisions.Ce service sera proposé à tous les clients SFR au tarif de 9,99 euros par mois et offert à ceux qui disposent déjà des offres Premium. En complément, l’opérateur met sur le marché une nouvelle box, également baptisée Zive, qui offrira notamment une fonction « Restart » (pour reprendre un programme au début). Sur un positionnement haut de gamme et « résolument tourné vers la famille, avec des programmes ludo-éducatifs », selon M. Combes.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ils sont les vedettes de la génération 2000, comptent jusqu’à 8 millions d’abonnés à leurs chaînes YouTube, et 120 d’entre eux ont rempli à eux seuls le pavillon 1 du Parc des expositions de Paris les 7 et 8 novembre pour Video City, le premier festival parisien dédié aux fameux youtubeurs.Lire aussi :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisMais dans le joli petit monde tout rose des vidéos en ligne, il y a des questions à ne pas poser. Celle de leur rémunération, notamment, comme l’a appris France Info à ses dépens. « Parce qu’on a osé demander en interview à une jeune youtubeuse si elle était payée, son attaché de presse, furieux, a annulé tous les autres entretiens prévus et a convaincu l’agent des poids lourds Norman, Cyprien et Squeezie de faire de même », raconte la journaliste Sandrine Etoa-Andegue dans un article sur le « business des youtubeurs ».L’argent, une question taboueObtenir des réponses est en effet difficile. Ni EnjoyPhoenix, la youtubeuse la plus célèbre de France, ni l’agent de Jhon Rachid, l’une des étoiles montantes de la plateforme, ni Ubisoft, l’un des principaux annonceurs, ni la plupart des agences impliquées dans le secteur n’ont donné suite à nos sollicitations. Et les rares à avoir répondu ont tous demandé l’anonymat.C’est peu dire que la question de la rémunération fâche. En juillet dernier, le Suédois Felix Kjellberg, plus connu sous son pseudonyme de PewDiePie, star de YouTube avec sa chaîne spécialisée dans les parties de jeux vidéo à laquelle 40 millions d’internautes sont abonnés, avait dû se défendre après la publication de sa rémunération annuelle, 6,7 millions d’euros.Lire aussi :« PewDiePie », le youtubeur millionnaire, répond aux critiques sur ses gains« Cela a explosé. Ce dont les gens ne se rendent pas compte, c’est que mes vidéos ont neuf milliards de vues [au total], ça se convertit en quelque chose, il y a des publicités, je gagne de l’argent avec celles-ci », expliquait-il.Il s’agit d’« un sujet très demandé et un peu tabou », reconnaissait de son côté l’humoriste Le rire jaune dans une vidéo du printemps dernier sur la question, évoquant des « clauses de confidentialité avec YouTube ».Système complexeCertaines informations sont toutefois connues. Si le système de rémunération employé par Google varie en fonction du type de contenu produit, en moyenne, un youtubeur gagne environ un dollar tous les mille visionnages entamés, expliquait au printemps Le Rire jaune, suivi par plus de 2 millions d’internautes. Mais tout un système complexe existe derrière.Le jeune youtubeur évoquait notamment ces structures méconnues que sont les « networks », des réseaux « comme la NBA ou des maisons de disque, chargés de protéger les droits d’auteur [des youtubeurs] en échange d’un pourcentage », de l’ordre de 10 à 20 %, et auxquels le ralliement est obligatoire dans le cas de vidéos sur des propriétés intellectuelles déposées, comme les films ou les jeux vidéo.Regardée un peu plus de 4,8 millions de fois, sa vidéo explicative lui a donc rapporté un peu moins de 4 500 euros, essentiellement grâce aux « preroll », les spots publicitaires précédant une vidéo. Une bagatelle, en réalité, rapporté aux sommes que peuvent engranger certaines stars de la plateforme – et notamment grâce au placement de produit.Jusqu’à 5 000 euros le tweetLa rémunération d’un youtubeur comporte en effet un second volet, qui provient non pas de la diffusion de spots mais de contrats passés avec des marques de cosmétiques ou de jeux vidéo.Celles-ci déboursent plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros pour placer leur produit chez les plus influents. « Le tarif dépend du youtubeur, c’est lui qui décide de sa rémunération, explique au Monde un responsable d’agence tenu par des accords de confidentialité. Cela peut monter jusqu’à 50 000 euros pour les plus gros, comme Cyprien, Norman et Squeezie, mais certains acceptent de faire certaines “opé” gratuitement si le sujet les intéresse. »Aujourd’hui, s’offrir une star de YouTube passe par des grilles tarifaires évolutives : chaque commentaire sur Twitter, chaque post Facebook, et bien sûr chaque vidéo publiée sur la chaîne officielle sont rémunérés. Un simple tweet vers une vidéo comportant un placement produit peut être facturé de 1 000 à 5 000 euros selon la notoriété du créateur.Lire : L’engouement soudain, et suspect, de stars pour un concert à la piscine MolitorA l’étranger, les tarifs s’envolent : outre-Manche, Yogscast, 7 millions d’abonnés au compteur, facture à partir de 5 000 livres sterling (7 000 euros) un test de jeu, quand l’agent d’un célèbre youtubeur international offrait les services de la star pour 250 000 dollars (232 000 euros) dans les travées de l’E3, la grand-messe du jeu vidéo.« C’est la loi de l’offre et la demande, on est dans un système dont ils vont profiter un petit moment avant qu’il ne finisse par s’écrouler », veut croire un professionnel, qui ne cache pas la surprise de certains nouveaux annonceurs face aux cachets demandés.Agences et managersCes négociations engagent parfois plusieurs intermédiaires entre l’annonceur et le youtubeur lui-même, comme l’agence de création numérique chargée de réfléchir à un concept de vidéo pertinent. A la manière des sportifs de haut niveau, les plus courtisés ont un manager chargé de faire l’interface avec ces dernières.Les trois géants français de YouTube, Norman, Squeezie et Cyprien, sont quant à eux chez Mixicom, une agence de communication leur servant à la fois de régie publicitaire et de conseil marketing. « Notre but, c’est de fournir aux créateurs des services pour qu’ils puissent se concentrer sur l’artistique », expliquait en septembre Thierry Boyer, cofondateur de Mixicom, à la revue Stratégies.La société, qui édite également les sites d’information JeuxActu et FilmActu, a souvent créé des passerelles entre ces différentes activités (à l’image de cette vidéo de Norman diffusée sur la chaîne FilmActu). Elle a depuis été achetée par Webedia (AlloCiné, JeuxVideo.com) pour une somme estimée à 14 millions d’euros.Mais les autres géants de la vidéo francophone sont également détenus par de grands groupes médias : Studio Bagel par Canal+, Golden Moustache et EnjoyPhoenix par M6.Problèmes éthiquesCes régies publicitaires posent un problème éthique. Comme le relève L’Express, l’article 20 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) oblige toute publicité à « rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée ». Mais dans la pratique, c’est le flou qui prédomine.Le 23 octobre dernier, Norman poste ainsi sur sa chaîne Youtube une vidéo intitulée « Assassin des templiers », et présentée comme « inspirée de l’univers du jeu vidéo Assassin’s Creed ». Aucune mention du commanditaire de la vidéo. Au Monde, la boîte de production IDZ confirme pourtant avoir été en contact avec Mixicom et Ubisoft, l’éditeur du jeu vidéo Assassin’s Creed. La vidéo tournait d’ailleurs en boucle sur le stand de ce dernier au Salon du jeu vidéo Paris Games Week, une semaine plus tard.« La déontologie, j’en ai rarement vu »Une vidéo promotionnelle, en somme, mais qui n’est jamais explicitement présentée comme telle. C’est que les youtubeurs les plus importants, conscients que la mode dont ils jouissent peut être éphémère, réfléchissent rarement en termes d’éthique. « La déontologie, j’en ai rarement vu, épingle un responsable d’agence. On essaie de faire des choses cohérentes, ce sont les agences qui réfléchissent et non les youtubeurs. »Certains, malgré tout, réussissent à se distinguer. Jhon Rachid ferait partie des rares à ne pas faire payer l’annonceur lorsqu’un sujet lui est proposé et l’intéresse. Dans la sphère anglophone, TotalBiscuit, sévère critique des dérives déontologiques de la presse jeu vidéo – et l’une des figures de la nébuleuse antiféministe GamerGate – ne demanderait aucun cachet pour tester les jeux envoyés par les éditeurs. Ils font toutefois figure d’exception.Pour Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix et tous ceux dont le contenu des vidéos est en partie négocié avec une régie, leur mission consiste à mettre leur popularité au service de la marque, et peu importe que leurs vidéos soient massivement regardées par des enfants peu préparés à faire la part des choses. « Il n’est jamais stipulé dans les contrats qu’ils doivent dire du bien du produit, mais si on pose un paquet de céréales sur la table et que le gars critique, il sait que ça ne va pas le faire, explique la même source. L’intérêt du youtubeur est de ne pas cracher dans la soupe. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Krémer Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents.D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. »Lire :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisLes chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ».Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty.Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux »La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours…Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. »Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes.Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Y a-t-il encore un sens à surveiller les équilibres de temps de parole uniquement à la télévision et à la radio alors que l’information se diffuse aujourd’hui à travers de multiples canaux ?L’environnement dans lequel nous évoluons a énormément changé depuis les années 1980, lorsque les règles d’équilibre du temps de parole ont été décidées. Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio La campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre s’intensifie. Moins d’un mois nous sépare du premier tour de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle. Et les calculettes commencent à chauffer, pas seulement du côté des instituts de sondage, mais au sein même des rédactions des radios et des télévisions. Désormais, elles doivent respecter l’équité entre les différents candidats, sous peine de s’attirer les foudres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Chronomètre en main, des bataillons traquent la moindre seconde de temps de parole. Ils sont constitués d’une dizaine de salariés à France Télévisions, trois en moyenne pour TF1 et LCI. « Je n’avais pas mesuré que les règles étaient aussi strictes. Dans la presse écrite, on essaie d’être vigilants à interroger toutes les formations, mais à la radio et à la télévision tout est calculé à la seconde près », confie Christophe Jakubyszyn, chef du service politique des deux chaînes.Question d’équitéA Radio France, c’est une société externe qui est chargée de cette tâche fastidieuse. Une personne pilote le travail de plusieurs stagiaires à BFM-TV ; elle est en relation quasi quotidienne avec la direction de la rédaction pour veiller au respect des équilibres. Pas question de se faire accuser encore une fois de favoriser tel ou tel parti comme ce fut le cas lors des dernières élections départementales. Une critique qui a laissé des traces : « C’était injustifié, car nous avions arrêté les compteurs en cours de période », se souvient Hervé Béroud, le directeur de la chaîne info.L’équité est une notion qui dépend de nombreux facteurs, selon la définition du CSA. Son appréciation se fonde sur deux séries d’éléments : « La représentativité des candidats qui prend en compte, en particulier, les résultats du candidat ou de la formation politique aux plus récentes élections », d’une part, et « la capacité à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d’un mandataire financier, et plus généralement toute initiative permettant de porter à la connaissance du public les éléments du programme du candidat », d’autre part.« C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. » Yael Goosz, chef du service politique de France InfoUne définition suffisamment floue pour contenter tout le monde ? Pas vraiment. Au CSA, on se garde d’imposer toute répartition chiffrée. Cependant, s’il n’existe pas d’étiage officiel, des « chiffres officieux circulent », souligne Christophe Jakubyszyn. Mieux vaut donc ne pas trop s’en éloigner. « On ne conteste pas le principe de l’équité qui nous laisse une certaine liberté, mais cela reste compliqué à gérer », remarque pour sa part Hervé Béroud. « Dans des campagnes où il y a de très nombreux candidats, de très nombreux partis, dès l’instant que l’on couvre une région, on entre dans un véritable casse-tête. Lorsqu’on interroge un candidat, il faut quasiment entendre les autres selon leur poids dans la campagne », observe-t-il.Le décompte qui est effectué au niveau de chaque circonscription dans les élections locales parasite le travail journalistique. « Cela nous empêche de faire des sujets transversaux. J’aurais aimé expliquer ce qu’est une gestion de gauche ou une gestion de droite, mais c’est pratiquement impossible si on veut faire un traitement national », juge Christophe Jakubyszyn.« Logique comptable »Le constat est presque le même à la radio. « Les sujets sont courts, deux minutes, c’est l’exception. Il est difficile de faire parler tout le monde. Quant aux débats, au-delà de trois personnes, c’est la cacophonie », assure Catherine Mangin, directrice adjointe de l’information à RTL. Yael Goosz, le chef du service politique de France Info depuis août, découvre cette « logique comptable » de la couverture des élections. « C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. Le 18 novembre, nous irons à la rencontre des électeurs du Front national dans deux régions. Nous compenserons ensuite avec d’autres sons de cloche », raconte-t-il. Le pire est peut-être à venir.Lire aussi :« On préfère appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que renforcer les règles »« C’est un casse-tête, surtout à la fin », souffle Marie-Eve Malouines, ancienne patronne du service politique de la radio tout info du service public et désormais présidente de LCP. Il faut alors rattraper les déséquilibres qui peuvent s’être formés. « Nous pouvons faire des sujets non pas en fonction de l’actualité, mais aussi en fonction des équilibres à respecter », regrette-t-elle.Un aménagement des règlesAvec la présidentielle en vue, les choses risquent d’être complexes si les règles ne changent pas. D’abord, les médias audiovisuels vont devoir gérer l’élection primaire qui se profile à droite. Celle-ci n’est pas soumise à une réglementation particulière, mais le CSA veillera à ce que sa couverture n’entraîne pas des déséquilibres de traitement entre la majorité actuelle et l’opposition. « Il faut faire vivre l’événement quand il se déroule. Il faudra nous laisser du temps pour réguler ça avec les autres partis », prévient Hervé Béroud. Télévisions et radios espèrent surtout que les conditions dans lesquelles doit se tenir l’élection présidentielle elle-même seront assouplies.Pour le moment, les candidats doivent être traités dans la plus stricte égalité dès que le Conseil constitutionnel valide la liste des participants au scrutin, c’est-à-dire plusieurs semaines avant le premier tour. « C’est une situation aberrante. Lors de la dernière présidentielle, Jacques Cheminade a eu autant de temps de parole que Nicolas Sarkozy ou François Hollande pendant cinq semaines », regrette Hervé Béroud.En septembre, le CSA a publié une série de propositions pour aménager les règles de la couverture de la vie politique. L’une d’entre elles vise à instaurer désormais le principe d’équité avant la campagne officielle, qui s’ouvre le deuxième lundi avant le premier tour du scrutin. La plupart des suggestions du CSA ont été reprises dans un texte qui devrait être discuté au printemps au Parlement.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Machart On ne saura pas ce qu’aurait pu être « Antoine sans fiche », la première mouture de l’émission hebdomadaire qu’Antoine de Caunes devait présenter sur Canal+ en cadeau de consolation de son éviction de la présentation du « Grand Journal ». Mais « L’Emission d’Antoine », qui faisait ses débuts vendredi 6 novembre à 22 h 45 sur la chaîne cryptée, est une hilarante réussite. Si le même niveau est atteint chaque semaine, elle devrait devenir le rendez-vous incontournable des réjouissances zygomatiques.C’est le grand de Caunes qu’on retrouve là : drôle, malin, coquin, leste, transformiste – toutes choses en quoi il excelle –, le tout servi par des textes léchés de langue de maître ; un de Caunes tel qu’on l’aimait lors de ses reportages urbains excentriques (« Toqué de Tokyo », « Maboul de Séoul », etc.) et de ses programmes d’antan (« Eurotrash ») ; un de Caunes libéré de ce « Grand Journal » où il n’était pas à son meilleur et auquel il règle d’ailleurs, avec une fine insolence, son compte en début de d’émission.L’esprit est très Canal, mais du Canal historique, de la grande époque (le XXe siècle), avec tout de même quelques transferts du Canal plus récent, comme Alison Wheeler et Monsieur Poulpe, qui étaient présents dans « Le Grand Journal » animé pendant deux saisons par Antoine de Caunes.Canal historiqueSi Mme Wheeler n’est toujours pas très drôle (c’est le seul point faible de « L’Emission d’Antoine »), M. Poulpe est en revanche assez bien distribué dans l’animation d’un jeu foutraque où les deux candidats, de Caunes et Fred Testot (un ancien de la séquence mythique « Service après-vente des émissions », sur Canal+, avec Omar Sy), s’évertuent à ne pas savoir répondre à des questions farfelues. Ce qui vaut à M. Poulpe la pénalité d’être méthodiquement épilé par une dame asiatique qui s’évertue à décoller trop lentement des patchs apposés sur ses cuisses. La séquence se termine par un concours de coiffure où deux malheureux garçons se font tailler des perruques de clown par de Caunes et Testot…Capillotracté, tout cela ? Normal : le fil conducteur de ce premier numéro était le poil, considéré dans tous ses états. Ce qui autorisa de Caunes à enquêter dans les arcanes d’un concours autrichien de barbes et moustaches où se présentent de véritables cascadeurs du système pileux ; à rendre visite à une cinéaste pornographique bisexuelle et féministe adepte des femmes velues (avec les images olé-olé qu’on peut voir sur une chaîne cryptée, même avant minuit, heure légale du porno maison) ; à recevoir une vraie femme à barbe et à s’entretenir sérieusement avec elle.Et à débiter des palanquées de jeu de mots artistement foireux, à dire des choses grossières sans la moindre vulgarité (art que ne possède pas encore Alison Wheeler), à se déguiser et à pouffer comme le gamin de 12 ans que ce sexagénaire génial et chenapan n’a jamais cessé d’être.Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 12h26 • Mis à jour le06.11.2015 à 13h00 | Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau La recherche d’un partenaire capable de racheter Ubisoft « n’est qu’une de nos options » pour échapper à une prise de contrôle de Vivendi, a expliqué Yves Guillemot, son président, lors d’une conférence téléphonique en marge de la présentation de ses résultats financiers semestriels. Elle reste toutefois la priorité actuelle du groupe.« Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagne et que cela soit positif pour les actionnaires », a détaillé Yves Guillemot lors d’une conférence téléphonique. Si Ubisoft a souligné dans un communiqué ses accords passés avec de « puissants partenaires internationaux » comme Columbia, Fox New Regency, Nickelodeon et Warner, le président de la plus grosse entreprise française de jeu vidéo n’a pas précisé vers quel chevalier blanc Ubisoft cherchait à se tourner pour empêcher une prise de contrôle par Vivendi.Plus aucun contact avec Vincent BolloréFace à ses actionnaires, Yves Guillemot est resté fidèle à la ligne de défense de son groupe : Ubisoft détient un savoir-faire et une connaissance du métier qui sont étrangers à Vivendi, et un rachat mettrait son modèle créatif en danger. Le président de l’entreprise a notamment relevé les quatre fondamentaux de sa stratégie : le développement de jeux en ligne avec une forte composante multijoueur, des jeux en mode ouvert, une capacité à créer de nouvelles licences de A à Z et un élargissement au-delà du jeu vidéo, notamment dans le cinéma. « Nous commençons tout juste à toucher les dividendes de cette stratégie », a assuré Yves Guillemot, qui a une nouvelle fois rappelé sa volonté d’indépendance.« Nous pensons que les synergies sont difficiles à voir surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd’hui, et dans le passé Vivendi ne voyait pas de synergie avec Activision Blizzard [dont le groupe a revendu l’essentiel de ses parts en 2013], nous ne voyons donc pas pourquoi ils en verraient aujourd’hui. »M. Guillemot a par ailleurs confié n’avoir eu aucun contact avec Vincent Bolloré depuis l’appel téléphonique de ce dernier le jour de l’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft – le géant des loisirs a depuis porté sa participation à 10,6 % d’Ubisoft, et reconfirmé sa volonté de rester indépendant. Ubisoft a par ailleurs annoncé mardi 2 novembre avoir signé un contrat avec l’agence de communication Mindshare, alors que la société était liée jusqu’à présent à Havas, qui appartient au groupe Vivendi.Trois jeux à gros budget dans les quatre moisPour son premier rapport financier depuis l’entrée non sollicitée de Vivendi dans son capital, Ubisoft a annoncé un chiffre d’affaires semestriel de 207,3 millions d’euros, en recul de 57 % par rapport à 2014, et 65,7 millions d’euros de pertes nettes (contre un bénéfice de 17,5 millions d’euros l’an passé). Un résultat prévisible : l’éditeur n’a lancé aucun jeu majeur au printemps de cette année, au contraire de Watch Dogs, sa nouvelle licence phare, en 2014.Principale sortie de l’éditeur pour ce Noël, le jeu Assassin’s Creed Syndicate a connu un lancement compliqué, avec des critiques partagées et des résultats commerciaux très en deçà des précédents opus (66 000 exemplaires en France en première semaine, contre 167 000 pour Unity). Mais la seconde semaine a renversé la tendance, assure l’éditeur. « Les notes que nous avons eues sur ce jeu ont été très élevées, notamment les plus gros sites spécialisés, et le bouche-à-oreille est actuellement favorable au jeu », a soutenu Yves Guillemot.Ubisoft publiera par ailleurs le jeu d’action Rainbow Six Siege le 1er décembre, ainsi que The Division et Far Cry Primal au premier trimestre 2016, qu’Ubisoft veut croire « historique ». Il est en effet rare de lancer deux jeux à gros budget en début d’année.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre L’heure de vérité approche pour Molotov.tv, ce service prochainement lancé qui promet de réinventer la distribution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’identité et les intentions de ses fondateurs, dont Jean-David Blanc, créateur d’AlloCiné, et Pierre Lescure, ancien président de Canal+, suscitent la curiosité, mais les détails du service restaient un mystère. Un mystère en voie de se dissiper, puisque l’interface de Molotov.tv a été présentée aux membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mercredi 4 novembre, et que Le Monde a pu parallèlement l’explorer.Lire aussi :La télévision est morte, vive la télévision !La conviction de l’équipe de Molotov.tv est que le problème qu’affronte la télévision, notamment vis-à-vis des plus jeunes, est d’abord ergonomique. Selon elle, les contenus de l’industrie télévisée restent riches et attractifs mais les nouveaux modes de circulation dans ces contenus auraient ringardisé l’usage se limitant à aller d’une chaîne à l’autre grâce à une télécommande. C’est pourquoi Molotov se définit au croisement de « la télévision d’hier et du monde d’aujourd’hui », selon M. Blanc.On peut bien sûr y choisir une chaîne et accéder au direct. Mais aussi reprendre au début un programme qui a déjà commencé. Ou explorer la liste des diffusions passées, et visionner un contenu de son choix – comme sur une plate-forme de rattrapage. Ou encore voir la liste des programmes à venir et sélectionner ceux qui nous intéressent. Le système les « enregistrera » et ils rejoindront un panier de programmes sélectionnés, visionnables à tout moment depuis n’importe quel appareil (téléphone, tablette, PC ou télévision connectée).L’utilisateur peut rechercher ce qui l’intéresse, parmi tous les programmes de télévision, à l’aide d’un moteur de recherche, et par catégories (films, séries, documentaires, enfants…).Plate-forme socialeL’usage se veut en effet nomade : un compte Molotov est par nature multisupports et on peut passer de l’un à l’autre en reprenant le visionnage d’un contenu à l’endroit précis où il a été interrompu. Le système peut également alerter l’utilisateur par e-mail en cas de prochain passage à la télévision d’une personnalité ou d’une entité qu’il a déclaré suivre.Molotov est aussi une plate-forme sociale : en visionnant un programme live, on voit défiler les tweets qui lui sont associés. L’utilisateur peut voir ce que ses amis regardent ou ont regardé, et visionner les séquences télé qui « buzzent » sur les réseaux sociaux. Et témoigner de ce qu’il regarde. Enfin, un outil permet de sélectionner une séquence pour la partager sur les réseaux sociaux.Avant son lancement prévu en décembre, l’équipe de Molotov.tv continue d’élargir son nombre de chaînes partenaires (déjà plus de 80). L’Equipe 21 vient de rejoindre la plate-forme. Avec Canal+, à ce jour le grand absent de l’offre, les discussions ne sont pas arrêtées. Misant sur un modèle freemium, avec une couche payante, les fondateurs doivent encore choisir les services qui ne seront pas gratuits et fixer les prix. Et réfléchissent à des formats publicitaires plus « comestibles » que les spots diffusés à l’ouverture des programmes.Lire aussi :L’énigmatique Molotov.tv séduit 80 chaînesAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.11.2015 à 16h03 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le politologue Thomas Guénolé a été remercié par la station de radio RMC, où il tenait une chronique dans la matinale animée par Jean-Jacques Bourdin, a révélé Arrêt sur Images. En cause : un billet, diffusé mardi 17 novembre, évoquant des dysfonctionnements de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) lors des attentats du 13 novembre, notamment au Bataclan. Des affirmations qui ont depuis été contestées, par le ministère de l’intérieur notamment.« Boycott punitif »Pour M. Guénolé, RMC a réagi à un « boycott punitif » de la part du ministère, à des « pressions proches d’une censure ». Le chroniqueur affirme au Monde que l’email reçu de la direction de la rédaction de la radio invoque les conséquences de sa chronique pour le travail de ses collègues : « Le ministère et tous les services de police invités à l’antenne depuis mardi ont refusé de venir sur RMC en raison des inexactitudes de ta chronique. La plupart des sources policières de nos spécialistes se sont tues depuis mardi », dit le courriel, selon lui.Dans la chronique incriminée, M. Guénolé disait : « Le 13 novembre, les brigades d’intervention manquaient gravement d’hommes et de moyens. » « Quand les fusillades éclatent, il n’y a que trois fonctionnaires de garde ce soir-là à la BRI », ajoutait-il, soutenant ensuite que lors des interventions, certains policiers avaient manqué de gilets pare-balles lourds, par exemple. Ou que le manque de personnels de la BRI avait obligé des agents de la brigade anticriminalité (BAC) à intervenir, alors que ce n’était pas leur vocation.Aujourd’hui, le politologue affirme qu’il s’était « distancié » des faits, dans ses propos : il avait évoqué en début de chronique les « accusations de dysfonctionnements qui s’accumulent dans la presse », insiste-t-il, même si, dans le passage en question, il ne citait pas de source particulière. Il rappelle aussi qu’en conclusion il demandait une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces questions. Si ces faits étaient avérés, les responsables des forces de police, ainsi que le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, devraient démissionner, disait M. Guénolé.« Accusations graves, non vérifiées »« RMC dit que j’ai porté des “accusations graves, non vérifiées”, mais la construction de ma chronique était de dire qu’il fallait les vérifier », se défend-il.Cette chronique a été vivement contestée, notamment par la conseillère spéciale de Bernard Cazeneuve, Marie-Emmanuelle Assidon, sur Twitter. En fait, Thomas Guénolé a reconnu s’être appuyé sur un article de la publication professionnelle La Lettre A, sans le citer. S’il a admis à un moment depuis sur Twitter que l’article était « faux », M. Guénolé note aujourd’hui « l’absence de démenti officiel, à sa connaissance ». Selon lui, les syndicalistes policiers qui ont réfuté ses arguments dans un article d’Arrêt sur images ne démentent pas le point précis des personnels de garde le vendredi soir. De son côté, La Lettre A a défendu son approche sur Twitter : « L’article salue le travail de #BRI et précise aussi le nombre de policiers d’astreinte. »« Editorialiste grande gueule »Dans un récent portrait, Libération décrivait M. Guénolé comme un « politologue pressé », par ailleurs consultant pour un cabinet de conseil. Il s’y disait « ni de droite, ni de gauche et anti-FN ». Après être intervenu dans les médias comme politologue, notamment sur le centre et la droite, il est devenu récemment chroniqueur, plutôt engagé et touche-à-tout. Il a signé un livre sur les banlieues.En licenciant M. Guénolé, RMC (qui appartient au groupe NextRadioTV, également propriétaire de BFM-TV) ne risque-t-elle pas de donner l’impression de se plier aux arguments du ministère de l’intérieur, en pleine période d’état d’urgence ? Une source au sein de la radio affirme que les chroniques de M. Guénolé avaient déjà suscité des critiques en interne. Ce que M. Guénolé ne conteste pas : « On me dit que je donnais trop mon opinion dans mes chroniques. Certes, il y a eu d’abondantes discussions et tensions sur le contenu de mes chroniques, mais c’était dans le cadre de la relation d’un éditorialiste grande gueule et d’un rédacteur en chef. »A RMC, une source souligne elle qu’avec Jean-Jacques Bourdin, Hervé Gattegno ou « Les Grandes Gueules », la station ne saurait être taxée de complaisance.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof, Nicolas Chapuis et Matthieu Goar Eclairées crûment dans la pénombre, les tentures bleu-blanc-rouge donnent à l’Agora d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) une ambiance de chapelle ardente. Ce samedi 21 novembre, Christian Estrosi, candidat Les Républicains (LR) aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, tient son troisième meeting depuis les attentats du vendredi 13. Jusqu’au public clairsemé, tout rappelle le choc national vécu une semaine plus tôt. Et les propos reflètent l’aspect sécuritaire qu’a pris la campagne des élections régionales.Suivez la situation en direct sur notre siteLa veille, à Marseille, il a présenté le nouveau cœur de son programme : un « bouclier de sécurité » de 250 millions d’euros sur six ans qui « permettront d’armer les polices municipales, d’aider à l’installation de caméras de vidéoprotection… » « Le futur président de la région devra prendre toute sa part dans la protection des Français », assume le maire de Nice, qui se persuade que « la droite républicaine est depuis toujours celle qui inspire le plus de confiance en matière de sécurité ». Plus tôt dans la soirée, le candidat avait fait son entrée sur son nouveau clip de campagne. Dans cet enchaînement d’extraits de BFM-TV ou d’I-Télé, on voit le candidat prévenir la France de la présence d’une cinquième colonne islamiste, encaisser les sarcasmes de ses adversaires sur son idée d’installer des portails de sécurité dans chaque gare ou refuser de marier un Niçois « en voie de radicalisation ». « On m’a dit “vous faites de la surenchère”… J’aurais tellement voulu ne pas avoir raison », conclut-il.Lire aussi :Régionales : la campagne reprend sur la pointe des piedsEn ce week-end de reprise de la campagne, le candidat LR en PACA n’a pas été le seul à développer les thèmes sécuritaires. Lors d’un point presse, samedi, à Lyon, Laurent Wauquiez, candidat LR en Auvergne-Rhône-Alpes, a proposé de consacrer annuellement 45 millions d’euros du budget de la région à la protection des lycées, des gares ou encore des sites industriels classés Seveso. Lors d’un meeting à Drancy (Seine-Saint-Denis), le même jour, Valérie Pécresse a fait directement référence à l’un des terroristes du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, filmé en train de frauder dans le métro parisien. « La sécurité passe par un changement de modèle : dès qu’on commence à franchir les portillons dans le métro, à taguer, ça veut dire qu’on peut tout se permettre », a déclaré la candidate LR en Ile-de-France citée par Libération.Contre-offensive sécuritairePour convaincre une opinion marquée par les attentats, la droite a décidé de donner un tour de vis sécuritaire à sa campagne. Face à un exécutif à la manœuvre, Nicolas Sarkozy a lancé la contre-offensive trois jours après les attentats. Mardi 17 novembre, il a mis en place un observatoire de suivi des mesures annoncées par le gouvernement pour la sécurité des Français. Cette instance, présidée par Eric Woerth, devait être présentée, lundi 23 novembre. Les responsables LR veulent mettre l’Etat sous surveillance. « Il y a des trous immenses dans la raquette, uniquement pour des raisons administratives. Avant de créer des nouvelles lois, faisons appliquer les lois qui existent », a estimé, dimanche 22 novembre, Thierry Solère, tête de liste départementale dans les Hauts-de-Seine, sur l’antenne de Sud radio.A moins de deux semaines du premier tour des régionales, dimanche 6 décembre, l’objectif de la droite est double : ne pas se retrouver confinée à un rôle de spectateur face à l’exécutif en action, mais aussi se montrer plus protecteur que le FN. Les dirigeants LR craignent que l’extrême droite capte la peur et la colère. Les premiers sondages semblent confirmer cette appréhension. Selon une enquête Ipsos pour France Télévisions et Radio France publiée dimanche 22 novembre, Marion Maréchal-Le Pen obtiendrait en PACA 40 % des voix dès le premier tour, trois points de mieux que lors du sondage précédent.Lire aussi :La France d’après, un pays plongé dans la peurPour lutter contre ce danger électoral, les dirigeants de la droite dénoncent un FN ferme dans les mots mais irresponsable dans les faits. Au cours de son entretien au Monde daté du 19 novembre, M. Sarkozy a rappelé que les élus de Marine Le Pen avaient refusé de voter le PNR (« Passenger Name Record ») au Parlement européen. « Le FN est un parti laxiste, dénonce Gérald Darmanin, maire (LR) de Tourcoing, député du Nord et directeur de campagne de Xavier Bertrand, opposé à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Dans mon conseil municipal, les élus frontistes sont les seuls à voter contre les heures supplémentaires aux policiers municipaux. Le FN reste un mouvement d’extrême droite qui a peur de la surveillance de l’Etat. »Le PS mise sur « le pacte de sécurité du président »De l’autre côté de l’échiquier politique, le Parti socialiste ne veut pas laisser la question de la protection à la droite. Dans une lettre écrite aux candidats, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, appelle à défendre « un triptyque commun » : « La guerre totale contre Daech, la sécurité maximale pour les Français et la concorde nationale. » Localement, les candidats vont défendre le rôle de la région dans le maintien de l’ordre.Lire aussi :La droite accuse Hidalgo « d’angélisme » en matière de sécuritéLes socialistes misent sur le fait que le discours de François Hollande et sa gestion après les attaques de Paris ont été globalement appréciés. « Il n’y a aucun angélisme de notre part, la région va contribuer au pacte de sécurité du président de la République », explique Jean-Jack Queyranne, président socialiste sortant de Rhône-Alpes. Pas question cependant de ne rester que sur cette thématique. Pour le candidat PS, qui dénonce une « surenchère sécuritaire » de son adversaire Laurent Wauquiez, les électeurs ont aussi envie d’entendre parler d’autres sujets : « Après ce qu’il s’est passé, il manque dans le discours de la droite un mot majeur, celui d’éducation. » Il reste moins de deux semaines pour faire émerger d’autres sujets de campagne…Matthieu GoarJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles RofJournaliste au Monde Martine Delahaye « C’est récent, mais on me demande maintenant des scénaristes capables d’écrire en anglais, pour monter des coproductions », note Catherine Winckelmuller, agent d’auteurs et de réalisateurs travaillant pour le cinéma ou la télévision. « Cela ne date que d’un an, mais des producteurs indépendants m’ont envoyé des projets depuis l’Angleterre, Israël ou le Danemark pour que je les lise, les propose à mes client(e)s, et que l’on voie si un scénario peut être mené en commun. Pour une série partiellement financée par la France et son système d’aides. » Agent, notamment, des auteures Virginie Brac et Anne Landois, à l’origine de la reconnaissance internationale de la série « Engrenages », Catherine Winckelmuller exerce le même métier que les personnages de « Dix pour cent », la série créée par Fanny Herrero d’après une idée originale de Dominique Besnehard, diffusée récemment sur France 2. Si ce n’est qu’elle a décidé, il y a vingt-cinq ans, en créant Agents Associés (l’une des quarante agences artistiques à Paris), de représenter non pas des comédiens mais des auteurs et des réalisateurs.« Je dis non 363 fois sur 365 »Sur quels critères accepte-t-elle ou non quelqu’un dans son agence ? « D’abord, je représente peu de gens, même pas une cinquantaine, explique-t-elle. Je n’ai qu’un assistant, c’est tout. Et puis je ne rencontre jamais les gens d’abord. Parce qu’ils sont presque toujours extrêmement séduisants, lors d’un entretien. Moi, je veux lire et voir. Si ça me plaît et que j’ai le sentiment de pouvoir apporter quelque chose, j’y vais ; sinon, je n’y vais pas. Ce qui m’intéresse chez les créateurs, c’est leur regard, ce qui fait leur originalité, ce qui les distingue de la masse. Je reçois une demande par jour, je dis non 363 fois sur 365. »Au-delà de la disponibilité et de la réactivité qu’exige ce métier tout de relations, il revient à l’agent de lire ce que lui envoient « ses » scénaristes, de les dissuader ou de les encourager au fil de leurs tentations et tentatives. En un mot, de les accompagner dans leur processus de création, pour qu’un de leurs projets aboutisse à l’écran. D’où la nécessité d’acquérir une fine connaissance des attentes des chaînes et des besoins des producteurs.Lire aussi :Succès français en sérieAprès avoir reconnu les qualités de la série « Dix pour cent » (ce qui correspond au taux de rémunération de tout agent artistique français à la signature d’un contrat par l’un de ses clients), Catherine Winckelmuller fustige, avec force, le manque de confiance et de considération accordé aux auteurs en France : « La chaîne a demandé l’écriture d’une saison 2 de “Dix pour cent”, mais les contrats que les producteurs proposent aux scénaristes en font des auteurs “substituables”, ce qui veut dire que l’on peut les renvoyer et les remplacer à volonté. C’est hallucinant ! » Les professionnels dans une impasseC’est bien simple, estime cette professionnelle : en un quart de siècle, la situation des auteurs de télévision, après une courte embellie, n’a au final pas évolué. Au-delà de quelques réussites, « qui ne sont jamais que l’arbre qui cache la forêt » (« Un village français », « Engrenages », « Ainsi soient-ils »…), la structure même de France Télévisions, la frilosité des chaînes et l’incompétence d’un grand nombre de producteurs ont rendu l’ensemble du système public français obsolète, acculant les professionnels dans une impasse.D’où la grande question que se posent les agents artistiques qui, comme elle, ont affaire à l’audiovisuel : comment Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, pourra-t-elle mettre en actes sa volonté de faire de la fiction « une priorité », comme elle l’a annoncé en septembre à La Rochelle, quand on voit à quoi a abouti, jusqu’ici, en termes de création, un groupe qui emploie 10 000 personnes et dispose d’un budget plutôt conséquent…« Pas de vision »« Qu’attendre d’un service public qui est capable de dire “Ce projet est trop bien pour nous”, comme je l’ai entendu encore récemment ? », s’insurge l’agent de Pierre Schoeller, auteur et réalisateur de L’exercice de l’Etat. « A France Télévisions, on me demande : auriez-vous un auteur qui puisse rassurer France 2 ? Je ne vois que frilosité, aucune idée de ce que l’on attend, pas de vision de ce que va devenir la fiction dans les cinq ans ! En revanche, un conseiller à la fiction, dans le service public, se prend souvent tout à la fois pour un scénariste, pour un réalisateur, pour un directeur de casting, en plus de croire savoir ce qu’attend le public… »Alors que TF1 et Canal+ créent d’imposantes unités de fiction, alors que les sociétés de production cinématographiques commencent à investir le monde sériel, le mammouth France Télévisions pourrait bientôt ne plus reconnaître le paysage dans lequel il évoluait jusqu’ici, pronostique Catherine Winckelmuller…Martine DelahayeJournaliste au Monde Gaëlle Picut Trois médias numériques, lancés en 2014 et 2015, tournent autour du travail. Leur point commun : mettre en valeur les récits des travailleurs eux-mêmes.Le premier projet éditorial, Raconter la vie (raconterlavie.fr) a été lancé en janvier 2014 par Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, et soutenu par les Editions du Seuil. Il accueille des textes écrits essentiellement par des anonymes, dont un certain nombre autour de différents métiers.« Ce projet a l’ambition de répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne mieux prise en compte », écrivait Pierre Rosanvallon lors du lancement dans un manifeste intitulé « Le parlement des invisibles » : « Donner la parole, rendre visible, c’est aider les personnes à retrouver leur dignité, à résister. C’est leur permettre de rassembler leur vie dans un récit qui fait sens, de l’insérer dans une histoire collective ».On y trouve des témoignages très variés : un conducteur de métro, une psychologue, une caissière, une conseillère d’orientation, un infirmier, un routier, un boulanger, une employée de fast-food, un directeur d’agence bancaire, un charpentier…Dans l’Education nationaleDans le sillage du projet « Raconter la vie », le SGEN-CFDT, un syndicat de l’Education nationale, a lancé en septembre 2014, Raconter le travail (raconterletravail.fr), un espace où les professionnels de l’enseignement peuvent témoigner de leur travail, de ce qu’ils vivent au quotidien, sur ce qu’il se passe de façon invisible au sein des établissements scolaires.Le but est de raconter le concret et la diversité des situations. « La représentation du travail dans l’Education nationale fait aujourd’hui défaut. La méconnaissance du travail réel des personnels, par les médias et les corps intermédiaires comme par les intéressés eux-mêmes, explique à la fois les carences des politiques publiques et l’incapacité des personnels à agir collectivement », estime Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT dans le manifeste de lancement du site. Cette initiative a été parrainée par Pierre Rosanvallon et son équipe.Le dernier né est le site Dire le travail (direletravail.coop), lancé en avril 2015 par la coopérative du même nom regroupant une cinquantaine de sociétaires et animée par Patrice Bride, ancien rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques.Ce média publie aussi des écrits signés des travailleurs eux-mêmes. Des professionnels les aident à mettre en forme leurs récits. « Nous cherchons avant tout à mettre en avant le travail, plutôt que le métier : non pas ce que fait en général un maçon, un gardien de musée ou un policier, mais la façon très particulière dont une personne forcément unique s’est débrouillée de ce qu’elle avait à faire, dans son contexte propre », explique Patrice Bride. Une vingtaine de récits sont déjà en ligne, rédigés par un dermatologue, un caissier, une infirmière, une accompagnatrice en soins palliatifs, etc.Ce qui se fait au-delà du métierCe travail d’expression écrite produirait plusieurs effets. « Dire son travail est important. Poser des mots permet de prendre de la distance par rapport au quotidien, à l’apparente routine ou à la course permanente, constate Patrice Bride. On réalise tout ce que l’on arrive à faire malgré les difficultés, les prescriptions parfois contradictoires, voire la souffrance. À cet effet révélateur, vient s’ajouter un effet assurance ou réassurance quand on n’est pas très sûr de ce que l’on fait. Enfin, l’écriture est une manière de partager avec d’autres son expérience et ses histoires de travail, de les faire reconnaître ».Nadir Abdelgaber, un jeune caissier a rédigé un texte sur son quotidien, en partant de la façon dont il plie le ticket de caisse avant de le tendre au client. « Pour lui, écrire sur son travail, être publié, lu, est une manière de montrer son travail sous un angle positif. Il ne s’agit pas seulement de montrer comment il fait son travail mais aussi la façon dont il se l’approprie », témoigne Patrice Bride.Ariane Grumbach a publié un texte (« Des mots pour mieux manger ») sur son activité de diététicienne. « J’avais déjà un certain recul sur mon vécu professionnel. En revanche, je n’avais jamais formalisé des mots dessus et en ce sens, la démarche était fructueuse », estime-t-elle. « J’aime cette façon de passer » de l’autre côté du miroir « de métiers que l’on ne connaît que très partiellement. Cela me paraît une démarche extrêmement intéressante que l’on travaille seul ou en entreprise car elle peut aider à prendre conscience de la valeur de son travail, des compétences acquises au fil du temps. C’est aussi une façon de fixer la mémoire du travail », poursuit-elle.Faire partie d’un toutAude Baron, qui a écrit un texte sur son activité de paludière, a également ressenti l’importance de transmettre sa passion pour son métier. Au-delà, elle compare cette démarche à un « travail thérapeutique ». « J’avais témoigné une première fois sur mon métier pour un blog. Cela avait enclenché quelque chose chez moi. J’ai eu envie de poursuivre cette réflexion. Cela m’a fait du bien et m’a conforté dans mon choix de vie. Avant de devenir paludière comme mon père, j’ai été chargée de communication au sein d’une collectivité locale. Écrire ce texte m’a fait réaliser un certain nombre de choses dont je n’avais pas conscience sur le sens de ce que je faisais. Depuis, je les vis de façon encore plus intense », analyse-t-elle. « En décrivant mon activité, j’ai l’impression de faire partie d’un tout, d’être en accord avec la nature, le cycle des saisons. C’est un travail sur soi en permanence ».Par ailleurs, la publication de ce texte a favorisé des discussions avec ses proches. Elle s’est rendu compte qu’elle préférait utiliser le terme d’activité qui renvoie à des choses positives, à un épanouissement, plutôt que celui de travail associé à quelque chose de laborieux, de pénible.« En période de crise économique, d’événements tragiques comme nous le vivons actuellement, il est important de revenir aux fondamentaux, de faire son travail avec amour, de remettre les relations humaines au cœur de nos activités. Le métier de paludier est à la fois solitaire et solidaire. Le monde du marais est une grande famille alors que lorsque je travaillais dans la fonction publique j’avais le sentiment d’être très isolée », conclut-elle.Etre connecté à l’actualitéL’une des ambitions de Dire le travail est aussi de chercher des connexions avec l’actualité. Il accueille par exemple le témoignage d’Adèle Wine, partie en mission comme responsable d’approvisionnement dans un Centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières en Guinée. « Derrière chaque événement de l’actualité, il y a toujours du travail, des femmes et des hommes qui font ce qu’ils ont à faire avec de l’intelligence, des émotions, des convictions, des valeurs », résume Patrice Brice.Outre cette publication web, la coopérative Dire le travail développe d’autres activités tels que des ateliers à destination de particuliers souhaitant écrire sur leur travail, ou des interventions auprès d’organismes (associations, syndicats, entreprises, etc.), en particulier dans le cadre de formations autour de questions liées à l’expression sur le travail. Elle est actuellement en discussion avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) et la CFDT intéressées par la démarche.Pour compléter ce tour d’horizon de cette « démocratie narrative » (selon l’expression de Pierre Rosanvallon), il faut également évoquer les blogs, un média personnel parfois utilisé par leurs auteur(e) s pour s’interroger sur leurs pratiques professionnelles. Le milieu médical est incontestablement surreprésenté. On peut citer Jaddo (rédigé par une jeune généraliste), Vieux et merveilles (une auxiliaire de vie), Boules de fourrure (un vétérinaire) ou encore 10 lunes (une sage-femme).Ces différentes initiatives montrent que parler du travail n’est pas réservé aux sociologues, aux économistes, aux politiques ou aux journalistes. Derrière les notions de marché du travail, de chômage, de productivité, d’innovation, de management… il y a le travail réel, l’humain. « Nous voulons donner à lire le travail réel. De l’engagement, du conflit, de la solidarité : ce qui se joue au travail, parfois envahissant, parfois dépourvu de sens, avec ses grandeurs comme ses difficultés, toujours au cœur du fonctionnement de la société », résume Patrice Bride.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est une polémique née d’un dossier qui aurait dû être consensuel. Destinée à élargir le soutien public à un plus grand nombre de publications après les attentats contre Charlie Hebdo, la réforme des aides à la presse a fait l’objet, ces derniers jours, de vives critiques.En cause : la volonté du gouvernement de priver de ces nouvelles aides les publications ayant fait l’objet de condamnations pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence au cours des cinq dernières années. La mesure concerne des titres d’extrême droite comme Minute et Rivarol, ou encore l’hebdomadaire Valeurs actuelles, positionné à la droite de la droite et par deux fois condamné ces derniers mois, même s’il a fait appel.Lire aussi : Aides à la presse : qui touche le plus ? Dans son décret du 6 novembre 2015, le gouvernement a étendu le champ de l’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : elle concerne désormais tous les périodiques et pas uniquement les quotidiens. Il s’agit d’une démarche en faveur du pluralisme, initiée au lendemain de l’attentat qui a décimé l’hebdomadaire Charlie Hebdo, en janvier (celui-ci ne bénéficiera toutefois pas de l’aide, qui est limitée aux publications dont la diffusion est inférieure à 300 000 exemplaires, un seuil que l’hebdomadaire a dépassé depuis janvier).Plainte à BruxellesLe fait que ce renforcement des aides directes ne touche pas les titres ayant fait l’objet de condamnation a fait rapidement réagir. Mardi 17 novembre, Valeurs actuelles s’en est pris au système d’aide dans sa globalité en indiquant avoir « adressé une plainte formelle contre la France pour aide d’Etat incompatible avec le Traité de l’Union européenne dans le secteur de la presse d’information politique et générale de diffusion nationale ».Le lendemain, son directeur, Yves de Kerdrel, a également annoncé un recours au Conseil d’Etat. Il croit avoir identifié une fragilité juridique au sein du décret, dans la mesure où dans les faits, ce sont les directeurs de publication qui sont condamnés, non les titres. Or le décret fait référence à ces derniers.Plus surprenant : jeudi 19 novembre, c’est l’ensemble des quotidiens et magazines qui s’est ému de la mesure, à travers un communiqué commun du syndicat de la presse magazine (SEPM) et de la presse d’information générale (AIPG). Ce texte reprend l’argument de M. de Kerdrel en constatant que « le décret (…) soulève plusieurs points de droit, dont, mais non exclusivement –, celui du non-respect du principe de la personnalité des peines, en raison des règles particulières de responsabilité en matière de presse posées par la loi de 1881, et qui excluent la responsabilité directe de la société éditrice ».Le ministère « serein »En réponse, le ministère de la culture, joint par Le Monde, se dit « serein » sur les contestations juridiques de son décret : les condamnations touchent certes des individus, mais ils sont visés en tant que directeur de la publication, les condamnations ne sont pas personnelles, argumente-t-on. On ajoute que les amendes sont souvent payées par les titres, pas par les dirigeants.Sur la contestation des aides à la presse au niveau européen, le ministère de Fleur Pellerin ne s’affiche pas plus inquiet. Ce type de soutien public à un secteur est un choix politique, au même titre que la neutralité technologique invoquée pour accorder récemment un taux de TVA « super réduit » aux titres de presse sur Internet. Malgré une certaine opposition, Paris estime engranger des soutiens, au niveau européen, sur ces sujets.Sur le fond, cette réforme des aides au pluralisme vise à soutenir des titres qui contribuent à la « vitalité démocratique », argumente le ministère. Exclure les publications condamnées pour propos racistes ou discriminatoires est « dans l’esprit de la loi de 1881 sur la liberté de la presse ». L’article 24 de ce texte rappelle que seront notamment condamnés ceux qui auront « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes ».Une réforme politique ?Personne n’est visé en particulier à cause de sa ligne éditoriale, c’est un principe républicain, soutient-on au cabinet de Fleur Pellerin. Une tentative de couper court à l’argument selon lequel la réforme est politique et vise à affaiblir des titres d’opposition frontale à François Hollande, comme Valeurs Actuelles, ou proches de l’extrême droite.Enfin, le ministère rappelle que cette aide au pluralisme ne représente qu’une faible partie de l’ensemble des aides directes et indirectes (via les aides postales notamment). En 2014, un titre d’extrême droite comme Présent a touché 362 745 euros d’aides au total (dont 226 888 euros d’aides directes). Valeurs Actuelles a touché 961 026 euros d’aides à son transport postal mais zéro aide directe. Minute et Rivarol n’ont rien touché.Parmi la cinquantaine de titres qui pourraient bénéficier des nouvelles aides au pluralisme, on trouve les publications de gauche Le Monde diplomatique ou Politis, les publications chrétiennes Témoignage chrétien, Pèlerin magazine ou Golias, le magazine féministe Causette, le mensuel et site sur l’écologie Terra Eco, voire le bihebdomadaire généraliste Society.Malgré les arguments du ministère, les fédérations d’éditeurs de presse risquent de ne pas désarmer immédiatement : « Quelles que soient les justifications politiques et morales censées la justifier, une telle exclusion, dans son essence même, rompt avec le principe démocratique intangible de la neutralité de l’action publique vis-à-vis de la presse d’opinion », écrivent-ils, avant d’invoquer Tocqueville : « Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Nouchi  Lorsque, peu après sa désignation comme directeur du Monde, le 30 juin, Jérôme Fenoglio me proposa de devenir le sixième médiateur de notre journal – après, successivement, André Laurens, Thomas Ferenczi, Robert Solé, Véronique Maurus et Pascal Galinier –, je n’imaginais évidemment pas une seconde que j’allais prendre mon poste par temps de guerre. Je me faisais une joie de pinailler sur l’orthographe ou la syntaxe défectueuse de tel ou tel article, de maugréer après tel ou tel rédacteur coupable d’une approximation douteuse, de grommeler après la découverte d’un titre de manchette imprécis ; et voici qu’il me faut dire l’émotion d’une rédaction en proie à la fatigue, à la peine et parfois même au deuil ; et voici surtout qu’il faut, dès à présent, lui tirer un immense coup de chapeau pour le travail réalisé depuis quelques jours.Croyez-moi, chers lecteurs, je ne suis pas du genre complaisant avec les confrères. Depuis un peu plus de trente ans au Monde, ayant connu moult directeurs, directeurs de la rédaction et rédacteurs en chef, je me fais une idée très haute du journalisme. Mes modèles en écriture sont à chercher du côté de Robert Guillain (1908-1998), Pierre Viansson-Ponté (1920-1979) ou encore Jean-Marc Théolleyre (1924-2001) – souvenirs émus de ces grandes plumes du journal d’avant Internet –, alors pensez : il m’arrive parfois de céder à la déception devant un journal par trop moyen. Rien de tel depuis une semaine. Le travail de la rédaction, tous supports confondus, est remarquable. Rigueur, talent d’écriture et d’analyse, scoops,... Nicolas Bourcier Illustration des tensions croissantes autour de la question des réfugiés, une journaliste de CNN, Elise Labott, a été suspendue pour deux semaines pour avoir critiqué, dans un tweet, un vote à la Chambre des représentants. Dans les minutes qui ont suivi l’adoption par les députés à une très large majorité (289 contre 137), jeudi 19 novembre, d’un projet de loi durcissant les conditions d’accueil des réfugiés syriens et irakiens sur le sol américain, Elise Labott a écrit sur son compte : « La Chambre adopte une loi qui pourrait limiter [l’afflux de] réfugiés syriens. La Statue de la Liberté courbe la tête angoissée. »House passes bill that could limit Syrian refugees. Statue of Liberty bows head in anguish @CNNPolitics https://t.co/5RvZwVftgD— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Ce vote s’est fait avec le soutien d’un cinquième des élus démocrates, malgré l’opposition de la Maison Blanche au dispositif. Le président Barack Obama avait fait savoir qu’il utiliserait son veto si le projet de loi devait être adopté par le Sénat.Depuis le début du conflit syrien, en 2011, les Etats-Unis ont accueilli 1 682 réfugiés, selon le chiffre du département d’Etat.Lire aussi : Après Paris, Donald Trump joue la carte de l’islamophobieErik Wemple du Washington Post, qui a révélé l’histoire du tweet dans un article publié un peu plus tard dans la journée, insiste sur le fait que la question des réfugiés est devenue hautement partisane et que CNN avait suivi le vote de la Chambre d’une manière « très neutre ».M. Wemple rappelle qu’Elise Labott n’est pas éditorialiste ou commentatrice, « ce qui signifie qu’elle est tenue de respecter le principe de neutralité de la chaîne ». Il précise que les principaux concurrents de CNN, Fox et MSNBC News, « deux chaînes partisanes », obligent la chaîne d’Atlanta à une couverture rigoureuse, dans une contexte « d’impératifs économiques ».Dans un message publié vendredi matin, Elise Labott est revenue sur son précédent tweet : « J’ai eu tort d’éditorialiser. Mon tweet était inaproprié et irrespectueux. Je présente mes sincères excuses. »Everyone, It was wrong of me to editorialize. My tweet was inappropriate and disrespectful. I sincerely apologize.— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Nicolas BourcierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde) Lancée en mai en 5 jours sur 7, La Matinale du Monde passe désormais à 7 jours sur 7. Depuis son lancement, vous avez été près de 300 000 à la télécharger, un vrai succès pour une application d’information 100 % mobile.Cet été, nous vous avons consulté pour mieux comprendre votre façon d’utiliser La Matinale, pour vous permettre également de nous dire ce que vous appréciez le plus et ce que vous aimez le moins. Votre demande prioritaire portait sur une publication le week-end. Nous avons donc décidé de répondre à votre attente en vous offrant La Matinale tous les jours.Cette enquête de lectorat a aussi montré que vous étiez friands d’actualité, d’enquête, de découvertes… Nous continuerons donc de vous proposer une sélection éclectique et hiérarchisée, mêlant l’actualité la plus brûlante, les enquêtes approfondies, des tribunes et des strips BD.Mais le samedi et le dimanche, votre rapport au temps change, vous êtes moins dans l’urgence. Nous vous proposerons donc, dès 8 heures, une édition avec des contenus nouveaux, adaptés à ce moment où chacun a envie d’accorder du temps aux siens et à soi, de prendre du recul par rapport au flot d’informations qui nous submerge.Ainsi, chaque samedi matin, Les Décodeurs proposeront un “rattrapage de l’actu” pour ceux qui veulent être sûrs de n’avoir rien manqué. “La question de la semaine” permettra, quant à elle, d’aborder de façon pédagogique un sujet qui aura marqué les jours précédents. Enfin, une liste de recommandations sur les replays et les podcasts clôturera l’édition.En exclusivité dans La Matinale de ce samedi 21 novembre, vous lirez la toute première chronique de Thomas Piketty. L’économiste publiera en effet chaque mois un texte dans Le Monde daté dimanche-lundi.Une chronique sexualitéChaque dimanche matin, la chroniqueuse Maïa Mazaurette traitera de la sexualité sous toutes ses facettes. Vous plongerez également ce jour-là dans l’intimité d’une personnalité qui a accepté de raconter les secrets de son parcours à notre grand reporter Annick Cojean. Le sport ne sera pas oublié et la rédaction vous proposera également des idées de voyages.Enfin, quatre nouveaux dessinateurs BD rejoignent l’aventure de La Matinale du Monde : Nix, Antoine Marchalot, Mix & Remix et Catherine Meurisse ont créé chacun une série originale. Vous continuerez aussi de sourire avec Coquelicots d’Irak (Lewis Trondheim et Brigitte Findakly), La Famille Mifa (Lisa Mandel) et Manuela, Françoise et les autres (James).Nous espérons que cette offre enrichie répondra à votre attente et que vous serez toujours plus nombreux à nous lire… chaque matin désormais.Pour télécharger La Matinale du Monde, suivez ce lien: http://goo.gl/510oxk Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde)Journaliste au Monde Joël Morio On les disait condamnées par la montée en puissance des services de streaming comme Spotify ou Deezer. Or les radios musicales résistent bien à cette nouvelle concurrence. Selon les chiffres communiqués par Médiamétrie, mercredi 18 novembre, elles ont atteint une part d’audience de 32,6 %, en septembre et octobre, contre 30,9 % sur la même période en 2014.NRJ reprend sa place de première station de France avec une part d’audience cumulée de 12 %. « On retrouve la hiérarchie naturelle. Les services musicaux rencontrent des difficultés avec des faillites ou des introductions en Bourse reportées ; les stations musicales réunissent quant à elles plus de 22 millions d’auditeurs quotidiens, soit une hausse de 430 000 personnes en un an. NRJ est un bain chaud de plaisir, un refuge utile quand on est inquiet et stressé », estime Jean-Paul Baudecroux, président du groupe NRJ (qui comprend notamment Nostalgie, Chérie FM et NRJ). « On doit beaucoup à Steve Jobs, observe-t-il encore. Les smartphones sont aussi des récepteurs radio, ce qui favorise l’écoute des stations musicales prisées par les plus jeunes. » Le bond de Fun Radio est spectaculaire. La matinale présentée par Bruno Guillon est désormais écoutée par 1 868 000 Français, soit une progression de 47 % en un an. Au total, la station spécialisée en « dance music » gagne 303 000 auditeurs. Et devient ainsi la deuxième musicale de France, coiffant sur le poteau Skyrock, dont l’écoute cumulée progresse par rapport à la vague d’avril-juin 2015, mais recule sur un an.Virgin Radio réalise sa meilleure rentrée depuis six ans avec 267 000 nouveaux adeptes et une audience cumulée de 4 %. Les audiences de Chérie FM (4,4 % d’audience cumulée) sont aussi bien orientées. « C’est la plus forte progression des stations musicales. La station qui passe devant RFM bénéficie de son repositionnement et nous espérons que le travail effectué sur Nostalgie, avec plus de titres des années 1980 programmés, produira le même effet », indique Jean-Paul Baudecroux.Sérénité affichée sur RTL et Europe 1Du côté des stations généralistes, les résultats sont très contrastés. France Inter consolide sa troisième place avec 10,2 % d’audience cumulée. La matinale de Patrick Cohen conforte sa première position et toutes les tranches horaires s’affichent en hausse. Cette très bonne tenue s’explique « par le mariage d’une offre exigeante et populaire, avec une forte dose d’irrévérence, ainsi que par l’attachement très fort de nos auditeurs à la radio de service public », juge Emmanuel Perreau, directeur des programmes et d’antenne de France Inter. A RTL, les performances sont plus mitigées. L’audience cumulée (11,4 %) baisse légèrement d’une année à l’autre, mais elle recule par rapport à la vague d’avril-juin 2015, où elle avait culminé à 12 %. La station de la rue Bayard peut se consoler en voyant sa durée d’écoute progresser à 2 h 23, soit la meilleure de toutes les radios. « Je suis très confiant pour la suite. Nos résultats sont une bonne base pour le reste de la saison », estime Christopher Baldelli, président de RTL. Même sérénité affichée à Europe 1, malgré une chute des audiences qui ne s’explique plus uniquement par le départ de Laurent Ruquier vers RTL, mais aussi par une baisse de la matinale présentée par Thomas Sotto. « Son travail n’est pas en cause. La matinale avait progressé lors des précédentes vagues. Nous gardons le cap même si ce n’est pas une bonne rentrée. Le contexte des radios généralistes privées est très difficile », martèle Fabien Namias, le directeur général de la station. Avec 8,6 % d’audience cumulée, il s’éloigne un peu plus des 10 % que Denis Olivennes lui avait fixés à son arrivée à Europe 1. Fabien Namias peut se satisfaire néanmoins des bons scores de Jean-Marc Morandini, qui atteint son plus haut niveau depuis sept ans, tandis que Cyril Hanouna se stabilise et progresse de 20 % sur les 25-59 ans. La confiance est également de mise à RMC, en dépit de résultats en berne avec plus de 300 000 auditeurs perdus en un an. Enregistrant 7,2 % d’audience cumulée, derrière France Bleu (7,3 %), la station « Info, talk, sport » retombe sous la barre des 4 millions d’auditeurs pour la première fois depuis septembre 2012. « Après les fortes hausses que nous avons connues ces dernières années, il est normal que l’on ait des bas. Notre stratégie de convergence entre la radio et la télévision porte ses fruits. Les audiences de RMC Découverte, qui diffuse la matinale de Jean-Jacques Bourdin, explosent. Les gens veulent désormais des images et nous sommes bien préparés à cette évolution », plaide Alain Weill, le président du groupe Next Radio. France Info, qui enregistre un de ses plus mauvais scores avec une audience cumulée de 7,2 %, souligne le nombre de vues (1,5 million en octobre 2015) sur son antenne vidéo.Les succès sur les médias digitaux ne sont pourtant pas incompatibles avec de bonnes écoutes. France Culture, avec 2,4 % d’audience cumulée, atteint un record historique et dépasse pour la première fois les 10 millions de podcasts téléchargés.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Qu’est-ce qui vous a fait accepter cette proposition de diriger France 5 ?Cette chaîne fait briller les yeux car elle est la quintessence du service public, celui qu’on aime aimer. Et puis, j’ai eu un vrai coup de foudre pour Delphine Ernotte, pour la manière dont elle présentait les choses, pour sa personnalité complètement atypique dans le paysage audiovisuel. Je me suis dit qu’avec cette femme-là qui n’a aucune des lourdeurs du milieu parce que justement elle vient d’un autre univers, cela pouvait être vraiment passionnant. Plus personnellement, je ne peux rien dire de négatif sur ce que je faisais à TF1. Avec la complicité de son ex-PDG, Nonce Paolini, je m’étais constitué un petit royaume avec mon émission littéraire sur TF1, mon rendez-vous quotidien sur LCI, celui sur la chaîne Histoire ainsi que « Médiapolis » sur Europe 1. J’aurais très bien pu continuer ainsi. Mais je ne me mettais plus en danger. Et puis cela m’intéressait de savoir si après vingt-cinq ans, la méthadone de ce nouveau travail allait réussir à compenser la crise de manque de l’antenne. Pour le moment, je suis très satisfait du traitement médical. Je n’ai pas eu une crise de manque depuis la rentrée. Très sincèrement, je n’ai pas eu le temps.France 5 a connu une très belle progression lors de la saison 2014-2015 avec 3,4 % de PDA. N’est-ce pas plus difficile encore d’hériter d’une chaîne dont tous les voyants sont au vert ?C’est évident qu’il y avait un côté « cadeau empoisonné ». Quand vous arrivez dans une chaîne dont l’image est excellente, dont les audiences vont bien et dans laquelle les rendez-vous sont installés depuis des années, vous avez toutes les raisons de ne rien bouger. C’est évidemment le principal obstacle auquel je me suis confronté, même intellectuellement. Tout conspire à ce que vous ne touchiez à rien. Or, comme je l’ai dit aux équipes, tout ce qui est aujourd’hui positif pour France 5 – notamment l’ancrage de ses programmes qui la rend familière – peut se transformer en critiques sur le manque de renouvellement. Il faut donc passer à la vitesse supérieure car nous sommes dans une époque d’incroyables changements.« Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel »Pour reprendre les termes de Delphine Ernotte, votre tache est donc de réveiller « la belle endormie ».Oui, même si France 5 n’est pas inerte. Elle est passée par de nombreuses mutations, et chaque étape me permet d’identifier les problèmes. Pendant longtemps, elle a été une chaîne de la journée qui, le soir, cédait sa place à Arte. Quand elle est devenue une chaîne à part entière, sa grille n’a pas été réellement redéfinie par rapport à une construction qui, aujourd’hui, se fait en amont et aval du prime time. Il ne s’agit pas de le faire du jour au lendemain pour autant, parmi mes objectifs, il y a un travail à opérer sur les « primes times ». Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel.D’autre part, c’est une chaîne qui n’a jamais eu de rédaction, ce qui fait qu’elle est coupée de l’information, au sens quotidien du terme. Certes, celle-ci est traitée excellemment dans les magazines de fin de journée comme « C dans l’air », mais elle n’est pas liée à l’événement. Mon deuxième chantier est donc l’« événementialisation » de la chaîne : soit en créant l’événement comme ce sera le cas, le 24 novembre, avec la soirée spéciale consacrée aux violences faites aux femmes ; soit en étant réactifs ainsi que nous l’avons été tout au long de la semaine qui a suivi les attentats du 13 novembre.Lors de la diffusion de la série documentaire « 360° » vous avez évoqué le numérique comme l’un de vos chantiers principaux. Comment allez-vous le développer ?De nombreux sites se nourrissent des programmes de France Télévisions. Cela accroît leur trafic et leur audience mais nous en sommes quelque peu dépossédés. En ce qui concerne France 5, nous avons très peu de production interne. Les grands rendez-vous de magazines sont élaborés par des producteurs extérieurs qui ont leur page Facebook et leur compte twitter. Mon idée est de redonner une cohérence à tout cela comme on le fait déjà avec « Allo docteur ». Je voudrais rationaliser les rapports entre la chaîne et les différents producteurs sachant qu’il y a beaucoup d’inconnu. Par exemple, l’internaute qui vient chercher un replay, par où rentre-t-il ? Est-ce par le site de France télévisions ? Celui de France 5 ? Ou encore celui de l’émission ou d’une séquence ? Cette porte d’entrée détermine la stratégie. Pour l’heure, j’emmagasine les études et j’écoute ceux qui savent, avant d’essayer de la définir. Il faut vraiment que ce soit une réponse de groupe.Outre l’offre linéaire, ce qui me passionne davantage encore est la création documentaire. Avec 3000 dossiers reçus par an et la diffusion de près de 300 documentaires, nous sommes l’interlocuteur privilégié à France Télévisions de tout cet écosystème. Aujourd’hui, on ne peut plus écrire pour le linéaire puis découper trois quatre extraits à mettre le net. L’écriture numérique est spécifique. Voilà pourquoi « 360° » me passionne. Du coup, on est en train de réfléchir à un documentaire ou une mini-série pour lequel on demanderait aux producteurs des projets bi-face avec une version linéaire et une autre numérique sur le même sujet. A charge pour eux de trouver des interactions entre les deux. A France Télévisions, nous avons avec « Les Nouvelles Ecritures » un atelier incroyablement intelligent et performant avec lequel je me suis rapproché. Car si on rate ce lien avec cette nouvelle créativité, la chaîne pour le coup vieillira très vite.La part de la fiction va-t-elle augmenter, comme le désire la présidente de France Télévisions ?Pour l’instant, nous n’avons pas d’argent pour investir dans la création. Néanmoins, nous travaillons avec l’équipe documentaire afin de lancer un appel à projets conjoint avec « Les Nouvelles Ecritures » autour du docu-fiction. D’autre part, la case du lundi dévolue à ce genre va s’ouvrir au cinéma à la manière de « La Dernière Séance ». Dès janvier, nous proposerons un film incontournable accompagné d’archives sur le tournage, d’actualités de l’époque ou d’un documentaire issu de la collection « Empreintes ».Et en matière de divertissement ?Pour des raisons liées à son histoire, le spectacle vivant n’est pas présent sur la chaîne. Or, j’aimerais qu’il trouve ponctuellement sa place sous forme événementielle. Je vais y aller prudemment car ce n’est pas forcément des succès d’audience. Mon bassin d’audience étant cependant plus réduit que celui de France 2 ou France 3, je peux m’offrir le luxe de diffuser des captations de théâtre ou d’opéra à une heure moins tardive que ces chaînes, vers 21 heures ou 22 heures ; ce qui est plus gratifiant pour les artistes et permet de proposer des soirées de prestige.Outre les soirées cinéma du lundi, d’autres changements sont-ils prévus en janvier ?Le mardi, « Le Monde en face » comportera des plateaux plus longs. « La Maison France 5 » et « Silence ça pousse », qui connaissent une rude concurrence le mercredi, sont déplacés le vendredi. « On n’est pas que des cobayes » qui affronte « Koh-Lanta » et « The Voice Kids » devrait passer en « access » le samedi. Enfin, le mercredi sera une soirée prestige avec nos grandes coproductions internationales archéologiques et scientifiques. Ce n’est pas une révolution, mais cela fait bouger les choses. Je ne sais pas si je serai le prince charmant qui réveille la belle endormie, en tout cas, il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans.« Nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs »La grille comportera-t-elle des nouveautés ?Il y a deux émissions qui me tiennent à cœur mais que je trouve en deçà de leur potentiel. Il s’agit de « La Grande Librairie » et « C politique ». L’émission littéraire de François Busnel pourrait faire bien mieux comme on le voit lors des soirées spéciales, où il double quasiment son audience. Ce qui bloque sans doute est le côté un peu rigide de l’émission. François Busnel désirait la rallonger. Je le lui ai accordé à condition qu’il la reformate de façon à offrir plus de sujets et de reportages. Pour « C politique », j’ai tenu un discours similaire à Jérôme Bellay, son producteur. Je lui donne une demi-heure de plus afin de sortir du cadre un peu institutionnel de l’interview politique en y intégrant notamment des invités de la société civile en lien avec l’actualité, qui viendront interpeller le politique, des spécialistes ainsi fact-checking avec l’invité.Pour faire cela, j’ai donc décidé de faire des économies en supprimant les plateaux qui introduisent les émissions. De même, certaines qui arrivaient en fin de contrat ne sont pas reconduites comme « Hélène et les animaux » ou « Les Grandes questions » de Franz-Olivier Giesbert.Qu’en est-il de l’avenir des « Maternelles » et du « Journal de la santé » après le rachat par TF1 du groupe de production Newen ?Pour le moment, tous les nouveaux projets sont suspendus. Concernant les magazines de santé, le problème ne se pose pas car le contrat court jusqu’en 2017. Celui des « Maternelles » arrive à échéance en juin 2016 et sera réexaminé. Très franchement, je suis partagé avec ce magazine sympathique et en symbiose avec les valeurs du service public mais décevant en termes d’audience générale. Son aspect novateur des débuts n’est-il pas devenu obsolète ? La leçon que l’on peut tirer de l’affaire Newen est que nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs comme cela a été le cas. Une émission n’est pas une rente à vie, c’est le message que je veux leur insuffler.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « La cinquième vidéo, elle est fatale, on dirait un film », dit un habitant de Saint-Denis qui tente, dans sa commune, de vendre à des journalistes des images amateurs de l’assaut donné par les policiers mercredi 18 novembre au matin. « 400 euros, c’est donné », commente-t-il. Le phénomène n’est pas totalement nouveau mais l’intensité du petit marché qui s’est mis en place dans la foulée des attentats a frappé plusieurs reporters sur place, dont ceux du Petit Journal et de FTVinfo.Saint Denis des jeumes tentent de vendre des vidéos entre 100 et 300 euros sur le marché selon si l on entend tirs pic.twitter.com/KmPhoH54lG— Pascal Jalabert (@Jalabertpascal) November 18, 2015« Si on voit les tirs et un policier, de loin, dans la nuit, c’est 500 euros, sinon, juste le son, c’est 100 euros », s’indigne Pascal Jalabert, rédacteur en chef du bureau parisien d’informations générales d’Ebra, groupe de journaux de l’est de la France, cité par FTVinfo.#SaintDenis Un riverain me montre une vidéo, prise à 4h36 du matin. On y voit des tirs depuis la fenêtre de l'immeuble rue Corbillon.— Kocila Makdeche (@KocilaMakd) November 18, 2015Le journaliste de FTVinfo Kocila Makdeche raconte qu’après l’avoir interpellé, les vendeurs montrent la vidéo proposée « sous le manteau, comme des vendeurs à la sauvette », dans une rue tranquille.Sans se cacher particulièrementD’autres font leur commerce sans se cacher particulièrement : Le Petit journal a filmé un groupe de personnes négociant des images de façon ouverte, dans une rue.St-Denis : le commerce des vidéos amateurs - Le Petit Journal du 18/11La circonstance de l’assaut renforce la quantité et l’intérêt des documents amateurs : les échanges de tirs, impressionnants, entre la police et les djihadistes retranchés rue Corbillon, ont commencé très tôt, vers 4 h 30. Beaucoup de riverains ont filmé avec leur smartphone avant que les moyens importants des télévisions arrivent progressivement.Les documents amateurs, montrant l’immeuble des terroristes, le choc assourdissant des armes automatiques ou des mouvements de forces de l’ordre, ont été utilisés par les chaînes de télévision, de BFMTV à i-Télé, en passant par Télé Matin, explique Le Petit Journal. Ce qui ne veut pas dire qu’elles les aient achetées, car certains témoins donnent gratuitement leurs images ou les postent sur les réseaux sociaux.BFM-TV a acheté deux portraits d’un kamikaze, pas de vidéos« Nous ne sommes pas contre le principe d’acheter certains documents », explique au Monde Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Pourtant, depuis le 13 novembre, la chaîne dit n’avoir payé que deux photos, d’Ismaïl Omar Mostefai, l’un des djihadistes qui s’est fait exploser au Bataclan, acquises auprès d’un « ex-proche » et aucune vidéo.BFM-TV explique sa ligne de conduite pour l’achat de documents amateurs : « Ne pas rentrer dans une course au spectaculaire, ni dans une course aux enchères. Et il faut que le document apporte une info », explique M. Béroud.Payer des particuliers pour des images est assez tabou. A Saint-Denis, le reporter du Petit Journal confronte les vendeurs : « J’ai fait ton travail. J’ai eu les couilles de le faire. J’ai risqué ma vie », explique l’un d’eux. Avant d’avancer une raison plus économique : « Y’a de l’actu, je sais que je peux faire de l’argent. (…) J’ai pas de travail. »Une vidéosurveillance d’un bar attaqué « pour 50 000 euros » Ceux qui achètent avec moins de complexe sont les médias anglo-saxons, où cette pratique est plus courante : d’ailleurs, la journaliste que Le Petit Journal arrive à filmer en train d’acheter pour de bon des documents parle anglais. On la voit verser une rallonge de 200 euros en cash, après avoir, dit-elle, déjà payé 250 euros pour quatre vidéos. Interrogée dans la foulée, elle dit travailler pour la BBC, le service public audiovisuel britannique. Mais nie avoir payé pour des images…Ces derniers jours, les médias britanniques ont parfois diffusé des documents amateurs, quitte à choquer : le Daily Mail a ainsi diffusé une photo de l’intérieur du Bataclan montrant des corps, qu’il a acheté via le Daily Mirror qui en a acquis les droits.Le site du quotidien a également montré des images de vidéosurveillance récupérées dans un des cafés-restaurants attaqués à la kalachnikov vendredi soir. « Cette vidéo nous a été proposée pour 50 000 euros », raconte Hervé Béroud, de BFM-TV, qui l’a refusée, car elle est « choquante ».Le Journal du dimanche a raconté que dès le soir des attaques, deux témoins proposaient trois vidéos et une dizaine de photos des attaques d’un bar et d’une pizzeria, pour 1 000 euros. Avec « exclusivité », ce qui veut dire qu’ils supprimeraient les images après la transaction.« Se faire du fric sur le malheur des gens »On est encore loin de la recherche effrénée d’images de faits divers pour les monnayer avant tout le monde aux chaînes, comme dans le film américain Night Crawler. Mais la pratique se diffuse, explique FTVInfo, qui se rappelle s’être fait démarcher pour enchérir sur des vidéos des inondations dans le sud-est de la France.« Honte à tous ces gens qui font commerce de la détresse », s’indigne une internaute dans les commentaires du reportage posté sur Facebook par Le Petit Journal. « Se faire du fric sur le malheur des gens, c’est ignoble. Si quelqu’un de votre famille se trouvait dessus, vous le feriez ? Vous me dégoûtez », abonde un autre. Le JDD dénonce, lui, une « version connectée du profiteur de guerre ».« Si j avais des photos, je les vendrais. Quitte à ce que BFM-TV, TF1 et autres se fassent des tunes, je prends ma part », rétorque un commentateur sur Facebook. « Tant qu’il y aura des gens pour acheter, il y aura des gens pour vendre, c’est une loi universelle », philosophe un autre. Un dernier tend un miroir à tout le monde : « Arrêtez de faire vos saintes-nitouches, vous serez tous scotchés à votre téloche quand la vidéo achetée sera diffusée. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Le débat sur le GamerGate ressurgit au moment le plus inattendu. Ce mouvement en ligne de joueurs de jeu vidéo hostile au discours féministe, aux médias, et régulièrement accusé de harcèlement en ligne, est accusé par le site américain Vice d’avoir modifié la photo d’un journaliste, Veerender Jubbal, en le grimant en terroriste kamikaze avant de la diffuser largement en ligne.Lire : A la rencontre du GamerGate, le mouvement libertarien qui veut défendre « ses » jeux vidéo  « La photo de l’un des kamikazes de Paris a été diffusée. Il l’a posté sur Twitter peu avant l’attaque », écrit un utilisateur turc de Twitter, connu sous le pseudonyme de Blacktric sur les réseaux sociaux anglophones, au soir des attentats du vendredi 13 novembre.Comme l’ont remarqué plusieurs internautes, un certain nombre de détails clochent, comme les prises anglaises, ou l’étonnante présence d’un godemiché à l’arrière-plan. La photographie a en fait été modifiée sur un logiciel de retouche d’image.« Il faut un gilet d’explosifs et un coran »Le détournement est apparu le 12 août, et a été réalisé par un membre du gamergate,@turd_wartsniff, alias Sad Person, ou encore Doctor Ethics, à la suite d’un dialogue édifiant entre trois utilisateurs de Twitter, dont Blacktric.« Vous êtes à la mosquée et ce type met une main aux fesses de votre copine. Que faites-vous ? - J’utilise Photoshop pour placer une bombe à la place de sa tablette - Non, il faut un gilet d’explosifs et un coran à la place de sa tablette »La photo, à nouveau mise en ligne le 13 novembre, connaît une diffusion exceptionnelle. Comme le relève Vice, le visage de Veerender Jubbal est repris dans la presse européenne : La Razon en Espagne et SkyTG24 en Italie publient la photo, l’un pour illustrer le parcours d’un des terroristes entrés en France en passant par la Grèce avec les réfugiés, l’autre comme un document « envoyé par l’Etat Islamique ». « Des millions et des millions de gens ont vu les images retouchées, et me prennent pour un terroriste », s’est désolé l’intéressé sur Twitter, qui rappelle être sikh et non musulman, vivre au Canada, et n’être jamais allé à Paris. « Tout ceci me place dans une mauvaise situation, au sens où je risque d’être physiquement et/ou moralement blessé à cause de ça. »Le mouvement minimiseVeerender Jubbal n’a pas été choisi par hasard. Il est connu pour ses positions hostiles au GamerGate. Il a ainsi créé le mot-dièse « StopGamerGate2014 », rappelle son profil Twitter. « Les gamers sont des ordures absolues, comme je le dis depuis une année entière. Les gens n’arrêteront pas de me harceler et polluer la vie », a-t-il déclaré, 24 heures après la diffusion de cette photo.Gamers are absolute garbage like I have been saying for a full year.People will not stop harassing, and bothering me.— Veeren_Jubbal (@Veerender Jubbal)require(["twitter/widgets"]);Sur Reddit, l’un des fiefs en ligne du GamerGate, on minimise la volonté de nuire et on se désolidarise du tweet du vendredi 13 novembre de Blacktric. Ce dernier s’était éloigné du mouvement il y a plusieurs mois. « Est-ce qu’un des nôtres [Sad Person] est responsable du détournement sous Photoshop ? Probablement, oui. Toutefois celui-ci a été fait avant les attaques de Paris, il n’y avait pas l’intention d’associer Veerender Jubbal dans celles-ci. Ceci a été fait par quelqu’un [Blacktric] qui ne s’associe plus avec le GamerGate. »Ce dernier a pourtant continué à harceler le journaliste, mais au sein de la « Ayy Team », un groupe d’internautes dissidents spécialisés dans la provocation extrême et les messages de harcèlement envers plusieurs communautés, comme les sympathisants LGBT et féministes. Les comptes Twitter et Reddit de Blacktric ont depuis été désactivés.Veerender Jubbal a quant à lui évoqué la possibilité de poursuivre en justice les journaux ayant utilisé sa photographie.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guillot Le jour de l’attaque du Bataclan, vendredi 13 novembre, ils étaient sept photographes accrédités pour le concert des Eagles of Death Metal. Un concert de plus pour ces spécialistes de musique, qui sont des passionnés autant que des photographes – l’un d’eux, Yann Charles, travaille en amateur, et publie ses photos de façon bénévole pour un webzine.Mais les images qu’ils ont prises ce soir-là, du groupe et du public communiant dans le même plaisir, se remplissent aujourd’hui d’une émotion toute particulière. « Ils sont tous choqués, à des degrés divers, témoigne Bertrand Alary, directeur de l’agence Dalle, qui diffuse plusieurs d’entre eux. Et ils ont chacun une attitude différente face aux images qu’ils ont faites. Moi, je suis leurs instructions à la lettre. »Dans le milieu musical, à part pour les gros concerts aux contraintes particulières, c’est en général la « règle des trois » qui s’applique : les photographes dûment accrédités peuvent travailler seulement pendant les trois premières chansons, histoire de ne pas perturber le spectacle. Le 13 novembre, au Bataclan, les photographes se placent dans le « pit », derrière les barrières, entre la scène et le public – là où ils ont un bon point de vue sur le groupe et les spectateurs.A eux d’éviter les flashs dans les yeux qui gênent les musiciens. « C’est un groupe de rock festif, super-intéressant à photographier, car ils sont super-vivants quand ils jouent », confie l’un d’eux, qui préfère taire son nom. Après trois chansons, des photographes se fondent dans la foule, d’autres décident de partir. « Avec un collègue, on a bu un verre en rangeant le matériel, raconte un photographe. On est tous les deux partis pour éditer nos photos chez nous. Avant, j’ai pris une photo sur mon téléphone, pour montrer l’ambiance, et je l’ai postée sur Facebook. Puis j’ai pris ma voiture, et c’est seulement en passant devant Le Petit Cambodge que j’ai compris que quelque chose de grave se passait. » A l’intérieur, le photographe Manu Wino se trouve au bar quand arrivent les terroristes, mais il est près de la sortie de secours, et réussit à s’enfuir. Un de ses collègues trouvera refuge dans un local technique pendant toute l’attaque. Mais la photographe Marion Ruszniewski, qui travaillait ce jour-là pour le mensuel Rock & Folk, est touchée par une balle dans le ventre. « J’ai pensé à mon ami Rémi Ochlik [tué en Syrie en 2012] et je me suis dit “pas moi” », a-t-elle raconté à l’AFP. Elle fera la morte jusqu’à l’arrivée des secours, et s’en tirera sans complications trop graves. « C’est mon sac à dos de photo qui m’a sauvé la vie », pense-t-elle.« Du mal à regarder mes images »Une fois la frayeur passée, que faire des cartes mémoires pleines d’images innocentes d’un concert qui a viré au carnage ? Les photographes ont tous répondu de façon différente. Marion Ruszniewski a diffusé quelques photos du concert par le biais de l’AFP, et doit publier le reste comme prévu dans le prochain numéro de Rock & Folk.Manu Wino et Julien Mecchi, « par respect pour les victimes », ont, chacun, décidé de distribuer gratuitement les photos du concert sur leur compte Facebook, en demandant qu’il n’en soit pas fait un usage commercial. « Peace, Love & Death Metal », a ajouté Manu Wino sur sa page, en écho au titre du premier album du groupe californien. Dans les images qu’il a prises, on voit nettement des spectateurs sur le côté de la scène. « Au début, je ne voulais rien en faire, a-t-il déclaré à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles. Mon sac est resté fermé. Et, petit à petit, on sort du choc, et, en discutant avec des amis, je me suis dit qu’il fallait envoyer des ondes positives. J’ai eu envie qu’on se souvienne des sourires, du rock’n’roll et qu’on était tous là pour faire la fête. »Mais ces clichés de spectateurs qui s’amusent avant la tuerie posent un problème de conscience à quelques photographes. Ils savent que nombre de personnes à l’image sont mortes, et que certaines familles n’ont pas encore identifié leurs proches. « Deux photographes m’ont demandé de retirer les images où on voit le public, parce qu’ils pensent que c’est plus respectueux », explique Bertrand Alary.Sur ce sujet, un photographe, qui préfère taire son nom, confie être « en pleine réflexion ». « Pour l’instant, j’ai encore du mal à regarder mes images. Je ne sais pas si les gens seront choqués de revoir leur famille, ou contents de les voir vivants et souriants après toutes ces photos d’horreur. » L’un d’entre eux semble avoir tranché, en publiant, en double page dans le magazine Paris Match paru lundi 16 novembre, sans donner son nom, une photo cadrée uniquement sur les spectateurs du concert : une image d’insouciance, à la fois joyeuse et terrible.Malgré le choc et les crises d’angoisse, les photographes ne semblent pas découragés de photographier des concerts, y compris au Bataclan. « Parfois, il faut juste faire son job », écrit Julien Mecchi sur Facebook. Et, par mail, Marion Ruszniewski indique : « Je prendrai des photos dès que j’en serai capable. »Lire aussi :Le gouvernement ordonne à Twitter de bloquer la diffusion des photos du carnage dans le BataclanClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard « On vous l’avait bien dit… », semblent entonner ceux qui ont brandi de longue date le risque de voir des terroristes se mêler aux migrants arrivant en Europe. Ainsi, le député républicain des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, tout comme le site d’extrême droite Fdesouche, n’ont pas manqué de souligner qu’un des auteurs des attentats du 13 novembre s’est présenté en Grèce en tant que réfugié syrien. Et au passage, ils ont pointé du doigt les médias, accusés d’avoir été trop angéliques dans leur traitement.Lire aussi :Un kamikaze du Stade de France avait emprunté la route des Balkans« Fantasme »« Des terroristes parmi les migrants : quand les médias dénonçaient un fantasme », a titré Fdesouche, listant une quinzaine de liens vers des sites d’information. Christian Estrosi a, lui, choisi de cibler un article et un média en particulier : France Inter. Il a accusé la radio de service public d’avoir réalisé un « maquillage » sur « un article qui donne tort à ses journalistes ». Reprenant un argument de Fdesouche, le maire de Nice s’est indigné lors de son passage lundi sur France Info, mais aussi sur Twitter.Mais je veux dénoncer ici maquillage réalisé par @franceinter sur un article qui donne tort à ses journalistes pic.twitter.com/PvkEVAe20j— Christian Estrosi (@cestrosi) November 16, 2015 En cause : le changement de titre, dimanche, d’un article du site de France Inter, initialement publié le 14 septembre. « Réfugiés : le fantasme de l’infiltration terroriste » a été changé en « Des terroristes parmi les migrants ? » Pour Fdesouche, cette modification « en loucedé » est la preuve du malaise du média.Contactée, France Inter reconnaît une « maladresse » décidée dans l’urgence dimanche. Mais assure avoir agi pour répondre à une inquiétude légitime : protéger l’auteur de l’article, qui était « victime d’insultes, mais aussi de menaces sérieuses » depuis que son nom et son article ont été exhumés, samedi, sur les réseaux sociaux. Sa signature a été retirée dimanche… et le titre adouci.Le ministère de l’intérieur et les expertsAu-delà de cette petite polémique, les médias ont-ils occulté le risque d’infiltration d’islamistes sur la route des Balkans ? Difficile de généraliser mais avec le recul, le titre initial de l’article de France Inter semble trop catégorique. « Ce n’est pas notre journaliste qui a mal fait son boulot, rétorque Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de la radio. Elle s’est appuyée sur le ministère de l’intérieur : dans un échange en off avec d’autres collègues, il se disait alors très peu préoccupé par ce risque. » L’éventuelle « sous-évaluation » du problème serait donc plutôt le fait de Beauvau.« Les migrants qu’on laisse entrer en France sont ceux qui veulent y demander l’asile. Or quand on fait une demande d’asile, on laisse nécessairement ses empreintes, on se fait photographier, et les services de l’OFPRA (l’office de protection des réfugiés) consultent les fichiers de police français et internationaux. Si une personne est recherchée, ou signalée par exemple pour radicalisme, c’est non : elle n’obtiendra pas le statut de réfugié et pourra même être expulsée », expliquait l’article, citant le ministère.La route des Balkans jugée risquée et lenteDans les autres liens pointés par Fdesouche, on trouve plusieurs articles s’appuyant en fait sur des sources identiques, par exemple des tweets du journaliste David Thomson, de RFI, en août. Ce spécialiste du djihad réagissait à l’affirmation formulée par le maire de Nice sur la présence de terroristes parmi les migrants, et avant lui par la présidente du Front national, Marine Le Pen :« A ce stade, les propos de Christian Estrosi au sujet des migrants et de l’Etat islamique sont factuellement faux. Jamais l’Etat islamique n’a encore utilisé les flux de migrants pour s’infiltrer en Europe dans le but d’y réaliser des attentats. Cette option initialement diffusée dans la presse italienne, puis instrumentalisée politiquement, n’est présente dans aucun communiqué », avait écrit M. Thomson, selon Le Lab.Le journaliste de RFI ajoutait toutefois : « Pour autant, une telle option n’est pas non plus totalement exclue. »D’autres articles se fondent sur les mêmes dépêches AFP, l’une du 21 mai, l’autre du 14 septembre. Leur angle est commun : « Des djihadistes peuvent gagner l’Europe sans se cacher parmi les migrants. » Y sont cités des officiels, dont le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, qui appelle à la vigilance ; mais aussi plusieurs spécialistes, assez sceptiques. Pour eux, il est plus rapide et moins risqué pour l’Etat islamique de passer par d’autres voies, comme l’avion, que de tenter la route des Balkans.« Exagérer la menace serait complètement idiot, mais la nier absolument serait faux », relativisait Eric Dénécé, du Centre français de recherches sur le renseignement, dans une dépêche.Et le débat sur les migrants ?Les médias ont-ils péché par excès de certitudes ? Jean-Marc Four, de France Inter, rappelle que « la vérité du jour n’est pas celle du lendemain ». Le parcours de l’auteur des attentats du 13 novembre passé par la Grèce montre que le processus d’enregistrement des migrants peut laisser passer un individu non fiché ou utilisant un faux passeport – en l’occurrence de Syrie, pays en guerre. L’Ofpra explique aujourd’hui avoir dans quelques cas refusé l’asile pour des soupçons de terrorisme. Mais ne peut agir si l’arrivant ne dépose pas de dépôt de dossier.Lire aussi :Craintes sur l’arrivée de terroristes avec les migrants« Sur le fond, il y a peut-être eu chez les journalistes une forme de minimisation, mais pas forcément consciente, pense M. Four. Car les thèmes du terrorisme et des migrants se téléscopent et sont tous les deux sujets à instrumentalisation politique. »Intéressante pour la lutte contre le terrorisme, la question ne change pas forcément les termes du débat sur l’immigration et les réfugiés : « Même si on admet que quelques terroristes passent dans le flot de migrants, faut-il pour autant renoncer à trouver une solution d’accueil pour tous les autres ? », demande M. Four.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Attentats à Paris : "François Hollande craint... par rtl-frCela s’appelle éteindre un début d’incendie. Mardi 17 novembre, RTL a publié un communiqué pour soutenir son chroniqueur Eric Zemmour, pris à partie sur les réseaux sociaux. Le polémiste avait affirmé le matin même sur l’antenne de la radio qu’« au lieu de bombarder Raqqa [en Syrie], la France devrait bombarder Molenbeek ». Une référence au quartier de Bruxelles réputé pour la présence d’islamistes et actuellement ciblé par les enquêteurs après les attentats du 13 novembre à Paris.« Face aux réactions et à l’incompréhension suscités par la chronique d’Eric Zemmour diffusée ce 17 novembre dans la matinale, RTL tient à indiquer que les propos du chroniqueur étaient évidemment à prendre au second degré et aucunement au premier degré ».« L’objet de la chronique d’Eric Zemmour était de montrer que les bombardements français en Syrie ne servaient à rien tant que les frontières intra-européennes ne seraient pas rétablies, a ajouté RTL. Comment peut-on imaginer qu’Eric Zemmour ait sérieusement appelé à bombarder cette commune bruxelloise ? »Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe précédent i-TéléPar ce communiqué, la radio réitère son soutien au journaliste devenu essayiste militant, comme elle l’avait fait lors de polémiques précédentes. Elle avait expliqué à différentes reprises qu’il ne convient pas de faire taire une voix qui représente une partie des Français. La société des journalistes de RTL s’était pourtant désolidarisée de M. Zemmour le 17 décembre, après des propos ambigus sur les musulmans au Corriere della sera : « Ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL », avait écrit la SDJ.A la même époque, la directrice de la rédaction d’i-Télé, Céline Pigalle, avait mis fin à l’émission de débat de M. Zemmour avec Nicolas Domenach. Celle-ci a depuis été limogée de la chaîne d’information en continu par Vincent Bolloré, le nouvel homme fort de Vivendi. Outre ses livres et sa chronique deux fois par semaine sur RTL, M. Zemmour a encore un rendez-vous hebdomadaire sur Paris Première (groupe M6) : avec Eric Naulleau, son ancien complice d’« On n’est pas couché », l’émission de Laurent Ruquier, qui a depuis regretté avoir fait décoller la carrière de M. Zemmour.Lire aussi :i-Télé met fin à sa collaboration avec Eric ZemmourAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Soutenez Mediapart ! » Depuis jeudi 5 novembre, ce message est affiché sur les pages du site d’information dirigé par Edwy Plenel, contraint d’en appeler à la générosité de ses lecteurs pour acquitter une ardoise fiscale de 4,1 millions d’euros. Une démarche parallèle dont le site Arrêt sur images (ASI) est à l’origine, qui doit 540 000 euros à l’administration fiscale.L’origine de cette situation remonte à la création de ces médias, en 2008. « Pure players » distribués uniquement sur Internet, sans version papier, ceux-ci sont alors, selon la lettre de la loi, soumis à un taux de TVA de 19,6 %. En regard, les médias imprimés bénéficient d’un taux « super réduit » de 2,1 %.Ces médias en ligne engagent alors un combat pour obtenir un alignement de leur taux sur celui de leurs homologues de la presse papier. Cette démarche s’incarne notamment dans la création du Spiil (Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne), un groupement qui rassemble aujourd’hui près de 150 membres. En 2011, celui-ci avait explicitement encouragé ses membres à appliquer d’eux-mêmes le taux de 2,1 %, afin de faire pression sur les pouvoirs publics.Ses membres mettent notamment en avant la notion de « neutralité » du support : la loi serait injuste en taxant davantage les supports en ligne que les supports papier, alors que les deux ont une activité identique, qui est de diffuser de l’information.« Une affaire de principe »Cette argumentation a fini par porter puisque le Parlement français a modifié la loi en ce sens, en février 2014. Depuis cette date, les sites comme Mediapart bénéficient eux aussi du taux « super réduit ». Une décision politique qui a pour le moment motivé l’ouverture d’une procédure contre la France à Bruxelles, même si le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, s’est montré favorable à une évolution de la directive concernée.Mais cette modification du cadre légal ne solde pas les comptes de la période 2008-2014. Aux yeux de l’administration fiscale, les sites qui ont appliqué le taux « super réduit » sans en avoir le droit sont redressables. C’est pourquoi Mediapart et ASI, ou encore le groupe Indigo Publications, se sont vu notifier des arriérés, pénalités et majorations.« Nous devons plusieurs centaines de milliers d’euros, et les services de Bercy en font une affaire de principe », avait estimé Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, en 2013. De son côté, M. Plenel a ciblé la « haute administration du ministère des finances », désireuse selon lui de se venger d’un média qui a poussé à la démission de l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac.« Dans l’obligation de payer »Mediapart, qui compte plus de 110 000 abonnés, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros pour un bénéfice d’un million. « Mediapart va saisir la justice administrative, a annoncé Edwy Plenel. Mais ce recours n’étant pas suspensif, nous sommes dans l’obligation de payer. » Mardi 10 novembre, le site annonçait avoir collecté 330 000 euros. Il dispose toutefois de la trésorerie nécessaire au paiement de la somme réclamée par le fisc.De son côté, Arrêt sur images, avec 26 000 abonnés, a dégagé 5 500 euros de bénéfice annuel pour un chiffre d’affaires de 900 000 euros en 2014. Sur la plate-forme Ulule, ASI avait collecté, mardi soir, près de 170 000 euros.Lire aussi :Le droit à l’information se superpose à l’affaire BettencourtAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.11.2015 à 09h27 • Mis à jour le10.11.2015 à 13h55 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est un changement d’âge pour Melty », estime Alexandre Malsch, le fondateur de Melty. Spécialisé dans la « youth culture » - la « culture jeune » - sur Internet, le groupe a annoncé, mardi 10 novembre, une levée de fonds de 10,5 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, Melty, « économe en cash » selon M. Malsch, n’avait levé que 5,5 millions d’euros.L’augmentation de capital est réalisée auprès du fonds d’investissement de Marc Simoncini, du groupe AccorHotels et des actionnaires historiques de Melty, le fonds Serena et Bouygues Telecom Initiatives. Cette levée de fonds voit également l’entrée au capital de Patricia Barbizet, directrice générale d’Artémis et vice-présidente du conseil d’administration de Kering. Ses sept fondateurs conservent le contrôle au conseil d’administration.Cette annonce témoigne une nouvelle fois de la capacité des dirigeants de Melty, dont Alexandre Malsch, son fondateur, à attirer tant des figures de la « nouvelle économie » que des personnalités du milieu des affaires issues de secteurs plus traditionnels, désireux de bénéficier de l’expertise développée par Melty.Le divertissement et la culture« Nous avons une clientèle dans nos hôtels traditionnels, autour de 40 à 60 ans, qui vieillit et est très fidèle, explique Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels. Alexandre Malsch et Melty savent produire des contenus ciblés pour les jeunes, qui sont la clientèle de demain et aussi la catégorie la plus versatile et la plus influente. » Le groupe sera représenté au conseil d’administration de Melty, qui revendique 61 % de son audience sur mobile. M. Bazin assume d’investir au capital de l’entreprise de média, pour se positionner « au sein d’une machine » présente dans plusieurs domaines, pas seulement le voyage.Le groupe Melty a connu plusieurs phases : il a d’abord construit des médias en ligne, progressivement structurés par thématiques (séries, cinéma, musique, mode…). Puis en 2012, il s’est installé dans différents pays (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni…), tout en se diversifiant, dans la vidéo ou les spectacles. En juin dernier, il s’est recentré sur les sujets divertissement et culture (excluant ceux sur lesquels il estimait ne pas avoir de valeur ajoutée, comme l’actualité sportive ou la politique). Une manière d’insister sur la « qualité » de l’audience plus que sur sa croissance erratique.La levée de fonds doit permettre d’améliorer la monétisation des diversifications, ainsi que celle des implantations internationales. Melty se dit actuellement bénéficiaire sur son activité française, mais déficitaire au global. Elle avait été dans le vert, en 2010 et 2011, avant l’internationalisation. Melty revendique 105 employés et réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. A 100 %, ils proviennent de la publicité, dont 61 % de contenus produits avec des marques.Lire aussi :Melty se diversifie dans les événements sportifsMelty met en avant des « real-time social séries » comme SnapTrip, dans laquelle quatre adolescents racontent sur le réseau social Snapchat leur week-end dans une ville d’Europe, sponsorisé par les hôtels Ibis (groupe Accor). Ou « The Selfie Race », produite pour Sony. Mais il s’est diversifié dans les événements tels que la melty BasketBall Ligue Universitaire, rachetée en partenariat avec la fédération française et sponsorisée par les Caisses d’Epargne. Le « melty eSport Club » fait lui concourir une équipe maison, soutenue par l’annonceur-actionnaire Bouygues Telecom, dans des compétitions de jeux vidéo comme League of Legend. Melty s’enorgueillit aussi de sa melty Talents House, dont elle tire notamment un spectacle de comiques.Mieux exploiter l’internationalAlexandre Malsch réfute le terme « publirédactionnel », parfois utilisé pour qualifier les formes récentes de publicité « brand content » et « native advertising ». Ces contenus ne parlent pas des produits des annonceurs, explique-t’il. Et d’ajouter : « Nos contenus de native advertising sont faits par les équipes de Melty car on veut que ce soit de vrais contenus Melty, intéressants ». Dans les rédactions de médias d’information générale, le « brand content » est généralement réalisé par des équipes à part, pour garder une séparation entre éditorial et commercial.M. Malsch cite, lui, en exemple l’intérêt suscité par la plateforme « happiness gaming zone », dédiée au jeu vidéo et financée par Coca-Cola. Une forme de publicité « moins intrusive », argumente-t-il.Concrètement, Melty va utiliser l’argent levé pour embaucher des commerciaux dans les structures internes créées pour s’occuper de la production audiovisuelle, des spectacles, etc. Ils épauleront les 10 personnes de la régie publicitaire, désormais dirigées par une transfuge des Echos, Sophie Antoine.En parallèle, le groupe espère mieux vendre le gros tiers de son audience généré hors de France. Jusqu’ici, ses sites internationaux ont peu fait de diversification. Ils prendront désormais modèle sur Melty France. Et, pour remplacer les régies locales externes qui commercialisaient les supports, des commerciaux seront embauchés.« Nous allons rester pragmatiques. Notre devise, c’est petit à petit, l’oiseau fait son nid », assure M. Malsch, 30 ans.Lire aussi : Alexandre Malsch, prodige numériqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 22h39 • Mis à jour le10.11.2015 à 11h53   « Pour France Télévisions, le problème reste entier. » L’entreprise publique n’adoucit pas sa réaction après la finalisation, lundi 9 novembre, du rachat par TF1 à 70 % de Newen, la société qui produit plusieurs programmes pour France Télévisions, dont « Plus belle la vie ». « La question de la protection des investissements publics n’est pas résolue, réagit l’entourage de la présidente, Delphine Ernotte. Cela pose le problème de la pérennité de notre relation avec Newen. » Les arguments de Nonce Paolini et Fabrice Larue, les PDG de TF1 et Newen, ne semblent pas infléchir France Télévisions. « Cette opération n’est pas un acte agressif à l’égard de qui que ce soit », assure M. Paolini dans Le Figaro, mardi. « Notre souhait est que Newen continue d’apporter des programmes et des projets de qualité à France Télévisions. » M. Larue, « désolé des précédents problèmes de communication avec Delphine Ernotte », a appelé lundi soir la présidente de France Télévisions, avec M. Paolini, afin d’éviter qu’elle apprenne l’accord dans la presse, comme c’était le cas pour l’entrée en négociations exclusives le 29 octobre.Lire aussi :Tractations autour du rachat du producteur Newen par TF1Las ! Une source à France Télévisions estime que la finalisation du rachat « du principal fournisseur de l’entreprise par son principal concurrent », loin de pousser Mme Ernotte à lâcher du lest, va durcir encore sa position. « Il faut envisager de vider tous les contrats avec Newen, y compris “Plus belle la vie”, estime cette source. France Télévisions n’a pas de droits sur ces programmes, et TF1 comme Newen ne veulent pas en lâcher. C’est dur de se séparer de programmes qui marchent, mais c’est difficilement envisageable en interne de faire produire une série importante par une société possédée par TF1. »Position de négociationLe contrat de la célèbre série marseillaise de France 3 doit être renégocié en 2016. Jeudi, sur France Inter, le secrétaire général de France Télévisions, Christian Vion, envisageait de l’arrêter si Newen n’offrait pas de garanties nouvelles. Il anticipait aussi un probable arrêt à l’été 2016 des « Maternelles », dont l’audience recule. Le débat concerne également « Faites entrer l’accusé » ou « Le Journal de la santé », produits par Newen.La menace à peine voilée de l’arrêt des collaborations entre France Télévisions et Newen pourrait toutefois être interprétée comme une position de négociation, destinée à obtenir des concessions de la part du producteur. L’entreprise peut garder « Plus belle la vie » si elle le souhaite – en vertu d’une clause de tacite reconduction – mais elle a assuré vouloir obtenir des droits sur les œuvres, qui appartiennent aujourd’hui à Newen.« J’ai proposé à Mme Ernotte que dès ce mardi, nos équipes cherchent un accord de partenariat pour assurer la présence des programmes sur France Télévisions de manière pérenne », assure au Monde Fabrice Larue, qui gardera 30 % de Newen. Mais ce dernier semble toujours exclure de partager les droits, en cas de revente ou d’utilisation sur le numérique. « Un décret vient d’autoriser les chaînes à détenir des parts de coproduction sur les programmes qu’elles financent à plus de 70 %, mais cela n’est pas prévu sur les programmes passés », explique-t-il.On ne peut donc exclure que Delphine Ernotte souhaite réellement se désengager progressivement de sa collaboration avec Newen, qui réalise près des trois quarts de son activité avec France Télévisions.Vision historiqueLe facteur interne est important. La CGT, premier syndicat de l’entreprise publique, avait publié un communiqué jugeant « scandaleux que TF1 produise les programmes de France Télévisions et que France Télévisions ne puisse produire ses programmes ». Une référence à l’interdiction pour l’entreprise publique de produire plus de 5 % de ses fictions et documentaires en interne, une règle que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, veut faire évoluer.La vivacité de la riposte de Mme Ernotte montre que la vision historique des acteurs de l’audiovisuel reste présente en France : les rivalités entre grandes chaînes, entre public et privé, entre producteurs et diffuseurs, etc. Autant de distinctions que certains aimeraient voir s’estomper. « Aujourd’hui, les grands groupes audiovisuels européens comme ITV ou RTL sont organisés autour des métiers de la production et de la diffusion, et tout le monde a l’habitude de travailler comme cela. Quand FremantleMedia, la filiale de RTL Group, vient nous proposer un programme, il n’a pas demandé l’autorisation à M6 [filiale de RTL Group] », dit M. Paolini. L’accord de rachat de Newen prévoit des clauses pour préserver « sa liberté éditoriale et son indépendance commerciale » et « garantir le secret des affaires ». On cite aussi en exemple l’investissement de Vivendi dans le producteur Banijay-Zodiak. Ou encore les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pays où des sociétés rachetées par des chaînes produiraient facilement pour des concurrents. A l’image de Talpa, acquise par la chaîne ITV qui vient tout de même de récupérer aux enchères, pour ses antennes, les droits de l’émission « The Voice », l’émission phare de ce producteur… et qui était diffusée depuis cinq saisons par la BBC, chaîne de service public.Lire aussi :Newen : comment France Télévisions peut riposter ? Alexis Delcambre « On a tout entendu ces dernières semaines au sujet d’Altice… » Michel Combes, le président de SFR-Numericable, n’a pas caché l’un des objectifs de la conférence de presse spectaculaire organisée par l’opérateur téléphonique lundi 9 novembre : couper court aux différents « bad buzz » qui circulent quant au groupe façonné par Patrick Drahi.Dans une longue prise de parole, l’ancien patron d’Alcatel-Lucent, qui a rejoint l’empire Drahi en septembre, s’est attaché à convaincre qu’Altice suivait une stratégie claire, malgré l’impression d’emballement qu’a donnée sa succession d’acquisitions menées en un peu plus d’un an (SFR, Portugal Telecom, Suddenlink, NextRadioTV, Cablevision…)Cet ensemble forme « un puzzle dont les morceaux se mettent progressivement en place », a défendu le directeur général d’Altice, Dexter Goei. Celui-ci a rappelé le postulat fait par le groupe d’une « double convergence » (du fixe et du mobile d’un côté, des médias et des télécoms de l’autre) pour justifier sa démarche d’investissement, qualifiée d’« éminemment rationnelle ».Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médias40 millions de clients« On nous voit souvent comme des financiers alors que nous sommes avant tout une équipe d’ingénieurs », a poursuivi Michel Combes, mettant l’accent sur la dimension « industrielle » d’Altice. Une réponse aux observateurs qui doutent de la cohérence de l’ensemble et de la capacité du groupe à réaliser d’importantes synergies ou à investir dans son développement.Rappelant qu’Altice compte désormais plus de 40 millions de clients grand public, le président de SFR – qui va abandonner la marque Numericable – a expliqué que le groupe était « en train de s’industrialiser », avec par exemple la mise en place d’une structure unique pour les achats. Au passage, il a rappelé que le ratio d’endettement du groupe (4,5 fois l’Ebitda) était, aux yeux de son management, « classique et raisonnable ».Pour montrer qu’Altice invente, M. Combes a annoncé la création des « Altice labs », qui doivent permettre aux équipes de recherche et développement de ses différentes entités d’échanger. Leur objectif sera de « reprendre le leadership sur l’expérience client » – une façon de reconnaître un certain recul en la matière.Reprise des investissements dans le réseauOutre sa stratégie, Altice a également été mis en cause pour la qualité de son réseau. « Nous allons accélérer nos investissements dès ce trimestre », a promis Michel Combes, évoquant notamment un effort dans la couverture des grandes villes en 4G. « Nous sommes l’opérateur de la fibre en France », s’est-il emporté, accusant ses concurrents de faire de la communication.Lire aussi :Numericable-SFR accusé de vendre de la fibre qui n’en est pasAutre annonce : le lancement d’un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) baptisé Zive, dès le 17 novembre. Ce service donnera accès à 5 000 films ou séries – 15 000 d’ici à la fin 2016. Il s’appuie sur des accords avec Disney, Pixar, ABC Studios, Warner Bros, Europa, Miramax, Sony Pictures Télévision ou encore France Télévisions.Ce service sera proposé à tous les clients SFR au tarif de 9,99 euros par mois et offert à ceux qui disposent déjà des offres Premium. En complément, l’opérateur met sur le marché une nouvelle box, également baptisée Zive, qui offrira notamment une fonction « Restart » (pour reprendre un programme au début). Sur un positionnement haut de gamme et « résolument tourné vers la famille, avec des programmes ludo-éducatifs », selon M. Combes.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ils sont les vedettes de la génération 2000, comptent jusqu’à 8 millions d’abonnés à leurs chaînes YouTube, et 120 d’entre eux ont rempli à eux seuls le pavillon 1 du Parc des expositions de Paris les 7 et 8 novembre pour Video City, le premier festival parisien dédié aux fameux youtubeurs.Lire aussi :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisMais dans le joli petit monde tout rose des vidéos en ligne, il y a des questions à ne pas poser. Celle de leur rémunération, notamment, comme l’a appris France Info à ses dépens. « Parce qu’on a osé demander en interview à une jeune youtubeuse si elle était payée, son attaché de presse, furieux, a annulé tous les autres entretiens prévus et a convaincu l’agent des poids lourds Norman, Cyprien et Squeezie de faire de même », raconte la journaliste Sandrine Etoa-Andegue dans un article sur le « business des youtubeurs ».L’argent, une question taboueObtenir des réponses est en effet difficile. Ni EnjoyPhoenix, la youtubeuse la plus célèbre de France, ni l’agent de Jhon Rachid, l’une des étoiles montantes de la plateforme, ni Ubisoft, l’un des principaux annonceurs, ni la plupart des agences impliquées dans le secteur n’ont donné suite à nos sollicitations. Et les rares à avoir répondu ont tous demandé l’anonymat.C’est peu dire que la question de la rémunération fâche. En juillet dernier, le Suédois Felix Kjellberg, plus connu sous son pseudonyme de PewDiePie, star de YouTube avec sa chaîne spécialisée dans les parties de jeux vidéo à laquelle 40 millions d’internautes sont abonnés, avait dû se défendre après la publication de sa rémunération annuelle, 6,7 millions d’euros.Lire aussi :« PewDiePie », le youtubeur millionnaire, répond aux critiques sur ses gains« Cela a explosé. Ce dont les gens ne se rendent pas compte, c’est que mes vidéos ont neuf milliards de vues [au total], ça se convertit en quelque chose, il y a des publicités, je gagne de l’argent avec celles-ci », expliquait-il.Il s’agit d’« un sujet très demandé et un peu tabou », reconnaissait de son côté l’humoriste Le rire jaune dans une vidéo du printemps dernier sur la question, évoquant des « clauses de confidentialité avec YouTube ».Système complexeCertaines informations sont toutefois connues. Si le système de rémunération employé par Google varie en fonction du type de contenu produit, en moyenne, un youtubeur gagne environ un dollar tous les mille visionnages entamés, expliquait au printemps Le Rire jaune, suivi par plus de 2 millions d’internautes. Mais tout un système complexe existe derrière.Le jeune youtubeur évoquait notamment ces structures méconnues que sont les « networks », des réseaux « comme la NBA ou des maisons de disque, chargés de protéger les droits d’auteur [des youtubeurs] en échange d’un pourcentage », de l’ordre de 10 à 20 %, et auxquels le ralliement est obligatoire dans le cas de vidéos sur des propriétés intellectuelles déposées, comme les films ou les jeux vidéo.Regardée un peu plus de 4,8 millions de fois, sa vidéo explicative lui a donc rapporté un peu moins de 4 500 euros, essentiellement grâce aux « preroll », les spots publicitaires précédant une vidéo. Une bagatelle, en réalité, rapporté aux sommes que peuvent engranger certaines stars de la plateforme – et notamment grâce au placement de produit.Jusqu’à 5 000 euros le tweetLa rémunération d’un youtubeur comporte en effet un second volet, qui provient non pas de la diffusion de spots mais de contrats passés avec des marques de cosmétiques ou de jeux vidéo.Celles-ci déboursent plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros pour placer leur produit chez les plus influents. « Le tarif dépend du youtubeur, c’est lui qui décide de sa rémunération, explique au Monde un responsable d’agence tenu par des accords de confidentialité. Cela peut monter jusqu’à 50 000 euros pour les plus gros, comme Cyprien, Norman et Squeezie, mais certains acceptent de faire certaines “opé” gratuitement si le sujet les intéresse. »Aujourd’hui, s’offrir une star de YouTube passe par des grilles tarifaires évolutives : chaque commentaire sur Twitter, chaque post Facebook, et bien sûr chaque vidéo publiée sur la chaîne officielle sont rémunérés. Un simple tweet vers une vidéo comportant un placement produit peut être facturé de 1 000 à 5 000 euros selon la notoriété du créateur.Lire : L’engouement soudain, et suspect, de stars pour un concert à la piscine MolitorA l’étranger, les tarifs s’envolent : outre-Manche, Yogscast, 7 millions d’abonnés au compteur, facture à partir de 5 000 livres sterling (7 000 euros) un test de jeu, quand l’agent d’un célèbre youtubeur international offrait les services de la star pour 250 000 dollars (232 000 euros) dans les travées de l’E3, la grand-messe du jeu vidéo.« C’est la loi de l’offre et la demande, on est dans un système dont ils vont profiter un petit moment avant qu’il ne finisse par s’écrouler », veut croire un professionnel, qui ne cache pas la surprise de certains nouveaux annonceurs face aux cachets demandés.Agences et managersCes négociations engagent parfois plusieurs intermédiaires entre l’annonceur et le youtubeur lui-même, comme l’agence de création numérique chargée de réfléchir à un concept de vidéo pertinent. A la manière des sportifs de haut niveau, les plus courtisés ont un manager chargé de faire l’interface avec ces dernières.Les trois géants français de YouTube, Norman, Squeezie et Cyprien, sont quant à eux chez Mixicom, une agence de communication leur servant à la fois de régie publicitaire et de conseil marketing. « Notre but, c’est de fournir aux créateurs des services pour qu’ils puissent se concentrer sur l’artistique », expliquait en septembre Thierry Boyer, cofondateur de Mixicom, à la revue Stratégies.La société, qui édite également les sites d’information JeuxActu et FilmActu, a souvent créé des passerelles entre ces différentes activités (à l’image de cette vidéo de Norman diffusée sur la chaîne FilmActu). Elle a depuis été achetée par Webedia (AlloCiné, JeuxVideo.com) pour une somme estimée à 14 millions d’euros.Mais les autres géants de la vidéo francophone sont également détenus par de grands groupes médias : Studio Bagel par Canal+, Golden Moustache et EnjoyPhoenix par M6.Problèmes éthiquesCes régies publicitaires posent un problème éthique. Comme le relève L’Express, l’article 20 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) oblige toute publicité à « rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée ». Mais dans la pratique, c’est le flou qui prédomine.Le 23 octobre dernier, Norman poste ainsi sur sa chaîne Youtube une vidéo intitulée « Assassin des templiers », et présentée comme « inspirée de l’univers du jeu vidéo Assassin’s Creed ». Aucune mention du commanditaire de la vidéo. Au Monde, la boîte de production IDZ confirme pourtant avoir été en contact avec Mixicom et Ubisoft, l’éditeur du jeu vidéo Assassin’s Creed. La vidéo tournait d’ailleurs en boucle sur le stand de ce dernier au Salon du jeu vidéo Paris Games Week, une semaine plus tard.« La déontologie, j’en ai rarement vu »Une vidéo promotionnelle, en somme, mais qui n’est jamais explicitement présentée comme telle. C’est que les youtubeurs les plus importants, conscients que la mode dont ils jouissent peut être éphémère, réfléchissent rarement en termes d’éthique. « La déontologie, j’en ai rarement vu, épingle un responsable d’agence. On essaie de faire des choses cohérentes, ce sont les agences qui réfléchissent et non les youtubeurs. »Certains, malgré tout, réussissent à se distinguer. Jhon Rachid ferait partie des rares à ne pas faire payer l’annonceur lorsqu’un sujet lui est proposé et l’intéresse. Dans la sphère anglophone, TotalBiscuit, sévère critique des dérives déontologiques de la presse jeu vidéo – et l’une des figures de la nébuleuse antiféministe GamerGate – ne demanderait aucun cachet pour tester les jeux envoyés par les éditeurs. Ils font toutefois figure d’exception.Pour Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix et tous ceux dont le contenu des vidéos est en partie négocié avec une régie, leur mission consiste à mettre leur popularité au service de la marque, et peu importe que leurs vidéos soient massivement regardées par des enfants peu préparés à faire la part des choses. « Il n’est jamais stipulé dans les contrats qu’ils doivent dire du bien du produit, mais si on pose un paquet de céréales sur la table et que le gars critique, il sait que ça ne va pas le faire, explique la même source. L’intérêt du youtubeur est de ne pas cracher dans la soupe. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Krémer Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents.D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. »Lire :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisLes chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ».Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty.Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux »La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours…Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. »Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes.Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Y a-t-il encore un sens à surveiller les équilibres de temps de parole uniquement à la télévision et à la radio alors que l’information se diffuse aujourd’hui à travers de multiples canaux ?L’environnement dans lequel nous évoluons a énormément changé depuis les années 1980, lorsque les règles d’équilibre du temps de parole ont été décidées. Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio La campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre s’intensifie. Moins d’un mois nous sépare du premier tour de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle. Et les calculettes commencent à chauffer, pas seulement du côté des instituts de sondage, mais au sein même des rédactions des radios et des télévisions. Désormais, elles doivent respecter l’équité entre les différents candidats, sous peine de s’attirer les foudres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Chronomètre en main, des bataillons traquent la moindre seconde de temps de parole. Ils sont constitués d’une dizaine de salariés à France Télévisions, trois en moyenne pour TF1 et LCI. « Je n’avais pas mesuré que les règles étaient aussi strictes. Dans la presse écrite, on essaie d’être vigilants à interroger toutes les formations, mais à la radio et à la télévision tout est calculé à la seconde près », confie Christophe Jakubyszyn, chef du service politique des deux chaînes.Question d’équitéA Radio France, c’est une société externe qui est chargée de cette tâche fastidieuse. Une personne pilote le travail de plusieurs stagiaires à BFM-TV ; elle est en relation quasi quotidienne avec la direction de la rédaction pour veiller au respect des équilibres. Pas question de se faire accuser encore une fois de favoriser tel ou tel parti comme ce fut le cas lors des dernières élections départementales. Une critique qui a laissé des traces : « C’était injustifié, car nous avions arrêté les compteurs en cours de période », se souvient Hervé Béroud, le directeur de la chaîne info.L’équité est une notion qui dépend de nombreux facteurs, selon la définition du CSA. Son appréciation se fonde sur deux séries d’éléments : « La représentativité des candidats qui prend en compte, en particulier, les résultats du candidat ou de la formation politique aux plus récentes élections », d’une part, et « la capacité à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d’un mandataire financier, et plus généralement toute initiative permettant de porter à la connaissance du public les éléments du programme du candidat », d’autre part.« C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. » Yael Goosz, chef du service politique de France InfoUne définition suffisamment floue pour contenter tout le monde ? Pas vraiment. Au CSA, on se garde d’imposer toute répartition chiffrée. Cependant, s’il n’existe pas d’étiage officiel, des « chiffres officieux circulent », souligne Christophe Jakubyszyn. Mieux vaut donc ne pas trop s’en éloigner. « On ne conteste pas le principe de l’équité qui nous laisse une certaine liberté, mais cela reste compliqué à gérer », remarque pour sa part Hervé Béroud. « Dans des campagnes où il y a de très nombreux candidats, de très nombreux partis, dès l’instant que l’on couvre une région, on entre dans un véritable casse-tête. Lorsqu’on interroge un candidat, il faut quasiment entendre les autres selon leur poids dans la campagne », observe-t-il.Le décompte qui est effectué au niveau de chaque circonscription dans les élections locales parasite le travail journalistique. « Cela nous empêche de faire des sujets transversaux. J’aurais aimé expliquer ce qu’est une gestion de gauche ou une gestion de droite, mais c’est pratiquement impossible si on veut faire un traitement national », juge Christophe Jakubyszyn.« Logique comptable »Le constat est presque le même à la radio. « Les sujets sont courts, deux minutes, c’est l’exception. Il est difficile de faire parler tout le monde. Quant aux débats, au-delà de trois personnes, c’est la cacophonie », assure Catherine Mangin, directrice adjointe de l’information à RTL. Yael Goosz, le chef du service politique de France Info depuis août, découvre cette « logique comptable » de la couverture des élections. « C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. Le 18 novembre, nous irons à la rencontre des électeurs du Front national dans deux régions. Nous compenserons ensuite avec d’autres sons de cloche », raconte-t-il. Le pire est peut-être à venir.Lire aussi :« On préfère appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que renforcer les règles »« C’est un casse-tête, surtout à la fin », souffle Marie-Eve Malouines, ancienne patronne du service politique de la radio tout info du service public et désormais présidente de LCP. Il faut alors rattraper les déséquilibres qui peuvent s’être formés. « Nous pouvons faire des sujets non pas en fonction de l’actualité, mais aussi en fonction des équilibres à respecter », regrette-t-elle.Un aménagement des règlesAvec la présidentielle en vue, les choses risquent d’être complexes si les règles ne changent pas. D’abord, les médias audiovisuels vont devoir gérer l’élection primaire qui se profile à droite. Celle-ci n’est pas soumise à une réglementation particulière, mais le CSA veillera à ce que sa couverture n’entraîne pas des déséquilibres de traitement entre la majorité actuelle et l’opposition. « Il faut faire vivre l’événement quand il se déroule. Il faudra nous laisser du temps pour réguler ça avec les autres partis », prévient Hervé Béroud. Télévisions et radios espèrent surtout que les conditions dans lesquelles doit se tenir l’élection présidentielle elle-même seront assouplies.Pour le moment, les candidats doivent être traités dans la plus stricte égalité dès que le Conseil constitutionnel valide la liste des participants au scrutin, c’est-à-dire plusieurs semaines avant le premier tour. « C’est une situation aberrante. Lors de la dernière présidentielle, Jacques Cheminade a eu autant de temps de parole que Nicolas Sarkozy ou François Hollande pendant cinq semaines », regrette Hervé Béroud.En septembre, le CSA a publié une série de propositions pour aménager les règles de la couverture de la vie politique. L’une d’entre elles vise à instaurer désormais le principe d’équité avant la campagne officielle, qui s’ouvre le deuxième lundi avant le premier tour du scrutin. La plupart des suggestions du CSA ont été reprises dans un texte qui devrait être discuté au printemps au Parlement.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Machart On ne saura pas ce qu’aurait pu être « Antoine sans fiche », la première mouture de l’émission hebdomadaire qu’Antoine de Caunes devait présenter sur Canal+ en cadeau de consolation de son éviction de la présentation du « Grand Journal ». Mais « L’Emission d’Antoine », qui faisait ses débuts vendredi 6 novembre à 22 h 45 sur la chaîne cryptée, est une hilarante réussite. Si le même niveau est atteint chaque semaine, elle devrait devenir le rendez-vous incontournable des réjouissances zygomatiques.C’est le grand de Caunes qu’on retrouve là : drôle, malin, coquin, leste, transformiste – toutes choses en quoi il excelle –, le tout servi par des textes léchés de langue de maître ; un de Caunes tel qu’on l’aimait lors de ses reportages urbains excentriques (« Toqué de Tokyo », « Maboul de Séoul », etc.) et de ses programmes d’antan (« Eurotrash ») ; un de Caunes libéré de ce « Grand Journal » où il n’était pas à son meilleur et auquel il règle d’ailleurs, avec une fine insolence, son compte en début de d’émission.L’esprit est très Canal, mais du Canal historique, de la grande époque (le XXe siècle), avec tout de même quelques transferts du Canal plus récent, comme Alison Wheeler et Monsieur Poulpe, qui étaient présents dans « Le Grand Journal » animé pendant deux saisons par Antoine de Caunes.Canal historiqueSi Mme Wheeler n’est toujours pas très drôle (c’est le seul point faible de « L’Emission d’Antoine »), M. Poulpe est en revanche assez bien distribué dans l’animation d’un jeu foutraque où les deux candidats, de Caunes et Fred Testot (un ancien de la séquence mythique « Service après-vente des émissions », sur Canal+, avec Omar Sy), s’évertuent à ne pas savoir répondre à des questions farfelues. Ce qui vaut à M. Poulpe la pénalité d’être méthodiquement épilé par une dame asiatique qui s’évertue à décoller trop lentement des patchs apposés sur ses cuisses. La séquence se termine par un concours de coiffure où deux malheureux garçons se font tailler des perruques de clown par de Caunes et Testot…Capillotracté, tout cela ? Normal : le fil conducteur de ce premier numéro était le poil, considéré dans tous ses états. Ce qui autorisa de Caunes à enquêter dans les arcanes d’un concours autrichien de barbes et moustaches où se présentent de véritables cascadeurs du système pileux ; à rendre visite à une cinéaste pornographique bisexuelle et féministe adepte des femmes velues (avec les images olé-olé qu’on peut voir sur une chaîne cryptée, même avant minuit, heure légale du porno maison) ; à recevoir une vraie femme à barbe et à s’entretenir sérieusement avec elle.Et à débiter des palanquées de jeu de mots artistement foireux, à dire des choses grossières sans la moindre vulgarité (art que ne possède pas encore Alison Wheeler), à se déguiser et à pouffer comme le gamin de 12 ans que ce sexagénaire génial et chenapan n’a jamais cessé d’être.Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 12h26 • Mis à jour le06.11.2015 à 13h00 | Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau La recherche d’un partenaire capable de racheter Ubisoft « n’est qu’une de nos options » pour échapper à une prise de contrôle de Vivendi, a expliqué Yves Guillemot, son président, lors d’une conférence téléphonique en marge de la présentation de ses résultats financiers semestriels. Elle reste toutefois la priorité actuelle du groupe.« Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagne et que cela soit positif pour les actionnaires », a détaillé Yves Guillemot lors d’une conférence téléphonique. Si Ubisoft a souligné dans un communiqué ses accords passés avec de « puissants partenaires internationaux » comme Columbia, Fox New Regency, Nickelodeon et Warner, le président de la plus grosse entreprise française de jeu vidéo n’a pas précisé vers quel chevalier blanc Ubisoft cherchait à se tourner pour empêcher une prise de contrôle par Vivendi.Plus aucun contact avec Vincent BolloréFace à ses actionnaires, Yves Guillemot est resté fidèle à la ligne de défense de son groupe : Ubisoft détient un savoir-faire et une connaissance du métier qui sont étrangers à Vivendi, et un rachat mettrait son modèle créatif en danger. Le président de l’entreprise a notamment relevé les quatre fondamentaux de sa stratégie : le développement de jeux en ligne avec une forte composante multijoueur, des jeux en mode ouvert, une capacité à créer de nouvelles licences de A à Z et un élargissement au-delà du jeu vidéo, notamment dans le cinéma. « Nous commençons tout juste à toucher les dividendes de cette stratégie », a assuré Yves Guillemot, qui a une nouvelle fois rappelé sa volonté d’indépendance.« Nous pensons que les synergies sont difficiles à voir surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd’hui, et dans le passé Vivendi ne voyait pas de synergie avec Activision Blizzard [dont le groupe a revendu l’essentiel de ses parts en 2013], nous ne voyons donc pas pourquoi ils en verraient aujourd’hui. »M. Guillemot a par ailleurs confié n’avoir eu aucun contact avec Vincent Bolloré depuis l’appel téléphonique de ce dernier le jour de l’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft – le géant des loisirs a depuis porté sa participation à 10,6 % d’Ubisoft, et reconfirmé sa volonté de rester indépendant. Ubisoft a par ailleurs annoncé mardi 2 novembre avoir signé un contrat avec l’agence de communication Mindshare, alors que la société était liée jusqu’à présent à Havas, qui appartient au groupe Vivendi.Trois jeux à gros budget dans les quatre moisPour son premier rapport financier depuis l’entrée non sollicitée de Vivendi dans son capital, Ubisoft a annoncé un chiffre d’affaires semestriel de 207,3 millions d’euros, en recul de 57 % par rapport à 2014, et 65,7 millions d’euros de pertes nettes (contre un bénéfice de 17,5 millions d’euros l’an passé). Un résultat prévisible : l’éditeur n’a lancé aucun jeu majeur au printemps de cette année, au contraire de Watch Dogs, sa nouvelle licence phare, en 2014.Principale sortie de l’éditeur pour ce Noël, le jeu Assassin’s Creed Syndicate a connu un lancement compliqué, avec des critiques partagées et des résultats commerciaux très en deçà des précédents opus (66 000 exemplaires en France en première semaine, contre 167 000 pour Unity). Mais la seconde semaine a renversé la tendance, assure l’éditeur. « Les notes que nous avons eues sur ce jeu ont été très élevées, notamment les plus gros sites spécialisés, et le bouche-à-oreille est actuellement favorable au jeu », a soutenu Yves Guillemot.Ubisoft publiera par ailleurs le jeu d’action Rainbow Six Siege le 1er décembre, ainsi que The Division et Far Cry Primal au premier trimestre 2016, qu’Ubisoft veut croire « historique ». Il est en effet rare de lancer deux jeux à gros budget en début d’année.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre L’heure de vérité approche pour Molotov.tv, ce service prochainement lancé qui promet de réinventer la distribution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’identité et les intentions de ses fondateurs, dont Jean-David Blanc, créateur d’AlloCiné, et Pierre Lescure, ancien président de Canal+, suscitent la curiosité, mais les détails du service restaient un mystère. Un mystère en voie de se dissiper, puisque l’interface de Molotov.tv a été présentée aux membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mercredi 4 novembre, et que Le Monde a pu parallèlement l’explorer.Lire aussi :La télévision est morte, vive la télévision !La conviction de l’équipe de Molotov.tv est que le problème qu’affronte la télévision, notamment vis-à-vis des plus jeunes, est d’abord ergonomique. Selon elle, les contenus de l’industrie télévisée restent riches et attractifs mais les nouveaux modes de circulation dans ces contenus auraient ringardisé l’usage se limitant à aller d’une chaîne à l’autre grâce à une télécommande. C’est pourquoi Molotov se définit au croisement de « la télévision d’hier et du monde d’aujourd’hui », selon M. Blanc.On peut bien sûr y choisir une chaîne et accéder au direct. Mais aussi reprendre au début un programme qui a déjà commencé. Ou explorer la liste des diffusions passées, et visionner un contenu de son choix – comme sur une plate-forme de rattrapage. Ou encore voir la liste des programmes à venir et sélectionner ceux qui nous intéressent. Le système les « enregistrera » et ils rejoindront un panier de programmes sélectionnés, visionnables à tout moment depuis n’importe quel appareil (téléphone, tablette, PC ou télévision connectée).L’utilisateur peut rechercher ce qui l’intéresse, parmi tous les programmes de télévision, à l’aide d’un moteur de recherche, et par catégories (films, séries, documentaires, enfants…).Plate-forme socialeL’usage se veut en effet nomade : un compte Molotov est par nature multisupports et on peut passer de l’un à l’autre en reprenant le visionnage d’un contenu à l’endroit précis où il a été interrompu. Le système peut également alerter l’utilisateur par e-mail en cas de prochain passage à la télévision d’une personnalité ou d’une entité qu’il a déclaré suivre.Molotov est aussi une plate-forme sociale : en visionnant un programme live, on voit défiler les tweets qui lui sont associés. L’utilisateur peut voir ce que ses amis regardent ou ont regardé, et visionner les séquences télé qui « buzzent » sur les réseaux sociaux. Et témoigner de ce qu’il regarde. Enfin, un outil permet de sélectionner une séquence pour la partager sur les réseaux sociaux.Avant son lancement prévu en décembre, l’équipe de Molotov.tv continue d’élargir son nombre de chaînes partenaires (déjà plus de 80). L’Equipe 21 vient de rejoindre la plate-forme. Avec Canal+, à ce jour le grand absent de l’offre, les discussions ne sont pas arrêtées. Misant sur un modèle freemium, avec une couche payante, les fondateurs doivent encore choisir les services qui ne seront pas gratuits et fixer les prix. Et réfléchissent à des formats publicitaires plus « comestibles » que les spots diffusés à l’ouverture des programmes.Lire aussi :L’énigmatique Molotov.tv séduit 80 chaînesAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h36 Le président et directeur de la publication du New York Times, Arthur Ochs Sulzberger Jr, 64 ans, a ouvert officiellement lundi 2 novembre le processus qui doit mener à la désignation de son successeur, choisi au sein de sa famille. Un directeur adjoint de la publication doit être nommé dans les deux ans, qui sera appelé à le remplacer. Le processus de succession est « formel » et « implique le conseil d’administration, les cadres dirigeants et les représentants de la famille », a rappelé M. Sulzberger aux employés lors d’une réunion annuelle.Arthur Ochs Sulzberger Jr, qui dirige le principal quotidien d’Amérique depuis vingt-cinq ans, est le cinquième membre de la famille à assumer cette charge. Il est l’arrière-petit-fils d’Adolph Ochs, qui a racheté le New York Times en août 1896 et en a gardé la tête jusqu’à sa mort, en 1935. Le fondateur avait été remplacé par Arthur Sulzberger, son gendre.La famille ne détient aujourd’hui qu’une participation minoritaire au capital du groupe mais possède l’essentiel des actions de type B, ce qui lui permet de désigner 9 des 14 membres du conseil d’administration.Selon une enquête du New York Magazine, publiée en août, trois descendants d’Adolph Ochs pourraient succéder à l’actuel patron du New York Times : Arthur Sulzberger (fils du directeur de la publication), David Sulzberger Perpich, cousin du premier, et Samuel Dolnick, cousin au deuxième degré des deux premiers. Tous trois sont trentenaires et occupent déjà des postes au sein du quotidien. Samuel Laurent Marine Le Pen contre La Voix du Nord, c’est une histoire ancienne. Dernier épisode en date, la patronne du FN et candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas du tout apprécié la manchette du quotidien régional de lundi 30 novembre, titrée « pourquoi une victoire du FN nous inquiète ».La candidate d’extrême droite a donc expliqué qu’en cas de victoire, elle comptait bien « supprimer les subventions » du quotidien :« Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l’énorme subvention qu’ils ont touchée. Nous considérons que les 1,5 million qui sont accordés par an au groupe La Voix du Nord ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres. C’est la raison pour laquelle ils nous attaquent, ils cherchent à défendre leurs subventions alors qu’il y a un million de pauvres dans notre région. »Pourquoi c’est plus compliqué ?1. Pas de subventions directes de la région à la presse locale, mais à une télévisionMarine Le Pen a sans doute été un peu vite en besogne, en oubliant qu’il n’y a pas réellement de subventions régionales à la presse locale. La seule « aide » est l’exonération de contribution économique territoriale (CET), une taxe qui frappe les entreprises, mais cette aide est la même sur tout le territoire et un conseil régional ne peut décider de la supprimer.Marine Le Pen ciblait en fait un point précis : il existe, dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, une télévision locale, Weo, créée en 2009, qui est une société d’économie mixte, cogérée par la région, le groupe La Voix et d’autres partenaires (Roularta, la Caisse d’épargne ou NRJ). La Voix du Nord n’a que 35 % des parts, a expliqué le quotidien lundi. En réalité, « le chiffre de 1,5 million d’euros correspond à ce que la région verse en termes de production et de moyens de financement de coproduction entre Weo et les différents organismes », précise-t-on à la Voix du Nord. Ce budget correspond aux « commandes » de productions par la région, qui souhaite des reportages et documentaires pour évoquer son patrimoine, notamment.« C’est une manière de mettre en avant la région, ces programmes permettent aux habitants de savoir ce qu’il se passe, de défendre l’identité ch’ti », précise-t-on à la région, où l’on assume totalement ces neuf millions d’euros de subvention sur cinq ans. En 2015, les dépenses de la région se sont élevées à 2,12 milliards d’euros. Les 1,5 million consacrés aux programmes de Weo représentent donc 0,07% de ces dépenses.La région pourrait donc choisir de « torpiller » ce projet si Mme Le Pen arrivait à sa tête, mais les conséquences iraient au-delà de la seule Voix du Nord, et d’autres partenaires seraient concernés. sans compter le risque de provoquer la fin d’une télévision locale.2. La possibilité de réduire les budgets publicitairesLa région aurait un autre moyen de « punir » financièrement un groupe de presse, en coupant ses budgets publicitaires. Le conseil régional est en effet un annonceur important pour la presse locale, non seulement du fait des campagnes publicitaires proprement dites, mais également des salons ou des annonces légales, qui sont deux autres mannes précieuses pour les journaux.Cependant, précise-t-on à La Voix du Nord, si la région est un annonceur important, il n’est pas pour autant vital pour le groupe. La région Nord-Pas-de-Calais indique que son montant total d’achats publicitaires à La Voix du Nord  était en 2014 de 403 000 euros, auquels il faut ajouter 226 883 euros d’annonces légales. « La Voix du Nord est le seul lien social dans tout le département, il est nécessaire de passer par eux », justifie-t-on à la région.Mme Le Pen, si elle est élue, pourra-t-elle réellement boycotter ou « punir » les médias locaux, quitte à les mettre financièrement en danger, voire les faire disparaître ? Beaucoup, dans la région, en doutent.Samuel LaurentResponsable des Décodeurs - Vérifications, contexte, données. SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète » : dans son édition du lundi 30 novembre, le quotidien La Voix du Nord a choisi de prendre position dans la campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, alors que les sondages annoncent le Front national en tête en Nord-Pas-de-Calais–Picardie. Jacques Hardoin, directeur général du groupe Rossel-La Voix, explique au Monde le sens de cette démarche.Pourquoi avez-vous décidé de prendre parti contre Marine Le Pen, tête de liste Front national aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais–Picardie ?Notre journal a toujours affiché des positions claires quand il le fallait, comme au lendemain du 21 avril 2002, en appelant à voter contre Jean-Marie Le Pen. Cette fois, nous avons pensé qu’il était important de le faire avant le premier tour prévu dimanche. Mais ce n’est pas une démarche anti-Marine Le Pen, nous restons purement factuels et précis, sans nous situer dans le registre de l’opinion. Nous le ferons de nouveau dans notre édition de mardi, avec deux nouvelles pages consacrées au Front national.Marine Le Pen affirme que votre engagement est partisan et que vous soutenez la majorité sortante, de gauche, pour « défendre votre subvention ». Que répondez-vous ?La somme annuelle de 1,5 million d’euros dont parle Marine Le Pen n’est pas à proprement parler une subvention. Il se trouve que notre groupe est éditeur d’une télévision locale, Weo, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la région. Celle-ci assure un tiers du budget de fonctionnement de la chaîne. En contrepartie, Weo s’intéresse aux domaines de compétence régionale, par exemple aux lycées. Son activité est contrôlée par un comité d’éthique.Si la région se retirait de Weo, pourriez-vous assumer seuls son fonctionnement ?La convention actuelle entre La Voix du Nord et la région court jusqu’en décembre 2016, date à laquelle celle-ci peut décider de sortir. Il n’est pas envisageable pour nous de financer l’intégralité de Weo, mais nous pourrions éventuellement nous tourner vers d’autres collectivités locales.Après cette une, avez-vous eu des retours ? Y a-t-il un risque de clivage de votre lectorat ?Un quotidien régional n’est pas un journal d’opinion et nos lecteurs n’attendent pas de nous une prise de position. Mais nous sommes au service des habitants de la région. A ce titre, il est important de leur faire part de nos inquiétudes économiques, sociales ou culturelles en cas de victoire du FN. Les positions du parti sont contraires aux valeurs que ce journal, issu d’un mouvement de résistance, défend depuis la Libération, et que nous continuerons de défendre.Plus lisible dans ce format. https://t.co/fZavN1ZrPE— jacqueshardoin (@Jacques Hardoin)require(["twitter/widgets"]);Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 12h02 • Mis à jour le27.11.2015 à 14h53 | Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est une histoire glauque. Où le malaise lié à la vente d’images d’attentats se mêle aux versions contradictoires des protagonistes. L’achat, par le Daily Mail, pour 50 000 euros, d’une vidéosurveillance filmée le soir des attentats du 13 novembre à la pizzeria Casa Nostra, située dans le 11e arrondissement de Paris, a suscité l’émotion.L’indignation s’est d’abord concentrée sur le patron de la pizzeria, accusé par un document diffusé au « Petit Journal » de Canal+ d’avoir vendu les images des fusillades. Mais, depuis, ses démentis ont créé une certaine confusion.Lire aussi :Attentats : 50 000 euros pour des images de vidéosurveillanceQui a vendu la vidéo ?Pour le journaliste Djaffer Ait Aoudia, pas de doute : c’est le patron de la pizzeria, Dmitri Mohamadi, qui a cédé les images. Il l’a expliqué au « Petit Journal », lundi 23 novembre, en diffusant une vidéo qu’il a tournée en caméra cachée dans la cave du restaurant.La vidéo de surveillance de la Casa Nostra - Le Petit Journal du 23/11En réponse, le patron du Casa Nostra a démenti avoir touché l’argent du Daily Mail, sur Nice Matin et France 2 notamment. Il a d’abord pointé du doigt le journaliste Djaffer Ait Aoudia, qui l’aurait incité à vendre les images : « Le journaliste qui a témoigné au “Petit Journal”, il est venu pour une interview et il voulait la vidéo. C’est le seul que j’ai fait entrer dans ma cave. C’est surtout lui qui m’a proposé de prendre de l’argent. »Puis à RTL, le patron a assuré qu’un proche avait empoché l’argent : « Des gens que je connais, de la famille. Un cousin éloigné qui avait les clés. J’ai porté plainte, c’est très choquant. »Que penser des démentis du patron ?L’histoire du « cousin » fait écho à la façon dont BFMTV s’est vu proposer les images : une personne se présentant comme un employé de la pizzeria, « ami d’un cousin du patron », a demandé 50 000 euros à la chaîne d’info, qui a refusé, raconte au Monde une source au sein de la chaîne.Une autre étaie le discours du patron selon lequel il ne voulait pas d’argent : il a montré les images à « tout le monde » dans le quartier, dit-il. Et il avait d’abord accepté de donner les images gratuitement à un journal algérien, qui en a finalement fait un texte le dimanche 15, a pointé Rue89.En revanche, malgré ses démentis, le propriétaire de la pizzeria reste accusé par « Le Petit Journal » : « Un proche semblait effectivement à la manœuvre mais le patron ne pouvait pas ignorer la transaction », explique « Le Petit Journal » à FTVinfo. Europe 1, qui a eu accès aux images non floutées, est aussi catégorique : « C’est le “cousin” qui parle et négocie avec les journalistes anglais. A côté, le patron hésite mais accepte finalement la transaction. Il propose même une réduction si les Anglais achètent la vidéo, de moins bonne qualité, enregistrée sur son téléphone portable. »Quel a été le rôle du journaliste ?Djaffer Ait Aoudia est journaliste pigiste. Il raconte qu’il a commencé à venir dans la pizzeria pour préparer un portrait du propriétaire après les attentats.Il est tombé sur place sur les journalistes du Daily Mail et il a pu ensuite suivre les négociations car les protagonistes étaient habitués à sa présence, a-t-il expliqué au « Petit Journal ». En désaccord, il a choisi de filmer en caméra cachée à partir du lundi 16 et de « porter le sujet à la connaissance du public », via l’émission de Canal+, contactée le jeudi 19.Le patron de la pizzeria Casa Nostra parle à France 2 Le patron de la pizzeria a une version tout autre. Il a affirmé sur France 2 que le journaliste lui a proposé 12 000 euros :« Je pense que ce qui l’a dégoûté, ce mec-là, c’est le fait de ne pas avoir les images en premier. Au début, j’allais lui donner. (…) Finalement, je ne voulais pas. Il l’a mal pris. »Par ailleurs, alors qu’il avait filmé à son insu le propriétaire pour le confondre, le journaliste a proposé au Monde un sujet-texte décrivant le contenu des images de la Casa Nostra, auxquelles il avait « eu accès ». Il disait avoir été en contact avec le Daily Mail, qui allait publier les images. Mais il n’a pas parlé d’une transaction dont il aurait été témoin. Sa proposition semblait floue, elle a été refusée.Joint par Le Monde, Djaffer Ait Aoudia assume sa démarche :« J’avais deux sujets. L’un d’actualité, dans lequel j’ai proposé de commenter les images, après leur sortie sur le site du Daily Mail, le 18 à minuit. L’autre, a posteriori, pour raconter les coulisses. » Le journaliste dément avoir voulu vendre ou acheter les images. Il reconnaît toutefois avoir cherché à les récupérer, auprès du patron, mais seulement le 19, « après leur diffusion sur le Daily Mail ». Il les voulait pour éviter d’avoir le logo du journal britannique, s’il utilisait le document pour un éventuel sujet pour la télévision, explique-t-il.Quant à l’idée de la caméra cachée, elle aurait été suggérée par sa boîte de production, dans le cadre de discussions sur un sujet sur « le marchandage des images », dit-il.Qui a payé pour les images ?Le Daily Mail a justifié le fait d’avoir acheté la vidéo, une démarche courante dans les pays anglo-saxons : « Il n’y a rien dans l’acquisition par le Daily Mail de cette vidéo qui puisse faire l’objet d’une controverse », a déclaré un porte-parole à l’AFP. « Elle a été obtenue sur fond de forte compétition entre les médias français et internationaux et fournit une perspective essentielle » sur les attentats.Selon Djaffer Ait Aoudia, « Le Petit Journal » a payé « environ 1 000 euros » pour son sujet et sa vidéo, à lui-même et à sa société de production. Une estimation fondée sur le tarif syndical des images en télévision, autour de 1 000 à 1 500 euros la minute, explique-t-il.Enfin, de nombreux médias ont diffusé les images, dont France 2 par exemple. Mais on ne sait pas s’ils les ont payées ni combien.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.11.2015 à 12h57 • Mis à jour le24.11.2015 à 16h15 | Alexis Delcambre Les salariés du Groupe Altice Média (L’Express, L’Expansion…) poursuivent leur mobilisation contre les mesures d’économies envisagées par leur direction. Mardi 24 novembre a été prévu un arrêt de travail de quelques heures, alors qu’environ 120 suppressions de postes restent envisagées.Lancé par tous les syndicats et sociétés de journalistes, cet arrêt de travail se veut une réponse à la « vacuité du projet stratégique » présenté lors des comités d’entreprise du 30 octobre et du 18 novembre, estiment ces représentants.« Ligne éditoriale positive »Le mécontentement touche notamment la rédaction de L’Expansion où la société des rédacteurs juge le projet de nouvelle formule « contraire aux principes et aux règles éthiques ». Elle réagi ainsi à un projet qui revendique une « ligne éditoriale positive », qui valorise les entreprises et noue des relations avec elles à travers notamment le développement d’événements.À L’Express, le projet de nouvelle formule présenté par Christophe Barbier suscite également des interrogations. L’objectif du directeur des rédactions est de faire de l’hebdomadaire un titre « premium » et « référent », un projet perçu par certains comme trop élitiste.Lire aussi :La tension monte d’un cran à « L’Express » après le vote d’une double motion de défiancePlus généralement, les représentants des salariés dénoncent l’écart entre les ambitions affichées et la sévère réduction des coûts et des effectifs conduite par l’équipe dirigeante choisie par l’actionnaire Patrick Drahi. Le groupe devrait perdre 3,5 millions d’euros cette année, hors coût de la clause de cession actuellement ouverte.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Whaou ! » On peut lire un mélange de fierté et de soulagement dans le sous-titre du billet par lequel Nicolas Beytout annonce, dans son journal L’Opinion, mardi 24 novembre, avoir convaincu le groupe Dow Jones d’y investir deux millions d’euros. La maison mère du puissant quotidien économique américain The Wall Street Journal, propriété du magnat des médias Rupert Murdoch, vient donc soutenir le petit quotidien français d’inspiration libérale, lancé en 2013, en entrant au capital à hauteur de 10 % environ.« Il y a un effet d’image important, se félicite Nicolas Beytout, fondateur et directeur de la rédaction de L’Opinion. Cela nous fait monter un peu en statut. Nous ne sommes plus juste une petite expérience franco-française, nous avons la reconnaissance d’un acteur international. »En interne, la nouvelle est une « agréable surprise », raconte un membre de l’équipe. En effet, la quarantaine d’employés, dont une trentaine de journalistes, vit avec le sentiment que l’horizon n’est pas totalement dégagé pour L’Opinion, dont le fondateur doit régulièrement chercher des fonds pour poursuivre l’activité, déficitaire jusqu’ici.Dans le milieu de la presse, le quotidien est vu comme un média dont le positionnement éditorial est clair, mais qui dispose d’un lectorat restreint et d’un avenir incertain. Il s’appuie notamment sur la notoriété de M. Beytout, connu comme ancien directeur de la rédaction du quotidien économique Les Échos et du Figaro.L’Opinion revendique 20 000 exemplaires vendus, pour la grande majorité par abonnement (couplé papier et Web). Le titre n’écoule que 3 000 exemplaires en kiosques, dont 5 à 600 environ à Paris. Il affiche une diffusion de 35 000 exemplaires, qui prend en compte des journaux distribués via des partenariats.SynergiesMais M. Beytout assure avoir, depuis janvier, conquis 11 000 abonnés supplémentaires, 100 % Web, via une offre baptisée « licence », qui permet à des collectivités d’avoir un nombre limité d’accès simultanés au site, mais utilisable par tous leurs collaborateurs. « Nous visons une cible particulière de lecteurs, pas la quantité », défend M. Beytout.Pourquoi un géant mondial de la presse économique fait-il son premier investissement en France dans un média indépendant ? Certes, la somme est modique à l’échelle du groupe Dow Jones, filiale de l’empire News Corp qui, avec ses titres britanniques comme le Times ou le Sun, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,84 milliard d’euros au troisième trimestre.Il a néanmoins fallu que M. Beytout convainque Rupert Murdoch, lors de leurs deux rendez-vous, à Londres et New York. L’Opinion et le groupe Dow Jones partagent d’abord deux convictions stratégiques, explique M. Beytout : la foi dans l’importance du support papier et la défense d’un modèle payant strict. De plus, le Wall Street Journal a décidé en juin de relancer son édition internationale et Paris fait partie des villes cibles pour ce redéploiement, explique-t-on à L’Opinion.« L’Opinion est une publication influente dans l’univers français de l’économie, des affaires et de la politique, a expliqué William Levis, le PDG de Dow Jones, dans un communiqué. Cet investissement va accroître nos ambitions internationales et relever nos objectifs au cœur de l’Europe. » Concrètement, le partenariat de cinq ans noué entre les deux entreprises doit permettre des synergies dans les contenus et la distribution. Les contenus de L’Opinion seront versés à la base de données mondiale de Dow Jones, Factiva. Le titre libéral peut en principe espérer des reprises de ses contenus dans d’autres médias, à l’étranger. Des « échanges de liens » entre les sites sont envisagés et des traductions d’articles du Wall Street Journal sous la bannière de L’Opinion ne sont pas exclues, explique M. Beytout.D’autres collaborations sont espérées dans la vidéo, que L’Opinion compte développer, notamment avec Erik Monjalous, un ex-directeur de l’AFP recruté en octobre. Des conférences en partenariat sont également prévues.Sur les ventes, il est envisagé de « travailler conjointement sur le marketing et les abonnements numériques ». On peut imaginer que les deux entreprises partageront leurs fichiers d’abonnés en France.Le dernier levier de ce deal est politique : « Dow Jones et nous sommes dans la même sphère d’idées : un corpus globalement libéral, même si eux sont un peu moins proeuropéens », explique M. Beytout. Alors que la présidentielle de 2017 pointe à l’horizon, ce dernier assure avoir une démarche plus « idéologique » que « partisane », notant avec malice que le libéralisme économique a également des apôtres à gauche. 2017, c’est aussi l’année à la fin de laquelle L’Opinion espère atteindre désormais l’équilibre, après l’avoir envisagé (en vain) à l’horizon 2016.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le politologue Thomas Guénolé a été remercié par la station de radio RMC, où il tenait une chronique dans la matinale animée par Jean-Jacques Bourdin, a révélé Arrêt sur Images. En cause : un billet, diffusé mardi 17 novembre, évoquant des dysfonctionnements présumés de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) lors des attentats du 13 novembre, notamment au Bataclan. Des affirmations qui ont depuis été contestées, par le ministère de l’intérieur notamment.« Boycott punitif »Pour M. Guénolé, l’affaire est grave : RMC aurait réagi à un « boycott punitif » de la part du ministère, à des « pressions proches d’une censure ». Le chroniqueur affirme au Monde que l’e-mail reçu de la direction de la rédaction de la radio invoque les conséquences de sa chronique pour le travail de ses collègues : « Le ministère et tous les services de police invités à l’antenne depuis mardi ont refusé de venir sur RMC en raison des inexactitudes de ta chronique. La plupart des sources policières de nos spécialistes se sont tues depuis mardi », selon le courriel.Au ministère de l’intérieur, joint par Le Monde, on dément toute « consigne » : « Il n’y a pas eu de boycott organisé des forces de l’ordre, mais un mouvement d’humeur de gens blessés qui n’ont pas envie d’intervenir sur RMC et de faire plaisir à cette station », admet-on, tout en pensant que « les choses finiront par rentrer dans l’ordre » entre la radio et la police. Le ministère a demandé un démenti, mais pas la tête d’un chroniqueur, ajoute-t-on.Evocation de la démission de CazeneuveDans la chronique incriminée, M. Guénolé disait : « Le 13 novembre, les brigades d’intervention manquaient gravement d’hommes et de moyens. » « Quand les fusillades éclatent, il n’y a que trois fonctionnaires de garde ce soir-là à la BRI », ajoutait-il, soutenant ensuite que lors des interventions, certains policiers avaient manqué de gilets pare-balles lourds. Et que le manque de personnels à la BRI avait obligé des agents de la Brigade anticriminalité (BAC) à intervenir, alors que ce n’était pas leur vocation.Aujourd’hui, le politologue se défend en assurant s’être « distancié » des faits, dans ses propos, évoquant en début de chronique les « accusations de dysfonctionnements qui s’accumulent dans la presse », même si, dans le passage en question, il ne citait pas de source particulière. Il rappelle aussi qu’en conclusion, il demandait une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces questions. Si ces faits étaient avérés, les responsables des forces de police, ainsi que le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, devraient démissionner, disait M. Guénolé.Agents de « garde » ou « d’astreinte » ?« RMC dit que j’ai porté des “accusations graves, non vérifiées”, mais la construction de ma chronique était de dire qu’il fallait les vérifier », se défend-il encore.Cette chronique a été vivement contestée, notamment par la conseillère spéciale de Bernard Cazeneuve, Marie-Emmanuelle Assidon, sur Twitter. Dans les échanges, Thomas Guénolé a reconnu s’être appuyé sur un article de la publication professionnelle La Lettre A, sans le citer. S’il a admis à un moment sur Twitter que l’article était « faux », M. Guénolé insiste aujourd’hui sur « l’absence de démenti officiel, à sa connaissance ». Selon lui, les syndicalistes policiers - qui ont rappelé qu’une quinzaine de fonctionnaires de la BRI était en fait « d’astreinte » ce soir-là - n’ont pas invalidé l’information sur les trois agents de garde. De son côté, La Lettre A a indiqué au Monde qu’elle « maintient qu’il y avait bien trois fonctionnaires de garde au siège de la BRI au 36 quai des Orfèvres après 20 heures, ainsi que le mentionnait [la] brève qui n’a fait l’objet d’aucun démenti malgré de nombreuses sollicitations auprès de la Place Beauvau. Douze autres policiers de la brigade étaient d’astreinte, mais à leur domicile. » Au ministère, on affirme surtout que « la BRI est intervenue dans des délais normaux ».« Editorialiste grande gueule »Dans un récent portrait, Libération décrivait M. Guénolé comme un « politologue pressé », par ailleurs consultant pour un cabinet de conseil. Il s’y disait « ni de droite, ni de gauche et anti-FN ». Après être intervenu dans les médias comme politologue, notamment sur le centre et la droite, il est devenu récemment chroniqueur, plutôt engagé et touche-à-tout. Il a signé un livre sur les banlieues.En licenciant M. Guénolé, RMC (qui appartient au groupe NextRadioTV, également propriétaire de BFM-TV) ne risque-t-elle pas de donner l’impression de se plier aux arguments du ministère de l’intérieur, en pleine période d’état d’urgence ? Une source au sein de la radio affirme que les chroniques de M. Guénolé avaient déjà suscité des critiques en interne. Ce que M. Guénolé ne conteste pas : « On me dit que je donnais trop mon opinion dans mes chroniques. Certes, il y a eu d’abondantes discussions et tensions sur le contenu de mes chroniques, mais c’était dans le cadre de la relation d’un éditorialiste grande gueule et d’un rédacteur en chef. »A RMC, une source souligne elle qu’avec Jean-Jacques Bourdin, Hervé Gattegno ou Les Grandes Gueules, la station ne saurait être taxée de complaisance.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof, Nicolas Chapuis et Matthieu Goar Eclairées crûment dans la pénombre, les tentures bleu-blanc-rouge donnent à l’Agora d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) une ambiance de chapelle ardente. Ce samedi 21 novembre, Christian Estrosi, candidat Les Républicains (LR) aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, tient son troisième meeting depuis les attentats du vendredi 13. Jusqu’au public clairsemé, tout rappelle le choc national vécu une semaine plus tôt. Et les propos reflètent l’aspect sécuritaire qu’a pris la campagne des élections régionales.Suivez la situation en direct sur notre siteLa veille, à Marseille, il a présenté le nouveau cœur de son programme : un « bouclier de sécurité » de 250 millions d’euros sur six ans qui « permettront d’armer les polices municipales, d’aider à l’installation de caméras de vidéoprotection… » « Le futur président de la région devra prendre toute sa part dans la protection des Français », assume le maire de Nice, qui se persuade que « la droite républicaine est depuis toujours celle qui inspire le plus de confiance en matière de sécurité ». Plus tôt dans la soirée, le candidat avait fait son entrée sur son nouveau clip de campagne. Dans cet enchaînement d’extraits de BFM-TV ou d’I-Télé, on voit le candidat prévenir la France de la présence d’une cinquième colonne islamiste, encaisser les sarcasmes de ses adversaires sur son idée d’installer des portails de sécurité dans chaque gare ou refuser de marier un Niçois « en voie de radicalisation ». « On m’a dit “vous faites de la surenchère”… J’aurais tellement voulu ne pas avoir raison », conclut-il.Lire aussi :Régionales : la campagne reprend sur la pointe des piedsEn ce week-end de reprise de la campagne, le candidat LR en PACA n’a pas été le seul à développer les thèmes sécuritaires. Lors d’un point presse, samedi, à Lyon, Laurent Wauquiez, candidat LR en Auvergne-Rhône-Alpes, a proposé de consacrer annuellement 45 millions d’euros du budget de la région à la protection des lycées, des gares ou encore des sites industriels classés Seveso. Lors d’un meeting à Drancy (Seine-Saint-Denis), le même jour, Valérie Pécresse a fait directement référence à l’un des terroristes du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, filmé en train de frauder dans le métro parisien. « La sécurité passe par un changement de modèle : dès qu’on commence à franchir les portillons dans le métro, à taguer, ça veut dire qu’on peut tout se permettre », a déclaré la candidate LR en Ile-de-France citée par Libération.Contre-offensive sécuritairePour convaincre une opinion marquée par les attentats, la droite a décidé de donner un tour de vis sécuritaire à sa campagne. Face à un exécutif à la manœuvre, Nicolas Sarkozy a lancé la contre-offensive trois jours après les attentats. Mardi 17 novembre, il a mis en place un observatoire de suivi des mesures annoncées par le gouvernement pour la sécurité des Français. Cette instance, présidée par Eric Woerth, devait être présentée, lundi 23 novembre. Les responsables LR veulent mettre l’Etat sous surveillance. « Il y a des trous immenses dans la raquette, uniquement pour des raisons administratives. Avant de créer des nouvelles lois, faisons appliquer les lois qui existent », a estimé, dimanche 22 novembre, Thierry Solère, tête de liste départementale dans les Hauts-de-Seine, sur l’antenne de Sud radio.A moins de deux semaines du premier tour des régionales, dimanche 6 décembre, l’objectif de la droite est double : ne pas se retrouver confinée à un rôle de spectateur face à l’exécutif en action, mais aussi se montrer plus protecteur que le FN. Les dirigeants LR craignent que l’extrême droite capte la peur et la colère. Les premiers sondages semblent confirmer cette appréhension. Selon une enquête Ipsos pour France Télévisions et Radio France publiée dimanche 22 novembre, Marion Maréchal-Le Pen obtiendrait en PACA 40 % des voix dès le premier tour, trois points de mieux que lors du sondage précédent.Lire aussi :La France d’après, un pays plongé dans la peurPour lutter contre ce danger électoral, les dirigeants de la droite dénoncent un FN ferme dans les mots mais irresponsable dans les faits. Au cours de son entretien au Monde daté du 19 novembre, M. Sarkozy a rappelé que les élus de Marine Le Pen avaient refusé de voter le PNR (« Passenger Name Record ») au Parlement européen. « Le FN est un parti laxiste, dénonce Gérald Darmanin, maire (LR) de Tourcoing, député du Nord et directeur de campagne de Xavier Bertrand, opposé à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Dans mon conseil municipal, les élus frontistes sont les seuls à voter contre les heures supplémentaires aux policiers municipaux. Le FN reste un mouvement d’extrême droite qui a peur de la surveillance de l’Etat. »Le PS mise sur « le pacte de sécurité du président »De l’autre côté de l’échiquier politique, le Parti socialiste ne veut pas laisser la question de la protection à la droite. Dans une lettre écrite aux candidats, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, appelle à défendre « un triptyque commun » : « La guerre totale contre Daech, la sécurité maximale pour les Français et la concorde nationale. » Localement, les candidats vont défendre le rôle de la région dans le maintien de l’ordre.Lire aussi :La droite accuse Hidalgo « d’angélisme » en matière de sécuritéLes socialistes misent sur le fait que le discours de François Hollande et sa gestion après les attaques de Paris ont été globalement appréciés. « Il n’y a aucun angélisme de notre part, la région va contribuer au pacte de sécurité du président de la République », explique Jean-Jack Queyranne, président socialiste sortant de Rhône-Alpes. Pas question cependant de ne rester que sur cette thématique. Pour le candidat PS, qui dénonce une « surenchère sécuritaire » de son adversaire Laurent Wauquiez, les électeurs ont aussi envie d’entendre parler d’autres sujets : « Après ce qu’il s’est passé, il manque dans le discours de la droite un mot majeur, celui d’éducation. » Il reste moins de deux semaines pour faire émerger d’autres sujets de campagne…Matthieu GoarJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles RofJournaliste au Monde Martine Delahaye « C’est récent, mais on me demande maintenant des scénaristes capables d’écrire en anglais, pour monter des coproductions », note Catherine Winckelmuller, agent d’auteurs et de réalisateurs travaillant pour le cinéma ou la télévision. « Cela ne date que d’un an, mais des producteurs indépendants m’ont envoyé des projets depuis l’Angleterre, Israël ou le Danemark pour que je les lise, les propose à mes client(e)s, et que l’on voie si un scénario peut être mené en commun. Pour une série partiellement financée par la France et son système d’aides. » Agent, notamment, des auteures Virginie Brac et Anne Landois, à l’origine de la reconnaissance internationale de la série « Engrenages », Catherine Winckelmuller exerce le même métier que les personnages de « Dix pour cent », la série créée par Fanny Herrero d’après une idée originale de Dominique Besnehard, diffusée récemment sur France 2. Si ce n’est qu’elle a décidé, il y a vingt-cinq ans, en créant Agents Associés (l’une des quarante agences artistiques à Paris), de représenter non pas des comédiens mais des auteurs et des réalisateurs.« Je dis non 363 fois sur 365 »Sur quels critères accepte-t-elle ou non quelqu’un dans son agence ? « D’abord, je représente peu de gens, même pas une cinquantaine, explique-t-elle. Je n’ai qu’un assistant, c’est tout. Et puis je ne rencontre jamais les gens d’abord. Parce qu’ils sont presque toujours extrêmement séduisants, lors d’un entretien. Moi, je veux lire et voir. Si ça me plaît et que j’ai le sentiment de pouvoir apporter quelque chose, j’y vais ; sinon, je n’y vais pas. Ce qui m’intéresse chez les créateurs, c’est leur regard, ce qui fait leur originalité, ce qui les distingue de la masse. Je reçois une demande par jour, je dis non 363 fois sur 365. »Au-delà de la disponibilité et de la réactivité qu’exige ce métier tout de relations, il revient à l’agent de lire ce que lui envoient « ses » scénaristes, de les dissuader ou de les encourager au fil de leurs tentations et tentatives. En un mot, de les accompagner dans leur processus de création, pour qu’un de leurs projets aboutisse à l’écran. D’où la nécessité d’acquérir une fine connaissance des attentes des chaînes et des besoins des producteurs.Lire aussi :Succès français en sérieAprès avoir reconnu les qualités de la série « Dix pour cent » (ce qui correspond au taux de rémunération de tout agent artistique français à la signature d’un contrat par l’un de ses clients), Catherine Winckelmuller fustige, avec force, le manque de confiance et de considération accordé aux auteurs en France : « La chaîne a demandé l’écriture d’une saison 2 de “Dix pour cent”, mais les contrats que les producteurs proposent aux scénaristes en font des auteurs “substituables”, ce qui veut dire que l’on peut les renvoyer et les remplacer à volonté. C’est hallucinant ! » Les professionnels dans une impasseC’est bien simple, estime cette professionnelle : en un quart de siècle, la situation des auteurs de télévision, après une courte embellie, n’a au final pas évolué. Au-delà de quelques réussites, « qui ne sont jamais que l’arbre qui cache la forêt » (« Un village français », « Engrenages », « Ainsi soient-ils »…), la structure même de France Télévisions, la frilosité des chaînes et l’incompétence d’un grand nombre de producteurs ont rendu l’ensemble du système public français obsolète, acculant les professionnels dans une impasse.D’où la grande question que se posent les agents artistiques qui, comme elle, ont affaire à l’audiovisuel : comment Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, pourra-t-elle mettre en actes sa volonté de faire de la fiction « une priorité », comme elle l’a annoncé en septembre à La Rochelle, quand on voit à quoi a abouti, jusqu’ici, en termes de création, un groupe qui emploie 10 000 personnes et dispose d’un budget plutôt conséquent…« Pas de vision »« Qu’attendre d’un service public qui est capable de dire “Ce projet est trop bien pour nous”, comme je l’ai entendu encore récemment ? », s’insurge l’agent de Pierre Schoeller, auteur et réalisateur de L’exercice de l’Etat. « A France Télévisions, on me demande : auriez-vous un auteur qui puisse rassurer France 2 ? Je ne vois que frilosité, aucune idée de ce que l’on attend, pas de vision de ce que va devenir la fiction dans les cinq ans ! En revanche, un conseiller à la fiction, dans le service public, se prend souvent tout à la fois pour un scénariste, pour un réalisateur, pour un directeur de casting, en plus de croire savoir ce qu’attend le public… »Alors que TF1 et Canal+ créent d’imposantes unités de fiction, alors que les sociétés de production cinématographiques commencent à investir le monde sériel, le mammouth France Télévisions pourrait bientôt ne plus reconnaître le paysage dans lequel il évoluait jusqu’ici, pronostique Catherine Winckelmuller…Martine DelahayeJournaliste au Monde Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est une histoire glauque. Où le malaise lié à la vente d’images d’attentats se mêle aux versions contradictoires des protagonistes. L’achat, par le Daily Mail, pour 50 000 euros, d’une vidéosurveillance filmée le soir des attentats du 13 novembre à la pizzeria Casa Nostra, située dans le 11e arrondissement de Paris, a suscité l’émotion.L’indignation s’est d’abord concentrée sur le patron de la pizzeria, accusé par un document diffusé au « Petit Journal » de Canal+ d’avoir vendu les images des fusillades. Mais, depuis, ses démentis ont créé une certaine confusion.Lire aussi :Attentats : 50 000 euros pour des images de vidéosurveillanceQui a vendu la vidéo ?Pour le journaliste Djaffer Ait Aoudia, pas de doute : c’est le patron de la pizzeria, Dmitri Mohamadi, qui a cédé les images. Il l’a expliqué au « Petit Journal », lundi 23 novembre, en diffusant une vidéo qu’il a tournée en caméra cachée dans la cave du restaurant.La vidéo de surveillance de la Casa Nostra - Le Petit Journal du 23/11En réponse, le patron du Casa Nostra a démenti avoir touché l’argent du Daily Mail, sur Nice Matin et France 2 notamment. Il a d’abord pointé du doigt le journaliste Djaffer Ait Aoudia, qui l’aurait incité à vendre les images : « Le journaliste qui a témoigné au “Petit Journal”, il est venu pour une interview et il voulait la vidéo. C’est le seul que j’ai fait entrer dans ma cave. C’est surtout lui qui m’a proposé de prendre de l’argent. »Puis à RTL, le patron a assuré qu’un proche avait empoché l’argent : « Des gens que je connais, de la famille. Un cousin éloigné qui avait les clés. J’ai porté plainte, c’est très choquant. »Que penser des démentis du patron ?L’histoire du « cousin » fait écho à la façon dont BFMTV s’est vu proposer les images : une personne se présentant comme un employé de la pizzeria, « ami d’un cousin du patron », a demandé 50 000 euros à la chaîne d’info, qui a refusé, raconte au Monde une source au sein de la chaîne.Une autre étaie le discours du patron selon lequel il ne voulait pas d’argent : il a montré les images à « tout le monde » dans le quartier, dit-il. Et il avait d’abord accepté de donner les images gratuitement à un journal algérien, qui en a finalement fait un texte le dimanche 15, a pointé Rue89.En revanche, malgré ses démentis, le propriétaire de la pizzeria reste accusé par « Le Petit Journal » : « Un proche semblait effectivement à la manœuvre mais le patron ne pouvait pas ignorer la transaction », explique « Le Petit Journal » à FTVinfo. Europe 1, qui a eu accès aux images non floutées, est aussi catégorique : « C’est le “cousin” qui parle et négocie avec les journalistes anglais. A côté, le patron hésite mais accepte finalement la transaction. Il propose même une réduction si les Anglais achètent la vidéo, de moins bonne qualité, enregistrée sur son téléphone portable. »Quel a été le rôle du journaliste ?Djaffer Ait Aoudia est journaliste pigiste. Il raconte qu’il a commencé à venir dans la pizzeria pour préparer un portrait du propriétaire après les attentats.Il est tombé sur place sur les journalistes du Daily Mail et il a pu ensuite suivre les négociations car les protagonistes étaient habitués à sa présence, a-t-il expliqué au « Petit Journal ». En désaccord, il a choisi de filmer en caméra cachée à partir du lundi 16 et de « porter le sujet à la connaissance du public », via l’émission de Canal+, contactée le jeudi 19.Le patron de la pizzeria Casa Nostra parle à France 2 Le patron de la pizzeria a une version tout autre. Il a affirmé sur France 2 que le journaliste lui a proposé 12 000 euros :« Je pense que ce qui l’a dégoûté, ce mec-là, c’est le fait de ne pas avoir les images en premier. Au début, j’allais lui donner. (…) Finalement, je ne voulais pas. Il l’a mal pris. »Par ailleurs, alors qu’il avait filmé à son insu le propriétaire pour le confondre, le journaliste a proposé au Monde un sujet-texte décrivant le contenu des images de la Casa Nostra, auxquelles il avait « eu accès ». Il disait avoir été en contact avec le Daily Mail, qui allait publier les images. Mais il n’a pas parlé d’une transaction dont il aurait été témoin. Sa proposition semblait floue, elle a été refusée.Joint par Le Monde, Djaffer Ait Aoudia assume sa démarche :« J’avais deux sujets. L’un d’actualité, dans lequel j’ai proposé de commenter les images, après leur sortie sur le site du Daily Mail, le 18 à minuit. L’autre, a posteriori, pour raconter les coulisses. » Le journaliste dément avoir voulu vendre ou acheter les images. Il reconnaît toutefois avoir cherché à les récupérer, auprès du patron, mais seulement le 19, « après leur diffusion sur le Daily Mail ». Il les voulait pour éviter d’avoir le logo du journal britannique, s’il utilisait le document pour un éventuel sujet pour la télévision, explique-t-il.Quant à l’idée de la caméra cachée, elle aurait été suggérée par sa boîte de production, dans le cadre de discussions sur un sujet sur « le marchandage des images », dit-il.Qui a payé pour les images ?Le Daily Mail a justifié le fait d’avoir acheté la vidéo, une démarche courante dans les pays anglo-saxons : « Il n’y a rien dans l’acquisition par le Daily Mail de cette vidéo qui puisse faire l’objet d’une controverse », a déclaré un porte-parole à l’AFP. « Elle a été obtenue sur fond de forte compétition entre les médias français et internationaux et fournit une perspective essentielle » sur les attentats.Selon Djaffer Ait Aoudia, « Le Petit Journal » a payé « environ 1 000 euros » pour son sujet et sa vidéo, à lui-même et à sa société de production. Une estimation fondée sur le tarif syndical des images en télévision, autour de 1 000 à 1 500 euros la minute, explique-t-il.Enfin, de nombreux médias ont diffusé les images, dont France 2 par exemple. Mais on ne sait pas s’ils les ont payées ni combien.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.11.2015 à 12h57 • Mis à jour le24.11.2015 à 16h15 | Alexis Delcambre Les salariés du Groupe Altice Média (L’Express, L’Expansion…) poursuivent leur mobilisation contre les mesures d’économies envisagées par leur direction. Mardi 24 novembre a été prévu un arrêt de travail de quelques heures, alors qu’environ 120 suppressions de postes restent envisagées.Lancé par tous les syndicats et sociétés de journalistes, cet arrêt de travail se veut une réponse à la « vacuité du projet stratégique » présenté lors des comités d’entreprise du 30 octobre et du 18 novembre, estiment ces représentants.« Ligne éditoriale positive »Le mécontentement touche notamment la rédaction de L’Expansion où la société des rédacteurs juge le projet de nouvelle formule « contraire aux principes et aux règles éthiques ». Elle réagi ainsi à un projet qui revendique une « ligne éditoriale positive », qui valorise les entreprises et noue des relations avec elles à travers notamment le développement d’événements.À L’Express, le projet de nouvelle formule présenté par Christophe Barbier suscite également des interrogations. L’objectif du directeur des rédactions est de faire de l’hebdomadaire un titre « premium » et « référent », un projet perçu par certains comme trop élitiste.Lire aussi :La tension monte d’un cran à « L’Express » après le vote d’une double motion de défiancePlus généralement, les représentants des salariés dénoncent l’écart entre les ambitions affichées et la sévère réduction des coûts et des effectifs conduite par l’équipe dirigeante choisie par l’actionnaire Patrick Drahi. Le groupe devrait perdre 3,5 millions d’euros cette année, hors coût de la clause de cession actuellement ouverte.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Whaou ! » On peut lire un mélange de fierté et de soulagement dans le sous-titre du billet par lequel Nicolas Beytout annonce, dans son journal L’Opinion, mardi 24 novembre, avoir convaincu le groupe Dow Jones d’y investir deux millions d’euros. La maison mère du puissant quotidien économique américain The Wall Street Journal, propriété du magnat des médias Rupert Murdoch, vient donc soutenir le petit quotidien français d’inspiration libérale, lancé en 2013, en entrant au capital à hauteur de 10 % environ.« Il y a un effet d’image important, se félicite Nicolas Beytout, fondateur et directeur de la rédaction de L’Opinion. Cela nous fait monter un peu en statut. Nous ne sommes plus juste une petite expérience franco-française, nous avons la reconnaissance d’un acteur international. »En interne, la nouvelle est une « agréable surprise », raconte un membre de l’équipe. En effet, la quarantaine d’employés, dont une trentaine de journalistes, vit avec le sentiment que l’horizon n’est pas totalement dégagé pour L’Opinion, dont le fondateur doit régulièrement chercher des fonds pour poursuivre l’activité, déficitaire jusqu’ici.Dans le milieu de la presse, le quotidien est vu comme un média dont le positionnement éditorial est clair, mais qui dispose d’un lectorat restreint et d’un avenir incertain. Il s’appuie notamment sur la notoriété de M. Beytout, connu comme ancien directeur de la rédaction du quotidien économique Les Échos et du Figaro.L’Opinion revendique 20 000 exemplaires vendus, pour la grande majorité par abonnement (couplé papier et Web). Le titre n’écoule que 3 000 exemplaires en kiosques, dont 5 à 600 environ à Paris. Il affiche une diffusion de 35 000 exemplaires, qui prend en compte des journaux distribués via des partenariats.SynergiesMais M. Beytout assure avoir, depuis janvier, conquis 11 000 abonnés supplémentaires, 100 % Web, via une offre baptisée « licence », qui permet à des collectivités d’avoir un nombre limité d’accès simultanés au site, mais utilisable par tous leurs collaborateurs. « Nous visons une cible particulière de lecteurs, pas la quantité », défend M. Beytout.Pourquoi un géant mondial de la presse économique fait-il son premier investissement en France dans un média indépendant ? Certes, la somme est modique à l’échelle du groupe Dow Jones, filiale de l’empire News Corp qui, avec ses titres britanniques comme le Times ou le Sun, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,84 milliard d’euros au troisième trimestre.Il a néanmoins fallu que M. Beytout convainque Rupert Murdoch, lors de leurs deux rendez-vous, à Londres et New York. L’Opinion et le groupe Dow Jones partagent d’abord deux convictions stratégiques, explique M. Beytout : la foi dans l’importance du support papier et la défense d’un modèle payant strict. De plus, le Wall Street Journal a décidé en juin de relancer son édition internationale et Paris fait partie des villes cibles pour ce redéploiement, explique-t-on à L’Opinion.« L’Opinion est une publication influente dans l’univers français de l’économie, des affaires et de la politique, a expliqué William Levis, le PDG de Dow Jones, dans un communiqué. Cet investissement va accroître nos ambitions internationales et relever nos objectifs au cœur de l’Europe. » Concrètement, le partenariat de cinq ans noué entre les deux entreprises doit permettre des synergies dans les contenus et la distribution. Les contenus de L’Opinion seront versés à la base de données mondiale de Dow Jones, Factiva. Le titre libéral peut en principe espérer des reprises de ses contenus dans d’autres médias, à l’étranger. Des « échanges de liens » entre les sites sont envisagés et des traductions d’articles du Wall Street Journal sous la bannière de L’Opinion ne sont pas exclues, explique M. Beytout.D’autres collaborations sont espérées dans la vidéo, que L’Opinion compte développer, notamment avec Erik Monjalous, un ex-directeur de l’AFP recruté en octobre. Des conférences en partenariat sont également prévues.Sur les ventes, il est envisagé de « travailler conjointement sur le marketing et les abonnements numériques ». On peut imaginer que les deux entreprises partageront leurs fichiers d’abonnés en France.Le dernier levier de ce deal est politique : « Dow Jones et nous sommes dans la même sphère d’idées : un corpus globalement libéral, même si eux sont un peu moins proeuropéens », explique M. Beytout. Alors que la présidentielle de 2017 pointe à l’horizon, ce dernier assure avoir une démarche plus « idéologique » que « partisane », notant avec malice que le libéralisme économique a également des apôtres à gauche. 2017, c’est aussi l’année à la fin de laquelle L’Opinion espère atteindre désormais l’équilibre, après l’avoir envisagé (en vain) à l’horizon 2016.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le politologue Thomas Guénolé a été remercié par la station de radio RMC, où il tenait une chronique dans la matinale animée par Jean-Jacques Bourdin, a révélé Arrêt sur Images. En cause : un billet, diffusé mardi 17 novembre, évoquant des dysfonctionnements présumés de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) lors des attentats du 13 novembre, notamment au Bataclan. Des affirmations qui ont depuis été contestées, par le ministère de l’intérieur notamment.« Boycott punitif »Pour M. Guénolé, l’affaire est grave : RMC aurait réagi à un « boycott punitif » de la part du ministère, à des « pressions proches d’une censure ». Le chroniqueur affirme au Monde que l’e-mail reçu de la direction de la rédaction de la radio invoque les conséquences de sa chronique pour le travail de ses collègues : « Le ministère et tous les services de police invités à l’antenne depuis mardi ont refusé de venir sur RMC en raison des inexactitudes de ta chronique. La plupart des sources policières de nos spécialistes se sont tues depuis mardi », selon le courriel.Au ministère de l’intérieur, joint par Le Monde, on dément toute « consigne » : « Il n’y a pas eu de boycott organisé des forces de l’ordre, mais un mouvement d’humeur de gens blessés qui n’ont pas envie d’intervenir sur RMC et de faire plaisir à cette station », admet-on, tout en pensant que « les choses finiront par rentrer dans l’ordre » entre la radio et la police. Le ministère a demandé un démenti, mais pas la tête d’un chroniqueur, ajoute-t-on.Evocation de la démission de CazeneuveDans la chronique incriminée, M. Guénolé disait : « Le 13 novembre, les brigades d’intervention manquaient gravement d’hommes et de moyens. » « Quand les fusillades éclatent, il n’y a que trois fonctionnaires de garde ce soir-là à la BRI », ajoutait-il, soutenant ensuite que lors des interventions, certains policiers avaient manqué de gilets pare-balles lourds. Et que le manque de personnels à la BRI avait obligé des agents de la Brigade anticriminalité (BAC) à intervenir, alors que ce n’était pas leur vocation.Aujourd’hui, le politologue se défend en assurant s’être « distancié » des faits, dans ses propos, évoquant en début de chronique les « accusations de dysfonctionnements qui s’accumulent dans la presse », même si, dans le passage en question, il ne citait pas de source particulière. Il rappelle aussi qu’en conclusion, il demandait une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces questions. Si ces faits étaient avérés, les responsables des forces de police, ainsi que le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, devraient démissionner, disait M. Guénolé.Agents de « garde » ou « d’astreinte » ?« RMC dit que j’ai porté des “accusations graves, non vérifiées”, mais la construction de ma chronique était de dire qu’il fallait les vérifier », se défend-il encore.Cette chronique a été vivement contestée, notamment par la conseillère spéciale de Bernard Cazeneuve, Marie-Emmanuelle Assidon, sur Twitter. Dans les échanges, Thomas Guénolé a reconnu s’être appuyé sur un article de la publication professionnelle La Lettre A, sans le citer. S’il a admis à un moment sur Twitter que l’article était « faux », M. Guénolé insiste aujourd’hui sur « l’absence de démenti officiel, à sa connaissance ». Selon lui, les syndicalistes policiers - qui ont rappelé qu’une quinzaine de fonctionnaires de la BRI était en fait « d’astreinte » ce soir-là - n’ont pas invalidé l’information sur les trois agents de garde. De son côté, La Lettre A a indiqué au Monde qu’elle « maintient qu’il y avait bien trois fonctionnaires de garde au siège de la BRI au 36 quai des Orfèvres après 20 heures, ainsi que le mentionnait [la] brève qui n’a fait l’objet d’aucun démenti malgré de nombreuses sollicitations auprès de la Place Beauvau. Douze autres policiers de la brigade étaient d’astreinte, mais à leur domicile. » Au ministère, on affirme surtout que « la BRI est intervenue dans des délais normaux ».« Editorialiste grande gueule »Dans un récent portrait, Libération décrivait M. Guénolé comme un « politologue pressé », par ailleurs consultant pour un cabinet de conseil. Il s’y disait « ni de droite, ni de gauche et anti-FN ». Après être intervenu dans les médias comme politologue, notamment sur le centre et la droite, il est devenu récemment chroniqueur, plutôt engagé et touche-à-tout. Il a signé un livre sur les banlieues.En licenciant M. Guénolé, RMC (qui appartient au groupe NextRadioTV, également propriétaire de BFM-TV) ne risque-t-elle pas de donner l’impression de se plier aux arguments du ministère de l’intérieur, en pleine période d’état d’urgence ? Une source au sein de la radio affirme que les chroniques de M. Guénolé avaient déjà suscité des critiques en interne. Ce que M. Guénolé ne conteste pas : « On me dit que je donnais trop mon opinion dans mes chroniques. Certes, il y a eu d’abondantes discussions et tensions sur le contenu de mes chroniques, mais c’était dans le cadre de la relation d’un éditorialiste grande gueule et d’un rédacteur en chef. »A RMC, une source souligne elle qu’avec Jean-Jacques Bourdin, Hervé Gattegno ou Les Grandes Gueules, la station ne saurait être taxée de complaisance.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof, Nicolas Chapuis et Matthieu Goar Eclairées crûment dans la pénombre, les tentures bleu-blanc-rouge donnent à l’Agora d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) une ambiance de chapelle ardente. Ce samedi 21 novembre, Christian Estrosi, candidat Les Républicains (LR) aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, tient son troisième meeting depuis les attentats du vendredi 13. Jusqu’au public clairsemé, tout rappelle le choc national vécu une semaine plus tôt. Et les propos reflètent l’aspect sécuritaire qu’a pris la campagne des élections régionales.Suivez la situation en direct sur notre siteLa veille, à Marseille, il a présenté le nouveau cœur de son programme : un « bouclier de sécurité » de 250 millions d’euros sur six ans qui « permettront d’armer les polices municipales, d’aider à l’installation de caméras de vidéoprotection… » « Le futur président de la région devra prendre toute sa part dans la protection des Français », assume le maire de Nice, qui se persuade que « la droite républicaine est depuis toujours celle qui inspire le plus de confiance en matière de sécurité ». Plus tôt dans la soirée, le candidat avait fait son entrée sur son nouveau clip de campagne. Dans cet enchaînement d’extraits de BFM-TV ou d’I-Télé, on voit le candidat prévenir la France de la présence d’une cinquième colonne islamiste, encaisser les sarcasmes de ses adversaires sur son idée d’installer des portails de sécurité dans chaque gare ou refuser de marier un Niçois « en voie de radicalisation ». « On m’a dit “vous faites de la surenchère”… J’aurais tellement voulu ne pas avoir raison », conclut-il.Lire aussi :Régionales : la campagne reprend sur la pointe des piedsEn ce week-end de reprise de la campagne, le candidat LR en PACA n’a pas été le seul à développer les thèmes sécuritaires. Lors d’un point presse, samedi, à Lyon, Laurent Wauquiez, candidat LR en Auvergne-Rhône-Alpes, a proposé de consacrer annuellement 45 millions d’euros du budget de la région à la protection des lycées, des gares ou encore des sites industriels classés Seveso. Lors d’un meeting à Drancy (Seine-Saint-Denis), le même jour, Valérie Pécresse a fait directement référence à l’un des terroristes du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, filmé en train de frauder dans le métro parisien. « La sécurité passe par un changement de modèle : dès qu’on commence à franchir les portillons dans le métro, à taguer, ça veut dire qu’on peut tout se permettre », a déclaré la candidate LR en Ile-de-France citée par Libération.Contre-offensive sécuritairePour convaincre une opinion marquée par les attentats, la droite a décidé de donner un tour de vis sécuritaire à sa campagne. Face à un exécutif à la manœuvre, Nicolas Sarkozy a lancé la contre-offensive trois jours après les attentats. Mardi 17 novembre, il a mis en place un observatoire de suivi des mesures annoncées par le gouvernement pour la sécurité des Français. Cette instance, présidée par Eric Woerth, devait être présentée, lundi 23 novembre. Les responsables LR veulent mettre l’Etat sous surveillance. « Il y a des trous immenses dans la raquette, uniquement pour des raisons administratives. Avant de créer des nouvelles lois, faisons appliquer les lois qui existent », a estimé, dimanche 22 novembre, Thierry Solère, tête de liste départementale dans les Hauts-de-Seine, sur l’antenne de Sud radio.A moins de deux semaines du premier tour des régionales, dimanche 6 décembre, l’objectif de la droite est double : ne pas se retrouver confinée à un rôle de spectateur face à l’exécutif en action, mais aussi se montrer plus protecteur que le FN. Les dirigeants LR craignent que l’extrême droite capte la peur et la colère. Les premiers sondages semblent confirmer cette appréhension. Selon une enquête Ipsos pour France Télévisions et Radio France publiée dimanche 22 novembre, Marion Maréchal-Le Pen obtiendrait en PACA 40 % des voix dès le premier tour, trois points de mieux que lors du sondage précédent.Lire aussi :La France d’après, un pays plongé dans la peurPour lutter contre ce danger électoral, les dirigeants de la droite dénoncent un FN ferme dans les mots mais irresponsable dans les faits. Au cours de son entretien au Monde daté du 19 novembre, M. Sarkozy a rappelé que les élus de Marine Le Pen avaient refusé de voter le PNR (« Passenger Name Record ») au Parlement européen. « Le FN est un parti laxiste, dénonce Gérald Darmanin, maire (LR) de Tourcoing, député du Nord et directeur de campagne de Xavier Bertrand, opposé à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Dans mon conseil municipal, les élus frontistes sont les seuls à voter contre les heures supplémentaires aux policiers municipaux. Le FN reste un mouvement d’extrême droite qui a peur de la surveillance de l’Etat. »Le PS mise sur « le pacte de sécurité du président »De l’autre côté de l’échiquier politique, le Parti socialiste ne veut pas laisser la question de la protection à la droite. Dans une lettre écrite aux candidats, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, appelle à défendre « un triptyque commun » : « La guerre totale contre Daech, la sécurité maximale pour les Français et la concorde nationale. » Localement, les candidats vont défendre le rôle de la région dans le maintien de l’ordre.Lire aussi :La droite accuse Hidalgo « d’angélisme » en matière de sécuritéLes socialistes misent sur le fait que le discours de François Hollande et sa gestion après les attaques de Paris ont été globalement appréciés. « Il n’y a aucun angélisme de notre part, la région va contribuer au pacte de sécurité du président de la République », explique Jean-Jack Queyranne, président socialiste sortant de Rhône-Alpes. Pas question cependant de ne rester que sur cette thématique. Pour le candidat PS, qui dénonce une « surenchère sécuritaire » de son adversaire Laurent Wauquiez, les électeurs ont aussi envie d’entendre parler d’autres sujets : « Après ce qu’il s’est passé, il manque dans le discours de la droite un mot majeur, celui d’éducation. » Il reste moins de deux semaines pour faire émerger d’autres sujets de campagne…Matthieu GoarJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles RofJournaliste au Monde Martine Delahaye « C’est récent, mais on me demande maintenant des scénaristes capables d’écrire en anglais, pour monter des coproductions », note Catherine Winckelmuller, agent d’auteurs et de réalisateurs travaillant pour le cinéma ou la télévision. « Cela ne date que d’un an, mais des producteurs indépendants m’ont envoyé des projets depuis l’Angleterre, Israël ou le Danemark pour que je les lise, les propose à mes client(e)s, et que l’on voie si un scénario peut être mené en commun. Pour une série partiellement financée par la France et son système d’aides. » Agent, notamment, des auteures Virginie Brac et Anne Landois, à l’origine de la reconnaissance internationale de la série « Engrenages », Catherine Winckelmuller exerce le même métier que les personnages de « Dix pour cent », la série créée par Fanny Herrero d’après une idée originale de Dominique Besnehard, diffusée récemment sur France 2. Si ce n’est qu’elle a décidé, il y a vingt-cinq ans, en créant Agents Associés (l’une des quarante agences artistiques à Paris), de représenter non pas des comédiens mais des auteurs et des réalisateurs.« Je dis non 363 fois sur 365 »Sur quels critères accepte-t-elle ou non quelqu’un dans son agence ? « D’abord, je représente peu de gens, même pas une cinquantaine, explique-t-elle. Je n’ai qu’un assistant, c’est tout. Et puis je ne rencontre jamais les gens d’abord. Parce qu’ils sont presque toujours extrêmement séduisants, lors d’un entretien. Moi, je veux lire et voir. Si ça me plaît et que j’ai le sentiment de pouvoir apporter quelque chose, j’y vais ; sinon, je n’y vais pas. Ce qui m’intéresse chez les créateurs, c’est leur regard, ce qui fait leur originalité, ce qui les distingue de la masse. Je reçois une demande par jour, je dis non 363 fois sur 365. »Au-delà de la disponibilité et de la réactivité qu’exige ce métier tout de relations, il revient à l’agent de lire ce que lui envoient « ses » scénaristes, de les dissuader ou de les encourager au fil de leurs tentations et tentatives. En un mot, de les accompagner dans leur processus de création, pour qu’un de leurs projets aboutisse à l’écran. D’où la nécessité d’acquérir une fine connaissance des attentes des chaînes et des besoins des producteurs.Lire aussi :Succès français en sérieAprès avoir reconnu les qualités de la série « Dix pour cent » (ce qui correspond au taux de rémunération de tout agent artistique français à la signature d’un contrat par l’un de ses clients), Catherine Winckelmuller fustige, avec force, le manque de confiance et de considération accordé aux auteurs en France : « La chaîne a demandé l’écriture d’une saison 2 de “Dix pour cent”, mais les contrats que les producteurs proposent aux scénaristes en font des auteurs “substituables”, ce qui veut dire que l’on peut les renvoyer et les remplacer à volonté. C’est hallucinant ! » Les professionnels dans une impasseC’est bien simple, estime cette professionnelle : en un quart de siècle, la situation des auteurs de télévision, après une courte embellie, n’a au final pas évolué. Au-delà de quelques réussites, « qui ne sont jamais que l’arbre qui cache la forêt » (« Un village français », « Engrenages », « Ainsi soient-ils »…), la structure même de France Télévisions, la frilosité des chaînes et l’incompétence d’un grand nombre de producteurs ont rendu l’ensemble du système public français obsolète, acculant les professionnels dans une impasse.D’où la grande question que se posent les agents artistiques qui, comme elle, ont affaire à l’audiovisuel : comment Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, pourra-t-elle mettre en actes sa volonté de faire de la fiction « une priorité », comme elle l’a annoncé en septembre à La Rochelle, quand on voit à quoi a abouti, jusqu’ici, en termes de création, un groupe qui emploie 10 000 personnes et dispose d’un budget plutôt conséquent…« Pas de vision »« Qu’attendre d’un service public qui est capable de dire “Ce projet est trop bien pour nous”, comme je l’ai entendu encore récemment ? », s’insurge l’agent de Pierre Schoeller, auteur et réalisateur de L’exercice de l’Etat. « A France Télévisions, on me demande : auriez-vous un auteur qui puisse rassurer France 2 ? Je ne vois que frilosité, aucune idée de ce que l’on attend, pas de vision de ce que va devenir la fiction dans les cinq ans ! En revanche, un conseiller à la fiction, dans le service public, se prend souvent tout à la fois pour un scénariste, pour un réalisateur, pour un directeur de casting, en plus de croire savoir ce qu’attend le public… »Alors que TF1 et Canal+ créent d’imposantes unités de fiction, alors que les sociétés de production cinématographiques commencent à investir le monde sériel, le mammouth France Télévisions pourrait bientôt ne plus reconnaître le paysage dans lequel il évoluait jusqu’ici, pronostique Catherine Winckelmuller…Martine DelahayeJournaliste au Monde Gaëlle Picut Trois médias numériques, lancés en 2014 et 2015, tournent autour du travail. Leur point commun : mettre en valeur les récits des travailleurs eux-mêmes.Le premier projet éditorial, Raconter la vie (raconterlavie.fr) a été lancé en janvier 2014 par Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, et soutenu par les Editions du Seuil. Il accueille des textes écrits essentiellement par des anonymes, dont un certain nombre autour de différents métiers.« Ce projet a l’ambition de répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne mieux prise en compte », écrivait Pierre Rosanvallon lors du lancement dans un manifeste intitulé « Le parlement des invisibles » : « Donner la parole, rendre visible, c’est aider les personnes à retrouver leur dignité, à résister. C’est leur permettre de rassembler leur vie dans un récit qui fait sens, de l’insérer dans une histoire collective ».On y trouve des témoignages très variés : un conducteur de métro, une psychologue, une caissière, une conseillère d’orientation, un infirmier, un routier, un boulanger, une employée de fast-food, un directeur d’agence bancaire, un charpentier…Dans l’Education nationaleDans le sillage du projet « Raconter la vie », le SGEN-CFDT, un syndicat de l’Education nationale, a lancé en septembre 2014, Raconter le travail (raconterletravail.fr), un espace où les professionnels de l’enseignement peuvent témoigner de leur travail, de ce qu’ils vivent au quotidien, sur ce qu’il se passe de façon invisible au sein des établissements scolaires.Le but est de raconter le concret et la diversité des situations. « La représentation du travail dans l’Education nationale fait aujourd’hui défaut. La méconnaissance du travail réel des personnels, par les médias et les corps intermédiaires comme par les intéressés eux-mêmes, explique à la fois les carences des politiques publiques et l’incapacité des personnels à agir collectivement », estime Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT dans le manifeste de lancement du site. Cette initiative a été parrainée par Pierre Rosanvallon et son équipe.Le dernier né est le site Dire le travail (direletravail.coop), lancé en avril 2015 par la coopérative du même nom regroupant une cinquantaine de sociétaires et animée par Patrice Bride, ancien rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques.Ce média publie aussi des écrits signés des travailleurs eux-mêmes. Des professionnels les aident à mettre en forme leurs récits. « Nous cherchons avant tout à mettre en avant le travail, plutôt que le métier : non pas ce que fait en général un maçon, un gardien de musée ou un policier, mais la façon très particulière dont une personne forcément unique s’est débrouillée de ce qu’elle avait à faire, dans son contexte propre », explique Patrice Bride. Une vingtaine de récits sont déjà en ligne, rédigés par un dermatologue, un caissier, une infirmière, une accompagnatrice en soins palliatifs, etc.Ce qui se fait au-delà du métierCe travail d’expression écrite produirait plusieurs effets. « Dire son travail est important. Poser des mots permet de prendre de la distance par rapport au quotidien, à l’apparente routine ou à la course permanente, constate Patrice Bride. On réalise tout ce que l’on arrive à faire malgré les difficultés, les prescriptions parfois contradictoires, voire la souffrance. À cet effet révélateur, vient s’ajouter un effet assurance ou réassurance quand on n’est pas très sûr de ce que l’on fait. Enfin, l’écriture est une manière de partager avec d’autres son expérience et ses histoires de travail, de les faire reconnaître ».Nadir Abdelgaber, un jeune caissier a rédigé un texte sur son quotidien, en partant de la façon dont il plie le ticket de caisse avant de le tendre au client. « Pour lui, écrire sur son travail, être publié, lu, est une manière de montrer son travail sous un angle positif. Il ne s’agit pas seulement de montrer comment il fait son travail mais aussi la façon dont il se l’approprie », témoigne Patrice Bride.Ariane Grumbach a publié un texte (« Des mots pour mieux manger ») sur son activité de diététicienne. « J’avais déjà un certain recul sur mon vécu professionnel. En revanche, je n’avais jamais formalisé des mots dessus et en ce sens, la démarche était fructueuse », estime-t-elle. « J’aime cette façon de passer » de l’autre côté du miroir « de métiers que l’on ne connaît que très partiellement. Cela me paraît une démarche extrêmement intéressante que l’on travaille seul ou en entreprise car elle peut aider à prendre conscience de la valeur de son travail, des compétences acquises au fil du temps. C’est aussi une façon de fixer la mémoire du travail », poursuit-elle.Faire partie d’un toutAude Bellon, qui a écrit un texte sur son activité de paludière, a également ressenti l’importance de transmettre sa passion pour son métier. Au-delà, elle compare cette démarche à un « travail thérapeutique ». « J’avais témoigné une première fois sur mon métier pour un blog. Cela avait enclenché quelque chose chez moi. J’ai eu envie de poursuivre cette réflexion. Cela m’a fait du bien et m’a conforté dans mon choix de vie. Avant de devenir paludière comme mon père, j’ai été chargée de communication au sein d’une collectivité locale. Écrire ce texte m’a fait réaliser un certain nombre de choses dont je n’avais pas conscience sur le sens de ce que je faisais. Depuis, je les vis de façon encore plus intense », analyse-t-elle. « En décrivant mon activité, j’ai l’impression de faire partie d’un tout, d’être en accord avec la nature, le cycle des saisons. C’est un travail sur soi en permanence ».Par ailleurs, la publication de ce texte a favorisé des discussions avec ses proches. Elle s’est rendu compte qu’elle préférait utiliser le terme d’activité qui renvoie à des choses positives, à un épanouissement, plutôt que celui de travail associé à quelque chose de laborieux, de pénible.« En période de crise économique, d’événements tragiques comme nous le vivons actuellement, il est important de revenir aux fondamentaux, de faire son travail avec amour, de remettre les relations humaines au cœur de nos activités. Le métier de paludier est à la fois solitaire et solidaire. Le monde du marais est une grande famille alors que lorsque je travaillais dans la fonction publique j’avais le sentiment d’être très isolée », conclut-elle.Etre connecté à l’actualitéL’une des ambitions de Dire le travail est aussi de chercher des connexions avec l’actualité. Il accueille par exemple le témoignage d’Adèle Wine, partie en mission comme responsable d’approvisionnement dans un Centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières en Guinée. « Derrière chaque événement de l’actualité, il y a toujours du travail, des femmes et des hommes qui font ce qu’ils ont à faire avec de l’intelligence, des émotions, des convictions, des valeurs », résume Patrice Brice.Outre cette publication web, la coopérative Dire le travail développe d’autres activités tels que des ateliers à destination de particuliers souhaitant écrire sur leur travail, ou des interventions auprès d’organismes (associations, syndicats, entreprises, etc.), en particulier dans le cadre de formations autour de questions liées à l’expression sur le travail. Elle est actuellement en discussion avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) et la CFDT intéressées par la démarche.Pour compléter ce tour d’horizon de cette « démocratie narrative » (selon l’expression de Pierre Rosanvallon), il faut également évoquer les blogs, un média personnel parfois utilisé par leurs auteur(e) s pour s’interroger sur leurs pratiques professionnelles. Le milieu médical est incontestablement surreprésenté. On peut citer Jaddo (rédigé par une jeune généraliste), Vieux et merveilles (une auxiliaire de vie), Boules de fourrure (un vétérinaire) ou encore 10 lunes (une sage-femme).Ces différentes initiatives montrent que parler du travail n’est pas réservé aux sociologues, aux économistes, aux politiques ou aux journalistes. Derrière les notions de marché du travail, de chômage, de productivité, d’innovation, de management… il y a le travail réel, l’humain. « Nous voulons donner à lire le travail réel. De l’engagement, du conflit, de la solidarité : ce qui se joue au travail, parfois envahissant, parfois dépourvu de sens, avec ses grandeurs comme ses difficultés, toujours au cœur du fonctionnement de la société », résume Patrice Bride.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est une polémique née d’un dossier qui aurait dû être consensuel. Destinée à élargir le soutien public à un plus grand nombre de publications après les attentats contre Charlie Hebdo, la réforme des aides à la presse a fait l’objet, ces derniers jours, de vives critiques.En cause : la volonté du gouvernement de priver de ces nouvelles aides les publications ayant fait l’objet de condamnations pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence au cours des cinq dernières années. La mesure concerne des titres d’extrême droite comme Minute et Rivarol, ou encore l’hebdomadaire Valeurs actuelles, positionné à la droite de la droite et par deux fois condamné ces derniers mois, même s’il a fait appel.Lire aussi : Aides à la presse : qui touche le plus ? Dans son décret du 6 novembre 2015, le gouvernement a étendu le champ de l’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : elle concerne désormais tous les périodiques et pas uniquement les quotidiens. Il s’agit d’une démarche en faveur du pluralisme, initiée au lendemain de l’attentat qui a décimé l’hebdomadaire Charlie Hebdo, en janvier (celui-ci ne bénéficiera toutefois pas de l’aide, qui est limitée aux publications dont la diffusion est inférieure à 300 000 exemplaires, un seuil que l’hebdomadaire a dépassé depuis janvier).Plainte à BruxellesLe fait que ce renforcement des aides directes ne touche pas les titres ayant fait l’objet de condamnation a fait rapidement réagir. Mardi 17 novembre, Valeurs actuelles s’en est pris au système d’aide dans sa globalité en indiquant avoir « adressé une plainte formelle contre la France pour aide d’Etat incompatible avec le Traité de l’Union européenne dans le secteur de la presse d’information politique et générale de diffusion nationale ».Le lendemain, son directeur, Yves de Kerdrel, a également annoncé un recours au Conseil d’Etat. Il croit avoir identifié une fragilité juridique au sein du décret, dans la mesure où dans les faits, ce sont les directeurs de publication qui sont condamnés, non les titres. Or le décret fait référence à ces derniers.Plus surprenant : jeudi 19 novembre, c’est l’ensemble des quotidiens et magazines qui s’est ému de la mesure, à travers un communiqué commun du syndicat de la presse magazine (SEPM) et de la presse d’information générale (AIPG). Ce texte reprend l’argument de M. de Kerdrel en constatant que « le décret (…) soulève plusieurs points de droit, dont, mais non exclusivement –, celui du non-respect du principe de la personnalité des peines, en raison des règles particulières de responsabilité en matière de presse posées par la loi de 1881, et qui excluent la responsabilité directe de la société éditrice ».Le ministère « serein »En réponse, le ministère de la culture, joint par Le Monde, se dit « serein » sur les contestations juridiques de son décret : les condamnations touchent certes des individus, mais ils sont visés en tant que directeur de la publication, les condamnations ne sont pas personnelles, argumente-t-on. On ajoute que les amendes sont souvent payées par les titres, pas par les dirigeants.Sur la contestation des aides à la presse au niveau européen, le ministère de Fleur Pellerin ne s’affiche pas plus inquiet. Ce type de soutien public à un secteur est un choix politique, au même titre que la neutralité technologique invoquée pour accorder récemment un taux de TVA « super réduit » aux titres de presse sur Internet. Malgré une certaine opposition, Paris estime engranger des soutiens, au niveau européen, sur ces sujets.Sur le fond, cette réforme des aides au pluralisme vise à soutenir des titres qui contribuent à la « vitalité démocratique », argumente le ministère. Exclure les publications condamnées pour propos racistes ou discriminatoires est « dans l’esprit de la loi de 1881 sur la liberté de la presse ». L’article 24 de ce texte rappelle que seront notamment condamnés ceux qui auront « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes ».Une réforme politique ?Personne n’est visé en particulier à cause de sa ligne éditoriale, c’est un principe républicain, soutient-on au cabinet de Fleur Pellerin. Une tentative de couper court à l’argument selon lequel la réforme est politique et vise à affaiblir des titres d’opposition frontale à François Hollande, comme Valeurs Actuelles, ou proches de l’extrême droite.Enfin, le ministère rappelle que cette aide au pluralisme ne représente qu’une faible partie de l’ensemble des aides directes et indirectes (via les aides postales notamment). En 2014, un titre d’extrême droite comme Présent a touché 362 745 euros d’aides au total (dont 226 888 euros d’aides directes). Valeurs Actuelles a touché 961 026 euros d’aides à son transport postal mais zéro aide directe. Minute et Rivarol n’ont rien touché.Parmi la cinquantaine de titres qui pourraient bénéficier des nouvelles aides au pluralisme, on trouve les publications de gauche Le Monde diplomatique ou Politis, les publications chrétiennes Témoignage chrétien, Pèlerin magazine ou Golias, le magazine féministe Causette, le mensuel et site sur l’écologie Terra Eco, voire le bihebdomadaire généraliste Society.Malgré les arguments du ministère, les fédérations d’éditeurs de presse risquent de ne pas désarmer immédiatement : « Quelles que soient les justifications politiques et morales censées la justifier, une telle exclusion, dans son essence même, rompt avec le principe démocratique intangible de la neutralité de l’action publique vis-à-vis de la presse d’opinion », écrivent-ils, avant d’invoquer Tocqueville : « Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Nouchi Lorsque, peu après sa désignation comme directeur du Monde, le 30 juin, Jérôme Fenoglio me proposa de devenir le sixième médiateur de notre journal – après, successivement, André Laurens, Thomas Ferenczi, Robert Solé, Véronique Maurus et Pascal Galinier –, je n’imaginais évidemment pas une seconde que j’allais prendre mon poste par temps de guerre. Je me faisais une joie de pinailler sur l’orthographe ou la syntaxe défectueuse de tel ou tel article, de maugréer après tel ou tel rédacteur coupable d’une approximation douteuse, de grommeler après la découverte d’un titre de manchette imprécis ; et voici qu’il me faut dire l’émotion d’une rédaction en proie à la fatigue, à la peine et parfois même au deuil ; et voici surtout qu’il faut, dès à présent, lui tirer un immense coup de chapeau pour le travail réalisé depuis quelques jours.Croyez-moi, chers lecteurs, je ne suis pas du genre complaisant avec les confrères. Depuis un peu plus de trente ans au Monde, ayant connu moult directeurs, directeurs de la rédaction et rédacteurs en chef, je me fais une idée très haute du journalisme. Mes modèles en écriture sont à chercher du côté de Robert Guillain (1908-1998), Pierre Viansson-Ponté (1920-1979) ou encore Jean-Marc Théolleyre (1924-2001) – souvenirs émus de ces grandes plumes du journal d’avant Internet –, alors pensez : il m’arrive parfois de céder à la déception devant un journal par trop moyen. Rien de tel depuis une semaine. Le travail de la rédaction, tous supports confondus, est remarquable. Rigueur, talent d’écriture et d’analyse, scoops, tout y est, avec ce qu’il faut également de nécessaire prudence pour échapper à cette épidémie de rumeurs qui s’est emparée des réseaux sociaux. Je remarque d’ailleurs en parcourant votre courrier que vous vous faites très souvent l’écho de la qualité du travail des journalistes du Monde. Soyez-en remerciés.Par-delà ces compliments, et quelques réserves formulées par plusieurs d’entre vous concernant le choix de certaines photos jugées « racoleuses », quatre aspects qui concernent notre couverture journalistique de ces événements me semblent, d’ores et déjà, devoir être soulignés.Une mobilisation exceptionnelle Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre, plus d’une centaine de journalistes, sur les 400 que compte la rédaction du Monde, se sont mobilisés. « On attend du Monde qu’il remplisse une fonction de service public de l’information, explique Luc Bronner, le directeur des rédactions. Ce rôle, que nous revendiquons, nous ne pouvons le jouer qu’à la condition de disposer d’une rédaction très forte, composée en particulier des meilleurs spécialistes de telle ou telle question. »Un souci constant de pédagogie et de « chasse » aux « hoax » et aux informations non recoupées « L’ignorance et la peur sont les deux alliées du terrorisme, analyse Jérôme Fenoglio. C’est pourquoi nous devons veiller en permanence à ne pas alimenter les rumeurs et à mettre en perspective les événements que nous couvrons. » De ce point de vue, tant les « live » organisés sur Lemonde.fr que le travail de l’équipe des « Décodeurs » du Monde réalisé sous la houlette de Samuel Laurent, à la fois sur notre site et sur Twitter, ont permis, quasiment en temps réel, d’apporter les éclairages nécessaires à la compréhension de ce qui était en train de se passer.La nécessité d’un travail de suivi au long cours Luc Bronner le résume avec franchise : « En janvier dernier, lors des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher, nous avions été bons au moment de la crise mais un peu moins bons ensuite. Nous n’avons pas assez exploré la France de “l’après-Charlie”, l’impact que cet événement a eu tant sur les “Je suis Charlie” que sur les “Je ne suis pas Charlie”. » Cette fois, il en ira tout autrement. Jeudi 19 novembre, dans un courriel adressé à l’ensemble de la rédaction, le directeur des rédactions a annoncé la création d’une « task force » d’une dizaine de journalistes « afin de raconter, sur tous nos supports, “la France post-attentats” ». Ce dispositif, copiloté par Aline Leclerc et Benoît Hopquin, est amené à fonctionner « pour une durée indéterminée, probablement plusieurs mois ». « Nous sommes attendus, ajoute Luc Bronner dans son courriel, sur notre capacité à raconter, décrire, expliquer l’onde de choc de ces attentats en France. Nous avons évidemment déjà commencé à le faire, mais il nous faut le réussir sur plusieurs mois, en multipliant les angles, les formats, en variant les types de sujets, en creusant tous les aspects de cet épisode majeur, en couvrant tous les territoires, à Paris, en province comme en banlieue. »La guerre contre l’Etat islamique en Syrie Concernant l’action militaire de la France hors de ses frontières, il me semble que la position du Monde n’a pas été suffisamment précisée. S’agissant de la question de la coopération avec la Russie, nous avons estimé « justifié » le « tournant russe de François Hollande ». Soit. Cela signifie-t-il pour autant que Le Monde est favorable aux nouvelles frappes aériennes décidées par le chef de l’Etat contre les positions tenues par l’Etat islamique en Syrie ? Si Le Monde semble reprendre à son compte la réalité de « l’état de guerre » décrite par François Hollande (certains lecteurs, précisons-le, ne partagent pas cet avis), qu’en est-il de l’action de guerre elle-même qu’il conviendrait de mener ? Je comprends parfaitement que l’on veuille se donner du temps avant de pouvoir juger de sujets d’une telle importance mais, sans trop tarder, une clarification, d’ordre éditorial s’entend, sera nécessaire.Franck NouchiJournaliste au Monde Alexis Delcambre « On a tout entendu ces dernières semaines au sujet d’Altice… » Michel Combes, le président de SFR-Numericable, n’a pas caché l’un des objectifs de la conférence de presse spectaculaire organisée par l’opérateur téléphonique lundi 9 novembre : couper court aux différents « bad buzz » qui circulent quant au groupe façonné par Patrick Drahi.Dans une longue prise de parole, l’ancien patron d’Alcatel-Lucent, qui a rejoint l’empire Drahi en septembre, s’est attaché à convaincre qu’Altice suivait une stratégie claire, malgré l’impression d’emballement qu’a donnée sa succession d’acquisitions menées en un peu plus d’un an (SFR, Portugal Telecom, Suddenlink, NextRadioTV, Cablevision…)Cet ensemble forme « un puzzle dont les morceaux se mettent progressivement en place », a défendu le directeur général d’Altice, Dexter Goei. Celui-ci a rappelé le postulat fait par le groupe d’une « double convergence » (du fixe et du mobile d’un côté, des médias et des télécoms de l’autre) pour justifier sa démarche d’investissement, qualifiée d’« éminemment rationnelle ».Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médias40 millions de clients« On nous voit souvent comme des financiers alors que nous sommes avant tout une équipe d’ingénieurs », a poursuivi Michel Combes, mettant l’accent sur la dimension « industrielle » d’Altice. Une réponse aux observateurs qui doutent de la cohérence de l’ensemble et de la capacité du groupe à réaliser d’importantes synergies ou à investir dans son développement.Rappelant qu’Altice compte désormais plus de 40 millions de clients grand public, le président de SFR – qui va abandonner la marque Numericable – a expliqué que le groupe était « en train de s’industrialiser », avec par exemple la mise en place d’une structure unique pour les achats. Au passage, il a rappelé que le ratio d’endettement du groupe (4,5 fois l’Ebitda) était, aux yeux de son management, « classique et raisonnable ».Pour montrer qu’Altice invente, M. Combes a annoncé la création des « Altice labs », qui doivent permettre aux équipes de recherche et développement de ses différentes entités d’échanger. Leur objectif sera de « reprendre le leadership sur l’expérience client » – une façon de reconnaître un certain recul en la matière.Reprise des investissements dans le réseauOutre sa stratégie, Altice a également été mis en cause pour la qualité de son réseau. « Nous allons accélérer nos investissements dès ce trimestre », a promis Michel Combes, évoquant notamment un effort dans la couverture des grandes villes en 4G. « Nous sommes l’opérateur de la fibre en France », s’est-il emporté, accusant ses concurrents de faire de la communication.Lire aussi :Numericable-SFR accusé de vendre de la fibre qui n’en est pasAutre annonce : le lancement d’un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) baptisé Zive, dès le 17 novembre. Ce service donnera accès à 5 000 films ou séries – 15 000 d’ici à la fin 2016. Il s’appuie sur des accords avec Disney, Pixar, ABC Studios, Warner Bros, Europa, Miramax, Sony Pictures Télévision ou encore France Télévisions.Ce service sera proposé à tous les clients SFR au tarif de 9,99 euros par mois et offert à ceux qui disposent déjà des offres Premium. En complément, l’opérateur met sur le marché une nouvelle box, également baptisée Zive, qui offrira notamment une fonction « Restart » (pour reprendre un programme au début). Sur un positionnement haut de gamme et « résolument tourné vers la famille, avec des programmes ludo-éducatifs », selon M. Combes.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ils sont les vedettes de la génération 2000, comptent jusqu’à 8 millions d’abonnés à leurs chaînes YouTube, et 120 d’entre eux ont rempli à eux seuls le pavillon 1 du Parc des expositions de Paris les 7 et 8 novembre pour Video City, le premier festival parisien dédié aux fameux youtubeurs.Lire aussi :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisMais dans le joli petit monde tout rose des vidéos en ligne, il y a des questions à ne pas poser. Celle de leur rémunération, notamment, comme l’a appris France Info à ses dépens. « Parce qu’on a osé demander en interview à une jeune youtubeuse si elle était payée, son attaché de presse, furieux, a annulé tous les autres entretiens prévus et a convaincu l’agent des poids lourds Norman, Cyprien et Squeezie de faire de même », raconte la journaliste Sandrine Etoa-Andegue dans un article sur le « business des youtubeurs ».L’argent, une question taboueObtenir des réponses est en effet difficile. Ni EnjoyPhoenix, la youtubeuse la plus célèbre de France, ni l’agent de Jhon Rachid, l’une des étoiles montantes de la plateforme, ni Ubisoft, l’un des principaux annonceurs, ni la plupart des agences impliquées dans le secteur n’ont donné suite à nos sollicitations. Et les rares à avoir répondu ont tous demandé l’anonymat.C’est peu dire que la question de la rémunération fâche. En juillet dernier, le Suédois Felix Kjellberg, plus connu sous son pseudonyme de PewDiePie, star de YouTube avec sa chaîne spécialisée dans les parties de jeux vidéo à laquelle 40 millions d’internautes sont abonnés, avait dû se défendre après la publication de sa rémunération annuelle, 6,7 millions d’euros.Lire aussi :« PewDiePie », le youtubeur millionnaire, répond aux critiques sur ses gains« Cela a explosé. Ce dont les gens ne se rendent pas compte, c’est que mes vidéos ont neuf milliards de vues [au total], ça se convertit en quelque chose, il y a des publicités, je gagne de l’argent avec celles-ci », expliquait-il.Il s’agit d’« un sujet très demandé et un peu tabou », reconnaissait de son côté l’humoriste Le rire jaune dans une vidéo du printemps dernier sur la question, évoquant des « clauses de confidentialité avec YouTube ».Système complexeCertaines informations sont toutefois connues. Si le système de rémunération employé par Google varie en fonction du type de contenu produit, en moyenne, un youtubeur gagne environ un dollar tous les mille visionnages entamés, expliquait au printemps Le Rire jaune, suivi par plus de 2 millions d’internautes. Mais tout un système complexe existe derrière.Le jeune youtubeur évoquait notamment ces structures méconnues que sont les « networks », des réseaux « comme la NBA ou des maisons de disque, chargés de protéger les droits d’auteur [des youtubeurs] en échange d’un pourcentage », de l’ordre de 10 à 20 %, et auxquels le ralliement est obligatoire dans le cas de vidéos sur des propriétés intellectuelles déposées, comme les films ou les jeux vidéo.Regardée un peu plus de 4,8 millions de fois, sa vidéo explicative lui a donc rapporté un peu moins de 4 500 euros, essentiellement grâce aux « preroll », les spots publicitaires précédant une vidéo. Une bagatelle, en réalité, rapporté aux sommes que peuvent engranger certaines stars de la plateforme – et notamment grâce au placement de produit.Jusqu’à 5 000 euros le tweetLa rémunération d’un youtubeur comporte en effet un second volet, qui provient non pas de la diffusion de spots mais de contrats passés avec des marques de cosmétiques ou de jeux vidéo.Celles-ci déboursent plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros pour placer leur produit chez les plus influents. « Le tarif dépend du youtubeur, c’est lui qui décide de sa rémunération, explique au Monde un responsable d’agence tenu par des accords de confidentialité. Cela peut monter jusqu’à 50 000 euros pour les plus gros, comme Cyprien, Norman et Squeezie, mais certains acceptent de faire certaines “opé” gratuitement si le sujet les intéresse. »Aujourd’hui, s’offrir une star de YouTube passe par des grilles tarifaires évolutives : chaque commentaire sur Twitter, chaque post Facebook, et bien sûr chaque vidéo publiée sur la chaîne officielle sont rémunérés. Un simple tweet vers une vidéo comportant un placement produit peut être facturé de 1 000 à 5 000 euros selon la notoriété du créateur.Lire : L’engouement soudain, et suspect, de stars pour un concert à la piscine MolitorA l’étranger, les tarifs s’envolent : outre-Manche, Yogscast, 7 millions d’abonnés au compteur, facture à partir de 5 000 livres sterling (7 000 euros) un test de jeu, quand l’agent d’un célèbre youtubeur international offrait les services de la star pour 250 000 dollars (232 000 euros) dans les travées de l’E3, la grand-messe du jeu vidéo.« C’est la loi de l’offre et la demande, on est dans un système dont ils vont profiter un petit moment avant qu’il ne finisse par s’écrouler », veut croire un professionnel, qui ne cache pas la surprise de certains nouveaux annonceurs face aux cachets demandés.Agences et managersCes négociations engagent parfois plusieurs intermédiaires entre l’annonceur et le youtubeur lui-même, comme l’agence de création numérique chargée de réfléchir à un concept de vidéo pertinent. A la manière des sportifs de haut niveau, les plus courtisés ont un manager chargé de faire l’interface avec ces dernières.Les trois géants français de YouTube, Norman, Squeezie et Cyprien, sont quant à eux chez Mixicom, une agence de communication leur servant à la fois de régie publicitaire et de conseil marketing. « Notre but, c’est de fournir aux créateurs des services pour qu’ils puissent se concentrer sur l’artistique », expliquait en septembre Thierry Boyer, cofondateur de Mixicom, à la revue Stratégies.La société, qui édite également les sites d’information JeuxActu et FilmActu, a souvent créé des passerelles entre ces différentes activités (à l’image de cette vidéo de Norman diffusée sur la chaîne FilmActu). Elle a depuis été achetée par Webedia (AlloCiné, JeuxVideo.com) pour une somme estimée à 14 millions d’euros.Mais les autres géants de la vidéo francophone sont également détenus par de grands groupes médias : Studio Bagel par Canal+, Golden Moustache et EnjoyPhoenix par M6.Problèmes éthiquesCes régies publicitaires posent un problème éthique. Comme le relève L’Express, l’article 20 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) oblige toute publicité à « rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée ». Mais dans la pratique, c’est le flou qui prédomine.Le 23 octobre dernier, Norman poste ainsi sur sa chaîne Youtube une vidéo intitulée « Assassin des templiers », et présentée comme « inspirée de l’univers du jeu vidéo Assassin’s Creed ». Aucune mention du commanditaire de la vidéo. Au Monde, la boîte de production IDZ confirme pourtant avoir été en contact avec Mixicom et Ubisoft, l’éditeur du jeu vidéo Assassin’s Creed. La vidéo tournait d’ailleurs en boucle sur le stand de ce dernier au Salon du jeu vidéo Paris Games Week, une semaine plus tard.« La déontologie, j’en ai rarement vu »Une vidéo promotionnelle, en somme, mais qui n’est jamais explicitement présentée comme telle. C’est que les youtubeurs les plus importants, conscients que la mode dont ils jouissent peut être éphémère, réfléchissent rarement en termes d’éthique. « La déontologie, j’en ai rarement vu, épingle un responsable d’agence. On essaie de faire des choses cohérentes, ce sont les agences qui réfléchissent et non les youtubeurs. »Certains, malgré tout, réussissent à se distinguer. Jhon Rachid ferait partie des rares à ne pas faire payer l’annonceur lorsqu’un sujet lui est proposé et l’intéresse. Dans la sphère anglophone, TotalBiscuit, sévère critique des dérives déontologiques de la presse jeu vidéo – et l’une des figures de la nébuleuse antiféministe GamerGate – ne demanderait aucun cachet pour tester les jeux envoyés par les éditeurs. Ils font toutefois figure d’exception.Pour Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix et tous ceux dont le contenu des vidéos est en partie négocié avec une régie, leur mission consiste à mettre leur popularité au service de la marque, et peu importe que leurs vidéos soient massivement regardées par des enfants peu préparés à faire la part des choses. « Il n’est jamais stipulé dans les contrats qu’ils doivent dire du bien du produit, mais si on pose un paquet de céréales sur la table et que le gars critique, il sait que ça ne va pas le faire, explique la même source. L’intérêt du youtubeur est de ne pas cracher dans la soupe. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Krémer Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents.D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. »Lire :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisLes chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ».Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty.Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux »La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours…Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. »Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes.Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Y a-t-il encore un sens à surveiller les équilibres de temps de parole uniquement à la télévision et à la radio alors que l’information se diffuse aujourd’hui à travers de multiples canaux ?L’environnement dans lequel nous évoluons a énormément changé depuis les années 1980, lorsque les règles d’équilibre du temps de parole ont été décidées. Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio La campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre s’intensifie. Moins d’un mois nous sépare du premier tour de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle. Et les calculettes commencent à chauffer, pas seulement du côté des instituts de sondage, mais au sein même des rédactions des radios et des télévisions. Désormais, elles doivent respecter l’équité entre les différents candidats, sous peine de s’attirer les foudres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Chronomètre en main, des bataillons traquent la moindre seconde de temps de parole. Ils sont constitués d’une dizaine de salariés à France Télévisions, trois en moyenne pour TF1 et LCI. « Je n’avais pas mesuré que les règles étaient aussi strictes. Dans la presse écrite, on essaie d’être vigilants à interroger toutes les formations, mais à la radio et à la télévision tout est calculé à la seconde près », confie Christophe Jakubyszyn, chef du service politique des deux chaînes.Question d’équitéA Radio France, c’est une société externe qui est chargée de cette tâche fastidieuse. Une personne pilote le travail de plusieurs stagiaires à BFM-TV ; elle est en relation quasi quotidienne avec la direction de la rédaction pour veiller au respect des équilibres. Pas question de se faire accuser encore une fois de favoriser tel ou tel parti comme ce fut le cas lors des dernières élections départementales. Une critique qui a laissé des traces : « C’était injustifié, car nous avions arrêté les compteurs en cours de période », se souvient Hervé Béroud, le directeur de la chaîne info.L’équité est une notion qui dépend de nombreux facteurs, selon la définition du CSA. Son appréciation se fonde sur deux séries d’éléments : « La représentativité des candidats qui prend en compte, en particulier, les résultats du candidat ou de la formation politique aux plus récentes élections », d’une part, et « la capacité à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d’un mandataire financier, et plus généralement toute initiative permettant de porter à la connaissance du public les éléments du programme du candidat », d’autre part.« C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. » Yael Goosz, chef du service politique de France InfoUne définition suffisamment floue pour contenter tout le monde ? Pas vraiment. Au CSA, on se garde d’imposer toute répartition chiffrée. Cependant, s’il n’existe pas d’étiage officiel, des « chiffres officieux circulent », souligne Christophe Jakubyszyn. Mieux vaut donc ne pas trop s’en éloigner. « On ne conteste pas le principe de l’équité qui nous laisse une certaine liberté, mais cela reste compliqué à gérer », remarque pour sa part Hervé Béroud. « Dans des campagnes où il y a de très nombreux candidats, de très nombreux partis, dès l’instant que l’on couvre une région, on entre dans un véritable casse-tête. Lorsqu’on interroge un candidat, il faut quasiment entendre les autres selon leur poids dans la campagne », observe-t-il.Le décompte qui est effectué au niveau de chaque circonscription dans les élections locales parasite le travail journalistique. « Cela nous empêche de faire des sujets transversaux. J’aurais aimé expliquer ce qu’est une gestion de gauche ou une gestion de droite, mais c’est pratiquement impossible si on veut faire un traitement national », juge Christophe Jakubyszyn.« Logique comptable »Le constat est presque le même à la radio. « Les sujets sont courts, deux minutes, c’est l’exception. Il est difficile de faire parler tout le monde. Quant aux débats, au-delà de trois personnes, c’est la cacophonie », assure Catherine Mangin, directrice adjointe de l’information à RTL. Yael Goosz, le chef du service politique de France Info depuis août, découvre cette « logique comptable » de la couverture des élections. « C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. Le 18 novembre, nous irons à la rencontre des électeurs du Front national dans deux régions. Nous compenserons ensuite avec d’autres sons de cloche », raconte-t-il. Le pire est peut-être à venir.Lire aussi :« On préfère appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que renforcer les règles »« C’est un casse-tête, surtout à la fin », souffle Marie-Eve Malouines, ancienne patronne du service politique de la radio tout info du service public et désormais présidente de LCP. Il faut alors rattraper les déséquilibres qui peuvent s’être formés. « Nous pouvons faire des sujets non pas en fonction de l’actualité, mais aussi en fonction des équilibres à respecter », regrette-t-elle.Un aménagement des règlesAvec la présidentielle en vue, les choses risquent d’être complexes si les règles ne changent pas. D’abord, les médias audiovisuels vont devoir gérer l’élection primaire qui se profile à droite. Celle-ci n’est pas soumise à une réglementation particulière, mais le CSA veillera à ce que sa couverture n’entraîne pas des déséquilibres de traitement entre la majorité actuelle et l’opposition. « Il faut faire vivre l’événement quand il se déroule. Il faudra nous laisser du temps pour réguler ça avec les autres partis », prévient Hervé Béroud. Télévisions et radios espèrent surtout que les conditions dans lesquelles doit se tenir l’élection présidentielle elle-même seront assouplies.Pour le moment, les candidats doivent être traités dans la plus stricte égalité dès que le Conseil constitutionnel valide la liste des participants au scrutin, c’est-à-dire plusieurs semaines avant le premier tour. « C’est une situation aberrante. Lors de la dernière présidentielle, Jacques Cheminade a eu autant de temps de parole que Nicolas Sarkozy ou François Hollande pendant cinq semaines », regrette Hervé Béroud.En septembre, le CSA a publié une série de propositions pour aménager les règles de la couverture de la vie politique. L’une d’entre elles vise à instaurer désormais le principe d’équité avant la campagne officielle, qui s’ouvre le deuxième lundi avant le premier tour du scrutin. La plupart des suggestions du CSA ont été reprises dans un texte qui devrait être discuté au printemps au Parlement.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Machart On ne saura pas ce qu’aurait pu être « Antoine sans fiche », la première mouture de l’émission hebdomadaire qu’Antoine de Caunes devait présenter sur Canal+ en cadeau de consolation de son éviction de la présentation du « Grand Journal ». Mais « L’Emission d’Antoine », qui faisait ses débuts vendredi 6 novembre à 22 h 45 sur la chaîne cryptée, est une hilarante réussite. Si le même niveau est atteint chaque semaine, elle devrait devenir le rendez-vous incontournable des réjouissances zygomatiques.C’est le grand de Caunes qu’on retrouve là : drôle, malin, coquin, leste, transformiste – toutes choses en quoi il excelle –, le tout servi par des textes léchés de langue de maître ; un de Caunes tel qu’on l’aimait lors de ses reportages urbains excentriques (« Toqué de Tokyo », « Maboul de Séoul », etc.) et de ses programmes d’antan (« Eurotrash ») ; un de Caunes libéré de ce « Grand Journal » où il n’était pas à son meilleur et auquel il règle d’ailleurs, avec une fine insolence, son compte en début de d’émission.L’esprit est très Canal, mais du Canal historique, de la grande époque (le XXe siècle), avec tout de même quelques transferts du Canal plus récent, comme Alison Wheeler et Monsieur Poulpe, qui étaient présents dans « Le Grand Journal » animé pendant deux saisons par Antoine de Caunes.Canal historiqueSi Mme Wheeler n’est toujours pas très drôle (c’est le seul point faible de « L’Emission d’Antoine »), M. Poulpe est en revanche assez bien distribué dans l’animation d’un jeu foutraque où les deux candidats, de Caunes et Fred Testot (un ancien de la séquence mythique « Service après-vente des émissions », sur Canal+, avec Omar Sy), s’évertuent à ne pas savoir répondre à des questions farfelues. Ce qui vaut à M. Poulpe la pénalité d’être méthodiquement épilé par une dame asiatique qui s’évertue à décoller trop lentement des patchs apposés sur ses cuisses. La séquence se termine par un concours de coiffure où deux malheureux garçons se font tailler des perruques de clown par de Caunes et Testot…Capillotracté, tout cela ? Normal : le fil conducteur de ce premier numéro était le poil, considéré dans tous ses états. Ce qui autorisa de Caunes à enquêter dans les arcanes d’un concours autrichien de barbes et moustaches où se présentent de véritables cascadeurs du système pileux ; à rendre visite à une cinéaste pornographique bisexuelle et féministe adepte des femmes velues (avec les images olé-olé qu’on peut voir sur une chaîne cryptée, même avant minuit, heure légale du porno maison) ; à recevoir une vraie femme à barbe et à s’entretenir sérieusement avec elle.Et à débiter des palanquées de jeu de mots artistement foireux, à dire des choses grossières sans la moindre vulgarité (art que ne possède pas encore Alison Wheeler), à se déguiser et à pouffer comme le gamin de 12 ans que ce sexagénaire génial et chenapan n’a jamais cessé d’être.Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 12h26 • Mis à jour le06.11.2015 à 13h00 | Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau La recherche d’un partenaire capable de racheter Ubisoft « n’est qu’une de nos options » pour échapper à une prise de contrôle de Vivendi, a expliqué Yves Guillemot, son président, lors d’une conférence téléphonique en marge de la présentation de ses résultats financiers semestriels. Elle reste toutefois la priorité actuelle du groupe.« Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagne et que cela soit positif pour les actionnaires », a détaillé Yves Guillemot lors d’une conférence téléphonique. Si Ubisoft a souligné dans un communiqué ses accords passés avec de « puissants partenaires internationaux » comme Columbia, Fox New Regency, Nickelodeon et Warner, le président de la plus grosse entreprise française de jeu vidéo n’a pas précisé vers quel chevalier blanc Ubisoft cherchait à se tourner pour empêcher une prise de contrôle par Vivendi.Plus aucun contact avec Vincent BolloréFace à ses actionnaires, Yves Guillemot est resté fidèle à la ligne de défense de son groupe : Ubisoft détient un savoir-faire et une connaissance du métier qui sont étrangers à Vivendi, et un rachat mettrait son modèle créatif en danger. Le président de l’entreprise a notamment relevé les quatre fondamentaux de sa stratégie : le développement de jeux en ligne avec une forte composante multijoueur, des jeux en mode ouvert, une capacité à créer de nouvelles licences de A à Z et un élargissement au-delà du jeu vidéo, notamment dans le cinéma. « Nous commençons tout juste à toucher les dividendes de cette stratégie », a assuré Yves Guillemot, qui a une nouvelle fois rappelé sa volonté d’indépendance.« Nous pensons que les synergies sont difficiles à voir surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd’hui, et dans le passé Vivendi ne voyait pas de synergie avec Activision Blizzard [dont le groupe a revendu l’essentiel de ses parts en 2013], nous ne voyons donc pas pourquoi ils en verraient aujourd’hui. »M. Guillemot a par ailleurs confié n’avoir eu aucun contact avec Vincent Bolloré depuis l’appel téléphonique de ce dernier le jour de l’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft – le géant des loisirs a depuis porté sa participation à 10,6 % d’Ubisoft, et reconfirmé sa volonté de rester indépendant. Ubisoft a par ailleurs annoncé mardi 2 novembre avoir signé un contrat avec l’agence de communication Mindshare, alors que la société était liée jusqu’à présent à Havas, qui appartient au groupe Vivendi.Trois jeux à gros budget dans les quatre moisPour son premier rapport financier depuis l’entrée non sollicitée de Vivendi dans son capital, Ubisoft a annoncé un chiffre d’affaires semestriel de 207,3 millions d’euros, en recul de 57 % par rapport à 2014, et 65,7 millions d’euros de pertes nettes (contre un bénéfice de 17,5 millions d’euros l’an passé). Un résultat prévisible : l’éditeur n’a lancé aucun jeu majeur au printemps de cette année, au contraire de Watch Dogs, sa nouvelle licence phare, en 2014.Principale sortie de l’éditeur pour ce Noël, le jeu Assassin’s Creed Syndicate a connu un lancement compliqué, avec des critiques partagées et des résultats commerciaux très en deçà des précédents opus (66 000 exemplaires en France en première semaine, contre 167 000 pour Unity). Mais la seconde semaine a renversé la tendance, assure l’éditeur. « Les notes que nous avons eues sur ce jeu ont été très élevées, notamment les plus gros sites spécialisés, et le bouche-à-oreille est actuellement favorable au jeu », a soutenu Yves Guillemot.Ubisoft publiera par ailleurs le jeu d’action Rainbow Six Siege le 1er décembre, ainsi que The Division et Far Cry Primal au premier trimestre 2016, qu’Ubisoft veut croire « historique ». Il est en effet rare de lancer deux jeux à gros budget en début d’année.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre L’heure de vérité approche pour Molotov.tv, ce service prochainement lancé qui promet de réinventer la distribution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’identité et les intentions de ses fondateurs, dont Jean-David Blanc, créateur d’AlloCiné, et Pierre Lescure, ancien président de Canal+, suscitent la curiosité, mais les détails du service restaient un mystère. Un mystère en voie de se dissiper, puisque l’interface de Molotov.tv a été présentée aux membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mercredi 4 novembre, et que Le Monde a pu parallèlement l’explorer.Lire aussi :La télévision est morte, vive la télévision !La conviction de l’équipe de Molotov.tv est que le problème qu’affronte la télévision, notamment vis-à-vis des plus jeunes, est d’abord ergonomique. Selon elle, les contenus de l’industrie télévisée restent riches et attractifs mais les nouveaux modes de circulation dans ces contenus auraient ringardisé l’usage se limitant à aller d’une chaîne à l’autre grâce à une télécommande. C’est pourquoi Molotov se définit au croisement de « la télévision d’hier et du monde d’aujourd’hui », selon M. Blanc.On peut bien sûr y choisir une chaîne et accéder au direct. Mais aussi reprendre au début un programme qui a déjà commencé. Ou explorer la liste des diffusions passées, et visionner un contenu de son choix – comme sur une plate-forme de rattrapage. Ou encore voir la liste des programmes à venir et sélectionner ceux qui nous intéressent. Le système les « enregistrera » et ils rejoindront un panier de programmes sélectionnés, visionnables à tout moment depuis n’importe quel appareil (téléphone, tablette, PC ou télévision connectée).L’utilisateur peut rechercher ce qui l’intéresse, parmi tous les programmes de télévision, à l’aide d’un moteur de recherche, et par catégories (films, séries, documentaires, enfants…).Plate-forme socialeL’usage se veut en effet nomade : un compte Molotov est par nature multisupports et on peut passer de l’un à l’autre en reprenant le visionnage d’un contenu à l’endroit précis où il a été interrompu. Le système peut également alerter l’utilisateur par e-mail en cas de prochain passage à la télévision d’une personnalité ou d’une entité qu’il a déclaré suivre.Molotov est aussi une plate-forme sociale : en visionnant un programme live, on voit défiler les tweets qui lui sont associés. L’utilisateur peut voir ce que ses amis regardent ou ont regardé, et visionner les séquences télé qui « buzzent » sur les réseaux sociaux. Et témoigner de ce qu’il regarde. Enfin, un outil permet de sélectionner une séquence pour la partager sur les réseaux sociaux.Avant son lancement prévu en décembre, l’équipe de Molotov.tv continue d’élargir son nombre de chaînes partenaires (déjà plus de 80). L’Equipe 21 vient de rejoindre la plate-forme. Avec Canal+, à ce jour le grand absent de l’offre, les discussions ne sont pas arrêtées. Misant sur un modèle freemium, avec une couche payante, les fondateurs doivent encore choisir les services qui ne seront pas gratuits et fixer les prix. Et réfléchissent à des formats publicitaires plus « comestibles » que les spots diffusés à l’ouverture des programmes.Lire aussi :L’énigmatique Molotov.tv séduit 80 chaînesAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h36 Le président et directeur de la publication du New York Times, Arthur Ochs Sulzberger Jr, 64 ans, a ouvert officiellement lundi 2 novembre le processus qui doit mener à la désignation de son successeur, choisi au sein de sa famille. Un directeur adjoint de la publication doit être nommé dans les deux ans, qui sera appelé à le remplacer. Le processus de succession est « formel » et « implique le conseil d’administration, les cadres dirigeants et les représentants de la famille », a rappelé M. Sulzberger aux employés lors d’une réunion annuelle.Arthur Ochs Sulzberger Jr, qui dirige le principal quotidien d’Amérique depuis vingt-cinq ans, est le cinquième membre de la famille à assumer cette charge. Il est l’arrière-petit-fils d’Adolph Ochs, qui a racheté le New York Times en août 1896 et en a gardé la tête jusqu’à sa mort, en 1935. Le fondateur avait été remplacé par Arthur Sulzberger, son gendre.La famille ne détient aujourd’hui qu’une participation minoritaire au capital du groupe mais possède l’essentiel des actions de type B, ce qui lui permet de désigner 9 des 14 membres du conseil d’administration.Selon une enquête du New York Magazine, publiée en août, trois descendants d’Adolph Ochs pourraient succéder à l’actuel patron du New York Times : Arthur Sulzberger (fils du directeur de la publication), David Sulzberger Perpich, cousin du premier, et Samuel Dolnick, cousin au deuxième degré des deux premiers. Tous trois sont trentenaires et occupent déjà des postes au sein du quotidien. Alexandre Piquard Le torchon brûlait depuis plusieurs semaines. Philippe Verdier, le « M. Météo » de France 2, a annoncé lui-même son licenciement dans une vidéo mise en ligne samedi 31 octobre. Un clip scénarisé autour de l’ouverture de sa lettre de licenciement réalisé par Ring, l’éditeur du livre de M. Verdier. L’ouvrage conteste le consensus des scientifiques sur le réchauffement climatique et s’attaque au sommet de la COP21, attendu en décembre à Paris.La direction de France Télévisions ne commente pas la décision. Elle a reproché à M. Verdier d’avoir mis en avant, dans la promotion de son livre, ses fonctions à France Télévisions. Et donc d’engager l’entreprise. Selon le groupe, le présentateur aurait enfreint l’un des principes de l’accord collectif qui imposerait un devoir de réserve aux journalistes dans le cadre des opérations de promotion ou les expressions à titre privé : c’est l’esprit de ce qu’a rappelé la présidente, Delphine Ernotte, le 28 octobre, face au député Les Républicains Hervé Mariton, qui l’interrogeait en commission.Au cours de la promotion médiatique du livre Climat investigation a été effectivement rappelée la fonction de « M. Météo » de M. Verdier. La lettre ouverte qu’il a adressée à François Hollande était également signée « chef du service météo de France 2 et auteur de Climat investigation ». Selon une source à France Télévisions, M. Verdier a d’abord fait l’objet d’un rappel à son devoir de réserve, sans sanction, après sa lettre ouverte au président de la République, datée du 1er octobre. Mais M. Verdier a, dans les médias mentionné son différend avec sa hiérarchie, suggérant des pressions politiques : « Le livre n’est pas apprécié par la direction de France Télévisions. L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat, et l’Etat organise la COP21. Je suis conscient que ça ne fait pas plaisir à mes patrons, qui ont des pressions », a-t-il dit sur RMC.Une campagne habileMi-octobre, M. Verdier a donc été mis à pied. Le 22 octobre, il a eu un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Force ouvrière a activement défendu M. Verdier et l’a accompagné lors de son entretien. Le syndicat se réservait le droit de contester sa sanction, devant le défenseur des droits ou aux prud’hommes « au nom de la liberté d’expression ».Les autres syndicats ont été plus prudents. La rhéthorique parfois complotiste du « M. Météo » de France 2 en gêne certains à France Télévisions. Certaines de ses affirmations sur le réchauffement climatique ont été contestées. Et son éditeur semble exploiter son différend avec France Télévisions dans sa campagne habile autour du livre.« Il y a un décalage entre le ton de la promotion et l’image de discrétion et de sérieux qu’il avait dans la rédaction », estime un journaliste de France 2. Ses collègues ont été surpris, comme à BFM-TV, où il travaillait avant son arrivée, en 2011, à France Télévisions. « C’est un vrai pro, nous avons regretté son départ, se souvient le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud. Il n’était pas militant : il avait tenu à couvrir une conférence sur le climat, ce qui témoignait d’un intérêt, mais il n’a jamais parlé de doutes sur le processus [de réchauffement climatique]. »De son côté, Ring n’en est pas à sa première polémique. L’éditeur a déjà fait parler de lui lors de la parution de livres sur des thématiques proches de l’extrême droite, comme La France Orange mécanique, de Laurent Obertone, ou Une élection ordinaire, imaginant l’accession à la présidence de la République de l’essayiste militant Eric Zemmour.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ni César ni Oscar, mais plutôt un beau bazar. Alors qu’Angoulême et Cannes sont mondialement reconnus pour leurs récompenses dans les domaines de la bande dessinée et du cinéma, le jeu vidéo, lui, court toujours après son rendez-vous français de référence. Ce n’est pourtant pas faute de tenter : rien qu’entre le lundi 26 et le vendredi 30 octobre, l’Hexagone a abrité quatre remises de prix différentes, les EIGD Awards à Montreuil, les Ping Awards à la Cité des sciences et de l’industrie, les Game Connection Development Awards ainsi que les trophées Paris Games Week au parc des Expositions de Paris.Derrière chacun de ses prix, un organisateur de type différent : syndicat représentant la filière nationale (SNJV) côté EIGD Awards ; syndicat d’éditeurs de taille mondiale présents en France (Sell) pour les trophées Paris Games Week ; organisateur d’événements professionnels internationaux (Connection Events) pour les Game Connection Development Awards ; et même agence indépendante multitâche pour les Ping Awards (l’AFJV, mini-structure qui sert notamment de portail informatif et de site de recrutement aux professionnels de France).Objectifs différentsDans le détail, les quatre prix répondent à des objectifs différents. Les Ping Awards récompensent la création franco-française, les EIGD Awards les indépendants européens, les Game Connection Awards sont un trophée professionnel et les trophées Paris Games Week, des récompenses adossées à un salon consumériste.La cérémonie de remise des prix des European Indie Game Days Awards, présidée par F. Raynal (Alone in the Dark) https://t.co/0eCwhm5lNf— Willvs (@William Audureau)require(["twitter/widgets"]);Ces différences de vues se traduisent dans le palmarès. Le jeu narratif Life is Strange, développé à Paris, a remporté le Ping d’or du meilleur jeu français ; le jeu mobile suisse Cloud Chasers l’EIGD Award du meilleur jeu indépendant européen ; le jeu britannique Lumino City le Game Connection Development Award du meilleur jeu indépendant selon la profession, et Uncharted 4 le trophée du meilleur jeu présent sur le salon grand public de la Paris Games Week. « Ces récompenses ont toutes des objectifs différents », résume Julien Villedieu, délégué général du SNJV.Avec des contraintes propres. Life is Strange, sensation française de l’année, n’était ainsi éligible ni aux EIGD ni aux GCD Awards, car il est édité par le géant japonais Square Enix, et ne rentrait pas dans la catégorie jeu indépendant. Il ne satisfaisait pas non plus aux critères d’admissibilité de la Paris Games Week, car il figurait sur le stand de l’éditeur sous forme de vidéo. « La seule condition, c’est d’être présent et jouable sur le salon », précise Emmanuel Martin, pour qui ces trophées sont aussi un moyen d’inviter les joueurs à se rendre au parc des Expositions pour essayer les jeux.« Bienvenue en Union soviétique »Vu de l’extérieur, ces récompenses évoquent parfois plus des réunions au sein de microcosme qu’une célébration nationale, d’autant que le choix des lauréats prête parfois à confusion. Jeudi soir, Fabien Delpiano, nouveau président de Capital Games et fondateur du studio Pastagames, était ainsi tout penaud en découvrant le contenu de l’enveloppe finale. Le Grand Ping 2015, saluant la personnalité de l’année, était en effet décerné à Cédric Laguarrigue, président de Focus Home Interactive, et accessoirement son éditeur sur le jeu Pix the Cat.Vendredi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur commercial et marketing de Microsoft France, mais aussi président du SELL et, à ce titre, organisateur de la Paris Games Week, s’est remis à lui-même trois trophées pour des jeux Xbox One. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », a-t-il fini par commenter avec humour au moment de brandir le troisième trophée, en réalité, décerné par un jury de journalistes spécialisés.« Je conçois qu’on puisse y voir de l’entre-soi, mais il faut voir à qui vont ces prix, tempère Julien Villedieu, délégué général du SNJV. Focus Home Interactive est un éditeur de premier plan, et son dirigeant Cédric Lagarrigue une personnalité de premier ordre de notre secteur, qui a réussi au niveau professionnel la transformation d’un petit éditeur en acteur qui concurrence les plus gros. C’est quelqu’un d’extrêmement légitime, qui a déjà été distingué par le Syntec l’an passé. Quant à Jean-Claude Ghinozzi, s’il a reçu ces trophées, c’est que les jeux proposés ont paru les meilleurs au jury. C’est ce qu’il faut regarder. » Peu de temps pour les jurys« Si on veut que ces trophées soient crédibles, on a besoin d’un jury qui travaille en profondeur », confirme Emmanuel Martin, du Sell. Celui de la Paris Games Week était présidé par Alain-Huygues Lacour, vétéran de la presse jeux vidéo. « Quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche et a imposé ses conditions », promet Emmanuel Martin.Chaque organisateur est conscient de l’importance d’arriver à des récompenses légitimes et respectées. Emmanuel Forsans, président de l’AFJV et coorganisateur des Ping Awards, ne cache pas son ambition d’en faire un jour l’équivalent des Césars du jeu vidéo, tandis qu’Emmanuel Martin, du Sell, rêve d’un parterre de jurés composé de plusieurs dizaines ou centaines de professionnels, à la manière des Oscars. Mais ces récompenses sont tenues par des contraintes de temps, et la difficulté de faire essayer une trentaine de jeux vidéo parfois longs de plusieurs heures à un jury qui n’a souvent qu’un après-midi pour se réunir. Une des raisons, sans doute, pour laquelle le jeu de rallye WRC 5 a reçu le Ping du meilleur jeu français sur console : une dizaine de minutes suffit à n’importe quel juré pour terminer plusieurs courses, là où un jeu de rôle ne « démarre » traditionnellement qu’au bout de six à dix heures de jeu.Des catégories à géométrie variableIl arrive également que le jury s’arrange avec les catégories. Par exemple, à la Paris Games Week, le prix du meilleur jeu du salon a été remis à Uncharted 4, un jeu d’action-aventure, alors que le prix du meilleur jeu d’action-aventure a été octroyé à The Rise of Tomb Raider. « Cela a permis d’équilibrer un peu les choses entre ces deux jeux qu’on avait du mal à départager », décrypte Alain-Huygues Lacour.Plus étonnant, deux casques de réalité virtuelle ont été primés dans deux catégories différentes, le HTC Vive côté accessoire et le PlayStation VR côté innovation technologique. « Deux démarches différentes », assure Emmanuel Martin. Aux Ping Awards, c’est un prix spécial spécialement créé pour l’occasion qui a récompensé A Blind Legend, jeu vidéo-audio à l’écran noir et accessible aux non-voyants. Il a été présenté dans un malaise ambiant comme « le prix du politiquement correct » par les deux coprésidents, les animateurs de radio Manu Levy et Florian Gazan.Lire aussi :« A Blind Legend », le jeu d’aventure sonore à tester les yeux fermésHeureusement, à la marge, ces récompenses mettent aussi en avant des jeux prometteurs en manque de visibilité. A l’image de Shiness, un jeu de rôle à la japonaise dans un univers à la Naruto, mené depuis cinq ans par de jeunes et ambitieux Lillois (trophée du meilleur jeu manga à la Paris Games Week). Ou de Zodiac : Orcanon Odyssey, création franco-écossaise en partenariat avec des anciens de Final Fantasy (Ping du meilleur jeu mobile et tablette). « On essaie de faire de la place à tout le monde, et que le meilleur gagne », se félicite Emmanuel Martin.« On essaie de créer des passerelles »Il reste qu’avec quatre cérémonies différentes et plus de soixante prix contradictoires remis dans la même semaine, personne n’est dupe du message brouillé qu’envoient toutes ces récompenses. « Elles ont toutes des objectifs différents, mais c’est vrai que l’on peut regretter qu’il y ait autant d’initiatives, concède Julien Villedieu. On ne va pas se satisfaire d’avoir quatre ou cinq cérémonies, c’est regrettable. » « On est la risée de l’Europe », grince un professionnel en privé.Certains rapprochements existent déjà, grâce notamment à des associations impliquées dans plusieurs événements, comme Capital Games. Ce groupement francilien est à la fois l’organisateur du stand made in France à la Paris Games Week et l’un des principaux partenaires des Ping Awards. Ce qui a permis d’arriver à un intitulé à rallonge, celui du « prix du meilleur jeu exposé sur le stand made in France », remporté par Blood Bowl Kerrunch.Le plus difficile reste toutefois de concilier l’approche cocardière des Ping Awards et l’approche consumériste de la Paris Games Week. Un faux problème, estime Julien Villedieu. « Nos entreprises font 50 % de leur chiffre d’affaires à l’international, donc ce qu’elles attendent, ce n’est pas une reconnaissance juste locale. Si, un jour, il y a une volonté de faire quelque chose d’unifié, il faudra que le jeu vidéo français soit récompensé au sein du jeu vidéo international. » Mais le premier Ping du jeu international, prévu cette année, n’a pas été décerné faute de candidats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau La recherche d’un partenaire capable de racheter Ubisoft « n’est qu’une de nos options » pour échapper à une prise de contrôle de Vivendi, a expliqué Yves Guillemot, son président, lors d’une conférence téléphonique en marge de la présentation de ses résultats financiers semestriels. Elle reste toutefois la priorité actuelle du groupe.« Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagne et que cela soit positif pour les actionnaires », a détaillé Yves Guillemot lors d’une conférence téléphonique. Si Ubisoft a souligné dans un communiqué ses accords passés avec de « puissants partenaires internationaux » comme Columbia, Fox New Regency, Nickelodeon et Warner, le président de la plus grosse entreprise française de jeu vidéo n’a pas précisé vers quel chevalier blanc Ubisoft cherchait à se tourner pour empêcher une prise de contrôle par Vivendi.Plus aucun contact avec Vincent BolloréFace à ses actionnaires, Yves Guillemot est resté fidèle à la ligne de défense de son groupe : Ubisoft détient un savoir-faire et une connaissance du métier qui sont étrangers à Vivendi, et un rachat mettrait son modèle créatif en danger. Le président de l’entreprise a notamment relevé les quatre fondamentaux de sa stratégie : le développement de jeux en ligne avec une forte composante multijoueur, des jeux en mode ouvert, une capacité à créer de nouvelles licences de A à Z et un élargissement au-delà du jeu vidéo, notamment dans le cinéma. « Nous commençons tout juste à toucher les dividendes de cette stratégie », a assuré Yves Guillemot, qui a une nouvelle fois rappelé sa volonté d’indépendance.« Nous pensons que les synergies sont difficiles à voir surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd’hui, et dans le passé Vivendi ne voyait pas de synergie avec Activision Blizzard [dont le groupe a revendu l’essentiel de ses parts en 2013], nous ne voyons donc pas pourquoi ils en verraient aujourd’hui. »M. Guillemot a par ailleurs confié n’avoir eu aucun contact avec Vincent Bolloré depuis l’appel téléphonique de ce dernier le jour de l’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft – le géant des loisirs a depuis porté sa participation à 10,6 % d’Ubisoft, et reconfirmé sa volonté de rester indépendant. Ubisoft a par ailleurs annoncé mardi 2 novembre avoir signé un contrat avec l’agence de communication Mindshare, alors que la société était liée jusqu’à présent à Havas, qui appartient au groupe Vivendi.Trois jeux à gros budget dans les quatre moisPour son premier rapport financier depuis l’entrée non sollicitée de Vivendi dans son capital, Ubisoft a annoncé un chiffre d’affaires semestriel de 207,3 millions d’euros, en recul de 57 % par rapport à 2014, et 65,7 millions d’euros de pertes nettes (contre un bénéfice de 17,5 millions d’euros l’an passé). Un résultat prévisible : l’éditeur n’a lancé aucun jeu majeur au printemps de cette année, au contraire de Watch Dogs, sa nouvelle licence phare, en 2014.Principale sortie de l’éditeur pour ce Noël, le jeu Assassin’s Creed Syndicate a connu un lancement compliqué, avec des critiques partagées et des résultats commerciaux très en deçà des précédents opus (66 000 exemplaires en France en première semaine, contre 167 000 pour Unity). Mais la seconde semaine a renversé la tendance, assure l’éditeur. « Les notes que nous avons eues sur ce jeu ont été très élevées, notamment les plus gros sites spécialisés, et le bouche-à-oreille est actuellement favorable au jeu », a soutenu Yves Guillemot.Ubisoft publiera par ailleurs le jeu d’action Rainbow Six Siege le 1er décembre, ainsi que The Division et Far Cry Primal au premier trimestre 2016, qu’Ubisoft veut croire « historique ». Il est en effet rare de lancer deux jeux à gros budget en début d’année.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre L’heure de vérité approche pour Molotov.tv, ce service prochainement lancé qui promet de réinventer la distribution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’identité et les intentions de ses fondateurs, dont Jean-David Blanc, créateur d’AlloCiné, et Pierre Lescure, ancien président de Canal+, suscitent la curiosité, mais les détails du service restaient un mystère. Un mystère en voie de se dissiper, puisque l’interface de Molotov.tv a été présentée aux membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mercredi 4 novembre, et que Le Monde a pu parallèlement l’explorer.Lire aussi :La télévision est morte, vive la télévision !La conviction de l’équipe de Molotov.tv est que le problème qu’affronte la télévision, notamment vis-à-vis des plus jeunes, est d’abord ergonomique. Selon elle, les contenus de l’industrie télévisée restent riches et attractifs mais les nouveaux modes de circulation dans ces contenus auraient ringardisé l’usage se limitant à aller d’une chaîne à l’autre grâce à une télécommande. C’est pourquoi Molotov se définit au croisement de « la télévision d’hier et du monde d’aujourd’hui », selon M. Blanc.On peut bien sûr y choisir une chaîne et accéder au direct. Mais aussi reprendre au début un programme qui a déjà commencé. Ou explorer la liste des diffusions passées, et visionner un contenu de son choix – comme sur une plate-forme de rattrapage. Ou encore voir la liste des programmes à venir et sélectionner ceux qui nous intéressent. Le système les « enregistrera » et ils rejoindront un panier de programmes sélectionnés, visionnables à tout moment depuis n’importe quel appareil (téléphone, tablette, PC ou télévision connectée).L’utilisateur peut rechercher ce qui l’intéresse, parmi tous les programmes de télévision, à l’aide d’un moteur de recherche, et par catégories (films, séries, documentaires, enfants…).Plate-forme socialeL’usage se veut en effet nomade : un compte Molotov est par nature multisupports et on peut passer de l’un à l’autre en reprenant le visionnage d’un contenu à l’endroit précis où il a été interrompu. Le système peut également alerter l’utilisateur par e-mail en cas de prochain passage à la télévision d’une personnalité ou d’une entité qu’il a déclaré suivre.Molotov est aussi une plate-forme sociale : en visionnant un programme live, on voit défiler les tweets qui lui sont associés. L’utilisateur peut voir ce que ses amis regardent ou ont regardé, et visionner les séquences télé qui « buzzent » sur les réseaux sociaux. Et témoigner de ce qu’il regarde. Enfin, un outil permet de sélectionner une séquence pour la partager sur les réseaux sociaux.Avant son lancement prévu en décembre, l’équipe de Molotov.tv continue d’élargir son nombre de chaînes partenaires (déjà plus de 80). L’Equipe 21 vient de rejoindre la plate-forme. Avec Canal+, à ce jour le grand absent de l’offre, les discussions ne sont pas arrêtées. Misant sur un modèle freemium, avec une couche payante, les fondateurs doivent encore choisir les services qui ne seront pas gratuits et fixer les prix. Et réfléchissent à des formats publicitaires plus « comestibles » que les spots diffusés à l’ouverture des programmes.Lire aussi :L’énigmatique Molotov.tv séduit 80 chaînesAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h36 Le président et directeur de la publication du New York Times, Arthur Ochs Sulzberger Jr, 64 ans, a ouvert officiellement lundi 2 novembre le processus qui doit mener à la désignation de son successeur, choisi au sein de sa famille. Un directeur adjoint de la publication doit être nommé dans les deux ans, qui sera appelé à le remplacer. Le processus de succession est « formel » et « implique le conseil d’administration, les cadres dirigeants et les représentants de la famille », a rappelé M. Sulzberger aux employés lors d’une réunion annuelle.Arthur Ochs Sulzberger Jr, qui dirige le principal quotidien d’Amérique depuis vingt-cinq ans, est le cinquième membre de la famille à assumer cette charge. Il est l’arrière-petit-fils d’Adolph Ochs, qui a racheté le New York Times en août 1896 et en a gardé la tête jusqu’à sa mort, en 1935. Le fondateur avait été remplacé par Arthur Sulzberger, son gendre.La famille ne détient aujourd’hui qu’une participation minoritaire au capital du groupe mais possède l’essentiel des actions de type B, ce qui lui permet de désigner 9 des 14 membres du conseil d’administration.Selon une enquête du New York Magazine, publiée en août, trois descendants d’Adolph Ochs pourraient succéder à l’actuel patron du New York Times : Arthur Sulzberger (fils du directeur de la publication), David Sulzberger Perpich, cousin du premier, et Samuel Dolnick, cousin au deuxième degré des deux premiers. Tous trois sont trentenaires et occupent déjà des postes au sein du quotidien. Alexandre Piquard Le torchon brûlait depuis plusieurs semaines. Philippe Verdier, le « M. Météo » de France 2, a annoncé lui-même son licenciement dans une vidéo mise en ligne samedi 31 octobre. Un clip scénarisé autour de l’ouverture de sa lettre de licenciement réalisé par Ring, l’éditeur du livre de M. Verdier. L’ouvrage conteste le consensus des scientifiques sur le réchauffement climatique et s’attaque au sommet de la COP21, attendu en décembre à Paris.La direction de France Télévisions ne commente pas la décision. Elle a reproché à M. Verdier d’avoir mis en avant, dans la promotion de son livre, ses fonctions à France Télévisions. Et donc d’engager l’entreprise. Selon le groupe, le présentateur aurait enfreint l’un des principes de l’accord collectif qui imposerait un devoir de réserve aux journalistes dans le cadre des opérations de promotion ou les expressions à titre privé : c’est l’esprit de ce qu’a rappelé la présidente, Delphine Ernotte, le 28 octobre, face au député Les Républicains Hervé Mariton, qui l’interrogeait en commission.Au cours de la promotion médiatique du livre Climat investigation a été effectivement rappelée la fonction de « M. Météo » de M. Verdier. La lettre ouverte qu’il a adressée à François Hollande était également signée « chef du service météo de France 2 et auteur de Climat investigation ». Selon une source à France Télévisions, M. Verdier a d’abord fait l’objet d’un rappel à son devoir de réserve, sans sanction, après sa lettre ouverte au président de la République, datée du 1er octobre. Mais M. Verdier a, dans les médias mentionné son différend avec sa hiérarchie, suggérant des pressions politiques : « Le livre n’est pas apprécié par la direction de France Télévisions. L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat, et l’Etat organise la COP21. Je suis conscient que ça ne fait pas plaisir à mes patrons, qui ont des pressions », a-t-il dit sur RMC.Une campagne habileMi-octobre, M. Verdier a donc été mis à pied. Le 22 octobre, il a eu un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Force ouvrière a activement défendu M. Verdier et l’a accompagné lors de son entretien. Le syndicat se réservait le droit de contester sa sanction, devant le défenseur des droits ou aux prud’hommes « au nom de la liberté d’expression ».Les autres syndicats ont été plus prudents. La rhéthorique parfois complotiste du « M. Météo » de France 2 en gêne certains à France Télévisions. Certaines de ses affirmations sur le réchauffement climatique ont été contestées. Et son éditeur semble exploiter son différend avec France Télévisions dans sa campagne habile autour du livre.« Il y a un décalage entre le ton de la promotion et l’image de discrétion et de sérieux qu’il avait dans la rédaction », estime un journaliste de France 2. Ses collègues ont été surpris, comme à BFM-TV, où il travaillait avant son arrivée, en 2011, à France Télévisions. « C’est un vrai pro, nous avons regretté son départ, se souvient le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud. Il n’était pas militant : il avait tenu à couvrir une conférence sur le climat, ce qui témoignait d’un intérêt, mais il n’a jamais parlé de doutes sur le processus [de réchauffement climatique]. »De son côté, Ring n’en est pas à sa première polémique. L’éditeur a déjà fait parler de lui lors de la parution de livres sur des thématiques proches de l’extrême droite, comme La France Orange mécanique, de Laurent Obertone, ou Une élection ordinaire, imaginant l’accession à la présidence de la République de l’essayiste militant Eric Zemmour.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ni César ni Oscar, mais plutôt un beau bazar. Alors qu’Angoulême et Cannes sont mondialement reconnus pour leurs récompenses dans les domaines de la bande dessinée et du cinéma, le jeu vidéo, lui, court toujours après son rendez-vous français de référence. Ce n’est pourtant pas faute de tenter : rien qu’entre le lundi 26 et le vendredi 30 octobre, l’Hexagone a abrité quatre remises de prix différentes, les EIGD Awards à Montreuil, les Ping Awards à la Cité des sciences et de l’industrie, les Game Connection Development Awards ainsi que les trophées Paris Games Week au parc des Expositions de Paris.Derrière chacun de ses prix, un organisateur de type différent : syndicat représentant la filière nationale (SNJV) côté EIGD Awards ; syndicat d’éditeurs de taille mondiale présents en France (Sell) pour les trophées Paris Games Week ; organisateur d’événements professionnels internationaux (Connection Events) pour les Game Connection Development Awards ; et même agence indépendante multitâche pour les Ping Awards (l’AFJV, mini-structure qui sert notamment de portail informatif et de site de recrutement aux professionnels de France).Objectifs différentsDans le détail, les quatre prix répondent à des objectifs différents. Les Ping Awards récompensent la création franco-française, les EIGD Awards les indépendants européens, les Game Connection Awards sont un trophée professionnel et les trophées Paris Games Week, des récompenses adossées à un salon consumériste.La cérémonie de remise des prix des European Indie Game Days Awards, présidée par F. Raynal (Alone in the Dark) https://t.co/0eCwhm5lNf— Willvs (@William Audureau)require(["twitter/widgets"]);Ces différences de vues se traduisent dans le palmarès. Le jeu narratif Life is Strange, développé à Paris, a remporté le Ping d’or du meilleur jeu français ; le jeu mobile suisse Cloud Chasers l’EIGD Award du meilleur jeu indépendant européen ; le jeu britannique Lumino City le Game Connection Development Award du meilleur jeu indépendant selon la profession, et Uncharted 4 le trophée du meilleur jeu présent sur le salon grand public de la Paris Games Week. « Ces récompenses ont toutes des objectifs différents », résume Julien Villedieu, délégué général du SNJV.Avec des contraintes propres. Life is Strange, sensation française de l’année, n’était ainsi éligible ni aux EIGD ni aux GCD Awards, car il est édité par le géant japonais Square Enix, et ne rentrait pas dans la catégorie jeu indépendant. Il ne satisfaisait pas non plus aux critères d’admissibilité de la Paris Games Week, car il figurait sur le stand de l’éditeur sous forme de vidéo. « La seule condition, c’est d’être présent et jouable sur le salon », précise Emmanuel Martin, pour qui ces trophées sont aussi un moyen d’inviter les joueurs à se rendre au parc des Expositions pour essayer les jeux.« Bienvenue en Union soviétique »Vu de l’extérieur, ces récompenses évoquent parfois plus des réunions au sein de microcosme qu’une célébration nationale, d’autant que le choix des lauréats prête parfois à confusion. Jeudi soir, Fabien Delpiano, nouveau président de Capital Games et fondateur du studio Pastagames, était ainsi tout penaud en découvrant le contenu de l’enveloppe finale. Le Grand Ping 2015, saluant la personnalité de l’année, était en effet décerné à Cédric Laguarrigue, président de Focus Home Interactive, et accessoirement son éditeur sur le jeu Pix the Cat.Vendredi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur commercial et marketing de Microsoft France, mais aussi président du SELL et, à ce titre, organisateur de la Paris Games Week, s’est remis à lui-même trois trophées pour des jeux Xbox One. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », a-t-il fini par commenter avec humour au moment de brandir le troisième trophée, en réalité, décerné par un jury de journalistes spécialisés.« Je conçois qu’on puisse y voir de l’entre-soi, mais il faut voir à qui vont ces prix, tempère Julien Villedieu, délégué général du SNJV. Focus Home Interactive est un éditeur de premier plan, et son dirigeant Cédric Lagarrigue une personnalité de premier ordre de notre secteur, qui a réussi au niveau professionnel la transformation d’un petit éditeur en acteur qui concurrence les plus gros. C’est quelqu’un d’extrêmement légitime, qui a déjà été distingué par le Syntec l’an passé. Quant à Jean-Claude Ghinozzi, s’il a reçu ces trophées, c’est que les jeux proposés ont paru les meilleurs au jury. C’est ce qu’il faut regarder. » Peu de temps pour les jurys« Si on veut que ces trophées soient crédibles, on a besoin d’un jury qui travaille en profondeur », confirme Emmanuel Martin, du Sell. Celui de la Paris Games Week était présidé par Alain-Huygues Lacour, vétéran de la presse jeux vidéo. « Quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche et a imposé ses conditions », promet Emmanuel Martin.Chaque organisateur est conscient de l’importance d’arriver à des récompenses légitimes et respectées. Emmanuel Forsans, président de l’AFJV et coorganisateur des Ping Awards, ne cache pas son ambition d’en faire un jour l’équivalent des Césars du jeu vidéo, tandis qu’Emmanuel Martin, du Sell, rêve d’un parterre de jurés composé de plusieurs dizaines ou centaines de professionnels, à la manière des Oscars. Mais ces récompenses sont tenues par des contraintes de temps, et la difficulté de faire essayer une trentaine de jeux vidéo parfois longs de plusieurs heures à un jury qui n’a souvent qu’un après-midi pour se réunir. Une des raisons, sans doute, pour laquelle le jeu de rallye WRC 5 a reçu le Ping du meilleur jeu français sur console : une dizaine de minutes suffit à n’importe quel juré pour terminer plusieurs courses, là où un jeu de rôle ne « démarre » traditionnellement qu’au bout de six à dix heures de jeu.Des catégories à géométrie variableIl arrive également que le jury s’arrange avec les catégories. Par exemple, à la Paris Games Week, le prix du meilleur jeu du salon a été remis à Uncharted 4, un jeu d’action-aventure, alors que le prix du meilleur jeu d’action-aventure a été octroyé à The Rise of Tomb Raider. « Cela a permis d’équilibrer un peu les choses entre ces deux jeux qu’on avait du mal à départager », décrypte Alain-Huygues Lacour.Plus étonnant, deux casques de réalité virtuelle ont été primés dans deux catégories différentes, le HTC Vive côté accessoire et le PlayStation VR côté innovation technologique. « Deux démarches différentes », assure Emmanuel Martin. Aux Ping Awards, c’est un prix spécial spécialement créé pour l’occasion qui a récompensé A Blind Legend, jeu vidéo-audio à l’écran noir et accessible aux non-voyants. Il a été présenté dans un malaise ambiant comme « le prix du politiquement correct » par les deux coprésidents, les animateurs de radio Manu Levy et Florian Gazan.Lire aussi :« A Blind Legend », le jeu d’aventure sonore à tester les yeux fermésHeureusement, à la marge, ces récompenses mettent aussi en avant des jeux prometteurs en manque de visibilité. A l’image de Shiness, un jeu de rôle à la japonaise dans un univers à la Naruto, mené depuis cinq ans par de jeunes et ambitieux Lillois (trophée du meilleur jeu manga à la Paris Games Week). Ou de Zodiac : Orcanon Odyssey, création franco-écossaise en partenariat avec des anciens de Final Fantasy (Ping du meilleur jeu mobile et tablette). « On essaie de faire de la place à tout le monde, et que le meilleur gagne », se félicite Emmanuel Martin.« On essaie de créer des passerelles »Il reste qu’avec quatre cérémonies différentes et plus de soixante prix contradictoires remis dans la même semaine, personne n’est dupe du message brouillé qu’envoient toutes ces récompenses. « Elles ont toutes des objectifs différents, mais c’est vrai que l’on peut regretter qu’il y ait autant d’initiatives, concède Julien Villedieu. On ne va pas se satisfaire d’avoir quatre ou cinq cérémonies, c’est regrettable. » « On est la risée de l’Europe », grince un professionnel en privé.Certains rapprochements existent déjà, grâce notamment à des associations impliquées dans plusieurs événements, comme Capital Games. Ce groupement francilien est à la fois l’organisateur du stand made in France à la Paris Games Week et l’un des principaux partenaires des Ping Awards. Ce qui a permis d’arriver à un intitulé à rallonge, celui du « prix du meilleur jeu exposé sur le stand made in France », remporté par Blood Bowl Kerrunch.Le plus difficile reste toutefois de concilier l’approche cocardière des Ping Awards et l’approche consumériste de la Paris Games Week. Un faux problème, estime Julien Villedieu. « Nos entreprises font 50 % de leur chiffre d’affaires à l’international, donc ce qu’elles attendent, ce n’est pas une reconnaissance juste locale. Si, un jour, il y a une volonté de faire quelque chose d’unifié, il faudra que le jeu vidéo français soit récompensé au sein du jeu vidéo international. » Mais le premier Ping du jeu international, prévu cette année, n’a pas été décerné faute de candidats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 08h29 • Mis à jour le29.10.2015 à 19h57 | Alexandre Piquard Un nouveau patron et, déjà, une nouvelle stratégie ? Les choses ne sont pas si tranchées : l’arrivée prévue de Gilles Pélisson comme futur patron de TF1, confirmée mercredi 28 octobre, se fait main dans la main avec le PDG sortant, Nonce Paolini, et l’actionnaire Martin Bouygues. Mais l’annonce, dès le lendemain, jeudi, de l’entrée en négociations exclusives avec Newen, un des plus gros producteurs français, est une surprise. Elle tranche avec la période plus prudente et gestionnaire des dernières années.« TF1 pourrait prendre une participation majoritaire dans Newen », affirme le communiqué du groupe publié jeudi matin. Le but : « Nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels. » Newen est présent dans tous les genres, à travers ses quatre filiales, Telfrance, Capa, Be Aware et 17 Juin Media. Il produit les fictions Plus belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Versailles ou les émissions « Les Maternelles », « Le Magazine de la santé » ou « Faites entrer l’accusé ». Troisième producteur français derrière Banijay et Lagardère Entertainment, le groupe constitué par Fabrice Larue cherchait à grandir pour peser davantage en Europe, où une concentration est en cours.Si une telle prise de contrôle se concrétise, TF1, le premier groupe privé de télévision gratuite en France avec les chaînes TF1, TMC, NT1 et HD1, deviendrait l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+. Newen est présenté par son PDG, Fabrice Larue, comme « le troisième producteur français de programmes de flux » et cherche à s’internationaliser.Lire aussi :Le groupe de production Newen veut grossir et s’internationaliserEn quête de nouvelles recettesPour TF1, acquérir Newen est une réponse à l’un des deux axes stratégiques affichés pour l’avenir du groupe, confronté aux limites du modèle de la télévision gratuite financée par la publicité. Il s’agit de l’investissement dans la production, pour « remonter dans la chaîne de valeur ». TF1 a en tête le modèle de la chaîne britannique ITV, qui a racheté des sociétés comme Talpa. Le Vivendi de Vincent Bolloré a, lui, pris 30 % du poids lourd Zodiak-Banijay.L’idée est de générer de nouvelles recettes en revendant les droits de ces contenus. Une volonté commune à toutes les chaînes, qui négocient en ce moment avec les pouvoirs publics et les producteurs. TF1 cherche là des revenus « contracycliques ».L’accord TF1-Newen est un « beau projet », selon la ministre de la culture, Fleur Pellerin, interrogée par Le Monde. Il s’inscrit dans sa volonté de faire « émerger des champions français » de l’audiovisuel, même si Mme Pellerin sera attentive à « l’indépendance éditoriale » de Newen.France Télévisions, en revanche, a dénoncé dans un communiqué ce « projet de prise de contrôle » et conteste que les « investissements de France Télévisions, principalement financés par la contribution des citoyens par la redevance, puissent aujourd’hui faire l’objet d’une telle tractation ». Le groupe public a ainsi annoncé la suspension des « développements et des projets » avec Newen.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 17h49 • Mis à jour le28.10.2015 à 18h20 Le successeur de Nonce Paolini à la tête du groupe audiovisuel français, Gilles Pélisson, choisi mercredi 28 octobre par le conseil d’administration de Bouygues, arrive dans un contexte difficile, marqué par le déclin des audiences et des bénéfices.Lire aussi :Gilles Pélisson succédera à Nonce Paolini à la tête de TF1 21,4 %C’est la part d’audience de TF1 en septembre, pour 14,4 % pour France 2 et 10,1 % pour M6. En août, l’audience était tombée à 20,1 %, un niveau historiquement bas pour la chaîne qui connaît un déclin quasi continu depuis des années. TF1 enregistrait 44,8 % d’audience en 1988, 35,3 % en 1998, et 27,2 % en 2008. Depuis dix ans, les parts de la chaîne sont aussi grignotées par celles de la TNT.Face à cette érosion, TF1 rappelle qu’elle déploie une stratégie pour l’ensemble de son groupe qui vise à faire progresser l’audience de ses chaînes secondaires (HD1, NT1 et TMC). Elle insiste sur l’audience agrégée de ses quatre chaînes (27,4 % de part en moyenne en 2015, selon des chiffres de fin août), voire sur son audience numérique, où sa plate-forme MyTF1 progresse, avec environ 15 millions de vidéos vues par mois. Lire aussi (édition abonnés) :TF1 tente de contrer l’érosion de son audience413 millions d’eurosC’est le montant du résultat net part du groupe pour 2014. Il était en forte hausse par rapport à 2013 (137 millions d’euros). Mais ce résultat est en trompe-l’œil car il intègre la plus-value liée à la cession du contrôle d’Eurosport à Discovery Communications, en mai 2014, pour 299,5 millions d’euros.En réalité, la baisse des bénéfices est continue : 250,3 millions d’euros en 2000, 228 millions d’euros en 2007 et, donc, 137 millions d’euros en 2013. Du coup, l’actionnaire principal de la chaîne, le groupe de BTP Bouygues – qui détient 43,5 % des parts de l’entreprise –, a exigé, en 2008, un plan d’économies. Nonce Paolini a joué le tueur de coût, imposant un régime minceur inédit qui s’élève aujourd’hui à quelque 24 millions d’euros. Son successeur s’inscrira dans la continuité de cette stratégie.Lire aussi :TF1, toujours seule en tête 700 millions d’eurosC’est le trésor de guerre, considérable, de TF1. La chaîne a vu sa trésorerie augmenter de 491 millions d’euros grâce à la vente de ses 49 % restants dans la chaîne sportive Eurosport à l’américain Discovery, en juillet. Fin 2014, les réserves du groupe audiovisuel s’élevaient déjà à 497 millions d’euros. Après versement des dividendes, la trésorerie devrait se situer à 700 millions d’euros. De quoi relativiser les pertes occasionnées par le quotidien gratuit Metro, qui a cessé en juillet de faire paraître son édition papier, ou de la chaîne d’info en continu LCI.Avec l’arrivée de M. Pélisson, les annonceurs attendent que TF1, assez prudent jusqu’ici, s’engage sur des investissements. Le groupe pourrait choisir de faire des acquisitions dans le numérique ou dans la production de contenus.Lire aussi :TF1 gonfle sa trésorerie en se désengageant totalement d’Eurosport 8,5 millions d’eurosC’est la perte enregistrée par LCI en 2014. L’avenir de la chaîne d’information est suspendu à une décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur son passage en gratuit, qui doit intervenir d’ici à la fin de l’année. Sa précédente demande avait été rejetée par le CSA, mais le Conseil d’Etat a annulé cette décision, pour des raisons de procédure.TF1 considère que LCI n’a pas d’avenir sur la TNT payante, dont l’usage est en déclin (200 000 abonnés environ). Si le CSA ne lui accorde pas le passage en gratuit, TF1 a affirmé envisager l’arrêt de l’exploitation de sa chaîne après le 31 décembre.Lire aussi (édition abonnés) :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFM Sarah Belouezzane et Alexandre Piquard Le conseil d’administration du groupe Bouygues, qui s’est tenu mercredi 28 octobre, a choisi Gilles Pélisson pour succéder à Nonce Paolini au poste de président-directeur général de TF1. M. Pélisson prendra ses fonctions le 17 février 2016.« Jusqu’à cette date Gilles Pélisson se préparera à l’exercice de ses fonctions avec le concours de Nonce Paolini », précise le communiqué.« Le choix a été fait conjointement par Martin Bouygues et Nonce Paolini, qui a participé à la désignation de son successeur », explique une source proche du dossier. L’actionnaire et le dirigeant ont chacun fait une première liste de noms avant de trancher.« Il y avait deux choix stratégiques : soit prendre un homme de médias, télévision ou radio, plutôt extérieur, soit prendre quelqu’un qui connaît le groupe. C’est le critère Bouygues qui l’a emporté », résume cette source. Ancien patron du groupe hôtelier Accor, M. Pélisson, 58 ans, est un fin connaisseur de la maison Bouygues et de TF1, dont il est administrateur depuis 2009.Lire aussi :TF1 en négociations pour le rachat de la société qui produit « Plus belle la vie »« Président qui préside »Parmi les autres candidats figurait par exemple Olivier Roussat, patron de Bouygues Telecom, jugé prometteur mais plus jeune (51 ans).« Martin Bouygues a choisi quelqu’un avec qui il a déjà travaillé et qu’il connaît bien. Ayant de moins en moins de choses à faire au sein de son groupe, il souhaite garder la main sur TF1, ce que le choix de Pélisson, à ce poste, vu son caractère, devrait lui permettre », glisse un bon connaisseur dans les milieux d’affaires parisiens.M. Pélisson est en l’occurrence appelé à être un « président qui préside », c’est-à-dire qui représente l’entreprise et gère les relations avec les pouvoirs publics. Les orientations éditoriales ne devraient pas, par conséquent, être au centre de ses préoccupations.« C’est davantage un choix de continuité que de rupture », estime Philippe Bailly, de NPA Conseil. De fait, la maison ne devrait pas connaître de grand bouleversement. M. Paolini, qui a appuyé la candidature de M. Pélisson, devrait rester conseiller du groupe Bouygues, dans des fonctions qui restent à définir.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresUn « rêve » de longue dateCette évolution est rendue possible par la proximité des deux hommes : MM. Pélisson et Paolini se connaissent bien, ayant travaillé ensemble chez Bouygues Telecom au début des années 2000, le premier à la direction générale et le second à la direction des ressources humaines. Ils se côtoient de nouveau depuis 2009 au sein du conseil d’administration de TF1.Pour M. Pélisson, prendre la tête de TF1 était un « rêve » de longue date, précise une source proche du dossier. « Il se prépare depuis longtemps », ajoute-t-elle. Son nom avait circulé à la fin du mandat de Patrick Le Lay, auquel avait succédé M. Paolini, en 2008.Clash avec Accor en 2010C’est pourtant chez Accor que le futur dirigeant de TF1 a fait ses premières armes. Diplômé de l’Essec et titulaire d’un MBA obtenu à Harvard, M. Pélisson a commencé sa carrière dans le groupe hôtelier, cofondé par son oncle Gérard. Après plusieurs postes dans le groupe, il est devenu, en 1993, coprésident de la filiale Novotel. L’homme connaît également le secteur du divertissement : il avait rejoint Euro Disney en 1995, et en était devenu le président-directeur général en 1997.Les télécommunications sont aussi un domaine qu’il maîtrise. Après un passage chez Noos et Suez Connect, M. Pélisson avait rejoint Bouygues Telecom, en 2001, avant d’en devenir le directeur général, puis le président-directeur général en 2004.A la fin de 2005, il était revenu à ses premières amours chez Accor. Cette fois en tant que PDG du groupe, en remplacement de Jean-Marc Espalioux. Après qu’il a notamment mené la scission du groupe, Accor se séparera de lui en 2010. Il n’a pas depuis retrouvé de fonctions opérationnelles de direction, et plutôt siégé dans divers conseils d’administration (Bic, NH Hotels ou encore Accenture, depuis 2012). Dont celui de TF1.Homme de réseaux« Il est avenant et sympathique, mais il n’a pas laissé une trace indélébile lors de ses passages chez Accor ou Bouygues Telecom par exemple, relativise un dirigeant d’entreprise. Il n’a pas su faire ce qu’il fallait chez le premier et n’a rien eu de bouleversant à gérer chez le second : ni le lancement de l’opérateur, ni la concurrence féroce de Free. » Un de ses proches note qu’il a chez Bouygues Télécom développé l’i-mode, un portail de contenus.Chez Accor, M. Pélisson n’a pas que des partisans. Un détracteur qualifie son passage chez l’hôtelier de « catastrophique ». Gardant le souvenir d’une personnalité chaleureuse de prime abord, mais « difficile » au quotidien.Gilles Pélisson a une grande expérience de l’international et a toujours veillé à la qualité des relations sociales, décrit de son côté la biographie publiée par TF1 mercredi. Le futur président-directeur général serait, selon certains observateurs, la personne idéale pour gérer les questions réglementaires, par exemple le passage de LCI en gratuit, sur lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit se prononcer pour la deuxième fois dans les mois à venir. M. Pélisson est bien introduit au sein des réseaux parisiens, habitué du club d’influence Le Siècle et fin connaisseur des milieux d’affaires.Il dispose maintenant de quatre mois de « tuilage » jusqu’à sa prise de fonctions pour élaborer son plan stratégique pour TF1.Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médiasAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.10.2015 à 17h39 • Mis à jour le27.10.2015 à 20h12 | Alexandre Piquard La polémique autour du « M. Météo » de France 2 n’est pas finie : Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, a été convoqué par la direction à un entretien en vue d’une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, a-t-on appris mardi 27 octobre. L’entrevue a eu lieu le 22 octobre en présence d’un représentant de la direction des ressources humaines du siège de France Télévisions, ainsi que d’un représentant de Force ouvrière (FO), selon ce syndicat.Contrairement aux autres syndicats de l’entreprise d’audiovisuel public, FO soutient ouvertement M. Verdier. « Il n’a fait qu’user de sa liberté d’expression », affirme Eric Vial, élu du syndicat. Joint par Le Monde, M. Verdier ne veut plus s’exprimer.La direction ne commente pas, car il s’agit d’un différend en cours avec un salarié. Mais elle a invoqué plusieurs fois le « principe déontologique » selon lequel les salariés ne devraient pas s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise.« Pas de délit d’opinion », selon la directionM. Verdier a fait dans les médias une promotion active de son ouvrage, Climat investigation (éd. Ring), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique. Dans une lettre ouverte à François Hollande, à l’approche du sommet sur le climat COP21, il a estimé que le président de la République ne pouvait cautionner « les scientifiques ultrapolitisés du GIEC, les lobbys d’entreprises, les ONG environnementales, ni les chefs religieux autoproclamés nouveaux apôtres du climat ».En congé pour le lancement de son livre, paru le 1er octobre, Philippe Verdier, qui présente la météo et a le titre de chef de service, a été mis à pied par la direction de France Télévisions à la mi-octobre.Lire aussi :France 2 met à pied son « M. Météo », Philippe Verdier« Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, estime qu’il n’y a pas de délit d’opinion. Pour elle, la faute de Philippe Verdier est liée à l’exécution de son contrat de travail, car il a mis en avant sa fonction et son employeur France Télévisions dans le cadre de la communication autour de son livre », explique Serge Cimino, élu du Syndicat national des journalistes (SNJ), un autre syndicat de France Télévisions. Ce dernier résume un échange vif qui a eu lieu sur le cas de M. Verdier entre Eric Vial, de FO, et Mme Ernotte, en comité de groupe, le 19 octobre.Prudence des autres syndicatsLe SNJ est prudent et dit s’être jusqu’ici surtout assuré que le salarié mis à pied soit bien reçu en entretien. Il dit attendre que la direction prononce la sanction, dans un délai d’un mois, avec un avis motivé.En interne, on sent une réserve de certains salariés, par rapport aux accents complotistes du discours du « M. Météo » de France 2, qui en a surpris certains car il ne s’était pas exprimé en interne contre le consensus sur le réchauffement, avant son livre. De plus, certaines de ses affirmations sont contestées.Lire aussi :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2Le soutien du journaliste de France 3 lié à l’affaire du « mur des cons » FO a davantage le souhait de politiser l’affaire : le syndicat a d’abord publié un communiqué et interpellé Delphine Ernotte en comité de groupe. Puis il a accompagné M. Verdier pour son entretien, lui suggérant de se faire accompagner par Clément Weill-Raynal, un journaliste de France 3 qui a « comme lui connu des pressions », raconte M. Vial. En effet, M. Weill-Raynal a notamment été en conflit avec sa direction pour avoir filmé avec son téléphone le « mur des cons » dans un local du syndicat de la magistrature, et diffusé la vidéo sur le site Atlantico. Il avait aussi accusé Charles Enderlin, le correspondant de France 2 en Israël, d’avoir « manipulé » les images du petit Mohammed Al-Dura, mort dans les bras de son père lors d’un échange de tirs entre Palestiniens et Israéliens.Contestation possible de la sanctionDe son côté, M. Verdier avait estimé, après sa mise à pied : « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat. »« M. Verdier n’a pas commis de faute professionnelle », argumente M. Vial. Ce dernier souligne que M. Verdier n’a pas utilisé l’antenne de France 2 pour faire la promotion de son livre. Plutôt que de convoquer un conseil de discipline paritaire, FO laisse à Mme Ernotte le choix de la sanction et se réserve la possibilité de la contester, aux prud’hommes ou auprès de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Pour le syndicat, le cas d’un journaliste qui promeut un livre ou exprime des opinions dans des médias est banal.Au même moment, France Télévisions doit aussi gérer le cas du « M. Météo » de… France 3Un autre cas télescope celui de M. Verdier : Jean-Marc Souami, le « M. Météo » de France 3, Jean-Marc Souami, a été convoqué mardi pour un rappel à l’ordre, rapporte Pure Médias. On lui reproche notamment d’avoir publiquement critiqué Laurent Ruquier, l’accusant d’être « complice » des « délires racistes » de l’élu de droite Nadine Morano sur la « France, pays de race blanche ». Il prend très régulièrement position sur son compte Twitter, rappelle le site.La direction a « désapprouvé qu’un présentateur du groupe s’en prenne à un animateur de France Télévisions », dans une réaction sur le site de l’animateur Jean-Marc Morandini.« Les cas de M. Verdier et de M. Souami sont différents », estime M. Cimino. Membre de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), M. Souami semble disposer d’un plus large soutien en interne.Pour Mme Ernotte, l’affaire de M. Verdier et celle de M. Souami sont des cas à régler. Avec une pression médiatique et syndicale importante, apanage de France Télévisions, la maison qu’elle dirige depuis deux mois.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’heure de vérité approche pour Molotov.tv, ce service prochainement lancé qui promet de réinventer la distribution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’identité et les intentions de ses fondateurs, dont Jean-David Blanc, créateur d’Allociné, et Pierre Lescure, ancien président de Canal+, suscitent la curiosité, mais les détails du service restaient un mystère. Un mystère en voie de se dissiper, puisque l’interface de Molotov.tv a été présentée aux membres du CSA, mercredi 4 novembre, et que Le Monde a pu parallèlement l’explorer.Lire aussi :La télévision est morte, vive la télévision !La conviction de l’équipe de Molotov.tv est que le problème qu’affronte la télévision, notamment vis-à-vis des plus jeunes, est d’abord ergonomique. Selon elle, les contenus de l’industrie télévisée restent riches et attractifs - un discours positif qui explique que les chaînes soutiennent la plate-forme.Mais les modes de circulation dans le contenu progressivement imposés par les acteurs numériques, qui permettent de choisir non seulement un programme, mais aussi un moment et un support, auraient ringardisé l’usage se limitant à aller d’une chaîne à l’autre grâce à une télécommande. C’est pourquoi Molotov se définit au croisement de « la télévision d’hier et du monde d’aujourd’hui », selon Jean-David Blanc.Flux et alternativesOn peut évidemment y choisir une chaîne et accéder au direct. Mais on peut également reprendre au début un programme qui a déjà commencé. Ou explorer la liste des diffusions passées, et visionner un contenu de son choix - comme sur une plate-forme de rattrapage. Ou encore voir la liste des programmes à venir et sélectionner ceux qui nous intéressent. Le système les « enregistrera » et ils rejoindront un panier de programmes sélectionnés, visionnables à tout moment depuis n’importe quel appareil (téléphone, tablette, PC ou télévision connectée).L’utilisateur peut également rechercher ce qui l’intéresse, parmi tous les programmes de télévision, à l’aide d’un moteur de recherche, et par catégories (films, séries, documentaires, enfants…) L’usage se veut en effet nomade : un compte Molotov est par nature multisupports et on peut passer de l’un à l’autre en reprenant le visionnage d’un contenu à l’endroit précis où il a été interrompu. Le système peut également alerter l’utilisateur par e-mail en cas de prochain passage à la télévision d’une personnalité ou d’une entité qu’il a déclaré suivre.Diffusion socialeMolotov est également une plate-forme sociale : en visionnant un programme live, on voit défiler les tweets qui lui sont associés. L’utilisateur peut voir ce que ses amis regardent ou ont regardé, et visionner les séquences télé qui « buzzent » sur les réseaux sociaux. Il peut aussi témoigner de ce qu’il regarde. Enfin, un outil permet de sélectionner soi-même une séquence pour la partager sur les réseaux sociaux.Avant son lancement prévu en décembre, l’équipe de Molotov.tv continue d’élargir son nombre de chaînes partenaires - L’Equipe 21 vient ainsi de rejoindre la plate-forme. Avec le groupe Canal+, à ce jour le grand absent de l’offre, les discussions ne sont pas arrêtées. Misant sur un modèle freemium, avec une couche payante, les fondateurs doivent encore choisir les services qui ne seront pas gratuits et fixer les prix. Et ils réfléchissent également à des formats publicitaires plus « comestibles » que les spots diffusés à l’ouverture des programmes.Lire aussi :L’énigmatique Molotov.tv séduit 80 chaînesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h36 Le président et directeur de la publication du New York Times, Arthur Ochs Sulzberger Jr, 64 ans, a ouvert officiellement lundi 2 novembre le processus qui doit mener à la désignation de son successeur, choisi au sein de sa famille. Un directeur adjoint de la publication doit être nommé dans les deux ans, qui sera appelé à le remplacer. Le processus de succession est « formel » et « implique le conseil d’administration, les cadres dirigeants et les représentants de la famille », a rappelé M. Sulzberger aux employés lors d’une réunion annuelle.Arthur Ochs Sulzberger Jr, qui dirige le principal quotidien d’Amérique depuis vingt-cinq ans, est le cinquième membre de la famille à assumer cette charge. Il est l’arrière-petit-fils d’Adolph Ochs, qui a racheté le New York Times en août 1896 et en a gardé la tête jusqu’à sa mort, en 1935. Le fondateur avait été remplacé par Arthur Sulzberger, son gendre.La famille ne détient aujourd’hui qu’une participation minoritaire au capital du groupe mais possède l’essentiel des actions de type B, ce qui lui permet de désigner 9 des 14 membres du conseil d’administration.Selon une enquête du New York Magazine, publiée en août, trois descendants d’Adolph Ochs pourraient succéder à l’actuel patron du New York Times : Arthur Sulzberger (fils du directeur de la publication), David Sulzberger Perpich, cousin du premier, et Samuel Dolnick, cousin au deuxième degré des deux premiers. Tous trois sont trentenaires et occupent déjà des postes au sein du quotidien. Alexandre Piquard Le torchon brûlait depuis plusieurs semaines. Philippe Verdier, le « M. Météo » de France 2, a annoncé lui-même son licenciement dans une vidéo mise en ligne samedi 31 octobre. Un clip scénarisé autour de l’ouverture de sa lettre de licenciement réalisé par Ring, l’éditeur du livre de M. Verdier. L’ouvrage conteste le consensus des scientifiques sur le réchauffement climatique et s’attaque au sommet de la COP21, attendu en décembre à Paris.La direction de France Télévisions ne commente pas la décision. Elle a reproché à M. Verdier d’avoir mis en avant, dans la promotion de son livre, ses fonctions à France Télévisions. Et donc d’engager l’entreprise. Selon le groupe, le présentateur aurait enfreint l’un des principes de l’accord collectif qui imposerait un devoir de réserve aux journalistes dans le cadre des opérations de promotion ou les expressions à titre privé : c’est l’esprit de ce qu’a rappelé la présidente, Delphine Ernotte, le 28 octobre, face au député Les Républicains Hervé Mariton, qui l’interrogeait en commission.Au cours de la promotion médiatique du livre Climat investigation a été effectivement rappelée la fonction de « M. Météo » de M. Verdier. La lettre ouverte qu’il a adressée à François Hollande était également signée « chef du service météo de France 2 et auteur de Climat investigation ». Selon une source à France Télévisions, M. Verdier a d’abord fait l’objet d’un rappel à son devoir de réserve, sans sanction, après sa lettre ouverte au président de la République, datée du 1er octobre. Mais M. Verdier a, dans les médias mentionné son différend avec sa hiérarchie, suggérant des pressions politiques : « Le livre n’est pas apprécié par la direction de France Télévisions. L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat, et l’Etat organise la COP21. Je suis conscient que ça ne fait pas plaisir à mes patrons, qui ont des pressions », a-t-il dit sur RMC.Une campagne habileMi-octobre, M. Verdier a donc été mis à pied. Le 22 octobre, il a eu un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Force ouvrière a activement défendu M. Verdier et l’a accompagné lors de son entretien. Le syndicat se réservait le droit de contester sa sanction, devant le défenseur des droits ou aux prud’hommes « au nom de la liberté d’expression ».Les autres syndicats ont été plus prudents. La rhéthorique parfois complotiste du « M. Météo » de France 2 en gêne certains à France Télévisions. Certaines de ses affirmations sur le réchauffement climatique ont été contestées. Et son éditeur semble exploiter son différend avec France Télévisions dans sa campagne habile autour du livre.« Il y a un décalage entre le ton de la promotion et l’image de discrétion et de sérieux qu’il avait dans la rédaction », estime un journaliste de France 2. Ses collègues ont été surpris, comme à BFM-TV, où il travaillait avant son arrivée, en 2011, à France Télévisions. « C’est un vrai pro, nous avons regretté son départ, se souvient le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud. Il n’était pas militant : il avait tenu à couvrir une conférence sur le climat, ce qui témoignait d’un intérêt, mais il n’a jamais parlé de doutes sur le processus [de réchauffement climatique]. »De son côté, Ring n’en est pas à sa première polémique. L’éditeur a déjà fait parler de lui lors de la parution de livres sur des thématiques proches de l’extrême droite, comme La France Orange mécanique, de Laurent Obertone, ou Une élection ordinaire, imaginant l’accession à la présidence de la République de l’essayiste militant Eric Zemmour.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ni César ni Oscar, mais plutôt un beau bazar. Alors qu’Angoulême et Cannes sont mondialement reconnus pour leurs récompenses dans les domaines de la bande dessinée et du cinéma, le jeu vidéo, lui, court toujours après son rendez-vous français de référence. Ce n’est pourtant pas faute de tenter : rien qu’entre le lundi 26 et le vendredi 30 octobre, l’Hexagone a abrité quatre remises de prix différentes, les EIGD Awards à Montreuil, les Ping Awards à la Cité des sciences et de l’industrie, les Game Connection Development Awards ainsi que les trophées Paris Games Week au parc des Expositions de Paris.Derrière chacun de ses prix, un organisateur de type différent : syndicat représentant la filière nationale (SNJV) côté EIGD Awards ; syndicat d’éditeurs de taille mondiale présents en France (Sell) pour les trophées Paris Games Week ; organisateur d’événements professionnels internationaux (Connection Events) pour les Game Connection Development Awards ; et même agence indépendante multitâche pour les Ping Awards (l’AFJV, mini-structure qui sert notamment de portail informatif et de site de recrutement aux professionnels de France).Objectifs différentsDans le détail, les quatre prix répondent à des objectifs différents. Les Ping Awards récompensent la création franco-française, les EIGD Awards les indépendants européens, les Game Connection Awards sont un trophée professionnel et les trophées Paris Games Week, des récompenses adossées à un salon consumériste.La cérémonie de remise des prix des European Indie Game Days Awards, présidée par F. Raynal (Alone in the Dark) https://t.co/0eCwhm5lNf— Willvs (@William Audureau)require(["twitter/widgets"]);Ces différences de vues se traduisent dans le palmarès. Le jeu narratif Life is Strange, développé à Paris, a remporté le Ping d’or du meilleur jeu français ; le jeu mobile suisse Cloud Chasers l’EIGD Award du meilleur jeu indépendant européen ; le jeu britannique Lumino City le Game Connection Development Award du meilleur jeu indépendant selon la profession, et Uncharted 4 le trophée du meilleur jeu présent sur le salon grand public de la Paris Games Week. « Ces récompenses ont toutes des objectifs différents », résume Julien Villedieu, délégué général du SNJV.Avec des contraintes propres. Life is Strange, sensation française de l’année, n’était ainsi éligible ni aux EIGD ni aux GCD Awards, car il est édité par le géant japonais Square Enix, et ne rentrait pas dans la catégorie jeu indépendant. Il ne satisfaisait pas non plus aux critères d’admissibilité de la Paris Games Week, car il figurait sur le stand de l’éditeur sous forme de vidéo. « La seule condition, c’est d’être présent et jouable sur le salon », précise Emmanuel Martin, pour qui ces trophées sont aussi un moyen d’inviter les joueurs à se rendre au parc des Expositions pour essayer les jeux.« Bienvenue en Union soviétique »Vu de l’extérieur, ces récompenses évoquent parfois plus des réunions au sein de microcosme qu’une célébration nationale, d’autant que le choix des lauréats prête parfois à confusion. Jeudi soir, Fabien Delpiano, nouveau président de Capital Games et fondateur du studio Pastagames, était ainsi tout penaud en découvrant le contenu de l’enveloppe finale. Le Grand Ping 2015, saluant la personnalité de l’année, était en effet décerné à Cédric Laguarrigue, président de Focus Home Interactive, et accessoirement son éditeur sur le jeu Pix the Cat.Vendredi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur commercial et marketing de Microsoft France, mais aussi président du SELL et, à ce titre, organisateur de la Paris Games Week, s’est remis à lui-même trois trophées pour des jeux Xbox One. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », a-t-il fini par commenter avec humour au moment de brandir le troisième trophée, en réalité, décerné par un jury de journalistes spécialisés.« Je conçois qu’on puisse y voir de l’entre-soi, mais il faut voir à qui vont ces prix, tempère Julien Villedieu, délégué général du SNJV. Focus Home Interactive est un éditeur de premier plan, et son dirigeant Cédric Lagarrigue une personnalité de premier ordre de notre secteur, qui a réussi au niveau professionnel la transformation d’un petit éditeur en acteur qui concurrence les plus gros. C’est quelqu’un d’extrêmement légitime, qui a déjà été distingué par le Syntec l’an passé. Quant à Jean-Claude Ghinozzi, s’il a reçu ces trophées, c’est que les jeux proposés ont paru les meilleurs au jury. C’est ce qu’il faut regarder. » Peu de temps pour les jurys« Si on veut que ces trophées soient crédibles, on a besoin d’un jury qui travaille en profondeur », confirme Emmanuel Martin, du Sell. Celui de la Paris Games Week était présidé par Alain-Huygues Lacour, vétéran de la presse jeux vidéo. « Quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche et a imposé ses conditions », promet Emmanuel Martin.Chaque organisateur est conscient de l’importance d’arriver à des récompenses légitimes et respectées. Emmanuel Forsans, président de l’AFJV et coorganisateur des Ping Awards, ne cache pas son ambition d’en faire un jour l’équivalent des Césars du jeu vidéo, tandis qu’Emmanuel Martin, du Sell, rêve d’un parterre de jurés composé de plusieurs dizaines ou centaines de professionnels, à la manière des Oscars. Mais ces récompenses sont tenues par des contraintes de temps, et la difficulté de faire essayer une trentaine de jeux vidéo parfois longs de plusieurs heures à un jury qui n’a souvent qu’un après-midi pour se réunir. Une des raisons, sans doute, pour laquelle le jeu de rallye WRC 5 a reçu le Ping du meilleur jeu français sur console : une dizaine de minutes suffit à n’importe quel juré pour terminer plusieurs courses, là où un jeu de rôle ne « démarre » traditionnellement qu’au bout de six à dix heures de jeu.Des catégories à géométrie variableIl arrive également que le jury s’arrange avec les catégories. Par exemple, à la Paris Games Week, le prix du meilleur jeu du salon a été remis à Uncharted 4, un jeu d’action-aventure, alors que le prix du meilleur jeu d’action-aventure a été octroyé à The Rise of Tomb Raider. « Cela a permis d’équilibrer un peu les choses entre ces deux jeux qu’on avait du mal à départager », décrypte Alain-Huygues Lacour.Plus étonnant, deux casques de réalité virtuelle ont été primés dans deux catégories différentes, le HTC Vive côté accessoire et le PlayStation VR côté innovation technologique. « Deux démarches différentes », assure Emmanuel Martin. Aux Ping Awards, c’est un prix spécial spécialement créé pour l’occasion qui a récompensé A Blind Legend, jeu vidéo-audio à l’écran noir et accessible aux non-voyants. Il a été présenté dans un malaise ambiant comme « le prix du politiquement correct » par les deux coprésidents, les animateurs de radio Manu Levy et Florian Gazan.Lire aussi :« A Blind Legend », le jeu d’aventure sonore à tester les yeux fermésHeureusement, à la marge, ces récompenses mettent aussi en avant des jeux prometteurs en manque de visibilité. A l’image de Shiness, un jeu de rôle à la japonaise dans un univers à la Naruto, mené depuis cinq ans par de jeunes et ambitieux Lillois (trophée du meilleur jeu manga à la Paris Games Week). Ou de Zodiac : Orcanon Odyssey, création franco-écossaise en partenariat avec des anciens de Final Fantasy (Ping du meilleur jeu mobile et tablette). « On essaie de faire de la place à tout le monde, et que le meilleur gagne », se félicite Emmanuel Martin.« On essaie de créer des passerelles »Il reste qu’avec quatre cérémonies différentes et plus de soixante prix contradictoires remis dans la même semaine, personne n’est dupe du message brouillé qu’envoient toutes ces récompenses. « Elles ont toutes des objectifs différents, mais c’est vrai que l’on peut regretter qu’il y ait autant d’initiatives, concède Julien Villedieu. On ne va pas se satisfaire d’avoir quatre ou cinq cérémonies, c’est regrettable. » « On est la risée de l’Europe », grince un professionnel en privé.Certains rapprochements existent déjà, grâce notamment à des associations impliquées dans plusieurs événements, comme Capital Games. Ce groupement francilien est à la fois l’organisateur du stand made in France à la Paris Games Week et l’un des principaux partenaires des Ping Awards. Ce qui a permis d’arriver à un intitulé à rallonge, celui du « prix du meilleur jeu exposé sur le stand made in France », remporté par Blood Bowl Kerrunch.Le plus difficile reste toutefois de concilier l’approche cocardière des Ping Awards et l’approche consumériste de la Paris Games Week. Un faux problème, estime Julien Villedieu. « Nos entreprises font 50 % de leur chiffre d’affaires à l’international, donc ce qu’elles attendent, ce n’est pas une reconnaissance juste locale. Si, un jour, il y a une volonté de faire quelque chose d’unifié, il faudra que le jeu vidéo français soit récompensé au sein du jeu vidéo international. » Mais le premier Ping du jeu international, prévu cette année, n’a pas été décerné faute de candidats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 08h29 • Mis à jour le29.10.2015 à 19h57 | Alexandre Piquard Un nouveau patron et, déjà, une nouvelle stratégie ? Les choses ne sont pas si tranchées : l’arrivée prévue de Gilles Pélisson comme futur patron de TF1, confirmée mercredi 28 octobre, se fait main dans la main avec le PDG sortant, Nonce Paolini, et l’actionnaire Martin Bouygues. Mais l’annonce, dès le lendemain, jeudi, de l’entrée en négociations exclusives avec Newen, un des plus gros producteurs français, est une surprise. Elle tranche avec la période plus prudente et gestionnaire des dernières années.« TF1 pourrait prendre une participation majoritaire dans Newen », affirme le communiqué du groupe publié jeudi matin. Le but : « Nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels. » Newen est présent dans tous les genres, à travers ses quatre filiales, Telfrance, Capa, Be Aware et 17 Juin Media. Il produit les fictions Plus belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Versailles ou les émissions « Les Maternelles », « Le Magazine de la santé » ou « Faites entrer l’accusé ». Troisième producteur français derrière Banijay et Lagardère Entertainment, le groupe constitué par Fabrice Larue cherchait à grandir pour peser davantage en Europe, où une concentration est en cours.Si une telle prise de contrôle se concrétise, TF1, le premier groupe privé de télévision gratuite en France avec les chaînes TF1, TMC, NT1 et HD1, deviendrait l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+. Newen est présenté par son PDG, Fabrice Larue, comme « le troisième producteur français de programmes de flux » et cherche à s’internationaliser.Lire aussi :Le groupe de production Newen veut grossir et s’internationaliserEn quête de nouvelles recettesPour TF1, acquérir Newen est une réponse à l’un des deux axes stratégiques affichés pour l’avenir du groupe, confronté aux limites du modèle de la télévision gratuite financée par la publicité. Il s’agit de l’investissement dans la production, pour « remonter dans la chaîne de valeur ». TF1 a en tête le modèle de la chaîne britannique ITV, qui a racheté des sociétés comme Talpa. Le Vivendi de Vincent Bolloré a, lui, pris 30 % du poids lourd Zodiak-Banijay.L’idée est de générer de nouvelles recettes en revendant les droits de ces contenus. Une volonté commune à toutes les chaînes, qui négocient en ce moment avec les pouvoirs publics et les producteurs. TF1 cherche là des revenus « contracycliques ».L’accord TF1-Newen est un « beau projet », selon la ministre de la culture, Fleur Pellerin, interrogée par Le Monde. Il s’inscrit dans sa volonté de faire « émerger des champions français » de l’audiovisuel, même si Mme Pellerin sera attentive à « l’indépendance éditoriale » de Newen.France Télévisions, en revanche, a dénoncé dans un communiqué ce « projet de prise de contrôle » et conteste que les « investissements de France Télévisions, principalement financés par la contribution des citoyens par la redevance, puissent aujourd’hui faire l’objet d’une telle tractation ». Le groupe public a ainsi annoncé la suspension des « développements et des projets » avec Newen.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 17h49 • Mis à jour le28.10.2015 à 18h20 Le successeur de Nonce Paolini à la tête du groupe audiovisuel français, Gilles Pélisson, choisi mercredi 28 octobre par le conseil d’administration de Bouygues, arrive dans un contexte difficile, marqué par le déclin des audiences et des bénéfices.Lire aussi :Gilles Pélisson succédera à Nonce Paolini à la tête de TF1 21,4 %C’est la part d’audience de TF1 en septembre, pour 14,4 % pour France 2 et 10,1 % pour M6. En août, l’audience était tombée à 20,1 %, un niveau historiquement bas pour la chaîne qui connaît un déclin quasi continu depuis des années. TF1 enregistrait 44,8 % d’audience en 1988, 35,3 % en 1998, et 27,2 % en 2008. Depuis dix ans, les parts de la chaîne sont aussi grignotées par celles de la TNT.Face à cette érosion, TF1 rappelle qu’elle déploie une stratégie pour l’ensemble de son groupe qui vise à faire progresser l’audience de ses chaînes secondaires (HD1, NT1 et TMC). Elle insiste sur l’audience agrégée de ses quatre chaînes (27,4 % de part en moyenne en 2015, selon des chiffres de fin août), voire sur son audience numérique, où sa plate-forme MyTF1 progresse, avec environ 15 millions de vidéos vues par mois. Lire aussi (édition abonnés) :TF1 tente de contrer l’érosion de son audience413 millions d’eurosC’est le montant du résultat net part du groupe pour 2014. Il était en forte hausse par rapport à 2013 (137 millions d’euros). Mais ce résultat est en trompe-l’œil car il intègre la plus-value liée à la cession du contrôle d’Eurosport à Discovery Communications, en mai 2014, pour 299,5 millions d’euros.En réalité, la baisse des bénéfices est continue : 250,3 millions d’euros en 2000, 228 millions d’euros en 2007 et, donc, 137 millions d’euros en 2013. Du coup, l’actionnaire principal de la chaîne, le groupe de BTP Bouygues – qui détient 43,5 % des parts de l’entreprise –, a exigé, en 2008, un plan d’économies. Nonce Paolini a joué le tueur de coût, imposant un régime minceur inédit qui s’élève aujourd’hui à quelque 24 millions d’euros. Son successeur s’inscrira dans la continuité de cette stratégie.Lire aussi :TF1, toujours seule en tête 700 millions d’eurosC’est le trésor de guerre, considérable, de TF1. La chaîne a vu sa trésorerie augmenter de 491 millions d’euros grâce à la vente de ses 49 % restants dans la chaîne sportive Eurosport à l’américain Discovery, en juillet. Fin 2014, les réserves du groupe audiovisuel s’élevaient déjà à 497 millions d’euros. Après versement des dividendes, la trésorerie devrait se situer à 700 millions d’euros. De quoi relativiser les pertes occasionnées par le quotidien gratuit Metro, qui a cessé en juillet de faire paraître son édition papier, ou de la chaîne d’info en continu LCI.Avec l’arrivée de M. Pélisson, les annonceurs attendent que TF1, assez prudent jusqu’ici, s’engage sur des investissements. Le groupe pourrait choisir de faire des acquisitions dans le numérique ou dans la production de contenus.Lire aussi :TF1 gonfle sa trésorerie en se désengageant totalement d’Eurosport 8,5 millions d’eurosC’est la perte enregistrée par LCI en 2014. L’avenir de la chaîne d’information est suspendu à une décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur son passage en gratuit, qui doit intervenir d’ici à la fin de l’année. Sa précédente demande avait été rejetée par le CSA, mais le Conseil d’Etat a annulé cette décision, pour des raisons de procédure.TF1 considère que LCI n’a pas d’avenir sur la TNT payante, dont l’usage est en déclin (200 000 abonnés environ). Si le CSA ne lui accorde pas le passage en gratuit, TF1 a affirmé envisager l’arrêt de l’exploitation de sa chaîne après le 31 décembre.Lire aussi (édition abonnés) :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFM Sarah Belouezzane et Alexandre Piquard Le conseil d’administration du groupe Bouygues, qui s’est tenu mercredi 28 octobre, a choisi Gilles Pélisson pour succéder à Nonce Paolini au poste de président-directeur général de TF1. M. Pélisson prendra ses fonctions le 17 février 2016.« Jusqu’à cette date Gilles Pélisson se préparera à l’exercice de ses fonctions avec le concours de Nonce Paolini », précise le communiqué.« Le choix a été fait conjointement par Martin Bouygues et Nonce Paolini, qui a participé à la désignation de son successeur », explique une source proche du dossier. L’actionnaire et le dirigeant ont chacun fait une première liste de noms avant de trancher.« Il y avait deux choix stratégiques : soit prendre un homme de médias, télévision ou radio, plutôt extérieur, soit prendre quelqu’un qui connaît le groupe. C’est le critère Bouygues qui l’a emporté », résume cette source. Ancien patron du groupe hôtelier Accor, M. Pélisson, 58 ans, est un fin connaisseur de la maison Bouygues et de TF1, dont il est administrateur depuis 2009.Lire aussi :TF1 en négociations pour le rachat de la société qui produit « Plus belle la vie »« Président qui préside »Parmi les autres candidats figurait par exemple Olivier Roussat, patron de Bouygues Telecom, jugé prometteur mais plus jeune (51 ans).« Martin Bouygues a choisi quelqu’un avec qui il a déjà travaillé et qu’il connaît bien. Ayant de moins en moins de choses à faire au sein de son groupe, il souhaite garder la main sur TF1, ce que le choix de Pélisson, à ce poste, vu son caractère, devrait lui permettre », glisse un bon connaisseur dans les milieux d’affaires parisiens.M. Pélisson est en l’occurrence appelé à être un « président qui préside », c’est-à-dire qui représente l’entreprise et gère les relations avec les pouvoirs publics. Les orientations éditoriales ne devraient pas, par conséquent, être au centre de ses préoccupations.« C’est davantage un choix de continuité que de rupture », estime Philippe Bailly, de NPA Conseil. De fait, la maison ne devrait pas connaître de grand bouleversement. M. Paolini, qui a appuyé la candidature de M. Pélisson, devrait rester conseiller du groupe Bouygues, dans des fonctions qui restent à définir.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresUn « rêve » de longue dateCette évolution est rendue possible par la proximité des deux hommes : MM. Pélisson et Paolini se connaissent bien, ayant travaillé ensemble chez Bouygues Telecom au début des années 2000, le premier à la direction générale et le second à la direction des ressources humaines. Ils se côtoient de nouveau depuis 2009 au sein du conseil d’administration de TF1.Pour M. Pélisson, prendre la tête de TF1 était un « rêve » de longue date, précise une source proche du dossier. « Il se prépare depuis longtemps », ajoute-t-elle. Son nom avait circulé à la fin du mandat de Patrick Le Lay, auquel avait succédé M. Paolini, en 2008.Clash avec Accor en 2010C’est pourtant chez Accor que le futur dirigeant de TF1 a fait ses premières armes. Diplômé de l’Essec et titulaire d’un MBA obtenu à Harvard, M. Pélisson a commencé sa carrière dans le groupe hôtelier, cofondé par son oncle Gérard. Après plusieurs postes dans le groupe, il est devenu, en 1993, coprésident de la filiale Novotel. L’homme connaît également le secteur du divertissement : il avait rejoint Euro Disney en 1995, et en était devenu le président-directeur général en 1997.Les télécommunications sont aussi un domaine qu’il maîtrise. Après un passage chez Noos et Suez Connect, M. Pélisson avait rejoint Bouygues Telecom, en 2001, avant d’en devenir le directeur général, puis le président-directeur général en 2004.A la fin de 2005, il était revenu à ses premières amours chez Accor. Cette fois en tant que PDG du groupe, en remplacement de Jean-Marc Espalioux. Après qu’il a notamment mené la scission du groupe, Accor se séparera de lui en 2010. Il n’a pas depuis retrouvé de fonctions opérationnelles de direction, et plutôt siégé dans divers conseils d’administration (Bic, NH Hotels ou encore Accenture, depuis 2012). Dont celui de TF1.Homme de réseaux« Il est avenant et sympathique, mais il n’a pas laissé une trace indélébile lors de ses passages chez Accor ou Bouygues Telecom par exemple, relativise un dirigeant d’entreprise. Il n’a pas su faire ce qu’il fallait chez le premier et n’a rien eu de bouleversant à gérer chez le second : ni le lancement de l’opérateur, ni la concurrence féroce de Free. » Un de ses proches note qu’il a chez Bouygues Télécom développé l’i-mode, un portail de contenus.Chez Accor, M. Pélisson n’a pas que des partisans. Un détracteur qualifie son passage chez l’hôtelier de « catastrophique ». Gardant le souvenir d’une personnalité chaleureuse de prime abord, mais « difficile » au quotidien.Gilles Pélisson a une grande expérience de l’international et a toujours veillé à la qualité des relations sociales, décrit de son côté la biographie publiée par TF1 mercredi. Le futur président-directeur général serait, selon certains observateurs, la personne idéale pour gérer les questions réglementaires, par exemple le passage de LCI en gratuit, sur lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit se prononcer pour la deuxième fois dans les mois à venir. M. Pélisson est bien introduit au sein des réseaux parisiens, habitué du club d’influence Le Siècle et fin connaisseur des milieux d’affaires.Il dispose maintenant de quatre mois de « tuilage » jusqu’à sa prise de fonctions pour élaborer son plan stratégique pour TF1.Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médiasAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.10.2015 à 17h39 • Mis à jour le27.10.2015 à 20h12 | Alexandre Piquard La polémique autour du « M. Météo » de France 2 n’est pas finie : Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, a été convoqué par la direction à un entretien en vue d’une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, a-t-on appris mardi 27 octobre. L’entrevue a eu lieu le 22 octobre en présence d’un représentant de la direction des ressources humaines du siège de France Télévisions, ainsi que d’un représentant de Force ouvrière (FO), selon ce syndicat.Contrairement aux autres syndicats de l’entreprise d’audiovisuel public, FO soutient ouvertement M. Verdier. « Il n’a fait qu’user de sa liberté d’expression », affirme Eric Vial, élu du syndicat. Joint par Le Monde, M. Verdier ne veut plus s’exprimer.La direction ne commente pas, car il s’agit d’un différend en cours avec un salarié. Mais elle a invoqué plusieurs fois le « principe déontologique » selon lequel les salariés ne devraient pas s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise.« Pas de délit d’opinion », selon la directionM. Verdier a fait dans les médias une promotion active de son ouvrage, Climat investigation (éd. Ring), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique. Dans une lettre ouverte à François Hollande, à l’approche du sommet sur le climat COP21, il a estimé que le président de la République ne pouvait cautionner « les scientifiques ultrapolitisés du GIEC, les lobbys d’entreprises, les ONG environnementales, ni les chefs religieux autoproclamés nouveaux apôtres du climat ».En congé pour le lancement de son livre, paru le 1er octobre, Philippe Verdier, qui présente la météo et a le titre de chef de service, a été mis à pied par la direction de France Télévisions à la mi-octobre.Lire aussi :France 2 met à pied son « M. Météo », Philippe Verdier« Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, estime qu’il n’y a pas de délit d’opinion. Pour elle, la faute de Philippe Verdier est liée à l’exécution de son contrat de travail, car il a mis en avant sa fonction et son employeur France Télévisions dans le cadre de la communication autour de son livre », explique Serge Cimino, élu du Syndicat national des journalistes (SNJ), un autre syndicat de France Télévisions. Ce dernier résume un échange vif qui a eu lieu sur le cas de M. Verdier entre Eric Vial, de FO, et Mme Ernotte, en comité de groupe, le 19 octobre.Prudence des autres syndicatsLe SNJ est prudent et dit s’être jusqu’ici surtout assuré que le salarié mis à pied soit bien reçu en entretien. Il dit attendre que la direction prononce la sanction, dans un délai d’un mois, avec un avis motivé.En interne, on sent une réserve de certains salariés, par rapport aux accents complotistes du discours du « M. Météo » de France 2, qui en a surpris certains car il ne s’était pas exprimé en interne contre le consensus sur le réchauffement, avant son livre. De plus, certaines de ses affirmations sont contestées.Lire aussi :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2Le soutien du journaliste de France 3 lié à l’affaire du « mur des cons » FO a davantage le souhait de politiser l’affaire : le syndicat a d’abord publié un communiqué et interpellé Delphine Ernotte en comité de groupe. Puis il a accompagné M. Verdier pour son entretien, lui suggérant de se faire accompagner par Clément Weill-Raynal, un journaliste de France 3 qui a « comme lui connu des pressions », raconte M. Vial. En effet, M. Weill-Raynal a notamment été en conflit avec sa direction pour avoir filmé avec son téléphone le « mur des cons » dans un local du syndicat de la magistrature, et diffusé la vidéo sur le site Atlantico. Il avait aussi accusé Charles Enderlin, le correspondant de France 2 en Israël, d’avoir « manipulé » les images du petit Mohammed Al-Dura, mort dans les bras de son père lors d’un échange de tirs entre Palestiniens et Israéliens.Contestation possible de la sanctionDe son côté, M. Verdier avait estimé, après sa mise à pied : « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat. »« M. Verdier n’a pas commis de faute professionnelle », argumente M. Vial. Ce dernier souligne que M. Verdier n’a pas utilisé l’antenne de France 2 pour faire la promotion de son livre. Plutôt que de convoquer un conseil de discipline paritaire, FO laisse à Mme Ernotte le choix de la sanction et se réserve la possibilité de la contester, aux prud’hommes ou auprès de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Pour le syndicat, le cas d’un journaliste qui promeut un livre ou exprime des opinions dans des médias est banal.Au même moment, France Télévisions doit aussi gérer le cas du « M. Météo » de… France 3Un autre cas télescope celui de M. Verdier : Jean-Marc Souami, le « M. Météo » de France 3, Jean-Marc Souami, a été convoqué mardi pour un rappel à l’ordre, rapporte Pure Médias. On lui reproche notamment d’avoir publiquement critiqué Laurent Ruquier, l’accusant d’être « complice » des « délires racistes » de l’élu de droite Nadine Morano sur la « France, pays de race blanche ». Il prend très régulièrement position sur son compte Twitter, rappelle le site.La direction a « désapprouvé qu’un présentateur du groupe s’en prenne à un animateur de France Télévisions », dans une réaction sur le site de l’animateur Jean-Marc Morandini.« Les cas de M. Verdier et de M. Souami sont différents », estime M. Cimino. Membre de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), M. Souami semble disposer d’un plus large soutien en interne.Pour Mme Ernotte, l’affaire de M. Verdier et celle de M. Souami sont des cas à régler. Avec une pression médiatique et syndicale importante, apanage de France Télévisions, la maison qu’elle dirige depuis deux mois.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Murong Xuecun (Ecrivain) Je ne sais pas combien de projets ont été tués dans l’œuf par le système de censure chinois. Mais ce que je sais, ce que je ressens, c’est que ce système est indubitablement en train de ruiner l’imagination et la créativité des Chinois.La censure, en Chine, ne relève pas de la loi, ce qui ne l’empêche pas d’avoir plus de pouvoir qu’elle. Chez nous, toutes les lois ne sont pas respectées à la lettre par tous, mais quand il s’agit de censure, et alors même que les règles en la matière ne sont pas vraiment claires, tout un chacun sait, comme d’instinct, à quoi s’en tenir, et prend bien garde à ne pas s’aventurer sur le territoire des sujets tabous ou sensibles.En 2013, un bon ami à moi a recommandé un livre à une maison d’édition chinoise, l’histoire d’une femme qui tuait son mari. Au départ, la maison d’édition a manifesté beaucoup d’intérêt pour ce projet. Mais quand elle s’est aperçue que les personnages étaient musulmans, elle a fait machine arrière, disant :« On ne peut pas publier ça », « c’est trop risqué », « les musulmans, c’est tabou ». Malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucune loi interdisant de parler des musulmans.Lire aussi :L’écrivain chinois Murong Xuecun : « Un jour ou l’autre, je vais me faire arrêter »Dans les faits, la résistance à la censure n’a jamais cessé. Aujourd’hui, ce système se heurte à une contestation qui n’existait pas avant l’avènement d’Internet. Les nouveaux outils de communication ont permis de démultiplier les contacts entre la Chine et le reste du monde, si bien qu’un grand nombre de Chinois s’est familiarisé avec l’anglais, inventant de nouveaux mots, une sorte de « sinoglais » : au lieu du mot « citizens », les Internautes vont ainsi employer le mot « shitizens » (« citoyriens ») pour désigner les citoyens chinois.Liens dans le monde entierLa démocratie devient, quant à elle, « democrazy » (« dingocratie »), et au mot de « secretary », les Internautes préfèrent (tout particulièrement concernant celles des hauts fonctionnaires) « sexcretaries » (« sexcrétaires »). Parallèlement, une multitude de blagues à caractère politique se répand.En voici une que j’ai entendue récemment : le président Xi Jinping se rend dans un grand restaurant de Pékin. Il demande à quoi sont farcis les raviolis. La serveuse lui répond : ceux-là sont au chou et au porc, ceux-là au porc et au chou, et dans ceux-là il y a du porc et du chou, qu’est-ce que vous choisissez ? Xi Jinping, l’air contrarié, s’exclame : « Ils sont tous farcis à la même chose, ai-je vraiment le choix ? » La serveuse lui dit alors en riant : « Président Xi, vous avez oublié ? Quand il a fallu vous choisir, c’était exactement pareil ! »Murong XuecunMurong Xuecun est né en 1974 dans le Shandong. Après des études de droit à Pékin, il se lance dans l’écriture d’un premier roman, qu’il publie sur Internet au début des années 2000, Oublier Chengdu, qui remporte un énorme succès.Dans les années qui suivent, son compte Weibo (le Twitter chinois) est suivi par des millions d’internautes, avant d’être censuré par le pouvoir.Électron libre, écrivain engagé comme la Chine en compte peu, Murong Xuecun dénonce dans ses romans la corruption, le fanatisme et l’ignorance à l’œuvre dans la société chinoise.Son dernier ouvrage paru en français est Il manque un remède à la Chine, (Bleu de Chine/Gallimard, 448 pages, 29 euros).Si Internet s’est imposé comme un espace de liberté où s’exprime la résistance au système de censure, cela n’empêche pas ce dernier, à l’heure où les entreprises d’Etat chinoises nouent des liens dans le monde entier, où des Instituts Confucius, pour promouvoir la langue et la culture chinoises, sont inaugurés un peu partout sur la planète, au moment où tous les pays du monde se battent pour obtenir des commandes de la Chine, de commencer à étendre lui aussi ses ramifications hors de ses frontières. Bientôt, son ombre ne planera pas seulement sur nous citoyens chinois. Elle vous rattrapera vous aussi, vous qui vivez loin de chez nous et qui vous croyez en sécurité.Il y a environ deux ans, un magazine londonien m’a invité à écrire un article. En allant sur leur site Internet, j’ai pu voir tout un tas de textes faisant l’éloge du Parti communiste chinois. Ce n’est pas vraiment en accord avec mon style. Je leur ai demandé pourquoi ils publiaient toute cette propagande. Le rédacteur en chef m’a expliqué : « Nous n’avons pas le choix, plusieurs de nos plus gros clients publicitaires sont des entreprises chinoises. Si nous publions trop d’articles critiquant le Parti communiste et le gouvernement chinois, ils vont tout simplement arrêter de placer des publicités chez nous. »Des choix à votre placeJe sais que cette façon de procéder existe aussi dans d’autres pays européens ainsi qu’à Hongkong, aux Etats-Unis, en Australie et jusqu’en Afrique. Sydney compte déjà plus de six journaux en langue chinoise. La plupart sont proches du gouvernement chinois, quand ce dernier ne les contrôle pas directement. Les articles et les commentaires qui y sont publiés, directement inspirés par sa propagande, l’encensent sans aucune retenue. Ainsi, sur le sol même de l’Australie, les représentants du Parti communiste et du gouvernement chinois font d’ores et déjà entendre leur voix. La plupart des gens ne s’en aperçoivent même pas.En mai, le Club Pen America a montré dans un rapport intitulé « Censure et conscience morale : les auteurs étrangers et le défi de la censure chinoise » que l’industrie de l’édition et certains écrivains américains étaient déjà sous l’influence du système de censure chinois.En Australie, un article publié en 2014 par le journal The Australian explique que l’Australian Broadcasting Corporation (ABC), la société nationale de diffusion audiovisuelle australienne, a signé un partenariat visant à partager des contenus avec un groupe audiovisuel chinois, le Shanghai Media Group. Cela signifie qu’immanquablement, les émissions australiennes passeront entre les mains de la censure chinoise. Ceux qui ont bonne mémoire se souviendront qu’en 2009, lors du festival international du film de Melbourne, le consulat chinois a tenté d’annuler la projection d’un documentaire sur la militante ouïgoure Rebiya Kadeer.Tout cela va bien au-delà du sort d’un simple film. Ce que vous devez comprendre, c’est que les censeurs chinois sont déjà parmi vous, et qu’ils ont commencé à faire des choix à votre place. Des incidents comme cela, il y en aura d’autres. Et comme nous avons pu en faire l’expérience en Chine, vous constaterez que les habiles fonctionnaires de la censure agiront au fil du temps avec de plus en plus de discrétion et de subtilité.Commerce avec la Chine avant toutCertains pourraient être tentés de se dire que la censure existe déjà ailleurs, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie. Je répondrais que, s’il est vrai que la censure existe aussi dans ces pays, cela ne justifie en rien celle qui s’exerce chez nous. Par ailleurs, j’ai beau trouver que le monde ne tourne pas rond, je ne crois pas que la censure dans les pays occidentaux soit aussi sévère qu’en Chine.D’autres pensent peut-être que la liberté d’expression, bien sûr, c’est important, mais que ce qui compte avant tout, c’est de pouvoir faire du commerce avec la Chine. En réalité, toutes les entreprises étrangères qui ont des relations commerciales avec la Chine sont susceptibles de subir l’impact de la censure chinoise. En 2014, la « Grande Muraille électronique » est devenue singulièrement plus étanche. Elle bloque désormais non seulement Google, Facebook, Twitter et YouTube, mais aussi Gmail et d’autres services étrangers de messagerie sur Internet.Chaque jour, des réseaux privés virtuels, permettant de contourner la Grande Muraille électronique en liant directement des ordinateurs, sont bloqués. Laissez-moi vous poser une question : ces restrictions en matière de communication imposées par le gouvernement chinois n’affecteront-elles pas vos affaires dans le long terme ?Au sujet du gouvernement chinois, les personnes qui ne vivent pas en Chine pensent parfois : « Bon, c’est vrai que ce gouvernement n’est pas terrible, mais ce n’est quand même pas si mal que ça. » Ou bien : « Oui, d’accord, le gouvernement chinois est plus que critiquable, mais il n’est pas encore si puissant que cela, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. »Après la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997, beaucoup de gens sur cette île pensaient à peu près la même chose. Dix-huit ans plus tard, il ne faut pas longtemps pour constater que leurs conditions de vie ont d’ores et déjà subi d’énormes changements. Cette ville de plus de 7 millions d’habitants ne compte désormais quasiment plus une chaîne de télévision ni un journal indépendants. Ses hommes politiques ressemblent de plus en plus aux secrétaires de section du Parti communiste. Les personnes qui manifestent contre la politique menée par Pékin sont désormais de plus en plus souvent harcelées par la mafia. Quant aux journalistes et aux artistes qui osent encore critiquer ouvertement Pékin, ils s’exposent à des tentatives d’assassinat…Ne pas se fier aux bonnes intentions du gouvernementOn ne peut en aucune manière se fier aux bonnes intentions du gouvernement chinois. La puissance économique de la Chine lui permet d’avoir un impact sur vos vies. La censure chinoise peut paraître en Occident un phénomène encore lointain, et il est vrai qu’elle ne va pas débouler comme une fusée dans vos vies.Mais si un jour vous vous apercevez que vos journaux publient de moins en moins d’articles critiques sur la Chine, que les intellectuels et les médias se mettent tous à faire l’éloge du système chinois et que tel ou tel politicien s’efforce de manière évidente de préserver les intérêts de la Chine, j’espère que vous vous souviendrez du discours que je vous ai tenu aujourd’hui, et qui vous semble peut-être alarmiste.La civilisation est un tout indivisible. Quand le gouvernement d’un pays commence à s’y attaquer sciemment, à la bâillonner, à la détruire, cela n’a pas seulement un impact sur le peuple de ce pays, mais sur l’humanité tout entière. A l’heure de la mondialisation, la liberté d’expression ne relève plus seulement de la politique intérieure d’un pays.Si vous vous contentez d’observer en silence un gouvernement détruire des livres et arrêter des hommes dans son pays, réprimer la liberté d’expression, et que vous allez même jusqu’à vous en rapprocher, l’air de rien, pour en faire, sans aucun scrupule, votre partenaire commercial, votre allié, alors, tôt ou tard, c’est à votre liberté d’expression à vous qu’il s’attaquera. (Traduit du chinois par Frédéric Dalléas)Ce texte est extrait d’un discours prononcé à Sydney, le 5 septembre, dans le cadre du Festival of Dangerous Ideas, le « festival des idées dangereuses ».Murong Xuecun (Ecrivain) Joël Morio Y a-t-il encore un sens à surveiller les équilibres de temps de parole uniquement à la télévision et à la radio alors que l’information se diffuse aujourd’hui à travers de multiples canaux ?L’environnement dans lequel nous évoluons a énormément changé depuis les années 1980, lorsque les règles d’équilibre du temps de parole ont été décidées. Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio A l’occasion des élections régionales, le Conseil supérieur de l’audiovisuel veille. Les télés et les radios composent.La campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre s’intensifie. Moins d’un mois nous sépare du premier tour de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle. Et les calculettes commencent à chauffer, pas seulement du côté des instituts de sondage, mais au sein même des rédactions des radios et des télévisions. Désormais, elles doivent respecter l’équité entre les différents candidats, sous peine de s’attirer les foudres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Chronomètre en main, des bataillons traquent la moindre seconde de temps de parole. Ils sont constitués d’une dizaine de salariés à France Télévisions, trois en moyenne pour TF1 et LCI. « Je n’avais pas mesuré que les règles étaient aussi strictes. Dans la presse écrite, on essaie d’être vigilant à interroger toutes les formations, mais à la radio et à la télévision tout est calculé à la seconde près », confie Christophe Jakubyszyn, chef du service politique des deux chaînes.Question d’équitéA Radio France, c’est une société externe qui est chargée de cette tâche fastidieuse. Une personne pilote le travail de plusieurs stagiaires à BFM-TV ; elle est en relation quasi quotidienne avec la direction de la rédaction pour veiller au respect des équilibres. Pas question de se faire accuser encore une fois de favoriser tel ou tel parti comme ce fut le cas lors des dernières élections départementales. Une critique qui a laissé des... Renaud Machart On ne saura pas ce qu’aurait pu être « Antoine sans fiche », la première mouture de l’émission hebdomadaire qu’Antoine de Caunes devait présenter sur Canal+ en cadeau de consolation de son éviction de la présentation du « Grand Journal ». Mais « L’Emission d’Antoine », qui faisait ses débuts vendredi 6 novembre à 22 h 45 sur la chaîne cryptée, est une hilarante réussite. Si le même niveau est atteint chaque semaine, elle devrait devenir le rendez-vous incontournable des réjouissances zygomatiques.C’est le grand de Caunes qu’on retrouve là : drôle, malin, coquin, leste, transformiste – toutes choses en quoi il excelle –, le tout servi par des textes léchés de langue de maître ; un de Caunes tel qu’on l’aimait lors de ses reportages urbains excentriques (« Toqué de Tokyo », « Maboul de Séoul », etc.) et de ses programmes d’antan (« Eurotrash ») ; un de Caunes libéré de ce « Grand Journal » où il n’était pas à son meilleur et auquel il règle d’ailleurs, avec une fine insolence, son compte en début de d’émission.L’esprit est très Canal, mais du Canal historique, de la grande époque (le XXe siècle), avec tout de même quelques transferts du Canal plus récent, comme Alison Wheeler et Monsieur Poulpe, qui étaient présents dans « Le Grand Journal » animé pendant deux saisons par Antoine de Caunes.Canal historiqueSi Mme Wheeler n’est toujours pas très drôle (c’est le seul point faible de « L’Emission d’Antoine »), M. Poulpe est en revanche assez bien distribué dans l’animation d’un jeu foutraque où les deux candidats, de Caunes et Fred Testot (un ancien de la séquence mythique « Service après-vente des émissions », sur Canal+, avec Omar Sy), s’évertuent à ne pas savoir répondre à des questions farfelues. Ce qui vaut à M. Poulpe la pénalité d’être méthodiquement épilé par une dame asiatique qui s’évertue à décoller trop lentement des patchs apposés sur ses cuisses. La séquence se termine par un concours de coiffure où deux malheureux garçons se font tailler des perruques de clown par de Caunes et Testot…Capillotracté, tout cela ? Normal : le fil conducteur de ce premier numéro était le poil, considéré dans tous ses états. Ce qui autorisa de Caunes à enquêter dans les arcanes d’un concours autrichien de barbes et moustaches où se présentent de véritables cascadeurs du système pileux ; à rendre visite à une cinéaste pornographique bisexuelle et féministe adepte des femmes velues (avec les images olé-olé qu’on peut voir sur une chaîne cryptée, même avant minuit, heure légale du porno maison) ; à recevoir une vraie femme à barbe et à s’entretenir sérieusement avec elle.Et à débiter des palanquées de jeu de mots artistement foireux, à dire des choses grossières sans la moindre vulgarité (art que ne possède pas encore Alison Wheeler), à se déguiser et à pouffer comme le gamin de 12 ans que ce sexagénaire génial et chenapan n’a jamais cessé d’être.Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 12h26 • Mis à jour le06.11.2015 à 13h00 | Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau La recherche d’un partenaire capable de racheter Ubisoft « n’est qu’une de nos options » pour échapper à une prise de contrôle de Vivendi, a expliqué Yves Guillemot, son président, lors d’une conférence téléphonique en marge de la présentation de ses résultats financiers semestriels. Elle reste toutefois la priorité actuelle du groupe.« Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagne et que cela soit positif pour les actionnaires », a détaillé Yves Guillemot lors d’une conférence téléphonique. Si Ubisoft a souligné dans un communiqué ses accords passés avec de « puissants partenaires internationaux » comme Columbia, Fox New Regency, Nickelodeon et Warner, le président de la plus grosse entreprise française de jeu vidéo n’a pas précisé vers quel chevalier blanc Ubisoft cherchait à se tourner pour empêcher une prise de contrôle par Vivendi.Plus aucun contact avec Vincent BolloréFace à ses actionnaires, Yves Guillemot est resté fidèle à la ligne de défense de son groupe : Ubisoft détient un savoir-faire et une connaissance du métier qui sont étrangers à Vivendi, et un rachat mettrait son modèle créatif en danger. Le président de l’entreprise a notamment relevé les quatre fondamentaux de sa stratégie : le développement de jeux en ligne avec une forte composante multijoueur, des jeux en mode ouvert, une capacité à créer de nouvelles licences de A à Z et un élargissement au-delà du jeu vidéo, notamment dans le cinéma. « Nous commençons tout juste à toucher les dividendes de cette stratégie », a assuré Yves Guillemot, qui a une nouvelle fois rappelé sa volonté d’indépendance.« Nous pensons que les synergies sont difficiles à voir surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd’hui, et dans le passé Vivendi ne voyait pas de synergie avec Activision Blizzard [dont le groupe a revendu l’essentiel de ses parts en 2013], nous ne voyons donc pas pourquoi ils en verraient aujourd’hui. »M. Guillemot a par ailleurs confié n’avoir eu aucun contact avec Vincent Bolloré depuis l’appel téléphonique de ce dernier le jour de l’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft – le géant des loisirs a depuis porté sa participation à 10,6 % d’Ubisoft, et reconfirmé sa volonté de rester indépendant. Ubisoft a par ailleurs annoncé mardi 2 novembre avoir signé un contrat avec l’agence de communication Mindshare, alors que la société était liée jusqu’à présent à Havas, qui appartient au groupe Vivendi.Trois jeux à gros budget dans les quatre moisPour son premier rapport financier depuis l’entrée non sollicitée de Vivendi dans son capital, Ubisoft a annoncé un chiffre d’affaires semestriel de 207,3 millions d’euros, en recul de 57 % par rapport à 2014, et 65,7 millions d’euros de pertes nettes (contre un bénéfice de 17,5 millions d’euros l’an passé). Un résultat prévisible : l’éditeur n’a lancé aucun jeu majeur au printemps de cette année, au contraire de Watch Dogs, sa nouvelle licence phare, en 2014.Principale sortie de l’éditeur pour ce Noël, le jeu Assassin’s Creed Syndicate a connu un lancement compliqué, avec des critiques partagées et des résultats commerciaux très en deçà des précédents opus (66 000 exemplaires en France en première semaine, contre 167 000 pour Unity). Mais la seconde semaine a renversé la tendance, assure l’éditeur. « Les notes que nous avons eues sur ce jeu ont été très élevées, notamment les plus gros sites spécialisés, et le bouche-à-oreille est actuellement favorable au jeu », a soutenu Yves Guillemot.Ubisoft publiera par ailleurs le jeu d’action Rainbow Six Siege le 1er décembre, ainsi que The Division et Far Cry Primal au premier trimestre 2016, qu’Ubisoft veut croire « historique ». Il est en effet rare de lancer deux jeux à gros budget en début d’année.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre L’heure de vérité approche pour Molotov.tv, ce service prochainement lancé qui promet de réinventer la distribution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’identité et les intentions de ses fondateurs, dont Jean-David Blanc, créateur d’AlloCiné, et Pierre Lescure, ancien président de Canal+, suscitent la curiosité, mais les détails du service restaient un mystère. Un mystère en voie de se dissiper, puisque l’interface de Molotov.tv a été présentée aux membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mercredi 4 novembre, et que Le Monde a pu parallèlement l’explorer.Lire aussi :La télévision est morte, vive la télévision !La conviction de l’équipe de Molotov.tv est que le problème qu’affronte la télévision, notamment vis-à-vis des plus jeunes, est d’abord ergonomique. Selon elle, les contenus de l’industrie télévisée restent riches et attractifs mais les nouveaux modes de circulation dans ces contenus auraient ringardisé l’usage se limitant à aller d’une chaîne à l’autre grâce à une télécommande. C’est pourquoi Molotov se définit au croisement de « la télévision d’hier et du monde d’aujourd’hui », selon M. Blanc.On peut bien sûr y choisir une chaîne et accéder au direct. Mais aussi reprendre au début un programme qui a déjà commencé. Ou explorer la liste des diffusions passées, et visionner un contenu de son choix – comme sur une plate-forme de rattrapage. Ou encore voir la liste des programmes à venir et sélectionner ceux qui nous intéressent. Le système les « enregistrera » et ils rejoindront un panier de programmes sélectionnés, visionnables à tout moment depuis n’importe quel appareil (téléphone, tablette, PC ou télévision connectée).L’utilisateur peut rechercher ce qui l’intéresse, parmi tous les programmes de télévision, à l’aide d’un moteur de recherche, et par catégories (films, séries, documentaires, enfants…).Plate-forme socialeL’usage se veut en effet nomade : un compte Molotov est par nature multisupports et on peut passer de l’un à l’autre en reprenant le visionnage d’un contenu à l’endroit précis où il a été interrompu. Le système peut également alerter l’utilisateur par e-mail en cas de prochain passage à la télévision d’une personnalité ou d’une entité qu’il a déclaré suivre.Molotov est aussi une plate-forme sociale : en visionnant un programme live, on voit défiler les tweets qui lui sont associés. L’utilisateur peut voir ce que ses amis regardent ou ont regardé, et visionner les séquences télé qui « buzzent » sur les réseaux sociaux. Et témoigner de ce qu’il regarde. Enfin, un outil permet de sélectionner une séquence pour la partager sur les réseaux sociaux.Avant son lancement prévu en décembre, l’équipe de Molotov.tv continue d’élargir son nombre de chaînes partenaires (déjà plus de 80). L’Equipe 21 vient de rejoindre la plate-forme. Avec Canal+, à ce jour le grand absent de l’offre, les discussions ne sont pas arrêtées. Misant sur un modèle freemium, avec une couche payante, les fondateurs doivent encore choisir les services qui ne seront pas gratuits et fixer les prix. Et réfléchissent à des formats publicitaires plus « comestibles » que les spots diffusés à l’ouverture des programmes.Lire aussi :L’énigmatique Molotov.tv séduit 80 chaînesAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h36 Le président et directeur de la publication du New York Times, Arthur Ochs Sulzberger Jr, 64 ans, a ouvert officiellement lundi 2 novembre le processus qui doit mener à la désignation de son successeur, choisi au sein de sa famille. Un directeur adjoint de la publication doit être nommé dans les deux ans, qui sera appelé à le remplacer. Le processus de succession est « formel » et « implique le conseil d’administration, les cadres dirigeants et les représentants de la famille », a rappelé M. Sulzberger aux employés lors d’une réunion annuelle.Arthur Ochs Sulzberger Jr, qui dirige le principal quotidien d’Amérique depuis vingt-cinq ans, est le cinquième membre de la famille à assumer cette charge. Il est l’arrière-petit-fils d’Adolph Ochs, qui a racheté le New York Times en août 1896 et en a gardé la tête jusqu’à sa mort, en 1935. Le fondateur avait été remplacé par Arthur Sulzberger, son gendre.La famille ne détient aujourd’hui qu’une participation minoritaire au capital du groupe mais possède l’essentiel des actions de type B, ce qui lui permet de désigner 9 des 14 membres du conseil d’administration.Selon une enquête du New York Magazine, publiée en août, trois descendants d’Adolph Ochs pourraient succéder à l’actuel patron du New York Times : Arthur Sulzberger (fils du directeur de la publication), David Sulzberger Perpich, cousin du premier, et Samuel Dolnick, cousin au deuxième degré des deux premiers. Tous trois sont trentenaires et occupent déjà des postes au sein du quotidien. Alexandre Piquard Le torchon brûlait depuis plusieurs semaines. Philippe Verdier, le « M. Météo » de France 2, a annoncé lui-même son licenciement dans une vidéo mise en ligne samedi 31 octobre. Un clip scénarisé autour de l’ouverture de sa lettre de licenciement réalisé par Ring, l’éditeur du livre de M. Verdier. L’ouvrage conteste le consensus des scientifiques sur le réchauffement climatique et s’attaque au sommet de la COP21, attendu en décembre à Paris.La direction de France Télévisions ne commente pas la décision. Elle a reproché à M. Verdier d’avoir mis en avant, dans la promotion de son livre, ses fonctions à France Télévisions. Et donc d’engager l’entreprise. Selon le groupe, le présentateur aurait enfreint l’un des principes de l’accord collectif qui imposerait un devoir de réserve aux journalistes dans le cadre des opérations de promotion ou les expressions à titre privé : c’est l’esprit de ce qu’a rappelé la présidente, Delphine Ernotte, le 28 octobre, face au député Les Républicains Hervé Mariton, qui l’interrogeait en commission.Au cours de la promotion médiatique du livre Climat investigation a été effectivement rappelée la fonction de « M. Météo » de M. Verdier. La lettre ouverte qu’il a adressée à François Hollande était également signée « chef du service météo de France 2 et auteur de Climat investigation ». Selon une source à France Télévisions, M. Verdier a d’abord fait l’objet d’un rappel à son devoir de réserve, sans sanction, après sa lettre ouverte au président de la République, datée du 1er octobre. Mais M. Verdier a, dans les médias mentionné son différend avec sa hiérarchie, suggérant des pressions politiques : « Le livre n’est pas apprécié par la direction de France Télévisions. L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat, et l’Etat organise la COP21. Je suis conscient que ça ne fait pas plaisir à mes patrons, qui ont des pressions », a-t-il dit sur RMC.Une campagne habileMi-octobre, M. Verdier a donc été mis à pied. Le 22 octobre, il a eu un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Force ouvrière a activement défendu M. Verdier et l’a accompagné lors de son entretien. Le syndicat se réservait le droit de contester sa sanction, devant le défenseur des droits ou aux prud’hommes « au nom de la liberté d’expression ».Les autres syndicats ont été plus prudents. La rhéthorique parfois complotiste du « M. Météo » de France 2 en gêne certains à France Télévisions. Certaines de ses affirmations sur le réchauffement climatique ont été contestées. Et son éditeur semble exploiter son différend avec France Télévisions dans sa campagne habile autour du livre.« Il y a un décalage entre le ton de la promotion et l’image de discrétion et de sérieux qu’il avait dans la rédaction », estime un journaliste de France 2. Ses collègues ont été surpris, comme à BFM-TV, où il travaillait avant son arrivée, en 2011, à France Télévisions. « C’est un vrai pro, nous avons regretté son départ, se souvient le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud. Il n’était pas militant : il avait tenu à couvrir une conférence sur le climat, ce qui témoignait d’un intérêt, mais il n’a jamais parlé de doutes sur le processus [de réchauffement climatique]. »De son côté, Ring n’en est pas à sa première polémique. L’éditeur a déjà fait parler de lui lors de la parution de livres sur des thématiques proches de l’extrême droite, comme La France Orange mécanique, de Laurent Obertone, ou Une élection ordinaire, imaginant l’accession à la présidence de la République de l’essayiste militant Eric Zemmour.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ni César ni Oscar, mais plutôt un beau bazar. Alors qu’Angoulême et Cannes sont mondialement reconnus pour leurs récompenses dans les domaines de la bande dessinée et du cinéma, le jeu vidéo, lui, court toujours après son rendez-vous français de référence. Ce n’est pourtant pas faute de tenter : rien qu’entre le lundi 26 et le vendredi 30 octobre, l’Hexagone a abrité quatre remises de prix différentes, les EIGD Awards à Montreuil, les Ping Awards à la Cité des sciences et de l’industrie, les Game Connection Development Awards ainsi que les trophées Paris Games Week au parc des Expositions de Paris.Derrière chacun de ses prix, un organisateur de type différent : syndicat représentant la filière nationale (SNJV) côté EIGD Awards ; syndicat d’éditeurs de taille mondiale présents en France (Sell) pour les trophées Paris Games Week ; organisateur d’événements professionnels internationaux (Connection Events) pour les Game Connection Development Awards ; et même agence indépendante multitâche pour les Ping Awards (l’AFJV, mini-structure qui sert notamment de portail informatif et de site de recrutement aux professionnels de France).Objectifs différentsDans le détail, les quatre prix répondent à des objectifs différents. Les Ping Awards récompensent la création franco-française, les EIGD Awards les indépendants européens, les Game Connection Awards sont un trophée professionnel et les trophées Paris Games Week, des récompenses adossées à un salon consumériste.La cérémonie de remise des prix des European Indie Game Days Awards, présidée par F. Raynal (Alone in the Dark) https://t.co/0eCwhm5lNf— Willvs (@William Audureau)require(["twitter/widgets"]);Ces différences de vues se traduisent dans le palmarès. Le jeu narratif Life is Strange, développé à Paris, a remporté le Ping d’or du meilleur jeu français ; le jeu mobile suisse Cloud Chasers l’EIGD Award du meilleur jeu indépendant européen ; le jeu britannique Lumino City le Game Connection Development Award du meilleur jeu indépendant selon la profession, et Uncharted 4 le trophée du meilleur jeu présent sur le salon grand public de la Paris Games Week. « Ces récompenses ont toutes des objectifs différents », résume Julien Villedieu, délégué général du SNJV.Avec des contraintes propres. Life is Strange, sensation française de l’année, n’était ainsi éligible ni aux EIGD ni aux GCD Awards, car il est édité par le géant japonais Square Enix, et ne rentrait pas dans la catégorie jeu indépendant. Il ne satisfaisait pas non plus aux critères d’admissibilité de la Paris Games Week, car il figurait sur le stand de l’éditeur sous forme de vidéo. « La seule condition, c’est d’être présent et jouable sur le salon », précise Emmanuel Martin, pour qui ces trophées sont aussi un moyen d’inviter les joueurs à se rendre au parc des Expositions pour essayer les jeux.« Bienvenue en Union soviétique »Vu de l’extérieur, ces récompenses évoquent parfois plus des réunions au sein de microcosme qu’une célébration nationale, d’autant que le choix des lauréats prête parfois à confusion. Jeudi soir, Fabien Delpiano, nouveau président de Capital Games et fondateur du studio Pastagames, était ainsi tout penaud en découvrant le contenu de l’enveloppe finale. Le Grand Ping 2015, saluant la personnalité de l’année, était en effet décerné à Cédric Laguarrigue, président de Focus Home Interactive, et accessoirement son éditeur sur le jeu Pix the Cat.Vendredi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur commercial et marketing de Microsoft France, mais aussi président du SELL et, à ce titre, organisateur de la Paris Games Week, s’est remis à lui-même trois trophées pour des jeux Xbox One. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », a-t-il fini par commenter avec humour au moment de brandir le troisième trophée, en réalité, décerné par un jury de journalistes spécialisés.« Je conçois qu’on puisse y voir de l’entre-soi, mais il faut voir à qui vont ces prix, tempère Julien Villedieu, délégué général du SNJV. Focus Home Interactive est un éditeur de premier plan, et son dirigeant Cédric Lagarrigue une personnalité de premier ordre de notre secteur, qui a réussi au niveau professionnel la transformation d’un petit éditeur en acteur qui concurrence les plus gros. C’est quelqu’un d’extrêmement légitime, qui a déjà été distingué par le Syntec l’an passé. Quant à Jean-Claude Ghinozzi, s’il a reçu ces trophées, c’est que les jeux proposés ont paru les meilleurs au jury. C’est ce qu’il faut regarder. » Peu de temps pour les jurys« Si on veut que ces trophées soient crédibles, on a besoin d’un jury qui travaille en profondeur », confirme Emmanuel Martin, du Sell. Celui de la Paris Games Week était présidé par Alain-Huygues Lacour, vétéran de la presse jeux vidéo. « Quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche et a imposé ses conditions », promet Emmanuel Martin.Chaque organisateur est conscient de l’importance d’arriver à des récompenses légitimes et respectées. Emmanuel Forsans, président de l’AFJV et coorganisateur des Ping Awards, ne cache pas son ambition d’en faire un jour l’équivalent des Césars du jeu vidéo, tandis qu’Emmanuel Martin, du Sell, rêve d’un parterre de jurés composé de plusieurs dizaines ou centaines de professionnels, à la manière des Oscars. Mais ces récompenses sont tenues par des contraintes de temps, et la difficulté de faire essayer une trentaine de jeux vidéo parfois longs de plusieurs heures à un jury qui n’a souvent qu’un après-midi pour se réunir. Une des raisons, sans doute, pour laquelle le jeu de rallye WRC 5 a reçu le Ping du meilleur jeu français sur console : une dizaine de minutes suffit à n’importe quel juré pour terminer plusieurs courses, là où un jeu de rôle ne « démarre » traditionnellement qu’au bout de six à dix heures de jeu.Des catégories à géométrie variableIl arrive également que le jury s’arrange avec les catégories. Par exemple, à la Paris Games Week, le prix du meilleur jeu du salon a été remis à Uncharted 4, un jeu d’action-aventure, alors que le prix du meilleur jeu d’action-aventure a été octroyé à The Rise of Tomb Raider. « Cela a permis d’équilibrer un peu les choses entre ces deux jeux qu’on avait du mal à départager », décrypte Alain-Huygues Lacour.Plus étonnant, deux casques de réalité virtuelle ont été primés dans deux catégories différentes, le HTC Vive côté accessoire et le PlayStation VR côté innovation technologique. « Deux démarches différentes », assure Emmanuel Martin. Aux Ping Awards, c’est un prix spécial spécialement créé pour l’occasion qui a récompensé A Blind Legend, jeu vidéo-audio à l’écran noir et accessible aux non-voyants. Il a été présenté dans un malaise ambiant comme « le prix du politiquement correct » par les deux coprésidents, les animateurs de radio Manu Levy et Florian Gazan.Lire aussi :« A Blind Legend », le jeu d’aventure sonore à tester les yeux fermésHeureusement, à la marge, ces récompenses mettent aussi en avant des jeux prometteurs en manque de visibilité. A l’image de Shiness, un jeu de rôle à la japonaise dans un univers à la Naruto, mené depuis cinq ans par de jeunes et ambitieux Lillois (trophée du meilleur jeu manga à la Paris Games Week). Ou de Zodiac : Orcanon Odyssey, création franco-écossaise en partenariat avec des anciens de Final Fantasy (Ping du meilleur jeu mobile et tablette). « On essaie de faire de la place à tout le monde, et que le meilleur gagne », se félicite Emmanuel Martin.« On essaie de créer des passerelles »Il reste qu’avec quatre cérémonies différentes et plus de soixante prix contradictoires remis dans la même semaine, personne n’est dupe du message brouillé qu’envoient toutes ces récompenses. « Elles ont toutes des objectifs différents, mais c’est vrai que l’on peut regretter qu’il y ait autant d’initiatives, concède Julien Villedieu. On ne va pas se satisfaire d’avoir quatre ou cinq cérémonies, c’est regrettable. » « On est la risée de l’Europe », grince un professionnel en privé.Certains rapprochements existent déjà, grâce notamment à des associations impliquées dans plusieurs événements, comme Capital Games. Ce groupement francilien est à la fois l’organisateur du stand made in France à la Paris Games Week et l’un des principaux partenaires des Ping Awards. Ce qui a permis d’arriver à un intitulé à rallonge, celui du « prix du meilleur jeu exposé sur le stand made in France », remporté par Blood Bowl Kerrunch.Le plus difficile reste toutefois de concilier l’approche cocardière des Ping Awards et l’approche consumériste de la Paris Games Week. Un faux problème, estime Julien Villedieu. « Nos entreprises font 50 % de leur chiffre d’affaires à l’international, donc ce qu’elles attendent, ce n’est pas une reconnaissance juste locale. Si, un jour, il y a une volonté de faire quelque chose d’unifié, il faudra que le jeu vidéo français soit récompensé au sein du jeu vidéo international. » Mais le premier Ping du jeu international, prévu cette année, n’a pas été décerné faute de candidats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 08h29 • Mis à jour le29.10.2015 à 19h57 | Alexandre Piquard Un nouveau patron et, déjà, une nouvelle stratégie ? Les choses ne sont pas si tranchées : l’arrivée prévue de Gilles Pélisson comme futur patron de TF1, confirmée mercredi 28 octobre, se fait main dans la main avec le PDG sortant, Nonce Paolini, et l’actionnaire Martin Bouygues. Mais l’annonce, dès le lendemain, jeudi, de l’entrée en négociations exclusives avec Newen, un des plus gros producteurs français, est une surprise. Elle tranche avec la période plus prudente et gestionnaire des dernières années.« TF1 pourrait prendre une participation majoritaire dans Newen », affirme le communiqué du groupe publié jeudi matin. Le but : « Nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels. » Newen est présent dans tous les genres, à travers ses quatre filiales, Telfrance, Capa, Be Aware et 17 Juin Media. Il produit les fictions Plus belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Versailles ou les émissions « Les Maternelles », « Le Magazine de la santé » ou « Faites entrer l’accusé ». Troisième producteur français derrière Banijay et Lagardère Entertainment, le groupe constitué par Fabrice Larue cherchait à grandir pour peser davantage en Europe, où une concentration est en cours.Si une telle prise de contrôle se concrétise, TF1, le premier groupe privé de télévision gratuite en France avec les chaînes TF1, TMC, NT1 et HD1, deviendrait l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+. Newen est présenté par son PDG, Fabrice Larue, comme « le troisième producteur français de programmes de flux » et cherche à s’internationaliser.Lire aussi :Le groupe de production Newen veut grossir et s’internationaliserEn quête de nouvelles recettesPour TF1, acquérir Newen est une réponse à l’un des deux axes stratégiques affichés pour l’avenir du groupe, confronté aux limites du modèle de la télévision gratuite financée par la publicité. Il s’agit de l’investissement dans la production, pour « remonter dans la chaîne de valeur ». TF1 a en tête le modèle de la chaîne britannique ITV, qui a racheté des sociétés comme Talpa. Le Vivendi de Vincent Bolloré a, lui, pris 30 % du poids lourd Zodiak-Banijay.L’idée est de générer de nouvelles recettes en revendant les droits de ces contenus. Une volonté commune à toutes les chaînes, qui négocient en ce moment avec les pouvoirs publics et les producteurs. TF1 cherche là des revenus « contracycliques ».L’accord TF1-Newen est un « beau projet », selon la ministre de la culture, Fleur Pellerin, interrogée par Le Monde. Il s’inscrit dans sa volonté de faire « émerger des champions français » de l’audiovisuel, même si Mme Pellerin sera attentive à « l’indépendance éditoriale » de Newen.France Télévisions, en revanche, a dénoncé dans un communiqué ce « projet de prise de contrôle » et conteste que les « investissements de France Télévisions, principalement financés par la contribution des citoyens par la redevance, puissent aujourd’hui faire l’objet d’une telle tractation ». Le groupe public a ainsi annoncé la suspension des « développements et des projets » avec Newen.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le torchon brûlait depuis plusieurs semaines... Le M. Météo de France 2 a été licencié. Philippe Verdier, qui est également chef de service, l’a annoncé lui-même, dans une vidéo mise en ligne samedi 31 octobre et mise en scène. Ce clip est scénarisé autour de l’ouverture de la lettre et réalisé par Ring, l’éditeur de son livre qui conteste le consensus des scientifiques « ultrapolitisés » sur le réchauffement climatique et s’attaque au sommet de la COP21, attendu en décembre à Paris. Dans la vidéo, M. Verdier évoque sa « liberté d’expression », qu’il estime bafouée.La direction de France Télévisions ne commente pas. Dans les épisodes précédents, elle a reproché à M. Verdier d’avoir mis en avant ses fonctions à France Télévisions dans la promotion de son livre. Et donc d’engager France Télévisions dans une expression personnelle.Il aurait ainsi enfreint un des principes de l’accord collectif de France Télévisions, qui demanderait un devoir de réserve pour les journalistes dans le cadre des opérations de promotion ou les expressions à titre privé, selon la direction : c’est l’esprit de ce qu’a rappelé la présidente, Delphine Ernotte, le 28 octobre, face au député Les Républicains Hervé Mariton qui l’interrogeait en commission des affaires culturelles dimanche. Celle-ci a nié tout délit d’opinion. La direction a assuré que le problème ne venait pas du livre mais de sa publicité.Lire aussi :Le discours de M. Verdier, une machine à transformer de l’ignorance en théorie du complot« Liberté d’expression »Dans la large promotion médiatique du livre Climat investigation a été rappelée la fonction de M. Météo de M. Verdier, mais aussi dans sa lettre ouverte adressée à François Hollande pour l’interpeller, et signée « chef du service météo de France 2 et auteur d’un livre ». Selon une source à France Télévisions, M. Verdier a d’abord fait l’objet d’un rappel à son devoir de réserve, sans sanction, après sa lettre ouverte au président de la République, datée du 1er octobre.Il a, dans les médias, notamment sur RMC, mentionné son différend avec sa hiérarchie, insinuant qu’elle répondait à des pressions politiques : « Le livre n’est pas apprécié par la direction de France Télévisions, a-t-il reconnu. L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat, et l’Etat organise la COP21. Je suis conscient que ça ne fait pas plaisir à mes patrons, qui ont des pressions », a-t-il dit aux « Grandes Gueules ».Lire aussi :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2A la mi-octobre, il a été mis à pied. Le 22 octobre, il a eu un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement.Le syndicat Force ouvrière a activement défendu M. Verdier. Il l’a accompagné lors de son entretien et a publié un communiqué. Et se réservait le droit de contester sa sanction, devant le défenseurs des droits ou aux prud’hommes, « au nom de la liberté d’expression ».Les autres syndicats ont jusqu’ici été plus prudents. La rhéthorique parfois complotiste du M. Météo de France 2 en gêne certains à France Télévisions. Certaines de ses affirmations sur le réchauffement climatique ont été contestées. Et son éditeur semble exploiter son différend avec France Télévisions dans sa campagne habile autour du livre.Ring a déjà dans le passé organisé des buzzs importants, notamment autour de livres sur des thématiques proches de l’extrême droite, comme La France orange mécanique, de Laurent Obertone ou Une élection ordinaire, imaginant l’accession à la présidence de la République de l’essayiste militant Eric Zemmour.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ni César ni Oscar, mais plutôt un beau bazar. Alors qu’Angoulême et Cannes sont mondialement reconnus pour leurs récompenses dans les domaines de la bande dessinée et du cinéma, le jeu vidéo, lui, court toujours après son rendez-vous français de référence. Ce n’est pourtant pas faute de tenter : rien qu’entre le lundi 26 et le vendredi 30 octobre, l’Hexagone a abrité quatre remises de prix différentes, les EIGD Awards à Montreuil, les Ping Awards à la Cité des sciences et de l’industrie, les Game Connection Development Awards ainsi que les trophées Paris Games Week au parc des Expositions de Paris.Derrière chacun de ses prix, un organisateur de type différent : syndicat représentant la filière nationale (SNJV) côté EIGD Awards ; syndicat d’éditeurs de taille mondiale présents en France (Sell) pour les trophées Paris Games Week ; organisateur d’événements professionnels internationaux (Connection Events) pour les Game Connection Development Awards ; et même agence indépendante multitâche pour les Ping Awards (l’AFJV, mini-structure qui sert notamment de portail informatif et de site de recrutement aux professionnels de France).Objectifs différentsDans le détail, les quatre prix répondent à des objectifs différents. Les Ping Awards récompensent la création franco-française, les EIGD Awards les indépendants européens, les Game Connection Awards sont un trophée professionnel et les trophées Paris Games Week, des récompenses adossées à un salon consumériste.La cérémonie de remise des prix des European Indie Game Days Awards, présidée par F. Raynal (Alone in the Dark) https://t.co/0eCwhm5lNf— Willvs (@William Audureau)require(["twitter/widgets"]);Ces différences de vues se traduisent dans le palmarès. Le jeu narratif Life is Strange, développé à Paris, a remporté le Ping d’or du meilleur jeu français ; le jeu mobile suisse Cloud Chasers l’EIGD Award du meilleur jeu indépendant européen ; le jeu britannique Lumino City le Game Connection Development Award du meilleur jeu indépendant selon la profession, et Uncharted 4 le trophée du meilleur jeu présent sur le salon grand public de la Paris Games Week. « Ces récompenses ont toutes des objectifs différents », résume Julien Villedieu, délégué général du SNJV.Avec des contraintes propres. Life is Strange, sensation française de l’année, n’était ainsi éligible ni aux EIGD ni aux GCD Awards, car il est édité par le géant japonais Square Enix, et ne rentrait pas dans la catégorie jeu indépendant. Il ne satisfaisait pas non plus aux critères d’admissibilité de la Paris Games Week, car il figurait sur le stand de l’éditeur sous forme de vidéo. « La seule condition, c’est d’être présent et jouable sur le salon », précise Emmanuel Martin, pour qui ces trophées sont aussi un moyen d’inviter les joueurs à se rendre au parc des Expositions pour essayer les jeux.« Bienvenue en Union soviétique »Vu de l’extérieur, ces récompenses évoquent parfois plus des réunions au sein de microcosme qu’une célébration nationale, d’autant que le choix des lauréats prête parfois à confusion. Jeudi soir, Fabien Delpiano, nouveau président de Capital Games et fondateur du studio Pastagames, était ainsi tout penaud en découvrant le contenu de l’enveloppe finale. Le Grand Ping 2015, saluant la personnalité de l’année, était en effet décerné à Cédric Laguarrigue, président de Focus Home Interactive, et accessoirement son éditeur sur le jeu Pix the Cat.Vendredi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur commercial et marketing de Microsoft France, mais aussi président du SELL et, à ce titre, organisateur de la Paris Games Week, s’est remis à lui-même trois trophées pour des jeux Xbox One. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », a-t-il fini par commenter avec humour au moment de brandir le troisième trophée, en réalité, décerné par un jury de journalistes spécialisés.« Je conçois qu’on puisse y voir de l’entre-soi, mais il faut voir à qui vont ces prix, tempère Julien Villedieu, délégué général du SNJV. Focus Home Interactive est un éditeur de premier plan, et son dirigeant Cédric Lagarrigue une personnalité de premier ordre de notre secteur, qui a réussi au niveau professionnel la transformation d’un petit éditeur en acteur qui concurrence les plus gros. C’est quelqu’un d’extrêmement légitime, qui a déjà été distingué par le Syntec l’an passé. Quant à Jean-Claude Ghinozzi, s’il a reçu ces trophées, c’est que les jeux proposés ont paru les meilleurs au jury. C’est ce qu’il faut regarder. » Peu de temps pour les jurys« Si on veut que ces trophées soient crédibles, on a besoin d’un jury qui travaille en profondeur », confirme Emmanuel Martin, du Sell. Celui de la Paris Games Week était présidé par Alain-Huygues Lacour, vétéran de la presse jeux vidéo. « Quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche et a imposé ses conditions », promet Emmanuel Martin.Chaque organisateur est conscient de l’importance d’arriver à des récompenses légitimes et respectées. Emmanuel Forsans, président de l’AFJV et coorganisateur des Ping Awards, ne cache pas son ambition d’en faire un jour l’équivalent des Césars du jeu vidéo, tandis qu’Emmanuel Martin, du Sell, rêve d’un parterre de jurés composé de plusieurs dizaines ou centaines de professionnels, à la manière des Oscars. Mais ces récompenses sont tenues par des contraintes de temps, et la difficulté de faire essayer une trentaine de jeux vidéo parfois longs de plusieurs heures à un jury qui n’a souvent qu’un après-midi pour se réunir. Une des raisons, sans doute, pour laquelle le jeu de rallye WRC 5 a reçu le Ping du meilleur jeu français sur console : une dizaine de minutes suffit à n’importe quel juré pour terminer plusieurs courses, là où un jeu de rôle ne « démarre » traditionnellement qu’au bout de six à dix heures de jeu.Des catégories à géométrie variableIl arrive également que le jury s’arrange avec les catégories. Par exemple, à la Paris Games Week, le prix du meilleur jeu du salon a été remis à Uncharted 4, un jeu d’action-aventure, alors que le prix du meilleur jeu d’action-aventure a été octroyé à The Rise of Tomb Raider. « Cela a permis d’équilibrer un peu les choses entre ces deux jeux qu’on avait du mal à départager », décrypte Alain-Huygues Lacour.Plus étonnant, deux casques de réalité virtuelle ont été primés dans deux catégories différentes, le HTC Vive côté accessoire et le PlayStation VR côté innovation technologique. « Deux démarches différentes », assure Emmanuel Martin. Aux Ping Awards, c’est un prix spécial spécialement créé pour l’occasion qui a récompensé A Blind Legend, jeu vidéo-audio à l’écran noir et accessible aux non-voyants. Il a été présenté dans un malaise ambiant comme « le prix du politiquement correct » par les deux coprésidents, les animateurs de radio Manu Levy et Florian Gazan.Lire aussi :« A Blind Legend », le jeu d’aventure sonore à tester les yeux fermésHeureusement, à la marge, ces récompenses mettent aussi en avant des jeux prometteurs en manque de visibilité. A l’image de Shiness, un jeu de rôle à la japonaise dans un univers à la Naruto, mené depuis cinq ans par de jeunes et ambitieux Lillois (trophée du meilleur jeu manga à la Paris Games Week). Ou de Zodiac : Orcanon Odyssey, création franco-écossaise en partenariat avec des anciens de Final Fantasy (Ping du meilleur jeu mobile et tablette). « On essaie de faire de la place à tout le monde, et que le meilleur gagne », se félicite Emmanuel Martin.« On essaie de créer des passerelles »Il reste qu’avec quatre cérémonies différentes et plus de soixante prix contradictoires remis dans la même semaine, personne n’est dupe du message brouillé qu’envoient toutes ces récompenses. « Elles ont toutes des objectifs différents, mais c’est vrai que l’on peut regretter qu’il y ait autant d’initiatives, concède Julien Villedieu. On ne va pas se satisfaire d’avoir quatre ou cinq cérémonies, c’est regrettable. » « On est la risée de l’Europe », grince un professionnel en privé.Certains rapprochements existent déjà, grâce notamment à des associations impliquées dans plusieurs événements, comme Capital Games. Ce groupement francilien est à la fois l’organisateur du stand made in France à la Paris Games Week et l’un des principaux partenaires des Ping Awards. Ce qui a permis d’arriver à un intitulé à rallonge, celui du « prix du meilleur jeu exposé sur le stand made in France », remporté par Blood Bowl Kerrunch.Le plus difficile reste toutefois de concilier l’approche cocardière des Ping Awards et l’approche consumériste de la Paris Games Week. Un faux problème, estime Julien Villedieu. « Nos entreprises font 50 % de leur chiffre d’affaires à l’international, donc ce qu’elles attendent, ce n’est pas une reconnaissance juste locale. Si, un jour, il y a une volonté de faire quelque chose d’unifié, il faudra que le jeu vidéo français soit récompensé au sein du jeu vidéo international. » Mais le premier Ping du jeu international, prévu cette année, n’a pas été décerné faute de candidats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 08h29 • Mis à jour le29.10.2015 à 19h57 | Alexandre Piquard Un nouveau patron et, déjà, une nouvelle stratégie ? Les choses ne sont pas si tranchées : l’arrivée prévue de Gilles Pélisson comme futur patron de TF1, confirmée mercredi 28 octobre, se fait main dans la main avec le PDG sortant, Nonce Paolini, et l’actionnaire Martin Bouygues. Mais l’annonce, dès le lendemain, jeudi, de l’entrée en négociations exclusives avec Newen, un des plus gros producteurs français, est une surprise. Elle tranche avec la période plus prudente et gestionnaire des dernières années.« TF1 pourrait prendre une participation majoritaire dans Newen », affirme le communiqué du groupe publié jeudi matin. Le but : « Nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels. » Newen est présent dans tous les genres, à travers ses quatre filiales, Telfrance, Capa, Be Aware et 17 Juin Media. Il produit les fictions Plus belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Versailles ou les émissions « Les Maternelles », « Le Magazine de la santé » ou « Faites entrer l’accusé ». Troisième producteur français derrière Banijay et Lagardère Entertainment, le groupe constitué par Fabrice Larue cherchait à grandir pour peser davantage en Europe, où une concentration est en cours.Si une telle prise de contrôle se concrétise, TF1, le premier groupe privé de télévision gratuite en France avec les chaînes TF1, TMC, NT1 et HD1, deviendrait l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+. Newen est présenté par son PDG, Fabrice Larue, comme « le troisième producteur français de programmes de flux » et cherche à s’internationaliser.Lire aussi :Le groupe de production Newen veut grossir et s’internationaliserEn quête de nouvelles recettesPour TF1, acquérir Newen est une réponse à l’un des deux axes stratégiques affichés pour l’avenir du groupe, confronté aux limites du modèle de la télévision gratuite financée par la publicité. Il s’agit de l’investissement dans la production, pour « remonter dans la chaîne de valeur ». TF1 a en tête le modèle de la chaîne britannique ITV, qui a racheté des sociétés comme Talpa. Le Vivendi de Vincent Bolloré a, lui, pris 30 % du poids lourd Zodiak-Banijay.L’idée est de générer de nouvelles recettes en revendant les droits de ces contenus. Une volonté commune à toutes les chaînes, qui négocient en ce moment avec les pouvoirs publics et les producteurs. TF1 cherche là des revenus « contracycliques ».L’accord TF1-Newen est un « beau projet », selon la ministre de la culture, Fleur Pellerin, interrogée par Le Monde. Il s’inscrit dans sa volonté de faire « émerger des champions français » de l’audiovisuel, même si Mme Pellerin sera attentive à « l’indépendance éditoriale » de Newen.France Télévisions, en revanche, a dénoncé dans un communiqué ce « projet de prise de contrôle » et conteste que les « investissements de France Télévisions, principalement financés par la contribution des citoyens par la redevance, puissent aujourd’hui faire l’objet d’une telle tractation ». Le groupe public a ainsi annoncé la suspension des « développements et des projets » avec Newen.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 17h49 • Mis à jour le28.10.2015 à 18h20 Le successeur de Nonce Paolini à la tête du groupe audiovisuel français, Gilles Pélisson, choisi mercredi 28 octobre par le conseil d’administration de Bouygues, arrive dans un contexte difficile, marqué par le déclin des audiences et des bénéfices.Lire aussi :Gilles Pélisson succédera à Nonce Paolini à la tête de TF1 21,4 %C’est la part d’audience de TF1 en septembre, pour 14,4 % pour France 2 et 10,1 % pour M6. En août, l’audience était tombée à 20,1 %, un niveau historiquement bas pour la chaîne qui connaît un déclin quasi continu depuis des années. TF1 enregistrait 44,8 % d’audience en 1988, 35,3 % en 1998, et 27,2 % en 2008. Depuis dix ans, les parts de la chaîne sont aussi grignotées par celles de la TNT.Face à cette érosion, TF1 rappelle qu’elle déploie une stratégie pour l’ensemble de son groupe qui vise à faire progresser l’audience de ses chaînes secondaires (HD1, NT1 et TMC). Elle insiste sur l’audience agrégée de ses quatre chaînes (27,4 % de part en moyenne en 2015, selon des chiffres de fin août), voire sur son audience numérique, où sa plate-forme MyTF1 progresse, avec environ 15 millions de vidéos vues par mois. Lire aussi (édition abonnés) :TF1 tente de contrer l’érosion de son audience413 millions d’eurosC’est le montant du résultat net part du groupe pour 2014. Il était en forte hausse par rapport à 2013 (137 millions d’euros). Mais ce résultat est en trompe-l’œil car il intègre la plus-value liée à la cession du contrôle d’Eurosport à Discovery Communications, en mai 2014, pour 299,5 millions d’euros.En réalité, la baisse des bénéfices est continue : 250,3 millions d’euros en 2000, 228 millions d’euros en 2007 et, donc, 137 millions d’euros en 2013. Du coup, l’actionnaire principal de la chaîne, le groupe de BTP Bouygues – qui détient 43,5 % des parts de l’entreprise –, a exigé, en 2008, un plan d’économies. Nonce Paolini a joué le tueur de coût, imposant un régime minceur inédit qui s’élève aujourd’hui à quelque 24 millions d’euros. Son successeur s’inscrira dans la continuité de cette stratégie.Lire aussi :TF1, toujours seule en tête 700 millions d’eurosC’est le trésor de guerre, considérable, de TF1. La chaîne a vu sa trésorerie augmenter de 491 millions d’euros grâce à la vente de ses 49 % restants dans la chaîne sportive Eurosport à l’américain Discovery, en juillet. Fin 2014, les réserves du groupe audiovisuel s’élevaient déjà à 497 millions d’euros. Après versement des dividendes, la trésorerie devrait se situer à 700 millions d’euros. De quoi relativiser les pertes occasionnées par le quotidien gratuit Metro, qui a cessé en juillet de faire paraître son édition papier, ou de la chaîne d’info en continu LCI.Avec l’arrivée de M. Pélisson, les annonceurs attendent que TF1, assez prudent jusqu’ici, s’engage sur des investissements. Le groupe pourrait choisir de faire des acquisitions dans le numérique ou dans la production de contenus.Lire aussi :TF1 gonfle sa trésorerie en se désengageant totalement d’Eurosport 8,5 millions d’eurosC’est la perte enregistrée par LCI en 2014. L’avenir de la chaîne d’information est suspendu à une décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur son passage en gratuit, qui doit intervenir d’ici à la fin de l’année. Sa précédente demande avait été rejetée par le CSA, mais le Conseil d’Etat a annulé cette décision, pour des raisons de procédure.TF1 considère que LCI n’a pas d’avenir sur la TNT payante, dont l’usage est en déclin (200 000 abonnés environ). Si le CSA ne lui accorde pas le passage en gratuit, TF1 a affirmé envisager l’arrêt de l’exploitation de sa chaîne après le 31 décembre.Lire aussi (édition abonnés) :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFM Sarah Belouezzane et Alexandre Piquard Le conseil d’administration du groupe Bouygues, qui s’est tenu mercredi 28 octobre, a choisi Gilles Pélisson pour succéder à Nonce Paolini au poste de président-directeur général de TF1. M. Pélisson prendra ses fonctions le 17 février 2016.« Jusqu’à cette date Gilles Pélisson se préparera à l’exercice de ses fonctions avec le concours de Nonce Paolini », précise le communiqué.« Le choix a été fait conjointement par Martin Bouygues et Nonce Paolini, qui a participé à la désignation de son successeur », explique une source proche du dossier. L’actionnaire et le dirigeant ont chacun fait une première liste de noms avant de trancher.« Il y avait deux choix stratégiques : soit prendre un homme de médias, télévision ou radio, plutôt extérieur, soit prendre quelqu’un qui connaît le groupe. C’est le critère Bouygues qui l’a emporté », résume cette source. Ancien patron du groupe hôtelier Accor, M. Pélisson, 58 ans, est un fin connaisseur de la maison Bouygues et de TF1, dont il est administrateur depuis 2009.Lire aussi :TF1 en négociations pour le rachat de la société qui produit « Plus belle la vie »« Président qui préside »Parmi les autres candidats figurait par exemple Olivier Roussat, patron de Bouygues Telecom, jugé prometteur mais plus jeune (51 ans).« Martin Bouygues a choisi quelqu’un avec qui il a déjà travaillé et qu’il connaît bien. Ayant de moins en moins de choses à faire au sein de son groupe, il souhaite garder la main sur TF1, ce que le choix de Pélisson, à ce poste, vu son caractère, devrait lui permettre », glisse un bon connaisseur dans les milieux d’affaires parisiens.M. Pélisson est en l’occurrence appelé à être un « président qui préside », c’est-à-dire qui représente l’entreprise et gère les relations avec les pouvoirs publics. Les orientations éditoriales ne devraient pas, par conséquent, être au centre de ses préoccupations.« C’est davantage un choix de continuité que de rupture », estime Philippe Bailly, de NPA Conseil. De fait, la maison ne devrait pas connaître de grand bouleversement. M. Paolini, qui a appuyé la candidature de M. Pélisson, devrait rester conseiller du groupe Bouygues, dans des fonctions qui restent à définir.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresUn « rêve » de longue dateCette évolution est rendue possible par la proximité des deux hommes : MM. Pélisson et Paolini se connaissent bien, ayant travaillé ensemble chez Bouygues Telecom au début des années 2000, le premier à la direction générale et le second à la direction des ressources humaines. Ils se côtoient de nouveau depuis 2009 au sein du conseil d’administration de TF1.Pour M. Pélisson, prendre la tête de TF1 était un « rêve » de longue date, précise une source proche du dossier. « Il se prépare depuis longtemps », ajoute-t-elle. Son nom avait circulé à la fin du mandat de Patrick Le Lay, auquel avait succédé M. Paolini, en 2008.Clash avec Accor en 2010C’est pourtant chez Accor que le futur dirigeant de TF1 a fait ses premières armes. Diplômé de l’Essec et titulaire d’un MBA obtenu à Harvard, M. Pélisson a commencé sa carrière dans le groupe hôtelier, cofondé par son oncle Gérard. Après plusieurs postes dans le groupe, il est devenu, en 1993, coprésident de la filiale Novotel. L’homme connaît également le secteur du divertissement : il avait rejoint Euro Disney en 1995, et en était devenu le président-directeur général en 1997.Les télécommunications sont aussi un domaine qu’il maîtrise. Après un passage chez Noos et Suez Connect, M. Pélisson avait rejoint Bouygues Telecom, en 2001, avant d’en devenir le directeur général, puis le président-directeur général en 2004.A la fin de 2005, il était revenu à ses premières amours chez Accor. Cette fois en tant que PDG du groupe, en remplacement de Jean-Marc Espalioux. Après qu’il a notamment mené la scission du groupe, Accor se séparera de lui en 2010. Il n’a pas depuis retrouvé de fonctions opérationnelles de direction, et plutôt siégé dans divers conseils d’administration (Bic, NH Hotels ou encore Accenture, depuis 2012). Dont celui de TF1.Homme de réseaux« Il est avenant et sympathique, mais il n’a pas laissé une trace indélébile lors de ses passages chez Accor ou Bouygues Telecom par exemple, relativise un dirigeant d’entreprise. Il n’a pas su faire ce qu’il fallait chez le premier et n’a rien eu de bouleversant à gérer chez le second : ni le lancement de l’opérateur, ni la concurrence féroce de Free. » Un de ses proches note qu’il a chez Bouygues Télécom développé l’i-mode, un portail de contenus.Chez Accor, M. Pélisson n’a pas que des partisans. Un détracteur qualifie son passage chez l’hôtelier de « catastrophique ». Gardant le souvenir d’une personnalité chaleureuse de prime abord, mais « difficile » au quotidien.Gilles Pélisson a une grande expérience de l’international et a toujours veillé à la qualité des relations sociales, décrit de son côté la biographie publiée par TF1 mercredi. Le futur président-directeur général serait, selon certains observateurs, la personne idéale pour gérer les questions réglementaires, par exemple le passage de LCI en gratuit, sur lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit se prononcer pour la deuxième fois dans les mois à venir. M. Pélisson est bien introduit au sein des réseaux parisiens, habitué du club d’influence Le Siècle et fin connaisseur des milieux d’affaires.Il dispose maintenant de quatre mois de « tuilage » jusqu’à sa prise de fonctions pour élaborer son plan stratégique pour TF1.Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médiasAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.10.2015 à 17h39 • Mis à jour le27.10.2015 à 20h12 | Alexandre Piquard La polémique autour du « M. Météo » de France 2 n’est pas finie : Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, a été convoqué par la direction à un entretien en vue d’une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, a-t-on appris mardi 27 octobre. L’entrevue a eu lieu le 22 octobre en présence d’un représentant de la direction des ressources humaines du siège de France Télévisions, ainsi que d’un représentant de Force ouvrière (FO), selon ce syndicat.Contrairement aux autres syndicats de l’entreprise d’audiovisuel public, FO soutient ouvertement M. Verdier. « Il n’a fait qu’user de sa liberté d’expression », affirme Eric Vial, élu du syndicat. Joint par Le Monde, M. Verdier ne veut plus s’exprimer.La direction ne commente pas, car il s’agit d’un différend en cours avec un salarié. Mais elle a invoqué plusieurs fois le « principe déontologique » selon lequel les salariés ne devraient pas s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise.« Pas de délit d’opinion », selon la directionM. Verdier a fait dans les médias une promotion active de son ouvrage, Climat investigation (éd. Ring), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique. Dans une lettre ouverte à François Hollande, à l’approche du sommet sur le climat COP21, il a estimé que le président de la République ne pouvait cautionner « les scientifiques ultrapolitisés du GIEC, les lobbys d’entreprises, les ONG environnementales, ni les chefs religieux autoproclamés nouveaux apôtres du climat ».En congé pour le lancement de son livre, paru le 1er octobre, Philippe Verdier, qui présente la météo et a le titre de chef de service, a été mis à pied par la direction de France Télévisions à la mi-octobre.Lire aussi :France 2 met à pied son « M. Météo », Philippe Verdier« Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, estime qu’il n’y a pas de délit d’opinion. Pour elle, la faute de Philippe Verdier est liée à l’exécution de son contrat de travail, car il a mis en avant sa fonction et son employeur France Télévisions dans le cadre de la communication autour de son livre », explique Serge Cimino, élu du Syndicat national des journalistes (SNJ), un autre syndicat de France Télévisions. Ce dernier résume un échange vif qui a eu lieu sur le cas de M. Verdier entre Eric Vial, de FO, et Mme Ernotte, en comité de groupe, le 19 octobre.Prudence des autres syndicatsLe SNJ est prudent et dit s’être jusqu’ici surtout assuré que le salarié mis à pied soit bien reçu en entretien. Il dit attendre que la direction prononce la sanction, dans un délai d’un mois, avec un avis motivé.En interne, on sent une réserve de certains salariés, par rapport aux accents complotistes du discours du « M. Météo » de France 2, qui en a surpris certains car il ne s’était pas exprimé en interne contre le consensus sur le réchauffement, avant son livre. De plus, certaines de ses affirmations sont contestées.Lire aussi :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2Le soutien du journaliste de France 3 lié à l’affaire du « mur des cons » FO a davantage le souhait de politiser l’affaire : le syndicat a d’abord publié un communiqué et interpellé Delphine Ernotte en comité de groupe. Puis il a accompagné M. Verdier pour son entretien, lui suggérant de se faire accompagner par Clément Weill-Raynal, un journaliste de France 3 qui a « comme lui connu des pressions », raconte M. Vial. En effet, M. Weill-Raynal a notamment été en conflit avec sa direction pour avoir filmé avec son téléphone le « mur des cons » dans un local du syndicat de la magistrature, et diffusé la vidéo sur le site Atlantico. Il avait aussi accusé Charles Enderlin, le correspondant de France 2 en Israël, d’avoir « manipulé » les images du petit Mohammed Al-Dura, mort dans les bras de son père lors d’un échange de tirs entre Palestiniens et Israéliens.Contestation possible de la sanctionDe son côté, M. Verdier avait estimé, après sa mise à pied : « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat. »« M. Verdier n’a pas commis de faute professionnelle », argumente M. Vial. Ce dernier souligne que M. Verdier n’a pas utilisé l’antenne de France 2 pour faire la promotion de son livre. Plutôt que de convoquer un conseil de discipline paritaire, FO laisse à Mme Ernotte le choix de la sanction et se réserve la possibilité de la contester, aux prud’hommes ou auprès de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Pour le syndicat, le cas d’un journaliste qui promeut un livre ou exprime des opinions dans des médias est banal.Au même moment, France Télévisions doit aussi gérer le cas du « M. Météo » de… France 3Un autre cas télescope celui de M. Verdier : Jean-Marc Souami, le « M. Météo » de France 3, Jean-Marc Souami, a été convoqué mardi pour un rappel à l’ordre, rapporte Pure Médias. On lui reproche notamment d’avoir publiquement critiqué Laurent Ruquier, l’accusant d’être « complice » des « délires racistes » de l’élu de droite Nadine Morano sur la « France, pays de race blanche ». Il prend très régulièrement position sur son compte Twitter, rappelle le site.La direction a « désapprouvé qu’un présentateur du groupe s’en prenne à un animateur de France Télévisions », dans une réaction sur le site de l’animateur Jean-Marc Morandini.« Les cas de M. Verdier et de M. Souami sont différents », estime M. Cimino. Membre de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), M. Souami semble disposer d’un plus large soutien en interne.Pour Mme Ernotte, l’affaire de M. Verdier et celle de M. Souami sont des cas à régler. Avec une pression médiatique et syndicale importante, apanage de France Télévisions, la maison qu’elle dirige depuis deux mois.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Murong Xuecun (Ecrivain) Je ne sais pas combien de projets ont été tués dans l’œuf par le système de censure chinois. Mais ce que je sais, ce que je ressens, c’est que ce système est indubitablement en train de ruiner l’imagination et la créativité des Chinois.La censure, en Chine, ne relève pas de la loi, ce qui ne l’empêche pas d’avoir plus de pouvoir qu’elle. Chez nous, toutes les lois ne sont pas respectées à la lettre par tous, mais quand il s’agit de censure, et alors même que les règles en la matière ne sont pas vraiment claires, tout un chacun sait, comme d’instinct, à quoi s’en tenir, et prend bien garde à ne pas s’aventurer sur le territoire des sujets tabous ou sensibles.En 2013, un bon ami à moi a recommandé un livre à une maison d’édition chinoise, l’histoire d’une femme qui tuait son mari. Au départ, la maison d’édition a manifesté beaucoup d’intérêt pour ce projet. Mais quand elle s’est aperçue que les personnages étaient musulmans, elle a fait machine arrière, disant :« On ne peut pas publier ça », « c’est trop risqué », « les musulmans, c’est tabou ». Malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucune loi interdisant de parler des musulmans.Lire aussi :L’écrivain chinois Murong Xuecun : « Un jour ou l’autre, je vais me faire arrêter »Dans les faits, la résistance à la censure n’a jamais cessé. Aujourd’hui, ce système se heurte à une contestation qui n’existait pas avant l’avènement d’Internet. Les nouveaux outils de communication ont permis de démultiplier les contacts entre la Chine et le reste du monde, si bien qu’un grand nombre de Chinois s’est familiarisé avec l’anglais, inventant de nouveaux mots, une sorte de « sinoglais » : au lieu du mot « citizens », les Internautes vont ainsi employer le mot « shitizens » (« citoyriens ») pour désigner les citoyens chinois.Liens dans le monde entierLa démocratie devient, quant à elle, « democrazy » (« dingocratie »), et au mot de « secretary », les Internautes préfèrent (tout particulièrement concernant celles des hauts fonctionnaires) « sexcretaries » (« sexcrétaires »). Parallèlement, une multitude de blagues à caractère politique se répand.En voici une que j’ai entendue récemment : le président Xi Jinping se rend dans un grand restaurant de Pékin. Il demande à quoi sont farcis les raviolis. La serveuse lui répond : ceux-là sont au chou et au porc, ceux-là au porc et au chou, et dans ceux-là il y a du porc et du chou, qu’est-ce que vous choisissez ? Xi Jinping, l’air contrarié, s’exclame : « Ils sont tous farcis à la même chose, ai-je vraiment le choix ? » La serveuse lui dit alors en riant : « Président Xi, vous avez oublié ? Quand il a fallu vous choisir, c’était exactement pareil ! »Murong XuecunMurong Xuecun est né en 1974 dans le Shandong. Après des études de droit à Pékin, il se lance dans l’écriture d’un premier roman, qu’il publie sur Internet au début des années 2000, Oublier Chengdu, qui remporte un énorme succès.Dans les années qui suivent, son compte Weibo (le Twitter chinois) est suivi par des millions d’internautes, avant d’être censuré par le pouvoir.Électron libre, écrivain engagé comme la Chine en compte peu, Murong Xuecun dénonce dans ses romans la corruption, le fanatisme et l’ignorance à l’œuvre dans la société chinoise.Son dernier ouvrage paru en français est Il manque un remède à la Chine, (Bleu de Chine/Gallimard, 448 pages, 29 euros).Si Internet s’est imposé comme un espace de liberté où s’exprime la résistance au système de censure, cela n’empêche pas ce dernier, à l’heure où les entreprises d’Etat chinoises nouent des liens dans le monde entier, où des Instituts Confucius, pour promouvoir la langue et la culture chinoises, sont inaugurés un peu partout sur la planète, au moment où tous les pays du monde se battent pour obtenir des commandes de la Chine, de commencer à étendre lui aussi ses ramifications hors de ses frontières. Bientôt, son ombre ne planera pas seulement sur nous citoyens chinois. Elle vous rattrapera vous aussi, vous qui vivez loin de chez nous et qui vous croyez en sécurité.Il y a environ deux ans, un magazine londonien m’a invité à écrire un article. En allant sur leur site Internet, j’ai pu voir tout un tas de textes faisant l’éloge du Parti communiste chinois. Ce n’est pas vraiment en accord avec mon style. Je leur ai demandé pourquoi ils publiaient toute cette propagande. Le rédacteur en chef m’a expliqué : « Nous n’avons pas le choix, plusieurs de nos plus gros clients publicitaires sont des entreprises chinoises. Si nous publions trop d’articles critiquant le Parti communiste et le gouvernement chinois, ils vont tout simplement arrêter de placer des publicités chez nous. »Des choix à votre placeJe sais que cette façon de procéder existe aussi dans d’autres pays européens ainsi qu’à Hongkong, aux Etats-Unis, en Australie et jusqu’en Afrique. Sydney compte déjà plus de six journaux en langue chinoise. La plupart sont proches du gouvernement chinois, quand ce dernier ne les contrôle pas directement. Les articles et les commentaires qui y sont publiés, directement inspirés par sa propagande, l’encensent sans aucune retenue. Ainsi, sur le sol même de l’Australie, les représentants du Parti communiste et du gouvernement chinois font d’ores et déjà entendre leur voix. La plupart des gens ne s’en aperçoivent même pas.En mai, le Club Pen America a montré dans un rapport intitulé « Censure et conscience morale : les auteurs étrangers et le défi de la censure chinoise » que l’industrie de l’édition et certains écrivains américains étaient déjà sous l’influence du système de censure chinois.En Australie, un article publié en 2014 par le journal The Australian explique que l’Australian Broadcasting Corporation (ABC), la société nationale de diffusion audiovisuelle australienne, a signé un partenariat visant à partager des contenus avec un groupe audiovisuel chinois, le Shanghai Media Group. Cela signifie qu’immanquablement, les émissions australiennes passeront entre les mains de la censure chinoise. Ceux qui ont bonne mémoire se souviendront qu’en 2009, lors du festival international du film de Melbourne, le consulat chinois a tenté d’annuler la projection d’un documentaire sur la militante ouïgoure Rebiya Kadeer.Tout cela va bien au-delà du sort d’un simple film. Ce que vous devez comprendre, c’est que les censeurs chinois sont déjà parmi vous, et qu’ils ont commencé à faire des choix à votre place. Des incidents comme cela, il y en aura d’autres. Et comme nous avons pu en faire l’expérience en Chine, vous constaterez que les habiles fonctionnaires de la censure agiront au fil du temps avec de plus en plus de discrétion et de subtilité.Commerce avec la Chine avant toutCertains pourraient être tentés de se dire que la censure existe déjà ailleurs, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie. Je répondrais que, s’il est vrai que la censure existe aussi dans ces pays, cela ne justifie en rien celle qui s’exerce chez nous. Par ailleurs, j’ai beau trouver que le monde ne tourne pas rond, je ne crois pas que la censure dans les pays occidentaux soit aussi sévère qu’en Chine.D’autres pensent peut-être que la liberté d’expression, bien sûr, c’est important, mais que ce qui compte avant tout, c’est de pouvoir faire du commerce avec la Chine. En réalité, toutes les entreprises étrangères qui ont des relations commerciales avec la Chine sont susceptibles de subir l’impact de la censure chinoise. En 2014, la « Grande Muraille électronique » est devenue singulièrement plus étanche. Elle bloque désormais non seulement Google, Facebook, Twitter et YouTube, mais aussi Gmail et d’autres services étrangers de messagerie sur Internet.Chaque jour, des réseaux privés virtuels, permettant de contourner la Grande Muraille électronique en liant directement des ordinateurs, sont bloqués. Laissez-moi vous poser une question : ces restrictions en matière de communication imposées par le gouvernement chinois n’affecteront-elles pas vos affaires dans le long terme ?Au sujet du gouvernement chinois, les personnes qui ne vivent pas en Chine pensent parfois : « Bon, c’est vrai que ce gouvernement n’est pas terrible, mais ce n’est quand même pas si mal que ça. » Ou bien : « Oui, d’accord, le gouvernement chinois est plus que critiquable, mais il n’est pas encore si puissant que cela, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. »Après la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997, beaucoup de gens sur cette île pensaient à peu près la même chose. Dix-huit ans plus tard, il ne faut pas longtemps pour constater que leurs conditions de vie ont d’ores et déjà subi d’énormes changements. Cette ville de plus de 7 millions d’habitants ne compte désormais quasiment plus une chaîne de télévision ni un journal indépendants. Ses hommes politiques ressemblent de plus en plus aux secrétaires de section du Parti communiste. Les personnes qui manifestent contre la politique menée par Pékin sont désormais de plus en plus souvent harcelées par la mafia. Quant aux journalistes et aux artistes qui osent encore critiquer ouvertement Pékin, ils s’exposent à des tentatives d’assassinat…Ne pas se fier aux bonnes intentions du gouvernementOn ne peut en aucune manière se fier aux bonnes intentions du gouvernement chinois. La puissance économique de la Chine lui permet d’avoir un impact sur vos vies. La censure chinoise peut paraître en Occident un phénomène encore lointain, et il est vrai qu’elle ne va pas débouler comme une fusée dans vos vies.Mais si un jour vous vous apercevez que vos journaux publient de moins en moins d’articles critiques sur la Chine, que les intellectuels et les médias se mettent tous à faire l’éloge du système chinois et que tel ou tel politicien s’efforce de manière évidente de préserver les intérêts de la Chine, j’espère que vous vous souviendrez du discours que je vous ai tenu aujourd’hui, et qui vous semble peut-être alarmiste.La civilisation est un tout indivisible. Quand le gouvernement d’un pays commence à s’y attaquer sciemment, à la bâillonner, à la détruire, cela n’a pas seulement un impact sur le peuple de ce pays, mais sur l’humanité tout entière. A l’heure de la mondialisation, la liberté d’expression ne relève plus seulement de la politique intérieure d’un pays.Si vous vous contentez d’observer en silence un gouvernement détruire des livres et arrêter des hommes dans son pays, réprimer la liberté d’expression, et que vous allez même jusqu’à vous en rapprocher, l’air de rien, pour en faire, sans aucun scrupule, votre partenaire commercial, votre allié, alors, tôt ou tard, c’est à votre liberté d’expression à vous qu’il s’attaquera. (Traduit du chinois par Frédéric Dalléas)Ce texte est extrait d’un discours prononcé à Sydney, le 5 septembre, dans le cadre du Festival of Dangerous Ideas, le « festival des idées dangereuses ».Murong Xuecun (Ecrivain) Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14455165756", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#285a82","#28beaa","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Marine Le Pen","Manuel Valls","Jean-Luc Mélenchon","Arnaud Montebourg","François Bayrou","Alain Juppé","Jean-François Copé","François Fillon","François Hollande","Jean-Marc Ayrault","Nicolas Sarkozy","Pierre Moscovici","Christiane Taubira","Emmanuel Macron","Alain Lamassoure","Benoist Apparu","Benoît Hamon","Yann Galut","Bruno Le Maire","Cécile Duflot","Christian Estrosi","Bernard Cazeneuve","Valérie Pécresse","Nathalie Kosciusko-Morizet","Najat Vallaud-Belkacem","Martine Aubry","Marion Maréchal-Le Pen","Laurent Wauquiez","Laurent Fabius","Jean-Marie Le Guen","Jean-Christophe Lagarde","Henri Guaino","Harlem Désir","Florian Philippot","Éric Ciotti"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "invité principal", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 4 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "face à l'invité", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " fois", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; 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Elle reste toutefois la priorité actuelle du groupe.« Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagne et que cela soit positif pour les actionnaires », a détaillé Yves Guillemot lors d’une conférence téléphonique. Si Ubisoft a souligné dans un communiqué ses accords passés avec de « puissants partenaires internationaux » comme Columbia, Fox New Regency, Nickelodeon et Warner, le président de la plus grosse entreprise française de jeu vidéo n’a pas précisé vers quel chevalier blanc Ubisoft cherchait à se tourner pour empêcher une prise de contrôle par Vivendi.Plus aucun contact avec Vincent BolloréFace à ses actionnaires, Yves Guillemot est resté fidèle à la ligne de défense de son groupe : Ubisoft détient un savoir-faire et une connaissance du métier qui sont étrangers à Vivendi, et un rachat mettrait son modèle créatif en danger. Le président de l’entreprise a notamment relevé les quatre fondamentaux de sa stratégie : le développement de jeux en ligne avec une forte composante multijoueur, des jeux en mode ouvert, une capacité à créer de nouvelles licences de A à Z et un élargissement au-delà du jeu vidéo, notamment dans le cinéma. « Nous commençons tout juste à toucher les dividendes de cette stratégie », a assuré Yves Guillemot, qui a une nouvelle fois rappelé sa volonté d’indépendance.« Nous pensons que les synergies sont difficiles à voir surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd’hui, et dans le passé Vivendi ne voyait pas de synergie avec Activision Blizzard [dont le groupe a revendu l’essentiel de ses parts en 2013], nous ne voyons donc pas pourquoi ils en verraient aujourd’hui. »M. Guillemot a par ailleurs confié n’avoir eu aucun contact avec Vincent Bolloré depuis l’appel téléphonique de ce dernier le jour de l’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft – le géant des loisirs a depuis porté sa participation à 10,6 % d’Ubisoft, et reconfirmé sa volonté de rester indépendant. Ubisoft a par ailleurs annoncé mardi 2 novembre avoir signé un contrat avec l’agence de communication Mindshare, alors que la société était liée jusqu’à présent à Havas, qui appartient au groupe Vivendi.Trois jeux à gros budget dans les quatre moisPour son premier rapport financier depuis l’entrée non sollicitée de Vivendi dans son capital, Ubisoft a annoncé un chiffre d’affaires semestriel de 207,3 millions d’euros, en recul de 57 % par rapport à 2014, et 65,7 millions d’euros de pertes nettes (contre un bénéfice de 17,5 millions d’euros l’an passé). Un résultat prévisible : l’éditeur n’a lancé aucun jeu majeur au printemps de cette année, au contraire de Watch Dogs, sa nouvelle licence phare, en 2014.Principale sortie de l’éditeur pour ce Noël, le jeu Assassin’s Creed Syndicate a connu un lancement compliqué, avec des critiques partagées et des résultats commerciaux très en deçà des précédents opus (66 000 exemplaires en France en première semaine, contre 167 000 pour Unity). Mais la seconde semaine a renversé la tendance, assure l’éditeur. « Les notes que nous avons eues sur ce jeu ont été très élevées, notamment les plus gros sites spécialisés, et le bouche-à-oreille est actuellement favorable au jeu », a soutenu Yves Guillemot.Ubisoft publiera par ailleurs le jeu d’action Rainbow Six Siege le 1er décembre, ainsi que The Division et Far Cry Primal au premier trimestre 2016, qu’Ubisoft veut croire « historique ». Il est en effet rare de lancer deux jeux à gros budget en début d’année.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre L’heure de vérité approche pour Molotov.tv, ce service prochainement lancé qui promet de réinventer la distribution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’identité et les intentions de ses fondateurs, dont Jean-David Blanc, créateur d’AlloCiné, et Pierre Lescure, ancien président de Canal+, suscitent la curiosité, mais les détails du service restaient un mystère. Un mystère en voie de se dissiper, puisque l’interface de Molotov.tv a été présentée aux membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mercredi 4 novembre, et que Le Monde a pu parallèlement l’explorer.Lire aussi :La télévision est morte, vive la télévision !La conviction de l’équipe de Molotov.tv est que le problème qu’affronte la télévision, notamment vis-à-vis des plus jeunes, est d’abord ergonomique. Selon elle, les contenus de l’industrie télévisée restent riches et attractifs mais les nouveaux modes de circulation dans ces contenus auraient ringardisé l’usage se limitant à aller d’une chaîne à l’autre grâce à une télécommande. C’est pourquoi Molotov se définit au croisement de « la télévision d’hier et du monde d’aujourd’hui », selon M. Blanc.On peut bien sûr y choisir une chaîne et accéder au direct. Mais aussi reprendre au début un programme qui a déjà commencé. Ou explorer la liste des diffusions passées, et visionner un contenu de son choix – comme sur une plate-forme de rattrapage. Ou encore voir la liste des programmes à venir et sélectionner ceux qui nous intéressent. Le système les « enregistrera » et ils rejoindront un panier de programmes sélectionnés, visionnables à tout moment depuis n’importe quel appareil (téléphone, tablette, PC ou télévision connectée).L’utilisateur peut rechercher ce qui l’intéresse, parmi tous les programmes de télévision, à l’aide d’un moteur de recherche, et par catégories (films, séries, documentaires, enfants…).Plate-forme socialeL’usage se veut en effet nomade : un compte Molotov est par nature multisupports et on peut passer de l’un à l’autre en reprenant le visionnage d’un contenu à l’endroit précis où il a été interrompu. Le système peut également alerter l’utilisateur par e-mail en cas de prochain passage à la télévision d’une personnalité ou d’une entité qu’il a déclaré suivre.Molotov est aussi une plate-forme sociale : en visionnant un programme live, on voit défiler les tweets qui lui sont associés. L’utilisateur peut voir ce que ses amis regardent ou ont regardé, et visionner les séquences télé qui « buzzent » sur les réseaux sociaux. Et témoigner de ce qu’il regarde. Enfin, un outil permet de sélectionner une séquence pour la partager sur les réseaux sociaux.Avant son lancement prévu en décembre, l’équipe de Molotov.tv continue d’élargir son nombre de chaînes partenaires (déjà plus de 80). L’Equipe 21 vient de rejoindre la plate-forme. Avec Canal+, à ce jour le grand absent de l’offre, les discussions ne sont pas arrêtées. Misant sur un modèle freemium, avec une couche payante, les fondateurs doivent encore choisir les services qui ne seront pas gratuits et fixer les prix. Et réfléchissent à des formats publicitaires plus « comestibles » que les spots diffusés à l’ouverture des programmes.Lire aussi :L’énigmatique Molotov.tv séduit 80 chaînesAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h36 Le président et directeur de la publication du New York Times, Arthur Ochs Sulzberger Jr, 64 ans, a ouvert officiellement lundi 2 novembre le processus qui doit mener à la désignation de son successeur, choisi au sein de sa famille. Un directeur adjoint de la publication doit être nommé dans les deux ans, qui sera appelé à le remplacer. Le processus de succession est « formel » et « implique le conseil d’administration, les cadres dirigeants et les représentants de la famille », a rappelé M. Sulzberger aux employés lors d’une réunion annuelle.Arthur Ochs Sulzberger Jr, qui dirige le principal quotidien d’Amérique depuis vingt-cinq ans, est le cinquième membre de la famille à assumer cette charge. Il est l’arrière-petit-fils d’Adolph Ochs, qui a racheté le New York Times en août 1896 et en a gardé la tête jusqu’à sa mort, en 1935. Le fondateur avait été remplacé par Arthur Sulzberger, son gendre.La famille ne détient aujourd’hui qu’une participation minoritaire au capital du groupe mais possède l’essentiel des actions de type B, ce qui lui permet de désigner 9 des 14 membres du conseil d’administration.Selon une enquête du New York Magazine, publiée en août, trois descendants d’Adolph Ochs pourraient succéder à l’actuel patron du New York Times : Arthur Sulzberger (fils du directeur de la publication), David Sulzberger Perpich, cousin du premier, et Samuel Dolnick, cousin au deuxième degré des deux premiers. Tous trois sont trentenaires et occupent déjà des postes au sein du quotidien. Alexandre Piquard Le torchon brûlait depuis plusieurs semaines. Philippe Verdier, le « M. Météo » de France 2, a annoncé lui-même son licenciement dans une vidéo mise en ligne samedi 31 octobre. Un clip scénarisé autour de l’ouverture de sa lettre de licenciement réalisé par Ring, l’éditeur du livre de M. Verdier. L’ouvrage conteste le consensus des scientifiques sur le réchauffement climatique et s’attaque au sommet de la COP21, attendu en décembre à Paris.La direction de France Télévisions ne commente pas la décision. Elle a reproché à M. Verdier d’avoir mis en avant, dans la promotion de son livre, ses fonctions à France Télévisions. Et donc d’engager l’entreprise. Selon le groupe, le présentateur aurait enfreint l’un des principes de l’accord collectif qui imposerait un devoir de réserve aux journalistes dans le cadre des opérations de promotion ou les expressions à titre privé : c’est l’esprit de ce qu’a rappelé la présidente, Delphine Ernotte, le 28 octobre, face au député Les Républicains Hervé Mariton, qui l’interrogeait en commission.Au cours de la promotion médiatique du livre Climat investigation a été effectivement rappelée la fonction de « M. Météo » de M. Verdier. La lettre ouverte qu’il a adressée à François Hollande était également signée « chef du service météo de France 2 et auteur de Climat investigation ». Selon une source à France Télévisions, M. Verdier a d’abord fait l’objet d’un rappel à son devoir de réserve, sans sanction, après sa lettre ouverte au président de la République, datée du 1er octobre. Mais M. Verdier a, dans les médias mentionné son différend avec sa hiérarchie, suggérant des pressions politiques : « Le livre n’est pas apprécié par la direction de France Télévisions. L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat, et l’Etat organise la COP21. Je suis conscient que ça ne fait pas plaisir à mes patrons, qui ont des pressions », a-t-il dit sur RMC.Une campagne habileMi-octobre, M. Verdier a donc été mis à pied. Le 22 octobre, il a eu un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Force ouvrière a activement défendu M. Verdier et l’a accompagné lors de son entretien. Le syndicat se réservait le droit de contester sa sanction, devant le défenseur des droits ou aux prud’hommes « au nom de la liberté d’expression ».Les autres syndicats ont été plus prudents. La rhéthorique parfois complotiste du « M. Météo » de France 2 en gêne certains à France Télévisions. Certaines de ses affirmations sur le réchauffement climatique ont été contestées. Et son éditeur semble exploiter son différend avec France Télévisions dans sa campagne habile autour du livre.« Il y a un décalage entre le ton de la promotion et l’image de discrétion et de sérieux qu’il avait dans la rédaction », estime un journaliste de France 2. Ses collègues ont été surpris, comme à BFM-TV, où il travaillait avant son arrivée, en 2011, à France Télévisions. « C’est un vrai pro, nous avons regretté son départ, se souvient le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud. Il n’était pas militant : il avait tenu à couvrir une conférence sur le climat, ce qui témoignait d’un intérêt, mais il n’a jamais parlé de doutes sur le processus [de réchauffement climatique]. »De son côté, Ring n’en est pas à sa première polémique. L’éditeur a déjà fait parler de lui lors de la parution de livres sur des thématiques proches de l’extrême droite, comme La France Orange mécanique, de Laurent Obertone, ou Une élection ordinaire, imaginant l’accession à la présidence de la République de l’essayiste militant Eric Zemmour.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ni César ni Oscar, mais plutôt un beau bazar. Alors qu’Angoulême et Cannes sont mondialement reconnus pour leurs récompenses dans les domaines de la bande dessinée et du cinéma, le jeu vidéo, lui, court toujours après son rendez-vous français de référence. Ce n’est pourtant pas faute de tenter : rien qu’entre le lundi 26 et le vendredi 30 octobre, l’Hexagone a abrité quatre remises de prix différentes, les EIGD Awards à Montreuil, les Ping Awards à la Cité des sciences et de l’industrie, les Game Connection Development Awards ainsi que les trophées Paris Games Week au parc des Expositions de Paris.Derrière chacun de ses prix, un organisateur de type différent : syndicat représentant la filière nationale (SNJV) côté EIGD Awards ; syndicat d’éditeurs de taille mondiale présents en France (Sell) pour les trophées Paris Games Week ; organisateur d’événements professionnels internationaux (Connection Events) pour les Game Connection Development Awards ; et même agence indépendante multitâche pour les Ping Awards (l’AFJV, mini-structure qui sert notamment de portail informatif et de site de recrutement aux professionnels de France).Objectifs différentsDans le détail, les quatre prix répondent à des objectifs différents. Les Ping Awards récompensent la création franco-française, les EIGD Awards les indépendants européens, les Game Connection Awards sont un trophée professionnel et les trophées Paris Games Week, des récompenses adossées à un salon consumériste.La cérémonie de remise des prix des European Indie Game Days Awards, présidée par F. Raynal (Alone in the Dark) https://t.co/0eCwhm5lNf— Willvs (@William Audureau)require(["twitter/widgets"]);Ces différences de vues se traduisent dans le palmarès. Le jeu narratif Life is Strange, développé à Paris, a remporté le Ping d’or du meilleur jeu français ; le jeu mobile suisse Cloud Chasers l’EIGD Award du meilleur jeu indépendant européen ; le jeu britannique Lumino City le Game Connection Development Award du meilleur jeu indépendant selon la profession, et Uncharted 4 le trophée du meilleur jeu présent sur le salon grand public de la Paris Games Week. « Ces récompenses ont toutes des objectifs différents », résume Julien Villedieu, délégué général du SNJV.Avec des contraintes propres. Life is Strange, sensation française de l’année, n’était ainsi éligible ni aux EIGD ni aux GCD Awards, car il est édité par le géant japonais Square Enix, et ne rentrait pas dans la catégorie jeu indépendant. Il ne satisfaisait pas non plus aux critères d’admissibilité de la Paris Games Week, car il figurait sur le stand de l’éditeur sous forme de vidéo. « La seule condition, c’est d’être présent et jouable sur le salon », précise Emmanuel Martin, pour qui ces trophées sont aussi un moyen d’inviter les joueurs à se rendre au parc des Expositions pour essayer les jeux.« Bienvenue en Union soviétique »Vu de l’extérieur, ces récompenses évoquent parfois plus des réunions au sein de microcosme qu’une célébration nationale, d’autant que le choix des lauréats prête parfois à confusion. Jeudi soir, Fabien Delpiano, nouveau président de Capital Games et fondateur du studio Pastagames, était ainsi tout penaud en découvrant le contenu de l’enveloppe finale. Le Grand Ping 2015, saluant la personnalité de l’année, était en effet décerné à Cédric Laguarrigue, président de Focus Home Interactive, et accessoirement son éditeur sur le jeu Pix the Cat.Vendredi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur commercial et marketing de Microsoft France, mais aussi président du SELL et, à ce titre, organisateur de la Paris Games Week, s’est remis à lui-même trois trophées pour des jeux Xbox One. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », a-t-il fini par commenter avec humour au moment de brandir le troisième trophée, en réalité, décerné par un jury de journalistes spécialisés.« Je conçois qu’on puisse y voir de l’entre-soi, mais il faut voir à qui vont ces prix, tempère Julien Villedieu, délégué général du SNJV. Focus Home Interactive est un éditeur de premier plan, et son dirigeant Cédric Lagarrigue une personnalité de premier ordre de notre secteur, qui a réussi au niveau professionnel la transformation d’un petit éditeur en acteur qui concurrence les plus gros. C’est quelqu’un d’extrêmement légitime, qui a déjà été distingué par le Syntec l’an passé. Quant à Jean-Claude Ghinozzi, s’il a reçu ces trophées, c’est que les jeux proposés ont paru les meilleurs au jury. C’est ce qu’il faut regarder. » Peu de temps pour les jurys« Si on veut que ces trophées soient crédibles, on a besoin d’un jury qui travaille en profondeur », confirme Emmanuel Martin, du Sell. Celui de la Paris Games Week était présidé par Alain-Huygues Lacour, vétéran de la presse jeux vidéo. « Quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche et a imposé ses conditions », promet Emmanuel Martin.Chaque organisateur est conscient de l’importance d’arriver à des récompenses légitimes et respectées. Emmanuel Forsans, président de l’AFJV et coorganisateur des Ping Awards, ne cache pas son ambition d’en faire un jour l’équivalent des Césars du jeu vidéo, tandis qu’Emmanuel Martin, du Sell, rêve d’un parterre de jurés composé de plusieurs dizaines ou centaines de professionnels, à la manière des Oscars. Mais ces récompenses sont tenues par des contraintes de temps, et la difficulté de faire essayer une trentaine de jeux vidéo parfois longs de plusieurs heures à un jury qui n’a souvent qu’un après-midi pour se réunir. Une des raisons, sans doute, pour laquelle le jeu de rallye WRC 5 a reçu le Ping du meilleur jeu français sur console : une dizaine de minutes suffit à n’importe quel juré pour terminer plusieurs courses, là où un jeu de rôle ne « démarre » traditionnellement qu’au bout de six à dix heures de jeu.Des catégories à géométrie variableIl arrive également que le jury s’arrange avec les catégories. Par exemple, à la Paris Games Week, le prix du meilleur jeu du salon a été remis à Uncharted 4, un jeu d’action-aventure, alors que le prix du meilleur jeu d’action-aventure a été octroyé à The Rise of Tomb Raider. « Cela a permis d’équilibrer un peu les choses entre ces deux jeux qu’on avait du mal à départager », décrypte Alain-Huygues Lacour.Plus étonnant, deux casques de réalité virtuelle ont été primés dans deux catégories différentes, le HTC Vive côté accessoire et le PlayStation VR côté innovation technologique. « Deux démarches différentes », assure Emmanuel Martin. Aux Ping Awards, c’est un prix spécial spécialement créé pour l’occasion qui a récompensé A Blind Legend, jeu vidéo-audio à l’écran noir et accessible aux non-voyants. Il a été présenté dans un malaise ambiant comme « le prix du politiquement correct » par les deux coprésidents, les animateurs de radio Manu Levy et Florian Gazan.Lire aussi :« A Blind Legend », le jeu d’aventure sonore à tester les yeux fermésHeureusement, à la marge, ces récompenses mettent aussi en avant des jeux prometteurs en manque de visibilité. A l’image de Shiness, un jeu de rôle à la japonaise dans un univers à la Naruto, mené depuis cinq ans par de jeunes et ambitieux Lillois (trophée du meilleur jeu manga à la Paris Games Week). Ou de Zodiac : Orcanon Odyssey, création franco-écossaise en partenariat avec des anciens de Final Fantasy (Ping du meilleur jeu mobile et tablette). « On essaie de faire de la place à tout le monde, et que le meilleur gagne », se félicite Emmanuel Martin.« On essaie de créer des passerelles »Il reste qu’avec quatre cérémonies différentes et plus de soixante prix contradictoires remis dans la même semaine, personne n’est dupe du message brouillé qu’envoient toutes ces récompenses. « Elles ont toutes des objectifs différents, mais c’est vrai que l’on peut regretter qu’il y ait autant d’initiatives, concède Julien Villedieu. On ne va pas se satisfaire d’avoir quatre ou cinq cérémonies, c’est regrettable. » « On est la risée de l’Europe », grince un professionnel en privé.Certains rapprochements existent déjà, grâce notamment à des associations impliquées dans plusieurs événements, comme Capital Games. Ce groupement francilien est à la fois l’organisateur du stand made in France à la Paris Games Week et l’un des principaux partenaires des Ping Awards. Ce qui a permis d’arriver à un intitulé à rallonge, celui du « prix du meilleur jeu exposé sur le stand made in France », remporté par Blood Bowl Kerrunch.Le plus difficile reste toutefois de concilier l’approche cocardière des Ping Awards et l’approche consumériste de la Paris Games Week. Un faux problème, estime Julien Villedieu. « Nos entreprises font 50 % de leur chiffre d’affaires à l’international, donc ce qu’elles attendent, ce n’est pas une reconnaissance juste locale. Si, un jour, il y a une volonté de faire quelque chose d’unifié, il faudra que le jeu vidéo français soit récompensé au sein du jeu vidéo international. » Mais le premier Ping du jeu international, prévu cette année, n’a pas été décerné faute de candidats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 08h29 • Mis à jour le29.10.2015 à 19h57 | Alexandre Piquard Un nouveau patron et, déjà, une nouvelle stratégie ? Les choses ne sont pas si tranchées : l’arrivée prévue de Gilles Pélisson comme futur patron de TF1, confirmée mercredi 28 octobre, se fait main dans la main avec le PDG sortant, Nonce Paolini, et l’actionnaire Martin Bouygues. Mais l’annonce, dès le lendemain, jeudi, de l’entrée en négociations exclusives avec Newen, un des plus gros producteurs français, est une surprise. Elle tranche avec la période plus prudente et gestionnaire des dernières années.« TF1 pourrait prendre une participation majoritaire dans Newen », affirme le communiqué du groupe publié jeudi matin. Le but : « Nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels. » Newen est présent dans tous les genres, à travers ses quatre filiales, Telfrance, Capa, Be Aware et 17 Juin Media. Il produit les fictions Plus belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Versailles ou les émissions « Les Maternelles », « Le Magazine de la santé » ou « Faites entrer l’accusé ». Troisième producteur français derrière Banijay et Lagardère Entertainment, le groupe constitué par Fabrice Larue cherchait à grandir pour peser davantage en Europe, où une concentration est en cours.Si une telle prise de contrôle se concrétise, TF1, le premier groupe privé de télévision gratuite en France avec les chaînes TF1, TMC, NT1 et HD1, deviendrait l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+. Newen est présenté par son PDG, Fabrice Larue, comme « le troisième producteur français de programmes de flux » et cherche à s’internationaliser.Lire aussi :Le groupe de production Newen veut grossir et s’internationaliserEn quête de nouvelles recettesPour TF1, acquérir Newen est une réponse à l’un des deux axes stratégiques affichés pour l’avenir du groupe, confronté aux limites du modèle de la télévision gratuite financée par la publicité. Il s’agit de l’investissement dans la production, pour « remonter dans la chaîne de valeur ». TF1 a en tête le modèle de la chaîne britannique ITV, qui a racheté des sociétés comme Talpa. Le Vivendi de Vincent Bolloré a, lui, pris 30 % du poids lourd Zodiak-Banijay.L’idée est de générer de nouvelles recettes en revendant les droits de ces contenus. Une volonté commune à toutes les chaînes, qui négocient en ce moment avec les pouvoirs publics et les producteurs. TF1 cherche là des revenus « contracycliques ».L’accord TF1-Newen est un « beau projet », selon la ministre de la culture, Fleur Pellerin, interrogée par Le Monde. Il s’inscrit dans sa volonté de faire « émerger des champions français » de l’audiovisuel, même si Mme Pellerin sera attentive à « l’indépendance éditoriale » de Newen.France Télévisions, en revanche, a dénoncé dans un communiqué ce « projet de prise de contrôle » et conteste que les « investissements de France Télévisions, principalement financés par la contribution des citoyens par la redevance, puissent aujourd’hui faire l’objet d’une telle tractation ». Le groupe public a ainsi annoncé la suspension des « développements et des projets » avec Newen.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 17h49 • Mis à jour le28.10.2015 à 18h20 Le successeur de Nonce Paolini à la tête du groupe audiovisuel français, Gilles Pélisson, choisi mercredi 28 octobre par le conseil d’administration de Bouygues, arrive dans un contexte difficile, marqué par le déclin des audiences et des bénéfices.Lire aussi :Gilles Pélisson succédera à Nonce Paolini à la tête de TF1 21,4 %C’est la part d’audience de TF1 en septembre, pour 14,4 % pour France 2 et 10,1 % pour M6. En août, l’audience était tombée à 20,1 %, un niveau historiquement bas pour la chaîne qui connaît un déclin quasi continu depuis des années. TF1 enregistrait 44,8 % d’audience en 1988, 35,3 % en 1998, et 27,2 % en 2008. Depuis dix ans, les parts de la chaîne sont aussi grignotées par celles de la TNT.Face à cette érosion, TF1 rappelle qu’elle déploie une stratégie pour l’ensemble de son groupe qui vise à faire progresser l’audience de ses chaînes secondaires (HD1, NT1 et TMC). Elle insiste sur l’audience agrégée de ses quatre chaînes (27,4 % de part en moyenne en 2015, selon des chiffres de fin août), voire sur son audience numérique, où sa plate-forme MyTF1 progresse, avec environ 15 millions de vidéos vues par mois. Lire aussi (édition abonnés) :TF1 tente de contrer l’érosion de son audience413 millions d’eurosC’est le montant du résultat net part du groupe pour 2014. Il était en forte hausse par rapport à 2013 (137 millions d’euros). Mais ce résultat est en trompe-l’œil car il intègre la plus-value liée à la cession du contrôle d’Eurosport à Discovery Communications, en mai 2014, pour 299,5 millions d’euros.En réalité, la baisse des bénéfices est continue : 250,3 millions d’euros en 2000, 228 millions d’euros en 2007 et, donc, 137 millions d’euros en 2013. Du coup, l’actionnaire principal de la chaîne, le groupe de BTP Bouygues – qui détient 43,5 % des parts de l’entreprise –, a exigé, en 2008, un plan d’économies. Nonce Paolini a joué le tueur de coût, imposant un régime minceur inédit qui s’élève aujourd’hui à quelque 24 millions d’euros. Son successeur s’inscrira dans la continuité de cette stratégie.Lire aussi :TF1, toujours seule en tête 700 millions d’eurosC’est le trésor de guerre, considérable, de TF1. La chaîne a vu sa trésorerie augmenter de 491 millions d’euros grâce à la vente de ses 49 % restants dans la chaîne sportive Eurosport à l’américain Discovery, en juillet. Fin 2014, les réserves du groupe audiovisuel s’élevaient déjà à 497 millions d’euros. Après versement des dividendes, la trésorerie devrait se situer à 700 millions d’euros. De quoi relativiser les pertes occasionnées par le quotidien gratuit Metro, qui a cessé en juillet de faire paraître son édition papier, ou de la chaîne d’info en continu LCI.Avec l’arrivée de M. Pélisson, les annonceurs attendent que TF1, assez prudent jusqu’ici, s’engage sur des investissements. Le groupe pourrait choisir de faire des acquisitions dans le numérique ou dans la production de contenus.Lire aussi :TF1 gonfle sa trésorerie en se désengageant totalement d’Eurosport 8,5 millions d’eurosC’est la perte enregistrée par LCI en 2014. L’avenir de la chaîne d’information est suspendu à une décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur son passage en gratuit, qui doit intervenir d’ici à la fin de l’année. Sa précédente demande avait été rejetée par le CSA, mais le Conseil d’Etat a annulé cette décision, pour des raisons de procédure.TF1 considère que LCI n’a pas d’avenir sur la TNT payante, dont l’usage est en déclin (200 000 abonnés environ). Si le CSA ne lui accorde pas le passage en gratuit, TF1 a affirmé envisager l’arrêt de l’exploitation de sa chaîne après le 31 décembre.Lire aussi (édition abonnés) :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFM Sarah Belouezzane et Alexandre Piquard Le conseil d’administration du groupe Bouygues, qui s’est tenu mercredi 28 octobre, a choisi Gilles Pélisson pour succéder à Nonce Paolini au poste de président-directeur général de TF1. M. Pélisson prendra ses fonctions le 17 février 2016.« Jusqu’à cette date Gilles Pélisson se préparera à l’exercice de ses fonctions avec le concours de Nonce Paolini », précise le communiqué.« Le choix a été fait conjointement par Martin Bouygues et Nonce Paolini, qui a participé à la désignation de son successeur », explique une source proche du dossier. L’actionnaire et le dirigeant ont chacun fait une première liste de noms avant de trancher.« Il y avait deux choix stratégiques : soit prendre un homme de médias, télévision ou radio, plutôt extérieur, soit prendre quelqu’un qui connaît le groupe. C’est le critère Bouygues qui l’a emporté », résume cette source. Ancien patron du groupe hôtelier Accor, M. Pélisson, 58 ans, est un fin connaisseur de la maison Bouygues et de TF1, dont il est administrateur depuis 2009.Lire aussi :TF1 en négociations pour le rachat de la société qui produit « Plus belle la vie »« Président qui préside »Parmi les autres candidats figurait par exemple Olivier Roussat, patron de Bouygues Telecom, jugé prometteur mais plus jeune (51 ans).« Martin Bouygues a choisi quelqu’un avec qui il a déjà travaillé et qu’il connaît bien. Ayant de moins en moins de choses à faire au sein de son groupe, il souhaite garder la main sur TF1, ce que le choix de Pélisson, à ce poste, vu son caractère, devrait lui permettre », glisse un bon connaisseur dans les milieux d’affaires parisiens.M. Pélisson est en l’occurrence appelé à être un « président qui préside », c’est-à-dire qui représente l’entreprise et gère les relations avec les pouvoirs publics. Les orientations éditoriales ne devraient pas, par conséquent, être au centre de ses préoccupations.« C’est davantage un choix de continuité que de rupture », estime Philippe Bailly, de NPA Conseil. De fait, la maison ne devrait pas connaître de grand bouleversement. M. Paolini, qui a appuyé la candidature de M. Pélisson, devrait rester conseiller du groupe Bouygues, dans des fonctions qui restent à définir.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresUn « rêve » de longue dateCette évolution est rendue possible par la proximité des deux hommes : MM. Pélisson et Paolini se connaissent bien, ayant travaillé ensemble chez Bouygues Telecom au début des années 2000, le premier à la direction générale et le second à la direction des ressources humaines. Ils se côtoient de nouveau depuis 2009 au sein du conseil d’administration de TF1.Pour M. Pélisson, prendre la tête de TF1 était un « rêve » de longue date, précise une source proche du dossier. « Il se prépare depuis longtemps », ajoute-t-elle. Son nom avait circulé à la fin du mandat de Patrick Le Lay, auquel avait succédé M. Paolini, en 2008.Clash avec Accor en 2010C’est pourtant chez Accor que le futur dirigeant de TF1 a fait ses premières armes. Diplômé de l’Essec et titulaire d’un MBA obtenu à Harvard, M. Pélisson a commencé sa carrière dans le groupe hôtelier, cofondé par son oncle Gérard. Après plusieurs postes dans le groupe, il est devenu, en 1993, coprésident de la filiale Novotel. L’homme connaît également le secteur du divertissement : il avait rejoint Euro Disney en 1995, et en était devenu le président-directeur général en 1997.Les télécommunications sont aussi un domaine qu’il maîtrise. Après un passage chez Noos et Suez Connect, M. Pélisson avait rejoint Bouygues Telecom, en 2001, avant d’en devenir le directeur général, puis le président-directeur général en 2004.A la fin de 2005, il était revenu à ses premières amours chez Accor. Cette fois en tant que PDG du groupe, en remplacement de Jean-Marc Espalioux. Après qu’il a notamment mené la scission du groupe, Accor se séparera de lui en 2010. Il n’a pas depuis retrouvé de fonctions opérationnelles de direction, et plutôt siégé dans divers conseils d’administration (Bic, NH Hotels ou encore Accenture, depuis 2012). Dont celui de TF1.Homme de réseaux« Il est avenant et sympathique, mais il n’a pas laissé une trace indélébile lors de ses passages chez Accor ou Bouygues Telecom par exemple, relativise un dirigeant d’entreprise. Il n’a pas su faire ce qu’il fallait chez le premier et n’a rien eu de bouleversant à gérer chez le second : ni le lancement de l’opérateur, ni la concurrence féroce de Free. » Un de ses proches note qu’il a chez Bouygues Télécom développé l’i-mode, un portail de contenus.Chez Accor, M. Pélisson n’a pas que des partisans. Un détracteur qualifie son passage chez l’hôtelier de « catastrophique ». Gardant le souvenir d’une personnalité chaleureuse de prime abord, mais « difficile » au quotidien.Gilles Pélisson a une grande expérience de l’international et a toujours veillé à la qualité des relations sociales, décrit de son côté la biographie publiée par TF1 mercredi. Le futur président-directeur général serait, selon certains observateurs, la personne idéale pour gérer les questions réglementaires, par exemple le passage de LCI en gratuit, sur lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit se prononcer pour la deuxième fois dans les mois à venir. M. Pélisson est bien introduit au sein des réseaux parisiens, habitué du club d’influence Le Siècle et fin connaisseur des milieux d’affaires.Il dispose maintenant de quatre mois de « tuilage » jusqu’à sa prise de fonctions pour élaborer son plan stratégique pour TF1.Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médiasAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.10.2015 à 17h39 • Mis à jour le27.10.2015 à 20h12 | Alexandre Piquard La polémique autour du « M. Météo » de France 2 n’est pas finie : Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, a été convoqué par la direction à un entretien en vue d’une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, a-t-on appris mardi 27 octobre. L’entrevue a eu lieu le 22 octobre en présence d’un représentant de la direction des ressources humaines du siège de France Télévisions, ainsi que d’un représentant de Force ouvrière (FO), selon ce syndicat.Contrairement aux autres syndicats de l’entreprise d’audiovisuel public, FO soutient ouvertement M. Verdier. « Il n’a fait qu’user de sa liberté d’expression », affirme Eric Vial, élu du syndicat. Joint par Le Monde, M. Verdier ne veut plus s’exprimer.La direction ne commente pas, car il s’agit d’un différend en cours avec un salarié. Mais elle a invoqué plusieurs fois le « principe déontologique » selon lequel les salariés ne devraient pas s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise.« Pas de délit d’opinion », selon la directionM. Verdier a fait dans les médias une promotion active de son ouvrage, Climat investigation (éd. Ring), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique. Dans une lettre ouverte à François Hollande, à l’approche du sommet sur le climat COP21, il a estimé que le président de la République ne pouvait cautionner « les scientifiques ultrapolitisés du GIEC, les lobbys d’entreprises, les ONG environnementales, ni les chefs religieux autoproclamés nouveaux apôtres du climat ».En congé pour le lancement de son livre, paru le 1er octobre, Philippe Verdier, qui présente la météo et a le titre de chef de service, a été mis à pied par la direction de France Télévisions à la mi-octobre.Lire aussi :France 2 met à pied son « M. Météo », Philippe Verdier« Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, estime qu’il n’y a pas de délit d’opinion. Pour elle, la faute de Philippe Verdier est liée à l’exécution de son contrat de travail, car il a mis en avant sa fonction et son employeur France Télévisions dans le cadre de la communication autour de son livre », explique Serge Cimino, élu du Syndicat national des journalistes (SNJ), un autre syndicat de France Télévisions. Ce dernier résume un échange vif qui a eu lieu sur le cas de M. Verdier entre Eric Vial, de FO, et Mme Ernotte, en comité de groupe, le 19 octobre.Prudence des autres syndicatsLe SNJ est prudent et dit s’être jusqu’ici surtout assuré que le salarié mis à pied soit bien reçu en entretien. Il dit attendre que la direction prononce la sanction, dans un délai d’un mois, avec un avis motivé.En interne, on sent une réserve de certains salariés, par rapport aux accents complotistes du discours du « M. Météo » de France 2, qui en a surpris certains car il ne s’était pas exprimé en interne contre le consensus sur le réchauffement, avant son livre. De plus, certaines de ses affirmations sont contestées.Lire aussi :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2Le soutien du journaliste de France 3 lié à l’affaire du « mur des cons » FO a davantage le souhait de politiser l’affaire : le syndicat a d’abord publié un communiqué et interpellé Delphine Ernotte en comité de groupe. Puis il a accompagné M. Verdier pour son entretien, lui suggérant de se faire accompagner par Clément Weill-Raynal, un journaliste de France 3 qui a « comme lui connu des pressions », raconte M. Vial. En effet, M. Weill-Raynal a notamment été en conflit avec sa direction pour avoir filmé avec son téléphone le « mur des cons » dans un local du syndicat de la magistrature, et diffusé la vidéo sur le site Atlantico. Il avait aussi accusé Charles Enderlin, le correspondant de France 2 en Israël, d’avoir « manipulé » les images du petit Mohammed Al-Dura, mort dans les bras de son père lors d’un échange de tirs entre Palestiniens et Israéliens.Contestation possible de la sanctionDe son côté, M. Verdier avait estimé, après sa mise à pied : « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat. »« M. Verdier n’a pas commis de faute professionnelle », argumente M. Vial. Ce dernier souligne que M. Verdier n’a pas utilisé l’antenne de France 2 pour faire la promotion de son livre. Plutôt que de convoquer un conseil de discipline paritaire, FO laisse à Mme Ernotte le choix de la sanction et se réserve la possibilité de la contester, aux prud’hommes ou auprès de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Pour le syndicat, le cas d’un journaliste qui promeut un livre ou exprime des opinions dans des médias est banal.Au même moment, France Télévisions doit aussi gérer le cas du « M. Météo » de… France 3Un autre cas télescope celui de M. Verdier : Jean-Marc Souami, le « M. Météo » de France 3, Jean-Marc Souami, a été convoqué mardi pour un rappel à l’ordre, rapporte Pure Médias. On lui reproche notamment d’avoir publiquement critiqué Laurent Ruquier, l’accusant d’être « complice » des « délires racistes » de l’élu de droite Nadine Morano sur la « France, pays de race blanche ». Il prend très régulièrement position sur son compte Twitter, rappelle le site.La direction a « désapprouvé qu’un présentateur du groupe s’en prenne à un animateur de France Télévisions », dans une réaction sur le site de l’animateur Jean-Marc Morandini.« Les cas de M. Verdier et de M. Souami sont différents », estime M. Cimino. Membre de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), M. Souami semble disposer d’un plus large soutien en interne.Pour Mme Ernotte, l’affaire de M. Verdier et celle de M. Souami sont des cas à régler. Avec une pression médiatique et syndicale importante, apanage de France Télévisions, la maison qu’elle dirige depuis deux mois.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Murong Xuecun (Ecrivain) Je ne sais pas combien de projets ont été tués dans l’œuf par le système de censure chinois. Mais ce que je sais, ce que je ressens, c’est que ce système est indubitablement en train de ruiner l’imagination et la créativité des Chinois.La censure, en Chine, ne relève pas de la loi, ce qui ne l’empêche pas d’avoir plus de pouvoir qu’elle. Chez nous, toutes les lois ne sont pas respectées à la lettre par tous, mais quand il s’agit de censure, et alors même que les règles en la matière ne sont pas vraiment claires, tout un chacun sait, comme d’instinct, à quoi s’en tenir, et prend bien garde à ne pas s’aventurer sur le territoire des sujets tabous ou sensibles.En 2013, un bon ami à moi a recommandé un livre à une maison d’édition chinoise, l’histoire d’une femme qui tuait son mari. Au départ, la maison d’édition a manifesté beaucoup d’intérêt pour ce projet. Mais quand elle s’est aperçue que les personnages étaient musulmans, elle a fait machine arrière, disant :« On ne peut pas publier ça », « c’est trop risqué », « les musulmans, c’est tabou ». Malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucune loi interdisant de parler des musulmans.Lire aussi :L’écrivain chinois Murong Xuecun : « Un jour ou l’autre, je vais me faire arrêter »Dans les faits, la résistance à la censure n’a jamais cessé. Aujourd’hui, ce système se heurte à une contestation qui n’existait pas avant l’avènement d’Internet. Les nouveaux outils de communication ont permis de démultiplier les contacts entre la Chine et le reste du monde, si bien qu’un grand nombre de Chinois s’est familiarisé avec l’anglais, inventant de nouveaux mots, une sorte de « sinoglais » : au lieu du mot « citizens », les Internautes vont ainsi employer le mot « shitizens » (« citoyriens ») pour désigner les citoyens chinois.Liens dans le monde entierLa démocratie devient, quant à elle, « democrazy » (« dingocratie »), et au mot de « secretary », les Internautes préfèrent (tout particulièrement concernant celles des hauts fonctionnaires) « sexcretaries » (« sexcrétaires »). Parallèlement, une multitude de blagues à caractère politique se répand.En voici une que j’ai entendue récemment : le président Xi Jinping se rend dans un grand restaurant de Pékin. Il demande à quoi sont farcis les raviolis. La serveuse lui répond : ceux-là sont au chou et au porc, ceux-là au porc et au chou, et dans ceux-là il y a du porc et du chou, qu’est-ce que vous choisissez ? Xi Jinping, l’air contrarié, s’exclame : « Ils sont tous farcis à la même chose, ai-je vraiment le choix ? » La serveuse lui dit alors en riant : « Président Xi, vous avez oublié ? Quand il a fallu vous choisir, c’était exactement pareil ! »Murong XuecunMurong Xuecun est né en 1974 dans le Shandong. Après des études de droit à Pékin, il se lance dans l’écriture d’un premier roman, qu’il publie sur Internet au début des années 2000, Oublier Chengdu, qui remporte un énorme succès.Dans les années qui suivent, son compte Weibo (le Twitter chinois) est suivi par des millions d’internautes, avant d’être censuré par le pouvoir.Électron libre, écrivain engagé comme la Chine en compte peu, Murong Xuecun dénonce dans ses romans la corruption, le fanatisme et l’ignorance à l’œuvre dans la société chinoise.Son dernier ouvrage paru en français est Il manque un remède à la Chine, (Bleu de Chine/Gallimard, 448 pages, 29 euros).Si Internet s’est imposé comme un espace de liberté où s’exprime la résistance au système de censure, cela n’empêche pas ce dernier, à l’heure où les entreprises d’Etat chinoises nouent des liens dans le monde entier, où des Instituts Confucius, pour promouvoir la langue et la culture chinoises, sont inaugurés un peu partout sur la planète, au moment où tous les pays du monde se battent pour obtenir des commandes de la Chine, de commencer à étendre lui aussi ses ramifications hors de ses frontières. Bientôt, son ombre ne planera pas seulement sur nous citoyens chinois. Elle vous rattrapera vous aussi, vous qui vivez loin de chez nous et qui vous croyez en sécurité.Il y a environ deux ans, un magazine londonien m’a invité à écrire un article. En allant sur leur site Internet, j’ai pu voir tout un tas de textes faisant l’éloge du Parti communiste chinois. Ce n’est pas vraiment en accord avec mon style. Je leur ai demandé pourquoi ils publiaient toute cette propagande. Le rédacteur en chef m’a expliqué : « Nous n’avons pas le choix, plusieurs de nos plus gros clients publicitaires sont des entreprises chinoises. Si nous publions trop d’articles critiquant le Parti communiste et le gouvernement chinois, ils vont tout simplement arrêter de placer des publicités chez nous. »Des choix à votre placeJe sais que cette façon de procéder existe aussi dans d’autres pays européens ainsi qu’à Hongkong, aux Etats-Unis, en Australie et jusqu’en Afrique. Sydney compte déjà plus de six journaux en langue chinoise. La plupart sont proches du gouvernement chinois, quand ce dernier ne les contrôle pas directement. Les articles et les commentaires qui y sont publiés, directement inspirés par sa propagande, l’encensent sans aucune retenue. Ainsi, sur le sol même de l’Australie, les représentants du Parti communiste et du gouvernement chinois font d’ores et déjà entendre leur voix. La plupart des gens ne s’en aperçoivent même pas.En mai, le Club Pen America a montré dans un rapport intitulé « Censure et conscience morale : les auteurs étrangers et le défi de la censure chinoise » que l’industrie de l’édition et certains écrivains américains étaient déjà sous l’influence du système de censure chinois.En Australie, un article publié en 2014 par le journal The Australian explique que l’Australian Broadcasting Corporation (ABC), la société nationale de diffusion audiovisuelle australienne, a signé un partenariat visant à partager des contenus avec un groupe audiovisuel chinois, le Shanghai Media Group. Cela signifie qu’immanquablement, les émissions australiennes passeront entre les mains de la censure chinoise. Ceux qui ont bonne mémoire se souviendront qu’en 2009, lors du festival international du film de Melbourne, le consulat chinois a tenté d’annuler la projection d’un documentaire sur la militante ouïgoure Rebiya Kadeer.Tout cela va bien au-delà du sort d’un simple film. Ce que vous devez comprendre, c’est que les censeurs chinois sont déjà parmi vous, et qu’ils ont commencé à faire des choix à votre place. Des incidents comme cela, il y en aura d’autres. Et comme nous avons pu en faire l’expérience en Chine, vous constaterez que les habiles fonctionnaires de la censure agiront au fil du temps avec de plus en plus de discrétion et de subtilité.Commerce avec la Chine avant toutCertains pourraient être tentés de se dire que la censure existe déjà ailleurs, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie. Je répondrais que, s’il est vrai que la censure existe aussi dans ces pays, cela ne justifie en rien celle qui s’exerce chez nous. Par ailleurs, j’ai beau trouver que le monde ne tourne pas rond, je ne crois pas que la censure dans les pays occidentaux soit aussi sévère qu’en Chine.D’autres pensent peut-être que la liberté d’expression, bien sûr, c’est important, mais que ce qui compte avant tout, c’est de pouvoir faire du commerce avec la Chine. En réalité, toutes les entreprises étrangères qui ont des relations commerciales avec la Chine sont susceptibles de subir l’impact de la censure chinoise. En 2014, la « Grande Muraille électronique » est devenue singulièrement plus étanche. Elle bloque désormais non seulement Google, Facebook, Twitter et YouTube, mais aussi Gmail et d’autres services étrangers de messagerie sur Internet.Chaque jour, des réseaux privés virtuels, permettant de contourner la Grande Muraille électronique en liant directement des ordinateurs, sont bloqués. Laissez-moi vous poser une question : ces restrictions en matière de communication imposées par le gouvernement chinois n’affecteront-elles pas vos affaires dans le long terme ?Au sujet du gouvernement chinois, les personnes qui ne vivent pas en Chine pensent parfois : « Bon, c’est vrai que ce gouvernement n’est pas terrible, mais ce n’est quand même pas si mal que ça. » Ou bien : « Oui, d’accord, le gouvernement chinois est plus que critiquable, mais il n’est pas encore si puissant que cela, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. »Après la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997, beaucoup de gens sur cette île pensaient à peu près la même chose. Dix-huit ans plus tard, il ne faut pas longtemps pour constater que leurs conditions de vie ont d’ores et déjà subi d’énormes changements. Cette ville de plus de 7 millions d’habitants ne compte désormais quasiment plus une chaîne de télévision ni un journal indépendants. Ses hommes politiques ressemblent de plus en plus aux secrétaires de section du Parti communiste. Les personnes qui manifestent contre la politique menée par Pékin sont désormais de plus en plus souvent harcelées par la mafia. Quant aux journalistes et aux artistes qui osent encore critiquer ouvertement Pékin, ils s’exposent à des tentatives d’assassinat…Ne pas se fier aux bonnes intentions du gouvernementOn ne peut en aucune manière se fier aux bonnes intentions du gouvernement chinois. La puissance économique de la Chine lui permet d’avoir un impact sur vos vies. La censure chinoise peut paraître en Occident un phénomène encore lointain, et il est vrai qu’elle ne va pas débouler comme une fusée dans vos vies.Mais si un jour vous vous apercevez que vos journaux publient de moins en moins d’articles critiques sur la Chine, que les intellectuels et les médias se mettent tous à faire l’éloge du système chinois et que tel ou tel politicien s’efforce de manière évidente de préserver les intérêts de la Chine, j’espère que vous vous souviendrez du discours que je vous ai tenu aujourd’hui, et qui vous semble peut-être alarmiste.La civilisation est un tout indivisible. Quand le gouvernement d’un pays commence à s’y attaquer sciemment, à la bâillonner, à la détruire, cela n’a pas seulement un impact sur le peuple de ce pays, mais sur l’humanité tout entière. A l’heure de la mondialisation, la liberté d’expression ne relève plus seulement de la politique intérieure d’un pays.Si vous vous contentez d’observer en silence un gouvernement détruire des livres et arrêter des hommes dans son pays, réprimer la liberté d’expression, et que vous allez même jusqu’à vous en rapprocher, l’air de rien, pour en faire, sans aucun scrupule, votre partenaire commercial, votre allié, alors, tôt ou tard, c’est à votre liberté d’expression à vous qu’il s’attaquera. (Traduit du chinois par Frédéric Dalléas)Ce texte est extrait d’un discours prononcé à Sydney, le 5 septembre, dans le cadre du Festival of Dangerous Ideas, le « festival des idées dangereuses ».Murong Xuecun (Ecrivain) Alexandre Piquard Attentats à Paris : "François Hollande craint... par rtl-frCela s’appelle éteindre un début d’incendie. Mardi 17 novembre, RTL a publié un communiqué pour soutenir son chroniqueur Eric Zemmour, pris à partie sur les réseaux sociaux. Le polémiste avait affirmé le matin même sur l’antenne de la radio qu’« au lieu de bombarder Raqqa [en Syrie], la France devrait bombarder Molenbeek ». Une référence au quartier de Bruxelles réputé pour la présence d’islamistes et actuellement ciblé par les enquêteurs après les attentats du 13 novembre à Paris.« Face aux réactions et à l’incompréhension suscités par la chronique d’Eric Zemmour diffusée ce 17 novembre dans la matinale, RTL tient à indiquer que les propos du chroniqueur étaient évidemment à prendre au second degré et aucunement au premier degré ».« L’objet de la chronique d’Eric Zemmour était de montrer que les bombardements français en Syrie ne servaient à rien tant que les frontières intra-européennes ne seraient pas rétablies, a ajouté RTL. Comment peut-on imaginer qu’Eric Zemmour ait sérieusement appelé à bombarder cette commune bruxelloise ? »Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe précédent i-TéléPar ce communiqué, la radio réitère son soutien au journaliste devenu essayiste militant, comme elle l’avait fait lors de polémiques précédentes. Elle avait expliqué à différentes reprises qu’il ne convient pas de faire taire une voix qui représente une partie des Français. La société des journalistes de RTL s’était pourtant désolidarisée de M. Zemmour le 17 décembre, après des propos ambigus sur les musulmans au Corriere della sera : « Ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL », avait écrit la SDJ.A la même époque, la directrice de la rédaction d’i-Télé, Céline Pigalle, avait mis fin à l’émission de débat de M. Zemmour avec Nicolas Domenach. Celle-ci a depuis été limogée de la chaîne d’information en continu par Vincent Bolloré, le nouvel homme fort de Vivendi. Outre ses livres et sa chronique deux fois par semaine sur RTL, M. Zemmour a encore un rendez-vous hebdomadaire sur Paris Première (groupe M6) : avec Eric Naulleau, son ancien complice d’« On n’est pas couché », l’émission de Laurent Ruquier, qui a depuis regretté avoir fait décoller la carrière de M. Zemmour.Lire aussi :i-Télé met fin à sa collaboration avec Eric ZemmourAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.11.2015 à 22h32 • Mis à jour le17.11.2015 à 08h10 | Alexandre Piquard « En situation de guerre, ce document est un éclairage glaçant mais poignant de ce que Paris a vécu vendredi soir », assume Vincent Régnier, directeur des magazines d’information de M6. Le « document » en question, diffusé dans l’émission « 66 Minutes », est une séquence tournée presque par hasard, lors d’un reportage sur le travail quotidien des pompiers : les journalistes se sont retrouvés embarqués avec les secours quand ils ont été parmi les premiers à découvrir le carnage au restaurant La Belle Equipe, rue de Charonne, dans le 11e arrondissement. Montré dimanche 15 novembre à 18 heures, le document n’était pas encore disponible en replay, mardi matin. « Atteinte à la dignité des personnes »Le ministère de l’intérieur ne partage pas du tout la satisfaction de la chaîne : « Le reportage est violent et il a été diffusé trop tôt : seulement quarante-huit heures après les faits. Les victimes n’étaient pas toutes identifiées et certaines familles étaient encore dans l’attente. Le document pouvait porter atteinte à la dignité des personnes. Il n’était pas opportun de le diffuser si tôt », explique son porte-parole au Monde, confirmant un argumentaire relayé par Pure Médias. La place Beauveau n’était en revanche pas opposée à un passage à l’antenne plus tard, sans préciser quand.Dans le reportage, les caméras arrivent sur les lieux du drame, qui a fait 19 morts, avant la police, avec les pompiers. Les images sont dures. Il y a des cris… Des proches éplorés, des gens entre la vie et la mort. Une scène a notamment été relevée : « C’est ma sœur, tu attends qu’elle décède ? Est-ce qu’il y a de l’espoir ? », demande un survivant. « Je pense qu’il n’y a pas d’espoir », lui répond un pompier. Dans son ensemble, la séquence de dix minutes a suscité des réactions très contrastées sur Twitter comme l’a relevé Le Figaro.fr. Critiquée par les uns, mais aussi saluée par les autres.Le document montre surtout le sang-froid des secours et de leur responsable ce soir-là, un pompier qui ordonne le travail des ses hommes, avec méthode, au milieu du chaos. « Valeur informative »La « valeur informative » des images était trop grande, justifie Vincent Régnier, pour retarder la diffusion : « Il y avait toutefois deux conditions : ne pas porter atteinte à l’enquête et à la dignité des personnes. » Les visages étaient floutés et le reportage « déconseillé aux moins de 10 ans ».L’opposition entre le ministère de Bernard Cazeneuve et la chaîne porte sur un autre point : le porte-parole estime que M6 a outrepassé ses consignes car il a argué, avant la diffusion, de la violence du document.M. Régnier rétorque que le ministère a seulement mis en avant des arguments « administratifs ». Ce genre de reportages, où les journalistes sont « embarqués » fait l’objet d’une convention entre la chaîne et le ministère. En l’occurrence, cette convention précisait que le sujet serait diffusé sur W9 (une autre chaîne du groupe M6) et que les images devaient être visionnées, avant diffusion, par l’intérieur – pour vérifier les floutages notamment. Deux conditions non-respectées.Pas de manquement, selon le CSAM6 répond au ministère que les circonstances des attentats de vendredi soir étaient « exceptionnelles ». Et assure que les pompiers ont vu les images dimanche, sans trouver à y redire. L’homme qui s’inquiète de sa sœur mourante dans la séquence frappante du reportage a même recontacté M6 pour témoigner à visage découvert, malgré la mort de sa proche, selon M. Régnier. Au passage, le cadre de M6 fait remarquer l’absence de polémique liée à la diffusion d’une vidéo tournée par le journaliste du Monde Daniel Psenny, montrant l’horreur vécue par les victimes touchées par balles et fuyant le Bataclan par une sortie de secours.Le ministère de l’intérieur, lui, reste ferme : il regrette la diffusion, dimanche sur TF1, d’un autre reportage, également tourné dans le cadre d’un travail sur le travail des pompiers, initialement pour une autre chaîne, TMC. Il se réserve le droit de poursuivre les chaînes en justice.Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, lui, a plutôt conforté M6 : sa cellule de veille de l’autorité a estimé qu’il n’y avait pas de manquement, la chaîne ayant flouté les personnes susceptibles d’être reconnues. Mais un réexamen n’est pas exclu, précise l’AFP.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « On pensait avoir touché le fond, mais non… », se désole Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, jointe samedi 14 novembre par Le Monde. Elle était à son domicile, vendredi soir lors des attaques. Elle raconte son sentiment d’effroi au cours d’une soirée et d’une nuit passées sans dormir et à échanger avec des amis, mais avec « une réaction de rejet total, de fuite, presque un refus d’en entendre parler. »Samedi après-midi, l’équipe de Charlie Hebdo était sous le choc après ces attaques qui rappellent tant celles qui ont décimé le journal puis ciblé des policiers et des juifs en janvier. Contactés, plusieurs membres de la rédaction souhaitaient peu s’exprimer. Mais certains avaient déjà en tête le prochain numéro du journal, en théorie attendu pour mercredi 18 novembre, et qui doit désormais être totalement revu.Mesures de sécuritéVendredi soir, plusieurs membres de l’équipe, sous protection policière, dont son directeur, Riss, ont été mis en sécurité rapidement. Samedi, il leur a été déconseillé de s’approcher des nouveaux locaux que la rédaction occupe depuis plusieurs semaines dans le sud de Paris, après avoir quitté ceux où a eu lieu la tuerie de janvier puis avoir été hébergés au siège de Libération.Des membres de la rédaction ont toutefois élaboré un communiqué, assez succinct, paru samedi après-midi :« Toute l’équipe de “Charlie Hebdo” fait part de son effroi et de sa révolte après les attentats qui se sont déroulés vendredi 13 novembre à Paris. “Charlie Hebdo” s’associe à la douleur des victimes et leur adresse son soutien total ainsi qu’à leur famille. Le journal condamne une fois de plus cette violence terroriste au service de l’idéologie totalitaire islamiste qui n’a d’autre but que de détruire les valeurs de la démocratie et de la République. »Rattrapés par l’horreurVendredi soir, au moment des attentats, les membres de l’équipe se sont sentis rattrapés par l’horreur. Patrick Pelloux, médecin urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo, s’est rendu au Samu de Paris. Il y a endossé son rôle de médecin, plutôt que de confier son sentiment de membre de la rédaction de Charlie, qu’il a récemment annoncé vouloir quitter. Il a parlé de « carnage de guerre », de massacre, en particulier pour les victimes du Bataclan. « Ils ont utilisé des petites balles de 16,5 mm, avec une forte vélocité. C’est facile à tirer, et ils ont fait comme au ball-trap », a décrit M. Pelloux à une journaliste du Monde.Lire aussi :Patrick Pelloux annonce son départ de « Charlie Hebdo »D’autres membres de l’équipe étaient à la fête donnée dans les locaux de Libération avant son prochain déménagement, dont le rédacteur en chef, Gérard Biard. Bloqués dans cet immeuble voisin du Bataclan comme les autres — nombreux — journalistes invités, ils ont regardé les événements à la télévision sur place avant d’être mis en sécurité. M. Biard se concentrait samedi sur le prochain numéro du journal.Sigolène Vinson, elle, était chez elle en train de lire un livre quand elle a appris le drame. « C’est très dur… », raconte la chroniqueuse judiciaire du journal, qui par une coïncidence tragique s’est retrouvée à « trembler » ce vendredi parce qu’elle avait un ami parmi les spectateurs du Bataclan, qui a été touché par balle. Elle a passé une partie de la nuit à essayer de le localiser, après avoir échangé des SMS avec des membres de l’équipe de Charlie.Lire aussi :« C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts »Pression médiatique redoubléeCes dernières semaines, les membres de l’équipe de Charlie Hebdo voyaient se profiler les commémorations des attentats du 7 au 9 janvier. Avec une pression médiatique redoublée, comme en témoigne la publication des livres de Denis Robert, journaliste, et de Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo, symbole des tensions persistantes autour de l’héritage du journal. Les demandes venues des médias du monde entier ou les reportages prévus pour janvier se voient aujourd’hui percutés par la nouvelle actualité tragique des attentats de novembre, songe un journaliste, choqué.« Maintenant, il va falloir revoir des choses dans notre façon d’appréhender le terrorisme », pense aussi Zineb El Rhazoui, franco-marocaine et tenante d’une ligne d’opposition ferme à l’islamisme. « Il va falloir interpeller ceux qui ont dit “oui, mais…” après les attentats de janvier, ajoute la journaliste, actuellement en arrêt maladie. Il faut attaquer toute la chaîne de production idéologique du terrorisme, pas que les terroristes avec une réponse sécuritaire. »Dans la nuit de vendredi à samedi, certains des dessinateurs de l’équipe de Charlie Hebdo se sont mis à faire des croquis, paradoxalement inspirés par les horribles événements de la veille, relate un membre de l’équipe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Dix mois après les attentats de janvier, les grands médias français, tous établis à Paris, ont de nouveau connu une mobilisation totale, vendredi 13 novembre dans la soirée et pendant le week-end. Mais alors que le traitement médiatique des attaques menées par les frères Kouachi et par Amedy Coulibaly avait donné lieu à de vives polémiques, suivies de sanctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), cette fois la couverture n’a jusqu’ici pas soulevé de questions.« Nous n’avons pas été confrontés à des situations aussi compliquées qu’en janvier : soit c’était fini quand on est arrivé sur les lieux, soit c’était en cours, au Bataclan, mais on était placés loin », explique ainsi Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Cette fois, pas de dilemme sur le fait de diffuser en direct ou non les images de l’assaut, à la différence des dénouements de Dammartin-en-Goêle (Seine-et-Marne) ou de la porte de Vincennes, qui s’étaient déroulés sous l’œil des caméras. « Tout est allé beaucoup plus vite », résume M. Béroud.« Nous n’avions pas d’équipe en capacité de filmer l’assaut sur le Bataclan, renchérit Catherine Nayl, directrice générale adjointe à l’information du groupe TF1. Mais si nous en avions eu une, nous ne l’aurions pas diffusé. »Pas de consignesVendredi soir, aucune consigne n’a été donnée aux médias par le ministère ou par le CSA. « Nous n’avons reçu aucun message de la part des autorités, il n’y a pas eu d’échanges hors ceux que nous entretenons avec nos sources policières dans le cadre de notre suivi », atteste Laurent Guimier, directeur de France Info.La chaîne i-Télé a cessé de diffuser les images du Bataclan en direct vers 0 h 30 samedi, au moment de l’assaut. Le présentateur Bruce Toussaint a invoqué une « demande des autorités » en ce sens. Contacté par Le Monde, il explique que « l’une de nos reporters à proximité du Bataclan était en direct quand des détonations ont retenti et un policier lui a alors demandé de cesser de tourner, mais nous n’avons reçu aucun coup de fil à la rédaction. »Au lendemain des attentats de janvier, le CSA avait formulé des recommandations aux médias pour les enjoindre à ne pas perturber l’action des forces de l’ordre dans des situations similaires. Le CSA s’est exprimé samedi vers 15 heures, dans un communiqué, pour « attirer très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours dans les circonstances tragiques que vit notre pays ».Suivez notre live sur la situation à ParisPrudence redoubléeAu-delà du cas précis des images d’assaut, l’impression générale était celle d’une prudence plus forte qu’en janvier, notamment dans la communication des bilans.« On a presque eu un excès de prudence sur certaines informations : notamment le bilan très lourd de victimes tuées, pourtant recoupé par des sources médicales et policières, juge M. Béroud. Soixante morts, quatre-vingt morts… On avait envie que cela ne soit pas vrai et peur que cela puisse être faux. Mais c’est allé vite et ça s’est malheureusement révélé en-deçà de la vérité. »Malgré cette sidération, les médias ont semblé mieux maîtriser la situation. « Après les événements de janvier, on a revu notre fonctionnement de façon à être plus cohérents quant aux informations données entre nos différents supports (Web, antenne…) », rappelle M. Guimier. « Les équipes ont des réflexes qui tiennent compte de ce qu’on n’a fait ou pas fait au moment de Charlie, constate Catherine Nayl. Cela concerne par exemple les correspondances sur les réseaux sociaux pendant les prises d’otages. » « On est plus rapidement passés dans l’explication, dès samedi matin. En janvier, il y avait eu des jours de traque », abonde Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions, qui a également hésité un peu avant de donner les bilans impressionnants de morts.France Télévisions, qui n’a pas encore de chaîne d’information en continu, n’a pas décroché en direct tout de suite : France 2 a continué sur l’émission « Ce soir ou jamais » jusqu’à minuit et l’intervention de François Hollande, puis a rendu l’antenne à 2 heures. Auparavant, France 3 avait assuré le suivi des événements de 22 h 45 à minuit. Samedi, France 2 a repris l’antenne, jusqu’à midi, et France 3 a fait un décrochage avec des images de ses rédactions dans toute la France. Le « 13 heures » de France 2 est lui prolongé jusqu’à 14 h 30. De son côté, TF1 a assuré un long direct, vendredi soir après le match de football France-Allemagne, puis samedi matin.Lire aussi :Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Entre victimes et témoinsReste que dans toutes les rédactions, le travail se fait sous tension. « L’ambiance est lourde, décrit M. Béroud. Les journalistes sont parfois comme des médecins, à avoir une pointe d’humour pour déstresser, mais pas là… »« Les gens dans la rédaction sont très touchés, raconte M. Golomer. Beaucoup sont revenus au siège de France Télévisions, vendredi soir, et étaient émus. Aucune population spécifique ne semblait visée dans les attentats. Cela pèse. Tous nos journalistes ont été contactés par leur famille pour savoir comment ça allait. On sent que les gens avaient envie de se retrouver ensemble, comme un refuge aussi. »« L’épicentre des attaques est un quartier où nombre de journalistes résident ou ont leurs habitudes, observe Laurent Guimier. Plusieurs membres de l’équipe étaient présents sur place, ont témoigné avant de rejoindre la rédaction. » Une situation vécue dans la plupart des rédactions, dont des membres ont assisté de près aux attaques, oscillant entre une position de victime et de témoin.« Les équipes sont touchées, constate M. Golomer. Tout le monde connaît quelqu’un qui était vers la rue de Charonne et les lieux des attentats. Les prochains jours vont être difficiles. »Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attentats du 13 novembre : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières) et Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Les journalistes sont les « chiens de garde de la démocratie », selon la Cour européenne des droits de l’homme. Qui veut contrôler un pays sans être confronté aux critiques tente de museler les reporters. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est malheureusement passé maître pour étouffer les aboiements de la liberté. Tandis que des journalistes du monde entier affluent à Antalya pour couvrir le sommet du G20, nombre de leurs collègues turcs ne sont pas accrédités. Boycotter les médias d’opposition est devenu une habitude dans ce pays, 149e sur 180 au dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.Quatre jours avant les élections législatives du 1er novembre, la police prenait d’assaut la rédaction du groupe Ipek et mettait fin en direct aux activités de deux quotidiens et de deux chaînes de télévision d’opposition. Une fois la direction reprise en main et 71 journalistes mis à pied, ces quatre titres ressuscitaient le 30 octobre avec une ligne éditoriale devenue pro-gouvernementale jusqu’à la caricature : la photo du président Erdogan s’étalait en « une » des quotidiens Bugün et Millet, dont les gros titres respectifs étaient « Le président parmi le peuple » et « La Turquie unie ». De la parole officielle pur jus.C’est le journalisme qu’on assassine. La majorité absolue retrouvée par le parti AKP, au pouvoir depuis treize ans, ne freine pas la spirale répressive. Dès le lendemain du scrutin, deux journalistes étaient jetés en prison, accusés d’« incitation à la révolte armée contre l’Etat » à cause d’une couverture. Depuis, une trentaine de leurs collègues font déjà l’objet de nouvelles enquêtes pour « propagande terroriste » ou « insulte au président de la République », les chefs d’accusation les plus courants.Pluralisme réduit et autocensureMardi 17 novembre s’ouvre le procès de dix-huit rédacteurs en chef et directeurs de publication, accusés de « propagande terroriste » pour une photo. Ils risquent sept ans et demi de prison. L’un de ces journalistes, Can Dündar, avait déjà personnellement été accusé d’« espionnage » par Recep Tayyip Erdogan, qui avait promis qu’« il ne s’en sortira[it] pas comme cela ». Son quotidien, Cumhuriyet, venait d’apporter la preuve que des camions affrétés par les services secrets turcs à destination de la Syrie étaient bien chargés d’armes.Depuis plusieurs années, la concentration des médias entre les mains de patrons de presse proches du pouvoir réduit le pluralisme et encourage l’autocensure. Les autorités se sont attelées à reprendre en main Internet : après des réformes draconiennes, le blocage de sites Web sans décision de justice est devenu systématique.La Turquie monopolise plus de deux tiers des demandes de retrait de contenu auprès de Twitter. Au besoin, Ankara n’hésite pas à bloquer l’intégralité de cette plateforme et de YouTube, une extrémité à laquelle ne recourait jusqu’alors qu’une poignée d’Etats parmi les plus répressifs de la planète.Approche paranoïaqueCes nouvelles pratiques s’ajoutent à des constantes héritées de la période militaire : lois restreignant la liberté d’expression, culture judiciaire centrée sur la défense de l’Etat, violences policières impunies… Les métastases du conflit syrien et la reprise des combats entre Ankara et les rebelles kurdes du PKK, cet été, ne font qu’accentuer l’approche paranoïaque des autorités vis-à-vis des journalistes critiques.Loin d’apaiser les tensions partisanes et communautaires, l’emballement de la censure et la rhétorique agressive du gouvernement ne font qu’accentuer les clivages et la dangereuse polarisation du pays. Début septembre, des manifestants galvanisés par les discours officiels ont attaqué par deux fois la rédaction du grand quotidien Hürriyet à Istanbul.Les chefs d’Etat du G20 doivent prendre toute la mesure de la dangereuse dérive dans laquelle s’enfonce leur hôte. Tous ont besoin d’une Turquie stable, qui limite l’expansion du chaos syrien et garantisse la sécurité et la prospérité de son peuple. Pour ce faire, Ankara doit cesser d’alimenter les tensions, et pour cela, il est essentiel que les vérités puissent être dites. N’en déplaise au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « rabâcher » à la Turquie ses violations de la liberté de la presse n’interdit pas de coopérer sur les problèmes d’intérêt commun.Au contraire, rouvrir l’espace du débat démocratique et favoriser le dialogue entre les différents segments de la société sont des conditions essentielles à la stabilisation du pays. La liberté de l’information fait partie de la solution.Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières)Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Hélène Delye Douze documentaires inédits à l’antenne pour six jours de festival, ce n’est déjà pas si mal. Pour sa deuxième édition (du 15 au 20 novembre), le Festival du documentaire d’Arte entend mettre en avant l’ouverture sur le monde et l’éclectisme, autant en termes de regards que de formats, des films coproduits par la chaîne, dont plusieurs ont été primés lors des grands festivals internationaux.Parmi ces films documentaires dits « d’auteur », et malgré le caractère événementiel du festival, seuls deux auront les honneurs du prime time : Hitchcock/Truffaut, de Kent Jones et Serge Toubiana (2015, lundi 16 à 20 h 55); et La Maison de la radio (2012 ; mardi 17 à 20 h 55), pour lequel Nicolas Philibert s’immerge dans les coulisses du média radio afin de formuler une réflexion sur le son et l’écoute.« Sessions de rattrapage »Les dix autres documentaires de ce festival – dont le très marquant Austerlitz (2013 ; mardi 17 à 22 h 35), de Stan Neumann ; Les Yeux du silence (2014 ; jeudi 19 à 22 h 25), de Joshua Oppenheimer, ou encore, le captivant Killing Time – Entre deux fronts (2015 ; mercredi 18 à 22 h 25), de Lydie Wisshaupt-Claudel – sont tous relégués en deuxième, voire troisième partie de soirée.Martine Saada promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetéspar la chaîneUn regret récurrent auquel Martine Saada, directrice de l’unité société et culture d’Arte France, répond de façon pragmatique. « Le passage du prime vers la troisième partie de soirée des documentaires d’auteur de la case “Grand Format”a eu lieu bien avant les changements au sein des directions chez Arte », dit-elle, consciente de la nostalgie qui règne autour de l’époque, sans doute idéalisée, où Thierry Garrel dirigeait l’unité documentaires d’Arte. « Ce n’est pas une révolution de palais qui viendrait de nouvelles directions, c’est une évolution due au fait que ces films nécessitent une attention et une intention du téléspectateur. La consommation en matière de télévision a changé. On est beaucoup moins tributaires des grilles et des horaires. On se fabrique de plus en plus une grille soi-même grâce aux sessions de rattrapage. Et puis il ne faut pas se voiler la face, la télévision est aussi un média de divertissement, et il faut pouvoir offrir des choses différentes aux gens », poursuit la directrice.« Se repositionner dans un axe » Dans un contexte marqué par l’inquiétude des producteurs et des auteurs quant à la pérennité de l’engagement des diffuseurs, notamment d’Arte, auprès du documentaire d’auteur, Martine Saada tente de rasséréner : « La crainte n’est pas le meilleur des moteurs… La vigilance, oui. La crainte, non. » Ainsi répond-t-elle à la « lettre ouverte » publiée dans Le Monde (5 novembre) dans laquelle de nombreux réalisateurs exprimaient leurs craintes après le départ de Luciano Rigolini, pilier du cinéma documentaire à Arte et responsable de la case « La Lucarne » depuis sa création.Si elle admet qu’il sera difficile de remplacer cet homme de grande culture, au goût sûr et au tempérament vif, la directrice des documentaires société et culture d’Arte promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetés par la chaîne. Mais elle affirme aussi sa volonté d’aller de l’avant. « Il faudra de la patience, laisser du temps au nouveau venu. Mais je ne peux pas croire qu’il n’y a pas de nouveaux talents pour prendre la suite de Luciano Rigolini. Toute ma vie, je n’ai fait que des choses pour essayer d’installer de nouveaux talents, quels qu’ils soient », dit encore l’ancienne directrice du pôle littérature générale et documents du Seuil, mais aussi ancienne productrice de documentaires aux Films d’ici. « Je suis plutôt dans l’idée qu’il faut conforter les choses que dans une phase de chantier. Les événements de janvier nous ont tous bousculés dans nos certitudes. C’est quand vous tanguez qu’il faut rechercher du sens, pour se réancrer. Or, le moment où l’on recherche du sens n’est pas toujours celui où l’on est le plus créatif… C’est le moment où l’on se repositionne dans un axe, et il faut en passer par là », explique-t-elle avec franchise.« Eviter tout formatage »« Et n’oubliez pas qu’on ne commande pas ! Je lis ce que je reçois », dit-elle encore, anticipant une autre attaque récurrente selon laquelle on assisterait à une forme de nivellement vers le bas dans l’exigence et l’originalité des documentaires diffusés sur la chaîne franco-allemande. Pour Martine Saada, « c’est par la diversité des producteurs et des auteurs qu’on évitera tout formatage. Parce qu’il y aura toujours quelqu’un d’assez fou dans une chaîne pour croire à un projet, même risqué, l’accompagner, le porter. Et j’espère être cette personne ». Une manière pour elle de responsabiliser et renvoyer certaines questions dans le camp des producteurs et des auteurs.Mais ces relations, souvent houleuses, entre Arte et les producteurs et réalisateurs avec lesquels elle travaille, sont aussi le signe de la vigueur du secteur cinéma documentaire, qui s’exprime, qui reste vigilant sur les évolutions qu’on tente de lui imposer, et qui, en râlant contre Arte, lui dit aussi son attachement. Car rappelons-le, aucune autre chaîne ne porte aussi haut le documentaire d’auteur, malgré tout.Hélène DelyeJournaliste au Monde Charlotte Bozonnet Depuis deux ans, ce site inspiré du « Gorafi » parodie l’actualité et rencontre un beau succès populaire dans un pays où la liberté d’expression reste très encadrée. Lesquelles choisir ? Il y a eu l’histoire de ce mari déçu qui décida de porter plainte contre sa femme après l’avoir découverte sans maquillage au lendemain de leur nuit de noces. Ou encore cette déclaration de l’émir du Qatar justifiant son refus d’accueillir des réfugiés syriens : « Nous avons assez d’esclaves comme ça ! » Des nouvelles qui ne sont pas passées inaperçues et ont été reprises par les médias à travers le monde. « Une sorte de consécration pour un site comme le nôtre », reconnaît Nazim Baya, qui s’en amuse encore. A 31 ans, ce jeune pharmacien algérois est le fondateur du site parodique El Manchar.Inspiré du Gorafi français, le site Web publie de fausses nouvelles, souvent hilarantes, sur l’actualité internationale et algérienne. Avec sa liberté de ton et son ironie mordante, il s’est assuré un beau succès populaire. Son slogan : « Avec des scies, on refait le monde. »Au départ, quelques blagues sur FacebookL’aventure a commencé il y a deux ans par une page Facebook sur laquelle Nazim Baya postait de simples blagues. Peu à peu, l’envie lui vient de monter un journal satirique. Il lance un appel à contributions pour trouver des caricaturistes. Sans succès. Il décide alors de s’en tenir à des textes et reprend le nom d’un titre qui avait existé dans les années 1990 : El Manchar, un mot qui signifie à la fois « scie » et « médisance ».« En Algérie, on aime beaucoup la satire, l’humour, mais il y a un vide dans ce domaine, c’est pour ça que le site a autant de succès », estime Nazim Baya. En moyenne, le site enregistre 20 000 à 30 000 visites par jour, et jusqu’à 100 000 certains jours de buzz exceptionnel. L’équipe compte sept rédacteurs : trois en Algérie, deux au Canada et deux en France, tous algériens, avec une moyenne d’âge de 25 ans. Certains sont des amis, d’autres des connaissances virtuellesLe site est volontiers grinçant sur l’actualité internationale. Après le drame du pèlerinage à La Mecque, un article moque ainsi le mépris des autorités saoudiennes en mettant en scène le roi d’Arabie saoudite qui explique : « Pour des Africains, mourir loin d’Ebola et le ventre plein est une bénédiction. » S’agissant de l’Algérie, une prétendue étude mondiale sur le sommeil révèle que le pays « est le seul au monde où les cauchemars commencent au réveil »…“On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches.” Nazim Baya, fondateur de El MancharSur ses motivations, Nazim Baya reste discret. Pas de grand discours sur la liberté d’expression pour ce jeune développeur Web. « Oui, j’ai des choses à dire, comme tout citoyen. Notre message, c’est qu’à travers l’humour on donne une certaine vision du monde et on a plus de chance d’être entendu. » Une ligne éditoriale ? « Un fil conducteur, répond Nazim Baya. On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches. » Les auteurs n’épargnent pas les politiques algériens ni le système. Sans surprise, le président Bouteflika, très affaibli depuis son AVC de 2013, est une cible privilégiée. Ainsi cette photo du chef de l’Etat, assis dans un fauteuil roulant, le visage figé, les yeux écarquillés, sous le titre : « Abdelaziz Bouteflika sacré champion du monde du jeu 1-2-3 soleil. » Là où le canular devient vraiment savoureux, c’est lorsqu’il est repris par des médias dits « sérieux ». La première fois, se souvient Nazim Baya, c’était à propos de l’ANSEJ, l’organisme algérien qui octroie des microcrédits aux jeunes pour monter leur projet (et s’offrir du même coup une certaine paix sociale). El Manchar publie un article expliquant que l’ANSEJ va désormais financer ceux qui veulent se marier. Plusieurs chaînes de télévision reprennent l’information. Dans un pays où le mariage est un investissement très lourd, le buzz est garanti.Pas touche à la religionEn mai, alors qu’une étudiante algérienne a été empêchée de rentrer à l’université par un vigile au prétexte que sa jupe était trop courte, le site titre : « L’Algérie interdit le port de la minijupe. » La fausse information se répandra comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Une seule ligne rouge : la religion. « On ne peut pas en rire, c’est sacré. Je n’ai pas envie de heurter les gens et ça ne fait pas avancer le débat », explique le fondateur du site, précisant qu’ils ne se privent pas d’attaquer les religieux. Dans un pays où la liberté d’expression est étroitement encadrée, El Manchar n’a jamais été inquiété pour son impertinence. « Nous n’avons jamais eu de souci, confirme Nazim Baya. Ils n’ont peut-être pas pris conscience de l’ampleur du phénomène. » Cumulées, les visites se chiffrent à 700 000 par mois. Le jeune pharmacien n’a pas vraiment de projet d’agrandissement. « On est des amuseurs », dit-il. Utiles pour l’Algérie ? « Il me semble que oui. Le rire c’est important dans une société. Salutaire. »Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.11.2015 à 11h26 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h09 | Alexis Delcambre « Soutenez Mediapart ! » Depuis jeudi 5 novembre, ce message est affiché sur les pages du site d’information dirigé par Edwy Plenel, contraint d’en appeler à la générosité de ses lecteurs pour acquitter une ardoise fiscale de 4,1 millions d’euros. Une démarche parallèle dont le site Arrêt sur images (ASI) est à l’origine, qui doit 540 000 euros à l’administration fiscale.L’origine de cette situation remonte à la création de ces médias, en 2008. « Pure players » distribués uniquement sur Internet, sans version papier, ceux-ci sont alors, selon la lettre de la loi, soumis à un taux de TVA de 19,6 %. En regard, les médias imprimés bénéficient d’un taux « super réduit » de 2,1 %.Ces médias en ligne engagent alors un combat pour obtenir un alignement de leur taux sur celui de leurs homologues de la presse papier. Cette démarche s’incarne notamment dans la création du Spiil (Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne), un groupement qui rassemble aujourd’hui près de 150 membres. En 2011, celui-ci avait explicitement encouragé ses membres à appliquer d’eux-mêmes le taux de 2,1 %, afin de faire pression sur les pouvoirs publics.Ses membres mettent notamment en avant la notion de « neutralité » du support : la loi serait injuste en taxant davantage les supports en ligne que les supports papier, alors que les deux ont une activité identique, qui est de diffuser de l’information.« Une affaire de principe »Cette argumentation a fini par porter puisque le Parlement français a modifié la loi en ce sens, en février 2014. Depuis cette date, les sites comme Mediapart bénéficient eux aussi du taux « super réduit ». Une décision politique qui a pour le moment motivé l’ouverture d’une procédure contre la France à Bruxelles, même si le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, s’est montré favorable à une évolution de la directive concernée.Mais cette modification du cadre légal ne solde pas les comptes de la période 2008-2014. Aux yeux de l’administration fiscale, les sites qui ont appliqué le taux « super réduit » sans en avoir le droit sont redressables. C’est pourquoi Mediapart et ASI, ou encore le groupe Indigo Publications, se sont vu notifier des arriérés, pénalités et majorations.« Nous devons plusieurs centaines de milliers d’euros, et les services de Bercy en font une affaire de principe », avait estimé Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, en 2013. De son côté, M. Plenel a ciblé la « haute administration du ministère des finances », désireuse selon lui de se venger d’un média qui a poussé à la démission de l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac.« Dans l’obligation de payer »Mediapart, qui compte plus de 110 000 abonnés, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros pour un bénéfice d’un million. « Mediapart va saisir la justice administrative, a annoncé Edwy Plenel. Mais ce recours n’étant pas suspensif, nous sommes dans l’obligation de payer. » Mardi 10 novembre, le site annonçait avoir collecté 330 000 euros. Il dispose toutefois de la trésorerie nécessaire au paiement de la somme réclamée par le fisc.De son côté, Arrêt sur images, avec 26 000 abonnés, a dégagé 5 500 euros de bénéfice annuel pour un chiffre d’affaires de 900 000 euros en 2014. Sur la plate-forme Ulule, ASI avait collecté, mardi soir, près de 170 000 euros.Lire aussi :Le droit à l’information se superpose à l’affaire BettencourtAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.11.2015 à 09h27 • Mis à jour le10.11.2015 à 13h55 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est un changement d’âge pour Melty », estime Alexandre Malsch, le fondateur de Melty. Spécialisé dans la « youth culture » - la « culture jeune » - sur Internet, le groupe a annoncé, mardi 10 novembre, une levée de fonds de 10,5 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, Melty, « économe en cash » selon M. Malsch, n’avait levé que 5,5 millions d’euros.L’augmentation de capital est réalisée auprès du fonds d’investissement de Marc Simoncini, du groupe AccorHotels et des actionnaires historiques de Melty, le fonds Serena et Bouygues Telecom Initiatives. Cette levée de fonds voit également l’entrée au capital de Patricia Barbizet, directrice générale d’Artémis et vice-présidente du conseil d’administration de Kering. Ses sept fondateurs conservent le contrôle au conseil d’administration.Cette annonce témoigne une nouvelle fois de la capacité des dirigeants de Melty, dont Alexandre Malsch, son fondateur, à attirer tant des figures de la « nouvelle économie » que des personnalités du milieu des affaires issues de secteurs plus traditionnels, désireux de bénéficier de l’expertise développée par Melty.Le divertissement et la culture« Nous avons une clientèle dans nos hôtels traditionnels, autour de 40 à 60 ans, qui vieillit et est très fidèle, explique Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels. Alexandre Malsch et Melty savent produire des contenus ciblés pour les jeunes, qui sont la clientèle de demain et aussi la catégorie la plus versatile et la plus influente. » Le groupe sera représenté au conseil d’administration de Melty, qui revendique 61 % de son audience sur mobile. M. Bazin assume d’investir au capital de l’entreprise de média, pour se positionner « au sein d’une machine » présente dans plusieurs domaines, pas seulement le voyage.Le groupe Melty a connu plusieurs phases : il a d’abord construit des médias en ligne, progressivement structurés par thématiques (séries, cinéma, musique, mode…). Puis en 2012, il s’est installé dans différents pays (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni…), tout en se diversifiant, dans la vidéo ou les spectacles. En juin dernier, il s’est recentré sur les sujets divertissement et culture (excluant ceux sur lesquels il estimait ne pas avoir de valeur ajoutée, comme l’actualité sportive ou la politique). Une manière d’insister sur la « qualité » de l’audience plus que sur sa croissance erratique.La levée de fonds doit permettre d’améliorer la monétisation des diversifications, ainsi que celle des implantations internationales. Melty se dit actuellement bénéficiaire sur son activité française, mais déficitaire au global. Elle avait été dans le vert, en 2010 et 2011, avant l’internationalisation. Melty revendique 105 employés et réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. A 100 %, ils proviennent de la publicité, dont 61 % de contenus produits avec des marques.Lire aussi :Melty se diversifie dans les événements sportifsMelty met en avant des « real-time social séries » comme SnapTrip, dans laquelle quatre adolescents racontent sur le réseau social Snapchat leur week-end dans une ville d’Europe, sponsorisé par les hôtels Ibis (groupe Accor). Ou « The Selfie Race », produite pour Sony. Mais il s’est diversifié dans les événements tels que la melty BasketBall Ligue Universitaire, rachetée en partenariat avec la fédération française et sponsorisée par les Caisses d’Epargne. Le « melty eSport Club » fait lui concourir une équipe maison, soutenue par l’annonceur-actionnaire Bouygues Telecom, dans des compétitions de jeux vidéo comme League of Legend. Melty s’enorgueillit aussi de sa melty Talents House, dont elle tire notamment un spectacle de comiques.Mieux exploiter l’internationalAlexandre Malsch réfute le terme « publirédactionnel », parfois utilisé pour qualifier les formes récentes de publicité « brand content » et « native advertising ». Ces contenus ne parlent pas des produits des annonceurs, explique-t’il. Et d’ajouter : « Nos contenus de native advertising sont faits par les équipes de Melty car on veut que ce soit de vrais contenus Melty, intéressants ». Dans les rédactions de médias d’information générale, le « brand content » est généralement réalisé par des équipes à part, pour garder une séparation entre éditorial et commercial.M. Malsch cite, lui, en exemple l’intérêt suscité par la plateforme « happiness gaming zone », dédiée au jeu vidéo et financée par Coca-Cola. Une forme de publicité « moins intrusive », argumente-t-il.Concrètement, Melty va utiliser l’argent levé pour embaucher des commerciaux dans les structures internes créées pour s’occuper de la production audiovisuelle, des spectacles, etc. Ils épauleront les 10 personnes de la régie publicitaire, désormais dirigées par une transfuge des Echos, Sophie Antoine.En parallèle, le groupe espère mieux vendre le gros tiers de son audience généré hors de France. Jusqu’ici, ses sites internationaux ont peu fait de diversification. Ils prendront désormais modèle sur Melty France. Et, pour remplacer les régies locales externes qui commercialisaient les supports, des commerciaux seront embauchés.« Nous allons rester pragmatiques. Notre devise, c’est petit à petit, l’oiseau fait son nid », assure M. Malsch, 30 ans.Lire aussi : Alexandre Malsch, prodige numériqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 22h39 • Mis à jour le10.11.2015 à 11h53   « Pour France Télévisions, le problème reste entier. » L’entreprise publique n’adoucit pas sa réaction après la finalisation, lundi 9 novembre, du rachat par TF1 à 70 % de Newen, la société qui produit plusieurs programmes pour France Télévisions, dont « Plus belle la vie ». « La question de la protection des investissements publics n’est pas résolue, réagit l’entourage de la présidente, Delphine Ernotte. Cela pose le problème de la pérennité de notre relation avec Newen. » Les arguments de Nonce Paolini et Fabrice Larue, les PDG de TF1 et Newen, ne semblent pas infléchir France Télévisions. « Cette opération n’est pas un acte agressif à l’égard de qui que ce soit », assure M. Paolini dans Le Figaro, mardi. « Notre souhait est que Newen continue d’apporter des programmes et des projets de qualité à France Télévisions. » M. Larue, « désolé des précédents problèmes de communication avec Delphine Ernotte », a appelé lundi soir la présidente de France Télévisions, avec M. Paolini, afin d’éviter qu’elle apprenne l’accord dans la presse, comme c’était le cas pour l’entrée en négociations exclusives le 29 octobre.Lire aussi :Tractations autour du rachat du producteur Newen par TF1Las ! Une source à France Télévisions estime que la finalisation du rachat « du principal fournisseur de l’entreprise par son principal concurrent », loin de pousser Mme Ernotte à lâcher du lest, va durcir encore sa position. « Il faut envisager de vider tous les contrats avec Newen, y compris “Plus belle la vie”, estime cette source. France Télévisions n’a pas de droits sur ces programmes, et TF1 comme Newen ne veulent pas en lâcher. C’est dur de se séparer de programmes qui marchent, mais c’est difficilement envisageable en interne de faire produire une série importante par une société possédée par TF1. »Position de négociationLe contrat de la célèbre série marseillaise de France 3 doit être renégocié en 2016. Jeudi, sur France Inter, le secrétaire général de France Télévisions, Christian Vion, envisageait de l’arrêter si Newen n’offrait pas de garanties nouvelles. Il anticipait aussi un probable arrêt à l’été 2016 des « Maternelles », dont l’audience recule. Le débat concerne également « Faites entrer l’accusé » ou « Le Journal de la santé », produits par Newen.La menace à peine voilée de l’arrêt des collaborations entre France Télévisions et Newen pourrait toutefois être interprétée comme une position de négociation, destinée à obtenir des concessions de la part du producteur. L’entreprise peut garder « Plus belle la vie » si elle le souhaite – en vertu d’une clause de tacite reconduction – mais elle a assuré vouloir obtenir des droits sur les œuvres, qui appartiennent aujourd’hui à Newen.« J’ai proposé à Mme Ernotte que dès ce mardi, nos équipes cherchent un accord de partenariat pour assurer la présence des programmes sur France Télévisions de manière pérenne », assure au Monde Fabrice Larue, qui gardera 30 % de Newen. Mais ce dernier semble toujours exclure de partager les droits, en cas de revente ou d’utilisation sur le numérique. « Un décret vient d’autoriser les chaînes à détenir des parts de coproduction sur les programmes qu’elles financent à plus de 70 %, mais cela n’est pas prévu sur les programmes passés », explique-t-il.On ne peut donc exclure que Delphine Ernotte souhaite réellement se désengager progressivement de sa collaboration avec Newen, qui réalise près des trois quarts de son activité avec France Télévisions.Vision historiqueLe facteur interne est important. La CGT, premier syndicat de l’entreprise publique, avait publié un communiqué jugeant « scandaleux que TF1 produise les programmes de France Télévisions et que France Télévisions ne puisse produire ses programmes ». Une référence à l’interdiction pour l’entreprise publique de produire plus de 5 % de ses fictions et documentaires en interne, une règle que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, veut faire évoluer.La vivacité de la riposte de Mme Ernotte montre que la vision historique des acteurs de l’audiovisuel reste présente en France : les rivalités entre grandes chaînes, entre public et privé, entre producteurs et diffuseurs, etc. Autant de distinctions que certains aimeraient voir s’estomper. « Aujourd’hui, les grands groupes audiovisuels européens comme ITV ou RTL sont organisés autour des métiers de la production et de la diffusion, et tout le monde a l’habitude de travailler comme cela. Quand FremantleMedia, la filiale de RTL Group, vient nous proposer un programme, il n’a pas demandé l’autorisation à M6 [filiale de RTL Group] », dit M. Paolini. L’accord de rachat de Newen prévoit des clauses pour préserver « sa liberté éditoriale et son indépendance commerciale » et « garantir le secret des affaires ». On cite aussi en exemple l’investissement de Vivendi dans le producteur Banijay-Zodiak. Ou encore les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pays où des sociétés rachetées par des chaînes produiraient facilement pour des concurrents. A l’image de Talpa, acquise par la chaîne ITV qui vient tout de même de récupérer aux enchères, pour ses antennes, les droits de l’émission « The Voice », l’émission phare de ce producteur… et qui était diffusée depuis cinq saisons par la BBC, chaîne de service public.Lire aussi :Newen : comment France Télévisions peut riposter ? Alexis Delcambre « On a tout entendu ces dernières semaines au sujet d’Altice… » Michel Combes, le président de SFR-Numericable, n’a pas caché l’un des objectifs de la conférence de presse spectaculaire organisée par l’opérateur téléphonique lundi 9 novembre : couper court aux différents « bad buzz » qui circulent quant au groupe façonné par Patrick Drahi.Dans une longue prise de parole, l’ancien patron d’Alcatel-Lucent, qui a rejoint l’empire Drahi en septembre, s’est attaché à convaincre qu’Altice suivait une stratégie claire, malgré l’impression d’emballement qu’a donnée sa succession d’acquisitions menées en un peu plus d’un an (SFR, Portugal Telecom, Suddenlink, NextRadioTV, Cablevision…)Cet ensemble forme « un puzzle dont les morceaux se mettent progressivement en place », a défendu le directeur général d’Altice, Dexter Goei. Celui-ci a rappelé le postulat fait par le groupe d’une « double convergence » (du fixe et du mobile d’un côté, des médias et des télécoms de l’autre) pour justifier sa démarche d’investissement, qualifiée d’« éminemment rationnelle ».Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médias40 millions de clients« On nous voit souvent comme des financiers alors que nous sommes avant tout une équipe d’ingénieurs », a poursuivi Michel Combes, mettant l’accent sur la dimension « industrielle » d’Altice. Une réponse aux observateurs qui doutent de la cohérence de l’ensemble et de la capacité du groupe à réaliser d’importantes synergies ou à investir dans son développement.Rappelant qu’Altice compte désormais plus de 40 millions de clients grand public, le président de SFR – qui va abandonner la marque Numericable – a expliqué que le groupe était « en train de s’industrialiser », avec par exemple la mise en place d’une structure unique pour les achats. Au passage, il a rappelé que le ratio d’endettement du groupe (4,5 fois l’Ebitda) était, aux yeux de son management, « classique et raisonnable ».Pour montrer qu’Altice invente, M. Combes a annoncé la création des « Altice labs », qui doivent permettre aux équipes de recherche et développement de ses différentes entités d’échanger. Leur objectif sera de « reprendre le leadership sur l’expérience client » – une façon de reconnaître un certain recul en la matière.Reprise des investissements dans le réseauOutre sa stratégie, Altice a également été mis en cause pour la qualité de son réseau. « Nous allons accélérer nos investissements dès ce trimestre », a promis Michel Combes, évoquant notamment un effort dans la couverture des grandes villes en 4G. « Nous sommes l’opérateur de la fibre en France », s’est-il emporté, accusant ses concurrents de faire de la communication.Lire aussi :Numericable-SFR accusé de vendre de la fibre qui n’en est pasAutre annonce : le lancement d’un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) baptisé Zive, dès le 17 novembre. Ce service donnera accès à 5 000 films ou séries – 15 000 d’ici à la fin 2016. Il s’appuie sur des accords avec Disney, Pixar, ABC Studios, Warner Bros, Europa, Miramax, Sony Pictures Télévision ou encore France Télévisions.Ce service sera proposé à tous les clients SFR au tarif de 9,99 euros par mois et offert à ceux qui disposent déjà des offres Premium. En complément, l’opérateur met sur le marché une nouvelle box, également baptisée Zive, qui offrira notamment une fonction « Restart » (pour reprendre un programme au début). Sur un positionnement haut de gamme et « résolument tourné vers la famille, avec des programmes ludo-éducatifs », selon M. Combes.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ils sont les vedettes de la génération 2000, comptent jusqu’à 8 millions d’abonnés à leurs chaînes YouTube, et 120 d’entre eux ont rempli à eux seuls le pavillon 1 du Parc des expositions de Paris les 7 et 8 novembre pour Video City, le premier festival parisien dédié aux fameux youtubeurs.Lire aussi :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisMais dans le joli petit monde tout rose des vidéos en ligne, il y a des questions à ne pas poser. Celle de leur rémunération, notamment, comme l’a appris France Info à ses dépens. « Parce qu’on a osé demander en interview à une jeune youtubeuse si elle était payée, son attaché de presse, furieux, a annulé tous les autres entretiens prévus et a convaincu l’agent des poids lourds Norman, Cyprien et Squeezie de faire de même », raconte la journaliste Sandrine Etoa-Andegue dans un article sur le « business des youtubeurs ».L’argent, une question taboueObtenir des réponses est en effet difficile. Ni EnjoyPhoenix, la youtubeuse la plus célèbre de France, ni l’agent de Jhon Rachid, l’une des étoiles montantes de la plateforme, ni Ubisoft, l’un des principaux annonceurs, ni la plupart des agences impliquées dans le secteur n’ont donné suite à nos sollicitations. Et les rares à avoir répondu ont tous demandé l’anonymat.C’est peu dire que la question de la rémunération fâche. En juillet dernier, le Suédois Felix Kjellberg, plus connu sous son pseudonyme de PewDiePie, star de YouTube avec sa chaîne spécialisée dans les parties de jeux vidéo à laquelle 40 millions d’internautes sont abonnés, avait dû se défendre après la publication de sa rémunération annuelle, 6,7 millions d’euros.Lire aussi :« PewDiePie », le youtubeur millionnaire, répond aux critiques sur ses gains« Cela a explosé. Ce dont les gens ne se rendent pas compte, c’est que mes vidéos ont neuf milliards de vues [au total], ça se convertit en quelque chose, il y a des publicités, je gagne de l’argent avec celles-ci », expliquait-il.Il s’agit d’« un sujet très demandé et un peu tabou », reconnaissait de son côté l’humoriste Le rire jaune dans une vidéo du printemps dernier sur la question, évoquant des « clauses de confidentialité avec YouTube ».Système complexeCertaines informations sont toutefois connues. Si le système de rémunération employé par Google varie en fonction du type de contenu produit, en moyenne, un youtubeur gagne environ un dollar tous les mille visionnages entamés, expliquait au printemps Le Rire jaune, suivi par plus de 2 millions d’internautes. Mais tout un système complexe existe derrière.Le jeune youtubeur évoquait notamment ces structures méconnues que sont les « networks », des réseaux « comme la NBA ou des maisons de disque, chargés de protéger les droits d’auteur [des youtubeurs] en échange d’un pourcentage », de l’ordre de 10 à 20 %, et auxquels le ralliement est obligatoire dans le cas de vidéos sur des propriétés intellectuelles déposées, comme les films ou les jeux vidéo.Regardée un peu plus de 4,8 millions de fois, sa vidéo explicative lui a donc rapporté un peu moins de 4 500 euros, essentiellement grâce aux « preroll », les spots publicitaires précédant une vidéo. Une bagatelle, en réalité, rapporté aux sommes que peuvent engranger certaines stars de la plateforme – et notamment grâce au placement de produit.Jusqu’à 5 000 euros le tweetLa rémunération d’un youtubeur comporte en effet un second volet, qui provient non pas de la diffusion de spots mais de contrats passés avec des marques de cosmétiques ou de jeux vidéo.Celles-ci déboursent plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros pour placer leur produit chez les plus influents. « Le tarif dépend du youtubeur, c’est lui qui décide de sa rémunération, explique au Monde un responsable d’agence tenu par des accords de confidentialité. Cela peut monter jusqu’à 50 000 euros pour les plus gros, comme Cyprien, Norman et Squeezie, mais certains acceptent de faire certaines “opé” gratuitement si le sujet les intéresse. »Aujourd’hui, s’offrir une star de YouTube passe par des grilles tarifaires évolutives : chaque commentaire sur Twitter, chaque post Facebook, et bien sûr chaque vidéo publiée sur la chaîne officielle sont rémunérés. Un simple tweet vers une vidéo comportant un placement produit peut être facturé de 1 000 à 5 000 euros selon la notoriété du créateur.Lire : L’engouement soudain, et suspect, de stars pour un concert à la piscine MolitorA l’étranger, les tarifs s’envolent : outre-Manche, Yogscast, 7 millions d’abonnés au compteur, facture à partir de 5 000 livres sterling (7 000 euros) un test de jeu, quand l’agent d’un célèbre youtubeur international offrait les services de la star pour 250 000 dollars (232 000 euros) dans les travées de l’E3, la grand-messe du jeu vidéo.« C’est la loi de l’offre et la demande, on est dans un système dont ils vont profiter un petit moment avant qu’il ne finisse par s’écrouler », veut croire un professionnel, qui ne cache pas la surprise de certains nouveaux annonceurs face aux cachets demandés.Agences et managersCes négociations engagent parfois plusieurs intermédiaires entre l’annonceur et le youtubeur lui-même, comme l’agence de création numérique chargée de réfléchir à un concept de vidéo pertinent. A la manière des sportifs de haut niveau, les plus courtisés ont un manager chargé de faire l’interface avec ces dernières.Les trois géants français de YouTube, Norman, Squeezie et Cyprien, sont quant à eux chez Mixicom, une agence de communication leur servant à la fois de régie publicitaire et de conseil marketing. « Notre but, c’est de fournir aux créateurs des services pour qu’ils puissent se concentrer sur l’artistique », expliquait en septembre Thierry Boyer, cofondateur de Mixicom, à la revue Stratégies.La société, qui édite également les sites d’information JeuxActu et FilmActu, a souvent créé des passerelles entre ces différentes activités (à l’image de cette vidéo de Norman diffusée sur la chaîne FilmActu). Elle a depuis été achetée par Webedia (AlloCiné, JeuxVideo.com) pour une somme estimée à 14 millions d’euros.Mais les autres géants de la vidéo francophone sont également détenus par de grands groupes médias : Studio Bagel par Canal+, Golden Moustache et EnjoyPhoenix par M6.Problèmes éthiquesCes régies publicitaires posent un problème éthique. Comme le relève L’Express, l’article 20 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) oblige toute publicité à « rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée ». Mais dans la pratique, c’est le flou qui prédomine.Le 23 octobre dernier, Norman poste ainsi sur sa chaîne Youtube une vidéo intitulée « Assassin des templiers », et présentée comme « inspirée de l’univers du jeu vidéo Assassin’s Creed ». Aucune mention du commanditaire de la vidéo. Au Monde, la boîte de production IDZ confirme pourtant avoir été en contact avec Mixicom et Ubisoft, l’éditeur du jeu vidéo Assassin’s Creed. La vidéo tournait d’ailleurs en boucle sur le stand de ce dernier au Salon du jeu vidéo Paris Games Week, une semaine plus tard.« La déontologie, j’en ai rarement vu »Une vidéo promotionnelle, en somme, mais qui n’est jamais explicitement présentée comme telle. C’est que les youtubeurs les plus importants, conscients que la mode dont ils jouissent peut être éphémère, réfléchissent rarement en termes d’éthique. « La déontologie, j’en ai rarement vu, épingle un responsable d’agence. On essaie de faire des choses cohérentes, ce sont les agences qui réfléchissent et non les youtubeurs. »Certains, malgré tout, réussissent à se distinguer. Jhon Rachid ferait partie des rares à ne pas faire payer l’annonceur lorsqu’un sujet lui est proposé et l’intéresse. Dans la sphère anglophone, TotalBiscuit, sévère critique des dérives déontologiques de la presse jeu vidéo – et l’une des figures de la nébuleuse antiféministe GamerGate – ne demanderait aucun cachet pour tester les jeux envoyés par les éditeurs. Ils font toutefois figure d’exception.Pour Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix et tous ceux dont le contenu des vidéos est en partie négocié avec une régie, leur mission consiste à mettre leur popularité au service de la marque, et peu importe que leurs vidéos soient massivement regardées par des enfants peu préparés à faire la part des choses. « Il n’est jamais stipulé dans les contrats qu’ils doivent dire du bien du produit, mais si on pose un paquet de céréales sur la table et que le gars critique, il sait que ça ne va pas le faire, explique la même source. L’intérêt du youtubeur est de ne pas cracher dans la soupe. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Krémer Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents.D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. »Lire :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisLes chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ».Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty.Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux »La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours…Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. »Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes.Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Y a-t-il encore un sens à surveiller les équilibres de temps de parole uniquement à la télévision et à la radio alors que l’information se diffuse aujourd’hui à travers de multiples canaux ?L’environnement dans lequel nous évoluons a énormément changé depuis les années 1980, lorsque les règles d’équilibre du temps de parole ont été décidées. Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gaëlle Picut Trois médias numériques, lancés en 2014 et 2015, tournent autour du travail. Leur point commun : mettre en valeur les récits des travailleurs eux-mêmes.Le premier projet éditorial, Raconter la vie (raconterlavie.fr) a été lancé en janvier 2014 par Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, et soutenu par les Editions du Seuil. Il accueille des textes écrits essentiellement par des anonymes, dont un certain nombre autour de différents métiers.« Ce projet a l’ambition de répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne mieux prise en compte », écrivait Pierre Rosanvallon lors du lancement dans un manifeste intitulé « Le parlement des invisibles » : « Donner la parole, rendre visible, c’est aider les personnes à retrouver leur dignité, à résister. C’est leur permettre de rassembler leur vie dans un récit qui fait sens, de l’insérer dans une histoire collective ».On y trouve des témoignages très variés : un conducteur de métro, une psychologue, une caissière, une conseillère d’orientation, un infirmier, un routier, un boulanger, une employée de fast-food, un directeur d’agence bancaire, un charpentier…Dans l’Education nationaleDans le sillage du projet « Raconter la vie », le SGEN-CFDT, un syndicat de l’Education nationale, a lancé en septembre 2014, Raconter le travail (raconterletravail.fr), un espace où les professionnels de l’enseignement peuvent témoigner de leur travail, de ce qu’ils vivent au quotidien, sur ce qu’il se passe de façon invisible au sein des établissements scolaires.Le but est de raconter le concret et la diversité des situations. « La représentation du travail dans l’Education nationale fait aujourd’hui défaut. La méconnaissance du travail réel des personnels, par les médias et les corps intermédiaires comme par les intéressés eux-mêmes, explique à la fois les carences des politiques publiques et l’incapacité des personnels à agir collectivement », estime Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT dans le manifeste de lancement du site. Cette initiative a été parrainée par Pierre Rosanvallon et son équipe.Le dernier né est le site Dire le travail (direletravail.coop), lancé en avril 2015 par la coopérative du même nom regroupant une cinquantaine de sociétaires et animée par Patrice Bride, ancien rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques.Ce média publie aussi des écrits signés des travailleurs eux-mêmes. Des professionnels les aident à mettre en forme leurs récits. « Nous cherchons avant tout à mettre en avant le travail, plutôt que le métier : non pas ce que fait en général un maçon, un gardien de musée ou un policier, mais la façon très particulière dont une personne forcément unique s’est débrouillée de ce qu’elle avait à faire, dans son contexte propre », explique Patrice Bride. Une vingtaine de récits sont déjà en ligne, rédigés par un dermatologue, un caissier, une infirmière, une accompagnatrice en soins palliatifs, etc.Ce qui se fait au-delà du métierCe travail d’expression écrite produirait plusieurs effets. « Dire son travail est important. Poser des mots permet de prendre de la distance par rapport au quotidien, à l’apparente routine ou à la course permanente, constate Patrice Bride. On réalise tout ce que l’on arrive à faire malgré les difficultés, les prescriptions parfois contradictoires, voire la souffrance. À cet effet révélateur, vient s’ajouter un effet assurance ou réassurance quand on n’est pas très sûr de ce que l’on fait. Enfin, l’écriture est une manière de partager avec d’autres son expérience et ses histoires de travail, de les faire reconnaître ».Nadir Abdelgaber, un jeune caissier a rédigé un texte sur son quotidien, en partant de la façon dont il plie le ticket de caisse avant de le tendre au client. « Pour lui, écrire sur son travail, être publié, lu, est une manière de montrer son travail sous un angle positif. Il ne s’agit pas seulement de montrer comment il fait son travail mais aussi la façon dont il se l’approprie », témoigne Patrice Bride.Ariane Grumbach a publié un texte (« Des mots pour mieux manger ») sur son activité de diététicienne. « J’avais déjà un certain recul sur mon vécu professionnel. En revanche, je n’avais jamais formalisé des mots dessus et en ce sens, la démarche était fructueuse », estime-t-elle. « J’aime cette façon de passer » de l’autre côté du miroir « de métiers que l’on ne connaît que très partiellement. Cela me paraît une démarche extrêmement intéressante que l’on travaille seul ou en entreprise car elle peut aider à prendre conscience de la valeur de son travail, des compétences acquises au fil du temps. C’est aussi une façon de fixer la mémoire du travail », poursuit-elle.Faire partie d’un toutAude Baron, qui a écrit un texte sur son activité de paludière, a également ressenti l’importance de transmettre sa passion pour son métier. Au-delà, elle compare cette démarche à un « travail thérapeutique ». « J’avais témoigné une première fois sur mon métier pour un blog. Cela avait enclenché quelque chose chez moi. J’ai eu envie de poursuivre cette réflexion. Cela m’a fait du bien et m’a conforté dans mon choix de vie. Avant de devenir paludière comme mon père, j’ai été chargée de communication au sein d’une collectivité locale. Écrire ce texte m’a fait réaliser un certain nombre de choses dont je n’avais pas conscience sur le sens de ce que je faisais. Depuis, je les vis de façon encore plus intense », analyse-t-elle. « En décrivant mon activité, j’ai l’impression de faire partie d’un tout, d’être en accord avec la nature, le cycle des saisons. C’est un travail sur soi en permanence ».Par ailleurs, la publication de ce texte a favorisé des discussions avec ses proches. Elle s’est rendu compte qu’elle préférait utiliser le terme d’activité qui renvoie à des choses positives, à un épanouissement, plutôt que celui de travail associé à quelque chose de laborieux, de pénible.« En période de crise économique, d’événements tragiques comme nous le vivons actuellement, il est important de revenir aux fondamentaux, de faire son travail avec amour, de remettre les relations humaines au cœur de nos activités. Le métier de paludier est à la fois solitaire et solidaire. Le monde du marais est une grande famille alors que lorsque je travaillais dans la fonction publique j’avais le sentiment d’être très isolée », conclut-elle.Etre connecté à l’actualitéL’une des ambitions de Dire le travail est aussi de chercher des connexions avec l’actualité. Il accueille par exemple le témoignage d’Adèle Wine, partie en mission comme responsable d’approvisionnement dans un Centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières en Guinée. « Derrière chaque événement de l’actualité, il y a toujours du travail, des femmes et des hommes qui font ce qu’ils ont à faire avec de l’intelligence, des émotions, des convictions, des valeurs », résume Patrice Brice.Outre cette publication web, la coopérative Dire le travail développe d’autres activités tels que des ateliers à destination de particuliers souhaitant écrire sur leur travail, ou des interventions auprès d’organismes (associations, syndicats, entreprises, etc.), en particulier dans le cadre de formations autour de questions liées à l’expression sur le travail. Elle est actuellement en discussion avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) et la CFDT intéressées par la démarche.Pour compléter ce tour d’horizon de cette « démocratie narrative » (selon l’expression de Pierre Rosanvallon), il faut également évoquer les blogs, un média personnel parfois utilisé par leurs auteur(e) s pour s’interroger sur leurs pratiques professionnelles. Le milieu médical est incontestablement surreprésenté. On peut citer Jaddo (rédigé par une jeune généraliste), Vieux et merveilles (une auxiliaire de vie), Boules de fourrure (un vétérinaire) ou encore 10 lunes (une sage-femme).Ces différentes initiatives montrent que parler du travail n’est pas réservé aux sociologues, aux économistes, aux politiques ou aux journalistes. Derrière les notions de marché du travail, de chômage, de productivité, d’innovation, de management… il y a le travail réel, l’humain. « Nous voulons donner à lire le travail réel. De l’engagement, du conflit, de la solidarité : ce qui se joue au travail, parfois envahissant, parfois dépourvu de sens, avec ses grandeurs comme ses difficultés, toujours au cœur du fonctionnement de la société », résume Patrice Bride.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est une polémique née d’un dossier qui aurait dû être consensuel. Destinée à élargir le soutien public à un plus grand nombre de publications après les attentats contre Charlie Hebdo, la réforme des aides à la presse a fait l’objet, ces derniers jours, de vives critiques.En cause : la volonté du gouvernement de priver de ces nouvelles aides les publications ayant fait l’objet de condamnations pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence au cours des cinq dernières années. La mesure concerne des titres d’extrême droite comme Minute et Rivarol, ou encore l’hebdomadaire Valeurs actuelles, positionné à la droite de la droite et par deux fois condamné ces derniers mois, même s’il a fait appel.Lire aussi : Aides à la presse : qui touche le plus ? Dans son décret du 6 novembre 2015, le gouvernement a étendu le champ de l’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : elle concerne désormais tous les périodiques et pas uniquement les quotidiens. Il s’agit d’une démarche en faveur du pluralisme, initiée au lendemain de l’attentat qui a décimé l’hebdomadaire Charlie Hebdo, en janvier (celui-ci ne bénéficiera toutefois pas de l’aide, qui est limitée aux publications dont la diffusion est inférieure à 300 000 exemplaires, un seuil que l’hebdomadaire a dépassé depuis janvier).Plainte à BruxellesLe fait que ce renforcement des aides directes ne touche pas les titres ayant fait l’objet de condamnation a fait rapidement réagir. Mardi 17 novembre, Valeurs actuelles s’en est pris au système d’aide dans sa globalité en indiquant avoir « adressé une plainte formelle contre la France pour aide d’Etat incompatible avec le Traité de l’Union européenne dans le secteur de la presse d’information politique et générale de diffusion nationale ».Le lendemain, son directeur, Yves de Kerdrel, a également annoncé un recours au Conseil d’Etat. Il croit avoir identifié une fragilité juridique au sein du décret, dans la mesure où dans les faits, ce sont les directeurs de publication qui sont condamnés, non les titres. Or le décret fait référence à ces derniers.Plus surprenant : jeudi 19 novembre, c’est l’ensemble des quotidiens et magazines qui s’est ému de la mesure, à travers un communiqué commun du syndicat de la presse magazine (SEPM) et de la presse d’information générale (AIPG). Ce texte reprend l’argument de M. de Kerdrel en constatant que « le décret (…) soulève plusieurs points de droit, dont, mais non exclusivement –, celui du non-respect du principe de la personnalité des peines, en raison des règles particulières de responsabilité en matière de presse posées par la loi de 1881, et qui excluent la responsabilité directe de la société éditrice ».Le ministère « serein »En réponse, le ministère de la culture, joint par Le Monde, se dit « serein » sur les contestations juridiques de son décret : les condamnations touchent certes des individus, mais ils sont visés en tant que directeur de la publication, les condamnations ne sont pas personnelles, argumente-t-on. On ajoute que les amendes sont souvent payées par les titres, pas par les dirigeants.Sur la contestation des aides à la presse au niveau européen, le ministère de Fleur Pellerin ne s’affiche pas plus inquiet. Ce type de soutien public à un secteur est un choix politique, au même titre que la neutralité technologique invoquée pour accorder récemment un taux de TVA « super réduit » aux titres de presse sur Internet. Malgré une certaine opposition, Paris estime engranger des soutiens, au niveau européen, sur ces sujets.Sur le fond, cette réforme des aides au pluralisme vise à soutenir des titres qui contribuent à la « vitalité démocratique », argumente le ministère. Exclure les publications condamnées pour propos racistes ou discriminatoires est « dans l’esprit de la loi de 1881 sur la liberté de la presse ». L’article 24 de ce texte rappelle que seront notamment condamnés ceux qui auront « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes ».Une réforme politique ?Personne n’est visé en particulier à cause de sa ligne éditoriale, c’est un principe républicain, soutient-on au cabinet de Fleur Pellerin. Une tentative de couper court à l’argument selon lequel la réforme est politique et vise à affaiblir des titres d’opposition frontale à François Hollande, comme Valeurs Actuelles, ou proches de l’extrême droite.Enfin, le ministère rappelle que cette aide au pluralisme ne représente qu’une faible partie de l’ensemble des aides directes et indirectes (via les aides postales notamment). En 2014, un titre d’extrême droite comme Présent a touché 362 745 euros d’aides au total (dont 226 888 euros d’aides directes). Valeurs Actuelles a touché 961 026 euros d’aides à son transport postal mais zéro aide directe. Minute et Rivarol n’ont rien touché.Parmi la cinquantaine de titres qui pourraient bénéficier des nouvelles aides au pluralisme, on trouve les publications de gauche Le Monde diplomatique ou Politis, les publications chrétiennes Témoignage chrétien, Pèlerin magazine ou Golias, le magazine féministe Causette, le mensuel et site sur l’écologie Terra Eco, voire le bihebdomadaire généraliste Society.Malgré les arguments du ministère, les fédérations d’éditeurs de presse risquent de ne pas désarmer immédiatement : « Quelles que soient les justifications politiques et morales censées la justifier, une telle exclusion, dans son essence même, rompt avec le principe démocratique intangible de la neutralité de l’action publique vis-à-vis de la presse d’opinion », écrivent-ils, avant d’invoquer Tocqueville : « Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Nouchi  Lorsque, peu après sa désignation comme directeur du Monde, le 30 juin, Jérôme Fenoglio me proposa de devenir le sixième médiateur de notre journal – après, successivement, André Laurens, Thomas Ferenczi, Robert Solé, Véronique Maurus et Pascal Galinier –, je n’imaginais évidemment pas une seconde que j’allais prendre mon poste par temps de guerre. Je me faisais une joie de pinailler sur l’orthographe ou la syntaxe défectueuse de tel ou tel article, de maugréer après tel ou tel rédacteur coupable d’une approximation douteuse, de grommeler après la découverte d’un titre de manchette imprécis ; et voici qu’il me faut dire l’émotion d’une rédaction en proie à la fatigue, à la peine et parfois même au deuil ; et voici surtout qu’il faut, dès à présent, lui tirer un immense coup de chapeau pour le travail réalisé depuis quelques jours.Croyez-moi, chers lecteurs, je ne suis pas du genre complaisant avec les confrères. Depuis un peu plus de trente ans au Monde, ayant connu moult directeurs, directeurs de la rédaction et rédacteurs en chef, je me fais une idée très haute du journalisme. Mes modèles en écriture sont à chercher du côté de Robert Guillain (1908-1998), Pierre Viansson-Ponté (1920-1979) ou encore Jean-Marc Théolleyre (1924-2001) – souvenirs émus de ces grandes plumes du journal d’avant Internet –, alors pensez : il m’arrive parfois de céder à la déception devant un journal par trop moyen. Rien de tel depuis une semaine. Le travail de la rédaction, tous supports confondus, est remarquable. Rigueur, talent d’écriture et d’analyse, scoops,... Nicolas Bourcier Illustration des tensions croissantes autour de la question des réfugiés, une journaliste de CNN, Elise Labott, a été suspendue pour deux semaines pour avoir critiqué, dans un tweet, un vote à la Chambre des représentants. Dans les minutes qui ont suivi l’adoption par les députés à une très large majorité (289 contre 137), jeudi 19 novembre, d’un projet de loi durcissant les conditions d’accueil des réfugiés syriens et irakiens sur le sol américain, Elise Labott a écrit sur son compte : « La Chambre adopte une loi qui pourrait limiter [l’afflux de] réfugiés syriens. La Statue de la Liberté courbe la tête angoissée. »House passes bill that could limit Syrian refugees. Statue of Liberty bows head in anguish @CNNPolitics https://t.co/5RvZwVftgD— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Ce vote s’est fait avec le soutien d’un cinquième des élus démocrates, malgré l’opposition de la Maison Blanche au dispositif. Le président Barack Obama avait fait savoir qu’il utiliserait son veto si le projet de loi devait être adopté par le Sénat.Depuis le début du conflit syrien, en 2011, les Etats-Unis ont accueilli 1 682 réfugiés, selon le chiffre du département d’Etat.Lire aussi : Après Paris, Donald Trump joue la carte de l’islamophobieErik Wemple du Washington Post, qui a révélé l’histoire du tweet dans un article publié un peu plus tard dans la journée, insiste sur le fait que la question des réfugiés est devenue hautement partisane et que CNN avait suivi le vote de la Chambre d’une manière « très neutre ».M. Wemple rappelle qu’Elise Labott n’est pas éditorialiste ou commentatrice, « ce qui signifie qu’elle est tenue de respecter le principe de neutralité de la chaîne ». Il précise que les principaux concurrents de CNN, Fox et MSNBC News, « deux chaînes partisanes », obligent la chaîne d’Atlanta à une couverture rigoureuse, dans une contexte « d’impératifs économiques ».Dans un message publié vendredi matin, Elise Labott est revenue sur son précédent tweet : « J’ai eu tort d’éditorialiser. Mon tweet était inaproprié et irrespectueux. Je présente mes sincères excuses. »Everyone, It was wrong of me to editorialize. My tweet was inappropriate and disrespectful. I sincerely apologize.— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Nicolas BourcierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde) Lancée en mai en 5 jours sur 7, La Matinale du Monde passe désormais à 7 jours sur 7. Depuis son lancement, vous avez été près de 300 000 à la télécharger, un vrai succès pour une application d’information 100 % mobile.Cet été, nous vous avons consulté pour mieux comprendre votre façon d’utiliser La Matinale, pour vous permettre également de nous dire ce que vous appréciez le plus et ce que vous aimez le moins. Votre demande prioritaire portait sur une publication le week-end. Nous avons donc décidé de répondre à votre attente en vous offrant La Matinale tous les jours.Cette enquête de lectorat a aussi montré que vous étiez friands d’actualité, d’enquête, de découvertes… Nous continuerons donc de vous proposer une sélection éclectique et hiérarchisée, mêlant l’actualité la plus brûlante, les enquêtes approfondies, des tribunes et des strips BD.Mais le samedi et le dimanche, votre rapport au temps change, vous êtes moins dans l’urgence. Nous vous proposerons donc, dès 8 heures, une édition avec des contenus nouveaux, adaptés à ce moment où chacun a envie d’accorder du temps aux siens et à soi, de prendre du recul par rapport au flot d’informations qui nous submerge.Ainsi, chaque samedi matin, Les Décodeurs proposeront un “rattrapage de l’actu” pour ceux qui veulent être sûrs de n’avoir rien manqué. “La question de la semaine” permettra, quant à elle, d’aborder de façon pédagogique un sujet qui aura marqué les jours précédents. Enfin, une liste de recommandations sur les replays et les podcasts clôturera l’édition.En exclusivité dans La Matinale de ce samedi 21 novembre, vous lirez la toute première chronique de Thomas Piketty. L’économiste publiera en effet chaque mois un texte dans Le Monde daté dimanche-lundi.Une chronique sexualitéChaque dimanche matin, la chroniqueuse Maïa Mazaurette traitera de la sexualité sous toutes ses facettes. Vous plongerez également ce jour-là dans l’intimité d’une personnalité qui a accepté de raconter les secrets de son parcours à notre grand reporter Annick Cojean. Le sport ne sera pas oublié et la rédaction vous proposera également des idées de voyages.Enfin, quatre nouveaux dessinateurs BD rejoignent l’aventure de La Matinale du Monde : Nix, Antoine Marchalot, Mix & Remix et Catherine Meurisse ont créé chacun une série originale. Vous continuerez aussi de sourire avec Coquelicots d’Irak (Lewis Trondheim et Brigitte Findakly), La Famille Mifa (Lisa Mandel) et Manuela, Françoise et les autres (James).Nous espérons que cette offre enrichie répondra à votre attente et que vous serez toujours plus nombreux à nous lire… chaque matin désormais.Pour télécharger La Matinale du Monde, suivez ce lien: http://goo.gl/510oxk Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde)Journaliste au Monde Joël Morio On les disait condamnées par la montée en puissance des services de streaming comme Spotify ou Deezer. Or les radios musicales résistent bien à cette nouvelle concurrence. Selon les chiffres communiqués par Médiamétrie, mercredi 18 novembre, elles ont atteint une part d’audience de 32,6 %, en septembre et octobre, contre 30,9 % sur la même période en 2014.NRJ reprend sa place de première station de France avec une part d’audience cumulée de 12 %. « On retrouve la hiérarchie naturelle. Les services musicaux rencontrent des difficultés avec des faillites ou des introductions en Bourse reportées ; les stations musicales réunissent quant à elles plus de 22 millions d’auditeurs quotidiens, soit une hausse de 430 000 personnes en un an. NRJ est un bain chaud de plaisir, un refuge utile quand on est inquiet et stressé », estime Jean-Paul Baudecroux, président du groupe NRJ (qui comprend notamment Nostalgie, Chérie FM et NRJ). « On doit beaucoup à Steve Jobs, observe-t-il encore. Les smartphones sont aussi des récepteurs radio, ce qui favorise l’écoute des stations musicales prisées par les plus jeunes. » Le bond de Fun Radio est spectaculaire. La matinale présentée par Bruno Guillon est désormais écoutée par 1 868 000 Français, soit une progression de 47 % en un an. Au total, la station spécialisée en « dance music » gagne 303 000 auditeurs. Et devient ainsi la deuxième musicale de France, coiffant sur le poteau Skyrock, dont l’écoute cumulée progresse par rapport à la vague d’avril-juin 2015, mais recule sur un an.Virgin Radio réalise sa meilleure rentrée depuis six ans avec 267 000 nouveaux adeptes et une audience cumulée de 4 %. Les audiences de Chérie FM (4,4 % d’audience cumulée) sont aussi bien orientées. « C’est la plus forte progression des stations musicales. La station qui passe devant RFM bénéficie de son repositionnement et nous espérons que le travail effectué sur Nostalgie, avec plus de titres des années 1980 programmés, produira le même effet », indique Jean-Paul Baudecroux.Sérénité affichée sur RTL et Europe 1Du côté des stations généralistes, les résultats sont très contrastés. France Inter consolide sa troisième place avec 10,2 % d’audience cumulée. La matinale de Patrick Cohen conforte sa première position et toutes les tranches horaires s’affichent en hausse. Cette très bonne tenue s’explique « par le mariage d’une offre exigeante et populaire, avec une forte dose d’irrévérence, ainsi que par l’attachement très fort de nos auditeurs à la radio de service public », juge Emmanuel Perreau, directeur des programmes et d’antenne de France Inter. A RTL, les performances sont plus mitigées. L’audience cumulée (11,4 %) baisse légèrement d’une année à l’autre, mais elle recule par rapport à la vague d’avril-juin 2015, où elle avait culminé à 12 %. La station de la rue Bayard peut se consoler en voyant sa durée d’écoute progresser à 2 h 23, soit la meilleure de toutes les radios. « Je suis très confiant pour la suite. Nos résultats sont une bonne base pour le reste de la saison », estime Christopher Baldelli, président de RTL. Même sérénité affichée à Europe 1, malgré une chute des audiences qui ne s’explique plus uniquement par le départ de Laurent Ruquier vers RTL, mais aussi par une baisse de la matinale présentée par Thomas Sotto. « Son travail n’est pas en cause. La matinale avait progressé lors des précédentes vagues. Nous gardons le cap même si ce n’est pas une bonne rentrée. Le contexte des radios généralistes privées est très difficile », martèle Fabien Namias, le directeur général de la station. Avec 8,6 % d’audience cumulée, il s’éloigne un peu plus des 10 % que Denis Olivennes lui avait fixés à son arrivée à Europe 1. Fabien Namias peut se satisfaire néanmoins des bons scores de Jean-Marc Morandini, qui atteint son plus haut niveau depuis sept ans, tandis que Cyril Hanouna se stabilise et progresse de 20 % sur les 25-59 ans. La confiance est également de mise à RMC, en dépit de résultats en berne avec plus de 300 000 auditeurs perdus en un an. Enregistrant 7,2 % d’audience cumulée, derrière France Bleu (7,3 %), la station « Info, talk, sport » retombe sous la barre des 4 millions d’auditeurs pour la première fois depuis septembre 2012. « Après les fortes hausses que nous avons connues ces dernières années, il est normal que l’on ait des bas. Notre stratégie de convergence entre la radio et la télévision porte ses fruits. Les audiences de RMC Découverte, qui diffuse la matinale de Jean-Jacques Bourdin, explosent. Les gens veulent désormais des images et nous sommes bien préparés à cette évolution », plaide Alain Weill, le président du groupe Next Radio. France Info, qui enregistre un de ses plus mauvais scores avec une audience cumulée de 7,2 %, souligne le nombre de vues (1,5 million en octobre 2015) sur son antenne vidéo.Les succès sur les médias digitaux ne sont pourtant pas incompatibles avec de bonnes écoutes. France Culture, avec 2,4 % d’audience cumulée, atteint un record historique et dépasse pour la première fois les 10 millions de podcasts téléchargés.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Qu’est-ce qui vous a fait accepter cette proposition de diriger France 5 ?Cette chaîne fait briller les yeux car elle est la quintessence du service public, celui qu’on aime aimer. Et puis, j’ai eu un vrai coup de foudre pour Delphine Ernotte, pour la manière dont elle présentait les choses, pour sa personnalité complètement atypique dans le paysage audiovisuel. Je me suis dit qu’avec cette femme-là qui n’a aucune des lourdeurs du milieu parce que justement elle vient d’un autre univers, cela pouvait être vraiment passionnant. Plus personnellement, je ne peux rien dire de négatif sur ce que je faisais à TF1. Avec la complicité de son ex-PDG, Nonce Paolini, je m’étais constitué un petit royaume avec mon émission littéraire sur TF1, mon rendez-vous quotidien sur LCI, celui sur la chaîne Histoire ainsi que « Médiapolis » sur Europe 1. J’aurais très bien pu continuer ainsi. Mais je ne me mettais plus en danger. Et puis cela m’intéressait de savoir si après vingt-cinq ans, la méthadone de ce nouveau travail allait réussir à compenser la crise de manque de l’antenne. Pour le moment, je suis très satisfait du traitement médical. Je n’ai pas eu une crise de manque depuis la rentrée. Très sincèrement, je n’ai pas eu le temps.France 5 a connu une très belle progression lors de la saison 2014-2015 avec 3,4 % de PDA. N’est-ce pas plus difficile encore d’hériter d’une chaîne dont tous les voyants sont au vert ?C’est évident qu’il y avait un côté « cadeau empoisonné ». Quand vous arrivez dans une chaîne dont l’image est excellente, dont les audiences vont bien et dans laquelle les rendez-vous sont installés depuis des années, vous avez toutes les raisons de ne rien bouger. C’est évidemment le principal obstacle auquel je me suis confronté, même intellectuellement. Tout conspire à ce que vous ne touchiez à rien. Or, comme je l’ai dit aux équipes, tout ce qui est aujourd’hui positif pour France 5 – notamment l’ancrage de ses programmes qui la rend familière – peut se transformer en critiques sur le manque de renouvellement. Il faut donc passer à la vitesse supérieure car nous sommes dans une époque d’incroyables changements.« Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel »Pour reprendre les termes de Delphine Ernotte, votre tache est donc de réveiller « la belle endormie ».Oui, même si France 5 n’est pas inerte. Elle est passée par de nombreuses mutations, et chaque étape me permet d’identifier les problèmes. Pendant longtemps, elle a été une chaîne de la journée qui, le soir, cédait sa place à Arte. Quand elle est devenue une chaîne à part entière, sa grille n’a pas été réellement redéfinie par rapport à une construction qui, aujourd’hui, se fait en amont et aval du prime time. Il ne s’agit pas de le faire du jour au lendemain pour autant, parmi mes objectifs, il y a un travail à opérer sur les « primes times ». Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel.D’autre part, c’est une chaîne qui n’a jamais eu de rédaction, ce qui fait qu’elle est coupée de l’information, au sens quotidien du terme. Certes, celle-ci est traitée excellemment dans les magazines de fin de journée comme « C dans l’air », mais elle n’est pas liée à l’événement. Mon deuxième chantier est donc l’« événementialisation » de la chaîne : soit en créant l’événement comme ce sera le cas, le 24 novembre, avec la soirée spéciale consacrée aux violences faites aux femmes ; soit en étant réactifs ainsi que nous l’avons été tout au long de la semaine qui a suivi les attentats du 13 novembre.Lors de la diffusion de la série documentaire « 360° » vous avez évoqué le numérique comme l’un de vos chantiers principaux. Comment allez-vous le développer ?De nombreux sites se nourrissent des programmes de France Télévisions. Cela accroît leur trafic et leur audience mais nous en sommes quelque peu dépossédés. En ce qui concerne France 5, nous avons très peu de production interne. Les grands rendez-vous de magazines sont élaborés par des producteurs extérieurs qui ont leur page Facebook et leur compte twitter. Mon idée est de redonner une cohérence à tout cela comme on le fait déjà avec « Allo docteur ». Je voudrais rationaliser les rapports entre la chaîne et les différents producteurs sachant qu’il y a beaucoup d’inconnu. Par exemple, l’internaute qui vient chercher un replay, par où rentre-t-il ? Est-ce par le site de France télévisions ? Celui de France 5 ? Ou encore celui de l’émission ou d’une séquence ? Cette porte d’entrée détermine la stratégie. Pour l’heure, j’emmagasine les études et j’écoute ceux qui savent, avant d’essayer de la définir. Il faut vraiment que ce soit une réponse de groupe.Outre l’offre linéaire, ce qui me passionne davantage encore est la création documentaire. Avec 3000 dossiers reçus par an et la diffusion de près de 300 documentaires, nous sommes l’interlocuteur privilégié à France Télévisions de tout cet écosystème. Aujourd’hui, on ne peut plus écrire pour le linéaire puis découper trois quatre extraits à mettre le net. L’écriture numérique est spécifique. Voilà pourquoi « 360° » me passionne. Du coup, on est en train de réfléchir à un documentaire ou une mini-série pour lequel on demanderait aux producteurs des projets bi-face avec une version linéaire et une autre numérique sur le même sujet. A charge pour eux de trouver des interactions entre les deux. A France Télévisions, nous avons avec « Les Nouvelles Ecritures » un atelier incroyablement intelligent et performant avec lequel je me suis rapproché. Car si on rate ce lien avec cette nouvelle créativité, la chaîne pour le coup vieillira très vite.La part de la fiction va-t-elle augmenter, comme le désire la présidente de France Télévisions ?Pour l’instant, nous n’avons pas d’argent pour investir dans la création. Néanmoins, nous travaillons avec l’équipe documentaire afin de lancer un appel à projets conjoint avec « Les Nouvelles Ecritures » autour du docu-fiction. D’autre part, la case du lundi dévolue à ce genre va s’ouvrir au cinéma à la manière de « La Dernière Séance ». Dès janvier, nous proposerons un film incontournable accompagné d’archives sur le tournage, d’actualités de l’époque ou d’un documentaire issu de la collection « Empreintes ».Et en matière de divertissement ?Pour des raisons liées à son histoire, le spectacle vivant n’est pas présent sur la chaîne. Or, j’aimerais qu’il trouve ponctuellement sa place sous forme événementielle. Je vais y aller prudemment car ce n’est pas forcément des succès d’audience. Mon bassin d’audience étant cependant plus réduit que celui de France 2 ou France 3, je peux m’offrir le luxe de diffuser des captations de théâtre ou d’opéra à une heure moins tardive que ces chaînes, vers 21 heures ou 22 heures ; ce qui est plus gratifiant pour les artistes et permet de proposer des soirées de prestige.Outre les soirées cinéma du lundi, d’autres changements sont-ils prévus en janvier ?Le mardi, « Le Monde en face » comportera des plateaux plus longs. « La Maison France 5 » et « Silence ça pousse », qui connaissent une rude concurrence le mercredi, sont déplacés le vendredi. « On n’est pas que des cobayes » qui affronte « Koh-Lanta » et « The Voice Kids » devrait passer en « access » le samedi. Enfin, le mercredi sera une soirée prestige avec nos grandes coproductions internationales archéologiques et scientifiques. Ce n’est pas une révolution, mais cela fait bouger les choses. Je ne sais pas si je serai le prince charmant qui réveille la belle endormie, en tout cas, il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans.« Nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs »La grille comportera-t-elle des nouveautés ?Il y a deux émissions qui me tiennent à cœur mais que je trouve en deçà de leur potentiel. Il s’agit de « La Grande Librairie » et « C politique ». L’émission littéraire de François Busnel pourrait faire bien mieux comme on le voit lors des soirées spéciales, où il double quasiment son audience. Ce qui bloque sans doute est le côté un peu rigide de l’émission. François Busnel désirait la rallonger. Je le lui ai accordé à condition qu’il la reformate de façon à offrir plus de sujets et de reportages. Pour « C politique », j’ai tenu un discours similaire à Jérôme Bellay, son producteur. Je lui donne une demi-heure de plus afin de sortir du cadre un peu institutionnel de l’interview politique en y intégrant notamment des invités de la société civile en lien avec l’actualité, qui viendront interpeller le politique, des spécialistes ainsi fact-checking avec l’invité.Pour faire cela, j’ai donc décidé de faire des économies en supprimant les plateaux qui introduisent les émissions. De même, certaines qui arrivaient en fin de contrat ne sont pas reconduites comme « Hélène et les animaux » ou « Les Grandes questions » de Franz-Olivier Giesbert.Qu’en est-il de l’avenir des « Maternelles » et du « Journal de la santé » après le rachat par TF1 du groupe de production Newen ?Pour le moment, tous les nouveaux projets sont suspendus. Concernant les magazines de santé, le problème ne se pose pas car le contrat court jusqu’en 2017. Celui des « Maternelles » arrive à échéance en juin 2016 et sera réexaminé. Très franchement, je suis partagé avec ce magazine sympathique et en symbiose avec les valeurs du service public mais décevant en termes d’audience générale. Son aspect novateur des débuts n’est-il pas devenu obsolète ? La leçon que l’on peut tirer de l’affaire Newen est que nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs comme cela a été le cas. Une émission n’est pas une rente à vie, c’est le message que je veux leur insuffler.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « La cinquième vidéo, elle est fatale, on dirait un film », dit un habitant de Saint-Denis qui tente, dans sa commune, de vendre à des journalistes des images amateurs de l’assaut donné par les policiers mercredi 18 novembre au matin. « 400 euros, c’est donné », commente-t-il. Le phénomène n’est pas totalement nouveau mais l’intensité du petit marché qui s’est mis en place dans la foulée des attentats a frappé plusieurs reporters sur place, dont ceux du Petit Journal et de FTVinfo.Saint Denis des jeumes tentent de vendre des vidéos entre 100 et 300 euros sur le marché selon si l on entend tirs pic.twitter.com/KmPhoH54lG— Pascal Jalabert (@Jalabertpascal) November 18, 2015« Si on voit les tirs et un policier, de loin, dans la nuit, c’est 500 euros, sinon, juste le son, c’est 100 euros », s’indigne Pascal Jalabert, rédacteur en chef du bureau parisien d’informations générales d’Ebra, groupe de journaux de l’est de la France, cité par FTVinfo.#SaintDenis Un riverain me montre une vidéo, prise à 4h36 du matin. On y voit des tirs depuis la fenêtre de l'immeuble rue Corbillon.— Kocila Makdeche (@KocilaMakd) November 18, 2015Le journaliste de FTVinfo Kocila Makdeche raconte qu’après l’avoir interpellé, les vendeurs montrent la vidéo proposée « sous le manteau, comme des vendeurs à la sauvette », dans une rue tranquille.Sans se cacher particulièrementD’autres font leur commerce sans se cacher particulièrement : Le Petit journal a filmé un groupe de personnes négociant des images de façon ouverte, dans une rue.St-Denis : le commerce des vidéos amateurs - Le Petit Journal du 18/11La circonstance de l’assaut renforce la quantité et l’intérêt des documents amateurs : les échanges de tirs, impressionnants, entre la police et les djihadistes retranchés rue Corbillon, ont commencé très tôt, vers 4 h 30. Beaucoup de riverains ont filmé avec leur smartphone avant que les moyens importants des télévisions arrivent progressivement.Les documents amateurs, montrant l’immeuble des terroristes, le choc assourdissant des armes automatiques ou des mouvements de forces de l’ordre, ont été utilisés par les chaînes de télévision, de BFMTV à i-Télé, en passant par Télé Matin, explique Le Petit Journal. Ce qui ne veut pas dire qu’elles les aient achetées, car certains témoins donnent gratuitement leurs images ou les postent sur les réseaux sociaux.BFM-TV a acheté deux portraits d’un kamikaze, pas de vidéos« Nous ne sommes pas contre le principe d’acheter certains documents », explique au Monde Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Pourtant, depuis le 13 novembre, la chaîne dit n’avoir payé que deux photos, d’Ismaïl Omar Mostefai, l’un des djihadistes qui s’est fait exploser au Bataclan, acquises auprès d’un « ex-proche » et aucune vidéo.BFM-TV explique sa ligne de conduite pour l’achat de documents amateurs : « Ne pas rentrer dans une course au spectaculaire, ni dans une course aux enchères. Et il faut que le document apporte une info », explique M. Béroud.Payer des particuliers pour des images est assez tabou. A Saint-Denis, le reporter du Petit Journal confronte les vendeurs : « J’ai fait ton travail. J’ai eu les couilles de le faire. J’ai risqué ma vie », explique l’un d’eux. Avant d’avancer une raison plus économique : « Y’a de l’actu, je sais que je peux faire de l’argent. (…) J’ai pas de travail. »Une vidéosurveillance d’un bar attaqué « pour 50 000 euros » Ceux qui achètent avec moins de complexe sont les médias anglo-saxons, où cette pratique est plus courante : d’ailleurs, la journaliste que Le Petit Journal arrive à filmer en train d’acheter pour de bon des documents parle anglais. On la voit verser une rallonge de 200 euros en cash, après avoir, dit-elle, déjà payé 250 euros pour quatre vidéos. Interrogée dans la foulée, elle dit travailler pour la BBC, le service public audiovisuel britannique. Mais nie avoir payé pour des images…Ces derniers jours, les médias britanniques ont parfois diffusé des documents amateurs, quitte à choquer : le Daily Mail a ainsi diffusé une photo de l’intérieur du Bataclan montrant des corps, qu’il a acheté via le Daily Mirror qui en a acquis les droits.Le site du quotidien a également montré des images de vidéosurveillance récupérées dans un des cafés-restaurants attaqués à la kalachnikov vendredi soir. « Cette vidéo nous a été proposée pour 50 000 euros », raconte Hervé Béroud, de BFM-TV, qui l’a refusée, car elle est « choquante ».Le Journal du dimanche a raconté que dès le soir des attaques, deux témoins proposaient trois vidéos et une dizaine de photos des attaques d’un bar et d’une pizzeria, pour 1 000 euros. Avec « exclusivité », ce qui veut dire qu’ils supprimeraient les images après la transaction.« Se faire du fric sur le malheur des gens »On est encore loin de la recherche effrénée d’images de faits divers pour les monnayer avant tout le monde aux chaînes, comme dans le film américain Night Crawler. Mais la pratique se diffuse, explique FTVInfo, qui se rappelle s’être fait démarcher pour enchérir sur des vidéos des inondations dans le sud-est de la France.« Honte à tous ces gens qui font commerce de la détresse », s’indigne une internaute dans les commentaires du reportage posté sur Facebook par Le Petit Journal. « Se faire du fric sur le malheur des gens, c’est ignoble. Si quelqu’un de votre famille se trouvait dessus, vous le feriez ? Vous me dégoûtez », abonde un autre. Le JDD dénonce, lui, une « version connectée du profiteur de guerre ».« Si j avais des photos, je les vendrais. Quitte à ce que BFM-TV, TF1 et autres se fassent des tunes, je prends ma part », rétorque un commentateur sur Facebook. « Tant qu’il y aura des gens pour acheter, il y aura des gens pour vendre, c’est une loi universelle », philosophe un autre. Un dernier tend un miroir à tout le monde : « Arrêtez de faire vos saintes-nitouches, vous serez tous scotchés à votre téloche quand la vidéo achetée sera diffusée. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Le débat sur le GamerGate ressurgit au moment le plus inattendu. Ce mouvement en ligne de joueurs de jeu vidéo hostile au discours féministe, aux médias, et régulièrement accusé de harcèlement en ligne, est accusé par le site américain Vice d’avoir modifié la photo d’un journaliste, Veerender Jubbal, en le grimant en terroriste kamikaze avant de la diffuser largement en ligne.Lire : A la rencontre du GamerGate, le mouvement libertarien qui veut défendre « ses » jeux vidéo  « La photo de l’un des kamikazes de Paris a été diffusée. Il l’a posté sur Twitter peu avant l’attaque », écrit un utilisateur turc de Twitter, connu sous le pseudonyme de Blacktric sur les réseaux sociaux anglophones, au soir des attentats du vendredi 13 novembre.Comme l’ont remarqué plusieurs internautes, un certain nombre de détails clochent, comme les prises anglaises, ou l’étonnante présence d’un godemiché à l’arrière-plan. La photographie a en fait été modifiée sur un logiciel de retouche d’image.« Il faut un gilet d’explosifs et un coran »Le détournement est apparu le 12 août, et a été réalisé par un membre du gamergate,@turd_wartsniff, alias Sad Person, ou encore Doctor Ethics, à la suite d’un dialogue édifiant entre trois utilisateurs de Twitter, dont Blacktric.« Vous êtes à la mosquée et ce type met une main aux fesses de votre copine. Que faites-vous ? - J’utilise Photoshop pour placer une bombe à la place de sa tablette - Non, il faut un gilet d’explosifs et un coran à la place de sa tablette »La photo, à nouveau mise en ligne le 13 novembre, connaît une diffusion exceptionnelle. Comme le relève Vice, le visage de Veerender Jubbal est repris dans la presse européenne : La Razon en Espagne et SkyTG24 en Italie publient la photo, l’un pour illustrer le parcours d’un des terroristes entrés en France en passant par la Grèce avec les réfugiés, l’autre comme un document « envoyé par l’Etat Islamique ». « Des millions et des millions de gens ont vu les images retouchées, et me prennent pour un terroriste », s’est désolé l’intéressé sur Twitter, qui rappelle être sikh et non musulman, vivre au Canada, et n’être jamais allé à Paris. « Tout ceci me place dans une mauvaise situation, au sens où je risque d’être physiquement et/ou moralement blessé à cause de ça. »Le mouvement minimiseVeerender Jubbal n’a pas été choisi par hasard. Il est connu pour ses positions hostiles au GamerGate. Il a ainsi créé le mot-dièse « StopGamerGate2014 », rappelle son profil Twitter. « Les gamers sont des ordures absolues, comme je le dis depuis une année entière. Les gens n’arrêteront pas de me harceler et polluer la vie », a-t-il déclaré, 24 heures après la diffusion de cette photo.Gamers are absolute garbage like I have been saying for a full year.People will not stop harassing, and bothering me.— Veeren_Jubbal (@Veerender Jubbal)require(["twitter/widgets"]);Sur Reddit, l’un des fiefs en ligne du GamerGate, on minimise la volonté de nuire et on se désolidarise du tweet du vendredi 13 novembre de Blacktric. Ce dernier s’était éloigné du mouvement il y a plusieurs mois. « Est-ce qu’un des nôtres [Sad Person] est responsable du détournement sous Photoshop ? Probablement, oui. Toutefois celui-ci a été fait avant les attaques de Paris, il n’y avait pas l’intention d’associer Veerender Jubbal dans celles-ci. Ceci a été fait par quelqu’un [Blacktric] qui ne s’associe plus avec le GamerGate. »Ce dernier a pourtant continué à harceler le journaliste, mais au sein de la « Ayy Team », un groupe d’internautes dissidents spécialisés dans la provocation extrême et les messages de harcèlement envers plusieurs communautés, comme les sympathisants LGBT et féministes. Les comptes Twitter et Reddit de Blacktric ont depuis été désactivés.Veerender Jubbal a quant à lui évoqué la possibilité de poursuivre en justice les journaux ayant utilisé sa photographie.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guillot Le jour de l’attaque du Bataclan, vendredi 13 novembre, ils étaient sept photographes accrédités pour le concert des Eagles of Death Metal. Un concert de plus pour ces spécialistes de musique, qui sont des passionnés autant que des photographes – l’un d’eux, Yann Charles, travaille en amateur, et publie ses photos de façon bénévole pour un webzine.Mais les images qu’ils ont prises ce soir-là, du groupe et du public communiant dans le même plaisir, se remplissent aujourd’hui d’une émotion toute particulière. « Ils sont tous choqués, à des degrés divers, témoigne Bertrand Alary, directeur de l’agence Dalle, qui diffuse plusieurs d’entre eux. Et ils ont chacun une attitude différente face aux images qu’ils ont faites. Moi, je suis leurs instructions à la lettre. »Dans le milieu musical, à part pour les gros concerts aux contraintes particulières, c’est en général la « règle des trois » qui s’applique : les photographes dûment accrédités peuvent travailler seulement pendant les trois premières chansons, histoire de ne pas perturber le spectacle. Le 13 novembre, au Bataclan, les photographes se placent dans le « pit », derrière les barrières, entre la scène et le public – là où ils ont un bon point de vue sur le groupe et les spectateurs.A eux d’éviter les flashs dans les yeux qui gênent les musiciens. « C’est un groupe de rock festif, super-intéressant à photographier, car ils sont super-vivants quand ils jouent », confie l’un d’eux, qui préfère taire son nom. Après trois chansons, des photographes se fondent dans la foule, d’autres décident de partir. « Avec un collègue, on a bu un verre en rangeant le matériel, raconte un photographe. On est tous les deux partis pour éditer nos photos chez nous. Avant, j’ai pris une photo sur mon téléphone, pour montrer l’ambiance, et je l’ai postée sur Facebook. Puis j’ai pris ma voiture, et c’est seulement en passant devant Le Petit Cambodge que j’ai compris que quelque chose de grave se passait. » A l’intérieur, le photographe Manu Wino se trouve au bar quand arrivent les terroristes, mais il est près de la sortie de secours, et réussit à s’enfuir. Un de ses collègues trouvera refuge dans un local technique pendant toute l’attaque. Mais la photographe Marion Ruszniewski, qui travaillait ce jour-là pour le mensuel Rock & Folk, est touchée par une balle dans le ventre. « J’ai pensé à mon ami Rémi Ochlik [tué en Syrie en 2012] et je me suis dit “pas moi” », a-t-elle raconté à l’AFP. Elle fera la morte jusqu’à l’arrivée des secours, et s’en tirera sans complications trop graves. « C’est mon sac à dos de photo qui m’a sauvé la vie », pense-t-elle.« Du mal à regarder mes images »Une fois la frayeur passée, que faire des cartes mémoires pleines d’images innocentes d’un concert qui a viré au carnage ? Les photographes ont tous répondu de façon différente. Marion Ruszniewski a diffusé quelques photos du concert par le biais de l’AFP, et doit publier le reste comme prévu dans le prochain numéro de Rock & Folk.Manu Wino et Julien Mecchi, « par respect pour les victimes », ont, chacun, décidé de distribuer gratuitement les photos du concert sur leur compte Facebook, en demandant qu’il n’en soit pas fait un usage commercial. « Peace, Love & Death Metal », a ajouté Manu Wino sur sa page, en écho au titre du premier album du groupe californien. Dans les images qu’il a prises, on voit nettement des spectateurs sur le côté de la scène. « Au début, je ne voulais rien en faire, a-t-il déclaré à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles. Mon sac est resté fermé. Et, petit à petit, on sort du choc, et, en discutant avec des amis, je me suis dit qu’il fallait envoyer des ondes positives. J’ai eu envie qu’on se souvienne des sourires, du rock’n’roll et qu’on était tous là pour faire la fête. »Mais ces clichés de spectateurs qui s’amusent avant la tuerie posent un problème de conscience à quelques photographes. Ils savent que nombre de personnes à l’image sont mortes, et que certaines familles n’ont pas encore identifié leurs proches. « Deux photographes m’ont demandé de retirer les images où on voit le public, parce qu’ils pensent que c’est plus respectueux », explique Bertrand Alary.Sur ce sujet, un photographe, qui préfère taire son nom, confie être « en pleine réflexion ». « Pour l’instant, j’ai encore du mal à regarder mes images. Je ne sais pas si les gens seront choqués de revoir leur famille, ou contents de les voir vivants et souriants après toutes ces photos d’horreur. » L’un d’entre eux semble avoir tranché, en publiant, en double page dans le magazine Paris Match paru lundi 16 novembre, sans donner son nom, une photo cadrée uniquement sur les spectateurs du concert : une image d’insouciance, à la fois joyeuse et terrible.Malgré le choc et les crises d’angoisse, les photographes ne semblent pas découragés de photographier des concerts, y compris au Bataclan. « Parfois, il faut juste faire son job », écrit Julien Mecchi sur Facebook. Et, par mail, Marion Ruszniewski indique : « Je prendrai des photos dès que j’en serai capable. »Lire aussi :Le gouvernement ordonne à Twitter de bloquer la diffusion des photos du carnage dans le BataclanClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard « On vous l’avait bien dit… », semblent entonner ceux qui ont brandi de longue date le risque de voir des terroristes se mêler aux migrants arrivant en Europe. Ainsi, le député républicain des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, tout comme le site d’extrême droite Fdesouche, n’ont pas manqué de souligner qu’un des auteurs des attentats du 13 novembre s’est présenté en Grèce en tant que réfugié syrien. Et au passage, ils ont pointé du doigt les médias, accusés d’avoir été trop angéliques dans leur traitement.Lire aussi :Un kamikaze du Stade de France avait emprunté la route des Balkans« Fantasme »« Des terroristes parmi les migrants : quand les médias dénonçaient un fantasme », a titré Fdesouche, listant une quinzaine de liens vers des sites d’information. Christian Estrosi a, lui, choisi de cibler un article et un média en particulier : France Inter. Il a accusé la radio de service public d’avoir réalisé un « maquillage » sur « un article qui donne tort à ses journalistes ». Reprenant un argument de Fdesouche, le maire de Nice s’est indigné lors de son passage lundi sur France Info, mais aussi sur Twitter.Mais je veux dénoncer ici maquillage réalisé par @franceinter sur un article qui donne tort à ses journalistes pic.twitter.com/PvkEVAe20j— Christian Estrosi (@cestrosi) November 16, 2015 En cause : le changement de titre, dimanche, d’un article du site de France Inter, initialement publié le 14 septembre. « Réfugiés : le fantasme de l’infiltration terroriste » a été changé en « Des terroristes parmi les migrants ? » Pour Fdesouche, cette modification « en loucedé » est la preuve du malaise du média.Contactée, France Inter reconnaît une « maladresse » décidée dans l’urgence dimanche. Mais assure avoir agi pour répondre à une inquiétude légitime : protéger l’auteur de l’article, qui était « victime d’insultes, mais aussi de menaces sérieuses » depuis que son nom et son article ont été exhumés, samedi, sur les réseaux sociaux. Sa signature a été retirée dimanche… et le titre adouci.Le ministère de l’intérieur et les expertsAu-delà de cette petite polémique, les médias ont-ils occulté le risque d’infiltration d’islamistes sur la route des Balkans ? Difficile de généraliser mais avec le recul, le titre initial de l’article de France Inter semble trop catégorique. « Ce n’est pas notre journaliste qui a mal fait son boulot, rétorque Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de la radio. Elle s’est appuyée sur le ministère de l’intérieur : dans un échange en off avec d’autres collègues, il se disait alors très peu préoccupé par ce risque. » L’éventuelle « sous-évaluation » du problème serait donc plutôt le fait de Beauvau.« Les migrants qu’on laisse entrer en France sont ceux qui veulent y demander l’asile. Or quand on fait une demande d’asile, on laisse nécessairement ses empreintes, on se fait photographier, et les services de l’OFPRA (l’office de protection des réfugiés) consultent les fichiers de police français et internationaux. Si une personne est recherchée, ou signalée par exemple pour radicalisme, c’est non : elle n’obtiendra pas le statut de réfugié et pourra même être expulsée », expliquait l’article, citant le ministère.La route des Balkans jugée risquée et lenteDans les autres liens pointés par Fdesouche, on trouve plusieurs articles s’appuyant en fait sur des sources identiques, par exemple des tweets du journaliste David Thomson, de RFI, en août. Ce spécialiste du djihad réagissait à l’affirmation formulée par le maire de Nice sur la présence de terroristes parmi les migrants, et avant lui par la présidente du Front national, Marine Le Pen :« A ce stade, les propos de Christian Estrosi au sujet des migrants et de l’Etat islamique sont factuellement faux. Jamais l’Etat islamique n’a encore utilisé les flux de migrants pour s’infiltrer en Europe dans le but d’y réaliser des attentats. Cette option initialement diffusée dans la presse italienne, puis instrumentalisée politiquement, n’est présente dans aucun communiqué », avait écrit M. Thomson, selon Le Lab.Le journaliste de RFI ajoutait toutefois : « Pour autant, une telle option n’est pas non plus totalement exclue. »D’autres articles se fondent sur les mêmes dépêches AFP, l’une du 21 mai, l’autre du 14 septembre. Leur angle est commun : « Des djihadistes peuvent gagner l’Europe sans se cacher parmi les migrants. » Y sont cités des officiels, dont le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, qui appelle à la vigilance ; mais aussi plusieurs spécialistes, assez sceptiques. Pour eux, il est plus rapide et moins risqué pour l’Etat islamique de passer par d’autres voies, comme l’avion, que de tenter la route des Balkans.« Exagérer la menace serait complètement idiot, mais la nier absolument serait faux », relativisait Eric Dénécé, du Centre français de recherches sur le renseignement, dans une dépêche.Et le débat sur les migrants ?Les médias ont-ils péché par excès de certitudes ? Jean-Marc Four, de France Inter, rappelle que « la vérité du jour n’est pas celle du lendemain ». Le parcours de l’auteur des attentats du 13 novembre passé par la Grèce montre que le processus d’enregistrement des migrants peut laisser passer un individu non fiché ou utilisant un faux passeport – en l’occurrence de Syrie, pays en guerre. L’Ofpra explique aujourd’hui avoir dans quelques cas refusé l’asile pour des soupçons de terrorisme. Mais ne peut agir si l’arrivant ne dépose pas de dépôt de dossier.Lire aussi :Craintes sur l’arrivée de terroristes avec les migrants« Sur le fond, il y a peut-être eu chez les journalistes une forme de minimisation, mais pas forcément consciente, pense M. Four. Car les thèmes du terrorisme et des migrants se téléscopent et sont tous les deux sujets à instrumentalisation politique. »Intéressante pour la lutte contre le terrorisme, la question ne change pas forcément les termes du débat sur l’immigration et les réfugiés : « Même si on admet que quelques terroristes passent dans le flot de migrants, faut-il pour autant renoncer à trouver une solution d’accueil pour tous les autres ? », demande M. Four.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Attentats à Paris : "François Hollande craint... par rtl-frCela s’appelle éteindre un début d’incendie. Mardi 17 novembre, RTL a publié un communiqué pour soutenir son chroniqueur Eric Zemmour, pris à partie sur les réseaux sociaux. Le polémiste avait affirmé le matin même sur l’antenne de la radio qu’« au lieu de bombarder Raqqa [en Syrie], la France devrait bombarder Molenbeek ». Une référence au quartier de Bruxelles réputé pour la présence d’islamistes et actuellement ciblé par les enquêteurs après les attentats du 13 novembre à Paris.« Face aux réactions et à l’incompréhension suscités par la chronique d’Eric Zemmour diffusée ce 17 novembre dans la matinale, RTL tient à indiquer que les propos du chroniqueur étaient évidemment à prendre au second degré et aucunement au premier degré ».« L’objet de la chronique d’Eric Zemmour était de montrer que les bombardements français en Syrie ne servaient à rien tant que les frontières intra-européennes ne seraient pas rétablies, a ajouté RTL. Comment peut-on imaginer qu’Eric Zemmour ait sérieusement appelé à bombarder cette commune bruxelloise ? »Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe précédent i-TéléPar ce communiqué, la radio réitère son soutien au journaliste devenu essayiste militant, comme elle l’avait fait lors de polémiques précédentes. Elle avait expliqué à différentes reprises qu’il ne convient pas de faire taire une voix qui représente une partie des Français. La société des journalistes de RTL s’était pourtant désolidarisée de M. Zemmour le 17 décembre, après des propos ambigus sur les musulmans au Corriere della sera : « Ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL », avait écrit la SDJ.A la même époque, la directrice de la rédaction d’i-Télé, Céline Pigalle, avait mis fin à l’émission de débat de M. Zemmour avec Nicolas Domenach. Celle-ci a depuis été limogée de la chaîne d’information en continu par Vincent Bolloré, le nouvel homme fort de Vivendi. Outre ses livres et sa chronique deux fois par semaine sur RTL, M. Zemmour a encore un rendez-vous hebdomadaire sur Paris Première (groupe M6) : avec Eric Naulleau, son ancien complice d’« On n’est pas couché », l’émission de Laurent Ruquier, qui a depuis regretté avoir fait décoller la carrière de M. Zemmour.Lire aussi :i-Télé met fin à sa collaboration avec Eric ZemmourAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.11.2015 à 22h32 • Mis à jour le17.11.2015 à 08h10 | Alexandre Piquard « En situation de guerre, ce document est un éclairage glaçant mais poignant de ce que Paris a vécu vendredi soir », assume Vincent Régnier, directeur des magazines d’information de M6. Le « document » en question, diffusé dans l’émission « 66 Minutes », est une séquence tournée presque par hasard, lors d’un reportage sur le travail quotidien des pompiers : les journalistes se sont retrouvés embarqués avec les secours quand ils ont été parmi les premiers à découvrir le carnage au restaurant La Belle Equipe, rue de Charonne, dans le 11e arrondissement. Montré dimanche 15 novembre à 18 heures, le document n’était pas encore disponible en replay, mardi matin. « Atteinte à la dignité des personnes »Le ministère de l’intérieur ne partage pas du tout la satisfaction de la chaîne : « Le reportage est violent et il a été diffusé trop tôt : seulement quarante-huit heures après les faits. Les victimes n’étaient pas toutes identifiées et certaines familles étaient encore dans l’attente. Le document pouvait porter atteinte à la dignité des personnes. Il n’était pas opportun de le diffuser si tôt », explique son porte-parole au Monde, confirmant un argumentaire relayé par Pure Médias. La place Beauveau n’était en revanche pas opposée à un passage à l’antenne plus tard, sans préciser quand.Dans le reportage, les caméras arrivent sur les lieux du drame, qui a fait 19 morts, avant la police, avec les pompiers. Les images sont dures. Il y a des cris… Des proches éplorés, des gens entre la vie et la mort. Une scène a notamment été relevée : « C’est ma sœur, tu attends qu’elle décède ? Est-ce qu’il y a de l’espoir ? », demande un survivant. « Je pense qu’il n’y a pas d’espoir », lui répond un pompier. Dans son ensemble, la séquence de dix minutes a suscité des réactions très contrastées sur Twitter comme l’a relevé Le Figaro.fr. Critiquée par les uns, mais aussi saluée par les autres.Le document montre surtout le sang-froid des secours et de leur responsable ce soir-là, un pompier qui ordonne le travail des ses hommes, avec méthode, au milieu du chaos. « Valeur informative »La « valeur informative » des images était trop grande, justifie Vincent Régnier, pour retarder la diffusion : « Il y avait toutefois deux conditions : ne pas porter atteinte à l’enquête et à la dignité des personnes. » Les visages étaient floutés et le reportage « déconseillé aux moins de 10 ans ».L’opposition entre le ministère de Bernard Cazeneuve et la chaîne porte sur un autre point : le porte-parole estime que M6 a outrepassé ses consignes car il a argué, avant la diffusion, de la violence du document.M. Régnier rétorque que le ministère a seulement mis en avant des arguments « administratifs ». Ce genre de reportages, où les journalistes sont « embarqués » fait l’objet d’une convention entre la chaîne et le ministère. En l’occurrence, cette convention précisait que le sujet serait diffusé sur W9 (une autre chaîne du groupe M6) et que les images devaient être visionnées, avant diffusion, par l’intérieur – pour vérifier les floutages notamment. Deux conditions non-respectées.Pas de manquement, selon le CSAM6 répond au ministère que les circonstances des attentats de vendredi soir étaient « exceptionnelles ». Et assure que les pompiers ont vu les images dimanche, sans trouver à y redire. L’homme qui s’inquiète de sa sœur mourante dans la séquence frappante du reportage a même recontacté M6 pour témoigner à visage découvert, malgré la mort de sa proche, selon M. Régnier. Au passage, le cadre de M6 fait remarquer l’absence de polémique liée à la diffusion d’une vidéo tournée par le journaliste du Monde Daniel Psenny, montrant l’horreur vécue par les victimes touchées par balles et fuyant le Bataclan par une sortie de secours.Le ministère de l’intérieur, lui, reste ferme : il regrette la diffusion, dimanche sur TF1, d’un autre reportage, également tourné dans le cadre d’un travail sur le travail des pompiers, initialement pour une autre chaîne, TMC. Il se réserve le droit de poursuivre les chaînes en justice.Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, lui, a plutôt conforté M6 : sa cellule de veille de l’autorité a estimé qu’il n’y avait pas de manquement, la chaîne ayant flouté les personnes susceptibles d’être reconnues. Mais un réexamen n’est pas exclu, précise l’AFP.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « On pensait avoir touché le fond, mais non… », se désole Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, jointe samedi 14 novembre par Le Monde. Elle était à son domicile, vendredi soir lors des attaques. Elle raconte son sentiment d’effroi au cours d’une soirée et d’une nuit passées sans dormir et à échanger avec des amis, mais avec « une réaction de rejet total, de fuite, presque un refus d’en entendre parler. »Samedi après-midi, l’équipe de Charlie Hebdo était sous le choc après ces attaques qui rappellent tant celles qui ont décimé le journal puis ciblé des policiers et des juifs en janvier. Contactés, plusieurs membres de la rédaction souhaitaient peu s’exprimer. Mais certains avaient déjà en tête le prochain numéro du journal, en théorie attendu pour mercredi 18 novembre, et qui doit désormais être totalement revu.Mesures de sécuritéVendredi soir, plusieurs membres de l’équipe, sous protection policière, dont son directeur, Riss, ont été mis en sécurité rapidement. Samedi, il leur a été déconseillé de s’approcher des nouveaux locaux que la rédaction occupe depuis plusieurs semaines dans le sud de Paris, après avoir quitté ceux où a eu lieu la tuerie de janvier puis avoir été hébergés au siège de Libération.Des membres de la rédaction ont toutefois élaboré un communiqué, assez succinct, paru samedi après-midi :« Toute l’équipe de “Charlie Hebdo” fait part de son effroi et de sa révolte après les attentats qui se sont déroulés vendredi 13 novembre à Paris. “Charlie Hebdo” s’associe à la douleur des victimes et leur adresse son soutien total ainsi qu’à leur famille. Le journal condamne une fois de plus cette violence terroriste au service de l’idéologie totalitaire islamiste qui n’a d’autre but que de détruire les valeurs de la démocratie et de la République. »Rattrapés par l’horreurVendredi soir, au moment des attentats, les membres de l’équipe se sont sentis rattrapés par l’horreur. Patrick Pelloux, médecin urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo, s’est rendu au Samu de Paris. Il y a endossé son rôle de médecin, plutôt que de confier son sentiment de membre de la rédaction de Charlie, qu’il a récemment annoncé vouloir quitter. Il a parlé de « carnage de guerre », de massacre, en particulier pour les victimes du Bataclan. « Ils ont utilisé des petites balles de 16,5 mm, avec une forte vélocité. C’est facile à tirer, et ils ont fait comme au ball-trap », a décrit M. Pelloux à une journaliste du Monde.Lire aussi :Patrick Pelloux annonce son départ de « Charlie Hebdo »D’autres membres de l’équipe étaient à la fête donnée dans les locaux de Libération avant son prochain déménagement, dont le rédacteur en chef, Gérard Biard. Bloqués dans cet immeuble voisin du Bataclan comme les autres — nombreux — journalistes invités, ils ont regardé les événements à la télévision sur place avant d’être mis en sécurité. M. Biard se concentrait samedi sur le prochain numéro du journal.Sigolène Vinson, elle, était chez elle en train de lire un livre quand elle a appris le drame. « C’est très dur… », raconte la chroniqueuse judiciaire du journal, qui par une coïncidence tragique s’est retrouvée à « trembler » ce vendredi parce qu’elle avait un ami parmi les spectateurs du Bataclan, qui a été touché par balle. Elle a passé une partie de la nuit à essayer de le localiser, après avoir échangé des SMS avec des membres de l’équipe de Charlie.Lire aussi :« C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts »Pression médiatique redoubléeCes dernières semaines, les membres de l’équipe de Charlie Hebdo voyaient se profiler les commémorations des attentats du 7 au 9 janvier. Avec une pression médiatique redoublée, comme en témoigne la publication des livres de Denis Robert, journaliste, et de Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo, symbole des tensions persistantes autour de l’héritage du journal. Les demandes venues des médias du monde entier ou les reportages prévus pour janvier se voient aujourd’hui percutés par la nouvelle actualité tragique des attentats de novembre, songe un journaliste, choqué.« Maintenant, il va falloir revoir des choses dans notre façon d’appréhender le terrorisme », pense aussi Zineb El Rhazoui, franco-marocaine et tenante d’une ligne d’opposition ferme à l’islamisme. « Il va falloir interpeller ceux qui ont dit “oui, mais…” après les attentats de janvier, ajoute la journaliste, actuellement en arrêt maladie. Il faut attaquer toute la chaîne de production idéologique du terrorisme, pas que les terroristes avec une réponse sécuritaire. »Dans la nuit de vendredi à samedi, certains des dessinateurs de l’équipe de Charlie Hebdo se sont mis à faire des croquis, paradoxalement inspirés par les horribles événements de la veille, relate un membre de l’équipe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Dix mois après les attentats de janvier, les grands médias français, tous établis à Paris, ont de nouveau connu une mobilisation totale, vendredi 13 novembre dans la soirée et pendant le week-end. Mais alors que le traitement médiatique des attaques menées par les frères Kouachi et par Amedy Coulibaly avait donné lieu à de vives polémiques, suivies de sanctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), cette fois la couverture n’a jusqu’ici pas soulevé de questions.« Nous n’avons pas été confrontés à des situations aussi compliquées qu’en janvier : soit c’était fini quand on est arrivé sur les lieux, soit c’était en cours, au Bataclan, mais on était placés loin », explique ainsi Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Cette fois, pas de dilemme sur le fait de diffuser en direct ou non les images de l’assaut, à la différence des dénouements de Dammartin-en-Goêle (Seine-et-Marne) ou de la porte de Vincennes, qui s’étaient déroulés sous l’œil des caméras. « Tout est allé beaucoup plus vite », résume M. Béroud.« Nous n’avions pas d’équipe en capacité de filmer l’assaut sur le Bataclan, renchérit Catherine Nayl, directrice générale adjointe à l’information du groupe TF1. Mais si nous en avions eu une, nous ne l’aurions pas diffusé. »Pas de consignesVendredi soir, aucune consigne n’a été donnée aux médias par le ministère ou par le CSA. « Nous n’avons reçu aucun message de la part des autorités, il n’y a pas eu d’échanges hors ceux que nous entretenons avec nos sources policières dans le cadre de notre suivi », atteste Laurent Guimier, directeur de France Info.La chaîne i-Télé a cessé de diffuser les images du Bataclan en direct vers 0 h 30 samedi, au moment de l’assaut. Le présentateur Bruce Toussaint a invoqué une « demande des autorités » en ce sens. Contacté par Le Monde, il explique que « l’une de nos reporters à proximité du Bataclan était en direct quand des détonations ont retenti et un policier lui a alors demandé de cesser de tourner, mais nous n’avons reçu aucun coup de fil à la rédaction. »Au lendemain des attentats de janvier, le CSA avait formulé des recommandations aux médias pour les enjoindre à ne pas perturber l’action des forces de l’ordre dans des situations similaires. Le CSA s’est exprimé samedi vers 15 heures, dans un communiqué, pour « attirer très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours dans les circonstances tragiques que vit notre pays ».Suivez notre live sur la situation à ParisPrudence redoubléeAu-delà du cas précis des images d’assaut, l’impression générale était celle d’une prudence plus forte qu’en janvier, notamment dans la communication des bilans.« On a presque eu un excès de prudence sur certaines informations : notamment le bilan très lourd de victimes tuées, pourtant recoupé par des sources médicales et policières, juge M. Béroud. Soixante morts, quatre-vingt morts… On avait envie que cela ne soit pas vrai et peur que cela puisse être faux. Mais c’est allé vite et ça s’est malheureusement révélé en-deçà de la vérité. »Malgré cette sidération, les médias ont semblé mieux maîtriser la situation. « Après les événements de janvier, on a revu notre fonctionnement de façon à être plus cohérents quant aux informations données entre nos différents supports (Web, antenne…) », rappelle M. Guimier. « Les équipes ont des réflexes qui tiennent compte de ce qu’on n’a fait ou pas fait au moment de Charlie, constate Catherine Nayl. Cela concerne par exemple les correspondances sur les réseaux sociaux pendant les prises d’otages. » « On est plus rapidement passés dans l’explication, dès samedi matin. En janvier, il y avait eu des jours de traque », abonde Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions, qui a également hésité un peu avant de donner les bilans impressionnants de morts.France Télévisions, qui n’a pas encore de chaîne d’information en continu, n’a pas décroché en direct tout de suite : France 2 a continué sur l’émission « Ce soir ou jamais » jusqu’à minuit et l’intervention de François Hollande, puis a rendu l’antenne à 2 heures. Auparavant, France 3 avait assuré le suivi des événements de 22 h 45 à minuit. Samedi, France 2 a repris l’antenne, jusqu’à midi, et France 3 a fait un décrochage avec des images de ses rédactions dans toute la France. Le « 13 heures » de France 2 est lui prolongé jusqu’à 14 h 30. De son côté, TF1 a assuré un long direct, vendredi soir après le match de football France-Allemagne, puis samedi matin.Lire aussi :Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Entre victimes et témoinsReste que dans toutes les rédactions, le travail se fait sous tension. « L’ambiance est lourde, décrit M. Béroud. Les journalistes sont parfois comme des médecins, à avoir une pointe d’humour pour déstresser, mais pas là… »« Les gens dans la rédaction sont très touchés, raconte M. Golomer. Beaucoup sont revenus au siège de France Télévisions, vendredi soir, et étaient émus. Aucune population spécifique ne semblait visée dans les attentats. Cela pèse. Tous nos journalistes ont été contactés par leur famille pour savoir comment ça allait. On sent que les gens avaient envie de se retrouver ensemble, comme un refuge aussi. »« L’épicentre des attaques est un quartier où nombre de journalistes résident ou ont leurs habitudes, observe Laurent Guimier. Plusieurs membres de l’équipe étaient présents sur place, ont témoigné avant de rejoindre la rédaction. » Une situation vécue dans la plupart des rédactions, dont des membres ont assisté de près aux attaques, oscillant entre une position de victime et de témoin.« Les équipes sont touchées, constate M. Golomer. Tout le monde connaît quelqu’un qui était vers la rue de Charonne et les lieux des attentats. Les prochains jours vont être difficiles. »Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attentats du 13 novembre : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières) et Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Les journalistes sont les « chiens de garde de la démocratie », selon la Cour européenne des droits de l’homme. Qui veut contrôler un pays sans être confronté aux critiques tente de museler les reporters. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est malheureusement passé maître pour étouffer les aboiements de la liberté. Tandis que des journalistes du monde entier affluent à Antalya pour couvrir le sommet du G20, nombre de leurs collègues turcs ne sont pas accrédités. Boycotter les médias d’opposition est devenu une habitude dans ce pays, 149e sur 180 au dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.Quatre jours avant les élections législatives du 1er novembre, la police prenait d’assaut la rédaction du groupe Ipek et mettait fin en direct aux activités de deux quotidiens et de deux chaînes de télévision d’opposition. Une fois la direction reprise en main et 71 journalistes mis à pied, ces quatre titres ressuscitaient le 30 octobre avec une ligne éditoriale devenue pro-gouvernementale jusqu’à la caricature : la photo du président Erdogan s’étalait en « une » des quotidiens Bugün et Millet, dont les gros titres respectifs étaient « Le président parmi le peuple » et « La Turquie unie ». De la parole officielle pur jus.C’est le journalisme qu’on assassine. La majorité absolue retrouvée par le parti AKP, au pouvoir depuis treize ans, ne freine pas la spirale répressive. Dès le lendemain du scrutin, deux journalistes étaient jetés en prison, accusés d’« incitation à la révolte armée contre l’Etat » à cause d’une couverture. Depuis, une trentaine de leurs collègues font déjà l’objet de nouvelles enquêtes pour « propagande terroriste » ou « insulte au président de la République », les chefs d’accusation les plus courants.Pluralisme réduit et autocensureMardi 17 novembre s’ouvre le procès de dix-huit rédacteurs en chef et directeurs de publication, accusés de « propagande terroriste » pour une photo. Ils risquent sept ans et demi de prison. L’un de ces journalistes, Can Dündar, avait déjà personnellement été accusé d’« espionnage » par Recep Tayyip Erdogan, qui avait promis qu’« il ne s’en sortira[it] pas comme cela ». Son quotidien, Cumhuriyet, venait d’apporter la preuve que des camions affrétés par les services secrets turcs à destination de la Syrie étaient bien chargés d’armes.Depuis plusieurs années, la concentration des médias entre les mains de patrons de presse proches du pouvoir réduit le pluralisme et encourage l’autocensure. Les autorités se sont attelées à reprendre en main Internet : après des réformes draconiennes, le blocage de sites Web sans décision de justice est devenu systématique.La Turquie monopolise plus de deux tiers des demandes de retrait de contenu auprès de Twitter. Au besoin, Ankara n’hésite pas à bloquer l’intégralité de cette plateforme et de YouTube, une extrémité à laquelle ne recourait jusqu’alors qu’une poignée d’Etats parmi les plus répressifs de la planète.Approche paranoïaqueCes nouvelles pratiques s’ajoutent à des constantes héritées de la période militaire : lois restreignant la liberté d’expression, culture judiciaire centrée sur la défense de l’Etat, violences policières impunies… Les métastases du conflit syrien et la reprise des combats entre Ankara et les rebelles kurdes du PKK, cet été, ne font qu’accentuer l’approche paranoïaque des autorités vis-à-vis des journalistes critiques.Loin d’apaiser les tensions partisanes et communautaires, l’emballement de la censure et la rhétorique agressive du gouvernement ne font qu’accentuer les clivages et la dangereuse polarisation du pays. Début septembre, des manifestants galvanisés par les discours officiels ont attaqué par deux fois la rédaction du grand quotidien Hürriyet à Istanbul.Les chefs d’Etat du G20 doivent prendre toute la mesure de la dangereuse dérive dans laquelle s’enfonce leur hôte. Tous ont besoin d’une Turquie stable, qui limite l’expansion du chaos syrien et garantisse la sécurité et la prospérité de son peuple. Pour ce faire, Ankara doit cesser d’alimenter les tensions, et pour cela, il est essentiel que les vérités puissent être dites. N’en déplaise au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « rabâcher » à la Turquie ses violations de la liberté de la presse n’interdit pas de coopérer sur les problèmes d’intérêt commun.Au contraire, rouvrir l’espace du débat démocratique et favoriser le dialogue entre les différents segments de la société sont des conditions essentielles à la stabilisation du pays. La liberté de l’information fait partie de la solution.Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières)Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est une histoire glauque. Où le malaise lié à la vente d’images d’attentats se mêle aux versions contradictoires des protagonistes. L’achat, par le Daily Mail, pour 50 000 euros, d’une vidéosurveillance filmée le soir des attentats du 13 novembre à la pizzeria Casa Nostra, située dans le 11e arrondissement de Paris, a suscité l’émotion.L’indignation s’est d’abord concentrée sur le patron de la pizzeria, accusé par un document diffusé au « Petit Journal » de Canal+ d’avoir vendu les images des fusillades. Mais, depuis, ses démentis ont créé une certaine confusion.Lire aussi :Attentats : 50 000 euros pour des images de vidéosurveillanceQui a vendu la vidéo ?Pour le journaliste Djaffer Ait Aoudia, pas de doute : c’est le patron de la pizzeria, Dmitri Mohamadi, qui a cédé les images. Il l’a expliqué au « Petit Journal », lundi 23 novembre, en diffusant une vidéo qu’il a tournée en caméra cachée dans la cave du restaurant.La vidéo de surveillance de la Casa Nostra - Le Petit Journal du 23/11En réponse, le patron du Casa Nostra a démenti avoir touché l’argent du Daily Mail, sur Nice Matin et France 2 notamment. Il a d’abord pointé du doigt le journaliste Djaffer Ait Aoudia, qui l’aurait incité à vendre les images : « Le journaliste qui a témoigné au “Petit Journal”, il est venu pour une interview et il voulait la vidéo. C’est le seul que j’ai fait entrer dans ma cave. C’est surtout lui qui m’a proposé de prendre de l’argent. »Puis à RTL, le patron a assuré qu’un proche avait empoché l’argent : « Des gens que je connais, de la famille. Un cousin éloigné qui avait les clés. J’ai porté plainte, c’est très choquant. »Que penser des démentis du patron ?L’histoire du « cousin » fait écho à la façon dont BFMTV s’est vu proposer les images : une personne se présentant comme un employé de la pizzeria, « ami d’un cousin du patron », a demandé 50 000 euros à la chaîne d’info, qui a refusé, raconte au Monde une source au sein de la chaîne.Une autre étaie le discours du patron selon lequel il ne voulait pas d’argent : il a montré les images à « tout le monde » dans le quartier, dit-il. Et il avait d’abord accepté de donner les images gratuitement à un journal algérien, qui en a finalement fait un texte le dimanche 15, a pointé Rue89.En revanche, malgré ses démentis, le propriétaire de la pizzeria reste accusé par « Le Petit Journal » : « Un proche semblait effectivement à la manœuvre mais le patron ne pouvait pas ignorer la transaction », explique « Le Petit Journal » à FTVinfo. Europe 1, qui a eu accès aux images non floutées, est aussi catégorique : « C’est le “cousin” qui parle et négocie avec les journalistes anglais. A côté, le patron hésite mais accepte finalement la transaction. Il propose même une réduction si les Anglais achètent la vidéo, de moins bonne qualité, enregistrée sur son téléphone portable. »Quel a été le rôle du journaliste ?Djaffer Ait Aoudia est journaliste pigiste. Il raconte qu’il a commencé à venir dans la pizzeria pour préparer un portrait du propriétaire après les attentats.Il est tombé sur place sur les journalistes du Daily Mail et il a pu ensuite suivre les négociations car les protagonistes étaient habitués à sa présence, a-t-il expliqué au « Petit Journal ». En désaccord, il a choisi de filmer en caméra cachée à partir du lundi 16 et de « porter le sujet à la connaissance du public », via l’émission de Canal+, contactée le jeudi 19.Le patron de la pizzeria Casa Nostra parle à France 2 Le patron de la pizzeria a une version tout autre. Il a affirmé sur France 2 que le journaliste lui a proposé 12 000 euros :« Je pense que ce qui l’a dégoûté, ce mec-là, c’est le fait de ne pas avoir les images en premier. Au début, j’allais lui donner. (…) Finalement, je ne voulais pas. Il l’a mal pris. »Par ailleurs, alors qu’il avait filmé à son insu le propriétaire pour le confondre, le journaliste a proposé au Monde un sujet-texte décrivant le contenu des images de la Casa Nostra, auxquelles il avait « eu accès ». Il disait avoir été en contact avec le Daily Mail, qui allait publier les images. Mais il n’a pas parlé d’une transaction dont il aurait été témoin. Sa proposition semblait floue, elle a été refusée.Joint par Le Monde, Djaffer Ait Aoudia assume sa démarche :« J’avais deux sujets. L’un d’actualité, dans lequel j’ai proposé de commenter les images, après leur sortie sur le site du Daily Mail, le 18 à minuit. L’autre, a posteriori, pour raconter les coulisses. » Le journaliste dément avoir voulu vendre ou acheter les images. Il reconnaît toutefois avoir cherché à les récupérer, auprès du patron, mais seulement le 19, « après leur diffusion sur le Daily Mail ». Il les voulait pour éviter d’avoir le logo du journal britannique, s’il utilisait le document pour un éventuel sujet pour la télévision, explique-t-il.Quant à l’idée de la caméra cachée, elle aurait été suggérée par sa boîte de production, dans le cadre de discussions sur un sujet sur « le marchandage des images », dit-il.Qui a payé pour les images ?Le Daily Mail a justifié le fait d’avoir acheté la vidéo, une démarche courante dans les pays anglo-saxons : « Il n’y a rien dans l’acquisition par le Daily Mail de cette vidéo qui puisse faire l’objet d’une controverse », a déclaré un porte-parole à l’AFP. « Elle a été obtenue sur fond de forte compétition entre les médias français et internationaux et fournit une perspective essentielle » sur les attentats.Selon Djaffer Ait Aoudia, « Le Petit Journal » a payé « environ 1 000 euros » pour son sujet et sa vidéo, à lui-même et à sa société de production. Une estimation fondée sur le tarif syndical des images en télévision, autour de 1 000 à 1 500 euros la minute, explique-t-il.Enfin, de nombreux médias ont diffusé les images, dont France 2 par exemple. Mais on ne sait pas s’ils les ont payées ni combien.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.11.2015 à 12h57 • Mis à jour le24.11.2015 à 16h15 | Alexis Delcambre Les salariés du Groupe Altice Média (L’Express, L’Expansion…) poursuivent leur mobilisation contre les mesures d’économies envisagées par leur direction. Mardi 24 novembre a été prévu un arrêt de travail de quelques heures, alors qu’environ 120 suppressions de postes restent envisagées.Lancé par tous les syndicats et sociétés de journalistes, cet arrêt de travail se veut une réponse à la « vacuité du projet stratégique » présenté lors des comités d’entreprise du 30 octobre et du 18 novembre, estiment ces représentants.« Ligne éditoriale positive »Le mécontentement touche notamment la rédaction de L’Expansion où la société des rédacteurs juge le projet de nouvelle formule « contraire aux principes et aux règles éthiques ». Elle réagi ainsi à un projet qui revendique une « ligne éditoriale positive », qui valorise les entreprises et noue des relations avec elles à travers notamment le développement d’événements.À L’Express, le projet de nouvelle formule présenté par Christophe Barbier suscite également des interrogations. L’objectif du directeur des rédactions est de faire de l’hebdomadaire un titre « premium » et « référent », un projet perçu par certains comme trop élitiste.Lire aussi :La tension monte d’un cran à « L’Express » après le vote d’une double motion de défiancePlus généralement, les représentants des salariés dénoncent l’écart entre les ambitions affichées et la sévère réduction des coûts et des effectifs conduite par l’équipe dirigeante choisie par l’actionnaire Patrick Drahi. Le groupe devrait perdre 3,5 millions d’euros cette année, hors coût de la clause de cession actuellement ouverte.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Whaou ! » On peut lire un mélange de fierté et de soulagement dans le sous-titre du billet par lequel Nicolas Beytout annonce, dans son journal L’Opinion, mardi 24 novembre, avoir convaincu le groupe Dow Jones d’y investir deux millions d’euros. La maison mère du puissant quotidien économique américain The Wall Street Journal, propriété du magnat des médias Rupert Murdoch, vient donc soutenir le petit quotidien français d’inspiration libérale, lancé en 2013, en entrant au capital à hauteur de 10 % environ.« Il y a un effet d’image important, se félicite Nicolas Beytout, fondateur et directeur de la rédaction de L’Opinion. Cela nous fait monter un peu en statut. Nous ne sommes plus juste une petite expérience franco-française, nous avons la reconnaissance d’un acteur international. »En interne, la nouvelle est une « agréable surprise », raconte un membre de l’équipe. En effet, la quarantaine d’employés, dont une trentaine de journalistes, vit avec le sentiment que l’horizon n’est pas totalement dégagé pour L’Opinion, dont le fondateur doit régulièrement chercher des fonds pour poursuivre l’activité, déficitaire jusqu’ici.Dans le milieu de la presse, le quotidien est vu comme un média dont le positionnement éditorial est clair, mais qui dispose d’un lectorat restreint et d’un avenir incertain. Il s’appuie notamment sur la notoriété de M. Beytout, connu comme ancien directeur de la rédaction du quotidien économique Les Échos et du Figaro.L’Opinion revendique 20 000 exemplaires vendus, pour la grande majorité par abonnement (couplé papier et Web). Le titre n’écoule que 3 000 exemplaires en kiosques, dont 5 à 600 environ à Paris. Il affiche une diffusion de 35 000 exemplaires, qui prend en compte des journaux distribués via des partenariats.SynergiesMais M. Beytout assure avoir, depuis janvier, conquis 11 000 abonnés supplémentaires, 100 % Web, via une offre baptisée « licence », qui permet à des collectivités d’avoir un nombre limité d’accès simultanés au site, mais utilisable par tous leurs collaborateurs. « Nous visons une cible particulière de lecteurs, pas la quantité », défend M. Beytout.Pourquoi un géant mondial de la presse économique fait-il son premier investissement en France dans un média indépendant ? Certes, la somme est modique à l’échelle du groupe Dow Jones, filiale de l’empire News Corp qui, avec ses titres britanniques comme le Times ou le Sun, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,84 milliard d’euros au troisième trimestre.Il a néanmoins fallu que M. Beytout convainque Rupert Murdoch, lors de leurs deux rendez-vous, à Londres et New York. L’Opinion et le groupe Dow Jones partagent d’abord deux convictions stratégiques, explique M. Beytout : la foi dans l’importance du support papier et la défense d’un modèle payant strict. De plus, le Wall Street Journal a décidé en juin de relancer son édition internationale et Paris fait partie des villes cibles pour ce redéploiement, explique-t-on à L’Opinion.« L’Opinion est une publication influente dans l’univers français de l’économie, des affaires et de la politique, a expliqué William Levis, le PDG de Dow Jones, dans un communiqué. Cet investissement va accroître nos ambitions internationales et relever nos objectifs au cœur de l’Europe. » Concrètement, le partenariat de cinq ans noué entre les deux entreprises doit permettre des synergies dans les contenus et la distribution. Les contenus de L’Opinion seront versés à la base de données mondiale de Dow Jones, Factiva. Le titre libéral peut en principe espérer des reprises de ses contenus dans d’autres médias, à l’étranger. Des « échanges de liens » entre les sites sont envisagés et des traductions d’articles du Wall Street Journal sous la bannière de L’Opinion ne sont pas exclues, explique M. Beytout.D’autres collaborations sont espérées dans la vidéo, que L’Opinion compte développer, notamment avec Erik Monjalous, un ex-directeur de l’AFP recruté en octobre. Des conférences en partenariat sont également prévues.Sur les ventes, il est envisagé de « travailler conjointement sur le marketing et les abonnements numériques ». On peut imaginer que les deux entreprises partageront leurs fichiers d’abonnés en France.Le dernier levier de ce deal est politique : « Dow Jones et nous sommes dans la même sphère d’idées : un corpus globalement libéral, même si eux sont un peu moins proeuropéens », explique M. Beytout. Alors que la présidentielle de 2017 pointe à l’horizon, ce dernier assure avoir une démarche plus « idéologique » que « partisane », notant avec malice que le libéralisme économique a également des apôtres à gauche. 2017, c’est aussi l’année à la fin de laquelle L’Opinion espère atteindre désormais l’équilibre, après l’avoir envisagé (en vain) à l’horizon 2016.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le politologue Thomas Guénolé a été remercié par la station de radio RMC, où il tenait une chronique dans la matinale animée par Jean-Jacques Bourdin, a révélé Arrêt sur Images. En cause : un billet, diffusé mardi 17 novembre, évoquant des dysfonctionnements de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) lors des attentats du 13 novembre, notamment au Bataclan. Des affirmations qui ont depuis été contestées, par le ministère de l’intérieur notamment.« Boycott punitif »Pour M. Guénolé, RMC a réagi à un « boycott punitif » de la part du ministère, à des « pressions proches d’une censure ». Le chroniqueur affirme au Monde que l’email reçu de la direction de la rédaction de la radio invoque les conséquences de sa chronique pour le travail de ses collègues : « Le ministère et tous les services de police invités à l’antenne depuis mardi ont refusé de venir sur RMC en raison des inexactitudes de ta chronique. La plupart des sources policières de nos spécialistes se sont tues depuis mardi », dit le courriel, selon lui.Dans la chronique incriminée, M. Guénolé disait : « Le 13 novembre, les brigades d’intervention manquaient gravement d’hommes et de moyens. » « Quand les fusillades éclatent, il n’y a que trois fonctionnaires de garde ce soir-là à la BRI », ajoutait-il, soutenant ensuite que lors des interventions, certains policiers avaient manqué de gilets pare-balles lourds, par exemple. Ou que le manque de personnels de la BRI avait obligé des agents de la brigade anticriminalité (BAC) à intervenir, alors que ce n’était pas leur vocation.Aujourd’hui, le politologue affirme qu’il s’était « distancié » des faits, dans ses propos : il avait évoqué en début de chronique les « accusations de dysfonctionnements qui s’accumulent dans la presse », insiste-t-il, même si, dans le passage en question, il ne citait pas de source particulière. Il rappelle aussi qu’en conclusion il demandait une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces questions. Si ces faits étaient avérés, les responsables des forces de police, ainsi que le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, devraient démissionner, disait M. Guénolé.« Accusations graves, non vérifiées »« RMC dit que j’ai porté des “accusations graves, non vérifiées”, mais la construction de ma chronique était de dire qu’il fallait les vérifier », se défend-il.Cette chronique a été vivement contestée, notamment par la conseillère spéciale de Bernard Cazeneuve, Marie-Emmanuelle Assidon, sur Twitter. En fait, Thomas Guénolé a reconnu s’être appuyé sur un article de la publication professionnelle La Lettre A, sans le citer. S’il a admis à un moment depuis sur Twitter que l’article était « faux », M. Guénolé note aujourd’hui « l’absence de démenti officiel, à sa connaissance ». Selon lui, les syndicalistes policiers qui ont réfuté ses arguments dans un article d’Arrêt sur images ne démentent pas le point précis des personnels de garde le vendredi soir. De son côté, La Lettre A a défendu son approche sur Twitter : « L’article salue le travail de #BRI et précise aussi le nombre de policiers d’astreinte. »« Editorialiste grande gueule »Dans un récent portrait, Libération décrivait M. Guénolé comme un « politologue pressé », par ailleurs consultant pour un cabinet de conseil. Il s’y disait « ni de droite, ni de gauche et anti-FN ». Après être intervenu dans les médias comme politologue, notamment sur le centre et la droite, il est devenu récemment chroniqueur, plutôt engagé et touche-à-tout. Il a signé un livre sur les banlieues.En licenciant M. Guénolé, RMC (qui appartient au groupe NextRadioTV, également propriétaire de BFM-TV) ne risque-t-elle pas de donner l’impression de se plier aux arguments du ministère de l’intérieur, en pleine période d’état d’urgence ? Une source au sein de la radio affirme que les chroniques de M. Guénolé avaient déjà suscité des critiques en interne. Ce que M. Guénolé ne conteste pas : « On me dit que je donnais trop mon opinion dans mes chroniques. Certes, il y a eu d’abondantes discussions et tensions sur le contenu de mes chroniques, mais c’était dans le cadre de la relation d’un éditorialiste grande gueule et d’un rédacteur en chef. »A RMC, une source souligne elle qu’avec Jean-Jacques Bourdin, Hervé Gattegno ou « Les Grandes Gueules », la station ne saurait être taxée de complaisance.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof, Nicolas Chapuis et Matthieu Goar Eclairées crûment dans la pénombre, les tentures bleu-blanc-rouge donnent à l’Agora d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) une ambiance de chapelle ardente. Ce samedi 21 novembre, Christian Estrosi, candidat Les Républicains (LR) aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, tient son troisième meeting depuis les attentats du vendredi 13. Jusqu’au public clairsemé, tout rappelle le choc national vécu une semaine plus tôt. Et les propos reflètent l’aspect sécuritaire qu’a pris la campagne des élections régionales.Suivez la situation en direct sur notre siteLa veille, à Marseille, il a présenté le nouveau cœur de son programme : un « bouclier de sécurité » de 250 millions d’euros sur six ans qui « permettront d’armer les polices municipales, d’aider à l’installation de caméras de vidéoprotection… » « Le futur président de la région devra prendre toute sa part dans la protection des Français », assume le maire de Nice, qui se persuade que « la droite républicaine est depuis toujours celle qui inspire le plus de confiance en matière de sécurité ». Plus tôt dans la soirée, le candidat avait fait son entrée sur son nouveau clip de campagne. Dans cet enchaînement d’extraits de BFM-TV ou d’I-Télé, on voit le candidat prévenir la France de la présence d’une cinquième colonne islamiste, encaisser les sarcasmes de ses adversaires sur son idée d’installer des portails de sécurité dans chaque gare ou refuser de marier un Niçois « en voie de radicalisation ». « On m’a dit “vous faites de la surenchère”… J’aurais tellement voulu ne pas avoir raison », conclut-il.Lire aussi :Régionales : la campagne reprend sur la pointe des piedsEn ce week-end de reprise de la campagne, le candidat LR en PACA n’a pas été le seul à développer les thèmes sécuritaires. Lors d’un point presse, samedi, à Lyon, Laurent Wauquiez, candidat LR en Auvergne-Rhône-Alpes, a proposé de consacrer annuellement 45 millions d’euros du budget de la région à la protection des lycées, des gares ou encore des sites industriels classés Seveso. Lors d’un meeting à Drancy (Seine-Saint-Denis), le même jour, Valérie Pécresse a fait directement référence à l’un des terroristes du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, filmé en train de frauder dans le métro parisien. « La sécurité passe par un changement de modèle : dès qu’on commence à franchir les portillons dans le métro, à taguer, ça veut dire qu’on peut tout se permettre », a déclaré la candidate LR en Ile-de-France citée par Libération.Contre-offensive sécuritairePour convaincre une opinion marquée par les attentats, la droite a décidé de donner un tour de vis sécuritaire à sa campagne. Face à un exécutif à la manœuvre, Nicolas Sarkozy a lancé la contre-offensive trois jours après les attentats. Mardi 17 novembre, il a mis en place un observatoire de suivi des mesures annoncées par le gouvernement pour la sécurité des Français. Cette instance, présidée par Eric Woerth, devait être présentée, lundi 23 novembre. Les responsables LR veulent mettre l’Etat sous surveillance. « Il y a des trous immenses dans la raquette, uniquement pour des raisons administratives. Avant de créer des nouvelles lois, faisons appliquer les lois qui existent », a estimé, dimanche 22 novembre, Thierry Solère, tête de liste départementale dans les Hauts-de-Seine, sur l’antenne de Sud radio.A moins de deux semaines du premier tour des régionales, dimanche 6 décembre, l’objectif de la droite est double : ne pas se retrouver confinée à un rôle de spectateur face à l’exécutif en action, mais aussi se montrer plus protecteur que le FN. Les dirigeants LR craignent que l’extrême droite capte la peur et la colère. Les premiers sondages semblent confirmer cette appréhension. Selon une enquête Ipsos pour France Télévisions et Radio France publiée dimanche 22 novembre, Marion Maréchal-Le Pen obtiendrait en PACA 40 % des voix dès le premier tour, trois points de mieux que lors du sondage précédent.Lire aussi :La France d’après, un pays plongé dans la peurPour lutter contre ce danger électoral, les dirigeants de la droite dénoncent un FN ferme dans les mots mais irresponsable dans les faits. Au cours de son entretien au Monde daté du 19 novembre, M. Sarkozy a rappelé que les élus de Marine Le Pen avaient refusé de voter le PNR (« Passenger Name Record ») au Parlement européen. « Le FN est un parti laxiste, dénonce Gérald Darmanin, maire (LR) de Tourcoing, député du Nord et directeur de campagne de Xavier Bertrand, opposé à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Dans mon conseil municipal, les élus frontistes sont les seuls à voter contre les heures supplémentaires aux policiers municipaux. Le FN reste un mouvement d’extrême droite qui a peur de la surveillance de l’Etat. »Le PS mise sur « le pacte de sécurité du président »De l’autre côté de l’échiquier politique, le Parti socialiste ne veut pas laisser la question de la protection à la droite. Dans une lettre écrite aux candidats, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, appelle à défendre « un triptyque commun » : « La guerre totale contre Daech, la sécurité maximale pour les Français et la concorde nationale. » Localement, les candidats vont défendre le rôle de la région dans le maintien de l’ordre.Lire aussi :La droite accuse Hidalgo « d’angélisme » en matière de sécuritéLes socialistes misent sur le fait que le discours de François Hollande et sa gestion après les attaques de Paris ont été globalement appréciés. « Il n’y a aucun angélisme de notre part, la région va contribuer au pacte de sécurité du président de la République », explique Jean-Jack Queyranne, président socialiste sortant de Rhône-Alpes. Pas question cependant de ne rester que sur cette thématique. Pour le candidat PS, qui dénonce une « surenchère sécuritaire » de son adversaire Laurent Wauquiez, les électeurs ont aussi envie d’entendre parler d’autres sujets : « Après ce qu’il s’est passé, il manque dans le discours de la droite un mot majeur, celui d’éducation. » Il reste moins de deux semaines pour faire émerger d’autres sujets de campagne…Matthieu GoarJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles RofJournaliste au Monde Martine Delahaye « C’est récent, mais on me demande maintenant des scénaristes capables d’écrire en anglais, pour monter des coproductions », note Catherine Winckelmuller, agent d’auteurs et de réalisateurs travaillant pour le cinéma ou la télévision. « Cela ne date que d’un an, mais des producteurs indépendants m’ont envoyé des projets depuis l’Angleterre, Israël ou le Danemark pour que je les lise, les propose à mes client(e)s, et que l’on voie si un scénario peut être mené en commun. Pour une série partiellement financée par la France et son système d’aides. » Agent, notamment, des auteures Virginie Brac et Anne Landois, à l’origine de la reconnaissance internationale de la série « Engrenages », Catherine Winckelmuller exerce le même métier que les personnages de « Dix pour cent », la série créée par Fanny Herrero d’après une idée originale de Dominique Besnehard, diffusée récemment sur France 2. Si ce n’est qu’elle a décidé, il y a vingt-cinq ans, en créant Agents Associés (l’une des quarante agences artistiques à Paris), de représenter non pas des comédiens mais des auteurs et des réalisateurs.« Je dis non 363 fois sur 365 »Sur quels critères accepte-t-elle ou non quelqu’un dans son agence ? « D’abord, je représente peu de gens, même pas une cinquantaine, explique-t-elle. Je n’ai qu’un assistant, c’est tout. Et puis je ne rencontre jamais les gens d’abord. Parce qu’ils sont presque toujours extrêmement séduisants, lors d’un entretien. Moi, je veux lire et voir. Si ça me plaît et que j’ai le sentiment de pouvoir apporter quelque chose, j’y vais ; sinon, je n’y vais pas. Ce qui m’intéresse chez les créateurs, c’est leur regard, ce qui fait leur originalité, ce qui les distingue de la masse. Je reçois une demande par jour, je dis non 363 fois sur 365. »Au-delà de la disponibilité et de la réactivité qu’exige ce métier tout de relations, il revient à l’agent de lire ce que lui envoient « ses » scénaristes, de les dissuader ou de les encourager au fil de leurs tentations et tentatives. En un mot, de les accompagner dans leur processus de création, pour qu’un de leurs projets aboutisse à l’écran. D’où la nécessité d’acquérir une fine connaissance des attentes des chaînes et des besoins des producteurs.Lire aussi :Succès français en sérieAprès avoir reconnu les qualités de la série « Dix pour cent » (ce qui correspond au taux de rémunération de tout agent artistique français à la signature d’un contrat par l’un de ses clients), Catherine Winckelmuller fustige, avec force, le manque de confiance et de considération accordé aux auteurs en France : « La chaîne a demandé l’écriture d’une saison 2 de “Dix pour cent”, mais les contrats que les producteurs proposent aux scénaristes en font des auteurs “substituables”, ce qui veut dire que l’on peut les renvoyer et les remplacer à volonté. C’est hallucinant ! » Les professionnels dans une impasseC’est bien simple, estime cette professionnelle : en un quart de siècle, la situation des auteurs de télévision, après une courte embellie, n’a au final pas évolué. Au-delà de quelques réussites, « qui ne sont jamais que l’arbre qui cache la forêt » (« Un village français », « Engrenages », « Ainsi soient-ils »…), la structure même de France Télévisions, la frilosité des chaînes et l’incompétence d’un grand nombre de producteurs ont rendu l’ensemble du système public français obsolète, acculant les professionnels dans une impasse.D’où la grande question que se posent les agents artistiques qui, comme elle, ont affaire à l’audiovisuel : comment Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, pourra-t-elle mettre en actes sa volonté de faire de la fiction « une priorité », comme elle l’a annoncé en septembre à La Rochelle, quand on voit à quoi a abouti, jusqu’ici, en termes de création, un groupe qui emploie 10 000 personnes et dispose d’un budget plutôt conséquent…« Pas de vision »« Qu’attendre d’un service public qui est capable de dire “Ce projet est trop bien pour nous”, comme je l’ai entendu encore récemment ? », s’insurge l’agent de Pierre Schoeller, auteur et réalisateur de L’exercice de l’Etat. « A France Télévisions, on me demande : auriez-vous un auteur qui puisse rassurer France 2 ? Je ne vois que frilosité, aucune idée de ce que l’on attend, pas de vision de ce que va devenir la fiction dans les cinq ans ! En revanche, un conseiller à la fiction, dans le service public, se prend souvent tout à la fois pour un scénariste, pour un réalisateur, pour un directeur de casting, en plus de croire savoir ce qu’attend le public… »Alors que TF1 et Canal+ créent d’imposantes unités de fiction, alors que les sociétés de production cinématographiques commencent à investir le monde sériel, le mammouth France Télévisions pourrait bientôt ne plus reconnaître le paysage dans lequel il évoluait jusqu’ici, pronostique Catherine Winckelmuller…Martine DelahayeJournaliste au Monde Gaëlle Picut Trois médias numériques, lancés en 2014 et 2015, tournent autour du travail. Leur point commun : mettre en valeur les récits des travailleurs eux-mêmes.Le premier projet éditorial, Raconter la vie (raconterlavie.fr) a été lancé en janvier 2014 par Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, et soutenu par les Editions du Seuil. Il accueille des textes écrits essentiellement par des anonymes, dont un certain nombre autour de différents métiers.« Ce projet a l’ambition de répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne mieux prise en compte », écrivait Pierre Rosanvallon lors du lancement dans un manifeste intitulé « Le parlement des invisibles » : « Donner la parole, rendre visible, c’est aider les personnes à retrouver leur dignité, à résister. C’est leur permettre de rassembler leur vie dans un récit qui fait sens, de l’insérer dans une histoire collective ».On y trouve des témoignages très variés : un conducteur de métro, une psychologue, une caissière, une conseillère d’orientation, un infirmier, un routier, un boulanger, une employée de fast-food, un directeur d’agence bancaire, un charpentier…Dans l’Education nationaleDans le sillage du projet « Raconter la vie », le SGEN-CFDT, un syndicat de l’Education nationale, a lancé en septembre 2014, Raconter le travail (raconterletravail.fr), un espace où les professionnels de l’enseignement peuvent témoigner de leur travail, de ce qu’ils vivent au quotidien, sur ce qu’il se passe de façon invisible au sein des établissements scolaires.Le but est de raconter le concret et la diversité des situations. « La représentation du travail dans l’Education nationale fait aujourd’hui défaut. La méconnaissance du travail réel des personnels, par les médias et les corps intermédiaires comme par les intéressés eux-mêmes, explique à la fois les carences des politiques publiques et l’incapacité des personnels à agir collectivement », estime Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT dans le manifeste de lancement du site. Cette initiative a été parrainée par Pierre Rosanvallon et son équipe.Le dernier né est le site Dire le travail (direletravail.coop), lancé en avril 2015 par la coopérative du même nom regroupant une cinquantaine de sociétaires et animée par Patrice Bride, ancien rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques.Ce média publie aussi des écrits signés des travailleurs eux-mêmes. Des professionnels les aident à mettre en forme leurs récits. « Nous cherchons avant tout à mettre en avant le travail, plutôt que le métier : non pas ce que fait en général un maçon, un gardien de musée ou un policier, mais la façon très particulière dont une personne forcément unique s’est débrouillée de ce qu’elle avait à faire, dans son contexte propre », explique Patrice Bride. Une vingtaine de récits sont déjà en ligne, rédigés par un dermatologue, un caissier, une infirmière, une accompagnatrice en soins palliatifs, etc.Ce qui se fait au-delà du métierCe travail d’expression écrite produirait plusieurs effets. « Dire son travail est important. Poser des mots permet de prendre de la distance par rapport au quotidien, à l’apparente routine ou à la course permanente, constate Patrice Bride. On réalise tout ce que l’on arrive à faire malgré les difficultés, les prescriptions parfois contradictoires, voire la souffrance. À cet effet révélateur, vient s’ajouter un effet assurance ou réassurance quand on n’est pas très sûr de ce que l’on fait. Enfin, l’écriture est une manière de partager avec d’autres son expérience et ses histoires de travail, de les faire reconnaître ».Nadir Abdelgaber, un jeune caissier a rédigé un texte sur son quotidien, en partant de la façon dont il plie le ticket de caisse avant de le tendre au client. « Pour lui, écrire sur son travail, être publié, lu, est une manière de montrer son travail sous un angle positif. Il ne s’agit pas seulement de montrer comment il fait son travail mais aussi la façon dont il se l’approprie », témoigne Patrice Bride.Ariane Grumbach a publié un texte (« Des mots pour mieux manger ») sur son activité de diététicienne. « J’avais déjà un certain recul sur mon vécu professionnel. En revanche, je n’avais jamais formalisé des mots dessus et en ce sens, la démarche était fructueuse », estime-t-elle. « J’aime cette façon de passer » de l’autre côté du miroir « de métiers que l’on ne connaît que très partiellement. Cela me paraît une démarche extrêmement intéressante que l’on travaille seul ou en entreprise car elle peut aider à prendre conscience de la valeur de son travail, des compétences acquises au fil du temps. C’est aussi une façon de fixer la mémoire du travail », poursuit-elle.Faire partie d’un toutAude Bellon, qui a écrit un texte sur son activité de paludière, a également ressenti l’importance de transmettre sa passion pour son métier. Au-delà, elle compare cette démarche à un « travail thérapeutique ». « J’avais témoigné une première fois sur mon métier pour un blog. Cela avait enclenché quelque chose chez moi. J’ai eu envie de poursuivre cette réflexion. Cela m’a fait du bien et m’a conforté dans mon choix de vie. Avant de devenir paludière comme mon père, j’ai été chargée de communication au sein d’une collectivité locale. Écrire ce texte m’a fait réaliser un certain nombre de choses dont je n’avais pas conscience sur le sens de ce que je faisais. Depuis, je les vis de façon encore plus intense », analyse-t-elle. « En décrivant mon activité, j’ai l’impression de faire partie d’un tout, d’être en accord avec la nature, le cycle des saisons. C’est un travail sur soi en permanence ».Par ailleurs, la publication de ce texte a favorisé des discussions avec ses proches. Elle s’est rendu compte qu’elle préférait utiliser le terme d’activité qui renvoie à des choses positives, à un épanouissement, plutôt que celui de travail associé à quelque chose de laborieux, de pénible.« En période de crise économique, d’événements tragiques comme nous le vivons actuellement, il est important de revenir aux fondamentaux, de faire son travail avec amour, de remettre les relations humaines au cœur de nos activités. Le métier de paludier est à la fois solitaire et solidaire. Le monde du marais est une grande famille alors que lorsque je travaillais dans la fonction publique j’avais le sentiment d’être très isolée », conclut-elle.Etre connecté à l’actualitéL’une des ambitions de Dire le travail est aussi de chercher des connexions avec l’actualité. Il accueille par exemple le témoignage d’Adèle Wine, partie en mission comme responsable d’approvisionnement dans un Centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières en Guinée. « Derrière chaque événement de l’actualité, il y a toujours du travail, des femmes et des hommes qui font ce qu’ils ont à faire avec de l’intelligence, des émotions, des convictions, des valeurs », résume Patrice Brice.Outre cette publication web, la coopérative Dire le travail développe d’autres activités tels que des ateliers à destination de particuliers souhaitant écrire sur leur travail, ou des interventions auprès d’organismes (associations, syndicats, entreprises, etc.), en particulier dans le cadre de formations autour de questions liées à l’expression sur le travail. Elle est actuellement en discussion avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) et la CFDT intéressées par la démarche.Pour compléter ce tour d’horizon de cette « démocratie narrative » (selon l’expression de Pierre Rosanvallon), il faut également évoquer les blogs, un média personnel parfois utilisé par leurs auteur(e) s pour s’interroger sur leurs pratiques professionnelles. Le milieu médical est incontestablement surreprésenté. On peut citer Jaddo (rédigé par une jeune généraliste), Vieux et merveilles (une auxiliaire de vie), Boules de fourrure (un vétérinaire) ou encore 10 lunes (une sage-femme).Ces différentes initiatives montrent que parler du travail n’est pas réservé aux sociologues, aux économistes, aux politiques ou aux journalistes. Derrière les notions de marché du travail, de chômage, de productivité, d’innovation, de management… il y a le travail réel, l’humain. « Nous voulons donner à lire le travail réel. De l’engagement, du conflit, de la solidarité : ce qui se joue au travail, parfois envahissant, parfois dépourvu de sens, avec ses grandeurs comme ses difficultés, toujours au cœur du fonctionnement de la société », résume Patrice Bride.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est une polémique née d’un dossier qui aurait dû être consensuel. Destinée à élargir le soutien public à un plus grand nombre de publications après les attentats contre Charlie Hebdo, la réforme des aides à la presse a fait l’objet, ces derniers jours, de vives critiques.En cause : la volonté du gouvernement de priver de ces nouvelles aides les publications ayant fait l’objet de condamnations pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence au cours des cinq dernières années. La mesure concerne des titres d’extrême droite comme Minute et Rivarol, ou encore l’hebdomadaire Valeurs actuelles, positionné à la droite de la droite et par deux fois condamné ces derniers mois, même s’il a fait appel.Lire aussi : Aides à la presse : qui touche le plus ? Dans son décret du 6 novembre 2015, le gouvernement a étendu le champ de l’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : elle concerne désormais tous les périodiques et pas uniquement les quotidiens. Il s’agit d’une démarche en faveur du pluralisme, initiée au lendemain de l’attentat qui a décimé l’hebdomadaire Charlie Hebdo, en janvier (celui-ci ne bénéficiera toutefois pas de l’aide, qui est limitée aux publications dont la diffusion est inférieure à 300 000 exemplaires, un seuil que l’hebdomadaire a dépassé depuis janvier).Plainte à BruxellesLe fait que ce renforcement des aides directes ne touche pas les titres ayant fait l’objet de condamnation a fait rapidement réagir. Mardi 17 novembre, Valeurs actuelles s’en est pris au système d’aide dans sa globalité en indiquant avoir « adressé une plainte formelle contre la France pour aide d’Etat incompatible avec le Traité de l’Union européenne dans le secteur de la presse d’information politique et générale de diffusion nationale ».Le lendemain, son directeur, Yves de Kerdrel, a également annoncé un recours au Conseil d’Etat. Il croit avoir identifié une fragilité juridique au sein du décret, dans la mesure où dans les faits, ce sont les directeurs de publication qui sont condamnés, non les titres. Or le décret fait référence à ces derniers.Plus surprenant : jeudi 19 novembre, c’est l’ensemble des quotidiens et magazines qui s’est ému de la mesure, à travers un communiqué commun du syndicat de la presse magazine (SEPM) et de la presse d’information générale (AIPG). Ce texte reprend l’argument de M. de Kerdrel en constatant que « le décret (…) soulève plusieurs points de droit, dont, mais non exclusivement –, celui du non-respect du principe de la personnalité des peines, en raison des règles particulières de responsabilité en matière de presse posées par la loi de 1881, et qui excluent la responsabilité directe de la société éditrice ».Le ministère « serein »En réponse, le ministère de la culture, joint par Le Monde, se dit « serein » sur les contestations juridiques de son décret : les condamnations touchent certes des individus, mais ils sont visés en tant que directeur de la publication, les condamnations ne sont pas personnelles, argumente-t-on. On ajoute que les amendes sont souvent payées par les titres, pas par les dirigeants.Sur la contestation des aides à la presse au niveau européen, le ministère de Fleur Pellerin ne s’affiche pas plus inquiet. Ce type de soutien public à un secteur est un choix politique, au même titre que la neutralité technologique invoquée pour accorder récemment un taux de TVA « super réduit » aux titres de presse sur Internet. Malgré une certaine opposition, Paris estime engranger des soutiens, au niveau européen, sur ces sujets.Sur le fond, cette réforme des aides au pluralisme vise à soutenir des titres qui contribuent à la « vitalité démocratique », argumente le ministère. Exclure les publications condamnées pour propos racistes ou discriminatoires est « dans l’esprit de la loi de 1881 sur la liberté de la presse ». L’article 24 de ce texte rappelle que seront notamment condamnés ceux qui auront « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes ».Une réforme politique ?Personne n’est visé en particulier à cause de sa ligne éditoriale, c’est un principe républicain, soutient-on au cabinet de Fleur Pellerin. Une tentative de couper court à l’argument selon lequel la réforme est politique et vise à affaiblir des titres d’opposition frontale à François Hollande, comme Valeurs Actuelles, ou proches de l’extrême droite.Enfin, le ministère rappelle que cette aide au pluralisme ne représente qu’une faible partie de l’ensemble des aides directes et indirectes (via les aides postales notamment). En 2014, un titre d’extrême droite comme Présent a touché 362 745 euros d’aides au total (dont 226 888 euros d’aides directes). Valeurs Actuelles a touché 961 026 euros d’aides à son transport postal mais zéro aide directe. Minute et Rivarol n’ont rien touché.Parmi la cinquantaine de titres qui pourraient bénéficier des nouvelles aides au pluralisme, on trouve les publications de gauche Le Monde diplomatique ou Politis, les publications chrétiennes Témoignage chrétien, Pèlerin magazine ou Golias, le magazine féministe Causette, le mensuel et site sur l’écologie Terra Eco, voire le bihebdomadaire généraliste Society.Malgré les arguments du ministère, les fédérations d’éditeurs de presse risquent de ne pas désarmer immédiatement : « Quelles que soient les justifications politiques et morales censées la justifier, une telle exclusion, dans son essence même, rompt avec le principe démocratique intangible de la neutralité de l’action publique vis-à-vis de la presse d’opinion », écrivent-ils, avant d’invoquer Tocqueville : « Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Nouchi  Lorsque, peu après sa désignation comme directeur du Monde, le 30 juin, Jérôme Fenoglio me proposa de devenir le sixième médiateur de notre journal – après, successivement, André Laurens, Thomas Ferenczi, Robert Solé, Véronique Maurus et Pascal Galinier –, je n’imaginais évidemment pas une seconde que j’allais prendre mon poste par temps de guerre. Je me faisais une joie de pinailler sur l’orthographe ou la syntaxe défectueuse de tel ou tel article, de maugréer après tel ou tel rédacteur coupable d’une approximation douteuse, de grommeler après la découverte d’un titre de manchette imprécis ; et voici qu’il me faut dire l’émotion d’une rédaction en proie à la fatigue, à la peine et parfois même au deuil ; et voici surtout qu’il faut, dès à présent, lui tirer un immense coup de chapeau pour le travail réalisé depuis quelques jours.Croyez-moi, chers lecteurs, je ne suis pas du genre complaisant avec les confrères. Depuis un peu plus de trente ans au Monde, ayant connu moult directeurs, directeurs de la rédaction et rédacteurs en chef, je me fais une idée très haute du journalisme. Mes modèles en écriture sont à chercher du côté de Robert Guillain (1908-1998), Pierre Viansson-Ponté (1920-1979) ou encore Jean-Marc Théolleyre (1924-2001) – souvenirs émus de ces grandes plumes du journal d’avant Internet –, alors pensez : il m’arrive parfois de céder à la déception devant un journal par trop moyen. Rien de tel depuis une semaine. Le travail de la rédaction, tous supports confondus, est remarquable. Rigueur, talent d’écriture et d’analyse, scoops,... Nicolas Bourcier Illustration des tensions croissantes autour de la question des réfugiés, une journaliste de CNN, Elise Labott, a été suspendue pour deux semaines pour avoir critiqué, dans un tweet, un vote à la Chambre des représentants. Dans les minutes qui ont suivi l’adoption par les députés à une très large majorité (289 contre 137), jeudi 19 novembre, d’un projet de loi durcissant les conditions d’accueil des réfugiés syriens et irakiens sur le sol américain, Elise Labott a écrit sur son compte : « La Chambre adopte une loi qui pourrait limiter [l’afflux de] réfugiés syriens. La Statue de la Liberté courbe la tête angoissée. »House passes bill that could limit Syrian refugees. Statue of Liberty bows head in anguish @CNNPolitics https://t.co/5RvZwVftgD— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Ce vote s’est fait avec le soutien d’un cinquième des élus démocrates, malgré l’opposition de la Maison Blanche au dispositif. Le président Barack Obama avait fait savoir qu’il utiliserait son veto si le projet de loi devait être adopté par le Sénat.Depuis le début du conflit syrien, en 2011, les Etats-Unis ont accueilli 1 682 réfugiés, selon le chiffre du département d’Etat.Lire aussi : Après Paris, Donald Trump joue la carte de l’islamophobieErik Wemple du Washington Post, qui a révélé l’histoire du tweet dans un article publié un peu plus tard dans la journée, insiste sur le fait que la question des réfugiés est devenue hautement partisane et que CNN avait suivi le vote de la Chambre d’une manière « très neutre ».M. Wemple rappelle qu’Elise Labott n’est pas éditorialiste ou commentatrice, « ce qui signifie qu’elle est tenue de respecter le principe de neutralité de la chaîne ». Il précise que les principaux concurrents de CNN, Fox et MSNBC News, « deux chaînes partisanes », obligent la chaîne d’Atlanta à une couverture rigoureuse, dans une contexte « d’impératifs économiques ».Dans un message publié vendredi matin, Elise Labott est revenue sur son précédent tweet : « J’ai eu tort d’éditorialiser. Mon tweet était inaproprié et irrespectueux. Je présente mes sincères excuses. »Everyone, It was wrong of me to editorialize. My tweet was inappropriate and disrespectful. I sincerely apologize.— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Nicolas BourcierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde) Lancée en mai en 5 jours sur 7, La Matinale du Monde passe désormais à 7 jours sur 7. Depuis son lancement, vous avez été près de 300 000 à la télécharger, un vrai succès pour une application d’information 100 % mobile.Cet été, nous vous avons consulté pour mieux comprendre votre façon d’utiliser La Matinale, pour vous permettre également de nous dire ce que vous appréciez le plus et ce que vous aimez le moins. Votre demande prioritaire portait sur une publication le week-end. Nous avons donc décidé de répondre à votre attente en vous offrant La Matinale tous les jours.Cette enquête de lectorat a aussi montré que vous étiez friands d’actualité, d’enquête, de découvertes… Nous continuerons donc de vous proposer une sélection éclectique et hiérarchisée, mêlant l’actualité la plus brûlante, les enquêtes approfondies, des tribunes et des strips BD.Mais le samedi et le dimanche, votre rapport au temps change, vous êtes moins dans l’urgence. Nous vous proposerons donc, dès 8 heures, une édition avec des contenus nouveaux, adaptés à ce moment où chacun a envie d’accorder du temps aux siens et à soi, de prendre du recul par rapport au flot d’informations qui nous submerge.Ainsi, chaque samedi matin, Les Décodeurs proposeront un “rattrapage de l’actu” pour ceux qui veulent être sûrs de n’avoir rien manqué. “La question de la semaine” permettra, quant à elle, d’aborder de façon pédagogique un sujet qui aura marqué les jours précédents. Enfin, une liste de recommandations sur les replays et les podcasts clôturera l’édition.En exclusivité dans La Matinale de ce samedi 21 novembre, vous lirez la toute première chronique de Thomas Piketty. L’économiste publiera en effet chaque mois un texte dans Le Monde daté dimanche-lundi.Une chronique sexualitéChaque dimanche matin, la chroniqueuse Maïa Mazaurette traitera de la sexualité sous toutes ses facettes. Vous plongerez également ce jour-là dans l’intimité d’une personnalité qui a accepté de raconter les secrets de son parcours à notre grand reporter Annick Cojean. Le sport ne sera pas oublié et la rédaction vous proposera également des idées de voyages.Enfin, quatre nouveaux dessinateurs BD rejoignent l’aventure de La Matinale du Monde : Nix, Antoine Marchalot, Mix & Remix et Catherine Meurisse ont créé chacun une série originale. Vous continuerez aussi de sourire avec Coquelicots d’Irak (Lewis Trondheim et Brigitte Findakly), La Famille Mifa (Lisa Mandel) et Manuela, Françoise et les autres (James).Nous espérons que cette offre enrichie répondra à votre attente et que vous serez toujours plus nombreux à nous lire… chaque matin désormais.Pour télécharger La Matinale du Monde, suivez ce lien: http://goo.gl/510oxk Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde)Journaliste au Monde Joël Morio On les disait condamnées par la montée en puissance des services de streaming comme Spotify ou Deezer. Or les radios musicales résistent bien à cette nouvelle concurrence. Selon les chiffres communiqués par Médiamétrie, mercredi 18 novembre, elles ont atteint une part d’audience de 32,6 %, en septembre et octobre, contre 30,9 % sur la même période en 2014.NRJ reprend sa place de première station de France avec une part d’audience cumulée de 12 %. « On retrouve la hiérarchie naturelle. Les services musicaux rencontrent des difficultés avec des faillites ou des introductions en Bourse reportées ; les stations musicales réunissent quant à elles plus de 22 millions d’auditeurs quotidiens, soit une hausse de 430 000 personnes en un an. NRJ est un bain chaud de plaisir, un refuge utile quand on est inquiet et stressé », estime Jean-Paul Baudecroux, président du groupe NRJ (qui comprend notamment Nostalgie, Chérie FM et NRJ). « On doit beaucoup à Steve Jobs, observe-t-il encore. Les smartphones sont aussi des récepteurs radio, ce qui favorise l’écoute des stations musicales prisées par les plus jeunes. » Le bond de Fun Radio est spectaculaire. La matinale présentée par Bruno Guillon est désormais écoutée par 1 868 000 Français, soit une progression de 47 % en un an. Au total, la station spécialisée en « dance music » gagne 303 000 auditeurs. Et devient ainsi la deuxième musicale de France, coiffant sur le poteau Skyrock, dont l’écoute cumulée progresse par rapport à la vague d’avril-juin 2015, mais recule sur un an.Virgin Radio réalise sa meilleure rentrée depuis six ans avec 267 000 nouveaux adeptes et une audience cumulée de 4 %. Les audiences de Chérie FM (4,4 % d’audience cumulée) sont aussi bien orientées. « C’est la plus forte progression des stations musicales. La station qui passe devant RFM bénéficie de son repositionnement et nous espérons que le travail effectué sur Nostalgie, avec plus de titres des années 1980 programmés, produira le même effet », indique Jean-Paul Baudecroux.Sérénité affichée sur RTL et Europe 1Du côté des stations généralistes, les résultats sont très contrastés. France Inter consolide sa troisième place avec 10,2 % d’audience cumulée. La matinale de Patrick Cohen conforte sa première position et toutes les tranches horaires s’affichent en hausse. Cette très bonne tenue s’explique « par le mariage d’une offre exigeante et populaire, avec une forte dose d’irrévérence, ainsi que par l’attachement très fort de nos auditeurs à la radio de service public », juge Emmanuel Perreau, directeur des programmes et d’antenne de France Inter. A RTL, les performances sont plus mitigées. L’audience cumulée (11,4 %) baisse légèrement d’une année à l’autre, mais elle recule par rapport à la vague d’avril-juin 2015, où elle avait culminé à 12 %. La station de la rue Bayard peut se consoler en voyant sa durée d’écoute progresser à 2 h 23, soit la meilleure de toutes les radios. « Je suis très confiant pour la suite. Nos résultats sont une bonne base pour le reste de la saison », estime Christopher Baldelli, président de RTL. Même sérénité affichée à Europe 1, malgré une chute des audiences qui ne s’explique plus uniquement par le départ de Laurent Ruquier vers RTL, mais aussi par une baisse de la matinale présentée par Thomas Sotto. « Son travail n’est pas en cause. La matinale avait progressé lors des précédentes vagues. Nous gardons le cap même si ce n’est pas une bonne rentrée. Le contexte des radios généralistes privées est très difficile », martèle Fabien Namias, le directeur général de la station. Avec 8,6 % d’audience cumulée, il s’éloigne un peu plus des 10 % que Denis Olivennes lui avait fixés à son arrivée à Europe 1. Fabien Namias peut se satisfaire néanmoins des bons scores de Jean-Marc Morandini, qui atteint son plus haut niveau depuis sept ans, tandis que Cyril Hanouna se stabilise et progresse de 20 % sur les 25-59 ans. La confiance est également de mise à RMC, en dépit de résultats en berne avec plus de 300 000 auditeurs perdus en un an. Enregistrant 7,2 % d’audience cumulée, derrière France Bleu (7,3 %), la station « Info, talk, sport » retombe sous la barre des 4 millions d’auditeurs pour la première fois depuis septembre 2012. « Après les fortes hausses que nous avons connues ces dernières années, il est normal que l’on ait des bas. Notre stratégie de convergence entre la radio et la télévision porte ses fruits. Les audiences de RMC Découverte, qui diffuse la matinale de Jean-Jacques Bourdin, explosent. Les gens veulent désormais des images et nous sommes bien préparés à cette évolution », plaide Alain Weill, le président du groupe Next Radio. France Info, qui enregistre un de ses plus mauvais scores avec une audience cumulée de 7,2 %, souligne le nombre de vues (1,5 million en octobre 2015) sur son antenne vidéo.Les succès sur les médias digitaux ne sont pourtant pas incompatibles avec de bonnes écoutes. France Culture, avec 2,4 % d’audience cumulée, atteint un record historique et dépasse pour la première fois les 10 millions de podcasts téléchargés.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Qu’est-ce qui vous a fait accepter cette proposition de diriger France 5 ?Cette chaîne fait briller les yeux car elle est la quintessence du service public, celui qu’on aime aimer. Et puis, j’ai eu un vrai coup de foudre pour Delphine Ernotte, pour la manière dont elle présentait les choses, pour sa personnalité complètement atypique dans le paysage audiovisuel. Je me suis dit qu’avec cette femme-là qui n’a aucune des lourdeurs du milieu parce que justement elle vient d’un autre univers, cela pouvait être vraiment passionnant. Plus personnellement, je ne peux rien dire de négatif sur ce que je faisais à TF1. Avec la complicité de son ex-PDG, Nonce Paolini, je m’étais constitué un petit royaume avec mon émission littéraire sur TF1, mon rendez-vous quotidien sur LCI, celui sur la chaîne Histoire ainsi que « Médiapolis » sur Europe 1. J’aurais très bien pu continuer ainsi. Mais je ne me mettais plus en danger. Et puis cela m’intéressait de savoir si après vingt-cinq ans, la méthadone de ce nouveau travail allait réussir à compenser la crise de manque de l’antenne. Pour le moment, je suis très satisfait du traitement médical. Je n’ai pas eu une crise de manque depuis la rentrée. Très sincèrement, je n’ai pas eu le temps.France 5 a connu une très belle progression lors de la saison 2014-2015 avec 3,4 % de PDA. N’est-ce pas plus difficile encore d’hériter d’une chaîne dont tous les voyants sont au vert ?C’est évident qu’il y avait un côté « cadeau empoisonné ». Quand vous arrivez dans une chaîne dont l’image est excellente, dont les audiences vont bien et dans laquelle les rendez-vous sont installés depuis des années, vous avez toutes les raisons de ne rien bouger. C’est évidemment le principal obstacle auquel je me suis confronté, même intellectuellement. Tout conspire à ce que vous ne touchiez à rien. Or, comme je l’ai dit aux équipes, tout ce qui est aujourd’hui positif pour France 5 – notamment l’ancrage de ses programmes qui la rend familière – peut se transformer en critiques sur le manque de renouvellement. Il faut donc passer à la vitesse supérieure car nous sommes dans une époque d’incroyables changements.« Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel »Pour reprendre les termes de Delphine Ernotte, votre tache est donc de réveiller « la belle endormie ».Oui, même si France 5 n’est pas inerte. Elle est passée par de nombreuses mutations, et chaque étape me permet d’identifier les problèmes. Pendant longtemps, elle a été une chaîne de la journée qui, le soir, cédait sa place à Arte. Quand elle est devenue une chaîne à part entière, sa grille n’a pas été réellement redéfinie par rapport à une construction qui, aujourd’hui, se fait en amont et aval du prime time. Il ne s’agit pas de le faire du jour au lendemain pour autant, parmi mes objectifs, il y a un travail à opérer sur les « primes times ». Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel.D’autre part, c’est une chaîne qui n’a jamais eu de rédaction, ce qui fait qu’elle est coupée de l’information, au sens quotidien du terme. Certes, celle-ci est traitée excellemment dans les magazines de fin de journée comme « C dans l’air », mais elle n’est pas liée à l’événement. Mon deuxième chantier est donc l’« événementialisation » de la chaîne : soit en créant l’événement comme ce sera le cas, le 24 novembre, avec la soirée spéciale consacrée aux violences faites aux femmes ; soit en étant réactifs ainsi que nous l’avons été tout au long de la semaine qui a suivi les attentats du 13 novembre.Lors de la diffusion de la série documentaire « 360° » vous avez évoqué le numérique comme l’un de vos chantiers principaux. Comment allez-vous le développer ?De nombreux sites se nourrissent des programmes de France Télévisions. Cela accroît leur trafic et leur audience mais nous en sommes quelque peu dépossédés. En ce qui concerne France 5, nous avons très peu de production interne. Les grands rendez-vous de magazines sont élaborés par des producteurs extérieurs qui ont leur page Facebook et leur compte twitter. Mon idée est de redonner une cohérence à tout cela comme on le fait déjà avec « Allo docteur ». Je voudrais rationaliser les rapports entre la chaîne et les différents producteurs sachant qu’il y a beaucoup d’inconnu. Par exemple, l’internaute qui vient chercher un replay, par où rentre-t-il ? Est-ce par le site de France télévisions ? Celui de France 5 ? Ou encore celui de l’émission ou d’une séquence ? Cette porte d’entrée détermine la stratégie. Pour l’heure, j’emmagasine les études et j’écoute ceux qui savent, avant d’essayer de la définir. Il faut vraiment que ce soit une réponse de groupe.Outre l’offre linéaire, ce qui me passionne davantage encore est la création documentaire. Avec 3000 dossiers reçus par an et la diffusion de près de 300 documentaires, nous sommes l’interlocuteur privilégié à France Télévisions de tout cet écosystème. Aujourd’hui, on ne peut plus écrire pour le linéaire puis découper trois quatre extraits à mettre le net. L’écriture numérique est spécifique. Voilà pourquoi « 360° » me passionne. Du coup, on est en train de réfléchir à un documentaire ou une mini-série pour lequel on demanderait aux producteurs des projets bi-face avec une version linéaire et une autre numérique sur le même sujet. A charge pour eux de trouver des interactions entre les deux. A France Télévisions, nous avons avec « Les Nouvelles Ecritures » un atelier incroyablement intelligent et performant avec lequel je me suis rapproché. Car si on rate ce lien avec cette nouvelle créativité, la chaîne pour le coup vieillira très vite.La part de la fiction va-t-elle augmenter, comme le désire la présidente de France Télévisions ?Pour l’instant, nous n’avons pas d’argent pour investir dans la création. Néanmoins, nous travaillons avec l’équipe documentaire afin de lancer un appel à projets conjoint avec « Les Nouvelles Ecritures » autour du docu-fiction. D’autre part, la case du lundi dévolue à ce genre va s’ouvrir au cinéma à la manière de « La Dernière Séance ». Dès janvier, nous proposerons un film incontournable accompagné d’archives sur le tournage, d’actualités de l’époque ou d’un documentaire issu de la collection « Empreintes ».Et en matière de divertissement ?Pour des raisons liées à son histoire, le spectacle vivant n’est pas présent sur la chaîne. Or, j’aimerais qu’il trouve ponctuellement sa place sous forme événementielle. Je vais y aller prudemment car ce n’est pas forcément des succès d’audience. Mon bassin d’audience étant cependant plus réduit que celui de France 2 ou France 3, je peux m’offrir le luxe de diffuser des captations de théâtre ou d’opéra à une heure moins tardive que ces chaînes, vers 21 heures ou 22 heures ; ce qui est plus gratifiant pour les artistes et permet de proposer des soirées de prestige.Outre les soirées cinéma du lundi, d’autres changements sont-ils prévus en janvier ?Le mardi, « Le Monde en face » comportera des plateaux plus longs. « La Maison France 5 » et « Silence ça pousse », qui connaissent une rude concurrence le mercredi, sont déplacés le vendredi. « On n’est pas que des cobayes » qui affronte « Koh-Lanta » et « The Voice Kids » devrait passer en « access » le samedi. Enfin, le mercredi sera une soirée prestige avec nos grandes coproductions internationales archéologiques et scientifiques. Ce n’est pas une révolution, mais cela fait bouger les choses. Je ne sais pas si je serai le prince charmant qui réveille la belle endormie, en tout cas, il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans.« Nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs »La grille comportera-t-elle des nouveautés ?Il y a deux émissions qui me tiennent à cœur mais que je trouve en deçà de leur potentiel. Il s’agit de « La Grande Librairie » et « C politique ». L’émission littéraire de François Busnel pourrait faire bien mieux comme on le voit lors des soirées spéciales, où il double quasiment son audience. Ce qui bloque sans doute est le côté un peu rigide de l’émission. François Busnel désirait la rallonger. Je le lui ai accordé à condition qu’il la reformate de façon à offrir plus de sujets et de reportages. Pour « C politique », j’ai tenu un discours similaire à Jérôme Bellay, son producteur. Je lui donne une demi-heure de plus afin de sortir du cadre un peu institutionnel de l’interview politique en y intégrant notamment des invités de la société civile en lien avec l’actualité, qui viendront interpeller le politique, des spécialistes ainsi fact-checking avec l’invité.Pour faire cela, j’ai donc décidé de faire des économies en supprimant les plateaux qui introduisent les émissions. De même, certaines qui arrivaient en fin de contrat ne sont pas reconduites comme « Hélène et les animaux » ou « Les Grandes questions » de Franz-Olivier Giesbert.Qu’en est-il de l’avenir des « Maternelles » et du « Journal de la santé » après le rachat par TF1 du groupe de production Newen ?Pour le moment, tous les nouveaux projets sont suspendus. Concernant les magazines de santé, le problème ne se pose pas car le contrat court jusqu’en 2017. Celui des « Maternelles » arrive à échéance en juin 2016 et sera réexaminé. Très franchement, je suis partagé avec ce magazine sympathique et en symbiose avec les valeurs du service public mais décevant en termes d’audience générale. Son aspect novateur des débuts n’est-il pas devenu obsolète ? La leçon que l’on peut tirer de l’affaire Newen est que nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs comme cela a été le cas. Une émission n’est pas une rente à vie, c’est le message que je veux leur insuffler.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « La cinquième vidéo, elle est fatale, on dirait un film », dit un habitant de Saint-Denis qui tente, dans sa commune, de vendre à des journalistes des images amateurs de l’assaut donné par les policiers mercredi 18 novembre au matin. « 400 euros, c’est donné », commente-t-il. Le phénomène n’est pas totalement nouveau mais l’intensité du petit marché qui s’est mis en place dans la foulée des attentats a frappé plusieurs reporters sur place, dont ceux du « Petit Journal » et de France TV info.Saint Denis des jeumes tentent de vendre des vidéos entre 100 et 300 euros sur le marché selon si l on entend tirs pic.twitter.com/KmPhoH54lG— Pascal Jalabert (@Jalabertpascal) November 18, 2015« Si on voit les tirs et un policier, de loin, dans la nuit, c’est 500 euros, sinon, juste le son, c’est 100 euros », s’indigne Pascal Jalabert, rédacteur en chef du bureau parisien d’informations générales d’Ebra, groupe de journaux de l’est de la France, cité par France TV info.#SaintDenis Un riverain me montre une vidéo, prise à 4h36 du matin. On y voit des tirs depuis la fenêtre de l'immeuble rue Corbillon.— Kocila Makdeche (@KocilaMakd) November 18, 2015Un des journalistes du site, Kocila Makdeche, raconte qu’après l’avoir interpellé, les vendeurs montrent la vidéo proposée « sous le manteau, comme des vendeurs à la sauvette », dans une rue tranquille.Sans se cacher particulièrementD’autres font leur commerce sans se cacher particulièrement : « Le Petit journal » a filmé un groupe de personnes négociant des images de façon ouverte, dans une rue.St-Denis : le commerce des vidéos amateurs - Le Petit Journal du 18/11La circonstance de l’assaut renforce la quantité et l’intérêt des documents amateurs : les échanges de tirs, impressionnants, entre la police et les djihadistes retranchés rue du Corbillon, ont commencé très tôt, vers 4 h 30. Beaucoup de riverains ont filmé avec leur smartphone avant que les moyens importants des télévisions arrivent progressivement.Les documents amateurs, montrant l’immeuble des terroristes, le choc assourdissant des armes automatiques ou des mouvements de forces de l’ordre, ont été utilisés par les chaînes de télévision, de BFM-TV à i-Télé, en passant par Télé Matin, explique « Le Petit Journal ». Ce qui ne veut pas dire qu’elles les aient achetés, car certains témoins donnent gratuitement leurs images ou les postent sur les réseaux sociaux.BFM-TV a acheté deux portraits d’un kamikaze, pas de vidéos« Nous ne sommes pas contre le principe d’acheter certains documents », explique au Monde Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Pourtant, depuis le 13 novembre, la chaîne dit n’avoir payé que deux photos, d’Ismaïl Omar Mostefaï, l’un des djihadistes qui s’est fait exploser au Bataclan, acquises auprès d’un « ex-proche » et aucune vidéo.BFM-TV explique sa ligne de conduite pour l’achat de documents amateurs : « Ne pas rentrer dans une course au spectaculaire, ni dans une course aux enchères. Et il faut que le document apporte une info », explique M. Béroud.Payer des particuliers pour des images est assez tabou. A Saint-Denis, le reporter du « Petit Journal » confronte les vendeurs : « J’ai fait ton travail. J’ai eu les couilles de le faire. J’ai risqué ma vie », explique l’un d’eux. Avant d’avancer une raison plus économique : « Y a de l’actu, je sais que je peux faire de l’argent. (…) J’ai pas de travail. »Une vidéosurveillance d’un bar attaqué « pour 50 000 euros »Ceux qui achètent avec moins de complexe sont les médias anglo-saxons, où cette pratique est plus courante : d’ailleurs, la journaliste que « Le Petit Journal » arrive à filmer en train d’acheter pour de bon des documents parle anglais. On la voit verser une rallonge de 200 euros en cash, après avoir, dit-elle, déjà payé 250 euros pour quatre vidéos. Interrogée dans la foulée, elle dit travailler pour la BBC, le service public audiovisuel britannique. Mais nie avoir payé pour des images…Ces derniers jours, les médias britanniques ont parfois diffusé des documents amateurs, quitte à choquer : le Daily Mail a ainsi diffusé une photo de l’intérieur du Bataclan montrant des corps, qu’il a achetée via le Daily Mirror, qui en a acquis les droits.Le site du quotidien a également montré des images de vidéosurveillance récupérées dans un des cafés-restaurants attaqués à la kalachnikov vendredi soir. « Cette vidéo nous a été proposée pour 50 000 euros », raconte Hervé Béroud, de BFM-TV, qui l’a refusée, car elle est « choquante ». Selon « Le Petit Journal », le Daily Mail l’a acquise pour cette somme.Interrogé par Nice-Matin, le patron de l’établissement assure qu’il n’a pas vendu cette vidéo. « J’ai ouvert les portes à tout le monde, à tous les journalistes, j’ai montré des vidéos, mais je n’ai pas vu la couleur de l’argent », explique-t-il au quotidien, mettant en cause, sans la nommer, une personne de son entourage.Le Journal du dimanche a raconté que dès le soir des attaques, deux témoins proposaient trois vidéos et une dizaine de photos des attaques d’un bar et d’une pizzeria, pour 1 000 euros. Avec « exclusivité », ce qui veut dire qu’ils supprimeraient les images après la transaction.« Se faire du fric sur le malheur des gens »On est encore loin de la recherche effrénée d’images de faits divers pour les monnayer avant tout le monde aux chaînes, comme dans le film américain Night Crawler. Mais la pratique se diffuse, explique France TV info, qui se rappelle s’être fait démarcher pour enchérir sur des vidéos des inondations dans le sud-est de la France.« Honte à tous ces gens qui font commerce de la détresse », s’exclame une internaute dans les commentaires du reportage posté sur Facebook par « Le Petit Journal ». « Se faire du fric sur le malheur des gens, c’est ignoble. Si quelqu’un de votre famille se trouvait dessus, vous le feriez ? Vous me dégoûtez », abonde un autre. Le Journal du dimanche dénonce, lui, une « version connectée du profiteur de guerre ».« Si j’avais des photos, je les vendrais. Quitte à ce que BFM-TV, TF1 et autres se fassent des thunes, je prends ma part », rétorque un commentateur sur Facebook. « Tant qu’il y aura des gens pour acheter, il y aura des gens pour vendre, c’est une loi universelle », philosophe un autre. Un dernier tend un miroir à tout le monde : « Arrêtez de faire vos saintes-nitouches, vous serez tous scotchés à votre téloche quand la vidéo achetée sera diffusée. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le torchon brûlait depuis plusieurs semaines. Philippe Verdier, le « M. Météo » de France 2, a annoncé lui-même son licenciement dans une vidéo mise en ligne samedi 31 octobre. Un clip scénarisé autour de l’ouverture de sa lettre de licenciement réalisé par Ring, l’éditeur du livre de M. Verdier. L’ouvrage conteste le consensus des scientifiques sur le réchauffement climatique et s’attaque au sommet de la COP21, attendu en décembre à Paris.La direction de France Télévisions ne commente pas la décision. Elle a reproché à M. Verdier d’avoir mis en avant, dans la promotion de son livre, ses fonctions à France Télévisions. Et donc d’engager l’entreprise. Selon le groupe, le présentateur aurait enfreint l’un des principes de l’accord collectif qui imposerait un devoir de réserve aux journalistes dans le cadre des opérations de promotion ou les expressions à titre privé : c’est l’esprit de ce qu’a rappelé la présidente, Delphine Ernotte, le 28 octobre, face au député Les Républicains Hervé Mariton, qui l’interrogeait en commission.Au cours de la promotion médiatique du livre Climat investigation a été effectivement rappelée la fonction de « M. Météo » de M. Verdier. La lettre ouverte qu’il a adressée à François Hollande était également signée « chef du service météo de France 2 et auteur de Climat investigation ». Selon une source à France Télévisions, M. Verdier a d’abord fait l’objet d’un rappel à son devoir de réserve, sans sanction, après sa lettre ouverte au président de la République, datée du 1er octobre. Mais M. Verdier a, dans les médias mentionné son différend avec sa hiérarchie, suggérant des pressions politiques : « Le livre n’est pas apprécié par la direction de France Télévisions. L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat, et l’Etat organise la COP21. Je suis conscient que ça ne fait pas plaisir à mes patrons, qui ont des pressions », a-t-il dit sur RMC.Une campagne habileMi-octobre, M. Verdier a donc été mis à pied. Le 22 octobre, il a eu un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Force ouvrière a activement défendu M. Verdier et l’a accompagné lors de son entretien. Le syndicat se réservait le droit de contester sa sanction, devant le défenseur des droits ou aux prud’hommes « au nom de la liberté d’expression ».Les autres syndicats ont été plus prudents. La rhéthorique parfois complotiste du « M. Météo » de France 2 en gêne certains à France Télévisions. Certaines de ses affirmations sur le réchauffement climatique ont été contestées. Et son éditeur semble exploiter son différend avec France Télévisions dans sa campagne habile autour du livre.« Il y a un décalage entre le ton de la promotion et l’image de discrétion et de sérieux qu’il avait dans la rédaction », estime un journaliste de France 2. Ses collègues ont été surpris, comme à BFM-TV, où il travaillait avant son arrivée, en 2011, à France Télévisions. « C’est un vrai pro, nous avons regretté son départ, se souvient le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud. Il n’était pas militant : il avait tenu à couvrir une conférence sur le climat, ce qui témoignait d’un intérêt, mais il n’a jamais parlé de doutes sur le processus [de réchauffement climatique]. »De son côté, Ring n’en est pas à sa première polémique. L’éditeur a déjà fait parler de lui lors de la parution de livres sur des thématiques proches de l’extrême droite, comme La France Orange mécanique, de Laurent Obertone, ou Une élection ordinaire, imaginant l’accession à la présidence de la République de l’essayiste militant Eric Zemmour.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ni César ni Oscar, mais plutôt un beau bazar. Alors qu’Angoulême et Cannes sont mondialement reconnus pour leurs récompenses dans les domaines de la bande dessinée et du cinéma, le jeu vidéo, lui, court toujours après son rendez-vous français de référence. Ce n’est pourtant pas faute de tenter : rien qu’entre le lundi 26 et le vendredi 30 octobre, l’Hexagone a abrité quatre remises de prix différentes, les EIGD Awards à Montreuil, les Ping Awards à la Cité des sciences et de l’industrie, les Game Connection Development Awards ainsi que les trophées Paris Games Week au parc des Expositions de Paris.Derrière chacun de ses prix, un organisateur de type différent : syndicat représentant la filière nationale (SNJV) côté EIGD Awards ; syndicat d’éditeurs de taille mondiale présents en France (Sell) pour les trophées Paris Games Week ; organisateur d’événements professionnels internationaux (Connection Events) pour les Game Connection Development Awards ; et même agence indépendante multitâche pour les Ping Awards (l’AFJV, mini-structure qui sert notamment de portail informatif et de site de recrutement aux professionnels de France).Objectifs différentsDans le détail, les quatre prix répondent à des objectifs différents. Les Ping Awards récompensent la création franco-française, les EIGD Awards les indépendants européens, les Game Connection Awards sont un trophée professionnel et les trophées Paris Games Week, des récompenses adossées à un salon consumériste.La cérémonie de remise des prix des European Indie Game Days Awards, présidée par F. Raynal (Alone in the Dark) https://t.co/0eCwhm5lNf— Willvs (@William Audureau)require(["twitter/widgets"]);Ces différences de vues se traduisent dans le palmarès. Le jeu narratif Life is Strange, développé à Paris, a remporté le Ping d’or du meilleur jeu français ; le jeu mobile suisse Cloud Chasers l’EIGD Award du meilleur jeu indépendant européen ; le jeu britannique Lumino City le Game Connection Development Award du meilleur jeu indépendant selon la profession, et Uncharted 4 le trophée du meilleur jeu présent sur le salon grand public de la Paris Games Week. « Ces récompenses ont toutes des objectifs différents », résume Julien Villedieu, délégué général du SNJV.Avec des contraintes propres. Life is Strange, sensation française de l’année, n’était ainsi éligible ni aux EIGD ni aux GCD Awards, car il est édité par le géant japonais Square Enix, et ne rentrait pas dans la catégorie jeu indépendant. Il ne satisfaisait pas non plus aux critères d’admissibilité de la Paris Games Week, car il figurait sur le stand de l’éditeur sous forme de vidéo. « La seule condition, c’est d’être présent et jouable sur le salon », précise Emmanuel Martin, pour qui ces trophées sont aussi un moyen d’inviter les joueurs à se rendre au parc des Expositions pour essayer les jeux.« Bienvenue en Union soviétique »Vu de l’extérieur, ces récompenses évoquent parfois plus des réunions au sein de microcosme qu’une célébration nationale, d’autant que le choix des lauréats prête parfois à confusion. Jeudi soir, Fabien Delpiano, nouveau président de Capital Games et fondateur du studio Pastagames, était ainsi tout penaud en découvrant le contenu de l’enveloppe finale. Le Grand Ping 2015, saluant la personnalité de l’année, était en effet décerné à Cédric Laguarrigue, président de Focus Home Interactive, et accessoirement son éditeur sur le jeu Pix the Cat.Vendredi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur commercial et marketing de Microsoft France, mais aussi président du SELL et, à ce titre, organisateur de la Paris Games Week, s’est remis à lui-même trois trophées pour des jeux Xbox One. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », a-t-il fini par commenter avec humour au moment de brandir le troisième trophée, en réalité, décerné par un jury de journalistes spécialisés.« Je conçois qu’on puisse y voir de l’entre-soi, mais il faut voir à qui vont ces prix, tempère Julien Villedieu, délégué général du SNJV. Focus Home Interactive est un éditeur de premier plan, et son dirigeant Cédric Lagarrigue une personnalité de premier ordre de notre secteur, qui a réussi au niveau professionnel la transformation d’un petit éditeur en acteur qui concurrence les plus gros. C’est quelqu’un d’extrêmement légitime, qui a déjà été distingué par le Syntec l’an passé. Quant à Jean-Claude Ghinozzi, s’il a reçu ces trophées, c’est que les jeux proposés ont paru les meilleurs au jury. C’est ce qu’il faut regarder. » Peu de temps pour les jurys« Si on veut que ces trophées soient crédibles, on a besoin d’un jury qui travaille en profondeur », confirme Emmanuel Martin, du Sell. Celui de la Paris Games Week était présidé par Alain-Huygues Lacour, vétéran de la presse jeux vidéo. « Quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche et a imposé ses conditions », promet Emmanuel Martin.Chaque organisateur est conscient de l’importance d’arriver à des récompenses légitimes et respectées. Emmanuel Forsans, président de l’AFJV et coorganisateur des Ping Awards, ne cache pas son ambition d’en faire un jour l’équivalent des Césars du jeu vidéo, tandis qu’Emmanuel Martin, du Sell, rêve d’un parterre de jurés composé de plusieurs dizaines ou centaines de professionnels, à la manière des Oscars. Mais ces récompenses sont tenues par des contraintes de temps, et la difficulté de faire essayer une trentaine de jeux vidéo parfois longs de plusieurs heures à un jury qui n’a souvent qu’un après-midi pour se réunir. Une des raisons, sans doute, pour laquelle le jeu de rallye WRC 5 a reçu le Ping du meilleur jeu français sur console : une dizaine de minutes suffit à n’importe quel juré pour terminer plusieurs courses, là où un jeu de rôle ne « démarre » traditionnellement qu’au bout de six à dix heures de jeu.Des catégories à géométrie variableIl arrive également que le jury s’arrange avec les catégories. Par exemple, à la Paris Games Week, le prix du meilleur jeu du salon a été remis à Uncharted 4, un jeu d’action-aventure, alors que le prix du meilleur jeu d’action-aventure a été octroyé à The Rise of Tomb Raider. « Cela a permis d’équilibrer un peu les choses entre ces deux jeux qu’on avait du mal à départager », décrypte Alain-Huygues Lacour.Plus étonnant, deux casques de réalité virtuelle ont été primés dans deux catégories différentes, le HTC Vive côté accessoire et le PlayStation VR côté innovation technologique. « Deux démarches différentes », assure Emmanuel Martin. Aux Ping Awards, c’est un prix spécial spécialement créé pour l’occasion qui a récompensé A Blind Legend, jeu vidéo-audio à l’écran noir et accessible aux non-voyants. Il a été présenté dans un malaise ambiant comme « le prix du politiquement correct » par les deux coprésidents, les animateurs de radio Manu Levy et Florian Gazan.Lire aussi :« A Blind Legend », le jeu d’aventure sonore à tester les yeux fermésHeureusement, à la marge, ces récompenses mettent aussi en avant des jeux prometteurs en manque de visibilité. A l’image de Shiness, un jeu de rôle à la japonaise dans un univers à la Naruto, mené depuis cinq ans par de jeunes et ambitieux Lillois (trophée du meilleur jeu manga à la Paris Games Week). Ou de Zodiac : Orcanon Odyssey, création franco-écossaise en partenariat avec des anciens de Final Fantasy (Ping du meilleur jeu mobile et tablette). « On essaie de faire de la place à tout le monde, et que le meilleur gagne », se félicite Emmanuel Martin.« On essaie de créer des passerelles »Il reste qu’avec quatre cérémonies différentes et plus de soixante prix contradictoires remis dans la même semaine, personne n’est dupe du message brouillé qu’envoient toutes ces récompenses. « Elles ont toutes des objectifs différents, mais c’est vrai que l’on peut regretter qu’il y ait autant d’initiatives, concède Julien Villedieu. On ne va pas se satisfaire d’avoir quatre ou cinq cérémonies, c’est regrettable. » « On est la risée de l’Europe », grince un professionnel en privé.Certains rapprochements existent déjà, grâce notamment à des associations impliquées dans plusieurs événements, comme Capital Games. Ce groupement francilien est à la fois l’organisateur du stand made in France à la Paris Games Week et l’un des principaux partenaires des Ping Awards. Ce qui a permis d’arriver à un intitulé à rallonge, celui du « prix du meilleur jeu exposé sur le stand made in France », remporté par Blood Bowl Kerrunch.Le plus difficile reste toutefois de concilier l’approche cocardière des Ping Awards et l’approche consumériste de la Paris Games Week. Un faux problème, estime Julien Villedieu. « Nos entreprises font 50 % de leur chiffre d’affaires à l’international, donc ce qu’elles attendent, ce n’est pas une reconnaissance juste locale. Si, un jour, il y a une volonté de faire quelque chose d’unifié, il faudra que le jeu vidéo français soit récompensé au sein du jeu vidéo international. » Mais le premier Ping du jeu international, prévu cette année, n’a pas été décerné faute de candidats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 08h29 • Mis à jour le29.10.2015 à 19h57 | Alexandre Piquard Un nouveau patron et, déjà, une nouvelle stratégie ? Les choses ne sont pas si tranchées : l’arrivée prévue de Gilles Pélisson comme futur patron de TF1, confirmée mercredi 28 octobre, se fait main dans la main avec le PDG sortant, Nonce Paolini, et l’actionnaire Martin Bouygues. Mais l’annonce, dès le lendemain, jeudi, de l’entrée en négociations exclusives avec Newen, un des plus gros producteurs français, est une surprise. Elle tranche avec la période plus prudente et gestionnaire des dernières années.« TF1 pourrait prendre une participation majoritaire dans Newen », affirme le communiqué du groupe publié jeudi matin. Le but : « Nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels. » Newen est présent dans tous les genres, à travers ses quatre filiales, Telfrance, Capa, Be Aware et 17 Juin Media. Il produit les fictions Plus belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Versailles ou les émissions « Les Maternelles », « Le Magazine de la santé » ou « Faites entrer l’accusé ». Troisième producteur français derrière Banijay et Lagardère Entertainment, le groupe constitué par Fabrice Larue cherchait à grandir pour peser davantage en Europe, où une concentration est en cours.Si une telle prise de contrôle se concrétise, TF1, le premier groupe privé de télévision gratuite en France avec les chaînes TF1, TMC, NT1 et HD1, deviendrait l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+. Newen est présenté par son PDG, Fabrice Larue, comme « le troisième producteur français de programmes de flux » et cherche à s’internationaliser.Lire aussi :Le groupe de production Newen veut grossir et s’internationaliserEn quête de nouvelles recettesPour TF1, acquérir Newen est une réponse à l’un des deux axes stratégiques affichés pour l’avenir du groupe, confronté aux limites du modèle de la télévision gratuite financée par la publicité. Il s’agit de l’investissement dans la production, pour « remonter dans la chaîne de valeur ». TF1 a en tête le modèle de la chaîne britannique ITV, qui a racheté des sociétés comme Talpa. Le Vivendi de Vincent Bolloré a, lui, pris 30 % du poids lourd Zodiak-Banijay.L’idée est de générer de nouvelles recettes en revendant les droits de ces contenus. Une volonté commune à toutes les chaînes, qui négocient en ce moment avec les pouvoirs publics et les producteurs. TF1 cherche là des revenus « contracycliques ».L’accord TF1-Newen est un « beau projet », selon la ministre de la culture, Fleur Pellerin, interrogée par Le Monde. Il s’inscrit dans sa volonté de faire « émerger des champions français » de l’audiovisuel, même si Mme Pellerin sera attentive à « l’indépendance éditoriale » de Newen.France Télévisions, en revanche, a dénoncé dans un communiqué ce « projet de prise de contrôle » et conteste que les « investissements de France Télévisions, principalement financés par la contribution des citoyens par la redevance, puissent aujourd’hui faire l’objet d’une telle tractation ». Le groupe public a ainsi annoncé la suspension des « développements et des projets » avec Newen.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 17h49 • Mis à jour le28.10.2015 à 18h20 Le successeur de Nonce Paolini à la tête du groupe audiovisuel français, Gilles Pélisson, choisi mercredi 28 octobre par le conseil d’administration de Bouygues, arrive dans un contexte difficile, marqué par le déclin des audiences et des bénéfices.Lire aussi :Gilles Pélisson succédera à Nonce Paolini à la tête de TF1 21,4 %C’est la part d’audience de TF1 en septembre, pour 14,4 % pour France 2 et 10,1 % pour M6. En août, l’audience était tombée à 20,1 %, un niveau historiquement bas pour la chaîne qui connaît un déclin quasi continu depuis des années. TF1 enregistrait 44,8 % d’audience en 1988, 35,3 % en 1998, et 27,2 % en 2008. Depuis dix ans, les parts de la chaîne sont aussi grignotées par celles de la TNT.Face à cette érosion, TF1 rappelle qu’elle déploie une stratégie pour l’ensemble de son groupe qui vise à faire progresser l’audience de ses chaînes secondaires (HD1, NT1 et TMC). Elle insiste sur l’audience agrégée de ses quatre chaînes (27,4 % de part en moyenne en 2015, selon des chiffres de fin août), voire sur son audience numérique, où sa plate-forme MyTF1 progresse, avec environ 15 millions de vidéos vues par mois. Lire aussi (édition abonnés) :TF1 tente de contrer l’érosion de son audience413 millions d’eurosC’est le montant du résultat net part du groupe pour 2014. Il était en forte hausse par rapport à 2013 (137 millions d’euros). Mais ce résultat est en trompe-l’œil car il intègre la plus-value liée à la cession du contrôle d’Eurosport à Discovery Communications, en mai 2014, pour 299,5 millions d’euros.En réalité, la baisse des bénéfices est continue : 250,3 millions d’euros en 2000, 228 millions d’euros en 2007 et, donc, 137 millions d’euros en 2013. Du coup, l’actionnaire principal de la chaîne, le groupe de BTP Bouygues – qui détient 43,5 % des parts de l’entreprise –, a exigé, en 2008, un plan d’économies. Nonce Paolini a joué le tueur de coût, imposant un régime minceur inédit qui s’élève aujourd’hui à quelque 24 millions d’euros. Son successeur s’inscrira dans la continuité de cette stratégie.Lire aussi :TF1, toujours seule en tête 700 millions d’eurosC’est le trésor de guerre, considérable, de TF1. La chaîne a vu sa trésorerie augmenter de 491 millions d’euros grâce à la vente de ses 49 % restants dans la chaîne sportive Eurosport à l’américain Discovery, en juillet. Fin 2014, les réserves du groupe audiovisuel s’élevaient déjà à 497 millions d’euros. Après versement des dividendes, la trésorerie devrait se situer à 700 millions d’euros. De quoi relativiser les pertes occasionnées par le quotidien gratuit Metro, qui a cessé en juillet de faire paraître son édition papier, ou de la chaîne d’info en continu LCI.Avec l’arrivée de M. Pélisson, les annonceurs attendent que TF1, assez prudent jusqu’ici, s’engage sur des investissements. Le groupe pourrait choisir de faire des acquisitions dans le numérique ou dans la production de contenus.Lire aussi :TF1 gonfle sa trésorerie en se désengageant totalement d’Eurosport 8,5 millions d’eurosC’est la perte enregistrée par LCI en 2014. L’avenir de la chaîne d’information est suspendu à une décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur son passage en gratuit, qui doit intervenir d’ici à la fin de l’année. Sa précédente demande avait été rejetée par le CSA, mais le Conseil d’Etat a annulé cette décision, pour des raisons de procédure.TF1 considère que LCI n’a pas d’avenir sur la TNT payante, dont l’usage est en déclin (200 000 abonnés environ). Si le CSA ne lui accorde pas le passage en gratuit, TF1 a affirmé envisager l’arrêt de l’exploitation de sa chaîne après le 31 décembre.Lire aussi (édition abonnés) :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFM Sarah Belouezzane et Alexandre Piquard Le conseil d’administration du groupe Bouygues, qui s’est tenu mercredi 28 octobre, a choisi Gilles Pélisson pour succéder à Nonce Paolini au poste de président-directeur général de TF1. M. Pélisson prendra ses fonctions le 17 février 2016.« Jusqu’à cette date Gilles Pélisson se préparera à l’exercice de ses fonctions avec le concours de Nonce Paolini », précise le communiqué.« Le choix a été fait conjointement par Martin Bouygues et Nonce Paolini, qui a participé à la désignation de son successeur », explique une source proche du dossier. L’actionnaire et le dirigeant ont chacun fait une première liste de noms avant de trancher.« Il y avait deux choix stratégiques : soit prendre un homme de médias, télévision ou radio, plutôt extérieur, soit prendre quelqu’un qui connaît le groupe. C’est le critère Bouygues qui l’a emporté », résume cette source. Ancien patron du groupe hôtelier Accor, M. Pélisson, 58 ans, est un fin connaisseur de la maison Bouygues et de TF1, dont il est administrateur depuis 2009.Lire aussi :TF1 en négociations pour le rachat de la société qui produit « Plus belle la vie »« Président qui préside »Parmi les autres candidats figurait par exemple Olivier Roussat, patron de Bouygues Telecom, jugé prometteur mais plus jeune (51 ans).« Martin Bouygues a choisi quelqu’un avec qui il a déjà travaillé et qu’il connaît bien. Ayant de moins en moins de choses à faire au sein de son groupe, il souhaite garder la main sur TF1, ce que le choix de Pélisson, à ce poste, vu son caractère, devrait lui permettre », glisse un bon connaisseur dans les milieux d’affaires parisiens.M. Pélisson est en l’occurrence appelé à être un « président qui préside », c’est-à-dire qui représente l’entreprise et gère les relations avec les pouvoirs publics. Les orientations éditoriales ne devraient pas, par conséquent, être au centre de ses préoccupations.« C’est davantage un choix de continuité que de rupture », estime Philippe Bailly, de NPA Conseil. De fait, la maison ne devrait pas connaître de grand bouleversement. M. Paolini, qui a appuyé la candidature de M. Pélisson, devrait rester conseiller du groupe Bouygues, dans des fonctions qui restent à définir.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresUn « rêve » de longue dateCette évolution est rendue possible par la proximité des deux hommes : MM. Pélisson et Paolini se connaissent bien, ayant travaillé ensemble chez Bouygues Telecom au début des années 2000, le premier à la direction générale et le second à la direction des ressources humaines. Ils se côtoient de nouveau depuis 2009 au sein du conseil d’administration de TF1.Pour M. Pélisson, prendre la tête de TF1 était un « rêve » de longue date, précise une source proche du dossier. « Il se prépare depuis longtemps », ajoute-t-elle. Son nom avait circulé à la fin du mandat de Patrick Le Lay, auquel avait succédé M. Paolini, en 2008.Clash avec Accor en 2010C’est pourtant chez Accor que le futur dirigeant de TF1 a fait ses premières armes. Diplômé de l’Essec et titulaire d’un MBA obtenu à Harvard, M. Pélisson a commencé sa carrière dans le groupe hôtelier, cofondé par son oncle Gérard. Après plusieurs postes dans le groupe, il est devenu, en 1993, coprésident de la filiale Novotel. L’homme connaît également le secteur du divertissement : il avait rejoint Euro Disney en 1995, et en était devenu le président-directeur général en 1997.Les télécommunications sont aussi un domaine qu’il maîtrise. Après un passage chez Noos et Suez Connect, M. Pélisson avait rejoint Bouygues Telecom, en 2001, avant d’en devenir le directeur général, puis le président-directeur général en 2004.A la fin de 2005, il était revenu à ses premières amours chez Accor. Cette fois en tant que PDG du groupe, en remplacement de Jean-Marc Espalioux. Après qu’il a notamment mené la scission du groupe, Accor se séparera de lui en 2010. Il n’a pas depuis retrouvé de fonctions opérationnelles de direction, et plutôt siégé dans divers conseils d’administration (Bic, NH Hotels ou encore Accenture, depuis 2012). Dont celui de TF1.Homme de réseaux« Il est avenant et sympathique, mais il n’a pas laissé une trace indélébile lors de ses passages chez Accor ou Bouygues Telecom par exemple, relativise un dirigeant d’entreprise. Il n’a pas su faire ce qu’il fallait chez le premier et n’a rien eu de bouleversant à gérer chez le second : ni le lancement de l’opérateur, ni la concurrence féroce de Free. » Un de ses proches note qu’il a chez Bouygues Télécom développé l’i-mode, un portail de contenus.Chez Accor, M. Pélisson n’a pas que des partisans. Un détracteur qualifie son passage chez l’hôtelier de « catastrophique ». Gardant le souvenir d’une personnalité chaleureuse de prime abord, mais « difficile » au quotidien.Gilles Pélisson a une grande expérience de l’international et a toujours veillé à la qualité des relations sociales, décrit de son côté la biographie publiée par TF1 mercredi. Le futur président-directeur général serait, selon certains observateurs, la personne idéale pour gérer les questions réglementaires, par exemple le passage de LCI en gratuit, sur lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit se prononcer pour la deuxième fois dans les mois à venir. M. Pélisson est bien introduit au sein des réseaux parisiens, habitué du club d’influence Le Siècle et fin connaisseur des milieux d’affaires.Il dispose maintenant de quatre mois de « tuilage » jusqu’à sa prise de fonctions pour élaborer son plan stratégique pour TF1.Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médiasAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.10.2015 à 17h39 • Mis à jour le27.10.2015 à 20h12 | Alexandre Piquard La polémique autour du « M. Météo » de France 2 n’est pas finie : Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, a été convoqué par la direction à un entretien en vue d’une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, a-t-on appris mardi 27 octobre. L’entrevue a eu lieu le 22 octobre en présence d’un représentant de la direction des ressources humaines du siège de France Télévisions, ainsi que d’un représentant de Force ouvrière (FO), selon ce syndicat.Contrairement aux autres syndicats de l’entreprise d’audiovisuel public, FO soutient ouvertement M. Verdier. « Il n’a fait qu’user de sa liberté d’expression », affirme Eric Vial, élu du syndicat. Joint par Le Monde, M. Verdier ne veut plus s’exprimer.La direction ne commente pas, car il s’agit d’un différend en cours avec un salarié. Mais elle a invoqué plusieurs fois le « principe déontologique » selon lequel les salariés ne devraient pas s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise.« Pas de délit d’opinion », selon la directionM. Verdier a fait dans les médias une promotion active de son ouvrage, Climat investigation (éd. Ring), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique. Dans une lettre ouverte à François Hollande, à l’approche du sommet sur le climat COP21, il a estimé que le président de la République ne pouvait cautionner « les scientifiques ultrapolitisés du GIEC, les lobbys d’entreprises, les ONG environnementales, ni les chefs religieux autoproclamés nouveaux apôtres du climat ».En congé pour le lancement de son livre, paru le 1er octobre, Philippe Verdier, qui présente la météo et a le titre de chef de service, a été mis à pied par la direction de France Télévisions à la mi-octobre.Lire aussi :France 2 met à pied son « M. Météo », Philippe Verdier« Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, estime qu’il n’y a pas de délit d’opinion. Pour elle, la faute de Philippe Verdier est liée à l’exécution de son contrat de travail, car il a mis en avant sa fonction et son employeur France Télévisions dans le cadre de la communication autour de son livre », explique Serge Cimino, élu du Syndicat national des journalistes (SNJ), un autre syndicat de France Télévisions. Ce dernier résume un échange vif qui a eu lieu sur le cas de M. Verdier entre Eric Vial, de FO, et Mme Ernotte, en comité de groupe, le 19 octobre.Prudence des autres syndicatsLe SNJ est prudent et dit s’être jusqu’ici surtout assuré que le salarié mis à pied soit bien reçu en entretien. Il dit attendre que la direction prononce la sanction, dans un délai d’un mois, avec un avis motivé.En interne, on sent une réserve de certains salariés, par rapport aux accents complotistes du discours du « M. Météo » de France 2, qui en a surpris certains car il ne s’était pas exprimé en interne contre le consensus sur le réchauffement, avant son livre. De plus, certaines de ses affirmations sont contestées.Lire aussi :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2Le soutien du journaliste de France 3 lié à l’affaire du « mur des cons » FO a davantage le souhait de politiser l’affaire : le syndicat a d’abord publié un communiqué et interpellé Delphine Ernotte en comité de groupe. Puis il a accompagné M. Verdier pour son entretien, lui suggérant de se faire accompagner par Clément Weill-Raynal, un journaliste de France 3 qui a « comme lui connu des pressions », raconte M. Vial. En effet, M. Weill-Raynal a notamment été en conflit avec sa direction pour avoir filmé avec son téléphone le « mur des cons » dans un local du syndicat de la magistrature, et diffusé la vidéo sur le site Atlantico. Il avait aussi accusé Charles Enderlin, le correspondant de France 2 en Israël, d’avoir « manipulé » les images du petit Mohammed Al-Dura, mort dans les bras de son père lors d’un échange de tirs entre Palestiniens et Israéliens.Contestation possible de la sanctionDe son côté, M. Verdier avait estimé, après sa mise à pied : « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat. »« M. Verdier n’a pas commis de faute professionnelle », argumente M. Vial. Ce dernier souligne que M. Verdier n’a pas utilisé l’antenne de France 2 pour faire la promotion de son livre. Plutôt que de convoquer un conseil de discipline paritaire, FO laisse à Mme Ernotte le choix de la sanction et se réserve la possibilité de la contester, aux prud’hommes ou auprès de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Pour le syndicat, le cas d’un journaliste qui promeut un livre ou exprime des opinions dans des médias est banal.Au même moment, France Télévisions doit aussi gérer le cas du « M. Météo » de… France 3Un autre cas télescope celui de M. Verdier : Jean-Marc Souami, le « M. Météo » de France 3, Jean-Marc Souami, a été convoqué mardi pour un rappel à l’ordre, rapporte Pure Médias. On lui reproche notamment d’avoir publiquement critiqué Laurent Ruquier, l’accusant d’être « complice » des « délires racistes » de l’élu de droite Nadine Morano sur la « France, pays de race blanche ». Il prend très régulièrement position sur son compte Twitter, rappelle le site.La direction a « désapprouvé qu’un présentateur du groupe s’en prenne à un animateur de France Télévisions », dans une réaction sur le site de l’animateur Jean-Marc Morandini.« Les cas de M. Verdier et de M. Souami sont différents », estime M. Cimino. Membre de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), M. Souami semble disposer d’un plus large soutien en interne.Pour Mme Ernotte, l’affaire de M. Verdier et celle de M. Souami sont des cas à régler. Avec une pression médiatique et syndicale importante, apanage de France Télévisions, la maison qu’elle dirige depuis deux mois.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Murong Xuecun (Ecrivain) Je ne sais pas combien de projets ont été tués dans l’œuf par le système de censure chinois. Mais ce que je sais, ce que je ressens, c’est que ce système est indubitablement en train de ruiner l’imagination et la créativité des Chinois.La censure, en Chine, ne relève pas de la loi, ce qui ne l’empêche pas d’avoir plus de pouvoir qu’elle. Chez nous, toutes les lois ne sont pas respectées à la lettre par tous, mais quand il s’agit de censure, et alors même que les règles en la matière ne sont pas vraiment claires, tout un chacun sait, comme d’instinct, à quoi s’en tenir, et prend bien garde à ne pas s’aventurer sur le territoire des sujets tabous ou sensibles.En 2013, un bon ami à moi a recommandé un livre à une maison d’édition chinoise, l’histoire d’une femme qui tuait son mari. Au départ, la maison d’édition a manifesté beaucoup d’intérêt pour ce projet. Mais quand elle s’est aperçue que les personnages étaient musulmans, elle a fait machine arrière, disant :« On ne peut pas publier ça », « c’est trop risqué », « les musulmans, c’est tabou ». Malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucune loi interdisant de parler des musulmans.Lire aussi :L’écrivain chinois Murong Xuecun : « Un jour ou l’autre, je vais me faire arrêter »Dans les faits, la résistance à la censure n’a jamais cessé. Aujourd’hui, ce système se heurte à une contestation qui n’existait pas avant l’avènement d’Internet. Les nouveaux outils de communication ont permis de démultiplier les contacts entre la Chine et le reste du monde, si bien qu’un grand nombre de Chinois s’est familiarisé avec l’anglais, inventant de nouveaux mots, une sorte de « sinoglais » : au lieu du mot « citizens », les Internautes vont ainsi employer le mot « shitizens » (« citoyriens ») pour désigner les citoyens chinois.Liens dans le monde entierLa démocratie devient, quant à elle, « democrazy » (« dingocratie »), et au mot de « secretary », les Internautes préfèrent (tout particulièrement concernant celles des hauts fonctionnaires) « sexcretaries » (« sexcrétaires »). Parallèlement, une multitude de blagues à caractère politique se répand.En voici une que j’ai entendue récemment : le président Xi Jinping se rend dans un grand restaurant de Pékin. Il demande à quoi sont farcis les raviolis. La serveuse lui répond : ceux-là sont au chou et au porc, ceux-là au porc et au chou, et dans ceux-là il y a du porc et du chou, qu’est-ce que vous choisissez ? Xi Jinping, l’air contrarié, s’exclame : « Ils sont tous farcis à la même chose, ai-je vraiment le choix ? » La serveuse lui dit alors en riant : « Président Xi, vous avez oublié ? Quand il a fallu vous choisir, c’était exactement pareil ! »Murong XuecunMurong Xuecun est né en 1974 dans le Shandong. Après des études de droit à Pékin, il se lance dans l’écriture d’un premier roman, qu’il publie sur Internet au début des années 2000, Oublier Chengdu, qui remporte un énorme succès.Dans les années qui suivent, son compte Weibo (le Twitter chinois) est suivi par des millions d’internautes, avant d’être censuré par le pouvoir.Électron libre, écrivain engagé comme la Chine en compte peu, Murong Xuecun dénonce dans ses romans la corruption, le fanatisme et l’ignorance à l’œuvre dans la société chinoise.Son dernier ouvrage paru en français est Il manque un remède à la Chine, (Bleu de Chine/Gallimard, 448 pages, 29 euros).Si Internet s’est imposé comme un espace de liberté où s’exprime la résistance au système de censure, cela n’empêche pas ce dernier, à l’heure où les entreprises d’Etat chinoises nouent des liens dans le monde entier, où des Instituts Confucius, pour promouvoir la langue et la culture chinoises, sont inaugurés un peu partout sur la planète, au moment où tous les pays du monde se battent pour obtenir des commandes de la Chine, de commencer à étendre lui aussi ses ramifications hors de ses frontières. Bientôt, son ombre ne planera pas seulement sur nous citoyens chinois. Elle vous rattrapera vous aussi, vous qui vivez loin de chez nous et qui vous croyez en sécurité.Il y a environ deux ans, un magazine londonien m’a invité à écrire un article. En allant sur leur site Internet, j’ai pu voir tout un tas de textes faisant l’éloge du Parti communiste chinois. Ce n’est pas vraiment en accord avec mon style. Je leur ai demandé pourquoi ils publiaient toute cette propagande. Le rédacteur en chef m’a expliqué : « Nous n’avons pas le choix, plusieurs de nos plus gros clients publicitaires sont des entreprises chinoises. Si nous publions trop d’articles critiquant le Parti communiste et le gouvernement chinois, ils vont tout simplement arrêter de placer des publicités chez nous. »Des choix à votre placeJe sais que cette façon de procéder existe aussi dans d’autres pays européens ainsi qu’à Hongkong, aux Etats-Unis, en Australie et jusqu’en Afrique. Sydney compte déjà plus de six journaux en langue chinoise. La plupart sont proches du gouvernement chinois, quand ce dernier ne les contrôle pas directement. Les articles et les commentaires qui y sont publiés, directement inspirés par sa propagande, l’encensent sans aucune retenue. Ainsi, sur le sol même de l’Australie, les représentants du Parti communiste et du gouvernement chinois font d’ores et déjà entendre leur voix. La plupart des gens ne s’en aperçoivent même pas.En mai, le Club Pen America a montré dans un rapport intitulé « Censure et conscience morale : les auteurs étrangers et le défi de la censure chinoise » que l’industrie de l’édition et certains écrivains américains étaient déjà sous l’influence du système de censure chinois.En Australie, un article publié en 2014 par le journal The Australian explique que l’Australian Broadcasting Corporation (ABC), la société nationale de diffusion audiovisuelle australienne, a signé un partenariat visant à partager des contenus avec un groupe audiovisuel chinois, le Shanghai Media Group. Cela signifie qu’immanquablement, les émissions australiennes passeront entre les mains de la censure chinoise. Ceux qui ont bonne mémoire se souviendront qu’en 2009, lors du festival international du film de Melbourne, le consulat chinois a tenté d’annuler la projection d’un documentaire sur la militante ouïgoure Rebiya Kadeer.Tout cela va bien au-delà du sort d’un simple film. Ce que vous devez comprendre, c’est que les censeurs chinois sont déjà parmi vous, et qu’ils ont commencé à faire des choix à votre place. Des incidents comme cela, il y en aura d’autres. Et comme nous avons pu en faire l’expérience en Chine, vous constaterez que les habiles fonctionnaires de la censure agiront au fil du temps avec de plus en plus de discrétion et de subtilité.Commerce avec la Chine avant toutCertains pourraient être tentés de se dire que la censure existe déjà ailleurs, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie. Je répondrais que, s’il est vrai que la censure existe aussi dans ces pays, cela ne justifie en rien celle qui s’exerce chez nous. Par ailleurs, j’ai beau trouver que le monde ne tourne pas rond, je ne crois pas que la censure dans les pays occidentaux soit aussi sévère qu’en Chine.D’autres pensent peut-être que la liberté d’expression, bien sûr, c’est important, mais que ce qui compte avant tout, c’est de pouvoir faire du commerce avec la Chine. En réalité, toutes les entreprises étrangères qui ont des relations commerciales avec la Chine sont susceptibles de subir l’impact de la censure chinoise. En 2014, la « Grande Muraille électronique » est devenue singulièrement plus étanche. Elle bloque désormais non seulement Google, Facebook, Twitter et YouTube, mais aussi Gmail et d’autres services étrangers de messagerie sur Internet.Chaque jour, des réseaux privés virtuels, permettant de contourner la Grande Muraille électronique en liant directement des ordinateurs, sont bloqués. Laissez-moi vous poser une question : ces restrictions en matière de communication imposées par le gouvernement chinois n’affecteront-elles pas vos affaires dans le long terme ?Au sujet du gouvernement chinois, les personnes qui ne vivent pas en Chine pensent parfois : « Bon, c’est vrai que ce gouvernement n’est pas terrible, mais ce n’est quand même pas si mal que ça. » Ou bien : « Oui, d’accord, le gouvernement chinois est plus que critiquable, mais il n’est pas encore si puissant que cela, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. »Après la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997, beaucoup de gens sur cette île pensaient à peu près la même chose. Dix-huit ans plus tard, il ne faut pas longtemps pour constater que leurs conditions de vie ont d’ores et déjà subi d’énormes changements. Cette ville de plus de 7 millions d’habitants ne compte désormais quasiment plus une chaîne de télévision ni un journal indépendants. Ses hommes politiques ressemblent de plus en plus aux secrétaires de section du Parti communiste. Les personnes qui manifestent contre la politique menée par Pékin sont désormais de plus en plus souvent harcelées par la mafia. Quant aux journalistes et aux artistes qui osent encore critiquer ouvertement Pékin, ils s’exposent à des tentatives d’assassinat…Ne pas se fier aux bonnes intentions du gouvernementOn ne peut en aucune manière se fier aux bonnes intentions du gouvernement chinois. La puissance économique de la Chine lui permet d’avoir un impact sur vos vies. La censure chinoise peut paraître en Occident un phénomène encore lointain, et il est vrai qu’elle ne va pas débouler comme une fusée dans vos vies.Mais si un jour vous vous apercevez que vos journaux publient de moins en moins d’articles critiques sur la Chine, que les intellectuels et les médias se mettent tous à faire l’éloge du système chinois et que tel ou tel politicien s’efforce de manière évidente de préserver les intérêts de la Chine, j’espère que vous vous souviendrez du discours que je vous ai tenu aujourd’hui, et qui vous semble peut-être alarmiste.La civilisation est un tout indivisible. Quand le gouvernement d’un pays commence à s’y attaquer sciemment, à la bâillonner, à la détruire, cela n’a pas seulement un impact sur le peuple de ce pays, mais sur l’humanité tout entière. A l’heure de la mondialisation, la liberté d’expression ne relève plus seulement de la politique intérieure d’un pays.Si vous vous contentez d’observer en silence un gouvernement détruire des livres et arrêter des hommes dans son pays, réprimer la liberté d’expression, et que vous allez même jusqu’à vous en rapprocher, l’air de rien, pour en faire, sans aucun scrupule, votre partenaire commercial, votre allié, alors, tôt ou tard, c’est à votre liberté d’expression à vous qu’il s’attaquera. (Traduit du chinois par Frédéric Dalléas)Ce texte est extrait d’un discours prononcé à Sydney, le 5 septembre, dans le cadre du Festival of Dangerous Ideas, le « festival des idées dangereuses ».Murong Xuecun (Ecrivain) Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Baptisé « Instant Article », ce format uniquement disponible sur l’application de Facebook pour iPhone permet un chargement beaucoup plus rapide du contenu et offre une ergonomie censée favoriser sa lisibilité.Les contenus publiés au format « instant article » se distinguent par une icône en forme d’éclair. Selon Facebook, ils se chargent dix fois plus vite qu’un contenu standard – une vitesse censée encourager la lecture sur mobile, qui peut être ralentie par un réseau insuffisant. Une quinzaine d’éditeurs anglo-saxons (The New York Times, The Washington Post, The Daily Mail, National Geographic, BuzzFeed, Slate…) ont commencé à publier leurs contenus dans ce format, soit des milliers de publications par jour selon Facebook. Plusieurs dizaines d’autres titres doivent adopter le format prochainement. Le réseau social annonce aussi préparer une version pour Android.Sujets magazineL’enjeu pour les éditeurs est d’aller à la rencontre des internautes présents sur Facebook et d’être de ceux dont les contenus sont le plus rapidement lisibles. Ils conservent l’exploitation publicitaire de leurs pages, sauf quand c’est Facebook qui l’assure, auquel cas le réseau prélève 30 % du chiffre d’affaires. Facebook s’est aussi engagé auprès des éditeurs à leur donner accès aux données collectées sur les lecteurs de leurs articles.Lire aussi :Facebook devient hébergeur d’articles de presseNéanmoins, en livrant tout ou partie de leurs contenus à Facebook, les éditeurs contribuent à renforcer le poids de cette plate-forme dans l’accès à l’information. Les internautes lisent des articles produits par des médias reconnus, mais sans se connecter à leurs sites. Un changement qui pourrait se traduire par une chute de leurs revenus publicitaires.C’est la raison pour laquelle, à l’exception du Washington Post, la plupart des participants ont choisi de ne publier au nouveau format qu’une partie de leur production, en général des sujets magazine.Lire aussi :Les médias face au pouvoir des réseaux sociauxAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.10.2015 à 18h56 • Mis à jour le22.10.2015 à 22h32 | Olivier Faye, Matthieu Goar et Alexis Delcambre « Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade. » La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, a confirmé qu’elle ne participerait pas à l’émission « Des paroles et des actes », jeudi 22 octobre sur France 2, après l’invitation faite à la dernière minute de deux de ses concurrents aux élections régionales, Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (Parti socialiste) pour un débat en deuxième partie d’émission. En conséquence, France Télévision a décidé d’annuler l’émission et de programmer une série policière.« Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a justifié David Pujadas sur Europe 1. « Marine Le Pen a changé d’avis à la mi-journée, nous le regrettons, pour nos téléspectateurs et pour le débat public », a assuré le journaliste.« Elle a peur du débat »Les adversaires de la candidate FN dans le Nord se sont réjouis sur Twitter : « Décidément beaucoup de paroles et pas d’acte », a raillé Gérald Darmanin, directeur de campagne de Xavier Bertrand. « Elle se défile et fuit le débat car elle n’a pu choisir ses contradicteurs », a jugé M. Lagarde. « Elle a peur du débat parce qu’il dévoilerait sa méconnaissance de la région et l’indigence de ses propositions », a déclaré M. de Saintignon..@MLP_officiel refuse le débat car la démocratie c'est elle! On comprend qu'elle aime Poutine. Nous voilà prévenus dans le #NPDCP !— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);Accusée d’accorder trop de visibilité à la candidate du FN aux élections régionales de décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, France Télévisions avait décidé dans la nuit de mercredi à jeudi d’ouvrir « une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie », « dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres ». MM. Bertrand et de Saintignon ont accepté d’y participer.« Arrogance inouïe »Mais aux yeux de la présidente du FN, la direction de France 2 et David Pujadas en particulier se sont « soumis aux exigences posées [mercredi] par MM. Cambadélis et Sarkozy ». Le secrétaire national du PS avait envoyé une lettre au président des Républicains pour lui proposer de saisir conjointement le CSA et « porter un coup d’arrêt à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays ». Une démarche qu’ils avaient finalement décidé de faire séparément.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalMarine Le Pen reproche donc à France Télévisions d’avoir rallongé « l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales ».« Confrontée à cette méthode cavalière et méprisante, j’ai, dans un esprit de conciliation, proposé alors que ce débat régional se substitue au débat politique (...) Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques. »Mercredi, le CSA s’était également exprimé. Dans un communiqué publié peu après l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis, le régulateur avait dit que « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ». En clair, selon l’institution, MM. Bertrand et de Saintignon devaient se voir proposer un temps de parole sur France Télévisions comparable à celui de Mme Le Pen.Reste que Marine Le Pen est la personnalité la plus invitée lors des 26 émissions de « Des paroles et des actes », qui ont été diffusées depuis juin 2011, date de sa création. Quelques heures avant d’annoncer sa décision jeudi elle confiait au Figaro : « Si j’avais été obligée de payer, je n’aurais jamais obtenu une publicité aussi efficace. » #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Mardi 24 novembre a été prévu un arrêt de travail de quelques heures, alors qu’environ 120 suppressions de postes restent envisagées.Lancé par tous les syndicats et sociétés de journalistes, cet arrêt de travail se veut une réponse à la « vacuité du projet stratégique » présenté lors des comités d’entreprise du 30 octobre et du 18 novembre, estiment ces représentants.« Ligne éditoriale positive »Le mécontentement touche notamment la rédaction de L’Expansion où la société des rédacteurs juge le projet de nouvelle formule « contraire aux principes et aux règles éthiques ». Elle réagi ainsi à un projet qui revendique une « ligne éditoriale positive », qui valorise les entreprises et noue des relations avec elles à travers notamment le développement d’événements.À L’Express, le projet de nouvelle formule présenté par Christophe Barbier suscite également des interrogations. L’objectif du directeur des rédactions est de faire de l’hebdomadaire un titre « premium » et « référent », un projet perçu par certains comme trop élitiste.Lire aussi :La tension monte d’un cran à « L’Express » après le vote d’une double motion de défiancePlus généralement, les représentants des salariés dénoncent l’écart entre les ambitions affichées et la sévère réduction des coûts et des effectifs conduite par l’équipe dirigeante choisie par l’actionnaire Patrick Drahi. Le groupe devrait perdre 3,5 millions d’euros cette année, hors coût de la clause de cession actuellement ouverte.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Whaou ! » On peut lire un mélange de fierté et de soulagement dans le sous-titre du billet par lequel Nicolas Beytout annonce, dans son journal L’Opinion, mardi 24 novembre, avoir convaincu le groupe Dow Jones d’y investir deux millions d’euros. La maison mère du puissant quotidien économique américain The Wall Street Journal, propriété du magnat des médias Rupert Murdoch, vient donc soutenir le petit quotidien français d’inspiration libérale, lancé en 2013, en entrant au capital à hauteur de 10 % environ.« Il y a un effet d’image important, se félicite Nicolas Beytout, fondateur et directeur de la rédaction de L’Opinion. Cela nous fait monter un peu en statut. Nous ne sommes plus juste une petite expérience franco-française, nous avons la reconnaissance d’un acteur international. »En interne, la nouvelle est une « agréable surprise », raconte un membre de l’équipe. En effet, la quarantaine d’employés, dont une trentaine de journalistes, vit avec le sentiment que l’horizon n’est pas totalement dégagé pour L’Opinion, dont le fondateur doit régulièrement chercher des fonds pour poursuivre l’activité, déficitaire jusqu’ici.Dans le milieu de la presse, le quotidien est vu comme un média dont le positionnement éditorial est clair, mais qui dispose d’un lectorat restreint et d’un avenir incertain. Il s’appuie notamment sur la notoriété de M. Beytout, connu comme ancien directeur de la rédaction du quotidien économique Les Échos et du Figaro.L’Opinion revendique 20 000 exemplaires vendus, pour la grande majorité par abonnement (couplé papier et Web). Le titre n’écoule que 3 000 exemplaires en kiosques, dont 5 à 600 environ à Paris. Il affiche une diffusion de 35 000 exemplaires, qui prend en compte des journaux distribués via des partenariats.SynergiesMais M. Beytout assure avoir, depuis janvier, conquis 11 000 abonnés supplémentaires, 100 % Web, via une offre baptisée « licence », qui permet à des collectivités d’avoir un nombre limité d’accès simultanés au site, mais utilisable par tous leurs collaborateurs. « Nous visons une cible particulière de lecteurs, pas la quantité », défend M. Beytout.Pourquoi un géant mondial de la presse économique fait-il son premier investissement en France dans un média indépendant ? Certes, la somme est modique à l’échelle du groupe Dow Jones, filiale de l’empire News Corp qui, avec ses titres britanniques comme le Times ou le Sun, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,84 milliard d’euros au troisième trimestre.Il a néanmoins fallu que M. Beytout convainque Rupert Murdoch, lors de leurs deux rendez-vous, à Londres et New York. L’Opinion et le groupe Dow Jones partagent d’abord deux convictions stratégiques, explique M. Beytout : la foi dans l’importance du support papier et la défense d’un modèle payant strict. De plus, le Wall Street Journal a décidé en juin de relancer son édition internationale et Paris fait partie des villes cibles pour ce redéploiement, explique-t-on à L’Opinion.« L’Opinion est une publication influente dans l’univers français de l’économie, des affaires et de la politique, a expliqué William Levis, le PDG de Dow Jones, dans un communiqué. Cet investissement va accroître nos ambitions internationales et relever nos objectifs au cœur de l’Europe. » Concrètement, le partenariat de cinq ans noué entre les deux entreprises doit permettre des synergies dans les contenus et la distribution. Les contenus de L’Opinion seront versés à la base de données mondiale de Dow Jones, Factiva. Le titre libéral peut en principe espérer des reprises de ses contenus dans d’autres médias, à l’étranger. Des « échanges de liens » entre les sites sont envisagés et des traductions d’articles du Wall Street Journal sous la bannière de L’Opinion ne sont pas exclues, explique M. Beytout.D’autres collaborations sont espérées dans la vidéo, que L’Opinion compte développer, notamment avec Erik Monjalous, un ex-directeur de l’AFP recruté en octobre. Des conférences en partenariat sont également prévues.Sur les ventes, il est envisagé de « travailler conjointement sur le marketing et les abonnements numériques ». On peut imaginer que les deux entreprises partageront leurs fichiers d’abonnés en France.Le dernier levier de ce deal est politique : « Dow Jones et nous sommes dans la même sphère d’idées : un corpus globalement libéral, même si eux sont un peu moins proeuropéens », explique M. Beytout. Alors que la présidentielle de 2017 pointe à l’horizon, ce dernier assure avoir une démarche plus « idéologique » que « partisane », notant avec malice que le libéralisme économique a également des apôtres à gauche. 2017, c’est aussi l’année à la fin de laquelle L’Opinion espère atteindre désormais l’équilibre, après l’avoir envisagé (en vain) à l’horizon 2016.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le politologue Thomas Guénolé a été remercié par la station de radio RMC, où il tenait une chronique dans la matinale animée par Jean-Jacques Bourdin, a révélé Arrêt sur Images. En cause : un billet, diffusé mardi 17 novembre, évoquant des dysfonctionnements de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) lors des attentats du 13 novembre, notamment au Bataclan. Des affirmations qui ont depuis été contestées, par le ministère de l’intérieur notamment.« Boycott punitif »Pour M. Guénolé, RMC a réagi à un « boycott punitif » de la part du ministère, à des « pressions proches d’une censure ». Le chroniqueur affirme au Monde que l’email reçu de la direction de la rédaction de la radio invoque les conséquences de sa chronique pour le travail de ses collègues : « Le ministère et tous les services de police invités à l’antenne depuis mardi ont refusé de venir sur RMC en raison des inexactitudes de ta chronique. La plupart des sources policières de nos spécialistes se sont tues depuis mardi », dit le courriel, selon lui.Dans la chronique incriminée, M. Guénolé disait : « Le 13 novembre, les brigades d’intervention manquaient gravement d’hommes et de moyens. » « Quand les fusillades éclatent, il n’y a que trois fonctionnaires de garde ce soir-là à la BRI », ajoutait-il, soutenant ensuite que lors des interventions, certains policiers avaient manqué de gilets pare-balles lourds, par exemple. Ou que le manque de personnels de la BRI avait obligé des agents de la brigade anticriminalité (BAC) à intervenir, alors que ce n’était pas leur vocation.Aujourd’hui, le politologue affirme qu’il s’était « distancié » des faits, dans ses propos : il avait évoqué en début de chronique les « accusations de dysfonctionnements qui s’accumulent dans la presse », insiste-t-il, même si, dans le passage en question, il ne citait pas de source particulière. Il rappelle aussi qu’en conclusion il demandait une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces questions. Si ces faits étaient avérés, les responsables des forces de police, ainsi que le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, devraient démissionner, disait M. Guénolé.« Accusations graves, non vérifiées »« RMC dit que j’ai porté des “accusations graves, non vérifiées”, mais la construction de ma chronique était de dire qu’il fallait les vérifier », se défend-il.Cette chronique a été vivement contestée, notamment par la conseillère spéciale de Bernard Cazeneuve, Marie-Emmanuelle Assidon, sur Twitter. En fait, Thomas Guénolé a reconnu s’être appuyé sur un article de la publication professionnelle La Lettre A, sans le citer. S’il a admis à un moment depuis sur Twitter que l’article était « faux », M. Guénolé note aujourd’hui « l’absence de démenti officiel, à sa connaissance ». Selon lui, les syndicalistes policiers qui ont réfuté ses arguments dans un article d’Arrêt sur images ne démentent pas le point précis des personnels de garde le vendredi soir. De son côté, La Lettre A a défendu son approche sur Twitter : « L’article salue le travail de #BRI et précise aussi le nombre de policiers d’astreinte. »« Editorialiste grande gueule »Dans un récent portrait, Libération décrivait M. Guénolé comme un « politologue pressé », par ailleurs consultant pour un cabinet de conseil. Il s’y disait « ni de droite, ni de gauche et anti-FN ». Après être intervenu dans les médias comme politologue, notamment sur le centre et la droite, il est devenu récemment chroniqueur, plutôt engagé et touche-à-tout. Il a signé un livre sur les banlieues.En licenciant M. Guénolé, RMC (qui appartient au groupe NextRadioTV, également propriétaire de BFM-TV) ne risque-t-elle pas de donner l’impression de se plier aux arguments du ministère de l’intérieur, en pleine période d’état d’urgence ? Une source au sein de la radio affirme que les chroniques de M. Guénolé avaient déjà suscité des critiques en interne. Ce que M. Guénolé ne conteste pas : « On me dit que je donnais trop mon opinion dans mes chroniques. Certes, il y a eu d’abondantes discussions et tensions sur le contenu de mes chroniques, mais c’était dans le cadre de la relation d’un éditorialiste grande gueule et d’un rédacteur en chef. »A RMC, une source souligne elle qu’avec Jean-Jacques Bourdin, Hervé Gattegno ou « Les Grandes Gueules », la station ne saurait être taxée de complaisance.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof, Nicolas Chapuis et Matthieu Goar Eclairées crûment dans la pénombre, les tentures bleu-blanc-rouge donnent à l’Agora d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) une ambiance de chapelle ardente. Ce samedi 21 novembre, Christian Estrosi, candidat Les Républicains (LR) aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, tient son troisième meeting depuis les attentats du vendredi 13. Jusqu’au public clairsemé, tout rappelle le choc national vécu une semaine plus tôt. Et les propos reflètent l’aspect sécuritaire qu’a pris la campagne des élections régionales.Suivez la situation en direct sur notre siteLa veille, à Marseille, il a présenté le nouveau cœur de son programme : un « bouclier de sécurité » de 250 millions d’euros sur six ans qui « permettront d’armer les polices municipales, d’aider à l’installation de caméras de vidéoprotection… » « Le futur président de la région devra prendre toute sa part dans la protection des Français », assume le maire de Nice, qui se persuade que « la droite républicaine est depuis toujours celle qui inspire le plus de confiance en matière de sécurité ». Plus tôt dans la soirée, le candidat avait fait son entrée sur son nouveau clip de campagne. Dans cet enchaînement d’extraits de BFM-TV ou d’I-Télé, on voit le candidat prévenir la France de la présence d’une cinquième colonne islamiste, encaisser les sarcasmes de ses adversaires sur son idée d’installer des portails de sécurité dans chaque gare ou refuser de marier un Niçois « en voie de radicalisation ». « On m’a dit “vous faites de la surenchère”… J’aurais tellement voulu ne pas avoir raison », conclut-il.Lire aussi :Régionales : la campagne reprend sur la pointe des piedsEn ce week-end de reprise de la campagne, le candidat LR en PACA n’a pas été le seul à développer les thèmes sécuritaires. Lors d’un point presse, samedi, à Lyon, Laurent Wauquiez, candidat LR en Auvergne-Rhône-Alpes, a proposé de consacrer annuellement 45 millions d’euros du budget de la région à la protection des lycées, des gares ou encore des sites industriels classés Seveso. Lors d’un meeting à Drancy (Seine-Saint-Denis), le même jour, Valérie Pécresse a fait directement référence à l’un des terroristes du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, filmé en train de frauder dans le métro parisien. « La sécurité passe par un changement de modèle : dès qu’on commence à franchir les portillons dans le métro, à taguer, ça veut dire qu’on peut tout se permettre », a déclaré la candidate LR en Ile-de-France citée par Libération.Contre-offensive sécuritairePour convaincre une opinion marquée par les attentats, la droite a décidé de donner un tour de vis sécuritaire à sa campagne. Face à un exécutif à la manœuvre, Nicolas Sarkozy a lancé la contre-offensive trois jours après les attentats. Mardi 17 novembre, il a mis en place un observatoire de suivi des mesures annoncées par le gouvernement pour la sécurité des Français. Cette instance, présidée par Eric Woerth, devait être présentée, lundi 23 novembre. Les responsables LR veulent mettre l’Etat sous surveillance. « Il y a des trous immenses dans la raquette, uniquement pour des raisons administratives. Avant de créer des nouvelles lois, faisons appliquer les lois qui existent », a estimé, dimanche 22 novembre, Thierry Solère, tête de liste départementale dans les Hauts-de-Seine, sur l’antenne de Sud radio.A moins de deux semaines du premier tour des régionales, dimanche 6 décembre, l’objectif de la droite est double : ne pas se retrouver confinée à un rôle de spectateur face à l’exécutif en action, mais aussi se montrer plus protecteur que le FN. Les dirigeants LR craignent que l’extrême droite capte la peur et la colère. Les premiers sondages semblent confirmer cette appréhension. Selon une enquête Ipsos pour France Télévisions et Radio France publiée dimanche 22 novembre, Marion Maréchal-Le Pen obtiendrait en PACA 40 % des voix dès le premier tour, trois points de mieux que lors du sondage précédent.Lire aussi :La France d’après, un pays plongé dans la peurPour lutter contre ce danger électoral, les dirigeants de la droite dénoncent un FN ferme dans les mots mais irresponsable dans les faits. Au cours de son entretien au Monde daté du 19 novembre, M. Sarkozy a rappelé que les élus de Marine Le Pen avaient refusé de voter le PNR (« Passenger Name Record ») au Parlement européen. « Le FN est un parti laxiste, dénonce Gérald Darmanin, maire (LR) de Tourcoing, député du Nord et directeur de campagne de Xavier Bertrand, opposé à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Dans mon conseil municipal, les élus frontistes sont les seuls à voter contre les heures supplémentaires aux policiers municipaux. Le FN reste un mouvement d’extrême droite qui a peur de la surveillance de l’Etat. »Le PS mise sur « le pacte de sécurité du président »De l’autre côté de l’échiquier politique, le Parti socialiste ne veut pas laisser la question de la protection à la droite. Dans une lettre écrite aux candidats, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, appelle à défendre « un triptyque commun » : « La guerre totale contre Daech, la sécurité maximale pour les Français et la concorde nationale. » Localement, les candidats vont défendre le rôle de la région dans le maintien de l’ordre.Lire aussi :La droite accuse Hidalgo « d’angélisme » en matière de sécuritéLes socialistes misent sur le fait que le discours de François Hollande et sa gestion après les attaques de Paris ont été globalement appréciés. « Il n’y a aucun angélisme de notre part, la région va contribuer au pacte de sécurité du président de la République », explique Jean-Jack Queyranne, président socialiste sortant de Rhône-Alpes. Pas question cependant de ne rester que sur cette thématique. Pour le candidat PS, qui dénonce une « surenchère sécuritaire » de son adversaire Laurent Wauquiez, les électeurs ont aussi envie d’entendre parler d’autres sujets : « Après ce qu’il s’est passé, il manque dans le discours de la droite un mot majeur, celui d’éducation. » Il reste moins de deux semaines pour faire émerger d’autres sujets de campagne…Matthieu GoarJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles RofJournaliste au Monde Martine Delahaye « C’est récent, mais on me demande maintenant des scénaristes capables d’écrire en anglais, pour monter des coproductions », note Catherine Winckelmuller, agent d’auteurs et de réalisateurs travaillant pour le cinéma ou la télévision. « Cela ne date que d’un an, mais des producteurs indépendants m’ont envoyé des projets depuis l’Angleterre, Israël ou le Danemark pour que je les lise, les propose à mes client(e)s, et que l’on voie si un scénario peut être mené en commun. Pour une série partiellement financée par la France et son système d’aides. » Agent, notamment, des auteures Virginie Brac et Anne Landois, à l’origine de la reconnaissance internationale de la série « Engrenages », Catherine Winckelmuller exerce le même métier que les personnages de « Dix pour cent », la série créée par Fanny Herrero d’après une idée originale de Dominique Besnehard, diffusée récemment sur France 2. Si ce n’est qu’elle a décidé, il y a vingt-cinq ans, en créant Agents Associés (l’une des quarante agences artistiques à Paris), de représenter non pas des comédiens mais des auteurs et des réalisateurs.« Je dis non 363 fois sur 365 »Sur quels critères accepte-t-elle ou non quelqu’un dans son agence ? « D’abord, je représente peu de gens, même pas une cinquantaine, explique-t-elle. Je n’ai qu’un assistant, c’est tout. Et puis je ne rencontre jamais les gens d’abord. Parce qu’ils sont presque toujours extrêmement séduisants, lors d’un entretien. Moi, je veux lire et voir. Si ça me plaît et que j’ai le sentiment de pouvoir apporter quelque chose, j’y vais ; sinon, je n’y vais pas. Ce qui m’intéresse chez les créateurs, c’est leur regard, ce qui fait leur originalité, ce qui les distingue de la masse. Je reçois une demande par jour, je dis non 363 fois sur 365. »Au-delà de la disponibilité et de la réactivité qu’exige ce métier tout de relations, il revient à l’agent de lire ce que lui envoient « ses » scénaristes, de les dissuader ou de les encourager au fil de leurs tentations et tentatives. En un mot, de les accompagner dans leur processus de création, pour qu’un de leurs projets aboutisse à l’écran. D’où la nécessité d’acquérir une fine connaissance des attentes des chaînes et des besoins des producteurs.Lire aussi :Succès français en sérieAprès avoir reconnu les qualités de la série « Dix pour cent » (ce qui correspond au taux de rémunération de tout agent artistique français à la signature d’un contrat par l’un de ses clients), Catherine Winckelmuller fustige, avec force, le manque de confiance et de considération accordé aux auteurs en France : « La chaîne a demandé l’écriture d’une saison 2 de “Dix pour cent”, mais les contrats que les producteurs proposent aux scénaristes en font des auteurs “substituables”, ce qui veut dire que l’on peut les renvoyer et les remplacer à volonté. C’est hallucinant ! » Les professionnels dans une impasseC’est bien simple, estime cette professionnelle : en un quart de siècle, la situation des auteurs de télévision, après une courte embellie, n’a au final pas évolué. Au-delà de quelques réussites, « qui ne sont jamais que l’arbre qui cache la forêt » (« Un village français », « Engrenages », « Ainsi soient-ils »…), la structure même de France Télévisions, la frilosité des chaînes et l’incompétence d’un grand nombre de producteurs ont rendu l’ensemble du système public français obsolète, acculant les professionnels dans une impasse.D’où la grande question que se posent les agents artistiques qui, comme elle, ont affaire à l’audiovisuel : comment Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, pourra-t-elle mettre en actes sa volonté de faire de la fiction « une priorité », comme elle l’a annoncé en septembre à La Rochelle, quand on voit à quoi a abouti, jusqu’ici, en termes de création, un groupe qui emploie 10 000 personnes et dispose d’un budget plutôt conséquent…« Pas de vision »« Qu’attendre d’un service public qui est capable de dire “Ce projet est trop bien pour nous”, comme je l’ai entendu encore récemment ? », s’insurge l’agent de Pierre Schoeller, auteur et réalisateur de L’exercice de l’Etat. « A France Télévisions, on me demande : auriez-vous un auteur qui puisse rassurer France 2 ? Je ne vois que frilosité, aucune idée de ce que l’on attend, pas de vision de ce que va devenir la fiction dans les cinq ans ! En revanche, un conseiller à la fiction, dans le service public, se prend souvent tout à la fois pour un scénariste, pour un réalisateur, pour un directeur de casting, en plus de croire savoir ce qu’attend le public… »Alors que TF1 et Canal+ créent d’imposantes unités de fiction, alors que les sociétés de production cinématographiques commencent à investir le monde sériel, le mammouth France Télévisions pourrait bientôt ne plus reconnaître le paysage dans lequel il évoluait jusqu’ici, pronostique Catherine Winckelmuller…Martine DelahayeJournaliste au Monde Gaëlle Picut Trois médias numériques, lancés en 2014 et 2015, tournent autour du travail. Leur point commun : mettre en valeur les récits des travailleurs eux-mêmes.Le premier projet éditorial, Raconter la vie (raconterlavie.fr) a été lancé en janvier 2014 par Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, et soutenu par les Editions du Seuil. Il accueille des textes écrits essentiellement par des anonymes, dont un certain nombre autour de différents métiers.« Ce projet a l’ambition de répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne mieux prise en compte », écrivait Pierre Rosanvallon lors du lancement dans un manifeste intitulé « Le parlement des invisibles » : « Donner la parole, rendre visible, c’est aider les personnes à retrouver leur dignité, à résister. C’est leur permettre de rassembler leur vie dans un récit qui fait sens, de l’insérer dans une histoire collective ».On y trouve des témoignages très variés : un conducteur de métro, une psychologue, une caissière, une conseillère d’orientation, un infirmier, un routier, un boulanger, une employée de fast-food, un directeur d’agence bancaire, un charpentier…Dans l’Education nationaleDans le sillage du projet « Raconter la vie », le SGEN-CFDT, un syndicat de l’Education nationale, a lancé en septembre 2014, Raconter le travail (raconterletravail.fr), un espace où les professionnels de l’enseignement peuvent témoigner de leur travail, de ce qu’ils vivent au quotidien, sur ce qu’il se passe de façon invisible au sein des établissements scolaires.Le but est de raconter le concret et la diversité des situations. « La représentation du travail dans l’Education nationale fait aujourd’hui défaut. La méconnaissance du travail réel des personnels, par les médias et les corps intermédiaires comme par les intéressés eux-mêmes, explique à la fois les carences des politiques publiques et l’incapacité des personnels à agir collectivement », estime Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT dans le manifeste de lancement du site. Cette initiative a été parrainée par Pierre Rosanvallon et son équipe.Le dernier né est le site Dire le travail (direletravail.coop), lancé en avril 2015 par la coopérative du même nom regroupant une cinquantaine de sociétaires et animée par Patrice Bride, ancien rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques.Ce média publie aussi des écrits signés des travailleurs eux-mêmes. Des professionnels les aident à mettre en forme leurs récits. « Nous cherchons avant tout à mettre en avant le travail, plutôt que le métier : non pas ce que fait en général un maçon, un gardien de musée ou un policier, mais la façon très particulière dont une personne forcément unique s’est débrouillée de ce qu’elle avait à faire, dans son contexte propre », explique Patrice Bride. Une vingtaine de récits sont déjà en ligne, rédigés par un dermatologue, un caissier, une infirmière, une accompagnatrice en soins palliatifs, etc.Ce qui se fait au-delà du métierCe travail d’expression écrite produirait plusieurs effets. « Dire son travail est important. Poser des mots permet de prendre de la distance par rapport au quotidien, à l’apparente routine ou à la course permanente, constate Patrice Bride. On réalise tout ce que l’on arrive à faire malgré les difficultés, les prescriptions parfois contradictoires, voire la souffrance. À cet effet révélateur, vient s’ajouter un effet assurance ou réassurance quand on n’est pas très sûr de ce que l’on fait. Enfin, l’écriture est une manière de partager avec d’autres son expérience et ses histoires de travail, de les faire reconnaître ».Nadir Abdelgaber, un jeune caissier a rédigé un texte sur son quotidien, en partant de la façon dont il plie le ticket de caisse avant de le tendre au client. « Pour lui, écrire sur son travail, être publié, lu, est une manière de montrer son travail sous un angle positif. Il ne s’agit pas seulement de montrer comment il fait son travail mais aussi la façon dont il se l’approprie », témoigne Patrice Bride.Ariane Grumbach a publié un texte (« Des mots pour mieux manger ») sur son activité de diététicienne. « J’avais déjà un certain recul sur mon vécu professionnel. En revanche, je n’avais jamais formalisé des mots dessus et en ce sens, la démarche était fructueuse », estime-t-elle. « J’aime cette façon de passer » de l’autre côté du miroir « de métiers que l’on ne connaît que très partiellement. Cela me paraît une démarche extrêmement intéressante que l’on travaille seul ou en entreprise car elle peut aider à prendre conscience de la valeur de son travail, des compétences acquises au fil du temps. C’est aussi une façon de fixer la mémoire du travail », poursuit-elle.Faire partie d’un toutAude Baron, qui a écrit un texte sur son activité de paludière, a également ressenti l’importance de transmettre sa passion pour son métier. Au-delà, elle compare cette démarche à un « travail thérapeutique ». « J’avais témoigné une première fois sur mon métier pour un blog. Cela avait enclenché quelque chose chez moi. J’ai eu envie de poursuivre cette réflexion. Cela m’a fait du bien et m’a conforté dans mon choix de vie. Avant de devenir paludière comme mon père, j’ai été chargée de communication au sein d’une collectivité locale. Écrire ce texte m’a fait réaliser un certain nombre de choses dont je n’avais pas conscience sur le sens de ce que je faisais. Depuis, je les vis de façon encore plus intense », analyse-t-elle. « En décrivant mon activité, j’ai l’impression de faire partie d’un tout, d’être en accord avec la nature, le cycle des saisons. C’est un travail sur soi en permanence ».Par ailleurs, la publication de ce texte a favorisé des discussions avec ses proches. Elle s’est rendu compte qu’elle préférait utiliser le terme d’activité qui renvoie à des choses positives, à un épanouissement, plutôt que celui de travail associé à quelque chose de laborieux, de pénible.« En période de crise économique, d’événements tragiques comme nous le vivons actuellement, il est important de revenir aux fondamentaux, de faire son travail avec amour, de remettre les relations humaines au cœur de nos activités. Le métier de paludier est à la fois solitaire et solidaire. Le monde du marais est une grande famille alors que lorsque je travaillais dans la fonction publique j’avais le sentiment d’être très isolée », conclut-elle.Etre connecté à l’actualitéL’une des ambitions de Dire le travail est aussi de chercher des connexions avec l’actualité. Il accueille par exemple le témoignage d’Adèle Wine, partie en mission comme responsable d’approvisionnement dans un Centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières en Guinée. « Derrière chaque événement de l’actualité, il y a toujours du travail, des femmes et des hommes qui font ce qu’ils ont à faire avec de l’intelligence, des émotions, des convictions, des valeurs », résume Patrice Brice.Outre cette publication web, la coopérative Dire le travail développe d’autres activités tels que des ateliers à destination de particuliers souhaitant écrire sur leur travail, ou des interventions auprès d’organismes (associations, syndicats, entreprises, etc.), en particulier dans le cadre de formations autour de questions liées à l’expression sur le travail. Elle est actuellement en discussion avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) et la CFDT intéressées par la démarche.Pour compléter ce tour d’horizon de cette « démocratie narrative » (selon l’expression de Pierre Rosanvallon), il faut également évoquer les blogs, un média personnel parfois utilisé par leurs auteur(e) s pour s’interroger sur leurs pratiques professionnelles. Le milieu médical est incontestablement surreprésenté. On peut citer Jaddo (rédigé par une jeune généraliste), Vieux et merveilles (une auxiliaire de vie), Boules de fourrure (un vétérinaire) ou encore 10 lunes (une sage-femme).Ces différentes initiatives montrent que parler du travail n’est pas réservé aux sociologues, aux économistes, aux politiques ou aux journalistes. Derrière les notions de marché du travail, de chômage, de productivité, d’innovation, de management… il y a le travail réel, l’humain. « Nous voulons donner à lire le travail réel. De l’engagement, du conflit, de la solidarité : ce qui se joue au travail, parfois envahissant, parfois dépourvu de sens, avec ses grandeurs comme ses difficultés, toujours au cœur du fonctionnement de la société », résume Patrice Bride.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est une polémique née d’un dossier qui aurait dû être consensuel. Destinée à élargir le soutien public à un plus grand nombre de publications après les attentats contre Charlie Hebdo, la réforme des aides à la presse a fait l’objet, ces derniers jours, de vives critiques.En cause : la volonté du gouvernement de priver de ces nouvelles aides les publications ayant fait l’objet de condamnations pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence au cours des cinq dernières années. La mesure concerne des titres d’extrême droite comme Minute et Rivarol, ou encore l’hebdomadaire Valeurs actuelles, positionné à la droite de la droite et par deux fois condamné ces derniers mois, même s’il a fait appel.Lire aussi : Aides à la presse : qui touche le plus ? Dans son décret du 6 novembre 2015, le gouvernement a étendu le champ de l’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : elle concerne désormais tous les périodiques et pas uniquement les quotidiens. Il s’agit d’une démarche en faveur du pluralisme, initiée au lendemain de l’attentat qui a décimé l’hebdomadaire Charlie Hebdo, en janvier (celui-ci ne bénéficiera toutefois pas de l’aide, qui est limitée aux publications dont la diffusion est inférieure à 300 000 exemplaires, un seuil que l’hebdomadaire a dépassé depuis janvier).Plainte à BruxellesLe fait que ce renforcement des aides directes ne touche pas les titres ayant fait l’objet de condamnation a fait rapidement réagir. Mardi 17 novembre, Valeurs actuelles s’en est pris au système d’aide dans sa globalité en indiquant avoir « adressé une plainte formelle contre la France pour aide d’Etat incompatible avec le Traité de l’Union européenne dans le secteur de la presse d’information politique et générale de diffusion nationale ».Le lendemain, son directeur, Yves de Kerdrel, a également annoncé un recours au Conseil d’Etat. Il croit avoir identifié une fragilité juridique au sein du décret, dans la mesure où dans les faits, ce sont les directeurs de publication qui sont condamnés, non les titres. Or le décret fait référence à ces derniers.Plus surprenant : jeudi 19 novembre, c’est l’ensemble des quotidiens et magazines qui s’est ému de la mesure, à travers un communiqué commun du syndicat de la presse magazine (SEPM) et de la presse d’information générale (AIPG). Ce texte reprend l’argument de M. de Kerdrel en constatant que « le décret (…) soulève plusieurs points de droit, dont, mais non exclusivement –, celui du non-respect du principe de la personnalité des peines, en raison des règles particulières de responsabilité en matière de presse posées par la loi de 1881, et qui excluent la responsabilité directe de la société éditrice ».Le ministère « serein »En réponse, le ministère de la culture, joint par Le Monde, se dit « serein » sur les contestations juridiques de son décret : les condamnations touchent certes des individus, mais ils sont visés en tant que directeur de la publication, les condamnations ne sont pas personnelles, argumente-t-on. On ajoute que les amendes sont souvent payées par les titres, pas par les dirigeants.Sur la contestation des aides à la presse au niveau européen, le ministère de Fleur Pellerin ne s’affiche pas plus inquiet. Ce type de soutien public à un secteur est un choix politique, au même titre que la neutralité technologique invoquée pour accorder récemment un taux de TVA « super réduit » aux titres de presse sur Internet. Malgré une certaine opposition, Paris estime engranger des soutiens, au niveau européen, sur ces sujets.Sur le fond, cette réforme des aides au pluralisme vise à soutenir des titres qui contribuent à la « vitalité démocratique », argumente le ministère. Exclure les publications condamnées pour propos racistes ou discriminatoires est « dans l’esprit de la loi de 1881 sur la liberté de la presse ». L’article 24 de ce texte rappelle que seront notamment condamnés ceux qui auront « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes ».Une réforme politique ?Personne n’est visé en particulier à cause de sa ligne éditoriale, c’est un principe républicain, soutient-on au cabinet de Fleur Pellerin. Une tentative de couper court à l’argument selon lequel la réforme est politique et vise à affaiblir des titres d’opposition frontale à François Hollande, comme Valeurs Actuelles, ou proches de l’extrême droite.Enfin, le ministère rappelle que cette aide au pluralisme ne représente qu’une faible partie de l’ensemble des aides directes et indirectes (via les aides postales notamment). En 2014, un titre d’extrême droite comme Présent a touché 362 745 euros d’aides au total (dont 226 888 euros d’aides directes). Valeurs Actuelles a touché 961 026 euros d’aides à son transport postal mais zéro aide directe. Minute et Rivarol n’ont rien touché.Parmi la cinquantaine de titres qui pourraient bénéficier des nouvelles aides au pluralisme, on trouve les publications de gauche Le Monde diplomatique ou Politis, les publications chrétiennes Témoignage chrétien, Pèlerin magazine ou Golias, le magazine féministe Causette, le mensuel et site sur l’écologie Terra Eco, voire le bihebdomadaire généraliste Society.Malgré les arguments du ministère, les fédérations d’éditeurs de presse risquent de ne pas désarmer immédiatement : « Quelles que soient les justifications politiques et morales censées la justifier, une telle exclusion, dans son essence même, rompt avec le principe démocratique intangible de la neutralité de l’action publique vis-à-vis de la presse d’opinion », écrivent-ils, avant d’invoquer Tocqueville : « Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Nouchi  Lorsque, peu après sa désignation comme directeur du Monde, le 30 juin, Jérôme Fenoglio me proposa de devenir le sixième médiateur de notre journal – après, successivement, André Laurens, Thomas Ferenczi, Robert Solé, Véronique Maurus et Pascal Galinier –, je n’imaginais évidemment pas une seconde que j’allais prendre mon poste par temps de guerre. Je me faisais une joie de pinailler sur l’orthographe ou la syntaxe défectueuse de tel ou tel article, de maugréer après tel ou tel rédacteur coupable d’une approximation douteuse, de grommeler après la découverte d’un titre de manchette imprécis ; et voici qu’il me faut dire l’émotion d’une rédaction en proie à la fatigue, à la peine et parfois même au deuil ; et voici surtout qu’il faut, dès à présent, lui tirer un immense coup de chapeau pour le travail réalisé depuis quelques jours.Croyez-moi, chers lecteurs, je ne suis pas du genre complaisant avec les confrères. Depuis un peu plus de trente ans au Monde, ayant connu moult directeurs, directeurs de la rédaction et rédacteurs en chef, je me fais une idée très haute du journalisme. Mes modèles en écriture sont à chercher du côté de Robert Guillain (1908-1998), Pierre Viansson-Ponté (1920-1979) ou encore Jean-Marc Théolleyre (1924-2001) – souvenirs émus de ces grandes plumes du journal d’avant Internet –, alors pensez : il m’arrive parfois de céder à la déception devant un journal par trop moyen. Rien de tel depuis une semaine. Le travail de la rédaction, tous supports confondus, est remarquable. Rigueur, talent d’écriture et d’analyse, scoops,... Nicolas Bourcier Illustration des tensions croissantes autour de la question des réfugiés, une journaliste de CNN, Elise Labott, a été suspendue pour deux semaines pour avoir critiqué, dans un tweet, un vote à la Chambre des représentants. Dans les minutes qui ont suivi l’adoption par les députés à une très large majorité (289 contre 137), jeudi 19 novembre, d’un projet de loi durcissant les conditions d’accueil des réfugiés syriens et irakiens sur le sol américain, Elise Labott a écrit sur son compte : « La Chambre adopte une loi qui pourrait limiter [l’afflux de] réfugiés syriens. La Statue de la Liberté courbe la tête angoissée. »House passes bill that could limit Syrian refugees. Statue of Liberty bows head in anguish @CNNPolitics https://t.co/5RvZwVftgD— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Ce vote s’est fait avec le soutien d’un cinquième des élus démocrates, malgré l’opposition de la Maison Blanche au dispositif. Le président Barack Obama avait fait savoir qu’il utiliserait son veto si le projet de loi devait être adopté par le Sénat.Depuis le début du conflit syrien, en 2011, les Etats-Unis ont accueilli 1 682 réfugiés, selon le chiffre du département d’Etat.Lire aussi : Après Paris, Donald Trump joue la carte de l’islamophobieErik Wemple du Washington Post, qui a révélé l’histoire du tweet dans un article publié un peu plus tard dans la journée, insiste sur le fait que la question des réfugiés est devenue hautement partisane et que CNN avait suivi le vote de la Chambre d’une manière « très neutre ».M. Wemple rappelle qu’Elise Labott n’est pas éditorialiste ou commentatrice, « ce qui signifie qu’elle est tenue de respecter le principe de neutralité de la chaîne ». Il précise que les principaux concurrents de CNN, Fox et MSNBC News, « deux chaînes partisanes », obligent la chaîne d’Atlanta à une couverture rigoureuse, dans une contexte « d’impératifs économiques ».Dans un message publié vendredi matin, Elise Labott est revenue sur son précédent tweet : « J’ai eu tort d’éditorialiser. Mon tweet était inaproprié et irrespectueux. Je présente mes sincères excuses. »Everyone, It was wrong of me to editorialize. My tweet was inappropriate and disrespectful. I sincerely apologize.— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Nicolas BourcierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde) Lancée en mai en 5 jours sur 7, La Matinale du Monde passe désormais à 7 jours sur 7. Depuis son lancement, vous avez été près de 300 000 à la télécharger, un vrai succès pour une application d’information 100 % mobile.Cet été, nous vous avons consulté pour mieux comprendre votre façon d’utiliser La Matinale, pour vous permettre également de nous dire ce que vous appréciez le plus et ce que vous aimez le moins. Votre demande prioritaire portait sur une publication le week-end. Nous avons donc décidé de répondre à votre attente en vous offrant La Matinale tous les jours.Cette enquête de lectorat a aussi montré que vous étiez friands d’actualité, d’enquête, de découvertes… Nous continuerons donc de vous proposer une sélection éclectique et hiérarchisée, mêlant l’actualité la plus brûlante, les enquêtes approfondies, des tribunes et des strips BD.Mais le samedi et le dimanche, votre rapport au temps change, vous êtes moins dans l’urgence. Nous vous proposerons donc, dès 8 heures, une édition avec des contenus nouveaux, adaptés à ce moment où chacun a envie d’accorder du temps aux siens et à soi, de prendre du recul par rapport au flot d’informations qui nous submerge.Ainsi, chaque samedi matin, Les Décodeurs proposeront un “rattrapage de l’actu” pour ceux qui veulent être sûrs de n’avoir rien manqué. “La question de la semaine” permettra, quant à elle, d’aborder de façon pédagogique un sujet qui aura marqué les jours précédents. Enfin, une liste de recommandations sur les replays et les podcasts clôturera l’édition.En exclusivité dans La Matinale de ce samedi 21 novembre, vous lirez la toute première chronique de Thomas Piketty. L’économiste publiera en effet chaque mois un texte dans Le Monde daté dimanche-lundi.Une chronique sexualitéChaque dimanche matin, la chroniqueuse Maïa Mazaurette traitera de la sexualité sous toutes ses facettes. Vous plongerez également ce jour-là dans l’intimité d’une personnalité qui a accepté de raconter les secrets de son parcours à notre grand reporter Annick Cojean. Le sport ne sera pas oublié et la rédaction vous proposera également des idées de voyages.Enfin, quatre nouveaux dessinateurs BD rejoignent l’aventure de La Matinale du Monde : Nix, Antoine Marchalot, Mix & Remix et Catherine Meurisse ont créé chacun une série originale. Vous continuerez aussi de sourire avec Coquelicots d’Irak (Lewis Trondheim et Brigitte Findakly), La Famille Mifa (Lisa Mandel) et Manuela, Françoise et les autres (James).Nous espérons que cette offre enrichie répondra à votre attente et que vous serez toujours plus nombreux à nous lire… chaque matin désormais.Pour télécharger La Matinale du Monde, suivez ce lien: http://goo.gl/510oxk Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde)Journaliste au Monde Joël Morio On les disait condamnées par la montée en puissance des services de streaming comme Spotify ou Deezer. Or les radios musicales résistent bien à cette nouvelle concurrence. Selon les chiffres communiqués par Médiamétrie, mercredi 18 novembre, elles ont atteint une part d’audience de 32,6 %, en septembre et octobre, contre 30,9 % sur la même période en 2014.NRJ reprend sa place de première station de France avec une part d’audience cumulée de 12 %. « On retrouve la hiérarchie naturelle. Les services musicaux rencontrent des difficultés avec des faillites ou des introductions en Bourse reportées ; les stations musicales réunissent quant à elles plus de 22 millions d’auditeurs quotidiens, soit une hausse de 430 000 personnes en un an. NRJ est un bain chaud de plaisir, un refuge utile quand on est inquiet et stressé », estime Jean-Paul Baudecroux, président du groupe NRJ (qui comprend notamment Nostalgie, Chérie FM et NRJ). « On doit beaucoup à Steve Jobs, observe-t-il encore. Les smartphones sont aussi des récepteurs radio, ce qui favorise l’écoute des stations musicales prisées par les plus jeunes. » Le bond de Fun Radio est spectaculaire. La matinale présentée par Bruno Guillon est désormais écoutée par 1 868 000 Français, soit une progression de 47 % en un an. Au total, la station spécialisée en « dance music » gagne 303 000 auditeurs. Et devient ainsi la deuxième musicale de France, coiffant sur le poteau Skyrock, dont l’écoute cumulée progresse par rapport à la vague d’avril-juin 2015, mais recule sur un an.Virgin Radio réalise sa meilleure rentrée depuis six ans avec 267 000 nouveaux adeptes et une audience cumulée de 4 %. Les audiences de Chérie FM (4,4 % d’audience cumulée) sont aussi bien orientées. « C’est la plus forte progression des stations musicales. La station qui passe devant RFM bénéficie de son repositionnement et nous espérons que le travail effectué sur Nostalgie, avec plus de titres des années 1980 programmés, produira le même effet », indique Jean-Paul Baudecroux.Sérénité affichée sur RTL et Europe 1Du côté des stations généralistes, les résultats sont très contrastés. France Inter consolide sa troisième place avec 10,2 % d’audience cumulée. La matinale de Patrick Cohen conforte sa première position et toutes les tranches horaires s’affichent en hausse. Cette très bonne tenue s’explique « par le mariage d’une offre exigeante et populaire, avec une forte dose d’irrévérence, ainsi que par l’attachement très fort de nos auditeurs à la radio de service public », juge Emmanuel Perreau, directeur des programmes et d’antenne de France Inter. A RTL, les performances sont plus mitigées. L’audience cumulée (11,4 %) baisse légèrement d’une année à l’autre, mais elle recule par rapport à la vague d’avril-juin 2015, où elle avait culminé à 12 %. La station de la rue Bayard peut se consoler en voyant sa durée d’écoute progresser à 2 h 23, soit la meilleure de toutes les radios. « Je suis très confiant pour la suite. Nos résultats sont une bonne base pour le reste de la saison », estime Christopher Baldelli, président de RTL. Même sérénité affichée à Europe 1, malgré une chute des audiences qui ne s’explique plus uniquement par le départ de Laurent Ruquier vers RTL, mais aussi par une baisse de la matinale présentée par Thomas Sotto. « Son travail n’est pas en cause. La matinale avait progressé lors des précédentes vagues. Nous gardons le cap même si ce n’est pas une bonne rentrée. Le contexte des radios généralistes privées est très difficile », martèle Fabien Namias, le directeur général de la station. Avec 8,6 % d’audience cumulée, il s’éloigne un peu plus des 10 % que Denis Olivennes lui avait fixés à son arrivée à Europe 1. Fabien Namias peut se satisfaire néanmoins des bons scores de Jean-Marc Morandini, qui atteint son plus haut niveau depuis sept ans, tandis que Cyril Hanouna se stabilise et progresse de 20 % sur les 25-59 ans. La confiance est également de mise à RMC, en dépit de résultats en berne avec plus de 300 000 auditeurs perdus en un an. Enregistrant 7,2 % d’audience cumulée, derrière France Bleu (7,3 %), la station « Info, talk, sport » retombe sous la barre des 4 millions d’auditeurs pour la première fois depuis septembre 2012. « Après les fortes hausses que nous avons connues ces dernières années, il est normal que l’on ait des bas. Notre stratégie de convergence entre la radio et la télévision porte ses fruits. Les audiences de RMC Découverte, qui diffuse la matinale de Jean-Jacques Bourdin, explosent. Les gens veulent désormais des images et nous sommes bien préparés à cette évolution », plaide Alain Weill, le président du groupe Next Radio. France Info, qui enregistre un de ses plus mauvais scores avec une audience cumulée de 7,2 %, souligne le nombre de vues (1,5 million en octobre 2015) sur son antenne vidéo.Les succès sur les médias digitaux ne sont pourtant pas incompatibles avec de bonnes écoutes. France Culture, avec 2,4 % d’audience cumulée, atteint un record historique et dépasse pour la première fois les 10 millions de podcasts téléchargés.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Qu’est-ce qui vous a fait accepter cette proposition de diriger France 5 ?Cette chaîne fait briller les yeux car elle est la quintessence du service public, celui qu’on aime aimer. Et puis, j’ai eu un vrai coup de foudre pour Delphine Ernotte, pour la manière dont elle présentait les choses, pour sa personnalité complètement atypique dans le paysage audiovisuel. Je me suis dit qu’avec cette femme-là qui n’a aucune des lourdeurs du milieu parce que justement elle vient d’un autre univers, cela pouvait être vraiment passionnant. Plus personnellement, je ne peux rien dire de négatif sur ce que je faisais à TF1. Avec la complicité de son ex-PDG, Nonce Paolini, je m’étais constitué un petit royaume avec mon émission littéraire sur TF1, mon rendez-vous quotidien sur LCI, celui sur la chaîne Histoire ainsi que « Médiapolis » sur Europe 1. J’aurais très bien pu continuer ainsi. Mais je ne me mettais plus en danger. Et puis cela m’intéressait de savoir si après vingt-cinq ans, la méthadone de ce nouveau travail allait réussir à compenser la crise de manque de l’antenne. Pour le moment, je suis très satisfait du traitement médical. Je n’ai pas eu une crise de manque depuis la rentrée. Très sincèrement, je n’ai pas eu le temps.France 5 a connu une très belle progression lors de la saison 2014-2015 avec 3,4 % de PDA. N’est-ce pas plus difficile encore d’hériter d’une chaîne dont tous les voyants sont au vert ?C’est évident qu’il y avait un côté « cadeau empoisonné ». Quand vous arrivez dans une chaîne dont l’image est excellente, dont les audiences vont bien et dans laquelle les rendez-vous sont installés depuis des années, vous avez toutes les raisons de ne rien bouger. C’est évidemment le principal obstacle auquel je me suis confronté, même intellectuellement. Tout conspire à ce que vous ne touchiez à rien. Or, comme je l’ai dit aux équipes, tout ce qui est aujourd’hui positif pour France 5 – notamment l’ancrage de ses programmes qui la rend familière – peut se transformer en critiques sur le manque de renouvellement. Il faut donc passer à la vitesse supérieure car nous sommes dans une époque d’incroyables changements.« Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel »Pour reprendre les termes de Delphine Ernotte, votre tache est donc de réveiller « la belle endormie ».Oui, même si France 5 n’est pas inerte. Elle est passée par de nombreuses mutations, et chaque étape me permet d’identifier les problèmes. Pendant longtemps, elle a été une chaîne de la journée qui, le soir, cédait sa place à Arte. Quand elle est devenue une chaîne à part entière, sa grille n’a pas été réellement redéfinie par rapport à une construction qui, aujourd’hui, se fait en amont et aval du prime time. Il ne s’agit pas de le faire du jour au lendemain pour autant, parmi mes objectifs, il y a un travail à opérer sur les « primes times ». Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel.D’autre part, c’est une chaîne qui n’a jamais eu de rédaction, ce qui fait qu’elle est coupée de l’information, au sens quotidien du terme. Certes, celle-ci est traitée excellemment dans les magazines de fin de journée comme « C dans l’air », mais elle n’est pas liée à l’événement. Mon deuxième chantier est donc l’« événementialisation » de la chaîne : soit en créant l’événement comme ce sera le cas, le 24 novembre, avec la soirée spéciale consacrée aux violences faites aux femmes ; soit en étant réactifs ainsi que nous l’avons été tout au long de la semaine qui a suivi les attentats du 13 novembre.Lors de la diffusion de la série documentaire « 360° » vous avez évoqué le numérique comme l’un de vos chantiers principaux. Comment allez-vous le développer ?De nombreux sites se nourrissent des programmes de France Télévisions. Cela accroît leur trafic et leur audience mais nous en sommes quelque peu dépossédés. En ce qui concerne France 5, nous avons très peu de production interne. Les grands rendez-vous de magazines sont élaborés par des producteurs extérieurs qui ont leur page Facebook et leur compte twitter. Mon idée est de redonner une cohérence à tout cela comme on le fait déjà avec « Allo docteur ». Je voudrais rationaliser les rapports entre la chaîne et les différents producteurs sachant qu’il y a beaucoup d’inconnu. Par exemple, l’internaute qui vient chercher un replay, par où rentre-t-il ? Est-ce par le site de France télévisions ? Celui de France 5 ? Ou encore celui de l’émission ou d’une séquence ? Cette porte d’entrée détermine la stratégie. Pour l’heure, j’emmagasine les études et j’écoute ceux qui savent, avant d’essayer de la définir. Il faut vraiment que ce soit une réponse de groupe.Outre l’offre linéaire, ce qui me passionne davantage encore est la création documentaire. Avec 3000 dossiers reçus par an et la diffusion de près de 300 documentaires, nous sommes l’interlocuteur privilégié à France Télévisions de tout cet écosystème. Aujourd’hui, on ne peut plus écrire pour le linéaire puis découper trois quatre extraits à mettre le net. L’écriture numérique est spécifique. Voilà pourquoi « 360° » me passionne. Du coup, on est en train de réfléchir à un documentaire ou une mini-série pour lequel on demanderait aux producteurs des projets bi-face avec une version linéaire et une autre numérique sur le même sujet. A charge pour eux de trouver des interactions entre les deux. A France Télévisions, nous avons avec « Les Nouvelles Ecritures » un atelier incroyablement intelligent et performant avec lequel je me suis rapproché. Car si on rate ce lien avec cette nouvelle créativité, la chaîne pour le coup vieillira très vite.La part de la fiction va-t-elle augmenter, comme le désire la présidente de France Télévisions ?Pour l’instant, nous n’avons pas d’argent pour investir dans la création. Néanmoins, nous travaillons avec l’équipe documentaire afin de lancer un appel à projets conjoint avec « Les Nouvelles Ecritures » autour du docu-fiction. D’autre part, la case du lundi dévolue à ce genre va s’ouvrir au cinéma à la manière de « La Dernière Séance ». Dès janvier, nous proposerons un film incontournable accompagné d’archives sur le tournage, d’actualités de l’époque ou d’un documentaire issu de la collection « Empreintes ».Et en matière de divertissement ?Pour des raisons liées à son histoire, le spectacle vivant n’est pas présent sur la chaîne. Or, j’aimerais qu’il trouve ponctuellement sa place sous forme événementielle. Je vais y aller prudemment car ce n’est pas forcément des succès d’audience. Mon bassin d’audience étant cependant plus réduit que celui de France 2 ou France 3, je peux m’offrir le luxe de diffuser des captations de théâtre ou d’opéra à une heure moins tardive que ces chaînes, vers 21 heures ou 22 heures ; ce qui est plus gratifiant pour les artistes et permet de proposer des soirées de prestige.Outre les soirées cinéma du lundi, d’autres changements sont-ils prévus en janvier ?Le mardi, « Le Monde en face » comportera des plateaux plus longs. « La Maison France 5 » et « Silence ça pousse », qui connaissent une rude concurrence le mercredi, sont déplacés le vendredi. « On n’est pas que des cobayes » qui affronte « Koh-Lanta » et « The Voice Kids » devrait passer en « access » le samedi. Enfin, le mercredi sera une soirée prestige avec nos grandes coproductions internationales archéologiques et scientifiques. Ce n’est pas une révolution, mais cela fait bouger les choses. Je ne sais pas si je serai le prince charmant qui réveille la belle endormie, en tout cas, il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans.« Nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs »La grille comportera-t-elle des nouveautés ?Il y a deux émissions qui me tiennent à cœur mais que je trouve en deçà de leur potentiel. Il s’agit de « La Grande Librairie » et « C politique ». L’émission littéraire de François Busnel pourrait faire bien mieux comme on le voit lors des soirées spéciales, où il double quasiment son audience. Ce qui bloque sans doute est le côté un peu rigide de l’émission. François Busnel désirait la rallonger. Je le lui ai accordé à condition qu’il la reformate de façon à offrir plus de sujets et de reportages. Pour « C politique », j’ai tenu un discours similaire à Jérôme Bellay, son producteur. Je lui donne une demi-heure de plus afin de sortir du cadre un peu institutionnel de l’interview politique en y intégrant notamment des invités de la société civile en lien avec l’actualité, qui viendront interpeller le politique, des spécialistes ainsi fact-checking avec l’invité.Pour faire cela, j’ai donc décidé de faire des économies en supprimant les plateaux qui introduisent les émissions. De même, certaines qui arrivaient en fin de contrat ne sont pas reconduites comme « Hélène et les animaux » ou « Les Grandes questions » de Franz-Olivier Giesbert.Qu’en est-il de l’avenir des « Maternelles » et du « Journal de la santé » après le rachat par TF1 du groupe de production Newen ?Pour le moment, tous les nouveaux projets sont suspendus. Concernant les magazines de santé, le problème ne se pose pas car le contrat court jusqu’en 2017. Celui des « Maternelles » arrive à échéance en juin 2016 et sera réexaminé. Très franchement, je suis partagé avec ce magazine sympathique et en symbiose avec les valeurs du service public mais décevant en termes d’audience générale. Son aspect novateur des débuts n’est-il pas devenu obsolète ? La leçon que l’on peut tirer de l’affaire Newen est que nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs comme cela a été le cas. Une émission n’est pas une rente à vie, c’est le message que je veux leur insuffler.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « La cinquième vidéo, elle est fatale, on dirait un film », dit un habitant de Saint-Denis qui tente, dans sa commune, de vendre à des journalistes des images amateurs de l’assaut donné par les policiers mercredi 18 novembre au matin. « 400 euros, c’est donné », commente-t-il. Le phénomène n’est pas totalement nouveau mais l’intensité du petit marché qui s’est mis en place dans la foulée des attentats a frappé plusieurs reporters sur place, dont ceux du « Petit Journal » et de France TV info.Saint Denis des jeumes tentent de vendre des vidéos entre 100 et 300 euros sur le marché selon si l on entend tirs pic.twitter.com/KmPhoH54lG— Pascal Jalabert (@Jalabertpascal) November 18, 2015« Si on voit les tirs et un policier, de loin, dans la nuit, c’est 500 euros, sinon, juste le son, c’est 100 euros », s’indigne Pascal Jalabert, rédacteur en chef du bureau parisien d’informations générales d’Ebra, groupe de journaux de l’est de la France, cité par France TV info.#SaintDenis Un riverain me montre une vidéo, prise à 4h36 du matin. On y voit des tirs depuis la fenêtre de l'immeuble rue Corbillon.— Kocila Makdeche (@KocilaMakd) November 18, 2015Un des journalistes du site, Kocila Makdeche, raconte qu’après l’avoir interpellé, les vendeurs montrent la vidéo proposée « sous le manteau, comme des vendeurs à la sauvette », dans une rue tranquille.Sans se cacher particulièrementD’autres font leur commerce sans se cacher particulièrement : « Le Petit journal » a filmé un groupe de personnes négociant des images de façon ouverte, dans une rue.St-Denis : le commerce des vidéos amateurs - Le Petit Journal du 18/11La circonstance de l’assaut renforce la quantité et l’intérêt des documents amateurs : les échanges de tirs, impressionnants, entre la police et les djihadistes retranchés rue du Corbillon, ont commencé très tôt, vers 4 h 30. Beaucoup de riverains ont filmé avec leur smartphone avant que les moyens importants des télévisions arrivent progressivement.Les documents amateurs, montrant l’immeuble des terroristes, le choc assourdissant des armes automatiques ou des mouvements de forces de l’ordre, ont été utilisés par les chaînes de télévision, de BFM-TV à i-Télé, en passant par Télé Matin, explique « Le Petit Journal ». Ce qui ne veut pas dire qu’elles les aient achetés, car certains témoins donnent gratuitement leurs images ou les postent sur les réseaux sociaux.BFM-TV a acheté deux portraits d’un kamikaze, pas de vidéos« Nous ne sommes pas contre le principe d’acheter certains documents », explique au Monde Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Pourtant, depuis le 13 novembre, la chaîne dit n’avoir payé que deux photos, d’Ismaïl Omar Mostefaï, l’un des djihadistes qui s’est fait exploser au Bataclan, acquises auprès d’un « ex-proche » et aucune vidéo.BFM-TV explique sa ligne de conduite pour l’achat de documents amateurs : « Ne pas rentrer dans une course au spectaculaire, ni dans une course aux enchères. Et il faut que le document apporte une info », explique M. Béroud.Payer des particuliers pour des images est assez tabou. A Saint-Denis, le reporter du « Petit Journal » confronte les vendeurs : « J’ai fait ton travail. J’ai eu les couilles de le faire. J’ai risqué ma vie », explique l’un d’eux. Avant d’avancer une raison plus économique : « Y a de l’actu, je sais que je peux faire de l’argent. (…) J’ai pas de travail. »Une vidéosurveillance d’un bar attaqué « pour 50 000 euros »Ceux qui achètent avec moins de complexe sont les médias anglo-saxons, où cette pratique est plus courante : d’ailleurs, la journaliste que « Le Petit Journal » arrive à filmer en train d’acheter pour de bon des documents parle anglais. On la voit verser une rallonge de 200 euros en cash, après avoir, dit-elle, déjà payé 250 euros pour quatre vidéos. Interrogée dans la foulée, elle dit travailler pour la BBC, le service public audiovisuel britannique. Mais nie avoir payé pour des images…Ces derniers jours, les médias britanniques ont parfois diffusé des documents amateurs, quitte à choquer : le Daily Mail a ainsi diffusé une photo de l’intérieur du Bataclan montrant des corps, qu’il a achetée via le Daily Mirror, qui en a acquis les droits.Le site du quotidien a également montré des images de vidéosurveillance récupérées dans un des cafés-restaurants attaqués à la kalachnikov vendredi soir. « Cette vidéo nous a été proposée pour 50 000 euros », raconte Hervé Béroud, de BFM-TV, qui l’a refusée, car elle est « choquante ». Selon « Le Petit Journal », le Daily Mail l’a acquise pour cette somme.Interrogé par Nice-Matin, le patron de l’établissement assure qu’il n’a pas vendu cette vidéo. « J’ai ouvert les portes à tout le monde, à tous les journalistes, j’ai montré des vidéos, mais je n’ai pas vu la couleur de l’argent », explique-t-il au quotidien, mettant en cause, sans la nommer, une personne de son entourage.Le Journal du dimanche a raconté que dès le soir des attaques, deux témoins proposaient trois vidéos et une dizaine de photos des attaques d’un bar et d’une pizzeria, pour 1 000 euros. Avec « exclusivité », ce qui veut dire qu’ils supprimeraient les images après la transaction.« Se faire du fric sur le malheur des gens »On est encore loin de la recherche effrénée d’images de faits divers pour les monnayer avant tout le monde aux chaînes, comme dans le film américain Night Crawler. Mais la pratique se diffuse, explique France TV info, qui se rappelle s’être fait démarcher pour enchérir sur des vidéos des inondations dans le sud-est de la France.« Honte à tous ces gens qui font commerce de la détresse », s’exclame une internaute dans les commentaires du reportage posté sur Facebook par « Le Petit Journal ». « Se faire du fric sur le malheur des gens, c’est ignoble. Si quelqu’un de votre famille se trouvait dessus, vous le feriez ? Vous me dégoûtez », abonde un autre. Le Journal du dimanche dénonce, lui, une « version connectée du profiteur de guerre ».« Si j’avais des photos, je les vendrais. Quitte à ce que BFM-TV, TF1 et autres se fassent des thunes, je prends ma part », rétorque un commentateur sur Facebook. « Tant qu’il y aura des gens pour acheter, il y aura des gens pour vendre, c’est une loi universelle », philosophe un autre. Un dernier tend un miroir à tout le monde : « Arrêtez de faire vos saintes-nitouches, vous serez tous scotchés à votre téloche quand la vidéo achetée sera diffusée. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Le débat sur le GamerGate ressurgit au moment le plus inattendu. Ce mouvement en ligne de joueurs de jeu vidéo hostile au discours féministe, aux médias, et régulièrement accusé de harcèlement en ligne, est accusé par le site américain Vice d’avoir modifié la photo d’un journaliste, Veerender Jubbal, en le grimant en terroriste kamikaze avant de la diffuser largement en ligne.Lire : A la rencontre du GamerGate, le mouvement libertarien qui veut défendre « ses » jeux vidéo  « La photo de l’un des kamikazes de Paris a été diffusée. Il l’a posté sur Twitter peu avant l’attaque », écrit un utilisateur turc de Twitter, connu sous le pseudonyme de Blacktric sur les réseaux sociaux anglophones, au soir des attentats du vendredi 13 novembre.Comme l’ont remarqué plusieurs internautes, un certain nombre de détails clochent, comme les prises anglaises, ou l’étonnante présence d’un godemiché à l’arrière-plan. La photographie a en fait été modifiée sur un logiciel de retouche d’image.« Il faut un gilet d’explosifs et un coran »Le détournement est apparu le 12 août, et a été réalisé par un membre du gamergate,@turd_wartsniff, alias Sad Person, ou encore Doctor Ethics, à la suite d’un dialogue édifiant entre trois utilisateurs de Twitter, dont Blacktric.« Vous êtes à la mosquée et ce type met une main aux fesses de votre copine. Que faites-vous ? - J’utilise Photoshop pour placer une bombe à la place de sa tablette - Non, il faut un gilet d’explosifs et un coran à la place de sa tablette »La photo, à nouveau mise en ligne le 13 novembre, connaît une diffusion exceptionnelle. Comme le relève Vice, le visage de Veerender Jubbal est repris dans la presse européenne : La Razon en Espagne et SkyTG24 en Italie publient la photo, l’un pour illustrer le parcours d’un des terroristes entrés en France en passant par la Grèce avec les réfugiés, l’autre comme un document « envoyé par l’Etat Islamique ». « Des millions et des millions de gens ont vu les images retouchées, et me prennent pour un terroriste », s’est désolé l’intéressé sur Twitter, qui rappelle être sikh et non musulman, vivre au Canada, et n’être jamais allé à Paris. « Tout ceci me place dans une mauvaise situation, au sens où je risque d’être physiquement et/ou moralement blessé à cause de ça. »Le mouvement minimiseVeerender Jubbal n’a pas été choisi par hasard. Il est connu pour ses positions hostiles au GamerGate. Il a ainsi créé le mot-dièse « StopGamerGate2014 », rappelle son profil Twitter. « Les gamers sont des ordures absolues, comme je le dis depuis une année entière. Les gens n’arrêteront pas de me harceler et polluer la vie », a-t-il déclaré, 24 heures après la diffusion de cette photo.Gamers are absolute garbage like I have been saying for a full year.People will not stop harassing, and bothering me.— Veeren_Jubbal (@Veerender Jubbal)require(["twitter/widgets"]);Sur Reddit, l’un des fiefs en ligne du GamerGate, on minimise la volonté de nuire et on se désolidarise du tweet du vendredi 13 novembre de Blacktric. Ce dernier s’était éloigné du mouvement il y a plusieurs mois. « Est-ce qu’un des nôtres [Sad Person] est responsable du détournement sous Photoshop ? Probablement, oui. Toutefois celui-ci a été fait avant les attaques de Paris, il n’y avait pas l’intention d’associer Veerender Jubbal dans celles-ci. Ceci a été fait par quelqu’un [Blacktric] qui ne s’associe plus avec le GamerGate. »Ce dernier a pourtant continué à harceler le journaliste, mais au sein de la « Ayy Team », un groupe d’internautes dissidents spécialisés dans la provocation extrême et les messages de harcèlement envers plusieurs communautés, comme les sympathisants LGBT et féministes. Les comptes Twitter et Reddit de Blacktric ont depuis été désactivés.Veerender Jubbal a quant à lui évoqué la possibilité de poursuivre en justice les journaux ayant utilisé sa photographie.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guillot Le jour de l’attaque du Bataclan, vendredi 13 novembre, ils étaient sept photographes accrédités pour le concert des Eagles of Death Metal. Un concert de plus pour ces spécialistes de musique, qui sont des passionnés autant que des photographes – l’un d’eux, Yann Charles, travaille en amateur, et publie ses photos de façon bénévole pour un webzine.Mais les images qu’ils ont prises ce soir-là, du groupe et du public communiant dans le même plaisir, se remplissent aujourd’hui d’une émotion toute particulière. « Ils sont tous choqués, à des degrés divers, témoigne Bertrand Alary, directeur de l’agence Dalle, qui diffuse plusieurs d’entre eux. Et ils ont chacun une attitude différente face aux images qu’ils ont faites. Moi, je suis leurs instructions à la lettre. »Dans le milieu musical, à part pour les gros concerts aux contraintes particulières, c’est en général la « règle des trois » qui s’applique : les photographes dûment accrédités peuvent travailler seulement pendant les trois premières chansons, histoire de ne pas perturber le spectacle. Le 13 novembre, au Bataclan, les photographes se placent dans le « pit », derrière les barrières, entre la scène et le public – là où ils ont un bon point de vue sur le groupe et les spectateurs.A eux d’éviter les flashs dans les yeux qui gênent les musiciens. « C’est un groupe de rock festif, super-intéressant à photographier, car ils sont super-vivants quand ils jouent », confie l’un d’eux, qui préfère taire son nom. Après trois chansons, des photographes se fondent dans la foule, d’autres décident de partir. « Avec un collègue, on a bu un verre en rangeant le matériel, raconte un photographe. On est tous les deux partis pour éditer nos photos chez nous. Avant, j’ai pris une photo sur mon téléphone, pour montrer l’ambiance, et je l’ai postée sur Facebook. Puis j’ai pris ma voiture, et c’est seulement en passant devant Le Petit Cambodge que j’ai compris que quelque chose de grave se passait. » A l’intérieur, le photographe Manu Wino se trouve au bar quand arrivent les terroristes, mais il est près de la sortie de secours, et réussit à s’enfuir. Un de ses collègues trouvera refuge dans un local technique pendant toute l’attaque. Mais la photographe Marion Ruszniewski, qui travaillait ce jour-là pour le mensuel Rock & Folk, est touchée par une balle dans le ventre. « J’ai pensé à mon ami Rémi Ochlik [tué en Syrie en 2012] et je me suis dit “pas moi” », a-t-elle raconté à l’AFP. Elle fera la morte jusqu’à l’arrivée des secours, et s’en tirera sans complications trop graves. « C’est mon sac à dos de photo qui m’a sauvé la vie », pense-t-elle.« Du mal à regarder mes images »Une fois la frayeur passée, que faire des cartes mémoires pleines d’images innocentes d’un concert qui a viré au carnage ? Les photographes ont tous répondu de façon différente. Marion Ruszniewski a diffusé quelques photos du concert par le biais de l’AFP, et doit publier le reste comme prévu dans le prochain numéro de Rock & Folk.Manu Wino et Julien Mecchi, « par respect pour les victimes », ont, chacun, décidé de distribuer gratuitement les photos du concert sur leur compte Facebook, en demandant qu’il n’en soit pas fait un usage commercial. « Peace, Love & Death Metal », a ajouté Manu Wino sur sa page, en écho au titre du premier album du groupe californien. Dans les images qu’il a prises, on voit nettement des spectateurs sur le côté de la scène. « Au début, je ne voulais rien en faire, a-t-il déclaré à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles. Mon sac est resté fermé. Et, petit à petit, on sort du choc, et, en discutant avec des amis, je me suis dit qu’il fallait envoyer des ondes positives. J’ai eu envie qu’on se souvienne des sourires, du rock’n’roll et qu’on était tous là pour faire la fête. »Mais ces clichés de spectateurs qui s’amusent avant la tuerie posent un problème de conscience à quelques photographes. Ils savent que nombre de personnes à l’image sont mortes, et que certaines familles n’ont pas encore identifié leurs proches. « Deux photographes m’ont demandé de retirer les images où on voit le public, parce qu’ils pensent que c’est plus respectueux », explique Bertrand Alary.Sur ce sujet, un photographe, qui préfère taire son nom, confie être « en pleine réflexion ». « Pour l’instant, j’ai encore du mal à regarder mes images. Je ne sais pas si les gens seront choqués de revoir leur famille, ou contents de les voir vivants et souriants après toutes ces photos d’horreur. » L’un d’entre eux semble avoir tranché, en publiant, en double page dans le magazine Paris Match paru lundi 16 novembre, sans donner son nom, une photo cadrée uniquement sur les spectateurs du concert : une image d’insouciance, à la fois joyeuse et terrible.Malgré le choc et les crises d’angoisse, les photographes ne semblent pas découragés de photographier des concerts, y compris au Bataclan. « Parfois, il faut juste faire son job », écrit Julien Mecchi sur Facebook. Et, par mail, Marion Ruszniewski indique : « Je prendrai des photos dès que j’en serai capable. »Lire aussi :Le gouvernement ordonne à Twitter de bloquer la diffusion des photos du carnage dans le BataclanClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est un changement d’âge pour Melty », estime Alexandre Malsch, le fondateur de Melty. Spécialisé dans la « youth culture » - la « culture jeune » - sur Internet, le groupe a annoncé, mardi 10 novembre, une levée de fonds de 10,5 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, Melty, « économe en cash » selon M. Malsch, n’avait levé que 5,5 millions d’euros.L’augmentation de capital est réalisée auprès du fonds d’investissement de Marc Simoncini, du groupe AccorHotels et des actionnaires historiques de Melty, le fonds Serena et Bouygues Telecom Initiatives. Cette levée de fonds voit également l’entrée au capital de Patricia Barbizet, directrice générale d’Artémis et vice-présidente du conseil d’administration de Kering. Ses sept fondateurs conservent le contrôle au conseil d’administration.Cette annonce témoigne une nouvelle fois de la capacité des dirigeants de Melty, dont Alexandre Malsch, son fondateur, à attirer tant des figures de la « nouvelle économie » que des personnalités du milieu des affaires issues de secteurs plus traditionnels, désireux de bénéficier de l’expertise développée par Melty.Le divertissement et la culture« Nous avons une clientèle dans nos hôtels traditionnels, autour de 40 à 60 ans, qui vieillit et est très fidèle, explique Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels. Alexandre Malsch et Melty savent produire des contenus ciblés pour les jeunes, qui sont la clientèle de demain et aussi la catégorie la plus versatile et la plus influente. » Le groupe sera représenté au conseil d’administration de Melty, qui revendique 61 % de son audience sur mobile. M. Bazin assume d’investir au capital de l’entreprise de média, pour se positionner « au sein d’une machine » présente dans plusieurs domaines, pas seulement le voyage.Le groupe Melty a connu plusieurs phases : il a d’abord construit des médias en ligne, progressivement structurés par thématiques (séries, cinéma, musique, mode…). Puis en 2012, il s’est installé dans différents pays (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni…), tout en se diversifiant, dans la vidéo ou les spectacles. En juin dernier, il s’est recentré sur les sujets divertissement et culture (excluant ceux sur lesquels il estimait ne pas avoir de valeur ajoutée, comme l’actualité sportive ou la politique). Une manière d’insister sur la « qualité » de l’audience plus que sur sa croissance erratique.La levée de fonds doit permettre d’améliorer la monétisation des diversifications, ainsi que celle des implantations internationales. Melty se dit actuellement bénéficiaire sur son activité française, mais déficitaire au global. Elle avait été dans le vert, en 2010 et 2011, avant l’internationalisation. Melty revendique 105 employés et réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. A 100 %, ils proviennent de la publicité, dont 61 % de contenus produits avec des marques.Lire aussi :Melty se diversifie dans les événements sportifsMelty met en avant des « real-time social séries » comme SnapTrip, dans laquelle quatre adolescents racontent sur le réseau social Snapchat leur week-end dans une ville d’Europe, sponsorisé par les hôtels Ibis (groupe Accor). Ou « The Selfie Race », produite pour Sony. Mais il s’est diversifié dans les événements tels que la melty BasketBall Ligue Universitaire, rachetée en partenariat avec la fédération française et sponsorisée par les Caisses d’Epargne. Le « melty eSport Club » fait lui concourir une équipe maison, soutenue par l’annonceur-actionnaire Bouygues Telecom, dans des compétitions de jeux vidéo comme League of Legend. Melty s’enorgueillit aussi de sa melty Talents House, dont elle tire notamment un spectacle de comiques.Mieux exploiter l’internationalAlexandre Malsch réfute le terme « publirédactionnel », parfois utilisé pour qualifier les formes récentes de publicité « brand content » et « native advertising ». Ces contenus ne parlent pas des produits des annonceurs, explique-t’il. Et d’ajouter : « Nos contenus de native advertising sont faits par les équipes de Melty car on veut que ce soit de vrais contenus Melty, intéressants ». Dans les rédactions de médias d’information générale, le « brand content » est généralement réalisé par des équipes à part, pour garder une séparation entre éditorial et commercial.M. Malsch cite, lui, en exemple l’intérêt suscité par la plateforme « happiness gaming zone », dédiée au jeu vidéo et financée par Coca-Cola. Une forme de publicité « moins intrusive », argumente-t-il.Concrètement, Melty va utiliser l’argent levé pour embaucher des commerciaux dans les structures internes créées pour s’occuper de la production audiovisuelle, des spectacles, etc. Ils épauleront les 10 personnes de la régie publicitaire, désormais dirigées par une transfuge des Echos, Sophie Antoine.En parallèle, le groupe espère mieux vendre le gros tiers de son audience généré hors de France. Jusqu’ici, ses sites internationaux ont peu fait de diversification. Ils prendront désormais modèle sur Melty France. Et, pour remplacer les régies locales externes qui commercialisaient les supports, des commerciaux seront embauchés.« Nous allons rester pragmatiques. Notre devise, c’est petit à petit, l’oiseau fait son nid », assure M. Malsch, 30 ans.Lire aussi : Alexandre Malsch, prodige numériqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 22h39 • Mis à jour le10.11.2015 à 11h53   « Pour France Télévisions, le problème reste entier. » L’entreprise publique n’adoucit pas sa réaction après la finalisation, lundi 9 novembre, du rachat par TF1 à 70 % de Newen, la société qui produit plusieurs programmes pour France Télévisions, dont « Plus belle la vie ». « La question de la protection des investissements publics n’est pas résolue, réagit l’entourage de la présidente, Delphine Ernotte. Cela pose le problème de la pérennité de notre relation avec Newen. » Les arguments de Nonce Paolini et Fabrice Larue, les PDG de TF1 et Newen, ne semblent pas infléchir France Télévisions. « Cette opération n’est pas un acte agressif à l’égard de qui que ce soit », assure M. Paolini dans Le Figaro, mardi. « Notre souhait est que Newen continue d’apporter des programmes et des projets de qualité à France Télévisions. » M. Larue, « désolé des précédents problèmes de communication avec Delphine Ernotte », a appelé lundi soir la présidente de France Télévisions, avec M. Paolini, afin d’éviter qu’elle apprenne l’accord dans la presse, comme c’était le cas pour l’entrée en négociations exclusives le 29 octobre.Lire aussi :Tractations autour du rachat du producteur Newen par TF1Las ! Une source à France Télévisions estime que la finalisation du rachat « du principal fournisseur de l’entreprise par son principal concurrent », loin de pousser Mme Ernotte à lâcher du lest, va durcir encore sa position. « Il faut envisager de vider tous les contrats avec Newen, y compris “Plus belle la vie”, estime cette source. France Télévisions n’a pas de droits sur ces programmes, et TF1 comme Newen ne veulent pas en lâcher. C’est dur de se séparer de programmes qui marchent, mais c’est difficilement envisageable en interne de faire produire une série importante par une société possédée par TF1. »Position de négociationLe contrat de la célèbre série marseillaise de France 3 doit être renégocié en 2016. Jeudi, sur France Inter, le secrétaire général de France Télévisions, Christian Vion, envisageait de l’arrêter si Newen n’offrait pas de garanties nouvelles. Il anticipait aussi un probable arrêt à l’été 2016 des « Maternelles », dont l’audience recule. Le débat concerne également « Faites entrer l’accusé » ou « Le Journal de la santé », produits par Newen.La menace à peine voilée de l’arrêt des collaborations entre France Télévisions et Newen pourrait toutefois être interprétée comme une position de négociation, destinée à obtenir des concessions de la part du producteur. L’entreprise peut garder « Plus belle la vie » si elle le souhaite – en vertu d’une clause de tacite reconduction – mais elle a assuré vouloir obtenir des droits sur les œuvres, qui appartiennent aujourd’hui à Newen.« J’ai proposé à Mme Ernotte que dès ce mardi, nos équipes cherchent un accord de partenariat pour assurer la présence des programmes sur France Télévisions de manière pérenne », assure au Monde Fabrice Larue, qui gardera 30 % de Newen. Mais ce dernier semble toujours exclure de partager les droits, en cas de revente ou d’utilisation sur le numérique. « Un décret vient d’autoriser les chaînes à détenir des parts de coproduction sur les programmes qu’elles financent à plus de 70 %, mais cela n’est pas prévu sur les programmes passés », explique-t-il.On ne peut donc exclure que Delphine Ernotte souhaite réellement se désengager progressivement de sa collaboration avec Newen, qui réalise près des trois quarts de son activité avec France Télévisions.Vision historiqueLe facteur interne est important. La CGT, premier syndicat de l’entreprise publique, avait publié un communiqué jugeant « scandaleux que TF1 produise les programmes de France Télévisions et que France Télévisions ne puisse produire ses programmes ». Une référence à l’interdiction pour l’entreprise publique de produire plus de 5 % de ses fictions et documentaires en interne, une règle que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, veut faire évoluer.La vivacité de la riposte de Mme Ernotte montre que la vision historique des acteurs de l’audiovisuel reste présente en France : les rivalités entre grandes chaînes, entre public et privé, entre producteurs et diffuseurs, etc. Autant de distinctions que certains aimeraient voir s’estomper. « Aujourd’hui, les grands groupes audiovisuels européens comme ITV ou RTL sont organisés autour des métiers de la production et de la diffusion, et tout le monde a l’habitude de travailler comme cela. Quand FremantleMedia, la filiale de RTL Group, vient nous proposer un programme, il n’a pas demandé l’autorisation à M6 [filiale de RTL Group] », dit M. Paolini. L’accord de rachat de Newen prévoit des clauses pour préserver « sa liberté éditoriale et son indépendance commerciale » et « garantir le secret des affaires ». On cite aussi en exemple l’investissement de Vivendi dans le producteur Banijay-Zodiak. Ou encore les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pays où des sociétés rachetées par des chaînes produiraient facilement pour des concurrents. A l’image de Talpa, acquise par la chaîne ITV qui vient tout de même de récupérer aux enchères, pour ses antennes, les droits de l’émission « The Voice », l’émission phare de ce producteur… et qui était diffusée depuis cinq saisons par la BBC, chaîne de service public.Lire aussi :Newen : comment France Télévisions peut riposter ? Alexis Delcambre « On a tout entendu ces dernières semaines au sujet d’Altice… » Michel Combes, le président de SFR-Numericable, n’a pas caché l’un des objectifs de la conférence de presse spectaculaire organisée par l’opérateur téléphonique lundi 9 novembre : couper court aux différents « bad buzz » qui circulent quant au groupe façonné par Patrick Drahi.Dans une longue prise de parole, l’ancien patron d’Alcatel-Lucent, qui a rejoint l’empire Drahi en septembre, s’est attaché à convaincre qu’Altice suivait une stratégie claire, malgré l’impression d’emballement qu’a donnée sa succession d’acquisitions menées en un peu plus d’un an (SFR, Portugal Telecom, Suddenlink, NextRadioTV, Cablevision…)Cet ensemble forme « un puzzle dont les morceaux se mettent progressivement en place », a défendu le directeur général d’Altice, Dexter Goei. Celui-ci a rappelé le postulat fait par le groupe d’une « double convergence » (du fixe et du mobile d’un côté, des médias et des télécoms de l’autre) pour justifier sa démarche d’investissement, qualifiée d’« éminemment rationnelle ».Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médias40 millions de clients« On nous voit souvent comme des financiers alors que nous sommes avant tout une équipe d’ingénieurs », a poursuivi Michel Combes, mettant l’accent sur la dimension « industrielle » d’Altice. Une réponse aux observateurs qui doutent de la cohérence de l’ensemble et de la capacité du groupe à réaliser d’importantes synergies ou à investir dans son développement.Rappelant qu’Altice compte désormais plus de 40 millions de clients grand public, le président de SFR – qui va abandonner la marque Numericable – a expliqué que le groupe était « en train de s’industrialiser », avec par exemple la mise en place d’une structure unique pour les achats. Au passage, il a rappelé que le ratio d’endettement du groupe (4,5 fois l’Ebitda) était, aux yeux de son management, « classique et raisonnable ».Pour montrer qu’Altice invente, M. Combes a annoncé la création des « Altice labs », qui doivent permettre aux équipes de recherche et développement de ses différentes entités d’échanger. Leur objectif sera de « reprendre le leadership sur l’expérience client » – une façon de reconnaître un certain recul en la matière.Reprise des investissements dans le réseauOutre sa stratégie, Altice a également été mis en cause pour la qualité de son réseau. « Nous allons accélérer nos investissements dès ce trimestre », a promis Michel Combes, évoquant notamment un effort dans la couverture des grandes villes en 4G. « Nous sommes l’opérateur de la fibre en France », s’est-il emporté, accusant ses concurrents de faire de la communication.Lire aussi :Numericable-SFR accusé de vendre de la fibre qui n’en est pasAutre annonce : le lancement d’un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) baptisé Zive, dès le 17 novembre. Ce service donnera accès à 5 000 films ou séries – 15 000 d’ici à la fin 2016. Il s’appuie sur des accords avec Disney, Pixar, ABC Studios, Warner Bros, Europa, Miramax, Sony Pictures Télévision ou encore France Télévisions.Ce service sera proposé à tous les clients SFR au tarif de 9,99 euros par mois et offert à ceux qui disposent déjà des offres Premium. En complément, l’opérateur met sur le marché une nouvelle box, également baptisée Zive, qui offrira notamment une fonction « Restart » (pour reprendre un programme au début). Sur un positionnement haut de gamme et « résolument tourné vers la famille, avec des programmes ludo-éducatifs », selon M. Combes.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ils sont les vedettes de la génération 2000, comptent jusqu’à 8 millions d’abonnés à leurs chaînes YouTube, et 120 d’entre eux ont rempli à eux seuls le pavillon 1 du Parc des expositions de Paris les 7 et 8 novembre pour Video City, le premier festival parisien dédié aux fameux youtubeurs.Lire aussi :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisMais dans le joli petit monde tout rose des vidéos en ligne, il y a des questions à ne pas poser. Celle de leur rémunération, notamment, comme l’a appris France Info à ses dépens. « Parce qu’on a osé demander en interview à une jeune youtubeuse si elle était payée, son attaché de presse, furieux, a annulé tous les autres entretiens prévus et a convaincu l’agent des poids lourds Norman, Cyprien et Squeezie de faire de même », raconte la journaliste Sandrine Etoa-Andegue dans un article sur le « business des youtubeurs ».L’argent, une question taboueObtenir des réponses est en effet difficile. Ni EnjoyPhoenix, la youtubeuse la plus célèbre de France, ni l’agent de Jhon Rachid, l’une des étoiles montantes de la plateforme, ni Ubisoft, l’un des principaux annonceurs, ni la plupart des agences impliquées dans le secteur n’ont donné suite à nos sollicitations. Et les rares à avoir répondu ont tous demandé l’anonymat.C’est peu dire que la question de la rémunération fâche. En juillet dernier, le Suédois Felix Kjellberg, plus connu sous son pseudonyme de PewDiePie, star de YouTube avec sa chaîne spécialisée dans les parties de jeux vidéo à laquelle 40 millions d’internautes sont abonnés, avait dû se défendre après la publication de sa rémunération annuelle, 6,7 millions d’euros.Lire aussi :« PewDiePie », le youtubeur millionnaire, répond aux critiques sur ses gains« Cela a explosé. Ce dont les gens ne se rendent pas compte, c’est que mes vidéos ont neuf milliards de vues [au total], ça se convertit en quelque chose, il y a des publicités, je gagne de l’argent avec celles-ci », expliquait-il.Il s’agit d’« un sujet très demandé et un peu tabou », reconnaissait de son côté l’humoriste Le rire jaune dans une vidéo du printemps dernier sur la question, évoquant des « clauses de confidentialité avec YouTube ».Système complexeCertaines informations sont toutefois connues. Si le système de rémunération employé par Google varie en fonction du type de contenu produit, en moyenne, un youtubeur gagne environ un dollar tous les mille visionnages entamés, expliquait au printemps Le Rire jaune, suivi par plus de 2 millions d’internautes. Mais tout un système complexe existe derrière.Le jeune youtubeur évoquait notamment ces structures méconnues que sont les « networks », des réseaux « comme la NBA ou des maisons de disque, chargés de protéger les droits d’auteur [des youtubeurs] en échange d’un pourcentage », de l’ordre de 10 à 20 %, et auxquels le ralliement est obligatoire dans le cas de vidéos sur des propriétés intellectuelles déposées, comme les films ou les jeux vidéo.Regardée un peu plus de 4,8 millions de fois, sa vidéo explicative lui a donc rapporté un peu moins de 4 500 euros, essentiellement grâce aux « preroll », les spots publicitaires précédant une vidéo. Une bagatelle, en réalité, rapporté aux sommes que peuvent engranger certaines stars de la plateforme – et notamment grâce au placement de produit.Jusqu’à 5 000 euros le tweetLa rémunération d’un youtubeur comporte en effet un second volet, qui provient non pas de la diffusion de spots mais de contrats passés avec des marques de cosmétiques ou de jeux vidéo.Celles-ci déboursent plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros pour placer leur produit chez les plus influents. « Le tarif dépend du youtubeur, c’est lui qui décide de sa rémunération, explique au Monde un responsable d’agence tenu par des accords de confidentialité. Cela peut monter jusqu’à 50 000 euros pour les plus gros, comme Cyprien, Norman et Squeezie, mais certains acceptent de faire certaines “opé” gratuitement si le sujet les intéresse. »Aujourd’hui, s’offrir une star de YouTube passe par des grilles tarifaires évolutives : chaque commentaire sur Twitter, chaque post Facebook, et bien sûr chaque vidéo publiée sur la chaîne officielle sont rémunérés. Un simple tweet vers une vidéo comportant un placement produit peut être facturé de 1 000 à 5 000 euros selon la notoriété du créateur.Lire : L’engouement soudain, et suspect, de stars pour un concert à la piscine MolitorA l’étranger, les tarifs s’envolent : outre-Manche, Yogscast, 7 millions d’abonnés au compteur, facture à partir de 5 000 livres sterling (7 000 euros) un test de jeu, quand l’agent d’un célèbre youtubeur international offrait les services de la star pour 250 000 dollars (232 000 euros) dans les travées de l’E3, la grand-messe du jeu vidéo.« C’est la loi de l’offre et la demande, on est dans un système dont ils vont profiter un petit moment avant qu’il ne finisse par s’écrouler », veut croire un professionnel, qui ne cache pas la surprise de certains nouveaux annonceurs face aux cachets demandés.Agences et managersCes négociations engagent parfois plusieurs intermédiaires entre l’annonceur et le youtubeur lui-même, comme l’agence de création numérique chargée de réfléchir à un concept de vidéo pertinent. A la manière des sportifs de haut niveau, les plus courtisés ont un manager chargé de faire l’interface avec ces dernières.Les trois géants français de YouTube, Norman, Squeezie et Cyprien, sont quant à eux chez Mixicom, une agence de communication leur servant à la fois de régie publicitaire et de conseil marketing. « Notre but, c’est de fournir aux créateurs des services pour qu’ils puissent se concentrer sur l’artistique », expliquait en septembre Thierry Boyer, cofondateur de Mixicom, à la revue Stratégies.La société, qui édite également les sites d’information JeuxActu et FilmActu, a souvent créé des passerelles entre ces différentes activités (à l’image de cette vidéo de Norman diffusée sur la chaîne FilmActu). Elle a depuis été achetée par Webedia (AlloCiné, JeuxVideo.com) pour une somme estimée à 14 millions d’euros.Mais les autres géants de la vidéo francophone sont également détenus par de grands groupes médias : Studio Bagel par Canal+, Golden Moustache et EnjoyPhoenix par M6.Problèmes éthiquesCes régies publicitaires posent un problème éthique. Comme le relève L’Express, l’article 20 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) oblige toute publicité à « rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée ». Mais dans la pratique, c’est le flou qui prédomine.Le 23 octobre dernier, Norman poste ainsi sur sa chaîne Youtube une vidéo intitulée « Assassin des templiers », et présentée comme « inspirée de l’univers du jeu vidéo Assassin’s Creed ». Aucune mention du commanditaire de la vidéo. Au Monde, la boîte de production IDZ confirme pourtant avoir été en contact avec Mixicom et Ubisoft, l’éditeur du jeu vidéo Assassin’s Creed. La vidéo tournait d’ailleurs en boucle sur le stand de ce dernier au Salon du jeu vidéo Paris Games Week, une semaine plus tard.« La déontologie, j’en ai rarement vu »Une vidéo promotionnelle, en somme, mais qui n’est jamais explicitement présentée comme telle. C’est que les youtubeurs les plus importants, conscients que la mode dont ils jouissent peut être éphémère, réfléchissent rarement en termes d’éthique. « La déontologie, j’en ai rarement vu, épingle un responsable d’agence. On essaie de faire des choses cohérentes, ce sont les agences qui réfléchissent et non les youtubeurs. »Certains, malgré tout, réussissent à se distinguer. Jhon Rachid ferait partie des rares à ne pas faire payer l’annonceur lorsqu’un sujet lui est proposé et l’intéresse. Dans la sphère anglophone, TotalBiscuit, sévère critique des dérives déontologiques de la presse jeu vidéo – et l’une des figures de la nébuleuse antiféministe GamerGate – ne demanderait aucun cachet pour tester les jeux envoyés par les éditeurs. Ils font toutefois figure d’exception.Pour Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix et tous ceux dont le contenu des vidéos est en partie négocié avec une régie, leur mission consiste à mettre leur popularité au service de la marque, et peu importe que leurs vidéos soient massivement regardées par des enfants peu préparés à faire la part des choses. « Il n’est jamais stipulé dans les contrats qu’ils doivent dire du bien du produit, mais si on pose un paquet de céréales sur la table et que le gars critique, il sait que ça ne va pas le faire, explique la même source. L’intérêt du youtubeur est de ne pas cracher dans la soupe. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Krémer Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents.D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. »Lire :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisLes chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ».Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty.Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux »La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours…Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. »Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes.Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Y a-t-il encore un sens à surveiller les équilibres de temps de parole uniquement à la télévision et à la radio alors que l’information se diffuse aujourd’hui à travers de multiples canaux ?L’environnement dans lequel nous évoluons a énormément changé depuis les années 1980, lorsque les règles d’équilibre du temps de parole ont été décidées. Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio La campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre s’intensifie. Moins d’un mois nous sépare du premier tour de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle. Et les calculettes commencent à chauffer, pas seulement du côté des instituts de sondage, mais au sein même des rédactions des radios et des télévisions. Désormais, elles doivent respecter l’équité entre les différents candidats, sous peine de s’attirer les foudres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Chronomètre en main, des bataillons traquent la moindre seconde de temps de parole. Ils sont constitués d’une dizaine de salariés à France Télévisions, trois en moyenne pour TF1 et LCI. « Je n’avais pas mesuré que les règles étaient aussi strictes. Dans la presse écrite, on essaie d’être vigilants à interroger toutes les formations, mais à la radio et à la télévision tout est calculé à la seconde près », confie Christophe Jakubyszyn, chef du service politique des deux chaînes.Question d’équitéA Radio France, c’est une société externe qui est chargée de cette tâche fastidieuse. Une personne pilote le travail de plusieurs stagiaires à BFM-TV ; elle est en relation quasi quotidienne avec la direction de la rédaction pour veiller au respect des équilibres. Pas question de se faire accuser encore une fois de favoriser tel ou tel parti comme ce fut le cas lors des dernières élections départementales. Une critique qui a laissé des traces : « C’était injustifié, car nous avions arrêté les compteurs en cours de période », se souvient Hervé Béroud, le directeur de la chaîne info.L’équité est une notion qui dépend de nombreux facteurs, selon la définition du CSA. Son appréciation se fonde sur deux séries d’éléments : « La représentativité des candidats qui prend en compte, en particulier, les résultats du candidat ou de la formation politique aux plus récentes élections », d’une part, et « la capacité à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d’un mandataire financier, et plus généralement toute initiative permettant de porter à la connaissance du public les éléments du programme du candidat », d’autre part.« C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. » Yael Goosz, chef du service politique de France InfoUne définition suffisamment floue pour contenter tout le monde ? Pas vraiment. Au CSA, on se garde d’imposer toute répartition chiffrée. Cependant, s’il n’existe pas d’étiage officiel, des « chiffres officieux circulent », souligne Christophe Jakubyszyn. Mieux vaut donc ne pas trop s’en éloigner. « On ne conteste pas le principe de l’équité qui nous laisse une certaine liberté, mais cela reste compliqué à gérer », remarque pour sa part Hervé Béroud. « Dans des campagnes où il y a de très nombreux candidats, de très nombreux partis, dès l’instant que l’on couvre une région, on entre dans un véritable casse-tête. Lorsqu’on interroge un candidat, il faut quasiment entendre les autres selon leur poids dans la campagne », observe-t-il.Le décompte qui est effectué au niveau de chaque circonscription dans les élections locales parasite le travail journalistique. « Cela nous empêche de faire des sujets transversaux. J’aurais aimé expliquer ce qu’est une gestion de gauche ou une gestion de droite, mais c’est pratiquement impossible si on veut faire un traitement national », juge Christophe Jakubyszyn.« Logique comptable »Le constat est presque le même à la radio. « Les sujets sont courts, deux minutes, c’est l’exception. Il est difficile de faire parler tout le monde. Quant aux débats, au-delà de trois personnes, c’est la cacophonie », assure Catherine Mangin, directrice adjointe de l’information à RTL. Yael Goosz, le chef du service politique de France Info depuis août, découvre cette « logique comptable » de la couverture des élections. « C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. Le 18 novembre, nous irons à la rencontre des électeurs du Front national dans deux régions. Nous compenserons ensuite avec d’autres sons de cloche », raconte-t-il. Le pire est peut-être à venir.Lire aussi :« On préfère appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que renforcer les règles »« C’est un casse-tête, surtout à la fin », souffle Marie-Eve Malouines, ancienne patronne du service politique de la radio tout info du service public et désormais présidente de LCP. Il faut alors rattraper les déséquilibres qui peuvent s’être formés. « Nous pouvons faire des sujets non pas en fonction de l’actualité, mais aussi en fonction des équilibres à respecter », regrette-t-elle.Un aménagement des règlesAvec la présidentielle en vue, les choses risquent d’être complexes si les règles ne changent pas. D’abord, les médias audiovisuels vont devoir gérer l’élection primaire qui se profile à droite. Celle-ci n’est pas soumise à une réglementation particulière, mais le CSA veillera à ce que sa couverture n’entraîne pas des déséquilibres de traitement entre la majorité actuelle et l’opposition. « Il faut faire vivre l’événement quand il se déroule. Il faudra nous laisser du temps pour réguler ça avec les autres partis », prévient Hervé Béroud. Télévisions et radios espèrent surtout que les conditions dans lesquelles doit se tenir l’élection présidentielle elle-même seront assouplies.Pour le moment, les candidats doivent être traités dans la plus stricte égalité dès que le Conseil constitutionnel valide la liste des participants au scrutin, c’est-à-dire plusieurs semaines avant le premier tour. « C’est une situation aberrante. Lors de la dernière présidentielle, Jacques Cheminade a eu autant de temps de parole que Nicolas Sarkozy ou François Hollande pendant cinq semaines », regrette Hervé Béroud.En septembre, le CSA a publié une série de propositions pour aménager les règles de la couverture de la vie politique. L’une d’entre elles vise à instaurer désormais le principe d’équité avant la campagne officielle, qui s’ouvre le deuxième lundi avant le premier tour du scrutin. La plupart des suggestions du CSA ont été reprises dans un texte qui devrait être discuté au printemps au Parlement.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Machart On ne saura pas ce qu’aurait pu être « Antoine sans fiche », la première mouture de l’émission hebdomadaire qu’Antoine de Caunes devait présenter sur Canal+ en cadeau de consolation de son éviction de la présentation du « Grand Journal ». Mais « L’Emission d’Antoine », qui faisait ses débuts vendredi 6 novembre à 22 h 45 sur la chaîne cryptée, est une hilarante réussite. Si le même niveau est atteint chaque semaine, elle devrait devenir le rendez-vous incontournable des réjouissances zygomatiques.C’est le grand de Caunes qu’on retrouve là : drôle, malin, coquin, leste, transformiste – toutes choses en quoi il excelle –, le tout servi par des textes léchés de langue de maître ; un de Caunes tel qu’on l’aimait lors de ses reportages urbains excentriques (« Toqué de Tokyo », « Maboul de Séoul », etc.) et de ses programmes d’antan (« Eurotrash ») ; un de Caunes libéré de ce « Grand Journal » où il n’était pas à son meilleur et auquel il règle d’ailleurs, avec une fine insolence, son compte en début de d’émission.L’esprit est très Canal, mais du Canal historique, de la grande époque (le XXe siècle), avec tout de même quelques transferts du Canal plus récent, comme Alison Wheeler et Monsieur Poulpe, qui étaient présents dans « Le Grand Journal » animé pendant deux saisons par Antoine de Caunes.Canal historiqueSi Mme Wheeler n’est toujours pas très drôle (c’est le seul point faible de « L’Emission d’Antoine »), M. Poulpe est en revanche assez bien distribué dans l’animation d’un jeu foutraque où les deux candidats, de Caunes et Fred Testot (un ancien de la séquence mythique « Service après-vente des émissions », sur Canal+, avec Omar Sy), s’évertuent à ne pas savoir répondre à des questions farfelues. Ce qui vaut à M. Poulpe la pénalité d’être méthodiquement épilé par une dame asiatique qui s’évertue à décoller trop lentement des patchs apposés sur ses cuisses. La séquence se termine par un concours de coiffure où deux malheureux garçons se font tailler des perruques de clown par de Caunes et Testot…Capillotracté, tout cela ? Normal : le fil conducteur de ce premier numéro était le poil, considéré dans tous ses états. Ce qui autorisa de Caunes à enquêter dans les arcanes d’un concours autrichien de barbes et moustaches où se présentent de véritables cascadeurs du système pileux ; à rendre visite à une cinéaste pornographique bisexuelle et féministe adepte des femmes velues (avec les images olé-olé qu’on peut voir sur une chaîne cryptée, même avant minuit, heure légale du porno maison) ; à recevoir une vraie femme à barbe et à s’entretenir sérieusement avec elle.Et à débiter des palanquées de jeu de mots artistement foireux, à dire des choses grossières sans la moindre vulgarité (art que ne possède pas encore Alison Wheeler), à se déguiser et à pouffer comme le gamin de 12 ans que ce sexagénaire génial et chenapan n’a jamais cessé d’être.Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 12h26 • Mis à jour le06.11.2015 à 13h00 | Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau La recherche d’un partenaire capable de racheter Ubisoft « n’est qu’une de nos options » pour échapper à une prise de contrôle de Vivendi, a expliqué Yves Guillemot, son président, lors d’une conférence téléphonique en marge de la présentation de ses résultats financiers semestriels. Elle reste toutefois la priorité actuelle du groupe.« Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagne et que cela soit positif pour les actionnaires », a détaillé Yves Guillemot lors d’une conférence téléphonique. Si Ubisoft a souligné dans un communiqué ses accords passés avec de « puissants partenaires internationaux » comme Columbia, Fox New Regency, Nickelodeon et Warner, le président de la plus grosse entreprise française de jeu vidéo n’a pas précisé vers quel chevalier blanc Ubisoft cherchait à se tourner pour empêcher une prise de contrôle par Vivendi.Plus aucun contact avec Vincent BolloréFace à ses actionnaires, Yves Guillemot est resté fidèle à la ligne de défense de son groupe : Ubisoft détient un savoir-faire et une connaissance du métier qui sont étrangers à Vivendi, et un rachat mettrait son modèle créatif en danger. Le président de l’entreprise a notamment relevé les quatre fondamentaux de sa stratégie : le développement de jeux en ligne avec une forte composante multijoueur, des jeux en mode ouvert, une capacité à créer de nouvelles licences de A à Z et un élargissement au-delà du jeu vidéo, notamment dans le cinéma. « Nous commençons tout juste à toucher les dividendes de cette stratégie », a assuré Yves Guillemot, qui a une nouvelle fois rappelé sa volonté d’indépendance.« Nous pensons que les synergies sont difficiles à voir surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd’hui, et dans le passé Vivendi ne voyait pas de synergie avec Activision Blizzard [dont le groupe a revendu l’essentiel de ses parts en 2013], nous ne voyons donc pas pourquoi ils en verraient aujourd’hui. »M. Guillemot a par ailleurs confié n’avoir eu aucun contact avec Vincent Bolloré depuis l’appel téléphonique de ce dernier le jour de l’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft – le géant des loisirs a depuis porté sa participation à 10,6 % d’Ubisoft, et reconfirmé sa volonté de rester indépendant. Ubisoft a par ailleurs annoncé mardi 2 novembre avoir signé un contrat avec l’agence de communication Mindshare, alors que la société était liée jusqu’à présent à Havas, qui appartient au groupe Vivendi.Trois jeux à gros budget dans les quatre moisPour son premier rapport financier depuis l’entrée non sollicitée de Vivendi dans son capital, Ubisoft a annoncé un chiffre d’affaires semestriel de 207,3 millions d’euros, en recul de 57 % par rapport à 2014, et 65,7 millions d’euros de pertes nettes (contre un bénéfice de 17,5 millions d’euros l’an passé). Un résultat prévisible : l’éditeur n’a lancé aucun jeu majeur au printemps de cette année, au contraire de Watch Dogs, sa nouvelle licence phare, en 2014.Principale sortie de l’éditeur pour ce Noël, le jeu Assassin’s Creed Syndicate a connu un lancement compliqué, avec des critiques partagées et des résultats commerciaux très en deçà des précédents opus (66 000 exemplaires en France en première semaine, contre 167 000 pour Unity). Mais la seconde semaine a renversé la tendance, assure l’éditeur. « Les notes que nous avons eues sur ce jeu ont été très élevées, notamment les plus gros sites spécialisés, et le bouche-à-oreille est actuellement favorable au jeu », a soutenu Yves Guillemot.Ubisoft publiera par ailleurs le jeu d’action Rainbow Six Siege le 1er décembre, ainsi que The Division et Far Cry Primal au premier trimestre 2016, qu’Ubisoft veut croire « historique ». Il est en effet rare de lancer deux jeux à gros budget en début d’année.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre L’heure de vérité approche pour Molotov.tv, ce service prochainement lancé qui promet de réinventer la distribution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’identité et les intentions de ses fondateurs, dont Jean-David Blanc, créateur d’AlloCiné, et Pierre Lescure, ancien président de Canal+, suscitent la curiosité, mais les détails du service restaient un mystère. Un mystère en voie de se dissiper, puisque l’interface de Molotov.tv a été présentée aux membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mercredi 4 novembre, et que Le Monde a pu parallèlement l’explorer.Lire aussi :La télévision est morte, vive la télévision !La conviction de l’équipe de Molotov.tv est que le problème qu’affronte la télévision, notamment vis-à-vis des plus jeunes, est d’abord ergonomique. Selon elle, les contenus de l’industrie télévisée restent riches et attractifs mais les nouveaux modes de circulation dans ces contenus auraient ringardisé l’usage se limitant à aller d’une chaîne à l’autre grâce à une télécommande. C’est pourquoi Molotov se définit au croisement de « la télévision d’hier et du monde d’aujourd’hui », selon M. Blanc.On peut bien sûr y choisir une chaîne et accéder au direct. Mais aussi reprendre au début un programme qui a déjà commencé. Ou explorer la liste des diffusions passées, et visionner un contenu de son choix – comme sur une plate-forme de rattrapage. Ou encore voir la liste des programmes à venir et sélectionner ceux qui nous intéressent. Le système les « enregistrera » et ils rejoindront un panier de programmes sélectionnés, visionnables à tout moment depuis n’importe quel appareil (téléphone, tablette, PC ou télévision connectée).L’utilisateur peut rechercher ce qui l’intéresse, parmi tous les programmes de télévision, à l’aide d’un moteur de recherche, et par catégories (films, séries, documentaires, enfants…).Plate-forme socialeL’usage se veut en effet nomade : un compte Molotov est par nature multisupports et on peut passer de l’un à l’autre en reprenant le visionnage d’un contenu à l’endroit précis où il a été interrompu. Le système peut également alerter l’utilisateur par e-mail en cas de prochain passage à la télévision d’une personnalité ou d’une entité qu’il a déclaré suivre.Molotov est aussi une plate-forme sociale : en visionnant un programme live, on voit défiler les tweets qui lui sont associés. L’utilisateur peut voir ce que ses amis regardent ou ont regardé, et visionner les séquences télé qui « buzzent » sur les réseaux sociaux. Et témoigner de ce qu’il regarde. Enfin, un outil permet de sélectionner une séquence pour la partager sur les réseaux sociaux.Avant son lancement prévu en décembre, l’équipe de Molotov.tv continue d’élargir son nombre de chaînes partenaires (déjà plus de 80). L’Equipe 21 vient de rejoindre la plate-forme. Avec Canal+, à ce jour le grand absent de l’offre, les discussions ne sont pas arrêtées. Misant sur un modèle freemium, avec une couche payante, les fondateurs doivent encore choisir les services qui ne seront pas gratuits et fixer les prix. Et réfléchissent à des formats publicitaires plus « comestibles » que les spots diffusés à l’ouverture des programmes.Lire aussi :L’énigmatique Molotov.tv séduit 80 chaînesAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h36 Le président et directeur de la publication du New York Times, Arthur Ochs Sulzberger Jr, 64 ans, a ouvert officiellement lundi 2 novembre le processus qui doit mener à la désignation de son successeur, choisi au sein de sa famille. Un directeur adjoint de la publication doit être nommé dans les deux ans, qui sera appelé à le remplacer. Le processus de succession est « formel » et « implique le conseil d’administration, les cadres dirigeants et les représentants de la famille », a rappelé M. Sulzberger aux employés lors d’une réunion annuelle.Arthur Ochs Sulzberger Jr, qui dirige le principal quotidien d’Amérique depuis vingt-cinq ans, est le cinquième membre de la famille à assumer cette charge. Il est l’arrière-petit-fils d’Adolph Ochs, qui a racheté le New York Times en août 1896 et en a gardé la tête jusqu’à sa mort, en 1935. Le fondateur avait été remplacé par Arthur Sulzberger, son gendre.La famille ne détient aujourd’hui qu’une participation minoritaire au capital du groupe mais possède l’essentiel des actions de type B, ce qui lui permet de désigner 9 des 14 membres du conseil d’administration.Selon une enquête du New York Magazine, publiée en août, trois descendants d’Adolph Ochs pourraient succéder à l’actuel patron du New York Times : Arthur Sulzberger (fils du directeur de la publication), David Sulzberger Perpich, cousin du premier, et Samuel Dolnick, cousin au deuxième degré des deux premiers. Tous trois sont trentenaires et occupent déjà des postes au sein du quotidien. Alexandre Piquard Le torchon brûlait depuis plusieurs semaines. Philippe Verdier, le « M. Météo » de France 2, a annoncé lui-même son licenciement dans une vidéo mise en ligne samedi 31 octobre. Un clip scénarisé autour de l’ouverture de sa lettre de licenciement réalisé par Ring, l’éditeur du livre de M. Verdier. L’ouvrage conteste le consensus des scientifiques sur le réchauffement climatique et s’attaque au sommet de la COP21, attendu en décembre à Paris.La direction de France Télévisions ne commente pas la décision. Elle a reproché à M. Verdier d’avoir mis en avant, dans la promotion de son livre, ses fonctions à France Télévisions. Et donc d’engager l’entreprise. Selon le groupe, le présentateur aurait enfreint l’un des principes de l’accord collectif qui imposerait un devoir de réserve aux journalistes dans le cadre des opérations de promotion ou les expressions à titre privé : c’est l’esprit de ce qu’a rappelé la présidente, Delphine Ernotte, le 28 octobre, face au député Les Républicains Hervé Mariton, qui l’interrogeait en commission.Au cours de la promotion médiatique du livre Climat investigation a été effectivement rappelée la fonction de « M. Météo » de M. Verdier. La lettre ouverte qu’il a adressée à François Hollande était également signée « chef du service météo de France 2 et auteur de Climat investigation ». Selon une source à France Télévisions, M. Verdier a d’abord fait l’objet d’un rappel à son devoir de réserve, sans sanction, après sa lettre ouverte au président de la République, datée du 1er octobre. Mais M. Verdier a, dans les médias mentionné son différend avec sa hiérarchie, suggérant des pressions politiques : « Le livre n’est pas apprécié par la direction de France Télévisions. L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat, et l’Etat organise la COP21. Je suis conscient que ça ne fait pas plaisir à mes patrons, qui ont des pressions », a-t-il dit sur RMC.Une campagne habileMi-octobre, M. Verdier a donc été mis à pied. Le 22 octobre, il a eu un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Force ouvrière a activement défendu M. Verdier et l’a accompagné lors de son entretien. Le syndicat se réservait le droit de contester sa sanction, devant le défenseur des droits ou aux prud’hommes « au nom de la liberté d’expression ».Les autres syndicats ont été plus prudents. La rhéthorique parfois complotiste du « M. Météo » de France 2 en gêne certains à France Télévisions. Certaines de ses affirmations sur le réchauffement climatique ont été contestées. Et son éditeur semble exploiter son différend avec France Télévisions dans sa campagne habile autour du livre.« Il y a un décalage entre le ton de la promotion et l’image de discrétion et de sérieux qu’il avait dans la rédaction », estime un journaliste de France 2. Ses collègues ont été surpris, comme à BFM-TV, où il travaillait avant son arrivée, en 2011, à France Télévisions. « C’est un vrai pro, nous avons regretté son départ, se souvient le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud. Il n’était pas militant : il avait tenu à couvrir une conférence sur le climat, ce qui témoignait d’un intérêt, mais il n’a jamais parlé de doutes sur le processus [de réchauffement climatique]. »De son côté, Ring n’en est pas à sa première polémique. L’éditeur a déjà fait parler de lui lors de la parution de livres sur des thématiques proches de l’extrême droite, comme La France Orange mécanique, de Laurent Obertone, ou Une élection ordinaire, imaginant l’accession à la présidence de la République de l’essayiste militant Eric Zemmour.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gaëlle Picut Trois médias numériques, lancés en 2014 et 2015, tournent autour du travail. Leur point commun : mettre en valeur les récits des travailleurs eux-mêmes.Le premier projet éditorial, Raconter la vie (raconterlavie.fr) a été lancé en janvier 2014 par Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, et soutenu par les Editions du Seuil. Il accueille des textes écrits essentiellement par des anonymes, dont un certain nombre autour de différents métiers.« Ce projet a l’ambition de répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne mieux prise en compte », écrivait Pierre Rosanvallon lors du lancement dans un manifeste intitulé « Le parlement des invisibles » : « Donner la parole, rendre visible, c’est aider les personnes à retrouver leur dignité, à résister. C’est leur permettre de rassembler leur vie dans un récit qui fait sens, de l’insérer dans une histoire collective ».On y trouve des témoignages très variés : un conducteur de métro, une psychologue, une caissière, une conseillère d’orientation, un infirmier, un routier, un boulanger, une employée de fast-food, un directeur d’agence bancaire, un charpentier…Dans l’Education nationaleDans le sillage du projet « Raconter la vie », le SGEN-CFDT, un syndicat de l’Education nationale, a lancé en septembre 2014, Raconter le travail (raconterletravail.fr), un espace où les professionnels de l’enseignement peuvent témoigner de leur travail, de ce qu’ils vivent au quotidien, sur ce qu’il se passe de façon invisible au sein des établissements scolaires.Le but est de raconter le concret et la diversité des situations. « La représentation du travail dans l’Education nationale fait aujourd’hui défaut. La méconnaissance du travail réel des personnels, par les médias et les corps intermédiaires comme par les intéressés eux-mêmes, explique à la fois les carences des politiques publiques et l’incapacité des personnels à agir collectivement », estime Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT dans le manifeste de lancement du site. Cette initiative a été parrainée par Pierre Rosanvallon et son équipe.Le dernier né est le site Dire le travail (direletravail.coop), lancé en avril 2015 par la coopérative du même nom regroupant une cinquantaine de sociétaires et animée par Patrice Bride, ancien rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques.Ce média publie aussi des écrits signés des travailleurs eux-mêmes. Des professionnels les aident à mettre en forme leurs récits. « Nous cherchons avant tout à mettre en avant le travail, plutôt que le métier : non pas ce que fait en général un maçon, un gardien de musée ou un policier, mais la façon très particulière dont une personne forcément unique s’est débrouillée de ce qu’elle avait à faire, dans son contexte propre », explique Patrice Bride. Une vingtaine de récits sont déjà en ligne, rédigés par un dermatologue, un caissier, une infirmière, une accompagnatrice en soins palliatifs, etc.Ce qui se fait au-delà du métierCe travail d’expression écrite produirait plusieurs effets. « Dire son travail est important. Poser des mots permet de prendre de la distance par rapport au quotidien, à l’apparente routine ou à la course permanente, constate Patrice Bride. On réalise tout ce que l’on arrive à faire malgré les difficultés, les prescriptions parfois contradictoires, voire la souffrance. À cet effet révélateur, vient s’ajouter un effet assurance ou réassurance quand on n’est pas très sûr de ce que l’on fait. Enfin, l’écriture est une manière de partager avec d’autres son expérience et ses histoires de travail, de les faire reconnaître ».Nadir Abdelgaber, un jeune caissier a rédigé un texte sur son quotidien, en partant de la façon dont il plie le ticket de caisse avant de le tendre au client. « Pour lui, écrire sur son travail, être publié, lu, est une manière de montrer son travail sous un angle positif. Il ne s’agit pas seulement de montrer comment il fait son travail mais aussi la façon dont il se l’approprie », témoigne Patrice Bride.Ariane Grumbach a publié un texte (« Des mots pour mieux manger ») sur son activité de diététicienne. « J’avais déjà un certain recul sur mon vécu professionnel. En revanche, je n’avais jamais formalisé des mots dessus et en ce sens, la démarche était fructueuse », estime-t-elle. « J’aime cette façon de passer » de l’autre côté du miroir « de métiers que l’on ne connaît que très partiellement. Cela me paraît une démarche extrêmement intéressante que l’on travaille seul ou en entreprise car elle peut aider à prendre conscience de la valeur de son travail, des compétences acquises au fil du temps. C’est aussi une façon de fixer la mémoire du travail », poursuit-elle.Faire partie d’un toutAude Baron, qui a écrit un texte sur son activité de paludière, a également ressenti l’importance de transmettre sa passion pour son métier. Au-delà, elle compare cette démarche à un « travail thérapeutique ». « J’avais témoigné une première fois sur mon métier pour un blog. Cela avait enclenché quelque chose chez moi. J’ai eu envie de poursuivre cette réflexion. Cela m’a fait du bien et m’a conforté dans mon choix de vie. Avant de devenir paludière comme mon père, j’ai été chargée de communication au sein d’une collectivité locale. Écrire ce texte m’a fait réaliser un certain nombre de choses dont je n’avais pas conscience sur le sens de ce que je faisais. Depuis, je les vis de façon encore plus intense », analyse-t-elle. « En décrivant mon activité, j’ai l’impression de faire partie d’un tout, d’être en accord avec la nature, le cycle des saisons. C’est un travail sur soi en permanence ».Par ailleurs, la publication de ce texte a favorisé des discussions avec ses proches. Elle s’est rendu compte qu’elle préférait utiliser le terme d’activité qui renvoie à des choses positives, à un épanouissement, plutôt que celui de travail associé à quelque chose de laborieux, de pénible.« En période de crise économique, d’événements tragiques comme nous le vivons actuellement, il est important de revenir aux fondamentaux, de faire son travail avec amour, de remettre les relations humaines au cœur de nos activités. Le métier de paludier est à la fois solitaire et solidaire. Le monde du marais est une grande famille alors que lorsque je travaillais dans la fonction publique j’avais le sentiment d’être très isolée », conclut-elle.Etre connecté à l’actualitéL’une des ambitions de Dire le travail est aussi de chercher des connexions avec l’actualité. Il accueille par exemple le témoignage d’Adèle Wine, partie en mission comme responsable d’approvisionnement dans un Centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières en Guinée. « Derrière chaque événement de l’actualité, il y a toujours du travail, des femmes et des hommes qui font ce qu’ils ont à faire avec de l’intelligence, des émotions, des convictions, des valeurs », résume Patrice Brice.Outre cette publication web, la coopérative Dire le travail développe d’autres activités tels que des ateliers à destination de particuliers souhaitant écrire sur leur travail, ou des interventions auprès d’organismes (associations, syndicats, entreprises, etc.), en particulier dans le cadre de formations autour de questions liées à l’expression sur le travail. Elle est actuellement en discussion avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) et la CFDT intéressées par la démarche.Pour compléter ce tour d’horizon de cette « démocratie narrative » (selon l’expression de Pierre Rosanvallon), il faut également évoquer les blogs, un média personnel parfois utilisé par leurs auteur(e) s pour s’interroger sur leurs pratiques professionnelles. Le milieu médical est incontestablement surreprésenté. On peut citer Jaddo (rédigé par une jeune généraliste), Vieux et merveilles (une auxiliaire de vie), Boules de fourrure (un vétérinaire) ou encore 10 lunes (une sage-femme).Ces différentes initiatives montrent que parler du travail n’est pas réservé aux sociologues, aux économistes, aux politiques ou aux journalistes. Derrière les notions de marché du travail, de chômage, de productivité, d’innovation, de management… il y a le travail réel, l’humain. « Nous voulons donner à lire le travail réel. De l’engagement, du conflit, de la solidarité : ce qui se joue au travail, parfois envahissant, parfois dépourvu de sens, avec ses grandeurs comme ses difficultés, toujours au cœur du fonctionnement de la société », résume Patrice Bride.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est une polémique née d’un dossier qui aurait dû être consensuel. Destinée à élargir le soutien public à un plus grand nombre de publications après les attentats contre Charlie Hebdo, la réforme des aides à la presse a fait l’objet, ces derniers jours, de vives critiques.En cause : la volonté du gouvernement de priver de ces nouvelles aides les publications ayant fait l’objet de condamnations pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence au cours des cinq dernières années. La mesure concerne des titres d’extrême droite comme Minute et Rivarol, ou encore l’hebdomadaire Valeurs actuelles, positionné à la droite de la droite et par deux fois condamné ces derniers mois, même s’il a fait appel.Lire aussi : Aides à la presse : qui touche le plus ? Dans son décret du 6 novembre 2015, le gouvernement a étendu le champ de l’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : elle concerne désormais tous les périodiques et pas uniquement les quotidiens. Il s’agit d’une démarche en faveur du pluralisme, initiée au lendemain de l’attentat qui a décimé l’hebdomadaire Charlie Hebdo, en janvier (celui-ci ne bénéficiera toutefois pas de l’aide, qui est limitée aux publications dont la diffusion est inférieure à 300 000 exemplaires, un seuil que l’hebdomadaire a dépassé depuis janvier).Plainte à BruxellesLe fait que ce renforcement des aides directes ne touche pas les titres ayant fait l’objet de condamnation a fait rapidement réagir. Mardi 17 novembre, Valeurs actuelles s’en est pris au système d’aide dans sa globalité en indiquant avoir « adressé une plainte formelle contre la France pour aide d’Etat incompatible avec le Traité de l’Union européenne dans le secteur de la presse d’information politique et générale de diffusion nationale ».Le lendemain, son directeur, Yves de Kerdrel, a également annoncé un recours au Conseil d’Etat. Il croit avoir identifié une fragilité juridique au sein du décret, dans la mesure où dans les faits, ce sont les directeurs de publication qui sont condamnés, non les titres. Or le décret fait référence à ces derniers.Plus surprenant : jeudi 19 novembre, c’est l’ensemble des quotidiens et magazines qui s’est ému de la mesure, à travers un communiqué commun du syndicat de la presse magazine (SEPM) et de la presse d’information générale (AIPG). Ce texte reprend l’argument de M. de Kerdrel en constatant que « le décret (…) soulève plusieurs points de droit, dont, mais non exclusivement –, celui du non-respect du principe de la personnalité des peines, en raison des règles particulières de responsabilité en matière de presse posées par la loi de 1881, et qui excluent la responsabilité directe de la société éditrice ».Le ministère « serein »En réponse, le ministère de la culture, joint par Le Monde, se dit « serein » sur les contestations juridiques de son décret : les condamnations touchent certes des individus, mais ils sont visés en tant que directeur de la publication, les condamnations ne sont pas personnelles, argumente-t-on. On ajoute que les amendes sont souvent payées par les titres, pas par les dirigeants.Sur la contestation des aides à la presse au niveau européen, le ministère de Fleur Pellerin ne s’affiche pas plus inquiet. Ce type de soutien public à un secteur est un choix politique, au même titre que la neutralité technologique invoquée pour accorder récemment un taux de TVA « super réduit » aux titres de presse sur Internet. Malgré une certaine opposition, Paris estime engranger des soutiens, au niveau européen, sur ces sujets.Sur le fond, cette réforme des aides au pluralisme vise à soutenir des titres qui contribuent à la « vitalité démocratique », argumente le ministère. Exclure les publications condamnées pour propos racistes ou discriminatoires est « dans l’esprit de la loi de 1881 sur la liberté de la presse ». L’article 24 de ce texte rappelle que seront notamment condamnés ceux qui auront « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes ».Une réforme politique ?Personne n’est visé en particulier à cause de sa ligne éditoriale, c’est un principe républicain, soutient-on au cabinet de Fleur Pellerin. Une tentative de couper court à l’argument selon lequel la réforme est politique et vise à affaiblir des titres d’opposition frontale à François Hollande, comme Valeurs Actuelles, ou proches de l’extrême droite.Enfin, le ministère rappelle que cette aide au pluralisme ne représente qu’une faible partie de l’ensemble des aides directes et indirectes (via les aides postales notamment). En 2014, un titre d’extrême droite comme Présent a touché 362 745 euros d’aides au total (dont 226 888 euros d’aides directes). Valeurs Actuelles a touché 961 026 euros d’aides à son transport postal mais zéro aide directe. Minute et Rivarol n’ont rien touché.Parmi la cinquantaine de titres qui pourraient bénéficier des nouvelles aides au pluralisme, on trouve les publications de gauche Le Monde diplomatique ou Politis, les publications chrétiennes Témoignage chrétien, Pèlerin magazine ou Golias, le magazine féministe Causette, le mensuel et site sur l’écologie Terra Eco, voire le bihebdomadaire généraliste Society.Malgré les arguments du ministère, les fédérations d’éditeurs de presse risquent de ne pas désarmer immédiatement : « Quelles que soient les justifications politiques et morales censées la justifier, une telle exclusion, dans son essence même, rompt avec le principe démocratique intangible de la neutralité de l’action publique vis-à-vis de la presse d’opinion », écrivent-ils, avant d’invoquer Tocqueville : « Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicolas Bourcier Illustration des tensions croissantes autour de la question des réfugiés, une journaliste de CNN, Elise Labott, a été suspendue pour deux semaines pour avoir critiqué, dans un tweet, un vote à la Chambre des représentants. Dans les minutes qui ont suivi l’adoption par les députés à une très large majorité (289 contre 137), jeudi 19 novembre, d’un projet de loi durcissant les conditions d’accueil des réfugiés syriens et irakiens sur le sol américain, Elise Labott a écrit sur son compte : « La Chambre adopte une loi qui pourrait limiter [l’afflux de] réfugiés syriens. La Statue de la Liberté courbe la tête angoissée. »House passes bill that could limit Syrian refugees. Statue of Liberty bows head in anguish @CNNPolitics https://t.co/5RvZwVftgD— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Ce vote s’est fait avec le soutien d’un cinquième des élus démocrates, malgré l’opposition de la Maison Blanche au dispositif. Le président Barack Obama avait fait savoir qu’il utiliserait son veto si le projet de loi devait être adopté par le Sénat.Depuis le début du conflit syrien, en 2011, les Etats-Unis ont accueilli 1 682 réfugiés, selon le chiffre du département d’Etat.Lire aussi : Après Paris, Donald Trump joue la carte de l’islamophobieErik Wemple du Washington Post, qui a révélé l’histoire du tweet dans un article publié un peu plus tard dans la journée, insiste sur le fait que la question des réfugiés est devenue hautement partisane et que CNN avait suivi le vote de la Chambre d’une manière « très neutre ».M. Wemple rappelle qu’Elise Labott n’est pas éditorialiste ou commentatrice, « ce qui signifie qu’elle est tenue de respecter le principe de neutralité de la chaîne ». Il précise que les principaux concurrents de CNN, Fox et MSNBC News, « deux chaînes partisanes », obligent la chaîne d’Atlanta à une couverture rigoureuse, dans une contexte « d’impératifs économiques ».Dans un message publié vendredi matin, Elise Labott est revenue sur son précédent tweet : « J’ai eu tort d’éditorialiser. Mon tweet était inaproprié et irrespectueux. Je présente mes sincères excuses. »Everyone, It was wrong of me to editorialize. My tweet was inappropriate and disrespectful. I sincerely apologize.— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Nicolas BourcierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde) Lancée en mai en 5 jours sur 7, La Matinale du Monde passe désormais à 7 jours sur 7. Depuis son lancement, vous avez été près de 300 000 à la télécharger, un vrai succès pour une application d’information 100 % mobile.Cet été, nous vous avons consulté pour mieux comprendre votre façon d’utiliser La Matinale, pour vous permettre également de nous dire ce que vous appréciez le plus et ce que vous aimez le moins. Votre demande prioritaire portait sur une publication le week-end. Nous avons donc décidé de répondre à votre attente en vous offrant La Matinale tous les jours.Cette enquête de lectorat a aussi montré que vous étiez friands d’actualité, d’enquête, de découvertes… Nous continuerons donc de vous proposer une sélection éclectique et hiérarchisée, mêlant l’actualité la plus brûlante, les enquêtes approfondies, des tribunes et des strips BD.Mais le samedi et le dimanche, votre rapport au temps change, vous êtes moins dans l’urgence. Nous vous proposerons donc, dès 8 heures, une édition avec des contenus nouveaux, adaptés à ce moment où chacun a envie d’accorder du temps aux siens et à soi, de prendre du recul par rapport au flot d’informations qui nous submerge.Ainsi, chaque samedi matin, Les Décodeurs proposeront un “rattrapage de l’actu” pour ceux qui veulent être sûrs de n’avoir rien manqué. “La question de la semaine” permettra, quant à elle, d’aborder de façon pédagogique un sujet qui aura marqué les jours précédents. Enfin, une liste de recommandations sur les replays et les podcasts clôturera l’édition.En exclusivité dans La Matinale de ce samedi 21 novembre, vous lirez la toute première chronique de Thomas Piketty. L’économiste publiera en effet chaque mois un texte dans Le Monde daté dimanche-lundi.Une chronique sexualitéChaque dimanche matin, la chroniqueuse Maïa Mazaurette traitera de la sexualité sous toutes ses facettes. Vous plongerez également ce jour-là dans l’intimité d’une personnalité qui a accepté de raconter les secrets de son parcours à notre grand reporter Annick Cojean. Le sport ne sera pas oublié et la rédaction vous proposera également des idées de voyages.Enfin, quatre nouveaux dessinateurs BD rejoignent l’aventure de La Matinale du Monde : Nix, Antoine Marchalot, Mix & Remix et Catherine Meurisse ont créé chacun une série originale. Vous continuerez aussi de sourire avec Coquelicots d’Irak (Lewis Trondheim et Brigitte Findakly), La Famille Mifa (Lisa Mandel) et Manuela, Françoise et les autres (James).Nous espérons que cette offre enrichie répondra à votre attente et que vous serez toujours plus nombreux à nous lire… chaque matin désormais.Pour télécharger La Matinale du Monde, suivez ce lien: http://goo.gl/510oxk Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde)Journaliste au Monde Joël Morio On les disait condamnées par la montée en puissance des services de streaming comme Spotify ou Deezer. Or les radios musicales résistent bien à cette nouvelle concurrence. Selon les chiffres communiqués par Médiamétrie, mercredi 18 novembre, elles ont atteint une part d’audience de 32,6 %, en septembre et octobre, contre 30,9 % sur la même période en 2014.NRJ reprend sa place de première station de France avec une part d’audience cumulée de 12 %. « On retrouve la hiérarchie naturelle. Les services musicaux rencontrent des difficultés avec des faillites ou des introductions en Bourse reportées ; les stations musicales réunissent quant à elles plus de 22 millions d’auditeurs quotidiens, soit une hausse de 430 000 personnes en un an. NRJ est un bain chaud de plaisir, un refuge utile quand on est inquiet et stressé », estime Jean-Paul Baudecroux, président du groupe NRJ (qui comprend notamment Nostalgie, Chérie FM et NRJ). « On doit beaucoup à Steve Jobs, observe-t-il encore. Les smartphones sont aussi des récepteurs radio, ce qui favorise l’écoute des stations musicales prisées par les plus jeunes. » Le bond de Fun Radio est spectaculaire. La matinale présentée par Bruno Guillon est désormais écoutée par 1 868 000 Français, soit une progression de 47 % en un an. Au total, la station spécialisée en « dance music » gagne 303 000 auditeurs. Et devient ainsi la deuxième musicale de France, coiffant sur le poteau Skyrock, dont l’écoute cumulée progresse par rapport à la vague d’avril-juin 2015, mais recule sur un an.Virgin Radio réalise sa meilleure rentrée depuis six ans avec 267 000 nouveaux adeptes et une audience cumulée de 4 %. Les audiences de Chérie FM (4,4 % d’audience cumulée) sont aussi bien orientées. « C’est la plus forte progression des stations musicales. La station qui passe devant RFM bénéficie de son repositionnement et nous espérons que le travail effectué sur Nostalgie, avec plus de titres des années 1980 programmés, produira le même effet », indique Jean-Paul Baudecroux.Sérénité affichée sur RTL et Europe 1Du côté des stations généralistes, les résultats sont très contrastés. France Inter consolide sa troisième place avec 10,2 % d’audience cumulée. La matinale de Patrick Cohen conforte sa première position et toutes les tranches horaires s’affichent en hausse. Cette très bonne tenue s’explique « par le mariage d’une offre exigeante et populaire, avec une forte dose d’irrévérence, ainsi que par l’attachement très fort de nos auditeurs à la radio de service public », juge Emmanuel Perreau, directeur des programmes et d’antenne de France Inter. A RTL, les performances sont plus mitigées. L’audience cumulée (11,4 %) baisse légèrement d’une année à l’autre, mais elle recule par rapport à la vague d’avril-juin 2015, où elle avait culminé à 12 %. La station de la rue Bayard peut se consoler en voyant sa durée d’écoute progresser à 2 h 23, soit la meilleure de toutes les radios. « Je suis très confiant pour la suite. Nos résultats sont une bonne base pour le reste de la saison », estime Christopher Baldelli, président de RTL. Même sérénité affichée à Europe 1, malgré une chute des audiences qui ne s’explique plus uniquement par le départ de Laurent Ruquier vers RTL, mais aussi par une baisse de la matinale présentée par Thomas Sotto. « Son travail n’est pas en cause. La matinale avait progressé lors des précédentes vagues. Nous gardons le cap même si ce n’est pas une bonne rentrée. Le contexte des radios généralistes privées est très difficile », martèle Fabien Namias, le directeur général de la station. Avec 8,6 % d’audience cumulée, il s’éloigne un peu plus des 10 % que Denis Olivennes lui avait fixés à son arrivée à Europe 1. Fabien Namias peut se satisfaire néanmoins des bons scores de Jean-Marc Morandini, qui atteint son plus haut niveau depuis sept ans, tandis que Cyril Hanouna se stabilise et progresse de 20 % sur les 25-59 ans. La confiance est également de mise à RMC, en dépit de résultats en berne avec plus de 300 000 auditeurs perdus en un an. Enregistrant 7,2 % d’audience cumulée, derrière France Bleu (7,3 %), la station « Info, talk, sport » retombe sous la barre des 4 millions d’auditeurs pour la première fois depuis septembre 2012. « Après les fortes hausses que nous avons connues ces dernières années, il est normal que l’on ait des bas. Notre stratégie de convergence entre la radio et la télévision porte ses fruits. Les audiences de RMC Découverte, qui diffuse la matinale de Jean-Jacques Bourdin, explosent. Les gens veulent désormais des images et nous sommes bien préparés à cette évolution », plaide Alain Weill, le président du groupe Next Radio. France Info, qui enregistre un de ses plus mauvais scores avec une audience cumulée de 7,2 %, souligne le nombre de vues (1,5 million en octobre 2015) sur son antenne vidéo.Les succès sur les médias digitaux ne sont pourtant pas incompatibles avec de bonnes écoutes. France Culture, avec 2,4 % d’audience cumulée, atteint un record historique et dépasse pour la première fois les 10 millions de podcasts téléchargés.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Qu’est-ce qui vous a fait accepter cette proposition de diriger France 5 ?Cette chaîne fait briller les yeux car elle est la quintessence du service public, celui qu’on aime aimer. Et puis, j’ai eu un vrai coup de foudre pour Delphine Ernotte, pour la manière dont elle présentait les choses, pour sa personnalité complètement atypique dans le paysage audiovisuel. Je me suis dit qu’avec cette femme-là qui n’a aucune des lourdeurs du milieu parce que justement elle vient d’un autre univers, cela pouvait être vraiment passionnant. Plus personnellement, je ne peux rien dire de négatif sur ce que je faisais à TF1. Avec la complicité de son ex-PDG, Nonce Paolini, je m’étais constitué un petit royaume avec mon émission littéraire sur TF1, mon rendez-vous quotidien sur LCI, celui sur la chaîne Histoire ainsi que « Médiapolis » sur Europe 1. J’aurais très bien pu continuer ainsi. Mais je ne me mettais plus en danger. Et puis cela m’intéressait de savoir si après vingt-cinq ans, la méthadone de ce nouveau travail allait réussir à compenser la crise de manque de l’antenne. Pour le moment, je suis très satisfait du traitement médical. Je n’ai pas eu une crise de manque depuis la rentrée. Très sincèrement, je n’ai pas eu le temps.France 5 a connu une très belle progression lors de la saison 2014-2015 avec 3,4 % de PDA. N’est-ce pas plus difficile encore d’hériter d’une chaîne dont tous les voyants sont au vert ?C’est évident qu’il y avait un côté « cadeau empoisonné ». Quand vous arrivez dans une chaîne dont l’image est excellente, dont les audiences vont bien et dans laquelle les rendez-vous sont installés depuis des années, vous avez toutes les raisons de ne rien bouger. C’est évidemment le principal obstacle auquel je me suis confronté, même intellectuellement. Tout conspire à ce que vous ne touchiez à rien. Or, comme je l’ai dit aux équipes, tout ce qui est aujourd’hui positif pour France 5 – notamment l’ancrage de ses programmes qui la rend familière – peut se transformer en critiques sur le manque de renouvellement. Il faut donc passer à la vitesse supérieure car nous sommes dans une époque d’incroyables changements.« Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel »Pour reprendre les termes de Delphine Ernotte, votre tache est donc de réveiller « la belle endormie ».Oui, même si France 5 n’est pas inerte. Elle est passée par de nombreuses mutations, et chaque étape me permet d’identifier les problèmes. Pendant longtemps, elle a été une chaîne de la journée qui, le soir, cédait sa place à Arte. Quand elle est devenue une chaîne à part entière, sa grille n’a pas été réellement redéfinie par rapport à une construction qui, aujourd’hui, se fait en amont et aval du prime time. Il ne s’agit pas de le faire du jour au lendemain pour autant, parmi mes objectifs, il y a un travail à opérer sur les « primes times ». Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel.D’autre part, c’est une chaîne qui n’a jamais eu de rédaction, ce qui fait qu’elle est coupée de l’information, au sens quotidien du terme. Certes, celle-ci est traitée excellemment dans les magazines de fin de journée comme « C dans l’air », mais elle n’est pas liée à l’événement. Mon deuxième chantier est donc l’« événementialisation » de la chaîne : soit en créant l’événement comme ce sera le cas, le 24 novembre, avec la soirée spéciale consacrée aux violences faites aux femmes ; soit en étant réactifs ainsi que nous l’avons été tout au long de la semaine qui a suivi les attentats du 13 novembre.Lors de la diffusion de la série documentaire « 360° » vous avez évoqué le numérique comme l’un de vos chantiers principaux. Comment allez-vous le développer ?De nombreux sites se nourrissent des programmes de France Télévisions. Cela accroît leur trafic et leur audience mais nous en sommes quelque peu dépossédés. En ce qui concerne France 5, nous avons très peu de production interne. Les grands rendez-vous de magazines sont élaborés par des producteurs extérieurs qui ont leur page Facebook et leur compte twitter. Mon idée est de redonner une cohérence à tout cela comme on le fait déjà avec « Allo docteur ». Je voudrais rationaliser les rapports entre la chaîne et les différents producteurs sachant qu’il y a beaucoup d’inconnu. Par exemple, l’internaute qui vient chercher un replay, par où rentre-t-il ? Est-ce par le site de France télévisions ? Celui de France 5 ? Ou encore celui de l’émission ou d’une séquence ? Cette porte d’entrée détermine la stratégie. Pour l’heure, j’emmagasine les études et j’écoute ceux qui savent, avant d’essayer de la définir. Il faut vraiment que ce soit une réponse de groupe.Outre l’offre linéaire, ce qui me passionne davantage encore est la création documentaire. Avec 3000 dossiers reçus par an et la diffusion de près de 300 documentaires, nous sommes l’interlocuteur privilégié à France Télévisions de tout cet écosystème. Aujourd’hui, on ne peut plus écrire pour le linéaire puis découper trois quatre extraits à mettre le net. L’écriture numérique est spécifique. Voilà pourquoi « 360° » me passionne. Du coup, on est en train de réfléchir à un documentaire ou une mini-série pour lequel on demanderait aux producteurs des projets bi-face avec une version linéaire et une autre numérique sur le même sujet. A charge pour eux de trouver des interactions entre les deux. A France Télévisions, nous avons avec « Les Nouvelles Ecritures » un atelier incroyablement intelligent et performant avec lequel je me suis rapproché. Car si on rate ce lien avec cette nouvelle créativité, la chaîne pour le coup vieillira très vite.La part de la fiction va-t-elle augmenter, comme le désire la présidente de France Télévisions ?Pour l’instant, nous n’avons pas d’argent pour investir dans la création. Néanmoins, nous travaillons avec l’équipe documentaire afin de lancer un appel à projets conjoint avec « Les Nouvelles Ecritures » autour du docu-fiction. D’autre part, la case du lundi dévolue à ce genre va s’ouvrir au cinéma à la manière de « La Dernière Séance ». Dès janvier, nous proposerons un film incontournable accompagné d’archives sur le tournage, d’actualités de l’époque ou d’un documentaire issu de la collection « Empreintes ».Et en matière de divertissement ?Pour des raisons liées à son histoire, le spectacle vivant n’est pas présent sur la chaîne. Or, j’aimerais qu’il trouve ponctuellement sa place sous forme événementielle. Je vais y aller prudemment car ce n’est pas forcément des succès d’audience. Mon bassin d’audience étant cependant plus réduit que celui de France 2 ou France 3, je peux m’offrir le luxe de diffuser des captations de théâtre ou d’opéra à une heure moins tardive que ces chaînes, vers 21 heures ou 22 heures ; ce qui est plus gratifiant pour les artistes et permet de proposer des soirées de prestige.Outre les soirées cinéma du lundi, d’autres changements sont-ils prévus en janvier ?Le mardi, « Le Monde en face » comportera des plateaux plus longs. « La Maison France 5 » et « Silence ça pousse », qui connaissent une rude concurrence le mercredi, sont déplacés le vendredi. « On n’est pas que des cobayes » qui affronte « Koh-Lanta » et « The Voice Kids » devrait passer en « access » le samedi. Enfin, le mercredi sera une soirée prestige avec nos grandes coproductions internationales archéologiques et scientifiques. Ce n’est pas une révolution, mais cela fait bouger les choses. Je ne sais pas si je serai le prince charmant qui réveille la belle endormie, en tout cas, il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans.« Nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs »La grille comportera-t-elle des nouveautés ?Il y a deux émissions qui me tiennent à cœur mais que je trouve en deçà de leur potentiel. Il s’agit de « La Grande Librairie » et « C politique ». L’émission littéraire de François Busnel pourrait faire bien mieux comme on le voit lors des soirées spéciales, où il double quasiment son audience. Ce qui bloque sans doute est le côté un peu rigide de l’émission. François Busnel désirait la rallonger. Je le lui ai accordé à condition qu’il la reformate de façon à offrir plus de sujets et de reportages. Pour « C politique », j’ai tenu un discours similaire à Jérôme Bellay, son producteur. Je lui donne une demi-heure de plus afin de sortir du cadre un peu institutionnel de l’interview politique en y intégrant notamment des invités de la société civile en lien avec l’actualité, qui viendront interpeller le politique, des spécialistes ainsi fact-checking avec l’invité.Pour faire cela, j’ai donc décidé de faire des économies en supprimant les plateaux qui introduisent les émissions. De même, certaines qui arrivaient en fin de contrat ne sont pas reconduites comme « Hélène et les animaux » ou « Les Grandes questions » de Franz-Olivier Giesbert.Qu’en est-il de l’avenir des « Maternelles » et du « Journal de la santé » après le rachat par TF1 du groupe de production Newen ?Pour le moment, tous les nouveaux projets sont suspendus. Concernant les magazines de santé, le problème ne se pose pas car le contrat court jusqu’en 2017. Celui des « Maternelles » arrive à échéance en juin 2016 et sera réexaminé. Très franchement, je suis partagé avec ce magazine sympathique et en symbiose avec les valeurs du service public mais décevant en termes d’audience générale. Son aspect novateur des débuts n’est-il pas devenu obsolète ? La leçon que l’on peut tirer de l’affaire Newen est que nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs comme cela a été le cas. Une émission n’est pas une rente à vie, c’est le message que je veux leur insuffler.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « La cinquième vidéo, elle est fatale, on dirait un film », dit un habitant de Saint-Denis qui tente, dans sa commune, de vendre à des journalistes des images amateurs de l’assaut donné par les policiers mercredi 18 novembre au matin. « 400 euros, c’est donné », commente-t-il. Le phénomène n’est pas totalement nouveau mais l’intensité du petit marché qui s’est mis en place dans la foulée des attentats a frappé plusieurs reporters sur place, dont ceux du Petit Journal et de FTVinfo.Saint Denis des jeumes tentent de vendre des vidéos entre 100 et 300 euros sur le marché selon si l on entend tirs pic.twitter.com/KmPhoH54lG— Pascal Jalabert (@Jalabertpascal) November 18, 2015« Si on voit les tirs et un policier, de loin, dans la nuit, c’est 500 euros, sinon, juste le son, c’est 100 euros », s’indigne Pascal Jalabert, rédacteur en chef du bureau parisien d’informations générales d’Ebra, groupe de journaux de l’est de la France, cité par FTVinfo.#SaintDenis Un riverain me montre une vidéo, prise à 4h36 du matin. On y voit des tirs depuis la fenêtre de l'immeuble rue Corbillon.— Kocila Makdeche (@KocilaMakd) November 18, 2015Le journaliste de FTVinfo Kocila Makdeche raconte qu’après l’avoir interpellé, les vendeurs montrent la vidéo proposée « sous le manteau, comme des vendeurs à la sauvette », dans une rue tranquille.Sans se cacher particulièrementD’autres font leur commerce sans se cacher particulièrement : Le Petit journal a filmé un groupe de personnes négociant des images de façon ouverte, dans une rue.St-Denis : le commerce des vidéos amateurs - Le Petit Journal du 18/11La circonstance de l’assaut renforce la quantité et l’intérêt des documents amateurs : les échanges de tirs, impressionnants, entre la police et les djihadistes retranchés rue Corbillon, ont commencé très tôt, vers 4 h 30. Beaucoup de riverains ont filmé avec leur smartphone avant que les moyens importants des télévisions arrivent progressivement.Les documents amateurs, montrant l’immeuble des terroristes, le choc assourdissant des armes automatiques ou des mouvements de forces de l’ordre, ont été utilisés par les chaînes de télévision, de BFMTV à i-Télé, en passant par Télé Matin, explique Le Petit Journal. Ce qui ne veut pas dire qu’elles les aient achetées, car certains témoins donnent gratuitement leurs images ou les postent sur les réseaux sociaux.BFM-TV a acheté deux portraits d’un kamikaze, pas de vidéos« Nous ne sommes pas contre le principe d’acheter certains documents », explique au Monde Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Pourtant, depuis le 13 novembre, la chaîne dit n’avoir payé que deux photos, d’Ismaïl Omar Mostefai, l’un des djihadistes qui s’est fait exploser au Bataclan, acquises auprès d’un « ex-proche » et aucune vidéo.BFM-TV explique sa ligne de conduite pour l’achat de documents amateurs : « Ne pas rentrer dans une course au spectaculaire, ni dans une course aux enchères. Et il faut que le document apporte une info », explique M. Béroud.Payer des particuliers pour des images est assez tabou. A Saint-Denis, le reporter du Petit Journal confronte les vendeurs : « J’ai fait ton travail. J’ai eu les couilles de le faire. J’ai risqué ma vie », explique l’un d’eux. Avant d’avancer une raison plus économique : « Y’a de l’actu, je sais que je peux faire de l’argent. (…) J’ai pas de travail. »Une vidéosurveillance d’un bar attaqué « pour 50 000 euros » Ceux qui achètent avec moins de complexe sont les médias anglo-saxons, où cette pratique est plus courante : d’ailleurs, la journaliste que Le Petit Journal arrive à filmer en train d’acheter pour de bon des documents parle anglais. On la voit verser une rallonge de 200 euros en cash, après avoir, dit-elle, déjà payé 250 euros pour quatre vidéos. Interrogée dans la foulée, elle dit travailler pour la BBC, le service public audiovisuel britannique. Mais nie avoir payé pour des images…Ces derniers jours, les médias britanniques ont parfois diffusé des documents amateurs, quitte à choquer : le Daily Mail a ainsi diffusé une photo de l’intérieur du Bataclan montrant des corps, qu’il a acheté via le Daily Mirror qui en a acquis les droits.Le site du quotidien a également montré des images de vidéosurveillance récupérées dans un des cafés-restaurants attaqués à la kalachnikov vendredi soir. « Cette vidéo nous a été proposée pour 50 000 euros », raconte Hervé Béroud, de BFM-TV, qui l’a refusée, car elle est « choquante ».Le Journal du dimanche a raconté que dès le soir des attaques, deux témoins proposaient trois vidéos et une dizaine de photos des attaques d’un bar et d’une pizzeria, pour 1 000 euros. Avec « exclusivité », ce qui veut dire qu’ils supprimeraient les images après la transaction.« Se faire du fric sur le malheur des gens »On est encore loin de la recherche effrénée d’images de faits divers pour les monnayer avant tout le monde aux chaînes, comme dans le film américain Night Crawler. Mais la pratique se diffuse, explique FTVInfo, qui se rappelle s’être fait démarcher pour enchérir sur des vidéos des inondations dans le sud-est de la France.« Honte à tous ces gens qui font commerce de la détresse », s’indigne une internaute dans les commentaires du reportage posté sur Facebook par Le Petit Journal. « Se faire du fric sur le malheur des gens, c’est ignoble. Si quelqu’un de votre famille se trouvait dessus, vous le feriez ? Vous me dégoûtez », abonde un autre. Le JDD dénonce, lui, une « version connectée du profiteur de guerre ».« Si j avais des photos, je les vendrais. Quitte à ce que BFM-TV, TF1 et autres se fassent des tunes, je prends ma part », rétorque un commentateur sur Facebook. « Tant qu’il y aura des gens pour acheter, il y aura des gens pour vendre, c’est une loi universelle », philosophe un autre. Un dernier tend un miroir à tout le monde : « Arrêtez de faire vos saintes-nitouches, vous serez tous scotchés à votre téloche quand la vidéo achetée sera diffusée. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Le débat sur le GamerGate ressurgit au moment le plus inattendu. Ce mouvement en ligne de joueurs de jeu vidéo hostile au discours féministe, aux médias, et régulièrement accusé de harcèlement en ligne, est accusé par le site américain Vice d’avoir modifié la photo d’un journaliste, Veerender Jubbal, en le grimant en terroriste kamikaze avant de la diffuser largement en ligne.Lire : A la rencontre du GamerGate, le mouvement libertarien qui veut défendre « ses » jeux vidéo  « La photo de l’un des kamikazes de Paris a été diffusée. Il l’a posté sur Twitter peu avant l’attaque », écrit un utilisateur turc de Twitter, connu sous le pseudonyme de Blacktric sur les réseaux sociaux anglophones, au soir des attentats du vendredi 13 novembre.Comme l’ont remarqué plusieurs internautes, un certain nombre de détails clochent, comme les prises anglaises, ou l’étonnante présence d’un godemiché à l’arrière-plan. La photographie a en fait été modifiée sur un logiciel de retouche d’image.« Il faut un gilet d’explosifs et un coran »Le détournement est apparu le 12 août, et a été réalisé par un membre du gamergate,@turd_wartsniff, alias Sad Person, ou encore Doctor Ethics, à la suite d’un dialogue édifiant entre trois utilisateurs de Twitter, dont Blacktric.« Vous êtes à la mosquée et ce type met une main aux fesses de votre copine. Que faites-vous ? - J’utilise Photoshop pour placer une bombe à la place de sa tablette - Non, il faut un gilet d’explosifs et un coran à la place de sa tablette »La photo, à nouveau mise en ligne le 13 novembre, connaît une diffusion exceptionnelle. Comme le relève Vice, le visage de Veerender Jubbal est repris dans la presse européenne : La Razon en Espagne et SkyTG24 en Italie publient la photo, l’un pour illustrer le parcours d’un des terroristes entrés en France en passant par la Grèce avec les réfugiés, l’autre comme un document « envoyé par l’Etat Islamique ». « Des millions et des millions de gens ont vu les images retouchées, et me prennent pour un terroriste », s’est désolé l’intéressé sur Twitter, qui rappelle être sikh et non musulman, vivre au Canada, et n’être jamais allé à Paris. « Tout ceci me place dans une mauvaise situation, au sens où je risque d’être physiquement et/ou moralement blessé à cause de ça. »Le mouvement minimiseVeerender Jubbal n’a pas été choisi par hasard. Il est connu pour ses positions hostiles au GamerGate. Il a ainsi créé le mot-dièse « StopGamerGate2014 », rappelle son profil Twitter. « Les gamers sont des ordures absolues, comme je le dis depuis une année entière. Les gens n’arrêteront pas de me harceler et polluer la vie », a-t-il déclaré, 24 heures après la diffusion de cette photo.Gamers are absolute garbage like I have been saying for a full year.People will not stop harassing, and bothering me.— Veeren_Jubbal (@Veerender Jubbal)require(["twitter/widgets"]);Sur Reddit, l’un des fiefs en ligne du GamerGate, on minimise la volonté de nuire et on se désolidarise du tweet du vendredi 13 novembre de Blacktric. Ce dernier s’était éloigné du mouvement il y a plusieurs mois. « Est-ce qu’un des nôtres [Sad Person] est responsable du détournement sous Photoshop ? Probablement, oui. Toutefois celui-ci a été fait avant les attaques de Paris, il n’y avait pas l’intention d’associer Veerender Jubbal dans celles-ci. Ceci a été fait par quelqu’un [Blacktric] qui ne s’associe plus avec le GamerGate. »Ce dernier a pourtant continué à harceler le journaliste, mais au sein de la « Ayy Team », un groupe d’internautes dissidents spécialisés dans la provocation extrême et les messages de harcèlement envers plusieurs communautés, comme les sympathisants LGBT et féministes. Les comptes Twitter et Reddit de Blacktric ont depuis été désactivés.Veerender Jubbal a quant à lui évoqué la possibilité de poursuivre en justice les journaux ayant utilisé sa photographie.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guillot Le jour de l’attaque du Bataclan, vendredi 13 novembre, ils étaient sept photographes accrédités pour le concert des Eagles of Death Metal. Un concert de plus pour ces spécialistes de musique, qui sont des passionnés autant que des photographes – l’un d’eux, Yann Charles, travaille en amateur, et publie ses photos de façon bénévole pour un webzine.Mais les images qu’ils ont prises ce soir-là, du groupe et du public communiant dans le même plaisir, se remplissent aujourd’hui d’une émotion toute particulière. « Ils sont tous choqués, à des degrés divers, témoigne Bertrand Alary, directeur de l’agence Dalle, qui diffuse plusieurs d’entre eux. Et ils ont chacun une attitude différente face aux images qu’ils ont faites. Moi, je suis leurs instructions à la lettre. »Dans le milieu musical, à part pour les gros concerts aux contraintes particulières, c’est en général la « règle des trois » qui s’applique : les photographes dûment accrédités peuvent travailler seulement pendant les trois premières chansons, histoire de ne pas perturber le spectacle. Le 13 novembre, au Bataclan, les photographes se placent dans le « pit », derrière les barrières, entre la scène et le public – là où ils ont un bon point de vue sur le groupe et les spectateurs.A eux d’éviter les flashs dans les yeux qui gênent les musiciens. « C’est un groupe de rock festif, super-intéressant à photographier, car ils sont super-vivants quand ils jouent », confie l’un d’eux, qui préfère taire son nom. Après trois chansons, des photographes se fondent dans la foule, d’autres décident de partir. « Avec un collègue, on a bu un verre en rangeant le matériel, raconte un photographe. On est tous les deux partis pour éditer nos photos chez nous. Avant, j’ai pris une photo sur mon téléphone, pour montrer l’ambiance, et je l’ai postée sur Facebook. Puis j’ai pris ma voiture, et c’est seulement en passant devant Le Petit Cambodge que j’ai compris que quelque chose de grave se passait. » A l’intérieur, le photographe Manu Wino se trouve au bar quand arrivent les terroristes, mais il est près de la sortie de secours, et réussit à s’enfuir. Un de ses collègues trouvera refuge dans un local technique pendant toute l’attaque. Mais la photographe Marion Ruszniewski, qui travaillait ce jour-là pour le mensuel Rock & Folk, est touchée par une balle dans le ventre. « J’ai pensé à mon ami Rémi Ochlik [tué en Syrie en 2012] et je me suis dit “pas moi” », a-t-elle raconté à l’AFP. Elle fera la morte jusqu’à l’arrivée des secours, et s’en tirera sans complications trop graves. « C’est mon sac à dos de photo qui m’a sauvé la vie », pense-t-elle.« Du mal à regarder mes images »Une fois la frayeur passée, que faire des cartes mémoires pleines d’images innocentes d’un concert qui a viré au carnage ? Les photographes ont tous répondu de façon différente. Marion Ruszniewski a diffusé quelques photos du concert par le biais de l’AFP, et doit publier le reste comme prévu dans le prochain numéro de Rock & Folk.Manu Wino et Julien Mecchi, « par respect pour les victimes », ont, chacun, décidé de distribuer gratuitement les photos du concert sur leur compte Facebook, en demandant qu’il n’en soit pas fait un usage commercial. « Peace, Love & Death Metal », a ajouté Manu Wino sur sa page, en écho au titre du premier album du groupe californien. Dans les images qu’il a prises, on voit nettement des spectateurs sur le côté de la scène. « Au début, je ne voulais rien en faire, a-t-il déclaré à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles. Mon sac est resté fermé. Et, petit à petit, on sort du choc, et, en discutant avec des amis, je me suis dit qu’il fallait envoyer des ondes positives. J’ai eu envie qu’on se souvienne des sourires, du rock’n’roll et qu’on était tous là pour faire la fête. »Mais ces clichés de spectateurs qui s’amusent avant la tuerie posent un problème de conscience à quelques photographes. Ils savent que nombre de personnes à l’image sont mortes, et que certaines familles n’ont pas encore identifié leurs proches. « Deux photographes m’ont demandé de retirer les images où on voit le public, parce qu’ils pensent que c’est plus respectueux », explique Bertrand Alary.Sur ce sujet, un photographe, qui préfère taire son nom, confie être « en pleine réflexion ». « Pour l’instant, j’ai encore du mal à regarder mes images. Je ne sais pas si les gens seront choqués de revoir leur famille, ou contents de les voir vivants et souriants après toutes ces photos d’horreur. » L’un d’entre eux semble avoir tranché, en publiant, en double page dans le magazine Paris Match paru lundi 16 novembre, sans donner son nom, une photo cadrée uniquement sur les spectateurs du concert : une image d’insouciance, à la fois joyeuse et terrible.Malgré le choc et les crises d’angoisse, les photographes ne semblent pas découragés de photographier des concerts, y compris au Bataclan. « Parfois, il faut juste faire son job », écrit Julien Mecchi sur Facebook. Et, par mail, Marion Ruszniewski indique : « Je prendrai des photos dès que j’en serai capable. »Lire aussi :Le gouvernement ordonne à Twitter de bloquer la diffusion des photos du carnage dans le BataclanClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard « On vous l’avait bien dit… », semblent entonner ceux qui ont brandi de longue date le risque de voir des terroristes se mêler aux migrants arrivant en Europe. Ainsi, le député républicain des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, tout comme le site d’extrême droite Fdesouche, n’ont pas manqué de souligner qu’un des auteurs des attentats du 13 novembre s’est présenté en Grèce en tant que réfugié syrien. Et au passage, ils ont pointé du doigt les médias, accusés d’avoir été trop angéliques dans leur traitement.Lire aussi :Un kamikaze du Stade de France avait emprunté la route des Balkans« Fantasme »« Des terroristes parmi les migrants : quand les médias dénonçaient un fantasme », a titré Fdesouche, listant une quinzaine de liens vers des sites d’information. Christian Estrosi a, lui, choisi de cibler un article et un média en particulier : France Inter. Il a accusé la radio de service public d’avoir réalisé un « maquillage » sur « un article qui donne tort à ses journalistes ». Reprenant un argument de Fdesouche, le maire de Nice s’est indigné lors de son passage lundi sur France Info, mais aussi sur Twitter.Mais je veux dénoncer ici maquillage réalisé par @franceinter sur un article qui donne tort à ses journalistes pic.twitter.com/PvkEVAe20j— Christian Estrosi (@cestrosi) November 16, 2015 En cause : le changement de titre, dimanche, d’un article du site de France Inter, initialement publié le 14 septembre. « Réfugiés : le fantasme de l’infiltration terroriste » a été changé en « Des terroristes parmi les migrants ? » Pour Fdesouche, cette modification « en loucedé » est la preuve du malaise du média.Contactée, France Inter reconnaît une « maladresse » décidée dans l’urgence dimanche. Mais assure avoir agi pour répondre à une inquiétude légitime : protéger l’auteur de l’article, qui était « victime d’insultes, mais aussi de menaces sérieuses » depuis que son nom et son article ont été exhumés, samedi, sur les réseaux sociaux. Sa signature a été retirée dimanche… et le titre adouci.Le ministère de l’intérieur et les expertsAu-delà de cette petite polémique, les médias ont-ils occulté le risque d’infiltration d’islamistes sur la route des Balkans ? Difficile de généraliser mais avec le recul, le titre initial de l’article de France Inter semble trop catégorique. « Ce n’est pas notre journaliste qui a mal fait son boulot, rétorque Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de la radio. Elle s’est appuyée sur le ministère de l’intérieur : dans un échange en off avec d’autres collègues, il se disait alors très peu préoccupé par ce risque. » L’éventuelle « sous-évaluation » du problème serait donc plutôt le fait de Beauvau.« Les migrants qu’on laisse entrer en France sont ceux qui veulent y demander l’asile. Or quand on fait une demande d’asile, on laisse nécessairement ses empreintes, on se fait photographier, et les services de l’OFPRA (l’office de protection des réfugiés) consultent les fichiers de police français et internationaux. Si une personne est recherchée, ou signalée par exemple pour radicalisme, c’est non : elle n’obtiendra pas le statut de réfugié et pourra même être expulsée », expliquait l’article, citant le ministère.La route des Balkans jugée risquée et lenteDans les autres liens pointés par Fdesouche, on trouve plusieurs articles s’appuyant en fait sur des sources identiques, par exemple des tweets du journaliste David Thomson, de RFI, en août. Ce spécialiste du djihad réagissait à l’affirmation formulée par le maire de Nice sur la présence de terroristes parmi les migrants, et avant lui par la présidente du Front national, Marine Le Pen :« A ce stade, les propos de Christian Estrosi au sujet des migrants et de l’Etat islamique sont factuellement faux. Jamais l’Etat islamique n’a encore utilisé les flux de migrants pour s’infiltrer en Europe dans le but d’y réaliser des attentats. Cette option initialement diffusée dans la presse italienne, puis instrumentalisée politiquement, n’est présente dans aucun communiqué », avait écrit M. Thomson, selon Le Lab.Le journaliste de RFI ajoutait toutefois : « Pour autant, une telle option n’est pas non plus totalement exclue. »D’autres articles se fondent sur les mêmes dépêches AFP, l’une du 21 mai, l’autre du 14 septembre. Leur angle est commun : « Des djihadistes peuvent gagner l’Europe sans se cacher parmi les migrants. » Y sont cités des officiels, dont le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, qui appelle à la vigilance ; mais aussi plusieurs spécialistes, assez sceptiques. Pour eux, il est plus rapide et moins risqué pour l’Etat islamique de passer par d’autres voies, comme l’avion, que de tenter la route des Balkans.« Exagérer la menace serait complètement idiot, mais la nier absolument serait faux », relativisait Eric Dénécé, du Centre français de recherches sur le renseignement, dans une dépêche.Et le débat sur les migrants ?Les médias ont-ils péché par excès de certitudes ? Jean-Marc Four, de France Inter, rappelle que « la vérité du jour n’est pas celle du lendemain ». Le parcours de l’auteur des attentats du 13 novembre passé par la Grèce montre que le processus d’enregistrement des migrants peut laisser passer un individu non fiché ou utilisant un faux passeport – en l’occurrence de Syrie, pays en guerre. L’Ofpra explique aujourd’hui avoir dans quelques cas refusé l’asile pour des soupçons de terrorisme. Mais ne peut agir si l’arrivant ne dépose pas de dépôt de dossier.Lire aussi :Craintes sur l’arrivée de terroristes avec les migrants« Sur le fond, il y a peut-être eu chez les journalistes une forme de minimisation, mais pas forcément consciente, pense M. Four. Car les thèmes du terrorisme et des migrants se téléscopent et sont tous les deux sujets à instrumentalisation politique. »Intéressante pour la lutte contre le terrorisme, la question ne change pas forcément les termes du débat sur l’immigration et les réfugiés : « Même si on admet que quelques terroristes passent dans le flot de migrants, faut-il pour autant renoncer à trouver une solution d’accueil pour tous les autres ? », demande M. Four.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Attentats à Paris : "François Hollande craint... par rtl-frCela s’appelle éteindre un début d’incendie. Mardi 17 novembre, RTL a publié un communiqué pour soutenir son chroniqueur Eric Zemmour, pris à partie sur les réseaux sociaux. Le polémiste avait affirmé le matin même sur l’antenne de la radio qu’« au lieu de bombarder Raqqa [en Syrie], la France devrait bombarder Molenbeek ». Une référence au quartier de Bruxelles réputé pour la présence d’islamistes et actuellement ciblé par les enquêteurs après les attentats du 13 novembre à Paris.« Face aux réactions et à l’incompréhension suscités par la chronique d’Eric Zemmour diffusée ce 17 novembre dans la matinale, RTL tient à indiquer que les propos du chroniqueur étaient évidemment à prendre au second degré et aucunement au premier degré ».« L’objet de la chronique d’Eric Zemmour était de montrer que les bombardements français en Syrie ne servaient à rien tant que les frontières intra-européennes ne seraient pas rétablies, a ajouté RTL. Comment peut-on imaginer qu’Eric Zemmour ait sérieusement appelé à bombarder cette commune bruxelloise ? »Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe précédent i-TéléPar ce communiqué, la radio réitère son soutien au journaliste devenu essayiste militant, comme elle l’avait fait lors de polémiques précédentes. Elle avait expliqué à différentes reprises qu’il ne convient pas de faire taire une voix qui représente une partie des Français. La société des journalistes de RTL s’était pourtant désolidarisée de M. Zemmour le 17 décembre, après des propos ambigus sur les musulmans au Corriere della sera : « Ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL », avait écrit la SDJ.A la même époque, la directrice de la rédaction d’i-Télé, Céline Pigalle, avait mis fin à l’émission de débat de M. Zemmour avec Nicolas Domenach. Celle-ci a depuis été limogée de la chaîne d’information en continu par Vincent Bolloré, le nouvel homme fort de Vivendi. Outre ses livres et sa chronique deux fois par semaine sur RTL, M. Zemmour a encore un rendez-vous hebdomadaire sur Paris Première (groupe M6) : avec Eric Naulleau, son ancien complice d’« On n’est pas couché », l’émission de Laurent Ruquier, qui a depuis regretté avoir fait décoller la carrière de M. Zemmour.Lire aussi :i-Télé met fin à sa collaboration avec Eric ZemmourAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.11.2015 à 22h32 • Mis à jour le17.11.2015 à 08h10 | Alexandre Piquard « En situation de guerre, ce document est un éclairage glaçant mais poignant de ce que Paris a vécu vendredi soir », assume Vincent Régnier, directeur des magazines d’information de M6. Le « document » en question, diffusé dans l’émission « 66 Minutes », est une séquence tournée presque par hasard, lors d’un reportage sur le travail quotidien des pompiers : les journalistes se sont retrouvés embarqués avec les secours quand ils ont été parmi les premiers à découvrir le carnage au restaurant La Belle Equipe, rue de Charonne, dans le 11e arrondissement. Montré dimanche 15 novembre à 18 heures, le document n’était pas encore disponible en replay, mardi matin. « Atteinte à la dignité des personnes »Le ministère de l’intérieur ne partage pas du tout la satisfaction de la chaîne : « Le reportage est violent et il a été diffusé trop tôt : seulement quarante-huit heures après les faits. Les victimes n’étaient pas toutes identifiées et certaines familles étaient encore dans l’attente. Le document pouvait porter atteinte à la dignité des personnes. Il n’était pas opportun de le diffuser si tôt », explique son porte-parole au Monde, confirmant un argumentaire relayé par Pure Médias. La place Beauveau n’était en revanche pas opposée à un passage à l’antenne plus tard, sans préciser quand.Dans le reportage, les caméras arrivent sur les lieux du drame, qui a fait 19 morts, avant la police, avec les pompiers. Les images sont dures. Il y a des cris… Des proches éplorés, des gens entre la vie et la mort. Une scène a notamment été relevée : « C’est ma sœur, tu attends qu’elle décède ? Est-ce qu’il y a de l’espoir ? », demande un survivant. « Je pense qu’il n’y a pas d’espoir », lui répond un pompier. Dans son ensemble, la séquence de dix minutes a suscité des réactions très contrastées sur Twitter comme l’a relevé Le Figaro.fr. Critiquée par les uns, mais aussi saluée par les autres.Le document montre surtout le sang-froid des secours et de leur responsable ce soir-là, un pompier qui ordonne le travail des ses hommes, avec méthode, au milieu du chaos. « Valeur informative »La « valeur informative » des images était trop grande, justifie Vincent Régnier, pour retarder la diffusion : « Il y avait toutefois deux conditions : ne pas porter atteinte à l’enquête et à la dignité des personnes. » Les visages étaient floutés et le reportage « déconseillé aux moins de 10 ans ».L’opposition entre le ministère de Bernard Cazeneuve et la chaîne porte sur un autre point : le porte-parole estime que M6 a outrepassé ses consignes car il a argué, avant la diffusion, de la violence du document.M. Régnier rétorque que le ministère a seulement mis en avant des arguments « administratifs ». Ce genre de reportages, où les journalistes sont « embarqués » fait l’objet d’une convention entre la chaîne et le ministère. En l’occurrence, cette convention précisait que le sujet serait diffusé sur W9 (une autre chaîne du groupe M6) et que les images devaient être visionnées, avant diffusion, par l’intérieur – pour vérifier les floutages notamment. Deux conditions non-respectées.Pas de manquement, selon le CSAM6 répond au ministère que les circonstances des attentats de vendredi soir étaient « exceptionnelles ». Et assure que les pompiers ont vu les images dimanche, sans trouver à y redire. L’homme qui s’inquiète de sa sœur mourante dans la séquence frappante du reportage a même recontacté M6 pour témoigner à visage découvert, malgré la mort de sa proche, selon M. Régnier. Au passage, le cadre de M6 fait remarquer l’absence de polémique liée à la diffusion d’une vidéo tournée par le journaliste du Monde Daniel Psenny, montrant l’horreur vécue par les victimes touchées par balles et fuyant le Bataclan par une sortie de secours.Le ministère de l’intérieur, lui, reste ferme : il regrette la diffusion, dimanche sur TF1, d’un autre reportage, également tourné dans le cadre d’un travail sur le travail des pompiers, initialement pour une autre chaîne, TMC. Il se réserve le droit de poursuivre les chaînes en justice.Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, lui, a plutôt conforté M6 : sa cellule de veille de l’autorité a estimé qu’il n’y avait pas de manquement, la chaîne ayant flouté les personnes susceptibles d’être reconnues. Mais un réexamen n’est pas exclu, précise l’AFP.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « On pensait avoir touché le fond, mais non… », se désole Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, jointe samedi 14 novembre par Le Monde. Elle était à son domicile, vendredi soir lors des attaques. Elle raconte son sentiment d’effroi au cours d’une soirée et d’une nuit passées sans dormir et à échanger avec des amis, mais avec « une réaction de rejet total, de fuite, presque un refus d’en entendre parler. »Samedi après-midi, l’équipe de Charlie Hebdo était sous le choc après ces attaques qui rappellent tant celles qui ont décimé le journal puis ciblé des policiers et des juifs en janvier. Contactés, plusieurs membres de la rédaction souhaitaient peu s’exprimer. Mais certains avaient déjà en tête le prochain numéro du journal, en théorie attendu pour mercredi 18 novembre, et qui doit désormais être totalement revu.Mesures de sécuritéVendredi soir, plusieurs membres de l’équipe, sous protection policière, dont son directeur, Riss, ont été mis en sécurité rapidement. Samedi, il leur a été déconseillé de s’approcher des nouveaux locaux que la rédaction occupe depuis plusieurs semaines dans le sud de Paris, après avoir quitté ceux où a eu lieu la tuerie de janvier puis avoir été hébergés au siège de Libération.Des membres de la rédaction ont toutefois élaboré un communiqué, assez succinct, paru samedi après-midi :« Toute l’équipe de “Charlie Hebdo” fait part de son effroi et de sa révolte après les attentats qui se sont déroulés vendredi 13 novembre à Paris. “Charlie Hebdo” s’associe à la douleur des victimes et leur adresse son soutien total ainsi qu’à leur famille. Le journal condamne une fois de plus cette violence terroriste au service de l’idéologie totalitaire islamiste qui n’a d’autre but que de détruire les valeurs de la démocratie et de la République. »Rattrapés par l’horreurVendredi soir, au moment des attentats, les membres de l’équipe se sont sentis rattrapés par l’horreur. Patrick Pelloux, médecin urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo, s’est rendu au Samu de Paris. Il y a endossé son rôle de médecin, plutôt que de confier son sentiment de membre de la rédaction de Charlie, qu’il a récemment annoncé vouloir quitter. Il a parlé de « carnage de guerre », de massacre, en particulier pour les victimes du Bataclan. « Ils ont utilisé des petites balles de 16,5 mm, avec une forte vélocité. C’est facile à tirer, et ils ont fait comme au ball-trap », a décrit M. Pelloux à une journaliste du Monde.Lire aussi :Patrick Pelloux annonce son départ de « Charlie Hebdo »D’autres membres de l’équipe étaient à la fête donnée dans les locaux de Libération avant son prochain déménagement, dont le rédacteur en chef, Gérard Biard. Bloqués dans cet immeuble voisin du Bataclan comme les autres — nombreux — journalistes invités, ils ont regardé les événements à la télévision sur place avant d’être mis en sécurité. M. Biard se concentrait samedi sur le prochain numéro du journal.Sigolène Vinson, elle, était chez elle en train de lire un livre quand elle a appris le drame. « C’est très dur… », raconte la chroniqueuse judiciaire du journal, qui par une coïncidence tragique s’est retrouvée à « trembler » ce vendredi parce qu’elle avait un ami parmi les spectateurs du Bataclan, qui a été touché par balle. Elle a passé une partie de la nuit à essayer de le localiser, après avoir échangé des SMS avec des membres de l’équipe de Charlie.Lire aussi :« C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts »Pression médiatique redoubléeCes dernières semaines, les membres de l’équipe de Charlie Hebdo voyaient se profiler les commémorations des attentats du 7 au 9 janvier. Avec une pression médiatique redoublée, comme en témoigne la publication des livres de Denis Robert, journaliste, et de Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo, symbole des tensions persistantes autour de l’héritage du journal. Les demandes venues des médias du monde entier ou les reportages prévus pour janvier se voient aujourd’hui percutés par la nouvelle actualité tragique des attentats de novembre, songe un journaliste, choqué.« Maintenant, il va falloir revoir des choses dans notre façon d’appréhender le terrorisme », pense aussi Zineb El Rhazoui, franco-marocaine et tenante d’une ligne d’opposition ferme à l’islamisme. « Il va falloir interpeller ceux qui ont dit “oui, mais…” après les attentats de janvier, ajoute la journaliste, actuellement en arrêt maladie. Il faut attaquer toute la chaîne de production idéologique du terrorisme, pas que les terroristes avec une réponse sécuritaire. »Dans la nuit de vendredi à samedi, certains des dessinateurs de l’équipe de Charlie Hebdo se sont mis à faire des croquis, paradoxalement inspirés par les horribles événements de la veille, relate un membre de l’équipe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Dix mois après les attentats de janvier, les grands médias français, tous établis à Paris, ont de nouveau connu une mobilisation totale, vendredi 13 novembre dans la soirée et pendant le week-end. Mais alors que le traitement médiatique des attaques menées par les frères Kouachi et par Amedy Coulibaly avait donné lieu à de vives polémiques, suivies de sanctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), cette fois la couverture n’a jusqu’ici pas soulevé de questions.« Nous n’avons pas été confrontés à des situations aussi compliquées qu’en janvier : soit c’était fini quand on est arrivé sur les lieux, soit c’était en cours, au Bataclan, mais on était placés loin », explique ainsi Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Cette fois, pas de dilemme sur le fait de diffuser en direct ou non les images de l’assaut, à la différence des dénouements de Dammartin-en-Goêle (Seine-et-Marne) ou de la porte de Vincennes, qui s’étaient déroulés sous l’œil des caméras. « Tout est allé beaucoup plus vite », résume M. Béroud.« Nous n’avions pas d’équipe en capacité de filmer l’assaut sur le Bataclan, renchérit Catherine Nayl, directrice générale adjointe à l’information du groupe TF1. Mais si nous en avions eu une, nous ne l’aurions pas diffusé. »Pas de consignesVendredi soir, aucune consigne n’a été donnée aux médias par le ministère ou par le CSA. « Nous n’avons reçu aucun message de la part des autorités, il n’y a pas eu d’échanges hors ceux que nous entretenons avec nos sources policières dans le cadre de notre suivi », atteste Laurent Guimier, directeur de France Info.La chaîne i-Télé a cessé de diffuser les images du Bataclan en direct vers 0 h 30 samedi, au moment de l’assaut. Le présentateur Bruce Toussaint a invoqué une « demande des autorités » en ce sens. Contacté par Le Monde, il explique que « l’une de nos reporters à proximité du Bataclan était en direct quand des détonations ont retenti et un policier lui a alors demandé de cesser de tourner, mais nous n’avons reçu aucun coup de fil à la rédaction. »Au lendemain des attentats de janvier, le CSA avait formulé des recommandations aux médias pour les enjoindre à ne pas perturber l’action des forces de l’ordre dans des situations similaires. Le CSA s’est exprimé samedi vers 15 heures, dans un communiqué, pour « attirer très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours dans les circonstances tragiques que vit notre pays ».Suivez notre live sur la situation à ParisPrudence redoubléeAu-delà du cas précis des images d’assaut, l’impression générale était celle d’une prudence plus forte qu’en janvier, notamment dans la communication des bilans.« On a presque eu un excès de prudence sur certaines informations : notamment le bilan très lourd de victimes tuées, pourtant recoupé par des sources médicales et policières, juge M. Béroud. Soixante morts, quatre-vingt morts… On avait envie que cela ne soit pas vrai et peur que cela puisse être faux. Mais c’est allé vite et ça s’est malheureusement révélé en-deçà de la vérité. »Malgré cette sidération, les médias ont semblé mieux maîtriser la situation. « Après les événements de janvier, on a revu notre fonctionnement de façon à être plus cohérents quant aux informations données entre nos différents supports (Web, antenne…) », rappelle M. Guimier. « Les équipes ont des réflexes qui tiennent compte de ce qu’on n’a fait ou pas fait au moment de Charlie, constate Catherine Nayl. Cela concerne par exemple les correspondances sur les réseaux sociaux pendant les prises d’otages. » « On est plus rapidement passés dans l’explication, dès samedi matin. En janvier, il y avait eu des jours de traque », abonde Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions, qui a également hésité un peu avant de donner les bilans impressionnants de morts.France Télévisions, qui n’a pas encore de chaîne d’information en continu, n’a pas décroché en direct tout de suite : France 2 a continué sur l’émission « Ce soir ou jamais » jusqu’à minuit et l’intervention de François Hollande, puis a rendu l’antenne à 2 heures. Auparavant, France 3 avait assuré le suivi des événements de 22 h 45 à minuit. Samedi, France 2 a repris l’antenne, jusqu’à midi, et France 3 a fait un décrochage avec des images de ses rédactions dans toute la France. Le « 13 heures » de France 2 est lui prolongé jusqu’à 14 h 30. De son côté, TF1 a assuré un long direct, vendredi soir après le match de football France-Allemagne, puis samedi matin.Lire aussi :Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Entre victimes et témoinsReste que dans toutes les rédactions, le travail se fait sous tension. « L’ambiance est lourde, décrit M. Béroud. Les journalistes sont parfois comme des médecins, à avoir une pointe d’humour pour déstresser, mais pas là… »« Les gens dans la rédaction sont très touchés, raconte M. Golomer. Beaucoup sont revenus au siège de France Télévisions, vendredi soir, et étaient émus. Aucune population spécifique ne semblait visée dans les attentats. Cela pèse. Tous nos journalistes ont été contactés par leur famille pour savoir comment ça allait. On sent que les gens avaient envie de se retrouver ensemble, comme un refuge aussi. »« L’épicentre des attaques est un quartier où nombre de journalistes résident ou ont leurs habitudes, observe Laurent Guimier. Plusieurs membres de l’équipe étaient présents sur place, ont témoigné avant de rejoindre la rédaction. » Une situation vécue dans la plupart des rédactions, dont des membres ont assisté de près aux attaques, oscillant entre une position de victime et de témoin.« Les équipes sont touchées, constate M. Golomer. Tout le monde connaît quelqu’un qui était vers la rue de Charonne et les lieux des attentats. Les prochains jours vont être difficiles. »Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attentats du 13 novembre : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières) et Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Les journalistes sont les « chiens de garde de la démocratie », selon la Cour européenne des droits de l’homme. Qui veut contrôler un pays sans être confronté aux critiques tente de museler les reporters. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est malheureusement passé maître pour étouffer les aboiements de la liberté. Tandis que des journalistes du monde entier affluent à Antalya pour couvrir le sommet du G20, nombre de leurs collègues turcs ne sont pas accrédités. Boycotter les médias d’opposition est devenu une habitude dans ce pays, 149e sur 180 au dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.Quatre jours avant les élections législatives du 1er novembre, la police prenait d’assaut la rédaction du groupe Ipek et mettait fin en direct aux activités de deux quotidiens et de deux chaînes de télévision d’opposition. Une fois la direction reprise en main et 71 journalistes mis à pied, ces quatre titres ressuscitaient le 30 octobre avec une ligne éditoriale devenue pro-gouvernementale jusqu’à la caricature : la photo du président Erdogan s’étalait en « une » des quotidiens Bugün et Millet, dont les gros titres respectifs étaient « Le président parmi le peuple » et « La Turquie unie ». De la parole officielle pur jus.C’est le journalisme qu’on assassine. La majorité absolue retrouvée par le parti AKP, au pouvoir depuis treize ans, ne freine pas la spirale répressive. Dès le lendemain du scrutin, deux journalistes étaient jetés en prison, accusés d’« incitation à la révolte armée contre l’Etat » à cause d’une couverture. Depuis, une trentaine de leurs collègues font déjà l’objet de nouvelles enquêtes pour « propagande terroriste » ou « insulte au président de la République », les chefs d’accusation les plus courants.Pluralisme réduit et autocensureMardi 17 novembre s’ouvre le procès de dix-huit rédacteurs en chef et directeurs de publication, accusés de « propagande terroriste » pour une photo. Ils risquent sept ans et demi de prison. L’un de ces journalistes, Can Dündar, avait déjà personnellement été accusé d’« espionnage » par Recep Tayyip Erdogan, qui avait promis qu’« il ne s’en sortira[it] pas comme cela ». Son quotidien, Cumhuriyet, venait d’apporter la preuve que des camions affrétés par les services secrets turcs à destination de la Syrie étaient bien chargés d’armes.Depuis plusieurs années, la concentration des médias entre les mains de patrons de presse proches du pouvoir réduit le pluralisme et encourage l’autocensure. Les autorités se sont attelées à reprendre en main Internet : après des réformes draconiennes, le blocage de sites Web sans décision de justice est devenu systématique.La Turquie monopolise plus de deux tiers des demandes de retrait de contenu auprès de Twitter. Au besoin, Ankara n’hésite pas à bloquer l’intégralité de cette plateforme et de YouTube, une extrémité à laquelle ne recourait jusqu’alors qu’une poignée d’Etats parmi les plus répressifs de la planète.Approche paranoïaqueCes nouvelles pratiques s’ajoutent à des constantes héritées de la période militaire : lois restreignant la liberté d’expression, culture judiciaire centrée sur la défense de l’Etat, violences policières impunies… Les métastases du conflit syrien et la reprise des combats entre Ankara et les rebelles kurdes du PKK, cet été, ne font qu’accentuer l’approche paranoïaque des autorités vis-à-vis des journalistes critiques.Loin d’apaiser les tensions partisanes et communautaires, l’emballement de la censure et la rhétorique agressive du gouvernement ne font qu’accentuer les clivages et la dangereuse polarisation du pays. Début septembre, des manifestants galvanisés par les discours officiels ont attaqué par deux fois la rédaction du grand quotidien Hürriyet à Istanbul.Les chefs d’Etat du G20 doivent prendre toute la mesure de la dangereuse dérive dans laquelle s’enfonce leur hôte. Tous ont besoin d’une Turquie stable, qui limite l’expansion du chaos syrien et garantisse la sécurité et la prospérité de son peuple. Pour ce faire, Ankara doit cesser d’alimenter les tensions, et pour cela, il est essentiel que les vérités puissent être dites. N’en déplaise au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « rabâcher » à la Turquie ses violations de la liberté de la presse n’interdit pas de coopérer sur les problèmes d’intérêt commun.Au contraire, rouvrir l’espace du débat démocratique et favoriser le dialogue entre les différents segments de la société sont des conditions essentielles à la stabilisation du pays. La liberté de l’information fait partie de la solution.Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières)Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Hélène Delye Douze documentaires inédits à l’antenne pour six jours de festival, ce n’est déjà pas si mal. Pour sa deuxième édition (du 15 au 20 novembre), le Festival du documentaire d’Arte entend mettre en avant l’ouverture sur le monde et l’éclectisme, autant en termes de regards que de formats, des films coproduits par la chaîne, dont plusieurs ont été primés lors des grands festivals internationaux.Parmi ces films documentaires dits « d’auteur », et malgré le caractère événementiel du festival, seuls deux auront les honneurs du prime time : Hitchcock/Truffaut, de Kent Jones et Serge Toubiana (2015, lundi 16 à 20 h 55); et La Maison de la radio (2012 ; mardi 17 à 20 h 55), pour lequel Nicolas Philibert s’immerge dans les coulisses du média radio afin de formuler une réflexion sur le son et l’écoute.« Sessions de rattrapage »Les dix autres documentaires de ce festival – dont le très marquant Austerlitz (2013 ; mardi 17 à 22 h 35), de Stan Neumann ; Les Yeux du silence (2014 ; jeudi 19 à 22 h 25), de Joshua Oppenheimer, ou encore, le captivant Killing Time – Entre deux fronts (2015 ; mercredi 18 à 22 h 25), de Lydie Wisshaupt-Claudel – sont tous relégués en deuxième, voire troisième partie de soirée.Martine Saada promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetéspar la chaîneUn regret récurrent auquel Martine Saada, directrice de l’unité société et culture d’Arte France, répond de façon pragmatique. « Le passage du prime vers la troisième partie de soirée des documentaires d’auteur de la case “Grand Format”a eu lieu bien avant les changements au sein des directions chez Arte », dit-elle, consciente de la nostalgie qui règne autour de l’époque, sans doute idéalisée, où Thierry Garrel dirigeait l’unité documentaires d’Arte. « Ce n’est pas une révolution de palais qui viendrait de nouvelles directions, c’est une évolution due au fait que ces films nécessitent une attention et une intention du téléspectateur. La consommation en matière de télévision a changé. On est beaucoup moins tributaires des grilles et des horaires. On se fabrique de plus en plus une grille soi-même grâce aux sessions de rattrapage. Et puis il ne faut pas se voiler la face, la télévision est aussi un média de divertissement, et il faut pouvoir offrir des choses différentes aux gens », poursuit la directrice.« Se repositionner dans un axe » Dans un contexte marqué par l’inquiétude des producteurs et des auteurs quant à la pérennité de l’engagement des diffuseurs, notamment d’Arte, auprès du documentaire d’auteur, Martine Saada tente de rasséréner : « La crainte n’est pas le meilleur des moteurs… La vigilance, oui. La crainte, non. » Ainsi répond-t-elle à la « lettre ouverte » publiée dans Le Monde (5 novembre) dans laquelle de nombreux réalisateurs exprimaient leurs craintes après le départ de Luciano Rigolini, pilier du cinéma documentaire à Arte et responsable de la case « La Lucarne » depuis sa création.Si elle admet qu’il sera difficile de remplacer cet homme de grande culture, au goût sûr et au tempérament vif, la directrice des documentaires société et culture d’Arte promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetés par la chaîne. Mais elle affirme aussi sa volonté d’aller de l’avant. « Il faudra de la patience, laisser du temps au nouveau venu. Mais je ne peux pas croire qu’il n’y a pas de nouveaux talents pour prendre la suite de Luciano Rigolini. Toute ma vie, je n’ai fait que des choses pour essayer d’installer de nouveaux talents, quels qu’ils soient », dit encore l’ancienne directrice du pôle littérature générale et documents du Seuil, mais aussi ancienne productrice de documentaires aux Films d’ici. « Je suis plutôt dans l’idée qu’il faut conforter les choses que dans une phase de chantier. Les événements de janvier nous ont tous bousculés dans nos certitudes. C’est quand vous tanguez qu’il faut rechercher du sens, pour se réancrer. Or, le moment où l’on recherche du sens n’est pas toujours celui où l’on est le plus créatif… C’est le moment où l’on se repositionne dans un axe, et il faut en passer par là », explique-t-elle avec franchise.« Eviter tout formatage »« Et n’oubliez pas qu’on ne commande pas ! Je lis ce que je reçois », dit-elle encore, anticipant une autre attaque récurrente selon laquelle on assisterait à une forme de nivellement vers le bas dans l’exigence et l’originalité des documentaires diffusés sur la chaîne franco-allemande. Pour Martine Saada, « c’est par la diversité des producteurs et des auteurs qu’on évitera tout formatage. Parce qu’il y aura toujours quelqu’un d’assez fou dans une chaîne pour croire à un projet, même risqué, l’accompagner, le porter. Et j’espère être cette personne ». Une manière pour elle de responsabiliser et renvoyer certaines questions dans le camp des producteurs et des auteurs.Mais ces relations, souvent houleuses, entre Arte et les producteurs et réalisateurs avec lesquels elle travaille, sont aussi le signe de la vigueur du secteur cinéma documentaire, qui s’exprime, qui reste vigilant sur les évolutions qu’on tente de lui imposer, et qui, en râlant contre Arte, lui dit aussi son attachement. Car rappelons-le, aucune autre chaîne ne porte aussi haut le documentaire d’auteur, malgré tout.Hélène DelyeJournaliste au Monde William Audureau Le débat sur le GamerGate ressurgit au moment le plus inattendu. Ce mouvement en ligne de joueurs de jeu vidéo hostile au discours féministe, aux médias, et régulièrement accusé de harcèlement en ligne, est accusé par le site américain Vice d’avoir modifié la photo d’un journaliste, Veerender Jubbal, en le grimant en terroriste kamikaze avant de la diffuser largement en ligne.Lire : A la rencontre du GamerGate, le mouvement libertarien qui veut défendre « ses » jeux vidéo  « La photo de l’un des kamikazes de Paris a été diffusée. Il l’a posté sur Twitter peu avant l’attaque », écrit un utilisateur turc de Twitter, connu sous le pseudonyme de Blacktric sur les réseaux sociaux anglophones, au soir des attentats du vendredi 13 novembre.Comme l’ont remarqué plusieurs internautes, un certain nombre de détails clochent, comme les prises anglaises, ou l’étonnante présence d’un godemiché à l’arrière-plan. La photographie a en fait été modifiée sur un logiciel de retouche d’image.« Il faut un gilet d’explosifs et un coran »Le détournement est apparu le 12 août, et a été réalisé par un membre du gamergate,@turd_wartsniff, alias Sad Person, ou encore Doctor Ethics, à la suite d’un dialogue édifiant entre trois utilisateurs de Twitter, dont Blacktric.« Vous êtes à la mosquée et ce type met une main aux fesses de votre copine. Que faites-vous ? - J’utilise Photoshop pour placer une bombe à la place de sa tablette - Non, il faut un gilet d’explosifs et un coran à la place de sa tablette »La photo, à nouveau mise en ligne le 13 novembre, connaît une diffusion exceptionnelle. Comme le relève Vice, le visage de Veerender Jubbal est repris dans la presse européenne : La Razon en Espagne et SkyTG24 en Italie publient la photo, l’un pour illustrer le parcours d’un des terroristes entrés en France en passant par la Grèce avec les réfugiés, l’autre comme un document « envoyé par l’Etat Islamique ». « Des millions et des millions de gens ont vu les images retouchées, et me prennent pour un terroriste », s’est désolé l’intéressé sur Twitter, qui rappelle être sikh et non musulman, vivre au Canada, et n’être jamais allé à Paris. « Tout ceci me place dans une mauvaise situation, au sens où je risque d’être physiquement et/ou moralement blessé à cause de ça. »Le mouvement minimiseVeerender Jubbal n’a pas été choisi par hasard. Il est connu pour ses positions hostiles au GamerGate. Il a ainsi créé le mot-dièse « StopGamerGate2014 », rappelle son profil Twitter. « Les gamers sont des ordures absolues, comme je le dis depuis une année entière. Les gens n’arrêteront pas de me harceler et polluer la vie », a-t-il déclaré, 24 heures après la diffusion de cette photo.Gamers are absolute garbage like I have been saying for a full year.People will not stop harassing, and bothering me.— Veeren_Jubbal (@Veerender Jubbal)require(["twitter/widgets"]);Sur Reddit, l’un des fiefs en ligne du GamerGate, on minimise la volonté de nuire et on se désolidarise du tweet du vendredi 13 novembre de Blacktric. Ce dernier s’était éloigné du mouvement il y a plusieurs mois. « Est-ce qu’un des nôtres [Sad Person] est responsable du détournement sous Photoshop ? Probablement, oui. Toutefois celui-ci a été fait avant les attaques de Paris, il n’y avait pas l’intention d’associer Veerender Jubbal dans celles-ci. Ceci a été fait par quelqu’un [Blacktric] qui ne s’associe plus avec le GamerGate. »Ce dernier a pourtant continué à harceler le journaliste, mais au sein de la « Ayy Team », un groupe d’internautes dissidents spécialisés dans la provocation extrême et les messages de harcèlement envers plusieurs communautés, comme les sympathisants LGBT et féministes. Les comptes Twitter et Reddit de Blacktric ont depuis été désactivés.Veerender Jubbal a quant à lui évoqué la possibilité de poursuivre en justice les journaux ayant utilisé sa photographie.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guillot Le jour de l’attaque du Bataclan, vendredi 13 novembre, ils étaient sept photographes accrédités pour le concert des Eagles of Death Metal. Un concert de plus pour ces spécialistes de musique, qui sont des passionnés autant que des photographes – l’un d’eux, Yann Charles, travaille en amateur, et publie ses photos de façon bénévole pour un webzine.Mais les images qu’ils ont prises ce soir-là, du groupe et du public communiant dans le même plaisir, se remplissent aujourd’hui d’une émotion toute particulière. « Ils sont tous choqués, à des degrés divers, témoigne Bertrand Alary, directeur de l’agence Dalle, qui diffuse plusieurs d’entre eux. Et ils ont chacun une attitude différente face aux images qu’ils ont faites. Moi, je suis leurs instructions à la lettre. »Dans le milieu musical, à part pour les gros concerts aux contraintes particulières, c’est en général la « règle des trois » qui s’applique : les photographes dûment accrédités peuvent travailler seulement pendant les trois premières chansons, histoire de ne pas perturber le spectacle. Le 13 novembre, au Bataclan, les photographes se placent dans le « pit », derrière les barrières, entre la scène et le public – là où ils ont un bon point de vue sur le groupe et les spectateurs.A eux d’éviter les flashs dans les yeux qui gênent les musiciens. « C’est un groupe de rock festif, super-intéressant à photographier, car ils sont super-vivants quand ils jouent », confie l’un d’eux, qui préfère taire son nom. Après trois chansons, des photographes se fondent dans la foule, d’autres décident de partir. « Avec un collègue, on a bu un verre en rangeant le matériel, raconte un photographe. On est tous les deux partis pour éditer nos photos chez nous. Avant, j’ai pris une photo sur mon téléphone, pour montrer l’ambiance, et je l’ai postée sur Facebook. Puis j’ai pris ma voiture, et c’est seulement en passant devant Le Petit Cambodge que j’ai compris que quelque chose de grave se passait. » A l’intérieur, le photographe Manu Wino se trouve au bar quand arrivent les terroristes, mais il est près de la sortie de secours, et réussit à s’enfuir. Un de ses collègues trouvera refuge dans un local technique pendant toute l’attaque. Mais la photographe Marion Ruszniewski, qui travaillait ce jour-là pour le mensuel Rock & Folk, est touchée par une balle dans le ventre. « J’ai pensé à mon ami Rémi Ochlik [tué en Syrie en 2012] et je me suis dit “pas moi” », a-t-elle raconté à l’AFP. Elle fera la morte jusqu’à l’arrivée des secours, et s’en tirera sans complications trop graves. « C’est mon sac à dos de photo qui m’a sauvé la vie », pense-t-elle.« Du mal à regarder mes images » Une fois la frayeur passée, que faire des cartes mémoires pleines d’images innocentes d’un concert qui a viré au carnage ? Les photographes ont tous répondu de façon différente. Marion Ruszniewski a diffusé quelques photos du concert par le biais de l’AFP, et doit publier le reste comme prévu dans le prochain numéro de Rock & Folk.Manu Wino et Julien Mecchi, « par respect pour les victimes », ont, chacun, décidé de distribuer gratuitement les photos du concert sur leur compte Facebook, en demandant qu’il n’en soit pas fait un usage commercial. « Peace, Love & Death Metal », a ajouté Manu Wino sur sa page, en écho au titre du premier album du groupe californien. Dans les images qu’il a prises, on voit nettement des spectateurs sur le côté de la scène. « Au début, je ne voulais rien en faire, a-t-il déclaré à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles. Mon sac est resté fermé. Et, petit à petit, on sort du choc, et, en discutant avec des amis, je me suis dit qu’il fallait envoyer des ondes positives. J’ai eu envie qu’on se souvienne des sourires, du rock’n’roll et qu’on était tous là pour faire la fête. »Mais ces clichés de spectateurs qui s’amusent avant la tuerie posent un problème de conscience à quelques photographes. Ils savent que nombre de personnes à l’image sont mortes, et que certaines familles n’ont pas encore identifié leurs proches. « Deux photographes m’ont demandé de retirer les images où on voit le public, parce qu’ils pensent que c’est plus respectueux », explique Bertrand Alary.Sur ce sujet, un photographe, qui préfère taire son nom, confie être « en pleine réflexion ». « Pour l’instant, j’ai encore du mal à regarder mes images. Je ne sais pas si les gens seront choqués de revoir leur famille, ou contents de les voir vivants et souriants après toutes ces photos d’horreur. » L’un d’entre eux semble avoir tranché, en publiant, en double page dans le magazine Paris Match paru lundi 16 novembre, sans donner son nom, une photo cadrée uniquement sur les spectateurs du concert : une image d’insouciance, à la fois joyeuse et terrible.Malgré le choc et les crises d’angoisse, les photographes ne semblent pas découragés de photographier des concerts, y compris au Bataclan. « Parfois, il faut juste faire son job », écrit Julien Mecchi sur Facebook. Et, par mail, Marion Ruszniewski indique : « Je prendrai des photos dès que j’en serai capable. »Lire aussi :Le gouvernement ordonne à Twitter de bloquer la diffusion des photos du carnage dans le BataclanClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard « On vous l’avait bien dit… », semblent entonner ceux qui ont brandi de longue date le risque de voir des terroristes se mêler aux migrants arrivant en Europe. Ainsi, le député républicain des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, tout comme le site d’extrême droite Fdesouche, n’ont pas manqué de souligner qu’un des auteurs des attentats du 13 novembre s’est présenté en Grèce en tant que réfugié syrien. Et au passage, ils ont pointé du doigt les médias, accusés d’avoir été trop angéliques dans leur traitement.Lire aussi :Un kamikaze du Stade de France avait emprunté la route des Balkans« Fantasme »« Des terroristes parmi les migrants : quand les médias dénonçaient un fantasme », a titré Fdesouche, listant une quinzaine de liens vers des sites d’information. Christian Estrosi a, lui, choisi de cibler un article et un média en particulier : France Inter. Il a accusé la radio de service public d’avoir réalisé un « maquillage » sur « un article qui donne tort à ses journalistes ». Reprenant un argument de Fdesouche, le maire de Nice s’est indigné lors de son passage lundi sur France Info, mais aussi sur Twitter.Mais je veux dénoncer ici maquillage réalisé par @franceinter sur un article qui donne tort à ses journalistes pic.twitter.com/PvkEVAe20j— Christian Estrosi (@cestrosi) November 16, 2015 En cause : le changement de titre, dimanche, d’un article du site de France Inter, initialement publié le 14 septembre. « Réfugiés : le fantasme de l’infiltration terroriste » a été changé en « Des terroristes parmi les migrants ? » Pour Fdesouche, cette modification « en loucedé » est la preuve du malaise du média.Contactée, France Inter reconnaît une « maladresse » décidée dans l’urgence dimanche. Mais assure avoir agi pour répondre à une inquiétude légitime : protéger l’auteur de l’article, qui était « victime d’insultes, mais aussi de menaces sérieuses » depuis que son nom et son article ont été exhumés, samedi, sur les réseaux sociaux. Sa signature a été retirée dimanche… et le titre adouci.Le ministère de l’intérieur et les expertsAu-delà de cette petite polémique, les médias ont-ils occulté le risque d’infiltration d’islamistes sur la route des Balkans ? Difficile de généraliser mais avec le recul, le titre initial de l’article de France Inter semble trop catégorique. « Ce n’est pas notre journaliste qui a mal fait son boulot, rétorque Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de la radio. Elle s’est appuyée sur le ministère de l’intérieur : dans un échange en off avec d’autres collègues, il se disait alors très peu préoccupé par ce risque. » L’éventuelle « sous-évaluation » du problème serait donc plutôt le fait de Beauvau.« Les migrants qu’on laisse entrer en France sont ceux qui veulent y demander l’asile. Or quand on fait une demande d’asile, on laisse nécessairement ses empreintes, on se fait photographier, et les services de l’OFPRA (l’office de protection des réfugiés) consultent les fichiers de police français et internationaux. Si une personne est recherchée, ou signalée par exemple pour radicalisme, c’est non : elle n’obtiendra pas le statut de réfugié et pourra même être expulsée », expliquait l’article, citant le ministère.La route des Balkans jugée risquée et lenteDans les autres liens pointés par Fdesouche, on trouve plusieurs articles s’appuyant en fait sur des sources identiques, par exemple des tweets du journaliste David Thomson, de RFI, en août. Ce spécialiste du djihad réagissait à l’affirmation formulée par le maire de Nice sur la présence de terroristes parmi les migrants, et avant lui par la présidente du Front national, Marine Le Pen :« A ce stade, les propos de Christian Estrosi au sujet des migrants et de l’Etat islamique sont factuellement faux. Jamais l’Etat islamique n’a encore utilisé les flux de migrants pour s’infiltrer en Europe dans le but d’y réaliser des attentats. Cette option initialement diffusée dans la presse italienne, puis instrumentalisée politiquement, n’est présente dans aucun communiqué », avait écrit M. Thomson, selon Le Lab.Le journaliste de RFI ajoutait toutefois : « Pour autant, une telle option n’est pas non plus totalement exclue. »D’autres articles se fondent sur les mêmes dépêches AFP, l’une du 21 mai, l’autre du 14 septembre. Leur angle est commun : « Des djihadistes peuvent gagner l’Europe sans se cacher parmi les migrants. » Y sont cités des officiels, dont le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, qui appelle à la vigilance ; mais aussi plusieurs spécialistes, assez sceptiques. Pour eux, il est plus rapide et moins risqué pour l’Etat islamique de passer par d’autres voies, comme l’avion, que de tenter la route des Balkans.« Exagérer la menace serait complètement idiot, mais la nier absolument serait faux », relativisait Eric Dénécé, du Centre français de recherches sur le renseignement, dans une dépêche.Et le débat sur les migrants ?Les médias ont-ils péché par excès de certitudes ? Jean-Marc Four, de France Inter, rappelle que « la vérité du jour n’est pas celle du lendemain ». Le parcours de l’auteur des attentats du 13 novembre passé par la Grèce montre que le processus d’enregistrement des migrants peut laisser passer un individu non fiché ou utilisant un faux passeport – en l’occurrence de Syrie, pays en guerre. L’Ofpra explique aujourd’hui avoir dans quelques cas refusé l’asile pour des soupçons de terrorisme. Mais ne peut agir si l’arrivant ne dépose pas de dépôt de dossier.Lire aussi :Craintes sur l’arrivée de terroristes avec les migrants« Sur le fond, il y a peut-être eu chez les journalistes une forme de minimisation, mais pas forcément consciente, pense M. Four. Car les thèmes du terrorisme et des migrants se téléscopent et sont tous les deux sujets à instrumentalisation politique. »Intéressante pour la lutte contre le terrorisme, la question ne change pas forcément les termes du débat sur l’immigration et les réfugiés : « Même si on admet que quelques terroristes passent dans le flot de migrants, faut-il pour autant renoncer à trouver une solution d’accueil pour tous les autres ? », demande M. Four.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Attentats à Paris : "François Hollande craint... par rtl-frCela s’appelle éteindre un début d’incendie. Mardi 17 novembre, RTL a publié un communiqué pour soutenir son chroniqueur Eric Zemmour, pris à partie sur les réseaux sociaux. Le polémiste avait affirmé le matin même sur l’antenne de la radio qu’« au lieu de bombarder Raqqa [en Syrie], la France devrait bombarder Molenbeek ». Une référence au quartier de Bruxelles réputé pour la présence d’islamistes et actuellement ciblé par les enquêteurs après les attentats du 13 novembre à Paris.« Face aux réactions et à l’incompréhension suscités par la chronique d’Eric Zemmour diffusée ce 17 novembre dans la matinale, RTL tient à indiquer que les propos du chroniqueur étaient évidemment à prendre au second degré et aucunement au premier degré ».« L’objet de la chronique d’Eric Zemmour était de montrer que les bombardements français en Syrie ne servaient à rien tant que les frontières intra-européennes ne seraient pas rétablies, a ajouté RTL. Comment peut-on imaginer qu’Eric Zemmour ait sérieusement appelé à bombarder cette commune bruxelloise ? »Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe précédent i-TéléPar ce communiqué, la radio réitère son soutien au journaliste devenu essayiste militant, comme elle l’avait fait lors de polémiques précédentes. Elle avait expliqué à différentes reprises qu’il ne convient pas de faire taire une voix qui représente une partie des Français. La société des journalistes de RTL s’était pourtant désolidarisée de M. Zemmour le 17 décembre, après des propos ambigus sur les musulmans au Corriere della sera : « Ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL », avait écrit la SDJ.A la même époque, la directrice de la rédaction d’i-Télé, Céline Pigalle, avait mis fin à l’émission de débat de M. Zemmour avec Nicolas Domenach. Celle-ci a depuis été limogée de la chaîne d’information en continu par Vincent Bolloré, le nouvel homme fort de Vivendi. Outre ses livres et sa chronique deux fois par semaine sur RTL, M. Zemmour a encore un rendez-vous hebdomadaire sur Paris Première (groupe M6) : avec Eric Naulleau, son ancien complice d’« On n’est pas couché », l’émission de Laurent Ruquier, qui a depuis regretté avoir fait décoller la carrière de M. Zemmour.Lire aussi :i-Télé met fin à sa collaboration avec Eric ZemmourAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.11.2015 à 22h32 • Mis à jour le17.11.2015 à 08h10 | Alexandre Piquard « En situation de guerre, ce document est un éclairage glaçant mais poignant de ce que Paris a vécu vendredi soir », assume Vincent Régnier, directeur des magazines d’information de M6. Le « document » en question, diffusé dans l’émission « 66 Minutes », est une séquence tournée presque par hasard, lors d’un reportage sur le travail quotidien des pompiers : les journalistes se sont retrouvés embarqués avec les secours quand ils ont été parmi les premiers à découvrir le carnage au restaurant La Belle Equipe, rue de Charonne, dans le 11e arrondissement. Montré dimanche 15 novembre à 18 heures, le document n’était pas encore disponible en replay, mardi matin. « Atteinte à la dignité des personnes »Le ministère de l’intérieur ne partage pas du tout la satisfaction de la chaîne : « Le reportage est violent et il a été diffusé trop tôt : seulement quarante-huit heures après les faits. Les victimes n’étaient pas toutes identifiées et certaines familles étaient encore dans l’attente. Le document pouvait porter atteinte à la dignité des personnes. Il n’était pas opportun de le diffuser si tôt », explique son porte-parole au Monde, confirmant un argumentaire relayé par Pure Médias. La place Beauveau n’était en revanche pas opposée à un passage à l’antenne plus tard, sans préciser quand.Dans le reportage, les caméras arrivent sur les lieux du drame, qui a fait 19 morts, avant la police, avec les pompiers. Les images sont dures. Il y a des cris… Des proches éplorés, des gens entre la vie et la mort. Une scène a notamment été relevée : « C’est ma sœur, tu attends qu’elle décède ? Est-ce qu’il y a de l’espoir ? », demande un survivant. « Je pense qu’il n’y a pas d’espoir », lui répond un pompier. Dans son ensemble, la séquence de dix minutes a suscité des réactions très contrastées sur Twitter comme l’a relevé Le Figaro.fr. Critiquée par les uns, mais aussi saluée par les autres.Le document montre surtout le sang-froid des secours et de leur responsable ce soir-là, un pompier qui ordonne le travail des ses hommes, avec méthode, au milieu du chaos. « Valeur informative »La « valeur informative » des images était trop grande, justifie Vincent Régnier, pour retarder la diffusion : « Il y avait toutefois deux conditions : ne pas porter atteinte à l’enquête et à la dignité des personnes. » Les visages étaient floutés et le reportage « déconseillé aux moins de 10 ans ».L’opposition entre le ministère de Bernard Cazeneuve et la chaîne porte sur un autre point : le porte-parole estime que M6 a outrepassé ses consignes car il a argué, avant la diffusion, de la violence du document.M. Régnier rétorque que le ministère a seulement mis en avant des arguments « administratifs ». Ce genre de reportages, où les journalistes sont « embarqués » fait l’objet d’une convention entre la chaîne et le ministère. En l’occurrence, cette convention précisait que le sujet serait diffusé sur W9 (une autre chaîne du groupe M6) et que les images devaient être visionnées, avant diffusion, par l’intérieur – pour vérifier les floutages notamment. Deux conditions non-respectées.Pas de manquement, selon le CSAM6 répond au ministère que les circonstances des attentats de vendredi soir étaient « exceptionnelles ». Et assure que les pompiers ont vu les images dimanche, sans trouver à y redire. L’homme qui s’inquiète de sa sœur mourante dans la séquence frappante du reportage a même recontacté M6 pour témoigner à visage découvert, malgré la mort de sa proche, selon M. Régnier. Au passage, le cadre de M6 fait remarquer l’absence de polémique liée à la diffusion d’une vidéo tournée par le journaliste du Monde Daniel Psenny, montrant l’horreur vécue par les victimes touchées par balles et fuyant le Bataclan par une sortie de secours.Le ministère de l’intérieur, lui, reste ferme : il regrette la diffusion, dimanche sur TF1, d’un autre reportage, également tourné dans le cadre d’un travail sur le travail des pompiers, initialement pour une autre chaîne, TMC. Il se réserve le droit de poursuivre les chaînes en justice.Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, lui, a plutôt conforté M6 : sa cellule de veille de l’autorité a estimé qu’il n’y avait pas de manquement, la chaîne ayant flouté les personnes susceptibles d’être reconnues. Mais un réexamen n’est pas exclu, précise l’AFP.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « On pensait avoir touché le fond, mais non… », se désole Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, jointe samedi 14 novembre par Le Monde. Elle était à son domicile, vendredi soir lors des attaques. Elle raconte son sentiment d’effroi au cours d’une soirée et d’une nuit passées sans dormir et à échanger avec des amis, mais avec « une réaction de rejet total, de fuite, presque un refus d’en entendre parler. »Samedi après-midi, l’équipe de Charlie Hebdo était sous le choc après ces attaques qui rappellent tant celles qui ont décimé le journal puis ciblé des policiers et des juifs en janvier. Contactés, plusieurs membres de la rédaction souhaitaient peu s’exprimer. Mais certains avaient déjà en tête le prochain numéro du journal, en théorie attendu pour mercredi 18 novembre, et qui doit désormais être totalement revu.Mesures de sécuritéVendredi soir, plusieurs membres de l’équipe, sous protection policière, dont son directeur, Riss, ont été mis en sécurité rapidement. Samedi, il leur a été déconseillé de s’approcher des nouveaux locaux que la rédaction occupe depuis plusieurs semaines dans le sud de Paris, après avoir quitté ceux où a eu lieu la tuerie de janvier puis avoir été hébergés au siège de Libération.Des membres de la rédaction ont toutefois élaboré un communiqué, assez succinct, paru samedi après-midi :« Toute l’équipe de “Charlie Hebdo” fait part de son effroi et de sa révolte après les attentats qui se sont déroulés vendredi 13 novembre à Paris. “Charlie Hebdo” s’associe à la douleur des victimes et leur adresse son soutien total ainsi qu’à leur famille. Le journal condamne une fois de plus cette violence terroriste au service de l’idéologie totalitaire islamiste qui n’a d’autre but que de détruire les valeurs de la démocratie et de la République. »Rattrapés par l’horreurVendredi soir, au moment des attentats, les membres de l’équipe se sont sentis rattrapés par l’horreur. Patrick Pelloux, médecin urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo, s’est rendu au Samu de Paris. Il y a endossé son rôle de médecin, plutôt que de confier son sentiment de membre de la rédaction de Charlie, qu’il a récemment annoncé vouloir quitter. Il a parlé de « carnage de guerre », de massacre, en particulier pour les victimes du Bataclan. « Ils ont utilisé des petites balles de 16,5 mm, avec une forte vélocité. C’est facile à tirer, et ils ont fait comme au ball-trap », a décrit M. Pelloux à une journaliste du Monde.Lire aussi :Patrick Pelloux annonce son départ de « Charlie Hebdo »D’autres membres de l’équipe étaient à la fête donnée dans les locaux de Libération avant son prochain déménagement, dont le rédacteur en chef, Gérard Biard. Bloqués dans cet immeuble voisin du Bataclan comme les autres — nombreux — journalistes invités, ils ont regardé les événements à la télévision sur place avant d’être mis en sécurité. M. Biard se concentrait samedi sur le prochain numéro du journal.Sigolène Vinson, elle, était chez elle en train de lire un livre quand elle a appris le drame. « C’est très dur… », raconte la chroniqueuse judiciaire du journal, qui par une coïncidence tragique s’est retrouvée à « trembler » ce vendredi parce qu’elle avait un ami parmi les spectateurs du Bataclan, qui a été touché par balle. Elle a passé une partie de la nuit à essayer de le localiser, après avoir échangé des SMS avec des membres de l’équipe de Charlie.Lire aussi :« C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts »Pression médiatique redoubléeCes dernières semaines, les membres de l’équipe de Charlie Hebdo voyaient se profiler les commémorations des attentats du 7 au 9 janvier. Avec une pression médiatique redoublée, comme en témoigne la publication des livres de Denis Robert, journaliste, et de Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo, symbole des tensions persistantes autour de l’héritage du journal. Les demandes venues des médias du monde entier ou les reportages prévus pour janvier se voient aujourd’hui percutés par la nouvelle actualité tragique des attentats de novembre, songe un journaliste, choqué.« Maintenant, il va falloir revoir des choses dans notre façon d’appréhender le terrorisme », pense aussi Zineb El Rhazoui, franco-marocaine et tenante d’une ligne d’opposition ferme à l’islamisme. « Il va falloir interpeller ceux qui ont dit “oui, mais…” après les attentats de janvier, ajoute la journaliste, actuellement en arrêt maladie. Il faut attaquer toute la chaîne de production idéologique du terrorisme, pas que les terroristes avec une réponse sécuritaire. »Dans la nuit de vendredi à samedi, certains des dessinateurs de l’équipe de Charlie Hebdo se sont mis à faire des croquis, paradoxalement inspirés par les horribles événements de la veille, relate un membre de l’équipe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Dix mois après les attentats de janvier, les grands médias français, tous établis à Paris, ont de nouveau connu une mobilisation totale, vendredi 13 novembre dans la soirée et pendant le week-end. Mais alors que le traitement médiatique des attaques menées par les frères Kouachi et par Amedy Coulibaly avait donné lieu à de vives polémiques, suivies de sanctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), cette fois la couverture n’a jusqu’ici pas soulevé de questions.« Nous n’avons pas été confrontés à des situations aussi compliquées qu’en janvier : soit c’était fini quand on est arrivé sur les lieux, soit c’était en cours, au Bataclan, mais on était placés loin », explique ainsi Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Cette fois, pas de dilemme sur le fait de diffuser en direct ou non les images de l’assaut, à la différence des dénouements de Dammartin-en-Goêle (Seine-et-Marne) ou de la porte de Vincennes, qui s’étaient déroulés sous l’œil des caméras. « Tout est allé beaucoup plus vite », résume M. Béroud.« Nous n’avions pas d’équipe en capacité de filmer l’assaut sur le Bataclan, renchérit Catherine Nayl, directrice générale adjointe à l’information du groupe TF1. Mais si nous en avions eu une, nous ne l’aurions pas diffusé. »Pas de consignesVendredi soir, aucune consigne n’a été donnée aux médias par le ministère ou par le CSA. « Nous n’avons reçu aucun message de la part des autorités, il n’y a pas eu d’échanges hors ceux que nous entretenons avec nos sources policières dans le cadre de notre suivi », atteste Laurent Guimier, directeur de France Info.La chaîne i-Télé a cessé de diffuser les images du Bataclan en direct vers 0 h 30 samedi, au moment de l’assaut. Le présentateur Bruce Toussaint a invoqué une « demande des autorités » en ce sens. Contacté par Le Monde, il explique que « l’une de nos reporters à proximité du Bataclan était en direct quand des détonations ont retenti et un policier lui a alors demandé de cesser de tourner, mais nous n’avons reçu aucun coup de fil à la rédaction. »Au lendemain des attentats de janvier, le CSA avait formulé des recommandations aux médias pour les enjoindre à ne pas perturber l’action des forces de l’ordre dans des situations similaires. Le CSA s’est exprimé samedi vers 15 heures, dans un communiqué, pour « attirer très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours dans les circonstances tragiques que vit notre pays ».Suivez notre live sur la situation à ParisPrudence redoubléeAu-delà du cas précis des images d’assaut, l’impression générale était celle d’une prudence plus forte qu’en janvier, notamment dans la communication des bilans.« On a presque eu un excès de prudence sur certaines informations : notamment le bilan très lourd de victimes tuées, pourtant recoupé par des sources médicales et policières, juge M. Béroud. Soixante morts, quatre-vingt morts… On avait envie que cela ne soit pas vrai et peur que cela puisse être faux. Mais c’est allé vite et ça s’est malheureusement révélé en-deçà de la vérité. »Malgré cette sidération, les médias ont semblé mieux maîtriser la situation. « Après les événements de janvier, on a revu notre fonctionnement de façon à être plus cohérents quant aux informations données entre nos différents supports (Web, antenne…) », rappelle M. Guimier. « Les équipes ont des réflexes qui tiennent compte de ce qu’on n’a fait ou pas fait au moment de Charlie, constate Catherine Nayl. Cela concerne par exemple les correspondances sur les réseaux sociaux pendant les prises d’otages. » « On est plus rapidement passés dans l’explication, dès samedi matin. En janvier, il y avait eu des jours de traque », abonde Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions, qui a également hésité un peu avant de donner les bilans impressionnants de morts.France Télévisions, qui n’a pas encore de chaîne d’information en continu, n’a pas décroché en direct tout de suite : France 2 a continué sur l’émission « Ce soir ou jamais » jusqu’à minuit et l’intervention de François Hollande, puis a rendu l’antenne à 2 heures. Auparavant, France 3 avait assuré le suivi des événements de 22 h 45 à minuit. Samedi, France 2 a repris l’antenne, jusqu’à midi, et France 3 a fait un décrochage avec des images de ses rédactions dans toute la France. Le « 13 heures » de France 2 est lui prolongé jusqu’à 14 h 30. De son côté, TF1 a assuré un long direct, vendredi soir après le match de football France-Allemagne, puis samedi matin.Lire aussi :Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Entre victimes et témoinsReste que dans toutes les rédactions, le travail se fait sous tension. « L’ambiance est lourde, décrit M. Béroud. Les journalistes sont parfois comme des médecins, à avoir une pointe d’humour pour déstresser, mais pas là… »« Les gens dans la rédaction sont très touchés, raconte M. Golomer. Beaucoup sont revenus au siège de France Télévisions, vendredi soir, et étaient émus. Aucune population spécifique ne semblait visée dans les attentats. Cela pèse. Tous nos journalistes ont été contactés par leur famille pour savoir comment ça allait. On sent que les gens avaient envie de se retrouver ensemble, comme un refuge aussi. »« L’épicentre des attaques est un quartier où nombre de journalistes résident ou ont leurs habitudes, observe Laurent Guimier. Plusieurs membres de l’équipe étaient présents sur place, ont témoigné avant de rejoindre la rédaction. » Une situation vécue dans la plupart des rédactions, dont des membres ont assisté de près aux attaques, oscillant entre une position de victime et de témoin.« Les équipes sont touchées, constate M. Golomer. Tout le monde connaît quelqu’un qui était vers la rue de Charonne et les lieux des attentats. Les prochains jours vont être difficiles. »Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attentats du 13 novembre : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières) et Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Les journalistes sont les « chiens de garde de la démocratie », selon la Cour européenne des droits de l’homme. Qui veut contrôler un pays sans être confronté aux critiques tente de museler les reporters. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est malheureusement passé maître pour étouffer les aboiements de la liberté. Tandis que des journalistes du monde entier affluent à Antalya pour couvrir le sommet du G20, nombre de leurs collègues turcs ne sont pas accrédités. Boycotter les médias d’opposition est devenu une habitude dans ce pays, 149e sur 180 au dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.Quatre jours avant les élections législatives du 1er novembre, la police prenait d’assaut la rédaction du groupe Ipek et mettait fin en direct aux activités de deux quotidiens et de deux chaînes de télévision d’opposition. Une fois la direction reprise en main et 71 journalistes mis à pied, ces quatre titres ressuscitaient le 30 octobre avec une ligne éditoriale devenue pro-gouvernementale jusqu’à la caricature : la photo du président Erdogan s’étalait en « une » des quotidiens Bugün et Millet, dont les gros titres respectifs étaient « Le président parmi le peuple » et « La Turquie unie ». De la parole officielle pur jus.C’est le journalisme qu’on assassine. La majorité absolue retrouvée par le parti AKP, au pouvoir depuis treize ans, ne freine pas la spirale répressive. Dès le lendemain du scrutin, deux journalistes étaient jetés en prison, accusés d’« incitation à la révolte armée contre l’Etat » à cause d’une couverture. Depuis, une trentaine de leurs collègues font déjà l’objet de nouvelles enquêtes pour « propagande terroriste » ou « insulte au président de la République », les chefs d’accusation les plus courants.Pluralisme réduit et autocensureMardi 17 novembre s’ouvre le procès de dix-huit rédacteurs en chef et directeurs de publication, accusés de « propagande terroriste » pour une photo. Ils risquent sept ans et demi de prison. L’un de ces journalistes, Can Dündar, avait déjà personnellement été accusé d’« espionnage » par Recep Tayyip Erdogan, qui avait promis qu’« il ne s’en sortira[it] pas comme cela ». Son quotidien, Cumhuriyet, venait d’apporter la preuve que des camions affrétés par les services secrets turcs à destination de la Syrie étaient bien chargés d’armes.Depuis plusieurs années, la concentration des médias entre les mains de patrons de presse proches du pouvoir réduit le pluralisme et encourage l’autocensure. Les autorités se sont attelées à reprendre en main Internet : après des réformes draconiennes, le blocage de sites Web sans décision de justice est devenu systématique.La Turquie monopolise plus de deux tiers des demandes de retrait de contenu auprès de Twitter. Au besoin, Ankara n’hésite pas à bloquer l’intégralité de cette plateforme et de YouTube, une extrémité à laquelle ne recourait jusqu’alors qu’une poignée d’Etats parmi les plus répressifs de la planète.Approche paranoïaqueCes nouvelles pratiques s’ajoutent à des constantes héritées de la période militaire : lois restreignant la liberté d’expression, culture judiciaire centrée sur la défense de l’Etat, violences policières impunies… Les métastases du conflit syrien et la reprise des combats entre Ankara et les rebelles kurdes du PKK, cet été, ne font qu’accentuer l’approche paranoïaque des autorités vis-à-vis des journalistes critiques.Loin d’apaiser les tensions partisanes et communautaires, l’emballement de la censure et la rhétorique agressive du gouvernement ne font qu’accentuer les clivages et la dangereuse polarisation du pays. Début septembre, des manifestants galvanisés par les discours officiels ont attaqué par deux fois la rédaction du grand quotidien Hürriyet à Istanbul.Les chefs d’Etat du G20 doivent prendre toute la mesure de la dangereuse dérive dans laquelle s’enfonce leur hôte. Tous ont besoin d’une Turquie stable, qui limite l’expansion du chaos syrien et garantisse la sécurité et la prospérité de son peuple. Pour ce faire, Ankara doit cesser d’alimenter les tensions, et pour cela, il est essentiel que les vérités puissent être dites. N’en déplaise au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « rabâcher » à la Turquie ses violations de la liberté de la presse n’interdit pas de coopérer sur les problèmes d’intérêt commun.Au contraire, rouvrir l’espace du débat démocratique et favoriser le dialogue entre les différents segments de la société sont des conditions essentielles à la stabilisation du pays. La liberté de l’information fait partie de la solution.Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières)Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Hélène Delye Douze documentaires inédits à l’antenne pour six jours de festival, ce n’est déjà pas si mal. Pour sa deuxième édition (du 15 au 20 novembre), le Festival du documentaire d’Arte entend mettre en avant l’ouverture sur le monde et l’éclectisme, autant en termes de regards que de formats, des films coproduits par la chaîne, dont plusieurs ont été primés lors des grands festivals internationaux.Parmi ces films documentaires dits « d’auteur », et malgré le caractère événementiel du festival, seuls deux auront les honneurs du prime time : Hitchcock/Truffaut, de Kent Jones et Serge Toubiana (2015, lundi 16 à 20 h 55); et La Maison de la radio (2012 ; mardi 17 à 20 h 55), pour lequel Nicolas Philibert s’immerge dans les coulisses du média radio afin de formuler une réflexion sur le son et l’écoute.« Sessions de rattrapage »Les dix autres documentaires de ce festival – dont le très marquant Austerlitz (2013 ; mardi 17 à 22 h 35), de Stan Neumann ; Les Yeux du silence (2014 ; jeudi 19 à 22 h 25), de Joshua Oppenheimer, ou encore, le captivant Killing Time – Entre deux fronts (2015 ; mercredi 18 à 22 h 25), de Lydie Wisshaupt-Claudel – sont tous relégués en deuxième, voire troisième partie de soirée.Martine Saada promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetéspar la chaîneUn regret récurrent auquel Martine Saada, directrice de l’unité société et culture d’Arte France, répond de façon pragmatique. « Le passage du prime vers la troisième partie de soirée des documentaires d’auteur de la case “Grand Format”a eu lieu bien avant les changements au sein des directions chez Arte », dit-elle, consciente de la nostalgie qui règne autour de l’époque, sans doute idéalisée, où Thierry Garrel dirigeait l’unité documentaires d’Arte. « Ce n’est pas une révolution de palais qui viendrait de nouvelles directions, c’est une évolution due au fait que ces films nécessitent une attention et une intention du téléspectateur. La consommation en matière de télévision a changé. On est beaucoup moins tributaires des grilles et des horaires. On se fabrique de plus en plus une grille soi-même grâce aux sessions de rattrapage. Et puis il ne faut pas se voiler la face, la télévision est aussi un média de divertissement, et il faut pouvoir offrir des choses différentes aux gens », poursuit la directrice.« Se repositionner dans un axe » Dans un contexte marqué par l’inquiétude des producteurs et des auteurs quant à la pérennité de l’engagement des diffuseurs, notamment d’Arte, auprès du documentaire d’auteur, Martine Saada tente de rasséréner : « La crainte n’est pas le meilleur des moteurs… La vigilance, oui. La crainte, non. » Ainsi répond-t-elle à la « lettre ouverte » publiée dans Le Monde (5 novembre) dans laquelle de nombreux réalisateurs exprimaient leurs craintes après le départ de Luciano Rigolini, pilier du cinéma documentaire à Arte et responsable de la case « La Lucarne » depuis sa création.Si elle admet qu’il sera difficile de remplacer cet homme de grande culture, au goût sûr et au tempérament vif, la directrice des documentaires société et culture d’Arte promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetés par la chaîne. Mais elle affirme aussi sa volonté d’aller de l’avant. « Il faudra de la patience, laisser du temps au nouveau venu. Mais je ne peux pas croire qu’il n’y a pas de nouveaux talents pour prendre la suite de Luciano Rigolini. Toute ma vie, je n’ai fait que des choses pour essayer d’installer de nouveaux talents, quels qu’ils soient », dit encore l’ancienne directrice du pôle littérature générale et documents du Seuil, mais aussi ancienne productrice de documentaires aux Films d’ici. « Je suis plutôt dans l’idée qu’il faut conforter les choses que dans une phase de chantier. Les événements de janvier nous ont tous bousculés dans nos certitudes. C’est quand vous tanguez qu’il faut rechercher du sens, pour se réancrer. Or, le moment où l’on recherche du sens n’est pas toujours celui où l’on est le plus créatif… C’est le moment où l’on se repositionne dans un axe, et il faut en passer par là », explique-t-elle avec franchise.« Eviter tout formatage »« Et n’oubliez pas qu’on ne commande pas ! Je lis ce que je reçois », dit-elle encore, anticipant une autre attaque récurrente selon laquelle on assisterait à une forme de nivellement vers le bas dans l’exigence et l’originalité des documentaires diffusés sur la chaîne franco-allemande. Pour Martine Saada, « c’est par la diversité des producteurs et des auteurs qu’on évitera tout formatage. Parce qu’il y aura toujours quelqu’un d’assez fou dans une chaîne pour croire à un projet, même risqué, l’accompagner, le porter. Et j’espère être cette personne ». Une manière pour elle de responsabiliser et renvoyer certaines questions dans le camp des producteurs et des auteurs.Mais ces relations, souvent houleuses, entre Arte et les producteurs et réalisateurs avec lesquels elle travaille, sont aussi le signe de la vigueur du secteur cinéma documentaire, qui s’exprime, qui reste vigilant sur les évolutions qu’on tente de lui imposer, et qui, en râlant contre Arte, lui dit aussi son attachement. Car rappelons-le, aucune autre chaîne ne porte aussi haut le documentaire d’auteur, malgré tout.Hélène DelyeJournaliste au Monde Charlotte Bozonnet Depuis deux ans, ce site inspiré du « Gorafi » parodie l’actualité et rencontre un beau succès populaire dans un pays où la liberté d’expression reste très encadrée. Lesquelles choisir ? Il y a eu l’histoire de ce mari déçu qui décida de porter plainte contre sa femme après l’avoir découverte sans maquillage au lendemain de leur nuit de noces. Ou encore cette déclaration de l’émir du Qatar justifiant son refus d’accueillir des réfugiés syriens : « Nous avons assez d’esclaves comme ça ! » Des nouvelles qui ne sont pas passées inaperçues et ont été reprises par les médias à travers le monde. « Une sorte de consécration pour un site comme le nôtre », reconnaît Nazim Baya, qui s’en amuse encore. A 31 ans, ce jeune pharmacien algérois est le fondateur du site parodique El Manchar.Inspiré du Gorafi français, le site Web publie de fausses nouvelles, souvent hilarantes, sur l’actualité internationale et algérienne. Avec sa liberté de ton et son ironie mordante, il s’est assuré un beau succès populaire. Son slogan : « Avec des scies, on refait le monde. »Au départ, quelques blagues sur FacebookL’aventure a commencé il y a deux ans par une page Facebook sur laquelle Nazim Baya postait de simples blagues. Peu à peu, l’envie lui vient de monter un journal satirique. Il lance un appel à contributions pour trouver des caricaturistes. Sans succès. Il décide alors de s’en tenir à des textes et reprend le nom d’un titre qui avait existé dans les années 1990 : El Manchar, un mot qui signifie à la fois « scie » et « médisance ».« En Algérie, on aime beaucoup la satire, l’humour, mais il y a un vide dans ce domaine, c’est pour ça que le site a autant de succès », estime Nazim Baya. En moyenne, le site enregistre 20 000 à 30 000 visites par jour, et jusqu’à 100 000 certains jours de buzz exceptionnel. L’équipe compte sept rédacteurs : trois en Algérie, deux au Canada et deux en France, tous algériens, avec une moyenne d’âge de 25 ans. Certains sont des amis, d’autres des connaissances virtuellesLe site est volontiers grinçant sur l’actualité internationale. Après le drame du pèlerinage à La Mecque, un article moque ainsi le mépris des autorités saoudiennes en mettant en scène le roi d’Arabie saoudite qui explique : « Pour des Africains, mourir loin d’Ebola et le ventre plein est une bénédiction. » S’agissant de l’Algérie, une prétendue étude mondiale sur le sommeil révèle que le pays « est le seul au monde où les cauchemars commencent au réveil »…“On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches.” Nazim Baya, fondateur de El MancharSur ses motivations, Nazim Baya reste discret. Pas de grand discours sur la liberté d’expression pour ce jeune développeur Web. « Oui, j’ai des choses à dire, comme tout citoyen. Notre message, c’est qu’à travers l’humour on donne une certaine vision du monde et on a plus de chance d’être entendu. » Une ligne éditoriale ? « Un fil conducteur, répond Nazim Baya. On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches. » Les auteurs n’épargnent pas les politiques algériens ni le système. Sans surprise, le président Bouteflika, très affaibli depuis son AVC de 2013, est une cible privilégiée. Ainsi cette photo du chef de l’Etat, assis dans un fauteuil roulant, le visage figé, les yeux écarquillés, sous le titre : « Abdelaziz Bouteflika sacré champion du monde du jeu 1-2-3 soleil. » Là où le canular devient vraiment savoureux, c’est lorsqu’il est repris par des médias dits « sérieux ». La première fois, se souvient Nazim Baya, c’était à propos de l’ANSEJ, l’organisme algérien qui octroie des microcrédits aux jeunes pour monter leur projet (et s’offrir du même coup une certaine paix sociale). El Manchar publie un article expliquant que l’ANSEJ va désormais financer ceux qui veulent se marier. Plusieurs chaînes de télévision reprennent l’information. Dans un pays où le mariage est un investissement très lourd, le buzz est garanti.Pas touche à la religionEn mai, alors qu’une étudiante algérienne a été empêchée de rentrer à l’université par un vigile au prétexte que sa jupe était trop courte, le site titre : « L’Algérie interdit le port de la minijupe. » La fausse information se répandra comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Une seule ligne rouge : la religion. « On ne peut pas en rire, c’est sacré. Je n’ai pas envie de heurter les gens et ça ne fait pas avancer le débat », explique le fondateur du site, précisant qu’ils ne se privent pas d’attaquer les religieux. Dans un pays où la liberté d’expression est étroitement encadrée, El Manchar n’a jamais été inquiété pour son impertinence. « Nous n’avons jamais eu de souci, confirme Nazim Baya. Ils n’ont peut-être pas pris conscience de l’ampleur du phénomène. » Cumulées, les visites se chiffrent à 700 000 par mois. Le jeune pharmacien n’a pas vraiment de projet d’agrandissement. « On est des amuseurs », dit-il. Utiles pour l’Algérie ? « Il me semble que oui. Le rire c’est important dans une société. Salutaire. »Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.11.2015 à 11h26 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h09 | Alexis Delcambre « Soutenez Mediapart ! » Depuis jeudi 5 novembre, ce message est affiché sur les pages du site d’information dirigé par Edwy Plenel, contraint d’en appeler à la générosité de ses lecteurs pour acquitter une ardoise fiscale de 4,1 millions d’euros. Une démarche parallèle dont le site Arrêt sur images (ASI) est à l’origine, qui doit 540 000 euros à l’administration fiscale.L’origine de cette situation remonte à la création de ces médias, en 2008. « Pure players » distribués uniquement sur Internet, sans version papier, ceux-ci sont alors, selon la lettre de la loi, soumis à un taux de TVA de 19,6 %. En regard, les médias imprimés bénéficient d’un taux « super réduit » de 2,1 %.Ces médias en ligne engagent alors un combat pour obtenir un alignement de leur taux sur celui de leurs homologues de la presse papier. Cette démarche s’incarne notamment dans la création du Spiil (Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne), un groupement qui rassemble aujourd’hui près de 150 membres. En 2011, celui-ci avait explicitement encouragé ses membres à appliquer d’eux-mêmes le taux de 2,1 %, afin de faire pression sur les pouvoirs publics.Ses membres mettent notamment en avant la notion de « neutralité » du support : la loi serait injuste en taxant davantage les supports en ligne que les supports papier, alors que les deux ont une activité identique, qui est de diffuser de l’information.« Une affaire de principe »Cette argumentation a fini par porter puisque le Parlement français a modifié la loi en ce sens, en février 2014. Depuis cette date, les sites comme Mediapart bénéficient eux aussi du taux « super réduit ». Une décision politique qui a pour le moment motivé l’ouverture d’une procédure contre la France à Bruxelles, même si le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, s’est montré favorable à une évolution de la directive concernée.Mais cette modification du cadre légal ne solde pas les comptes de la période 2008-2014. Aux yeux de l’administration fiscale, les sites qui ont appliqué le taux « super réduit » sans en avoir le droit sont redressables. C’est pourquoi Mediapart et ASI, ou encore le groupe Indigo Publications, se sont vu notifier des arriérés, pénalités et majorations.« Nous devons plusieurs centaines de milliers d’euros, et les services de Bercy en font une affaire de principe », avait estimé Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, en 2013. De son côté, M. Plenel a ciblé la « haute administration du ministère des finances », désireuse selon lui de se venger d’un média qui a poussé à la démission de l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac.« Dans l’obligation de payer »Mediapart, qui compte plus de 110 000 abonnés, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros pour un bénéfice d’un million. « Mediapart va saisir la justice administrative, a annoncé Edwy Plenel. Mais ce recours n’étant pas suspensif, nous sommes dans l’obligation de payer. » Mardi 10 novembre, le site annonçait avoir collecté 330 000 euros. Il dispose toutefois de la trésorerie nécessaire au paiement de la somme réclamée par le fisc.De son côté, Arrêt sur images, avec 26 000 abonnés, a dégagé 5 500 euros de bénéfice annuel pour un chiffre d’affaires de 900 000 euros en 2014. Sur la plate-forme Ulule, ASI avait collecté, mardi soir, près de 170 000 euros.Lire aussi :Le droit à l’information se superpose à l’affaire BettencourtAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.11.2015 à 09h27 • Mis à jour le10.11.2015 à 13h55 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est un changement d’âge pour Melty », estime Alexandre Malsch, le fondateur de Melty. Spécialisé dans la « youth culture » - la « culture jeune » - sur Internet, le groupe a annoncé, mardi 10 novembre, une levée de fonds de 10,5 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, Melty, « économe en cash » selon M. Malsch, n’avait levé que 5,5 millions d’euros.L’augmentation de capital est réalisée auprès du fonds d’investissement de Marc Simoncini, du groupe AccorHotels et des actionnaires historiques de Melty, le fonds Serena et Bouygues Telecom Initiatives. Cette levée de fonds voit également l’entrée au capital de Patricia Barbizet, directrice générale d’Artémis et vice-présidente du conseil d’administration de Kering. Ses sept fondateurs conservent le contrôle au conseil d’administration.Cette annonce témoigne une nouvelle fois de la capacité des dirigeants de Melty, dont Alexandre Malsch, son fondateur, à attirer tant des figures de la « nouvelle économie » que des personnalités du milieu des affaires issues de secteurs plus traditionnels, désireux de bénéficier de l’expertise développée par Melty.Le divertissement et la culture« Nous avons une clientèle dans nos hôtels traditionnels, autour de 40 à 60 ans, qui vieillit et est très fidèle, explique Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels. Alexandre Malsch et Melty savent produire des contenus ciblés pour les jeunes, qui sont la clientèle de demain et aussi la catégorie la plus versatile et la plus influente. » Le groupe sera représenté au conseil d’administration de Melty, qui revendique 61 % de son audience sur mobile. M. Bazin assume d’investir au capital de l’entreprise de média, pour se positionner « au sein d’une machine » présente dans plusieurs domaines, pas seulement le voyage.Le groupe Melty a connu plusieurs phases : il a d’abord construit des médias en ligne, progressivement structurés par thématiques (séries, cinéma, musique, mode…). Puis en 2012, il s’est installé dans différents pays (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni…), tout en se diversifiant, dans la vidéo ou les spectacles. En juin dernier, il s’est recentré sur les sujets divertissement et culture (excluant ceux sur lesquels il estimait ne pas avoir de valeur ajoutée, comme l’actualité sportive ou la politique). Une manière d’insister sur la « qualité » de l’audience plus que sur sa croissance erratique.La levée de fonds doit permettre d’améliorer la monétisation des diversifications, ainsi que celle des implantations internationales. Melty se dit actuellement bénéficiaire sur son activité française, mais déficitaire au global. Elle avait été dans le vert, en 2010 et 2011, avant l’internationalisation. Melty revendique 105 employés et réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. A 100 %, ils proviennent de la publicité, dont 61 % de contenus produits avec des marques.Lire aussi :Melty se diversifie dans les événements sportifsMelty met en avant des « real-time social séries » comme SnapTrip, dans laquelle quatre adolescents racontent sur le réseau social Snapchat leur week-end dans une ville d’Europe, sponsorisé par les hôtels Ibis (groupe Accor). Ou « The Selfie Race », produite pour Sony. Mais il s’est diversifié dans les événements tels que la melty BasketBall Ligue Universitaire, rachetée en partenariat avec la fédération française et sponsorisée par les Caisses d’Epargne. Le « melty eSport Club » fait lui concourir une équipe maison, soutenue par l’annonceur-actionnaire Bouygues Telecom, dans des compétitions de jeux vidéo comme League of Legend. Melty s’enorgueillit aussi de sa melty Talents House, dont elle tire notamment un spectacle de comiques.Mieux exploiter l’internationalAlexandre Malsch réfute le terme « publirédactionnel », parfois utilisé pour qualifier les formes récentes de publicité « brand content » et « native advertising ». Ces contenus ne parlent pas des produits des annonceurs, explique-t’il. Et d’ajouter : « Nos contenus de native advertising sont faits par les équipes de Melty car on veut que ce soit de vrais contenus Melty, intéressants ». Dans les rédactions de médias d’information générale, le « brand content » est généralement réalisé par des équipes à part, pour garder une séparation entre éditorial et commercial.M. Malsch cite, lui, en exemple l’intérêt suscité par la plateforme « happiness gaming zone », dédiée au jeu vidéo et financée par Coca-Cola. Une forme de publicité « moins intrusive », argumente-t-il.Concrètement, Melty va utiliser l’argent levé pour embaucher des commerciaux dans les structures internes créées pour s’occuper de la production audiovisuelle, des spectacles, etc. Ils épauleront les 10 personnes de la régie publicitaire, désormais dirigées par une transfuge des Echos, Sophie Antoine.En parallèle, le groupe espère mieux vendre le gros tiers de son audience généré hors de France. Jusqu’ici, ses sites internationaux ont peu fait de diversification. Ils prendront désormais modèle sur Melty France. Et, pour remplacer les régies locales externes qui commercialisaient les supports, des commerciaux seront embauchés.« Nous allons rester pragmatiques. Notre devise, c’est petit à petit, l’oiseau fait son nid », assure M. Malsch, 30 ans.Lire aussi : Alexandre Malsch, prodige numériqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 22h39 • Mis à jour le10.11.2015 à 11h53   « Pour France Télévisions, le problème reste entier. » L’entreprise publique n’adoucit pas sa réaction après la finalisation, lundi 9 novembre, du rachat par TF1 à 70 % de Newen, la société qui produit plusieurs programmes pour France Télévisions, dont « Plus belle la vie ». « La question de la protection des investissements publics n’est pas résolue, réagit l’entourage de la présidente, Delphine Ernotte. Cela pose le problème de la pérennité de notre relation avec Newen. » Les arguments de Nonce Paolini et Fabrice Larue, les PDG de TF1 et Newen, ne semblent pas infléchir France Télévisions. « Cette opération n’est pas un acte agressif à l’égard de qui que ce soit », assure M. Paolini dans Le Figaro, mardi. « Notre souhait est que Newen continue d’apporter des programmes et des projets de qualité à France Télévisions. » M. Larue, « désolé des précédents problèmes de communication avec Delphine Ernotte », a appelé lundi soir la présidente de France Télévisions, avec M. Paolini, afin d’éviter qu’elle apprenne l’accord dans la presse, comme c’était le cas pour l’entrée en négociations exclusives le 29 octobre.Lire aussi :Tractations autour du rachat du producteur Newen par TF1Las ! Une source à France Télévisions estime que la finalisation du rachat « du principal fournisseur de l’entreprise par son principal concurrent », loin de pousser Mme Ernotte à lâcher du lest, va durcir encore sa position. « Il faut envisager de vider tous les contrats avec Newen, y compris “Plus belle la vie”, estime cette source. France Télévisions n’a pas de droits sur ces programmes, et TF1 comme Newen ne veulent pas en lâcher. C’est dur de se séparer de programmes qui marchent, mais c’est difficilement envisageable en interne de faire produire une série importante par une société possédée par TF1. »Position de négociationLe contrat de la célèbre série marseillaise de France 3 doit être renégocié en 2016. Jeudi, sur France Inter, le secrétaire général de France Télévisions, Christian Vion, envisageait de l’arrêter si Newen n’offrait pas de garanties nouvelles. Il anticipait aussi un probable arrêt à l’été 2016 des « Maternelles », dont l’audience recule. Le débat concerne également « Faites entrer l’accusé » ou « Le Journal de la santé », produits par Newen.La menace à peine voilée de l’arrêt des collaborations entre France Télévisions et Newen pourrait toutefois être interprétée comme une position de négociation, destinée à obtenir des concessions de la part du producteur. L’entreprise peut garder « Plus belle la vie » si elle le souhaite – en vertu d’une clause de tacite reconduction – mais elle a assuré vouloir obtenir des droits sur les œuvres, qui appartiennent aujourd’hui à Newen.« J’ai proposé à Mme Ernotte que dès ce mardi, nos équipes cherchent un accord de partenariat pour assurer la présence des programmes sur France Télévisions de manière pérenne », assure au Monde Fabrice Larue, qui gardera 30 % de Newen. Mais ce dernier semble toujours exclure de partager les droits, en cas de revente ou d’utilisation sur le numérique. « Un décret vient d’autoriser les chaînes à détenir des parts de coproduction sur les programmes qu’elles financent à plus de 70 %, mais cela n’est pas prévu sur les programmes passés », explique-t-il.On ne peut donc exclure que Delphine Ernotte souhaite réellement se désengager progressivement de sa collaboration avec Newen, qui réalise près des trois quarts de son activité avec France Télévisions.Vision historiqueLe facteur interne est important. La CGT, premier syndicat de l’entreprise publique, avait publié un communiqué jugeant « scandaleux que TF1 produise les programmes de France Télévisions et que France Télévisions ne puisse produire ses programmes ». Une référence à l’interdiction pour l’entreprise publique de produire plus de 5 % de ses fictions et documentaires en interne, une règle que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, veut faire évoluer.La vivacité de la riposte de Mme Ernotte montre que la vision historique des acteurs de l’audiovisuel reste présente en France : les rivalités entre grandes chaînes, entre public et privé, entre producteurs et diffuseurs, etc. Autant de distinctions que certains aimeraient voir s’estomper. « Aujourd’hui, les grands groupes audiovisuels européens comme ITV ou RTL sont organisés autour des métiers de la production et de la diffusion, et tout le monde a l’habitude de travailler comme cela. Quand FremantleMedia, la filiale de RTL Group, vient nous proposer un programme, il n’a pas demandé l’autorisation à M6 [filiale de RTL Group] », dit M. Paolini. L’accord de rachat de Newen prévoit des clauses pour préserver « sa liberté éditoriale et son indépendance commerciale » et « garantir le secret des affaires ». On cite aussi en exemple l’investissement de Vivendi dans le producteur Banijay-Zodiak. Ou encore les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pays où des sociétés rachetées par des chaînes produiraient facilement pour des concurrents. A l’image de Talpa, acquise par la chaîne ITV qui vient tout de même de récupérer aux enchères, pour ses antennes, les droits de l’émission « The Voice », l’émission phare de ce producteur… et qui était diffusée depuis cinq saisons par la BBC, chaîne de service public.Lire aussi :Newen : comment France Télévisions peut riposter ? Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est une polémique née d’un dossier qui aurait dû être consensuel. Destinée à élargir le soutien public à un plus grand nombre de publications après les attentats contre Charlie Hebdo, la réforme des aides à la presse a fait l’objet, ces derniers jours, de vives critiques.En cause : la volonté du gouvernement de priver de ces nouvelles aides les publications ayant fait l’objet de condamnations pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence au cours des cinq dernières années. La mesure concerne des titres d’extrême droite comme Minute et Rivarol, ou encore l’hebdomadaire Valeurs actuelles, positionné à la droite de la droite et par deux fois condamné ces derniers mois, même s’il a fait appel.Lire aussi : Aides à la presse : qui touche le plus ? Dans son décret du 6 novembre 2015, le gouvernement a étendu le champ de l’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : elle concerne désormais tous les périodiques et pas uniquement les quotidiens. Il s’agit d’une démarche en faveur du pluralisme, initiée au lendemain de l’attentat qui a décimé l’hebdomadaire Charlie Hebdo, en janvier (celui-ci ne bénéficiera toutefois pas de l’aide, qui est limitée aux publications dont la diffusion est inférieure à 300 000 exemplaires, un seuil que l’hebdomadaire a dépassé depuis janvier).Plainte à BruxellesLe fait que ce renforcement des aides directes ne touche pas les titres ayant fait l’objet de condamnation a fait rapidement réagir. Mardi 17 novembre, Valeurs actuelles s’en est pris au système d’aide dans sa globalité en indiquant avoir « adressé une plainte formelle contre la France pour aide d’Etat incompatible avec le Traité de l’Union européenne dans le secteur de la presse d’information politique et générale de diffusion nationale ».Le lendemain, son directeur, Yves de Kerdrel, a également annoncé un recours au Conseil d’Etat. Il croit avoir identifié une fragilité juridique au sein du décret, dans la mesure où dans les faits, ce sont les directeurs de publication qui sont condamnés, non les titres. Or le décret fait référence à ces derniers.Plus surprenant : jeudi 19 novembre, c’est l’ensemble des quotidiens et magazines qui s’est ému de la mesure, à travers un communiqué commun du syndicat de la presse magazine SEPM et de la presse d’information générale AIPG. Ce texte reprend l’argument de M. de Kerdrel en constatant que « le décret (…) soulève plusieurs points de droit, dont, mais non exclusivement –, celui du non-respect du principe de la personnalité des peines, en raison des règles particulières de responsabilité en matière de presse posées par la loi de 1881, et qui excluent la responsabilité directe de la société éditrice ».Le ministère « serein »En réponse, le ministère de la culture, joint par Le Monde, se dit « serein » sur les contestations juridiques de son décret : les condamnations touchent certes des individus, mais ils sont visés en tant que directeur de la publication, les condamnations ne sont pas personnelles, argumente-t-on. On ajoute que les amendes sont souvent payées par les titres, pas par les dirigeants.Sur la contestation des aides à la presse au niveau européen, le ministère de Fleur Pellerin ne s’affiche pas plus inquiet. Ce type de soutien public à un secteur est un choix politique, au même titre que la neutralité technologique invoquée pour accorder récemment un taux de TVA « super-réduit » aux titres de presse sur Internet. Malgré une certaine opposition, Paris estime engranger des soutiens, au niveau européen, sur ces sujets.Sur le fond, cette réforme des aides au pluralisme vise à soutenir des titres qui contribuent à la « vitalité démocratique », argumente le ministère. Exclure les publications condamnées pour propos racistes ou discriminatoires est « dans l’esprit de la loi de 1881 sur la liberté de la presse ». L’article 24 de ce texte rappelle que seront notamment condamnés ceux qui auront « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes ».Une réforme politique ?Personne n’est visé en particulier à cause de sa ligne éditoriale, c’est un principe républicain, soutient-on au cabinet de Fleur Pellerin. Une tentative de couper court à l’argument selon lequel la réforme est politique et vise à affaiblir des titres d’opposition frontale à François Hollande, comme Valeurs Actuelles, ou proches de l’extrême droite.Enfin, le ministère rappelle que cette aide au pluralisme ne représente qu’une faible partie de l’ensemble des aides directes et indirectes (via les aides postales notamment). En 2014, un titre d’extrême droite comme Présent a touché 362 745 euros d’aides au total (dont 226 888 euros d’aides directes). Valeurs Actuelles a touché 961 026 euros d’aides à son transport postal mais zéro aide directe. Minute et Rivarol n’ont rien touché.Parmi la cinquantaine de titres qui pourraient bénéficier des nouvelles aides au pluralisme, on trouve les publications de gauche Le Monde Diplomatique ou Politis, les publications chrétiennes Témoignage Chrétien, Pèlerin Magazine ou Golias, le magazine féministe Causette, le mensuel et site sur l’écologie Terra Ec, voire le bihebdomadaire généraliste Society.Malgré les arguments du ministère, les fédérations d’éditeurs de presse risquent de ne pas désarmer immédiatement : « Quelles que soient les justifications politiques et morales censées la justifier, une telle exclusion, dans son essence même, rompt avec le principe démocratique intangible de la neutralité de l’action publique vis-à-vis de la presse d’opinion », écrivent-ils, avant d’invoquer Tocqueville : « Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicolas Bourcier Illustration des tensions croissantes autour de la question des réfugiés, une journaliste de CNN, Elise Labott, a été suspendue pour deux semaines pour avoir critiqué, dans un tweet, un vote à la Chambre des représentants. Dans les minutes qui ont suivi l’adoption par les députés à une très large majorité (289 contre 137), jeudi 19 novembre, d’un projet de loi durcissant les conditions d’accueil des réfugiés syriens et irakiens sur le sol américain, Elise Labott a écrit sur son compte : « La Chambre adopte une loi qui pourrait limiter [l’afflux de] réfugiés syriens. La Statue de la Liberté courbe la tête angoissée. »House passes bill that could limit Syrian refugees. Statue of Liberty bows head in anguish @CNNPolitics https://t.co/5RvZwVftgD— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Ce vote s’est fait avec le soutien d’un cinquième des élus démocrates, malgré l’opposition de la Maison Blanche au dispositif. Le président Barack Obama avait fait savoir qu’il utiliserait son veto si le projet de loi devait être adopté par le Sénat.Depuis le début du conflit syrien, en 2011, les Etats-Unis ont accueilli 1 682 réfugiés, selon le chiffre du département d’Etat.Lire aussi : Après Paris, Donald Trump joue la carte de l’islamophobieErik Wemple du Washington Post, qui a révélé l’histoire du tweet dans un article publié un peu plus tard dans la journée, insiste sur le fait que la question des réfugiés est devenue hautement partisane et que CNN avait suivi le vote de la Chambre d’une manière « très neutre ».M. Wemple rappelle qu’Elise Labott n’est pas éditorialiste ou commentatrice, « ce qui signifie qu’elle est tenue de respecter le principe de neutralité de la chaîne ». Il précise que les principaux concurrents de CNN, Fox et MSNBC News, « deux chaînes partisanes », obligent la chaîne d’Atlanta à une couverture rigoureuse, dans une contexte « d’impératifs économiques ».Dans un message publié vendredi matin, Elise Labott est revenue sur son précédent tweet : « J’ai eu tort d’éditorialiser. Mon tweet était inaproprié et irrespectueux. Je présente mes sincères excuses. »Everyone, It was wrong of me to editorialize. My tweet was inappropriate and disrespectful. I sincerely apologize.— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Nicolas BourcierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde) A partir de demain, La Matinale du Monde paraîtra également le week-end. Depuis son lancement en mai, vous avez été près de 300 000 à la télécharger, un vrai succès pour une application d’information 100 % mobile.Cet été, nous vous avons consulté pour mieux comprendre votre façon d’utiliser La Matinale, pour vous permettre également de nous dire ce que vous appréciez le plus et ce que vous aimez moins. Votre demande prioritaire portait sur une publication le week-end. Nous avons donc décidé de répondre à votre attente en vous offrant La Matinale sept jours sur sept.Cette enquête de lectorat a aussi montré que vous étiez friands d’actualité, d’enquête, de découvertes… Nous continuerons donc de vous proposer une sélection éclectique et hiérarchisée, mêlant l’actualité la plus brûlante, les enquêtes approfondies, des tribunes et des strips BD.Mais le samedi et le dimanche, votre rapport au temps change, vous êtes moins dans l’urgence. Nous vous proposerons donc une édition avec des contenus nouveaux, adaptés à ce moment où chacun a envie d’accorder du temps aux siens et à soi, de prendre du recul par rapport au flot d’informations qui nous submerge.Ainsi, chaque samedi matin, Les Décodeurs prépareront un “rattrapage de l’actu” pour être sûr de n’avoir rien manqué. “La question de la semaine” permettra d’aborder de façon pédagogique une actu qui aura marqué les jours précédents. Une liste de recommandations sur les replays et les podcasts clôturera l’édition.En exclusivité dans La Matinale de ce samedi 21 novembre, vous lirez la toute première chronique de Thomas Piketty. L’économiste publiera en effet chaque mois un texte dans Le Monde du samedi après-midi.Une chronique sexualitéChaque dimanche matin, la chroniqueuse Maïa Mazaurette traitera de la sexualité sous toutes ses facettes. Vous plongerez également ce jour-là dans l’intimité d’une personnalité qui a accepté un tête à tête avec notre grand reporter Annick Cojean. Le sport ne sera pas oublié et la rédaction vous proposera des idées de voyages.Enfin, quatre nouveaux dessinateurs BD rejoignent l’aventure de La Matinale : Nix, Antoine Marchalot, Mix & Remix et Catherine Meurisse ont créé chacun une série originale. Mais vous continuerez de sourire avec Coquelicots d’Irak (Lewis Trondheim et Brigitte Findakly), La Famille Mifa (Lisa Mandel) et Manuela, Françoise et les autres (James).Nous espérons que cette offre enrichie répondra à votre attente et que vous serez toujours plus nombreux à nous lire… chaque matin désormais. Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde)Journaliste au Monde Joël Morio On les disait condamnées par la montée en puissance des services de streaming comme Spotify ou Deezer. Or les radios musicales résistent bien à cette nouvelle concurrence. Selon les chiffres communiqués par Médiamétrie, mercredi 18 novembre, elles ont atteint une part d’audience de 32,6 %, en septembre et octobre, contre 30,9 % sur la même période en 2014.NRJ reprend sa place de première station de France avec une part d’audience cumulée de 12 %. « On retrouve la hiérarchie naturelle. Les services musicaux rencontrent des difficultés avec des faillites ou des introductions en Bourse reportées ; les stations musicales réunissent quant à elles plus de 22 millions d’auditeurs quotidiens, soit une hausse de 430 000 personnes en un an. NRJ est un bain chaud de plaisir, un refuge utile quand on est inquiet et stressé », estime Jean-Paul Baudecroux, président du groupe NRJ (qui comprend notamment Nostalgie, Chérie FM et NRJ). « On doit beaucoup à Steve Jobs, observe-t-il encore. Les smartphones sont aussi des récepteurs radio, ce qui favorise l’écoute des stations musicales prisées par les plus jeunes. » Le bond de Fun Radio est spectaculaire. La matinale présentée par Bruno Guillon est désormais écoutée par 1 868 000 Français, soit une progression de 47 % en un an. Au total, la station spécialisée en « dance music » gagne 303 000 auditeurs. Et devient ainsi la deuxième musicale de France, coiffant sur le poteau Skyrock, dont l’écoute cumulée progresse par rapport à la vague d’avril-juin 2015, mais recule sur un an.Virgin Radio réalise sa meilleure rentrée depuis six ans avec 267 000 nouveaux adeptes et une audience cumulée de 4 %. Les audiences de Chérie FM (4,4 % d’audience cumulée) sont aussi bien orientées. « C’est la plus forte progression des stations musicales. La station qui passe devant RFM bénéficie de son repositionnement et nous espérons que le travail effectué sur Nostalgie, avec plus de titres des années 1980 programmés, produira le même effet », indique Jean-Paul Baudecroux.Sérénité affichée sur RTL et Europe 1Du côté des stations généralistes, les résultats sont très contrastés. France Inter consolide sa troisième place avec 10,2 % d’audience cumulée. La matinale de Patrick Cohen conforte sa première position et toutes les tranches horaires s’affichent en hausse. Cette très bonne tenue s’explique « par le mariage d’une offre exigeante et populaire, avec une forte dose d’irrévérence, ainsi que par l’attachement très fort de nos auditeurs à la radio de service public », juge Emmanuel Perreau, directeur des programmes et d’antenne de France Inter. A RTL, les performances sont plus mitigées. L’audience cumulée (11,4 %) baisse légèrement d’une année à l’autre, mais elle recule par rapport à la vague d’avril-juin 2015, où elle avait culminé à 12 %. La station de la rue Bayard peut se consoler en voyant sa durée d’écoute progresser à 2 h 23, soit la meilleure de toutes les radios. « Je suis très confiant pour la suite. Nos résultats sont une bonne base pour le reste de la saison », estime Christopher Baldelli, président de RTL. Même sérénité affichée à Europe 1, malgré une chute des audiences qui ne s’explique plus uniquement par le départ de Laurent Ruquier vers RTL, mais aussi par une baisse de la matinale présentée par Thomas Sotto. « Son travail n’est pas en cause. La matinale avait progressé lors des précédentes vagues. Nous gardons le cap même si ce n’est pas une bonne rentrée. Le contexte des radios généralistes privées est très difficile », martèle Fabien Namias, le directeur général de la station. Avec 8,6 % d’audience cumulée, il s’éloigne un peu plus des 10 % que Denis Olivennes lui avait fixés à son arrivée à Europe 1. Fabien Namias peut se satisfaire néanmoins des bons scores de Jean-Marc Morandini, qui atteint son plus haut niveau depuis sept ans, tandis que Cyril Hanouna se stabilise et progresse de 20 % sur les 25-59 ans. La confiance est également de mise à RMC, en dépit de résultats en berne avec plus de 300 000 auditeurs perdus en un an. Enregistrant 7,2 % d’audience cumulée, derrière France Bleu (7,3 %), la station « Info, talk, sport » retombe sous la barre des 4 millions d’auditeurs pour la première fois depuis septembre 2012. « Après les fortes hausses que nous avons connues ces dernières années, il est normal que l’on ait des bas. Notre stratégie de convergence entre la radio et la télévision porte ses fruits. Les audiences de RMC Découverte, qui diffuse la matinale de Jean-Jacques Bourdin, explosent. Les gens veulent désormais des images et nous sommes bien préparés à cette évolution », plaide Alain Weill, le président du groupe Next Radio. France Info, qui enregistre un de ses plus mauvais scores avec une audience cumulée de 7,2 %, souligne le nombre de vues (1,5 million en octobre 2015) sur son antenne vidéo.Les succès sur les médias digitaux ne sont pourtant pas incompatibles avec de bonnes écoutes. France Culture, avec 2,4 % d’audience cumulée, atteint un record historique et dépasse pour la première fois les 10 millions de podcasts téléchargés.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Qu’est-ce qui vous a fait accepter cette proposition de diriger France 5 ?Cette chaîne fait briller les yeux car elle est la quintessence du service public, celui qu’on aime aimer. Et puis, j’ai eu un vrai coup de foudre pour Delphine Ernotte, pour la manière dont elle présentait les choses, pour sa personnalité complètement atypique dans le paysage audiovisuel. Je me suis dit qu’avec cette femme-là qui n’a aucune des lourdeurs du milieu parce que justement elle vient d’un autre univers, cela pouvait être vraiment passionnant. Plus personnellement, je ne peux rien dire de négatif sur ce que je faisais à TF1. Avec la complicité de son ex-PDG, Nonce Paolini, je m’étais constitué un petit royaume avec mon émission littéraire sur TF1, mon rendez-vous quotidien sur LCI, celui sur la chaîne Histoire ainsi que « Médiapolis » sur Europe 1. J’aurais très bien pu continuer ainsi. Mais je ne me mettais plus en danger. Et puis cela m’intéressait de savoir si après vingt-cinq ans, la méthadone de ce nouveau travail allait réussir à compenser la crise de manque de l’antenne. Pour le moment, je suis très satisfait du traitement médical. Je n’ai pas eu une crise de manque depuis la rentrée. Très sincèrement, je n’ai pas eu le temps.France 5 a connu une très belle progression lors de la saison 2014-2015 avec 3,4 % de PDA. N’est-ce pas plus difficile encore d’hériter d’une chaîne dont tous les voyants sont au vert ?C’est évident qu’il y avait un côté « cadeau empoisonné ». Quand vous arrivez dans une chaîne dont l’image est excellente, dont les audiences vont bien et dans laquelle les rendez-vous sont installés depuis des années, vous avez toutes les raisons de ne rien bouger. C’est évidemment le principal obstacle auquel je me suis confronté, même intellectuellement. Tout conspire à ce que vous ne touchiez à rien. Or, comme je l’ai dit aux équipes, tout ce qui est aujourd’hui positif pour France 5 – notamment l’ancrage de ses programmes qui la rend familière – peut se transformer en critiques sur le manque de renouvellement. Il faut donc passer à la vitesse supérieure car nous sommes dans une époque d’incroyables changements.« Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel »Pour reprendre les termes de Delphine Ernotte, votre tache est donc de réveiller « la belle endormie ».Oui, même si France 5 n’est pas inerte. Elle est passée par de nombreuses mutations, et chaque étape me permet d’identifier les problèmes. Pendant longtemps, elle a été une chaîne de la journée qui, le soir, cédait sa place à Arte. Quand elle est devenue une chaîne à part entière, sa grille n’a pas été réellement redéfinie par rapport à une construction qui, aujourd’hui, se fait en amont et aval du prime time. Il ne s’agit pas de le faire du jour au lendemain pour autant, parmi mes objectifs, il y a un travail à opérer sur les « primes times ». Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel.D’autre part, c’est une chaîne qui n’a jamais eu de rédaction, ce qui fait qu’elle est coupée de l’information, au sens quotidien du terme. Certes, celle-ci est traitée excellemment dans les magazines de fin de journée comme « C dans l’air », mais elle n’est pas liée à l’événement. Mon deuxième chantier est donc l’« événementialisation » de la chaîne : soit en créant l’événement comme ce sera le cas, le 24 novembre, avec la soirée spéciale consacrée aux violences faites aux femmes ; soit en étant réactifs ainsi que nous l’avons été tout au long de la semaine qui a suivi les attentats du 13 novembre.Lors de la diffusion de la série documentaire « 360° » vous avez évoqué le numérique comme l’un de vos chantiers principaux. Comment allez-vous le développer ?De nombreux sites se nourrissent des programmes de France Télévisions. Cela accroît leur trafic et leur audience mais nous en sommes quelque peu dépossédés. En ce qui concerne France 5, nous avons très peu de production interne. Les grands rendez-vous de magazines sont élaborés par des producteurs extérieurs qui ont leur page Facebook et leur compte twitter. Mon idée est de redonner une cohérence à tout cela comme on le fait déjà avec « Allo docteur ». Je voudrais rationaliser les rapports entre la chaîne et les différents producteurs sachant qu’il y a beaucoup d’inconnu. Par exemple, l’internaute qui vient chercher un replay, par où rentre-t-il ? Est-ce par le site de France télévisions ? Celui de France 5 ? Ou encore celui de l’émission ou d’une séquence ? Cette porte d’entrée détermine la stratégie. Pour l’heure, j’emmagasine les études et j’écoute ceux qui savent, avant d’essayer de la définir. Il faut vraiment que ce soit une réponse de groupe.Outre l’offre linéaire, ce qui me passionne davantage encore est la création documentaire. Avec 3000 dossiers reçus par an et la diffusion de près de 300 documentaires, nous sommes l’interlocuteur privilégié à France Télévisions de tout cet écosystème. Aujourd’hui, on ne peut plus écrire pour le linéaire puis découper trois quatre extraits à mettre le net. L’écriture numérique est spécifique. Voilà pourquoi « 360° » me passionne. Du coup, on est en train de réfléchir à un documentaire ou une mini-série pour lequel on demanderait aux producteurs des projets bi-face avec une version linéaire et une autre numérique sur le même sujet. A charge pour eux de trouver des interactions entre les deux. A France Télévisions, nous avons avec « Les Nouvelles Ecritures » un atelier incroyablement intelligent et performant avec lequel je me suis rapproché. Car si on rate ce lien avec cette nouvelle créativité, la chaîne pour le coup vieillira très vite.La part de la fiction va-t-elle augmenter, comme le désire la présidente de France Télévisions ?Pour l’instant, nous n’avons pas d’argent pour investir dans la création. Néanmoins, nous travaillons avec l’équipe documentaire afin de lancer un appel à projets conjoint avec « Les Nouvelles Ecritures » autour du docu-fiction. D’autre part, la case du lundi dévolue à ce genre va s’ouvrir au cinéma à la manière de « La Dernière Séance ». Dès janvier, nous proposerons un film incontournable accompagné d’archives sur le tournage, d’actualités de l’époque ou d’un documentaire issu de la collection « Empreintes ».Et en matière de divertissement ?Pour des raisons liées à son histoire, le spectacle vivant n’est pas présent sur la chaîne. Or, j’aimerais qu’il trouve ponctuellement sa place sous forme événementielle. Je vais y aller prudemment car ce n’est pas forcément des succès d’audience. Mon bassin d’audience étant cependant plus réduit que celui de France 2 ou France 3, je peux m’offrir le luxe de diffuser des captations de théâtre ou d’opéra à une heure moins tardive que ces chaînes, vers 21 heures ou 22 heures ; ce qui est plus gratifiant pour les artistes et permet de proposer des soirées de prestige.Outre les soirées cinéma du lundi, d’autres changements sont-ils prévus en janvier ?Le mardi, « Le Monde en face » comportera des plateaux plus longs. « La Maison France 5 » et « Silence ça pousse », qui connaissent une rude concurrence le mercredi, sont déplacés le vendredi. « On n’est pas que des cobayes » qui affronte « Koh-Lanta » et « The Voice Kids » devrait passer en « access » le samedi. Enfin, le mercredi sera une soirée prestige avec nos grandes coproductions internationales archéologiques et scientifiques. Ce n’est pas une révolution, mais cela fait bouger les choses. Je ne sais pas si je serai le prince charmant qui réveille la belle endormie, en tout cas, il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans.« Nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs »La grille comportera-t-elle des nouveautés ?Il y a deux émissions qui me tiennent à cœur mais que je trouve en deçà de leur potentiel. Il s’agit de « La Grande Librairie » et « C politique ». L’émission littéraire de François Busnel pourrait faire bien mieux comme on le voit lors des soirées spéciales, où il double quasiment son audience. Ce qui bloque sans doute est le côté un peu rigide de l’émission. François Busnel désirait la rallonger. Je le lui ai accordé à condition qu’il la reformate de façon à offrir plus de sujets et de reportages. Pour « C politique », j’ai tenu un discours similaire à Jérôme Bellay, son producteur. Je lui donne une demi-heure de plus afin de sortir du cadre un peu institutionnel de l’interview politique en y intégrant notamment des invités de la société civile en lien avec l’actualité, qui viendront interpeller le politique, des spécialistes ainsi fact-checking avec l’invité.Pour faire cela, j’ai donc décidé de faire des économies en supprimant les plateaux qui introduisent les émissions. De même, certaines qui arrivaient en fin de contrat ne sont pas reconduites comme « Hélène et les animaux » ou « Les Grandes questions » de Franz-Olivier Giesbert.Qu’en est-il de l’avenir des « Maternelles » et du « Journal de la santé » après le rachat par TF1 du groupe de production Newen ?Pour le moment, tous les nouveaux projets sont suspendus. Concernant les magazines de santé, le problème ne se pose pas car le contrat court jusqu’en 2017. Celui des « Maternelles » arrive à échéance en juin 2016 et sera réexaminé. Très franchement, je suis partagé avec ce magazine sympathique et en symbiose avec les valeurs du service public mais décevant en termes d’audience générale. Son aspect novateur des débuts n’est-il pas devenu obsolète ? La leçon que l’on peut tirer de l’affaire Newen est que nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs comme cela a été le cas. Une émission n’est pas une rente à vie, c’est le message que je veux leur insuffler.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « La cinquième vidéo, elle est fatale, on dirait un film », dit un habitant de Saint-Denis qui tente, dans sa commune, de vendre à des journalistes des images amateurs de l’assaut donné par les policiers mercredi 18 novembre au matin. « 400 euros, c’est donné », commente-t-il. Le phénomène n’est pas totalement nouveau mais l’intensité du petit marché qui s’est mis en place dans la foulée des attentats a frappé plusieurs reporters sur place, dont ceux du Petit Journal et de FTVinfo.Saint Denis des jeumes tentent de vendre des vidéos entre 100 et 300 euros sur le marché selon si l on entend tirs pic.twitter.com/KmPhoH54lG— Pascal Jalabert (@Jalabertpascal) November 18, 2015« Si on voit les tirs et un policier, de loin, dans la nuit, c’est 500 euros, sinon, juste le son, c’est 100 euros », s’indigne Pascal Jalabert, rédacteur en chef du bureau parisien d’informations générales d’Ebra, groupe de journaux de l’est de la France, cité par FTVinfo.#SaintDenis Un riverain me montre une vidéo, prise à 4h36 du matin. On y voit des tirs depuis la fenêtre de l'immeuble rue Corbillon.— Kocila Makdeche (@KocilaMakd) November 18, 2015Le journaliste de FTVinfo Kocila Makdeche raconte qu’après l’avoir interpellé, les vendeurs montrent la vidéo proposée « sous le manteau, comme des vendeurs à la sauvette », dans une rue tranquille.Sans se cacher particulièrementD’autres font leur commerce sans se cacher particulièrement : Le Petit journal a filmé un groupe de personnes négociant des images de façon ouverte, dans une rue.St-Denis : le commerce des vidéos amateurs - Le Petit Journal du 18/11La circonstance de l’assaut renforce la quantité et l’intérêt des documents amateurs : les échanges de tirs, impressionnants, entre la police et les djihadistes retranchés rue Corbillon, ont commencé très tôt, vers 4 h 30. Beaucoup de riverains ont filmé avec leur smartphone avant que les moyens importants des télévisions arrivent progressivement.Les documents amateurs, montrant l’immeuble des terroristes, le choc assourdissant des armes automatiques ou des mouvements de forces de l’ordre, ont été utilisés par les chaînes de télévision, de BFMTV à i-Télé, en passant par Télé Matin, explique Le Petit Journal. Ce qui ne veut pas dire qu’elles les aient achetées, car certains témoins donnent gratuitement leurs images ou les postent sur les réseaux sociaux.BFM-TV a acheté deux portraits d’un kamikaze, pas de vidéos« Nous ne sommes pas contre le principe d’acheter certains documents », explique au Monde Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Pourtant, depuis le 13 novembre, la chaîne dit n’avoir payé que deux photos, d’Ismaïl Omar Mostefai, l’un des djihadistes qui s’est fait exploser au Bataclan, acquises auprès d’un « ex-proche » et aucune vidéo.BFM-TV explique sa ligne de conduite pour l’achat de documents amateurs : « Ne pas rentrer dans une course au spectaculaire, ni dans une course aux enchères. Et il faut que le document apporte une info », explique M. Béroud.Payer des particuliers pour des images est assez tabou. A Saint-Denis, le reporter du Petit Journal confronte les vendeurs : « J’ai fait ton travail. J’ai eu les couilles de le faire. J’ai risqué ma vie », explique l’un d’eux. Avant d’avancer une raison plus économique : « Y’a de l’actu, je sais que je peux faire de l’argent. (…) J’ai pas de travail. »Une vidéosurveillance d’un bar attaqué « pour 50 000 euros » Ceux qui achètent avec moins de complexe sont les médias anglo-saxons, où cette pratique est plus courante : d’ailleurs, la journaliste que Le Petit Journal arrive à filmer en train d’acheter pour de bon des documents parle anglais. On la voit verser une rallonge de 200 euros en cash, après avoir, dit-elle, déjà payé 250 euros pour quatre vidéos. Interrogée dans la foulée, elle dit travailler pour la BBC, le service public audiovisuel britannique. Mais nie avoir payé pour des images…Ces derniers jours, les médias britanniques ont parfois diffusé des documents amateurs, quitte à choquer : le Daily Mail a ainsi diffusé une photo de l’intérieur du Bataclan montrant des corps, qu’il a acheté via le Daily Mirror qui en a acquis les droits.Le site du quotidien a également montré des images de vidéosurveillance récupérées dans un des cafés-restaurants attaqués à la kalachnikov vendredi soir. « Cette vidéo nous a été proposée pour 50 000 euros », raconte Hervé Béroud, de BFM-TV, qui l’a refusée, car elle est « choquante ».Le Journal du dimanche a raconté que dès le soir des attaques, deux témoins proposaient trois vidéos et une dizaine de photos des attaques d’un bar et d’une pizzeria, pour 1 000 euros. Avec « exclusivité », ce qui veut dire qu’ils supprimeraient les images après la transaction.« Se faire du fric sur le malheur des gens »On est encore loin de la recherche effrénée d’images de faits divers pour les monnayer avant tout le monde aux chaînes, comme dans le film américain Night Crawler. Mais la pratique se diffuse, explique FTVInfo, qui se rappelle s’être fait démarcher pour enchérir sur des vidéos des inondations dans le sud-est de la France.« Honte à tous ces gens qui font commerce de la détresse », s’indigne une internaute dans les commentaires du reportage posté sur Facebook par Le Petit Journal. « Se faire du fric sur le malheur des gens, c’est ignoble. Si quelqu’un de votre famille se trouvait dessus, vous le feriez ? Vous me dégoûtez », abonde un autre. Le JDD dénonce, lui, une « version connectée du profiteur de guerre ».« Si j avais des photos, je les vendrais. Quitte à ce que BFM-TV, TF1 et autres se fassent des tunes, je prends ma part », rétorque un commentateur sur Facebook. « Tant qu’il y aura des gens pour acheter, il y aura des gens pour vendre, c’est une loi universelle », philosophe un autre. Un dernier tend un miroir à tout le monde : « Arrêtez de faire vos saintes-nitouches, vous serez tous scotchés à votre téloche quand la vidéo achetée sera diffusée. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Le débat sur le GamerGate ressurgit au moment le plus inattendu. Ce mouvement en ligne de joueurs de jeu vidéo hostile au discours féministe, aux médias, et régulièrement accusé de harcèlement en ligne, est accusé par le site américain Vice d’avoir modifié la photo d’un journaliste, Veerender Jubbal, en le grimant en terroriste kamikaze avant de la diffuser largement en ligne.Lire : A la rencontre du GamerGate, le mouvement libertarien qui veut défendre « ses » jeux vidéo  « La photo de l’un des kamikazes de Paris a été diffusée. Il l’a posté sur Twitter peu avant l’attaque », écrit un utilisateur turc de Twitter, connu sous le pseudonyme de Blacktric sur les réseaux sociaux anglophones, au soir des attentats du vendredi 13 novembre.Comme l’ont remarqué plusieurs internautes, un certain nombre de détails clochent, comme les prises anglaises, ou l’étonnante présence d’un godemiché à l’arrière-plan. La photographie a en fait été modifiée sur un logiciel de retouche d’image.« Il faut un gilet d’explosifs et un coran »Le détournement est apparu le 12 août, et a été réalisé par un membre du gamergate,@turd_wartsniff, alias Sad Person, ou encore Doctor Ethics, à la suite d’un dialogue édifiant entre trois utilisateurs de Twitter, dont Blacktric.« Vous êtes à la mosquée et ce type met une main aux fesses de votre copine. Que faites-vous ? - J’utilise Photoshop pour placer une bombe à la place de sa tablette - Non, il faut un gilet d’explosifs et un coran à la place de sa tablette »La photo, à nouveau mise en ligne le 13 novembre, connaît une diffusion exceptionnelle. Comme le relève Vice, le visage de Veerender Jubbal est repris dans la presse européenne : La Razon en Espagne et SkyTG24 en Italie publient la photo, l’un pour illustrer le parcours d’un des terroristes entrés en France en passant par la Grèce avec les réfugiés, l’autre comme un document « envoyé par l’Etat Islamique ». « Des millions et des millions de gens ont vu les images retouchées, et me prennent pour un terroriste », s’est désolé l’intéressé sur Twitter, qui rappelle être sikh et non musulman, vivre au Canada, et n’être jamais allé à Paris. « Tout ceci me place dans une mauvaise situation, au sens où je risque d’être physiquement et/ou moralement blessé à cause de ça. »Le mouvement minimiseVeerender Jubbal n’a pas été choisi par hasard. Il est connu pour ses positions hostiles au GamerGate. Il a ainsi créé le mot-dièse « StopGamerGate2014 », rappelle son profil Twitter. « Les gamers sont des ordures absolues, comme je le dis depuis une année entière. Les gens n’arrêteront pas de me harceler et polluer la vie », a-t-il déclaré, 24 heures après la diffusion de cette photo.Gamers are absolute garbage like I have been saying for a full year.People will not stop harassing, and bothering me.— Veeren_Jubbal (@Veerender Jubbal)require(["twitter/widgets"]);Sur Reddit, l’un des fiefs en ligne du GamerGate, on minimise la volonté de nuire et on se désolidarise du tweet du vendredi 13 novembre de Blacktric. Ce dernier s’était éloigné du mouvement il y a plusieurs mois. « Est-ce qu’un des nôtres [Sad Person] est responsable du détournement sous Photoshop ? Probablement, oui. Toutefois celui-ci a été fait avant les attaques de Paris, il n’y avait pas l’intention d’associer Veerender Jubbal dans celles-ci. Ceci a été fait par quelqu’un [Blacktric] qui ne s’associe plus avec le GamerGate. »Ce dernier a pourtant continué à harceler le journaliste, mais au sein de la « Ayy Team », un groupe d’internautes dissidents spécialisés dans la provocation extrême et les messages de harcèlement envers plusieurs communautés, comme les sympathisants LGBT et féministes. Les comptes Twitter et Reddit de Blacktric ont depuis été désactivés.Veerender Jubbal a quant à lui évoqué la possibilité de poursuivre en justice les journaux ayant utilisé sa photographie.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guillot Le jour de l’attaque du Bataclan, vendredi 13 novembre, ils étaient sept photographes accrédités pour le concert des Eagles of Death Metal. Un concert de plus pour ces spécialistes de musique, qui sont des passionnés autant que des photographes – l’un d’eux, Yann Charles, travaille en amateur, et publie ses photos de façon bénévole pour un webzine.Mais les images qu’ils ont prises ce soir-là, du groupe et du public communiant dans le même plaisir, se remplissent aujourd’hui d’une émotion toute particulière. « Ils sont tous choqués, à des degrés divers, témoigne Bertrand Alary, directeur de l’agence Dalle, qui diffuse plusieurs d’entre eux. Et ils ont chacun une attitude différente face aux images qu’ils ont faites. Moi, je suis leurs instructions à la lettre. »Dans le milieu musical, à part pour les gros concerts aux contraintes particulières, c’est en général la « règle des trois » qui s’applique : les photographes dûment accrédités peuvent travailler seulement pendant les trois premières chansons, histoire de ne pas perturber le spectacle. Le 13 novembre, au Bataclan, les photographes se placent dans le « pit », derrière les barrières, entre la scène et le public – là où ils ont un bon point de vue sur le groupe et les spectateurs.A eux d’éviter les flashs dans les yeux qui gênent les musiciens. « C’est un groupe de rock festif, super-intéressant à photographier, car ils sont super-vivants quand ils jouent », confie l’un d’eux, qui préfère taire son nom. Après trois chansons, des photographes se fondent dans la foule, d’autres décident de partir. « Avec un collègue, on a bu un verre en rangeant le matériel, raconte un photographe. On est tous les deux partis pour éditer nos photos chez nous. Avant, j’ai pris une photo sur mon téléphone, pour montrer l’ambiance, et je l’ai postée sur Facebook. Puis j’ai pris ma voiture, et c’est seulement en passant devant Le Petit Cambodge que j’ai compris que quelque chose de grave se passait. » A l’intérieur, le photographe Manu Wino se trouve au bar quand arrivent les terroristes, mais il est près de la sortie de secours, et réussit à s’enfuir. Un de ses collègues trouvera refuge dans un local technique pendant toute l’attaque. Mais la photographe Marion Ruszniewski, qui travaillait ce jour-là pour le mensuel Rock & Folk, est touchée par une balle dans le ventre. « J’ai pensé à mon ami Rémi Ochlik [tué en Syrie en 2012] et je me suis dit “pas moi” », a-t-elle raconté à l’AFP. Elle fera la morte jusqu’à l’arrivée des secours, et s’en tirera sans complications trop graves. « C’est mon sac à dos de photo qui m’a sauvé la vie », pense-t-elle.« Du mal à regarder mes images »Une fois la frayeur passée, que faire des cartes mémoires pleines d’images innocentes d’un concert qui a viré au carnage ? Les photographes ont tous répondu de façon différente. Marion Ruszniewski a diffusé quelques photos du concert par le biais de l’AFP, et doit publier le reste comme prévu dans le prochain numéro de Rock & Folk.Manu Wino et Julien Mecchi, « par respect pour les victimes », ont, chacun, décidé de distribuer gratuitement les photos du concert sur leur compte Facebook, en demandant qu’il n’en soit pas fait un usage commercial. « Peace, Love & Death Metal », a ajouté Manu Wino sur sa page, en écho au titre du premier album du groupe californien. Dans les images qu’il a prises, on voit nettement des spectateurs sur le côté de la scène. « Au début, je ne voulais rien en faire, a-t-il déclaré à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles. Mon sac est resté fermé. Et, petit à petit, on sort du choc, et, en discutant avec des amis, je me suis dit qu’il fallait envoyer des ondes positives. J’ai eu envie qu’on se souvienne des sourires, du rock’n’roll et qu’on était tous là pour faire la fête. »Mais ces clichés de spectateurs qui s’amusent avant la tuerie posent un problème de conscience à quelques photographes. Ils savent que nombre de personnes à l’image sont mortes, et que certaines familles n’ont pas encore identifié leurs proches. « Deux photographes m’ont demandé de retirer les images où on voit le public, parce qu’ils pensent que c’est plus respectueux », explique Bertrand Alary.Sur ce sujet, un photographe, qui préfère taire son nom, confie être « en pleine réflexion ». « Pour l’instant, j’ai encore du mal à regarder mes images. Je ne sais pas si les gens seront choqués de revoir leur famille, ou contents de les voir vivants et souriants après toutes ces photos d’horreur. » L’un d’entre eux semble avoir tranché, en publiant, en double page dans le magazine Paris Match paru lundi 16 novembre, sans donner son nom, une photo cadrée uniquement sur les spectateurs du concert : une image d’insouciance, à la fois joyeuse et terrible.Malgré le choc et les crises d’angoisse, les photographes ne semblent pas découragés de photographier des concerts, y compris au Bataclan. « Parfois, il faut juste faire son job », écrit Julien Mecchi sur Facebook. Et, par mail, Marion Ruszniewski indique : « Je prendrai des photos dès que j’en serai capable. »Lire aussi :Le gouvernement ordonne à Twitter de bloquer la diffusion des photos du carnage dans le BataclanClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard « On vous l’avait bien dit… », semblent entonner ceux qui ont brandi de longue date le risque de voir des terroristes se mêler aux migrants arrivant en Europe. Ainsi, le député républicain des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, tout comme le site d’extrême droite Fdesouche, n’ont pas manqué de souligner qu’un des auteurs des attentats du 13 novembre s’est présenté en Grèce en tant que réfugié syrien. Et au passage, ils ont pointé du doigt les médias, accusés d’avoir été trop angéliques dans leur traitement.Lire aussi :Un kamikaze du Stade de France avait emprunté la route des Balkans« Fantasme »« Des terroristes parmi les migrants : quand les médias dénonçaient un fantasme », a titré Fdesouche, listant une quinzaine de liens vers des sites d’information. Christian Estrosi a, lui, choisi de cibler un article et un média en particulier : France Inter. Il a accusé la radio de service public d’avoir réalisé un « maquillage » sur « un article qui donne tort à ses journalistes ». Reprenant un argument de Fdesouche, le maire de Nice s’est indigné lors de son passage lundi sur France Info, mais aussi sur Twitter.Mais je veux dénoncer ici maquillage réalisé par @franceinter sur un article qui donne tort à ses journalistes pic.twitter.com/PvkEVAe20j— Christian Estrosi (@cestrosi) November 16, 2015 En cause : le changement de titre, dimanche, d’un article du site de France Inter, initialement publié le 14 septembre. « Réfugiés : le fantasme de l’infiltration terroriste » a été changé en « Des terroristes parmi les migrants ? » Pour Fdesouche, cette modification « en loucedé » est la preuve du malaise du média.Contactée, France Inter reconnaît une « maladresse » décidée dans l’urgence dimanche. Mais assure avoir agi pour répondre à une inquiétude légitime : protéger l’auteur de l’article, qui était « victime d’insultes, mais aussi de menaces sérieuses » depuis que son nom et son article ont été exhumés, samedi, sur les réseaux sociaux. Sa signature a été retirée dimanche… et le titre adouci.Le ministère de l’intérieur et les expertsAu-delà de cette petite polémique, les médias ont-ils occulté le risque d’infiltration d’islamistes sur la route des Balkans ? Difficile de généraliser mais avec le recul, le titre initial de l’article de France Inter semble trop catégorique. « Ce n’est pas notre journaliste qui a mal fait son boulot, rétorque Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de la radio. Elle s’est appuyée sur le ministère de l’intérieur : dans un échange en off avec d’autres collègues, il se disait alors très peu préoccupé par ce risque. » L’éventuelle « sous-évaluation » du problème serait donc plutôt le fait de Beauvau.« Les migrants qu’on laisse entrer en France sont ceux qui veulent y demander l’asile. Or quand on fait une demande d’asile, on laisse nécessairement ses empreintes, on se fait photographier, et les services de l’OFPRA (l’office de protection des réfugiés) consultent les fichiers de police français et internationaux. Si une personne est recherchée, ou signalée par exemple pour radicalisme, c’est non : elle n’obtiendra pas le statut de réfugié et pourra même être expulsée », expliquait l’article, citant le ministère.La route des Balkans jugée risquée et lenteDans les autres liens pointés par Fdesouche, on trouve plusieurs articles s’appuyant en fait sur des sources identiques, par exemple des tweets du journaliste David Thomson, de RFI, en août. Ce spécialiste du djihad réagissait à l’affirmation formulée par le maire de Nice sur la présence de terroristes parmi les migrants, et avant lui par la présidente du Front national, Marine Le Pen :« A ce stade, les propos de Christian Estrosi au sujet des migrants et de l’Etat islamique sont factuellement faux. Jamais l’Etat islamique n’a encore utilisé les flux de migrants pour s’infiltrer en Europe dans le but d’y réaliser des attentats. Cette option initialement diffusée dans la presse italienne, puis instrumentalisée politiquement, n’est présente dans aucun communiqué », avait écrit M. Thomson, selon Le Lab.Le journaliste de RFI ajoutait toutefois : « Pour autant, une telle option n’est pas non plus totalement exclue. »D’autres articles se fondent sur les mêmes dépêches AFP, l’une du 21 mai, l’autre du 14 septembre. Leur angle est commun : « Des djihadistes peuvent gagner l’Europe sans se cacher parmi les migrants. » Y sont cités des officiels, dont le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, qui appelle à la vigilance ; mais aussi plusieurs spécialistes, assez sceptiques. Pour eux, il est plus rapide et moins risqué pour l’Etat islamique de passer par d’autres voies, comme l’avion, que de tenter la route des Balkans.« Exagérer la menace serait complètement idiot, mais la nier absolument serait faux », relativisait Eric Dénécé, du Centre français de recherches sur le renseignement, dans une dépêche.Et le débat sur les migrants ?Les médias ont-ils péché par excès de certitudes ? Jean-Marc Four, de France Inter, rappelle que « la vérité du jour n’est pas celle du lendemain ». Le parcours de l’auteur des attentats du 13 novembre passé par la Grèce montre que le processus d’enregistrement des migrants peut laisser passer un individu non fiché ou utilisant un faux passeport – en l’occurrence de Syrie, pays en guerre. L’Ofpra explique aujourd’hui avoir dans quelques cas refusé l’asile pour des soupçons de terrorisme. Mais ne peut agir si l’arrivant ne dépose pas de dépôt de dossier.Lire aussi :Craintes sur l’arrivée de terroristes avec les migrants« Sur le fond, il y a peut-être eu chez les journalistes une forme de minimisation, mais pas forcément consciente, pense M. Four. Car les thèmes du terrorisme et des migrants se téléscopent et sont tous les deux sujets à instrumentalisation politique. »Intéressante pour la lutte contre le terrorisme, la question ne change pas forcément les termes du débat sur l’immigration et les réfugiés : « Même si on admet que quelques terroristes passent dans le flot de migrants, faut-il pour autant renoncer à trouver une solution d’accueil pour tous les autres ? », demande M. Four.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Attentats à Paris : "François Hollande craint... par rtl-frCela s’appelle éteindre un début d’incendie. Mardi 17 novembre, RTL a publié un communiqué pour soutenir son chroniqueur Eric Zemmour, pris à partie sur les réseaux sociaux. Le polémiste avait affirmé le matin même sur l’antenne de la radio qu’« au lieu de bombarder Raqqa [en Syrie], la France devrait bombarder Molenbeek ». Une référence au quartier de Bruxelles réputé pour la présence d’islamistes et actuellement ciblé par les enquêteurs après les attentats du 13 novembre à Paris.« Face aux réactions et à l’incompréhension suscités par la chronique d’Eric Zemmour diffusée ce 17 novembre dans la matinale, RTL tient à indiquer que les propos du chroniqueur étaient évidemment à prendre au second degré et aucunement au premier degré ».« L’objet de la chronique d’Eric Zemmour était de montrer que les bombardements français en Syrie ne servaient à rien tant que les frontières intra-européennes ne seraient pas rétablies, a ajouté RTL. Comment peut-on imaginer qu’Eric Zemmour ait sérieusement appelé à bombarder cette commune bruxelloise ? »Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe précédent i-TéléPar ce communiqué, la radio réitère son soutien au journaliste devenu essayiste militant, comme elle l’avait fait lors de polémiques précédentes. Elle avait expliqué à différentes reprises qu’il ne convient pas de faire taire une voix qui représente une partie des Français. La société des journalistes de RTL s’était pourtant désolidarisée de M. Zemmour le 17 décembre, après des propos ambigus sur les musulmans au Corriere della sera : « Ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL », avait écrit la SDJ.A la même époque, la directrice de la rédaction d’i-Télé, Céline Pigalle, avait mis fin à l’émission de débat de M. Zemmour avec Nicolas Domenach. Celle-ci a depuis été limogée de la chaîne d’information en continu par Vincent Bolloré, le nouvel homme fort de Vivendi. Outre ses livres et sa chronique deux fois par semaine sur RTL, M. Zemmour a encore un rendez-vous hebdomadaire sur Paris Première (groupe M6) : avec Eric Naulleau, son ancien complice d’« On n’est pas couché », l’émission de Laurent Ruquier, qui a depuis regretté avoir fait décoller la carrière de M. Zemmour.Lire aussi :i-Télé met fin à sa collaboration avec Eric ZemmourAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.11.2015 à 22h32 • Mis à jour le17.11.2015 à 08h10 | Alexandre Piquard « En situation de guerre, ce document est un éclairage glaçant mais poignant de ce que Paris a vécu vendredi soir », assume Vincent Régnier, directeur des magazines d’information de M6. Le « document » en question, diffusé dans l’émission « 66 Minutes », est une séquence tournée presque par hasard, lors d’un reportage sur le travail quotidien des pompiers : les journalistes se sont retrouvés embarqués avec les secours quand ils ont été parmi les premiers à découvrir le carnage au restaurant La Belle Equipe, rue de Charonne, dans le 11e arrondissement. Montré dimanche 15 novembre à 18 heures, le document n’était pas encore disponible en replay, mardi matin. « Atteinte à la dignité des personnes »Le ministère de l’intérieur ne partage pas du tout la satisfaction de la chaîne : « Le reportage est violent et il a été diffusé trop tôt : seulement quarante-huit heures après les faits. Les victimes n’étaient pas toutes identifiées et certaines familles étaient encore dans l’attente. Le document pouvait porter atteinte à la dignité des personnes. Il n’était pas opportun de le diffuser si tôt », explique son porte-parole au Monde, confirmant un argumentaire relayé par Pure Médias. La place Beauveau n’était en revanche pas opposée à un passage à l’antenne plus tard, sans préciser quand.Dans le reportage, les caméras arrivent sur les lieux du drame, qui a fait 19 morts, avant la police, avec les pompiers. Les images sont dures. Il y a des cris… Des proches éplorés, des gens entre la vie et la mort. Une scène a notamment été relevée : « C’est ma sœur, tu attends qu’elle décède ? Est-ce qu’il y a de l’espoir ? », demande un survivant. « Je pense qu’il n’y a pas d’espoir », lui répond un pompier. Dans son ensemble, la séquence de dix minutes a suscité des réactions très contrastées sur Twitter comme l’a relevé Le Figaro.fr. Critiquée par les uns, mais aussi saluée par les autres.Le document montre surtout le sang-froid des secours et de leur responsable ce soir-là, un pompier qui ordonne le travail des ses hommes, avec méthode, au milieu du chaos. « Valeur informative »La « valeur informative » des images était trop grande, justifie Vincent Régnier, pour retarder la diffusion : « Il y avait toutefois deux conditions : ne pas porter atteinte à l’enquête et à la dignité des personnes. » Les visages étaient floutés et le reportage « déconseillé aux moins de 10 ans ».L’opposition entre le ministère de Bernard Cazeneuve et la chaîne porte sur un autre point : le porte-parole estime que M6 a outrepassé ses consignes car il a argué, avant la diffusion, de la violence du document.M. Régnier rétorque que le ministère a seulement mis en avant des arguments « administratifs ». Ce genre de reportages, où les journalistes sont « embarqués » fait l’objet d’une convention entre la chaîne et le ministère. En l’occurrence, cette convention précisait que le sujet serait diffusé sur W9 (une autre chaîne du groupe M6) et que les images devaient être visionnées, avant diffusion, par l’intérieur – pour vérifier les floutages notamment. Deux conditions non-respectées.Pas de manquement, selon le CSAM6 répond au ministère que les circonstances des attentats de vendredi soir étaient « exceptionnelles ». Et assure que les pompiers ont vu les images dimanche, sans trouver à y redire. L’homme qui s’inquiète de sa sœur mourante dans la séquence frappante du reportage a même recontacté M6 pour témoigner à visage découvert, malgré la mort de sa proche, selon M. Régnier. Au passage, le cadre de M6 fait remarquer l’absence de polémique liée à la diffusion d’une vidéo tournée par le journaliste du Monde Daniel Psenny, montrant l’horreur vécue par les victimes touchées par balles et fuyant le Bataclan par une sortie de secours.Le ministère de l’intérieur, lui, reste ferme : il regrette la diffusion, dimanche sur TF1, d’un autre reportage, également tourné dans le cadre d’un travail sur le travail des pompiers, initialement pour une autre chaîne, TMC. Il se réserve le droit de poursuivre les chaînes en justice.Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, lui, a plutôt conforté M6 : sa cellule de veille de l’autorité a estimé qu’il n’y avait pas de manquement, la chaîne ayant flouté les personnes susceptibles d’être reconnues. Mais un réexamen n’est pas exclu, précise l’AFP.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « On pensait avoir touché le fond, mais non… », se désole Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, jointe samedi 14 novembre par Le Monde. Elle était à son domicile, vendredi soir lors des attaques. Elle raconte son sentiment d’effroi au cours d’une soirée et d’une nuit passées sans dormir et à échanger avec des amis, mais avec « une réaction de rejet total, de fuite, presque un refus d’en entendre parler. »Samedi après-midi, l’équipe de Charlie Hebdo était sous le choc après ces attaques qui rappellent tant celles qui ont décimé le journal puis ciblé des policiers et des juifs en janvier. Contactés, plusieurs membres de la rédaction souhaitaient peu s’exprimer. Mais certains avaient déjà en tête le prochain numéro du journal, en théorie attendu pour mercredi 18 novembre, et qui doit désormais être totalement revu.Mesures de sécuritéVendredi soir, plusieurs membres de l’équipe, sous protection policière, dont son directeur, Riss, ont été mis en sécurité rapidement. Samedi, il leur a été déconseillé de s’approcher des nouveaux locaux que la rédaction occupe depuis plusieurs semaines dans le sud de Paris, après avoir quitté ceux où a eu lieu la tuerie de janvier puis avoir été hébergés au siège de Libération.Des membres de la rédaction ont toutefois élaboré un communiqué, assez succinct, paru samedi après-midi :« Toute l’équipe de “Charlie Hebdo” fait part de son effroi et de sa révolte après les attentats qui se sont déroulés vendredi 13 novembre à Paris. “Charlie Hebdo” s’associe à la douleur des victimes et leur adresse son soutien total ainsi qu’à leur famille. Le journal condamne une fois de plus cette violence terroriste au service de l’idéologie totalitaire islamiste qui n’a d’autre but que de détruire les valeurs de la démocratie et de la République. »Rattrapés par l’horreurVendredi soir, au moment des attentats, les membres de l’équipe se sont sentis rattrapés par l’horreur. Patrick Pelloux, médecin urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo, s’est rendu au Samu de Paris. Il y a endossé son rôle de médecin, plutôt que de confier son sentiment de membre de la rédaction de Charlie, qu’il a récemment annoncé vouloir quitter. Il a parlé de « carnage de guerre », de massacre, en particulier pour les victimes du Bataclan. « Ils ont utilisé des petites balles de 16,5 mm, avec une forte vélocité. C’est facile à tirer, et ils ont fait comme au ball-trap », a décrit M. Pelloux à une journaliste du Monde.Lire aussi :Patrick Pelloux annonce son départ de « Charlie Hebdo »D’autres membres de l’équipe étaient à la fête donnée dans les locaux de Libération avant son prochain déménagement, dont le rédacteur en chef, Gérard Biard. Bloqués dans cet immeuble voisin du Bataclan comme les autres — nombreux — journalistes invités, ils ont regardé les événements à la télévision sur place avant d’être mis en sécurité. M. Biard se concentrait samedi sur le prochain numéro du journal.Sigolène Vinson, elle, était chez elle en train de lire un livre quand elle a appris le drame. « C’est très dur… », raconte la chroniqueuse judiciaire du journal, qui par une coïncidence tragique s’est retrouvée à « trembler » ce vendredi parce qu’elle avait un ami parmi les spectateurs du Bataclan, qui a été touché par balle. Elle a passé une partie de la nuit à essayer de le localiser, après avoir échangé des SMS avec des membres de l’équipe de Charlie.Lire aussi :« C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts »Pression médiatique redoubléeCes dernières semaines, les membres de l’équipe de Charlie Hebdo voyaient se profiler les commémorations des attentats du 7 au 9 janvier. Avec une pression médiatique redoublée, comme en témoigne la publication des livres de Denis Robert, journaliste, et de Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo, symbole des tensions persistantes autour de l’héritage du journal. Les demandes venues des médias du monde entier ou les reportages prévus pour janvier se voient aujourd’hui percutés par la nouvelle actualité tragique des attentats de novembre, songe un journaliste, choqué.« Maintenant, il va falloir revoir des choses dans notre façon d’appréhender le terrorisme », pense aussi Zineb El Rhazoui, franco-marocaine et tenante d’une ligne d’opposition ferme à l’islamisme. « Il va falloir interpeller ceux qui ont dit “oui, mais…” après les attentats de janvier, ajoute la journaliste, actuellement en arrêt maladie. Il faut attaquer toute la chaîne de production idéologique du terrorisme, pas que les terroristes avec une réponse sécuritaire. »Dans la nuit de vendredi à samedi, certains des dessinateurs de l’équipe de Charlie Hebdo se sont mis à faire des croquis, paradoxalement inspirés par les horribles événements de la veille, relate un membre de l’équipe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Dix mois après les attentats de janvier, les grands médias français, tous établis à Paris, ont de nouveau connu une mobilisation totale, vendredi 13 novembre dans la soirée et pendant le week-end. Mais alors que le traitement médiatique des attaques menées par les frères Kouachi et par Amedy Coulibaly avait donné lieu à de vives polémiques, suivies de sanctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), cette fois la couverture n’a jusqu’ici pas soulevé de questions.« Nous n’avons pas été confrontés à des situations aussi compliquées qu’en janvier : soit c’était fini quand on est arrivé sur les lieux, soit c’était en cours, au Bataclan, mais on était placés loin », explique ainsi Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Cette fois, pas de dilemme sur le fait de diffuser en direct ou non les images de l’assaut, à la différence des dénouements de Dammartin-en-Goêle (Seine-et-Marne) ou de la porte de Vincennes, qui s’étaient déroulés sous l’œil des caméras. « Tout est allé beaucoup plus vite », résume M. Béroud.« Nous n’avions pas d’équipe en capacité de filmer l’assaut sur le Bataclan, renchérit Catherine Nayl, directrice générale adjointe à l’information du groupe TF1. Mais si nous en avions eu une, nous ne l’aurions pas diffusé. »Pas de consignesVendredi soir, aucune consigne n’a été donnée aux médias par le ministère ou par le CSA. « Nous n’avons reçu aucun message de la part des autorités, il n’y a pas eu d’échanges hors ceux que nous entretenons avec nos sources policières dans le cadre de notre suivi », atteste Laurent Guimier, directeur de France Info.La chaîne i-Télé a cessé de diffuser les images du Bataclan en direct vers 0 h 30 samedi, au moment de l’assaut. Le présentateur Bruce Toussaint a invoqué une « demande des autorités » en ce sens. Contacté par Le Monde, il explique que « l’une de nos reporters à proximité du Bataclan était en direct quand des détonations ont retenti et un policier lui a alors demandé de cesser de tourner, mais nous n’avons reçu aucun coup de fil à la rédaction. »Au lendemain des attentats de janvier, le CSA avait formulé des recommandations aux médias pour les enjoindre à ne pas perturber l’action des forces de l’ordre dans des situations similaires. Le CSA s’est exprimé samedi vers 15 heures, dans un communiqué, pour « attirer très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours dans les circonstances tragiques que vit notre pays ».Suivez notre live sur la situation à ParisPrudence redoubléeAu-delà du cas précis des images d’assaut, l’impression générale était celle d’une prudence plus forte qu’en janvier, notamment dans la communication des bilans.« On a presque eu un excès de prudence sur certaines informations : notamment le bilan très lourd de victimes tuées, pourtant recoupé par des sources médicales et policières, juge M. Béroud. Soixante morts, quatre-vingt morts… On avait envie que cela ne soit pas vrai et peur que cela puisse être faux. Mais c’est allé vite et ça s’est malheureusement révélé en-deçà de la vérité. »Malgré cette sidération, les médias ont semblé mieux maîtriser la situation. « Après les événements de janvier, on a revu notre fonctionnement de façon à être plus cohérents quant aux informations données entre nos différents supports (Web, antenne…) », rappelle M. Guimier. « Les équipes ont des réflexes qui tiennent compte de ce qu’on n’a fait ou pas fait au moment de Charlie, constate Catherine Nayl. Cela concerne par exemple les correspondances sur les réseaux sociaux pendant les prises d’otages. » « On est plus rapidement passés dans l’explication, dès samedi matin. En janvier, il y avait eu des jours de traque », abonde Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions, qui a également hésité un peu avant de donner les bilans impressionnants de morts.France Télévisions, qui n’a pas encore de chaîne d’information en continu, n’a pas décroché en direct tout de suite : France 2 a continué sur l’émission « Ce soir ou jamais » jusqu’à minuit et l’intervention de François Hollande, puis a rendu l’antenne à 2 heures. Auparavant, France 3 avait assuré le suivi des événements de 22 h 45 à minuit. Samedi, France 2 a repris l’antenne, jusqu’à midi, et France 3 a fait un décrochage avec des images de ses rédactions dans toute la France. Le « 13 heures » de France 2 est lui prolongé jusqu’à 14 h 30. De son côté, TF1 a assuré un long direct, vendredi soir après le match de football France-Allemagne, puis samedi matin.Lire aussi :Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Entre victimes et témoinsReste que dans toutes les rédactions, le travail se fait sous tension. « L’ambiance est lourde, décrit M. Béroud. Les journalistes sont parfois comme des médecins, à avoir une pointe d’humour pour déstresser, mais pas là… »« Les gens dans la rédaction sont très touchés, raconte M. Golomer. Beaucoup sont revenus au siège de France Télévisions, vendredi soir, et étaient émus. Aucune population spécifique ne semblait visée dans les attentats. Cela pèse. Tous nos journalistes ont été contactés par leur famille pour savoir comment ça allait. On sent que les gens avaient envie de se retrouver ensemble, comme un refuge aussi. »« L’épicentre des attaques est un quartier où nombre de journalistes résident ou ont leurs habitudes, observe Laurent Guimier. Plusieurs membres de l’équipe étaient présents sur place, ont témoigné avant de rejoindre la rédaction. » Une situation vécue dans la plupart des rédactions, dont des membres ont assisté de près aux attaques, oscillant entre une position de victime et de témoin.« Les équipes sont touchées, constate M. Golomer. Tout le monde connaît quelqu’un qui était vers la rue de Charonne et les lieux des attentats. Les prochains jours vont être difficiles. »Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attentats du 13 novembre : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières) et Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Les journalistes sont les « chiens de garde de la démocratie », selon la Cour européenne des droits de l’homme. Qui veut contrôler un pays sans être confronté aux critiques tente de museler les reporters. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est malheureusement passé maître pour étouffer les aboiements de la liberté. Tandis que des journalistes du monde entier affluent à Antalya pour couvrir le sommet du G20, nombre de leurs collègues turcs ne sont pas accrédités. Boycotter les médias d’opposition est devenu une habitude dans ce pays, 149e sur 180 au dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.Quatre jours avant les élections législatives du 1er novembre, la police prenait d’assaut la rédaction du groupe Ipek et mettait fin en direct aux activités de deux quotidiens et de deux chaînes de télévision d’opposition. Une fois la direction reprise en main et 71 journalistes mis à pied, ces quatre titres ressuscitaient le 30 octobre avec une ligne éditoriale devenue pro-gouvernementale jusqu’à la caricature : la photo du président Erdogan s’étalait en « une » des quotidiens Bugün et Millet, dont les gros titres respectifs étaient « Le président parmi le peuple » et « La Turquie unie ». De la parole officielle pur jus.C’est le journalisme qu’on assassine. La majorité absolue retrouvée par le parti AKP, au pouvoir depuis treize ans, ne freine pas la spirale répressive. Dès le lendemain du scrutin, deux journalistes étaient jetés en prison, accusés d’« incitation à la révolte armée contre l’Etat » à cause d’une couverture. Depuis, une trentaine de leurs collègues font déjà l’objet de nouvelles enquêtes pour « propagande terroriste » ou « insulte au président de la République », les chefs d’accusation les plus courants.Pluralisme réduit et autocensureMardi 17 novembre s’ouvre le procès de dix-huit rédacteurs en chef et directeurs de publication, accusés de « propagande terroriste » pour une photo. Ils risquent sept ans et demi de prison. L’un de ces journalistes, Can Dündar, avait déjà personnellement été accusé d’« espionnage » par Recep Tayyip Erdogan, qui avait promis qu’« il ne s’en sortira[it] pas comme cela ». Son quotidien, Cumhuriyet, venait d’apporter la preuve que des camions affrétés par les services secrets turcs à destination de la Syrie étaient bien chargés d’armes.Depuis plusieurs années, la concentration des médias entre les mains de patrons de presse proches du pouvoir réduit le pluralisme et encourage l’autocensure. Les autorités se sont attelées à reprendre en main Internet : après des réformes draconiennes, le blocage de sites Web sans décision de justice est devenu systématique.La Turquie monopolise plus de deux tiers des demandes de retrait de contenu auprès de Twitter. Au besoin, Ankara n’hésite pas à bloquer l’intégralité de cette plateforme et de YouTube, une extrémité à laquelle ne recourait jusqu’alors qu’une poignée d’Etats parmi les plus répressifs de la planète.Approche paranoïaqueCes nouvelles pratiques s’ajoutent à des constantes héritées de la période militaire : lois restreignant la liberté d’expression, culture judiciaire centrée sur la défense de l’Etat, violences policières impunies… Les métastases du conflit syrien et la reprise des combats entre Ankara et les rebelles kurdes du PKK, cet été, ne font qu’accentuer l’approche paranoïaque des autorités vis-à-vis des journalistes critiques.Loin d’apaiser les tensions partisanes et communautaires, l’emballement de la censure et la rhétorique agressive du gouvernement ne font qu’accentuer les clivages et la dangereuse polarisation du pays. Début septembre, des manifestants galvanisés par les discours officiels ont attaqué par deux fois la rédaction du grand quotidien Hürriyet à Istanbul.Les chefs d’Etat du G20 doivent prendre toute la mesure de la dangereuse dérive dans laquelle s’enfonce leur hôte. Tous ont besoin d’une Turquie stable, qui limite l’expansion du chaos syrien et garantisse la sécurité et la prospérité de son peuple. Pour ce faire, Ankara doit cesser d’alimenter les tensions, et pour cela, il est essentiel que les vérités puissent être dites. N’en déplaise au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « rabâcher » à la Turquie ses violations de la liberté de la presse n’interdit pas de coopérer sur les problèmes d’intérêt commun.Au contraire, rouvrir l’espace du débat démocratique et favoriser le dialogue entre les différents segments de la société sont des conditions essentielles à la stabilisation du pays. La liberté de l’information fait partie de la solution.Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières)Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Hélène Delye Douze documentaires inédits à l’antenne pour six jours de festival, ce n’est déjà pas si mal. Pour sa deuxième édition (du 15 au 20 novembre), le Festival du documentaire d’Arte entend mettre en avant l’ouverture sur le monde et l’éclectisme, autant en termes de regards que de formats, des films coproduits par la chaîne, dont plusieurs ont été primés lors des grands festivals internationaux.Parmi ces films documentaires dits « d’auteur », et malgré le caractère événementiel du festival, seuls deux auront les honneurs du prime time : Hitchcock/Truffaut, de Kent Jones et Serge Toubiana (2015, lundi 16 à 20 h 55); et La Maison de la radio (2012 ; mardi 17 à 20 h 55), pour lequel Nicolas Philibert s’immerge dans les coulisses du média radio afin de formuler une réflexion sur le son et l’écoute.« Sessions de rattrapage »Les dix autres documentaires de ce festival – dont le très marquant Austerlitz (2013 ; mardi 17 à 22 h 35), de Stan Neumann ; Les Yeux du silence (2014 ; jeudi 19 à 22 h 25), de Joshua Oppenheimer, ou encore, le captivant Killing Time – Entre deux fronts (2015 ; mercredi 18 à 22 h 25), de Lydie Wisshaupt-Claudel – sont tous relégués en deuxième, voire troisième partie de soirée.Martine Saada promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetéspar la chaîneUn regret récurrent auquel Martine Saada, directrice de l’unité société et culture d’Arte France, répond de façon pragmatique. « Le passage du prime vers la troisième partie de soirée des documentaires d’auteur de la case “Grand Format”a eu lieu bien avant les changements au sein des directions chez Arte », dit-elle, consciente de la nostalgie qui règne autour de l’époque, sans doute idéalisée, où Thierry Garrel dirigeait l’unité documentaires d’Arte. « Ce n’est pas une révolution de palais qui viendrait de nouvelles directions, c’est une évolution due au fait que ces films nécessitent une attention et une intention du téléspectateur. La consommation en matière de télévision a changé. On est beaucoup moins tributaires des grilles et des horaires. On se fabrique de plus en plus une grille soi-même grâce aux sessions de rattrapage. Et puis il ne faut pas se voiler la face, la télévision est aussi un média de divertissement, et il faut pouvoir offrir des choses différentes aux gens », poursuit la directrice.« Se repositionner dans un axe » Dans un contexte marqué par l’inquiétude des producteurs et des auteurs quant à la pérennité de l’engagement des diffuseurs, notamment d’Arte, auprès du documentaire d’auteur, Martine Saada tente de rasséréner : « La crainte n’est pas le meilleur des moteurs… La vigilance, oui. La crainte, non. » Ainsi répond-t-elle à la « lettre ouverte » publiée dans Le Monde (5 novembre) dans laquelle de nombreux réalisateurs exprimaient leurs craintes après le départ de Luciano Rigolini, pilier du cinéma documentaire à Arte et responsable de la case « La Lucarne » depuis sa création.Si elle admet qu’il sera difficile de remplacer cet homme de grande culture, au goût sûr et au tempérament vif, la directrice des documentaires société et culture d’Arte promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetés par la chaîne. Mais elle affirme aussi sa volonté d’aller de l’avant. « Il faudra de la patience, laisser du temps au nouveau venu. Mais je ne peux pas croire qu’il n’y a pas de nouveaux talents pour prendre la suite de Luciano Rigolini. Toute ma vie, je n’ai fait que des choses pour essayer d’installer de nouveaux talents, quels qu’ils soient », dit encore l’ancienne directrice du pôle littérature générale et documents du Seuil, mais aussi ancienne productrice de documentaires aux Films d’ici. « Je suis plutôt dans l’idée qu’il faut conforter les choses que dans une phase de chantier. Les événements de janvier nous ont tous bousculés dans nos certitudes. C’est quand vous tanguez qu’il faut rechercher du sens, pour se réancrer. Or, le moment où l’on recherche du sens n’est pas toujours celui où l’on est le plus créatif… C’est le moment où l’on se repositionne dans un axe, et il faut en passer par là », explique-t-elle avec franchise.« Eviter tout formatage »« Et n’oubliez pas qu’on ne commande pas ! Je lis ce que je reçois », dit-elle encore, anticipant une autre attaque récurrente selon laquelle on assisterait à une forme de nivellement vers le bas dans l’exigence et l’originalité des documentaires diffusés sur la chaîne franco-allemande. Pour Martine Saada, « c’est par la diversité des producteurs et des auteurs qu’on évitera tout formatage. Parce qu’il y aura toujours quelqu’un d’assez fou dans une chaîne pour croire à un projet, même risqué, l’accompagner, le porter. Et j’espère être cette personne ». Une manière pour elle de responsabiliser et renvoyer certaines questions dans le camp des producteurs et des auteurs.Mais ces relations, souvent houleuses, entre Arte et les producteurs et réalisateurs avec lesquels elle travaille, sont aussi le signe de la vigueur du secteur cinéma documentaire, qui s’exprime, qui reste vigilant sur les évolutions qu’on tente de lui imposer, et qui, en râlant contre Arte, lui dit aussi son attachement. Car rappelons-le, aucune autre chaîne ne porte aussi haut le documentaire d’auteur, malgré tout.Hélène DelyeJournaliste au Monde Charlotte Bozonnet Depuis deux ans, ce site inspiré du « Gorafi » parodie l’actualité et rencontre un beau succès populaire dans un pays où la liberté d’expression reste très encadrée. Lesquelles choisir ? Il y a eu l’histoire de ce mari déçu qui décida de porter plainte contre sa femme après l’avoir découverte sans maquillage au lendemain de leur nuit de noces. Ou encore cette déclaration de l’émir du Qatar justifiant son refus d’accueillir des réfugiés syriens : « Nous avons assez d’esclaves comme ça ! » Des nouvelles qui ne sont pas passées inaperçues et ont été reprises par les médias à travers le monde. « Une sorte de consécration pour un site comme le nôtre », reconnaît Nazim Baya, qui s’en amuse encore. A 31 ans, ce jeune pharmacien algérois est le fondateur du site parodique El Manchar.Inspiré du Gorafi français, le site Web publie de fausses nouvelles, souvent hilarantes, sur l’actualité internationale et algérienne. Avec sa liberté de ton et son ironie mordante, il s’est assuré un beau succès populaire. Son slogan : « Avec des scies, on refait le monde. »Au départ, quelques blagues sur FacebookL’aventure a commencé il y a deux ans par une page Facebook sur laquelle Nazim Baya postait de simples blagues. Peu à peu, l’envie lui vient de monter un journal satirique. Il lance un appel à contributions pour trouver des caricaturistes. Sans succès. Il décide alors de s’en tenir à des textes et reprend le nom d’un titre qui avait existé dans les années 1990 : El Manchar, un mot qui signifie à la fois « scie » et « médisance ».« En Algérie, on aime beaucoup la satire, l’humour, mais il y a un vide dans ce domaine, c’est pour ça que le site a autant de succès », estime Nazim Baya. En moyenne, le site enregistre 20 000 à 30 000 visites par jour, et jusqu’à 100 000 certains jours de buzz exceptionnel. L’équipe compte sept rédacteurs : trois en Algérie, deux au Canada et deux en France, tous algériens, avec une moyenne d’âge de 25 ans. Certains sont des amis, d’autres des connaissances virtuellesLe site est volontiers grinçant sur l’actualité internationale. Après le drame du pèlerinage à La Mecque, un article moque ainsi le mépris des autorités saoudiennes en mettant en scène le roi d’Arabie saoudite qui explique : « Pour des Africains, mourir loin d’Ebola et le ventre plein est une bénédiction. » S’agissant de l’Algérie, une prétendue étude mondiale sur le sommeil révèle que le pays « est le seul au monde où les cauchemars commencent au réveil »…“On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches.” Nazim Baya, fondateur de El MancharSur ses motivations, Nazim Baya reste discret. Pas de grand discours sur la liberté d’expression pour ce jeune développeur Web. « Oui, j’ai des choses à dire, comme tout citoyen. Notre message, c’est qu’à travers l’humour on donne une certaine vision du monde et on a plus de chance d’être entendu. » Une ligne éditoriale ? « Un fil conducteur, répond Nazim Baya. On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches. » Les auteurs n’épargnent pas les politiques algériens ni le système. Sans surprise, le président Bouteflika, très affaibli depuis son AVC de 2013, est une cible privilégiée. Ainsi cette photo du chef de l’Etat, assis dans un fauteuil roulant, le visage figé, les yeux écarquillés, sous le titre : « Abdelaziz Bouteflika sacré champion du monde du jeu 1-2-3 soleil. » Là où le canular devient vraiment savoureux, c’est lorsqu’il est repris par des médias dits « sérieux ». La première fois, se souvient Nazim Baya, c’était à propos de l’ANSEJ, l’organisme algérien qui octroie des microcrédits aux jeunes pour monter leur projet (et s’offrir du même coup une certaine paix sociale). El Manchar publie un article expliquant que l’ANSEJ va désormais financer ceux qui veulent se marier. Plusieurs chaînes de télévision reprennent l’information. Dans un pays où le mariage est un investissement très lourd, le buzz est garanti.Pas touche à la religionEn mai, alors qu’une étudiante algérienne a été empêchée de rentrer à l’université par un vigile au prétexte que sa jupe était trop courte, le site titre : « L’Algérie interdit le port de la minijupe. » La fausse information se répandra comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Une seule ligne rouge : la religion. « On ne peut pas en rire, c’est sacré. Je n’ai pas envie de heurter les gens et ça ne fait pas avancer le débat », explique le fondateur du site, précisant qu’ils ne se privent pas d’attaquer les religieux. Dans un pays où la liberté d’expression est étroitement encadrée, El Manchar n’a jamais été inquiété pour son impertinence. « Nous n’avons jamais eu de souci, confirme Nazim Baya. Ils n’ont peut-être pas pris conscience de l’ampleur du phénomène. » Cumulées, les visites se chiffrent à 700 000 par mois. Le jeune pharmacien n’a pas vraiment de projet d’agrandissement. « On est des amuseurs », dit-il. Utiles pour l’Algérie ? « Il me semble que oui. Le rire c’est important dans une société. Salutaire. »Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.11.2015 à 12h57 • Mis à jour le24.11.2015 à 16h15 | Alexis Delcambre Les salariés du Groupe Altice Média (L’Express, L’Expansion…) poursuivent leur mobilisation contre les mesures d’économies envisagées par leur direction. Mardi 24 novembre a été prévu un arrêt de travail de quelques heures, alors qu’environ 120 suppressions de postes restent envisagées.Lancé par tous les syndicats et sociétés de journalistes, cet arrêt de travail se veut une réponse à la « vacuité du projet stratégique » présenté lors des comités d’entreprise du 30 octobre et du 18 novembre, estiment ces représentants.« Ligne éditoriale positive »Le mécontentement touche notamment la rédaction de L’Expansion où la société des rédacteurs juge le projet de nouvelle formule « contraire aux principes et aux règles éthiques ». Elle réagi ainsi à un projet qui revendique une « ligne éditoriale positive », qui valorise les entreprises et noue des relations avec elles à travers notamment le développement d’événements.À L’Express, le projet de nouvelle formule présenté par Christophe Barbier suscite également des interrogations. L’objectif du directeur des rédactions est de faire de l’hebdomadaire un titre « premium » et « référent », un projet perçu par certains comme trop élitiste.Lire aussi :La tension monte d’un cran à « L’Express » après le vote d’une double motion de défiancePlus généralement, les représentants des salariés dénoncent l’écart entre les ambitions affichées et la sévère réduction des coûts et des effectifs conduite par l’équipe dirigeante choisie par l’actionnaire Patrick Drahi. Le groupe devrait perdre 3,5 millions d’euros cette année, hors coût de la clause de cession actuellement ouverte.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Whaou ! » On peut lire un mélange de fierté et de soulagement dans le sous-titre du billet par lequel Nicolas Beytout annonce, dans son journal L’Opinion, mardi 24 novembre, avoir convaincu le groupe Dow Jones d’y investir deux millions d’euros. La maison mère du puissant quotidien économique américain The Wall Street Journal, propriété du magnat des médias Rupert Murdoch, vient donc soutenir le petit quotidien français d’inspiration libérale, lancé en 2013, en entrant au capital à hauteur de 10 % environ.« Il y a un effet d’image important, se félicite Nicolas Beytout, fondateur et directeur de la rédaction de L’Opinion. Cela nous fait monter un peu en statut. Nous ne sommes plus juste une petite expérience franco-française, nous avons la reconnaissance d’un acteur international. »En interne, la nouvelle est une « agréable surprise », raconte un membre de l’équipe. En effet, la quarantaine d’employés, dont une trentaine de journalistes, vit avec le sentiment que l’horizon n’est pas totalement dégagé pour L’Opinion, dont le fondateur doit régulièrement chercher des fonds pour poursuivre l’activité, déficitaire jusqu’ici.Dans le milieu de la presse, le quotidien est vu comme un média dont le positionnement éditorial est clair, mais qui dispose d’un lectorat restreint et d’un avenir incertain. Il s’appuie notamment sur la notoriété de M. Beytout, connu comme ancien directeur de la rédaction du quotidien économique Les Échos et du Figaro.L’Opinion revendique 20 000 exemplaires vendus, pour la grande majorité par abonnement (couplé papier et Web). Le titre n’écoule que 3 000 exemplaires en kiosques, dont 5 à 600 environ à Paris. Il affiche une diffusion de 35 000 exemplaires, qui prend en compte des journaux distribués via des partenariats.SynergiesMais M. Beytout assure avoir, depuis janvier, conquis 11 000 abonnés supplémentaires, 100 % Web, via une offre baptisée « licence », qui permet à des collectivités d’avoir un nombre limité d’accès simultanés au site, mais utilisable par tous leurs collaborateurs. « Nous visons une cible particulière de lecteurs, pas la quantité », défend M. Beytout.Pourquoi un géant mondial de la presse économique fait-il son premier investissement en France dans un média indépendant ? Certes, la somme est modique à l’échelle du groupe Dow Jones, filiale de l’empire News Corp qui, avec ses titres britanniques comme le Times ou le Sun, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,84 milliard d’euros au troisième trimestre.Il a néanmoins fallu que M. Beytout convainque Rupert Murdoch, lors de leurs deux rendez-vous, à Londres et New York. L’Opinion et le groupe Dow Jones partagent d’abord deux convictions stratégiques, explique M. Beytout : la foi dans l’importance du support papier et la défense d’un modèle payant strict. De plus, le Wall Street Journal a décidé en juin de relancer son édition internationale et Paris fait partie des villes cibles pour ce redéploiement, explique-t-on à L’Opinion.« L’Opinion est une publication influente dans l’univers français de l’économie, des affaires et de la politique, a expliqué William Levis, le PDG de Dow Jones, dans un communiqué. Cet investissement va accroître nos ambitions internationales et relever nos objectifs au cœur de l’Europe. » Concrètement, le partenariat de cinq ans noué entre les deux entreprises doit permettre des synergies dans les contenus et la distribution. Les contenus de L’Opinion seront versés à la base de données mondiale de Dow Jones, Factiva. Le titre libéral peut en principe espérer des reprises de ses contenus dans d’autres médias, à l’étranger. Des « échanges de liens » entre les sites sont envisagés et des traductions d’articles du Wall Street Journal sous la bannière de L’Opinion ne sont pas exclues, explique M. Beytout.D’autres collaborations sont espérées dans la vidéo, que L’Opinion compte développer, notamment avec Erik Monjalous, un ex-directeur de l’AFP recruté en octobre. Des conférences en partenariat sont également prévues.Sur les ventes, il est envisagé de « travailler conjointement sur le marketing et les abonnements numériques ». On peut imaginer que les deux entreprises partageront leurs fichiers d’abonnés en France.Le dernier levier de ce deal est politique : « Dow Jones et nous sommes dans la même sphère d’idées : un corpus globalement libéral, même si eux sont un peu moins proeuropéens », explique M. Beytout. Alors que la présidentielle de 2017 pointe à l’horizon, ce dernier assure avoir une démarche plus « idéologique » que « partisane », notant avec malice que le libéralisme économique a également des apôtres à gauche. 2017, c’est aussi l’année à la fin de laquelle L’Opinion espère atteindre désormais l’équilibre, après l’avoir envisagé (en vain) à l’horizon 2016.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le politologue Thomas Guénolé a été remercié par la station de radio RMC, où il tenait une chronique dans la matinale animée par Jean-Jacques Bourdin, a révélé Arrêt sur Images. En cause : un billet, diffusé mardi 17 novembre, évoquant des dysfonctionnements de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) lors des attentats du 13 novembre, notamment au Bataclan. Des affirmations qui ont depuis été contestées, par le ministère de l’intérieur notamment.« Boycott punitif »Pour M. Guénolé, RMC a réagi à un « boycott punitif » de la part du ministère, à des « pressions proches d’une censure ». Le chroniqueur affirme au Monde que l’email reçu de la direction de la rédaction de la radio invoque les conséquences de sa chronique pour le travail de ses collègues : « Le ministère et tous les services de police invités à l’antenne depuis mardi ont refusé de venir sur RMC en raison des inexactitudes de ta chronique. La plupart des sources policières de nos spécialistes se sont tues depuis mardi », dit le courriel, selon lui.Dans la chronique incriminée, M. Guénolé disait : « Le 13 novembre, les brigades d’intervention manquaient gravement d’hommes et de moyens. » « Quand les fusillades éclatent, il n’y a que trois fonctionnaires de garde ce soir-là à la BRI », ajoutait-il, soutenant ensuite que lors des interventions, certains policiers avaient manqué de gilets pare-balles lourds, par exemple. Ou que le manque de personnels de la BRI avait obligé des agents de la brigade anticriminalité (BAC) à intervenir, alors que ce n’était pas leur vocation.Aujourd’hui, le politologue affirme qu’il s’était « distancié » des faits, dans ses propos : il avait évoqué en début de chronique les « accusations de dysfonctionnements qui s’accumulent dans la presse », insiste-t-il, même si, dans le passage en question, il ne citait pas de source particulière. Il rappelle aussi qu’en conclusion il demandait une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces questions. Si ces faits étaient avérés, les responsables des forces de police, ainsi que le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, devraient démissionner, disait M. Guénolé.« Accusations graves, non vérifiées »« RMC dit que j’ai porté des “accusations graves, non vérifiées”, mais la construction de ma chronique était de dire qu’il fallait les vérifier », se défend-il.Cette chronique a été vivement contestée, notamment par la conseillère spéciale de Bernard Cazeneuve, Marie-Emmanuelle Assidon, sur Twitter. En fait, Thomas Guénolé a reconnu s’être appuyé sur un article de la publication professionnelle La Lettre A, sans le citer. S’il a admis à un moment depuis sur Twitter que l’article était « faux », M. Guénolé note aujourd’hui « l’absence de démenti officiel, à sa connaissance ». Selon lui, les syndicalistes policiers qui ont réfuté ses arguments dans un article d’Arrêt sur images ne démentent pas le point précis des personnels de garde le vendredi soir. De son côté, La Lettre A a défendu son approche sur Twitter : « L’article salue le travail de #BRI et précise aussi le nombre de policiers d’astreinte. »« Editorialiste grande gueule »Dans un récent portrait, Libération décrivait M. Guénolé comme un « politologue pressé », par ailleurs consultant pour un cabinet de conseil. Il s’y disait « ni de droite, ni de gauche et anti-FN ». Après être intervenu dans les médias comme politologue, notamment sur le centre et la droite, il est devenu récemment chroniqueur, plutôt engagé et touche-à-tout. Il a signé un livre sur les banlieues.En licenciant M. Guénolé, RMC (qui appartient au groupe NextRadioTV, également propriétaire de BFM-TV) ne risque-t-elle pas de donner l’impression de se plier aux arguments du ministère de l’intérieur, en pleine période d’état d’urgence ? Une source au sein de la radio affirme que les chroniques de M. Guénolé avaient déjà suscité des critiques en interne. Ce que M. Guénolé ne conteste pas : « On me dit que je donnais trop mon opinion dans mes chroniques. Certes, il y a eu d’abondantes discussions et tensions sur le contenu de mes chroniques, mais c’était dans le cadre de la relation d’un éditorialiste grande gueule et d’un rédacteur en chef. »A RMC, une source souligne elle qu’avec Jean-Jacques Bourdin, Hervé Gattegno ou « Les Grandes Gueules », la station ne saurait être taxée de complaisance.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof, Nicolas Chapuis et Matthieu Goar Eclairées crûment dans la pénombre, les tentures bleu-blanc-rouge donnent à l’Agora d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) une ambiance de chapelle ardente. Ce samedi 21 novembre, Christian Estrosi, candidat Les Républicains (LR) aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, tient son troisième meeting depuis les attentats du vendredi 13. Jusqu’au public clairsemé, tout rappelle le choc national vécu une semaine plus tôt. Et les propos reflètent l’aspect sécuritaire qu’a pris la campagne des élections régionales.Suivez la situation en direct sur notre siteLa veille, à Marseille, il a présenté le nouveau cœur de son programme : un « bouclier de sécurité » de 250 millions d’euros sur six ans qui « permettront d’armer les polices municipales, d’aider à l’installation de caméras de vidéoprotection… » « Le futur président de la région devra prendre toute sa part dans la protection des Français », assume le maire de Nice, qui se persuade que « la droite républicaine est depuis toujours celle qui inspire le plus de confiance en matière de sécurité ». Plus tôt dans la soirée, le candidat avait fait son entrée sur son nouveau clip de campagne. Dans cet enchaînement d’extraits de BFM-TV ou d’I-Télé, on voit le candidat prévenir la France de la présence d’une cinquième colonne islamiste, encaisser les sarcasmes de ses adversaires sur son idée d’installer des portails de sécurité dans chaque gare ou refuser de marier un Niçois « en voie de radicalisation ». « On m’a dit “vous faites de la surenchère”… J’aurais tellement voulu ne pas avoir raison », conclut-il.Lire aussi :Régionales : la campagne reprend sur la pointe des piedsEn ce week-end de reprise de la campagne, le candidat LR en PACA n’a pas été le seul à développer les thèmes sécuritaires. Lors d’un point presse, samedi, à Lyon, Laurent Wauquiez, candidat LR en Auvergne-Rhône-Alpes, a proposé de consacrer annuellement 45 millions d’euros du budget de la région à la protection des lycées, des gares ou encore des sites industriels classés Seveso. Lors d’un meeting à Drancy (Seine-Saint-Denis), le même jour, Valérie Pécresse a fait directement référence à l’un des terroristes du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, filmé en train de frauder dans le métro parisien. « La sécurité passe par un changement de modèle : dès qu’on commence à franchir les portillons dans le métro, à taguer, ça veut dire qu’on peut tout se permettre », a déclaré la candidate LR en Ile-de-France citée par Libération.Contre-offensive sécuritairePour convaincre une opinion marquée par les attentats, la droite a décidé de donner un tour de vis sécuritaire à sa campagne. Face à un exécutif à la manœuvre, Nicolas Sarkozy a lancé la contre-offensive trois jours après les attentats. Mardi 17 novembre, il a mis en place un observatoire de suivi des mesures annoncées par le gouvernement pour la sécurité des Français. Cette instance, présidée par Eric Woerth, devait être présentée, lundi 23 novembre. Les responsables LR veulent mettre l’Etat sous surveillance. « Il y a des trous immenses dans la raquette, uniquement pour des raisons administratives. Avant de créer des nouvelles lois, faisons appliquer les lois qui existent », a estimé, dimanche 22 novembre, Thierry Solère, tête de liste départementale dans les Hauts-de-Seine, sur l’antenne de Sud radio.A moins de deux semaines du premier tour des régionales, dimanche 6 décembre, l’objectif de la droite est double : ne pas se retrouver confinée à un rôle de spectateur face à l’exécutif en action, mais aussi se montrer plus protecteur que le FN. Les dirigeants LR craignent que l’extrême droite capte la peur et la colère. Les premiers sondages semblent confirmer cette appréhension. Selon une enquête Ipsos pour France Télévisions et Radio France publiée dimanche 22 novembre, Marion Maréchal-Le Pen obtiendrait en PACA 40 % des voix dès le premier tour, trois points de mieux que lors du sondage précédent.Lire aussi :La France d’après, un pays plongé dans la peurPour lutter contre ce danger électoral, les dirigeants de la droite dénoncent un FN ferme dans les mots mais irresponsable dans les faits. Au cours de son entretien au Monde daté du 19 novembre, M. Sarkozy a rappelé que les élus de Marine Le Pen avaient refusé de voter le PNR (« Passenger Name Record ») au Parlement européen. « Le FN est un parti laxiste, dénonce Gérald Darmanin, maire (LR) de Tourcoing, député du Nord et directeur de campagne de Xavier Bertrand, opposé à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Dans mon conseil municipal, les élus frontistes sont les seuls à voter contre les heures supplémentaires aux policiers municipaux. Le FN reste un mouvement d’extrême droite qui a peur de la surveillance de l’Etat. »Le PS mise sur « le pacte de sécurité du président »De l’autre côté de l’échiquier politique, le Parti socialiste ne veut pas laisser la question de la protection à la droite. Dans une lettre écrite aux candidats, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, appelle à défendre « un triptyque commun » : « La guerre totale contre Daech, la sécurité maximale pour les Français et la concorde nationale. » Localement, les candidats vont défendre le rôle de la région dans le maintien de l’ordre.Lire aussi :La droite accuse Hidalgo « d’angélisme » en matière de sécuritéLes socialistes misent sur le fait que le discours de François Hollande et sa gestion après les attaques de Paris ont été globalement appréciés. « Il n’y a aucun angélisme de notre part, la région va contribuer au pacte de sécurité du président de la République », explique Jean-Jack Queyranne, président socialiste sortant de Rhône-Alpes. Pas question cependant de ne rester que sur cette thématique. Pour le candidat PS, qui dénonce une « surenchère sécuritaire » de son adversaire Laurent Wauquiez, les électeurs ont aussi envie d’entendre parler d’autres sujets : « Après ce qu’il s’est passé, il manque dans le discours de la droite un mot majeur, celui d’éducation. » Il reste moins de deux semaines pour faire émerger d’autres sujets de campagne…Matthieu GoarJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles RofJournaliste au Monde Martine Delahaye « C’est récent, mais on me demande maintenant des scénaristes capables d’écrire en anglais, pour monter des coproductions », note Catherine Winckelmuller, agent d’auteurs et de réalisateurs travaillant pour le cinéma ou la télévision. « Cela ne date que d’un an, mais des producteurs indépendants m’ont envoyé des projets depuis l’Angleterre, Israël ou le Danemark pour que je les lise, les propose à mes client(e)s, et que l’on voie si un scénario peut être mené en commun. Pour une série partiellement financée par la France et son système d’aides. » Agent, notamment, des auteures Virginie Brac et Anne Landois, à l’origine de la reconnaissance internationale de la série « Engrenages », Catherine Winckelmuller exerce le même métier que les personnages de « Dix pour cent », la série créée par Fanny Herrero d’après une idée originale de Dominique Besnehard, diffusée récemment sur France 2. Si ce n’est qu’elle a décidé, il y a vingt-cinq ans, en créant Agents Associés (l’une des quarante agences artistiques à Paris), de représenter non pas des comédiens mais des auteurs et des réalisateurs.« Je dis non 363 fois sur 365 »Sur quels critères accepte-t-elle ou non quelqu’un dans son agence ? « D’abord, je représente peu de gens, même pas une cinquantaine, explique-t-elle. Je n’ai qu’un assistant, c’est tout. Et puis je ne rencontre jamais les gens d’abord. Parce qu’ils sont presque toujours extrêmement séduisants, lors d’un entretien. Moi, je veux lire et voir. Si ça me plaît et que j’ai le sentiment de pouvoir apporter quelque chose, j’y vais ; sinon, je n’y vais pas. Ce qui m’intéresse chez les créateurs, c’est leur regard, ce qui fait leur originalité, ce qui les distingue de la masse. Je reçois une demande par jour, je dis non 363 fois sur 365. »Au-delà de la disponibilité et de la réactivité qu’exige ce métier tout de relations, il revient à l’agent de lire ce que lui envoient « ses » scénaristes, de les dissuader ou de les encourager au fil de leurs tentations et tentatives. En un mot, de les accompagner dans leur processus de création, pour qu’un de leurs projets aboutisse à l’écran. D’où la nécessité d’acquérir une fine connaissance des attentes des chaînes et des besoins des producteurs.Lire aussi :Succès français en sérieAprès avoir reconnu les qualités de la série « Dix pour cent » (ce qui correspond au taux de rémunération de tout agent artistique français à la signature d’un contrat par l’un de ses clients), Catherine Winckelmuller fustige, avec force, le manque de confiance et de considération accordé aux auteurs en France : « La chaîne a demandé l’écriture d’une saison 2 de “Dix pour cent”, mais les contrats que les producteurs proposent aux scénaristes en font des auteurs “substituables”, ce qui veut dire que l’on peut les renvoyer et les remplacer à volonté. C’est hallucinant ! » Les professionnels dans une impasseC’est bien simple, estime cette professionnelle : en un quart de siècle, la situation des auteurs de télévision, après une courte embellie, n’a au final pas évolué. Au-delà de quelques réussites, « qui ne sont jamais que l’arbre qui cache la forêt » (« Un village français », « Engrenages », « Ainsi soient-ils »…), la structure même de France Télévisions, la frilosité des chaînes et l’incompétence d’un grand nombre de producteurs ont rendu l’ensemble du système public français obsolète, acculant les professionnels dans une impasse.D’où la grande question que se posent les agents artistiques qui, comme elle, ont affaire à l’audiovisuel : comment Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, pourra-t-elle mettre en actes sa volonté de faire de la fiction « une priorité », comme elle l’a annoncé en septembre à La Rochelle, quand on voit à quoi a abouti, jusqu’ici, en termes de création, un groupe qui emploie 10 000 personnes et dispose d’un budget plutôt conséquent…« Pas de vision »« Qu’attendre d’un service public qui est capable de dire “Ce projet est trop bien pour nous”, comme je l’ai entendu encore récemment ? », s’insurge l’agent de Pierre Schoeller, auteur et réalisateur de L’exercice de l’Etat. « A France Télévisions, on me demande : auriez-vous un auteur qui puisse rassurer France 2 ? Je ne vois que frilosité, aucune idée de ce que l’on attend, pas de vision de ce que va devenir la fiction dans les cinq ans ! En revanche, un conseiller à la fiction, dans le service public, se prend souvent tout à la fois pour un scénariste, pour un réalisateur, pour un directeur de casting, en plus de croire savoir ce qu’attend le public… »Alors que TF1 et Canal+ créent d’imposantes unités de fiction, alors que les sociétés de production cinématographiques commencent à investir le monde sériel, le mammouth France Télévisions pourrait bientôt ne plus reconnaître le paysage dans lequel il évoluait jusqu’ici, pronostique Catherine Winckelmuller…Martine DelahayeJournaliste au Monde Gaëlle Picut Trois médias numériques, lancés en 2014 et 2015, tournent autour du travail. Leur point commun : mettre en valeur les récits des travailleurs eux-mêmes.Le premier projet éditorial, Raconter la vie (raconterlavie.fr) a été lancé en janvier 2014 par Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, et soutenu par les Editions du Seuil. Il accueille des textes écrits essentiellement par des anonymes, dont un certain nombre autour de différents métiers.« Ce projet a l’ambition de répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne mieux prise en compte », écrivait Pierre Rosanvallon lors du lancement dans un manifeste intitulé « Le parlement des invisibles » : « Donner la parole, rendre visible, c’est aider les personnes à retrouver leur dignité, à résister. C’est leur permettre de rassembler leur vie dans un récit qui fait sens, de l’insérer dans une histoire collective ».On y trouve des témoignages très variés : un conducteur de métro, une psychologue, une caissière, une conseillère d’orientation, un infirmier, un routier, un boulanger, une employée de fast-food, un directeur d’agence bancaire, un charpentier…Dans l’Education nationaleDans le sillage du projet « Raconter la vie », le SGEN-CFDT, un syndicat de l’Education nationale, a lancé en septembre 2014, Raconter le travail (raconterletravail.fr), un espace où les professionnels de l’enseignement peuvent témoigner de leur travail, de ce qu’ils vivent au quotidien, sur ce qu’il se passe de façon invisible au sein des établissements scolaires.Le but est de raconter le concret et la diversité des situations. « La représentation du travail dans l’Education nationale fait aujourd’hui défaut. La méconnaissance du travail réel des personnels, par les médias et les corps intermédiaires comme par les intéressés eux-mêmes, explique à la fois les carences des politiques publiques et l’incapacité des personnels à agir collectivement », estime Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT dans le manifeste de lancement du site. Cette initiative a été parrainée par Pierre Rosanvallon et son équipe.Le dernier né est le site Dire le travail (direletravail.coop), lancé en avril 2015 par la coopérative du même nom regroupant une cinquantaine de sociétaires et animée par Patrice Bride, ancien rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques.Ce média publie aussi des écrits signés des travailleurs eux-mêmes. Des professionnels les aident à mettre en forme leurs récits. « Nous cherchons avant tout à mettre en avant le travail, plutôt que le métier : non pas ce que fait en général un maçon, un gardien de musée ou un policier, mais la façon très particulière dont une personne forcément unique s’est débrouillée de ce qu’elle avait à faire, dans son contexte propre », explique Patrice Bride. Une vingtaine de récits sont déjà en ligne, rédigés par un dermatologue, un caissier, une infirmière, une accompagnatrice en soins palliatifs, etc.Ce qui se fait au-delà du métierCe travail d’expression écrite produirait plusieurs effets. « Dire son travail est important. Poser des mots permet de prendre de la distance par rapport au quotidien, à l’apparente routine ou à la course permanente, constate Patrice Bride. On réalise tout ce que l’on arrive à faire malgré les difficultés, les prescriptions parfois contradictoires, voire la souffrance. À cet effet révélateur, vient s’ajouter un effet assurance ou réassurance quand on n’est pas très sûr de ce que l’on fait. Enfin, l’écriture est une manière de partager avec d’autres son expérience et ses histoires de travail, de les faire reconnaître ».Nadir Abdelgaber, un jeune caissier a rédigé un texte sur son quotidien, en partant de la façon dont il plie le ticket de caisse avant de le tendre au client. « Pour lui, écrire sur son travail, être publié, lu, est une manière de montrer son travail sous un angle positif. Il ne s’agit pas seulement de montrer comment il fait son travail mais aussi la façon dont il se l’approprie », témoigne Patrice Bride.Ariane Grumbach a publié un texte (« Des mots pour mieux manger ») sur son activité de diététicienne. « J’avais déjà un certain recul sur mon vécu professionnel. En revanche, je n’avais jamais formalisé des mots dessus et en ce sens, la démarche était fructueuse », estime-t-elle. « J’aime cette façon de passer » de l’autre côté du miroir « de métiers que l’on ne connaît que très partiellement. Cela me paraît une démarche extrêmement intéressante que l’on travaille seul ou en entreprise car elle peut aider à prendre conscience de la valeur de son travail, des compétences acquises au fil du temps. C’est aussi une façon de fixer la mémoire du travail », poursuit-elle.Faire partie d’un toutAude Bellon, qui a écrit un texte sur son activité de paludière, a également ressenti l’importance de transmettre sa passion pour son métier. Au-delà, elle compare cette démarche à un « travail thérapeutique ». « J’avais témoigné une première fois sur mon métier pour un blog. Cela avait enclenché quelque chose chez moi. J’ai eu envie de poursuivre cette réflexion. Cela m’a fait du bien et m’a conforté dans mon choix de vie. Avant de devenir paludière comme mon père, j’ai été chargée de communication au sein d’une collectivité locale. Écrire ce texte m’a fait réaliser un certain nombre de choses dont je n’avais pas conscience sur le sens de ce que je faisais. Depuis, je les vis de façon encore plus intense », analyse-t-elle. « En décrivant mon activité, j’ai l’impression de faire partie d’un tout, d’être en accord avec la nature, le cycle des saisons. C’est un travail sur soi en permanence ».Par ailleurs, la publication de ce texte a favorisé des discussions avec ses proches. Elle s’est rendu compte qu’elle préférait utiliser le terme d’activité qui renvoie à des choses positives, à un épanouissement, plutôt que celui de travail associé à quelque chose de laborieux, de pénible.« En période de crise économique, d’événements tragiques comme nous le vivons actuellement, il est important de revenir aux fondamentaux, de faire son travail avec amour, de remettre les relations humaines au cœur de nos activités. Le métier de paludier est à la fois solitaire et solidaire. Le monde du marais est une grande famille alors que lorsque je travaillais dans la fonction publique j’avais le sentiment d’être très isolée », conclut-elle.Etre connecté à l’actualitéL’une des ambitions de Dire le travail est aussi de chercher des connexions avec l’actualité. Il accueille par exemple le témoignage d’Adèle Wine, partie en mission comme responsable d’approvisionnement dans un Centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières en Guinée. « Derrière chaque événement de l’actualité, il y a toujours du travail, des femmes et des hommes qui font ce qu’ils ont à faire avec de l’intelligence, des émotions, des convictions, des valeurs », résume Patrice Brice.Outre cette publication web, la coopérative Dire le travail développe d’autres activités tels que des ateliers à destination de particuliers souhaitant écrire sur leur travail, ou des interventions auprès d’organismes (associations, syndicats, entreprises, etc.), en particulier dans le cadre de formations autour de questions liées à l’expression sur le travail. Elle est actuellement en discussion avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) et la CFDT intéressées par la démarche.Pour compléter ce tour d’horizon de cette « démocratie narrative » (selon l’expression de Pierre Rosanvallon), il faut également évoquer les blogs, un média personnel parfois utilisé par leurs auteur(e) s pour s’interroger sur leurs pratiques professionnelles. Le milieu médical est incontestablement surreprésenté. On peut citer Jaddo (rédigé par une jeune généraliste), Vieux et merveilles (une auxiliaire de vie), Boules de fourrure (un vétérinaire) ou encore 10 lunes (une sage-femme).Ces différentes initiatives montrent que parler du travail n’est pas réservé aux sociologues, aux économistes, aux politiques ou aux journalistes. Derrière les notions de marché du travail, de chômage, de productivité, d’innovation, de management… il y a le travail réel, l’humain. « Nous voulons donner à lire le travail réel. De l’engagement, du conflit, de la solidarité : ce qui se joue au travail, parfois envahissant, parfois dépourvu de sens, avec ses grandeurs comme ses difficultés, toujours au cœur du fonctionnement de la société », résume Patrice Bride.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est une polémique née d’un dossier qui aurait dû être consensuel. Destinée à élargir le soutien public à un plus grand nombre de publications après les attentats contre Charlie Hebdo, la réforme des aides à la presse a fait l’objet, ces derniers jours, de vives critiques.En cause : la volonté du gouvernement de priver de ces nouvelles aides les publications ayant fait l’objet de condamnations pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence au cours des cinq dernières années. La mesure concerne des titres d’extrême droite comme Minute et Rivarol, ou encore l’hebdomadaire Valeurs actuelles, positionné à la droite de la droite et par deux fois condamné ces derniers mois, même s’il a fait appel.Lire aussi : Aides à la presse : qui touche le plus ? Dans son décret du 6 novembre 2015, le gouvernement a étendu le champ de l’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : elle concerne désormais tous les périodiques et pas uniquement les quotidiens. Il s’agit d’une démarche en faveur du pluralisme, initiée au lendemain de l’attentat qui a décimé l’hebdomadaire Charlie Hebdo, en janvier (celui-ci ne bénéficiera toutefois pas de l’aide, qui est limitée aux publications dont la diffusion est inférieure à 300 000 exemplaires, un seuil que l’hebdomadaire a dépassé depuis janvier).Plainte à BruxellesLe fait que ce renforcement des aides directes ne touche pas les titres ayant fait l’objet de condamnation a fait rapidement réagir. Mardi 17 novembre, Valeurs actuelles s’en est pris au système d’aide dans sa globalité en indiquant avoir « adressé une plainte formelle contre la France pour aide d’Etat incompatible avec le Traité de l’Union européenne dans le secteur de la presse d’information politique et générale de diffusion nationale ».Le lendemain, son directeur, Yves de Kerdrel, a également annoncé un recours au Conseil d’Etat. Il croit avoir identifié une fragilité juridique au sein du décret, dans la mesure où dans les faits, ce sont les directeurs de publication qui sont condamnés, non les titres. Or le décret fait référence à ces derniers.Plus surprenant : jeudi 19 novembre, c’est l’ensemble des quotidiens et magazines qui s’est ému de la mesure, à travers un communiqué commun du syndicat de la presse magazine (SEPM) et de la presse d’information générale (AIPG). Ce texte reprend l’argument de M. de Kerdrel en constatant que « le décret (…) soulève plusieurs points de droit, dont, mais non exclusivement –, celui du non-respect du principe de la personnalité des peines, en raison des règles particulières de responsabilité en matière de presse posées par la loi de 1881, et qui excluent la responsabilité directe de la société éditrice ».Le ministère « serein »En réponse, le ministère de la culture, joint par Le Monde, se dit « serein » sur les contestations juridiques de son décret : les condamnations touchent certes des individus, mais ils sont visés en tant que directeur de la publication, les condamnations ne sont pas personnelles, argumente-t-on. On ajoute que les amendes sont souvent payées par les titres, pas par les dirigeants.Sur la contestation des aides à la presse au niveau européen, le ministère de Fleur Pellerin ne s’affiche pas plus inquiet. Ce type de soutien public à un secteur est un choix politique, au même titre que la neutralité technologique invoquée pour accorder récemment un taux de TVA « super réduit » aux titres de presse sur Internet. Malgré une certaine opposition, Paris estime engranger des soutiens, au niveau européen, sur ces sujets.Sur le fond, cette réforme des aides au pluralisme vise à soutenir des titres qui contribuent à la « vitalité démocratique », argumente le ministère. Exclure les publications condamnées pour propos racistes ou discriminatoires est « dans l’esprit de la loi de 1881 sur la liberté de la presse ». L’article 24 de ce texte rappelle que seront notamment condamnés ceux qui auront « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes ».Une réforme politique ?Personne n’est visé en particulier à cause de sa ligne éditoriale, c’est un principe républicain, soutient-on au cabinet de Fleur Pellerin. Une tentative de couper court à l’argument selon lequel la réforme est politique et vise à affaiblir des titres d’opposition frontale à François Hollande, comme Valeurs Actuelles, ou proches de l’extrême droite.Enfin, le ministère rappelle que cette aide au pluralisme ne représente qu’une faible partie de l’ensemble des aides directes et indirectes (via les aides postales notamment). En 2014, un titre d’extrême droite comme Présent a touché 362 745 euros d’aides au total (dont 226 888 euros d’aides directes). Valeurs Actuelles a touché 961 026 euros d’aides à son transport postal mais zéro aide directe. Minute et Rivarol n’ont rien touché.Parmi la cinquantaine de titres qui pourraient bénéficier des nouvelles aides au pluralisme, on trouve les publications de gauche Le Monde diplomatique ou Politis, les publications chrétiennes Témoignage chrétien, Pèlerin magazine ou Golias, le magazine féministe Causette, le mensuel et site sur l’écologie Terra Eco, voire le bihebdomadaire généraliste Society.Malgré les arguments du ministère, les fédérations d’éditeurs de presse risquent de ne pas désarmer immédiatement : « Quelles que soient les justifications politiques et morales censées la justifier, une telle exclusion, dans son essence même, rompt avec le principe démocratique intangible de la neutralité de l’action publique vis-à-vis de la presse d’opinion », écrivent-ils, avant d’invoquer Tocqueville : « Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Nouchi  Lorsque, peu après sa désignation comme directeur du Monde, le 30 juin, Jérôme Fenoglio me proposa de devenir le sixième médiateur de notre journal – après, successivement, André Laurens, Thomas Ferenczi, Robert Solé, Véronique Maurus et Pascal Galinier –, je n’imaginais évidemment pas une seconde que j’allais prendre mon poste par temps de guerre. Je me faisais une joie de pinailler sur l’orthographe ou la syntaxe défectueuse de tel ou tel article, de maugréer après tel ou tel rédacteur coupable d’une approximation douteuse, de grommeler après la découverte d’un titre de manchette imprécis ; et voici qu’il me faut dire l’émotion d’une rédaction en proie à la fatigue, à la peine et parfois même au deuil ; et voici surtout qu’il faut, dès à présent, lui tirer un immense coup de chapeau pour le travail réalisé depuis quelques jours.Croyez-moi, chers lecteurs, je ne suis pas du genre complaisant avec les confrères. Depuis un peu plus de trente ans au Monde, ayant connu moult directeurs, directeurs de la rédaction et rédacteurs en chef, je me fais une idée très haute du journalisme. Mes modèles en écriture sont à chercher du côté de Robert Guillain (1908-1998), Pierre Viansson-Ponté (1920-1979) ou encore Jean-Marc Théolleyre (1924-2001) – souvenirs émus de ces grandes plumes du journal d’avant Internet –, alors pensez : il m’arrive parfois de céder à la déception devant un journal par trop moyen. Rien de tel depuis une semaine. Le travail de la rédaction, tous supports confondus, est remarquable. Rigueur, talent d’écriture et d’analyse, scoops,... Nicolas Bourcier Illustration des tensions croissantes autour de la question des réfugiés, une journaliste de CNN, Elise Labott, a été suspendue pour deux semaines pour avoir critiqué, dans un tweet, un vote à la Chambre des représentants. Dans les minutes qui ont suivi l’adoption par les députés à une très large majorité (289 contre 137), jeudi 19 novembre, d’un projet de loi durcissant les conditions d’accueil des réfugiés syriens et irakiens sur le sol américain, Elise Labott a écrit sur son compte : « La Chambre adopte une loi qui pourrait limiter [l’afflux de] réfugiés syriens. La Statue de la Liberté courbe la tête angoissée. »House passes bill that could limit Syrian refugees. Statue of Liberty bows head in anguish @CNNPolitics https://t.co/5RvZwVftgD— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Ce vote s’est fait avec le soutien d’un cinquième des élus démocrates, malgré l’opposition de la Maison Blanche au dispositif. Le président Barack Obama avait fait savoir qu’il utiliserait son veto si le projet de loi devait être adopté par le Sénat.Depuis le début du conflit syrien, en 2011, les Etats-Unis ont accueilli 1 682 réfugiés, selon le chiffre du département d’Etat.Lire aussi : Après Paris, Donald Trump joue la carte de l’islamophobieErik Wemple du Washington Post, qui a révélé l’histoire du tweet dans un article publié un peu plus tard dans la journée, insiste sur le fait que la question des réfugiés est devenue hautement partisane et que CNN avait suivi le vote de la Chambre d’une manière « très neutre ».M. Wemple rappelle qu’Elise Labott n’est pas éditorialiste ou commentatrice, « ce qui signifie qu’elle est tenue de respecter le principe de neutralité de la chaîne ». Il précise que les principaux concurrents de CNN, Fox et MSNBC News, « deux chaînes partisanes », obligent la chaîne d’Atlanta à une couverture rigoureuse, dans une contexte « d’impératifs économiques ».Dans un message publié vendredi matin, Elise Labott est revenue sur son précédent tweet : « J’ai eu tort d’éditorialiser. Mon tweet était inaproprié et irrespectueux. Je présente mes sincères excuses. »Everyone, It was wrong of me to editorialize. My tweet was inappropriate and disrespectful. I sincerely apologize.— eliselabottcnn (@Elise Labott)require(["twitter/widgets"]);Nicolas BourcierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde) Lancée en mai en 5 jours sur 7, La Matinale du Monde passe désormais à 7 jours sur 7. Depuis son lancement, vous avez été près de 300 000 à la télécharger, un vrai succès pour une application d’information 100 % mobile.Cet été, nous vous avons consulté pour mieux comprendre votre façon d’utiliser La Matinale, pour vous permettre également de nous dire ce que vous appréciez le plus et ce que vous aimez le moins. Votre demande prioritaire portait sur une publication le week-end. Nous avons donc décidé de répondre à votre attente en vous offrant La Matinale tous les jours.Cette enquête de lectorat a aussi montré que vous étiez friands d’actualité, d’enquête, de découvertes… Nous continuerons donc de vous proposer une sélection éclectique et hiérarchisée, mêlant l’actualité la plus brûlante, les enquêtes approfondies, des tribunes et des strips BD.Mais le samedi et le dimanche, votre rapport au temps change, vous êtes moins dans l’urgence. Nous vous proposerons donc, dès 8 heures, une édition avec des contenus nouveaux, adaptés à ce moment où chacun a envie d’accorder du temps aux siens et à soi, de prendre du recul par rapport au flot d’informations qui nous submerge.Ainsi, chaque samedi matin, Les Décodeurs proposeront un “rattrapage de l’actu” pour ceux qui veulent être sûrs de n’avoir rien manqué. “La question de la semaine” permettra, quant à elle, d’aborder de façon pédagogique un sujet qui aura marqué les jours précédents. Enfin, une liste de recommandations sur les replays et les podcasts clôturera l’édition.En exclusivité dans La Matinale de ce samedi 21 novembre, vous lirez la toute première chronique de Thomas Piketty. L’économiste publiera en effet chaque mois un texte dans Le Monde daté dimanche-lundi.Une chronique sexualitéChaque dimanche matin, la chroniqueuse Maïa Mazaurette traitera de la sexualité sous toutes ses facettes. Vous plongerez également ce jour-là dans l’intimité d’une personnalité qui a accepté de raconter les secrets de son parcours à notre grand reporter Annick Cojean. Le sport ne sera pas oublié et la rédaction vous proposera également des idées de voyages.Enfin, quatre nouveaux dessinateurs BD rejoignent l’aventure de La Matinale du Monde : Nix, Antoine Marchalot, Mix & Remix et Catherine Meurisse ont créé chacun une série originale. Vous continuerez aussi de sourire avec Coquelicots d’Irak (Lewis Trondheim et Brigitte Findakly), La Famille Mifa (Lisa Mandel) et Manuela, Françoise et les autres (James).Nous espérons que cette offre enrichie répondra à votre attente et que vous serez toujours plus nombreux à nous lire… chaque matin désormais.Pour télécharger La Matinale du Monde, suivez ce lien: http://goo.gl/510oxk Emmanuelle Chevallereau (responsable éditoriale de La Matinale du Monde)Journaliste au Monde Joël Morio On les disait condamnées par la montée en puissance des services de streaming comme Spotify ou Deezer. Or les radios musicales résistent bien à cette nouvelle concurrence. Selon les chiffres communiqués par Médiamétrie, mercredi 18 novembre, elles ont atteint une part d’audience de 32,6 %, en septembre et octobre, contre 30,9 % sur la même période en 2014.NRJ reprend sa place de première station de France avec une part d’audience cumulée de 12 %. « On retrouve la hiérarchie naturelle. Les services musicaux rencontrent des difficultés avec des faillites ou des introductions en Bourse reportées ; les stations musicales réunissent quant à elles plus de 22 millions d’auditeurs quotidiens, soit une hausse de 430 000 personnes en un an. NRJ est un bain chaud de plaisir, un refuge utile quand on est inquiet et stressé », estime Jean-Paul Baudecroux, président du groupe NRJ (qui comprend notamment Nostalgie, Chérie FM et NRJ). « On doit beaucoup à Steve Jobs, observe-t-il encore. Les smartphones sont aussi des récepteurs radio, ce qui favorise l’écoute des stations musicales prisées par les plus jeunes. » Le bond de Fun Radio est spectaculaire. La matinale présentée par Bruno Guillon est désormais écoutée par 1 868 000 Français, soit une progression de 47 % en un an. Au total, la station spécialisée en « dance music » gagne 303 000 auditeurs. Et devient ainsi la deuxième musicale de France, coiffant sur le poteau Skyrock, dont l’écoute cumulée progresse par rapport à la vague d’avril-juin 2015, mais recule sur un an.Virgin Radio réalise sa meilleure rentrée depuis six ans avec 267 000 nouveaux adeptes et une audience cumulée de 4 %. Les audiences de Chérie FM (4,4 % d’audience cumulée) sont aussi bien orientées. « C’est la plus forte progression des stations musicales. La station qui passe devant RFM bénéficie de son repositionnement et nous espérons que le travail effectué sur Nostalgie, avec plus de titres des années 1980 programmés, produira le même effet », indique Jean-Paul Baudecroux.Sérénité affichée sur RTL et Europe 1Du côté des stations généralistes, les résultats sont très contrastés. France Inter consolide sa troisième place avec 10,2 % d’audience cumulée. La matinale de Patrick Cohen conforte sa première position et toutes les tranches horaires s’affichent en hausse. Cette très bonne tenue s’explique « par le mariage d’une offre exigeante et populaire, avec une forte dose d’irrévérence, ainsi que par l’attachement très fort de nos auditeurs à la radio de service public », juge Emmanuel Perreau, directeur des programmes et d’antenne de France Inter. A RTL, les performances sont plus mitigées. L’audience cumulée (11,4 %) baisse légèrement d’une année à l’autre, mais elle recule par rapport à la vague d’avril-juin 2015, où elle avait culminé à 12 %. La station de la rue Bayard peut se consoler en voyant sa durée d’écoute progresser à 2 h 23, soit la meilleure de toutes les radios. « Je suis très confiant pour la suite. Nos résultats sont une bonne base pour le reste de la saison », estime Christopher Baldelli, président de RTL. Même sérénité affichée à Europe 1, malgré une chute des audiences qui ne s’explique plus uniquement par le départ de Laurent Ruquier vers RTL, mais aussi par une baisse de la matinale présentée par Thomas Sotto. « Son travail n’est pas en cause. La matinale avait progressé lors des précédentes vagues. Nous gardons le cap même si ce n’est pas une bonne rentrée. Le contexte des radios généralistes privées est très difficile », martèle Fabien Namias, le directeur général de la station. Avec 8,6 % d’audience cumulée, il s’éloigne un peu plus des 10 % que Denis Olivennes lui avait fixés à son arrivée à Europe 1. Fabien Namias peut se satisfaire néanmoins des bons scores de Jean-Marc Morandini, qui atteint son plus haut niveau depuis sept ans, tandis que Cyril Hanouna se stabilise et progresse de 20 % sur les 25-59 ans. La confiance est également de mise à RMC, en dépit de résultats en berne avec plus de 300 000 auditeurs perdus en un an. Enregistrant 7,2 % d’audience cumulée, derrière France Bleu (7,3 %), la station « Info, talk, sport » retombe sous la barre des 4 millions d’auditeurs pour la première fois depuis septembre 2012. « Après les fortes hausses que nous avons connues ces dernières années, il est normal que l’on ait des bas. Notre stratégie de convergence entre la radio et la télévision porte ses fruits. Les audiences de RMC Découverte, qui diffuse la matinale de Jean-Jacques Bourdin, explosent. Les gens veulent désormais des images et nous sommes bien préparés à cette évolution », plaide Alain Weill, le président du groupe Next Radio. France Info, qui enregistre un de ses plus mauvais scores avec une audience cumulée de 7,2 %, souligne le nombre de vues (1,5 million en octobre 2015) sur son antenne vidéo.Les succès sur les médias digitaux ne sont pourtant pas incompatibles avec de bonnes écoutes. France Culture, avec 2,4 % d’audience cumulée, atteint un record historique et dépasse pour la première fois les 10 millions de podcasts téléchargés.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christine Rousseau Qu’est-ce qui vous a fait accepter cette proposition de diriger France 5 ?Cette chaîne fait briller les yeux car elle est la quintessence du service public, celui qu’on aime aimer. Et puis, j’ai eu un vrai coup de foudre pour Delphine Ernotte, pour la manière dont elle présentait les choses, pour sa personnalité complètement atypique dans le paysage audiovisuel. Je me suis dit qu’avec cette femme-là qui n’a aucune des lourdeurs du milieu parce que justement elle vient d’un autre univers, cela pouvait être vraiment passionnant. Plus personnellement, je ne peux rien dire de négatif sur ce que je faisais à TF1. Avec la complicité de son ex-PDG, Nonce Paolini, je m’étais constitué un petit royaume avec mon émission littéraire sur TF1, mon rendez-vous quotidien sur LCI, celui sur la chaîne Histoire ainsi que « Médiapolis » sur Europe 1. J’aurais très bien pu continuer ainsi. Mais je ne me mettais plus en danger. Et puis cela m’intéressait de savoir si après vingt-cinq ans, la méthadone de ce nouveau travail allait réussir à compenser la crise de manque de l’antenne. Pour le moment, je suis très satisfait du traitement médical. Je n’ai pas eu une crise de manque depuis la rentrée. Très sincèrement, je n’ai pas eu le temps.France 5 a connu une très belle progression lors de la saison 2014-2015 avec 3,4 % de PDA. N’est-ce pas plus difficile encore d’hériter d’une chaîne dont tous les voyants sont au vert ?C’est évident qu’il y avait un côté « cadeau empoisonné ». Quand vous arrivez dans une chaîne dont l’image est excellente, dont les audiences vont bien et dans laquelle les rendez-vous sont installés depuis des années, vous avez toutes les raisons de ne rien bouger. C’est évidemment le principal obstacle auquel je me suis confronté, même intellectuellement. Tout conspire à ce que vous ne touchiez à rien. Or, comme je l’ai dit aux équipes, tout ce qui est aujourd’hui positif pour France 5 – notamment l’ancrage de ses programmes qui la rend familière – peut se transformer en critiques sur le manque de renouvellement. Il faut donc passer à la vitesse supérieure car nous sommes dans une époque d’incroyables changements.« Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel »Pour reprendre les termes de Delphine Ernotte, votre tache est donc de réveiller « la belle endormie ».Oui, même si France 5 n’est pas inerte. Elle est passée par de nombreuses mutations, et chaque étape me permet d’identifier les problèmes. Pendant longtemps, elle a été une chaîne de la journée qui, le soir, cédait sa place à Arte. Quand elle est devenue une chaîne à part entière, sa grille n’a pas été réellement redéfinie par rapport à une construction qui, aujourd’hui, se fait en amont et aval du prime time. Il ne s’agit pas de le faire du jour au lendemain pour autant, parmi mes objectifs, il y a un travail à opérer sur les « primes times ». Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel.D’autre part, c’est une chaîne qui n’a jamais eu de rédaction, ce qui fait qu’elle est coupée de l’information, au sens quotidien du terme. Certes, celle-ci est traitée excellemment dans les magazines de fin de journée comme « C dans l’air », mais elle n’est pas liée à l’événement. Mon deuxième chantier est donc l’« événementialisation » de la chaîne : soit en créant l’événement comme ce sera le cas, le 24 novembre, avec la soirée spéciale consacrée aux violences faites aux femmes ; soit en étant réactifs ainsi que nous l’avons été tout au long de la semaine qui a suivi les attentats du 13 novembre.Lors de la diffusion de la série documentaire « 360° » vous avez évoqué le numérique comme l’un de vos chantiers principaux. Comment allez-vous le développer ?De nombreux sites se nourrissent des programmes de France Télévisions. Cela accroît leur trafic et leur audience mais nous en sommes quelque peu dépossédés. En ce qui concerne France 5, nous avons très peu de production interne. Les grands rendez-vous de magazines sont élaborés par des producteurs extérieurs qui ont leur page Facebook et leur compte twitter. Mon idée est de redonner une cohérence à tout cela comme on le fait déjà avec « Allo docteur ». Je voudrais rationaliser les rapports entre la chaîne et les différents producteurs sachant qu’il y a beaucoup d’inconnu. Par exemple, l’internaute qui vient chercher un replay, par où rentre-t-il ? Est-ce par le site de France télévisions ? Celui de France 5 ? Ou encore celui de l’émission ou d’une séquence ? Cette porte d’entrée détermine la stratégie. Pour l’heure, j’emmagasine les études et j’écoute ceux qui savent, avant d’essayer de la définir. Il faut vraiment que ce soit une réponse de groupe.Outre l’offre linéaire, ce qui me passionne davantage encore est la création documentaire. Avec 3000 dossiers reçus par an et la diffusion de près de 300 documentaires, nous sommes l’interlocuteur privilégié à France Télévisions de tout cet écosystème. Aujourd’hui, on ne peut plus écrire pour le linéaire puis découper trois quatre extraits à mettre le net. L’écriture numérique est spécifique. Voilà pourquoi « 360° » me passionne. Du coup, on est en train de réfléchir à un documentaire ou une mini-série pour lequel on demanderait aux producteurs des projets bi-face avec une version linéaire et une autre numérique sur le même sujet. A charge pour eux de trouver des interactions entre les deux. A France Télévisions, nous avons avec « Les Nouvelles Ecritures » un atelier incroyablement intelligent et performant avec lequel je me suis rapproché. Car si on rate ce lien avec cette nouvelle créativité, la chaîne pour le coup vieillira très vite.La part de la fiction va-t-elle augmenter, comme le désire la présidente de France Télévisions ?Pour l’instant, nous n’avons pas d’argent pour investir dans la création. Néanmoins, nous travaillons avec l’équipe documentaire afin de lancer un appel à projets conjoint avec « Les Nouvelles Ecritures » autour du docu-fiction. D’autre part, la case du lundi dévolue à ce genre va s’ouvrir au cinéma à la manière de « La Dernière Séance ». Dès janvier, nous proposerons un film incontournable accompagné d’archives sur le tournage, d’actualités de l’époque ou d’un documentaire issu de la collection « Empreintes ».Et en matière de divertissement ?Pour des raisons liées à son histoire, le spectacle vivant n’est pas présent sur la chaîne. Or, j’aimerais qu’il trouve ponctuellement sa place sous forme événementielle. Je vais y aller prudemment car ce n’est pas forcément des succès d’audience. Mon bassin d’audience étant cependant plus réduit que celui de France 2 ou France 3, je peux m’offrir le luxe de diffuser des captations de théâtre ou d’opéra à une heure moins tardive que ces chaînes, vers 21 heures ou 22 heures ; ce qui est plus gratifiant pour les artistes et permet de proposer des soirées de prestige.Outre les soirées cinéma du lundi, d’autres changements sont-ils prévus en janvier ?Le mardi, « Le Monde en face » comportera des plateaux plus longs. « La Maison France 5 » et « Silence ça pousse », qui connaissent une rude concurrence le mercredi, sont déplacés le vendredi. « On n’est pas que des cobayes » qui affronte « Koh-Lanta » et « The Voice Kids » devrait passer en « access » le samedi. Enfin, le mercredi sera une soirée prestige avec nos grandes coproductions internationales archéologiques et scientifiques. Ce n’est pas une révolution, mais cela fait bouger les choses. Je ne sais pas si je serai le prince charmant qui réveille la belle endormie, en tout cas, il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans.« Nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs »La grille comportera-t-elle des nouveautés ?Il y a deux émissions qui me tiennent à cœur mais que je trouve en deçà de leur potentiel. Il s’agit de « La Grande Librairie » et « C politique ». L’émission littéraire de François Busnel pourrait faire bien mieux comme on le voit lors des soirées spéciales, où il double quasiment son audience. Ce qui bloque sans doute est le côté un peu rigide de l’émission. François Busnel désirait la rallonger. Je le lui ai accordé à condition qu’il la reformate de façon à offrir plus de sujets et de reportages. Pour « C politique », j’ai tenu un discours similaire à Jérôme Bellay, son producteur. Je lui donne une demi-heure de plus afin de sortir du cadre un peu institutionnel de l’interview politique en y intégrant notamment des invités de la société civile en lien avec l’actualité, qui viendront interpeller le politique, des spécialistes ainsi fact-checking avec l’invité.Pour faire cela, j’ai donc décidé de faire des économies en supprimant les plateaux qui introduisent les émissions. De même, certaines qui arrivaient en fin de contrat ne sont pas reconduites comme « Hélène et les animaux » ou « Les Grandes questions » de Franz-Olivier Giesbert.Qu’en est-il de l’avenir des « Maternelles » et du « Journal de la santé » après le rachat par TF1 du groupe de production Newen ?Pour le moment, tous les nouveaux projets sont suspendus. Concernant les magazines de santé, le problème ne se pose pas car le contrat court jusqu’en 2017. Celui des « Maternelles » arrive à échéance en juin 2016 et sera réexaminé. Très franchement, je suis partagé avec ce magazine sympathique et en symbiose avec les valeurs du service public mais décevant en termes d’audience générale. Son aspect novateur des débuts n’est-il pas devenu obsolète ? La leçon que l’on peut tirer de l’affaire Newen est que nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs comme cela a été le cas. Une émission n’est pas une rente à vie, c’est le message que je veux leur insuffler.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « La cinquième vidéo, elle est fatale, on dirait un film », dit un habitant de Saint-Denis qui tente, dans sa commune, de vendre à des journalistes des images amateurs de l’assaut donné par les policiers mercredi 18 novembre au matin. « 400 euros, c’est donné », commente-t-il. Le phénomène n’est pas totalement nouveau mais l’intensité du petit marché qui s’est mis en place dans la foulée des attentats a frappé plusieurs reporters sur place, dont ceux du « Petit Journal » et de France TV info.Saint Denis des jeumes tentent de vendre des vidéos entre 100 et 300 euros sur le marché selon si l on entend tirs pic.twitter.com/KmPhoH54lG— Pascal Jalabert (@Jalabertpascal) November 18, 2015« Si on voit les tirs et un policier, de loin, dans la nuit, c’est 500 euros, sinon, juste le son, c’est 100 euros », s’indigne Pascal Jalabert, rédacteur en chef du bureau parisien d’informations générales d’Ebra, groupe de journaux de l’est de la France, cité par France TV info.#SaintDenis Un riverain me montre une vidéo, prise à 4h36 du matin. On y voit des tirs depuis la fenêtre de l'immeuble rue Corbillon.— Kocila Makdeche (@KocilaMakd) November 18, 2015Un des journalistes du site, Kocila Makdeche, raconte qu’après l’avoir interpellé, les vendeurs montrent la vidéo proposée « sous le manteau, comme des vendeurs à la sauvette », dans une rue tranquille.Sans se cacher particulièrementD’autres font leur commerce sans se cacher particulièrement : « Le Petit journal » a filmé un groupe de personnes négociant des images de façon ouverte, dans une rue.St-Denis : le commerce des vidéos amateurs - Le Petit Journal du 18/11La circonstance de l’assaut renforce la quantité et l’intérêt des documents amateurs : les échanges de tirs, impressionnants, entre la police et les djihadistes retranchés rue du Corbillon, ont commencé très tôt, vers 4 h 30. Beaucoup de riverains ont filmé avec leur smartphone avant que les moyens importants des télévisions arrivent progressivement.Les documents amateurs, montrant l’immeuble des terroristes, le choc assourdissant des armes automatiques ou des mouvements de forces de l’ordre, ont été utilisés par les chaînes de télévision, de BFM-TV à i-Télé, en passant par Télé Matin, explique « Le Petit Journal ». Ce qui ne veut pas dire qu’elles les aient achetés, car certains témoins donnent gratuitement leurs images ou les postent sur les réseaux sociaux.BFM-TV a acheté deux portraits d’un kamikaze, pas de vidéos« Nous ne sommes pas contre le principe d’acheter certains documents », explique au Monde Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Pourtant, depuis le 13 novembre, la chaîne dit n’avoir payé que deux photos, d’Ismaïl Omar Mostefaï, l’un des djihadistes qui s’est fait exploser au Bataclan, acquises auprès d’un « ex-proche » et aucune vidéo.BFM-TV explique sa ligne de conduite pour l’achat de documents amateurs : « Ne pas rentrer dans une course au spectaculaire, ni dans une course aux enchères. Et il faut que le document apporte une info », explique M. Béroud.Payer des particuliers pour des images est assez tabou. A Saint-Denis, le reporter du « Petit Journal » confronte les vendeurs : « J’ai fait ton travail. J’ai eu les couilles de le faire. J’ai risqué ma vie », explique l’un d’eux. Avant d’avancer une raison plus économique : « Y a de l’actu, je sais que je peux faire de l’argent. (…) J’ai pas de travail. »Une vidéosurveillance d’un bar attaqué « pour 50 000 euros »Ceux qui achètent avec moins de complexe sont les médias anglo-saxons, où cette pratique est plus courante : d’ailleurs, la journaliste que « Le Petit Journal » arrive à filmer en train d’acheter pour de bon des documents parle anglais. On la voit verser une rallonge de 200 euros en cash, après avoir, dit-elle, déjà payé 250 euros pour quatre vidéos. Interrogée dans la foulée, elle dit travailler pour la BBC, le service public audiovisuel britannique. Mais nie avoir payé pour des images…Ces derniers jours, les médias britanniques ont parfois diffusé des documents amateurs, quitte à choquer : le Daily Mail a ainsi diffusé une photo de l’intérieur du Bataclan montrant des corps, qu’il a achetée via le Daily Mirror, qui en a acquis les droits.Le site du quotidien a également montré des images de vidéosurveillance récupérées dans un des cafés-restaurants attaqués à la kalachnikov vendredi soir. « Cette vidéo nous a été proposée pour 50 000 euros », raconte Hervé Béroud, de BFM-TV, qui l’a refusée, car elle est « choquante ». Selon « Le Petit Journal », le Daily Mail l’a acquise pour cette somme.Interrogé par Nice-Matin, le patron de l’établissement assure qu’il n’a pas vendu cette vidéo. « J’ai ouvert les portes à tout le monde, à tous les journalistes, j’ai montré des vidéos, mais je n’ai pas vu la couleur de l’argent », explique-t-il au quotidien, mettant en cause, sans la nommer, une personne de son entourage.Le Journal du dimanche a raconté que dès le soir des attaques, deux témoins proposaient trois vidéos et une dizaine de photos des attaques d’un bar et d’une pizzeria, pour 1 000 euros. Avec « exclusivité », ce qui veut dire qu’ils supprimeraient les images après la transaction.« Se faire du fric sur le malheur des gens »On est encore loin de la recherche effrénée d’images de faits divers pour les monnayer avant tout le monde aux chaînes, comme dans le film américain Night Crawler. Mais la pratique se diffuse, explique France TV info, qui se rappelle s’être fait démarcher pour enchérir sur des vidéos des inondations dans le sud-est de la France.« Honte à tous ces gens qui font commerce de la détresse », s’exclame une internaute dans les commentaires du reportage posté sur Facebook par « Le Petit Journal ». « Se faire du fric sur le malheur des gens, c’est ignoble. Si quelqu’un de votre famille se trouvait dessus, vous le feriez ? Vous me dégoûtez », abonde un autre. Le Journal du dimanche dénonce, lui, une « version connectée du profiteur de guerre ».« Si j’avais des photos, je les vendrais. Quitte à ce que BFM-TV, TF1 et autres se fassent des thunes, je prends ma part », rétorque un commentateur sur Facebook. « Tant qu’il y aura des gens pour acheter, il y aura des gens pour vendre, c’est une loi universelle », philosophe un autre. Un dernier tend un miroir à tout le monde : « Arrêtez de faire vos saintes-nitouches, vous serez tous scotchés à votre téloche quand la vidéo achetée sera diffusée. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Le débat sur le GamerGate ressurgit au moment le plus inattendu. Ce mouvement en ligne de joueurs de jeu vidéo hostile au discours féministe, aux médias, et régulièrement accusé de harcèlement en ligne, est accusé par le site américain Vice d’avoir modifié la photo d’un journaliste, Veerender Jubbal, en le grimant en terroriste kamikaze avant de la diffuser largement en ligne.Lire : A la rencontre du GamerGate, le mouvement libertarien qui veut défendre « ses » jeux vidéo  « La photo de l’un des kamikazes de Paris a été diffusée. Il l’a posté sur Twitter peu avant l’attaque », écrit un utilisateur turc de Twitter, connu sous le pseudonyme de Blacktric sur les réseaux sociaux anglophones, au soir des attentats du vendredi 13 novembre.Comme l’ont remarqué plusieurs internautes, un certain nombre de détails clochent, comme les prises anglaises, ou l’étonnante présence d’un godemiché à l’arrière-plan. La photographie a en fait été modifiée sur un logiciel de retouche d’image.« Il faut un gilet d’explosifs et un coran »Le détournement est apparu le 12 août, et a été réalisé par un membre du gamergate,@turd_wartsniff, alias Sad Person, ou encore Doctor Ethics, à la suite d’un dialogue édifiant entre trois utilisateurs de Twitter, dont Blacktric.« Vous êtes à la mosquée et ce type met une main aux fesses de votre copine. Que faites-vous ? - J’utilise Photoshop pour placer une bombe à la place de sa tablette - Non, il faut un gilet d’explosifs et un coran à la place de sa tablette »La photo, à nouveau mise en ligne le 13 novembre, connaît une diffusion exceptionnelle. Comme le relève Vice, le visage de Veerender Jubbal est repris dans la presse européenne : La Razon en Espagne et SkyTG24 en Italie publient la photo, l’un pour illustrer le parcours d’un des terroristes entrés en France en passant par la Grèce avec les réfugiés, l’autre comme un document « envoyé par l’Etat Islamique ». « Des millions et des millions de gens ont vu les images retouchées, et me prennent pour un terroriste », s’est désolé l’intéressé sur Twitter, qui rappelle être sikh et non musulman, vivre au Canada, et n’être jamais allé à Paris. « Tout ceci me place dans une mauvaise situation, au sens où je risque d’être physiquement et/ou moralement blessé à cause de ça. »Le mouvement minimiseVeerender Jubbal n’a pas été choisi par hasard. Il est connu pour ses positions hostiles au GamerGate. Il a ainsi créé le mot-dièse « StopGamerGate2014 », rappelle son profil Twitter. « Les gamers sont des ordures absolues, comme je le dis depuis une année entière. Les gens n’arrêteront pas de me harceler et polluer la vie », a-t-il déclaré, 24 heures après la diffusion de cette photo.Gamers are absolute garbage like I have been saying for a full year.People will not stop harassing, and bothering me.— Veeren_Jubbal (@Veerender Jubbal)require(["twitter/widgets"]);Sur Reddit, l’un des fiefs en ligne du GamerGate, on minimise la volonté de nuire et on se désolidarise du tweet du vendredi 13 novembre de Blacktric. Ce dernier s’était éloigné du mouvement il y a plusieurs mois. « Est-ce qu’un des nôtres [Sad Person] est responsable du détournement sous Photoshop ? Probablement, oui. Toutefois celui-ci a été fait avant les attaques de Paris, il n’y avait pas l’intention d’associer Veerender Jubbal dans celles-ci. Ceci a été fait par quelqu’un [Blacktric] qui ne s’associe plus avec le GamerGate. »Ce dernier a pourtant continué à harceler le journaliste, mais au sein de la « Ayy Team », un groupe d’internautes dissidents spécialisés dans la provocation extrême et les messages de harcèlement envers plusieurs communautés, comme les sympathisants LGBT et féministes. Les comptes Twitter et Reddit de Blacktric ont depuis été désactivés.Veerender Jubbal a quant à lui évoqué la possibilité de poursuivre en justice les journaux ayant utilisé sa photographie.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guillot Le jour de l’attaque du Bataclan, vendredi 13 novembre, ils étaient sept photographes accrédités pour le concert des Eagles of Death Metal. Un concert de plus pour ces spécialistes de musique, qui sont des passionnés autant que des photographes – l’un d’eux, Yann Charles, travaille en amateur, et publie ses photos de façon bénévole pour un webzine.Mais les images qu’ils ont prises ce soir-là, du groupe et du public communiant dans le même plaisir, se remplissent aujourd’hui d’une émotion toute particulière. « Ils sont tous choqués, à des degrés divers, témoigne Bertrand Alary, directeur de l’agence Dalle, qui diffuse plusieurs d’entre eux. Et ils ont chacun une attitude différente face aux images qu’ils ont faites. Moi, je suis leurs instructions à la lettre. »Dans le milieu musical, à part pour les gros concerts aux contraintes particulières, c’est en général la « règle des trois » qui s’applique : les photographes dûment accrédités peuvent travailler seulement pendant les trois premières chansons, histoire de ne pas perturber le spectacle. Le 13 novembre, au Bataclan, les photographes se placent dans le « pit », derrière les barrières, entre la scène et le public – là où ils ont un bon point de vue sur le groupe et les spectateurs.A eux d’éviter les flashs dans les yeux qui gênent les musiciens. « C’est un groupe de rock festif, super-intéressant à photographier, car ils sont super-vivants quand ils jouent », confie l’un d’eux, qui préfère taire son nom. Après trois chansons, des photographes se fondent dans la foule, d’autres décident de partir. « Avec un collègue, on a bu un verre en rangeant le matériel, raconte un photographe. On est tous les deux partis pour éditer nos photos chez nous. Avant, j’ai pris une photo sur mon téléphone, pour montrer l’ambiance, et je l’ai postée sur Facebook. Puis j’ai pris ma voiture, et c’est seulement en passant devant Le Petit Cambodge que j’ai compris que quelque chose de grave se passait. » A l’intérieur, le photographe Manu Wino se trouve au bar quand arrivent les terroristes, mais il est près de la sortie de secours, et réussit à s’enfuir. Un de ses collègues trouvera refuge dans un local technique pendant toute l’attaque. Mais la photographe Marion Ruszniewski, qui travaillait ce jour-là pour le mensuel Rock & Folk, est touchée par une balle dans le ventre. « J’ai pensé à mon ami Rémi Ochlik [tué en Syrie en 2012] et je me suis dit “pas moi” », a-t-elle raconté à l’AFP. Elle fera la morte jusqu’à l’arrivée des secours, et s’en tirera sans complications trop graves. « C’est mon sac à dos de photo qui m’a sauvé la vie », pense-t-elle.« Du mal à regarder mes images »Une fois la frayeur passée, que faire des cartes mémoires pleines d’images innocentes d’un concert qui a viré au carnage ? Les photographes ont tous répondu de façon différente. Marion Ruszniewski a diffusé quelques photos du concert par le biais de l’AFP, et doit publier le reste comme prévu dans le prochain numéro de Rock & Folk.Manu Wino et Julien Mecchi, « par respect pour les victimes », ont, chacun, décidé de distribuer gratuitement les photos du concert sur leur compte Facebook, en demandant qu’il n’en soit pas fait un usage commercial. « Peace, Love & Death Metal », a ajouté Manu Wino sur sa page, en écho au titre du premier album du groupe californien. Dans les images qu’il a prises, on voit nettement des spectateurs sur le côté de la scène. « Au début, je ne voulais rien en faire, a-t-il déclaré à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles. Mon sac est resté fermé. Et, petit à petit, on sort du choc, et, en discutant avec des amis, je me suis dit qu’il fallait envoyer des ondes positives. J’ai eu envie qu’on se souvienne des sourires, du rock’n’roll et qu’on était tous là pour faire la fête. »Mais ces clichés de spectateurs qui s’amusent avant la tuerie posent un problème de conscience à quelques photographes. Ils savent que nombre de personnes à l’image sont mortes, et que certaines familles n’ont pas encore identifié leurs proches. « Deux photographes m’ont demandé de retirer les images où on voit le public, parce qu’ils pensent que c’est plus respectueux », explique Bertrand Alary.Sur ce sujet, un photographe, qui préfère taire son nom, confie être « en pleine réflexion ». « Pour l’instant, j’ai encore du mal à regarder mes images. Je ne sais pas si les gens seront choqués de revoir leur famille, ou contents de les voir vivants et souriants après toutes ces photos d’horreur. » L’un d’entre eux semble avoir tranché, en publiant, en double page dans le magazine Paris Match paru lundi 16 novembre, sans donner son nom, une photo cadrée uniquement sur les spectateurs du concert : une image d’insouciance, à la fois joyeuse et terrible.Malgré le choc et les crises d’angoisse, les photographes ne semblent pas découragés de photographier des concerts, y compris au Bataclan. « Parfois, il faut juste faire son job », écrit Julien Mecchi sur Facebook. Et, par mail, Marion Ruszniewski indique : « Je prendrai des photos dès que j’en serai capable. »Lire aussi :Le gouvernement ordonne à Twitter de bloquer la diffusion des photos du carnage dans le BataclanClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard « On pensait avoir touché le fond, mais non… », se désole Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, jointe samedi 14 novembre par Le Monde. Elle était à son domicile, vendredi soir lors des attaques. Elle raconte son sentiment d’effroi au cours d’une soirée et d’une nuit passées sans dormir et à échanger avec des amis, mais avec « une réaction de rejet total, de fuite, presque un refus d’en entendre parler. »Samedi après-midi, l’équipe de Charlie Hebdo était sous le choc après ces attaques qui rappellent tant celles qui ont décimé le journal puis ciblé des policiers et des juifs en janvier. Contactés, plusieurs membres de la rédaction souhaitaient peu s’exprimer. Mais certains avaient déjà en tête le prochain numéro du journal, en théorie attendu pour mercredi 18 novembre, et qui doit désormais être totalement revu.Mesures de sécuritéVendredi soir, plusieurs membres de l’équipe, sous protection policière, dont son directeur, Riss, ont été mis en sécurité rapidement. Samedi, il leur a été déconseillé de s’approcher des nouveaux locaux que la rédaction occupe depuis plusieurs semaines dans le sud de Paris, après avoir quitté ceux où a eu lieu la tuerie de janvier puis avoir été hébergés au siège de Libération.Des membres de la rédaction ont toutefois élaboré un communiqué, assez succinct, paru samedi après-midi :« Toute l’équipe de “Charlie Hebdo” fait part de son effroi et de sa révolte après les attentats qui se sont déroulés vendredi 13 novembre à Paris. “Charlie Hebdo” s’associe à la douleur des victimes et leur adresse son soutien total ainsi qu’à leur famille. Le journal condamne une fois de plus cette violence terroriste au service de l’idéologie totalitaire islamiste qui n’a d’autre but que de détruire les valeurs de la démocratie et de la République. »Rattrapés par l’horreurVendredi soir, au moment des attentats, les membres de l’équipe se sont sentis rattrapés par l’horreur. Patrick Pelloux, médecin urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo, s’est rendu au Samu de Paris. Il y a endossé son rôle de médecin, plutôt que de confier son sentiment de membre de la rédaction de Charlie, qu’il a récemment annoncé vouloir quitter. Il a parlé de « carnage de guerre », de massacre, en particulier pour les victimes du Bataclan. « Ils ont utilisé des petites balles de 16,5 mm, avec une forte vélocité. C’est facile à tirer, et ils ont fait comme au ball-trap », a décrit M. Pelloux à une journaliste du Monde.Lire aussi :Patrick Pelloux annonce son départ de « Charlie Hebdo »D’autres membres de l’équipe étaient à la fête donnée dans les locaux de Libération avant son prochain déménagement, dont le rédacteur en chef, Gérard Biard. Bloqués dans cet immeuble voisin du Bataclan comme les autres — nombreux — journalistes invités, ils ont regardé les événements à la télévision sur place avant d’être mis en sécurité. M. Biard se concentrait samedi sur le prochain numéro du journal.Sigolène Vinson, elle, était chez elle en train de lire un livre quand elle a appris le drame. « C’est très dur… », raconte la chroniqueuse judiciaire du journal, qui par une coïncidence tragique s’est retrouvée à « trembler » ce vendredi parce qu’elle avait un ami parmi les spectateurs du Bataclan, qui a été touché par balle. Elle a passé une partie de la nuit à essayer de le localiser, après avoir échangé des SMS avec des membres de l’équipe de Charlie.Lire aussi :« C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts »Pression médiatique redoubléeCes dernières semaines, les membres de l’équipe de Charlie Hebdo voyaient se profiler les commémorations des attentats du 7 au 9 janvier. Avec une pression médiatique redoublée, comme en témoigne la publication des livres de Denis Robert, journaliste, et de Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo, symbole des tensions persistantes autour de l’héritage du journal. Les demandes venues des médias du monde entier ou les reportages prévus pour janvier se voient aujourd’hui percutés par la nouvelle actualité tragique des attentats de novembre, songe un journaliste, choqué.« Maintenant, il va falloir revoir des choses dans notre façon d’appréhender le terrorisme », pense aussi Zineb El Rhazoui, franco-marocaine et tenante d’une ligne d’opposition ferme à l’islamisme. « Il va falloir interpeller ceux qui ont dit “oui, mais…” après les attentats de janvier, ajoute la journaliste, actuellement en arrêt maladie. Il faut attaquer toute la chaîne de production idéologique du terrorisme, pas que les terroristes avec une réponse sécuritaire. »Dans la nuit de vendredi à samedi, certains des dessinateurs de l’équipe de Charlie Hebdo se sont mis à faire des croquis, paradoxalement inspirés par les horribles événements de la veille, relate un membre de l’équipe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Dix mois après les attentats de janvier, les grands médias français, tous établis à Paris, ont de nouveau connu une mobilisation totale, vendredi 13 novembre dans la soirée et samedi. Mais alors que le traitement médiatique des attaques menées par les frères Kouachi et par Amedy Coulibaly avait donné lieu à de vives polémiques, suivies de sanctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), cette fois la couverture n’a jusqu’ici pas soulevé de questions.« Nous n’avons pas été confrontés à des situations aussi compliquées qu’en janvier : soit c’était fini quand on est arrivé sur les lieux, soit c’était en cours, au Bataclan, mais on était placés loin », explique ainsi Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Cette fois, pas de dilemme sur le fait de diffuser en direct ou non les images de l’assaut, à la différence des dénouements de Dammartin-en-Goêle (Seine-et-Marne) ou de la porte de Vincennes, qui s’étaient déroulés sous l’œil des caméras. « Tout est allé beaucoup plus vite », résume M. Béroud.« Nous n’avions pas d’équipe en capacité de filmer l’assaut sur le Bataclan, renchérit Catherine Nayl, directrice générale adjointe à l’information du groupe TF1. Mais si nous en avions eu une, nous ne l’aurions pas diffusé. » Par prudence, BFM-TV et i-Télé ont cessé de diffuser les images du Bataclan en direct vers 0 h 30 samedi, au moment de l’assaut. Cette démarche répond aux recommandations formulées par le CSA au lendemain des attentats de janvier.En revanche, vendredi soir, aucune consigne n’a été donnée aux médias par le ministère ou par le CSA. « Nous n’avons reçu aucun message de la part des autorités, il n’y a pas eu d’échanges hors ceux que nous entretenons avec nos sources policières dans le cadre de notre suivi », atteste Laurent Guimier, directeur de France Info.Le CSA s’est exprimé samedi vers 15 heures, dans un communiqué, pour « attirer très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours dans les circonstances tragiques que vit notre pays ».Suivez notre live sur la situation à ParisPrudence redoubléeAu-delà du cas précis des images d’assaut, l’impression générale était celle d’une prudence plus forte qu’en janvier, notamment dans la communication des bilans.« On a presque eu un excès de prudence sur certaines informations : notamment le bilan très lourd de victimes tuées, pourtant recoupé par des sources médicales et policières, juge M. Béroud. Soixante morts, quatre-vingt morts… On avait envie que cela ne soit pas vrai et peur que cela puisse être faux. Mais c’est allé vite et ça s’est malheureusement révélé en-deçà de la vérité. »Malgré cette sidération, les médias ont semblé mieux maîtriser la situation. « Après les événements de janvier, on a revu notre fonctionnement de façon à être plus cohérents quant aux informations données entre nos différents supports (Web, antenne…) », rappelle M. Guimier. « Les équipes ont des réflexes qui tiennent compte de ce qu’on n’a fait ou pas fait au moment de Charlie, constate Catherine Nayl. Cela concerne par exemple les correspondances sur les réseaux sociaux pendant les prises d’otages. » « On est plus rapidement passés dans l’explication, dès samedi matin. En janvier, il y avait eu des jours de traque », abonde Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions, qui a également hésité un peu avant de donner les bilans impressionnants de morts.France Télévisions, qui n’a pas encore de chaîne d’information en continu, n’a pas décroché en direct tout de suite : France 2 a continué sur l’émission « Ce soir ou jamais » jusqu’à minuit et l’intervention de François Hollande, puis a rendu l’antenne à 2 heures. Auparavant, France 3 avait assuré le suivi des événements de 22 h 45 à minuit. Samedi, France 2 a repris l’antenne, jusqu’à midi, et France 3 a fait un décrochage avec des images de ses rédactions dans toute la France. Le « 13 heures » de France 2 est lui prolongé jusqu’à 14 h 30. De son côté, TF1 a assuré un long direct, vendredi soir après le match de football France-Allemagne, puis samedi matin.Lire aussi :Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Entre victimes et témoinsReste que dans toutes les rédactions, le travail se fait sous tension. « L’ambiance est lourde, décrit M. Béroud. Les journalistes sont parfois comme des médecins, à avoir une pointe d’humour pour déstresser, mais pas là… »« Les gens dans la rédaction sont très touchés, raconte M. Golomer. Beaucoup sont revenus au siège de France Télévisions, vendredi soir, et étaient émus. Aucune population spécifique ne semblait visée dans les attentats. Cela pèse. Tous nos journalistes ont été contactés par leur famille pour savoir comment ça allait. On sent que les gens avaient envie de se retrouver ensemble, comme un refuge aussi. »« L’épicentre des attaques est un quartier où nombre de journalistes résident ou ont leurs habitudes, observe Laurent Guimier. Plusieurs membres de l’équipe étaient présents sur place, ont témoigné avant de rejoindre la rédaction. » Une situation vécue dans la plupart des rédactions, dont des membres ont assisté de près aux attaques, oscillant entre une position de victime et de témoin.« Les équipes sont touchées, constate M. Golomer. Tout le monde connaît quelqu’un qui était vers la rue de Charonne et les lieux des attentats. Les prochains jours vont être difficiles. »Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attaques à Paris : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Delye Douze documentaires inédits à l’antenne pour six jours de festival, ce n’est déjà pas si mal. Pour sa deuxième édition (du 15 au 20 novembre), le Festival du documentaire d’Arte entend mettre en avant l’ouverture sur le monde et l’éclectisme, autant en termes de regards que de formats, des films coproduits par la chaîne, dont plusieurs ont été primés lors des grands festivals internationaux.Parmi ces films documentaires dits « d’auteur », et malgré le caractère événementiel du festival, seuls deux auront les honneurs du prime time : Hitchcock/Truffaut, de Kent Jones et Serge Toubiana (2015, lundi 16 à 20 h 55); et La Maison de la radio (2012 ; mardi 17 à 20 h 55), pour lequel Nicolas Philibert s’immerge dans les coulisses du média radio afin de formuler une réflexion sur le son et l’écoute.« Sessions de rattrapage »Les dix autres documentaires de ce festival – dont le très marquant Austerlitz (2013 ; mardi 17 à 22 h 35), de Stan Neumann ; Les Yeux du silence (2014 ; jeudi 19 à 22 h 25), de Joshua Oppenheimer, ou encore, le captivant Killing Time – Entre deux fronts (2015 ; mercredi 18 à 22 h 25), de Lydie Wisshaupt-Claudel – sont tous relégués en deuxième, voire troisième partie de soirée.Martine Saada promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetéspar la chaîneUn regret récurrent auquel Martine Saada, directrice de l’unité société et culture d’Arte France, répond de façon pragmatique. « Le passage du prime vers la troisième partie de soirée des documentaires d’auteur de la case “Grand Format”a eu lieu bien avant les changements au sein des directions chez Arte », dit-elle, consciente de la nostalgie qui règne autour de l’époque, sans doute idéalisée, où Thierry Garrel dirigeait l’unité documentaires d’Arte. « Ce n’est pas une révolution de palais qui viendrait de nouvelles directions, c’est une évolution due au fait que ces films nécessitent une attention et une intention du téléspectateur. La consommation en matière de télévision a changé. On est beaucoup moins tributaires des grilles et des horaires. On se fabrique de plus en plus une grille soi-même grâce aux sessions de rattrapage. Et puis il ne faut pas se voiler la face, la télévision est aussi un média de divertissement, et il faut pouvoir offrir des choses différentes aux gens », poursuit la directrice.« Se repositionner dans un axe » Dans un contexte marqué par l’inquiétude des producteurs et des auteurs quant à la pérennité de l’engagement des diffuseurs, notamment d’Arte, auprès du documentaire d’auteur, Martine Saada tente de rasséréner : « La crainte n’est pas le meilleur des moteurs… La vigilance, oui. La crainte, non. » Ainsi répond-t-elle à la « lettre ouverte » publiée dans Le Monde (5 novembre) dans laquelle de nombreux réalisateurs exprimaient leurs craintes après le départ de Luciano Rigolini, pilier du cinéma documentaire à Arte et responsable de la case « La Lucarne » depuis sa création.Si elle admet qu’il sera difficile de remplacer cet homme de grande culture, au goût sûr et au tempérament vif, la directrice des documentaires société et culture d’Arte promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetés par la chaîne. Mais elle affirme aussi sa volonté d’aller de l’avant. « Il faudra de la patience, laisser du temps au nouveau venu. Mais je ne peux pas croire qu’il n’y a pas de nouveaux talents pour prendre la suite de Luciano Rigolini. Toute ma vie, je n’ai fait que des choses pour essayer d’installer de nouveaux talents, quels qu’ils soient », dit encore l’ancienne directrice du pôle littérature générale et documents du Seuil, mais aussi ancienne productrice de documentaires aux Films d’ici. « Je suis plutôt dans l’idée qu’il faut conforter les choses que dans une phase de chantier. Les événements de janvier nous ont tous bousculés dans nos certitudes. C’est quand vous tanguez qu’il faut rechercher du sens, pour se réancrer. Or, le moment où l’on recherche du sens n’est pas toujours celui où l’on est le plus créatif… C’est le moment où l’on se repositionne dans un axe, et il faut en passer par là », explique-t-elle avec franchise.« Eviter tout formatage »« Et n’oubliez pas qu’on ne commande pas ! Je lis ce que je reçois », dit-elle encore, anticipant une autre attaque récurrente selon laquelle on assisterait à une forme de nivellement vers le bas dans l’exigence et l’originalité des documentaires diffusés sur la chaîne franco-allemande. Pour Martine Saada, « c’est par la diversité des producteurs et des auteurs qu’on évitera tout formatage. Parce qu’il y aura toujours quelqu’un d’assez fou dans une chaîne pour croire à un projet, même risqué, l’accompagner, le porter. Et j’espère être cette personne ». Une manière pour elle de responsabiliser et renvoyer certaines questions dans le camp des producteurs et des auteurs.Mais ces relations, souvent houleuses, entre Arte et les producteurs et réalisateurs avec lesquels elle travaille, sont aussi le signe de la vigueur du secteur cinéma documentaire, qui s’exprime, qui reste vigilant sur les évolutions qu’on tente de lui imposer, et qui, en râlant contre Arte, lui dit aussi son attachement. Car rappelons-le, aucune autre chaîne ne porte aussi haut le documentaire d’auteur, malgré tout.Hélène DelyeJournaliste au Monde Charlotte Bozonnet Depuis deux ans, ce site inspiré du « Gorafi » parodie l’actualité et rencontre un beau succès populaire dans un pays où la liberté d’expression reste très encadrée. Lesquelles choisir ? Il y a eu l’histoire de ce mari déçu qui décida de porter plainte contre sa femme après l’avoir découverte sans maquillage au lendemain de leur nuit de noces. Ou encore cette déclaration de l’émir du Qatar justifiant son refus d’accueillir des réfugiés syriens : « Nous avons assez d’esclaves comme ça ! » Des nouvelles qui ne sont pas passées inaperçues et ont été reprises par les médias à travers le monde. « Une sorte de consécration pour un site comme le nôtre », reconnaît Nazim Baya, qui s’en amuse encore. A 31 ans, ce jeune pharmacien algérois est le fondateur du site parodique El Manchar.Inspiré du Gorafi français, le site Web publie de fausses nouvelles, souvent hilarantes, sur l’actualité internationale et algérienne. Avec sa liberté de ton et son ironie mordante, il s’est assuré un beau succès populaire. Son slogan : « Avec des scies, on refait le monde. »Au départ, quelques blagues sur FacebookL’aventure a commencé il y a deux ans par une page Facebook sur laquelle Nazim Baya postait de simples blagues. Peu à peu, l’envie lui vient de monter un journal satirique. Il lance un appel à contributions pour trouver des caricaturistes. Sans succès. Il décide alors de s’en tenir à des textes et reprend le nom d’un titre qui avait existé dans les années 1990 : El Manchar, un mot qui signifie à la fois « scie » et « médisance ».« En Algérie, on aime beaucoup la satire, l’humour, mais il y a un vide dans ce domaine, c’est pour ça que le site a autant de succès », estime Nazim Baya. En moyenne, le site enregistre 20 000 à 30 000 visites par jour, et jusqu’à 100 000 certains jours de buzz exceptionnel. L’équipe compte sept rédacteurs : trois en Algérie, deux au Canada et deux en France, tous algériens, avec une moyenne d’âge de 25 ans. Certains sont des amis, d’autres des connaissances virtuellesLe site est volontiers grinçant sur l’actualité internationale. Après le drame du pèlerinage à La Mecque, un article moque ainsi le mépris des autorités saoudiennes en mettant en scène le roi d’Arabie saoudite qui explique : « Pour des Africains, mourir loin d’Ebola et le ventre plein est une bénédiction. » S’agissant de l’Algérie, une prétendue étude mondiale sur le sommeil révèle que le pays « est le seul au monde où les cauchemars commencent au réveil »…“On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches.” Nazim Baya, fondateur de El MancharSur ses motivations, Nazim Baya reste discret. Pas de grand discours sur la liberté d’expression pour ce jeune développeur Web. « Oui, j’ai des choses à dire, comme tout citoyen. Notre message, c’est qu’à travers l’humour on donne une certaine vision du monde et on a plus de chance d’être entendu. » Une ligne éditoriale ? « Un fil conducteur, répond Nazim Baya. On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches. » Les auteurs n’épargnent pas les politiques algériens ni le système. Sans surprise, le président Bouteflika, très affaibli depuis son AVC de 2013, est une cible privilégiée. Ainsi cette photo du chef de l’Etat, assis dans un fauteuil roulant, le visage figé, les yeux écarquillés, sous le titre : « Abdelaziz Bouteflika sacré champion du monde du jeu 1-2-3 soleil. » Là où le canular devient vraiment savoureux, c’est lorsqu’il est repris par des médias dits « sérieux ». La première fois, se souvient Nazim Baya, c’était à propos de l’ANSEJ, l’organisme algérien qui octroie des microcrédits aux jeunes pour monter leur projet (et s’offrir du même coup une certaine paix sociale). El Manchar publie un article expliquant que l’ANSEJ va désormais financer ceux qui veulent se marier. Plusieurs chaînes de télévision reprennent l’information. Dans un pays où le mariage est un investissement très lourd, le buzz est garanti.Pas touche à la religionEn mai, alors qu’une étudiante algérienne a été empêchée de rentrer à l’université par un vigile au prétexte que sa jupe était trop courte, le site titre : « L’Algérie interdit le port de la minijupe. » La fausse information se répandra comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Une seule ligne rouge : la religion. « On ne peut pas en rire, c’est sacré. Je n’ai pas envie de heurter les gens et ça ne fait pas avancer le débat », explique le fondateur du site, précisant qu’ils ne se privent pas d’attaquer les religieux. Dans un pays où la liberté d’expression est étroitement encadrée, El Manchar n’a jamais été inquiété pour son impertinence. « Nous n’avons jamais eu de souci, confirme Nazim Baya. Ils n’ont peut-être pas pris conscience de l’ampleur du phénomène. » Cumulées, les visites se chiffrent à 700 000 par mois. Le jeune pharmacien n’a pas vraiment de projet d’agrandissement. « On est des amuseurs », dit-il. Utiles pour l’Algérie ? « Il me semble que oui. Le rire c’est important dans une société. Salutaire. »Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.11.2015 à 11h26 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h09 | Alexis Delcambre « Soutenez Mediapart ! » Depuis jeudi 5 novembre, ce message est affiché sur les pages du site d’information dirigé par Edwy Plenel, contraint d’en appeler à la générosité de ses lecteurs pour acquitter une ardoise fiscale de 4,1 millions d’euros. Une démarche parallèle dont le site Arrêt sur images (ASI) est à l’origine, qui doit 540 000 euros à l’administration fiscale.L’origine de cette situation remonte à la création de ces médias, en 2008. « Pure players » distribués uniquement sur Internet, sans version papier, ceux-ci sont alors, selon la lettre de la loi, soumis à un taux de TVA de 19,6 %. En regard, les médias imprimés bénéficient d’un taux « super réduit » de 2,1 %.Ces médias en ligne engagent alors un combat pour obtenir un alignement de leur taux sur celui de leurs homologues de la presse papier. Cette démarche s’incarne notamment dans la création du Spiil (Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne), un groupement qui rassemble aujourd’hui près de 150 membres. En 2011, celui-ci avait explicitement encouragé ses membres à appliquer d’eux-mêmes le taux de 2,1 %, afin de faire pression sur les pouvoirs publics.Ses membres mettent notamment en avant la notion de « neutralité » du support : la loi serait injuste en taxant davantage les supports en ligne que les supports papier, alors que les deux ont une activité identique, qui est de diffuser de l’information.« Une affaire de principe »Cette argumentation a fini par porter puisque le Parlement français a modifié la loi en ce sens, en février 2014. Depuis cette date, les sites comme Mediapart bénéficient eux aussi du taux « super réduit ». Une décision politique qui a pour le moment motivé l’ouverture d’une procédure contre la France à Bruxelles, même si le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, s’est montré favorable à une évolution de la directive concernée.Mais cette modification du cadre légal ne solde pas les comptes de la période 2008-2014. Aux yeux de l’administration fiscale, les sites qui ont appliqué le taux « super réduit » sans en avoir le droit sont redressables. C’est pourquoi Mediapart et ASI, ou encore le groupe Indigo Publications, se sont vu notifier des arriérés, pénalités et majorations.« Nous devons plusieurs centaines de milliers d’euros, et les services de Bercy en font une affaire de principe », avait estimé Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, en 2013. De son côté, M. Plenel a ciblé la « haute administration du ministère des finances », désireuse selon lui de se venger d’un média qui a poussé à la démission de l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac.« Dans l’obligation de payer »Mediapart, qui compte plus de 110 000 abonnés, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros pour un bénéfice d’un million. « Mediapart va saisir la justice administrative, a annoncé Edwy Plenel. Mais ce recours n’étant pas suspensif, nous sommes dans l’obligation de payer. » Mardi 10 novembre, le site annonçait avoir collecté 330 000 euros. Il dispose toutefois de la trésorerie nécessaire au paiement de la somme réclamée par le fisc.De son côté, Arrêt sur images, avec 26 000 abonnés, a dégagé 5 500 euros de bénéfice annuel pour un chiffre d’affaires de 900 000 euros en 2014. Sur la plate-forme Ulule, ASI avait collecté, mardi soir, près de 170 000 euros.Lire aussi :Le droit à l’information se superpose à l’affaire BettencourtAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.11.2015 à 09h27 • Mis à jour le10.11.2015 à 13h55 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est un changement d’âge pour Melty », estime Alexandre Malsch, le fondateur de Melty. Spécialisé dans la « youth culture » - la « culture jeune » - sur Internet, le groupe a annoncé, mardi 10 novembre, une levée de fonds de 10,5 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, Melty, « économe en cash » selon M. Malsch, n’avait levé que 5,5 millions d’euros.L’augmentation de capital est réalisée auprès du fonds d’investissement de Marc Simoncini, du groupe AccorHotels et des actionnaires historiques de Melty, le fonds Serena et Bouygues Telecom Initiatives. Cette levée de fonds voit également l’entrée au capital de Patricia Barbizet, directrice générale d’Artémis et vice-présidente du conseil d’administration de Kering. Ses sept fondateurs conservent le contrôle au conseil d’administration.Cette annonce témoigne une nouvelle fois de la capacité des dirigeants de Melty, dont Alexandre Malsch, son fondateur, à attirer tant des figures de la « nouvelle économie » que des personnalités du milieu des affaires issues de secteurs plus traditionnels, désireux de bénéficier de l’expertise développée par Melty.Le divertissement et la culture« Nous avons une clientèle dans nos hôtels traditionnels, autour de 40 à 60 ans, qui vieillit et est très fidèle, explique Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels. Alexandre Malsch et Melty savent produire des contenus ciblés pour les jeunes, qui sont la clientèle de demain et aussi la catégorie la plus versatile et la plus influente. » Le groupe sera représenté au conseil d’administration de Melty, qui revendique 61 % de son audience sur mobile. M. Bazin assume d’investir au capital de l’entreprise de média, pour se positionner « au sein d’une machine » présente dans plusieurs domaines, pas seulement le voyage.Le groupe Melty a connu plusieurs phases : il a d’abord construit des médias en ligne, progressivement structurés par thématiques (séries, cinéma, musique, mode…). Puis en 2012, il s’est installé dans différents pays (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni…), tout en se diversifiant, dans la vidéo ou les spectacles. En juin dernier, il s’est recentré sur les sujets divertissement et culture (excluant ceux sur lesquels il estimait ne pas avoir de valeur ajoutée, comme l’actualité sportive ou la politique). Une manière d’insister sur la « qualité » de l’audience plus que sur sa croissance erratique.La levée de fonds doit permettre d’améliorer la monétisation des diversifications, ainsi que celle des implantations internationales. Melty se dit actuellement bénéficiaire sur son activité française, mais déficitaire au global. Elle avait été dans le vert, en 2010 et 2011, avant l’internationalisation. Melty revendique 105 employés et réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. A 100 %, ils proviennent de la publicité, dont 61 % de contenus produits avec des marques.Lire aussi :Melty se diversifie dans les événements sportifsMelty met en avant des « real-time social séries » comme SnapTrip, dans laquelle quatre adolescents racontent sur le réseau social Snapchat leur week-end dans une ville d’Europe, sponsorisé par les hôtels Ibis (groupe Accor). Ou « The Selfie Race », produite pour Sony. Mais il s’est diversifié dans les événements tels que la melty BasketBall Ligue Universitaire, rachetée en partenariat avec la fédération française et sponsorisée par les Caisses d’Epargne. Le « melty eSport Club » fait lui concourir une équipe maison, soutenue par l’annonceur-actionnaire Bouygues Telecom, dans des compétitions de jeux vidéo comme League of Legend. Melty s’enorgueillit aussi de sa melty Talents House, dont elle tire notamment un spectacle de comiques.Mieux exploiter l’internationalAlexandre Malsch réfute le terme « publirédactionnel », parfois utilisé pour qualifier les formes récentes de publicité « brand content » et « native advertising ». Ces contenus ne parlent pas des produits des annonceurs, explique-t’il. Et d’ajouter : « Nos contenus de native advertising sont faits par les équipes de Melty car on veut que ce soit de vrais contenus Melty, intéressants ». Dans les rédactions de médias d’information générale, le « brand content » est généralement réalisé par des équipes à part, pour garder une séparation entre éditorial et commercial.M. Malsch cite, lui, en exemple l’intérêt suscité par la plateforme « happiness gaming zone », dédiée au jeu vidéo et financée par Coca-Cola. Une forme de publicité « moins intrusive », argumente-t-il.Concrètement, Melty va utiliser l’argent levé pour embaucher des commerciaux dans les structures internes créées pour s’occuper de la production audiovisuelle, des spectacles, etc. Ils épauleront les 10 personnes de la régie publicitaire, désormais dirigées par une transfuge des Echos, Sophie Antoine.En parallèle, le groupe espère mieux vendre le gros tiers de son audience généré hors de France. Jusqu’ici, ses sites internationaux ont peu fait de diversification. Ils prendront désormais modèle sur Melty France. Et, pour remplacer les régies locales externes qui commercialisaient les supports, des commerciaux seront embauchés.« Nous allons rester pragmatiques. Notre devise, c’est petit à petit, l’oiseau fait son nid », assure M. Malsch, 30 ans.Lire aussi : Alexandre Malsch, prodige numériqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 22h39 • Mis à jour le10.11.2015 à 11h53   « Pour France Télévisions, le problème reste entier. » L’entreprise publique n’adoucit pas sa réaction après la finalisation, lundi 9 novembre, du rachat par TF1 à 70 % de Newen, la société qui produit plusieurs programmes pour France Télévisions, dont « Plus belle la vie ». « La question de la protection des investissements publics n’est pas résolue, réagit l’entourage de la présidente, Delphine Ernotte. Cela pose le problème de la pérennité de notre relation avec Newen. » Les arguments de Nonce Paolini et Fabrice Larue, les PDG de TF1 et Newen, ne semblent pas infléchir France Télévisions. « Cette opération n’est pas un acte agressif à l’égard de qui que ce soit », assure M. Paolini dans Le Figaro, mardi. « Notre souhait est que Newen continue d’apporter des programmes et des projets de qualité à France Télévisions. » M. Larue, « désolé des précédents problèmes de communication avec Delphine Ernotte », a appelé lundi soir la présidente de France Télévisions, avec M. Paolini, afin d’éviter qu’elle apprenne l’accord dans la presse, comme c’était le cas pour l’entrée en négociations exclusives le 29 octobre.Lire aussi :Tractations autour du rachat du producteur Newen par TF1Las ! Une source à France Télévisions estime que la finalisation du rachat « du principal fournisseur de l’entreprise par son principal concurrent », loin de pousser Mme Ernotte à lâcher du lest, va durcir encore sa position. « Il faut envisager de vider tous les contrats avec Newen, y compris “Plus belle la vie”, estime cette source. France Télévisions n’a pas de droits sur ces programmes, et TF1 comme Newen ne veulent pas en lâcher. C’est dur de se séparer de programmes qui marchent, mais c’est difficilement envisageable en interne de faire produire une série importante par une société possédée par TF1. »Position de négociationLe contrat de la célèbre série marseillaise de France 3 doit être renégocié en 2016. Jeudi, sur France Inter, le secrétaire général de France Télévisions, Christian Vion, envisageait de l’arrêter si Newen n’offrait pas de garanties nouvelles. Il anticipait aussi un probable arrêt à l’été 2016 des « Maternelles », dont l’audience recule. Le débat concerne également « Faites entrer l’accusé » ou « Le Journal de la santé », produits par Newen.La menace à peine voilée de l’arrêt des collaborations entre France Télévisions et Newen pourrait toutefois être interprétée comme une position de négociation, destinée à obtenir des concessions de la part du producteur. L’entreprise peut garder « Plus belle la vie » si elle le souhaite – en vertu d’une clause de tacite reconduction – mais elle a assuré vouloir obtenir des droits sur les œuvres, qui appartiennent aujourd’hui à Newen.« J’ai proposé à Mme Ernotte que dès ce mardi, nos équipes cherchent un accord de partenariat pour assurer la présence des programmes sur France Télévisions de manière pérenne », assure au Monde Fabrice Larue, qui gardera 30 % de Newen. Mais ce dernier semble toujours exclure de partager les droits, en cas de revente ou d’utilisation sur le numérique. « Un décret vient d’autoriser les chaînes à détenir des parts de coproduction sur les programmes qu’elles financent à plus de 70 %, mais cela n’est pas prévu sur les programmes passés », explique-t-il.On ne peut donc exclure que Delphine Ernotte souhaite réellement se désengager progressivement de sa collaboration avec Newen, qui réalise près des trois quarts de son activité avec France Télévisions.Vision historiqueLe facteur interne est important. La CGT, premier syndicat de l’entreprise publique, avait publié un communiqué jugeant « scandaleux que TF1 produise les programmes de France Télévisions et que France Télévisions ne puisse produire ses programmes ». Une référence à l’interdiction pour l’entreprise publique de produire plus de 5 % de ses fictions et documentaires en interne, une règle que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, veut faire évoluer.La vivacité de la riposte de Mme Ernotte montre que la vision historique des acteurs de l’audiovisuel reste présente en France : les rivalités entre grandes chaînes, entre public et privé, entre producteurs et diffuseurs, etc. Autant de distinctions que certains aimeraient voir s’estomper. « Aujourd’hui, les grands groupes audiovisuels européens comme ITV ou RTL sont organisés autour des métiers de la production et de la diffusion, et tout le monde a l’habitude de travailler comme cela. Quand FremantleMedia, la filiale de RTL Group, vient nous proposer un programme, il n’a pas demandé l’autorisation à M6 [filiale de RTL Group] », dit M. Paolini. L’accord de rachat de Newen prévoit des clauses pour préserver « sa liberté éditoriale et son indépendance commerciale » et « garantir le secret des affaires ». On cite aussi en exemple l’investissement de Vivendi dans le producteur Banijay-Zodiak. Ou encore les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pays où des sociétés rachetées par des chaînes produiraient facilement pour des concurrents. A l’image de Talpa, acquise par la chaîne ITV qui vient tout de même de récupérer aux enchères, pour ses antennes, les droits de l’émission « The Voice », l’émission phare de ce producteur… et qui était diffusée depuis cinq saisons par la BBC, chaîne de service public.Lire aussi :Newen : comment France Télévisions peut riposter ? Alexis Delcambre « On a tout entendu ces dernières semaines au sujet d’Altice… » Michel Combes, le président de SFR-Numericable, n’a pas caché l’un des objectifs de la conférence de presse spectaculaire organisée par l’opérateur téléphonique lundi 9 novembre : couper court aux différents « bad buzz » qui circulent quant au groupe façonné par Patrick Drahi.Dans une longue prise de parole, l’ancien patron d’Alcatel-Lucent, qui a rejoint l’empire Drahi en septembre, s’est attaché à convaincre qu’Altice suivait une stratégie claire, malgré l’impression d’emballement qu’a donnée sa succession d’acquisitions menées en un peu plus d’un an (SFR, Portugal Telecom, Suddenlink, NextRadioTV, Cablevision…)Cet ensemble forme « un puzzle dont les morceaux se mettent progressivement en place », a défendu le directeur général d’Altice, Dexter Goei. Celui-ci a rappelé le postulat fait par le groupe d’une « double convergence » (du fixe et du mobile d’un côté, des médias et des télécoms de l’autre) pour justifier sa démarche d’investissement, qualifiée d’« éminemment rationnelle ».Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médias40 millions de clients« On nous voit souvent comme des financiers alors que nous sommes avant tout une équipe d’ingénieurs », a poursuivi Michel Combes, mettant l’accent sur la dimension « industrielle » d’Altice. Une réponse aux observateurs qui doutent de la cohérence de l’ensemble et de la capacité du groupe à réaliser d’importantes synergies ou à investir dans son développement.Rappelant qu’Altice compte désormais plus de 40 millions de clients grand public, le président de SFR – qui va abandonner la marque Numericable – a expliqué que le groupe était « en train de s’industrialiser », avec par exemple la mise en place d’une structure unique pour les achats. Au passage, il a rappelé que le ratio d’endettement du groupe (4,5 fois l’Ebitda) était, aux yeux de son management, « classique et raisonnable ».Pour montrer qu’Altice invente, M. Combes a annoncé la création des « Altice labs », qui doivent permettre aux équipes de recherche et développement de ses différentes entités d’échanger. Leur objectif sera de « reprendre le leadership sur l’expérience client » – une façon de reconnaître un certain recul en la matière.Reprise des investissements dans le réseauOutre sa stratégie, Altice a également été mis en cause pour la qualité de son réseau. « Nous allons accélérer nos investissements dès ce trimestre », a promis Michel Combes, évoquant notamment un effort dans la couverture des grandes villes en 4G. « Nous sommes l’opérateur de la fibre en France », s’est-il emporté, accusant ses concurrents de faire de la communication.Lire aussi :Numericable-SFR accusé de vendre de la fibre qui n’en est pasAutre annonce : le lancement d’un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) baptisé Zive, dès le 17 novembre. Ce service donnera accès à 5 000 films ou séries – 15 000 d’ici à la fin 2016. Il s’appuie sur des accords avec Disney, Pixar, ABC Studios, Warner Bros, Europa, Miramax, Sony Pictures Télévision ou encore France Télévisions.Ce service sera proposé à tous les clients SFR au tarif de 9,99 euros par mois et offert à ceux qui disposent déjà des offres Premium. En complément, l’opérateur met sur le marché une nouvelle box, également baptisée Zive, qui offrira notamment une fonction « Restart » (pour reprendre un programme au début). Sur un positionnement haut de gamme et « résolument tourné vers la famille, avec des programmes ludo-éducatifs », selon M. Combes.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ils sont les vedettes de la génération 2000, comptent jusqu’à 8 millions d’abonnés à leurs chaînes YouTube, et 120 d’entre eux ont rempli à eux seuls le pavillon 1 du Parc des expositions de Paris les 7 et 8 novembre pour Video City, le premier festival parisien dédié aux fameux youtubeurs.Lire aussi :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisMais dans le joli petit monde tout rose des vidéos en ligne, il y a des questions à ne pas poser. Celle de leur rémunération, notamment, comme l’a appris France Info à ses dépens. « Parce qu’on a osé demander en interview à une jeune youtubeuse si elle était payée, son attaché de presse, furieux, a annulé tous les autres entretiens prévus et a convaincu l’agent des poids lourds Norman, Cyprien et Squeezie de faire de même », raconte la journaliste Sandrine Etoa-Andegue dans un article sur le « business des youtubeurs ».L’argent, une question taboueObtenir des réponses est en effet difficile. Ni EnjoyPhoenix, la youtubeuse la plus célèbre de France, ni l’agent de Jhon Rachid, l’une des étoiles montantes de la plateforme, ni Ubisoft, l’un des principaux annonceurs, ni la plupart des agences impliquées dans le secteur n’ont donné suite à nos sollicitations. Et les rares à avoir répondu ont tous demandé l’anonymat.C’est peu dire que la question de la rémunération fâche. En juillet dernier, le Suédois Felix Kjellberg, plus connu sous son pseudonyme de PewDiePie, star de YouTube avec sa chaîne spécialisée dans les parties de jeux vidéo à laquelle 40 millions d’internautes sont abonnés, avait dû se défendre après la publication de sa rémunération annuelle, 6,7 millions d’euros.Lire aussi :« PewDiePie », le youtubeur millionnaire, répond aux critiques sur ses gains« Cela a explosé. Ce dont les gens ne se rendent pas compte, c’est que mes vidéos ont neuf milliards de vues [au total], ça se convertit en quelque chose, il y a des publicités, je gagne de l’argent avec celles-ci », expliquait-il.Il s’agit d’« un sujet très demandé et un peu tabou », reconnaissait de son côté l’humoriste Le rire jaune dans une vidéo du printemps dernier sur la question, évoquant des « clauses de confidentialité avec YouTube ».Système complexeCertaines informations sont toutefois connues. Si le système de rémunération employé par Google varie en fonction du type de contenu produit, en moyenne, un youtubeur gagne environ un dollar tous les mille visionnages entamés, expliquait au printemps Le Rire jaune, suivi par plus de 2 millions d’internautes. Mais tout un système complexe existe derrière.Le jeune youtubeur évoquait notamment ces structures méconnues que sont les « networks », des réseaux « comme la NBA ou des maisons de disque, chargés de protéger les droits d’auteur [des youtubeurs] en échange d’un pourcentage », de l’ordre de 10 à 20 %, et auxquels le ralliement est obligatoire dans le cas de vidéos sur des propriétés intellectuelles déposées, comme les films ou les jeux vidéo.Regardée un peu plus de 4,8 millions de fois, sa vidéo explicative lui a donc rapporté un peu moins de 4 500 euros, essentiellement grâce aux « preroll », les spots publicitaires précédant une vidéo. Une bagatelle, en réalité, rapporté aux sommes que peuvent engranger certaines stars de la plateforme – et notamment grâce au placement de produit.Jusqu’à 5 000 euros le tweetLa rémunération d’un youtubeur comporte en effet un second volet, qui provient non pas de la diffusion de spots mais de contrats passés avec des marques de cosmétiques ou de jeux vidéo.Celles-ci déboursent plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros pour placer leur produit chez les plus influents. « Le tarif dépend du youtubeur, c’est lui qui décide de sa rémunération, explique au Monde un responsable d’agence tenu par des accords de confidentialité. Cela peut monter jusqu’à 50 000 euros pour les plus gros, comme Cyprien, Norman et Squeezie, mais certains acceptent de faire certaines “opé” gratuitement si le sujet les intéresse. »Aujourd’hui, s’offrir une star de YouTube passe par des grilles tarifaires évolutives : chaque commentaire sur Twitter, chaque post Facebook, et bien sûr chaque vidéo publiée sur la chaîne officielle sont rémunérés. Un simple tweet vers une vidéo comportant un placement produit peut être facturé de 1 000 à 5 000 euros selon la notoriété du créateur.Lire : L’engouement soudain, et suspect, de stars pour un concert à la piscine MolitorA l’étranger, les tarifs s’envolent : outre-Manche, Yogscast, 7 millions d’abonnés au compteur, facture à partir de 5 000 livres sterling (7 000 euros) un test de jeu, quand l’agent d’un célèbre youtubeur international offrait les services de la star pour 250 000 dollars (232 000 euros) dans les travées de l’E3, la grand-messe du jeu vidéo.« C’est la loi de l’offre et la demande, on est dans un système dont ils vont profiter un petit moment avant qu’il ne finisse par s’écrouler », veut croire un professionnel, qui ne cache pas la surprise de certains nouveaux annonceurs face aux cachets demandés.Agences et managersCes négociations engagent parfois plusieurs intermédiaires entre l’annonceur et le youtubeur lui-même, comme l’agence de création numérique chargée de réfléchir à un concept de vidéo pertinent. A la manière des sportifs de haut niveau, les plus courtisés ont un manager chargé de faire l’interface avec ces dernières.Les trois géants français de YouTube, Norman, Squeezie et Cyprien, sont quant à eux chez Mixicom, une agence de communication leur servant à la fois de régie publicitaire et de conseil marketing. « Notre but, c’est de fournir aux créateurs des services pour qu’ils puissent se concentrer sur l’artistique », expliquait en septembre Thierry Boyer, cofondateur de Mixicom, à la revue Stratégies.La société, qui édite également les sites d’information JeuxActu et FilmActu, a souvent créé des passerelles entre ces différentes activités (à l’image de cette vidéo de Norman diffusée sur la chaîne FilmActu). Elle a depuis été achetée par Webedia (AlloCiné, JeuxVideo.com) pour une somme estimée à 14 millions d’euros.Mais les autres géants de la vidéo francophone sont également détenus par de grands groupes médias : Studio Bagel par Canal+, Golden Moustache et EnjoyPhoenix par M6.Problèmes éthiquesCes régies publicitaires posent un problème éthique. Comme le relève L’Express, l’article 20 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) oblige toute publicité à « rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée ». Mais dans la pratique, c’est le flou qui prédomine.Le 23 octobre dernier, Norman poste ainsi sur sa chaîne Youtube une vidéo intitulée « Assassin des templiers », et présentée comme « inspirée de l’univers du jeu vidéo Assassin’s Creed ». Aucune mention du commanditaire de la vidéo. Au Monde, la boîte de production IDZ confirme pourtant avoir été en contact avec Mixicom et Ubisoft, l’éditeur du jeu vidéo Assassin’s Creed. La vidéo tournait d’ailleurs en boucle sur le stand de ce dernier au Salon du jeu vidéo Paris Games Week, une semaine plus tard.« La déontologie, j’en ai rarement vu »Une vidéo promotionnelle, en somme, mais qui n’est jamais explicitement présentée comme telle. C’est que les youtubeurs les plus importants, conscients que la mode dont ils jouissent peut être éphémère, réfléchissent rarement en termes d’éthique. « La déontologie, j’en ai rarement vu, épingle un responsable d’agence. On essaie de faire des choses cohérentes, ce sont les agences qui réfléchissent et non les youtubeurs. »Certains, malgré tout, réussissent à se distinguer. Jhon Rachid ferait partie des rares à ne pas faire payer l’annonceur lorsqu’un sujet lui est proposé et l’intéresse. Dans la sphère anglophone, TotalBiscuit, sévère critique des dérives déontologiques de la presse jeu vidéo – et l’une des figures de la nébuleuse antiféministe GamerGate – ne demanderait aucun cachet pour tester les jeux envoyés par les éditeurs. Ils font toutefois figure d’exception.Pour Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix et tous ceux dont le contenu des vidéos est en partie négocié avec une régie, leur mission consiste à mettre leur popularité au service de la marque, et peu importe que leurs vidéos soient massivement regardées par des enfants peu préparés à faire la part des choses. « Il n’est jamais stipulé dans les contrats qu’ils doivent dire du bien du produit, mais si on pose un paquet de céréales sur la table et que le gars critique, il sait que ça ne va pas le faire, explique la même source. L’intérêt du youtubeur est de ne pas cracher dans la soupe. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Krémer Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents.D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. »Lire :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisLes chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ».Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty.Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux »La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours…Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. »Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes.Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Y a-t-il encore un sens à surveiller les équilibres de temps de parole uniquement à la télévision et à la radio alors que l’information se diffuse aujourd’hui à travers de multiples canaux ?L’environnement dans lequel nous évoluons a énormément changé depuis les années 1980, lorsque les règles d’équilibre du temps de parole ont été décidées. Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio La campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre s’intensifie. Moins d’un mois nous sépare du premier tour de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle. Et les calculettes commencent à chauffer, pas seulement du côté des instituts de sondage, mais au sein même des rédactions des radios et des télévisions. Désormais, elles doivent respecter l’équité entre les différents candidats, sous peine de s’attirer les foudres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Chronomètre en main, des bataillons traquent la moindre seconde de temps de parole. Ils sont constitués d’une dizaine de salariés à France Télévisions, trois en moyenne pour TF1 et LCI. « Je n’avais pas mesuré que les règles étaient aussi strictes. Dans la presse écrite, on essaie d’être vigilants à interroger toutes les formations, mais à la radio et à la télévision tout est calculé à la seconde près », confie Christophe Jakubyszyn, chef du service politique des deux chaînes.Question d’équitéA Radio France, c’est une société externe qui est chargée de cette tâche fastidieuse. Une personne pilote le travail de plusieurs stagiaires à BFM-TV ; elle est en relation quasi quotidienne avec la direction de la rédaction pour veiller au respect des équilibres. Pas question de se faire accuser encore une fois de favoriser tel ou tel parti comme ce fut le cas lors des dernières élections départementales. Une critique qui a laissé des traces : « C’était injustifié, car nous avions arrêté les compteurs en cours de période », se souvient Hervé Béroud, le directeur de la chaîne info.L’équité est une notion qui dépend de nombreux facteurs, selon la définition du CSA. Son appréciation se fonde sur deux séries d’éléments : « La représentativité des candidats qui prend en compte, en particulier, les résultats du candidat ou de la formation politique aux plus récentes élections », d’une part, et « la capacité à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d’un mandataire financier, et plus généralement toute initiative permettant de porter à la connaissance du public les éléments du programme du candidat », d’autre part.« C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. » Yael Goosz, chef du service politique de France InfoUne définition suffisamment floue pour contenter tout le monde ? Pas vraiment. Au CSA, on se garde d’imposer toute répartition chiffrée. Cependant, s’il n’existe pas d’étiage officiel, des « chiffres officieux circulent », souligne Christophe Jakubyszyn. Mieux vaut donc ne pas trop s’en éloigner. « On ne conteste pas le principe de l’équité qui nous laisse une certaine liberté, mais cela reste compliqué à gérer », remarque pour sa part Hervé Béroud. « Dans des campagnes où il y a de très nombreux candidats, de très nombreux partis, dès l’instant que l’on couvre une région, on entre dans un véritable casse-tête. Lorsqu’on interroge un candidat, il faut quasiment entendre les autres selon leur poids dans la campagne », observe-t-il.Le décompte qui est effectué au niveau de chaque circonscription dans les élections locales parasite le travail journalistique. « Cela nous empêche de faire des sujets transversaux. J’aurais aimé expliquer ce qu’est une gestion de gauche ou une gestion de droite, mais c’est pratiquement impossible si on veut faire un traitement national », juge Christophe Jakubyszyn.« Logique comptable »Le constat est presque le même à la radio. « Les sujets sont courts, deux minutes, c’est l’exception. Il est difficile de faire parler tout le monde. Quant aux débats, au-delà de trois personnes, c’est la cacophonie », assure Catherine Mangin, directrice adjointe de l’information à RTL. Yael Goosz, le chef du service politique de France Info depuis août, découvre cette « logique comptable » de la couverture des élections. « C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. Le 18 novembre, nous irons à la rencontre des électeurs du Front national dans deux régions. Nous compenserons ensuite avec d’autres sons de cloche », raconte-t-il. Le pire est peut-être à venir.Lire aussi :« On préfère appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que renforcer les règles »« C’est un casse-tête, surtout à la fin », souffle Marie-Eve Malouines, ancienne patronne du service politique de la radio tout info du service public et désormais présidente de LCP. Il faut alors rattraper les déséquilibres qui peuvent s’être formés. « Nous pouvons faire des sujets non pas en fonction de l’actualité, mais aussi en fonction des équilibres à respecter », regrette-t-elle.Un aménagement des règlesAvec la présidentielle en vue, les choses risquent d’être complexes si les règles ne changent pas. D’abord, les médias audiovisuels vont devoir gérer l’élection primaire qui se profile à droite. Celle-ci n’est pas soumise à une réglementation particulière, mais le CSA veillera à ce que sa couverture n’entraîne pas des déséquilibres de traitement entre la majorité actuelle et l’opposition. « Il faut faire vivre l’événement quand il se déroule. Il faudra nous laisser du temps pour réguler ça avec les autres partis », prévient Hervé Béroud. Télévisions et radios espèrent surtout que les conditions dans lesquelles doit se tenir l’élection présidentielle elle-même seront assouplies.Pour le moment, les candidats doivent être traités dans la plus stricte égalité dès que le Conseil constitutionnel valide la liste des participants au scrutin, c’est-à-dire plusieurs semaines avant le premier tour. « C’est une situation aberrante. Lors de la dernière présidentielle, Jacques Cheminade a eu autant de temps de parole que Nicolas Sarkozy ou François Hollande pendant cinq semaines », regrette Hervé Béroud.En septembre, le CSA a publié une série de propositions pour aménager les règles de la couverture de la vie politique. L’une d’entre elles vise à instaurer désormais le principe d’équité avant la campagne officielle, qui s’ouvre le deuxième lundi avant le premier tour du scrutin. La plupart des suggestions du CSA ont été reprises dans un texte qui devrait être discuté au printemps au Parlement.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Machart On ne saura pas ce qu’aurait pu être « Antoine sans fiche », la première mouture de l’émission hebdomadaire qu’Antoine de Caunes devait présenter sur Canal+ en cadeau de consolation de son éviction de la présentation du « Grand Journal ». Mais « L’Emission d’Antoine », qui faisait ses débuts vendredi 6 novembre à 22 h 45 sur la chaîne cryptée, est une hilarante réussite. Si le même niveau est atteint chaque semaine, elle devrait devenir le rendez-vous incontournable des réjouissances zygomatiques.C’est le grand de Caunes qu’on retrouve là : drôle, malin, coquin, leste, transformiste – toutes choses en quoi il excelle –, le tout servi par des textes léchés de langue de maître ; un de Caunes tel qu’on l’aimait lors de ses reportages urbains excentriques (« Toqué de Tokyo », « Maboul de Séoul », etc.) et de ses programmes d’antan (« Eurotrash ») ; un de Caunes libéré de ce « Grand Journal » où il n’était pas à son meilleur et auquel il règle d’ailleurs, avec une fine insolence, son compte en début de d’émission.L’esprit est très Canal, mais du Canal historique, de la grande époque (le XXe siècle), avec tout de même quelques transferts du Canal plus récent, comme Alison Wheeler et Monsieur Poulpe, qui étaient présents dans « Le Grand Journal » animé pendant deux saisons par Antoine de Caunes.Canal historiqueSi Mme Wheeler n’est toujours pas très drôle (c’est le seul point faible de « L’Emission d’Antoine »), M. Poulpe est en revanche assez bien distribué dans l’animation d’un jeu foutraque où les deux candidats, de Caunes et Fred Testot (un ancien de la séquence mythique « Service après-vente des émissions », sur Canal+, avec Omar Sy), s’évertuent à ne pas savoir répondre à des questions farfelues. Ce qui vaut à M. Poulpe la pénalité d’être méthodiquement épilé par une dame asiatique qui s’évertue à décoller trop lentement des patchs apposés sur ses cuisses. La séquence se termine par un concours de coiffure où deux malheureux garçons se font tailler des perruques de clown par de Caunes et Testot…Capillotracté, tout cela ? Normal : le fil conducteur de ce premier numéro était le poil, considéré dans tous ses états. Ce qui autorisa de Caunes à enquêter dans les arcanes d’un concours autrichien de barbes et moustaches où se présentent de véritables cascadeurs du système pileux ; à rendre visite à une cinéaste pornographique bisexuelle et féministe adepte des femmes velues (avec les images olé-olé qu’on peut voir sur une chaîne cryptée, même avant minuit, heure légale du porno maison) ; à recevoir une vraie femme à barbe et à s’entretenir sérieusement avec elle.Et à débiter des palanquées de jeu de mots artistement foireux, à dire des choses grossières sans la moindre vulgarité (art que ne possède pas encore Alison Wheeler), à se déguiser et à pouffer comme le gamin de 12 ans que ce sexagénaire génial et chenapan n’a jamais cessé d’être.Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 12h26 • Mis à jour le06.11.2015 à 13h00 | Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Dix mois après les attentats de janvier, les grands médias français, tous établis à Paris, ont de nouveau connu une mobilisation totale, vendredi 13 novembre dans la soirée et samedi. Mais alors que le traitement médiatique des attaques menées par les frères Kouachi et par Amedy Coulibaly avait donné lieu à de vives polémiques, suivies de sanctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), cette fois la couverture n’a jusqu’ici pas soulevé de questions.« Nous n’avons pas été confrontés à des situations aussi compliquées qu’en janvier : soit c’était fini quand on est arrivé sur les lieux, soit c’était en cours, au Bataclan, mais on était placés loin », explique ainsi Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Cette fois, pas de dilemme sur le fait de diffuser en direct ou non les images de l’assaut, à la différence des dénouements de Dammartin-en-Goêle (Seine-et-Marne) ou de la porte de Vincennes, qui s’étaient déroulés sous l’œil des caméras. « Tout est allé beaucoup plus vite », résume M. Béroud.« Nous n’avions pas d’équipe en capacité de filmer l’assaut sur le Bataclan, renchérit Catherine Nayl, directrice générale adjointe à l’information du groupe TF1. Mais si nous en avions eu une, nous ne l’aurions pas diffusé. » Par prudence, BFM-TV et i-Télé ont cessé de diffuser les images du Bataclan en direct vers 0 h 30 samedi, au moment de l’assaut. Cette démarche répond aux recommandations formulées par le CSA au lendemain des attentats de janvier.En revanche, vendredi soir, aucune consigne n’a été donnée aux médias par le ministère ou par le CSA. « Nous n’avons reçu aucun message de la part des autorités, il n’y a pas eu d’échanges hors ceux que nous entretenons avec nos sources policières dans le cadre de notre suivi », atteste Laurent Guimier, directeur de France Info.Le CSA s’est exprimé samedi vers 15 heures, dans un communiqué, pour « attirer très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours dans les circonstances tragiques que vit notre pays ».Suivez notre live sur la situation à ParisPrudence redoubléeAu-delà du cas précis des images d’assaut, l’impression générale était celle d’une prudence plus forte qu’en janvier, notamment dans la communication des bilans.« On a presque eu un excès de prudence sur certaines informations : notamment le bilan très lourd de victimes tuées, pourtant recoupé par des sources médicales et policières, juge M. Béroud. Soixante morts, quatre-vingt morts… On avait envie que cela ne soit pas vrai et peur que cela puisse être faux. Mais c’est allé vite et ça s’est malheureusement révélé en-deçà de la vérité. »Malgré cette sidération, les médias ont semblé mieux maîtriser la situation. « Après les événements de janvier, on a revu notre fonctionnement de façon à être plus cohérents quant aux informations données entre nos différents supports (Web, antenne…) », rappelle M. Guimier. « Les équipes ont des réflexes qui tiennent compte de ce qu’on n’a fait ou pas fait au moment de Charlie, constate Catherine Nayl. Cela concerne par exemple les correspondances sur les réseaux sociaux pendant les prises d’otages. » « On est plus rapidement passés dans l’explication, dès samedi matin. En janvier, il y avait eu des jours de traque », abonde Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions, qui a également hésité un peu avant de donner les bilans impressionnants de morts.France Télévisions, qui n’a pas encore de chaîne d’information en continu, n’a pas décroché en direct tout de suite : France 2 a continué sur l’émission « Ce soir ou jamais » jusqu’à minuit et l’intervention de François Hollande, puis a rendu l’antenne à 2 heures. Auparavant, France 3 avait assuré le suivi des événements de 22 h 45 à minuit. Samedi, France 2 a repris l’antenne, jusqu’à midi, et France 3 a fait un décrochage avec des images de ses rédactions dans toute la France. Le « 13 heures » de France 2 est lui prolongé jusqu’à 14 h 30. De son côté, TF1 a assuré un long direct, vendredi soir après le match de football France-Allemagne, puis samedi matin.Lire aussi :Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Entre victimes et témoinsReste que dans toutes les rédactions, le travail se fait sous tension. « L’ambiance est lourde, décrit M. Béroud. Les journalistes sont parfois comme des médecins, à avoir une pointe d’humour pour déstresser, mais pas là… »« Les gens dans la rédaction sont très touchés, raconte M. Golomer. Beaucoup sont revenus au siège de France Télévisions, vendredi soir, et étaient émus. Aucune population spécifique ne semblait visée dans les attentats. Cela pèse. Tous nos journalistes ont été contactés par leur famille pour savoir comment ça allait. On sent que les gens avaient envie de se retrouver ensemble, comme un refuge aussi. »« L’épicentre des attaques est un quartier où nombre de journalistes résident ou ont leurs habitudes, observe Laurent Guimier. Plusieurs membres de l’équipe étaient présents sur place, ont témoigné avant de rejoindre la rédaction. » Une situation vécue dans la plupart des rédactions, dont des membres ont assisté de près aux attaques, oscillant entre une position de victime et de témoin.« Les équipes sont touchées, constate M. Golomer. Tout le monde connaît quelqu’un qui était vers la rue de Charonne et les lieux des attentats. Les prochains jours vont être difficiles. »Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques à Paris : ce que l’on saitLire aussi :Attaques à Paris : « J’ai senti comme un pétard qui explosait dans mon bras »Lire aussi :Attaques à Paris : les questions que vous nous posezLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Delye Douze documentaires inédits à l’antenne pour six jours de festival, ce n’est déjà pas si mal. Pour sa deuxième édition (du 15 au 20 novembre), le Festival du documentaire d’Arte entend mettre en avant l’ouverture sur le monde et l’éclectisme, autant en termes de regards que de formats, des films coproduits par la chaîne, dont plusieurs ont été primés lors des grands festivals internationaux.Parmi ces films documentaires dits « d’auteur », et malgré le caractère événementiel du festival, seuls deux auront les honneurs du prime time : Hitchcock/Truffaut, de Kent Jones et Serge Toubiana (2015, lundi 16 à 20 h 55); et La Maison de la radio (2012 ; mardi 17 à 20 h 55), pour lequel Nicolas Philibert s’immerge dans les coulisses du média radio afin de formuler une réflexion sur le son et l’écoute.« Sessions de rattrapage »Les dix autres documentaires de ce festival – dont le très marquant Austerlitz (2013 ; mardi 17 à 22 h 35), de Stan Neumann ; Les Yeux du silence (2014 ; jeudi 19 à 22 h 25), de Joshua Oppenheimer, ou encore, le captivant Killing Time – Entre deux fronts (2015 ; mercredi 18 à 22 h 25), de Lydie Wisshaupt-Claudel – sont tous relégués en deuxième, voire troisième partie de soirée.Martine Saada promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetéspar la chaîneUn regret récurrent auquel Martine Saada, directrice de l’unité société et culture d’Arte France, répond de façon pragmatique. « Le passage du prime vers la troisième partie de soirée des documentaires d’auteur de la case “Grand Format”a eu lieu bien avant les changements au sein des directions chez Arte », dit-elle, consciente de la nostalgie qui règne autour de l’époque, sans doute idéalisée, où Thierry Garrel dirigeait l’unité documentaires d’Arte. « Ce n’est pas une révolution de palais qui viendrait de nouvelles directions, c’est une évolution due au fait que ces films nécessitent une attention et une intention du téléspectateur. La consommation en matière de télévision a changé. On est beaucoup moins tributaires des grilles et des horaires. On se fabrique de plus en plus une grille soi-même grâce aux sessions de rattrapage. Et puis il ne faut pas se voiler la face, la télévision est aussi un média de divertissement, et il faut pouvoir offrir des choses différentes aux gens », poursuit la directrice.« Se repositionner dans un axe » Dans un contexte marqué par l’inquiétude des producteurs et des auteurs quant à la pérennité de l’engagement des diffuseurs, notamment d’Arte, auprès du documentaire d’auteur, Martine Saada tente de rasséréner : « La crainte n’est pas le meilleur des moteurs… La vigilance, oui. La crainte, non. » Ainsi répond-t-elle à la « lettre ouverte » publiée dans Le Monde (5 novembre) dans laquelle de nombreux réalisateurs exprimaient leurs craintes après le départ de Luciano Rigolini, pilier du cinéma documentaire à Arte et responsable de la case « La Lucarne » depuis sa création.Si elle admet qu’il sera difficile de remplacer cet homme de grande culture, au goût sûr et au tempérament vif, la directrice des documentaires société et culture d’Arte promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetés par la chaîne. Mais elle affirme aussi sa volonté d’aller de l’avant. « Il faudra de la patience, laisser du temps au nouveau venu. Mais je ne peux pas croire qu’il n’y a pas de nouveaux talents pour prendre la suite de Luciano Rigolini. Toute ma vie, je n’ai fait que des choses pour essayer d’installer de nouveaux talents, quels qu’ils soient », dit encore l’ancienne directrice du pôle littérature générale et documents du Seuil, mais aussi ancienne productrice de documentaires aux Films d’ici. « Je suis plutôt dans l’idée qu’il faut conforter les choses que dans une phase de chantier. Les événements de janvier nous ont tous bousculés dans nos certitudes. C’est quand vous tanguez qu’il faut rechercher du sens, pour se réancrer. Or, le moment où l’on recherche du sens n’est pas toujours celui où l’on est le plus créatif… C’est le moment où l’on se repositionne dans un axe, et il faut en passer par là », explique-t-elle avec franchise.« Eviter tout formatage »« Et n’oubliez pas qu’on ne commande pas ! Je lis ce que je reçois », dit-elle encore, anticipant une autre attaque récurrente selon laquelle on assisterait à une forme de nivellement vers le bas dans l’exigence et l’originalité des documentaires diffusés sur la chaîne franco-allemande. Pour Martine Saada, « c’est par la diversité des producteurs et des auteurs qu’on évitera tout formatage. Parce qu’il y aura toujours quelqu’un d’assez fou dans une chaîne pour croire à un projet, même risqué, l’accompagner, le porter. Et j’espère être cette personne ». Une manière pour elle de responsabiliser et renvoyer certaines questions dans le camp des producteurs et des auteurs.Mais ces relations, souvent houleuses, entre Arte et les producteurs et réalisateurs avec lesquels elle travaille, sont aussi le signe de la vigueur du secteur cinéma documentaire, qui s’exprime, qui reste vigilant sur les évolutions qu’on tente de lui imposer, et qui, en râlant contre Arte, lui dit aussi son attachement. Car rappelons-le, aucune autre chaîne ne porte aussi haut le documentaire d’auteur, malgré tout.Hélène DelyeJournaliste au Monde Charlotte Bozonnet Depuis deux ans, ce site inspiré du « Gorafi » parodie l’actualité et rencontre un beau succès populaire dans un pays où la liberté d’expression reste très encadrée. Lesquelles choisir ? Il y a eu l’histoire de ce mari déçu qui décida de porter plainte contre sa femme après l’avoir découverte sans maquillage au lendemain de leur nuit de noces. Ou encore cette déclaration de l’émir du Qatar justifiant son refus d’accueillir des réfugiés syriens : « Nous avons assez d’esclaves comme ça ! » Des nouvelles qui ne sont pas passées inaperçues et ont été reprises par les médias à travers le monde. « Une sorte de consécration pour un site comme le nôtre », reconnaît Nazim Baya, qui s’en amuse encore. A 31 ans, ce jeune pharmacien algérois est le fondateur du site parodique El Manchar.Inspiré du Gorafi français, le site Web publie de fausses nouvelles, souvent hilarantes, sur l’actualité internationale et algérienne. Avec sa liberté de ton et son ironie mordante, il s’est assuré un beau succès populaire. Son slogan : « Avec des scies, on refait le monde. »Au départ, quelques blagues sur FacebookL’aventure a commencé il y a deux ans par une page Facebook sur laquelle Nazim Baya postait de simples blagues. Peu à peu, l’envie lui vient de monter un journal satirique. Il lance un appel à contributions pour trouver des caricaturistes. Sans succès. Il décide alors de s’en tenir à des textes et reprend le nom d’un titre qui avait existé dans les années 1990 : El Manchar, un mot qui signifie à la fois « scie » et « médisance ».« En Algérie, on aime beaucoup la satire, l’humour, mais il y a un vide dans ce domaine, c’est pour ça que le site a autant de succès », estime Nazim Baya. En moyenne, le site enregistre 20 000 à 30 000 visites par jour, et jusqu’à 100 000 certains jours de buzz exceptionnel. L’équipe compte sept rédacteurs : trois en Algérie, deux au Canada et deux en France, tous algériens, avec une moyenne d’âge de 25 ans. Certains sont des amis, d’autres des connaissances virtuellesLe site est volontiers grinçant sur l’actualité internationale. Après le drame du pèlerinage à La Mecque, un article moque ainsi le mépris des autorités saoudiennes en mettant en scène le roi d’Arabie saoudite qui explique : « Pour des Africains, mourir loin d’Ebola et le ventre plein est une bénédiction. » S’agissant de l’Algérie, une prétendue étude mondiale sur le sommeil révèle que le pays « est le seul au monde où les cauchemars commencent au réveil »…“On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches.” Nazim Baya, fondateur de El MancharSur ses motivations, Nazim Baya reste discret. Pas de grand discours sur la liberté d’expression pour ce jeune développeur Web. « Oui, j’ai des choses à dire, comme tout citoyen. Notre message, c’est qu’à travers l’humour on donne une certaine vision du monde et on a plus de chance d’être entendu. » Une ligne éditoriale ? « Un fil conducteur, répond Nazim Baya. On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches. » Les auteurs n’épargnent pas les politiques algériens ni le système. Sans surprise, le président Bouteflika, très affaibli depuis son AVC de 2013, est une cible privilégiée. Ainsi cette photo du chef de l’Etat, assis dans un fauteuil roulant, le visage figé, les yeux écarquillés, sous le titre : « Abdelaziz Bouteflika sacré champion du monde du jeu 1-2-3 soleil. » Là où le canular devient vraiment savoureux, c’est lorsqu’il est repris par des médias dits « sérieux ». La première fois, se souvient Nazim Baya, c’était à propos de l’ANSEJ, l’organisme algérien qui octroie des microcrédits aux jeunes pour monter leur projet (et s’offrir du même coup une certaine paix sociale). El Manchar publie un article expliquant que l’ANSEJ va désormais financer ceux qui veulent se marier. Plusieurs chaînes de télévision reprennent l’information. Dans un pays où le mariage est un investissement très lourd, le buzz est garanti.Pas touche à la religionEn mai, alors qu’une étudiante algérienne a été empêchée de rentrer à l’université par un vigile au prétexte que sa jupe était trop courte, le site titre : « L’Algérie interdit le port de la minijupe. » La fausse information se répandra comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Une seule ligne rouge : la religion. « On ne peut pas en rire, c’est sacré. Je n’ai pas envie de heurter les gens et ça ne fait pas avancer le débat », explique le fondateur du site, précisant qu’ils ne se privent pas d’attaquer les religieux. Dans un pays où la liberté d’expression est étroitement encadrée, El Manchar n’a jamais été inquiété pour son impertinence. « Nous n’avons jamais eu de souci, confirme Nazim Baya. Ils n’ont peut-être pas pris conscience de l’ampleur du phénomène. » Cumulées, les visites se chiffrent à 700 000 par mois. Le jeune pharmacien n’a pas vraiment de projet d’agrandissement. « On est des amuseurs », dit-il. Utiles pour l’Algérie ? « Il me semble que oui. Le rire c’est important dans une société. Salutaire. »Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.11.2015 à 11h26 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h09 | Alexis Delcambre « Soutenez Mediapart ! » Depuis jeudi 5 novembre, ce message est affiché sur les pages du site d’information dirigé par Edwy Plenel, contraint d’en appeler à la générosité de ses lecteurs pour acquitter une ardoise fiscale de 4,1 millions d’euros. Une démarche parallèle dont le site Arrêt sur images (ASI) est à l’origine, qui doit 540 000 euros à l’administration fiscale.L’origine de cette situation remonte à la création de ces médias, en 2008. « Pure players » distribués uniquement sur Internet, sans version papier, ceux-ci sont alors, selon la lettre de la loi, soumis à un taux de TVA de 19,6 %. En regard, les médias imprimés bénéficient d’un taux « super réduit » de 2,1 %.Ces médias en ligne engagent alors un combat pour obtenir un alignement de leur taux sur celui de leurs homologues de la presse papier. Cette démarche s’incarne notamment dans la création du Spiil (Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne), un groupement qui rassemble aujourd’hui près de 150 membres. En 2011, celui-ci avait explicitement encouragé ses membres à appliquer d’eux-mêmes le taux de 2,1 %, afin de faire pression sur les pouvoirs publics.Ses membres mettent notamment en avant la notion de « neutralité » du support : la loi serait injuste en taxant davantage les supports en ligne que les supports papier, alors que les deux ont une activité identique, qui est de diffuser de l’information.« Une affaire de principe »Cette argumentation a fini par porter puisque le Parlement français a modifié la loi en ce sens, en février 2014. Depuis cette date, les sites comme Mediapart bénéficient eux aussi du taux « super réduit ». Une décision politique qui a pour le moment motivé l’ouverture d’une procédure contre la France à Bruxelles, même si le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, s’est montré favorable à une évolution de la directive concernée.Mais cette modification du cadre légal ne solde pas les comptes de la période 2008-2014. Aux yeux de l’administration fiscale, les sites qui ont appliqué le taux « super réduit » sans en avoir le droit sont redressables. C’est pourquoi Mediapart et ASI, ou encore le groupe Indigo Publications, se sont vu notifier des arriérés, pénalités et majorations.« Nous devons plusieurs centaines de milliers d’euros, et les services de Bercy en font une affaire de principe », avait estimé Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, en 2013. De son côté, M. Plenel a ciblé la « haute administration du ministère des finances », désireuse selon lui de se venger d’un média qui a poussé à la démission de l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac.« Dans l’obligation de payer »Mediapart, qui compte plus de 110 000 abonnés, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros pour un bénéfice d’un million. « Mediapart va saisir la justice administrative, a annoncé Edwy Plenel. Mais ce recours n’étant pas suspensif, nous sommes dans l’obligation de payer. » Mardi 10 novembre, le site annonçait avoir collecté 330 000 euros. Il dispose toutefois de la trésorerie nécessaire au paiement de la somme réclamée par le fisc.De son côté, Arrêt sur images, avec 26 000 abonnés, a dégagé 5 500 euros de bénéfice annuel pour un chiffre d’affaires de 900 000 euros en 2014. Sur la plate-forme Ulule, ASI avait collecté, mardi soir, près de 170 000 euros.Lire aussi :Le droit à l’information se superpose à l’affaire BettencourtAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.11.2015 à 09h27 • Mis à jour le10.11.2015 à 13h55 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est un changement d’âge pour Melty », estime Alexandre Malsch, le fondateur de Melty. Spécialisé dans la « youth culture » - la « culture jeune » - sur Internet, le groupe a annoncé, mardi 10 novembre, une levée de fonds de 10,5 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, Melty, « économe en cash » selon M. Malsch, n’avait levé que 5,5 millions d’euros.L’augmentation de capital est réalisée auprès du fonds d’investissement de Marc Simoncini, du groupe AccorHotels et des actionnaires historiques de Melty, le fonds Serena et Bouygues Telecom Initiatives. Cette levée de fonds voit également l’entrée au capital de Patricia Barbizet, directrice générale d’Artémis et vice-présidente du conseil d’administration de Kering. Ses sept fondateurs conservent le contrôle au conseil d’administration.Cette annonce témoigne une nouvelle fois de la capacité des dirigeants de Melty, dont Alexandre Malsch, son fondateur, à attirer tant des figures de la « nouvelle économie » que des personnalités du milieu des affaires issues de secteurs plus traditionnels, désireux de bénéficier de l’expertise développée par Melty.Le divertissement et la culture« Nous avons une clientèle dans nos hôtels traditionnels, autour de 40 à 60 ans, qui vieillit et est très fidèle, explique Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels. Alexandre Malsch et Melty savent produire des contenus ciblés pour les jeunes, qui sont la clientèle de demain et aussi la catégorie la plus versatile et la plus influente. » Le groupe sera représenté au conseil d’administration de Melty, qui revendique 61 % de son audience sur mobile. M. Bazin assume d’investir au capital de l’entreprise de média, pour se positionner « au sein d’une machine » présente dans plusieurs domaines, pas seulement le voyage.Le groupe Melty a connu plusieurs phases : il a d’abord construit des médias en ligne, progressivement structurés par thématiques (séries, cinéma, musique, mode…). Puis en 2012, il s’est installé dans différents pays (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni…), tout en se diversifiant, dans la vidéo ou les spectacles. En juin dernier, il s’est recentré sur les sujets divertissement et culture (excluant ceux sur lesquels il estimait ne pas avoir de valeur ajoutée, comme l’actualité sportive ou la politique). Une manière d’insister sur la « qualité » de l’audience plus que sur sa croissance erratique.La levée de fonds doit permettre d’améliorer la monétisation des diversifications, ainsi que celle des implantations internationales. Melty se dit actuellement bénéficiaire sur son activité française, mais déficitaire au global. Elle avait été dans le vert, en 2010 et 2011, avant l’internationalisation. Melty revendique 105 employés et réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. A 100 %, ils proviennent de la publicité, dont 61 % de contenus produits avec des marques.Lire aussi :Melty se diversifie dans les événements sportifsMelty met en avant des « real-time social séries » comme SnapTrip, dans laquelle quatre adolescents racontent sur le réseau social Snapchat leur week-end dans une ville d’Europe, sponsorisé par les hôtels Ibis (groupe Accor). Ou « The Selfie Race », produite pour Sony. Mais il s’est diversifié dans les événements tels que la melty BasketBall Ligue Universitaire, rachetée en partenariat avec la fédération française et sponsorisée par les Caisses d’Epargne. Le « melty eSport Club » fait lui concourir une équipe maison, soutenue par l’annonceur-actionnaire Bouygues Telecom, dans des compétitions de jeux vidéo comme League of Legend. Melty s’enorgueillit aussi de sa melty Talents House, dont elle tire notamment un spectacle de comiques.Mieux exploiter l’internationalAlexandre Malsch réfute le terme « publirédactionnel », parfois utilisé pour qualifier les formes récentes de publicité « brand content » et « native advertising ». Ces contenus ne parlent pas des produits des annonceurs, explique-t’il. Et d’ajouter : « Nos contenus de native advertising sont faits par les équipes de Melty car on veut que ce soit de vrais contenus Melty, intéressants ». Dans les rédactions de médias d’information générale, le « brand content » est généralement réalisé par des équipes à part, pour garder une séparation entre éditorial et commercial.M. Malsch cite, lui, en exemple l’intérêt suscité par la plateforme « happiness gaming zone », dédiée au jeu vidéo et financée par Coca-Cola. Une forme de publicité « moins intrusive », argumente-t-il.Concrètement, Melty va utiliser l’argent levé pour embaucher des commerciaux dans les structures internes créées pour s’occuper de la production audiovisuelle, des spectacles, etc. Ils épauleront les 10 personnes de la régie publicitaire, désormais dirigées par une transfuge des Echos, Sophie Antoine.En parallèle, le groupe espère mieux vendre le gros tiers de son audience généré hors de France. Jusqu’ici, ses sites internationaux ont peu fait de diversification. Ils prendront désormais modèle sur Melty France. Et, pour remplacer les régies locales externes qui commercialisaient les supports, des commerciaux seront embauchés.« Nous allons rester pragmatiques. Notre devise, c’est petit à petit, l’oiseau fait son nid », assure M. Malsch, 30 ans.Lire aussi : Alexandre Malsch, prodige numériqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 22h39 • Mis à jour le10.11.2015 à 11h53   « Pour France Télévisions, le problème reste entier. » L’entreprise publique n’adoucit pas sa réaction après la finalisation, lundi 9 novembre, du rachat par TF1 à 70 % de Newen, la société qui produit plusieurs programmes pour France Télévisions, dont « Plus belle la vie ». « La question de la protection des investissements publics n’est pas résolue, réagit l’entourage de la présidente, Delphine Ernotte. Cela pose le problème de la pérennité de notre relation avec Newen. » Les arguments de Nonce Paolini et Fabrice Larue, les PDG de TF1 et Newen, ne semblent pas infléchir France Télévisions. « Cette opération n’est pas un acte agressif à l’égard de qui que ce soit », assure M. Paolini dans Le Figaro, mardi. « Notre souhait est que Newen continue d’apporter des programmes et des projets de qualité à France Télévisions. » M. Larue, « désolé des précédents problèmes de communication avec Delphine Ernotte », a appelé lundi soir la présidente de France Télévisions, avec M. Paolini, afin d’éviter qu’elle apprenne l’accord dans la presse, comme c’était le cas pour l’entrée en négociations exclusives le 29 octobre.Lire aussi :Tractations autour du rachat du producteur Newen par TF1Las ! Une source à France Télévisions estime que la finalisation du rachat « du principal fournisseur de l’entreprise par son principal concurrent », loin de pousser Mme Ernotte à lâcher du lest, va durcir encore sa position. « Il faut envisager de vider tous les contrats avec Newen, y compris “Plus belle la vie”, estime cette source. France Télévisions n’a pas de droits sur ces programmes, et TF1 comme Newen ne veulent pas en lâcher. C’est dur de se séparer de programmes qui marchent, mais c’est difficilement envisageable en interne de faire produire une série importante par une société possédée par TF1. »Position de négociationLe contrat de la célèbre série marseillaise de France 3 doit être renégocié en 2016. Jeudi, sur France Inter, le secrétaire général de France Télévisions, Christian Vion, envisageait de l’arrêter si Newen n’offrait pas de garanties nouvelles. Il anticipait aussi un probable arrêt à l’été 2016 des « Maternelles », dont l’audience recule. Le débat concerne également « Faites entrer l’accusé » ou « Le Journal de la santé », produits par Newen.La menace à peine voilée de l’arrêt des collaborations entre France Télévisions et Newen pourrait toutefois être interprétée comme une position de négociation, destinée à obtenir des concessions de la part du producteur. L’entreprise peut garder « Plus belle la vie » si elle le souhaite – en vertu d’une clause de tacite reconduction – mais elle a assuré vouloir obtenir des droits sur les œuvres, qui appartiennent aujourd’hui à Newen.« J’ai proposé à Mme Ernotte que dès ce mardi, nos équipes cherchent un accord de partenariat pour assurer la présence des programmes sur France Télévisions de manière pérenne », assure au Monde Fabrice Larue, qui gardera 30 % de Newen. Mais ce dernier semble toujours exclure de partager les droits, en cas de revente ou d’utilisation sur le numérique. « Un décret vient d’autoriser les chaînes à détenir des parts de coproduction sur les programmes qu’elles financent à plus de 70 %, mais cela n’est pas prévu sur les programmes passés », explique-t-il.On ne peut donc exclure que Delphine Ernotte souhaite réellement se désengager progressivement de sa collaboration avec Newen, qui réalise près des trois quarts de son activité avec France Télévisions.Vision historiqueLe facteur interne est important. La CGT, premier syndicat de l’entreprise publique, avait publié un communiqué jugeant « scandaleux que TF1 produise les programmes de France Télévisions et que France Télévisions ne puisse produire ses programmes ». Une référence à l’interdiction pour l’entreprise publique de produire plus de 5 % de ses fictions et documentaires en interne, une règle que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, veut faire évoluer.La vivacité de la riposte de Mme Ernotte montre que la vision historique des acteurs de l’audiovisuel reste présente en France : les rivalités entre grandes chaînes, entre public et privé, entre producteurs et diffuseurs, etc. Autant de distinctions que certains aimeraient voir s’estomper. « Aujourd’hui, les grands groupes audiovisuels européens comme ITV ou RTL sont organisés autour des métiers de la production et de la diffusion, et tout le monde a l’habitude de travailler comme cela. Quand FremantleMedia, la filiale de RTL Group, vient nous proposer un programme, il n’a pas demandé l’autorisation à M6 [filiale de RTL Group] », dit M. Paolini. L’accord de rachat de Newen prévoit des clauses pour préserver « sa liberté éditoriale et son indépendance commerciale » et « garantir le secret des affaires ». On cite aussi en exemple l’investissement de Vivendi dans le producteur Banijay-Zodiak. Ou encore les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pays où des sociétés rachetées par des chaînes produiraient facilement pour des concurrents. A l’image de Talpa, acquise par la chaîne ITV qui vient tout de même de récupérer aux enchères, pour ses antennes, les droits de l’émission « The Voice », l’émission phare de ce producteur… et qui était diffusée depuis cinq saisons par la BBC, chaîne de service public.Lire aussi :Newen : comment France Télévisions peut riposter ? Alexis Delcambre « On a tout entendu ces dernières semaines au sujet d’Altice… » Michel Combes, le président de SFR-Numericable, n’a pas caché l’un des objectifs de la conférence de presse spectaculaire organisée par l’opérateur téléphonique lundi 9 novembre : couper court aux différents « bad buzz » qui circulent quant au groupe façonné par Patrick Drahi.Dans une longue prise de parole, l’ancien patron d’Alcatel-Lucent, qui a rejoint l’empire Drahi en septembre, s’est attaché à convaincre qu’Altice suivait une stratégie claire, malgré l’impression d’emballement qu’a donnée sa succession d’acquisitions menées en un peu plus d’un an (SFR, Portugal Telecom, Suddenlink, NextRadioTV, Cablevision…)Cet ensemble forme « un puzzle dont les morceaux se mettent progressivement en place », a défendu le directeur général d’Altice, Dexter Goei. Celui-ci a rappelé le postulat fait par le groupe d’une « double convergence » (du fixe et du mobile d’un côté, des médias et des télécoms de l’autre) pour justifier sa démarche d’investissement, qualifiée d’« éminemment rationnelle ».Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médias40 millions de clients« On nous voit souvent comme des financiers alors que nous sommes avant tout une équipe d’ingénieurs », a poursuivi Michel Combes, mettant l’accent sur la dimension « industrielle » d’Altice. Une réponse aux observateurs qui doutent de la cohérence de l’ensemble et de la capacité du groupe à réaliser d’importantes synergies ou à investir dans son développement.Rappelant qu’Altice compte désormais plus de 40 millions de clients grand public, le président de SFR – qui va abandonner la marque Numericable – a expliqué que le groupe était « en train de s’industrialiser », avec par exemple la mise en place d’une structure unique pour les achats. Au passage, il a rappelé que le ratio d’endettement du groupe (4,5 fois l’Ebitda) était, aux yeux de son management, « classique et raisonnable ».Pour montrer qu’Altice invente, M. Combes a annoncé la création des « Altice labs », qui doivent permettre aux équipes de recherche et développement de ses différentes entités d’échanger. Leur objectif sera de « reprendre le leadership sur l’expérience client » – une façon de reconnaître un certain recul en la matière.Reprise des investissements dans le réseauOutre sa stratégie, Altice a également été mis en cause pour la qualité de son réseau. « Nous allons accélérer nos investissements dès ce trimestre », a promis Michel Combes, évoquant notamment un effort dans la couverture des grandes villes en 4G. « Nous sommes l’opérateur de la fibre en France », s’est-il emporté, accusant ses concurrents de faire de la communication.Lire aussi :Numericable-SFR accusé de vendre de la fibre qui n’en est pasAutre annonce : le lancement d’un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) baptisé Zive, dès le 17 novembre. Ce service donnera accès à 5 000 films ou séries – 15 000 d’ici à la fin 2016. Il s’appuie sur des accords avec Disney, Pixar, ABC Studios, Warner Bros, Europa, Miramax, Sony Pictures Télévision ou encore France Télévisions.Ce service sera proposé à tous les clients SFR au tarif de 9,99 euros par mois et offert à ceux qui disposent déjà des offres Premium. En complément, l’opérateur met sur le marché une nouvelle box, également baptisée Zive, qui offrira notamment une fonction « Restart » (pour reprendre un programme au début). Sur un positionnement haut de gamme et « résolument tourné vers la famille, avec des programmes ludo-éducatifs », selon M. Combes.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ils sont les vedettes de la génération 2000, comptent jusqu’à 8 millions d’abonnés à leurs chaînes YouTube, et 120 d’entre eux ont rempli à eux seuls le pavillon 1 du Parc des expositions de Paris les 7 et 8 novembre pour Video City, le premier festival parisien dédié aux fameux youtubeurs.Lire aussi :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisMais dans le joli petit monde tout rose des vidéos en ligne, il y a des questions à ne pas poser. Celle de leur rémunération, notamment, comme l’a appris France Info à ses dépens. « Parce qu’on a osé demander en interview à une jeune youtubeuse si elle était payée, son attaché de presse, furieux, a annulé tous les autres entretiens prévus et a convaincu l’agent des poids lourds Norman, Cyprien et Squeezie de faire de même », raconte la journaliste Sandrine Etoa-Andegue dans un article sur le « business des youtubeurs ».L’argent, une question taboueObtenir des réponses est en effet difficile. Ni EnjoyPhoenix, la youtubeuse la plus célèbre de France, ni l’agent de Jhon Rachid, l’une des étoiles montantes de la plateforme, ni Ubisoft, l’un des principaux annonceurs, ni la plupart des agences impliquées dans le secteur n’ont donné suite à nos sollicitations. Et les rares à avoir répondu ont tous demandé l’anonymat.C’est peu dire que la question de la rémunération fâche. En juillet dernier, le Suédois Felix Kjellberg, plus connu sous son pseudonyme de PewDiePie, star de YouTube avec sa chaîne spécialisée dans les parties de jeux vidéo à laquelle 40 millions d’internautes sont abonnés, avait dû se défendre après la publication de sa rémunération annuelle, 6,7 millions d’euros.Lire aussi :« PewDiePie », le youtubeur millionnaire, répond aux critiques sur ses gains« Cela a explosé. Ce dont les gens ne se rendent pas compte, c’est que mes vidéos ont neuf milliards de vues [au total], ça se convertit en quelque chose, il y a des publicités, je gagne de l’argent avec celles-ci », expliquait-il.Il s’agit d’« un sujet très demandé et un peu tabou », reconnaissait de son côté l’humoriste Le rire jaune dans une vidéo du printemps dernier sur la question, évoquant des « clauses de confidentialité avec YouTube ».Système complexeCertaines informations sont toutefois connues. Si le système de rémunération employé par Google varie en fonction du type de contenu produit, en moyenne, un youtubeur gagne environ un dollar tous les mille visionnages entamés, expliquait au printemps Le Rire jaune, suivi par plus de 2 millions d’internautes. Mais tout un système complexe existe derrière.Le jeune youtubeur évoquait notamment ces structures méconnues que sont les « networks », des réseaux « comme la NBA ou des maisons de disque, chargés de protéger les droits d’auteur [des youtubeurs] en échange d’un pourcentage », de l’ordre de 10 à 20 %, et auxquels le ralliement est obligatoire dans le cas de vidéos sur des propriétés intellectuelles déposées, comme les films ou les jeux vidéo.Regardée un peu plus de 4,8 millions de fois, sa vidéo explicative lui a donc rapporté un peu moins de 4 500 euros, essentiellement grâce aux « preroll », les spots publicitaires précédant une vidéo. Une bagatelle, en réalité, rapporté aux sommes que peuvent engranger certaines stars de la plateforme – et notamment grâce au placement de produit.Jusqu’à 5 000 euros le tweetLa rémunération d’un youtubeur comporte en effet un second volet, qui provient non pas de la diffusion de spots mais de contrats passés avec des marques de cosmétiques ou de jeux vidéo.Celles-ci déboursent plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros pour placer leur produit chez les plus influents. « Le tarif dépend du youtubeur, c’est lui qui décide de sa rémunération, explique au Monde un responsable d’agence tenu par des accords de confidentialité. Cela peut monter jusqu’à 50 000 euros pour les plus gros, comme Cyprien, Norman et Squeezie, mais certains acceptent de faire certaines “opé” gratuitement si le sujet les intéresse. »Aujourd’hui, s’offrir une star de YouTube passe par des grilles tarifaires évolutives : chaque commentaire sur Twitter, chaque post Facebook, et bien sûr chaque vidéo publiée sur la chaîne officielle sont rémunérés. Un simple tweet vers une vidéo comportant un placement produit peut être facturé de 1 000 à 5 000 euros selon la notoriété du créateur.Lire : L’engouement soudain, et suspect, de stars pour un concert à la piscine MolitorA l’étranger, les tarifs s’envolent : outre-Manche, Yogscast, 7 millions d’abonnés au compteur, facture à partir de 5 000 livres sterling (7 000 euros) un test de jeu, quand l’agent d’un célèbre youtubeur international offrait les services de la star pour 250 000 dollars (232 000 euros) dans les travées de l’E3, la grand-messe du jeu vidéo.« C’est la loi de l’offre et la demande, on est dans un système dont ils vont profiter un petit moment avant qu’il ne finisse par s’écrouler », veut croire un professionnel, qui ne cache pas la surprise de certains nouveaux annonceurs face aux cachets demandés.Agences et managersCes négociations engagent parfois plusieurs intermédiaires entre l’annonceur et le youtubeur lui-même, comme l’agence de création numérique chargée de réfléchir à un concept de vidéo pertinent. A la manière des sportifs de haut niveau, les plus courtisés ont un manager chargé de faire l’interface avec ces dernières.Les trois géants français de YouTube, Norman, Squeezie et Cyprien, sont quant à eux chez Mixicom, une agence de communication leur servant à la fois de régie publicitaire et de conseil marketing. « Notre but, c’est de fournir aux créateurs des services pour qu’ils puissent se concentrer sur l’artistique », expliquait en septembre Thierry Boyer, cofondateur de Mixicom, à la revue Stratégies.La société, qui édite également les sites d’information JeuxActu et FilmActu, a souvent créé des passerelles entre ces différentes activités (à l’image de cette vidéo de Norman diffusée sur la chaîne FilmActu). Elle a depuis été achetée par Webedia (AlloCiné, JeuxVideo.com) pour une somme estimée à 14 millions d’euros.Mais les autres géants de la vidéo francophone sont également détenus par de grands groupes médias : Studio Bagel par Canal+, Golden Moustache et EnjoyPhoenix par M6.Problèmes éthiquesCes régies publicitaires posent un problème éthique. Comme le relève L’Express, l’article 20 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) oblige toute publicité à « rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée ». Mais dans la pratique, c’est le flou qui prédomine.Le 23 octobre dernier, Norman poste ainsi sur sa chaîne Youtube une vidéo intitulée « Assassin des templiers », et présentée comme « inspirée de l’univers du jeu vidéo Assassin’s Creed ». Aucune mention du commanditaire de la vidéo. Au Monde, la boîte de production IDZ confirme pourtant avoir été en contact avec Mixicom et Ubisoft, l’éditeur du jeu vidéo Assassin’s Creed. La vidéo tournait d’ailleurs en boucle sur le stand de ce dernier au Salon du jeu vidéo Paris Games Week, une semaine plus tard.« La déontologie, j’en ai rarement vu »Une vidéo promotionnelle, en somme, mais qui n’est jamais explicitement présentée comme telle. C’est que les youtubeurs les plus importants, conscients que la mode dont ils jouissent peut être éphémère, réfléchissent rarement en termes d’éthique. « La déontologie, j’en ai rarement vu, épingle un responsable d’agence. On essaie de faire des choses cohérentes, ce sont les agences qui réfléchissent et non les youtubeurs. »Certains, malgré tout, réussissent à se distinguer. Jhon Rachid ferait partie des rares à ne pas faire payer l’annonceur lorsqu’un sujet lui est proposé et l’intéresse. Dans la sphère anglophone, TotalBiscuit, sévère critique des dérives déontologiques de la presse jeu vidéo – et l’une des figures de la nébuleuse antiféministe GamerGate – ne demanderait aucun cachet pour tester les jeux envoyés par les éditeurs. Ils font toutefois figure d’exception.Pour Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix et tous ceux dont le contenu des vidéos est en partie négocié avec une régie, leur mission consiste à mettre leur popularité au service de la marque, et peu importe que leurs vidéos soient massivement regardées par des enfants peu préparés à faire la part des choses. « Il n’est jamais stipulé dans les contrats qu’ils doivent dire du bien du produit, mais si on pose un paquet de céréales sur la table et que le gars critique, il sait que ça ne va pas le faire, explique la même source. L’intérêt du youtubeur est de ne pas cracher dans la soupe. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Krémer Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents.D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. »Lire :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisLes chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ».Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty.Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux »La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours…Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. »Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes.Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Y a-t-il encore un sens à surveiller les équilibres de temps de parole uniquement à la télévision et à la radio alors que l’information se diffuse aujourd’hui à travers de multiples canaux ?L’environnement dans lequel nous évoluons a énormément changé depuis les années 1980, lorsque les règles d’équilibre du temps de parole ont été décidées. Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio La campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre s’intensifie. Moins d’un mois nous sépare du premier tour de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle. Et les calculettes commencent à chauffer, pas seulement du côté des instituts de sondage, mais au sein même des rédactions des radios et des télévisions. Désormais, elles doivent respecter l’équité entre les différents candidats, sous peine de s’attirer les foudres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Chronomètre en main, des bataillons traquent la moindre seconde de temps de parole. Ils sont constitués d’une dizaine de salariés à France Télévisions, trois en moyenne pour TF1 et LCI. « Je n’avais pas mesuré que les règles étaient aussi strictes. Dans la presse écrite, on essaie d’être vigilants à interroger toutes les formations, mais à la radio et à la télévision tout est calculé à la seconde près », confie Christophe Jakubyszyn, chef du service politique des deux chaînes.Question d’équitéA Radio France, c’est une société externe qui est chargée de cette tâche fastidieuse. Une personne pilote le travail de plusieurs stagiaires à BFM-TV ; elle est en relation quasi quotidienne avec la direction de la rédaction pour veiller au respect des équilibres. Pas question de se faire accuser encore une fois de favoriser tel ou tel parti comme ce fut le cas lors des dernières élections départementales. Une critique qui a laissé des traces : « C’était injustifié, car nous avions arrêté les compteurs en cours de période », se souvient Hervé Béroud, le directeur de la chaîne info.L’équité est une notion qui dépend de nombreux facteurs, selon la définition du CSA. Son appréciation se fonde sur deux séries d’éléments : « La représentativité des candidats qui prend en compte, en particulier, les résultats du candidat ou de la formation politique aux plus récentes élections », d’une part, et « la capacité à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d’un mandataire financier, et plus généralement toute initiative permettant de porter à la connaissance du public les éléments du programme du candidat », d’autre part.« C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. » Yael Goosz, chef du service politique de France InfoUne définition suffisamment floue pour contenter tout le monde ? Pas vraiment. Au CSA, on se garde d’imposer toute répartition chiffrée. Cependant, s’il n’existe pas d’étiage officiel, des « chiffres officieux circulent », souligne Christophe Jakubyszyn. Mieux vaut donc ne pas trop s’en éloigner. « On ne conteste pas le principe de l’équité qui nous laisse une certaine liberté, mais cela reste compliqué à gérer », remarque pour sa part Hervé Béroud. « Dans des campagnes où il y a de très nombreux candidats, de très nombreux partis, dès l’instant que l’on couvre une région, on entre dans un véritable casse-tête. Lorsqu’on interroge un candidat, il faut quasiment entendre les autres selon leur poids dans la campagne », observe-t-il.Le décompte qui est effectué au niveau de chaque circonscription dans les élections locales parasite le travail journalistique. « Cela nous empêche de faire des sujets transversaux. J’aurais aimé expliquer ce qu’est une gestion de gauche ou une gestion de droite, mais c’est pratiquement impossible si on veut faire un traitement national », juge Christophe Jakubyszyn.« Logique comptable »Le constat est presque le même à la radio. « Les sujets sont courts, deux minutes, c’est l’exception. Il est difficile de faire parler tout le monde. Quant aux débats, au-delà de trois personnes, c’est la cacophonie », assure Catherine Mangin, directrice adjointe de l’information à RTL. Yael Goosz, le chef du service politique de France Info depuis août, découvre cette « logique comptable » de la couverture des élections. « C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. Le 18 novembre, nous irons à la rencontre des électeurs du Front national dans deux régions. Nous compenserons ensuite avec d’autres sons de cloche », raconte-t-il. Le pire est peut-être à venir.Lire aussi :« On préfère appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que renforcer les règles »« C’est un casse-tête, surtout à la fin », souffle Marie-Eve Malouines, ancienne patronne du service politique de la radio tout info du service public et désormais présidente de LCP. Il faut alors rattraper les déséquilibres qui peuvent s’être formés. « Nous pouvons faire des sujets non pas en fonction de l’actualité, mais aussi en fonction des équilibres à respecter », regrette-t-elle.Un aménagement des règlesAvec la présidentielle en vue, les choses risquent d’être complexes si les règles ne changent pas. D’abord, les médias audiovisuels vont devoir gérer l’élection primaire qui se profile à droite. Celle-ci n’est pas soumise à une réglementation particulière, mais le CSA veillera à ce que sa couverture n’entraîne pas des déséquilibres de traitement entre la majorité actuelle et l’opposition. « Il faut faire vivre l’événement quand il se déroule. Il faudra nous laisser du temps pour réguler ça avec les autres partis », prévient Hervé Béroud. Télévisions et radios espèrent surtout que les conditions dans lesquelles doit se tenir l’élection présidentielle elle-même seront assouplies.Pour le moment, les candidats doivent être traités dans la plus stricte égalité dès que le Conseil constitutionnel valide la liste des participants au scrutin, c’est-à-dire plusieurs semaines avant le premier tour. « C’est une situation aberrante. Lors de la dernière présidentielle, Jacques Cheminade a eu autant de temps de parole que Nicolas Sarkozy ou François Hollande pendant cinq semaines », regrette Hervé Béroud.En septembre, le CSA a publié une série de propositions pour aménager les règles de la couverture de la vie politique. L’une d’entre elles vise à instaurer désormais le principe d’équité avant la campagne officielle, qui s’ouvre le deuxième lundi avant le premier tour du scrutin. La plupart des suggestions du CSA ont été reprises dans un texte qui devrait être discuté au printemps au Parlement.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Machart On ne saura pas ce qu’aurait pu être « Antoine sans fiche », la première mouture de l’émission hebdomadaire qu’Antoine de Caunes devait présenter sur Canal+ en cadeau de consolation de son éviction de la présentation du « Grand Journal ». Mais « L’Emission d’Antoine », qui faisait ses débuts vendredi 6 novembre à 22 h 45 sur la chaîne cryptée, est une hilarante réussite. Si le même niveau est atteint chaque semaine, elle devrait devenir le rendez-vous incontournable des réjouissances zygomatiques.C’est le grand de Caunes qu’on retrouve là : drôle, malin, coquin, leste, transformiste – toutes choses en quoi il excelle –, le tout servi par des textes léchés de langue de maître ; un de Caunes tel qu’on l’aimait lors de ses reportages urbains excentriques (« Toqué de Tokyo », « Maboul de Séoul », etc.) et de ses programmes d’antan (« Eurotrash ») ; un de Caunes libéré de ce « Grand Journal » où il n’était pas à son meilleur et auquel il règle d’ailleurs, avec une fine insolence, son compte en début de d’émission.L’esprit est très Canal, mais du Canal historique, de la grande époque (le XXe siècle), avec tout de même quelques transferts du Canal plus récent, comme Alison Wheeler et Monsieur Poulpe, qui étaient présents dans « Le Grand Journal » animé pendant deux saisons par Antoine de Caunes.Canal historiqueSi Mme Wheeler n’est toujours pas très drôle (c’est le seul point faible de « L’Emission d’Antoine »), M. Poulpe est en revanche assez bien distribué dans l’animation d’un jeu foutraque où les deux candidats, de Caunes et Fred Testot (un ancien de la séquence mythique « Service après-vente des émissions », sur Canal+, avec Omar Sy), s’évertuent à ne pas savoir répondre à des questions farfelues. Ce qui vaut à M. Poulpe la pénalité d’être méthodiquement épilé par une dame asiatique qui s’évertue à décoller trop lentement des patchs apposés sur ses cuisses. La séquence se termine par un concours de coiffure où deux malheureux garçons se font tailler des perruques de clown par de Caunes et Testot…Capillotracté, tout cela ? Normal : le fil conducteur de ce premier numéro était le poil, considéré dans tous ses états. Ce qui autorisa de Caunes à enquêter dans les arcanes d’un concours autrichien de barbes et moustaches où se présentent de véritables cascadeurs du système pileux ; à rendre visite à une cinéaste pornographique bisexuelle et féministe adepte des femmes velues (avec les images olé-olé qu’on peut voir sur une chaîne cryptée, même avant minuit, heure légale du porno maison) ; à recevoir une vraie femme à barbe et à s’entretenir sérieusement avec elle.Et à débiter des palanquées de jeu de mots artistement foireux, à dire des choses grossières sans la moindre vulgarité (art que ne possède pas encore Alison Wheeler), à se déguiser et à pouffer comme le gamin de 12 ans que ce sexagénaire génial et chenapan n’a jamais cessé d’être.Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 12h26 • Mis à jour le06.11.2015 à 13h00 | Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau La recherche d’un partenaire capable de racheter Ubisoft « n’est qu’une de nos options » pour échapper à une prise de contrôle de Vivendi, a expliqué Yves Guillemot, son président, lors d’une conférence téléphonique en marge de la présentation de ses résultats financiers semestriels. Elle reste toutefois la priorité actuelle du groupe.« Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagne et que cela soit positif pour les actionnaires », a détaillé Yves Guillemot lors d’une conférence téléphonique. Si Ubisoft a souligné dans un communiqué ses accords passés avec de « puissants partenaires internationaux » comme Columbia, Fox New Regency, Nickelodeon et Warner, le président de la plus grosse entreprise française de jeu vidéo n’a pas précisé vers quel chevalier blanc Ubisoft cherchait à se tourner pour empêcher une prise de contrôle par Vivendi.Plus aucun contact avec Vincent BolloréFace à ses actionnaires, Yves Guillemot est resté fidèle à la ligne de défense de son groupe : Ubisoft détient un savoir-faire et une connaissance du métier qui sont étrangers à Vivendi, et un rachat mettrait son modèle créatif en danger. Le président de l’entreprise a notamment relevé les quatre fondamentaux de sa stratégie : le développement de jeux en ligne avec une forte composante multijoueur, des jeux en mode ouvert, une capacité à créer de nouvelles licences de A à Z et un élargissement au-delà du jeu vidéo, notamment dans le cinéma. « Nous commençons tout juste à toucher les dividendes de cette stratégie », a assuré Yves Guillemot, qui a une nouvelle fois rappelé sa volonté d’indépendance.« Nous pensons que les synergies sont difficiles à voir surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd’hui, et dans le passé Vivendi ne voyait pas de synergie avec Activision Blizzard [dont le groupe a revendu l’essentiel de ses parts en 2013], nous ne voyons donc pas pourquoi ils en verraient aujourd’hui. »M. Guillemot a par ailleurs confié n’avoir eu aucun contact avec Vincent Bolloré depuis l’appel téléphonique de ce dernier le jour de l’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft – le géant des loisirs a depuis porté sa participation à 10,6 % d’Ubisoft, et reconfirmé sa volonté de rester indépendant. Ubisoft a par ailleurs annoncé mardi 2 novembre avoir signé un contrat avec l’agence de communication Mindshare, alors que la société était liée jusqu’à présent à Havas, qui appartient au groupe Vivendi.Trois jeux à gros budget dans les quatre moisPour son premier rapport financier depuis l’entrée non sollicitée de Vivendi dans son capital, Ubisoft a annoncé un chiffre d’affaires semestriel de 207,3 millions d’euros, en recul de 57 % par rapport à 2014, et 65,7 millions d’euros de pertes nettes (contre un bénéfice de 17,5 millions d’euros l’an passé). Un résultat prévisible : l’éditeur n’a lancé aucun jeu majeur au printemps de cette année, au contraire de Watch Dogs, sa nouvelle licence phare, en 2014.Principale sortie de l’éditeur pour ce Noël, le jeu Assassin’s Creed Syndicate a connu un lancement compliqué, avec des critiques partagées et des résultats commerciaux très en deçà des précédents opus (66 000 exemplaires en France en première semaine, contre 167 000 pour Unity). Mais la seconde semaine a renversé la tendance, assure l’éditeur. « Les notes que nous avons eues sur ce jeu ont été très élevées, notamment les plus gros sites spécialisés, et le bouche-à-oreille est actuellement favorable au jeu », a soutenu Yves Guillemot.Ubisoft publiera par ailleurs le jeu d’action Rainbow Six Siege le 1er décembre, ainsi que The Division et Far Cry Primal au premier trimestre 2016, qu’Ubisoft veut croire « historique ». Il est en effet rare de lancer deux jeux à gros budget en début d’année.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Christine Rousseau Qu’est-ce qui vous a fait accepter cette proposition de diriger France 5 ?Cette chaîne fait briller les yeux car elle est la quintessence du service public, celui qu’on aime aimer. Et puis, j’ai eu un vrai coup de foudre pour Delphine Ernotte, pour la manière dont elle présentait les choses, pour sa personnalité complètement atypique dans le paysage audiovisuel. Je me suis dit qu’avec cette femme-là qui n’a aucune des lourdeurs du milieu parce que justement elle vient d’un autre univers, cela pouvait être vraiment passionnant. Plus personnellement, je ne peux rien dire de négatif sur ce que je faisais à TF1. Avec la complicité de son ex-PDG, Nonce Paolini, je m’étais constitué un petit royaume avec mon émission littéraire sur TF1, mon rendez-vous quotidien sur LCI, celui sur la chaîne Histoire ainsi que « Médiapolis » sur Europe 1. J’aurais très bien pu continuer ainsi. Mais je ne me mettais plus en danger. Et puis cela m’intéressait de savoir si après vingt-cinq ans, la méthadone de ce nouveau travail allait réussir à compenser la crise de manque de l’antenne. Pour le moment, je suis très satisfait du traitement médical. Je n’ai pas eu une crise de manque depuis la rentrée. Très sincèrement, je n’ai pas eu le temps.France 5 a connu une très belle progression lors de la saison 2014-2015 avec 3,4 % de PDA. N’est-ce pas plus difficile encore d’hériter d’une chaîne dont tous les voyants sont au vert ?C’est évident qu’il y avait un côté « cadeau empoisonné ». Quand vous arrivez dans une chaîne dont l’image est excellente, dont les audiences vont bien et dans laquelle les rendez-vous sont installés depuis des années, vous avez toutes les raisons de ne rien bouger. C’est évidemment le principal obstacle auquel je me suis confronté, même intellectuellement. Tout conspire à ce que vous ne touchiez à rien. Or, comme je l’ai dit aux équipes, tout ce qui est aujourd’hui positif pour France 5 – notamment l’ancrage de ses programmes qui la rend familière – peut se transformer en critiques sur le manque de renouvellement. Il faut donc passer à la vitesse supérieure car nous sommes dans une époque d’incroyables changements.« Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel »Pour reprendre les termes de Delphine Ernotte, votre tache est donc de réveiller « la belle endormie ».Oui, même si France 5 n’est pas inerte. Elle est passée par de nombreuses mutations, et chaque étape me permet d’identifier les problèmes. Pendant longtemps, elle a été une chaîne de la journée qui, le soir, cédait sa place à Arte. Quand elle est devenue une chaîne à part entière, sa grille n’a pas été réellement redéfinie par rapport à une construction qui, aujourd’hui, se fait en amont et aval du prime time. Il ne s’agit pas de le faire du jour au lendemain pour autant, parmi mes objectifs, il y a un travail à opérer sur les « primes times ». Ce n’est pas possible qu’une chaîne aussi forte en journée soit sinon faible en soirée en tout cas n’épuise pas son potentiel.D’autre part, c’est une chaîne qui n’a jamais eu de rédaction, ce qui fait qu’elle est coupée de l’information, au sens quotidien du terme. Certes, celle-ci est traitée excellemment dans les magazines de fin de journée comme « C dans l’air », mais elle n’est pas liée à l’événement. Mon deuxième chantier est donc l’« événementialisation » de la chaîne : soit en créant l’événement comme ce sera le cas, le 24 novembre, avec la soirée spéciale consacrée aux violences faites aux femmes ; soit en étant réactifs ainsi que nous l’avons été tout au long de la semaine qui a suivi les attentats du 13 novembre.Lors de la diffusion de la série documentaire « 360° » vous avez évoqué le numérique comme l’un de vos chantiers principaux. Comment allez-vous le développer ?De nombreux sites se nourrissent des programmes de France Télévisions. Cela accroît leur trafic et leur audience mais nous en sommes quelque peu dépossédés. En ce qui concerne France 5, nous avons très peu de production interne. Les grands rendez-vous de magazines sont élaborés par des producteurs extérieurs qui ont leur page Facebook et leur compte twitter. Mon idée est de redonner une cohérence à tout cela comme on le fait déjà avec « Allo docteur ». Je voudrais rationaliser les rapports entre la chaîne et les différents producteurs sachant qu’il y a beaucoup d’inconnu. Par exemple, l’internaute qui vient chercher un replay, par où rentre-t-il ? Est-ce par le site de France télévisions ? Celui de France 5 ? Ou encore celui de l’émission ou d’une séquence ? Cette porte d’entrée détermine la stratégie. Pour l’heure, j’emmagasine les études et j’écoute ceux qui savent, avant d’essayer de la définir. Il faut vraiment que ce soit une réponse de groupe.Outre l’offre linéaire, ce qui me passionne davantage encore est la création documentaire. Avec 3000 dossiers reçus par an et la diffusion de près de 300 documentaires, nous sommes l’interlocuteur privilégié à France Télévisions de tout cet écosystème. Aujourd’hui, on ne peut plus écrire pour le linéaire puis découper trois quatre extraits à mettre le net. L’écriture numérique est spécifique. Voilà pourquoi « 360° » me passionne. Du coup, on est en train de réfléchir à un documentaire ou une mini-série pour lequel on demanderait aux producteurs des projets bi-face avec une version linéaire et une autre numérique sur le même sujet. A charge pour eux de trouver des interactions entre les deux. A France Télévisions, nous avons avec « Les Nouvelles Ecritures » un atelier incroyablement intelligent et performant avec lequel je me suis rapproché. Car si on rate ce lien avec cette nouvelle créativité, la chaîne pour le coup vieillira très vite.La part de la fiction va-t-elle augmenter, comme le désire la présidente de France Télévisions ?Pour l’instant, nous n’avons pas d’argent pour investir dans la création. Néanmoins, nous travaillons avec l’équipe documentaire afin de lancer un appel à projets conjoint avec « Les Nouvelles Ecritures » autour du docu-fiction. D’autre part, la case du lundi dévolue à ce genre va s’ouvrir au cinéma à la manière de « La Dernière Séance ». Dès janvier, nous proposerons un film incontournable accompagné d’archives sur le tournage, d’actualités de l’époque ou d’un documentaire issu de la collection « Empreintes ».Et en matière de divertissement ?Pour des raisons liées à son histoire, le spectacle vivant n’est pas présent sur la chaîne. Or, j’aimerais qu’il trouve ponctuellement sa place sous forme événementielle. Je vais y aller prudemment car ce n’est pas forcément des succès d’audience. Mon bassin d’audience étant cependant plus réduit que celui de France 2 ou France 3, je peux m’offrir le luxe de diffuser des captations de théâtre ou d’opéra à une heure moins tardive que ces chaînes, vers 21 heures ou 22 heures ; ce qui est plus gratifiant pour les artistes et permet de proposer des soirées de prestige.Outre les soirées cinéma du lundi, d’autres changements sont-ils prévus en janvier ?Le mardi, « Le Monde en face » comportera des plateaux plus longs. « La Maison France 5 » et « Silence ça pousse », qui connaissent une rude concurrence le mercredi, sont déplacés le vendredi. « On n’est pas que des cobayes » qui affronte « Koh-Lanta » et « The Voice Kids » devrait passer en « access » le samedi. Enfin, le mercredi sera une soirée prestige avec nos grandes coproductions internationales archéologiques et scientifiques. Ce n’est pas une révolution, mais cela fait bouger les choses. Je ne sais pas si je serai le prince charmant qui réveille la belle endormie, en tout cas, il n’est pas question que France 5 dorme pendant dix ans.« Nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs »La grille comportera-t-elle des nouveautés ?Il y a deux émissions qui me tiennent à cœur mais que je trouve en deçà de leur potentiel. Il s’agit de « La Grande Librairie » et « C politique ». L’émission littéraire de François Busnel pourrait faire bien mieux comme on le voit lors des soirées spéciales, où il double quasiment son audience. Ce qui bloque sans doute est le côté un peu rigide de l’émission. François Busnel désirait la rallonger. Je le lui ai accordé à condition qu’il la reformate de façon à offrir plus de sujets et de reportages. Pour « C politique », j’ai tenu un discours similaire à Jérôme Bellay, son producteur. Je lui donne une demi-heure de plus afin de sortir du cadre un peu institutionnel de l’interview politique en y intégrant notamment des invités de la société civile en lien avec l’actualité, qui viendront interpeller le politique, des spécialistes ainsi fact-checking avec l’invité.Pour faire cela, j’ai donc décidé de faire des économies en supprimant les plateaux qui introduisent les émissions. De même, certaines qui arrivaient en fin de contrat ne sont pas reconduites comme « Hélène et les animaux » ou « Les Grandes questions » de Franz-Olivier Giesbert.Qu’en est-il de l’avenir des « Maternelles » et du « Journal de la santé » après le rachat par TF1 du groupe de production Newen ?Pour le moment, tous les nouveaux projets sont suspendus. Concernant les magazines de santé, le problème ne se pose pas car le contrat court jusqu’en 2017. Celui des « Maternelles » arrive à échéance en juin 2016 et sera réexaminé. Très franchement, je suis partagé avec ce magazine sympathique et en symbiose avec les valeurs du service public mais décevant en termes d’audience générale. Son aspect novateur des débuts n’est-il pas devenu obsolète ? La leçon que l’on peut tirer de l’affaire Newen est que nous ne devons plus nous mettre en situation de dépendance vis-à-vis des producteurs comme cela a été le cas. Une émission n’est pas une rente à vie, c’est le message que je veux leur insuffler.Christine RousseauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « La cinquième vidéo, elle est fatale, on dirait un film », dit un habitant de Saint-Denis qui tente, dans sa commune, de vendre à des journalistes des images amateurs de l’assaut donné par les policiers mercredi 18 novembre au matin. « 400 euros, c’est donné », commente-t-il. Le phénomène n’est pas totalement nouveau mais l’intensité du petit marché qui s’est mis en place dans la foulée des attentats a frappé plusieurs reporters sur place, dont ceux du Petit Journal et de FTVinfo.Saint Denis des jeumes tentent de vendre des vidéos entre 100 et 300 euros sur le marché selon si l on entend tirs pic.twitter.com/KmPhoH54lG— Pascal Jalabert (@Jalabertpascal) November 18, 2015« Si on voit les tirs et un policier, de loin, dans la nuit, c’est 500 euros, sinon, juste le son, c’est 100 euros », s’indigne Pascal Jalabert, rédacteur en chef du bureau parisien d’informations générales d’Ebra, groupe de journaux de l’est de la France, cité par FTVinfo.#SaintDenis Un riverain me montre une vidéo, prise à 4h36 du matin. On y voit des tirs depuis la fenêtre de l'immeuble rue Corbillon.— Kocila Makdeche (@KocilaMakd) November 18, 2015Le journaliste de FTVinfo Kocila Makdeche raconte qu’après l’avoir interpellé, les vendeurs montrent la vidéo proposée « sous le manteau, comme des vendeurs à la sauvette », dans une rue tranquille.Sans se cacher particulièrementD’autres font leur commerce sans se cacher particulièrement : Le Petit journal a filmé un groupe de personnes négociant des images de façon ouverte, dans une rue.St-Denis : le commerce des vidéos amateurs - Le Petit Journal du 18/11La circonstance de l’assaut renforce la quantité et l’intérêt des documents amateurs : les échanges de tirs, impressionnants, entre la police et les djihadistes retranchés rue Corbillon, ont commencé très tôt, vers 4 h 30. Beaucoup de riverains ont filmé avec leur smartphone avant que les moyens importants des télévisions arrivent progressivement.Les documents amateurs, montrant l’immeuble des terroristes, le choc assourdissant des armes automatiques ou des mouvements de forces de l’ordre, ont été utilisés par les chaînes de télévision, de BFMTV à i-Télé, en passant par Télé Matin, explique Le Petit Journal. Ce qui ne veut pas dire qu’elles les aient achetées, car certains témoins donnent gratuitement leurs images ou les postent sur les réseaux sociaux.BFM-TV a acheté deux portraits d’un kamikaze, pas de vidéos« Nous ne sommes pas contre le principe d’acheter certains documents », explique au Monde Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Pourtant, depuis le 13 novembre, la chaîne dit n’avoir payé que deux photos, d’Ismaïl Omar Mostefai, l’un des djihadistes qui s’est fait exploser au Bataclan, acquises auprès d’un « ex-proche » et aucune vidéo.BFM-TV explique sa ligne de conduite pour l’achat de documents amateurs : « Ne pas rentrer dans une course au spectaculaire, ni dans une course aux enchères. Et il faut que le document apporte une info », explique M. Béroud.Payer des particuliers pour des images est assez tabou. A Saint-Denis, le reporter du Petit Journal confronte les vendeurs : « J’ai fait ton travail. J’ai eu les couilles de le faire. J’ai risqué ma vie », explique l’un d’eux. Avant d’avancer une raison plus économique : « Y’a de l’actu, je sais que je peux faire de l’argent. (…) J’ai pas de travail. »Une vidéosurveillance d’un bar attaqué « pour 50 000 euros » Ceux qui achètent avec moins de complexe sont les médias anglo-saxons, où cette pratique est plus courante : d’ailleurs, la journaliste que Le Petit Journal arrive à filmer en train d’acheter pour de bon des documents parle anglais. On la voit verser une rallonge de 200 euros en cash, après avoir, dit-elle, déjà payé 250 euros pour quatre vidéos. Interrogée dans la foulée, elle dit travailler pour la BBC, le service public audiovisuel britannique. Mais nie avoir payé pour des images…Ces derniers jours, les médias britanniques ont parfois diffusé des documents amateurs, quitte à choquer : le Daily Mail a ainsi diffusé une photo de l’intérieur du Bataclan montrant des corps, qu’il a acheté via le Daily Mirror qui en a acquis les droits.Le site du quotidien a également montré des images de vidéosurveillance récupérées dans un des cafés-restaurants attaqués à la kalachnikov vendredi soir. « Cette vidéo nous a été proposée pour 50 000 euros », raconte Hervé Béroud, de BFM-TV, qui l’a refusée, car elle est « choquante ».Le Journal du dimanche a raconté que dès le soir des attaques, deux témoins proposaient trois vidéos et une dizaine de photos des attaques d’un bar et d’une pizzeria, pour 1 000 euros. Avec « exclusivité », ce qui veut dire qu’ils supprimeraient les images après la transaction.« Se faire du fric sur le malheur des gens »On est encore loin de la recherche effrénée d’images de faits divers pour les monnayer avant tout le monde aux chaînes, comme dans le film américain Night Crawler. Mais la pratique se diffuse, explique FTVInfo, qui se rappelle s’être fait démarcher pour enchérir sur des vidéos des inondations dans le sud-est de la France.« Honte à tous ces gens qui font commerce de la détresse », s’indigne une internaute dans les commentaires du reportage posté sur Facebook par Le Petit Journal. « Se faire du fric sur le malheur des gens, c’est ignoble. Si quelqu’un de votre famille se trouvait dessus, vous le feriez ? Vous me dégoûtez », abonde un autre. Le JDD dénonce, lui, une « version connectée du profiteur de guerre ».« Si j avais des photos, je les vendrais. Quitte à ce que BFM-TV, TF1 et autres se fassent des tunes, je prends ma part », rétorque un commentateur sur Facebook. « Tant qu’il y aura des gens pour acheter, il y aura des gens pour vendre, c’est une loi universelle », philosophe un autre. Un dernier tend un miroir à tout le monde : « Arrêtez de faire vos saintes-nitouches, vous serez tous scotchés à votre téloche quand la vidéo achetée sera diffusée. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Le débat sur le GamerGate ressurgit au moment le plus inattendu. Ce mouvement en ligne de joueurs de jeu vidéo hostile au discours féministe, aux médias, et régulièrement accusé de harcèlement en ligne, est accusé par le site américain Vice d’avoir modifié la photo d’un journaliste, Veerender Jubbal, en le grimant en terroriste kamikaze avant de la diffuser largement en ligne.Lire : A la rencontre du GamerGate, le mouvement libertarien qui veut défendre « ses » jeux vidéo  « La photo de l’un des kamikazes de Paris a été diffusée. Il l’a posté sur Twitter peu avant l’attaque », écrit un utilisateur turc de Twitter, connu sous le pseudonyme de Blacktric sur les réseaux sociaux anglophones, au soir des attentats du vendredi 13 novembre.Comme l’ont remarqué plusieurs internautes, un certain nombre de détails clochent, comme les prises anglaises, ou l’étonnante présence d’un godemiché à l’arrière-plan. La photographie a en fait été modifiée sur un logiciel de retouche d’image.« Il faut un gilet d’explosifs et un coran »Le détournement est apparu le 12 août, et a été réalisé par un membre du gamergate,@turd_wartsniff, alias Sad Person, ou encore Doctor Ethics, à la suite d’un dialogue édifiant entre trois utilisateurs de Twitter, dont Blacktric.« Vous êtes à la mosquée et ce type met une main aux fesses de votre copine. Que faites-vous ? - J’utilise Photoshop pour placer une bombe à la place de sa tablette - Non, il faut un gilet d’explosifs et un coran à la place de sa tablette »La photo, à nouveau mise en ligne le 13 novembre, connaît une diffusion exceptionnelle. Comme le relève Vice, le visage de Veerender Jubbal est repris dans la presse européenne : La Razon en Espagne et SkyTG24 en Italie publient la photo, l’un pour illustrer le parcours d’un des terroristes entrés en France en passant par la Grèce avec les réfugiés, l’autre comme un document « envoyé par l’Etat Islamique ». « Des millions et des millions de gens ont vu les images retouchées, et me prennent pour un terroriste », s’est désolé l’intéressé sur Twitter, qui rappelle être sikh et non musulman, vivre au Canada, et n’être jamais allé à Paris. « Tout ceci me place dans une mauvaise situation, au sens où je risque d’être physiquement et/ou moralement blessé à cause de ça. »Le mouvement minimiseVeerender Jubbal n’a pas été choisi par hasard. Il est connu pour ses positions hostiles au GamerGate. Il a ainsi créé le mot-dièse « StopGamerGate2014 », rappelle son profil Twitter. « Les gamers sont des ordures absolues, comme je le dis depuis une année entière. Les gens n’arrêteront pas de me harceler et polluer la vie », a-t-il déclaré, 24 heures après la diffusion de cette photo.Gamers are absolute garbage like I have been saying for a full year.People will not stop harassing, and bothering me.— Veeren_Jubbal (@Veerender Jubbal)require(["twitter/widgets"]);Sur Reddit, l’un des fiefs en ligne du GamerGate, on minimise la volonté de nuire et on se désolidarise du tweet du vendredi 13 novembre de Blacktric. Ce dernier s’était éloigné du mouvement il y a plusieurs mois. « Est-ce qu’un des nôtres [Sad Person] est responsable du détournement sous Photoshop ? Probablement, oui. Toutefois celui-ci a été fait avant les attaques de Paris, il n’y avait pas l’intention d’associer Veerender Jubbal dans celles-ci. Ceci a été fait par quelqu’un [Blacktric] qui ne s’associe plus avec le GamerGate. »Ce dernier a pourtant continué à harceler le journaliste, mais au sein de la « Ayy Team », un groupe d’internautes dissidents spécialisés dans la provocation extrême et les messages de harcèlement envers plusieurs communautés, comme les sympathisants LGBT et féministes. Les comptes Twitter et Reddit de Blacktric ont depuis été désactivés.Veerender Jubbal a quant à lui évoqué la possibilité de poursuivre en justice les journaux ayant utilisé sa photographie.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guillot Le jour de l’attaque du Bataclan, vendredi 13 novembre, ils étaient sept photographes accrédités pour le concert des Eagles of Death Metal. Un concert de plus pour ces spécialistes de musique, qui sont des passionnés autant que des photographes – l’un d’eux, Yann Charles, travaille en amateur, et publie ses photos de façon bénévole pour un webzine.Mais les images qu’ils ont prises ce soir-là, du groupe et du public communiant dans le même plaisir, se remplissent aujourd’hui d’une émotion toute particulière. « Ils sont tous choqués, à des degrés divers, témoigne Bertrand Alary, directeur de l’agence Dalle, qui diffuse plusieurs d’entre eux. Et ils ont chacun une attitude différente face aux images qu’ils ont faites. Moi, je suis leurs instructions à la lettre. »Dans le milieu musical, à part pour les gros concerts aux contraintes particulières, c’est en général la « règle des trois » qui s’applique : les photographes dûment accrédités peuvent travailler seulement pendant les trois premières chansons, histoire de ne pas perturber le spectacle. Le 13 novembre, au Bataclan, les photographes se placent dans le « pit », derrière les barrières, entre la scène et le public – là où ils ont un bon point de vue sur le groupe et les spectateurs.A eux d’éviter les flashs dans les yeux qui gênent les musiciens. « C’est un groupe de rock festif, super-intéressant à photographier, car ils sont super-vivants quand ils jouent », confie l’un d’eux, qui préfère taire son nom. Après trois chansons, des photographes se fondent dans la foule, d’autres décident de partir. « Avec un collègue, on a bu un verre en rangeant le matériel, raconte un photographe. On est tous les deux partis pour éditer nos photos chez nous. Avant, j’ai pris une photo sur mon téléphone, pour montrer l’ambiance, et je l’ai postée sur Facebook. Puis j’ai pris ma voiture, et c’est seulement en passant devant Le Petit Cambodge que j’ai compris que quelque chose de grave se passait. » A l’intérieur, le photographe Manu Wino se trouve au bar quand arrivent les terroristes, mais il est près de la sortie de secours, et réussit à s’enfuir. Un de ses collègues trouvera refuge dans un local technique pendant toute l’attaque. Mais la photographe Marion Ruszniewski, qui travaillait ce jour-là pour le mensuel Rock & Folk, est touchée par une balle dans le ventre. « J’ai pensé à mon ami Rémi Ochlik [tué en Syrie en 2012] et je me suis dit “pas moi” », a-t-elle raconté à l’AFP. Elle fera la morte jusqu’à l’arrivée des secours, et s’en tirera sans complications trop graves. « C’est mon sac à dos de photo qui m’a sauvé la vie », pense-t-elle.« Du mal à regarder mes images »Une fois la frayeur passée, que faire des cartes mémoires pleines d’images innocentes d’un concert qui a viré au carnage ? Les photographes ont tous répondu de façon différente. Marion Ruszniewski a diffusé quelques photos du concert par le biais de l’AFP, et doit publier le reste comme prévu dans le prochain numéro de Rock & Folk.Manu Wino et Julien Mecchi, « par respect pour les victimes », ont, chacun, décidé de distribuer gratuitement les photos du concert sur leur compte Facebook, en demandant qu’il n’en soit pas fait un usage commercial. « Peace, Love & Death Metal », a ajouté Manu Wino sur sa page, en écho au titre du premier album du groupe californien. Dans les images qu’il a prises, on voit nettement des spectateurs sur le côté de la scène. « Au début, je ne voulais rien en faire, a-t-il déclaré à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles. Mon sac est resté fermé. Et, petit à petit, on sort du choc, et, en discutant avec des amis, je me suis dit qu’il fallait envoyer des ondes positives. J’ai eu envie qu’on se souvienne des sourires, du rock’n’roll et qu’on était tous là pour faire la fête. »Mais ces clichés de spectateurs qui s’amusent avant la tuerie posent un problème de conscience à quelques photographes. Ils savent que nombre de personnes à l’image sont mortes, et que certaines familles n’ont pas encore identifié leurs proches. « Deux photographes m’ont demandé de retirer les images où on voit le public, parce qu’ils pensent que c’est plus respectueux », explique Bertrand Alary.Sur ce sujet, un photographe, qui préfère taire son nom, confie être « en pleine réflexion ». « Pour l’instant, j’ai encore du mal à regarder mes images. Je ne sais pas si les gens seront choqués de revoir leur famille, ou contents de les voir vivants et souriants après toutes ces photos d’horreur. » L’un d’entre eux semble avoir tranché, en publiant, en double page dans le magazine Paris Match paru lundi 16 novembre, sans donner son nom, une photo cadrée uniquement sur les spectateurs du concert : une image d’insouciance, à la fois joyeuse et terrible.Malgré le choc et les crises d’angoisse, les photographes ne semblent pas découragés de photographier des concerts, y compris au Bataclan. « Parfois, il faut juste faire son job », écrit Julien Mecchi sur Facebook. Et, par mail, Marion Ruszniewski indique : « Je prendrai des photos dès que j’en serai capable. »Lire aussi :Le gouvernement ordonne à Twitter de bloquer la diffusion des photos du carnage dans le BataclanClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard « On vous l’avait bien dit… », semblent entonner ceux qui ont brandi de longue date le risque de voir des terroristes se mêler aux migrants arrivant en Europe. Ainsi, le député républicain des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, tout comme le site d’extrême droite Fdesouche, n’ont pas manqué de souligner qu’un des auteurs des attentats du 13 novembre s’est présenté en Grèce en tant que réfugié syrien. Et au passage, ils ont pointé du doigt les médias, accusés d’avoir été trop angéliques dans leur traitement.Lire aussi :Un kamikaze du Stade de France avait emprunté la route des Balkans« Fantasme »« Des terroristes parmi les migrants : quand les médias dénonçaient un fantasme », a titré Fdesouche, listant une quinzaine de liens vers des sites d’information. Christian Estrosi a, lui, choisi de cibler un article et un média en particulier : France Inter. Il a accusé la radio de service public d’avoir réalisé un « maquillage » sur « un article qui donne tort à ses journalistes ». Reprenant un argument de Fdesouche, le maire de Nice s’est indigné lors de son passage lundi sur France Info, mais aussi sur Twitter.Mais je veux dénoncer ici maquillage réalisé par @franceinter sur un article qui donne tort à ses journalistes pic.twitter.com/PvkEVAe20j— Christian Estrosi (@cestrosi) November 16, 2015 En cause : le changement de titre, dimanche, d’un article du site de France Inter, initialement publié le 14 septembre. « Réfugiés : le fantasme de l’infiltration terroriste » a été changé en « Des terroristes parmi les migrants ? » Pour Fdesouche, cette modification « en loucedé » est la preuve du malaise du média.Contactée, France Inter reconnaît une « maladresse » décidée dans l’urgence dimanche. Mais assure avoir agi pour répondre à une inquiétude légitime : protéger l’auteur de l’article, qui était « victime d’insultes, mais aussi de menaces sérieuses » depuis que son nom et son article ont été exhumés, samedi, sur les réseaux sociaux. Sa signature a été retirée dimanche… et le titre adouci.Le ministère de l’intérieur et les expertsAu-delà de cette petite polémique, les médias ont-ils occulté le risque d’infiltration d’islamistes sur la route des Balkans ? Difficile de généraliser mais avec le recul, le titre initial de l’article de France Inter semble trop catégorique. « Ce n’est pas notre journaliste qui a mal fait son boulot, rétorque Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de la radio. Elle s’est appuyée sur le ministère de l’intérieur : dans un échange en off avec d’autres collègues, il se disait alors très peu préoccupé par ce risque. » L’éventuelle « sous-évaluation » du problème serait donc plutôt le fait de Beauvau.« Les migrants qu’on laisse entrer en France sont ceux qui veulent y demander l’asile. Or quand on fait une demande d’asile, on laisse nécessairement ses empreintes, on se fait photographier, et les services de l’OFPRA (l’office de protection des réfugiés) consultent les fichiers de police français et internationaux. Si une personne est recherchée, ou signalée par exemple pour radicalisme, c’est non : elle n’obtiendra pas le statut de réfugié et pourra même être expulsée », expliquait l’article, citant le ministère.La route des Balkans jugée risquée et lenteDans les autres liens pointés par Fdesouche, on trouve plusieurs articles s’appuyant en fait sur des sources identiques, par exemple des tweets du journaliste David Thomson, de RFI, en août. Ce spécialiste du djihad réagissait à l’affirmation formulée par le maire de Nice sur la présence de terroristes parmi les migrants, et avant lui par la présidente du Front national, Marine Le Pen :« A ce stade, les propos de Christian Estrosi au sujet des migrants et de l’Etat islamique sont factuellement faux. Jamais l’Etat islamique n’a encore utilisé les flux de migrants pour s’infiltrer en Europe dans le but d’y réaliser des attentats. Cette option initialement diffusée dans la presse italienne, puis instrumentalisée politiquement, n’est présente dans aucun communiqué », avait écrit M. Thomson, selon Le Lab.Le journaliste de RFI ajoutait toutefois : « Pour autant, une telle option n’est pas non plus totalement exclue. »D’autres articles se fondent sur les mêmes dépêches AFP, l’une du 21 mai, l’autre du 14 septembre. Leur angle est commun : « Des djihadistes peuvent gagner l’Europe sans se cacher parmi les migrants. » Y sont cités des officiels, dont le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, qui appelle à la vigilance ; mais aussi plusieurs spécialistes, assez sceptiques. Pour eux, il est plus rapide et moins risqué pour l’Etat islamique de passer par d’autres voies, comme l’avion, que de tenter la route des Balkans.« Exagérer la menace serait complètement idiot, mais la nier absolument serait faux », relativisait Eric Dénécé, du Centre français de recherches sur le renseignement, dans une dépêche.Et le débat sur les migrants ?Les médias ont-ils péché par excès de certitudes ? Jean-Marc Four, de France Inter, rappelle que « la vérité du jour n’est pas celle du lendemain ». Le parcours de l’auteur des attentats du 13 novembre passé par la Grèce montre que le processus d’enregistrement des migrants peut laisser passer un individu non fiché ou utilisant un faux passeport – en l’occurrence de Syrie, pays en guerre. L’Ofpra explique aujourd’hui avoir dans quelques cas refusé l’asile pour des soupçons de terrorisme. Mais ne peut agir si l’arrivant ne dépose pas de dépôt de dossier.Lire aussi :Craintes sur l’arrivée de terroristes avec les migrants« Sur le fond, il y a peut-être eu chez les journalistes une forme de minimisation, mais pas forcément consciente, pense M. Four. Car les thèmes du terrorisme et des migrants se téléscopent et sont tous les deux sujets à instrumentalisation politique. »Intéressante pour la lutte contre le terrorisme, la question ne change pas forcément les termes du débat sur l’immigration et les réfugiés : « Même si on admet que quelques terroristes passent dans le flot de migrants, faut-il pour autant renoncer à trouver une solution d’accueil pour tous les autres ? », demande M. Four.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Attentats à Paris : "François Hollande craint... par rtl-frCela s’appelle éteindre un début d’incendie. Mardi 17 novembre, RTL a publié un communiqué pour soutenir son chroniqueur Eric Zemmour, pris à partie sur les réseaux sociaux. Le polémiste avait affirmé le matin même sur l’antenne de la radio qu’« au lieu de bombarder Raqqa [en Syrie], la France devrait bombarder Molenbeek ». Une référence au quartier de Bruxelles réputé pour la présence d’islamistes et actuellement ciblé par les enquêteurs après les attentats du 13 novembre à Paris.« Face aux réactions et à l’incompréhension suscités par la chronique d’Eric Zemmour diffusée ce 17 novembre dans la matinale, RTL tient à indiquer que les propos du chroniqueur étaient évidemment à prendre au second degré et aucunement au premier degré ».« L’objet de la chronique d’Eric Zemmour était de montrer que les bombardements français en Syrie ne servaient à rien tant que les frontières intra-européennes ne seraient pas rétablies, a ajouté RTL. Comment peut-on imaginer qu’Eric Zemmour ait sérieusement appelé à bombarder cette commune bruxelloise ? »Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe précédent i-TéléPar ce communiqué, la radio réitère son soutien au journaliste devenu essayiste militant, comme elle l’avait fait lors de polémiques précédentes. Elle avait expliqué à différentes reprises qu’il ne convient pas de faire taire une voix qui représente une partie des Français. La société des journalistes de RTL s’était pourtant désolidarisée de M. Zemmour le 17 décembre, après des propos ambigus sur les musulmans au Corriere della sera : « Ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL », avait écrit la SDJ.A la même époque, la directrice de la rédaction d’i-Télé, Céline Pigalle, avait mis fin à l’émission de débat de M. Zemmour avec Nicolas Domenach. Celle-ci a depuis été limogée de la chaîne d’information en continu par Vincent Bolloré, le nouvel homme fort de Vivendi. Outre ses livres et sa chronique deux fois par semaine sur RTL, M. Zemmour a encore un rendez-vous hebdomadaire sur Paris Première (groupe M6) : avec Eric Naulleau, son ancien complice d’« On n’est pas couché », l’émission de Laurent Ruquier, qui a depuis regretté avoir fait décoller la carrière de M. Zemmour.Lire aussi :i-Télé met fin à sa collaboration avec Eric ZemmourAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.11.2015 à 22h32 • Mis à jour le17.11.2015 à 08h10 | Alexandre Piquard « En situation de guerre, ce document est un éclairage glaçant mais poignant de ce que Paris a vécu vendredi soir », assume Vincent Régnier, directeur des magazines d’information de M6. Le « document » en question, diffusé dans l’émission « 66 Minutes », est une séquence tournée presque par hasard, lors d’un reportage sur le travail quotidien des pompiers : les journalistes se sont retrouvés embarqués avec les secours quand ils ont été parmi les premiers à découvrir le carnage au restaurant La Belle Equipe, rue de Charonne, dans le 11e arrondissement. Montré dimanche 15 novembre à 18 heures, le document n’était pas encore disponible en replay, mardi matin. « Atteinte à la dignité des personnes »Le ministère de l’intérieur ne partage pas du tout la satisfaction de la chaîne : « Le reportage est violent et il a été diffusé trop tôt : seulement quarante-huit heures après les faits. Les victimes n’étaient pas toutes identifiées et certaines familles étaient encore dans l’attente. Le document pouvait porter atteinte à la dignité des personnes. Il n’était pas opportun de le diffuser si tôt », explique son porte-parole au Monde, confirmant un argumentaire relayé par Pure Médias. La place Beauveau n’était en revanche pas opposée à un passage à l’antenne plus tard, sans préciser quand.Dans le reportage, les caméras arrivent sur les lieux du drame, qui a fait 19 morts, avant la police, avec les pompiers. Les images sont dures. Il y a des cris… Des proches éplorés, des gens entre la vie et la mort. Une scène a notamment été relevée : « C’est ma sœur, tu attends qu’elle décède ? Est-ce qu’il y a de l’espoir ? », demande un survivant. « Je pense qu’il n’y a pas d’espoir », lui répond un pompier. Dans son ensemble, la séquence de dix minutes a suscité des réactions très contrastées sur Twitter comme l’a relevé Le Figaro.fr. Critiquée par les uns, mais aussi saluée par les autres.Le document montre surtout le sang-froid des secours et de leur responsable ce soir-là, un pompier qui ordonne le travail des ses hommes, avec méthode, au milieu du chaos. « Valeur informative »La « valeur informative » des images était trop grande, justifie Vincent Régnier, pour retarder la diffusion : « Il y avait toutefois deux conditions : ne pas porter atteinte à l’enquête et à la dignité des personnes. » Les visages étaient floutés et le reportage « déconseillé aux moins de 10 ans ».L’opposition entre le ministère de Bernard Cazeneuve et la chaîne porte sur un autre point : le porte-parole estime que M6 a outrepassé ses consignes car il a argué, avant la diffusion, de la violence du document.M. Régnier rétorque que le ministère a seulement mis en avant des arguments « administratifs ». Ce genre de reportages, où les journalistes sont « embarqués » fait l’objet d’une convention entre la chaîne et le ministère. En l’occurrence, cette convention précisait que le sujet serait diffusé sur W9 (une autre chaîne du groupe M6) et que les images devaient être visionnées, avant diffusion, par l’intérieur – pour vérifier les floutages notamment. Deux conditions non-respectées.Pas de manquement, selon le CSAM6 répond au ministère que les circonstances des attentats de vendredi soir étaient « exceptionnelles ». Et assure que les pompiers ont vu les images dimanche, sans trouver à y redire. L’homme qui s’inquiète de sa sœur mourante dans la séquence frappante du reportage a même recontacté M6 pour témoigner à visage découvert, malgré la mort de sa proche, selon M. Régnier. Au passage, le cadre de M6 fait remarquer l’absence de polémique liée à la diffusion d’une vidéo tournée par le journaliste du Monde Daniel Psenny, montrant l’horreur vécue par les victimes touchées par balles et fuyant le Bataclan par une sortie de secours.Le ministère de l’intérieur, lui, reste ferme : il regrette la diffusion, dimanche sur TF1, d’un autre reportage, également tourné dans le cadre d’un travail sur le travail des pompiers, initialement pour une autre chaîne, TMC. Il se réserve le droit de poursuivre les chaînes en justice.Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, lui, a plutôt conforté M6 : sa cellule de veille de l’autorité a estimé qu’il n’y avait pas de manquement, la chaîne ayant flouté les personnes susceptibles d’être reconnues. Mais un réexamen n’est pas exclu, précise l’AFP.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « On pensait avoir touché le fond, mais non… », se désole Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, jointe samedi 14 novembre par Le Monde. Elle était à son domicile, vendredi soir lors des attaques. Elle raconte son sentiment d’effroi au cours d’une soirée et d’une nuit passées sans dormir et à échanger avec des amis, mais avec « une réaction de rejet total, de fuite, presque un refus d’en entendre parler. »Samedi après-midi, l’équipe de Charlie Hebdo était sous le choc après ces attaques qui rappellent tant celles qui ont décimé le journal puis ciblé des policiers et des juifs en janvier. Contactés, plusieurs membres de la rédaction souhaitaient peu s’exprimer. Mais certains avaient déjà en tête le prochain numéro du journal, en théorie attendu pour mercredi 18 novembre, et qui doit désormais être totalement revu.Mesures de sécuritéVendredi soir, plusieurs membres de l’équipe, sous protection policière, dont son directeur, Riss, ont été mis en sécurité rapidement. Samedi, il leur a été déconseillé de s’approcher des nouveaux locaux que la rédaction occupe depuis plusieurs semaines dans le sud de Paris, après avoir quitté ceux où a eu lieu la tuerie de janvier puis avoir été hébergés au siège de Libération.Des membres de la rédaction ont toutefois élaboré un communiqué, assez succinct, paru samedi après-midi :« Toute l’équipe de “Charlie Hebdo” fait part de son effroi et de sa révolte après les attentats qui se sont déroulés vendredi 13 novembre à Paris. “Charlie Hebdo” s’associe à la douleur des victimes et leur adresse son soutien total ainsi qu’à leur famille. Le journal condamne une fois de plus cette violence terroriste au service de l’idéologie totalitaire islamiste qui n’a d’autre but que de détruire les valeurs de la démocratie et de la République. »Rattrapés par l’horreurVendredi soir, au moment des attentats, les membres de l’équipe se sont sentis rattrapés par l’horreur. Patrick Pelloux, médecin urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo, s’est rendu au Samu de Paris. Il y a endossé son rôle de médecin, plutôt que de confier son sentiment de membre de la rédaction de Charlie, qu’il a récemment annoncé vouloir quitter. Il a parlé de « carnage de guerre », de massacre, en particulier pour les victimes du Bataclan. « Ils ont utilisé des petites balles de 16,5 mm, avec une forte vélocité. C’est facile à tirer, et ils ont fait comme au ball-trap », a décrit M. Pelloux à une journaliste du Monde.Lire aussi :Patrick Pelloux annonce son départ de « Charlie Hebdo »D’autres membres de l’équipe étaient à la fête donnée dans les locaux de Libération avant son prochain déménagement, dont le rédacteur en chef, Gérard Biard. Bloqués dans cet immeuble voisin du Bataclan comme les autres — nombreux — journalistes invités, ils ont regardé les événements à la télévision sur place avant d’être mis en sécurité. M. Biard se concentrait samedi sur le prochain numéro du journal.Sigolène Vinson, elle, était chez elle en train de lire un livre quand elle a appris le drame. « C’est très dur… », raconte la chroniqueuse judiciaire du journal, qui par une coïncidence tragique s’est retrouvée à « trembler » ce vendredi parce qu’elle avait un ami parmi les spectateurs du Bataclan, qui a été touché par balle. Elle a passé une partie de la nuit à essayer de le localiser, après avoir échangé des SMS avec des membres de l’équipe de Charlie.Lire aussi :« C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts »Pression médiatique redoubléeCes dernières semaines, les membres de l’équipe de Charlie Hebdo voyaient se profiler les commémorations des attentats du 7 au 9 janvier. Avec une pression médiatique redoublée, comme en témoigne la publication des livres de Denis Robert, journaliste, et de Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo, symbole des tensions persistantes autour de l’héritage du journal. Les demandes venues des médias du monde entier ou les reportages prévus pour janvier se voient aujourd’hui percutés par la nouvelle actualité tragique des attentats de novembre, songe un journaliste, choqué.« Maintenant, il va falloir revoir des choses dans notre façon d’appréhender le terrorisme », pense aussi Zineb El Rhazoui, franco-marocaine et tenante d’une ligne d’opposition ferme à l’islamisme. « Il va falloir interpeller ceux qui ont dit “oui, mais…” après les attentats de janvier, ajoute la journaliste, actuellement en arrêt maladie. Il faut attaquer toute la chaîne de production idéologique du terrorisme, pas que les terroristes avec une réponse sécuritaire. »Dans la nuit de vendredi à samedi, certains des dessinateurs de l’équipe de Charlie Hebdo se sont mis à faire des croquis, paradoxalement inspirés par les horribles événements de la veille, relate un membre de l’équipe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Dix mois après les attentats de janvier, les grands médias français, tous établis à Paris, ont de nouveau connu une mobilisation totale, vendredi 13 novembre dans la soirée et pendant le week-end. Mais alors que le traitement médiatique des attaques menées par les frères Kouachi et par Amedy Coulibaly avait donné lieu à de vives polémiques, suivies de sanctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), cette fois la couverture n’a jusqu’ici pas soulevé de questions.« Nous n’avons pas été confrontés à des situations aussi compliquées qu’en janvier : soit c’était fini quand on est arrivé sur les lieux, soit c’était en cours, au Bataclan, mais on était placés loin », explique ainsi Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Cette fois, pas de dilemme sur le fait de diffuser en direct ou non les images de l’assaut, à la différence des dénouements de Dammartin-en-Goêle (Seine-et-Marne) ou de la porte de Vincennes, qui s’étaient déroulés sous l’œil des caméras. « Tout est allé beaucoup plus vite », résume M. Béroud.« Nous n’avions pas d’équipe en capacité de filmer l’assaut sur le Bataclan, renchérit Catherine Nayl, directrice générale adjointe à l’information du groupe TF1. Mais si nous en avions eu une, nous ne l’aurions pas diffusé. »Pas de consignesVendredi soir, aucune consigne n’a été donnée aux médias par le ministère ou par le CSA. « Nous n’avons reçu aucun message de la part des autorités, il n’y a pas eu d’échanges hors ceux que nous entretenons avec nos sources policières dans le cadre de notre suivi », atteste Laurent Guimier, directeur de France Info.La chaîne i-Télé a cessé de diffuser les images du Bataclan en direct vers 0 h 30 samedi, au moment de l’assaut. Le présentateur Bruce Toussaint a invoqué une « demande des autorités » en ce sens. Contacté par Le Monde, il explique que « l’une de nos reporters à proximité du Bataclan était en direct quand des détonations ont retenti et un policier lui a alors demandé de cesser de tourner, mais nous n’avons reçu aucun coup de fil à la rédaction. »Au lendemain des attentats de janvier, le CSA avait formulé des recommandations aux médias pour les enjoindre à ne pas perturber l’action des forces de l’ordre dans des situations similaires. Le CSA s’est exprimé samedi vers 15 heures, dans un communiqué, pour « attirer très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours dans les circonstances tragiques que vit notre pays ».Suivez notre live sur la situation à ParisPrudence redoubléeAu-delà du cas précis des images d’assaut, l’impression générale était celle d’une prudence plus forte qu’en janvier, notamment dans la communication des bilans.« On a presque eu un excès de prudence sur certaines informations : notamment le bilan très lourd de victimes tuées, pourtant recoupé par des sources médicales et policières, juge M. Béroud. Soixante morts, quatre-vingt morts… On avait envie que cela ne soit pas vrai et peur que cela puisse être faux. Mais c’est allé vite et ça s’est malheureusement révélé en-deçà de la vérité. »Malgré cette sidération, les médias ont semblé mieux maîtriser la situation. « Après les événements de janvier, on a revu notre fonctionnement de façon à être plus cohérents quant aux informations données entre nos différents supports (Web, antenne…) », rappelle M. Guimier. « Les équipes ont des réflexes qui tiennent compte de ce qu’on n’a fait ou pas fait au moment de Charlie, constate Catherine Nayl. Cela concerne par exemple les correspondances sur les réseaux sociaux pendant les prises d’otages. » « On est plus rapidement passés dans l’explication, dès samedi matin. En janvier, il y avait eu des jours de traque », abonde Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions, qui a également hésité un peu avant de donner les bilans impressionnants de morts.France Télévisions, qui n’a pas encore de chaîne d’information en continu, n’a pas décroché en direct tout de suite : France 2 a continué sur l’émission « Ce soir ou jamais » jusqu’à minuit et l’intervention de François Hollande, puis a rendu l’antenne à 2 heures. Auparavant, France 3 avait assuré le suivi des événements de 22 h 45 à minuit. Samedi, France 2 a repris l’antenne, jusqu’à midi, et France 3 a fait un décrochage avec des images de ses rédactions dans toute la France. Le « 13 heures » de France 2 est lui prolongé jusqu’à 14 h 30. De son côté, TF1 a assuré un long direct, vendredi soir après le match de football France-Allemagne, puis samedi matin.Lire aussi :Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Entre victimes et témoinsReste que dans toutes les rédactions, le travail se fait sous tension. « L’ambiance est lourde, décrit M. Béroud. Les journalistes sont parfois comme des médecins, à avoir une pointe d’humour pour déstresser, mais pas là… »« Les gens dans la rédaction sont très touchés, raconte M. Golomer. Beaucoup sont revenus au siège de France Télévisions, vendredi soir, et étaient émus. Aucune population spécifique ne semblait visée dans les attentats. Cela pèse. Tous nos journalistes ont été contactés par leur famille pour savoir comment ça allait. On sent que les gens avaient envie de se retrouver ensemble, comme un refuge aussi. »« L’épicentre des attaques est un quartier où nombre de journalistes résident ou ont leurs habitudes, observe Laurent Guimier. Plusieurs membres de l’équipe étaient présents sur place, ont témoigné avant de rejoindre la rédaction. » Une situation vécue dans la plupart des rédactions, dont des membres ont assisté de près aux attaques, oscillant entre une position de victime et de témoin.« Les équipes sont touchées, constate M. Golomer. Tout le monde connaît quelqu’un qui était vers la rue de Charonne et les lieux des attentats. Les prochains jours vont être difficiles. »Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attentats du 13 novembre : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières) et Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Les journalistes sont les « chiens de garde de la démocratie », selon la Cour européenne des droits de l’homme. Qui veut contrôler un pays sans être confronté aux critiques tente de museler les reporters. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est malheureusement passé maître pour étouffer les aboiements de la liberté. Tandis que des journalistes du monde entier affluent à Antalya pour couvrir le sommet du G20, nombre de leurs collègues turcs ne sont pas accrédités. Boycotter les médias d’opposition est devenu une habitude dans ce pays, 149e sur 180 au dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.Quatre jours avant les élections législatives du 1er novembre, la police prenait d’assaut la rédaction du groupe Ipek et mettait fin en direct aux activités de deux quotidiens et de deux chaînes de télévision d’opposition. Une fois la direction reprise en main et 71 journalistes mis à pied, ces quatre titres ressuscitaient le 30 octobre avec une ligne éditoriale devenue pro-gouvernementale jusqu’à la caricature : la photo du président Erdogan s’étalait en « une » des quotidiens Bugün et Millet, dont les gros titres respectifs étaient « Le président parmi le peuple » et « La Turquie unie ». De la parole officielle pur jus.C’est le journalisme qu’on assassine. La majorité absolue retrouvée par le parti AKP, au pouvoir depuis treize ans, ne freine pas la spirale répressive. Dès le lendemain du scrutin, deux journalistes étaient jetés en prison, accusés d’« incitation à la révolte armée contre l’Etat » à cause d’une couverture. Depuis, une trentaine de leurs collègues font déjà l’objet de nouvelles enquêtes pour « propagande terroriste » ou « insulte au président de la République », les chefs d’accusation les plus courants.Pluralisme réduit et autocensureMardi 17 novembre s’ouvre le procès de dix-huit rédacteurs en chef et directeurs de publication, accusés de « propagande terroriste » pour une photo. Ils risquent sept ans et demi de prison. L’un de ces journalistes, Can Dündar, avait déjà personnellement été accusé d’« espionnage » par Recep Tayyip Erdogan, qui avait promis qu’« il ne s’en sortira[it] pas comme cela ». Son quotidien, Cumhuriyet, venait d’apporter la preuve que des camions affrétés par les services secrets turcs à destination de la Syrie étaient bien chargés d’armes.Depuis plusieurs années, la concentration des médias entre les mains de patrons de presse proches du pouvoir réduit le pluralisme et encourage l’autocensure. Les autorités se sont attelées à reprendre en main Internet : après des réformes draconiennes, le blocage de sites Web sans décision de justice est devenu systématique.La Turquie monopolise plus de deux tiers des demandes de retrait de contenu auprès de Twitter. Au besoin, Ankara n’hésite pas à bloquer l’intégralité de cette plateforme et de YouTube, une extrémité à laquelle ne recourait jusqu’alors qu’une poignée d’Etats parmi les plus répressifs de la planète.Approche paranoïaqueCes nouvelles pratiques s’ajoutent à des constantes héritées de la période militaire : lois restreignant la liberté d’expression, culture judiciaire centrée sur la défense de l’Etat, violences policières impunies… Les métastases du conflit syrien et la reprise des combats entre Ankara et les rebelles kurdes du PKK, cet été, ne font qu’accentuer l’approche paranoïaque des autorités vis-à-vis des journalistes critiques.Loin d’apaiser les tensions partisanes et communautaires, l’emballement de la censure et la rhétorique agressive du gouvernement ne font qu’accentuer les clivages et la dangereuse polarisation du pays. Début septembre, des manifestants galvanisés par les discours officiels ont attaqué par deux fois la rédaction du grand quotidien Hürriyet à Istanbul.Les chefs d’Etat du G20 doivent prendre toute la mesure de la dangereuse dérive dans laquelle s’enfonce leur hôte. Tous ont besoin d’une Turquie stable, qui limite l’expansion du chaos syrien et garantisse la sécurité et la prospérité de son peuple. Pour ce faire, Ankara doit cesser d’alimenter les tensions, et pour cela, il est essentiel que les vérités puissent être dites. N’en déplaise au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « rabâcher » à la Turquie ses violations de la liberté de la presse n’interdit pas de coopérer sur les problèmes d’intérêt commun.Au contraire, rouvrir l’espace du débat démocratique et favoriser le dialogue entre les différents segments de la société sont des conditions essentielles à la stabilisation du pays. La liberté de l’information fait partie de la solution.Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters sans frontières)Noam Chomsky (Professeur au Massachusetts Institute of Technology) Hélène Delye Douze documentaires inédits à l’antenne pour six jours de festival, ce n’est déjà pas si mal. Pour sa deuxième édition (du 15 au 20 novembre), le Festival du documentaire d’Arte entend mettre en avant l’ouverture sur le monde et l’éclectisme, autant en termes de regards que de formats, des films coproduits par la chaîne, dont plusieurs ont été primés lors des grands festivals internationaux.Parmi ces films documentaires dits « d’auteur », et malgré le caractère événementiel du festival, seuls deux auront les honneurs du prime time : Hitchcock/Truffaut, de Kent Jones et Serge Toubiana (2015, lundi 16 à 20 h 55); et La Maison de la radio (2012 ; mardi 17 à 20 h 55), pour lequel Nicolas Philibert s’immerge dans les coulisses du média radio afin de formuler une réflexion sur le son et l’écoute.« Sessions de rattrapage »Les dix autres documentaires de ce festival – dont le très marquant Austerlitz (2013 ; mardi 17 à 22 h 35), de Stan Neumann ; Les Yeux du silence (2014 ; jeudi 19 à 22 h 25), de Joshua Oppenheimer, ou encore, le captivant Killing Time – Entre deux fronts (2015 ; mercredi 18 à 22 h 25), de Lydie Wisshaupt-Claudel – sont tous relégués en deuxième, voire troisième partie de soirée.Martine Saada promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetéspar la chaîneUn regret récurrent auquel Martine Saada, directrice de l’unité société et culture d’Arte France, répond de façon pragmatique. « Le passage du prime vers la troisième partie de soirée des documentaires d’auteur de la case “Grand Format”a eu lieu bien avant les changements au sein des directions chez Arte », dit-elle, consciente de la nostalgie qui règne autour de l’époque, sans doute idéalisée, où Thierry Garrel dirigeait l’unité documentaires d’Arte. « Ce n’est pas une révolution de palais qui viendrait de nouvelles directions, c’est une évolution due au fait que ces films nécessitent une attention et une intention du téléspectateur. La consommation en matière de télévision a changé. On est beaucoup moins tributaires des grilles et des horaires. On se fabrique de plus en plus une grille soi-même grâce aux sessions de rattrapage. Et puis il ne faut pas se voiler la face, la télévision est aussi un média de divertissement, et il faut pouvoir offrir des choses différentes aux gens », poursuit la directrice.« Se repositionner dans un axe » Dans un contexte marqué par l’inquiétude des producteurs et des auteurs quant à la pérennité de l’engagement des diffuseurs, notamment d’Arte, auprès du documentaire d’auteur, Martine Saada tente de rasséréner : « La crainte n’est pas le meilleur des moteurs… La vigilance, oui. La crainte, non. » Ainsi répond-t-elle à la « lettre ouverte » publiée dans Le Monde (5 novembre) dans laquelle de nombreux réalisateurs exprimaient leurs craintes après le départ de Luciano Rigolini, pilier du cinéma documentaire à Arte et responsable de la case « La Lucarne » depuis sa création.Si elle admet qu’il sera difficile de remplacer cet homme de grande culture, au goût sûr et au tempérament vif, la directrice des documentaires société et culture d’Arte promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetés par la chaîne. Mais elle affirme aussi sa volonté d’aller de l’avant. « Il faudra de la patience, laisser du temps au nouveau venu. Mais je ne peux pas croire qu’il n’y a pas de nouveaux talents pour prendre la suite de Luciano Rigolini. Toute ma vie, je n’ai fait que des choses pour essayer d’installer de nouveaux talents, quels qu’ils soient », dit encore l’ancienne directrice du pôle littérature générale et documents du Seuil, mais aussi ancienne productrice de documentaires aux Films d’ici. « Je suis plutôt dans l’idée qu’il faut conforter les choses que dans une phase de chantier. Les événements de janvier nous ont tous bousculés dans nos certitudes. C’est quand vous tanguez qu’il faut rechercher du sens, pour se réancrer. Or, le moment où l’on recherche du sens n’est pas toujours celui où l’on est le plus créatif… C’est le moment où l’on se repositionne dans un axe, et il faut en passer par là », explique-t-elle avec franchise.« Eviter tout formatage »« Et n’oubliez pas qu’on ne commande pas ! Je lis ce que je reçois », dit-elle encore, anticipant une autre attaque récurrente selon laquelle on assisterait à une forme de nivellement vers le bas dans l’exigence et l’originalité des documentaires diffusés sur la chaîne franco-allemande. Pour Martine Saada, « c’est par la diversité des producteurs et des auteurs qu’on évitera tout formatage. Parce qu’il y aura toujours quelqu’un d’assez fou dans une chaîne pour croire à un projet, même risqué, l’accompagner, le porter. Et j’espère être cette personne ». Une manière pour elle de responsabiliser et renvoyer certaines questions dans le camp des producteurs et des auteurs.Mais ces relations, souvent houleuses, entre Arte et les producteurs et réalisateurs avec lesquels elle travaille, sont aussi le signe de la vigueur du secteur cinéma documentaire, qui s’exprime, qui reste vigilant sur les évolutions qu’on tente de lui imposer, et qui, en râlant contre Arte, lui dit aussi son attachement. Car rappelons-le, aucune autre chaîne ne porte aussi haut le documentaire d’auteur, malgré tout.Hélène DelyeJournaliste au Monde Charlotte Bozonnet Depuis deux ans, ce site inspiré du « Gorafi » parodie l’actualité et rencontre un beau succès populaire dans un pays où la liberté d’expression reste très encadrée. Lesquelles choisir ? Il y a eu l’histoire de ce mari déçu qui décida de porter plainte contre sa femme après l’avoir découverte sans maquillage au lendemain de leur nuit de noces. Ou encore cette déclaration de l’émir du Qatar justifiant son refus d’accueillir des réfugiés syriens : « Nous avons assez d’esclaves comme ça ! » Des nouvelles qui ne sont pas passées inaperçues et ont été reprises par les médias à travers le monde. « Une sorte de consécration pour un site comme le nôtre », reconnaît Nazim Baya, qui s’en amuse encore. A 31 ans, ce jeune pharmacien algérois est le fondateur du site parodique El Manchar.Inspiré du Gorafi français, le site Web publie de fausses nouvelles, souvent hilarantes, sur l’actualité internationale et algérienne. Avec sa liberté de ton et son ironie mordante, il s’est assuré un beau succès populaire. Son slogan : « Avec des scies, on refait le monde. »Au départ, quelques blagues sur FacebookL’aventure a commencé il y a deux ans par une page Facebook sur laquelle Nazim Baya postait de simples blagues. Peu à peu, l’envie lui vient de monter un journal satirique. Il lance un appel à contributions pour trouver des caricaturistes. Sans succès. Il décide alors de s’en tenir à des textes et reprend le nom d’un titre qui avait existé dans les années 1990 : El Manchar, un mot qui signifie à la fois « scie » et « médisance ».« En Algérie, on aime beaucoup la satire, l’humour, mais il y a un vide dans ce domaine, c’est pour ça que le site a autant de succès », estime Nazim Baya. En moyenne, le site enregistre 20 000 à 30 000 visites par jour, et jusqu’à 100 000 certains jours de buzz exceptionnel. L’équipe compte sept rédacteurs : trois en Algérie, deux au Canada et deux en France, tous algériens, avec une moyenne d’âge de 25 ans. Certains sont des amis, d’autres des connaissances virtuellesLe site est volontiers grinçant sur l’actualité internationale. Après le drame du pèlerinage à La Mecque, un article moque ainsi le mépris des autorités saoudiennes en mettant en scène le roi d’Arabie saoudite qui explique : « Pour des Africains, mourir loin d’Ebola et le ventre plein est une bénédiction. » S’agissant de l’Algérie, une prétendue étude mondiale sur le sommeil révèle que le pays « est le seul au monde où les cauchemars commencent au réveil »…“On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches.” Nazim Baya, fondateur de El MancharSur ses motivations, Nazim Baya reste discret. Pas de grand discours sur la liberté d’expression pour ce jeune développeur Web. « Oui, j’ai des choses à dire, comme tout citoyen. Notre message, c’est qu’à travers l’humour on donne une certaine vision du monde et on a plus de chance d’être entendu. » Une ligne éditoriale ? « Un fil conducteur, répond Nazim Baya. On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches. » Les auteurs n’épargnent pas les politiques algériens ni le système. Sans surprise, le président Bouteflika, très affaibli depuis son AVC de 2013, est une cible privilégiée. Ainsi cette photo du chef de l’Etat, assis dans un fauteuil roulant, le visage figé, les yeux écarquillés, sous le titre : « Abdelaziz Bouteflika sacré champion du monde du jeu 1-2-3 soleil. » Là où le canular devient vraiment savoureux, c’est lorsqu’il est repris par des médias dits « sérieux ». La première fois, se souvient Nazim Baya, c’était à propos de l’ANSEJ, l’organisme algérien qui octroie des microcrédits aux jeunes pour monter leur projet (et s’offrir du même coup une certaine paix sociale). El Manchar publie un article expliquant que l’ANSEJ va désormais financer ceux qui veulent se marier. Plusieurs chaînes de télévision reprennent l’information. Dans un pays où le mariage est un investissement très lourd, le buzz est garanti.Pas touche à la religionEn mai, alors qu’une étudiante algérienne a été empêchée de rentrer à l’université par un vigile au prétexte que sa jupe était trop courte, le site titre : « L’Algérie interdit le port de la minijupe. » La fausse information se répandra comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Une seule ligne rouge : la religion. « On ne peut pas en rire, c’est sacré. Je n’ai pas envie de heurter les gens et ça ne fait pas avancer le débat », explique le fondateur du site, précisant qu’ils ne se privent pas d’attaquer les religieux. Dans un pays où la liberté d’expression est étroitement encadrée, El Manchar n’a jamais été inquiété pour son impertinence. « Nous n’avons jamais eu de souci, confirme Nazim Baya. Ils n’ont peut-être pas pris conscience de l’ampleur du phénomène. » Cumulées, les visites se chiffrent à 700 000 par mois. Le jeune pharmacien n’a pas vraiment de projet d’agrandissement. « On est des amuseurs », dit-il. Utiles pour l’Algérie ? « Il me semble que oui. Le rire c’est important dans une société. Salutaire. »Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.11.2015 à 11h26 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h09 | Alexis Delcambre « Soutenez Mediapart ! » Depuis jeudi 5 novembre, ce message est affiché sur les pages du site d’information dirigé par Edwy Plenel, contraint d’en appeler à la générosité de ses lecteurs pour acquitter une ardoise fiscale de 4,1 millions d’euros. Une démarche parallèle dont le site Arrêt sur images (ASI) est à l’origine, qui doit 540 000 euros à l’administration fiscale.L’origine de cette situation remonte à la création de ces médias, en 2008. « Pure players » distribués uniquement sur Internet, sans version papier, ceux-ci sont alors, selon la lettre de la loi, soumis à un taux de TVA de 19,6 %. En regard, les médias imprimés bénéficient d’un taux « super réduit » de 2,1 %.Ces médias en ligne engagent alors un combat pour obtenir un alignement de leur taux sur celui de leurs homologues de la presse papier. Cette démarche s’incarne notamment dans la création du Spiil (Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne), un groupement qui rassemble aujourd’hui près de 150 membres. En 2011, celui-ci avait explicitement encouragé ses membres à appliquer d’eux-mêmes le taux de 2,1 %, afin de faire pression sur les pouvoirs publics.Ses membres mettent notamment en avant la notion de « neutralité » du support : la loi serait injuste en taxant davantage les supports en ligne que les supports papier, alors que les deux ont une activité identique, qui est de diffuser de l’information.« Une affaire de principe »Cette argumentation a fini par porter puisque le Parlement français a modifié la loi en ce sens, en février 2014. Depuis cette date, les sites comme Mediapart bénéficient eux aussi du taux « super réduit ». Une décision politique qui a pour le moment motivé l’ouverture d’une procédure contre la France à Bruxelles, même si le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, s’est montré favorable à une évolution de la directive concernée.Mais cette modification du cadre légal ne solde pas les comptes de la période 2008-2014. Aux yeux de l’administration fiscale, les sites qui ont appliqué le taux « super réduit » sans en avoir le droit sont redressables. C’est pourquoi Mediapart et ASI, ou encore le groupe Indigo Publications, se sont vu notifier des arriérés, pénalités et majorations.« Nous devons plusieurs centaines de milliers d’euros, et les services de Bercy en font une affaire de principe », avait estimé Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, en 2013. De son côté, M. Plenel a ciblé la « haute administration du ministère des finances », désireuse selon lui de se venger d’un média qui a poussé à la démission de l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac.« Dans l’obligation de payer »Mediapart, qui compte plus de 110 000 abonnés, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros pour un bénéfice d’un million. « Mediapart va saisir la justice administrative, a annoncé Edwy Plenel. Mais ce recours n’étant pas suspensif, nous sommes dans l’obligation de payer. » Mardi 10 novembre, le site annonçait avoir collecté 330 000 euros. Il dispose toutefois de la trésorerie nécessaire au paiement de la somme réclamée par le fisc.De son côté, Arrêt sur images, avec 26 000 abonnés, a dégagé 5 500 euros de bénéfice annuel pour un chiffre d’affaires de 900 000 euros en 2014. Sur la plate-forme Ulule, ASI avait collecté, mardi soir, près de 170 000 euros.Lire aussi :Le droit à l’information se superpose à l’affaire BettencourtAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.11.2015 à 09h27 • Mis à jour le10.11.2015 à 13h55 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est un changement d’âge pour Melty », estime Alexandre Malsch, le fondateur de Melty. Spécialisé dans la « youth culture » - la « culture jeune » - sur Internet, le groupe a annoncé, mardi 10 novembre, une levée de fonds de 10,5 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, Melty, « économe en cash » selon M. Malsch, n’avait levé que 5,5 millions d’euros.L’augmentation de capital est réalisée auprès du fonds d’investissement de Marc Simoncini, du groupe AccorHotels et des actionnaires historiques de Melty, le fonds Serena et Bouygues Telecom Initiatives. Cette levée de fonds voit également l’entrée au capital de Patricia Barbizet, directrice générale d’Artémis et vice-présidente du conseil d’administration de Kering. Ses sept fondateurs conservent le contrôle au conseil d’administration.Cette annonce témoigne une nouvelle fois de la capacité des dirigeants de Melty, dont Alexandre Malsch, son fondateur, à attirer tant des figures de la « nouvelle économie » que des personnalités du milieu des affaires issues de secteurs plus traditionnels, désireux de bénéficier de l’expertise développée par Melty.Le divertissement et la culture« Nous avons une clientèle dans nos hôtels traditionnels, autour de 40 à 60 ans, qui vieillit et est très fidèle, explique Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels. Alexandre Malsch et Melty savent produire des contenus ciblés pour les jeunes, qui sont la clientèle de demain et aussi la catégorie la plus versatile et la plus influente. » Le groupe sera représenté au conseil d’administration de Melty, qui revendique 61 % de son audience sur mobile. M. Bazin assume d’investir au capital de l’entreprise de média, pour se positionner « au sein d’une machine » présente dans plusieurs domaines, pas seulement le voyage.Le groupe Melty a connu plusieurs phases : il a d’abord construit des médias en ligne, progressivement structurés par thématiques (séries, cinéma, musique, mode…). Puis en 2012, il s’est installé dans différents pays (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni…), tout en se diversifiant, dans la vidéo ou les spectacles. En juin dernier, il s’est recentré sur les sujets divertissement et culture (excluant ceux sur lesquels il estimait ne pas avoir de valeur ajoutée, comme l’actualité sportive ou la politique). Une manière d’insister sur la « qualité » de l’audience plus que sur sa croissance erratique.La levée de fonds doit permettre d’améliorer la monétisation des diversifications, ainsi que celle des implantations internationales. Melty se dit actuellement bénéficiaire sur son activité française, mais déficitaire au global. Elle avait été dans le vert, en 2010 et 2011, avant l’internationalisation. Melty revendique 105 employés et réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. A 100 %, ils proviennent de la publicité, dont 61 % de contenus produits avec des marques.Lire aussi :Melty se diversifie dans les événements sportifsMelty met en avant des « real-time social séries » comme SnapTrip, dans laquelle quatre adolescents racontent sur le réseau social Snapchat leur week-end dans une ville d’Europe, sponsorisé par les hôtels Ibis (groupe Accor). Ou « The Selfie Race », produite pour Sony. Mais il s’est diversifié dans les événements tels que la melty BasketBall Ligue Universitaire, rachetée en partenariat avec la fédération française et sponsorisée par les Caisses d’Epargne. Le « melty eSport Club » fait lui concourir une équipe maison, soutenue par l’annonceur-actionnaire Bouygues Telecom, dans des compétitions de jeux vidéo comme League of Legend. Melty s’enorgueillit aussi de sa melty Talents House, dont elle tire notamment un spectacle de comiques.Mieux exploiter l’internationalAlexandre Malsch réfute le terme « publirédactionnel », parfois utilisé pour qualifier les formes récentes de publicité « brand content » et « native advertising ». Ces contenus ne parlent pas des produits des annonceurs, explique-t’il. Et d’ajouter : « Nos contenus de native advertising sont faits par les équipes de Melty car on veut que ce soit de vrais contenus Melty, intéressants ». Dans les rédactions de médias d’information générale, le « brand content » est généralement réalisé par des équipes à part, pour garder une séparation entre éditorial et commercial.M. Malsch cite, lui, en exemple l’intérêt suscité par la plateforme « happiness gaming zone », dédiée au jeu vidéo et financée par Coca-Cola. Une forme de publicité « moins intrusive », argumente-t-il.Concrètement, Melty va utiliser l’argent levé pour embaucher des commerciaux dans les structures internes créées pour s’occuper de la production audiovisuelle, des spectacles, etc. Ils épauleront les 10 personnes de la régie publicitaire, désormais dirigées par une transfuge des Echos, Sophie Antoine.En parallèle, le groupe espère mieux vendre le gros tiers de son audience généré hors de France. Jusqu’ici, ses sites internationaux ont peu fait de diversification. Ils prendront désormais modèle sur Melty France. Et, pour remplacer les régies locales externes qui commercialisaient les supports, des commerciaux seront embauchés.« Nous allons rester pragmatiques. Notre devise, c’est petit à petit, l’oiseau fait son nid », assure M. Malsch, 30 ans.Lire aussi : Alexandre Malsch, prodige numériqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Escande Gros bug chez Canal+. Le groupe surveillait de près sur son aile droite beIN Sports, et c’est un joueur inconnu qui le déborde sur sa gauche et rafle in extremis les droits sportifs de la plus belle compétition sportive nationale d’Europe, la Premier League britannique. Le groupe Altice, maison mère de SFR-Numericable, riche de ses dettes, décide de mettre le paquet pour diffuser les matchs à succès des clubs de Manchester, Arsenal ou Chelsea, alors qu’il n’a pas encore de chaîne conséquente pour le faire. Inédit.Le message est clair. Les règles du jeu ont changé pour la filiale de Vivendi, et le pataquès de cette semaine ne fait qu’ajouter à la confusion dans laquelle est plongé le groupe. Le pacte initial qui a fondé le modèle économique de la première chaîne de télévision payante de France a définitivement volé en éclats. Une révision s’impose d’urgence, et elle va concerner une bonne part du paysage culturel français.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerC’est en 1984 qu’André Rousselet, ancien directeur de cabinet du président de la République, François Mitterrand, lance la première chaîne de télévision privée de France. Elle ne sera financée ni par une redevance ni par la publicité mais par abonnement. Pour faire passer la pilule de la création, par un gouvernement socialiste, de ce monopole privé, le pouvoir la barde d’obligations en matière de financement du cinéma et du sport.Concurrence à haut débitDes films inédits, qui ne passeront qu’un an plus tard sur les chaînes gratuites, des événements sportifs exclusifs, un ton moderne et un peu de porno par-dessus ont assuré près de vingt ans de succès à un groupe, qui avait réussi à tuer ses seuls concurrents dans les années 2000, le groupe TPS puis Orange, et se présente comme le premier groupe de médias français.La fête est finie. La concurrence se diffuse à la vitesse de l’Internet haut débit, comme on le voit avec la débarquement surprise d’Altice dans le sport, mais aussi dans le cinéma avec l’arrivée de Netflix, robinet de films et séries à la demande. Canal est de moins en moins exclusif, dans le foot comme dans les films.La logique de départ, un passage exclusif à l’antenne contre une participation majeure au financement de la filière, tient de moins en moins. D’autant que le cinéma n’est plus un produit d’appel pour la télévision. Sur les 100 premières audiences télévisées de 2014 en France, seuls six films y figurent, contre 19 matchs de football et 32 séries. Les téléspectateurs se ruent en masse sur ces téléfilms en majeure partie américains. Résultat, les chaînes de télévision, Canal+ en tête, rechignent de plus en plus à participer à la production de films qui ne feront pas recette, et préfèrent consacrer leurs ressources à celle de grandes séries. Les contraintes technologiques et sociologiques poussent donc à une révision d’un pacte qui signera aussi des temps plus difficiles pour le cinéma français, financé à plus du tiers par la télévision.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.Instruite à l’origine par le parquet d’Ankara, la plainte accuse les deux hommes d’appartenir à « l’organisation parallèle » dirigée par le prédicateur musulman Fethüllah Gülen, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, devenu son pire ennemi. Les prévenus « ont comploté à l’aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes », dit le texte élaboré par le parquet.« Nous sommes accusés d’espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes », a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d’être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2 000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül.Un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi.Maja Kocijancic, porte-parole de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, a fait savoir vendredi que l’UE « suit de près une situation inquiétante ». « La liberté d’expression est l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne », a-t-elle poursuivi.L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites « inacceptables » contre les journalistes turcs. L’OSCE demande aux autorités turques « d’abandonner les charges et de relâcher les journalistes ».Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.Vaste élan de solidaritéLe 2 juin, la sanction tombait sous la forme d’une plainte déposée personnellement au parquet d’Ankara par M. Erdogan contre Can Dündar. « L’individu qui a diffusé cette soi-disant exclusivité devra payer le prix fort », assura le président turc quelques jours plus tard à l’occasion d’une interview retransmise sur la chaîne TRT.Dès jeudi, un vaste élan de solidarité s’est organisé dans le pays en faveur des deux journalistes qui, accusés tous deux d’espionnage et d’appartenance à une organisation terroriste, risquent la prison à vie. Le hashtag #CanDündarErdemGülYalnızDeğildir (Can Dündar et Erdem Gül ne sont pas seuls) fait un tabac sur Twitter. Nombreux étaient les journalistes présents jeudi aux abords du tribunal.L’arrestation des deux hommes intervient alors que la presse n’a jamais été autant muselée. Le mois dernier, 15 chaînes de télévision ont été saisies ou interdites d’émettre par les autorités turques, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites, accusés d’avoir « insulté le président » selon l’article 299 du code pénal.En réalité, l’article 299 a remplacé le 311 (insulte à la Turquie et à ses institutions), lequel, abondamment utilisé jadis contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme, avait fini par être aboli en 2008, à l’époque où le pays cherchait à se mettre en conformité avec les standards européens, dans le cadre de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médiasMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Cassini et Alexandre Piquard La Premier League anglaise séduira-t-elle les abonnés de Numericable-SFR ? C’est visiblement ce qu’espère Patrick Drahi, le propriétaire de l’opérateur de télécoms. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms », explique un proche du groupe. Jusque-là, le tycoon des télécoms était surtout connu pour ses achats de journaux (L’Express, Libération) et sa prise de participation dans le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC), qui diffuse les chaînes de télévision gratuites.Lire aussi :Droits sportifs : Canal + en dangerPatrick Drahi va devoir prouver que le mariage entre médias et télécoms est un modèle économique crédible. Le groupe, qui a progressivement renforcé sa chaîne Ma Chaîne Sport en rachetant les droits du basket français ou ceux dédiés aux sports de combat, pourrait ainsi proposer davantage de contenus payants. La rentabilité serait atteignable : si l’opérateur parvenait par exemple à convaincre 10 % de ses 22 millions d’abonnés mobiles de débourser 4 euros par mois pour ses futures retransmissions, il amortirait les 100 millions d’euros environ déboursés pour le foot anglais. Mais atteindre un tel chiffre paraît ambitieux. Lancée en août 2011, beIN Sports, qui propose pour 10 euros par mois une très large palette de droits sportifs, dont la Ligue 1, a conquis en quatre ans 2,5 millions d’abonnés.Vincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de batailleComme la nouvelle offre de vidéo à la demande Zive d’Altice – proposée en exclusivité aux abonnés Numericable-SFR –, la Premier League devrait aussi servir de produit d’appel pour gagner de nouveaux clients dans le très haut débit ou le mobile. « Après s’être fait concurrence sur les prix, les opérateurs télécoms vont maintenant se différencier grâce à une meilleure offre fibre, 4G ou contenus », explique un analyste parisien, qui estime que les contenus vont pouvoir faire croître les prix, et retenir les clients. D’ailleurs, outre le sport, Numericable-SFR n’exclut pas de produire des séries en exclusivité, à l’image de Netflix avec House of Cards.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiVincent Bolloré, qui a racheté 20 % de Telecom Italia, a aussi fait de la convergence son cheval de bataille. En Espagne, Telefonica a racheté l’opérateur de télévision payante Digital +. Au Royaume-Uni, l’opérateur de télécoms BT a renouvelé son contrat pour diffuser la ligue anglaise jusqu’en 2019. Le pari n’est pas gagné. Selon la banque Raymond James, BT devrait générer l’an prochain 450 millions de livres (639 millions d’euros) de recettes supplémentaires grâce aux abonnements à la chaîne et à la publicité. Un chiffre très éloigné des 800 à 900 millions de livres dépensés dans les droits sportifs. « Il reste une très grande partie à recouvrir par l’acquisition de nouveaux abonnés haut débit », estime l’analyste Stéphane Beyazian. En France, Orange avait acquis en 2008 une part de la Ligue 1 et créé une chaîne payante dédiée. L’expérience avait tourné court. Mais, à l’époque, l’Autorité de la concurrence avait interdit à l’opérateur de réserver sa chaîne à ses seuls abonnés.Sandrine CassiniJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Coup de tonnerre au siège de Canal+. Jeudi 26 novembre à la mi-journée, une information d’abord diffusée par Lequipe.fr puis confirmée par les autorités du football anglais plonge l’entreprise dans l’incrédulité : « La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco. » Dernière exclusivité de Canal+ en matière de football, le championnat le plus populaire au monde deviendra, à compter de l’été prochain et jusqu’en 2019, un actif du groupe de médias et télécoms de Patrick Drahi.Lire aussi :Football anglais : Altice pique les droits de diffusion à Canal+Comment Canal+ a-t-il pu laisser filer des droits aussi importants ? L’explication passe en fait par BeIN Sports : la chaîne française a gardé les yeux rivés sur son rival qatari, seul concurrent de taille lors des derniers appels d’offres sportifs. Face à ce nouveau venu aux moyens illimités, Canal+ a d’abord joué l’opposition frontale dans les enchères lors des appels d’offres, dans les médias et sur le terrain judiciaire. Puis les relations se sont détendues à partir de mi-2014, quand Canal+ a réussi à conserver les meilleures affiches de la Ligue 1, dont elle partage la diffusion avec BeIN.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick DrahiVincent Bolloré, qui a pris les rênes de Canal+ en juillet, cherchait jusqu’ici à poursuivre ce réchauffement. Sur les droits anglais, en interne, le sentiment était qu’en vertu des meilleures relations avec BeIN Sports ce dernier ne serait pas trop agressif. Le management se montrait serein et Canal+, qui versait jusqu’ici 63 millions d’euros par an pour la Premier League, n’a pas maximisé sa proposition.Toute à son obsession de BeIN, la chaîne n’a tout simplement pas vu venir une nouvelle menace, nommée Patrick Drahi. Selon une source proche du dossier, Canal+ n’était pas au courant qu’Altice faisait partie des acheteurs au moment du dépôt des offres, autour de fin octobre, début novembre. Il ne l’aurait appris que quelques jours avant le résultat de l’appel d’offres, jeudi.« L’offre d’Altice sur le football anglais ne surprend que ceux qui veulent être surpris », ironise une autre source, qui rappelle que M. Drahi a déjà acquis des droits sportifs de moindre importance. Et que l’arrivée de nouveaux acteurs, tel l’américain Discovery, récent acquéreur des droits des Jeux olympiques, est régulièrement évoquée par les observateurs.EmblèmeDans ces circonstances, ce faux pas apparaît forcément comme un échec pour Vincent Bolloré. Ces derniers mois, il a écarté l’ancienne équipe dirigeante, Rodolphe Belmer et Bertrand Méheut, reconnue pour son expertise en matière de droits sportifs, ainsi que Thierry Thuillier, qui avait été recruté pour s’en occuper. A la place, M. Bolloré a nommé un proche, Thierry Cheleman, venu de D8, qui a participé à la négociation avec l’homme d’affaires breton et la direction de Canal+.Vincent Bolloré avait fait du sport un élément crucial de la stratégie du groupe, lors de son one-man-show devant les salariés à l’Olympia, le 12 novembre : il fallait « reconquérir le leadership » perdu dans ce domaine, en « investissant lourdement ». Le slogan revient aujourd’hui comme un boomerang.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de Bolloré« Il y a une quinzaine de jours, il fanfaronnait sur la scène de l’Olympia, mais, sur le premier appel d’offres, il passe à côté », souligne-t-on en interne, où l’on juge le scénario « catastrophique ». A court terme, la chaîne Canal+ Sport, intégralement consacrée à la Premier League le week-end, va connaître un problème de grille.La perte du football anglais est emblématique du net déclin de Canal+ en matière de droits sportifs, qui sont pourtant l’un des trois piliers de son modèle avec le cinéma et les séries. Certes, la Premier League ne représentait que 60 millions d’euros d’investissement, contre 600 millions d’euros pour la Ligue 1.La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements déjà engagéeMais la L1, de moins en moins attractive compte tenu de la domination du PSG, est désormais partagée avec BeIN Sports, même si Canal+ garde les meilleurs matchs. Les championnats allemand, espagnol et italien sont désormais entièrement sur la chaîne qatarie. Quant à la précieuse Ligue des champions, c’est désormais BeIN qui a le premier choix. Cela signifie notamment que, cette saison, les prochains matchs du PSG dans cette compétition échapperont à Canal+. Un fait nouveau et un choc probable pour les abonnés.La chaîne conserve pour le moment l’exclusivité du Top 14 de rugby (jusqu’en 2019) et de la formule 1 (jusqu’en 2016). Pour le football, aucun appel d’offres important n’est prévu avant 2017. La chaîne, qui se vantait de proposer « le meilleur du sport », n’aura donc pas vraiment l’occasion de se rattraper et va devoir assumer, auprès de ses abonnés, un nouveau discours.Or, le sport représente la première motivation d’abonnement pour près de la moitié des 5,9 millions de clients de Canal+ en France, selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport. La chaîne peut donc s’attendre à une amplification de la vague de désabonnements qui a déjà commencé en métropole, où Canal+ a perdu 38 000 abonnés au troisième trimestre et 88 000 sur un an. La menace se précise désormais.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le groupe Alibaba est en discussion pour investir dans le grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post, selon des sources citées d’abord par la presse chinoise et relayées ensuite par Bloomberg et d’autres agences. Un porte-parole du journal, Benson Chao, refuse de confirmer qu’il s’agit bien d’Alibaba et précise seulement : « Nous avons reçu une approche préliminaire d’une partie tierce qui montre un intérêt pour l’acquisition de nos actifs dans les médias. La discussion en est à son début. »L’empire fondé par Jack Ma s’est lancé dans un exercice de diversification de ses investissements, qui vont désormais d’une chaîne de magasins d’électroménager au premier site de vidéos en ligne de Chine en passant par la coproduction du dernier opus des Mission : Impossible.Un temps le journal le plus rentable de la planète, le South China Morning Post est une référence. Il est détenu en partie depuis 1993 par la première fortune de Malaisie, Robert Kuok, dont les intérêts s’étendent de l’agroalimentaire à l’hôtellerie haut de gamme et qui avait acquis cette part à Rupert Murdoch.Couverture des affaires chinoisesCe journal est toutefois confronté aujourd’hui à deux défis. L’un, bien connu dans la presse écrite, concerne la quête d’un modèle économique à l’heure du passage au numérique. L’autre est emblématique du défi au débat actuel dans la région administrative spéciale depuis son retour, en 1997, dans le giron chinois : son niveau d’indépendance vis-à-vis de Pékin.La marque de fabrique du Post a longtemps été sa couverture des affaires chinoises. Or, la qualité de celle-ci est largement perçue comme en recul ces dernières années, à mesure que l’emprise de Pékin sur ce territoire se renforce. En 2012, une controverse avait émergé quand son nouveau rédacteur en chef de l’époque, Wang Xiangwei, aujourd’hui sur le départ, avait insisté pour ne relayer qu’en brève de milieu de journal la mort suspecte d’un dissident, ancien de Tiananmen. Depuis, le journal s’est séparé d’une bonne partie de ses journalistes incisifs sur la Chine, occidentaux notamment, pour les remplacer par des citoyens de Chine continentale parfois issus du China Daily ou de l’agence Chine Nouvelle, porte-voix de l’état-parti.Simultanément, les intérêts de M. Kuok en Chine continentale n’ont cessé de croître, qu’il s’agisse de ses hôtels Shangri-La ou de ses tours de bureaux et centres commerciaux Kerry. Au Straits Times de Singapour, Robert Kuok a assuré que la décision de se séparer de sa participation dans le South China Morning Post relève uniquement des affaires : « nous n’avons pas d’influence en politique ».Lire aussi : Le patron d’Amazon rachète le « Washington Post »L’intérêt de Jack Ma pour cette publication rappelle celui de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour le Washington Post, qu’il a racheté en 2013 en promettant d’en faire un champion de l’information en ligne. La question est désormais de savoir ce que M. Ma entend accomplir s’il obtient le South. La star du commerce en ligne dit régulièrement se tenir à l’écart des affaires politiques, même si une enquête du New York Times a prouvé que certaines familles de dirigeants du Parti communiste ont largement profité de l’introduction en Bourse à New York en septembre 2014 d’Alibaba.Lire aussi : Alibaba signe la plus grosse entrée en Bourse de l’histoireHarold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Les droits de retransmission des rencontres sont plus que jamais indispensables pour attirer les téléspectateurs vers une chaîne payante. Mais le marché des droits sportifs – objet d’une lutte sans merci entre Canal+ et BeIN Sports – est bouleversé par l’initiative d’Altice, le groupe du milliardaire des télécoms Patrick Drahi.Montant estimé : 100 millions d’euros par anLe groupe européen de télécoms et de médias vient d’acquérir les droits de diffusion de la Premier League, le championnat anglais de football, pour le marché français, écrit jeudi 26 novembre le journal L’Equipe sur son site internet. Une information confirmée au Monde. La Premier League a confimé cette information dans la soirée. L’organisateur de la compétition a déclaré :« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019 »Le montant du nouveau contrat est estimé autour de 100 millions d’euros par an, selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, les droits appartenaient à Canal+ pour 63 millions d’euros annuels, selon L’Equipe. Altice ne souhaite pas réagir officiellement. Contacté, Canal+, filiale du groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré, ne s’est pas non plus exprimé.Nouvelle perte de terrain pour Canal+C’est un coup très dur pour Canal+, dont les droits de la Premier League étaient devenus le dernier actif exclusif en matière de football. Les deux autres produits de premier choix, la Ligue des Champions et la Ligue 1, sont partagés avec BeIN Sports.Or Vincent Bolloré avait récemment promis d’investir beaucoup dans Canal+ pour acquérir des contenus, notamment dans le sport, afin de reconquérir le leadership perdu… Le président du directoire de Vivendi insiste sur la menace représentée par la chaîne qatarie BeIN, qui a conquis 2 millions d’abonnés en France, avec son offre sports autour de 11 euros (contre 40 euros environ pour le bouquet généraliste de Canal+). Au point que Canal+ remet en question la stratégie d’opposition qu’elle a suivie ces dernières années face à BeIN, parfois sur le terrain judiciaire.Lire aussi :Face aux inquiétudes, le one man show de BolloréAchats de contenus tous azimuts chez AlticeCe n’est finalement pas BeIN mais Altice qui vient perturber la stratégie de Canal+ cette fois-ci. « Altice met les contenus au cœur de sa stratégie de convergence entre les médias et les télécoms, explique une source proche du dossier. Le groupe a lancé la plate-forme de vidéo à la demande Zive pour les fictions, s’est associé à NextRadioTV, qui possède BFM-TV et RMC, pour l’information, a acquis dans le passé des droits du rugby ou de basket ou de gymnastique… » « La photographie globale du groupe se dévoile progressivement, à mesure des annonces », ajoute cette source.Les matches sur SFR et Ma Chaîne Sport ?Se pose toutefois pour le groupe une question importante : comment concrètement diffuser la Premiere League ? « L’ensemble des actifs de diffusion du groupe seront mobilisés, de façon complémentaire », explique une source proche du dossier.Mais le schéma précis n’est pas encore évident : les matchs ne seront probablement pas diffusés sur BFM-TV, qui est une chaîne d’information gratuite disponible partout, ni sur BFM-Business. RMC pourrait, en revanche, s’en servir. Une diffusion sur Ma Chaîne Sport (MCS) semble tout à fait envisageable. Elle est diffusée aujourd’hui dans le bouquet payant Canal Sat.Côté télécoms, SFR et Numericable proposeront sûrement une diffusion à leurs abonnés, via leur box ADSL et fibre, et aussi sur mobile et tablette. Cela pourrait passer par Ma Chaîne Sport ou par une chaîne à créer.Outre Canal+, BeIN Sports et Altice, le marché des droits sportifs aiguise encore l’appétit de nouveaux prétendants, comme Discovery, le numéro un mondial de la télévision payante (qui a racheté Eurosport en juillet), au risque de créer une « bulle », selon les experts.Lire aussi :Numéricable-SFR, un an de régime DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est une histoire glauque. Où le malaise lié à la vente d’images d’attentats se mêle aux versions contradictoires des protagonistes. L’achat, par le Daily Mail, pour 50 000 euros, d’une vidéosurveillance filmée le soir des attentats du 13 novembre à la pizzeria Casa Nostra, située dans le 11e arrondissement de Paris, a suscité l’émotion.L’indignation s’est d’abord concentrée sur le patron de la pizzeria, accusé par un document diffusé au « Petit Journal » de Canal+ d’avoir vendu les images des fusillades. Mais, depuis, ses démentis ont créé une certaine confusion.Lire aussi :Attentats : 50 000 euros pour des images de vidéosurveillanceQui a vendu la vidéo ?Pour le journaliste Djaffer Ait Aoudia, pas de doute : c’est le patron de la pizzeria, Dmitri Mohamadi, qui a cédé les images. Il l’a expliqué au « Petit Journal », lundi 23 novembre, en diffusant une vidéo qu’il a tournée en caméra cachée dans la cave du restaurant.La vidéo de surveillance de la Casa Nostra - Le Petit Journal du 23/11En réponse, le patron du Casa Nostra a démenti avoir touché l’argent du Daily Mail, sur Nice Matin et France 2 notamment. Il a d’abord pointé du doigt le journaliste Djaffer Ait Aoudia, qui l’aurait incité à vendre les images : « Le journaliste qui a témoigné au “Petit Journal”, il est venu pour une interview et il voulait la vidéo. C’est le seul que j’ai fait entrer dans ma cave. C’est surtout lui qui m’a proposé de prendre de l’argent. »Puis à RTL, le patron a assuré qu’un proche avait empoché l’argent : « Des gens que je connais, de la famille. Un cousin éloigné qui avait les clés. J’ai porté plainte, c’est très choquant. »Que penser des démentis du patron ?L’histoire du « cousin » fait écho à la façon dont BFMTV s’est vu proposer les images : une personne se présentant comme un employé de la pizzeria, « ami d’un cousin du patron », a demandé 50 000 euros à la chaîne d’info, qui a refusé, raconte au Monde une source au sein de la chaîne.Une autre étaie le discours du patron selon lequel il ne voulait pas d’argent : il a montré les images à « tout le monde » dans le quartier, dit-il. Et il avait d’abord accepté de donner les images gratuitement à un journal algérien, qui en a finalement fait un texte le dimanche 15, a pointé Rue89.En revanche, malgré ses démentis, le propriétaire de la pizzeria reste accusé par « Le Petit Journal » : « Un proche semblait effectivement à la manœuvre mais le patron ne pouvait pas ignorer la transaction », explique « Le Petit Journal » à FTVinfo. Europe 1, qui a eu accès aux images non floutées, est aussi catégorique : « C’est le “cousin” qui parle et négocie avec les journalistes anglais. A côté, le patron hésite mais accepte finalement la transaction. Il propose même une réduction si les Anglais achètent la vidéo, de moins bonne qualité, enregistrée sur son téléphone portable. »Quel a été le rôle du journaliste ?Djaffer Ait Aoudia est journaliste pigiste. Il raconte qu’il a commencé à venir dans la pizzeria pour préparer un portrait du propriétaire après les attentats.Il est tombé sur place sur les journalistes du Daily Mail et il a pu ensuite suivre les négociations car les protagonistes étaient habitués à sa présence, a-t-il expliqué au « Petit Journal ». En désaccord, il a choisi de filmer en caméra cachée à partir du lundi 16 et de « porter le sujet à la connaissance du public », via l’émission de Canal+, contactée le jeudi 19.Le patron de la pizzeria Casa Nostra parle à France 2 Le patron de la pizzeria a une version tout autre. Il a affirmé sur France 2 que le journaliste lui a proposé 12 000 euros :« Je pense que ce qui l’a dégoûté, ce mec-là, c’est le fait de ne pas avoir les images en premier. Au début, j’allais lui donner. (…) Finalement, je ne voulais pas. Il l’a mal pris. »Par ailleurs, alors qu’il avait filmé à son insu le propriétaire pour le confondre, le journaliste a proposé au Monde un sujet-texte décrivant le contenu des images de la Casa Nostra, auxquelles il avait « eu accès ». Il disait avoir été en contact avec le Daily Mail, qui allait publier les images. Mais il n’a pas parlé d’une transaction dont il aurait été témoin. Sa proposition semblait floue, elle a été refusée.Joint par Le Monde, Djaffer Ait Aoudia assume sa démarche :« J’avais deux sujets. L’un d’actualité, dans lequel j’ai proposé de commenter les images, après leur sortie sur le site du Daily Mail, le 18 à minuit. L’autre, a posteriori, pour raconter les coulisses. » Le journaliste dément avoir voulu vendre ou acheter les images. Il reconnaît toutefois avoir cherché à les récupérer, auprès du patron, mais seulement le 19, « après leur diffusion sur le Daily Mail ». Il les voulait pour éviter d’avoir le logo du journal britannique, s’il utilisait le document pour un éventuel sujet pour la télévision, explique-t-il.Quant à l’idée de la caméra cachée, elle aurait été suggérée par sa boîte de production, dans le cadre de discussions sur un sujet sur « le marchandage des images », dit-il.Qui a payé pour les images ?Le Daily Mail a justifié le fait d’avoir acheté la vidéo, une démarche courante dans les pays anglo-saxons : « Il n’y a rien dans l’acquisition par le Daily Mail de cette vidéo qui puisse faire l’objet d’une controverse », a déclaré un porte-parole à l’AFP. « Elle a été obtenue sur fond de forte compétition entre les médias français et internationaux et fournit une perspective essentielle » sur les attentats.Selon Djaffer Ait Aoudia, « Le Petit Journal » a payé « environ 1 000 euros » pour son sujet et sa vidéo, à lui-même et à sa société de production. Une estimation fondée sur le tarif syndical des images en télévision, autour de 1 000 à 1 500 euros la minute, explique-t-il.Enfin, de nombreux médias ont diffusé les images, dont France 2 par exemple. Mais on ne sait pas s’ils les ont payées ni combien.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.11.2015 à 12h57 • Mis à jour le24.11.2015 à 16h15 | Alexis Delcambre Les salariés du Groupe Altice Média (L’Express, L’Expansion…) poursuivent leur mobilisation contre les mesures d’économies envisagées par leur direction. Mardi 24 novembre a été prévu un arrêt de travail de quelques heures, alors qu’environ 120 suppressions de postes restent envisagées.Lancé par tous les syndicats et sociétés de journalistes, cet arrêt de travail se veut une réponse à la « vacuité du projet stratégique » présenté lors des comités d’entreprise du 30 octobre et du 18 novembre, estiment ces représentants.« Ligne éditoriale positive »Le mécontentement touche notamment la rédaction de L’Expansion où la société des rédacteurs juge le projet de nouvelle formule « contraire aux principes et aux règles éthiques ». Elle réagi ainsi à un projet qui revendique une « ligne éditoriale positive », qui valorise les entreprises et noue des relations avec elles à travers notamment le développement d’événements.À L’Express, le projet de nouvelle formule présenté par Christophe Barbier suscite également des interrogations. L’objectif du directeur des rédactions est de faire de l’hebdomadaire un titre « premium » et « référent », un projet perçu par certains comme trop élitiste.Lire aussi :La tension monte d’un cran à « L’Express » après le vote d’une double motion de défiancePlus généralement, les représentants des salariés dénoncent l’écart entre les ambitions affichées et la sévère réduction des coûts et des effectifs conduite par l’équipe dirigeante choisie par l’actionnaire Patrick Drahi. Le groupe devrait perdre 3,5 millions d’euros cette année, hors coût de la clause de cession actuellement ouverte.Lire aussi :« L’Express » doute de son avenir après le plan socialAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Whaou ! » On peut lire un mélange de fierté et de soulagement dans le sous-titre du billet par lequel Nicolas Beytout annonce, dans son journal L’Opinion, mardi 24 novembre, avoir convaincu le groupe Dow Jones d’y investir deux millions d’euros. La maison mère du puissant quotidien économique américain The Wall Street Journal, propriété du magnat des médias Rupert Murdoch, vient donc soutenir le petit quotidien français d’inspiration libérale, lancé en 2013, en entrant au capital à hauteur de 10 % environ.« Il y a un effet d’image important, se félicite Nicolas Beytout, fondateur et directeur de la rédaction de L’Opinion. Cela nous fait monter un peu en statut. Nous ne sommes plus juste une petite expérience franco-française, nous avons la reconnaissance d’un acteur international. »En interne, la nouvelle est une « agréable surprise », raconte un membre de l’équipe. En effet, la quarantaine d’employés, dont une trentaine de journalistes, vit avec le sentiment que l’horizon n’est pas totalement dégagé pour L’Opinion, dont le fondateur doit régulièrement chercher des fonds pour poursuivre l’activité, déficitaire jusqu’ici.Dans le milieu de la presse, le quotidien est vu comme un média dont le positionnement éditorial est clair, mais qui dispose d’un lectorat restreint et d’un avenir incertain. Il s’appuie notamment sur la notoriété de M. Beytout, connu comme ancien directeur de la rédaction du quotidien économique Les Échos et du Figaro.L’Opinion revendique 20 000 exemplaires vendus, pour la grande majorité par abonnement (couplé papier et Web). Le titre n’écoule que 3 000 exemplaires en kiosques, dont 5 à 600 environ à Paris. Il affiche une diffusion de 35 000 exemplaires, qui prend en compte des journaux distribués via des partenariats.SynergiesMais M. Beytout assure avoir, depuis janvier, conquis 11 000 abonnés supplémentaires, 100 % Web, via une offre baptisée « licence », qui permet à des collectivités d’avoir un nombre limité d’accès simultanés au site, mais utilisable par tous leurs collaborateurs. « Nous visons une cible particulière de lecteurs, pas la quantité », défend M. Beytout.Pourquoi un géant mondial de la presse économique fait-il son premier investissement en France dans un média indépendant ? Certes, la somme est modique à l’échelle du groupe Dow Jones, filiale de l’empire News Corp qui, avec ses titres britanniques comme le Times ou le Sun, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,84 milliard d’euros au troisième trimestre.Il a néanmoins fallu que M. Beytout convainque Rupert Murdoch, lors de leurs deux rendez-vous, à Londres et New York. L’Opinion et le groupe Dow Jones partagent d’abord deux convictions stratégiques, explique M. Beytout : la foi dans l’importance du support papier et la défense d’un modèle payant strict. De plus, le Wall Street Journal a décidé en juin de relancer son édition internationale et Paris fait partie des villes cibles pour ce redéploiement, explique-t-on à L’Opinion.« L’Opinion est une publication influente dans l’univers français de l’économie, des affaires et de la politique, a expliqué William Levis, le PDG de Dow Jones, dans un communiqué. Cet investissement va accroître nos ambitions internationales et relever nos objectifs au cœur de l’Europe. » Concrètement, le partenariat de cinq ans noué entre les deux entreprises doit permettre des synergies dans les contenus et la distribution. Les contenus de L’Opinion seront versés à la base de données mondiale de Dow Jones, Factiva. Le titre libéral peut en principe espérer des reprises de ses contenus dans d’autres médias, à l’étranger. Des « échanges de liens » entre les sites sont envisagés et des traductions d’articles du Wall Street Journal sous la bannière de L’Opinion ne sont pas exclues, explique M. Beytout.D’autres collaborations sont espérées dans la vidéo, que L’Opinion compte développer, notamment avec Erik Monjalous, un ex-directeur de l’AFP recruté en octobre. Des conférences en partenariat sont également prévues.Sur les ventes, il est envisagé de « travailler conjointement sur le marketing et les abonnements numériques ». On peut imaginer que les deux entreprises partageront leurs fichiers d’abonnés en France.Le dernier levier de ce deal est politique : « Dow Jones et nous sommes dans la même sphère d’idées : un corpus globalement libéral, même si eux sont un peu moins proeuropéens », explique M. Beytout. Alors que la présidentielle de 2017 pointe à l’horizon, ce dernier assure avoir une démarche plus « idéologique » que « partisane », notant avec malice que le libéralisme économique a également des apôtres à gauche. 2017, c’est aussi l’année à la fin de laquelle L’Opinion espère atteindre désormais l’équilibre, après l’avoir envisagé (en vain) à l’horizon 2016.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le politologue Thomas Guénolé a été remercié par la station de radio RMC, où il tenait une chronique dans la matinale animée par Jean-Jacques Bourdin, a révélé Arrêt sur Images. En cause : un billet, diffusé mardi 17 novembre, évoquant des dysfonctionnements présumés de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) lors des attentats du 13 novembre, notamment au Bataclan. Des affirmations qui ont depuis été contestées, par le ministère de l’intérieur notamment.« Boycott punitif »Pour M. Guénolé, l’affaire est grave : RMC aurait réagi à un « boycott punitif » de la part du ministère, à des « pressions proches d’une censure ». Le chroniqueur affirme au Monde que l’e-mail reçu de la direction de la rédaction de la radio invoque les conséquences de sa chronique pour le travail de ses collègues : « Le ministère et tous les services de police invités à l’antenne depuis mardi ont refusé de venir sur RMC en raison des inexactitudes de ta chronique. La plupart des sources policières de nos spécialistes se sont tues depuis mardi », selon le courriel.Au ministère de l’intérieur, joint par Le Monde, on dément toute « consigne » : « Il n’y a pas eu de boycott organisé des forces de l’ordre, mais un mouvement d’humeur de gens blessés qui n’ont pas envie d’intervenir sur RMC et de faire plaisir à cette station », admet-on, tout en pensant que « les choses finiront par rentrer dans l’ordre » entre la radio et la police. Le ministère a demandé un démenti, mais pas la tête d’un chroniqueur, ajoute-t-on.Evocation de la démission de CazeneuveDans la chronique incriminée, M. Guénolé disait : « Le 13 novembre, les brigades d’intervention manquaient gravement d’hommes et de moyens. » « Quand les fusillades éclatent, il n’y a que trois fonctionnaires de garde ce soir-là à la BRI », ajoutait-il, soutenant ensuite que lors des interventions, certains policiers avaient manqué de gilets pare-balles lourds. Et que le manque de personnels à la BRI avait obligé des agents de la Brigade anticriminalité (BAC) à intervenir, alors que ce n’était pas leur vocation.Aujourd’hui, le politologue se défend en assurant s’être « distancié » des faits, dans ses propos, évoquant en début de chronique les « accusations de dysfonctionnements qui s’accumulent dans la presse », même si, dans le passage en question, il ne citait pas de source particulière. Il rappelle aussi qu’en conclusion, il demandait une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces questions. Si ces faits étaient avérés, les responsables des forces de police, ainsi que le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, devraient démissionner, disait M. Guénolé.Agents de « garde » ou « d’astreinte » ?« RMC dit que j’ai porté des “accusations graves, non vérifiées”, mais la construction de ma chronique était de dire qu’il fallait les vérifier », se défend-il encore.Cette chronique a été vivement contestée, notamment par la conseillère spéciale de Bernard Cazeneuve, Marie-Emmanuelle Assidon, sur Twitter. Dans les échanges, Thomas Guénolé a reconnu s’être appuyé sur un article de la publication professionnelle La Lettre A, sans le citer. S’il a admis à un moment sur Twitter que l’article était « faux », M. Guénolé insiste aujourd’hui sur « l’absence de démenti officiel, à sa connaissance ». Selon lui, les syndicalistes policiers - qui ont rappelé qu’une quinzaine de fonctionnaires de la BRI était en fait « d’astreinte » ce soir-là - n’ont pas invalidé l’information sur les trois agents de garde. De son côté, La Lettre A a indiqué au Monde qu’elle « maintient qu’il y avait bien trois fonctionnaires de garde au siège de la BRI au 36 quai des Orfèvres après 20 heures, ainsi que le mentionnait [la] brève qui n’a fait l’objet d’aucun démenti malgré de nombreuses sollicitations auprès de la Place Beauvau. Douze autres policiers de la brigade étaient d’astreinte, mais à leur domicile. » Au ministère, on affirme surtout que « la BRI est intervenue dans des délais normaux ».« Editorialiste grande gueule »Dans un récent portrait, Libération décrivait M. Guénolé comme un « politologue pressé », par ailleurs consultant pour un cabinet de conseil. Il s’y disait « ni de droite, ni de gauche et anti-FN ». Après être intervenu dans les médias comme politologue, notamment sur le centre et la droite, il est devenu récemment chroniqueur, plutôt engagé et touche-à-tout. Il a signé un livre sur les banlieues.En licenciant M. Guénolé, RMC (qui appartient au groupe NextRadioTV, également propriétaire de BFM-TV) ne risque-t-elle pas de donner l’impression de se plier aux arguments du ministère de l’intérieur, en pleine période d’état d’urgence ? Une source au sein de la radio affirme que les chroniques de M. Guénolé avaient déjà suscité des critiques en interne. Ce que M. Guénolé ne conteste pas : « On me dit que je donnais trop mon opinion dans mes chroniques. Certes, il y a eu d’abondantes discussions et tensions sur le contenu de mes chroniques, mais c’était dans le cadre de la relation d’un éditorialiste grande gueule et d’un rédacteur en chef. »A RMC, une source souligne elle qu’avec Jean-Jacques Bourdin, Hervé Gattegno ou Les Grandes Gueules, la station ne saurait être taxée de complaisance.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Rof, Nicolas Chapuis et Matthieu Goar Eclairées crûment dans la pénombre, les tentures bleu-blanc-rouge donnent à l’Agora d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) une ambiance de chapelle ardente. Ce samedi 21 novembre, Christian Estrosi, candidat Les Républicains (LR) aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, tient son troisième meeting depuis les attentats du vendredi 13. Jusqu’au public clairsemé, tout rappelle le choc national vécu une semaine plus tôt. Et les propos reflètent l’aspect sécuritaire qu’a pris la campagne des élections régionales.Suivez la situation en direct sur notre siteLa veille, à Marseille, il a présenté le nouveau cœur de son programme : un « bouclier de sécurité » de 250 millions d’euros sur six ans qui « permettront d’armer les polices municipales, d’aider à l’installation de caméras de vidéoprotection… » « Le futur président de la région devra prendre toute sa part dans la protection des Français », assume le maire de Nice, qui se persuade que « la droite républicaine est depuis toujours celle qui inspire le plus de confiance en matière de sécurité ». Plus tôt dans la soirée, le candidat avait fait son entrée sur son nouveau clip de campagne. Dans cet enchaînement d’extraits de BFM-TV ou d’I-Télé, on voit le candidat prévenir la France de la présence d’une cinquième colonne islamiste, encaisser les sarcasmes de ses adversaires sur son idée d’installer des portails de sécurité dans chaque gare ou refuser de marier un Niçois « en voie de radicalisation ». « On m’a dit “vous faites de la surenchère”… J’aurais tellement voulu ne pas avoir raison », conclut-il.Lire aussi :Régionales : la campagne reprend sur la pointe des piedsEn ce week-end de reprise de la campagne, le candidat LR en PACA n’a pas été le seul à développer les thèmes sécuritaires. Lors d’un point presse, samedi, à Lyon, Laurent Wauquiez, candidat LR en Auvergne-Rhône-Alpes, a proposé de consacrer annuellement 45 millions d’euros du budget de la région à la protection des lycées, des gares ou encore des sites industriels classés Seveso. Lors d’un meeting à Drancy (Seine-Saint-Denis), le même jour, Valérie Pécresse a fait directement référence à l’un des terroristes du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, filmé en train de frauder dans le métro parisien. « La sécurité passe par un changement de modèle : dès qu’on commence à franchir les portillons dans le métro, à taguer, ça veut dire qu’on peut tout se permettre », a déclaré la candidate LR en Ile-de-France citée par Libération.Contre-offensive sécuritairePour convaincre une opinion marquée par les attentats, la droite a décidé de donner un tour de vis sécuritaire à sa campagne. Face à un exécutif à la manœuvre, Nicolas Sarkozy a lancé la contre-offensive trois jours après les attentats. Mardi 17 novembre, il a mis en place un observatoire de suivi des mesures annoncées par le gouvernement pour la sécurité des Français. Cette instance, présidée par Eric Woerth, devait être présentée, lundi 23 novembre. Les responsables LR veulent mettre l’Etat sous surveillance. « Il y a des trous immenses dans la raquette, uniquement pour des raisons administratives. Avant de créer des nouvelles lois, faisons appliquer les lois qui existent », a estimé, dimanche 22 novembre, Thierry Solère, tête de liste départementale dans les Hauts-de-Seine, sur l’antenne de Sud radio.A moins de deux semaines du premier tour des régionales, dimanche 6 décembre, l’objectif de la droite est double : ne pas se retrouver confinée à un rôle de spectateur face à l’exécutif en action, mais aussi se montrer plus protecteur que le FN. Les dirigeants LR craignent que l’extrême droite capte la peur et la colère. Les premiers sondages semblent confirmer cette appréhension. Selon une enquête Ipsos pour France Télévisions et Radio France publiée dimanche 22 novembre, Marion Maréchal-Le Pen obtiendrait en PACA 40 % des voix dès le premier tour, trois points de mieux que lors du sondage précédent.Lire aussi :La France d’après, un pays plongé dans la peurPour lutter contre ce danger électoral, les dirigeants de la droite dénoncent un FN ferme dans les mots mais irresponsable dans les faits. Au cours de son entretien au Monde daté du 19 novembre, M. Sarkozy a rappelé que les élus de Marine Le Pen avaient refusé de voter le PNR (« Passenger Name Record ») au Parlement européen. « Le FN est un parti laxiste, dénonce Gérald Darmanin, maire (LR) de Tourcoing, député du Nord et directeur de campagne de Xavier Bertrand, opposé à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Dans mon conseil municipal, les élus frontistes sont les seuls à voter contre les heures supplémentaires aux policiers municipaux. Le FN reste un mouvement d’extrême droite qui a peur de la surveillance de l’Etat. »Le PS mise sur « le pacte de sécurité du président »De l’autre côté de l’échiquier politique, le Parti socialiste ne veut pas laisser la question de la protection à la droite. Dans une lettre écrite aux candidats, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, appelle à défendre « un triptyque commun » : « La guerre totale contre Daech, la sécurité maximale pour les Français et la concorde nationale. » Localement, les candidats vont défendre le rôle de la région dans le maintien de l’ordre.Lire aussi :La droite accuse Hidalgo « d’angélisme » en matière de sécuritéLes socialistes misent sur le fait que le discours de François Hollande et sa gestion après les attaques de Paris ont été globalement appréciés. « Il n’y a aucun angélisme de notre part, la région va contribuer au pacte de sécurité du président de la République », explique Jean-Jack Queyranne, président socialiste sortant de Rhône-Alpes. Pas question cependant de ne rester que sur cette thématique. Pour le candidat PS, qui dénonce une « surenchère sécuritaire » de son adversaire Laurent Wauquiez, les électeurs ont aussi envie d’entendre parler d’autres sujets : « Après ce qu’il s’est passé, il manque dans le discours de la droite un mot majeur, celui d’éducation. » Il reste moins de deux semaines pour faire émerger d’autres sujets de campagne…Matthieu GoarJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGilles RofJournaliste au Monde Martine Delahaye « C’est récent, mais on me demande maintenant des scénaristes capables d’écrire en anglais, pour monter des coproductions », note Catherine Winckelmuller, agent d’auteurs et de réalisateurs travaillant pour le cinéma ou la télévision. « Cela ne date que d’un an, mais des producteurs indépendants m’ont envoyé des projets depuis l’Angleterre, Israël ou le Danemark pour que je les lise, les propose à mes client(e)s, et que l’on voie si un scénario peut être mené en commun. Pour une série partiellement financée par la France et son système d’aides. » Agent, notamment, des auteures Virginie Brac et Anne Landois, à l’origine de la reconnaissance internationale de la série « Engrenages », Catherine Winckelmuller exerce le même métier que les personnages de « Dix pour cent », la série créée par Fanny Herrero d’après une idée originale de Dominique Besnehard, diffusée récemment sur France 2. Si ce n’est qu’elle a décidé, il y a vingt-cinq ans, en créant Agents Associés (l’une des quarante agences artistiques à Paris), de représenter non pas des comédiens mais des auteurs et des réalisateurs.« Je dis non 363 fois sur 365 »Sur quels critères accepte-t-elle ou non quelqu’un dans son agence ? « D’abord, je représente peu de gens, même pas une cinquantaine, explique-t-elle. Je n’ai qu’un assistant, c’est tout. Et puis je ne rencontre jamais les gens d’abord. Parce qu’ils sont presque toujours extrêmement séduisants, lors d’un entretien. Moi, je veux lire et voir. Si ça me plaît et que j’ai le sentiment de pouvoir apporter quelque chose, j’y vais ; sinon, je n’y vais pas. Ce qui m’intéresse chez les créateurs, c’est leur regard, ce qui fait leur originalité, ce qui les distingue de la masse. Je reçois une demande par jour, je dis non 363 fois sur 365. »Au-delà de la disponibilité et de la réactivité qu’exige ce métier tout de relations, il revient à l’agent de lire ce que lui envoient « ses » scénaristes, de les dissuader ou de les encourager au fil de leurs tentations et tentatives. En un mot, de les accompagner dans leur processus de création, pour qu’un de leurs projets aboutisse à l’écran. D’où la nécessité d’acquérir une fine connaissance des attentes des chaînes et des besoins des producteurs.Lire aussi :Succès français en sérieAprès avoir reconnu les qualités de la série « Dix pour cent » (ce qui correspond au taux de rémunération de tout agent artistique français à la signature d’un contrat par l’un de ses clients), Catherine Winckelmuller fustige, avec force, le manque de confiance et de considération accordé aux auteurs en France : « La chaîne a demandé l’écriture d’une saison 2 de “Dix pour cent”, mais les contrats que les producteurs proposent aux scénaristes en font des auteurs “substituables”, ce qui veut dire que l’on peut les renvoyer et les remplacer à volonté. C’est hallucinant ! » Les professionnels dans une impasseC’est bien simple, estime cette professionnelle : en un quart de siècle, la situation des auteurs de télévision, après une courte embellie, n’a au final pas évolué. Au-delà de quelques réussites, « qui ne sont jamais que l’arbre qui cache la forêt » (« Un village français », « Engrenages », « Ainsi soient-ils »…), la structure même de France Télévisions, la frilosité des chaînes et l’incompétence d’un grand nombre de producteurs ont rendu l’ensemble du système public français obsolète, acculant les professionnels dans une impasse.D’où la grande question que se posent les agents artistiques qui, comme elle, ont affaire à l’audiovisuel : comment Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, pourra-t-elle mettre en actes sa volonté de faire de la fiction « une priorité », comme elle l’a annoncé en septembre à La Rochelle, quand on voit à quoi a abouti, jusqu’ici, en termes de création, un groupe qui emploie 10 000 personnes et dispose d’un budget plutôt conséquent…« Pas de vision »« Qu’attendre d’un service public qui est capable de dire “Ce projet est trop bien pour nous”, comme je l’ai entendu encore récemment ? », s’insurge l’agent de Pierre Schoeller, auteur et réalisateur de L’exercice de l’Etat. « A France Télévisions, on me demande : auriez-vous un auteur qui puisse rassurer France 2 ? Je ne vois que frilosité, aucune idée de ce que l’on attend, pas de vision de ce que va devenir la fiction dans les cinq ans ! En revanche, un conseiller à la fiction, dans le service public, se prend souvent tout à la fois pour un scénariste, pour un réalisateur, pour un directeur de casting, en plus de croire savoir ce qu’attend le public… »Alors que TF1 et Canal+ créent d’imposantes unités de fiction, alors que les sociétés de production cinématographiques commencent à investir le monde sériel, le mammouth France Télévisions pourrait bientôt ne plus reconnaître le paysage dans lequel il évoluait jusqu’ici, pronostique Catherine Winckelmuller…Martine DelahayeJournaliste au Monde Gaëlle Picut Trois médias numériques, lancés en 2014 et 2015, tournent autour du travail. Leur point commun : mettre en valeur les récits des travailleurs eux-mêmes.Le premier projet éditorial, Raconter la vie (raconterlavie.fr) a été lancé en janvier 2014 par Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, et soutenu par les Editions du Seuil. Il accueille des textes écrits essentiellement par des anonymes, dont un certain nombre autour de différents métiers.« Ce projet a l’ambition de répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne mieux prise en compte », écrivait Pierre Rosanvallon lors du lancement dans un manifeste intitulé « Le parlement des invisibles » : « Donner la parole, rendre visible, c’est aider les personnes à retrouver leur dignité, à résister. C’est leur permettre de rassembler leur vie dans un récit qui fait sens, de l’insérer dans une histoire collective ».On y trouve des témoignages très variés : un conducteur de métro, une psychologue, une caissière, une conseillère d’orientation, un infirmier, un routier, un boulanger, une employée de fast-food, un directeur d’agence bancaire, un charpentier…Dans l’Education nationaleDans le sillage du projet « Raconter la vie », le SGEN-CFDT, un syndicat de l’Education nationale, a lancé en septembre 2014, Raconter le travail (raconterletravail.fr), un espace où les professionnels de l’enseignement peuvent témoigner de leur travail, de ce qu’ils vivent au quotidien, sur ce qu’il se passe de façon invisible au sein des établissements scolaires.Le but est de raconter le concret et la diversité des situations. « La représentation du travail dans l’Education nationale fait aujourd’hui défaut. La méconnaissance du travail réel des personnels, par les médias et les corps intermédiaires comme par les intéressés eux-mêmes, explique à la fois les carences des politiques publiques et l’incapacité des personnels à agir collectivement », estime Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT dans le manifeste de lancement du site. Cette initiative a été parrainée par Pierre Rosanvallon et son équipe.Le dernier né est le site Dire le travail (direletravail.coop), lancé en avril 2015 par la coopérative du même nom regroupant une cinquantaine de sociétaires et animée par Patrice Bride, ancien rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques.Ce média publie aussi des écrits signés des travailleurs eux-mêmes. Des professionnels les aident à mettre en forme leurs récits. « Nous cherchons avant tout à mettre en avant le travail, plutôt que le métier : non pas ce que fait en général un maçon, un gardien de musée ou un policier, mais la façon très particulière dont une personne forcément unique s’est débrouillée de ce qu’elle avait à faire, dans son contexte propre », explique Patrice Bride. Une vingtaine de récits sont déjà en ligne, rédigés par un dermatologue, un caissier, une infirmière, une accompagnatrice en soins palliatifs, etc.Ce qui se fait au-delà du métierCe travail d’expression écrite produirait plusieurs effets. « Dire son travail est important. Poser des mots permet de prendre de la distance par rapport au quotidien, à l’apparente routine ou à la course permanente, constate Patrice Bride. On réalise tout ce que l’on arrive à faire malgré les difficultés, les prescriptions parfois contradictoires, voire la souffrance. À cet effet révélateur, vient s’ajouter un effet assurance ou réassurance quand on n’est pas très sûr de ce que l’on fait. Enfin, l’écriture est une manière de partager avec d’autres son expérience et ses histoires de travail, de les faire reconnaître ».Nadir Abdelgaber, un jeune caissier a rédigé un texte sur son quotidien, en partant de la façon dont il plie le ticket de caisse avant de le tendre au client. « Pour lui, écrire sur son travail, être publié, lu, est une manière de montrer son travail sous un angle positif. Il ne s’agit pas seulement de montrer comment il fait son travail mais aussi la façon dont il se l’approprie », témoigne Patrice Bride.Ariane Grumbach a publié un texte (« Des mots pour mieux manger ») sur son activité de diététicienne. « J’avais déjà un certain recul sur mon vécu professionnel. En revanche, je n’avais jamais formalisé des mots dessus et en ce sens, la démarche était fructueuse », estime-t-elle. « J’aime cette façon de passer » de l’autre côté du miroir « de métiers que l’on ne connaît que très partiellement. Cela me paraît une démarche extrêmement intéressante que l’on travaille seul ou en entreprise car elle peut aider à prendre conscience de la valeur de son travail, des compétences acquises au fil du temps. C’est aussi une façon de fixer la mémoire du travail », poursuit-elle.Faire partie d’un toutAude Bellon, qui a écrit un texte sur son activité de paludière, a également ressenti l’importance de transmettre sa passion pour son métier. Au-delà, elle compare cette démarche à un « travail thérapeutique ». « J’avais témoigné une première fois sur mon métier pour un blog. Cela avait enclenché quelque chose chez moi. J’ai eu envie de poursuivre cette réflexion. Cela m’a fait du bien et m’a conforté dans mon choix de vie. Avant de devenir paludière comme mon père, j’ai été chargée de communication au sein d’une collectivité locale. Écrire ce texte m’a fait réaliser un certain nombre de choses dont je n’avais pas conscience sur le sens de ce que je faisais. Depuis, je les vis de façon encore plus intense », analyse-t-elle. « En décrivant mon activité, j’ai l’impression de faire partie d’un tout, d’être en accord avec la nature, le cycle des saisons. C’est un travail sur soi en permanence ».Par ailleurs, la publication de ce texte a favorisé des discussions avec ses proches. Elle s’est rendu compte qu’elle préférait utiliser le terme d’activité qui renvoie à des choses positives, à un épanouissement, plutôt que celui de travail associé à quelque chose de laborieux, de pénible.« En période de crise économique, d’événements tragiques comme nous le vivons actuellement, il est important de revenir aux fondamentaux, de faire son travail avec amour, de remettre les relations humaines au cœur de nos activités. Le métier de paludier est à la fois solitaire et solidaire. Le monde du marais est une grande famille alors que lorsque je travaillais dans la fonction publique j’avais le sentiment d’être très isolée », conclut-elle.Etre connecté à l’actualitéL’une des ambitions de Dire le travail est aussi de chercher des connexions avec l’actualité. Il accueille par exemple le témoignage d’Adèle Wine, partie en mission comme responsable d’approvisionnement dans un Centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières en Guinée. « Derrière chaque événement de l’actualité, il y a toujours du travail, des femmes et des hommes qui font ce qu’ils ont à faire avec de l’intelligence, des émotions, des convictions, des valeurs », résume Patrice Brice.Outre cette publication web, la coopérative Dire le travail développe d’autres activités tels que des ateliers à destination de particuliers souhaitant écrire sur leur travail, ou des interventions auprès d’organismes (associations, syndicats, entreprises, etc.), en particulier dans le cadre de formations autour de questions liées à l’expression sur le travail. Elle est actuellement en discussion avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) et la CFDT intéressées par la démarche.Pour compléter ce tour d’horizon de cette « démocratie narrative » (selon l’expression de Pierre Rosanvallon), il faut également évoquer les blogs, un média personnel parfois utilisé par leurs auteur(e) s pour s’interroger sur leurs pratiques professionnelles. Le milieu médical est incontestablement surreprésenté. On peut citer Jaddo (rédigé par une jeune généraliste), Vieux et merveilles (une auxiliaire de vie), Boules de fourrure (un vétérinaire) ou encore 10 lunes (une sage-femme).Ces différentes initiatives montrent que parler du travail n’est pas réservé aux sociologues, aux économistes, aux politiques ou aux journalistes. Derrière les notions de marché du travail, de chômage, de productivité, d’innovation, de management… il y a le travail réel, l’humain. « Nous voulons donner à lire le travail réel. De l’engagement, du conflit, de la solidarité : ce qui se joue au travail, parfois envahissant, parfois dépourvu de sens, avec ses grandeurs comme ses difficultés, toujours au cœur du fonctionnement de la société », résume Patrice Bride.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est une polémique née d’un dossier qui aurait dû être consensuel. Destinée à élargir le soutien public à un plus grand nombre de publications après les attentats contre Charlie Hebdo, la réforme des aides à la presse a fait l’objet, ces derniers jours, de vives critiques.En cause : la volonté du gouvernement de priver de ces nouvelles aides les publications ayant fait l’objet de condamnations pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence au cours des cinq dernières années. La mesure concerne des titres d’extrême droite comme Minute et Rivarol, ou encore l’hebdomadaire Valeurs actuelles, positionné à la droite de la droite et par deux fois condamné ces derniers mois, même s’il a fait appel.Lire aussi : Aides à la presse : qui touche le plus ? Dans son décret du 6 novembre 2015, le gouvernement a étendu le champ de l’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : elle concerne désormais tous les périodiques et pas uniquement les quotidiens. Il s’agit d’une démarche en faveur du pluralisme, initiée au lendemain de l’attentat qui a décimé l’hebdomadaire Charlie Hebdo, en janvier (celui-ci ne bénéficiera toutefois pas de l’aide, qui est limitée aux publications dont la diffusion est inférieure à 300 000 exemplaires, un seuil que l’hebdomadaire a dépassé depuis janvier).Plainte à BruxellesLe fait que ce renforcement des aides directes ne touche pas les titres ayant fait l’objet de condamnation a fait rapidement réagir. Mardi 17 novembre, Valeurs actuelles s’en est pris au système d’aide dans sa globalité en indiquant avoir « adressé une plainte formelle contre la France pour aide d’Etat incompatible avec le Traité de l’Union européenne dans le secteur de la presse d’information politique et générale de diffusion nationale ».Le lendemain, son directeur, Yves de Kerdrel, a également annoncé un recours au Conseil d’Etat. Il croit avoir identifié une fragilité juridique au sein du décret, dans la mesure où dans les faits, ce sont les directeurs de publication qui sont condamnés, non les titres. Or le décret fait référence à ces derniers.Plus surprenant : jeudi 19 novembre, c’est l’ensemble des quotidiens et magazines qui s’est ému de la mesure, à travers un communiqué commun du syndicat de la presse magazine (SEPM) et de la presse d’information générale (AIPG). Ce texte reprend l’argument de M. de Kerdrel en constatant que « le décret (…) soulève plusieurs points de droit, dont, mais non exclusivement –, celui du non-respect du principe de la personnalité des peines, en raison des règles particulières de responsabilité en matière de presse posées par la loi de 1881, et qui excluent la responsabilité directe de la société éditrice ».Le ministère « serein »En réponse, le ministère de la culture, joint par Le Monde, se dit « serein » sur les contestations juridiques de son décret : les condamnations touchent certes des individus, mais ils sont visés en tant que directeur de la publication, les condamnations ne sont pas personnelles, argumente-t-on. On ajoute que les amendes sont souvent payées par les titres, pas par les dirigeants.Sur la contestation des aides à la presse au niveau européen, le ministère de Fleur Pellerin ne s’affiche pas plus inquiet. Ce type de soutien public à un secteur est un choix politique, au même titre que la neutralité technologique invoquée pour accorder récemment un taux de TVA « super réduit » aux titres de presse sur Internet. Malgré une certaine opposition, Paris estime engranger des soutiens, au niveau européen, sur ces sujets.Sur le fond, cette réforme des aides au pluralisme vise à soutenir des titres qui contribuent à la « vitalité démocratique », argumente le ministère. Exclure les publications condamnées pour propos racistes ou discriminatoires est « dans l’esprit de la loi de 1881 sur la liberté de la presse ». L’article 24 de ce texte rappelle que seront notamment condamnés ceux qui auront « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes ».Une réforme politique ?Personne n’est visé en particulier à cause de sa ligne éditoriale, c’est un principe républicain, soutient-on au cabinet de Fleur Pellerin. Une tentative de couper court à l’argument selon lequel la réforme est politique et vise à affaiblir des titres d’opposition frontale à François Hollande, comme Valeurs Actuelles, ou proches de l’extrême droite.Enfin, le ministère rappelle que cette aide au pluralisme ne représente qu’une faible partie de l’ensemble des aides directes et indirectes (via les aides postales notamment). En 2014, un titre d’extrême droite comme Présent a touché 362 745 euros d’aides au total (dont 226 888 euros d’aides directes). Valeurs Actuelles a touché 961 026 euros d’aides à son transport postal mais zéro aide directe. Minute et Rivarol n’ont rien touché.Parmi la cinquantaine de titres qui pourraient bénéficier des nouvelles aides au pluralisme, on trouve les publications de gauche Le Monde diplomatique ou Politis, les publications chrétiennes Témoignage chrétien, Pèlerin magazine ou Golias, le magazine féministe Causette, le mensuel et site sur l’écologie Terra Eco, voire le bihebdomadaire généraliste Society.Malgré les arguments du ministère, les fédérations d’éditeurs de presse risquent de ne pas désarmer immédiatement : « Quelles que soient les justifications politiques et morales censées la justifier, une telle exclusion, dans son essence même, rompt avec le principe démocratique intangible de la neutralité de l’action publique vis-à-vis de la presse d’opinion », écrivent-ils, avant d’invoquer Tocqueville : « Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Nouchi Lorsque, peu après sa désignation comme directeur du Monde, le 30 juin, Jérôme Fenoglio me proposa de devenir le sixième médiateur de notre journal – après, successivement, André Laurens, Thomas Ferenczi, Robert Solé, Véronique Maurus et Pascal Galinier –, je n’imaginais évidemment pas une seconde que j’allais prendre mon poste par temps de guerre. Je me faisais une joie de pinailler sur l’orthographe ou la syntaxe défectueuse de tel ou tel article, de maugréer après tel ou tel rédacteur coupable d’une approximation douteuse, de grommeler après la découverte d’un titre de manchette imprécis ; et voici qu’il me faut dire l’émotion d’une rédaction en proie à la fatigue, à la peine et parfois même au deuil ; et voici surtout qu’il faut, dès à présent, lui tirer un immense coup de chapeau pour le travail réalisé depuis quelques jours.Croyez-moi, chers lecteurs, je ne suis pas du genre complaisant avec les confrères. Depuis un peu plus de trente ans au Monde, ayant connu moult directeurs, directeurs de la rédaction et rédacteurs en chef, je me fais une idée très haute du journalisme. Mes modèles en écriture sont à chercher du côté de Robert Guillain (1908-1998), Pierre Viansson-Ponté (1920-1979) ou encore Jean-Marc Théolleyre (1924-2001) – souvenirs émus de ces grandes plumes du journal d’avant Internet –, alors pensez : il m’arrive parfois de céder à la déception devant un journal par trop moyen. Rien de tel depuis une semaine. Le travail de la rédaction, tous supports confondus, est remarquable. Rigueur, talent d’écriture et d’analyse, scoops, tout y est, avec ce qu’il faut également de nécessaire prudence pour échapper à cette épidémie de rumeurs qui s’est emparée des réseaux sociaux. Je remarque d’ailleurs en parcourant votre courrier que vous vous faites très souvent l’écho de la qualité du travail des journalistes du Monde. Soyez-en remerciés.Par-delà ces compliments, et quelques réserves formulées par plusieurs d’entre vous concernant le choix de certaines photos jugées « racoleuses », quatre aspects qui concernent notre couverture journalistique de ces événements me semblent, d’ores et déjà, devoir être soulignés.Une mobilisation exceptionnelle Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre, plus d’une centaine de journalistes, sur les 400 que compte la rédaction du Monde, se sont mobilisés. « On attend du Monde qu’il remplisse une fonction de service public de l’information, explique Luc Bronner, le directeur des rédactions. Ce rôle, que nous revendiquons, nous ne pouvons le jouer qu’à la condition de disposer d’une rédaction très forte, composée en particulier des meilleurs spécialistes de telle ou telle question. »Un souci constant de pédagogie et de « chasse » aux « hoax » et aux informations non recoupées « L’ignorance et la peur sont les deux alliées du terrorisme, analyse Jérôme Fenoglio. C’est pourquoi nous devons veiller en permanence à ne pas alimenter les rumeurs et à mettre en perspective les événements que nous couvrons. » De ce point de vue, tant les « live » organisés sur Lemonde.fr que le travail de l’équipe des « Décodeurs » du Monde réalisé sous la houlette de Samuel Laurent, à la fois sur notre site et sur Twitter, ont permis, quasiment en temps réel, d’apporter les éclairages nécessaires à la compréhension de ce qui était en train de se passer.La nécessité d’un travail de suivi au long cours Luc Bronner le résume avec franchise : « En janvier dernier, lors des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher, nous avions été bons au moment de la crise mais un peu moins bons ensuite. Nous n’avons pas assez exploré la France de “l’après-Charlie”, l’impact que cet événement a eu tant sur les “Je suis Charlie” que sur les “Je ne suis pas Charlie”. » Cette fois, il en ira tout autrement. Jeudi 19 novembre, dans un courriel adressé à l’ensemble de la rédaction, le directeur des rédactions a annoncé la création d’une « task force » d’une dizaine de journalistes « afin de raconter, sur tous nos supports, “la France post-attentats” ». Ce dispositif, copiloté par Aline Leclerc et Benoît Hopquin, est amené à fonctionner « pour une durée indéterminée, probablement plusieurs mois ». « Nous sommes attendus, ajoute Luc Bronner dans son courriel, sur notre capacité à raconter, décrire, expliquer l’onde de choc de ces attentats en France. Nous avons évidemment déjà commencé à le faire, mais il nous faut le réussir sur plusieurs mois, en multipliant les angles, les formats, en variant les types de sujets, en creusant tous les aspects de cet épisode majeur, en couvrant tous les territoires, à Paris, en province comme en banlieue. »La guerre contre l’Etat islamique en Syrie Concernant l’action militaire de la France hors de ses frontières, il me semble que la position du Monde n’a pas été suffisamment précisée. S’agissant de la question de la coopération avec la Russie, nous avons estimé « justifié » le « tournant russe de François Hollande ». Soit. Cela signifie-t-il pour autant que Le Monde est favorable aux nouvelles frappes aériennes décidées par le chef de l’Etat contre les positions tenues par l’Etat islamique en Syrie ? Si Le Monde semble reprendre à son compte la réalité de « l’état de guerre » décrite par François Hollande (certains lecteurs, précisons-le, ne partagent pas cet avis), qu’en est-il de l’action de guerre elle-même qu’il conviendrait de mener ? Je comprends parfaitement que l’on veuille se donner du temps avant de pouvoir juger de sujets d’une telle importance mais, sans trop tarder, une clarification, d’ordre éditorial s’entend, sera nécessaire.Franck NouchiJournaliste au Monde Alexandre Piquard « On pensait avoir touché le fond, mais non… », se désole Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, jointe samedi 14 novembre par Le Monde. Elle était à son domicile, vendredi soir lors des attaques. Elle raconte son sentiment d’effroi au cours d’une soirée et d’une nuit passées sans dormir et à échanger avec des amis, mais avec « une réaction de rejet total, de fuite, presque un refus d’en entendre parler. »Samedi après-midi, l’équipe de Charlie Hebdo était sous le choc après ces attaques qui rappellent tant celles qui ont décimé le journal puis ciblé des policiers et des juifs en janvier. Contactés, plusieurs membres de la rédaction souhaitaient peu s’exprimer. Mais certains avaient déjà en tête le prochain numéro du journal, en théorie attendu pour mercredi 18 novembre, et qui doit désormais être totalement revu.Mesures de sécuritéVendredi soir, plusieurs membres de l’équipe, sous protection policière, dont son directeur, Riss, ont été mis en sécurité rapidement. Samedi, il leur a été déconseillé de s’approcher des nouveaux locaux que la rédaction occupe depuis plusieurs semaines dans le sud de Paris, après avoir quitté ceux où a eu lieu la tuerie de janvier puis avoir été hébergés au siège de Libération.Des membres de la rédaction ont toutefois élaboré un communiqué, assez succinct, paru samedi après-midi :« Toute l’équipe de “Charlie Hebdo” fait part de son effroi et de sa révolte après les attentats qui se sont déroulés vendredi 13 novembre à Paris. “Charlie Hebdo” s’associe à la douleur des victimes et leur adresse son soutien total ainsi qu’à leur famille. Le journal condamne une fois de plus cette violence terroriste au service de l’idéologie totalitaire islamiste qui n’a d’autre but que de détruire les valeurs de la démocratie et de la République. »Rattrapés par l’horreurVendredi soir, au moment des attentats, les membres de l’équipe se sont sentis rattrapés par l’horreur. Patrick Pelloux, médecin urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo, s’est rendu au Samu de Paris. Il y a endossé son rôle de médecin, plutôt que de confier son sentiment de membre de la rédaction de Charlie, qu’il a récemment annoncé vouloir quitter. Il a parlé de « carnage de guerre », de massacre, en particulier pour les victimes du Bataclan. « Ils ont utilisé des petites balles de 16,5 mm, avec une forte vélocité. C’est facile à tirer, et ils ont fait comme au ball-trap », a décrit M. Pelloux à une journaliste du Monde.Lire aussi :Patrick Pelloux annonce son départ de « Charlie Hebdo »D’autres membres de l’équipe étaient à la fête donnée dans les locaux de Libération avant son prochain déménagement, dont le rédacteur en chef, Gérard Biard. Bloqués dans cet immeuble voisin du Bataclan comme les autres — nombreux — journalistes invités, ils ont regardé les événements à la télévision sur place avant d’être mis en sécurité. M. Biard se concentrait samedi sur le prochain numéro du journal.Sigolène Vinson, elle, était chez elle en train de lire un livre quand elle a appris le drame. « C’est très dur… », raconte la chroniqueuse judiciaire du journal, qui par une coïncidence tragique s’est retrouvée à « trembler » ce vendredi parce qu’elle avait un ami parmi les spectateurs du Bataclan, qui a été touché par balle. Elle a passé une partie de la nuit à essayer de le localiser, après avoir échangé des SMS avec des membres de l’équipe de Charlie.Lire aussi :« C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts »Pression médiatique redoubléeCes dernières semaines, les membres de l’équipe de Charlie Hebdo voyaient se profiler les commémorations des attentats du 7 au 9 janvier. Avec une pression médiatique redoublée, comme en témoigne la publication des livres de Denis Robert, journaliste, et de Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo, symbole des tensions persistantes autour de l’héritage du journal. Les demandes venues des médias du monde entier ou les reportages prévus pour janvier se voient aujourd’hui percutés par la nouvelle actualité tragique des attentats de novembre, songe un journaliste, choqué.« Maintenant, il va falloir revoir des choses dans notre façon d’appréhender le terrorisme », pense aussi Zineb El Rhazoui, franco-marocaine et tenante d’une ligne d’opposition ferme à l’islamisme. « Il va falloir interpeller ceux qui ont dit “oui, mais…” après les attentats de janvier, ajoute la journaliste, actuellement en arrêt maladie. Il faut attaquer toute la chaîne de production idéologique du terrorisme, pas que les terroristes avec une réponse sécuritaire. »Dans la nuit de vendredi à samedi, certains des dessinateurs de l’équipe de Charlie Hebdo se sont mis à faire des croquis, paradoxalement inspirés par les horribles événements de la veille, relate un membre de l’équipe.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Dix mois après les attentats de janvier, les grands médias français, tous établis à Paris, ont de nouveau connu une mobilisation totale, vendredi 13 novembre dans la soirée et pendant le week-end. Mais alors que le traitement médiatique des attaques menées par les frères Kouachi et par Amedy Coulibaly avait donné lieu à de vives polémiques, suivies de sanctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), cette fois la couverture n’a jusqu’ici pas soulevé de questions.« Nous n’avons pas été confrontés à des situations aussi compliquées qu’en janvier : soit c’était fini quand on est arrivé sur les lieux, soit c’était en cours, au Bataclan, mais on était placés loin », explique ainsi Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV. Cette fois, pas de dilemme sur le fait de diffuser en direct ou non les images de l’assaut, à la différence des dénouements de Dammartin-en-Goêle (Seine-et-Marne) ou de la porte de Vincennes, qui s’étaient déroulés sous l’œil des caméras. « Tout est allé beaucoup plus vite », résume M. Béroud.« Nous n’avions pas d’équipe en capacité de filmer l’assaut sur le Bataclan, renchérit Catherine Nayl, directrice générale adjointe à l’information du groupe TF1. Mais si nous en avions eu une, nous ne l’aurions pas diffusé. »Pas de consignesVendredi soir, aucune consigne n’a été donnée aux médias par le ministère ou par le CSA. « Nous n’avons reçu aucun message de la part des autorités, il n’y a pas eu d’échanges hors ceux que nous entretenons avec nos sources policières dans le cadre de notre suivi », atteste Laurent Guimier, directeur de France Info.La chaîne i-Télé a cessé de diffuser les images du Bataclan en direct vers 0 h 30 samedi, au moment de l’assaut. Le présentateur Bruce Toussaint a invoqué une « demande des autorités » en ce sens. Contacté par Le Monde, il explique que « l’une de nos reporters à proximité du Bataclan était en direct quand des détonations ont retenti et un policier lui a alors demandé de cesser de tourner, mais nous n’avons reçu aucun coup de fil à la rédaction. »Au lendemain des attentats de janvier, le CSA avait formulé des recommandations aux médias pour les enjoindre à ne pas perturber l’action des forces de l’ordre dans des situations similaires. Le CSA s’est exprimé samedi vers 15 heures, dans un communiqué, pour « attirer très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours dans les circonstances tragiques que vit notre pays ».Suivez notre live sur la situation à ParisPrudence redoubléeAu-delà du cas précis des images d’assaut, l’impression générale était celle d’une prudence plus forte qu’en janvier, notamment dans la communication des bilans.« On a presque eu un excès de prudence sur certaines informations : notamment le bilan très lourd de victimes tuées, pourtant recoupé par des sources médicales et policières, juge M. Béroud. Soixante morts, quatre-vingt morts… On avait envie que cela ne soit pas vrai et peur que cela puisse être faux. Mais c’est allé vite et ça s’est malheureusement révélé en-deçà de la vérité. »Malgré cette sidération, les médias ont semblé mieux maîtriser la situation. « Après les événements de janvier, on a revu notre fonctionnement de façon à être plus cohérents quant aux informations données entre nos différents supports (Web, antenne…) », rappelle M. Guimier. « Les équipes ont des réflexes qui tiennent compte de ce qu’on n’a fait ou pas fait au moment de Charlie, constate Catherine Nayl. Cela concerne par exemple les correspondances sur les réseaux sociaux pendant les prises d’otages. » « On est plus rapidement passés dans l’explication, dès samedi matin. En janvier, il y avait eu des jours de traque », abonde Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions, qui a également hésité un peu avant de donner les bilans impressionnants de morts.France Télévisions, qui n’a pas encore de chaîne d’information en continu, n’a pas décroché en direct tout de suite : France 2 a continué sur l’émission « Ce soir ou jamais » jusqu’à minuit et l’intervention de François Hollande, puis a rendu l’antenne à 2 heures. Auparavant, France 3 avait assuré le suivi des événements de 22 h 45 à minuit. Samedi, France 2 a repris l’antenne, jusqu’à midi, et France 3 a fait un décrochage avec des images de ses rédactions dans toute la France. Le « 13 heures » de France 2 est lui prolongé jusqu’à 14 h 30. De son côté, TF1 a assuré un long direct, vendredi soir après le match de football France-Allemagne, puis samedi matin.Lire aussi :Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Entre victimes et témoinsReste que dans toutes les rédactions, le travail se fait sous tension. « L’ambiance est lourde, décrit M. Béroud. Les journalistes sont parfois comme des médecins, à avoir une pointe d’humour pour déstresser, mais pas là… »« Les gens dans la rédaction sont très touchés, raconte M. Golomer. Beaucoup sont revenus au siège de France Télévisions, vendredi soir, et étaient émus. Aucune population spécifique ne semblait visée dans les attentats. Cela pèse. Tous nos journalistes ont été contactés par leur famille pour savoir comment ça allait. On sent que les gens avaient envie de se retrouver ensemble, comme un refuge aussi. »« L’épicentre des attaques est un quartier où nombre de journalistes résident ou ont leurs habitudes, observe Laurent Guimier. Plusieurs membres de l’équipe étaient présents sur place, ont témoigné avant de rejoindre la rédaction. » Une situation vécue dans la plupart des rédactions, dont des membres ont assisté de près aux attaques, oscillant entre une position de victime et de témoin.« Les équipes sont touchées, constate M. Golomer. Tout le monde connaît quelqu’un qui était vers la rue de Charonne et les lieux des attentats. Les prochains jours vont être difficiles. »Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attentats du 13 novembre : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Delye Douze documentaires inédits à l’antenne pour six jours de festival, ce n’est déjà pas si mal. Pour sa deuxième édition (du 15 au 20 novembre), le Festival du documentaire d’Arte entend mettre en avant l’ouverture sur le monde et l’éclectisme, autant en termes de regards que de formats, des films coproduits par la chaîne, dont plusieurs ont été primés lors des grands festivals internationaux.Parmi ces films documentaires dits « d’auteur », et malgré le caractère événementiel du festival, seuls deux auront les honneurs du prime time : Hitchcock/Truffaut, de Kent Jones et Serge Toubiana (2015, lundi 16 à 20 h 55); et La Maison de la radio (2012 ; mardi 17 à 20 h 55), pour lequel Nicolas Philibert s’immerge dans les coulisses du média radio afin de formuler une réflexion sur le son et l’écoute.« Sessions de rattrapage »Les dix autres documentaires de ce festival – dont le très marquant Austerlitz (2013 ; mardi 17 à 22 h 35), de Stan Neumann ; Les Yeux du silence (2014 ; jeudi 19 à 22 h 25), de Joshua Oppenheimer, ou encore, le captivant Killing Time – Entre deux fronts (2015 ; mercredi 18 à 22 h 25), de Lydie Wisshaupt-Claudel – sont tous relégués en deuxième, voire troisième partie de soirée.Martine Saada promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetéspar la chaîneUn regret récurrent auquel Martine Saada, directrice de l’unité société et culture d’Arte France, répond de façon pragmatique. « Le passage du prime vers la troisième partie de soirée des documentaires d’auteur de la case “Grand Format”a eu lieu bien avant les changements au sein des directions chez Arte », dit-elle, consciente de la nostalgie qui règne autour de l’époque, sans doute idéalisée, où Thierry Garrel dirigeait l’unité documentaires d’Arte. « Ce n’est pas une révolution de palais qui viendrait de nouvelles directions, c’est une évolution due au fait que ces films nécessitent une attention et une intention du téléspectateur. La consommation en matière de télévision a changé. On est beaucoup moins tributaires des grilles et des horaires. On se fabrique de plus en plus une grille soi-même grâce aux sessions de rattrapage. Et puis il ne faut pas se voiler la face, la télévision est aussi un média de divertissement, et il faut pouvoir offrir des choses différentes aux gens », poursuit la directrice.« Se repositionner dans un axe » Dans un contexte marqué par l’inquiétude des producteurs et des auteurs quant à la pérennité de l’engagement des diffuseurs, notamment d’Arte, auprès du documentaire d’auteur, Martine Saada tente de rasséréner : « La crainte n’est pas le meilleur des moteurs… La vigilance, oui. La crainte, non. » Ainsi répond-t-elle à la « lettre ouverte » publiée dans Le Monde (5 novembre) dans laquelle de nombreux réalisateurs exprimaient leurs craintes après le départ de Luciano Rigolini, pilier du cinéma documentaire à Arte et responsable de la case « La Lucarne » depuis sa création.Si elle admet qu’il sera difficile de remplacer cet homme de grande culture, au goût sûr et au tempérament vif, la directrice des documentaires société et culture d’Arte promet de ne rien changer au nombre de documentaires d’auteur coproduits ou rachetés par la chaîne. Mais elle affirme aussi sa volonté d’aller de l’avant. « Il faudra de la patience, laisser du temps au nouveau venu. Mais je ne peux pas croire qu’il n’y a pas de nouveaux talents pour prendre la suite de Luciano Rigolini. Toute ma vie, je n’ai fait que des choses pour essayer d’installer de nouveaux talents, quels qu’ils soient », dit encore l’ancienne directrice du pôle littérature générale et documents du Seuil, mais aussi ancienne productrice de documentaires aux Films d’ici. « Je suis plutôt dans l’idée qu’il faut conforter les choses que dans une phase de chantier. Les événements de janvier nous ont tous bousculés dans nos certitudes. C’est quand vous tanguez qu’il faut rechercher du sens, pour se réancrer. Or, le moment où l’on recherche du sens n’est pas toujours celui où l’on est le plus créatif… C’est le moment où l’on se repositionne dans un axe, et il faut en passer par là », explique-t-elle avec franchise.« Eviter tout formatage »« Et n’oubliez pas qu’on ne commande pas ! Je lis ce que je reçois », dit-elle encore, anticipant une autre attaque récurrente selon laquelle on assisterait à une forme de nivellement vers le bas dans l’exigence et l’originalité des documentaires diffusés sur la chaîne franco-allemande. Pour Martine Saada, « c’est par la diversité des producteurs et des auteurs qu’on évitera tout formatage. Parce qu’il y aura toujours quelqu’un d’assez fou dans une chaîne pour croire à un projet, même risqué, l’accompagner, le porter. Et j’espère être cette personne ». Une manière pour elle de responsabiliser et renvoyer certaines questions dans le camp des producteurs et des auteurs.Mais ces relations, souvent houleuses, entre Arte et les producteurs et réalisateurs avec lesquels elle travaille, sont aussi le signe de la vigueur du secteur cinéma documentaire, qui s’exprime, qui reste vigilant sur les évolutions qu’on tente de lui imposer, et qui, en râlant contre Arte, lui dit aussi son attachement. Car rappelons-le, aucune autre chaîne ne porte aussi haut le documentaire d’auteur, malgré tout.Hélène DelyeJournaliste au Monde Charlotte Bozonnet Depuis deux ans, ce site inspiré du « Gorafi » parodie l’actualité et rencontre un beau succès populaire dans un pays où la liberté d’expression reste très encadrée. Lesquelles choisir ? Il y a eu l’histoire de ce mari déçu qui décida de porter plainte contre sa femme après l’avoir découverte sans maquillage au lendemain de leur nuit de noces. Ou encore cette déclaration de l’émir du Qatar justifiant son refus d’accueillir des réfugiés syriens : « Nous avons assez d’esclaves comme ça ! » Des nouvelles qui ne sont pas passées inaperçues et ont été reprises par les médias à travers le monde. « Une sorte de consécration pour un site comme le nôtre », reconnaît Nazim Baya, qui s’en amuse encore. A 31 ans, ce jeune pharmacien algérois est le fondateur du site parodique El Manchar.Inspiré du Gorafi français, le site Web publie de fausses nouvelles, souvent hilarantes, sur l’actualité internationale et algérienne. Avec sa liberté de ton et son ironie mordante, il s’est assuré un beau succès populaire. Son slogan : « Avec des scies, on refait le monde. »Au départ, quelques blagues sur FacebookL’aventure a commencé il y a deux ans par une page Facebook sur laquelle Nazim Baya postait de simples blagues. Peu à peu, l’envie lui vient de monter un journal satirique. Il lance un appel à contributions pour trouver des caricaturistes. Sans succès. Il décide alors de s’en tenir à des textes et reprend le nom d’un titre qui avait existé dans les années 1990 : El Manchar, un mot qui signifie à la fois « scie » et « médisance ».« En Algérie, on aime beaucoup la satire, l’humour, mais il y a un vide dans ce domaine, c’est pour ça que le site a autant de succès », estime Nazim Baya. En moyenne, le site enregistre 20 000 à 30 000 visites par jour, et jusqu’à 100 000 certains jours de buzz exceptionnel. L’équipe compte sept rédacteurs : trois en Algérie, deux au Canada et deux en France, tous algériens, avec une moyenne d’âge de 25 ans. Certains sont des amis, d’autres des connaissances virtuellesLe site est volontiers grinçant sur l’actualité internationale. Après le drame du pèlerinage à La Mecque, un article moque ainsi le mépris des autorités saoudiennes en mettant en scène le roi d’Arabie saoudite qui explique : « Pour des Africains, mourir loin d’Ebola et le ventre plein est une bénédiction. » S’agissant de l’Algérie, une prétendue étude mondiale sur le sommeil révèle que le pays « est le seul au monde où les cauchemars commencent au réveil »…“On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches.” Nazim Baya, fondateur de El MancharSur ses motivations, Nazim Baya reste discret. Pas de grand discours sur la liberté d’expression pour ce jeune développeur Web. « Oui, j’ai des choses à dire, comme tout citoyen. Notre message, c’est qu’à travers l’humour on donne une certaine vision du monde et on a plus de chance d’être entendu. » Une ligne éditoriale ? « Un fil conducteur, répond Nazim Baya. On est toujours du côté du peuple, on ne tape que sur les puissants, les riches. » Les auteurs n’épargnent pas les politiques algériens ni le système. Sans surprise, le président Bouteflika, très affaibli depuis son AVC de 2013, est une cible privilégiée. Ainsi cette photo du chef de l’Etat, assis dans un fauteuil roulant, le visage figé, les yeux écarquillés, sous le titre : « Abdelaziz Bouteflika sacré champion du monde du jeu 1-2-3 soleil. » Là où le canular devient vraiment savoureux, c’est lorsqu’il est repris par des médias dits « sérieux ». La première fois, se souvient Nazim Baya, c’était à propos de l’ANSEJ, l’organisme algérien qui octroie des microcrédits aux jeunes pour monter leur projet (et s’offrir du même coup une certaine paix sociale). El Manchar publie un article expliquant que l’ANSEJ va désormais financer ceux qui veulent se marier. Plusieurs chaînes de télévision reprennent l’information. Dans un pays où le mariage est un investissement très lourd, le buzz est garanti.Pas touche à la religionEn mai, alors qu’une étudiante algérienne a été empêchée de rentrer à l’université par un vigile au prétexte que sa jupe était trop courte, le site titre : « L’Algérie interdit le port de la minijupe. » La fausse information se répandra comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Une seule ligne rouge : la religion. « On ne peut pas en rire, c’est sacré. Je n’ai pas envie de heurter les gens et ça ne fait pas avancer le débat », explique le fondateur du site, précisant qu’ils ne se privent pas d’attaquer les religieux. Dans un pays où la liberté d’expression est étroitement encadrée, El Manchar n’a jamais été inquiété pour son impertinence. « Nous n’avons jamais eu de souci, confirme Nazim Baya. Ils n’ont peut-être pas pris conscience de l’ampleur du phénomène. » Cumulées, les visites se chiffrent à 700 000 par mois. Le jeune pharmacien n’a pas vraiment de projet d’agrandissement. « On est des amuseurs », dit-il. Utiles pour l’Algérie ? « Il me semble que oui. Le rire c’est important dans une société. Salutaire. »Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.11.2015 à 11h26 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h09 | Alexis Delcambre « Soutenez Mediapart ! » Depuis jeudi 5 novembre, ce message est affiché sur les pages du site d’information dirigé par Edwy Plenel, contraint d’en appeler à la générosité de ses lecteurs pour acquitter une ardoise fiscale de 4,1 millions d’euros. Une démarche parallèle dont le site Arrêt sur images (ASI) est à l’origine, qui doit 540 000 euros à l’administration fiscale.L’origine de cette situation remonte à la création de ces médias, en 2008. « Pure players » distribués uniquement sur Internet, sans version papier, ceux-ci sont alors, selon la lettre de la loi, soumis à un taux de TVA de 19,6 %. En regard, les médias imprimés bénéficient d’un taux « super réduit » de 2,1 %.Ces médias en ligne engagent alors un combat pour obtenir un alignement de leur taux sur celui de leurs homologues de la presse papier. Cette démarche s’incarne notamment dans la création du Spiil (Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne), un groupement qui rassemble aujourd’hui près de 150 membres. En 2011, celui-ci avait explicitement encouragé ses membres à appliquer d’eux-mêmes le taux de 2,1 %, afin de faire pression sur les pouvoirs publics.Ses membres mettent notamment en avant la notion de « neutralité » du support : la loi serait injuste en taxant davantage les supports en ligne que les supports papier, alors que les deux ont une activité identique, qui est de diffuser de l’information.« Une affaire de principe »Cette argumentation a fini par porter puisque le Parlement français a modifié la loi en ce sens, en février 2014. Depuis cette date, les sites comme Mediapart bénéficient eux aussi du taux « super réduit ». Une décision politique qui a pour le moment motivé l’ouverture d’une procédure contre la France à Bruxelles, même si le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, s’est montré favorable à une évolution de la directive concernée.Mais cette modification du cadre légal ne solde pas les comptes de la période 2008-2014. Aux yeux de l’administration fiscale, les sites qui ont appliqué le taux « super réduit » sans en avoir le droit sont redressables. C’est pourquoi Mediapart et ASI, ou encore le groupe Indigo Publications, se sont vu notifier des arriérés, pénalités et majorations.« Nous devons plusieurs centaines de milliers d’euros, et les services de Bercy en font une affaire de principe », avait estimé Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, en 2013. De son côté, M. Plenel a ciblé la « haute administration du ministère des finances », désireuse selon lui de se venger d’un média qui a poussé à la démission de l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac.« Dans l’obligation de payer »Mediapart, qui compte plus de 110 000 abonnés, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros pour un bénéfice d’un million. « Mediapart va saisir la justice administrative, a annoncé Edwy Plenel. Mais ce recours n’étant pas suspensif, nous sommes dans l’obligation de payer. » Mardi 10 novembre, le site annonçait avoir collecté 330 000 euros. Il dispose toutefois de la trésorerie nécessaire au paiement de la somme réclamée par le fisc.De son côté, Arrêt sur images, avec 26 000 abonnés, a dégagé 5 500 euros de bénéfice annuel pour un chiffre d’affaires de 900 000 euros en 2014. Sur la plate-forme Ulule, ASI avait collecté, mardi soir, près de 170 000 euros.Lire aussi :Le droit à l’information se superpose à l’affaire BettencourtAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.11.2015 à 09h27 • Mis à jour le10.11.2015 à 13h55 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est un changement d’âge pour Melty », estime Alexandre Malsch, le fondateur de Melty. Spécialisé dans la « youth culture » - la « culture jeune » - sur Internet, le groupe a annoncé, mardi 10 novembre, une levée de fonds de 10,5 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, Melty, « économe en cash » selon M. Malsch, n’avait levé que 5,5 millions d’euros.L’augmentation de capital est réalisée auprès du fonds d’investissement de Marc Simoncini, du groupe AccorHotels et des actionnaires historiques de Melty, le fonds Serena et Bouygues Telecom Initiatives. Cette levée de fonds voit également l’entrée au capital de Patricia Barbizet, directrice générale d’Artémis et vice-présidente du conseil d’administration de Kering. Ses sept fondateurs conservent le contrôle au conseil d’administration.Cette annonce témoigne une nouvelle fois de la capacité des dirigeants de Melty, dont Alexandre Malsch, son fondateur, à attirer tant des figures de la « nouvelle économie » que des personnalités du milieu des affaires issues de secteurs plus traditionnels, désireux de bénéficier de l’expertise développée par Melty.Le divertissement et la culture« Nous avons une clientèle dans nos hôtels traditionnels, autour de 40 à 60 ans, qui vieillit et est très fidèle, explique Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels. Alexandre Malsch et Melty savent produire des contenus ciblés pour les jeunes, qui sont la clientèle de demain et aussi la catégorie la plus versatile et la plus influente. » Le groupe sera représenté au conseil d’administration de Melty, qui revendique 61 % de son audience sur mobile. M. Bazin assume d’investir au capital de l’entreprise de média, pour se positionner « au sein d’une machine » présente dans plusieurs domaines, pas seulement le voyage.Le groupe Melty a connu plusieurs phases : il a d’abord construit des médias en ligne, progressivement structurés par thématiques (séries, cinéma, musique, mode…). Puis en 2012, il s’est installé dans différents pays (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni…), tout en se diversifiant, dans la vidéo ou les spectacles. En juin dernier, il s’est recentré sur les sujets divertissement et culture (excluant ceux sur lesquels il estimait ne pas avoir de valeur ajoutée, comme l’actualité sportive ou la politique). Une manière d’insister sur la « qualité » de l’audience plus que sur sa croissance erratique.La levée de fonds doit permettre d’améliorer la monétisation des diversifications, ainsi que celle des implantations internationales. Melty se dit actuellement bénéficiaire sur son activité française, mais déficitaire au global. Elle avait été dans le vert, en 2010 et 2011, avant l’internationalisation. Melty revendique 105 employés et réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. A 100 %, ils proviennent de la publicité, dont 61 % de contenus produits avec des marques.Lire aussi :Melty se diversifie dans les événements sportifsMelty met en avant des « real-time social séries » comme SnapTrip, dans laquelle quatre adolescents racontent sur le réseau social Snapchat leur week-end dans une ville d’Europe, sponsorisé par les hôtels Ibis (groupe Accor). Ou « The Selfie Race », produite pour Sony. Mais il s’est diversifié dans les événements tels que la melty BasketBall Ligue Universitaire, rachetée en partenariat avec la fédération française et sponsorisée par les Caisses d’Epargne. Le « melty eSport Club » fait lui concourir une équipe maison, soutenue par l’annonceur-actionnaire Bouygues Telecom, dans des compétitions de jeux vidéo comme League of Legend. Melty s’enorgueillit aussi de sa melty Talents House, dont elle tire notamment un spectacle de comiques.Mieux exploiter l’internationalAlexandre Malsch réfute le terme « publirédactionnel », parfois utilisé pour qualifier les formes récentes de publicité « brand content » et « native advertising ». Ces contenus ne parlent pas des produits des annonceurs, explique-t’il. Et d’ajouter : « Nos contenus de native advertising sont faits par les équipes de Melty car on veut que ce soit de vrais contenus Melty, intéressants ». Dans les rédactions de médias d’information générale, le « brand content » est généralement réalisé par des équipes à part, pour garder une séparation entre éditorial et commercial.M. Malsch cite, lui, en exemple l’intérêt suscité par la plateforme « happiness gaming zone », dédiée au jeu vidéo et financée par Coca-Cola. Une forme de publicité « moins intrusive », argumente-t-il.Concrètement, Melty va utiliser l’argent levé pour embaucher des commerciaux dans les structures internes créées pour s’occuper de la production audiovisuelle, des spectacles, etc. Ils épauleront les 10 personnes de la régie publicitaire, désormais dirigées par une transfuge des Echos, Sophie Antoine.En parallèle, le groupe espère mieux vendre le gros tiers de son audience généré hors de France. Jusqu’ici, ses sites internationaux ont peu fait de diversification. Ils prendront désormais modèle sur Melty France. Et, pour remplacer les régies locales externes qui commercialisaient les supports, des commerciaux seront embauchés.« Nous allons rester pragmatiques. Notre devise, c’est petit à petit, l’oiseau fait son nid », assure M. Malsch, 30 ans.Lire aussi : Alexandre Malsch, prodige numériqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 22h39 • Mis à jour le10.11.2015 à 11h53   « Pour France Télévisions, le problème reste entier. » L’entreprise publique n’adoucit pas sa réaction après la finalisation, lundi 9 novembre, du rachat par TF1 à 70 % de Newen, la société qui produit plusieurs programmes pour France Télévisions, dont « Plus belle la vie ». « La question de la protection des investissements publics n’est pas résolue, réagit l’entourage de la présidente, Delphine Ernotte. Cela pose le problème de la pérennité de notre relation avec Newen. » Les arguments de Nonce Paolini et Fabrice Larue, les PDG de TF1 et Newen, ne semblent pas infléchir France Télévisions. « Cette opération n’est pas un acte agressif à l’égard de qui que ce soit », assure M. Paolini dans Le Figaro, mardi. « Notre souhait est que Newen continue d’apporter des programmes et des projets de qualité à France Télévisions. » M. Larue, « désolé des précédents problèmes de communication avec Delphine Ernotte », a appelé lundi soir la présidente de France Télévisions, avec M. Paolini, afin d’éviter qu’elle apprenne l’accord dans la presse, comme c’était le cas pour l’entrée en négociations exclusives le 29 octobre.Lire aussi :Tractations autour du rachat du producteur Newen par TF1Las ! Une source à France Télévisions estime que la finalisation du rachat « du principal fournisseur de l’entreprise par son principal concurrent », loin de pousser Mme Ernotte à lâcher du lest, va durcir encore sa position. « Il faut envisager de vider tous les contrats avec Newen, y compris “Plus belle la vie”, estime cette source. France Télévisions n’a pas de droits sur ces programmes, et TF1 comme Newen ne veulent pas en lâcher. C’est dur de se séparer de programmes qui marchent, mais c’est difficilement envisageable en interne de faire produire une série importante par une société possédée par TF1. »Position de négociationLe contrat de la célèbre série marseillaise de France 3 doit être renégocié en 2016. Jeudi, sur France Inter, le secrétaire général de France Télévisions, Christian Vion, envisageait de l’arrêter si Newen n’offrait pas de garanties nouvelles. Il anticipait aussi un probable arrêt à l’été 2016 des « Maternelles », dont l’audience recule. Le débat concerne également « Faites entrer l’accusé » ou « Le Journal de la santé », produits par Newen.La menace à peine voilée de l’arrêt des collaborations entre France Télévisions et Newen pourrait toutefois être interprétée comme une position de négociation, destinée à obtenir des concessions de la part du producteur. L’entreprise peut garder « Plus belle la vie » si elle le souhaite – en vertu d’une clause de tacite reconduction – mais elle a assuré vouloir obtenir des droits sur les œuvres, qui appartiennent aujourd’hui à Newen.« J’ai proposé à Mme Ernotte que dès ce mardi, nos équipes cherchent un accord de partenariat pour assurer la présence des programmes sur France Télévisions de manière pérenne », assure au Monde Fabrice Larue, qui gardera 30 % de Newen. Mais ce dernier semble toujours exclure de partager les droits, en cas de revente ou d’utilisation sur le numérique. « Un décret vient d’autoriser les chaînes à détenir des parts de coproduction sur les programmes qu’elles financent à plus de 70 %, mais cela n’est pas prévu sur les programmes passés », explique-t-il.On ne peut donc exclure que Delphine Ernotte souhaite réellement se désengager progressivement de sa collaboration avec Newen, qui réalise près des trois quarts de son activité avec France Télévisions.Vision historiqueLe facteur interne est important. La CGT, premier syndicat de l’entreprise publique, avait publié un communiqué jugeant « scandaleux que TF1 produise les programmes de France Télévisions et que France Télévisions ne puisse produire ses programmes ». Une référence à l’interdiction pour l’entreprise publique de produire plus de 5 % de ses fictions et documentaires en interne, une règle que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, veut faire évoluer.La vivacité de la riposte de Mme Ernotte montre que la vision historique des acteurs de l’audiovisuel reste présente en France : les rivalités entre grandes chaînes, entre public et privé, entre producteurs et diffuseurs, etc. Autant de distinctions que certains aimeraient voir s’estomper. « Aujourd’hui, les grands groupes audiovisuels européens comme ITV ou RTL sont organisés autour des métiers de la production et de la diffusion, et tout le monde a l’habitude de travailler comme cela. Quand FremantleMedia, la filiale de RTL Group, vient nous proposer un programme, il n’a pas demandé l’autorisation à M6 [filiale de RTL Group] », dit M. Paolini. L’accord de rachat de Newen prévoit des clauses pour préserver « sa liberté éditoriale et son indépendance commerciale » et « garantir le secret des affaires ». On cite aussi en exemple l’investissement de Vivendi dans le producteur Banijay-Zodiak. Ou encore les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pays où des sociétés rachetées par des chaînes produiraient facilement pour des concurrents. A l’image de Talpa, acquise par la chaîne ITV qui vient tout de même de récupérer aux enchères, pour ses antennes, les droits de l’émission « The Voice », l’émission phare de ce producteur… et qui était diffusée depuis cinq saisons par la BBC, chaîne de service public.Lire aussi :Newen : comment France Télévisions peut riposter ? Alexis Delcambre « On a tout entendu ces dernières semaines au sujet d’Altice… » Michel Combes, le président de SFR-Numericable, n’a pas caché l’un des objectifs de la conférence de presse spectaculaire organisée par l’opérateur téléphonique lundi 9 novembre : couper court aux différents « bad buzz » qui circulent quant au groupe façonné par Patrick Drahi.Dans une longue prise de parole, l’ancien patron d’Alcatel-Lucent, qui a rejoint l’empire Drahi en septembre, s’est attaché à convaincre qu’Altice suivait une stratégie claire, malgré l’impression d’emballement qu’a donnée sa succession d’acquisitions menées en un peu plus d’un an (SFR, Portugal Telecom, Suddenlink, NextRadioTV, Cablevision…)Cet ensemble forme « un puzzle dont les morceaux se mettent progressivement en place », a défendu le directeur général d’Altice, Dexter Goei. Celui-ci a rappelé le postulat fait par le groupe d’une « double convergence » (du fixe et du mobile d’un côté, des médias et des télécoms de l’autre) pour justifier sa démarche d’investissement, qualifiée d’« éminemment rationnelle ».Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médias40 millions de clients« On nous voit souvent comme des financiers alors que nous sommes avant tout une équipe d’ingénieurs », a poursuivi Michel Combes, mettant l’accent sur la dimension « industrielle » d’Altice. Une réponse aux observateurs qui doutent de la cohérence de l’ensemble et de la capacité du groupe à réaliser d’importantes synergies ou à investir dans son développement.Rappelant qu’Altice compte désormais plus de 40 millions de clients grand public, le président de SFR – qui va abandonner la marque Numericable – a expliqué que le groupe était « en train de s’industrialiser », avec par exemple la mise en place d’une structure unique pour les achats. Au passage, il a rappelé que le ratio d’endettement du groupe (4,5 fois l’Ebitda) était, aux yeux de son management, « classique et raisonnable ».Pour montrer qu’Altice invente, M. Combes a annoncé la création des « Altice labs », qui doivent permettre aux équipes de recherche et développement de ses différentes entités d’échanger. Leur objectif sera de « reprendre le leadership sur l’expérience client » – une façon de reconnaître un certain recul en la matière.Reprise des investissements dans le réseauOutre sa stratégie, Altice a également été mis en cause pour la qualité de son réseau. « Nous allons accélérer nos investissements dès ce trimestre », a promis Michel Combes, évoquant notamment un effort dans la couverture des grandes villes en 4G. « Nous sommes l’opérateur de la fibre en France », s’est-il emporté, accusant ses concurrents de faire de la communication.Lire aussi :Numericable-SFR accusé de vendre de la fibre qui n’en est pasAutre annonce : le lancement d’un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) baptisé Zive, dès le 17 novembre. Ce service donnera accès à 5 000 films ou séries – 15 000 d’ici à la fin 2016. Il s’appuie sur des accords avec Disney, Pixar, ABC Studios, Warner Bros, Europa, Miramax, Sony Pictures Télévision ou encore France Télévisions.Ce service sera proposé à tous les clients SFR au tarif de 9,99 euros par mois et offert à ceux qui disposent déjà des offres Premium. En complément, l’opérateur met sur le marché une nouvelle box, également baptisée Zive, qui offrira notamment une fonction « Restart » (pour reprendre un programme au début). Sur un positionnement haut de gamme et « résolument tourné vers la famille, avec des programmes ludo-éducatifs », selon M. Combes.Alexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ils sont les vedettes de la génération 2000, comptent jusqu’à 8 millions d’abonnés à leurs chaînes YouTube, et 120 d’entre eux ont rempli à eux seuls le pavillon 1 du Parc des expositions de Paris les 7 et 8 novembre pour Video City, le premier festival parisien dédié aux fameux youtubeurs.Lire aussi :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisMais dans le joli petit monde tout rose des vidéos en ligne, il y a des questions à ne pas poser. Celle de leur rémunération, notamment, comme l’a appris France Info à ses dépens. « Parce qu’on a osé demander en interview à une jeune youtubeuse si elle était payée, son attaché de presse, furieux, a annulé tous les autres entretiens prévus et a convaincu l’agent des poids lourds Norman, Cyprien et Squeezie de faire de même », raconte la journaliste Sandrine Etoa-Andegue dans un article sur le « business des youtubeurs ».L’argent, une question taboueObtenir des réponses est en effet difficile. Ni EnjoyPhoenix, la youtubeuse la plus célèbre de France, ni l’agent de Jhon Rachid, l’une des étoiles montantes de la plateforme, ni Ubisoft, l’un des principaux annonceurs, ni la plupart des agences impliquées dans le secteur n’ont donné suite à nos sollicitations. Et les rares à avoir répondu ont tous demandé l’anonymat.C’est peu dire que la question de la rémunération fâche. En juillet dernier, le Suédois Felix Kjellberg, plus connu sous son pseudonyme de PewDiePie, star de YouTube avec sa chaîne spécialisée dans les parties de jeux vidéo à laquelle 40 millions d’internautes sont abonnés, avait dû se défendre après la publication de sa rémunération annuelle, 6,7 millions d’euros.Lire aussi :« PewDiePie », le youtubeur millionnaire, répond aux critiques sur ses gains« Cela a explosé. Ce dont les gens ne se rendent pas compte, c’est que mes vidéos ont neuf milliards de vues [au total], ça se convertit en quelque chose, il y a des publicités, je gagne de l’argent avec celles-ci », expliquait-il.Il s’agit d’« un sujet très demandé et un peu tabou », reconnaissait de son côté l’humoriste Le rire jaune dans une vidéo du printemps dernier sur la question, évoquant des « clauses de confidentialité avec YouTube ».Système complexeCertaines informations sont toutefois connues. Si le système de rémunération employé par Google varie en fonction du type de contenu produit, en moyenne, un youtubeur gagne environ un dollar tous les mille visionnages entamés, expliquait au printemps Le Rire jaune, suivi par plus de 2 millions d’internautes. Mais tout un système complexe existe derrière.Le jeune youtubeur évoquait notamment ces structures méconnues que sont les « networks », des réseaux « comme la NBA ou des maisons de disque, chargés de protéger les droits d’auteur [des youtubeurs] en échange d’un pourcentage », de l’ordre de 10 à 20 %, et auxquels le ralliement est obligatoire dans le cas de vidéos sur des propriétés intellectuelles déposées, comme les films ou les jeux vidéo.Regardée un peu plus de 4,8 millions de fois, sa vidéo explicative lui a donc rapporté un peu moins de 4 500 euros, essentiellement grâce aux « preroll », les spots publicitaires précédant une vidéo. Une bagatelle, en réalité, rapporté aux sommes que peuvent engranger certaines stars de la plateforme – et notamment grâce au placement de produit.Jusqu’à 5 000 euros le tweetLa rémunération d’un youtubeur comporte en effet un second volet, qui provient non pas de la diffusion de spots mais de contrats passés avec des marques de cosmétiques ou de jeux vidéo.Celles-ci déboursent plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros pour placer leur produit chez les plus influents. « Le tarif dépend du youtubeur, c’est lui qui décide de sa rémunération, explique au Monde un responsable d’agence tenu par des accords de confidentialité. Cela peut monter jusqu’à 50 000 euros pour les plus gros, comme Cyprien, Norman et Squeezie, mais certains acceptent de faire certaines “opé” gratuitement si le sujet les intéresse. »Aujourd’hui, s’offrir une star de YouTube passe par des grilles tarifaires évolutives : chaque commentaire sur Twitter, chaque post Facebook, et bien sûr chaque vidéo publiée sur la chaîne officielle sont rémunérés. Un simple tweet vers une vidéo comportant un placement produit peut être facturé de 1 000 à 5 000 euros selon la notoriété du créateur.Lire : L’engouement soudain, et suspect, de stars pour un concert à la piscine MolitorA l’étranger, les tarifs s’envolent : outre-Manche, Yogscast, 7 millions d’abonnés au compteur, facture à partir de 5 000 livres sterling (7 000 euros) un test de jeu, quand l’agent d’un célèbre youtubeur international offrait les services de la star pour 250 000 dollars (232 000 euros) dans les travées de l’E3, la grand-messe du jeu vidéo.« C’est la loi de l’offre et la demande, on est dans un système dont ils vont profiter un petit moment avant qu’il ne finisse par s’écrouler », veut croire un professionnel, qui ne cache pas la surprise de certains nouveaux annonceurs face aux cachets demandés.Agences et managersCes négociations engagent parfois plusieurs intermédiaires entre l’annonceur et le youtubeur lui-même, comme l’agence de création numérique chargée de réfléchir à un concept de vidéo pertinent. A la manière des sportifs de haut niveau, les plus courtisés ont un manager chargé de faire l’interface avec ces dernières.Les trois géants français de YouTube, Norman, Squeezie et Cyprien, sont quant à eux chez Mixicom, une agence de communication leur servant à la fois de régie publicitaire et de conseil marketing. « Notre but, c’est de fournir aux créateurs des services pour qu’ils puissent se concentrer sur l’artistique », expliquait en septembre Thierry Boyer, cofondateur de Mixicom, à la revue Stratégies.La société, qui édite également les sites d’information JeuxActu et FilmActu, a souvent créé des passerelles entre ces différentes activités (à l’image de cette vidéo de Norman diffusée sur la chaîne FilmActu). Elle a depuis été achetée par Webedia (AlloCiné, JeuxVideo.com) pour une somme estimée à 14 millions d’euros.Mais les autres géants de la vidéo francophone sont également détenus par de grands groupes médias : Studio Bagel par Canal+, Golden Moustache et EnjoyPhoenix par M6.Problèmes éthiquesCes régies publicitaires posent un problème éthique. Comme le relève L’Express, l’article 20 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) oblige toute publicité à « rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée ». Mais dans la pratique, c’est le flou qui prédomine.Le 23 octobre dernier, Norman poste ainsi sur sa chaîne Youtube une vidéo intitulée « Assassin des templiers », et présentée comme « inspirée de l’univers du jeu vidéo Assassin’s Creed ». Aucune mention du commanditaire de la vidéo. Au Monde, la boîte de production IDZ confirme pourtant avoir été en contact avec Mixicom et Ubisoft, l’éditeur du jeu vidéo Assassin’s Creed. La vidéo tournait d’ailleurs en boucle sur le stand de ce dernier au Salon du jeu vidéo Paris Games Week, une semaine plus tard.« La déontologie, j’en ai rarement vu »Une vidéo promotionnelle, en somme, mais qui n’est jamais explicitement présentée comme telle. C’est que les youtubeurs les plus importants, conscients que la mode dont ils jouissent peut être éphémère, réfléchissent rarement en termes d’éthique. « La déontologie, j’en ai rarement vu, épingle un responsable d’agence. On essaie de faire des choses cohérentes, ce sont les agences qui réfléchissent et non les youtubeurs. »Certains, malgré tout, réussissent à se distinguer. Jhon Rachid ferait partie des rares à ne pas faire payer l’annonceur lorsqu’un sujet lui est proposé et l’intéresse. Dans la sphère anglophone, TotalBiscuit, sévère critique des dérives déontologiques de la presse jeu vidéo – et l’une des figures de la nébuleuse antiféministe GamerGate – ne demanderait aucun cachet pour tester les jeux envoyés par les éditeurs. Ils font toutefois figure d’exception.Pour Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix et tous ceux dont le contenu des vidéos est en partie négocié avec une régie, leur mission consiste à mettre leur popularité au service de la marque, et peu importe que leurs vidéos soient massivement regardées par des enfants peu préparés à faire la part des choses. « Il n’est jamais stipulé dans les contrats qu’ils doivent dire du bien du produit, mais si on pose un paquet de céréales sur la table et que le gars critique, il sait que ça ne va pas le faire, explique la même source. L’intérêt du youtubeur est de ne pas cracher dans la soupe. »William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Pascale Krémer Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents.D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. »Lire :Hystérie adolescente à Video city, premier festival des youTubeurs françaisLes chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ».Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty.Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux »La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours…Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. »Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes.Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.Pascale KrémerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Y a-t-il encore un sens à surveiller les équilibres de temps de parole uniquement à la télévision et à la radio alors que l’information se diffuse aujourd’hui à travers de multiples canaux ?L’environnement dans lequel nous évoluons a énormément changé depuis les années 1980, lorsque les règles d’équilibre du temps de parole ont été décidées. Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio La campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre s’intensifie. Moins d’un mois nous sépare du premier tour de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle. Et les calculettes commencent à chauffer, pas seulement du côté des instituts de sondage, mais au sein même des rédactions des radios et des télévisions. Désormais, elles doivent respecter l’équité entre les différents candidats, sous peine de s’attirer les foudres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Chronomètre en main, des bataillons traquent la moindre seconde de temps de parole. Ils sont constitués d’une dizaine de salariés à France Télévisions, trois en moyenne pour TF1 et LCI. « Je n’avais pas mesuré que les règles étaient aussi strictes. Dans la presse écrite, on essaie d’être vigilants à interroger toutes les formations, mais à la radio et à la télévision tout est calculé à la seconde près », confie Christophe Jakubyszyn, chef du service politique des deux chaînes.Question d’équitéA Radio France, c’est une société externe qui est chargée de cette tâche fastidieuse. Une personne pilote le travail de plusieurs stagiaires à BFM-TV ; elle est en relation quasi quotidienne avec la direction de la rédaction pour veiller au respect des équilibres. Pas question de se faire accuser encore une fois de favoriser tel ou tel parti comme ce fut le cas lors des dernières élections départementales. Une critique qui a laissé des traces : « C’était injustifié, car nous avions arrêté les compteurs en cours de période », se souvient Hervé Béroud, le directeur de la chaîne info.L’équité est une notion qui dépend de nombreux facteurs, selon la définition du CSA. Son appréciation se fonde sur deux séries d’éléments : « La représentativité des candidats qui prend en compte, en particulier, les résultats du candidat ou de la formation politique aux plus récentes élections », d’une part, et « la capacité à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d’un mandataire financier, et plus généralement toute initiative permettant de porter à la connaissance du public les éléments du programme du candidat », d’autre part.« C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. » Yael Goosz, chef du service politique de France InfoUne définition suffisamment floue pour contenter tout le monde ? Pas vraiment. Au CSA, on se garde d’imposer toute répartition chiffrée. Cependant, s’il n’existe pas d’étiage officiel, des « chiffres officieux circulent », souligne Christophe Jakubyszyn. Mieux vaut donc ne pas trop s’en éloigner. « On ne conteste pas le principe de l’équité qui nous laisse une certaine liberté, mais cela reste compliqué à gérer », remarque pour sa part Hervé Béroud. « Dans des campagnes où il y a de très nombreux candidats, de très nombreux partis, dès l’instant que l’on couvre une région, on entre dans un véritable casse-tête. Lorsqu’on interroge un candidat, il faut quasiment entendre les autres selon leur poids dans la campagne », observe-t-il.Le décompte qui est effectué au niveau de chaque circonscription dans les élections locales parasite le travail journalistique. « Cela nous empêche de faire des sujets transversaux. J’aurais aimé expliquer ce qu’est une gestion de gauche ou une gestion de droite, mais c’est pratiquement impossible si on veut faire un traitement national », juge Christophe Jakubyszyn.« Logique comptable »Le constat est presque le même à la radio. « Les sujets sont courts, deux minutes, c’est l’exception. Il est difficile de faire parler tout le monde. Quant aux débats, au-delà de trois personnes, c’est la cacophonie », assure Catherine Mangin, directrice adjointe de l’information à RTL. Yael Goosz, le chef du service politique de France Info depuis août, découvre cette « logique comptable » de la couverture des élections. « C’est un carcan, mais nous ne voulons pas renoncer sous prétexte que c’est trop compliqué. Le 18 novembre, nous irons à la rencontre des électeurs du Front national dans deux régions. Nous compenserons ensuite avec d’autres sons de cloche », raconte-t-il. Le pire est peut-être à venir.Lire aussi :« On préfère appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que renforcer les règles »« C’est un casse-tête, surtout à la fin », souffle Marie-Eve Malouines, ancienne patronne du service politique de la radio tout info du service public et désormais présidente de LCP. Il faut alors rattraper les déséquilibres qui peuvent s’être formés. « Nous pouvons faire des sujets non pas en fonction de l’actualité, mais aussi en fonction des équilibres à respecter », regrette-t-elle.Un aménagement des règlesAvec la présidentielle en vue, les choses risquent d’être complexes si les règles ne changent pas. D’abord, les médias audiovisuels vont devoir gérer l’élection primaire qui se profile à droite. Celle-ci n’est pas soumise à une réglementation particulière, mais le CSA veillera à ce que sa couverture n’entraîne pas des déséquilibres de traitement entre la majorité actuelle et l’opposition. « Il faut faire vivre l’événement quand il se déroule. Il faudra nous laisser du temps pour réguler ça avec les autres partis », prévient Hervé Béroud. Télévisions et radios espèrent surtout que les conditions dans lesquelles doit se tenir l’élection présidentielle elle-même seront assouplies.Pour le moment, les candidats doivent être traités dans la plus stricte égalité dès que le Conseil constitutionnel valide la liste des participants au scrutin, c’est-à-dire plusieurs semaines avant le premier tour. « C’est une situation aberrante. Lors de la dernière présidentielle, Jacques Cheminade a eu autant de temps de parole que Nicolas Sarkozy ou François Hollande pendant cinq semaines », regrette Hervé Béroud.En septembre, le CSA a publié une série de propositions pour aménager les règles de la couverture de la vie politique. L’une d’entre elles vise à instaurer désormais le principe d’équité avant la campagne officielle, qui s’ouvre le deuxième lundi avant le premier tour du scrutin. La plupart des suggestions du CSA ont été reprises dans un texte qui devrait être discuté au printemps au Parlement.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Renaud Machart On ne saura pas ce qu’aurait pu être « Antoine sans fiche », la première mouture de l’émission hebdomadaire qu’Antoine de Caunes devait présenter sur Canal+ en cadeau de consolation de son éviction de la présentation du « Grand Journal ». Mais « L’Emission d’Antoine », qui faisait ses débuts vendredi 6 novembre à 22 h 45 sur la chaîne cryptée, est une hilarante réussite. Si le même niveau est atteint chaque semaine, elle devrait devenir le rendez-vous incontournable des réjouissances zygomatiques.C’est le grand de Caunes qu’on retrouve là : drôle, malin, coquin, leste, transformiste – toutes choses en quoi il excelle –, le tout servi par des textes léchés de langue de maître ; un de Caunes tel qu’on l’aimait lors de ses reportages urbains excentriques (« Toqué de Tokyo », « Maboul de Séoul », etc.) et de ses programmes d’antan (« Eurotrash ») ; un de Caunes libéré de ce « Grand Journal » où il n’était pas à son meilleur et auquel il règle d’ailleurs, avec une fine insolence, son compte en début de d’émission.L’esprit est très Canal, mais du Canal historique, de la grande époque (le XXe siècle), avec tout de même quelques transferts du Canal plus récent, comme Alison Wheeler et Monsieur Poulpe, qui étaient présents dans « Le Grand Journal » animé pendant deux saisons par Antoine de Caunes.Canal historiqueSi Mme Wheeler n’est toujours pas très drôle (c’est le seul point faible de « L’Emission d’Antoine »), M. Poulpe est en revanche assez bien distribué dans l’animation d’un jeu foutraque où les deux candidats, de Caunes et Fred Testot (un ancien de la séquence mythique « Service après-vente des émissions », sur Canal+, avec Omar Sy), s’évertuent à ne pas savoir répondre à des questions farfelues. Ce qui vaut à M. Poulpe la pénalité d’être méthodiquement épilé par une dame asiatique qui s’évertue à décoller trop lentement des patchs apposés sur ses cuisses. La séquence se termine par un concours de coiffure où deux malheureux garçons se font tailler des perruques de clown par de Caunes et Testot…Capillotracté, tout cela ? Normal : le fil conducteur de ce premier numéro était le poil, considéré dans tous ses états. Ce qui autorisa de Caunes à enquêter dans les arcanes d’un concours autrichien de barbes et moustaches où se présentent de véritables cascadeurs du système pileux ; à rendre visite à une cinéaste pornographique bisexuelle et féministe adepte des femmes velues (avec les images olé-olé qu’on peut voir sur une chaîne cryptée, même avant minuit, heure légale du porno maison) ; à recevoir une vraie femme à barbe et à s’entretenir sérieusement avec elle.Et à débiter des palanquées de jeu de mots artistement foireux, à dire des choses grossières sans la moindre vulgarité (art que ne possède pas encore Alison Wheeler), à se déguiser et à pouffer comme le gamin de 12 ans que ce sexagénaire génial et chenapan n’a jamais cessé d’être.Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 12h26 • Mis à jour le06.11.2015 à 13h00 | Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h36 Le président et directeur de la publication du New York Times, Arthur Ochs Sulzberger Jr, 64 ans, a ouvert officiellement lundi 2 novembre le processus qui doit mener à la désignation de son successeur, choisi au sein de sa famille. Un directeur adjoint de la publication doit être nommé dans les deux ans, qui sera appelé à le remplacer. Le processus de succession est « formel » et « implique le conseil d’administration, les cadres dirigeants et les représentants de la famille », a rappelé M. Sulzberger aux employés lors d’une réunion annuelle.Arthur Ochs Sulzberger Jr, qui dirige le principal quotidien d’Amérique depuis vingt-cinq ans, est le cinquième membre de la famille à assumer cette charge. Il est l’arrière-petit-fils d’Adolph Ochs, qui a racheté le New York Times en août 1896 et en a gardé la tête jusqu’à sa mort, en 1935. Le fondateur avait été remplacé par Arthur Sulzberger, son gendre.La famille ne détient aujourd’hui qu’une participation minoritaire au capital du groupe mais possède l’essentiel des actions de type B, ce qui lui permet de désigner 9 des 14 membres du conseil d’administration.Selon une enquête du New York Magazine, publiée en août, trois descendants d’Adolph Ochs pourraient succéder à l’actuel patron du New York Times : Arthur Sulzberger (fils du directeur de la publication), David Sulzberger Perpich, cousin du premier, et Samuel Dolnick, cousin au deuxième degré des deux premiers. Tous trois sont trentenaires et occupent déjà des postes au sein du quotidien. Alexandre Piquard Le torchon brûlait depuis plusieurs semaines. Philippe Verdier, le « M. Météo » de France 2, a annoncé lui-même son licenciement dans une vidéo mise en ligne samedi 31 octobre. Un clip scénarisé autour de l’ouverture de sa lettre de licenciement réalisé par Ring, l’éditeur du livre de M. Verdier. L’ouvrage conteste le consensus des scientifiques sur le réchauffement climatique et s’attaque au sommet de la COP21, attendu en décembre à Paris.La direction de France Télévisions ne commente pas la décision. Elle a reproché à M. Verdier d’avoir mis en avant, dans la promotion de son livre, ses fonctions à France Télévisions. Et donc d’engager l’entreprise. Selon le groupe, le présentateur aurait enfreint l’un des principes de l’accord collectif qui imposerait un devoir de réserve aux journalistes dans le cadre des opérations de promotion ou les expressions à titre privé : c’est l’esprit de ce qu’a rappelé la présidente, Delphine Ernotte, le 28 octobre, face au député Les Républicains Hervé Mariton, qui l’interrogeait en commission.Au cours de la promotion médiatique du livre Climat investigation a été effectivement rappelée la fonction de « M. Météo » de M. Verdier. La lettre ouverte qu’il a adressée à François Hollande était également signée « chef du service météo de France 2 et auteur de Climat investigation ». Selon une source à France Télévisions, M. Verdier a d’abord fait l’objet d’un rappel à son devoir de réserve, sans sanction, après sa lettre ouverte au président de la République, datée du 1er octobre. Mais M. Verdier a, dans les médias mentionné son différend avec sa hiérarchie, suggérant des pressions politiques : « Le livre n’est pas apprécié par la direction de France Télévisions. L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat, et l’Etat organise la COP21. Je suis conscient que ça ne fait pas plaisir à mes patrons, qui ont des pressions », a-t-il dit sur RMC.Une campagne habileMi-octobre, M. Verdier a donc été mis à pied. Le 22 octobre, il a eu un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Force ouvrière a activement défendu M. Verdier et l’a accompagné lors de son entretien. Le syndicat se réservait le droit de contester sa sanction, devant le défenseur des droits ou aux prud’hommes « au nom de la liberté d’expression ».Les autres syndicats ont été plus prudents. La rhéthorique parfois complotiste du « M. Météo » de France 2 en gêne certains à France Télévisions. Certaines de ses affirmations sur le réchauffement climatique ont été contestées. Et son éditeur semble exploiter son différend avec France Télévisions dans sa campagne habile autour du livre.« Il y a un décalage entre le ton de la promotion et l’image de discrétion et de sérieux qu’il avait dans la rédaction », estime un journaliste de France 2. Ses collègues ont été surpris, comme à BFM-TV, où il travaillait avant son arrivée, en 2011, à France Télévisions. « C’est un vrai pro, nous avons regretté son départ, se souvient le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud. Il n’était pas militant : il avait tenu à couvrir une conférence sur le climat, ce qui témoignait d’un intérêt, mais il n’a jamais parlé de doutes sur le processus [de réchauffement climatique]. »De son côté, Ring n’en est pas à sa première polémique. L’éditeur a déjà fait parler de lui lors de la parution de livres sur des thématiques proches de l’extrême droite, comme La France Orange mécanique, de Laurent Obertone, ou Une élection ordinaire, imaginant l’accession à la présidence de la République de l’essayiste militant Eric Zemmour.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ni César ni Oscar, mais plutôt un beau bazar. Alors qu’Angoulême et Cannes sont mondialement reconnus pour leurs récompenses dans les domaines de la bande dessinée et du cinéma, le jeu vidéo, lui, court toujours après son rendez-vous français de référence. Ce n’est pourtant pas faute de tenter : rien qu’entre le lundi 26 et le vendredi 30 octobre, l’Hexagone a abrité quatre remises de prix différentes, les EIGD Awards à Montreuil, les Ping Awards à la Cité des sciences et de l’industrie, les Game Connection Development Awards ainsi que les trophées Paris Games Week au parc des Expositions de Paris.Derrière chacun de ses prix, un organisateur de type différent : syndicat représentant la filière nationale (SNJV) côté EIGD Awards ; syndicat d’éditeurs de taille mondiale présents en France (Sell) pour les trophées Paris Games Week ; organisateur d’événements professionnels internationaux (Connection Events) pour les Game Connection Development Awards ; et même agence indépendante multitâche pour les Ping Awards (l’AFJV, mini-structure qui sert notamment de portail informatif et de site de recrutement aux professionnels de France).Objectifs différentsDans le détail, les quatre prix répondent à des objectifs différents. Les Ping Awards récompensent la création franco-française, les EIGD Awards les indépendants européens, les Game Connection Awards sont un trophée professionnel et les trophées Paris Games Week, des récompenses adossées à un salon consumériste.La cérémonie de remise des prix des European Indie Game Days Awards, présidée par F. Raynal (Alone in the Dark) https://t.co/0eCwhm5lNf— Willvs (@William Audureau)require(["twitter/widgets"]);Ces différences de vues se traduisent dans le palmarès. Le jeu narratif Life is Strange, développé à Paris, a remporté le Ping d’or du meilleur jeu français ; le jeu mobile suisse Cloud Chasers l’EIGD Award du meilleur jeu indépendant européen ; le jeu britannique Lumino City le Game Connection Development Award du meilleur jeu indépendant selon la profession, et Uncharted 4 le trophée du meilleur jeu présent sur le salon grand public de la Paris Games Week. « Ces récompenses ont toutes des objectifs différents », résume Julien Villedieu, délégué général du SNJV.Avec des contraintes propres. Life is Strange, sensation française de l’année, n’était ainsi éligible ni aux EIGD ni aux GCD Awards, car il est édité par le géant japonais Square Enix, et ne rentrait pas dans la catégorie jeu indépendant. Il ne satisfaisait pas non plus aux critères d’admissibilité de la Paris Games Week, car il figurait sur le stand de l’éditeur sous forme de vidéo. « La seule condition, c’est d’être présent et jouable sur le salon », précise Emmanuel Martin, pour qui ces trophées sont aussi un moyen d’inviter les joueurs à se rendre au parc des Expositions pour essayer les jeux.« Bienvenue en Union soviétique »Vu de l’extérieur, ces récompenses évoquent parfois plus des réunions au sein de microcosme qu’une célébration nationale, d’autant que le choix des lauréats prête parfois à confusion. Jeudi soir, Fabien Delpiano, nouveau président de Capital Games et fondateur du studio Pastagames, était ainsi tout penaud en découvrant le contenu de l’enveloppe finale. Le Grand Ping 2015, saluant la personnalité de l’année, était en effet décerné à Cédric Laguarrigue, président de Focus Home Interactive, et accessoirement son éditeur sur le jeu Pix the Cat.Vendredi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur commercial et marketing de Microsoft France, mais aussi président du SELL et, à ce titre, organisateur de la Paris Games Week, s’est remis à lui-même trois trophées pour des jeux Xbox One. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », a-t-il fini par commenter avec humour au moment de brandir le troisième trophée, en réalité, décerné par un jury de journalistes spécialisés.« Je conçois qu’on puisse y voir de l’entre-soi, mais il faut voir à qui vont ces prix, tempère Julien Villedieu, délégué général du SNJV. Focus Home Interactive est un éditeur de premier plan, et son dirigeant Cédric Lagarrigue une personnalité de premier ordre de notre secteur, qui a réussi au niveau professionnel la transformation d’un petit éditeur en acteur qui concurrence les plus gros. C’est quelqu’un d’extrêmement légitime, qui a déjà été distingué par le Syntec l’an passé. Quant à Jean-Claude Ghinozzi, s’il a reçu ces trophées, c’est que les jeux proposés ont paru les meilleurs au jury. C’est ce qu’il faut regarder. » Peu de temps pour les jurys« Si on veut que ces trophées soient crédibles, on a besoin d’un jury qui travaille en profondeur », confirme Emmanuel Martin, du Sell. Celui de la Paris Games Week était présidé par Alain-Huygues Lacour, vétéran de la presse jeux vidéo. « Quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche et a imposé ses conditions », promet Emmanuel Martin.Chaque organisateur est conscient de l’importance d’arriver à des récompenses légitimes et respectées. Emmanuel Forsans, président de l’AFJV et coorganisateur des Ping Awards, ne cache pas son ambition d’en faire un jour l’équivalent des Césars du jeu vidéo, tandis qu’Emmanuel Martin, du Sell, rêve d’un parterre de jurés composé de plusieurs dizaines ou centaines de professionnels, à la manière des Oscars. Mais ces récompenses sont tenues par des contraintes de temps, et la difficulté de faire essayer une trentaine de jeux vidéo parfois longs de plusieurs heures à un jury qui n’a souvent qu’un après-midi pour se réunir. Une des raisons, sans doute, pour laquelle le jeu de rallye WRC 5 a reçu le Ping du meilleur jeu français sur console : une dizaine de minutes suffit à n’importe quel juré pour terminer plusieurs courses, là où un jeu de rôle ne « démarre » traditionnellement qu’au bout de six à dix heures de jeu.Des catégories à géométrie variableIl arrive également que le jury s’arrange avec les catégories. Par exemple, à la Paris Games Week, le prix du meilleur jeu du salon a été remis à Uncharted 4, un jeu d’action-aventure, alors que le prix du meilleur jeu d’action-aventure a été octroyé à The Rise of Tomb Raider. « Cela a permis d’équilibrer un peu les choses entre ces deux jeux qu’on avait du mal à départager », décrypte Alain-Huygues Lacour.Plus étonnant, deux casques de réalité virtuelle ont été primés dans deux catégories différentes, le HTC Vive côté accessoire et le PlayStation VR côté innovation technologique. « Deux démarches différentes », assure Emmanuel Martin. Aux Ping Awards, c’est un prix spécial spécialement créé pour l’occasion qui a récompensé A Blind Legend, jeu vidéo-audio à l’écran noir et accessible aux non-voyants. Il a été présenté dans un malaise ambiant comme « le prix du politiquement correct » par les deux coprésidents, les animateurs de radio Manu Levy et Florian Gazan.Lire aussi :« A Blind Legend », le jeu d’aventure sonore à tester les yeux fermésHeureusement, à la marge, ces récompenses mettent aussi en avant des jeux prometteurs en manque de visibilité. A l’image de Shiness, un jeu de rôle à la japonaise dans un univers à la Naruto, mené depuis cinq ans par de jeunes et ambitieux Lillois (trophée du meilleur jeu manga à la Paris Games Week). Ou de Zodiac : Orcanon Odyssey, création franco-écossaise en partenariat avec des anciens de Final Fantasy (Ping du meilleur jeu mobile et tablette). « On essaie de faire de la place à tout le monde, et que le meilleur gagne », se félicite Emmanuel Martin.« On essaie de créer des passerelles »Il reste qu’avec quatre cérémonies différentes et plus de soixante prix contradictoires remis dans la même semaine, personne n’est dupe du message brouillé qu’envoient toutes ces récompenses. « Elles ont toutes des objectifs différents, mais c’est vrai que l’on peut regretter qu’il y ait autant d’initiatives, concède Julien Villedieu. On ne va pas se satisfaire d’avoir quatre ou cinq cérémonies, c’est regrettable. » « On est la risée de l’Europe », grince un professionnel en privé.Certains rapprochements existent déjà, grâce notamment à des associations impliquées dans plusieurs événements, comme Capital Games. Ce groupement francilien est à la fois l’organisateur du stand made in France à la Paris Games Week et l’un des principaux partenaires des Ping Awards. Ce qui a permis d’arriver à un intitulé à rallonge, celui du « prix du meilleur jeu exposé sur le stand made in France », remporté par Blood Bowl Kerrunch.Le plus difficile reste toutefois de concilier l’approche cocardière des Ping Awards et l’approche consumériste de la Paris Games Week. Un faux problème, estime Julien Villedieu. « Nos entreprises font 50 % de leur chiffre d’affaires à l’international, donc ce qu’elles attendent, ce n’est pas une reconnaissance juste locale. Si, un jour, il y a une volonté de faire quelque chose d’unifié, il faudra que le jeu vidéo français soit récompensé au sein du jeu vidéo international. » Mais le premier Ping du jeu international, prévu cette année, n’a pas été décerné faute de candidats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 08h29 • Mis à jour le29.10.2015 à 19h57 | Alexandre Piquard Un nouveau patron et, déjà, une nouvelle stratégie ? Les choses ne sont pas si tranchées : l’arrivée prévue de Gilles Pélisson comme futur patron de TF1, confirmée mercredi 28 octobre, se fait main dans la main avec le PDG sortant, Nonce Paolini, et l’actionnaire Martin Bouygues. Mais l’annonce, dès le lendemain, jeudi, de l’entrée en négociations exclusives avec Newen, un des plus gros producteurs français, est une surprise. Elle tranche avec la période plus prudente et gestionnaire des dernières années.« TF1 pourrait prendre une participation majoritaire dans Newen », affirme le communiqué du groupe publié jeudi matin. Le but : « Nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels. » Newen est présent dans tous les genres, à travers ses quatre filiales, Telfrance, Capa, Be Aware et 17 Juin Media. Il produit les fictions Plus belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Versailles ou les émissions « Les Maternelles », « Le Magazine de la santé » ou « Faites entrer l’accusé ». Troisième producteur français derrière Banijay et Lagardère Entertainment, le groupe constitué par Fabrice Larue cherchait à grandir pour peser davantage en Europe, où une concentration est en cours.Si une telle prise de contrôle se concrétise, TF1, le premier groupe privé de télévision gratuite en France avec les chaînes TF1, TMC, NT1 et HD1, deviendrait l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+. Newen est présenté par son PDG, Fabrice Larue, comme « le troisième producteur français de programmes de flux » et cherche à s’internationaliser.Lire aussi :Le groupe de production Newen veut grossir et s’internationaliserEn quête de nouvelles recettesPour TF1, acquérir Newen est une réponse à l’un des deux axes stratégiques affichés pour l’avenir du groupe, confronté aux limites du modèle de la télévision gratuite financée par la publicité. Il s’agit de l’investissement dans la production, pour « remonter dans la chaîne de valeur ». TF1 a en tête le modèle de la chaîne britannique ITV, qui a racheté des sociétés comme Talpa. Le Vivendi de Vincent Bolloré a, lui, pris 30 % du poids lourd Zodiak-Banijay.L’idée est de générer de nouvelles recettes en revendant les droits de ces contenus. Une volonté commune à toutes les chaînes, qui négocient en ce moment avec les pouvoirs publics et les producteurs. TF1 cherche là des revenus « contracycliques ».L’accord TF1-Newen est un « beau projet », selon la ministre de la culture, Fleur Pellerin, interrogée par Le Monde. Il s’inscrit dans sa volonté de faire « émerger des champions français » de l’audiovisuel, même si Mme Pellerin sera attentive à « l’indépendance éditoriale » de Newen.France Télévisions, en revanche, a dénoncé dans un communiqué ce « projet de prise de contrôle » et conteste que les « investissements de France Télévisions, principalement financés par la contribution des citoyens par la redevance, puissent aujourd’hui faire l’objet d’une telle tractation ». Le groupe public a ainsi annoncé la suspension des « développements et des projets » avec Newen.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 17h49 • Mis à jour le28.10.2015 à 18h20 Le successeur de Nonce Paolini à la tête du groupe audiovisuel français, Gilles Pélisson, choisi mercredi 28 octobre par le conseil d’administration de Bouygues, arrive dans un contexte difficile, marqué par le déclin des audiences et des bénéfices.Lire aussi :Gilles Pélisson succédera à Nonce Paolini à la tête de TF1 21,4 %C’est la part d’audience de TF1 en septembre, pour 14,4 % pour France 2 et 10,1 % pour M6. En août, l’audience était tombée à 20,1 %, un niveau historiquement bas pour la chaîne qui connaît un déclin quasi continu depuis des années. TF1 enregistrait 44,8 % d’audience en 1988, 35,3 % en 1998, et 27,2 % en 2008. Depuis dix ans, les parts de la chaîne sont aussi grignotées par celles de la TNT.Face à cette érosion, TF1 rappelle qu’elle déploie une stratégie pour l’ensemble de son groupe qui vise à faire progresser l’audience de ses chaînes secondaires (HD1, NT1 et TMC). Elle insiste sur l’audience agrégée de ses quatre chaînes (27,4 % de part en moyenne en 2015, selon des chiffres de fin août), voire sur son audience numérique, où sa plate-forme MyTF1 progresse, avec environ 15 millions de vidéos vues par mois. Lire aussi (édition abonnés) :TF1 tente de contrer l’érosion de son audience413 millions d’eurosC’est le montant du résultat net part du groupe pour 2014. Il était en forte hausse par rapport à 2013 (137 millions d’euros). Mais ce résultat est en trompe-l’œil car il intègre la plus-value liée à la cession du contrôle d’Eurosport à Discovery Communications, en mai 2014, pour 299,5 millions d’euros.En réalité, la baisse des bénéfices est continue : 250,3 millions d’euros en 2000, 228 millions d’euros en 2007 et, donc, 137 millions d’euros en 2013. Du coup, l’actionnaire principal de la chaîne, le groupe de BTP Bouygues – qui détient 43,5 % des parts de l’entreprise –, a exigé, en 2008, un plan d’économies. Nonce Paolini a joué le tueur de coût, imposant un régime minceur inédit qui s’élève aujourd’hui à quelque 24 millions d’euros. Son successeur s’inscrira dans la continuité de cette stratégie.Lire aussi :TF1, toujours seule en tête 700 millions d’eurosC’est le trésor de guerre, considérable, de TF1. La chaîne a vu sa trésorerie augmenter de 491 millions d’euros grâce à la vente de ses 49 % restants dans la chaîne sportive Eurosport à l’américain Discovery, en juillet. Fin 2014, les réserves du groupe audiovisuel s’élevaient déjà à 497 millions d’euros. Après versement des dividendes, la trésorerie devrait se situer à 700 millions d’euros. De quoi relativiser les pertes occasionnées par le quotidien gratuit Metro, qui a cessé en juillet de faire paraître son édition papier, ou de la chaîne d’info en continu LCI.Avec l’arrivée de M. Pélisson, les annonceurs attendent que TF1, assez prudent jusqu’ici, s’engage sur des investissements. Le groupe pourrait choisir de faire des acquisitions dans le numérique ou dans la production de contenus.Lire aussi :TF1 gonfle sa trésorerie en se désengageant totalement d’Eurosport 8,5 millions d’eurosC’est la perte enregistrée par LCI en 2014. L’avenir de la chaîne d’information est suspendu à une décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur son passage en gratuit, qui doit intervenir d’ici à la fin de l’année. Sa précédente demande avait été rejetée par le CSA, mais le Conseil d’Etat a annulé cette décision, pour des raisons de procédure.TF1 considère que LCI n’a pas d’avenir sur la TNT payante, dont l’usage est en déclin (200 000 abonnés environ). Si le CSA ne lui accorde pas le passage en gratuit, TF1 a affirmé envisager l’arrêt de l’exploitation de sa chaîne après le 31 décembre.Lire aussi (édition abonnés) :Pour passer en gratuit, LCI se présente en anti BFM Sarah Belouezzane et Alexandre Piquard Le conseil d’administration du groupe Bouygues, qui s’est tenu mercredi 28 octobre, a choisi Gilles Pélisson pour succéder à Nonce Paolini au poste de président-directeur général de TF1. M. Pélisson prendra ses fonctions le 17 février 2016.« Jusqu’à cette date Gilles Pélisson se préparera à l’exercice de ses fonctions avec le concours de Nonce Paolini », précise le communiqué.« Le choix a été fait conjointement par Martin Bouygues et Nonce Paolini, qui a participé à la désignation de son successeur », explique une source proche du dossier. L’actionnaire et le dirigeant ont chacun fait une première liste de noms avant de trancher.« Il y avait deux choix stratégiques : soit prendre un homme de médias, télévision ou radio, plutôt extérieur, soit prendre quelqu’un qui connaît le groupe. C’est le critère Bouygues qui l’a emporté », résume cette source. Ancien patron du groupe hôtelier Accor, M. Pélisson, 58 ans, est un fin connaisseur de la maison Bouygues et de TF1, dont il est administrateur depuis 2009.Lire aussi :TF1 en négociations pour le rachat de la société qui produit « Plus belle la vie »« Président qui préside »Parmi les autres candidats figurait par exemple Olivier Roussat, patron de Bouygues Telecom, jugé prometteur mais plus jeune (51 ans).« Martin Bouygues a choisi quelqu’un avec qui il a déjà travaillé et qu’il connaît bien. Ayant de moins en moins de choses à faire au sein de son groupe, il souhaite garder la main sur TF1, ce que le choix de Pélisson, à ce poste, vu son caractère, devrait lui permettre », glisse un bon connaisseur dans les milieux d’affaires parisiens.M. Pélisson est en l’occurrence appelé à être un « président qui préside », c’est-à-dire qui représente l’entreprise et gère les relations avec les pouvoirs publics. Les orientations éditoriales ne devraient pas, par conséquent, être au centre de ses préoccupations.« C’est davantage un choix de continuité que de rupture », estime Philippe Bailly, de NPA Conseil. De fait, la maison ne devrait pas connaître de grand bouleversement. M. Paolini, qui a appuyé la candidature de M. Pélisson, devrait rester conseiller du groupe Bouygues, dans des fonctions qui restent à définir.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresUn « rêve » de longue dateCette évolution est rendue possible par la proximité des deux hommes : MM. Pélisson et Paolini se connaissent bien, ayant travaillé ensemble chez Bouygues Telecom au début des années 2000, le premier à la direction générale et le second à la direction des ressources humaines. Ils se côtoient de nouveau depuis 2009 au sein du conseil d’administration de TF1.Pour M. Pélisson, prendre la tête de TF1 était un « rêve » de longue date, précise une source proche du dossier. « Il se prépare depuis longtemps », ajoute-t-elle. Son nom avait circulé à la fin du mandat de Patrick Le Lay, auquel avait succédé M. Paolini, en 2008.Clash avec Accor en 2010C’est pourtant chez Accor que le futur dirigeant de TF1 a fait ses premières armes. Diplômé de l’Essec et titulaire d’un MBA obtenu à Harvard, M. Pélisson a commencé sa carrière dans le groupe hôtelier, cofondé par son oncle Gérard. Après plusieurs postes dans le groupe, il est devenu, en 1993, coprésident de la filiale Novotel. L’homme connaît également le secteur du divertissement : il avait rejoint Euro Disney en 1995, et en était devenu le président-directeur général en 1997.Les télécommunications sont aussi un domaine qu’il maîtrise. Après un passage chez Noos et Suez Connect, M. Pélisson avait rejoint Bouygues Telecom, en 2001, avant d’en devenir le directeur général, puis le président-directeur général en 2004.A la fin de 2005, il était revenu à ses premières amours chez Accor. Cette fois en tant que PDG du groupe, en remplacement de Jean-Marc Espalioux. Après qu’il a notamment mené la scission du groupe, Accor se séparera de lui en 2010. Il n’a pas depuis retrouvé de fonctions opérationnelles de direction, et plutôt siégé dans divers conseils d’administration (Bic, NH Hotels ou encore Accenture, depuis 2012). Dont celui de TF1.Homme de réseaux« Il est avenant et sympathique, mais il n’a pas laissé une trace indélébile lors de ses passages chez Accor ou Bouygues Telecom par exemple, relativise un dirigeant d’entreprise. Il n’a pas su faire ce qu’il fallait chez le premier et n’a rien eu de bouleversant à gérer chez le second : ni le lancement de l’opérateur, ni la concurrence féroce de Free. » Un de ses proches note qu’il a chez Bouygues Télécom développé l’i-mode, un portail de contenus.Chez Accor, M. Pélisson n’a pas que des partisans. Un détracteur qualifie son passage chez l’hôtelier de « catastrophique ». Gardant le souvenir d’une personnalité chaleureuse de prime abord, mais « difficile » au quotidien.Gilles Pélisson a une grande expérience de l’international et a toujours veillé à la qualité des relations sociales, décrit de son côté la biographie publiée par TF1 mercredi. Le futur président-directeur général serait, selon certains observateurs, la personne idéale pour gérer les questions réglementaires, par exemple le passage de LCI en gratuit, sur lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit se prononcer pour la deuxième fois dans les mois à venir. M. Pélisson est bien introduit au sein des réseaux parisiens, habitué du club d’influence Le Siècle et fin connaisseur des milieux d’affaires.Il dispose maintenant de quatre mois de « tuilage » jusqu’à sa prise de fonctions pour élaborer son plan stratégique pour TF1.Lire aussi :Bolloré, Drahi, Malone : la tentation de faire converger télécoms et médiasAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.10.2015 à 17h39 • Mis à jour le27.10.2015 à 20h12 | Alexandre Piquard La polémique autour du « M. Météo » de France 2 n’est pas finie : Philippe Verdier, auteur d’un livre qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le réchauffement climatique, a été convoqué par la direction à un entretien en vue d’une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, a-t-on appris mardi 27 octobre. L’entrevue a eu lieu le 22 octobre en présence d’un représentant de la direction des ressources humaines du siège de France Télévisions, ainsi que d’un représentant de Force ouvrière (FO), selon ce syndicat.Contrairement aux autres syndicats de l’entreprise d’audiovisuel public, FO soutient ouvertement M. Verdier. « Il n’a fait qu’user de sa liberté d’expression », affirme Eric Vial, élu du syndicat. Joint par Le Monde, M. Verdier ne veut plus s’exprimer.La direction ne commente pas, car il s’agit d’un différend en cours avec un salarié. Mais elle a invoqué plusieurs fois le « principe déontologique » selon lequel les salariés ne devraient pas s’exprimer de leur propre chef publiquement en engageant la responsabilité de l’entreprise.« Pas de délit d’opinion », selon la directionM. Verdier a fait dans les médias une promotion active de son ouvrage, Climat investigation (éd. Ring), en dénonçant un « scandale planétaire » à propos du réchauffement climatique. Dans une lettre ouverte à François Hollande, à l’approche du sommet sur le climat COP21, il a estimé que le président de la République ne pouvait cautionner « les scientifiques ultrapolitisés du GIEC, les lobbys d’entreprises, les ONG environnementales, ni les chefs religieux autoproclamés nouveaux apôtres du climat ».En congé pour le lancement de son livre, paru le 1er octobre, Philippe Verdier, qui présente la météo et a le titre de chef de service, a été mis à pied par la direction de France Télévisions à la mi-octobre.Lire aussi :France 2 met à pied son « M. Météo », Philippe Verdier« Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, estime qu’il n’y a pas de délit d’opinion. Pour elle, la faute de Philippe Verdier est liée à l’exécution de son contrat de travail, car il a mis en avant sa fonction et son employeur France Télévisions dans le cadre de la communication autour de son livre », explique Serge Cimino, élu du Syndicat national des journalistes (SNJ), un autre syndicat de France Télévisions. Ce dernier résume un échange vif qui a eu lieu sur le cas de M. Verdier entre Eric Vial, de FO, et Mme Ernotte, en comité de groupe, le 19 octobre.Prudence des autres syndicatsLe SNJ est prudent et dit s’être jusqu’ici surtout assuré que le salarié mis à pied soit bien reçu en entretien. Il dit attendre que la direction prononce la sanction, dans un délai d’un mois, avec un avis motivé.En interne, on sent une réserve de certains salariés, par rapport aux accents complotistes du discours du « M. Météo » de France 2, qui en a surpris certains car il ne s’était pas exprimé en interne contre le consensus sur le réchauffement, avant son livre. De plus, certaines de ses affirmations sont contestées.Lire aussi :Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2Le soutien du journaliste de France 3 lié à l’affaire du « mur des cons » FO a davantage le souhait de politiser l’affaire : le syndicat a d’abord publié un communiqué et interpellé Delphine Ernotte en comité de groupe. Puis il a accompagné M. Verdier pour son entretien, lui suggérant de se faire accompagner par Clément Weill-Raynal, un journaliste de France 3 qui a « comme lui connu des pressions », raconte M. Vial. En effet, M. Weill-Raynal a notamment été en conflit avec sa direction pour avoir filmé avec son téléphone le « mur des cons » dans un local du syndicat de la magistrature, et diffusé la vidéo sur le site Atlantico. Il avait aussi accusé Charles Enderlin, le correspondant de France 2 en Israël, d’avoir « manipulé » les images du petit Mohammed Al-Dura, mort dans les bras de son père lors d’un échange de tirs entre Palestiniens et Israéliens.Contestation possible de la sanctionDe son côté, M. Verdier avait estimé, après sa mise à pied : « Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat. »« M. Verdier n’a pas commis de faute professionnelle », argumente M. Vial. Ce dernier souligne que M. Verdier n’a pas utilisé l’antenne de France 2 pour faire la promotion de son livre. Plutôt que de convoquer un conseil de discipline paritaire, FO laisse à Mme Ernotte le choix de la sanction et se réserve la possibilité de la contester, aux prud’hommes ou auprès de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Pour le syndicat, le cas d’un journaliste qui promeut un livre ou exprime des opinions dans des médias est banal.Au même moment, France Télévisions doit aussi gérer le cas du « M. Météo » de… France 3Un autre cas télescope celui de M. Verdier : Jean-Marc Souami, le « M. Météo » de France 3, Jean-Marc Souami, a été convoqué mardi pour un rappel à l’ordre, rapporte Pure Médias. On lui reproche notamment d’avoir publiquement critiqué Laurent Ruquier, l’accusant d’être « complice » des « délires racistes » de l’élu de droite Nadine Morano sur la « France, pays de race blanche ». Il prend très régulièrement position sur son compte Twitter, rappelle le site.La direction a « désapprouvé qu’un présentateur du groupe s’en prenne à un animateur de France Télévisions », dans une réaction sur le site de l’animateur Jean-Marc Morandini.« Les cas de M. Verdier et de M. Souami sont différents », estime M. Cimino. Membre de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), M. Souami semble disposer d’un plus large soutien en interne.Pour Mme Ernotte, l’affaire de M. Verdier et celle de M. Souami sont des cas à régler. Avec une pression médiatique et syndicale importante, apanage de France Télévisions, la maison qu’elle dirige depuis deux mois.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Murong Xuecun (Ecrivain) Je ne sais pas combien de projets ont été tués dans l’œuf par le système de censure chinois. Mais ce que je sais, ce que je ressens, c’est que ce système est indubitablement en train de ruiner l’imagination et la créativité des Chinois.La censure, en Chine, ne relève pas de la loi, ce qui ne l’empêche pas d’avoir plus de pouvoir qu’elle. Chez nous, toutes les lois ne sont pas respectées à la lettre par tous, mais quand il s’agit de censure, et alors même que les règles en la matière ne sont pas vraiment claires, tout un chacun sait, comme d’instinct, à quoi s’en tenir, et prend bien garde à ne pas s’aventurer sur le territoire des sujets tabous ou sensibles.En 2013, un bon ami à moi a recommandé un livre à une maison d’édition chinoise, l’histoire d’une femme qui tuait son mari. Au départ, la maison d’édition a manifesté beaucoup d’intérêt pour ce projet. Mais quand elle s’est aperçue que les personnages étaient musulmans, elle a fait machine arrière, disant :« On ne peut pas publier ça », « c’est trop risqué », « les musulmans, c’est tabou ». Malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucune loi interdisant de parler des musulmans.Lire aussi :L’écrivain chinois Murong Xuecun : « Un jour ou l’autre, je vais me faire arrêter »Dans les faits, la résistance à la censure n’a jamais cessé. Aujourd’hui, ce système se heurte à une contestation qui n’existait pas avant l’avènement d’Internet. Les nouveaux outils de communication ont permis de démultiplier les contacts entre la Chine et le reste du monde, si bien qu’un grand nombre de Chinois s’est familiarisé avec l’anglais, inventant de nouveaux mots, une sorte de « sinoglais » : au lieu du mot « citizens », les Internautes vont ainsi employer le mot « shitizens » (« citoyriens ») pour désigner les citoyens chinois.Liens dans le monde entierLa démocratie devient, quant à elle, « democrazy » (« dingocratie »), et au mot de « secretary », les Internautes préfèrent (tout particulièrement concernant celles des hauts fonctionnaires) « sexcretaries » (« sexcrétaires »). Parallèlement, une multitude de blagues à caractère politique se répand.En voici une que j’ai entendue récemment : le président Xi Jinping se rend dans un grand restaurant de Pékin. Il demande à quoi sont farcis les raviolis. La serveuse lui répond : ceux-là sont au chou et au porc, ceux-là au porc et au chou, et dans ceux-là il y a du porc et du chou, qu’est-ce que vous choisissez ? Xi Jinping, l’air contrarié, s’exclame : « Ils sont tous farcis à la même chose, ai-je vraiment le choix ? » La serveuse lui dit alors en riant : « Président Xi, vous avez oublié ? Quand il a fallu vous choisir, c’était exactement pareil ! »Murong XuecunMurong Xuecun est né en 1974 dans le Shandong. Après des études de droit à Pékin, il se lance dans l’écriture d’un premier roman, qu’il publie sur Internet au début des années 2000, Oublier Chengdu, qui remporte un énorme succès.Dans les années qui suivent, son compte Weibo (le Twitter chinois) est suivi par des millions d’internautes, avant d’être censuré par le pouvoir.Électron libre, écrivain engagé comme la Chine en compte peu, Murong Xuecun dénonce dans ses romans la corruption, le fanatisme et l’ignorance à l’œuvre dans la société chinoise.Son dernier ouvrage paru en français est Il manque un remède à la Chine, (Bleu de Chine/Gallimard, 448 pages, 29 euros).Si Internet s’est imposé comme un espace de liberté où s’exprime la résistance au système de censure, cela n’empêche pas ce dernier, à l’heure où les entreprises d’Etat chinoises nouent des liens dans le monde entier, où des Instituts Confucius, pour promouvoir la langue et la culture chinoises, sont inaugurés un peu partout sur la planète, au moment où tous les pays du monde se battent pour obtenir des commandes de la Chine, de commencer à étendre lui aussi ses ramifications hors de ses frontières. Bientôt, son ombre ne planera pas seulement sur nous citoyens chinois. Elle vous rattrapera vous aussi, vous qui vivez loin de chez nous et qui vous croyez en sécurité.Il y a environ deux ans, un magazine londonien m’a invité à écrire un article. En allant sur leur site Internet, j’ai pu voir tout un tas de textes faisant l’éloge du Parti communiste chinois. Ce n’est pas vraiment en accord avec mon style. Je leur ai demandé pourquoi ils publiaient toute cette propagande. Le rédacteur en chef m’a expliqué : « Nous n’avons pas le choix, plusieurs de nos plus gros clients publicitaires sont des entreprises chinoises. Si nous publions trop d’articles critiquant le Parti communiste et le gouvernement chinois, ils vont tout simplement arrêter de placer des publicités chez nous. »Des choix à votre placeJe sais que cette façon de procéder existe aussi dans d’autres pays européens ainsi qu’à Hongkong, aux Etats-Unis, en Australie et jusqu’en Afrique. Sydney compte déjà plus de six journaux en langue chinoise. La plupart sont proches du gouvernement chinois, quand ce dernier ne les contrôle pas directement. Les articles et les commentaires qui y sont publiés, directement inspirés par sa propagande, l’encensent sans aucune retenue. Ainsi, sur le sol même de l’Australie, les représentants du Parti communiste et du gouvernement chinois font d’ores et déjà entendre leur voix. La plupart des gens ne s’en aperçoivent même pas.En mai, le Club Pen America a montré dans un rapport intitulé « Censure et conscience morale : les auteurs étrangers et le défi de la censure chinoise » que l’industrie de l’édition et certains écrivains américains étaient déjà sous l’influence du système de censure chinois.En Australie, un article publié en 2014 par le journal The Australian explique que l’Australian Broadcasting Corporation (ABC), la société nationale de diffusion audiovisuelle australienne, a signé un partenariat visant à partager des contenus avec un groupe audiovisuel chinois, le Shanghai Media Group. Cela signifie qu’immanquablement, les émissions australiennes passeront entre les mains de la censure chinoise. Ceux qui ont bonne mémoire se souviendront qu’en 2009, lors du festival international du film de Melbourne, le consulat chinois a tenté d’annuler la projection d’un documentaire sur la militante ouïgoure Rebiya Kadeer.Tout cela va bien au-delà du sort d’un simple film. Ce que vous devez comprendre, c’est que les censeurs chinois sont déjà parmi vous, et qu’ils ont commencé à faire des choix à votre place. Des incidents comme cela, il y en aura d’autres. Et comme nous avons pu en faire l’expérience en Chine, vous constaterez que les habiles fonctionnaires de la censure agiront au fil du temps avec de plus en plus de discrétion et de subtilité.Commerce avec la Chine avant toutCertains pourraient être tentés de se dire que la censure existe déjà ailleurs, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie. Je répondrais que, s’il est vrai que la censure existe aussi dans ces pays, cela ne justifie en rien celle qui s’exerce chez nous. Par ailleurs, j’ai beau trouver que le monde ne tourne pas rond, je ne crois pas que la censure dans les pays occidentaux soit aussi sévère qu’en Chine.D’autres pensent peut-être que la liberté d’expression, bien sûr, c’est important, mais que ce qui compte avant tout, c’est de pouvoir faire du commerce avec la Chine. En réalité, toutes les entreprises étrangères qui ont des relations commerciales avec la Chine sont susceptibles de subir l’impact de la censure chinoise. En 2014, la « Grande Muraille électronique » est devenue singulièrement plus étanche. Elle bloque désormais non seulement Google, Facebook, Twitter et YouTube, mais aussi Gmail et d’autres services étrangers de messagerie sur Internet.Chaque jour, des réseaux privés virtuels, permettant de contourner la Grande Muraille électronique en liant directement des ordinateurs, sont bloqués. Laissez-moi vous poser une question : ces restrictions en matière de communication imposées par le gouvernement chinois n’affecteront-elles pas vos affaires dans le long terme ?Au sujet du gouvernement chinois, les personnes qui ne vivent pas en Chine pensent parfois : « Bon, c’est vrai que ce gouvernement n’est pas terrible, mais ce n’est quand même pas si mal que ça. » Ou bien : « Oui, d’accord, le gouvernement chinois est plus que critiquable, mais il n’est pas encore si puissant que cela, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. »Après la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997, beaucoup de gens sur cette île pensaient à peu près la même chose. Dix-huit ans plus tard, il ne faut pas longtemps pour constater que leurs conditions de vie ont d’ores et déjà subi d’énormes changements. Cette ville de plus de 7 millions d’habitants ne compte désormais quasiment plus une chaîne de télévision ni un journal indépendants. Ses hommes politiques ressemblent de plus en plus aux secrétaires de section du Parti communiste. Les personnes qui manifestent contre la politique menée par Pékin sont désormais de plus en plus souvent harcelées par la mafia. Quant aux journalistes et aux artistes qui osent encore critiquer ouvertement Pékin, ils s’exposent à des tentatives d’assassinat…Ne pas se fier aux bonnes intentions du gouvernementOn ne peut en aucune manière se fier aux bonnes intentions du gouvernement chinois. La puissance économique de la Chine lui permet d’avoir un impact sur vos vies. La censure chinoise peut paraître en Occident un phénomène encore lointain, et il est vrai qu’elle ne va pas débouler comme une fusée dans vos vies.Mais si un jour vous vous apercevez que vos journaux publient de moins en moins d’articles critiques sur la Chine, que les intellectuels et les médias se mettent tous à faire l’éloge du système chinois et que tel ou tel politicien s’efforce de manière évidente de préserver les intérêts de la Chine, j’espère que vous vous souviendrez du discours que je vous ai tenu aujourd’hui, et qui vous semble peut-être alarmiste.La civilisation est un tout indivisible. Quand le gouvernement d’un pays commence à s’y attaquer sciemment, à la bâillonner, à la détruire, cela n’a pas seulement un impact sur le peuple de ce pays, mais sur l’humanité tout entière. A l’heure de la mondialisation, la liberté d’expression ne relève plus seulement de la politique intérieure d’un pays.Si vous vous contentez d’observer en silence un gouvernement détruire des livres et arrêter des hommes dans son pays, réprimer la liberté d’expression, et que vous allez même jusqu’à vous en rapprocher, l’air de rien, pour en faire, sans aucun scrupule, votre partenaire commercial, votre allié, alors, tôt ou tard, c’est à votre liberté d’expression à vous qu’il s’attaquera. (Traduit du chinois par Frédéric Dalléas)Ce texte est extrait d’un discours prononcé à Sydney, le 5 septembre, dans le cadre du Festival of Dangerous Ideas, le « festival des idées dangereuses ».Murong Xuecun (Ecrivain) Olivier Faye et Alexis Delcambre Il y a trente ans, le monde politique et les médias débattaient de l’opportunité d’offrir du temps d’antenne à la télévision au Front national et à son président Jean-Marie Le Pen. Le parti d’extrême droite, désormais placé sous l’égide de Marine Le Pen, se trouve aujourd’hui dans une position qui lui permet d’annuler à la dernière minute sa participation à une émission politique sur le service public, en prime time.C’est ce qu’a fait la présidente du Front national, jeudi 22 octobre, en décidant, trois heures avant le début de l’émission, de ne pas se rendre sur le plateau de « Des paroles et des actes » (« DPDA »), sur France 2, devenue selon elle une « mascarade ». Un signe du sentiment de puissance dont jouit le parti à la veille des élections régionales des 6 et 13 décembre, qui pourraient voir la formation lepéniste emporter une région pour la première fois depuis sa fondation en 1972.Le rendez-vous devait opposer Mme Le Pen à Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Un panel de Français – un imam, un père de famille accueillant chez lui des réfugiés et un chef d’entreprise – devait par ailleurs interpeller la députée européenne au cours de l’émission.C’était sans compter sur l’intervention conjointe de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et de Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les deux chefs de parti se sont offusqués, mercredi, de l’invitation de Mme Le Pen, candidate aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tout juste quatre jours avant l’ouverture de la campagne officielle dans les médias, le 26 octobre. De quoi désavantager, selon eux, leurs candidats respectifs, Pierre de Saintignon (PS) et Xavier Bertrand (Les Républicains).« A moi, M. Pujadas, on n’impose rien »Le CSA a entendu ces doléances et annoncé quelques heures plus tard qu’« une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents (…) quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes ». France 2 a réagi en décidant d’inviter dans la foulée MM. Bertrand et de Saintignon à venir débattre en fin d’émission avec la présidente du FN. Mécontente de ce changement de programme de dernière minute, Mme Le Pen a réclamé que les séquences impliquant Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Lagarde soient annulées.Une demande à laquelle n’a pas accédé David Pujadas, présentateur de « DPDA », ce qui a provoqué la mise en retrait de Mme Le Pen. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS », a-t-elle justifié dans un communiqué. Dans le courrier qu’il avait adressé à Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis écrivait : « Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. » Une occasion rêvée pour Marine Le Pen de dénoncer le « système », de jouer la rupture et d’adopter la posture de la victime.Lire aussi :Marine Le Pen reste la politique la plus invitée à « Des paroles et des actes »Du côté de France Télévisions, malgré la controverse politique, on assume pleinement le fait d’avoir convié Marine Le Pen pour une cinquième fois depuis la création de l’émission, en 2011. « Le statut de l’émission impose qu’on invite les figures de proue », admet Pascal Golomer, directeur de l’information de France Télévisions. « Il se trouve que le Front national est toujours représenté par Marine Le Pen, c’est ainsi », justifie Gilles Bornstein, rédacteur en chef de « DPDA ». Mercredi, quand les tirs venaient de toute part, l’équipe de l’émission a résisté alors qu’« il y avait une forte pression pour qu’[elle annule] », a rappelé M. Pujadas.« Nous nous sommes adaptés aux circonstances »Rétrospectivement, France Télévisions devait-elle suivre à la lettre la recommandation du CSA, qui a semblé modifier les règles du jeu avant même le début de la campagne officielle ? « Le CSA est venu s’ajouter au groupe d’intervenants qui ont eu leur mot à dire sur ce “DPDA”, constate Pascal Golomer. Nous avons écouté l’environnement et nous nous sommes adaptés aux circonstances. C’était une décision éditoriale à partir d’une situation compliquée. »La présence du Front national à la télévision représente en tout cas une question difficile à gérer, bien que les données du problème aient évolué depuis « L’Heure de vérité », en 1984, sur Antenne 2, quand Jean-Marie Le Pen fit sa première incursion sur le petit écran. Alors que le parti d’extrême droite s’est battu pendant des années pour exister à la télévision, Marine Le Pen, elle, y est née. Le 5 mai 2002, au soir de la défaite de son père au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, la jeune femme est en effet poussée presque par hasard sur le plateau de France 3 et y réalise une prestation remarquée.Lire aussi :France Télévisions marche sur des œufs avec le Front nationalDepuis, la fille de Jean-Marie Le Pen maîtrise les codes de la télévision et en a fait une arme dans sa conquête du pouvoir, au FN puis dans le combat électoral. En position de force dans les sondages, sollicitée par les médias, où elle réalise de bons scores en termes d’audience, la députée européenne sait jouer avec l’outil en le contournant au besoin et en misant sur Internet.Interrogé au sujet de cette annulation, Jean-Marie Le Pen a pris le contre-pied de sa fille. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître ses opinions. C’est ce que je ferais si j’étais à sa place. Personnellement, je suis toujours pour que l’on combatte », a avancé l’ancien président du FN. Un commentaire qui peut s’interpréter comme une pique politique mais qui symbolise aussi un changement d’époque. #container_14455165756{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14455165756{ height:700px; } #container_14455165756 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14455165756 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14455165756 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14455165756 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La présidente du FN, personnalité la plus invitéeLa liste des invités des 26 émissions de « Des paroles et des actes » hors spéciale élections ou primaire.Source : Wikipedia(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; 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Nous devons donc réfléchir en permanence à la modernisation des modalités d’application du principe de pluralisme de l’expression politique, mais son caractère indispensable demeure. Le monde audiovisuel hertzien occupe gratuitement le domaine public.C’est en contrepartie de cette gratuité que chaque média audiovisuel doit appliquer le principe de pluralisme, alors même que la liberté d’opinion de la presse écrite est reconnue. C’est une forme de contrainte pour la gestion des chaînes, mais elle est conciliable avec le principe de liberté éditoriale. Le pluralisme crée par ailleurs un espace de confiance pour les citoyens, auditeurs ou téléspectateurs, par rapport à Internet, où l’information n’est pas toujours fiable.Vous devez veiller à l’équité au moment des élections. N’est-ce pas une notion un peu floue qui repose sur un trop grand nombre de critères ?Il est vrai que c’est une notion qui demande réflexion et une pratique avertie de la part des chaînes de télévision et radio, ainsi que de notre part. Cependant, c’est une manière de concilier la liberté éditoriale et l’application du principe de pluralisme.L’égalité parfaite de temps de parole est de mise après la publication de la liste des candidats pour l’élection présidentielle. Pourquoi proposez-vous de la modifier ?Lorsque l’on a une dizaine de candidats aux profils très variés, il est difficile de faire appliquer l’égalité avant le début de la campagne électorale proprement dite. Cela s’est d’ailleurs vu lors du scrutin de 2012, les télévisions et les radios ont diminué le volume global d’expression des candidats. C’est dommage, car l’élection présidentielle est un moment majeur de la vie politique française. Aussi, nous proposons d’instaurer désormais le principe d’équité, mais à condition de programmations comparables, c’est-à-dire dans les mêmes tranches horaires.Pourquoi avez-vous cru bon d’adresser à la veille de l’émission « Des paroles et des actes » un communiqué précisant la règle du jeu concernant la couverture des élections régionales ?Nous avions eu plusieurs saisines, pour ce programme et pour d’autres, sur le respect du pluralisme. Certains s’inquiétaient que les médias accordent des temps d’exposition importants à des personnalités nationales, impliquées dans les élections régionales. Nous avons souhaité signifier qu’il fallait veiller à ne pas créer de déséquilibres particuliers à quelques jours de la période électorale, car ce n’est pas conforme au principe d’équité.Nous l’avons fait le 16 octobre, par oral et par écrit, lorsque nous avons présenté aux chaînes de télévision et de radio la délibération du 2 septembre applicable aux régionales. Nous préférons appeler les médias audiovisuels à la vigilance plutôt que de renforcer les règles, par exemple en allongeant la période préélectorale qui est aujourd’hui de six semaines.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio A l’occasion des élections régionales, le Conseil supérieur de l’audiovisuel veille. Les télés et les radios composent.La campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre s’intensifie. Moins d’un mois nous sépare du premier tour de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle. Et les calculettes commencent à chauffer, pas seulement du côté des instituts de sondage, mais au sein même des rédactions des radios et des télévisions. Désormais, elles doivent respecter l’équité entre les différents candidats, sous peine de s’attirer les foudres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Chronomètre en main, des bataillons traquent la moindre seconde de temps de parole. Ils sont constitués d’une dizaine de salariés à France Télévisions, trois en moyenne pour TF1 et LCI. « Je n’avais pas mesuré que les règles étaient aussi strictes. Dans la presse écrite, on essaie d’être vigilant à interroger toutes les formations, mais à la radio et à la télévision tout est calculé à la seconde près », confie Christophe Jakubyszyn, chef du service politique des deux chaînes.Question d’équitéA Radio France, c’est une société externe qui est chargée de cette tâche fastidieuse. Une personne pilote le travail de plusieurs stagiaires à BFM-TV ; elle est en relation quasi quotidienne avec la direction de la rédaction pour veiller au respect des équilibres. Pas question de se faire accuser encore une fois de favoriser tel ou tel parti comme ce fut le cas lors des dernières élections départementales. Une critique qui a laissé des... Renaud Machart On ne saura pas ce qu’aurait pu être « Antoine sans fiche », la première mouture de l’émission hebdomadaire qu’Antoine de Caunes devait présenter sur Canal+ en cadeau de consolation de son éviction de la présentation du « Grand Journal ». Mais « L’Emission d’Antoine », qui faisait ses débuts vendredi 6 novembre à 22 h 45 sur la chaîne cryptée, est une hilarante réussite. Si le même niveau est atteint chaque semaine, elle devrait devenir le rendez-vous incontournable des réjouissances zygomatiques.C’est le grand de Caunes qu’on retrouve là : drôle, malin, coquin, leste, transformiste – toutes choses en quoi il excelle –, le tout servi par des textes léchés de langue de maître ; un de Caunes tel qu’on l’aimait lors de ses reportages urbains excentriques (« Toqué de Tokyo », « Maboul de Séoul », etc.) et de ses programmes d’antan (« Eurotrash ») ; un de Caunes libéré de ce « Grand Journal » où il n’était pas à son meilleur et auquel il règle d’ailleurs, avec une fine insolence, son compte en début de d’émission.L’esprit est très Canal, mais du Canal historique, de la grande époque (le XXe siècle), avec tout de même quelques transferts du Canal plus récent, comme Alison Wheeler et Monsieur Poulpe, qui étaient présents dans « Le Grand Journal » animé pendant deux saisons par Antoine de Caunes.Canal historiqueSi Mme Wheeler n’est toujours pas très drôle (c’est le seul point faible de « L’Emission d’Antoine »), M. Poulpe est en revanche assez bien distribué dans l’animation d’un jeu foutraque où les deux candidats, de Caunes et Fred Testot (un ancien de la séquence mythique « Service après-vente des émissions », sur Canal+, avec Omar Sy), s’évertuent à ne pas savoir répondre à des questions farfelues. Ce qui vaut à M. Poulpe la pénalité d’être méthodiquement épilé par une dame asiatique qui s’évertue à décoller trop lentement des patchs apposés sur ses cuisses. La séquence se termine par un concours de coiffure où deux malheureux garçons se font tailler des perruques de clown par de Caunes et Testot…Capillotracté, tout cela ? Normal : le fil conducteur de ce premier numéro était le poil, considéré dans tous ses états. Ce qui autorisa de Caunes à enquêter dans les arcanes d’un concours autrichien de barbes et moustaches où se présentent de véritables cascadeurs du système pileux ; à rendre visite à une cinéaste pornographique bisexuelle et féministe adepte des femmes velues (avec les images olé-olé qu’on peut voir sur une chaîne cryptée, même avant minuit, heure légale du porno maison) ; à recevoir une vraie femme à barbe et à s’entretenir sérieusement avec elle.Et à débiter des palanquées de jeu de mots artistement foireux, à dire des choses grossières sans la moindre vulgarité (art que ne possède pas encore Alison Wheeler), à se déguiser et à pouffer comme le gamin de 12 ans que ce sexagénaire génial et chenapan n’a jamais cessé d’être.Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 12h26 • Mis à jour le06.11.2015 à 13h00 | Alexandre Piquard « L’argent de la redevance ne doit pas servir à consolider le cours de Bourse de TF1. » Ce genre de phrases offensives, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son entourage, en ont prononcé plusieurs depuis l’annonce, jeudi 29 octobre, du rachat par TF1 du troisième producteur français, Newen. Dans la polémique qui agite depuis le secteur, plane une menace latente : des programmes du service public pourraient-ils passer aux mains de TF1 ? Jeudi, les scénaristes de « Plus belle la vie » ont même demandé que « Newen garantisse contractuellement que [la série qu’elle produit] sera diffusée sur France 3 dans les années qui viennent ».Clause tacite de reconductionPourtant, selon une source proche du dossier, les contrats de « Plus belle la vie » contiennent une clause de tacite reconduction. Celle-ci donne le pouvoir à France Télévisions de garder l’émission sur ses antennes. Le risque que « Plus belle la vie » soit accaparée par TF1 contre la volonté de l’entreprise publique serait donc exagéré. France Télévisions « ne commente pas le contenu des contrats ». Fabrice Larue, le patron de Newen, ne s’est pas exprimé publiquement depuis l’annonce de la transaction. « Mme Ernotte utilise le deal Newen-TF1 pour obtenir des choses en contrepartie, notamment auprès des pouvoirs publics », estime une source proche des discussions.Au-delà, chacun dans ce dossier joue sa partition, avec des stratégies de communication différentes. « Le projet de Newen et TF1 cristallise une partie des questions qui traversent le secteur depuis des années », estime une source au ministère de la culture. Deux logiques entrent en collision : celle qui a mené à la législation actuelle, imposant aux chaînes de faire produire la majorité de leurs programmes par des sociétés « indépendantes », pour favoriser la créativité. L’autre, en vogue au gouvernement, souhaite voir créer des « champions » français de l’audiovisuel, plus gros et diversifiés, pour répondre à la concentration en Europe et à la montée en puissance des plateformes « dérégulées » comme Google ou Netflix. Le rachat de Newen est dans cet air du temps, à ceci près que TF1 a choisi une entreprise qui fait les trois quarts de son chiffre d’affaires avec le service public.Que cherche à obtenir Delphine Ernotte ? D’abord, des contreparties dans les contrats qu’elle a avec Newen, qui comprennent « Plus belle la vie », mais aussi « Les maternelles » ou « Le journal de la santé », pour un montant annuel total estimé à 100 millions d’euros.« Plus belle la vie », que « France Télévisions finance depuis le début il y a dix ans, appartient juridiquement à Newen, mais je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire qu’il appartient aussi à France Télévisions », a dit Delphine Ernotte à un colloque de NPA Conseil, mardi 3 novembre. Toutefois, ce programme a été réalisé avant que la loi donne en 2013 le droit aux chaines de détenir des parts de coproduction sur les œuvres. Tout est donc affaire de négociation avec Newen, qui sera peut-être plus enclin à proposer davantage de programmes pour le même prix, plutôt qu’à céder des droits.En parallèle, France Télévisions menace d’arrêter certains contrats avec Newen : « Les maternelles », à l’audience fragilisée, pourrait ne pas passer l’été 2016. Et, pour la suite de « Plus belle la vie », qui doit être renégociée en 2016, « rien n’est sûr », a dit le secrétaire général de France Télévisions Christian Vion, sur France Inter jeudi. Pour Newen, c’est le risque de voir son entreprise affaiblie.Eviter les réformes gênantesAutre angle d’attaque important : Mme Ernotte a demandé à avoir « comme pour les chaînes privées, une part de 25 % de production “dépendante”». En effet, France Télévisions n’a le droit de produire que 5 % de ses programmes en interne. Fleur Pellerin envisage de relever ce taux.Ce chantier explique en partie la réaction d’un autre acteur : les producteurs, qui ont soutenu Mme Ernotte, via les syndicats SPI et USPA. Ce dernier a publié, mardi 3 novembre, un communiqué de soutien à Delphine Ernotte et exclu Newen de ses rangs. L’USPA a aussi taclé Fleur Pellerin, qui a qualifié à chaud le deal Newen-TF1 de « beau projet ». Pour le président du syndicat, Thomas Anargyros, « la décision de Newen de se vendre à TF1 porte un coup sévère aux discussions plus globales que nous menions avec France Télévisions ». L’enjeu : trouver de nouveaux partages de droits avec le groupe, notamment pour la plateforme de vidéo à la demande envisagée par Mme Ernotte. France Télévisions dépense 400 millions d’euros par an en production extérieure. En négociant avec Mme Ernotte, les producteurs veulent éviter des réformes plus gênantes, comme le relèvement des parts de production internes aux chaînes.Fleur Pellerin, elle, assume s’être exprimée tôt sur le rachat. Elle n’avait pas seulement salué un projet qui rencontre sa volonté de faire émerger des « champions » français, rappelle-t-on. Elle avait aussi dit qu’elle veillerait à « l’indépendance » de l’activité de Newen. A ce sujet, selon une source proche du dossier, le projet d’accord avec TF1 – transmis à l’autorité de la concurrence – prévoit que la chaîne n’aura pas accès aux conditions et aux marges des contrats passés avec ses concurrentes.Du côté de TF1, on s’exprime peu, en raison des négociations en cours. Mais on insiste sur le fait qu’acheter Newen vise à diversifier les recettes, pas à nourrir les antennes. La filiale du groupe Bouygues a toutefois sous-estimé la vivacité de la réaction de Mme Ernotte, s’étonne un connaisseur du dossier. Contrairement à Mme Pellerin, la présidente de France Télévisions n’a pas été prévenue avant l’annonce de la transaction, jeudi 29 octobre. « TF1 a voulu communiquer vite car, la veille, était annoncée le successeur du PDG Nonce Paolini et des résultats trimestriels mitigés », pense cette source. Fabrice Larue, le PDG de Newen, doit revoir Delphine Ernotte dans les prochains jours. La première entrevue, mardi, a été jugée très froide. La prochaine sera-t-elle l’occasion d’un dégel ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau La recherche d’un partenaire capable de racheter Ubisoft « n’est qu’une de nos options » pour échapper à une prise de contrôle de Vivendi, a expliqué Yves Guillemot, son président, lors d’une conférence téléphonique en marge de la présentation de ses résultats financiers semestriels. Elle reste toutefois la priorité actuelle du groupe.« Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagne et que cela soit positif pour les actionnaires », a détaillé Yves Guillemot lors d’une conférence téléphonique. Si Ubisoft a souligné dans un communiqué ses accords passés avec de « puissants partenaires internationaux » comme Columbia, Fox New Regency, Nickelodeon et Warner, le président de la plus grosse entreprise française de jeu vidéo n’a pas précisé vers quel chevalier blanc Ubisoft cherchait à se tourner pour empêcher une prise de contrôle par Vivendi.Plus aucun contact avec Vincent BolloréFace à ses actionnaires, Yves Guillemot est resté fidèle à la ligne de défense de son groupe : Ubisoft détient un savoir-faire et une connaissance du métier qui sont étrangers à Vivendi, et un rachat mettrait son modèle créatif en danger. Le président de l’entreprise a notamment relevé les quatre fondamentaux de sa stratégie : le développement de jeux en ligne avec une forte composante multijoueur, des jeux en mode ouvert, une capacité à créer de nouvelles licences de A à Z et un élargissement au-delà du jeu vidéo, notamment dans le cinéma. « Nous commençons tout juste à toucher les dividendes de cette stratégie », a assuré Yves Guillemot, qui a une nouvelle fois rappelé sa volonté d’indépendance.« Nous pensons que les synergies sont difficiles à voir surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd’hui, et dans le passé Vivendi ne voyait pas de synergie avec Activision Blizzard [dont le groupe a revendu l’essentiel de ses parts en 2013], nous ne voyons donc pas pourquoi ils en verraient aujourd’hui. »M. Guillemot a par ailleurs confié n’avoir eu aucun contact avec Vincent Bolloré depuis l’appel téléphonique de ce dernier le jour de l’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft – le géant des loisirs a depuis porté sa participation à 10,6 % d’Ubisoft, et reconfirmé sa volonté de rester indépendant. Ubisoft a par ailleurs annoncé mardi 2 novembre avoir signé un contrat avec l’agence de communication Mindshare, alors que la société était liée jusqu’à présent à Havas, qui appartient au groupe Vivendi.Trois jeux à gros budget dans les quatre moisPour son premier rapport financier depuis l’entrée non sollicitée de Vivendi dans son capital, Ubisoft a annoncé un chiffre d’affaires semestriel de 207,3 millions d’euros, en recul de 57 % par rapport à 2014, et 65,7 millions d’euros de pertes nettes (contre un bénéfice de 17,5 millions d’euros l’an passé). Un résultat prévisible : l’éditeur n’a lancé aucun jeu majeur au printemps de cette année, au contraire de Watch Dogs, sa nouvelle licence phare, en 2014.Principale sortie de l’éditeur pour ce Noël, le jeu Assassin’s Creed Syndicate a connu un lancement compliqué, avec des critiques partagées et des résultats commerciaux très en deçà des précédents opus (66 000 exemplaires en France en première semaine, contre 167 000 pour Unity). Mais la seconde semaine a renversé la tendance, assure l’éditeur. « Les notes que nous avons eues sur ce jeu ont été très élevées, notamment les plus gros sites spécialisés, et le bouche-à-oreille est actuellement favorable au jeu », a soutenu Yves Guillemot.Ubisoft publiera par ailleurs le jeu d’action Rainbow Six Siege le 1er décembre, ainsi que The Division et Far Cry Primal au premier trimestre 2016, qu’Ubisoft veut croire « historique ». Il est en effet rare de lancer deux jeux à gros budget en début d’année.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre L’heure de vérité approche pour Molotov.tv, ce service prochainement lancé qui promet de réinventer la distribution télévisée. Depuis plusieurs mois, l’identité et les intentions de ses fondateurs, dont Jean-David Blanc, créateur d’AlloCiné, et Pierre Lescure, ancien président de Canal+, suscitent la curiosité, mais les détails du service restaient un mystère. Un mystère en voie de se dissiper, puisque l’interface de Molotov.tv a été présentée aux membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mercredi 4 novembre, et que Le Monde a pu parallèlement l’explorer.Lire aussi :La télévision est morte, vive la télévision !La conviction de l’équipe de Molotov.tv est que le problème qu’affronte la télévision, notamment vis-à-vis des plus jeunes, est d’abord ergonomique. Selon elle, les contenus de l’industrie télévisée restent riches et attractifs mais les nouveaux modes de circulation dans ces contenus auraient ringardisé l’usage se limitant à aller d’une chaîne à l’autre grâce à une télécommande. C’est pourquoi Molotov se définit au croisement de « la télévision d’hier et du monde d’aujourd’hui », selon M. Blanc.On peut bien sûr y choisir une chaîne et accéder au direct. Mais aussi reprendre au début un programme qui a déjà commencé. Ou explorer la liste des diffusions passées, et visionner un contenu de son choix – comme sur une plate-forme de rattrapage. Ou encore voir la liste des programmes à venir et sélectionner ceux qui nous intéressent. Le système les « enregistrera » et ils rejoindront un panier de programmes sélectionnés, visionnables à tout moment depuis n’importe quel appareil (téléphone, tablette, PC ou télévision connectée).L’utilisateur peut rechercher ce qui l’intéresse, parmi tous les programmes de télévision, à l’aide d’un moteur de recherche, et par catégories (films, séries, documentaires, enfants…).Plate-forme socialeL’usage se veut en effet nomade : un compte Molotov est par nature multisupports et on peut passer de l’un à l’autre en reprenant le visionnage d’un contenu à l’endroit précis où il a été interrompu. Le système peut également alerter l’utilisateur par e-mail en cas de prochain passage à la télévision d’une personnalité ou d’une entité qu’il a déclaré suivre.Molotov est aussi une plate-forme sociale : en visionnant un programme live, on voit défiler les tweets qui lui sont associés. L’utilisateur peut voir ce que ses amis regardent ou ont regardé, et visionner les séquences télé qui « buzzent » sur les réseaux sociaux. Et témoigner de ce qu’il regarde. Enfin, un outil permet de sélectionner une séquence pour la partager sur les réseaux sociaux.Avant son lancement prévu en décembre, l’équipe de Molotov.tv continue d’élargir son nombre de chaînes partenaires (déjà plus de 80). L’Equipe 21 vient de rejoindre la plate-forme. Avec Canal+, à ce jour le grand absent de l’offre, les discussions ne sont pas arrêtées. Misant sur un modèle freemium, avec une couche payante, les fondateurs doivent encore choisir les services qui ne seront pas gratuits et fixer les prix. Et réfléchissent à des formats publicitaires plus « comestibles » que les spots diffusés à l’ouverture des programmes.Lire aussi :L’énigmatique Molotov.tv séduit 80 chaînesAlexis DelcambreJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 03h15 • Mis à jour le03.11.2015 à 08h36 Le président et directeur de la publication du New York Times, Arthur Ochs Sulzberger Jr, 64 ans, a ouvert officiellement lundi 2 novembre le processus qui doit mener à la désignation de son successeur, choisi au sein de sa famille. Un directeur adjoint de la publication doit être nommé dans les deux ans, qui sera appelé à le remplacer. Le processus de succession est « formel » et « implique le conseil d’administration, les cadres dirigeants et les représentants de la famille », a rappelé M. Sulzberger aux employés lors d’une réunion annuelle.Arthur Ochs Sulzberger Jr, qui dirige le principal quotidien d’Amérique depuis vingt-cinq ans, est le cinquième membre de la famille à assumer cette charge. Il est l’arrière-petit-fils d’Adolph Ochs, qui a racheté le New York Times en août 1896 et en a gardé la tête jusqu’à sa mort, en 1935. Le fondateur avait été remplacé par Arthur Sulzberger, son gendre.La famille ne détient aujourd’hui qu’une participation minoritaire au capital du groupe mais possède l’essentiel des actions de type B, ce qui lui permet de désigner 9 des 14 membres du conseil d’administration.Selon une enquête du New York Magazine, publiée en août, trois descendants d’Adolph Ochs pourraient succéder à l’actuel patron du New York Times : Arthur Sulzberger (fils du directeur de la publication), David Sulzberger Perpich, cousin du premier, et Samuel Dolnick, cousin au deuxième degré des deux premiers. Tous trois sont trentenaires et occupent déjà des postes au sein du quotidien. Alexandre Piquard Le torchon brûlait depuis plusieurs semaines. Philippe Verdier, le « M. Météo » de France 2, a annoncé lui-même son licenciement dans une vidéo mise en ligne samedi 31 octobre. Un clip scénarisé autour de l’ouverture de sa lettre de licenciement réalisé par Ring, l’éditeur du livre de M. Verdier. L’ouvrage conteste le consensus des scientifiques sur le réchauffement climatique et s’attaque au sommet de la COP21, attendu en décembre à Paris.La direction de France Télévisions ne commente pas la décision. Elle a reproché à M. Verdier d’avoir mis en avant, dans la promotion de son livre, ses fonctions à France Télévisions. Et donc d’engager l’entreprise. Selon le groupe, le présentateur aurait enfreint l’un des principes de l’accord collectif qui imposerait un devoir de réserve aux journalistes dans le cadre des opérations de promotion ou les expressions à titre privé : c’est l’esprit de ce qu’a rappelé la présidente, Delphine Ernotte, le 28 octobre, face au député Les Républicains Hervé Mariton, qui l’interrogeait en commission.Au cours de la promotion médiatique du livre Climat investigation a été effectivement rappelée la fonction de « M. Météo » de M. Verdier. La lettre ouverte qu’il a adressée à François Hollande était également signée « chef du service météo de France 2 et auteur de Climat investigation ». Selon une source à France Télévisions, M. Verdier a d’abord fait l’objet d’un rappel à son devoir de réserve, sans sanction, après sa lettre ouverte au président de la République, datée du 1er octobre. Mais M. Verdier a, dans les médias mentionné son différend avec sa hiérarchie, suggérant des pressions politiques : « Le livre n’est pas apprécié par la direction de France Télévisions. L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat, et l’Etat organise la COP21. Je suis conscient que ça ne fait pas plaisir à mes patrons, qui ont des pressions », a-t-il dit sur RMC.Une campagne habileMi-octobre, M. Verdier a donc été mis à pied. Le 22 octobre, il a eu un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Force ouvrière a activement défendu M. Verdier et l’a accompagné lors de son entretien. Le syndicat se réservait le droit de contester sa sanction, devant le défenseur des droits ou aux prud’hommes « au nom de la liberté d’expression ».Les autres syndicats ont été plus prudents. La rhéthorique parfois complotiste du « M. Météo » de France 2 en gêne certains à France Télévisions. Certaines de ses affirmations sur le réchauffement climatique ont été contestées. Et son éditeur semble exploiter son différend avec France Télévisions dans sa campagne habile autour du livre.« Il y a un décalage entre le ton de la promotion et l’image de discrétion et de sérieux qu’il avait dans la rédaction », estime un journaliste de France 2. Ses collègues ont été surpris, comme à BFM-TV, où il travaillait avant son arrivée, en 2011, à France Télévisions. « C’est un vrai pro, nous avons regretté son départ, se souvient le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud. Il n’était pas militant : il avait tenu à couvrir une conférence sur le climat, ce qui témoignait d’un intérêt, mais il n’a jamais parlé de doutes sur le processus [de réchauffement climatique]. »De son côté, Ring n’en est pas à sa première polémique. L’éditeur a déjà fait parler de lui lors de la parution de livres sur des thématiques proches de l’extrême droite, comme La France Orange mécanique, de Laurent Obertone, ou Une élection ordinaire, imaginant l’accession à la présidence de la République de l’essayiste militant Eric Zemmour.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter William Audureau Ni César ni Oscar, mais plutôt un beau bazar. Alors qu’Angoulême et Cannes sont mondialement reconnus pour leurs récompenses dans les domaines de la bande dessinée et du cinéma, le jeu vidéo, lui, court toujours après son rendez-vous français de référence. Ce n’est pourtant pas faute de tenter : rien qu’entre le lundi 26 et le vendredi 30 octobre, l’Hexagone a abrité quatre remises de prix différentes, les EIGD Awards à Montreuil, les Ping Awards à la Cité des sciences et de l’industrie, les Game Connection Development Awards ainsi que les trophées Paris Games Week au parc des Expositions de Paris.Derrière chacun de ses prix, un organisateur de type différent : syndicat représentant la filière nationale (SNJV) côté EIGD Awards ; syndicat d’éditeurs de taille mondiale présents en France (Sell) pour les trophées Paris Games Week ; organisateur d’événements professionnels internationaux (Connection Events) pour les Game Connection Development Awards ; et même agence indépendante multitâche pour les Ping Awards (l’AFJV, mini-structure qui sert notamment de portail informatif et de site de recrutement aux professionnels de France).Objectifs différentsDans le détail, les quatre prix répondent à des objectifs différents. Les Ping Awards récompensent la création franco-française, les EIGD Awards les indépendants européens, les Game Connection Awards sont un trophée professionnel et les trophées Paris Games Week, des récompenses adossées à un salon consumériste.La cérémonie de remise des prix des European Indie Game Days Awards, présidée par F. Raynal (Alone in the Dark) https://t.co/0eCwhm5lNf— Willvs (@William Audureau)require(["twitter/widgets"]);Ces différences de vues se traduisent dans le palmarès. Le jeu narratif Life is Strange, développé à Paris, a remporté le Ping d’or du meilleur jeu français ; le jeu mobile suisse Cloud Chasers l’EIGD Award du meilleur jeu indépendant européen ; le jeu britannique Lumino City le Game Connection Development Award du meilleur jeu indépendant selon la profession, et Uncharted 4 le trophée du meilleur jeu présent sur le salon grand public de la Paris Games Week. « Ces récompenses ont toutes des objectifs différents », résume Julien Villedieu, délégué général du SNJV.Avec des contraintes propres. Life is Strange, sensation française de l’année, n’était ainsi éligible ni aux EIGD ni aux GCD Awards, car il est édité par le géant japonais Square Enix, et ne rentrait pas dans la catégorie jeu indépendant. Il ne satisfaisait pas non plus aux critères d’admissibilité de la Paris Games Week, car il figurait sur le stand de l’éditeur sous forme de vidéo. « La seule condition, c’est d’être présent et jouable sur le salon », précise Emmanuel Martin, pour qui ces trophées sont aussi un moyen d’inviter les joueurs à se rendre au parc des Expositions pour essayer les jeux.« Bienvenue en Union soviétique »Vu de l’extérieur, ces récompenses évoquent parfois plus des réunions au sein de microcosme qu’une célébration nationale, d’autant que le choix des lauréats prête parfois à confusion. Jeudi soir, Fabien Delpiano, nouveau président de Capital Games et fondateur du studio Pastagames, était ainsi tout penaud en découvrant le contenu de l’enveloppe finale. Le Grand Ping 2015, saluant la personnalité de l’année, était en effet décerné à Cédric Laguarrigue, président de Focus Home Interactive, et accessoirement son éditeur sur le jeu Pix the Cat.Vendredi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur commercial et marketing de Microsoft France, mais aussi président du SELL et, à ce titre, organisateur de la Paris Games Week, s’est remis à lui-même trois trophées pour des jeux Xbox One. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », a-t-il fini par commenter avec humour au moment de brandir le troisième trophée, en réalité, décerné par un jury de journalistes spécialisés.« Je conçois qu’on puisse y voir de l’entre-soi, mais il faut voir à qui vont ces prix, tempère Julien Villedieu, délégué général du SNJV. Focus Home Interactive est un éditeur de premier plan, et son dirigeant Cédric Lagarrigue une personnalité de premier ordre de notre secteur, qui a réussi au niveau professionnel la transformation d’un petit éditeur en acteur qui concurrence les plus gros. C’est quelqu’un d’extrêmement légitime, qui a déjà été distingué par le Syntec l’an passé. Quant à Jean-Claude Ghinozzi, s’il a reçu ces trophées, c’est que les jeux proposés ont paru les meilleurs au jury. C’est ce qu’il faut regarder. » Peu de temps pour les jurys« Si on veut que ces trophées soient crédibles, on a besoin d’un jury qui travaille en profondeur », confirme Emmanuel Martin, du Sell. Celui de la Paris Games Week était présidé par Alain-Huygues Lacour, vétéran de la presse jeux vidéo. « Quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche et a imposé ses conditions », promet Emmanuel Martin.Chaque organisateur est conscient de l’importance d’arriver à des récompenses légitimes et respectées. Emmanuel Forsans, président de l’AFJV et coorganisateur des Ping Awards, ne cache pas son ambition d’en faire un jour l’équivalent des Césars du jeu vidéo, tandis qu’Emmanuel Martin, du Sell, rêve d’un parterre de jurés composé de plusieurs dizaines ou centaines de professionnels, à la manière des Oscars. Mais ces récompenses sont tenues par des contraintes de temps, et la difficulté de faire essayer une trentaine de jeux vidéo parfois longs de plusieurs heures à un jury qui n’a souvent qu’un après-midi pour se réunir. Une des raisons, sans doute, pour laquelle le jeu de rallye WRC 5 a reçu le Ping du meilleur jeu français sur console : une dizaine de minutes suffit à n’importe quel juré pour terminer plusieurs courses, là où un jeu de rôle ne « démarre » traditionnellement qu’au bout de six à dix heures de jeu.Des catégories à géométrie variableIl arrive également que le jury s’arrange avec les catégories. Par exemple, à la Paris Games Week, le prix du meilleur jeu du salon a été remis à Uncharted 4, un jeu d’action-aventure, alors que le prix du meilleur jeu d’action-aventure a été octroyé à The Rise of Tomb Raider. « Cela a permis d’équilibrer un peu les choses entre ces deux jeux qu’on avait du mal à départager », décrypte Alain-Huygues Lacour.Plus étonnant, deux casques de réalité virtuelle ont été primés dans deux catégories différentes, le HTC Vive côté accessoire et le PlayStation VR côté innovation technologique. « Deux démarches différentes », assure Emmanuel Martin. Aux Ping Awards, c’est un prix spécial spécialement créé pour l’occasion qui a récompensé A Blind Legend, jeu vidéo-audio à l’écran noir et accessible aux non-voyants. Il a été présenté dans un malaise ambiant comme « le prix du politiquement correct » par les deux coprésidents, les animateurs de radio Manu Levy et Florian Gazan.Lire aussi :« A Blind Legend », le jeu d’aventure sonore à tester les yeux fermésHeureusement, à la marge, ces récompenses mettent aussi en avant des jeux prometteurs en manque de visibilité. A l’image de Shiness, un jeu de rôle à la japonaise dans un univers à la Naruto, mené depuis cinq ans par de jeunes et ambitieux Lillois (trophée du meilleur jeu manga à la Paris Games Week). Ou de Zodiac : Orcanon Odyssey, création franco-écossaise en partenariat avec des anciens de Final Fantasy (Ping du meilleur jeu mobile et tablette). « On essaie de faire de la place à tout le monde, et que le meilleur gagne », se félicite Emmanuel Martin.« On essaie de créer des passerelles »Il reste qu’avec quatre cérémonies différentes et plus de soixante prix contradictoires remis dans la même semaine, personne n’est dupe du message brouillé qu’envoient toutes ces récompenses. « Elles ont toutes des objectifs différents, mais c’est vrai que l’on peut regretter qu’il y ait autant d’initiatives, concède Julien Villedieu. On ne va pas se satisfaire d’avoir quatre ou cinq cérémonies, c’est regrettable. » « On est la risée de l’Europe », grince un professionnel en privé.Certains rapprochements existent déjà, grâce notamment à des associations impliquées dans plusieurs événements, comme Capital Games. Ce groupement francilien est à la fois l’organisateur du stand made in France à la Paris Games Week et l’un des principaux partenaires des Ping Awards. Ce qui a permis d’arriver à un intitulé à rallonge, celui du « prix du meilleur jeu exposé sur le stand made in France », remporté par Blood Bowl Kerrunch.Le plus difficile reste toutefois de concilier l’approche cocardière des Ping Awards et l’approche consumériste de la Paris Games Week. Un faux problème, estime Julien Villedieu. « Nos entreprises font 50 % de leur chiffre d’affaires à l’international, donc ce qu’elles attendent, ce n’est pas une reconnaissance juste locale. Si, un jour, il y a une volonté de faire quelque chose d’unifié, il faudra que le jeu vidéo français soit récompensé au sein du jeu vidéo international. » Mais le premier Ping du jeu international, prévu cette année, n’a pas été décerné faute de candidats.William AudureauJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Damien LeloupL’entrée de Vivendi au capital d’Ubisoft l’a mis en lumière : les très grands éditeurs de jeux vidéo ne sont pas à l’abri d’une tentative de prise de contrôle. Qu’ils soient américains, japonais ou européens, la quasi-totalité d’entre eux sont en effet cotés en Bourse.Qui sont les actionnaires des géants du jeu ?En s’emparant de plus de 10 % des parts du premier éditeur français de jeu vidéo, Vivendi, la multinationale du divertissement dirigée par Vincent Bolloré, a créé la surprise. Pour Ubisoft, tout d’abord, qui affirme n’avoir pas été prévenu de cette entrée au capital jugée « agressive ».Lire aussi :Le PDG d’Ubisoft dénonce « l’agression » de VivendiMais ce mouvement apparaît aussi peu commun car les multinationales du divertissement investissent en général peu dans les géants du jeu vidéo – la trajectoire de Blizzard (Warcraft, Diablo…), passé par Universal puis Vivendi avant de fusionner avec Activision, faisant figure d’exception. Chez les principaux éditeurs au monde, en termes de ventes et de chiffre d’affaires, la vaste majorité des actionnaires appartiennent à deux catégories : les fondateurs et salariés de l’entreprise (qui détiennent par exemple un quart d’Activision-Blizzard) et surtout les fonds d’investissement, les banques privées et autres sociétés spécialisées dans la gestion d’actifs.Excepté Vivendi, une seule autre grande société internationale du divertissement investit de manière importante dans des éditeurs de jeux vidéo : Sony, qui édite aussi ses propres jeux, et possède un peu plus de 8 % de son partenaire historique Square Enix (Final Fantasy…). Un élément souligné par Yves Guillemot, le PDG d’Ubisoft, dans un entretien aux Echos : « Dans le jeu vidéo, pas une seule société ne fonctionne à l’intérieur d’un groupe de ce genre ».Vivendi peut-elle prendre le contrôle d’Ubisoft avec seulement 10,4 % des actions ?En théorie, pour contrôler une entreprise, il faut en détenir la majorité des actions - un actionnaire possédant plus de 50 % du capital obtient, sauf cas particulier, la majorité absolue des droits de vote au conseil d’administration, où se prennent toutes les décisions stratégiques de la société.En pratique, c’est plus compliqué, notamment dans les grandes entreprises cotées en Bourse. Ces dernières comptent en effet de très nombreux investisseurs détenant chacun une petite partie du capital (moins de 2 %). Lorsque le capital est ainsi émietté, aucun actionnaire ne peut imaginer rassembler 50 % des actions. Dès lors, les plus « gros » détiennent le pouvoir sur l’entreprise, même s’ils ne possèdent « que » 10 %, 20 % ou 30 % des parts.Ces « actionnaires de référence » disposent alors de sièges supplémentaires au conseil d’administration, doublé d’un poids considérable de fait. Leurs propositions sur la stratégie de l’entreprise sont en général suivies par les « petits » investisseurs, qui ne souhaitent pas participer activement à la gestion de la société et attendent simplement un rendement de leur placement.Ubisoft présente le même cas de figure : une multitude de « petits » investisseurs, qui possèdent chacun moins d’un pour cent de la société et six investisseurs détenant plus de 2 % du capital. Parmi ces derniers, des fonds d’investissement, mais aussi et surtout la famille Guillemot, les fondateurs de l’entreprise, qui ont gardé un peu moins de 10 % des actions. En montant à 10,4 % du capital, Vivendi devient donc le premier actionnaire d’Ubisoft - une position de force.Peut-on empêcher la prise de contrôle par un acheteur extérieur ?Mais toutes les actions ne se valent pas : dans certaines sociétés, dont Ubisoft, il existe différentes catégories, ouvrant des droits différents à leurs propriétaires. Certaines peuvent ainsi ne pas accorder de droits de vote au conseil d’administration, ou, au contraire, « peser » plus lourd en termes de voix. Les actions détenues par la famille Guillemot, comme souvent pour les fondateurs d’une entreprise, lui octroient en réalité 16 % des droits de vote.Au-delà de ce mécanisme, les sociétés peuvent également, si leur trésorerie le leur permet, racheter leurs propres actions pour se protéger de prises de contrôle non souhaitées, comme Nintendo, qui a émis des actions pour financer ses développements, avant d’en racheter une partie. Dans un autre secteur, Apple procède également régulièrement à des rachats d’actions.Quelles sont les conséquences des changements d’actionnaires ?Lorsqu’une société change d’actionnaire majoritaire, le nouvel entrant cherche en général à appliquer une nouvelle stratégie. Les conséquences peuvent être très diverses : historiquement, dans le domaine des jeux, les rachats se sont souvent traduits par l’annulation de projets, des changements de modes de distribution ou la mise en place de nouveaux projets.Lire aussi :« Star Wars », « Crash Bandicoot »… Ces jeux vidéo annulés à la suite d’un rachatDans le cas d’Ubisoft, Vivendi, qui a pendant plusieurs années possédé Sierra et Blizzard avant la fusion Activision-Blizzard, a laissé entendre qu’il souhaitait mettre en place des synergies avec ses autres sociétés. Vivendi possède notamment Canal+, tandis qu’Ubisoft a lancé son propre studio de production vidéo en 2001.Lire aussi :Pourquoi Ubisoft intéresse VivendiLes géants du jeu vidéo sont-ils aux mains des sociétés d’investissement ?Au premier regard, on pourrait croire que les sociétés de gestion d’actifs contrôlent, indirectement, certains très grands éditeurs. Les dix principaux actionnaires d’Electronic Arts, par exemple, sont des fonds de placement ou des sociétés de gestion d’actifs, qui possèdent chacune entre 2,75 % et 8 % du capital. Pour autant, ces sociétés ne s’impliquent pas nécessairement directement dans la gestion de l’entreprise. Surtout, Electronic Arts et Take-Two, qui est dans le même cas de figure, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des grandes sociétés du jeu vidéo. Chez Activision-Blizzard, les actionnaires internes, regroupés, constituent l’actionnaire de référence. Chez Square-Enix, le fondateur de la société détient directement ou indirectement plus d’un quart des parts et reste le premier actionnaire.Peut-on encore parler d’entreprises « françaises », « américaines », ou « japonaises » ?Cela dépend… du critère qui est privilégié. Les géants du jeu vidéo sont aujourd’hui tous des multinationales, avec des filiales et des bureaux partout dans le monde. Ils possèdent tous des studios dans le pays où se situe leur siège social, mais aussi à l’étranger, notamment au Canada (Ubisoft, EA…).La question de la nationalité des actionnaires principaux de ces sociétés demeure en revanche un sujet sensible. Pour des raisons symboliques et historiques, les sociétés japonaises tentent de ne pas dépendre d’investisseurs étrangers, même si la société est présente à l’étranger depuis des décennies et travaille avec des studios et des distributeurs du monde entier. Ainsi, Nintendo, qui classe dans ses documents financiers ses investisseurs en fonction de leur nationalité, a pris soin de faire en sorte que la part des non-japonais dans son capital reste sous la barre des 50 %. La nationalité a sans doute facilité la tâche de Vincent Bolloré pour entrer au capital d’Ubisoft : si elle avait été menée par une entreprise étrangère, une opération de ce type aurait vraisemblablement provoqué une réaction du gouvernement français, qui cite régulièrement Ubisoft comme exemple des réussites françaises en matière de jeux vidéo. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.10.2015 à 08h29 • Mis à jour le29.10.2015 à 19h57 | Alexandre Piquard Un nouveau patron et, déjà, une nouvelle stratégie ? Les choses ne sont pas si tranchées : l’arrivée prévue de Gilles Pélisson comme futur patron de TF1, confirmée mercredi 28 octobre, se fait main dans la main avec le PDG sortant, Nonce Paolini, et l’actionnaire Martin Bouygues. Mais l’annonce, dès le lendemain, jeudi, de l’entrée en négociations exclusives avec Newen, un des plus gros producteurs français, est une surprise. Elle tranche avec la période plus prudente et gestionnaire des dernières années.« TF1 pourrait prendre une participation majoritaire dans Newen », affirme le communiqué du groupe publié jeudi matin. Le but : « Nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels. » Newen est présent dans tous les genres, à travers ses quatre filiales, Telfrance, Capa, Be Aware et 17 Juin Media. Il produit les fictions Plus belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Versailles ou les émissions « Les Maternelles », « Le Magazine de la santé » ou « Faites entrer l’accusé ». Troisième producteur français derrière Banijay et Lagardère Entertainment, le groupe constitué par Fabrice Larue cherchait à grandir pour peser davantage en Europe, où une concentration est en cours.Si une telle prise de contrôle se concrétise, TF1, le premier groupe privé de télévision gratuite en France avec les chaînes TF1, TMC, NT1 et HD1, deviendrait l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+. Newen est présenté par son PDG, Fabrice Larue, comme « le troisième producteur français de programmes de flux » et cherche à s’internationaliser.Lire aussi :Le groupe de production Newen veut grossir et s’internationaliserEn quête de nouvelles recettesPour TF1, acquérir Newen est une réponse à l’un des deux axes stratégiques affichés pour l’avenir du groupe, confronté aux limites du modèle de la télévision gratuite financée par la publicité. Il s’agit de l’investissement dans la production, pour « remonter dans la chaîne de valeur ». TF1 a en tête le modèle de la chaîne britannique ITV, qui a racheté des sociétés comme Talpa. Le Vivendi de Vincent Bolloré a, lui, pris 30 % du poids lourd Zodiak-Banijay.L’idée est de générer de nouvelles recettes en revendant les droits de ces contenus. Une volonté commune à toutes les chaînes, qui négocient en ce moment avec les pouvoirs publics et les producteurs. TF1 cherche là des revenus « contracycliques ».L’accord TF1-Newen est un « beau projet », selon la ministre de la culture, Fleur Pellerin, interrogée par Le Monde. Il s’inscrit dans sa volonté de faire « émerger des champions français » de l’audiovisuel, même si Mme Pellerin sera attentive à « l’indépendance éditoriale » de Newen.France Télévisions, en revanche, a dénoncé dans un communiqué ce « projet de prise de contrôle » et conteste que les « investissements de France Télévisions, principalement financés par la contribution des citoyens par la redevance, puissent aujourd’hui faire l’objet d’une telle tractation ». Le groupe public a ainsi annoncé la suspension des « développements et des projets » avec Newen.Lire aussi :Les défis de TF1 en quatre chiffresAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le27.09.2015 à 16h24 | Thomas Wieder et Ariane Chemin « Zemmour président ! » C’est la couverture de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, jeudi 24 septembre. Un slogan qui claque comme une affiche électorale, le scénario imaginaire d’un livre écrit par un journaliste maison, Geoffroy Lejeune (Une élection ordinaire, Ring) qui installe au terme d’une campagne semée d’embûches l’auteur du Suicide français (Albin Michel, 2014) à l’Elysée, en 2017.Une fiction, bien sûr ; un pitch dont Eric Zemmour n’a pas eu l’initiative – il en a reçu les épreuves, mais n’a pas eu son mot à dire. « Je ne suis ni élu ni éligible », confiait Zemmour devant Robert Ménard, qui l’avait reçu en octobre 2014 à Béziers pour son futur best-seller. Il avait aussi lâché cette phrase qui sonnait comme une prophétie : « Les hommes politiques ont peu d’importance, et plus on avance et moins ils en auront. »Quelques mois plus tôt, le journaliste avait refusé une place éligible sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) aux européennes. Le 16 septembre, on lui a demandé sur France 5 s’il se verrait ministre de la culture de Marine Le Pen, fauteuil dans lequel l’avait assis un jour la présidente du FN, il a encore répondu (en précisant que l’étiquette frontiste n’est pas l’obstacle) : ministre, « je [n’y] tiens pas spécialement ». D’après un sondage commandé par l’hebdomadaire à l’IFOP, 12 % des Français seraient « prêts à voter » pour Zemmour à la présidentielle. Susciter la demande pour imposer l’offre, comme disent les spécialistes de l’opinion : voilà... 25.09.2015 à 18h05 • Mis à jour le25.09.2015 à 20h35 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-MorettiL’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, est visée par une polémique pour avoir évoqué deux fois au cours de l’émission, jeudi 24 septembre, le discours « de vérité » du Front national, dans lequel, selon elle, « les Français se reconnaissent ». Simple maladresse d’expression surexploitée médiatiquement ou phrase révélatrice ? Difficile de répondre. Pour Eric Dupond-Moretti, l’avocat que Mme Biraben interrogeait ce jour-là, la polémique est « débile ». De son côté, joint par Le Monde, Canal+ a choisi de ne pas commenter. Mme Biraben, elle, a assuré que son expression désignait « la forme, pas le fond » du discours frontiste.Lire aussi :Maïtena Biraben assure avoir voulu parler « de la forme, pas du fond » du discours du FNÀ un moment où la chaîne est scrutée, car elle a changé de mains depuis l’arrivée de Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, plusieurs séquences du « Grand Journal » impliquant des responsables du FN ont récemment été taxées de complaisance. Lors de l’émission du 9 septembre, un sujet, tourné le week-end précédent à l’université d’été du Front national, montrait le journaliste Cyrille Eldin plaisantant avec Marine Le Pen et d’autres cadres. Quelques jours plus tard, le 15 septembre, Maïtena Biraben recevait Robert Ménard, le maire de Béziers, présenté comme « un pro de la com ».« Une chaîne de bobos de gauche »L’animatrice du « Grand Journal » est consciente que Canal+ a une image de chaîne de « bobos de gauche ». Et fait le lien avec le traitement du FN, comme elle l’a expliqué à TéléObs en juin, alors qu’elle était en charge du « Supplément » :« S’il y a bien une personne que j’attends, c’est Marine Le Pen. Elle ne veut pas venir sur Canal+. Elle considère que c’est une chaîne de bobos de gauche et j’en pâtis. Je suis certainement bobo mais personne ne peut dire si je suis de gauche ou de droite. Je le répète : elle est la bienvenue dans Le Supplément quand elle veut. »Maïtena Biraben a précisé aussi sa vision du traitement journalistique du FN :« Je ne comprends pas cette polémique qui consiste à se demander s’il faut ou non interviewer les personnalités du FN. Si ce parti est autorisé, je ne vois pas pourquoi je me pincerais le nez pour recevoir ses élus. Ils nous doivent des comptes, pas plus pas moins que ceux d’autres partis. »Elle rêve aussi d’accueillir « Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Matteo Renzi, Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances, Hillary Clinton, Bill Gates ou Vladimir Poutine. (…) Je ne m’interdis rien. »Contre un Canal+ « arrogant » et « parisien »L’approche personnelle revendiquée par Maïtena Biraben prend un relief particulier dans un contexte de grande attente autour de la ligne du « nouveau Canal », repris en main depuis juillet par l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Depuis leur arrivée à la tête de Canal+, M. Bolloré et ses hommes insistent sur le fait que les chaînes du groupe doivent éviter d’être trop « clivantes », notamment avec les sujets politiques ou religieux. À la direction de Vivendi, on souhaite ainsi tourner le dos à un Canal+ décrit comme trop « arrogant » et « parisien ».Ces qualificatifs ne sont pas sans rappeler ceux-là mêmes qu’employait récemment encore Marine Le Pen ou Eric Zemmour pour parler de la chaîne. Ces dernières années, la présidente du FN a choisi de cibler Canal+, faisant de la chaîne un symbole, à ses yeux, du « conformisme » et du « prêt-à-penser ».Cela ne l’a pas empêché d’accepter souvent les invitations de la chaîne, bien avant l’arrivée de Maïtena Biraben au « Grand Journal » : elle s’est rendue quatre fois dans le talk-show entre 2004 et 2011 puis, depuis 2011, au moins une fois par an, mais pas jusqu’ici en 2015. Elle a également été invitée au moins trois fois de la matinale d’i-Télé cette année.Dans ses relations avec Canal+, Mme Le Pen a régulièrement mis en scène son hostilité envers un média qu’elle a décrit peuplé de « bobos horribles ». La tension a été particulièrement vive avec « Le Petit Journal », qu’elle a – sans succès – attaqué en justice en 2011 et dont les journalistes ont été à maintes reprises refoulés d’événements organisés par le FN, avant qu’une équipe de l’émission soit agressée lors du défilé du parti le 1er mai 2015. En février, Mme Le Pen, interrogée lors d’un déplacement, assurait même : « Je ne réponds pas à Canal+. » Plus généralement, Mme Le Pen a multiplié les échanges musclés avec des figures de Canal+ comme Michel Denisot ou Anne-Sophie Lapix, qui l’avait mise en difficulté en janvier 2012 dans Dimanche +.Le souvenir de l’éviction d’Eric ZemmourCette relation houleuse avec le FN – la chaîne n’est pas la seule : Mediapart, Le Monde ou France Inter, entre autres, ont aussi subi ses critiques – a-t-elle vocation à s’apaiser ? Les mots de Maïtena Biraben, lâchés en direct, ne suffisent pas à l’établir.Depuis juillet, la prise de contrôle de Canal+ par le nouveau patron de Vivendi s’est accompagnée d’un soupçon de motivations politiques. M. Bolloré a été accusé de vouloir supprimer les « Guignols » pour faire plaisir à son ami Nicolas Sarkozy, ce qu’il a démenti.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementMais la vision exprimée par Vivendi d’une chaîne qui ne doit pas exclure des catégories de personnes – et de spectateurs et clients – évoque l’argumentation d’une radio comme RTL pour justifier le maintien à l’antenne d’Eric Zemmour, considéré comme incarnant un courant de l’opinion. La direction précédente de la chaîne d’information en continu du groupe Canal+, i-Télé, limogée depuis, s’était illustrée par son éviction de l’essayiste militant, fin 2014. Une décision qui avait déplu à la direction de Vivendi.À la rentrée, la nomination à la direction de la rédaction d’i-Télé de Guillaume Zeller – fidèle de M. Bolloré passé par la chaîne Direct 8 mais aussi proche du catholicisme traditionaliste – a alimenté en interne les craintes d’une droitisation de la chaîne d’information.Lors d’une réunion, une journaliste de la chaîne a demandé à M. Zeller si Patrick Buisson, l’ancien conseiller maurrassien de Nicolas Sarkozy, pourrait arriver sur la chaîne. Le directeur de la rédaction a fermement démenti, en haussant le ton. Et depuis, il a assuré au Conseil supérieur de l’audiovisuel, comme M. Bolloré, qu’i-Télé produirait une information « impartiale », « équilibrée » et non partisane. Donc pas marquée à droite mais pas à gauche non plus.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréLes prochaines semaines du « Grand Journal » et l’évolution des chaînes de Canal+ et de sa production montreront si la reprise en main par Vivendi marque aussi une inflexion d’image et de ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 12h10 • Mis à jour le25.09.2015 à 20h49 L’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, a-t-elle dérapé, jeudi 24 septembre sur Canal+, en affirmant que « les Français se reconnaissent dans le discours de vérité tenu par le Front national » ?La polémique a enflé toute la journée de vendredi, à tel point que l’animatrice a fait une mise au point dès l’ouverture du « Grand journal », en début de soirée, pour assurer qu’elle parlait « de la forme, pas du fond » :« Hier soir, je recevais l’avocat Eric Dupond-Moretti. Dans mon interview, j’ai utilisé à propos du Front national l’expression “discours de vérité” . Il était question de la forme, pas du fond. (...) J’aurais pu dire un discours cash, un discours anti-langue de bois – c’était évidemment le propos de l’émission –, j’ai dit “un discours de vérité”. »« Alors pour éviter tout nouveau raccourci, je vous renvoie au replay » de l’émission, poursuit-elle. Dans la vidéo en question, on peut voir Mme Biraben interroger Eric Dupond-Moretti sur le thème du « politiquement correct » et affirmer :« Vous savez que les propos de la vérité sont souvent tenus et incarnés par le Front national aujourd’hui, rarement par le Parti socialiste, très rarement par les partis classiques. C’est quelque chose qui vous pose problème ou que vous entendez et qu’à la fin des fins vous comprenez ? »Voir la vidéo (cet échange à la 18e minute) :Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-Moretti« Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention notre émission (...) Surtout continuez mais s’il vous plait, n’hésitez pas à être un tout petit peu détendus quand même », a-t-elle enfin ironisé.Lire aussi :Maïtena Biraben et le FN : derrière le dérapage, un changement de ligne ?Une « connerie » pour Philippe GildasToute la journée, les commentaires se sont déchaînés sur les réseaux sociaux et sous les articles de presse. Pour certains, ce dérapage était préparé dans le but de « faire du buzz » et remonter les audiences « catastrophiques » de l’émission ; certains, « au bord de la bollobsession », allant jusqu’à y voir un potentiel effet de la reprise de la chaîne par Vincent Bolloré. D’autres encore émettent l’hypothèse que les propos de Maïtena Biraben avaient pour but d’améliorer les relations entre Canal+ et le FN, parti politique qui considère que c’est une « chaîne de bobos de gauche ».Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »A l’inverse, pour l’ancien présentateur de « Nulle Part Ailleurs » (ancêtre du « Grand Journal »), Philippe Gildas, la « connerie » de Maïtena Biraben n’était pas préméditée, mais due à un manque d’expérience. Il a ainsi insisté sur le fait qu’elle était présentatrice de l’émission « Les Maternelles » alors que lui avait été rédacteur en chef, avant de prendre les rênes de l’émission, et présentateur du journal télévisé, trente-cinq ans plus tôt.« La chance que j’ai eue, c’est que j’avais une longue carrière de journaliste avant [de faire Nulle Part Ailleurs]. Je savais très bien diriger des équipes et faire en sorte qu’on ne dise pas trop de conneries. D’ailleurs, une connerie comme celle-là, je ne l’ai jamais faite. Mais après, il faut qu’elle apprenne. »Un polémique « débile » selon Dupond-MorettiLa journaliste de TF1, Valérie Nataf, est, quant à elle, venue en aide à Maïtena Biraben en insistant sur la difficulté d’assurer une émission en direct : c’est « l’exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. »Le direct. L'exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. Que celui qui n'a jamais dit de bêtises en direct lève la main— vnataf (@Valérie Nataf)require(["twitter/widgets"]);De la même façon, Eric Dupond-Moretti, qui n’a pas réagi en direct aux formules employées par Maïtena Biraben, a déclaré vendredi: « C’est du direct. Qui peut penser que Maïtena Biraben pense qu’il s’agisse d’un discours de vérité ? »« C’est débile de faire une polémique comme ça. Le langage est complètement cadenassé. C’est insupportable, ces conneries. »Il fallait, a-t-il expliqué vendredi sur 20minutes.fr, interpréter sa phrase comme « ce que disait Laurent Fabius en 1984 : “Le Front national pose les bonnes questions mais apporte de mauvaises réponses.” »Reste que les principaux intéressés de cette polémique, les membres du Front national, en ont profité pour répéter leur ritournelle sur la « pensée unique » :#MaïtenaBiraben à l'épreuve du conformisme idéologique de sa profession. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire...— Marion_M_Le_Pen (@Marion Le Pen)require(["twitter/widgets"]);La caste perd la tête : lyncher une journaliste car elle pose des questions qui déplaisent aux chantres de la pensée unique. #MaïtenaBiraben— f_philippot (@Florian Philippot)require(["twitter/widgets"]);Quand M Biraben dit que le FN tient1discours de vérité, les patineurs du PAF parlent de dérapage: sur la banquise du conformisme ça glisse.— GilbertCollard (@Gilbert Collard ن)require(["twitter/widgets"]); Joël Morio C’est un simple amendement adopté discrètement en commission à l’Assemblée nationale qui a amené les patrons de RTL, de NRJ, du pôle radio de Lagardère Active et des Indés Radios à signer ensemble une lettre rendue publique le 24 septembre par Les Échos. Un fait rare pour des hommes plutôt habitués à s’affronter à fleurets mouchetés. Dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation a inséré dans le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine un article qui prévoit de durcir les règles des quotas d’œuvres françaises que les stations doivent suivre.Selon ce texte, lorsque plus de la moitié des œuvres françaises diffusées se concentre sur dix titres, les passages intervenant au-delà de ce seuil ne seraient plus comptabilisés pour les calculs de respect des quotas de chansons françaises. La quarantaine de députés qui a signé l’amendement juge que l’exposition de la musique francophone en radio n’a cessé de se dégrader. « Sur certaines radios, à l’heure actuelle, dix titres francophones peuvent représenter jusqu’à 75 % des diffusions francophones mensuelles », écrivent-ils dans l’exposé sommaire qui justifie leur proposition.« Tutelle artistique » et « atteinte à la liberté éditoriale »Mais les patrons de radios ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, cette mesure porte « gravement atteinte à la liberté éditoriale » de leurs stations. « Ce n’est pas aux Parlementaires de nous dire ce que nous devons diffuser. C’est nous mettre sous tutelle artistique », ajoute en crescendo, Emmanuel Rials, président de station rock Oüi FM. Les signataires de la lettre ouverte considèrent que ce texte n’est pas dicté par un souci de la défense de la chanson française, mais par « des intérêts bien compris de l’industrie du disque qui cherche à détourner les auditeurs de leurs radios gratuites pour les diriger vers des plates-formes payantes et dont ils sont, pour les plus importants d’entre eux, par ailleurs actionnaires ».En clair, les radios se plaignent de la concurrence de services comme Spotify ou Deezer qui ne sont soumis à aucune règle de quota. « À cause des quotas que nous subissons, ils passent pour des lieux où l’on est libre d’écouter ce que l’on veut », tonne Jean-Éric Valli, président des Indés Radios.Faiblesse de la production francophoneDu côté des maisons de disques et des auteurs-compositeurs, on salue au contraire le vote de cet amendement. « C’est une avancée capitale pour la création musicale qui n’entrave en rien la liberté éditoriale des radios mais ouvre la porte de leur programmation à deux nouveaux titres par mois », expliquent dans un communiqué une dizaine d’organismes représentant les artistes et les producteurs. Un chiffre que l’on estime fantaisiste du côté des radios qui pointent un autre problème : « Entre 2003 et 2014, en dépit des dispositifs d’aides considérables dont bénéficie la filière musicale, la production française s’est effondrée de plus de 60 % ! Pis, aujourd’hui, 83 % de la production française n’est pas francophone ! » Des artistes comme Daft Punk, David Guetta ou Charlotte Gainsbourg ont préféré s’exprimer en anglais et ainsi conquérir de nouveaux marchés. « Si ce n’était pas interdit par la réglementation européenne, ce sont des quotas de production de titres francophones qu’il faudrait instaurer », estime Jean-Éric Valli.Les radios appellent le gouvernement à rejeter l’amendement adopté en commission. Pour faire entendre leur voix, elles incitent leurs auditeurs à téléphoner à Manuel Valls en communiquant dans des spots le numéro du standard de Matignon. Les députés examineront le projet de loi à partir de lundi 28 septembre.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.09.2015 à 18h57 Quel épisode d’une série rend les spectateurs « accros » et les motive à voir une saison en entier ? C’est la question que s’est posée le géant américain de la vidéo à la demande, Netflix, en étudiant les visionnages réels de séries dans seize pays différents, dont la France, de janvier à juillet 2015.La société américaine en vient à la conclusion que, contrairement à une idée répandue dans l’industrie télévisuelle, le pilote d’une série n’a quasiment aucune influence sur le choix du spectateur de suivre ou non la production jusqu’à la fin de la saison, comme l’explique Ted Sarandos, responsable en chef du contenu au sein de l’entreprise :« Etant donné la nature précieuse des cases horaires en prime time à la télé traditionnelle, on pourrait penser que le pilote est le point le plus important dans la vie d’une série. Cependant, dans notre analyse de plus de 20 séries à travers 16 marchés, nous avons découvert que personne n’a jamais été captivé par une série après un pilote. Cela nous conforte dans l’idée que rendre tous les épisodes disponibles d’un coup est plus en phase avec la manière dont se constituent les fans. »L’épisode 2 de « Breaking Bad »Netflix, qui parle d’« épisode hameçon » quand 70 % des spectateurs qui l’ont vu ont ensuite regardé la saison en entier, cite les épisodes 2 de Breaking Bad et 3 de Orange is the New Black et de Dexter, trois séries américaines populaires. Celui de Breaking Bad contient notamment une scène-choc, celle d’une baignoire remplie d’acide et d’un corps en décomposition qui traverse un plafond, qui pose le ton jusqu’au-boutiste de la série. L’épisode 3 de Dexter lève quant à lui le voile sur le premier crime du héros, un serial killer travaillant incognito pour la police. Au-delà de la question du pilote, c’est le modèle créatif des séries qui est en jeu. Netflix et les services de vidéo à la demande connectés permettent de passer du modèle créatif historique, basé sur l’offre (la série telle qu’envisagée par la chaîne et ses producteurs) à une production pensée à partir de la demande (la série définie par les usages de consommation des spectateurs).Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage français Joël Morio Rien ne va plus pour le « Grand Journal ». L’émission quotidienne de début de soirée de Canal+, présentée depuis début septembre par Maïténa Biraben, a réuni 562 000 personnes mercredi 23 septembre 2015.Il ne s’agit certes pas du plus bas score en nombre de téléspectateurs. Sur ce plan, le fond avait été touché le 18 septembre, avec 546 000 paires d’yeux devant leur poste. Mais en part de marché, c’est le plus mauvais résultat affiché par l’émission depuis sa relance : le talk-show de Canal+ a réalisé une part d’audience de 3,2 %, se situant derrière « Money Drop » de TF1 (20 %), le « 19/20 » de France 3 (15,6 %), « N’oubliez pas les paroles » sur France 2 (14,4 %), « La Meilleure Boulangerie » sur M6 (8,4 %), « Touche pas à mon poste » sur D8 (4,3 %), « C à vous » sur France 5 (4,7 %) et « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9). Le « Grand Journal » est même au coude-à-coude avec « Secret Story ».Au sein de Canal+, on juge ces audiences « catastrophiques ». La direction de la chaîne veut « donner du temps » à Maïténa Biraben. La présentatrice échappe jusqu’à présent aux critiques. Mais tel n’est pas le cas de ses chroniqueurs.Augustin Trapenard a admis, alors que le « Grand Journal » recevait François Fillon, mardi 22 septembre, qu’il n’avait pas lu l’ouvrage que l’ancien premier ministre venait de présenter. Un aveu rare, qui a déclenché une petite polémique sur les réseaux sociaux. Les chroniques de Cyrille Eldin sont, elles, accusées de complaisance.Ajustements à venirLa direction promet, depuis quelques jours, des ajustements, sans toutefois préciser s’il s’agit de remplacer ou de faire arriver de nouveaux chroniqueurs. Cyrille Eldin devrait lui un peu moins « rapporter » les potins de la vie politique, ses reportages se faisant au gré de l’actualité politique et non plus systématiquement chaque jour.Deux « pastilles », « Mash up » et « Super bien », ont été mises à l’antenne, lundi 21 septembre. Les producteurs, tout en tenant à la présence d’invités politiques, même si ceux-ci ne font pas forcément de l’audience, veulent également faire bouger le curseur vers plus de divertissement. Enfin, on souligne à Canal+ que « tout est à reconstruire et qu’il faut un peu de temps pour que l’alchimie entre les chroniqueurs prenne ».Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de la chaîne, peut au moins se réjouir d’un article de presse, celui de Direct Matin qui, dans son édition de jeudi 24 septembre, titre : « La nouvelle équipe de l’émission s’impose sur Canal+ ». « Maïténa Biraben et son équipe font souffler un vent de fraîcheur sur Canal+. Le talk-show jongle en effet avec brio entre l’actualité, les débats de société et les nouvelles tendances culturelles », peut-on y lire. Il est vrai que Direct Matin appartient à… Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré expose devant le CSA sa stratégie pour Canal+Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Comme prévu, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a auditionné, jeudi 24 septembre, Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi et du groupe Canal+. Pendant deux heures, l’échange a été « vif et direct, et sans langue de bois, mais courtois », raconte un participant.Un groupe de travail crééLe CSA a toutefois demandé la création d’un « groupe de travail », qui sera chargé d’étudier la traduction concrète et le suivi des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, à l’indépendance éditoriale et à l’exercice du métier de journaliste dans l’indépendance de l’information », a précisé l’autorité dans un communiqué. Une proposition acceptée par Vivendi, qui co-composera cette instance avec le CSA.De son côté, Vincent Bolloré a fait un signe d’ouverture en promettant de reconstituer le comité d’éthique d’i-Télé, qui a connu deux démissions quand a été débarquée la direction de la chaîne. Et il s’est engagé à créer un comité d’éthique auprès de Canal+.Une négociation est donc en cours entre le CSA et Vivendi, même si les deux parties ont affiché à l’extérieur leur entente et la concorde de leur démarche. « Nous avons parlé du groupe Canal+, qui emploie 8 000 personnes, et de son développement pour la culture française, a déclaré M. Bolloré, devant quelques journalistes. Je crois beaucoup à la régulation française. Canal est un immense établissement français et international. Etre auditionné, c’est toujours un honneur. » Le nouveau patron du groupe Canal+ s’est voulu rassurant : « Toute mon histoire a toujours été en accord avec la réglementation française », a dit celui qui était accompagné de Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Groupe Canal+, et de Maxime Saada, directeur général de Groupe Canal+.La question de l’indépendance éditorialeM. Bolloré s’est défendu des accusations de censure portées contre lui, à propos des Guignols ou de documentaires, comme l’a relevé le site de BFM Business. Ces questions ont été soulevées de façon précise par le CSA. M. Bolloré a parlé de « procés d’intention » et de « campagne orchestrée » citant le magazine Society et Renaud le Van Kim, ancien producteur du « Grand Journal » et proche de Franck Annese, patron de Society.Par ailleurs, l’autorité a posé des questions sur les « synergies de groupe » et demandé quelles limites étaient posées à la promotion d’actifs de Vivendi sur les chaînes de Canal+. En effet, les synergies entre les artistes, les salles de concert, les chaînes, les plates-formes web, les structure de production, est une stratégie revendiquée de M. Bolloré. Ce qui s’est traduit par des mises en avant de chanteurs maison au « Grand Journal » ou dans Direct Matin. Le quotidien gratuit du groupe Bolloré se félicitait justement ce jeudi de la nouvelle formule du talk-show de fin de journée de Canal+, malgré les audiences très basses obtenues ces derniers jours, a relevé Puremédias.La question de l’indépendance éditoriale de Canal+ vis-à-vis de son actionnaire a fait l’objet d’un débat. La convention de la chaîne payante est moins disante en la matière, par rapport à celle de TF1 ou M6. Le CSA aimerait la renforcer. Mais Vivendi, de son côté, a répondu qu’il était difficile de promettre d’investir dans les droits sportifs, les séries télé, la culture ou le cinéma tout en se voyant imposer une plus grande étanchéité entre Canal+ et Vivendi. Etudier la modification de la convention de Canal+ est un des chantiers du groupe de travail créé ce jeudi. Dans un communiqué diffusé à l’issu de cette audition Groupe canal+ a réaffirmé sa volonté de « de promouvoir la culture française à l’étranger, ainsi que son ambition de renforcer son soutien au cinéma et à l’ensemble de la création audiovisuelle française. Des engagements supplémentaires seront pris pour valoriser la diversité culturelle. »La convention ne peut être changée sans l’accord de Vivendi. Mais pour faire pression, le CSA a quelques moyens : « Le conseil a rappelé que son autorisation était nécessaire à la mise en œuvre de plusieurs » modifications demandées par M. Bolloré, est-il souligné dans le communiqué du CSA. Une référence à la demande de changement de noms réclamée par Vivendi : D8, D17 et i-Télé deviendraient C8, C17 et CNews. Mais aussi à la volonté de réduire la « fenêtre en clair » de Canal+, c’est-à-dire le moment où ses programmes sont gratuits.Engagement en faveur d’une « impartialité » politiqueLe CSA a aussi voulu avoir des garanties sur l’impartialité politique, notamment à propos de la chaîne d’information en continu i-Télé. En interne existent des craintes d’une droitisation de la concurrente de BFM-TV, notamment en raison du profil de Guillaume Zeller, le nouveau directeur de la rédaction, proche du catholicisme traditionaliste. Ce dernier, mercredi, a promis une « information équilibrée ». Vincent Bolloré a redit jeudi qu’il s’engage en faveur du pluralisme sur i-Télé, un point sensible à deux ans de la présidentielle de 2017. Celui qu’on décrit souvent comme un proche de Nicolas Sarkozy, auquel il avait prêté son yacht en 2007, a aussi rappelé qu’il avait des relations avec la majorité actuelle, via le président de la République François Hollande ou le premier ministre Manuel Valls. Ce dernier a d’ailleurs inauguré la nouvelle version du « Grand Journal » en septembre, ce qui aux yeux de certains anciens de Canal+ a donné le sentiment qu’il validait le grand ménage parfois brutal fait par M. Bolloré.Un projet de rachat de radioPlein d’ambitions pour le groupe Vivendi, qu’il veut global, Vincent Bolloré a aussi émis jeudi devant le CSA le souhait de se doter d’une radio. Une telle diversification est en projet depuis plusieurs années à Canal+ mais le nouveau patron de Vivendi semble vouloir la concrétiser. Des rumeurs lui ont prêté l’intention d’acheter Europe 1, ce qui n’a pas été confirmé. Jeudi a été évoqué l’idée que cette – ou ces – radios soient numériques.L’audition de M. Bolloré par le CSA ouvre une nouvelle phase dans sa prise en mains de Vivendi et de ses chaînes. Jusqu’ici, les autorités s’étaient peu manifestées, malgré les larges changements impulsés, même si certains au sein de l’exécutif sont attentifs à ce que les engagements de Canal+ en faveur du cinéma soient respectés.Plus largement, les semaines qui viennent seront l’occasion de voir si M. Bolloré se soucie des questions d’image médiatique, alors que des préoccupations sont exprimées publiquement : mardi, la présidente (UDI) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Catherine Morin-Desailly, a annoncé une audition prochaine de M. Bolloré, qui pourrait se tenir le 8 octobre.De son côté, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) a appelé « les dirigeants du groupe Canal+ à la retenue et au respect de la création » et demandé « au CSA, garant de la liberté de communication, de sortir de son silence concernant la situation à Canal+ ».Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréMercredi, l’association Reporters sans frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » ont publié une tribune dans Le Monde adressée au CSA, estimant « que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+ ». Ils demandent « qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+ ».Lire la tribune :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien Leloup et Damien GouteuxCrystal, Purify, Peace : en quelques heures à peine, les trois premiers bloqueurs de publicité pour les téléphones et tablettes d’Apple, se sont hissés dans le top 5 des applications les plus téléchargées sur l’AppStore d’Apple.Ces logiciels tirent tous parti d’une nouvelle fonctionnalité d’iOS 9 – la nouvelle version du système d’exploitation des iPhone et iPad. Elle permet désormais de créer et d’intégrer des bloqueurs de contenus (images, sons, vidéos) dans le navigateur Safari et les applications qui l’utilisent. Pour la première fois, il est donc possible de bloquer l’affichage de publicités sur les téléphones d’Apple, comme le proposent déjà depuis plusieurs années des modules pour navigateurs sur PC et Mac.L’arrivée des bloqueurs de publicité sur les terminaux Apple a fait beaucoup de bruit ; en premier lieu car de très nombreux éditeurs de sites se sont plaints de cette arrivée sur l’un des derniers supports où ils pouvaient encore afficher des publicités sans risque de blocage.Comment fonctionnent les bloqueurs de pub ?En 2002, le danois Henrik Aasted Sørensen préfère, plutôt que de réviser un examen universitaire, tenter de jouer avec un nouveau navigateur Web : Phoenix, qui deviendra Firefox. Celui-ci offrait déjà la possibilité de programmer des extensions, des petits modules apportant des fonctionnalités supplémentaires au logiciel.Une extension s’attaquait déjà aux images publicitaires, mais Sørensen a innové en étudiant la source de l’image : le serveur d’où elle provient. Si elle a pour origine un ordinateur identifié comme appartenant à une régie publicitaire, son programme, nommé « Adblock », la rend invisible aux yeux de l’internaute. Chaque utilisateur devait constituer lui-même son filtre en établissant sa propre liste de serveurs de publicité. Le succès fut au rendez-vous et le code source rendu public, permettant à tous de l’améliorer.Wladimir Palant a découvert l’extension en juin 2003. Il a contribué à une innovation majeure : au lieu de télécharger l’image puis de la rendre invisible, il empêche directement le téléchargement. L’affichage de la page visitée est plus rapide, et la quantité de données échangées est réduite.En 2005, un autre développeur, Michael McDonald, créé une nouvelle version du logiciel Adblock, qu’il nomme Adblock Plus. Il y ajoute deux fonctionnalités cruciales : la possibilité de laisser passer des publicités sélectionnées et celle de télécharger un filtre par défaut. En clair, tous les navigateurs dotés de l’extension disposent de la même liste de publicités bloquées et autorisées – ces dernières sont dites « sur liste blanche » ou whitelist.Pourquoi Adblock Plus est-il la bête noire des publicitaires ?Le programme a du succès. Cela tient à son architecture même, très simple : la plupart des utilisateurs se contentent d’installer l’extension et de laisser les réglages par défaut d’Adblock Plus. En clair, ils se fient au choix de l’éditeur d’Adblock Plus sur les régies publicitaires inscrites sur la blacklist, la « liste noire » des publicités bloquées.Mais Adblock Plus propose également une liste blanche par défaut, et c’est là-dessus que l’un de ses concepteurs a trouvé un modèle économique. En 2011, sur les conseils de Tim Schumacher, un investisseur spécialisé dans les nouvelles technologies, Wladimir Palant fonde en Allemagne sa propre société, Eyeo, qui a établi sa propre liste de critères à respecter pour qu’une publicité ne soit pas bloquée par défaut : taille des encarts, format, fait de perturber ou non la lecture… Selon Eyeo, sa liste blanche contiendrait à 90 % des entreprises utilisant des publicités « acceptables ».Mais le respect de ces règles ne suffit pas nécessairement pour rejoindre la fameuse liste : Eyeo demande également aux gros éditeurs de publicité de payer des « frais techniques » avant de les débloquer. Les montants sont secrets, mais le Financial Times, repris par Business Insider, indique que la société exige « 30 % des revenus de la publicité » pour apparaître sur sa liste aux côtés des géants Google et Amazon. Un véritable racket, dénoncent des éditeurs, qui ont tenté de trouver des réponses juridiques – Eyeo a subi quatre procès, principalement en Allemagne, que l’entreprise a tous gagnés –, et techniques – un jeu du chat et de la souris se déroule entre bloqueurs et bloqueurs de bloqueurs.Le concepteur initial d’Adblock, Henrik Aasted Sørensen, a pris ses distances avec le projet d’Adblock Plus, sans changer fondamentalement d’avis : il estime que la publicité en ligne est « cassée », et qu’il appartient aux sites Web de chercher « des alternatives pour leur financement ».Quels sont les arguments des pro et des anti bloqueurs ?Les partisans des bloqueurs de publicité invoquent deux arguments principaux. Ils jugent d’une part que la publicité en ligne est devenue trop envahissante et invasive, nuisant à la consultation des sites. D’autre part, ils reprochent aux publicités de collecter de grandes quantités d’informations personnelles.Ces deux arguments, initialement portés par des libertaires jugeant que le Web, dans sa forme actuelle, est corrompu par les intérêts privés, sont depuis longtemps sortis du cercle restreint des militants d’un Internet plus libre. S’y ajoute, pour les versions pour téléphones mobiles des sites, un argument technique : le temps de chargement des publicités rend l’affichage des pages Web inutilement long, notamment lorsque le réseau est mauvais.De l’autre côté, pour bien des sites, la publicité est la seule source de financement, les internautes rechignant souvent à payer pour les consulter. Quant à l’augmentation du nombre de publicités et leur caractère jugé invasif, il est la conséquence directe de la chute des prix, elle-même liée à de nombreux facteurs, dont la prééminence de grands acteurs comme Google et Facebook sur le marché. Pour maintenir leur chiffre d’affaires, les sites ont donc tendance à afficher davantage de publicités par page, ou à privilégier des formats publicitaires plus visibles et plus grands.Quels sont les précédents ?Sur le caractère invasif des publicités, il y a un précédent célèbre : à la fin des années 1990, les publicités dites « pop-ups », qui s’ouvrent dans une nouvelle fenêtre, se sont généralisées après qu’elles sont apparues sur la plateforme d’hébergement Tripod. Elles sont rapidement devenues la bête noire des internautes : difficiles à fermer, parfois sonores, elles s’ouvrent automatiquement dans une nouvelle fenêtre, à une époque où le navigateur utilisé par la quasi-totalité des internautes, Internet Explorer, conçu par Microsoft, ne disposait pas de système d’onglets.L’apparition de nouveaux navigateurs Web va changer la donne : Opera, puis Firefox intègrent des bloqueurs de pop-ups, facilement paramétrables. Cet avantage décisif, doublé d’innovations techniques, contribue au succès de Firefox – Microsoft sera contraint de suivre le mouvement, et intégrera par la suite son propre bloqueur de pop-ups à son logiciel. Depuis, les pop-ups ont quasiment disparu, et si elles existent encore, peu d’entre elles échappent aux systèmes de blocage désormais intégrés dans tous les navigateurs.Les défenseurs des bloqueurs de publicités citent souvent cet exemple, estimant que c’est un cas typique d’évolution technique ayant permis de limiter les abus des publicitaires. Certains estiment également que l’industrie de la publicité a « eu sa chance », lorsque la fondation Mozilla et d’autres acteurs du Web ont souhaité développer le Do Not Track, un système simple permettant aux internautes de décider si, et quand, ils acceptaient que leur navigation soit tracée. Faute de soutien de la part de l’industrie, ce système n’a jamais décollé.Pourquoi le créateur de l’application Peace a-t-il retiré son logiciel de la vente ?Marco Arment, le créateur de Peace, le bloqueur de publicités pour iOS, est un développeur reconnu. Son application, qui utilisait la technologie de Ghostery – un logiciel de protection de la vie privée qui peut aussi être utilisé comme bloqueur de publicités – s’est hissée en 24 heures en tête des applications payantes les plus téléchargées sur iPhone.Le succès de l’application lui a valu d’être violemment pris à partie en ligne par des anti-bloqueurs de publicité.I guess people aren't happy with @marcoarment https://t.co/lM4pKDdUB2 http://t.co/jQ2umk8v3U— DanGraziano (@Dan Graziano)require(["twitter/widgets"]);S’en est suivie une longue discussion en ligne, sur les réseaux sociaux et plusieurs blogs spécialisés, sur l’éthique des bloqueurs de publicité. Certains commentateurs estiment que la large diffusion des bloqueurs forcera l’industrie de la publicité à s’adapter, comme le chroniqueur du New York Times Farhad Manjoo ; d’autres, comme le développeur Joen Asmussen, considèrent qu’il n’y a pas de bloqueur de publicité « éthique » :Un bloqueur de publicité éthique, qui ne bloque que les « mauvaises » pubs et laisse passer les « bonnes », ça n’existe pas. J’aimerais me sentir comme un activiste luttant pour la pureté du Web quand j’installe l’application de Marco Arment à 2,99 dollars. Je voudrais bien croire qu’en faisant cela, je contribue à faire changer les entreprises de la publicité de manière positive (…) mais c’est une illusion.Au terme de deux jours de débats enflammés, Marco Arment a finalement décidé de retirer son application du catalogue en ligne d’Apple - les acheteurs seront remboursés. Il s’en est expliqué sur son blog :Peace traitait toutes les publicités de la même manière (…) Cette approche est trop brutale, et Ghostery et moi-même avons décidé que cela ne sert pas nos buts et nos convictions de la bonne manière. Si nous voulons amener un changement global, une approche plus nuancée et plus complexe qu’une simple application iOS est nécessaire. (…) Le blocage de publicité est une sorte de guerre (…). Je vois la guerre comme le Tao la voit : il faut l’éviter autant que possible. (…) Et même si je « gagne », ça ne me plaît pas. C’est pourquoi je me retire de ce marché. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien GouteuxJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Il ne s’est jamais publiquement exprimé, à ce jour, sur la transformation de Canal+, qu’il mène, de façon déterminée, depuis le mois de juillet. Jeudi 24 septembre, Vincent Bolloré est attendu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), pour un échange sur les événements des dernières semaines et sa stratégie pour le groupe audiovisuel qu’il préside. Un rendez-vous qui a été décidé « de concert » entre les deux parties et qui doit être l’occasion, pour les huit membres du CSA, de mieux cerner les intentions de M. Bolloré.Lire la tribune :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentCe rendez-vous intervient à un moment où les préoccupations quant à l’avenir de Canal+ s’expriment plus ouvertement, après une phase de stupeur. Mardi, la présidente (UDI) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Catherine Morin-Desailly, a annoncé une audition prochaine de M. Bolloré, qui pourrait se tenir le 8 octobre. « Nous souhaitons l’entendre sur le devenir de Canal+, qui est un maillon important du financement du cinéma », a-t-elle expliqué.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDe son côté, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM), qui fédère 37 000 auteurs, a appelé « les dirigeants du groupe Canal+ à la retenue et au respect de la création » et demandé « au CSA, garant de la liberté de communication, de sortir de son silence concernant la situation à Canal+ ».Bataille de l’imageMercredi, l’association Reporters sans frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » ont publié une adresse au CSA, estimant « que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+ ». Ils demandent « qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+ ».En effet, chaque chaîne de télévision − comme Canal+, D8, D17 ou i-Télé − a signé une convention avec le CSA, en échange de l’attribution d’une fréquence hertzienne. Par exemple, celle d’i-Télé, la chaîne d’information en continu du groupe, exige une « indépendance de l’information, notamment à l’égard des intérêts de ses actionnaires ». Le CSA est donc fondé à interroger M. Bolloré sur cet aspect des choses.Au-delà du respect des conventions, c’est désormais une bataille de l’image qui s’engage pour M. Bolloré. Depuis son arrivée à la tête de Canal+, celui-ci s’est peu embarrassé des apparences, sur fond de renvois brutaux de managers et de déprogrammations de documentaires. Mais l’audiovisuel est un secteur très régulé et symbolique, a fortiori Canal+, un acteur majeur pour le financement de la création audiovisuelle française et européenne. Comment M. Bolloré voit-il cette responsabilité et la dimension quasiment politique de son rôle, au-delà de sa vision entrepreneuriale ? C’est le sens de la phase qui s’ouvre ce jeudi.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est sa première apparition publique depuis sa nomination comme directeur de la rédaction d’i-Télé : Guillaume Zeller a fait partie de la délégation envoyée par la chaîne d’information pour défendre sa demande de passage en haute définition, devant le conseil supérieur de l’audiovisuel, mercredi 23 septembre. Alors que le renvoi brutal de l’ancienne direction d’i-Télé par sa maison mère Vivendi a soulevé des doutes sur l’avenir de la chaîne, M. Zeller a donné quelques détails sur l’état d’esprit du nouveau management, tout en précisant que le projet stratégique et éditorial est encore « en cours d’élaboration ».Lire aussi :Nouveaux changements à i-Télé« Élargir le spectre des thèmes traités »« Les piliers d’i-Télé demeureront invariants : être une chaîne d’information, en continu, qui donne un éclairage sur les thématiques globales », a rassuré M. Zeller, en réponse à une question du conseiller Patrice Gélinet. Le directeur a fait référence à la « convention » passée par la chaîne avec le CSA.« Nous réfléchissons à élargir le spectre des thèmes traités », a toutefois précisé M. Zeller, citant différents domaines : « technologies, société, santé, éducation, consommation… » Des nouveautés qui pourraient éventuellement être insufflées en journée, quand l’audience des chaînes d’information est plus faible. La matinale de Bruce Toussaint est, elle, vue comme un « navire amiral puissant » et une « locomotive ». Un message qui sera sûrement noté en interne où courent les rumeurs selon lesquelles les animateurs avec des salaires importants pourraient être menacés.M. Zeller a cité deux autres axes : une « forte stratégie digitale », d’abord. Car, comme l’a relevé Maxime Saada, directeur général du groupe Canal+, également présent, i-Télé voit dans les téléphones mobiles « un espace un peu inoccupé ». « Mise en perspective de l’information »Puis M. Zeller a évoqué « la mise en perspective de l’information », donc une forme de « pédagogie », ce qui suppose parfois « un temps un plus long ». La promotion d’un plus grand recul par rapport à l’information en temps réel était déjà mise en avant par la direction précédente, et elle est aussi partagée par LCI, mais aussi France Télévisions pour son projet de chaîne d’information, et enfin BFM-TV, le leader, qui revendique ses efforts de décryptage et de reportages autour de l’actualité.Au long de cette audition face au CSA, on a senti des allusions feutrées aux polémiques qui ont entouré la prise de contrôle de Vincent Bolloré sur Canal+ et sa chaîne d’information. « Y aura-t-il des sujets qui fâchent qui seront interdits sur i-Télé ? », a ainsi demandé Mémona Hintermann-Afféjée, en référence aux documentaires de Canal+ déprogrammés ou critiqués par la direction de Vivendi. Non, a répondu M. Zeller. Ce dernier a fait un plaidoyer pour une « information plurielle, équitable, honnête, vérifiée ». Une volonté de rassurer, alors que son profil de journaliste proche du catholicisme traditionaliste a fait craindre, en interne, une inflexion politique, à deux ans de la présidentielle de 2017.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréRassurer sur l’ambiance à i-TéléInterrogé justement par Mme Hintermann-Afféjée sur l’ambiance à i-Télé, M. Zeller a souri : « La situation est bien différente de ce qui a pu être affiché à l’extérieur », a-t-il dit, en référence aux articles parus dans la presse. Puis il a rendu un hommage à la rédaction en place : « Je suis admiratif du professionnalisme des équipes », a dit ce fidèle de Vincent Bolloré, passé par Direct 8 et Directmatin.fr mais sans expérience d’une chaîne d’information en continu.Enfin, M. Zeller s’est vu demander quand i-Télé aurait un « comité d’éthique digne de ce nom ». Le conseiller du CSA Nicolas About a ainsi évoqué indirectement la démission de deux membres de cette instance, en protestation contre la méthode de remplacement des dirigeants d’i-Télé, jugée brutale. M. Zeller promis que le nom des nouveaux membres serait connu bientôt, dans les « prochains jours ».Les autres patrons présents – Jean-Christophe Thiery, le PDG du groupe Canal+, Maxime Saada, son directeur général et Frédéric Vincent, directeur technique – ont soutenu M. Zeller et apporté quelques précisions stratégiques, promettant au CSA d’« investir » dans les moyens pour qu’i-Télé puisse rattraper son retard sur le leader BFM-TV.Jeudi, c’est le grand patron Vincent Bolloré qui aura l’occasion de poursuivre les discussions. Il sera auditionné à son tour par le CSA.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.09.2015 à 13h20 • Mis à jour le24.09.2015 à 11h39 | Collectif Nous, membres du collectif « Informer n’est pas un délit » et Reporters sans frontières (RSF), interpellons le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) parce que nous estimons que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+, Vincent Bolloré.Le CSA, qui a le pouvoir de protéger cette indépendance, auditionne Vincent Bolloré ce jeudi 24 septembre. Face à l’ingérence de l’actionnaire dans la ligne éditoriale des chaînes du groupe Canal+, il est du devoir du CSA de demander des réponses aux questions essentielles suivantes :1- Pourquoi un documentaire consacré au Crédit mutuel et programmé par Canal+ le 18 mai 2015 a-t-il été censuré ?2- Pourquoi un documentaire inédit sur François Hollande et Nicolas Sarkozy programmé par Canal+ le 28 septembre 2015 vient-il d’être déprogrammé sans motif, et ce, au profit d’un film déjà diffusé ?3- Pourquoi un projet de documentaire sur la BNP Paribas, accepté par le comité d’investigation de Canal+, est-il actuellement « gelé » sur ordre de la direction de Canal+ ?4- Comment justifier qu’un reportage sur l’Olympique de Marseille, diffusé sur Canal+, ait été retiré du site Internet, au motif qu’« on ne se fâche pas avec ses partenaires », selon les propos tenus par Vincent Bolloré le 3 septembre dernier lors du comité d’entreprise ?5- Lors d’une réunion des délégués du personnel du 16 septembre, un membre de la direction, questionné sur les documentaires déprogrammés, a déclaré : « La direction tient avant tout à défendre les intérêts du groupe Canal+ et estime qu’il est donc préférable d’éviter certaines attaques frontales ou polémiques, à l’encontre de partenaires contractuels actuels ou futurs. »6- Allez-vous vous servir de Canal+ pour protéger les intérêts de vos « partenaires contractuels actuels ou futurs » ?7- Les intérêts de votre groupe sont-ils compatibles avec le respect de l’indépendance éditoriale d’un média ?8- Les intérêts du groupe Bolloré touchant de nombreux secteurs, notamment en Afrique, un journaliste de Canal+ ou d’i-Télé pourrait-il, par exemple, travailler en toute indépendance sur la prochaine élection présidentielle ivoirienne ou sur les conditions de travail dans les plantations contrôlées par la holding luxembourgeoise Socfin, dont Vincent Bolloré est actionnaire ?En 2002, sur demande du CSA, Jean-Marie Messier, alors actionnaire de Canal+, avait accepté qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+. Aujourd’hui, nous demandons le même engagement à Vincent Bolloré et la même fermeté de la part du CSA.Fabrice Arfi (journaliste, Mediapart), Benoit Collombat (journaliste, Radio France), Christophe Deloire (secrétaire général de Reporters sans frontières), Élise Lucet (journaliste, France 2), Virginie Marquet (avocate). La liste complète des membres du collectif est disponible sur www.rsf.org.Collectif Daniel Psenny Y a t-il un nouvel acte de censure d’un documentaire d’investigation sur Canal+ ? Selon nos informations, la direction des programmes de Canal+ a décidé de déprogrammer le documentaire « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète », qui devait être diffusé le 28 septembre dans le cadre du magazine « Spécial investigation », en seconde partie de soirée.Cette décision a été confirmée au Monde par Luc Hermann, un des dirigeants de la société Premières Lignes, qui a produit ce documentaire réalisé par Jules Giraudat et Eric Mandonnet, journaliste à L’Express. « Nous en avons été avertis dimanche matin 13 septembre. La direction du magazine nous a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un acte de censure, mais aucune raison de cette déprogrammation nous a été avancée », dit M. Hermann.Plusieurs mois d’enquêteJoint par Le Monde, Stéphane Haumant, responsable de « Spécial investigation », confirme que le documentaire a bien été déprogrammé, sans qu’il en connaisse la raison. Mais, selon lui, ce n’est pas une question de contenu, comme il l’a expliqué au producteur. Aucune date pour la diffusion du documentaire n’a été décidée pour le moment.Commandé l’an dernier et livré cet été à la chaîne, ce documentaire qui a nécessité plusieurs mois d’enquête raconte les coulisses de la guerre de communication (coups bas, rumeurs, cabinets noirs…) à laquelle se livrent François Hollande et Nicolas Sarkozy.Le service juridique de la chaîne, qui a visionné le documentaire cet été, a donné son feu vert pour la diffusion. Cette déprogrammation a lieu après la censure du documentaire « Evasion fiscale, une affaire française », consacré au Crédit mutuel, demandée par Vincent Bolloré, et les reproches formulés par le patron de Canal+ concernant une enquête sur l’Olympique de Marseille. Interrogée par Le Monde, la direction de Canal+ n’avait pas répondu, dimanche.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.09.2015 à 14h00 • Mis à jour le12.09.2015 à 14h16 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouveaux changements chez i-Télé, une semaine après le débarquement de l’ancienne direction et la nomination par Vincent Bolloré d’un fidèle, Guillaume Zeller, comme directeur de la rédaction, et de Philippe Labro, comme conseiller.Lire aussi :Vincent Bolloré débarque la direction d’i-TéléAprès Cécilia Ragueneau et Céline Pigalle, c’est la secrétaire générale de la chaîne d’information, Laure Bezault, qui a été écartée, vendredi 11 septembre. Proche de l’ancienne directrice de la rédaction, Céline Pigalle, celle-ci assurait une mission stratégique : le recrutement des journalistes.Dans la foulée, le groupe Canal+ a annoncé, samedi 12 septembre, la nomination de Virginie Chomicki au poste de directrice adjointe d’i-Télé, « en charge de la mise en place et du développement de CNews [le nom que portera à terme la chaîne d’information] ».Agée de 31 ans, Virginie Chomicki a travaillé chez LCI comme présentatrice de 2008 à 2015, ainsi que brièvement à Universal. La rumeur de son arrivée avait provoqué l’émoi de la rédaction, vendredi, quand des journalistes avaient eu la surprise de découvrir qu’un bureau lui avait été attribué, sans que rien leur ait été annoncé.De son côté, la directrice de la communication de Canal+ depuis 2002, Laurence Gallot, est maintenue dans ses fonctions et devient même, en parallèle, directrice des partenariats.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial) A l’intérieur du bus qui approche de Caen, jeudi soir 10 septembre, les flashes des smartphones crépitent pour immortaliser la scène. Deux motards de la police viennent de prendre « en escorte » le véhicule, parti de Paris trois heures plus tôt. A son bord, une trentaine de caricaturistes originaires de dix-huit pays, venus participer aux 5es Rencontres internationales des dessinateurs de presse du Mémorial de Caen. Quelques rires s’échappent des rangées.Huit mois après l’attentat contre Charlie Hebdo, un rassemblement de « cartoonistes », c’est aussi cela : une affaire de sécurité. La manifestation avait été annulée en février, un mois et demi avant son déroulement, par crainte des attentats. Le piratage répété du site Web du Mémorial et l’appréhension, après la fusillade de Copenhague (14 et 15 février), d’un grand nombre de dessinateurs invités avaient conduit le directeur du site, Stéphane Grimaldi, à repousser l’événement.Séances de dédicaces abandonnéesCe n’est pas une date dépourvue de symbolisme qui a été arrêtée pour son nouveau lancement : le 11 septembre. « Le Mémorial est le seul musée européen à avoir fait une exposition sur les attentats du World Trade Center. Vu que certains intellectuels, comme Michel Onfray [créateur de l’Université populaire de Caen], trouvent des points communs entre le 7 janvier et le 11 septembre [2001], il n’était pas illogique de choisir cette date », explique M. Grimaldi.Un dispositif sécuritaire « efficace et discret » a dû être mis en place. Préinscription obligatoire des visiteurs sur Internet, inspection des lieux par des démineurs, communication au dernier moment de la liste des dessinateurs invités… Rien n’a été laissé au hasard par les organisateurs, qui ont renoncé à faire se déplacer les caricaturistes en ville pour des conférences, comme lors des éditions précédentes. Toutes les « Rencontres » se dérouleront (jusqu’à dimanche) entre les murs du Mémorial, où les séances de dédicaces avec le public ont également été abandonnées.Du côté des dessinateurs, peu de défections ont été enregistrées, selon M. Grimaldi : « Trois, mais uniquement des personnes ne pouvant quitter leur pays, comme la Syrie. » D’autres ont fait le déplacement après avoir vaincu l’inquiétude qui les avait conduits à annuler leur voyage en début d’année. Ainsi le Colombien Vladdo, de l’hebdomadaire Semana Revista : « Mon ex-femme, avec qui j’ai un enfant, m’avait dissuadé de venir à l’époque, car elle avait peur qu’il m’arrive quelque chose. Cette fois-ci, je ne lui ai pas dit que je venais. » Un dilemne : continuer à dessiner ou pasComme Vladdo, la plupart des cartoonistes présents à Caen ont tous dû affronter des tempêtes, un jour ou l’autre, après des dessins mal compris ou peu flatteurs pour les puissants. Lui a récemment reçu des menaces de mort venant du pays voisin, le Venezuela, dont il a détourné les armoiries en représentant un cheval aussi famélique que l’économie nationale.Le Jordanien Osama Hajjaj a été la cible d’intimidations anonymes cette année après la publication dans le quotidien Al Arab Al Youm d’un dessin montrant un membre de l’Etat islamique utilisant son sabre ensanglanté comme une perche à selfie. Il y a une semaine, son employeur principal — une agence de publicité — lui a demandé de ne plus faire de dessins sur « la politique et la religion », sous peine de perdre son emploi. « Mon boss m’a dit : “Regarde ce qu’ils ont fait à Charlie Hebdo. Ils peuvent venir faire la même chose ici.” » C’est aussi pour cela qu’Hajjaj est venu à Caen : pour parler du dilemme qui le traverse — continuer à dessiner ou pas — avec des collègues dessinateurs originaires d’autres pays.« Il est important en ce moment d’échanger »« Il n’a sans doute jamais été aussi important qu’en ce moment de se rencontrer et d’échanger. Cela nous rend plus forts », estime Avi Katz, qui dessine pour le Jerusalem Report. « Parler de son métier avec des professionnels d’autres régions du monde est fondamental pour connaître les limites de ce qu’il est possible de faire aujourd’hui. Même dans un pays comme le mien, où ce genre de question ne devrait pas se poser, personne n’est à l’abri de voir un de ses dessins créer la polémique », témoigne Tjeerd Royaards, un dessinateur néerlandais ayant récemment subi les foudres de l’extrême droite après la diffusion d’une carte postale comparant les méthodes des djihadistes islamistes aux tortures qui existaient sous l’Inquisition. La profession aura d’autres occasions ces prochaines semaines de discuter de ces sujets. A la fin de septembre, la 34e édition de l’Humour vache se tiendra à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne). Le 21 septembre, à Paris, l’association Cartooning for Peace, présidée par Plantu, dessinateur au Monde, organisera un colloque intitulé « Le dessin de presse dans tous ses Etats ». De sécurité, il sera aussi question ces jours-là. Fatalement.Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Jeudi, le talk-show de début de soirée de Canal Plus a réuni 611 000 spectateurs. Lundi, pour sa reprise, il en avait rassemblé 915 000.« Le Grand Journal » nouvelle version, le rendez-vous de début de soirée de Canal Plus (entre 18 h 50 et 20 h 10), peine à trouver son public. Son audience pique du nez. L’arrivée de la journaliste-animatrice Maïténa Biraben n’infléchit pas la courbe. Jeudi 10 septembre, ils n’étaient plus que 611 000 téléspectateurs à suivre le talk-show. L’émission a été, en l’occurrence, devancée par les programmes des grandes chaînes (TF1, France 3, France 2, M6), mais aussi par « Touche pas à mon poste » (D8), « C à Vous » (France 5), « Secret Story » (NT1) et… « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9) !Il s’agit de la troisième baisse d’audience consécutive. Une configuration inédite pour l’émission emblématique de Canal Plus. Lundi 7 septembre, pour sa remise à l’antenne, malgré la présence de Manuel Valls, moins d’un million de téléspectateurs (915 000 personnes) avaient suivi les débuts de la remplaçante d’Antoine de Caunes, remercié par Vincent Bolloré, le nouveau « propriétaire » de Canal Plus.L’an dernier, à la même époque, 1,1 million de téléspectateurs avaient assisté au retour d’Antoine de Caunes.« Ajustements constants »La nouvelle formule du « Grand Journal », préparée en moins de deux mois, ne trouve pas son public. Les critiques fusent sur cette mouture : simple version quotidienne du « Supplément » – l’émission dominicale de la chaîne cryptée, manque de rythme, usure de l’« infotainment » – ce genre qui mélange l’information et le divertissement.Dans une interview donnée à Metronews, le chroniqueur politique Jean-Michel Aphatie, lui aussi renvoyé du « Grand Journal » à la fin de la dernière saison, juge pour sa part que « Maïténa Biraben est à la hauteur de ce qu’on connaît d’elle » et estime qu’« elle a vraiment de la présence ». Il ajoute : « Je trouve que le plateau est un peu faible. Il manque dans l’équipe des chroniqueurs quelqu’un de vraiment fort et sérieux pour l’épauler. »A la direction de Canal Plus, on laisse entendre qu’on aurait anticipé cette baisse de l’audience. « Mathématiquement, la nouvelle émission devait faire moins que la précédente, qui commençait plus tard et intégrait les Guignols », plaide-t-on.Mais la chute depuis le début de la semaine n’avait sans doute pas été prévue. L’émission est en rodage insiste-t-on, des « ajustements constants » sont opérés pour l’améliorer.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.09.2015 à 10h29 • Mis à jour le11.09.2015 à 11h07 | Alexis Delcambre « Paolini et Tavernost côte à côte, c’est tous les quinze ans… », avait vendu l’un des dircoms, comme on parle d’un spectacle. Diplomatiquement, le lieu du rendez-vous avait été fixé à exacte équidistance des sièges sociaux de TF1 et M6. Et vers 16 heures, ce jeudi 10 septembre, les deux plus grands concurrents du paysage audiovisuel français sont apparus ensemble, au restaurant La Gare, dans le XVIe arrondissement, pour dévoiler leur nouveau tour : une alliance dans un projet de chaîne de téléachat répondant au doux nom – provisoire – de HA26.Pour les deux groupes, il s’agit d’une quête ancienne. M6 a déjà tenté à quatre reprises d’obtenir un canal pour y vendre des programmes minceur et autres presse-purée, et TF1 par deux fois. Jusqu’ici, le CSA leur a obstinément refusé. Mais lors de la dernière tentative, le régulateur avait suggéré un rapprochement des deux chaînes. Un vœu désormais exaucé, à l’occasion d’un appel à candidatures pour des chaînes en haute définition, qui verront le jour au printemps prochain.« Une galerie commerciale avec deux enseignes en alternance »Concrètement, HA26 ressemblerait à « une galerie commerciale avec deux enseignes en alternance », selon Nonce Paolini, le PDG de TF1. Les deux groupes se partageront l’antenne du nouveau canal, un jour sur deux, avec dix puis seize heures de direct quotidien, pour un investissement initial de 13 millions d’euros puis un budget annuel de 30 millions d’euros environ. « Plusieurs centaines » d’emplois pourraient être créés, assurent les deux groupes, rappelant qu’ils savent travailler ensemble : ils ont déjà coexploité des chaînes – TF6, Série Club – et le bouquet TPS.A l’appui de leur candidature, MM. Paolini et Tavernost soulignent la faiblesse du marché français du téléachat – 200 millions d’euros annuels – en regard d’autres pays, comme le Royaume-Uni (1,4 milliard d’euros et 35 chaînes au total) ou l’Allemagne (1,6 milliard d’euros et 17 chaînes au total). Ils soulignent aussi qu’un tel projet, dépourvu de formats publicitaires, ne vient pas concurrencer les chaînes existantes.Le sujet est sensible, en pleine polémique sur la perspective d’un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions. Une hantise pour deux entreprises qui ont subi ces dernières années la réduction du gâteau publicitaire de l’audiovisuel.Lire aussi :Télévision : querelle sur la publicité en soiréeL’un a égratigné Michel Sapin, dont la phrase disant qu’il fallait « examiner » l’extension de la publicité sur les antennes publiques a valu à TF1 un plongeon en Bourse – « 250 millions d’euros de pertes », rappelle M. Paolini. « On ne peut pas sans arrêt être la variable d’ajustement d’une mauvaise gestion du service public », a renchéri Nicolas de Tavernost. Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, appréciera.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Beuve-Méry Le Syndicat national de l’édition (SNE) a trouvé son héraut. Richard Malka, 47 ans, avocat de Charlie Hebdo, et auteur, à ses heures perdues de bandes dessinées, vient d’écrire pour le compte du syndicat, une plaquette percutante pour la défense du droit d’auteur, tel qu’il est défini aujourd’hui en France et au sein de l’Union européenne (UE). Ce matin, dès potron-minet, le bouillonnant juriste était déjà sur les ondes de France Inter, pour développer la panoplie de ses arguments contre la réforme voulue par la Commission européenne.Lire aussi :Touche pas à mon droit d’auteur !La plaquette s’intitule La gratuité, c’est le vol, reprenant le titre d’un rapport de Denis Olivennes, quand patron de la FNAC. Ce dernier réaffirmait son opposition à une culture gratuite, favorisée par Internet. Et pose ouvertement la question « 2015 : la fin du droit d’auteur ? » Deux menaces sont pointées : un projet de loi de la secrétaire d’Etat, chargée du numérique Axelle Lemaire et la réforme de la directive de 2001, régissant le droit d’auteur au sein de l’UE, notamment à partir des propositions faites par Julia Reda, l’unique députée européenne membre du Parti des pirates allemand qui a été chargée, en février, d’un rapport préparatoire sur le sujet.« Un mirage de la modernité »En un peu plus de 30 000 signes, Richard Malka argumente pour expliquer que « la remise en cause du droit d’auteur serait un mirage de la modernité ». Avec les projets de réforme en cours, le principal risque encouru par les auteurs est de voir leur rémunération être déconnectée à terme de leur travail, le succès d’un livre ne servant plus de valeur étalon. « C’est la menace du retour à l’Ancien régime où le bon vouloir du roi est remplacé par celui des grandes entreprises du Net : Google, Amazon, Apple. »Pour résumer ce que plaide M. Malka, il ne faut pas oublier que c’est l’émergence à la fin du XVIIIe siècle du droit d’auteur qui a permis aux écrivains de vivre de leur plume.Imprimée par le SNE, tirée à 50 000 exemplaires, la plaquette sera distribuée gratuitement (un paradoxe seulement en apparence) en librairie, à compter du jeudi 10 septembre. Ces derniers n’ont reçu aucune consigne particulière, mais libraires et éditeurs sont considérés par le SNE comme les intermédiaires les plus efficaces et le plus neutres pour garantir le succès d’un ouvrage.Par cette campagne, l’objectif est d’atteindre les clients des librairies, un public a priori déjà acquis, mais au-delà de faire prendre conscience des enjeux économiques qui sous tendent cette question et d’atteindre le grand public.Des exceptions dangereusesPour sensibiliser Bruxelles, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et surtout les services du commissaire européen chargé de créer un marché unique numérique, l’Estonien Andrus Ansip, le texte a été traduit en anglais « 2015 : the end of copyright ? Taking for free is stealing » et est disponible en version numérique, dans les deux langues sur le site auteursendanger.fr.Le SNE n’a, en revanche, pas été suffisamment réactif et il existe déjà d’autres sites « auteurs en danger » construits par les partisans du Net et de la gratuité et qui se moquent de l’initiative des éditeurs.Dans son texte, Richard Malka liste toutes les exceptions au droit d’auteur, contenues dans le projet de directive européenne et qui, si d’aventure étaient validées, conduiraient à vider le droit d’auteur de sa substance. Plusieurs exceptions partent d’intentions louables, comme l’exception pédagogique ou la possibilité pour les bibliothèques de procéder à des prêts numériques. Mais mal conçues ou mal cadrées, elles seront de véritables aspirateurs à contenu. D’autres, comme l’exception « data mining » (fouille de texte) ou celle du « fair use » sont directement importées des Etats-Unis et viennent des pratiques défendues par Google, Apple, Facebook ou Amazon (GAFA).Risques de censureMais il existe un deuxième axe sur lequel Richard Malka, avocat habitué à défendre les libertés publiques, révèle les aspects très néfastes des réformes en cours : des risques de censure, liées aux chartes édictées par les GAFA. Ainsi le livre pour enfants T’Choupi part en pique-nique (de Thierry Courtin, Nathan, 1999) a été censuré par Apple en raison du caractère « pornographique » de son titre.De même dans le cadre de l’application Izneo (qui rassemble la majeure partie de la production de BD française en numérique) un ouvrage de Lucky Luke a été interdit en France, car les personnages noirs étaient représentés avec des lèvres charnues.Richard Malka pose publiquement la question : avec ses chartes, Les Versets sataniques de Salman Rushdie, publiés en 1988, l’auraient-ils été aujourd’hui, sans avoir subis au préalable, les ciseaux d’Anastasie ?Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 12h07 • Mis à jour le10.09.2015 à 13h00 La National Geographic Society a annoncé, mercredi 9 septembre, qu’elle vendait sa division chargée des médias, dont son emblématique magazine et ses chaînes de télévision, à un conglomérat mené par 21st Century Fox.Le géant Fox, créé par le milliardaire australien Rupert Murdoch, va débourser 725 millions (650 millions d’euros) de dollars pour acquérir 73 % de la nouvelle entité appelée National Geographic Partners.Les deux sociétés étaient partenaires depuis dix-huit ans, notamment pour l’exploitation des chaînes de National Geographic Channels. La National Geographic Society, dont le siège est à Washington, va conserver les 27 % restants.Volonté d’élargir ses travaux scientifiquesCet accord permet à l’organisation, fondée en 1888, d’accroître son capital de près de 1 milliard de dollars. Elle entend, à cette occasion, élargir ses travaux scientifiques, d’éducation et d’exploration, selon un communiqué.Elle conservera le National Geographic Museum à Washington D.C. Le directeur du conseil d’administration alternera chaque année, le président de National Geographic Society, Gary Knell, étant le premier à occuper ce poste.James Murdoch, devenu le PDG de Fox au début de juillet quand son père, Rupert, a pris du recul pour devenir directeur général, s’est également réjoui : « Nous croyons en la mission de National Geographic Society d’offrir le monde au public à travers la science, l’éducation et l’exploration. »Signe des difficultés rencontrées par les chaînes indépendantes, en août, la chaîne câblée HBO, propriété de Time Warner, avait obtenu les droits de diffusion de « Sesame Street ». Les épisodes seront diffusés neuf mois plus tard sur la chaîne de télévision publique PBS. 09.09.2015 à 17h40 Après vingt-quatre ans de règne sur les journaux du week-end de TF1, Claire Chazal, 58 ans, présentera dimanche 13 septembre au soir son dernier journal télévisé. Elle sera remplacée dès le 18 septembre par son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans, a annoncé la chaîne.Dans un communiqué, le PDG de TF1, Nonce Paolini, « rend hommage à la remarquable relation qu’elle a su créer avec les téléspectateurs et à ses qualités journalistiques, qui ont permis à l’information de TF1 d’être référente dans le paysage audiovisuel français ». Alexis Delcambre La perspective d’un plan de départs volontaires à Radio France s’éloigne. Mercredi 9 septembre, son président, Mathieu Gallet, et son équipe, ont présenté lors d’un comité central d’entreprise leur nouveau scénario pour ramener l’entreprise publique à l’équilibre.Celui-ci est désormais programmé pour 2018, après que le gouvernement a précisé, en juillet, que l’objectif initial de 2017 était un « horizon » et non une « date butoir », tandis que les syndicats estimaient que « le climat social rend irréaliste la mise en place d’un plan de départs volontaires ».Lire aussi :La question d’un plan de départs agite Radio FranceDans ce nouveau contexte, M. Gallet avait accepté d’étudier, pendant l’été, un scénario alternatif, alors que plusieurs syndicats défendaient une solution fondée sur l’« effet de noria », qui consiste à évaluer les économies engendrées par les départs en retraite de salariés, et leur remplacement par des employés plus jeunes, a priori moins bien rémunérés.C’est donc ce scénario alternatif que la direction a présenté, mercredi. Elle prévoit désormais 22 millions d’euros d’économies sur la masse salariale (qui augmente mécaniquement de quatre millions d’euros par an) d’ici 2018.Ces économies seraient obtenues par le non-remplacement de 230 départs et un moindre recours aux CDD pour les congés, à hauteur de 40 équivalents temps plein. Soit 270 suppressions de postes, sur un effectif d’environ 4 400 actuellement, contre 350 initialement envisagées. Et par un gel des salaires en 2016 et 2017.Le non-remplacement de 230 départs serait étalé sur trois ans (2016 à 2018), tandis que le moindre recours aux CDD le serait sur quatre. Dans son rapport, le médiateur Dominique-Jean Chertier, qui a conduit une mission à Radio France au printemps, préconisait « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ». Par ailleurs, la direction a proposé de créer 48 postes pour des emplois nouveaux, étalés sur quatre ans, jusqu’en 2019.Lire aussi :Les maux de Radio France diagnostiquésPour les syndicats qui avaient encouragé un plan alternatif, il s’agit d’un premier succès. Mais ils sont loin de crier victoire, comme le rappelle Philippe Ballet, de l’UNSA :« Même si nous sommes satisfaits d’échapper au plan de départs volontaires, qui était beaucoup trop brutal et coûtait cher, nous ne sommes pas satisfaits de l’alternative posée sur la table [..] 270, c’est vraiment beaucoup, c’est un nouvel effort demandé aux salariés, qui peut provoquer des tensions supplémentaires dans les charges de travail, et qui sera difficilement tenable socialement parlant. »Des syndicats avaient fait travailler un cabinet d’experts sur un scénario alternatif. S’il retenait l’option du non-remplacement des départs également, il prévoyait moins de postes supprimés, avec environ 60 par an sur trois ans.La CGT, elle, se dit « contre toute suppression d’emploi, que ce soit sous forme de plan de départs volontaires ou sous forme de “départs naturels non remplacés” ». Le spectre de la grève historique du printemps plane sur ces discussions.La direction de l’entreprise a maintenu ses autres mesures d’économies, telles que l’arrêt des émissions en ondes moyennes, à la fin de 2015, et en ondes longues, à la fin de 2016, les économies sur les abonnements à la presse, ou encore les réductions des CDD et des piges.Lire : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Ces fiches doivent être détruites. » C’est la consigne énoncée par Delphine Ernotte à propos des grilles d’évaluation des salariés, conçues par la direction de France Télévisions à partir d’avril 2014 et décrites dans l’édition du mercredi 9 septembre du Canard enchaîné, et dans un article de Mediapart. La présidente de France Télévisions doit rencontrer les organisations syndicales pour « mettre tout à plat », mercredi après-midi, une réunion prévue « depuis dix jours environ », précise-t-on, au moment où Mme Ernotte a fait passer ses consignes.Il n’y a pas, à France Télévisions, de système de fichage des salariés, soutient l’entourage de la présidente : les fiches n’étaient pas insérées dans les dossiers individuels des salariés. Il s’agissait de « documents de travail » qui servaient à animer des réunions de « revue du personnel », entre managers et départements des ressources humaines, selon la direction.Pour autant, Delphine Ernotte considère que cette initiative a été « viciée » dès le départ, car il n’y a pas eu d’information des organisations syndicales ni des salariés. Selon la présidente, ce processus a été une « erreur », elle ne l’approuve pas et veut l’abandonner.“I” pour “insuffisant”, “C” pour “conforme aux attentes”C’est à peine entrée en fonction que la présidente de France Télévisions doit gérer cette affaire embarrassante. Alors que Mme Ernotte déclarait le 4 septembre au micro de France Inter que « personne n’est fiché à France Télévisions », il apparaît que ce système était destiné à l’ensemble du groupe et a été conçu à Paris, et non à la seule rédaction de France 3 Auvergne, où l’affaire avait été mise au jour. La direction assure toutefois qu’il n’avait pas encore été déployé partout.Concrètement, tous les chefs du personnel des chaînes publiques devaient remplir un formulaire intitulé « Revue de personnel – Évaluation de performance et de potentiel », dans lequel ils cochaient les qualités et les défauts des salariés, précise Le Canard enchaîné.« Une fois additionné les défauts et les qualités, il suffit de délivrer une note : “I” pour “insuffisant”, “C” pour “conforme aux attentes” et “B” pour “va au-delà des attentes”. »L’ex-DRH Papet dément tout « fichier » des salariésCe système aurait été élaboré par la direction des ressources humaines de France Télévisions, alors dirigée par Patrice Papet, sous la présidence de Rémy Pflimlin. Selon Le Canard, ce système aurait été orchestré par M. Papet, qui est depuis devenu conseiller de Delphine Ernotte, mais a prévu de quitter l’entreprise à la fin de l’année.Interrogé par Le Monde, M. Papet dément vivement avoir été à l’origine de ces évaluations. Mais l’ancien DRH confirme que les revues de personnel existent à France Télévisions comme, selon lui, dans la plupart des grandes entreprises. « Il s’agit d’un outil courant de gestion du personnel et des compétences, qui est le fruit d’un travail entre les RH et les responsables hiérarchiques », expose M. Papet.Selon lui, c’est dans ce cadre que ces grilles d’évaluation ont été utilisées et que les compétences des salariés ont pu être ainsi analysées et déboucher sur une notation. M. Papet admet que « cet outil a été proposé à l’ensemble des responsables hiérarchiques ». Toutefois, assure-t-il, « il n’a en aucun cas débouché sur un fichier où les observations des responsables ont été centralisées ». « Il n’y a pas de fichier des salariés à France Télévisions », répète-t-il, à l’unisson de Mme Ernotte.L’existence de ces fiches, comportant parfois des commentaires extrêmement sévères sur le comportement des salariés, avait été rendue publique par le syndicat Force ouvrière, à France 3 Auvergne, en août dernier. Tous les syndicats avaient alors décidé de monter au créneau. L’un d’eux, la CFE-CGC, envisageait mercredi de tenter de faire saisir les fiches en question avant leur destruction éventuelle, pour permettre aux salariés qui le souhaiteraient de porter plainte.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.09.2015 à 13h48 • Mis à jour le08.09.2015 à 15h04 S’achemine-t-on vers un retour de la publicité après 20 heures sur France Télévisions ? Le débat est « ouvert » et doit être « examiné attentivement », a déclaré mardi 8 septembre le ministre des finances, Michel Sapin, rappelant l’urgence d’améliorer les finances du groupe public. Sans indiquer s’il était lui-même favorable ou non à ce retour, le ministre a affirmé au micro de RMC et BFM-TV en voir aussi « les avantages » que « les inconvénients. »La nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a récemment mentionné cette piste pour disposer de plus de moyens, réclame l’extension de la publicité jusqu’à 21 heures, alors que la publicité rapporte actuellement à France Télévisions 320 millions d’euros par an.Réforme de la redevanceCe n’est pas la seule piste pour rétablir les finances de l’audiovisuel public. L’Elysée doit également se prononcer sur une éventuelle réforme de la redevance, principale ressource de France Télévisions en 2014 avec 2,4 milliards d’euros de recettes sur un budget de 2,8 milliards d’euros.Le président de la République, François Hollande, s’est cependant dit lundi « pas favorable » à une redevance « élargie aux objets connectés » (smartphones ou tablettes) ni à un recours « exagéré » à cette taxe pour financer l’audiovisuel public. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, avait déjà exclu l’hypothèse d’une taxe sur les smartphones ou les tablettes, évoquée par la nouvelle patronne de France Télévisions dans son discours de rentrée. La ministre a en revanche souligné qu’une extension de la redevance aux box de connexion à Internet est sur la table.Lire aussi :Audiovisuel : Hollande écarte un élargissement de la redevanceLe débat sur la manière dont est perçue la taxe audiovisuelle « est intéressant » au vu des nouvelles façons de regarder la télévision, a souligné M. Sapin. Mais si elle était élargie immédiatement aux objets connectés, « il y aurait à peu près un million de personnes qui ne paient pas (actuellement), souvent des jeunes, qui tout à coup se mettraient à payer », a-t-il souligné. Au moment où l’Etat annonce des baisses d’impôt, « ce ne serait pas très bon », a-t-il conclu.Après ces déclarations matinales, l’action TF1 a chuté lourdement mardi matin à la Bourse de Paris, affectée par des audiences en baisse en août et la crainte d’un possible retour de la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques. En début d’après-midi, le cours de TF1 perdait près de 7 %.Lire aussi :La présidente de France Télévisions veut étendre la redevance aux ordinateurs et smartphones Daniel Psenny Le monde aime la production audiovisuelle française ! En 2014, les ventes de programmes (fictions, documentaires, films d’animation, jeux) ont atteint 153,8 millions d’euros, soit une augmentation de 12,1 % par rapport à 2013. « Un record historique », a déclaré Mathieu Bejot, délégué général de TV France International (TVFI), en commentant ces chiffres publiés, mardi 8 septembre 2015, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et TVFI, lors du 21e « Rendez‐Vous », qui se tient à Biarritz du 6 au 10 septembre.Quelles sont les productions qui se vendent le plus ?Avec 38,9 millions d’euros (+ 49,3 % par rapport à 2013), c’est la fiction qui a opéré, l’an passé, la plus forte progression à l’exportation pour la quatrième année consécutive. Son volume de ventes dépasse désormais celui du documentaire (+13,2 % à 34,9 millions d’euros) et elle s’installe comme le deuxième genre le plus vendu.L’animation reste le genre le plus exporté, avec 45 millions d’euros, soit 29,2 % du total des ventes, même si le chiffre d’affaires à l’international fléchit légèrement (‐ 3,9 %).Les ventes de formats (fiction, jeux, variétés) sont aussi en hausse (+3,5 % à 22,8 millions).La fiction française progresse ainsi fortement à l’international : +49,3 % à 38,9 millions d’euros.« C’est un mouvement de fond pour la fiction française, explique M. Bejot. Cette accélération a été importante en raison du tournage de nombreuses fictions en langue anglaise et grâce à la diversité des téléfilms et des séries. »Qui achète ?Les chaînes les plus consommatrices de programmes audiovisuels français sont celles d’Europe de l’Ouest (+7,8 %) et d’Amérique du Nord (+34,2 %).La fictionEn 2014, les ventes de fiction française à l’international enregistrent une forte progression (+49,3 % à 38,9 millions d’euros).L’Europe de l’Ouest confirme son statut de première zone d’exportation de fiction française avec une part de 60,5 % en 2014, contre 55,2 % en 2013. La zone germanophone devient le premier acheteur de fiction française devant la Belgique. Ainsi, les ventes de fiction sont multipliées par quatre à l’image de « Profilage » (54 x 52’) vendue par TF1 International aux allemands de ProSiebenSat.1 ou « Les Revenants » (8 x 52’) vendue à Super RTL.Les chaînes belges conservent leur appétence pour les programmes de fiction française comme la saison 3 de « Soda » (244 x 22’) qui a été vendue à RTL Belgique. A noter aussi la percée régulière de la fiction française sur le territoire anglo‐saxon à l’image de la vente de « Les Témoins » (6 x 52’) à Channel 4. Les ventes de fiction française en Amérique du Nord progressent fortement de 106,1 % pour atteindre 5,9 millions d’euros en 2014. Les Etats‐Unis sont particulièrement actifs (+209,1 %).La production de séries françaises en langue anglaise permet d’offrir des débouchés à la production de fictions telles que « Taxi Brooklyn » (12x45’– EuropaCorp TV) vendue à NBC. Les ventes concernent aussi des séries de catalogue comme « Maigret » (54 x 90’– Meska Productions) vendue à MHz Networks ou encore « Les Témoins » (6 x 52’– Cinétévé) vendue à Netflix.Le documentaireLes ventes de documentaire français à l’international augmentent de 13,2 % pour atteindre 34,9 millions d’euros en 2014. Le genre capte 22,7 % des recettes, contre 22,5 % en 2013. Les documentaires d’investigation sont très demandés.Les programmes unitaires historiques de prestige avec des moyens techniques innovants sont également prisés à l’image du Dernier Gaulois distribué par FranceTV distribution qui mixe animation 3D et prise de vue en extérieur.Les ventes de documentaires en Amérique du Nord augmentent fortement de 72,7 % à 7,7 millions d’euros en 2014 ainsi qu’en Asie, avec une progression de 9,4 % pour atteindre 5,1 millions d’euros en 2014.L’animationEn 2014, les ventes de programmes français d’animation à l’étranger diminuent après cinq années de hausse consécutive à 45 millions d’euros (‐3,9 % par rapport à 2013). La part du genre atteint 29,3 % des ventes totales. Bien qu’en baisse, le niveau de chiffre d’affaires de l’animation française reste à son deuxième meilleur niveau depuis dix ans après une année 2013 record.Les formats de 22 minutes et 26 minutes sont de moins en moins sollicités au profit de formats courts (7, 11 ou 13 minutes) plus en phase avec les nouveaux modes de consommation des enfants. « Les réseaux et les grandes chaînes jeunesse américaines (Cartoon Network, Disney…) se tournent régulièrement vers les programmes d’animation français à l’image de Spark ou NBC Kids », souligne l’étude. Ces dernières ont acheté « Zou » (104 x 11'), les « Lapins Crétins » (78 x 71') vendu par FranceTV distribution ou « Sally Bollywood » (104 x 13').Les formatsLes ventes de formats français (fiction, jeux et variétés) à l’étranger continuent leur croissance (+3,5 %), passant de 22,1 millions d’euros en 2013 à 22,8 millions en 2014. Le marché reste en progression et continue à séduire de nouveaux territoires : le Royaume‐Uni, la Belgique, l’Espagne et l’Italie renouvellent leurs achats.Le jeu et le divertissement sont traditionnellement recherchés, aussi bien des valeurs sûres comme « Des chiffres et des lettres » (France TV distribution) ou « Fort Boyard » (ALP), mais aussi des nouvelles écritures comme « Slam » (Effervescence Productions, vendu par Can’t Stop Media) vendu en Slovénie ou « Run & Buzz », vendu par Newen Distribution en Turquie, en Espagne, au Benelux et en Russie. Les émissions de divertissement portent aussi le marché comme « Les Enfants de la télé » vendue par Endemol.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les reportages qui dérangent ont-ils encore leur place dans le Canal+ de Vincent Bolloré ? Fin juillet, Society et Mediapart affirmaient que le patron de Vivendi était intervenu pour empêcher la diffusion d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel. Ces jours-ci, selon nos informations, c’est une enquête consacrée à l’Olympique de Marseille qui a suscité les critiques du nouveau patron de Vivendi. Aujourd’hui, ce sujet n’est pas disponible sur la plateforme de « replay » MyCanal, qui regroupe pourtant les programmes de la chaîne.Intitulé OM, la fuite en avant ?, le reportage a été diffusé, mercredi 2 septembre, dans l’émission « Enquêtes de foot », sur Canal+ Sport. Il revient sur l’été agité du club de football, qui a vu partir plusieurs de ses joueurs majeurs puis son entraîneur, l’Argentin Marcelo Bielsa.L’enquête évoque notamment le président de l’OM, Vincent Labrune. Un témoignage le décrit comme peu présent au quotidien et fait état d’une désorganisation à la tête du club. La relation de M. Labrune avec les journalistes sportifs est également évoquée, notamment la présence de certains d’entre eux à son mariage. L’enquête s’attache enfin à décortiquer la stratégie de réduction de la masse salariale mise en œuvre par la direction du club phocéen.Un « bref » message en CEJeudi 3 septembre, le lendemain de sa diffusion, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire, Vincent Bolloré a déploré que ce sujet donne une image négative du club marseillais, a appris Le Monde. Il a fait comprendre qu’il y voyait un exemple de ce qu’il ne faut pas faire, c’est-à-dire prendre le risque de froisser des partenaires de Canal+ – la chaîne diffuse en effet une partie de la Ligue 1.Lire notre éclairage :La reprise en main continue à Canal +Une source proche de Vivendi confirme la teneur du « bref » message de M. Bolloré, mais affirme que la direction de Canal+, elle aussi, avait trouvé le reportage « inutilement partial ». Et rappelle que Canal+ a eu à souffrir un boycott temporaire du Paris-Saint-Germain et de l’OM en avril, à la suite de la diffusion de propos polémiques du joueur Zlatan Ibrahimovic.L’OM et son président sont des membres influents de la Ligue de football professionnel, qui attribue les droits de diffusion des championnats de France de Ligue 1 et de Ligue 2. Canal+ a remporté le dernier appel d’offres, en 2014, mais la chaîne subit la concurrence de beIN Sports.L’axe du divertissementOr, le sport est un domaine crucial pour le développement du groupe, souligne-t-on à Vivendi : M. Bolloré a expliqué jeudi aux cadres qu’il était prêt à investir beaucoup pour reconquérir le leadership de la chaîne payante sur les droits sportifs.À Vivendi, on estime que Canal+ est une chaîne de divertissement et d’information qui doit s’attacher à offrir le meilleur du spectacle et les plus grands événements, notamment sportifs ; plutôt que voir ses journalistes se placer en juge et régler des comptes. Une vision qui ouvre des perspectives de développement mais limite potentiellement l’investigation.« L’arrogance n’est pas un comportement qui permet d’avancer », avait énoncé Vincent Bolloré dans sa lettre adressée aux salariés, jeudi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est sa première apparition publique depuis sa nomination comme directeur de la rédaction d’i-Télé : Guillaume Zeller a fait partie de la délégation envoyée par la chaîne d’information pour défendre sa demande de passage en haute définition, devant le conseil supérieur de l’audiovisuel, mercredi 23 septembre. Alors que le renvoi brutal de l’ancienne direction d’i-Télé par sa maison mère Vivendi a soulevé des doutes sur l’avenir de la chaîne, M. Zeller a donné quelques détails sur l’état d’esprit du nouveau management, tout en précisant que le projet stratégique et éditorial est encore « en cours d’élaboration ».Lire aussi :Nouveaux changements à i-Télé« Élargir le spectre des thèmes traités »« Les piliers d’i-Télé demeureront invariants : être une chaîne d’information, en continu, qui donne un éclairage sur les thématiques globales », a rassuré M. Zeller, en réponse à une question du conseiller Patrice Gélinet. Le directeur a fait référence à la « convention » passée par la chaîne avec le CSA.« Nous réfléchissons à élargir le spectre des thèmes traités », a toutefois précisé M. Zeller, citant différents domaines : « technologies, société, santé, éducation, consommation… » Des nouveautés qui pourraient éventuellement être insufflées en journée, quand l’audience des chaînes d’information est plus faible. La matinale de Bruce Toussaint est, elle, vue comme un « navire amiral puissant » et une « locomotive ». Un message qui sera sûrement noté en interne où courent les rumeurs selon lesquelles les animateurs avec des salaires importants pourraient être menacés.M. Zeller a cité deux autres axes : une « forte stratégie digitale », d’abord. Car, comme l’a relevé Maxime Saada, directeur général du groupe Canal+, également présent, i-Télé voit dans les téléphones mobiles « un espace un peu inoccupé ». « Mise en perspective de l’information »Puis M. Zeller a évoqué « la mise en perspective de l’information », donc une forme de « pédagogie », ce qui suppose parfois « un temps un plus long ». La promotion d’un plus grand recul par rapport à l’information en temps réel était déjà mise en avant par la direction précédente, et elle est aussi partagée par LCI, mais aussi France Télévisions pour son projet de chaîne d’information, et enfin BFM-TV, le leader, qui revendique ses efforts de décryptage et de reportages autour de l’actualité.Au long de cette audition face au CSA, on a senti des allusions feutrées aux polémiques qui ont entouré la prise de contrôle de Vincent Bolloré sur Canal+ et sa chaîne d’information. « Y aura-t-il des sujets qui fâchent qui seront interdits sur i-Télé ? », a ainsi demandé Mémona Hintermann-Afféjée, en référence aux documentaires de Canal+ déprogrammés ou critiqués par la direction de Vivendi. Non, a répondu M. Zeller. Ce dernier a fait un plaidoyer pour une « information plurielle, équitable, honnête, vérifiée ». Une volonté de rassurer, alors que son profil de journaliste proche du catholicisme traditionaliste a fait craindre, en interne, une inflexion politique, à deux ans de la présidentielle de 2017.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréRassurer sur l’ambiance à i-TéléInterrogé justement par Mme Hintermann-Afféjée sur l’ambiance à i-Télé, M. Zeller a souri : « La situation est bien différente de ce qui a pu être affiché à l’extérieur », a-t-il dit, en référence aux articles parus dans la presse. Puis il a rendu un hommage à la rédaction en place : « Je suis admiratif du professionnalisme des équipes », a dit ce fidèle de Vincent Bolloré, passé par Direct 8 et Directmatin.fr mais sans expérience d’une chaîne d’information en continu.Enfin, M. Zeller s’est vu demander quand i-Télé aurait un « comité d’éthique digne de ce nom ». Le conseiller du CSA Nicolas About a ainsi évoqué indirectement la démission de deux membres de cette instance, en protestation contre la méthode de remplacement des dirigeants d’i-Télé, jugée brutale. M. Zeller promis que le nom des nouveaux membres serait connu bientôt, dans les « prochains jours ».Les autres patrons présents – Jean-Christophe Thiery, le PDG du groupe Canal+, Maxime Saada, son directeur général et Frédéric Vincent, directeur technique – ont soutenu M. Zeller et apporté quelques précisions stratégiques, promettant au CSA d’« investir » dans les moyens pour qu’i-Télé puisse rattraper son retard sur le leader BFM-TV.Jeudi, c’est le grand patron Vincent Bolloré qui aura l’occasion de poursuivre les discussions. Il sera auditionné à son tour par le CSA.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.09.2015 à 06h45 • Mis à jour le23.09.2015 à 11h54 | Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) Il n’y a pas que de belles histoires dans la high-tech. La start-up Oyster ambitionnait de devenir le Netflix du livre numérique. Mais deux ans à peine après son ouverture, cette bibliothèque en ligne va bientôt fermer ses portes. « Le service s’arrêtera dans les prochains mois », précisent ses trois fondateurs, dans un message publié lundi 21 septembre sur le blog de la jeune entreprise.Oyster a été lancée en septembre 2013 aux Etats-Unis. Sa promesse : un accès illimité à un catalogue riche d’un million de livres. Pour dix dollars par mois (neuf euros), ses utilisateurs peuvent ainsi lire autant de titres qu’ils le souhaitent, sur leur tablette, leur smartphone ou leur ordinateur.Cette offre illimitée s’inspire du modèle mis en place par Netflix pour les films et les séries télévisées, et par Spotify pour la musique. Ces deux entreprises, leaders sur leur marché respectif, séduisent des dizaines de millions d’utilisateurs dans le monde. De son côté, Oyster n’a jamais véritablement réussi à décoller.La rémunération des auteurs et des éditeurs, un gouffre financierLa société new-yorkaise ne manquait pourtant pas d’ambitions. Elle se rêvait en nouveau Amazon, le géant du commerce en ligne qui a révolutionné le marché du livre avec l’introduction en 2007 de sa liseuse Kindle. « Nous voulons être la société qui va amener les livres numériques à la prochaine étape », lançait encore ses dirigeants en début d’année.Quelques mois après les débuts du service, Oyster avait levé 14 millions de dollars (12,5 millions d’euros) auprès d’investisseurs. Mais les frais engagés par la société, notamment pour rémunérer les auteurs et les éditeurs, ont fait fondre ce pactole. La société ne pouvait plus se permettre d’opérer à perte. « Nous avons réalisé d’importants progrès vers notre objectif de bâtir une manière plus simple de lire », se consolent désormais ses fondateurs.En deux ans, Oyster a en effet réussi à convaincre trois des cinq grandes maisons d’édition de rejoindre sa plate-forme. Mais pas le groupe français Hachette ni son rival anglo-saxon Penguin Random House. En ajoutant les éditeurs indépendants, le nombre d’ouvrages disponibles a été multiplié par dix : de 100 000 au lancement à un million, dont la saga Harry Potter.Prix élevé de l’abonnementCette forte progression masque cependant une importante lacune : les titres les plus récents ne sont pas présents. Consciente des limites de son catalogue, la start-up avait lancé, en avril, une boutique de livres numériques. Celle-ci propose toutes les nouveautés des cinq grands éditeurs.Autre handicap : le prix par abonnement. Dix dollars par mois, c’est un dollar de plus que Netflix, le populaire service de streaming, la lecture sans téléchargement. En moyenne, les Américains lisent une demi-heure par jour, selon les dernières statistiques du département du travail. Mais ils passent près de trois heures devant leur télévision.« Un modèle par abonnement pour les livres numériques n’est pas vraiment intéressant pour une grande partie des lecteurs, note le cabinet Enders Analysis. Les catalogues sont limités et les gens ne lisent pas suffisamment pour rendre ses offres rentables. »Selon Digital Book World, le prix moyen des versions électroniques des ouvrages à succès est inférieur à 7 dollars aux Etats-Unis. Cela signifie que pour rentrer dans ses frais, l’abonné doit lire plus de 17 livres par an. Or, 70 % des Américains lisent moins de 10 ouvrages par an, d’après une étude du Pew Research Center.Concurrence du Kindle Unlimited d’AmazonL’offre illimitée d’Oyster n’était donc intéressante que pour les gros lecteurs. Or, son modèle économique ne pouvait fonctionner que si les abonnés ne consommaient pas trop. La société reverse en effet quelques dollars aux ayants droit à chaque téléchargement. Plus un utilisateur lit, moins il est rentable, car les commissions à payer se rapprochent, voire dépassent le prix de l’abonnement.La situation était d’autant plus compliquée qu’Amazon a lancé un service concurrent en juillet 2014, baptisé Kindle Unlimited. Le géant du commerce en ligne est le leader incontesté du livre numérique. Sa bibliothèque numérique comptait en mai plus de dix fois le nombre d’abonnés d’Oyster, d’après les estimations du cabinet de recherche Codex Group.Dans leur message, les trois fondateurs d’Oyster évoquent « de nouvelles opportunités pour que [leur] vision se matérialise ». Cela se fera peut-être chez Google, qui a recruté une partie des équipes de la start-up. Selon le site spécialisé Recode, les fondateurs ont aussi rejoint la société de Mountain View. De quoi alimenter les spéculations sur l’arrivée d’une offre d’abonnement sur Google Play Books, sa librairie numérique.Jérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde 21.09.2015 à 10h44 • Mis à jour le21.09.2015 à 10h49 | Alexandre Piquard C’est un conte de 2015. Un groupe média à la dimension internationale issu de la presse écrite underground lance sur le Web la version française d’un magazine papier anglais culte. La filiale parisienne de Vice Media a ainsi mis en ligne lundi 21 septembre le site en français d’ i-D Magazine, un journal devenu icône dans le milieu de la mode. Et espère, grâce à son savoir-faire dans le numérique et la vidéo, séduire des jeunes.i-D Magazine n’est pas très connu du grand public français mais, pour les connaisseurs, c’est une légende : lancé en 1980 par un ancien directeur artistique de Vogue, il est connu pour ses couvertures avec un logo en forme de smiley et des mannequins faisant un clin d’œil. Il a accompagné une génération de talents, de Kate Moss aux photographes Juergen Teller ou Wolfgang Tillmans. Il revendique un style esthétique mais plus brut que ses homologues « papier glacé ». Notamment dans ses photos d’anonymes repérés dans la rue pour leur look et « shootés » sur place, en pied.« Trente-cinq ans d’héritage »En 2012, Vice Media, né comme un magazine punk en 1994 mais parti à l’assaut de la vidéo et du Web, a racheté i-D Magazine. Le groupe américain n’a pas touché au magazine papier anglais, qui n’a jamais eu qu’une seule version (achetée, à l’étranger, par quelques fans). Mais Vice a lancé sur Internet huit déclinaisons internationales d’i-D en Allemagne, en Italie, au Mexique, en Pologne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis et en Espagne.La France a-t-elle vraiment besoin de davantage de contenus sur la mode ? Le créneau est déjà occupé, si l’on considère les magazines féminins, les suppléments des journaux généralistes, les journaux gratuits comme Stylist ou les vidéos d’amateurs sur YouTube. « i-D ne part pas de rien, il a trente-cinq ans d’héritage », répond Benjamin Lassale, patron de Vice France. De fait, le magazine a déjà 150 000 abonnés sur YouTube et 1,1 million sur Twitter.Plus concrètement, les éditions internationales permettront à la version française de disposer de contenus qu’il serait autrement difficile de produire, car, comme tous les médias de Vice, elle sera alimentée de 50 % à 80 % de traductions « travaillées ».« Un magazine de célébration, plus prescripteur que critique »« La presse mode est très féminine et tourne autour des produits », regrette Clément Corraze, directeur de l’équipe de onze personnes et ancien des revues Purple et Antidote. i-D promet un contre-pied, plus ancré dans le « réel ». « i-D est un magazine de célébration, plus prescripteur que critique », explique Tess Lochanski, la rédactrice en chef, ancienne du cahier Obsession de L’Obs. Elle a travaillé à adapter ce ton à la France, réputée plus « cynique ». i-D ne veut pas non plus être trop parisien, se rappelant que son ancêtre a défriché des villes comme Leeds ou Brighton.i-D compte enfin profiter du modèle de « sponsoring » de contenus éprouvé par Vice : par exemple des vidéos, cofinancées par le couturier Marc Jacobs, sur des « tribus » comme les riders de vélos BMX dans le quartier du Bronx à New York, ou sur des latinos de Los Angeles, fans de rockabilly, de voitures et de musique fifties. Ou un abécédaire pointu de la danse urbaine, payé par la jeanerie Diesel. Côté français, i-D « célèbrera » la DJ Clara 3000, des clubs « underground » comme la Péripate à Paris ou le jeune designer Julien Dossena, de Paco Rabanne, et fera parler longuement la « papesse » de la mode Carine Roitfeld. M. Corraze résume l’enjeu : « Trouver des sous-cultures qui feront l’air du temps. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger La Commission nationale informatique et liberté (CNIL) a annoncé refuser, lundi 21 septembre, de donner raison à Google dans le cadre du conflit qui les oppose sur le « droit à l’oubli » sur Internet.Le moteur de recherche avait demandé à l’autorité française chargée des données personnelles de renoncer à demander que les résultats de recherches supprimés en vertu du « droit à l’oubli » le soient dans le monde entier, et pas seulement dans les versions européennes de Google.La CNIL avait adressé en mai 2015 une injonction à l’entreprise américaine, constatant que des résultats de recherche supprimés au nom du « droit au déréférencement » – terme plus juste que celui du « droit à l’oubli » – l’étaient seulement pour les internautes se connectant à Google depuis l’Europe.Lire aussi :Google ne veut pas appliquer le « droit à l’oubli » dans le monde entierAu cœur de ce différent entre Google et la CNIL, l’interprétation de la décision de justice rendue au printemps 2014 par la Cour de justice de l’Union européenne, qui reconnaît l’existence, pour les internautes européens, de ce droit. Pour l’autorité française, ce dernier ne peut être respecté que s’il est appliqué dans le monde entier. Pour Google, qui fait valoir que la quasi-intégralité de ses utilisateurs basés en Europe utilisent la version européenne du moteur de recherche, la décision de la justice européenne ne le lie que sur le territoire européen.Google « doit dès à présent se conformer à la mise en demeure », insiste la CNIL. Dans le cas contraire, l’institution pourra décider d’une sanction.Lire aussi :Droit à l’oubli : la France en tête des demandesMartin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien Gouteux et Alexis Delcambre C’était le jour qu’attendaient avec appréhension les secteurs des médias et de la publicité. Mercredi 16 septembre, Apple a livré aux utilisateurs d’iPhone la dernière version de son système d’exploitation, iOS 9. Celle-ci propose une petite nouveauté qui soulève de grandes questions : la possibilité d’activer des applications tierces qui bloquent la publicité sur les sites Internet visités avec le navigateur Safari (proposé par défaut dans les terminaux Apple).Ces bloqueurs de publicité – ou « adblocks » – sont déjà très populaires sur les ordinateurs, sous la forme d’extensions aux navigateurs. Ils permettent aux utilisateurs de filtrer les publicités et les traceurs de données présents sur les pages Web. S’ils accélèrent le chargement des pages et limitent la captation de données personnelles – ce qui améliore l’« expérience utilisateur » –, ils menacent le modèle de financement par la publicité du contenu gratuit sur Internet et du développement à venir de nombreux sites.A l’origine cantonnés aux utilisateurs les plus agiles, les « adblocks » semblent désormais toucher un public plus large. Ainsi, l’un des bloqueurs les plus populaires, Adblock Plus, serait utilisé par 50 millions d’internautes, selon son propriétaire.L’arrivée des « adblocks » sur les téléphones et tablettes Apple représente donc une nouvelle étape dans leur développement. Vendredi 18 septembre, deux bloqueurs de publicité figuraient déjà en tête du classement des applications payantes les plus téléchargées en France sur l’App Store, le magasin en ligne d’Apple, selon les chiffres du site spécialisé App Annie.Menace pour l’édifice du Web ?La véritable ampleur du blocage de publicité sur Internet reste à établir. Selon un rapport souvent cité et publié en 2014 par la société irlandaise PageFair, il y aurait plus de 144 millions d’utilisateurs de bloqueurs de publicité dans le monde, 41 % auraient moins de 30 ans, et ce nombre serait en forte croissance.Pour certains, la pratique menace l’édifice du Web, bâti en large partie sur la gratuité des contenus et le financement par la publicité. Ainsi Sean Blanchfield, un des rédacteurs du rapport, cité par le journal britannique The Guardian, pense que ce type de logiciels fera aussi mal à l’industrie publicitaire que Napster en avait fait aux majors musicales, en permettant le téléchargement frauduleux de fichiers musicaux de 1999 à 2001.L’arrivée des bloqueurs de publicité est la dernière étape dans un vaste débat sur les pratiques de l’industrie de la publicité et l’éthique des bloqueursMais PageFair n’a-t-elle pas intérêt à noircir le tableau ? L’entreprise irlandaise développe des solutions de contournement des « adblocks », qu’elle commercialise. Face à elle, on trouve un acteur comme l’allemand Eyeo, éditeur du bloqueur Adblock Plus. Eyeo affirme « redonner le pouvoir aux utilisateurs » et protéger leur vie privée, mais des médias dénoncent ce qu’ils appellent une « extorsion ».Car Adblock Plus dispose d’une « liste blanche » dans laquelle figurent des sites et des services épargnés par le blocage. L’inscription sur cette liste est payante, plusieurs millions pour un géant comme Google, selon PageFair. Plusieurs médias allemands ont porté plainte contre Eyeo, mais les plaignants ont été déboutés en mai 2015. Selon le site iGénération, Eyeo tente désormais de convaincre les développeurs d’« adblocks » concurrents d’intégrer sa liste blanche, contre rémunération.L’arrivée des bloqueurs de publicité est la dernière étape dans un vaste débat, ouvert depuis des années, sur les pratiques de l’industrie de la publicité et l’éthique des bloqueurs. Vendredi 18 septembre, le créateur de l’application Peace, le bloqueur de publicité le plus vendu sur iOS, a retiré son logiciel de la vente, citant « un cas de conscience ». Marco Arment, développeur reconnu, cofondateur de Tumblr, a expliqué ne pas vouloir « s’engager dans une guerre », et qu’une lutte efficace contre les excès de la publicité en ligne nécessitait « une approche plus nuancée et complexe que celle d’une simple application iOS ».Bataille sur la régie publicitaire numériqueCette concurrence entre logiciels bloqueurs et logiciels de contournement n’est qu’un des aspects de la bataille en cours. Un autre se joue directement entre les médias et les géants du Web, comme Apple, voire entre celle-ci et Google, la principale régie publicitaire numérique.En encourageant le développement des « adblocks », Apple semble en effet vouloir pousser les médias vers une autre nouveauté de son système d’exploitation, appelée « News ». Cette application native est alimentée par des médias partenaires, qui proposent leurs contenus à Apple. Ces derniers peuvent être accompagnés de publicité que News ne permet pas de bloquer. Si c’est le média qui vend directement cet espace à un annonceur, il touche 100 % de son prix de vente. Sinon Apple se charge de le vendre, en empochant 30 % du prix.Ces conditions intéressantes ont déjà convaincu une trentaine de médias américains (CNN, Time, Vox Media…) de rejoindre News. A terme, comme Facebook avec les Instant Articles, Apple espère centraliser dans News l’accès des utilisateurs à l’information. Quitte à assécher, en attendant, des médias dépendant, à des degrés divers, de la publicité.Damien GouteuxJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Une conjonction astrale exceptionnelle, entre ballons orange, ovale et rond. Euro de basket-ball, ouverture de la Coupe du monde de rugby, coupes européennes de football : le quotidien L’Equipe pouvait difficilement espérer des circonstances plus favorables pour lancer sa nouvelle formule, vendredi 18 septembre.Celle-ci s’incarne dans un changement de format radical : le journal passe du broadsheet (54 × 38,5 cm) au tabloïd (36 × 28 cm), soit une réduction de moitié de la taille des pages. En rapetissant, celles-ci deviennent plus simples à concevoir, les articles se font plus courts, et les habitudes de travail changent, à la rédaction comme à l’imprimerie.Pourquoi le quotidien sportif s’embarrasse-t-il d’une telle réforme ? A l’image des autres journaux français, ses ventes sont en déclin (– 9,76 % en 2014 par rapport à 2013). Ses enjeux stratégiques sont plutôt de générer des revenus à partir de sa large audience numérique – grâce à laquelle il affiche 24 millions de « contacts » par mois – et de rentabiliser son investissement dans la télévision, où il a lancé la chaîne L’Equipe 21.« Le doudou du fan de sport »Arrivé du service des sports de Canal+ en février 2015 – soit avant la reprise en main du groupe de télévision par son actionnaire, Vivendi –, le nouveau directeur général du titre, Cyril Linette, admet qu’au début, cette problématique de format lui est apparue « surannée ». « Les nouvelles formules n’ont pas souvent d’impact décisif sur les lectorats », observe-t-il. A L’Equipe, le sujet faisait figure de serpent de mer, avec plusieurs études menées, sans que le pas soit jamais franchi.Pour y voir clair, le journal a décidé de mener un test. Il est sorti au format tabloïd le 10 juin en demandant à ses lecteurs de donner leur avis. Surprise : plus de 10 000 d’entre eux ont répondu et 75 % des avis étaient favorables – un cas assez rare d’appétence pour le changement. Dans les jours qui ont suivi, M. Linette a décidé de mettre fin à près de soixante-dix ans de grand format et su en convaincre son actionnaire, Marie-Odile Amaury.« Malgré la variété de nos supports, le journal reste un trésor, c’est un peu le doudou du fan de sport », formule-t-il aujourd’hui. Le grand format était devenu, selon lui, un frein à la lecture : difficulté à ouvrir le journal dans certaines situations, trop grand nombre d’« entrées » par page, surcouverture de certains sujets, format numérique peu maniable… Autre avantage : le changement de format permet de doubler le nombre de pages de publicité. Or, la régie table sur un maintien de ses tarifs (près de 100 000 euros par page, selon Challenges). Le journal se donne donc une chance supplémentaire d’équilibrer son exploitation.Une série d’innovationsCette nouvelle forme est l’occasion d’introduire une série d’innovations. Les feuilles de match, qui présentent les compositions d’équipes, seront nettement plus grandes, dans un style qui se veut « un hommage au jeu vidéo », explique Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction. Des pages « service » détachables – type calendrier d’une compétition – seront insérées. Une fois par mois, le journal mettra en scène des contributions de ses lecteurs autour d’un grand débat, recueillies par son site Lequipe.fr. Les bases de données abondantes dont bénéficie la rédaction seront mieux utilisées (compositions des équipes, etc.). Au moins deux grandes enquêtes par mois sont promises.Autant de choix qui tentent de mieux cerner ce à quoi peut encore servir un quotidien sportif, à l’heure où les matches peuvent se suivre en direct sur Twitter et les meilleures actions être visionnées presque instantanément, grâce à des vidéos courtes postées sur les réseaux sociaux. Le journal garde la même base de lectorat qu’il y a quatre ans (environ 8,5 millions par mois) mais ceux-ci l’achètent moins régulièrement.Pour recréer du désir, Cyril Linette veut « solder l’ère Jacquet ». En 1998, le journal avait mené une campagne contre le sélectionneur de l’équipe de France de football, avant la Coupe du monde en France. Un choix éditorial balayé par la victoire des Bleus, qui avait contraint le directeur de la rédaction de l’époque, Jérôme Bureau, à des excuses publiques. Depuis, estime M. Linette, « la rédaction s’en veut » et hésiterait à donner son avis. Il souhaite que les journalistes soient plus présents sur les fronts de l’analyse et de l’opinion.En complément, depuis un an, L’Equipe s’est efforcée de recentrer son offre Web gratuite sur les directs, l’information chaude et les formats purement numériques, comme les sondages ou les récits multimédias.Le journal attend de ce changement une progression de 5 % à 10 % de ses ventes (qui ont encore reculé de 2,22 % au premier semestre, à 211 283 exemplaires quotidiens). Une stabilisation de l’activité journal permettrait au titre de s’attaquer à d’autres chantiers, comme la diversification et la convergence entre son offre numérique et sa chaîne de télévision, dans le cadre d’un groupe Amaury prochainement délesté du Parisien et recentré sur le sport.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.09.2015 à 17h03 Réunie au siège du journal Le Monde, à Paris, l’assemblée générale de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) a renouvelé, lundi 14 septembre, son conseil de gérance. Neuf postes étaient à pourvoir. 288 des 504 associés de la SRM ont pris part au vote. Ont été réélus, au conseil de gérance, Elise Barthet, Paul Benkimoun et Denis Cosnard. Ont été élus Nicolas Chapuis, Alexis Delcambre, David Larousserie, Aline Leclerc, Simon Piel et Alain Salles.Lors de l’assemblée générale, 1 050 parts étaient présentes ou représentées (sur 1798 parts inscrites, soit un taux de participation de 58,4 %). Les comptes de l’exercice 2014, le rapport de gestion et le rapport d’activité ont été approuvés et le quitus accordé à la gestion du conseil.Le conseil de la SRM a élu Paul Benkimoun président, Elise Barthet et Nicolas Chapuis, comme vice-présidents. Il remercie Alain Beuve-Méry, Coralie Heintz, Pierre Jaxel-Truer, Mustapha Kessous, Jonathan Pariente et Raphaëlle Rérolle, pour leur activité au sein du conseil sortant. 17.09.2015 à 11h07 • Mis à jour le17.09.2015 à 14h33 Les autorités ukrainiennes ont annoncé, mercredi 16 septembre, avoir imposé des sanctions à environ 400 personnalités, dont plusieurs journalistes occidentaux, et 90 entités juridiques impliquées, selon elles, dans l’annexion par la Russie de la Crimée et dans le conflit dans l’Est prorusse. Le président ukrainien Petro Porochenko a ratifié cette décision, adoptée le 2 septembre par le Conseil de sécurité nationale et de défense, ont encore ajouté les autorités.Ce sont les premières sanctions prises par Kiev depuis le début du conflit, dans l’est de l’Ukraine, qui a fait au moins 8 000 morts. La liste des personnes visées par les sanctions, publiée par la présidence, inclut de hauts responsables russes et séparatistes, mais aussi de nombreux journalistes, dont plusieurs Occidentaux.Parmi eux se trouvaient trois correspondants de la BBC (Steve Rosenberg, Emma Wells et Anton Chicherov), basés à Moscou, un autre du journal allemand Die Zeit et deux journalistes espagnols, Antonio Pampliega et Angel Sastre, qui ont disparu en Syrie au mois de juillet et pourraient avoir été kidnappés par l’EI. La raison de ces sanctions prises pour une durée d’un an n’est pas précisée.Machine arrière sur le cas des journalistes de la BBCMais jeudi, dans la matinée, Kiev a dû faire machine arrière en raison de dissensions au sein même du gouvenrement. Et le cas de trois journalistes de la BBC a été reconsidéré, lors de la remise des lettres de créance de la nouvelle ambassadrice britannique en Ukraine.Le Comité pour la protection des journalistes - une association basée aux Etats-Unis défendant la liberté d’expression – s’est dit consterné par la décision du président Porochenko. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a lui aussi dénoncé une décision « inadmissible ».La publication de cette liste intervient alors que la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) a confirmé, mercredi, la tenue sur son territoire d’élections le 18 octobre, malgré la vive opposition des autorités de Kiev avertissant que cela pourrait rompre le processus de paix. Sarah Belouezzane Patrick Drahi n’aura pas mis bien longtemps pour se trouver une nouvelle proie, après l’échec de sa tentative de rachat de Bouygues Telecom. Jeudi 17 septembre, son groupe, Altice – la maison mère du groupe français Numericable-SFR –, a annoncé le rachat de Cablevision pour 17,7 milliards de dollars (15,6 milliards d’euros), dette comprise.Les marchés avaient été prévenus. Au lendemain de son échec pour s’emparer de l’opérateur français, M. Drahi, interrogé sur ses intentions, avait lancé :« Quant aux 10 milliards que je n’ai pas dépensés, ne vous inquiétez pas, mes équipes sont déjà reparties sur le terrain pour trouver des cibles. »L’homme d’affaires, qui compare le secteur des télécoms à un jeu de flipper puisque de son aveu même « tant qu’il y a des boules » il « joue encore », a donc choisi de faire mouvement aux Etats-Unis. Accrochant une nouvelle cible à son tableau de chasse.Une boulimie d’acquisitions que rien n’arrête…En un an, Patrick Drahi a réalisé pas moins de quatre grosses acquisitions – en dehors des médias – pour une valeur totale de presque 50 milliards d’euros. Il y a d’abord eu SFR, son trophée, raflé au nez et à la barbe de Bouygues Telecom en avril 2014 pour 17,4 milliards d’euros au total. Puis Portugal Telecom, acquis en décembre de la même année pour 7,4 milliards d’euros. En mai, c’était Suddenlink, le 7e câblo-opérateur américain qui tombait dans l’escarcelle du milliardaire franco-israélien pour 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, M. Drahi vient donc d’ajouter Cablevision à son palmarès.… même pas les échecs ?En juin 2015, Bouygues Telecom rejette les nouvelles avances de M. Drahi. Quelques mois auparavant, on avait prêté au « tycoon » l’intention de s’emparer du géant américain Time Warner Cable.Une croissance au prix d’un fort endettement L’opération Cablevision est financée en grande partie par du passif : 14,5 milliards de dollars de dette, dont la reprise des 7,7 milliards de passif que porte déjà Cablevision. En clair, cela signifie que pour finaliser l’acquisition, Altice doit encore lever un peu moins de 7 milliards de dette. Il apportera 3 milliards de dollars en numéraire, financés par une augmentation de capital. A l’issue de cette transaction, le niveau d’endettement du groupe de M. Drahi atteindra 42 milliards d’euros selon nos estimations. A titre de comparaison, la dette d’Orange tourne autour de 27 milliards d’euros.Un tel passif est-il tenable ?« Pour l’instant, les marchés y croient et suivent », commente un analyste. En début de séance à Amsterdam, le titre Altice gagnait plus de 10 %. Plusieurs éléments expliquent cette confiance. D’abord, des taux d’intérêt historiquement très bas. Beaucoup estiment donc qu’il s’agit du moment ou jamais pour investir massivement. « L’argent n’est pas cher, et ils auraient vraiment tort de ne pas en profiter », commente un expert du secteur. Surtout lorsqu’il s’agit de se positionner sur des actifs en croissance comme le câble et le très haut débit fixe.Lire aussi :Patrick Drahi, « chouchou » des marchés de la detteEnsuite, pour les investisseurs, ce n’est pas tant le niveau d’emprunt qui compte que le ratio dette sur excédent brut d’exploitation. Or, pour les marchés, qui sont plus indulgents vis-à-vis du passif des « câblos », celui d’Altice est encore tenable, même avec la récente acquisition. Il atteint 5, le niveau maximal que la holding de Patrick Drahi s’était fixé. Un niveau encore légèrement inférieur à celui qu’affiche Liberty Global, le groupe de John Malone, dont le ratio tourne autour de 5,2.« La dette grossit mais les marges grossissent avec elle, explique Dexter Thillien, de BMI Research, d’autant qu’il s’agit d’une industrie en croissance capable de dégager des flux de trésorerie et donc de faire remonter des fonds pour rembourser les créanciers. »Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.09.2015 à 17h31 • Mis à jour le15.09.2015 à 19h28 | Daniel Psenny « Evasion fiscale : une affaire française », l’enquête sur le Crédit mutuel censurée par Vincent Bolloré, le patron de Canal+, sera finalement diffusée le 7 octobre vers 23 heures sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction » sous le titre « Evasion fiscale : enquête sur le Crédit mutuel ».Ce documentaire qui contient des révélations embarrassantes pour la banque mutualiste qui a aidé M. Bolloré à prendre le contrôle de Vivendi, maison-mère de Canal+, aurait dû être diffusé sur la chaîne cryptée le 18 mai dans le magazine « Spécial Investigation ». Mais, au dernier moment, M. Bolloré avait demandé à Rodolphe Belmer (ex-directeur général du groupe viré sans ménagement début juillet) qu’il soit retiré de la programmation. Une censure qui ne cachait pas son nom.Lire aussi :Canal+ : Bolloré accusé d’avoir censuré un documentaireLes droits détenus par Canal+Quelques jours après sa prise de fonction fin août, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait annoncé que ce documentaire censuré serait diffusé sur France 3. Cela a pris un peu de temps en raison de problèmes de droits qui ne sont d’ailleurs toujours pas réglés. En effet, Canal+ qui, l’an dernier, a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du Grand Journal viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production, contrôlée par le groupe Banijay dont M. Bolloré est aussi actionnaire… Ce serait alors une autre manière de bloquer la diffusion de ce documentaire.Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Malgré tout, lundi 14 septembre, France 3 a décidé de diffuser le documentaire avec le risque d’un recours juridique de la part de Canal+. A la demande des responsables de « Pièces à conviction », les deux auteurs Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi ont remonté le film auquel ils ont pu ajouter plusieurs minutes.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Delphine Ernotte n’a pas tardé à tirer les conséquences de l’arbitrage gouvernemental sur le financement de l’audiovisuel public, rendu dimanche 13 septembre. Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication, a annoncé une légère augmentation de la redevance et une progression de la taxe sur les opérateurs de télécommunications, mais écarté un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions.Cet arbitrage « ne permettra pas d’augmenter à court terme les ressources de France Télévisions et je le regrette », a écrit la présidente de l’entreprise publique dans un message interne, lundi. Elle a également envoyé lundi une lettre aux administrateurs de l’entreprise dans laquelle elle prévoit « un déficit prévisionnel pour 2016 de l’ordre de - 50 millions, malgré la prise en compte d’hypothèses d’économies par rapport à 2015 », selon Le Figaro qui cite ce courrier.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteProbablement pas d’Euro 2016Mme Ernotte a toujours indiqué qu’elle poursuivrait les efforts de maîtrise budgétaire menés par son prédécesseur. « Je vais m’attacher avec les équipes à construire un plan d’économies à l’exclusion de tout plan de départs », précise-t-elle dans son message interne. La préparation du budget 2016 va donc se faire en essayant d’identifier des poches d’économies nouvelles.D’ores et déjà, certains investissements semblent promis à être écartés. Selon nos informations, France Télévisions n’entendrait pas se positionner pour acquérir les droits de codiffusion d’onze rencontres de l’Euro 2016 de football, pour lesquels beIN Sports cherche un acquéreur.Par ailleurs, le feuilleton autour du financement de l’audiovisuel public semble avoir ouvert un débat qui se prolonge. Membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le député (LR) Franck Riester estime ainsi dans un entretien au Figaro, mardi 15 septembre, qu’« il faut créer une société commune à l’image de la BBC en rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et même Arte », financée par la redevance et dont le président serait nommé par le conseil d’administration.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un an après son arrivée en France, c’est l’heure du bilan d’étape pour Netflix. Mais un défi se cache derrière la simple comptabilité du nombre d’abonnés conquis dans l’hexagone par le service de vidéo à la demande : atteindre la rentabilité.Pour l’heure, savoir précisément la quantité de Français séduits par Netflix n’est pas facile. Les estimations varient entre 250 000 fin décembre et 750 000 en août, et certains estiment le chiffre autour de 500 000 abonnés, une fois retranchés les comptes « gratuits » d’essai. Toutefois, les observateurs s’accordent pour dire que la première année de Netflix en France, si elle n’a pas suscité un tsunami, n’est pas un échec.La question qui se pose ensuite est suggérée par certains concurrents : ceux-ci soulignent que Netflix a fait beaucoup de publicité pour annoncer ses nouvelles séries et soutenir sa croissance en France. Un investissement qui s’ajoute à celui réalisé dans les achats de droits et dans les créations originales, toujours plus nombreuses et désormais étendues aux domaines des films et des documentaires.Cet effort se traduit dans les comptes de Netflix, qui en fait une stratégie délibérée : la société américaine a attiré au deuxième trimestre 3,3 millions de nouveaux abonnés, dont 72 % hors des Etats-Unis. En un an, il a recruté 15,51 millions de clients supplémentaires, portant le total à 65 millions. Et ses investissements à l’international vont se poursuivre car Netflix cherche à être disponible dans le monde entier dès fin 2016.Un bénéfice limitéEn raison des investissements dans les contenus et dans son expansion internationale, le bénéfice de Netflix reste très limité et plutôt en baisse : 26 millions de dollars au deuxième trimestre, pour un chiffre d’affaires de 1,64 milliard de dollars, en hausse de 23 %.Une des clés pour Netflix est de réussir deux paris sur les droits des contenus : parvenir à payer de plus en plus de programmes au niveau d’une région ou même du monde entier. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car les droits sont jusqu’ici une addition de marchés nationaux, ce qui oblige à renégocier pays par pays et limite les potentielles économies d’échelle. A terme, Netflix espère acheter tous ses droits de façon globale et bénéficier ainsi d’un poids de négociation rare. Mais les studios et sociétés de production ont elles intérêt à continuer à vendre certains bons produits cher à des diffuseurs nationaux.Enfin, pour amortir au mieux les contenus achetés, il faut aussi trouver des programmes visionnables par le plus grand nombre, idéalement dans le monde entier. C’est le cas des meilleurs blockbusters américains. Mais beaucoup des contenus télévisuels qui plaisent dans un pays sont assez locaux. L’enjeu est donc de créer des séries ou des films à la fois locaux et globaux, dont l’intrigue et le style ne soient pas trop aseptisés et qui puissent s’exporter. C’est ce que Netflix tente de faire avec des productions comme Marseille (avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu). C’est une des conditions de sa réussite. Un défi que Netflix partage toutefois avec d’autres, comme Canal + ou France Télévisions, qui cherchent, avec des coproductions internationales comme Versailles, à atteindre ce Graal télévisuel.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Jeudi, le talk-show de début de soirée de Canal Plus a réuni 611 000 spectateurs. Lundi, pour sa reprise, il en avait rassemblé 915 000.« Le Grand Journal » nouvelle version, le rendez-vous de début de soirée de Canal Plus (entre 18 h 50 et 20 h 10), peine à trouver son public. Son audience pique du nez. L’arrivée de la journaliste-animatrice Maïténa Biraben n’infléchit pas la courbe. Jeudi 10 septembre, ils n’étaient plus que 611 000 téléspectateurs à suivre le talk-show. L’émission a été, en l’occurrence, devancée par les programmes des grandes chaînes (TF1, France 3, France 2, M6), mais aussi par « Touche pas à mon poste » (D8), « C à Vous » (France 5), « Secret Story » (NT1) et… « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9) !Il s’agit de la troisième baisse d’audience consécutive. Une configuration inédite pour l’émission emblématique de Canal Plus. Lundi 7 septembre, pour sa remise à l’antenne, malgré la présence de Manuel Valls, moins d’un million de téléspectateurs (915 000 personnes) avaient suivi les débuts de la remplaçante d’Antoine de Caunes, remercié par Vincent Bolloré, le nouveau « propriétaire » de Canal Plus.L’an dernier, à la même époque, 1,1 million de téléspectateurs avaient assisté au retour d’Antoine de Caunes.« Ajustements constants »La nouvelle formule du « Grand Journal », préparée en moins de deux mois, ne trouve pas son public. Les critiques fusent sur cette mouture : simple version quotidienne du « Supplément » – l’émission dominicale de la chaîne cryptée, manque de rythme, usure de l’« infotainment » – ce genre qui mélange l’information et le divertissement.Dans une interview donnée à Metronews, le chroniqueur politique Jean-Michel Aphatie, lui aussi renvoyé du « Grand Journal » à la fin de la dernière saison, juge pour sa part que « Maïténa Biraben est à la hauteur de ce qu’on connaît d’elle » et estime qu’« elle a vraiment de la présence ». Il ajoute : « Je trouve que le plateau est un peu faible. Il manque dans l’équipe des chroniqueurs quelqu’un de vraiment fort et sérieux pour l’épauler. »A la direction de Canal Plus, on laisse entendre qu’on aurait anticipé cette baisse de l’audience. « Mathématiquement, la nouvelle émission devait faire moins que la précédente, qui commençait plus tard et intégrait les Guignols », plaide-t-on.Mais la chute depuis le début de la semaine n’avait sans doute pas été prévue. L’émission est en rodage insiste-t-on, des « ajustements constants » sont opérés pour l’améliorer.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.09.2015 à 10h29 • Mis à jour le11.09.2015 à 11h07 | Alexis Delcambre « Paolini et Tavernost côte à côte, c’est tous les quinze ans… », avait vendu l’un des dircoms, comme on parle d’un spectacle. Diplomatiquement, le lieu du rendez-vous avait été fixé à exacte équidistance des sièges sociaux de TF1 et M6. Et vers 16 heures, ce jeudi 10 septembre, les deux plus grands concurrents du paysage audiovisuel français sont apparus ensemble, au restaurant La Gare, dans le XVIe arrondissement, pour dévoiler leur nouveau tour : une alliance dans un projet de chaîne de téléachat répondant au doux nom – provisoire – de HA26.Pour les deux groupes, il s’agit d’une quête ancienne. M6 a déjà tenté à quatre reprises d’obtenir un canal pour y vendre des programmes minceur et autres presse-purée, et TF1 par deux fois. Jusqu’ici, le CSA leur a obstinément refusé. Mais lors de la dernière tentative, le régulateur avait suggéré un rapprochement des deux chaînes. Un vœu désormais exaucé, à l’occasion d’un appel à candidatures pour des chaînes en haute définition, qui verront le jour au printemps prochain.« Une galerie commerciale avec deux enseignes en alternance »Concrètement, HA26 ressemblerait à « une galerie commerciale avec deux enseignes en alternance », selon Nonce Paolini, le PDG de TF1. Les deux groupes se partageront l’antenne du nouveau canal, un jour sur deux, avec dix puis seize heures de direct quotidien, pour un investissement initial de 13 millions d’euros puis un budget annuel de 30 millions d’euros environ. « Plusieurs centaines » d’emplois pourraient être créés, assurent les deux groupes, rappelant qu’ils savent travailler ensemble : ils ont déjà coexploité des chaînes – TF6, Série Club – et le bouquet TPS.A l’appui de leur candidature, MM. Paolini et Tavernost soulignent la faiblesse du marché français du téléachat – 200 millions d’euros annuels – en regard d’autres pays, comme le Royaume-Uni (1,4 milliard d’euros et 35 chaînes au total) ou l’Allemagne (1,6 milliard d’euros et 17 chaînes au total). Ils soulignent aussi qu’un tel projet, dépourvu de formats publicitaires, ne vient pas concurrencer les chaînes existantes.Le sujet est sensible, en pleine polémique sur la perspective d’un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions. Une hantise pour deux entreprises qui ont subi ces dernières années la réduction du gâteau publicitaire de l’audiovisuel.Lire aussi :Télévision : querelle sur la publicité en soiréeL’un a égratigné Michel Sapin, dont la phrase disant qu’il fallait « examiner » l’extension de la publicité sur les antennes publiques a valu à TF1 un plongeon en Bourse – « 250 millions d’euros de pertes », rappelle M. Paolini. « On ne peut pas sans arrêt être la variable d’ajustement d’une mauvaise gestion du service public », a renchéri Nicolas de Tavernost. Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, appréciera.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Beuve-Méry Le Syndicat national de l’édition (SNE) a trouvé son héraut. Richard Malka, 47 ans, avocat de Charlie Hebdo, et auteur, à ses heures perdues de bandes dessinées, vient d’écrire pour le compte du syndicat, une plaquette percutante pour la défense du droit d’auteur, tel qu’il est défini aujourd’hui en France et au sein de l’Union européenne (UE). Ce matin, dès potron-minet, le bouillonnant juriste était déjà sur les ondes de France Inter, pour développer la panoplie de ses arguments contre la réforme voulue par la Commission européenne.Lire aussi :Touche pas à mon droit d’auteur !La plaquette s’intitule La gratuité, c’est le vol, reprenant le titre d’un rapport de Denis Olivennes, quand patron de la FNAC. Ce dernier réaffirmait son opposition à une culture gratuite, favorisée par Internet. Et pose ouvertement la question « 2015 : la fin du droit d’auteur ? » Deux menaces sont pointées : un projet de loi de la secrétaire d’Etat, chargée du numérique Axelle Lemaire et la réforme de la directive de 2001, régissant le droit d’auteur au sein de l’UE, notamment à partir des propositions faites par Julia Reda, l’unique députée européenne membre du Parti des pirates allemand qui a été chargée, en février, d’un rapport préparatoire sur le sujet.« Un mirage de la modernité »En un peu plus de 30 000 signes, Richard Malka argumente pour expliquer que « la remise en cause du droit d’auteur serait un mirage de la modernité ». Avec les projets de réforme en cours, le principal risque encouru par les auteurs est de voir leur rémunération être déconnectée à terme de leur travail, le succès d’un livre ne servant plus de valeur étalon. « C’est la menace du retour à l’Ancien régime où le bon vouloir du roi est remplacé par celui des grandes entreprises du Net : Google, Amazon, Apple. »Pour résumer ce que plaide M. Malka, il ne faut pas oublier que c’est l’émergence à la fin du XVIIIe siècle du droit d’auteur qui a permis aux écrivains de vivre de leur plume.Imprimée par le SNE, tirée à 50 000 exemplaires, la plaquette sera distribuée gratuitement (un paradoxe seulement en apparence) en librairie, à compter du jeudi 10 septembre. Ces derniers n’ont reçu aucune consigne particulière, mais libraires et éditeurs sont considérés par le SNE comme les intermédiaires les plus efficaces et le plus neutres pour garantir le succès d’un ouvrage.Par cette campagne, l’objectif est d’atteindre les clients des librairies, un public a priori déjà acquis, mais au-delà de faire prendre conscience des enjeux économiques qui sous tendent cette question et d’atteindre le grand public.Des exceptions dangereusesPour sensibiliser Bruxelles, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et surtout les services du commissaire européen chargé de créer un marché unique numérique, l’Estonien Andrus Ansip, le texte a été traduit en anglais « 2015 : the end of copyright ? Taking for free is stealing » et est disponible en version numérique, dans les deux langues sur le site auteursendanger.fr.Le SNE n’a, en revanche, pas été suffisamment réactif et il existe déjà d’autres sites « auteurs en danger » construits par les partisans du Net et de la gratuité et qui se moquent de l’initiative des éditeurs.Dans son texte, Richard Malka liste toutes les exceptions au droit d’auteur, contenues dans le projet de directive européenne et qui, si d’aventure étaient validées, conduiraient à vider le droit d’auteur de sa substance. Plusieurs exceptions partent d’intentions louables, comme l’exception pédagogique ou la possibilité pour les bibliothèques de procéder à des prêts numériques. Mais mal conçues ou mal cadrées, elles seront de véritables aspirateurs à contenu. D’autres, comme l’exception « data mining » (fouille de texte) ou celle du « fair use » sont directement importées des Etats-Unis et viennent des pratiques défendues par Google, Apple, Facebook ou Amazon (GAFA).Risques de censureMais il existe un deuxième axe sur lequel Richard Malka, avocat habitué à défendre les libertés publiques, révèle les aspects très néfastes des réformes en cours : des risques de censure, liées aux chartes édictées par les GAFA. Ainsi le livre pour enfants T’Choupi part en pique-nique (de Thierry Courtin, Nathan, 1999) a été censuré par Apple en raison du caractère « pornographique » de son titre.De même dans le cadre de l’application Izneo (qui rassemble la majeure partie de la production de BD française en numérique) un ouvrage de Lucky Luke a été interdit en France, car les personnages noirs étaient représentés avec des lèvres charnues.Richard Malka pose publiquement la question : avec ses chartes, Les Versets sataniques de Salman Rushdie, publiés en 1988, l’auraient-ils été aujourd’hui, sans avoir subis au préalable, les ciseaux d’Anastasie ?Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 12h07 • Mis à jour le10.09.2015 à 13h00 La National Geographic Society a annoncé, mercredi 9 septembre, qu’elle vendait sa division chargée des médias, dont son emblématique magazine et ses chaînes de télévision, à un conglomérat mené par 21st Century Fox.Le géant Fox, créé par le milliardaire australien Rupert Murdoch, va débourser 725 millions (650 millions d’euros) de dollars pour acquérir 73 % de la nouvelle entité appelée National Geographic Partners.Les deux sociétés étaient partenaires depuis dix-huit ans, notamment pour l’exploitation des chaînes de National Geographic Channels. La National Geographic Society, dont le siège est à Washington, va conserver les 27 % restants.Volonté d’élargir ses travaux scientifiquesCet accord permet à l’organisation, fondée en 1888, d’accroître son capital de près de 1 milliard de dollars. Elle entend, à cette occasion, élargir ses travaux scientifiques, d’éducation et d’exploration, selon un communiqué.Elle conservera le National Geographic Museum à Washington D.C. Le directeur du conseil d’administration alternera chaque année, le président de National Geographic Society, Gary Knell, étant le premier à occuper ce poste.James Murdoch, devenu le PDG de Fox au début de juillet quand son père, Rupert, a pris du recul pour devenir directeur général, s’est également réjoui : « Nous croyons en la mission de National Geographic Society d’offrir le monde au public à travers la science, l’éducation et l’exploration. »Signe des difficultés rencontrées par les chaînes indépendantes, en août, la chaîne câblée HBO, propriété de Time Warner, avait obtenu les droits de diffusion de « Sesame Street ». Les épisodes seront diffusés neuf mois plus tard sur la chaîne de télévision publique PBS. 09.09.2015 à 17h40 Après vingt-quatre ans de règne sur les journaux du week-end de TF1, Claire Chazal, 58 ans, présentera dimanche 13 septembre au soir son dernier journal télévisé. Elle sera remplacée dès le 18 septembre par son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans, a annoncé la chaîne.Dans un communiqué, le PDG de TF1, Nonce Paolini, « rend hommage à la remarquable relation qu’elle a su créer avec les téléspectateurs et à ses qualités journalistiques, qui ont permis à l’information de TF1 d’être référente dans le paysage audiovisuel français ». Alexis Delcambre La perspective d’un plan de départs volontaires à Radio France s’éloigne. Mercredi 9 septembre, son président, Mathieu Gallet, et son équipe, ont présenté lors d’un comité central d’entreprise leur nouveau scénario pour ramener l’entreprise publique à l’équilibre.Celui-ci est désormais programmé pour 2018, après que le gouvernement a précisé, en juillet, que l’objectif initial de 2017 était un « horizon » et non une « date butoir », tandis que les syndicats estimaient que « le climat social rend irréaliste la mise en place d’un plan de départs volontaires ».Lire aussi :La question d’un plan de départs agite Radio FranceDans ce nouveau contexte, M. Gallet avait accepté d’étudier, pendant l’été, un scénario alternatif, alors que plusieurs syndicats défendaient une solution fondée sur l’« effet de noria », qui consiste à évaluer les économies engendrées par les départs en retraite de salariés, et leur remplacement par des employés plus jeunes, a priori moins bien rémunérés.C’est donc ce scénario alternatif que la direction a présenté, mercredi. Elle prévoit désormais 22 millions d’euros d’économies sur la masse salariale (qui augmente mécaniquement de quatre millions d’euros par an) d’ici 2018.Ces économies seraient obtenues par le non-remplacement de 230 départs et un moindre recours aux CDD pour les congés, à hauteur de 40 équivalents temps plein. Soit 270 suppressions de postes, sur un effectif d’environ 4 400 actuellement, contre 350 initialement envisagées. Et par un gel des salaires en 2016 et 2017.Le non-remplacement de 230 départs serait étalé sur trois ans (2016 à 2018), tandis que le moindre recours aux CDD le serait sur quatre. Dans son rapport, le médiateur Dominique-Jean Chertier, qui a conduit une mission à Radio France au printemps, préconisait « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ». Par ailleurs, la direction a proposé de créer 48 postes pour des emplois nouveaux, étalés sur quatre ans, jusqu’en 2019.Lire aussi :Les maux de Radio France diagnostiquésPour les syndicats qui avaient encouragé un plan alternatif, il s’agit d’un premier succès. Mais ils sont loin de crier victoire, comme le rappelle Philippe Ballet, de l’UNSA :« Même si nous sommes satisfaits d’échapper au plan de départs volontaires, qui était beaucoup trop brutal et coûtait cher, nous ne sommes pas satisfaits de l’alternative posée sur la table [..] 270, c’est vraiment beaucoup, c’est un nouvel effort demandé aux salariés, qui peut provoquer des tensions supplémentaires dans les charges de travail, et qui sera difficilement tenable socialement parlant. »Des syndicats avaient fait travailler un cabinet d’experts sur un scénario alternatif. S’il retenait l’option du non-remplacement des départs également, il prévoyait moins de postes supprimés, avec environ 60 par an sur trois ans.La CGT, elle, se dit « contre toute suppression d’emploi, que ce soit sous forme de plan de départs volontaires ou sous forme de “départs naturels non remplacés” ». Le spectre de la grève historique du printemps plane sur ces discussions.La direction de l’entreprise a maintenu ses autres mesures d’économies, telles que l’arrêt des émissions en ondes moyennes, à la fin de 2015, et en ondes longues, à la fin de 2016, les économies sur les abonnements à la presse, ou encore les réductions des CDD et des piges.Lire : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Ces fiches doivent être détruites. » C’est la consigne énoncée par Delphine Ernotte à propos des grilles d’évaluation des salariés, conçues par la direction de France Télévisions à partir d’avril 2014 et décrites dans l’édition du mercredi 9 septembre du Canard enchaîné, et dans un article de Mediapart. La présidente de France Télévisions doit rencontrer les organisations syndicales pour « mettre tout à plat », mercredi après-midi, une réunion prévue « depuis dix jours environ », précise-t-on, au moment où Mme Ernotte a fait passer ses consignes.Il n’y a pas, à France Télévisions, de système de fichage des salariés, soutient l’entourage de la présidente : les fiches n’étaient pas insérées dans les dossiers individuels des salariés. Il s’agissait de « documents de travail » qui servaient à animer des réunions de « revue du personnel », entre managers et départements des ressources humaines, selon la direction.Pour autant, Delphine Ernotte considère que cette initiative a été « viciée » dès le départ, car il n’y a pas eu d’information des organisations syndicales ni des salariés. Selon la présidente, ce processus a été une « erreur », elle ne l’approuve pas et veut l’abandonner.“I” pour “insuffisant”, “C” pour “conforme aux attentes”C’est à peine entrée en fonction que la présidente de France Télévisions doit gérer cette affaire embarrassante. Alors que Mme Ernotte déclarait le 4 septembre au micro de France Inter que « personne n’est fiché à France Télévisions », il apparaît que ce système était destiné à l’ensemble du groupe et a été conçu à Paris, et non à la seule rédaction de France 3 Auvergne, où l’affaire avait été mise au jour. La direction assure toutefois qu’il n’avait pas encore été déployé partout.Concrètement, tous les chefs du personnel des chaînes publiques devaient remplir un formulaire intitulé « Revue de personnel – Évaluation de performance et de potentiel », dans lequel ils cochaient les qualités et les défauts des salariés, précise Le Canard enchaîné.« Une fois additionné les défauts et les qualités, il suffit de délivrer une note : “I” pour “insuffisant”, “C” pour “conforme aux attentes” et “B” pour “va au-delà des attentes”. »L’ex-DRH Papet dément tout « fichier » des salariésCe système aurait été élaboré par la direction des ressources humaines de France Télévisions, alors dirigée par Patrice Papet, sous la présidence de Rémy Pflimlin. Selon Le Canard, ce système aurait été orchestré par M. Papet, qui est depuis devenu conseiller de Delphine Ernotte, mais a prévu de quitter l’entreprise à la fin de l’année.Interrogé par Le Monde, M. Papet dément vivement avoir été à l’origine de ces évaluations. Mais l’ancien DRH confirme que les revues de personnel existent à France Télévisions comme, selon lui, dans la plupart des grandes entreprises. « Il s’agit d’un outil courant de gestion du personnel et des compétences, qui est le fruit d’un travail entre les RH et les responsables hiérarchiques », expose M. Papet.Selon lui, c’est dans ce cadre que ces grilles d’évaluation ont été utilisées et que les compétences des salariés ont pu être ainsi analysées et déboucher sur une notation. M. Papet admet que « cet outil a été proposé à l’ensemble des responsables hiérarchiques ». Toutefois, assure-t-il, « il n’a en aucun cas débouché sur un fichier où les observations des responsables ont été centralisées ». « Il n’y a pas de fichier des salariés à France Télévisions », répète-t-il, à l’unisson de Mme Ernotte.L’existence de ces fiches, comportant parfois des commentaires extrêmement sévères sur le comportement des salariés, avait été rendue publique par le syndicat Force ouvrière, à France 3 Auvergne, en août dernier. Tous les syndicats avaient alors décidé de monter au créneau. L’un d’eux, la CFE-CGC, envisageait mercredi de tenter de faire saisir les fiches en question avant leur destruction éventuelle, pour permettre aux salariés qui le souhaiteraient de porter plainte.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.09.2015 à 13h48 • Mis à jour le08.09.2015 à 15h04 S’achemine-t-on vers un retour de la publicité après 20 heures sur France Télévisions ? Le débat est « ouvert » et doit être « examiné attentivement », a déclaré mardi 8 septembre le ministre des finances, Michel Sapin, rappelant l’urgence d’améliorer les finances du groupe public. Sans indiquer s’il était lui-même favorable ou non à ce retour, le ministre a affirmé au micro de RMC et BFM-TV en voir aussi « les avantages » que « les inconvénients. »La nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a récemment mentionné cette piste pour disposer de plus de moyens, réclame l’extension de la publicité jusqu’à 21 heures, alors que la publicité rapporte actuellement à France Télévisions 320 millions d’euros par an.Réforme de la redevanceCe n’est pas la seule piste pour rétablir les finances de l’audiovisuel public. L’Elysée doit également se prononcer sur une éventuelle réforme de la redevance, principale ressource de France Télévisions en 2014 avec 2,4 milliards d’euros de recettes sur un budget de 2,8 milliards d’euros.Le président de la République, François Hollande, s’est cependant dit lundi « pas favorable » à une redevance « élargie aux objets connectés » (smartphones ou tablettes) ni à un recours « exagéré » à cette taxe pour financer l’audiovisuel public. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, avait déjà exclu l’hypothèse d’une taxe sur les smartphones ou les tablettes, évoquée par la nouvelle patronne de France Télévisions dans son discours de rentrée. La ministre a en revanche souligné qu’une extension de la redevance aux box de connexion à Internet est sur la table.Lire aussi :Audiovisuel : Hollande écarte un élargissement de la redevanceLe débat sur la manière dont est perçue la taxe audiovisuelle « est intéressant » au vu des nouvelles façons de regarder la télévision, a souligné M. Sapin. Mais si elle était élargie immédiatement aux objets connectés, « il y aurait à peu près un million de personnes qui ne paient pas (actuellement), souvent des jeunes, qui tout à coup se mettraient à payer », a-t-il souligné. Au moment où l’Etat annonce des baisses d’impôt, « ce ne serait pas très bon », a-t-il conclu.Après ces déclarations matinales, l’action TF1 a chuté lourdement mardi matin à la Bourse de Paris, affectée par des audiences en baisse en août et la crainte d’un possible retour de la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques. En début d’après-midi, le cours de TF1 perdait près de 7 %.Lire aussi :La présidente de France Télévisions veut étendre la redevance aux ordinateurs et smartphones Daniel Psenny Le monde aime la production audiovisuelle française ! En 2014, les ventes de programmes (fictions, documentaires, films d’animation, jeux) ont atteint 153,8 millions d’euros, soit une augmentation de 12,1 % par rapport à 2013. « Un record historique », a déclaré Mathieu Bejot, délégué général de TV France International (TVFI), en commentant ces chiffres publiés, mardi 8 septembre 2015, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et TVFI, lors du 21e « Rendez‐Vous », qui se tient à Biarritz du 6 au 10 septembre.Quelles sont les productions qui se vendent le plus ?Avec 38,9 millions d’euros (+ 49,3 % par rapport à 2013), c’est la fiction qui a opéré, l’an passé, la plus forte progression à l’exportation pour la quatrième année consécutive. Son volume de ventes dépasse désormais celui du documentaire (+13,2 % à 34,9 millions d’euros) et elle s’installe comme le deuxième genre le plus vendu.L’animation reste le genre le plus exporté, avec 45 millions d’euros, soit 29,2 % du total des ventes, même si le chiffre d’affaires à l’international fléchit légèrement (‐ 3,9 %).Les ventes de formats (fiction, jeux, variétés) sont aussi en hausse (+3,5 % à 22,8 millions).La fiction française progresse ainsi fortement à l’international : +49,3 % à 38,9 millions d’euros.« C’est un mouvement de fond pour la fiction française, explique M. Bejot. Cette accélération a été importante en raison du tournage de nombreuses fictions en langue anglaise et grâce à la diversité des téléfilms et des séries. »Qui achète ?Les chaînes les plus consommatrices de programmes audiovisuels français sont celles d’Europe de l’Ouest (+7,8 %) et d’Amérique du Nord (+34,2 %).La fictionEn 2014, les ventes de fiction française à l’international enregistrent une forte progression (+49,3 % à 38,9 millions d’euros).L’Europe de l’Ouest confirme son statut de première zone d’exportation de fiction française avec une part de 60,5 % en 2014, contre 55,2 % en 2013. La zone germanophone devient le premier acheteur de fiction française devant la Belgique. Ainsi, les ventes de fiction sont multipliées par quatre à l’image de « Profilage » (54 x 52’) vendue par TF1 International aux allemands de ProSiebenSat.1 ou « Les Revenants » (8 x 52’) vendue à Super RTL.Les chaînes belges conservent leur appétence pour les programmes de fiction française comme la saison 3 de « Soda » (244 x 22’) qui a été vendue à RTL Belgique. A noter aussi la percée régulière de la fiction française sur le territoire anglo‐saxon à l’image de la vente de « Les Témoins » (6 x 52’) à Channel 4. Les ventes de fiction française en Amérique du Nord progressent fortement de 106,1 % pour atteindre 5,9 millions d’euros en 2014. Les Etats‐Unis sont particulièrement actifs (+209,1 %).La production de séries françaises en langue anglaise permet d’offrir des débouchés à la production de fictions telles que « Taxi Brooklyn » (12x45’– EuropaCorp TV) vendue à NBC. Les ventes concernent aussi des séries de catalogue comme « Maigret » (54 x 90’– Meska Productions) vendue à MHz Networks ou encore « Les Témoins » (6 x 52’– Cinétévé) vendue à Netflix.Le documentaireLes ventes de documentaire français à l’international augmentent de 13,2 % pour atteindre 34,9 millions d’euros en 2014. Le genre capte 22,7 % des recettes, contre 22,5 % en 2013. Les documentaires d’investigation sont très demandés.Les programmes unitaires historiques de prestige avec des moyens techniques innovants sont également prisés à l’image du Dernier Gaulois distribué par FranceTV distribution qui mixe animation 3D et prise de vue en extérieur.Les ventes de documentaires en Amérique du Nord augmentent fortement de 72,7 % à 7,7 millions d’euros en 2014 ainsi qu’en Asie, avec une progression de 9,4 % pour atteindre 5,1 millions d’euros en 2014.L’animationEn 2014, les ventes de programmes français d’animation à l’étranger diminuent après cinq années de hausse consécutive à 45 millions d’euros (‐3,9 % par rapport à 2013). La part du genre atteint 29,3 % des ventes totales. Bien qu’en baisse, le niveau de chiffre d’affaires de l’animation française reste à son deuxième meilleur niveau depuis dix ans après une année 2013 record.Les formats de 22 minutes et 26 minutes sont de moins en moins sollicités au profit de formats courts (7, 11 ou 13 minutes) plus en phase avec les nouveaux modes de consommation des enfants. « Les réseaux et les grandes chaînes jeunesse américaines (Cartoon Network, Disney…) se tournent régulièrement vers les programmes d’animation français à l’image de Spark ou NBC Kids », souligne l’étude. Ces dernières ont acheté « Zou » (104 x 11'), les « Lapins Crétins » (78 x 71') vendu par FranceTV distribution ou « Sally Bollywood » (104 x 13').Les formatsLes ventes de formats français (fiction, jeux et variétés) à l’étranger continuent leur croissance (+3,5 %), passant de 22,1 millions d’euros en 2013 à 22,8 millions en 2014. Le marché reste en progression et continue à séduire de nouveaux territoires : le Royaume‐Uni, la Belgique, l’Espagne et l’Italie renouvellent leurs achats.Le jeu et le divertissement sont traditionnellement recherchés, aussi bien des valeurs sûres comme « Des chiffres et des lettres » (France TV distribution) ou « Fort Boyard » (ALP), mais aussi des nouvelles écritures comme « Slam » (Effervescence Productions, vendu par Can’t Stop Media) vendu en Slovénie ou « Run & Buzz », vendu par Newen Distribution en Turquie, en Espagne, au Benelux et en Russie. Les émissions de divertissement portent aussi le marché comme « Les Enfants de la télé » vendue par Endemol.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les reportages qui dérangent ont-ils encore leur place dans le Canal+ de Vincent Bolloré ? Fin juillet, Society et Mediapart affirmaient que le patron de Vivendi était intervenu pour empêcher la diffusion d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel. Ces jours-ci, selon nos informations, c’est une enquête consacrée à l’Olympique de Marseille qui a suscité les critiques du nouveau patron de Vivendi. Aujourd’hui, ce sujet n’est pas disponible sur la plateforme de « replay » MyCanal, qui regroupe pourtant les programmes de la chaîne.Intitulé OM, la fuite en avant ?, le reportage a été diffusé, mercredi 2 septembre, dans l’émission « Enquêtes de foot », sur Canal+ Sport. Il revient sur l’été agité du club de football, qui a vu partir plusieurs de ses joueurs majeurs puis son entraîneur, l’Argentin Marcelo Bielsa.L’enquête évoque notamment le président de l’OM, Vincent Labrune. Un témoignage le décrit comme peu présent au quotidien et fait état d’une désorganisation à la tête du club. La relation de M. Labrune avec les journalistes sportifs est également évoquée, notamment la présence de certains d’entre eux à son mariage. L’enquête s’attache enfin à décortiquer la stratégie de réduction de la masse salariale mise en œuvre par la direction du club phocéen.Un « bref » message en CEJeudi 3 septembre, le lendemain de sa diffusion, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire, Vincent Bolloré a déploré que ce sujet donne une image négative du club marseillais, a appris Le Monde. Il a fait comprendre qu’il y voyait un exemple de ce qu’il ne faut pas faire, c’est-à-dire prendre le risque de froisser des partenaires de Canal+ – la chaîne diffuse en effet une partie de la Ligue 1.Lire notre éclairage :La reprise en main continue à Canal +Une source proche de Vivendi confirme la teneur du « bref » message de M. Bolloré, mais affirme que la direction de Canal+, elle aussi, avait trouvé le reportage « inutilement partial ». Et rappelle que Canal+ a eu à souffrir un boycott temporaire du Paris-Saint-Germain et de l’OM en avril, à la suite de la diffusion de propos polémiques du joueur Zlatan Ibrahimovic.L’OM et son président sont des membres influents de la Ligue de football professionnel, qui attribue les droits de diffusion des championnats de France de Ligue 1 et de Ligue 2. Canal+ a remporté le dernier appel d’offres, en 2014, mais la chaîne subit la concurrence de beIN Sports.L’axe du divertissementOr, le sport est un domaine crucial pour le développement du groupe, souligne-t-on à Vivendi : M. Bolloré a expliqué jeudi aux cadres qu’il était prêt à investir beaucoup pour reconquérir le leadership de la chaîne payante sur les droits sportifs.À Vivendi, on estime que Canal+ est une chaîne de divertissement et d’information qui doit s’attacher à offrir le meilleur du spectacle et les plus grands événements, notamment sportifs ; plutôt que voir ses journalistes se placer en juge et régler des comptes. Une vision qui ouvre des perspectives de développement mais limite potentiellement l’investigation.« L’arrogance n’est pas un comportement qui permet d’avancer », avait énoncé Vincent Bolloré dans sa lettre adressée aux salariés, jeudi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous Ce soir, « Le Grand Journal » fait sa grande rentrée sous très haute surveillance. Un nouveau décor, de nouveaux chroniqueurs et une nouvelle chef d’orchestre, Maïtena Biraben. C’est à cette animatrice de 48 ans – qui présentait le dimanche « Le Supplément » – que revient la lourde tâche de relancer une émission devenue au fil des années quelque peu clinquante et passablement aseptisée. Pour sa première soirée, « LGJ » veut taper fort en recevant le premier ministre, Manuel Valls, et la chanteuse Louane qui interprétera en direct sur le plateau son nouveau single.Rien n’a véritablement filtré sur le lifting du « Grand Journal ». Le nouveau concept a été aussi bien gardé qu’un secret industriel. Maïtena Biraben sera entourée, entre autres, du comique des politiques Cyrille Eldin, transfuge du « Supplément », et du chroniqueur littéraire Augustin Trapenard, seul rescapé de l’ancienne équipe. Pour rompre avec l’ancienne formule, la miss météo et la « boîte à questions » disparaissent.Rafraîchir un talk-show uséEn effet, Maïtena Biraben doit faire oublier l’époque Antoine de Caunes qui, lors de son arrivée aux commandes de l’émission en 2013 – après le départ de Michel Denisot – avait promis un show à l’américaine : « Je vais essayer d’introduire une humeur proche des “late shows” anglo-saxons, où tout est écrit, répété, scénarisé. L’invité ne sera plus pris dans une avalanche d’informations et de chroniques. À présent, tout s’organisera autour de lui. »La promesse était probablement trop belle… Désormais, l’équipe de Maïtena doit trouver un ton, peut-être moins politique et plus culturel pour éviter de se faire totalement dépasser par ses concurrents comme « Touche pas à mon poste » sur D8 et « C à vous » sur France 5. Depuis deux ans, ces deux talks n’ont cessé de grignoter des parts d’audience au « Grand Journal ». Face à cette concurrence, l’émission de Canal+ n’est pas parvenue à se renouveler et à trouver un nouveau souffle.Ainsi, le concept – ou plutôt l’idée – est semble-t-il de rafraîchir un talk usé, tape-à-l’œil et au rythme trop effréné. « Je prendrai le temps. C’est peut-être la première martingale », a expliqué Maïtena Biraben au Parisien. Ainsi une place sera accordée aux grands reportages de Diego Buñuel, nouveau directeur des documentaires de Canal+.Reprise en mainLe prestigieux talk-show de Canal+ a été le symbole de la reprise main de la chaîne cryptée par le nouveau patron, Vincent Bolloré. Au début de l’été, l’homme d’affaires avait demandé – ou exigé – que l’émission en claire de fin de journée soit réformée et celle des « Guignols de l’info » remaniée. Sauf que cet ordre n’a pas été suivi d’effet. Conséquence, Rodolphe Belmer, le numéro 2, a été remercié avant que d’autres têtes ne tombent, comme celle producteur historique du « Grand Journal » Renaud Le Van Kim. « Les Guignols » qui un temps devaient disparaître vont désormais passer en crypté mais plus au sein du « Grand Journal ». Pourtant, l’émission satirique assurait au programme son pic d’audience, au-dessus du million de téléspectateurs.Alors révolution ? Tout changer pour que rien ne change ? Réponse à 18 h 50.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.09.2015 à 15h21 • Mis à jour le08.09.2015 à 18h31 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Un plan social au sein du groupe Express-Roularta, racheté récemment par l’homme d’affaires Patrick Drahi, est envisagé pour supprimer quelque 150 postes, a déclaré, lundi 7 septembre, une source proche du dossier. Ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) s’ajouterait aux 115 départs de journalistes déjà enregistrés dans le cadre d’une clause de cession actuellement ouverte, selon les informations recueillies par Le Monde.« La situation économique trouvée par Altice Media Group [la branche médias papier du groupe de Patrick Drahi] s’est révélée encore plus dégradée que celle présentée par Roularta [le précédent propriétaire], tant sur les comptes, les abonnements, la diffusion que la publicité », éclaire une source interne proche du dossier. L’Express notamment a perdu 2,5 millions d’euros en 2014 et prévoit 5 millions de pertes cette année, mais ses nouveaux propriétaires visent un retour à l’équilibre en 2016.« Le PSE touchera essentiellement des fonctions administratives, et assez peu de journalistes, et encore moins de journalistes rédigeants », expose la même source. Ces informations ont suscité une vive inquiétude au sein des équipes, alors que le groupe a déjà connu deux PSE, en 2009 et 2013.« Si, sur ce total de partants, une vingtaine vient de L’Express, cela peut rendre quasiment impossible la réalisation du journal », s’alarme un salarié. L’« organisation-cible », préalable à la mise en œuvre de ce PSE, devrait être établie pour fin septembre. « Jusqu’ici, il y avait, en interne, une part de résignation, mais ces annonces de nouveaux coups de massue nous réveillent. On se dit qu’il faut réagir », raconte un salarié, alors qu’une assemblée générale – qui pourrait être « houleuse » – est prévue, mardi 8 septembre.Nouvelle organisationCes informations s’accompagnent de changements structurels. L’ensemble Express-Roularta, qui comptait jusqu’à présent 700 salariés et une douzaine de titres, a été rebaptisé Groupe Altice Média (GAM), et il est désormais rattaché à Altice Media Group (AMG).Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick Drahi Lundi, un organigramme de direction a été présenté. Au niveau éditorial, Christophe Barbier est confirmé à son poste de directeur de la rédaction de L’Express et de directeur général des rédactions du GAM. Mais Matthieu Scherrer, rédacteur en chef du site spécialisé sur la high-tech 01Net et ancien du magazine Management, est « nommé conseiller auprès de Christophe Barbier ». De plus, François Dieulesaint, ancien directeur général de La Tribune, est nommé directeur général délégué.En interne, ces nominations sont diversement interprétées : pour un salarié, le directeur emblématique du journal depuis des années se trouve conforté. Pour un autre, il est tout de même « fragilisé », et l’arrivée de M. Dieulesaint est une pierre lancée dans son jardin. Celui-ci est, avec Marc Laufer – directeur général d’Altice Media Group et PDG de GAM –, un ancien de La Tribune, qui avait été revendu à Alain Weill, PDG de NextRadioTV et fortement restructuré.A un niveau supérieur, une autre question se pose sur l’organigramme des filiales de M. Drahi : la répartition des rôles entre Alain Weill et Bernard Mourad, président d’AMG. Le premier est à la tête d’Altice Contents, qui contrôlera l’ancien groupe NextRadioTV (BFM-TV et RMC) – au sein duquel M. Drahi a pris une participation –, mais à terme, il encadrera toutes les activités média d’Altice, y compris les supports papier (L’Express, Libération…) regroupés pour l’heure dans Altice Media Group. Même si, pour l’heure, Bernard Mourad « continue de conduire la stratégie, le développement, les acquisitions et les relations institutionnelles » d’AMG. Les fonctions de ce dernier pourraient à terme évoluer.En attendant, Patrick Drahi franchit une étape dans la constitution de son groupe médias en annonçant le déménagement « d’ici la fin de l’année » de Libération dans l’immeuble de L’Express à Paris. Et en affrontant probablement une première contestation sociale ce mardi.Lire aussi notre décryptage :Drahi, Bolloré... Comment les médias français se recomposentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Les gens regarderaient-ils moins la télévision ? C’est ce qu’on pourrait croire en lisant –rapidement – les chiffres dévoilés, mardi 29 septembre, par Eurodata TV. Le temps passé devant la télévision recule de 7 minutes au Royaume-Uni et de près du double aux Etats-Unis.La tendance est encore plus marquée pour les « jeunes adultes ». Les 15-24 ans ont vu leur consommation télévisuelle chuter de près d’une demi-heure aux Etats-Unis et de plus d’un quart d’heure aux Pays-Bas.L’étrange lucarne n’est pourtant pas près de s’éteindre, c’est même le contraire. D’abord, dans d’autres pays (Allemagne, Pologne, Balkans, Malaisie…), le temps passé devant la télévision progresse. Et là où il baisse, on part souvent de très haut : les Américains et les Néerlandais continuent de rester en moyenne plus de 4 h 30 par jour devant leur téléviseur ! Les Français, eux, y consacraient 3 h 41 en 2014.Sport et informationDe plus, la consommation délinéarisée de la télévision s’accroît. Grâce au visionnage en différé, les audiences augmentent : jusqu’à 17,2 % au Royaume-Uni. Certaines séries comme Indian Summers outre-Manche et Bagels Bubbels aux Pays-Bas ont vu respectivement leur nombre de téléspectateurs tripler ou doubler grâce au « replay ».Enfin d’autres « lucarnes » s’allument : tablettes, smartphones, ordinateurs… Elles permettent de démultiplier le nombre de téléspectateurs, même si le phénomène est encore mal appréhendé (une trentaine de pays devrait pouvoir le mesurer dans le courant 2016).Autre tendance, le « live » garde son attrait pour certains événements sportifs. « Il n’y a pas de télévision sans sport et pas de grands sports sans télévision », résume Frédéric Vaulpré, vice-président d’Eurodata. Il cite l’exemple de la Coupe du monde de football féminin qui a gonflé l’audience de la Fox aux Etats-Unis, permettant d’atteindre un record pour un match de « soccer » avec 22,6 millions de supporteurs pour la finale opposant les Etats-Unis et le Japon.L’information continue également de faire recette. Le « Six O’Clock News » de BBC One réunit chaque jour près de 30 % des téléspectateurs britanniques, réalisant une part de marché très supérieure à la moyenne de la chaîne. Partout dans le monde les canaux dédiés à l’information sont dopés par l’actualité. CNN vient ainsi de battre son record d’audience (22 millions de téléspectateurs) avec un débat entre les candidats républicains à la primaire.Autre surprise, les chaînes payantes, qui souffrent de la concurrence de nouveaux acteurs comme Netflix, résistent. Aux Etats-Unis, l’audience de HBO est stable et les épisodes de Game of Thrones ont réuni jusqu’à 10 millions de fans, un record. Plus que jamais, « le contenu est roi », souligne Frédéric Vaulpré. Quel que soit son mode de consommation, la télé a de beaux jours devant elle.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 16h12 • Mis à jour le30.09.2015 à 10h05 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Signe de la globalisation croissante des grands groupes de médias, et de la priorité désormais accordée au numérique, l’allemand Axel Springer a annoncé, mardi 29 septembre, racheter le site américain Business Insider, un pure player spécialisé dans l’information économique.Déjà détenteur d’environ 9 % du site créé en 2007 sous le nom de Silicon Valley Insider, Axel Springer va dépenser 306 millions d’euros pour en prendre 88 % supplémentaires. Les 3 % restants du capital sont détenus par Bezos Expeditions, la société d’investissement du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.Outre les Etats-Unis, Business Insider décline son site dans sept autres pays. Une version allemande doit être lancée fin 2015, tout comme une version française début 2016, en partenariat avec le groupe Prisma. L’entreprise compte 325 employés, dont la moitié de journalistes, et revendique 76 millions de visiteurs uniques par mois.Le « style Business Insider » mêle un ton sans complexe, des commentaires bruts et pratique l’agrégation massive de contenus Web. « Les scoops ne sont pas la panacée : il faut deux jours d’enquête pour en sortir un, ça ne vaut pas le coup. Si quelqu’un a un scoop, nous le reprenons sur notre site quatre minutes plus tard », s’est ainsi enorgueilli le fondateur Kevin Ryan, un entrepreneur américain, dans un article du New Yorker en 2013. Des propos en partie provocateurs, car le site est aussi réputé pour ses informations exclusives.Le site se félicite de faire une audience comparable à celle du Wall Street Journal avec beaucoup moins d’employés. Outre ses informations, il le doit en bonne partie à son ton léger, voire provocateur et attrape-clics – qui rappelle le style tabloïd du site Gawker.Sur sa page d’accueil, on peut lire des titres comme : « Quinze citations de Steve Jobs qui donnent de l’inspiration », « Les dix armes les plus terrifiantes de l’armée russe », « Voici ce que ça fait de devenir super-riche d’un coup », « Voilà pourquoi ceux qui pensent que les bloqueurs de publicité sont des extorqueurs se trompent ». Ce dernier billet a pour illustration une photo du Parrain, typique du style d’illustration Web et pop culture du site, qui peut citer un dessin animé ou le film The Big Lebowski. Dirigé par un ancien analyste financierLe site cible notamment les gens qui travaillent dans la finance. Il a pour PDG et rédacteur en chef une personnalité hors norme et controversée de la Silicon Valley : Henri Blodget.Celui-ci a été dans une première vie connu comme analyste financier dans le secteur technologique. Après être devenu une star pour avoir entre autres prévu la forte hausse de la jeune boutique en ligne Amazon, il a, à la fin des années 1990, rejoint la banque d’affaires Merrill Lynch.Il est alors devenu tristement célèbre pour avoir été banni des marchés en raison d’une infraction à l’éthique des analystes : sur certaines actions en Bourse, il avait fait des recommandations publiques qui étaient opposées à celles qu’il partageait en interne par e-mail à Merrill Lynch. Henry Blodget ainsi que la directrice générale, Julie Hansen, vont rester en place, selon Springer.« Cette transaction étend l’audience mondiale d’Axel Springer sur Internet à environ 200 millions de lecteurs », affirme le groupe allemand dans un communiqué. Cela en fera le sixième groupe de presse dans le monde en termes d’audience numérique. Le rachat de Business Insider doit toutefois encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence.Cette acquisition permet au groupe, conformément à sa stratégie depuis quelques années, de continuer à se développer dans le numérique, mais aussi dans les contenus en langue anglaise. Il y a deux mois, le groupe allemand avait échoué à racheter le Financial Times, finalement acquis par le groupe japonais Nikkei.« Le ton créé par Henry Blodget et son mode de traitement de l’information parlent aux décideurs de demain, estime Mathias Döpfner, le président d’Axel Springer. La combinaison de nos forces respectives est à même de créer de la croissance et d’élargir l’offre de Business Insider à de nouvelles thématiques et de nouveaux territoires. » Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Créer une structure unique pour l’audiovisuel public, France Médias, en 2020. C’est la proposition choc que font les sénateurs André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans un rapport qui prône « un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public », présenté mardi 29 septembre, et auquel Le Monde a pu accéder.Ce rapport constitue une contribution au débat qui agite le secteur. À court terme, la question est celle du financement de sociétés dont la situation financière est fragile (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’Institut national de l’audiovisuel…), alors que l’examen de la loi de finances 2016 doit s’engager au Parlement. Au-delà, il s’agit de trouver les moyens de sortir ces entreprises d’une situation permanente d’incertitude quant à leurs ressources et de les aider à s’autonomiser.Les sénateurs de la mission de contrôle commune à la commission des finances et à la commission de la culture rappellent d’abord quelques constats. Les ressources propres de ces entreprises stagnent, alors que la part de la contribution à l’audiovisuel public (la redevance, qui représente 3,7 milliards d’euros en 2015) dans leur budget augmente. Cela va à l’encontre de l’orientation politique générale qui les encourage à générer des recettes (publicité, diversification, etc.).A effectifs constants, les charges de personnel des sociétés d’audiovisuel public augmentent mécaniquement, et France Télévisions comme Radio France affichent, en 2015, un résultat négatif.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continu« Contribution universelle » et « publicité raisonnable »Les sénateurs proposent de stabiliser les ressources en augmentant la redevance de deux euros (hors inflation) pendant deux ans, contre des engagements de réduction des dépenses. Cela permettrait d’éviter « le recours à l’endettement des sociétés ». Ils proposent qu’une partie de cette collecte soit affectée à une réserve de 150 millions d’euros destinée à répondre aux aléas et à « inciter aux mutualisations » entre sociétés de l’audiovisuel public.On peut penser, par exemple, au projet de chaîne d’information en continu de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui planche sur le sujet en dialogue avec Radio France.Après 2017, les sénateurs proposent de remplacer la redevance par une « contribution forfaitaire universelle sur le modèle allemand ». Cela signifie que presque tous les foyers seraient concernés, alors qu’il n’y a aujourd’hui que 27 millions de Français redevables. Cette contribution tiendrait également compte des nouveaux usages (smartphones, tablettes, etc.)Autre innovation, la définition d’une sphère de « publicité raisonnable », « compatible avec les valeurs du service public », qui permette de « rétablir la possibilité de diffuser de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions » tout en « interdisant la publicité dans les plages horaires consacrées aux programmes destinés à la jeunesse ». Une proposition qui contraste avec l’arbitrage récemment exprimé par Fleur Pellerin de maintenir l’absence de publicité en soirée sur les écrans publics.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteRemise en cause des engagements envers la productionLe retour de la publicité n’est pas le seul changement culturel que proposent les sénateurs. Ceux-ci entendent également rompre avec les équilibres actuels en « supprimant l’obligation faite à France Télévisions de garantir la diversité de la production, en particulier dans la fiction, qui favorise la dispersion de ses investissements et l’émiettement du secteur de la production ». Il s’agit d’une remise en cause du cahier des charges de l’entreprise publique, qui doit aujourd’hui consacrer 95 % de ses dépenses de création audiovisuelle à des sociétés de production externes.La part de production interne serait donc renforcée. Ce serait une rupture majeure pour le secteur de la production, dans lequel France Télévisions investit quelque 400 millions d’euros par an actuellement.Enfin, en 2020, le rapport préconise la création d’une structure de tête rassemblant les entreprises de l’audiovisuel public, France Médias, « pour favoriser les mutualisations, la polyvalence des personnels, le développement d’une marque commune et les investissements dans le numérique. » Son dirigeant serait nommé par un conseil d’administration où ne siégeraient pas les ministères de tutelle mais uniquement l’Agence des participations de l’Etat (APE). Cet organe serait aussi chargé de répartir le produit de la contribution universelle entre les différentes sociétés.« Un groupe unique de l’audiovisuel public bénéficiera de plus de marges de manœuvre financières et détiendra un meilleur pouvoir de négociation pour investir dans l’information, la création et le numérique », argumentent les sénateurs, qui visent notamment la « mutualisation des investissements des sociétés de l’audiovisuel public en vue du développement d’une plateforme numérique unique ». Un vœu qui fait écho à la volonté de rapprochement plusieurs fois exprimée par l’exécutif, mais qui va aussi beaucoup plus loin.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, parmi lesquels 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Sous le choc, environ 150 salariés du groupe se sont réunis en AG pendant deux heures dans l’après-midi. Les syndicats vont poursuivre les négociations avec la direction, espérant rencontrer la ministre de la culture, Fleur Pellerin, jeudi.Salle comble à @l'express pour AG des salariés au sujet du plan social programmé mais non encore formellement annoncé http://t.co/ppmNaGSktl— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);A l’issue de ce plan social, il resterait notamment 75 journalistes rédacteurs dans les rédactions de l’hebdomadaire version papier, de son site et de son supplément Styles contre 111 précédemment.« On a besoin de quelques millions de la part d’un milliardaire. Patrick Drahi a la responsabilité de ne pas nous laisser tomber », a lancé Jacques Trentesaux (CFDT). « Le journal a des archaïsmes et des scléroses », a répondu le rédacteur en chef Christophe Barbier devant l’AG, qui l’a fraîchement accueilli..@C_Barbier reste solidaire de la direction de @lexpress tout en se posant garant d'un PSE "plus malin, moins douloureux"— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);Une organisation « tout à fait inadaptée » pour la directionDans son courrier aux salariés, dont l’AFP a obtenu copie, la direction a assuré vouloir « pérenniser et développer sur le long terme » le groupe L’Express mais avoir trouvé une situation financière « bien plus dégradée » que prévu.Elle fait état d’un déficit cumulé sur 2006-2014 de plus de 86 millions d’euros et d’une perte attendue de 4 millions cette année, qui atteindra 10 millions avec le coût de la clause de cession. Elle pointe aussi du doigt une organisation inchangée en dix ans et « tout à fait inadaptée ».Face à cette situation, « nous avons décidé d’agir rapidement » car « sans décisions de saine gestion – parfois douloureuses – il nous sera impossible de construire ensemble un projet économiquement viable », plaide-t-elle.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny Peut-être qu’un jour Vincent Bolloré, le patron de Canal+, expliquera les raisons qui l’ont poussé à censurer l’enquête du magazine « Spécial Investigation » démontrant un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisés par des dirigeants du Crédit Mutuel. Pour le moment, le seul soupçon qui plane pour expliquer cette censure est que cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée.Après avoir visionné le documentaire avant sa diffusion le 7 octobre à 23 h 20 sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction », il apparaît que cette enquête très fouillée et documentée n’aurait sans doute pas déclenché un scandale si elle avait été diffusée, comme prévu, sur Canal+.Néanmoins, le travail réalisé par Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci, les deux auteurs de l’enquête, est conséquent. Ils expliquent par le détail comment la banque Pasche, filiale du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne auquel ils ont accès, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent n’ayant aucun rapport avec son train de vie. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Entretiens sauvagesAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les deux journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré. Apostrophé fin avril dans la rue à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ces méthodes – plutôt brutales – d’interview.C’est quelques jours après cet incident, que les auteurs et la production apprennent que leur enquête prévue en diffusion le 18 mai, sera sans doute déprogrammée de Canal+. La rumeur est confirmée vers la mi-mai. L’enquête est censurée sans explications. Alain Fradin a-t-il contacté Vincent Bolloré pour lui faire part de sa colère sur les méthodes employées par les journalistes et sur cette enquête gênante ? Vincent Bolloré a t-il pris le temps de visionner le documentaire ou a-t-il devancé la demande des dirigeants du Crédit mutuel ? Les questions restent – pour l’instant – sans réponses.Remontée et légèrement rallongée, l’enquête qui a été rachetée par France 3, n’est toutefois pas encore à l’abri d’une non-diffusion. En effet, Canal+ qui a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du « Grand Journal » viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production et demander un référé à la justice avant sa diffusion sur France 3.Mais, pour le moment, la chaîne affirme n’avoir reçu aucune demande de Canal+. Le jour de sa diffusion, Médiapart, partenaire de cette enquête, devrait apporter d’autres documents sur cette affaire.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »@psennypsenny@lemonde.frDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le27.09.2015 à 16h24 | Thomas Wieder et Ariane Chemin « Zemmour président ! » C’est la couverture de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, jeudi 24 septembre. Un slogan qui claque comme une affiche électorale, le scénario imaginaire d’un livre écrit par un journaliste maison, Geoffroy Lejeune (Une élection ordinaire, Ring) qui installe au terme d’une campagne semée d’embûches l’auteur du Suicide français (Albin Michel, 2014) à l’Elysée, en 2017.Une fiction, bien sûr ; un pitch dont Eric Zemmour n’a pas eu l’initiative – il en a reçu les épreuves, mais n’a pas eu son mot à dire. « Je ne suis ni élu ni éligible », confiait Zemmour devant Robert Ménard, qui l’avait reçu en octobre 2014 à Béziers pour son futur best-seller. Il avait aussi lâché cette phrase qui sonnait comme une prophétie : « Les hommes politiques ont peu d’importance, et plus on avance et moins ils en auront. »Quelques mois plus tôt, le journaliste avait refusé une place éligible sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) aux européennes. Le 16 septembre, on lui a demandé sur France 5 s’il se verrait ministre de la culture de Marine Le Pen, fauteuil dans lequel l’avait assis un jour la présidente du FN, il a encore répondu (en précisant que l’étiquette frontiste n’est pas l’obstacle) : ministre, « je [n’y] tiens pas spécialement ». D’après un sondage commandé par l’hebdomadaire à l’IFOP, 12 % des Français seraient « prêts à voter » pour Zemmour à la présidentielle. Susciter la demande pour imposer l’offre, comme disent les spécialistes de l’opinion : voilà... 25.09.2015 à 18h05 • Mis à jour le25.09.2015 à 20h35 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-MorettiL’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, est visée par une polémique pour avoir évoqué deux fois au cours de l’émission, jeudi 24 septembre, le discours « de vérité » du Front national, dans lequel, selon elle, « les Français se reconnaissent ». Simple maladresse d’expression surexploitée médiatiquement ou phrase révélatrice ? Difficile de répondre. Pour Eric Dupond-Moretti, l’avocat que Mme Biraben interrogeait ce jour-là, la polémique est « débile ». De son côté, joint par Le Monde, Canal+ a choisi de ne pas commenter. Mme Biraben, elle, a assuré que son expression désignait « la forme, pas le fond » du discours frontiste.Lire aussi :Maïtena Biraben assure avoir voulu parler « de la forme, pas du fond » du discours du FNÀ un moment où la chaîne est scrutée, car elle a changé de mains depuis l’arrivée de Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, plusieurs séquences du « Grand Journal » impliquant des responsables du FN ont récemment été taxées de complaisance. Lors de l’émission du 9 septembre, un sujet, tourné le week-end précédent à l’université d’été du Front national, montrait le journaliste Cyrille Eldin plaisantant avec Marine Le Pen et d’autres cadres. Quelques jours plus tard, le 15 septembre, Maïtena Biraben recevait Robert Ménard, le maire de Béziers, présenté comme « un pro de la com ».« Une chaîne de bobos de gauche »L’animatrice du « Grand Journal » est consciente que Canal+ a une image de chaîne de « bobos de gauche ». Et fait le lien avec le traitement du FN, comme elle l’a expliqué à TéléObs en juin, alors qu’elle était en charge du « Supplément » :« S’il y a bien une personne que j’attends, c’est Marine Le Pen. Elle ne veut pas venir sur Canal+. Elle considère que c’est une chaîne de bobos de gauche et j’en pâtis. Je suis certainement bobo mais personne ne peut dire si je suis de gauche ou de droite. Je le répète : elle est la bienvenue dans Le Supplément quand elle veut. »Maïtena Biraben a précisé aussi sa vision du traitement journalistique du FN :« Je ne comprends pas cette polémique qui consiste à se demander s’il faut ou non interviewer les personnalités du FN. Si ce parti est autorisé, je ne vois pas pourquoi je me pincerais le nez pour recevoir ses élus. Ils nous doivent des comptes, pas plus pas moins que ceux d’autres partis. »Elle rêve aussi d’accueillir « Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Matteo Renzi, Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances, Hillary Clinton, Bill Gates ou Vladimir Poutine. (…) Je ne m’interdis rien. »Contre un Canal+ « arrogant » et « parisien »L’approche personnelle revendiquée par Maïtena Biraben prend un relief particulier dans un contexte de grande attente autour de la ligne du « nouveau Canal », repris en main depuis juillet par l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Depuis leur arrivée à la tête de Canal+, M. Bolloré et ses hommes insistent sur le fait que les chaînes du groupe doivent éviter d’être trop « clivantes », notamment avec les sujets politiques ou religieux. À la direction de Vivendi, on souhaite ainsi tourner le dos à un Canal+ décrit comme trop « arrogant » et « parisien ».Ces qualificatifs ne sont pas sans rappeler ceux-là mêmes qu’employait récemment encore Marine Le Pen ou Eric Zemmour pour parler de la chaîne. Ces dernières années, la présidente du FN a choisi de cibler Canal+, faisant de la chaîne un symbole, à ses yeux, du « conformisme » et du « prêt-à-penser ».Cela ne l’a pas empêché d’accepter souvent les invitations de la chaîne, bien avant l’arrivée de Maïtena Biraben au « Grand Journal » : elle s’est rendue quatre fois dans le talk-show entre 2004 et 2011 puis, depuis 2011, au moins une fois par an, mais pas jusqu’ici en 2015. Elle a également été invitée au moins trois fois de la matinale d’i-Télé cette année.Dans ses relations avec Canal+, Mme Le Pen a régulièrement mis en scène son hostilité envers un média qu’elle a décrit peuplé de « bobos horribles ». La tension a été particulièrement vive avec « Le Petit Journal », qu’elle a – sans succès – attaqué en justice en 2011 et dont les journalistes ont été à maintes reprises refoulés d’événements organisés par le FN, avant qu’une équipe de l’émission soit agressée lors du défilé du parti le 1er mai 2015. En février, Mme Le Pen, interrogée lors d’un déplacement, assurait même : « Je ne réponds pas à Canal+. » Plus généralement, Mme Le Pen a multiplié les échanges musclés avec des figures de Canal+ comme Michel Denisot ou Anne-Sophie Lapix, qui l’avait mise en difficulté en janvier 2012 dans Dimanche +.Le souvenir de l’éviction d’Eric ZemmourCette relation houleuse avec le FN – la chaîne n’est pas la seule : Mediapart, Le Monde ou France Inter, entre autres, ont aussi subi ses critiques – a-t-elle vocation à s’apaiser ? Les mots de Maïtena Biraben, lâchés en direct, ne suffisent pas à l’établir.Depuis juillet, la prise de contrôle de Canal+ par le nouveau patron de Vivendi s’est accompagnée d’un soupçon de motivations politiques. M. Bolloré a été accusé de vouloir supprimer les « Guignols » pour faire plaisir à son ami Nicolas Sarkozy, ce qu’il a démenti.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementMais la vision exprimée par Vivendi d’une chaîne qui ne doit pas exclure des catégories de personnes – et de spectateurs et clients – évoque l’argumentation d’une radio comme RTL pour justifier le maintien à l’antenne d’Eric Zemmour, considéré comme incarnant un courant de l’opinion. La direction précédente de la chaîne d’information en continu du groupe Canal+, i-Télé, limogée depuis, s’était illustrée par son éviction de l’essayiste militant, fin 2014. Une décision qui avait déplu à la direction de Vivendi.À la rentrée, la nomination à la direction de la rédaction d’i-Télé de Guillaume Zeller – fidèle de M. Bolloré passé par la chaîne Direct 8 mais aussi proche du catholicisme traditionaliste – a alimenté en interne les craintes d’une droitisation de la chaîne d’information.Lors d’une réunion, une journaliste de la chaîne a demandé à M. Zeller si Patrick Buisson, l’ancien conseiller maurrassien de Nicolas Sarkozy, pourrait arriver sur la chaîne. Le directeur de la rédaction a fermement démenti, en haussant le ton. Et depuis, il a assuré au Conseil supérieur de l’audiovisuel, comme M. Bolloré, qu’i-Télé produirait une information « impartiale », « équilibrée » et non partisane. Donc pas marquée à droite mais pas à gauche non plus.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Les prochaines semaines du « Grand Journal » et l’évolution des chaînes de Canal+ et de sa production montreront si la reprise en main par Vivendi marque aussi une inflexion d’image et de ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 12h10 • Mis à jour le25.09.2015 à 20h49 L’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, a-t-elle dérapé, jeudi 24 septembre sur Canal+, en affirmant que « les Français se reconnaissent dans le discours de vérité tenu par le Front national » ?La polémique a enflé toute la journée de vendredi, à tel point que l’animatrice a fait une mise au point dès l’ouverture du « Grand journal », en début de soirée, pour assurer qu’elle parlait « de la forme, pas du fond » :« Hier soir, je recevais l’avocat Eric Dupond-Moretti. Dans mon interview, j’ai utilisé à propos du Front national l’expression “discours de vérité” . Il était question de la forme, pas du fond. (...) J’aurais pu dire un discours cash, un discours anti-langue de bois – c’était évidemment le propos de l’émission –, j’ai dit “un discours de vérité”. »« Alors pour éviter tout nouveau raccourci, je vous renvoie au replay » de l’émission, poursuit-elle. Dans la vidéo en question, on peut voir Mme Biraben interroger Eric Dupond-Moretti sur le thème du « politiquement correct » et affirmer :« Vous savez que les propos de la vérité sont souvent tenus et incarnés par le Front national aujourd’hui, rarement par le Parti socialiste, très rarement par les partis classiques. C’est quelque chose qui vous pose problème ou que vous entendez et qu’à la fin des fins vous comprenez ? »Voir la vidéo (cet échange à la 18e minute) :Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-Moretti« Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention notre émission (...) Surtout continuez mais s’il vous plait, n’hésitez pas à être un tout petit peu détendus quand même », a-t-elle enfin ironisé.Lire aussi :Maïtena Biraben et le FN : derrière le dérapage, un changement de ligne ?Une « connerie » pour Philippe GildasToute la journée, les commentaires se sont déchaînés sur les réseaux sociaux et sous les articles de presse. Pour certains, ce dérapage était préparé dans le but de « faire du buzz » et remonter les audiences « catastrophiques » de l’émission ; certains, « au bord de la bollobsession », allant jusqu’à y voir un potentiel effet de la reprise de la chaîne par Vincent Bolloré. D’autres encore émettent l’hypothèse que les propos de Maïtena Biraben avaient pour but d’améliorer les relations entre Canal+ et le FN, parti politique qui considère que c’est une « chaîne de bobos de gauche ».Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »A l’inverse, pour l’ancien présentateur de « Nulle Part Ailleurs » (ancêtre du « Grand Journal »), Philippe Gildas, la « connerie » de Maïtena Biraben n’était pas préméditée, mais due à un manque d’expérience. Il a ainsi insisté sur le fait qu’elle était présentatrice de l’émission « Les Maternelles » alors que lui avait été rédacteur en chef, avant de prendre les rênes de l’émission, et présentateur du journal télévisé, trente-cinq ans plus tôt.« La chance que j’ai eue, c’est que j’avais une longue carrière de journaliste avant [de faire Nulle Part Ailleurs]. Je savais très bien diriger des équipes et faire en sorte qu’on ne dise pas trop de conneries. D’ailleurs, une connerie comme celle-là, je ne l’ai jamais faite. Mais après, il faut qu’elle apprenne. »Un polémique « débile » selon Dupond-MorettiLa journaliste de TF1, Valérie Nataf, est, quant à elle, venue en aide à Maïtena Biraben en insistant sur la difficulté d’assurer une émission en direct : c’est « l’exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. »Le direct. L'exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. Que celui qui n'a jamais dit de bêtises en direct lève la main— vnataf (@Valérie Nataf)require(["twitter/widgets"]);De la même façon, Eric Dupond-Moretti, qui n’a pas réagi en direct aux formules employées par Maïtena Biraben, a déclaré vendredi: « C’est du direct. Qui peut penser que Maïtena Biraben pense qu’il s’agisse d’un discours de vérité ? »« C’est débile de faire une polémique comme ça. Le langage est complètement cadenassé. C’est insupportable, ces conneries. »Il fallait, a-t-il expliqué vendredi sur 20minutes.fr, interpréter sa phrase comme « ce que disait Laurent Fabius en 1984 : “Le Front national pose les bonnes questions mais apporte de mauvaises réponses.” »Reste que les principaux intéressés de cette polémique, les membres du Front national, en ont profité pour répéter leur ritournelle sur la « pensée unique » :#MaïtenaBiraben à l'épreuve du conformisme idéologique de sa profession. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire...— Marion_M_Le_Pen (@Marion Le Pen)require(["twitter/widgets"]);La caste perd la tête : lyncher une journaliste car elle pose des questions qui déplaisent aux chantres de la pensée unique. #MaïtenaBiraben— f_philippot (@Florian Philippot)require(["twitter/widgets"]);Quand M Biraben dit que le FN tient1discours de vérité, les patineurs du PAF parlent de dérapage: sur la banquise du conformisme ça glisse.— GilbertCollard (@Gilbert Collard ن)require(["twitter/widgets"]); Joël Morio C’est un simple amendement adopté discrètement en commission à l’Assemblée nationale qui a amené les patrons de RTL, de NRJ, du pôle radio de Lagardère Active et des Indés Radios à signer ensemble une lettre rendue publique le 24 septembre par Les Échos. Un fait rare pour des hommes plutôt habitués à s’affronter à fleurets mouchetés. Dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation a inséré dans le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine un article qui prévoit de durcir les règles des quotas d’œuvres françaises que les stations doivent suivre.Selon ce texte, lorsque plus de la moitié des œuvres françaises diffusées se concentre sur dix titres, les passages intervenant au-delà de ce seuil ne seraient plus comptabilisés pour les calculs de respect des quotas de chansons françaises. La quarantaine de députés qui a signé l’amendement juge que l’exposition de la musique francophone en radio n’a cessé de se dégrader. « Sur certaines radios, à l’heure actuelle, dix titres francophones peuvent représenter jusqu’à 75 % des diffusions francophones mensuelles », écrivent-ils dans l’exposé sommaire qui justifie leur proposition.« Tutelle artistique » et « atteinte à la liberté éditoriale »Mais les patrons de radios ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, cette mesure porte « gravement atteinte à la liberté éditoriale » de leurs stations. « Ce n’est pas aux Parlementaires de nous dire ce que nous devons diffuser. C’est nous mettre sous tutelle artistique », ajoute en crescendo, Emmanuel Rials, président de station rock Oüi FM. Les signataires de la lettre ouverte considèrent que ce texte n’est pas dicté par un souci de la défense de la chanson française, mais par « des intérêts bien compris de l’industrie du disque qui cherche à détourner les auditeurs de leurs radios gratuites pour les diriger vers des plates-formes payantes et dont ils sont, pour les plus importants d’entre eux, par ailleurs actionnaires ».En clair, les radios se plaignent de la concurrence de services comme Spotify ou Deezer qui ne sont soumis à aucune règle de quota. « À cause des quotas que nous subissons, ils passent pour des lieux où l’on est libre d’écouter ce que l’on veut », tonne Jean-Éric Valli, président des Indés Radios.Faiblesse de la production francophoneDu côté des maisons de disques et des auteurs-compositeurs, on salue au contraire le vote de cet amendement. « C’est une avancée capitale pour la création musicale qui n’entrave en rien la liberté éditoriale des radios mais ouvre la porte de leur programmation à deux nouveaux titres par mois », expliquent dans un communiqué une dizaine d’organismes représentant les artistes et les producteurs. Un chiffre que l’on estime fantaisiste du côté des radios qui pointent un autre problème : « Entre 2003 et 2014, en dépit des dispositifs d’aides considérables dont bénéficie la filière musicale, la production française s’est effondrée de plus de 60 % ! Pis, aujourd’hui, 83 % de la production française n’est pas francophone ! » Des artistes comme Daft Punk, David Guetta ou Charlotte Gainsbourg ont préféré s’exprimer en anglais et ainsi conquérir de nouveaux marchés. « Si ce n’était pas interdit par la réglementation européenne, ce sont des quotas de production de titres francophones qu’il faudrait instaurer », estime Jean-Éric Valli.Les radios appellent le gouvernement à rejeter l’amendement adopté en commission. Pour faire entendre leur voix, elles incitent leurs auditeurs à téléphoner à Manuel Valls en communiquant dans des spots le numéro du standard de Matignon. Les députés examineront le projet de loi à partir de lundi 28 septembre.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, dont 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Une assemblée générale des salariés du groupe devait se tenir, lundi à 15 heures.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny Peut-être qu’un jour Vincent Bolloré, le patron de Canal+, expliquera les raisons qui l’ont poussé à censurer l’enquête du magazine « Spécial Investigation » démontrant un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisés par des dirigeants du Crédit Mutuel. Pour le moment, le seul soupçon qui plane pour expliquer cette censure est que cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée.Après avoir visionné le documentaire avant sa diffusion le 7 octobre à 23 h 20 sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction », il apparaît que cette enquête très fouillée et documentée n’aurait sans doute pas déclenché un scandale si elle avait été diffusée, comme prévu, sur Canal+.Néanmoins, le travail réalisé par Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci, les deux auteurs de l’enquête, est conséquent. Ils expliquent par le détail comment la banque Pasche, filiale du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne auquel ils ont accès, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent n’ayant aucun rapport avec son train de vie. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Entretiens sauvagesAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les deux journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré. Apostrophé fin avril dans la rue à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ces méthodes – plutôt brutales – d’interview.C’est quelques jours après cet incident, que les auteurs et la production apprennent que leur enquête prévue en diffusion le 18 mai, sera sans doute déprogrammée de Canal+. La rumeur est confirmée vers la mi-mai. L’enquête est censurée sans explications. Alain Fradin a-t-il contacté Vincent Bolloré pour lui faire part de sa colère sur les méthodes employées par les journalistes et sur cette enquête gênante ? Vincent Bolloré a t-il pris le temps de visionner le documentaire ou a-t-il devancé la demande des dirigeants du Crédit mutuel ? Les questions restent – pour l’instant – sans réponses.Remontée et légèrement rallongée, l’enquête qui a été rachetée par France 3, n’est toutefois pas encore à l’abri d’une non-diffusion. En effet, Canal+ qui a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du « Grand Journal » viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production et demander un référé à la justice avant sa diffusion sur France 3.Mais, pour le moment, la chaîne affirme n’avoir reçu aucune demande de Canal+. Le jour de sa diffusion, Médiapart, partenaire de cette enquête, devrait apporter d’autres documents sur cette affaire.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »@psennypsenny@lemonde.frDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le27.09.2015 à 16h24 | Thomas Wieder et Ariane Chemin « Zemmour président ! » C’est la couverture de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, jeudi 24 septembre. Un slogan qui claque comme une affiche électorale, le scénario imaginaire d’un livre écrit par un journaliste maison, Geoffroy Lejeune (Une élection ordinaire, Ring) qui installe au terme d’une campagne semée d’embûches l’auteur du Suicide français (Albin Michel, 2014) à l’Elysée, en 2017.Une fiction, bien sûr ; un pitch dont Eric Zemmour n’a pas eu l’initiative – il en a reçu les épreuves, mais n’a pas eu son mot à dire. « Je ne suis ni élu ni éligible », confiait Zemmour devant Robert Ménard, qui l’avait reçu en octobre 2014 à Béziers pour son futur best-seller. Il avait aussi lâché cette phrase qui sonnait comme une prophétie : « Les hommes politiques ont peu d’importance, et plus on avance et moins ils en auront. »Quelques mois plus tôt, le journaliste avait refusé une place éligible sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) aux européennes. Le 16 septembre, on lui a demandé sur France 5 s’il se verrait ministre de la culture de Marine Le Pen, fauteuil dans lequel l’avait assis un jour la présidente du FN, il a encore répondu (en précisant que l’étiquette frontiste n’est pas l’obstacle) : ministre, « je [n’y] tiens pas spécialement ». D’après un sondage commandé par l’hebdomadaire à l’IFOP, 12 % des Français seraient « prêts à voter » pour Zemmour à la présidentielle. Susciter la demande pour imposer l’offre, comme disent les spécialistes de l’opinion : voilà... 25.09.2015 à 18h05 • Mis à jour le25.09.2015 à 20h35 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-MorettiL’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, est visée par une polémique pour avoir évoqué deux fois au cours de l’émission, jeudi 24 septembre, le discours « de vérité » du Front national, dans lequel, selon elle, « les Français se reconnaissent ». Simple maladresse d’expression surexploitée médiatiquement ou phrase révélatrice ? Difficile de répondre. Pour Eric Dupond-Moretti, l’avocat que Mme Biraben interrogeait ce jour-là, la polémique est « débile ». De son côté, joint par Le Monde, Canal+ a choisi de ne pas commenter. Mme Biraben, elle, a assuré que son expression désignait « la forme, pas le fond » du discours frontiste.Lire aussi :Maïtena Biraben assure avoir voulu parler « de la forme, pas du fond » du discours du FNÀ un moment où la chaîne est scrutée, car elle a changé de mains depuis l’arrivée de Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, plusieurs séquences du « Grand Journal » impliquant des responsables du FN ont récemment été taxées de complaisance. Lors de l’émission du 9 septembre, un sujet, tourné le week-end précédent à l’université d’été du Front national, montrait le journaliste Cyrille Eldin plaisantant avec Marine Le Pen et d’autres cadres. Quelques jours plus tard, le 15 septembre, Maïtena Biraben recevait Robert Ménard, le maire de Béziers, présenté comme « un pro de la com ».« Une chaîne de bobos de gauche »L’animatrice du « Grand Journal » est consciente que Canal+ a une image de chaîne de « bobos de gauche ». Et fait le lien avec le traitement du FN, comme elle l’a expliqué à TéléObs en juin, alors qu’elle était en charge du « Supplément » :« S’il y a bien une personne que j’attends, c’est Marine Le Pen. Elle ne veut pas venir sur Canal+. Elle considère que c’est une chaîne de bobos de gauche et j’en pâtis. Je suis certainement bobo mais personne ne peut dire si je suis de gauche ou de droite. Je le répète : elle est la bienvenue dans Le Supplément quand elle veut. »Maïtena Biraben a précisé aussi sa vision du traitement journalistique du FN :« Je ne comprends pas cette polémique qui consiste à se demander s’il faut ou non interviewer les personnalités du FN. Si ce parti est autorisé, je ne vois pas pourquoi je me pincerais le nez pour recevoir ses élus. Ils nous doivent des comptes, pas plus pas moins que ceux d’autres partis. »Elle rêve aussi d’accueillir « Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Matteo Renzi, Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances, Hillary Clinton, Bill Gates ou Vladimir Poutine. (…) Je ne m’interdis rien. »Contre un Canal+ « arrogant » et « parisien »L’approche personnelle revendiquée par Maïtena Biraben prend un relief particulier dans un contexte de grande attente autour de la ligne du « nouveau Canal », repris en main depuis juillet par l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Depuis leur arrivée à la tête de Canal+, M. Bolloré et ses hommes insistent sur le fait que les chaînes du groupe doivent éviter d’être trop « clivantes », notamment avec les sujets politiques ou religieux. À la direction de Vivendi, on souhaite ainsi tourner le dos à un Canal+ décrit comme trop « arrogant » et « parisien ».Ces qualificatifs ne sont pas sans rappeler ceux-là mêmes qu’employait récemment encore Marine Le Pen ou Eric Zemmour pour parler de la chaîne. Ces dernières années, la présidente du FN a choisi de cibler Canal+, faisant de la chaîne un symbole, à ses yeux, du « conformisme » et du « prêt-à-penser ».Cela ne l’a pas empêché d’accepter souvent les invitations de la chaîne, bien avant l’arrivée de Maïtena Biraben au « Grand Journal » : elle s’est rendue quatre fois dans le talk-show entre 2004 et 2011 puis, depuis 2011, au moins une fois par an, mais pas jusqu’ici en 2015. Elle a également été invitée au moins trois fois de la matinale d’i-Télé cette année.Dans ses relations avec Canal+, Mme Le Pen a régulièrement mis en scène son hostilité envers un média qu’elle a décrit peuplé de « bobos horribles ». La tension a été particulièrement vive avec « Le Petit Journal », qu’elle a – sans succès – attaqué en justice en 2011 et dont les journalistes ont été à maintes reprises refoulés d’événements organisés par le FN, avant qu’une équipe de l’émission soit agressée lors du défilé du parti le 1er mai 2015. En février, Mme Le Pen, interrogée lors d’un déplacement, assurait même : « Je ne réponds pas à Canal+. » Plus généralement, Mme Le Pen a multiplié les échanges musclés avec des figures de Canal+ comme Michel Denisot ou Anne-Sophie Lapix, qui l’avait mise en difficulté en janvier 2012 dans Dimanche +.Le souvenir de l’éviction d’Eric ZemmourCette relation houleuse avec le FN – la chaîne n’est pas la seule : Mediapart, Le Monde ou France Inter, entre autres, ont aussi subi ses critiques – a-t-elle vocation à s’apaiser ? Les mots de Maïtena Biraben, lâchés en direct, ne suffisent pas à l’établir.Depuis juillet, la prise de contrôle de Canal+ par le nouveau patron de Vivendi s’est accompagnée d’un soupçon de motivations politiques. M. Bolloré a été accusé de vouloir supprimer les « Guignols » pour faire plaisir à son ami Nicolas Sarkozy, ce qu’il a démenti.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementMais la vision exprimée par Vivendi d’une chaîne qui ne doit pas exclure des catégories de personnes – et de spectateurs et clients – évoque l’argumentation d’une radio comme RTL pour justifier le maintien à l’antenne d’Eric Zemmour, considéré comme incarnant un courant de l’opinion. La direction précédente de la chaîne d’information en continu du groupe Canal+, i-Télé, limogée depuis, s’était illustrée par son éviction de l’essayiste militant, fin 2014. Une décision qui avait déplu à la direction de Vivendi.À la rentrée, la nomination à la direction de la rédaction d’i-Télé de Guillaume Zeller – fidèle de M. Bolloré passé par la chaîne Direct 8 mais aussi proche du catholicisme traditionaliste – a alimenté en interne les craintes d’une droitisation de la chaîne d’information.Lors d’une réunion, une journaliste de la chaîne a demandé à M. Zeller si Patrick Buisson, l’ancien conseiller maurrassien de Nicolas Sarkozy, pourrait arriver sur la chaîne. Le directeur de la rédaction a fermement démenti, en haussant le ton. Et depuis, il a assuré au Conseil supérieur de l’audiovisuel, comme M. Bolloré, qu’i-Télé produirait une information « impartiale », « équilibrée » et non partisane. Donc pas marquée à droite mais pas à gauche non plus.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Les prochaines semaines du « Grand Journal » et l’évolution des chaînes de Canal+ et de sa production montreront si la reprise en main par Vivendi marque aussi une inflexion d’image et de ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 12h10 • Mis à jour le25.09.2015 à 20h49 L’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, a-t-elle dérapé, jeudi 24 septembre sur Canal+, en affirmant que « les Français se reconnaissent dans le discours de vérité tenu par le Front national » ?La polémique a enflé toute la journée de vendredi, à tel point que l’animatrice a fait une mise au point dès l’ouverture du « Grand journal », en début de soirée, pour assurer qu’elle parlait « de la forme, pas du fond » :« Hier soir, je recevais l’avocat Eric Dupond-Moretti. Dans mon interview, j’ai utilisé à propos du Front national l’expression “discours de vérité” . Il était question de la forme, pas du fond. (...) J’aurais pu dire un discours cash, un discours anti-langue de bois – c’était évidemment le propos de l’émission –, j’ai dit “un discours de vérité”. »« Alors pour éviter tout nouveau raccourci, je vous renvoie au replay » de l’émission, poursuit-elle. Dans la vidéo en question, on peut voir Mme Biraben interroger Eric Dupond-Moretti sur le thème du « politiquement correct » et affirmer :« Vous savez que les propos de la vérité sont souvent tenus et incarnés par le Front national aujourd’hui, rarement par le Parti socialiste, très rarement par les partis classiques. C’est quelque chose qui vous pose problème ou que vous entendez et qu’à la fin des fins vous comprenez ? »Voir la vidéo (cet échange à la 18e minute) :Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-Moretti« Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention notre émission (...) Surtout continuez mais s’il vous plait, n’hésitez pas à être un tout petit peu détendus quand même », a-t-elle enfin ironisé.Lire aussi :Maïtena Biraben et le FN : derrière le dérapage, un changement de ligne ?Une « connerie » pour Philippe GildasToute la journée, les commentaires se sont déchaînés sur les réseaux sociaux et sous les articles de presse. Pour certains, ce dérapage était préparé dans le but de « faire du buzz » et remonter les audiences « catastrophiques » de l’émission ; certains, « au bord de la bollobsession », allant jusqu’à y voir un potentiel effet de la reprise de la chaîne par Vincent Bolloré. D’autres encore émettent l’hypothèse que les propos de Maïtena Biraben avaient pour but d’améliorer les relations entre Canal+ et le FN, parti politique qui considère que c’est une « chaîne de bobos de gauche ».Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »A l’inverse, pour l’ancien présentateur de « Nulle Part Ailleurs » (ancêtre du « Grand Journal »), Philippe Gildas, la « connerie » de Maïtena Biraben n’était pas préméditée, mais due à un manque d’expérience. Il a ainsi insisté sur le fait qu’elle était présentatrice de l’émission « Les Maternelles » alors que lui avait été rédacteur en chef, avant de prendre les rênes de l’émission, et présentateur du journal télévisé, trente-cinq ans plus tôt.« La chance que j’ai eue, c’est que j’avais une longue carrière de journaliste avant [de faire Nulle Part Ailleurs]. Je savais très bien diriger des équipes et faire en sorte qu’on ne dise pas trop de conneries. D’ailleurs, une connerie comme celle-là, je ne l’ai jamais faite. Mais après, il faut qu’elle apprenne. »Un polémique « débile » selon Dupond-MorettiLa journaliste de TF1, Valérie Nataf, est, quant à elle, venue en aide à Maïtena Biraben en insistant sur la difficulté d’assurer une émission en direct : c’est « l’exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. »Le direct. L'exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. Que celui qui n'a jamais dit de bêtises en direct lève la main— vnataf (@Valérie Nataf)require(["twitter/widgets"]);De la même façon, Eric Dupond-Moretti, qui n’a pas réagi en direct aux formules employées par Maïtena Biraben, a déclaré vendredi: « C’est du direct. Qui peut penser que Maïtena Biraben pense qu’il s’agisse d’un discours de vérité ? »« C’est débile de faire une polémique comme ça. Le langage est complètement cadenassé. C’est insupportable, ces conneries. »Il fallait, a-t-il expliqué vendredi sur 20minutes.fr, interpréter sa phrase comme « ce que disait Laurent Fabius en 1984 : “Le Front national pose les bonnes questions mais apporte de mauvaises réponses.” »Reste que les principaux intéressés de cette polémique, les membres du Front national, en ont profité pour répéter leur ritournelle sur la « pensée unique » :#MaïtenaBiraben à l'épreuve du conformisme idéologique de sa profession. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire...— Marion_M_Le_Pen (@Marion Le Pen)require(["twitter/widgets"]);La caste perd la tête : lyncher une journaliste car elle pose des questions qui déplaisent aux chantres de la pensée unique. #MaïtenaBiraben— f_philippot (@Florian Philippot)require(["twitter/widgets"]);Quand M Biraben dit que le FN tient1discours de vérité, les patineurs du PAF parlent de dérapage: sur la banquise du conformisme ça glisse.— GilbertCollard (@Gilbert Collard ن)require(["twitter/widgets"]); Joël Morio C’est un simple amendement adopté discrètement en commission à l’Assemblée nationale qui a amené les patrons de RTL, de NRJ, du pôle radio de Lagardère Active et des Indés Radios à signer ensemble une lettre rendue publique le 24 septembre par Les Échos. Un fait rare pour des hommes plutôt habitués à s’affronter à fleurets mouchetés. Dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation a inséré dans le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine un article qui prévoit de durcir les règles des quotas d’œuvres françaises que les stations doivent suivre.Selon ce texte, lorsque plus de la moitié des œuvres françaises diffusées se concentre sur dix titres, les passages intervenant au-delà de ce seuil ne seraient plus comptabilisés pour les calculs de respect des quotas de chansons françaises. La quarantaine de députés qui a signé l’amendement juge que l’exposition de la musique francophone en radio n’a cessé de se dégrader. « Sur certaines radios, à l’heure actuelle, dix titres francophones peuvent représenter jusqu’à 75 % des diffusions francophones mensuelles », écrivent-ils dans l’exposé sommaire qui justifie leur proposition.« Tutelle artistique » et « atteinte à la liberté éditoriale »Mais les patrons de radios ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, cette mesure porte « gravement atteinte à la liberté éditoriale » de leurs stations. « Ce n’est pas aux Parlementaires de nous dire ce que nous devons diffuser. C’est nous mettre sous tutelle artistique », ajoute en crescendo, Emmanuel Rials, président de station rock Oüi FM. Les signataires de la lettre ouverte considèrent que ce texte n’est pas dicté par un souci de la défense de la chanson française, mais par « des intérêts bien compris de l’industrie du disque qui cherche à détourner les auditeurs de leurs radios gratuites pour les diriger vers des plates-formes payantes et dont ils sont, pour les plus importants d’entre eux, par ailleurs actionnaires ».En clair, les radios se plaignent de la concurrence de services comme Spotify ou Deezer qui ne sont soumis à aucune règle de quota. « À cause des quotas que nous subissons, ils passent pour des lieux où l’on est libre d’écouter ce que l’on veut », tonne Jean-Éric Valli, président des Indés Radios.Faiblesse de la production francophoneDu côté des maisons de disques et des auteurs-compositeurs, on salue au contraire le vote de cet amendement. « C’est une avancée capitale pour la création musicale qui n’entrave en rien la liberté éditoriale des radios mais ouvre la porte de leur programmation à deux nouveaux titres par mois », expliquent dans un communiqué une dizaine d’organismes représentant les artistes et les producteurs. Un chiffre que l’on estime fantaisiste du côté des radios qui pointent un autre problème : « Entre 2003 et 2014, en dépit des dispositifs d’aides considérables dont bénéficie la filière musicale, la production française s’est effondrée de plus de 60 % ! Pis, aujourd’hui, 83 % de la production française n’est pas francophone ! » Des artistes comme Daft Punk, David Guetta ou Charlotte Gainsbourg ont préféré s’exprimer en anglais et ainsi conquérir de nouveaux marchés. « Si ce n’était pas interdit par la réglementation européenne, ce sont des quotas de production de titres francophones qu’il faudrait instaurer », estime Jean-Éric Valli.Les radios appellent le gouvernement à rejeter l’amendement adopté en commission. Pour faire entendre leur voix, elles incitent leurs auditeurs à téléphoner à Manuel Valls en communiquant dans des spots le numéro du standard de Matignon. Les députés examineront le projet de loi à partir de lundi 28 septembre.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.09.2015 à 18h57 Quel épisode d’une série rend les spectateurs « accros » et les motive à voir une saison en entier ? C’est la question que s’est posée le géant américain de la vidéo à la demande, Netflix, en étudiant les visionnages réels de séries dans seize pays différents, dont la France, de janvier à juillet 2015.La société américaine en vient à la conclusion que, contrairement à une idée répandue dans l’industrie télévisuelle, le pilote d’une série n’a quasiment aucune influence sur le choix du spectateur de suivre ou non la production jusqu’à la fin de la saison, comme l’explique Ted Sarandos, responsable en chef du contenu au sein de l’entreprise :« Etant donné la nature précieuse des cases horaires en prime time à la télé traditionnelle, on pourrait penser que le pilote est le point le plus important dans la vie d’une série. Cependant, dans notre analyse de plus de 20 séries à travers 16 marchés, nous avons découvert que personne n’a jamais été captivé par une série après un pilote. Cela nous conforte dans l’idée que rendre tous les épisodes disponibles d’un coup est plus en phase avec la manière dont se constituent les fans. »L’épisode 2 de « Breaking Bad »Netflix, qui parle d’« épisode hameçon » quand 70 % des spectateurs qui l’ont vu ont ensuite regardé la saison en entier, cite les épisodes 2 de Breaking Bad et 3 de Orange is the New Black et de Dexter, trois séries américaines populaires. Celui de Breaking Bad contient notamment une scène-choc, celle d’une baignoire remplie d’acide et d’un corps en décomposition qui traverse un plafond, qui pose le ton jusqu’au-boutiste de la série. L’épisode 3 de Dexter lève quant à lui le voile sur le premier crime du héros, un serial killer travaillant incognito pour la police. Au-delà de la question du pilote, c’est le modèle créatif des séries qui est en jeu. Netflix et les services de vidéo à la demande connectés permettent de passer du modèle créatif historique, basé sur l’offre (la série telle qu’envisagée par la chaîne et ses producteurs) à une production pensée à partir de la demande (la série définie par les usages de consommation des spectateurs).Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage français Joël Morio Rien ne va plus pour le « Grand Journal ». L’émission quotidienne de début de soirée de Canal+, présentée depuis début septembre par Maïténa Biraben, a réuni 562 000 personnes mercredi 23 septembre 2015.Il ne s’agit certes pas du plus bas score en nombre de téléspectateurs. Sur ce plan, le fond avait été touché le 18 septembre, avec 546 000 paires d’yeux devant leur poste. Mais en part de marché, c’est le plus mauvais résultat affiché par l’émission depuis sa relance : le talk-show de Canal+ a réalisé une part d’audience de 3,2 %, se situant derrière « Money Drop » de TF1 (20 %), le « 19/20 » de France 3 (15,6 %), « N’oubliez pas les paroles » sur France 2 (14,4 %), « La Meilleure Boulangerie » sur M6 (8,4 %), « Touche pas à mon poste » sur D8 (4,3 %), « C à vous » sur France 5 (4,7 %) et « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9). Le « Grand Journal » est même au coude-à-coude avec « Secret Story ».Au sein de Canal+, on juge ces audiences « catastrophiques ». La direction de la chaîne veut « donner du temps » à Maïténa Biraben. La présentatrice échappe jusqu’à présent aux critiques. Mais tel n’est pas le cas de ses chroniqueurs.Augustin Trapenard a admis, alors que le « Grand Journal » recevait François Fillon, mardi 22 septembre, qu’il n’avait pas lu l’ouvrage que l’ancien premier ministre venait de présenter. Un aveu rare, qui a déclenché une petite polémique sur les réseaux sociaux. Les chroniques de Cyrille Eldin sont, elles, accusées de complaisance.Ajustements à venirLa direction promet, depuis quelques jours, des ajustements, sans toutefois préciser s’il s’agit de remplacer ou de faire arriver de nouveaux chroniqueurs. Cyrille Eldin devrait lui un peu moins « rapporter » les potins de la vie politique, ses reportages se faisant au gré de l’actualité politique et non plus systématiquement chaque jour.Deux « pastilles », « Mash up » et « Super bien », ont été mises à l’antenne, lundi 21 septembre. Les producteurs, tout en tenant à la présence d’invités politiques, même si ceux-ci ne font pas forcément de l’audience, veulent également faire bouger le curseur vers plus de divertissement. Enfin, on souligne à Canal+ que « tout est à reconstruire et qu’il faut un peu de temps pour que l’alchimie entre les chroniqueurs prenne ».Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de la chaîne, peut au moins se réjouir d’un article de presse, celui de Direct Matin qui, dans son édition de jeudi 24 septembre, titre : « La nouvelle équipe de l’émission s’impose sur Canal+ ». « Maïténa Biraben et son équipe font souffler un vent de fraîcheur sur Canal+. Le talk-show jongle en effet avec brio entre l’actualité, les débats de société et les nouvelles tendances culturelles », peut-on y lire. Il est vrai que Direct Matin appartient à… Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré expose devant le CSA sa stratégie pour Canal+Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Comme prévu, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a auditionné, jeudi 24 septembre, Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi et du groupe Canal+. Pendant deux heures, l’échange a été « vif et direct, et sans langue de bois, mais courtois », raconte un participant.Un groupe de travail crééLe CSA a toutefois demandé la création d’un « groupe de travail », qui sera chargé d’étudier la traduction concrète et le suivi des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, à l’indépendance éditoriale et à l’exercice du métier de journaliste dans l’indépendance de l’information », a précisé l’autorité dans un communiqué. Une proposition acceptée par Vivendi, qui co-composera cette instance avec le CSA.De son côté, Vincent Bolloré a fait un signe d’ouverture en promettant de reconstituer le comité d’éthique d’i-Télé, qui a connu deux démissions quand a été débarquée la direction de la chaîne. Et il s’est engagé à créer un comité d’éthique auprès de Canal+.Une négociation est donc en cours entre le CSA et Vivendi, même si les deux parties ont affiché à l’extérieur leur entente et la concorde de leur démarche. « Nous avons parlé du groupe Canal+, qui emploie 8 000 personnes, et de son développement pour la culture française, a déclaré M. Bolloré, devant quelques journalistes. Je crois beaucoup à la régulation française. Canal est un immense établissement français et international. Etre auditionné, c’est toujours un honneur. » Le nouveau patron du groupe Canal+ s’est voulu rassurant : « Toute mon histoire a toujours été en accord avec la réglementation française », a dit celui qui était accompagné de Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Groupe Canal+, et de Maxime Saada, directeur général de Groupe Canal+.La question de l’indépendance éditorialeM. Bolloré s’est défendu des accusations de censure portées contre lui, à propos des Guignols ou de documentaires, comme l’a relevé le site de BFM Business. Ces questions ont été soulevées de façon précise par le CSA. M. Bolloré a parlé de « procés d’intention » et de « campagne orchestrée » citant le magazine Society et Renaud le Van Kim, ancien producteur du « Grand Journal » et proche de Franck Annese, patron de Society.Par ailleurs, l’autorité a posé des questions sur les « synergies de groupe » et demandé quelles limites étaient posées à la promotion d’actifs de Vivendi sur les chaînes de Canal+. En effet, les synergies entre les artistes, les salles de concert, les chaînes, les plates-formes web, les structure de production, est une stratégie revendiquée de M. Bolloré. Ce qui s’est traduit par des mises en avant de chanteurs maison au « Grand Journal » ou dans Direct Matin. Le quotidien gratuit du groupe Bolloré se félicitait justement ce jeudi de la nouvelle formule du talk-show de fin de journée de Canal+, malgré les audiences très basses obtenues ces derniers jours, a relevé Puremédias.La question de l’indépendance éditoriale de Canal+ vis-à-vis de son actionnaire a fait l’objet d’un débat. La convention de la chaîne payante est moins disante en la matière, par rapport à celle de TF1 ou M6. Le CSA aimerait la renforcer. Mais Vivendi, de son côté, a répondu qu’il était difficile de promettre d’investir dans les droits sportifs, les séries télé, la culture ou le cinéma tout en se voyant imposer une plus grande étanchéité entre Canal+ et Vivendi. Etudier la modification de la convention de Canal+ est un des chantiers du groupe de travail créé ce jeudi. Dans un communiqué diffusé à l’issu de cette audition Groupe canal+ a réaffirmé sa volonté de « de promouvoir la culture française à l’étranger, ainsi que son ambition de renforcer son soutien au cinéma et à l’ensemble de la création audiovisuelle française. Des engagements supplémentaires seront pris pour valoriser la diversité culturelle. »La convention ne peut être changée sans l’accord de Vivendi. Mais pour faire pression, le CSA a quelques moyens : « Le conseil a rappelé que son autorisation était nécessaire à la mise en œuvre de plusieurs » modifications demandées par M. Bolloré, est-il souligné dans le communiqué du CSA. Une référence à la demande de changement de noms réclamée par Vivendi : D8, D17 et i-Télé deviendraient C8, C17 et CNews. Mais aussi à la volonté de réduire la « fenêtre en clair » de Canal+, c’est-à-dire le moment où ses programmes sont gratuits.Engagement en faveur d’une « impartialité » politiqueLe CSA a aussi voulu avoir des garanties sur l’impartialité politique, notamment à propos de la chaîne d’information en continu i-Télé. En interne existent des craintes d’une droitisation de la concurrente de BFM-TV, notamment en raison du profil de Guillaume Zeller, le nouveau directeur de la rédaction, proche du catholicisme traditionaliste. Ce dernier, mercredi, a promis une « information équilibrée ». Vincent Bolloré a redit jeudi qu’il s’engage en faveur du pluralisme sur i-Télé, un point sensible à deux ans de la présidentielle de 2017. Celui qu’on décrit souvent comme un proche de Nicolas Sarkozy, auquel il avait prêté son yacht en 2007, a aussi rappelé qu’il avait des relations avec la majorité actuelle, via le président de la République François Hollande ou le premier ministre Manuel Valls. Ce dernier a d’ailleurs inauguré la nouvelle version du « Grand Journal » en septembre, ce qui aux yeux de certains anciens de Canal+ a donné le sentiment qu’il validait le grand ménage parfois brutal fait par M. Bolloré.Un projet de rachat de radioPlein d’ambitions pour le groupe Vivendi, qu’il veut global, Vincent Bolloré a aussi émis jeudi devant le CSA le souhait de se doter d’une radio. Une telle diversification est en projet depuis plusieurs années à Canal+ mais le nouveau patron de Vivendi semble vouloir la concrétiser. Des rumeurs lui ont prêté l’intention d’acheter Europe 1, ce qui n’a pas été confirmé. Jeudi a été évoqué l’idée que cette – ou ces – radios soient numériques.L’audition de M. Bolloré par le CSA ouvre une nouvelle phase dans sa prise en mains de Vivendi et de ses chaînes. Jusqu’ici, les autorités s’étaient peu manifestées, malgré les larges changements impulsés, même si certains au sein de l’exécutif sont attentifs à ce que les engagements de Canal+ en faveur du cinéma soient respectés.Plus largement, les semaines qui viennent seront l’occasion de voir si M. Bolloré se soucie des questions d’image médiatique, alors que des préoccupations sont exprimées publiquement : mardi, la présidente (UDI) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Catherine Morin-Desailly, a annoncé une audition prochaine de M. Bolloré, qui pourrait se tenir le 8 octobre.De son côté, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) a appelé « les dirigeants du groupe Canal+ à la retenue et au respect de la création » et demandé « au CSA, garant de la liberté de communication, de sortir de son silence concernant la situation à Canal+ ».Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Mercredi, l’association Reporters sans frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » ont publié une tribune dans Le Monde adressée au CSA, estimant « que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+ ». Ils demandent « qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+ ».Lire la tribune :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien Leloup et Damien GouteuxCrystal, Purify, Peace : en quelques heures à peine, les trois premiers bloqueurs de publicité pour les téléphones et tablettes d’Apple, se sont hissés dans le top 5 des applications les plus téléchargées sur l’AppStore d’Apple.Ces logiciels tirent tous parti d’une nouvelle fonctionnalité d’iOS 9 – la nouvelle version du système d’exploitation des iPhone et iPad. Elle permet désormais de créer et d’intégrer des bloqueurs de contenus (images, sons, vidéos) dans le navigateur Safari et les applications qui l’utilisent. Pour la première fois, il est donc possible de bloquer l’affichage de publicités sur les téléphones d’Apple, comme le proposent déjà depuis plusieurs années des modules pour navigateurs sur PC et Mac.L’arrivée des bloqueurs de publicité sur les terminaux Apple a fait beaucoup de bruit ; en premier lieu car de très nombreux éditeurs de sites se sont plaints de cette arrivée sur l’un des derniers supports où ils pouvaient encore afficher des publicités sans risque de blocage.Comment fonctionnent les bloqueurs de pub ?En 2002, le danois Henrik Aasted Sørensen préfère, plutôt que de réviser un examen universitaire, tenter de jouer avec un nouveau navigateur Web : Phoenix, qui deviendra Firefox. Celui-ci offrait déjà la possibilité de programmer des extensions, des petits modules apportant des fonctionnalités supplémentaires au logiciel.Une extension s’attaquait déjà aux images publicitaires, mais Sørensen a innové en étudiant la source de l’image : le serveur d’où elle provient. Si elle a pour origine un ordinateur identifié comme appartenant à une régie publicitaire, son programme, nommé « Adblock », la rend invisible aux yeux de l’internaute. Chaque utilisateur devait constituer lui-même son filtre en établissant sa propre liste de serveurs de publicité. Le succès fut au rendez-vous et le code source rendu public, permettant à tous de l’améliorer.Wladimir Palant a découvert l’extension en juin 2003. Il a contribué à une innovation majeure : au lieu de télécharger l’image puis de la rendre invisible, il empêche directement le téléchargement. L’affichage de la page visitée est plus rapide, et la quantité de données échangées est réduite.En 2005, un autre développeur, Michael McDonald, créé une nouvelle version du logiciel Adblock, qu’il nomme Adblock Plus. Il y ajoute deux fonctionnalités cruciales : la possibilité de laisser passer des publicités sélectionnées et celle de télécharger un filtre par défaut. En clair, tous les navigateurs dotés de l’extension disposent de la même liste de publicités bloquées et autorisées – ces dernières sont dites « sur liste blanche » ou whitelist.Pourquoi Adblock Plus est-il la bête noire des publicitaires ?Le programme a du succès. Cela tient à son architecture même, très simple : la plupart des utilisateurs se contentent d’installer l’extension et de laisser les réglages par défaut d’Adblock Plus. En clair, ils se fient au choix de l’éditeur d’Adblock Plus sur les régies publicitaires inscrites sur la blacklist, la « liste noire » des publicités bloquées.Mais Adblock Plus propose également une liste blanche par défaut, et c’est là-dessus que l’un de ses concepteurs a trouvé un modèle économique. En 2011, sur les conseils de Tim Schumacher, un investisseur spécialisé dans les nouvelles technologies, Wladimir Palant fonde en Allemagne sa propre société, Eyeo, qui a établi sa propre liste de critères à respecter pour qu’une publicité ne soit pas bloquée par défaut : taille des encarts, format, fait de perturber ou non la lecture… Selon Eyeo, sa liste blanche contiendrait à 90 % des entreprises utilisant des publicités « acceptables ».Mais le respect de ces règles ne suffit pas nécessairement pour rejoindre la fameuse liste : Eyeo demande également aux gros éditeurs de publicité de payer des « frais techniques » avant de les débloquer. Les montants sont secrets, mais le Financial Times, repris par Business Insider, indique que la société exige « 30 % des revenus de la publicité » pour apparaître sur sa liste aux côtés des géants Google et Amazon. Un véritable racket, dénoncent des éditeurs, qui ont tenté de trouver des réponses juridiques – Eyeo a subi quatre procès, principalement en Allemagne, que l’entreprise a tous gagnés –, et techniques – un jeu du chat et de la souris se déroule entre bloqueurs et bloqueurs de bloqueurs.Le concepteur initial d’Adblock, Henrik Aasted Sørensen, a pris ses distances avec le projet d’Adblock Plus, sans changer fondamentalement d’avis : il estime que la publicité en ligne est « cassée », et qu’il appartient aux sites Web de chercher « des alternatives pour leur financement ».Quels sont les arguments des pro et des anti bloqueurs ?Les partisans des bloqueurs de publicité invoquent deux arguments principaux. Ils jugent d’une part que la publicité en ligne est devenue trop envahissante et invasive, nuisant à la consultation des sites. D’autre part, ils reprochent aux publicités de collecter de grandes quantités d’informations personnelles.Ces deux arguments, initialement portés par des libertaires jugeant que le Web, dans sa forme actuelle, est corrompu par les intérêts privés, sont depuis longtemps sortis du cercle restreint des militants d’un Internet plus libre. S’y ajoute, pour les versions pour téléphones mobiles des sites, un argument technique : le temps de chargement des publicités rend l’affichage des pages Web inutilement long, notamment lorsque le réseau est mauvais.De l’autre côté, pour bien des sites, la publicité est la seule source de financement, les internautes rechignant souvent à payer pour les consulter. Quant à l’augmentation du nombre de publicités et leur caractère jugé invasif, il est la conséquence directe de la chute des prix, elle-même liée à de nombreux facteurs, dont la prééminence de grands acteurs comme Google et Facebook sur le marché. Pour maintenir leur chiffre d’affaires, les sites ont donc tendance à afficher davantage de publicités par page, ou à privilégier des formats publicitaires plus visibles et plus grands.Quels sont les précédents ?Sur le caractère invasif des publicités, il y a un précédent célèbre : à la fin des années 1990, les publicités dites « pop-ups », qui s’ouvrent dans une nouvelle fenêtre, se sont généralisées après qu’elles sont apparues sur la plateforme d’hébergement Tripod. Elles sont rapidement devenues la bête noire des internautes : difficiles à fermer, parfois sonores, elles s’ouvrent automatiquement dans une nouvelle fenêtre, à une époque où le navigateur utilisé par la quasi-totalité des internautes, Internet Explorer, conçu par Microsoft, ne disposait pas de système d’onglets.L’apparition de nouveaux navigateurs Web va changer la donne : Opera, puis Firefox intègrent des bloqueurs de pop-ups, facilement paramétrables. Cet avantage décisif, doublé d’innovations techniques, contribue au succès de Firefox – Microsoft sera contraint de suivre le mouvement, et intégrera par la suite son propre bloqueur de pop-ups à son logiciel. Depuis, les pop-ups ont quasiment disparu, et si elles existent encore, peu d’entre elles échappent aux systèmes de blocage désormais intégrés dans tous les navigateurs.Les défenseurs des bloqueurs de publicités citent souvent cet exemple, estimant que c’est un cas typique d’évolution technique ayant permis de limiter les abus des publicitaires. Certains estiment également que l’industrie de la publicité a « eu sa chance », lorsque la fondation Mozilla et d’autres acteurs du Web ont souhaité développer le Do Not Track, un système simple permettant aux internautes de décider si, et quand, ils acceptaient que leur navigation soit tracée. Faute de soutien de la part de l’industrie, ce système n’a jamais décollé.Pourquoi le créateur de l’application Peace a-t-il retiré son logiciel de la vente ?Marco Arment, le créateur de Peace, le bloqueur de publicités pour iOS, est un développeur reconnu. Son application, qui utilisait la technologie de Ghostery – un logiciel de protection de la vie privée qui peut aussi être utilisé comme bloqueur de publicités – s’est hissée en 24 heures en tête des applications payantes les plus téléchargées sur iPhone.Le succès de l’application lui a valu d’être violemment pris à partie en ligne par des anti-bloqueurs de publicité.I guess people aren't happy with @marcoarment https://t.co/lM4pKDdUB2 http://t.co/jQ2umk8v3U— DanGraziano (@Dan Graziano)require(["twitter/widgets"]);S’en est suivie une longue discussion en ligne, sur les réseaux sociaux et plusieurs blogs spécialisés, sur l’éthique des bloqueurs de publicité. Certains commentateurs estiment que la large diffusion des bloqueurs forcera l’industrie de la publicité à s’adapter, comme le chroniqueur du New York Times Farhad Manjoo ; d’autres, comme le développeur Joen Asmussen, considèrent qu’il n’y a pas de bloqueur de publicité « éthique » :Un bloqueur de publicité éthique, qui ne bloque que les « mauvaises » pubs et laisse passer les « bonnes », ça n’existe pas. J’aimerais me sentir comme un activiste luttant pour la pureté du Web quand j’installe l’application de Marco Arment à 2,99 dollars. Je voudrais bien croire qu’en faisant cela, je contribue à faire changer les entreprises de la publicité de manière positive (…) mais c’est une illusion.Au terme de deux jours de débats enflammés, Marco Arment a finalement décidé de retirer son application du catalogue en ligne d’Apple - les acheteurs seront remboursés. Il s’en est expliqué sur son blog :Peace traitait toutes les publicités de la même manière (…) Cette approche est trop brutale, et Ghostery et moi-même avons décidé que cela ne sert pas nos buts et nos convictions de la bonne manière. Si nous voulons amener un changement global, une approche plus nuancée et plus complexe qu’une simple application iOS est nécessaire. (…) Le blocage de publicité est une sorte de guerre (…). Je vois la guerre comme le Tao la voit : il faut l’éviter autant que possible. (…) Et même si je « gagne », ça ne me plaît pas. C’est pourquoi je me retire de ce marché. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien GouteuxJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.09.2015 à 21h18 • Mis à jour le09.09.2015 à 15h28 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Ces fiches doivent être détruites. » C’est la consigne énoncée par Delphine Ernotte à propos des grilles d’évaluation des salariés, conçues par la direction de France Télévisions à partir d’avril 2014 et décrites dans l’édition du mercredi 9 septembre du Canard enchaîné, et dans un article de Mediapart. La présidente de France Télévisions doit rencontrer les organisations syndicales pour « mettre tout à plat », mercredi après-midi, une réunion prévue « depuis dix jours environ », précise-t-on, au moment où Mme Ernotte a fait passer ses consignes.Il n’y a pas, à France Télévisions, de système de fichage des salariés, soutient l’entourage de la présidente : les fiches n’étaient pas insérées dans les dossiers individuels des salariés. Il s’agissait de « documents de travail » qui servaient à animer des réunions de « revue du personnel », entre managers et départements des ressources humaines, selon la direction.Pour autant, Delphine Ernotte considère que cette initiative a été « viciée » dès le départ, car il n’y a pas eu d’information des organisations syndicales ni des salariés. Selon la présidente, ce processus a été une « erreur », elle ne l’approuve pas et veut l’abandonner.“I” pour “insuffisant”, “C” pour “conforme aux attentes”C’est à peine entrée en fonction que la présidente de France Télévisions doit gérer cette affaire embarrassante. Alors que Mme Ernotte déclarait le 4 septembre au micro de France Inter que « personne n’est fiché à France Télévisions », il apparaît que ce système était destiné à l’ensemble du groupe et a été conçu à Paris, et non à la seule rédaction de France 3 Auvergne, où l’affaire avait été mise au jour. La direction assure toutefois qu’il n’avait pas encore été déployé partout.Concrètement, tous les chefs du personnel des chaînes publiques devaient remplir un formulaire intitulé « Revue de personnel – Évaluation de performance et de potentiel », dans lequel ils cochaient les qualités et les défauts des salariés, précise Le Canard enchaîné.« Une fois additionné les défauts et les qualités, il suffit de délivrer une note : “I” pour “insuffisant”, “C” pour “conforme aux attentes” et “B” pour “va au-delà des attentes”. »L’ex-DRH Papet dément tout « fichier » des salariésCe système aurait été élaboré par la direction des ressources humaines de France Télévisions, alors dirigée par Patrice Papet, sous la présidence de Rémy Pflimlin. Selon Le Canard, ce système aurait été orchestré par M. Papet, qui est depuis devenu conseiller de Delphine Ernotte, mais a prévu de quitter l’entreprise à la fin de l’année.Interrogé par Le Monde, M. Papet dément vivement avoir été à l’origine de ces évaluations. Mais l’ancien DRH confirme que les revues de personnel existent à France Télévisions comme, selon lui, dans la plupart des grandes entreprises. « Il s’agit d’un outil courant de gestion du personnel et des compétences, qui est le fruit d’un travail entre les RH et les responsables hiérarchiques », expose M. Papet.Selon lui, c’est dans ce cadre que ces grilles d’évaluation ont été utilisées et que les compétences des salariés ont pu être ainsi analysées et déboucher sur une notation. M. Papet admet que « cet outil a été proposé à l’ensemble des responsables hiérarchiques ». Toutefois, assure-t-il, « il n’a en aucun cas débouché sur un fichier où les observations des responsables ont été centralisées ». « Il n’y a pas de fichier des salariés à France Télévisions », répète-t-il, à l’unisson de Mme Ernotte.L’existence de ces fiches, comportant parfois des commentaires extrêmement sévères sur le comportement des salariés, avait été rendue publique par le syndicat Force ouvrière, à France 3 Auvergne, en août dernier. Tous les syndicats avaient alors décidé de monter au créneau. L’un d’eux, la CFE-CGC, envisageait mercredi de tenter de faire saisir les fiches en question avant leur destruction éventuelle, pour permettre aux salariés qui le souhaiteraient de porter plainte.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.09.2015 à 13h48 • Mis à jour le08.09.2015 à 15h04 S’achemine-t-on vers un retour de la publicité après 20 heures sur France Télévisions ? Le débat est « ouvert » et doit être « examiné attentivement », a déclaré mardi 8 septembre le ministre des finances, Michel Sapin, rappelant l’urgence d’améliorer les finances du groupe public. Sans indiquer s’il était lui-même favorable ou non à ce retour, le ministre a affirmé au micro de RMC et BFM-TV en voir aussi « les avantages » que « les inconvénients. »La nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a récemment mentionné cette piste pour disposer de plus de moyens, réclame l’extension de la publicité jusqu’à 21 heures, alors que la publicité rapporte actuellement à France Télévisions 320 millions d’euros par an.Réforme de la redevanceCe n’est pas la seule piste pour rétablir les finances de l’audiovisuel public. L’Elysée doit également se prononcer sur une éventuelle réforme de la redevance, principale ressource de France Télévisions en 2014 avec 2,4 milliards d’euros de recettes sur un budget de 2,8 milliards d’euros.Le président de la République, François Hollande, s’est cependant dit lundi « pas favorable » à une redevance « élargie aux objets connectés » (smartphones ou tablettes) ni à un recours « exagéré » à cette taxe pour financer l’audiovisuel public. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, avait déjà exclu l’hypothèse d’une taxe sur les smartphones ou les tablettes, évoquée par la nouvelle patronne de France Télévisions dans son discours de rentrée. La ministre a en revanche souligné qu’une extension de la redevance aux box de connexion à Internet est sur la table.Lire aussi :Audiovisuel : Hollande écarte un élargissement de la redevanceLe débat sur la manière dont est perçue la taxe audiovisuelle « est intéressant » au vu des nouvelles façons de regarder la télévision, a souligné M. Sapin. Mais si elle était élargie immédiatement aux objets connectés, « il y aurait à peu près un million de personnes qui ne paient pas (actuellement), souvent des jeunes, qui tout à coup se mettraient à payer », a-t-il souligné. Au moment où l’Etat annonce des baisses d’impôt, « ce ne serait pas très bon », a-t-il conclu.Après ces déclarations matinales, l’action TF1 a chuté lourdement mardi matin à la Bourse de Paris, affectée par des audiences en baisse en août et la crainte d’un possible retour de la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques. En début d’après-midi, le cours de TF1 perdait près de 7 %.Lire aussi :La présidente de France Télévisions veut étendre la redevance aux ordinateurs et smartphones Daniel Psenny Le monde aime la production audiovisuelle française ! En 2014, les ventes de programmes (fictions, documentaires, films d’animation, jeux) ont atteint 153,8 millions d’euros, soit une augmentation de 12,1 % par rapport à 2013. « Un record historique », a déclaré Mathieu Bejot, délégué général de TV France International (TVFI), en commentant ces chiffres publiés, mardi 8 septembre 2015, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et TVFI, lors du 21e « Rendez‐Vous », qui se tient à Biarritz du 6 au 10 septembre.Quelles sont les productions qui se vendent le plus ?Avec 38,9 millions d’euros (+ 49,3 % par rapport à 2013), c’est la fiction qui a opéré, l’an passé, la plus forte progression à l’exportation pour la quatrième année consécutive. Son volume de ventes dépasse désormais celui du documentaire (+13,2 % à 34,9 millions d’euros) et elle s’installe comme le deuxième genre le plus vendu.L’animation reste le genre le plus exporté, avec 45 millions d’euros, soit 29,2 % du total des ventes, même si le chiffre d’affaires à l’international fléchit légèrement (‐ 3,9 %).Les ventes de formats (fiction, jeux, variétés) sont aussi en hausse (+3,5 % à 22,8 millions).La fiction française progresse ainsi fortement à l’international : +49,3 % à 38,9 millions d’euros.« C’est un mouvement de fond pour la fiction française, explique M. Bejot. Cette accélération a été importante en raison du tournage de nombreuses fictions en langue anglaise et grâce à la diversité des téléfilms et des séries. »Qui achète ?Les chaînes les plus consommatrices de programmes audiovisuels français sont celles d’Europe de l’Ouest (+7,8 %) et d’Amérique du Nord (+34,2 %).La fictionEn 2014, les ventes de fiction française à l’international enregistrent une forte progression (+49,3 % à 38,9 millions d’euros).L’Europe de l’Ouest confirme son statut de première zone d’exportation de fiction française avec une part de 60,5 % en 2014, contre 55,2 % en 2013. La zone germanophone devient le premier acheteur de fiction française devant la Belgique. Ainsi, les ventes de fiction sont multipliées par quatre à l’image de « Profilage » (54 x 52’) vendue par TF1 International aux allemands de ProSiebenSat.1 ou « Les Revenants » (8 x 52’) vendue à Super RTL.Les chaînes belges conservent leur appétence pour les programmes de fiction française comme la saison 3 de « Soda » (244 x 22’) qui a été vendue à RTL Belgique. A noter aussi la percée régulière de la fiction française sur le territoire anglo‐saxon à l’image de la vente de « Les Témoins » (6 x 52’) à Channel 4. Les ventes de fiction française en Amérique du Nord progressent fortement de 106,1 % pour atteindre 5,9 millions d’euros en 2014. Les Etats‐Unis sont particulièrement actifs (+209,1 %).La production de séries françaises en langue anglaise permet d’offrir des débouchés à la production de fictions telles que « Taxi Brooklyn » (12x45’– EuropaCorp TV) vendue à NBC. Les ventes concernent aussi des séries de catalogue comme « Maigret » (54 x 90’– Meska Productions) vendue à MHz Networks ou encore « Les Témoins » (6 x 52’– Cinétévé) vendue à Netflix.Le documentaireLes ventes de documentaire français à l’international augmentent de 13,2 % pour atteindre 34,9 millions d’euros en 2014. Le genre capte 22,7 % des recettes, contre 22,5 % en 2013. Les documentaires d’investigation sont très demandés.Les programmes unitaires historiques de prestige avec des moyens techniques innovants sont également prisés à l’image du Dernier Gaulois distribué par FranceTV distribution qui mixe animation 3D et prise de vue en extérieur.Les ventes de documentaires en Amérique du Nord augmentent fortement de 72,7 % à 7,7 millions d’euros en 2014 ainsi qu’en Asie, avec une progression de 9,4 % pour atteindre 5,1 millions d’euros en 2014.L’animationEn 2014, les ventes de programmes français d’animation à l’étranger diminuent après cinq années de hausse consécutive à 45 millions d’euros (‐3,9 % par rapport à 2013). La part du genre atteint 29,3 % des ventes totales. Bien qu’en baisse, le niveau de chiffre d’affaires de l’animation française reste à son deuxième meilleur niveau depuis dix ans après une année 2013 record.Les formats de 22 minutes et 26 minutes sont de moins en moins sollicités au profit de formats courts (7, 11 ou 13 minutes) plus en phase avec les nouveaux modes de consommation des enfants. « Les réseaux et les grandes chaînes jeunesse américaines (Cartoon Network, Disney…) se tournent régulièrement vers les programmes d’animation français à l’image de Spark ou NBC Kids », souligne l’étude. Ces dernières ont acheté « Zou » (104 x 11'), les « Lapins Crétins » (78 x 71') vendu par FranceTV distribution ou « Sally Bollywood » (104 x 13').Les formatsLes ventes de formats français (fiction, jeux et variétés) à l’étranger continuent leur croissance (+3,5 %), passant de 22,1 millions d’euros en 2013 à 22,8 millions en 2014. Le marché reste en progression et continue à séduire de nouveaux territoires : le Royaume‐Uni, la Belgique, l’Espagne et l’Italie renouvellent leurs achats.Le jeu et le divertissement sont traditionnellement recherchés, aussi bien des valeurs sûres comme « Des chiffres et des lettres » (France TV distribution) ou « Fort Boyard » (ALP), mais aussi des nouvelles écritures comme « Slam » (Effervescence Productions, vendu par Can’t Stop Media) vendu en Slovénie ou « Run & Buzz », vendu par Newen Distribution en Turquie, en Espagne, au Benelux et en Russie. Les émissions de divertissement portent aussi le marché comme « Les Enfants de la télé » vendue par Endemol.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les reportages qui dérangent ont-ils encore leur place dans le Canal+ de Vincent Bolloré ? Fin juillet, Society et Mediapart affirmaient que le patron de Vivendi était intervenu pour empêcher la diffusion d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel. Ces jours-ci, selon nos informations, c’est une enquête consacrée à l’Olympique de Marseille qui a suscité les critiques du nouveau patron de Vivendi. Aujourd’hui, ce sujet n’est pas disponible sur la plateforme de « replay » MyCanal, qui regroupe pourtant les programmes de la chaîne.Intitulé OM, la fuite en avant ?, le reportage a été diffusé, mercredi 2 septembre, dans l’émission « Enquêtes de foot », sur Canal+ Sport. Il revient sur l’été agité du club de football, qui a vu partir plusieurs de ses joueurs majeurs puis son entraîneur, l’Argentin Marcelo Bielsa.L’enquête évoque notamment le président de l’OM, Vincent Labrune. Un témoignage le décrit comme peu présent au quotidien et fait état d’une désorganisation à la tête du club. La relation de M. Labrune avec les journalistes sportifs est également évoquée, notamment la présence de certains d’entre eux à son mariage. L’enquête s’attache enfin à décortiquer la stratégie de réduction de la masse salariale mise en œuvre par la direction du club phocéen.Un « bref » message en CEJeudi 3 septembre, le lendemain de sa diffusion, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire, Vincent Bolloré a déploré que ce sujet donne une image négative du club marseillais, a appris Le Monde. Il a fait comprendre qu’il y voyait un exemple de ce qu’il ne faut pas faire, c’est-à-dire prendre le risque de froisser des partenaires de Canal+ – la chaîne diffuse en effet une partie de la Ligue 1.Lire notre éclairage :La reprise en main continue à Canal +Une source proche de Vivendi confirme la teneur du « bref » message de M. Bolloré, mais affirme que la direction de Canal+, elle aussi, avait trouvé le reportage « inutilement partial ». Et rappelle que Canal+ a eu à souffrir un boycott temporaire du Paris-Saint-Germain et de l’OM en avril, à la suite de la diffusion de propos polémiques du joueur Zlatan Ibrahimovic.L’OM et son président sont des membres influents de la Ligue de football professionnel, qui attribue les droits de diffusion des championnats de France de Ligue 1 et de Ligue 2. Canal+ a remporté le dernier appel d’offres, en 2014, mais la chaîne subit la concurrence de beIN Sports.L’axe du divertissementOr, le sport est un domaine crucial pour le développement du groupe, souligne-t-on à Vivendi : M. Bolloré a expliqué jeudi aux cadres qu’il était prêt à investir beaucoup pour reconquérir le leadership de la chaîne payante sur les droits sportifs.À Vivendi, on estime que Canal+ est une chaîne de divertissement et d’information qui doit s’attacher à offrir le meilleur du spectacle et les plus grands événements, notamment sportifs ; plutôt que voir ses journalistes se placer en juge et régler des comptes. Une vision qui ouvre des perspectives de développement mais limite potentiellement l’investigation.« L’arrogance n’est pas un comportement qui permet d’avancer », avait énoncé Vincent Bolloré dans sa lettre adressée aux salariés, jeudi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous Ce soir, « Le Grand Journal » fait sa grande rentrée sous très haute surveillance. Un nouveau décor, de nouveaux chroniqueurs et une nouvelle chef d’orchestre, Maïtena Biraben. C’est à cette animatrice de 48 ans – qui présentait le dimanche « Le Supplément » – que revient la lourde tâche de relancer une émission devenue au fil des années quelque peu clinquante et passablement aseptisée. Pour sa première soirée, « LGJ » veut taper fort en recevant le premier ministre, Manuel Valls, et la chanteuse Louane qui interprétera en direct sur le plateau son nouveau single.Rien n’a véritablement filtré sur le lifting du « Grand Journal ». Le nouveau concept a été aussi bien gardé qu’un secret industriel. Maïtena Biraben sera entourée, entre autres, du comique des politiques Cyrille Eldin, transfuge du « Supplément », et du chroniqueur littéraire Augustin Trapenard, seul rescapé de l’ancienne équipe. Pour rompre avec l’ancienne formule, la miss météo et la « boîte à questions » disparaissent.Rafraîchir un talk-show uséEn effet, Maïtena Biraben doit faire oublier l’époque Antoine de Caunes qui, lors de son arrivée aux commandes de l’émission en 2013 – après le départ de Michel Denisot – avait promis un show à l’américaine : « Je vais essayer d’introduire une humeur proche des “late shows” anglo-saxons, où tout est écrit, répété, scénarisé. L’invité ne sera plus pris dans une avalanche d’informations et de chroniques. À présent, tout s’organisera autour de lui. »La promesse était probablement trop belle… Désormais, l’équipe de Maïtena doit trouver un ton, peut-être moins politique et plus culturel pour éviter de se faire totalement dépasser par ses concurrents comme « Touche pas à mon poste » sur D8 et « C à vous » sur France 5. Depuis deux ans, ces deux talks n’ont cessé de grignoter des parts d’audience au « Grand Journal ». Face à cette concurrence, l’émission de Canal+ n’est pas parvenue à se renouveler et à trouver un nouveau souffle.Ainsi, le concept – ou plutôt l’idée – est semble-t-il de rafraîchir un talk usé, tape-à-l’œil et au rythme trop effréné. « Je prendrai le temps. C’est peut-être la première martingale », a expliqué Maïtena Biraben au Parisien. Ainsi une place sera accordée aux grands reportages de Diego Buñuel, nouveau directeur des documentaires de Canal+.Reprise en mainLe prestigieux talk-show de Canal+ a été le symbole de la reprise main de la chaîne cryptée par le nouveau patron, Vincent Bolloré. Au début de l’été, l’homme d’affaires avait demandé – ou exigé – que l’émission en claire de fin de journée soit réformée et celle des « Guignols de l’info » remaniée. Sauf que cet ordre n’a pas été suivi d’effet. Conséquence, Rodolphe Belmer, le numéro 2, a été remercié avant que d’autres têtes ne tombent, comme celle producteur historique du « Grand Journal » Renaud Le Van Kim. « Les Guignols » qui un temps devaient disparaître vont désormais passer en crypté mais plus au sein du « Grand Journal ». Pourtant, l’émission satirique assurait au programme son pic d’audience, au-dessus du million de téléspectateurs.Alors révolution ? Tout changer pour que rien ne change ? Réponse à 18 h 50.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.09.2015 à 15h21 • Mis à jour le08.09.2015 à 18h31 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Un plan social au sein du groupe Express-Roularta, racheté récemment par l’homme d’affaires Patrick Drahi, est envisagé pour supprimer quelque 150 postes, a déclaré, lundi 7 septembre, une source proche du dossier. Ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) s’ajouterait aux 115 départs de journalistes déjà enregistrés dans le cadre d’une clause de cession actuellement ouverte, selon les informations recueillies par Le Monde.« La situation économique trouvée par Altice Media Group [la branche médias papier du groupe de Patrick Drahi] s’est révélée encore plus dégradée que celle présentée par Roularta [le précédent propriétaire], tant sur les comptes, les abonnements, la diffusion que la publicité », éclaire une source interne proche du dossier. L’Express notamment a perdu 2,5 millions d’euros en 2014 et prévoit 5 millions de pertes cette année, mais ses nouveaux propriétaires visent un retour à l’équilibre en 2016.« Le PSE touchera essentiellement des fonctions administratives, et assez peu de journalistes, et encore moins de journalistes rédigeants », expose la même source. Ces informations ont suscité une vive inquiétude au sein des équipes, alors que le groupe a déjà connu deux PSE, en 2009 et 2013.« Si, sur ce total de partants, une vingtaine vient de L’Express, cela peut rendre quasiment impossible la réalisation du journal », s’alarme un salarié. L’« organisation-cible », préalable à la mise en œuvre de ce PSE, devrait être établie pour fin septembre. « Jusqu’ici, il y avait, en interne, une part de résignation, mais ces annonces de nouveaux coups de massue nous réveillent. On se dit qu’il faut réagir », raconte un salarié, alors qu’une assemblée générale – qui pourrait être « houleuse » – est prévue, mardi 8 septembre.Nouvelle organisationCes informations s’accompagnent de changements structurels. L’ensemble Express-Roularta, qui comptait jusqu’à présent 700 salariés et une douzaine de titres, a été rebaptisé Groupe Altice Média (GAM), et il est désormais rattaché à Altice Media Group (AMG).Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick Drahi Lundi, un organigramme de direction a été présenté. Au niveau éditorial, Christophe Barbier est confirmé à son poste de directeur de la rédaction de L’Express et de directeur général des rédactions du GAM. Mais Matthieu Scherrer, rédacteur en chef du site spécialisé sur la high-tech 01Net et ancien du magazine Management, est « nommé conseiller auprès de Christophe Barbier ». De plus, François Dieulesaint, ancien directeur général de La Tribune, est nommé directeur général délégué.En interne, ces nominations sont diversement interprétées : pour un salarié, le directeur emblématique du journal depuis des années se trouve conforté. Pour un autre, il est tout de même « fragilisé », et l’arrivée de M. Dieulesaint est une pierre lancée dans son jardin. Celui-ci est, avec Marc Laufer – directeur général d’Altice Media Group et PDG de GAM –, un ancien de La Tribune, qui avait été revendu à Alain Weill, PDG de NextRadioTV et fortement restructuré.A un niveau supérieur, une autre question se pose sur l’organigramme des filiales de M. Drahi : la répartition des rôles entre Alain Weill et Bernard Mourad, président d’AMG. Le premier est à la tête d’Altice Contents, qui contrôlera l’ancien groupe NextRadioTV (BFM-TV et RMC) – au sein duquel M. Drahi a pris une participation –, mais à terme, il encadrera toutes les activités média d’Altice, y compris les supports papier (L’Express, Libération…) regroupés pour l’heure dans Altice Media Group. Même si, pour l’heure, Bernard Mourad « continue de conduire la stratégie, le développement, les acquisitions et les relations institutionnelles » d’AMG. Les fonctions de ce dernier pourraient à terme évoluer.En attendant, Patrick Drahi franchit une étape dans la constitution de son groupe médias en annonçant le déménagement « d’ici la fin de l’année » de Libération dans l’immeuble de L’Express à Paris. Et en affrontant probablement une première contestation sociale ce mardi.Lire aussi notre décryptage :Drahi, Bolloré... Comment les médias français se recomposentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard François Hollande s’est dit, lundi 7 septembre 2015, « pas favorable » à l’élargissement de la redevance audiovisuelle aux « objets connectés », lors d’une conférence de presse à l’Elysée, en précisant que, sur cette taxe, « les arbitrages viendront à la fin du mois ». « Il faut des financements » pour le service public audiovisuel, a ajouté le président, « mais la redevance télévisée ne peut pas être la variable d’ajustement. Il faut maîtriser l’appel à la contribution. »M. Hollande semble ainsi clore le débat en cours au sein du gouvernement. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, avait déclaré sur France Info, le 3 septembre, étudier « l’option » d’une extension de la redevance aux « box » d’opérateurs, qui permettent de se connecter à Internet : « J’ai regardé les nouveaux modes de consommation de la télévision. Beaucoup passent par les box et non plus par l’antenne râteau. Et donc on a regardé ce que donnerait l’extension aux box. Il n’est pas question de taxer les smartphones et les tablettes », avait-elle dit. « Le premier ministre et le président de la République prendront leur décision dans les prochains jours », avait toutefois prudemment dit Mme Pellerin.Dans la foulée, Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, s’était déclarée « pas tellement favorable », à une redevance sur les boxes. « Il faut savoir que ça concerne moins de 2 % des foyers en France, parce qu’en réalité 98 % des foyers ont une télévision », avait-elle justifié dans un entretien à L’Opinion.Débat de longue dateL’élargissement de la redevance est l’un des chevaux de bataille des présidents de l’audiovisuel public. Lundi 31 août, lors d’un déjeuner avec des journalistes, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait ainsi souhaité obtenir à la fois l’extension de la redevance aux ordinateurs et aux smartphones et le retour partiel de la publicité entre 20 heures et 21 heures.Lire aussi :La présidente de France Télévisions veut étendre la redevance aux ordinateurs et smartphonesL’élargissement de la redevance est aussi un débat de longue date, qui a suscité des échanges dès le début du quinquennat de François Hollande, quand Aurélie Filippetti – qui y était favorable – était ministre de la culture.Lire : La vision tout en nuances de François Hollande sur l'audiovisuelEn octobre 2014, lors d’un discours au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le président de la République s’y était même montré plutôt favorable, en demandant une réflexion sur cette question. La réforme pourrait ne pas augmenter la pression fiscale, avait-il argué : « L’objectif est qu’à rendement constant, sans que ça ne coûte rien de plus à personne, il puisse y avoir une assiette plus large et plus juste », avait expliqué le président, rappelant qu’« on peut regarder les chaînes du service public sur d’autres instruments que la télévision ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.09.2015 à 18h34 • Mis à jour le05.09.2015 à 10h03 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Nouveau séisme chez Vivendi : Cécilia Ragueneau, directrice d’i-Télé, et Céline Pigalle, directrice de la rédaction du groupe Canal+, ont été débarquées, vendredi 4 septembre, par Vincent Bolloré, le tout puissant patron du géant des médias. L’ex-directeur de la rédaction de Direct 8, Guillaume Zeller, est nommé directeur de la rédaction de la chaîne d’info.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+Le journaliste et écrivain Philippe Labro, historique de la chaîne Direct 8, « sera aux côtés de Guillaume Zeller dans un rôle de conseil et lui apportera son expertise », précise un communiqué publié vendredi soir. « Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Canal+, est chargé de développer la chaîne d’info du Groupe Canal+ », lit-on encore.Selon nos informations, c’est vers 18 heures vendredi que MM. Thiery et Zeller ont informé la rédaction d’i-Télé lors d’un passage au sein de la chaîne. « C’est difficile, pas agréable, pas sympa », a reconnu M. Thiery, selon un témoin de la scène. « Mais il y a un nouveau projet et donc il faut un nouveau souffle, une nouvelle équipe et un nouveau nom [CNews], a-t-il justifié. On veut aller au-delà de tout ce qui a été fait. »Face aux interrogations des journalistes, notamment en matière de ligne éditoriale, le successeur de Bertrand Méheut à la tête de Canal+ a assuré que la chaîne resterait focalisée sur le « hard news », sans plus de précision. M. Thiery a également indiqué que le groupe entendait développer i-Télé, en particulier sur le numérique, et ne pouvait se satisfaire de voir sa concurrente BFM-TV la devancer en audience. Céline Pigalle a été longuement applaudie par ses troupes.Lire aussi :Sous Bolloré, un Canal+ « intégré » dans Vivendi« Sous le choc »Selon ce même témoin, un journaliste a posé une question sur le « profil » politique de Guillaume Zeller, rappelant que la rédaction d’i-Télé avait des valeurs « d’humanisme et d’objectivité ». Il n’a pas obtenu de réponse. « Thiery et Zeller n’avaient pas vraiment de projet. C’était hallucinant », raconte un salarié, décrivant une rédaction « sous le choc ».Diplômé de Sciences Po et titulaire d’un DEA d’histoire contemporaine, M. Zeller, 38 ans, a participé au lancement de Direct 8 en 2005. En 2007, il devient rédacteur en chef de Direct Soir avant d’être nommé directeur de la rédaction de Direct 8 en 2011 et du pôle digital du quotidien Direct Matin en 2012.Mais son profil intrigue au sein de la chaîne. Un salarié s’étonne ainsi que M. Zeller n’a jamais dirigé un média d’information puissant. Par ailleurs, c’est un spécialiste du catholicisme et de certains thèmes chers à la droite. Ancien chargé d’enquêtes au service historique de l’armée de terre, il a notamment publié Oran : 5 juillet 1962 (Tallandier), sur « l’immense chasse à l’homme anti-européenne commise le 5 juillet à Oran, journée la plus sanglante de toute la guerre d’Algérie, avec au minimum 700 pieds-noirs assassinés ». Ou La Baraque des prêtres, Dachau 1938-1945 (Tallandier), sur les religieux déportés. Ou encore Un prêtre à la guerre (Tallandier), avec l’aumônier des parachutistes de Montauban, dont certains membres furent tués par Mohamed Merah.i-Télé s’interroge sur son avenirM. Zeller a également été invité sept fois à l’antenne de Radio Courtoisie, une radio d’extrême droite, entre mars 2012 et avril 2015, pour y parler de ses livres, a pointé le site Streetpress. Il a également écrit trois billets pour le site Boulevard Voltaire, fondé par Robert Ménard, devenu élu du Front national et maire de Béziers. Notamment sur la déchéance du général Paul Aussaresses, qui avait avoué dans Le Monde avoir commis des tortures pendant la guerre d’Algérie. Streetpress évoque aussi son rôle de chroniqueur littéraire dans « Dieu Merci ! », une émission religieuse de Direct 8, où il explique par exemple que les « missions » d’évangélisation étaient, à l’origine, un « message d’amour ».A i-Télé, Mme Pigalle et Mme Ragueneau avaient, quant à elles, développé ces derniers mois un discours autour de valeurs pour se démarquer de la première chaîne d’information, BFM-TV, mêlant la recherche d’un recul contre l’immédiateté de l’information en temps réel et la défense d’un certain humanisme. BFM-TV, à l’inverse, est accusée de « jouer sur les peurs », ce qui sous-entendrait qu’elle favorise le FN. I-Télé s’était aussi distinguée en se séparant du polémiste très à droite Eric Zemmour.Plus largement, i-Télé s’interroge sur son avenir car les nouveaux dirigeants ne se sont pour l’instant pas exprimés sur leurs intentions pour la chaîne. Tout juste ont-ils fait comprendre qu’ils faisaient le constat qu’i-Télé restait distancée en audience par BFM-TV (autour de 1 point de part d’audience, contre 2 points environ pour BFM-TV). Et que la chaîne restait déficitaire.« Il ne faudra pas se faire endormir par l’argent »En interne, les équipes sont conscientes d’être loin derrière le leader en termes d’audience mais ont l’impression d’avoir parfois été plus réactives, lors des attentats de janvier notamment, et estiment manquer de moyens pour rivaliser avec BFM-TV.Sur ce point, M. Bolloré suggère qu’il pourrait investir davantage dans Canal+, en particulier en matière d’information : « Nous allons augmenter nos budgets d’investissements et les rendre transversaux entre les différentes chaînes, gratuites et payantes », écrit-il. Un discours susceptible de trouver un écho dans une partie de la rédaction. « Il ne faudra pas se faire endormir par l’argent », mettait néanmoins en garde un journaliste à la sortie de la réunion vendredi.A deux ans de la présidentielle s’ouvre une nouvelle ère pour i-Télé, avec un changement radical à sa tête. « On a besoin d’éclaircissement sur la suite et vite. C’est difficile de travailler dans ces conditions », déclarait un autre salarié. Dans un communiqué, la société des journalistes d’i-Télé a « fait part de sa vive émotion face à la brutalité du départ de Cécilia Ragueneau, directrice générale, et de Céline Pigalle, directrice de la rédaction », « rappelle son attachement aux principes intangibles d’une information libre, indépendante et objective » et « souhaite que la collaboration avec la nouvelle direction soit fructueuse et constructive ».Lire aussi :Drahi, Bolloré... Comment les médias français se recomposentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une information qui a fait le « buzz » dans le monde des médias. L’annonce, mercredi 26 août, d’un partenariat entre la chaîne d’information France 24 et le site Mashable a d’abord surpris : le mariage entre un média public dont la mission est d’incarner une vision française de l’information, et un pure player américain privé, technophile et fortement connecté aux réseaux sociaux, ne va pas de soi.Dans la foulée, une polémique s’est amorcée : est-ce le rôle d’un média public que d’aider un acteur étranger à s’implanter en France ? Comment l’opération est-elle financée ? Le directeur adjoint de Libération, Johan Hufnagel, s’est même fendu d’un édito, accusant l’Etat d’« uberiser » les sites d’information. « Voir débouler dans le jeu, – on le rappelle, le jeu est en l’occurrence un secteur en crise, au modèle économique en pleine réinvention – un entrant qui ne joue pas les mêmes règles que les autres modifie clairement la donne », écrivait-il, avant de s’écharper sur Twitter avec Sylvain Attal, directeur adjoint de France 24 chargé des nouveaux médias.Le Monde a interrogé Frédéric Bonnard, le directeur des nouveaux médias à France Médias Monde, sur les termes de ce partenariat, qui est encore en projet mais que l’entreprise publique, qui détient France 24, espère bien voir se concrétiser.Comment en êtes-vous venus à envisager un partenariat avec Mashable, qui semble a priori éloigné de votre positionnement ?Il y a environ un an, nous avons été contactés par Jim Roberts, le directeur éditorial de Mashable, qui cherchait un partenaire sur le sol français. Nous connaissions M. Roberts car il était notre interlocuteur quand il travaillait au New York Times et que France 24 fournissait des vidéos pour leur site. Mashable cherchait à prendre pied en Europe, avec un partenaire éditorialement compatible et bien implanté sur les réseaux sociaux. Ils étaient également intéressés par nos vidéos en anglais, qui peuvent leur permettre d’enrichir leur offre sur l’actualité internationale.Du côté de France 24, que peut apporter un Mashable ?Un de nos enjeux est de nous renforcer sur la génération connectée et de mieux comprendre ses usages, même si nous comptons déjà de nombreux suiveurs sur Facebook et que nous sommes diffusés en trois langues sur Youtube. Nous cherchons aussi à développer notre présence dans les pays anglophones. Nous avons de nombreux partenaires de syndication en langues française et arabe, mais un peu moins en anglais, malgré nos partenariats avec Yahoo! et MSN.Que voulez-vous faire ensemble ?Nous allons travailler à la construction d’un site Mashable en français pour les francophones. Ce site, encore à l’état de projet, proposera une sélection de contenus issus de Mashable, traduits et édités pour un public francophone, et des contenus de France 24 sur l’actualité internationale, réalisés dans des formats pensés pour les 18-25 ans, en s’adaptant à leurs modes narratifs. De son côté, Mashable reprendra certains de nos contenus sur son site en anglais.Comment comptez-vous financer ce projet ?Il sera financé à parts égales par les deux entreprises. De notre côté, nous avons sollicité le « fonds Google », qui nous a accordé, en juin, un financement de 980 000 euros, qui couvrira l’amorçage du projet. Ensuite, son exploitation sera couverte par la publicité. Nous évaluons le budget à un million d’euros par an environ, avec notamment une équipe éditoriale interne de six à huit journalistes.Que répondez-vous aux sites français qui redoutent un nouveau concurrent notamment sur le front publicitaire ?Aujourd’hui, l’ouverture à la publicité est d’un impact très limité et ne vise pas que la France. À l’échelle du groupe, nos ressources publicitaires sont de l’ordre de 5 millions d’euros par an, dont un peu moins d’un million sur le numérique.Avez-vous informé les pouvoirs publics de ce projet et quelle a été leur réaction ?Le projet est inscrit dans le contrat d’objectif et de moyens (COM) que nous sommes en train de négocier avec l’Etat. Tout a été fait dans la transparence et il ne demande pas de moyens nouveaux. Nous estimons que ce projet est conforme à notre mission, qui est de proposer un regard sur le monde avec une touche française. Dans ce cadre, ne pas chercher à communiquer avec les jeunes générations francophones serait un peu curieux.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.09.2015 à 14h16 Help us get the word out about our detained colleagues in Turkey. Share #freevicenewsstaff http://t.co/Od1XhrPVPl http://t.co/P279IGBxGX— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);La justice turque a ordonné, jeudi 3 septembre, la libération de deux reporters britanniques du site d’information Vice News, arrêtés pour « terrorisme ».Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été placés lundi en détention provisoire. Ils avaient été interpellés la semaine dernière, avec leur traducteur de nationalité irakienne, alors qu’ils couvraient les affrontements entre forces de sécurité et rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turquie. En revanche, leur traducteur n’a pas été libéré.Un tribunal de Diyarbakir, la grande ville du sud-est à majorité kurde du pays, les a formellement inculpés lundi de « participation à des activités terroristes » et incarcérés jusqu’à leur procès, suscitant de nombreuses critiques. Ils avaient été transférés dans la prison d’Adana en raison du manque de traducteurs anglophones.La justice turque leur reproche d’avoir entretenu des contacts avec des organisations telles que le groupe djihadiste Etat islamique (EI) et le PKK.Parmi les éléments à charge retenus par le juge figurent des images tournées par les journalistes montrant des jeunes militants proches du PKK en train de fabriquer des cocktails Molotov, ainsi que des carnets détaillant la structure du mouvement rebelle, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anatolie.Vice News, qui a nié ces accusations et exigé la libération immédiate de son équipe, a dénoncé leur transfert vers Adana.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médias Alexandre Piquard Nouveau séisme à Vivendi : Céline Pigalle et Cécilia Ragueneau quittent le groupe, alors qu’elles étaient directrice de la rédaction et de directrice d’ITélé, vendredi 4 septembre. Elles sont remerciées par Vincent Bolloré le patron du groupe. L’ex directeur de la rédaction de Direct 8 Guillaume Zeller est nommé directeur de la rédaction. Le journaliste et écrivain Philippe Labro, historique de la chaîne Direct 8, « sera aux côtés de Guillaume Zeller dans un rôle de conseil et lui apportera son expertise », précise le communiqué. « Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Canal +, est chargé de développer la chaîne d’info du Groupe Canal + », lit-on encore. Les deux ex-dirigeantes de la chaîne d’information quittent le groupe, qui les « remercie » toutefois au passage pour leur travail.La veille, jeudi, dans la longue lettre qu’a adressée Vincent Bolloré, le président du conseil de surveillance de Vivendi, aux salariés du groupe Canal +, avait déjà renforcé le trouble présent depuis quelques jours au sein d’iTélé : « Nous allons investir plus dans le sport qui est l’ADN de Vivendi, le cinéma, les flux, les news. Guillaume Zeller va nous rejoindre pour les news, Thierry Cheleman va couvrir le sport, et Didier Lupfer le cinéma. » La nomination d’un homme que connait bien Vincent Bolloré - Guillaume Zeller est ancien directeur de la rédaction de Directmatin.fr - chargé de diriger les activités d’information au niveau du groupe a été interprétée comme une pierre dans le jardin des dirigeants actuels d’ITélé, dont Céline Pigalle, directrice de l’information du groupe Canal +. Elle a renforcé les rumeurs déjà persistantes sur le départ de Mme Pigalle ou celui de la directrice de la chaîne d’information en continu, Cécilia Raguenau, parfois décrite comme proche de Rodolphe Belmer, ancien numéro deux du groupe limogé par Vincent Bolloré début juillet.Questions sur le profil de Guillaume ZellerDiplômé de Sciences-Po et titulaire d’un DEA d’histoire contemporaine, Guillaume Zeller, 38 ans, a participé au lancement de Direct 8 en 2005. En 2007, il devient rédacteur en chef de Direct Soir avant d’être nommé directeur de la rédaction de Direct 8 en 2011 et du pôle digital du quotidien Direct Matin en 2012, détaille le communiqué.Mais son profil suscite également quelques critiques. Un salarié estime il n’a pas été à la tête d’un média d’information puissant (il a toutefois dirigé la rédaction de Direct 8 à l’époque où elle appartenait à Vincent Bolloré, avant sa revente à Canal+ et sa transformation en D8, puis du site web du quotidien Directmatin).Alors que l’information est un domaine sensible politiquement, le parcours de Guillaume Zeller suscite également des questions : il est spécialiste du catholicisme et de certains thèmes chers à la droite. Ancien chargé d’enquêtes au service historique de l’Armée de Terre, il a notamment publié Oran : 5 juillet 1962, sur « l’immense chasse à l’homme anti-européenne commise le 5 juillet à Oran, journée la plus sanglante de toute la guerre d’Algérie, avec au minimum 700 pieds-noirs assassinés ». Ou La baraque des prêtres, Dachau 1938-1945, sur les religieux déportés. Ou encore Un prêtre à la guerre, avec l’aumonier des parachutistes de Montauban, dont certains furent tués par Mohammed Merah.M. Zeller a été invité sept fois à l’antenne de la radio d’extrême droite Radio Courtoisie entre mars 2012 et avril 2015, pour y parler de ses livres, a pointé le site Streetpress. Il a également écrit 3 billets pour le site Boulevard Voltaire, fondé par Robert Ménard, devenu élu du Front national. Notamment sur la déchéance du général Paul Aussaresses, qui avait avoué dans Le Monde avoir commis des tortures pendant la guerre d’Algérie. Streetpress pointe aussi son rôle de chroniqueur littéraire dans Dieu Merci!, une émission religieuse de Direct 8, où il explique par exemple que les « missions » d’évangélisation étaient à l’origine un « message d’amour ».Les « valeurs » d’ITéléA iTélé, les dirigeantes avaient quant à elles développé ces derniers mois un discours autour de valeurs pour se démarquer du leader des chaînes d’information BFM-TV : il mêle la recherche d’un recul contre l’immédiateté de l’information en temps réel et la défense d’un certain humanisme, BFMTV étant accusée de « jouer sur les peurs », ce qui sous-entend presque qu’elle favorise le FN. La chaîne s’était aussi distinguée en se séparant du polémiste très à droite Eric Zemmour.Plus largement, iTélé s’interroge sur son avenir car les nouveaux dirigeants ne se sont pour l’instant pas exprimé sur leurs intentions pour la chaîne. Tout juste ont-il fait comprendre qu’il faisaient le constat qu’iTélé restait distancée en audience par BFM-TV (autour d’1 point de part d’audience contre 2 points environ pour BFM-TV). Et que la chaîne restait déficitaire.Le défi face au leader BFM-TVEn interne, les équipes sont conscientes d’être loin derrière le leader mais ont l’impression d’avoir parfois été plus réactives, lors de attentats de janvier notamment ; et estiment manquer de moyens pour rivaliser.Sur ce point, Vincent Bolloré suggère qu’il pourrait investir davantage, notamment dans l’information : « Nous allons augmenter nos budgets d’investissements et les rendre transversaux entre les différentes chaînes, gratuites et payantes », écrit-il. « Sur i-Télé, il est trop tôt pour parler, nous n’avons pas de diagnostic précis », temporisait en début de semaine Maxime Saada, directeur général de Canal +.A deux ans de la présidentelle s’ouvre une nouvelle ère pour i-Télé, avec un changement radical à sa tête. « On a besoin d’éclaircissement sur la suite et vite. C’est difficile de travailler dans ces conditions », déclarait un salarié vendredi soir.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une information qui a fait le « buzz » dans le monde des médias. L’annonce, mercredi 26 août, d’un partenariat entre la chaîne d’information France 24 et le site Mashable a d’abord surpris : le mariage entre un média public dont la mission est d’incarner une vision française de l’information, et un pure player américain privé, technophile et fortement connecté aux réseaux sociaux, ne va pas de soi.Dans la foulée, une polémique s’est amorcée : est-ce le rôle d’un média public que d’aider un acteur étranger à s’implanter en France ? Comment l’opération est-elle financée ? Le directeur adjoint de Libération, Johan Hufnagel, s’est même fendu d’un édito, accusant l’Etat d’« uberiser » les sites d’information. « Voir débouler dans le jeu, – on le rappelle, le jeu est en l’occurrence un secteur en crise, au modèle économique en pleine réinvention – un entrant qui ne joue pas les mêmes règles que les autres modifie clairement la donne », écrivait-il, avant de s’écharper sur Twitter avec Sylvain Attal, directeur adjoint de France 24 chargé des nouveaux médias.Le Monde a interrogé Frédéric Bonnard, le directeur des nouveaux médias à France Médias Monde, sur les termes de ce partenariat, qui est encore en projet mais que l’entreprise publique, qui détient France 24, espère bien voir se concrétiser.Comment en êtes-vous venus à envisager un partenariat avec Mashable, qui semble a priori éloigné de votre positionnement ?Il y a environ un an, nous avons été contactés par Jim Roberts, le directeur éditorial de Mashable, qui cherchait un partenaire sur le sol français. Nous connaissions M. Roberts car il était notre interlocuteur quand il travaillait au New York Times et que France 24 fournissait des vidéos pour leur site. Mashable cherchait à prendre pied en Europe, avec un partenaire éditorialement compatible et bien implanté sur les réseaux sociaux. Ils étaient également intéressés par nos vidéos en anglais, qui peuvent leur permettre d’enrichir leur offre sur l’actualité internationale.Du côté de France 24, que peut apporter un Mashable ?Un de nos enjeux est de nous renforcer sur la génération connectée et de mieux comprendre ses usages, même si nous comptons déjà de nombreux suiveurs sur Facebook et que nous sommes diffusés en trois langues sur Youtube. Nous cherchons aussi à développer notre présence dans les pays anglophones. Nous avons de nombreux partenaires de syndication en langues française et arabe, mais un peu moins en anglais, malgré nos partenariats avec Yahoo! et MSN.Que voulez-vous faire ensemble ?Nous allons travailler à la construction d’un site Mashable en français pour les francophones. Ce site, encore à l’état de projet, proposera une sélection de contenus issus de Mashable, traduits et édités pour un public francophone, et des contenus de France 24 sur l’actualité internationale, réalisés dans des formats pensés pour les 18-25 ans, en s’adaptant à leurs modes narratifs. De son côté, Mashable reprendra certains de nos contenus sur son site en anglais.Comment comptez-vous financer ce projet ?Il sera financé à parts égales par les deux entreprises. De notre côté, nous avons sollicité le « fonds Google », qui nous a accordé, en juin, un financement de 980 000 euros, qui couvrira l’amorçage du projet. Ensuite, son exploitation sera couverte par la publicité. Nous évaluons le budget à un million d’euros par an environ, avec notamment une équipe éditoriale interne de six à huit journalistes.Que répondez-vous aux sites français qui redoutent un nouveau concurrent notamment sur le front publicitaire ?Aujourd’hui, l’ouverture à la publicité est d’un impact très limité et ne vise pas que la France. À l’échelle du groupe, nos ressources publicitaires sont de l’ordre de 5 millions d’euros par an, dont un peu moins d’un million sur le numérique.Avez-vous informé les pouvoirs publics de ce projet et quelle a été leur réaction ?Le projet est inscrit dans le contrat d’objectif et de moyens (COM) que nous sommes en train de négocier avec l’Etat. Tout a été fait dans la transparence et il ne demande pas de moyens nouveaux. Nous estimons que ce projet est conforme à notre mission, qui est de proposer un regard sur le monde avec une touche française. Dans ce cadre, ne pas chercher à communiquer avec les jeunes générations francophones serait un peu curieux.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.09.2015 à 14h16 Help us get the word out about our detained colleagues in Turkey. Share #freevicenewsstaff http://t.co/Od1XhrPVPl http://t.co/P279IGBxGX— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);La justice turque a ordonné, jeudi 3 septembre, la libération de deux reporters britanniques du site d’information Vice News, arrêtés pour « terrorisme ».Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été placés lundi en détention provisoire. Ils avaient été interpellés la semaine dernière, avec leur traducteur de nationalité irakienne, alors qu’ils couvraient les affrontements entre forces de sécurité et rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turquie. En revanche, leur traducteur n’a pas été libéré.Un tribunal de Diyarbakir, la grande ville du sud-est à majorité kurde du pays, les a formellement inculpés lundi de « participation à des activités terroristes » et incarcérés jusqu’à leur procès, suscitant de nombreuses critiques. Ils avaient été transférés dans la prison d’Adana en raison du manque de traducteurs anglophones.La justice turque leur reproche d’avoir entretenu des contacts avec des organisations telles que le groupe djihadiste Etat islamique (EI) et le PKK.Parmi les éléments à charge retenus par le juge figurent des images tournées par les journalistes montrant des jeunes militants proches du PKK en train de fabriquer des cocktails Molotov, ainsi que des carnets détaillant la structure du mouvement rebelle, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anatolie.Vice News, qui a nié ces accusations et exigé la libération immédiate de son équipe, a dénoncé leur transfert vers Adana.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médias Alexandre Piquard « Vincent Bolloré a été nommé président du conseil de surveillance de Groupe Canal +. » Le communiqué publié jeudi 3 septembre par Vivendi, sa maison mère, concrétise une nouvelle donne au sein du groupe audiovisuel. L’homme d’affaires breton sera désormais le nouveau capitaine de Canal + : il détiendra le pouvoir mais pourra aussi s’occuper de l’opérationnel, comme il a d’ailleurs commencé à le faire ces derniers mois. Déjà président du conseil de surveillance de Vivendi, M. Bolloré va s’investir personnellement et passer du temps à Issy-les-Moulineaux, au siège de la direction de la chaîne cryptée, où il aura désormais un bureau permanent, annonce-t-on dans son entourage.Des hommes de Vivendi et de BolloréDeux membres supplémentaires ont aussi été nommés pour « renforcer » le directoire de Groupe Canal + : Julien Verley et Jean-Christophe Thiery. Ce dernier assure désormais la présidence de la société, en remplacement de Bertrand Meheut, tandis que Maxime Saada, promu avant l’été, reste directeur général. Dominique Delport, dirigeant de l’agence Havas, prendra en sus la tête de l’entité de développement Vivendi Contents, a révélé La Lettre de l’Expansion.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+M. Thiery, patron de Bolloré Médias et de l’institut de sondages CSA, a accompagné le développement du groupe Bolloré dans les médias avec les chaînes Direct 8 et Direct Star, ou le quotidien gratuit Direct Matin. Enarque passé par le ministère des finances, il est apprécié des pouvoirs publics, estime-t-on à Vivendi, qui le présente comme une personne discrète, efficace et appréciant le consensus. C’est aussi un homme de confiance de M. Bolloré. M. Verley, lui, a rejoint Groupe Canal + comme directeur général adjoint chargé des finances en 2006 et dirige, depuis fin 2012, NC +, la filiale de l’entreprise en Pologne.« L’équipe de Vivendi va s’impliquer chez Canal dans les responsabilités fonctionnelles », a ensuite précisé Vincent Bolloré dans une lettre aux salariés de Canal +, publiée par Puremedias :« Ainsi Frédéric Crépin, Secrétaire général de Vivendi, devrait aussi devenir Secrétaire Général de Canal ; Vincent Vallejo, Directeur de l’Audit de Vivendi devrait aussi devenir Directeur de l’Audit de Canal ; Mathieu Peycere, DRH de Vivendi, devrait aussi devenir DRH de Canal; Stéphanie Ferrier, Directrice des services généraux de Vivendi, devrait aussi devenir Directrice des services généraux du groupe Canal. »Guillaume Zeller, ancien rédacteur en chef de Directmatin.fr, va rejoindre Vivendi pour développer les « news », Thierry Cheleman, directeur des sports et du théâtre et spectacle vivant chez D8, « va couvrir le sport », et Didier Lupfer, ex-Ubisoft Motion Pictures, le cinéma, ajoute enfin M. Bolloré.Nuit du rugby, Canal Olympia...Le message de cette réorganisation est clair : Groupe Canal + est désormais « intégré » à Vivendi. Fini les « Etats dans l’Etat », les « silos » et autres « citadelles », tout le monde doit travailler ensemble. Tel est le refrain de la nouvelle direction. Une page se tourne après l’ère du tandem Bertrand Meheut-Rodolphe Belmer, qui, depuis 2002, dirigeait sans se soucier de Vivendi, d’Universal Music ou de SFR (revendu depuis).Pour illustrer cet état d’esprit « group first », on cite à Vivendi quelques exemples : la « Nuit du rugby », une opération prévue en novembre. Diffusée sur Canal +, elle concerne un sport retransmis toute l’année sur la chaîne et aura lieu à l’Olympia, propriété de Vivendi, qui en assurera aussi la billetterie, via Digitick.Le groupe annonce aussi pour le 26 septembre, à Conakry en Guinée, la pose de la première pierre de « Canal Oympia », une salle qui doit accueillir un grand concert d’artistes Universal Music retransmis sur Canal + et sur la plateforme Dailymotion. L’événement sera aussi promu sur les chaînes africaines du groupe, dont A +, dédiée à un continent jugé crucial pour l’avenir de Vivendi. Plusieurs salles de ce type doivent d’ailleurs être construites en Afrique francophone.Le crypté et le divertissement d’abordAu passage, M. Bolloré annonce que la part de l’antenne en clair sera réduite. Elle sera principalement sur les chaînes gratuites du groupe, qui seront rebaptisées C8 - C17 - CNews de Canal (ex-D8, D17 et I-Télé)Vivendi investit aussi dans la production de programmes de flux – c’est-à-dire des émissions qui ne sont pas stockées comme les séries ou le cinéma, et qui font l’objet d’une concurrence croissante avec des plateformes comme Netflix. « Le flux crypté et le divertissement ont vocation à devenir un nouveau pilier de Groupe Canal + », estime M. Saada. Dans ce cadre, Vivendi est entré, mercredi, en négociations exclusives pour devenir un partenaire minoritaire du groupé créé par la fusion entre Banijay et Zodiak, producteurs de « Touche pas à mon poste » ou de « Koh Lanta ». Lire aussi :Vivendi s’invite dans la fusion Banijay-ZodiakVivendi veut enfin s’internationaliser. Si Canal + a perdu 117 000 abonnés ce semestre en France, la chaîne en a gagné 293 000 à l’étranger, selon Le Figaro. La diffusion par Internet est vue comme un moyen de distribuer les contenus partout dans le monde, tout comme les partenariats locaux avec des opérateurs de télécommunications (comme Telefonica ou Telecom Italia). Vivendi dispose enfin d’un dernier atout : les acquisitions. Le groupe dit disposer de 9 milliards d’euros de trésorerie.« Je dirai enfin que l’arrogance n’est pas un comportement qui permet d’avancer », écrit M. Bolloré en conclusion de sa lettre, au cas où certains n’aient pas saisi le message.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une petite phrase nichée dans le communiqué de presse des résultats semestriels de Vivendi, publié mercredi 2 septembre : le groupe de médias « est entré en négociations exclusives pour devenir un partenaire minoritaire du futur troisième groupe mondial de création de programmes de flux qui résultera du rapprochement entre Banijay et Zodiak ».Contacté, Vivendi ne souhaite pas donner plus d’éléments tant que ces négociations ne sont pas achevées. Mais si elles débouchent, elles ouvriront le groupe à un métier nouveau, les programmes de flux, aux côtés de ses activités actuelles (la télévision avec Groupe Canal+, la production de films et séries avec StudioCanal, la musique avec Universal Music Group, le numérique et les spectacles avec Vivendi Village).Créée en 2008 par l’ex-patron d’Endemol France, Stéphane Courbit, Banijay rassemble notamment Air Productions, la société de production de Nagui, et H2O, la société de Cyril Hanouna, qui produit « Touche pas à mon poste » pour D8. Elle produit aussi des émissions de téléréalité comme « Les Ch’tis » pour W9. En France, Banijay est devenue l’an dernier numéro un des producteurs d’émissions de « flux ».Zodiak Media, contrôlée par l’Italien De Agostini (qui détient aussi 17 % de Banijay), est notamment propriétaire en France d’ALP (« Fort Boyard », « Koh-Lanta ») et KM, qui, jusqu’ici, produisait « Le Grand Journal » pour Canal+.Les deux sociétés ont annoncé leur fusion le 29 juillet, pour donner naissance à un ensemble d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, troisième mondial derrière Endemol-Shine Fremantle.Lire aussi :Production télé : la concentration continue avec la fusion Zodiak-BanijayLe renforcement des programmes de flux, notamment en crypté, est un des axes stratégiques du nouveau Canal+ que façonnent le président du directoire de Vivendi, Vincent Bolloré, et le nouveau directeur général de Canal+, Maxime Saada, pour qui « le flux crypté et le divertissement ont vocation à devenir un nouveau pilier de Canal+, aux côtés du cinéma, des séries et du sport ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le projet de lancement d’une chaîne publique d’information en continu est loin de faire l’unanimité dans le monde de l’audiovisuel. C’est même une « folie », a lancé Alain Weill, le président du groupe NextRadio TV, qui détient BFM-TV, la chaîne leader du créneau de l’info en continu. Il réagissait à l’accord annoncé, mardi 1er septembre, entre la nouvelle présidene de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son homologue de Radio France, Mathieu Gallet, en vue de collaborer à la création d’une chaîne publique prévue pour septembre 2016.Interrogé mercredi lors de la conférence de rentrée de son groupe, M. Weill a estimé qu’« il n’y a pas de place pour une nouvelle chaîne d’information en continu » en France. « Nous sommes le seul pays occidental où il y a quatre chaînes d’information gratuites. Dans le modèle gratuit, il faut une audience minimum, sinon on n’est pas viables. S’il y a trop de chaînes d’information, elles seront toutes pauvres. Au final, il y aura des fusions. Ce n’est pas un problème de marché publicitaire mais de parts d’audience. » « Il y a aujourd’hui deux chaînes d’information en continu en France (BFM-TV et Itélé) et seule la nôtre est bénéficiaire », a-t-il ajouté.Le lancement d’une chaîne du service public aurait pour effet, selon le président de NextRadio TV, de ramener le modèle des chaînes d’information en continu dix ans en arrière, « sans reportage et juste avec des gens autour d’une table, un peu comme en Allemagne ». Et les perdants, pour Alain Weill, seront les téléspectateurs.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continuFleur Pellerin « très favorable » au projetSi, dans l’immédiat, cette nouvelle chaîne devrait être destinée aux ordinateurs, aux téléphones mobiles et aux tablettes, la présidente de France Télévisions n’a pas écarté un lancement à terme sur le réseau hertzien, via un canal TNT. Cela nécessiterait l’aval de l’Etat actionnaire. « J’en appelle au Conseil supérieur de l’audiovisuel et à l’Etat », a lancé mercredi M. Weill.Le gouvernement reste prudent sur la question de la diffusion mais la création d’une chaîne d’information émanant du service public est devenue cette année une intention gouvernementale.Interrogée par France Info mercredi matin, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, s’est dite « très favorable » à un tel projet, soulignant qu’il « va tout à fait dans le sens des orientations [qu’elle] avait tracées pour France Télévisions ». Il permettrait une « mutualisation des moyens », à l’heure où les ressources des entreprises de l’audiovisuel public sont sous tension.Cet accord conclu entre les deux entreprises publiques ne convainc pas non plus tout le monde au sein de Radio France. Car depuis plusieurs mois, l’ambition de France Télévisions de développer une « chaîne d’information numérique » suscitait la circonspection, voire l’hostilité de ses homologues de l’audiovisuel public, à commencer par France Info.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueUn projet pas indispensableA l’origine radio d’information en continu, celle-ci a engagé une mue qui doit en faire un « média global », distribué sur le numérique et mêlant du son, des images et du texte. Soit une offre assez proche de ce que pourrait être une « chaîne d’information numérique » issue de France Télévisions.Lire aussi :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »« On a un déficit et un plan de suppression de 350 postes mais on doit donner un coup de main à France Télé », a ironisé, mardi, le Syndicat national des journalistes de Radio France sur Twitter. « Quel est l’intérêt pour Radio France ? », interroge un communiqué de son intersyndicale, mercredi, qui évoque une « filialisation ». « Que veut-on faire de France Info, de son projet, de ses journalistes ? » ajoute-t-il encore.France 24, diffusée à l’étranger mais également partout via le web, était aussi plutôt réservée sur le projet lancé par France Télévisions. Afin de surmonter ces critiques, Mme Ernotte et M. Gallet se sont montrés désireux « d’associer » à ce projet les autres acteurs de l’audiovisuel public, comme RFI ou France 24 justement.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nabil Wakim (Un débat animé par) //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']);Opéra Bastille - StudioLe 26/09/2015, 12h00 à 13h30Traduction simultanée Réservez vos places //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique « Les sciences sociales ne jouent plus leur rôle de contre-pouvoir » Dialogue entre Thomas Ostermeier et Denis Podalydès La culture, un supermarché de produits et d’événements ?tous les articles de la thématique« Le Monde » organise une table ronde sur l’avenir des médias à l’heure du numérique. Un débat animé par Nabil Wakim dans le cadre du Monde Festival, le samedi 26 septembre de 12 heures à 13 h 30 à l’Opéra Bastille.La révolution numérique n’a pas tué la presse, elle l’a transformée. En vingt ans, Internet a changé le visage des médias, la manière de travailler des journalistes et les habitudes des lecteurs.D’abord inquiets face à l’émergence du Web, perçu comme une menace pour leur modèle économique, de nombreux médias ont pris avec retard le virage numérique, essayant aujourd’hui de renouer avec leurs lecteurs et de construire un nouvel équilibre économique. Les journalistes ont vu leurs pratiques modifiées en profondeur par la réactivité du réseau, la puissance de l’image et les réseaux sociaux.Les lecteurs sont devenus acteurs et commentateurs de l’information, depuis leur lieu de travail, via l’écran de leur smartphone ou de leur ordinateur. Ils sont aussi devenus l’objet de toutes les attentions des médias, qui scrutent leurs comportements en ligne et leurs centres d’intérêts.Toute la chaîne de l’information, de la production a la diffusion a été bouleversée. Comment les médias s’adaptent-ils à cette évolution à grande vitesse ? Quel impact cela a-t-il sur les choix éditoriaux ? Et sur la manière de travailler des journalistes ?IntervenantsLaura McGannLaura McGann est rédactrice en chef en charge de la politique à Vox.com, le dernier né des « pure players » américains, membre du groupe Vox Media. Elle a été rédactrice en chef adjointe de Politico, et a été journaliste au Nieman Lab, site de référence sur l’évolution des médias à l’ère numérique.Kevin SutcliffeKevin Sutcliffe est le directeur de l’information pour la zone Europe de Vice News. Avant de rejoindre le site d’informations en ligne en 2013, ce journaliste britannique a été producteur d’émissions de grand reportage et d’investigation pour Channel 4 et à la BBC. Il a donc l’expérience des médias traditionnels aussi bien que des « pure players ».Siddharth VaradarajanDirecteur jusqu’en 2013 de The Hindu, l’un des principaux quotidiens indiens de langue anglaise, Siddharth Varadarajan, 50 ans, a lancé cette année un nouveau portail Internet d’information, The Wire. Fin connaisseur du secteur de l’information dans les pays émergents comme dans les pays développés, il a enseigné dans plusieurs universités américaines, notamment à Berkeley et Yale.Wolfgang BlauWolfgang Blau est le directeur de la stratégie digitale du Guardian depuis 2013. Cet Allemand de 48 ans a été journaliste indépendant basé aux Etats-Unis pendant dix ans avant d’être nommé, en 2008, rédacteur en chef du site en ligne de l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Par Nabil Wakim (Un débat animé par) 01.09.2015 à 18h55 • Mis à jour le02.09.2015 à 15h57 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Officiellement, il leur a suffi d’un déjeuner, mardi 1er septembre, pour tomber d’accord. « Delphine Ernotte Cunci, PDG de France Télévisions, et Mathieu Gallet, PDG de Radio France, se sont accordés pour travailler ensemble sur le projet d’une chaîne d’information en continu, commune à France Télévisions et à Radio France » : les deux entreprises publiques se sont immédiatement fendues d’un communiqué commun, mardi en fin de journée. Mercredi matin, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, invitée de France Info, s’est dit « très favorable » à un tel projet.Depuis plusieurs mois, l’ambition de France Télévisions de développer une « chaîne d’information numérique » suscitait la circonspection, voire l’hostilité de ses homologues de l’audiovisuel public, à commencer par France Info. A l’origine radio d’information en continu, celle-ci a engagé une mue qui doit en faire un « média global », distribué sur le numérique et mêlant du son, des images et du texte. Soit une offre assez proche de ce que pourrait être une « chaîne d’information numérique » issue de France Télévisions, elle aussi distribuée, donc, sur le numérique et proposant probablement une combinaison de flux, de textes et d’images. De son côté, France Médias Monde opère déjà, avec France 24, une chaîne d’information en continu, diffusée principalement hors de France, mais bien présente sur le Web.Une attente de l’exécutifOr, la création d’une chaîne d’information émanant du service public est devenue cette année une intention gouvernementale. Elaborée sous l’égide de Bercy et du ministère de la culture, la feuille de route pour le futur président de France Télévisions, publiée au printemps, comprenait l’idée de renforcer l’offre d’information, avec la volonté d’offrir davantage de décryptage et de compréhension. La forme était laissée libre, mais le message semblait inviter au lancement d’une chaîne d’information. Le gouvernement, parfois mal à l’aise avec le rythme et le style imposés par BFM-TV ou i-Télé, y voit un enjeu démocratique dans le contexte de l’après-attentats de janvier. Et, comme l’a rappelé Mme Pellerin mercredi, l’exécutif défend une « mutualisation des moyens », à l’heure où les ressources des entreprises de l’audiovisuel public sont sous tension.L’attente gouvernementale avait été devancée par la précédente équipe de direction de France Télévisions, dont le directeur de l’information, Thierry Thuillier – désormais chez Canal+ –, annonçait en décembre 2014 le lancement d’une chaîne d’information numérique pour septembre 2015. Outre la vision éditoriale, il s’agissait de répondre à des enjeux internes. L’entreprise publique mène actuellement une fusion de ses rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) dans le cadre du plan « Info 2015 ». Créer un espace de travail commun, dépassant les canaux actuels et répondant à une ancienne attente, est un levier évident pour aider à surmonter les vives résistances internes.Outre Delphine Ernotte, la plupart des candidats à la présidence de France Télévisions s’étaient accaparés cette idée. La nouvelle PDG a récemment répété, dans un entretien au Monde, son intention de créer une chaîne d’information en continu diffusée sur le numérique, voire sur un canal hertzien. Suscitant immédiatement la riposte de ses homologues : « France Info est là depuis trente ans », rétorquait Mathieu Gallet, tandis que la présidente de France Médias Monde, Marie-Christine Saragosse, lançait : « Une chaîne d’info télé de service public, il y en a une, c’est France 24. »Lire l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Saragosse devant le fait accompliDelphine Ernotte Cunci et Mathieu Gallet – tous deux liés au conseiller en communication Denis Pingaud – ont donc décidé d’éviter cette guerre de tranchées potentielle, qui n’aurait été utile ni à l’un, ni à l’autre. L’heure est à l’apaisement et à la concorde affichée. « Le projet sera confié à Germain Dagognet, directeur délégué à l’information de France Télévisions, et à Laurent Guimier, directeur de France Info », explique le communiqué. Ancien rédacteur en chef de LCI, M. Dagognet vient d’être recruté chez France Télévisions.Bons élèves, les deux présidents se disent « ouverts et désireux d’associer les autres acteurs de l’audiovisuel public ». Potentiellement, le sujet concerne France Médias Monde, mais aussi La Chaîne parlementaire et Public Sénat, voire Arte, l’INA et TV5 Monde. « Dans le contexte budgétaire qui est le nôtre, le bon sens commande a minima que la seule chaîne d’info télé de service public déjà financée depuis neuf ans soit associée à la réflexion, qui en est à un stade très exploratoire », a indiqué au Monde Marie-Christine Saragosse. Celle-ci a rencontré Delphine Ernotte cet été mais n’avait pas été informée de la démarche de ses homologues...La position des syndicats, qui sont influents à France Télévisions comme à Radio France, sera aussi scrutée avec attention. « On a un déficit et un plan de suppression de 350 postes mais on doit donner un coup de main à@Francetele », a ironisé, mardi, le SNJ de Radio France sur Twitter. « Quel est l’intérêt pour Radio France ?, interroge un communiqué de son intersyndicale, mercredi, qui évoque une « filialisation ». Que veut-on faire de France Info, de son projet, de ses journalistes ? »Du côté de France Télévisions, le projet de chaîne d’information est plutôt perçu comme un signe d’ambition. Mais le spectre des « mutualisations de moyens », déjà au cœur de l’opposition au projet « Info 2015 », risque d’inquiéter davantage encore si cette mutualisation concerne désormais plusieurs rédactions de l’audiovisuel public.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 19h29 • Mis à jour le01.09.2015 à 15h51 | Alexandre Piquard Une dirigeante en poste depuis une semaine face à trente-cinq journalistes… Le déjeuner de Delphine Ernotte en compagnie de l’Association des journalistes médias (AJM), lundi 31 août, pouvait faire figure d’oral piégeux. Pour la présidente de France Télévisions, c’était la première apparition publique depuis sa nomination, fin avril. Alors que certains disaient cette ingénieure de formation assez peu charismatique, elle a surpris son auditoire par son franc-parler. Quitte à ce que ce volontarisme frise parfois la naïveté, dans un secteur toujours assez politique.« En matière de ressources, je demande fromage et dessert », a déclaré Mme Ernotte en milieu de repas : elle espère obtenir à la fois l’extension de la redevance aux ordinateurs et aux smartphones et le retour partiel de la publicité entre 20 heures et 21 heures. La « petite phrase » symbolise son approche assez directe sur deux dossiers sensibles, déjà défendus par son prédécesseur.« Il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques »La présidente serait favorable à une « réforme à l’allemande » de la contribution qui finance l’audiovisuel : la déclaration serait, par défaut, précochée pour signaler que le foyer possède un moyen de recevoir la télévision, analogique ou numérique. « On pourrait aller jusqu’à fiscaliser », pour rendre le montant progressif en fonction des revenus, a-t-elle ajouté. Avec toutefois ce bémol : augmenter les taxes ou les contributions n’est pas en vogue dans le gouvernement… « Sur ces sujets, il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques. Ce n’est pas à moi d’en débattre… », a-t-elle reconnu.« Je n’ai besoin de l’autorisation de personne pour lancer une chaîne d’information sur le numérique », a aussi déclaré Mme Ernotte, alors qu’on la relançait sur les propos de la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, selon lesquels « la décision de lancer ce projet n’a pas encore été prise ». La phrase presque bravache était paradoxalement une façon de dire qu’obtenir le droit de diffuser cette future chaîne sur un canal de la télévision numérique terrestre (TNT) n’était pas un « préalable ».La nouvelle présidente de France Télévisions s’est posée en femme simple, prenant un langage décontracté : « Netflix, l’exception culturelle française, ils s’en battent la cravate ! » « Mettre des contenus sur YouTube, cela s’appelle danser avec le diable. Mais je ne ferme pas la porte. » « Le modèle des diffuseurs français se casse la gueule. »Parfois décrite comme novice de la télévision car venue d’Orange, Mme Ernotte s’est aussi montrée très sûre d’elle : « Qu’on dise que j’ai un super-réseau, ça me va », a-t-elle répondu à propos des « aides » dont elle aurait bénéficié pour sa nomination – contestée – par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. « Je n’ai pas peur. Gérer des contraintes, financières et humaines, c’est mon métier. » Taquinée sur l’idée de faire un second mandat, elle a glissé, en souriant, qu’elle aurait « l’âge pour en faire trois ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 03h46 • Mis à jour le01.09.2015 à 00h06 Deux journalistes britanniques du groupe de presse Vice News ont été inculpés par la justice turque pour activités terroristes, lundi 31 août. Leur traducteur, qui avait également été arrêté, est poursuivi du même chef. Les trois hommes ont été placés en détention, dans l’attente de leur procès. Le chauffeur du groupe a en revanche été libéré.Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été interpellés jeudi soir dans le district de Baglar, dans la province de Diyarbakir, où ils filmaient les combats entre les forces turques et les combattants séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ils sont accusés de « participer à des activités terroristes » pour le compte du groupe Etat Islamique (EI). Les journalistes ont rejeté les accusations portées à leur encontre, en présence de leurs avocats.« Accusations effrayantes »« Aujourd’hui le gouvernement turc a porté des accusations effarantes et infondées (...) à l’encontre de trois reporters de VICE News, dans une tentative d’intimidation et de censure de leur témoignage », a réagi Kevin Sutcliffe, directeur Europe des programmes d’information de Vice News, lundi soir.La veille, le groupe avait déclaré être en contact avec les autorités compétentes pour obtenir la libération de ses journalistes. « Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, PEN International et de nombreux autres ont appelé à ce que ces fausses allégations soient abandonnées et à la libération immédiate du groupe de journalistes. »"We ask for justice and the immediate release of journalists doing their jobs." http://t.co/uh86SyXWos— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);Amnesty International a appelé à la libération « immédiate » des journalistes, qualifiant les accusations à leur encontre de « scandaleuses et étranges ». 27.08.2015 à 16h27 • Mis à jour le27.08.2015 à 16h42 | Alexis Delcambre TF1 n’entend pas rester sans réaction face à l’érosion de l’audience de son journal de 20 heures, qui ne dépasse plus celui de France 2 que d’une courte tête. Un problème pour une chaîne dont le modèle repose sur la notion de « leader ».Jeudi 27 août, la filiale du groupe Bouygues a annoncé une série d’innovations qui doivent entrer en vigueur dès lundi 31 août, dans l’espoir de relancer un format qui souffre d’une certaine usure, – bien qu’il reste le rendez-vous d’information vespéral le plus regardé de France. Proximité et numérique sont les maître mots de cette relance qui ne touche pas les présentateurs : Jean-Pierre Pernaut à 13 heures, Gilles Bouleau à 20 heures et Claire Chazal le week-end demeureront les trois visages de l’information sur TF1.Les causes de l’usureInstigatrice de cette réforme, Catherine Nayl, la directrice générale à l’information du groupe, identifie des « causes endogènes » et des « causes exogènes ». Les premières sont liées au vieillissement du format actuel, installé en 2012. Les secondes ont trait à l’apport d’audience inégal de l’« access prime time », la case qui précède le 20 heures, ainsi qu’à la désaffection des téléspectateurs les plus jeunes, pour lesquels le JT n’est plus un rendez-vous. « Nous sommes en première ligne » face à la mutation des usages, dit aujourd’hui Mme Nayl.La recherche de « proximité »Face à cette usure, la réponse éditoriale de TF1 est de se rapprocher du téléspectateur. Il n’y aura pas de changement dans les thématiques abordées, mais les sujets devront davantage « impliquer » le téléspectateur, « expliquer comment tel événement de l’actualité va le toucher ». On verra davantage les journalistes à l’antenne, pour mieux incarner les sujets, qui montreront aussi plus de témoins. Ce sera « un peu plus “concernant” et souriant », espère Catherine Nayl. Le numérique viendra en renfort de cette approche, avec la création d’une page Facebook du JT de TF1 où les internautes pourront poser des questions supplémentaires aux journalistes ou experts étant intervenus dans le JT, dans un chat, et suggérer des idées de sujets. C’est un pas important pour TF1, où une culture assez statutaire de l’information n’a pas favorisé, jusqu’ici, le recours à l’interactivité. Enfin, les JT disposeront d’un nouveau décor, plus chaleureux et censé rapprocher le présentateur, plus souvent debout, devant la table au lieu d’être derrière.Un format plus structuréPour essayer de freiner la tendance des téléspectateurs à quitter le JT en cours de route, celui-ci sera structuré en trois grandes parties et proposera un nombre de sujets un peu moins important, autour de 14 au lieu d’environ 17 en moyenne. La partie centrale concentre la principale innovation : elle proposera un format « magazine » d’environ cinq minutes, réalisé par une cellule dite « enquête ». Dans la forme, un recours plus important à l’infographie est annoncé, par exemple avec le format « une minute pour comprendre ». Le nouveau décor, circulaire, vise aussi à immerger le téléspectateur à l’intérieur d’un mur d’écrans où les images de fond ont été revues, rendues plus douces et lumineuses.Un JT expérimental avec FacebookTF1 travaille enfin à un mini-JT qui sera diffusé sur Facebook et sa plateforme MyTF1News, qu’elle présente comme « le premier JT social d’Europe ». D’une durée d’une minute trente environ, baptisé « Focus », il proposera trois à quatre sujets détectés parmi les informations populaires sur les réseaux sociaux et sera animé par les présentateurs maison. Une façon pour TF1 d’aller à la rencontre des internautes les plus jeunes : « Notre marque existe et doit s’adresser à tous », revendique Catherine Nayl.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.09.2015 à 13h06 • Mis à jour le08.09.2015 à 13h27 | Daniel Psenny Le monde aime la production audiovisuelle française ! En 2014, les ventes de programmes (fictions, documentaires, films d’animation, jeux) ont atteint 153,8 millions d’euros, soit une augmentation de 12,1 % par rapport à 2013. « Un record historique », a déclaré Mathieu Bejot, délégué général de TV France International (TVFI), en commentant ces chiffres publiés, mardi 8 septembre 2015, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et TVFI, lors du 21e « Rendez‐Vous », qui se tient à Biarritz du 6 au 10 septembre.Quelles sont les productions qui se vendent le plus ?Avec 38,9 millions d’euros (+ 49,3 % par rapport à 2013), c’est la fiction qui a opéré, l’an passé, la plus forte progression à l’exportation pour la quatrième année consécutive. Son volume de ventes dépasse désormais celui du documentaire (+13,2 % à 34,9 millions d’euros) et elle s’installe comme le deuxième genre le plus vendu.L’animation reste le genre le plus exporté, avec 45 millions d’euros, soit 29,2 % du total des ventes, même si le chiffre d’affaires à l’international fléchit légèrement (‐ 3,9 %).Les ventes de formats (fiction, jeux, variétés) sont aussi en hausse (+3,5 % à 22,8 millions).La fiction française progresse ainsi fortement à l’international : +49,3 % à 38,9 millions d’euros.« C’est un mouvement de fond pour la fiction française, explique M. Bejot. Cette accélération a été importante en raison du tournage de nombreuses fictions en langue anglaise et grâce à la diversité des téléfilms et des séries. »Qui achète ?Les chaînes les plus consommatrices de programmes audiovisuels français sont celles d’Europe de l’Ouest (+7,8 %) et d’Amérique du Nord (+34,2 %).La fictionEn 2014, les ventes de fiction française à l’international enregistrent une forte progression (+49,3 % à 38,9 millions d’euros).L’Europe de l’Ouest confirme son statut de première zone d’exportation de fiction française avec une part de 60,5 % en 2014, contre 55,2 % en 2013. La zone germanophone devient le premier acheteur de fiction française devant la Belgique. Ainsi, les ventes de fiction sont multipliées par quatre à l’image de « Profilage » (54 x 52’) vendue par TF1 International aux allemands de ProSiebenSat.1 ou « Les Revenants » (8 x 52’) vendue à Super RTL.Les chaînes belges conservent leur appétence pour les programmes de fiction française comme la saison 3 de « Soda » (244 x 22’) qui a été vendue à RTL Belgique. A noter aussi la percée régulière de la fiction française sur le territoire anglo‐saxon à l’image de la vente de « Les Témoins » (6 x 52’) à Channel 4. Les ventes de fiction française en Amérique du Nord progressent fortement de 106,1 % pour atteindre 5,9 millions d’euros en 2014. Les Etats‐Unis sont particulièrement actifs (+209,1 %).La production de séries françaises en langue anglaise permet d’offrir des débouchés à la production de fictions telles que « Taxi Brooklyn » (12x45’– EuropaCorp TV) vendue à NBC. Les ventes concernent aussi des séries de catalogue comme « Maigret » (54 x 90’– Meska Productions) vendue à MHz Networks ou encore « Les Témoins » (6 x 52’– Cinétévé) vendue à Netflix.Le documentaireLes ventes de documentaire français à l’international augmentent de 13,2 % pour atteindre 34,9 millions d’euros en 2014. Le genre capte 22,7 % des recettes, contre 22,5 % en 2013. Les documentaires d’investigation sont très demandés.Les programmes unitaires historiques de prestige avec des moyens techniques innovants sont également prisés à l’image du Dernier Gaulois distribué par FranceTV distribution qui mixe animation 3D et prise de vue en extérieur.Les ventes de documentaires en Amérique du Nord augmentent fortement de 72,7 % à 7,7 millions d’euros en 2014 ainsi qu’en Asie, avec une progression de 9,4 % pour atteindre 5,1 millions d’euros en 2014.L’animationEn 2014, les ventes de programmes français d’animation à l’étranger diminuent après cinq années de hausse consécutive à 45 millions d’euros (‐3,9 % par rapport à 2013). La part du genre atteint 29,3 % des ventes totales. Bien qu’en baisse, le niveau de chiffre d’affaires de l’animation française reste à son deuxième meilleur niveau depuis dix ans après une année 2013 record.Les formats de 22 minutes et 26 minutes sont de moins en moins sollicités au profit de formats courts (7, 11 ou 13 minutes) plus en phase avec les nouveaux modes de consommation des enfants. « Les réseaux et les grandes chaînes jeunesse américaines (Cartoon Network, Disney…) se tournent régulièrement vers les programmes d’animation français à l’image de Spark ou NBC Kids », souligne l’étude. Ces dernières ont acheté « Zou » (104 x 11'), les « Lapins Crétins » (78 x 71') vendu par FranceTV distribution ou « Sally Bollywood » (104 x 13').Les formatsLes ventes de formats français (fiction, jeux et variétés) à l’étranger continuent leur croissance (+3,5 %), passant de 22,1 millions d’euros en 2013 à 22,8 millions en 2014. Le marché reste en progression et continue à séduire de nouveaux territoires : le Royaume‐Uni, la Belgique, l’Espagne et l’Italie renouvellent leurs achats.Le jeu et le divertissement sont traditionnellement recherchés, aussi bien des valeurs sûres comme « Des chiffres et des lettres » (France TV distribution) ou « Fort Boyard » (ALP), mais aussi des nouvelles écritures comme « Slam » (Effervescence Productions, vendu par Can’t Stop Media) vendu en Slovénie ou « Run & Buzz », vendu par Newen Distribution en Turquie, en Espagne, au Benelux et en Russie. Les émissions de divertissement portent aussi le marché comme « Les Enfants de la télé » vendue par Endemol.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les reportages qui dérangent ont-ils encore leur place dans le Canal+ de Vincent Bolloré ? Fin juillet, Society et Mediapart affirmaient que le patron de Vivendi était intervenu pour empêcher la diffusion d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel. Ces jours-ci, selon nos informations, c’est une enquête consacrée à l’Olympique de Marseille qui a suscité les critiques du nouveau patron de Vivendi. Aujourd’hui, ce sujet n’est pas disponible sur la plateforme de « replay » MyCanal, qui regroupe pourtant les programmes de la chaîne.Intitulé OM, la fuite en avant ?, le reportage a été diffusé, mercredi 2 septembre, dans l’émission « Enquêtes de foot », sur Canal+ Sport. Il revient sur l’été agité du club de football, qui a vu partir plusieurs de ses joueurs majeurs puis son entraîneur, l’Argentin Marcelo Bielsa.L’enquête évoque notamment le président de l’OM, Vincent Labrune. Un témoignage le décrit comme peu présent au quotidien et fait état d’une désorganisation à la tête du club. La relation de M. Labrune avec les journalistes sportifs est également évoquée, notamment la présence de certains d’entre eux à son mariage. L’enquête s’attache enfin à décortiquer la stratégie de réduction de la masse salariale mise en œuvre par la direction du club phocéen.Un « bref » message en CEJeudi 3 septembre, le lendemain de sa diffusion, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire, Vincent Bolloré a déploré que ce sujet donne une image négative du club marseillais, a appris Le Monde. Il a fait comprendre qu’il y voyait un exemple de ce qu’il ne faut pas faire, c’est-à-dire prendre le risque de froisser des partenaires de Canal+ – la chaîne diffuse en effet une partie de la Ligue 1.Lire notre éclairage :La reprise en main continue à Canal +Une source proche de Vivendi confirme la teneur du « bref » message de M. Bolloré, mais affirme que la direction de Canal+, elle aussi, avait trouvé le reportage « inutilement partial ». Et rappelle que Canal+ a eu à souffrir un boycott temporaire du Paris-Saint-Germain et de l’OM en avril, à la suite de la diffusion de propos polémiques du joueur Zlatan Ibrahimovic.L’OM et son président sont des membres influents de la Ligue de football professionnel, qui attribue les droits de diffusion des championnats de France de Ligue 1 et de Ligue 2. Canal+ a remporté le dernier appel d’offres, en 2014, mais la chaîne subit la concurrence de beIN Sports.L’axe du divertissementOr, le sport est un domaine crucial pour le développement du groupe, souligne-t-on à Vivendi : M. Bolloré a expliqué jeudi aux cadres qu’il était prêt à investir beaucoup pour reconquérir le leadership de la chaîne payante sur les droits sportifs.À Vivendi, on estime que Canal+ est une chaîne de divertissement et d’information qui doit s’attacher à offrir le meilleur du spectacle et les plus grands événements, notamment sportifs ; plutôt que voir ses journalistes se placer en juge et régler des comptes. Une vision qui ouvre des perspectives de développement mais limite potentiellement l’investigation.« L’arrogance n’est pas un comportement qui permet d’avancer », avait énoncé Vincent Bolloré dans sa lettre adressée aux salariés, jeudi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous Ce soir, « Le Grand Journal » fait sa grande rentrée sous très haute surveillance. Un nouveau décor, de nouveaux chroniqueurs et une nouvelle chef d’orchestre, Maïtena Biraben. C’est à cette animatrice de 48 ans – qui présentait le dimanche « Le Supplément » – que revient la lourde tâche de relancer une émission devenue au fil des années quelque peu clinquante et passablement aseptisée. Pour sa première soirée, « LGJ » veut taper fort en recevant le premier ministre, Manuel Valls, et la chanteuse Louane qui interprétera en direct sur le plateau son nouveau single.Rien n’a véritablement filtré sur le lifting du « Grand Journal ». Le nouveau concept a été aussi bien gardé qu’un secret industriel. Maïtena Biraben sera entourée, entre autres, du comique des politiques Cyrille Eldin, transfuge du « Supplément », et du chroniqueur littéraire Augustin Trapenard, seul rescapé de l’ancienne équipe. Pour rompre avec l’ancienne formule, la miss météo et la « boîte à questions » disparaissent.Rafraîchir un talk-show uséEn effet, Maïtena Biraben doit faire oublier l’époque Antoine de Caunes qui, lors de son arrivée aux commandes de l’émission en 2013 – après le départ de Michel Denisot – avait promis un show à l’américaine : « Je vais essayer d’introduire une humeur proche des “late shows” anglo-saxons, où tout est écrit, répété, scénarisé. L’invité ne sera plus pris dans une avalanche d’informations et de chroniques. À présent, tout s’organisera autour de lui. »La promesse était probablement trop belle… Désormais, l’équipe de Maïtena doit trouver un ton, peut-être moins politique et plus culturel pour éviter de se faire totalement dépasser par ses concurrents comme « Touche pas à mon poste » sur D8 et « C à vous » sur France 5. Depuis deux ans, ces deux talks n’ont cessé de grignoter des parts d’audience au « Grand Journal ». Face à cette concurrence, l’émission de Canal+ n’est pas parvenue à se renouveler et à trouver un nouveau souffle.Ainsi, le concept – ou plutôt l’idée – est semble-t-il de rafraîchir un talk usé, tape-à-l’œil et au rythme trop effréné. « Je prendrai le temps. C’est peut-être la première martingale », a expliqué Maïtena Biraben au Parisien. Ainsi une place sera accordée aux grands reportages de Diego Buñuel, nouveau directeur des documentaires de Canal+.Reprise en mainLe prestigieux talk-show de Canal+ a été le symbole de la reprise main de la chaîne cryptée par le nouveau patron, Vincent Bolloré. Au début de l’été, l’homme d’affaires avait demandé – ou exigé – que l’émission en claire de fin de journée soit réformée et celle des « Guignols de l’info » remaniée. Sauf que cet ordre n’a pas été suivi d’effet. Conséquence, Rodolphe Belmer, le numéro 2, a été remercié avant que d’autres têtes ne tombent, comme celle producteur historique du « Grand Journal » Renaud Le Van Kim. « Les Guignols » qui un temps devaient disparaître vont désormais passer en crypté mais plus au sein du « Grand Journal ». Pourtant, l’émission satirique assurait au programme son pic d’audience, au-dessus du million de téléspectateurs.Alors révolution ? Tout changer pour que rien ne change ? Réponse à 18 h 50.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.09.2015 à 15h21 • Mis à jour le07.09.2015 à 21h18 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Un plan social au sein du groupe Express Roularta, racheté récemment par l’homme d’affaires Patrick Drahi, est envisagé pour supprimer quelque 150 postes, a déclaré lundi 7 septembre une source proche du dossier, confirmant une information de La Correspondance de la presse, qui évoquait vendredi 200 postes. Ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) s’ajouterait aux 115 départs de journalistes déjà actés dans le cadre d’une clause de cession, selon les informations recueillies par Le Monde.« Jusqu’ici, il y avait en interne une part de résignation, mais ces annonces de nouveaux coups de massue nous réveillent. On se dit qu’il faut réagir », raconte un salarié, alors qu’une assemblée générale - qui pourrait être « houleuse » - est prévue, mardi 8 septembre.À ce jour, depuis le rachat du Groupe L’Express - Roularta par Patrick Drahi, 115 journalistes, dont environ 30 % issus de l’hebdomadaire L’Express, ont choisi de bénéficier de la clause de cession, ouverte depuis début juin.Le PSE en préparation devrait principalement concerner des fonctions administratives et techniques, mais il n’est pas exclu que des journalistes soient également concernés, selon une source proche du dossier. Trente « écrivants » pourraient voir leur poste supprimé dans le groupe, selon La Correspondance de la Presse.« Si, sur ce total, une vingtaine vient de L’Express, cela peut rendre quasiment impossible la réalisation du journal », s’alarme un salarié. L’organisation-cible, préalable à la mise en œuvre de ce PSE, devrait être établie pour fin septembre.Nouvelle organisationCes informations s’accompagnent de changements structurels. L’ensemble Express-Roularta, qui comptait jusqu’à présent quelque 700 salariés et une douzaine de titres, a été rebaptisé Groupe Altice Média (GAM), et il est désormais rattaché à Altice Media Group (AMG), la branche médias papier du groupe de Patrick Drahi.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick Drahi Lundi, un organigramme de la direction « effectif depuis le 1er  septembre 2015 », a par ailleurs été annoncé dans un communiqué. Au niveau éditorial, Christophe Barbier est confirmé à son poste de directeur de la rédaction de L’Express et de directeur général des rédactions du GAM. Mais Matthieu Scherrer, rédacteur en chef du site spécialisé sur la high-tech 01Net mais aussi ancien du magazine Management, est « nommé conseiller auprès de Christophe Barbier ». De plus, François Dieulesaint, ancien directeur général de La Tribune, est nommé directeur général délégué.En interne, ces nominations sont diversement interprétées : pour un salarié, le directeur emblématique du journal depuis des années, Christophe Barbier, se trouve maintenu et conforté. Pour un autre, il est tout de même « fragilisé » et l’arrivée de M. Dieulesaint est une pierre lancée dans son jardin par Altice. Par ailleurs, il est avec Marc Laufer - directeur général d’Altice Media Group et PDG de GAM - un ancien du quotidien économique La Tribune, qui avait été revendu à Alain Weill, PDG de NextRadioTV et fortement restructuré. À un degré moindre, le maintien de Richard Karacian au poste de secrétaire général inquiète certains salariés pour les négociations sur l’emploi. Le groupe a déjà connu deux PSE, en 2009 et 2013.A un niveau supérieur, une autre question se pose sur l’organigramme des filiales de Patrick Drahi : la répartition des rôles entre Alain Weill et Bernard Mourad, président d’Altice Media Group. Le premier est à la tête d’Altice Contents, qui contrôlera l’ancien groupe NextRadioTV (BFM-TV et RMC) – au sein duquel M. Drahi a pris une participation –, mais à terme, il encadrera toutes les activités média d’Altice, y compris les supports papier (L’Express, Libération…) regroupés pour l’heure dans Altice Media Group. Même si, pour l’heure, Bernard Mourad « continue de conduire la stratégie, le développement, les acquisitions et les relations institutionnelles » d’Altice Media Group. Les fonctions de ce dernier pourraient à terme évoluer.En attendant, Patrick Drahi franchit une étape dans la constitution de son groupe médias en annonçant le déménagement « d’ici la fin de l’année » de Libération dans l’immeuble de L’Express à Paris. Et en affrontant probablement une première contestation sociale ce mardi.Lire aussi notre décryptage :Drahi, Bolloré... Comment les médias français se recomposentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard François Hollande s’est dit, lundi 7 septembre 2015, « pas favorable » à l’élargissement de la redevance audiovisuelle aux « objets connectés », lors d’une conférence de presse à l’Elysée, en précisant que, sur cette taxe, « les arbitrages viendront à la fin du mois ». « Il faut des financements » pour le service public audiovisuel, a ajouté le président, « mais la redevance télévisée ne peut pas être la variable d’ajustement. Il faut maîtriser l’appel à la contribution. »M. Hollande semble ainsi clore le débat en cours au sein du gouvernement. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, avait déclaré sur France Info, le 3 septembre, étudier « l’option » d’une extension de la redevance aux « box » d’opérateurs, qui permettent de se connecter à Internet : « J’ai regardé les nouveaux modes de consommation de la télévision. Beaucoup passent par les box et non plus par l’antenne râteau. Et donc on a regardé ce que donnerait l’extension aux box. Il n’est pas question de taxer les smartphones et les tablettes », avait-elle dit. « Le premier ministre et le président de la République prendront leur décision dans les prochains jours », avait toutefois prudemment dit Mme Pellerin.Dans la foulée, Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, s’était déclarée « pas tellement favorable », à une redevance sur les boxes. « Il faut savoir que ça concerne moins de 2 % des foyers en France, parce qu’en réalité 98 % des foyers ont une télévision », avait-elle justifié dans un entretien à L’Opinion.Débat de longue dateL’élargissement de la redevance est l’un des chevaux de bataille des présidents de l’audiovisuel public. Lundi 31 août, lors d’un déjeuner avec des journalistes, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait ainsi souhaité obtenir à la fois l’extension de la redevance aux ordinateurs et aux smartphones et le retour partiel de la publicité entre 20 heures et 21 heures.Lire aussi :La présidente de France Télévisions veut étendre la redevance aux ordinateurs et smartphonesL’élargissement de la redevance est aussi un débat de longue date, qui a suscité des échanges dès le début du quinquennat de François Hollande, quand Aurélie Filippetti – qui y était favorable – était ministre de la culture.Lire : La vision tout en nuances de François Hollande sur l'audiovisuelEn octobre 2014, lors d’un discours au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le président de la République s’y était même montré plutôt favorable, en demandant une réflexion sur cette question. La réforme pourrait ne pas augmenter la pression fiscale, avait-il argué : « L’objectif est qu’à rendement constant, sans que ça ne coûte rien de plus à personne, il puisse y avoir une assiette plus large et plus juste », avait expliqué le président, rappelant qu’« on peut regarder les chaînes du service public sur d’autres instruments que la télévision ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.09.2015 à 18h34 • Mis à jour le05.09.2015 à 10h03 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Nouveau séisme chez Vivendi : Cécilia Ragueneau, directrice d’i-Télé, et Céline Pigalle, directrice de la rédaction du groupe Canal+, ont été débarquées, vendredi 4 septembre, par Vincent Bolloré, le tout puissant patron du géant des médias. L’ex-directeur de la rédaction de Direct 8, Guillaume Zeller, est nommé directeur de la rédaction de la chaîne d’info.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+Le journaliste et écrivain Philippe Labro, historique de la chaîne Direct 8, « sera aux côtés de Guillaume Zeller dans un rôle de conseil et lui apportera son expertise », précise un communiqué publié vendredi soir. « Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Canal+, est chargé de développer la chaîne d’info du Groupe Canal+ », lit-on encore.Selon nos informations, c’est vers 18 heures vendredi que MM. Thiery et Zeller ont informé la rédaction d’i-Télé lors d’un passage au sein de la chaîne. « C’est difficile, pas agréable, pas sympa », a reconnu M. Thiery, selon un témoin de la scène. « Mais il y a un nouveau projet et donc il faut un nouveau souffle, une nouvelle équipe et un nouveau nom [CNews], a-t-il justifié. On veut aller au-delà de tout ce qui a été fait. »Face aux interrogations des journalistes, notamment en matière de ligne éditoriale, le successeur de Bertrand Méheut à la tête de Canal+ a assuré que la chaîne resterait focalisée sur le « hard news », sans plus de précision. M. Thiery a également indiqué que le groupe entendait développer i-Télé, en particulier sur le numérique, et ne pouvait se satisfaire de voir sa concurrente BFM-TV la devancer en audience. Céline Pigalle a été longuement applaudie par ses troupes.Lire aussi :Sous Bolloré, un Canal+ « intégré » dans Vivendi« Sous le choc »Selon ce même témoin, un journaliste a posé une question sur le « profil » politique de Guillaume Zeller, rappelant que la rédaction d’i-Télé avait des valeurs « d’humanisme et d’objectivité ». Il n’a pas obtenu de réponse. « Thiery et Zeller n’avaient pas vraiment de projet. C’était hallucinant », raconte un salarié, décrivant une rédaction « sous le choc ».Diplômé de Sciences Po et titulaire d’un DEA d’histoire contemporaine, M. Zeller, 38 ans, a participé au lancement de Direct 8 en 2005. En 2007, il devient rédacteur en chef de Direct Soir avant d’être nommé directeur de la rédaction de Direct 8 en 2011 et du pôle digital du quotidien Direct Matin en 2012.Mais son profil intrigue au sein de la chaîne. Un salarié s’étonne ainsi que M. Zeller n’a jamais dirigé un média d’information puissant. Par ailleurs, c’est un spécialiste du catholicisme et de certains thèmes chers à la droite. Ancien chargé d’enquêtes au service historique de l’armée de terre, il a notamment publié Oran : 5 juillet 1962 (Tallandier), sur « l’immense chasse à l’homme anti-européenne commise le 5 juillet à Oran, journée la plus sanglante de toute la guerre d’Algérie, avec au minimum 700 pieds-noirs assassinés ». Ou La Baraque des prêtres, Dachau 1938-1945 (Tallandier), sur les religieux déportés. Ou encore Un prêtre à la guerre (Tallandier), avec l’aumônier des parachutistes de Montauban, dont certains membres furent tués par Mohamed Merah.i-Télé s’interroge sur son avenirM. Zeller a également été invité sept fois à l’antenne de Radio Courtoisie, une radio d’extrême droite, entre mars 2012 et avril 2015, pour y parler de ses livres, a pointé le site Streetpress. Il a également écrit trois billets pour le site Boulevard Voltaire, fondé par Robert Ménard, devenu élu du Front national et maire de Béziers. Notamment sur la déchéance du général Paul Aussaresses, qui avait avoué dans Le Monde avoir commis des tortures pendant la guerre d’Algérie. Streetpress évoque aussi son rôle de chroniqueur littéraire dans « Dieu Merci ! », une émission religieuse de Direct 8, où il explique par exemple que les « missions » d’évangélisation étaient, à l’origine, un « message d’amour ».A i-Télé, Mme Pigalle et Mme Ragueneau avaient, quant à elles, développé ces derniers mois un discours autour de valeurs pour se démarquer de la première chaîne d’information, BFM-TV, mêlant la recherche d’un recul contre l’immédiateté de l’information en temps réel et la défense d’un certain humanisme. BFM-TV, à l’inverse, est accusée de « jouer sur les peurs », ce qui sous-entendrait qu’elle favorise le FN. I-Télé s’était aussi distinguée en se séparant du polémiste très à droite Eric Zemmour.Plus largement, i-Télé s’interroge sur son avenir car les nouveaux dirigeants ne se sont pour l’instant pas exprimés sur leurs intentions pour la chaîne. Tout juste ont-ils fait comprendre qu’ils faisaient le constat qu’i-Télé restait distancée en audience par BFM-TV (autour de 1 point de part d’audience, contre 2 points environ pour BFM-TV). Et que la chaîne restait déficitaire.« Il ne faudra pas se faire endormir par l’argent »En interne, les équipes sont conscientes d’être loin derrière le leader en termes d’audience mais ont l’impression d’avoir parfois été plus réactives, lors des attentats de janvier notamment, et estiment manquer de moyens pour rivaliser avec BFM-TV.Sur ce point, M. Bolloré suggère qu’il pourrait investir davantage dans Canal+, en particulier en matière d’information : « Nous allons augmenter nos budgets d’investissements et les rendre transversaux entre les différentes chaînes, gratuites et payantes », écrit-il. Un discours susceptible de trouver un écho dans une partie de la rédaction. « Il ne faudra pas se faire endormir par l’argent », mettait néanmoins en garde un journaliste à la sortie de la réunion vendredi.A deux ans de la présidentielle s’ouvre une nouvelle ère pour i-Télé, avec un changement radical à sa tête. « On a besoin d’éclaircissement sur la suite et vite. C’est difficile de travailler dans ces conditions », déclarait un autre salarié. Dans un communiqué, la société des journalistes d’i-Télé a « fait part de sa vive émotion face à la brutalité du départ de Cécilia Ragueneau, directrice générale, et de Céline Pigalle, directrice de la rédaction », « rappelle son attachement aux principes intangibles d’une information libre, indépendante et objective » et « souhaite que la collaboration avec la nouvelle direction soit fructueuse et constructive ».Lire aussi :Drahi, Bolloré... Comment les médias français se recomposentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une information qui a fait le « buzz » dans le monde des médias. L’annonce, mercredi 26 août, d’un partenariat entre la chaîne d’information France 24 et le site Mashable a d’abord surpris : le mariage entre un média public dont la mission est d’incarner une vision française de l’information, et un pure player américain privé, technophile et fortement connecté aux réseaux sociaux, ne va pas de soi.Dans la foulée, une polémique s’est amorcée : est-ce le rôle d’un média public que d’aider un acteur étranger à s’implanter en France ? Comment l’opération est-elle financée ? Le directeur adjoint de Libération, Johan Hufnagel, s’est même fendu d’un édito, accusant l’Etat d’« uberiser » les sites d’information. « Voir débouler dans le jeu, – on le rappelle, le jeu est en l’occurrence un secteur en crise, au modèle économique en pleine réinvention – un entrant qui ne joue pas les mêmes règles que les autres modifie clairement la donne », écrivait-il, avant de s’écharper sur Twitter avec Sylvain Attal, directeur adjoint de France 24 chargé des nouveaux médias.Le Monde a interrogé Frédéric Bonnard, le directeur des nouveaux médias à France Médias Monde, sur les termes de ce partenariat, qui est encore en projet mais que l’entreprise publique, qui détient France 24, espère bien voir se concrétiser.Comment en êtes-vous venus à envisager un partenariat avec Mashable, qui semble a priori éloigné de votre positionnement ?Il y a environ un an, nous avons été contactés par Jim Roberts, le directeur éditorial de Mashable, qui cherchait un partenaire sur le sol français. Nous connaissions M. Roberts car il était notre interlocuteur quand il travaillait au New York Times et que France 24 fournissait des vidéos pour leur site. Mashable cherchait à prendre pied en Europe, avec un partenaire éditorialement compatible et bien implanté sur les réseaux sociaux. Ils étaient également intéressés par nos vidéos en anglais, qui peuvent leur permettre d’enrichir leur offre sur l’actualité internationale.Du côté de France 24, que peut apporter un Mashable ?Un de nos enjeux est de nous renforcer sur la génération connectée et de mieux comprendre ses usages, même si nous comptons déjà de nombreux suiveurs sur Facebook et que nous sommes diffusés en trois langues sur Youtube. Nous cherchons aussi à développer notre présence dans les pays anglophones. Nous avons de nombreux partenaires de syndication en langues française et arabe, mais un peu moins en anglais, malgré nos partenariats avec Yahoo! et MSN.Que voulez-vous faire ensemble ?Nous allons travailler à la construction d’un site Mashable en français pour les francophones. Ce site, encore à l’état de projet, proposera une sélection de contenus issus de Mashable, traduits et édités pour un public francophone, et des contenus de France 24 sur l’actualité internationale, réalisés dans des formats pensés pour les 18-25 ans, en s’adaptant à leurs modes narratifs. De son côté, Mashable reprendra certains de nos contenus sur son site en anglais.Comment comptez-vous financer ce projet ?Il sera financé à parts égales par les deux entreprises. De notre côté, nous avons sollicité le « fonds Google », qui nous a accordé, en juin, un financement de 980 000 euros, qui couvrira l’amorçage du projet. Ensuite, son exploitation sera couverte par la publicité. Nous évaluons le budget à un million d’euros par an environ, avec notamment une équipe éditoriale interne de six à huit journalistes.Que répondez-vous aux sites français qui redoutent un nouveau concurrent notamment sur le front publicitaire ?Aujourd’hui, l’ouverture à la publicité est d’un impact très limité et ne vise pas que la France. À l’échelle du groupe, nos ressources publicitaires sont de l’ordre de 5 millions d’euros par an, dont un peu moins d’un million sur le numérique.Avez-vous informé les pouvoirs publics de ce projet et quelle a été leur réaction ?Le projet est inscrit dans le contrat d’objectif et de moyens (COM) que nous sommes en train de négocier avec l’Etat. Tout a été fait dans la transparence et il ne demande pas de moyens nouveaux. Nous estimons que ce projet est conforme à notre mission, qui est de proposer un regard sur le monde avec une touche française. Dans ce cadre, ne pas chercher à communiquer avec les jeunes générations francophones serait un peu curieux.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.09.2015 à 14h16 Help us get the word out about our detained colleagues in Turkey. Share #freevicenewsstaff http://t.co/Od1XhrPVPl http://t.co/P279IGBxGX— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);La justice turque a ordonné, jeudi 3 septembre, la libération de deux reporters britanniques du site d’information Vice News, arrêtés pour « terrorisme ».Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été placés lundi en détention provisoire. Ils avaient été interpellés la semaine dernière, avec leur traducteur de nationalité irakienne, alors qu’ils couvraient les affrontements entre forces de sécurité et rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turquie. En revanche, leur traducteur n’a pas été libéré.Un tribunal de Diyarbakir, la grande ville du sud-est à majorité kurde du pays, les a formellement inculpés lundi de « participation à des activités terroristes » et incarcérés jusqu’à leur procès, suscitant de nombreuses critiques. Ils avaient été transférés dans la prison d’Adana en raison du manque de traducteurs anglophones.La justice turque leur reproche d’avoir entretenu des contacts avec des organisations telles que le groupe djihadiste Etat islamique (EI) et le PKK.Parmi les éléments à charge retenus par le juge figurent des images tournées par les journalistes montrant des jeunes militants proches du PKK en train de fabriquer des cocktails Molotov, ainsi que des carnets détaillant la structure du mouvement rebelle, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anatolie.Vice News, qui a nié ces accusations et exigé la libération immédiate de son équipe, a dénoncé leur transfert vers Adana.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médias Alexandre Piquard « Vincent Bolloré a été nommé président du conseil de surveillance de Groupe Canal +. » Le communiqué publié jeudi 3 septembre par Vivendi, sa maison mère, concrétise une nouvelle donne au sein du groupe audiovisuel. L’homme d’affaires breton sera désormais le nouveau capitaine de Canal + : il détiendra le pouvoir mais pourra aussi s’occuper de l’opérationnel, comme il a d’ailleurs commencé à le faire ces derniers mois. Déjà président du conseil de surveillance de Vivendi, M. Bolloré va s’investir personnellement et passer du temps à Issy-les-Moulineaux, au siège de la direction de la chaîne cryptée, où il aura désormais un bureau permanent, annonce-t-on dans son entourage.Des hommes de Vivendi et de BolloréDeux membres supplémentaires ont aussi été nommés pour « renforcer » le directoire de Groupe Canal + : Julien Verley et Jean-Christophe Thiery. Ce dernier assure désormais la présidence de la société, en remplacement de Bertrand Meheut, tandis que Maxime Saada, promu avant l’été, reste directeur général. Dominique Delport, dirigeant de l’agence Havas, prendra en sus la tête de l’entité de développement Vivendi Contents, a révélé La Lettre de l’Expansion.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+M. Thiery, patron de Bolloré Médias et de l’institut de sondages CSA, a accompagné le développement du groupe Bolloré dans les médias avec les chaînes Direct 8 et Direct Star, ou le quotidien gratuit Direct Matin. Enarque passé par le ministère des finances, il est apprécié des pouvoirs publics, estime-t-on à Vivendi, qui le présente comme une personne discrète, efficace et appréciant le consensus. C’est aussi un homme de confiance de M. Bolloré. M. Verley, lui, a rejoint Groupe Canal + comme directeur général adjoint chargé des finances en 2006 et dirige, depuis fin 2012, NC +, la filiale de l’entreprise en Pologne.« L’équipe de Vivendi va s’impliquer chez Canal dans les responsabilités fonctionnelles », a ensuite précisé Vincent Bolloré dans une lettre aux salariés de Canal +, publiée par Puremedias :« Ainsi Frédéric Crépin, Secrétaire général de Vivendi, devrait aussi devenir Secrétaire Général de Canal ; Vincent Vallejo, Directeur de l’Audit de Vivendi devrait aussi devenir Directeur de l’Audit de Canal ; Mathieu Peycere, DRH de Vivendi, devrait aussi devenir DRH de Canal; Stéphanie Ferrier, Directrice des services généraux de Vivendi, devrait aussi devenir Directrice des services généraux du groupe Canal. »Guillaume Zeller, ancien rédacteur en chef de Directmatin.fr, va rejoindre Vivendi pour développer les « news », Thierry Cheleman, directeur des sports et du théâtre et spectacle vivant chez D8, « va couvrir le sport », et Didier Lupfer, ex-Ubisoft Motion Pictures, le cinéma, ajoute enfin M. Bolloré.Nuit du rugby, Canal Olympia...Le message de cette réorganisation est clair : Groupe Canal + est désormais « intégré » à Vivendi. Fini les « Etats dans l’Etat », les « silos » et autres « citadelles », tout le monde doit travailler ensemble. Tel est le refrain de la nouvelle direction. Une page se tourne après l’ère du tandem Bertrand Meheut-Rodolphe Belmer, qui, depuis 2002, dirigeait sans se soucier de Vivendi, d’Universal Music ou de SFR (revendu depuis).Pour illustrer cet état d’esprit « group first », on cite à Vivendi quelques exemples : la « Nuit du rugby », une opération prévue en novembre. Diffusée sur Canal +, elle concerne un sport retransmis toute l’année sur la chaîne et aura lieu à l’Olympia, propriété de Vivendi, qui en assurera aussi la billetterie, via Digitick.Le groupe annonce aussi pour le 26 septembre, à Conakry en Guinée, la pose de la première pierre de « Canal Oympia », une salle qui doit accueillir un grand concert d’artistes Universal Music retransmis sur Canal + et sur la plateforme Dailymotion. L’événement sera aussi promu sur les chaînes africaines du groupe, dont A +, dédiée à un continent jugé crucial pour l’avenir de Vivendi. Plusieurs salles de ce type doivent d’ailleurs être construites en Afrique francophone.Le crypté et le divertissement d’abordAu passage, M. Bolloré annonce que la part de l’antenne en clair sera réduite. Elle sera principalement sur les chaînes gratuites du groupe, qui seront rebaptisées C8 - C17 - CNews de Canal (ex-D8, D17 et I-Télé)Vivendi investit aussi dans la production de programmes de flux – c’est-à-dire des émissions qui ne sont pas stockées comme les séries ou le cinéma, et qui font l’objet d’une concurrence croissante avec des plateformes comme Netflix. « Le flux crypté et le divertissement ont vocation à devenir un nouveau pilier de Groupe Canal + », estime M. Saada. Dans ce cadre, Vivendi est entré, mercredi, en négociations exclusives pour devenir un partenaire minoritaire du groupé créé par la fusion entre Banijay et Zodiak, producteurs de « Touche pas à mon poste » ou de « Koh Lanta ». Lire aussi :Vivendi s’invite dans la fusion Banijay-ZodiakVivendi veut enfin s’internationaliser. Si Canal + a perdu 117 000 abonnés ce semestre en France, la chaîne en a gagné 293 000 à l’étranger, selon Le Figaro. La diffusion par Internet est vue comme un moyen de distribuer les contenus partout dans le monde, tout comme les partenariats locaux avec des opérateurs de télécommunications (comme Telefonica ou Telecom Italia). Vivendi dispose enfin d’un dernier atout : les acquisitions. Le groupe dit disposer de 9 milliards d’euros de trésorerie.« Je dirai enfin que l’arrogance n’est pas un comportement qui permet d’avancer », écrit M. Bolloré en conclusion de sa lettre, au cas où certains n’aient pas saisi le message.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une petite phrase nichée dans le communiqué de presse des résultats semestriels de Vivendi, publié mercredi 2 septembre : le groupe de médias « est entré en négociations exclusives pour devenir un partenaire minoritaire du futur troisième groupe mondial de création de programmes de flux qui résultera du rapprochement entre Banijay et Zodiak ».Contacté, Vivendi ne souhaite pas donner plus d’éléments tant que ces négociations ne sont pas achevées. Mais si elles débouchent, elles ouvriront le groupe à un métier nouveau, les programmes de flux, aux côtés de ses activités actuelles (la télévision avec Groupe Canal+, la production de films et séries avec StudioCanal, la musique avec Universal Music Group, le numérique et les spectacles avec Vivendi Village).Créée en 2008 par l’ex-patron d’Endemol France, Stéphane Courbit, Banijay rassemble notamment Air Productions, la société de production de Nagui, et H2O, la société de Cyril Hanouna, qui produit « Touche pas à mon poste » pour D8. Elle produit aussi des émissions de téléréalité comme « Les Ch’tis » pour W9. En France, Banijay est devenue l’an dernier numéro un des producteurs d’émissions de « flux ».Zodiak Media, contrôlée par l’Italien De Agostini (qui détient aussi 17 % de Banijay), est notamment propriétaire en France d’ALP (« Fort Boyard », « Koh-Lanta ») et KM, qui, jusqu’ici, produisait « Le Grand Journal » pour Canal+.Les deux sociétés ont annoncé leur fusion le 29 juillet, pour donner naissance à un ensemble d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, troisième mondial derrière Endemol-Shine Fremantle.Lire aussi :Production télé : la concentration continue avec la fusion Zodiak-BanijayLe renforcement des programmes de flux, notamment en crypté, est un des axes stratégiques du nouveau Canal+ que façonnent le président du directoire de Vivendi, Vincent Bolloré, et le nouveau directeur général de Canal+, Maxime Saada, pour qui « le flux crypté et le divertissement ont vocation à devenir un nouveau pilier de Canal+, aux côtés du cinéma, des séries et du sport ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le projet de lancement d’une chaîne publique d’information en continu est loin de faire l’unanimité dans le monde de l’audiovisuel. C’est même une « folie », a lancé Alain Weill, le président du groupe NextRadio TV, qui détient BFM-TV, la chaîne leader du créneau de l’info en continu. Il réagissait à l’accord annoncé, mardi 1er septembre, entre la nouvelle présidene de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son homologue de Radio France, Mathieu Gallet, en vue de collaborer à la création d’une chaîne publique prévue pour septembre 2016.Interrogé mercredi lors de la conférence de rentrée de son groupe, M. Weill a estimé qu’« il n’y a pas de place pour une nouvelle chaîne d’information en continu » en France. « Nous sommes le seul pays occidental où il y a quatre chaînes d’information gratuites. Dans le modèle gratuit, il faut une audience minimum, sinon on n’est pas viables. S’il y a trop de chaînes d’information, elles seront toutes pauvres. Au final, il y aura des fusions. Ce n’est pas un problème de marché publicitaire mais de parts d’audience. » « Il y a aujourd’hui deux chaînes d’information en continu en France (BFM-TV et Itélé) et seule la nôtre est bénéficiaire », a-t-il ajouté.Le lancement d’une chaîne du service public aurait pour effet, selon le président de NextRadio TV, de ramener le modèle des chaînes d’information en continu dix ans en arrière, « sans reportage et juste avec des gens autour d’une table, un peu comme en Allemagne ». Et les perdants, pour Alain Weill, seront les téléspectateurs.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continuFleur Pellerin « très favorable » au projetSi, dans l’immédiat, cette nouvelle chaîne devrait être destinée aux ordinateurs, aux téléphones mobiles et aux tablettes, la présidente de France Télévisions n’a pas écarté un lancement à terme sur le réseau hertzien, via un canal TNT. Cela nécessiterait l’aval de l’Etat actionnaire. « J’en appelle au Conseil supérieur de l’audiovisuel et à l’Etat », a lancé mercredi M. Weill.Le gouvernement reste prudent sur la question de la diffusion mais la création d’une chaîne d’information émanant du service public est devenue cette année une intention gouvernementale.Interrogée par France Info mercredi matin, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, s’est dite « très favorable » à un tel projet, soulignant qu’il « va tout à fait dans le sens des orientations [qu’elle] avait tracées pour France Télévisions ». Il permettrait une « mutualisation des moyens », à l’heure où les ressources des entreprises de l’audiovisuel public sont sous tension.Cet accord conclu entre les deux entreprises publiques ne convainc pas non plus tout le monde au sein de Radio France. Car depuis plusieurs mois, l’ambition de France Télévisions de développer une « chaîne d’information numérique » suscitait la circonspection, voire l’hostilité de ses homologues de l’audiovisuel public, à commencer par France Info.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueUn projet pas indispensableA l’origine radio d’information en continu, celle-ci a engagé une mue qui doit en faire un « média global », distribué sur le numérique et mêlant du son, des images et du texte. Soit une offre assez proche de ce que pourrait être une « chaîne d’information numérique » issue de France Télévisions.Lire aussi :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »« On a un déficit et un plan de suppression de 350 postes mais on doit donner un coup de main à France Télé », a ironisé, mardi, le Syndicat national des journalistes de Radio France sur Twitter. « Quel est l’intérêt pour Radio France ? », interroge un communiqué de son intersyndicale, mercredi, qui évoque une « filialisation ». « Que veut-on faire de France Info, de son projet, de ses journalistes ? » ajoute-t-il encore.France 24, diffusée à l’étranger mais également partout via le web, était aussi plutôt réservée sur le projet lancé par France Télévisions. Afin de surmonter ces critiques, Mme Ernotte et M. Gallet se sont montrés désireux « d’associer » à ce projet les autres acteurs de l’audiovisuel public, comme RFI ou France 24 justement.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 19h29 • Mis à jour le01.09.2015 à 15h51 | Alexandre Piquard Une dirigeante en poste depuis une semaine face à trente-cinq journalistes… Le déjeuner de Delphine Ernotte en compagnie de l’Association des journalistes médias (AJM), lundi 31 août, pouvait faire figure d’oral piégeux. Pour la présidente de France Télévisions, c’était la première apparition publique depuis sa nomination, fin avril. Alors que certains disaient cette ingénieure de formation assez peu charismatique, elle a surpris son auditoire par son franc-parler. Quitte à ce que ce volontarisme frise parfois la naïveté, dans un secteur toujours assez politique.« En matière de ressources, je demande fromage et dessert », a déclaré Mme Ernotte en milieu de repas : elle espère obtenir à la fois l’extension de la redevance aux ordinateurs et aux smartphones et le retour partiel de la publicité entre 20 heures et 21 heures. La « petite phrase » symbolise son approche assez directe sur deux dossiers sensibles, déjà défendus par son prédécesseur.« Il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques »La présidente serait favorable à une « réforme à l’allemande » de la contribution qui finance l’audiovisuel : la déclaration serait, par défaut, précochée pour signaler que le foyer possède un moyen de recevoir la télévision, analogique ou numérique. « On pourrait aller jusqu’à fiscaliser », pour rendre le montant progressif en fonction des revenus, a-t-elle ajouté. Avec toutefois ce bémol : augmenter les taxes ou les contributions n’est pas en vogue dans le gouvernement… « Sur ces sujets, il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques. Ce n’est pas à moi d’en débattre… », a-t-elle reconnu.« Je n’ai besoin de l’autorisation de personne pour lancer une chaîne d’information sur le numérique », a aussi déclaré Mme Ernotte, alors qu’on la relançait sur les propos de la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, selon lesquels « la décision de lancer ce projet n’a pas encore été prise ». La phrase presque bravache était paradoxalement une façon de dire qu’obtenir le droit de diffuser cette future chaîne sur un canal de la télévision numérique terrestre (TNT) n’était pas un « préalable ».La nouvelle présidente de France Télévisions s’est posée en femme simple, prenant un langage décontracté : « Netflix, l’exception culturelle française, ils s’en battent la cravate ! » « Mettre des contenus sur YouTube, cela s’appelle danser avec le diable. Mais je ne ferme pas la porte. » « Le modèle des diffuseurs français se casse la gueule. »Parfois décrite comme novice de la télévision car venue d’Orange, Mme Ernotte s’est aussi montrée très sûre d’elle : « Qu’on dise que j’ai un super-réseau, ça me va », a-t-elle répondu à propos des « aides » dont elle aurait bénéficié pour sa nomination – contestée – par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. « Je n’ai pas peur. Gérer des contraintes, financières et humaines, c’est mon métier. » Taquinée sur l’idée de faire un second mandat, elle a glissé, en souriant, qu’elle aurait « l’âge pour en faire trois ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 03h46 • Mis à jour le01.09.2015 à 00h06 Deux journalistes britanniques du groupe de presse Vice News ont été inculpés par la justice turque pour activités terroristes, lundi 31 août. Leur traducteur, qui avait également été arrêté, est poursuivi du même chef. Les trois hommes ont été placés en détention, dans l’attente de leur procès. Le chauffeur du groupe a en revanche été libéré.Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été interpellés jeudi soir dans le district de Baglar, dans la province de Diyarbakir, où ils filmaient les combats entre les forces turques et les combattants séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ils sont accusés de « participer à des activités terroristes » pour le compte du groupe Etat Islamique (EI). Les journalistes ont rejeté les accusations portées à leur encontre, en présence de leurs avocats.« Accusations effrayantes »« Aujourd’hui le gouvernement turc a porté des accusations effarantes et infondées (...) à l’encontre de trois reporters de VICE News, dans une tentative d’intimidation et de censure de leur témoignage », a réagi Kevin Sutcliffe, directeur Europe des programmes d’information de Vice News, lundi soir.La veille, le groupe avait déclaré être en contact avec les autorités compétentes pour obtenir la libération de ses journalistes. « Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, PEN International et de nombreux autres ont appelé à ce que ces fausses allégations soient abandonnées et à la libération immédiate du groupe de journalistes. »"We ask for justice and the immediate release of journalists doing their jobs." http://t.co/uh86SyXWos— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);Amnesty International a appelé à la libération « immédiate » des journalistes, qualifiant les accusations à leur encontre de « scandaleuses et étranges ». 27.08.2015 à 16h27 • Mis à jour le27.08.2015 à 16h42 | Alexis Delcambre TF1 n’entend pas rester sans réaction face à l’érosion de l’audience de son journal de 20 heures, qui ne dépasse plus celui de France 2 que d’une courte tête. Un problème pour une chaîne dont le modèle repose sur la notion de « leader ».Jeudi 27 août, la filiale du groupe Bouygues a annoncé une série d’innovations qui doivent entrer en vigueur dès lundi 31 août, dans l’espoir de relancer un format qui souffre d’une certaine usure, – bien qu’il reste le rendez-vous d’information vespéral le plus regardé de France. Proximité et numérique sont les maître mots de cette relance qui ne touche pas les présentateurs : Jean-Pierre Pernaut à 13 heures, Gilles Bouleau à 20 heures et Claire Chazal le week-end demeureront les trois visages de l’information sur TF1.Les causes de l’usureInstigatrice de cette réforme, Catherine Nayl, la directrice générale à l’information du groupe, identifie des « causes endogènes » et des « causes exogènes ». Les premières sont liées au vieillissement du format actuel, installé en 2012. Les secondes ont trait à l’apport d’audience inégal de l’« access prime time », la case qui précède le 20 heures, ainsi qu’à la désaffection des téléspectateurs les plus jeunes, pour lesquels le JT n’est plus un rendez-vous. « Nous sommes en première ligne » face à la mutation des usages, dit aujourd’hui Mme Nayl.La recherche de « proximité »Face à cette usure, la réponse éditoriale de TF1 est de se rapprocher du téléspectateur. Il n’y aura pas de changement dans les thématiques abordées, mais les sujets devront davantage « impliquer » le téléspectateur, « expliquer comment tel événement de l’actualité va le toucher ». On verra davantage les journalistes à l’antenne, pour mieux incarner les sujets, qui montreront aussi plus de témoins. Ce sera « un peu plus “concernant” et souriant », espère Catherine Nayl. Le numérique viendra en renfort de cette approche, avec la création d’une page Facebook du JT de TF1 où les internautes pourront poser des questions supplémentaires aux journalistes ou experts étant intervenus dans le JT, dans un chat, et suggérer des idées de sujets. C’est un pas important pour TF1, où une culture assez statutaire de l’information n’a pas favorisé, jusqu’ici, le recours à l’interactivité. Enfin, les JT disposeront d’un nouveau décor, plus chaleureux et censé rapprocher le présentateur, plus souvent debout, devant la table au lieu d’être derrière.Un format plus structuréPour essayer de freiner la tendance des téléspectateurs à quitter le JT en cours de route, celui-ci sera structuré en trois grandes parties et proposera un nombre de sujets un peu moins important, autour de 14 au lieu d’environ 17 en moyenne. La partie centrale concentre la principale innovation : elle proposera un format « magazine » d’environ cinq minutes, réalisé par une cellule dite « enquête ». Dans la forme, un recours plus important à l’infographie est annoncé, par exemple avec le format « une minute pour comprendre ». Le nouveau décor, circulaire, vise aussi à immerger le téléspectateur à l’intérieur d’un mur d’écrans où les images de fond ont été revues, rendues plus douces et lumineuses.Un JT expérimental avec FacebookTF1 travaille enfin à un mini-JT qui sera diffusé sur Facebook et sa plateforme MyTF1News, qu’elle présente comme « le premier JT social d’Europe ». D’une durée d’une minute trente environ, baptisé « Focus », il proposera trois à quatre sujets détectés parmi les informations populaires sur les réseaux sociaux et sera animé par les présentateurs maison. Une façon pour TF1 d’aller à la rencontre des internautes les plus jeunes : « Notre marque existe et doit s’adresser à tous », revendique Catherine Nayl.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard et Madjid Zerrouky La chaîne i-Télé a diffusé mardi 25 août des images d’Ayoub El-Khazzani à son arrivée au palais de justice de Paris avant qu’il soit mis en examen pour, entre autres motifs, « tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».Le principal suspect de l’attaque à bord du Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août y est présenté vêtu d’une tenue d’hôpital bleue, pieds nus, les yeux bandés et menotté. Ses mains ont toutefois été floutées par la chaîne de télévision.Le lendemain, c’est Paris Match qui a publié une photo prise par un passager du TGV, montrant Ayoub El-Khazzani inconscient et porté par des policiers sur le quai de la gare d’Arras, son visage visible, ses pieds et ses poings liés. « Quelles que soient la nature et la gravité des faits reprochés à un homme, notre Etat de droit ne peut pas accepter que cet individu soit traité d’une manière dégradante et inhumaine. Le nécessaire aurait pu être fait », s’est insurgé en réaction Mani Ayadi, l’avocat d’Ayoub El-Khazzani.1. Que dit la loi ?L’article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, renforcée par la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, est relativement clair sur le sujet :« Lorsqu’elle est réalisée sans l’accord de l’intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 euros d’amende. »Autrement dit, la loi interdit toute publication d’une photo ou d’une vidéo d’une personne pouvant être identifiée soit par son nom, soit parce que son visage est visible, et la montrant entravée.Sur ce seul aspect, la photo publiée par Paris Match semble très nettement tomber sous le coup de la loi et pourrait faire l’objet de poursuites — qui sont toutefois très rares pour ce motif. 2. Flouter des menottes est-il une solution ?C’est ce qu’a choisi i-Télé. Le bandeau sur le visage d’Ayoub El-Khazzani ne change rien à son identification puisqu’il est nommément identifié. Mais les menottes, elles, sont floutées. « Il n’y a pas eu de débat dans la rédaction, qui a estimé que la valeur informative du document était très forte », explique-t-on à la chaîne.Cela suffit-il à « protéger » i-Télé en cas de poursuites ? Peu probable : la solution choisie est finalement hypocrite quant à l’esprit de la loi, car il est évident qu’il est entravé, les mains liées derrière le dos. « La loi ne dit pas qu’il ne faut pas montrer les menottes ou les entraves, mais interdit toute image faisant apparaître que la personne est menottée : sa posture, par exemple, suffit à faire apparaître de manière évidente que ses mains sont liées », explique Christophe Bigot, avocat spécialiste de la presse, et qui défend notamment Le Monde. 3. Strauss-Kahn, Cantat… Un débat récurrentLe 15 mai 2011, des images tournent en boucle dans les médias américains : Dominique Strauss-Kahn apparaît à sa sortie de garde à vue du commissariat de Harlem, à New York, escorté par cinq policiers et menotté dans le dos sous les flashs des photographes. La veille, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) avait été arrêté par la police américaine, qui le soupçonnait d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre de l’hôtel Sofitel où il séjournait.Des images hors la loi au regard du droit français, mais pas aux Etats-Unis, où elles sont courantes, le premier amendement de la Constitution protégeant la presse au nom de la « liberté d’expression ».Si Dominique Strauss-Kahn n’a engagé aucune poursuite à l’encontre des médias télévisés qui avaient repris la séquence filmée, les chaînes s’étaient vu notifier une mise en garde par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), estimant que « le principe de la liberté d’expression et le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité humaine » et rappelant que la loi du 15 juin 2000 punit la diffusion d’une image faisant apparaître menottée ou entravée une personne qui n’a pas fait l’objet d’une condamnation.Les condamnations pour ce motif sont peu nombreuses. En 2004, le quotidien France Soir et les magazines Paris Match et VSD avaient été condamnés pour avoir publié des images de Bertrand Cantat, menotté, prises en Lituanie en août 2003. L’ex-chanteur de Noir Désir y avait été arrêté et condamné en mars 2004 pour le meurtre de sa compagne d’alors, Marie Trintignant. Les clichés avaient été diffusés avant sa condamnation. En 2007, ce sont trois journaux (Le Journal du dimanche, Metro et Le Nouveau Détective) qui avaient été condamnés pour des photos de l’acteur Samy Naceri menotté, alors qu’il n’avait pas encore été jugé.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.08.2015 à 13h49 | Alexis Delcambre Place aux programmes ! Ce mercredi 26 août à 9 heures, Mathieu Gallet a donné sa conférence de rentrée de Radio France. L’occasion de s’exprimer sur d’autres sujets que les tensions budgétaires de son entreprise ou ses relations délicates avec la ministre de la culture, Fleur Pellerin, ou les syndicats de la Maison ronde.Depuis le mois de mars, le jeune président a dû affronter une triple tempête. En interne, la mise au jour d’un trou dans le budget et la perspective d’un plan de départs ont entraîné une grève de vingt-huit jours, la plus longue de l’histoire de Radio France, qui a révélé les carences du dialogue dans l’entreprise. En parallèle, le protégé du CSA s’est violemment heurté à la ministre de la culture, qui lui a reproché son absence de projet.Enfin, une série de révélations dans la presse, notamment dans Le Canard enchaîné, ont entraîné l’ouverture au parquet de Créteil d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur des contrats passés par M. Gallet quand il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel.ParadoxeMais pour le moment, l’ancien conseiller de Frédéric Mitterrand Rue de Valois a survécu à cette conflagration. Le paradoxe étant que, sur le terrain des contenus, le bilan de la première saison de Mathieu Gallet apparaît positif. A commencer par les audiences des antennes, qui, la saison dernière, ont progressé, malgré l’effet de la grève du printemps.France Inter a repassé, l’hiver dernier, la barre des 10 % d’audience cumulée, et les choix de sa directrice, Laurence Bloch, en faveur d’une antenne plus ouverte et détendue, ont été validés. Malgré l’éviction en juillet de son directeur, Olivier Poivre d’Arvor, France Culture a atteint en 2015 un niveau d’audience record, tandis que France Info tente de réinventer son identité de chaîne d’information en continu en s’adaptant aux usages numériques.Il reste des chantiers, nombreux : le développement du réseau « Bleu », la relance de France Musique que va tenter Marc Voinchet, celle de Mouv’, actuellement en chantier, le destin de FIP, le développement de nouvelles activités, comme les spectacles ou, plus généralement, l’avenir de la radio dans un univers d’écrans. Il faudra à Radio France vivre une saison plus sereine pour les faire progresser. C’est le message que Mathieu Gallet a donné à ses troupes mercredi matin.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Sandrine Treiner, 50 ans, présente à France Culture depuis 2010, a été choisie, mardi 25 août, pour succéder à Olivier Poivre d’Arvor, évincé de la direction de la chaîne publique en juillet.Comment se porte France Culture, un mois et demi après l’éviction de votre prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor ?La chaîne s’est tout simplement remise à faire de la radio. L’année a été lourde pour les antennes, avec beaucoup de fatigue et de tensions accumulées. Cela nous a donné le désir de se remettre au cœur de notre pratique. Notre grille d’été a été marquée par de beaux moments de radio : des séries d’été, de grandes traversées... dans une sorte de calme après la tempête.Olivier Poivre d’Arvor est parti dans des conditions houleuses...Je suis arrivée à France Culture il y a cinq ans car il est venu me chercher. Je lui dois mon arrivée et les cinq années où j’ai appris ce qui me permet aujourd’hui d’être directrice. Nous formions une équipe très soudée, avec de bons résultats. Au-delà de la rupture avec Olivier Poivre d’Arvor, la confiance a été donnée à la continuité.Il y avait d’autres choix ?Je l’ignore, et j’ai passé l’été à travailler pour que l’antenne soit bonne.Comment voulez-vous désormais faire évoluer France Culture ?Ce qui est formidable dans notre chaîne, c’est qu’on sait qui on est, pourquoi on existe et pourquoi on fait ce qu’on fait. Cela nous autorise des pas de côté par rapport à nos champs identitaires. C’est ce qui éclaire nos choix pour cette rentrée. Ainsi le duo que forment entre 19 et 20 heures Martin Quenehen et Mathilde Serrell : d’un côté une voix présente depuis longtemps à l’antenne, et de l’autre quelqu’un venant bousculer cette évidence, issue d’un autre univers, plus jeune et décalé, celui de Radio Nova.Vous allez devoir vous passer de Marc Voinchet, qui quitte la matinale pour la direction de France Musique...Il ne pouvait en effet pas faire les deux ! Le succès de notre matinale est avant tout lié à notre approche distanciée de l’actualité. Si on prend du recul, nous avons eu un excellent matinalier avec Nicolas Demorand. Quand il est parti, Ali Baddou l’a remplacé et a renforcé la matinale. Puis ce fut au tour de Marc. Alors je n’ai pas de doute sur le fait que Guillaume Erner contribuera à développer encore ce rendez-vous. Il vient de France Inter mais il incarne pleinement l’esprit de France Culture, il a son brevet en sciences sociales et aime aussi vagabonder !Après avoir atteint un record, à 2,3 %, l’audience cumulée de France Culture a baissé au printemps, à 1,8 %. Inquiétant ?Nous avons été la station la plus touchée par la grève de mars-avril, en restant à l’arrêt 28 jours. Ils est donc normal que la mesure d’audience ait été touchée. En réalité, si on regarde la période de sondage Médiamétrie, après la grève, notre audience était remontée à un niveau comparable à celui de janvier/mars.A vos yeux, qu’a révélé cette grève si suivie à France Culture ?Avant tout un état d’inquiétude. Les médias sont des révélateurs de la société qui les entoure et nous avons été touchés à notre tour par la peur du déclassement. En interne, le conflit a montré la nécessité de revoir des éléments d’organisation, de circulation de l’information, d’association des personnels et des partenaires sociaux aux projets du groupe.Toute la direction s’est depuis attelée à améliorer les choses. Enfin, au delà de la question budgétaire, la grève a pointé la question du sens, qui agite tous les médias. Nous sommes en plein tournant, en train de définir ce que nous ferons dans vingt ans. Cela soulève naturellement des interrogations.Vous allez devenir directrice de chaîne dans une entreprise encore fragile, où un plan de départs volontaires se prépare, sous l’autorité d’un président parfois contesté... Vous avez hésité ?Le fait que la direction soit confiée à une femme qui a toujours été une auditrice de France Culture, qui a la passion de cette chaîne chevillée au corps, ça ne se discute pas. C’est un signal et j’y réponds avec enthousiasme. Je suis très attachée au service public. Nous avons un rôle à jouer dans la société actuelle et c’est ce qui compte. Et j’ai confiance dans l’avenir de cette maison.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est finalement la continuité qui prévaut à France Culture, un mois et demi après l’éviction houleuse de son directeur Olivier Poivre d’Arvor. L’actuelle directrice par intérim de l’antenne publique, Sandrine Treiner, a été nommée directrice, mardi 25 août. Ce sera donc elle qui présentera la nouvelle grille de la chaîne, mercredi, lors de la conférence de rentrée de Radio France.Sandrine Treiner, 50 ans, est présente à France Culture depuis 2010, comme conseillère de programmes puis directrice adjointe en charge des programmes. Elle était devenue directrice par intérim en juillet. Mais le président de Radio France, Mathieu Gallet, s’était donné le temps de la réflexion, en estimant que « France Culture intéresse des personnalités de talent ».Lire l'entretien :Mathieu Gallet : « On ne peut pas être dans la maison tout en la critiquant »Dans ses nouvelles fonctions, Sandrine Treiner devra accompagner la nouvelle grille de France Culture, marquée par le changement de voix de la matinale, où Guillaume Erner (ex-France Inter) remplace Marc Voinchet, devenu directeur de France Musique.Après une saison marquée par un record à 2,3 % d’audience cumulée en janvier-mars 2015, France Culture a reculé à 1,8 % au printemps, payant notamment la longue grève de Radio France. La chaîne doit également soutenir un développement numérique encore timide et désormais piloté par Florent Latrive (ex-Libération).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Chaîne emblématique de la construction européenne, Arte deviendrait-elle celle du combat contre les géants du Web ? C’est en tout cas sous ce signe que sa présidente, Véronique Cayla, a placé la nouvelle saison de la chaîne, lors d’une conférence de rentrée lundi 24 août.« Arte se veut un lieu de vigilance et de résistance », estime celle qui copréside la chaîne franco-allemande depuis 2011 et jusqu’à la fin de cette année. La menace, à ses yeux, ce sont ces algorithmes qui gouvernent les grandes plates-formes numériques, « réduisent les individus à des séries de données de plus en plus invasives » et « enferment chacun dans ses habitudes ».Un descriptif qui semble viser aussi bien les suggestions de programmes d’un Netflix, fondées sur une étude approfondie des consommations antérieures de l’abonné, les critères des résultats de recherche de Google ou les paramètres qui font qu’un contenu s’affiche dans un fil Facebook.La puissance de recommandation de ces grandes plates-formes est une source d’inspiration pour leurs concurrentes françaises, qui essayent d’individualiser leurs propositions de contenus. CanalPlay, la plate-forme de vidéo à la demande de Canal+, a ainsi lancé son propre outil de recommandation, Suggest. Dans son application Zoom, France Télévisions expérimente également une proposition de contenus inspirée des goûts de l’utilisateur.Une chaîne « civique et citoyenne »Sur les cinq sites d’Arte, revendique sa présidente, « la recommandation n’est pas automatique mais éditoriale et réfléchie ». Et de s’enorgueillir d’avoir diffusé au printemps la série documentaire « Do not track », consacrée à la traçabilité numérique : « Grâce à cette série, Arte contribue à une meilleure connaissance et à une meilleure maîtrise par le citoyen de l’utilisation qui est faite de ses données personnelles. »Reste que les bonnes intentions ont leurs limites. Arte.tv ne fait pas exception à l’usage des cookies, ces petits fichiers déposés sur les disques durs par les sites Internet visités. Sur sa page dédiée, le site explique utiliser vingt types de cookies différents. Il encourage la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux – Facebook, Google Plus, Instagram, Twitter – et les programmes d’Arte sont disponibles sur l’Apple TV.« Notre politique est d’aller toucher le public où il est, et donc nous travaillons avec ces plates-formes, mais en conservant notre liberté de penser », se défend Mme Cayla. Sur ce sujet, il faut pour elle « mobiliser les opinions publiques, seules capables d’ébranler les certitudes des géants du Net ». Une mission de taille pour une Arte qu’elle rêve « civique et citoyenne », contribuant à « l’émergence d’une introuvable opinion publique européenne ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Selon le Wall Street Journal du lundi 24 août, la Commission européenne, qui a déjà, au printemps dernier, formellement accusé Google de pratiques anticoncurrentielles sur son service Google Shopping, a récemment étendu son enquête. En ligne de mire, les contrats publicitaires signés par le géant américain du Web et ses pratiques consistant à reproduire du contenu de sites tiers.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesA en croire le quotidien américain, des sociétés ayant déposé plainte contre Google ont été contactées par Bruxelles pour répondre à un questionnaire concernant ces pratiques. Plus précisément, pour mettre à jour ce questionnaire, qui leur avait déjà été envoyé en 2010, au tout début du travail d’enquête de la Commission sur les agissements du groupe Internet.« Cette démarche n’a rien d’inattendu »L’information n’a pas été formellement confirmée, ni par Google, ni par la Commission, mais pas infirmée non plus. « La Commission n’a pas caché, ces derniers mois, qu’elle continuait à regarder de près trois autres comportements de Google : les copies du contenu d’autres sites qu’effectuait le groupe, les clauses d’exclusivité comprises dans ses accords avec ses partenaires publicitaires, des restrictions imposées à ses partenaires annonceurs concernant l’usage d’autres plates-formes de publicité », selon une source bruxelloise.« La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager avait dit [lors de sa prise de fonction], l’année dernière qu’elle voulait que ses équipes mettent à jour toutes les interrogations soulevées par son prédécesseur [Joaquin Almunia]. Donc, cette démarche n’a rien d’inattendu. Mme Vestager a aussi répété qu’elle n’excluait pas d’élargir l’investigation », explique une source européenne au Monde. « Donc, cette démarche paraît logique, elle relève peut-être même d’une forme de tactique pour maintenir la pression sur le groupe », ajoute cette source.De fait, Google n’a plus que quelques jours – d’ici au 31 août –, pour répondre par écrit aux accusations de la Commission, émises en avril, concernant le service en ligne Google Shopping.Google joue grosLe groupe est sous le coup d’une enquête européenne pour abus de position dominante depuis maintenant cinq ans, mais Bruxelles est passé à la vitesse supérieure, quand Mme Vestager a décidé d’envoyer cet acte d’accusation – ce Statement of Objections, dans le jargon communautaire –, centré sur Google Shopping, alors que son prédécesseur, M. Almunia, avait jusqu’à présent toujours évité cette étape cruciale de la procédure en tentant de trouver un compromis avec Google.Lire aussi :Google : un poids (très) lourd, mais quelques alternativesLe géant américain joue très gros avec cette affaire : si la Commission ne se satisfait pas de sa défense, si elle est convaincue que le groupe a enfreint les règles européennes en matière de concurrence, elle peut lui imposer une amende allant jusqu’à plusieurs milliards d’euros.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ancienne patronne d’Orange France, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Voici des extraits de l’entretien qu’elle a accordé au Monde.Quelle est votre ambition pour France Télévisions ?Je veux en faire une entreprise audiovisuelle du XXIe siècle. Cela veut d’abord dire assurer les missions essentielles : proposer des programmes innovants et une information de service public, mais, au-delà, je veux en faire une entreprise qui n’ait pas seulement des supports numériques, mais qui soit un vrai groupe numérique.Face à la mondialisation et à l’essor d’Internet, qui abolit les frontières pour le contenu, il y a un vrai enjeu pour la télévision publique en France : nous risquons de souffrir d’avoir un territoire tout petit face à des géants américains qui amortissent leurs séries sur des millions de téléspectateurs. Il faut donc aider à la production des contenus exportables et être moteur dans la coproduction européenne. Je regardais jeudi soir sur Arte « The Team », une série polar danoise, allemande et belge. Il n’y a aucune raison que le secteur audiovisuel français ne devienne pas plus puissant.Faire une chaîne d’information publique est une de vos priorités. Quel sera son apport face à BFM-TV ou i-Télé ?Dans un monde qui est en train de se fragmenter, où beaucoup de téléspectateurs ne font plus confiance à ce qu’ils entendent, nous voulons une chaîne qui aille plus loin que donner l’information. Et qui permette de comprendre, d’exposer des points de vue différents, d’éclairer et de décrypter, au-delà de l’information brute et parfois brutale qu’on peut voir sur les chaînes en continu.Pourquoi avoir nommé numéro deux de l’information Germain Dagognet, de TF1, qui n’était pas le choix de votre directeur de l’information ?J’ai choisi de nommer Pascal Golomer directeur de l’info. C’est important pour la rédaction d’avoir pris l’un des leurs, qui est reconnu et qui est un bon manageur. C’est le point le plus important. Après, je n’ai jamais caché mon projet de faire une chaîne d’information. J’ai souhaité que ce projet soit intégré à la rédaction. J’ai vu pas mal de monde pour la direction de l’information, et Germain Dagognet m’a paru avoir une bonne expérience, notamment celle d’une chaîne d’information en continu, à LCI. Il sera une ressource utile pour réussir ce projet, sous la direction de Pascal Golomer.Certains pensent que votre présidence est marquée à gauche : le président du CSA est un ancien socialiste, vous avez choisi un ex-écologiste comme directeur de cabinet, Stéphane Sitbon Gomez… N’est-ce pas prêter le flanc à la critique en vue de 2017 ?Je suis une femme d’entreprise, pas une femme politique. Je n’ai aucun marquage. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai défendu ma candidature. Et je crois que c’est aussi pour cela que le CSA m’a nommée : ma capacité à transformer une entreprise, dans un climat social apaisé. Quant à Stéphane Sitbon Gomez, je cherchais quelqu’un pour m’aider à relire mon projet et cela a été une rencontre. Il se trouve qu’il a un passé politique mais ce n’est pas cela qui m’a décidée.Lire l'intégralité de l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Elle a trouvé le temps long… Après six mois de campagne puis quatre mois de « tuilage » avec l’équipe en place, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, ancienne patronne d’Orange France, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Elle a mis un premier pied dans son bureau samedi, mais la passation de pouvoir a lieu ce lundi, à 10 heures, lors d’une prise de parole devant cent cinquante cadres dirigeants de l’entreprise d’audiovisuel public.Son arrivée à France Télévisions a donné lieu à beaucoup d’articles et de commentaires, mais l’intéressée ne s’est jusqu’ici pas exprimée. Elle est attendue. Le choix du Conseil supérieur de l’audiovisuel de la nommer, le 23 avril, a suscité des contestations (deux plaintes et deux recours au Conseil d’Etat demeurent). Depuis, au cours des quatre derniers mois, elle a consulté en interne et en externe — avec le lot de rumeurs afférent — pour former son équipe, dont elle officialise l’organigramme ce lundi.On y trouve des recrues externes (Stéphane Sitbon-Gomez, ancien directeur de cabinet de l’écologiste Cécile Duflot ; Vincent Meslet, directeur de France 2, venu d’Arte ; Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, issue du groupe TF1 et de France Télévisions ; ou Michel Field, directeur de France 5, ancien de LCI, Europe 1 et France Télévisions) et des promotions internes (dont Pascal Golomer, le directeur de l’information, remplaçant de Thierry Thuillier, ou Arnaud Lesaunier, le directeur des ressources humaines), ainsi que quelques confirmations de l’équipe précédente (Dana Hastier, directrice de France 3, ou Tiphaine de Raguenel, à France 4).Chaîne publique d’information en continuQuelques jours avant sa prise de fonction, une dernière nomination a créé des remous à la direction des rédactions de l’entreprise : celle de Germain Dagognet, ancien de TF1 et de LCI, souvent décrit comme homme de réseau. Il a été recruté comme numéro deux de l’information, alors que ce n’était pas le choix initial de Pascal Golomer. Le nouveau venu travaillera sous sa responsabilité et s’occupera du chantier de la chaîne publique d’information en continu que Delphine Ernotte veut lancer a depuis précisé son entourage. Un projet assez sensible, à deux ans de la présidentielle, mais central pour la nouvelle présidente, qui veut que cette chaîne soit lancée en septembre 2016 sur les supports numériques, et ensuite éventuellement sur un canal hertzien, ce qui n’est pas acquis.Delphine Ernotte a la chance — peut-être à double tranchant — de trouver un groupe qui se félicite ces derniers mois de ses bonnes audiences dans le domaine de l’information ou de la fiction. Mais plusieurs autres défis sont dans le projet de Delphine Ernotte : continuer la fusion des rédactions de France 2 et France 3 — une réforme déjà engagée, mais qui génère des oppositions en interne ; favoriser le dialogue social avec des « assises » de l’entreprise ; poursuivre le développement numérique ; faire de France Télévisions un fer de lance de la création audiovisuelle française, y compris à l’export. Tout en faisant face à des ressources publiques plutôt en baisse, ce qui suppose de faire encore des économies ou de trouver de nouvelles recettes, par la refonte de la redevance, la vente de droits de production ou la publicité. Delphine Ernotte se dit impatiente de prendre ses fonctions. Elle a de quoi s’occuper.@apiquardpiquard@lemonde.frRetrouvez l’entretien exclusif avec Delphine Ernotte-Cunci dans l’édition du Monde du mardi 25 août.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. 04.09.2015 à 18h34 • Mis à jour le05.09.2015 à 10h03 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Nouveau séisme chez Vivendi : Cécilia Ragueneau, directrice d’i-Télé, et Céline Pigalle, directrice de la rédaction du groupe Canal+, ont été débarquées, vendredi 4 septembre, par Vincent Bolloré, le tout puissant patron du géant des médias. L’ex-directeur de la rédaction de Direct 8, Guillaume Zeller, est nommé directeur de la rédaction de la chaîne d’info.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+Le journaliste et écrivain Philippe Labro, historique de la chaîne Direct 8, « sera aux côtés de Guillaume Zeller dans un rôle de conseil et lui apportera son expertise », précise un communiqué publié vendredi soir. « Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Canal+, est chargé de développer la chaîne d’info du Groupe Canal+ », lit-on encore.Selon nos informations, c’est vers 18 heures vendredi que MM. Thiery et Zeller ont informé la rédaction d’i-Télé lors d’un passage au sein de la chaîne. « C’est difficile, pas agréable, pas sympa », a reconnu M. Thiery, selon un témoin de la scène. « Mais il y a un nouveau projet et donc il faut un nouveau souffle, une nouvelle équipe et un nouveau nom [CNews], a-t-il justifié. On veut aller au-delà de tout ce qui a été fait. »Face aux interrogations des journalistes, notamment en matière de ligne éditoriale, le successeur de Bertrand Méheut à la tête de Canal+ a assuré que la chaîne resterait focalisée sur le « hard news », sans plus de précision. M. Thiery a également indiqué que le groupe entendait développer i-Télé, en particulier sur le numérique, et ne pouvait se satisfaire de voir sa concurrente BFM-TV la devancer en audience. Céline Pigalle a été longuement applaudie par ses troupes.Lire aussi :Sous Bolloré, un Canal+ « intégré » dans Vivendi« Sous le choc »Selon ce même témoin, un journaliste a posé une question sur le « profil » politique de Guillaume Zeller, rappelant que la rédaction d’i-Télé avait des valeurs « d’humanisme et d’objectivité ». Il n’a pas obtenu de réponse. « Thiery et Zeller n’avaient pas vraiment de projet. C’était hallucinant », raconte un salarié, décrivant une rédaction « sous le choc ».Diplômé de Sciences Po et titulaire d’un DEA d’histoire contemporaine, M. Zeller, 38 ans, a participé au lancement de Direct 8 en 2005. En 2007, il devient rédacteur en chef de Direct Soir avant d’être nommé directeur de la rédaction de Direct 8 en 2011 et du pôle digital du quotidien Direct Matin en 2012.Mais son profil intrigue au sein de la chaîne. Un salarié s’étonne ainsi que M. Zeller n’a jamais dirigé un média d’information puissant. Par ailleurs, c’est un spécialiste du catholicisme et de certains thèmes chers à la droite. Ancien chargé d’enquêtes au service historique de l’armée de terre, il a notamment publié Oran : 5 juillet 1962 (Tallandier), sur « l’immense chasse à l’homme anti-européenne commise le 5 juillet à Oran, journée la plus sanglante de toute la guerre d’Algérie, avec au minimum 700 pieds-noirs assassinés ». Ou La Baraque des prêtres, Dachau 1938-1945 (Tallandier), sur les religieux déportés. Ou encore Un prêtre à la guerre (Tallandier), avec l’aumônier des parachutistes de Montauban, dont certains membres furent tués par Mohamed Merah.i-Télé s’interroge sur son avenirM. Zeller a également été invité sept fois à l’antenne de Radio Courtoisie, une radio d’extrême droite, entre mars 2012 et avril 2015, pour y parler de ses livres, a pointé le site Streetpress. Il a également écrit trois billets pour le site Boulevard Voltaire, fondé par Robert Ménard, devenu élu du Front national et maire de Béziers. Notamment sur la déchéance du général Paul Aussaresses, qui avait avoué dans Le Monde avoir commis des tortures pendant la guerre d’Algérie. Streetpress évoque aussi son rôle de chroniqueur littéraire dans « Dieu Merci ! », une émission religieuse de Direct 8, où il explique par exemple que les « missions » d’évangélisation étaient, à l’origine, un « message d’amour ».A i-Télé, Mme Pigalle et Mme Ragueneau avaient, quant à elles, développé ces derniers mois un discours autour de valeurs pour se démarquer de la première chaîne d’information, BFM-TV, mêlant la recherche d’un recul contre l’immédiateté de l’information en temps réel et la défense d’un certain humanisme. BFM-TV, à l’inverse, est accusée de « jouer sur les peurs », ce qui sous-entendrait qu’elle favorise le FN. I-Télé s’était aussi distinguée en se séparant du polémiste très à droite Eric Zemmour.Plus largement, i-Télé s’interroge sur son avenir car les nouveaux dirigeants ne se sont pour l’instant pas exprimés sur leurs intentions pour la chaîne. Tout juste ont-ils fait comprendre qu’ils faisaient le constat qu’i-Télé restait distancée en audience par BFM-TV (autour de 1 point de part d’audience, contre 2 points environ pour BFM-TV). Et que la chaîne restait déficitaire.« Il ne faudra pas se faire endormir par l’argent »En interne, les équipes sont conscientes d’être loin derrière le leader en termes d’audience mais ont l’impression d’avoir parfois été plus réactives, lors des attentats de janvier notamment, et estiment manquer de moyens pour rivaliser avec BFM-TV.Sur ce point, M. Bolloré suggère qu’il pourrait investir davantage dans Canal+, en particulier en matière d’information : « Nous allons augmenter nos budgets d’investissements et les rendre transversaux entre les différentes chaînes, gratuites et payantes », écrit-il. Un discours susceptible de trouver un écho dans une partie de la rédaction. « Il ne faudra pas se faire endormir par l’argent », mettait néanmoins en garde un journaliste à la sortie de la réunion vendredi.A deux ans de la présidentielle s’ouvre une nouvelle ère pour i-Télé, avec un changement radical à sa tête. « On a besoin d’éclaircissement sur la suite et vite. C’est difficile de travailler dans ces conditions », déclarait un autre salarié. Dans un communiqué, la société des journalistes d’i-Télé a « fait part de sa vive émotion face à la brutalité du départ de Cécilia Ragueneau, directrice générale, et de Céline Pigalle, directrice de la rédaction », « rappelle son attachement aux principes intangibles d’une information libre, indépendante et objective » et « souhaite que la collaboration avec la nouvelle direction soit fructueuse et constructive ».Lire aussi :Drahi, Bolloré... Comment les médias français se recomposentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une information qui a fait le « buzz » dans le monde des médias. L’annonce, mercredi 26 août, d’un partenariat entre la chaîne d’information France 24 et le site Mashable a d’abord surpris : le mariage entre un média public dont la mission est d’incarner une vision française de l’information, et un pure player américain privé, technophile et fortement connecté aux réseaux sociaux, ne va pas de soi.Dans la foulée, une polémique s’est amorcée : est-ce le rôle d’un média public que d’aider un acteur étranger à s’implanter en France ? Comment l’opération est-elle financée ? Le directeur adjoint de Libération, Johan Hufnagel, s’est même fendu d’un édito, accusant l’Etat d’« uberiser » les sites d’information. « Voir débouler dans le jeu, – on le rappelle, le jeu est en l’occurrence un secteur en crise, au modèle économique en pleine réinvention – un entrant qui ne joue pas les mêmes règles que les autres modifie clairement la donne », écrivait-il, avant de s’écharper sur Twitter avec Sylvain Attal, directeur adjoint de France 24 chargé des nouveaux médias.Le Monde a interrogé Frédéric Bonnard, le directeur des nouveaux médias à France Médias Monde, sur les termes de ce partenariat, qui est encore en projet mais que l’entreprise publique, qui détient France 24, espère bien voir se concrétiser.Comment en êtes-vous venus à envisager un partenariat avec Mashable, qui semble a priori éloigné de votre positionnement ?Il y a environ un an, nous avons été contactés par Jim Roberts, le directeur éditorial de Mashable, qui cherchait un partenaire sur le sol français. Nous connaissions M. Roberts car il était notre interlocuteur quand il travaillait au New York Times et que France 24 fournissait des vidéos pour leur site. Mashable cherchait à prendre pied en Europe, avec un partenaire éditorialement compatible et bien implanté sur les réseaux sociaux. Ils étaient également intéressés par nos vidéos en anglais, qui peuvent leur permettre d’enrichir leur offre sur l’actualité internationale.Du côté de France 24, que peut apporter un Mashable ?Un de nos enjeux est de nous renforcer sur la génération connectée et de mieux comprendre ses usages, même si nous comptons déjà de nombreux suiveurs sur Facebook et que nous sommes diffusés en trois langues sur Youtube. Nous cherchons aussi à développer notre présence dans les pays anglophones. Nous avons de nombreux partenaires de syndication en langues française et arabe, mais un peu moins en anglais, malgré nos partenariats avec Yahoo! et MSN.Que voulez-vous faire ensemble ?Nous allons travailler à la construction d’un site Mashable en français pour les francophones. Ce site, encore à l’état de projet, proposera une sélection de contenus issus de Mashable, traduits et édités pour un public francophone, et des contenus de France 24 sur l’actualité internationale, réalisés dans des formats pensés pour les 18-25 ans, en s’adaptant à leurs modes narratifs. De son côté, Mashable reprendra certains de nos contenus sur son site en anglais.Comment comptez-vous financer ce projet ?Il sera financé à parts égales par les deux entreprises. De notre côté, nous avons sollicité le « fonds Google », qui nous a accordé, en juin, un financement de 980 000 euros, qui couvrira l’amorçage du projet. Ensuite, son exploitation sera couverte par la publicité. Nous évaluons le budget à un million d’euros par an environ, avec notamment une équipe éditoriale interne de six à huit journalistes.Que répondez-vous aux sites français qui redoutent un nouveau concurrent notamment sur le front publicitaire ?Aujourd’hui, l’ouverture à la publicité est d’un impact très limité et ne vise pas que la France. À l’échelle du groupe, nos ressources publicitaires sont de l’ordre de 5 millions d’euros par an, dont un peu moins d’un million sur le numérique.Avez-vous informé les pouvoirs publics de ce projet et quelle a été leur réaction ?Le projet est inscrit dans le contrat d’objectif et de moyens (COM) que nous sommes en train de négocier avec l’Etat. Tout a été fait dans la transparence et il ne demande pas de moyens nouveaux. Nous estimons que ce projet est conforme à notre mission, qui est de proposer un regard sur le monde avec une touche française. Dans ce cadre, ne pas chercher à communiquer avec les jeunes générations francophones serait un peu curieux.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.09.2015 à 14h16 Help us get the word out about our detained colleagues in Turkey. Share #freevicenewsstaff http://t.co/Od1XhrPVPl http://t.co/P279IGBxGX— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);La justice turque a ordonné, jeudi 3 septembre, la libération de deux reporters britanniques du site d’information Vice News, arrêtés pour « terrorisme ».Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été placés lundi en détention provisoire. Ils avaient été interpellés la semaine dernière, avec leur traducteur de nationalité irakienne, alors qu’ils couvraient les affrontements entre forces de sécurité et rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turquie. En revanche, leur traducteur n’a pas été libéré.Un tribunal de Diyarbakir, la grande ville du sud-est à majorité kurde du pays, les a formellement inculpés lundi de « participation à des activités terroristes » et incarcérés jusqu’à leur procès, suscitant de nombreuses critiques. Ils avaient été transférés dans la prison d’Adana en raison du manque de traducteurs anglophones.La justice turque leur reproche d’avoir entretenu des contacts avec des organisations telles que le groupe djihadiste Etat islamique (EI) et le PKK.Parmi les éléments à charge retenus par le juge figurent des images tournées par les journalistes montrant des jeunes militants proches du PKK en train de fabriquer des cocktails Molotov, ainsi que des carnets détaillant la structure du mouvement rebelle, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anatolie.Vice News, qui a nié ces accusations et exigé la libération immédiate de son équipe, a dénoncé leur transfert vers Adana.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médias Alexandre Piquard « Vincent Bolloré a été nommé président du conseil de surveillance de Groupe Canal +. » Le communiqué publié jeudi 3 septembre par Vivendi, sa maison mère, concrétise une nouvelle donne au sein du groupe audiovisuel. L’homme d’affaires breton sera désormais le nouveau capitaine de Canal + : il détiendra le pouvoir mais pourra aussi s’occuper de l’opérationnel, comme il a d’ailleurs commencé à le faire ces derniers mois. Déjà président du conseil de surveillance de Vivendi, M. Bolloré va s’investir personnellement et passer du temps à Issy-les-Moulineaux, au siège de la direction de la chaîne cryptée, où il aura désormais un bureau permanent, annonce-t-on dans son entourage.Des hommes de Vivendi et de BolloréDeux membres supplémentaires ont aussi été nommés pour « renforcer » le directoire de Groupe Canal + : Julien Verley et Jean-Christophe Thiery. Ce dernier assure désormais la présidence de la société, en remplacement de Bertrand Meheut, tandis que Maxime Saada, promu avant l’été, reste directeur général. Dominique Delport, dirigeant de l’agence Havas, prendra en sus la tête de l’entité de développement Vivendi Contents, a révélé La Lettre de l’Expansion.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+M. Thiery, patron de Bolloré Médias et de l’institut de sondages CSA, a accompagné le développement du groupe Bolloré dans les médias avec les chaînes Direct 8 et Direct Star, ou le quotidien gratuit Direct Matin. Enarque passé par le ministère des finances, il est apprécié des pouvoirs publics, estime-t-on à Vivendi, qui le présente comme une personne discrète, efficace et appréciant le consensus. C’est aussi un homme de confiance de M. Bolloré. M. Verley, lui, a rejoint Groupe Canal + comme directeur général adjoint chargé des finances en 2006 et dirige, depuis fin 2012, NC +, la filiale de l’entreprise en Pologne.« L’équipe de Vivendi va s’impliquer chez Canal dans les responsabilités fonctionnelles », a ensuite précisé Vincent Bolloré dans une lettre aux salariés de Canal +, publiée par Puremedias :« Ainsi Frédéric Crépin, Secrétaire général de Vivendi, devrait aussi devenir Secrétaire Général de Canal ; Vincent Vallejo, Directeur de l’Audit de Vivendi devrait aussi devenir Directeur de l’Audit de Canal ; Mathieu Peycere, DRH de Vivendi, devrait aussi devenir DRH de Canal; Stéphanie Ferrier, Directrice des services généraux de Vivendi, devrait aussi devenir Directrice des services généraux du groupe Canal. »Guillaume Zeller, ancien rédacteur en chef de Directmatin.fr, va rejoindre Vivendi pour développer les « news », Thierry Cheleman, directeur des sports et du théâtre et spectacle vivant chez D8, « va couvrir le sport », et Didier Lupfer, ex-Ubisoft Motion Pictures, le cinéma, ajoute enfin M. Bolloré.Nuit du rugby, Canal Olympia...Le message de cette réorganisation est clair : Groupe Canal + est désormais « intégré » à Vivendi. Fini les « Etats dans l’Etat », les « silos » et autres « citadelles », tout le monde doit travailler ensemble. Tel est le refrain de la nouvelle direction. Une page se tourne après l’ère du tandem Bertrand Meheut-Rodolphe Belmer, qui, depuis 2002, dirigeait sans se soucier de Vivendi, d’Universal Music ou de SFR (revendu depuis).Pour illustrer cet état d’esprit « group first », on cite à Vivendi quelques exemples : la « Nuit du rugby », une opération prévue en novembre. Diffusée sur Canal +, elle concerne un sport retransmis toute l’année sur la chaîne et aura lieu à l’Olympia, propriété de Vivendi, qui en assurera aussi la billetterie, via Digitick.Le groupe annonce aussi pour le 26 septembre, à Conakry en Guinée, la pose de la première pierre de « Canal Oympia », une salle qui doit accueillir un grand concert d’artistes Universal Music retransmis sur Canal + et sur la plateforme Dailymotion. L’événement sera aussi promu sur les chaînes africaines du groupe, dont A +, dédiée à un continent jugé crucial pour l’avenir de Vivendi. Plusieurs salles de ce type doivent d’ailleurs être construites en Afrique francophone.Le crypté et le divertissement d’abordAu passage, M. Bolloré annonce que la part de l’antenne en clair sera réduite. Elle sera principalement sur les chaînes gratuites du groupe, qui seront rebaptisées C8 - C17 - CNews de Canal (ex-D8, D17 et I-Télé)Vivendi investit aussi dans la production de programmes de flux – c’est-à-dire des émissions qui ne sont pas stockées comme les séries ou le cinéma, et qui font l’objet d’une concurrence croissante avec des plateformes comme Netflix. « Le flux crypté et le divertissement ont vocation à devenir un nouveau pilier de Groupe Canal + », estime M. Saada. Dans ce cadre, Vivendi est entré, mercredi, en négociations exclusives pour devenir un partenaire minoritaire du groupé créé par la fusion entre Banijay et Zodiak, producteurs de « Touche pas à mon poste » ou de « Koh Lanta ». Lire aussi :Vivendi s’invite dans la fusion Banijay-ZodiakVivendi veut enfin s’internationaliser. Si Canal + a perdu 117 000 abonnés ce semestre en France, la chaîne en a gagné 293 000 à l’étranger, selon Le Figaro. La diffusion par Internet est vue comme un moyen de distribuer les contenus partout dans le monde, tout comme les partenariats locaux avec des opérateurs de télécommunications (comme Telefonica ou Telecom Italia). Vivendi dispose enfin d’un dernier atout : les acquisitions. Le groupe dit disposer de 9 milliards d’euros de trésorerie.« Je dirai enfin que l’arrogance n’est pas un comportement qui permet d’avancer », écrit M. Bolloré en conclusion de sa lettre, au cas où certains n’aient pas saisi le message.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une petite phrase nichée dans le communiqué de presse des résultats semestriels de Vivendi, publié mercredi 2 septembre : le groupe de médias « est entré en négociations exclusives pour devenir un partenaire minoritaire du futur troisième groupe mondial de création de programmes de flux qui résultera du rapprochement entre Banijay et Zodiak ».Contacté, Vivendi ne souhaite pas donner plus d’éléments tant que ces négociations ne sont pas achevées. Mais si elles débouchent, elles ouvriront le groupe à un métier nouveau, les programmes de flux, aux côtés de ses activités actuelles (la télévision avec Groupe Canal+, la production de films et séries avec StudioCanal, la musique avec Universal Music Group, le numérique et les spectacles avec Vivendi Village).Créée en 2008 par l’ex-patron d’Endemol France, Stéphane Courbit, Banijay rassemble notamment Air Productions, la société de production de Nagui, et H2O, la société de Cyril Hanouna, qui produit « Touche pas à mon poste » pour D8. Elle produit aussi des émissions de téléréalité comme « Les Ch’tis » pour W9. En France, Banijay est devenue l’an dernier numéro un des producteurs d’émissions de « flux ».Zodiak Media, contrôlée par l’Italien De Agostini (qui détient aussi 17 % de Banijay), est notamment propriétaire en France d’ALP (« Fort Boyard », « Koh-Lanta ») et KM, qui, jusqu’ici, produisait « Le Grand Journal » pour Canal+.Les deux sociétés ont annoncé leur fusion le 29 juillet, pour donner naissance à un ensemble d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, troisième mondial derrière Endemol-Shine Fremantle.Lire aussi :Production télé : la concentration continue avec la fusion Zodiak-BanijayLe renforcement des programmes de flux, notamment en crypté, est un des axes stratégiques du nouveau Canal+ que façonnent le président du directoire de Vivendi, Vincent Bolloré, et le nouveau directeur général de Canal+, Maxime Saada, pour qui « le flux crypté et le divertissement ont vocation à devenir un nouveau pilier de Canal+, aux côtés du cinéma, des séries et du sport ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le projet de lancement d’une chaîne publique d’information en continu est loin de faire l’unanimité dans le monde de l’audiovisuel. C’est même une « folie », a lancé Alain Weill, le président du groupe NextRadio TV, qui détient BFM-TV, la chaîne leader du créneau de l’info en continu. Il réagissait à l’accord annoncé, mardi 1er septembre, entre la nouvelle présidene de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son homologue de Radio France, Mathieu Gallet, en vue de collaborer à la création d’une chaîne publique prévue pour septembre 2016.Interrogé mercredi lors de la conférence de rentrée de son groupe, M. Weill a estimé qu’« il n’y a pas de place pour une nouvelle chaîne d’information en continu » en France. « Nous sommes le seul pays occidental où il y a quatre chaînes d’information gratuites. Dans le modèle gratuit, il faut une audience minimum, sinon on n’est pas viables. S’il y a trop de chaînes d’information, elles seront toutes pauvres. Au final, il y aura des fusions. Ce n’est pas un problème de marché publicitaire mais de parts d’audience. » « Il y a aujourd’hui deux chaînes d’information en continu en France (BFM-TV et Itélé) et seule la nôtre est bénéficiaire », a-t-il ajouté.Le lancement d’une chaîne du service public aurait pour effet, selon le président de NextRadio TV, de ramener le modèle des chaînes d’information en continu dix ans en arrière, « sans reportage et juste avec des gens autour d’une table, un peu comme en Allemagne ». Et les perdants, pour Alain Weill, seront les téléspectateurs.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continuFleur Pellerin « très favorable » au projetSi, dans l’immédiat, cette nouvelle chaîne devrait être destinée aux ordinateurs, aux téléphones mobiles et aux tablettes, la présidente de France Télévisions n’a pas écarté un lancement à terme sur le réseau hertzien, via un canal TNT. Cela nécessiterait l’aval de l’Etat actionnaire. « J’en appelle au Conseil supérieur de l’audiovisuel et à l’Etat », a lancé mercredi M. Weill.Le gouvernement reste prudent sur la question de la diffusion mais la création d’une chaîne d’information émanant du service public est devenue cette année une intention gouvernementale.Interrogée par France Info mercredi matin, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, s’est dite « très favorable » à un tel projet, soulignant qu’il « va tout à fait dans le sens des orientations [qu’elle] avait tracées pour France Télévisions ». Il permettrait une « mutualisation des moyens », à l’heure où les ressources des entreprises de l’audiovisuel public sont sous tension.Cet accord conclu entre les deux entreprises publiques ne convainc pas non plus tout le monde au sein de Radio France. Car depuis plusieurs mois, l’ambition de France Télévisions de développer une « chaîne d’information numérique » suscitait la circonspection, voire l’hostilité de ses homologues de l’audiovisuel public, à commencer par France Info.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueUn projet pas indispensableA l’origine radio d’information en continu, celle-ci a engagé une mue qui doit en faire un « média global », distribué sur le numérique et mêlant du son, des images et du texte. Soit une offre assez proche de ce que pourrait être une « chaîne d’information numérique » issue de France Télévisions.Lire aussi :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »« On a un déficit et un plan de suppression de 350 postes mais on doit donner un coup de main à France Télé », a ironisé, mardi, le Syndicat national des journalistes de Radio France sur Twitter. « Quel est l’intérêt pour Radio France ? », interroge un communiqué de son intersyndicale, mercredi, qui évoque une « filialisation ». « Que veut-on faire de France Info, de son projet, de ses journalistes ? » ajoute-t-il encore.France 24, diffusée à l’étranger mais également partout via le web, était aussi plutôt réservée sur le projet lancé par France Télévisions. Afin de surmonter ces critiques, Mme Ernotte et M. Gallet se sont montrés désireux « d’associer » à ce projet les autres acteurs de l’audiovisuel public, comme RFI ou France 24 justement.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nabil Wakim (Un débat animé par) //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']);Opéra Bastille - StudioLe 26/09/2015, 12h00 à 13h30Traduction simultanée Réservez vos places //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique « Les sciences sociales ne jouent plus leur rôle de contre-pouvoir » Dialogue entre Thomas Ostermeier et Denis Podalydès La culture, un supermarché de produits et d’événements ?tous les articles de la thématique« Le Monde » organise une table ronde sur l’avenir des médias à l’heure du numérique. Un débat animé par Nabil Wakim dans le cadre du Monde Festival, le samedi 26 septembre de 12 heures à 13 h 30 à l’Opéra Bastille.La révolution numérique n’a pas tué la presse, elle l’a transformée. En vingt ans, Internet a changé le visage des médias, la manière de travailler des journalistes et les habitudes des lecteurs.D’abord inquiets face à l’émergence du Web, perçu comme une menace pour leur modèle économique, de nombreux médias ont pris avec retard le virage numérique, essayant aujourd’hui de renouer avec leurs lecteurs et de construire un nouvel équilibre économique. Les journalistes ont vu leurs pratiques modifiées en profondeur par la réactivité du réseau, la puissance de l’image et les réseaux sociaux.Les lecteurs sont devenus acteurs et commentateurs de l’information, depuis leur lieu de travail, via l’écran de leur smartphone ou de leur ordinateur. Ils sont aussi devenus l’objet de toutes les attentions des médias, qui scrutent leurs comportements en ligne et leurs centres d’intérêts.Toute la chaîne de l’information, de la production a la diffusion a été bouleversée. Comment les médias s’adaptent-ils à cette évolution à grande vitesse ? Quel impact cela a-t-il sur les choix éditoriaux ? Et sur la manière de travailler des journalistes ?IntervenantsLaura McGannLaura McGann est rédactrice en chef en charge de la politique à Vox.com, le dernier né des « pure players » américains, membre du groupe Vox Media. Elle a été rédactrice en chef adjointe de Politico, et a été journaliste au Nieman Lab, site de référence sur l’évolution des médias à l’ère numérique.Kevin SutcliffeKevin Sutcliffe est le directeur de l’information pour la zone Europe de Vice News. Avant de rejoindre le site d’informations en ligne en 2013, ce journaliste britannique a été producteur d’émissions de grand reportage et d’investigation pour Channel 4 et à la BBC. Il a donc l’expérience des médias traditionnels aussi bien que des « pure players ».Siddharth VaradarajanDirecteur jusqu’en 2013 de The Hindu, l’un des principaux quotidiens indiens de langue anglaise, Siddharth Varadarajan, 50 ans, a lancé cette année un nouveau portail Internet d’information, The Wire. Fin connaisseur du secteur de l’information dans les pays émergents comme dans les pays développés, il a enseigné dans plusieurs universités américaines, notamment à Berkeley et Yale.Wolfgang BlauWolfgang Blau est le directeur de la stratégie digitale du Guardian depuis 2013. Cet Allemand de 48 ans a été journaliste indépendant basé aux Etats-Unis pendant dix ans avant d’être nommé, en 2008, rédacteur en chef du site en ligne de l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Par Nabil Wakim (Un débat animé par) 01.09.2015 à 18h55 • Mis à jour le02.09.2015 à 15h57 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Officiellement, il leur a suffi d’un déjeuner, mardi 1er septembre, pour tomber d’accord. « Delphine Ernotte Cunci, PDG de France Télévisions, et Mathieu Gallet, PDG de Radio France, se sont accordés pour travailler ensemble sur le projet d’une chaîne d’information en continu, commune à France Télévisions et à Radio France » : les deux entreprises publiques se sont immédiatement fendues d’un communiqué commun, mardi en fin de journée. Mercredi matin, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, invitée de France Info, s’est dit « très favorable » à un tel projet.Depuis plusieurs mois, l’ambition de France Télévisions de développer une « chaîne d’information numérique » suscitait la circonspection, voire l’hostilité de ses homologues de l’audiovisuel public, à commencer par France Info. A l’origine radio d’information en continu, celle-ci a engagé une mue qui doit en faire un « média global », distribué sur le numérique et mêlant du son, des images et du texte. Soit une offre assez proche de ce que pourrait être une « chaîne d’information numérique » issue de France Télévisions, elle aussi distribuée, donc, sur le numérique et proposant probablement une combinaison de flux, de textes et d’images. De son côté, France Médias Monde opère déjà, avec France 24, une chaîne d’information en continu, diffusée principalement hors de France, mais bien présente sur le Web.Une attente de l’exécutifOr, la création d’une chaîne d’information émanant du service public est devenue cette année une intention gouvernementale. Elaborée sous l’égide de Bercy et du ministère de la culture, la feuille de route pour le futur président de France Télévisions, publiée au printemps, comprenait l’idée de renforcer l’offre d’information, avec la volonté d’offrir davantage de décryptage et de compréhension. La forme était laissée libre, mais le message semblait inviter au lancement d’une chaîne d’information. Le gouvernement, parfois mal à l’aise avec le rythme et le style imposés par BFM-TV ou i-Télé, y voit un enjeu démocratique dans le contexte de l’après-attentats de janvier. Et, comme l’a rappelé Mme Pellerin mercredi, l’exécutif défend une « mutualisation des moyens », à l’heure où les ressources des entreprises de l’audiovisuel public sont sous tension.L’attente gouvernementale avait été devancée par la précédente équipe de direction de France Télévisions, dont le directeur de l’information, Thierry Thuillier – désormais chez Canal+ –, annonçait en décembre 2014 le lancement d’une chaîne d’information numérique pour septembre 2015. Outre la vision éditoriale, il s’agissait de répondre à des enjeux internes. L’entreprise publique mène actuellement une fusion de ses rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) dans le cadre du plan « Info 2015 ». Créer un espace de travail commun, dépassant les canaux actuels et répondant à une ancienne attente, est un levier évident pour aider à surmonter les vives résistances internes.Outre Delphine Ernotte, la plupart des candidats à la présidence de France Télévisions s’étaient accaparés cette idée. La nouvelle PDG a récemment répété, dans un entretien au Monde, son intention de créer une chaîne d’information en continu diffusée sur le numérique, voire sur un canal hertzien. Suscitant immédiatement la riposte de ses homologues : « France Info est là depuis trente ans », rétorquait Mathieu Gallet, tandis que la présidente de France Médias Monde, Marie-Christine Saragosse, lançait : « Une chaîne d’info télé de service public, il y en a une, c’est France 24. »Lire l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Saragosse devant le fait accompliDelphine Ernotte Cunci et Mathieu Gallet – tous deux liés au conseiller en communication Denis Pingaud – ont donc décidé d’éviter cette guerre de tranchées potentielle, qui n’aurait été utile ni à l’un, ni à l’autre. L’heure est à l’apaisement et à la concorde affichée. « Le projet sera confié à Germain Dagognet, directeur délégué à l’information de France Télévisions, et à Laurent Guimier, directeur de France Info », explique le communiqué. Ancien rédacteur en chef de LCI, M. Dagognet vient d’être recruté chez France Télévisions.Bons élèves, les deux présidents se disent « ouverts et désireux d’associer les autres acteurs de l’audiovisuel public ». Potentiellement, le sujet concerne France Médias Monde, mais aussi La Chaîne parlementaire et Public Sénat, voire Arte, l’INA et TV5 Monde. « Dans le contexte budgétaire qui est le nôtre, le bon sens commande a minima que la seule chaîne d’info télé de service public déjà financée depuis neuf ans soit associée à la réflexion, qui en est à un stade très exploratoire », a indiqué au Monde Marie-Christine Saragosse. Celle-ci a rencontré Delphine Ernotte cet été mais n’avait pas été informée de la démarche de ses homologues...La position des syndicats, qui sont influents à France Télévisions comme à Radio France, sera aussi scrutée avec attention. « On a un déficit et un plan de suppression de 350 postes mais on doit donner un coup de main à@Francetele », a ironisé, mardi, le SNJ de Radio France sur Twitter. « Quel est l’intérêt pour Radio France ?, interroge un communiqué de son intersyndicale, mercredi, qui évoque une « filialisation ». Que veut-on faire de France Info, de son projet, de ses journalistes ? »Du côté de France Télévisions, le projet de chaîne d’information est plutôt perçu comme un signe d’ambition. Mais le spectre des « mutualisations de moyens », déjà au cœur de l’opposition au projet « Info 2015 », risque d’inquiéter davantage encore si cette mutualisation concerne désormais plusieurs rédactions de l’audiovisuel public.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 19h29 • Mis à jour le01.09.2015 à 15h51 | Alexandre Piquard Une dirigeante en poste depuis une semaine face à trente-cinq journalistes… Le déjeuner de Delphine Ernotte en compagnie de l’Association des journalistes médias (AJM), lundi 31 août, pouvait faire figure d’oral piégeux. Pour la présidente de France Télévisions, c’était la première apparition publique depuis sa nomination, fin avril. Alors que certains disaient cette ingénieure de formation assez peu charismatique, elle a surpris son auditoire par son franc-parler. Quitte à ce que ce volontarisme frise parfois la naïveté, dans un secteur toujours assez politique.« En matière de ressources, je demande fromage et dessert », a déclaré Mme Ernotte en milieu de repas : elle espère obtenir à la fois l’extension de la redevance aux ordinateurs et aux smartphones et le retour partiel de la publicité entre 20 heures et 21 heures. La « petite phrase » symbolise son approche assez directe sur deux dossiers sensibles, déjà défendus par son prédécesseur.« Il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques »La présidente serait favorable à une « réforme à l’allemande » de la contribution qui finance l’audiovisuel : la déclaration serait, par défaut, précochée pour signaler que le foyer possède un moyen de recevoir la télévision, analogique ou numérique. « On pourrait aller jusqu’à fiscaliser », pour rendre le montant progressif en fonction des revenus, a-t-elle ajouté. Avec toutefois ce bémol : augmenter les taxes ou les contributions n’est pas en vogue dans le gouvernement… « Sur ces sujets, il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques. Ce n’est pas à moi d’en débattre… », a-t-elle reconnu.« Je n’ai besoin de l’autorisation de personne pour lancer une chaîne d’information sur le numérique », a aussi déclaré Mme Ernotte, alors qu’on la relançait sur les propos de la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, selon lesquels « la décision de lancer ce projet n’a pas encore été prise ». La phrase presque bravache était paradoxalement une façon de dire qu’obtenir le droit de diffuser cette future chaîne sur un canal de la télévision numérique terrestre (TNT) n’était pas un « préalable ».La nouvelle présidente de France Télévisions s’est posée en femme simple, prenant un langage décontracté : « Netflix, l’exception culturelle française, ils s’en battent la cravate ! » « Mettre des contenus sur YouTube, cela s’appelle danser avec le diable. Mais je ne ferme pas la porte. » « Le modèle des diffuseurs français se casse la gueule. »Parfois décrite comme novice de la télévision car venue d’Orange, Mme Ernotte s’est aussi montrée très sûre d’elle : « Qu’on dise que j’ai un super-réseau, ça me va », a-t-elle répondu à propos des « aides » dont elle aurait bénéficié pour sa nomination – contestée – par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. « Je n’ai pas peur. Gérer des contraintes, financières et humaines, c’est mon métier. » Taquinée sur l’idée de faire un second mandat, elle a glissé, en souriant, qu’elle aurait « l’âge pour en faire trois ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 03h46 • Mis à jour le01.09.2015 à 00h06 Deux journalistes britanniques du groupe de presse Vice News ont été inculpés par la justice turque pour activités terroristes, lundi 31 août. Leur traducteur, qui avait également été arrêté, est poursuivi du même chef. Les trois hommes ont été placés en détention, dans l’attente de leur procès. Le chauffeur du groupe a en revanche été libéré.Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été interpellés jeudi soir dans le district de Baglar, dans la province de Diyarbakir, où ils filmaient les combats entre les forces turques et les combattants séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ils sont accusés de « participer à des activités terroristes » pour le compte du groupe Etat Islamique (EI). Les journalistes ont rejeté les accusations portées à leur encontre, en présence de leurs avocats.« Accusations effrayantes »« Aujourd’hui le gouvernement turc a porté des accusations effarantes et infondées (...) à l’encontre de trois reporters de VICE News, dans une tentative d’intimidation et de censure de leur témoignage », a réagi Kevin Sutcliffe, directeur Europe des programmes d’information de Vice News, lundi soir.La veille, le groupe avait déclaré être en contact avec les autorités compétentes pour obtenir la libération de ses journalistes. « Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, PEN International et de nombreux autres ont appelé à ce que ces fausses allégations soient abandonnées et à la libération immédiate du groupe de journalistes. »"We ask for justice and the immediate release of journalists doing their jobs." http://t.co/uh86SyXWos— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);Amnesty International a appelé à la libération « immédiate » des journalistes, qualifiant les accusations à leur encontre de « scandaleuses et étranges ». 17.09.2015 à 14h37 • Mis à jour le17.09.2015 à 14h51 La cour d’appel de Paris a confirmé, jeudi 17 septembre, la condamnation à 10 000 euros d’amende de Jean-Marie Molitor, directeur du journal Minute, pour avoir comparé la garde des sceaux, Christiane Taubira, à un singe.La couverture de l’édition du 13 novembre 2013 de l’hebdomadaire d’extrême droite présentait une photo de la ministre de la justice accolée du titre « Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane ». Une plainte avait été déposée par SOS Racisme et la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), ainsi que par le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP).La condamnation de première instance confirméeLe journal avait été condamné en première instance à 10 000 euros d’amende pour « injure à caractère racial », mais le parquet, qui avait également requis trois mois de prison avec sursis, jugeait la peine trop clémente et avait fait appel en novembre 2014. Frédéric Pichon, l’avocat du directeur de l’hebdomadaire, avait alors dénoncé un « acharnement ». « Le ministère public est un petit soldat servile, aux ordres de son supérieur hiérarchique », avait-il ajouté.Mme Taubira avait déjà été la cible de propos racistes du même acabit, de la part d’une jeune fille lors d’une manifestation d’opposants au mariage homosexuel ou encore d’une ex-candidate Front national aux municipales dans les Ardennes, Anne-Sophie Leclère, qui a été condamnée à neuf mois de prison ferme en juillet 2014. 17.09.2015 à 10h44 • Mis à jour le17.09.2015 à 16h58 | Sarah Belouezzane Patrick Drahi n’aura pas mis bien longtemps pour se trouver une nouvelle proie, après l’échec de sa tentative de rachat de Bouygues Telecom. Jeudi 17 septembre, son groupe, Altice – la maison mère du groupe français Numericable-SFR –, a annoncé le rachat de Cablevision pour 17,7 milliards de dollars (15,6 milliards d’euros), dette comprise.Les marchés avaient été prévenus. Au lendemain de son échec pour s’emparer de l’opérateur français, M. Drahi, interrogé sur ses intentions, avait lancé :« Quant aux 10 milliards que je n’ai pas dépensés, ne vous inquiétez pas, mes équipes sont déjà reparties sur le terrain pour trouver des cibles. »L’homme d’affaires, qui compare le secteur des télécoms à un jeu de flipper puisque de son aveu même « tant qu’il y a des boules » il « joue encore », a donc choisi de faire mouvement aux Etats-Unis. Accrochant une nouvelle cible à son tableau de chasse.Une boulimie d’acquisitions que rien n’arrête…En un an, Patrick Drahi a réalisé pas moins de quatre grosses acquisitions – en dehors des médias – pour une valeur totale de presque 50 milliards d’euros. Il y a d’abord eu SFR, son trophée, raflé au nez et à la barbe de Bouygues Telecom en avril 2014 pour 17,4 milliards d’euros au total. Puis Portugal Telecom, acquis en décembre de la même année pour 7,4 milliards d’euros. En mai, c’était Suddenlink, le 7e câblo-opérateur américain qui tombait dans l’escarcelle du milliardaire franco-israélien pour 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, M. Drahi vient donc d’ajouter Cablevision à son palmarès.… même pas les échecs ?En juin 2015, Bouygues Telecom rejette les nouvelles avances de M. Drahi. Quelques mois auparavant, on avait prêté au « tycoon » l’intention de s’emparer du géant américain Time Warner Cable.Une croissance au prix d’un fort endettement L’opération Cablevision est financée en grande partie par du passif : 14,5 milliards de dollars de dette, dont la reprise des 7,7 milliards de passif que porte déjà Cablevision. En clair, cela signifie que pour finaliser l’acquisition, Altice doit encore lever un peu moins de 7 milliards de dette. Il apportera 3 milliards de dollars en numéraire, financés par une augmentation de capital. A l’issue de cette transaction, le niveau d’endettement du groupe de M. Drahi atteindra 42 milliards d’euros selon nos estimations. A titre de comparaison, la dette d’Orange tourne autour de 27 milliards d’euros.Un tel passif est-il tenable ?« Pour l’instant, les marchés y croient et suivent », commente un analyste. En début de séance à Amsterdam, le titre Altice gagnait plus de 10 %. Plusieurs éléments expliquent cette confiance. D’abord, des taux d’intérêt historiquement très bas. Beaucoup estiment donc qu’il s’agit du moment ou jamais pour investir massivement. « L’argent n’est pas cher, et ils auraient vraiment tort de ne pas en profiter », commente un expert du secteur. Surtout lorsqu’il s’agit de se positionner sur des actifs en croissance comme le câble et le très haut débit fixe.Lire aussi :Patrick Drahi, « chouchou » des marchés de la detteEnsuite, pour les investisseurs, ce n’est pas tant le niveau d’emprunt qui compte que le ratio dette sur excédent brut d’exploitation. Or, pour les marchés, qui sont plus indulgents vis-à-vis du passif des « câblos », celui d’Altice est encore tenable, même avec la récente acquisition. Il atteint 5, le niveau maximal que la holding de Patrick Drahi s’était fixé. Un niveau encore légèrement inférieur à celui qu’affiche Liberty Global, le groupe de John Malone, dont le ratio tourne autour de 5,2.« La dette grossit mais les marges grossissent avec elle, explique Dexter Thillien, de BMI Research, d’autant qu’il s’agit d’une industrie en croissance capable de dégager des flux de trésorerie et donc de faire remonter des fonds pour rembourser les créanciers. »Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.09.2015 à 17h31 • Mis à jour le15.09.2015 à 19h28 | Daniel Psenny « Evasion fiscale : une affaire française », l’enquête sur le Crédit mutuel censurée par Vincent Bolloré, le patron de Canal+, sera finalement diffusée le 7 octobre vers 23 heures sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction » sous le titre « Evasion fiscale : enquête sur le Crédit mutuel ».Ce documentaire qui contient des révélations embarrassantes pour la banque mutualiste qui a aidé M. Bolloré à prendre le contrôle de Vivendi, maison-mère de Canal+, aurait dû être diffusé sur la chaîne cryptée le 18 mai dans le magazine « Spécial Investigation ». Mais, au dernier moment, M. Bolloré avait demandé à Rodolphe Belmer (ex-directeur général du groupe viré sans ménagement début juillet) qu’il soit retiré de la programmation. Une censure qui ne cachait pas son nom.Lire aussi :Canal+ : Bolloré accusé d’avoir censuré un documentaireLes droits détenus par Canal+Quelques jours après sa prise de fonction fin août, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait annoncé que ce documentaire censuré serait diffusé sur France 3. Cela a pris un peu de temps en raison de problèmes de droits qui ne sont d’ailleurs toujours pas réglés. En effet, Canal+ qui, l’an dernier, a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du Grand Journal viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production, contrôlée par le groupe Banijay dont M. Bolloré est aussi actionnaire… Ce serait alors une autre manière de bloquer la diffusion de ce documentaire.Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Malgré tout, lundi 14 septembre, France 3 a décidé de diffuser le documentaire avec le risque d’un recours juridique de la part de Canal+. A la demande des responsables de « Pièces à conviction », les deux auteurs Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi ont remonté le film auquel ils ont pu ajouter plusieurs minutes.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Delphine Ernotte n’a pas tardé à tirer les conséquences de l’arbitrage gouvernemental sur le financement de l’audiovisuel public, rendu dimanche 13 septembre. Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication, a annoncé une légère augmentation de la redevance et une progression de la taxe sur les opérateurs de télécommunications, mais écarté un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions.Cet arbitrage « ne permettra pas d’augmenter à court terme les ressources de France Télévisions et je le regrette », a écrit la présidente de l’entreprise publique dans un message interne, lundi. Elle a également envoyé lundi une lettre aux administrateurs de l’entreprise dans laquelle elle prévoit « un déficit prévisionnel pour 2016 de l’ordre de - 50 millions, malgré la prise en compte d’hypothèses d’économies par rapport à 2015 », selon Le Figaro qui cite ce courrier.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteProbablement pas d’Euro 2016Mme Ernotte a toujours indiqué qu’elle poursuivrait les efforts de maîtrise budgétaire menés par son prédécesseur. « Je vais m’attacher avec les équipes à construire un plan d’économies à l’exclusion de tout plan de départs », précise-t-elle dans son message interne. La préparation du budget 2016 va donc se faire en essayant d’identifier des poches d’économies nouvelles.D’ores et déjà, certains investissements semblent promis à être écartés. Selon nos informations, France Télévisions n’entendrait pas se positionner pour acquérir les droits de codiffusion d’onze rencontres de l’Euro 2016 de football, pour lesquels beIN Sports cherche un acquéreur.Par ailleurs, le feuilleton autour du financement de l’audiovisuel public semble avoir ouvert un débat qui se prolonge. Membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le député (LR) Franck Riester estime ainsi dans un entretien au Figaro, mardi 15 septembre, qu’« il faut créer une société commune à l’image de la BBC en rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et même Arte », financée par la redevance et dont le président serait nommé par le conseil d’administration.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un an après son arrivée en France, c’est l’heure du bilan d’étape pour Netflix. Mais un défi se cache derrière la simple comptabilité du nombre d’abonnés conquis dans l’hexagone par le service de vidéo à la demande : atteindre la rentabilité.Pour l’heure, savoir précisément la quantité de Français séduits par Netflix n’est pas facile. Les estimations varient entre 250 000 fin décembre et 750 000 en août, et certains estiment le chiffre autour de 500 000 abonnés, une fois retranchés les comptes « gratuits » d’essai. Toutefois, les observateurs s’accordent pour dire que la première année de Netflix en France, si elle n’a pas suscité un tsunami, n’est pas un échec.La question qui se pose ensuite est suggérée par certains concurrents : ceux-ci soulignent que Netflix a fait beaucoup de publicité pour annoncer ses nouvelles séries et soutenir sa croissance en France. Un investissement qui s’ajoute à celui réalisé dans les achats de droits et dans les créations originales, toujours plus nombreuses et désormais étendues aux domaines des films et des documentaires.Cet effort se traduit dans les comptes de Netflix, qui en fait une stratégie délibérée : la société américaine a attiré au deuxième trimestre 3,3 millions de nouveaux abonnés, dont 72 % hors des Etats-Unis. En un an, il a recruté 15,51 millions de clients supplémentaires, portant le total à 65 millions. Et ses investissements à l’international vont se poursuivre car Netflix cherche à être disponible dans le monde entier dès fin 2016.Un bénéfice limitéEn raison des investissements dans les contenus et dans son expansion internationale, le bénéfice de Netflix reste très limité et plutôt en baisse : 26 millions de dollars au deuxième trimestre, pour un chiffre d’affaires de 1,64 milliard de dollars, en hausse de 23 %.Une des clés pour Netflix est de réussir deux paris sur les droits des contenus : parvenir à payer de plus en plus de programmes au niveau d’une région ou même du monde entier. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car les droits sont jusqu’ici une addition de marchés nationaux, ce qui oblige à renégocier pays par pays et limite les potentielles économies d’échelle. A terme, Netflix espère acheter tous ses droits de façon globale et bénéficier ainsi d’un poids de négociation rare. Mais les studios et sociétés de production ont elles intérêt à continuer à vendre certains bons produits cher à des diffuseurs nationaux.Enfin, pour amortir au mieux les contenus achetés, il faut aussi trouver des programmes visionnables par le plus grand nombre, idéalement dans le monde entier. C’est le cas des meilleurs blockbusters américains. Mais beaucoup des contenus télévisuels qui plaisent dans un pays sont assez locaux. L’enjeu est donc de créer des séries ou des films à la fois locaux et globaux, dont l’intrigue et le style ne soient pas trop aseptisés et qui puissent s’exporter. C’est ce que Netflix tente de faire avec des productions comme Marseille (avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu). C’est une des conditions de sa réussite. Un défi que Netflix partage toutefois avec d’autres, comme Canal + ou France Télévisions, qui cherchent, avec des coproductions internationales comme Versailles, à atteindre ce Graal télévisuel.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.09.2015 à 21h45 • Mis à jour le14.09.2015 à 11h16 | Renaud Machart Elle était rentrée de vacances bronzée, sereine en apparence, mais, lundi 7 septembre, alors que Claire Chazal venait d’animer de son habituel ton dépassionné et chaleureux ses journaux télévisés du week-end, elle était convoquée par Nonce Paolini, président-directeur général du groupe TF1, qui lui annonçait que son aventure de vingt-quatre ans à ce poste était sur le point d’être interrompue.Un communiqué confirma que Claire Chazal s’arrêterait « dans les prochaines semaines », puis il fut su que le week-end du 11 au 13 septembre serait le dernier : son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans – elle-même remplacée cet été par Audrey Crespo-Mara, de LCI, pour cause de maternité –, prendrait le 18 septembre la succession de l’élégante blonde, aujourd’hui âgée de 58 ans, très bon chic bon genre à ses débuts, beaucoup plus naturelle aujourd’hui.Au cours d’une conférence de presse, vendredi après-midi, M. Paolini, après avoir précisé que Claire Chazal « reste dans le groupe aujourd’hui. Acceptera-t-elle d’y rester longtemps, je n’en sais rien. Je le souhaite », ajoutait : « Claire est une professionnelle qui pendant vingt-quatre ans a eu beaucoup de succès. A un moment donné, il faut savoir passer la main. Moi-même je passerai la main. » Ce qu’il a annoncé faire « dans quelques semaines ». Le PDG a aussi assuré que la fin du contrat de Mme Chazal avait été évoquée « depuis plusieurs mois ».Partie remiseLa journaliste s’est pour sa part à cette heure refusée à tout commentaire et a même décliné la proposition d’un entretien à Paris Match, qui lui a pourtant offert de nombreuses « unes » de couvertures et chroniquait presque systématiquement ses relations amoureuses ainsi que ses étés réparateurs et balnéaires. L’entretien « choc » que beaucoup espéraient n’est, il faut imaginer, que partie remise.Certains, comme dans l’émission « Touche pas à mon poste ! » de Cyril Hanouna, sur D8 (filiale de Canal +), ont voulu relativiser le drame que vivrait la journaliste en rappelant que ses indemnités de départ pourraient être d’un montant d’environ 1 million d’euros ; d’autres, parmi ses amis et collègues, ont réagi en sa défense. Léa Salamé, dans « On n’est pas couché », samedi soir sur France 2, et Elise Lucet, le lendemain midi, dans « Médias le mag », sur France 5, ont fustigé le sexisme dont les femmes du petit écran seraient les victimes. La première a déclaré : « Je pense qu’en télévision, on tolère plus les cheveux blancs des hommes que les rides des femmes » ; la seconde : « Je ne suis pas sûre qu’on aurait fait ça à un homme. Laisser quelqu’un reprendre une rentrée pour l’évincer trois semaines après, je trouve ça très dur et ce n’est pas mérité. » Hommage de Pierre LaurentMais c’est en direct, samedi midi, que Claire Chazal reçut, avec un sourire ému, l’hommage de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, qu’elle interrogeait en direct de la Fête de L’Humanité : « Et puis puisqu’on va se séparer, Claire Chazal, je voulais quand même vous dire avant de terminer que j’ai été très heureux chaque année de vous retrouver en direct de la Fête de L’Humanité, puisque vous avez été fidèle à ce rendez-vous, donc je voulais vous passer ce petit mot d’amitié et vous dire qu’on vous accueillera avec plaisir ce soir sur la Fête de L’Huma si vous avez envie de vous détendre… » Réponse de Mme Chazal : « Je viendrai. […] Je suis déjà venue, je reviendrai. Merci Pierre Laurent de votre soutien, cela me fait très plaisir. »On imagine les moqueurs se dire, rigolant à peine sous cape, que M. Laurent avait beau jeu de complimenter une journaliste qui n’avait pas choisi le ferraillement comme principe actif de ses entretiens politiques, jugés parfois lénifiants. Mais d’autres, comme Anne Sinclair, directrice éditoriale de la version française du Huffington Post [partenaire du Groupe Le Monde], appréciaient la « douceur des fins de semaine » entretenue par sa consœur. Dans une tribune publiée vendredi, Mme Sinclair fustige la « brutalité » de TF1, « une maison qui ne s’est jamais encombrée d’élégance », qui l’avait elle-même limogée en 2001.Imperturbable et sourianteAlors que, dimanche midi, au journal de 13 heures, Claire Chazal « lançait » un reportage évoquant les effondrements et cratères provoqués par les violentes intempéries dans l’Hérault, la journaliste a d’abord dit « causés par » puis « creusés par » : discret lapsus, si l’on accepte ce que les mots disent de l’inconscient, qui pourrait indiquer que la cause de ce départ creuse un tombeau dont on comprend que la victime sacrifiée ne veuille pas le voir et craigne d’y descendre. (Tombeau, dans le sens ancien d’« hommage », que d’ailleurs, dès jeudi soir, dans le JT de 20 heures de TF1, son ami Gilles Bouleau avait adressé, en des termes affectueusement appuyés, à sa consœur.)Mais dimanche soir, en tenue de demi-deuil (pantalons noirs et chemisier blanc), Claire Chazal est restée imperturbable, souriante et n’a pas buté sur le moindre mot. En toute fin de journal, avant que ne soit diffusé un pot-pourri de ses interventions les plus marquantes depuis ses débuts, elle fit debout ses adieux d’une manière précise et sobre, remerciant assez longuement son public avec lequel elle dit avoir « tissé un lien très fort », ses équipes et la rédaction de TF1. Bonne joueuse, elle ajouta :« Je souhaite à Anne-Claire Coudray tout le bonheur que j’ai eu à travailler pour vous. »Sans cacher son « immense tristesse de devoir ne plus assumer la mission que [lui] avait confié Francis Bouygues ». Une manière de tuer le fils en revivifiant le père. L’audience du dernier 20 heures du week-end de Claire Chazal a réuni 10,2 milllions de téléspectateurs, soit 40.8 % de part d’audience, selon les chiffres de Médiamétrie. L’édition du 20 heures de dimanche sur TF1 n’avait pas atteint un tel score depuis l’interview de Dominique Strauss-Kahn le 18 septembre 2011 avec 12,5 millions de téléspectateurs (44,4 % de part d’audience).Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Daniel Psenny Y a t-il un nouvel acte de censure d’un documentaire d’investigation sur Canal+ ? Selon nos informations, la direction des programmes de Canal+ a décidé de déprogrammer le documentaire « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète », qui devait être diffusé le 28 septembre dans le cadre du magazine « Spécial investigation », en seconde partie de soirée.Cette décision a été confirmée au Monde par Luc Hermann, un des dirigeants de la société Premières Lignes, qui a produit ce documentaire réalisé par Jules Giraudat et Eric Mandonnet, journaliste à L’Express. « Nous en avons été avertis dimanche matin 13 septembre. La direction du magazine nous a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un acte de censure, mais aucune raison de cette déprogrammation nous a été avancée », dit M. Hermann.Plusieurs mois d’enquêteJoint par Le Monde, Stéphane Haumant, responsable de « Spécial investigation », confirme que le documentaire a bien été déprogrammé, sans qu’il en connaisse la raison. Mais, selon lui, ce n’est pas une question de contenu, comme il l’a expliqué au producteur. Aucune date pour la diffusion du documentaire n’a été décidée pour le moment. Interrogée par Le Monde, la direction de Canal+ n’avait pas répondu, dimanche.Commandé l’an dernier et livré cet été à la chaîne, ce documentaire qui a nécessité plusieurs mois d’enquête raconte les coulisses de la guerre de communication (coups bas, rumeurs, cabinets noirs…) à laquelle se livrent François Hollande et Nicolas Sarkozy.Le service juridique de la chaîne, qui a visionné le documentaire cet été, a donné son feu vert pour la diffusion. Cette déprogrammation a lieu après la censure du documentaire « Evasion fiscale, une affaire française », consacré au Crédit mutuel, demandée par Vincent Bolloré, et les reproches formulés par le patron de Canal+ concernant une enquête sur l’Olympique de Marseille.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.09.2015 à 14h00 • Mis à jour le12.09.2015 à 14h16 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouveaux changements chez i-Télé, une semaine après le débarquement de l’ancienne direction et la nomination par Vincent Bolloré d’un fidèle, Guillaume Zeller, comme directeur de la rédaction, et de Philippe Labro, comme conseiller.Lire aussi :Vincent Bolloré débarque la direction d’i-TéléAprès Cécilia Ragueneau et Céline Pigalle, c’est la secrétaire générale de la chaîne d’information, Laure Bezault, qui a été écartée, vendredi 11 septembre. Proche de l’ancienne directrice de la rédaction, Céline Pigalle, celle-ci assurait une mission stratégique : le recrutement des journalistes.Dans la foulée, le groupe Canal+ a annoncé, samedi 12 septembre, la nomination de Virginie Chomicki au poste de directrice adjointe d’i-Télé, « en charge de la mise en place et du développement de CNews [le nom que portera à terme la chaîne d’information] ».Agée de 31 ans, Virginie Chomicki a travaillé chez LCI comme présentatrice de 2008 à 2015, ainsi que brièvement à Universal. La rumeur de son arrivée avait provoqué l’émoi de la rédaction, vendredi, quand des journalistes avaient eu la surprise de découvrir qu’un bureau lui avait été attribué, sans que rien leur ait été annoncé.De son côté, la directrice de la communication de Canal+ depuis 2002, Laurence Gallot, est maintenue dans ses fonctions et devient même, en parallèle, directrice des partenariats.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial) A l’intérieur du bus qui approche de Caen, jeudi soir 10 septembre, les flashes des smartphones crépitent pour immortaliser la scène. Deux motards de la police viennent de prendre « en escorte » le véhicule, parti de Paris trois heures plus tôt. A son bord, une trentaine de caricaturistes originaires de dix-huit pays, venus participer aux 5es Rencontres internationales des dessinateurs de presse du Mémorial de Caen. Quelques rires s’échappent des rangées.Huit mois après l’attentat contre Charlie Hebdo, un rassemblement de « cartoonistes », c’est aussi cela : une affaire de sécurité. La manifestation avait été annulée en février, un mois et demi avant son déroulement, par crainte des attentats. Le piratage répété du site Web du Mémorial et l’appréhension, après la fusillade de Copenhague (14 et 15 février), d’un grand nombre de dessinateurs invités avaient conduit le directeur du site, Stéphane Grimaldi, à repousser l’événement.Séances de dédicaces abandonnéesCe n’est pas une date dépourvue de symbolisme qui a été arrêtée pour son nouveau lancement : le 11 septembre. « Le Mémorial est le seul musée européen à avoir fait une exposition sur les attentats du World Trade Center. Vu que certains intellectuels, comme Michel Onfray [créateur de l’Université populaire de Caen], trouvent des points communs entre le 7 janvier et le 11 septembre [2001], il n’était pas illogique de choisir cette date », explique M. Grimaldi.Un dispositif sécuritaire « efficace et discret » a dû être mis en place. Préinscription obligatoire des visiteurs sur Internet, inspection des lieux par des démineurs, communication au dernier moment de la liste des dessinateurs invités… Rien n’a été laissé au hasard par les organisateurs, qui ont renoncé à faire se déplacer les caricaturistes en ville pour des conférences, comme lors des éditions précédentes. Toutes les « Rencontres » se dérouleront (jusqu’à dimanche) entre les murs du Mémorial, où les séances de dédicaces avec le public ont également été abandonnées.Du côté des dessinateurs, peu de défections ont été enregistrées, selon M. Grimaldi : « Trois, mais uniquement des personnes ne pouvant quitter leur pays, comme la Syrie. » D’autres ont fait le déplacement après avoir vaincu l’inquiétude qui les avait conduits à annuler leur voyage en début d’année. Ainsi le Colombien Vladdo, de l’hebdomadaire Semana Revista : « Mon ex-femme, avec qui j’ai un enfant, m’avait dissuadé de venir à l’époque, car elle avait peur qu’il m’arrive quelque chose. Cette fois-ci, je ne lui ai pas dit que je venais. » Un dilemne : continuer à dessiner ou pasComme Vladdo, la plupart des cartoonistes présents à Caen ont tous dû affronter des tempêtes, un jour ou l’autre, après des dessins mal compris ou peu flatteurs pour les puissants. Lui a récemment reçu des menaces de mort venant du pays voisin, le Venezuela, dont il a détourné les armoiries en représentant un cheval aussi famélique que l’économie nationale.Le Jordanien Osama Hajjaj a été la cible d’intimidations anonymes cette année après la publication dans le quotidien Al Arab Al Youm d’un dessin montrant un membre de l’Etat islamique utilisant son sabre ensanglanté comme une perche à selfie. Il y a une semaine, son employeur principal — une agence de publicité — lui a demandé de ne plus faire de dessins sur « la politique et la religion », sous peine de perdre son emploi. « Mon boss m’a dit : “Regarde ce qu’ils ont fait à Charlie Hebdo. Ils peuvent venir faire la même chose ici.” » C’est aussi pour cela qu’Hajjaj est venu à Caen : pour parler du dilemme qui le traverse — continuer à dessiner ou pas — avec des collègues dessinateurs originaires d’autres pays.« Il est important en ce moment d’échanger »« Il n’a sans doute jamais été aussi important qu’en ce moment de se rencontrer et d’échanger. Cela nous rend plus forts », estime Avi Katz, qui dessine pour le Jerusalem Report. « Parler de son métier avec des professionnels d’autres régions du monde est fondamental pour connaître les limites de ce qu’il est possible de faire aujourd’hui. Même dans un pays comme le mien, où ce genre de question ne devrait pas se poser, personne n’est à l’abri de voir un de ses dessins créer la polémique », témoigne Tjeerd Royaards, un dessinateur néerlandais ayant récemment subi les foudres de l’extrême droite après la diffusion d’une carte postale comparant les méthodes des djihadistes islamistes aux tortures qui existaient sous l’Inquisition. La profession aura d’autres occasions ces prochaines semaines de discuter de ces sujets. A la fin de septembre, la 34e édition de l’Humour vache se tiendra à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne). Le 21 septembre, à Paris, l’association Cartooning for Peace, présidée par Plantu, dessinateur au Monde, organisera un colloque intitulé « Le dessin de presse dans tous ses Etats ». De sécurité, il sera aussi question ces jours-là. Fatalement.Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Jeudi, le talk-show de début de soirée de Canal Plus a réuni 611 000 spectateurs. Lundi, pour sa reprise, il en avait rassemblé 915 000.« Le Grand Journal » nouvelle version, le rendez-vous de début de soirée de Canal Plus (entre 18 h 50 et 20 h 10), peine à trouver son public. Son audience pique du nez. L’arrivée de la journaliste-animatrice Maïténa Biraben n’infléchit pas la courbe. Jeudi 10 septembre, ils n’étaient plus que 611 000 téléspectateurs à suivre le talk-show. L’émission a été, en l’occurrence, devancée par les programmes des grandes chaînes (TF1, France 3, France 2, M6), mais aussi par « Touche pas à mon poste » (D8), « C à Vous » (France 5), « Secret Story » (NT1) et… « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9) !Il s’agit de la troisième baisse d’audience consécutive. Une configuration inédite pour l’émission emblématique de Canal Plus. Lundi 7 septembre, pour sa remise à l’antenne, malgré la présence de Manuel Valls, moins d’un million de téléspectateurs (915 000 personnes) avaient suivi les débuts de la remplaçante d’Antoine de Caunes, remercié par Vincent Bolloré, le nouveau « propriétaire » de Canal Plus.L’an dernier, à la même époque, 1,1 million de téléspectateurs avaient assisté au retour d’Antoine de Caunes.« Ajustements constants »La nouvelle formule du « Grand Journal », préparée en moins de deux mois, ne trouve pas son public. Les critiques fusent sur cette mouture : simple version quotidienne du « Supplément » – l’émission dominicale de la chaîne cryptée, manque de rythme, usure de l’« infotainment » – ce genre qui mélange l’information et le divertissement.Dans une interview donnée à Metronews, le chroniqueur politique Jean-Michel Aphatie, lui aussi renvoyé du « Grand Journal » à la fin de la dernière saison, juge pour sa part que « Maïténa Biraben est à la hauteur de ce qu’on connaît d’elle » et estime qu’« elle a vraiment de la présence ». Il ajoute : « Je trouve que le plateau est un peu faible. Il manque dans l’équipe des chroniqueurs quelqu’un de vraiment fort et sérieux pour l’épauler. »A la direction de Canal Plus, on laisse entendre qu’on aurait anticipé cette baisse de l’audience. « Mathématiquement, la nouvelle émission devait faire moins que la précédente, qui commençait plus tard et intégrait les Guignols », plaide-t-on.Mais la chute depuis le début de la semaine n’avait sans doute pas été prévue. L’émission est en rodage insiste-t-on, des « ajustements constants » sont opérés pour l’améliorer.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.09.2015 à 10h44 • Mis à jour le21.09.2015 à 10h49 | Alexandre Piquard C’est un conte de 2015. Un groupe média à la dimension internationale issu de la presse écrite underground lance sur le Web la version française d’un magazine papier anglais culte. La filiale parisienne de Vice Media a ainsi mis en ligne lundi 21 septembre le site en français d’ i-D Magazine, un journal devenu icône dans le milieu de la mode. Et espère, grâce à son savoir-faire dans le numérique et la vidéo, séduire des jeunes.i-D Magazine n’est pas très connu du grand public français mais, pour les connaisseurs, c’est une légende : lancé en 1980 par un ancien directeur artistique de Vogue, il est connu pour ses couvertures avec un logo en forme de smiley et des mannequins faisant un clin d’œil. Il a accompagné une génération de talents, de Kate Moss aux photographes Juergen Teller ou Wolfgang Tillmans. Il revendique un style esthétique mais plus brut que ses homologues « papier glacé ». Notamment dans ses photos d’anonymes repérés dans la rue pour leur look et « shootés » sur place, en pied.« Trente-cinq ans d’héritage »En 2012, Vice Media, né comme un magazine punk en 1994 mais parti à l’assaut de la vidéo et du Web, a racheté i-D Magazine. Le groupe américain n’a pas touché au magazine papier anglais, qui n’a jamais eu qu’une seule version (achetée, à l’étranger, par quelques fans). Mais Vice a lancé sur Internet huit déclinaisons internationales d’i-D en Allemagne, en Italie, au Mexique, en Pologne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis et en Espagne.La France a-t-elle vraiment besoin de davantage de contenus sur la mode ? Le créneau est déjà occupé, si l’on considère les magazines féminins, les suppléments des journaux généralistes, les journaux gratuits comme Stylist ou les vidéos d’amateurs sur YouTube. « i-D ne part pas de rien, il a trente-cinq ans d’héritage », répond Benjamin Lassale, patron de Vice France. De fait, le magazine a déjà 150 000 abonnés sur YouTube et 1,1 million sur Twitter.Plus concrètement, les éditions internationales permettront à la version française de disposer de contenus qu’il serait autrement difficile de produire, car, comme tous les médias de Vice, elle sera alimentée de 50 % à 80 % de traductions « travaillées ».« Un magazine de célébration, plus prescripteur que critique »« La presse mode est très féminine et tourne autour des produits », regrette Clément Corraze, directeur de l’équipe de onze personnes et ancien des revues Purple et Antidote. i-D promet un contre-pied, plus ancré dans le « réel ». « i-D est un magazine de célébration, plus prescripteur que critique », explique Tess Lochanski, la rédactrice en chef, ancienne du cahier Obsession de L’Obs. Elle a travaillé à adapter ce ton à la France, réputée plus « cynique ». i-D ne veut pas non plus être trop parisien, se rappelant que son ancêtre a défriché des villes comme Leeds ou Brighton.i-D compte enfin profiter du modèle de « sponsoring » de contenus éprouvé par Vice : par exemple des vidéos, cofinancées par le couturier Marc Jacobs, sur des « tribus » comme les riders de vélos BMX dans le quartier du Bronx à New York, ou sur des latinos de Los Angeles, fans de rockabilly, de voitures et de musique fifties. Ou un abécédaire pointu de la danse urbaine, payé par la jeanerie Diesel. Côté français, i-D « célèbrera » la DJ Clara 3000, des clubs « underground » comme la Péripate à Paris ou le jeune designer Julien Dossena, de Paco Rabanne, et fera parler longuement la « papesse » de la mode Carine Roitfeld. M. Corraze résume l’enjeu : « Trouver des sous-cultures qui feront l’air du temps. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger La Commission nationale informatique et liberté (CNIL) a annoncé refuser, lundi 21 septembre, de donner raison à Google dans le cadre du conflit qui les oppose sur le « droit à l’oubli » sur Internet.Le moteur de recherche avait demandé à l’autorité française chargée des données personnelles de renoncer à demander que les résultats de recherches supprimés en vertu du « droit à l’oubli » le soient dans le monde entier, et pas seulement dans les versions européennes de Google.La CNIL avait adressé en mai 2015 une injonction à l’entreprise américaine, constatant que des résultats de recherche supprimés au nom du « droit au déréférencement » – terme plus juste que celui du « droit à l’oubli » – l’étaient seulement pour les internautes se connectant à Google depuis l’Europe.Lire aussi :Google ne veut pas appliquer le « droit à l’oubli » dans le monde entierAu cœur de ce différent entre Google et la CNIL, l’interprétation de la décision de justice rendue au printemps 2014 par la Cour de justice de l’Union européenne, qui reconnaît l’existence, pour les internautes européens, de ce droit. Pour l’autorité française, ce dernier ne peut être respecté que s’il est appliqué dans le monde entier. Pour Google, qui fait valoir que la quasi-intégralité de ses utilisateurs basés en Europe utilisent la version européenne du moteur de recherche, la décision de la justice européenne ne le lie que sur le territoire européen.Google « doit dès à présent se conformer à la mise en demeure », insiste la CNIL. Dans le cas contraire, l’institution pourra décider d’une sanction.Lire aussi :Droit à l’oubli : la France en tête des demandesMartin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien Gouteux et Alexis Delcambre C’était le jour qu’attendaient avec appréhension les secteurs des médias et de la publicité. Mercredi 16 septembre, Apple a livré aux utilisateurs d’iPhone la dernière version de son système d’exploitation, iOS 9. Celle-ci propose une petite nouveauté qui soulève de grandes questions : la possibilité d’activer des applications tierces qui bloquent la publicité sur les sites Internet visités avec le navigateur Safari (proposé par défaut dans les terminaux Apple).Ces bloqueurs de publicité – ou « adblocks » – sont déjà très populaires sur les ordinateurs, sous la forme d’extensions aux navigateurs. Ils permettent aux utilisateurs de filtrer les publicités et les traceurs de données présents sur les pages Web. S’ils accélèrent le chargement des pages et limitent la captation de données personnelles – ce qui améliore l’« expérience utilisateur » –, ils menacent le modèle de financement par la publicité du contenu gratuit sur Internet et du développement à venir de nombreux sites.A l’origine cantonnés aux utilisateurs les plus agiles, les « adblocks » semblent désormais toucher un public plus large. Ainsi, l’un des bloqueurs les plus populaires, Adblock Plus, serait utilisé par 50 millions d’internautes, selon son propriétaire.L’arrivée des « adblocks » sur les téléphones et tablettes Apple représente donc une nouvelle étape dans leur développement. Vendredi 18 septembre, deux bloqueurs de publicité figuraient déjà en tête du classement des applications payantes les plus téléchargées en France sur l’App Store, le magasin en ligne d’Apple, selon les chiffres du site spécialisé App Annie.Menace pour l’édifice du Web ?La véritable ampleur du blocage de publicité sur Internet reste à établir. Selon un rapport souvent cité et publié en 2014 par la société irlandaise PageFair, il y aurait plus de 144 millions d’utilisateurs de bloqueurs de publicité dans le monde, 41 % auraient moins de 30 ans, et ce nombre serait en forte croissance.Pour certains, la pratique menace l’édifice du Web, bâti en large partie sur la gratuité des contenus et le financement par la publicité. Ainsi Sean Blanchfield, un des rédacteurs du rapport, cité par le journal britannique The Guardian, pense que ce type de logiciels fera aussi mal à l’industrie publicitaire que Napster en avait fait aux majors musicales, en permettant le téléchargement frauduleux de fichiers musicaux de 1999 à 2001.L’arrivée des bloqueurs de publicité est la dernière étape dans un vaste débat sur les pratiques de l’industrie de la publicité et l’éthique des bloqueursMais PageFair n’a-t-elle pas intérêt à noircir le tableau ? L’entreprise irlandaise développe des solutions de contournement des « adblocks », qu’elle commercialise. Face à elle, on trouve un acteur comme l’allemand Eyeo, éditeur du bloqueur Adblock Plus. Eyeo affirme « redonner le pouvoir aux utilisateurs » et protéger leur vie privée, mais des médias dénoncent ce qu’ils appellent une « extorsion ».Car Adblock Plus dispose d’une « liste blanche » dans laquelle figurent des sites et des services épargnés par le blocage. L’inscription sur cette liste est payante, plusieurs millions pour un géant comme Google, selon PageFair. Plusieurs médias allemands ont porté plainte contre Eyeo, mais les plaignants ont été déboutés en mai 2015. Selon le site iGénération, Eyeo tente désormais de convaincre les développeurs d’« adblocks » concurrents d’intégrer sa liste blanche, contre rémunération.L’arrivée des bloqueurs de publicité est la dernière étape dans un vaste débat, ouvert depuis des années, sur les pratiques de l’industrie de la publicité et l’éthique des bloqueurs. Vendredi 18 septembre, le créateur de l’application Peace, le bloqueur de publicité le plus vendu sur iOS, a retiré son logiciel de la vente, citant « un cas de conscience ». Marco Arment, développeur reconnu, cofondateur de Tumblr, a expliqué ne pas vouloir « s’engager dans une guerre », et qu’une lutte efficace contre les excès de la publicité en ligne nécessitait « une approche plus nuancée et complexe que celle d’une simple application iOS ».Bataille sur la régie publicitaire numériqueCette concurrence entre logiciels bloqueurs et logiciels de contournement n’est qu’un des aspects de la bataille en cours. Un autre se joue directement entre les médias et les géants du Web, comme Apple, voire entre celle-ci et Google, la principale régie publicitaire numérique.En encourageant le développement des « adblocks », Apple semble en effet vouloir pousser les médias vers une autre nouveauté de son système d’exploitation, appelée « News ». Cette application native est alimentée par des médias partenaires, qui proposent leurs contenus à Apple. Ces derniers peuvent être accompagnés de publicité que News ne permet pas de bloquer. Si c’est le média qui vend directement cet espace à un annonceur, il touche 100 % de son prix de vente. Sinon Apple se charge de le vendre, en empochant 30 % du prix.Ces conditions intéressantes ont déjà convaincu une trentaine de médias américains (CNN, Time, Vox Media…) de rejoindre News. A terme, comme Facebook avec les Instant Articles, Apple espère centraliser dans News l’accès des utilisateurs à l’information. Quitte à assécher, en attendant, des médias dépendant, à des degrés divers, de la publicité.Damien GouteuxJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Une conjonction astrale exceptionnelle, entre ballons orange, ovale et rond. Euro de basket-ball, ouverture de la Coupe du monde de rugby, coupes européennes de football : le quotidien L’Equipe pouvait difficilement espérer des circonstances plus favorables pour lancer sa nouvelle formule, vendredi 18 septembre.Celle-ci s’incarne dans un changement de format radical : le journal passe du broadsheet (54 × 38,5 cm) au tabloïd (36 × 28 cm), soit une réduction de moitié de la taille des pages. En rapetissant, celles-ci deviennent plus simples à concevoir, les articles se font plus courts, et les habitudes de travail changent, à la rédaction comme à l’imprimerie.Pourquoi le quotidien sportif s’embarrasse-t-il d’une telle réforme ? A l’image des autres journaux français, ses ventes sont en déclin (– 9,76 % en 2014 par rapport à 2013). Ses enjeux stratégiques sont plutôt de générer des revenus à partir de sa large audience numérique – grâce à laquelle il affiche 24 millions de « contacts » par mois – et de rentabiliser son investissement dans la télévision, où il a lancé la chaîne L’Equipe 21.« Le doudou du fan de sport »Arrivé du service des sports de Canal+ en février 2015 – soit avant la reprise en main du groupe de télévision par son actionnaire, Vivendi –, le nouveau directeur général du titre, Cyril Linette, admet qu’au début, cette problématique de format lui est apparue « surannée ». « Les nouvelles formules n’ont pas souvent d’impact décisif sur les lectorats », observe-t-il. A L’Equipe, le sujet faisait figure de serpent de mer, avec plusieurs études menées, sans que le pas soit jamais franchi.Pour y voir clair, le journal a décidé de mener un test. Il est sorti au format tabloïd le 10 juin en demandant à ses lecteurs de donner leur avis. Surprise : plus de 10 000 d’entre eux ont répondu et 75 % des avis étaient favorables – un cas assez rare d’appétence pour le changement. Dans les jours qui ont suivi, M. Linette a décidé de mettre fin à près de soixante-dix ans de grand format et su en convaincre son actionnaire, Marie-Odile Amaury.« Malgré la variété de nos supports, le journal reste un trésor, c’est un peu le doudou du fan de sport », formule-t-il aujourd’hui. Le grand format était devenu, selon lui, un frein à la lecture : difficulté à ouvrir le journal dans certaines situations, trop grand nombre d’« entrées » par page, surcouverture de certains sujets, format numérique peu maniable… Autre avantage : le changement de format permet de doubler le nombre de pages de publicité. Or, la régie table sur un maintien de ses tarifs (près de 100 000 euros par page, selon Challenges). Le journal se donne donc une chance supplémentaire d’équilibrer son exploitation.Une série d’innovationsCette nouvelle forme est l’occasion d’introduire une série d’innovations. Les feuilles de match, qui présentent les compositions d’équipes, seront nettement plus grandes, dans un style qui se veut « un hommage au jeu vidéo », explique Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction. Des pages « service » détachables – type calendrier d’une compétition – seront insérées. Une fois par mois, le journal mettra en scène des contributions de ses lecteurs autour d’un grand débat, recueillies par son site Lequipe.fr. Les bases de données abondantes dont bénéficie la rédaction seront mieux utilisées (compositions des équipes, etc.). Au moins deux grandes enquêtes par mois sont promises.Autant de choix qui tentent de mieux cerner ce à quoi peut encore servir un quotidien sportif, à l’heure où les matches peuvent se suivre en direct sur Twitter et les meilleures actions être visionnées presque instantanément, grâce à des vidéos courtes postées sur les réseaux sociaux. Le journal garde la même base de lectorat qu’il y a quatre ans (environ 8,5 millions par mois) mais ceux-ci l’achètent moins régulièrement.Pour recréer du désir, Cyril Linette veut « solder l’ère Jacquet ». En 1998, le journal avait mené une campagne contre le sélectionneur de l’équipe de France de football, avant la Coupe du monde en France. Un choix éditorial balayé par la victoire des Bleus, qui avait contraint le directeur de la rédaction de l’époque, Jérôme Bureau, à des excuses publiques. Depuis, estime M. Linette, « la rédaction s’en veut » et hésiterait à donner son avis. Il souhaite que les journalistes soient plus présents sur les fronts de l’analyse et de l’opinion.En complément, depuis un an, L’Equipe s’est efforcée de recentrer son offre Web gratuite sur les directs, l’information chaude et les formats purement numériques, comme les sondages ou les récits multimédias.Le journal attend de ce changement une progression de 5 % à 10 % de ses ventes (qui ont encore reculé de 2,22 % au premier semestre, à 211 283 exemplaires quotidiens). Une stabilisation de l’activité journal permettrait au titre de s’attaquer à d’autres chantiers, comme la diversification et la convergence entre son offre numérique et sa chaîne de télévision, dans le cadre d’un groupe Amaury prochainement délesté du Parisien et recentré sur le sport.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.09.2015 à 17h03 Réunie au siège du journal Le Monde, à Paris, l’assemblée générale de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) a renouvelé, lundi 14 septembre, son conseil de gérance. Neuf postes étaient à pourvoir. 288 des 504 associés de la SRM ont pris part au vote. Ont été réélus, au conseil de gérance, Elise Barthet, Paul Benkimoun et Denis Cosnard. Ont été élus Nicolas Chapuis, Alexis Delcambre, David Larousserie, Aline Leclerc, Simon Piel et Alain Salles.Lors de l’assemblée générale, 1 050 parts étaient présentes ou représentées (sur 1798 parts inscrites, soit un taux de participation de 58,4 %). Les comptes de l’exercice 2014, le rapport de gestion et le rapport d’activité ont été approuvés et le quitus accordé à la gestion du conseil.Le conseil de la SRM a élu Paul Benkimoun président, Elise Barthet et Nicolas Chapuis, comme vice-présidents. Il remercie Alain Beuve-Méry, Coralie Heintz, Pierre Jaxel-Truer, Mustapha Kessous, Jonathan Pariente et Raphaëlle Rérolle, pour leur activité au sein du conseil sortant. 17.09.2015 à 11h07 • Mis à jour le17.09.2015 à 14h33 Les autorités ukrainiennes ont annoncé, mercredi 16 septembre, avoir imposé des sanctions à environ 400 personnalités, dont plusieurs journalistes occidentaux, et 90 entités juridiques impliquées, selon elles, dans l’annexion par la Russie de la Crimée et dans le conflit dans l’Est prorusse. Le président ukrainien Petro Porochenko a ratifié cette décision, adoptée le 2 septembre par le Conseil de sécurité nationale et de défense, ont encore ajouté les autorités.Ce sont les premières sanctions prises par Kiev depuis le début du conflit, dans l’est de l’Ukraine, qui a fait au moins 8 000 morts. La liste des personnes visées par les sanctions, publiée par la présidence, inclut de hauts responsables russes et séparatistes, mais aussi de nombreux journalistes, dont plusieurs Occidentaux.Parmi eux se trouvaient trois correspondants de la BBC (Steve Rosenberg, Emma Wells et Anton Chicherov), basés à Moscou, un autre du journal allemand Die Zeit et deux journalistes espagnols, Antonio Pampliega et Angel Sastre, qui ont disparu en Syrie au mois de juillet et pourraient avoir été kidnappés par l’EI. La raison de ces sanctions prises pour une durée d’un an n’est pas précisée.Machine arrière sur le cas des journalistes de la BBCMais jeudi, dans la matinée, Kiev a dû faire machine arrière en raison de dissensions au sein même du gouvenrement. Et le cas de trois journalistes de la BBC a été reconsidéré, lors de la remise des lettres de créance de la nouvelle ambassadrice britannique en Ukraine.Le Comité pour la protection des journalistes - une association basée aux Etats-Unis défendant la liberté d’expression – s’est dit consterné par la décision du président Porochenko. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a lui aussi dénoncé une décision « inadmissible ».La publication de cette liste intervient alors que la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) a confirmé, mercredi, la tenue sur son territoire d’élections le 18 octobre, malgré la vive opposition des autorités de Kiev avertissant que cela pourrait rompre le processus de paix. Sarah Belouezzane Patrick Drahi n’aura pas mis bien longtemps pour se trouver une nouvelle proie, après l’échec de sa tentative de rachat de Bouygues Telecom. Jeudi 17 septembre, son groupe, Altice – la maison mère du groupe français Numericable-SFR –, a annoncé le rachat de Cablevision pour 17,7 milliards de dollars (15,6 milliards d’euros), dette comprise.Les marchés avaient été prévenus. Au lendemain de son échec pour s’emparer de l’opérateur français, M. Drahi, interrogé sur ses intentions, avait lancé :« Quant aux 10 milliards que je n’ai pas dépensés, ne vous inquiétez pas, mes équipes sont déjà reparties sur le terrain pour trouver des cibles. »L’homme d’affaires, qui compare le secteur des télécoms à un jeu de flipper puisque de son aveu même « tant qu’il y a des boules » il « joue encore », a donc choisi de faire mouvement aux Etats-Unis. Accrochant une nouvelle cible à son tableau de chasse.Une boulimie d’acquisitions que rien n’arrête…En un an, Patrick Drahi a réalisé pas moins de quatre grosses acquisitions – en dehors des médias – pour une valeur totale de presque 50 milliards d’euros. Il y a d’abord eu SFR, son trophée, raflé au nez et à la barbe de Bouygues Telecom en avril 2014 pour 17,4 milliards d’euros au total. Puis Portugal Telecom, acquis en décembre de la même année pour 7,4 milliards d’euros. En mai, c’était Suddenlink, le 7e câblo-opérateur américain qui tombait dans l’escarcelle du milliardaire franco-israélien pour 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, M. Drahi vient donc d’ajouter Cablevision à son palmarès.… même pas les échecs ?En juin 2015, Bouygues Telecom rejette les nouvelles avances de M. Drahi. Quelques mois auparavant, on avait prêté au « tycoon » l’intention de s’emparer du géant américain Time Warner Cable.Une croissance au prix d’un fort endettement L’opération Cablevision est financée en grande partie par du passif : 14,5 milliards de dollars de dette, dont la reprise des 7,7 milliards de passif que porte déjà Cablevision. En clair, cela signifie que pour finaliser l’acquisition, Altice doit encore lever un peu moins de 7 milliards de dette. Il apportera 3 milliards de dollars en numéraire, financés par une augmentation de capital. A l’issue de cette transaction, le niveau d’endettement du groupe de M. Drahi atteindra 42 milliards d’euros selon nos estimations. A titre de comparaison, la dette d’Orange tourne autour de 27 milliards d’euros.Un tel passif est-il tenable ?« Pour l’instant, les marchés y croient et suivent », commente un analyste. En début de séance à Amsterdam, le titre Altice gagnait plus de 10 %. Plusieurs éléments expliquent cette confiance. D’abord, des taux d’intérêt historiquement très bas. Beaucoup estiment donc qu’il s’agit du moment ou jamais pour investir massivement. « L’argent n’est pas cher, et ils auraient vraiment tort de ne pas en profiter », commente un expert du secteur. Surtout lorsqu’il s’agit de se positionner sur des actifs en croissance comme le câble et le très haut débit fixe.Lire aussi :Patrick Drahi, « chouchou » des marchés de la detteEnsuite, pour les investisseurs, ce n’est pas tant le niveau d’emprunt qui compte que le ratio dette sur excédent brut d’exploitation. Or, pour les marchés, qui sont plus indulgents vis-à-vis du passif des « câblos », celui d’Altice est encore tenable, même avec la récente acquisition. Il atteint 5, le niveau maximal que la holding de Patrick Drahi s’était fixé. Un niveau encore légèrement inférieur à celui qu’affiche Liberty Global, le groupe de John Malone, dont le ratio tourne autour de 5,2.« La dette grossit mais les marges grossissent avec elle, explique Dexter Thillien, de BMI Research, d’autant qu’il s’agit d’une industrie en croissance capable de dégager des flux de trésorerie et donc de faire remonter des fonds pour rembourser les créanciers. »Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.09.2015 à 17h31 • Mis à jour le15.09.2015 à 19h28 | Daniel Psenny « Evasion fiscale : une affaire française », l’enquête sur le Crédit mutuel censurée par Vincent Bolloré, le patron de Canal+, sera finalement diffusée le 7 octobre vers 23 heures sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction » sous le titre « Evasion fiscale : enquête sur le Crédit mutuel ».Ce documentaire qui contient des révélations embarrassantes pour la banque mutualiste qui a aidé M. Bolloré à prendre le contrôle de Vivendi, maison-mère de Canal+, aurait dû être diffusé sur la chaîne cryptée le 18 mai dans le magazine « Spécial Investigation ». Mais, au dernier moment, M. Bolloré avait demandé à Rodolphe Belmer (ex-directeur général du groupe viré sans ménagement début juillet) qu’il soit retiré de la programmation. Une censure qui ne cachait pas son nom.Lire aussi :Canal+ : Bolloré accusé d’avoir censuré un documentaireLes droits détenus par Canal+Quelques jours après sa prise de fonction fin août, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait annoncé que ce documentaire censuré serait diffusé sur France 3. Cela a pris un peu de temps en raison de problèmes de droits qui ne sont d’ailleurs toujours pas réglés. En effet, Canal+ qui, l’an dernier, a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du Grand Journal viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production, contrôlée par le groupe Banijay dont M. Bolloré est aussi actionnaire… Ce serait alors une autre manière de bloquer la diffusion de ce documentaire.Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Malgré tout, lundi 14 septembre, France 3 a décidé de diffuser le documentaire avec le risque d’un recours juridique de la part de Canal+. A la demande des responsables de « Pièces à conviction », les deux auteurs Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi ont remonté le film auquel ils ont pu ajouter plusieurs minutes.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Delphine Ernotte n’a pas tardé à tirer les conséquences de l’arbitrage gouvernemental sur le financement de l’audiovisuel public, rendu dimanche 13 septembre. Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication, a annoncé une légère augmentation de la redevance et une progression de la taxe sur les opérateurs de télécommunications, mais écarté un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions.Cet arbitrage « ne permettra pas d’augmenter à court terme les ressources de France Télévisions et je le regrette », a écrit la présidente de l’entreprise publique dans un message interne, lundi. Elle a également envoyé lundi une lettre aux administrateurs de l’entreprise dans laquelle elle prévoit « un déficit prévisionnel pour 2016 de l’ordre de - 50 millions, malgré la prise en compte d’hypothèses d’économies par rapport à 2015 », selon Le Figaro qui cite ce courrier.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteProbablement pas d’Euro 2016Mme Ernotte a toujours indiqué qu’elle poursuivrait les efforts de maîtrise budgétaire menés par son prédécesseur. « Je vais m’attacher avec les équipes à construire un plan d’économies à l’exclusion de tout plan de départs », précise-t-elle dans son message interne. La préparation du budget 2016 va donc se faire en essayant d’identifier des poches d’économies nouvelles.D’ores et déjà, certains investissements semblent promis à être écartés. Selon nos informations, France Télévisions n’entendrait pas se positionner pour acquérir les droits de codiffusion d’onze rencontres de l’Euro 2016 de football, pour lesquels beIN Sports cherche un acquéreur.Par ailleurs, le feuilleton autour du financement de l’audiovisuel public semble avoir ouvert un débat qui se prolonge. Membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le député (LR) Franck Riester estime ainsi dans un entretien au Figaro, mardi 15 septembre, qu’« il faut créer une société commune à l’image de la BBC en rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et même Arte », financée par la redevance et dont le président serait nommé par le conseil d’administration.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un an après son arrivée en France, c’est l’heure du bilan d’étape pour Netflix. Mais un défi se cache derrière la simple comptabilité du nombre d’abonnés conquis dans l’hexagone par le service de vidéo à la demande : atteindre la rentabilité.Pour l’heure, savoir précisément la quantité de Français séduits par Netflix n’est pas facile. Les estimations varient entre 250 000 fin décembre et 750 000 en août, et certains estiment le chiffre autour de 500 000 abonnés, une fois retranchés les comptes « gratuits » d’essai. Toutefois, les observateurs s’accordent pour dire que la première année de Netflix en France, si elle n’a pas suscité un tsunami, n’est pas un échec.La question qui se pose ensuite est suggérée par certains concurrents : ceux-ci soulignent que Netflix a fait beaucoup de publicité pour annoncer ses nouvelles séries et soutenir sa croissance en France. Un investissement qui s’ajoute à celui réalisé dans les achats de droits et dans les créations originales, toujours plus nombreuses et désormais étendues aux domaines des films et des documentaires.Cet effort se traduit dans les comptes de Netflix, qui en fait une stratégie délibérée : la société américaine a attiré au deuxième trimestre 3,3 millions de nouveaux abonnés, dont 72 % hors des Etats-Unis. En un an, il a recruté 15,51 millions de clients supplémentaires, portant le total à 65 millions. Et ses investissements à l’international vont se poursuivre car Netflix cherche à être disponible dans le monde entier dès fin 2016.Un bénéfice limitéEn raison des investissements dans les contenus et dans son expansion internationale, le bénéfice de Netflix reste très limité et plutôt en baisse : 26 millions de dollars au deuxième trimestre, pour un chiffre d’affaires de 1,64 milliard de dollars, en hausse de 23 %.Une des clés pour Netflix est de réussir deux paris sur les droits des contenus : parvenir à payer de plus en plus de programmes au niveau d’une région ou même du monde entier. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car les droits sont jusqu’ici une addition de marchés nationaux, ce qui oblige à renégocier pays par pays et limite les potentielles économies d’échelle. A terme, Netflix espère acheter tous ses droits de façon globale et bénéficier ainsi d’un poids de négociation rare. Mais les studios et sociétés de production ont elles intérêt à continuer à vendre certains bons produits cher à des diffuseurs nationaux.Enfin, pour amortir au mieux les contenus achetés, il faut aussi trouver des programmes visionnables par le plus grand nombre, idéalement dans le monde entier. C’est le cas des meilleurs blockbusters américains. Mais beaucoup des contenus télévisuels qui plaisent dans un pays sont assez locaux. L’enjeu est donc de créer des séries ou des films à la fois locaux et globaux, dont l’intrigue et le style ne soient pas trop aseptisés et qui puissent s’exporter. C’est ce que Netflix tente de faire avec des productions comme Marseille (avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu). C’est une des conditions de sa réussite. Un défi que Netflix partage toutefois avec d’autres, comme Canal + ou France Télévisions, qui cherchent, avec des coproductions internationales comme Versailles, à atteindre ce Graal télévisuel.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.09.2015 à 21h45 • Mis à jour le14.09.2015 à 11h16 | Renaud Machart Elle était rentrée de vacances bronzée, sereine en apparence, mais, lundi 7 septembre, alors que Claire Chazal venait d’animer de son habituel ton dépassionné et chaleureux ses journaux télévisés du week-end, elle était convoquée par Nonce Paolini, président-directeur général du groupe TF1, qui lui annonçait que son aventure de vingt-quatre ans à ce poste était sur le point d’être interrompue.Un communiqué confirma que Claire Chazal s’arrêterait « dans les prochaines semaines », puis il fut su que le week-end du 11 au 13 septembre serait le dernier : son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans – elle-même remplacée cet été par Audrey Crespo-Mara, de LCI, pour cause de maternité –, prendrait le 18 septembre la succession de l’élégante blonde, aujourd’hui âgée de 58 ans, très bon chic bon genre à ses débuts, beaucoup plus naturelle aujourd’hui.Au cours d’une conférence de presse, vendredi après-midi, M. Paolini, après avoir précisé que Claire Chazal « reste dans le groupe aujourd’hui. Acceptera-t-elle d’y rester longtemps, je n’en sais rien. Je le souhaite », ajoutait : « Claire est une professionnelle qui pendant vingt-quatre ans a eu beaucoup de succès. A un moment donné, il faut savoir passer la main. Moi-même je passerai la main. » Ce qu’il a annoncé faire « dans quelques semaines ». Le PDG a aussi assuré que la fin du contrat de Mme Chazal avait été évoquée « depuis plusieurs mois ».Partie remiseLa journaliste s’est pour sa part à cette heure refusée à tout commentaire et a même décliné la proposition d’un entretien à Paris Match, qui lui a pourtant offert de nombreuses « unes » de couvertures et chroniquait presque systématiquement ses relations amoureuses ainsi que ses étés réparateurs et balnéaires. L’entretien « choc » que beaucoup espéraient n’est, il faut imaginer, que partie remise.Certains, comme dans l’émission « Touche pas à mon poste ! » de Cyril Hanouna, sur D8 (filiale de Canal +), ont voulu relativiser le drame que vivrait la journaliste en rappelant que ses indemnités de départ pourraient être d’un montant d’environ 1 million d’euros ; d’autres, parmi ses amis et collègues, ont réagi en sa défense. Léa Salamé, dans « On n’est pas couché », samedi soir sur France 2, et Elise Lucet, le lendemain midi, dans « Médias le mag », sur France 5, ont fustigé le sexisme dont les femmes du petit écran seraient les victimes. La première a déclaré : « Je pense qu’en télévision, on tolère plus les cheveux blancs des hommes que les rides des femmes » ; la seconde : « Je ne suis pas sûre qu’on aurait fait ça à un homme. Laisser quelqu’un reprendre une rentrée pour l’évincer trois semaines après, je trouve ça très dur et ce n’est pas mérité. » Hommage de Pierre LaurentMais c’est en direct, samedi midi, que Claire Chazal reçut, avec un sourire ému, l’hommage de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, qu’elle interrogeait en direct de la Fête de L’Humanité : « Et puis puisqu’on va se séparer, Claire Chazal, je voulais quand même vous dire avant de terminer que j’ai été très heureux chaque année de vous retrouver en direct de la Fête de L’Humanité, puisque vous avez été fidèle à ce rendez-vous, donc je voulais vous passer ce petit mot d’amitié et vous dire qu’on vous accueillera avec plaisir ce soir sur la Fête de L’Huma si vous avez envie de vous détendre… » Réponse de Mme Chazal : « Je viendrai. […] Je suis déjà venue, je reviendrai. Merci Pierre Laurent de votre soutien, cela me fait très plaisir. »On imagine les moqueurs se dire, rigolant à peine sous cape, que M. Laurent avait beau jeu de complimenter une journaliste qui n’avait pas choisi le ferraillement comme principe actif de ses entretiens politiques, jugés parfois lénifiants. Mais d’autres, comme Anne Sinclair, directrice éditoriale de la version française du Huffington Post [partenaire du Groupe Le Monde], appréciaient la « douceur des fins de semaine » entretenue par sa consœur. Dans une tribune publiée vendredi, Mme Sinclair fustige la « brutalité » de TF1, « une maison qui ne s’est jamais encombrée d’élégance », qui l’avait elle-même limogée en 2001.Imperturbable et sourianteAlors que, dimanche midi, au journal de 13 heures, Claire Chazal « lançait » un reportage évoquant les effondrements et cratères provoqués par les violentes intempéries dans l’Hérault, la journaliste a d’abord dit « causés par » puis « creusés par » : discret lapsus, si l’on accepte ce que les mots disent de l’inconscient, qui pourrait indiquer que la cause de ce départ creuse un tombeau dont on comprend que la victime sacrifiée ne veuille pas le voir et craigne d’y descendre. (Tombeau, dans le sens ancien d’« hommage », que d’ailleurs, dès jeudi soir, dans le JT de 20 heures de TF1, son ami Gilles Bouleau avait adressé, en des termes affectueusement appuyés, à sa consœur.)Mais dimanche soir, en tenue de demi-deuil (pantalons noirs et chemisier blanc), Claire Chazal est restée imperturbable, souriante et n’a pas buté sur le moindre mot. En toute fin de journal, avant que ne soit diffusé un pot-pourri de ses interventions les plus marquantes depuis ses débuts, elle fit debout ses adieux d’une manière précise et sobre, remerciant assez longuement son public avec lequel elle dit avoir « tissé un lien très fort », ses équipes et la rédaction de TF1. Bonne joueuse, elle ajouta :« Je souhaite à Anne-Claire Coudray tout le bonheur que j’ai eu à travailler pour vous. »Sans cacher son « immense tristesse de devoir ne plus assumer la mission que [lui] avait confié Francis Bouygues ». Une manière de tuer le fils en revivifiant le père. L’audience du dernier 20 heures du week-end de Claire Chazal a réuni 10,2 milllions de téléspectateurs, soit 40.8 % de part d’audience, selon les chiffres de Médiamétrie. L’édition du 20 heures de dimanche sur TF1 n’avait pas atteint un tel score depuis l’interview de Dominique Strauss-Kahn le 18 septembre 2011 avec 12,5 millions de téléspectateurs (44,4 % de part d’audience).Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.09.2015 à 19h15 Le plan social doit officiellement être annoncé aux employés de L’Express lundi. Mais la Société des journalistes (SDJ) du groupe a déjà envoyé une lettre ouverte à Patrick Drahi, patron d’Altice, leur nouveau propriétaire, pour s’émouvoir du projet qui prévoit le départ de 125 salariés.Les journalistes demandent à M. Drahi de « surseoir à tout carnage éditorial et humain » et dénoncent un projet d’une « brutalité aveugle, aussi préjudiciable à la survie de nos titres qu’à vos ambitions » : « Il est dans votre intérêt que votre engagement d’actionnaire exclusif de notre groupe soit couronné de succès. A défaut, vous apparaîtrez comme celui qui aura anéanti l’un des fleurons de la presse française, créé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud. Et votre réputation en sera inévitablement et durablement affectée. »« Ce n’est pas d’un remède mortel dont ce groupe a besoin, mais d’un authentique programme de développement », plaide la SDJ.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick Drahi75 rédacteurs restants à « L’Express »Marc Laufer, directeur général et patron opérationnel d’Altice Media France, a transmis aux élus du personnel le détail de ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui prévoit le départ de 125 salariés, dont une quarantaine de titulaires de la carte de presse et quelque 85 non-journalistes (commerciaux, spécialistes du web, administratifs…).Ce plan va s’ajouter aux 115 départs volontaires dans le cadre de la clause de cession, qui permet aux journalistes de partir avec des indemnisations améliorées.Lire aussi :La boulimie d’achat de Patrick Drahi, patron d’Altice, en quatre questionsUne vingtaine de départs sont prévus par le PSE au sein de l’hebdomadaire L’Express, dont une quinzaine de journalistes rédacteurs. Il resterait après ce plan social et les départs liés à la clause de cession 75 journalistes rédacteurs dans l’hebdomadaire et son site.Deux titres sur la selletteA terme, l’ex-groupe Express-Expansion emploiera environ 500 salariés, contre environ 700 quand Patrick Drahi l’a racheté au groupe belge Roularta en début d’année.Altice compte aussi fermer deux titres, Maison française et Décoration internationale, et faire paraître les magazines déco (Côté sud, Côté ouest…) moins souvent. Il veut aussi filialiser L’Etudiant en renforçant les événements et filialiser la régie publicitaire, selon une source interne. Les titres du pôle culture (Classica, Studio Ciné Live) seraient quant à eux peu touchés.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 8 septembre, la SDJ de L’Express avait déjà accusé Parick Drahi de stratégie « suicidaire » pour le magazine, estimant que la qualité de l’hebdomadaire s’était dégradée depuis sa prise de contrôle. Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-MorettiL’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, est visée par une polémique pour avoir évoqué deux fois au cours de l’émission, jeudi 24 septembre, le discours « de vérité » du Front national, dans lequel, selon elle, « les Français se reconnaissent ». Simple maladresse d’expression surexploitée médiatiquement ou phrase révélatrice ? Difficile de répondre. Pour Eric Dupond-Moretti, l’avocat que Mme Biraben interrogeait ce jour-là, la polémique est « débile ». De son côté, joint par Le Monde, Canal+ a choisi de ne pas commenter. Mme Biraben, elle, a assuré que son expression désignait « la forme, pas le fond » du discours frontiste.Lire aussi :Maïtena Biraben assure avoir voulu parler « de la forme, pas du fond » du discours du FNÀ un moment où la chaîne est scrutée, car elle a changé de mains depuis l’arrivée de Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, plusieurs séquences du « Grand Journal » impliquant des responsables du FN ont récemment été taxées de complaisance. Lors de l’émission du 9 septembre, un sujet, tourné le week-end précédent à l’université d’été du Front national, montrait le journaliste Cyrille Eldin plaisantant avec Marine Le Pen et d’autres cadres. Quelques jours plus tard, le 15 septembre, Maïtena Biraben recevait Robert Ménard, le maire de Béziers, présenté comme « un pro de la com ».« Une chaîne de bobos de gauche »L’animatrice du « Grand Journal » est consciente que Canal+ a une image de chaîne de « bobos de gauche ». Et fait le lien avec le traitement du FN, comme elle l’a expliqué à TéléObs en juin, alors qu’elle était en charge du « Supplément » :« S’il y a bien une personne que j’attends, c’est Marine Le Pen. Elle ne veut pas venir sur Canal+. Elle considère que c’est une chaîne de bobos de gauche et j’en pâtis. Je suis certainement bobo mais personne ne peut dire si je suis de gauche ou de droite. Je le répète : elle est la bienvenue dans Le Supplément quand elle veut. »Maïtena Biraben a précisé aussi sa vision du traitement journalistique du FN :« Je ne comprends pas cette polémique qui consiste à se demander s’il faut ou non interviewer les personnalités du FN. Si ce parti est autorisé, je ne vois pas pourquoi je me pincerais le nez pour recevoir ses élus. Ils nous doivent des comptes, pas plus pas moins que ceux d’autres partis. »Elle rêve aussi d’accueillir « Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Matteo Renzi, Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances, Hillary Clinton, Bill Gates ou Vladimir Poutine. (…) Je ne m’interdis rien. »Contre un Canal+ « arrogant » et « parisien »L’approche personnelle revendiquée par Maïtena Biraben prend un relief particulier dans un contexte de grande attente autour de la ligne du « nouveau Canal », repris en main depuis juillet par l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Depuis leur arrivée à la tête de Canal+, M. Bolloré et ses hommes insistent sur le fait que les chaînes du groupe doivent éviter d’être trop « clivantes », notamment avec les sujets politiques ou religieux. À la direction de Vivendi, on souhaite ainsi tourner le dos à un Canal+ décrit comme trop « arrogant » et « parisien ».Ces qualificatifs ne sont pas sans rappeler ceux-là mêmes qu’employait récemment encore Marine Le Pen ou Eric Zemmour pour parler de la chaîne. Ces dernières années, la présidente du FN a choisi de cibler Canal+, faisant de la chaîne un symbole, à ses yeux, du « conformisme » et du « prêt-à-penser ».Cela ne l’a pas empêché d’accepter souvent les invitations de la chaîne, bien avant l’arrivée de Maïtena Biraben au « Grand Journal » : elle s’est rendue quatre fois dans le talk-show entre 2004 et 2011 puis, depuis 2011, au moins une fois par an, mais pas jusqu’ici en 2015. Elle a également été invitée au moins trois fois de la matinale d’i-Télé cette année.Dans ses relations avec Canal+, Mme Le Pen a régulièrement mis en scène son hostilité envers un média qu’elle a décrit peuplé de « bobos horribles ». La tension a été particulièrement vive avec « Le Petit Journal », qu’elle a – sans succès – attaqué en justice en 2011 et dont les journalistes ont été à maintes reprises refoulés d’événements organisés par le FN, avant qu’une équipe de l’émission soit agressée lors du défilé du parti le 1er mai 2015. En février, Mme Le Pen, interrogée lors d’un déplacement, assurait même : « Je ne réponds pas à Canal+. » Plus généralement, Mme Le Pen a multiplié les échanges musclés avec des figures de Canal+ comme Michel Denisot ou Anne-Sophie Lapix, qui l’avait mise en difficulté en janvier 2012 dans Dimanche +.Le souvenir de l’éviction d’Eric ZemmourCette relation houleuse avec le FN – la chaîne n’est pas la seule : Mediapart, Le Monde ou France Inter, entre autres, ont aussi subi ses critiques – a-t-elle vocation à s’apaiser ? Les mots de Maïtena Biraben, lâchés en direct, ne suffisent pas à l’établir.Depuis juillet, la prise de contrôle de Canal+ par le nouveau patron de Vivendi s’est accompagnée d’un soupçon de motivations politiques. M. Bolloré a été accusé de vouloir supprimer les « Guignols » pour faire plaisir à son ami Nicolas Sarkozy, ce qu’il a démenti.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementMais la vision exprimée par Vivendi d’une chaîne qui ne doit pas exclure des catégories de personnes – et de spectateurs et clients – évoque l’argumentation d’une radio comme RTL pour justifier le maintien à l’antenne d’Eric Zemmour, considéré comme incarnant un courant de l’opinion. La direction précédente de la chaîne d’information en continu du groupe Canal+, i-Télé, limogée depuis, s’était illustrée par son éviction de l’essayiste militant, fin 2014. Une décision qui avait déplu à la direction de Vivendi.À la rentrée, la nomination à la direction de la rédaction d’i-Télé de Guillaume Zeller – fidèle de M. Bolloré passé par la chaîne Direct 8 mais aussi proche du catholicisme traditionaliste – a alimenté en interne les craintes d’une droitisation de la chaîne d’information.Lors d’une réunion, une journaliste de la chaîne a demandé à M. Zeller si Patrick Buisson, l’ancien conseiller maurrassien de Nicolas Sarkozy, pourrait arriver sur la chaîne. Le directeur de la rédaction a fermement démenti, en haussant le ton. Et depuis, il a assuré au Conseil supérieur de l’audiovisuel, comme M. Bolloré, qu’i-Télé produirait une information « impartiale », « équilibrée » et non partisane. Donc pas marquée à droite mais pas à gauche non plus.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréLes prochaines semaines du « Grand Journal » et l’évolution des chaînes de Canal+ et de sa production montreront si la reprise en main par Vivendi marque aussi une inflexion d’image et de ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 12h10 • Mis à jour le25.09.2015 à 20h49 L’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, a-t-elle dérapé, jeudi 24 septembre sur Canal+, en affirmant que « les Français se reconnaissent dans le discours de vérité tenu par le Front national » ?La polémique a enflé toute la journée de vendredi, à tel point que l’animatrice a fait une mise au point dès l’ouverture du « Grand journal », en début de soirée, pour assurer qu’elle parlait « de la forme, pas du fond » :« Hier soir, je recevais l’avocat Eric Dupond-Moretti. Dans mon interview, j’ai utilisé à propos du Front national l’expression “discours de vérité” . Il était question de la forme, pas du fond. (...) J’aurais pu dire un discours cash, un discours anti-langue de bois – c’était évidemment le propos de l’émission –, j’ai dit “un discours de vérité”. »« Alors pour éviter tout nouveau raccourci, je vous renvoie au replay » de l’émission, poursuit-elle. Dans la vidéo en question, on peut voir Mme Biraben interroger Eric Dupond-Moretti sur le thème du « politiquement correct » et affirmer :« Vous savez que les propos de la vérité sont souvent tenus et incarnés par le Front national aujourd’hui, rarement par le Parti socialiste, très rarement par les partis classiques. C’est quelque chose qui vous pose problème ou que vous entendez et qu’à la fin des fins vous comprenez ? »Voir la vidéo (cet échange à la 18e minute) :Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-Moretti« Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention notre émission (...) Surtout continuez mais s’il vous plait, n’hésitez pas à être un tout petit peu détendus quand même », a-t-elle enfin ironisé.Lire aussi :Maïtena Biraben et le FN : derrière le dérapage, un changement de ligne ?Une « connerie » pour Philippe GildasToute la journée, les commentaires se sont déchaînés sur les réseaux sociaux et sous les articles de presse. Pour certains, ce dérapage était préparé dans le but de « faire du buzz » et remonter les audiences « catastrophiques » de l’émission ; certains, « au bord de la bollobsession », allant jusqu’à y voir un potentiel effet de la reprise de la chaîne par Vincent Bolloré. D’autres encore émettent l’hypothèse que les propos de Maïtena Biraben avaient pour but d’améliorer les relations entre Canal+ et le FN, parti politique qui considère que c’est une « chaîne de bobos de gauche ».Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »A l’inverse, pour l’ancien présentateur de « Nulle Part Ailleurs » (ancêtre du « Grand Journal »), Philippe Gildas, la « connerie » de Maïtena Biraben n’était pas préméditée, mais due à un manque d’expérience. Il a ainsi insisté sur le fait qu’elle était présentatrice de l’émission « Les Maternelles » alors que lui avait été rédacteur en chef, avant de prendre les rênes de l’émission, et présentateur du journal télévisé, trente-cinq ans plus tôt.« La chance que j’ai eue, c’est que j’avais une longue carrière de journaliste avant [de faire Nulle Part Ailleurs]. Je savais très bien diriger des équipes et faire en sorte qu’on ne dise pas trop de conneries. D’ailleurs, une connerie comme celle-là, je ne l’ai jamais faite. Mais après, il faut qu’elle apprenne. »Un polémique « débile » selon Dupond-MorettiLa journaliste de TF1, Valérie Nataf, est, quant à elle, venue en aide à Maïtena Biraben en insistant sur la difficulté d’assurer une émission en direct : c’est « l’exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. »Le direct. L'exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. Que celui qui n'a jamais dit de bêtises en direct lève la main— vnataf (@Valérie Nataf)require(["twitter/widgets"]);De la même façon, Eric Dupond-Moretti, qui n’a pas réagi en direct aux formules employées par Maïtena Biraben, a déclaré vendredi: « C’est du direct. Qui peut penser que Maïtena Biraben pense qu’il s’agisse d’un discours de vérité ? »« C’est débile de faire une polémique comme ça. Le langage est complètement cadenassé. C’est insupportable, ces conneries. »Il fallait, a-t-il expliqué vendredi sur 20minutes.fr, interpréter sa phrase comme « ce que disait Laurent Fabius en 1984 : “Le Front national pose les bonnes questions mais apporte de mauvaises réponses.” »Reste que les principaux intéressés de cette polémique, les membres du Front national, en ont profité pour répéter leur ritournelle sur la « pensée unique » :#MaïtenaBiraben à l'épreuve du conformisme idéologique de sa profession. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire...— Marion_M_Le_Pen (@Marion Le Pen)require(["twitter/widgets"]);La caste perd la tête : lyncher une journaliste car elle pose des questions qui déplaisent aux chantres de la pensée unique. #MaïtenaBiraben— f_philippot (@Florian Philippot)require(["twitter/widgets"]);Quand M Biraben dit que le FN tient1discours de vérité, les patineurs du PAF parlent de dérapage: sur la banquise du conformisme ça glisse.— GilbertCollard (@Gilbert Collard ن)require(["twitter/widgets"]); Joël Morio C’est un simple amendement adopté discrètement en commission à l’Assemblée nationale qui a amené les patrons de RTL, de NRJ, du pôle radio de Lagardère Active et des Indés Radios à signer ensemble une lettre rendue publique le 24 septembre par Les Échos. Un fait rare pour des hommes plutôt habitués à s’affronter à fleurets mouchetés. Dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation a inséré dans le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine un article qui prévoit de durcir les règles des quotas d’œuvres françaises que les stations doivent suivre.Selon ce texte, lorsque plus de la moitié des œuvres françaises diffusées se concentre sur dix titres, les passages intervenant au-delà de ce seuil ne seraient plus comptabilisés pour les calculs de respect des quotas de chansons françaises. La quarantaine de députés qui a signé l’amendement juge que l’exposition de la musique francophone en radio n’a cessé de se dégrader. « Sur certaines radios, à l’heure actuelle, dix titres francophones peuvent représenter jusqu’à 75 % des diffusions francophones mensuelles », écrivent-ils dans l’exposé sommaire qui justifie leur proposition.« Tutelle artistique » et « atteinte à la liberté éditoriale »Mais les patrons de radios ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, cette mesure porte « gravement atteinte à la liberté éditoriale » de leurs stations. « Ce n’est pas aux Parlementaires de nous dire ce que nous devons diffuser. C’est nous mettre sous tutelle artistique », ajoute en crescendo, Emmanuel Rials, président de station rock Oüi FM. Les signataires de la lettre ouverte considèrent que ce texte n’est pas dicté par un souci de la défense de la chanson française, mais par « des intérêts bien compris de l’industrie du disque qui cherche à détourner les auditeurs de leurs radios gratuites pour les diriger vers des plates-formes payantes et dont ils sont, pour les plus importants d’entre eux, par ailleurs actionnaires ».En clair, les radios se plaignent de la concurrence de services comme Spotify ou Deezer qui ne sont soumis à aucune règle de quota. « À cause des quotas que nous subissons, ils passent pour des lieux où l’on est libre d’écouter ce que l’on veut », tonne Jean-Éric Valli, président des Indés Radios.Faiblesse de la production francophoneDu côté des maisons de disques et des auteurs-compositeurs, on salue au contraire le vote de cet amendement. « C’est une avancée capitale pour la création musicale qui n’entrave en rien la liberté éditoriale des radios mais ouvre la porte de leur programmation à deux nouveaux titres par mois », expliquent dans un communiqué une dizaine d’organismes représentant les artistes et les producteurs. Un chiffre que l’on estime fantaisiste du côté des radios qui pointent un autre problème : « Entre 2003 et 2014, en dépit des dispositifs d’aides considérables dont bénéficie la filière musicale, la production française s’est effondrée de plus de 60 % ! Pis, aujourd’hui, 83 % de la production française n’est pas francophone ! » Des artistes comme Daft Punk, David Guetta ou Charlotte Gainsbourg ont préféré s’exprimer en anglais et ainsi conquérir de nouveaux marchés. « Si ce n’était pas interdit par la réglementation européenne, ce sont des quotas de production de titres francophones qu’il faudrait instaurer », estime Jean-Éric Valli.Les radios appellent le gouvernement à rejeter l’amendement adopté en commission. Pour faire entendre leur voix, elles incitent leurs auditeurs à téléphoner à Manuel Valls en communiquant dans des spots le numéro du standard de Matignon. Les députés examineront le projet de loi à partir de lundi 28 septembre.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.09.2015 à 18h57 Quel épisode d’une série rend les spectateurs « accros » et les motive à voir une saison en entier ? C’est la question que s’est posée le géant américain de la vidéo à la demande, Netflix, en étudiant les visionnages réels de séries dans seize pays différents, dont la France, de janvier à juillet 2015.La société américaine en vient à la conclusion que, contrairement à une idée répandue dans l’industrie télévisuelle, le pilote d’une série n’a quasiment aucune influence sur le choix du spectateur de suivre ou non la production jusqu’à la fin de la saison, comme l’explique Ted Sarandos, responsable en chef du contenu au sein de l’entreprise :« Etant donné la nature précieuse des cases horaires en prime time à la télé traditionnelle, on pourrait penser que le pilote est le point le plus important dans la vie d’une série. Cependant, dans notre analyse de plus de 20 séries à travers 16 marchés, nous avons découvert que personne n’a jamais été captivé par une série après un pilote. Cela nous conforte dans l’idée que rendre tous les épisodes disponibles d’un coup est plus en phase avec la manière dont se constituent les fans. »L’épisode 2 de « Breaking Bad »Netflix, qui parle d’« épisode hameçon » quand 70 % des spectateurs qui l’ont vu ont ensuite regardé la saison en entier, cite les épisodes 2 de Breaking Bad et 3 de Orange is the New Black et de Dexter, trois séries américaines populaires. Celui de Breaking Bad contient notamment une scène-choc, celle d’une baignoire remplie d’acide et d’un corps en décomposition qui traverse un plafond, qui pose le ton jusqu’au-boutiste de la série. L’épisode 3 de Dexter lève quant à lui le voile sur le premier crime du héros, un serial killer travaillant incognito pour la police. Au-delà de la question du pilote, c’est le modèle créatif des séries qui est en jeu. Netflix et les services de vidéo à la demande connectés permettent de passer du modèle créatif historique, basé sur l’offre (la série telle qu’envisagée par la chaîne et ses producteurs) à une production pensée à partir de la demande (la série définie par les usages de consommation des spectateurs).Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage français Joël Morio Rien ne va plus pour le « Grand Journal ». L’émission quotidienne de début de soirée de Canal+, présentée depuis début septembre par Maïténa Biraben, a réuni 562 000 personnes mercredi 23 septembre 2015.Il ne s’agit certes pas du plus bas score en nombre de téléspectateurs. Sur ce plan, le fond avait été touché le 18 septembre, avec 546 000 paires d’yeux devant leur poste. Mais en part de marché, c’est le plus mauvais résultat affiché par l’émission depuis sa relance : le talk-show de Canal+ a réalisé une part d’audience de 3,2 %, se situant derrière « Money Drop » de TF1 (20 %), le « 19/20 » de France 3 (15,6 %), « N’oubliez pas les paroles » sur France 2 (14,4 %), « La Meilleure Boulangerie » sur M6 (8,4 %), « Touche pas à mon poste » sur D8 (4,3 %), « C à vous » sur France 5 (4,7 %) et « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9). Le « Grand Journal » est même au coude-à-coude avec « Secret Story ».Au sein de Canal+, on juge ces audiences « catastrophiques ». La direction de la chaîne veut « donner du temps » à Maïténa Biraben. La présentatrice échappe jusqu’à présent aux critiques. Mais tel n’est pas le cas de ses chroniqueurs.Augustin Trapenard a admis, alors que le « Grand Journal » recevait François Fillon, mardi 22 septembre, qu’il n’avait pas lu l’ouvrage que l’ancien premier ministre venait de présenter. Un aveu rare, qui a déclenché une petite polémique sur les réseaux sociaux. Les chroniques de Cyrille Eldin sont, elles, accusées de complaisance.Ajustements à venirLa direction promet, depuis quelques jours, des ajustements, sans toutefois préciser s’il s’agit de remplacer ou de faire arriver de nouveaux chroniqueurs. Cyrille Eldin devrait lui un peu moins « rapporter » les potins de la vie politique, ses reportages se faisant au gré de l’actualité politique et non plus systématiquement chaque jour.Deux « pastilles », « Mash up » et « Super bien », ont été mises à l’antenne, lundi 21 septembre. Les producteurs, tout en tenant à la présence d’invités politiques, même si ceux-ci ne font pas forcément de l’audience, veulent également faire bouger le curseur vers plus de divertissement. Enfin, on souligne à Canal+ que « tout est à reconstruire et qu’il faut un peu de temps pour que l’alchimie entre les chroniqueurs prenne ».Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de la chaîne, peut au moins se réjouir d’un article de presse, celui de Direct Matin qui, dans son édition de jeudi 24 septembre, titre : « La nouvelle équipe de l’émission s’impose sur Canal+ ». « Maïténa Biraben et son équipe font souffler un vent de fraîcheur sur Canal+. Le talk-show jongle en effet avec brio entre l’actualité, les débats de société et les nouvelles tendances culturelles », peut-on y lire. Il est vrai que Direct Matin appartient à… Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré expose devant le CSA sa stratégie pour Canal+Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Comme prévu, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a auditionné, jeudi 24 septembre, Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi et du groupe Canal+. Pendant deux heures, l’échange a été « vif et direct, et sans langue de bois, mais courtois », raconte un participant.Un groupe de travail crééLe CSA a toutefois demandé la création d’un « groupe de travail », qui sera chargé d’étudier la traduction concrète et le suivi des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, à l’indépendance éditoriale et à l’exercice du métier de journaliste dans l’indépendance de l’information », a précisé l’autorité dans un communiqué. Une proposition acceptée par Vivendi, qui co-composera cette instance avec le CSA.De son côté, Vincent Bolloré a fait un signe d’ouverture en promettant de reconstituer le comité d’éthique d’i-Télé, qui a connu deux démissions quand a été débarquée la direction de la chaîne. Et il s’est engagé à créer un comité d’éthique auprès de Canal+.Une négociation est donc en cours entre le CSA et Vivendi, même si les deux parties ont affiché à l’extérieur leur entente et la concorde de leur démarche. « Nous avons parlé du groupe Canal+, qui emploie 8 000 personnes, et de son développement pour la culture française, a déclaré M. Bolloré, devant quelques journalistes. Je crois beaucoup à la régulation française. Canal est un immense établissement français et international. Etre auditionné, c’est toujours un honneur. » Le nouveau patron du groupe Canal+ s’est voulu rassurant : « Toute mon histoire a toujours été en accord avec la réglementation française », a dit celui qui était accompagné de Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Groupe Canal+, et de Maxime Saada, directeur général de Groupe Canal+.La question de l’indépendance éditorialeM. Bolloré s’est défendu des accusations de censure portées contre lui, à propos des Guignols ou de documentaires, comme l’a relevé le site de BFM Business. Ces questions ont été soulevées de façon précise par le CSA. M. Bolloré a parlé de « procés d’intention » et de « campagne orchestrée » citant le magazine Society et Renaud le Van Kim, ancien producteur du « Grand Journal » et proche de Franck Annese, patron de Society.Par ailleurs, l’autorité a posé des questions sur les « synergies de groupe » et demandé quelles limites étaient posées à la promotion d’actifs de Vivendi sur les chaînes de Canal+. En effet, les synergies entre les artistes, les salles de concert, les chaînes, les plates-formes web, les structure de production, est une stratégie revendiquée de M. Bolloré. Ce qui s’est traduit par des mises en avant de chanteurs maison au « Grand Journal » ou dans Direct Matin. Le quotidien gratuit du groupe Bolloré se félicitait justement ce jeudi de la nouvelle formule du talk-show de fin de journée de Canal+, malgré les audiences très basses obtenues ces derniers jours, a relevé Puremédias.La question de l’indépendance éditoriale de Canal+ vis-à-vis de son actionnaire a fait l’objet d’un débat. La convention de la chaîne payante est moins disante en la matière, par rapport à celle de TF1 ou M6. Le CSA aimerait la renforcer. Mais Vivendi, de son côté, a répondu qu’il était difficile de promettre d’investir dans les droits sportifs, les séries télé, la culture ou le cinéma tout en se voyant imposer une plus grande étanchéité entre Canal+ et Vivendi. Etudier la modification de la convention de Canal+ est un des chantiers du groupe de travail créé ce jeudi. Dans un communiqué diffusé à l’issu de cette audition Groupe canal+ a réaffirmé sa volonté de « de promouvoir la culture française à l’étranger, ainsi que son ambition de renforcer son soutien au cinéma et à l’ensemble de la création audiovisuelle française. Des engagements supplémentaires seront pris pour valoriser la diversité culturelle. »La convention ne peut être changée sans l’accord de Vivendi. Mais pour faire pression, le CSA a quelques moyens : « Le conseil a rappelé que son autorisation était nécessaire à la mise en œuvre de plusieurs » modifications demandées par M. Bolloré, est-il souligné dans le communiqué du CSA. Une référence à la demande de changement de noms réclamée par Vivendi : D8, D17 et i-Télé deviendraient C8, C17 et CNews. Mais aussi à la volonté de réduire la « fenêtre en clair » de Canal+, c’est-à-dire le moment où ses programmes sont gratuits.Engagement en faveur d’une « impartialité » politiqueLe CSA a aussi voulu avoir des garanties sur l’impartialité politique, notamment à propos de la chaîne d’information en continu i-Télé. En interne existent des craintes d’une droitisation de la concurrente de BFM-TV, notamment en raison du profil de Guillaume Zeller, le nouveau directeur de la rédaction, proche du catholicisme traditionaliste. Ce dernier, mercredi, a promis une « information équilibrée ». Vincent Bolloré a redit jeudi qu’il s’engage en faveur du pluralisme sur i-Télé, un point sensible à deux ans de la présidentielle de 2017. Celui qu’on décrit souvent comme un proche de Nicolas Sarkozy, auquel il avait prêté son yacht en 2007, a aussi rappelé qu’il avait des relations avec la majorité actuelle, via le président de la République François Hollande ou le premier ministre Manuel Valls. Ce dernier a d’ailleurs inauguré la nouvelle version du « Grand Journal » en septembre, ce qui aux yeux de certains anciens de Canal+ a donné le sentiment qu’il validait le grand ménage parfois brutal fait par M. Bolloré.Un projet de rachat de radioPlein d’ambitions pour le groupe Vivendi, qu’il veut global, Vincent Bolloré a aussi émis jeudi devant le CSA le souhait de se doter d’une radio. Une telle diversification est en projet depuis plusieurs années à Canal+ mais le nouveau patron de Vivendi semble vouloir la concrétiser. Des rumeurs lui ont prêté l’intention d’acheter Europe 1, ce qui n’a pas été confirmé. Jeudi a été évoqué l’idée que cette – ou ces – radios soient numériques.L’audition de M. Bolloré par le CSA ouvre une nouvelle phase dans sa prise en mains de Vivendi et de ses chaînes. Jusqu’ici, les autorités s’étaient peu manifestées, malgré les larges changements impulsés, même si certains au sein de l’exécutif sont attentifs à ce que les engagements de Canal+ en faveur du cinéma soient respectés.Plus largement, les semaines qui viennent seront l’occasion de voir si M. Bolloré se soucie des questions d’image médiatique, alors que des préoccupations sont exprimées publiquement : mardi, la présidente (UDI) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Catherine Morin-Desailly, a annoncé une audition prochaine de M. Bolloré, qui pourrait se tenir le 8 octobre.De son côté, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) a appelé « les dirigeants du groupe Canal+ à la retenue et au respect de la création » et demandé « au CSA, garant de la liberté de communication, de sortir de son silence concernant la situation à Canal+ ».Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréMercredi, l’association Reporters sans frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » ont publié une tribune dans Le Monde adressée au CSA, estimant « que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+ ». Ils demandent « qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+ ».Lire la tribune :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien Leloup et Damien GouteuxCrystal, Purify, Peace : en quelques heures à peine, les trois premiers bloqueurs de publicité pour les téléphones et tablettes d’Apple, se sont hissés dans le top 5 des applications les plus téléchargées sur l’AppStore d’Apple.Ces logiciels tirent tous parti d’une nouvelle fonctionnalité d’iOS 9 – la nouvelle version du système d’exploitation des iPhone et iPad. Elle permet désormais de créer et d’intégrer des bloqueurs de contenus (images, sons, vidéos) dans le navigateur Safari et les applications qui l’utilisent. Pour la première fois, il est donc possible de bloquer l’affichage de publicités sur les téléphones d’Apple, comme le proposent déjà depuis plusieurs années des modules pour navigateurs sur PC et Mac.L’arrivée des bloqueurs de publicité sur les terminaux Apple a fait beaucoup de bruit ; en premier lieu car de très nombreux éditeurs de sites se sont plaints de cette arrivée sur l’un des derniers supports où ils pouvaient encore afficher des publicités sans risque de blocage.Comment fonctionnent les bloqueurs de pub ?En 2002, le danois Henrik Aasted Sørensen préfère, plutôt que de réviser un examen universitaire, tenter de jouer avec un nouveau navigateur Web : Phoenix, qui deviendra Firefox. Celui-ci offrait déjà la possibilité de programmer des extensions, des petits modules apportant des fonctionnalités supplémentaires au logiciel.Une extension s’attaquait déjà aux images publicitaires, mais Sørensen a innové en étudiant la source de l’image : le serveur d’où elle provient. Si elle a pour origine un ordinateur identifié comme appartenant à une régie publicitaire, son programme, nommé « Adblock », la rend invisible aux yeux de l’internaute. Chaque utilisateur devait constituer lui-même son filtre en établissant sa propre liste de serveurs de publicité. Le succès fut au rendez-vous et le code source rendu public, permettant à tous de l’améliorer.Wladimir Palant a découvert l’extension en juin 2003. Il a contribué à une innovation majeure : au lieu de télécharger l’image puis de la rendre invisible, il empêche directement le téléchargement. L’affichage de la page visitée est plus rapide, et la quantité de données échangées est réduite.En 2005, un autre développeur, Michael McDonald, créé une nouvelle version du logiciel Adblock, qu’il nomme Adblock Plus. Il y ajoute deux fonctionnalités cruciales : la possibilité de laisser passer des publicités sélectionnées et celle de télécharger un filtre par défaut. En clair, tous les navigateurs dotés de l’extension disposent de la même liste de publicités bloquées et autorisées – ces dernières sont dites « sur liste blanche » ou whitelist.Pourquoi Adblock Plus est-il la bête noire des publicitaires ?Le programme a du succès. Cela tient à son architecture même, très simple : la plupart des utilisateurs se contentent d’installer l’extension et de laisser les réglages par défaut d’Adblock Plus. En clair, ils se fient au choix de l’éditeur d’Adblock Plus sur les régies publicitaires inscrites sur la blacklist, la « liste noire » des publicités bloquées.Mais Adblock Plus propose également une liste blanche par défaut, et c’est là-dessus que l’un de ses concepteurs a trouvé un modèle économique. En 2011, sur les conseils de Tim Schumacher, un investisseur spécialisé dans les nouvelles technologies, Wladimir Palant fonde en Allemagne sa propre société, Eyeo, qui a établi sa propre liste de critères à respecter pour qu’une publicité ne soit pas bloquée par défaut : taille des encarts, format, fait de perturber ou non la lecture… Selon Eyeo, sa liste blanche contiendrait à 90 % des entreprises utilisant des publicités « acceptables ».Mais le respect de ces règles ne suffit pas nécessairement pour rejoindre la fameuse liste : Eyeo demande également aux gros éditeurs de publicité de payer des « frais techniques » avant de les débloquer. Les montants sont secrets, mais le Financial Times, repris par Business Insider, indique que la société exige « 30 % des revenus de la publicité » pour apparaître sur sa liste aux côtés des géants Google et Amazon. Un véritable racket, dénoncent des éditeurs, qui ont tenté de trouver des réponses juridiques – Eyeo a subi quatre procès, principalement en Allemagne, que l’entreprise a tous gagnés –, et techniques – un jeu du chat et de la souris se déroule entre bloqueurs et bloqueurs de bloqueurs.Le concepteur initial d’Adblock, Henrik Aasted Sørensen, a pris ses distances avec le projet d’Adblock Plus, sans changer fondamentalement d’avis : il estime que la publicité en ligne est « cassée », et qu’il appartient aux sites Web de chercher « des alternatives pour leur financement ».Quels sont les arguments des pro et des anti bloqueurs ?Les partisans des bloqueurs de publicité invoquent deux arguments principaux. Ils jugent d’une part que la publicité en ligne est devenue trop envahissante et invasive, nuisant à la consultation des sites. D’autre part, ils reprochent aux publicités de collecter de grandes quantités d’informations personnelles.Ces deux arguments, initialement portés par des libertaires jugeant que le Web, dans sa forme actuelle, est corrompu par les intérêts privés, sont depuis longtemps sortis du cercle restreint des militants d’un Internet plus libre. S’y ajoute, pour les versions pour téléphones mobiles des sites, un argument technique : le temps de chargement des publicités rend l’affichage des pages Web inutilement long, notamment lorsque le réseau est mauvais.De l’autre côté, pour bien des sites, la publicité est la seule source de financement, les internautes rechignant souvent à payer pour les consulter. Quant à l’augmentation du nombre de publicités et leur caractère jugé invasif, il est la conséquence directe de la chute des prix, elle-même liée à de nombreux facteurs, dont la prééminence de grands acteurs comme Google et Facebook sur le marché. Pour maintenir leur chiffre d’affaires, les sites ont donc tendance à afficher davantage de publicités par page, ou à privilégier des formats publicitaires plus visibles et plus grands.Quels sont les précédents ?Sur le caractère invasif des publicités, il y a un précédent célèbre : à la fin des années 1990, les publicités dites « pop-ups », qui s’ouvrent dans une nouvelle fenêtre, se sont généralisées après qu’elles sont apparues sur la plateforme d’hébergement Tripod. Elles sont rapidement devenues la bête noire des internautes : difficiles à fermer, parfois sonores, elles s’ouvrent automatiquement dans une nouvelle fenêtre, à une époque où le navigateur utilisé par la quasi-totalité des internautes, Internet Explorer, conçu par Microsoft, ne disposait pas de système d’onglets.L’apparition de nouveaux navigateurs Web va changer la donne : Opera, puis Firefox intègrent des bloqueurs de pop-ups, facilement paramétrables. Cet avantage décisif, doublé d’innovations techniques, contribue au succès de Firefox – Microsoft sera contraint de suivre le mouvement, et intégrera par la suite son propre bloqueur de pop-ups à son logiciel. Depuis, les pop-ups ont quasiment disparu, et si elles existent encore, peu d’entre elles échappent aux systèmes de blocage désormais intégrés dans tous les navigateurs.Les défenseurs des bloqueurs de publicités citent souvent cet exemple, estimant que c’est un cas typique d’évolution technique ayant permis de limiter les abus des publicitaires. Certains estiment également que l’industrie de la publicité a « eu sa chance », lorsque la fondation Mozilla et d’autres acteurs du Web ont souhaité développer le Do Not Track, un système simple permettant aux internautes de décider si, et quand, ils acceptaient que leur navigation soit tracée. Faute de soutien de la part de l’industrie, ce système n’a jamais décollé.Pourquoi le créateur de l’application Peace a-t-il retiré son logiciel de la vente ?Marco Arment, le créateur de Peace, le bloqueur de publicités pour iOS, est un développeur reconnu. Son application, qui utilisait la technologie de Ghostery – un logiciel de protection de la vie privée qui peut aussi être utilisé comme bloqueur de publicités – s’est hissée en 24 heures en tête des applications payantes les plus téléchargées sur iPhone.Le succès de l’application lui a valu d’être violemment pris à partie en ligne par des anti-bloqueurs de publicité.I guess people aren't happy with @marcoarment https://t.co/lM4pKDdUB2 http://t.co/jQ2umk8v3U— DanGraziano (@Dan Graziano)require(["twitter/widgets"]);S’en est suivie une longue discussion en ligne, sur les réseaux sociaux et plusieurs blogs spécialisés, sur l’éthique des bloqueurs de publicité. Certains commentateurs estiment que la large diffusion des bloqueurs forcera l’industrie de la publicité à s’adapter, comme le chroniqueur du New York Times Farhad Manjoo ; d’autres, comme le développeur Joen Asmussen, considèrent qu’il n’y a pas de bloqueur de publicité « éthique » :Un bloqueur de publicité éthique, qui ne bloque que les « mauvaises » pubs et laisse passer les « bonnes », ça n’existe pas. J’aimerais me sentir comme un activiste luttant pour la pureté du Web quand j’installe l’application de Marco Arment à 2,99 dollars. Je voudrais bien croire qu’en faisant cela, je contribue à faire changer les entreprises de la publicité de manière positive (…) mais c’est une illusion.Au terme de deux jours de débats enflammés, Marco Arment a finalement décidé de retirer son application du catalogue en ligne d’Apple - les acheteurs seront remboursés. Il s’en est expliqué sur son blog :Peace traitait toutes les publicités de la même manière (…) Cette approche est trop brutale, et Ghostery et moi-même avons décidé que cela ne sert pas nos buts et nos convictions de la bonne manière. Si nous voulons amener un changement global, une approche plus nuancée et plus complexe qu’une simple application iOS est nécessaire. (…) Le blocage de publicité est une sorte de guerre (…). Je vois la guerre comme le Tao la voit : il faut l’éviter autant que possible. (…) Et même si je « gagne », ça ne me plaît pas. C’est pourquoi je me retire de ce marché. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien GouteuxJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Il ne s’est jamais publiquement exprimé, à ce jour, sur la transformation de Canal+, qu’il mène, de façon déterminée, depuis le mois de juillet. Jeudi 24 septembre, Vincent Bolloré est attendu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), pour un échange sur les événements des dernières semaines et sa stratégie pour le groupe audiovisuel qu’il préside. Un rendez-vous qui a été décidé « de concert » entre les deux parties et qui doit être l’occasion, pour les huit membres du CSA, de mieux cerner les intentions de M. Bolloré.Lire la tribune :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentCe rendez-vous intervient à un moment où les préoccupations quant à l’avenir de Canal+ s’expriment plus ouvertement, après une phase de stupeur. Mardi, la présidente (UDI) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Catherine Morin-Desailly, a annoncé une audition prochaine de M. Bolloré, qui pourrait se tenir le 8 octobre. « Nous souhaitons l’entendre sur le devenir de Canal+, qui est un maillon important du financement du cinéma », a-t-elle expliqué.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDe son côté, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM), qui fédère 37 000 auteurs, a appelé « les dirigeants du groupe Canal+ à la retenue et au respect de la création » et demandé « au CSA, garant de la liberté de communication, de sortir de son silence concernant la situation à Canal+ ».Bataille de l’imageMercredi, l’association Reporters sans frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » ont publié une adresse au CSA, estimant « que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+ ». Ils demandent « qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+ ».En effet, chaque chaîne de télévision − comme Canal+, D8, D17 ou i-Télé − a signé une convention avec le CSA, en échange de l’attribution d’une fréquence hertzienne. Par exemple, celle d’i-Télé, la chaîne d’information en continu du groupe, exige une « indépendance de l’information, notamment à l’égard des intérêts de ses actionnaires ». Le CSA est donc fondé à interroger M. Bolloré sur cet aspect des choses.Au-delà du respect des conventions, c’est désormais une bataille de l’image qui s’engage pour M. Bolloré. Depuis son arrivée à la tête de Canal+, celui-ci s’est peu embarrassé des apparences, sur fond de renvois brutaux de managers et de déprogrammations de documentaires. Mais l’audiovisuel est un secteur très régulé et symbolique, a fortiori Canal+, un acteur majeur pour le financement de la création audiovisuelle française et européenne. Comment M. Bolloré voit-il cette responsabilité et la dimension quasiment politique de son rôle, au-delà de sa vision entrepreneuriale ? C’est le sens de la phase qui s’ouvre ce jeudi.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est sa première apparition publique depuis sa nomination comme directeur de la rédaction d’i-Télé : Guillaume Zeller a fait partie de la délégation envoyée par la chaîne d’information pour défendre sa demande de passage en haute définition, devant le conseil supérieur de l’audiovisuel, mercredi 23 septembre. Alors que le renvoi brutal de l’ancienne direction d’i-Télé par sa maison mère Vivendi a soulevé des doutes sur l’avenir de la chaîne, M. Zeller a donné quelques détails sur l’état d’esprit du nouveau management, tout en précisant que le projet stratégique et éditorial est encore « en cours d’élaboration ».Lire aussi :Nouveaux changements à i-Télé« Élargir le spectre des thèmes traités »« Les piliers d’i-Télé demeureront invariants : être une chaîne d’information, en continu, qui donne un éclairage sur les thématiques globales », a rassuré M. Zeller, en réponse à une question du conseiller Patrice Gélinet. Le directeur a fait référence à la « convention » passée par la chaîne avec le CSA.« Nous réfléchissons à élargir le spectre des thèmes traités », a toutefois précisé M. Zeller, citant différents domaines : « technologies, société, santé, éducation, consommation… » Des nouveautés qui pourraient éventuellement être insufflées en journée, quand l’audience des chaînes d’information est plus faible. La matinale de Bruce Toussaint est, elle, vue comme un « navire amiral puissant » et une « locomotive ». Un message qui sera sûrement noté en interne où courent les rumeurs selon lesquelles les animateurs avec des salaires importants pourraient être menacés.M. Zeller a cité deux autres axes : une « forte stratégie digitale », d’abord. Car, comme l’a relevé Maxime Saada, directeur général du groupe Canal+, également présent, i-Télé voit dans les téléphones mobiles « un espace un peu inoccupé ». « Mise en perspective de l’information »Puis M. Zeller a évoqué « la mise en perspective de l’information », donc une forme de « pédagogie », ce qui suppose parfois « un temps un plus long ». La promotion d’un plus grand recul par rapport à l’information en temps réel était déjà mise en avant par la direction précédente, et elle est aussi partagée par LCI, mais aussi France Télévisions pour son projet de chaîne d’information, et enfin BFM-TV, le leader, qui revendique ses efforts de décryptage et de reportages autour de l’actualité.Au long de cette audition face au CSA, on a senti des allusions feutrées aux polémiques qui ont entouré la prise de contrôle de Vincent Bolloré sur Canal+ et sa chaîne d’information. « Y aura-t-il des sujets qui fâchent qui seront interdits sur i-Télé ? », a ainsi demandé Mémona Hintermann-Afféjée, en référence aux documentaires de Canal+ déprogrammés ou critiqués par la direction de Vivendi. Non, a répondu M. Zeller. Ce dernier a fait un plaidoyer pour une « information plurielle, équitable, honnête, vérifiée ». Une volonté de rassurer, alors que son profil de journaliste proche du catholicisme traditionaliste a fait craindre, en interne, une inflexion politique, à deux ans de la présidentielle de 2017.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréRassurer sur l’ambiance à i-TéléInterrogé justement par Mme Hintermann-Afféjée sur l’ambiance à i-Télé, M. Zeller a souri : « La situation est bien différente de ce qui a pu être affiché à l’extérieur », a-t-il dit, en référence aux articles parus dans la presse. Puis il a rendu un hommage à la rédaction en place : « Je suis admiratif du professionnalisme des équipes », a dit ce fidèle de Vincent Bolloré, passé par Direct 8 et Directmatin.fr mais sans expérience d’une chaîne d’information en continu.Enfin, M. Zeller s’est vu demander quand i-Télé aurait un « comité d’éthique digne de ce nom ». Le conseiller du CSA Nicolas About a ainsi évoqué indirectement la démission de deux membres de cette instance, en protestation contre la méthode de remplacement des dirigeants d’i-Télé, jugée brutale. M. Zeller promis que le nom des nouveaux membres serait connu bientôt, dans les « prochains jours ».Les autres patrons présents – Jean-Christophe Thiery, le PDG du groupe Canal+, Maxime Saada, son directeur général et Frédéric Vincent, directeur technique – ont soutenu M. Zeller et apporté quelques précisions stratégiques, promettant au CSA d’« investir » dans les moyens pour qu’i-Télé puisse rattraper son retard sur le leader BFM-TV.Jeudi, c’est le grand patron Vincent Bolloré qui aura l’occasion de poursuivre les discussions. Il sera auditionné à son tour par le CSA.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.09.2015 à 13h20 • Mis à jour le24.09.2015 à 11h39 | Collectif Nous, membres du collectif « Informer n’est pas un délit » et Reporters sans frontières (RSF), interpellons le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) parce que nous estimons que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+, Vincent Bolloré.Le CSA, qui a le pouvoir de protéger cette indépendance, auditionne Vincent Bolloré ce jeudi 24 septembre. Face à l’ingérence de l’actionnaire dans la ligne éditoriale des chaînes du groupe Canal+, il est du devoir du CSA de demander des réponses aux questions essentielles suivantes :1- Pourquoi un documentaire consacré au Crédit mutuel et programmé par Canal+ le 18 mai 2015 a-t-il été censuré ?2- Pourquoi un documentaire inédit sur François Hollande et Nicolas Sarkozy programmé par Canal+ le 28 septembre 2015 vient-il d’être déprogrammé sans motif, et ce, au profit d’un film déjà diffusé ?3- Pourquoi un projet de documentaire sur la BNP Paribas, accepté par le comité d’investigation de Canal+, est-il actuellement « gelé » sur ordre de la direction de Canal+ ?4- Comment justifier qu’un reportage sur l’Olympique de Marseille, diffusé sur Canal+, ait été retiré du site Internet, au motif qu’« on ne se fâche pas avec ses partenaires », selon les propos tenus par Vincent Bolloré le 3 septembre dernier lors du comité d’entreprise ?5- Lors d’une réunion des délégués du personnel du 16 septembre, un membre de la direction, questionné sur les documentaires déprogrammés, a déclaré : « La direction tient avant tout à défendre les intérêts du groupe Canal+ et estime qu’il est donc préférable d’éviter certaines attaques frontales ou polémiques, à l’encontre de partenaires contractuels actuels ou futurs. »6- Allez-vous vous servir de Canal+ pour protéger les intérêts de vos « partenaires contractuels actuels ou futurs » ?7- Les intérêts de votre groupe sont-ils compatibles avec le respect de l’indépendance éditoriale d’un média ?8- Les intérêts du groupe Bolloré touchant de nombreux secteurs, notamment en Afrique, un journaliste de Canal+ ou d’i-Télé pourrait-il, par exemple, travailler en toute indépendance sur la prochaine élection présidentielle ivoirienne ou sur les conditions de travail dans les plantations contrôlées par la holding luxembourgeoise Socfin, dont Vincent Bolloré est actionnaire ?En 2002, sur demande du CSA, Jean-Marie Messier, alors actionnaire de Canal+, avait accepté qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+. Aujourd’hui, nous demandons le même engagement à Vincent Bolloré et la même fermeté de la part du CSA.Fabrice Arfi (journaliste, Mediapart), Benoit Collombat (journaliste, Radio France), Christophe Deloire (secrétaire général de Reporters sans frontières), Élise Lucet (journaliste, France 2), Virginie Marquet (avocate). La liste complète des membres du collectif est disponible sur www.rsf.org.Collectif Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) Il n’y a pas que de belles histoires dans la high-tech. La start-up Oyster ambitionnait de devenir le Netflix du livre numérique. Mais deux ans à peine après son ouverture, cette bibliothèque en ligne va bientôt fermer ses portes. « Le service s’arrêtera dans les prochains mois », précisent ses trois fondateurs, dans un message publié lundi 21 septembre sur le blog de la jeune entreprise.Oyster a été lancée en septembre 2013 aux Etats-Unis. Sa promesse : un accès illimité à un catalogue riche d’un million de livres. Pour dix dollars par mois (neuf euros), ses utilisateurs peuvent ainsi lire autant de titres qu’ils le souhaitent, sur leur tablette, leur smartphone ou leur ordinateur.Cette offre illimitée s’inspire du modèle mis en place par Netflix pour les films et les séries télévisées, et par Spotify pour la musique. Ces deux entreprises, leaders sur leur marché respectif, séduisent des dizaines de millions d’utilisateurs dans le monde. De son côté, Oyster n’a jamais véritablement réussi à décoller.La rémunération des auteurs et des éditeurs, un gouffre financierLa société new-yorkaise ne manquait pourtant pas d’ambitions. Elle se rêvait en nouveau Amazon, le géant du commerce en ligne qui a révolutionné le marché du livre avec l’introduction en 2007 de sa liseuse Kindle. « Nous voulons être la société qui va amener les livres numériques à la prochaine étape », lançait encore ses dirigeants en début d’année.Quelques mois après les débuts du service, Oyster avait levé 14 millions de dollars (12,5 millions d’euros) auprès d’investisseurs. Mais les frais engagés par la société, notamment pour rémunérer les auteurs et les éditeurs, ont fait fondre ce pactole. La société ne pouvait plus se permettre d’opérer à perte. « Nous avons réalisé d’importants progrès vers notre objectif de bâtir une manière plus simple de lire », se consolent désormais ses fondateurs.En deux ans, Oyster a en effet réussi à convaincre trois des cinq grandes maisons d’édition de rejoindre sa plate-forme. Mais pas le groupe français Hachette ni son rival anglo-saxon Penguin Random House. En ajoutant les éditeurs indépendants, le nombre d’ouvrages disponibles a été multiplié par dix : de 100 000 au lancement à un million, dont la saga Harry Potter.Prix élevé de l’abonnementCette forte progression masque cependant une importante lacune : les titres les plus récents ne sont pas présents. Consciente des limites de son catalogue, la start-up avait lancé, en avril, une boutique de livres numériques. Celle-ci propose toutes les nouveautés des cinq grands éditeurs.Autre handicap : le prix par abonnement. Dix dollars par mois, c’est un dollar de plus que Netflix, le populaire service de streaming, la lecture sans téléchargement. En moyenne, les Américains lisent une demi-heure par jour, selon les dernières statistiques du département du travail. Mais ils passent près de trois heures devant leur télévision.« Un modèle par abonnement pour les livres numériques n’est pas vraiment intéressant pour une grande partie des lecteurs, note le cabinet Enders Analysis. Les catalogues sont limités et les gens ne lisent pas suffisamment pour rendre ses offres rentables. »Selon Digital Book World, le prix moyen des versions électroniques des ouvrages à succès est inférieur à 7 dollars aux Etats-Unis. Cela signifie que pour rentrer dans ses frais, l’abonné doit lire plus de 17 livres par an. Or, 70 % des Américains lisent moins de 10 ouvrages par an, d’après une étude du Pew Research Center.Concurrence du Kindle Unlimited d’AmazonL’offre illimitée d’Oyster n’était donc intéressante que pour les gros lecteurs. Or, son modèle économique ne pouvait fonctionner que si les abonnés ne consommaient pas trop. La société reverse en effet quelques dollars aux ayants droit à chaque téléchargement. Plus un utilisateur lit, moins il est rentable, car les commissions à payer se rapprochent, voire dépassent le prix de l’abonnement.La situation était d’autant plus compliquée qu’Amazon a lancé un service concurrent en juillet 2014, baptisé Kindle Unlimited. Le géant du commerce en ligne est le leader incontesté du livre numérique. Sa bibliothèque numérique comptait en mai plus de dix fois le nombre d’abonnés d’Oyster, d’après les estimations du cabinet de recherche Codex Group.Dans leur message, les trois fondateurs d’Oyster évoquent « de nouvelles opportunités pour que [leur] vision se matérialise ». Cela se fera peut-être chez Google, qui a recruté une partie des équipes de la start-up. Selon le site spécialisé Recode, les fondateurs ont aussi rejoint la société de Mountain View. De quoi alimenter les spéculations sur l’arrivée d’une offre d’abonnement sur Google Play Books, sa librairie numérique.Jérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde 21.09.2015 à 10h44 • Mis à jour le21.09.2015 à 10h49 | Alexandre Piquard C’est un conte de 2015. Un groupe média à la dimension internationale issu de la presse écrite underground lance sur le Web la version française d’un magazine papier anglais culte. La filiale parisienne de Vice Media a ainsi mis en ligne lundi 21 septembre le site en français d’ i-D Magazine, un journal devenu icône dans le milieu de la mode. Et espère, grâce à son savoir-faire dans le numérique et la vidéo, séduire des jeunes.i-D Magazine n’est pas très connu du grand public français mais, pour les connaisseurs, c’est une légende : lancé en 1980 par un ancien directeur artistique de Vogue, il est connu pour ses couvertures avec un logo en forme de smiley et des mannequins faisant un clin d’œil. Il a accompagné une génération de talents, de Kate Moss aux photographes Juergen Teller ou Wolfgang Tillmans. Il revendique un style esthétique mais plus brut que ses homologues « papier glacé ». Notamment dans ses photos d’anonymes repérés dans la rue pour leur look et « shootés » sur place, en pied.« Trente-cinq ans d’héritage »En 2012, Vice Media, né comme un magazine punk en 1994 mais parti à l’assaut de la vidéo et du Web, a racheté i-D Magazine. Le groupe américain n’a pas touché au magazine papier anglais, qui n’a jamais eu qu’une seule version (achetée, à l’étranger, par quelques fans). Mais Vice a lancé sur Internet huit déclinaisons internationales d’i-D en Allemagne, en Italie, au Mexique, en Pologne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis et en Espagne.La France a-t-elle vraiment besoin de davantage de contenus sur la mode ? Le créneau est déjà occupé, si l’on considère les magazines féminins, les suppléments des journaux généralistes, les journaux gratuits comme Stylist ou les vidéos d’amateurs sur YouTube. « i-D ne part pas de rien, il a trente-cinq ans d’héritage », répond Benjamin Lassale, patron de Vice France. De fait, le magazine a déjà 150 000 abonnés sur YouTube et 1,1 million sur Twitter.Plus concrètement, les éditions internationales permettront à la version française de disposer de contenus qu’il serait autrement difficile de produire, car, comme tous les médias de Vice, elle sera alimentée de 50 % à 80 % de traductions « travaillées ».« Un magazine de célébration, plus prescripteur que critique »« La presse mode est très féminine et tourne autour des produits », regrette Clément Corraze, directeur de l’équipe de onze personnes et ancien des revues Purple et Antidote. i-D promet un contre-pied, plus ancré dans le « réel ». « i-D est un magazine de célébration, plus prescripteur que critique », explique Tess Lochanski, la rédactrice en chef, ancienne du cahier Obsession de L’Obs. Elle a travaillé à adapter ce ton à la France, réputée plus « cynique ». i-D ne veut pas non plus être trop parisien, se rappelant que son ancêtre a défriché des villes comme Leeds ou Brighton.i-D compte enfin profiter du modèle de « sponsoring » de contenus éprouvé par Vice : par exemple des vidéos, cofinancées par le couturier Marc Jacobs, sur des « tribus » comme les riders de vélos BMX dans le quartier du Bronx à New York, ou sur des latinos de Los Angeles, fans de rockabilly, de voitures et de musique fifties. Ou un abécédaire pointu de la danse urbaine, payé par la jeanerie Diesel. Côté français, i-D « célèbrera » la DJ Clara 3000, des clubs « underground » comme la Péripate à Paris ou le jeune designer Julien Dossena, de Paco Rabanne, et fera parler longuement la « papesse » de la mode Carine Roitfeld. M. Corraze résume l’enjeu : « Trouver des sous-cultures qui feront l’air du temps. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.09.2015 à 10h55 • Mis à jour le02.09.2015 à 12h36 | Nabil Wakim (Un débat animé par) //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']);Opéra Bastille - StudioLe 26/09/2015, 12h00 à 13h30Traduction simultanée Réservez vos places //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Matthieu Ricard : « Pour des menus végétariens à l’école » Climat, l’affaire de tous ? L’Europe a-t-elle tué la gauche ?tous les articles de la thématique« Le Monde » organise une table ronde sur l’avenir des médias à l’heure du numérique. Un débat animé par Nabil Wakim dans le cadre du Monde Festival, le samedi 26 septembre de 12 heures à 13 h 30 à l’Opéra Bastille.La révolution numérique n’a pas tué la presse, elle l’a transformée. En vingt ans, Internet a changé le visage des médias, la manière de travailler des journalistes et les habitudes des lecteurs.D’abord inquiets face à l’émergence du Web, perçu comme une menace pour leur modèle économique, de nombreux médias ont pris avec retard le virage numérique, essayant aujourd’hui de renouer avec leurs lecteurs et de construire un nouvel équilibre économique. Les journalistes ont vu leurs pratiques modifiées en profondeur par la réactivité du réseau, la puissance de l’image et les réseaux sociaux.Les lecteurs sont devenus acteurs et commentateurs de l’information, depuis leur lieu de travail, via l’écran de leur smartphone ou de leur ordinateur. Ils sont aussi devenus l’objet de toutes les attentions des médias, qui scrutent leurs comportements en ligne et leurs centres d’intérêts.Toute la chaîne de l’information, de la production a la diffusion a été bouleversée. Comment les médias s’adaptent-ils à cette évolution à grande vitesse ? Quel impact cela a-t-il sur les choix éditoriaux ? Et sur la manière de travailler des journalistes ?IntervenantsLaura McGannLaura McGann est rédactrice en chef en charge de la politique à Vox.com, le dernier né des « pure players » américains, membre du groupe Vox Media. Elle a été rédactrice en chef adjointe de Politico, et a été journaliste au Nieman Lab, site de référence sur l’évolution des médias à l’ère numérique.Kevin SutcliffeKevin Sutcliffe est le directeur de l’information pour la zone Europe de Vice News. Avant de rejoindre le site d’informations en ligne en 2013, ce journaliste britannique a été producteur d’émissions de grand reportage et d’investigation pour Channel 4 et à la BBC. Il a donc l’expérience des médias traditionnels aussi bien que des « pure players ».Siddharth VaradarajanDirecteur jusqu’en 2013 de The Hindu, l’un des principaux quotidiens indiens de langue anglaise, Siddharth Varadarajan, 50 ans, a lancé cette année un nouveau portail Internet d’information, The Wire. Fin connaisseur du secteur de l’information dans les pays émergents comme dans les pays développés, il a enseigné dans plusieurs universités américaines, notamment à Berkeley et Yale.Wolfgang BlauWolfgang Blau est le directeur de la stratégie digitale du Guardian depuis 2013. Cet Allemand de 48 ans a été journaliste indépendant basé aux Etats-Unis pendant dix ans avant d’être nommé, en 2008, rédacteur en chef du site en ligne de l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Par Nabil Wakim (Un débat animé par) 01.09.2015 à 18h55 • Mis à jour le02.09.2015 à 15h57 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Officiellement, il leur a suffi d’un déjeuner, mardi 1er septembre, pour tomber d’accord. « Delphine Ernotte Cunci, PDG de France Télévisions, et Mathieu Gallet, PDG de Radio France, se sont accordés pour travailler ensemble sur le projet d’une chaîne d’information en continu, commune à France Télévisions et à Radio France » : les deux entreprises publiques se sont immédiatement fendues d’un communiqué commun, mardi en fin de journée. Mercredi matin, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, invitée de France Info, s’est dit « très favorable » à un tel projet.Depuis plusieurs mois, l’ambition de France Télévisions de développer une « chaîne d’information numérique » suscitait la circonspection, voire l’hostilité de ses homologues de l’audiovisuel public, à commencer par France Info. A l’origine radio d’information en continu, celle-ci a engagé une mue qui doit en faire un « média global », distribué sur le numérique et mêlant du son, des images et du texte. Soit une offre assez proche de ce que pourrait être une « chaîne d’information numérique » issue de France Télévisions, elle aussi distribuée, donc, sur le numérique et proposant probablement une combinaison de flux, de textes et d’images. De son côté, France Médias Monde opère déjà, avec France 24, une chaîne d’information en continu, diffusée principalement hors de France, mais bien présente sur le Web.Une attente de l’exécutifOr, la création d’une chaîne d’information émanant du service public est devenue cette année une intention gouvernementale. Elaborée sous l’égide de Bercy et du ministère de la culture, la feuille de route pour le futur président de France Télévisions, publiée au printemps, comprenait l’idée de renforcer l’offre d’information, avec la volonté d’offrir davantage de décryptage et de compréhension. La forme était laissée libre, mais le message semblait inviter au lancement d’une chaîne d’information. Le gouvernement, parfois mal à l’aise avec le rythme et le style imposés par BFM-TV ou i-Télé, y voit un enjeu démocratique dans le contexte de l’après-attentats de janvier. Et, comme l’a rappelé Mme Pellerin mercredi, l’exécutif défend une « mutualisation des moyens », à l’heure où les ressources des entreprises de l’audiovisuel public sont sous tension.L’attente gouvernementale avait été devancée par la précédente équipe de direction de France Télévisions, dont le directeur de l’information, Thierry Thuillier – désormais chez Canal+ –, annonçait en décembre 2014 le lancement d’une chaîne d’information numérique pour septembre 2015. Outre la vision éditoriale, il s’agissait de répondre à des enjeux internes. L’entreprise publique mène actuellement une fusion de ses rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) dans le cadre du plan « Info 2015 ». Créer un espace de travail commun, dépassant les canaux actuels et répondant à une ancienne attente, est un levier évident pour aider à surmonter les vives résistances internes.Outre Delphine Ernotte, la plupart des candidats à la présidence de France Télévisions s’étaient accaparés cette idée. La nouvelle PDG a récemment répété, dans un entretien au Monde, son intention de créer une chaîne d’information en continu diffusée sur le numérique, voire sur un canal hertzien. Suscitant immédiatement la riposte de ses homologues : « France Info est là depuis trente ans », rétorquait Mathieu Gallet, tandis que la présidente de France Médias Monde, Marie-Christine Saragosse, lançait : « Une chaîne d’info télé de service public, il y en a une, c’est France 24. »Lire l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Saragosse devant le fait accompliDelphine Ernotte Cunci et Mathieu Gallet – tous deux liés au conseiller en communication Denis Pingaud – ont donc décidé d’éviter cette guerre de tranchées potentielle, qui n’aurait été utile ni à l’un, ni à l’autre. L’heure est à l’apaisement et à la concorde affichée. « Le projet sera confié à Germain Dagognet, directeur délégué à l’information de France Télévisions, et à Laurent Guimier, directeur de France Info », explique le communiqué. Ancien rédacteur en chef de LCI, M. Dagognet vient d’être recruté chez France Télévisions.Bons élèves, les deux présidents se disent « ouverts et désireux d’associer les autres acteurs de l’audiovisuel public ». Potentiellement, le sujet concerne France Médias Monde, mais aussi La Chaîne parlementaire et Public Sénat, voire Arte, l’INA et TV5 Monde. « Dans le contexte budgétaire qui est le nôtre, le bon sens commande a minima que la seule chaîne d’info télé de service public déjà financée depuis neuf ans soit associée à la réflexion, qui en est à un stade très exploratoire », a indiqué au Monde Marie-Christine Saragosse. Celle-ci a rencontré Delphine Ernotte cet été mais n’avait pas été informée de la démarche de ses homologues...La position des syndicats, qui sont influents à France Télévisions comme à Radio France, sera aussi scrutée avec attention. « On a un déficit et un plan de suppression de 350 postes mais on doit donner un coup de main à@Francetele », a ironisé, mardi, le SNJ de Radio France sur Twitter. « Quel est l’intérêt pour Radio France ?, interroge un communiqué de son intersyndicale, mercredi, qui évoque une « filialisation ». Que veut-on faire de France Info, de son projet, de ses journalistes ? »Du côté de France Télévisions, le projet de chaîne d’information est plutôt perçu comme un signe d’ambition. Mais le spectre des « mutualisations de moyens », déjà au cœur de l’opposition au projet « Info 2015 », risque d’inquiéter davantage encore si cette mutualisation concerne désormais plusieurs rédactions de l’audiovisuel public.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 19h29 • Mis à jour le01.09.2015 à 15h51 | Alexandre Piquard Une dirigeante en poste depuis une semaine face à trente-cinq journalistes… Le déjeuner de Delphine Ernotte en compagnie de l’Association des journalistes médias (AJM), lundi 31 août, pouvait faire figure d’oral piégeux. Pour la présidente de France Télévisions, c’était la première apparition publique depuis sa nomination, fin avril. Alors que certains disaient cette ingénieure de formation assez peu charismatique, elle a surpris son auditoire par son franc-parler. Quitte à ce que ce volontarisme frise parfois la naïveté, dans un secteur toujours assez politique.« En matière de ressources, je demande fromage et dessert », a déclaré Mme Ernotte en milieu de repas : elle espère obtenir à la fois l’extension de la redevance aux ordinateurs et aux smartphones et le retour partiel de la publicité entre 20 heures et 21 heures. La « petite phrase » symbolise son approche assez directe sur deux dossiers sensibles, déjà défendus par son prédécesseur.« Il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques »La présidente serait favorable à une « réforme à l’allemande » de la contribution qui finance l’audiovisuel : la déclaration serait, par défaut, précochée pour signaler que le foyer possède un moyen de recevoir la télévision, analogique ou numérique. « On pourrait aller jusqu’à fiscaliser », pour rendre le montant progressif en fonction des revenus, a-t-elle ajouté. Avec toutefois ce bémol : augmenter les taxes ou les contributions n’est pas en vogue dans le gouvernement… « Sur ces sujets, il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques. Ce n’est pas à moi d’en débattre… », a-t-elle reconnu.« Je n’ai besoin de l’autorisation de personne pour lancer une chaîne d’information sur le numérique », a aussi déclaré Mme Ernotte, alors qu’on la relançait sur les propos de la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, selon lesquels « la décision de lancer ce projet n’a pas encore été prise ». La phrase presque bravache était paradoxalement une façon de dire qu’obtenir le droit de diffuser cette future chaîne sur un canal de la télévision numérique terrestre (TNT) n’était pas un « préalable ».La nouvelle présidente de France Télévisions s’est posée en femme simple, prenant un langage décontracté : « Netflix, l’exception culturelle française, ils s’en battent la cravate ! » « Mettre des contenus sur YouTube, cela s’appelle danser avec le diable. Mais je ne ferme pas la porte. » « Le modèle des diffuseurs français se casse la gueule. »Parfois décrite comme novice de la télévision car venue d’Orange, Mme Ernotte s’est aussi montrée très sûre d’elle : « Qu’on dise que j’ai un super-réseau, ça me va », a-t-elle répondu à propos des « aides » dont elle aurait bénéficié pour sa nomination – contestée – par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. « Je n’ai pas peur. Gérer des contraintes, financières et humaines, c’est mon métier. » Taquinée sur l’idée de faire un second mandat, elle a glissé, en souriant, qu’elle aurait « l’âge pour en faire trois ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 03h46 • Mis à jour le01.09.2015 à 00h06 Deux journalistes britanniques du groupe de presse Vice News ont été inculpés par la justice turque pour activités terroristes, lundi 31 août. Leur traducteur, qui avait également été arrêté, est poursuivi du même chef. Les trois hommes ont été placés en détention, dans l’attente de leur procès. Le chauffeur du groupe a en revanche été libéré.Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été interpellés jeudi soir dans le district de Baglar, dans la province de Diyarbakir, où ils filmaient les combats entre les forces turques et les combattants séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ils sont accusés de « participer à des activités terroristes » pour le compte du groupe Etat Islamique (EI). Les journalistes ont rejeté les accusations portées à leur encontre, en présence de leurs avocats.« Accusations effrayantes »« Aujourd’hui le gouvernement turc a porté des accusations effarantes et infondées (...) à l’encontre de trois reporters de VICE News, dans une tentative d’intimidation et de censure de leur témoignage », a réagi Kevin Sutcliffe, directeur Europe des programmes d’information de Vice News, lundi soir.La veille, le groupe avait déclaré être en contact avec les autorités compétentes pour obtenir la libération de ses journalistes. « Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, PEN International et de nombreux autres ont appelé à ce que ces fausses allégations soient abandonnées et à la libération immédiate du groupe de journalistes. »"We ask for justice and the immediate release of journalists doing their jobs." http://t.co/uh86SyXWos— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);Amnesty International a appelé à la libération « immédiate » des journalistes, qualifiant les accusations à leur encontre de « scandaleuses et étranges ». 27.08.2015 à 16h27 • Mis à jour le27.08.2015 à 16h42 | Alexis Delcambre TF1 n’entend pas rester sans réaction face à l’érosion de l’audience de son journal de 20 heures, qui ne dépasse plus celui de France 2 que d’une courte tête. Un problème pour une chaîne dont le modèle repose sur la notion de « leader ».Jeudi 27 août, la filiale du groupe Bouygues a annoncé une série d’innovations qui doivent entrer en vigueur dès lundi 31 août, dans l’espoir de relancer un format qui souffre d’une certaine usure, – bien qu’il reste le rendez-vous d’information vespéral le plus regardé de France. Proximité et numérique sont les maître mots de cette relance qui ne touche pas les présentateurs : Jean-Pierre Pernaut à 13 heures, Gilles Bouleau à 20 heures et Claire Chazal le week-end demeureront les trois visages de l’information sur TF1.Les causes de l’usureInstigatrice de cette réforme, Catherine Nayl, la directrice générale à l’information du groupe, identifie des « causes endogènes » et des « causes exogènes ». Les premières sont liées au vieillissement du format actuel, installé en 2012. Les secondes ont trait à l’apport d’audience inégal de l’« access prime time », la case qui précède le 20 heures, ainsi qu’à la désaffection des téléspectateurs les plus jeunes, pour lesquels le JT n’est plus un rendez-vous. « Nous sommes en première ligne » face à la mutation des usages, dit aujourd’hui Mme Nayl.La recherche de « proximité »Face à cette usure, la réponse éditoriale de TF1 est de se rapprocher du téléspectateur. Il n’y aura pas de changement dans les thématiques abordées, mais les sujets devront davantage « impliquer » le téléspectateur, « expliquer comment tel événement de l’actualité va le toucher ». On verra davantage les journalistes à l’antenne, pour mieux incarner les sujets, qui montreront aussi plus de témoins. Ce sera « un peu plus “concernant” et souriant », espère Catherine Nayl. Le numérique viendra en renfort de cette approche, avec la création d’une page Facebook du JT de TF1 où les internautes pourront poser des questions supplémentaires aux journalistes ou experts étant intervenus dans le JT, dans un chat, et suggérer des idées de sujets. C’est un pas important pour TF1, où une culture assez statutaire de l’information n’a pas favorisé, jusqu’ici, le recours à l’interactivité. Enfin, les JT disposeront d’un nouveau décor, plus chaleureux et censé rapprocher le présentateur, plus souvent debout, devant la table au lieu d’être derrière.Un format plus structuréPour essayer de freiner la tendance des téléspectateurs à quitter le JT en cours de route, celui-ci sera structuré en trois grandes parties et proposera un nombre de sujets un peu moins important, autour de 14 au lieu d’environ 17 en moyenne. La partie centrale concentre la principale innovation : elle proposera un format « magazine » d’environ cinq minutes, réalisé par une cellule dite « enquête ». Dans la forme, un recours plus important à l’infographie est annoncé, par exemple avec le format « une minute pour comprendre ». Le nouveau décor, circulaire, vise aussi à immerger le téléspectateur à l’intérieur d’un mur d’écrans où les images de fond ont été revues, rendues plus douces et lumineuses.Un JT expérimental avec FacebookTF1 travaille enfin à un mini-JT qui sera diffusé sur Facebook et sa plateforme MyTF1News, qu’elle présente comme « le premier JT social d’Europe ». D’une durée d’une minute trente environ, baptisé « Focus », il proposera trois à quatre sujets détectés parmi les informations populaires sur les réseaux sociaux et sera animé par les présentateurs maison. Une façon pour TF1 d’aller à la rencontre des internautes les plus jeunes : « Notre marque existe et doit s’adresser à tous », revendique Catherine Nayl.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard et Madjid Zerrouky La chaîne i-Télé a diffusé mardi 25 août des images d’Ayoub El-Khazzani à son arrivée au palais de justice de Paris avant qu’il soit mis en examen pour, entre autres motifs, « tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».Le principal suspect de l’attaque à bord du Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août y est présenté vêtu d’une tenue d’hôpital bleue, pieds nus, les yeux bandés et menotté. Ses mains ont toutefois été floutées par la chaîne de télévision.Le lendemain, c’est Paris Match qui a publié une photo prise par un passager du TGV, montrant Ayoub El-Khazzani inconscient et porté par des policiers sur le quai de la gare d’Arras, son visage visible, ses pieds et ses poings liés. « Quelles que soient la nature et la gravité des faits reprochés à un homme, notre Etat de droit ne peut pas accepter que cet individu soit traité d’une manière dégradante et inhumaine. Le nécessaire aurait pu être fait », s’est insurgé en réaction Mani Ayadi, l’avocat d’Ayoub El-Khazzani.1. Que dit la loi ?L’article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, renforcée par la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, est relativement clair sur le sujet :« Lorsqu’elle est réalisée sans l’accord de l’intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 euros d’amende. »Autrement dit, la loi interdit toute publication d’une photo ou d’une vidéo d’une personne pouvant être identifiée soit par son nom, soit parce que son visage est visible, et la montrant entravée.Sur ce seul aspect, la photo publiée par Paris Match semble très nettement tomber sous le coup de la loi et pourrait faire l’objet de poursuites — qui sont toutefois très rares pour ce motif. 2. Flouter des menottes est-il une solution ?C’est ce qu’a choisi i-Télé. Le bandeau sur le visage d’Ayoub El-Khazzani ne change rien à son identification puisqu’il est nommément identifié. Mais les menottes, elles, sont floutées. « Il n’y a pas eu de débat dans la rédaction, qui a estimé que la valeur informative du document était très forte », explique-t-on à la chaîne.Cela suffit-il à « protéger » i-Télé en cas de poursuites ? Peu probable : la solution choisie est finalement hypocrite quant à l’esprit de la loi, car il est évident qu’il est entravé, les mains liées derrière le dos. « La loi ne dit pas qu’il ne faut pas montrer les menottes ou les entraves, mais interdit toute image faisant apparaître que la personne est menottée : sa posture, par exemple, suffit à faire apparaître de manière évidente que ses mains sont liées », explique Christophe Bigot, avocat spécialiste de la presse, et qui défend notamment Le Monde. 3. Strauss-Kahn, Cantat… Un débat récurrentLe 15 mai 2011, des images tournent en boucle dans les médias américains : Dominique Strauss-Kahn apparaît à sa sortie de garde à vue du commissariat de Harlem, à New York, escorté par cinq policiers et menotté dans le dos sous les flashs des photographes. La veille, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) avait été arrêté par la police américaine, qui le soupçonnait d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre de l’hôtel Sofitel où il séjournait.Des images hors la loi au regard du droit français, mais pas aux Etats-Unis, où elles sont courantes, le premier amendement de la Constitution protégeant la presse au nom de la « liberté d’expression ».Si Dominique Strauss-Kahn n’a engagé aucune poursuite à l’encontre des médias télévisés qui avaient repris la séquence filmée, les chaînes s’étaient vu notifier une mise en garde par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), estimant que « le principe de la liberté d’expression et le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité humaine » et rappelant que la loi du 15 juin 2000 punit la diffusion d’une image faisant apparaître menottée ou entravée une personne qui n’a pas fait l’objet d’une condamnation.Les condamnations pour ce motif sont peu nombreuses. En 2004, le quotidien France Soir et les magazines Paris Match et VSD avaient été condamnés pour avoir publié des images de Bertrand Cantat, menotté, prises en Lituanie en août 2003. L’ex-chanteur de Noir Désir y avait été arrêté et condamné en mars 2004 pour le meurtre de sa compagne d’alors, Marie Trintignant. Les clichés avaient été diffusés avant sa condamnation. En 2007, ce sont trois journaux (Le Journal du dimanche, Metro et Le Nouveau Détective) qui avaient été condamnés pour des photos de l’acteur Samy Naceri menotté, alors qu’il n’avait pas encore été jugé.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.08.2015 à 13h49 | Alexis Delcambre Place aux programmes ! Ce mercredi 26 août à 9 heures, Mathieu Gallet a donné sa conférence de rentrée de Radio France. L’occasion de s’exprimer sur d’autres sujets que les tensions budgétaires de son entreprise ou ses relations délicates avec la ministre de la culture, Fleur Pellerin, ou les syndicats de la Maison ronde.Depuis le mois de mars, le jeune président a dû affronter une triple tempête. En interne, la mise au jour d’un trou dans le budget et la perspective d’un plan de départs ont entraîné une grève de vingt-huit jours, la plus longue de l’histoire de Radio France, qui a révélé les carences du dialogue dans l’entreprise. En parallèle, le protégé du CSA s’est violemment heurté à la ministre de la culture, qui lui a reproché son absence de projet.Enfin, une série de révélations dans la presse, notamment dans Le Canard enchaîné, ont entraîné l’ouverture au parquet de Créteil d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur des contrats passés par M. Gallet quand il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel.ParadoxeMais pour le moment, l’ancien conseiller de Frédéric Mitterrand Rue de Valois a survécu à cette conflagration. Le paradoxe étant que, sur le terrain des contenus, le bilan de la première saison de Mathieu Gallet apparaît positif. A commencer par les audiences des antennes, qui, la saison dernière, ont progressé, malgré l’effet de la grève du printemps.France Inter a repassé, l’hiver dernier, la barre des 10 % d’audience cumulée, et les choix de sa directrice, Laurence Bloch, en faveur d’une antenne plus ouverte et détendue, ont été validés. Malgré l’éviction en juillet de son directeur, Olivier Poivre d’Arvor, France Culture a atteint en 2015 un niveau d’audience record, tandis que France Info tente de réinventer son identité de chaîne d’information en continu en s’adaptant aux usages numériques.Il reste des chantiers, nombreux : le développement du réseau « Bleu », la relance de France Musique que va tenter Marc Voinchet, celle de Mouv’, actuellement en chantier, le destin de FIP, le développement de nouvelles activités, comme les spectacles ou, plus généralement, l’avenir de la radio dans un univers d’écrans. Il faudra à Radio France vivre une saison plus sereine pour les faire progresser. C’est le message que Mathieu Gallet a donné à ses troupes mercredi matin.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Sandrine Treiner, 50 ans, présente à France Culture depuis 2010, a été choisie, mardi 25 août, pour succéder à Olivier Poivre d’Arvor, évincé de la direction de la chaîne publique en juillet.Comment se porte France Culture, un mois et demi après l’éviction de votre prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor ?La chaîne s’est tout simplement remise à faire de la radio. L’année a été lourde pour les antennes, avec beaucoup de fatigue et de tensions accumulées. Cela nous a donné le désir de se remettre au cœur de notre pratique. Notre grille d’été a été marquée par de beaux moments de radio : des séries d’été, de grandes traversées... dans une sorte de calme après la tempête.Olivier Poivre d’Arvor est parti dans des conditions houleuses...Je suis arrivée à France Culture il y a cinq ans car il est venu me chercher. Je lui dois mon arrivée et les cinq années où j’ai appris ce qui me permet aujourd’hui d’être directrice. Nous formions une équipe très soudée, avec de bons résultats. Au-delà de la rupture avec Olivier Poivre d’Arvor, la confiance a été donnée à la continuité.Il y avait d’autres choix ?Je l’ignore, et j’ai passé l’été à travailler pour que l’antenne soit bonne.Comment voulez-vous désormais faire évoluer France Culture ?Ce qui est formidable dans notre chaîne, c’est qu’on sait qui on est, pourquoi on existe et pourquoi on fait ce qu’on fait. Cela nous autorise des pas de côté par rapport à nos champs identitaires. C’est ce qui éclaire nos choix pour cette rentrée. Ainsi le duo que forment entre 19 et 20 heures Martin Quenehen et Mathilde Serrell : d’un côté une voix présente depuis longtemps à l’antenne, et de l’autre quelqu’un venant bousculer cette évidence, issue d’un autre univers, plus jeune et décalé, celui de Radio Nova.Vous allez devoir vous passer de Marc Voinchet, qui quitte la matinale pour la direction de France Musique...Il ne pouvait en effet pas faire les deux ! Le succès de notre matinale est avant tout lié à notre approche distanciée de l’actualité. Si on prend du recul, nous avons eu un excellent matinalier avec Nicolas Demorand. Quand il est parti, Ali Baddou l’a remplacé et a renforcé la matinale. Puis ce fut au tour de Marc. Alors je n’ai pas de doute sur le fait que Guillaume Erner contribuera à développer encore ce rendez-vous. Il vient de France Inter mais il incarne pleinement l’esprit de France Culture, il a son brevet en sciences sociales et aime aussi vagabonder !Après avoir atteint un record, à 2,3 %, l’audience cumulée de France Culture a baissé au printemps, à 1,8 %. Inquiétant ?Nous avons été la station la plus touchée par la grève de mars-avril, en restant à l’arrêt 28 jours. Ils est donc normal que la mesure d’audience ait été touchée. En réalité, si on regarde la période de sondage Médiamétrie, après la grève, notre audience était remontée à un niveau comparable à celui de janvier/mars.A vos yeux, qu’a révélé cette grève si suivie à France Culture ?Avant tout un état d’inquiétude. Les médias sont des révélateurs de la société qui les entoure et nous avons été touchés à notre tour par la peur du déclassement. En interne, le conflit a montré la nécessité de revoir des éléments d’organisation, de circulation de l’information, d’association des personnels et des partenaires sociaux aux projets du groupe.Toute la direction s’est depuis attelée à améliorer les choses. Enfin, au delà de la question budgétaire, la grève a pointé la question du sens, qui agite tous les médias. Nous sommes en plein tournant, en train de définir ce que nous ferons dans vingt ans. Cela soulève naturellement des interrogations.Vous allez devenir directrice de chaîne dans une entreprise encore fragile, où un plan de départs volontaires se prépare, sous l’autorité d’un président parfois contesté... Vous avez hésité ?Le fait que la direction soit confiée à une femme qui a toujours été une auditrice de France Culture, qui a la passion de cette chaîne chevillée au corps, ça ne se discute pas. C’est un signal et j’y réponds avec enthousiasme. Je suis très attachée au service public. Nous avons un rôle à jouer dans la société actuelle et c’est ce qui compte. Et j’ai confiance dans l’avenir de cette maison.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est finalement la continuité qui prévaut à France Culture, un mois et demi après l’éviction houleuse de son directeur Olivier Poivre d’Arvor. L’actuelle directrice par intérim de l’antenne publique, Sandrine Treiner, a été nommée directrice, mardi 25 août. Ce sera donc elle qui présentera la nouvelle grille de la chaîne, mercredi, lors de la conférence de rentrée de Radio France.Sandrine Treiner, 50 ans, est présente à France Culture depuis 2010, comme conseillère de programmes puis directrice adjointe en charge des programmes. Elle était devenue directrice par intérim en juillet. Mais le président de Radio France, Mathieu Gallet, s’était donné le temps de la réflexion, en estimant que « France Culture intéresse des personnalités de talent ».Lire l'entretien :Mathieu Gallet : « On ne peut pas être dans la maison tout en la critiquant »Dans ses nouvelles fonctions, Sandrine Treiner devra accompagner la nouvelle grille de France Culture, marquée par le changement de voix de la matinale, où Guillaume Erner (ex-France Inter) remplace Marc Voinchet, devenu directeur de France Musique.Après une saison marquée par un record à 2,3 % d’audience cumulée en janvier-mars 2015, France Culture a reculé à 1,8 % au printemps, payant notamment la longue grève de Radio France. La chaîne doit également soutenir un développement numérique encore timide et désormais piloté par Florent Latrive (ex-Libération).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Chaîne emblématique de la construction européenne, Arte deviendrait-elle celle du combat contre les géants du Web ? C’est en tout cas sous ce signe que sa présidente, Véronique Cayla, a placé la nouvelle saison de la chaîne, lors d’une conférence de rentrée lundi 24 août.« Arte se veut un lieu de vigilance et de résistance », estime celle qui copréside la chaîne franco-allemande depuis 2011 et jusqu’à la fin de cette année. La menace, à ses yeux, ce sont ces algorithmes qui gouvernent les grandes plates-formes numériques, « réduisent les individus à des séries de données de plus en plus invasives » et « enferment chacun dans ses habitudes ».Un descriptif qui semble viser aussi bien les suggestions de programmes d’un Netflix, fondées sur une étude approfondie des consommations antérieures de l’abonné, les critères des résultats de recherche de Google ou les paramètres qui font qu’un contenu s’affiche dans un fil Facebook.La puissance de recommandation de ces grandes plates-formes est une source d’inspiration pour leurs concurrentes françaises, qui essayent d’individualiser leurs propositions de contenus. CanalPlay, la plate-forme de vidéo à la demande de Canal+, a ainsi lancé son propre outil de recommandation, Suggest. Dans son application Zoom, France Télévisions expérimente également une proposition de contenus inspirée des goûts de l’utilisateur.Une chaîne « civique et citoyenne »Sur les cinq sites d’Arte, revendique sa présidente, « la recommandation n’est pas automatique mais éditoriale et réfléchie ». Et de s’enorgueillir d’avoir diffusé au printemps la série documentaire « Do not track », consacrée à la traçabilité numérique : « Grâce à cette série, Arte contribue à une meilleure connaissance et à une meilleure maîtrise par le citoyen de l’utilisation qui est faite de ses données personnelles. »Reste que les bonnes intentions ont leurs limites. Arte.tv ne fait pas exception à l’usage des cookies, ces petits fichiers déposés sur les disques durs par les sites Internet visités. Sur sa page dédiée, le site explique utiliser vingt types de cookies différents. Il encourage la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux – Facebook, Google Plus, Instagram, Twitter – et les programmes d’Arte sont disponibles sur l’Apple TV.« Notre politique est d’aller toucher le public où il est, et donc nous travaillons avec ces plates-formes, mais en conservant notre liberté de penser », se défend Mme Cayla. Sur ce sujet, il faut pour elle « mobiliser les opinions publiques, seules capables d’ébranler les certitudes des géants du Net ». Une mission de taille pour une Arte qu’elle rêve « civique et citoyenne », contribuant à « l’émergence d’une introuvable opinion publique européenne ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Selon le Wall Street Journal du lundi 24 août, la Commission européenne, qui a déjà, au printemps dernier, formellement accusé Google de pratiques anticoncurrentielles sur son service Google Shopping, a récemment étendu son enquête. En ligne de mire, les contrats publicitaires signés par le géant américain du Web et ses pratiques consistant à reproduire du contenu de sites tiers.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesA en croire le quotidien américain, des sociétés ayant déposé plainte contre Google ont été contactées par Bruxelles pour répondre à un questionnaire concernant ces pratiques. Plus précisément, pour mettre à jour ce questionnaire, qui leur avait déjà été envoyé en 2010, au tout début du travail d’enquête de la Commission sur les agissements du groupe Internet.« Cette démarche n’a rien d’inattendu »L’information n’a pas été formellement confirmée, ni par Google, ni par la Commission, mais pas infirmée non plus. « La Commission n’a pas caché, ces derniers mois, qu’elle continuait à regarder de près trois autres comportements de Google : les copies du contenu d’autres sites qu’effectuait le groupe, les clauses d’exclusivité comprises dans ses accords avec ses partenaires publicitaires, des restrictions imposées à ses partenaires annonceurs concernant l’usage d’autres plates-formes de publicité », selon une source bruxelloise.« La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager avait dit [lors de sa prise de fonction], l’année dernière qu’elle voulait que ses équipes mettent à jour toutes les interrogations soulevées par son prédécesseur [Joaquin Almunia]. Donc, cette démarche n’a rien d’inattendu. Mme Vestager a aussi répété qu’elle n’excluait pas d’élargir l’investigation », explique une source européenne au Monde. « Donc, cette démarche paraît logique, elle relève peut-être même d’une forme de tactique pour maintenir la pression sur le groupe », ajoute cette source.De fait, Google n’a plus que quelques jours – d’ici au 31 août –, pour répondre par écrit aux accusations de la Commission, émises en avril, concernant le service en ligne Google Shopping.Google joue grosLe groupe est sous le coup d’une enquête européenne pour abus de position dominante depuis maintenant cinq ans, mais Bruxelles est passé à la vitesse supérieure, quand Mme Vestager a décidé d’envoyer cet acte d’accusation – ce Statement of Objections, dans le jargon communautaire –, centré sur Google Shopping, alors que son prédécesseur, M. Almunia, avait jusqu’à présent toujours évité cette étape cruciale de la procédure en tentant de trouver un compromis avec Google.Lire aussi :Google : un poids (très) lourd, mais quelques alternativesLe géant américain joue très gros avec cette affaire : si la Commission ne se satisfait pas de sa défense, si elle est convaincue que le groupe a enfreint les règles européennes en matière de concurrence, elle peut lui imposer une amende allant jusqu’à plusieurs milliards d’euros.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ancienne patronne d’Orange France, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Voici des extraits de l’entretien qu’elle a accordé au Monde.Quelle est votre ambition pour France Télévisions ?Je veux en faire une entreprise audiovisuelle du XXIe siècle. Cela veut d’abord dire assurer les missions essentielles : proposer des programmes innovants et une information de service public, mais, au-delà, je veux en faire une entreprise qui n’ait pas seulement des supports numériques, mais qui soit un vrai groupe numérique.Face à la mondialisation et à l’essor d’Internet, qui abolit les frontières pour le contenu, il y a un vrai enjeu pour la télévision publique en France : nous risquons de souffrir d’avoir un territoire tout petit face à des géants américains qui amortissent leurs séries sur des millions de téléspectateurs. Il faut donc aider à la production des contenus exportables et être moteur dans la coproduction européenne. Je regardais jeudi soir sur Arte « The Team », une série polar danoise, allemande et belge. Il n’y a aucune raison que le secteur audiovisuel français ne devienne pas plus puissant.Faire une chaîne d’information publique est une de vos priorités. Quel sera son apport face à BFM-TV ou i-Télé ?Dans un monde qui est en train de se fragmenter, où beaucoup de téléspectateurs ne font plus confiance à ce qu’ils entendent, nous voulons une chaîne qui aille plus loin que donner l’information. Et qui permette de comprendre, d’exposer des points de vue différents, d’éclairer et de décrypter, au-delà de l’information brute et parfois brutale qu’on peut voir sur les chaînes en continu.Pourquoi avoir nommé numéro deux de l’information Germain Dagognet, de TF1, qui n’était pas le choix de votre directeur de l’information ?J’ai choisi de nommer Pascal Golomer directeur de l’info. C’est important pour la rédaction d’avoir pris l’un des leurs, qui est reconnu et qui est un bon manageur. C’est le point le plus important. Après, je n’ai jamais caché mon projet de faire une chaîne d’information. J’ai souhaité que ce projet soit intégré à la rédaction. J’ai vu pas mal de monde pour la direction de l’information, et Germain Dagognet m’a paru avoir une bonne expérience, notamment celle d’une chaîne d’information en continu, à LCI. Il sera une ressource utile pour réussir ce projet, sous la direction de Pascal Golomer.Certains pensent que votre présidence est marquée à gauche : le président du CSA est un ancien socialiste, vous avez choisi un ex-écologiste comme directeur de cabinet, Stéphane Sitbon Gomez… N’est-ce pas prêter le flanc à la critique en vue de 2017 ?Je suis une femme d’entreprise, pas une femme politique. Je n’ai aucun marquage. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai défendu ma candidature. Et je crois que c’est aussi pour cela que le CSA m’a nommée : ma capacité à transformer une entreprise, dans un climat social apaisé. Quant à Stéphane Sitbon Gomez, je cherchais quelqu’un pour m’aider à relire mon projet et cela a été une rencontre. Il se trouve qu’il a un passé politique mais ce n’est pas cela qui m’a décidée.Lire l'intégralité de l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Rien ne va plus pour le « Grand Journal ». L’émission quotidienne de début de soirée de Canal+, désormais présentée, depuis début septembre, par Maïténa Biraben, a réuni 562 000 personnes mercredi 23 septembre 2015. Il ne s’agit certes pas du plus bas score en nombre de téléspectateurs. Sur ce plan, le fond a été touché le 18 septembre dernier, avec 546 000 paires d’yeux devant leur poste. Mais en part de marché, c’est le plus mauvais résultat affiché par l’émission depuis sa relance : le talk-show de Canal+ a réalisé une part d’audience de 3,2 %, se situant derrière « Money Drop » de TF1 (20 %), le « 19/20 » de France 3 (15,6 %), « N’oubliez pas les paroles » sur France 2 (14.4 %), « La meilleure boulangerie » sur M6 (8,4 %), « Touche pas à mon poste » sur D8 (4,3 %), « C à Vous » sur France 5 (4,7 %) et « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9). Le « Grand Journal « est même au coude à coude avec « Secret Story ».Au sein de Canal+, on juge ces audiences « catastrophiques ». Pourtant, la direction de la chaîne veut « donner du temps » à Maïténa Biraben. La présentatrice échappe jusqu’à présent aux critiques. Mais tel n’est pas le cas de ses chroniqueurs. Augustin Trapenard a admis alors que le « Grand Journal » recevait François Fillon, mardi 22 septembre, qu’il n’avait pas lu l’ouvrage que l’ancien premier ministre venait de présenter. Un aveu rare, qui a déclenché une petite polémique sur les réseaux sociaux. Les chroniques de Cyrille Eldin sont, elles, accusées de complaisance.Ajustements à venirLa direction promet, depuis quelques jours, des ajustements, sans toutefois préciser s’il s’agit de remplacer ou de faire arriver de nouveaux chroniqueurs. Tout en restant chroniqueur, Cyrille Eldin devrait un peu moins « rapporter » les potins de la vie politique.Deux « pastilles », « Mash up » et « Super bien » , ont été mises à l’antenne lundi 21 septembre. Les producteurs, tout en tenant à la présence d’invités politiques, même si ceux-ci ne font pas forcément de l’audience, veulent également faire bouger le curseur vers plus de divertissement. Enfin, on souligne à Canal+ que « tout est à reconstruire et qu’il faut un peu de temps pour que l’alchimie entre les chroniqueurs prenne ».Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de la chaîne, peut au moins se réjouir d’un article de presse, celui de Direct Matin qui, dans son édition de jeudi 24 septembre, titre : « La nouvelle équipe de l’émission s’impose sur Canal+ ». « Maïténa Biraben et son équipe font souffler un vent de fraîcheur sur Canal+. Le talk-show jongle en effet avec brio entre l’actualité, les débats de société et les nouvelles tendances culturelles », peut-on y lire. Il est vrai que Direct Matin appartient à… Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré expose devant le CSA sa stratégie pour Canal+Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Comme prévu, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a auditionné, jeudi 24 septembre, Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi et du groupe Canal+. Pendant deux heures, l’échange a été « vif et direct, et sans langue de bois, mais courtois », raconte un participant.Un groupe de travail crééLe CSA a toutefois demandé la création d’un « groupe de travail », qui sera chargé d’étudier la traduction concrète et le suivi des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, à l’indépendance éditoriale et à l’exercice du métier de journaliste dans l’indépendance de l’information », a précisé l’autorité dans un communiqué. Une proposition acceptée par Vivendi, qui co-composera cette instance avec le CSA.De son côté, Vincent Bolloré a fait un signe d’ouverture en promettant de reconstituer le comité d’éthique d’i-Télé, qui a connu deux démissions quand a été débarquée la direction de la chaîne. Et il s’est engagé à créer un comité d’éthique auprès de Canal+.Une négociation est donc en cours entre le CSA et Vivendi, même si les deux parties ont affiché à l’extérieur leur entente et la concorde de leur démarche. « Nous avons parlé du groupe Canal+, qui emploie 8 000 personnes, et de son développement pour la culture française, a déclaré M. Bolloré, devant quelques journalistes. Je crois beaucoup à la régulation française. Canal est un immense établissement français et international. Etre auditionné, c’est toujours un honneur. » Le nouveau patron du groupe Canal+ s’est voulu rassurant : « Toute mon histoire a toujours été en accord avec la réglementation française », a dit celui qui était accompagné de Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Groupe Canal+, et de Maxime Saada, directeur général de Groupe Canal+.La question de l’indépendance éditorialeM. Bolloré s’est défendu des accusations de censure portées contre lui, à propos des Guignols ou de documentaires, comme l’a relevé le site de BFM Business. Ces questions ont été soulevées de façon précise par le CSA. M. Bolloré a parlé de « procés d’intention » et de « campagne orchestrée » citant le magazine Society et Renaud le Van Kim, ancien producteur du « Grand Journal » et proche de Franck Annese, patron de Society.Par ailleurs, l’autorité a posé des questions sur les « synergies de groupe » et demandé quelles limites étaient posées à la promotion d’actifs de Vivendi sur les chaînes de Canal+. En effet, les synergies entre les artistes, les salles de concert, les chaînes, les plates-formes web, les structure de production, est une stratégie revendiquée de M. Bolloré. Ce qui s’est traduit par des mises en avant de chanteurs maison au « Grand Journal » ou dans Direct Matin. Le quotidien gratuit du groupe Bolloré se félicitait justement ce jeudi de la nouvelle formule du talk-show de fin de journée de Canal+, malgré les audiences très basses obtenues ces derniers jours, a relevé Puremédias.La question de l’indépendance éditoriale de Canal+ vis-à-vis de son actionnaire a fait l’objet d’un débat. La convention de la chaîne payante est moins disante en la matière, par rapport à celle de TF1 ou M6. Le CSA aimerait la renforcer. Mais Vivendi, de son côté, a répondu qu’il était difficile de promettre d’investir dans les droits sportifs, les séries télé, la culture ou le cinéma tout en se voyant imposer une plus grande étanchéité entre Canal+ et Vivendi. Etudier la modification de la convention de Canal+ est un des chantiers du groupe de travail créé ce jeudi. Dans un communiqué diffusé à l’issu de cette audition Groupe canal+ a réaffirmé sa volonté de « de promouvoir la culture française à l’étranger, ainsi que son ambition de renforcer son soutien au cinéma et à l’ensemble de la création audiovisuelle française. Des engagements supplémentaires seront pris pour valoriser la diversité culturelle. »La convention ne peut être changée sans l’accord de Vivendi. Mais pour faire pression, le CSA a quelques moyens : « Le conseil a rappelé que son autorisation était nécessaire à la mise en œuvre de plusieurs » modifications demandées par M. Bolloré, est-il souligné dans le communiqué du CSA. Une référence à la demande de changement de noms réclamée par Vivendi : D8, D17 et i-Télé deviendraient C8, C17 et CNews. Mais aussi à la volonté de réduire la « fenêtre en clair » de Canal+, c’est-à-dire le moment où ses programmes sont gratuits.Engagement en faveur d’une « impartialité » politiqueLe CSA a aussi voulu avoir des garanties sur l’impartialité politique, notamment à propos de la chaîne d’information en continu i-Télé. En interne existent des craintes d’une droitisation de la concurrente de BFM-TV, notamment en raison du profil de Guillaume Zeller, le nouveau directeur de la rédaction, proche du catholicisme traditionaliste. Ce dernier, mercredi, a promis une « information équilibrée ». Vincent Bolloré a redit jeudi qu’il s’engage en faveur du pluralisme sur i-Télé, un point sensible à deux ans de la présidentielle de 2017. Celui qu’on décrit souvent comme un proche de Nicolas Sarkozy, auquel il avait prêté son yacht en 2007, a aussi rappelé qu’il avait des relations avec la majorité actuelle, via le président de la République François Hollande ou le premier ministre Manuel Valls. Ce dernier a d’ailleurs inauguré la nouvelle version du « Grand Journal » en septembre, ce qui aux yeux de certains anciens de Canal+ a donné le sentiment qu’il validait le grand ménage parfois brutal fait par M. Bolloré.Un projet de rachat de radioPlein d’ambitions pour le groupe Vivendi, qu’il veut global, Vincent Bolloré a aussi émis jeudi devant le CSA le souhait de se doter d’une radio. Une telle diversification est en projet depuis plusieurs années à Canal+ mais le nouveau patron de Vivendi semble vouloir la concrétiser. Des rumeurs lui ont prêté l’intention d’acheter Europe 1, ce qui n’a pas été confirmé. Jeudi a été évoqué l’idée que cette – ou ces – radios soient numériques.L’audition de M. Bolloré par le CSA ouvre une nouvelle phase dans sa prise en mains de Vivendi et de ses chaînes. Jusqu’ici, les autorités s’étaient peu manifestées, malgré les larges changements impulsés, même si certains au sein de l’exécutif sont attentifs à ce que les engagements de Canal+ en faveur du cinéma soient respectés.Plus largement, les semaines qui viennent seront l’occasion de voir si M. Bolloré se soucie des questions d’image médiatique, alors que des préoccupations sont exprimées publiquement : mardi, la présidente (UDI) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Catherine Morin-Desailly, a annoncé une audition prochaine de M. Bolloré, qui pourrait se tenir le 8 octobre.De son côté, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) a appelé « les dirigeants du groupe Canal+ à la retenue et au respect de la création » et demandé « au CSA, garant de la liberté de communication, de sortir de son silence concernant la situation à Canal+ ».Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréMercredi, l’association Reporters sans frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » ont publié une tribune dans Le Monde adressée au CSA, estimant « que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+ ». Ils demandent « qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+ ».Lire la tribune :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien Leloup et Damien GouteuxCrystal, Purify, Peace : en quelques heures à peine, les trois premiers bloqueurs de publicité pour les téléphones et tablettes d’Apple, se sont hissés dans le top 5 des applications les plus téléchargées sur l’AppStore d’Apple.Ces logiciels tirent tous parti d’une nouvelle fonctionnalité d’iOS 9 – la nouvelle version du système d’exploitation des iPhone et iPad. Elle permet désormais de créer et d’intégrer des bloqueurs de contenus (images, sons, vidéos) dans le navigateur Safari et les applications qui l’utilisent. Pour la première fois, il est donc possible de bloquer l’affichage de publicités sur les téléphones d’Apple, comme le proposent déjà depuis plusieurs années des modules pour navigateurs sur PC et Mac.L’arrivée des bloqueurs de publicité sur les terminaux Apple a fait beaucoup de bruit ; en premier lieu car de très nombreux éditeurs de sites se sont plaints de cette arrivée sur l’un des derniers supports où ils pouvaient encore afficher des publicités sans risque de blocage.Comment fonctionnent les bloqueurs de pub ?En 2002, le danois Henrik Aasted Sørensen préfère, plutôt que de réviser un examen universitaire, tenter de jouer avec un nouveau navigateur Web : Phoenix, qui deviendra Firefox. Celui-ci offrait déjà la possibilité de programmer des extensions, des petits modules apportant des fonctionnalités supplémentaires au logiciel.Une extension s’attaquait déjà aux images publicitaires, mais Sørensen a innové en étudiant la source de l’image : le serveur d’où elle provient. Si elle a pour origine un ordinateur identifié comme appartenant à une régie publicitaire, son programme, nommé « Adblock », la rend invisible aux yeux de l’internaute. Chaque utilisateur devait constituer lui-même son filtre en établissant sa propre liste de serveurs de publicité. Le succès fut au rendez-vous et le code source rendu public, permettant à tous de l’améliorer.Wladimir Palant a découvert l’extension en juin 2003. Il a contribué à une innovation majeure : au lieu de télécharger l’image puis de la rendre invisible, il empêche directement le téléchargement. L’affichage de la page visitée est plus rapide, et la quantité de données échangées est réduite.En 2005, un autre développeur, Michael McDonald, créé une nouvelle version du logiciel Adblock, qu’il nomme Adblock Plus. Il y ajoute deux fonctionnalités cruciales : la possibilité de laisser passer des publicités sélectionnées et celle de télécharger un filtre par défaut. En clair, tous les navigateurs dotés de l’extension disposent de la même liste de publicités bloquées et autorisées – ces dernières sont dites « sur liste blanche » ou whitelist.Pourquoi Adblock Plus est-il la bête noire des publicitaires ?Le programme a du succès. Cela tient à son architecture même, très simple : la plupart des utilisateurs se contentent d’installer l’extension et de laisser les réglages par défaut d’Adblock Plus. En clair, ils se fient au choix de l’éditeur d’Adblock Plus sur les régies publicitaires inscrites sur la blacklist, la « liste noire » des publicités bloquées.Mais Adblock Plus propose également une liste blanche par défaut, et c’est là-dessus que l’un de ses concepteurs a trouvé un modèle économique. En 2011, sur les conseils de Tim Schumacher, un investisseur spécialisé dans les nouvelles technologies, Wladimir Palant fonde en Allemagne sa propre société, Eyeo, qui a établi sa propre liste de critères à respecter pour qu’une publicité ne soit pas bloquée par défaut : taille des encarts, format, fait de perturber ou non la lecture… Selon Eyeo, sa liste blanche contiendrait à 90 % des entreprises utilisant des publicités « acceptables ».Mais le respect de ces règles ne suffit pas nécessairement pour rejoindre la fameuse liste : Eyeo demande également aux gros éditeurs de publicité de payer des « frais techniques » avant de les débloquer. Les montants sont secrets, mais le Financial Times, repris par Business Insider, indique que la société exige « 30 % des revenus de la publicité » pour apparaître sur sa liste aux côtés des géants Google et Amazon. Un véritable racket, dénoncent des éditeurs, qui ont tenté de trouver des réponses juridiques – Eyeo a subi quatre procès, principalement en Allemagne, que l’entreprise a tous gagnés –, et techniques – un jeu du chat et de la souris se déroule entre bloqueurs et bloqueurs de bloqueurs.Le concepteur initial d’Adblock, Henrik Aasted Sørensen, a pris ses distances avec le projet d’Adblock Plus, sans changer fondamentalement d’avis : il estime que la publicité en ligne est « cassée », et qu’il appartient aux sites Web de chercher « des alternatives pour leur financement ».Quels sont les arguments des pro et des anti bloqueurs ?Les partisans des bloqueurs de publicité invoquent deux arguments principaux. Ils jugent d’une part que la publicité en ligne est devenue trop envahissante et invasive, nuisant à la consultation des sites. D’autre part, ils reprochent aux publicités de collecter de grandes quantités d’informations personnelles.Ces deux arguments, initialement portés par des libertaires jugeant que le Web, dans sa forme actuelle, est corrompu par les intérêts privés, sont depuis longtemps sortis du cercle restreint des militants d’un Internet plus libre. S’y ajoute, pour les versions pour téléphones mobiles des sites, un argument technique : le temps de chargement des publicités rend l’affichage des pages Web inutilement long, notamment lorsque le réseau est mauvais.De l’autre côté, pour bien des sites, la publicité est la seule source de financement, les internautes rechignant souvent à payer pour les consulter. Quant à l’augmentation du nombre de publicités et leur caractère jugé invasif, il est la conséquence directe de la chute des prix, elle-même liée à de nombreux facteurs, dont la prééminence de grands acteurs comme Google et Facebook sur le marché. Pour maintenir leur chiffre d’affaires, les sites ont donc tendance à afficher davantage de publicités par page, ou à privilégier des formats publicitaires plus visibles et plus grands.Quels sont les précédents ?Sur le caractère invasif des publicités, il y a un précédent célèbre : à la fin des années 1990, les publicités dites « pop-ups », qui s’ouvrent dans une nouvelle fenêtre, se sont généralisées après qu’elles sont apparues sur la plateforme d’hébergement Tripod. Elles sont rapidement devenues la bête noire des internautes : difficiles à fermer, parfois sonores, elles s’ouvrent automatiquement dans une nouvelle fenêtre, à une époque où le navigateur utilisé par la quasi-totalité des internautes, Internet Explorer, conçu par Microsoft, ne disposait pas de système d’onglets.L’apparition de nouveaux navigateurs Web va changer la donne : Opera, puis Firefox intègrent des bloqueurs de pop-ups, facilement paramétrables. Cet avantage décisif, doublé d’innovations techniques, contribue au succès de Firefox – Microsoft sera contraint de suivre le mouvement, et intégrera par la suite son propre bloqueur de pop-ups à son logiciel. Depuis, les pop-ups ont quasiment disparu, et si elles existent encore, peu d’entre elles échappent aux systèmes de blocage désormais intégrés dans tous les navigateurs.Les défenseurs des bloqueurs de publicités citent souvent cet exemple, estimant que c’est un cas typique d’évolution technique ayant permis de limiter les abus des publicitaires. Certains estiment également que l’industrie de la publicité a « eu sa chance », lorsque la fondation Mozilla et d’autres acteurs du Web ont souhaité développer le Do Not Track, un système simple permettant aux internautes de décider si, et quand, ils acceptaient que leur navigation soit tracée. Faute de soutien de la part de l’industrie, ce système n’a jamais décollé.Pourquoi le créateur de l’application Peace a-t-il retiré son logiciel de la vente ?Marco Arment, le créateur de Peace, le bloqueur de publicités pour iOS, est un développeur reconnu. Son application, qui utilisait la technologie de Ghostery – un logiciel de protection de la vie privée qui peut aussi être utilisé comme bloqueur de publicités – s’est hissée en 24 heures en tête des applications payantes les plus téléchargées sur iPhone.Le succès de l’application lui a valu d’être violemment pris à partie en ligne par des anti-bloqueurs de publicité.I guess people aren't happy with @marcoarment https://t.co/lM4pKDdUB2 http://t.co/jQ2umk8v3U— DanGraziano (@Dan Graziano)require(["twitter/widgets"]);S’en est suivie une longue discussion en ligne, sur les réseaux sociaux et plusieurs blogs spécialisés, sur l’éthique des bloqueurs de publicité. Certains commentateurs estiment que la large diffusion des bloqueurs forcera l’industrie de la publicité à s’adapter, comme le chroniqueur du New York Times Farhad Manjoo ; d’autres, comme le développeur Joen Asmussen, considèrent qu’il n’y a pas de bloqueur de publicité « éthique » :Un bloqueur de publicité éthique, qui ne bloque que les « mauvaises » pubs et laisse passer les « bonnes », ça n’existe pas. J’aimerais me sentir comme un activiste luttant pour la pureté du Web quand j’installe l’application de Marco Arment à 2,99 dollars. Je voudrais bien croire qu’en faisant cela, je contribue à faire changer les entreprises de la publicité de manière positive (…) mais c’est une illusion.Au terme de deux jours de débats enflammés, Marco Arment a finalement décidé de retirer son application du catalogue en ligne d’Apple - les acheteurs seront remboursés. Il s’en est expliqué sur son blog :Peace traitait toutes les publicités de la même manière (…) Cette approche est trop brutale, et Ghostery et moi-même avons décidé que cela ne sert pas nos buts et nos convictions de la bonne manière. Si nous voulons amener un changement global, une approche plus nuancée et plus complexe qu’une simple application iOS est nécessaire. (…) Le blocage de publicité est une sorte de guerre (…). Je vois la guerre comme le Tao la voit : il faut l’éviter autant que possible. (…) Et même si je « gagne », ça ne me plaît pas. C’est pourquoi je me retire de ce marché. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien GouteuxJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Il ne s’est jamais publiquement exprimé, à ce jour, sur la transformation de Canal+, qu’il mène, de façon déterminée, depuis le mois de juillet. Jeudi 24 septembre, Vincent Bolloré est attendu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), pour un échange sur les événements des dernières semaines et sa stratégie pour le groupe audiovisuel qu’il préside. Un rendez-vous qui a été décidé « de concert » entre les deux parties et qui doit être l’occasion, pour les huit membres du CSA, de mieux cerner les intentions de M. Bolloré.Lire la tribune :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentCe rendez-vous intervient à un moment où les préoccupations quant à l’avenir de Canal+ s’expriment plus ouvertement, après une phase de stupeur. Mardi, la présidente (UDI) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Catherine Morin-Desailly, a annoncé une audition prochaine de M. Bolloré, qui pourrait se tenir le 8 octobre. « Nous souhaitons l’entendre sur le devenir de Canal+, qui est un maillon important du financement du cinéma », a-t-elle expliqué.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDe son côté, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM), qui fédère 37 000 auteurs, a appelé « les dirigeants du groupe Canal+ à la retenue et au respect de la création » et demandé « au CSA, garant de la liberté de communication, de sortir de son silence concernant la situation à Canal+ ».Bataille de l’imageMercredi, l’association Reporters sans frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » ont publié une adresse au CSA, estimant « que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+ ». Ils demandent « qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+ ».En effet, chaque chaîne de télévision − comme Canal+, D8, D17 ou i-Télé − a signé une convention avec le CSA, en échange de l’attribution d’une fréquence hertzienne. Par exemple, celle d’i-Télé, la chaîne d’information en continu du groupe, exige une « indépendance de l’information, notamment à l’égard des intérêts de ses actionnaires ». Le CSA est donc fondé à interroger M. Bolloré sur cet aspect des choses.Au-delà du respect des conventions, c’est désormais une bataille de l’image qui s’engage pour M. Bolloré. Depuis son arrivée à la tête de Canal+, celui-ci s’est peu embarrassé des apparences, sur fond de renvois brutaux de managers et de déprogrammations de documentaires. Mais l’audiovisuel est un secteur très régulé et symbolique, a fortiori Canal+, un acteur majeur pour le financement de la création audiovisuelle française et européenne. Comment M. Bolloré voit-il cette responsabilité et la dimension quasiment politique de son rôle, au-delà de sa vision entrepreneuriale ? C’est le sens de la phase qui s’ouvre ce jeudi.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est sa première apparition publique depuis sa nomination comme directeur de la rédaction d’i-Télé : Guillaume Zeller a fait partie de la délégation envoyée par la chaîne d’information pour défendre sa demande de passage en haute définition, devant le conseil supérieur de l’audiovisuel, mercredi 23 septembre. Alors que le renvoi brutal de l’ancienne direction d’i-Télé par sa maison mère Vivendi a soulevé des doutes sur l’avenir de la chaîne, M. Zeller a donné quelques détails sur l’état d’esprit du nouveau management, tout en précisant que le projet stratégique et éditorial est encore « en cours d’élaboration ».Lire aussi :Nouveaux changements à i-Télé« Élargir le spectre des thèmes traités »« Les piliers d’i-Télé demeureront invariants : être une chaîne d’information, en continu, qui donne un éclairage sur les thématiques globales », a rassuré M. Zeller, en réponse à une question du conseiller Patrice Gélinet. Le directeur a fait référence à la « convention » passée par la chaîne avec le CSA.« Nous réfléchissons à élargir le spectre des thèmes traités », a toutefois précisé M. Zeller, citant différents domaines : « technologies, société, santé, éducation, consommation… » Des nouveautés qui pourraient éventuellement être insufflées en journée, quand l’audience des chaînes d’information est plus faible. La matinale de Bruce Toussaint est, elle, vue comme un « navire amiral puissant » et une « locomotive ». Un message qui sera sûrement noté en interne où courent les rumeurs selon lesquelles les animateurs avec des salaires importants pourraient être menacés.M. Zeller a cité deux autres axes : une « forte stratégie digitale », d’abord. Car, comme l’a relevé Maxime Saada, directeur général du groupe Canal+, également présent, i-Télé voit dans les téléphones mobiles « un espace un peu inoccupé ». « Mise en perspective de l’information »Puis M. Zeller a évoqué « la mise en perspective de l’information », donc une forme de « pédagogie », ce qui suppose parfois « un temps un plus long ». La promotion d’un plus grand recul par rapport à l’information en temps réel était déjà mise en avant par la direction précédente, et elle est aussi partagée par LCI, mais aussi France Télévisions pour son projet de chaîne d’information, et enfin BFM-TV, le leader, qui revendique ses efforts de décryptage et de reportages autour de l’actualité.Au long de cette audition face au CSA, on a senti des allusions feutrées aux polémiques qui ont entouré la prise de contrôle de Vincent Bolloré sur Canal+ et sa chaîne d’information. « Y aura-t-il des sujets qui fâchent qui seront interdits sur i-Télé ? », a ainsi demandé Mémona Hintermann-Afféjée, en référence aux documentaires de Canal+ déprogrammés ou critiqués par la direction de Vivendi. Non, a répondu M. Zeller. Ce dernier a fait un plaidoyer pour une « information plurielle, équitable, honnête, vérifiée ». Une volonté de rassurer, alors que son profil de journaliste proche du catholicisme traditionaliste a fait craindre, en interne, une inflexion politique, à deux ans de la présidentielle de 2017.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréRassurer sur l’ambiance à i-TéléInterrogé justement par Mme Hintermann-Afféjée sur l’ambiance à i-Télé, M. Zeller a souri : « La situation est bien différente de ce qui a pu être affiché à l’extérieur », a-t-il dit, en référence aux articles parus dans la presse. Puis il a rendu un hommage à la rédaction en place : « Je suis admiratif du professionnalisme des équipes », a dit ce fidèle de Vincent Bolloré, passé par Direct 8 et Directmatin.fr mais sans expérience d’une chaîne d’information en continu.Enfin, M. Zeller s’est vu demander quand i-Télé aurait un « comité d’éthique digne de ce nom ». Le conseiller du CSA Nicolas About a ainsi évoqué indirectement la démission de deux membres de cette instance, en protestation contre la méthode de remplacement des dirigeants d’i-Télé, jugée brutale. M. Zeller promis que le nom des nouveaux membres serait connu bientôt, dans les « prochains jours ».Les autres patrons présents – Jean-Christophe Thiery, le PDG du groupe Canal+, Maxime Saada, son directeur général et Frédéric Vincent, directeur technique – ont soutenu M. Zeller et apporté quelques précisions stratégiques, promettant au CSA d’« investir » dans les moyens pour qu’i-Télé puisse rattraper son retard sur le leader BFM-TV.Jeudi, c’est le grand patron Vincent Bolloré qui aura l’occasion de poursuivre les discussions. Il sera auditionné à son tour par le CSA.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.09.2015 à 13h20 • Mis à jour le24.09.2015 à 11h39 | Collectif Nous, membres du collectif « Informer n’est pas un délit » et Reporters sans frontières (RSF), interpellons le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) parce que nous estimons que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+, Vincent Bolloré.Le CSA, qui a le pouvoir de protéger cette indépendance, auditionne Vincent Bolloré ce jeudi 24 septembre. Face à l’ingérence de l’actionnaire dans la ligne éditoriale des chaînes du groupe Canal+, il est du devoir du CSA de demander des réponses aux questions essentielles suivantes :1- Pourquoi un documentaire consacré au Crédit mutuel et programmé par Canal+ le 18 mai 2015 a-t-il été censuré ?2- Pourquoi un documentaire inédit sur François Hollande et Nicolas Sarkozy programmé par Canal+ le 28 septembre 2015 vient-il d’être déprogrammé sans motif, et ce, au profit d’un film déjà diffusé ?3- Pourquoi un projet de documentaire sur la BNP Paribas, accepté par le comité d’investigation de Canal+, est-il actuellement « gelé » sur ordre de la direction de Canal+ ?4- Comment justifier qu’un reportage sur l’Olympique de Marseille, diffusé sur Canal+, ait été retiré du site Internet, au motif qu’« on ne se fâche pas avec ses partenaires », selon les propos tenus par Vincent Bolloré le 3 septembre dernier lors du comité d’entreprise ?5- Lors d’une réunion des délégués du personnel du 16 septembre, un membre de la direction, questionné sur les documentaires déprogrammés, a déclaré : « La direction tient avant tout à défendre les intérêts du groupe Canal+ et estime qu’il est donc préférable d’éviter certaines attaques frontales ou polémiques, à l’encontre de partenaires contractuels actuels ou futurs. »6- Allez-vous vous servir de Canal+ pour protéger les intérêts de vos « partenaires contractuels actuels ou futurs » ?7- Les intérêts de votre groupe sont-ils compatibles avec le respect de l’indépendance éditoriale d’un média ?8- Les intérêts du groupe Bolloré touchant de nombreux secteurs, notamment en Afrique, un journaliste de Canal+ ou d’i-Télé pourrait-il, par exemple, travailler en toute indépendance sur la prochaine élection présidentielle ivoirienne ou sur les conditions de travail dans les plantations contrôlées par la holding luxembourgeoise Socfin, dont Vincent Bolloré est actionnaire ?En 2002, sur demande du CSA, Jean-Marie Messier, alors actionnaire de Canal+, avait accepté qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+. Aujourd’hui, nous demandons le même engagement à Vincent Bolloré et la même fermeté de la part du CSA.Fabrice Arfi (journaliste, Mediapart), Benoit Collombat (journaliste, Radio France), Christophe Deloire (secrétaire général de Reporters sans frontières), Élise Lucet (journaliste, France 2), Virginie Marquet (avocate). La liste complète des membres du collectif est disponible sur www.rsf.org.Collectif Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) Il n’y a pas que de belles histoires dans la high-tech. La start-up Oyster ambitionnait de devenir le Netflix du livre numérique. Mais deux ans à peine après son ouverture, cette bibliothèque en ligne va bientôt fermer ses portes. « Le service s’arrêtera dans les prochains mois », précisent ses trois fondateurs, dans un message publié lundi 21 septembre sur le blog de la jeune entreprise.Oyster a été lancée en septembre 2013 aux Etats-Unis. Sa promesse : un accès illimité à un catalogue riche d’un million de livres. Pour dix dollars par mois (neuf euros), ses utilisateurs peuvent ainsi lire autant de titres qu’ils le souhaitent, sur leur tablette, leur smartphone ou leur ordinateur.Cette offre illimitée s’inspire du modèle mis en place par Netflix pour les films et les séries télévisées, et par Spotify pour la musique. Ces deux entreprises, leaders sur leur marché respectif, séduisent des dizaines de millions d’utilisateurs dans le monde. De son côté, Oyster n’a jamais véritablement réussi à décoller.La rémunération des auteurs et des éditeurs, un gouffre financierLa société new-yorkaise ne manquait pourtant pas d’ambitions. Elle se rêvait en nouveau Amazon, le géant du commerce en ligne qui a révolutionné le marché du livre avec l’introduction en 2007 de sa liseuse Kindle. « Nous voulons être la société qui va amener les livres numériques à la prochaine étape », lançait encore ses dirigeants en début d’année.Quelques mois après les débuts du service, Oyster avait levé 14 millions de dollars (12,5 millions d’euros) auprès d’investisseurs. Mais les frais engagés par la société, notamment pour rémunérer les auteurs et les éditeurs, ont fait fondre ce pactole. La société ne pouvait plus se permettre d’opérer à perte. « Nous avons réalisé d’importants progrès vers notre objectif de bâtir une manière plus simple de lire », se consolent désormais ses fondateurs.En deux ans, Oyster a en effet réussi à convaincre trois des cinq grandes maisons d’édition de rejoindre sa plate-forme. Mais pas le groupe français Hachette ni son rival anglo-saxon Penguin Random House. En ajoutant les éditeurs indépendants, le nombre d’ouvrages disponibles a été multiplié par dix : de 100 000 au lancement à un million, dont la saga Harry Potter.Prix élevé de l’abonnementCette forte progression masque cependant une importante lacune : les titres les plus récents ne sont pas présents. Consciente des limites de son catalogue, la start-up avait lancé, en avril, une boutique de livres numériques. Celle-ci propose toutes les nouveautés des cinq grands éditeurs.Autre handicap : le prix par abonnement. Dix dollars par mois, c’est un dollar de plus que Netflix, le populaire service de streaming, la lecture sans téléchargement. En moyenne, les Américains lisent une demi-heure par jour, selon les dernières statistiques du département du travail. Mais ils passent près de trois heures devant leur télévision.« Un modèle par abonnement pour les livres numériques n’est pas vraiment intéressant pour une grande partie des lecteurs, note le cabinet Enders Analysis. Les catalogues sont limités et les gens ne lisent pas suffisamment pour rendre ses offres rentables. »Selon Digital Book World, le prix moyen des versions électroniques des ouvrages à succès est inférieur à 7 dollars aux Etats-Unis. Cela signifie que pour rentrer dans ses frais, l’abonné doit lire plus de 17 livres par an. Or, 70 % des Américains lisent moins de 10 ouvrages par an, d’après une étude du Pew Research Center.Concurrence du Kindle Unlimited d’AmazonL’offre illimitée d’Oyster n’était donc intéressante que pour les gros lecteurs. Or, son modèle économique ne pouvait fonctionner que si les abonnés ne consommaient pas trop. La société reverse en effet quelques dollars aux ayants droit à chaque téléchargement. Plus un utilisateur lit, moins il est rentable, car les commissions à payer se rapprochent, voire dépassent le prix de l’abonnement.La situation était d’autant plus compliquée qu’Amazon a lancé un service concurrent en juillet 2014, baptisé Kindle Unlimited. Le géant du commerce en ligne est le leader incontesté du livre numérique. Sa bibliothèque numérique comptait en mai plus de dix fois le nombre d’abonnés d’Oyster, d’après les estimations du cabinet de recherche Codex Group.Dans leur message, les trois fondateurs d’Oyster évoquent « de nouvelles opportunités pour que [leur] vision se matérialise ». Cela se fera peut-être chez Google, qui a recruté une partie des équipes de la start-up. Selon le site spécialisé Recode, les fondateurs ont aussi rejoint la société de Mountain View. De quoi alimenter les spéculations sur l’arrivée d’une offre d’abonnement sur Google Play Books, sa librairie numérique.Jérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde 21.09.2015 à 10h44 • Mis à jour le21.09.2015 à 10h49 | Alexandre Piquard C’est un conte de 2015. Un groupe média à la dimension internationale issu de la presse écrite underground lance sur le Web la version française d’un magazine papier anglais culte. La filiale parisienne de Vice Media a ainsi mis en ligne lundi 21 septembre le site en français d’ i-D Magazine, un journal devenu icône dans le milieu de la mode. Et espère, grâce à son savoir-faire dans le numérique et la vidéo, séduire des jeunes.i-D Magazine n’est pas très connu du grand public français mais, pour les connaisseurs, c’est une légende : lancé en 1980 par un ancien directeur artistique de Vogue, il est connu pour ses couvertures avec un logo en forme de smiley et des mannequins faisant un clin d’œil. Il a accompagné une génération de talents, de Kate Moss aux photographes Juergen Teller ou Wolfgang Tillmans. Il revendique un style esthétique mais plus brut que ses homologues « papier glacé ». Notamment dans ses photos d’anonymes repérés dans la rue pour leur look et « shootés » sur place, en pied.« Trente-cinq ans d’héritage »En 2012, Vice Media, né comme un magazine punk en 1994 mais parti à l’assaut de la vidéo et du Web, a racheté i-D Magazine. Le groupe américain n’a pas touché au magazine papier anglais, qui n’a jamais eu qu’une seule version (achetée, à l’étranger, par quelques fans). Mais Vice a lancé sur Internet huit déclinaisons internationales d’i-D en Allemagne, en Italie, au Mexique, en Pologne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis et en Espagne.La France a-t-elle vraiment besoin de davantage de contenus sur la mode ? Le créneau est déjà occupé, si l’on considère les magazines féminins, les suppléments des journaux généralistes, les journaux gratuits comme Stylist ou les vidéos d’amateurs sur YouTube. « i-D ne part pas de rien, il a trente-cinq ans d’héritage », répond Benjamin Lassale, patron de Vice France. De fait, le magazine a déjà 150 000 abonnés sur YouTube et 1,1 million sur Twitter.Plus concrètement, les éditions internationales permettront à la version française de disposer de contenus qu’il serait autrement difficile de produire, car, comme tous les médias de Vice, elle sera alimentée de 50 % à 80 % de traductions « travaillées ».« Un magazine de célébration, plus prescripteur que critique »« La presse mode est très féminine et tourne autour des produits », regrette Clément Corraze, directeur de l’équipe de onze personnes et ancien des revues Purple et Antidote. i-D promet un contre-pied, plus ancré dans le « réel ». « i-D est un magazine de célébration, plus prescripteur que critique », explique Tess Lochanski, la rédactrice en chef, ancienne du cahier Obsession de L’Obs. Elle a travaillé à adapter ce ton à la France, réputée plus « cynique ». i-D ne veut pas non plus être trop parisien, se rappelant que son ancêtre a défriché des villes comme Leeds ou Brighton.i-D compte enfin profiter du modèle de « sponsoring » de contenus éprouvé par Vice : par exemple des vidéos, cofinancées par le couturier Marc Jacobs, sur des « tribus » comme les riders de vélos BMX dans le quartier du Bronx à New York, ou sur des latinos de Los Angeles, fans de rockabilly, de voitures et de musique fifties. Ou un abécédaire pointu de la danse urbaine, payé par la jeanerie Diesel. Côté français, i-D « célèbrera » la DJ Clara 3000, des clubs « underground » comme la Péripate à Paris ou le jeune designer Julien Dossena, de Paco Rabanne, et fera parler longuement la « papesse » de la mode Carine Roitfeld. M. Corraze résume l’enjeu : « Trouver des sous-cultures qui feront l’air du temps. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger La Commission nationale informatique et liberté (CNIL) a annoncé refuser, lundi 21 septembre, de donner raison à Google dans le cadre du conflit qui les oppose sur le « droit à l’oubli » sur Internet.Le moteur de recherche avait demandé à l’autorité française chargée des données personnelles de renoncer à demander que les résultats de recherches supprimés en vertu du « droit à l’oubli » le soient dans le monde entier, et pas seulement dans les versions européennes de Google.La CNIL avait adressé en mai 2015 une injonction à l’entreprise américaine, constatant que des résultats de recherche supprimés au nom du « droit au déréférencement » – terme plus juste que celui du « droit à l’oubli » – l’étaient seulement pour les internautes se connectant à Google depuis l’Europe.Lire aussi :Google ne veut pas appliquer le « droit à l’oubli » dans le monde entierAu cœur de ce différent entre Google et la CNIL, l’interprétation de la décision de justice rendue au printemps 2014 par la Cour de justice de l’Union européenne, qui reconnaît l’existence, pour les internautes européens, de ce droit. Pour l’autorité française, ce dernier ne peut être respecté que s’il est appliqué dans le monde entier. Pour Google, qui fait valoir que la quasi-intégralité de ses utilisateurs basés en Europe utilisent la version européenne du moteur de recherche, la décision de la justice européenne ne le lie que sur le territoire européen.Google « doit dès à présent se conformer à la mise en demeure », insiste la CNIL. Dans le cas contraire, l’institution pourra décider d’une sanction.Lire aussi :Droit à l’oubli : la France en tête des demandesMartin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien Gouteux et Alexis Delcambre C’était le jour qu’attendaient avec appréhension les secteurs des médias et de la publicité. Mercredi 16 septembre, Apple a livré aux utilisateurs d’iPhone la dernière version de son système d’exploitation, iOS 9. Celle-ci propose une petite nouveauté qui soulève de grandes questions : la possibilité d’activer des applications tierces qui bloquent la publicité sur les sites Internet visités avec le navigateur Safari (proposé par défaut dans les terminaux Apple).Ces bloqueurs de publicité – ou « adblocks » – sont déjà très populaires sur les ordinateurs, sous la forme d’extensions aux navigateurs. Ils permettent aux utilisateurs de filtrer les publicités et les traceurs de données présents sur les pages Web. S’ils accélèrent le chargement des pages et limitent la captation de données personnelles – ce qui améliore l’« expérience utilisateur » –, ils menacent le modèle de financement par la publicité du contenu gratuit sur Internet et du développement à venir de nombreux sites.A l’origine cantonnés aux utilisateurs les plus agiles, les « adblocks » semblent désormais toucher un public plus large. Ainsi, l’un des bloqueurs les plus populaires, Adblock Plus, serait utilisé par 50 millions d’internautes, selon son propriétaire.L’arrivée des « adblocks » sur les téléphones et tablettes Apple représente donc une nouvelle étape dans leur développement. Vendredi 18 septembre, deux bloqueurs de publicité figuraient déjà en tête du classement des applications payantes les plus téléchargées en France sur l’App Store, le magasin en ligne d’Apple, selon les chiffres du site spécialisé App Annie.Menace pour l’édifice du Web ?La véritable ampleur du blocage de publicité sur Internet reste à établir. Selon un rapport souvent cité et publié en 2014 par la société irlandaise PageFair, il y aurait plus de 144 millions d’utilisateurs de bloqueurs de publicité dans le monde, 41 % auraient moins de 30 ans, et ce nombre serait en forte croissance.Pour certains, la pratique menace l’édifice du Web, bâti en large partie sur la gratuité des contenus et le financement par la publicité. Ainsi Sean Blanchfield, un des rédacteurs du rapport, cité par le journal britannique The Guardian, pense que ce type de logiciels fera aussi mal à l’industrie publicitaire que Napster en avait fait aux majors musicales, en permettant le téléchargement frauduleux de fichiers musicaux de 1999 à 2001.L’arrivée des bloqueurs de publicité est la dernière étape dans un vaste débat sur les pratiques de l’industrie de la publicité et l’éthique des bloqueursMais PageFair n’a-t-elle pas intérêt à noircir le tableau ? L’entreprise irlandaise développe des solutions de contournement des « adblocks », qu’elle commercialise. Face à elle, on trouve un acteur comme l’allemand Eyeo, éditeur du bloqueur Adblock Plus. Eyeo affirme « redonner le pouvoir aux utilisateurs » et protéger leur vie privée, mais des médias dénoncent ce qu’ils appellent une « extorsion ».Car Adblock Plus dispose d’une « liste blanche » dans laquelle figurent des sites et des services épargnés par le blocage. L’inscription sur cette liste est payante, plusieurs millions pour un géant comme Google, selon PageFair. Plusieurs médias allemands ont porté plainte contre Eyeo, mais les plaignants ont été déboutés en mai 2015. Selon le site iGénération, Eyeo tente désormais de convaincre les développeurs d’« adblocks » concurrents d’intégrer sa liste blanche, contre rémunération.L’arrivée des bloqueurs de publicité est la dernière étape dans un vaste débat, ouvert depuis des années, sur les pratiques de l’industrie de la publicité et l’éthique des bloqueurs. Vendredi 18 septembre, le créateur de l’application Peace, le bloqueur de publicité le plus vendu sur iOS, a retiré son logiciel de la vente, citant « un cas de conscience ». Marco Arment, développeur reconnu, cofondateur de Tumblr, a expliqué ne pas vouloir « s’engager dans une guerre », et qu’une lutte efficace contre les excès de la publicité en ligne nécessitait « une approche plus nuancée et complexe que celle d’une simple application iOS ».Bataille sur la régie publicitaire numériqueCette concurrence entre logiciels bloqueurs et logiciels de contournement n’est qu’un des aspects de la bataille en cours. Un autre se joue directement entre les médias et les géants du Web, comme Apple, voire entre celle-ci et Google, la principale régie publicitaire numérique.En encourageant le développement des « adblocks », Apple semble en effet vouloir pousser les médias vers une autre nouveauté de son système d’exploitation, appelée « News ». Cette application native est alimentée par des médias partenaires, qui proposent leurs contenus à Apple. Ces derniers peuvent être accompagnés de publicité que News ne permet pas de bloquer. Si c’est le média qui vend directement cet espace à un annonceur, il touche 100 % de son prix de vente. Sinon Apple se charge de le vendre, en empochant 30 % du prix.Ces conditions intéressantes ont déjà convaincu une trentaine de médias américains (CNN, Time, Vox Media…) de rejoindre News. A terme, comme Facebook avec les Instant Articles, Apple espère centraliser dans News l’accès des utilisateurs à l’information. Quitte à assécher, en attendant, des médias dépendant, à des degrés divers, de la publicité.Damien GouteuxJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Une conjonction astrale exceptionnelle, entre ballons orange, ovale et rond. Euro de basket-ball, ouverture de la Coupe du monde de rugby, coupes européennes de football : le quotidien L’Equipe pouvait difficilement espérer des circonstances plus favorables pour lancer sa nouvelle formule, vendredi 18 septembre.Celle-ci s’incarne dans un changement de format radical : le journal passe du broadsheet (54 × 38,5 cm) au tabloïd (36 × 28 cm), soit une réduction de moitié de la taille des pages. En rapetissant, celles-ci deviennent plus simples à concevoir, les articles se font plus courts, et les habitudes de travail changent, à la rédaction comme à l’imprimerie.Pourquoi le quotidien sportif s’embarrasse-t-il d’une telle réforme ? A l’image des autres journaux français, ses ventes sont en déclin (– 9,76 % en 2014 par rapport à 2013). Ses enjeux stratégiques sont plutôt de générer des revenus à partir de sa large audience numérique – grâce à laquelle il affiche 24 millions de « contacts » par mois – et de rentabiliser son investissement dans la télévision, où il a lancé la chaîne L’Equipe 21.« Le doudou du fan de sport »Arrivé du service des sports de Canal+ en février 2015 – soit avant la reprise en main du groupe de télévision par son actionnaire, Vivendi –, le nouveau directeur général du titre, Cyril Linette, admet qu’au début, cette problématique de format lui est apparue « surannée ». « Les nouvelles formules n’ont pas souvent d’impact décisif sur les lectorats », observe-t-il. A L’Equipe, le sujet faisait figure de serpent de mer, avec plusieurs études menées, sans que le pas soit jamais franchi.Pour y voir clair, le journal a décidé de mener un test. Il est sorti au format tabloïd le 10 juin en demandant à ses lecteurs de donner leur avis. Surprise : plus de 10 000 d’entre eux ont répondu et 75 % des avis étaient favorables – un cas assez rare d’appétence pour le changement. Dans les jours qui ont suivi, M. Linette a décidé de mettre fin à près de soixante-dix ans de grand format et su en convaincre son actionnaire, Marie-Odile Amaury.« Malgré la variété de nos supports, le journal reste un trésor, c’est un peu le doudou du fan de sport », formule-t-il aujourd’hui. Le grand format était devenu, selon lui, un frein à la lecture : difficulté à ouvrir le journal dans certaines situations, trop grand nombre d’« entrées » par page, surcouverture de certains sujets, format numérique peu maniable… Autre avantage : le changement de format permet de doubler le nombre de pages de publicité. Or, la régie table sur un maintien de ses tarifs (près de 100 000 euros par page, selon Challenges). Le journal se donne donc une chance supplémentaire d’équilibrer son exploitation.Une série d’innovationsCette nouvelle forme est l’occasion d’introduire une série d’innovations. Les feuilles de match, qui présentent les compositions d’équipes, seront nettement plus grandes, dans un style qui se veut « un hommage au jeu vidéo », explique Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction. Des pages « service » détachables – type calendrier d’une compétition – seront insérées. Une fois par mois, le journal mettra en scène des contributions de ses lecteurs autour d’un grand débat, recueillies par son site Lequipe.fr. Les bases de données abondantes dont bénéficie la rédaction seront mieux utilisées (compositions des équipes, etc.). Au moins deux grandes enquêtes par mois sont promises.Autant de choix qui tentent de mieux cerner ce à quoi peut encore servir un quotidien sportif, à l’heure où les matches peuvent se suivre en direct sur Twitter et les meilleures actions être visionnées presque instantanément, grâce à des vidéos courtes postées sur les réseaux sociaux. Le journal garde la même base de lectorat qu’il y a quatre ans (environ 8,5 millions par mois) mais ceux-ci l’achètent moins régulièrement.Pour recréer du désir, Cyril Linette veut « solder l’ère Jacquet ». En 1998, le journal avait mené une campagne contre le sélectionneur de l’équipe de France de football, avant la Coupe du monde en France. Un choix éditorial balayé par la victoire des Bleus, qui avait contraint le directeur de la rédaction de l’époque, Jérôme Bureau, à des excuses publiques. Depuis, estime M. Linette, « la rédaction s’en veut » et hésiterait à donner son avis. Il souhaite que les journalistes soient plus présents sur les fronts de l’analyse et de l’opinion.En complément, depuis un an, L’Equipe s’est efforcée de recentrer son offre Web gratuite sur les directs, l’information chaude et les formats purement numériques, comme les sondages ou les récits multimédias.Le journal attend de ce changement une progression de 5 % à 10 % de ses ventes (qui ont encore reculé de 2,22 % au premier semestre, à 211 283 exemplaires quotidiens). Une stabilisation de l’activité journal permettrait au titre de s’attaquer à d’autres chantiers, comme la diversification et la convergence entre son offre numérique et sa chaîne de télévision, dans le cadre d’un groupe Amaury prochainement délesté du Parisien et recentré sur le sport.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.09.2015 à 17h03 Réunie au siège du journal Le Monde, à Paris, l’assemblée générale de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) a renouvelé, lundi 14 septembre, son conseil de gérance. Neuf postes étaient à pourvoir. 288 des 504 associés de la SRM ont pris part au vote. Ont été réélus, au conseil de gérance, Elise Barthet, Paul Benkimoun et Denis Cosnard. Ont été élus Nicolas Chapuis, Alexis Delcambre, David Larousserie, Aline Leclerc, Simon Piel et Alain Salles.Lors de l’assemblée générale, 1 050 parts étaient présentes ou représentées (sur 1798 parts inscrites, soit un taux de participation de 58,4 %). Les comptes de l’exercice 2014, le rapport de gestion et le rapport d’activité ont été approuvés et le quitus accordé à la gestion du conseil.Le conseil de la SRM a élu Paul Benkimoun président, Elise Barthet et Nicolas Chapuis, comme vice-présidents. Il remercie Alain Beuve-Méry, Coralie Heintz, Pierre Jaxel-Truer, Mustapha Kessous, Jonathan Pariente et Raphaëlle Rérolle, pour leur activité au sein du conseil sortant. 17.09.2015 à 11h07 • Mis à jour le17.09.2015 à 14h33 Les autorités ukrainiennes ont annoncé, mercredi 16 septembre, avoir imposé des sanctions à environ 400 personnalités, dont plusieurs journalistes occidentaux, et 90 entités juridiques impliquées, selon elles, dans l’annexion par la Russie de la Crimée et dans le conflit dans l’Est prorusse. Le président ukrainien Petro Porochenko a ratifié cette décision, adoptée le 2 septembre par le Conseil de sécurité nationale et de défense, ont encore ajouté les autorités.Ce sont les premières sanctions prises par Kiev depuis le début du conflit, dans l’est de l’Ukraine, qui a fait au moins 8 000 morts. La liste des personnes visées par les sanctions, publiée par la présidence, inclut de hauts responsables russes et séparatistes, mais aussi de nombreux journalistes, dont plusieurs Occidentaux.Parmi eux se trouvaient trois correspondants de la BBC (Steve Rosenberg, Emma Wells et Anton Chicherov), basés à Moscou, un autre du journal allemand Die Zeit et deux journalistes espagnols, Antonio Pampliega et Angel Sastre, qui ont disparu en Syrie au mois de juillet et pourraient avoir été kidnappés par l’EI. La raison de ces sanctions prises pour une durée d’un an n’est pas précisée.Machine arrière sur le cas des journalistes de la BBCMais jeudi, dans la matinée, Kiev a dû faire machine arrière en raison de dissensions au sein même du gouvenrement. Et le cas de trois journalistes de la BBC a été reconsidéré, lors de la remise des lettres de créance de la nouvelle ambassadrice britannique en Ukraine.Le Comité pour la protection des journalistes - une association basée aux Etats-Unis défendant la liberté d’expression – s’est dit consterné par la décision du président Porochenko. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a lui aussi dénoncé une décision « inadmissible ».La publication de cette liste intervient alors que la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) a confirmé, mercredi, la tenue sur son territoire d’élections le 18 octobre, malgré la vive opposition des autorités de Kiev avertissant que cela pourrait rompre le processus de paix. Sarah Belouezzane Patrick Drahi n’aura pas mis bien longtemps pour se trouver une nouvelle proie, après l’échec de sa tentative de rachat de Bouygues Telecom. Jeudi 17 septembre, son groupe, Altice – la maison mère du groupe français Numericable-SFR –, a annoncé le rachat de Cablevision pour 17,7 milliards de dollars (15,6 milliards d’euros), dette comprise.Les marchés avaient été prévenus. Au lendemain de son échec pour s’emparer de l’opérateur français, M. Drahi, interrogé sur ses intentions, avait lancé :« Quant aux 10 milliards que je n’ai pas dépensés, ne vous inquiétez pas, mes équipes sont déjà reparties sur le terrain pour trouver des cibles. »L’homme d’affaires, qui compare le secteur des télécoms à un jeu de flipper puisque de son aveu même « tant qu’il y a des boules » il « joue encore », a donc choisi de faire mouvement aux Etats-Unis. Accrochant une nouvelle cible à son tableau de chasse.Une boulimie d’acquisitions que rien n’arrête…En un an, Patrick Drahi a réalisé pas moins de quatre grosses acquisitions – en dehors des médias – pour une valeur totale de presque 50 milliards d’euros. Il y a d’abord eu SFR, son trophée, raflé au nez et à la barbe de Bouygues Telecom en avril 2014 pour 17,4 milliards d’euros au total. Puis Portugal Telecom, acquis en décembre de la même année pour 7,4 milliards d’euros. En mai, c’était Suddenlink, le 7e câblo-opérateur américain qui tombait dans l’escarcelle du milliardaire franco-israélien pour 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, M. Drahi vient donc d’ajouter Cablevision à son palmarès.… même pas les échecs ?En juin 2015, Bouygues Telecom rejette les nouvelles avances de M. Drahi. Quelques mois auparavant, on avait prêté au « tycoon » l’intention de s’emparer du géant américain Time Warner Cable.Une croissance au prix d’un fort endettement L’opération Cablevision est financée en grande partie par du passif : 14,5 milliards de dollars de dette, dont la reprise des 7,7 milliards de passif que porte déjà Cablevision. En clair, cela signifie que pour finaliser l’acquisition, Altice doit encore lever un peu moins de 7 milliards de dette. Il apportera 3 milliards de dollars en numéraire, financés par une augmentation de capital. A l’issue de cette transaction, le niveau d’endettement du groupe de M. Drahi atteindra 42 milliards d’euros selon nos estimations. A titre de comparaison, la dette d’Orange tourne autour de 27 milliards d’euros.Un tel passif est-il tenable ?« Pour l’instant, les marchés y croient et suivent », commente un analyste. En début de séance à Amsterdam, le titre Altice gagnait plus de 10 %. Plusieurs éléments expliquent cette confiance. D’abord, des taux d’intérêt historiquement très bas. Beaucoup estiment donc qu’il s’agit du moment ou jamais pour investir massivement. « L’argent n’est pas cher, et ils auraient vraiment tort de ne pas en profiter », commente un expert du secteur. Surtout lorsqu’il s’agit de se positionner sur des actifs en croissance comme le câble et le très haut débit fixe.Lire aussi :Patrick Drahi, « chouchou » des marchés de la detteEnsuite, pour les investisseurs, ce n’est pas tant le niveau d’emprunt qui compte que le ratio dette sur excédent brut d’exploitation. Or, pour les marchés, qui sont plus indulgents vis-à-vis du passif des « câblos », celui d’Altice est encore tenable, même avec la récente acquisition. Il atteint 5, le niveau maximal que la holding de Patrick Drahi s’était fixé. Un niveau encore légèrement inférieur à celui qu’affiche Liberty Global, le groupe de John Malone, dont le ratio tourne autour de 5,2.« La dette grossit mais les marges grossissent avec elle, explique Dexter Thillien, de BMI Research, d’autant qu’il s’agit d’une industrie en croissance capable de dégager des flux de trésorerie et donc de faire remonter des fonds pour rembourser les créanciers. »Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Beuve-Méry Le Syndicat national de l’édition (SNE) a trouvé son héraut. Richard Malka, 47 ans, avocat de Charlie Hebdo, et auteur, à ses heures perdues de bandes dessinées, vient d’écrire pour le compte du syndicat, une plaquette percutante pour la défense du droit d’auteur, tel qu’il est défini aujourd’hui en France et au sein de l’Union européenne (UE). Ce matin, dès potron-minet, le bouillonnant juriste était déjà sur les ondes de France Inter, pour développer la panoplie de ses arguments contre la réforme voulue par la Commission européenne.Lire aussi :Touche pas à mon droit d’auteur !La plaquette s’intitule La gratuité, c’est le vol, reprenant le titre d’un rapport de Denis Olivennes, quand patron de la FNAC. Ce dernier réaffirmait son opposition à une culture gratuite, favorisée par Internet. Et pose ouvertement la question « 2015 : la fin du droit d’auteur ? » Deux menaces sont pointées : un projet de loi de la secrétaire d’Etat, chargée du numérique Axelle Lemaire et la réforme de la directive de 2001, régissant le droit d’auteur au sein de l’UE, notamment à partir des propositions faites par Julia Reda, l’unique députée européenne membre du Parti des pirates allemand qui a été chargée, en février, d’un rapport préparatoire sur le sujet.« Un mirage de la modernité »En un peu plus de 30 000 signes, Richard Malka argumente pour expliquer que « la remise en cause du droit d’auteur serait un mirage de la modernité ». Avec les projets de réforme en cours, le principal risque encouru par les auteurs est de voir leur rémunération être déconnectée à terme de leur travail, le succès d’un livre ne servant plus de valeur étalon. « C’est la menace du retour à l’Ancien régime où le bon vouloir du roi est remplacé par celui des grandes entreprises du Net : Google, Amazon, Apple. »Pour résumer ce que plaide M. Malka, il ne faut pas oublier que c’est l’émergence à la fin du XVIIIe siècle du droit d’auteur qui a permis aux écrivains de vivre de leur plume.Imprimée par le SNE, tirée à 50 000 exemplaires, la plaquette sera distribuée gratuitement (un paradoxe seulement en apparence) en librairie, à compter du jeudi 10 septembre. Ces derniers n’ont reçu aucune consigne particulière, mais libraires et éditeurs sont considérés par le SNE comme les intermédiaires les plus efficaces et le plus neutres pour garantir le succès d’un ouvrage.Par cette campagne, l’objectif est d’atteindre les clients des librairies, un public a priori déjà acquis, mais au-delà de faire prendre conscience des enjeux économiques qui sous tendent cette question et d’atteindre le grand public.Des exceptions dangereusesPour sensibiliser Bruxelles, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et surtout les services du commissaire européen chargé de créer un marché unique numérique, l’Estonien Andrus Ansip, le texte a été traduit en anglais « 2015 : the end of copyright ? Taking for free is stealing » et est disponible en version numérique, dans les deux langues sur le site auteursendanger.fr.Le SNE n’a, en revanche, pas été suffisamment réactif et il existe déjà d’autres sites « auteurs en danger » construits par les partisans du Net et de la gratuité et qui se moquent de l’initiative des éditeurs.Dans son texte, Richard Malka liste toutes les exceptions au droit d’auteur, contenues dans le projet de directive européenne et qui, si d’aventure étaient validées, conduiraient à vider le droit d’auteur de sa substance. Plusieurs exceptions partent d’intentions louables, comme l’exception pédagogique ou la possibilité pour les bibliothèques de procéder à des prêts numériques. Mais mal conçues ou mal cadrées, elles seront de véritables aspirateurs à contenu. D’autres, comme l’exception « data mining » (fouille de texte) ou celle du « fair use » sont directement importées des Etats-Unis et viennent des pratiques défendues par Google, Apple, Facebook ou Amazon (GAFA).Risques de censureMais il existe un deuxième axe sur lequel Richard Malka, avocat habitué à défendre les libertés publiques, révèle les aspects très néfastes des réformes en cours : des risques de censure, liées aux chartes édictées par les GAFA. Ainsi le livre pour enfants T’Choupi part en pique-nique (de Thierry Courtin, Nathan, 1999) a été censuré par Apple en raison du caractère « pornographique » de son titre.De même dans le cadre de l’application Izneo (qui rassemble la majeure partie de la production de BD française en numérique) un ouvrage de Lucky Luke a été interdit en France, car les personnages noirs étaient représentés avec des lèvres charnues.Richard Malka pose publiquement la question : avec ses chartes, Les Versets sataniques de Salman Rushdie, publiés en 1988, l’auraient-ils été aujourd’hui, sans avoir subis au préalable, les ciseaux d’Anastasie ?Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 12h07 • Mis à jour le10.09.2015 à 13h00 La National Geographic Society a annoncé, mercredi 9 septembre, qu’elle vendait sa division chargée des médias, dont son emblématique magazine et ses chaînes de télévision, à un conglomérat mené par 21st Century Fox.Le géant Fox, créé par le milliardaire australien Rupert Murdoch, va débourser 725 millions (650 millions d’euros) de dollars pour acquérir 73 % de la nouvelle entité appelée National Geographic Partners.Les deux sociétés étaient partenaires depuis dix-huit ans, notamment pour l’exploitation des chaînes de National Geographic Channels. La National Geographic Society, dont le siège est à Washington, va conserver les 27 % restants.Volonté d’élargir ses travaux scientifiquesCet accord permet à l’organisation, fondée en 1888, d’accroître son capital de près de 1 milliard de dollars. Elle entend, à cette occasion, élargir ses travaux scientifiques, d’éducation et d’exploration, selon un communiqué.Elle conservera le National Geographic Museum à Washington D.C. Le directeur du conseil d’administration alternera chaque année, le président de National Geographic Society, Gary Knell, étant le premier à occuper ce poste.James Murdoch, devenu le PDG de Fox au début de juillet quand son père, Rupert, a pris du recul pour devenir directeur général, s’est également réjoui : « Nous croyons en la mission de National Geographic Society d’offrir le monde au public à travers la science, l’éducation et l’exploration. »Signe des difficultés rencontrées par les chaînes indépendantes, en août, la chaîne câblée HBO, propriété de Time Warner, avait obtenu les droits de diffusion de « Sesame Street ». Les épisodes seront diffusés neuf mois plus tard sur la chaîne de télévision publique PBS. 09.09.2015 à 17h40 Après vingt-quatre ans de règne sur les journaux du week-end de TF1, Claire Chazal, 58 ans, présentera dimanche 13 septembre au soir son dernier journal télévisé. Elle sera remplacée dès le 18 septembre par son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans, a annoncé la chaîne.Dans un communiqué, le PDG de TF1, Nonce Paolini, « rend hommage à la remarquable relation qu’elle a su créer avec les téléspectateurs et à ses qualités journalistiques, qui ont permis à l’information de TF1 d’être référente dans le paysage audiovisuel français ». Alexis Delcambre La perspective d’un plan de départs volontaires à Radio France s’éloigne. Mercredi 9 septembre, son président, Mathieu Gallet, et son équipe, ont présenté lors d’un comité central d’entreprise leur nouveau scénario pour ramener l’entreprise publique à l’équilibre.Celui-ci est désormais programmé pour 2018, après que le gouvernement a précisé, en juillet, que l’objectif initial de 2017 était un « horizon » et non une « date butoir », tandis que les syndicats estimaient que « le climat social rend irréaliste la mise en place d’un plan de départs volontaires ».Lire aussi :La question d’un plan de départs agite Radio FranceDans ce nouveau contexte, M. Gallet avait accepté d’étudier, pendant l’été, un scénario alternatif, alors que plusieurs syndicats défendaient une solution fondée sur l’« effet de noria », qui consiste à évaluer les économies engendrées par les départs en retraite de salariés, et leur remplacement par des employés plus jeunes, a priori moins bien rémunérés.C’est donc ce scénario alternatif que la direction a présenté, mercredi. Elle prévoit désormais 22 millions d’euros d’économies sur la masse salariale (qui augmente mécaniquement de quatre millions d’euros par an) d’ici 2018.Ces économies seraient obtenues par le non-remplacement de 230 départs et un moindre recours aux CDD pour les congés, à hauteur de 40 équivalents temps plein. Soit 270 suppressions de postes, sur un effectif d’environ 4 400 actuellement, contre 350 initialement envisagées. Et par un gel des salaires en 2016 et 2017.Le non-remplacement de 230 départs serait étalé sur trois ans (2016 à 2018), tandis que le moindre recours aux CDD le serait sur quatre. Dans son rapport, le médiateur Dominique-Jean Chertier, qui a conduit une mission à Radio France au printemps, préconisait « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ». Par ailleurs, la direction a proposé de créer 48 postes pour des emplois nouveaux, étalés sur quatre ans, jusqu’en 2019.Lire aussi :Les maux de Radio France diagnostiquésPour les syndicats qui avaient encouragé un plan alternatif, il s’agit d’un premier succès. Mais ils sont loin de crier victoire, comme le rappelle Philippe Ballet, de l’UNSA :« Même si nous sommes satisfaits d’échapper au plan de départs volontaires, qui était beaucoup trop brutal et coûtait cher, nous ne sommes pas satisfaits de l’alternative posée sur la table [..] 270, c’est vraiment beaucoup, c’est un nouvel effort demandé aux salariés, qui peut provoquer des tensions supplémentaires dans les charges de travail, et qui sera difficilement tenable socialement parlant. »Des syndicats avaient fait travailler un cabinet d’experts sur un scénario alternatif. S’il retenait l’option du non-remplacement des départs également, il prévoyait moins de postes supprimés, avec environ 60 par an sur trois ans.La CGT, elle, se dit « contre toute suppression d’emploi, que ce soit sous forme de plan de départs volontaires ou sous forme de “départs naturels non remplacés” ». Le spectre de la grève historique du printemps plane sur ces discussions.La direction de l’entreprise a maintenu ses autres mesures d’économies, telles que l’arrêt des émissions en ondes moyennes, à la fin de 2015, et en ondes longues, à la fin de 2016, les économies sur les abonnements à la presse, ou encore les réductions des CDD et des piges.Lire : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Ces fiches doivent être détruites. » C’est la consigne énoncée par Delphine Ernotte à propos des grilles d’évaluation des salariés, conçues par la direction de France Télévisions à partir d’avril 2014 et décrites dans l’édition du mercredi 9 septembre du Canard enchaîné, et dans un article de Mediapart. La présidente de France Télévisions doit rencontrer les organisations syndicales pour « mettre tout à plat », mercredi après-midi, une réunion prévue « depuis dix jours environ », précise-t-on, au moment où Mme Ernotte a fait passer ses consignes.Il n’y a pas, à France Télévisions, de système de fichage des salariés, soutient l’entourage de la présidente : les fiches n’étaient pas insérées dans les dossiers individuels des salariés. Il s’agissait de « documents de travail » qui servaient à animer des réunions de « revue du personnel », entre managers et départements des ressources humaines, selon la direction.Pour autant, Delphine Ernotte considère que cette initiative a été « viciée » dès le départ, car il n’y a pas eu d’information des organisations syndicales ni des salariés. Selon la présidente, ce processus a été une « erreur », elle ne l’approuve pas et veut l’abandonner.“I” pour “insuffisant”, “C” pour “conforme aux attentes”C’est à peine entrée en fonction que la présidente de France Télévisions doit gérer cette affaire embarrassante. Alors que Mme Ernotte déclarait le 4 septembre au micro de France Inter que « personne n’est fiché à France Télévisions », il apparaît que ce système était destiné à l’ensemble du groupe et a été conçu à Paris, et non à la seule rédaction de France 3 Auvergne, où l’affaire avait été mise au jour. La direction assure toutefois qu’il n’avait pas encore été déployé partout.Concrètement, tous les chefs du personnel des chaînes publiques devaient remplir un formulaire intitulé « Revue de personnel – Évaluation de performance et de potentiel », dans lequel ils cochaient les qualités et les défauts des salariés, précise Le Canard enchaîné.« Une fois additionné les défauts et les qualités, il suffit de délivrer une note : “I” pour “insuffisant”, “C” pour “conforme aux attentes” et “B” pour “va au-delà des attentes”. »L’ex-DRH Papet dément tout « fichier » des salariésCe système aurait été élaboré par la direction des ressources humaines de France Télévisions, alors dirigée par Patrice Papet, sous la présidence de Rémy Pflimlin. Selon Le Canard, ce système aurait été orchestré par M. Papet, qui est depuis devenu conseiller de Delphine Ernotte, mais a prévu de quitter l’entreprise à la fin de l’année.Interrogé par Le Monde, M. Papet dément vivement avoir été à l’origine de ces évaluations. Mais l’ancien DRH confirme que les revues de personnel existent à France Télévisions comme, selon lui, dans la plupart des grandes entreprises. « Il s’agit d’un outil courant de gestion du personnel et des compétences, qui est le fruit d’un travail entre les RH et les responsables hiérarchiques », expose M. Papet.Selon lui, c’est dans ce cadre que ces grilles d’évaluation ont été utilisées et que les compétences des salariés ont pu être ainsi analysées et déboucher sur une notation. M. Papet admet que « cet outil a été proposé à l’ensemble des responsables hiérarchiques ». Toutefois, assure-t-il, « il n’a en aucun cas débouché sur un fichier où les observations des responsables ont été centralisées ». « Il n’y a pas de fichier des salariés à France Télévisions », répète-t-il, à l’unisson de Mme Ernotte.L’existence de ces fiches, comportant parfois des commentaires extrêmement sévères sur le comportement des salariés, avait été rendue publique par le syndicat Force ouvrière, à France 3 Auvergne, en août dernier. Tous les syndicats avaient alors décidé de monter au créneau. L’un d’eux, la CFE-CGC, envisageait mercredi de tenter de faire saisir les fiches en question avant leur destruction éventuelle, pour permettre aux salariés qui le souhaiteraient de porter plainte.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.09.2015 à 13h48 • Mis à jour le08.09.2015 à 15h04 S’achemine-t-on vers un retour de la publicité après 20 heures sur France Télévisions ? Le débat est « ouvert » et doit être « examiné attentivement », a déclaré mardi 8 septembre le ministre des finances, Michel Sapin, rappelant l’urgence d’améliorer les finances du groupe public. Sans indiquer s’il était lui-même favorable ou non à ce retour, le ministre a affirmé au micro de RMC et BFM-TV en voir aussi « les avantages » que « les inconvénients. »La nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a récemment mentionné cette piste pour disposer de plus de moyens, réclame l’extension de la publicité jusqu’à 21 heures, alors que la publicité rapporte actuellement à France Télévisions 320 millions d’euros par an.Réforme de la redevanceCe n’est pas la seule piste pour rétablir les finances de l’audiovisuel public. L’Elysée doit également se prononcer sur une éventuelle réforme de la redevance, principale ressource de France Télévisions en 2014 avec 2,4 milliards d’euros de recettes sur un budget de 2,8 milliards d’euros.Le président de la République, François Hollande, s’est cependant dit lundi « pas favorable » à une redevance « élargie aux objets connectés » (smartphones ou tablettes) ni à un recours « exagéré » à cette taxe pour financer l’audiovisuel public. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, avait déjà exclu l’hypothèse d’une taxe sur les smartphones ou les tablettes, évoquée par la nouvelle patronne de France Télévisions dans son discours de rentrée. La ministre a en revanche souligné qu’une extension de la redevance aux box de connexion à Internet est sur la table.Lire aussi :Audiovisuel : Hollande écarte un élargissement de la redevanceLe débat sur la manière dont est perçue la taxe audiovisuelle « est intéressant » au vu des nouvelles façons de regarder la télévision, a souligné M. Sapin. Mais si elle était élargie immédiatement aux objets connectés, « il y aurait à peu près un million de personnes qui ne paient pas (actuellement), souvent des jeunes, qui tout à coup se mettraient à payer », a-t-il souligné. Au moment où l’Etat annonce des baisses d’impôt, « ce ne serait pas très bon », a-t-il conclu.Après ces déclarations matinales, l’action TF1 a chuté lourdement mardi matin à la Bourse de Paris, affectée par des audiences en baisse en août et la crainte d’un possible retour de la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques. En début d’après-midi, le cours de TF1 perdait près de 7 %.Lire aussi :La présidente de France Télévisions veut étendre la redevance aux ordinateurs et smartphones Daniel Psenny Le monde aime la production audiovisuelle française ! En 2014, les ventes de programmes (fictions, documentaires, films d’animation, jeux) ont atteint 153,8 millions d’euros, soit une augmentation de 12,1 % par rapport à 2013. « Un record historique », a déclaré Mathieu Bejot, délégué général de TV France International (TVFI), en commentant ces chiffres publiés, mardi 8 septembre 2015, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et TVFI, lors du 21e « Rendez‐Vous », qui se tient à Biarritz du 6 au 10 septembre.Quelles sont les productions qui se vendent le plus ?Avec 38,9 millions d’euros (+ 49,3 % par rapport à 2013), c’est la fiction qui a opéré, l’an passé, la plus forte progression à l’exportation pour la quatrième année consécutive. Son volume de ventes dépasse désormais celui du documentaire (+13,2 % à 34,9 millions d’euros) et elle s’installe comme le deuxième genre le plus vendu.L’animation reste le genre le plus exporté, avec 45 millions d’euros, soit 29,2 % du total des ventes, même si le chiffre d’affaires à l’international fléchit légèrement (‐ 3,9 %).Les ventes de formats (fiction, jeux, variétés) sont aussi en hausse (+3,5 % à 22,8 millions).La fiction française progresse ainsi fortement à l’international : +49,3 % à 38,9 millions d’euros.« C’est un mouvement de fond pour la fiction française, explique M. Bejot. Cette accélération a été importante en raison du tournage de nombreuses fictions en langue anglaise et grâce à la diversité des téléfilms et des séries. »Qui achète ?Les chaînes les plus consommatrices de programmes audiovisuels français sont celles d’Europe de l’Ouest (+7,8 %) et d’Amérique du Nord (+34,2 %).La fictionEn 2014, les ventes de fiction française à l’international enregistrent une forte progression (+49,3 % à 38,9 millions d’euros).L’Europe de l’Ouest confirme son statut de première zone d’exportation de fiction française avec une part de 60,5 % en 2014, contre 55,2 % en 2013. La zone germanophone devient le premier acheteur de fiction française devant la Belgique. Ainsi, les ventes de fiction sont multipliées par quatre à l’image de « Profilage » (54 x 52’) vendue par TF1 International aux allemands de ProSiebenSat.1 ou « Les Revenants » (8 x 52’) vendue à Super RTL.Les chaînes belges conservent leur appétence pour les programmes de fiction française comme la saison 3 de « Soda » (244 x 22’) qui a été vendue à RTL Belgique. A noter aussi la percée régulière de la fiction française sur le territoire anglo‐saxon à l’image de la vente de « Les Témoins » (6 x 52’) à Channel 4. Les ventes de fiction française en Amérique du Nord progressent fortement de 106,1 % pour atteindre 5,9 millions d’euros en 2014. Les Etats‐Unis sont particulièrement actifs (+209,1 %).La production de séries françaises en langue anglaise permet d’offrir des débouchés à la production de fictions telles que « Taxi Brooklyn » (12x45’– EuropaCorp TV) vendue à NBC. Les ventes concernent aussi des séries de catalogue comme « Maigret » (54 x 90’– Meska Productions) vendue à MHz Networks ou encore « Les Témoins » (6 x 52’– Cinétévé) vendue à Netflix.Le documentaireLes ventes de documentaire français à l’international augmentent de 13,2 % pour atteindre 34,9 millions d’euros en 2014. Le genre capte 22,7 % des recettes, contre 22,5 % en 2013. Les documentaires d’investigation sont très demandés.Les programmes unitaires historiques de prestige avec des moyens techniques innovants sont également prisés à l’image du Dernier Gaulois distribué par FranceTV distribution qui mixe animation 3D et prise de vue en extérieur.Les ventes de documentaires en Amérique du Nord augmentent fortement de 72,7 % à 7,7 millions d’euros en 2014 ainsi qu’en Asie, avec une progression de 9,4 % pour atteindre 5,1 millions d’euros en 2014.L’animationEn 2014, les ventes de programmes français d’animation à l’étranger diminuent après cinq années de hausse consécutive à 45 millions d’euros (‐3,9 % par rapport à 2013). La part du genre atteint 29,3 % des ventes totales. Bien qu’en baisse, le niveau de chiffre d’affaires de l’animation française reste à son deuxième meilleur niveau depuis dix ans après une année 2013 record.Les formats de 22 minutes et 26 minutes sont de moins en moins sollicités au profit de formats courts (7, 11 ou 13 minutes) plus en phase avec les nouveaux modes de consommation des enfants. « Les réseaux et les grandes chaînes jeunesse américaines (Cartoon Network, Disney…) se tournent régulièrement vers les programmes d’animation français à l’image de Spark ou NBC Kids », souligne l’étude. Ces dernières ont acheté « Zou » (104 x 11'), les « Lapins Crétins » (78 x 71') vendu par FranceTV distribution ou « Sally Bollywood » (104 x 13').Les formatsLes ventes de formats français (fiction, jeux et variétés) à l’étranger continuent leur croissance (+3,5 %), passant de 22,1 millions d’euros en 2013 à 22,8 millions en 2014. Le marché reste en progression et continue à séduire de nouveaux territoires : le Royaume‐Uni, la Belgique, l’Espagne et l’Italie renouvellent leurs achats.Le jeu et le divertissement sont traditionnellement recherchés, aussi bien des valeurs sûres comme « Des chiffres et des lettres » (France TV distribution) ou « Fort Boyard » (ALP), mais aussi des nouvelles écritures comme « Slam » (Effervescence Productions, vendu par Can’t Stop Media) vendu en Slovénie ou « Run & Buzz », vendu par Newen Distribution en Turquie, en Espagne, au Benelux et en Russie. Les émissions de divertissement portent aussi le marché comme « Les Enfants de la télé » vendue par Endemol.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Les reportages qui dérangent ont-ils encore leur place dans le Canal+ de Vincent Bolloré ? Fin juillet, Society et Mediapart affirmaient que le patron de Vivendi était intervenu pour empêcher la diffusion d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel. Ces jours-ci, selon nos informations, c’est une enquête consacrée à l’Olympique de Marseille qui a suscité les critiques du nouveau patron de Vivendi. Aujourd’hui, ce sujet n’est pas disponible sur la plateforme de « replay » MyCanal, qui regroupe pourtant les programmes de la chaîne.Intitulé OM, la fuite en avant ?, le reportage a été diffusé, mercredi 2 septembre, dans l’émission « Enquêtes de foot », sur Canal+ Sport. Il revient sur l’été agité du club de football, qui a vu partir plusieurs de ses joueurs majeurs puis son entraîneur, l’Argentin Marcelo Bielsa.L’enquête évoque notamment le président de l’OM, Vincent Labrune. Un témoignage le décrit comme peu présent au quotidien et fait état d’une désorganisation à la tête du club. La relation de M. Labrune avec les journalistes sportifs est également évoquée, notamment la présence de certains d’entre eux à son mariage. L’enquête s’attache enfin à décortiquer la stratégie de réduction de la masse salariale mise en œuvre par la direction du club phocéen.Un « bref » message en CEJeudi 3 septembre, le lendemain de sa diffusion, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire, Vincent Bolloré a déploré que ce sujet donne une image négative du club marseillais, a appris Le Monde. Il a fait comprendre qu’il y voyait un exemple de ce qu’il ne faut pas faire, c’est-à-dire prendre le risque de froisser des partenaires de Canal+ – la chaîne diffuse en effet une partie de la Ligue 1.Lire notre éclairage :La reprise en main continue à Canal +Une source proche de Vivendi confirme la teneur du « bref » message de M. Bolloré, mais affirme que la direction de Canal+, elle aussi, avait trouvé le reportage « inutilement partial ». Et rappelle que Canal+ a eu à souffrir un boycott temporaire du Paris-Saint-Germain et de l’OM en avril, à la suite de la diffusion de propos polémiques du joueur Zlatan Ibrahimovic.L’OM et son président sont des membres influents de la Ligue de football professionnel, qui attribue les droits de diffusion des championnats de France de Ligue 1 et de Ligue 2. Canal+ a remporté le dernier appel d’offres, en 2014, mais la chaîne subit la concurrence de beIN Sports.L’axe du divertissementOr, le sport est un domaine crucial pour le développement du groupe, souligne-t-on à Vivendi : M. Bolloré a expliqué jeudi aux cadres qu’il était prêt à investir beaucoup pour reconquérir le leadership de la chaîne payante sur les droits sportifs.À Vivendi, on estime que Canal+ est une chaîne de divertissement et d’information qui doit s’attacher à offrir le meilleur du spectacle et les plus grands événements, notamment sportifs ; plutôt que voir ses journalistes se placer en juge et régler des comptes. Une vision qui ouvre des perspectives de développement mais limite potentiellement l’investigation.« L’arrogance n’est pas un comportement qui permet d’avancer », avait énoncé Vincent Bolloré dans sa lettre adressée aux salariés, jeudi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous Ce soir, « Le Grand Journal » fait sa grande rentrée sous très haute surveillance. Un nouveau décor, de nouveaux chroniqueurs et une nouvelle chef d’orchestre, Maïtena Biraben. C’est à cette animatrice de 48 ans – qui présentait le dimanche « Le Supplément » – que revient la lourde tâche de relancer une émission devenue au fil des années quelque peu clinquante et passablement aseptisée. Pour sa première soirée, « LGJ » veut taper fort en recevant le premier ministre, Manuel Valls, et la chanteuse Louane qui interprétera en direct sur le plateau son nouveau single.Rien n’a véritablement filtré sur le lifting du « Grand Journal ». Le nouveau concept a été aussi bien gardé qu’un secret industriel. Maïtena Biraben sera entourée, entre autres, du comique des politiques Cyrille Eldin, transfuge du « Supplément », et du chroniqueur littéraire Augustin Trapenard, seul rescapé de l’ancienne équipe. Pour rompre avec l’ancienne formule, la miss météo et la « boîte à questions » disparaissent.Rafraîchir un talk-show uséEn effet, Maïtena Biraben doit faire oublier l’époque Antoine de Caunes qui, lors de son arrivée aux commandes de l’émission en 2013 – après le départ de Michel Denisot – avait promis un show à l’américaine : « Je vais essayer d’introduire une humeur proche des “late shows” anglo-saxons, où tout est écrit, répété, scénarisé. L’invité ne sera plus pris dans une avalanche d’informations et de chroniques. À présent, tout s’organisera autour de lui. »La promesse était probablement trop belle… Désormais, l’équipe de Maïtena doit trouver un ton, peut-être moins politique et plus culturel pour éviter de se faire totalement dépasser par ses concurrents comme « Touche pas à mon poste » sur D8 et « C à vous » sur France 5. Depuis deux ans, ces deux talks n’ont cessé de grignoter des parts d’audience au « Grand Journal ». Face à cette concurrence, l’émission de Canal+ n’est pas parvenue à se renouveler et à trouver un nouveau souffle.Ainsi, le concept – ou plutôt l’idée – est semble-t-il de rafraîchir un talk usé, tape-à-l’œil et au rythme trop effréné. « Je prendrai le temps. C’est peut-être la première martingale », a expliqué Maïtena Biraben au Parisien. Ainsi une place sera accordée aux grands reportages de Diego Buñuel, nouveau directeur des documentaires de Canal+.Reprise en mainLe prestigieux talk-show de Canal+ a été le symbole de la reprise main de la chaîne cryptée par le nouveau patron, Vincent Bolloré. Au début de l’été, l’homme d’affaires avait demandé – ou exigé – que l’émission en claire de fin de journée soit réformée et celle des « Guignols de l’info » remaniée. Sauf que cet ordre n’a pas été suivi d’effet. Conséquence, Rodolphe Belmer, le numéro 2, a été remercié avant que d’autres têtes ne tombent, comme celle producteur historique du « Grand Journal » Renaud Le Van Kim. « Les Guignols » qui un temps devaient disparaître vont désormais passer en crypté mais plus au sein du « Grand Journal ». Pourtant, l’émission satirique assurait au programme son pic d’audience, au-dessus du million de téléspectateurs.Alors révolution ? Tout changer pour que rien ne change ? Réponse à 18 h 50.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.09.2015 à 15h21 • Mis à jour le08.09.2015 à 18h31 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Un plan social au sein du groupe Express-Roularta, racheté récemment par l’homme d’affaires Patrick Drahi, est envisagé pour supprimer quelque 150 postes, a déclaré, lundi 7 septembre, une source proche du dossier. Ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) s’ajouterait aux 115 départs de journalistes déjà enregistrés dans le cadre d’une clause de cession actuellement ouverte, selon les informations recueillies par Le Monde.« La situation économique trouvée par Altice Media Group [la branche médias papier du groupe de Patrick Drahi] s’est révélée encore plus dégradée que celle présentée par Roularta [le précédent propriétaire], tant sur les comptes, les abonnements, la diffusion que la publicité », éclaire une source interne proche du dossier. L’Express notamment a perdu 2,5 millions d’euros en 2014 et prévoit 5 millions de pertes cette année, mais ses nouveaux propriétaires visent un retour à l’équilibre en 2016.« Le PSE touchera essentiellement des fonctions administratives, et assez peu de journalistes, et encore moins de journalistes rédigeants », expose la même source. Ces informations ont suscité une vive inquiétude au sein des équipes, alors que le groupe a déjà connu deux PSE, en 2009 et 2013.« Si, sur ce total de partants, une vingtaine vient de L’Express, cela peut rendre quasiment impossible la réalisation du journal », s’alarme un salarié. L’« organisation-cible », préalable à la mise en œuvre de ce PSE, devrait être établie pour fin septembre. « Jusqu’ici, il y avait, en interne, une part de résignation, mais ces annonces de nouveaux coups de massue nous réveillent. On se dit qu’il faut réagir », raconte un salarié, alors qu’une assemblée générale – qui pourrait être « houleuse » – est prévue, mardi 8 septembre.Nouvelle organisationCes informations s’accompagnent de changements structurels. L’ensemble Express-Roularta, qui comptait jusqu’à présent 700 salariés et une douzaine de titres, a été rebaptisé Groupe Altice Média (GAM), et il est désormais rattaché à Altice Media Group (AMG).Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick Drahi Lundi, un organigramme de direction a été présenté. Au niveau éditorial, Christophe Barbier est confirmé à son poste de directeur de la rédaction de L’Express et de directeur général des rédactions du GAM. Mais Matthieu Scherrer, rédacteur en chef du site spécialisé sur la high-tech 01Net et ancien du magazine Management, est « nommé conseiller auprès de Christophe Barbier ». De plus, François Dieulesaint, ancien directeur général de La Tribune, est nommé directeur général délégué.En interne, ces nominations sont diversement interprétées : pour un salarié, le directeur emblématique du journal depuis des années se trouve conforté. Pour un autre, il est tout de même « fragilisé », et l’arrivée de M. Dieulesaint est une pierre lancée dans son jardin. Celui-ci est, avec Marc Laufer – directeur général d’Altice Media Group et PDG de GAM –, un ancien de La Tribune, qui avait été revendu à Alain Weill, PDG de NextRadioTV et fortement restructuré.A un niveau supérieur, une autre question se pose sur l’organigramme des filiales de M. Drahi : la répartition des rôles entre Alain Weill et Bernard Mourad, président d’AMG. Le premier est à la tête d’Altice Contents, qui contrôlera l’ancien groupe NextRadioTV (BFM-TV et RMC) – au sein duquel M. Drahi a pris une participation –, mais à terme, il encadrera toutes les activités média d’Altice, y compris les supports papier (L’Express, Libération…) regroupés pour l’heure dans Altice Media Group. Même si, pour l’heure, Bernard Mourad « continue de conduire la stratégie, le développement, les acquisitions et les relations institutionnelles » d’AMG. Les fonctions de ce dernier pourraient à terme évoluer.En attendant, Patrick Drahi franchit une étape dans la constitution de son groupe médias en annonçant le déménagement « d’ici la fin de l’année » de Libération dans l’immeuble de L’Express à Paris. Et en affrontant probablement une première contestation sociale ce mardi.Lire aussi notre décryptage :Drahi, Bolloré... Comment les médias français se recomposentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard François Hollande s’est dit, lundi 7 septembre 2015, « pas favorable » à l’élargissement de la redevance audiovisuelle aux « objets connectés », lors d’une conférence de presse à l’Elysée, en précisant que, sur cette taxe, « les arbitrages viendront à la fin du mois ». « Il faut des financements » pour le service public audiovisuel, a ajouté le président, « mais la redevance télévisée ne peut pas être la variable d’ajustement. Il faut maîtriser l’appel à la contribution. »M. Hollande semble ainsi clore le débat en cours au sein du gouvernement. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, avait déclaré sur France Info, le 3 septembre, étudier « l’option » d’une extension de la redevance aux « box » d’opérateurs, qui permettent de se connecter à Internet : « J’ai regardé les nouveaux modes de consommation de la télévision. Beaucoup passent par les box et non plus par l’antenne râteau. Et donc on a regardé ce que donnerait l’extension aux box. Il n’est pas question de taxer les smartphones et les tablettes », avait-elle dit. « Le premier ministre et le président de la République prendront leur décision dans les prochains jours », avait toutefois prudemment dit Mme Pellerin.Dans la foulée, Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, s’était déclarée « pas tellement favorable », à une redevance sur les boxes. « Il faut savoir que ça concerne moins de 2 % des foyers en France, parce qu’en réalité 98 % des foyers ont une télévision », avait-elle justifié dans un entretien à L’Opinion.Débat de longue dateL’élargissement de la redevance est l’un des chevaux de bataille des présidents de l’audiovisuel public. Lundi 31 août, lors d’un déjeuner avec des journalistes, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait ainsi souhaité obtenir à la fois l’extension de la redevance aux ordinateurs et aux smartphones et le retour partiel de la publicité entre 20 heures et 21 heures.Lire aussi :La présidente de France Télévisions veut étendre la redevance aux ordinateurs et smartphonesL’élargissement de la redevance est aussi un débat de longue date, qui a suscité des échanges dès le début du quinquennat de François Hollande, quand Aurélie Filippetti – qui y était favorable – était ministre de la culture.Lire : La vision tout en nuances de François Hollande sur l'audiovisuelEn octobre 2014, lors d’un discours au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le président de la République s’y était même montré plutôt favorable, en demandant une réflexion sur cette question. La réforme pourrait ne pas augmenter la pression fiscale, avait-il argué : « L’objectif est qu’à rendement constant, sans que ça ne coûte rien de plus à personne, il puisse y avoir une assiette plus large et plus juste », avait expliqué le président, rappelant qu’« on peut regarder les chaînes du service public sur d’autres instruments que la télévision ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.09.2015 à 18h34 • Mis à jour le05.09.2015 à 10h03 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Nouveau séisme chez Vivendi : Cécilia Ragueneau, directrice d’i-Télé, et Céline Pigalle, directrice de la rédaction du groupe Canal+, ont été débarquées, vendredi 4 septembre, par Vincent Bolloré, le tout puissant patron du géant des médias. L’ex-directeur de la rédaction de Direct 8, Guillaume Zeller, est nommé directeur de la rédaction de la chaîne d’info.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+Le journaliste et écrivain Philippe Labro, historique de la chaîne Direct 8, « sera aux côtés de Guillaume Zeller dans un rôle de conseil et lui apportera son expertise », précise un communiqué publié vendredi soir. « Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Canal+, est chargé de développer la chaîne d’info du Groupe Canal+ », lit-on encore.Selon nos informations, c’est vers 18 heures vendredi que MM. Thiery et Zeller ont informé la rédaction d’i-Télé lors d’un passage au sein de la chaîne. « C’est difficile, pas agréable, pas sympa », a reconnu M. Thiery, selon un témoin de la scène. « Mais il y a un nouveau projet et donc il faut un nouveau souffle, une nouvelle équipe et un nouveau nom [CNews], a-t-il justifié. On veut aller au-delà de tout ce qui a été fait. »Face aux interrogations des journalistes, notamment en matière de ligne éditoriale, le successeur de Bertrand Méheut à la tête de Canal+ a assuré que la chaîne resterait focalisée sur le « hard news », sans plus de précision. M. Thiery a également indiqué que le groupe entendait développer i-Télé, en particulier sur le numérique, et ne pouvait se satisfaire de voir sa concurrente BFM-TV la devancer en audience. Céline Pigalle a été longuement applaudie par ses troupes.Lire aussi :Sous Bolloré, un Canal+ « intégré » dans Vivendi« Sous le choc »Selon ce même témoin, un journaliste a posé une question sur le « profil » politique de Guillaume Zeller, rappelant que la rédaction d’i-Télé avait des valeurs « d’humanisme et d’objectivité ». Il n’a pas obtenu de réponse. « Thiery et Zeller n’avaient pas vraiment de projet. C’était hallucinant », raconte un salarié, décrivant une rédaction « sous le choc ».Diplômé de Sciences Po et titulaire d’un DEA d’histoire contemporaine, M. Zeller, 38 ans, a participé au lancement de Direct 8 en 2005. En 2007, il devient rédacteur en chef de Direct Soir avant d’être nommé directeur de la rédaction de Direct 8 en 2011 et du pôle digital du quotidien Direct Matin en 2012.Mais son profil intrigue au sein de la chaîne. Un salarié s’étonne ainsi que M. Zeller n’a jamais dirigé un média d’information puissant. Par ailleurs, c’est un spécialiste du catholicisme et de certains thèmes chers à la droite. Ancien chargé d’enquêtes au service historique de l’armée de terre, il a notamment publié Oran : 5 juillet 1962 (Tallandier), sur « l’immense chasse à l’homme anti-européenne commise le 5 juillet à Oran, journée la plus sanglante de toute la guerre d’Algérie, avec au minimum 700 pieds-noirs assassinés ». Ou La Baraque des prêtres, Dachau 1938-1945 (Tallandier), sur les religieux déportés. Ou encore Un prêtre à la guerre (Tallandier), avec l’aumônier des parachutistes de Montauban, dont certains membres furent tués par Mohamed Merah.i-Télé s’interroge sur son avenirM. Zeller a également été invité sept fois à l’antenne de Radio Courtoisie, une radio d’extrême droite, entre mars 2012 et avril 2015, pour y parler de ses livres, a pointé le site Streetpress. Il a également écrit trois billets pour le site Boulevard Voltaire, fondé par Robert Ménard, devenu élu du Front national et maire de Béziers. Notamment sur la déchéance du général Paul Aussaresses, qui avait avoué dans Le Monde avoir commis des tortures pendant la guerre d’Algérie. Streetpress évoque aussi son rôle de chroniqueur littéraire dans « Dieu Merci ! », une émission religieuse de Direct 8, où il explique par exemple que les « missions » d’évangélisation étaient, à l’origine, un « message d’amour ».A i-Télé, Mme Pigalle et Mme Ragueneau avaient, quant à elles, développé ces derniers mois un discours autour de valeurs pour se démarquer de la première chaîne d’information, BFM-TV, mêlant la recherche d’un recul contre l’immédiateté de l’information en temps réel et la défense d’un certain humanisme. BFM-TV, à l’inverse, est accusée de « jouer sur les peurs », ce qui sous-entendrait qu’elle favorise le FN. I-Télé s’était aussi distinguée en se séparant du polémiste très à droite Eric Zemmour.Plus largement, i-Télé s’interroge sur son avenir car les nouveaux dirigeants ne se sont pour l’instant pas exprimés sur leurs intentions pour la chaîne. Tout juste ont-ils fait comprendre qu’ils faisaient le constat qu’i-Télé restait distancée en audience par BFM-TV (autour de 1 point de part d’audience, contre 2 points environ pour BFM-TV). Et que la chaîne restait déficitaire.« Il ne faudra pas se faire endormir par l’argent »En interne, les équipes sont conscientes d’être loin derrière le leader en termes d’audience mais ont l’impression d’avoir parfois été plus réactives, lors des attentats de janvier notamment, et estiment manquer de moyens pour rivaliser avec BFM-TV.Sur ce point, M. Bolloré suggère qu’il pourrait investir davantage dans Canal+, en particulier en matière d’information : « Nous allons augmenter nos budgets d’investissements et les rendre transversaux entre les différentes chaînes, gratuites et payantes », écrit-il. Un discours susceptible de trouver un écho dans une partie de la rédaction. « Il ne faudra pas se faire endormir par l’argent », mettait néanmoins en garde un journaliste à la sortie de la réunion vendredi.A deux ans de la présidentielle s’ouvre une nouvelle ère pour i-Télé, avec un changement radical à sa tête. « On a besoin d’éclaircissement sur la suite et vite. C’est difficile de travailler dans ces conditions », déclarait un autre salarié. Dans un communiqué, la société des journalistes d’i-Télé a « fait part de sa vive émotion face à la brutalité du départ de Cécilia Ragueneau, directrice générale, et de Céline Pigalle, directrice de la rédaction », « rappelle son attachement aux principes intangibles d’une information libre, indépendante et objective » et « souhaite que la collaboration avec la nouvelle direction soit fructueuse et constructive ».Lire aussi :Drahi, Bolloré... Comment les médias français se recomposentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est un conte de 2015. Un groupe média à la dimension internationale issu de la presse écrite underground lance sur le Web la version française d’un magazine papier anglais culte. La filiale parisienne de Vice Media a ainsi mis en ligne lundi 21 septembre le site en français d’ i-D Magazine, un journal devenu icône dans le milieu de la mode. Et espère, grâce à son savoir-faire dans le numérique et la vidéo, séduire des jeunes.i-D Magazine n’est pas très connu du grand public français mais, pour les connaisseurs, c’est une légende : lancé en 1980 par un ancien directeur artistique de Vogue, il est connu pour ses couvertures avec un logo en forme de smiley et des mannequins faisant un clin d’œil. Il a accompagné une génération de talents, de Kate Moss aux photographes Juergen Teller ou Wolfgang Tillmans. Il revendique un style esthétique mais plus brut que ses homologues « papier glacé ». Notamment dans ses photos d’anonymes repérés dans la rue pour leur look et « shootés » sur place, en pied.« Trente-cinq ans d’héritage »En 2012, Vice Media, né comme un magazine punk en 1994 mais parti à l’assaut de la vidéo et du Web, a racheté i-D Magazine. Le groupe américain n’a pas touché au magazine papier anglais, qui n’a jamais eu qu’une seule version (achetée, à l’étranger, par quelques fans). Mais Vice a lancé sur Internet huit déclinaisons internationales d’i-D en Allemagne, en Italie, au Mexique, en Pologne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis et en Espagne.La France a-t-elle vraiment besoin de davantage de contenus sur la mode ? Le créneau est déjà occupé, si l’on considère les magazines féminins, les suppléments des journaux généralistes, les journaux gratuits comme Stylist ou les vidéos d’amateurs sur YouTube. « i-D ne part pas de rien, il a trente-cinq ans d’héritage », répond Benjamin Lassale, patron de Vice France. De fait, le magazine a déjà 150 000 abonnés sur YouTube et 1,1 million sur Twitter.Plus concrètement, les éditions internationales permettront à la version française de disposer de contenus qu’il serait autrement difficile de produire, car, comme tous les médias de Vice, elle sera alimentée de 50 % à 80 % de traductions « travaillées ».« Un magazine de célébration, plus prescripteur que critique »« La presse mode est très féminine et tourne autour des produits », regrette Clément Corraze, directeur de l’équipe de onze personnes et ancien des revues Purple et Antidote. i-D promet un contre-pied, plus ancré dans le « réel ». « i-D est un magazine de célébration, plus prescripteur que critique », explique Tess Lochanski, la rédactrice en chef, ancienne du cahier Obsession de L’Obs. Elle a travaillé à adapter ce ton à la France, réputée plus « cynique ». i-D ne veut pas non plus être trop parisien, se rappelant que son ancêtre a défriché des villes comme Leeds ou Brighton.i-D compte enfin profiter du modèle de « sponsoring » de contenus éprouvé par Vice : par exemple des vidéos, cofinancées par le couturier Marc Jacobs, sur des « tribus » comme les riders de vélos BMX dans le quartier du Bronx à New York, ou sur des latinos de Los Angeles, fans de rockabilly, de voitures et de musique fifties. Ou un abécédaire pointu de la danse urbaine, payé par la jeanerie Diesel. Côté français, i-D « célèbrera » la DJ Clara 3000, des clubs « underground » comme la Péripate à Paris ou le jeune designer Julien Dossena, de Paco Rabanne, et fera parler longuement la « papesse » de la mode Carine Roitfeld. M. Corraze résume l’enjeu : « Trouver des sous-cultures qui feront l’air du temps. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger La Commission nationale informatique et liberté (CNIL) a annoncé refuser, lundi 21 septembre, de donner raison à Google dans le cadre du conflit qui les oppose sur le « droit à l’oubli » sur Internet.Le moteur de recherche avait demandé à l’autorité française chargée des données personnelles de renoncer à demander que les résultats de recherches supprimés en vertu du « droit à l’oubli » le soient dans le monde entier, et pas seulement dans les versions européennes de Google.La CNIL avait adressé en mai 2015 une injonction à l’entreprise américaine, constatant que des résultats de recherche supprimés au nom du « droit au déréférencement » – terme plus juste que celui du « droit à l’oubli » – l’étaient seulement pour les internautes se connectant à Google depuis l’Europe.Lire aussi :Google ne veut pas appliquer le « droit à l’oubli » dans le monde entierAu cœur de ce différent entre Google et la CNIL, l’interprétation de la décision de justice rendue au printemps 2014 par la Cour de justice de l’Union européenne, qui reconnaît l’existence, pour les internautes européens, de ce droit. Pour l’autorité française, ce dernier ne peut être respecté que s’il est appliqué dans le monde entier. Pour Google, qui fait valoir que la quasi-intégralité de ses utilisateurs basés en Europe utilisent la version européenne du moteur de recherche, la décision de la justice européenne ne le lie que sur le territoire européen.Google « doit dès à présent se conformer à la mise en demeure », insiste la CNIL. Dans le cas contraire, l’institution pourra décider d’une sanction.Lire aussi :Droit à l’oubli : la France en tête des demandesMartin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien Gouteux et Alexis Delcambre C’était le jour qu’attendaient avec appréhension les secteurs des médias et de la publicité. Mercredi 16 septembre, Apple a livré aux utilisateurs d’iPhone la dernière version de son système d’exploitation, iOS 9. Celle-ci propose une petite nouveauté qui soulève de grandes questions : la possibilité d’activer des applications tierces qui bloquent la publicité sur les sites Internet visités avec le navigateur Safari (proposé par défaut dans les terminaux Apple).Ces bloqueurs de publicité – ou « adblocks » – sont déjà très populaires sur les ordinateurs, sous la forme d’extensions aux navigateurs. Ils permettent aux utilisateurs de filtrer les publicités et les traceurs de données présents sur les pages Web. S’ils accélèrent le chargement des pages et limitent la captation de données personnelles – ce qui améliore l’« expérience utilisateur » –, ils menacent le modèle de financement par la publicité du contenu gratuit sur Internet et du développement à venir de nombreux sites.A l’origine cantonnés aux utilisateurs les plus agiles, les « adblocks » semblent désormais toucher un public plus large. Ainsi, l’un des bloqueurs les plus populaires, Adblock Plus, serait utilisé par 50 millions d’internautes, selon son propriétaire.L’arrivée des « adblocks » sur les téléphones et tablettes Apple représente donc une nouvelle étape dans leur développement. Vendredi 18 septembre, deux bloqueurs de publicité figuraient déjà en tête du classement des applications payantes les plus téléchargées en France sur l’App Store, le magasin en ligne d’Apple, selon les chiffres du site spécialisé App Annie.Menace pour l’édifice du Web ?La véritable ampleur du blocage de publicité sur Internet reste à établir. Selon un rapport souvent cité et publié en 2014 par la société irlandaise PageFair, il y aurait plus de 144 millions d’utilisateurs de bloqueurs de publicité dans le monde, 41 % auraient moins de 30 ans, et ce nombre serait en forte croissance.Pour certains, la pratique menace l’édifice du Web, bâti en large partie sur la gratuité des contenus et le financement par la publicité. Ainsi Sean Blanchfield, un des rédacteurs du rapport, cité par le journal britannique The Guardian, pense que ce type de logiciels fera aussi mal à l’industrie publicitaire que Napster en avait fait aux majors musicales, en permettant le téléchargement frauduleux de fichiers musicaux de 1999 à 2001.L’arrivée des bloqueurs de publicité est la dernière étape dans un vaste débat sur les pratiques de l’industrie de la publicité et l’éthique des bloqueursMais PageFair n’a-t-elle pas intérêt à noircir le tableau ? L’entreprise irlandaise développe des solutions de contournement des « adblocks », qu’elle commercialise. Face à elle, on trouve un acteur comme l’allemand Eyeo, éditeur du bloqueur Adblock Plus. Eyeo affirme « redonner le pouvoir aux utilisateurs » et protéger leur vie privée, mais des médias dénoncent ce qu’ils appellent une « extorsion ».Car Adblock Plus dispose d’une « liste blanche » dans laquelle figurent des sites et des services épargnés par le blocage. L’inscription sur cette liste est payante, plusieurs millions pour un géant comme Google, selon PageFair. Plusieurs médias allemands ont porté plainte contre Eyeo, mais les plaignants ont été déboutés en mai 2015. Selon le site iGénération, Eyeo tente désormais de convaincre les développeurs d’« adblocks » concurrents d’intégrer sa liste blanche, contre rémunération.L’arrivée des bloqueurs de publicité est la dernière étape dans un vaste débat, ouvert depuis des années, sur les pratiques de l’industrie de la publicité et l’éthique des bloqueurs. Vendredi 18 septembre, le créateur de l’application Peace, le bloqueur de publicité le plus vendu sur iOS, a retiré son logiciel de la vente, citant « un cas de conscience ». Marco Arment, développeur reconnu, cofondateur de Tumblr, a expliqué ne pas vouloir « s’engager dans une guerre », et qu’une lutte efficace contre les excès de la publicité en ligne nécessitait « une approche plus nuancée et complexe que celle d’une simple application iOS ».Bataille sur la régie publicitaire numériqueCette concurrence entre logiciels bloqueurs et logiciels de contournement n’est qu’un des aspects de la bataille en cours. Un autre se joue directement entre les médias et les géants du Web, comme Apple, voire entre celle-ci et Google, la principale régie publicitaire numérique.En encourageant le développement des « adblocks », Apple semble en effet vouloir pousser les médias vers une autre nouveauté de son système d’exploitation, appelée « News ». Cette application native est alimentée par des médias partenaires, qui proposent leurs contenus à Apple. Ces derniers peuvent être accompagnés de publicité que News ne permet pas de bloquer. Si c’est le média qui vend directement cet espace à un annonceur, il touche 100 % de son prix de vente. Sinon Apple se charge de le vendre, en empochant 30 % du prix.Ces conditions intéressantes ont déjà convaincu une trentaine de médias américains (CNN, Time, Vox Media…) de rejoindre News. A terme, comme Facebook avec les Instant Articles, Apple espère centraliser dans News l’accès des utilisateurs à l’information. Quitte à assécher, en attendant, des médias dépendant, à des degrés divers, de la publicité.Damien GouteuxJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Une conjonction astrale exceptionnelle, entre ballons orange, ovale et rond. Euro de basket-ball, ouverture de la Coupe du monde de rugby, coupes européennes de football : le quotidien L’Equipe pouvait difficilement espérer des circonstances plus favorables pour lancer sa nouvelle formule, vendredi 18 septembre.Celle-ci s’incarne dans un changement de format radical : le journal passe du broadsheet (54 × 38,5 cm) au tabloïd (36 × 28 cm), soit une réduction de moitié de la taille des pages. En rapetissant, celles-ci deviennent plus simples à concevoir, les articles se font plus courts, et les habitudes de travail changent, à la rédaction comme à l’imprimerie.Pourquoi le quotidien sportif s’embarrasse-t-il d’une telle réforme ? A l’image des autres journaux français, ses ventes sont en déclin (– 9,76 % en 2014 par rapport à 2013). Ses enjeux stratégiques sont plutôt de générer des revenus à partir de sa large audience numérique – grâce à laquelle il affiche 24 millions de « contacts » par mois – et de rentabiliser son investissement dans la télévision, où il a lancé la chaîne L’Equipe 21.« Le doudou du fan de sport »Arrivé du service des sports de Canal+ en février 2015 – soit avant la reprise en main du groupe de télévision par son actionnaire, Vivendi –, le nouveau directeur général du titre, Cyril Linette, admet qu’au début, cette problématique de format lui est apparue « surannée ». « Les nouvelles formules n’ont pas souvent d’impact décisif sur les lectorats », observe-t-il. A L’Equipe, le sujet faisait figure de serpent de mer, avec plusieurs études menées, sans que le pas soit jamais franchi.Pour y voir clair, le journal a décidé de mener un test. Il est sorti au format tabloïd le 10 juin en demandant à ses lecteurs de donner leur avis. Surprise : plus de 10 000 d’entre eux ont répondu et 75 % des avis étaient favorables – un cas assez rare d’appétence pour le changement. Dans les jours qui ont suivi, M. Linette a décidé de mettre fin à près de soixante-dix ans de grand format et su en convaincre son actionnaire, Marie-Odile Amaury.« Malgré la variété de nos supports, le journal reste un trésor, c’est un peu le doudou du fan de sport », formule-t-il aujourd’hui. Le grand format était devenu, selon lui, un frein à la lecture : difficulté à ouvrir le journal dans certaines situations, trop grand nombre d’« entrées » par page, surcouverture de certains sujets, format numérique peu maniable… Autre avantage : le changement de format permet de doubler le nombre de pages de publicité. Or, la régie table sur un maintien de ses tarifs (près de 100 000 euros par page, selon Challenges). Le journal se donne donc une chance supplémentaire d’équilibrer son exploitation.Une série d’innovationsCette nouvelle forme est l’occasion d’introduire une série d’innovations. Les feuilles de match, qui présentent les compositions d’équipes, seront nettement plus grandes, dans un style qui se veut « un hommage au jeu vidéo », explique Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction. Des pages « service » détachables – type calendrier d’une compétition – seront insérées. Une fois par mois, le journal mettra en scène des contributions de ses lecteurs autour d’un grand débat, recueillies par son site Lequipe.fr. Les bases de données abondantes dont bénéficie la rédaction seront mieux utilisées (compositions des équipes, etc.). Au moins deux grandes enquêtes par mois sont promises.Autant de choix qui tentent de mieux cerner ce à quoi peut encore servir un quotidien sportif, à l’heure où les matches peuvent se suivre en direct sur Twitter et les meilleures actions être visionnées presque instantanément, grâce à des vidéos courtes postées sur les réseaux sociaux. Le journal garde la même base de lectorat qu’il y a quatre ans (environ 8,5 millions par mois) mais ceux-ci l’achètent moins régulièrement.Pour recréer du désir, Cyril Linette veut « solder l’ère Jacquet ». En 1998, le journal avait mené une campagne contre le sélectionneur de l’équipe de France de football, avant la Coupe du monde en France. Un choix éditorial balayé par la victoire des Bleus, qui avait contraint le directeur de la rédaction de l’époque, Jérôme Bureau, à des excuses publiques. Depuis, estime M. Linette, « la rédaction s’en veut » et hésiterait à donner son avis. Il souhaite que les journalistes soient plus présents sur les fronts de l’analyse et de l’opinion.En complément, depuis un an, L’Equipe s’est efforcée de recentrer son offre Web gratuite sur les directs, l’information chaude et les formats purement numériques, comme les sondages ou les récits multimédias.Le journal attend de ce changement une progression de 5 % à 10 % de ses ventes (qui ont encore reculé de 2,22 % au premier semestre, à 211 283 exemplaires quotidiens). Une stabilisation de l’activité journal permettrait au titre de s’attaquer à d’autres chantiers, comme la diversification et la convergence entre son offre numérique et sa chaîne de télévision, dans le cadre d’un groupe Amaury prochainement délesté du Parisien et recentré sur le sport.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.09.2015 à 17h03 Réunie au siège du journal Le Monde, à Paris, l’assemblée générale de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) a renouvelé, lundi 14 septembre, son conseil de gérance. Neuf postes étaient à pourvoir. 288 des 504 associés de la SRM ont pris part au vote. Ont été réélus, au conseil de gérance, Elise Barthet, Paul Benkimoun et Denis Cosnard. Ont été élus Nicolas Chapuis, Alexis Delcambre, David Larousserie, Aline Leclerc, Simon Piel et Alain Salles.Lors de l’assemblée générale, 1 050 parts étaient présentes ou représentées (sur 1798 parts inscrites, soit un taux de participation de 58,4 %). Les comptes de l’exercice 2014, le rapport de gestion et le rapport d’activité ont été approuvés et le quitus accordé à la gestion du conseil.Le conseil de la SRM a élu Paul Benkimoun président, Elise Barthet et Nicolas Chapuis, comme vice-présidents. Il remercie Alain Beuve-Méry, Coralie Heintz, Pierre Jaxel-Truer, Mustapha Kessous, Jonathan Pariente et Raphaëlle Rérolle, pour leur activité au sein du conseil sortant. 17.09.2015 à 11h07 • Mis à jour le17.09.2015 à 14h33 Les autorités ukrainiennes ont annoncé, mercredi 16 septembre, avoir imposé des sanctions à environ 400 personnalités, dont plusieurs journalistes occidentaux, et 90 entités juridiques impliquées, selon elles, dans l’annexion par la Russie de la Crimée et dans le conflit dans l’Est prorusse. Le président ukrainien Petro Porochenko a ratifié cette décision, adoptée le 2 septembre par le Conseil de sécurité nationale et de défense, ont encore ajouté les autorités.Ce sont les premières sanctions prises par Kiev depuis le début du conflit, dans l’est de l’Ukraine, qui a fait au moins 8 000 morts. La liste des personnes visées par les sanctions, publiée par la présidence, inclut de hauts responsables russes et séparatistes, mais aussi de nombreux journalistes, dont plusieurs Occidentaux.Parmi eux se trouvaient trois correspondants de la BBC (Steve Rosenberg, Emma Wells et Anton Chicherov), basés à Moscou, un autre du journal allemand Die Zeit et deux journalistes espagnols, Antonio Pampliega et Angel Sastre, qui ont disparu en Syrie au mois de juillet et pourraient avoir été kidnappés par l’EI. La raison de ces sanctions prises pour une durée d’un an n’est pas précisée.Machine arrière sur le cas des journalistes de la BBCMais jeudi, dans la matinée, Kiev a dû faire machine arrière en raison de dissensions au sein même du gouvenrement. Et le cas de trois journalistes de la BBC a été reconsidéré, lors de la remise des lettres de créance de la nouvelle ambassadrice britannique en Ukraine.Le Comité pour la protection des journalistes - une association basée aux Etats-Unis défendant la liberté d’expression – s’est dit consterné par la décision du président Porochenko. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a lui aussi dénoncé une décision « inadmissible ».La publication de cette liste intervient alors que la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) a confirmé, mercredi, la tenue sur son territoire d’élections le 18 octobre, malgré la vive opposition des autorités de Kiev avertissant que cela pourrait rompre le processus de paix. Sarah Belouezzane Patrick Drahi n’aura pas mis bien longtemps pour se trouver une nouvelle proie, après l’échec de sa tentative de rachat de Bouygues Telecom. Jeudi 17 septembre, son groupe, Altice – la maison mère du groupe français Numericable-SFR –, a annoncé le rachat de Cablevision pour 17,7 milliards de dollars (15,6 milliards d’euros), dette comprise.Les marchés avaient été prévenus. Au lendemain de son échec pour s’emparer de l’opérateur français, M. Drahi, interrogé sur ses intentions, avait lancé :« Quant aux 10 milliards que je n’ai pas dépensés, ne vous inquiétez pas, mes équipes sont déjà reparties sur le terrain pour trouver des cibles. »L’homme d’affaires, qui compare le secteur des télécoms à un jeu de flipper puisque de son aveu même « tant qu’il y a des boules » il « joue encore », a donc choisi de faire mouvement aux Etats-Unis. Accrochant une nouvelle cible à son tableau de chasse.Une boulimie d’acquisitions que rien n’arrête…En un an, Patrick Drahi a réalisé pas moins de quatre grosses acquisitions – en dehors des médias – pour une valeur totale de presque 50 milliards d’euros. Il y a d’abord eu SFR, son trophée, raflé au nez et à la barbe de Bouygues Telecom en avril 2014 pour 17,4 milliards d’euros au total. Puis Portugal Telecom, acquis en décembre de la même année pour 7,4 milliards d’euros. En mai, c’était Suddenlink, le 7e câblo-opérateur américain qui tombait dans l’escarcelle du milliardaire franco-israélien pour 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, M. Drahi vient donc d’ajouter Cablevision à son palmarès.… même pas les échecs ?En juin 2015, Bouygues Telecom rejette les nouvelles avances de M. Drahi. Quelques mois auparavant, on avait prêté au « tycoon » l’intention de s’emparer du géant américain Time Warner Cable.Une croissance au prix d’un fort endettement L’opération Cablevision est financée en grande partie par du passif : 14,5 milliards de dollars de dette, dont la reprise des 7,7 milliards de passif que porte déjà Cablevision. En clair, cela signifie que pour finaliser l’acquisition, Altice doit encore lever un peu moins de 7 milliards de dette. Il apportera 3 milliards de dollars en numéraire, financés par une augmentation de capital. A l’issue de cette transaction, le niveau d’endettement du groupe de M. Drahi atteindra 42 milliards d’euros selon nos estimations. A titre de comparaison, la dette d’Orange tourne autour de 27 milliards d’euros.Un tel passif est-il tenable ?« Pour l’instant, les marchés y croient et suivent », commente un analyste. En début de séance à Amsterdam, le titre Altice gagnait plus de 10 %. Plusieurs éléments expliquent cette confiance. D’abord, des taux d’intérêt historiquement très bas. Beaucoup estiment donc qu’il s’agit du moment ou jamais pour investir massivement. « L’argent n’est pas cher, et ils auraient vraiment tort de ne pas en profiter », commente un expert du secteur. Surtout lorsqu’il s’agit de se positionner sur des actifs en croissance comme le câble et le très haut débit fixe.Lire aussi :Patrick Drahi, « chouchou » des marchés de la detteEnsuite, pour les investisseurs, ce n’est pas tant le niveau d’emprunt qui compte que le ratio dette sur excédent brut d’exploitation. Or, pour les marchés, qui sont plus indulgents vis-à-vis du passif des « câblos », celui d’Altice est encore tenable, même avec la récente acquisition. Il atteint 5, le niveau maximal que la holding de Patrick Drahi s’était fixé. Un niveau encore légèrement inférieur à celui qu’affiche Liberty Global, le groupe de John Malone, dont le ratio tourne autour de 5,2.« La dette grossit mais les marges grossissent avec elle, explique Dexter Thillien, de BMI Research, d’autant qu’il s’agit d’une industrie en croissance capable de dégager des flux de trésorerie et donc de faire remonter des fonds pour rembourser les créanciers. »Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.09.2015 à 17h31 • Mis à jour le15.09.2015 à 19h28 | Daniel Psenny « Evasion fiscale : une affaire française », l’enquête sur le Crédit mutuel censurée par Vincent Bolloré, le patron de Canal+, sera finalement diffusée le 7 octobre vers 23 heures sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction » sous le titre « Evasion fiscale : enquête sur le Crédit mutuel ».Ce documentaire qui contient des révélations embarrassantes pour la banque mutualiste qui a aidé M. Bolloré à prendre le contrôle de Vivendi, maison-mère de Canal+, aurait dû être diffusé sur la chaîne cryptée le 18 mai dans le magazine « Spécial Investigation ». Mais, au dernier moment, M. Bolloré avait demandé à Rodolphe Belmer (ex-directeur général du groupe viré sans ménagement début juillet) qu’il soit retiré de la programmation. Une censure qui ne cachait pas son nom.Lire aussi :Canal+ : Bolloré accusé d’avoir censuré un documentaireLes droits détenus par Canal+Quelques jours après sa prise de fonction fin août, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait annoncé que ce documentaire censuré serait diffusé sur France 3. Cela a pris un peu de temps en raison de problèmes de droits qui ne sont d’ailleurs toujours pas réglés. En effet, Canal+ qui, l’an dernier, a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du Grand Journal viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production, contrôlée par le groupe Banijay dont M. Bolloré est aussi actionnaire… Ce serait alors une autre manière de bloquer la diffusion de ce documentaire.Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Malgré tout, lundi 14 septembre, France 3 a décidé de diffuser le documentaire avec le risque d’un recours juridique de la part de Canal+. A la demande des responsables de « Pièces à conviction », les deux auteurs Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi ont remonté le film auquel ils ont pu ajouter plusieurs minutes.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Delphine Ernotte n’a pas tardé à tirer les conséquences de l’arbitrage gouvernemental sur le financement de l’audiovisuel public, rendu dimanche 13 septembre. Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication, a annoncé une légère augmentation de la redevance et une progression de la taxe sur les opérateurs de télécommunications, mais écarté un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions.Cet arbitrage « ne permettra pas d’augmenter à court terme les ressources de France Télévisions et je le regrette », a écrit la présidente de l’entreprise publique dans un message interne, lundi. Elle a également envoyé lundi une lettre aux administrateurs de l’entreprise dans laquelle elle prévoit « un déficit prévisionnel pour 2016 de l’ordre de - 50 millions, malgré la prise en compte d’hypothèses d’économies par rapport à 2015 », selon Le Figaro qui cite ce courrier.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteProbablement pas d’Euro 2016Mme Ernotte a toujours indiqué qu’elle poursuivrait les efforts de maîtrise budgétaire menés par son prédécesseur. « Je vais m’attacher avec les équipes à construire un plan d’économies à l’exclusion de tout plan de départs », précise-t-elle dans son message interne. La préparation du budget 2016 va donc se faire en essayant d’identifier des poches d’économies nouvelles.D’ores et déjà, certains investissements semblent promis à être écartés. Selon nos informations, France Télévisions n’entendrait pas se positionner pour acquérir les droits de codiffusion d’onze rencontres de l’Euro 2016 de football, pour lesquels beIN Sports cherche un acquéreur.Par ailleurs, le feuilleton autour du financement de l’audiovisuel public semble avoir ouvert un débat qui se prolonge. Membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le député (LR) Franck Riester estime ainsi dans un entretien au Figaro, mardi 15 septembre, qu’« il faut créer une société commune à l’image de la BBC en rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et même Arte », financée par la redevance et dont le président serait nommé par le conseil d’administration.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un an après son arrivée en France, c’est l’heure du bilan d’étape pour Netflix. Mais un défi se cache derrière la simple comptabilité du nombre d’abonnés conquis dans l’hexagone par le service de vidéo à la demande : atteindre la rentabilité.Pour l’heure, savoir précisément la quantité de Français séduits par Netflix n’est pas facile. Les estimations varient entre 250 000 fin décembre et 750 000 en août, et certains estiment le chiffre autour de 500 000 abonnés, une fois retranchés les comptes « gratuits » d’essai. Toutefois, les observateurs s’accordent pour dire que la première année de Netflix en France, si elle n’a pas suscité un tsunami, n’est pas un échec.La question qui se pose ensuite est suggérée par certains concurrents : ceux-ci soulignent que Netflix a fait beaucoup de publicité pour annoncer ses nouvelles séries et soutenir sa croissance en France. Un investissement qui s’ajoute à celui réalisé dans les achats de droits et dans les créations originales, toujours plus nombreuses et désormais étendues aux domaines des films et des documentaires.Cet effort se traduit dans les comptes de Netflix, qui en fait une stratégie délibérée : la société américaine a attiré au deuxième trimestre 3,3 millions de nouveaux abonnés, dont 72 % hors des Etats-Unis. En un an, il a recruté 15,51 millions de clients supplémentaires, portant le total à 65 millions. Et ses investissements à l’international vont se poursuivre car Netflix cherche à être disponible dans le monde entier dès fin 2016.Un bénéfice limitéEn raison des investissements dans les contenus et dans son expansion internationale, le bénéfice de Netflix reste très limité et plutôt en baisse : 26 millions de dollars au deuxième trimestre, pour un chiffre d’affaires de 1,64 milliard de dollars, en hausse de 23 %.Une des clés pour Netflix est de réussir deux paris sur les droits des contenus : parvenir à payer de plus en plus de programmes au niveau d’une région ou même du monde entier. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car les droits sont jusqu’ici une addition de marchés nationaux, ce qui oblige à renégocier pays par pays et limite les potentielles économies d’échelle. A terme, Netflix espère acheter tous ses droits de façon globale et bénéficier ainsi d’un poids de négociation rare. Mais les studios et sociétés de production ont elles intérêt à continuer à vendre certains bons produits cher à des diffuseurs nationaux.Enfin, pour amortir au mieux les contenus achetés, il faut aussi trouver des programmes visionnables par le plus grand nombre, idéalement dans le monde entier. C’est le cas des meilleurs blockbusters américains. Mais beaucoup des contenus télévisuels qui plaisent dans un pays sont assez locaux. L’enjeu est donc de créer des séries ou des films à la fois locaux et globaux, dont l’intrigue et le style ne soient pas trop aseptisés et qui puissent s’exporter. C’est ce que Netflix tente de faire avec des productions comme Marseille (avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu). C’est une des conditions de sa réussite. Un défi que Netflix partage toutefois avec d’autres, comme Canal + ou France Télévisions, qui cherchent, avec des coproductions internationales comme Versailles, à atteindre ce Graal télévisuel.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.09.2015 à 21h45 • Mis à jour le14.09.2015 à 11h16 | Renaud Machart Elle était rentrée de vacances bronzée, sereine en apparence, mais, lundi 7 septembre, alors que Claire Chazal venait d’animer de son habituel ton dépassionné et chaleureux ses journaux télévisés du week-end, elle était convoquée par Nonce Paolini, président-directeur général du groupe TF1, qui lui annonçait que son aventure de vingt-quatre ans à ce poste était sur le point d’être interrompue.Un communiqué confirma que Claire Chazal s’arrêterait « dans les prochaines semaines », puis il fut su que le week-end du 11 au 13 septembre serait le dernier : son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans – elle-même remplacée cet été par Audrey Crespo-Mara, de LCI, pour cause de maternité –, prendrait le 18 septembre la succession de l’élégante blonde, aujourd’hui âgée de 58 ans, très bon chic bon genre à ses débuts, beaucoup plus naturelle aujourd’hui.Au cours d’une conférence de presse, vendredi après-midi, M. Paolini, après avoir précisé que Claire Chazal « reste dans le groupe aujourd’hui. Acceptera-t-elle d’y rester longtemps, je n’en sais rien. Je le souhaite », ajoutait : « Claire est une professionnelle qui pendant vingt-quatre ans a eu beaucoup de succès. A un moment donné, il faut savoir passer la main. Moi-même je passerai la main. » Ce qu’il a annoncé faire « dans quelques semaines ». Le PDG a aussi assuré que la fin du contrat de Mme Chazal avait été évoquée « depuis plusieurs mois ».Partie remiseLa journaliste s’est pour sa part à cette heure refusée à tout commentaire et a même décliné la proposition d’un entretien à Paris Match, qui lui a pourtant offert de nombreuses « unes » de couvertures et chroniquait presque systématiquement ses relations amoureuses ainsi que ses étés réparateurs et balnéaires. L’entretien « choc » que beaucoup espéraient n’est, il faut imaginer, que partie remise.Certains, comme dans l’émission « Touche pas à mon poste ! » de Cyril Hanouna, sur D8 (filiale de Canal +), ont voulu relativiser le drame que vivrait la journaliste en rappelant que ses indemnités de départ pourraient être d’un montant d’environ 1 million d’euros ; d’autres, parmi ses amis et collègues, ont réagi en sa défense. Léa Salamé, dans « On n’est pas couché », samedi soir sur France 2, et Elise Lucet, le lendemain midi, dans « Médias le mag », sur France 5, ont fustigé le sexisme dont les femmes du petit écran seraient les victimes. La première a déclaré : « Je pense qu’en télévision, on tolère plus les cheveux blancs des hommes que les rides des femmes » ; la seconde : « Je ne suis pas sûre qu’on aurait fait ça à un homme. Laisser quelqu’un reprendre une rentrée pour l’évincer trois semaines après, je trouve ça très dur et ce n’est pas mérité. » Hommage de Pierre LaurentMais c’est en direct, samedi midi, que Claire Chazal reçut, avec un sourire ému, l’hommage de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, qu’elle interrogeait en direct de la Fête de L’Humanité : « Et puis puisqu’on va se séparer, Claire Chazal, je voulais quand même vous dire avant de terminer que j’ai été très heureux chaque année de vous retrouver en direct de la Fête de L’Humanité, puisque vous avez été fidèle à ce rendez-vous, donc je voulais vous passer ce petit mot d’amitié et vous dire qu’on vous accueillera avec plaisir ce soir sur la Fête de L’Huma si vous avez envie de vous détendre… » Réponse de Mme Chazal : « Je viendrai. […] Je suis déjà venue, je reviendrai. Merci Pierre Laurent de votre soutien, cela me fait très plaisir. »On imagine les moqueurs se dire, rigolant à peine sous cape, que M. Laurent avait beau jeu de complimenter une journaliste qui n’avait pas choisi le ferraillement comme principe actif de ses entretiens politiques, jugés parfois lénifiants. Mais d’autres, comme Anne Sinclair, directrice éditoriale de la version française du Huffington Post [partenaire du Groupe Le Monde], appréciaient la « douceur des fins de semaine » entretenue par sa consœur. Dans une tribune publiée vendredi, Mme Sinclair fustige la « brutalité » de TF1, « une maison qui ne s’est jamais encombrée d’élégance », qui l’avait elle-même limogée en 2001.Imperturbable et sourianteAlors que, dimanche midi, au journal de 13 heures, Claire Chazal « lançait » un reportage évoquant les effondrements et cratères provoqués par les violentes intempéries dans l’Hérault, la journaliste a d’abord dit « causés par » puis « creusés par » : discret lapsus, si l’on accepte ce que les mots disent de l’inconscient, qui pourrait indiquer que la cause de ce départ creuse un tombeau dont on comprend que la victime sacrifiée ne veuille pas le voir et craigne d’y descendre. (Tombeau, dans le sens ancien d’« hommage », que d’ailleurs, dès jeudi soir, dans le JT de 20 heures de TF1, son ami Gilles Bouleau avait adressé, en des termes affectueusement appuyés, à sa consœur.)Mais dimanche soir, en tenue de demi-deuil (pantalons noirs et chemisier blanc), Claire Chazal est restée imperturbable, souriante et n’a pas buté sur le moindre mot. En toute fin de journal, avant que ne soit diffusé un pot-pourri de ses interventions les plus marquantes depuis ses débuts, elle fit debout ses adieux d’une manière précise et sobre, remerciant assez longuement son public avec lequel elle dit avoir « tissé un lien très fort », ses équipes et la rédaction de TF1. Bonne joueuse, elle ajouta :« Je souhaite à Anne-Claire Coudray tout le bonheur que j’ai eu à travailler pour vous. »Sans cacher son « immense tristesse de devoir ne plus assumer la mission que [lui] avait confié Francis Bouygues ». Une manière de tuer le fils en revivifiant le père. L’audience du dernier 20 heures du week-end de Claire Chazal a réuni 10,2 milllions de téléspectateurs, soit 40.8 % de part d’audience, selon les chiffres de Médiamétrie. L’édition du 20 heures de dimanche sur TF1 n’avait pas atteint un tel score depuis l’interview de Dominique Strauss-Kahn le 18 septembre 2011 avec 12,5 millions de téléspectateurs (44,4 % de part d’audience).Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Daniel Psenny Y a t-il un nouvel acte de censure d’un documentaire d’investigation sur Canal+ ? Selon nos informations, la direction des programmes de Canal+ a décidé de déprogrammer le documentaire « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète », qui devait être diffusé le 28 septembre dans le cadre du magazine « Spécial investigation », en seconde partie de soirée.Cette décision a été confirmée au Monde par Luc Hermann, un des dirigeants de la société Premières Lignes, qui a produit ce documentaire réalisé par Jules Giraudat et Eric Mandonnet, journaliste à L’Express. « Nous en avons été avertis dimanche matin 13 septembre. La direction du magazine nous a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un acte de censure, mais aucune raison de cette déprogrammation nous a été avancée », dit M. Hermann.Plusieurs mois d’enquêteJoint par Le Monde, Stéphane Haumant, responsable de « Spécial investigation », confirme que le documentaire a bien été déprogrammé, sans qu’il en connaisse la raison. Mais, selon lui, ce n’est pas une question de contenu, comme il l’a expliqué au producteur. Aucune date pour la diffusion du documentaire n’a été décidée pour le moment. Interrogée par Le Monde, la direction de Canal+ n’avait pas répondu, dimanche.Commandé l’an dernier et livré cet été à la chaîne, ce documentaire qui a nécessité plusieurs mois d’enquête raconte les coulisses de la guerre de communication (coups bas, rumeurs, cabinets noirs…) à laquelle se livrent François Hollande et Nicolas Sarkozy.Le service juridique de la chaîne, qui a visionné le documentaire cet été, a donné son feu vert pour la diffusion. Cette déprogrammation a lieu après la censure du documentaire « Evasion fiscale, une affaire française », consacré au Crédit mutuel, demandée par Vincent Bolloré, et les reproches formulés par le patron de Canal+ concernant une enquête sur l’Olympique de Marseille.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Une conjonction astrale exceptionnelle, entre ballons orange, ovale et rond. Euro de basket-ball, ouverture de la Coupe du monde de rugby, coupes européennes de football : le quotidien L’Equipe pouvait difficilement espérer des circonstances plus favorables pour lancer sa nouvelle formule, vendredi 18 septembre.Celle-ci s’incarne dans un changement de format radical : le journal passe du broadsheet (54 × 38,5 cm) au tabloïd (36 × 28 cm), soit une réduction de moitié de la taille des pages. En rapetissant, celles-ci deviennent plus simples à concevoir, les articles se font plus courts, et les habitudes de travail changent, à la rédaction comme à l’imprimerie.Pourquoi le quotidien sportif s’embarrasse-t-il d’une telle réforme ? A l’image des autres journaux français, ses ventes sont en déclin (– 9,76 % en 2014 par rapport à 2013). Ses enjeux stratégiques sont plutôt de générer des revenus à partir de sa large audience numérique – grâce à laquelle il affiche 24 millions de « contacts » par mois – et de rentabiliser son investissement dans la télévision, où il a lancé la chaîne L’Equipe 21.« Le doudou du fan de sport »Arrivé du service des sports de Canal+ en février 2015 – soit avant la reprise en main du groupe de télévision par son actionnaire, Vivendi –, le nouveau directeur général du titre, Cyril Linette, admet qu’au début, cette problématique de format lui est apparue « surannée ». « Les nouvelles formules n’ont pas souvent d’impact décisif sur les lectorats », observe-t-il. A L’Equipe, le sujet faisait figure de serpent de mer, avec plusieurs études menées, sans que le pas soit jamais franchi.Pour y voir clair, le journal a décidé de mener un test. Il est sorti au format tabloïd le 10 juin en demandant à ses lecteurs de donner leur avis. Surprise : plus de 10 000 d’entre eux ont répondu et 75 % des avis étaient favorables – un cas assez rare d’appétence pour le changement. Dans les jours qui ont suivi, M. Linette a décidé de mettre fin à près de soixante-dix ans de grand format et su en convaincre son actionnaire, Marie-Odile Amaury.« Malgré la variété de nos supports, le journal reste un trésor, c’est un peu le doudou du fan de sport », formule-t-il aujourd’hui. Le grand format était devenu, selon lui, un frein à la lecture : difficulté à ouvrir le journal dans certaines situations, trop grand nombre d’« entrées » par page, surcouverture de certains sujets, format numérique peu maniable… Autre avantage : le changement de format permet de doubler le nombre de pages de publicité. Or, la régie table sur un maintien de ses tarifs (près de 100 000 euros par page, selon Challenges). Le journal se donne donc une chance supplémentaire d’équilibrer son exploitation.Une série d’innovationsCette nouvelle forme est l’occasion d’introduire une série d’innovations. Les feuilles de match, qui présentent les compositions d’équipes, seront nettement plus grandes, dans un style qui se veut « un hommage au jeu vidéo », explique Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction. Des pages « service » détachables – type calendrier d’une compétition – seront insérées. Une fois par mois, le journal mettra en scène des contributions de ses lecteurs autour d’un grand débat, recueillies par son site Lequipe.fr. Les bases de données abondantes dont bénéficie la rédaction seront mieux utilisées (compositions des équipes, etc.). Au moins deux grandes enquêtes par mois sont promises.Autant de choix qui tentent de mieux cerner ce à quoi peut encore servir un quotidien sportif, à l’heure où les matches peuvent se suivre en direct sur Twitter et les meilleures actions être visionnées presque instantanément, grâce à des vidéos courtes postées sur les réseaux sociaux. Le journal garde la même base de lectorat qu’il y a quatre ans (environ 8,5 millions par mois) mais ceux-ci l’achètent moins régulièrement.Pour recréer du désir, Cyril Linette veut « solder l’ère Jacquet ». En 1998, le journal avait mené une campagne contre le sélectionneur de l’équipe de France de football, avant la Coupe du monde en France. Un choix éditorial balayé par la victoire des Bleus, qui avait contraint le directeur de la rédaction de l’époque, Jérôme Bureau, à des excuses publiques. Depuis, estime M. Linette, « la rédaction s’en veut » et hésiterait à donner son avis. Il souhaite que les journalistes soient plus présents sur les fronts de l’analyse et de l’opinion.En complément, depuis un an, L’Equipe s’est efforcée de recentrer son offre Web gratuite sur les directs, l’information chaude et les formats purement numériques, comme les sondages ou les récits multimédias.Le journal attend de ce changement une progression de 5 % à 10 % de ses ventes (qui ont encore reculé de 2,22 % au premier semestre, à 211 283 exemplaires quotidiens). Une stabilisation de l’activité journal permettrait au titre de s’attaquer à d’autres chantiers, comme la diversification et la convergence entre son offre numérique et sa chaîne de télévision, dans le cadre d’un groupe Amaury prochainement délesté du Parisien et recentré sur le sport.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.09.2015 à 17h03 Réunie au siège du journal Le Monde, à Paris, l’assemblée générale de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) a renouvelé, lundi 14 septembre, son conseil de gérance. Neuf postes étaient à pourvoir. 288 des 504 associés de la SRM ont pris part au vote. Ont été réélus, au conseil de gérance, Elise Barthet, Paul Benkimoun et Denis Cosnard. Ont été élus Nicolas Chapuis, Alexis Delcambre, David Larousserie, Aline Leclerc, Simon Piel et Alain Salles.Lors de l’assemblée générale, 1 050 parts étaient présentes ou représentées (sur 1798 parts inscrites, soit un taux de participation de 58,4 %). Les comptes de l’exercice 2014, le rapport de gestion et le rapport d’activité ont été approuvés et le quitus accordé à la gestion du conseil.Le conseil de la SRM a élu Paul Benkimoun président, Elise Barthet et Nicolas Chapuis, comme vice-présidents. Il remercie Alain Beuve-Méry, Coralie Heintz, Pierre Jaxel-Truer, Mustapha Kessous, Jonathan Pariente et Raphaëlle Rérolle, pour leur activité au sein du conseil sortant. 17.09.2015 à 11h07 • Mis à jour le17.09.2015 à 14h33 Les autorités ukrainiennes ont annoncé, mercredi 16 septembre, avoir imposé des sanctions à environ 400 personnalités, dont plusieurs journalistes occidentaux, et 90 entités juridiques impliquées, selon elles, dans l’annexion par la Russie de la Crimée et dans le conflit dans l’Est prorusse. Le président ukrainien Petro Porochenko a ratifié cette décision, adoptée le 2 septembre par le Conseil de sécurité nationale et de défense, ont encore ajouté les autorités.Ce sont les premières sanctions prises par Kiev depuis le début du conflit, dans l’est de l’Ukraine, qui a fait au moins 8 000 morts. La liste des personnes visées par les sanctions, publiée par la présidence, inclut de hauts responsables russes et séparatistes, mais aussi de nombreux journalistes, dont plusieurs Occidentaux.Parmi eux se trouvaient trois correspondants de la BBC (Steve Rosenberg, Emma Wells et Anton Chicherov), basés à Moscou, un autre du journal allemand Die Zeit et deux journalistes espagnols, Antonio Pampliega et Angel Sastre, qui ont disparu en Syrie au mois de juillet et pourraient avoir été kidnappés par l’EI. La raison de ces sanctions prises pour une durée d’un an n’est pas précisée.Machine arrière sur le cas des journalistes de la BBCMais jeudi, dans la matinée, Kiev a dû faire machine arrière en raison de dissensions au sein même du gouvenrement. Et le cas de trois journalistes de la BBC a été reconsidéré, lors de la remise des lettres de créance de la nouvelle ambassadrice britannique en Ukraine.Le Comité pour la protection des journalistes - une association basée aux Etats-Unis défendant la liberté d’expression – s’est dit consterné par la décision du président Porochenko. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a lui aussi dénoncé une décision « inadmissible ».La publication de cette liste intervient alors que la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) a confirmé, mercredi, la tenue sur son territoire d’élections le 18 octobre, malgré la vive opposition des autorités de Kiev avertissant que cela pourrait rompre le processus de paix. Sarah Belouezzane Patrick Drahi n’aura pas mis bien longtemps pour se trouver une nouvelle proie, après l’échec de sa tentative de rachat de Bouygues Telecom. Jeudi 17 septembre, son groupe, Altice – la maison mère du groupe français Numericable-SFR –, a annoncé le rachat de Cablevision pour 17,7 milliards de dollars (15,6 milliards d’euros), dette comprise.Les marchés avaient été prévenus. Au lendemain de son échec pour s’emparer de l’opérateur français, M. Drahi, interrogé sur ses intentions, avait lancé :« Quant aux 10 milliards que je n’ai pas dépensés, ne vous inquiétez pas, mes équipes sont déjà reparties sur le terrain pour trouver des cibles. »L’homme d’affaires, qui compare le secteur des télécoms à un jeu de flipper puisque de son aveu même « tant qu’il y a des boules » il « joue encore », a donc choisi de faire mouvement aux Etats-Unis. Accrochant une nouvelle cible à son tableau de chasse.Une boulimie d’acquisitions que rien n’arrête…En un an, Patrick Drahi a réalisé pas moins de quatre grosses acquisitions – en dehors des médias – pour une valeur totale de presque 50 milliards d’euros. Il y a d’abord eu SFR, son trophée, raflé au nez et à la barbe de Bouygues Telecom en avril 2014 pour 17,4 milliards d’euros au total. Puis Portugal Telecom, acquis en décembre de la même année pour 7,4 milliards d’euros. En mai, c’était Suddenlink, le 7e câblo-opérateur américain qui tombait dans l’escarcelle du milliardaire franco-israélien pour 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, M. Drahi vient donc d’ajouter Cablevision à son palmarès.… même pas les échecs ?En juin 2015, Bouygues Telecom rejette les nouvelles avances de M. Drahi. Quelques mois auparavant, on avait prêté au « tycoon » l’intention de s’emparer du géant américain Time Warner Cable.Une croissance au prix d’un fort endettement L’opération Cablevision est financée en grande partie par du passif : 14,5 milliards de dollars de dette, dont la reprise des 7,7 milliards de passif que porte déjà Cablevision. En clair, cela signifie que pour finaliser l’acquisition, Altice doit encore lever un peu moins de 7 milliards de dette. Il apportera 3 milliards de dollars en numéraire, financés par une augmentation de capital. A l’issue de cette transaction, le niveau d’endettement du groupe de M. Drahi atteindra 42 milliards d’euros selon nos estimations. A titre de comparaison, la dette d’Orange tourne autour de 27 milliards d’euros.Un tel passif est-il tenable ?« Pour l’instant, les marchés y croient et suivent », commente un analyste. En début de séance à Amsterdam, le titre Altice gagnait plus de 10 %. Plusieurs éléments expliquent cette confiance. D’abord, des taux d’intérêt historiquement très bas. Beaucoup estiment donc qu’il s’agit du moment ou jamais pour investir massivement. « L’argent n’est pas cher, et ils auraient vraiment tort de ne pas en profiter », commente un expert du secteur. Surtout lorsqu’il s’agit de se positionner sur des actifs en croissance comme le câble et le très haut débit fixe.Lire aussi :Patrick Drahi, « chouchou » des marchés de la detteEnsuite, pour les investisseurs, ce n’est pas tant le niveau d’emprunt qui compte que le ratio dette sur excédent brut d’exploitation. Or, pour les marchés, qui sont plus indulgents vis-à-vis du passif des « câblos », celui d’Altice est encore tenable, même avec la récente acquisition. Il atteint 5, le niveau maximal que la holding de Patrick Drahi s’était fixé. Un niveau encore légèrement inférieur à celui qu’affiche Liberty Global, le groupe de John Malone, dont le ratio tourne autour de 5,2.« La dette grossit mais les marges grossissent avec elle, explique Dexter Thillien, de BMI Research, d’autant qu’il s’agit d’une industrie en croissance capable de dégager des flux de trésorerie et donc de faire remonter des fonds pour rembourser les créanciers. »Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.09.2015 à 17h31 • Mis à jour le15.09.2015 à 19h28 | Daniel Psenny « Evasion fiscale : une affaire française », l’enquête sur le Crédit mutuel censurée par Vincent Bolloré, le patron de Canal+, sera finalement diffusée le 7 octobre vers 23 heures sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction » sous le titre « Evasion fiscale : enquête sur le Crédit mutuel ».Ce documentaire qui contient des révélations embarrassantes pour la banque mutualiste qui a aidé M. Bolloré à prendre le contrôle de Vivendi, maison-mère de Canal+, aurait dû être diffusé sur la chaîne cryptée le 18 mai dans le magazine « Spécial Investigation ». Mais, au dernier moment, M. Bolloré avait demandé à Rodolphe Belmer (ex-directeur général du groupe viré sans ménagement début juillet) qu’il soit retiré de la programmation. Une censure qui ne cachait pas son nom.Lire aussi :Canal+ : Bolloré accusé d’avoir censuré un documentaireLes droits détenus par Canal+Quelques jours après sa prise de fonction fin août, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait annoncé que ce documentaire censuré serait diffusé sur France 3. Cela a pris un peu de temps en raison de problèmes de droits qui ne sont d’ailleurs toujours pas réglés. En effet, Canal+ qui, l’an dernier, a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du Grand Journal viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production, contrôlée par le groupe Banijay dont M. Bolloré est aussi actionnaire… Ce serait alors une autre manière de bloquer la diffusion de ce documentaire.Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Malgré tout, lundi 14 septembre, France 3 a décidé de diffuser le documentaire avec le risque d’un recours juridique de la part de Canal+. A la demande des responsables de « Pièces à conviction », les deux auteurs Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi ont remonté le film auquel ils ont pu ajouter plusieurs minutes.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Delphine Ernotte n’a pas tardé à tirer les conséquences de l’arbitrage gouvernemental sur le financement de l’audiovisuel public, rendu dimanche 13 septembre. Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication, a annoncé une légère augmentation de la redevance et une progression de la taxe sur les opérateurs de télécommunications, mais écarté un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions.Cet arbitrage « ne permettra pas d’augmenter à court terme les ressources de France Télévisions et je le regrette », a écrit la présidente de l’entreprise publique dans un message interne, lundi. Elle a également envoyé lundi une lettre aux administrateurs de l’entreprise dans laquelle elle prévoit « un déficit prévisionnel pour 2016 de l’ordre de - 50 millions, malgré la prise en compte d’hypothèses d’économies par rapport à 2015 », selon Le Figaro qui cite ce courrier.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteProbablement pas d’Euro 2016Mme Ernotte a toujours indiqué qu’elle poursuivrait les efforts de maîtrise budgétaire menés par son prédécesseur. « Je vais m’attacher avec les équipes à construire un plan d’économies à l’exclusion de tout plan de départs », précise-t-elle dans son message interne. La préparation du budget 2016 va donc se faire en essayant d’identifier des poches d’économies nouvelles.D’ores et déjà, certains investissements semblent promis à être écartés. Selon nos informations, France Télévisions n’entendrait pas se positionner pour acquérir les droits de codiffusion d’onze rencontres de l’Euro 2016 de football, pour lesquels beIN Sports cherche un acquéreur.Par ailleurs, le feuilleton autour du financement de l’audiovisuel public semble avoir ouvert un débat qui se prolonge. Membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le député (LR) Franck Riester estime ainsi dans un entretien au Figaro, mardi 15 septembre, qu’« il faut créer une société commune à l’image de la BBC en rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et même Arte », financée par la redevance et dont le président serait nommé par le conseil d’administration.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un an après son arrivée en France, c’est l’heure du bilan d’étape pour Netflix. Mais un défi se cache derrière la simple comptabilité du nombre d’abonnés conquis dans l’hexagone par le service de vidéo à la demande : atteindre la rentabilité.Pour l’heure, savoir précisément la quantité de Français séduits par Netflix n’est pas facile. Les estimations varient entre 250 000 fin décembre et 750 000 en août, et certains estiment le chiffre autour de 500 000 abonnés, une fois retranchés les comptes « gratuits » d’essai. Toutefois, les observateurs s’accordent pour dire que la première année de Netflix en France, si elle n’a pas suscité un tsunami, n’est pas un échec.La question qui se pose ensuite est suggérée par certains concurrents : ceux-ci soulignent que Netflix a fait beaucoup de publicité pour annoncer ses nouvelles séries et soutenir sa croissance en France. Un investissement qui s’ajoute à celui réalisé dans les achats de droits et dans les créations originales, toujours plus nombreuses et désormais étendues aux domaines des films et des documentaires.Cet effort se traduit dans les comptes de Netflix, qui en fait une stratégie délibérée : la société américaine a attiré au deuxième trimestre 3,3 millions de nouveaux abonnés, dont 72 % hors des Etats-Unis. En un an, il a recruté 15,51 millions de clients supplémentaires, portant le total à 65 millions. Et ses investissements à l’international vont se poursuivre car Netflix cherche à être disponible dans le monde entier dès fin 2016.Un bénéfice limitéEn raison des investissements dans les contenus et dans son expansion internationale, le bénéfice de Netflix reste très limité et plutôt en baisse : 26 millions de dollars au deuxième trimestre, pour un chiffre d’affaires de 1,64 milliard de dollars, en hausse de 23 %.Une des clés pour Netflix est de réussir deux paris sur les droits des contenus : parvenir à payer de plus en plus de programmes au niveau d’une région ou même du monde entier. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car les droits sont jusqu’ici une addition de marchés nationaux, ce qui oblige à renégocier pays par pays et limite les potentielles économies d’échelle. A terme, Netflix espère acheter tous ses droits de façon globale et bénéficier ainsi d’un poids de négociation rare. Mais les studios et sociétés de production ont elles intérêt à continuer à vendre certains bons produits cher à des diffuseurs nationaux.Enfin, pour amortir au mieux les contenus achetés, il faut aussi trouver des programmes visionnables par le plus grand nombre, idéalement dans le monde entier. C’est le cas des meilleurs blockbusters américains. Mais beaucoup des contenus télévisuels qui plaisent dans un pays sont assez locaux. L’enjeu est donc de créer des séries ou des films à la fois locaux et globaux, dont l’intrigue et le style ne soient pas trop aseptisés et qui puissent s’exporter. C’est ce que Netflix tente de faire avec des productions comme Marseille (avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu). C’est une des conditions de sa réussite. Un défi que Netflix partage toutefois avec d’autres, comme Canal + ou France Télévisions, qui cherchent, avec des coproductions internationales comme Versailles, à atteindre ce Graal télévisuel.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.09.2015 à 21h45 • Mis à jour le14.09.2015 à 11h16 | Renaud Machart Elle était rentrée de vacances bronzée, sereine en apparence, mais, lundi 7 septembre, alors que Claire Chazal venait d’animer de son habituel ton dépassionné et chaleureux ses journaux télévisés du week-end, elle était convoquée par Nonce Paolini, président-directeur général du groupe TF1, qui lui annonçait que son aventure de vingt-quatre ans à ce poste était sur le point d’être interrompue.Un communiqué confirma que Claire Chazal s’arrêterait « dans les prochaines semaines », puis il fut su que le week-end du 11 au 13 septembre serait le dernier : son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans – elle-même remplacée cet été par Audrey Crespo-Mara, de LCI, pour cause de maternité –, prendrait le 18 septembre la succession de l’élégante blonde, aujourd’hui âgée de 58 ans, très bon chic bon genre à ses débuts, beaucoup plus naturelle aujourd’hui.Au cours d’une conférence de presse, vendredi après-midi, M. Paolini, après avoir précisé que Claire Chazal « reste dans le groupe aujourd’hui. Acceptera-t-elle d’y rester longtemps, je n’en sais rien. Je le souhaite », ajoutait : « Claire est une professionnelle qui pendant vingt-quatre ans a eu beaucoup de succès. A un moment donné, il faut savoir passer la main. Moi-même je passerai la main. » Ce qu’il a annoncé faire « dans quelques semaines ». Le PDG a aussi assuré que la fin du contrat de Mme Chazal avait été évoquée « depuis plusieurs mois ».Partie remiseLa journaliste s’est pour sa part à cette heure refusée à tout commentaire et a même décliné la proposition d’un entretien à Paris Match, qui lui a pourtant offert de nombreuses « unes » de couvertures et chroniquait presque systématiquement ses relations amoureuses ainsi que ses étés réparateurs et balnéaires. L’entretien « choc » que beaucoup espéraient n’est, il faut imaginer, que partie remise.Certains, comme dans l’émission « Touche pas à mon poste ! » de Cyril Hanouna, sur D8 (filiale de Canal +), ont voulu relativiser le drame que vivrait la journaliste en rappelant que ses indemnités de départ pourraient être d’un montant d’environ 1 million d’euros ; d’autres, parmi ses amis et collègues, ont réagi en sa défense. Léa Salamé, dans « On n’est pas couché », samedi soir sur France 2, et Elise Lucet, le lendemain midi, dans « Médias le mag », sur France 5, ont fustigé le sexisme dont les femmes du petit écran seraient les victimes. La première a déclaré : « Je pense qu’en télévision, on tolère plus les cheveux blancs des hommes que les rides des femmes » ; la seconde : « Je ne suis pas sûre qu’on aurait fait ça à un homme. Laisser quelqu’un reprendre une rentrée pour l’évincer trois semaines après, je trouve ça très dur et ce n’est pas mérité. » Hommage de Pierre LaurentMais c’est en direct, samedi midi, que Claire Chazal reçut, avec un sourire ému, l’hommage de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, qu’elle interrogeait en direct de la Fête de L’Humanité : « Et puis puisqu’on va se séparer, Claire Chazal, je voulais quand même vous dire avant de terminer que j’ai été très heureux chaque année de vous retrouver en direct de la Fête de L’Humanité, puisque vous avez été fidèle à ce rendez-vous, donc je voulais vous passer ce petit mot d’amitié et vous dire qu’on vous accueillera avec plaisir ce soir sur la Fête de L’Huma si vous avez envie de vous détendre… » Réponse de Mme Chazal : « Je viendrai. […] Je suis déjà venue, je reviendrai. Merci Pierre Laurent de votre soutien, cela me fait très plaisir. »On imagine les moqueurs se dire, rigolant à peine sous cape, que M. Laurent avait beau jeu de complimenter une journaliste qui n’avait pas choisi le ferraillement comme principe actif de ses entretiens politiques, jugés parfois lénifiants. Mais d’autres, comme Anne Sinclair, directrice éditoriale de la version française du Huffington Post [partenaire du Groupe Le Monde], appréciaient la « douceur des fins de semaine » entretenue par sa consœur. Dans une tribune publiée vendredi, Mme Sinclair fustige la « brutalité » de TF1, « une maison qui ne s’est jamais encombrée d’élégance », qui l’avait elle-même limogée en 2001.Imperturbable et sourianteAlors que, dimanche midi, au journal de 13 heures, Claire Chazal « lançait » un reportage évoquant les effondrements et cratères provoqués par les violentes intempéries dans l’Hérault, la journaliste a d’abord dit « causés par » puis « creusés par » : discret lapsus, si l’on accepte ce que les mots disent de l’inconscient, qui pourrait indiquer que la cause de ce départ creuse un tombeau dont on comprend que la victime sacrifiée ne veuille pas le voir et craigne d’y descendre. (Tombeau, dans le sens ancien d’« hommage », que d’ailleurs, dès jeudi soir, dans le JT de 20 heures de TF1, son ami Gilles Bouleau avait adressé, en des termes affectueusement appuyés, à sa consœur.)Mais dimanche soir, en tenue de demi-deuil (pantalons noirs et chemisier blanc), Claire Chazal est restée imperturbable, souriante et n’a pas buté sur le moindre mot. En toute fin de journal, avant que ne soit diffusé un pot-pourri de ses interventions les plus marquantes depuis ses débuts, elle fit debout ses adieux d’une manière précise et sobre, remerciant assez longuement son public avec lequel elle dit avoir « tissé un lien très fort », ses équipes et la rédaction de TF1. Bonne joueuse, elle ajouta :« Je souhaite à Anne-Claire Coudray tout le bonheur que j’ai eu à travailler pour vous. »Sans cacher son « immense tristesse de devoir ne plus assumer la mission que [lui] avait confié Francis Bouygues ». Une manière de tuer le fils en revivifiant le père. L’audience du dernier 20 heures du week-end de Claire Chazal a réuni 10,2 milllions de téléspectateurs, soit 40.8 % de part d’audience, selon les chiffres de Médiamétrie. L’édition du 20 heures de dimanche sur TF1 n’avait pas atteint un tel score depuis l’interview de Dominique Strauss-Kahn le 18 septembre 2011 avec 12,5 millions de téléspectateurs (44,4 % de part d’audience).Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Daniel Psenny Y a t-il un nouvel acte de censure d’un documentaire d’investigation sur Canal+ ? Selon nos informations, la direction des programmes de Canal+ a décidé de déprogrammer le documentaire « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète », qui devait être diffusé le 28 septembre dans le cadre du magazine « Spécial investigation », en seconde partie de soirée.Cette décision a été confirmée au Monde par Luc Hermann, un des dirigeants de la société Premières Lignes, qui a produit ce documentaire réalisé par Jules Giraudat et Eric Mandonnet, journaliste à L’Express. « Nous en avons été avertis dimanche matin 13 septembre. La direction du magazine nous a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un acte de censure, mais aucune raison de cette déprogrammation nous a été avancée », dit M. Hermann.Plusieurs mois d’enquêteJoint par Le Monde, Stéphane Haumant, responsable de « Spécial investigation », confirme que le documentaire a bien été déprogrammé, sans qu’il en connaisse la raison. Mais, selon lui, ce n’est pas une question de contenu, comme il l’a expliqué au producteur. Aucune date pour la diffusion du documentaire n’a été décidée pour le moment. Interrogée par Le Monde, la direction de Canal+ n’avait pas répondu, dimanche.Commandé l’an dernier et livré cet été à la chaîne, ce documentaire qui a nécessité plusieurs mois d’enquête raconte les coulisses de la guerre de communication (coups bas, rumeurs, cabinets noirs…) à laquelle se livrent François Hollande et Nicolas Sarkozy.Le service juridique de la chaîne, qui a visionné le documentaire cet été, a donné son feu vert pour la diffusion. Cette déprogrammation a lieu après la censure du documentaire « Evasion fiscale, une affaire française », consacré au Crédit mutuel, demandée par Vincent Bolloré, et les reproches formulés par le patron de Canal+ concernant une enquête sur l’Olympique de Marseille.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.09.2015 à 14h00 • Mis à jour le12.09.2015 à 14h16 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouveaux changements chez i-Télé, une semaine après le débarquement de l’ancienne direction et la nomination par Vincent Bolloré d’un fidèle, Guillaume Zeller, comme directeur de la rédaction, et de Philippe Labro, comme conseiller.Lire aussi :Vincent Bolloré débarque la direction d’i-TéléAprès Cécilia Ragueneau et Céline Pigalle, c’est la secrétaire générale de la chaîne d’information, Laure Bezault, qui a été écartée, vendredi 11 septembre. Proche de l’ancienne directrice de la rédaction, Céline Pigalle, celle-ci assurait une mission stratégique : le recrutement des journalistes.Dans la foulée, le groupe Canal+ a annoncé, samedi 12 septembre, la nomination de Virginie Chomicki au poste de directrice adjointe d’i-Télé, « en charge de la mise en place et du développement de CNews [le nom que portera à terme la chaîne d’information] ».Agée de 31 ans, Virginie Chomicki a travaillé chez LCI comme présentatrice de 2008 à 2015, ainsi que brièvement à Universal. La rumeur de son arrivée avait provoqué l’émoi de la rédaction, vendredi, quand des journalistes avaient eu la surprise de découvrir qu’un bureau lui avait été attribué, sans que rien leur ait été annoncé.De son côté, la directrice de la communication de Canal+ depuis 2002, Laurence Gallot, est maintenue dans ses fonctions et devient même, en parallèle, directrice des partenariats.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial) A l’intérieur du bus qui approche de Caen, jeudi soir 10 septembre, les flashes des smartphones crépitent pour immortaliser la scène. Deux motards de la police viennent de prendre « en escorte » le véhicule, parti de Paris trois heures plus tôt. A son bord, une trentaine de caricaturistes originaires de dix-huit pays, venus participer aux 5es Rencontres internationales des dessinateurs de presse du Mémorial de Caen. Quelques rires s’échappent des rangées.Huit mois après l’attentat contre Charlie Hebdo, un rassemblement de « cartoonistes », c’est aussi cela : une affaire de sécurité. La manifestation avait été annulée en février, un mois et demi avant son déroulement, par crainte des attentats. Le piratage répété du site Web du Mémorial et l’appréhension, après la fusillade de Copenhague (14 et 15 février), d’un grand nombre de dessinateurs invités avaient conduit le directeur du site, Stéphane Grimaldi, à repousser l’événement.Séances de dédicaces abandonnéesCe n’est pas une date dépourvue de symbolisme qui a été arrêtée pour son nouveau lancement : le 11 septembre. « Le Mémorial est le seul musée européen à avoir fait une exposition sur les attentats du World Trade Center. Vu que certains intellectuels, comme Michel Onfray [créateur de l’Université populaire de Caen], trouvent des points communs entre le 7 janvier et le 11 septembre [2001], il n’était pas illogique de choisir cette date », explique M. Grimaldi.Un dispositif sécuritaire « efficace et discret » a dû être mis en place. Préinscription obligatoire des visiteurs sur Internet, inspection des lieux par des démineurs, communication au dernier moment de la liste des dessinateurs invités… Rien n’a été laissé au hasard par les organisateurs, qui ont renoncé à faire se déplacer les caricaturistes en ville pour des conférences, comme lors des éditions précédentes. Toutes les « Rencontres » se dérouleront (jusqu’à dimanche) entre les murs du Mémorial, où les séances de dédicaces avec le public ont également été abandonnées.Du côté des dessinateurs, peu de défections ont été enregistrées, selon M. Grimaldi : « Trois, mais uniquement des personnes ne pouvant quitter leur pays, comme la Syrie. » D’autres ont fait le déplacement après avoir vaincu l’inquiétude qui les avait conduits à annuler leur voyage en début d’année. Ainsi le Colombien Vladdo, de l’hebdomadaire Semana Revista : « Mon ex-femme, avec qui j’ai un enfant, m’avait dissuadé de venir à l’époque, car elle avait peur qu’il m’arrive quelque chose. Cette fois-ci, je ne lui ai pas dit que je venais. » Un dilemne : continuer à dessiner ou pasComme Vladdo, la plupart des cartoonistes présents à Caen ont tous dû affronter des tempêtes, un jour ou l’autre, après des dessins mal compris ou peu flatteurs pour les puissants. Lui a récemment reçu des menaces de mort venant du pays voisin, le Venezuela, dont il a détourné les armoiries en représentant un cheval aussi famélique que l’économie nationale.Le Jordanien Osama Hajjaj a été la cible d’intimidations anonymes cette année après la publication dans le quotidien Al Arab Al Youm d’un dessin montrant un membre de l’Etat islamique utilisant son sabre ensanglanté comme une perche à selfie. Il y a une semaine, son employeur principal — une agence de publicité — lui a demandé de ne plus faire de dessins sur « la politique et la religion », sous peine de perdre son emploi. « Mon boss m’a dit : “Regarde ce qu’ils ont fait à Charlie Hebdo. Ils peuvent venir faire la même chose ici.” » C’est aussi pour cela qu’Hajjaj est venu à Caen : pour parler du dilemme qui le traverse — continuer à dessiner ou pas — avec des collègues dessinateurs originaires d’autres pays.« Il est important en ce moment d’échanger »« Il n’a sans doute jamais été aussi important qu’en ce moment de se rencontrer et d’échanger. Cela nous rend plus forts », estime Avi Katz, qui dessine pour le Jerusalem Report. « Parler de son métier avec des professionnels d’autres régions du monde est fondamental pour connaître les limites de ce qu’il est possible de faire aujourd’hui. Même dans un pays comme le mien, où ce genre de question ne devrait pas se poser, personne n’est à l’abri de voir un de ses dessins créer la polémique », témoigne Tjeerd Royaards, un dessinateur néerlandais ayant récemment subi les foudres de l’extrême droite après la diffusion d’une carte postale comparant les méthodes des djihadistes islamistes aux tortures qui existaient sous l’Inquisition. La profession aura d’autres occasions ces prochaines semaines de discuter de ces sujets. A la fin de septembre, la 34e édition de l’Humour vache se tiendra à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne). Le 21 septembre, à Paris, l’association Cartooning for Peace, présidée par Plantu, dessinateur au Monde, organisera un colloque intitulé « Le dessin de presse dans tous ses Etats ». De sécurité, il sera aussi question ces jours-là. Fatalement.Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Une conjonction astrale exceptionnelle, entre ballons orange, ovale et rond. Euro de basket-ball, ouverture de la Coupe du monde de rugby, coupes européennes de football : le quotidien L’Equipe pouvait difficilement espérer des circonstances plus favorables pour lancer sa nouvelle formule, vendredi 18 septembre.Celle-ci s’incarne dans un changement de format radical : le journal passe du broadsheet (54 × 38,5 cm) au tabloïd (36 × 28 cm), soit une réduction de moitié de la taille des pages. En rapetissant, celles-ci deviennent plus simples à concevoir, les articles se font plus courts, et les habitudes de travail changent, à la rédaction comme à l’imprimerie.Pourquoi le quotidien sportif s’embarrasse-t-il d’une telle réforme ? A l’image des autres journaux français, ses ventes sont en déclin (– 9,76 % en 2014 par rapport à 2013). Ses enjeux stratégiques sont plutôt de générer des revenus à partir de sa large audience numérique – grâce à laquelle il affiche 24 millions de « contacts » par mois – et de rentabiliser son investissement dans la télévision, où il a lancé la chaîne L’Equipe 21.« Le doudou du fan de sport »Arrivé du service des sports de Canal+ en février 2015 – soit avant la reprise en main du groupe de télévision par son actionnaire, Vivendi –, le nouveau directeur général du titre, Cyril Linette, admet qu’au début, cette problématique de format lui est apparue « surannée ». « Les nouvelles formules n’ont pas souvent d’impact décisif sur les lectorats », observe-t-il. A L’Equipe, le sujet faisait figure de serpent de mer, avec plusieurs études menées, sans que le pas soit jamais franchi.Pour y voir clair, le journal a décidé de mener un test. Il est sorti au format tabloïd le 10 juin en demandant à ses lecteurs de donner leur avis. Surprise : plus de 10 000 d’entre eux ont répondu et 75 % des avis étaient favorables – un cas assez rare d’appétence pour le changement. Dans les jours qui ont suivi, M. Linette a décidé de mettre fin à près de soixante-dix ans de grand format et su en convaincre son actionnaire, Marie-Odile Amaury.« Malgré la variété de nos supports, le journal reste un trésor, c’est un peu le doudou du fan de sport », formule-t-il aujourd’hui. Le grand format était devenu, selon lui, un frein à la lecture : difficulté à ouvrir le journal dans certaines situations, trop grand nombre d’« entrées » par page, surcouverture de certains sujets, format numérique peu maniable… Autre avantage : le changement de format permet de doubler le nombre de pages de publicité. Or, la régie table sur un maintien de ses tarifs (près de 100 000 euros par page, selon Challenges). Le journal se donne donc une chance supplémentaire d’équilibrer son exploitation.Une série d’innovationsCette nouvelle forme est l’occasion d’introduire une série d’innovations. Les feuilles de match, qui présentent les compositions d’équipes, seront nettement plus grandes, dans un style qui se veut « un hommage au jeu vidéo », explique Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction. Des pages « service » détachables – type calendrier d’une compétition – seront insérées. Une fois par mois, le journal mettra en scène des contributions de ses lecteurs autour d’un grand débat, recueillies par son site Lequipe.fr. Les bases de données abondantes dont bénéficie la rédaction seront mieux utilisées (compositions des équipes, etc.). Au moins deux grandes enquêtes par mois sont promises.Autant de choix qui tentent de mieux cerner ce à quoi peut encore servir un quotidien sportif, à l’heure où les matches peuvent se suivre en direct sur Twitter et les meilleures actions être visionnées presque instantanément, grâce à des vidéos courtes postées sur les réseaux sociaux. Le journal garde la même base de lectorat qu’il y a quatre ans (environ 8,5 millions par mois) mais ceux-ci l’achètent moins régulièrement.Pour recréer du désir, Cyril Linette veut « solder l’ère Jacquet ». En 1998, le journal avait mené une campagne contre le sélectionneur de l’équipe de France de football, avant la Coupe du monde en France. Un choix éditorial balayé par la victoire des Bleus, qui avait contraint le directeur de la rédaction de l’époque, Jérôme Bureau, à des excuses publiques. Depuis, estime M. Linette, « la rédaction s’en veut » et hésiterait à donner son avis. Il souhaite que les journalistes soient plus présents sur les fronts de l’analyse et de l’opinion.En complément, depuis un an, L’Equipe s’est efforcée de recentrer son offre Web gratuite sur les directs, l’information chaude et les formats purement numériques, comme les sondages ou les récits multimédias.Le journal attend de ce changement une progression de 5 % à 10 % de ses ventes (qui ont encore reculé de 2,22 % au premier semestre, à 211 283 exemplaires quotidiens). Une stabilisation de l’activité journal permettrait au titre de s’attaquer à d’autres chantiers, comme la diversification et la convergence entre son offre numérique et sa chaîne de télévision, dans le cadre d’un groupe Amaury prochainement délesté du Parisien et recentré sur le sport.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.09.2015 à 17h03 Réunie au siège du journal Le Monde, à Paris, l’assemblée générale de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) a renouvelé, lundi 14 septembre, son conseil de gérance. Neuf postes étaient à pourvoir. 288 des 504 associés de la SRM ont pris part au vote. Ont été réélus, au conseil de gérance, Elise Barthet, Paul Benkimoun et Denis Cosnard. Ont été élus Nicolas Chapuis, Alexis Delcambre, David Larousserie, Aline Leclerc, Simon Piel et Alain Salles.Lors de l’assemblée générale, 1 050 parts étaient présentes ou représentées (sur 1798 parts inscrites, soit un taux de participation de 58,4 %). Les comptes de l’exercice 2014, le rapport de gestion et le rapport d’activité ont été approuvés et le quitus accordé à la gestion du conseil.Le conseil de la SRM a élu Paul Benkimoun président, Elise Barthet et Nicolas Chapuis, comme vice-présidents. Il remercie Alain Beuve-Méry, Coralie Heintz, Pierre Jaxel-Truer, Mustapha Kessous, Jonathan Pariente et Raphaëlle Rérolle, pour leur activité au sein du conseil sortant. 17.09.2015 à 11h07 • Mis à jour le17.09.2015 à 14h33 Les autorités ukrainiennes ont annoncé, mercredi 16 septembre, avoir imposé des sanctions à environ 400 personnalités, dont plusieurs journalistes occidentaux, et 90 entités juridiques impliquées, selon elles, dans l’annexion par la Russie de la Crimée et dans le conflit dans l’Est prorusse. Le président ukrainien Petro Porochenko a ratifié cette décision, adoptée le 2 septembre par le Conseil de sécurité nationale et de défense, ont encore ajouté les autorités.Ce sont les premières sanctions prises par Kiev depuis le début du conflit, dans l’est de l’Ukraine, qui a fait au moins 8 000 morts. La liste des personnes visées par les sanctions, publiée par la présidence, inclut de hauts responsables russes et séparatistes, mais aussi de nombreux journalistes, dont plusieurs Occidentaux.Parmi eux se trouvaient trois correspondants de la BBC (Steve Rosenberg, Emma Wells et Anton Chicherov), basés à Moscou, un autre du journal allemand Die Zeit et deux journalistes espagnols, Antonio Pampliega et Angel Sastre, qui ont disparu en Syrie au mois de juillet et pourraient avoir été kidnappés par l’EI. La raison de ces sanctions prises pour une durée d’un an n’est pas précisée.Machine arrière sur le cas des journalistes de la BBCMais jeudi, dans la matinée, Kiev a dû faire machine arrière en raison de dissensions au sein même du gouvenrement. Et le cas de trois journalistes de la BBC a été reconsidéré, lors de la remise des lettres de créance de la nouvelle ambassadrice britannique en Ukraine.Le Comité pour la protection des journalistes - une association basée aux Etats-Unis défendant la liberté d’expression – s’est dit consterné par la décision du président Porochenko. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a lui aussi dénoncé une décision « inadmissible ».La publication de cette liste intervient alors que la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) a confirmé, mercredi, la tenue sur son territoire d’élections le 18 octobre, malgré la vive opposition des autorités de Kiev avertissant que cela pourrait rompre le processus de paix. Sarah Belouezzane Patrick Drahi n’aura pas mis bien longtemps pour se trouver une nouvelle proie, après l’échec de sa tentative de rachat de Bouygues Telecom. Jeudi 17 septembre, son groupe, Altice – la maison mère du groupe français Numericable-SFR –, a annoncé le rachat de Cablevision pour 17,7 milliards de dollars (15,6 milliards d’euros), dette comprise.Les marchés avaient été prévenus. Au lendemain de son échec pour s’emparer de l’opérateur français, M. Drahi, interrogé sur ses intentions, avait lancé :« Quant aux 10 milliards que je n’ai pas dépensés, ne vous inquiétez pas, mes équipes sont déjà reparties sur le terrain pour trouver des cibles. »L’homme d’affaires, qui compare le secteur des télécoms à un jeu de flipper puisque de son aveu même « tant qu’il y a des boules » il « joue encore », a donc choisi de faire mouvement aux Etats-Unis. Accrochant une nouvelle cible à son tableau de chasse.Une boulimie d’acquisitions que rien n’arrête…En un an, Patrick Drahi a réalisé pas moins de quatre grosses acquisitions – en dehors des médias – pour une valeur totale de presque 50 milliards d’euros. Il y a d’abord eu SFR, son trophée, raflé au nez et à la barbe de Bouygues Telecom en avril 2014 pour 17,4 milliards d’euros au total. Puis Portugal Telecom, acquis en décembre de la même année pour 7,4 milliards d’euros. En mai, c’était Suddenlink, le 7e câblo-opérateur américain qui tombait dans l’escarcelle du milliardaire franco-israélien pour 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, M. Drahi vient donc d’ajouter Cablevision à son palmarès.… même pas les échecs ?En juin 2015, Bouygues Telecom rejette les nouvelles avances de M. Drahi. Quelques mois auparavant, on avait prêté au « tycoon » l’intention de s’emparer du géant américain Time Warner Cable.Une croissance au prix d’un fort endettement L’opération Cablevision est financée en grande partie par du passif : 14,5 milliards de dollars de dette, dont la reprise des 7,7 milliards de passif que porte déjà Cablevision. En clair, cela signifie que pour finaliser l’acquisition, Altice doit encore lever un peu moins de 7 milliards de dette. Il apportera 3 milliards de dollars en numéraire, financés par une augmentation de capital. A l’issue de cette transaction, le niveau d’endettement du groupe de M. Drahi atteindra 42 milliards d’euros selon nos estimations. A titre de comparaison, la dette d’Orange tourne autour de 27 milliards d’euros.Un tel passif est-il tenable ?« Pour l’instant, les marchés y croient et suivent », commente un analyste. En début de séance à Amsterdam, le titre Altice gagnait plus de 10 %. Plusieurs éléments expliquent cette confiance. D’abord, des taux d’intérêt historiquement très bas. Beaucoup estiment donc qu’il s’agit du moment ou jamais pour investir massivement. « L’argent n’est pas cher, et ils auraient vraiment tort de ne pas en profiter », commente un expert du secteur. Surtout lorsqu’il s’agit de se positionner sur des actifs en croissance comme le câble et le très haut débit fixe.Lire aussi :Patrick Drahi, « chouchou » des marchés de la detteEnsuite, pour les investisseurs, ce n’est pas tant le niveau d’emprunt qui compte que le ratio dette sur excédent brut d’exploitation. Or, pour les marchés, qui sont plus indulgents vis-à-vis du passif des « câblos », celui d’Altice est encore tenable, même avec la récente acquisition. Il atteint 5, le niveau maximal que la holding de Patrick Drahi s’était fixé. Un niveau encore légèrement inférieur à celui qu’affiche Liberty Global, le groupe de John Malone, dont le ratio tourne autour de 5,2.« La dette grossit mais les marges grossissent avec elle, explique Dexter Thillien, de BMI Research, d’autant qu’il s’agit d’une industrie en croissance capable de dégager des flux de trésorerie et donc de faire remonter des fonds pour rembourser les créanciers. »Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.09.2015 à 17h31 • Mis à jour le15.09.2015 à 19h28 | Daniel Psenny « Evasion fiscale : une affaire française », l’enquête sur le Crédit mutuel censurée par Vincent Bolloré, le patron de Canal+, sera finalement diffusée le 7 octobre vers 23 heures sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction » sous le titre « Evasion fiscale : enquête sur le Crédit mutuel ».Ce documentaire qui contient des révélations embarrassantes pour la banque mutualiste qui a aidé M. Bolloré à prendre le contrôle de Vivendi, maison-mère de Canal+, aurait dû être diffusé sur la chaîne cryptée le 18 mai dans le magazine « Spécial Investigation ». Mais, au dernier moment, M. Bolloré avait demandé à Rodolphe Belmer (ex-directeur général du groupe viré sans ménagement début juillet) qu’il soit retiré de la programmation. Une censure qui ne cachait pas son nom.Lire aussi :Canal+ : Bolloré accusé d’avoir censuré un documentaireLes droits détenus par Canal+Quelques jours après sa prise de fonction fin août, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait annoncé que ce documentaire censuré serait diffusé sur France 3. Cela a pris un peu de temps en raison de problèmes de droits qui ne sont d’ailleurs toujours pas réglés. En effet, Canal+ qui, l’an dernier, a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du Grand Journal viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production, contrôlée par le groupe Banijay dont M. Bolloré est aussi actionnaire… Ce serait alors une autre manière de bloquer la diffusion de ce documentaire.Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Malgré tout, lundi 14 septembre, France 3 a décidé de diffuser le documentaire avec le risque d’un recours juridique de la part de Canal+. A la demande des responsables de « Pièces à conviction », les deux auteurs Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi ont remonté le film auquel ils ont pu ajouter plusieurs minutes.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Delphine Ernotte n’a pas tardé à tirer les conséquences de l’arbitrage gouvernemental sur le financement de l’audiovisuel public, rendu dimanche 13 septembre. Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication, a annoncé une légère augmentation de la redevance et une progression de la taxe sur les opérateurs de télécommunications, mais écarté un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions.Cet arbitrage « ne permettra pas d’augmenter à court terme les ressources de France Télévisions et je le regrette », a écrit la présidente de l’entreprise publique dans un message interne, lundi. Elle a également envoyé lundi une lettre aux administrateurs de l’entreprise dans laquelle elle prévoit « un déficit prévisionnel pour 2016 de l’ordre de - 50 millions, malgré la prise en compte d’hypothèses d’économies par rapport à 2015 », selon Le Figaro qui cite ce courrier.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteProbablement pas d’Euro 2016Mme Ernotte a toujours indiqué qu’elle poursuivrait les efforts de maîtrise budgétaire menés par son prédécesseur. « Je vais m’attacher avec les équipes à construire un plan d’économies à l’exclusion de tout plan de départs », précise-t-elle dans son message interne. La préparation du budget 2016 va donc se faire en essayant d’identifier des poches d’économies nouvelles.D’ores et déjà, certains investissements semblent promis à être écartés. Selon nos informations, France Télévisions n’entendrait pas se positionner pour acquérir les droits de codiffusion d’onze rencontres de l’Euro 2016 de football, pour lesquels beIN Sports cherche un acquéreur.Par ailleurs, le feuilleton autour du financement de l’audiovisuel public semble avoir ouvert un débat qui se prolonge. Membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le député (LR) Franck Riester estime ainsi dans un entretien au Figaro, mardi 15 septembre, qu’« il faut créer une société commune à l’image de la BBC en rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et même Arte », financée par la redevance et dont le président serait nommé par le conseil d’administration.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un an après son arrivée en France, c’est l’heure du bilan d’étape pour Netflix. Mais un défi se cache derrière la simple comptabilité du nombre d’abonnés conquis dans l’hexagone par le service de vidéo à la demande : atteindre la rentabilité.Pour l’heure, savoir précisément la quantité de Français séduits par Netflix n’est pas facile. Les estimations varient entre 250 000 fin décembre et 750 000 en août, et certains estiment le chiffre autour de 500 000 abonnés, une fois retranchés les comptes « gratuits » d’essai. Toutefois, les observateurs s’accordent pour dire que la première année de Netflix en France, si elle n’a pas suscité un tsunami, n’est pas un échec.La question qui se pose ensuite est suggérée par certains concurrents : ceux-ci soulignent que Netflix a fait beaucoup de publicité pour annoncer ses nouvelles séries et soutenir sa croissance en France. Un investissement qui s’ajoute à celui réalisé dans les achats de droits et dans les créations originales, toujours plus nombreuses et désormais étendues aux domaines des films et des documentaires.Cet effort se traduit dans les comptes de Netflix, qui en fait une stratégie délibérée : la société américaine a attiré au deuxième trimestre 3,3 millions de nouveaux abonnés, dont 72 % hors des Etats-Unis. En un an, il a recruté 15,51 millions de clients supplémentaires, portant le total à 65 millions. Et ses investissements à l’international vont se poursuivre car Netflix cherche à être disponible dans le monde entier dès fin 2016.Un bénéfice limitéEn raison des investissements dans les contenus et dans son expansion internationale, le bénéfice de Netflix reste très limité et plutôt en baisse : 26 millions de dollars au deuxième trimestre, pour un chiffre d’affaires de 1,64 milliard de dollars, en hausse de 23 %.Une des clés pour Netflix est de réussir deux paris sur les droits des contenus : parvenir à payer de plus en plus de programmes au niveau d’une région ou même du monde entier. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car les droits sont jusqu’ici une addition de marchés nationaux, ce qui oblige à renégocier pays par pays et limite les potentielles économies d’échelle. A terme, Netflix espère acheter tous ses droits de façon globale et bénéficier ainsi d’un poids de négociation rare. Mais les studios et sociétés de production ont elles intérêt à continuer à vendre certains bons produits cher à des diffuseurs nationaux.Enfin, pour amortir au mieux les contenus achetés, il faut aussi trouver des programmes visionnables par le plus grand nombre, idéalement dans le monde entier. C’est le cas des meilleurs blockbusters américains. Mais beaucoup des contenus télévisuels qui plaisent dans un pays sont assez locaux. L’enjeu est donc de créer des séries ou des films à la fois locaux et globaux, dont l’intrigue et le style ne soient pas trop aseptisés et qui puissent s’exporter. C’est ce que Netflix tente de faire avec des productions comme Marseille (avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu). C’est une des conditions de sa réussite. Un défi que Netflix partage toutefois avec d’autres, comme Canal + ou France Télévisions, qui cherchent, avec des coproductions internationales comme Versailles, à atteindre ce Graal télévisuel.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.09.2015 à 21h45 • Mis à jour le14.09.2015 à 11h16 | Renaud Machart Elle était rentrée de vacances bronzée, sereine en apparence, mais, lundi 7 septembre, alors que Claire Chazal venait d’animer de son habituel ton dépassionné et chaleureux ses journaux télévisés du week-end, elle était convoquée par Nonce Paolini, président-directeur général du groupe TF1, qui lui annonçait que son aventure de vingt-quatre ans à ce poste était sur le point d’être interrompue.Un communiqué confirma que Claire Chazal s’arrêterait « dans les prochaines semaines », puis il fut su que le week-end du 11 au 13 septembre serait le dernier : son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans – elle-même remplacée cet été par Audrey Crespo-Mara, de LCI, pour cause de maternité –, prendrait le 18 septembre la succession de l’élégante blonde, aujourd’hui âgée de 58 ans, très bon chic bon genre à ses débuts, beaucoup plus naturelle aujourd’hui.Au cours d’une conférence de presse, vendredi après-midi, M. Paolini, après avoir précisé que Claire Chazal « reste dans le groupe aujourd’hui. Acceptera-t-elle d’y rester longtemps, je n’en sais rien. Je le souhaite », ajoutait : « Claire est une professionnelle qui pendant vingt-quatre ans a eu beaucoup de succès. A un moment donné, il faut savoir passer la main. Moi-même je passerai la main. » Ce qu’il a annoncé faire « dans quelques semaines ». Le PDG a aussi assuré que la fin du contrat de Mme Chazal avait été évoquée « depuis plusieurs mois ».Partie remiseLa journaliste s’est pour sa part à cette heure refusée à tout commentaire et a même décliné la proposition d’un entretien à Paris Match, qui lui a pourtant offert de nombreuses « unes » de couvertures et chroniquait presque systématiquement ses relations amoureuses ainsi que ses étés réparateurs et balnéaires. L’entretien « choc » que beaucoup espéraient n’est, il faut imaginer, que partie remise.Certains, comme dans l’émission « Touche pas à mon poste ! » de Cyril Hanouna, sur D8 (filiale de Canal +), ont voulu relativiser le drame que vivrait la journaliste en rappelant que ses indemnités de départ pourraient être d’un montant d’environ 1 million d’euros ; d’autres, parmi ses amis et collègues, ont réagi en sa défense. Léa Salamé, dans « On n’est pas couché », samedi soir sur France 2, et Elise Lucet, le lendemain midi, dans « Médias le mag », sur France 5, ont fustigé le sexisme dont les femmes du petit écran seraient les victimes. La première a déclaré : « Je pense qu’en télévision, on tolère plus les cheveux blancs des hommes que les rides des femmes » ; la seconde : « Je ne suis pas sûre qu’on aurait fait ça à un homme. Laisser quelqu’un reprendre une rentrée pour l’évincer trois semaines après, je trouve ça très dur et ce n’est pas mérité. » Hommage de Pierre LaurentMais c’est en direct, samedi midi, que Claire Chazal reçut, avec un sourire ému, l’hommage de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, qu’elle interrogeait en direct de la Fête de L’Humanité : « Et puis puisqu’on va se séparer, Claire Chazal, je voulais quand même vous dire avant de terminer que j’ai été très heureux chaque année de vous retrouver en direct de la Fête de L’Humanité, puisque vous avez été fidèle à ce rendez-vous, donc je voulais vous passer ce petit mot d’amitié et vous dire qu’on vous accueillera avec plaisir ce soir sur la Fête de L’Huma si vous avez envie de vous détendre… » Réponse de Mme Chazal : « Je viendrai. […] Je suis déjà venue, je reviendrai. Merci Pierre Laurent de votre soutien, cela me fait très plaisir. »On imagine les moqueurs se dire, rigolant à peine sous cape, que M. Laurent avait beau jeu de complimenter une journaliste qui n’avait pas choisi le ferraillement comme principe actif de ses entretiens politiques, jugés parfois lénifiants. Mais d’autres, comme Anne Sinclair, directrice éditoriale de la version française du Huffington Post [partenaire du Groupe Le Monde], appréciaient la « douceur des fins de semaine » entretenue par sa consœur. Dans une tribune publiée vendredi, Mme Sinclair fustige la « brutalité » de TF1, « une maison qui ne s’est jamais encombrée d’élégance », qui l’avait elle-même limogée en 2001.Imperturbable et sourianteAlors que, dimanche midi, au journal de 13 heures, Claire Chazal « lançait » un reportage évoquant les effondrements et cratères provoqués par les violentes intempéries dans l’Hérault, la journaliste a d’abord dit « causés par » puis « creusés par » : discret lapsus, si l’on accepte ce que les mots disent de l’inconscient, qui pourrait indiquer que la cause de ce départ creuse un tombeau dont on comprend que la victime sacrifiée ne veuille pas le voir et craigne d’y descendre. (Tombeau, dans le sens ancien d’« hommage », que d’ailleurs, dès jeudi soir, dans le JT de 20 heures de TF1, son ami Gilles Bouleau avait adressé, en des termes affectueusement appuyés, à sa consœur.)Mais dimanche soir, en tenue de demi-deuil (pantalons noirs et chemisier blanc), Claire Chazal est restée imperturbable, souriante et n’a pas buté sur le moindre mot. En toute fin de journal, avant que ne soit diffusé un pot-pourri de ses interventions les plus marquantes depuis ses débuts, elle fit debout ses adieux d’une manière précise et sobre, remerciant assez longuement son public avec lequel elle dit avoir « tissé un lien très fort », ses équipes et la rédaction de TF1. Bonne joueuse, elle ajouta :« Je souhaite à Anne-Claire Coudray tout le bonheur que j’ai eu à travailler pour vous. »Sans cacher son « immense tristesse de devoir ne plus assumer la mission que [lui] avait confié Francis Bouygues ». Une manière de tuer le fils en revivifiant le père. L’audience du dernier 20 heures du week-end de Claire Chazal a réuni 10,2 milllions de téléspectateurs, soit 40.8 % de part d’audience, selon les chiffres de Médiamétrie. L’édition du 20 heures de dimanche sur TF1 n’avait pas atteint un tel score depuis l’interview de Dominique Strauss-Kahn le 18 septembre 2011 avec 12,5 millions de téléspectateurs (44,4 % de part d’audience).Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Daniel Psenny Y a t-il un nouvel acte de censure d’un documentaire d’investigation sur Canal+ ? Selon nos informations, la direction des programmes de Canal+ a décidé de déprogrammer le documentaire « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète », qui devait être diffusé le 28 septembre dans le cadre du magazine « Spécial investigation », en seconde partie de soirée.Cette décision a été confirmée au Monde par Luc Hermann, un des dirigeants de la société Premières Lignes, qui a produit ce documentaire réalisé par Jules Giraudat et Eric Mandonnet, journaliste à L’Express. « Nous en avons été avertis dimanche matin 13 septembre. La direction du magazine nous a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un acte de censure, mais aucune raison de cette déprogrammation nous a été avancée », dit M. Hermann.Plusieurs mois d’enquêteJoint par Le Monde, Stéphane Haumant, responsable de « Spécial investigation », confirme que le documentaire a bien été déprogrammé, sans qu’il en connaisse la raison. Mais, selon lui, ce n’est pas une question de contenu, comme il l’a expliqué au producteur. Aucune date pour la diffusion du documentaire n’a été décidée pour le moment. Interrogée par Le Monde, la direction de Canal+ n’avait pas répondu, dimanche.Commandé l’an dernier et livré cet été à la chaîne, ce documentaire qui a nécessité plusieurs mois d’enquête raconte les coulisses de la guerre de communication (coups bas, rumeurs, cabinets noirs…) à laquelle se livrent François Hollande et Nicolas Sarkozy.Le service juridique de la chaîne, qui a visionné le documentaire cet été, a donné son feu vert pour la diffusion. Cette déprogrammation a lieu après la censure du documentaire « Evasion fiscale, une affaire française », consacré au Crédit mutuel, demandée par Vincent Bolloré, et les reproches formulés par le patron de Canal+ concernant une enquête sur l’Olympique de Marseille.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.09.2015 à 14h00 • Mis à jour le12.09.2015 à 14h16 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouveaux changements chez i-Télé, une semaine après le débarquement de l’ancienne direction et la nomination par Vincent Bolloré d’un fidèle, Guillaume Zeller, comme directeur de la rédaction, et de Philippe Labro, comme conseiller.Lire aussi :Vincent Bolloré débarque la direction d’i-TéléAprès Cécilia Ragueneau et Céline Pigalle, c’est la secrétaire générale de la chaîne d’information, Laure Bezault, qui a été écartée, vendredi 11 septembre. Proche de l’ancienne directrice de la rédaction, Céline Pigalle, celle-ci assurait une mission stratégique : le recrutement des journalistes.Dans la foulée, le groupe Canal+ a annoncé, samedi 12 septembre, la nomination de Virginie Chomicki au poste de directrice adjointe d’i-Télé, « en charge de la mise en place et du développement de CNews [le nom que portera à terme la chaîne d’information] ».Agée de 31 ans, Virginie Chomicki a travaillé chez LCI comme présentatrice de 2008 à 2015, ainsi que brièvement à Universal. La rumeur de son arrivée avait provoqué l’émoi de la rédaction, vendredi, quand des journalistes avaient eu la surprise de découvrir qu’un bureau lui avait été attribué, sans que rien leur ait été annoncé.De son côté, la directrice de la communication de Canal+ depuis 2002, Laurence Gallot, est maintenue dans ses fonctions et devient même, en parallèle, directrice des partenariats.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial) A l’intérieur du bus qui approche de Caen, jeudi soir 10 septembre, les flashes des smartphones crépitent pour immortaliser la scène. Deux motards de la police viennent de prendre « en escorte » le véhicule, parti de Paris trois heures plus tôt. A son bord, une trentaine de caricaturistes originaires de dix-huit pays, venus participer aux 5es Rencontres internationales des dessinateurs de presse du Mémorial de Caen. Quelques rires s’échappent des rangées.Huit mois après l’attentat contre Charlie Hebdo, un rassemblement de « cartoonistes », c’est aussi cela : une affaire de sécurité. La manifestation avait été annulée en février, un mois et demi avant son déroulement, par crainte des attentats. Le piratage répété du site Web du Mémorial et l’appréhension, après la fusillade de Copenhague (14 et 15 février), d’un grand nombre de dessinateurs invités avaient conduit le directeur du site, Stéphane Grimaldi, à repousser l’événement.Séances de dédicaces abandonnéesCe n’est pas une date dépourvue de symbolisme qui a été arrêtée pour son nouveau lancement : le 11 septembre. « Le Mémorial est le seul musée européen à avoir fait une exposition sur les attentats du World Trade Center. Vu que certains intellectuels, comme Michel Onfray [créateur de l’Université populaire de Caen], trouvent des points communs entre le 7 janvier et le 11 septembre [2001], il n’était pas illogique de choisir cette date », explique M. Grimaldi.Un dispositif sécuritaire « efficace et discret » a dû être mis en place. Préinscription obligatoire des visiteurs sur Internet, inspection des lieux par des démineurs, communication au dernier moment de la liste des dessinateurs invités… Rien n’a été laissé au hasard par les organisateurs, qui ont renoncé à faire se déplacer les caricaturistes en ville pour des conférences, comme lors des éditions précédentes. Toutes les « Rencontres » se dérouleront (jusqu’à dimanche) entre les murs du Mémorial, où les séances de dédicaces avec le public ont également été abandonnées.Du côté des dessinateurs, peu de défections ont été enregistrées, selon M. Grimaldi : « Trois, mais uniquement des personnes ne pouvant quitter leur pays, comme la Syrie. » D’autres ont fait le déplacement après avoir vaincu l’inquiétude qui les avait conduits à annuler leur voyage en début d’année. Ainsi le Colombien Vladdo, de l’hebdomadaire Semana Revista : « Mon ex-femme, avec qui j’ai un enfant, m’avait dissuadé de venir à l’époque, car elle avait peur qu’il m’arrive quelque chose. Cette fois-ci, je ne lui ai pas dit que je venais. » Un dilemne : continuer à dessiner ou pasComme Vladdo, la plupart des cartoonistes présents à Caen ont tous dû affronter des tempêtes, un jour ou l’autre, après des dessins mal compris ou peu flatteurs pour les puissants. Lui a récemment reçu des menaces de mort venant du pays voisin, le Venezuela, dont il a détourné les armoiries en représentant un cheval aussi famélique que l’économie nationale.Le Jordanien Osama Hajjaj a été la cible d’intimidations anonymes cette année après la publication dans le quotidien Al Arab Al Youm d’un dessin montrant un membre de l’Etat islamique utilisant son sabre ensanglanté comme une perche à selfie. Il y a une semaine, son employeur principal — une agence de publicité — lui a demandé de ne plus faire de dessins sur « la politique et la religion », sous peine de perdre son emploi. « Mon boss m’a dit : “Regarde ce qu’ils ont fait à Charlie Hebdo. Ils peuvent venir faire la même chose ici.” » C’est aussi pour cela qu’Hajjaj est venu à Caen : pour parler du dilemme qui le traverse — continuer à dessiner ou pas — avec des collègues dessinateurs originaires d’autres pays.« Il est important en ce moment d’échanger »« Il n’a sans doute jamais été aussi important qu’en ce moment de se rencontrer et d’échanger. Cela nous rend plus forts », estime Avi Katz, qui dessine pour le Jerusalem Report. « Parler de son métier avec des professionnels d’autres régions du monde est fondamental pour connaître les limites de ce qu’il est possible de faire aujourd’hui. Même dans un pays comme le mien, où ce genre de question ne devrait pas se poser, personne n’est à l’abri de voir un de ses dessins créer la polémique », témoigne Tjeerd Royaards, un dessinateur néerlandais ayant récemment subi les foudres de l’extrême droite après la diffusion d’une carte postale comparant les méthodes des djihadistes islamistes aux tortures qui existaient sous l’Inquisition. La profession aura d’autres occasions ces prochaines semaines de discuter de ces sujets. A la fin de septembre, la 34e édition de l’Humour vache se tiendra à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne). Le 21 septembre, à Paris, l’association Cartooning for Peace, présidée par Plantu, dessinateur au Monde, organisera un colloque intitulé « Le dessin de presse dans tous ses Etats ». De sécurité, il sera aussi question ces jours-là. Fatalement.Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-MorettiL’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, est visée par une polémique pour avoir évoqué deux fois au cours de l’émission, jeudi 24 septembre, le discours « de vérité » du Front national, dans lequel, selon elle, « les Français se reconnaissent ». Simple maladresse d’expression surexploitée médiatiquement ou phrase révélatrice ? Difficile de répondre. Pour Eric Dupond-Moretti, l’avocat que Mme Biraben interrogeait ce jour-là, la polémique est « débile ». De son côté, joint par Le Monde, Canal+ a choisi de ne pas commenter.Lire aussi :« Grand Journal » : une polémique « insupportable », selon Dupond-MorettiÀ un moment où la chaîne est scrutée, car elle a changé de mains depuis l’arrivée de Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, plusieurs séquences du « Grand Journal » impliquant des responsables du FN ont récemment été taxées de complaisance. Lors de l’émission du 9 septembre, un sujet, tourné le week-end précédent à l’université d’été du Front national, montrait le journaliste Cyrille Eldin plaisantant avec Marine Le Pen et d’autres cadres. Quelques jours plus tard, le 15 septembre, Maïtena Biraben recevait Robert Ménard, le maire de Béziers, présenté comme « un pro de la com ».« Une chaîne de bobos de gauche »L’animatrice du « Grand Journal » est consciente que Canal+ a une image de chaîne de « bobos de gauche ». Et fait le lien avec le traitement du FN, comme elle l’a expliqué à TéléObs en juin, alors qu’elle était en charge du « Supplément » :« S’il y a bien une personne que j’attends, c’est Marine Le Pen. Elle ne veut pas venir sur Canal+. Elle considère que c’est une chaîne de bobos de gauche et j’en pâtis. Je suis certainement bobo mais personne ne peut dire si je suis de gauche ou de droite. Je le répète : elle est la bienvenue dans Le Supplément quand elle veut. »Maïtena Biraben a précisé aussi sa vision du traitement journalistique du FN :« Je ne comprends pas cette polémique qui consiste à se demander s’il faut ou non interviewer les personnalités du FN. Si ce parti est autorisé, je ne vois pas pourquoi je me pincerais le nez pour recevoir ses élus. Ils nous doivent des comptes, pas plus pas moins que ceux d’autres partis. »Elle rêve aussi d’accueillir « Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Matteo Renzi, Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances, Hillary Clinton, Bill Gates ou Vladimir Poutine. (…) Je ne m’interdis rien. »Contre un Canal+ « arrogant » et « parisien »L’approche personnelle revendiquée par Maïtena Biraben prend un relief particulier dans un contexte de grande attente autour de la ligne du « nouveau Canal », repris en main depuis juillet par l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Depuis leur arrivée à la tête de Canal+, M. Bolloré et ses hommes insistent sur le fait que les chaînes du groupe doivent éviter d’être trop « clivantes », notamment avec les sujets politiques ou religieux. À la direction de Vivendi, on souhaite ainsi tourner le dos à un Canal+ décrit comme trop « arrogant » et « parisien ».Ces qualificatifs ne sont pas sans rappeler ceux-là mêmes qu’employait récemment encore Marine Le Pen ou Eric Zemmour pour parler de la chaîne. Ces dernières années, la présidente du FN a choisi de cibler Canal+, faisant de la chaîne un symbole, à ses yeux, du « conformisme » et du « prêt-à-penser ».Cela ne l’a pas empêché d’accepter souvent les invitations de la chaîne, bien avant l’arrivée de Maïtena Biraben au « Grand Journal » : elle s’est rendue quatre fois dans le talk-show entre 2004 et 2011 puis, depuis 2011, au moins une fois par an, mais pas jusqu’ici en 2015. Elle a également été invitée au moins trois fois de la matinale d’i-Télé cette année.Dans ses relations avec Canal+, Mme Le Pen a régulièrement mis en scène son hostilité envers un média qu’elle a décrit peuplé de « bobos horribles ». La tension a été particulièrement vive avec « Le Petit Journal », qu’elle a – sans succès – attaqué en justice en 2011 et dont les journalistes ont été à maintes reprises refoulés d’événements organisés par le FN, avant qu’une équipe de l’émission soit agressée lors du défilé du parti le 1er mai 2015. En février, Mme Le Pen, interrogée lors d’un déplacement, assurait même : « Je ne réponds pas à Canal+. » Plus généralement, Mme Le Pen a multiplié les échanges musclés avec des figures de Canal+ comme Michel Denisot ou Anne-Sophie Lapix, qui l’avait mise en difficulté en janvier 2012 dans Dimanche +.Le souvenir de l’éviction d’Eric ZemmourCette relation houleuse avec le FN – la chaîne n’est pas la seule : Mediapart, Le Monde ou France Inter, entre autres, ont aussi subi ses critiques – a-t-elle vocation à s’apaiser ? Les mots de Maïtena Biraben, lâchés en direct, ne suffisent pas à l’établir.Depuis juillet, la prise de contrôle de Canal+ par le nouveau patron de Vivendi s’est accompagnée d’un soupçon de motivations politiques. M. Bolloré a été accusé de vouloir supprimer les « Guignols » pour faire plaisir à son ami Nicolas Sarkozy, ce qu’il a démenti.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementMais la vision exprimée par Vivendi d’une chaîne qui ne doit pas exclure des catégories de personnes – et de spectateurs et clients – évoque l’argumentation d’une radio comme RTL pour justifier le maintien à l’antenne d’Eric Zemmour, considéré comme incarnant un courant de l’opinion. La direction précédente de la chaîne d’information en continu du groupe Canal+, i-Télé, limogée depuis, s’était illustrée par son éviction de l’essayiste militant, fin 2014. Une décision qui avait déplu à la direction de Vivendi.À la rentrée, la nomination à la direction de la rédaction d’i-Télé de Guillaume Zeller – fidèle de M. Bolloré passé par la chaîne Direct 8 mais aussi proche du catholicisme traditionaliste – a alimenté en interne les craintes d’une droitisation de la chaîne d’information.Lors d’une réunion, une journaliste de la chaîne a demandé à M. Zeller si Patrick Buisson, l’ancien conseiller maurrassien de Nicolas Sarkozy, pourrait arriver sur la chaîne. Le directeur de la rédaction a fermement démenti, en haussant le ton. Et depuis, il a assuré au Conseil supérieur de l’audiovisuel, comme M. Bolloré, qu’i-Télé produirait une information « impartiale », « équilibrée » et non partisane. Donc pas marquée à droite mais pas à gauche non plus.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréLes prochaines semaines du « Grand Journal » et l’évolution des chaînes de Canal+ et de sa production montreront si la reprise en main par Vivendi marque aussi une inflexion d’image et de ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 12h10 • Mis à jour le25.09.2015 à 14h54 L’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, a-t-elle dérapé, jeudi 24 septembre sur Canal+, en affirmant que « les Français se reconnaissent dans le discours de vérité tenu par le Front national » ? Alors qu’elle interrogeait l’avocat Eric Dupond-Moretti sur le thème du « politiquement correct », la présentatrice a affirmé :« Vous savez que les propos de la vérité sont souvent tenus et incarnés par le Front national aujourd’hui, rarement par le Parti socialiste, très rarement par les partis classiques. C’est quelque chose qui vous pose problème ou que vous entendez et qu’à la fin des fins vous comprenez ? »Voir la vidéo (cet échange à la 18e minute) :Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-MorettiLa polémique a rapidement enflé sur les réseaux sociaux et dans les commentaires des articles de presse. Pour certains, ce dérapage était préparé dans le but de « faire du buzz » et remonter les audiences « catastrophiques » de l’émission ; certains, « au bord de la bollobsession », allant jusqu’à y voir un potentiel effet de la reprise de la chaîne par Vincent Bolloré. D’autres encore émettent l’hypothèse que les propos de Maïtena Biraben avaient pour but d’améliorer les relations entre Canal+ et le FN, parti politique qui considère que c’est une « chaîne de bobos de gauche ».Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »A l’inverse, pour l’ancien présentateur de « Nulle Part Ailleurs » (ancêtre du « Grand Journal »), Philippe Gildas, la « connerie » de Maïtena Biraben n’était pas préméditée, mais due à un manque d’expérience. Il a ainsi insisté sur le fait qu’elle était présentatrice de l’émission « Les Maternelles » alors que lui avait été rédacteur en chef, avant de prendre les rênes de l’émission, et présentateur du journal télévisé, trente-cinq ans plus tôt.« La chance que j’ai eue, c’est que j’avais une longue carrière de journaliste avant [de faire Nulle Part Ailleurs]. Je savais très bien diriger des équipes et faire en sorte qu’on ne dise pas trop de conneries. D’ailleurs, une connerie comme celle-là, je ne l’ai jamais faite. Mais après, il faut qu’elle apprenne. »Un polémique « débile » selon Dupond-MorettiLa journaliste de TF1, Valérie Nataf, est, quant à elle, venue en aide à Maïtena Biraben en insistant sur la difficulté d’assurer une émission en direct : c’est « l’exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. »Le direct. L'exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. Que celui qui n'a jamais dit de bêtises en direct lève la main— vnataf (@Valérie Nataf)require(["twitter/widgets"]);De la même façon, Eric Dupond-Moretti, qui n’a pas réagi en direct aux formules employées par Maïtena Biraben, a déclaré vendredi: « C’est du direct. Qui peut penser que Maïtena Biraben pense qu’il s’agisse d’un discours de vérité ? »« C’est débile de faire une polémique comme ça. Le langage est complètement cadenassé. C’est insupportable, ces conneries. »Il fallait, a-t-il expliqué vendredi sur 20minutes.fr, interpréter sa phrase comme « ce que disait Laurent Fabius en 1984 : “Le Front national pose les bonnes questions mais apporte de mauvaises réponses.” »Reste que les principaux intéressés de cette polémique, les membres du Front national, en profitent pour répéter leur ritournelle sur la « pensée unique » :#MaïtenaBiraben à l'épreuve du conformisme idéologique de sa profession. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire...— Marion_M_Le_Pen (@Marion Le Pen)require(["twitter/widgets"]);La caste perd la tête : lyncher une journaliste car elle pose des questions qui déplaisent aux chantres de la pensée unique. #MaïtenaBiraben— f_philippot (@Florian Philippot)require(["twitter/widgets"]);Quand M Biraben dit que le FN tient1discours de vérité, les patineurs du PAF parlent de dérapage: sur la banquise du conformisme ça glisse.— GilbertCollard (@Gilbert Collard ن)require(["twitter/widgets"]); Joël Morio C’est un simple amendement adopté discrètement en commission à l’Assemblée nationale qui a amené les patrons de RTL, de NRJ, du pôle radio de Lagardère Active et des Indés Radios à signer ensemble une lettre rendue publique le 24 septembre par Les Échos. Un fait rare pour des hommes plutôt habitués à s’affronter à fleurets mouchetés. Dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation a inséré dans le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine un article qui prévoit de durcir les règles des quotas d’œuvres françaises que les stations doivent suivre.Selon ce texte, lorsque plus de la moitié des œuvres françaises diffusées se concentre sur dix titres, les passages intervenant au-delà de ce seuil ne seraient plus comptabilisés pour les calculs de respect des quotas de chansons françaises. La quarantaine de députés qui a signé l’amendement juge que l’exposition de la musique francophone en radio n’a cessé de se dégrader. « Sur certaines radios, à l’heure actuelle, dix titres francophones peuvent représenter jusqu’à 75 % des diffusions francophones mensuelles », écrivent-ils dans l’exposé sommaire qui justifie leur proposition.« Tutelle artistique » et « atteinte à la liberté éditoriale »Mais les patrons de radios ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, cette mesure porte « gravement atteinte à la liberté éditoriale » de leurs stations. « Ce n’est pas aux Parlementaires de nous dire ce que nous devons diffuser. C’est nous mettre sous tutelle artistique », ajoute en crescendo, Emmanuel Rials, président de station rock Oüi FM. Les signataires de la lettre ouverte considèrent que ce texte n’est pas dicté par un souci de la défense de la chanson française, mais par « des intérêts bien compris de l’industrie du disque qui cherche à détourner les auditeurs de leurs radios gratuites pour les diriger vers des plates-formes payantes et dont ils sont, pour les plus importants d’entre eux, par ailleurs actionnaires ».En clair, les radios se plaignent de la concurrence de services comme Spotify ou Deezer qui ne sont soumis à aucune règle de quota. « À cause des quotas que nous subissons, ils passent pour des lieux où l’on est libre d’écouter ce que l’on veut », tonne Jean-Éric Valli, président des Indés Radios.Faiblesse de la production francophoneDu côté des maisons de disques et des auteurs-compositeurs, on salue au contraire le vote de cet amendement. « C’est une avancée capitale pour la création musicale qui n’entrave en rien la liberté éditoriale des radios mais ouvre la porte de leur programmation à deux nouveaux titres par mois », expliquent dans un communiqué une dizaine d’organismes représentant les artistes et les producteurs. Un chiffre que l’on estime fantaisiste du côté des radios qui pointent un autre problème : « Entre 2003 et 2014, en dépit des dispositifs d’aides considérables dont bénéficie la filière musicale, la production française s’est effondrée de plus de 60 % ! Pis, aujourd’hui, 83 % de la production française n’est pas francophone ! » Des artistes comme Daft Punk, David Guetta ou Charlotte Gainsbourg ont préféré s’exprimer en anglais et ainsi conquérir de nouveaux marchés. « Si ce n’était pas interdit par la réglementation européenne, ce sont des quotas de production de titres francophones qu’il faudrait instaurer », estime Jean-Éric Valli.Les radios appellent le gouvernement à rejeter l’amendement adopté en commission. Pour faire entendre leur voix, elles incitent leurs auditeurs à téléphoner à Manuel Valls en communiquant dans des spots le numéro du standard de Matignon. Les députés examineront le projet de loi à partir de lundi 28 septembre.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.09.2015 à 18h57 Quel épisode d’une série rend les spectateurs « accros » et les motive à voir une saison en entier ? C’est la question que s’est posée le géant américain de la vidéo à la demande, Netflix, en étudiant les visionnages réels de séries dans seize pays différents, dont la France, de janvier à juillet 2015.La société américaine en vient à la conclusion que, contrairement à une idée répandue dans l’industrie télévisuelle, le pilote d’une série n’a quasiment aucune influence sur le choix du spectateur de suivre ou non la production jusqu’à la fin de la saison, comme l’explique Ted Sarandos, responsable en chef du contenu au sein de l’entreprise :« Etant donné la nature précieuse des cases horaires en prime time à la télé traditionnelle, on pourrait penser que le pilote est le point le plus important dans la vie d’une série. Cependant, dans notre analyse de plus de 20 séries à travers 16 marchés, nous avons découvert que personne n’a jamais été captivé par une série après un pilote. Cela nous conforte dans l’idée que rendre tous les épisodes disponibles d’un coup est plus en phase avec la manière dont se constituent les fans. »L’épisode 2 de « Breaking Bad »Netflix, qui parle d’« épisode hameçon » quand 70 % des spectateurs qui l’ont vu ont ensuite regardé la saison en entier, cite les épisodes 2 de Breaking Bad et 3 de Orange is the New Black et de Dexter, trois séries américaines populaires. Celui de Breaking Bad contient notamment une scène-choc, celle d’une baignoire remplie d’acide et d’un corps en décomposition qui traverse un plafond, qui pose le ton jusqu’au-boutiste de la série. L’épisode 3 de Dexter lève quant à lui le voile sur le premier crime du héros, un serial killer travaillant incognito pour la police. Au-delà de la question du pilote, c’est le modèle créatif des séries qui est en jeu. Netflix et les services de vidéo à la demande connectés permettent de passer du modèle créatif historique, basé sur l’offre (la série telle qu’envisagée par la chaîne et ses producteurs) à une production pensée à partir de la demande (la série définie par les usages de consommation des spectateurs).Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage français Joël Morio Rien ne va plus pour le « Grand Journal ». L’émission quotidienne de début de soirée de Canal+, présentée depuis début septembre par Maïténa Biraben, a réuni 562 000 personnes mercredi 23 septembre 2015.Il ne s’agit certes pas du plus bas score en nombre de téléspectateurs. Sur ce plan, le fond avait été touché le 18 septembre, avec 546 000 paires d’yeux devant leur poste. Mais en part de marché, c’est le plus mauvais résultat affiché par l’émission depuis sa relance : le talk-show de Canal+ a réalisé une part d’audience de 3,2 %, se situant derrière « Money Drop » de TF1 (20 %), le « 19/20 » de France 3 (15,6 %), « N’oubliez pas les paroles » sur France 2 (14,4 %), « La Meilleure Boulangerie » sur M6 (8,4 %), « Touche pas à mon poste » sur D8 (4,3 %), « C à vous » sur France 5 (4,7 %) et « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9). Le « Grand Journal » est même au coude-à-coude avec « Secret Story ».Au sein de Canal+, on juge ces audiences « catastrophiques ». La direction de la chaîne veut « donner du temps » à Maïténa Biraben. La présentatrice échappe jusqu’à présent aux critiques. Mais tel n’est pas le cas de ses chroniqueurs.Augustin Trapenard a admis, alors que le « Grand Journal » recevait François Fillon, mardi 22 septembre, qu’il n’avait pas lu l’ouvrage que l’ancien premier ministre venait de présenter. Un aveu rare, qui a déclenché une petite polémique sur les réseaux sociaux. Les chroniques de Cyrille Eldin sont, elles, accusées de complaisance.Ajustements à venirLa direction promet, depuis quelques jours, des ajustements, sans toutefois préciser s’il s’agit de remplacer ou de faire arriver de nouveaux chroniqueurs. Cyrille Eldin devrait lui un peu moins « rapporter » les potins de la vie politique, ses reportages se faisant au gré de l’actualité politique et non plus systématiquement chaque jour.Deux « pastilles », « Mash up » et « Super bien », ont été mises à l’antenne, lundi 21 septembre. Les producteurs, tout en tenant à la présence d’invités politiques, même si ceux-ci ne font pas forcément de l’audience, veulent également faire bouger le curseur vers plus de divertissement. Enfin, on souligne à Canal+ que « tout est à reconstruire et qu’il faut un peu de temps pour que l’alchimie entre les chroniqueurs prenne ».Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de la chaîne, peut au moins se réjouir d’un article de presse, celui de Direct Matin qui, dans son édition de jeudi 24 septembre, titre : « La nouvelle équipe de l’émission s’impose sur Canal+ ». « Maïténa Biraben et son équipe font souffler un vent de fraîcheur sur Canal+. Le talk-show jongle en effet avec brio entre l’actualité, les débats de société et les nouvelles tendances culturelles », peut-on y lire. Il est vrai que Direct Matin appartient à… Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré expose devant le CSA sa stratégie pour Canal+Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Comme prévu, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a auditionné, jeudi 24 septembre, Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi et du groupe Canal+. Pendant deux heures, l’échange a été « vif et direct, et sans langue de bois, mais courtois », raconte un participant.Un groupe de travail crééLe CSA a toutefois demandé la création d’un « groupe de travail », qui sera chargé d’étudier la traduction concrète et le suivi des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, à l’indépendance éditoriale et à l’exercice du métier de journaliste dans l’indépendance de l’information », a précisé l’autorité dans un communiqué. Une proposition acceptée par Vivendi, qui co-composera cette instance avec le CSA.De son côté, Vincent Bolloré a fait un signe d’ouverture en promettant de reconstituer le comité d’éthique d’i-Télé, qui a connu deux démissions quand a été débarquée la direction de la chaîne. Et il s’est engagé à créer un comité d’éthique auprès de Canal+.Une négociation est donc en cours entre le CSA et Vivendi, même si les deux parties ont affiché à l’extérieur leur entente et la concorde de leur démarche. « Nous avons parlé du groupe Canal+, qui emploie 8 000 personnes, et de son développement pour la culture française, a déclaré M. Bolloré, devant quelques journalistes. Je crois beaucoup à la régulation française. Canal est un immense établissement français et international. Etre auditionné, c’est toujours un honneur. » Le nouveau patron du groupe Canal+ s’est voulu rassurant : « Toute mon histoire a toujours été en accord avec la réglementation française », a dit celui qui était accompagné de Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Groupe Canal+, et de Maxime Saada, directeur général de Groupe Canal+.La question de l’indépendance éditorialeM. Bolloré s’est défendu des accusations de censure portées contre lui, à propos des Guignols ou de documentaires, comme l’a relevé le site de BFM Business. Ces questions ont été soulevées de façon précise par le CSA. M. Bolloré a parlé de « procés d’intention » et de « campagne orchestrée » citant le magazine Society et Renaud le Van Kim, ancien producteur du « Grand Journal » et proche de Franck Annese, patron de Society.Par ailleurs, l’autorité a posé des questions sur les « synergies de groupe » et demandé quelles limites étaient posées à la promotion d’actifs de Vivendi sur les chaînes de Canal+. En effet, les synergies entre les artistes, les salles de concert, les chaînes, les plates-formes web, les structure de production, est une stratégie revendiquée de M. Bolloré. Ce qui s’est traduit par des mises en avant de chanteurs maison au « Grand Journal » ou dans Direct Matin. Le quotidien gratuit du groupe Bolloré se félicitait justement ce jeudi de la nouvelle formule du talk-show de fin de journée de Canal+, malgré les audiences très basses obtenues ces derniers jours, a relevé Puremédias.La question de l’indépendance éditoriale de Canal+ vis-à-vis de son actionnaire a fait l’objet d’un débat. La convention de la chaîne payante est moins disante en la matière, par rapport à celle de TF1 ou M6. Le CSA aimerait la renforcer. Mais Vivendi, de son côté, a répondu qu’il était difficile de promettre d’investir dans les droits sportifs, les séries télé, la culture ou le cinéma tout en se voyant imposer une plus grande étanchéité entre Canal+ et Vivendi. Etudier la modification de la convention de Canal+ est un des chantiers du groupe de travail créé ce jeudi. Dans un communiqué diffusé à l’issu de cette audition Groupe canal+ a réaffirmé sa volonté de « de promouvoir la culture française à l’étranger, ainsi que son ambition de renforcer son soutien au cinéma et à l’ensemble de la création audiovisuelle française. Des engagements supplémentaires seront pris pour valoriser la diversité culturelle. »La convention ne peut être changée sans l’accord de Vivendi. Mais pour faire pression, le CSA a quelques moyens : « Le conseil a rappelé que son autorisation était nécessaire à la mise en œuvre de plusieurs » modifications demandées par M. Bolloré, est-il souligné dans le communiqué du CSA. Une référence à la demande de changement de noms réclamée par Vivendi : D8, D17 et i-Télé deviendraient C8, C17 et CNews. Mais aussi à la volonté de réduire la « fenêtre en clair » de Canal+, c’est-à-dire le moment où ses programmes sont gratuits.Engagement en faveur d’une « impartialité » politiqueLe CSA a aussi voulu avoir des garanties sur l’impartialité politique, notamment à propos de la chaîne d’information en continu i-Télé. En interne existent des craintes d’une droitisation de la concurrente de BFM-TV, notamment en raison du profil de Guillaume Zeller, le nouveau directeur de la rédaction, proche du catholicisme traditionaliste. Ce dernier, mercredi, a promis une « information équilibrée ». Vincent Bolloré a redit jeudi qu’il s’engage en faveur du pluralisme sur i-Télé, un point sensible à deux ans de la présidentielle de 2017. Celui qu’on décrit souvent comme un proche de Nicolas Sarkozy, auquel il avait prêté son yacht en 2007, a aussi rappelé qu’il avait des relations avec la majorité actuelle, via le président de la République François Hollande ou le premier ministre Manuel Valls. Ce dernier a d’ailleurs inauguré la nouvelle version du « Grand Journal » en septembre, ce qui aux yeux de certains anciens de Canal+ a donné le sentiment qu’il validait le grand ménage parfois brutal fait par M. Bolloré.Un projet de rachat de radioPlein d’ambitions pour le groupe Vivendi, qu’il veut global, Vincent Bolloré a aussi émis jeudi devant le CSA le souhait de se doter d’une radio. Une telle diversification est en projet depuis plusieurs années à Canal+ mais le nouveau patron de Vivendi semble vouloir la concrétiser. Des rumeurs lui ont prêté l’intention d’acheter Europe 1, ce qui n’a pas été confirmé. Jeudi a été évoqué l’idée que cette – ou ces – radios soient numériques.L’audition de M. Bolloré par le CSA ouvre une nouvelle phase dans sa prise en mains de Vivendi et de ses chaînes. Jusqu’ici, les autorités s’étaient peu manifestées, malgré les larges changements impulsés, même si certains au sein de l’exécutif sont attentifs à ce que les engagements de Canal+ en faveur du cinéma soient respectés.Plus largement, les semaines qui viennent seront l’occasion de voir si M. Bolloré se soucie des questions d’image médiatique, alors que des préoccupations sont exprimées publiquement : mardi, la présidente (UDI) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Catherine Morin-Desailly, a annoncé une audition prochaine de M. Bolloré, qui pourrait se tenir le 8 octobre.De son côté, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) a appelé « les dirigeants du groupe Canal+ à la retenue et au respect de la création » et demandé « au CSA, garant de la liberté de communication, de sortir de son silence concernant la situation à Canal+ ».Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréMercredi, l’association Reporters sans frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » ont publié une tribune dans Le Monde adressée au CSA, estimant « que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+ ». Ils demandent « qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+ ».Lire la tribune :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien Leloup et Damien GouteuxCrystal, Purify, Peace : en quelques heures à peine, les trois premiers bloqueurs de publicité pour les téléphones et tablettes d’Apple, se sont hissés dans le top 5 des applications les plus téléchargées sur l’AppStore d’Apple.Ces logiciels tirent tous parti d’une nouvelle fonctionnalité d’iOS 9 – la nouvelle version du système d’exploitation des iPhone et iPad. Elle permet désormais de créer et d’intégrer des bloqueurs de contenus (images, sons, vidéos) dans le navigateur Safari et les applications qui l’utilisent. Pour la première fois, il est donc possible de bloquer l’affichage de publicités sur les téléphones d’Apple, comme le proposent déjà depuis plusieurs années des modules pour navigateurs sur PC et Mac.L’arrivée des bloqueurs de publicité sur les terminaux Apple a fait beaucoup de bruit ; en premier lieu car de très nombreux éditeurs de sites se sont plaints de cette arrivée sur l’un des derniers supports où ils pouvaient encore afficher des publicités sans risque de blocage.Comment fonctionnent les bloqueurs de pub ?En 2002, le danois Henrik Aasted Sørensen préfère, plutôt que de réviser un examen universitaire, tenter de jouer avec un nouveau navigateur Web : Phoenix, qui deviendra Firefox. Celui-ci offrait déjà la possibilité de programmer des extensions, des petits modules apportant des fonctionnalités supplémentaires au logiciel.Une extension s’attaquait déjà aux images publicitaires, mais Sørensen a innové en étudiant la source de l’image : le serveur d’où elle provient. Si elle a pour origine un ordinateur identifié comme appartenant à une régie publicitaire, son programme, nommé « Adblock », la rend invisible aux yeux de l’internaute. Chaque utilisateur devait constituer lui-même son filtre en établissant sa propre liste de serveurs de publicité. Le succès fut au rendez-vous et le code source rendu public, permettant à tous de l’améliorer.Wladimir Palant a découvert l’extension en juin 2003. Il a contribué à une innovation majeure : au lieu de télécharger l’image puis de la rendre invisible, il empêche directement le téléchargement. L’affichage de la page visitée est plus rapide, et la quantité de données échangées est réduite.En 2005, un autre développeur, Michael McDonald, créé une nouvelle version du logiciel Adblock, qu’il nomme Adblock Plus. Il y ajoute deux fonctionnalités cruciales : la possibilité de laisser passer des publicités sélectionnées et celle de télécharger un filtre par défaut. En clair, tous les navigateurs dotés de l’extension disposent de la même liste de publicités bloquées et autorisées – ces dernières sont dites « sur liste blanche » ou whitelist.Pourquoi Adblock Plus est-il la bête noire des publicitaires ?Le programme a du succès. Cela tient à son architecture même, très simple : la plupart des utilisateurs se contentent d’installer l’extension et de laisser les réglages par défaut d’Adblock Plus. En clair, ils se fient au choix de l’éditeur d’Adblock Plus sur les régies publicitaires inscrites sur la blacklist, la « liste noire » des publicités bloquées.Mais Adblock Plus propose également une liste blanche par défaut, et c’est là-dessus que l’un de ses concepteurs a trouvé un modèle économique. En 2011, sur les conseils de Tim Schumacher, un investisseur spécialisé dans les nouvelles technologies, Wladimir Palant fonde en Allemagne sa propre société, Eyeo, qui a établi sa propre liste de critères à respecter pour qu’une publicité ne soit pas bloquée par défaut : taille des encarts, format, fait de perturber ou non la lecture… Selon Eyeo, sa liste blanche contiendrait à 90 % des entreprises utilisant des publicités « acceptables ».Mais le respect de ces règles ne suffit pas nécessairement pour rejoindre la fameuse liste : Eyeo demande également aux gros éditeurs de publicité de payer des « frais techniques » avant de les débloquer. Les montants sont secrets, mais le Financial Times, repris par Business Insider, indique que la société exige « 30 % des revenus de la publicité » pour apparaître sur sa liste aux côtés des géants Google et Amazon. Un véritable racket, dénoncent des éditeurs, qui ont tenté de trouver des réponses juridiques – Eyeo a subi quatre procès, principalement en Allemagne, que l’entreprise a tous gagnés –, et techniques – un jeu du chat et de la souris se déroule entre bloqueurs et bloqueurs de bloqueurs.Le concepteur initial d’Adblock, Henrik Aasted Sørensen, a pris ses distances avec le projet d’Adblock Plus, sans changer fondamentalement d’avis : il estime que la publicité en ligne est « cassée », et qu’il appartient aux sites Web de chercher « des alternatives pour leur financement ».Quels sont les arguments des pro et des anti bloqueurs ?Les partisans des bloqueurs de publicité invoquent deux arguments principaux. Ils jugent d’une part que la publicité en ligne est devenue trop envahissante et invasive, nuisant à la consultation des sites. D’autre part, ils reprochent aux publicités de collecter de grandes quantités d’informations personnelles.Ces deux arguments, initialement portés par des libertaires jugeant que le Web, dans sa forme actuelle, est corrompu par les intérêts privés, sont depuis longtemps sortis du cercle restreint des militants d’un Internet plus libre. S’y ajoute, pour les versions pour téléphones mobiles des sites, un argument technique : le temps de chargement des publicités rend l’affichage des pages Web inutilement long, notamment lorsque le réseau est mauvais.De l’autre côté, pour bien des sites, la publicité est la seule source de financement, les internautes rechignant souvent à payer pour les consulter. Quant à l’augmentation du nombre de publicités et leur caractère jugé invasif, il est la conséquence directe de la chute des prix, elle-même liée à de nombreux facteurs, dont la prééminence de grands acteurs comme Google et Facebook sur le marché. Pour maintenir leur chiffre d’affaires, les sites ont donc tendance à afficher davantage de publicités par page, ou à privilégier des formats publicitaires plus visibles et plus grands.Quels sont les précédents ?Sur le caractère invasif des publicités, il y a un précédent célèbre : à la fin des années 1990, les publicités dites « pop-ups », qui s’ouvrent dans une nouvelle fenêtre, se sont généralisées après qu’elles sont apparues sur la plateforme d’hébergement Tripod. Elles sont rapidement devenues la bête noire des internautes : difficiles à fermer, parfois sonores, elles s’ouvrent automatiquement dans une nouvelle fenêtre, à une époque où le navigateur utilisé par la quasi-totalité des internautes, Internet Explorer, conçu par Microsoft, ne disposait pas de système d’onglets.L’apparition de nouveaux navigateurs Web va changer la donne : Opera, puis Firefox intègrent des bloqueurs de pop-ups, facilement paramétrables. Cet avantage décisif, doublé d’innovations techniques, contribue au succès de Firefox – Microsoft sera contraint de suivre le mouvement, et intégrera par la suite son propre bloqueur de pop-ups à son logiciel. Depuis, les pop-ups ont quasiment disparu, et si elles existent encore, peu d’entre elles échappent aux systèmes de blocage désormais intégrés dans tous les navigateurs.Les défenseurs des bloqueurs de publicités citent souvent cet exemple, estimant que c’est un cas typique d’évolution technique ayant permis de limiter les abus des publicitaires. Certains estiment également que l’industrie de la publicité a « eu sa chance », lorsque la fondation Mozilla et d’autres acteurs du Web ont souhaité développer le Do Not Track, un système simple permettant aux internautes de décider si, et quand, ils acceptaient que leur navigation soit tracée. Faute de soutien de la part de l’industrie, ce système n’a jamais décollé.Pourquoi le créateur de l’application Peace a-t-il retiré son logiciel de la vente ?Marco Arment, le créateur de Peace, le bloqueur de publicités pour iOS, est un développeur reconnu. Son application, qui utilisait la technologie de Ghostery – un logiciel de protection de la vie privée qui peut aussi être utilisé comme bloqueur de publicités – s’est hissée en 24 heures en tête des applications payantes les plus téléchargées sur iPhone.Le succès de l’application lui a valu d’être violemment pris à partie en ligne par des anti-bloqueurs de publicité.I guess people aren't happy with @marcoarment https://t.co/lM4pKDdUB2 http://t.co/jQ2umk8v3U— DanGraziano (@Dan Graziano)require(["twitter/widgets"]);S’en est suivie une longue discussion en ligne, sur les réseaux sociaux et plusieurs blogs spécialisés, sur l’éthique des bloqueurs de publicité. Certains commentateurs estiment que la large diffusion des bloqueurs forcera l’industrie de la publicité à s’adapter, comme le chroniqueur du New York Times Farhad Manjoo ; d’autres, comme le développeur Joen Asmussen, considèrent qu’il n’y a pas de bloqueur de publicité « éthique » :Un bloqueur de publicité éthique, qui ne bloque que les « mauvaises » pubs et laisse passer les « bonnes », ça n’existe pas. J’aimerais me sentir comme un activiste luttant pour la pureté du Web quand j’installe l’application de Marco Arment à 2,99 dollars. Je voudrais bien croire qu’en faisant cela, je contribue à faire changer les entreprises de la publicité de manière positive (…) mais c’est une illusion.Au terme de deux jours de débats enflammés, Marco Arment a finalement décidé de retirer son application du catalogue en ligne d’Apple - les acheteurs seront remboursés. Il s’en est expliqué sur son blog :Peace traitait toutes les publicités de la même manière (…) Cette approche est trop brutale, et Ghostery et moi-même avons décidé que cela ne sert pas nos buts et nos convictions de la bonne manière. Si nous voulons amener un changement global, une approche plus nuancée et plus complexe qu’une simple application iOS est nécessaire. (…) Le blocage de publicité est une sorte de guerre (…). Je vois la guerre comme le Tao la voit : il faut l’éviter autant que possible. (…) Et même si je « gagne », ça ne me plaît pas. C’est pourquoi je me retire de ce marché. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Damien GouteuxJournaliste au MondeDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Il ne s’est jamais publiquement exprimé, à ce jour, sur la transformation de Canal+, qu’il mène, de façon déterminée, depuis le mois de juillet. Jeudi 24 septembre, Vincent Bolloré est attendu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), pour un échange sur les événements des dernières semaines et sa stratégie pour le groupe audiovisuel qu’il préside. Un rendez-vous qui a été décidé « de concert » entre les deux parties et qui doit être l’occasion, pour les huit membres du CSA, de mieux cerner les intentions de M. Bolloré.Lire la tribune :Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangentCe rendez-vous intervient à un moment où les préoccupations quant à l’avenir de Canal+ s’expriment plus ouvertement, après une phase de stupeur. Mardi, la présidente (UDI) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Catherine Morin-Desailly, a annoncé une audition prochaine de M. Bolloré, qui pourrait se tenir le 8 octobre. « Nous souhaitons l’entendre sur le devenir de Canal+, qui est un maillon important du financement du cinéma », a-t-elle expliqué.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDe son côté, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM), qui fédère 37 000 auteurs, a appelé « les dirigeants du groupe Canal+ à la retenue et au respect de la création » et demandé « au CSA, garant de la liberté de communication, de sortir de son silence concernant la situation à Canal+ ».Bataille de l’imageMercredi, l’association Reporters sans frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » ont publié une adresse au CSA, estimant « que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+ ». Ils demandent « qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+ ».En effet, chaque chaîne de télévision − comme Canal+, D8, D17 ou i-Télé − a signé une convention avec le CSA, en échange de l’attribution d’une fréquence hertzienne. Par exemple, celle d’i-Télé, la chaîne d’information en continu du groupe, exige une « indépendance de l’information, notamment à l’égard des intérêts de ses actionnaires ». Le CSA est donc fondé à interroger M. Bolloré sur cet aspect des choses.Au-delà du respect des conventions, c’est désormais une bataille de l’image qui s’engage pour M. Bolloré. Depuis son arrivée à la tête de Canal+, celui-ci s’est peu embarrassé des apparences, sur fond de renvois brutaux de managers et de déprogrammations de documentaires. Mais l’audiovisuel est un secteur très régulé et symbolique, a fortiori Canal+, un acteur majeur pour le financement de la création audiovisuelle française et européenne. Comment M. Bolloré voit-il cette responsabilité et la dimension quasiment politique de son rôle, au-delà de sa vision entrepreneuriale ? C’est le sens de la phase qui s’ouvre ce jeudi.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard C’est sa première apparition publique depuis sa nomination comme directeur de la rédaction d’i-Télé : Guillaume Zeller a fait partie de la délégation envoyée par la chaîne d’information pour défendre sa demande de passage en haute définition, devant le conseil supérieur de l’audiovisuel, mercredi 23 septembre. Alors que le renvoi brutal de l’ancienne direction d’i-Télé par sa maison mère Vivendi a soulevé des doutes sur l’avenir de la chaîne, M. Zeller a donné quelques détails sur l’état d’esprit du nouveau management, tout en précisant que le projet stratégique et éditorial est encore « en cours d’élaboration ».Lire aussi :Nouveaux changements à i-Télé« Élargir le spectre des thèmes traités »« Les piliers d’i-Télé demeureront invariants : être une chaîne d’information, en continu, qui donne un éclairage sur les thématiques globales », a rassuré M. Zeller, en réponse à une question du conseiller Patrice Gélinet. Le directeur a fait référence à la « convention » passée par la chaîne avec le CSA.« Nous réfléchissons à élargir le spectre des thèmes traités », a toutefois précisé M. Zeller, citant différents domaines : « technologies, société, santé, éducation, consommation… » Des nouveautés qui pourraient éventuellement être insufflées en journée, quand l’audience des chaînes d’information est plus faible. La matinale de Bruce Toussaint est, elle, vue comme un « navire amiral puissant » et une « locomotive ». Un message qui sera sûrement noté en interne où courent les rumeurs selon lesquelles les animateurs avec des salaires importants pourraient être menacés.M. Zeller a cité deux autres axes : une « forte stratégie digitale », d’abord. Car, comme l’a relevé Maxime Saada, directeur général du groupe Canal+, également présent, i-Télé voit dans les téléphones mobiles « un espace un peu inoccupé ». « Mise en perspective de l’information »Puis M. Zeller a évoqué « la mise en perspective de l’information », donc une forme de « pédagogie », ce qui suppose parfois « un temps un plus long ». La promotion d’un plus grand recul par rapport à l’information en temps réel était déjà mise en avant par la direction précédente, et elle est aussi partagée par LCI, mais aussi France Télévisions pour son projet de chaîne d’information, et enfin BFM-TV, le leader, qui revendique ses efforts de décryptage et de reportages autour de l’actualité.Au long de cette audition face au CSA, on a senti des allusions feutrées aux polémiques qui ont entouré la prise de contrôle de Vincent Bolloré sur Canal+ et sa chaîne d’information. « Y aura-t-il des sujets qui fâchent qui seront interdits sur i-Télé ? », a ainsi demandé Mémona Hintermann-Afféjée, en référence aux documentaires de Canal+ déprogrammés ou critiqués par la direction de Vivendi. Non, a répondu M. Zeller. Ce dernier a fait un plaidoyer pour une « information plurielle, équitable, honnête, vérifiée ». Une volonté de rassurer, alors que son profil de journaliste proche du catholicisme traditionaliste a fait craindre, en interne, une inflexion politique, à deux ans de la présidentielle de 2017.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréRassurer sur l’ambiance à i-TéléInterrogé justement par Mme Hintermann-Afféjée sur l’ambiance à i-Télé, M. Zeller a souri : « La situation est bien différente de ce qui a pu être affiché à l’extérieur », a-t-il dit, en référence aux articles parus dans la presse. Puis il a rendu un hommage à la rédaction en place : « Je suis admiratif du professionnalisme des équipes », a dit ce fidèle de Vincent Bolloré, passé par Direct 8 et Directmatin.fr mais sans expérience d’une chaîne d’information en continu.Enfin, M. Zeller s’est vu demander quand i-Télé aurait un « comité d’éthique digne de ce nom ». Le conseiller du CSA Nicolas About a ainsi évoqué indirectement la démission de deux membres de cette instance, en protestation contre la méthode de remplacement des dirigeants d’i-Télé, jugée brutale. M. Zeller promis que le nom des nouveaux membres serait connu bientôt, dans les « prochains jours ».Les autres patrons présents – Jean-Christophe Thiery, le PDG du groupe Canal+, Maxime Saada, son directeur général et Frédéric Vincent, directeur technique – ont soutenu M. Zeller et apporté quelques précisions stratégiques, promettant au CSA d’« investir » dans les moyens pour qu’i-Télé puisse rattraper son retard sur le leader BFM-TV.Jeudi, c’est le grand patron Vincent Bolloré qui aura l’occasion de poursuivre les discussions. Il sera auditionné à son tour par le CSA.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.09.2015 à 13h20 • Mis à jour le24.09.2015 à 11h39 | Collectif Nous, membres du collectif « Informer n’est pas un délit » et Reporters sans frontières (RSF), interpellons le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) parce que nous estimons que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+, Vincent Bolloré.Le CSA, qui a le pouvoir de protéger cette indépendance, auditionne Vincent Bolloré ce jeudi 24 septembre. Face à l’ingérence de l’actionnaire dans la ligne éditoriale des chaînes du groupe Canal+, il est du devoir du CSA de demander des réponses aux questions essentielles suivantes :1- Pourquoi un documentaire consacré au Crédit mutuel et programmé par Canal+ le 18 mai 2015 a-t-il été censuré ?2- Pourquoi un documentaire inédit sur François Hollande et Nicolas Sarkozy programmé par Canal+ le 28 septembre 2015 vient-il d’être déprogrammé sans motif, et ce, au profit d’un film déjà diffusé ?3- Pourquoi un projet de documentaire sur la BNP Paribas, accepté par le comité d’investigation de Canal+, est-il actuellement « gelé » sur ordre de la direction de Canal+ ?4- Comment justifier qu’un reportage sur l’Olympique de Marseille, diffusé sur Canal+, ait été retiré du site Internet, au motif qu’« on ne se fâche pas avec ses partenaires », selon les propos tenus par Vincent Bolloré le 3 septembre dernier lors du comité d’entreprise ?5- Lors d’une réunion des délégués du personnel du 16 septembre, un membre de la direction, questionné sur les documentaires déprogrammés, a déclaré : « La direction tient avant tout à défendre les intérêts du groupe Canal+ et estime qu’il est donc préférable d’éviter certaines attaques frontales ou polémiques, à l’encontre de partenaires contractuels actuels ou futurs. »6- Allez-vous vous servir de Canal+ pour protéger les intérêts de vos « partenaires contractuels actuels ou futurs » ?7- Les intérêts de votre groupe sont-ils compatibles avec le respect de l’indépendance éditoriale d’un média ?8- Les intérêts du groupe Bolloré touchant de nombreux secteurs, notamment en Afrique, un journaliste de Canal+ ou d’i-Télé pourrait-il, par exemple, travailler en toute indépendance sur la prochaine élection présidentielle ivoirienne ou sur les conditions de travail dans les plantations contrôlées par la holding luxembourgeoise Socfin, dont Vincent Bolloré est actionnaire ?En 2002, sur demande du CSA, Jean-Marie Messier, alors actionnaire de Canal+, avait accepté qu’une charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe soit annexée à la convention de Canal+. Aujourd’hui, nous demandons le même engagement à Vincent Bolloré et la même fermeté de la part du CSA.Fabrice Arfi (journaliste, Mediapart), Benoit Collombat (journaliste, Radio France), Christophe Deloire (secrétaire général de Reporters sans frontières), Élise Lucet (journaliste, France 2), Virginie Marquet (avocate). La liste complète des membres du collectif est disponible sur www.rsf.org.Collectif Jérôme Marin (San Francisco, correspondance) Il n’y a pas que de belles histoires dans la high-tech. La start-up Oyster ambitionnait de devenir le Netflix du livre numérique. Mais deux ans à peine après son ouverture, cette bibliothèque en ligne va bientôt fermer ses portes. « Le service s’arrêtera dans les prochains mois », précisent ses trois fondateurs, dans un message publié lundi 21 septembre sur le blog de la jeune entreprise.Oyster a été lancée en septembre 2013 aux Etats-Unis. Sa promesse : un accès illimité à un catalogue riche d’un million de livres. Pour dix dollars par mois (neuf euros), ses utilisateurs peuvent ainsi lire autant de titres qu’ils le souhaitent, sur leur tablette, leur smartphone ou leur ordinateur.Cette offre illimitée s’inspire du modèle mis en place par Netflix pour les films et les séries télévisées, et par Spotify pour la musique. Ces deux entreprises, leaders sur leur marché respectif, séduisent des dizaines de millions d’utilisateurs dans le monde. De son côté, Oyster n’a jamais véritablement réussi à décoller.La rémunération des auteurs et des éditeurs, un gouffre financierLa société new-yorkaise ne manquait pourtant pas d’ambitions. Elle se rêvait en nouveau Amazon, le géant du commerce en ligne qui a révolutionné le marché du livre avec l’introduction en 2007 de sa liseuse Kindle. « Nous voulons être la société qui va amener les livres numériques à la prochaine étape », lançait encore ses dirigeants en début d’année.Quelques mois après les débuts du service, Oyster avait levé 14 millions de dollars (12,5 millions d’euros) auprès d’investisseurs. Mais les frais engagés par la société, notamment pour rémunérer les auteurs et les éditeurs, ont fait fondre ce pactole. La société ne pouvait plus se permettre d’opérer à perte. « Nous avons réalisé d’importants progrès vers notre objectif de bâtir une manière plus simple de lire », se consolent désormais ses fondateurs.En deux ans, Oyster a en effet réussi à convaincre trois des cinq grandes maisons d’édition de rejoindre sa plate-forme. Mais pas le groupe français Hachette ni son rival anglo-saxon Penguin Random House. En ajoutant les éditeurs indépendants, le nombre d’ouvrages disponibles a été multiplié par dix : de 100 000 au lancement à un million, dont la saga Harry Potter.Prix élevé de l’abonnementCette forte progression masque cependant une importante lacune : les titres les plus récents ne sont pas présents. Consciente des limites de son catalogue, la start-up avait lancé, en avril, une boutique de livres numériques. Celle-ci propose toutes les nouveautés des cinq grands éditeurs.Autre handicap : le prix par abonnement. Dix dollars par mois, c’est un dollar de plus que Netflix, le populaire service de streaming, la lecture sans téléchargement. En moyenne, les Américains lisent une demi-heure par jour, selon les dernières statistiques du département du travail. Mais ils passent près de trois heures devant leur télévision.« Un modèle par abonnement pour les livres numériques n’est pas vraiment intéressant pour une grande partie des lecteurs, note le cabinet Enders Analysis. Les catalogues sont limités et les gens ne lisent pas suffisamment pour rendre ses offres rentables. »Selon Digital Book World, le prix moyen des versions électroniques des ouvrages à succès est inférieur à 7 dollars aux Etats-Unis. Cela signifie que pour rentrer dans ses frais, l’abonné doit lire plus de 17 livres par an. Or, 70 % des Américains lisent moins de 10 ouvrages par an, d’après une étude du Pew Research Center.Concurrence du Kindle Unlimited d’AmazonL’offre illimitée d’Oyster n’était donc intéressante que pour les gros lecteurs. Or, son modèle économique ne pouvait fonctionner que si les abonnés ne consommaient pas trop. La société reverse en effet quelques dollars aux ayants droit à chaque téléchargement. Plus un utilisateur lit, moins il est rentable, car les commissions à payer se rapprochent, voire dépassent le prix de l’abonnement.La situation était d’autant plus compliquée qu’Amazon a lancé un service concurrent en juillet 2014, baptisé Kindle Unlimited. Le géant du commerce en ligne est le leader incontesté du livre numérique. Sa bibliothèque numérique comptait en mai plus de dix fois le nombre d’abonnés d’Oyster, d’après les estimations du cabinet de recherche Codex Group.Dans leur message, les trois fondateurs d’Oyster évoquent « de nouvelles opportunités pour que [leur] vision se matérialise ». Cela se fera peut-être chez Google, qui a recruté une partie des équipes de la start-up. Selon le site spécialisé Recode, les fondateurs ont aussi rejoint la société de Mountain View. De quoi alimenter les spéculations sur l’arrivée d’une offre d’abonnement sur Google Play Books, sa librairie numérique.Jérôme Marin (San Francisco, correspondance)Journaliste au Monde 21.09.2015 à 10h44 • Mis à jour le21.09.2015 à 10h49 | Alexandre Piquard C’est un conte de 2015. Un groupe média à la dimension internationale issu de la presse écrite underground lance sur le Web la version française d’un magazine papier anglais culte. La filiale parisienne de Vice Media a ainsi mis en ligne lundi 21 septembre le site en français d’ i-D Magazine, un journal devenu icône dans le milieu de la mode. Et espère, grâce à son savoir-faire dans le numérique et la vidéo, séduire des jeunes.i-D Magazine n’est pas très connu du grand public français mais, pour les connaisseurs, c’est une légende : lancé en 1980 par un ancien directeur artistique de Vogue, il est connu pour ses couvertures avec un logo en forme de smiley et des mannequins faisant un clin d’œil. Il a accompagné une génération de talents, de Kate Moss aux photographes Juergen Teller ou Wolfgang Tillmans. Il revendique un style esthétique mais plus brut que ses homologues « papier glacé ». Notamment dans ses photos d’anonymes repérés dans la rue pour leur look et « shootés » sur place, en pied.« Trente-cinq ans d’héritage »En 2012, Vice Media, né comme un magazine punk en 1994 mais parti à l’assaut de la vidéo et du Web, a racheté i-D Magazine. Le groupe américain n’a pas touché au magazine papier anglais, qui n’a jamais eu qu’une seule version (achetée, à l’étranger, par quelques fans). Mais Vice a lancé sur Internet huit déclinaisons internationales d’i-D en Allemagne, en Italie, au Mexique, en Pologne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis et en Espagne.La France a-t-elle vraiment besoin de davantage de contenus sur la mode ? Le créneau est déjà occupé, si l’on considère les magazines féminins, les suppléments des journaux généralistes, les journaux gratuits comme Stylist ou les vidéos d’amateurs sur YouTube. « i-D ne part pas de rien, il a trente-cinq ans d’héritage », répond Benjamin Lassale, patron de Vice France. De fait, le magazine a déjà 150 000 abonnés sur YouTube et 1,1 million sur Twitter.Plus concrètement, les éditions internationales permettront à la version française de disposer de contenus qu’il serait autrement difficile de produire, car, comme tous les médias de Vice, elle sera alimentée de 50 % à 80 % de traductions « travaillées ».« Un magazine de célébration, plus prescripteur que critique »« La presse mode est très féminine et tourne autour des produits », regrette Clément Corraze, directeur de l’équipe de onze personnes et ancien des revues Purple et Antidote. i-D promet un contre-pied, plus ancré dans le « réel ». « i-D est un magazine de célébration, plus prescripteur que critique », explique Tess Lochanski, la rédactrice en chef, ancienne du cahier Obsession de L’Obs. Elle a travaillé à adapter ce ton à la France, réputée plus « cynique ». i-D ne veut pas non plus être trop parisien, se rappelant que son ancêtre a défriché des villes comme Leeds ou Brighton.i-D compte enfin profiter du modèle de « sponsoring » de contenus éprouvé par Vice : par exemple des vidéos, cofinancées par le couturier Marc Jacobs, sur des « tribus » comme les riders de vélos BMX dans le quartier du Bronx à New York, ou sur des latinos de Los Angeles, fans de rockabilly, de voitures et de musique fifties. Ou un abécédaire pointu de la danse urbaine, payé par la jeanerie Diesel. Côté français, i-D « célèbrera » la DJ Clara 3000, des clubs « underground » comme la Péripate à Paris ou le jeune designer Julien Dossena, de Paco Rabanne, et fera parler longuement la « papesse » de la mode Carine Roitfeld. M. Corraze résume l’enjeu : « Trouver des sous-cultures qui feront l’air du temps. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger La Commission nationale informatique et liberté (CNIL) a annoncé refuser, lundi 21 septembre, de donner raison à Google dans le cadre du conflit qui les oppose sur le « droit à l’oubli » sur Internet.Le moteur de recherche avait demandé à l’autorité française chargée des données personnelles de renoncer à demander que les résultats de recherches supprimés en vertu du « droit à l’oubli » le soient dans le monde entier, et pas seulement dans les versions européennes de Google.La CNIL avait adressé en mai 2015 une injonction à l’entreprise américaine, constatant que des résultats de recherche supprimés au nom du « droit au déréférencement » – terme plus juste que celui du « droit à l’oubli » – l’étaient seulement pour les internautes se connectant à Google depuis l’Europe.Lire aussi :Google ne veut pas appliquer le « droit à l’oubli » dans le monde entierAu cœur de ce différent entre Google et la CNIL, l’interprétation de la décision de justice rendue au printemps 2014 par la Cour de justice de l’Union européenne, qui reconnaît l’existence, pour les internautes européens, de ce droit. Pour l’autorité française, ce dernier ne peut être respecté que s’il est appliqué dans le monde entier. Pour Google, qui fait valoir que la quasi-intégralité de ses utilisateurs basés en Europe utilisent la version européenne du moteur de recherche, la décision de la justice européenne ne le lie que sur le territoire européen.Google « doit dès à présent se conformer à la mise en demeure », insiste la CNIL. Dans le cas contraire, l’institution pourra décider d’une sanction.Lire aussi :Droit à l’oubli : la France en tête des demandesMartin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Damien Gouteux et Alexis Delcambre C’était le jour qu’attendaient avec appréhension les secteurs des médias et de la publicité. Mercredi 16 septembre, Apple a livré aux utilisateurs d’iPhone la dernière version de son système d’exploitation, iOS 9. Celle-ci propose une petite nouveauté qui soulève de grandes questions : la possibilité d’activer des applications tierces qui bloquent la publicité sur les sites Internet visités avec le navigateur Safari (proposé par défaut dans les terminaux Apple).Ces bloqueurs de publicité – ou « adblocks » – sont déjà très populaires sur les ordinateurs, sous la forme d’extensions aux navigateurs. Ils permettent aux utilisateurs de filtrer les publicités et les traceurs de données présents sur les pages Web. S’ils accélèrent le chargement des pages et limitent la captation de données personnelles – ce qui améliore l’« expérience utilisateur » –, ils menacent le modèle de financement par la publicité du contenu gratuit sur Internet et du développement à venir de nombreux sites.A l’origine cantonnés aux utilisateurs les plus agiles, les « adblocks » semblent désormais toucher un public plus large. Ainsi, l’un des bloqueurs les plus populaires, Adblock Plus, serait utilisé par 50 millions d’internautes, selon son propriétaire.L’arrivée des « adblocks » sur les téléphones et tablettes Apple représente donc une nouvelle étape dans leur développement. Vendredi 18 septembre, deux bloqueurs de publicité figuraient déjà en tête du classement des applications payantes les plus téléchargées en France sur l’App Store, le magasin en ligne d’Apple, selon les chiffres du site spécialisé App Annie.Menace pour l’édifice du Web ?La véritable ampleur du blocage de publicité sur Internet reste à établir. Selon un rapport souvent cité et publié en 2014 par la société irlandaise PageFair, il y aurait plus de 144 millions d’utilisateurs de bloqueurs de publicité dans le monde, 41 % auraient moins de 30 ans, et ce nombre serait en forte croissance.Pour certains, la pratique menace l’édifice du Web, bâti en large partie sur la gratuité des contenus et le financement par la publicité. Ainsi Sean Blanchfield, un des rédacteurs du rapport, cité par le journal britannique The Guardian, pense que ce type de logiciels fera aussi mal à l’industrie publicitaire que Napster en avait fait aux majors musicales, en permettant le téléchargement frauduleux de fichiers musicaux de 1999 à 2001.L’arrivée des bloqueurs de publicité est la dernière étape dans un vaste débat sur les pratiques de l’industrie de la publicité et l’éthique des bloqueursMais PageFair n’a-t-elle pas intérêt à noircir le tableau ? L’entreprise irlandaise développe des solutions de contournement des « adblocks », qu’elle commercialise. Face à elle, on trouve un acteur comme l’allemand Eyeo, éditeur du bloqueur Adblock Plus. Eyeo affirme « redonner le pouvoir aux utilisateurs » et protéger leur vie privée, mais des médias dénoncent ce qu’ils appellent une « extorsion ».Car Adblock Plus dispose d’une « liste blanche » dans laquelle figurent des sites et des services épargnés par le blocage. L’inscription sur cette liste est payante, plusieurs millions pour un géant comme Google, selon PageFair. Plusieurs médias allemands ont porté plainte contre Eyeo, mais les plaignants ont été déboutés en mai 2015. Selon le site iGénération, Eyeo tente désormais de convaincre les développeurs d’« adblocks » concurrents d’intégrer sa liste blanche, contre rémunération.L’arrivée des bloqueurs de publicité est la dernière étape dans un vaste débat, ouvert depuis des années, sur les pratiques de l’industrie de la publicité et l’éthique des bloqueurs. Vendredi 18 septembre, le créateur de l’application Peace, le bloqueur de publicité le plus vendu sur iOS, a retiré son logiciel de la vente, citant « un cas de conscience ». Marco Arment, développeur reconnu, cofondateur de Tumblr, a expliqué ne pas vouloir « s’engager dans une guerre », et qu’une lutte efficace contre les excès de la publicité en ligne nécessitait « une approche plus nuancée et complexe que celle d’une simple application iOS ».Bataille sur la régie publicitaire numériqueCette concurrence entre logiciels bloqueurs et logiciels de contournement n’est qu’un des aspects de la bataille en cours. Un autre se joue directement entre les médias et les géants du Web, comme Apple, voire entre celle-ci et Google, la principale régie publicitaire numérique.En encourageant le développement des « adblocks », Apple semble en effet vouloir pousser les médias vers une autre nouveauté de son système d’exploitation, appelée « News ». Cette application native est alimentée par des médias partenaires, qui proposent leurs contenus à Apple. Ces derniers peuvent être accompagnés de publicité que News ne permet pas de bloquer. Si c’est le média qui vend directement cet espace à un annonceur, il touche 100 % de son prix de vente. Sinon Apple se charge de le vendre, en empochant 30 % du prix.Ces conditions intéressantes ont déjà convaincu une trentaine de médias américains (CNN, Time, Vox Media…) de rejoindre News. A terme, comme Facebook avec les Instant Articles, Apple espère centraliser dans News l’accès des utilisateurs à l’information. Quitte à assécher, en attendant, des médias dépendant, à des degrés divers, de la publicité.Damien GouteuxJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Une conjonction astrale exceptionnelle, entre ballons orange, ovale et rond. Euro de basket-ball, ouverture de la Coupe du monde de rugby, coupes européennes de football : le quotidien L’Equipe pouvait difficilement espérer des circonstances plus favorables pour lancer sa nouvelle formule, vendredi 18 septembre.Celle-ci s’incarne dans un changement de format radical : le journal passe du broadsheet (54 × 38,5 cm) au tabloïd (36 × 28 cm), soit une réduction de moitié de la taille des pages. En rapetissant, celles-ci deviennent plus simples à concevoir, les articles se font plus courts, et les habitudes de travail changent, à la rédaction comme à l’imprimerie.Pourquoi le quotidien sportif s’embarrasse-t-il d’une telle réforme ? A l’image des autres journaux français, ses ventes sont en déclin (– 9,76 % en 2014 par rapport à 2013). Ses enjeux stratégiques sont plutôt de générer des revenus à partir de sa large audience numérique – grâce à laquelle il affiche 24 millions de « contacts » par mois – et de rentabiliser son investissement dans la télévision, où il a lancé la chaîne L’Equipe 21.« Le doudou du fan de sport »Arrivé du service des sports de Canal+ en février 2015 – soit avant la reprise en main du groupe de télévision par son actionnaire, Vivendi –, le nouveau directeur général du titre, Cyril Linette, admet qu’au début, cette problématique de format lui est apparue « surannée ». « Les nouvelles formules n’ont pas souvent d’impact décisif sur les lectorats », observe-t-il. A L’Equipe, le sujet faisait figure de serpent de mer, avec plusieurs études menées, sans que le pas soit jamais franchi.Pour y voir clair, le journal a décidé de mener un test. Il est sorti au format tabloïd le 10 juin en demandant à ses lecteurs de donner leur avis. Surprise : plus de 10 000 d’entre eux ont répondu et 75 % des avis étaient favorables – un cas assez rare d’appétence pour le changement. Dans les jours qui ont suivi, M. Linette a décidé de mettre fin à près de soixante-dix ans de grand format et su en convaincre son actionnaire, Marie-Odile Amaury.« Malgré la variété de nos supports, le journal reste un trésor, c’est un peu le doudou du fan de sport », formule-t-il aujourd’hui. Le grand format était devenu, selon lui, un frein à la lecture : difficulté à ouvrir le journal dans certaines situations, trop grand nombre d’« entrées » par page, surcouverture de certains sujets, format numérique peu maniable… Autre avantage : le changement de format permet de doubler le nombre de pages de publicité. Or, la régie table sur un maintien de ses tarifs (près de 100 000 euros par page, selon Challenges). Le journal se donne donc une chance supplémentaire d’équilibrer son exploitation.Une série d’innovationsCette nouvelle forme est l’occasion d’introduire une série d’innovations. Les feuilles de match, qui présentent les compositions d’équipes, seront nettement plus grandes, dans un style qui se veut « un hommage au jeu vidéo », explique Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction. Des pages « service » détachables – type calendrier d’une compétition – seront insérées. Une fois par mois, le journal mettra en scène des contributions de ses lecteurs autour d’un grand débat, recueillies par son site Lequipe.fr. Les bases de données abondantes dont bénéficie la rédaction seront mieux utilisées (compositions des équipes, etc.). Au moins deux grandes enquêtes par mois sont promises.Autant de choix qui tentent de mieux cerner ce à quoi peut encore servir un quotidien sportif, à l’heure où les matches peuvent se suivre en direct sur Twitter et les meilleures actions être visionnées presque instantanément, grâce à des vidéos courtes postées sur les réseaux sociaux. Le journal garde la même base de lectorat qu’il y a quatre ans (environ 8,5 millions par mois) mais ceux-ci l’achètent moins régulièrement.Pour recréer du désir, Cyril Linette veut « solder l’ère Jacquet ». En 1998, le journal avait mené une campagne contre le sélectionneur de l’équipe de France de football, avant la Coupe du monde en France. Un choix éditorial balayé par la victoire des Bleus, qui avait contraint le directeur de la rédaction de l’époque, Jérôme Bureau, à des excuses publiques. Depuis, estime M. Linette, « la rédaction s’en veut » et hésiterait à donner son avis. Il souhaite que les journalistes soient plus présents sur les fronts de l’analyse et de l’opinion.En complément, depuis un an, L’Equipe s’est efforcée de recentrer son offre Web gratuite sur les directs, l’information chaude et les formats purement numériques, comme les sondages ou les récits multimédias.Le journal attend de ce changement une progression de 5 % à 10 % de ses ventes (qui ont encore reculé de 2,22 % au premier semestre, à 211 283 exemplaires quotidiens). Une stabilisation de l’activité journal permettrait au titre de s’attaquer à d’autres chantiers, comme la diversification et la convergence entre son offre numérique et sa chaîne de télévision, dans le cadre d’un groupe Amaury prochainement délesté du Parisien et recentré sur le sport.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny « Evasion fiscale : une affaire française », l’enquête sur le Crédit mutuel censurée par Vincent Bolloré, le patron de Canal+, sera finalement diffusée le 7 octobre vers 23 heures sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction » sous le titre « Evasion fiscale : enquête sur le Crédit mutuel ».Ce documentaire qui contient des révélations embarrassantes pour la banque mutualiste qui a aidé M. Bolloré à prendre le contrôle de Vivendi, maison-mère de Canal+, aurait dû être diffusé sur la chaîne cryptée le 18 mai dans le magazine « Spécial Investigation ». Mais, au dernier moment, M. Bolloré avait demandé à Rodolphe Belmer (ex-directeur général du groupe viré sans ménagement début juillet) qu’il soit retiré de la programmation. Une censure qui ne cachait pas son nom.Lire aussi :Canal+ : Bolloré accusé d’avoir censuré un documentaireLes droits détenus par Canal+Quelques jours après sa prise de fonction fin août, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait annoncé que ce documentaire censuré serait diffusé sur France 3. Cela a pris un peu de temps en raison de problèmes de droits qui ne sont d’ailleurs toujours pas réglés. En effet, Canal+ qui, l’an dernier, a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du Grand Journal viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production, contrôlée par le groupe Banijay dont M. Bolloré est aussi actionnaire… Ce serait alors une autre manière de bloquer la diffusion de ce documentaire.Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Malgré tout, lundi 14 septembre, France 3 a décidé de diffuser le documentaire avec le risque d’un recours juridique de la part de Canal+. A la demande des responsables de « Pièces à conviction », les deux auteurs Geoffrey Livolsi et Jean-Pierre Cannet ont remonté le film auquel ils ont pu ajouter plusieurs minutes.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Delphine Ernotte n’a pas tardé à tirer les conséquences de l’arbitrage gouvernemental sur le financement de l’audiovisuel public, rendu dimanche 13 septembre. Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication, a annoncé une légère augmentation de la redevance et une progression de la taxe sur les opérateurs de télécommunications, mais écarté un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions.Cet arbitrage « ne permettra pas d’augmenter à court terme les ressources de France Télévisions et je le regrette », a écrit la présidente de l’entreprise publique dans un message interne, lundi. Elle a également envoyé lundi une lettre aux administrateurs de l’entreprise dans laquelle elle prévoit « un déficit prévisionnel pour 2016 de l’ordre de - 50 millions, malgré la prise en compte d’hypothèses d’économies par rapport à 2015 », selon Le Figaro qui cite ce courrier.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteProbablement pas d’Euro 2016Mme Ernotte a toujours indiqué qu’elle poursuivrait les efforts de maîtrise budgétaire menés par son prédécesseur. « Je vais m’attacher avec les équipes à construire un plan d’économies à l’exclusion de tout plan de départs », précise-t-elle dans son message interne. La préparation du budget 2016 va donc se faire en essayant d’identifier des poches d’économies nouvelles.D’ores et déjà, certains investissements semblent promis à être écartés. Selon nos informations, France Télévisions n’entendrait pas se positionner pour acquérir les droits de codiffusion d’onze rencontres de l’Euro 2016 de football, pour lesquels beIN Sports cherche un acquéreur.Par ailleurs, le feuilleton autour du financement de l’audiovisuel public semble avoir ouvert un débat qui se prolonge. Membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le député (LR) Franck Riester estime ainsi dans un entretien au Figaro, mardi 15 septembre, qu’« il faut créer une société commune à l’image de la BBC en rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et même Arte », financée par la redevance et dont le président serait nommé par le conseil d’administration.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un an après son arrivée en France, c’est l’heure du bilan d’étape pour Netflix. Mais un défi se cache derrière la simple comptabilité du nombre d’abonnés conquis dans l’hexagone par le service de vidéo à la demande : atteindre la rentabilité.Pour l’heure, savoir précisément la quantité de Français séduits par Netflix n’est pas facile. Les estimations varient entre 250 000 fin décembre et 750 000 en août, et certains estiment le chiffre autour de 500 000 abonnés, une fois retranchés les comptes « gratuits » d’essai. Toutefois, les observateurs s’accordent pour dire que la première année de Netflix en France, si elle n’a pas suscité un tsunami, n’est pas un échec.La question qui se pose ensuite est suggérée par certains concurrents : ceux-ci soulignent que Netflix a fait beaucoup de publicité pour annoncer ses nouvelles séries et soutenir sa croissance en France. Un investissement qui s’ajoute à celui réalisé dans les achats de droits et dans les créations originales, toujours plus nombreuses et désormais étendues aux domaines des films et des documentaires.Cet effort se traduit dans les comptes de Netflix, qui en fait une stratégie délibérée : la société américaine a attiré au deuxième trimestre 3,3 millions de nouveaux abonnés, dont 72 % hors des Etats-Unis. En un an, il a recruté 15,51 millions de clients supplémentaires, portant le total à 65 millions. Et ses investissements à l’international vont se poursuivre car Netflix cherche à être disponible dans le monde entier dès fin 2016.Un bénéfice limitéEn raison des investissements dans les contenus et dans son expansion internationale, le bénéfice de Netflix reste très limité et plutôt en baisse : 26 millions de dollars au deuxième trimestre, pour un chiffre d’affaires de 1,64 milliard de dollars, en hausse de 23 %.Une des clés pour Netflix est de réussir deux paris sur les droits des contenus : parvenir à payer de plus en plus de programmes au niveau d’une région ou même du monde entier. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car les droits sont jusqu’ici une addition de marchés nationaux, ce qui oblige à renégocier pays par pays et limite les potentielles économies d’échelle. A terme, Netflix espère acheter tous ses droits de façon globale et bénéficier ainsi d’un poids de négociation rare. Mais les studios et sociétés de production ont elles intérêt à continuer à vendre certains bons produits cher à des diffuseurs nationaux.Enfin, pour amortir au mieux les contenus achetés, il faut aussi trouver des programmes visionnables par le plus grand nombre, idéalement dans le monde entier. C’est le cas des meilleurs blockbusters américains. Mais beaucoup des contenus télévisuels qui plaisent dans un pays sont assez locaux. L’enjeu est donc de créer des séries ou des films à la fois locaux et globaux, dont l’intrigue et le style ne soient pas trop aseptisés et qui puissent s’exporter. C’est ce que Netflix tente de faire avec des productions comme Marseille (avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu). C’est une des conditions de sa réussite. Un défi que Netflix partage toutefois avec d’autres, comme Canal + ou France Télévisions, qui cherchent, avec des coproductions internationales comme Versailles, à atteindre ce Graal télévisuel.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.09.2015 à 21h45 • Mis à jour le14.09.2015 à 11h16 | Renaud Machart Elle était rentrée de vacances bronzée, sereine en apparence, mais, lundi 7 septembre, alors que Claire Chazal venait d’animer de son habituel ton dépassionné et chaleureux ses journaux télévisés du week-end, elle était convoquée par Nonce Paolini, président-directeur général du groupe TF1, qui lui annonçait que son aventure de vingt-quatre ans à ce poste était sur le point d’être interrompue.Un communiqué confirma que Claire Chazal s’arrêterait « dans les prochaines semaines », puis il fut su que le week-end du 11 au 13 septembre serait le dernier : son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans – elle-même remplacée cet été par Audrey Crespo-Mara, de LCI, pour cause de maternité –, prendrait le 18 septembre la succession de l’élégante blonde, aujourd’hui âgée de 58 ans, très bon chic bon genre à ses débuts, beaucoup plus naturelle aujourd’hui.Au cours d’une conférence de presse, vendredi après-midi, M. Paolini, après avoir précisé que Claire Chazal « reste dans le groupe aujourd’hui. Acceptera-t-elle d’y rester longtemps, je n’en sais rien. Je le souhaite », ajoutait : « Claire est une professionnelle qui pendant vingt-quatre ans a eu beaucoup de succès. A un moment donné, il faut savoir passer la main. Moi-même je passerai la main. » Ce qu’il a annoncé faire « dans quelques semaines ». Le PDG a aussi assuré que la fin du contrat de Mme Chazal avait été évoquée « depuis plusieurs mois ».Partie remiseLa journaliste s’est pour sa part à cette heure refusée à tout commentaire et a même décliné la proposition d’un entretien à Paris Match, qui lui a pourtant offert de nombreuses « unes » de couvertures et chroniquait presque systématiquement ses relations amoureuses ainsi que ses étés réparateurs et balnéaires. L’entretien « choc » que beaucoup espéraient n’est, il faut imaginer, que partie remise.Certains, comme dans l’émission « Touche pas à mon poste ! » de Cyril Hanouna, sur D8 (filiale de Canal +), ont voulu relativiser le drame que vivrait la journaliste en rappelant que ses indemnités de départ pourraient être d’un montant d’environ 1 million d’euros ; d’autres, parmi ses amis et collègues, ont réagi en sa défense. Léa Salamé, dans « On n’est pas couché », samedi soir sur France 2, et Elise Lucet, le lendemain midi, dans « Médias le mag », sur France 5, ont fustigé le sexisme dont les femmes du petit écran seraient les victimes. La première a déclaré : « Je pense qu’en télévision, on tolère plus les cheveux blancs des hommes que les rides des femmes » ; la seconde : « Je ne suis pas sûre qu’on aurait fait ça à un homme. Laisser quelqu’un reprendre une rentrée pour l’évincer trois semaines après, je trouve ça très dur et ce n’est pas mérité. » Hommage de Pierre LaurentMais c’est en direct, samedi midi, que Claire Chazal reçut, avec un sourire ému, l’hommage de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, qu’elle interrogeait en direct de la Fête de L’Humanité : « Et puis puisqu’on va se séparer, Claire Chazal, je voulais quand même vous dire avant de terminer que j’ai été très heureux chaque année de vous retrouver en direct de la Fête de L’Humanité, puisque vous avez été fidèle à ce rendez-vous, donc je voulais vous passer ce petit mot d’amitié et vous dire qu’on vous accueillera avec plaisir ce soir sur la Fête de L’Huma si vous avez envie de vous détendre… » Réponse de Mme Chazal : « Je viendrai. […] Je suis déjà venue, je reviendrai. Merci Pierre Laurent de votre soutien, cela me fait très plaisir. »On imagine les moqueurs se dire, rigolant à peine sous cape, que M. Laurent avait beau jeu de complimenter une journaliste qui n’avait pas choisi le ferraillement comme principe actif de ses entretiens politiques, jugés parfois lénifiants. Mais d’autres, comme Anne Sinclair, directrice éditoriale de la version française du Huffington Post [partenaire du Groupe Le Monde], appréciaient la « douceur des fins de semaine » entretenue par sa consœur. Dans une tribune publiée vendredi, Mme Sinclair fustige la « brutalité » de TF1, « une maison qui ne s’est jamais encombrée d’élégance », qui l’avait elle-même limogée en 2001.Imperturbable et sourianteAlors que, dimanche midi, au journal de 13 heures, Claire Chazal « lançait » un reportage évoquant les effondrements et cratères provoqués par les violentes intempéries dans l’Hérault, la journaliste a d’abord dit « causés par » puis « creusés par » : discret lapsus, si l’on accepte ce que les mots disent de l’inconscient, qui pourrait indiquer que la cause de ce départ creuse un tombeau dont on comprend que la victime sacrifiée ne veuille pas le voir et craigne d’y descendre. (Tombeau, dans le sens ancien d’« hommage », que d’ailleurs, dès jeudi soir, dans le JT de 20 heures de TF1, son ami Gilles Bouleau avait adressé, en des termes affectueusement appuyés, à sa consœur.)Mais dimanche soir, en tenue de demi-deuil (pantalons noirs et chemisier blanc), Claire Chazal est restée imperturbable, souriante et n’a pas buté sur le moindre mot. En toute fin de journal, avant que ne soit diffusé un pot-pourri de ses interventions les plus marquantes depuis ses débuts, elle fit debout ses adieux d’une manière précise et sobre, remerciant assez longuement son public avec lequel elle dit avoir « tissé un lien très fort », ses équipes et la rédaction de TF1. Bonne joueuse, elle ajouta :« Je souhaite à Anne-Claire Coudray tout le bonheur que j’ai eu à travailler pour vous. »Sans cacher son « immense tristesse de devoir ne plus assumer la mission que [lui] avait confié Francis Bouygues ». Une manière de tuer le fils en revivifiant le père. L’audience du dernier 20 heures du week-end de Claire Chazal a réuni 10,2 milllions de téléspectateurs, soit 40.8 % de part d’audience, selon les chiffres de Médiamétrie. L’édition du 20 heures de dimanche sur TF1 n’avait pas atteint un tel score depuis l’interview de Dominique Strauss-Kahn le 18 septembre 2011 avec 12,5 millions de téléspectateurs (44,4 % de part d’audience).Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Daniel Psenny Y a t-il un nouvel acte de censure d’un documentaire d’investigation sur Canal+ ? Selon nos informations, la direction des programmes de Canal+ a décidé de déprogrammer le documentaire « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète », qui devait être diffusé le 28 septembre dans le cadre du magazine « Spécial investigation », en seconde partie de soirée.Cette décision a été confirmée au Monde par Luc Hermann, un des dirigeants de la société Premières Lignes, qui a produit ce documentaire réalisé par Jules Giraudat et Eric Mandonnet, journaliste à L’Express. « Nous en avons été avertis dimanche matin 13 septembre. La direction du magazine nous a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un acte de censure, mais aucune raison de cette déprogrammation nous a été avancée », dit M. Hermann.Plusieurs mois d’enquêteJoint par Le Monde, Stéphane Haumant, responsable de « Spécial investigation », confirme que le documentaire a bien été déprogrammé, sans qu’il en connaisse la raison. Mais, selon lui, ce n’est pas une question de contenu, comme il l’a expliqué au producteur. Aucune date pour la diffusion du documentaire n’a été décidée pour le moment. Interrogée par Le Monde, la direction de Canal+ n’avait pas répondu, dimanche.Commandé l’an dernier et livré cet été à la chaîne, ce documentaire qui a nécessité plusieurs mois d’enquête raconte les coulisses de la guerre de communication (coups bas, rumeurs, cabinets noirs…) à laquelle se livrent François Hollande et Nicolas Sarkozy.Le service juridique de la chaîne, qui a visionné le documentaire cet été, a donné son feu vert pour la diffusion. Cette déprogrammation a lieu après la censure du documentaire « Evasion fiscale, une affaire française », consacré au Crédit mutuel, demandée par Vincent Bolloré, et les reproches formulés par le patron de Canal+ concernant une enquête sur l’Olympique de Marseille.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.09.2015 à 14h00 • Mis à jour le12.09.2015 à 14h16 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouveaux changements chez i-Télé, une semaine après le débarquement de l’ancienne direction et la nomination par Vincent Bolloré d’un fidèle, Guillaume Zeller, comme directeur de la rédaction, et de Philippe Labro, comme conseiller.Lire aussi :Vincent Bolloré débarque la direction d’i-TéléAprès Cécilia Ragueneau et Céline Pigalle, c’est la secrétaire générale de la chaîne d’information, Laure Bezault, qui a été écartée, vendredi 11 septembre. Proche de l’ancienne directrice de la rédaction, Céline Pigalle, celle-ci assurait une mission stratégique : le recrutement des journalistes.Dans la foulée, le groupe Canal+ a annoncé, samedi 12 septembre, la nomination de Virginie Chomicki au poste de directrice adjointe d’i-Télé, « en charge de la mise en place et du développement de CNews [le nom que portera à terme la chaîne d’information] ».Agée de 31 ans, Virginie Chomicki a travaillé chez LCI comme présentatrice de 2008 à 2015, ainsi que brièvement à Universal. La rumeur de son arrivée avait provoqué l’émoi de la rédaction, vendredi, quand des journalistes avaient eu la surprise de découvrir qu’un bureau lui avait été attribué, sans que rien leur ait été annoncé.De son côté, la directrice de la communication de Canal+ depuis 2002, Laurence Gallot, est maintenue dans ses fonctions et devient même, en parallèle, directrice des partenariats.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial) A l’intérieur du bus qui approche de Caen, jeudi soir 10 septembre, les flashes des smartphones crépitent pour immortaliser la scène. Deux motards de la police viennent de prendre « en escorte » le véhicule, parti de Paris trois heures plus tôt. A son bord, une trentaine de caricaturistes originaires de dix-huit pays, venus participer aux 5es Rencontres internationales des dessinateurs de presse du Mémorial de Caen. Quelques rires s’échappent des rangées.Huit mois après l’attentat contre Charlie Hebdo, un rassemblement de « cartoonistes », c’est aussi cela : une affaire de sécurité. La manifestation avait été annulée en février, un mois et demi avant son déroulement, par crainte des attentats. Le piratage répété du site Web du Mémorial et l’appréhension, après la fusillade de Copenhague (14 et 15 février), d’un grand nombre de dessinateurs invités avaient conduit le directeur du site, Stéphane Grimaldi, à repousser l’événement.Séances de dédicaces abandonnéesCe n’est pas une date dépourvue de symbolisme qui a été arrêtée pour son nouveau lancement : le 11 septembre. « Le Mémorial est le seul musée européen à avoir fait une exposition sur les attentats du World Trade Center. Vu que certains intellectuels, comme Michel Onfray [créateur de l’Université populaire de Caen], trouvent des points communs entre le 7 janvier et le 11 septembre [2001], il n’était pas illogique de choisir cette date », explique M. Grimaldi.Un dispositif sécuritaire « efficace et discret » a dû être mis en place. Préinscription obligatoire des visiteurs sur Internet, inspection des lieux par des démineurs, communication au dernier moment de la liste des dessinateurs invités… Rien n’a été laissé au hasard par les organisateurs, qui ont renoncé à faire se déplacer les caricaturistes en ville pour des conférences, comme lors des éditions précédentes. Toutes les « Rencontres » se dérouleront (jusqu’à dimanche) entre les murs du Mémorial, où les séances de dédicaces avec le public ont également été abandonnées.Du côté des dessinateurs, peu de défections ont été enregistrées, selon M. Grimaldi : « Trois, mais uniquement des personnes ne pouvant quitter leur pays, comme la Syrie. » D’autres ont fait le déplacement après avoir vaincu l’inquiétude qui les avait conduits à annuler leur voyage en début d’année. Ainsi le Colombien Vladdo, de l’hebdomadaire Semana Revista : « Mon ex-femme, avec qui j’ai un enfant, m’avait dissuadé de venir à l’époque, car elle avait peur qu’il m’arrive quelque chose. Cette fois-ci, je ne lui ai pas dit que je venais. » Un dilemne : continuer à dessiner ou pasComme Vladdo, la plupart des cartoonistes présents à Caen ont tous dû affronter des tempêtes, un jour ou l’autre, après des dessins mal compris ou peu flatteurs pour les puissants. Lui a récemment reçu des menaces de mort venant du pays voisin, le Venezuela, dont il a détourné les armoiries en représentant un cheval aussi famélique que l’économie nationale.Le Jordanien Osama Hajjaj a été la cible d’intimidations anonymes cette année après la publication dans le quotidien Al Arab Al Youm d’un dessin montrant un membre de l’Etat islamique utilisant son sabre ensanglanté comme une perche à selfie. Il y a une semaine, son employeur principal — une agence de publicité — lui a demandé de ne plus faire de dessins sur « la politique et la religion », sous peine de perdre son emploi. « Mon boss m’a dit : “Regarde ce qu’ils ont fait à Charlie Hebdo. Ils peuvent venir faire la même chose ici.” » C’est aussi pour cela qu’Hajjaj est venu à Caen : pour parler du dilemme qui le traverse — continuer à dessiner ou pas — avec des collègues dessinateurs originaires d’autres pays.« Il est important en ce moment d’échanger »« Il n’a sans doute jamais été aussi important qu’en ce moment de se rencontrer et d’échanger. Cela nous rend plus forts », estime Avi Katz, qui dessine pour le Jerusalem Report. « Parler de son métier avec des professionnels d’autres régions du monde est fondamental pour connaître les limites de ce qu’il est possible de faire aujourd’hui. Même dans un pays comme le mien, où ce genre de question ne devrait pas se poser, personne n’est à l’abri de voir un de ses dessins créer la polémique », témoigne Tjeerd Royaards, un dessinateur néerlandais ayant récemment subi les foudres de l’extrême droite après la diffusion d’une carte postale comparant les méthodes des djihadistes islamistes aux tortures qui existaient sous l’Inquisition. La profession aura d’autres occasions ces prochaines semaines de discuter de ces sujets. A la fin de septembre, la 34e édition de l’Humour vache se tiendra à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne). Le 21 septembre, à Paris, l’association Cartooning for Peace, présidée par Plantu, dessinateur au Monde, organisera un colloque intitulé « Le dessin de presse dans tous ses Etats ». De sécurité, il sera aussi question ces jours-là. Fatalement.Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Jeudi, le talk-show de début de soirée de Canal Plus a réuni 611 000 spectateurs. Lundi, pour sa reprise, il en avait rassemblé 915 000.« Le Grand Journal » nouvelle version, le rendez-vous de début de soirée de Canal Plus (entre 18 h 50 et 20 h 10), peine à trouver son public. Son audience pique du nez. L’arrivée de la journaliste-animatrice Maïténa Biraben n’infléchit pas la courbe. Jeudi 10 septembre, ils n’étaient plus que 611 000 téléspectateurs à suivre le talk-show. L’émission a été, en l’occurrence, devancée par les programmes des grandes chaînes (TF1, France 3, France 2, M6), mais aussi par « Touche pas à mon poste » (D8), « C à Vous » (France 5), « Secret Story » (NT1) et… « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9) !Il s’agit de la troisième baisse d’audience consécutive. Une configuration inédite pour l’émission emblématique de Canal Plus. Lundi 7 septembre, pour sa remise à l’antenne, malgré la présence de Manuel Valls, moins d’un million de téléspectateurs (915 000 personnes) avaient suivi les débuts de la remplaçante d’Antoine de Caunes, remercié par Vincent Bolloré, le nouveau « propriétaire » de Canal Plus.L’an dernier, à la même époque, 1,1 million de téléspectateurs avaient assisté au retour d’Antoine de Caunes.« Ajustements constants »La nouvelle formule du « Grand Journal », préparée en moins de deux mois, ne trouve pas son public. Les critiques fusent sur cette mouture : simple version quotidienne du « Supplément » – l’émission dominicale de la chaîne cryptée, manque de rythme, usure de l’« infotainment » – ce genre qui mélange l’information et le divertissement.Dans une interview donnée à Metronews, le chroniqueur politique Jean-Michel Aphatie, lui aussi renvoyé du « Grand Journal » à la fin de la dernière saison, juge pour sa part que « Maïténa Biraben est à la hauteur de ce qu’on connaît d’elle » et estime qu’« elle a vraiment de la présence ». Il ajoute : « Je trouve que le plateau est un peu faible. Il manque dans l’équipe des chroniqueurs quelqu’un de vraiment fort et sérieux pour l’épauler. »A la direction de Canal Plus, on laisse entendre qu’on aurait anticipé cette baisse de l’audience. « Mathématiquement, la nouvelle émission devait faire moins que la précédente, qui commençait plus tard et intégrait les Guignols », plaide-t-on.Mais la chute depuis le début de la semaine n’avait sans doute pas été prévue. L’émission est en rodage insiste-t-on, des « ajustements constants » sont opérés pour l’améliorer.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.09.2015 à 10h29 • Mis à jour le11.09.2015 à 11h07 | Alexis Delcambre « Paolini et Tavernost côte à côte, c’est tous les quinze ans… », avait vendu l’un des dircoms, comme on parle d’un spectacle. Diplomatiquement, le lieu du rendez-vous avait été fixé à exacte équidistance des sièges sociaux de TF1 et M6. Et vers 16 heures, ce jeudi 10 septembre, les deux plus grands concurrents du paysage audiovisuel français sont apparus ensemble, au restaurant La Gare, dans le XVIe arrondissement, pour dévoiler leur nouveau tour : une alliance dans un projet de chaîne de téléachat répondant au doux nom – provisoire – de HA26.Pour les deux groupes, il s’agit d’une quête ancienne. M6 a déjà tenté à quatre reprises d’obtenir un canal pour y vendre des programmes minceur et autres presse-purée, et TF1 par deux fois. Jusqu’ici, le CSA leur a obstinément refusé. Mais lors de la dernière tentative, le régulateur avait suggéré un rapprochement des deux chaînes. Un vœu désormais exaucé, à l’occasion d’un appel à candidatures pour des chaînes en haute définition, qui verront le jour au printemps prochain.« Une galerie commerciale avec deux enseignes en alternance »Concrètement, HA26 ressemblerait à « une galerie commerciale avec deux enseignes en alternance », selon Nonce Paolini, le PDG de TF1. Les deux groupes se partageront l’antenne du nouveau canal, un jour sur deux, avec dix puis seize heures de direct quotidien, pour un investissement initial de 13 millions d’euros puis un budget annuel de 30 millions d’euros environ. « Plusieurs centaines » d’emplois pourraient être créés, assurent les deux groupes, rappelant qu’ils savent travailler ensemble : ils ont déjà coexploité des chaînes – TF6, Série Club – et le bouquet TPS.A l’appui de leur candidature, MM. Paolini et Tavernost soulignent la faiblesse du marché français du téléachat – 200 millions d’euros annuels – en regard d’autres pays, comme le Royaume-Uni (1,4 milliard d’euros et 35 chaînes au total) ou l’Allemagne (1,6 milliard d’euros et 17 chaînes au total). Ils soulignent aussi qu’un tel projet, dépourvu de formats publicitaires, ne vient pas concurrencer les chaînes existantes.Le sujet est sensible, en pleine polémique sur la perspective d’un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions. Une hantise pour deux entreprises qui ont subi ces dernières années la réduction du gâteau publicitaire de l’audiovisuel.Lire aussi :Télévision : querelle sur la publicité en soiréeL’un a égratigné Michel Sapin, dont la phrase disant qu’il fallait « examiner » l’extension de la publicité sur les antennes publiques a valu à TF1 un plongeon en Bourse – « 250 millions d’euros de pertes », rappelle M. Paolini. « On ne peut pas sans arrêt être la variable d’ajustement d’une mauvaise gestion du service public », a renchéri Nicolas de Tavernost. Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, appréciera.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Beuve-Méry Le Syndicat national de l’édition (SNE) a trouvé son héraut. Richard Malka, 47 ans, avocat de Charlie Hebdo, et auteur, à ses heures perdues de bandes dessinées, vient d’écrire pour le compte du syndicat, une plaquette percutante pour la défense du droit d’auteur, tel qu’il est défini aujourd’hui en France et au sein de l’Union européenne (UE). Ce matin, dès potron-minet, le bouillonnant juriste était déjà sur les ondes de France Inter, pour développer la panoplie de ses arguments contre la réforme voulue par la Commission européenne.Lire aussi :Touche pas à mon droit d’auteur !La plaquette s’intitule La gratuité, c’est le vol, reprenant le titre d’un rapport de Denis Olivennes, quand patron de la FNAC. Ce dernier réaffirmait son opposition à une culture gratuite, favorisée par Internet. Et pose ouvertement la question « 2015 : la fin du droit d’auteur ? » Deux menaces sont pointées : un projet de loi de la secrétaire d’Etat, chargée du numérique Axelle Lemaire et la réforme de la directive de 2001, régissant le droit d’auteur au sein de l’UE, notamment à partir des propositions faites par Julia Reda, l’unique députée européenne membre du Parti des pirates allemand qui a été chargée, en février, d’un rapport préparatoire sur le sujet.« Un mirage de la modernité »En un peu plus de 30 000 signes, Richard Malka argumente pour expliquer que « la remise en cause du droit d’auteur serait un mirage de la modernité ». Avec les projets de réforme en cours, le principal risque encouru par les auteurs est de voir leur rémunération être déconnectée à terme de leur travail, le succès d’un livre ne servant plus de valeur étalon. « C’est la menace du retour à l’Ancien régime où le bon vouloir du roi est remplacé par celui des grandes entreprises du Net : Google, Amazon, Apple. »Pour résumer ce que plaide M. Malka, il ne faut pas oublier que c’est l’émergence à la fin du XVIIIe siècle du droit d’auteur qui a permis aux écrivains de vivre de leur plume.Imprimée par le SNE, tirée à 50 000 exemplaires, la plaquette sera distribuée gratuitement (un paradoxe seulement en apparence) en librairie, à compter du jeudi 10 septembre. Ces derniers n’ont reçu aucune consigne particulière, mais libraires et éditeurs sont considérés par le SNE comme les intermédiaires les plus efficaces et le plus neutres pour garantir le succès d’un ouvrage.Par cette campagne, l’objectif est d’atteindre les clients des librairies, un public a priori déjà acquis, mais au-delà de faire prendre conscience des enjeux économiques qui sous tendent cette question et d’atteindre le grand public.Des exceptions dangereusesPour sensibiliser Bruxelles, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et surtout les services du commissaire européen chargé de créer un marché unique numérique, l’Estonien Andrus Ansip, le texte a été traduit en anglais « 2015 : the end of copyright ? Taking for free is stealing » et est disponible en version numérique, dans les deux langues sur le site auteursendanger.fr.Le SNE n’a, en revanche, pas été suffisamment réactif et il existe déjà d’autres sites « auteurs en danger » construits par les partisans du Net et de la gratuité et qui se moquent de l’initiative des éditeurs.Dans son texte, Richard Malka liste toutes les exceptions au droit d’auteur, contenues dans le projet de directive européenne et qui, si d’aventure étaient validées, conduiraient à vider le droit d’auteur de sa substance. Plusieurs exceptions partent d’intentions louables, comme l’exception pédagogique ou la possibilité pour les bibliothèques de procéder à des prêts numériques. Mais mal conçues ou mal cadrées, elles seront de véritables aspirateurs à contenu. D’autres, comme l’exception « data mining » (fouille de texte) ou celle du « fair use » sont directement importées des Etats-Unis et viennent des pratiques défendues par Google, Apple, Facebook ou Amazon (GAFA).Risques de censureMais il existe un deuxième axe sur lequel Richard Malka, avocat habitué à défendre les libertés publiques, révèle les aspects très néfastes des réformes en cours : des risques de censure, liées aux chartes édictées par les GAFA. Ainsi le livre pour enfants T’Choupi part en pique-nique (de Thierry Courtin, Nathan, 1999) a été censuré par Apple en raison du caractère « pornographique » de son titre.De même dans le cadre de l’application Izneo (qui rassemble la majeure partie de la production de BD française en numérique) un ouvrage de Lucky Luke a été interdit en France, car les personnages noirs étaient représentés avec des lèvres charnues.Richard Malka pose publiquement la question : avec ses chartes, Les Versets sataniques de Salman Rushdie, publiés en 1988, l’auraient-ils été aujourd’hui, sans avoir subis au préalable, les ciseaux d’Anastasie ?Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 12h07 • Mis à jour le10.09.2015 à 13h00 La National Geographic Society a annoncé, mercredi 9 septembre, qu’elle vendait sa division chargée des médias, dont son emblématique magazine et ses chaînes de télévision, à un conglomérat mené par 21st Century Fox.Le géant Fox, créé par le milliardaire australien Rupert Murdoch, va débourser 725 millions (650 millions d’euros) de dollars pour acquérir 73 % de la nouvelle entité appelée National Geographic Partners.Les deux sociétés étaient partenaires depuis dix-huit ans, notamment pour l’exploitation des chaînes de National Geographic Channels. La National Geographic Society, dont le siège est à Washington, va conserver les 27 % restants.Volonté d’élargir ses travaux scientifiquesCet accord permet à l’organisation, fondée en 1888, d’accroître son capital de près de 1 milliard de dollars. Elle entend, à cette occasion, élargir ses travaux scientifiques, d’éducation et d’exploration, selon un communiqué.Elle conservera le National Geographic Museum à Washington D.C. Le directeur du conseil d’administration alternera chaque année, le président de National Geographic Society, Gary Knell, étant le premier à occuper ce poste.James Murdoch, devenu le PDG de Fox au début de juillet quand son père, Rupert, a pris du recul pour devenir directeur général, s’est également réjoui : « Nous croyons en la mission de National Geographic Society d’offrir le monde au public à travers la science, l’éducation et l’exploration. »Signe des difficultés rencontrées par les chaînes indépendantes, en août, la chaîne câblée HBO, propriété de Time Warner, avait obtenu les droits de diffusion de « Sesame Street ». Les épisodes seront diffusés neuf mois plus tard sur la chaîne de télévision publique PBS. 09.09.2015 à 17h40 Après vingt-quatre ans de règne sur les journaux du week-end de TF1, Claire Chazal, 58 ans, présentera dimanche 13 septembre au soir son dernier journal télévisé. Elle sera remplacée dès le 18 septembre par son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans, a annoncé la chaîne.Dans un communiqué, le PDG de TF1, Nonce Paolini, « rend hommage à la remarquable relation qu’elle a su créer avec les téléspectateurs et à ses qualités journalistiques, qui ont permis à l’information de TF1 d’être référente dans le paysage audiovisuel français ». Alexis Delcambre La perspective d’un plan de départs volontaires à Radio France s’éloigne. Mercredi 9 septembre, son président, Mathieu Gallet, et son équipe, ont présenté lors d’un comité central d’entreprise leur nouveau scénario pour ramener l’entreprise publique à l’équilibre.Celui-ci est désormais programmé pour 2018, après que le gouvernement a précisé, en juillet, que l’objectif initial de 2017 était un « horizon » et non une « date butoir », tandis que les syndicats estimaient que « le climat social rend irréaliste la mise en place d’un plan de départs volontaires ».Lire aussi :La question d’un plan de départs agite Radio FranceDans ce nouveau contexte, M. Gallet avait accepté d’étudier, pendant l’été, un scénario alternatif, alors que plusieurs syndicats défendaient une solution fondée sur l’« effet de noria », qui consiste à évaluer les économies engendrées par les départs en retraite de salariés, et leur remplacement par des employés plus jeunes, a priori moins bien rémunérés.C’est donc ce scénario alternatif que la direction a présenté, mercredi. Elle prévoit désormais 22 millions d’euros d’économies sur la masse salariale (qui augmente mécaniquement de quatre millions d’euros par an) d’ici 2018.Ces économies seraient obtenues par le non-remplacement de 230 départs et un moindre recours aux CDD pour les congés, à hauteur de 40 équivalents temps plein. Soit 270 suppressions de postes, sur un effectif d’environ 4 400 actuellement, contre 350 initialement envisagées. Et par un gel des salaires en 2016 et 2017.Le non-remplacement de 230 départs serait étalé sur trois ans (2016 à 2018), tandis que le moindre recours aux CDD le serait sur quatre. Dans son rapport, le médiateur Dominique-Jean Chertier, qui a conduit une mission à Radio France au printemps, préconisait « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ». Par ailleurs, la direction a proposé de créer 48 postes pour des emplois nouveaux, étalés sur quatre ans, jusqu’en 2019.Lire aussi :Les maux de Radio France diagnostiquésPour les syndicats qui avaient encouragé un plan alternatif, il s’agit d’un premier succès. Mais ils sont loin de crier victoire, comme le rappelle Philippe Ballet, de l’UNSA :« Même si nous sommes satisfaits d’échapper au plan de départs volontaires, qui était beaucoup trop brutal et coûtait cher, nous ne sommes pas satisfaits de l’alternative posée sur la table [..] 270, c’est vraiment beaucoup, c’est un nouvel effort demandé aux salariés, qui peut provoquer des tensions supplémentaires dans les charges de travail, et qui sera difficilement tenable socialement parlant. »Des syndicats avaient fait travailler un cabinet d’experts sur un scénario alternatif. S’il retenait l’option du non-remplacement des départs également, il prévoyait moins de postes supprimés, avec environ 60 par an sur trois ans.La CGT, elle, se dit « contre toute suppression d’emploi, que ce soit sous forme de plan de départs volontaires ou sous forme de “départs naturels non remplacés” ». Le spectre de la grève historique du printemps plane sur ces discussions.La direction de l’entreprise a maintenu ses autres mesures d’économies, telles que l’arrêt des émissions en ondes moyennes, à la fin de 2015, et en ondes longues, à la fin de 2016, les économies sur les abonnements à la presse, ou encore les réductions des CDD et des piges.Lire : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.09.2015 à 21h45 • Mis à jour le14.09.2015 à 11h16 | Renaud Machart Elle était rentrée de vacances bronzée, sereine en apparence, mais, lundi 7 septembre, alors que Claire Chazal venait d’animer de son habituel ton dépassionné et chaleureux ses journaux télévisés du week-end, elle était convoquée par Nonce Paolini, président-directeur général du groupe TF1, qui lui annonçait que son aventure de vingt-quatre ans à ce poste était sur le point d’être interrompue.Un communiqué confirma que Claire Chazal s’arrêterait « dans les prochaines semaines », puis il fut su que le week-end du 11 au 13 septembre serait le dernier : son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans – elle-même remplacée cet été par Audrey Crespo-Mara, de LCI, pour cause de maternité –, prendrait le 18 septembre la succession de l’élégante blonde, aujourd’hui âgée de 58 ans, très bon chic bon genre à ses débuts, beaucoup plus naturelle aujourd’hui.Au cours d’une conférence de presse, vendredi après-midi, M. Paolini, après avoir précisé que Claire Chazal « reste dans le groupe aujourd’hui. Acceptera-t-elle d’y rester longtemps, je n’en sais rien. Je le souhaite », ajoutait : « Claire est une professionnelle qui pendant vingt-quatre ans a eu beaucoup de succès. A un moment donné, il faut savoir passer la main. Moi-même je passerai la main. » Ce qu’il a annoncé faire « dans quelques semaines ». Le PDG a aussi assuré que la fin du contrat de Mme Chazal avait été évoquée « depuis plusieurs mois ».Partie remiseLa journaliste s’est pour sa part à cette heure refusée à tout commentaire et a même décliné la proposition d’un entretien à Paris Match, qui lui a pourtant offert de nombreuses « unes » de couvertures et chroniquait presque systématiquement ses relations amoureuses ainsi que ses étés réparateurs et balnéaires. L’entretien « choc » que beaucoup espéraient n’est, il faut imaginer, que partie remise.Certains, comme dans l’émission « Touche pas à mon poste ! » de Cyril Hanouna, sur D8 (filiale de Canal +), ont voulu relativiser le drame que vivrait la journaliste en rappelant que ses indemnités de départ pourraient être d’un montant d’environ 1 million d’euros ; d’autres, parmi ses amis et collègues, ont réagi en sa défense. Léa Salamé, dans « On n’est pas couché », samedi soir sur France 2, et Elise Lucet, le lendemain midi, dans « Médias le mag », sur France 5, ont fustigé le sexisme dont les femmes du petit écran seraient les victimes. La première a déclaré : « Je pense qu’en télévision, on tolère plus les cheveux blancs des hommes que les rides des femmes » ; la seconde : « Je ne suis pas sûre qu’on aurait fait ça à un homme. Laisser quelqu’un reprendre une rentrée pour l’évincer trois semaines après, je trouve ça très dur et ce n’est pas mérité. » Hommage de Pierre LaurentMais c’est en direct, samedi midi, que Claire Chazal reçut, avec un sourire ému, l’hommage de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, qu’elle interrogeait en direct de la Fête de L’Humanité : « Et puis puisqu’on va se séparer, Claire Chazal, je voulais quand même vous dire avant de terminer que j’ai été très heureux chaque année de vous retrouver en direct de la Fête de L’Humanité, puisque vous avez été fidèle à ce rendez-vous, donc je voulais vous passer ce petit mot d’amitié et vous dire qu’on vous accueillera avec plaisir ce soir sur la Fête de L’Huma si vous avez envie de vous détendre… » Réponse de Mme Chazal : « Je viendrai. […] Je suis déjà venue, je reviendrai. Merci Pierre Laurent de votre soutien, cela me fait très plaisir. »On imagine les moqueurs se dire, rigolant à peine sous cape, que M. Laurent avait beau jeu de complimenter une journaliste qui n’avait pas choisi le ferraillement comme principe actif de ses entretiens politiques, jugés parfois lénifiants. Mais d’autres, comme Anne Sinclair, directrice éditoriale de la version française du Huffington Post [partenaire du Groupe Le Monde], appréciaient la « douceur des fins de semaine » entretenue par sa consœur. Dans une tribune publiée vendredi, Mme Sinclair fustige la « brutalité » de TF1, « une maison qui ne s’est jamais encombrée d’élégance », qui l’avait elle-même limogée en 2001.Imperturbable et sourianteAlors que, dimanche midi, au journal de 13 heures, Claire Chazal « lançait » un reportage évoquant les effondrements et cratères provoqués par les violentes intempéries dans l’Hérault, la journaliste a d’abord dit « causés par » puis « creusés par » : discret lapsus, si l’on accepte ce que les mots disent de l’inconscient, qui pourrait indiquer que la cause de ce départ creuse un tombeau dont on comprend que la victime sacrifiée ne veuille pas le voir et craigne d’y descendre. (Tombeau, dans le sens ancien d’« hommage », que d’ailleurs, dès jeudi soir, dans le JT de 20 heures de TF1, son ami Gilles Bouleau avait adressé, en des termes affectueusement appuyés, à sa consœur.)Mais dimanche soir, en tenue de demi-deuil (pantalons noirs et chemisier blanc), Claire Chazal est restée imperturbable, souriante et n’a pas buté sur le moindre mot. En toute fin de journal, avant que ne soit diffusé un pot-pourri de ses interventions les plus marquantes depuis ses débuts, elle fit debout ses adieux d’une manière précise et sobre, remerciant assez longuement son public avec lequel elle dit avoir « tissé un lien très fort », ses équipes et la rédaction de TF1. Bonne joueuse, elle ajouta :« Je souhaite à Anne-Claire Coudray tout le bonheur que j’ai eu à travailler pour vous. »Sans cacher son « immense tristesse de devoir ne plus assumer la mission que [lui] avait confié Francis Bouygues ». Une manière de tuer le fils en revivifiant le père. L’audience du dernier 20 heures du week-end de Claire Chazal a réuni 10,2 milllions de téléspectateurs, soit 40.8 % de part d’audience, selon les chiffres de Médiamétrie. L’édition du 20 heures de dimanche sur TF1 n’avait pas atteint un tel score depuis l’interview de Dominique Strauss-Kahn le 18 septembre 2011 avec 12,5 millions de téléspectateurs (44,4 % de part d’audience).Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Daniel Psenny Y a t-il un nouvel acte de censure d’un documentaire d’investigation sur Canal+ ? Selon nos informations, la direction des programmes de Canal+ a décidé de déprogrammer le documentaire « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète », qui devait être diffusé le 28 septembre dans le cadre du magazine « Spécial investigation », en seconde partie de soirée.Cette décision a été confirmée au Monde par Luc Hermann, un des dirigeants de la société Premières Lignes, qui a produit ce documentaire réalisé par Jules Giraudat et Eric Mandonnet, journaliste à L’Express. « Nous en avons été avertis dimanche matin 13 septembre. La direction du magazine nous a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un acte de censure, mais aucune raison de cette déprogrammation nous a été avancée », dit M. Hermann.Plusieurs mois d’enquêteJoint par Le Monde, Stéphane Haumant, responsable de « Spécial investigation », confirme que le documentaire a bien été déprogrammé, sans qu’il en connaisse la raison. Mais, selon lui, ce n’est pas une question de contenu, comme il l’a expliqué au producteur. Aucune date pour la diffusion du documentaire n’a été décidée pour le moment. Interrogée par Le Monde, la direction de Canal+ n’avait pas répondu, dimanche.Commandé l’an dernier et livré cet été à la chaîne, ce documentaire qui a nécessité plusieurs mois d’enquête raconte les coulisses de la guerre de communication (coups bas, rumeurs, cabinets noirs…) à laquelle se livrent François Hollande et Nicolas Sarkozy.Le service juridique de la chaîne, qui a visionné le documentaire cet été, a donné son feu vert pour la diffusion. Cette déprogrammation a lieu après la censure du documentaire « Evasion fiscale, une affaire française », consacré au Crédit mutuel, demandée par Vincent Bolloré, et les reproches formulés par le patron de Canal+ concernant une enquête sur l’Olympique de Marseille.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.09.2015 à 14h00 • Mis à jour le12.09.2015 à 14h16 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouveaux changements chez i-Télé, une semaine après le débarquement de l’ancienne direction et la nomination par Vincent Bolloré d’un fidèle, Guillaume Zeller, comme directeur de la rédaction, et de Philippe Labro, comme conseiller.Lire aussi :Vincent Bolloré débarque la direction d’i-TéléAprès Cécilia Ragueneau et Céline Pigalle, c’est la secrétaire générale de la chaîne d’information, Laure Bezault, qui a été écartée, vendredi 11 septembre. Proche de l’ancienne directrice de la rédaction, Céline Pigalle, celle-ci assurait une mission stratégique : le recrutement des journalistes.Dans la foulée, le groupe Canal+ a annoncé, samedi 12 septembre, la nomination de Virginie Chomicki au poste de directrice adjointe d’i-Télé, « en charge de la mise en place et du développement de CNews [le nom que portera à terme la chaîne d’information] ».Agée de 31 ans, Virginie Chomicki a travaillé chez LCI comme présentatrice de 2008 à 2015, ainsi que brièvement à Universal. La rumeur de son arrivée avait provoqué l’émoi de la rédaction, vendredi, quand des journalistes avaient eu la surprise de découvrir qu’un bureau lui avait été attribué, sans que rien leur ait été annoncé.De son côté, la directrice de la communication de Canal+ depuis 2002, Laurence Gallot, est maintenue dans ses fonctions et devient même, en parallèle, directrice des partenariats.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial) A l’intérieur du bus qui approche de Caen, jeudi soir 10 septembre, les flashes des smartphones crépitent pour immortaliser la scène. Deux motards de la police viennent de prendre « en escorte » le véhicule, parti de Paris trois heures plus tôt. A son bord, une trentaine de caricaturistes originaires de dix-huit pays, venus participer aux 5es Rencontres internationales des dessinateurs de presse du Mémorial de Caen. Quelques rires s’échappent des rangées.Huit mois après l’attentat contre Charlie Hebdo, un rassemblement de « cartoonistes », c’est aussi cela : une affaire de sécurité. La manifestation avait été annulée en février, un mois et demi avant son déroulement, par crainte des attentats. Le piratage répété du site Web du Mémorial et l’appréhension, après la fusillade de Copenhague (14 et 15 février), d’un grand nombre de dessinateurs invités avaient conduit le directeur du site, Stéphane Grimaldi, à repousser l’événement.Séances de dédicaces abandonnéesCe n’est pas une date dépourvue de symbolisme qui a été arrêtée pour son nouveau lancement : le 11 septembre. « Le Mémorial est le seul musée européen à avoir fait une exposition sur les attentats du World Trade Center. Vu que certains intellectuels, comme Michel Onfray [créateur de l’Université populaire de Caen], trouvent des points communs entre le 7 janvier et le 11 septembre [2001], il n’était pas illogique de choisir cette date », explique M. Grimaldi.Un dispositif sécuritaire « efficace et discret » a dû être mis en place. Préinscription obligatoire des visiteurs sur Internet, inspection des lieux par des démineurs, communication au dernier moment de la liste des dessinateurs invités… Rien n’a été laissé au hasard par les organisateurs, qui ont renoncé à faire se déplacer les caricaturistes en ville pour des conférences, comme lors des éditions précédentes. Toutes les « Rencontres » se dérouleront (jusqu’à dimanche) entre les murs du Mémorial, où les séances de dédicaces avec le public ont également été abandonnées.Du côté des dessinateurs, peu de défections ont été enregistrées, selon M. Grimaldi : « Trois, mais uniquement des personnes ne pouvant quitter leur pays, comme la Syrie. » D’autres ont fait le déplacement après avoir vaincu l’inquiétude qui les avait conduits à annuler leur voyage en début d’année. Ainsi le Colombien Vladdo, de l’hebdomadaire Semana Revista : « Mon ex-femme, avec qui j’ai un enfant, m’avait dissuadé de venir à l’époque, car elle avait peur qu’il m’arrive quelque chose. Cette fois-ci, je ne lui ai pas dit que je venais. » Un dilemne : continuer à dessiner ou pasComme Vladdo, la plupart des cartoonistes présents à Caen ont tous dû affronter des tempêtes, un jour ou l’autre, après des dessins mal compris ou peu flatteurs pour les puissants. Lui a récemment reçu des menaces de mort venant du pays voisin, le Venezuela, dont il a détourné les armoiries en représentant un cheval aussi famélique que l’économie nationale.Le Jordanien Osama Hajjaj a été la cible d’intimidations anonymes cette année après la publication dans le quotidien Al Arab Al Youm d’un dessin montrant un membre de l’Etat islamique utilisant son sabre ensanglanté comme une perche à selfie. Il y a une semaine, son employeur principal — une agence de publicité — lui a demandé de ne plus faire de dessins sur « la politique et la religion », sous peine de perdre son emploi. « Mon boss m’a dit : “Regarde ce qu’ils ont fait à Charlie Hebdo. Ils peuvent venir faire la même chose ici.” » C’est aussi pour cela qu’Hajjaj est venu à Caen : pour parler du dilemme qui le traverse — continuer à dessiner ou pas — avec des collègues dessinateurs originaires d’autres pays.« Il est important en ce moment d’échanger »« Il n’a sans doute jamais été aussi important qu’en ce moment de se rencontrer et d’échanger. Cela nous rend plus forts », estime Avi Katz, qui dessine pour le Jerusalem Report. « Parler de son métier avec des professionnels d’autres régions du monde est fondamental pour connaître les limites de ce qu’il est possible de faire aujourd’hui. Même dans un pays comme le mien, où ce genre de question ne devrait pas se poser, personne n’est à l’abri de voir un de ses dessins créer la polémique », témoigne Tjeerd Royaards, un dessinateur néerlandais ayant récemment subi les foudres de l’extrême droite après la diffusion d’une carte postale comparant les méthodes des djihadistes islamistes aux tortures qui existaient sous l’Inquisition. La profession aura d’autres occasions ces prochaines semaines de discuter de ces sujets. A la fin de septembre, la 34e édition de l’Humour vache se tiendra à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne). Le 21 septembre, à Paris, l’association Cartooning for Peace, présidée par Plantu, dessinateur au Monde, organisera un colloque intitulé « Le dessin de presse dans tous ses Etats ». De sécurité, il sera aussi question ces jours-là. Fatalement.Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Jeudi, le talk-show de début de soirée de Canal Plus a réuni 611 000 spectateurs. Lundi, pour sa reprise, il en avait rassemblé 915 000.« Le Grand Journal » nouvelle version, le rendez-vous de début de soirée de Canal Plus (entre 18 h 50 et 20 h 10), peine à trouver son public. Son audience pique du nez. L’arrivée de la journaliste-animatrice Maïténa Biraben n’infléchit pas la courbe. Jeudi 10 septembre, ils n’étaient plus que 611 000 téléspectateurs à suivre le talk-show. L’émission a été, en l’occurrence, devancée par les programmes des grandes chaînes (TF1, France 3, France 2, M6), mais aussi par « Touche pas à mon poste » (D8), « C à Vous » (France 5), « Secret Story » (NT1) et… « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9) !Il s’agit de la troisième baisse d’audience consécutive. Une configuration inédite pour l’émission emblématique de Canal Plus. Lundi 7 septembre, pour sa remise à l’antenne, malgré la présence de Manuel Valls, moins d’un million de téléspectateurs (915 000 personnes) avaient suivi les débuts de la remplaçante d’Antoine de Caunes, remercié par Vincent Bolloré, le nouveau « propriétaire » de Canal Plus.L’an dernier, à la même époque, 1,1 million de téléspectateurs avaient assisté au retour d’Antoine de Caunes.« Ajustements constants »La nouvelle formule du « Grand Journal », préparée en moins de deux mois, ne trouve pas son public. Les critiques fusent sur cette mouture : simple version quotidienne du « Supplément » – l’émission dominicale de la chaîne cryptée, manque de rythme, usure de l’« infotainment » – ce genre qui mélange l’information et le divertissement.Dans une interview donnée à Metronews, le chroniqueur politique Jean-Michel Aphatie, lui aussi renvoyé du « Grand Journal » à la fin de la dernière saison, juge pour sa part que « Maïténa Biraben est à la hauteur de ce qu’on connaît d’elle » et estime qu’« elle a vraiment de la présence ». Il ajoute : « Je trouve que le plateau est un peu faible. Il manque dans l’équipe des chroniqueurs quelqu’un de vraiment fort et sérieux pour l’épauler. »A la direction de Canal Plus, on laisse entendre qu’on aurait anticipé cette baisse de l’audience. « Mathématiquement, la nouvelle émission devait faire moins que la précédente, qui commençait plus tard et intégrait les Guignols », plaide-t-on.Mais la chute depuis le début de la semaine n’avait sans doute pas été prévue. L’émission est en rodage insiste-t-on, des « ajustements constants » sont opérés pour l’améliorer.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.09.2015 à 10h29 • Mis à jour le11.09.2015 à 11h07 | Alexis Delcambre « Paolini et Tavernost côte à côte, c’est tous les quinze ans… », avait vendu l’un des dircoms, comme on parle d’un spectacle. Diplomatiquement, le lieu du rendez-vous avait été fixé à exacte équidistance des sièges sociaux de TF1 et M6. Et vers 16 heures, ce jeudi 10 septembre, les deux plus grands concurrents du paysage audiovisuel français sont apparus ensemble, au restaurant La Gare, dans le XVIe arrondissement, pour dévoiler leur nouveau tour : une alliance dans un projet de chaîne de téléachat répondant au doux nom – provisoire – de HA26.Pour les deux groupes, il s’agit d’une quête ancienne. M6 a déjà tenté à quatre reprises d’obtenir un canal pour y vendre des programmes minceur et autres presse-purée, et TF1 par deux fois. Jusqu’ici, le CSA leur a obstinément refusé. Mais lors de la dernière tentative, le régulateur avait suggéré un rapprochement des deux chaînes. Un vœu désormais exaucé, à l’occasion d’un appel à candidatures pour des chaînes en haute définition, qui verront le jour au printemps prochain.« Une galerie commerciale avec deux enseignes en alternance »Concrètement, HA26 ressemblerait à « une galerie commerciale avec deux enseignes en alternance », selon Nonce Paolini, le PDG de TF1. Les deux groupes se partageront l’antenne du nouveau canal, un jour sur deux, avec dix puis seize heures de direct quotidien, pour un investissement initial de 13 millions d’euros puis un budget annuel de 30 millions d’euros environ. « Plusieurs centaines » d’emplois pourraient être créés, assurent les deux groupes, rappelant qu’ils savent travailler ensemble : ils ont déjà coexploité des chaînes – TF6, Série Club – et le bouquet TPS.A l’appui de leur candidature, MM. Paolini et Tavernost soulignent la faiblesse du marché français du téléachat – 200 millions d’euros annuels – en regard d’autres pays, comme le Royaume-Uni (1,4 milliard d’euros et 35 chaînes au total) ou l’Allemagne (1,6 milliard d’euros et 17 chaînes au total). Ils soulignent aussi qu’un tel projet, dépourvu de formats publicitaires, ne vient pas concurrencer les chaînes existantes.Le sujet est sensible, en pleine polémique sur la perspective d’un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions. Une hantise pour deux entreprises qui ont subi ces dernières années la réduction du gâteau publicitaire de l’audiovisuel.Lire aussi :Télévision : querelle sur la publicité en soiréeL’un a égratigné Michel Sapin, dont la phrase disant qu’il fallait « examiner » l’extension de la publicité sur les antennes publiques a valu à TF1 un plongeon en Bourse – « 250 millions d’euros de pertes », rappelle M. Paolini. « On ne peut pas sans arrêt être la variable d’ajustement d’une mauvaise gestion du service public », a renchéri Nicolas de Tavernost. Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, appréciera.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Beuve-Méry Le Syndicat national de l’édition (SNE) a trouvé son héraut. Richard Malka, 47 ans, avocat de Charlie Hebdo, et auteur, à ses heures perdues de bandes dessinées, vient d’écrire pour le compte du syndicat, une plaquette percutante pour la défense du droit d’auteur, tel qu’il est défini aujourd’hui en France et au sein de l’Union européenne (UE). Ce matin, dès potron-minet, le bouillonnant juriste était déjà sur les ondes de France Inter, pour développer la panoplie de ses arguments contre la réforme voulue par la Commission européenne.Lire aussi :Touche pas à mon droit d’auteur !La plaquette s’intitule La gratuité, c’est le vol, reprenant le titre d’un rapport de Denis Olivennes, quand patron de la FNAC. Ce dernier réaffirmait son opposition à une culture gratuite, favorisée par Internet. Et pose ouvertement la question « 2015 : la fin du droit d’auteur ? » Deux menaces sont pointées : un projet de loi de la secrétaire d’Etat, chargée du numérique Axelle Lemaire et la réforme de la directive de 2001, régissant le droit d’auteur au sein de l’UE, notamment à partir des propositions faites par Julia Reda, l’unique députée européenne membre du Parti des pirates allemand qui a été chargée, en février, d’un rapport préparatoire sur le sujet.« Un mirage de la modernité »En un peu plus de 30 000 signes, Richard Malka argumente pour expliquer que « la remise en cause du droit d’auteur serait un mirage de la modernité ». Avec les projets de réforme en cours, le principal risque encouru par les auteurs est de voir leur rémunération être déconnectée à terme de leur travail, le succès d’un livre ne servant plus de valeur étalon. « C’est la menace du retour à l’Ancien régime où le bon vouloir du roi est remplacé par celui des grandes entreprises du Net : Google, Amazon, Apple. »Pour résumer ce que plaide M. Malka, il ne faut pas oublier que c’est l’émergence à la fin du XVIIIe siècle du droit d’auteur qui a permis aux écrivains de vivre de leur plume.Imprimée par le SNE, tirée à 50 000 exemplaires, la plaquette sera distribuée gratuitement (un paradoxe seulement en apparence) en librairie, à compter du jeudi 10 septembre. Ces derniers n’ont reçu aucune consigne particulière, mais libraires et éditeurs sont considérés par le SNE comme les intermédiaires les plus efficaces et le plus neutres pour garantir le succès d’un ouvrage.Par cette campagne, l’objectif est d’atteindre les clients des librairies, un public a priori déjà acquis, mais au-delà de faire prendre conscience des enjeux économiques qui sous tendent cette question et d’atteindre le grand public.Des exceptions dangereusesPour sensibiliser Bruxelles, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et surtout les services du commissaire européen chargé de créer un marché unique numérique, l’Estonien Andrus Ansip, le texte a été traduit en anglais « 2015 : the end of copyright ? Taking for free is stealing » et est disponible en version numérique, dans les deux langues sur le site auteursendanger.fr.Le SNE n’a, en revanche, pas été suffisamment réactif et il existe déjà d’autres sites « auteurs en danger » construits par les partisans du Net et de la gratuité et qui se moquent de l’initiative des éditeurs.Dans son texte, Richard Malka liste toutes les exceptions au droit d’auteur, contenues dans le projet de directive européenne et qui, si d’aventure étaient validées, conduiraient à vider le droit d’auteur de sa substance. Plusieurs exceptions partent d’intentions louables, comme l’exception pédagogique ou la possibilité pour les bibliothèques de procéder à des prêts numériques. Mais mal conçues ou mal cadrées, elles seront de véritables aspirateurs à contenu. D’autres, comme l’exception « data mining » (fouille de texte) ou celle du « fair use » sont directement importées des Etats-Unis et viennent des pratiques défendues par Google, Apple, Facebook ou Amazon (GAFA).Risques de censureMais il existe un deuxième axe sur lequel Richard Malka, avocat habitué à défendre les libertés publiques, révèle les aspects très néfastes des réformes en cours : des risques de censure, liées aux chartes édictées par les GAFA. Ainsi le livre pour enfants T’Choupi part en pique-nique (de Thierry Courtin, Nathan, 1999) a été censuré par Apple en raison du caractère « pornographique » de son titre.De même dans le cadre de l’application Izneo (qui rassemble la majeure partie de la production de BD française en numérique) un ouvrage de Lucky Luke a été interdit en France, car les personnages noirs étaient représentés avec des lèvres charnues.Richard Malka pose publiquement la question : avec ses chartes, Les Versets sataniques de Salman Rushdie, publiés en 1988, l’auraient-ils été aujourd’hui, sans avoir subis au préalable, les ciseaux d’Anastasie ?Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 12h07 • Mis à jour le10.09.2015 à 13h00 La National Geographic Society a annoncé, mercredi 9 septembre, qu’elle vendait sa division chargée des médias, dont son emblématique magazine et ses chaînes de télévision, à un conglomérat mené par 21st Century Fox.Le géant Fox, créé par le milliardaire australien Rupert Murdoch, va débourser 725 millions (650 millions d’euros) de dollars pour acquérir 73 % de la nouvelle entité appelée National Geographic Partners.Les deux sociétés étaient partenaires depuis dix-huit ans, notamment pour l’exploitation des chaînes de National Geographic Channels. La National Geographic Society, dont le siège est à Washington, va conserver les 27 % restants.Volonté d’élargir ses travaux scientifiquesCet accord permet à l’organisation, fondée en 1888, d’accroître son capital de près de 1 milliard de dollars. Elle entend, à cette occasion, élargir ses travaux scientifiques, d’éducation et d’exploration, selon un communiqué.Elle conservera le National Geographic Museum à Washington D.C. Le directeur du conseil d’administration alternera chaque année, le président de National Geographic Society, Gary Knell, étant le premier à occuper ce poste.James Murdoch, devenu le PDG de Fox au début de juillet quand son père, Rupert, a pris du recul pour devenir directeur général, s’est également réjoui : « Nous croyons en la mission de National Geographic Society d’offrir le monde au public à travers la science, l’éducation et l’exploration. »Signe des difficultés rencontrées par les chaînes indépendantes, en août, la chaîne câblée HBO, propriété de Time Warner, avait obtenu les droits de diffusion de « Sesame Street ». Les épisodes seront diffusés neuf mois plus tard sur la chaîne de télévision publique PBS. 09.09.2015 à 17h40 Après vingt-quatre ans de règne sur les journaux du week-end de TF1, Claire Chazal, 58 ans, présentera dimanche 13 septembre au soir son dernier journal télévisé. Elle sera remplacée dès le 18 septembre par son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans, a annoncé la chaîne.Dans un communiqué, le PDG de TF1, Nonce Paolini, « rend hommage à la remarquable relation qu’elle a su créer avec les téléspectateurs et à ses qualités journalistiques, qui ont permis à l’information de TF1 d’être référente dans le paysage audiovisuel français ». Alexis Delcambre La perspective d’un plan de départs volontaires à Radio France s’éloigne. Mercredi 9 septembre, son président, Mathieu Gallet, et son équipe, ont présenté lors d’un comité central d’entreprise leur nouveau scénario pour ramener l’entreprise publique à l’équilibre.Celui-ci est désormais programmé pour 2018, après que le gouvernement a précisé, en juillet, que l’objectif initial de 2017 était un « horizon » et non une « date butoir », tandis que les syndicats estimaient que « le climat social rend irréaliste la mise en place d’un plan de départs volontaires ».Lire aussi :La question d’un plan de départs agite Radio FranceDans ce nouveau contexte, M. Gallet avait accepté d’étudier, pendant l’été, un scénario alternatif, alors que plusieurs syndicats défendaient une solution fondée sur l’« effet de noria », qui consiste à évaluer les économies engendrées par les départs en retraite de salariés, et leur remplacement par des employés plus jeunes, a priori moins bien rémunérés.C’est donc ce scénario alternatif que la direction a présenté, mercredi. Elle prévoit désormais 22 millions d’euros d’économies sur la masse salariale (qui augmente mécaniquement de quatre millions d’euros par an) d’ici 2018.Ces économies seraient obtenues par le non-remplacement de 230 départs et un moindre recours aux CDD pour les congés, à hauteur de 40 équivalents temps plein. Soit 270 suppressions de postes, sur un effectif d’environ 4 400 actuellement, contre 350 initialement envisagées. Et par un gel des salaires en 2016 et 2017.Le non-remplacement de 230 départs serait étalé sur trois ans (2016 à 2018), tandis que le moindre recours aux CDD le serait sur quatre. Dans son rapport, le médiateur Dominique-Jean Chertier, qui a conduit une mission à Radio France au printemps, préconisait « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ». Par ailleurs, la direction a proposé de créer 48 postes pour des emplois nouveaux, étalés sur quatre ans, jusqu’en 2019.Lire aussi :Les maux de Radio France diagnostiquésPour les syndicats qui avaient encouragé un plan alternatif, il s’agit d’un premier succès. Mais ils sont loin de crier victoire, comme le rappelle Philippe Ballet, de l’UNSA :« Même si nous sommes satisfaits d’échapper au plan de départs volontaires, qui était beaucoup trop brutal et coûtait cher, nous ne sommes pas satisfaits de l’alternative posée sur la table [..] 270, c’est vraiment beaucoup, c’est un nouvel effort demandé aux salariés, qui peut provoquer des tensions supplémentaires dans les charges de travail, et qui sera difficilement tenable socialement parlant. »Des syndicats avaient fait travailler un cabinet d’experts sur un scénario alternatif. S’il retenait l’option du non-remplacement des départs également, il prévoyait moins de postes supprimés, avec environ 60 par an sur trois ans.La CGT, elle, se dit « contre toute suppression d’emploi, que ce soit sous forme de plan de départs volontaires ou sous forme de “départs naturels non remplacés” ». Le spectre de la grève historique du printemps plane sur ces discussions.La direction de l’entreprise a maintenu ses autres mesures d’économies, telles que l’arrêt des émissions en ondes moyennes, à la fin de 2015, et en ondes longues, à la fin de 2016, les économies sur les abonnements à la presse, ou encore les réductions des CDD et des piges.Lire : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Ces fiches doivent être détruites. » C’est la consigne énoncée par Delphine Ernotte à propos des grilles d’évaluation des salariés, conçues par la direction de France Télévisions à partir d’avril 2014 et décrites dans l’édition du mercredi 9 septembre du Canard enchaîné, et dans un article de Mediapart. La présidente de France Télévisions doit rencontrer les organisations syndicales pour « mettre tout à plat », mercredi après-midi, une réunion prévue « depuis dix jours environ », précise-t-on, au moment où Mme Ernotte a fait passer ses consignes.Il n’y a pas, à France Télévisions, de système de fichage des salariés, soutient l’entourage de la présidente : les fiches n’étaient pas insérées dans les dossiers individuels des salariés. Il s’agissait de « documents de travail » qui servaient à animer des réunions de « revue du personnel », entre managers et départements des ressources humaines, selon la direction.Pour autant, Delphine Ernotte considère que cette initiative a été « viciée » dès le départ, car il n’y a pas eu d’information des organisations syndicales ni des salariés. Selon la présidente, ce processus a été une « erreur », elle ne l’approuve pas et veut l’abandonner.“I” pour “insuffisant”, “C” pour “conforme aux attentes”C’est à peine entrée en fonction que la présidente de France Télévisions doit gérer cette affaire embarrassante. Alors que Mme Ernotte déclarait le 4 septembre au micro de France Inter que « personne n’est fiché à France Télévisions », il apparaît que ce système était destiné à l’ensemble du groupe et a été conçu à Paris, et non à la seule rédaction de France 3 Auvergne, où l’affaire avait été mise au jour. La direction assure toutefois qu’il n’avait pas encore été déployé partout.Concrètement, tous les chefs du personnel des chaînes publiques devaient remplir un formulaire intitulé « Revue de personnel – Évaluation de performance et de potentiel », dans lequel ils cochaient les qualités et les défauts des salariés, précise Le Canard enchaîné.« Une fois additionné les défauts et les qualités, il suffit de délivrer une note : “I” pour “insuffisant”, “C” pour “conforme aux attentes” et “B” pour “va au-delà des attentes”. »L’ex-DRH Papet dément tout « fichier » des salariésCe système aurait été élaboré par la direction des ressources humaines de France Télévisions, alors dirigée par Patrice Papet, sous la présidence de Rémy Pflimlin. Selon Le Canard, ce système aurait été orchestré par M. Papet, qui est depuis devenu conseiller de Delphine Ernotte, mais a prévu de quitter l’entreprise à la fin de l’année.Interrogé par Le Monde, M. Papet dément vivement avoir été à l’origine de ces évaluations. Mais l’ancien DRH confirme que les revues de personnel existent à France Télévisions comme, selon lui, dans la plupart des grandes entreprises. « Il s’agit d’un outil courant de gestion du personnel et des compétences, qui est le fruit d’un travail entre les RH et les responsables hiérarchiques », expose M. Papet.Selon lui, c’est dans ce cadre que ces grilles d’évaluation ont été utilisées et que les compétences des salariés ont pu être ainsi analysées et déboucher sur une notation. M. Papet admet que « cet outil a été proposé à l’ensemble des responsables hiérarchiques ». Toutefois, assure-t-il, « il n’a en aucun cas débouché sur un fichier où les observations des responsables ont été centralisées ». « Il n’y a pas de fichier des salariés à France Télévisions », répète-t-il, à l’unisson de Mme Ernotte.L’existence de ces fiches, comportant parfois des commentaires extrêmement sévères sur le comportement des salariés, avait été rendue publique par le syndicat Force ouvrière, à France 3 Auvergne, en août dernier. Tous les syndicats avaient alors décidé de monter au créneau. L’un d’eux, la CFE-CGC, envisageait mercredi de tenter de faire saisir les fiches en question avant leur destruction éventuelle, pour permettre aux salariés qui le souhaiteraient de porter plainte.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Une conjonction astrale exceptionnelle, entre ballons orange, ovale et rond. Euro de basket-ball, ouverture de la Coupe du monde de rugby, coupes européennes de football : le quotidien L’Equipe pouvait difficilement espérer des circonstances plus favorables pour lancer sa nouvelle formule, vendredi 18 septembre.Celle-ci s’incarne dans un changement de format radical : le journal passe du broadsheet (54 × 38,5 cm) au tabloïd (36 × 28 cm), soit une réduction de moitié de la taille des pages. En rapetissant, celles-ci deviennent plus simples à concevoir, les articles se font plus courts, et les habitudes de travail changent, à la rédaction comme à l’imprimerie.Pourquoi le quotidien sportif s’embarrasse-t-il d’une telle réforme ? A l’image des autres journaux français, ses ventes sont en déclin (– 9,76 % en 2014 par rapport à 2013). Ses enjeux stratégiques sont plutôt de générer des revenus à partir de sa large audience numérique – grâce à laquelle il affiche 24 millions de « contacts » par mois – et de rentabiliser son investissement dans la télévision, où il a lancé la chaîne L’Equipe 21.« Le doudou du fan de sport »Arrivé du service des sports de Canal+ en février 2015 – soit avant la reprise en main du groupe de télévision par son actionnaire, Vivendi –, le nouveau directeur général du titre, Cyril Linette, admet qu’au début, cette problématique de format lui est apparue « surannée ». « Les nouvelles formules n’ont pas souvent d’impact décisif sur les lectorats », observe-t-il. A L’Equipe, le sujet faisait figure de serpent de mer, avec plusieurs études menées, sans que le pas soit jamais franchi.Pour y voir clair, le journal a décidé de mener un test. Il est sorti au format tabloïd le 10 juin en demandant à ses lecteurs de donner leur avis. Surprise : plus de 10 000 d’entre eux ont répondu et 75 % des avis étaient favorables – un cas assez rare d’appétence pour le changement. Dans les jours qui ont suivi, M. Linette a décidé de mettre fin à près de soixante-dix ans de grand format et su en convaincre son actionnaire, Marie-Odile Amaury.« Malgré la variété de nos supports, le journal reste un trésor, c’est un peu le doudou du fan de sport », formule-t-il aujourd’hui. Le grand format était devenu, selon lui, un frein à la lecture : difficulté à ouvrir le journal dans certaines situations, trop grand nombre d’« entrées » par page, surcouverture de certains sujets, format numérique peu maniable… Autre avantage : le changement de format permet de doubler le nombre de pages de publicité. Or, la régie table sur un maintien de ses tarifs (près de 100 000 euros par page, selon Challenges). Le journal se donne donc une chance supplémentaire d’équilibrer son exploitation.Une série d’innovationsCette nouvelle forme est l’occasion d’introduire une série d’innovations. Les feuilles de match, qui présentent les compositions d’équipes, seront nettement plus grandes, dans un style qui se veut « un hommage au jeu vidéo », explique Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction. Des pages « service » détachables – type calendrier d’une compétition – seront insérées. Une fois par mois, le journal mettra en scène des contributions de ses lecteurs autour d’un grand débat, recueillies par son site Lequipe.fr. Les bases de données abondantes dont bénéficie la rédaction seront mieux utilisées (compositions des équipes, etc.). Au moins deux grandes enquêtes par mois sont promises.Autant de choix qui tentent de mieux cerner ce à quoi peut encore servir un quotidien sportif, à l’heure où les matches peuvent se suivre en direct sur Twitter et les meilleures actions être visionnées presque instantanément, grâce à des vidéos courtes postées sur les réseaux sociaux. Le journal garde la même base de lectorat qu’il y a quatre ans (environ 8,5 millions par mois) mais ceux-ci l’achètent moins régulièrement.Pour recréer du désir, Cyril Linette veut « solder l’ère Jacquet ». En 1998, le journal avait mené une campagne contre le sélectionneur de l’équipe de France de football, avant la Coupe du monde en France. Un choix éditorial balayé par la victoire des Bleus, qui avait contraint le directeur de la rédaction de l’époque, Jérôme Bureau, à des excuses publiques. Depuis, estime M. Linette, « la rédaction s’en veut » et hésiterait à donner son avis. Il souhaite que les journalistes soient plus présents sur les fronts de l’analyse et de l’opinion.En complément, depuis un an, L’Equipe s’est efforcée de recentrer son offre Web gratuite sur les directs, l’information chaude et les formats purement numériques, comme les sondages ou les récits multimédias.Le journal attend de ce changement une progression de 5 % à 10 % de ses ventes (qui ont encore reculé de 2,22 % au premier semestre, à 211 283 exemplaires quotidiens). Une stabilisation de l’activité journal permettrait au titre de s’attaquer à d’autres chantiers, comme la diversification et la convergence entre son offre numérique et sa chaîne de télévision, dans le cadre d’un groupe Amaury prochainement délesté du Parisien et recentré sur le sport.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.09.2015 à 17h03 Réunie au siège du journal Le Monde, à Paris, l’assemblée générale de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) a renouvelé, lundi 14 septembre, son conseil de gérance. Neuf postes étaient à pourvoir. 288 des 504 associés de la SRM ont pris part au vote. Ont été réélus, au conseil de gérance, Elise Barthet, Paul Benkimoun et Denis Cosnard. Ont été élus Nicolas Chapuis, Alexis Delcambre, David Larousserie, Aline Leclerc, Simon Piel et Alain Salles.Lors de l’assemblée générale, 1 050 parts étaient présentes ou représentées (sur 1798 parts inscrites, soit un taux de participation de 58,4 %). Les comptes de l’exercice 2014, le rapport de gestion et le rapport d’activité ont été approuvés et le quitus accordé à la gestion du conseil.Le conseil de la SRM a élu Paul Benkimoun président, Elise Barthet et Nicolas Chapuis, comme vice-présidents. Il remercie Alain Beuve-Méry, Coralie Heintz, Pierre Jaxel-Truer, Mustapha Kessous, Jonathan Pariente et Raphaëlle Rérolle, pour leur activité au sein du conseil sortant. 17.09.2015 à 11h07 • Mis à jour le17.09.2015 à 14h33 Les autorités ukrainiennes ont annoncé, mercredi 16 septembre, avoir imposé des sanctions à environ 400 personnalités, dont plusieurs journalistes occidentaux, et 90 entités juridiques impliquées, selon elles, dans l’annexion par la Russie de la Crimée et dans le conflit dans l’Est prorusse. Le président ukrainien Petro Porochenko a ratifié cette décision, adoptée le 2 septembre par le Conseil de sécurité nationale et de défense, ont encore ajouté les autorités.Ce sont les premières sanctions prises par Kiev depuis le début du conflit, dans l’est de l’Ukraine, qui a fait au moins 8 000 morts. La liste des personnes visées par les sanctions, publiée par la présidence, inclut de hauts responsables russes et séparatistes, mais aussi de nombreux journalistes, dont plusieurs Occidentaux.Parmi eux se trouvaient trois correspondants de la BBC (Steve Rosenberg, Emma Wells et Anton Chicherov), basés à Moscou, un autre du journal allemand Die Zeit et deux journalistes espagnols, Antonio Pampliega et Angel Sastre, qui ont disparu en Syrie au mois de juillet et pourraient avoir été kidnappés par l’EI. La raison de ces sanctions prises pour une durée d’un an n’est pas précisée.Machine arrière sur le cas des journalistes de la BBCMais jeudi, dans la matinée, Kiev a dû faire machine arrière en raison de dissensions au sein même du gouvenrement. Et le cas de trois journalistes de la BBC a été reconsidéré, lors de la remise des lettres de créance de la nouvelle ambassadrice britannique en Ukraine.Le Comité pour la protection des journalistes - une association basée aux Etats-Unis défendant la liberté d’expression – s’est dit consterné par la décision du président Porochenko. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a lui aussi dénoncé une décision « inadmissible ».La publication de cette liste intervient alors que la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) a confirmé, mercredi, la tenue sur son territoire d’élections le 18 octobre, malgré la vive opposition des autorités de Kiev avertissant que cela pourrait rompre le processus de paix. Sarah Belouezzane Patrick Drahi n’aura pas mis bien longtemps pour se trouver une nouvelle proie, après l’échec de sa tentative de rachat de Bouygues Telecom. Jeudi 17 septembre, son groupe, Altice – la maison mère du groupe français Numericable-SFR –, a annoncé le rachat de Cablevision pour 17,7 milliards de dollars (15,6 milliards d’euros), dette comprise.Les marchés avaient été prévenus. Au lendemain de son échec pour s’emparer de l’opérateur français, M. Drahi, interrogé sur ses intentions, avait lancé :« Quant aux 10 milliards que je n’ai pas dépensés, ne vous inquiétez pas, mes équipes sont déjà reparties sur le terrain pour trouver des cibles. »L’homme d’affaires, qui compare le secteur des télécoms à un jeu de flipper puisque de son aveu même « tant qu’il y a des boules » il « joue encore », a donc choisi de faire mouvement aux Etats-Unis. Accrochant une nouvelle cible à son tableau de chasse.Une boulimie d’acquisitions que rien n’arrête…En un an, Patrick Drahi a réalisé pas moins de quatre grosses acquisitions – en dehors des médias – pour une valeur totale de presque 50 milliards d’euros. Il y a d’abord eu SFR, son trophée, raflé au nez et à la barbe de Bouygues Telecom en avril 2014 pour 17,4 milliards d’euros au total. Puis Portugal Telecom, acquis en décembre de la même année pour 7,4 milliards d’euros. En mai, c’était Suddenlink, le 7e câblo-opérateur américain qui tombait dans l’escarcelle du milliardaire franco-israélien pour 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, M. Drahi vient donc d’ajouter Cablevision à son palmarès.… même pas les échecs ?En juin 2015, Bouygues Telecom rejette les nouvelles avances de M. Drahi. Quelques mois auparavant, on avait prêté au « tycoon » l’intention de s’emparer du géant américain Time Warner Cable.Une croissance au prix d’un fort endettement L’opération Cablevision est financée en grande partie par du passif : 14,5 milliards de dollars de dette, dont la reprise des 7,7 milliards de passif que porte déjà Cablevision. En clair, cela signifie que pour finaliser l’acquisition, Altice doit encore lever un peu moins de 7 milliards de dette. Il apportera 3 milliards de dollars en numéraire, financés par une augmentation de capital. A l’issue de cette transaction, le niveau d’endettement du groupe de M. Drahi atteindra 42 milliards d’euros selon nos estimations. A titre de comparaison, la dette d’Orange tourne autour de 27 milliards d’euros.Un tel passif est-il tenable ?« Pour l’instant, les marchés y croient et suivent », commente un analyste. En début de séance à Amsterdam, le titre Altice gagnait plus de 10 %. Plusieurs éléments expliquent cette confiance. D’abord, des taux d’intérêt historiquement très bas. Beaucoup estiment donc qu’il s’agit du moment ou jamais pour investir massivement. « L’argent n’est pas cher, et ils auraient vraiment tort de ne pas en profiter », commente un expert du secteur. Surtout lorsqu’il s’agit de se positionner sur des actifs en croissance comme le câble et le très haut débit fixe.Lire aussi :Patrick Drahi, « chouchou » des marchés de la detteEnsuite, pour les investisseurs, ce n’est pas tant le niveau d’emprunt qui compte que le ratio dette sur excédent brut d’exploitation. Or, pour les marchés, qui sont plus indulgents vis-à-vis du passif des « câblos », celui d’Altice est encore tenable, même avec la récente acquisition. Il atteint 5, le niveau maximal que la holding de Patrick Drahi s’était fixé. Un niveau encore légèrement inférieur à celui qu’affiche Liberty Global, le groupe de John Malone, dont le ratio tourne autour de 5,2.« La dette grossit mais les marges grossissent avec elle, explique Dexter Thillien, de BMI Research, d’autant qu’il s’agit d’une industrie en croissance capable de dégager des flux de trésorerie et donc de faire remonter des fonds pour rembourser les créanciers. »Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.09.2015 à 17h31 • Mis à jour le15.09.2015 à 19h28 | Daniel Psenny « Evasion fiscale : une affaire française », l’enquête sur le Crédit mutuel censurée par Vincent Bolloré, le patron de Canal+, sera finalement diffusée le 7 octobre vers 23 heures sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction » sous le titre « Evasion fiscale : enquête sur le Crédit mutuel ».Ce documentaire qui contient des révélations embarrassantes pour la banque mutualiste qui a aidé M. Bolloré à prendre le contrôle de Vivendi, maison-mère de Canal+, aurait dû être diffusé sur la chaîne cryptée le 18 mai dans le magazine « Spécial Investigation ». Mais, au dernier moment, M. Bolloré avait demandé à Rodolphe Belmer (ex-directeur général du groupe viré sans ménagement début juillet) qu’il soit retiré de la programmation. Une censure qui ne cachait pas son nom.Lire aussi :Canal+ : Bolloré accusé d’avoir censuré un documentaireLes droits détenus par Canal+Quelques jours après sa prise de fonction fin août, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait annoncé que ce documentaire censuré serait diffusé sur France 3. Cela a pris un peu de temps en raison de problèmes de droits qui ne sont d’ailleurs toujours pas réglés. En effet, Canal+ qui, l’an dernier, a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du Grand Journal viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production, contrôlée par le groupe Banijay dont M. Bolloré est aussi actionnaire… Ce serait alors une autre manière de bloquer la diffusion de ce documentaire.Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Malgré tout, lundi 14 septembre, France 3 a décidé de diffuser le documentaire avec le risque d’un recours juridique de la part de Canal+. A la demande des responsables de « Pièces à conviction », les deux auteurs Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi ont remonté le film auquel ils ont pu ajouter plusieurs minutes.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Delphine Ernotte n’a pas tardé à tirer les conséquences de l’arbitrage gouvernemental sur le financement de l’audiovisuel public, rendu dimanche 13 septembre. Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication, a annoncé une légère augmentation de la redevance et une progression de la taxe sur les opérateurs de télécommunications, mais écarté un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions.Cet arbitrage « ne permettra pas d’augmenter à court terme les ressources de France Télévisions et je le regrette », a écrit la présidente de l’entreprise publique dans un message interne, lundi. Elle a également envoyé lundi une lettre aux administrateurs de l’entreprise dans laquelle elle prévoit « un déficit prévisionnel pour 2016 de l’ordre de - 50 millions, malgré la prise en compte d’hypothèses d’économies par rapport à 2015 », selon Le Figaro qui cite ce courrier.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteProbablement pas d’Euro 2016Mme Ernotte a toujours indiqué qu’elle poursuivrait les efforts de maîtrise budgétaire menés par son prédécesseur. « Je vais m’attacher avec les équipes à construire un plan d’économies à l’exclusion de tout plan de départs », précise-t-elle dans son message interne. La préparation du budget 2016 va donc se faire en essayant d’identifier des poches d’économies nouvelles.D’ores et déjà, certains investissements semblent promis à être écartés. Selon nos informations, France Télévisions n’entendrait pas se positionner pour acquérir les droits de codiffusion d’onze rencontres de l’Euro 2016 de football, pour lesquels beIN Sports cherche un acquéreur.Par ailleurs, le feuilleton autour du financement de l’audiovisuel public semble avoir ouvert un débat qui se prolonge. Membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le député (LR) Franck Riester estime ainsi dans un entretien au Figaro, mardi 15 septembre, qu’« il faut créer une société commune à l’image de la BBC en rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et même Arte », financée par la redevance et dont le président serait nommé par le conseil d’administration.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un an après son arrivée en France, c’est l’heure du bilan d’étape pour Netflix. Mais un défi se cache derrière la simple comptabilité du nombre d’abonnés conquis dans l’hexagone par le service de vidéo à la demande : atteindre la rentabilité.Pour l’heure, savoir précisément la quantité de Français séduits par Netflix n’est pas facile. Les estimations varient entre 250 000 fin décembre et 750 000 en août, et certains estiment le chiffre autour de 500 000 abonnés, une fois retranchés les comptes « gratuits » d’essai. Toutefois, les observateurs s’accordent pour dire que la première année de Netflix en France, si elle n’a pas suscité un tsunami, n’est pas un échec.La question qui se pose ensuite est suggérée par certains concurrents : ceux-ci soulignent que Netflix a fait beaucoup de publicité pour annoncer ses nouvelles séries et soutenir sa croissance en France. Un investissement qui s’ajoute à celui réalisé dans les achats de droits et dans les créations originales, toujours plus nombreuses et désormais étendues aux domaines des films et des documentaires.Cet effort se traduit dans les comptes de Netflix, qui en fait une stratégie délibérée : la société américaine a attiré au deuxième trimestre 3,3 millions de nouveaux abonnés, dont 72 % hors des Etats-Unis. En un an, il a recruté 15,51 millions de clients supplémentaires, portant le total à 65 millions. Et ses investissements à l’international vont se poursuivre car Netflix cherche à être disponible dans le monde entier dès fin 2016.Un bénéfice limitéEn raison des investissements dans les contenus et dans son expansion internationale, le bénéfice de Netflix reste très limité et plutôt en baisse : 26 millions de dollars au deuxième trimestre, pour un chiffre d’affaires de 1,64 milliard de dollars, en hausse de 23 %.Une des clés pour Netflix est de réussir deux paris sur les droits des contenus : parvenir à payer de plus en plus de programmes au niveau d’une région ou même du monde entier. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car les droits sont jusqu’ici une addition de marchés nationaux, ce qui oblige à renégocier pays par pays et limite les potentielles économies d’échelle. A terme, Netflix espère acheter tous ses droits de façon globale et bénéficier ainsi d’un poids de négociation rare. Mais les studios et sociétés de production ont elles intérêt à continuer à vendre certains bons produits cher à des diffuseurs nationaux.Enfin, pour amortir au mieux les contenus achetés, il faut aussi trouver des programmes visionnables par le plus grand nombre, idéalement dans le monde entier. C’est le cas des meilleurs blockbusters américains. Mais beaucoup des contenus télévisuels qui plaisent dans un pays sont assez locaux. L’enjeu est donc de créer des séries ou des films à la fois locaux et globaux, dont l’intrigue et le style ne soient pas trop aseptisés et qui puissent s’exporter. C’est ce que Netflix tente de faire avec des productions comme Marseille (avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu). C’est une des conditions de sa réussite. Un défi que Netflix partage toutefois avec d’autres, comme Canal + ou France Télévisions, qui cherchent, avec des coproductions internationales comme Versailles, à atteindre ce Graal télévisuel.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.09.2015 à 21h45 • Mis à jour le14.09.2015 à 11h16 | Renaud Machart Elle était rentrée de vacances bronzée, sereine en apparence, mais, lundi 7 septembre, alors que Claire Chazal venait d’animer de son habituel ton dépassionné et chaleureux ses journaux télévisés du week-end, elle était convoquée par Nonce Paolini, président-directeur général du groupe TF1, qui lui annonçait que son aventure de vingt-quatre ans à ce poste était sur le point d’être interrompue.Un communiqué confirma que Claire Chazal s’arrêterait « dans les prochaines semaines », puis il fut su que le week-end du 11 au 13 septembre serait le dernier : son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans – elle-même remplacée cet été par Audrey Crespo-Mara, de LCI, pour cause de maternité –, prendrait le 18 septembre la succession de l’élégante blonde, aujourd’hui âgée de 58 ans, très bon chic bon genre à ses débuts, beaucoup plus naturelle aujourd’hui.Au cours d’une conférence de presse, vendredi après-midi, M. Paolini, après avoir précisé que Claire Chazal « reste dans le groupe aujourd’hui. Acceptera-t-elle d’y rester longtemps, je n’en sais rien. Je le souhaite », ajoutait : « Claire est une professionnelle qui pendant vingt-quatre ans a eu beaucoup de succès. A un moment donné, il faut savoir passer la main. Moi-même je passerai la main. » Ce qu’il a annoncé faire « dans quelques semaines ». Le PDG a aussi assuré que la fin du contrat de Mme Chazal avait été évoquée « depuis plusieurs mois ».Partie remiseLa journaliste s’est pour sa part à cette heure refusée à tout commentaire et a même décliné la proposition d’un entretien à Paris Match, qui lui a pourtant offert de nombreuses « unes » de couvertures et chroniquait presque systématiquement ses relations amoureuses ainsi que ses étés réparateurs et balnéaires. L’entretien « choc » que beaucoup espéraient n’est, il faut imaginer, que partie remise.Certains, comme dans l’émission « Touche pas à mon poste ! » de Cyril Hanouna, sur D8 (filiale de Canal +), ont voulu relativiser le drame que vivrait la journaliste en rappelant que ses indemnités de départ pourraient être d’un montant d’environ 1 million d’euros ; d’autres, parmi ses amis et collègues, ont réagi en sa défense. Léa Salamé, dans « On n’est pas couché », samedi soir sur France 2, et Elise Lucet, le lendemain midi, dans « Médias le mag », sur France 5, ont fustigé le sexisme dont les femmes du petit écran seraient les victimes. La première a déclaré : « Je pense qu’en télévision, on tolère plus les cheveux blancs des hommes que les rides des femmes » ; la seconde : « Je ne suis pas sûre qu’on aurait fait ça à un homme. Laisser quelqu’un reprendre une rentrée pour l’évincer trois semaines après, je trouve ça très dur et ce n’est pas mérité. » Hommage de Pierre LaurentMais c’est en direct, samedi midi, que Claire Chazal reçut, avec un sourire ému, l’hommage de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, qu’elle interrogeait en direct de la Fête de L’Humanité : « Et puis puisqu’on va se séparer, Claire Chazal, je voulais quand même vous dire avant de terminer que j’ai été très heureux chaque année de vous retrouver en direct de la Fête de L’Humanité, puisque vous avez été fidèle à ce rendez-vous, donc je voulais vous passer ce petit mot d’amitié et vous dire qu’on vous accueillera avec plaisir ce soir sur la Fête de L’Huma si vous avez envie de vous détendre… » Réponse de Mme Chazal : « Je viendrai. […] Je suis déjà venue, je reviendrai. Merci Pierre Laurent de votre soutien, cela me fait très plaisir. »On imagine les moqueurs se dire, rigolant à peine sous cape, que M. Laurent avait beau jeu de complimenter une journaliste qui n’avait pas choisi le ferraillement comme principe actif de ses entretiens politiques, jugés parfois lénifiants. Mais d’autres, comme Anne Sinclair, directrice éditoriale de la version française du Huffington Post [partenaire du Groupe Le Monde], appréciaient la « douceur des fins de semaine » entretenue par sa consœur. Dans une tribune publiée vendredi, Mme Sinclair fustige la « brutalité » de TF1, « une maison qui ne s’est jamais encombrée d’élégance », qui l’avait elle-même limogée en 2001.Imperturbable et sourianteAlors que, dimanche midi, au journal de 13 heures, Claire Chazal « lançait » un reportage évoquant les effondrements et cratères provoqués par les violentes intempéries dans l’Hérault, la journaliste a d’abord dit « causés par » puis « creusés par » : discret lapsus, si l’on accepte ce que les mots disent de l’inconscient, qui pourrait indiquer que la cause de ce départ creuse un tombeau dont on comprend que la victime sacrifiée ne veuille pas le voir et craigne d’y descendre. (Tombeau, dans le sens ancien d’« hommage », que d’ailleurs, dès jeudi soir, dans le JT de 20 heures de TF1, son ami Gilles Bouleau avait adressé, en des termes affectueusement appuyés, à sa consœur.)Mais dimanche soir, en tenue de demi-deuil (pantalons noirs et chemisier blanc), Claire Chazal est restée imperturbable, souriante et n’a pas buté sur le moindre mot. En toute fin de journal, avant que ne soit diffusé un pot-pourri de ses interventions les plus marquantes depuis ses débuts, elle fit debout ses adieux d’une manière précise et sobre, remerciant assez longuement son public avec lequel elle dit avoir « tissé un lien très fort », ses équipes et la rédaction de TF1. Bonne joueuse, elle ajouta :« Je souhaite à Anne-Claire Coudray tout le bonheur que j’ai eu à travailler pour vous. »Sans cacher son « immense tristesse de devoir ne plus assumer la mission que [lui] avait confié Francis Bouygues ». Une manière de tuer le fils en revivifiant le père. L’audience du dernier 20 heures du week-end de Claire Chazal a réuni 10,2 milllions de téléspectateurs, soit 40.8 % de part d’audience, selon les chiffres de Médiamétrie. L’édition du 20 heures de dimanche sur TF1 n’avait pas atteint un tel score depuis l’interview de Dominique Strauss-Kahn le 18 septembre 2011 avec 12,5 millions de téléspectateurs (44,4 % de part d’audience).Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Daniel Psenny Y a t-il un nouvel acte de censure d’un documentaire d’investigation sur Canal+ ? Selon nos informations, la direction des programmes de Canal+ a décidé de déprogrammer le documentaire « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète », qui devait être diffusé le 28 septembre dans le cadre du magazine « Spécial investigation », en seconde partie de soirée.Cette décision a été confirmée au Monde par Luc Hermann, un des dirigeants de la société Premières Lignes, qui a produit ce documentaire réalisé par Jules Giraudat et Eric Mandonnet, journaliste à L’Express. « Nous en avons été avertis dimanche matin 13 septembre. La direction du magazine nous a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un acte de censure, mais aucune raison de cette déprogrammation nous a été avancée », dit M. Hermann.Plusieurs mois d’enquêteJoint par Le Monde, Stéphane Haumant, responsable de « Spécial investigation », confirme que le documentaire a bien été déprogrammé, sans qu’il en connaisse la raison. Mais, selon lui, ce n’est pas une question de contenu, comme il l’a expliqué au producteur. Aucune date pour la diffusion du documentaire n’a été décidée pour le moment. Interrogée par Le Monde, la direction de Canal+ n’avait pas répondu, dimanche.Commandé l’an dernier et livré cet été à la chaîne, ce documentaire qui a nécessité plusieurs mois d’enquête raconte les coulisses de la guerre de communication (coups bas, rumeurs, cabinets noirs…) à laquelle se livrent François Hollande et Nicolas Sarkozy.Le service juridique de la chaîne, qui a visionné le documentaire cet été, a donné son feu vert pour la diffusion. Cette déprogrammation a lieu après la censure du documentaire « Evasion fiscale, une affaire française », consacré au Crédit mutuel, demandée par Vincent Bolloré, et les reproches formulés par le patron de Canal+ concernant une enquête sur l’Olympique de Marseille.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.09.2015 à 14h00 • Mis à jour le12.09.2015 à 14h16 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouveaux changements chez i-Télé, une semaine après le débarquement de l’ancienne direction et la nomination par Vincent Bolloré d’un fidèle, Guillaume Zeller, comme directeur de la rédaction, et de Philippe Labro, comme conseiller.Lire aussi :Vincent Bolloré débarque la direction d’i-TéléAprès Cécilia Ragueneau et Céline Pigalle, c’est la secrétaire générale de la chaîne d’information, Laure Bezault, qui a été écartée, vendredi 11 septembre. Proche de l’ancienne directrice de la rédaction, Céline Pigalle, celle-ci assurait une mission stratégique : le recrutement des journalistes.Dans la foulée, le groupe Canal+ a annoncé, samedi 12 septembre, la nomination de Virginie Chomicki au poste de directrice adjointe d’i-Télé, « en charge de la mise en place et du développement de CNews [le nom que portera à terme la chaîne d’information] ».Agée de 31 ans, Virginie Chomicki a travaillé chez LCI comme présentatrice de 2008 à 2015, ainsi que brièvement à Universal. La rumeur de son arrivée avait provoqué l’émoi de la rédaction, vendredi, quand des journalistes avaient eu la surprise de découvrir qu’un bureau lui avait été attribué, sans que rien leur ait été annoncé.De son côté, la directrice de la communication de Canal+ depuis 2002, Laurence Gallot, est maintenue dans ses fonctions et devient même, en parallèle, directrice des partenariats.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial) A l’intérieur du bus qui approche de Caen, jeudi soir 10 septembre, les flashes des smartphones crépitent pour immortaliser la scène. Deux motards de la police viennent de prendre « en escorte » le véhicule, parti de Paris trois heures plus tôt. A son bord, une trentaine de caricaturistes originaires de dix-huit pays, venus participer aux 5es Rencontres internationales des dessinateurs de presse du Mémorial de Caen. Quelques rires s’échappent des rangées.Huit mois après l’attentat contre Charlie Hebdo, un rassemblement de « cartoonistes », c’est aussi cela : une affaire de sécurité. La manifestation avait été annulée en février, un mois et demi avant son déroulement, par crainte des attentats. Le piratage répété du site Web du Mémorial et l’appréhension, après la fusillade de Copenhague (14 et 15 février), d’un grand nombre de dessinateurs invités avaient conduit le directeur du site, Stéphane Grimaldi, à repousser l’événement.Séances de dédicaces abandonnéesCe n’est pas une date dépourvue de symbolisme qui a été arrêtée pour son nouveau lancement : le 11 septembre. « Le Mémorial est le seul musée européen à avoir fait une exposition sur les attentats du World Trade Center. Vu que certains intellectuels, comme Michel Onfray [créateur de l’Université populaire de Caen], trouvent des points communs entre le 7 janvier et le 11 septembre [2001], il n’était pas illogique de choisir cette date », explique M. Grimaldi.Un dispositif sécuritaire « efficace et discret » a dû être mis en place. Préinscription obligatoire des visiteurs sur Internet, inspection des lieux par des démineurs, communication au dernier moment de la liste des dessinateurs invités… Rien n’a été laissé au hasard par les organisateurs, qui ont renoncé à faire se déplacer les caricaturistes en ville pour des conférences, comme lors des éditions précédentes. Toutes les « Rencontres » se dérouleront (jusqu’à dimanche) entre les murs du Mémorial, où les séances de dédicaces avec le public ont également été abandonnées.Du côté des dessinateurs, peu de défections ont été enregistrées, selon M. Grimaldi : « Trois, mais uniquement des personnes ne pouvant quitter leur pays, comme la Syrie. » D’autres ont fait le déplacement après avoir vaincu l’inquiétude qui les avait conduits à annuler leur voyage en début d’année. Ainsi le Colombien Vladdo, de l’hebdomadaire Semana Revista : « Mon ex-femme, avec qui j’ai un enfant, m’avait dissuadé de venir à l’époque, car elle avait peur qu’il m’arrive quelque chose. Cette fois-ci, je ne lui ai pas dit que je venais. » Un dilemne : continuer à dessiner ou pasComme Vladdo, la plupart des cartoonistes présents à Caen ont tous dû affronter des tempêtes, un jour ou l’autre, après des dessins mal compris ou peu flatteurs pour les puissants. Lui a récemment reçu des menaces de mort venant du pays voisin, le Venezuela, dont il a détourné les armoiries en représentant un cheval aussi famélique que l’économie nationale.Le Jordanien Osama Hajjaj a été la cible d’intimidations anonymes cette année après la publication dans le quotidien Al Arab Al Youm d’un dessin montrant un membre de l’Etat islamique utilisant son sabre ensanglanté comme une perche à selfie. Il y a une semaine, son employeur principal — une agence de publicité — lui a demandé de ne plus faire de dessins sur « la politique et la religion », sous peine de perdre son emploi. « Mon boss m’a dit : “Regarde ce qu’ils ont fait à Charlie Hebdo. Ils peuvent venir faire la même chose ici.” » C’est aussi pour cela qu’Hajjaj est venu à Caen : pour parler du dilemme qui le traverse — continuer à dessiner ou pas — avec des collègues dessinateurs originaires d’autres pays.« Il est important en ce moment d’échanger »« Il n’a sans doute jamais été aussi important qu’en ce moment de se rencontrer et d’échanger. Cela nous rend plus forts », estime Avi Katz, qui dessine pour le Jerusalem Report. « Parler de son métier avec des professionnels d’autres régions du monde est fondamental pour connaître les limites de ce qu’il est possible de faire aujourd’hui. Même dans un pays comme le mien, où ce genre de question ne devrait pas se poser, personne n’est à l’abri de voir un de ses dessins créer la polémique », témoigne Tjeerd Royaards, un dessinateur néerlandais ayant récemment subi les foudres de l’extrême droite après la diffusion d’une carte postale comparant les méthodes des djihadistes islamistes aux tortures qui existaient sous l’Inquisition. La profession aura d’autres occasions ces prochaines semaines de discuter de ces sujets. A la fin de septembre, la 34e édition de l’Humour vache se tiendra à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne). Le 21 septembre, à Paris, l’association Cartooning for Peace, présidée par Plantu, dessinateur au Monde, organisera un colloque intitulé « Le dessin de presse dans tous ses Etats ». De sécurité, il sera aussi question ces jours-là. Fatalement.Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Signe de la globalisation croissante des grands groupes de médias, et de la priorité désormais accordée au numérique, l’allemand Axel Springer a annoncé, mardi 29 septembre, racheter le site américain Business Insider, un pure player spécialisé dans l’information économique.Déjà détenteur d’environ 9 % du site créé en 2007 sous le nom de Silicon Valley Insider, Axel Springer va dépenser 306 millions d’euros pour en prendre 88 % supplémentaires. Les 3 % restants du capital sont détenus par Bezos Expeditions, la société d’investissement du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.Outre les États-Unis, Business Insider décline son site dans sept autres pays. Une version allemande doit être lancée fin 2015, tout comme une version française début 2016, en partenariat avec le groupe Prisma. L’entreprise compte 325 employés, dont la moitié de journalistes, et revendique 76 millions de visiteurs uniques par mois.Un ton nouveau, entre Wall Street Journal et GawkerLe style Business Insider mêle un ton sans complexe, des commentaires bruts et pratique l’agrégation massive de contenus web. « Les scoops ne sont pas la panacée : il faut deux jours d’enquête pour en sortir un, ça ne vaut pas le coup. Si quelqu’un a un scoop, nous le reprenons sur notre site quatre minutes plus tard », s’est ainsi enorgueilli le fondateur Kevin Ryan, un entrepreneur américain, dans un article du New Yorker en 2013. Des propos en partie provocateurs, car le site est aussi réputé pour ses informations exclusives.Le site se félicite de faire une audience comparable à celle du Wall Street Journal avec beaucoup moins d’employés. Outre ses informations, il le doit en bonne partie à son ton léger, voire provocateur et attrape-clics - qui rappelle le style tabloïd du site Gawker.Sur sa page d’accueil, on peut lire des titres comme : « Quinze citations de Steve Jobs qui donnent de l’inspiration », « Les dix armes les plus terrifiantes de l’armée russe », « Voici ce que ça fait de devenir super riche d’un coup », « Voilà pourquoi ceux qui pensent que les bloqueurs de publicité sont des extorqueurs se trompent ». Ce dernier billet a pour illustration une photo du Parrain, typique du style d’illustration web et pop culture du site, qui peut citer un dessin animé ou le film « The Big Lebowski ».Dirigé par un ancien analyste financierLe site cible notamment les gens qui travaillent dans la finance. Il a pour PDG et rédacteur en chef une personnalité hors-normes et controversée de la Silicon Valley : Henri Blodget. Celui-ci a été dans une première vie connu comme analyste financier dans le secteur technologique. Après être devenu une star pour avoir entre autres prévu la forte hausse de la jeune boutique en ligne Amazon, il a, à la fin des années 1990, rejoint la banque d’affaires Merril Lynch.Il est alors devenu tristement célèbre pour avoir été banni des marchés en raison d’une infraction à l’éthique des analystes : sur certaines actions en bourse, il avait fait des recommandations publiques qui étaient opposées à celles qu’il partageait en interne par email à Merril Lynch. Henry Blodget ainsi que la directrice générale, Julie Hansen, vont rester en place, selon Springer.Une offre globale pour « les décideurs de demain »« Cette transaction étend l’audience mondiale d’Axel Springer sur Internet à environ 200 millions de lecteurs », affirme le groupe allemand dans un communiqué. Cela en fera le sixième groupe de presse dans le monde en termes d’audience numérique. Le rachat de Business Insider doit toutefois encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence.Cette acquisition permet au groupe, conformément à sa stratégie depuis quelques années, de continuer à se développer dans le numérique, mais aussi dans les contenus en langue anglaise. Il y a deux mois, le groupe allemand avait échoué à racheter le Financial Times, finalement acquis par le groupe japonais Nikkei.« Le ton créé par Henry Blodget et son mode de traitement de l’information parlent aux décideurs de demain, estime Mathias Döpfner, le président d’Axel Springer. La combinaison de nos forces respectives est à même de créer de la croissance et d’élargir l’offre de Business Insider à de nouvelles thématiques et de nouveaux territoires. » Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Créer une structure unique pour l’audiovisuel public, France Médias, en 2020. C’est la proposition choc que font les sénateurs André Gattolin (écologiste, Hauts-de-Seine) et Jean-Pierre Leleux (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans un rapport qui prône « un nouveau modèle de financement de l’audiovisuel public », présenté mardi 29 septembre, et auquel Le Monde a pu accéder.Ce rapport constitue une contribution au débat qui agite le secteur. À court terme, la question est celle du financement de sociétés dont la situation financière est fragile (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’Institut national de l’audiovisuel…), alors que l’examen de la loi de finances 2016 doit s’engager au Parlement. Au-delà, il s’agit de trouver les moyens de sortir ces entreprises d’une situation permanente d’incertitude quant à leurs ressources et de les aider à s’autonomiser.Les sénateurs de la mission de contrôle commune à la commission des finances et à la commission de la culture rappellent d’abord quelques constats. Les ressources propres de ces entreprises stagnent, alors que la part de la contribution à l’audiovisuel public (la redevance, qui représente 3,7 milliards d’euros en 2015) dans leur budget augmente. Cela va à l’encontre de l’orientation politique générale qui les encourage à générer des recettes (publicité, diversification, etc.).A effectifs constants, les charges de personnel des sociétés d’audiovisuel public augmentent mécaniquement, et France Télévisions comme Radio France affichent, en 2015, un résultat négatif.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continu« Contribution universelle » et « publicité raisonnable »Les sénateurs proposent de stabiliser les ressources en augmentant la redevance de deux euros (hors inflation) pendant deux ans, contre des engagements de réduction des dépenses. Cela permettrait d’éviter « le recours à l’endettement des sociétés ». Ils proposent qu’une partie de cette collecte soit affectée à une réserve de 150 millions d’euros destinée à répondre aux aléas et à « inciter aux mutualisations » entre sociétés de l’audiovisuel public.On peut penser, par exemple, au projet de chaîne d’information en continu de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui planche sur le sujet en dialogue avec Radio France.Après 2017, les sénateurs proposent de remplacer la redevance par une « contribution forfaitaire universelle sur le modèle allemand ». Cela signifie que presque tous les foyers seraient concernés, alors qu’il n’y a aujourd’hui que 27 millions de Français redevables. Cette contribution tiendrait également compte des nouveaux usages (smartphones, tablettes, etc.)Autre innovation, la définition d’une sphère de « publicité raisonnable », « compatible avec les valeurs du service public », qui permette de « rétablir la possibilité de diffuser de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions » tout en « interdisant la publicité dans les plages horaires consacrées aux programmes destinés à la jeunesse ». Une proposition qui contraste avec l’arbitrage récemment exprimé par Fleur Pellerin de maintenir l’absence de publicité en soirée sur les écrans publics.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteRemise en cause des engagements envers la productionLe retour de la publicité n’est pas le seul changement culturel que proposent les sénateurs. Ceux-ci entendent également rompre avec les équilibres actuels en « supprimant l’obligation faite à France Télévisions de garantir la diversité de la production, en particulier dans la fiction, qui favorise la dispersion de ses investissements et l’émiettement du secteur de la production ». Il s’agit d’une remise en cause du cahier des charges de l’entreprise publique, qui doit aujourd’hui consacrer 95 % de ses dépenses de création audiovisuelle à des sociétés de production externes.La part de production interne serait donc renforcée. Ce serait une rupture majeure pour le secteur de la production, dans lequel France Télévisions investit quelque 400 millions d’euros par an actuellement.Enfin, en 2020, le rapport préconise la création d’une structure de tête rassemblant les entreprises de l’audiovisuel public, France Médias, « pour favoriser les mutualisations, la polyvalence des personnels, le développement d’une marque commune et les investissements dans le numérique. » Son dirigeant serait nommé par un conseil d’administration où ne siégeraient pas les ministères de tutelle mais uniquement l’Agence des participations de l’Etat (APE). Cet organe serait aussi chargé de répartir le produit de la contribution universelle entre les différentes sociétés.« Un groupe unique de l’audiovisuel public bénéficiera de plus de marges de manœuvre financières et détiendra un meilleur pouvoir de négociation pour investir dans l’information, la création et le numérique », argumentent les sénateurs, qui visent notamment la « mutualisation des investissements des sociétés de l’audiovisuel public en vue du développement d’une plateforme numérique unique ». Un vœu qui fait écho à la volonté de rapprochement plusieurs fois exprimée par l’exécutif, mais qui va aussi beaucoup plus loin.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Surprise à L’Express. Alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 125 postes au sein du Groupe Altice Media (L’Express, L’Etudiant, L’Expansion…) devait être formellement annoncé, lundi 28 septembre, le comité d’entreprise extraordinaire a été repoussé à vendredi.Selon nos informations, c’est la menace d’un blocage du bouclage du prochain numéro de l’hebdomadaire – qui est finalisé le lundi soir – qui explique ce report. La perspective de ce plan social inquiète vivement les quelque 700 salariés du groupe, parmi lesquels 115 journalistes ont déjà choisi, à ce jour, de quitter l’entreprise en bénéficiant de la clause de cession ouverte après le rachat par Altice Media Groupe, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi.Sous le choc, environ 150 salariés du groupe se sont réunis en AG pendant deux heures dans l’après-midi. Les syndicats vont poursuivre les négociations avec la direction, espérant rencontrer la ministre de la culture, Fleur Pellerin, jeudi.Salle comble à @l'express pour AG des salariés au sujet du plan social programmé mais non encore formellement annoncé http://t.co/ppmNaGSktl— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);A l’issue de ce plan social, il resterait notamment 75 journalistes rédacteurs dans les rédactions de l’hebdomadaire version papier, de son site et de son supplément Styles contre 111 précédemment.« On a besoin de quelques millions de la part d’un milliardaire. Patrick Drahi a la responsabilité de ne pas nous laisser tomber », a lancé Jacques Trentesaux (CFDT). « Le journal a des archaïsmes et des scléroses », a répondu le rédacteur en chef Christophe Barbier devant l’AG, qui l’a fraîchement accueilli..@C_Barbier reste solidaire de la direction de @lexpress tout en se posant garant d'un PSE "plus malin, moins douloureux"— alexisdelcambre (@Alexis Delcambre)require(["twitter/widgets"]);Une organisation « tout à fait inadaptée » pour la directionDans son courrier aux salariés, dont l’AFP a obtenu copie, la direction a assuré vouloir « pérenniser et développer sur le long terme » le groupe L’Express mais avoir trouvé une situation financière « bien plus dégradée » que prévu.Elle fait état d’un déficit cumulé sur 2006-2014 de plus de 86 millions d’euros et d’une perte attendue de 4 millions cette année, qui atteindra 10 millions avec le coût de la clause de cession. Elle pointe aussi du doigt une organisation inchangée en dix ans et « tout à fait inadaptée ».Face à cette situation, « nous avons décidé d’agir rapidement » car « sans décisions de saine gestion – parfois douloureuses – il nous sera impossible de construire ensemble un projet économiquement viable », plaide-t-elle.Lire aussi :Plan social pour 125 salariés à « L’Express », les journalistes s’émeuvent d’un « carnage éditorial »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny Peut-être qu’un jour Vincent Bolloré, le patron de Canal+, expliquera les raisons qui l’ont poussé à censurer l’enquête du magazine « Spécial Investigation » démontrant un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisés par des dirigeants du Crédit Mutuel. Pour le moment, le seul soupçon qui plane pour expliquer cette censure est que cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée.Après avoir visionné le documentaire avant sa diffusion le 7 octobre à 23 h 20 sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction », il apparaît que cette enquête très fouillée et documentée n’aurait sans doute pas déclenché un scandale si elle avait été diffusée, comme prévu, sur Canal+.Néanmoins, le travail réalisé par Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci, les deux auteurs de l’enquête, est conséquent. Ils expliquent par le détail comment la banque Pasche, filiale du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne auquel ils ont accès, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent n’ayant aucun rapport avec son train de vie. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.Entretiens sauvagesAu cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les deux journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré. Apostrophé fin avril dans la rue à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ces méthodes – plutôt brutales – d’interview.C’est quelques jours après cet incident, que les auteurs et la production apprennent que leur enquête prévue en diffusion le 18 mai, sera sans doute déprogrammée de Canal+. La rumeur est confirmée vers la mi-mai. L’enquête est censurée sans explications. Alain Fradin a-t-il contacté Vincent Bolloré pour lui faire part de sa colère sur les méthodes employées par les journalistes et sur cette enquête gênante ? Vincent Bolloré a t-il pris le temps de visionner le documentaire ou a-t-il devancé la demande des dirigeants du Crédit mutuel ? Les questions restent – pour l’instant – sans réponses.Remontée et légèrement rallongée, l’enquête qui a été rachetée par France 3, n’est toutefois pas encore à l’abri d’une non-diffusion. En effet, Canal+ qui a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du « Grand Journal » viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production et demander un référé à la justice avant sa diffusion sur France 3.Mais, pour le moment, la chaîne affirme n’avoir reçu aucune demande de Canal+. Le jour de sa diffusion, Médiapart, partenaire de cette enquête, devrait apporter d’autres documents sur cette affaire.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »@psennypsenny@lemonde.frDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le27.09.2015 à 16h24 | Thomas Wieder et Ariane Chemin « Zemmour président ! » C’est la couverture de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, jeudi 24 septembre. Un slogan qui claque comme une affiche électorale, le scénario imaginaire d’un livre écrit par un journaliste maison, Geoffroy Lejeune (Une élection ordinaire, Ring) qui installe au terme d’une campagne semée d’embûches l’auteur du Suicide français (Albin Michel, 2014) à l’Elysée, en 2017.Une fiction, bien sûr ; un pitch dont Eric Zemmour n’a pas eu l’initiative – il en a reçu les épreuves, mais n’a pas eu son mot à dire. « Je ne suis ni élu ni éligible », confiait Zemmour devant Robert Ménard, qui l’avait reçu en octobre 2014 à Béziers pour son futur best-seller. Il avait aussi lâché cette phrase qui sonnait comme une prophétie : « Les hommes politiques ont peu d’importance, et plus on avance et moins ils en auront. »Quelques mois plus tôt, le journaliste avait refusé une place éligible sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) aux européennes. Le 16 septembre, on lui a demandé sur France 5 s’il se verrait ministre de la culture de Marine Le Pen, fauteuil dans lequel l’avait assis un jour la présidente du FN, il a encore répondu (en précisant que l’étiquette frontiste n’est pas l’obstacle) : ministre, « je [n’y] tiens pas spécialement ». D’après un sondage commandé par l’hebdomadaire à l’IFOP, 12 % des Français seraient « prêts à voter » pour Zemmour à la présidentielle. Susciter la demande pour imposer l’offre, comme disent les spécialistes de l’opinion : voilà... 25.09.2015 à 18h05 • Mis à jour le25.09.2015 à 20h35 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-MorettiL’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, est visée par une polémique pour avoir évoqué deux fois au cours de l’émission, jeudi 24 septembre, le discours « de vérité » du Front national, dans lequel, selon elle, « les Français se reconnaissent ». Simple maladresse d’expression surexploitée médiatiquement ou phrase révélatrice ? Difficile de répondre. Pour Eric Dupond-Moretti, l’avocat que Mme Biraben interrogeait ce jour-là, la polémique est « débile ». De son côté, joint par Le Monde, Canal+ a choisi de ne pas commenter. Mme Biraben, elle, a assuré que son expression désignait « la forme, pas le fond » du discours frontiste.Lire aussi :Maïtena Biraben assure avoir voulu parler « de la forme, pas du fond » du discours du FNÀ un moment où la chaîne est scrutée, car elle a changé de mains depuis l’arrivée de Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, plusieurs séquences du « Grand Journal » impliquant des responsables du FN ont récemment été taxées de complaisance. Lors de l’émission du 9 septembre, un sujet, tourné le week-end précédent à l’université d’été du Front national, montrait le journaliste Cyrille Eldin plaisantant avec Marine Le Pen et d’autres cadres. Quelques jours plus tard, le 15 septembre, Maïtena Biraben recevait Robert Ménard, le maire de Béziers, présenté comme « un pro de la com ».« Une chaîne de bobos de gauche »L’animatrice du « Grand Journal » est consciente que Canal+ a une image de chaîne de « bobos de gauche ». Et fait le lien avec le traitement du FN, comme elle l’a expliqué à TéléObs en juin, alors qu’elle était en charge du « Supplément » :« S’il y a bien une personne que j’attends, c’est Marine Le Pen. Elle ne veut pas venir sur Canal+. Elle considère que c’est une chaîne de bobos de gauche et j’en pâtis. Je suis certainement bobo mais personne ne peut dire si je suis de gauche ou de droite. Je le répète : elle est la bienvenue dans Le Supplément quand elle veut. »Maïtena Biraben a précisé aussi sa vision du traitement journalistique du FN :« Je ne comprends pas cette polémique qui consiste à se demander s’il faut ou non interviewer les personnalités du FN. Si ce parti est autorisé, je ne vois pas pourquoi je me pincerais le nez pour recevoir ses élus. Ils nous doivent des comptes, pas plus pas moins que ceux d’autres partis. »Elle rêve aussi d’accueillir « Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Matteo Renzi, Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances, Hillary Clinton, Bill Gates ou Vladimir Poutine. (…) Je ne m’interdis rien. »Contre un Canal+ « arrogant » et « parisien »L’approche personnelle revendiquée par Maïtena Biraben prend un relief particulier dans un contexte de grande attente autour de la ligne du « nouveau Canal », repris en main depuis juillet par l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Depuis leur arrivée à la tête de Canal+, M. Bolloré et ses hommes insistent sur le fait que les chaînes du groupe doivent éviter d’être trop « clivantes », notamment avec les sujets politiques ou religieux. À la direction de Vivendi, on souhaite ainsi tourner le dos à un Canal+ décrit comme trop « arrogant » et « parisien ».Ces qualificatifs ne sont pas sans rappeler ceux-là mêmes qu’employait récemment encore Marine Le Pen ou Eric Zemmour pour parler de la chaîne. Ces dernières années, la présidente du FN a choisi de cibler Canal+, faisant de la chaîne un symbole, à ses yeux, du « conformisme » et du « prêt-à-penser ».Cela ne l’a pas empêché d’accepter souvent les invitations de la chaîne, bien avant l’arrivée de Maïtena Biraben au « Grand Journal » : elle s’est rendue quatre fois dans le talk-show entre 2004 et 2011 puis, depuis 2011, au moins une fois par an, mais pas jusqu’ici en 2015. Elle a également été invitée au moins trois fois de la matinale d’i-Télé cette année.Dans ses relations avec Canal+, Mme Le Pen a régulièrement mis en scène son hostilité envers un média qu’elle a décrit peuplé de « bobos horribles ». La tension a été particulièrement vive avec « Le Petit Journal », qu’elle a – sans succès – attaqué en justice en 2011 et dont les journalistes ont été à maintes reprises refoulés d’événements organisés par le FN, avant qu’une équipe de l’émission soit agressée lors du défilé du parti le 1er mai 2015. En février, Mme Le Pen, interrogée lors d’un déplacement, assurait même : « Je ne réponds pas à Canal+. » Plus généralement, Mme Le Pen a multiplié les échanges musclés avec des figures de Canal+ comme Michel Denisot ou Anne-Sophie Lapix, qui l’avait mise en difficulté en janvier 2012 dans Dimanche +.Le souvenir de l’éviction d’Eric ZemmourCette relation houleuse avec le FN – la chaîne n’est pas la seule : Mediapart, Le Monde ou France Inter, entre autres, ont aussi subi ses critiques – a-t-elle vocation à s’apaiser ? Les mots de Maïtena Biraben, lâchés en direct, ne suffisent pas à l’établir.Depuis juillet, la prise de contrôle de Canal+ par le nouveau patron de Vivendi s’est accompagnée d’un soupçon de motivations politiques. M. Bolloré a été accusé de vouloir supprimer les « Guignols » pour faire plaisir à son ami Nicolas Sarkozy, ce qu’il a démenti.Lire aussi :Face au CSA, Vincent Bolloré multiplie les gestes d’apaisementMais la vision exprimée par Vivendi d’une chaîne qui ne doit pas exclure des catégories de personnes – et de spectateurs et clients – évoque l’argumentation d’une radio comme RTL pour justifier le maintien à l’antenne d’Eric Zemmour, considéré comme incarnant un courant de l’opinion. La direction précédente de la chaîne d’information en continu du groupe Canal+, i-Télé, limogée depuis, s’était illustrée par son éviction de l’essayiste militant, fin 2014. Une décision qui avait déplu à la direction de Vivendi.À la rentrée, la nomination à la direction de la rédaction d’i-Télé de Guillaume Zeller – fidèle de M. Bolloré passé par la chaîne Direct 8 mais aussi proche du catholicisme traditionaliste – a alimenté en interne les craintes d’une droitisation de la chaîne d’information.Lors d’une réunion, une journaliste de la chaîne a demandé à M. Zeller si Patrick Buisson, l’ancien conseiller maurrassien de Nicolas Sarkozy, pourrait arriver sur la chaîne. Le directeur de la rédaction a fermement démenti, en haussant le ton. Et depuis, il a assuré au Conseil supérieur de l’audiovisuel, comme M. Bolloré, qu’i-Télé produirait une information « impartiale », « équilibrée » et non partisane. Donc pas marquée à droite mais pas à gauche non plus.Lire aussi :Vincent Bolloré, un magnat des médias qui assume avoir « le final cut »Les prochaines semaines du « Grand Journal » et l’évolution des chaînes de Canal+ et de sa production montreront si la reprise en main par Vivendi marque aussi une inflexion d’image et de ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 12h10 • Mis à jour le25.09.2015 à 20h49 L’animatrice du « Grand Journal », Maïtena Biraben, a-t-elle dérapé, jeudi 24 septembre sur Canal+, en affirmant que « les Français se reconnaissent dans le discours de vérité tenu par le Front national » ?La polémique a enflé toute la journée de vendredi, à tel point que l’animatrice a fait une mise au point dès l’ouverture du « Grand journal », en début de soirée, pour assurer qu’elle parlait « de la forme, pas du fond » :« Hier soir, je recevais l’avocat Eric Dupond-Moretti. Dans mon interview, j’ai utilisé à propos du Front national l’expression “discours de vérité” . Il était question de la forme, pas du fond. (...) J’aurais pu dire un discours cash, un discours anti-langue de bois – c’était évidemment le propos de l’émission –, j’ai dit “un discours de vérité”. »« Alors pour éviter tout nouveau raccourci, je vous renvoie au replay » de l’émission, poursuit-elle. Dans la vidéo en question, on peut voir Mme Biraben interroger Eric Dupond-Moretti sur le thème du « politiquement correct » et affirmer :« Vous savez que les propos de la vérité sont souvent tenus et incarnés par le Front national aujourd’hui, rarement par le Parti socialiste, très rarement par les partis classiques. C’est quelque chose qui vous pose problème ou que vous entendez et qu’à la fin des fins vous comprenez ? »Voir la vidéo (cet échange à la 18e minute) :Le Grand Journal du 24/09/15 - Part. 1 avec Eric Dupont-Moretti« Je remercie beaucoup mes confrères. Merci à vous de suivre avec autant d’attention notre émission (...) Surtout continuez mais s’il vous plait, n’hésitez pas à être un tout petit peu détendus quand même », a-t-elle enfin ironisé.Lire aussi :Maïtena Biraben et le FN : derrière le dérapage, un changement de ligne ?Une « connerie » pour Philippe GildasToute la journée, les commentaires se sont déchaînés sur les réseaux sociaux et sous les articles de presse. Pour certains, ce dérapage était préparé dans le but de « faire du buzz » et remonter les audiences « catastrophiques » de l’émission ; certains, « au bord de la bollobsession », allant jusqu’à y voir un potentiel effet de la reprise de la chaîne par Vincent Bolloré. D’autres encore émettent l’hypothèse que les propos de Maïtena Biraben avaient pour but d’améliorer les relations entre Canal+ et le FN, parti politique qui considère que c’est une « chaîne de bobos de gauche ».Lire aussi :Bolloré entendu par le CSA sur « l’indépendance éditoriale »A l’inverse, pour l’ancien présentateur de « Nulle Part Ailleurs » (ancêtre du « Grand Journal »), Philippe Gildas, la « connerie » de Maïtena Biraben n’était pas préméditée, mais due à un manque d’expérience. Il a ainsi insisté sur le fait qu’elle était présentatrice de l’émission « Les Maternelles » alors que lui avait été rédacteur en chef, avant de prendre les rênes de l’émission, et présentateur du journal télévisé, trente-cinq ans plus tôt.« La chance que j’ai eue, c’est que j’avais une longue carrière de journaliste avant [de faire Nulle Part Ailleurs]. Je savais très bien diriger des équipes et faire en sorte qu’on ne dise pas trop de conneries. D’ailleurs, une connerie comme celle-là, je ne l’ai jamais faite. Mais après, il faut qu’elle apprenne. »Un polémique « débile » selon Dupond-MorettiLa journaliste de TF1, Valérie Nataf, est, quant à elle, venue en aide à Maïtena Biraben en insistant sur la difficulté d’assurer une émission en direct : c’est « l’exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. »Le direct. L'exercice le plus difficile. Même pour les plus chevronnés. Que celui qui n'a jamais dit de bêtises en direct lève la main— vnataf (@Valérie Nataf)require(["twitter/widgets"]);De la même façon, Eric Dupond-Moretti, qui n’a pas réagi en direct aux formules employées par Maïtena Biraben, a déclaré vendredi: « C’est du direct. Qui peut penser que Maïtena Biraben pense qu’il s’agisse d’un discours de vérité ? »« C’est débile de faire une polémique comme ça. Le langage est complètement cadenassé. C’est insupportable, ces conneries. »Il fallait, a-t-il expliqué vendredi sur 20minutes.fr, interpréter sa phrase comme « ce que disait Laurent Fabius en 1984 : “Le Front national pose les bonnes questions mais apporte de mauvaises réponses.” »Reste que les principaux intéressés de cette polémique, les membres du Front national, en ont profité pour répéter leur ritournelle sur la « pensée unique » :#MaïtenaBiraben à l'épreuve du conformisme idéologique de sa profession. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire...— Marion_M_Le_Pen (@Marion Le Pen)require(["twitter/widgets"]);La caste perd la tête : lyncher une journaliste car elle pose des questions qui déplaisent aux chantres de la pensée unique. #MaïtenaBiraben— f_philippot (@Florian Philippot)require(["twitter/widgets"]);Quand M Biraben dit que le FN tient1discours de vérité, les patineurs du PAF parlent de dérapage: sur la banquise du conformisme ça glisse.— GilbertCollard (@Gilbert Collard ن)require(["twitter/widgets"]); Joël Morio C’est un simple amendement adopté discrètement en commission à l’Assemblée nationale qui a amené les patrons de RTL, de NRJ, du pôle radio de Lagardère Active et des Indés Radios à signer ensemble une lettre rendue publique le 24 septembre par Les Échos. Un fait rare pour des hommes plutôt habitués à s’affronter à fleurets mouchetés. Dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation a inséré dans le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine un article qui prévoit de durcir les règles des quotas d’œuvres françaises que les stations doivent suivre.Selon ce texte, lorsque plus de la moitié des œuvres françaises diffusées se concentre sur dix titres, les passages intervenant au-delà de ce seuil ne seraient plus comptabilisés pour les calculs de respect des quotas de chansons françaises. La quarantaine de députés qui a signé l’amendement juge que l’exposition de la musique francophone en radio n’a cessé de se dégrader. « Sur certaines radios, à l’heure actuelle, dix titres francophones peuvent représenter jusqu’à 75 % des diffusions francophones mensuelles », écrivent-ils dans l’exposé sommaire qui justifie leur proposition.« Tutelle artistique » et « atteinte à la liberté éditoriale »Mais les patrons de radios ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, cette mesure porte « gravement atteinte à la liberté éditoriale » de leurs stations. « Ce n’est pas aux Parlementaires de nous dire ce que nous devons diffuser. C’est nous mettre sous tutelle artistique », ajoute en crescendo, Emmanuel Rials, président de station rock Oüi FM. Les signataires de la lettre ouverte considèrent que ce texte n’est pas dicté par un souci de la défense de la chanson française, mais par « des intérêts bien compris de l’industrie du disque qui cherche à détourner les auditeurs de leurs radios gratuites pour les diriger vers des plates-formes payantes et dont ils sont, pour les plus importants d’entre eux, par ailleurs actionnaires ».En clair, les radios se plaignent de la concurrence de services comme Spotify ou Deezer qui ne sont soumis à aucune règle de quota. « À cause des quotas que nous subissons, ils passent pour des lieux où l’on est libre d’écouter ce que l’on veut », tonne Jean-Éric Valli, président des Indés Radios.Faiblesse de la production francophoneDu côté des maisons de disques et des auteurs-compositeurs, on salue au contraire le vote de cet amendement. « C’est une avancée capitale pour la création musicale qui n’entrave en rien la liberté éditoriale des radios mais ouvre la porte de leur programmation à deux nouveaux titres par mois », expliquent dans un communiqué une dizaine d’organismes représentant les artistes et les producteurs. Un chiffre que l’on estime fantaisiste du côté des radios qui pointent un autre problème : « Entre 2003 et 2014, en dépit des dispositifs d’aides considérables dont bénéficie la filière musicale, la production française s’est effondrée de plus de 60 % ! Pis, aujourd’hui, 83 % de la production française n’est pas francophone ! » Des artistes comme Daft Punk, David Guetta ou Charlotte Gainsbourg ont préféré s’exprimer en anglais et ainsi conquérir de nouveaux marchés. « Si ce n’était pas interdit par la réglementation européenne, ce sont des quotas de production de titres francophones qu’il faudrait instaurer », estime Jean-Éric Valli.Les radios appellent le gouvernement à rejeter l’amendement adopté en commission. Pour faire entendre leur voix, elles incitent leurs auditeurs à téléphoner à Manuel Valls en communiquant dans des spots le numéro du standard de Matignon. Les députés examineront le projet de loi à partir de lundi 28 septembre.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.09.2015 à 18h57 Quel épisode d’une série rend les spectateurs « accros » et les motive à voir une saison en entier ? C’est la question que s’est posée le géant américain de la vidéo à la demande, Netflix, en étudiant les visionnages réels de séries dans seize pays différents, dont la France, de janvier à juillet 2015.La société américaine en vient à la conclusion que, contrairement à une idée répandue dans l’industrie télévisuelle, le pilote d’une série n’a quasiment aucune influence sur le choix du spectateur de suivre ou non la production jusqu’à la fin de la saison, comme l’explique Ted Sarandos, responsable en chef du contenu au sein de l’entreprise :« Etant donné la nature précieuse des cases horaires en prime time à la télé traditionnelle, on pourrait penser que le pilote est le point le plus important dans la vie d’une série. Cependant, dans notre analyse de plus de 20 séries à travers 16 marchés, nous avons découvert que personne n’a jamais été captivé par une série après un pilote. Cela nous conforte dans l’idée que rendre tous les épisodes disponibles d’un coup est plus en phase avec la manière dont se constituent les fans. »L’épisode 2 de « Breaking Bad »Netflix, qui parle d’« épisode hameçon » quand 70 % des spectateurs qui l’ont vu ont ensuite regardé la saison en entier, cite les épisodes 2 de Breaking Bad et 3 de Orange is the New Black et de Dexter, trois séries américaines populaires. Celui de Breaking Bad contient notamment une scène-choc, celle d’une baignoire remplie d’acide et d’un corps en décomposition qui traverse un plafond, qui pose le ton jusqu’au-boutiste de la série. L’épisode 3 de Dexter lève quant à lui le voile sur le premier crime du héros, un serial killer travaillant incognito pour la police. Au-delà de la question du pilote, c’est le modèle créatif des séries qui est en jeu. Netflix et les services de vidéo à la demande connectés permettent de passer du modèle créatif historique, basé sur l’offre (la série telle qu’envisagée par la chaîne et ses producteurs) à une production pensée à partir de la demande (la série définie par les usages de consommation des spectateurs).Lire aussi :Netflix s’installe dans le paysage français Joël Morio Rien ne va plus pour le « Grand Journal ». L’émission quotidienne de début de soirée de Canal+, présentée depuis début septembre par Maïténa Biraben, a réuni 562 000 personnes mercredi 23 septembre 2015.Il ne s’agit certes pas du plus bas score en nombre de téléspectateurs. Sur ce plan, le fond avait été touché le 18 septembre, avec 546 000 paires d’yeux devant leur poste. Mais en part de marché, c’est le plus mauvais résultat affiché par l’émission depuis sa relance : le talk-show de Canal+ a réalisé une part d’audience de 3,2 %, se situant derrière « Money Drop » de TF1 (20 %), le « 19/20 » de France 3 (15,6 %), « N’oubliez pas les paroles » sur France 2 (14,4 %), « La Meilleure Boulangerie » sur M6 (8,4 %), « Touche pas à mon poste » sur D8 (4,3 %), « C à vous » sur France 5 (4,7 %) et « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9). Le « Grand Journal » est même au coude-à-coude avec « Secret Story ».Au sein de Canal+, on juge ces audiences « catastrophiques ». La direction de la chaîne veut « donner du temps » à Maïténa Biraben. La présentatrice échappe jusqu’à présent aux critiques. Mais tel n’est pas le cas de ses chroniqueurs.Augustin Trapenard a admis, alors que le « Grand Journal » recevait François Fillon, mardi 22 septembre, qu’il n’avait pas lu l’ouvrage que l’ancien premier ministre venait de présenter. Un aveu rare, qui a déclenché une petite polémique sur les réseaux sociaux. Les chroniques de Cyrille Eldin sont, elles, accusées de complaisance.Ajustements à venirLa direction promet, depuis quelques jours, des ajustements, sans toutefois préciser s’il s’agit de remplacer ou de faire arriver de nouveaux chroniqueurs. Cyrille Eldin devrait lui un peu moins « rapporter » les potins de la vie politique, ses reportages se faisant au gré de l’actualité politique et non plus systématiquement chaque jour.Deux « pastilles », « Mash up » et « Super bien », ont été mises à l’antenne, lundi 21 septembre. Les producteurs, tout en tenant à la présence d’invités politiques, même si ceux-ci ne font pas forcément de l’audience, veulent également faire bouger le curseur vers plus de divertissement. Enfin, on souligne à Canal+ que « tout est à reconstruire et qu’il faut un peu de temps pour que l’alchimie entre les chroniqueurs prenne ».Vincent Bolloré, le nouveau propriétaire de la chaîne, peut au moins se réjouir d’un article de presse, celui de Direct Matin qui, dans son édition de jeudi 24 septembre, titre : « La nouvelle équipe de l’émission s’impose sur Canal+ ». « Maïténa Biraben et son équipe font souffler un vent de fraîcheur sur Canal+. Le talk-show jongle en effet avec brio entre l’actualité, les débats de société et les nouvelles tendances culturelles », peut-on y lire. Il est vrai que Direct Matin appartient à… Vincent Bolloré.Lire aussi :Vincent Bolloré expose devant le CSA sa stratégie pour Canal+Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.09.2015 à 17h31 • Mis à jour le15.09.2015 à 19h28 | Daniel Psenny « Evasion fiscale : une affaire française », l’enquête sur le Crédit mutuel censurée par Vincent Bolloré, le patron de Canal+, sera finalement diffusée le 7 octobre vers 23 heures sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction » sous le titre « Evasion fiscale : enquête sur le Crédit mutuel ».Ce documentaire qui contient des révélations embarrassantes pour la banque mutualiste qui a aidé M. Bolloré à prendre le contrôle de Vivendi, maison-mère de Canal+, aurait dû être diffusé sur la chaîne cryptée le 18 mai dans le magazine « Spécial Investigation ». Mais, au dernier moment, M. Bolloré avait demandé à Rodolphe Belmer (ex-directeur général du groupe viré sans ménagement début juillet) qu’il soit retiré de la programmation. Une censure qui ne cachait pas son nom.Lire aussi :Canal+ : Bolloré accusé d’avoir censuré un documentaireLes droits détenus par Canal+Quelques jours après sa prise de fonction fin août, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait annoncé que ce documentaire censuré serait diffusé sur France 3. Cela a pris un peu de temps en raison de problèmes de droits qui ne sont d’ailleurs toujours pas réglés. En effet, Canal+ qui, l’an dernier, a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du Grand Journal viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production, contrôlée par le groupe Banijay dont M. Bolloré est aussi actionnaire… Ce serait alors une autre manière de bloquer la diffusion de ce documentaire.Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Malgré tout, lundi 14 septembre, France 3 a décidé de diffuser le documentaire avec le risque d’un recours juridique de la part de Canal+. A la demande des responsables de « Pièces à conviction », les deux auteurs Nicolas Vescovacci et Geoffrey Livolsi ont remonté le film auquel ils ont pu ajouter plusieurs minutes.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Delphine Ernotte n’a pas tardé à tirer les conséquences de l’arbitrage gouvernemental sur le financement de l’audiovisuel public, rendu dimanche 13 septembre. Fleur Pellerin, la ministre de la culture et de la communication, a annoncé une légère augmentation de la redevance et une progression de la taxe sur les opérateurs de télécommunications, mais écarté un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions.Cet arbitrage « ne permettra pas d’augmenter à court terme les ressources de France Télévisions et je le regrette », a écrit la présidente de l’entreprise publique dans un message interne, lundi. Elle a également envoyé lundi une lettre aux administrateurs de l’entreprise dans laquelle elle prévoit « un déficit prévisionnel pour 2016 de l’ordre de - 50 millions, malgré la prise en compte d’hypothèses d’économies par rapport à 2015 », selon Le Figaro qui cite ce courrier.Lire aussi :Redevance : France Télévisions au « régime » regrette Delphine ErnotteProbablement pas d’Euro 2016Mme Ernotte a toujours indiqué qu’elle poursuivrait les efforts de maîtrise budgétaire menés par son prédécesseur. « Je vais m’attacher avec les équipes à construire un plan d’économies à l’exclusion de tout plan de départs », précise-t-elle dans son message interne. La préparation du budget 2016 va donc se faire en essayant d’identifier des poches d’économies nouvelles.D’ores et déjà, certains investissements semblent promis à être écartés. Selon nos informations, France Télévisions n’entendrait pas se positionner pour acquérir les droits de codiffusion d’onze rencontres de l’Euro 2016 de football, pour lesquels beIN Sports cherche un acquéreur.Par ailleurs, le feuilleton autour du financement de l’audiovisuel public semble avoir ouvert un débat qui se prolonge. Membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le député (LR) Franck Riester estime ainsi dans un entretien au Figaro, mardi 15 septembre, qu’« il faut créer une société commune à l’image de la BBC en rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et même Arte », financée par la redevance et dont le président serait nommé par le conseil d’administration.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un an après son arrivée en France, c’est l’heure du bilan d’étape pour Netflix. Mais un défi se cache derrière la simple comptabilité du nombre d’abonnés conquis dans l’hexagone par le service de vidéo à la demande : atteindre la rentabilité.Pour l’heure, savoir précisément la quantité de Français séduits par Netflix n’est pas facile. Les estimations varient entre 250 000 fin décembre et 750 000 en août, et certains estiment le chiffre autour de 500 000 abonnés, une fois retranchés les comptes « gratuits » d’essai. Toutefois, les observateurs s’accordent pour dire que la première année de Netflix en France, si elle n’a pas suscité un tsunami, n’est pas un échec.La question qui se pose ensuite est suggérée par certains concurrents : ceux-ci soulignent que Netflix a fait beaucoup de publicité pour annoncer ses nouvelles séries et soutenir sa croissance en France. Un investissement qui s’ajoute à celui réalisé dans les achats de droits et dans les créations originales, toujours plus nombreuses et désormais étendues aux domaines des films et des documentaires.Cet effort se traduit dans les comptes de Netflix, qui en fait une stratégie délibérée : la société américaine a attiré au deuxième trimestre 3,3 millions de nouveaux abonnés, dont 72 % hors des Etats-Unis. En un an, il a recruté 15,51 millions de clients supplémentaires, portant le total à 65 millions. Et ses investissements à l’international vont se poursuivre car Netflix cherche à être disponible dans le monde entier dès fin 2016.Un bénéfice limitéEn raison des investissements dans les contenus et dans son expansion internationale, le bénéfice de Netflix reste très limité et plutôt en baisse : 26 millions de dollars au deuxième trimestre, pour un chiffre d’affaires de 1,64 milliard de dollars, en hausse de 23 %.Une des clés pour Netflix est de réussir deux paris sur les droits des contenus : parvenir à payer de plus en plus de programmes au niveau d’une région ou même du monde entier. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car les droits sont jusqu’ici une addition de marchés nationaux, ce qui oblige à renégocier pays par pays et limite les potentielles économies d’échelle. A terme, Netflix espère acheter tous ses droits de façon globale et bénéficier ainsi d’un poids de négociation rare. Mais les studios et sociétés de production ont elles intérêt à continuer à vendre certains bons produits cher à des diffuseurs nationaux.Enfin, pour amortir au mieux les contenus achetés, il faut aussi trouver des programmes visionnables par le plus grand nombre, idéalement dans le monde entier. C’est le cas des meilleurs blockbusters américains. Mais beaucoup des contenus télévisuels qui plaisent dans un pays sont assez locaux. L’enjeu est donc de créer des séries ou des films à la fois locaux et globaux, dont l’intrigue et le style ne soient pas trop aseptisés et qui puissent s’exporter. C’est ce que Netflix tente de faire avec des productions comme Marseille (avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu). C’est une des conditions de sa réussite. Un défi que Netflix partage toutefois avec d’autres, comme Canal + ou France Télévisions, qui cherchent, avec des coproductions internationales comme Versailles, à atteindre ce Graal télévisuel.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.09.2015 à 21h45 • Mis à jour le14.09.2015 à 11h16 | Renaud Machart Elle était rentrée de vacances bronzée, sereine en apparence, mais, lundi 7 septembre, alors que Claire Chazal venait d’animer de son habituel ton dépassionné et chaleureux ses journaux télévisés du week-end, elle était convoquée par Nonce Paolini, président-directeur général du groupe TF1, qui lui annonçait que son aventure de vingt-quatre ans à ce poste était sur le point d’être interrompue.Un communiqué confirma que Claire Chazal s’arrêterait « dans les prochaines semaines », puis il fut su que le week-end du 11 au 13 septembre serait le dernier : son « joker », Anne-Claire Coudray, 38 ans – elle-même remplacée cet été par Audrey Crespo-Mara, de LCI, pour cause de maternité –, prendrait le 18 septembre la succession de l’élégante blonde, aujourd’hui âgée de 58 ans, très bon chic bon genre à ses débuts, beaucoup plus naturelle aujourd’hui.Au cours d’une conférence de presse, vendredi après-midi, M. Paolini, après avoir précisé que Claire Chazal « reste dans le groupe aujourd’hui. Acceptera-t-elle d’y rester longtemps, je n’en sais rien. Je le souhaite », ajoutait : « Claire est une professionnelle qui pendant vingt-quatre ans a eu beaucoup de succès. A un moment donné, il faut savoir passer la main. Moi-même je passerai la main. » Ce qu’il a annoncé faire « dans quelques semaines ». Le PDG a aussi assuré que la fin du contrat de Mme Chazal avait été évoquée « depuis plusieurs mois ».Partie remiseLa journaliste s’est pour sa part à cette heure refusée à tout commentaire et a même décliné la proposition d’un entretien à Paris Match, qui lui a pourtant offert de nombreuses « unes » de couvertures et chroniquait presque systématiquement ses relations amoureuses ainsi que ses étés réparateurs et balnéaires. L’entretien « choc » que beaucoup espéraient n’est, il faut imaginer, que partie remise.Certains, comme dans l’émission « Touche pas à mon poste ! » de Cyril Hanouna, sur D8 (filiale de Canal +), ont voulu relativiser le drame que vivrait la journaliste en rappelant que ses indemnités de départ pourraient être d’un montant d’environ 1 million d’euros ; d’autres, parmi ses amis et collègues, ont réagi en sa défense. Léa Salamé, dans « On n’est pas couché », samedi soir sur France 2, et Elise Lucet, le lendemain midi, dans « Médias le mag », sur France 5, ont fustigé le sexisme dont les femmes du petit écran seraient les victimes. La première a déclaré : « Je pense qu’en télévision, on tolère plus les cheveux blancs des hommes que les rides des femmes » ; la seconde : « Je ne suis pas sûre qu’on aurait fait ça à un homme. Laisser quelqu’un reprendre une rentrée pour l’évincer trois semaines après, je trouve ça très dur et ce n’est pas mérité. » Hommage de Pierre LaurentMais c’est en direct, samedi midi, que Claire Chazal reçut, avec un sourire ému, l’hommage de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, qu’elle interrogeait en direct de la Fête de L’Humanité : « Et puis puisqu’on va se séparer, Claire Chazal, je voulais quand même vous dire avant de terminer que j’ai été très heureux chaque année de vous retrouver en direct de la Fête de L’Humanité, puisque vous avez été fidèle à ce rendez-vous, donc je voulais vous passer ce petit mot d’amitié et vous dire qu’on vous accueillera avec plaisir ce soir sur la Fête de L’Huma si vous avez envie de vous détendre… » Réponse de Mme Chazal : « Je viendrai. […] Je suis déjà venue, je reviendrai. Merci Pierre Laurent de votre soutien, cela me fait très plaisir. »On imagine les moqueurs se dire, rigolant à peine sous cape, que M. Laurent avait beau jeu de complimenter une journaliste qui n’avait pas choisi le ferraillement comme principe actif de ses entretiens politiques, jugés parfois lénifiants. Mais d’autres, comme Anne Sinclair, directrice éditoriale de la version française du Huffington Post [partenaire du Groupe Le Monde], appréciaient la « douceur des fins de semaine » entretenue par sa consœur. Dans une tribune publiée vendredi, Mme Sinclair fustige la « brutalité » de TF1, « une maison qui ne s’est jamais encombrée d’élégance », qui l’avait elle-même limogée en 2001.Imperturbable et sourianteAlors que, dimanche midi, au journal de 13 heures, Claire Chazal « lançait » un reportage évoquant les effondrements et cratères provoqués par les violentes intempéries dans l’Hérault, la journaliste a d’abord dit « causés par » puis « creusés par » : discret lapsus, si l’on accepte ce que les mots disent de l’inconscient, qui pourrait indiquer que la cause de ce départ creuse un tombeau dont on comprend que la victime sacrifiée ne veuille pas le voir et craigne d’y descendre. (Tombeau, dans le sens ancien d’« hommage », que d’ailleurs, dès jeudi soir, dans le JT de 20 heures de TF1, son ami Gilles Bouleau avait adressé, en des termes affectueusement appuyés, à sa consœur.)Mais dimanche soir, en tenue de demi-deuil (pantalons noirs et chemisier blanc), Claire Chazal est restée imperturbable, souriante et n’a pas buté sur le moindre mot. En toute fin de journal, avant que ne soit diffusé un pot-pourri de ses interventions les plus marquantes depuis ses débuts, elle fit debout ses adieux d’une manière précise et sobre, remerciant assez longuement son public avec lequel elle dit avoir « tissé un lien très fort », ses équipes et la rédaction de TF1. Bonne joueuse, elle ajouta :« Je souhaite à Anne-Claire Coudray tout le bonheur que j’ai eu à travailler pour vous. »Sans cacher son « immense tristesse de devoir ne plus assumer la mission que [lui] avait confié Francis Bouygues ». Une manière de tuer le fils en revivifiant le père. L’audience du dernier 20 heures du week-end de Claire Chazal a réuni 10,2 milllions de téléspectateurs, soit 40.8 % de part d’audience, selon les chiffres de Médiamétrie. L’édition du 20 heures de dimanche sur TF1 n’avait pas atteint un tel score depuis l’interview de Dominique Strauss-Kahn le 18 septembre 2011 avec 12,5 millions de téléspectateurs (44,4 % de part d’audience).Renaud MachartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Daniel Psenny Y a t-il un nouvel acte de censure d’un documentaire d’investigation sur Canal+ ? Selon nos informations, la direction des programmes de Canal+ a décidé de déprogrammer le documentaire « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète », qui devait être diffusé le 28 septembre dans le cadre du magazine « Spécial investigation », en seconde partie de soirée.Cette décision a été confirmée au Monde par Luc Hermann, un des dirigeants de la société Premières Lignes, qui a produit ce documentaire réalisé par Jules Giraudat et Eric Mandonnet, journaliste à L’Express. « Nous en avons été avertis dimanche matin 13 septembre. La direction du magazine nous a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un acte de censure, mais aucune raison de cette déprogrammation nous a été avancée », dit M. Hermann.Plusieurs mois d’enquêteJoint par Le Monde, Stéphane Haumant, responsable de « Spécial investigation », confirme que le documentaire a bien été déprogrammé, sans qu’il en connaisse la raison. Mais, selon lui, ce n’est pas une question de contenu, comme il l’a expliqué au producteur. Aucune date pour la diffusion du documentaire n’a été décidée pour le moment. Interrogée par Le Monde, la direction de Canal+ n’avait pas répondu, dimanche.Commandé l’an dernier et livré cet été à la chaîne, ce documentaire qui a nécessité plusieurs mois d’enquête raconte les coulisses de la guerre de communication (coups bas, rumeurs, cabinets noirs…) à laquelle se livrent François Hollande et Nicolas Sarkozy.Le service juridique de la chaîne, qui a visionné le documentaire cet été, a donné son feu vert pour la diffusion. Cette déprogrammation a lieu après la censure du documentaire « Evasion fiscale, une affaire française », consacré au Crédit mutuel, demandée par Vincent Bolloré, et les reproches formulés par le patron de Canal+ concernant une enquête sur l’Olympique de Marseille.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.09.2015 à 14h00 • Mis à jour le12.09.2015 à 14h16 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Nouveaux changements chez i-Télé, une semaine après le débarquement de l’ancienne direction et la nomination par Vincent Bolloré d’un fidèle, Guillaume Zeller, comme directeur de la rédaction, et de Philippe Labro, comme conseiller.Lire aussi :Vincent Bolloré débarque la direction d’i-TéléAprès Cécilia Ragueneau et Céline Pigalle, c’est la secrétaire générale de la chaîne d’information, Laure Bezault, qui a été écartée, vendredi 11 septembre. Proche de l’ancienne directrice de la rédaction, Céline Pigalle, celle-ci assurait une mission stratégique : le recrutement des journalistes.Dans la foulée, le groupe Canal+ a annoncé, samedi 12 septembre, la nomination de Virginie Chomicki au poste de directrice adjointe d’i-Télé, « en charge de la mise en place et du développement de CNews [le nom que portera à terme la chaîne d’information] ».Agée de 31 ans, Virginie Chomicki a travaillé chez LCI comme présentatrice de 2008 à 2015, ainsi que brièvement à Universal. La rumeur de son arrivée avait provoqué l’émoi de la rédaction, vendredi, quand des journalistes avaient eu la surprise de découvrir qu’un bureau lui avait été attribué, sans que rien leur ait été annoncé.De son côté, la directrice de la communication de Canal+ depuis 2002, Laurence Gallot, est maintenue dans ses fonctions et devient même, en parallèle, directrice des partenariats.Lire aussi :Les médias selon Vincent BolloréAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial) A l’intérieur du bus qui approche de Caen, jeudi soir 10 septembre, les flashes des smartphones crépitent pour immortaliser la scène. Deux motards de la police viennent de prendre « en escorte » le véhicule, parti de Paris trois heures plus tôt. A son bord, une trentaine de caricaturistes originaires de dix-huit pays, venus participer aux 5es Rencontres internationales des dessinateurs de presse du Mémorial de Caen. Quelques rires s’échappent des rangées.Huit mois après l’attentat contre Charlie Hebdo, un rassemblement de « cartoonistes », c’est aussi cela : une affaire de sécurité. La manifestation avait été annulée en février, un mois et demi avant son déroulement, par crainte des attentats. Le piratage répété du site Web du Mémorial et l’appréhension, après la fusillade de Copenhague (14 et 15 février), d’un grand nombre de dessinateurs invités avaient conduit le directeur du site, Stéphane Grimaldi, à repousser l’événement.Séances de dédicaces abandonnéesCe n’est pas une date dépourvue de symbolisme qui a été arrêtée pour son nouveau lancement : le 11 septembre. « Le Mémorial est le seul musée européen à avoir fait une exposition sur les attentats du World Trade Center. Vu que certains intellectuels, comme Michel Onfray [créateur de l’Université populaire de Caen], trouvent des points communs entre le 7 janvier et le 11 septembre [2001], il n’était pas illogique de choisir cette date », explique M. Grimaldi.Un dispositif sécuritaire « efficace et discret » a dû être mis en place. Préinscription obligatoire des visiteurs sur Internet, inspection des lieux par des démineurs, communication au dernier moment de la liste des dessinateurs invités… Rien n’a été laissé au hasard par les organisateurs, qui ont renoncé à faire se déplacer les caricaturistes en ville pour des conférences, comme lors des éditions précédentes. Toutes les « Rencontres » se dérouleront (jusqu’à dimanche) entre les murs du Mémorial, où les séances de dédicaces avec le public ont également été abandonnées.Du côté des dessinateurs, peu de défections ont été enregistrées, selon M. Grimaldi : « Trois, mais uniquement des personnes ne pouvant quitter leur pays, comme la Syrie. » D’autres ont fait le déplacement après avoir vaincu l’inquiétude qui les avait conduits à annuler leur voyage en début d’année. Ainsi le Colombien Vladdo, de l’hebdomadaire Semana Revista : « Mon ex-femme, avec qui j’ai un enfant, m’avait dissuadé de venir à l’époque, car elle avait peur qu’il m’arrive quelque chose. Cette fois-ci, je ne lui ai pas dit que je venais. » Un dilemne : continuer à dessiner ou pasComme Vladdo, la plupart des cartoonistes présents à Caen ont tous dû affronter des tempêtes, un jour ou l’autre, après des dessins mal compris ou peu flatteurs pour les puissants. Lui a récemment reçu des menaces de mort venant du pays voisin, le Venezuela, dont il a détourné les armoiries en représentant un cheval aussi famélique que l’économie nationale.Le Jordanien Osama Hajjaj a été la cible d’intimidations anonymes cette année après la publication dans le quotidien Al Arab Al Youm d’un dessin montrant un membre de l’Etat islamique utilisant son sabre ensanglanté comme une perche à selfie. Il y a une semaine, son employeur principal — une agence de publicité — lui a demandé de ne plus faire de dessins sur « la politique et la religion », sous peine de perdre son emploi. « Mon boss m’a dit : “Regarde ce qu’ils ont fait à Charlie Hebdo. Ils peuvent venir faire la même chose ici.” » C’est aussi pour cela qu’Hajjaj est venu à Caen : pour parler du dilemme qui le traverse — continuer à dessiner ou pas — avec des collègues dessinateurs originaires d’autres pays.« Il est important en ce moment d’échanger »« Il n’a sans doute jamais été aussi important qu’en ce moment de se rencontrer et d’échanger. Cela nous rend plus forts », estime Avi Katz, qui dessine pour le Jerusalem Report. « Parler de son métier avec des professionnels d’autres régions du monde est fondamental pour connaître les limites de ce qu’il est possible de faire aujourd’hui. Même dans un pays comme le mien, où ce genre de question ne devrait pas se poser, personne n’est à l’abri de voir un de ses dessins créer la polémique », témoigne Tjeerd Royaards, un dessinateur néerlandais ayant récemment subi les foudres de l’extrême droite après la diffusion d’une carte postale comparant les méthodes des djihadistes islamistes aux tortures qui existaient sous l’Inquisition. La profession aura d’autres occasions ces prochaines semaines de discuter de ces sujets. A la fin de septembre, la 34e édition de l’Humour vache se tiendra à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne). Le 21 septembre, à Paris, l’association Cartooning for Peace, présidée par Plantu, dessinateur au Monde, organisera un colloque intitulé « Le dessin de presse dans tous ses Etats ». De sécurité, il sera aussi question ces jours-là. Fatalement.Frédéric Potet (Caen, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Jeudi, le talk-show de début de soirée de Canal Plus a réuni 611 000 spectateurs. Lundi, pour sa reprise, il en avait rassemblé 915 000.« Le Grand Journal » nouvelle version, le rendez-vous de début de soirée de Canal Plus (entre 18 h 50 et 20 h 10), peine à trouver son public. Son audience pique du nez. L’arrivée de la journaliste-animatrice Maïténa Biraben n’infléchit pas la courbe. Jeudi 10 septembre, ils n’étaient plus que 611 000 téléspectateurs à suivre le talk-show. L’émission a été, en l’occurrence, devancée par les programmes des grandes chaînes (TF1, France 3, France 2, M6), mais aussi par « Touche pas à mon poste » (D8), « C à Vous » (France 5), « Secret Story » (NT1) et… « Les Ch’tis vs Les Marseillais » (W9) !Il s’agit de la troisième baisse d’audience consécutive. Une configuration inédite pour l’émission emblématique de Canal Plus. Lundi 7 septembre, pour sa remise à l’antenne, malgré la présence de Manuel Valls, moins d’un million de téléspectateurs (915 000 personnes) avaient suivi les débuts de la remplaçante d’Antoine de Caunes, remercié par Vincent Bolloré, le nouveau « propriétaire » de Canal Plus.L’an dernier, à la même époque, 1,1 million de téléspectateurs avaient assisté au retour d’Antoine de Caunes.« Ajustements constants »La nouvelle formule du « Grand Journal », préparée en moins de deux mois, ne trouve pas son public. Les critiques fusent sur cette mouture : simple version quotidienne du « Supplément » – l’émission dominicale de la chaîne cryptée, manque de rythme, usure de l’« infotainment » – ce genre qui mélange l’information et le divertissement.Dans une interview donnée à Metronews, le chroniqueur politique Jean-Michel Aphatie, lui aussi renvoyé du « Grand Journal » à la fin de la dernière saison, juge pour sa part que « Maïténa Biraben est à la hauteur de ce qu’on connaît d’elle » et estime qu’« elle a vraiment de la présence ». Il ajoute : « Je trouve que le plateau est un peu faible. Il manque dans l’équipe des chroniqueurs quelqu’un de vraiment fort et sérieux pour l’épauler. »A la direction de Canal Plus, on laisse entendre qu’on aurait anticipé cette baisse de l’audience. « Mathématiquement, la nouvelle émission devait faire moins que la précédente, qui commençait plus tard et intégrait les Guignols », plaide-t-on.Mais la chute depuis le début de la semaine n’avait sans doute pas été prévue. L’émission est en rodage insiste-t-on, des « ajustements constants » sont opérés pour l’améliorer.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.09.2015 à 10h29 • Mis à jour le11.09.2015 à 11h07 | Alexis Delcambre « Paolini et Tavernost côte à côte, c’est tous les quinze ans… », avait vendu l’un des dircoms, comme on parle d’un spectacle. Diplomatiquement, le lieu du rendez-vous avait été fixé à exacte équidistance des sièges sociaux de TF1 et M6. Et vers 16 heures, ce jeudi 10 septembre, les deux plus grands concurrents du paysage audiovisuel français sont apparus ensemble, au restaurant La Gare, dans le XVIe arrondissement, pour dévoiler leur nouveau tour : une alliance dans un projet de chaîne de téléachat répondant au doux nom – provisoire – de HA26.Pour les deux groupes, il s’agit d’une quête ancienne. M6 a déjà tenté à quatre reprises d’obtenir un canal pour y vendre des programmes minceur et autres presse-purée, et TF1 par deux fois. Jusqu’ici, le CSA leur a obstinément refusé. Mais lors de la dernière tentative, le régulateur avait suggéré un rapprochement des deux chaînes. Un vœu désormais exaucé, à l’occasion d’un appel à candidatures pour des chaînes en haute définition, qui verront le jour au printemps prochain.« Une galerie commerciale avec deux enseignes en alternance »Concrètement, HA26 ressemblerait à « une galerie commerciale avec deux enseignes en alternance », selon Nonce Paolini, le PDG de TF1. Les deux groupes se partageront l’antenne du nouveau canal, un jour sur deux, avec dix puis seize heures de direct quotidien, pour un investissement initial de 13 millions d’euros puis un budget annuel de 30 millions d’euros environ. « Plusieurs centaines » d’emplois pourraient être créés, assurent les deux groupes, rappelant qu’ils savent travailler ensemble : ils ont déjà coexploité des chaînes – TF6, Série Club – et le bouquet TPS.A l’appui de leur candidature, MM. Paolini et Tavernost soulignent la faiblesse du marché français du téléachat – 200 millions d’euros annuels – en regard d’autres pays, comme le Royaume-Uni (1,4 milliard d’euros et 35 chaînes au total) ou l’Allemagne (1,6 milliard d’euros et 17 chaînes au total). Ils soulignent aussi qu’un tel projet, dépourvu de formats publicitaires, ne vient pas concurrencer les chaînes existantes.Le sujet est sensible, en pleine polémique sur la perspective d’un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions. Une hantise pour deux entreprises qui ont subi ces dernières années la réduction du gâteau publicitaire de l’audiovisuel.Lire aussi :Télévision : querelle sur la publicité en soiréeL’un a égratigné Michel Sapin, dont la phrase disant qu’il fallait « examiner » l’extension de la publicité sur les antennes publiques a valu à TF1 un plongeon en Bourse – « 250 millions d’euros de pertes », rappelle M. Paolini. « On ne peut pas sans arrêt être la variable d’ajustement d’une mauvaise gestion du service public », a renchéri Nicolas de Tavernost. Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, appréciera.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Beuve-Méry Le Syndicat national de l’édition (SNE) a trouvé son héraut. Richard Malka, 47 ans, avocat de Charlie Hebdo, et auteur, à ses heures perdues de bandes dessinées, vient d’écrire pour le compte du syndicat, une plaquette percutante pour la défense du droit d’auteur, tel qu’il est défini aujourd’hui en France et au sein de l’Union européenne (UE). Ce matin, dès potron-minet, le bouillonnant juriste était déjà sur les ondes de France Inter, pour développer la panoplie de ses arguments contre la réforme voulue par la Commission européenne.Lire aussi :Touche pas à mon droit d’auteur !La plaquette s’intitule La gratuité, c’est le vol, reprenant le titre d’un rapport de Denis Olivennes, quand patron de la FNAC. Ce dernier réaffirmait son opposition à une culture gratuite, favorisée par Internet. Et pose ouvertement la question « 2015 : la fin du droit d’auteur ? » Deux menaces sont pointées : un projet de loi de la secrétaire d’Etat, chargée du numérique Axelle Lemaire et la réforme de la directive de 2001, régissant le droit d’auteur au sein de l’UE, notamment à partir des propositions faites par Julia Reda, l’unique députée européenne membre du Parti des pirates allemand qui a été chargée, en février, d’un rapport préparatoire sur le sujet.« Un mirage de la modernité »En un peu plus de 30 000 signes, Richard Malka argumente pour expliquer que « la remise en cause du droit d’auteur serait un mirage de la modernité ». Avec les projets de réforme en cours, le principal risque encouru par les auteurs est de voir leur rémunération être déconnectée à terme de leur travail, le succès d’un livre ne servant plus de valeur étalon. « C’est la menace du retour à l’Ancien régime où le bon vouloir du roi est remplacé par celui des grandes entreprises du Net : Google, Amazon, Apple. »Pour résumer ce que plaide M. Malka, il ne faut pas oublier que c’est l’émergence à la fin du XVIIIe siècle du droit d’auteur qui a permis aux écrivains de vivre de leur plume.Imprimée par le SNE, tirée à 50 000 exemplaires, la plaquette sera distribuée gratuitement (un paradoxe seulement en apparence) en librairie, à compter du jeudi 10 septembre. Ces derniers n’ont reçu aucune consigne particulière, mais libraires et éditeurs sont considérés par le SNE comme les intermédiaires les plus efficaces et le plus neutres pour garantir le succès d’un ouvrage.Par cette campagne, l’objectif est d’atteindre les clients des librairies, un public a priori déjà acquis, mais au-delà de faire prendre conscience des enjeux économiques qui sous tendent cette question et d’atteindre le grand public.Des exceptions dangereusesPour sensibiliser Bruxelles, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et surtout les services du commissaire européen chargé de créer un marché unique numérique, l’Estonien Andrus Ansip, le texte a été traduit en anglais « 2015 : the end of copyright ? Taking for free is stealing » et est disponible en version numérique, dans les deux langues sur le site auteursendanger.fr.Le SNE n’a, en revanche, pas été suffisamment réactif et il existe déjà d’autres sites « auteurs en danger » construits par les partisans du Net et de la gratuité et qui se moquent de l’initiative des éditeurs.Dans son texte, Richard Malka liste toutes les exceptions au droit d’auteur, contenues dans le projet de directive européenne et qui, si d’aventure étaient validées, conduiraient à vider le droit d’auteur de sa substance. Plusieurs exceptions partent d’intentions louables, comme l’exception pédagogique ou la possibilité pour les bibliothèques de procéder à des prêts numériques. Mais mal conçues ou mal cadrées, elles seront de véritables aspirateurs à contenu. D’autres, comme l’exception « data mining » (fouille de texte) ou celle du « fair use » sont directement importées des Etats-Unis et viennent des pratiques défendues par Google, Apple, Facebook ou Amazon (GAFA).Risques de censureMais il existe un deuxième axe sur lequel Richard Malka, avocat habitué à défendre les libertés publiques, révèle les aspects très néfastes des réformes en cours : des risques de censure, liées aux chartes édictées par les GAFA. Ainsi le livre pour enfants T’Choupi part en pique-nique (de Thierry Courtin, Nathan, 1999) a été censuré par Apple en raison du caractère « pornographique » de son titre.De même dans le cadre de l’application Izneo (qui rassemble la majeure partie de la production de BD française en numérique) un ouvrage de Lucky Luke a été interdit en France, car les personnages noirs étaient représentés avec des lèvres charnues.Richard Malka pose publiquement la question : avec ses chartes, Les Versets sataniques de Salman Rushdie, publiés en 1988, l’auraient-ils été aujourd’hui, sans avoir subis au préalable, les ciseaux d’Anastasie ?Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 12h07 • Mis à jour le10.09.2015 à 13h00 La National Geographic Society a annoncé, mercredi 9 septembre, qu’elle vendait sa division chargée des médias, dont son emblématique magazine et ses chaînes de télévision, à un conglomérat mené par 21st Century Fox.Le géant Fox, créé par le milliardaire australien Rupert Murdoch, va débourser 725 millions (650 millions d’euros) de dollars pour acquérir 73 % de la nouvelle entité appelée National Geographic Partners.Les deux sociétés étaient partenaires depuis dix-huit ans, notamment pour l’exploitation des chaînes de National Geographic Channels. La National Geographic Society, dont le siège est à Washington, va conserver les 27 % restants.Volonté d’élargir ses travaux scientifiquesCet accord permet à l’organisation, fondée en 1888, d’accroître son capital de près de 1 milliard de dollars. Elle entend, à cette occasion, élargir ses travaux scientifiques, d’éducation et d’exploration, selon un communiqué.Elle conservera le National Geographic Museum à Washington D.C. Le directeur du conseil d’administration alternera chaque année, le président de National Geographic Society, Gary Knell, étant le premier à occuper ce poste.James Murdoch, devenu le PDG de Fox au début de juillet quand son père, Rupert, a pris du recul pour devenir directeur général, s’est également réjoui : « Nous croyons en la mission de National Geographic Society d’offrir le monde au public à travers la science, l’éducation et l’exploration. »Signe des difficultés rencontrées par les chaînes indépendantes, en août, la chaîne câblée HBO, propriété de Time Warner, avait obtenu les droits de diffusion de « Sesame Street ». Les épisodes seront diffusés neuf mois plus tard sur la chaîne de télévision publique PBS. 03.09.2015 à 11h18 • Mis à jour le03.09.2015 à 13h09 | Alexandre Piquard « Vincent Bolloré a été nommé président du conseil de surveillance de Groupe Canal +. » Le communiqué publié jeudi 3 septembre par Vivendi, sa maison mère, concrétise une nouvelle donne au sein du groupe audiovisuel. L’homme d’affaires breton sera désormais le nouveau capitaine de Canal + : il détiendra le pouvoir mais pourra aussi s’occuper de l’opérationnel, comme il a d’ailleurs commencé à le faire ces derniers mois. Déjà président du conseil de surveillance de Vivendi, M. Bolloré va s’investir personnellement et passer du temps à Issy-les-Moulineaux, au siège de la direction de la chaîne cryptée, où il aura désormais un bureau permanent, annonce-t-on dans son entourage.Des hommes de Vivendi et de BolloréDeux membres supplémentaires ont aussi été nommés pour « renforcer » le directoire de Groupe Canal + : Julien Verley et Jean-Christophe Thiery. Ce dernier assure désormais la présidence de la société, en remplacement de Bertrand Meheut, tandis que Maxime Saada, promu avant l’été, reste directeur général. Dominique Delport, dirigeant de l’agence Havas, prendra en sus la tête de l’entité de développement Vivendi Contents, a révélé La Lettre de l’Expansion.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+M. Thiery, patron de Bolloré Médias et de l’institut de sondages CSA, a accompagné le développement du groupe Bolloré dans les médias avec les chaînes Direct 8 et Direct Star, ou le quotidien gratuit Direct Matin. Enarque passé par le ministère des finances, il est apprécié des pouvoirs publics, estime-t-on à Vivendi, qui le présente comme une personne discrète, efficace et appréciant le consensus. C’est aussi un homme de confiance de M. Bolloré. M. Verley, lui, a rejoint Groupe Canal + comme directeur général adjoint chargé des finances en 2006 et dirige, depuis fin 2012, NC +, la filiale de l’entreprise en Pologne.« L’équipe de Vivendi va s’impliquer chez Canal dans les responsabilités fonctionnelles », a ensuite précisé Vincent Bolloré dans une lettre aux salariés de Canal +, publiée par Puremedias :« Ainsi Frédéric Crépin, Secrétaire général de Vivendi, devrait aussi devenir Secrétaire Général de Canal ; Vincent Vallejo, Directeur de l’Audit de Vivendi devrait aussi devenir Directeur de l’Audit de Canal ; Mathieu Peycere, DRH de Vivendi, devrait aussi devenir DRH de Canal; Stéphanie Ferrier, Directrice des services généraux de Vivendi, devrait aussi devenir Directrice des services généraux du groupe Canal. »Guillaume Zeller, ancien rédacteur en chef de Directmatin.fr, va rejoindre Vivendi pour développer les « news », Thierry Cheleman, directeur des sports et du théâtre et spectacle vivant chez D8, « va couvrir le sport », et Didier Lupfer, ex-Ubisoft Motion Pictures, le cinéma, ajoute enfin M. Bolloré.Nuit du rugby, Canal Olympia...Le message de cette réorganisation est clair : Groupe Canal + est désormais « intégré » à Vivendi. Fini les « Etats dans l’Etat », les « silos » et autres « citadelles », tout le monde doit travailler ensemble. Tel est le refrain de la nouvelle direction. Une page se tourne après l’ère du tandem Bertrand Meheut-Rodolphe Belmer, qui, depuis 2002, dirigeait sans se soucier de Vivendi, d’Universal Music ou de SFR (revendu depuis).Pour illustrer cet état d’esprit « group first », on cite à Vivendi quelques exemples : la « Nuit du rugby », une opération prévue en novembre. Diffusée sur Canal +, elle concerne un sport retransmis toute l’année sur la chaîne et aura lieu à l’Olympia, propriété de Vivendi, qui en assurera aussi la billetterie, via Digitick.Le groupe annonce aussi pour le 26 septembre, à Conakry en Guinée, la pose de la première pierre de « Canal Oympia », une salle qui doit accueillir un grand concert d’artistes Universal Music retransmis sur Canal + et sur la plateforme Dailymotion. L’événement sera aussi promu sur les chaînes africaines du groupe, dont A +, dédiée à un continent jugé crucial pour l’avenir de Vivendi. Plusieurs salles de ce type doivent d’ailleurs être construites en Afrique francophone.Le crypté et le divertissement d’abordAu passage, M. Bolloré annonce que la part de l’antenne en clair sera réduite. Elle sera principalement sur les chaînes gratuites du groupe, qui seront rebaptisées C8 - C17 - CNews de Canal (ex-D8, D17 et I-Télé)Vivendi investit aussi dans la production de programmes de flux – c’est-à-dire des émissions qui ne sont pas stockées comme les séries ou le cinéma, et qui font l’objet d’une concurrence croissante avec des plateformes comme Netflix. « Le flux crypté et le divertissement ont vocation à devenir un nouveau pilier de Groupe Canal + », estime M. Saada. Dans ce cadre, Vivendi est entré, mercredi, en négociations exclusives pour devenir un partenaire minoritaire du groupé créé par la fusion entre Banijay et Zodiak, producteurs de « Touche pas à mon poste » ou de « Koh Lanta ». Lire aussi :Vivendi s’invite dans la fusion Banijay-ZodiakVivendi veut enfin s’internationaliser. Si Canal + a perdu 117 000 abonnés ce semestre en France, la chaîne en a gagné 293 000 à l’étranger, selon Le Figaro. La diffusion par Internet est vue comme un moyen de distribuer les contenus partout dans le monde, tout comme les partenariats locaux avec des opérateurs de télécommunications (comme Telefonica ou Telecom Italia). Vivendi dispose enfin d’un dernier atout : les acquisitions. Le groupe dit disposer de 9 milliards d’euros de trésorerie.« Je dirai enfin que l’arrogance n’est pas un comportement qui permet d’avancer », écrit M. Bolloré en conclusion de sa lettre, au cas où certains n’aient pas saisi le message.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une petite phrase nichée dans le communiqué de presse des résultats semestriels de Vivendi, publié mercredi 2 septembre : le groupe de médias « est entré en négociations exclusives pour devenir un partenaire minoritaire du futur troisième groupe mondial de création de programmes de flux qui résultera du rapprochement entre Banijay et Zodiak ».Contacté, Vivendi ne souhaite pas donner plus d’éléments tant que ces négociations ne sont pas achevées. Mais si elles débouchent, elles ouvriront le groupe à un métier nouveau, les programmes de flux, aux côtés de ses activités actuelles (la télévision avec Groupe Canal+, la production de films et séries avec StudioCanal, la musique avec Universal Music Group, le numérique et les spectacles avec Vivendi Village).Créée en 2008 par l’ex-patron d’Endemol France, Stéphane Courbit, Banijay rassemble notamment Air Productions, la société de production de Nagui, et H2O, la société de Cyril Hanouna, qui produit « Touche pas à mon poste » pour D8. Elle produit aussi des émissions de téléréalité comme « Les Ch’tis » pour W9. En France, Banijay est devenue l’an dernier numéro un des producteurs d’émissions de « flux ».Zodiak Media, contrôlée par l’Italien De Agostini (qui détient aussi 17 % de Banijay), est notamment propriétaire en France d’ALP (« Fort Boyard », « Koh-Lanta ») et KM, qui, jusqu’ici, produisait « Le Grand Journal » pour Canal+.Les deux sociétés ont annoncé leur fusion le 29 juillet, pour donner naissance à un ensemble d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, troisième mondial derrière Endemol-Shine Fremantle.Lire aussi :Production télé : la concentration continue avec la fusion Zodiak-BanijayLe renforcement des programmes de flux, notamment en crypté, est un des axes stratégiques du nouveau Canal+ que façonnent le président du directoire de Vivendi, Vincent Bolloré, et le nouveau directeur général de Canal+, Maxime Saada, pour qui « le flux crypté et le divertissement ont vocation à devenir un nouveau pilier de Canal+, aux côtés du cinéma, des séries et du sport ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le projet de lancement d’une chaîne publique d’information en continu est loin de faire l’unanimité dans le monde de l’audiovisuel. C’est même une « folie », a lancé Alain Weill, le président du groupe NextRadio TV, qui détient BFM-TV, la chaîne leader du créneau de l’info en continu. Il réagissait à l’accord annoncé, mardi 1er septembre, entre la nouvelle présidene de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son homologue de Radio France, Mathieu Gallet, en vue de collaborer à la création d’une chaîne publique prévue pour septembre 2016.Interrogé mercredi lors de la conférence de rentrée de son groupe, M. Weill a estimé qu’« il n’y a pas de place pour une nouvelle chaîne d’information en continu » en France. « Nous sommes le seul pays occidental où il y a quatre chaînes d’information gratuites. Dans le modèle gratuit, il faut une audience minimum, sinon on n’est pas viables. S’il y a trop de chaînes d’information, elles seront toutes pauvres. Au final, il y aura des fusions. Ce n’est pas un problème de marché publicitaire mais de parts d’audience. » « Il y a aujourd’hui deux chaînes d’information en continu en France (BFM-TV et Itélé) et seule la nôtre est bénéficiaire », a-t-il ajouté.Le lancement d’une chaîne du service public aurait pour effet, selon le président de NextRadio TV, de ramener le modèle des chaînes d’information en continu dix ans en arrière, « sans reportage et juste avec des gens autour d’une table, un peu comme en Allemagne ». Et les perdants, pour Alain Weill, seront les téléspectateurs.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continuFleur Pellerin « très favorable » au projetSi, dans l’immédiat, cette nouvelle chaîne devrait être destinée aux ordinateurs, aux téléphones mobiles et aux tablettes, la présidente de France Télévisions n’a pas écarté un lancement à terme sur le réseau hertzien, via un canal TNT. Cela nécessiterait l’aval de l’Etat actionnaire. « J’en appelle au Conseil supérieur de l’audiovisuel et à l’Etat », a lancé mercredi M. Weill.Le gouvernement reste prudent sur la question de la diffusion mais la création d’une chaîne d’information émanant du service public est devenue cette année une intention gouvernementale.Interrogée par France Info mercredi matin, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, s’est dite « très favorable » à un tel projet, soulignant qu’il « va tout à fait dans le sens des orientations [qu’elle] avait tracées pour France Télévisions ». Il permettrait une « mutualisation des moyens », à l’heure où les ressources des entreprises de l’audiovisuel public sont sous tension.Cet accord conclu entre les deux entreprises publiques ne convainc pas non plus tout le monde au sein de Radio France. Car depuis plusieurs mois, l’ambition de France Télévisions de développer une « chaîne d’information numérique » suscitait la circonspection, voire l’hostilité de ses homologues de l’audiovisuel public, à commencer par France Info.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueUn projet pas indispensableA l’origine radio d’information en continu, celle-ci a engagé une mue qui doit en faire un « média global », distribué sur le numérique et mêlant du son, des images et du texte. Soit une offre assez proche de ce que pourrait être une « chaîne d’information numérique » issue de France Télévisions.Lire aussi :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »« On a un déficit et un plan de suppression de 350 postes mais on doit donner un coup de main à France Télé », a ironisé, mardi, le Syndicat national des journalistes de Radio France sur Twitter. « Quel est l’intérêt pour Radio France ? », interroge un communiqué de son intersyndicale, mercredi, qui évoque une « filialisation ». « Que veut-on faire de France Info, de son projet, de ses journalistes ? » ajoute-t-il encore.France 24, diffusée à l’étranger mais également partout via le web, était aussi plutôt réservée sur le projet lancé par France Télévisions. Afin de surmonter ces critiques, Mme Ernotte et M. Gallet se sont montrés désireux « d’associer » à ce projet les autres acteurs de l’audiovisuel public, comme RFI ou France 24 justement.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nabil Wakim (Un débat animé par) //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']);Opéra Bastille - StudioLe 26/09/2015, 12h00 à 13h30Traduction simultanée Réservez vos places //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Dialogue entre Thomas Ostermeier et Denis Podalydès La culture, un supermarché de produits et d’événements ? Matthieu Ricard : « Pour des menus végétariens à l’école »tous les articles de la thématique« Le Monde » organise une table ronde sur l’avenir des médias à l’heure du numérique. Un débat animé par Nabil Wakim dans le cadre du Monde Festival, le samedi 26 septembre de 12 heures à 13 h 30 à l’Opéra Bastille.La révolution numérique n’a pas tué la presse, elle l’a transformée. En vingt ans, Internet a changé le visage des médias, la manière de travailler des journalistes et les habitudes des lecteurs.D’abord inquiets face à l’émergence du Web, perçu comme une menace pour leur modèle économique, de nombreux médias ont pris avec retard le virage numérique, essayant aujourd’hui de renouer avec leurs lecteurs et de construire un nouvel équilibre économique. Les journalistes ont vu leurs pratiques modifiées en profondeur par la réactivité du réseau, la puissance de l’image et les réseaux sociaux.Les lecteurs sont devenus acteurs et commentateurs de l’information, depuis leur lieu de travail, via l’écran de leur smartphone ou de leur ordinateur. Ils sont aussi devenus l’objet de toutes les attentions des médias, qui scrutent leurs comportements en ligne et leurs centres d’intérêts.Toute la chaîne de l’information, de la production a la diffusion a été bouleversée. Comment les médias s’adaptent-ils à cette évolution à grande vitesse ? Quel impact cela a-t-il sur les choix éditoriaux ? Et sur la manière de travailler des journalistes ?IntervenantsLaura McGannLaura McGann est rédactrice en chef en charge de la politique à Vox.com, le dernier né des « pure players » américains, membre du groupe Vox Media. Elle a été rédactrice en chef adjointe de Politico, et a été journaliste au Nieman Lab, site de référence sur l’évolution des médias à l’ère numérique.Kevin SutcliffeKevin Sutcliffe est le directeur de l’information pour la zone Europe de Vice News. Avant de rejoindre le site d’informations en ligne en 2013, ce journaliste britannique a été producteur d’émissions de grand reportage et d’investigation pour Channel 4 et à la BBC. Il a donc l’expérience des médias traditionnels aussi bien que des « pure players ».Siddharth VaradarajanDirecteur jusqu’en 2013 de The Hindu, l’un des principaux quotidiens indiens de langue anglaise, Siddharth Varadarajan, 50 ans, a lancé cette année un nouveau portail Internet d’information, The Wire. Fin connaisseur du secteur de l’information dans les pays émergents comme dans les pays développés, il a enseigné dans plusieurs universités américaines, notamment à Berkeley et Yale.Wolfgang BlauWolfgang Blau est le directeur de la stratégie digitale du Guardian depuis 2013. Cet Allemand de 48 ans a été journaliste indépendant basé aux Etats-Unis pendant dix ans avant d’être nommé, en 2008, rédacteur en chef du site en ligne de l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Par Nabil Wakim (Un débat animé par) 01.09.2015 à 18h55 • Mis à jour le02.09.2015 à 15h57 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Officiellement, il leur a suffi d’un déjeuner, mardi 1er septembre, pour tomber d’accord. « Delphine Ernotte Cunci, PDG de France Télévisions, et Mathieu Gallet, PDG de Radio France, se sont accordés pour travailler ensemble sur le projet d’une chaîne d’information en continu, commune à France Télévisions et à Radio France » : les deux entreprises publiques se sont immédiatement fendues d’un communiqué commun, mardi en fin de journée. Mercredi matin, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, invitée de France Info, s’est dit « très favorable » à un tel projet.Depuis plusieurs mois, l’ambition de France Télévisions de développer une « chaîne d’information numérique » suscitait la circonspection, voire l’hostilité de ses homologues de l’audiovisuel public, à commencer par France Info. A l’origine radio d’information en continu, celle-ci a engagé une mue qui doit en faire un « média global », distribué sur le numérique et mêlant du son, des images et du texte. Soit une offre assez proche de ce que pourrait être une « chaîne d’information numérique » issue de France Télévisions, elle aussi distribuée, donc, sur le numérique et proposant probablement une combinaison de flux, de textes et d’images. De son côté, France Médias Monde opère déjà, avec France 24, une chaîne d’information en continu, diffusée principalement hors de France, mais bien présente sur le Web.Une attente de l’exécutifOr, la création d’une chaîne d’information émanant du service public est devenue cette année une intention gouvernementale. Elaborée sous l’égide de Bercy et du ministère de la culture, la feuille de route pour le futur président de France Télévisions, publiée au printemps, comprenait l’idée de renforcer l’offre d’information, avec la volonté d’offrir davantage de décryptage et de compréhension. La forme était laissée libre, mais le message semblait inviter au lancement d’une chaîne d’information. Le gouvernement, parfois mal à l’aise avec le rythme et le style imposés par BFM-TV ou i-Télé, y voit un enjeu démocratique dans le contexte de l’après-attentats de janvier. Et, comme l’a rappelé Mme Pellerin mercredi, l’exécutif défend une « mutualisation des moyens », à l’heure où les ressources des entreprises de l’audiovisuel public sont sous tension.L’attente gouvernementale avait été devancée par la précédente équipe de direction de France Télévisions, dont le directeur de l’information, Thierry Thuillier – désormais chez Canal+ –, annonçait en décembre 2014 le lancement d’une chaîne d’information numérique pour septembre 2015. Outre la vision éditoriale, il s’agissait de répondre à des enjeux internes. L’entreprise publique mène actuellement une fusion de ses rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) dans le cadre du plan « Info 2015 ». Créer un espace de travail commun, dépassant les canaux actuels et répondant à une ancienne attente, est un levier évident pour aider à surmonter les vives résistances internes.Outre Delphine Ernotte, la plupart des candidats à la présidence de France Télévisions s’étaient accaparés cette idée. La nouvelle PDG a récemment répété, dans un entretien au Monde, son intention de créer une chaîne d’information en continu diffusée sur le numérique, voire sur un canal hertzien. Suscitant immédiatement la riposte de ses homologues : « France Info est là depuis trente ans », rétorquait Mathieu Gallet, tandis que la présidente de France Médias Monde, Marie-Christine Saragosse, lançait : « Une chaîne d’info télé de service public, il y en a une, c’est France 24. »Lire l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Saragosse devant le fait accompliDelphine Ernotte Cunci et Mathieu Gallet – tous deux liés au conseiller en communication Denis Pingaud – ont donc décidé d’éviter cette guerre de tranchées potentielle, qui n’aurait été utile ni à l’un, ni à l’autre. L’heure est à l’apaisement et à la concorde affichée. « Le projet sera confié à Germain Dagognet, directeur délégué à l’information de France Télévisions, et à Laurent Guimier, directeur de France Info », explique le communiqué. Ancien rédacteur en chef de LCI, M. Dagognet vient d’être recruté chez France Télévisions.Bons élèves, les deux présidents se disent « ouverts et désireux d’associer les autres acteurs de l’audiovisuel public ». Potentiellement, le sujet concerne France Médias Monde, mais aussi La Chaîne parlementaire et Public Sénat, voire Arte, l’INA et TV5 Monde. « Dans le contexte budgétaire qui est le nôtre, le bon sens commande a minima que la seule chaîne d’info télé de service public déjà financée depuis neuf ans soit associée à la réflexion, qui en est à un stade très exploratoire », a indiqué au Monde Marie-Christine Saragosse. Celle-ci a rencontré Delphine Ernotte cet été mais n’avait pas été informée de la démarche de ses homologues...La position des syndicats, qui sont influents à France Télévisions comme à Radio France, sera aussi scrutée avec attention. « On a un déficit et un plan de suppression de 350 postes mais on doit donner un coup de main à@Francetele », a ironisé, mardi, le SNJ de Radio France sur Twitter. « Quel est l’intérêt pour Radio France ?, interroge un communiqué de son intersyndicale, mercredi, qui évoque une « filialisation ». Que veut-on faire de France Info, de son projet, de ses journalistes ? »Du côté de France Télévisions, le projet de chaîne d’information est plutôt perçu comme un signe d’ambition. Mais le spectre des « mutualisations de moyens », déjà au cœur de l’opposition au projet « Info 2015 », risque d’inquiéter davantage encore si cette mutualisation concerne désormais plusieurs rédactions de l’audiovisuel public.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 19h29 • Mis à jour le01.09.2015 à 15h51 | Alexandre Piquard Une dirigeante en poste depuis une semaine face à trente-cinq journalistes… Le déjeuner de Delphine Ernotte en compagnie de l’Association des journalistes médias (AJM), lundi 31 août, pouvait faire figure d’oral piégeux. Pour la présidente de France Télévisions, c’était la première apparition publique depuis sa nomination, fin avril. Alors que certains disaient cette ingénieure de formation assez peu charismatique, elle a surpris son auditoire par son franc-parler. Quitte à ce que ce volontarisme frise parfois la naïveté, dans un secteur toujours assez politique.« En matière de ressources, je demande fromage et dessert », a déclaré Mme Ernotte en milieu de repas : elle espère obtenir à la fois l’extension de la redevance aux ordinateurs et aux smartphones et le retour partiel de la publicité entre 20 heures et 21 heures. La « petite phrase » symbolise son approche assez directe sur deux dossiers sensibles, déjà défendus par son prédécesseur.« Il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques »La présidente serait favorable à une « réforme à l’allemande » de la contribution qui finance l’audiovisuel : la déclaration serait, par défaut, précochée pour signaler que le foyer possède un moyen de recevoir la télévision, analogique ou numérique. « On pourrait aller jusqu’à fiscaliser », pour rendre le montant progressif en fonction des revenus, a-t-elle ajouté. Avec toutefois ce bémol : augmenter les taxes ou les contributions n’est pas en vogue dans le gouvernement… « Sur ces sujets, il y a des choses qui me dépassent, des crispations politiques. Ce n’est pas à moi d’en débattre… », a-t-elle reconnu.« Je n’ai besoin de l’autorisation de personne pour lancer une chaîne d’information sur le numérique », a aussi déclaré Mme Ernotte, alors qu’on la relançait sur les propos de la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, selon lesquels « la décision de lancer ce projet n’a pas encore été prise ». La phrase presque bravache était paradoxalement une façon de dire qu’obtenir le droit de diffuser cette future chaîne sur un canal de la télévision numérique terrestre (TNT) n’était pas un « préalable ».La nouvelle présidente de France Télévisions s’est posée en femme simple, prenant un langage décontracté : « Netflix, l’exception culturelle française, ils s’en battent la cravate ! » « Mettre des contenus sur YouTube, cela s’appelle danser avec le diable. Mais je ne ferme pas la porte. » « Le modèle des diffuseurs français se casse la gueule. »Parfois décrite comme novice de la télévision car venue d’Orange, Mme Ernotte s’est aussi montrée très sûre d’elle : « Qu’on dise que j’ai un super-réseau, ça me va », a-t-elle répondu à propos des « aides » dont elle aurait bénéficié pour sa nomination – contestée – par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. « Je n’ai pas peur. Gérer des contraintes, financières et humaines, c’est mon métier. » Taquinée sur l’idée de faire un second mandat, elle a glissé, en souriant, qu’elle aurait « l’âge pour en faire trois ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 03h46 • Mis à jour le01.09.2015 à 00h06 Deux journalistes britanniques du groupe de presse Vice News ont été inculpés par la justice turque pour activités terroristes, lundi 31 août. Leur traducteur, qui avait également été arrêté, est poursuivi du même chef. Les trois hommes ont été placés en détention, dans l’attente de leur procès. Le chauffeur du groupe a en revanche été libéré.Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été interpellés jeudi soir dans le district de Baglar, dans la province de Diyarbakir, où ils filmaient les combats entre les forces turques et les combattants séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ils sont accusés de « participer à des activités terroristes » pour le compte du groupe Etat Islamique (EI). Les journalistes ont rejeté les accusations portées à leur encontre, en présence de leurs avocats.« Accusations effrayantes »« Aujourd’hui le gouvernement turc a porté des accusations effarantes et infondées (...) à l’encontre de trois reporters de VICE News, dans une tentative d’intimidation et de censure de leur témoignage », a réagi Kevin Sutcliffe, directeur Europe des programmes d’information de Vice News, lundi soir.La veille, le groupe avait déclaré être en contact avec les autorités compétentes pour obtenir la libération de ses journalistes. « Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, PEN International et de nombreux autres ont appelé à ce que ces fausses allégations soient abandonnées et à la libération immédiate du groupe de journalistes. »"We ask for justice and the immediate release of journalists doing their jobs." http://t.co/uh86SyXWos— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);Amnesty International a appelé à la libération « immédiate » des journalistes, qualifiant les accusations à leur encontre de « scandaleuses et étranges ». 27.08.2015 à 16h27 • Mis à jour le27.08.2015 à 16h42 | Alexis Delcambre TF1 n’entend pas rester sans réaction face à l’érosion de l’audience de son journal de 20 heures, qui ne dépasse plus celui de France 2 que d’une courte tête. Un problème pour une chaîne dont le modèle repose sur la notion de « leader ».Jeudi 27 août, la filiale du groupe Bouygues a annoncé une série d’innovations qui doivent entrer en vigueur dès lundi 31 août, dans l’espoir de relancer un format qui souffre d’une certaine usure, – bien qu’il reste le rendez-vous d’information vespéral le plus regardé de France. Proximité et numérique sont les maître mots de cette relance qui ne touche pas les présentateurs : Jean-Pierre Pernaut à 13 heures, Gilles Bouleau à 20 heures et Claire Chazal le week-end demeureront les trois visages de l’information sur TF1.Les causes de l’usureInstigatrice de cette réforme, Catherine Nayl, la directrice générale à l’information du groupe, identifie des « causes endogènes » et des « causes exogènes ». Les premières sont liées au vieillissement du format actuel, installé en 2012. Les secondes ont trait à l’apport d’audience inégal de l’« access prime time », la case qui précède le 20 heures, ainsi qu’à la désaffection des téléspectateurs les plus jeunes, pour lesquels le JT n’est plus un rendez-vous. « Nous sommes en première ligne » face à la mutation des usages, dit aujourd’hui Mme Nayl.La recherche de « proximité »Face à cette usure, la réponse éditoriale de TF1 est de se rapprocher du téléspectateur. Il n’y aura pas de changement dans les thématiques abordées, mais les sujets devront davantage « impliquer » le téléspectateur, « expliquer comment tel événement de l’actualité va le toucher ». On verra davantage les journalistes à l’antenne, pour mieux incarner les sujets, qui montreront aussi plus de témoins. Ce sera « un peu plus “concernant” et souriant », espère Catherine Nayl. Le numérique viendra en renfort de cette approche, avec la création d’une page Facebook du JT de TF1 où les internautes pourront poser des questions supplémentaires aux journalistes ou experts étant intervenus dans le JT, dans un chat, et suggérer des idées de sujets. C’est un pas important pour TF1, où une culture assez statutaire de l’information n’a pas favorisé, jusqu’ici, le recours à l’interactivité. Enfin, les JT disposeront d’un nouveau décor, plus chaleureux et censé rapprocher le présentateur, plus souvent debout, devant la table au lieu d’être derrière.Un format plus structuréPour essayer de freiner la tendance des téléspectateurs à quitter le JT en cours de route, celui-ci sera structuré en trois grandes parties et proposera un nombre de sujets un peu moins important, autour de 14 au lieu d’environ 17 en moyenne. La partie centrale concentre la principale innovation : elle proposera un format « magazine » d’environ cinq minutes, réalisé par une cellule dite « enquête ». Dans la forme, un recours plus important à l’infographie est annoncé, par exemple avec le format « une minute pour comprendre ». Le nouveau décor, circulaire, vise aussi à immerger le téléspectateur à l’intérieur d’un mur d’écrans où les images de fond ont été revues, rendues plus douces et lumineuses.Un JT expérimental avec FacebookTF1 travaille enfin à un mini-JT qui sera diffusé sur Facebook et sa plateforme MyTF1News, qu’elle présente comme « le premier JT social d’Europe ». D’une durée d’une minute trente environ, baptisé « Focus », il proposera trois à quatre sujets détectés parmi les informations populaires sur les réseaux sociaux et sera animé par les présentateurs maison. Une façon pour TF1 d’aller à la rencontre des internautes les plus jeunes : « Notre marque existe et doit s’adresser à tous », revendique Catherine Nayl.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard et Madjid Zerrouky La chaîne i-Télé a diffusé mardi 25 août des images d’Ayoub El-Khazzani à son arrivée au palais de justice de Paris avant qu’il soit mis en examen pour, entre autres motifs, « tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».Le principal suspect de l’attaque à bord du Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août y est présenté vêtu d’une tenue d’hôpital bleue, pieds nus, les yeux bandés et menotté. Ses mains ont toutefois été floutées par la chaîne de télévision.Le lendemain, c’est Paris Match qui a publié une photo prise par un passager du TGV, montrant Ayoub El-Khazzani inconscient et porté par des policiers sur le quai de la gare d’Arras, son visage visible, ses pieds et ses poings liés. « Quelles que soient la nature et la gravité des faits reprochés à un homme, notre Etat de droit ne peut pas accepter que cet individu soit traité d’une manière dégradante et inhumaine. Le nécessaire aurait pu être fait », s’est insurgé en réaction Mani Ayadi, l’avocat d’Ayoub El-Khazzani.1. Que dit la loi ?L’article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, renforcée par la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, est relativement clair sur le sujet :« Lorsqu’elle est réalisée sans l’accord de l’intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 euros d’amende. »Autrement dit, la loi interdit toute publication d’une photo ou d’une vidéo d’une personne pouvant être identifiée soit par son nom, soit parce que son visage est visible, et la montrant entravée.Sur ce seul aspect, la photo publiée par Paris Match semble très nettement tomber sous le coup de la loi et pourrait faire l’objet de poursuites — qui sont toutefois très rares pour ce motif. 2. Flouter des menottes est-il une solution ?C’est ce qu’a choisi i-Télé. Le bandeau sur le visage d’Ayoub El-Khazzani ne change rien à son identification puisqu’il est nommément identifié. Mais les menottes, elles, sont floutées. « Il n’y a pas eu de débat dans la rédaction, qui a estimé que la valeur informative du document était très forte », explique-t-on à la chaîne.Cela suffit-il à « protéger » i-Télé en cas de poursuites ? Peu probable : la solution choisie est finalement hypocrite quant à l’esprit de la loi, car il est évident qu’il est entravé, les mains liées derrière le dos. « La loi ne dit pas qu’il ne faut pas montrer les menottes ou les entraves, mais interdit toute image faisant apparaître que la personne est menottée : sa posture, par exemple, suffit à faire apparaître de manière évidente que ses mains sont liées », explique Christophe Bigot, avocat spécialiste de la presse, et qui défend notamment Le Monde. 3. Strauss-Kahn, Cantat… Un débat récurrentLe 15 mai 2011, des images tournent en boucle dans les médias américains : Dominique Strauss-Kahn apparaît à sa sortie de garde à vue du commissariat de Harlem, à New York, escorté par cinq policiers et menotté dans le dos sous les flashs des photographes. La veille, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) avait été arrêté par la police américaine, qui le soupçonnait d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre de l’hôtel Sofitel où il séjournait.Des images hors la loi au regard du droit français, mais pas aux Etats-Unis, où elles sont courantes, le premier amendement de la Constitution protégeant la presse au nom de la « liberté d’expression ».Si Dominique Strauss-Kahn n’a engagé aucune poursuite à l’encontre des médias télévisés qui avaient repris la séquence filmée, les chaînes s’étaient vu notifier une mise en garde par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), estimant que « le principe de la liberté d’expression et le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité humaine » et rappelant que la loi du 15 juin 2000 punit la diffusion d’une image faisant apparaître menottée ou entravée une personne qui n’a pas fait l’objet d’une condamnation.Les condamnations pour ce motif sont peu nombreuses. En 2004, le quotidien France Soir et les magazines Paris Match et VSD avaient été condamnés pour avoir publié des images de Bertrand Cantat, menotté, prises en Lituanie en août 2003. L’ex-chanteur de Noir Désir y avait été arrêté et condamné en mars 2004 pour le meurtre de sa compagne d’alors, Marie Trintignant. Les clichés avaient été diffusés avant sa condamnation. En 2007, ce sont trois journaux (Le Journal du dimanche, Metro et Le Nouveau Détective) qui avaient été condamnés pour des photos de l’acteur Samy Naceri menotté, alors qu’il n’avait pas encore été jugé.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.08.2015 à 13h49 | Alexis Delcambre Place aux programmes ! Ce mercredi 26 août à 9 heures, Mathieu Gallet a donné sa conférence de rentrée de Radio France. L’occasion de s’exprimer sur d’autres sujets que les tensions budgétaires de son entreprise ou ses relations délicates avec la ministre de la culture, Fleur Pellerin, ou les syndicats de la Maison ronde.Depuis le mois de mars, le jeune président a dû affronter une triple tempête. En interne, la mise au jour d’un trou dans le budget et la perspective d’un plan de départs ont entraîné une grève de vingt-huit jours, la plus longue de l’histoire de Radio France, qui a révélé les carences du dialogue dans l’entreprise. En parallèle, le protégé du CSA s’est violemment heurté à la ministre de la culture, qui lui a reproché son absence de projet.Enfin, une série de révélations dans la presse, notamment dans Le Canard enchaîné, ont entraîné l’ouverture au parquet de Créteil d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur des contrats passés par M. Gallet quand il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel.ParadoxeMais pour le moment, l’ancien conseiller de Frédéric Mitterrand Rue de Valois a survécu à cette conflagration. Le paradoxe étant que, sur le terrain des contenus, le bilan de la première saison de Mathieu Gallet apparaît positif. A commencer par les audiences des antennes, qui, la saison dernière, ont progressé, malgré l’effet de la grève du printemps.France Inter a repassé, l’hiver dernier, la barre des 10 % d’audience cumulée, et les choix de sa directrice, Laurence Bloch, en faveur d’une antenne plus ouverte et détendue, ont été validés. Malgré l’éviction en juillet de son directeur, Olivier Poivre d’Arvor, France Culture a atteint en 2015 un niveau d’audience record, tandis que France Info tente de réinventer son identité de chaîne d’information en continu en s’adaptant aux usages numériques.Il reste des chantiers, nombreux : le développement du réseau « Bleu », la relance de France Musique que va tenter Marc Voinchet, celle de Mouv’, actuellement en chantier, le destin de FIP, le développement de nouvelles activités, comme les spectacles ou, plus généralement, l’avenir de la radio dans un univers d’écrans. Il faudra à Radio France vivre une saison plus sereine pour les faire progresser. C’est le message que Mathieu Gallet a donné à ses troupes mercredi matin.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Sandrine Treiner, 50 ans, présente à France Culture depuis 2010, a été choisie, mardi 25 août, pour succéder à Olivier Poivre d’Arvor, évincé de la direction de la chaîne publique en juillet.Comment se porte France Culture, un mois et demi après l’éviction de votre prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor ?La chaîne s’est tout simplement remise à faire de la radio. L’année a été lourde pour les antennes, avec beaucoup de fatigue et de tensions accumulées. Cela nous a donné le désir de se remettre au cœur de notre pratique. Notre grille d’été a été marquée par de beaux moments de radio : des séries d’été, de grandes traversées... dans une sorte de calme après la tempête.Olivier Poivre d’Arvor est parti dans des conditions houleuses...Je suis arrivée à France Culture il y a cinq ans car il est venu me chercher. Je lui dois mon arrivée et les cinq années où j’ai appris ce qui me permet aujourd’hui d’être directrice. Nous formions une équipe très soudée, avec de bons résultats. Au-delà de la rupture avec Olivier Poivre d’Arvor, la confiance a été donnée à la continuité.Il y avait d’autres choix ?Je l’ignore, et j’ai passé l’été à travailler pour que l’antenne soit bonne.Comment voulez-vous désormais faire évoluer France Culture ?Ce qui est formidable dans notre chaîne, c’est qu’on sait qui on est, pourquoi on existe et pourquoi on fait ce qu’on fait. Cela nous autorise des pas de côté par rapport à nos champs identitaires. C’est ce qui éclaire nos choix pour cette rentrée. Ainsi le duo que forment entre 19 et 20 heures Martin Quenehen et Mathilde Serrell : d’un côté une voix présente depuis longtemps à l’antenne, et de l’autre quelqu’un venant bousculer cette évidence, issue d’un autre univers, plus jeune et décalé, celui de Radio Nova.Vous allez devoir vous passer de Marc Voinchet, qui quitte la matinale pour la direction de France Musique...Il ne pouvait en effet pas faire les deux ! Le succès de notre matinale est avant tout lié à notre approche distanciée de l’actualité. Si on prend du recul, nous avons eu un excellent matinalier avec Nicolas Demorand. Quand il est parti, Ali Baddou l’a remplacé et a renforcé la matinale. Puis ce fut au tour de Marc. Alors je n’ai pas de doute sur le fait que Guillaume Erner contribuera à développer encore ce rendez-vous. Il vient de France Inter mais il incarne pleinement l’esprit de France Culture, il a son brevet en sciences sociales et aime aussi vagabonder !Après avoir atteint un record, à 2,3 %, l’audience cumulée de France Culture a baissé au printemps, à 1,8 %. Inquiétant ?Nous avons été la station la plus touchée par la grève de mars-avril, en restant à l’arrêt 28 jours. Ils est donc normal que la mesure d’audience ait été touchée. En réalité, si on regarde la période de sondage Médiamétrie, après la grève, notre audience était remontée à un niveau comparable à celui de janvier/mars.A vos yeux, qu’a révélé cette grève si suivie à France Culture ?Avant tout un état d’inquiétude. Les médias sont des révélateurs de la société qui les entoure et nous avons été touchés à notre tour par la peur du déclassement. En interne, le conflit a montré la nécessité de revoir des éléments d’organisation, de circulation de l’information, d’association des personnels et des partenaires sociaux aux projets du groupe.Toute la direction s’est depuis attelée à améliorer les choses. Enfin, au delà de la question budgétaire, la grève a pointé la question du sens, qui agite tous les médias. Nous sommes en plein tournant, en train de définir ce que nous ferons dans vingt ans. Cela soulève naturellement des interrogations.Vous allez devenir directrice de chaîne dans une entreprise encore fragile, où un plan de départs volontaires se prépare, sous l’autorité d’un président parfois contesté... Vous avez hésité ?Le fait que la direction soit confiée à une femme qui a toujours été une auditrice de France Culture, qui a la passion de cette chaîne chevillée au corps, ça ne se discute pas. C’est un signal et j’y réponds avec enthousiasme. Je suis très attachée au service public. Nous avons un rôle à jouer dans la société actuelle et c’est ce qui compte. Et j’ai confiance dans l’avenir de cette maison.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mustapha Kessous Ce soir, « Le Grand Journal » fait sa grande rentrée sous très haute surveillance. Un nouveau décor, de nouveaux chroniqueurs et une nouvelle chef d’orchestre, Maïtena Biraben. C’est à cette animatrice de 48 ans – qui présentait le dimanche « Le Supplément » – que revient la lourde tâche de relancer une émission devenue au fil des années quelque peu clinquante et passablement aseptisée. Pour sa première soirée, « LGJ » veut taper fort en recevant le premier ministre, Manuel Valls, et la chanteuse Louane qui interprétera en direct sur le plateau son nouveau single.Rien n’a véritablement filtré sur le lifting du « Grand Journal ». Le nouveau concept a été aussi bien gardé qu’un secret industriel. Maïtena Biraben sera entourée, entre autres, du comique des politiques Cyrille Eldin, transfuge du « Supplément », et du chroniqueur littéraire Augustin Trapenard, seul rescapé de l’ancienne équipe. Pour rompre avec l’ancienne formule, la miss météo et la « boîte à questions » disparaissent.Rafraîchir un talk-show uséEn effet, Maïtena Biraben doit faire oublier l’époque Antoine de Caunes qui, lors de son arrivée aux commandes de l’émission en 2013 – après le départ de Michel Denisot – avait promis un show à l’américaine : « Je vais essayer d’introduire une humeur proche des “late shows” anglo-saxons, où tout est écrit, répété, scénarisé. L’invité ne sera plus pris dans une avalanche d’informations et de chroniques. À présent, tout s’organisera autour de lui. »La promesse était probablement trop belle… Désormais, l’équipe de Maïtena doit trouver un ton, peut-être moins politique et plus culturel pour éviter de se faire totalement dépasser par ses concurrents comme « Touche pas à mon poste » sur D8 et « C à vous » sur France 5. Depuis deux ans, ces deux talks n’ont cessé de grignoter des parts d’audience au « Grand Journal ». Face à cette concurrence, l’émission de Canal+ n’est pas parvenue à se renouveler et à trouver un nouveau souffle.Ainsi, le concept – ou plutôt l’idée – est semble-t-il de rafraîchir un talk usé, tape-à-l’œil et au rythme trop effréné. « Je prendrai le temps. C’est peut-être la première martingale », a expliqué Maïtena Biraben au Parisien. Ainsi une place sera accordée aux grands reportages de Diego Buñuel, nouveau directeur des documentaires de Canal+.Reprise en mainLe prestigieux talk-show de Canal+ a été le symbole de la reprise main de la chaîne cryptée par le nouveau patron, Vincent Bolloré. Au début de l’été, l’homme d’affaires avait demandé – ou exigé – que l’émission en claire de fin de journée soit réformée et celle des « Guignols de l’info » remaniée. Sauf que cet ordre n’a pas été suivi d’effet. Conséquence, Rodolphe Belmer, le numéro 2, a été remercié avant que d’autres têtes ne tombent, comme celle producteur historique du « Grand Journal » Renaud Le Van Kim. « Les Guignols » qui un temps devaient disparaître vont désormais passer en crypté mais plus au sein du « Grand Journal ». Pourtant, l’émission satirique assurait au programme son pic d’audience, au-dessus du million de téléspectateurs.Alors révolution ? Tout changer pour que rien ne change ? Réponse à 18 h 50.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+Mustapha KessousReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.09.2015 à 15h21 • Mis à jour le07.09.2015 à 19h07 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Un plan social au sein du groupe Express Roularta, racheté récemment par l’homme d’affaires Patrick Drahi, est envisagé pour supprimer quelque 150 postes, a déclaré lundi 7 septembre une source proche du dossier, confirmant une information de La Correspondance de la presse, qui évoquait vendredi 200 postes. Ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) s’ajouterait aux 115 départs de journalistes déjà actés dans le cadre d’une clause de cession, selon les informations recueillies par Le Monde.« Jusqu’ici, il y avait en interne une part de résignation, mais ces annonces de nouveaux coups de massue nous réveillent. On se dit qu’il faut réagir », raconte un salarié, alors qu’une assemblée générale - qui pourrait être « houleuse » - est prévue, mardi 8 septembre.À ce jour, depuis le rachat du Groupe L’Express - Roularta par Patrick Drahi, 115 journalistes, dont environ 30 % issus de l’hebdomadaire L’Express, ont choisi de bénéficier de la clause de cession, ouverte depuis début juin.Le PSE en préparation devrait principalement concerner des fonctions administratives et techniques, mais il n’est pas exclu que des journalistes soient également concernés, selon une source proche du dossier. Trente « écrivants » pourraient voir leur poste supprimé dans le groupe, selon La Correspondance de la Presse.« Si, sur ce total, une vingtaine vient de L’Express, cela peut rendre quasiment impossible la réalisation du journal », s’alarme un salarié. L’organisation-cible, préalable à la mise en œuvre de ce PSE, devrait être établie pour fin septembre.Nouvelle organisationCes informations s’accompagnent de changements structurels. L’ensemble Express-Roularta, qui comptait jusqu’à présent quelque 700 salariés et une douzaine de titres, a été rebaptisé Groupe Altice Média (GAM), et il est désormais rattaché à Altice Media Group (AMG), la branche médias papier du groupe de Patrick Drahi.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick Drahi Lundi, un organigramme de la direction « effectif depuis le 1er  septembre 2015 », a par ailleurs été annoncé dans un communiqué. Au niveau éditorial, Christophe Barbier est confirmé à son poste de directeur de la rédaction de L’Express et de directeur général des rédactions du GAM. Mais Matthieu Scherrer, rédacteur en chef du site spécialisé sur la high-tech 01Net mais aussi ancien du magazine Management, est « nommé conseiller auprès de Christophe Barbier ». De plus, François Dieulesaint, ancien directeur général de La Tribune, est nommé directeur général délégué.En interne, ces nominations sont diversement interprétées : pour un salarié, le directeur emblématique du journal depuis des années, Christophe Barbier, se trouve maintenu et conforté. Pour un autre, il est tout de même « fragilisé » et l’arrivée de M. Dieulesaint est une pierre lancée dans son jardin par Altice. Par ailleurs, il est avec Marc Laufer - directeur général d’Altice Media Group et PDG de GAM - un ancien du quotidien économique La Tribune, qui avait été revendu à Alain Weill, PDG de NextRadioTV et fortement restructuré. À un degré moindre, la promotion de Richard Karacian, des ressources humaines, au poste de secrétaire général, inquiète certains salariés pour les négociations sur l’emploi.A un niveau supérieur, une autre question se pose sur l’organigramme des filiales de Patrick Drahi : la répartition des rôles entre Alain Weill et Bernard Mourad, président d’Altice Media Group. Le premier est à la tête d’Altice Contents, qui contrôlera l’ancien groupe NextRadioTV (BFM-TV et RMC) – au sein duquel M. Drahi a pris une participation –, mais à terme, il encadrera toutes les activités média d’Altice, y compris les supports papier (L’Express, Libération…) regroupés pour l’heure dans Altice Media Group. Même si, pour l’heure, Bernard Mourad « continue de conduire la stratégie, le développement, les acquisitions et les relations institutionnelles » d’Altice Media Group. Les fonctions de ce dernier pourraient à terme évoluer.En attendant, Patrick Drahi franchit une étape dans la constitution de son groupe médias en annonçant le déménagement « d’ici la fin de l’année » de Libération dans l’immeuble de L’Express à Paris. Et en affrontant probablement une première contestation sociale ce mardi.Lire aussi notre décryptage :Drahi, Bolloré... Comment les médias français se recomposentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard François Hollande s’est dit, lundi 7 septembre 2015, « pas favorable » à l’élargissement de la redevance audiovisuelle aux « objets connectés », lors d’une conférence de presse à l’Elysée, en précisant que sur cette taxe, « les arbitrages viendront à la fin du mois ». « Il faut des financements » pour le service public audiovisuel, « mais la redevance télévisée ne peut pas être la variable d’ajustement. Il faut maîtriser l’appel à la contribution. »M. Hollande semble ainsi clore le débat en cours au sein du gouvernement. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, avait déclaré sur France Info, le 3 septembre, étudier « l’option » d’une extension de la redevance aux « box » d’opérateurs, qui permettent de se connecter à Internet : « J’ai regardé les nouveaux modes de consommation de la télévision. Beaucoup passent par les box et non plus par l’antenne râteau. Et donc on a regardé ce que donnerait l’extension aux box. Il n’est pas question de taxer les smartphones et les tablettes », avait-elle dit. « Le premier ministre et le président de la République prendront leur décision dans les prochains jours », avait toutefois prudemment dit Mme Pellerin.Dans la foulée, Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, s’était déclarée « pas tellement favorable », à une redevance sur les boxes. « Il faut savoir que ça concerne moins de 2 % des foyers en France, parce qu’en réalité 98 % des foyers ont une télévision », avait-elle justifié dans un entretien à L’Opinion.Débat de longue dateL’élargissement de la redevance est l’un des chevaux de bataille des présidents de l’audiovisuel public. Lundi 31 août, lors d’un déjeuner avec des journalistes, Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, avait ainsi souhaité obtenir à la fois l’extension de la redevance aux ordinateurs et aux smartphones et le retour partiel de la publicité entre 20 heures et 21 heures.Lire aussi :La présidente de France Télévisions veut étendre la redevance aux ordinateurs et smartphonesL’élargissement de la redevance est un débat de longue date, qui a suscité des échanges dès le début du quinquennat de François Hollande, quand Aurélie Filippetti – qui y était favorable – était ministre de la culture.Lire : La vision tout en nuances de François Hollande sur l'audiovisuelEn octobre 2014, lors d’un discours au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le président de la République s’y était même montré plutôt favorable, en demandant une réflexion sur cette question. La réforme pourrait ne pas augmenter la pression fiscale, avait-il argué : « L’objectif est qu’à rendement constant, sans que ça ne coûte rien de plus à personne, il puisse y avoir une assiette plus large et plus juste », avait expliqué le président, rappelant qu’« on peut regarder les chaînes du service public sur d’autres instruments que la télévision ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.09.2015 à 18h34 • Mis à jour le05.09.2015 à 10h03 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Nouveau séisme chez Vivendi : Cécilia Ragueneau, directrice d’i-Télé, et Céline Pigalle, directrice de la rédaction du groupe Canal+, ont été débarquées, vendredi 4 septembre, par Vincent Bolloré, le tout puissant patron du géant des médias. L’ex-directeur de la rédaction de Direct 8, Guillaume Zeller, est nommé directeur de la rédaction de la chaîne d’info.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+Le journaliste et écrivain Philippe Labro, historique de la chaîne Direct 8, « sera aux côtés de Guillaume Zeller dans un rôle de conseil et lui apportera son expertise », précise un communiqué publié vendredi soir. « Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Canal+, est chargé de développer la chaîne d’info du Groupe Canal+ », lit-on encore.Selon nos informations, c’est vers 18 heures vendredi que MM. Thiery et Zeller ont informé la rédaction d’i-Télé lors d’un passage au sein de la chaîne. « C’est difficile, pas agréable, pas sympa », a reconnu M. Thiery, selon un témoin de la scène. « Mais il y a un nouveau projet et donc il faut un nouveau souffle, une nouvelle équipe et un nouveau nom [CNews], a-t-il justifié. On veut aller au-delà de tout ce qui a été fait. »Face aux interrogations des journalistes, notamment en matière de ligne éditoriale, le successeur de Bertrand Méheut à la tête de Canal+ a assuré que la chaîne resterait focalisée sur le « hard news », sans plus de précision. M. Thiery a également indiqué que le groupe entendait développer i-Télé, en particulier sur le numérique, et ne pouvait se satisfaire de voir sa concurrente BFM-TV la devancer en audience. Céline Pigalle a été longuement applaudie par ses troupes.Lire aussi :Sous Bolloré, un Canal+ « intégré » dans Vivendi« Sous le choc »Selon ce même témoin, un journaliste a posé une question sur le « profil » politique de Guillaume Zeller, rappelant que la rédaction d’i-Télé avait des valeurs « d’humanisme et d’objectivité ». Il n’a pas obtenu de réponse. « Thiery et Zeller n’avaient pas vraiment de projet. C’était hallucinant », raconte un salarié, décrivant une rédaction « sous le choc ».Diplômé de Sciences Po et titulaire d’un DEA d’histoire contemporaine, M. Zeller, 38 ans, a participé au lancement de Direct 8 en 2005. En 2007, il devient rédacteur en chef de Direct Soir avant d’être nommé directeur de la rédaction de Direct 8 en 2011 et du pôle digital du quotidien Direct Matin en 2012.Mais son profil intrigue au sein de la chaîne. Un salarié s’étonne ainsi que M. Zeller n’a jamais dirigé un média d’information puissant. Par ailleurs, c’est un spécialiste du catholicisme et de certains thèmes chers à la droite. Ancien chargé d’enquêtes au service historique de l’armée de terre, il a notamment publié Oran : 5 juillet 1962 (Tallandier), sur « l’immense chasse à l’homme anti-européenne commise le 5 juillet à Oran, journée la plus sanglante de toute la guerre d’Algérie, avec au minimum 700 pieds-noirs assassinés ». Ou La Baraque des prêtres, Dachau 1938-1945 (Tallandier), sur les religieux déportés. Ou encore Un prêtre à la guerre (Tallandier), avec l’aumônier des parachutistes de Montauban, dont certains membres furent tués par Mohamed Merah.i-Télé s’interroge sur son avenirM. Zeller a également été invité sept fois à l’antenne de Radio Courtoisie, une radio d’extrême droite, entre mars 2012 et avril 2015, pour y parler de ses livres, a pointé le site Streetpress. Il a également écrit trois billets pour le site Boulevard Voltaire, fondé par Robert Ménard, devenu élu du Front national et maire de Béziers. Notamment sur la déchéance du général Paul Aussaresses, qui avait avoué dans Le Monde avoir commis des tortures pendant la guerre d’Algérie. Streetpress évoque aussi son rôle de chroniqueur littéraire dans « Dieu Merci ! », une émission religieuse de Direct 8, où il explique par exemple que les « missions » d’évangélisation étaient, à l’origine, un « message d’amour ».A i-Télé, Mme Pigalle et Mme Ragueneau avaient, quant à elles, développé ces derniers mois un discours autour de valeurs pour se démarquer de la première chaîne d’information, BFM-TV, mêlant la recherche d’un recul contre l’immédiateté de l’information en temps réel et la défense d’un certain humanisme. BFM-TV, à l’inverse, est accusée de « jouer sur les peurs », ce qui sous-entendrait qu’elle favorise le FN. I-Télé s’était aussi distinguée en se séparant du polémiste très à droite Eric Zemmour.Plus largement, i-Télé s’interroge sur son avenir car les nouveaux dirigeants ne se sont pour l’instant pas exprimés sur leurs intentions pour la chaîne. Tout juste ont-ils fait comprendre qu’ils faisaient le constat qu’i-Télé restait distancée en audience par BFM-TV (autour de 1 point de part d’audience, contre 2 points environ pour BFM-TV). Et que la chaîne restait déficitaire.« Il ne faudra pas se faire endormir par l’argent »En interne, les équipes sont conscientes d’être loin derrière le leader en termes d’audience mais ont l’impression d’avoir parfois été plus réactives, lors des attentats de janvier notamment, et estiment manquer de moyens pour rivaliser avec BFM-TV.Sur ce point, M. Bolloré suggère qu’il pourrait investir davantage dans Canal+, en particulier en matière d’information : « Nous allons augmenter nos budgets d’investissements et les rendre transversaux entre les différentes chaînes, gratuites et payantes », écrit-il. Un discours susceptible de trouver un écho dans une partie de la rédaction. « Il ne faudra pas se faire endormir par l’argent », mettait néanmoins en garde un journaliste à la sortie de la réunion vendredi.A deux ans de la présidentielle s’ouvre une nouvelle ère pour i-Télé, avec un changement radical à sa tête. « On a besoin d’éclaircissement sur la suite et vite. C’est difficile de travailler dans ces conditions », déclarait un autre salarié. Dans un communiqué, la société des journalistes d’i-Télé a « fait part de sa vive émotion face à la brutalité du départ de Cécilia Ragueneau, directrice générale, et de Céline Pigalle, directrice de la rédaction », « rappelle son attachement aux principes intangibles d’une information libre, indépendante et objective » et « souhaite que la collaboration avec la nouvelle direction soit fructueuse et constructive ».Lire aussi :Drahi, Bolloré... Comment les médias français se recomposentAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une information qui a fait le « buzz » dans le monde des médias. L’annonce, mercredi 26 août, d’un partenariat entre la chaîne d’information France 24 et le site Mashable a d’abord surpris : le mariage entre un média public dont la mission est d’incarner une vision française de l’information, et un pure player américain privé, technophile et fortement connecté aux réseaux sociaux, ne va pas de soi.Dans la foulée, une polémique s’est amorcée : est-ce le rôle d’un média public que d’aider un acteur étranger à s’implanter en France ? Comment l’opération est-elle financée ? Le directeur adjoint de Libération, Johan Hufnagel, s’est même fendu d’un édito, accusant l’Etat d’« uberiser » les sites d’information. « Voir débouler dans le jeu, – on le rappelle, le jeu est en l’occurrence un secteur en crise, au modèle économique en pleine réinvention – un entrant qui ne joue pas les mêmes règles que les autres modifie clairement la donne », écrivait-il, avant de s’écharper sur Twitter avec Sylvain Attal, directeur adjoint de France 24 chargé des nouveaux médias.Le Monde a interrogé Frédéric Bonnard, le directeur des nouveaux médias à France Médias Monde, sur les termes de ce partenariat, qui est encore en projet mais que l’entreprise publique, qui détient France 24, espère bien voir se concrétiser.Comment en êtes-vous venus à envisager un partenariat avec Mashable, qui semble a priori éloigné de votre positionnement ?Il y a environ un an, nous avons été contactés par Jim Roberts, le directeur éditorial de Mashable, qui cherchait un partenaire sur le sol français. Nous connaissions M. Roberts car il était notre interlocuteur quand il travaillait au New York Times et que France 24 fournissait des vidéos pour leur site. Mashable cherchait à prendre pied en Europe, avec un partenaire éditorialement compatible et bien implanté sur les réseaux sociaux. Ils étaient également intéressés par nos vidéos en anglais, qui peuvent leur permettre d’enrichir leur offre sur l’actualité internationale.Du côté de France 24, que peut apporter un Mashable ?Un de nos enjeux est de nous renforcer sur la génération connectée et de mieux comprendre ses usages, même si nous comptons déjà de nombreux suiveurs sur Facebook et que nous sommes diffusés en trois langues sur Youtube. Nous cherchons aussi à développer notre présence dans les pays anglophones. Nous avons de nombreux partenaires de syndication en langues française et arabe, mais un peu moins en anglais, malgré nos partenariats avec Yahoo! et MSN.Que voulez-vous faire ensemble ?Nous allons travailler à la construction d’un site Mashable en français pour les francophones. Ce site, encore à l’état de projet, proposera une sélection de contenus issus de Mashable, traduits et édités pour un public francophone, et des contenus de France 24 sur l’actualité internationale, réalisés dans des formats pensés pour les 18-25 ans, en s’adaptant à leurs modes narratifs. De son côté, Mashable reprendra certains de nos contenus sur son site en anglais.Comment comptez-vous financer ce projet ?Il sera financé à parts égales par les deux entreprises. De notre côté, nous avons sollicité le « fonds Google », qui nous a accordé, en juin, un financement de 980 000 euros, qui couvrira l’amorçage du projet. Ensuite, son exploitation sera couverte par la publicité. Nous évaluons le budget à un million d’euros par an environ, avec notamment une équipe éditoriale interne de six à huit journalistes.Que répondez-vous aux sites français qui redoutent un nouveau concurrent notamment sur le front publicitaire ?Aujourd’hui, l’ouverture à la publicité est d’un impact très limité et ne vise pas que la France. À l’échelle du groupe, nos ressources publicitaires sont de l’ordre de 5 millions d’euros par an, dont un peu moins d’un million sur le numérique.Avez-vous informé les pouvoirs publics de ce projet et quelle a été leur réaction ?Le projet est inscrit dans le contrat d’objectif et de moyens (COM) que nous sommes en train de négocier avec l’Etat. Tout a été fait dans la transparence et il ne demande pas de moyens nouveaux. Nous estimons que ce projet est conforme à notre mission, qui est de proposer un regard sur le monde avec une touche française. Dans ce cadre, ne pas chercher à communiquer avec les jeunes générations francophones serait un peu curieux.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.09.2015 à 14h16 Help us get the word out about our detained colleagues in Turkey. Share #freevicenewsstaff http://t.co/Od1XhrPVPl http://t.co/P279IGBxGX— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);La justice turque a ordonné, jeudi 3 septembre, la libération de deux reporters britanniques du site d’information Vice News, arrêtés pour « terrorisme ».Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été placés lundi en détention provisoire. Ils avaient été interpellés la semaine dernière, avec leur traducteur de nationalité irakienne, alors qu’ils couvraient les affrontements entre forces de sécurité et rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turquie. En revanche, leur traducteur n’a pas été libéré.Un tribunal de Diyarbakir, la grande ville du sud-est à majorité kurde du pays, les a formellement inculpés lundi de « participation à des activités terroristes » et incarcérés jusqu’à leur procès, suscitant de nombreuses critiques. Ils avaient été transférés dans la prison d’Adana en raison du manque de traducteurs anglophones.La justice turque leur reproche d’avoir entretenu des contacts avec des organisations telles que le groupe djihadiste Etat islamique (EI) et le PKK.Parmi les éléments à charge retenus par le juge figurent des images tournées par les journalistes montrant des jeunes militants proches du PKK en train de fabriquer des cocktails Molotov, ainsi que des carnets détaillant la structure du mouvement rebelle, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anatolie.Vice News, qui a nié ces accusations et exigé la libération immédiate de son équipe, a dénoncé leur transfert vers Adana.Lire aussi :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médias Alexandre Piquard « Vincent Bolloré a été nommé président du conseil de surveillance de Groupe Canal +. » Le communiqué publié jeudi 3 septembre par Vivendi, sa maison mère, concrétise une nouvelle donne au sein du groupe audiovisuel. L’homme d’affaires breton sera désormais le nouveau capitaine de Canal + : il détiendra le pouvoir mais pourra aussi s’occuper de l’opérationnel, comme il a d’ailleurs commencé à le faire ces derniers mois. Déjà président du conseil de surveillance de Vivendi, M. Bolloré va s’investir personnellement et passer du temps à Issy-les-Moulineaux, au siège de la direction de la chaîne cryptée, où il aura désormais un bureau permanent, annonce-t-on dans son entourage.Des hommes de Vivendi et de BolloréDeux membres supplémentaires ont aussi été nommés pour « renforcer » le directoire de Groupe Canal + : Julien Verley et Jean-Christophe Thiery. Ce dernier assure désormais la présidence de la société, en remplacement de Bertrand Meheut, tandis que Maxime Saada, promu avant l’été, reste directeur général. Dominique Delport, dirigeant de l’agence Havas, prendra en sus la tête de l’entité de développement Vivendi Contents, a révélé La Lettre de l’Expansion.Lire aussi :Comment Vincent Bolloré a pris le pouvoir à Canal+M. Thiery, patron de Bolloré Médias et de l’institut de sondages CSA, a accompagné le développement du groupe Bolloré dans les médias avec les chaînes Direct 8 et Direct Star, ou le quotidien gratuit Direct Matin. Enarque passé par le ministère des finances, il est apprécié des pouvoirs publics, estime-t-on à Vivendi, qui le présente comme une personne discrète, efficace et appréciant le consensus. C’est aussi un homme de confiance de M. Bolloré. M. Verley, lui, a rejoint Groupe Canal + comme directeur général adjoint chargé des finances en 2006 et dirige, depuis fin 2012, NC +, la filiale de l’entreprise en Pologne.« L’équipe de Vivendi va s’impliquer chez Canal dans les responsabilités fonctionnelles », a ensuite précisé Vincent Bolloré dans une lettre aux salariés de Canal +, publiée par Puremedias :« Ainsi Frédéric Crépin, Secrétaire général de Vivendi, devrait aussi devenir Secrétaire Général de Canal ; Vincent Vallejo, Directeur de l’Audit de Vivendi devrait aussi devenir Directeur de l’Audit de Canal ; Mathieu Peycere, DRH de Vivendi, devrait aussi devenir DRH de Canal; Stéphanie Ferrier, Directrice des services généraux de Vivendi, devrait aussi devenir Directrice des services généraux du groupe Canal. »Guillaume Zeller, ancien rédacteur en chef de Directmatin.fr, va rejoindre Vivendi pour développer les « news », Thierry Cheleman, directeur des sports et du théâtre et spectacle vivant chez D8, « va couvrir le sport », et Didier Lupfer, ex-Ubisoft Motion Pictures, le cinéma, ajoute enfin M. Bolloré.Nuit du rugby, Canal Olympia...Le message de cette réorganisation est clair : Groupe Canal + est désormais « intégré » à Vivendi. Fini les « Etats dans l’Etat », les « silos » et autres « citadelles », tout le monde doit travailler ensemble. Tel est le refrain de la nouvelle direction. Une page se tourne après l’ère du tandem Bertrand Meheut-Rodolphe Belmer, qui, depuis 2002, dirigeait sans se soucier de Vivendi, d’Universal Music ou de SFR (revendu depuis).Pour illustrer cet état d’esprit « group first », on cite à Vivendi quelques exemples : la « Nuit du rugby », une opération prévue en novembre. Diffusée sur Canal +, elle concerne un sport retransmis toute l’année sur la chaîne et aura lieu à l’Olympia, propriété de Vivendi, qui en assurera aussi la billetterie, via Digitick.Le groupe annonce aussi pour le 26 septembre, à Conakry en Guinée, la pose de la première pierre de « Canal Oympia », une salle qui doit accueillir un grand concert d’artistes Universal Music retransmis sur Canal + et sur la plateforme Dailymotion. L’événement sera aussi promu sur les chaînes africaines du groupe, dont A +, dédiée à un continent jugé crucial pour l’avenir de Vivendi. Plusieurs salles de ce type doivent d’ailleurs être construites en Afrique francophone.Le crypté et le divertissement d’abordAu passage, M. Bolloré annonce que la part de l’antenne en clair sera réduite. Elle sera principalement sur les chaînes gratuites du groupe, qui seront rebaptisées C8 - C17 - CNews de Canal (ex-D8, D17 et I-Télé)Vivendi investit aussi dans la production de programmes de flux – c’est-à-dire des émissions qui ne sont pas stockées comme les séries ou le cinéma, et qui font l’objet d’une concurrence croissante avec des plateformes comme Netflix. « Le flux crypté et le divertissement ont vocation à devenir un nouveau pilier de Groupe Canal + », estime M. Saada. Dans ce cadre, Vivendi est entré, mercredi, en négociations exclusives pour devenir un partenaire minoritaire du groupé créé par la fusion entre Banijay et Zodiak, producteurs de « Touche pas à mon poste » ou de « Koh Lanta ». Lire aussi :Vivendi s’invite dans la fusion Banijay-ZodiakVivendi veut enfin s’internationaliser. Si Canal + a perdu 117 000 abonnés ce semestre en France, la chaîne en a gagné 293 000 à l’étranger, selon Le Figaro. La diffusion par Internet est vue comme un moyen de distribuer les contenus partout dans le monde, tout comme les partenariats locaux avec des opérateurs de télécommunications (comme Telefonica ou Telecom Italia). Vivendi dispose enfin d’un dernier atout : les acquisitions. Le groupe dit disposer de 9 milliards d’euros de trésorerie.« Je dirai enfin que l’arrogance n’est pas un comportement qui permet d’avancer », écrit M. Bolloré en conclusion de sa lettre, au cas où certains n’aient pas saisi le message.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une petite phrase nichée dans le communiqué de presse des résultats semestriels de Vivendi, publié mercredi 2 septembre : le groupe de médias « est entré en négociations exclusives pour devenir un partenaire minoritaire du futur troisième groupe mondial de création de programmes de flux qui résultera du rapprochement entre Banijay et Zodiak ».Contacté, Vivendi ne souhaite pas donner plus d’éléments tant que ces négociations ne sont pas achevées. Mais si elles débouchent, elles ouvriront le groupe à un métier nouveau, les programmes de flux, aux côtés de ses activités actuelles (la télévision avec Groupe Canal+, la production de films et séries avec StudioCanal, la musique avec Universal Music Group, le numérique et les spectacles avec Vivendi Village).Créée en 2008 par l’ex-patron d’Endemol France, Stéphane Courbit, Banijay rassemble notamment Air Productions, la société de production de Nagui, et H2O, la société de Cyril Hanouna, qui produit « Touche pas à mon poste » pour D8. Elle produit aussi des émissions de téléréalité comme « Les Ch’tis » pour W9. En France, Banijay est devenue l’an dernier numéro un des producteurs d’émissions de « flux ».Zodiak Media, contrôlée par l’Italien De Agostini (qui détient aussi 17 % de Banijay), est notamment propriétaire en France d’ALP (« Fort Boyard », « Koh-Lanta ») et KM, qui, jusqu’ici, produisait « Le Grand Journal » pour Canal+.Les deux sociétés ont annoncé leur fusion le 29 juillet, pour donner naissance à un ensemble d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, troisième mondial derrière Endemol-Shine Fremantle.Lire aussi :Production télé : la concentration continue avec la fusion Zodiak-BanijayLe renforcement des programmes de flux, notamment en crypté, est un des axes stratégiques du nouveau Canal+ que façonnent le président du directoire de Vivendi, Vincent Bolloré, et le nouveau directeur général de Canal+, Maxime Saada, pour qui « le flux crypté et le divertissement ont vocation à devenir un nouveau pilier de Canal+, aux côtés du cinéma, des séries et du sport ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le projet de lancement d’une chaîne publique d’information en continu est loin de faire l’unanimité dans le monde de l’audiovisuel. C’est même une « folie », a lancé Alain Weill, le président du groupe NextRadio TV, qui détient BFM-TV, la chaîne leader du créneau de l’info en continu. Il réagissait à l’accord annoncé, mardi 1er septembre, entre la nouvelle présidene de France Télévisions, Delphine Ernotte, et son homologue de Radio France, Mathieu Gallet, en vue de collaborer à la création d’une chaîne publique prévue pour septembre 2016.Interrogé mercredi lors de la conférence de rentrée de son groupe, M. Weill a estimé qu’« il n’y a pas de place pour une nouvelle chaîne d’information en continu » en France. « Nous sommes le seul pays occidental où il y a quatre chaînes d’information gratuites. Dans le modèle gratuit, il faut une audience minimum, sinon on n’est pas viables. S’il y a trop de chaînes d’information, elles seront toutes pauvres. Au final, il y aura des fusions. Ce n’est pas un problème de marché publicitaire mais de parts d’audience. » « Il y a aujourd’hui deux chaînes d’information en continu en France (BFM-TV et Itélé) et seule la nôtre est bénéficiaire », a-t-il ajouté.Le lancement d’une chaîne du service public aurait pour effet, selon le président de NextRadio TV, de ramener le modèle des chaînes d’information en continu dix ans en arrière, « sans reportage et juste avec des gens autour d’une table, un peu comme en Allemagne ». Et les perdants, pour Alain Weill, seront les téléspectateurs.Lire aussi :France TV et Radio France, les raisons d’un mariage dans l’information en continuFleur Pellerin « très favorable » au projetSi, dans l’immédiat, cette nouvelle chaîne devrait être destinée aux ordinateurs, aux téléphones mobiles et aux tablettes, la présidente de France Télévisions n’a pas écarté un lancement à terme sur le réseau hertzien, via un canal TNT. Cela nécessiterait l’aval de l’Etat actionnaire. « J’en appelle au Conseil supérieur de l’audiovisuel et à l’Etat », a lancé mercredi M. Weill.Le gouvernement reste prudent sur la question de la diffusion mais la création d’une chaîne d’information émanant du service public est devenue cette année une intention gouvernementale.Interrogée par France Info mercredi matin, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, s’est dite « très favorable » à un tel projet, soulignant qu’il « va tout à fait dans le sens des orientations [qu’elle] avait tracées pour France Télévisions ». Il permettrait une « mutualisation des moyens », à l’heure où les ressources des entreprises de l’audiovisuel public sont sous tension.Cet accord conclu entre les deux entreprises publiques ne convainc pas non plus tout le monde au sein de Radio France. Car depuis plusieurs mois, l’ambition de France Télévisions de développer une « chaîne d’information numérique » suscitait la circonspection, voire l’hostilité de ses homologues de l’audiovisuel public, à commencer par France Info.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueUn projet pas indispensableA l’origine radio d’information en continu, celle-ci a engagé une mue qui doit en faire un « média global », distribué sur le numérique et mêlant du son, des images et du texte. Soit une offre assez proche de ce que pourrait être une « chaîne d’information numérique » issue de France Télévisions.Lire aussi :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »« On a un déficit et un plan de suppression de 350 postes mais on doit donner un coup de main à France Télé », a ironisé, mardi, le Syndicat national des journalistes de Radio France sur Twitter. « Quel est l’intérêt pour Radio France ? », interroge un communiqué de son intersyndicale, mercredi, qui évoque une « filialisation ». « Que veut-on faire de France Info, de son projet, de ses journalistes ? » ajoute-t-il encore.France 24, diffusée à l’étranger mais également partout via le web, était aussi plutôt réservée sur le projet lancé par France Télévisions. Afin de surmonter ces critiques, Mme Ernotte et M. Gallet se sont montrés désireux « d’associer » à ce projet les autres acteurs de l’audiovisuel public, comme RFI ou France 24 justement.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nabil Wakim (Un débat animé par) //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']);Opéra Bastille - StudioLe 26/09/2015, 12h00 à 13h30Traduction simultanée Réservez vos places //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique « Les sciences sociales ne jouent plus leur rôle de contre-pouvoir » Dialogue entre Thomas Ostermeier et Denis Podalydès La culture, un supermarché de produits et d’événements ?tous les articles de la thématique« Le Monde » organise une table ronde sur l’avenir des médias à l’heure du numérique. Un débat animé par Nabil Wakim dans le cadre du Monde Festival, le samedi 26 septembre de 12 heures à 13 h 30 à l’Opéra Bastille.La révolution numérique n’a pas tué la presse, elle l’a transformée. En vingt ans, Internet a changé le visage des médias, la manière de travailler des journalistes et les habitudes des lecteurs.D’abord inquiets face à l’émergence du Web, perçu comme une menace pour leur modèle économique, de nombreux médias ont pris avec retard le virage numérique, essayant aujourd’hui de renouer avec leurs lecteurs et de construire un nouvel équilibre économique. Les journalistes ont vu leurs pratiques modifiées en profondeur par la réactivité du réseau, la puissance de l’image et les réseaux sociaux.Les lecteurs sont devenus acteurs et commentateurs de l’information, depuis leur lieu de travail, via l’écran de leur smartphone ou de leur ordinateur. Ils sont aussi devenus l’objet de toutes les attentions des médias, qui scrutent leurs comportements en ligne et leurs centres d’intérêts.Toute la chaîne de l’information, de la production a la diffusion a été bouleversée. Comment les médias s’adaptent-ils à cette évolution à grande vitesse ? Quel impact cela a-t-il sur les choix éditoriaux ? Et sur la manière de travailler des journalistes ?IntervenantsLaura McGannLaura McGann est rédactrice en chef en charge de la politique à Vox.com, le dernier né des « pure players » américains, membre du groupe Vox Media. Elle a été rédactrice en chef adjointe de Politico, et a été journaliste au Nieman Lab, site de référence sur l’évolution des médias à l’ère numérique.Kevin SutcliffeKevin Sutcliffe est le directeur de l’information pour la zone Europe de Vice News. Avant de rejoindre le site d’informations en ligne en 2013, ce journaliste britannique a été producteur d’émissions de grand reportage et d’investigation pour Channel 4 et à la BBC. Il a donc l’expérience des médias traditionnels aussi bien que des « pure players ».Siddharth VaradarajanDirecteur jusqu’en 2013 de The Hindu, l’un des principaux quotidiens indiens de langue anglaise, Siddharth Varadarajan, 50 ans, a lancé cette année un nouveau portail Internet d’information, The Wire. Fin connaisseur du secteur de l’information dans les pays émergents comme dans les pays développés, il a enseigné dans plusieurs universités américaines, notamment à Berkeley et Yale.Wolfgang BlauWolfgang Blau est le directeur de la stratégie digitale du Guardian depuis 2013. Cet Allemand de 48 ans a été journaliste indépendant basé aux Etats-Unis pendant dix ans avant d’être nommé, en 2008, rédacteur en chef du site en ligne de l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Par Nabil Wakim (Un débat animé par) 01.09.2015 à 18h55 • Mis à jour le02.09.2015 à 15h57 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Officiellement, il leur a suffi d’un déjeuner, mardi 1er septembre, pour tomber d’accord. « Delphine Ernotte Cunci, PDG de France Télévisions, et Mathieu Gallet, PDG de Radio France, se sont accordés pour travailler ensemble sur le projet d’une chaîne d’information en continu, commune à France Télévisions et à Radio France » : les deux entreprises publiques se sont immédiatement fendues d’un communiqué commun, mardi en fin de journée. Mercredi matin, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, invitée de France Info, s’est dit « très favorable » à un tel projet.Depuis plusieurs mois, l’ambition de France Télévisions de développer une « chaîne d’information numérique » suscitait la circonspection, voire l’hostilité de ses homologues de l’audiovisuel public, à commencer par France Info. A l’origine radio d’information en continu, celle-ci a engagé une mue qui doit en faire un « média global », distribué sur le numérique et mêlant du son, des images et du texte. Soit une offre assez proche de ce que pourrait être une « chaîne d’information numérique » issue de France Télévisions, elle aussi distribuée, donc, sur le numérique et proposant probablement une combinaison de flux, de textes et d’images. De son côté, France Médias Monde opère déjà, avec France 24, une chaîne d’information en continu, diffusée principalement hors de France, mais bien présente sur le Web.Une attente de l’exécutifOr, la création d’une chaîne d’information émanant du service public est devenue cette année une intention gouvernementale. Elaborée sous l’égide de Bercy et du ministère de la culture, la feuille de route pour le futur président de France Télévisions, publiée au printemps, comprenait l’idée de renforcer l’offre d’information, avec la volonté d’offrir davantage de décryptage et de compréhension. La forme était laissée libre, mais le message semblait inviter au lancement d’une chaîne d’information. Le gouvernement, parfois mal à l’aise avec le rythme et le style imposés par BFM-TV ou i-Télé, y voit un enjeu démocratique dans le contexte de l’après-attentats de janvier. Et, comme l’a rappelé Mme Pellerin mercredi, l’exécutif défend une « mutualisation des moyens », à l’heure où les ressources des entreprises de l’audiovisuel public sont sous tension.L’attente gouvernementale avait été devancée par la précédente équipe de direction de France Télévisions, dont le directeur de l’information, Thierry Thuillier – désormais chez Canal+ –, annonçait en décembre 2014 le lancement d’une chaîne d’information numérique pour septembre 2015. Outre la vision éditoriale, il s’agissait de répondre à des enjeux internes. L’entreprise publique mène actuellement une fusion de ses rédactions (France 2, France 3 et France TV Info) dans le cadre du plan « Info 2015 ». Créer un espace de travail commun, dépassant les canaux actuels et répondant à une ancienne attente, est un levier évident pour aider à surmonter les vives résistances internes.Outre Delphine Ernotte, la plupart des candidats à la présidence de France Télévisions s’étaient accaparés cette idée. La nouvelle PDG a récemment répété, dans un entretien au Monde, son intention de créer une chaîne d’information en continu diffusée sur le numérique, voire sur un canal hertzien. Suscitant immédiatement la riposte de ses homologues : « France Info est là depuis trente ans », rétorquait Mathieu Gallet, tandis que la présidente de France Médias Monde, Marie-Christine Saragosse, lançait : « Une chaîne d’info télé de service public, il y en a une, c’est France 24. »Lire l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Saragosse devant le fait accompliDelphine Ernotte Cunci et Mathieu Gallet – tous deux liés au conseiller en communication Denis Pingaud – ont donc décidé d’éviter cette guerre de tranchées potentielle, qui n’aurait été utile ni à l’un, ni à l’autre. L’heure est à l’apaisement et à la concorde affichée. « Le projet sera confié à Germain Dagognet, directeur délégué à l’information de France Télévisions, et à Laurent Guimier, directeur de France Info », explique le communiqué. Ancien rédacteur en chef de LCI, M. Dagognet vient d’être recruté chez France Télévisions.Bons élèves, les deux présidents se disent « ouverts et désireux d’associer les autres acteurs de l’audiovisuel public ». Potentiellement, le sujet concerne France Médias Monde, mais aussi La Chaîne parlementaire et Public Sénat, voire Arte, l’INA et TV5 Monde. « Dans le contexte budgétaire qui est le nôtre, le bon sens commande a minima que la seule chaîne d’info télé de service public déjà financée depuis neuf ans soit associée à la réflexion, qui en est à un stade très exploratoire », a indiqué au Monde Marie-Christine Saragosse. Celle-ci a rencontré Delphine Ernotte cet été mais n’avait pas été informée de la démarche de ses homologues...La position des syndicats, qui sont influents à France Télévisions comme à Radio France, sera aussi scrutée avec attention. « On a un déficit et un plan de suppression de 350 postes mais on doit donner un coup de main à@Francetele », a ironisé, mardi, le SNJ de Radio France sur Twitter. « Quel est l’intérêt pour Radio France ?, interroge un communiqué de son intersyndicale, mercredi, qui évoque une « filialisation ». Que veut-on faire de France Info, de son projet, de ses journalistes ? »Du côté de France Télévisions, le projet de chaîne d’information est plutôt perçu comme un signe d’ambition. Mais le spectre des « mutualisations de moyens », déjà au cœur de l’opposition au projet « Info 2015 », risque d’inquiéter davantage encore si cette mutualisation concerne désormais plusieurs rédactions de l’audiovisuel public.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guillot C'est rarement la subtilité qui caractérise, d’ordinaire, les photos récompensées par le World Press, le prix le plus célèbre du photojournalisme : on y prime plutôt les effets spectaculaires, les sentiments exacerbés (douleur, tristesse), les actions fortes (bombardements, tueries, torture), l’hémoglobine… Y aurait-il comme une prise de conscience que ce genre d’images, certes très lisibles et efficaces, peut lasser ? Et qu’elles répondent rarement à la complexité des faits ?Comme pour répondre aux reproches faits depuis longtemps à cette imagerie répétitive et souvent pleine de clichés (riche/pauvre, victime/bourreau, mère à l'enfant ou « mater dolorosa »…), cette année, le World Press a décerné le titre de l'image de l'année à une photo sans action marquante, ni scène tragique. L'image de Mads Nissen, prise à Saint-Pétersbourg, montre un jeune couple homosexuel dans son intimité. Les poses, le clair-obscur et le décor (le drapé d'un rideau) font bien plus référence à la peinture hollandaise qu'à la photo de guerre. Les faits traités sont bien tragiques – la discrimination et la violence contre les homosexuels en Russie – mais ils sont illustrés par une image de tendresse et d’affection. « C'est une image très très subtile » a commenté Michelle McNally, présidente du jury, qui a qualifié la photo de « superbe scène ». Une photo qui montre non seulement le quotidien, mais qui a été prise dans un pays proche, pas sur le terrain d’une guerre lointaine. « C'est une chose qui manque souvent dans le photojournalisme, on a toujours l'impression qu'il faut chercher l'exotique », a commenté Donald Weber, autre membre du jury. Patrick Baz, de l’Agence France Presse, qui a également participé au jury, a insisté sur Twitter : « Ce prix parle d’amour et de haine, de paix et de guerre, et on n’a pas besoin de sang et de destructions pour décrire ça. »Lire aussi : le palmarès du World Press Photo 2015S'agirait-il d'une évolution durable ? Déjà, en 2014, le World Press avait récompensé une photo moins évidente que d'habitude, en évitant l’instant décisif et l’événement exceptionnel : on y voyait, dans une scène nocturne, des migrants lever leur téléphone portable en quête de réseau pour appeler leurs proches restés au pays. Le reste du temps, les photos de l’année du World Press font plutôt dans le spectaculaire. Les photos de sport particulièrement manipuléesAutre tendance forte en 2015 : la manipulation des images. Le jury, qui demande à tous les candidats présélectionnés d’envoyer les fichiers numériques « raw », c’est-à-dire avant toute retouche, pour les comparer avec les images soumises à la compétition, a eu des mots très durs sur la quantité de fichiers retouchés de façon excessive, et donc disqualifiés. Ce fut le cas d’une image sur cinq, soit 20 % !Le directeur général du World Press Photo, Lars Boering, a déclaré dans un communiqué : « Cette année, le jury a été très déçu de découvrir avec quelle légèreté les photographes ont traité leurs fichiers soumis à la compétition. Quand un élément a été ajouté ou retranché de l’image, cela nous a conduits à rejeter l’image en question. (...) Il semble que certains photographes ne peuvent résister à la tentation de rehausser leurs images soit en enlevant de petits détails pour “nettoyer” une image ou parfois à changer la tonalité de façon excessive, ce qui constitue un changement réel de l’image. Ces deux types de retouches compromettent l’intégrité de l’image. »Les retouches ont particulièrement affecté la section « sports », au point que le jury a renoncé à décerner le troisième prix de la catégorie « stories », faute de candidat « propre » (voir l’entretien de Lars Boering avec le British Journal of Photography, en anglais).Sens de l’image fausséUne tendance sur laquelle on peut émettre quelques hypothèses : peut-être le jury du World Press Photo est-il particulièrement sévère sur les retouches considérées comme « classiques » (couleurs réhaussées, ombres atténuées, etc.) ? On a du mal à le croire, vu que les membres sont issus de différents médias à travers le monde, avec des habitudes différentes.Ou alors peut-être les candidats au World Press ont-ils accentué les retouches dans l’espoir d’augmenter leurs chances d’être sélectionnés, sachant que le prix récompense des photos souvent parfaites techniquement ? Là encore, on peut en douter : ils savaient que leurs images seraient comparées aux fichiers originaux, et risquaient d’être disqualifiées car ces manipulations seraient considérées comme de la fraude.Ou enfin – hypothèse la plus probable, vu le nombre énorme d’images rejetées – les photographes ont pris l’habitude de retoucher leurs photos à un tel point et avec une telle facilité qu’ils ne semblent plus avoir conscience qu’ils faussent le sens de l’image. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter sur ce qui nous est donné à voir du monde aujourd’hui. Comme s’il fallait, pour qu’elles retiennent notre attention dans le flot visuel qui nous noie, des images toujours plus léchées, toujours plus parfaites, toujours plus spectaculaires. Des images qui ressemblent plus aux jeux vidéo qu’à la réalité.Claire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a relevé 36 manquements aux règles de la communication audiovisuelle lors de la couverture que les radios et télévisions ont faite des attentats de Paris du 7 au 9 janvier.Il a émis 21 mises en demeure et 15 mises en garde, mais n’a pas prononcé de sanction. Les sanctions, juridiquement, ne peuvent intervenir sans mise en demeure préalable. Ces mises en demeure constituent donc une hypothèque pour les médias concernés, qui se verront sanctionnés s’ils réitèrent les mêmes manquements.Le CSA avait réuni les responsables radios et télévisions le 15 janvier et dit avoir tenu compte de cette « enquête contradictoire ».Selon le CSA, les faits qui ont justifié ces mises en garde et demeure sont les suivants :La diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes ;La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi ;La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes ;La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ;L’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes ;La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ;La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.La plupart des télévisions sont concernées par ces mises en garde ou demeure.Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est une surprise. Le patron du groupe de télécoms Altice - SFR - Numericable, Patrick Drahi, et son associé, Marc Laufer, vont acquérir l'ensemble des magazines français que détient le groupe Roularta, soit le cinquième pôle français de presse magazine. Avec cette acquisition, les deux hommes, déjà co-actionnaires de Libération, prennent une place croissante dans le paysage médiatique français.Jeudi 12 février en fin de matinée, un communiqué de Roularta est venu confirmer ce que l'AFP puis Le Monde avaient annoncé. « Les négociations exclusives entamées par Roularta Media Group avec Monsieur Patrick Drahi associé à Monsieur Marc Laufer devraient permettre la cession de la totalité des activités de Roularta en France », selon ce texte. Jusqu'ici, le périmètre des négociations exclusives entre les deux parties, ouvertes le 8 janvier, ne portait que sur une partie des magazines, dont L'Express, mais aussi sur Mieux vivre votre argent, Lire, Classica, Pianiste, Studio Ciné Live, le site L'Entreprise, l'organisation de salons de recrutement Job Rencontres, le Salon du travail et de la mobilité, le salon Expolangues et le portail Distrijobs.De son côté, le groupe belge Roularta devait conserver son pôle Education (autour de L'Etudiant et de ses 80 salons), Point de vue, Histoire, Images du monde et son pôle Art de vivre, notamment avec le site cotemaisons.fr, les magazines Côté Sud, Côté Ouest, Côté Est, Côté Paris, ou encore Maison française Magazine, l'hebdo gratuit A Nous Paris et les mensuels gratuits A Nous Lille / Lyon / Marseille. Ces titres étaient également convoités par Le Figaro.Mais les lignes ont bougé ces derniers jours. Selon nos informations, les parties ont constaté que la partition du groupe serait difficile à mener et source de nombreuses complications. Outre son offre, supérieure à celle qu'aurait proposée le groupe Bolloré, Patrick Drahi se serait montré ouvert à une reprise globale du groupe Express Roularta, incluant le bail de l'immeuble de L'Express situé rue de Châteaudun à Paris.« La procédure de consultation du Comité d'Entreprise de Groupe Express Roularta (GER) devrait être entamée dans les plus brefs délais », assure le communiqué de Roularta. Jeudi matin, les délégués du personnel et syndicaux ont été informés. Des réunions d'information se sont également tenues dans les différents services.UN PRIX EVALUE A 50 A 70 MILLIONS D'EUROSPour le groupe belge, cette cession vient clore une décennie au bilan négatif. En 2006, Roularta avait déboursé plus de 210 millions d'euros pour acquérir ces magazines, puis 30 à 40 autres millions pour Point de vue. Las, en raison de la baisse des recettes publicitaires et des ventes, ce pôle s'est mis à accumuler des pertes récurrentes, que des plans sociaux à répétition n'ont pu entraver. En 2013, le groupe belge avait ainsi accusé une perte nette de 57,9 millions d'euros, principalement due à ses magazines français. Une première dépréciation d'une cinquantaine de millions d'euros avait été passée.Dès lors, la cession était devenu une option sérieuse et les rumeurs de vente se sont multipliées. Mais les discussions ont souvent achoppé sur le prix, Roularta refusant de brader son actif.Il est peu probable que le montant payé par MM. Drahi et Laufer soit divulgué. Roularta s'est contenté, dans son communiqué, de préciser qu'« en cas d'accord, Roularta tiendra compte dans ses comptes annuels 2014 d'une réduction de valeur, sur les activités françaises, estimée prudemment entre 140 et 150 millions d'euros. » Ajouté au montant de la première dépréciation, ce chiffre suggère que le prix final accepté par Roularta pourrait être compris entre 50 et 70 millions d'euros. RAPPROCHEMENT PROCHAIN AVEC « LIBÉRATION »Cette acquisition, quelques mois après la reprise de Libération, témoigne de l'appétit du propriétaire d'Altice et de son associé Marc Laufer, passé notamment par les groupes NRJ et NextRadioTV. Les deux hommes ont pour objectif la constitution d'un groupe de médias puissant et diversifié.Outre Libération et les magazines de Roularta, ce groupe doit inclure la chaîne d'information en continu i24news, lancée en Israël par Patrick Drahi, et le groupe de presse professionnelle NewsCo, créé par M. Laufer. Certains observateurs pointent l'hétérogénéité de ces titres, aux cultures éditoriales dissemblables. Mais les deux hommes avancent. Ils auraient choisi un nouveau nom pour leur groupe, Altice Media Group, et non plus Mag & NewsCo, comme initialement annoncé. Et bientôt, Libération pourrait être hébergé dans les locaux de L'Express.Ils ne sont pas pour autant attendus comme des sauveurs. Le 17 janvier, dans un communiqué, les rédactions s'étaient alarmées des négociations en cours, estimant que « la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs ». Le pôle des magazines français de Roularta comprend aujourd'hui 720 personnes environ, dont 330 journalistes, hors pigistes et CDD.Selon un journaliste contacté par Le Monde, le fait que la transaction porte finalement sur l'ensemble des titres était toutefois perçu, jeudi, comme un élément rassurant. « C'est plutôt une bonne nouvelle, a-t-il estimé. Le découpage du groupe nous paraissait irréaliste. Ce rachat global maintient la cohérence de nos titres et lève plusieurs ambiguités, notamment pour toutes les fonctions transversales. Cela dit, nous n'ignorons pas qu'un plan de départs reste plausible, car le groupe perd de l'argent et que Drahi et Laufer semblent intransigeants sur ce point. »  Les sociétés des journalistes de L'Express et de Libération ont également publié un communiqué conjoint, jeudi, selon lequel elles « veilleront au respect de leurs identités et de leurs indépendances respectives » et « insistent sur l'indispensable séparation des deux rédactions » pour « préserver les spécificités de ces deux journaux d'information générale à l'histoire et aux positions éditoriales singulières ». Elles formulent également plusieurs demandes relatives à l'indépendance éditoriale et à la gouvernance du futur groupe.Lire (édition abonnés) : Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.02.2015 à 10h16 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h21 A deux mois du choix d'un nouveau président, le climat social se tend à France Télévisions, où les syndicats organisent depuis le 29 janvier des grèves quotidiennes contre un projet de réorganisation du travail, ont indiqué plusieurs dirigeants syndicaux.Les principaux syndicats déposent chaque jour, tour à tour, un préavis de grève de 24 heures. Des grèves partiellement suivies qui perturbent les antennes, mais pas assez pour que le téléspectateur s'en aperçoive, ont expliqué des délégués de FO et du SNJ. « Nous demandons l'abandon du projet de réorganisation qui bouleverse les conditions de travail, notamment celles des techniciens, et entraîne des pertes de rémunérations », a expliqué Eric Vial de FO.Ces changements d'horaires sont liés notamment au projet d'unification des rédactions nationales de France 2 et France 3, baptisé « Info 2015 ». Autre demande, l'arrêt de l'externalisation de certaines émissions, réalisées chez des sous-traitants. Des salariés se plaignent par exemple de pauses imposées en milieu de journée afin, selon eux, d'éviter de leur payer des heures supplémentaires, ce qui perturbe la fabrication des JT.APPLICATION « DÉLOYALE »« Il n'y a plus de dialogue social car les dirigeants du groupe font leurs cartons », a lancé Eric Vial, allusion au choix du prochain président de France Télévisions en avril par le CSA, alors que le mandat de Rémy Pflimlin vient à échéance. Des contestations se manifestent aussi dans le pôle France 3 Nord-est et à La Réunion, a-t-il ajouté.Depuis la signature d'un accord collectif en 2013, la direction prévoit d'unifier les conditions de travail entre les salariés de France 2 et France 3, afin notamment de réduire les coûts et mutualiser les moyens. Les syndicats dénoncent une application « déloyale » de l'accord, au point que la CFDT a décidé de « retirer sa signature », ont indiqué les syndicats. « Il n'y a plus de négociations, la direction attend que ça passe et ne prend plus de décision, instaurant un climat de fin de règne », a renchéri le délégué SNJ Serge Cimino, qui compte présenter sa candidature à la présidence.Côté direction, le DRH, Patrice Papet, a minimisé le conflit. « Les changements d'organisation génèrent des résistances chez une partie du personnel », mais la direction est « prête à faire des aménagements » et « fera des propositions », a-t-il dit. Quand au choix de la CFDT de retirer sa signature de l'accord collectif, « c'est un effet de manche », a-t-il jugé.Lire aussi : France Télévisions, le grand corps malade 11.02.2015 à 08h12 • Mis à jour le11.02.2015 à 09h08 La chaîne de télévision payante britannique Sky et l’opérateur téléphonique britannique BT (ex-British Telecom) se partageront les retransmissions des matches de la Premier League, le championnat de football anglais, pour les trois prochaines saisons (de 2016 à 2019). Et, pour ce faire, les deux entreprises ont cassé leur tirelire : elles ont accepté de débourser au total 5,2 milliards de livres (7 milliards d’euros) sur trois ans, soit une envolée de 68 % par rapport au contrat actuel.Les analystes s’attendaient à voir le total des droits partir pour 4 milliards de livres. L’envolée du prix du football anglais ne se dément donc pas.Sky, à elle seule, paie 4,2 milliards de livres (5,6 milliards d’euros). La chaîne a remporté cinq des sept lots aux enchères et diffusera 126 matches par saison, dont ceux du dimanche après-midi, avec des têtes d’affiche comme Manchester United et Arsenal.BT a remporté les enchères pour les deux lots restants, pour 960 millions de livres, et pourra diffuser 42 matches par saison.Pour le précédent contrat avec la Premier League en 2012, pour les saisons 2013 à 2016, le total des droits avait atteint 3 milliards de livres.BT en a payé le quart, ayant remporté deux des sept « packages » mis aux enchères, soit 38 matchs par saison. Sky détient le reste, soit 116 matchs par saison.L’inflation sans fin des droits du football anglaisCette inflation des prix est la conséquence de la guerre frontale entre Sky et BT. Le premier a fait du football son principal produit d’appel, avec les films. BT s’est, quant à lui, lancé dans la bataille en 2012. Le groupe a lancé ses propres chaînes de sport, intitulées BT Sport (elles ont commencé à diffuser à l’été 2013).Pour convaincre ses clients de s’abonner à son Internet haut débit, il leur offre – gratuitement – la retransmission des chaînes. Aujourd’hui, 1,9 million de téléspectateurs les regardent toutes les semaines. Près de 25 000 pubs se sont abonnés, plus que ceux qui ont choisi Sky.Lire aussi : Foot : les équipes anglaises, les plus riches au monde Gilles Paris (Washington, correspondant) Les honneurs se sont abattus sur Jon Stewart aussi sûrement que l’opprobre a plu sur Brian Williams. Par un hasard improbable, l’annonce, mardi 10 février, du départ prochain de l’animateur vedette de la chaîne américaine Comedy Central, après seize ans de présentation d’une parodie de journal télévisé, a coïncidé avec la mise à pied sans salaire, pour six mois, de l’anchorman – « présentateur » – de NBC, coupable d’avoir pris quelque liberté avec la vérité. Une gifle pour cet héritier de la lignée autrefois prestigieuse mais désormais en péril des présentateurs des grands-messes des débuts de soirée.Comme l’avait remarqué la chroniqueuse du New York Times, Maureen Dowd, dans sa colonne dominicale du 8 février transformée en missile Hellfire contre Brian Williams, le premier des deux, pilier d’un « Daily Show » nocturne satirique et déjanté qui s’est imposé pendant près de seize ans comme un quasi-bréviaire de contre-culture médiatique, n’a pas été pour rien dans les déboires de la chaîne du second. Il a été, il est vrai, grandement aidé par le développement des réseaux sociaux, prompts à construire un discours alternatif à celui dispensé par les grands networks et que son émission quotidienne n’a cessé d’alimenter en mêlant farce paillarde et dissection impitoyable des travers de la politique américaine.Brian Williams ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour avoir embelli un épisode de sa couverture de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine en 2003 : avoir prétendu être à bord d’un hélicoptère contraint à un atterrissage d’urgence après avoir été touché par un tir de roquette RPG, et plus encore pour avoir cru qu’un demi-aveu permettrait de masquer son mensonge. Mais il aurait sans doute été en meilleure position si NBC n’avait à s’inquiéter des chiffres d’audience en berne de ses émissions phares, qu’il s’agisse du journal d’information du soir comme le rendez-vous hebdomadaire « Meet the Press ».La cible Fox NewsL’annonce du départ de Jon Stewart a sans doute ravi les conservateurs américains, régulièrement tournés en ridicule, même si l’animateur ne cache pas sa sympathie pour des francs-tireurs républicains de la stature d’un John McCain. En 2010, en pleine vague Tea Party, Jon Stewart et un autre animateur vedette de Comedy Central, Stephen Colbert, avaient réuni plus de 200 000 personnes à Washington lors d’un « rallye pour restaurer le bon sens ou la peur ». Ils égratignaient un rassemblement organisé plus tôt par un animateur vedette de la chaîne conservatrice Fox News, source inépuisable d’inspiration pour le « Daily Show ».Stephen Colbert était devenu vedette de son propre programme après avoir fait ses gammes comme bien d’autres auprès du maître du « Daily Show ». Son « Colbert Report » était une autre parodie de journal télévisé dans laquelle il incarnait un modèle de conservateur infatué et loufoque. Après avoir mis fin à l’aventure en décembre 2014, avec tous les hommages comme Jon Stewart mardi, Stephen Colbert prendra en mai la succession de l’humoriste David Letterman à la tête du « Late Show », l’inoxydable programme du soir de CBS.Jon Stewart avait déjà déserté le « Daily Show » pour réaliser, en 2014, un film dramatique, Rosewater, adapté de l’histoire du journaliste iranien Maziar Bahari. Ce dernier avait été emprisonné et torturé en Iran, après un entretien accordé au « Daily Show » dans le cadre de la réélection mouvementée du président Mahmoud Ahmadinejad. Mardi, ni Comedy Central ni Jon Stewart ne donnaient d’indications sur le tour que ce dernier entend donner à sa carrière.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.02.2015 à 02h32 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h06 Accusé d'avoir menti, l'homme qui présente depuis 2004 le journal télévisé le plus regardé aux Etats-Unis, sur NBC News, a été suspendu pour six mois a annoncé la chaîne, mardi 10 février. Brian Williams avait annoncé dès samedi qu'il se retirait pour quelques jours de son rendez-vous télévisé quotidien, après avoir reconnu qu'il avait menti sur certains souvenirs de reportages.Le journaliste avait affirmé qu'un hélicoptère de l'armée américaine dans lequel il voyageait en Irak en 2003 avait été attaqué au lance-roquettes. « J'ai fait une erreur en rapportant cet événement d'il y a douze ans », avait-il reconnu, précisant « j'étais dans un appareil qui suivait ».Le pilote de l'hélicoptère visé, Joe Summerlin, cité par le New York Times, avait en effet révélé que l'appareil qui transportait Brian Williams et son équipe se trouvait à plus d'une demi-heure du sien. Il avait dû se poser en raison d'une tempête de sable.Néanmoins, au lieu de calmer le jeu, l'aveu de M. Williams a mis le feu aux poudres, des anciens combattants et du public, rejetant l'idée d'une simple erreur. Plusieurs médias américains avaient ainsi estimé que le journaliste avait « perdu sa crédibilité ».Dans une note interne, la présidente de NBC News, Deborah Turness, avait annoncé vendredi qu'une enquête était en cours pour faire la lumière sur cet incident qui met à mal l'image de la rédaction. Elle a précisé mardi que le présentateur ne sera pas payé pendant la durée de sa sanction.D'AUTRES MENSONGES ?Journaliste respecté jusque-là, Brian Williams avait été correspondant à la Maison Blanche et a reçu des dizaines de récompenses dans sa carrière. Après le 11-Septembre, il avait passé plusieurs jours quasi non-stop à l'antenne. Il s'était rendu à plusieurs reprises en Irak durant la guerre, et a aussi couvert le tsunami en Asie en 2004.Depuis, d'autres affirmations de Brian Williams sont mises en doute, notamment sur sa couverture de l'ouragan Katrina, lorsqu'il avait affirmé avoir vu flotter un cadavre depuis sa chambre d'hôtel du quartier français de la Nouvelle Orléans. Ce récit avait suscité les suspicions du Dr Brobson Lutz, ancien directeur des services de santé de la ville, qui a déclaré au New Orleans Advocate que le quartier historique n'avait pas subi la même crue que d'autres parties de la ville.Le Dr Lutz s'interroge aussi sur la véracité d'une seconde anecdote confiée par M. Williams, qui dit avoir souffert de dysenterie après avoir bu accidentellement de l'eau. « J'ai vu un grand nombre de gens avec des coupures et des contusions, mais je ne me souviens pas d'un seul cas de gastro-entérite lors du passage de Katrina et dans le mois qui a suivi », affirme-t-il. 10.02.2015 à 16h35 • Mis à jour le10.02.2015 à 17h42 | Alexandre Piquard Les attentats survenus à Charlie Hebdo le 7 janvier et ceux des jours suivants ont ouvert un débat sur le rôle des médias, loin d’être clos. Patrons de rédactions et journalistes ont, dans l’ensemble, l’impression d’avoir bien couvert ces événements exceptionnels mais des critiques demeurent.Une réunion de réflexion ouverte avec les médias, convoquée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel jeudi 15 janvier, avait mis en évidence les relations avec la police et la gendarmerie comme points de friction ou, au moins, d’amélioration. Le CSA a décidé de poursuivre la réflexion, en prenant le temps d’analyser les images et sons diffusés. L’autorité a depuis demandé des précisions par écrit aux intéressés ; elle doit rendre mercredi 11 février ses conclusions et, éventuellement, prendre des sanctions.Lire : Attentats : quatre questions sur une couverture médiatique hors normesPolémique autour des otages cachés dans le supermarchéParmi les critiques adressées aux différents médias pendant les attaques des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, l’une a visé le traitement par BFM-TV de la prise d’otages à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Elle a connu un écho particulier car la femme d’un otage, à l’antenne, a accusé la chaîne d’information en continu d’avoir mis en danger les personnes cachées dans la chambre froide de l’enseigne, au sous-sol : en évoquant ces otages dissimulés, BFM-TV aurait pu révéler leur présence à Amedy Coulibaly, qui regardait la chaîne sur ordinateur, a expliqué en substance la dame.Le journaliste de BFM-TV « en contact avec une personne du RAID sur place »En réponse, BFM-TV a contesté certains points reprochés, tout en reconnaissant que son journaliste Dominique Rizet a mentionné une fois à l’antenne « une femme » cachée dans une chambre froide. Mais pour justifier ce choix d’information, Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne, joint par Le Monde, a surtout cité une source du RAID, le service d’intervention de la police nationale chargé de mener l’assaut à l’Hyper Cacher :« A une occasion, le journaliste Dominique Rizet, en plateau, a évoqué une femme qui se serait cachée dans une chambre froide. Mais il l'a fait parce qu'il était en contact avec une personne du RAID sur place, qui lui avait dit que ces personnes-là n'étaient plus en danger car les forces d'intervention avaient pris position près de la chambre froide »Le RAID « met en cause totalement cette version des faits »Jointe par Le Monde lundi, la direction du RAID conteste pourtant l’argument de BFM-TV :« Nous mettons en cause totalement cette version des faits. Et la meilleure chose, s’il veut prouver que sa version est vraie, serait que le journaliste donne sa source et qu’une enquête de l’inspection générale de la police nationale soit diligentée. »Implicitement, la direction du service d’intervention estime qu’au moment de l’évocation sur BFM-TV d’une otage caché, deux heures environ avant l’assaut, on ne pouvait pas assurer que les personnes retranchées dans la chambre froide étaient hors de danger.Le CSA a demandé des « précisions » aux parties concernéesQuelle version croire, celle de BFM-TV ou celle du RAID ? A ce stade, difficile de trancher. « C’est assez bien joué de la part du journaliste, ironise une source policière. Il dit qu’il a des tuyaux. Mais comme on ne connaît pas la source… » Une manière de dire qu’il est peu probable que cette source soit recherchée et identifiée.Dominique Rizet, 55 ans, est journaliste spécialisé et travaille au sein du service police et justice de BFM-TV depuis décembre 2012, après avoir notamment collaboré à l’émission Faites entrer l’accusé, sur France 2. Joint par Le Monde, BFM-TV maintient sa version. Et sans surprise, n’envisage pas de préciser la source d’un journaliste.Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a demandé des précisions à la chaîne d’information en continu sur cet épisode, comme il l’a fait sur d’autres points et auprès de la plupart des grands médias audiovisuels. En l’occurrence, la procédure d’instruction de l’autorité, qui se veut contradictoire, a dû l’amener à demander des renseignements au ministère de l’intérieur. Puis à se tourner à nouveau vers BFM-TV. Et peut-être à recueillir des réponses frustrantes des uns et des autres.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Wang Jianlin, magnat de l’immobilier chinois, est venu au secteur du divertissement presque par hasard. Il fallait des cinémas au dernier étage de ses centres commerciaux pour y attirer les clients, il décida donc de se lancer dans la gestion de salles obscures. Il devint le premier exploitant de salles de la planète en acquérant, en 2012, pour 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros), les cinémas américains AMC.C’est désormais le net ralentissement du marché immobilier en Chine qui le pousse à s’intéresser au marché du divertissement en Europe. Mardi 10 février, son groupe, Wanda, a annoncé l’acquisition, pour 1,05 milliard d’euros, d’un géant suisse du marketing sportif : Infront, 500 employés, gère les droits médiatiques de quantité de clubs de football, dont ceux de Lille OSC, de Milan AC ou de la sélection nationale allemande, ainsi que de la fédération italienne.Infront se charge également de la diffusion de la Coupe du monde en Asie, coopère avec la Fédération internationale de ski, ainsi qu’avec de nombreuses courses cyclistes. Le suisse est présent en Chine dans la diffusion du basket-ball, sport le plus populaire auprès des jeunes.« La société pourra notamment aider la Chine à se positionner mieux lors des appels d’offres pour les événements sportifs majeurs, car elle est déjà impliquée dans le calendrier, l’organisation, le marketing et les prestations de service d’un large éventail d’événements internationaux », a commenté Wang Jianlin, mardi matin à Pékin.Infront, créé en 2003 par Robert Louis-Dreyfus et devenu le deuxième acteur mondial du marketing sportif, avait été acquis en 2011 pour environ 550 millions d’euros par le fonds Bridgepoint, qui réalise donc une belle plus-value. Par cette opération, a justifié Wang Jianlin, Wanda « sera en position d’accroître son influence dans l’industrie du sport mondiale et d’aider à relever le niveau de compétitivité dans le sport chinois ».M. Wang, qui fut en 2013 l’homme le plus riche de Chine mais n’est plus aujourd’hui qu’au quatrième rang, du fait du ralentissement du marché immobilier, est lui-même un passionné de football. Il a été propriétaire, de 1994 à 2000, du club Shide de Dalian, ville du nord-est chinois où ont débuté ses affaires avant qu’il ne s’installe à Pékin. En janvier 2015, M. Wang avait racheté 20 % du club Atletico Madrid, une opération à 45 millions d’euros.Accueil mitigé à la Bourse de HongKong pour le chinois WandaWang Jianlin, 60 ans, a indiqué à plusieurs reprises son intention de ne plus se contenter de gérer centres commerciaux et hôtels de luxe en Chine, un marché saturé ces derniers trimestres. Il s’intéresse désormais à l’immobilier à l’étranger, notamment en Europe où les coûts de financement sont plus faibles qu’en Chine.Projets immobiliers en AustralieIl a ainsi acquis à la banque Santander un gratte-ciel de Madrid pour 265 millions d’euros en 2014. A Londres, il développe un important projet d’hôtel de luxe associé à une galerie commerçante et a fait part à David Cameron, le premier ministre britannique, de son ambition d’investir jusqu’à 3 milliards de livres dans la capitale britannique à l’avenir.Il a déjà annoncé son intention de dépenser l’équivalent de 1,4 milliard d’euros dans des projets immobiliers en Australie, dont un important complexe hôtelier. En 2013, il évoquait également un projet d’hôtel et de centre commercial à Paris mais celui-ci ne s’est pas encore matérialisé. Il compte au cours de la décennie disposer d’hôtels de luxe dans les plus grandes métropoles du monde, s’appuyant notamment sur la venue de touristes chinois.Son autre ambition est de devenir un acteur incontournable du divertissement, à l’heure où les familles chinoises commencent à en consommer davantage. Il fait construire des studios de cinéma géants dans la ville côtière de Qingdao (nord-est), où il s’était offert en septembre 2013 la venue de stars de Hollywood, de Leonard Di Caprio à Nicole Kidman.Silence, on tourne à Chinawood !M. Wang entend aussi prendre l’aval en matière de parcs à thèmes, en ouvrant treize parcs au cours des trois prochaines années, alors que Pékin insiste sur la nécessité de développer la consommation intérieure.L’ouverture d’un premier parc Disneyland en Chine continentale a récemment été repoussée au premier trimestre 2016 mais Wanda est de son côté parvenu à inaugurer dès le début décembre 2014, dans la ville de Wuhan (centre), son spectacle Han Show, un théâtre mêlant acrobaties et nouvelles technologies, auquel il a associé le directeur artistique Franco Dragone, qui a longtemps travaillé avec le Cirque du Soleil.Le chinois Wanda rêve de s’offrir les studios Lions Gate, producteur des « Hunger Games »Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.02.2015 à 13h42 • Mis à jour le09.02.2015 à 14h31 Les autorités de Bahreïn ont annoncé lundi 9 février la fermeture de la chaîne Alarab du milliardaire saoudien Al-Walid Ben Talal, lancée le 1er février à Manama. A son lancement, la chaîne avait donné la parole à un opposant chiite bahreïni dès son premier journal d'informations, provoquant la colère dans le royaume.« Il a été décidé d'arrêter les activités d'Alarab, cette chaîne n'ayant pas obtenu les autorisations nécessaires », a justifié un communiqué de l'Autorité de l'information de Bahreïn. Lancée à grand renfort de publicité, Alarab a diffusé des programmes pendant moins de vingt-quatre heures avant de devoir les interrompre, officiellement pour des raisons « techniques et administratives ».Le lancement d'Alarab avait été reporté à de nombreuses reprises depuis l'annonce du projet en 2010 par le prince Al-Walid, homme d'affaires saoudien connu pour son franc-parler et actif notamment dans la finance, l'hôtellerie et les médias. Le prince Al-Walid est le neveu de feu le roi Abdallah, mort le 23 janvier.  Alexis Delcambre Il était l’un des plus célèbres, et certainement le plus atypique des journalistes du New York Times, une figure unique et improbable devenue l’incarnation de l’emblématique quotidien américain. Au sortir d’une table ronde sur le film Citizenfour consacré à Edward Snowden, jeudi 12 février peu avant 21 heures, David Carr s’est effondré, au cœur de cette salle de rédaction du « Times » qu’il arpentait depuis douze ans. Il était âgé de 58 ans.Pour les journalistes couvrant le secteur des médias, et pour tous ceux qui suivent de près leurs mutations, M. Carr était une sorte d’icône. La clairvoyance des analyses qu’il livrait, chaque semaine, dans sa chronique « The Media equation », et sa hauteur de vue, se mêlaient à son style âpre et corrosif dans un mariage inhabituel. Il excellait dans l’art d’exposer les situations complexes des médias confrontés à la révolution numérique, avec des informations précises et détaillées, et une façon très solide de soutenir un propos.On repensait alors, inévitablement, aux séquences du film Page One : Inside The New York Times dans lequel on le voyait dans la posture de l’enquêteur, traquant au téléphone les dirigeants du groupe de médias Tribune pour vérifier, une à une, chacune des assertions qu’il s’apprêtait à publier. Un journalisme de « facts » méthodique et intransigeant pratiqué par un homme direct sans être rude.Lire aussi : "A la Une du 'New York Times'" : à New York, le quotidien ordinaire d’un quotidien en crise On croyait presque deviner, derrière cette rigueur obsessionnelle, la personne qu’avait pu être David Carr 25 ans plus tôt, dans sa vie précédente d’accro au crack,- une addiction qu’il était parvenu à surmonter. Il avait raconté cette vie, sans fard, dans une autobiographie publiée en 2008, The Night of the gun, et la portait encore dans sa silhouette bancale, ses traits marqués ou sa voix rauque.Le jeune homme doué, major de psychologie et de journalisme à l’université du Minnesota, avait transité par les bas-fonds avant de se hisser, pas à pas, d’un journal local au temple du journalisme : il y avait dans la trajectoire de David Carr une forme très américaine de rédemption ou de renaissance. L’homme avait également réchappé d’un cancer. « Je vis aujourd’hui une vie que je n’ai pas méritée, écrivait-il en conclusion de son récit. Mais nous passons tous sur cette terre avec le sentiment que nous sommes des imposteurs. »Gardien du templeLe film Page One d’Andrew Rossi, sorti en 2011, en avait fait l’incarnation du journalisme et des valeurs défendus par le New York Times. À l’origine, Rossi voulait faire le portrait de Carr, et il a finalement choisi d’étendre son propos pour livrer un portrait collectif de la rédaction de « The Grey Lady ». Mais son documentaire reste habité par la figure du journaliste du « media desk ». Sa densité, son charisme, tranchent en regard du style classique et policé de ses collègues.Une autre séquence du documentaire le confronte à l’équipe de Vice, le site en vogue qui prétend proposer un journalisme dépoussiéré et aller dans les endroits que délaissent les médias traditionnels. À l’écran, un reportage que Vice a réalisé sur la vie au Liberia et notamment le manque de sanitaires. « Nous y sommes allés bien avant vous, avait coupé David Carr. Ce n’est pas parce que vous avez mis un putain de casque de safari et regardé de la merde sur une plage que vous avez le droit de nous insulter. » « Sorry, sorry… », avait alors répété le leader de Vice, Shane Smith, rendant les armes. Outre ce film, Carr était aussi connu pour sa présence sur les réseaux sociaux et allait d’écoles de journalisme en tables rondes et autres panels, avec un goût manifeste pour la controverse. Sa dernière table ronde réunissait la réalisatrice Laura Poitras et le journaliste et prix Pulitzer Glenn Greenwald. « David Carr était l’un des journalistes les plus doués à avoir travaillé pour le New York Times », a déclaré le président de l’entreprise, Arthur Ochs Sulzberger Jr.Naissance : 8 septembre 1956 à Minneapolis2011 : « Page One, Inside The New York Times » Mort : 12 février 2015 à New YorkAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Personne n’aime se faire taper sur les doigts. Mais les responsables de l’information des radios et télévisions françaises ont réagi avec une rare véhémence aux trente-six mises en garde et mises en demeure notifiées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), jeudi 12 février, sur la couverture médiatique des attaques djihadistes à Paris et Montrouge, début janvier.« Les décisions du CSA soulèvent des questions majeures pour le droit à l’information dans notre pays, estime ainsi Thierry Thuillier, directeur de l’information de France Télévisions. Je souhaite être reçu par le CSA et demande des explications. »Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesTonalité similaire sur l’autre rive de la Seine, à Radio France, qui a fait part, jeudi soir, de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction ». De fait, les décisions du CSA sont susceptibles d’appel et de recours devant le Conseil d’Etat.Selon nos informations, une réunion des responsables de l’information des radios et télévisions et d’ores et déjà programmée, mardi 17 février, au siège de TF1, afin d’échanger et d’étudier l’opportunité d’une réponse conjointe.Principe de précaution contre liberté d’informationLa plupart des médias audiovisuels sont concernés, car les notifications du CSA n’ont épargné personne – pas plus qu’elles n’ont ciblé un média en particulier. LCI s’est vu notifier trois mises en demeure ; BFMTV et iTélé deux, comme France 2 et TF1, qui avaient elles aussi fait le choix du direct, ou encore France 24 ; sans oublier Europe 1, France Info et France Inter, RFI, RMC, RTL ou Euronews.« Le CSA dit en quelque sorte que tous ceux qui ont fait du temps réel ont failli, commente Céline Pigalle, directrice de l’information du groupe Canal+ (propriétaire d’iTélé). Ceux qui ne sont pas sanctionnés [à l’image des médias du groupe M6] sont ceux qui n’ont pas proposé d’édition spéciale pour couvrir ces événements. Quel est le message ? »Un point concentre plus particulièrement l’ire des médias, d’autant qu’ils se voient tous mis en demeure pour ce motif : avoir annoncé que des affrontements avaient commencé entre forces de l’ordre et terroristes à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher (…), dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », écrit le CSA.Or, les médias rappellent que le statut de cette « déclaration » du preneur d’otages était incertain et n’avait pas fait l’objet d’une consigne policière explicite. « Si doute il y a, ce que je ne crois pas, il faut appliquer le principe de précaution en raison des vies en jeu », rétorque Nicolas About, membre du groupe de travail du CSA sur le sujet.Hyper Cacher : les versions contradictoires de BFM-TV et de la direction du RAIDSurtout, radios et télévisions jugent ce point « déconnecté de la réalité médiatique », pour reprendre les termes d’un directeur de rédaction. « Ça va devenir compliqué, si on ne peut plus informer en direct, juge Catherine Nayl, directrice de l’information du groupe TF1. Que fait-on ? On met un écran noir ? Des “bips” pour cacher les sons ? » « Il faudrait donc arrêter le direct, imagine Thierry Thuillier. Cela revient à pousser les gens vers les sites d’information – y compris le nôtre – ou les réseaux sociaux qui, eux, ne sont pas régulés par le CSA ! »Le Conseil ne nie pas cette limite, mais la loi ne lui donne compétence que sur les radios et télévisions. Depuis son arrivée à la tête du CSA en 2012, Olivier Schrameck plaide pour une extension de cette compétence aux « services de communication audiovisuelle » en ligne… mais il est risqué, politiquement, de déterrer le sujet sensible de la régulation du Web.Contrôler ce qui est dit à l’antenneLes autres points soulèvent moins de contestations. L’un concerne le choix de diffuser la vidéo montrant l’assassinat du policier Ahmed Merabet par les terroristes. Seule France 24 avait diffusé cette séquence – avec des atténuations –, et cela lui vaut une mise en demeure. « Je suis étonné, soupire néanmoins son directeur de la rédaction, Marc Saikali. Veut-on que nos téléspectateurs à l’étranger se reportent sur nos concurrentes Al-Jazira ou CNN, qui n’hésitent pas à montrer ce type d’images ? » Une autre mise en demeure concerne la divulgation de l’identité des frères Kouachi avant la diffusion de l’appel à témoins par la Préfecture de police. iTélé et LCI avaient donné à l’antenne des éléments permettant cette identification, issus d’informations qui circulaient sur les réseaux sociaux, parfois de source policière ou militaire. « Nous n’avons fait que relayer un appel à témoins », se défendent, en substance, les chaînes, soulignant qu’elles ne pouvaient passer sous silence une information qui circulait par ailleurs.Mais le CSA estime que, dans ce cas, le souci de ne pas « perturber l’action des autorités » l’emporte sur le droit d’informer. « Certes, la fiche de recherche avait fuité sur les réseaux sociaux, explique M. About. Mais les radios et télévisions ont un pouvoir accréditant. Quand elles en parlent, cela change le statut de cette information. En l’espèce, le gouvernement a été contraint de diffuser à son tour la fiche de recherche, car tout avait été dit sur les antennes. » Sans surprise, une dernière mise en demeure concerne la révélation, par cinq médias, que des personnes étaient cachées sur les lieux des prises d’otages de Dammartin-en-Goële ou de la porte de Vincennes. Ces « révélations » ont pu prendre des formes variées : information glissée à l’antenne par un journaliste, ou parfois par un témoin interrogé en direct, dont la parole ne pouvait être filtrée.Pour le CSA, ces mentions ont été « susceptibles de menacer gravement la sécurité des personnes retenues dans les lieux ». Les médias se voient donc incités à retenir ce type d’informations, mais aussi à réfléchir aux moyens de contrôler ce qui est dit à l’antenne – y compris par des non-journalistes – dans des situations de direct intégral, pour rester des garants actifs de l’information.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guillot C'est rarement la subtilité qui caractérise, d’ordinaire, les photos récompensées par le World Press, le prix le plus célèbre du photojournalisme : on y prime plutôt les effets spectaculaires, les sentiments exacerbés (douleur, tristesse), les actions fortes (bombardements, tueries, torture), l’hémoglobine… Y aurait-il comme une prise de conscience que ce genre d’images, certes très lisibles et efficaces, peut lasser ? Et qu’elles répondent rarement à la complexité des faits ?Comme pour répondre aux reproches faits depuis longtemps à cette imagerie répétitive et souvent pleine de clichés (riche/pauvre, victime/bourreau, mère à l'enfant ou « mater dolorosa »…), cette année, le World Press a décerné le titre de l'image de l'année à une photo sans action marquante, ni scène tragique. L'image de Mads Nissen, prise à Saint-Pétersbourg, montre un jeune couple homosexuel dans son intimité. Les poses, le clair-obscur et le décor (le drapé d'un rideau) font bien plus référence à la peinture hollandaise qu'à la photo de guerre. Les faits traités sont bien tragiques – la discrimination et la violence contre les homosexuels en Russie – mais ils sont illustrés par une image de tendresse et d’affection. « C'est une image très très subtile » a commenté Michelle McNally, présidente du jury, qui a qualifié la photo de « superbe scène ». Une photo qui montre non seulement le quotidien, mais qui a été prise dans un pays proche, pas sur le terrain d’une guerre lointaine. « C'est une chose qui manque souvent dans le photojournalisme, on a toujours l'impression qu'il faut chercher l'exotique », a commenté Donald Weber, autre membre du jury. Patrick Baz, de l’Agence France Presse, qui a également participé au jury, a insisté sur Twitter : « Ce prix parle d’amour et de haine, de paix et de guerre, et on n’a pas besoin de sang et de destructions pour décrire ça. »Lire aussi : le palmarès du World Press Photo 2015S'agirait-il d'une évolution durable ? Déjà, en 2014, le World Press avait récompensé une photo moins évidente que d'habitude, en évitant l’instant décisif et l’événement exceptionnel : on y voyait, dans une scène nocturne, des migrants lever leur téléphone portable en quête de réseau pour appeler leurs proches restés au pays. Le reste du temps, les photos de l’année du World Press font plutôt dans le spectaculaire. Les photos de sport particulièrement manipuléesAutre tendance forte en 2015 : la manipulation des images. Le jury, qui demande à tous les candidats présélectionnés d’envoyer les fichiers numériques « raw », c’est-à-dire avant toute retouche, pour les comparer avec les images soumises à la compétition, a eu des mots très durs sur la quantité de fichiers retouchés de façon excessive, et donc disqualifiés. Ce fut le cas d’une image sur cinq, soit 20 % !Le directeur général du World Press Photo, Lars Boering, a déclaré dans un communiqué : « Cette année, le jury a été très déçu de découvrir avec quelle légèreté les photographes ont traité leurs fichiers soumis à la compétition. Quand un élément a été ajouté ou retranché de l’image, cela nous a conduits à rejeter l’image en question. (...) Il semble que certains photographes ne peuvent résister à la tentation de rehausser leurs images soit en enlevant de petits détails pour “nettoyer” une image ou parfois à changer la tonalité de façon excessive, ce qui constitue un changement réel de l’image. Ces deux types de retouches compromettent l’intégrité de l’image. »Les retouches ont particulièrement affecté la section « sports », au point que le jury a renoncé à décerner le troisième prix de la catégorie « stories », faute de candidat « propre » (voir l’entretien de Lars Boering avec le British Journal of Photography, en anglais).Sens de l’image fausséUne tendance sur laquelle on peut émettre quelques hypothèses : peut-être le jury du World Press Photo est-il particulièrement sévère sur les retouches considérées comme « classiques » (couleurs réhaussées, ombres atténuées, etc.) ? On a du mal à le croire, vu que les membres sont issus de différents médias à travers le monde, avec des habitudes différentes.Ou alors peut-être les candidats au World Press ont-ils accentué les retouches dans l’espoir d’augmenter leurs chances d’être sélectionnés, sachant que le prix récompense des photos souvent parfaites techniquement ? Là encore, on peut en douter : ils savaient que leurs images seraient comparées aux fichiers originaux, et risquaient d’être disqualifiées car ces manipulations seraient considérées comme de la fraude.Ou enfin – hypothèse la plus probable, vu le nombre énorme d’images rejetées – les photographes ont pris l’habitude de retoucher leurs photos à un tel point et avec une telle facilité qu’ils ne semblent plus avoir conscience qu’ils faussent le sens de l’image. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter sur ce qui nous est donné à voir du monde aujourd’hui. Comme s’il fallait, pour qu’elles retiennent notre attention dans le flot visuel qui nous noie, des images toujours plus léchées, toujours plus parfaites, toujours plus spectaculaires. Des images qui ressemblent plus aux jeux vidéo qu’à la réalité.Claire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a relevé 36 manquements aux règles de la communication audiovisuelle lors de la couverture que les radios et télévisions ont faite des attentats de Paris du 7 au 9 janvier.Il a émis 21 mises en demeure et 15 mises en garde, mais n’a pas prononcé de sanction. Les sanctions, juridiquement, ne peuvent intervenir sans mise en demeure préalable. Ces mises en demeure constituent donc une hypothèque pour les médias concernés, qui se verront sanctionnés s’ils réitèrent les mêmes manquements.Le CSA avait réuni les responsables radios et télévisions le 15 janvier et dit avoir tenu compte de cette « enquête contradictoire ».Selon le CSA, les faits qui ont justifié ces mises en garde et demeure sont les suivants :La diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes ;La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi ;La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes ;La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ;L’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes ;La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ;La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.La plupart des télévisions sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Six radios le sont également, parmi lesquelles France Info et France Inter. Le groupe Radio France a fait part jeudi soir de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction », peut-on lire sur le site de France Info.Sept chaînes de télévision et six radios sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Parmi elles, France Info et France Inter, qui comptent déposer un recours, peut-on lire sur le site de France Info. « Nous contestons cette mise en demeure, nous ne la comprenons pas », a réagi Erik Kervellec, directeur de la rédaction de France Info, évoquant une sanction « parfaitement injustifiée » : « ils nous reprochent en quelque sorte d’avoir fait notre métier, c’est à dire d’avoir dit : il se passe quelque-chose à Dammartin-en-Goële, il y a des coups de feu ».Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est une surprise. Le patron du groupe de télécoms Altice - SFR - Numericable, Patrick Drahi, et son associé, Marc Laufer, vont acquérir l'ensemble des magazines français que détient le groupe Roularta, soit le cinquième pôle français de presse magazine. Avec cette acquisition, les deux hommes, déjà co-actionnaires de Libération, prennent une place croissante dans le paysage médiatique français.Jeudi 12 février en fin de matinée, un communiqué de Roularta est venu confirmer ce que l'AFP puis Le Monde avaient annoncé. « Les négociations exclusives entamées par Roularta Media Group avec Monsieur Patrick Drahi associé à Monsieur Marc Laufer devraient permettre la cession de la totalité des activités de Roularta en France », selon ce texte. Jusqu'ici, le périmètre des négociations exclusives entre les deux parties, ouvertes le 8 janvier, ne portait que sur une partie des magazines, dont L'Express, mais aussi sur Mieux vivre votre argent, Lire, Classica, Pianiste, Studio Ciné Live, le site L'Entreprise, l'organisation de salons de recrutement Job Rencontres, le Salon du travail et de la mobilité, le salon Expolangues et le portail Distrijobs.De son côté, le groupe belge Roularta devait conserver son pôle Education (autour de L'Etudiant et de ses 80 salons), Point de vue, Histoire, Images du monde et son pôle Art de vivre, notamment avec le site cotemaisons.fr, les magazines Côté Sud, Côté Ouest, Côté Est, Côté Paris, ou encore Maison française Magazine, l'hebdo gratuit A Nous Paris et les mensuels gratuits A Nous Lille / Lyon / Marseille. Ces titres étaient également convoités par Le Figaro.Mais les lignes ont bougé ces derniers jours. Selon nos informations, les parties ont constaté que la partition du groupe serait difficile à mener et source de nombreuses complications. Outre son offre, supérieure à celle qu'aurait proposée le groupe Bolloré, Patrick Drahi se serait montré ouvert à une reprise globale du groupe Express Roularta, incluant le bail de l'immeuble de L'Express situé rue de Châteaudun à Paris.« La procédure de consultation du Comité d'Entreprise de Groupe Express Roularta (GER) devrait être entamée dans les plus brefs délais », assure le communiqué de Roularta. Jeudi matin, les délégués du personnel et syndicaux ont été informés. Des réunions d'information se sont également tenues dans les différents services.UN PRIX EVALUE A 50 A 70 MILLIONS D'EUROSPour le groupe belge, cette cession vient clore une décennie au bilan négatif. En 2006, Roularta avait déboursé plus de 210 millions d'euros pour acquérir ces magazines, puis 30 à 40 autres millions pour Point de vue. Las, en raison de la baisse des recettes publicitaires et des ventes, ce pôle s'est mis à accumuler des pertes récurrentes, que des plans sociaux à répétition n'ont pu entraver. En 2013, le groupe belge avait ainsi accusé une perte nette de 57,9 millions d'euros, principalement due à ses magazines français. Une première dépréciation d'une cinquantaine de millions d'euros avait été passée.Dès lors, la cession était devenu une option sérieuse et les rumeurs de vente se sont multipliées. Mais les discussions ont souvent achoppé sur le prix, Roularta refusant de brader son actif.Il est peu probable que le montant payé par MM. Drahi et Laufer soit divulgué. Roularta s'est contenté, dans son communiqué, de préciser qu'« en cas d'accord, Roularta tiendra compte dans ses comptes annuels 2014 d'une réduction de valeur, sur les activités françaises, estimée prudemment entre 140 et 150 millions d'euros. » Ajouté au montant de la première dépréciation, ce chiffre suggère que le prix final accepté par Roularta pourrait être compris entre 50 et 70 millions d'euros. RAPPROCHEMENT PROCHAIN AVEC « LIBÉRATION »Cette acquisition, quelques mois après la reprise de Libération, témoigne de l'appétit du propriétaire d'Altice et de son associé Marc Laufer, passé notamment par les groupes NRJ et NextRadioTV. Les deux hommes ont pour objectif la constitution d'un groupe de médias puissant et diversifié.Outre Libération et les magazines de Roularta, ce groupe doit inclure la chaîne d'information en continu i24news, lancée en Israël par Patrick Drahi, et le groupe de presse professionnelle NewsCo, créé par M. Laufer. Certains observateurs pointent l'hétérogénéité de ces titres, aux cultures éditoriales dissemblables. Mais les deux hommes avancent. Ils auraient choisi un nouveau nom pour leur groupe, Altice Media Group, et non plus Mag & NewsCo, comme initialement annoncé. Et bientôt, Libération pourrait être hébergé dans les locaux de L'Express.Ils ne sont pas pour autant attendus comme des sauveurs. Le 17 janvier, dans un communiqué, les rédactions s'étaient alarmées des négociations en cours, estimant que « la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs ». Le pôle des magazines français de Roularta comprend aujourd'hui 720 personnes environ, dont 330 journalistes, hors pigistes et CDD.Selon un journaliste contacté par Le Monde, le fait que la transaction porte finalement sur l'ensemble des titres était toutefois perçu, jeudi, comme un élément rassurant. « C'est plutôt une bonne nouvelle, a-t-il estimé. Le découpage du groupe nous paraissait irréaliste. Ce rachat global maintient la cohérence de nos titres et lève plusieurs ambiguités, notamment pour toutes les fonctions transversales. Cela dit, nous n'ignorons pas qu'un plan de départs reste plausible, car le groupe perd de l'argent et que Drahi et Laufer semblent intransigeants sur ce point. »  Les sociétés des journalistes de L'Express et de Libération ont également publié un communiqué conjoint, jeudi, selon lequel elles « veilleront au respect de leurs identités et de leurs indépendances respectives » et « insistent sur l'indispensable séparation des deux rédactions » pour « préserver les spécificités de ces deux journaux d'information générale à l'histoire et aux positions éditoriales singulières ». Elles formulent également plusieurs demandes relatives à l'indépendance éditoriale et à la gouvernance du futur groupe.Lire (édition abonnés) : Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.02.2015 à 10h16 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h21 A deux mois du choix d'un nouveau président, le climat social se tend à France Télévisions, où les syndicats organisent depuis le 29 janvier des grèves quotidiennes contre un projet de réorganisation du travail, ont indiqué plusieurs dirigeants syndicaux.Les principaux syndicats déposent chaque jour, tour à tour, un préavis de grève de 24 heures. Des grèves partiellement suivies qui perturbent les antennes, mais pas assez pour que le téléspectateur s'en aperçoive, ont expliqué des délégués de FO et du SNJ. « Nous demandons l'abandon du projet de réorganisation qui bouleverse les conditions de travail, notamment celles des techniciens, et entraîne des pertes de rémunérations », a expliqué Eric Vial de FO.Ces changements d'horaires sont liés notamment au projet d'unification des rédactions nationales de France 2 et France 3, baptisé « Info 2015 ». Autre demande, l'arrêt de l'externalisation de certaines émissions, réalisées chez des sous-traitants. Des salariés se plaignent par exemple de pauses imposées en milieu de journée afin, selon eux, d'éviter de leur payer des heures supplémentaires, ce qui perturbe la fabrication des JT.APPLICATION « DÉLOYALE »« Il n'y a plus de dialogue social car les dirigeants du groupe font leurs cartons », a lancé Eric Vial, allusion au choix du prochain président de France Télévisions en avril par le CSA, alors que le mandat de Rémy Pflimlin vient à échéance. Des contestations se manifestent aussi dans le pôle France 3 Nord-est et à La Réunion, a-t-il ajouté.Depuis la signature d'un accord collectif en 2013, la direction prévoit d'unifier les conditions de travail entre les salariés de France 2 et France 3, afin notamment de réduire les coûts et mutualiser les moyens. Les syndicats dénoncent une application « déloyale » de l'accord, au point que la CFDT a décidé de « retirer sa signature », ont indiqué les syndicats. « Il n'y a plus de négociations, la direction attend que ça passe et ne prend plus de décision, instaurant un climat de fin de règne », a renchéri le délégué SNJ Serge Cimino, qui compte présenter sa candidature à la présidence.Côté direction, le DRH, Patrice Papet, a minimisé le conflit. « Les changements d'organisation génèrent des résistances chez une partie du personnel », mais la direction est « prête à faire des aménagements » et « fera des propositions », a-t-il dit. Quand au choix de la CFDT de retirer sa signature de l'accord collectif, « c'est un effet de manche », a-t-il jugé.Lire aussi : France Télévisions, le grand corps malade 11.02.2015 à 08h12 • Mis à jour le11.02.2015 à 09h08 La chaîne de télévision payante britannique Sky et l’opérateur téléphonique britannique BT (ex-British Telecom) se partageront les retransmissions des matches de la Premier League, le championnat de football anglais, pour les trois prochaines saisons (de 2016 à 2019). Et, pour ce faire, les deux entreprises ont cassé leur tirelire : elles ont accepté de débourser au total 5,2 milliards de livres (7 milliards d’euros) sur trois ans, soit une envolée de 68 % par rapport au contrat actuel.Les analystes s’attendaient à voir le total des droits partir pour 4 milliards de livres. L’envolée du prix du football anglais ne se dément donc pas.Sky, à elle seule, paie 4,2 milliards de livres (5,6 milliards d’euros). La chaîne a remporté cinq des sept lots aux enchères et diffusera 126 matches par saison, dont ceux du dimanche après-midi, avec des têtes d’affiche comme Manchester United et Arsenal.BT a remporté les enchères pour les deux lots restants, pour 960 millions de livres, et pourra diffuser 42 matches par saison.Pour le précédent contrat avec la Premier League en 2012, pour les saisons 2013 à 2016, le total des droits avait atteint 3 milliards de livres.BT en a payé le quart, ayant remporté deux des sept « packages » mis aux enchères, soit 38 matchs par saison. Sky détient le reste, soit 116 matchs par saison.L’inflation sans fin des droits du football anglaisCette inflation des prix est la conséquence de la guerre frontale entre Sky et BT. Le premier a fait du football son principal produit d’appel, avec les films. BT s’est, quant à lui, lancé dans la bataille en 2012. Le groupe a lancé ses propres chaînes de sport, intitulées BT Sport (elles ont commencé à diffuser à l’été 2013).Pour convaincre ses clients de s’abonner à son Internet haut débit, il leur offre – gratuitement – la retransmission des chaînes. Aujourd’hui, 1,9 million de téléspectateurs les regardent toutes les semaines. Près de 25 000 pubs se sont abonnés, plus que ceux qui ont choisi Sky.Lire aussi : Foot : les équipes anglaises, les plus riches au monde Gilles Paris (Washington, correspondant) Les honneurs se sont abattus sur Jon Stewart aussi sûrement que l’opprobre a plu sur Brian Williams. Par un hasard improbable, l’annonce, mardi 10 février, du départ prochain de l’animateur vedette de la chaîne américaine Comedy Central, après seize ans de présentation d’une parodie de journal télévisé, a coïncidé avec la mise à pied sans salaire, pour six mois, de l’anchorman – « présentateur » – de NBC, coupable d’avoir pris quelque liberté avec la vérité. Une gifle pour cet héritier de la lignée autrefois prestigieuse mais désormais en péril des présentateurs des grands-messes des débuts de soirée.Comme l’avait remarqué la chroniqueuse du New York Times, Maureen Dowd, dans sa colonne dominicale du 8 février transformée en missile Hellfire contre Brian Williams, le premier des deux, pilier d’un « Daily Show » nocturne satirique et déjanté qui s’est imposé pendant près de seize ans comme un quasi-bréviaire de contre-culture médiatique, n’a pas été pour rien dans les déboires de la chaîne du second. Il a été, il est vrai, grandement aidé par le développement des réseaux sociaux, prompts à construire un discours alternatif à celui dispensé par les grands networks et que son émission quotidienne n’a cessé d’alimenter en mêlant farce paillarde et dissection impitoyable des travers de la politique américaine.Brian Williams ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour avoir embelli un épisode de sa couverture de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine en 2003 : avoir prétendu être à bord d’un hélicoptère contraint à un atterrissage d’urgence après avoir été touché par un tir de roquette RPG, et plus encore pour avoir cru qu’un demi-aveu permettrait de masquer son mensonge. Mais il aurait sans doute été en meilleure position si NBC n’avait à s’inquiéter des chiffres d’audience en berne de ses émissions phares, qu’il s’agisse du journal d’information du soir comme le rendez-vous hebdomadaire « Meet the Press ».La cible Fox NewsL’annonce du départ de Jon Stewart a sans doute ravi les conservateurs américains, régulièrement tournés en ridicule, même si l’animateur ne cache pas sa sympathie pour des francs-tireurs républicains de la stature d’un John McCain. En 2010, en pleine vague Tea Party, Jon Stewart et un autre animateur vedette de Comedy Central, Stephen Colbert, avaient réuni plus de 200 000 personnes à Washington lors d’un « rallye pour restaurer le bon sens ou la peur ». Ils égratignaient un rassemblement organisé plus tôt par un animateur vedette de la chaîne conservatrice Fox News, source inépuisable d’inspiration pour le « Daily Show ».Stephen Colbert était devenu vedette de son propre programme après avoir fait ses gammes comme bien d’autres auprès du maître du « Daily Show ». Son « Colbert Report » était une autre parodie de journal télévisé dans laquelle il incarnait un modèle de conservateur infatué et loufoque. Après avoir mis fin à l’aventure en décembre 2014, avec tous les hommages comme Jon Stewart mardi, Stephen Colbert prendra en mai la succession de l’humoriste David Letterman à la tête du « Late Show », l’inoxydable programme du soir de CBS.Jon Stewart avait déjà déserté le « Daily Show » pour réaliser, en 2014, un film dramatique, Rosewater, adapté de l’histoire du journaliste iranien Maziar Bahari. Ce dernier avait été emprisonné et torturé en Iran, après un entretien accordé au « Daily Show » dans le cadre de la réélection mouvementée du président Mahmoud Ahmadinejad. Mardi, ni Comedy Central ni Jon Stewart ne donnaient d’indications sur le tour que ce dernier entend donner à sa carrière.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.02.2015 à 02h32 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h06 Accusé d'avoir menti, l'homme qui présente depuis 2004 le journal télévisé le plus regardé aux Etats-Unis, sur NBC News, a été suspendu pour six mois a annoncé la chaîne, mardi 10 février. Brian Williams avait annoncé dès samedi qu'il se retirait pour quelques jours de son rendez-vous télévisé quotidien, après avoir reconnu qu'il avait menti sur certains souvenirs de reportages.Le journaliste avait affirmé qu'un hélicoptère de l'armée américaine dans lequel il voyageait en Irak en 2003 avait été attaqué au lance-roquettes. « J'ai fait une erreur en rapportant cet événement d'il y a douze ans », avait-il reconnu, précisant « j'étais dans un appareil qui suivait ».Le pilote de l'hélicoptère visé, Joe Summerlin, cité par le New York Times, avait en effet révélé que l'appareil qui transportait Brian Williams et son équipe se trouvait à plus d'une demi-heure du sien. Il avait dû se poser en raison d'une tempête de sable.Néanmoins, au lieu de calmer le jeu, l'aveu de M. Williams a mis le feu aux poudres, des anciens combattants et du public, rejetant l'idée d'une simple erreur. Plusieurs médias américains avaient ainsi estimé que le journaliste avait « perdu sa crédibilité ».Dans une note interne, la présidente de NBC News, Deborah Turness, avait annoncé vendredi qu'une enquête était en cours pour faire la lumière sur cet incident qui met à mal l'image de la rédaction. Elle a précisé mardi que le présentateur ne sera pas payé pendant la durée de sa sanction.D'AUTRES MENSONGES ?Journaliste respecté jusque-là, Brian Williams avait été correspondant à la Maison Blanche et a reçu des dizaines de récompenses dans sa carrière. Après le 11-Septembre, il avait passé plusieurs jours quasi non-stop à l'antenne. Il s'était rendu à plusieurs reprises en Irak durant la guerre, et a aussi couvert le tsunami en Asie en 2004.Depuis, d'autres affirmations de Brian Williams sont mises en doute, notamment sur sa couverture de l'ouragan Katrina, lorsqu'il avait affirmé avoir vu flotter un cadavre depuis sa chambre d'hôtel du quartier français de la Nouvelle Orléans. Ce récit avait suscité les suspicions du Dr Brobson Lutz, ancien directeur des services de santé de la ville, qui a déclaré au New Orleans Advocate que le quartier historique n'avait pas subi la même crue que d'autres parties de la ville.Le Dr Lutz s'interroge aussi sur la véracité d'une seconde anecdote confiée par M. Williams, qui dit avoir souffert de dysenterie après avoir bu accidentellement de l'eau. « J'ai vu un grand nombre de gens avec des coupures et des contusions, mais je ne me souviens pas d'un seul cas de gastro-entérite lors du passage de Katrina et dans le mois qui a suivi », affirme-t-il. 11.02.2015 à 08h56 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h34 Presque toutes les stations de Radio France diffusaient de la musique, mercredi 11 février au matin, en raison d'une grève de vingt-quatre heures lancée depuis minuit à l'appel de plusieurs syndicats pour dénoncer les difficultés budgétaires du groupe, en lourd déficit pour la première fois.Lire aussi : La tension monte à Radio FranceSur France Inter, le « 7-9 », tranche matinale d'information la plus écoutée de France, n'a pu assurer son programme habituel. France Culture, France Musique et France Info, également en grève, diffusaient de la musique en continu. Les stations de France Bleu étaient elles aussi très perturbées.Bonjour, en raison d'un appel à la grève, nous ne pouvons diffuser l'intégralité des programmes de France Info http://t.co/xwccfBDjuv— France Info (@franceinfo)require(["twitter/widgets"]);BUDGET DÉFICITAIRE DE 21,3 MILLIONS D'EUROSLe groupe public a adopté à la fin de janvier un budget 2015 déficitaire de 21,3 millions d'euros, une première dans son histoire. Son président-directeur général, Mathieu Gallet, qui un mois plus tôt avait déclaré vouloir faire des « choix structurants », a ensuite annoncé un plan de retour à l'équilibre, pour l'instant non précisé. La Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération générale du travail (CGT), le Syndicat national de Force ouvrière de radiodiffusion et de télévision (SNFORT), les Solidaires, unitaires, démocratiques (SUD), l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) ont appelé à cette grève pour dénoncer un « désengagement de l'Etat » et un « étranglement budgétaire » de Radio France.Lire la synthèse : Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants »Selon le syndicat SUD, Radio France chercherait à réaliser 50 millions d'euros d'économies. Radio France risque aussi de se retrouver avec une trésorerie négative de 100 millions d'euros à la fin de 2015 en raison du paiement des travaux de la Maison de la radio. Selon un document de travail révélé dans la presse, Radio France pourrait envisager de réduire la masse salariale de 25 millions d'euros avec un plan de départs volontaires pour cent à dexu cent cinquante salariés. La direction étudie des pistes d'économies, qu'elle devrait trancher d'ici à la mi-avril, alors que la Cour des comptes doit sortir vers le 10 mars un rapport très attendu sur les comptes du groupe public. 11.02.2015 à 08h01 • Mis à jour le11.02.2015 à 08h54 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Les honneurs se sont abattus sur Jon Stewart aussi sûrement que l’opprobre a plu sur Brian Williams. Par un hasard improbable, l’annonce, mardi 10 février, du départ prochain de l’animateur vedette de la chaîne américaine Comedy Central, après seize ans de présentation d’une parodie de journal télévisé, a coïncidé avec la mise à pied sans salaire, pour six mois, de l’anchorman – « présentateur » – de NBC, coupable d’avoir pris quelque liberté avec la vérité. Une gifle pour cet héritier de la lignée autrefois prestigieuse mais désormais en péril des présentateurs des grands-messes des débuts de soirée.Comme l’avait remarqué la chroniqueuse du New York Times Maureen Dowd dans sa colonne dominicale du 8 février transformée en missile Hellfire contre Brian Williams, le premier des deux, pilier d’un « Daily Show » nocturne satirique et déjanté qui s’est imposé pendant près de seize ans comme un quasi-bréviaire de contre-culture médiatique, n’a pas été pour rien dans les déboires de la chaîne du second. Il a été, il est vrai, grandement aidé par le développement des réseaux sociaux, prompts à construire un discours alternatif à celui dispensé par les grands networks et que son émission quotidienne n’a cessé d’alimenter en mêlant farce paillarde et dissection impitoyable des travers de la politique américaine.Brian Williams ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour avoir embelli un épisode de sa couverture de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine en 2003 : avoir prétendu être à bord d’un hélicoptère contraint à un atterrissage d’urgence après avoir été touché par un tir de RPG, et plus encore pour avoir cru qu’un demi-aveu permettrait de masquer son mensonge. Mais il aurait sans doute été en meilleure position si NBC n’avait à s’inquiéter des chiffres d’audience en berne de ses émissions phare, qu’il s’agisse du journal d’information du soir comme le rendez-vous hebdomadaire « Meet the press ».La cible Fox NewsL’annonce du départ de Jon Stewart a sans doute ravi les conservateurs américains, régulièrement tournés en ridicule, même si l’animateur ne cache pas sa sympathie pour des francs-tireurs républicains de la stature d’un John McCain. En 2010, en pleine vague Tea Party, Jon Stewart et un autre animateur vedette de Comedy Central, Stephen Colbert, avaient réuni plus de 200 000 personnes à Washington lors d’un « rallye pour restaurer le bon sens ou la peur ». Ils égratignaient un rassemblement organisé plus tôt par un animateur vedette de la chaîne conservatrice Fox News, source inépuisable d’inspiration pour le « Daily Show ».Stephen Colbert était devenu vedette de son propre programme après avoir fait ses gammes comme bien d’autres auprès du maître du « Daily Show ». Son « Colbert Report » était une autre parodie de journal télévisé dans laquelle il incarnait un modèle de conservateur infatué et loufoque. Après avoir mis fin à l’aventure en décembre, avec tous les hommages comme Jon Stewart mardi, Stephen Colbert prendra en mai la succession de l’humoriste David Letterman à la tête du « Late Show », l’inoxydable programme du soir de CBS.Jon Stewart avait déjà déserté le « Daily Show » pour réaliser, en 2014, un film dramatique, Rosewater, adapté de l’histoire du journaliste iranien Maziar Bahari. Ce dernier avait été emprisonné et torturé en Iran, après un entretien accordé au « Daily Show » dans le cadre de la réélection mouvementée du président Mahmoud Ahmadinejad. Mardi, ni Comedy Central ni Jon Stewart ne donnaient d’indications sur le tour que ce dernier entendait donner à sa carrière. Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.02.2015 à 02h32 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h06 Accusé d'avoir menti, l'homme qui présente depuis 2004 le journal télévisé le plus regardé aux Etats-Unis, sur NBC News, a été suspendu pour six mois a annoncé la chaîne, mardi 10 février. Brian Williams avait annoncé dès samedi qu'il se retirait pour quelques jours de son rendez-vous télévisé quotidien, après avoir reconnu qu'il avait menti sur certains souvenirs de reportages.Le journaliste avait affirmé qu'un hélicoptère de l'armée américaine dans lequel il voyageait en Irak en 2003 avait été attaqué au lance-roquettes. « J'ai fait une erreur en rapportant cet événement d'il y a douze ans », avait-il reconnu, précisant « j'étais dans un appareil qui suivait ».Le pilote de l'hélicoptère visé, Joe Summerlin, cité par le New York Times, avait en effet révélé que l'appareil qui transportait Brian Williams et son équipe se trouvait à plus d'une demi-heure du sien. Il avait dû se poser en raison d'une tempête de sable.Néanmoins, au lieu de calmer le jeu, l'aveu de M. Williams a mis le feu aux poudres, des anciens combattants et du public, rejetant l'idée d'une simple erreur. Plusieurs médias américains avaient ainsi estimé que le journaliste avait « perdu sa crédibilité ».Dans une note interne, la présidente de NBC News, Deborah Turness, avait annoncé vendredi qu'une enquête était en cours pour faire la lumière sur cet incident qui met à mal l'image de la rédaction. Elle a précisé mardi que le présentateur ne sera pas payé pendant la durée de sa sanction.D'AUTRES MENSONGES ?Journaliste respecté jusque-là, Brian Williams avait été correspondant à la Maison Blanche et a reçu des dizaines de récompenses dans sa carrière. Après le 11-Septembre, il avait passé plusieurs jours quasi non-stop à l'antenne. Il s'était rendu à plusieurs reprises en Irak durant la guerre, et a aussi couvert le tsunami en Asie en 2004.Depuis, d'autres affirmations de Brian Williams sont mises en doute, notamment sur sa couverture de l'ouragan Katrina, lorsqu'il avait affirmé avoir vu flotter un cadavre depuis sa chambre d'hôtel du quartier français de la Nouvelle Orléans. Ce récit avait suscité les suspicions du Dr Brobson Lutz, ancien directeur des services de santé de la ville, qui a déclaré au New Orleans Advocate que le quartier historique n'avait pas subi la même crue que d'autres parties de la ville.Le Dr Lutz s'interroge aussi sur la véracité d'une seconde anecdote confiée par M. Williams, qui dit avoir souffert de dysenterie après avoir bu accidentellement de l'eau. « J'ai vu un grand nombre de gens avec des coupures et des contusions, mais je ne me souviens pas d'un seul cas de gastro-entérite lors du passage de Katrina et dans le mois qui a suivi », affirme-t-il. 10.02.2015 à 16h35 • Mis à jour le10.02.2015 à 17h42 | Alexandre Piquard Les attentats survenus à Charlie Hebdo le 7 janvier et ceux des jours suivants ont ouvert un débat sur le rôle des médias, loin d’être clos. Patrons de rédactions et journalistes ont, dans l’ensemble, l’impression d’avoir bien couvert ces événements exceptionnels mais des critiques demeurent.Une réunion de réflexion ouverte avec les médias, convoquée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel jeudi 15 janvier, avait mis en évidence les relations avec la police et la gendarmerie comme points de friction ou, au moins, d’amélioration. Le CSA a décidé de poursuivre la réflexion, en prenant le temps d’analyser les images et sons diffusés. L’autorité a depuis demandé des précisions par écrit aux intéressés ; elle doit rendre mercredi 11 février ses conclusions et, éventuellement, prendre des sanctions.Lire : Attentats : quatre questions sur une couverture médiatique hors normesPolémique autour des otages cachés dans le supermarchéParmi les critiques adressées aux différents médias pendant les attaques des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, l’une a visé le traitement par BFM-TV de la prise d’otages à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Elle a connu un écho particulier car la femme d’un otage, à l’antenne, a accusé la chaîne d’information en continu d’avoir mis en danger les personnes cachées dans la chambre froide de l’enseigne, au sous-sol : en évoquant ces otages dissimulés, BFM-TV aurait pu révéler leur présence à Amedy Coulibaly, qui regardait la chaîne sur ordinateur, a expliqué en substance la dame.Le journaliste de BFM-TV « en contact avec une personne du RAID sur place »En réponse, BFM-TV a contesté certains points reprochés, tout en reconnaissant que son journaliste Dominique Rizet a mentionné une fois à l’antenne « une femme » cachée dans une chambre froide. Mais pour justifier ce choix d’information, Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne, joint par Le Monde, a surtout cité une source du RAID, le service d’intervention de la police nationale chargé de mener l’assaut à l’Hyper Cacher :« A une occasion, le journaliste Dominique Rizet, en plateau, a évoqué une femme qui se serait cachée dans une chambre froide. Mais il l'a fait parce qu'il était en contact avec une personne du RAID sur place, qui lui avait dit que ces personnes-là n'étaient plus en danger car les forces d'intervention avaient pris position près de la chambre froide »Le RAID « met en cause totalement cette version des faits »Jointe par Le Monde lundi, la direction du RAID conteste pourtant l’argument de BFM-TV :« Nous mettons en cause totalement cette version des faits. Et la meilleure chose, s’il veut prouver que sa version est vraie, serait que le journaliste donne sa source et qu’une enquête de l’inspection générale de la police nationale soit diligentée. »Implicitement, la direction du service d’intervention estime qu’au moment de l’évocation sur BFM-TV d’une otage caché, deux heures environ avant l’assaut, on ne pouvait pas assurer que les personnes retranchées dans la chambre froide étaient hors de danger.Le CSA a demandé des « précisions » aux parties concernéesQuelle version croire, celle de BFM-TV ou celle du RAID ? A ce stade, difficile de trancher. « C’est assez bien joué de la part du journaliste, ironise une source policière. Il dit qu’il a des tuyaux. Mais comme on ne connaît pas la source… » Une manière de dire qu’il est peu probable que cette source soit recherchée et identifiée.Dominique Rizet, 55 ans, est journaliste spécialisé et travaille au sein du service police et justice de BFM-TV depuis décembre 2012, après avoir notamment collaboré à l’émission Faites entrer l’accusé, sur France 2. Joint par Le Monde, BFM-TV maintient sa version. Et sans surprise, n’envisage pas de préciser la source d’un journaliste.Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a demandé des précisions à la chaîne d’information en continu sur cet épisode, comme il l’a fait sur d’autres points et auprès de la plupart des grands médias audiovisuels. En l’occurrence, la procédure d’instruction de l’autorité, qui se veut contradictoire, a dû l’amener à demander des renseignements au ministère de l’intérieur. Puis à se tourner à nouveau vers BFM-TV. Et peut-être à recueillir des réponses frustrantes des uns et des autres.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Wang Jianlin, magnat de l’immobilier chinois, est venu au secteur du divertissement presque par hasard. Il fallait des cinémas au dernier étage de ses centres commerciaux pour y attirer les clients, il décida donc de se lancer dans la gestion de salles obscures. Il devint le premier exploitant de salles de la planète en acquérant, en 2012, pour 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros), les cinémas américains AMC.C’est désormais le net ralentissement du marché immobilier en Chine qui le pousse à s’intéresser au marché du divertissement en Europe. Mardi 10 février, son groupe, Wanda, a annoncé l’acquisition, pour 1,05 milliard d’euros, d’un géant suisse du marketing sportif : Infront, 500 employés, gère les droits médiatiques de quantité de clubs de football, dont ceux de Lille OSC, de Milan AC ou de la sélection nationale allemande, ainsi que de la fédération italienne.Infront se charge également de la diffusion de la Coupe du monde en Asie, coopère avec la Fédération internationale de ski, ainsi qu’avec de nombreuses courses cyclistes. Le suisse est présent en Chine dans la diffusion du basket-ball, sport le plus populaire auprès des jeunes.« La société pourra notamment aider la Chine à se positionner mieux lors des appels d’offres pour les événements sportifs majeurs, car elle est déjà impliquée dans le calendrier, l’organisation, le marketing et les prestations de service d’un large éventail d’événements internationaux », a commenté Wang Jianlin, mardi matin à Pékin.Infront, créé en 2003 par Robert Louis-Dreyfus et devenu le deuxième acteur mondial du marketing sportif, avait été acquis en 2011 pour environ 550 millions d’euros par le fonds Bridgepoint, qui réalise donc une belle plus-value. Par cette opération, a justifié Wang Jianlin, Wanda « sera en position d’accroître son influence dans l’industrie du sport mondiale et d’aider à relever le niveau de compétitivité dans le sport chinois ».M. Wang, qui fut en 2013 l’homme le plus riche de Chine mais n’est plus aujourd’hui qu’au quatrième rang, du fait du ralentissement du marché immobilier, est lui-même un passionné de football. Il a été propriétaire, de 1994 à 2000, du club Shide de Dalian, ville du nord-est chinois où ont débuté ses affaires avant qu’il ne s’installe à Pékin. En janvier 2015, M. Wang avait racheté 20 % du club Atletico Madrid, une opération à 45 millions d’euros.Accueil mitigé à la Bourse de HongKong pour le chinois WandaWang Jianlin, 60 ans, a indiqué à plusieurs reprises son intention de ne plus se contenter de gérer centres commerciaux et hôtels de luxe en Chine, un marché saturé ces derniers trimestres. Il s’intéresse désormais à l’immobilier à l’étranger, notamment en Europe où les coûts de financement sont plus faibles qu’en Chine.Projets immobiliers en AustralieIl a ainsi acquis à la banque Santander un gratte-ciel de Madrid pour 265 millions d’euros en 2014. A Londres, il développe un important projet d’hôtel de luxe associé à une galerie commerçante et a fait part à David Cameron, le premier ministre britannique, de son ambition d’investir jusqu’à 3 milliards de livres dans la capitale britannique à l’avenir.Il a déjà annoncé son intention de dépenser l’équivalent de 1,4 milliard d’euros dans des projets immobiliers en Australie, dont un important complexe hôtelier. En 2013, il évoquait également un projet d’hôtel et de centre commercial à Paris mais celui-ci ne s’est pas encore matérialisé. Il compte au cours de la décennie disposer d’hôtels de luxe dans les plus grandes métropoles du monde, s’appuyant notamment sur la venue de touristes chinois.Son autre ambition est de devenir un acteur incontournable du divertissement, à l’heure où les familles chinoises commencent à en consommer davantage. Il fait construire des studios de cinéma géants dans la ville côtière de Qingdao (nord-est), où il s’était offert en septembre 2013 la venue de stars de Hollywood, de Leonard Di Caprio à Nicole Kidman.Silence, on tourne à Chinawood !M. Wang entend aussi prendre l’aval en matière de parcs à thèmes, en ouvrant treize parcs au cours des trois prochaines années, alors que Pékin insiste sur la nécessité de développer la consommation intérieure.L’ouverture d’un premier parc Disneyland en Chine continentale a récemment été repoussée au premier trimestre 2016 mais Wanda est de son côté parvenu à inaugurer dès le début décembre 2014, dans la ville de Wuhan (centre), son spectacle Han Show, un théâtre mêlant acrobaties et nouvelles technologies, auquel il a associé le directeur artistique Franco Dragone, qui a longtemps travaillé avec le Cirque du Soleil.Le chinois Wanda rêve de s’offrir les studios Lions Gate, producteur des « Hunger Games »Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.02.2015 à 13h42 • Mis à jour le09.02.2015 à 14h31 Les autorités de Bahreïn ont annoncé lundi 9 février la fermeture de la chaîne Alarab du milliardaire saoudien Al-Walid Ben Talal, lancée le 1er février à Manama. A son lancement, la chaîne avait donné la parole à un opposant chiite bahreïni dès son premier journal d'informations, provoquant la colère dans le royaume.« Il a été décidé d'arrêter les activités d'Alarab, cette chaîne n'ayant pas obtenu les autorisations nécessaires », a justifié un communiqué de l'Autorité de l'information de Bahreïn. Lancée à grand renfort de publicité, Alarab a diffusé des programmes pendant moins de vingt-quatre heures avant de devoir les interrompre, officiellement pour des raisons « techniques et administratives ».Le lancement d'Alarab avait été reporté à de nombreuses reprises depuis l'annonce du projet en 2010 par le prince Al-Walid, homme d'affaires saoudien connu pour son franc-parler et actif notamment dans la finance, l'hôtellerie et les médias. Le prince Al-Walid est le neveu de feu le roi Abdallah, mort le 23 janvier.  Alexandre Piquard Connaissez-vous le groupe Cerise ? Probablement pas. Le nom est peu connu. Mais cette petite entreprise de presse Internet affiche désormais ses ambitions, décomplexée. Cerise annonce ainsi lundi 9 février le lancement en 2015 des versions espagnole puis allemande de ses deux sites phares : Gentside, né en 2011 et dédié au public masculin et Ohmymag, féminin mis en ligne fin 2013. « En étant un bon challenger dans 50 pays, peut-être est-il possible de devenir leader mondial ? », n’hésite pas à commenter Benjamin Tolman, cofondateur et directeur exécutif du groupe, qui croit que le modèle de ses deux sites est adaptable facilement.Le raisonnement peut faire sourire, car les candidats à l’internationalisation ne manquent pas sur le Web. Les sites espagnol et allemand devront se nourrir de 100 % de contenus traduits du français. Et, à l’étranger, Cerise devra pour la publicité s’appuyer sur des partenaires et ne pourra pas, au départ au moins, trop miser sur le native advertising, cette forme moderne de publirédactionnel sur laquelle elle fonde beaucoup d’espoirs pour son développement en France.Entrepreneurs avant toutMais la petite PME a pour elle ses chiffres : elle revendique un chiffre d’affaires doublé en 2014, à 4,5 millions d’euros, mais surtout un excédent d’exploitation d’1,4 million d’euros (Ebitda). Pour 2015, Cerise vise 8 millions d’euros de chiffre d’affaires et dit vouloir recruter 40 personnes, après être passé en 2014 de 30 à 60 employés. Côté audiences, Cerise s’enorgueillit de sa 14e place dans le classement OJD des groupes de presse grand public français, avec 24 millions de visites en décembre 2014 (entre Le Parisien-Aujourd’hui en France et Ouest-France). Selon les chiffres de Mediametrie-NetRatings, généralement utilisés pour la publicité, Gentside est crédité de 1,9 million de visiteurs uniques en décembre, Ohmymag de 1,3 million (auxquels s’ajoutent les bons chiffres de visiteurs sur mobile). Par comparaison, les sites de la marque Melty (18e du classement OJD), un groupe de presse lui aussi 100 % Web, et destiné aux jeunes, totalisent 2,1 millions de visiteurs uniques.Le groupe Cerise est dirigé par quatre associés : Benjamin Tolman et Denis Marchant, les cofondateurs, rejoints par Pierre Orlac’h (directeur de la régie et du brand publishing, forme de contenu produit pour des marques) et Thomas Pruvot (directeur du développement). Les deux premiers forment un duo atypique : l’un est un ingénieur informaticien de 32 ans qui, adolescent, a lancé des serveurs de jeux vidéo en ligne, puis, encore étudiant, lancé son propre service de livraison de fleurs, via Internet. Il a été élève d’une école Montessori, à la pédagogie alternative. L’autre est un entrepreneur de 44 ans, dirigeant d’UTT, une société de textiles du Nord, et fier de représenter la « cinquième génération » d’une famille active à l’origine dans les comptoirs de laine. Le groupe Cerise est installé à Tourcoing dans les locaux de l’usine, qui produit désormais des textiles techniques, pour les chaudières ou les hélicoptères. La moitié de l’équipe Internet est à Paris.« Faire beaucoup d’audience en soi n’est pas notre ADN »Benjamin Tolman et Denis Marchant ont en commun d’être Ch’tis mais aussi d’être profondément entrepreneurs, bien avant d’être hommes de presse. Ils mélangent une forme de discrétion et un discours extrêmement ambitieux, ainsi qu’un pragmatisme total. Quand on leur demande pourquoi ils ont choisi le nom Cerise, ils sont capables de répondre que « Apple, c’était pris », mi-dérisoire, mi-sérieux. « Faire beaucoup d’audience en soi n’est pas notre ADN. Si ce n’est pas monétisable, cela ne nous intéresse pas, assène aussi M. Tolman, féru d’algorithmes. On crée de l’audience pour les marques. » Le groupe assume ainsi son relativement faible nombre de pages vues par visite, estimant que l’avenir est dans la vente aux annonceurs du temps passé par l’internaute sur un site, « comme commence à le faire le Financial Times ».Non sans une pointe de souverainisme, le groupe estime avoir quelque chose à apporter malgré la domination absolue de YouTube et Dailymotion« Nous sommes dans l’infotainment, pas dans l’actualité générale, justifie Denis Marchant. Nous voulons être un coin du triangle formé par l’internaute, les marques et le média. » L’entrepreneur partage son temps entre Cerise et la société familiale, depuis la création de son groupe Internet en 2008. Après des réflexions dans de nombreux domaines, les deux cofondateurs se sont finalement lancés avec en tête le modèle du portail Aufeminin.com mais ont choisi la cible masculine, estimant le secteur moins encombré.Pour l’avenir, Cerise espère monter de plus en plus d’opérations spéciales de brand content et cite en exemple les vidéos humoristiques qu’il créées pour le lancement du mobile Sony Xperia Z3. Le groupe a un dernier grand projet : lancer sa propre plate-forme vidéo, baptisée Kol. Non sans une pointe de souverainisme, le groupe estime avoir quelque chose à apporter malgré la domination absolue de YouTube et Dailymotion. Son interface, très mobile, propose de snacker des vidéos sélectionnées, puis de les éliminer en les faisant glisser avec son pouce, comme les profils d’applications de rencontre. Mais surtout, Cerise estime injuste les schémas actuels de partage des revenus entre le créateur de la vidéo et la plate-forme. Il propose donc de rémunérer les médias qui intègrent les vidéos sur leur site, amenant de l’audience. Les patrons de Cerise estiment ce concept très prometteur.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le rapport Vacquin, que Le Monde a pu consulter, dresse un portrait social assez sombre de votre entreprise. Partagez-vous ses conclusions ?Ce n’est certes pas un rapport complaisant. La direction, tout comme les organisations syndicales, n’est pas d’accord avec tous ses constats. Mais nous rejoignons Henri Vacquin sur le sens général et je partage l’analyse selon laquelle l’entreprise a souffert d’une réforme lancée à des fins politiques et sans préparation.France Télévisions, le grand corps maladeL’équipe de direction à laquelle vous appartenez est en partie comptable de cette réforme…Nous sommes arrivés [en 2010] après une décision qui avait été prise sans nous. Nous l’avons assumée en menant à bien ce projet d’entreprise unique. Mais tous ces fronts ouverts simultanément ne nous ont pas rendu la tâche facile, notamment à la direction des ressources humaines. C’était alors une 2 CV qu’on a chargée comme un poids lourd de trente tonnes.Le rapport n’épargne pas l’encadrement de l’entreprise…Je le trouve sévère sur ce point. Les managers ne souffrent pas d’immobilisme, mais plutôt d’un « stop and go » permanent, comme dans toutes ces grandes entreprises qu’on veut réinventer tous les cinq ans. A force, les volontés sont laminées.Au point de rendre tout changement impossible ?Non. Le rapport souligne d’ailleurs que beaucoup de choses ont été faites. Aujourd’hui, il faut maintenant dire où on veut aller.Quelle suite comptez-vous donner à ce travail, une fois qu’il aura été restitué dans l’entreprise ?Il formule des recommandations dont nous allons nous inspirer. Tout d’abord, s’attacher à mieux expliquer les raisons et les finalités des changements que l’entreprise traverse. Ensuite, nous allons ouvrir un travail sur le management. Cela consistera à lui donner des cadres de référence, à accorder plus d’autonomie aux managers, à lancer un plan de formation exceptionnel. Nous allons aussi travailler à une meilleure répartition des charges de travail.Enfin, nous allons travailler sur l’avenir des métiers au sein desquels les gens sont inquiets, comme les opérateurs de prise de vue et de son, ou sur les journalistes reporters d’images, pour lequel il y a une problématique d’inaptitude physique en fin de carrière. Cela passera par une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.Le rapport recommande également une amélioration du dialogue social…On peut en effet faire des choses pour aller vers un climat plus constructif. Les organisations syndicales ont été très sollicitées par les négociations liées à la fusion et au plan de départs volontaires en cours, il y a eu des tensions. Je crois qu’on peut en sortir avec un peu de bonne volonté et en renouvelant nos méthodes, par exemple avec plus de partages d’informations, sans être immédiatement dans la négociation ou le rapport de force.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.02.2015 à 10h20 • Mis à jour le09.02.2015 à 10h55 | Alexandre Piquard « BuzzFeed s’est lancé en France sur le divertissement mais veut aujourd’hui passer à une nouvelle étape en se mettant aux news et à l’actualité. C’est pour cela que j’ai été embauchée. » Cécile Dehesdin résume ainsi le poste de rédactrice en chef française du site de contenu viral américain qu’elle occupera à partir du 24 février. La journaliste de 27 ans est chargée de recruter trois autres personnes pour porter l’équipe à six membres.Début novembre 2013, BuzzFeed avait choisi de se lancer en France avec une équipe ultra-légère : deux journalistes, l’une à Paris, l’autre à New York. Aujourd’hui sont recherchés deux profils de « viral news reporters », qui « prennent le Web comme terrain », explique Mme Dehesdin. On les veut plutôt généralistes, capables de repérer sur les réseaux sociaux des sujets politiques, de société, environnementaux… Est aussi envisagé un profil de journaliste plus spécialisé, par exemple sur les « minorités ». Cécile Dehesdin est une jeune journaliste Web à la trajectoire ascendante : titulaire d’un master de « journalisme numérique » à l’université de Columbia, aux Etats-Unis, elle a débuté au site d’informations Slate fin 2008, avant de connaître trois transferts : elle est passée à L’Express.fr comme « chef des infos », puis a été rappelée à Slate comme rédactrice en chef adjointe, en septembre 2014. Avant d’être débauchée par BuzzFeed.La « nouvelle étape » souhaitée par BuzzFeed peut être vue comme le signe que ses résultats en France sont décevants et que le lancement n’a pas été le succès escompté. Cécile Dehesdin estime, elle, que le bilan de l’édition française est plutôt bon, « sinon BuzzFeed ne chercherait pas à la développer ».Audience « doublée »La société américaine, non cotée en Bourse, donne peu de chiffres, mais se dit satisfaite d’avoir « doublé » son audience française, entre décembre 2013 et décembre 2014. Celle-ci reste modeste : selon Mediametrie-NetRatings, BuzzFeed a accueilli 649 000 visiteurs uniques en décembre 2014 et entre 400 000 et 500 000 de juillet à novembre. L’audience mobile est, elle, évaluée à 218 000 visiteurs uniques en novembre. En comparaison, les sites de buzz sous la marque française Melty rassemblent 2,1 millions de visiteurs uniques en décembre, le site Minutebuzz 1 million (mais atteint aussi 1 million sur mobiles). L’édition française du site d’information américain HuffingtonPost (dont Le Monde est actionnaire) est créditée de 3 millions de visiteurs uniques. Sans parler de concurrents comme Topito ou Demotivateur.En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignonsL’évolution de la stratégie de BuzzFeed en France est aussi le fruit de leçons apprises sur les goûts des lecteurs : « En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignons, comme les articles sur les chatons, résume Scott Lamb, le responsable du développement international. Sur les réseaux comme Facebook ou Twitter, ils ont un profil social plus sérieux que nos lecteurs américains. Les Français ont envie d’échanger sur l’actualité. » Et seraient aussi friands d’information internationale.Comme exemple de contenu réussi, M. Lamb cite le questionnaire comparant des citations de 50 Nuances de Grey (E. L. James, éd. JC Lattès) et du livre de l’ex-première dame Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment (Les Arènes). Cécile Dehesdin relève des billets « au regard ironique, voire absurde », comme « les citations d’Eric Zemmour transformées en posters pour les toilettes ».Pour la maison mère BuzzFeed, l’adaptation faite en France dénote un ajustement de sa stratégie de développement international, cruciale. Déjà présente dans six pays avec sept éditions internationales, BuzzFeed veut s’implanter dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Mais, contrairement aux lancements français ou allemand, s’y dotera d’emblée d’équipes locales. Aujourd’hui, 35 % à 40 % de l’audience de BuzzFeed vient de l’extérieur des Etats-Unis, détaille M. Lamb. Et 40 journalistes (sur 250) sont implantés en territoire américain.Débaucher des journalistesL’autre grand axe stratégique est la vidéo : 60 « éditeurs » sont déjà au travail dans les studios montés à Los Angeles. La production de vidéos maison est d’autant plus importante que BuzzFeed est financé à 100 % par la publicité et s’est fait une spécialité de publier du « contenu de marque », rédigé pour ou par les annonceurs, mais ambitionnant d’être aussi accrocheur que les articles de la rédaction. La même logique est appliquée à la vidéo.Depuis trois ans, aux Etats-Unis, BuzzFeed poursuit une politique ambitieuse de développement d’un contenu d’actualité, recrutant des journalistes de médias établis, sous l’impulsion de Ben Smith, venu du site d’information Politico. Un moyen de conquérir de nouveaux lecteurs et de faire évoluer son image.Le site est aussi connu pour son usage très poussé des « données » : afin d’indiquer à chaque rédacteur les statistiques d’un article sur BuzzFeed et les réseaux sociaux, ou bien de cibler sciemment une catégorie sociale, comme les « Latinos », sous-représentés dans le lectorat… Enfin, une équipe de six personnes est chargée de développer du contenu spécialement dédié aux réseaux sociaux émergents comme Pinterest, Vine, Twitter ou Instagram, raconte M. Lamb, tout en précisant « qu’il est encore tôt pour savoir l’ampleur que cette activité va prendre ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 16h47 • Mis à jour le06.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre La température monte d’un cran à Radio France. Quelques semaines après que le PDG, Mathieu Gallet, a annoncé un déficit de 21 millions d’euros pour 2015, cinq organisations syndicales ont lancé un appel à la grève, pour le mercredi 11 février.Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants »Cet appel à la grève vise autant la direction de l’entreprise que l’Etat actionnaire, jugés coresponsables du « naufrage budgétaire » et de « la grande casse de Radio France qui s’annonce ».Dans un tract, le syndicat SUD fait notamment référence à des documents de travail de la direction. Ceux-ci évoquent un « plan d’économies [qui] consiste à trouver 50 millions d’euros » - une somme correspondant au déficit prévu en 2019.« Si ressources propres rapportent 10 ME, rationalisations, diffusions rapportent 15 ME, trouver 25 ME sur la masse salariale… », est-il écrit sur ces documents, selon le syndicat. Il cite également une mention d’« effectifs non opérationnels » à « identifier » et des « projets de mutualisation concernant les rédactions et les journalistes ».Probable plan de départsSelon nos informations, ce document serait issu d’un séminaire qui s’est tenu le mercredi 28 janvier à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, au niveau du « comité de direction élargi » (environ 65 cadres). Lors de ce séminaire, ces cadres ont planché sur les façons d’atteindre ce volume d’économies.À la direction de Radio France, on indique donc qu’il s’agit de « pistes de retour à l’équilibre » élaborées dans le cadre de la négociation du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) avec l’Etat. Ce COM doit encadrer la période 2015-2019 et la négociation doit s’achever fin mars.Au ministère de la culture, où l’intersyndicale de Radio France a été reçue il y a quelques jours, on confirme que le COM inclura l’objectif de retour à l’équilibre, mais on rappelle aussi que le budget de l’audiovisuel public a été stabilisé pour les trois ans à venir. La date du retour à l’équilibre fait encore partie des discussions.Une certitude : des économies sévères s’annoncent. M. Gallet n’a jamais caché sa volonté de développer de nouvelles sources de revenus - on parle d’exploitation du parking de la Maison de la radio, d’un restaurant, d’une librairie… Et il avait déjà évoqué, en janvier, une économie possible de 15 millions d’euros sur les coûts de diffusion, si Radio France cessait d’émettre en ondes moyennes et longues.Par contre, c’est la première fois qu’un chiffrage d’éventuelles mesures de départ sort. En interne, cela accrédite l’idée qu’un plan de départs est inéluctable. Dans les couloirs de la Maison de la radio, ces dernières semaines, cette perspective inquiète, tout comme les mutualisations engagées entre différentes équipes éditoriales, par exemple sur le sport.Malgré cette inquiétude, les syndicats ne sont pas sur la même ligne. FO et le SNJ n’appellent pas à la grève pour mercredi, jugeant que cette initiative vient trop tôt, alors qu’il n’y a pas eu d’annonces officielles. Et refusant d’affaiblir une opération prévue mercredi sur France Bleu, un mois après les manifestations du 11 janvier.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « C'est une débâcle, une erreur énorme », lâche Michèle Leridon, directrice de l'information de l'AFP, après l'annonce erronée du décès de Martin Bouygues, samedi 28 février.Que s'est-il passé ? Une triple erreur semble être à l'origine de cette « faute », comme l'a qualifiée Emmanuel Hoog, PDG de l'agence.Premier acte : samedi en milieu de journée, au siège de l'agence à Paris, serait parvenue une information faisant état du décès, dans l'Orne, du PDG du groupe Bouygues. L'origine de cette information n'est pas connue.Aussitôt, la rédaction en chef alerte les différents services concernés et contacte son bureau à Rennes, dont dépend le département de l'Orne, pour vérifier cette information.Les journalistes rennais téléphonent alors en quête d'une confirmation. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec Michel Julien, le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), une commune voisine de La Roche-Mabile où réside le PDG.Se produit alors une étonnante confusion. Interrogé pour savoir si Martin Bouygues était mort, le maire aurait répondu, selon l'agence, par l'affirmative. Dans cet échange, la confusion serait liée au fait que le maire faisait référence au décès d'une autre personne, Daniel Martin.Le bureau de Rennes envoie alors au siège parisien sa dépêche, forte de cette source locale. Celle-ci est immédiatement publiée sur les fils, sans recherche d'une autre confirmation. « Il est évident qu'il aurait fallu, à ce moment, attendre la confirmation du groupe Bouygues », estime Michèle Leridon, qui rappelle que les sources habituelles pour ce type d'information sont l'entourage ou les services de communication.HUMILIANTE « NOTE AUX CLIENTS »A 16 heures, l'AFP est contrainte d'envoyer une humiliante « note aux clients » : « Veuillez de ne pas tenir compte de toute la série de dépêches (alerte, urgent, LEAD et 2ELEAD) concernant l'annonce par erreur du décès de Martin Bouygues. » Entre-temps, la caisse de résonance des alertes et des tweets l'a déjà largement répandue.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Dominique Gallois (avec AFP) Mais que va faire Vincent Bolloré ? Le patron de Vivendi dispose aujourd’hui d’importantes capacités financières confortées par la sortie définitive de Numericable-SFR, annoncée vendredi 27 février. Cette journée marque un tournant. À l’occasion de la publication des résultats annuels du groupe, le conseil de surveillance de Vivendi, présidé par Vincent Bolloré, a accepté l’offre de Patrick Drahi formulée dix jours auparavant, concernant la cession de ses 20 % de Numericable-SFR. Cette vente est estimée à environ 3,9 milliards d’euros. Le groupe recentré sur les médias et les contenus a justifié sa décision au vu du « faible niveau de liquidité » du titre Numericable-SFR qui aurait rendu « incertaine une sortie dans des conditions optimales ». L’offre de 40 euros par action représente une prime de 20 % par rapport au cours du titre au 27 novembre 2014, lorsque Vivendi a conclu la cession de SFR, note le groupe.Toutefois, les analystes se sont étonnés, de cette vente qui se fait avec une décote importante, alors que le titre SFR-Numericable a terminé la séance de vendredi à la Bourse de Paris à 55,4 euros. « C’était une bonne opportunité pour encaisser le cash et éviter d’être dans une situation difficile de liquidités », a répondu le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, soulignant n’avoir d’ailleurs reçu aucune contre offre depuis celle de M. Drahi.Redistribution aux actionnairesAu total Vivendi devrait recevoir 17 milliards d’euros pour la cession du deuxième opérateur mobile français, auxquels s’ajoutent les 4,1 milliards pour la vente de Maroc Telecom. Le groupe dispose ainsi d’une trésorerie positive de 4,6 milliards d’euros fin 2014, ayant soldé toute sa dette, qui se montait à 11,1 milliards fin 2013. Et ce n’est pas fini. Vivendi prévoit encore de finaliser la cession a Telefonica de son actif télécom brésilien GVT au cours du deuxième trimestre 2015 pour 7,45 milliards d’euros.Dans un premier temps une partie de ces sommes va être restituée aux actionnaires. Ainsi, 5,7 milliards d’euros vont être rendus sous forme de dividendes et de rachats de titres sur la période 2014-2017, pour leur faire partager une partie des gains enregistrés sur ses récentes cessions. Vivendi versera un dividende au titre de 2014 de 1 euro, dont 0,8 euro correspondant à ses derniers désinvestissements. « L’objectif est de maintenir ce niveau de distribution au titre des exercices 2015 et 2016, représentant un retour aux actionnaires de 2 milliards d’euros supplémentaires », a précisé le communiqué financier. Le groupe prévoit également de racheter jusqu’à 2,7 milliards d’euros de ses propres actions.« Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française »Rien n’a été dit concernant les futures acquisitions, mais une indication avait été donnée à la fin de l’année 2014 quand le groupe s’était porté officiellement candidat au rachat du pôle français de l’éditeur belge Roularta comprenant en particulier L’Express, L’Etudiant, L’Expansion. Un pôle passé finalement sous contrôle de.. Patrick Drahi.Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasLe 9 décembre 2014, au micro de RTL, Vincent Bolloré déclarait que « Vivendi a vocation à devenir le Bertelsmann à la française, c’est-à-dire à réunir l’ensemble des médias qui soient écrits ou télévisuels ou sur le net. Donc, bien évidemment, s’il y a des opportunités qui se présentent, on les saisira. » Il ajoutait : « On a la chance d’avoir le groupe Canal qui est très important, on a la chance d’avoir Universal, le numéro un de la musique, mais pour que tout ça rayonne il faut des contenus et les magazines sont des contenus. »Concernant Canal +, les ventes ont progressé de 2,7% sur un an, avec un gain de 678.000 abonnements sur l'année 2014 qui atteignent désormais 15,3 millions dans le monde. Le portefeuille d'abonnés passe ainsi la barre des 11 millions pour la première fois grâce à l'Afrique et au Vietnam. L'offre de vidéo à la demande en France Canalplay y contribue aussi à cette performance avec 599.000 abonnés fin 2014.Vivendi devrait contribuer à alimenter les spéculations sur les marchés concernant ses futures acquisitions. Un point commun avec Patrick Drahi . Des rumeurs insistantes lui prêtent l’intention d’acquérir Bouygues Telecom. «Il n’y a aucune négociation en cours (…) Le choix, c’est le “stand alone”, on a été très clairs là-dessus  » a répliqué mercredi Martin Bouygues.Dominique Gallois (avec AFP)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gabriel Coutagne Une polémique en a chassé une autre. Cette année encore, le World Press Photo avait soulevé la question de la retouche en photographie, en annonçant avoir rejeté près de 20 % des photographies présentées au jury du prestigieux prix. Mais c’était sans compter sur une autre affaire, révélée mercredi 25 février par le site Our Age Is 13, spécialiste de l’actualité photographique.Dans un courrier adressé à la présidence du jury du World Press Photo, et que Le Monde a pu consulter, la mairie de Charleroi « demande de retirer le prix qui a été accordé à M. [Giovanni] Troilo à la lumière de notre argumentation et de nos explications ». En cause, une série d’images, très sombre, qui montre différents personnages, présentés comme des Carolorégiens, dans des situations décrivant une misère sociale et morale, ou s’adonnant à des pratiques sexuelles libertines.L’auteur, Giovanni Troilo, est un photographe italien travaillant habituellement dans les domaines de la mode et de publicité. Il a été récompensé dans la catégorie « sujets contemporains », pour un projet intitulé The Dark Heart of Europe. Le photographe présente son travail sur son site :« Aujourd’hui, le malaise social s’insère dans la vie des citoyens [de Charleroi]. Les routes, qui étaient à l’époque propres et fleuries, sont aujourd’hui abandonnées et en mauvais état. Les usines ferment et la végétation reprend ses droits dans les vieux quartiers industriels. Une sexualité perverse et malade, la haine raciale, une obésité névrotique, l’abus d’antidépresseurs semblent être les seuls remèdes pour surmonter ce malaise endémique. »« UNE ATTEINTE À LA PROFESSION DE PHOTOJOURNALISTE » Dans les jours qui ont suivi l’annonce du prix, le 12 février, « plusieurs personnes, dont des photographes, ont réagi sur les réseaux sociaux », raconte Molly Benn, rédactrice en chef du site Our Age Is 13.@lesoir WPressPhoto 2015.Le misérabiliste "Dark heart of Europe" sur #charleroi primé. http://t.co/kB9S3QJoDC http://t.co/Zuo3UR9XXz— Humbert_Tesla (@Umberto di Tesla)require(["twitter/widgets"]);Parmi eux, le photojournaliste belge Thomas Vanden Driessche s’était interrogé sur ce qu’il considère comme une dérive du photojournalisme.Triste... Ou peut-être un nouveau point de départ pour s'interroger sur les dérives d'un certain photojournalisme... http://t.co/DzCvURFeHd— thomasvdd (@T. Vanden Driessche)require(["twitter/widgets"]);« C’est en tant que photojournaliste que je me suis senti concerné par ce prix », explique au Monde Thomas Vanden Driessche. Sa question a alimenté le vif débat sur les réseaux sociaux, auquel ont pris part photographes et habitants de Charleroi. « Nous avons d’abord été contactés par plusieurs photographes », confirme la mairie de la ville. Si le souci principal de la municipalité est bien d’en défendre la réputation, l’argument pour convaincre le World Press Photo de retirer ce prix est journalistique.« Nous considérons le sujet du photographe, construit de toutes pièces, tant comme une atteinte à la ville et aux habitants de Charleroi que comme une atteinte à la profession de photojournaliste en tant que telle », dénonce dans sa lettre le bourgmestre de la ville, Paul Magnette (PS), en fonction depuis juillet 2014. « Le caractère falsifié et mensonger des légendes, la manipulation de la réalité, la construction d’images chocs mises en scène par le photographe, malhonnêtes […] trahissent les bases de l’éthique journalistique », poursuit l’élu.Le recours à la mise en scène est parfois légitime dans un projet documentaire, notamment lorsque l’on réalise un portrait, mais le World Press Photo, dans un document disponible en ligne, précise qu’une image ne doit pas faire l’objet d’une mise en scène ou d’une reconstitution. De plus, certaines imprécisions dans les légendes posent problème.UN RÉCIT PERSONNEL Le rendu de ce portrait et sa légende suggèrent que cette personne vit recluse chez elle pour fuir la violence de son quartier. Thomas Vanden Driessche souligne pourtant « qu’il s’agit de Philippe G., une personnalité bien connue à Charleroi […]. Il habite dans un quartier populaire mais relativement paisible. Sa maison est également un bar à vin ». Sur son profil Facebook, le modèle raconte le moment de la prise de vue :« Le photographe m’a demandé de poser pour lui, dans mon intérieur, et a demandé à ce que je sois torse nu, ce qui ne m’a nullement dérangé, n’ayant aucun complexe par rapport à mon physique. Les deux artistes étaient sympathiques et ne cachaient pas qu’ils mettraient en scène leurs photos, disant clairement qu’ils ne faisaient pas un reportage, mais un travail photo. Par contre, je m’insurge contre le terme d’“obésité névrotique”, qui, s’il peut qualifier d’autres personnes que je ne connais pas, n’est absolument pas mon cas. »De son côté, Giovanni Troilo ne semble pour l’instant pas trop inquiet de la polémique, comme le rapporte un blog du quotidien italien La Repubblica : « Je m’attendais aux polémiques, et ils n’ont pas été tendres… Mais je n’imaginais pas des réactions de ce genre. Je comprends l’ambiance, ils cherchent à promouvoir une image neuve de la ville [Charleroi], et dire certaines choses dérange. »Le photographe se défend, présentant son projet comme un récit personnel plutôt que comme un reportage au sens strict. Pour lui, ce travail rend compte de choses « qu[’il a] vues, qu[’il] conna[ît], dont [il] sai[t] qu’elles existent », tout en concédant, en creux, que certaines images sont mises en scène : « Il y a aussi des photos où [les personnes] ne posent pas, la dame avec la tête inclinée sur la table est véritablement une personne dans un hospice, c’est une amie de ma tante. La police était vraiment en train de charger… »Le World Press Photo n’a pas encore donné suite au courrier du bourgmestre, mais il a annoncé le 26 février qu’une enquête avait été ouverte. Giovanni Troilo reconnaît en conclusion de l’interview accordée à La Repubblica qu’il va devoir fournir des explications.Gabriel CoutagneJournaliste au Monde 26.02.2015 à 17h52 • Mis à jour le27.02.2015 à 04h17 | Eric Albert (Londres, correspondance) Un « prédateur sexuel », pédophile, qui a pu pendant des décennies utiliser un hôpital pour multiplier viols et attouchements : le rapport publié jeudi 26 février détaille une nouvelle fois les abus sexuels de Jimmy Savile, ancienne star britannique de la télévision, aujourd’hui décédé. Soixante victimes y sont identifiées, âgées de 8 à 40 ans. La moitié avait moins de 16 ans, et dix, moins de 12 ans. L’immense majorité était de sexe féminin. Les abus ont eu lieu entre 1968 et 1992.Ces nouvelles révélations viennent une nouvelle fois illustrer l’ampleur des crimes commis par l’ancien présentateur des émissions « Top of the Pop » et « Jim’ll fix it », grands succès des années 1970 et 1980. Avec ses cheveux longs blonds, ses gros cigares, ses pantalons de survêtements et ses lunettes teintées, l’homme était toujours passé pour un excentrique. Mais il était aussi très aimé du grand public, célébré pour son aide pour de nombreuses associations caritatives. Il était en particulier très actif dans les hôpitaux.On sait désormais qu’il s’agissait d’une tactique pour avoir accès aux enfants. Mais jusqu’à son décès en 2011, les accusations d’agressions sexuelles portées contre lui n’avaient jamais été révélées publiquement. A chaque fois, elles avaient été étouffées, à différents niveaux d’autorité.450 plaintesTout a basculé en 2012 avec la diffusion d’un documentaire diffusé sur ITV. Choquant le Royaume-Uni, l’affaire a poussé la police à ouvrir une enquête. Celle-ci a désormais reçu 450 plaintes, qu’elle est en train de traiter. Parallèlement, plusieurs rapports ont été commandés, pour essayer de faire toute la lumière sur ce scandale. En juin 2014, l’un d’entre eux détaillait les abus dans plusieurs hôpitaux. Ce jeudi, un nouveau document concerne l’établissement de Stoke Mandeville, situé près d’Oxford.Jimmy Savile était arrivé en 1969 dans cet hôpital en tant que brancardier volontaire. Aucune vérification sur sa personnalité n’avait alors été réalisée, mais il était déjà star du petit écran. Progressivement, il prend de plus en plus de place dans l’établissement, et aide à lever de l’argent. En 1980, la première ministre Margaret Thatcher, qui voulait promouvoir le financement privé du système de santé, lui confie même un rôle officiel pour assembler des fonds.La star avait ainsi un accès complet et total à l’hôpital, vingt heures sur vingt-quatre. Il rentrait dans les chambres à l’improviste, discutait avec les patients et leurs familles, offrait des disques, signait des autographes… Et abusait sexuellement ses victimes.« Le brancardier m’a fait mal, ici »Soixante témoignages, pénibles à lire, sont détaillés dans le rapport. Souvent, il s’agit d’attouchements très rapides : des mains sur des seins en passant dans un couloir, un baiser avec la langue à une jeune patiente, des caresses inappropriées. Et puis, il y a les cas de viol, comme la « victime 20 », qui avait douze ans au moment des faits en 1977. Elle était à l’hôpital pour se faire retirer les amygdales. En robe de chambre, elle s’était trainée à la pièce télévision, fatiguée de l’opération. Jimmy Savile est arrivé, s’est mis devant elle, a baissé son pantalon et l’a pénétrée. Victime 20 est allée se plaindre à l’infirmière : « Le brancardier m’a fait mal, ici. » La réponse est arrivée, sèche : ne surtout rien dire, sinon cela causerait des problèmes à l’infirmière. La même nuit, l’adolescente s’est réveillée et Jimmy Savile était à côté de son lit. Cette fois, il l’a pénétrée avec les doigts.Comment a-t-il pu continuer ses agressions pendant tant d’années, sans que rien ne se sache ? Le rapport documente neuf plaintes « verbales » et une plainte « formelle ». Mais « aucune n’a été prise sérieusement et n’a été transférée à la direction de l’hôpital ». En filigrane, l’explication qui transpire est double. D’une part, l’état d’esprit général consistait à ne pas prendre trop au sérieux les plaintes des enfants. D’autre part, Jimmy Savile exerçait une influence considérable sur l’hôpital. Il levait beaucoup d’argent et apportait une publicité très positive à l’établissement. Il était devenu intouchable.En 1991, une nouvelle direction est arrivée à Stoke Mandeville. Rapidement, elle s’est érigée contre Jimmy Savile. A l’époque, la controverse concernait l’argent de l’association caritative, que la star utilisait à sa guise, à titre personnel. Son accès permanent aux patients, son intrusion au milieu du personnel, ont également été jugés inappropriés. Jimmy Savile s’est progressivement éloigné de l’hôpital. Mais il a continué à exercer ses abus sexuels ailleurs. La dernière agression documentée remonte à 2009, deux ans avant son décès.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gilles Paris (Washington, correspondant) Il aura été en première ligne pendant les décennies de feu qui ont façonné durablement le Proche-Orient, témoin attentif de ses guerres et de ses révolutions, interlocuteur privilégié de ses figures les plus singulières, de Gamal Abdel Nasser à Mouammar Kadhafi. Au cours de sa très riche vie, Eric Rouleau, mort mercredi 25 février à l'âge de 89 ans, fut tour à tour journaliste au Caire avant la chute de la monarchie, pilier du service Etranger du Monde de la guerre israélo-arabe de 1967 à la révolution iranienne de 1979, puis ambassadeur de France en Tunisie puis en Turquie avant de renouer avec l'écriture et la chronique d'une région troublée dans les colonnes du Monde diplomatique.Né en Egypte en 1926 au sein d'une famille juive, Elie Raffoul entre en journalisme à vingt ans avec la foi du jeune communiste qu'il est alors. L'heure des décolonisations a sonné et dans le chaudron cairote s'affrontent ordre ancien et monde nouveau, un bouillonnement auquel la création d'Israël, en 1948, a ajouté une dose de complexité. Gauchiste et juif, voilà qui est un peu trop pour le régime du roi Farouk, qui le contraint à l'exil en 1951 et le déchoit de sa nationalité. La France sera pour ce francophile une patrie d'adoption généreuse, qui ne lui fera cependant jamais oublier sa première terre.C'est au Monde, à partir de 1955, qu'Elie Raffoul, devenu Eric Rouleau, va s'imposer progressivement comme l'un des journalistes les plus à même de déchiffrer les entrelacs des crises orientales à répétition, rejoint plus tard par Haig Kirazian – Jean Gueyras, pour les lecteurs du quotidien de la rue des Italiens. Un duo de polyglottes émérites (qu'il s'agisse des langues comme des idéologies et des réseaux) complété par Amnon Kapeliouk à Jérusalem.Une carrière diplomatique sous MitterrandPendant près de trente ans, Eric Rouleau parcourt une région en ébullition. Il est au cœur de séismes dont les répliques ne cessent d'être enregistrées encore aujourd'hui, de la guerre israélo-arabe de 1967, qui précipite la naissance d'un mouvement national palestinien autonome, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la révolution iranienne de 1979, qui marque la renaissance de l'islam politique.Pour ce journal qui ne lui mégote pas ses colonnes et qui ne s'effraie pas de publier de véritables feuilletons politiques et diplomatiques, il voyage, raconte, analyse, et multiplie les rencontres avec l'Histoire et ses nombreuses incarnations. Lui qui avait déjà pu rencontrer le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, avant son assassinat en 1949, sera reçu par les principaux acteurs de la région, surtout après l'entretien accordé par Gamal Abdel Nasser en 1963.Son expertise est recherchée, y compris par des responsables politiques français, souvent fascinés par son carnet d'adresse. La curiosité réciproque qu'il entretient avec le premier secrétaire du Parti socialiste devenu président de la République en 1981, François Mitterrand, lui fera sauter le pas en 1985 vers la carrière diplomatique, au grand dam des diplomates comme de certains de ses confrères prompts à dénoncer un mélange des genres.A la suite de missions discrètes, en Libye et en Iran, il devient ambassadeur de France à Tunis, siège de l'OLP après le départ du Liban, puis à Ankara. Il revient en 1991 à la plume pour Le Monde diplomatique, le parent éloigné du quotidien.Sur l'insistance de ses proches, Eric Rouleau avait publié en 2012 des Mémoires qui avaient permis de retracer ce parcours fascinant. Un condensé d'histoire dans lequel il s'était pourtant bien gardé, pour une fois, de tout raconter.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.02.2015 à 14h07 • Mis à jour le25.02.2015 à 14h48 | Jean-François Mignot (Sociologue) et Céline Goffette (Sociologue) De qui se moquait le journal satirique Charlie Hebdo, avant que deux terroristes islamistes assassinent cinq caricaturistes et six autres personnes présentes à la conférence de rédaction du 7 janvier ? Est-il vrai que ce journal faisait preuve d’une « obsession » à l’encontre des musulmans, comme cela a pu être dit à la suite des attentats, notamment dans une tribune du Monde du 15 janvier 2015, à laquelle ont contribué plusieurs chercheurs ?Pour apporter une réponse raisonnée à cette question, nous analysons les 523 « unes » du journal de janvier 2005 (n°655) au 7 janvier 2015 (n°1177). Si les « unes » de Charlie Hebdo ne résument pas à elles seules le journal, elles en sont toutefois la vitrine, que même des non-lecteurs peuvent voir en devanture des kiosques. Le faible nombre d’abonnés que comptait Charlie Hebdo avant les assassinats laisse d’ailleurs supposer que c’est sur la base de ses « unes » que le journal a été accusé d’islamophobie. De cette analyse, il ressort plusieurs enseignements.Quatre grands thèmes émergent des « unes » de Charlie Hebdo : la politique ; les personnalités médiatiques du sport et du spectacle ; l’actualité économique et sociale ; et la religion. Sur les 523 « unes » parues au cours des dix dernières années, près des deux tiers (336) concernent la politique. L’actualité économique et sociale vient ensuite (85 « unes »), puis les personnalités médiatiques du sport et du spectacle (42). La religion n’est le thème que de 7 % des « unes » (38). Enfin, 22 unes traitent de plusieurs sujets à la fois : politique et médias (n°919), médias et religion (n°928), religion et politique (n°932), religion et questions sociales (n°917), etc.Au sein de la thématique politique, un peu plus de la moitié des « unes » portent sur des personnalités de droite (en majorité Nicolas Sarkozy), près d’un quart sur des personnalités de gauche, 7 % sur l’extrême droite et 9 % sur des personnalités politiques internationales (et 9 % sur plusieurs cibles à la fois).Parmi les « unes » relevant de l’actualité économique et sociale, un peu plus de 50 % portent sur les mouvements sociaux ou sur les Français en général (comme le n°1104), 21 % portent sur les sexes ou la sexualité (par exemple le n°1155), 18 % portent sur la délinquance, la violence politique ou le terrorisme, et 6 % portent sur les relations entre générations.Au sein des personnalités médiatiques du sport et du spectacle, on trouve environ un tiers de créateurs (auteurs, chanteurs, réalisateurs, acteurs, humoristes, etc.) et deux tiers de sportifs et de personnalités des médias.Au fil des années, cette répartition en quatre catégories principales a peu changé. Néanmoins, la politique devient un sujet encore plus présent en période d’élection présidentielle.Irrévérencieux et indéniablement antiracisteParmi les 38 « unes » ayant pour cible la religion, plus de la moitié vise principalement la religion catholique (21) et moins de 20 % se moquent principalement de l’islam (7). Les juifs, quant à eux, sont toujours raillés aux côtés des membres d’au moins une autre religion, comme l’islam dans le n°1057. Trois « unes »  concernent toutes les religions à la fois, notamment les « unes » 983 et 1108.Au total, de 2005 à 2015, seulement 1,3 % des « unes » se sont moquées principalement des musulmans. De fait, Charlie Hebdo n’était pas « obsédé » par l’islam. Si obsession il y avait, celle-ci était plutôt dirigée vers des hommes politiques français, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy et, dans une moindre mesure, les Le Pen et François Hollande. Quant à certaines des « unes » les plus virulentes, on peut considérer qu’elles sont dirigées contre l’extrême droite française (n°965 et n°1031) et la religion catholique (n°1064, 1080 et 1111).Alors même que la religion est un sujet de « une » très mineur, et que parmi les quelques « unes » traitant de religion, assez peu sont consacrées à l’islam, depuis les procès de 2007 et de 2012 sur la publication des caricatures de Mahomet ce sont principalement des associations musulmanes qui intentent des procès à Charlie Hebdo. Par contraste, dans les années 1990, c’était surtout l’extrême droite et des associations catholiques identitaires qui intentaient des procès au journal satirique. En outre, avant même l’attentat du 7 janvier, les derniers actes violents contre le journal avaient eux aussi été commis, suite à l’édition « Charia Hebdo » en 2011, au nom de l’islam.Lire l’enquête : « Charlie Hebdo », une résurrection sous tensionBesoin de chercheurs en sciences socialesA la lecture, il apparaît que Charlie Hebdo, conformément à sa réputation, est un journal irrévérencieux de gauche, indéniablement antiraciste, mais intransigeant face à tous les obscurantismes religieux, musulman inclus. Ce qu’il faut expliquer, donc, ce n’est pas pourquoi Charlie Hebdo était islamophobe, mais pourquoi, de nos jours, seuls des extrémistes se revendiquant de l’islam cherchent à museler un journal qui se moque – entre beaucoup d’autres choses – de leur religion.Pour progresser dans la compréhension de ces événements dramatiques et contrecarrer les mécanismes qui en sont à l’origine, il est nécessaire de ne pas travestir la réalité des faits et de poser les bonnes questions. Nous avons besoin de chercheurs en sciences sociales qui recueillent des données fiables et les analysent de façon impartiale, pour savoir notamment dans quelle mesure les terroristes et plus largement les fondamentalistes musulmans bénéficient, en France, d’une base sociale rejetant les valeurs de la République.Cette contribution des sciences sociales est d’autant plus urgente que, comme l’indique le sociologue Olivier Galland, le manque de connaissances sérieuses « laisse le champ libre aux interprétations et aux solutions simplistes ».Jean-François Mignot (Sociologue)Céline Goffette (Sociologue) Alexandre Piquard Cette fois-ci, le tirage ne sera « que » de 2,5 millions d’exemplaires, contre huit au total pour le numéro précédent, sorti le 14 janvier. Mais tous ces chiffres restent exceptionnels pour Charlie Hebdo, à la veille de son nouveau numéro attendu en kiosques mercredi 25 février, un mois et demi après les attentats du 7 au 9 janvier.« Il y a eu un grand élan de solidarité et les montants des dons reçus et des recettes prévues sont totalement décalés. Charlie Hebdo n’était pas fait pour avoir autant d’argent », explique Richard Malka, l’avocat du journal depuis vingt-deux ans. Ce dernier détaille comment Charlie Hebdo compte gérer la quinzaine de millions d’euros attendue, tout en précisant que les derniers chiffres ne sont toujours pas définitifs.4,2 millions d’euros de donsD’abord, les dons ont atteint 4,2 millions d’euros environ, que le journal ne veut pas garder mais donner aux familles des victimes. Sur ce total, 2,65 millions arrivent par l’intermédiaire du fonds Presse et Pluralisme, une association créée par les éditeurs pour faire transiter des contributions défiscalisées. Des particuliers et des entreprises les ont notamment versées via la plateforme en ligne JaideCharlie.fr. La somme hébergée par Presse et Pluralisme pose un problème fiscal particulier, souligne toutefois Me Malka, car ce fonds doit en principe aider des entreprises de presse, pas des victimes. De plus, Charlie Hebdo devrait payer des impôts s’il versait des fonds aux familles. Mais une discussion est en cours avec le ministère des finances pour autoriser un versement direct à l’association des amis de Charlie Hebdo, raconte l’avocat.Cette dernière a été créée « quelques semaines » avant le 7 janvier, afin d’accueillir de l’argent des soutiens, à l’époque où le journal cherchait 200 000 euros pour éponger ses pertes, et un peu plus si possible. La structure a centralisé le reste des dons, soit 1,5 million d’euros reçus en direct, expose Richard Malka, ajoutant que l’association doit renouveler son bureau. Il faut en effet un président (non salarié) pour remplacer Georges Wolinski, décédé. L’actuel secrétaire général est l’avocat Christophe Thévenet. Et l’association a commencé à réunir un groupe d’avocats pour régler la question, délicate, des versements aux familles des victimes, elles-mêmes en train de se constituer en association, raconte M. Malka.« Cela va prendre des mois »« Comment repartir ? Il n’y a pas de règles évidentes, cela va prendre des mois », prévient l’avocat qui liste certaines des questions soulevées : comment indemniser les familles des morts, des blessés ? Faut-il verser aux conjoints, aux enfants, aux frères et sœurs ? Comment se coordonner avec les indemnisations prévues par le fonds de garantie pour les victimes d’attentats et la Sécurité sociale ? Il y a une volonté de ne pas faire de « distinction » entre victimes, note l’avocat, incluant les douze personnes tuées à Charlie Hebdo, dont un employé d’un prestataire et deux policiers, plus les victimes de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris et la policière tuée à Montrouge, ainsi que les blessés, dont quatre membres de la rédaction de Charlie Hebdo, mais aussi un joggeur touché par des tirs.A ces sommes s’ajouteront les droits d’auteurs perçus sur la vente de numéros spéciaux, comme celui édité par Fayard, ou de DVD.Les ventes historiques du numéro « Tout est pardonné » seront affectées à Charlie Hebdo. Mais aussi à un projet de fondation. Sont concernés 10 à 12 millions d’euros de marge environ, selon Me Malka, qui rappelle que d’autres acteurs de la presse ont bénéficié de cet afflux vers les kiosques, imprimeurs ou distributeurs (ces derniers ayant toutefois renoncé à leur part pour le premier million d’exemplaires). Toutefois, cette somme pourrait être réduite à environ 7 ou 8 millions d’euros après impôt sur les sociétés. Les quelque 220 000 abonnements souscrits devraient eux générer environ 3 millions d’euros de marge.Ces recettes viennent prendre le relais du million d’euros d’aide versé par le ministère de la culture de Fleur Pellerin pour gérer l’urgence. Elles serviront à louer et équiper de nouveaux locaux sécurisés dans le 13e arrondissement de Paris, mais surtout à assurer la pérennité du journal.Un actionnariat plus coopératif« L’ampleur du soutien reçu nous donne aussi des obligations, pense M. Malka. Il est indispensable qu’une partie des recettes aille à une fondation qui a un but plus large : soutenir le dessin de presse. Par la formation, la pédagogie dans les écoles ou l’aide aux dessinateurs dans le monde. » Selon l’avocat, il est trop tôt pour savoir quelle somme sera affectée à la fondation et qui dirigera cette dernière. Consacrée à la « liberté d’expression précieuse qui s’exprime par le dessin de presse », la structure ne se focaliserait pas sur la laïcité, même si « de fait, là où sont menacés des dessinateurs, c’est souvent pour des questions religieuses », explique Richard Malka militant de longue date pour la laïcité.Restera enfin la question de la gouvernance de l’entreprise, sur laquelle la rédaction souhaite davantage de transparence et une approche plus collective. Une des revendications est de passer à un actionnariat plus coopératif, à l’occasion de la refonte du capital liée au décès de Charb, qui détenait 40 % des parts (à égalité avec Riss, le directeur financier Eric Portheault en possédant 20 %). Il a déjà été décidé qu’il n’y aurait pas de distribution de dividendes pendant trois ans, précise l’avocat. La rédaction veut un débat rapidement. L’avocat l’estime « légitime » mais pense, comme Riss, que les discussions doivent se faire de façon « apaisée », pas dans « l’urgence ».Riss : « Tout le monde n’est pas obligé d’aimer “Charlie” »Pour l’heure, alors que tout le monde se souvient des pénuries de Charlie Hebdo en kiosques le 14 janvier, le nouveau numéro doit être diffusé à 700 000 exemplaires mercredi, puis 450 000 jeudi et 300 000 les jours suivant. Ensuite, 250 000 exemplaires seront exportés. A la « une », un chien Charlie Hebdo poursuivi par d’autres canidés : Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, BFM-TV, un financier et… un fanatique avec kalachnikov. « Charlie Hebdo ne peut pas être le seul à porter la question du blasphème, la pression serait trop forte », insiste enfin Richard Malka.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Ceux qui ont assisté à la présentation des résultats de HSBC, lundi 23 février, ont eu droit à un rare moment d’honnêteté. Oui, la banque prive de campagne publicitaire les journaux qui se montrent « hostiles » à son égard, comme l’a reconnu le directeur général de HSBC, Stuart Gulliver, en réponse à une question.Mis en cause le matin même par The Guardian pour sa situation fiscale personnelle, M. Gulliver a doctement expliqué que sa banque avait « recours à la publicité pour vendre plus de produits bancaires », et qu’en conséquence, « ça ne fait aucun sens de placer une publicité à côté d’une couverture journalistique hostile ».« Si vous lisez pages 4 et 5 que HSBC est une mauvaise entreprise, c’est peu probable que vous vous disiez une page plus loin 'et si j’allais prendre un crédit immobilier chez eux ?’, a-t-il argumenté. C’est du bon sens, c’est le business qui veut ça : nous ne plaçons pas de publicités à côté d’articles hostiles parce que ces dépenses publicitaires ne nous rapporteraient rien. »Ces déclarations font suite à la démission spectaculaire de Peter Oborne, éditorialiste au Daily Telegraph. Mardi 17 février, celui-ci a accusé le quotidien des frères Barclay d’avoir sous-couvert les révélations « SwissLeaks » pour protéger son chiffre d’affaires publicitaire. La banque avait déjà privé le quotidien britannique de budgets publicitaires en 2012-2013 après une enquête sur la filiale HSBC de Jersey, avait révélé M. Oborne.Profil basCes pratiques ne sont pas rares dans les relations entre médias et annonceurs. On se souvient par exemple qu’en France, le géant du luxe LVMH, suivi par d’autres annonceurs, avait privé de toute publicité le quotidien Libération suite à la couverture « Casse-toi riche con ! » visant son principal actionnaire, Bernard Arnault, le 10 septembre 2012. Un conflit d’un an qui avait privé Libé d’au moins 700 000 euros de recettes, selon certaines estimations, et contribué à détériorer ses finances.Cette fois, depuis le 9 février, date de début de publication des « SwissLeaks », HSBC a suspendu ses campagnes avec les médias participant à l’opération, dont Le Monde. Une banque de cette envergure est capable de dépenser plusieurs centaines de milliers d’euros par campagne.Toutefois, la suspension des campagnes de HSBC ne se limiterait pas aux médias participant à l’opération « SwissLeaks ». La banque aurait globalement suspendu ses investissements de communication pour le moment, adoptant une stratégie de profil bas, en attendant des jours meilleurs.Sans menacer quiconque ouvertement, les propos de M. Gulliver sont néanmoins assez clairs. Il a beau déclarer que « cela n’a rien à voir avec chercher à influencer la couverture éditoriale de qui que ce soit », les médias savent à quoi s’en tenir.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.02.2015 à 12h29 • Mis à jour le23.02.2015 à 11h41 | Gabriel Coutagne Une femme à moitié nue sur une plage : voilà ce que représente la première photographie retouchée avec le logiciel Photoshop. Une quinzaine d’années plus tôt, c’était le portrait de Lenna, une playmate suédoise, qui avait servi de fichier de travail à des chercheurs en imagerie numérique voulant compresser au mieux des photos scannées.En 2015, alors que le fameux logiciel de retouche d’image Photoshop fête ses25 ans, de nombreuses images de femmes célèbres « au naturel » sont massivement diffusées sur Internet. Il y a peu, une photographie du mannequin Cindy Crawford, prise initialement en décembre 2013 pour l’édition mexicaine de Marie Claire, et publiée sans retouche le 16 février sur Twitter, a suscité un grand enthousiasme.Des portraits de la chanteuse Beyoncé attirèrent ensuite l’attention. D’abord publiées, puis retirées, sur The Beyoncé World (l’un des plus importants blogs de fans de l’artiste), ces photographies sont présentées par les internautes comme « non retouchées ». Selon le Daily Mail, les clichés dateraient de 2011 et de 2013, et auraient été pris à l’occasion d’une campagne publicitaire pour L’Oréal.Voici les photos non retouchées de #Beyonce qui affolent Twitter http://t.co/ZDLAdh1vUv http://t.co/VfThhcwSFl— MagazineCheek (@Cheek Magazine)require(["twitter/widgets"]);Ni Cindy Crawford ni Beyoncé n’ont pour l’instant réagi aux « fuites », qui pourraient aussi être de simples outils de communication marketing. Mais la publication de ces photographies pose une nouvelle fois la question de la manipulation des images numériques, devenue omniprésente dans la sphère publique.Toutes les images sont « retouchées »D’un point de vue technique, rappelons d’abord que toute photographie est l’interprétation d’une scène. La pose du modèle, son maquillage, la lumière, le cadrage, l’exposition sont autant d’aspects qui influent sur le rendu final.Cette réalité s’est accentuée depuis l’arrivée de la technologie numérique. Un capteur d’appareil photo numérique n’enregistre pas une image : il quantifie des niveaux d’intensité lumineuse, qui sont ensuite interprétés, soit par l’appareil lui-même, soit par un ordinateur, lorsque l’on développe un fichier brut (ou raw).Avec ce procédé, toute photographie, devenue l’objet d’un traitement informatique, semble incapable de représenter le réel : elle ne fait que l’interpréter. « La photo numérique est une création », expliquait en 2011 au Monde Fred Ritchin, professeur de photographie et de culture visuelle à l’université de New York. « Le pixel n’a rien à voir avec le grain de l’argentique, c’est une mosaïque dont il est facile de modifier ou de retrancher un élément », déclarait-il.La retouche numérique intervient ensuite pour accentuer ou corriger cette interprétation initiale. La fascination derrière la publication d’images soi-disant « non retouchées » révèle surtout que l’on cherche à croire à la dimension naturelle de la photographie. Alors qu’elle est, par essence, artificielle.Pour Jérôme [le prénom a été modifié], directeur technique dans une agence de postproduction de renommée internationale, il est ainsi difficile de parler d’image non retouchée en ce qui concerne la photographie de Cindy Crawford. Selon lui, pour cette image, « les contrastes ont très bien pu être renforcés pour accentuer l’effet naturel ».Cindy crawford releases honest, un-photoshopped image http://t.co/ehbjfbyWrk #BeReal http://t.co/27tLSzOg1C— BeReal_Campaign (@Be Real)require(["twitter/widgets"]);« 80 à 90 % de femmes »L’agence de Jérôme traite principalement des commandes passées par des publicitaires ou des marques du domaine du luxe. On y pratique la retouche numérique de manière intensive. « Sur certaines images très retravaillées, c’est facilement 50, voire 75 % de la surface d’une photo qui peut être modifiée », précise Jérôme.Il faut distinguer, dans son travail, plusieurs types d’intervention : la postproduction peut aller de la chromie, qui consiste à modifier les valeurs colorées et lumineuses, jusqu’à la retouche elle-même, où l’on intervient sur l’aspect géométrique de l’image. La peau est lissée, les boutons, les poils, les cernes ou les rides sont supprimés. Parfois, la retouche peut aller encore plus loin.Pour la campagne d’une grande marque de luxe incarnée par une actrice américaine, il a fallu par exemple satisfaire à la fois l’annonceur et la star. « Au bout du compte, le corps et le visage de l’actrice provenaient de deux images différentes, réalisées lors de la même prise de vue », raconte Jérôme. Il est même arrivé à l’agence de devoir masquer le ventre arrondi d’un modèle qui avait posé à trois mois de grossesse.Ces retouches concernent en grande majorité le corps féminin. « Entre 80 et 90 % des images que l’on retravaille représentent des femmes. » Et pour les photos qui représentent des hommes ? L’intervention est bien plus légère selon lui : « Les clients souhaitent un rendu plus brut quand il s’agit d’hommes, moins doux. »« Ce qui importe, c’est le rendu »Ce contrôle exercé sur l’image du corps des femmes célèbres n’est pas nouveau. Dans l’ouvrage Mythologies (Seuil, 1957), Roland Barthes consacrait un chapitre au visage de Greta Garbo, « visage non pas dessiné, mais plutôt sculpté, dans le lisse et dans le friable, c’est-à-dire à la fois parfait et éphémère ». Pour éviter de voir des images d’elle vieillissante, l’actrice aurait décidé de se retirer de la vie publique afin d’éviter que « l’essence se dégradât ».En ce qui concerne spécifiquement la photographie, les questions posées par la retouche sont également aussi vieilles que le support lui-même, comme le rappelle André Gunthert, chercheur en histoire culturelle et études visuelles. Le phénomène a accompagné la photographie à travers toute son histoire, dans la mode, comme dans le reportage ou la propagande politique, comme le montrait déjà, en mai 1945, une photo prise sur le toit du Reichstag, à Berlin, mise en scène par le photojournaliste soviétique Evgueni Khaldeï.Si, dans la photographie de presse, la retouche pose un réel débat éthique, les professionnels qui travaillent dans les domaines de la publicité, de la mode et de la retouche se sentent toutefois beaucoup plus libres. « Ce qui importe, c’est le rendu. La conformité avec la scène originale importe très peu », explique Jérôme lorsqu’il évoque le travail de son agence de postproduction.Aucune loi en FranceDe quoi provoquer des questionnements sur la manière dont sont représentés les corps dans l’espace public. Certaines campagnes de publicité se sont déjà vues interdites de publication, comme ce fut le cas au Royaume-Uni en 2011. Mais, en France, malgré un débat à l’Assemblée en 2009, aucune législation n’oblige les annonceurs à signaler une quelconque intervention sur une image.Ce débat dépasse toutefois largement le cadre du politique. En France, le magazine Causette revendique par exemple une certaine forme d’authenticité, en refusant tout type de retouche visant à masquer des imperfections dans ses pages. En 2006, le fabricant de cosmétiques Dove avait produit un court-métrage destiné à montrer l’intensité des retouches dans la publicité. Sa dénonciation était néanmoins devenue un argument marketing.Le naturel, nouvel outil de communication des starsGabriel CoutagneJournaliste au Monde 20.02.2015 à 23h25 • Mis à jour le21.02.2015 à 12h00 Les journalistes du Midi libre ont dénoncé vendredi 20 février « la censure » pratiquée par Olivier Gérolami, directeur de la publication du quotidien, qui a exigé le 12 février le retrait d'un article sur Robert Ménard et sa campagne d'affichage sur l'armement de la police municipale de Béziers.C'est une décision « incompréhensible et abusive » du PDG qui « a fait fi de notre exigence et notre responsabilité » et a « bafoué l'indépendance de la rédaction », a dénoncé la société des journalistes du Midi libre (Sojomil) dans un communiqué. Le SNJ, syndicat majoritaire du quotidien, a vivement critiqué « un choix calamiteux » qui « a désavoué et fragilisé » la rédaction de Béziers « face à un élu qui n'en attendait (...) pas tant ».Lire aussi : A Béziers, la mairie arme la police municipale et l’affiche partout en villeContacté par l'AFP, le directeur de la publication du quotidien parle d'un « malentendu » :« En trois ans de présence à la tête du groupe et comme directeur de publication, je ne suis jamais intervenu dans le contenu rédactionnel, je respecte entièrement la liberté de la rédaction et les journalistes ont toute latitude pour faire leur travail. »« UN POSSIBLE RISQUE DE POURSUITES EN DIFFAMATION »Selon les journalistes, dans la soirée du 12 février, M. Gérolami a invoqué le risque d'un procès et demandé le retrait du papier intitulé « Robert Ménard dégaine », signé par Arnaud Gauthier. Ce dernier a présenté sa démission de son poste de chef d'agence à Béziers dès l'annonce du remplacement de son travail par une dépêche d'agence.Cet article portait sur la campagne de publicité sur l'armement des policiers municipaux à Béziers avec en slogan « Désormais la police municipale a un nouvel ami » et la photo en gros plan d'une arme létale, en l'occurrence un pistolet Berreta 92 FS. Cet affichage orchestré par le maire de Béziers, Robert Ménard, soutenu par le FN, a été critiqué, notamment par le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve.M. Gérolami dit s'être inquiété « tard ce soir-là » d'un « possible risque de poursuites en diffamation ». « J'ai demandé une vérification de ce risque juridique, peut-être pas fondé car je ne suis pas docteur en droit, mais je rappelle que nous faisons déjà l'objet, pour un autre article, de poursuites en diffamation de la mairie de Béziers », a-t-il expliqué, soulignant que son propos n'était pas « d'interdire ou de censurer un article » qui s'est avéré « polémique, mais pas diffamatoire ». 09.02.2015 à 13h42 • Mis à jour le09.02.2015 à 14h31 Les autorités de Bahreïn ont annoncé lundi 9 février la fermeture de la chaîne Alarab du milliardaire saoudien Al-Walid Ben Talal, lancée le 1er février à Manama. A son lancement, la chaîne avait donné la parole à un opposant chiite bahreïni dès son premier journal d'informations, provoquant la colère dans le royaume.« Il a été décidé d'arrêter les activités d'Alarab, cette chaîne n'ayant pas obtenu les autorisations nécessaires », a justifié un communiqué de l'Autorité de l'information de Bahreïn. Lancée à grand renfort de publicité, Alarab a diffusé des programmes pendant moins de vingt-quatre heures avant de devoir les interrompre, officiellement pour des raisons « techniques et administratives ».Le lancement d'Alarab avait été reporté à de nombreuses reprises depuis l'annonce du projet en 2010 par le prince Al-Walid, homme d'affaires saoudien connu pour son franc-parler et actif notamment dans la finance, l'hôtellerie et les médias. Le prince Al-Walid est le neveu de feu le roi Abdallah, mort le 23 janvier.  Alexandre Piquard Connaissez-vous le groupe Cerise ? Probablement pas. Le nom est peu connu. Mais cette petite entreprise de presse Internet affiche désormais ses ambitions, décomplexée. Cerise annonce ainsi lundi 9 février le lancement en 2015 des versions espagnole puis allemande de ses deux sites phares : Gentside, né en 2011 et dédié au public masculin et Ohmymag, féminin mis en ligne fin 2013. « En étant un bon challenger dans 50 pays, peut-être est-il possible de devenir leader mondial ? », n’hésite pas à commenter Benjamin Tolman, cofondateur et directeur exécutif du groupe, qui croit que le modèle de ses deux sites est adaptable facilement.Le raisonnement peut faire sourire, car les candidats à l’internationalisation ne manquent pas sur le Web. Les sites espagnol et allemand devront se nourrir de 100 % de contenus traduits du français. Et, à l’étranger, Cerise devra pour la publicité s’appuyer sur des partenaires et ne pourra pas, au départ au moins, trop miser sur le native advertising, cette forme moderne de publirédactionnel sur laquelle elle fonde beaucoup d’espoirs pour son développement en France.Entrepreneurs avant toutMais la petite PME a pour elle ses chiffres : elle revendique un chiffre d’affaires doublé en 2014, à 4,5 millions d’euros, mais surtout un excédent d’exploitation d’1,4 million d’euros (Ebitda). Pour 2015, Cerise vise 8 millions d’euros de chiffre d’affaires et dit vouloir recruter 40 personnes, après être passé en 2014 de 30 à 60 employés. Côté audiences, Cerise s’enorgueillit de sa 14e place dans le classement OJD des groupes de presse grand public français, avec 24 millions de visites en décembre 2014 (entre Le Parisien-Aujourd’hui en France et Ouest-France). Selon les chiffres de Mediametrie-NetRatings, généralement utilisés pour la publicité, Gentside est crédité de 1,9 million de visiteurs uniques en décembre, Ohmymag de 1,3 million (auxquels s’ajoutent les bons chiffres de visiteurs sur mobile). Par comparaison, les sites de la marque Melty (18e du classement OJD), un groupe de presse lui aussi 100 % Web, et destiné aux jeunes, totalisent 2,1 millions de visiteurs uniques.Le groupe Cerise est dirigé par quatre associés : Benjamin Tolman et Denis Marchant, les cofondateurs, rejoints par Pierre Orlac’h (directeur de la régie et du brand publishing, forme de contenu produit pour des marques) et Thomas Pruvot (directeur du développement). Les deux premiers forment un duo atypique : l’un est un ingénieur informaticien de 32 ans qui, adolescent, a lancé des serveurs de jeux vidéo en ligne, puis, encore étudiant, lancé son propre service de livraison de fleurs, via Internet. Il a été élève d’une école Montessori, à la pédagogie alternative. L’autre est un entrepreneur de 44 ans, dirigeant d’UTT, une société de textiles du Nord, et fier de représenter la « cinquième génération » d’une famille active à l’origine dans les comptoirs de laine. Le groupe Cerise est installé à Tourcoing dans les locaux de l’usine, qui produit désormais des textiles techniques, pour les chaudières ou les hélicoptères. La moitié de l’équipe Internet est à Paris.« Faire beaucoup d’audience en soi n’est pas notre ADN »Benjamin Tolman et Denis Marchant ont en commun d’être Ch’tis mais aussi d’être profondément entrepreneurs, bien avant d’être hommes de presse. Ils mélangent une forme de discrétion et un discours extrêmement ambitieux, ainsi qu’un pragmatisme total. Quand on leur demande pourquoi ils ont choisi le nom Cerise, ils sont capables de répondre que « Apple, c’était pris », mi-dérisoire, mi-sérieux. « Faire beaucoup d’audience en soi n’est pas notre ADN. Si ce n’est pas monétisable, cela ne nous intéresse pas, assène aussi M. Tolman, féru d’algorithmes. On crée de l’audience pour les marques. » Le groupe assume ainsi son relativement faible nombre de pages vues par visite, estimant que l’avenir est dans la vente aux annonceurs du temps passé par l’internaute sur un site, « comme commence à le faire le Financial Times ».Non sans une pointe de souverainisme, le groupe estime avoir quelque chose à apporter malgré la domination absolue de YouTube et Dailymotion« Nous sommes dans l’infotainment, pas dans l’actualité générale, justifie Denis Marchant. Nous voulons être un coin du triangle formé par l’internaute, les marques et le média. » L’entrepreneur partage son temps entre Cerise et la société familiale, depuis la création de son groupe Internet en 2008. Après des réflexions dans de nombreux domaines, les deux cofondateurs se sont finalement lancés avec en tête le modèle du portail Aufeminin.com mais ont choisi la cible masculine, estimant le secteur moins encombré.Pour l’avenir, Cerise espère monter de plus en plus d’opérations spéciales de brand content et cite en exemple les vidéos humoristiques qu’il créées pour le lancement du mobile Sony Xperia Z3. Le groupe a un dernier grand projet : lancer sa propre plate-forme vidéo, baptisée Kol. Non sans une pointe de souverainisme, le groupe estime avoir quelque chose à apporter malgré la domination absolue de YouTube et Dailymotion. Son interface, très mobile, propose de snacker des vidéos sélectionnées, puis de les éliminer en les faisant glisser avec son pouce, comme les profils d’applications de rencontre. Mais surtout, Cerise estime injuste les schémas actuels de partage des revenus entre le créateur de la vidéo et la plate-forme. Il propose donc de rémunérer les médias qui intègrent les vidéos sur leur site, amenant de l’audience. Les patrons de Cerise estiment ce concept très prometteur.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le rapport Vacquin, que Le Monde a pu consulter, dresse un portrait social assez sombre de votre entreprise. Partagez-vous ses conclusions ?Ce n’est certes pas un rapport complaisant. La direction, tout comme les organisations syndicales, n’est pas d’accord avec tous ses constats. Mais nous rejoignons Henri Vacquin sur le sens général et je partage l’analyse selon laquelle l’entreprise a souffert d’une réforme lancée à des fins politiques et sans préparation.France Télévisions, le grand corps maladeL’équipe de direction à laquelle vous appartenez est en partie comptable de cette réforme…Nous sommes arrivés [en 2010] après une décision qui avait été prise sans nous. Nous l’avons assumée en menant à bien ce projet d’entreprise unique. Mais tous ces fronts ouverts simultanément ne nous ont pas rendu la tâche facile, notamment à la direction des ressources humaines. C’était alors une 2 CV qu’on a chargée comme un poids lourd de trente tonnes.Le rapport n’épargne pas l’encadrement de l’entreprise…Je le trouve sévère sur ce point. Les managers ne souffrent pas d’immobilisme, mais plutôt d’un « stop and go » permanent, comme dans toutes ces grandes entreprises qu’on veut réinventer tous les cinq ans. A force, les volontés sont laminées.Au point de rendre tout changement impossible ?Non. Le rapport souligne d’ailleurs que beaucoup de choses ont été faites. Aujourd’hui, il faut maintenant dire où on veut aller.Quelle suite comptez-vous donner à ce travail, une fois qu’il aura été restitué dans l’entreprise ?Il formule des recommandations dont nous allons nous inspirer. Tout d’abord, s’attacher à mieux expliquer les raisons et les finalités des changements que l’entreprise traverse. Ensuite, nous allons ouvrir un travail sur le management. Cela consistera à lui donner des cadres de référence, à accorder plus d’autonomie aux managers, à lancer un plan de formation exceptionnel. Nous allons aussi travailler à une meilleure répartition des charges de travail.Enfin, nous allons travailler sur l’avenir des métiers au sein desquels les gens sont inquiets, comme les opérateurs de prise de vue et de son, ou sur les journalistes reporters d’images, pour lequel il y a une problématique d’inaptitude physique en fin de carrière. Cela passera par une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.Le rapport recommande également une amélioration du dialogue social…On peut en effet faire des choses pour aller vers un climat plus constructif. Les organisations syndicales ont été très sollicitées par les négociations liées à la fusion et au plan de départs volontaires en cours, il y a eu des tensions. Je crois qu’on peut en sortir avec un peu de bonne volonté et en renouvelant nos méthodes, par exemple avec plus de partages d’informations, sans être immédiatement dans la négociation ou le rapport de force.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.02.2015 à 10h20 • Mis à jour le09.02.2015 à 10h55 | Alexandre Piquard « BuzzFeed s’est lancé en France sur le divertissement mais veut aujourd’hui passer à une nouvelle étape en se mettant aux news et à l’actualité. C’est pour cela que j’ai été embauchée. » Cécile Dehesdin résume ainsi le poste de rédactrice en chef française du site de contenu viral américain qu’elle occupera à partir du 24 février. La journaliste de 27 ans est chargée de recruter trois autres personnes pour porter l’équipe à six membres.Début novembre 2013, BuzzFeed avait choisi de se lancer en France avec une équipe ultra-légère : deux journalistes, l’une à Paris, l’autre à New York. Aujourd’hui sont recherchés deux profils de « viral news reporters », qui « prennent le Web comme terrain », explique Mme Dehesdin. On les veut plutôt généralistes, capables de repérer sur les réseaux sociaux des sujets politiques, de société, environnementaux… Est aussi envisagé un profil de journaliste plus spécialisé, par exemple sur les « minorités ». Cécile Dehesdin est une jeune journaliste Web à la trajectoire ascendante : titulaire d’un master de « journalisme numérique » à l’université de Columbia, aux Etats-Unis, elle a débuté au site d’informations Slate fin 2008, avant de connaître trois transferts : elle est passée à L’Express.fr comme « chef des infos », puis a été rappelée à Slate comme rédactrice en chef adjointe, en septembre 2014. Avant d’être débauchée par BuzzFeed.La « nouvelle étape » souhaitée par BuzzFeed peut être vue comme le signe que ses résultats en France sont décevants et que le lancement n’a pas été le succès escompté. Cécile Dehesdin estime, elle, que le bilan de l’édition française est plutôt bon, « sinon BuzzFeed ne chercherait pas à la développer ».Audience « doublée »La société américaine, non cotée en Bourse, donne peu de chiffres, mais se dit satisfaite d’avoir « doublé » son audience française, entre décembre 2013 et décembre 2014. Celle-ci reste modeste : selon Mediametrie-NetRatings, BuzzFeed a accueilli 649 000 visiteurs uniques en décembre 2014 et entre 400 000 et 500 000 de juillet à novembre. L’audience mobile est, elle, évaluée à 218 000 visiteurs uniques en novembre. En comparaison, les sites de buzz sous la marque française Melty rassemblent 2,1 millions de visiteurs uniques en décembre, le site Minutebuzz 1 million (mais atteint aussi 1 million sur mobiles). L’édition française du site d’information américain HuffingtonPost (dont Le Monde est actionnaire) est créditée de 3 millions de visiteurs uniques. Sans parler de concurrents comme Topito ou Demotivateur.En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignonsL’évolution de la stratégie de BuzzFeed en France est aussi le fruit de leçons apprises sur les goûts des lecteurs : « En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignons, comme les articles sur les chatons, résume Scott Lamb, le responsable du développement international. Sur les réseaux comme Facebook ou Twitter, ils ont un profil social plus sérieux que nos lecteurs américains. Les Français ont envie d’échanger sur l’actualité. » Et seraient aussi friands d’information internationale.Comme exemple de contenu réussi, M. Lamb cite le questionnaire comparant des citations de 50 Nuances de Grey (E. L. James, éd. JC Lattès) et du livre de l’ex-première dame Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment (Les Arènes). Cécile Dehesdin relève des billets « au regard ironique, voire absurde », comme « les citations d’Eric Zemmour transformées en posters pour les toilettes ».Pour la maison mère BuzzFeed, l’adaptation faite en France dénote un ajustement de sa stratégie de développement international, cruciale. Déjà présente dans six pays avec sept éditions internationales, BuzzFeed veut s’implanter dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Mais, contrairement aux lancements français ou allemand, s’y dotera d’emblée d’équipes locales. Aujourd’hui, 35 % à 40 % de l’audience de BuzzFeed vient de l’extérieur des Etats-Unis, détaille M. Lamb. Et 40 journalistes (sur 250) sont implantés en territoire américain.Débaucher des journalistesL’autre grand axe stratégique est la vidéo : 60 « éditeurs » sont déjà au travail dans les studios montés à Los Angeles. La production de vidéos maison est d’autant plus importante que BuzzFeed est financé à 100 % par la publicité et s’est fait une spécialité de publier du « contenu de marque », rédigé pour ou par les annonceurs, mais ambitionnant d’être aussi accrocheur que les articles de la rédaction. La même logique est appliquée à la vidéo.Depuis trois ans, aux Etats-Unis, BuzzFeed poursuit une politique ambitieuse de développement d’un contenu d’actualité, recrutant des journalistes de médias établis, sous l’impulsion de Ben Smith, venu du site d’information Politico. Un moyen de conquérir de nouveaux lecteurs et de faire évoluer son image.Le site est aussi connu pour son usage très poussé des « données » : afin d’indiquer à chaque rédacteur les statistiques d’un article sur BuzzFeed et les réseaux sociaux, ou bien de cibler sciemment une catégorie sociale, comme les « Latinos », sous-représentés dans le lectorat… Enfin, une équipe de six personnes est chargée de développer du contenu spécialement dédié aux réseaux sociaux émergents comme Pinterest, Vine, Twitter ou Instagram, raconte M. Lamb, tout en précisant « qu’il est encore tôt pour savoir l’ampleur que cette activité va prendre ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 16h47 • Mis à jour le06.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre La température monte d’un cran à Radio France. Quelques semaines après que le PDG, Mathieu Gallet, a annoncé un déficit de 21 millions d’euros pour 2015, cinq organisations syndicales ont lancé un appel à la grève, pour le mercredi 11 février.Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants »Cet appel à la grève vise autant la direction de l’entreprise que l’Etat actionnaire, jugés coresponsables du « naufrage budgétaire » et de « la grande casse de Radio France qui s’annonce ».Dans un tract, le syndicat SUD fait notamment référence à des documents de travail de la direction. Ceux-ci évoquent un « plan d’économies [qui] consiste à trouver 50 millions d’euros » - une somme correspondant au déficit prévu en 2019.« Si ressources propres rapportent 10 ME, rationalisations, diffusions rapportent 15 ME, trouver 25 ME sur la masse salariale… », est-il écrit sur ces documents, selon le syndicat. Il cite également une mention d’« effectifs non opérationnels » à « identifier » et des « projets de mutualisation concernant les rédactions et les journalistes ».Probable plan de départsSelon nos informations, ce document serait issu d’un séminaire qui s’est tenu le mercredi 28 janvier à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, au niveau du « comité de direction élargi » (environ 65 cadres). Lors de ce séminaire, ces cadres ont planché sur les façons d’atteindre ce volume d’économies.À la direction de Radio France, on indique donc qu’il s’agit de « pistes de retour à l’équilibre » élaborées dans le cadre de la négociation du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) avec l’Etat. Ce COM doit encadrer la période 2015-2019 et la négociation doit s’achever fin mars.Au ministère de la culture, où l’intersyndicale de Radio France a été reçue il y a quelques jours, on confirme que le COM inclura l’objectif de retour à l’équilibre, mais on rappelle aussi que le budget de l’audiovisuel public a été stabilisé pour les trois ans à venir. La date du retour à l’équilibre fait encore partie des discussions.Une certitude : des économies sévères s’annoncent. M. Gallet n’a jamais caché sa volonté de développer de nouvelles sources de revenus - on parle d’exploitation du parking de la Maison de la radio, d’un restaurant, d’une librairie… Et il avait déjà évoqué, en janvier, une économie possible de 15 millions d’euros sur les coûts de diffusion, si Radio France cessait d’émettre en ondes moyennes et longues.Par contre, c’est la première fois qu’un chiffrage d’éventuelles mesures de départ sort. En interne, cela accrédite l’idée qu’un plan de départs est inéluctable. Dans les couloirs de la Maison de la radio, ces dernières semaines, cette perspective inquiète, tout comme les mutualisations engagées entre différentes équipes éditoriales, par exemple sur le sport.Malgré cette inquiétude, les syndicats ne sont pas sur la même ligne. FO et le SNJ n’appellent pas à la grève pour mercredi, jugeant que cette initiative vient trop tôt, alors qu’il n’y a pas eu d’annonces officielles. Et refusant d’affaiblir une opération prévue mercredi sur France Bleu, un mois après les manifestations du 11 janvier.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Damien Leloup On peut améliorer ses revenus tout en stagnant en nombre d’utilisateurs : c’est la leçon paradoxale administrée par Twitter à l’occasion de ses résultats de l’année 2014, présentés jeudi 5 février.Alors que de mauvais chiffres étaient attendus, le réseau social a rassuré les investisseurs. Son chiffre d’affaires a quasiment doublé entre 2013 et 2014. L’an dernier, Twitter a engendré 1,4 milliard de dollars (1,22 milliard d’euros) de revenus, et sa perte nette s’est réduite de 10 %, à 578 millions de dollars.Ces chiffres restent loin des 12,5 milliards de dollars engrangés en 2014 par Facebook, le leader du « social ». Mais ils témoignent d’une meilleure monétisation d’un réseau qui tarde à faire ses preuves dans ce domaine et dont le titre en Bourse a perdu 38 % en un an depuis son introduction, fin 2013. Pour 2015, Twitter annonce 2,30 à 2,35 milliards de dollars de chiffre d’affaires.Réintégrer les tweets à GoogleLa compagnie fondée en 2006 profite donc de l’explosion du marché de la publicité en ligne, et notamment sur mobile. Selon l’institut d’études eMarketer, sa part du marché de la publicité digitale mondiale a augmenté de 0,49 %, en 2013, à 0,84 %, en 2014 (contre 5,75 % et 7,75 % pour Facebook). Et sur le mobile, dont le marché a plus que doublé en 2014, la part de Twitter a atteint 2,56 %, contre 18,4 % pour le réseau de Marck Zuckerberg.Twitter a récemment multiplié les annonces pour crédibiliser ses efforts sur le front de la monétisation. Le 4 février, le réseau annonçait avoir conclu des accords pour diffuser ses publicités sur d’autres supports que Twitter, notamment Yahoo! et Flipboard. Un argument supplémentaire pour tenter de séduire les annonceurs.Jeudi 5 février, le PDG, Dick Costolo, a confirmé que Twitter et Google étaient parvenus à un accord. Selon l’agence Bloomberg, celui-ci vise à réintégrer les tweets dans les résultats de recherche de Google. Cet accord devrait booster le trafic enregistré sur Twitter, potentiellement exposé aux près de 2 milliards d’utilisateurs du moteur de recherche. M. Costolo n’a pas indiqué si une contrepartie financière, ou un accord de partage des revenus publicitaires, avait été conclue entre Google et Twitter.Ces initiatives viennent contrebalancer une réalité moins glorieuse pour Twitter : le ralentissement de la croissance de son nombre d’utilisateurs. Cette baisse a été prononcée au quatrième trimestre 2014, avec seulement 4 millions de nouveaux utilisateurs dans le monde, contre des progressions de 14, 16 puis 13 millions lors des trois trimestres précédents.Signes de nervositéTwitter dit attendre de meilleurs résultats en 2015 et rappelle qu’il a subi en fin d’année « un bug imprévu » dans l’intégration du réseau avec iOS8, la dernière version du système d’exploitation d’Apple. Le réseau a achevé 2014 avec 288 millions d’utilisateurs.Pour sa défense, le réseau invoque aussi « les plus de 500 millions de visiteurs qui viennent sur des sites de Twitter mais ne s’enregistrent pas » et « les centaines de milliards » de tweets repris automatiquement dans des bandeaux d’émissions de télévision ou des fenêtres dédiées sur des sites Internet tiers.Reste que ce ralentissement dans les recrutements intervient dans un contexte où l’entreprise multiplie les signes de nervosité. Dernier exemple, la publication cette semaine par le site américain The Verge d’un mémo interne dans lequel Dick Costolo ne mâche pas ses mots pour constater l’échec des mesures prises pour limiter les comportements agressifs sur le réseau social.« Notre manière de lutter contre le harcèlement et les trolls est nulle, et elle est nulle depuis des années (…), a écrit M. Costolo dans cette note et un e-mail envoyé aux salariés. Nous perdons des utilisateurs chaque jour parce que nous ne répondons pas de manière appropriée au trolling dont ils sont victimes chaque jour. »Ces derniers mois, plusieurs affaires de harcèlement de personnalités publiques avaient attiré les critiques contre Twitter, accusé de rester trop passif. Zelda Williams, la fille de Robin Williams, avait ainsi quitté le réseau social après avoir reçu de nombreux messages haineux liés au suicide de son père. Le vif débat qui a eu lieu fin 2014 sur le sexisme dans le milieu du jeu vidéo avait également vu la publication d’une multitude de messages de menace ou de harcèlement sur Twitter.En France, cet aveu d’échec pourrait trouver un écho particulier : des organisations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme protestent depuis plusieurs années contre la politique de modération de Twitter, jugeant que le réseau social est trop laxiste et estimant, pour certaines, que Twitter devrait censurer pro-activement certains mots-clés ou hashtags.Après les attentats qui ont frappé la France en janvier, le premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, ont également déclaré à plusieurs reprises, sans toutefois citer nommément Twitter, que les réseaux sociaux devaient être plus volontaristes dans la lutte contre la diffusion de contenus appelant à la haine.Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un « amendement Charb » devait être voté jeudi 5 février au Sénat. En référence au défunt dessinateur et directeur de la publication du journal satirique, dont l’équipe a été décimée le 7 janvier. Le texte vise à favoriser l’actionnariat citoyen dans des titres de presse : concrètement, il propose aux particuliers de prendre une participation dans un journal avec une réduction d’impôt de 30 %, pour des investissements jusqu’à 2 000 euros. Le taux est porté à 50 % pour les entreprises de « presse solidaire », un statut créé pour les médias qui réinvestissent beaucoup et distribuent peu de dividendes.La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a décidé de déposer sa version de l’« amendement Charb » à la proposition de loi sur la modernisation de la presse du député socialiste Michel Françaix. Sa proposition vient après d’autres d’inspiration similaire, émanant de sénateurs : Pierre Laurent (PCF), David Assouline (PS) et François Commeinhes (UMP).Le débat sur le sujet est antérieur aux attentats de début janvier. « Charb et Charlie Hebdo nous avaient adressé une demande début décembre 2014, pour faire adopter un nouvel article de loi facilitant le financement par souscription des journaux », a ainsi raconté Pierre Laurent dans ses voeux du 12 janvier, faisant le « serment » de faire adopter un amendement.Le mécanisme s’inspire du crowdfundingDans la proposition de loi Françaix a d’abord été adopté le statut d’entreprise de « presse solidaire », en réponse notamment aux demandes du site d’information Mediapart. « L’amendement Charb » ajoute une incitation par la défiscalisation, réservée à ces titres (ou à ceux d’information politique et générale, à un taux moindre).Le mécanisme s’inspire du crowdfunding, du financement participatif, précise-t-on Rue de Valois. Il s’ajoute à l’autre dispositif ouvert aux particuliers qui souhaitent aider les médias : le fonds Presse et pluralisme. Ce dernier ne propose pas de devenir petit actionnaire mais de faire des dons, défiscalisés à 66 % (60 % pour les entreprises). Comme ceux collectés ces dernières semaines pour Charlie Hebdo. Enfin, le gouvernement promet toujours de réformer les aides à la presse. Celles destinées aux journaux à faibles ressources publicitaires sont par exemple réservées aux quotidiens (L’Huma, La Croix…) et excluent des titres comme Le Monde diplomatique ou Charlie Hebdo.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est une question d’équilibre entre les principes de transparence, d’égalité et de protection », résume au Monde Olivier Schrameck, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Mercredi 4 février, l’autorité a présenté la méthodologie qu’elle a retenue pour la nomination du prochain président de France Télévisions, à laquelle elle doit procéder d’ici au 22 mai.Avec un changement de taille par rapport à la procédure appliquée lors de la nomination de Mathieu Gallet à la tête de Radio France, début 2014 : cette fois, « le Conseil établira une liste restreinte de candidats qu’il auditionnera », mais « cette liste sera rendue publique à la condition qu’aucun des candidats retenus ne s’y oppose auprès du président », selon le CSA.Il suffira donc qu’un seul des postulants à la succession de Rémy Pflimlin refuse que son nom soit rendu public pour que la liste entière reste secrète – une hypothèse hautement probable. Alors que dans le cas de Radio France, le CSA avait publié, avant les auditions, la liste des six candidats présélectionnés.Pourquoi ce changement de règles, au risque de réduire la transparence quant à une nomination sensible et souvent décrite comme politique, ou d’être taxé d’« opacité », comme l’a glissé à chaud au Monde, dès mercredi, un dirigeant du secteur audiovisuel ?C’est que le CSA a tiré les leçons de la procédure Radio France. « Dans l’ensemble, celle-ci a bien fonctionné, explique M. Schrameck. Mais force est de constater que les six candidats retenus pour les auditions étaient – à l’exception du président sortant et du président d’un syndicat de radios, le Sirti – soit des responsables publics, soit des personnes sans emploi. Or, le collège du CSA ne souhaitait pas adopter une procédure qui dissuaderait des candidats ayant des responsabilités dans le secteur privé. »Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires. Le CSA se doit de « choisir parmi les compétences les plus riches et les plus étendues », souligne son président, « sans courir le risque d’exclure une catégorie de candidats ». Enfin, il ne peut recourir à une présélection par un de ses membres, car au plan légal, « la procédure doit mettre tous les membres du collège dans la même situation ».Pour espérer attirer des profils variés, et notamment des dirigeants en poste dans de grands groupes privés, il faut donc leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi dans l’hypothèse où leur candidature n’aboutirait pas. Parmi les hauts cadres du secteur, seul Denis Olivennes (Lagardère Active) s’est à ce jour exprimé, pour assurer qu’il ne serait pas candidat.« Alchimie équilibrée »« A première vue, cette procédure me semble de nature à respecter l’anonymat des candidats qui souhaiteraient l’être, a commenté au Monde un dirigeant du secteur audiovisuel, qui préfère ne pas être cité. A deux réserves près : d’une part, le degré de confidentialité des huit membres du collège ; et d’autre part, l’après-désignation : n’y aura-t-il pas un moment où les langues se délieront ? » « C’est un progrès, a confirmé un autre. Mais la procédure oblige encore à faire acte de candidature. Et sa confidentialité repose sur l’étanchéité des huit membres du conseil… donc je ne suis pas sûr que ce soit si différent du passé. »Aucune procédure ne pourra en effet garantir l’absence de fuite dans la presse. Même si les huit membres du collège seront interdits de contacts – autres que les auditions – avec les candidats retenus à partir du 1er avril, date d’ouverture des enveloppes de candidature.« La procédure est contraire à la nécessaire publicité des projets des candidats retenus », dénonce sur Twitter Serge Cimino, reporter à France 3 et membre de la section SNJ (Syndicat national des journalistes) de France Télévisions, seul candidat déclaré à ce jour. Tout en reconnaissant qu’aucun texte n’oblige le CSA à diffuser les projets des candidats.Au Parlement, ces nouvelles dispositions semblent avoir convaincu, à droite comme à gauche. « Si le CSA estime qu’il vaut mieux que les noms ne soient pas connus, cela ne me choque pas », indique Franck Riester, député (UMP) et membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. « C’est une alchimie bien équilibrée, déclare de son côté Patrick Bloche, le président (PS) de cette commission, au Figaro. M. Schrameck ne pourra pas être accusé de mettre en place une procédure opaque. Et d’un autre côté (…), il ne se prive pas d’ouvrir le champ des compétences. » « Si on veut avoir des candidatures libres, il faut qu’elles soient libres de tous côtés », reconnaît, au Sénat, Jean-Pierre Leleux, membre (UMP) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.« Ce sera peut-être un poisson d’avril », plaisante l’actuel PDG, Rémy Pflimlin, en référence à la date d’ouverture des enveloppes. M. Pflimlin ne s’est pas encore prononcé sur sa propre candidature. Il se dit « au travail », loin de ces questions procédurales, et dans l’attente du rapport que le gouvernement doit publier, fin février, sur la redéfinition des missions de l’entreprise publique. Mercredi encore, le PDG était auditionné au Sénat dans le cadre d’une table ronde sur l’avenir de France Télévisions. L’occasion pour lui de défendre son bilan, mais aussi de plaider pour une indépendance renforcée et une plus grande « continuité » dans la gouvernance de l’entreprise. Sans préciser si cette continuité incluait à ses yeux l’identité de son président.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.02.2015 à 11h20 • Mis à jour le04.02.2015 à 17h19 | Guillaume Fraissard A la tête de France Médias Monde (FMM), qui regroupe les radios RFI, Monte Carlo Doualiya et les antennes de France 24, Marie-Christine Saragosse a un poste d’observation privilégié pour mesurer comment la France est perçue à l’étranger. Après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, elle revient sur le traitement des événements par les chaînes de l’audiovisuel extérieur français et sur leur place dans le paysage médiatique mondial.Comment les équipes de France Médias Monde ont-elles vécu la période qui a suivi les attentats ?Nos équipes ont été en première ligne pour voir que, dès le 7 janvier, Paris était devenue le centre du monde, qu’il y avait un véritable élan de solidarité dans de nombreux pays. Mais nous avons aussi vu sur les réseaux sociaux des attaques extrêmement violentes contre des journalistes arabophones de nos médias qui avaient dit « Je suis Charlie » et parlé de la laïcité et de la liberté d’expression. Cela a été très dur à vivre.Comment avez-vous géré le fait de montrer ou non la couverture de « Charlie Hebdo » ?Nous l’avons montrée, y compris sur nos antennes en langue arabe. Mais nous nous gardons bien de simplifier les choses. A l’étranger, certaines chaînes ont montré en boucle les images du policier assassiné à Paris, avec des plans arrêtés sur chaque scène de cet assassinat. En revanche, les caricatures étaient floutées. Nous avons fait le contraire. On a coupé la séquence de l’assassinat et montré la « une » de Charlie. Si nos antennes, présentes dans près de 300 millions de foyers dans le monde, ont aujourd’hui de bons résultats, c’est parce que nous racontons des choses différentes. Et il y a une vraie attente pour cela.Le thème de la laïcité est-il simple à aborder quand on s’adresse à un public mondial ?Nous avons passé du temps à réfléchir à ce sujet. Nous avons essayé de traduire ce mot, et ce n’est pas simple. Il faut parfois une périphrase pour l’expliquer !On s’appelle « France » mais nous sommes internationaux, et le dialogue ne peut pas être unilatéral. Nous sommes en permanence dans le débat d’idée. Après les attentats, nos journalistes, nos correspondants, sont intervenus dans soixante médias étrangers pour expliquer la France, éviter les simplifications et les analyses à la Fox News.Après l’onde de choc de ces attentats, la mission de France Médias Monde doit-elle évoluer ?C’est plutôt le regard sur l’audiovisuel extérieur qui doit changer. Nous savons depuis longtemps ce qui se passe ailleurs. Il y a un an, nous avons vécu dans notre chair ce qu’est le prix à payer pour défendre la liberté d’expression. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, nos deux journalistes de RFI, ont été tués au Mali. Des journalistes ont été violées, agressées sur la place Tahir, en Egypte. Il s’agissait d’actes délibérés. On a trop vite considéré que la liberté d’expression étant acquise en France, cela n’était plus un sujet ailleurs.La France a un rôle particulier dans le monde. Elle a une voix singulière, elle ne dit pas la même chose que les chaînes anglophones ou arabophones. Ce rôle apparaît aujourd’hui dans toute son ampleur.La place de France 24 et de son antenne en langue arabe pourrait-elle être renforcée en France ?La présence d’une chaîne de service public en langue arabe en France est une vraie question. Par rapport à d’autres médias arabophones, nous sommes les seuls à défendre une certaine vision du monde. Les pouvoirs publics ont déjà ouvert des espaces. Le débat n’est pas fermé, mais cette présence à un coût.Pendant les événements, France 24 en langue arabe a fait de gros pics d’audience sur le câble. Elle a surtout enregistré une durée d’écoute très longue. Cela signifie que les gens qui sont venus sont restés longtemps, notamment pendant les débats.Dans notre contrat d’objectif et de moyens actuel, il y a une ouverture pour que nous soyons présents en France dans certains endroits. Ainsi, France 24 a eu l’autorisation d’être reprise sur la TNT gratuite en Ile-de-France. Avec la relance de la radio numérique terrestre, je me dis aussi qu’il y a des choses à faire pour Monte Carlo Doualiya avec d’autres radios comme Beur FM ou Africa N°1 avec lesquelles nous avons beaucoup d’affinités.Comment vos chaînes sont-elles perçues à l’étranger ?Nous sommes un groupe de service public, et dans les pays où cette notion est la même que la nôtre, personne ne pense que nous sommes la voix du gouvernement. Pour des pays où c’est moins le cas, certains ont parfois du mal à réaliser que nous sommes indépendants. Pendant les événements en Côte d’Ivoire, il est arrivé que l’antenne soit coupée, parce que nous étions étiquetés « porte-parole de la France ».Mais nos téléspectateurs savent que nous sommes tout sauf des chaînes de propagande. Le slogan de RFI, c’est : « Les voix du monde. » Pas la voix de la France.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard et Alexis Delcambre L’année 2015 sera, pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), celle d’un choix lourd : il doit en effet désigner le président de France Télévisions, entre le 22 avril et le 22 mai.Mais avant ces dates, le CSA affronte un dilemme, sur la procédure à suivre pour choisir ce président - ou cette présidente. Comment rendre le processus plus confidentiel, afin d’attirer les meilleurs candidats, sans pour autant le rendre opaque ?Des pistes sont envisagées, dont celle de ne pas publier le nom des candidats qui seront retenus pour être auditionnés. Autre point : que faire en cas d’égalité des votes, le Conseil comptant désormais huit membres, contre neuf lors de la procédure pour Radio France. Les différentes options sont désormais entre les mains des « sages » et le Conseil doit trancher, mercredi 4 février, cette question épineuse.Rassurer les candidats du privéDans ses vœux du 27 janvier, le président du CSA, Olivier Schrameck, a fait une discrète allusion à cette « procédure que nous aurons collectivement à adopter, compte tenu de l’expérience de la désignation du président de Radio France ». En clair, c’est une référence à un problème récurrent, ravivé à l’occasion de la procédure qui couronna finalement Mathieu Gallet, en 2014 : l’absence de candidats venus du secteur privé.Les profils des candidats à Radio France étaient presque tous issus de la sphère publique et n’occupant pas de poste équivalent dans des médias de taille comparable. Dans le cas de France Télévisions, ce débat est rallumé, notamment depuis que des rumeurs de presse ont évoqué des candidats potentiels issus de grands groupes privés (Christopher Baldelli de RTL, Rodolphe Belmer de Canal+ ou encore Denis Olivennes de Lagardère active), non confirmées.Pour attirer ce type de profil - si telle était l’intention du CSA -, il faudrait pouvoir leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi actuel dans l’hypothèse où leur candidature, une fois publique, n’aboutirait pas. Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires.Certains au CSA se demandent donc s’il n’est pas possible d’assurer aux candidats une plus grande confidentialité. Les solutions sont loin d’être évidentes, car la procédure est strictement encadrée par différents textes légaux. Ainsi, l’idée de mandater un membre du collège - son président ou un autre - pour présélectionner des candidats, un temps évoquée, ne tient pas. Elle se heurte notamment au principe de collégialité des décisions - sans parler de l’attachement des conseillers à leurs prérogatives. « Cela ne pourra pas de faire en petit comité dans un coin », prévient l’un d’eux.Prévenir les fuitesUne piste semble toutefois envisagée : celle de ne pas publier la « shortlist » des candidats qui auront été retenus pour être auditionnés par le collège. Lors de la sélection du président de Radio France, six profils avaient été retenus et leurs noms dévoilés par le CSA.Un autre levier intéresse au sein du CSA : le calendrier. Plus celui-ci est resserré, plus sera limité le risque de fuites dans la presse, pense-t-on.Ces options rencontrent toutefois encore des obstacles. D’abord, certains peuvent rétorquer que limiter la transparence sur le nom des candidats peut alimenter le soupçon de partialité sur une nomination très sensible. Ou celui d’une décision partisane, les patrons de l’audiovisuel public ayant été un temps choisis par le président de la République lui-même.À l’inverse, le choix de ne pas diffuser les noms retenus par le CSA pour audition peut sembler vain. « Dans tous les cas, le CSA ne pourra jamais garantir à un cadre de l’audiovisuel privé une confidentialité totale, tout simplement parce que la décision est collégiale », estime l’un d’eux.Le président Schrameck a plusieurs fois insisté sur l’importance de prévenir les fuites dans la presse. Si cette insistance a globalement porté ses fruits, elle n’a pas empêché un incident majeur, en novembre 2014, avec la publication dans la presse d’une version intermédiaire du bilan quadriennal de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La température monte d’un cran à Radio France. Quelques semaines après que le PDG, Mathieu Gallet, a annoncé un déficit de 21 millions d’euros pour 2015, cinq organisations syndicales ont lancé un appel à la grève, pour le mercredi 11 février.Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants »Cet appel à la grève vise autant la direction de l’entreprise que l’Etat actionnaire, jugés coresponsables du « naufrage budgétaire » et de « la grande casse de Radio France qui s’annonce ».Dans un tract, le syndicat SUD fait notamment référence à des documents de travail de la direction. Ceux-ci évoquent un « plan d’économies [qui] consiste à trouver 50 millions d’euros » - une somme correspondant au déficit prévu en 2019.« Si ressources propres rapportent 10 ME, rationalisations, diffusions rapportent 15 ME, trouver 25 ME sur la masse salariale… », est-il écrit sur ces documents, selon le syndicat. Il cite également une mention d’« effectifs non opérationnels » à « identifier » et des « projets de mutualisation concernant les rédactions et les journalistes ».Probable plan de départsSelon nos informations, ce document serait issu d’un séminaire qui s’est tenu le mercredi 28 janvier à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, au niveau du « comité de direction élargi » (environ 65 cadres). Lors de ce séminaire, ces cadres ont planché sur les façons d’atteindre ce volume d’économies.À la direction de Radio France, on indique donc qu’il s’agit de « pistes de retour à l’équilibre » élaborées dans le cadre de la négociation du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) avec l’Etat. Ce COM doit encadrer la période 2015-2019 et la négociation doit s’achever fin mars.Au ministère de la culture, où l’intersyndicale de Radio France a été reçue il y a quelques jours, on confirme que le COM inclura l’objectif de retour à l’équilibre, mais on rappelle aussi que le budget de l’audiovisuel public a été stabilisé pour les trois ans à venir. La date du retour à l’équilibre fait encore partie des discussions.Une certitude : des économies sévères s’annoncent. M. Gallet n’a jamais caché sa volonté de développer de nouvelles sources de revenus - on parle d’exploitation du parking de la Maison de la radio, d’un restaurant, d’une librairie… Et il avait déjà évoqué, en janvier, une économie possible de 15 millions d’euros sur les coûts de diffusion, si Radio France cessait d’émettre en ondes moyennes et longues.Par contre, c’est la première fois qu’un chiffrage d’éventuelles mesures de départ sort. En interne, cela accrédite l’idée qu’un plan de départs est inéluctable. Dans les couloirs de la Maison de la radio, ces dernières semaines, cette perspective inquiète, tout comme les mutualisations engagées entre différentes équipes éditoriales, par exemple sur le sport.Malgré cette inquiétude, les syndicats ne sont pas sur la même ligne. FO et le SNJ n’appellent pas à la grève pour mercredi, jugeant que cette initiative vient trop tôt, alors qu’il n’y a pas eu d’annonces officielles. Et refusant d’affaiblir une opération prévue mercredi sur France Bleu, un mois après les manifestations du 11 janvier.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Damien Leloup On peut améliorer ses revenus tout en stagnant en nombre d’utilisateurs : c’est la leçon paradoxale administrée par Twitter à l’occasion de ses résultats de l’année 2014, présentés jeudi 5 février.Alors que de mauvais chiffres étaient attendus, le réseau social a rassuré les investisseurs. Son chiffre d’affaires a quasiment doublé entre 2013 et 2014. L’an dernier, Twitter a engendré 1,4 milliard de dollars (1,22 milliard d’euros) de revenus, et sa perte nette s’est réduite de 10 %, à 578 millions de dollars.Ces chiffres restent loin des 12,5 milliards de dollars engrangés en 2014 par Facebook, le leader du « social ». Mais ils témoignent d’une meilleure monétisation d’un réseau qui tarde à faire ses preuves dans ce domaine et dont le titre en Bourse a perdu 38 % en un an depuis son introduction, fin 2013. Pour 2015, Twitter annonce 2,30 à 2,35 milliards de dollars de chiffre d’affaires.Réintégrer les tweets à GoogleLa compagnie fondée en 2006 profite donc de l’explosion du marché de la publicité en ligne, et notamment sur mobile. Selon l’institut d’études eMarketer, sa part du marché de la publicité digitale mondiale a augmenté de 0,49 %, en 2013, à 0,84 %, en 2014 (contre 5,75 % et 7,75 % pour Facebook). Et sur le mobile, dont le marché a plus que doublé en 2014, la part de Twitter a atteint 2,56 %, contre 18,4 % pour le réseau de Marck Zuckerberg.Twitter a récemment multiplié les annonces pour crédibiliser ses efforts sur le front de la monétisation. Le 4 février, le réseau annonçait avoir conclu des accords pour diffuser ses publicités sur d’autres supports que Twitter, notamment Yahoo! et Flipboard. Un argument supplémentaire pour tenter de séduire les annonceurs.Jeudi 5 février, le PDG, Dick Costolo, a confirmé que Twitter et Google étaient parvenus à un accord. Selon l’agence Bloomberg, celui-ci vise à réintégrer les tweets dans les résultats de recherche de Google. Cet accord devrait booster le trafic enregistré sur Twitter, potentiellement exposé aux près de 2 milliards d’utilisateurs du moteur de recherche. M. Costolo n’a pas indiqué si une contrepartie financière, ou un accord de partage des revenus publicitaires, avait été conclue entre Google et Twitter.Ces initiatives viennent contrebalancer une réalité moins glorieuse pour Twitter : le ralentissement de la croissance de son nombre d’utilisateurs. Cette baisse a été prononcée au quatrième trimestre 2014, avec seulement 4 millions de nouveaux utilisateurs dans le monde, contre des progressions de 14, 16 puis 13 millions lors des trois trimestres précédents.Signes de nervositéTwitter dit attendre de meilleurs résultats en 2015 et rappelle qu’il a subi en fin d’année « un bug imprévu » dans l’intégration du réseau avec iOS8, la dernière version du système d’exploitation d’Apple. Le réseau a achevé 2014 avec 288 millions d’utilisateurs.Pour sa défense, le réseau invoque aussi « les plus de 500 millions de visiteurs qui viennent sur des sites de Twitter mais ne s’enregistrent pas » et « les centaines de milliards » de tweets repris automatiquement dans des bandeaux d’émissions de télévision ou des fenêtres dédiées sur des sites Internet tiers.Reste que ce ralentissement dans les recrutements intervient dans un contexte où l’entreprise multiplie les signes de nervosité. Dernier exemple, la publication cette semaine par le site américain The Verge d’un mémo interne dans lequel Dick Costolo ne mâche pas ses mots pour constater l’échec des mesures prises pour limiter les comportements agressifs sur le réseau social.« Notre manière de lutter contre le harcèlement et les trolls est nulle, et elle est nulle depuis des années (…), a écrit M. Costolo dans cette note et un e-mail envoyé aux salariés. Nous perdons des utilisateurs chaque jour parce que nous ne répondons pas de manière appropriée au trolling dont ils sont victimes chaque jour. »Ces derniers mois, plusieurs affaires de harcèlement de personnalités publiques avaient attiré les critiques contre Twitter, accusé de rester trop passif. Zelda Williams, la fille de Robin Williams, avait ainsi quitté le réseau social après avoir reçu de nombreux messages haineux liés au suicide de son père. Le vif débat qui a eu lieu fin 2014 sur le sexisme dans le milieu du jeu vidéo avait également vu la publication d’une multitude de messages de menace ou de harcèlement sur Twitter.En France, cet aveu d’échec pourrait trouver un écho particulier : des organisations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme protestent depuis plusieurs années contre la politique de modération de Twitter, jugeant que le réseau social est trop laxiste et estimant, pour certaines, que Twitter devrait censurer pro-activement certains mots-clés ou hashtags.Après les attentats qui ont frappé la France en janvier, le premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, ont également déclaré à plusieurs reprises, sans toutefois citer nommément Twitter, que les réseaux sociaux devaient être plus volontaristes dans la lutte contre la diffusion de contenus appelant à la haine.Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un « amendement Charb » devait être voté jeudi 5 février au Sénat. En référence au défunt dessinateur et directeur de la publication du journal satirique, dont l’équipe a été décimée le 7 janvier. Le texte vise à favoriser l’actionnariat citoyen dans des titres de presse : concrètement, il propose aux particuliers de prendre une participation dans un journal avec une réduction d’impôt de 30 %, pour des investissements jusqu’à 2 000 euros. Le taux est porté à 50 % pour les entreprises de « presse solidaire », un statut créé pour les médias qui réinvestissent beaucoup et distribuent peu de dividendes.La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a décidé de déposer sa version de l’« amendement Charb » à la proposition de loi sur la modernisation de la presse du député socialiste Michel Françaix. Sa proposition vient après d’autres d’inspiration similaire, émanant de sénateurs : Pierre Laurent (PCF), David Assouline (PS) et François Commeinhes (UMP).Le débat sur le sujet est antérieur aux attentats de début janvier. « Charb et Charlie Hebdo nous avaient adressé une demande début décembre 2014, pour faire adopter un nouvel article de loi facilitant le financement par souscription des journaux », a ainsi raconté Pierre Laurent dans ses voeux du 12 janvier, faisant le « serment » de faire adopter un amendement.Le mécanisme s’inspire du crowdfundingDans la proposition de loi Françaix a d’abord été adopté le statut d’entreprise de « presse solidaire », en réponse notamment aux demandes du site d’information Mediapart. « L’amendement Charb » ajoute une incitation par la défiscalisation, réservée à ces titres (ou à ceux d’information politique et générale, à un taux moindre).Le mécanisme s’inspire du crowdfunding, du financement participatif, précise-t-on Rue de Valois. Il s’ajoute à l’autre dispositif ouvert aux particuliers qui souhaitent aider les médias : le fonds Presse et pluralisme. Ce dernier ne propose pas de devenir petit actionnaire mais de faire des dons, défiscalisés à 66 % (60 % pour les entreprises). Comme ceux collectés ces dernières semaines pour Charlie Hebdo. Enfin, le gouvernement promet toujours de réformer les aides à la presse. Celles destinées aux journaux à faibles ressources publicitaires sont par exemple réservées aux quotidiens (L’Huma, La Croix…) et excluent des titres comme Le Monde diplomatique ou Charlie Hebdo.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est une question d’équilibre entre les principes de transparence, d’égalité et de protection », résume au Monde Olivier Schrameck, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Mercredi 4 février, l’autorité a présenté la méthodologie qu’elle a retenue pour la nomination du prochain président de France Télévisions, à laquelle elle doit procéder d’ici au 22 mai.Avec un changement de taille par rapport à la procédure appliquée lors de la nomination de Mathieu Gallet à la tête de Radio France, début 2014 : cette fois, « le Conseil établira une liste restreinte de candidats qu’il auditionnera », mais « cette liste sera rendue publique à la condition qu’aucun des candidats retenus ne s’y oppose auprès du président », selon le CSA.Il suffira donc qu’un seul des postulants à la succession de Rémy Pflimlin refuse que son nom soit rendu public pour que la liste entière reste secrète – une hypothèse hautement probable. Alors que dans le cas de Radio France, le CSA avait publié, avant les auditions, la liste des six candidats présélectionnés.Pourquoi ce changement de règles, au risque de réduire la transparence quant à une nomination sensible et souvent décrite comme politique, ou d’être taxé d’« opacité », comme l’a glissé à chaud au Monde, dès mercredi, un dirigeant du secteur audiovisuel ?C’est que le CSA a tiré les leçons de la procédure Radio France. « Dans l’ensemble, celle-ci a bien fonctionné, explique M. Schrameck. Mais force est de constater que les six candidats retenus pour les auditions étaient – à l’exception du président sortant et du président d’un syndicat de radios, le Sirti – soit des responsables publics, soit des personnes sans emploi. Or, le collège du CSA ne souhaitait pas adopter une procédure qui dissuaderait des candidats ayant des responsabilités dans le secteur privé. »Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires. Le CSA se doit de « choisir parmi les compétences les plus riches et les plus étendues », souligne son président, « sans courir le risque d’exclure une catégorie de candidats ». Enfin, il ne peut recourir à une présélection par un de ses membres, car au plan légal, « la procédure doit mettre tous les membres du collège dans la même situation ».Pour espérer attirer des profils variés, et notamment des dirigeants en poste dans de grands groupes privés, il faut donc leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi dans l’hypothèse où leur candidature n’aboutirait pas. Parmi les hauts cadres du secteur, seul Denis Olivennes (Lagardère Active) s’est à ce jour exprimé, pour assurer qu’il ne serait pas candidat.« Alchimie équilibrée »« A première vue, cette procédure me semble de nature à respecter l’anonymat des candidats qui souhaiteraient l’être, a commenté au Monde un dirigeant du secteur audiovisuel, qui préfère ne pas être cité. A deux réserves près : d’une part, le degré de confidentialité des huit membres du collège ; et d’autre part, l’après-désignation : n’y aura-t-il pas un moment où les langues se délieront ? » « C’est un progrès, a confirmé un autre. Mais la procédure oblige encore à faire acte de candidature. Et sa confidentialité repose sur l’étanchéité des huit membres du conseil… donc je ne suis pas sûr que ce soit si différent du passé. »Aucune procédure ne pourra en effet garantir l’absence de fuite dans la presse. Même si les huit membres du collège seront interdits de contacts – autres que les auditions – avec les candidats retenus à partir du 1er avril, date d’ouverture des enveloppes de candidature.« La procédure est contraire à la nécessaire publicité des projets des candidats retenus », dénonce sur Twitter Serge Cimino, reporter à France 3 et membre de la section SNJ (Syndicat national des journalistes) de France Télévisions, seul candidat déclaré à ce jour. Tout en reconnaissant qu’aucun texte n’oblige le CSA à diffuser les projets des candidats.Au Parlement, ces nouvelles dispositions semblent avoir convaincu, à droite comme à gauche. « Si le CSA estime qu’il vaut mieux que les noms ne soient pas connus, cela ne me choque pas », indique Franck Riester, député (UMP) et membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. « C’est une alchimie bien équilibrée, déclare de son côté Patrick Bloche, le président (PS) de cette commission, au Figaro. M. Schrameck ne pourra pas être accusé de mettre en place une procédure opaque. Et d’un autre côté (…), il ne se prive pas d’ouvrir le champ des compétences. » « Si on veut avoir des candidatures libres, il faut qu’elles soient libres de tous côtés », reconnaît, au Sénat, Jean-Pierre Leleux, membre (UMP) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.« Ce sera peut-être un poisson d’avril », plaisante l’actuel PDG, Rémy Pflimlin, en référence à la date d’ouverture des enveloppes. M. Pflimlin ne s’est pas encore prononcé sur sa propre candidature. Il se dit « au travail », loin de ces questions procédurales, et dans l’attente du rapport que le gouvernement doit publier, fin février, sur la redéfinition des missions de l’entreprise publique. Mercredi encore, le PDG était auditionné au Sénat dans le cadre d’une table ronde sur l’avenir de France Télévisions. L’occasion pour lui de défendre son bilan, mais aussi de plaider pour une indépendance renforcée et une plus grande « continuité » dans la gouvernance de l’entreprise. Sans préciser si cette continuité incluait à ses yeux l’identité de son président.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.02.2015 à 11h20 • Mis à jour le04.02.2015 à 17h19 | Guillaume Fraissard A la tête de France Médias Monde (FMM), qui regroupe les radios RFI, Monte Carlo Doualiya et les antennes de France 24, Marie-Christine Saragosse a un poste d’observation privilégié pour mesurer comment la France est perçue à l’étranger. Après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, elle revient sur le traitement des événements par les chaînes de l’audiovisuel extérieur français et sur leur place dans le paysage médiatique mondial.Comment les équipes de France Médias Monde ont-elles vécu la période qui a suivi les attentats ?Nos équipes ont été en première ligne pour voir que, dès le 7 janvier, Paris était devenue le centre du monde, qu’il y avait un véritable élan de solidarité dans de nombreux pays. Mais nous avons aussi vu sur les réseaux sociaux des attaques extrêmement violentes contre des journalistes arabophones de nos médias qui avaient dit « Je suis Charlie » et parlé de la laïcité et de la liberté d’expression. Cela a été très dur à vivre.Comment avez-vous géré le fait de montrer ou non la couverture de « Charlie Hebdo » ?Nous l’avons montrée, y compris sur nos antennes en langue arabe. Mais nous nous gardons bien de simplifier les choses. A l’étranger, certaines chaînes ont montré en boucle les images du policier assassiné à Paris, avec des plans arrêtés sur chaque scène de cet assassinat. En revanche, les caricatures étaient floutées. Nous avons fait le contraire. On a coupé la séquence de l’assassinat et montré la « une » de Charlie. Si nos antennes, présentes dans près de 300 millions de foyers dans le monde, ont aujourd’hui de bons résultats, c’est parce que nous racontons des choses différentes. Et il y a une vraie attente pour cela.Le thème de la laïcité est-il simple à aborder quand on s’adresse à un public mondial ?Nous avons passé du temps à réfléchir à ce sujet. Nous avons essayé de traduire ce mot, et ce n’est pas simple. Il faut parfois une périphrase pour l’expliquer !On s’appelle « France » mais nous sommes internationaux, et le dialogue ne peut pas être unilatéral. Nous sommes en permanence dans le débat d’idée. Après les attentats, nos journalistes, nos correspondants, sont intervenus dans soixante médias étrangers pour expliquer la France, éviter les simplifications et les analyses à la Fox News.Après l’onde de choc de ces attentats, la mission de France Médias Monde doit-elle évoluer ?C’est plutôt le regard sur l’audiovisuel extérieur qui doit changer. Nous savons depuis longtemps ce qui se passe ailleurs. Il y a un an, nous avons vécu dans notre chair ce qu’est le prix à payer pour défendre la liberté d’expression. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, nos deux journalistes de RFI, ont été tués au Mali. Des journalistes ont été violées, agressées sur la place Tahir, en Egypte. Il s’agissait d’actes délibérés. On a trop vite considéré que la liberté d’expression étant acquise en France, cela n’était plus un sujet ailleurs.La France a un rôle particulier dans le monde. Elle a une voix singulière, elle ne dit pas la même chose que les chaînes anglophones ou arabophones. Ce rôle apparaît aujourd’hui dans toute son ampleur.La place de France 24 et de son antenne en langue arabe pourrait-elle être renforcée en France ?La présence d’une chaîne de service public en langue arabe en France est une vraie question. Par rapport à d’autres médias arabophones, nous sommes les seuls à défendre une certaine vision du monde. Les pouvoirs publics ont déjà ouvert des espaces. Le débat n’est pas fermé, mais cette présence à un coût.Pendant les événements, France 24 en langue arabe a fait de gros pics d’audience sur le câble. Elle a surtout enregistré une durée d’écoute très longue. Cela signifie que les gens qui sont venus sont restés longtemps, notamment pendant les débats.Dans notre contrat d’objectif et de moyens actuel, il y a une ouverture pour que nous soyons présents en France dans certains endroits. Ainsi, France 24 a eu l’autorisation d’être reprise sur la TNT gratuite en Ile-de-France. Avec la relance de la radio numérique terrestre, je me dis aussi qu’il y a des choses à faire pour Monte Carlo Doualiya avec d’autres radios comme Beur FM ou Africa N°1 avec lesquelles nous avons beaucoup d’affinités.Comment vos chaînes sont-elles perçues à l’étranger ?Nous sommes un groupe de service public, et dans les pays où cette notion est la même que la nôtre, personne ne pense que nous sommes la voix du gouvernement. Pour des pays où c’est moins le cas, certains ont parfois du mal à réaliser que nous sommes indépendants. Pendant les événements en Côte d’Ivoire, il est arrivé que l’antenne soit coupée, parce que nous étions étiquetés « porte-parole de la France ».Mais nos téléspectateurs savent que nous sommes tout sauf des chaînes de propagande. Le slogan de RFI, c’est : « Les voix du monde. » Pas la voix de la France.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard et Alexis Delcambre L’année 2015 sera, pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), celle d’un choix lourd : il doit en effet désigner le président de France Télévisions, entre le 22 avril et le 22 mai.Mais avant ces dates, le CSA affronte un dilemme, sur la procédure à suivre pour choisir ce président - ou cette présidente. Comment rendre le processus plus confidentiel, afin d’attirer les meilleurs candidats, sans pour autant le rendre opaque ?Des pistes sont envisagées, dont celle de ne pas publier le nom des candidats qui seront retenus pour être auditionnés. Autre point : que faire en cas d’égalité des votes, le Conseil comptant désormais huit membres, contre neuf lors de la procédure pour Radio France. Les différentes options sont désormais entre les mains des « sages » et le Conseil doit trancher, mercredi 4 février, cette question épineuse.Rassurer les candidats du privéDans ses vœux du 27 janvier, le président du CSA, Olivier Schrameck, a fait une discrète allusion à cette « procédure que nous aurons collectivement à adopter, compte tenu de l’expérience de la désignation du président de Radio France ». En clair, c’est une référence à un problème récurrent, ravivé à l’occasion de la procédure qui couronna finalement Mathieu Gallet, en 2014 : l’absence de candidats venus du secteur privé.Les profils des candidats à Radio France étaient presque tous issus de la sphère publique et n’occupant pas de poste équivalent dans des médias de taille comparable. Dans le cas de France Télévisions, ce débat est rallumé, notamment depuis que des rumeurs de presse ont évoqué des candidats potentiels issus de grands groupes privés (Christopher Baldelli de RTL, Rodolphe Belmer de Canal+ ou encore Denis Olivennes de Lagardère active), non confirmées.Pour attirer ce type de profil - si telle était l’intention du CSA -, il faudrait pouvoir leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi actuel dans l’hypothèse où leur candidature, une fois publique, n’aboutirait pas. Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires.Certains au CSA se demandent donc s’il n’est pas possible d’assurer aux candidats une plus grande confidentialité. Les solutions sont loin d’être évidentes, car la procédure est strictement encadrée par différents textes légaux. Ainsi, l’idée de mandater un membre du collège - son président ou un autre - pour présélectionner des candidats, un temps évoquée, ne tient pas. Elle se heurte notamment au principe de collégialité des décisions - sans parler de l’attachement des conseillers à leurs prérogatives. « Cela ne pourra pas de faire en petit comité dans un coin », prévient l’un d’eux.Prévenir les fuitesUne piste semble toutefois envisagée : celle de ne pas publier la « shortlist » des candidats qui auront été retenus pour être auditionnés par le collège. Lors de la sélection du président de Radio France, six profils avaient été retenus et leurs noms dévoilés par le CSA.Un autre levier intéresse au sein du CSA : le calendrier. Plus celui-ci est resserré, plus sera limité le risque de fuites dans la presse, pense-t-on.Ces options rencontrent toutefois encore des obstacles. D’abord, certains peuvent rétorquer que limiter la transparence sur le nom des candidats peut alimenter le soupçon de partialité sur une nomination très sensible. Ou celui d’une décision partisane, les patrons de l’audiovisuel public ayant été un temps choisis par le président de la République lui-même.À l’inverse, le choix de ne pas diffuser les noms retenus par le CSA pour audition peut sembler vain. « Dans tous les cas, le CSA ne pourra jamais garantir à un cadre de l’audiovisuel privé une confidentialité totale, tout simplement parce que la décision est collégiale », estime l’un d’eux.Le président Schrameck a plusieurs fois insisté sur l’importance de prévenir les fuites dans la presse. Si cette insistance a globalement porté ses fruits, elle n’a pas empêché un incident majeur, en novembre 2014, avec la publication dans la presse d’une version intermédiaire du bilan quadriennal de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.02.2015 à 10h24 • Mis à jour le03.02.2015 à 15h06 | Alain Beuve-Méry Suivre sa pente pourvu que cela soit en montant. Tel est le chemin qu’aimerait emprunter le marché de la musique enregistrée. Mais, après une année 2013 positive, la première après une décennie de crise, les comptes ont de nouveau viré au rouge en 2014. Le chiffre d’affaires de la musique en France a fléchi de 5,3 % pour atteindre 570,6 millions d’euros en 2014, contre 603,2 millions en 2013.Hors droits voisins perçus sur la diffusion sur les radios, sur les chaînes de télévision, dans les lieux publics et sur la copie privée qui s’élèvent à 112 millions d’euros, le recul atteint même 7 %, selon les chiffres rendus publics, mardi 3 janvier, par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP).Et pourtant, le SNEP qui représente les majors de la musique (Universal, Warner, Sony, etc.), soit 80 % du marché français, veut croire à une révolution des usages. La croissance du streaming (l’écoute de musique sans téléchargement) qui a progressé de 34 % en 2014 constitue, selon le syndicat, le prélude à un nouveau modèle économique prometteur. Le marché physique représente encore 71 % du marché. Son repli de 11 % en 2014, tout comme celui du téléchargement à l’acte (– 14 %) sont les deux facteurs qui expliquent la baisse généralisée de l’industrie du disque. Mais « quelque chose est en train de changer et nous assistons à une restructuration du marché autour du streaming », estime Guillaume Leblanc, délégué général du SNEP. « Le téléchargement s’effondre et le streaming monte en flèche, il y a bien un nouveau modèle qui est en train d’émerger », assure Thierry Chassagne, PDG de Warner Music France.De fait, en 2014, les courbes des revenus se sont inversées pour la première fois entre les deux modes d’écoute de musique dématérialisée en France. Le streaming a rapporté 73 millions d’euros en 2014 et représente 55 % du marché numérique, contre 40 % pour le téléchargement, avec une recette de 54 millions d’euros. Cette baisse traduit un essoufflement du modèle mis en place par Apple avec iTunes. La firme américaine qui a racheté, en mai 2014, Beats, pour 3 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros), entend d’ailleurs devenir un des acteurs majeurs du streaming musical en promouvant lui aussi la lecture en flux.16 % du marché total de la musiqueEn 2014, le marché numérique a progressé de 3,5 points pour atteindre 29 %. A lui seul, le streaming représente 16 % du marché total de la musique, alors que ce mode de consommation de la musique n’a que 7 ans et que ses principaux acteurs sur le marché français (Deezer, Spotify, Qobuz, etc.) sont encore en quête de notoriété auprès du grand public. Pour Yves Riesel, patron de Qobuz, « 2015 sera l’année ou le marché français va s’ouvrir à la concurrence » avec la fin programmée, en juillet, de l’offre liée entre Orange et Deezer.Le modèle de l’abonnement devrait à terme supplanter celui du téléchargement. Pour Pascal Nègre, le patron d’Universal Music France, « la musique est en train de connaître sa quatrième révolution numérique. Après la piraterie, les sonneries téléphoniques et le modèle iTunes, la musique change à nouveau de paradigme avec l’avènement du streaming qui consiste à payer pour un usage et non pour une possession », poursuit-il.Un chiffre traduit ce basculement : 12 milliards de titres ont été écoutés sur les plates-formes de streaming audio en 2014, contre 8,6 milliards l’année précédente, soit une progression de 40 %. Et cela n’inclut pas le visionnage de vidéos musicales sur YouTube ou Dailymotion. Avec près de 11 millions de streamers, c’est 16 % de la population française qui a basculé.Monétiser cette offreEn France, le nombre d’abonnés à un service de streaming audio a grimpé en un an de 1,44 million en 2013 à 2 millions en 2014. Mais, pour que le modèle devienne dominant et surtout rentable économiquement pour les majors comme pour les artistes, il faudrait arriver à 8 ou 10 millions d’abonnés payants.Le deuxième enjeu majeur pour le secteur est d’élever le consentement à payer des amateurs de musique qui se sont habitués pendant plus d’une décennie à écouter sans payer. « Il faut persuader le consommateur que, pour quelques euros de plus, ils auront accès à un service nettement supérieur », explique Stéphane Le Tavernier, PDG de Sony Music France et président du SNEP. L’offre légale en ligne comprend désormais 30 millions de titres, mais les enjeux à venir sont doubles : monétiser cette offre et assurer une meilleure segmentation du marché afin d’atteindre tous les publics.Bonne tenue de la production francophonePour l’année écoulée, les producteurs de musique affichent un deuxième motif de satisfaction, avec la bonne tenue de la production locale et francophone qui assure les trois quarts des revenus des maisons de disques (hors classique). Un chiffre en hausse de 6 % par rapport à 2012. Le nombre d’albums francophones commercialisés est en hausse de 17 % avec 242 albums contre 207 en 2013. En 2014, il y a eu 119 nouvelles signatures d’artistes contre 79 contrats rendus, ce qui fait un solde positif de 40 artistes.Malgré un marché qui s’est fortement restreint, les producteurs de musique dans les majors ou chez les indépendants ont de fait continué à développer de nouveaux artistes. Les dix albums les plus vendus en 2014 concernent des artistes produits localement et chantant en français, avec un mélange d’artistes confirmés Souchon, Voulzy, Julien Clerc Johnny Hallyday, mais aussi Stromae, Indila, Kendji Girac, Fauve, Christine & the Queens.Pour le marché français, 2014 a aussi vu l’achèvement de l’intégration d’EMI et de son principal label Parlophone, au sein de Warner Music France, avec les restructurations afférentes. C’est seulement à partir du printemps 2014 que la major s’est remise à produire des disques. Avec un marché stabilisé qui comprend désormais trois majors et des indépendants, mais surtout avec un modèle économique (le streaming) reposant sur un nouvel usage qui a le vent en poupe, les producteurs de musique espèrent enfin surmonter la révolution numérique qui leur a fait perdre 65 % de leur valeur, sur les quinze dernières années.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard Balles neuves pour la Coupe Davis. La fédération internationale de tennis a annoncé lundi 2 février la signature d’un partenariat avec la chaîne qatarie beIN Sports pour les droits télés et numériques de la Coupe Davis de tennis et de son pendant féminin la Fed Cup, les deux plus grandes compétitions de ce sport par équipes.Le contrat, dont le montant n’a pas été dévoilé, porte sur les sept prochaines saisons et démarre dès 2015. Dans un communiqué, la Fédération de tennis précise que ce partenariat à pour but « d’accroître l’exposition globale et la qualité de la couverture de la Coupe Davis et de la Fed Cup » aussi bien à la télévision que sur les réseaux numériques.En s’emparant des droits de la Coupe Davis, BeIN Sports poursuit son offensive dans l’univers de la petite balle jaune. La chaîne disposait déjà des droits du tournoi de Wimbledon, du Masters de Londres ou encore des principaux tournois du Masters 1000 (hors Monte-Carlo et Bercy).La Fed Cup et la Coupe Davis étaient jusqu’à présent diffusées sur Sport + (groupe Canal+) avec France Télévisions en relais pour tous les matches des équipes de France masculine et féminine.Comme pour d’autres sports (football, handball,…) la législation française en matière de droits sportifs précise en effet que si une équipe de France atteint les demi-finales, les matches doivent être diffusés en clair. Ce fut le cas récemment avec la demi-finale et la finale du championnat du monde de handball au Qatar.Le premier tour de Fed Cup, programmé les 7 et 8 février entre la France et l’Italie, sera diffusé sur France 4.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon C’est la fin d’un long calvaire pour Peter Greste. Après quatre cents jours de détention, dont un mois à l’isolement, le journaliste australien de la chaîne en langue anglaise Al-Jazira a été expulsé par les autorités égyptiennes. Dimanche 1er février, il s’est envolé pour Chypre. Peter Greste avait été condamné en juin 2014 avec deux autres journalistes de la chaîne, l’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy et l’Egyptien Baher Mohammed, à des peines de sept à dix ans de prison pour diffusion de « fausses informations » et soutien à une organisation terroriste, les Frères musulmans. Ils avaient été arrêtés lors d’une descente – filmée et diffusée à la télévision égyptienne – dans leurs chambres de l’hôtel Marriott, au Caire, le 29 décembre 2013.En expulsant Peter Greste, l’Egypte se débarrasse d’une affaire qui a terni son image à l’étranger. Leur procès a été dénoncé comme une farce par les organisations des droits de l’homme internationales. Les trois journalistes ont été pris en otages d’un différend politique entre l’Egypte et le Qatar autour de la chaîne que finance l’émirat et que l’Egypte accuse d’être le porte-voix des Frères musulmans. Ces derniers sont l’objet d’une sévère répression de la part des autorités depuis la destitution par l’armée du président islamiste, Mohammed Morsi, le 3 juillet 2013.Ils ont été soutenus par une importante campagne médiatique de la chaîne Al-Jazira et des médias du monde. Quant aux autorités australiennes, elles ont travaillé sans relâche pour obtenir la libération de leur ressortissant. Le Canada s’est également démené pour trouver une issue pour le sien, Mohammed Fahmy. Le président américain, Barack Obama a demandé à son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, d’user de la grâce présidentielle pour mettre un terme à leur emprisonnement, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2014. Le réchauffement des relations entre l’Egypte et le Qatar à la fin 2014 – et notamment la fermeture en décembre par le Qatar de sa chaîne égyptienne d’informations en continu Misr Moubasher – relancé l’espoir pour les trois hommes.Loi taillée sur mesureA plusieurs reprises, le raïs égyptien a confié à la presse qu’il aurait mieux valu expulser les journalistes pour épargner à l’Egypte cette mauvaise publicité. Au nom du respect de l’indépendance de la justice, il avait toutefois exclu d’interférer dans la procédure. La possibilité d’une grâce présidentielle, qu’il avait évoquée, était ainsi suspendue à la fin du procès en appel. Le 1er janvier, la Cour de cassation égyptienne a accepté l’appel. La décision, saluée unanimement, promettait toutefois les trois journalistes à de longs mois de détention dans l’attente du verdict. Les autorités égyptiennes ont finalement décidé de recourir dans le cas de Peter Greste à une loi taillée sur mesure, promulguée par décret présidentiel fin 2014, prévoyant l’expulsion de prévenus étrangers pour être rejugés ou pour purger leur peine dans leur pays.L’expulsion de M. Greste n’éteint pas la procédure. Conformément à la loi, s’il est condamné en appel, il devra purger en AUstralie. « Nous sommes heureux d’apprendre la libération de Peter Greste, mais on aurait espéré qu’il soit libéré parce qu’innocent, sur la base de lois normales, plutôt que grâce à une loi inconstitutionnelle », a estimé auprès des médias égyptiens Gamal Eid, le directeur du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme. Les défenseurs des droits de l’homme et les proches de MM. Fahmy et Mohammed craignent que les deux journalistes soient oubliés et laissés à leur triste sort. « Nous ne nous arrêterons pas tant que Baher et Mohammed n’auront pas retrouvé leur liberté aussi », a indiqué Mostapha Souag, le direction général d’Al-Jazira. « Les autorités égyptiennes ont le pouvoir de mettre un terme à cela proprement et c’est ce qu’elles doivent faire. » Peter Greste a promis, par la voix de son frère Andrew, qu’il se battrait pour ses collègues.L’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy, qui souffre de complications de santé liées à une hépatite C, pourrait être expulsé vers le Canada, selon certaines sources. Il en a fait la demande début janvier. Des sources judiciaires estiment qu’il devra renoncer à sa citoyenneté égyptienne pour bénéficier de la même loi que Peter Greste, qui ne s’applique pas aux binationaux. « Pourquoi un être humain doit-il renoncer à sa citoyenneté pour être libéré de prison pour un crime qu’il n’a pas commis ? », ont questionné ses proches sur le compte Twitter qu’ils alimentent en son nom. Ils espèrent encore que le président Sissi lui offrira une alternative. Dans une lettre rendue publique le 1er février au matin, sa mère Wafa Abdel Hamid Bassiouni a imploré le président Sissi de lui accorder sa grâce, l’assurant de sa loyauté envers l’Egypte. Baher Mohammed ne dispose pour sa part d’autre issue que d’être innocenté ou gracié en appel.Le Caire revoit sa stratégie dans le SinaïLe président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé, dimanche 1er février, l’allocation de 1,3 milliard de dollars (1,145 milliard d’euros) à un programme de développement et de lutte antiterroriste dans le nord du Sinaï. Une nouvelle université consacrée au roi saoudien défunt Abdallah, parrain du Caire, y sera inaugurée. La veille, le chef de l’Etat avait annoncé la formation d’un commandement militaire unifié pour lutter contre l’insurrection djihadiste dans la péninsule désertique, sous les ordres du lieutenant-général Ossama Askar. Ces annonces font suite à l’attaque coordonnée de grande ampleur menée, jeudi, dans les villes d’Al-Arich, de Cheikh Zouweid et de Rafah par la province du Sinaï, la branche égyptienne de l’Etat islamique. Au moins 30 personnes, dont une majorité de militaires, ont été tuées dans ces attaques, qui ont fait une centaine de blessés.Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.02.2015 à 20h13 • Mis à jour le03.02.2015 à 11h10 | Alexis Delcambre Plus de musique, un ancrage clair dans les cultures urbaines et une grille simplifiée : ce sont les ingrédients du nouveau Mouv’ qu’a lancé Radio France, lundi 2 février à 6 heures.Sous la direction de Bruno Laforestrie, ancien patron de la radio Generations, l’antenne promet de s’adapter « aux attentes musicales des 15-30 ans en se positionnant fortement sur le hip-hop et l’électro », et d’user d’un « ton inédit et singulier » en s’inspirant des « différentes formes d’expression de la rue, véritable vivier de talents et de langages ».« C’est une radio qui va parler le langage des jeunes et employer leurs codes », décrit Mathieu Gallet, PDG de Radio France. Un jeu sur la langue sera ainsi proposé : « Dictées dans la cité », en lointain hommage à Bernard Pivot. Les auditeurs pourront aussi prendre la parole en laissant un message sur le « Rapondeur ».Selon ses concepteurs, la musique revient au centre du projet : elle occupera 75 % du temps d’antenne, contre 50 % actuellement. La radio ambitionne de servir de tremplin à de jeunes talents dont la diffusion se fait actuellement sur les réseaux sociaux.Favoriser la circulation des contenusLa grille est simplifiée, avec des tranches de trois heures qui remplacent les multiples rendez-vous de la formule précédente. Points saillants : le « Good Morning Cefran » (6-9 heures), présenté par l’animateur Pascal Cefran ; « Mouv’Express » entre 12 et 16 heures ; et le magazine « 20#20 », présenté par Guillaume Tatu à 20 h 20, qui abordera « les grands problématiques de la jeunesse : marché du travail, drogue, sexualité… », selon M. Gallet.Sur Internet, une nouvelle version du site va être proposée. Surtout, Mouv’ – sa nouvelle appellation – favorisera la circulation de ses contenus, pour qu’ils puissent être facilement partageables sur les réseaux sociaux ou les grandes plates-formes comme YouTube.Cette relance du Mouv’– la troisième en trois ans – est censée répondre à l’échec actuel de la station. Créée il y a dix-huit ans, devenue au début des années 2000 une incarnation de « l’esprit rock », avant de s’égarer dans une succession de nouvelles formules, elle atteint péniblement 200 000 auditeurs cumulés, soit une part de marché inférieure à 0,5 %.C’est un problème pour un groupe qui veut en faire un canal de recrutement de nouveaux auditeurs et qui, par ailleurs, est désormais en situation déficitaire – avec 21 millions d’euros manquants au budget 2015. La direction de Radio France espère remonter à au moins 1 % de part d’audience d’ici à fin 2016 et assume que, dans le cas contraire, il faudra « revoir le modèle » – comprendre arrêter l’exploitation sur la bande FM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a annoncé, mercredi 4 février, la méthodologie retenue pour la nomination du prochain président de France Télévisions, à laquelle il doit procéder entre le 22 avril et le 22 mai : « Le conseil établira une liste restreinte de candidats qu’il auditionnera », mais « cette liste sera rendue publique à la condition qu’aucun des candidats retenus ne s’y oppose auprès du président », écrit le CSA. L’actuel président est Rémy Pflimlin et son mandat prend fin le 22 août 2015.Renforcer la confidentialitéIl suffira qu’un seul des candidats sélectionnés refuse que son nom soit rendu public pour que la liste entière reste secrète, précise le CSA au Monde. C’est un usage qui existe déjà dans les règlements de différends, qui peuvent rester confidentiels si l’une des deux parties le souhaite, ajoute l’institution pour justifier son choix.Cette procédure inédite vise à renforcer la confidentialité, dans l’espoir de ne pas décourager des candidats occupant des postes de premier plan dans le secteur privé. En effet, certains pourraient avoir peur de perdre leur emploi en briguant la présidence de France Télévisions, sans pour autant obtenir le poste in fine.« Nécessaire publicité des projets »Or cette quête de discrétion se heurte potentiellement à un autre principe : celui de la transparence quant à une nomination sensible et souvent décrite comme politique. « La procédure est contraire à la nécessaire publicité des projets des candidats retenus », a dénoncé sur Twitter Serge Cimino, reporter à France 3 et membre de la section SNJ (syndicat national des journalistes) de France Télévisions, seul candidat déclaré à ce jour. Tout en reconnaissant qu’aucun texte n’oblige le CSA à diffuser les projets des candidats.Lire : Présidence de France Télévisions, le casse-tête du CSA « Si le CSA estime qu’il vaut mieux que les noms ne soient pas connus, cela ne me choque pas », explique au Monde Franck Riester, député (UMP) membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Tout en voyant, sur le fond, un « conflit d’intérêt » dans le fait que le CSA soit à la fois l’autorité de nomination du président de France Télévisions et son autorité de régulation.Même son de cloche au Sénat, où Jean-Pierre Leleux, membre (UMP) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication, rappelle que le CSA est indépendant quant au choix de cette procédure et reconnaît que « si on veut avoir des candidatures libres, il faut qu’elles soient libres de tous côtés ». « Mais il est probable que tout se passera de façon confidentielle », relève-t-il.Pas de contacts entre candidats et membres du collègeCette procédure rend en effet très probable l’hypothèse que la liste des candidats retenus ne soit pas publiée. Mais il restera difficile pour l’autorité de s’assurer qu’il n’y aura aucune fuite dans la presse…Les candidatures seront reçues au siège, sous pli unique à l’attention du président du CSA, revêtu de la mention « Procédure de nomination à la présidence de France Télévisions – Personnel et confidentiel », à compter du lundi 9 mars et jusqu’au jeudi 26 mars, explique le communiqué.Le Conseil procédera à l’ouverture des enveloppes le mercredi 1er avril et publiera le nombre de candidats. Ensuite, le CSA « établira une liste restreinte de candidats qu’il auditionnera », explique-t-il. Ces auditions ne seront pas publiques, en conformité avec la décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 2000.Dernière précision, qui marque un changement par rapport à la procédure de nomination du président de Radio France, Mathieu Gallet, début 2014, les huit membres du collège du CSA n’auront plus de contacts avec les candidats retenus à partir du 1er avril.M. Pflimlin défend la « continuité »« Ce sera peut-être un poisson d’avril », plaisante l’actuel PDG, Rémy Pflimlin, au sujet de sa propre candidature - sur laquelle il ne s’est pas encore prononcé. M. Pflimlin se veut « au travail », loin de ces questions procédurales, et dans l’attente du rapport que le gouvernement doit publier, fin février, sur la stratégie qui sera celle de l’entreprise publique.Lire : France Télévisions : premières tensions autour de la succession à la présidence Mercredi encore, le PDG était auditionné au Sénat dans le cadre d’une table ronde sur l’avenir de France Télévisions. L’occasion pour lui de défendre son bilan, mais aussi de plaider pour une indépendance renforcée et une plus grande « continuité » dans la gouvernance de l’entreprise. Sans préciser si cette continuité incluait à ses yeux l’identité de son président.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.02.2015 à 11h20 • Mis à jour le04.02.2015 à 17h19 | Guillaume Fraissard A la tête de France Médias Monde (FMM), qui regroupe les radios RFI, Monte Carlo Doualiya et les antennes de France 24, Marie-Christine Saragosse a un poste d’observation privilégié pour mesurer comment la France est perçue à l’étranger. Après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, elle revient sur le traitement des événements par les chaînes de l’audiovisuel extérieur français et sur leur place dans le paysage médiatique mondial.Comment les équipes de France Médias Monde ont-elles vécu la période qui a suivi les attentats ?Nos équipes ont été en première ligne pour voir que, dès le 7 janvier, Paris était devenue le centre du monde, qu’il y avait un véritable élan de solidarité dans de nombreux pays. Mais nous avons aussi vu sur les réseaux sociaux des attaques extrêmement violentes contre des journalistes arabophones de nos médias qui avaient dit « Je suis Charlie » et parlé de la laïcité et de la liberté d’expression. Cela a été très dur à vivre.Comment avez-vous géré le fait de montrer ou non la couverture de « Charlie Hebdo » ?Nous l’avons montrée, y compris sur nos antennes en langue arabe. Mais nous nous gardons bien de simplifier les choses. A l’étranger, certaines chaînes ont montré en boucle les images du policier assassiné à Paris, avec des plans arrêtés sur chaque scène de cet assassinat. En revanche, les caricatures étaient floutées. Nous avons fait le contraire. On a coupé la séquence de l’assassinat et montré la « une » de Charlie. Si nos antennes, présentes dans près de 300 millions de foyers dans le monde, ont aujourd’hui de bons résultats, c’est parce que nous racontons des choses différentes. Et il y a une vraie attente pour cela.Le thème de la laïcité est-il simple à aborder quand on s’adresse à un public mondial ?Nous avons passé du temps à réfléchir à ce sujet. Nous avons essayé de traduire ce mot, et ce n’est pas simple. Il faut parfois une périphrase pour l’expliquer !On s’appelle « France » mais nous sommes internationaux, et le dialogue ne peut pas être unilatéral. Nous sommes en permanence dans le débat d’idée. Après les attentats, nos journalistes, nos correspondants, sont intervenus dans soixante médias étrangers pour expliquer la France, éviter les simplifications et les analyses à la Fox News.Après l’onde de choc de ces attentats, la mission de France Médias Monde doit-elle évoluer ?C’est plutôt le regard sur l’audiovisuel extérieur qui doit changer. Nous savons depuis longtemps ce qui se passe ailleurs. Il y a un an, nous avons vécu dans notre chair ce qu’est le prix à payer pour défendre la liberté d’expression. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, nos deux journalistes de RFI, ont été tués au Mali. Des journalistes ont été violées, agressées sur la place Tahir, en Egypte. Il s’agissait d’actes délibérés. On a trop vite considéré que la liberté d’expression étant acquise en France, cela n’était plus un sujet ailleurs.La France a un rôle particulier dans le monde. Elle a une voix singulière, elle ne dit pas la même chose que les chaînes anglophones ou arabophones. Ce rôle apparaît aujourd’hui dans toute son ampleur.La place de France 24 et de son antenne en langue arabe pourrait-elle être renforcée en France ?La présence d’une chaîne de service public en langue arabe en France est une vraie question. Par rapport à d’autres médias arabophones, nous sommes les seuls à défendre une certaine vision du monde. Les pouvoirs publics ont déjà ouvert des espaces. Le débat n’est pas fermé, mais cette présence à un coût.Pendant les événements, France 24 en langue arabe a fait de gros pics d’audience sur le câble. Elle a surtout enregistré une durée d’écoute très longue. Cela signifie que les gens qui sont venus sont restés longtemps, notamment pendant les débats.Dans notre contrat d’objectif et de moyens actuel, il y a une ouverture pour que nous soyons présents en France dans certains endroits. Ainsi, France 24 a eu l’autorisation d’être reprise sur la TNT gratuite en Ile-de-France. Avec la relance de la radio numérique terrestre, je me dis aussi qu’il y a des choses à faire pour Monte Carlo Doualiya avec d’autres radios comme Beur FM ou Africa N°1 avec lesquelles nous avons beaucoup d’affinités.Comment vos chaînes sont-elles perçues à l’étranger ?Nous sommes un groupe de service public, et dans les pays où cette notion est la même que la nôtre, personne ne pense que nous sommes la voix du gouvernement. Pour des pays où c’est moins le cas, certains ont parfois du mal à réaliser que nous sommes indépendants. Pendant les événements en Côte d’Ivoire, il est arrivé que l’antenne soit coupée, parce que nous étions étiquetés « porte-parole de la France ».Mais nos téléspectateurs savent que nous sommes tout sauf des chaînes de propagande. Le slogan de RFI, c’est : « Les voix du monde. » Pas la voix de la France.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard et Alexis Delcambre L’année 2015 sera, pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), celle d’un choix lourd : il doit en effet désigner le président de France Télévisions, entre le 22 avril et le 22 mai.Mais avant ces dates, le CSA affronte un dilemme, sur la procédure à suivre pour choisir ce président - ou cette présidente. Comment rendre le processus plus confidentiel, afin d’attirer les meilleurs candidats, sans pour autant le rendre opaque ?Des pistes sont envisagées, dont celle de ne pas publier le nom des candidats qui seront retenus pour être auditionnés. Autre point : que faire en cas d’égalité des votes, le Conseil comptant désormais huit membres, contre neuf lors de la procédure pour Radio France. Les différentes options sont désormais entre les mains des « sages » et le Conseil doit trancher, mercredi 4 février, cette question épineuse.Rassurer les candidats du privéDans ses vœux du 27 janvier, le président du CSA, Olivier Schrameck, a fait une discrète allusion à cette « procédure que nous aurons collectivement à adopter, compte tenu de l’expérience de la désignation du président de Radio France ». En clair, c’est une référence à un problème récurrent, ravivé à l’occasion de la procédure qui couronna finalement Mathieu Gallet, en 2014 : l’absence de candidats venus du secteur privé.Les profils des candidats à Radio France étaient presque tous issus de la sphère publique et n’occupant pas de poste équivalent dans des médias de taille comparable. Dans le cas de France Télévisions, ce débat est rallumé, notamment depuis que des rumeurs de presse ont évoqué des candidats potentiels issus de grands groupes privés (Christopher Baldelli de RTL, Rodolphe Belmer de Canal+ ou encore Denis Olivennes de Lagardère active), non confirmées.Pour attirer ce type de profil - si telle était l’intention du CSA -, il faudrait pouvoir leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi actuel dans l’hypothèse où leur candidature, une fois publique, n’aboutirait pas. Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires.Certains au CSA se demandent donc s’il n’est pas possible d’assurer aux candidats une plus grande confidentialité. Les solutions sont loin d’être évidentes, car la procédure est strictement encadrée par différents textes légaux. Ainsi, l’idée de mandater un membre du collège - son président ou un autre - pour présélectionner des candidats, un temps évoquée, ne tient pas. Elle se heurte notamment au principe de collégialité des décisions - sans parler de l’attachement des conseillers à leurs prérogatives. « Cela ne pourra pas de faire en petit comité dans un coin », prévient l’un d’eux.Prévenir les fuitesUne piste semble toutefois envisagée : celle de ne pas publier la « shortlist » des candidats qui auront été retenus pour être auditionnés par le collège. Lors de la sélection du président de Radio France, six profils avaient été retenus et leurs noms dévoilés par le CSA.Un autre levier intéresse au sein du CSA : le calendrier. Plus celui-ci est resserré, plus sera limité le risque de fuites dans la presse, pense-t-on.Ces options rencontrent toutefois encore des obstacles. D’abord, certains peuvent rétorquer que limiter la transparence sur le nom des candidats peut alimenter le soupçon de partialité sur une nomination très sensible. Ou celui d’une décision partisane, les patrons de l’audiovisuel public ayant été un temps choisis par le président de la République lui-même.À l’inverse, le choix de ne pas diffuser les noms retenus par le CSA pour audition peut sembler vain. « Dans tous les cas, le CSA ne pourra jamais garantir à un cadre de l’audiovisuel privé une confidentialité totale, tout simplement parce que la décision est collégiale », estime l’un d’eux.Le président Schrameck a plusieurs fois insisté sur l’importance de prévenir les fuites dans la presse. Si cette insistance a globalement porté ses fruits, elle n’a pas empêché un incident majeur, en novembre 2014, avec la publication dans la presse d’une version intermédiaire du bilan quadriennal de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.02.2015 à 10h24 • Mis à jour le03.02.2015 à 15h06 | Alain Beuve-Méry Suivre sa pente pourvu que cela soit en montant. Tel est le chemin qu’aimerait emprunter le marché de la musique enregistrée. Mais, après une année 2013 positive, la première après une décennie de crise, les comptes ont de nouveau viré au rouge en 2014. Le chiffre d’affaires de la musique en France a fléchi de 5,3 % pour atteindre 570,6 millions d’euros en 2014, contre 603,2 millions en 2013.Hors droits voisins perçus sur la diffusion sur les radios, sur les chaînes de télévision, dans les lieux publics et sur la copie privée qui s’élèvent à 112 millions d’euros, le recul atteint même 7 %, selon les chiffres rendus publics, mardi 3 janvier, par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP).Et pourtant, le SNEP qui représente les majors de la musique (Universal, Warner, Sony, etc.), soit 80 % du marché français, veut croire à une révolution des usages. La croissance du streaming (l’écoute de musique sans téléchargement) qui a progressé de 34 % en 2014 constitue, selon le syndicat, le prélude à un nouveau modèle économique prometteur. Le marché physique représente encore 71 % du marché. Son repli de 11 % en 2014, tout comme celui du téléchargement à l’acte (– 14 %) sont les deux facteurs qui expliquent la baisse généralisée de l’industrie du disque. Mais « quelque chose est en train de changer et nous assistons à une restructuration du marché autour du streaming », estime Guillaume Leblanc, délégué général du SNEP. « Le téléchargement s’effondre et le streaming monte en flèche, il y a bien un nouveau modèle qui est en train d’émerger », assure Thierry Chassagne, PDG de Warner Music France.De fait, en 2014, les courbes des revenus se sont inversées pour la première fois entre les deux modes d’écoute de musique dématérialisée en France. Le streaming a rapporté 73 millions d’euros en 2014 et représente 55 % du marché numérique, contre 40 % pour le téléchargement, avec une recette de 54 millions d’euros. Cette baisse traduit un essoufflement du modèle mis en place par Apple avec iTunes. La firme américaine qui a racheté, en mai 2014, Beats, pour 3 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros), entend d’ailleurs devenir un des acteurs majeurs du streaming musical en promouvant lui aussi la lecture en flux.16 % du marché total de la musiqueEn 2014, le marché numérique a progressé de 3,5 points pour atteindre 29 %. A lui seul, le streaming représente 16 % du marché total de la musique, alors que ce mode de consommation de la musique n’a que 7 ans et que ses principaux acteurs sur le marché français (Deezer, Spotify, Qobuz, etc.) sont encore en quête de notoriété auprès du grand public. Pour Yves Riesel, patron de Qobuz, « 2015 sera l’année ou le marché français va s’ouvrir à la concurrence » avec la fin programmée, en juillet, de l’offre liée entre Orange et Deezer.Le modèle de l’abonnement devrait à terme supplanter celui du téléchargement. Pour Pascal Nègre, le patron d’Universal Music France, « la musique est en train de connaître sa quatrième révolution numérique. Après la piraterie, les sonneries téléphoniques et le modèle iTunes, la musique change à nouveau de paradigme avec l’avènement du streaming qui consiste à payer pour un usage et non pour une possession », poursuit-il.Un chiffre traduit ce basculement : 12 milliards de titres ont été écoutés sur les plates-formes de streaming audio en 2014, contre 8,6 milliards l’année précédente, soit une progression de 40 %. Et cela n’inclut pas le visionnage de vidéos musicales sur YouTube ou Dailymotion. Avec près de 11 millions de streamers, c’est 16 % de la population française qui a basculé.Monétiser cette offreEn France, le nombre d’abonnés à un service de streaming audio a grimpé en un an de 1,44 million en 2013 à 2 millions en 2014. Mais, pour que le modèle devienne dominant et surtout rentable économiquement pour les majors comme pour les artistes, il faudrait arriver à 8 ou 10 millions d’abonnés payants.Le deuxième enjeu majeur pour le secteur est d’élever le consentement à payer des amateurs de musique qui se sont habitués pendant plus d’une décennie à écouter sans payer. « Il faut persuader le consommateur que, pour quelques euros de plus, ils auront accès à un service nettement supérieur », explique Stéphane Le Tavernier, PDG de Sony Music France et président du SNEP. L’offre légale en ligne comprend désormais 30 millions de titres, mais les enjeux à venir sont doubles : monétiser cette offre et assurer une meilleure segmentation du marché afin d’atteindre tous les publics.Bonne tenue de la production francophonePour l’année écoulée, les producteurs de musique affichent un deuxième motif de satisfaction, avec la bonne tenue de la production locale et francophone qui assure les trois quarts des revenus des maisons de disques (hors classique). Un chiffre en hausse de 6 % par rapport à 2012. Le nombre d’albums francophones commercialisés est en hausse de 17 % avec 242 albums contre 207 en 2013. En 2014, il y a eu 119 nouvelles signatures d’artistes contre 79 contrats rendus, ce qui fait un solde positif de 40 artistes.Malgré un marché qui s’est fortement restreint, les producteurs de musique dans les majors ou chez les indépendants ont de fait continué à développer de nouveaux artistes. Les dix albums les plus vendus en 2014 concernent des artistes produits localement et chantant en français, avec un mélange d’artistes confirmés Souchon, Voulzy, Julien Clerc Johnny Hallyday, mais aussi Stromae, Indila, Kendji Girac, Fauve, Christine & the Queens.Pour le marché français, 2014 a aussi vu l’achèvement de l’intégration d’EMI et de son principal label Parlophone, au sein de Warner Music France, avec les restructurations afférentes. C’est seulement à partir du printemps 2014 que la major s’est remise à produire des disques. Avec un marché stabilisé qui comprend désormais trois majors et des indépendants, mais surtout avec un modèle économique (le streaming) reposant sur un nouvel usage qui a le vent en poupe, les producteurs de musique espèrent enfin surmonter la révolution numérique qui leur a fait perdre 65 % de leur valeur, sur les quinze dernières années.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard Balles neuves pour la Coupe Davis. La fédération internationale de tennis a annoncé lundi 2 février la signature d’un partenariat avec la chaîne qatarie beIN Sports pour les droits télés et numériques de la Coupe Davis de tennis et de son pendant féminin la Fed Cup, les deux plus grandes compétitions de ce sport par équipes.Le contrat, dont le montant n’a pas été dévoilé, porte sur les sept prochaines saisons et démarre dès 2015. Dans un communiqué, la Fédération de tennis précise que ce partenariat à pour but « d’accroître l’exposition globale et la qualité de la couverture de la Coupe Davis et de la Fed Cup » aussi bien à la télévision que sur les réseaux numériques.En s’emparant des droits de la Coupe Davis, BeIN Sports poursuit son offensive dans l’univers de la petite balle jaune. La chaîne disposait déjà des droits du tournoi de Wimbledon, du Masters de Londres ou encore des principaux tournois du Masters 1000 (hors Monte-Carlo et Bercy).La Fed Cup et la Coupe Davis étaient jusqu’à présent diffusées sur Sport + (groupe Canal+) avec France Télévisions en relais pour tous les matches des équipes de France masculine et féminine.Comme pour d’autres sports (football, handball,…) la législation française en matière de droits sportifs précise en effet que si une équipe de France atteint les demi-finales, les matches doivent être diffusés en clair. Ce fut le cas récemment avec la demi-finale et la finale du championnat du monde de handball au Qatar.Le premier tour de Fed Cup, programmé les 7 et 8 février entre la France et l’Italie, sera diffusé sur France 4.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon C’est la fin d’un long calvaire pour Peter Greste. Après quatre cents jours de détention, dont un mois à l’isolement, le journaliste australien de la chaîne en langue anglaise Al-Jazira a été expulsé par les autorités égyptiennes. Dimanche 1er février, il s’est envolé pour Chypre. Peter Greste avait été condamné en juin 2014 avec deux autres journalistes de la chaîne, l’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy et l’Egyptien Baher Mohammed, à des peines de sept à dix ans de prison pour diffusion de « fausses informations » et soutien à une organisation terroriste, les Frères musulmans. Ils avaient été arrêtés lors d’une descente – filmée et diffusée à la télévision égyptienne – dans leurs chambres de l’hôtel Marriott, au Caire, le 29 décembre 2013.En expulsant Peter Greste, l’Egypte se débarrasse d’une affaire qui a terni son image à l’étranger. Leur procès a été dénoncé comme une farce par les organisations des droits de l’homme internationales. Les trois journalistes ont été pris en otages d’un différend politique entre l’Egypte et le Qatar autour de la chaîne que finance l’émirat et que l’Egypte accuse d’être le porte-voix des Frères musulmans. Ces derniers sont l’objet d’une sévère répression de la part des autorités depuis la destitution par l’armée du président islamiste, Mohammed Morsi, le 3 juillet 2013.Ils ont été soutenus par une importante campagne médiatique de la chaîne Al-Jazira et des médias du monde. Quant aux autorités australiennes, elles ont travaillé sans relâche pour obtenir la libération de leur ressortissant. Le Canada s’est également démené pour trouver une issue pour le sien, Mohammed Fahmy. Le président américain, Barack Obama a demandé à son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, d’user de la grâce présidentielle pour mettre un terme à leur emprisonnement, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2014. Le réchauffement des relations entre l’Egypte et le Qatar à la fin 2014 – et notamment la fermeture en décembre par le Qatar de sa chaîne égyptienne d’informations en continu Misr Moubasher – relancé l’espoir pour les trois hommes.Loi taillée sur mesureA plusieurs reprises, le raïs égyptien a confié à la presse qu’il aurait mieux valu expulser les journalistes pour épargner à l’Egypte cette mauvaise publicité. Au nom du respect de l’indépendance de la justice, il avait toutefois exclu d’interférer dans la procédure. La possibilité d’une grâce présidentielle, qu’il avait évoquée, était ainsi suspendue à la fin du procès en appel. Le 1er janvier, la Cour de cassation égyptienne a accepté l’appel. La décision, saluée unanimement, promettait toutefois les trois journalistes à de longs mois de détention dans l’attente du verdict. Les autorités égyptiennes ont finalement décidé de recourir dans le cas de Peter Greste à une loi taillée sur mesure, promulguée par décret présidentiel fin 2014, prévoyant l’expulsion de prévenus étrangers pour être rejugés ou pour purger leur peine dans leur pays.L’expulsion de M. Greste n’éteint pas la procédure. Conformément à la loi, s’il est condamné en appel, il devra purger en AUstralie. « Nous sommes heureux d’apprendre la libération de Peter Greste, mais on aurait espéré qu’il soit libéré parce qu’innocent, sur la base de lois normales, plutôt que grâce à une loi inconstitutionnelle », a estimé auprès des médias égyptiens Gamal Eid, le directeur du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme. Les défenseurs des droits de l’homme et les proches de MM. Fahmy et Mohammed craignent que les deux journalistes soient oubliés et laissés à leur triste sort. « Nous ne nous arrêterons pas tant que Baher et Mohammed n’auront pas retrouvé leur liberté aussi », a indiqué Mostapha Souag, le direction général d’Al-Jazira. « Les autorités égyptiennes ont le pouvoir de mettre un terme à cela proprement et c’est ce qu’elles doivent faire. » Peter Greste a promis, par la voix de son frère Andrew, qu’il se battrait pour ses collègues.L’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy, qui souffre de complications de santé liées à une hépatite C, pourrait être expulsé vers le Canada, selon certaines sources. Il en a fait la demande début janvier. Des sources judiciaires estiment qu’il devra renoncer à sa citoyenneté égyptienne pour bénéficier de la même loi que Peter Greste, qui ne s’applique pas aux binationaux. « Pourquoi un être humain doit-il renoncer à sa citoyenneté pour être libéré de prison pour un crime qu’il n’a pas commis ? », ont questionné ses proches sur le compte Twitter qu’ils alimentent en son nom. Ils espèrent encore que le président Sissi lui offrira une alternative. Dans une lettre rendue publique le 1er février au matin, sa mère Wafa Abdel Hamid Bassiouni a imploré le président Sissi de lui accorder sa grâce, l’assurant de sa loyauté envers l’Egypte. Baher Mohammed ne dispose pour sa part d’autre issue que d’être innocenté ou gracié en appel.Le Caire revoit sa stratégie dans le SinaïLe président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé, dimanche 1er février, l’allocation de 1,3 milliard de dollars (1,145 milliard d’euros) à un programme de développement et de lutte antiterroriste dans le nord du Sinaï. Une nouvelle université consacrée au roi saoudien défunt Abdallah, parrain du Caire, y sera inaugurée. La veille, le chef de l’Etat avait annoncé la formation d’un commandement militaire unifié pour lutter contre l’insurrection djihadiste dans la péninsule désertique, sous les ordres du lieutenant-général Ossama Askar. Ces annonces font suite à l’attaque coordonnée de grande ampleur menée, jeudi, dans les villes d’Al-Arich, de Cheikh Zouweid et de Rafah par la province du Sinaï, la branche égyptienne de l’Etat islamique. Au moins 30 personnes, dont une majorité de militaires, ont été tuées dans ces attaques, qui ont fait une centaine de blessés.Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.02.2015 à 20h13 • Mis à jour le03.02.2015 à 11h10 | Alexis Delcambre Plus de musique, un ancrage clair dans les cultures urbaines et une grille simplifiée : ce sont les ingrédients du nouveau Mouv’ qu’a lancé Radio France, lundi 2 février à 6 heures.Sous la direction de Bruno Laforestrie, ancien patron de la radio Generations, l’antenne promet de s’adapter « aux attentes musicales des 15-30 ans en se positionnant fortement sur le hip-hop et l’électro », et d’user d’un « ton inédit et singulier » en s’inspirant des « différentes formes d’expression de la rue, véritable vivier de talents et de langages ».« C’est une radio qui va parler le langage des jeunes et employer leurs codes », décrit Mathieu Gallet, PDG de Radio France. Un jeu sur la langue sera ainsi proposé : « Dictées dans la cité », en lointain hommage à Bernard Pivot. Les auditeurs pourront aussi prendre la parole en laissant un message sur le « Rapondeur ».Selon ses concepteurs, la musique revient au centre du projet : elle occupera 75 % du temps d’antenne, contre 50 % actuellement. La radio ambitionne de servir de tremplin à de jeunes talents dont la diffusion se fait actuellement sur les réseaux sociaux.Favoriser la circulation des contenusLa grille est simplifiée, avec des tranches de trois heures qui remplacent les multiples rendez-vous de la formule précédente. Points saillants : le « Good Morning Cefran » (6-9 heures), présenté par l’animateur Pascal Cefran ; « Mouv’Express » entre 12 et 16 heures ; et le magazine « 20#20 », présenté par Guillaume Tatu à 20 h 20, qui abordera « les grands problématiques de la jeunesse : marché du travail, drogue, sexualité… », selon M. Gallet.Sur Internet, une nouvelle version du site va être proposée. Surtout, Mouv’ – sa nouvelle appellation – favorisera la circulation de ses contenus, pour qu’ils puissent être facilement partageables sur les réseaux sociaux ou les grandes plates-formes comme YouTube.Cette relance du Mouv’– la troisième en trois ans – est censée répondre à l’échec actuel de la station. Créée il y a dix-huit ans, devenue au début des années 2000 une incarnation de « l’esprit rock », avant de s’égarer dans une succession de nouvelles formules, elle atteint péniblement 200 000 auditeurs cumulés, soit une part de marché inférieure à 0,5 %.C’est un problème pour un groupe qui veut en faire un canal de recrutement de nouveaux auditeurs et qui, par ailleurs, est désormais en situation déficitaire – avec 21 millions d’euros manquants au budget 2015. La direction de Radio France espère remonter à au moins 1 % de part d’audience d’ici à fin 2016 et assume que, dans le cas contraire, il faudra « revoir le modèle » – comprendre arrêter l’exploitation sur la bande FM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Le cliché est entêtant, largement partagé : un banquier travaille toujours beaucoup, est stressé et surtout ne pense qu’à la finance. Grand brun calme, à la voix posée, Bernard Mourad, lui, ne colle pas vraiment à la représentation que l’on se fait du financier classique. Encore moins à celle du spécialiste de chez Morgan Stanley qui a œuvré pour la victoire de Patrick Drahi, son client de toujours, dans le duel épique qui l’opposa, en avril 2014, à Martin Bouygues pour le rachat de SFR. Pourtant, c’était bien lui. Travaillant d’arrache-pied sur le financement et l’exécution de l’opération le jour, mais s’occupant à une toute autre activité la nuit : le développement et la promotion d’une application mobile, My SOS, un réseau social solidaire.Aujourd’hui, M. Mourad quitte Morgan Stanley, et vient d'être nommé à la tête de Mag & News Co, le groupe de presse constitué par Patrick Drahi. Et qui regroupe Libération, L'Express, la chaîne d'information basée en Israël i24, ainsi que les titres de Marc Laufer, comme 01net. Ce dernier va d’ailleurs devenir le directeur général du nouvel ensemble. Selon l’entourage de M. Drahi, Bernard Mourad devra gérer la stratégie du groupe, son développement à l’international, ainsi que les futures acquisitions et les relations institutionnelles.Deux romans, une appli, une pièce de théâtreUne tâche qui viendra s'ajouter à toutes les autres... Car Bernard Mourad ne peut se satisfaire d’une seule activité : après avoir publié déjà deux romans et avoir fait avancer son application mobile, sa nouvelle lubie nocturne consiste en l’écriture d’une pièce de théâtre. Un huis clos entre le président grec Georges Papandréou, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel au moment du référendum sur l’aide à la Grèce.Né à Beyrouth en 1975 d’un père libanais chrétien et d’une mère juive d’origine marocaine, M. Mourad aurait dû travailler dans la santé, grande spécialité de la famille : son père est cardiologue, son frère est un spécialiste reconnu de l’hypertension, sa sœur, enfin, est infirmière. Mais il a choisi la banque, et l’écriture, son autre grande passion.Il n’a que 2 ans quand sa mère décide de rapatrier ses enfants en France pour fuir la guerre civile qui fait rage au pays du cèdre. Son père reste, convaincu que des temps plus calmes vont revenir, et que sa famille pourra rentrer.Arrivé en France, il fréquente les meilleures écoles de la république. Lycée Buffon dans le 15e arrondissement, puis Sciences Po et HEC. C’est un stage dans la section télécoms et médias de la banque Morgan Stanley qui lui ouvre les portes de la prestigieuse institution. Il ne changera plus jamais de secteur.« Anges gardiens »Son histoire avec Patrick Drahi commence en 2004. A l’époque, le future nabab n’est pas encore très connu. Il souhaite racheter Noos pour constituer un groupe hexagonal spécialisé dans le câble. Bernard Mourad et Dexter Goei, actuel PDG d’Altice (la holding luxembourgeoise du milliardaire, mais à l’époque lui aussi banquier chez Morgan Stanley) le conseillent. Les trois hommes ne se quitteront plus. Les deux financiers accompagnent M. Drahi dans ses opérations européennes, mais aussi israéliennes.L’idée de lancer son application, M. Mourad l’a eue grâce à une anecdote racontée au passage par un ami. Dans un immeuble de la région parisienne, une vieille dame fait un malaise. Elle a à peine le temps de prévenir le SAMU et s’écroule. Arrivés 15 minutes après l’appel, les urgentistes n’ont pas le temps de la réanimer, elle est déjà morte d’un arrêt cardiaque. Or, son voisin avait son brevet de secouriste, et aurait pu pratiquer les premiers soins cruciaux en attendant le SAMU.Le banquier a alors l’idée de créer un réseau social solidaire dans lequel une partie des membres, appelés les « anges gardiens », pourraient indiquer leurs compétences médicales. Les autres, plutôt en besoin d’aides, renseignent leurs pathologies chroniques, leur groupe sanguin ou encore les coordonnées de leur médecin traitant. En cas de détresse, un seul clic sur l’appli, et tout le réseau d’anges gardiens est prévenu.MySOS existe sur iPhones et smartphones Android. Lancée fin 2013, l’appli bénéficie du soutien de la Fédération française de cardiologie et de la Croix rouge. Elle compte aujourd’hui plus de 100 000 membres en France. Et pourrait bientôt s’exporter dans d’autres pays.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.02.2015 à 10h20 • Mis à jour le07.02.2015 à 18h05 | Alexandre Piquard « BuzzFeed s’est lancé en France sur le divertissement mais veut aujourd’hui passer à une nouvelle étape en se mettant aux news et à l’actualité. C’est pour cela que j’ai été embauchée. » Cécile Dehesdin résume ainsi le poste de rédactrice en chef française du site de contenu viral américain qu’elle occupera à partir du 24 février. La journaliste de 27 ans est chargée de recruter trois autres personnes pour porter l’équipe à six membres.Début novembre 2013, BuzzFeed avait choisi de se lancer en France avec une équipe ultra-légère : deux journalistes, l’une à Paris, l’autre à New York. Aujourd’hui sont recherchés deux profils de « viral news reporters », qui « prennent le Web comme terrain », explique Mme Dehesdin. On les veut plutôt généralistes, capables de repérer sur les réseaux sociaux des sujets politiques, de société, environnementaux… Est aussi envisagé un profil de journaliste plus spécialisé, par exemple sur les « minorités ». Cécile Dehesdin est une jeune journaliste Web à la trajectoire ascendante : titulaire d’un master de « journalisme numérique » à l’université de Columbia, aux Etats-Unis, elle a débuté au site d’informations Slate fin 2008, avant de connaître trois transferts : elle est passée à L’Express.fr comme « chef des infos », puis a été rappelée à Slate comme rédactrice en chef adjointe, en septembre 2014. Avant d’être débauchée par BuzzFeed.La « nouvelle étape » souhaitée par BuzzFeed peut être vue comme le signe que ses résultats en France sont décevants et que le lancement n’a pas été le succès escompté. Cécile Dehesdin estime, elle, que le bilan de l’édition française est plutôt bon, « sinon BuzzFeed ne chercherait pas à la développer ».Audience « doublée »La société américaine, non cotée en Bourse, donne peu de chiffres, mais se dit satisfaite d’avoir « doublé » son audience française, entre décembre 2013 et décembre 2014. Celle-ci reste modeste : selon Mediametrie-NetRatings, BuzzFeed a accueilli 649 000 visiteurs uniques en décembre 2014 et entre 400 000 et 500 000 de juillet à novembre. L’audience mobile est, elle, évaluée à 218 000 visiteurs uniques en novembre. En comparaison, les sites de buzz sous la marque française Melty rassemblent 2,1 millions de visiteurs uniques en décembre, le site Minutebuzz 1 million (mais atteint aussi 1 million sur mobiles). L’édition française du site d’information américain HuffingtonPost (dont Le Monde est actionnaire) est créditée de 3 millions de visiteurs uniques. Sans parler de concurrents comme Topito ou Ledemotivateur.En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignonsL’évolution de la stratégie de BuzzFeed en France est aussi le fruit de leçons apprises sur les goûts des lecteurs : « En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignons, comme les articles sur les chatons, résume Scott Lamb, le responsable du développement international. Sur les réseaux comme Facebook ou Twitter, ils ont un profil social plus sérieux que nos lecteurs américains. Les Français ont envie d’échanger sur l’actualité. » Et seraient aussi friands d’information internationale.Comme exemple de contenu réussi, M. Lamb cite le questionnaire comparant des citations de 50 Nuances de Grey (E. L. James, éd. JC Lattès) et du livre de l’ex-première dame Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment (Les Arènes). Cécile Dehesdin relève des billets « au regard ironique, voire absurde », comme « les citations d’Eric Zemmour transformées en posters pour les toilettes ».Pour la maison mère BuzzFeed, l’adaptation faite en France dénote un ajustement de sa stratégie de développement international, cruciale. Déjà présente dans six pays avec sept éditions internationales, BuzzFeed veut s’implanter dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Mais, contrairement aux lancements français ou allemand, s’y dotera d’emblée d’équipes locales. Aujourd’hui, 35 % à 40 % de l’audience de BuzzFeed vient de l’extérieur des Etats-Unis, détaille M. Lamb. Et 40 journalistes (sur 250) sont implantés en territoire américain.Débaucher des journalistesL’autre grand axe stratégique est la vidéo : 60 « éditeurs » sont déjà au travail dans les studios montés à Los Angeles. La production de vidéos maison est d’autant plus importante que BuzzFeed est financé à 100 % par la publicité et s’est fait une spécialité de publier du « contenu de marque », rédigé pour ou par les annonceurs, mais ambitionnant d’être aussi accrocheur que les articles de la rédaction. La même logique est appliquée à la vidéo.Depuis trois ans, aux Etats-Unis, BuzzFeed poursuit une politique ambitieuse de développement d’un contenu d’actualité, recrutant des journalistes de médias établis, sous l’impulsion de Ben Smith, venu du site d’information Politico. Un moyen de conquérir de nouveaux lecteurs et de faire évoluer son image.Le site est aussi connu pour son usage très poussé des « données » : afin d’indiquer à chaque rédacteur les statistiques d’un article sur BuzzFeed et les réseaux sociaux, ou bien de cibler sciemment une catégorie sociale, comme les « Latinos », sous-représentés dans le lectorat… Enfin, une équipe de six personnes est chargée de développer du contenu spécialement dédié aux réseaux sociaux émergents comme Pinterest, Vine, Twitter ou Instagram, raconte M. Lamb, tout en précisant « qu’il est encore tôt pour savoir l’ampleur que cette activité va prendre ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 16h47 • Mis à jour le06.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre La température monte d’un cran à Radio France. Quelques semaines après que le PDG, Mathieu Gallet, a annoncé un déficit de 21 millions d’euros pour 2015, cinq organisations syndicales ont lancé un appel à la grève, pour le mercredi 11 février.Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants »Cet appel à la grève vise autant la direction de l’entreprise que l’Etat actionnaire, jugés coresponsables du « naufrage budgétaire » et de « la grande casse de Radio France qui s’annonce ».Dans un tract, le syndicat SUD fait notamment référence à des documents de travail de la direction. Ceux-ci évoquent un « plan d’économies [qui] consiste à trouver 50 millions d’euros » - une somme correspondant au déficit prévu en 2019.« Si ressources propres rapportent 10 ME, rationalisations, diffusions rapportent 15 ME, trouver 25 ME sur la masse salariale… », est-il écrit sur ces documents, selon le syndicat. Il cite également une mention d’« effectifs non opérationnels » à « identifier » et des « projets de mutualisation concernant les rédactions et les journalistes ».Probable plan de départsSelon nos informations, ce document serait issu d’un séminaire qui s’est tenu le mercredi 28 janvier à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, au niveau du « comité de direction élargi » (environ 65 cadres). Lors de ce séminaire, ces cadres ont planché sur les façons d’atteindre ce volume d’économies.À la direction de Radio France, on indique donc qu’il s’agit de « pistes de retour à l’équilibre » élaborées dans le cadre de la négociation du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) avec l’Etat. Ce COM doit encadrer la période 2015-2019 et la négociation doit s’achever fin mars.Au ministère de la culture, où l’intersyndicale de Radio France a été reçue il y a quelques jours, on confirme que le COM inclura l’objectif de retour à l’équilibre, mais on rappelle aussi que le budget de l’audiovisuel public a été stabilisé pour les trois ans à venir. La date du retour à l’équilibre fait encore partie des discussions.Une certitude : des économies sévères s’annoncent. M. Gallet n’a jamais caché sa volonté de développer de nouvelles sources de revenus - on parle d’exploitation du parking de la Maison de la radio, d’un restaurant, d’une librairie… Et il avait déjà évoqué, en janvier, une économie possible de 15 millions d’euros sur les coûts de diffusion, si Radio France cessait d’émettre en ondes moyennes et longues.Par contre, c’est la première fois qu’un chiffrage d’éventuelles mesures de départ sort. En interne, cela accrédite l’idée qu’un plan de départs est inéluctable. Dans les couloirs de la Maison de la radio, ces dernières semaines, cette perspective inquiète, tout comme les mutualisations engagées entre différentes équipes éditoriales, par exemple sur le sport.Malgré cette inquiétude, les syndicats ne sont pas sur la même ligne. FO et le SNJ n’appellent pas à la grève pour mercredi, jugeant que cette initiative vient trop tôt, alors qu’il n’y a pas eu d’annonces officielles. Et refusant d’affaiblir une opération prévue mercredi sur France Bleu, un mois après les manifestations du 11 janvier.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Damien Leloup On peut améliorer ses revenus tout en stagnant en nombre d’utilisateurs : c’est la leçon paradoxale administrée par Twitter à l’occasion de ses résultats de l’année 2014, présentés jeudi 5 février.Alors que de mauvais chiffres étaient attendus, le réseau social a rassuré les investisseurs. Son chiffre d’affaires a quasiment doublé entre 2013 et 2014. L’an dernier, Twitter a engendré 1,4 milliard de dollars (1,22 milliard d’euros) de revenus, et sa perte nette s’est réduite de 10 %, à 578 millions de dollars.Ces chiffres restent loin des 12,5 milliards de dollars engrangés en 2014 par Facebook, le leader du « social ». Mais ils témoignent d’une meilleure monétisation d’un réseau qui tarde à faire ses preuves dans ce domaine et dont le titre en Bourse a perdu 38 % en un an depuis son introduction, fin 2013. Pour 2015, Twitter annonce 2,30 à 2,35 milliards de dollars de chiffre d’affaires.Réintégrer les tweets à GoogleLa compagnie fondée en 2006 profite donc de l’explosion du marché de la publicité en ligne, et notamment sur mobile. Selon l’institut d’études eMarketer, sa part du marché de la publicité digitale mondiale a augmenté de 0,49 %, en 2013, à 0,84 %, en 2014 (contre 5,75 % et 7,75 % pour Facebook). Et sur le mobile, dont le marché a plus que doublé en 2014, la part de Twitter a atteint 2,56 %, contre 18,4 % pour le réseau de Marck Zuckerberg.Twitter a récemment multiplié les annonces pour crédibiliser ses efforts sur le front de la monétisation. Le 4 février, le réseau annonçait avoir conclu des accords pour diffuser ses publicités sur d’autres supports que Twitter, notamment Yahoo! et Flipboard. Un argument supplémentaire pour tenter de séduire les annonceurs.Jeudi 5 février, le PDG, Dick Costolo, a confirmé que Twitter et Google étaient parvenus à un accord. Selon l’agence Bloomberg, celui-ci vise à réintégrer les tweets dans les résultats de recherche de Google. Cet accord devrait booster le trafic enregistré sur Twitter, potentiellement exposé aux près de 2 milliards d’utilisateurs du moteur de recherche. M. Costolo n’a pas indiqué si une contrepartie financière, ou un accord de partage des revenus publicitaires, avait été conclue entre Google et Twitter.Ces initiatives viennent contrebalancer une réalité moins glorieuse pour Twitter : le ralentissement de la croissance de son nombre d’utilisateurs. Cette baisse a été prononcée au quatrième trimestre 2014, avec seulement 4 millions de nouveaux utilisateurs dans le monde, contre des progressions de 14, 16 puis 13 millions lors des trois trimestres précédents.Signes de nervositéTwitter dit attendre de meilleurs résultats en 2015 et rappelle qu’il a subi en fin d’année « un bug imprévu » dans l’intégration du réseau avec iOS8, la dernière version du système d’exploitation d’Apple. Le réseau a achevé 2014 avec 288 millions d’utilisateurs.Pour sa défense, le réseau invoque aussi « les plus de 500 millions de visiteurs qui viennent sur des sites de Twitter mais ne s’enregistrent pas » et « les centaines de milliards » de tweets repris automatiquement dans des bandeaux d’émissions de télévision ou des fenêtres dédiées sur des sites Internet tiers.Reste que ce ralentissement dans les recrutements intervient dans un contexte où l’entreprise multiplie les signes de nervosité. Dernier exemple, la publication cette semaine par le site américain The Verge d’un mémo interne dans lequel Dick Costolo ne mâche pas ses mots pour constater l’échec des mesures prises pour limiter les comportements agressifs sur le réseau social.« Notre manière de lutter contre le harcèlement et les trolls est nulle, et elle est nulle depuis des années (…), a écrit M. Costolo dans cette note et un e-mail envoyé aux salariés. Nous perdons des utilisateurs chaque jour parce que nous ne répondons pas de manière appropriée au trolling dont ils sont victimes chaque jour. »Ces derniers mois, plusieurs affaires de harcèlement de personnalités publiques avaient attiré les critiques contre Twitter, accusé de rester trop passif. Zelda Williams, la fille de Robin Williams, avait ainsi quitté le réseau social après avoir reçu de nombreux messages haineux liés au suicide de son père. Le vif débat qui a eu lieu fin 2014 sur le sexisme dans le milieu du jeu vidéo avait également vu la publication d’une multitude de messages de menace ou de harcèlement sur Twitter.En France, cet aveu d’échec pourrait trouver un écho particulier : des organisations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme protestent depuis plusieurs années contre la politique de modération de Twitter, jugeant que le réseau social est trop laxiste et estimant, pour certaines, que Twitter devrait censurer pro-activement certains mots-clés ou hashtags.Après les attentats qui ont frappé la France en janvier, le premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, ont également déclaré à plusieurs reprises, sans toutefois citer nommément Twitter, que les réseaux sociaux devaient être plus volontaristes dans la lutte contre la diffusion de contenus appelant à la haine.Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un « amendement Charb » devait être voté jeudi 5 février au Sénat. En référence au défunt dessinateur et directeur de la publication du journal satirique, dont l’équipe a été décimée le 7 janvier. Le texte vise à favoriser l’actionnariat citoyen dans des titres de presse : concrètement, il propose aux particuliers de prendre une participation dans un journal avec une réduction d’impôt de 30 %, pour des investissements jusqu’à 2 000 euros. Le taux est porté à 50 % pour les entreprises de « presse solidaire », un statut créé pour les médias qui réinvestissent beaucoup et distribuent peu de dividendes.La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a décidé de déposer sa version de l’« amendement Charb » à la proposition de loi sur la modernisation de la presse du député socialiste Michel Françaix. Sa proposition vient après d’autres d’inspiration similaire, émanant de sénateurs : Pierre Laurent (PCF), David Assouline (PS) et François Commeinhes (UMP).Le débat sur le sujet est antérieur aux attentats de début janvier. « Charb et Charlie Hebdo nous avaient adressé une demande début décembre 2014, pour faire adopter un nouvel article de loi facilitant le financement par souscription des journaux », a ainsi raconté Pierre Laurent dans ses voeux du 12 janvier, faisant le « serment » de faire adopter un amendement.Le mécanisme s’inspire du crowdfundingDans la proposition de loi Françaix a d’abord été adopté le statut d’entreprise de « presse solidaire », en réponse notamment aux demandes du site d’information Mediapart. « L’amendement Charb » ajoute une incitation par la défiscalisation, réservée à ces titres (ou à ceux d’information politique et générale, à un taux moindre).Le mécanisme s’inspire du crowdfunding, du financement participatif, précise-t-on Rue de Valois. Il s’ajoute à l’autre dispositif ouvert aux particuliers qui souhaitent aider les médias : le fonds Presse et pluralisme. Ce dernier ne propose pas de devenir petit actionnaire mais de faire des dons, défiscalisés à 66 % (60 % pour les entreprises). Comme ceux collectés ces dernières semaines pour Charlie Hebdo. Enfin, le gouvernement promet toujours de réformer les aides à la presse. Celles destinées aux journaux à faibles ressources publicitaires sont par exemple réservées aux quotidiens (L’Huma, La Croix…) et excluent des titres comme Le Monde diplomatique ou Charlie Hebdo.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est une question d’équilibre entre les principes de transparence, d’égalité et de protection », résume au Monde Olivier Schrameck, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Mercredi 4 février, l’autorité a présenté la méthodologie qu’elle a retenue pour la nomination du prochain président de France Télévisions, à laquelle elle doit procéder d’ici au 22 mai.Avec un changement de taille par rapport à la procédure appliquée lors de la nomination de Mathieu Gallet à la tête de Radio France, début 2014 : cette fois, « le Conseil établira une liste restreinte de candidats qu’il auditionnera », mais « cette liste sera rendue publique à la condition qu’aucun des candidats retenus ne s’y oppose auprès du président », selon le CSA.Il suffira donc qu’un seul des postulants à la succession de Rémy Pflimlin refuse que son nom soit rendu public pour que la liste entière reste secrète – une hypothèse hautement probable. Alors que dans le cas de Radio France, le CSA avait publié, avant les auditions, la liste des six candidats présélectionnés.Pourquoi ce changement de règles, au risque de réduire la transparence quant à une nomination sensible et souvent décrite comme politique, ou d’être taxé d’« opacité », comme l’a glissé à chaud au Monde, dès mercredi, un dirigeant du secteur audiovisuel ?C’est que le CSA a tiré les leçons de la procédure Radio France. « Dans l’ensemble, celle-ci a bien fonctionné, explique M. Schrameck. Mais force est de constater que les six candidats retenus pour les auditions étaient – à l’exception du président sortant et du président d’un syndicat de radios, le Sirti – soit des responsables publics, soit des personnes sans emploi. Or, le collège du CSA ne souhaitait pas adopter une procédure qui dissuaderait des candidats ayant des responsabilités dans le secteur privé. »Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires. Le CSA se doit de « choisir parmi les compétences les plus riches et les plus étendues », souligne son président, « sans courir le risque d’exclure une catégorie de candidats ». Enfin, il ne peut recourir à une présélection par un de ses membres, car au plan légal, « la procédure doit mettre tous les membres du collège dans la même situation ».Pour espérer attirer des profils variés, et notamment des dirigeants en poste dans de grands groupes privés, il faut donc leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi dans l’hypothèse où leur candidature n’aboutirait pas. Parmi les hauts cadres du secteur, seul Denis Olivennes (Lagardère Active) s’est à ce jour exprimé, pour assurer qu’il ne serait pas candidat.« Alchimie équilibrée »« A première vue, cette procédure me semble de nature à respecter l’anonymat des candidats qui souhaiteraient l’être, a commenté au Monde un dirigeant du secteur audiovisuel, qui préfère ne pas être cité. A deux réserves près : d’une part, le degré de confidentialité des huit membres du collège ; et d’autre part, l’après-désignation : n’y aura-t-il pas un moment où les langues se délieront ? » « C’est un progrès, a confirmé un autre. Mais la procédure oblige encore à faire acte de candidature. Et sa confidentialité repose sur l’étanchéité des huit membres du conseil… donc je ne suis pas sûr que ce soit si différent du passé. »Aucune procédure ne pourra en effet garantir l’absence de fuite dans la presse. Même si les huit membres du collège seront interdits de contacts – autres que les auditions – avec les candidats retenus à partir du 1er avril, date d’ouverture des enveloppes de candidature.« La procédure est contraire à la nécessaire publicité des projets des candidats retenus », dénonce sur Twitter Serge Cimino, reporter à France 3 et membre de la section SNJ (Syndicat national des journalistes) de France Télévisions, seul candidat déclaré à ce jour. Tout en reconnaissant qu’aucun texte n’oblige le CSA à diffuser les projets des candidats.Au Parlement, ces nouvelles dispositions semblent avoir convaincu, à droite comme à gauche. « Si le CSA estime qu’il vaut mieux que les noms ne soient pas connus, cela ne me choque pas », indique Franck Riester, député (UMP) et membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. « C’est une alchimie bien équilibrée, déclare de son côté Patrick Bloche, le président (PS) de cette commission, au Figaro. M. Schrameck ne pourra pas être accusé de mettre en place une procédure opaque. Et d’un autre côté (…), il ne se prive pas d’ouvrir le champ des compétences. » « Si on veut avoir des candidatures libres, il faut qu’elles soient libres de tous côtés », reconnaît, au Sénat, Jean-Pierre Leleux, membre (UMP) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.« Ce sera peut-être un poisson d’avril », plaisante l’actuel PDG, Rémy Pflimlin, en référence à la date d’ouverture des enveloppes. M. Pflimlin ne s’est pas encore prononcé sur sa propre candidature. Il se dit « au travail », loin de ces questions procédurales, et dans l’attente du rapport que le gouvernement doit publier, fin février, sur la redéfinition des missions de l’entreprise publique. Mercredi encore, le PDG était auditionné au Sénat dans le cadre d’une table ronde sur l’avenir de France Télévisions. L’occasion pour lui de défendre son bilan, mais aussi de plaider pour une indépendance renforcée et une plus grande « continuité » dans la gouvernance de l’entreprise. Sans préciser si cette continuité incluait à ses yeux l’identité de son président.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.02.2015 à 11h20 • Mis à jour le04.02.2015 à 17h19 | Guillaume Fraissard A la tête de France Médias Monde (FMM), qui regroupe les radios RFI, Monte Carlo Doualiya et les antennes de France 24, Marie-Christine Saragosse a un poste d’observation privilégié pour mesurer comment la France est perçue à l’étranger. Après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, elle revient sur le traitement des événements par les chaînes de l’audiovisuel extérieur français et sur leur place dans le paysage médiatique mondial.Comment les équipes de France Médias Monde ont-elles vécu la période qui a suivi les attentats ?Nos équipes ont été en première ligne pour voir que, dès le 7 janvier, Paris était devenue le centre du monde, qu’il y avait un véritable élan de solidarité dans de nombreux pays. Mais nous avons aussi vu sur les réseaux sociaux des attaques extrêmement violentes contre des journalistes arabophones de nos médias qui avaient dit « Je suis Charlie » et parlé de la laïcité et de la liberté d’expression. Cela a été très dur à vivre.Comment avez-vous géré le fait de montrer ou non la couverture de « Charlie Hebdo » ?Nous l’avons montrée, y compris sur nos antennes en langue arabe. Mais nous nous gardons bien de simplifier les choses. A l’étranger, certaines chaînes ont montré en boucle les images du policier assassiné à Paris, avec des plans arrêtés sur chaque scène de cet assassinat. En revanche, les caricatures étaient floutées. Nous avons fait le contraire. On a coupé la séquence de l’assassinat et montré la « une » de Charlie. Si nos antennes, présentes dans près de 300 millions de foyers dans le monde, ont aujourd’hui de bons résultats, c’est parce que nous racontons des choses différentes. Et il y a une vraie attente pour cela.Le thème de la laïcité est-il simple à aborder quand on s’adresse à un public mondial ?Nous avons passé du temps à réfléchir à ce sujet. Nous avons essayé de traduire ce mot, et ce n’est pas simple. Il faut parfois une périphrase pour l’expliquer !On s’appelle « France » mais nous sommes internationaux, et le dialogue ne peut pas être unilatéral. Nous sommes en permanence dans le débat d’idée. Après les attentats, nos journalistes, nos correspondants, sont intervenus dans soixante médias étrangers pour expliquer la France, éviter les simplifications et les analyses à la Fox News.Après l’onde de choc de ces attentats, la mission de France Médias Monde doit-elle évoluer ?C’est plutôt le regard sur l’audiovisuel extérieur qui doit changer. Nous savons depuis longtemps ce qui se passe ailleurs. Il y a un an, nous avons vécu dans notre chair ce qu’est le prix à payer pour défendre la liberté d’expression. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, nos deux journalistes de RFI, ont été tués au Mali. Des journalistes ont été violées, agressées sur la place Tahir, en Egypte. Il s’agissait d’actes délibérés. On a trop vite considéré que la liberté d’expression étant acquise en France, cela n’était plus un sujet ailleurs.La France a un rôle particulier dans le monde. Elle a une voix singulière, elle ne dit pas la même chose que les chaînes anglophones ou arabophones. Ce rôle apparaît aujourd’hui dans toute son ampleur.La place de France 24 et de son antenne en langue arabe pourrait-elle être renforcée en France ?La présence d’une chaîne de service public en langue arabe en France est une vraie question. Par rapport à d’autres médias arabophones, nous sommes les seuls à défendre une certaine vision du monde. Les pouvoirs publics ont déjà ouvert des espaces. Le débat n’est pas fermé, mais cette présence à un coût.Pendant les événements, France 24 en langue arabe a fait de gros pics d’audience sur le câble. Elle a surtout enregistré une durée d’écoute très longue. Cela signifie que les gens qui sont venus sont restés longtemps, notamment pendant les débats.Dans notre contrat d’objectif et de moyens actuel, il y a une ouverture pour que nous soyons présents en France dans certains endroits. Ainsi, France 24 a eu l’autorisation d’être reprise sur la TNT gratuite en Ile-de-France. Avec la relance de la radio numérique terrestre, je me dis aussi qu’il y a des choses à faire pour Monte Carlo Doualiya avec d’autres radios comme Beur FM ou Africa N°1 avec lesquelles nous avons beaucoup d’affinités.Comment vos chaînes sont-elles perçues à l’étranger ?Nous sommes un groupe de service public, et dans les pays où cette notion est la même que la nôtre, personne ne pense que nous sommes la voix du gouvernement. Pour des pays où c’est moins le cas, certains ont parfois du mal à réaliser que nous sommes indépendants. Pendant les événements en Côte d’Ivoire, il est arrivé que l’antenne soit coupée, parce que nous étions étiquetés « porte-parole de la France ».Mais nos téléspectateurs savent que nous sommes tout sauf des chaînes de propagande. Le slogan de RFI, c’est : « Les voix du monde. » Pas la voix de la France.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard et Alexis Delcambre L’année 2015 sera, pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), celle d’un choix lourd : il doit en effet désigner le président de France Télévisions, entre le 22 avril et le 22 mai.Mais avant ces dates, le CSA affronte un dilemme, sur la procédure à suivre pour choisir ce président - ou cette présidente. Comment rendre le processus plus confidentiel, afin d’attirer les meilleurs candidats, sans pour autant le rendre opaque ?Des pistes sont envisagées, dont celle de ne pas publier le nom des candidats qui seront retenus pour être auditionnés. Autre point : que faire en cas d’égalité des votes, le Conseil comptant désormais huit membres, contre neuf lors de la procédure pour Radio France. Les différentes options sont désormais entre les mains des « sages » et le Conseil doit trancher, mercredi 4 février, cette question épineuse.Rassurer les candidats du privéDans ses vœux du 27 janvier, le président du CSA, Olivier Schrameck, a fait une discrète allusion à cette « procédure que nous aurons collectivement à adopter, compte tenu de l’expérience de la désignation du président de Radio France ». En clair, c’est une référence à un problème récurrent, ravivé à l’occasion de la procédure qui couronna finalement Mathieu Gallet, en 2014 : l’absence de candidats venus du secteur privé.Les profils des candidats à Radio France étaient presque tous issus de la sphère publique et n’occupant pas de poste équivalent dans des médias de taille comparable. Dans le cas de France Télévisions, ce débat est rallumé, notamment depuis que des rumeurs de presse ont évoqué des candidats potentiels issus de grands groupes privés (Christopher Baldelli de RTL, Rodolphe Belmer de Canal+ ou encore Denis Olivennes de Lagardère active), non confirmées.Pour attirer ce type de profil - si telle était l’intention du CSA -, il faudrait pouvoir leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi actuel dans l’hypothèse où leur candidature, une fois publique, n’aboutirait pas. Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires.Certains au CSA se demandent donc s’il n’est pas possible d’assurer aux candidats une plus grande confidentialité. Les solutions sont loin d’être évidentes, car la procédure est strictement encadrée par différents textes légaux. Ainsi, l’idée de mandater un membre du collège - son président ou un autre - pour présélectionner des candidats, un temps évoquée, ne tient pas. Elle se heurte notamment au principe de collégialité des décisions - sans parler de l’attachement des conseillers à leurs prérogatives. « Cela ne pourra pas de faire en petit comité dans un coin », prévient l’un d’eux.Prévenir les fuitesUne piste semble toutefois envisagée : celle de ne pas publier la « shortlist » des candidats qui auront été retenus pour être auditionnés par le collège. Lors de la sélection du président de Radio France, six profils avaient été retenus et leurs noms dévoilés par le CSA.Un autre levier intéresse au sein du CSA : le calendrier. Plus celui-ci est resserré, plus sera limité le risque de fuites dans la presse, pense-t-on.Ces options rencontrent toutefois encore des obstacles. D’abord, certains peuvent rétorquer que limiter la transparence sur le nom des candidats peut alimenter le soupçon de partialité sur une nomination très sensible. Ou celui d’une décision partisane, les patrons de l’audiovisuel public ayant été un temps choisis par le président de la République lui-même.À l’inverse, le choix de ne pas diffuser les noms retenus par le CSA pour audition peut sembler vain. « Dans tous les cas, le CSA ne pourra jamais garantir à un cadre de l’audiovisuel privé une confidentialité totale, tout simplement parce que la décision est collégiale », estime l’un d’eux.Le président Schrameck a plusieurs fois insisté sur l’importance de prévenir les fuites dans la presse. Si cette insistance a globalement porté ses fruits, elle n’a pas empêché un incident majeur, en novembre 2014, avec la publication dans la presse d’une version intermédiaire du bilan quadriennal de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.02.2015 à 10h24 • Mis à jour le03.02.2015 à 15h06 | Alain Beuve-Méry Suivre sa pente pourvu que cela soit en montant. Tel est le chemin qu’aimerait emprunter le marché de la musique enregistrée. Mais, après une année 2013 positive, la première après une décennie de crise, les comptes ont de nouveau viré au rouge en 2014. Le chiffre d’affaires de la musique en France a fléchi de 5,3 % pour atteindre 570,6 millions d’euros en 2014, contre 603,2 millions en 2013.Hors droits voisins perçus sur la diffusion sur les radios, sur les chaînes de télévision, dans les lieux publics et sur la copie privée qui s’élèvent à 112 millions d’euros, le recul atteint même 7 %, selon les chiffres rendus publics, mardi 3 janvier, par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP).Et pourtant, le SNEP qui représente les majors de la musique (Universal, Warner, Sony, etc.), soit 80 % du marché français, veut croire à une révolution des usages. La croissance du streaming (l’écoute de musique sans téléchargement) qui a progressé de 34 % en 2014 constitue, selon le syndicat, le prélude à un nouveau modèle économique prometteur. Le marché physique représente encore 71 % du marché. Son repli de 11 % en 2014, tout comme celui du téléchargement à l’acte (– 14 %) sont les deux facteurs qui expliquent la baisse généralisée de l’industrie du disque. Mais « quelque chose est en train de changer et nous assistons à une restructuration du marché autour du streaming », estime Guillaume Leblanc, délégué général du SNEP. « Le téléchargement s’effondre et le streaming monte en flèche, il y a bien un nouveau modèle qui est en train d’émerger », assure Thierry Chassagne, PDG de Warner Music France.De fait, en 2014, les courbes des revenus se sont inversées pour la première fois entre les deux modes d’écoute de musique dématérialisée en France. Le streaming a rapporté 73 millions d’euros en 2014 et représente 55 % du marché numérique, contre 40 % pour le téléchargement, avec une recette de 54 millions d’euros. Cette baisse traduit un essoufflement du modèle mis en place par Apple avec iTunes. La firme américaine qui a racheté, en mai 2014, Beats, pour 3 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros), entend d’ailleurs devenir un des acteurs majeurs du streaming musical en promouvant lui aussi la lecture en flux.16 % du marché total de la musiqueEn 2014, le marché numérique a progressé de 3,5 points pour atteindre 29 %. A lui seul, le streaming représente 16 % du marché total de la musique, alors que ce mode de consommation de la musique n’a que 7 ans et que ses principaux acteurs sur le marché français (Deezer, Spotify, Qobuz, etc.) sont encore en quête de notoriété auprès du grand public. Pour Yves Riesel, patron de Qobuz, « 2015 sera l’année ou le marché français va s’ouvrir à la concurrence » avec la fin programmée, en juillet, de l’offre liée entre Orange et Deezer.Le modèle de l’abonnement devrait à terme supplanter celui du téléchargement. Pour Pascal Nègre, le patron d’Universal Music France, « la musique est en train de connaître sa quatrième révolution numérique. Après la piraterie, les sonneries téléphoniques et le modèle iTunes, la musique change à nouveau de paradigme avec l’avènement du streaming qui consiste à payer pour un usage et non pour une possession », poursuit-il.Un chiffre traduit ce basculement : 12 milliards de titres ont été écoutés sur les plates-formes de streaming audio en 2014, contre 8,6 milliards l’année précédente, soit une progression de 40 %. Et cela n’inclut pas le visionnage de vidéos musicales sur YouTube ou Dailymotion. Avec près de 11 millions de streamers, c’est 16 % de la population française qui a basculé.Monétiser cette offreEn France, le nombre d’abonnés à un service de streaming audio a grimpé en un an de 1,44 million en 2013 à 2 millions en 2014. Mais, pour que le modèle devienne dominant et surtout rentable économiquement pour les majors comme pour les artistes, il faudrait arriver à 8 ou 10 millions d’abonnés payants.Le deuxième enjeu majeur pour le secteur est d’élever le consentement à payer des amateurs de musique qui se sont habitués pendant plus d’une décennie à écouter sans payer. « Il faut persuader le consommateur que, pour quelques euros de plus, ils auront accès à un service nettement supérieur », explique Stéphane Le Tavernier, PDG de Sony Music France et président du SNEP. L’offre légale en ligne comprend désormais 30 millions de titres, mais les enjeux à venir sont doubles : monétiser cette offre et assurer une meilleure segmentation du marché afin d’atteindre tous les publics.Bonne tenue de la production francophonePour l’année écoulée, les producteurs de musique affichent un deuxième motif de satisfaction, avec la bonne tenue de la production locale et francophone qui assure les trois quarts des revenus des maisons de disques (hors classique). Un chiffre en hausse de 6 % par rapport à 2012. Le nombre d’albums francophones commercialisés est en hausse de 17 % avec 242 albums contre 207 en 2013. En 2014, il y a eu 119 nouvelles signatures d’artistes contre 79 contrats rendus, ce qui fait un solde positif de 40 artistes.Malgré un marché qui s’est fortement restreint, les producteurs de musique dans les majors ou chez les indépendants ont de fait continué à développer de nouveaux artistes. Les dix albums les plus vendus en 2014 concernent des artistes produits localement et chantant en français, avec un mélange d’artistes confirmés Souchon, Voulzy, Julien Clerc Johnny Hallyday, mais aussi Stromae, Indila, Kendji Girac, Fauve, Christine & the Queens.Pour le marché français, 2014 a aussi vu l’achèvement de l’intégration d’EMI et de son principal label Parlophone, au sein de Warner Music France, avec les restructurations afférentes. C’est seulement à partir du printemps 2014 que la major s’est remise à produire des disques. Avec un marché stabilisé qui comprend désormais trois majors et des indépendants, mais surtout avec un modèle économique (le streaming) reposant sur un nouvel usage qui a le vent en poupe, les producteurs de musique espèrent enfin surmonter la révolution numérique qui leur a fait perdre 65 % de leur valeur, sur les quinze dernières années.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard Balles neuves pour la Coupe Davis. La fédération internationale de tennis a annoncé lundi 2 février la signature d’un partenariat avec la chaîne qatarie beIN Sports pour les droits télés et numériques de la Coupe Davis de tennis et de son pendant féminin la Fed Cup, les deux plus grandes compétitions de ce sport par équipes.Le contrat, dont le montant n’a pas été dévoilé, porte sur les sept prochaines saisons et démarre dès 2015. Dans un communiqué, la Fédération de tennis précise que ce partenariat à pour but « d’accroître l’exposition globale et la qualité de la couverture de la Coupe Davis et de la Fed Cup » aussi bien à la télévision que sur les réseaux numériques.En s’emparant des droits de la Coupe Davis, BeIN Sports poursuit son offensive dans l’univers de la petite balle jaune. La chaîne disposait déjà des droits du tournoi de Wimbledon, du Masters de Londres ou encore des principaux tournois du Masters 1000 (hors Monte-Carlo et Bercy).La Fed Cup et la Coupe Davis étaient jusqu’à présent diffusées sur Sport + (groupe Canal+) avec France Télévisions en relais pour tous les matches des équipes de France masculine et féminine.Comme pour d’autres sports (football, handball,…) la législation française en matière de droits sportifs précise en effet que si une équipe de France atteint les demi-finales, les matches doivent être diffusés en clair. Ce fut le cas récemment avec la demi-finale et la finale du championnat du monde de handball au Qatar.Le premier tour de Fed Cup, programmé les 7 et 8 février entre la France et l’Italie, sera diffusé sur France 4.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Sarah Belouezzane Le cliché est entêtant, largement partagé : un banquier travaille toujours beaucoup, est stressé et surtout ne pense qu’à la finance. Grand brun calme, à la voix posée, Bernard Mourad, lui, ne colle pas vraiment à la représentation que l’on se fait du financier classique. Encore moins à celle du spécialiste de chez Morgan Stanley qui a œuvré pour la victoire de Patrick Drahi, son client de toujours, dans le duel épique qui l’opposa, en avril 2014, à Martin Bouygues pour le rachat de SFR. Pourtant, c’était bien lui. Travaillant d’arrache-pied sur le financement et l’exécution de l’opération le jour, mais s’occupant à une toute autre activité la nuit : le développement et la promotion d’une application mobile, My SOS, un réseau social solidaire.Aujourd’hui, M. Mourad quitte Morgan Stanley, et vient d'être nommé à la tête de Mag & News Co, le groupe de presse constitué par Patrick Drahi. Et qui regroupe Libération, L'Express, la chaîne d'information basée en Israël i24, ainsi que les titres de Marc Laufer, comme 01net. Ce dernier va d’ailleurs devenir le directeur général du nouvel ensemble. Selon l’entourage de M. Drahi, Bernard Mourad devra gérer la stratégie du groupe, son développement à l’international, ainsi que les futures acquisitions et les relations institutionnelles.Deux romans, une appli, une pièce de théâtreUne tâche qui viendra s'ajouter à toutes les autres... Car Bernard Mourad ne peut se satisfaire d’une seule activité : après avoir publié déjà deux romans et avoir fait avancer son application mobile, sa nouvelle lubie nocturne consiste en l’écriture d’une pièce de théâtre. Un huis clos entre le président grec Georges Papandréou, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel au moment du référendum sur l’aide à la Grèce.Né à Beyrouth en 1975 d’un père libanais chrétien et d’une mère juive d’origine marocaine, M. Mourad aurait dû travailler dans la santé, grande spécialité de la famille : son père est cardiologue, son frère est un spécialiste reconnu de l’hypertension, sa sœur, enfin, est infirmière. Mais il a choisi la banque, et l’écriture, son autre grande passion.Il n’a que 2 ans quand sa mère décide de rapatrier ses enfants en France pour fuir la guerre civile qui fait rage au pays du cèdre. Son père reste, convaincu que des temps plus calmes vont revenir, et que sa famille pourra rentrer.Arrivé en France, il fréquente les meilleures écoles de la république. Lycée Buffon dans le 15e arrondissement, puis Sciences Po et HEC. C’est un stage dans la section télécoms et médias de la banque Morgan Stanley qui lui ouvre les portes de la prestigieuse institution. Il ne changera plus jamais de secteur.« Anges gardiens »Son histoire avec Patrick Drahi commence en 2004. A l’époque, le future nabab n’est pas encore très connu. Il souhaite racheter Noos pour constituer un groupe hexagonal spécialisé dans le câble. Bernard Mourad et Dexter Goei, actuel PDG d’Altice (la holding luxembourgeoise du milliardaire, mais à l’époque lui aussi banquier chez Morgan Stanley) le conseillent. Les trois hommes ne se quitteront plus. Les deux financiers accompagnent M. Drahi dans ses opérations européennes, mais aussi israéliennes.L’idée de lancer son application, M. Mourad l’a eue grâce à une anecdote racontée au passage par un ami. Dans un immeuble de la région parisienne, une vieille dame fait un malaise. Elle a à peine le temps de prévenir le SAMU et s’écroule. Arrivés 15 minutes après l’appel, les urgentistes n’ont pas le temps de la réanimer, elle est déjà morte d’un arrêt cardiaque. Or, son voisin avait son brevet de secouriste, et aurait pu pratiquer les premiers soins cruciaux en attendant le SAMU.Le banquier a alors l’idée de créer un réseau social solidaire dans lequel une partie des membres, appelés les « anges gardiens », pourraient indiquer leurs compétences médicales. Les autres, plutôt en besoin d’aides, renseignent leurs pathologies chroniques, leur groupe sanguin ou encore les coordonnées de leur médecin traitant. En cas de détresse, un seul clic sur l’appli, et tout le réseau d’anges gardiens est prévenu.MySOS existe sur iPhones et smartphones Android. Lancée fin 2013, l’appli bénéficie du soutien de la Fédération française de cardiologie et de la Croix rouge. Elle compte aujourd’hui plus de 100 000 membres en France. Et pourrait bientôt s’exporter dans d’autres pays.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.01.2015 à 15h56 • Mis à jour le30.01.2015 à 16h00 | Mattea Battaglia Tout est parti d’un courrier de lycéens reçu le 16 janvier, titré : « Nous ne sommes pas tous Charlie, nous sommes tous la Liberté ». Deux paragraphes plein de colère, celle des élèves de la 2de 216 du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), « indignés » du traitement que leur a réservé la presse, au lendemain des attentats des 7, 8 et 9 janvier. Le Monde avait été rencontrer des élèves de ce lycée général et technologique.A Saint-Denis : « On ne rigole pas avec la religion »Car ce qu’ont d’abord relayé les journaux, ce sont des propos d’élèves condamnant la tuerie de Charlie Hebdo… presque autant que les caricatures. Ou ce colis suspect retrouvé en salle des professeurs, le 9 janvier, portant la mention « Je ne suis pas Charlie ». De quoi « favoriser les amalgames et les stigmatisations de toutes sortes », redoute la 2de 216. « Les élèves interrogés, jeunes collégiens et lycéens, dans l’émotion ont parfois tenu des propos que nous avons trouvés inacceptables », soulignent les lycéens. Qui concluent : « Si certains d’entre nous n’adhèrent pas à certains choix éditoriaux de certains journaux satiriques, nous sommes tous convaincus qu’ils sont au fondement de la démocratie. »« Grande nervosité »L’émotion dépasse le cadre du lycée. Sur les réseaux sociaux, sur les forums de discussion entre enseignants ou parents d’élèves – et même dans des salles de profs, où l’ambiance nous a été décrite comme électrique –, l’image donnée de la Seine-Saint-Denis fait mal. Certains la jugent outrageusement caricaturée ; d’autres, au contraire, appellent à l’assumer. Tous éprouvent de la colère, à des degrés divers.« C’est comme si le département était l’endroit idéal où les journalistes vont pour trouver ce qu’ils cherchent, regrette le proviseur. Je ne dis pas qu’il est illégitime de venir ici quand on enquête sur les contestations de la minute de silence [recensées dans 200 établissements sur tout le territoire]. Mais pourquoi venir ici en premier ? Ou ici uniquement ? » Dans son lycée comptant 71 classes et 188 enseignants, la minute de recueillement, le 8 janvier à midi, n’a pas été contestée. « On a su entendre les questions des adolescents, explique M. Bobkiewicz. Certains professeurs étaient parfaitement armés pour y répondre, d’autres plus démunis… »Gabrielle Napoli, l’enseignante de lettres de la classe 216, raconte avoir « récupéré ses élèves, le mardi après les attentats, dans un état de grande nervosité ». Pour donner du sens à leurs réactions, cette professeure trentenaire a proposé de rassembler leurs idées au tableau, avant de les coucher sur le papier. « Ils répétaient : “C’est dégueulasse, c’est dégueulasse”... Je leur ai dit qu’ils avaient le droit de le dire, de l’exprimer. Que la liberté d’expression leur permet, justement, d’exercer leur droit de réponse. » « Trop cliché »Quinze jours après les faits, Ryan, assis au fond de la classe, a encore du mal à desserrer les dents. C’est lui qui, le premier, a vu passer l’article du Monde du 10 janvier titré « A Saint-Denis, collégiens et lycéens ne sont pas tous Charlie ». « Mon grand-père, qui lit votre journal, m’a demandé : “Mais qu’est ce qui se passe dans ton lycée ?” Madame, votre article, je l’ai lu, nous lance-t-il, et il est vraiment trop cliché ! » La critique fait l’unanimité dans la classe. Idem du sentiment que la presse ne dit « jamais rien de bien sur les banlieues », qu’elle « parle de nous comme de sauvages », que « tout le monde se moque du 9-3 ». Tous ignorent que nous avions consacré, au printemps 2014, un article sur la réussite au baccalauréat de leur établissement.« Quelle image on donne de nous, quand on fait un micro-trottoir, sans s’intéresser à la majorité silencieuse ? », interroge timidement Landri. Puis, prenant de l’assurance : « Etre Charlie ou ne pas être Charlie, c’est devenu une sorte de buzz, explique le garçon, et il n’y a pas d’échelle, pas de voie intermédiaire pour nous ».A sa droite, Edith approuve. Pour l’adolescente, les médias ont surtout fait fi de l’état de connaissance des élèves. « On dirait qu’il n’y a qu’un seul point de vue… Mais des camarades ont dit qu’ils n’étaient pas Charlie simplement parce qu’ils ne connaissaient pas Charlie Hebdo ; ça ne veut pas dire qu’ils cautionnent ce qui s’est passé… Nous, on pensait vraiment que les caricatures, c’était du blasphème, poursuit la jeune fille, mais Mme Nicoli nous a bien expliqué que non, parce que pour les caricaturistes Dieu n’existe pas. En fait, on a tout mélangé… »Le difficile débat sur la laïcitéRyan, lui, bout toujours au troisième rang. « Est-ce que vous, journaliste, vous trouvez que coller une conscience politique à des gamins, c’est normal ? Et pourquoi citer systématiquement la religion des élèves rencontrés, si vous être dans une démarche laïque ? » Pas facile, dans la classe, d’ouvrir le débat sur la laïcité. Laïcité ouverte ? Laïcité de combat ? Beaucoup d’élèves semblent penser qu’elle implique de taire leur foi. Chez Ryan, le ton vindicatif cache à peine sa détresse. « Ça veut dire quoi cette injonction de minute de silence ? Et pourquoi la faire à ce moment-là, et pas pour d’autres victimes, au Congo, en Palestine ? »Des 50 minutes d’échange avec la classe, ressort une défiance, douloureuse, à l’égard des médias. Presse écrite, chaînes d’information en continu, « 20 heures », réseaux sociaux… « On y trouve tout et n’importe quoi », reconnaissent les élèves. « Des sites parlent de complots, avec des preuves plus ou moins fiables, lâche Landri. On nous dit une chose à l’école, une autre sur Internet, une à droite, une à gauche, on ne sait plus qui croire. Et c’est souvent la dernière idée lue ou entendue qui l’emporte. » Kenza, un peu isolée, ne lui donne pas raison : « Il faut croiser tes sources, croire la version avec le plus de preuves ! »Quand sonne la fin du cours, la glace est à peine brisée. « Mais les échanges entre élèves, entre collègues, se sont poursuivis, et positivement », signale Gabrielle Napoli. Quelques jours plus tard, un second courrier nous est parvenu : celui d’une autre enseignante du lycée Paul-Eluard, nous demandant de venir visiter, avec sa classe, la rédaction du Monde. Signe que le dialogue n’est pas rompu.Mattea BattagliaJournaliste au Monde 29.01.2015 à 19h25 • Mis à jour le29.01.2015 à 23h38 A l'appel de l'intersyndicale de France Télévisions, un mouvement de grève de techniciens a perturbé, jeudi 29 janvier, le « 12/13 » de France 3 et le « 13 heures » de France 2, qui ont été réalisés depuis la régie, sur des plateaux plus réduits.Les JT du soir – « 19/20 » de France 3 et « 20 heures » de France 2 – devraient également être modifiés, selon la direction et les syndicats. La grève se terminera à minuit.RTT RÉDUITE ET SALLE DE MIXAGE SUPPRIMÉELe mouvement de grève a concerné, pour les éditions de la mi-journée, 20,5 % des effectifs, soit 41 grévistes sur les 200 techniciens concernés par l'appel à la grève, indique la direction de France Télévisions.Le conflit porte sur des projets de réorganisation interne concernant notamment les professions de monteurs et mixeurs. Les syndicats s'inquiètent également de la diminution des RTT et de la suppression d'une salle de mixage. « Il faut continuer à obtenir les gains d'efficacité que la construction de l'“entreprise unique” est censée produire », a affirmé en réponse la direction de France Télévisions.Lire aussi : Le CSA prépare un bilan sévère de la présidence Pflimlin à France Télévisions 29.01.2015 à 11h21 • Mis à jour le29.01.2015 à 11h50 Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, a annoncé jeudi que les dispositions sur le secret des affaires contenues dans sa loi seraient amendées pour garantir « la liberté de la presse, la liberté d'information, la liberté d'investigation ».L'instauration via un amendement parlementaire d'un secret des affaires dans le code du commerce, assorti de lourdes peines de prison et d'amende, au motif de protéger de l'espionnage économique, inquiète la presse et les ONG.Lire le décryptage : La liberté d'informer serait-elle vraiment menacée par le « secret des affaires » ?QUATRE AMENDEMENTS SERONT PROPOSÉSLors de la présentation de ses vœux à la presse, le ministre a rappelé que « la liberté de la presse est essentielle. Et en aucune façon le texte que je porte n'a cherché à restreindre la liberté de la presse. »Il a expliqué que quatre amendements seront proposés. Le premier laissera aux sociétés le soin de « classifier elles-mêmes les secrets à protéger », le deuxième ne rendra pas les salariés, donc les syndicats, responsables. Le troisième prévoit que la responsabilité des lanceurs d'alerte ne pourra être retenue et le dernier que le délit créé ne sera « pas applicable dès lors qu'il s'agit de liberté d'expression et d'information », c'est-à-dire, « pas applicable aux journalistes », a précisé M. Macron.Par ailleurs, une exception sera prévue « de manière explicite », « dès lors qu'il s'agit de la liberté d'expression et de la liberté d'information ». Quant à une mesure de protection des sources journalistiques, promise par le président François Hollande, elle « ira jusqu'à son terme », a-t-il dit. « Ce texte chemine ».Lors de l'examen en commission spéciale à l'Assemblée, le texte avait été amendé pour instaurer ce secret des affaires, une disposition visant à lutter contre l'espionnage industriel.  Alexandre Piquard   Quand un ministère fait le vœu de promouvoir l’offre légale de films, de séries ou de musique, l’internaute ou le journaliste peuvent être un peu sceptiques. Leur reste en mémoire le souvenir d’initiatives passées – des portails ou des labels – dont le succès d’audience ne fut pas à la hauteur de l’ambition affichée : faire reculer le « piratage ».Bien conscients de ce travers, le ministère de la culture de Fleur Pellerin et le Centre national du cinéma (CNC) ont à leur tour dévoilé, mercredi 28 janvier, un dispositif qui se veut bien plus « pragmatique », puisqu’il se fonde sur les usages des internautes.Des sites partenaires plutôt qu’un « portail »Quand un internaute cherche à regarder un film en ligne, il est peu probable qu’il aille sur des sites comme http://www.offre-légale.fr, la base de données montée par la Hadopi, a estimé Julien Neutres, du CNC, chargé de ce projet. L’utilisateur va plutôt taper La Reine des neiges ou Gone Girl dans un moteur de recherche… le plus souvent Google. Et trouver en résultats l’annuaire Allociné (en première position quasiment tout le temps, selon la Culture), l’encyclopédie Wikipedia, des sites d’information comme Télérama.fr ou Première.fr et aussi… des sites de téléchargement illégal.L’idée du CNC et du ministère est de prendre acte de cette réalité du référencement et de nouer des partenariats avec des sites puissants pour y placer la liste des plateformes qui proposent le film en vidéo à la demande (à l’achat en téléchargement ou en location ou encore par abonnement). Allociné (9 millions de visiteurs uniques par mois selon Nielsen/Net Ratings), Premiere (3 millions), Télérama (2 millions) et Sens critique (2 millions) sont les quatre premiers partenaires. D’autres sont souhaités. 12 services référencés… Concrètement, sur la fiche d’un film, ces sites ont intégré un bouton « Voir ce film en ligne » et un espace sous la fiche. Si l’on clique dessus, on obtient la liste des éditeurs qui proposent l’œuvre. Et son prix, pour 10 des 12 éditeurs qui participent à l’initiative, soit la plupart des grandes plateformes légales de France : Canalplay, France Télévisions Pluzz VàD, MyTF1VOD, Orange Vidéo à la demande et Orange cinéma séries, Arte, Vidéofutur, Filmotv, Montparnasse VOD, Wuaki.tv et Imineo. Ils sont présentés « dans un ordre aléatoire », précise-t-on.… mais pas Netflix ou iTunesPrécision importante : Netflix, le fameux service américain de vidéo à la demande par abonnement, et iTunes, la plateforme de vidéo à l’achat d’Apple, ne sont pas référencés.Car Fleur Pellerin et le CNC ont fait le choix politique de ne promouvoir que les services qui respectent le système français de soutien à la création, en se soumettant au décret Smad : celui-ci les oblige notamment à promouvoir dans leur catalogue 60 % d’œuvres européennes et 40 % d’œuvres françaises, et surtout à consacrer 15 % de leur chiffre d’affaires à des œuvres fabriquées par des producteurs européens. Question « d’exemplarité », pour la ministre : « cliquer, c’est aider à créer », a-t-elle lancé mercredi.Outre le déploiement sur des sites partenaires, le dispositif est disponible sous la forme d’un « widget », une petite application qui permet à tout éditeur ou blogueur d’insérer sur son site les informations pour son site, comme il « embedderait » une vidéo de Youtube ou Dailymotion. Enfin, la base de données est disponible sous une forme plus classique à l’adresse vod.cnc.fr.Les séries télé intégrées « dans quelques semaines »Aujourd’hui, 10 000 films sont disponibles en vidéo à la demande, sur les 25 000 recensés dans la base créée par le CNC. Ce recensement se veut exhaustif et sera complété au fur et à mesure.Surtout, le dispositif devrait intégrer les séries télé « dans les prochaines semaines », puis les documentaires voire les courts-métrages, selon le ministère.Le budget de développement est de « quelques dizaines de milliers d’euros », selon la Rue de Valois. De plus, les sites partenaires ont reçu une « compensation » financière correspondant aux frais de développement technique et à une forme d’achat d’espace non publicitaire sur leur plateforme, à fort trafic. Son montant est bien inférieur au prix du marché, précise-t-on, sans toutefois donner de chiffres.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Quand débute le reportage sur le concert de Run the Jewels, un duo de hip-hop américain, des icônes apparaissent sur l’écran d’ordinateur. Le spectateur peut alors cliquer pour suivre au choix un des deux artistes dans les coulisses. Il est aussi possible de passer directement à l’écoute de trois chansons, et à la diffusion de l’interview du duo, qui est lui-même divisé en trois parties, à écouter dans l’ordre de son choix.Voilà un exemple, parmi beaucoup d’autres, de ce que les Britanniques peuvent désormais trouver sur BBC Taster. Ce nouveau site Internet, lancé le 26 janvier, est un saut dans l’inconnu pour la respectable corporation. L’objectif est d’y tester ses nouveaux projets et de voir comment les spectateurs réagissent. Chacun est invité à donner une note à l’émission, et à la partager sur les réseaux sociaux. « Il s’agit d’ouvrir le processus créatif à notre audience », explique Ralph Rivera, directeur de BBC Futur Media.Télévision « sociale »Avec ce site, la BBC se lance dans le défrichage de ce qu’est en train de devenir la télévision, qui fusionne progressivement avec Internet. Progressivement, les émissions se regardent de plus en plus sur des écrans d’ordinateur, de téléphone ou de tablette. Jusqu’à présent, la BBC a réagi avec iPlayer, un site Internet de rattrapage qui permet de regarder gratuitement toutes les émissions publiées depuis un mois ou plus. Son succès est phénoménal, avec des pointes à dix millions d’émissions regardées par jour. « Mais aussi bien que soit iPlayer, quand vous appuyez sur le bouton “marche”, c’est comme regarder la télévision, souligne M. Rivera. Les nouveaux appareils peuvent faire beaucoup plus que cela, notamment savoir qui vous êtes. » Son objectif est de faire de BBC Taster une façon d’inventer une télévision « sociale, interactive, non linéaire ».Les premières idées lancées sur le site viennent souligner l’immense potentiel que représente le rapprochement avec Internet. Toutes ne sont pas nécessairement révolutionnaires : le reportage sur Run the Jewels ressemble à un webdocumentaire, un format relativement courant. Mais les projets vont dans des directions très différentes les unes des autres.On trouve notamment une excellente interview de Lena Dunham, l’actrice américaine de la série Girls, par Jennifer Saunders, une actrice anglaise. L’entretien avait été diffusé dans le cadre du journal de la BBC2, mais seulement dans un format de dix minutes. Sur BBC Taster se trouve l’intégralité de la rencontre, avec quarante minutes jamais diffusées, découpées en séquences de cinq minutes environ, qui peuvent être regardées dans l’ordre de son choix.L’idée qui a le mieux fonctionné jusqu’à présent est une application qui utilise Facebook, intitulée YourStory. A partir de la date de naissance entrée dans la page Facebook de chaque utilisateur, celle-ci propose une sélection de vidéos sorties du catalogue de la BBC, qui suit la chronologie de la vie de chacun : « L’année de votre naissance, c’était le jubilé d’argent de la reine », suivi d’une vidéo du jubilé ; « quand vous aviez presque onze ans, la grève des mineurs se terminait », suivi d’extrait de reportages de l’époque…BBC Taster propose aussi des clips vidéo très courts d’humoristes (pas très drôles), une émission de tourisme connue où le spectateur peut choisir l’endroit qu’il veut visiter (dans la limite des émissions déjà tournées) ou encore accéder à quarante-cinq ans d’archives radio (incomplètes mais fascinantes)…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’« agenda numérique » fait partie des priorités de la Commission européenne, dirigée par Jean-Claude Juncker. Celle-ci veut présenter avant l’été, ses solutions pour aboutir - enfin - à un marché unique du digital en Europe, et notamment réformer le droit du copyright.C’est le vice-président de la Commission, l’Estonien Andrus Ansip qui doit coordonner ces chantiers dans l’institution communautaire.Mardi 27 janvier, il a fait le déplacement à Paris, pour rencontrer Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, alors qu’en France, les puissantes sociétés d’auteur voient d’un mauvais œil la volonté réformatrice de la commission sur le copyright.Mercredi 28 janvier, il réunissait à Bruxelles ses collègues commissaires pour fixer l’agenda des semaines à venir.Redéfinir le copyright La Commission veut toiletter une directive datant de 2001, c’est-à-dire des débuts de l’Internet grand public, quand la vidéo à la demande et la catch up TV n’existaient pas encore.L’idée est d’homogénéiser les régimes européens du copyright, notamment, de mettre fin à la territorialité des droits : le fait qu’un diffuseur soit contraint d’acheter des droits de retransmission d’un contenu pays par pays.Les sociétés d’auteur françaises redoutent que le système français de rémunération de l’ensemble de la filière création soit mis à bas. M. Ansip se veut rassurant. « Les gens pensent que, quand on parle de réforme du copyright, c’est forcément qu’on va arrêter de protéger les droits d’auteurs et bafouer les droits des créateurs. Pas du tout. Mais la situation actuelle est perdante pour tout le monde, consommateurs et créateurs », assure le commissaire.Les internautes qui passent les frontières ne peuvent pas acheter des contenus, car leur accès est bloqué, « alors même qu’ils sont prêts à payer », poursuit-il.En mettant fin à la territorialité, « le marché serait bien plus important et on éviterait le comportement de certains, qui parviennent facilement à pirater les contenus qu’ils veulent voir », souligne M. Ansip.« Les Français ont peur que leurs revenus baissent en cas de fin du principe de territorialité. Ils ont tort, le marché serait plus important. Évidemment, cela implique un changement de modèle économique. »La Commission a promis de rendre sa proposition de directive avant l’été.Renforcer l’intégration numérique de l’UEAvant, en mai, la Commission doit également donner ses orientations sur les moyens de renforcer l’intégration numérique de l’Union européenne (UE). « Les biens et les services circulent librement, mais ce principe de l’Union n’existe pas en ligne. Seuls 12 % des Européens achètent en ligne dans un pays différent du leur. Seules 5 % des sociétés online vendent hors de leurs frontières, rappelle M. Ansip.Comment surmonter ce problème ? « Nous devons renforcer les droits des consommateurs, pour que leur confiance augmente, et sécuriser l’activité des PME, qui doivent composer avec 28 régulateurs différents. »Faire adopter la directive sur les données personnellesM. Ansip déclare que sa « priorité » est d’adopter la directive sur la protection des données personnelles, présentée par la Commission en janvier 2012, mais qui toujours en cours de discussion entre le Conseil européen et le Parlement. « J’espère que l’on va aboutir à un accord sur le texte cette année. » Au Parlement européen, beaucoup d’élus demandent à la Commission de proposer, aussi, un texte qui réglemente les durées de réglementation des données. Un sujet ultrasensible, surtout depuis les attentats de Paris, alors que les États poussent à l’adoption de mesures antiterroristes visant à davantage contrôler l’activité des citoyens sur le web. « Nous devons être très prudents avec ce sujet. Après les attentats de Madrid, en 2004, ceux de Londres, en 2005, nous avons promulgué une directive sur la rétention des données en 2006. Mais l’année dernière, la Cour de justice de l’Union européenne l’a invalidée. Elle n’a pas dit que la rétention des données est non conforme au droit, mais qu’il doit y avoir des garde-fous et qu’il faut appliquer le principe de proportionnalité », explique M. Ansip.« Avant de reproposer un texte, il faudra faire cette fois une analyse vraiment fine », avance le commissaire. La Commission veut donc d’abord voir la directive protection des données adoptée avant de s’atteler à ce deuxième chantier.Redimensionner les frais de « roaming » pour l’accès aux donnéesAutre pilier de l’union numérique européenne, une plus grande intégration des marchés des télécommunications. Là aussi, une directive est sur la table : plutôt, un ensemble de textes, le « paquet télécom », sur lesquels les États ont le plus grand mal à s’entendre.Parmi les dispositions qui « coincent » le plus : la neutralité de l’Internet, et les frais de « roaming », c’est-à-dire le coût d’une communication transfrontalière.Les États, dont la France, ont longtemps résisté à une baisse trop drastique des prix du « roaming », qui représentaient de substantiels revenus pour leurs opérateurs télécoms.Un accord a été trouvé pour ramener à presque zéro ces coûts pour les appels téléphoniques, et un accord est enfin en train de se dessiner au Conseil européen, concernant ceux pour l’accès aux données, depuis un terminal mobile.« On ne peut pas avoir un marché unique du numérique si les consommateurs paient dix fois plus leur consommation d’internet quand ils passent une frontière européenne », explique M. Ansip.Il admet toutefois que « ce n’est pas une décision facile à prendre, d’annuler les frais de roaming », car « dans les pays touristiques, par exemple, les opérateurs sont obligés d’investir considérablement dans leurs infrastructures pour que les touristes puissent accéder à la 3G et aux services mobiles, comme chez eux. » « Le problème, c’est que ces investissements ne sont utiles que quelques mois par an, et si les frais de roaming disparaissent, les opérateurs ont plus de mal à les financer. Nous devons tenir compte de ces problèmes spécifiques », relève-t-il.Trouver rapidement une définition commune de la neutralité du NetConcernant la neutralité de l’internet, l’égalité de traitement des contenus en ligne, quels qu’ils soient (vidéo, texte, etc), un sujet également très sensible, un compromis a été proposé par le Conseil, mi-janvier, et doit être discuté entre les pays dans les jours qui viennent.L’idée est de garantir cette égalité de traitement, tout en permettant - dans des conditions très encadrées - aux opérateurs télécoms de facturer davantage certains flux vraiment très encombrants (du type Netflix).« Si nous n’avons pas une définition commune de ce que nous entendons par Internet ouvert et neutralité du Net, nous allons nous retrouver bientôt avec 28 définitions différentes et des marchés encore plus fragmentés. Il faut aller vite : les Pays-Bas, la Slovénie et la Finlande sont en train déjà de plancher sur leurs propres définitions. Il y a urgence », relève M. Ansip.Trancher la question d’une « taxe Google »Ce sujet fait l’objet de débats à l’intérieur même de l’institution communautaire. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager doit décider si elle poursuit ou pas Google pour abus de position dominante, alors qu’une enquête formelle sur les pratiques en Europe du géant de l’internet américain traîne en longueur depuis près de cinq ans.D’autres poussent pour une « régulation des plates-formes web », qui obligerait Google et les autres multinationales du Net à obéir aux mêmes contraintes réglementaires que les sociétés traditionnelles des médias.La fronde européenne anti-Google se durcitM. Ansip reste très prudent : « Il n’y a que Mme Vestager qui peut parler d’une entreprise en particulier. Nous, nous devons parler de politiques dans leur ensemble, pas stigmatiser une entreprise en particulier. » Et d’ajouter : « concernant le paiement pour le référencement, des lois ont été votées en Espagne et en Allemagne [dites loi Google], mais il est trop tôt pour dire si elles sont efficaces ou pas. Nous suivons ces initiatives de près, mais c’est trop tôt pour dire si nous allons nous en inspirer pour prendre des décisions au niveau européen », conclut le vice-président estonien.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.01.2015 à 05h17 • Mis à jour le29.01.2015 à 07h38 L'essentielL'humoriste controversé comparaissait mercredi pour des propos antisémites tenus sur scène.Après la diffusion de ces propos à la télé en 2013, Manuel Valls avait demandé l'interdiction du spectacle.Dieudonné a déjà été condamné plusieurs fois pour diffamation, injure et provocation à la haine raciale.« Moi, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz… dommage… » Ces propos de Dieudonné prononcés lors de l'un de ses spectacles lui ont valu de comparaître à partir de mercredi 28 janvier devant la justice pour provocation à la haine raciale.La procureure a requis trois cents jours amende à 100 euros, soit au total 30 000 euros, contre le polémiste. Cela veut dire que si le tribunal correctionnel de Paris suivait ces réquisitions, le polémiste controversé devrait payer 30 000 euros d'amende au total ou à défaut aller en prison trois cents jours.Dans son réquisitoire, la procureure a relevé une « antienne » d'attaques contre les juifs à travers le spectacle incriminé et « une expression de mépris de M. M'bala M'bala à l'égard de la communauté juive ». « La question n'est pas de savoir si M. M'bala M'bala est antisémite, ça n'est pas mon problème. La question c'est si on peut le laisser porter de telles attaques », a-t-elle poursuivi. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au mois de mars.RISQUE DE « TROUBLES À L'ORDRE PUBLIC »Tout était parti d'un reportage diffusé en décembre 2013 par France 2, dans lequel était repris un extrait de son spectacle Le Mur. Dieudonné M'bala M'bala s'en prenait depuis plusieurs mois au journaliste de France Inter Patrick Cohen, qui avait publiquement assuré qu'il n'inviterait jamais l'humoriste et égratigné des confrères refusant d'envisager un tel boycott. Après la diffusion des propos de Dieudonné M'bala M'bala à caractère antisémite, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour incitation à la haine raciale. Le journaliste ne s'est pas constitué partie civile.Lire : Dans son spectacle, Dieudonné repousse les limites de la provocationA l'époque, les propos de Dieudonné M'bala M'bala avaient fait réagir Manuel Valls, alors ministre de l'intérieur, qui avait donné instruction aux préfets d'engager des mesures d'interdiction de représentations du spectacle pour risque de « troubles à l'ordre public ». La justice administrative ayant rejeté les recours de Dieudonné M'bala M'bala contre ces interdictions, l'humoriste avait finalement présenté une nouvelle version de son spectacle, expurgée de ses attaques les plus frontales contre les juifs.Lire : Dieudonné rejoue une version édulcorée de son spectacleUN « ÉCHANGE, VIF CERTES, » AVEC LE JOURNALISTELa défense de Dieudonné M'bala M'bala, qui plaidera la relaxe, mercredi, entend « replacer cette affaire dans son contexte », selon Me Sanjay Mirabeau, un de ses avocats. Car, pour lui, les propos incriminés sont « juste l'étincelle, pas la cause principale » ayant conduit à l'interdiction du spectacle. Pour la défense, la sortie de Dieudonné M'bala M'bala relève avant tout « d'un échange, vif certes, mais un échange » à distance avec le journaliste. « Nous allons voir exactement les propos de M. Cohen », a expliqué l'avocat, qui dit avoir renoncé à faire citer le journaliste comme témoin « pour la sérénité des débats ».Dieudonné M'Bala M'Bala, 48 ans, est un habitué des prétoires, avec plusieurs condamnations à des peines d'amende pour ses propos controversés. Vendredi, il a d'ailleurs été condamné à 6 000 euros d'amende pour avoir lancé sur Internet à la fin de 2013 un appel aux dons pour payer de précédentes amendes.Il est en outre toujours sous le coup de plusieurs procédures judiciaires. La dernière, pour apologie du terrorisme, lui vaut d'être convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 4 février. En cause, un message posté sur sa page Facebook, dans lequel il écrivait « Je me sens Charlie Coulibaly », en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris, qui a tué une policière municipale et quatre personnes de confession juive dans un supermarché casher.Dieudonné M'Bala M'Bala a également été mis en examen en juillet pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux.Lire : Dieudonné : huit procès perdus depuis 2007 Alexandre Piquard De prime abord, c’est l’histoire d’un site de geeks installés dans le Cantal, forcés de déménager à Paris à la suite de leur rachat par un grand groupe. Un tiers de l’équipe refuse et se fait licencier. Rien ne sera plus comme avant.La réalité est plus nuancée. Jeuxvideo.com est un leader européen dans son domaine. Webedia, qui l’a racheté 90 millions d’euros à l’été 2014, a proposé aux 48 salariés de quitter leur siège d’Aurillac, contre compensation. Ceux qui refusent devraient effectivement faire l’objet d’un licenciement économique. Jeudi 29 janvier, 21 d’entre eux ne souhaitaient pas partir, selon le délégué du personnel Frédéric Goyon, cité par le site Gameblog. De son côté, la direction estime que 17 personnes sont concernées, voire moins. La consultation du personnel restait ouverte jusqu’au vendredi 30 janvier, pointe Guillaume Multrier, directeur général et fondateur de Webedia, qui veut proposer à certains l’option du télétravail ou le passage à un statut d’autoentrepreneur ou de « freelance ». Une partie de l’équipe technique pourrait rejoindre d’autres techniciens de Webedia à Toulouse. Les autres seront intégrés d’ici fin juillet au nouvel immeuble. Le groupe, fort de 450 salariés environ, va investir à Levallois-Perret.Aux employés de Jeuxvideo.com sont proposées en compensation des hausses de salaire, la prise en charge du déménagement et de déplacements pour revenir à Aurillac, précise la direction. Qui promet que tous les départs seront remplacés.« Dans l’équipe, les avis sont partagés et certains étaient très demandeurs de partir d’Aurillac », raconte M. Multrier. Sur le fond, Webedia espère des synergies en rapprochant JeuxVideo.com de ses autres sites thématiques : AlloCiné (cinéma), Purepeople, Puremédias, 750gr (cuisine)... Ceux-ci seront bientôt rejoints par Millenium, autre site sur le jeu vidéo. L’administrateur système de Jeuxvidéo.com va devenir celui de Webedia, selon M. Multrier, et « JV.com » pourrait utiliser les futurs outils de publication web de Webedia.« A Paris, la rédaction sera plus près des éditeurs de jeux vidéo et des acteurs du secteur. Elle s’est parfois vu reprocher de vivre un peu dans son coin, sans aller beaucoup sur les salons professionnels », explique M. Multrier. N’était-ce pas un signe d’indépendance ? Le directeur général de Webedia entend l’argument mais le juge insuffisant.« L’autarcie » de la rédactionCet argumentaire laisse quelqu’un de marbre : Sébastien Pissavy, le cofondateur de Jeuxvideo.com, créé en 1997 et devenu en quelques années le premier site français du domaine, notamment grâce à ses forums. Ces derniers sont devenus des lieux de discussion de lycéens et de 18-25 ans sur tous types de sujets, dont ceux du baccalauréat, qui ont fuité sur le site en 2011. « Cela a déclenché un tollé et le site s’est retrouvé d’un coup dans l’actualité », se rappelle en souriant celui qui a quitté l’entreprise en 2012 et revendu ses 10 % restants en 2014.« Je me suis battu pour que Jeuxvideo.com s’installe au départ à Aurillac, raconte Sébastien Pissavy, qui s’avoue un peu « chauvin » et a convaincu les deux autres fondateurs, grenoblois et toulousain, de s’implanter dans sa région natale. Cela n’a pas nui à la performance du site, qui est devenu leader en Europe et numéro trois mondial… »Webedia est dans une logique plus « financière » que les deux précédents actionnaires de Jeuxvideo.com – Gameloft qui l’a racheté en 2000, puis Hi-média en 2006 –, déplore M. Pissavy, qui voit dans les licenciements une « perte d’expérience ». « Les synergies peuvent aussi exister à distance », rétorque cet informaticien de formation. Quant à la lutte contre « l’autarcie » de la rédaction, il « espère qu’il ne s’agit pas de la rapprocher de la régie publicitaire ».Problèmes « logistiques »Interrogé, un rédacteur de Jeuxvideo.com « comprend la réaction » du fondateur qui en a fait le succès de l’entreprise et « a toujours veillé à l’identité familiale, voire campagnarde » du site. Employé à Aurillac depuis près de dix ans, ce journaliste a pourtant décidé d’aller à Paris chez Webedia. Il précise qu’à la rédaction, trois personnes sont du Cantal, les autres venant de Brest, Châteaudun, Limoges, Paris… Ceux qui ne veulent pas quitter Aurillac ne le peuvent souvent pas, parce qu’ils y ont leur famille, leur maison, voire un cheval, explique-t-il.L’autarcie, ce rédacteur ne la ressent pas ; toutefois être à Aurillac pose parfois des problèmes « logistiques », quand il faut se rendre à Paris ou sur un salon à l’étranger. De plus, la Web télévision du site, Gaming Live, est installée à Paris.« On n’est pas fermés sur nous-mêmes, on rencontre les éditeurs de jeux », raconte ce salarié. Il comprend les inquiétudes sur l’indépendance du site, notamment formulées sur les forums par « notre lectorat super fidèle ». « Le rapprochement avec le groupe ou le secteur du jeu vidéo, ce n’est qu’un rapprochement physique, pas un changement de notre façon de travailler », pense-t-il. Tout en reconnaissant une part « d’incertitude ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un « amendement Charb » devait être voté jeudi 5 février au Sénat. En référence au défunt dessinateur et directeur de la publication du journal satirique, dont l’équipe a été décimée le 7 janvier. Le texte vise à favoriser l’actionnariat citoyen dans des titres de presse : concrètement, il propose aux particuliers de prendre une participation dans un journal avec une réduction d’impôt de 30 %, pour des investissements jusqu’à 2 000 euros. Le taux est porté à 50 % pour les entreprises de « presse solidaire », un statut créé pour les médias qui réinvestissent beaucoup et distribuent peu de dividendes.La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a décidé de déposer sa version de l’« amendement Charb » à la proposition de loi sur la modernisation de la presse du député socialiste Michel Françaix. Sa proposition vient après d’autres d’inspiration similaire, émanant de sénateurs : Pierre Laurent (PCF), David Assouline (PS) et François Commeinhes (UMP).Le débat sur le sujet est antérieur aux attentats de début janvier. « Charb et Charlie Hebdo nous avaient adressé une demande début décembre 2014, pour faire adopter un nouvel article de loi facilitant le financement par souscription des journaux », a ainsi raconté Pierre Laurent dans ses voeux du 12 janvier, faisant le « serment » de faire adopter un amendement.Le mécanisme s’inspire du crowdfundingDans la proposition de loi Françaix a d’abord été adopté le statut d’entreprise de « presse solidaire », en réponse notamment aux demandes du site d’information Mediapart. « L’amendement Charb » ajoute une incitation par la défiscalisation, réservée à ces titres (ou à ceux d’information politique et générale, à un taux moindre).Le mécanisme s’inspire du crowdfunding, du financement participatif, précise-t-on Rue de Valois. Il s’ajoute à l’autre dispositif ouvert aux particuliers qui souhaitent aider les médias : le fonds Presse et pluralisme. Ce dernier ne propose pas de devenir petit actionnaire mais de faire des dons, défiscalisés à 66 % (60 % pour les entreprises). Comme ceux collectés ces dernières semaines pour Charlie Hebdo. Enfin, le gouvernement promet toujours de réformer les aides à la presse. Celles destinées aux journaux à faibles ressources publicitaires sont par exemple réservées aux quotidiens (L’Huma, La Croix…) et excluent des titres comme Le Monde diplomatique ou Charlie Hebdo.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est une question d’équilibre entre les principes de transparence, d’égalité et de protection », résume au Monde Olivier Schrameck, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Mercredi 4 février, l’autorité a présenté la méthodologie qu’elle a retenue pour la nomination du prochain président de France Télévisions, à laquelle elle doit procéder d’ici au 22 mai.Avec un changement de taille par rapport à la procédure appliquée lors de la nomination de Mathieu Gallet à la tête de Radio France, début 2014 : cette fois, « le Conseil établira une liste restreinte de candidats qu’il auditionnera », mais « cette liste sera rendue publique à la condition qu’aucun des candidats retenus ne s’y oppose auprès du président », selon le CSA.Il suffira donc qu’un seul des postulants à la succession de Rémy Pflimlin refuse que son nom soit rendu public pour que la liste entière reste secrète – une hypothèse hautement probable. Alors que dans le cas de Radio France, le CSA avait publié, avant les auditions, la liste des six candidats présélectionnés.Pourquoi ce changement de règles, au risque de réduire la transparence quant à une nomination sensible et souvent décrite comme politique, ou d’être taxé d’« opacité », comme l’a glissé à chaud au Monde, dès mercredi, un dirigeant du secteur audiovisuel ?C’est que le CSA a tiré les leçons de la procédure Radio France. « Dans l’ensemble, celle-ci a bien fonctionné, explique M. Schrameck. Mais force est de constater que les six candidats retenus pour les auditions étaient – à l’exception du président sortant et du président d’un syndicat de radios, le Sirti – soit des responsables publics, soit des personnes sans emploi. Or, le collège du CSA ne souhaitait pas adopter une procédure qui dissuaderait des candidats ayant des responsabilités dans le secteur privé. »Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires. Le CSA se doit de « choisir parmi les compétences les plus riches et les plus étendues », souligne son président, « sans courir le risque d’exclure une catégorie de candidats ». Enfin, il ne peut recourir à une présélection par un de ses membres, car au plan légal, « la procédure doit mettre tous les membres du collège dans la même situation ».Pour espérer attirer des profils variés, et notamment des dirigeants en poste dans de grands groupes privés, il faut donc leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi dans l’hypothèse où leur candidature n’aboutirait pas. Parmi les hauts cadres du secteur, seul Denis Olivennes (Lagardère Active) s’est à ce jour exprimé, pour assurer qu’il ne serait pas candidat.« Alchimie équilibrée »« A première vue, cette procédure me semble de nature à respecter l’anonymat des candidats qui souhaiteraient l’être, a commenté au Monde un dirigeant du secteur audiovisuel, qui préfère ne pas être cité. A deux réserves près : d’une part, le degré de confidentialité des huit membres du collège ; et d’autre part, l’après-désignation : n’y aura-t-il pas un moment où les langues se délieront ? » « C’est un progrès, a confirmé un autre. Mais la procédure oblige encore à faire acte de candidature. Et sa confidentialité repose sur l’étanchéité des huit membres du conseil… donc je ne suis pas sûr que ce soit si différent du passé. »Aucune procédure ne pourra en effet garantir l’absence de fuite dans la presse. Même si les huit membres du collège seront interdits de contacts – autres que les auditions – avec les candidats retenus à partir du 1er avril, date d’ouverture des enveloppes de candidature.« La procédure est contraire à la nécessaire publicité des projets des candidats retenus », dénonce sur Twitter Serge Cimino, reporter à France 3 et membre de la section SNJ (Syndicat national des journalistes) de France Télévisions, seul candidat déclaré à ce jour. Tout en reconnaissant qu’aucun texte n’oblige le CSA à diffuser les projets des candidats.Au Parlement, ces nouvelles dispositions semblent avoir convaincu, à droite comme à gauche. « Si le CSA estime qu’il vaut mieux que les noms ne soient pas connus, cela ne me choque pas », indique Franck Riester, député (UMP) et membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. « C’est une alchimie bien équilibrée, déclare de son côté Patrick Bloche, le président (PS) de cette commission, au Figaro. M. Schrameck ne pourra pas être accusé de mettre en place une procédure opaque. Et d’un autre côté (…), il ne se prive pas d’ouvrir le champ des compétences. » « Si on veut avoir des candidatures libres, il faut qu’elles soient libres de tous côtés », reconnaît, au Sénat, Jean-Pierre Leleux, membre (UMP) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.« Ce sera peut-être un poisson d’avril », plaisante l’actuel PDG, Rémy Pflimlin, en référence à la date d’ouverture des enveloppes. M. Pflimlin ne s’est pas encore prononcé sur sa propre candidature. Il se dit « au travail », loin de ces questions procédurales, et dans l’attente du rapport que le gouvernement doit publier, fin février, sur la redéfinition des missions de l’entreprise publique. Mercredi encore, le PDG était auditionné au Sénat dans le cadre d’une table ronde sur l’avenir de France Télévisions. L’occasion pour lui de défendre son bilan, mais aussi de plaider pour une indépendance renforcée et une plus grande « continuité » dans la gouvernance de l’entreprise. Sans préciser si cette continuité incluait à ses yeux l’identité de son président.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.02.2015 à 11h20 • Mis à jour le04.02.2015 à 17h19 | Guillaume Fraissard A la tête de France Médias Monde (FMM), qui regroupe les radios RFI, Monte Carlo Doualiya et les antennes de France 24, Marie-Christine Saragosse a un poste d’observation privilégié pour mesurer comment la France est perçue à l’étranger. Après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, elle revient sur le traitement des événements par les chaînes de l’audiovisuel extérieur français et sur leur place dans le paysage médiatique mondial.Comment les équipes de France Médias Monde ont-elles vécu la période qui a suivi les attentats ?Nos équipes ont été en première ligne pour voir que, dès le 7 janvier, Paris était devenue le centre du monde, qu’il y avait un véritable élan de solidarité dans de nombreux pays. Mais nous avons aussi vu sur les réseaux sociaux des attaques extrêmement violentes contre des journalistes arabophones de nos médias qui avaient dit « Je suis Charlie » et parlé de la laïcité et de la liberté d’expression. Cela a été très dur à vivre.Comment avez-vous géré le fait de montrer ou non la couverture de « Charlie Hebdo » ?Nous l’avons montrée, y compris sur nos antennes en langue arabe. Mais nous nous gardons bien de simplifier les choses. A l’étranger, certaines chaînes ont montré en boucle les images du policier assassiné à Paris, avec des plans arrêtés sur chaque scène de cet assassinat. En revanche, les caricatures étaient floutées. Nous avons fait le contraire. On a coupé la séquence de l’assassinat et montré la « une » de Charlie. Si nos antennes, présentes dans près de 300 millions de foyers dans le monde, ont aujourd’hui de bons résultats, c’est parce que nous racontons des choses différentes. Et il y a une vraie attente pour cela.Le thème de la laïcité est-il simple à aborder quand on s’adresse à un public mondial ?Nous avons passé du temps à réfléchir à ce sujet. Nous avons essayé de traduire ce mot, et ce n’est pas simple. Il faut parfois une périphrase pour l’expliquer !On s’appelle « France » mais nous sommes internationaux, et le dialogue ne peut pas être unilatéral. Nous sommes en permanence dans le débat d’idée. Après les attentats, nos journalistes, nos correspondants, sont intervenus dans soixante médias étrangers pour expliquer la France, éviter les simplifications et les analyses à la Fox News.Après l’onde de choc de ces attentats, la mission de France Médias Monde doit-elle évoluer ?C’est plutôt le regard sur l’audiovisuel extérieur qui doit changer. Nous savons depuis longtemps ce qui se passe ailleurs. Il y a un an, nous avons vécu dans notre chair ce qu’est le prix à payer pour défendre la liberté d’expression. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, nos deux journalistes de RFI, ont été tués au Mali. Des journalistes ont été violées, agressées sur la place Tahir, en Egypte. Il s’agissait d’actes délibérés. On a trop vite considéré que la liberté d’expression étant acquise en France, cela n’était plus un sujet ailleurs.La France a un rôle particulier dans le monde. Elle a une voix singulière, elle ne dit pas la même chose que les chaînes anglophones ou arabophones. Ce rôle apparaît aujourd’hui dans toute son ampleur.La place de France 24 et de son antenne en langue arabe pourrait-elle être renforcée en France ?La présence d’une chaîne de service public en langue arabe en France est une vraie question. Par rapport à d’autres médias arabophones, nous sommes les seuls à défendre une certaine vision du monde. Les pouvoirs publics ont déjà ouvert des espaces. Le débat n’est pas fermé, mais cette présence à un coût.Pendant les événements, France 24 en langue arabe a fait de gros pics d’audience sur le câble. Elle a surtout enregistré une durée d’écoute très longue. Cela signifie que les gens qui sont venus sont restés longtemps, notamment pendant les débats.Dans notre contrat d’objectif et de moyens actuel, il y a une ouverture pour que nous soyons présents en France dans certains endroits. Ainsi, France 24 a eu l’autorisation d’être reprise sur la TNT gratuite en Ile-de-France. Avec la relance de la radio numérique terrestre, je me dis aussi qu’il y a des choses à faire pour Monte Carlo Doualiya avec d’autres radios comme Beur FM ou Africa N°1 avec lesquelles nous avons beaucoup d’affinités.Comment vos chaînes sont-elles perçues à l’étranger ?Nous sommes un groupe de service public, et dans les pays où cette notion est la même que la nôtre, personne ne pense que nous sommes la voix du gouvernement. Pour des pays où c’est moins le cas, certains ont parfois du mal à réaliser que nous sommes indépendants. Pendant les événements en Côte d’Ivoire, il est arrivé que l’antenne soit coupée, parce que nous étions étiquetés « porte-parole de la France ».Mais nos téléspectateurs savent que nous sommes tout sauf des chaînes de propagande. Le slogan de RFI, c’est : « Les voix du monde. » Pas la voix de la France.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard et Alexis Delcambre L’année 2015 sera, pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), celle d’un choix lourd : il doit en effet désigner le président de France Télévisions, entre le 22 avril et le 22 mai.Mais avant ces dates, le CSA affronte un dilemme, sur la procédure à suivre pour choisir ce président - ou cette présidente. Comment rendre le processus plus confidentiel, afin d’attirer les meilleurs candidats, sans pour autant le rendre opaque ?Des pistes sont envisagées, dont celle de ne pas publier le nom des candidats qui seront retenus pour être auditionnés. Autre point : que faire en cas d’égalité des votes, le Conseil comptant désormais huit membres, contre neuf lors de la procédure pour Radio France. Les différentes options sont désormais entre les mains des « sages » et le Conseil doit trancher, mercredi 4 février, cette question épineuse.Rassurer les candidats du privéDans ses vœux du 27 janvier, le président du CSA, Olivier Schrameck, a fait une discrète allusion à cette « procédure que nous aurons collectivement à adopter, compte tenu de l’expérience de la désignation du président de Radio France ». En clair, c’est une référence à un problème récurrent, ravivé à l’occasion de la procédure qui couronna finalement Mathieu Gallet, en 2014 : l’absence de candidats venus du secteur privé.Les profils des candidats à Radio France étaient presque tous issus de la sphère publique et n’occupant pas de poste équivalent dans des médias de taille comparable. Dans le cas de France Télévisions, ce débat est rallumé, notamment depuis que des rumeurs de presse ont évoqué des candidats potentiels issus de grands groupes privés (Christopher Baldelli de RTL, Rodolphe Belmer de Canal+ ou encore Denis Olivennes de Lagardère active), non confirmées.Pour attirer ce type de profil - si telle était l’intention du CSA -, il faudrait pouvoir leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi actuel dans l’hypothèse où leur candidature, une fois publique, n’aboutirait pas. Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires.Certains au CSA se demandent donc s’il n’est pas possible d’assurer aux candidats une plus grande confidentialité. Les solutions sont loin d’être évidentes, car la procédure est strictement encadrée par différents textes légaux. Ainsi, l’idée de mandater un membre du collège - son président ou un autre - pour présélectionner des candidats, un temps évoquée, ne tient pas. Elle se heurte notamment au principe de collégialité des décisions - sans parler de l’attachement des conseillers à leurs prérogatives. « Cela ne pourra pas de faire en petit comité dans un coin », prévient l’un d’eux.Prévenir les fuitesUne piste semble toutefois envisagée : celle de ne pas publier la « shortlist » des candidats qui auront été retenus pour être auditionnés par le collège. Lors de la sélection du président de Radio France, six profils avaient été retenus et leurs noms dévoilés par le CSA.Un autre levier intéresse au sein du CSA : le calendrier. Plus celui-ci est resserré, plus sera limité le risque de fuites dans la presse, pense-t-on.Ces options rencontrent toutefois encore des obstacles. D’abord, certains peuvent rétorquer que limiter la transparence sur le nom des candidats peut alimenter le soupçon de partialité sur une nomination très sensible. Ou celui d’une décision partisane, les patrons de l’audiovisuel public ayant été un temps choisis par le président de la République lui-même.À l’inverse, le choix de ne pas diffuser les noms retenus par le CSA pour audition peut sembler vain. « Dans tous les cas, le CSA ne pourra jamais garantir à un cadre de l’audiovisuel privé une confidentialité totale, tout simplement parce que la décision est collégiale », estime l’un d’eux.Le président Schrameck a plusieurs fois insisté sur l’importance de prévenir les fuites dans la presse. Si cette insistance a globalement porté ses fruits, elle n’a pas empêché un incident majeur, en novembre 2014, avec la publication dans la presse d’une version intermédiaire du bilan quadriennal de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.02.2015 à 10h24 • Mis à jour le03.02.2015 à 15h06 | Alain Beuve-Méry Suivre sa pente pourvu que cela soit en montant. Tel est le chemin qu’aimerait emprunter le marché de la musique enregistrée. Mais, après une année 2013 positive, la première après une décennie de crise, les comptes ont de nouveau viré au rouge en 2014. Le chiffre d’affaires de la musique en France a fléchi de 5,3 % pour atteindre 570,6 millions d’euros en 2014, contre 603,2 millions en 2013.Hors droits voisins perçus sur la diffusion sur les radios, sur les chaînes de télévision, dans les lieux publics et sur la copie privée qui s’élèvent à 112 millions d’euros, le recul atteint même 7 %, selon les chiffres rendus publics, mardi 3 janvier, par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP).Et pourtant, le SNEP qui représente les majors de la musique (Universal, Warner, Sony, etc.), soit 80 % du marché français, veut croire à une révolution des usages. La croissance du streaming (l’écoute de musique sans téléchargement) qui a progressé de 34 % en 2014 constitue, selon le syndicat, le prélude à un nouveau modèle économique prometteur. Le marché physique représente encore 71 % du marché. Son repli de 11 % en 2014, tout comme celui du téléchargement à l’acte (– 14 %) sont les deux facteurs qui expliquent la baisse généralisée de l’industrie du disque. Mais « quelque chose est en train de changer et nous assistons à une restructuration du marché autour du streaming », estime Guillaume Leblanc, délégué général du SNEP. « Le téléchargement s’effondre et le streaming monte en flèche, il y a bien un nouveau modèle qui est en train d’émerger », assure Thierry Chassagne, PDG de Warner Music France.De fait, en 2014, les courbes des revenus se sont inversées pour la première fois entre les deux modes d’écoute de musique dématérialisée en France. Le streaming a rapporté 73 millions d’euros en 2014 et représente 55 % du marché numérique, contre 40 % pour le téléchargement, avec une recette de 54 millions d’euros. Cette baisse traduit un essoufflement du modèle mis en place par Apple avec iTunes. La firme américaine qui a racheté, en mai 2014, Beats, pour 3 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros), entend d’ailleurs devenir un des acteurs majeurs du streaming musical en promouvant lui aussi la lecture en flux.16 % du marché total de la musiqueEn 2014, le marché numérique a progressé de 3,5 points pour atteindre 29 %. A lui seul, le streaming représente 16 % du marché total de la musique, alors que ce mode de consommation de la musique n’a que 7 ans et que ses principaux acteurs sur le marché français (Deezer, Spotify, Qobuz, etc.) sont encore en quête de notoriété auprès du grand public. Pour Yves Riesel, patron de Qobuz, « 2015 sera l’année ou le marché français va s’ouvrir à la concurrence » avec la fin programmée, en juillet, de l’offre liée entre Orange et Deezer.Le modèle de l’abonnement devrait à terme supplanter celui du téléchargement. Pour Pascal Nègre, le patron d’Universal Music France, « la musique est en train de connaître sa quatrième révolution numérique. Après la piraterie, les sonneries téléphoniques et le modèle iTunes, la musique change à nouveau de paradigme avec l’avènement du streaming qui consiste à payer pour un usage et non pour une possession », poursuit-il.Un chiffre traduit ce basculement : 12 milliards de titres ont été écoutés sur les plates-formes de streaming audio en 2014, contre 8,6 milliards l’année précédente, soit une progression de 40 %. Et cela n’inclut pas le visionnage de vidéos musicales sur YouTube ou Dailymotion. Avec près de 11 millions de streamers, c’est 16 % de la population française qui a basculé.Monétiser cette offreEn France, le nombre d’abonnés à un service de streaming audio a grimpé en un an de 1,44 million en 2013 à 2 millions en 2014. Mais, pour que le modèle devienne dominant et surtout rentable économiquement pour les majors comme pour les artistes, il faudrait arriver à 8 ou 10 millions d’abonnés payants.Le deuxième enjeu majeur pour le secteur est d’élever le consentement à payer des amateurs de musique qui se sont habitués pendant plus d’une décennie à écouter sans payer. « Il faut persuader le consommateur que, pour quelques euros de plus, ils auront accès à un service nettement supérieur », explique Stéphane Le Tavernier, PDG de Sony Music France et président du SNEP. L’offre légale en ligne comprend désormais 30 millions de titres, mais les enjeux à venir sont doubles : monétiser cette offre et assurer une meilleure segmentation du marché afin d’atteindre tous les publics.Bonne tenue de la production francophonePour l’année écoulée, les producteurs de musique affichent un deuxième motif de satisfaction, avec la bonne tenue de la production locale et francophone qui assure les trois quarts des revenus des maisons de disques (hors classique). Un chiffre en hausse de 6 % par rapport à 2012. Le nombre d’albums francophones commercialisés est en hausse de 17 % avec 242 albums contre 207 en 2013. En 2014, il y a eu 119 nouvelles signatures d’artistes contre 79 contrats rendus, ce qui fait un solde positif de 40 artistes.Malgré un marché qui s’est fortement restreint, les producteurs de musique dans les majors ou chez les indépendants ont de fait continué à développer de nouveaux artistes. Les dix albums les plus vendus en 2014 concernent des artistes produits localement et chantant en français, avec un mélange d’artistes confirmés Souchon, Voulzy, Julien Clerc Johnny Hallyday, mais aussi Stromae, Indila, Kendji Girac, Fauve, Christine & the Queens.Pour le marché français, 2014 a aussi vu l’achèvement de l’intégration d’EMI et de son principal label Parlophone, au sein de Warner Music France, avec les restructurations afférentes. C’est seulement à partir du printemps 2014 que la major s’est remise à produire des disques. Avec un marché stabilisé qui comprend désormais trois majors et des indépendants, mais surtout avec un modèle économique (le streaming) reposant sur un nouvel usage qui a le vent en poupe, les producteurs de musique espèrent enfin surmonter la révolution numérique qui leur a fait perdre 65 % de leur valeur, sur les quinze dernières années.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard Balles neuves pour la Coupe Davis. La fédération internationale de tennis a annoncé lundi 2 février la signature d’un partenariat avec la chaîne qatarie beIN Sports pour les droits télés et numériques de la Coupe Davis de tennis et de son pendant féminin la Fed Cup, les deux plus grandes compétitions de ce sport par équipes.Le contrat, dont le montant n’a pas été dévoilé, porte sur les sept prochaines saisons et démarre dès 2015. Dans un communiqué, la Fédération de tennis précise que ce partenariat à pour but « d’accroître l’exposition globale et la qualité de la couverture de la Coupe Davis et de la Fed Cup » aussi bien à la télévision que sur les réseaux numériques.En s’emparant des droits de la Coupe Davis, BeIN Sports poursuit son offensive dans l’univers de la petite balle jaune. La chaîne disposait déjà des droits du tournoi de Wimbledon, du Masters de Londres ou encore des principaux tournois du Masters 1000 (hors Monte-Carlo et Bercy).La Fed Cup et la Coupe Davis étaient jusqu’à présent diffusées sur Sport + (groupe Canal+) avec France Télévisions en relais pour tous les matches des équipes de France masculine et féminine.Comme pour d’autres sports (football, handball,…) la législation française en matière de droits sportifs précise en effet que si une équipe de France atteint les demi-finales, les matches doivent être diffusés en clair. Ce fut le cas récemment avec la demi-finale et la finale du championnat du monde de handball au Qatar.Le premier tour de Fed Cup, programmé les 7 et 8 février entre la France et l’Italie, sera diffusé sur France 4.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon C’est la fin d’un long calvaire pour Peter Greste. Après quatre cents jours de détention, dont un mois à l’isolement, le journaliste australien de la chaîne en langue anglaise Al-Jazira a été expulsé par les autorités égyptiennes. Dimanche 1er février, il s’est envolé pour Chypre. Peter Greste avait été condamné en juin 2014 avec deux autres journalistes de la chaîne, l’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy et l’Egyptien Baher Mohammed, à des peines de sept à dix ans de prison pour diffusion de « fausses informations » et soutien à une organisation terroriste, les Frères musulmans. Ils avaient été arrêtés lors d’une descente – filmée et diffusée à la télévision égyptienne – dans leurs chambres de l’hôtel Marriott, au Caire, le 29 décembre 2013.En expulsant Peter Greste, l’Egypte se débarrasse d’une affaire qui a terni son image à l’étranger. Leur procès a été dénoncé comme une farce par les organisations des droits de l’homme internationales. Les trois journalistes ont été pris en otages d’un différend politique entre l’Egypte et le Qatar autour de la chaîne que finance l’émirat et que l’Egypte accuse d’être le porte-voix des Frères musulmans. Ces derniers sont l’objet d’une sévère répression de la part des autorités depuis la destitution par l’armée du président islamiste, Mohammed Morsi, le 3 juillet 2013.Ils ont été soutenus par une importante campagne médiatique de la chaîne Al-Jazira et des médias du monde. Quant aux autorités australiennes, elles ont travaillé sans relâche pour obtenir la libération de leur ressortissant. Le Canada s’est également démené pour trouver une issue pour le sien, Mohammed Fahmy. Le président américain, Barack Obama a demandé à son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, d’user de la grâce présidentielle pour mettre un terme à leur emprisonnement, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2014. Le réchauffement des relations entre l’Egypte et le Qatar à la fin 2014 – et notamment la fermeture en décembre par le Qatar de sa chaîne égyptienne d’informations en continu Misr Moubasher – relancé l’espoir pour les trois hommes.Loi taillée sur mesureA plusieurs reprises, le raïs égyptien a confié à la presse qu’il aurait mieux valu expulser les journalistes pour épargner à l’Egypte cette mauvaise publicité. Au nom du respect de l’indépendance de la justice, il avait toutefois exclu d’interférer dans la procédure. La possibilité d’une grâce présidentielle, qu’il avait évoquée, était ainsi suspendue à la fin du procès en appel. Le 1er janvier, la Cour de cassation égyptienne a accepté l’appel. La décision, saluée unanimement, promettait toutefois les trois journalistes à de longs mois de détention dans l’attente du verdict. Les autorités égyptiennes ont finalement décidé de recourir dans le cas de Peter Greste à une loi taillée sur mesure, promulguée par décret présidentiel fin 2014, prévoyant l’expulsion de prévenus étrangers pour être rejugés ou pour purger leur peine dans leur pays.L’expulsion de M. Greste n’éteint pas la procédure. Conformément à la loi, s’il est condamné en appel, il devra purger en AUstralie. « Nous sommes heureux d’apprendre la libération de Peter Greste, mais on aurait espéré qu’il soit libéré parce qu’innocent, sur la base de lois normales, plutôt que grâce à une loi inconstitutionnelle », a estimé auprès des médias égyptiens Gamal Eid, le directeur du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme. Les défenseurs des droits de l’homme et les proches de MM. Fahmy et Mohammed craignent que les deux journalistes soient oubliés et laissés à leur triste sort. « Nous ne nous arrêterons pas tant que Baher et Mohammed n’auront pas retrouvé leur liberté aussi », a indiqué Mostapha Souag, le direction général d’Al-Jazira. « Les autorités égyptiennes ont le pouvoir de mettre un terme à cela proprement et c’est ce qu’elles doivent faire. » Peter Greste a promis, par la voix de son frère Andrew, qu’il se battrait pour ses collègues.L’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy, qui souffre de complications de santé liées à une hépatite C, pourrait être expulsé vers le Canada, selon certaines sources. Il en a fait la demande début janvier. Des sources judiciaires estiment qu’il devra renoncer à sa citoyenneté égyptienne pour bénéficier de la même loi que Peter Greste, qui ne s’applique pas aux binationaux. « Pourquoi un être humain doit-il renoncer à sa citoyenneté pour être libéré de prison pour un crime qu’il n’a pas commis ? », ont questionné ses proches sur le compte Twitter qu’ils alimentent en son nom. Ils espèrent encore que le président Sissi lui offrira une alternative. Dans une lettre rendue publique le 1er février au matin, sa mère Wafa Abdel Hamid Bassiouni a imploré le président Sissi de lui accorder sa grâce, l’assurant de sa loyauté envers l’Egypte. Baher Mohammed ne dispose pour sa part d’autre issue que d’être innocenté ou gracié en appel.Le Caire revoit sa stratégie dans le SinaïLe président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé, dimanche 1er février, l’allocation de 1,3 milliard de dollars (1,145 milliard d’euros) à un programme de développement et de lutte antiterroriste dans le nord du Sinaï. Une nouvelle université consacrée au roi saoudien défunt Abdallah, parrain du Caire, y sera inaugurée. La veille, le chef de l’Etat avait annoncé la formation d’un commandement militaire unifié pour lutter contre l’insurrection djihadiste dans la péninsule désertique, sous les ordres du lieutenant-général Ossama Askar. Ces annonces font suite à l’attaque coordonnée de grande ampleur menée, jeudi, dans les villes d’Al-Arich, de Cheikh Zouweid et de Rafah par la province du Sinaï, la branche égyptienne de l’Etat islamique. Au moins 30 personnes, dont une majorité de militaires, ont été tuées dans ces attaques, qui ont fait une centaine de blessés.Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.02.2015 à 20h13 • Mis à jour le03.02.2015 à 11h10 | Alexis Delcambre Plus de musique, un ancrage clair dans les cultures urbaines et une grille simplifiée : ce sont les ingrédients du nouveau Mouv’ qu’a lancé Radio France, lundi 2 février à 6 heures.Sous la direction de Bruno Laforestrie, ancien patron de la radio Generations, l’antenne promet de s’adapter « aux attentes musicales des 15-30 ans en se positionnant fortement sur le hip-hop et l’électro », et d’user d’un « ton inédit et singulier » en s’inspirant des « différentes formes d’expression de la rue, véritable vivier de talents et de langages ».« C’est une radio qui va parler le langage des jeunes et employer leurs codes », décrit Mathieu Gallet, PDG de Radio France. Un jeu sur la langue sera ainsi proposé : « Dictées dans la cité », en lointain hommage à Bernard Pivot. Les auditeurs pourront aussi prendre la parole en laissant un message sur le « Rapondeur ».Selon ses concepteurs, la musique revient au centre du projet : elle occupera 75 % du temps d’antenne, contre 50 % actuellement. La radio ambitionne de servir de tremplin à de jeunes talents dont la diffusion se fait actuellement sur les réseaux sociaux.Favoriser la circulation des contenusLa grille est simplifiée, avec des tranches de trois heures qui remplacent les multiples rendez-vous de la formule précédente. Points saillants : le « Good Morning Cefran » (6-9 heures), présenté par l’animateur Pascal Cefran ; « Mouv’Express » entre 12 et 16 heures ; et le magazine « 20#20 », présenté par Guillaume Tatu à 20 h 20, qui abordera « les grands problématiques de la jeunesse : marché du travail, drogue, sexualité… », selon M. Gallet.Sur Internet, une nouvelle version du site va être proposée. Surtout, Mouv’ – sa nouvelle appellation – favorisera la circulation de ses contenus, pour qu’ils puissent être facilement partageables sur les réseaux sociaux ou les grandes plates-formes comme YouTube.Cette relance du Mouv’– la troisième en trois ans – est censée répondre à l’échec actuel de la station. Créée il y a dix-huit ans, devenue au début des années 2000 une incarnation de « l’esprit rock », avant de s’égarer dans une succession de nouvelles formules, elle atteint péniblement 200 000 auditeurs cumulés, soit une part de marché inférieure à 0,5 %.C’est un problème pour un groupe qui veut en faire un canal de recrutement de nouveaux auditeurs et qui, par ailleurs, est désormais en situation déficitaire – avec 21 millions d’euros manquants au budget 2015. La direction de Radio France espère remonter à au moins 1 % de part d’audience d’ici à fin 2016 et assume que, dans le cas contraire, il faudra « revoir le modèle » – comprendre arrêter l’exploitation sur la bande FM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Le cliché est entêtant, largement partagé : un banquier travaille toujours beaucoup, est stressé et surtout ne pense qu’à la finance. Grand brun calme, à la voix posée, Bernard Mourad, lui, ne colle pas vraiment à la représentation que l’on se fait du financier classique. Encore moins à celle du spécialiste de chez Morgan Stanley qui a œuvré pour la victoire de Patrick Drahi, son client de toujours, dans le duel épique qui l’opposa, en avril 2014, à Martin Bouygues pour le rachat de SFR. Pourtant, c’était bien lui. Travaillant d’arrache-pied sur le financement et l’exécution de l’opération le jour, mais s’occupant à une toute autre activité la nuit : le développement et la promotion d’une application mobile, My SOS, un réseau social solidaire.Aujourd’hui, M. Mourad quitte Morgan Stanley, et vient d'être nommé à la tête de Mag & News Co, le groupe de presse constitué par Patrick Drahi. Et qui regroupe Libération, L'Express, la chaîne d'information basée en Israël i24, ainsi que les titres de Marc Laufer, comme 01net. Ce dernier va d’ailleurs devenir le directeur général du nouvel ensemble. Selon l’entourage de M. Drahi, Bernard Mourad devra gérer la stratégie du groupe, son développement à l’international, ainsi que les futures acquisitions et les relations institutionnelles.Deux romans, une appli, une pièce de théâtreUne tâche qui viendra s'ajouter à toutes les autres... Car Bernard Mourad ne peut se satisfaire d’une seule activité : après avoir publié déjà deux romans et avoir fait avancer son application mobile, sa nouvelle lubie nocturne consiste en l’écriture d’une pièce de théâtre. Un huis clos entre le président grec Georges Papandréou, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel au moment du référendum sur l’aide à la Grèce.Né à Beyrouth en 1975 d’un père libanais chrétien et d’une mère juive d’origine marocaine, M. Mourad aurait dû travailler dans la santé, grande spécialité de la famille : son père est cardiologue, son frère est un spécialiste reconnu de l’hypertension, sa sœur, enfin, est infirmière. Mais il a choisi la banque, et l’écriture, son autre grande passion.Il n’a que 2 ans quand sa mère décide de rapatrier ses enfants en France pour fuir la guerre civile qui fait rage au pays du cèdre. Son père reste, convaincu que des temps plus calmes vont revenir, et que sa famille pourra rentrer.Arrivé en France, il fréquente les meilleures écoles de la république. Lycée Buffon dans le 15e arrondissement, puis Sciences Po et HEC. C’est un stage dans la section télécoms et médias de la banque Morgan Stanley qui lui ouvre les portes de la prestigieuse institution. Il ne changera plus jamais de secteur.« Anges gardiens »Son histoire avec Patrick Drahi commence en 2004. A l’époque, le future nabab n’est pas encore très connu. Il souhaite racheter Noos pour constituer un groupe hexagonal spécialisé dans le câble. Bernard Mourad et Dexter Goei, actuel PDG d’Altice (la holding luxembourgeoise du milliardaire, mais à l’époque lui aussi banquier chez Morgan Stanley) le conseillent. Les trois hommes ne se quitteront plus. Les deux financiers accompagnent M. Drahi dans ses opérations européennes, mais aussi israéliennes.L’idée de lancer son application, M. Mourad l’a eue grâce à une anecdote racontée au passage par un ami. Dans un immeuble de la région parisienne, une vieille dame fait un malaise. Elle a à peine le temps de prévenir le SAMU et s’écroule. Arrivés 15 minutes après l’appel, les urgentistes n’ont pas le temps de la réanimer, elle est déjà morte d’un arrêt cardiaque. Or, son voisin avait son brevet de secouriste, et aurait pu pratiquer les premiers soins cruciaux en attendant le SAMU.Le banquier a alors l’idée de créer un réseau social solidaire dans lequel une partie des membres, appelés les « anges gardiens », pourraient indiquer leurs compétences médicales. Les autres, plutôt en besoin d’aides, renseignent leurs pathologies chroniques, leur groupe sanguin ou encore les coordonnées de leur médecin traitant. En cas de détresse, un seul clic sur l’appli, et tout le réseau d’anges gardiens est prévenu.MySOS existe sur iPhones et smartphones Android. Lancée fin 2013, l’appli bénéficie du soutien de la Fédération française de cardiologie et de la Croix rouge. Elle compte aujourd’hui plus de 100 000 membres en France. Et pourrait bientôt s’exporter dans d’autres pays.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Emeline Cazi, Maxime Vaudano et Elise Vincent C’est très certainement par un banal SMS que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont lancé leurs attaques meurtrières. On n’en connaît ni la longueur ni le contenu. Mais on sait son heure, son expéditeur, son destinataire. Et ces éléments, dont Le Monde a pu prendre connaissance, lèvent aujourd’hui tous les doutes qui ont pu entourer la concomitance des actes des trois hommes début janvier, à Paris : il s’agissait bien d’attentats coordonnés.Lire l’intégralité (édition abonnés) : Une heure avant « Charlie », le dernier SMSAprès avoir minutieusement épluché des centaines d’expertises téléphoniques, les enquêteurs ont en effet pu vérifier que le court message avait été envoyé le 7 janvier au matin. Qu’il a été localisé par la borne du domicile de Chérif Kouachi, à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. Qu’il a ensuite immédiatement été reçu par l’une des treize lignes de téléphone avec lesquelles jonglait Amedy Coulibaly depuis quelques mois. Et qu’il a été écrit à 10 h 19, soit une heure avant l’attaque de Charlie Hebdo.Armés jusqu’aux dentsJamais, jusqu’à présent, la preuve qu’ils s’étaient formellement concertés dans leurs attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, les 7 et 9 janvier, à Paris n’avait pu être établie. Les enquêteurs en ont désormais la certitude.Le SMS avant-coureur a été envoyé d’une ligne de téléphone qui n’a manifestement été ouverte, estiment les enquêteurs, que dans le but de permettre aux trois hommes d’échanger discrètement durant les vingt-quatre dernières heures avant le début des tueries. Grâce à l’analyse de cette ligne, les policiers ont également la conviction que Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly se sont rencontrés dans la nuit du 6 au 7 janvier, la veille des attentats, entre minuit et 1 heure du matin, moment où Chérif Kouachi a expliqué à son épouse qu’il devait sortir de son domicile.Le matin du 7 janvier, l’aîné des Kouachi, Saïd, est arrivé de Reims (Marne), où il vivait, par le TGV de 8 h 31. Il a rejoint en métro depuis la gare de l’Est le domicile de son cadet. Les deux frères se sont enfermés dans le séjour. Puis ils sont repartis vers 10 heures. Chérif était déjà habillé tout en noir, mais il avait enfilé un manteau gris à capuche, selon le récit de ses proches. Une heure plus tard, les deux frères se présentaient armés jusqu’aux dents devant le siège de Charlie Hebdo, assassinant douze personnes.Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont été extrêmement minutieux dans la préparation de leurs crimes. La colossale enquête policière sur les attentats le prouve. Le téléphone depuis lequel a été envoyé le SMS devait seulement permettre de caler les derniers détails des opérations. Ils n’ont eu sur cette ligne que des contacts minimalistes : six SMS au total. Celui de 10 h 19 a été le dernier.De son côté, Amedy Coulibaly, avec son expérience hors norme des trafics et des braquages, maîtrisait les techniques de prudence et l’art de la dissimulation. L’enquête montre que l’ex-caïd de cité avait repéré sur Internet plusieurs commerces juifs avant d’attaquer l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dont il a vérifié les horaires d’ouverture, avant de passer à l’attaque, d’assassiner quatre personnes parmi ses otages et d’être tué par les policiers.Retrouvez l’intégralité de nos contenus sur les attentats de Paris et notre grand format : « Des attentats à la marche républicaine, les cinq jours de Charlie Hebdo »Emeline CaziJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Qui sont les nouveaux clients des agences de presse ? Les marques, pardi ! Fini le temps où seuls les médias s’abonnaient aux fils de contenus proposés par les agences : désormais, toutes sortes d’entreprises les imitent, afin de disposer de contenu qu’elles pourront déployer elles-mêmes sur leurs sites, applications etc. Bienvenue dans le monde du « brand content » [contenu proposé par les marques].Symptôme de cette nouvelle tendance : l’agence de presse spécialisée dans les loisirs Relaxnews va être rachetée par le groupe de publicité Publicis, selon une annonce faite par les deux entreprises, lundi 16 février. Elles sont en tout cas entrées en négociations exclusives pour une durée de trois mois. Le groupe présidé par Maurice Lévy devrait débourser 15 millions d’euros. De leur côté, les deux fondateurs de Relaxnews, Jérôme et Pierre Doncieux, conserveraient une part minoritaire et leur rôle dirigeant.Fondée en 2000, Relaxnews s’est spécialisée dans la fourniture de contenus aux médias dans le domaine des loisirs et du divertissement. La société des frères Doncieux a signé un partenariat avec l’AFP en 2009, qui a abouti à la création d’un fil d’informations commun. Aujourd’hui, ce fil a conquis environ 200 clients dans le monde, dont 80 % de médias et 20 % de marques, selon Relaxnews.Les deux fondateurs en ont la conviction : c’est au niveau des « marques » que se situe désormais leur réservoir de croissance. « Nous pensons que 70 % de l’activité viendra à terme des marques », soulignent-ils. Un univers que va leur ouvrir le groupe Publicis - troisième groupe publicitaire mondial - et son réseau ZenithOptimedia, qui disposent d’un vaste portefeuille de clients.Sous l’œil d’un « déontologue »En rachetant Relaxnews, Publicis va pouvoir proposer à ses clients non seulement de consulter et de dupliquer les contenus du fil d’informations AFP/Relaxnews, mais aussi d’accéder à une solution globale proposant une veille sur Internet - grâce à un outil baptisé « radar » qui scrute les tendances - et des outils de mesure du « buzz ». Baptisée « Relax content manager », cette solution a été développée avec la société Trendsboard.Quand cette plate-forme sera vendue à un client, Publicis ne sera pas le seul gagnant, puisque Trendsboard, mais aussi l’AFP, co-éditeur du fil d’informations, percevront une part du revenu généré. D’autres services de l’AFP pourront même être proposés aux clients.Jérôme et Pierre Doncieux n’ignorent pas qu’une telle stratégie peut susciter de la défiance du côté des médias. Comment garantir l’indépendance du contenu avec autant de marques clientes ? Ils proposent une réponse, avec la nomination d’un « déontologue » en la personne de Denis Jeambar, ancien directeur de L’Express, qui sera en charge d’un « audit des pratiques ».Les outils proposés par Relaxnews répondent en tout cas au besoin des grands réseaux publicitaires, qui doivent désormais épancher la soif de « contenu » des entreprises, soucieuses de communiquer constamment avec les consommateurs. Il s’agit, selon Sébastien Danet, président de ZenithOptimedia, de « développer la force de frappe numérique par une démarche contenu ».Publicis entend réaliser dès 2015 au moins 50 % de son chiffre d’affaires dans le numérique, qui a représenté, en 2014, 42 % de son activité. Pour cela, le groupe a notamment acquis Sapient, spécialiste de marketing et communication numériques. Publicis réalise un chiffre d’affaires annuel global de plus de 7 milliards d’euros.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.02.2015 à 12h59 • Mis à jour le17.02.2015 à 08h56 | Alexis Delcambre Quatre jours après que le CSA a notifié plusieurs mises en demeure aux médias audiovisuels pour leur traitement des attaques terroristes survenues à Paris en janvier, le débat ouvert par ces critiques contestées se poursuivait, lundi 16 février.Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Première figure gouvernementale à s’exprimer depuis jeudi, la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, a ainsi fait part, sur i-Télé, de sa volonté de « donner un cadre plus clair aux journalistes et aux chaînes de télévision, notamment celles qui travaillent en continu ».Mme Pellerin a évoqué un travail commun avec ses collègues de l’intérieur et de la justice pour « établir des procédures » : « où on peut s’installer, où on peut mettre ses caméras et comment faire, quelles informations, comment valider les informations qu’on peut donner à la télévision sans mettre en danger la vie d’autrui ».Dans l’entourage de la ministre, on précise toutefois que la démarche ne se veut pas « intrusive » et qu’il s’agit avant tout de répondre aux questions que les médias pourraient se poser. Une démarche gouvernementale qui sera suivie avec grande attention par les journalistes de radios et télévisions, qui ont multiplié, depuis jeudi, les réactions aux décisions du Conseil supérieur de l’audiovisuel.Tollé dans les rédactionsVendredi soir, dans un communiqué commun, les sociétés des journalistes de BFM-TV, France 2, France 24, i-Télé, RMC et RTL avaient dénoncé une « injonction au silence » et une « volonté de mise au pas ».Plus tôt, le syndicat national des journalistes (SNJ) avait jugé que « le CSA s’arroge le droit de faire évoluer ses missions et de se transformer en censeur des ondes » et parle d’une « volonté politique de vouloir mettre un bâillon aux rédactions ». Dans un communiqué, il estime que cette décision « ouvre la porte à l’autocensure des confrères et à la censure par les hiérarchies » et rappelle que « la déontologie » tout comme « la responsabilité morale, professionnelle et juridique » sont du ressort des journalistes eux-mêmes.« Les journalistes ne sont pas des auxiliaires de l’action publique, a rappelé, de son côté, l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI), dans un communiqué. Tenter de les réduire à ce rôle serait attentatoire aux libertés fondamentales, pousserait à la censure et à l’autocensure, conduirait à faire le silence sur des informations d’intérêt public comme, par exemple, l’action des forces de l’ordre, des projets de réforme ou des négociations en cours. »« Le CSA est dans son rôle », a défendu, lundi, Fleur Pellerin, en référence aux missions conférées par la loi au CSA. Mardi, les responsables de l’information des radios et télévisions devaient se réunir à 15 heures au siège de TF1 pour étudier l’opportunité d’une réponse commune.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Charlotte Bozonnet Deux journalistes français ont été interpellés dimanche 15 février à Rabat et leur matériel saisi, alors qu'ils effectuaient une interview dans les locaux de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), la principale ONG de défense des droits de l'homme du pays. Jean-Louis Perez et Pierre Chautard, qui réalisaient un documentaire pour France 3, étaient dans la soirée sur le point d'être expulsés et renvoyés en France.Les deux journalistes de l'agence Premières Lignes ont été interpellés en fin de journée par plusieurs policiers, au motif qu'ils ne disposaient pas de l'autorisation nécessaire pour filmer. Le président de l'AMDH, Ahmed El-Haij, a expliqué à l'AFP que des membres des services de sécurité s'étaient déjà présentés dans la matinée. Mais ceux-ci « n'ayant produit aucune pièce d'identité, ni mandat d'arrêt », les responsables associatifs avaient refusé de leur remettre les deux journalistes.Ce n'est pas la première fois qu'un tel scénario se produit au Maroc. Le 23 janvier, une équipe de la chaîne arabophone de France 24, pourtant habituée à travailler dans le pays, avait elle aussi été empêchée de tourner une émission – ce jour-là consacrée à « l'humour comme moyen d'expression » après les attentats contre Charlie Hebdo –, au motif qu'elle ne possédait pas l'autorisation officielle. Selon Paul Moreira, le directeur de l'agencePremières lignes, les deux journalistes avaient cette fois-ci bien demandé depuis plusieurs semaines une autorisation de filmer, mais n'avaient reçu aucune réponse et en avaient donc conclu qu'elle n'était pas obligatoire pour travailler.REMISE À PLAT DE LA COOPÉRATION JUDICIAIRECes faits interviennent moins de quarante-huit heures après la visite à Rabat du ministre français de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, premier officiel à se rendre au Maroc depuis la fin de la brouille diplomatique entre les deux pays. Celle-ci avait éclaté en février 2014 lorsqu'une juge d'instruction française avait demandé à entendre un haut responsable marocain, Abdellatif Hammouchi, le patron de la DGST, le contre-espionnage marocain, visé par plusieurs plaintes pour torture. Le Maroc qui avait exigé une remise à plat de sa coopération judiciaire avec Paris a récemment obtenu gain de cause avec la signature le 31 janvier d'un nouvel accord (dont le contenu exact n'a pas encore été rendu public). Samedi, à Rabat, M. Cazeneuve avait annoncé que M. Hammouchi serait bientôt décoré de la Légion d'honneur.Lire aussi : Le patron du contre-espionnage marocain décoré par ParisL'interpellation des deux journalistes s'est produite dans les locaux du siège national de l'AMDH. Si aucun membre de l'association n'a été interpellé dimanche soir, l'organisation, présente dans tout le pays, dénonce depuis juillet 2014 l'« interdiction systématique » de ses activités par les autorités marocaines. En six mois, une soixantaine d'initiatives auraient été empêchées de se tenir, souvent en bloquant l'accès des lieux prévus pour ces activités. Fin 2014, l'ONG Human Rights Watch avait demandé aux autorités d'« arrêter d'entraver arbitrairement les activités pacifiques des organisations indépendantes de défense des droits humains et leur permettre de fonctionner librement ».Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.02.2015 à 16h50 • Mis à jour le13.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre Il était l’un des plus célèbres, et certainement le plus atypique des journalistes du New York Times, une figure unique et improbable devenue l’incarnation de l’emblématique quotidien américain. Au sortir d’une table ronde sur le film Citizenfour consacré à Edward Snowden, jeudi 12 février peu avant 21 heures, David Carr s’est effondré, au cœur de cette salle de rédaction du « Times » qu’il arpentait depuis douze ans. Il était âgé de 58 ans.Pour les journalistes couvrant le secteur des médias, et pour tous ceux qui suivent de près leurs mutations, M. Carr était une sorte d’icône. La clairvoyance des analyses qu’il livrait, chaque semaine, dans sa chronique « The Media equation », et sa hauteur de vue, se mêlaient à son style âpre et corrosif dans un mariage inhabituel. Il excellait dans l’art d’exposer les situations complexes des médias confrontés à la révolution numérique, avec des informations précises et détaillées, et une façon très solide de soutenir un propos.On repensait alors, inévitablement, aux séquences du film Page One : Inside The New York Times dans lequel on le voyait dans la posture de l’enquêteur, traquant au téléphone les dirigeants du groupe de médias Tribune pour vérifier, une à une, chacune des assertions qu’il s’apprêtait à publier. Un journalisme de « facts » méthodique et intransigeant pratiqué par un homme direct sans être rude.Lire aussi : "A la Une du 'New York Times'" : à New York, le quotidien ordinaire d’un quotidien en crise On croyait presque deviner, derrière cette rigueur obsessionnelle, la personne qu’avait pu être David Carr 25 ans plus tôt, dans sa vie précédente d’accro au crack,- une addiction qu’il était parvenu à surmonter. Il avait raconté cette vie, sans fard, dans une autobiographie publiée en 2008, The Night of the gun, et la portait encore dans sa silhouette bancale, ses traits marqués ou sa voix rauque.Le jeune homme doué, major de psychologie et de journalisme à l’université du Minnesota, avait transité par les bas-fonds avant de se hisser, pas à pas, d’un journal local au temple du journalisme : il y avait dans la trajectoire de David Carr une forme très américaine de rédemption ou de renaissance. L’homme avait également réchappé d’un cancer. « Je vis aujourd’hui une vie que je n’ai pas méritée, écrivait-il en conclusion de son récit. Mais nous passons tous sur cette terre avec le sentiment que nous sommes des imposteurs. »Gardien du templeLe film Page One d’Andrew Rossi, sorti en 2011, en avait fait l’incarnation du journalisme et des valeurs défendus par le New York Times. À l’origine, Rossi voulait faire le portrait de Carr, et il a finalement choisi d’étendre son propos pour livrer un portrait collectif de la rédaction de « The Grey Lady ». Mais son documentaire reste habité par la figure du journaliste du « media desk ». Sa densité, son charisme, tranchent en regard du style classique et policé de ses collègues.Une autre séquence du documentaire le confronte à l’équipe de Vice, le site en vogue qui prétend proposer un journalisme dépoussiéré et aller dans les endroits que délaissent les médias traditionnels. À l’écran, un reportage que Vice a réalisé sur la vie au Liberia et notamment le manque de sanitaires. « Nous y sommes allés bien avant vous, avait coupé David Carr. Ce n’est pas parce que vous avez mis un putain de casque de safari et regardé de la merde sur une plage que vous avez le droit de nous insulter. » « Sorry, sorry… », avait alors répété le leader de Vice, Shane Smith, rendant les armes. Outre ce film, Carr était aussi connu pour sa présence sur les réseaux sociaux et allait d’écoles de journalisme en tables rondes et autres panels, avec un goût manifeste pour la controverse. Sa dernière table ronde réunissait la réalisatrice Laura Poitras et le journaliste et prix Pulitzer Glenn Greenwald. « David Carr était l’un des journalistes les plus doués à avoir travaillé pour le New York Times », a déclaré le président de l’entreprise, Arthur Ochs Sulzberger Jr.Naissance : 8 septembre 1956 à Minneapolis2011 : « Page One, Inside The New York Times » Mort : 12 février 2015 à New YorkAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Personne n’aime se faire taper sur les doigts. Mais les responsables de l’information des radios et télévisions françaises ont réagi avec une rare véhémence aux trente-six mises en garde et mises en demeure notifiées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), jeudi 12 février, sur la couverture médiatique des attaques djihadistes à Paris et Montrouge, début janvier.« Les décisions du CSA soulèvent des questions majeures pour le droit à l’information dans notre pays, estime ainsi Thierry Thuillier, directeur de l’information de France Télévisions. Je souhaite être reçu par le CSA et demande des explications. »Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesTonalité similaire sur l’autre rive de la Seine, à Radio France, qui a fait part, jeudi soir, de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction ». De fait, les décisions du CSA sont susceptibles d’appel et de recours devant le Conseil d’Etat.Selon nos informations, une réunion des responsables de l’information des radios et télévisions et d’ores et déjà programmée, mardi 17 février, au siège de TF1, afin d’échanger et d’étudier l’opportunité d’une réponse conjointe.Principe de précaution contre liberté d’informationLa plupart des médias audiovisuels sont concernés, car les notifications du CSA n’ont épargné personne – pas plus qu’elles n’ont ciblé un média en particulier. LCI s’est vu notifier trois mises en demeure ; BFMTV et iTélé deux, comme France 2 et TF1, qui avaient elles aussi fait le choix du direct, ou encore France 24 ; sans oublier Europe 1, France Info et France Inter, RFI, RMC, RTL ou Euronews.« Le CSA dit en quelque sorte que tous ceux qui ont fait du temps réel ont failli, commente Céline Pigalle, directrice de l’information du groupe Canal+ (propriétaire d’iTélé). Ceux qui ne sont pas sanctionnés [à l’image des médias du groupe M6] sont ceux qui n’ont pas proposé d’édition spéciale pour couvrir ces événements. Quel est le message ? »Un point concentre plus particulièrement l’ire des médias, d’autant qu’ils se voient tous mis en demeure pour ce motif : avoir annoncé que des affrontements avaient commencé entre forces de l’ordre et terroristes à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher (…), dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », écrit le CSA.Or, les médias rappellent que le statut de cette « déclaration » du preneur d’otages était incertain et n’avait pas fait l’objet d’une consigne policière explicite. « Si doute il y a, ce que je ne crois pas, il faut appliquer le principe de précaution en raison des vies en jeu », rétorque Nicolas About, membre du groupe de travail du CSA sur le sujet.Hyper Cacher : les versions contradictoires de BFM-TV et de la direction du RAIDSurtout, radios et télévisions jugent ce point « déconnecté de la réalité médiatique », pour reprendre les termes d’un directeur de rédaction. « Ça va devenir compliqué, si on ne peut plus informer en direct, juge Catherine Nayl, directrice de l’information du groupe TF1. Que fait-on ? On met un écran noir ? Des “bips” pour cacher les sons ? » « Il faudrait donc arrêter le direct, imagine Thierry Thuillier. Cela revient à pousser les gens vers les sites d’information – y compris le nôtre – ou les réseaux sociaux qui, eux, ne sont pas régulés par le CSA ! »Le Conseil ne nie pas cette limite, mais la loi ne lui donne compétence que sur les radios et télévisions. Depuis son arrivée à la tête du CSA en 2012, Olivier Schrameck plaide pour une extension de cette compétence aux « services de communication audiovisuelle » en ligne… mais il est risqué, politiquement, de déterrer le sujet sensible de la régulation du Web.Contrôler ce qui est dit à l’antenneLes autres points soulèvent moins de contestations. L’un concerne le choix de diffuser la vidéo montrant l’assassinat du policier Ahmed Merabet par les terroristes. Seule France 24 avait diffusé cette séquence – avec des atténuations –, et cela lui vaut une mise en demeure. « Je suis étonné, soupire néanmoins son directeur de la rédaction, Marc Saikali. Veut-on que nos téléspectateurs à l’étranger se reportent sur nos concurrentes Al-Jazira ou CNN, qui n’hésitent pas à montrer ce type d’images ? » Une autre mise en demeure concerne la divulgation de l’identité des frères Kouachi avant la diffusion de l’appel à témoins par la Préfecture de police. iTélé et LCI avaient donné à l’antenne des éléments permettant cette identification, issus d’informations qui circulaient sur les réseaux sociaux, parfois de source policière ou militaire. « Nous n’avons fait que relayer un appel à témoins », se défendent, en substance, les chaînes, soulignant qu’elles ne pouvaient passer sous silence une information qui circulait par ailleurs.Mais le CSA estime que, dans ce cas, le souci de ne pas « perturber l’action des autorités » l’emporte sur le droit d’informer. « Certes, la fiche de recherche avait fuité sur les réseaux sociaux, explique M. About. Mais les radios et télévisions ont un pouvoir accréditant. Quand elles en parlent, cela change le statut de cette information. En l’espèce, le gouvernement a été contraint de diffuser à son tour la fiche de recherche, car tout avait été dit sur les antennes. » Sans surprise, une dernière mise en demeure concerne la révélation, par cinq médias, que des personnes étaient cachées sur les lieux des prises d’otages de Dammartin-en-Goële ou de la porte de Vincennes. Ces « révélations » ont pu prendre des formes variées : information glissée à l’antenne par un journaliste, ou parfois par un témoin interrogé en direct, dont la parole ne pouvait être filtrée.Pour le CSA, ces mentions ont été « susceptibles de menacer gravement la sécurité des personnes retenues dans les lieux ». Les médias se voient donc incités à retenir ce type d’informations, mais aussi à réfléchir aux moyens de contrôler ce qui est dit à l’antenne – y compris par des non-journalistes – dans des situations de direct intégral, pour rester des garants actifs de l’information.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guillot C'est rarement la subtilité qui caractérise, d’ordinaire, les photos récompensées par le World Press, le prix le plus célèbre du photojournalisme : on y prime plutôt les effets spectaculaires, les sentiments exacerbés (douleur, tristesse), les actions fortes (bombardements, tueries, torture), l’hémoglobine… Y aurait-il comme une prise de conscience que ce genre d’images, certes très lisibles et efficaces, peut lasser ? Et qu’elles répondent rarement à la complexité des faits ?Comme pour répondre aux reproches faits depuis longtemps à cette imagerie répétitive et souvent pleine de clichés (riche/pauvre, victime/bourreau, mère à l'enfant ou « mater dolorosa »…), cette année, le World Press a décerné le titre de l'image de l'année à une photo sans action marquante, ni scène tragique. L'image de Mads Nissen, prise à Saint-Pétersbourg, montre un jeune couple homosexuel dans son intimité. Les poses, le clair-obscur et le décor (le drapé d'un rideau) font bien plus référence à la peinture hollandaise qu'à la photo de guerre. Les faits traités sont bien tragiques – la discrimination et la violence contre les homosexuels en Russie – mais ils sont illustrés par une image de tendresse et d’affection. « C'est une image très très subtile » a commenté Michelle McNally, présidente du jury, qui a qualifié la photo de « superbe scène ». Une photo qui montre non seulement le quotidien, mais qui a été prise dans un pays proche, pas sur le terrain d’une guerre lointaine. « C'est une chose qui manque souvent dans le photojournalisme, on a toujours l'impression qu'il faut chercher l'exotique », a commenté Donald Weber, autre membre du jury. Patrick Baz, de l’Agence France Presse, qui a également participé au jury, a insisté sur Twitter : « Ce prix parle d’amour et de haine, de paix et de guerre, et on n’a pas besoin de sang et de destructions pour décrire ça. »Lire aussi : le palmarès du World Press Photo 2015S'agirait-il d'une évolution durable ? Déjà, en 2014, le World Press avait récompensé une photo moins évidente que d'habitude, en évitant l’instant décisif et l’événement exceptionnel : on y voyait, dans une scène nocturne, des migrants lever leur téléphone portable en quête de réseau pour appeler leurs proches restés au pays. Le reste du temps, les photos de l’année du World Press font plutôt dans le spectaculaire. Les photos de sport particulièrement manipuléesAutre tendance forte en 2015 : la manipulation des images. Le jury, qui demande à tous les candidats présélectionnés d’envoyer les fichiers numériques « raw », c’est-à-dire avant toute retouche, pour les comparer avec les images soumises à la compétition, a eu des mots très durs sur la quantité de fichiers retouchés de façon excessive, et donc disqualifiés. Ce fut le cas d’une image sur cinq, soit 20 % !Le directeur général du World Press Photo, Lars Boering, a déclaré dans un communiqué : « Cette année, le jury a été très déçu de découvrir avec quelle légèreté les photographes ont traité leurs fichiers soumis à la compétition. Quand un élément a été ajouté ou retranché de l’image, cela nous a conduits à rejeter l’image en question. (...) Il semble que certains photographes ne peuvent résister à la tentation de rehausser leurs images soit en enlevant de petits détails pour “nettoyer” une image ou parfois à changer la tonalité de façon excessive, ce qui constitue un changement réel de l’image. Ces deux types de retouches compromettent l’intégrité de l’image. »Les retouches ont particulièrement affecté la section « sports », au point que le jury a renoncé à décerner le troisième prix de la catégorie « stories », faute de candidat « propre » (voir l’entretien de Lars Boering avec le British Journal of Photography, en anglais).Sens de l’image fausséUne tendance sur laquelle on peut émettre quelques hypothèses : peut-être le jury du World Press Photo est-il particulièrement sévère sur les retouches considérées comme « classiques » (couleurs réhaussées, ombres atténuées, etc.) ? On a du mal à le croire, vu que les membres sont issus de différents médias à travers le monde, avec des habitudes différentes.Ou alors peut-être les candidats au World Press ont-ils accentué les retouches dans l’espoir d’augmenter leurs chances d’être sélectionnés, sachant que le prix récompense des photos souvent parfaites techniquement ? Là encore, on peut en douter : ils savaient que leurs images seraient comparées aux fichiers originaux, et risquaient d’être disqualifiées car ces manipulations seraient considérées comme de la fraude.Ou enfin – hypothèse la plus probable, vu le nombre énorme d’images rejetées – les photographes ont pris l’habitude de retoucher leurs photos à un tel point et avec une telle facilité qu’ils ne semblent plus avoir conscience qu’ils faussent le sens de l’image. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter sur ce qui nous est donné à voir du monde aujourd’hui. Comme s’il fallait, pour qu’elles retiennent notre attention dans le flot visuel qui nous noie, des images toujours plus léchées, toujours plus parfaites, toujours plus spectaculaires. Des images qui ressemblent plus aux jeux vidéo qu’à la réalité.Lire aussi le post de blog : les photos retouchées du World PressClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a relevé 36 manquements aux règles de la communication audiovisuelle lors de la couverture que les radios et télévisions ont faite des attentats de Paris du 7 au 9 janvier.Il a émis 21 mises en demeure et 15 mises en garde, mais n’a pas prononcé de sanction. Les sanctions, juridiquement, ne peuvent intervenir sans mise en demeure préalable. Ces mises en demeure constituent donc une hypothèque pour les médias concernés, qui se verront sanctionnés s’ils réitèrent les mêmes manquements.Le CSA avait réuni les responsables radios et télévisions le 15 janvier et dit avoir tenu compte de cette « enquête contradictoire ».Selon le CSA, les faits qui ont justifié ces mises en garde et demeure sont les suivants :La diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes ;La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi ;La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes ;La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ;L’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes ;La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ;La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.La plupart des télévisions sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Six radios le sont également, parmi lesquelles France Info et France Inter. Le groupe Radio France a fait part jeudi soir de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction », peut-on lire sur le site de France Info.Sept chaînes de télévision et six radios sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Parmi elles, France Info et France Inter, qui comptent déposer un recours, peut-on lire sur le site de France Info. « Nous contestons cette mise en demeure, nous ne la comprenons pas », a réagi Erik Kervellec, directeur de la rédaction de France Info, évoquant une sanction « parfaitement injustifiée » : « ils nous reprochent en quelque sorte d’avoir fait notre métier, c’est à dire d’avoir dit : il se passe quelque-chose à Dammartin-en-Goële, il y a des coups de feu ».Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est une surprise. Le patron du groupe de télécoms Altice - SFR - Numericable, Patrick Drahi, et son associé, Marc Laufer, vont acquérir l'ensemble des magazines français que détient le groupe Roularta, soit le cinquième pôle français de presse magazine. Avec cette acquisition, les deux hommes, déjà co-actionnaires de Libération, prennent une place croissante dans le paysage médiatique français.Jeudi 12 février en fin de matinée, un communiqué de Roularta est venu confirmer ce que l'AFP puis Le Monde avaient annoncé. « Les négociations exclusives entamées par Roularta Media Group avec Monsieur Patrick Drahi associé à Monsieur Marc Laufer devraient permettre la cession de la totalité des activités de Roularta en France », selon ce texte. Jusqu'ici, le périmètre des négociations exclusives entre les deux parties, ouvertes le 8 janvier, ne portait que sur une partie des magazines, dont L'Express, mais aussi sur Mieux vivre votre argent, Lire, Classica, Pianiste, Studio Ciné Live, le site L'Entreprise, l'organisation de salons de recrutement Job Rencontres, le Salon du travail et de la mobilité, le salon Expolangues et le portail Distrijobs.De son côté, le groupe belge Roularta devait conserver son pôle Education (autour de L'Etudiant et de ses 80 salons), Point de vue, Histoire, Images du monde et son pôle Art de vivre, notamment avec le site cotemaisons.fr, les magazines Côté Sud, Côté Ouest, Côté Est, Côté Paris, ou encore Maison française Magazine, l'hebdo gratuit A Nous Paris et les mensuels gratuits A Nous Lille / Lyon / Marseille. Ces titres étaient également convoités par Le Figaro.Mais les lignes ont bougé ces derniers jours. Selon nos informations, les parties ont constaté que la partition du groupe serait difficile à mener et source de nombreuses complications. Outre son offre, supérieure à celle qu'aurait proposée le groupe Bolloré, Patrick Drahi se serait montré ouvert à une reprise globale du groupe Express Roularta, incluant le bail de l'immeuble de L'Express situé rue de Châteaudun à Paris.« La procédure de consultation du Comité d'Entreprise de Groupe Express Roularta (GER) devrait être entamée dans les plus brefs délais », assure le communiqué de Roularta. Jeudi matin, les délégués du personnel et syndicaux ont été informés. Des réunions d'information se sont également tenues dans les différents services.UN PRIX EVALUE A 50 A 70 MILLIONS D'EUROSPour le groupe belge, cette cession vient clore une décennie au bilan négatif. En 2006, Roularta avait déboursé plus de 210 millions d'euros pour acquérir ces magazines, puis 30 à 40 autres millions pour Point de vue. Las, en raison de la baisse des recettes publicitaires et des ventes, ce pôle s'est mis à accumuler des pertes récurrentes, que des plans sociaux à répétition n'ont pu entraver. En 2013, le groupe belge avait ainsi accusé une perte nette de 57,9 millions d'euros, principalement due à ses magazines français. Une première dépréciation d'une cinquantaine de millions d'euros avait été passée.Dès lors, la cession était devenu une option sérieuse et les rumeurs de vente se sont multipliées. Mais les discussions ont souvent achoppé sur le prix, Roularta refusant de brader son actif.Il est peu probable que le montant payé par MM. Drahi et Laufer soit divulgué. Roularta s'est contenté, dans son communiqué, de préciser qu'« en cas d'accord, Roularta tiendra compte dans ses comptes annuels 2014 d'une réduction de valeur, sur les activités françaises, estimée prudemment entre 140 et 150 millions d'euros. » Ajouté au montant de la première dépréciation, ce chiffre suggère que le prix final accepté par Roularta pourrait être compris entre 50 et 70 millions d'euros. RAPPROCHEMENT PROCHAIN AVEC « LIBÉRATION »Cette acquisition, quelques mois après la reprise de Libération, témoigne de l'appétit du propriétaire d'Altice et de son associé Marc Laufer, passé notamment par les groupes NRJ et NextRadioTV. Les deux hommes ont pour objectif la constitution d'un groupe de médias puissant et diversifié.Outre Libération et les magazines de Roularta, ce groupe doit inclure la chaîne d'information en continu i24news, lancée en Israël par Patrick Drahi, et le groupe de presse professionnelle NewsCo, créé par M. Laufer. Certains observateurs pointent l'hétérogénéité de ces titres, aux cultures éditoriales dissemblables. Mais les deux hommes avancent. Ils auraient choisi un nouveau nom pour leur groupe, Altice Media Group, et non plus Mag & NewsCo, comme initialement annoncé. Et bientôt, Libération pourrait être hébergé dans les locaux de L'Express.Ils ne sont pas pour autant attendus comme des sauveurs. Le 17 janvier, dans un communiqué, les rédactions s'étaient alarmées des négociations en cours, estimant que « la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs ». Le pôle des magazines français de Roularta comprend aujourd'hui 720 personnes environ, dont 330 journalistes, hors pigistes et CDD.Selon un journaliste contacté par Le Monde, le fait que la transaction porte finalement sur l'ensemble des titres était toutefois perçu, jeudi, comme un élément rassurant. « C'est plutôt une bonne nouvelle, a-t-il estimé. Le découpage du groupe nous paraissait irréaliste. Ce rachat global maintient la cohérence de nos titres et lève plusieurs ambiguités, notamment pour toutes les fonctions transversales. Cela dit, nous n'ignorons pas qu'un plan de départs reste plausible, car le groupe perd de l'argent et que Drahi et Laufer semblent intransigeants sur ce point. »  Les sociétés des journalistes de L'Express et de Libération ont également publié un communiqué conjoint, jeudi, selon lequel elles « veilleront au respect de leurs identités et de leurs indépendances respectives » et « insistent sur l'indispensable séparation des deux rédactions » pour « préserver les spécificités de ces deux journaux d'information générale à l'histoire et aux positions éditoriales singulières ». Elles formulent également plusieurs demandes relatives à l'indépendance éditoriale et à la gouvernance du futur groupe.Lire (édition abonnés) : Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.02.2015 à 10h16 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h21 A deux mois du choix d'un nouveau président, le climat social se tend à France Télévisions, où les syndicats organisent depuis le 29 janvier des grèves quotidiennes contre un projet de réorganisation du travail, ont indiqué plusieurs dirigeants syndicaux.Les principaux syndicats déposent chaque jour, tour à tour, un préavis de grève de 24 heures. Des grèves partiellement suivies qui perturbent les antennes, mais pas assez pour que le téléspectateur s'en aperçoive, ont expliqué des délégués de FO et du SNJ. « Nous demandons l'abandon du projet de réorganisation qui bouleverse les conditions de travail, notamment celles des techniciens, et entraîne des pertes de rémunérations », a expliqué Eric Vial de FO.Ces changements d'horaires sont liés notamment au projet d'unification des rédactions nationales de France 2 et France 3, baptisé « Info 2015 ». Autre demande, l'arrêt de l'externalisation de certaines émissions, réalisées chez des sous-traitants. Des salariés se plaignent par exemple de pauses imposées en milieu de journée afin, selon eux, d'éviter de leur payer des heures supplémentaires, ce qui perturbe la fabrication des JT.APPLICATION « DÉLOYALE »« Il n'y a plus de dialogue social car les dirigeants du groupe font leurs cartons », a lancé Eric Vial, allusion au choix du prochain président de France Télévisions en avril par le CSA, alors que le mandat de Rémy Pflimlin vient à échéance. Des contestations se manifestent aussi dans le pôle France 3 Nord-est et à La Réunion, a-t-il ajouté.Depuis la signature d'un accord collectif en 2013, la direction prévoit d'unifier les conditions de travail entre les salariés de France 2 et France 3, afin notamment de réduire les coûts et mutualiser les moyens. Les syndicats dénoncent une application « déloyale » de l'accord, au point que la CFDT a décidé de « retirer sa signature », ont indiqué les syndicats. « Il n'y a plus de négociations, la direction attend que ça passe et ne prend plus de décision, instaurant un climat de fin de règne », a renchéri le délégué SNJ Serge Cimino, qui compte présenter sa candidature à la présidence.Côté direction, le DRH, Patrice Papet, a minimisé le conflit. « Les changements d'organisation génèrent des résistances chez une partie du personnel », mais la direction est « prête à faire des aménagements » et « fera des propositions », a-t-il dit. Quand au choix de la CFDT de retirer sa signature de l'accord collectif, « c'est un effet de manche », a-t-il jugé.Lire aussi : France Télévisions, le grand corps malade Guillaume Fraissard Balles neuves pour la Coupe Davis. La fédération internationale de tennis a annoncé lundi 2 février la signature d’un partenariat avec la chaîne qatarie beIN Sports pour les droits télés et numériques de la Coupe Davis de tennis et de son pendant féminin la Fed Cup, les deux plus grandes compétitions de ce sport par équipes.Le contrat, dont le montant n’a pas été dévoilé, porte sur les sept prochaines saisons et démarre dès 2015. Dans un communiqué, la Fédération de tennis précise que ce partenariat à pour but « d’accroître l’exposition globale et la qualité de la couverture de la Coupe Davis et de la Fed Cup » aussi bien à la télévision que sur les réseaux numériques.En s’emparant des droits de la Coupe Davis, BeIN Sports poursuit son offensive dans l’univers de la petite balle jaune. La chaîne disposait déjà des droits du tournoi de Wimbledon, du Masters de Londres ou encore des principaux tournois du Masters 1000 (hors Monte-Carlo et Bercy).La Fed Cup et la Coupe Davis étaient jusqu’à présent diffusées sur Sport + (groupe Canal+) avec France Télévisions en relais pour tous les matches des équipes de France masculine et féminine.Comme pour d’autres sports (football, handball,…) la législation française en matière de droits sportifs précise en effet que si une équipe de France atteint les demi-finales, les matches doivent être diffusés en clair. Ce fut le cas récemment avec la demi-finale et la finale du championnat du monde de handball au Qatar.Le premier tour de Fed Cup, programmé les 7 et 8 février entre la France et l’Italie, sera diffusé sur France 4.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon C’est la fin d’un long calvaire pour Peter Greste. Après quatre cents jours de détention, dont un mois à l’isolement, le journaliste australien de la chaîne en langue anglaise Al-Jazira a été expulsé par les autorités égyptiennes. Dimanche 1er février, il s’est envolé pour Chypre. Peter Greste avait été condamné en juin 2014 avec deux autres journalistes de la chaîne, l’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy et l’Egyptien Baher Mohammed, à des peines de sept à dix ans de prison pour diffusion de « fausses informations » et soutien à une organisation terroriste, les Frères musulmans. Ils avaient été arrêtés lors d’une descente – filmée et diffusée à la télévision égyptienne – dans leurs chambres de l’hôtel Marriott, au Caire, le 29 décembre 2013.En expulsant Peter Greste, l’Egypte se débarrasse d’une affaire qui a terni son image à l’étranger. Leur procès a été dénoncé comme une farce par les organisations des droits de l’homme internationales. Les trois journalistes ont été pris en otages d’un différend politique entre l’Egypte et le Qatar autour de la chaîne que finance l’émirat et que l’Egypte accuse d’être le porte-voix des Frères musulmans. Ces derniers sont l’objet d’une sévère répression de la part des autorités depuis la destitution par l’armée du président islamiste, Mohammed Morsi, le 3 juillet 2013.Ils ont été soutenus par une importante campagne médiatique de la chaîne Al-Jazira et des médias du monde. Quant aux autorités australiennes, elles ont travaillé sans relâche pour obtenir la libération de leur ressortissant. Le Canada s’est également démené pour trouver une issue pour le sien, Mohammed Fahmy. Le président américain, Barack Obama a demandé à son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, d’user de la grâce présidentielle pour mettre un terme à leur emprisonnement, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2014. Le réchauffement des relations entre l’Egypte et le Qatar à la fin 2014 – et notamment la fermeture en décembre par le Qatar de sa chaîne égyptienne d’informations en continu Misr Moubasher – relancé l’espoir pour les trois hommes.Loi taillée sur mesureA plusieurs reprises, le raïs égyptien a confié à la presse qu’il aurait mieux valu expulser les journalistes pour épargner à l’Egypte cette mauvaise publicité. Au nom du respect de l’indépendance de la justice, il avait toutefois exclu d’interférer dans la procédure. La possibilité d’une grâce présidentielle, qu’il avait évoquée, était ainsi suspendue à la fin du procès en appel. Le 1er janvier, la Cour de cassation égyptienne a accepté l’appel. La décision, saluée unanimement, promettait toutefois les trois journalistes à de longs mois de détention dans l’attente du verdict. Les autorités égyptiennes ont finalement décidé de recourir dans le cas de Peter Greste à une loi taillée sur mesure, promulguée par décret présidentiel fin 2014, prévoyant l’expulsion de prévenus étrangers pour être rejugés ou pour purger leur peine dans leur pays.L’expulsion de M. Greste n’éteint pas la procédure. Conformément à la loi, s’il est condamné en appel, il devra purger en AUstralie. « Nous sommes heureux d’apprendre la libération de Peter Greste, mais on aurait espéré qu’il soit libéré parce qu’innocent, sur la base de lois normales, plutôt que grâce à une loi inconstitutionnelle », a estimé auprès des médias égyptiens Gamal Eid, le directeur du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme. Les défenseurs des droits de l’homme et les proches de MM. Fahmy et Mohammed craignent que les deux journalistes soient oubliés et laissés à leur triste sort. « Nous ne nous arrêterons pas tant que Baher et Mohammed n’auront pas retrouvé leur liberté aussi », a indiqué Mostapha Souag, le direction général d’Al-Jazira. « Les autorités égyptiennes ont le pouvoir de mettre un terme à cela proprement et c’est ce qu’elles doivent faire. » Peter Greste a promis, par la voix de son frère Andrew, qu’il se battrait pour ses collègues.L’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy, qui souffre de complications de santé liées à une hépatite C, pourrait être expulsé vers le Canada, selon certaines sources. Il en a fait la demande début janvier. Des sources judiciaires estiment qu’il devra renoncer à sa citoyenneté égyptienne pour bénéficier de la même loi que Peter Greste, qui ne s’applique pas aux binationaux. « Pourquoi un être humain doit-il renoncer à sa citoyenneté pour être libéré de prison pour un crime qu’il n’a pas commis ? », ont questionné ses proches sur le compte Twitter qu’ils alimentent en son nom. Ils espèrent encore que le président Sissi lui offrira une alternative. Dans une lettre rendue publique le 1er février au matin, sa mère Wafa Abdel Hamid Bassiouni a imploré le président Sissi de lui accorder sa grâce, l’assurant de sa loyauté envers l’Egypte. Baher Mohammed ne dispose pour sa part d’autre issue que d’être innocenté ou gracié en appel.Le Caire revoit sa stratégie dans le SinaïLe président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé, dimanche 1er février, l’allocation de 1,3 milliard de dollars (1,145 milliard d’euros) à un programme de développement et de lutte antiterroriste dans le nord du Sinaï. Une nouvelle université consacrée au roi saoudien défunt Abdallah, parrain du Caire, y sera inaugurée. La veille, le chef de l’Etat avait annoncé la formation d’un commandement militaire unifié pour lutter contre l’insurrection djihadiste dans la péninsule désertique, sous les ordres du lieutenant-général Ossama Askar. Ces annonces font suite à l’attaque coordonnée de grande ampleur menée, jeudi, dans les villes d’Al-Arich, de Cheikh Zouweid et de Rafah par la province du Sinaï, la branche égyptienne de l’Etat islamique. Au moins 30 personnes, dont une majorité de militaires, ont été tuées dans ces attaques, qui ont fait une centaine de blessés.Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.02.2015 à 20h13 • Mis à jour le02.02.2015 à 16h16 | Alexis Delcambre Plus de musique, un ancrage clair dans les cultures urbaines et une grille simplifiée : ce sont les ingrédients du nouveau « Mouv’» que lance Radio France, lundi 2 février à 6 heures.Sous la direction de Bruno Laforestrie, ancien patron de la radio Générations, l’antenne promet de s’adapter « aux attentes musicales des 15-30 ans en se positionnant fortement sur le hip-hop et l’électro », et d’user d’un « ton inédit et singulier » en s’inspirant des « différentes formes d’expressions de la rue, véritable vivier de talents et de langages ».« C’est une radio qui va parler le langage des jeunes et employer leurs codes », décrit Mathieu Gallet, PDG de Radio France. Un jeu sur la langue sera ainsi proposé : « Dictées dans la Cité », en lointain hommage à Bernard Pivot. Les auditeurs pourront aussi prendre la parole, à travers un « Rapondeur ».Selon ses concepteurs, la musique revient au centre du projet : elle occupera 75 % du temps d’antenne, contre 50 % actuellement. La radio ambitionne de servir de tremplin à de jeunes talents dont la diffusion se fait actuellement sur les réseaux sociaux.La grille est simplifiée, avec des tranches de 3 heures qui remplacent les multiples rendez-vous de la formule précédente. Points saillants : le « Good morning Cefran » (6-9 heures) présenté par l’animateur Pascal Cefran ; « Mouv’Express » entre 12 et 16 heures ; et le magazine « 20#20 » présenté par Guillaume Tatu à 20h20, qui abordera « les grands problématiques de la jeunesse : marché du travail, drogue, sexualité… », selon M. Gallet.Sur Internet, une nouvelle version du site va être proposée. Surtout, « Mouv’» - sa nouvelle appellation - favorisera la circulation de ses contenus, pour qu’ils puissent être facilement partageables sur les réseaux sociaux ou les grandes plates-formes comme Youtube.Cette relance du Mouv’- la troisième en trois ans - est censée répondre à l’échec actuel de la station. Créée il y a 18 ans, devenue au début des années 2000 une incarnation de « l’esprit rock », avant de s’égarer dans une succession de nouvelles formules, elle atteint péniblement 200 000 auditeurs cumulés, soit une part de marché inférieure à 0,5 %.C’est un problème pour un groupe qui veut en faire un canal de recrutement de nouveaux auditeurs et qui, par ailleurs, est désormais en situation déficitaire - avec 21 millions d’euros manquants au budget 2015. La direction de Radio France espère remonter à au moins 1 % de part d’audience d’ici fin 2016 et assume que dans le cas contraire, il faudra « revoir le modèle » - comprendre arrêter l’exploitation sur la bande FM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Le cliché est entêtant, largement partagé : un banquier travaille toujours beaucoup, est stressé et surtout ne pense qu’à la finance. Grand brun calme, à la voix posée, Bernard Mourad, lui, ne colle pas vraiment à la représentation que l’on se fait du financier classique. Encore moins à celle du spécialiste de chez Morgan Stanley qui a œuvré pour la victoire de Patrick Drahi, son client de toujours, dans le duel épique qui l’opposa, en avril 2014, à Martin Bouygues pour le rachat de SFR. Pourtant, c’était bien lui. Travaillant d’arrache-pied sur le financement et l’exécution de l’opération le jour, mais s’occupant à une toute autre activité la nuit : le développement et la promotion d’une application mobile, My SOS, un réseau social solidaire.Aujourd’hui, M. Mourad quitte Morgan Stanley, et vient d'être nommé à la tête de Mag & News Co, le groupe de presse constitué par Patrick Drahi. Et qui regroupe Libération, L'Express, la chaîne d'information basée en Israël i24, ainsi que les titres de Marc Laufer, comme 01net. Ce dernier va d’ailleurs devenir le directeur général du nouvel ensemble. Selon l’entourage de M. Drahi, Bernard Mourad devra gérer la stratégie du groupe, son développement à l’international, ainsi que les futures acquisitions et les relations institutionnelles.Deux romans, une appli, une pièce de théâtreUne tâche qui viendra s'ajouter à toutes les autres... Car Bernard Mourad ne peut se satisfaire d’une seule activité : après avoir publié déjà deux romans et avoir fait avancer son application mobile, sa nouvelle lubie nocturne consiste en l’écriture d’une pièce de théâtre. Un huis clos entre le président grec Georges Papandréou, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel au moment du référendum sur l’aide à la Grèce.Né à Beyrouth en 1975 d’un père libanais chrétien et d’une mère juive d’origine marocaine, M. Mourad aurait dû travailler dans la santé, grande spécialité de la famille : son père est cardiologue, son frère est un spécialiste reconnu de l’hypertension, sa sœur, enfin, est infirmière. Mais il a choisi la banque, et l’écriture, son autre grande passion.Il n’a que 2 ans quand sa mère décide de rapatrier ses enfants en France pour fuir la guerre civile qui fait rage au pays du cèdre. Son père reste, convaincu que des temps plus calmes vont revenir, et que sa famille pourra rentrer.Arrivé en France, il fréquente les meilleures écoles de la république. Lycée Buffon dans le 15e arrondissement, puis Sciences Po et HEC. C’est un stage dans la section télécoms et médias de la banque Morgan Stanley qui lui ouvre les portes de la prestigieuse institution. Il ne changera plus jamais de secteur.« Anges gardiens »Son histoire avec Patrick Drahi commence en 2004. A l’époque, le future nabab n’est pas encore très connu. Il souhaite racheter Noos pour constituer un groupe hexagonal spécialisé dans le câble. Bernard Mourad et Dexter Goei, actuel PDG d’Altice (la holding luxembourgeoise du milliardaire, mais à l’époque lui aussi banquier chez Morgan Stanley) le conseillent. Les trois hommes ne se quitteront plus. Les deux financiers accompagnent M. Drahi dans ses opérations européennes, mais aussi israéliennes.L’idée de lancer son application, M. Mourad l’a eue grâce à une anecdote racontée au passage par un ami. Dans un immeuble de la région parisienne, une vieille dame fait un malaise. Elle a à peine le temps de prévenir le SAMU et s’écroule. Arrivés 15 minutes après l’appel, les urgentistes n’ont pas le temps de la réanimer, elle est déjà morte d’un arrêt cardiaque. Or, son voisin avait son brevet de secouriste, et aurait pu pratiquer les premiers soins cruciaux en attendant le SAMU.Le banquier a alors l’idée de créer un réseau social solidaire dans lequel une partie des membres, appelés les « anges gardiens », pourraient indiquer leurs compétences médicales. Les autres, plutôt en besoin d’aides, renseignent leurs pathologies chroniques, leur groupe sanguin ou encore les coordonnées de leur médecin traitant. En cas de détresse, un seul clic sur l’appli, et tout le réseau d’anges gardiens est prévenu.MySOS existe sur iPhones et smartphones Android. Lancée fin 2013, l’appli bénéficie du soutien de la Fédération française de cardiologie et de la Croix rouge. Elle compte aujourd’hui plus de 100 000 membres en France. Et pourrait bientôt s’exporter dans d’autres pays.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.01.2015 à 15h56 • Mis à jour le02.02.2015 à 11h55 | Mattea Battaglia Tout est parti d’un courrier de lycéens reçu le 16 janvier, titré : « Nous ne sommes pas tous Charlie, nous sommes tous la Liberté ». Deux paragraphes plein de colère, celle des élèves de la 2de 216 du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), « indignés » du traitement que leur a réservé la presse, au lendemain des attentats des 7, 8 et 9 janvier. Le Monde avait été rencontrer des élèves de ce lycée général et technologique.A Saint-Denis : « On ne rigole pas avec la religion »Car ce qu’ont d’abord relayé les journaux, ce sont des propos d’élèves condamnant la tuerie de Charlie Hebdo… presque autant que les caricatures. Ou ce colis suspect retrouvé en salle des professeurs, le 9 janvier, portant la mention « Je ne suis pas Charlie ». De quoi « favoriser les amalgames et les stigmatisations de toutes sortes », redoute la 2de 216. « Les élèves interrogés, jeunes collégiens et lycéens, dans l’émotion ont parfois tenu des propos que nous avons trouvés inacceptables », soulignent les lycéens. Qui concluent : « Si certains d’entre nous n’adhèrent pas à certains choix éditoriaux de certains journaux satiriques, nous sommes tous convaincus qu’ils sont au fondement de la démocratie. »« Grande nervosité »L’émotion dépasse le cadre du lycée. Sur les réseaux sociaux, sur les forums de discussion entre enseignants ou parents d’élèves – et même dans des salles de profs, où l’ambiance nous a été décrite comme électrique –, l’image donnée de la Seine-Saint-Denis fait mal. Certains la jugent outrageusement caricaturée ; d’autres, au contraire, appellent à l’assumer. Tous éprouvent de la colère, à des degrés divers.« C’est comme si le département était l’endroit idéal où les journalistes vont pour trouver ce qu’ils cherchent, regrette le proviseur. Je ne dis pas qu’il est illégitime de venir ici quand on enquête sur les contestations de la minute de silence [recensées dans 200 établissements sur tout le territoire]. Mais pourquoi venir ici en premier ? Ou ici uniquement ? » Dans son lycée comptant 71 classes et 188 enseignants, la minute de recueillement, le 8 janvier à midi, n’a pas été contestée. « On a su entendre les questions des adolescents, explique M. Bobkiewicz. Certains professeurs étaient parfaitement armés pour y répondre, d’autres plus démunis… »Gabrielle Napoli, l’enseignante de lettres de la classe 216, raconte avoir « récupéré ses élèves, le mardi après les attentats, dans un état de grande nervosité ». Pour donner du sens à leurs réactions, cette professeure trentenaire a proposé de rassembler leurs idées au tableau, avant de les coucher sur le papier. « Ils répétaient : “C’est dégueulasse, c’est dégueulasse”... Je leur ai dit qu’ils avaient le droit de le dire, de l’exprimer. Que la liberté d’expression leur permet, justement, d’exercer leur droit de réponse. » « Trop cliché »Quinze jours après les faits, Ryan, assis au fond de la classe, a encore du mal à desserrer les dents. C’est lui qui, le premier, a vu passer l’article du Monde du 10 janvier titré « A Saint-Denis, collégiens et lycéens ne sont pas tous Charlie ». « Mon grand-père, qui lit votre journal, m’a demandé : “Mais qu’est ce qui se passe dans ton lycée ?” Madame, votre article, je l’ai lu, nous lance-t-il, et il est vraiment trop cliché ! » La critique fait l’unanimité dans la classe. Idem du sentiment que la presse ne dit « jamais rien de bien sur les banlieues », qu’elle « parle de nous comme de sauvages », que « tout le monde se moque du 9-3 ». Tous ignorent que nous avions consacré, au printemps 2014, un article sur la réussite au baccalauréat de leur établissement.« Quelle image on donne de nous, quand on fait un micro-trottoir, sans s’intéresser à la majorité silencieuse ? », interroge timidement Landri. Puis, prenant de l’assurance : « Etre Charlie ou ne pas être Charlie, c’est devenu une sorte de buzz, explique le garçon, et il n’y a pas d’échelle, pas de voie intermédiaire pour nous ».A sa droite, Edith approuve. Pour l’adolescente, les médias ont surtout fait fi de l’état de connaissance des élèves. « On dirait qu’il n’y a qu’un seul point de vue… Mais des camarades ont dit qu’ils n’étaient pas Charlie simplement parce qu’ils ne connaissaient pas Charlie Hebdo ; ça ne veut pas dire qu’ils cautionnent ce qui s’est passé… Nous, on pensait vraiment que les caricatures, c’était du blasphème, poursuit la jeune fille, mais Mme Nicoli nous a bien expliqué que non, parce que pour les caricaturistes Dieu n’existe pas. En fait, on a tout mélangé… »Le difficile débat sur la laïcitéRyan, lui, bout toujours au troisième rang. « Est-ce que vous, journaliste, vous trouvez que coller une conscience politique à des gamins, c’est normal ? Et pourquoi citer systématiquement la religion des élèves rencontrés, si vous être dans une démarche laïque ? » Pas facile, dans la classe, d’ouvrir le débat sur la laïcité. Laïcité ouverte ? Laïcité de combat ? Beaucoup d’élèves semblent penser qu’elle implique de taire leur foi. Chez Ryan, le ton vindicatif cache à peine sa détresse. « Ça veut dire quoi cette injonction de minute de silence ? Et pourquoi la faire à ce moment-là, et pas pour d’autres victimes, au Congo, en Palestine ? »Des 50 minutes d’échange avec la classe, ressort une défiance, douloureuse, à l’égard des médias. Presse écrite, chaînes d’information en continu, « 20 heures », réseaux sociaux… « On y trouve tout et n’importe quoi », reconnaissent les élèves. « Des sites parlent de complots, avec des preuves plus ou moins fiables, lâche Landri. On nous dit une chose à l’école, une autre sur Internet, une à droite, une à gauche, on ne sait plus qui croire. Et c’est souvent la dernière idée lue ou entendue qui l’emporte. » Kenza, un peu isolée, ne lui donne pas raison : « Il faut croiser tes sources, croire la version avec le plus de preuves ! »Quand sonne la fin du cours, la glace est à peine brisée. « Mais les échanges entre élèves, entre collègues, se sont poursuivis, et positivement », signale Gabrielle Napoli. Quelques jours plus tard, un second courrier nous est parvenu : celui d’une autre enseignante du lycée Paul-Eluard, nous demandant de venir visiter, avec sa classe, la rédaction du Monde. Signe que le dialogue n’est pas rompu.Mattea BattagliaJournaliste au Monde 29.01.2015 à 19h25 • Mis à jour le29.01.2015 à 23h38 A l'appel de l'intersyndicale de France Télévisions, un mouvement de grève de techniciens a perturbé, jeudi 29 janvier, le « 12/13 » de France 3 et le « 13 heures » de France 2, qui ont été réalisés depuis la régie, sur des plateaux plus réduits.Les JT du soir – « 19/20 » de France 3 et « 20 heures » de France 2 – devraient également être modifiés, selon la direction et les syndicats. La grève se terminera à minuit.RTT RÉDUITE ET SALLE DE MIXAGE SUPPRIMÉELe mouvement de grève a concerné, pour les éditions de la mi-journée, 20,5 % des effectifs, soit 41 grévistes sur les 200 techniciens concernés par l'appel à la grève, indique la direction de France Télévisions.Le conflit porte sur des projets de réorganisation interne concernant notamment les professions de monteurs et mixeurs. Les syndicats s'inquiètent également de la diminution des RTT et de la suppression d'une salle de mixage. « Il faut continuer à obtenir les gains d'efficacité que la construction de l'“entreprise unique” est censée produire », a affirmé en réponse la direction de France Télévisions.Lire aussi : Le CSA prépare un bilan sévère de la présidence Pflimlin à France Télévisions 29.01.2015 à 11h21 • Mis à jour le29.01.2015 à 11h50 Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, a annoncé jeudi que les dispositions sur le secret des affaires contenues dans sa loi seraient amendées pour garantir « la liberté de la presse, la liberté d'information, la liberté d'investigation ».L'instauration via un amendement parlementaire d'un secret des affaires dans le code du commerce, assorti de lourdes peines de prison et d'amende, au motif de protéger de l'espionnage économique, inquiète la presse et les ONG.Lire le décryptage : La liberté d'informer serait-elle vraiment menacée par le « secret des affaires » ?QUATRE AMENDEMENTS SERONT PROPOSÉSLors de la présentation de ses vœux à la presse, le ministre a rappelé que « la liberté de la presse est essentielle. Et en aucune façon le texte que je porte n'a cherché à restreindre la liberté de la presse. »Il a expliqué que quatre amendements seront proposés. Le premier laissera aux sociétés le soin de « classifier elles-mêmes les secrets à protéger », le deuxième ne rendra pas les salariés, donc les syndicats, responsables. Le troisième prévoit que la responsabilité des lanceurs d'alerte ne pourra être retenue et le dernier que le délit créé ne sera « pas applicable dès lors qu'il s'agit de liberté d'expression et d'information », c'est-à-dire, « pas applicable aux journalistes », a précisé M. Macron.Par ailleurs, une exception sera prévue « de manière explicite », « dès lors qu'il s'agit de la liberté d'expression et de la liberté d'information ». Quant à une mesure de protection des sources journalistiques, promise par le président François Hollande, elle « ira jusqu'à son terme », a-t-il dit. « Ce texte chemine ».Lors de l'examen en commission spéciale à l'Assemblée, le texte avait été amendé pour instaurer ce secret des affaires, une disposition visant à lutter contre l'espionnage industriel.  Alexandre Piquard   Quand un ministère fait le vœu de promouvoir l’offre légale de films, de séries ou de musique, l’internaute ou le journaliste peuvent être un peu sceptiques. Leur reste en mémoire le souvenir d’initiatives passées – des portails ou des labels – dont le succès d’audience ne fut pas à la hauteur de l’ambition affichée : faire reculer le « piratage ».Bien conscients de ce travers, le ministère de la culture de Fleur Pellerin et le Centre national du cinéma (CNC) ont à leur tour dévoilé, mercredi 28 janvier, un dispositif qui se veut bien plus « pragmatique », puisqu’il se fonde sur les usages des internautes.Des sites partenaires plutôt qu’un « portail »Quand un internaute cherche à regarder un film en ligne, il est peu probable qu’il aille sur des sites comme http://www.offre-légale.fr, la base de données montée par la Hadopi, a estimé Julien Neutres, du CNC, chargé de ce projet. L’utilisateur va plutôt taper La Reine des neiges ou Gone Girl dans un moteur de recherche… le plus souvent Google. Et trouver en résultats l’annuaire Allociné (en première position quasiment tout le temps, selon la Culture), l’encyclopédie Wikipedia, des sites d’information comme Télérama.fr ou Première.fr et aussi… des sites de téléchargement illégal.L’idée du CNC et du ministère est de prendre acte de cette réalité du référencement et de nouer des partenariats avec des sites puissants pour y placer la liste des plateformes qui proposent le film en vidéo à la demande (à l’achat en téléchargement ou en location ou encore par abonnement). Allociné (9 millions de visiteurs uniques par mois selon Nielsen/Net Ratings), Premiere (3 millions), Télérama (2 millions) et Sens critique (2 millions) sont les quatre premiers partenaires. D’autres sont souhaités. 12 services référencés… Concrètement, sur la fiche d’un film, ces sites ont intégré un bouton « Voir ce film en ligne » et un espace sous la fiche. Si l’on clique dessus, on obtient la liste des éditeurs qui proposent l’œuvre. Et son prix, pour 10 des 12 éditeurs qui participent à l’initiative, soit la plupart des grandes plateformes légales de France : Canalplay, France Télévisions Pluzz VàD, MyTF1VOD, Orange Vidéo à la demande et Orange cinéma séries, Arte, Vidéofutur, Filmotv, Montparnasse VOD, Wuaki.tv et Imineo. Ils sont présentés « dans un ordre aléatoire », précise-t-on.… mais pas Netflix ou iTunesPrécision importante : Netflix, le fameux service américain de vidéo à la demande par abonnement, et iTunes, la plateforme de vidéo à l’achat d’Apple, ne sont pas référencés.Car Fleur Pellerin et le CNC ont fait le choix politique de ne promouvoir que les services qui respectent le système français de soutien à la création, en se soumettant au décret Smad : celui-ci les oblige notamment à promouvoir dans leur catalogue 60 % d’œuvres européennes et 40 % d’œuvres françaises, et surtout à consacrer 15 % de leur chiffre d’affaires à des œuvres fabriquées par des producteurs européens. Question « d’exemplarité », pour la ministre : « cliquer, c’est aider à créer », a-t-elle lancé mercredi.Outre le déploiement sur des sites partenaires, le dispositif est disponible sous la forme d’un « widget », une petite application qui permet à tout éditeur ou blogueur d’insérer sur son site les informations pour son site, comme il « embedderait » une vidéo de Youtube ou Dailymotion. Enfin, la base de données est disponible sous une forme plus classique à l’adresse vod.cnc.fr.Les séries télé intégrées « dans quelques semaines »Aujourd’hui, 10 000 films sont disponibles en vidéo à la demande, sur les 25 000 recensés dans la base créée par le CNC. Ce recensement se veut exhaustif et sera complété au fur et à mesure.Surtout, le dispositif devrait intégrer les séries télé « dans les prochaines semaines », puis les documentaires voire les courts-métrages, selon le ministère.Le budget de développement est de « quelques dizaines de milliers d’euros », selon la Rue de Valois. De plus, les sites partenaires ont reçu une « compensation » financière correspondant aux frais de développement technique et à une forme d’achat d’espace non publicitaire sur leur plateforme, à fort trafic. Son montant est bien inférieur au prix du marché, précise-t-on, sans toutefois donner de chiffres.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Quand débute le reportage sur le concert de Run the Jewels, un duo de hip-hop américain, des icônes apparaissent sur l’écran d’ordinateur. Le spectateur peut alors cliquer pour suivre au choix un des deux artistes dans les coulisses. Il est aussi possible de passer directement à l’écoute de trois chansons, et à la diffusion de l’interview du duo, qui est lui-même divisé en trois parties, à écouter dans l’ordre de son choix.Voilà un exemple, parmi beaucoup d’autres, de ce que les Britanniques peuvent désormais trouver sur BBC Taster. Ce nouveau site Internet, lancé le 26 janvier, est un saut dans l’inconnu pour la respectable corporation. L’objectif est d’y tester ses nouveaux projets et de voir comment les spectateurs réagissent. Chacun est invité à donner une note à l’émission, et à la partager sur les réseaux sociaux. « Il s’agit d’ouvrir le processus créatif à notre audience », explique Ralph Rivera, directeur de BBC Futur Media.Télévision « sociale »Avec ce site, la BBC se lance dans le défrichage de ce qu’est en train de devenir la télévision, qui fusionne progressivement avec Internet. Progressivement, les émissions se regardent de plus en plus sur des écrans d’ordinateur, de téléphone ou de tablette. Jusqu’à présent, la BBC a réagi avec iPlayer, un site Internet de rattrapage qui permet de regarder gratuitement toutes les émissions publiées depuis un mois ou plus. Son succès est phénoménal, avec des pointes à dix millions d’émissions regardées par jour. « Mais aussi bien que soit iPlayer, quand vous appuyez sur le bouton “marche”, c’est comme regarder la télévision, souligne M. Rivera. Les nouveaux appareils peuvent faire beaucoup plus que cela, notamment savoir qui vous êtes. » Son objectif est de faire de BBC Taster une façon d’inventer une télévision « sociale, interactive, non linéaire ».Les premières idées lancées sur le site viennent souligner l’immense potentiel que représente le rapprochement avec Internet. Toutes ne sont pas nécessairement révolutionnaires : le reportage sur Run the Jewels ressemble à un webdocumentaire, un format relativement courant. Mais les projets vont dans des directions très différentes les unes des autres.On trouve notamment une excellente interview de Lena Dunham, l’actrice américaine de la série Girls, par Jennifer Saunders, une actrice anglaise. L’entretien avait été diffusé dans le cadre du journal de la BBC2, mais seulement dans un format de dix minutes. Sur BBC Taster se trouve l’intégralité de la rencontre, avec quarante minutes jamais diffusées, découpées en séquences de cinq minutes environ, qui peuvent être regardées dans l’ordre de son choix.L’idée qui a le mieux fonctionné jusqu’à présent est une application qui utilise Facebook, intitulée YourStory. A partir de la date de naissance entrée dans la page Facebook de chaque utilisateur, celle-ci propose une sélection de vidéos sorties du catalogue de la BBC, qui suit la chronologie de la vie de chacun : « L’année de votre naissance, c’était le jubilé d’argent de la reine », suivi d’une vidéo du jubilé ; « quand vous aviez presque onze ans, la grève des mineurs se terminait », suivi d’extrait de reportages de l’époque…BBC Taster propose aussi des clips vidéo très courts d’humoristes (pas très drôles), une émission de tourisme connue où le spectateur peut choisir l’endroit qu’il veut visiter (dans la limite des émissions déjà tournées) ou encore accéder à quarante-cinq ans d’archives radio (incomplètes mais fascinantes)…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’« agenda numérique » fait partie des priorités de la Commission européenne, dirigée par Jean-Claude Juncker. Celle-ci veut présenter avant l’été, ses solutions pour aboutir - enfin - à un marché unique du digital en Europe, et notamment réformer le droit du copyright.C’est le vice-président de la Commission, l’Estonien Andrus Ansip qui doit coordonner ces chantiers dans l’institution communautaire.Mardi 27 janvier, il a fait le déplacement à Paris, pour rencontrer Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, alors qu’en France, les puissantes sociétés d’auteur voient d’un mauvais œil la volonté réformatrice de la commission sur le copyright.Mercredi 28 janvier, il réunissait à Bruxelles ses collègues commissaires pour fixer l’agenda des semaines à venir.Redéfinir le copyright La Commission veut toiletter une directive datant de 2001, c’est-à-dire des débuts de l’Internet grand public, quand la vidéo à la demande et la catch up TV n’existaient pas encore.L’idée est d’homogénéiser les régimes européens du copyright, notamment, de mettre fin à la territorialité des droits : le fait qu’un diffuseur soit contraint d’acheter des droits de retransmission d’un contenu pays par pays.Les sociétés d’auteur françaises redoutent que le système français de rémunération de l’ensemble de la filière création soit mis à bas. M. Ansip se veut rassurant. « Les gens pensent que, quand on parle de réforme du copyright, c’est forcément qu’on va arrêter de protéger les droits d’auteurs et bafouer les droits des créateurs. Pas du tout. Mais la situation actuelle est perdante pour tout le monde, consommateurs et créateurs », assure le commissaire.Les internautes qui passent les frontières ne peuvent pas acheter des contenus, car leur accès est bloqué, « alors même qu’ils sont prêts à payer », poursuit-il.En mettant fin à la territorialité, « le marché serait bien plus important et on éviterait le comportement de certains, qui parviennent facilement à pirater les contenus qu’ils veulent voir », souligne M. Ansip.« Les Français ont peur que leurs revenus baissent en cas de fin du principe de territorialité. Ils ont tort, le marché serait plus important. Évidemment, cela implique un changement de modèle économique. »La Commission a promis de rendre sa proposition de directive avant l’été.Renforcer l’intégration numérique de l’UEAvant, en mai, la Commission doit également donner ses orientations sur les moyens de renforcer l’intégration numérique de l’Union européenne (UE). « Les biens et les services circulent librement, mais ce principe de l’Union n’existe pas en ligne. Seuls 12 % des Européens achètent en ligne dans un pays différent du leur. Seules 5 % des sociétés online vendent hors de leurs frontières, rappelle M. Ansip.Comment surmonter ce problème ? « Nous devons renforcer les droits des consommateurs, pour que leur confiance augmente, et sécuriser l’activité des PME, qui doivent composer avec 28 régulateurs différents. »Faire adopter la directive sur les données personnellesM. Ansip déclare que sa « priorité » est d’adopter la directive sur la protection des données personnelles, présentée par la Commission en janvier 2012, mais qui toujours en cours de discussion entre le Conseil européen et le Parlement. « J’espère que l’on va aboutir à un accord sur le texte cette année. » Au Parlement européen, beaucoup d’élus demandent à la Commission de proposer, aussi, un texte qui réglemente les durées de réglementation des données. Un sujet ultrasensible, surtout depuis les attentats de Paris, alors que les États poussent à l’adoption de mesures antiterroristes visant à davantage contrôler l’activité des citoyens sur le web. « Nous devons être très prudents avec ce sujet. Après les attentats de Madrid, en 2004, ceux de Londres, en 2005, nous avons promulgué une directive sur la rétention des données en 2006. Mais l’année dernière, la Cour de justice de l’Union européenne l’a invalidée. Elle n’a pas dit que la rétention des données est non conforme au droit, mais qu’il doit y avoir des garde-fous et qu’il faut appliquer le principe de proportionnalité », explique M. Ansip.« Avant de reproposer un texte, il faudra faire cette fois une analyse vraiment fine », avance le commissaire. La Commission veut donc d’abord voir la directive protection des données adoptée avant de s’atteler à ce deuxième chantier.Redimensionner les frais de « roaming » pour l’accès aux donnéesAutre pilier de l’union numérique européenne, une plus grande intégration des marchés des télécommunications. Là aussi, une directive est sur la table : plutôt, un ensemble de textes, le « paquet télécom », sur lesquels les États ont le plus grand mal à s’entendre.Parmi les dispositions qui « coincent » le plus : la neutralité de l’Internet, et les frais de « roaming », c’est-à-dire le coût d’une communication transfrontalière.Les États, dont la France, ont longtemps résisté à une baisse trop drastique des prix du « roaming », qui représentaient de substantiels revenus pour leurs opérateurs télécoms.Un accord a été trouvé pour ramener à presque zéro ces coûts pour les appels téléphoniques, et un accord est enfin en train de se dessiner au Conseil européen, concernant ceux pour l’accès aux données, depuis un terminal mobile.« On ne peut pas avoir un marché unique du numérique si les consommateurs paient dix fois plus leur consommation d’internet quand ils passent une frontière européenne », explique M. Ansip.Il admet toutefois que « ce n’est pas une décision facile à prendre, d’annuler les frais de roaming », car « dans les pays touristiques, par exemple, les opérateurs sont obligés d’investir considérablement dans leurs infrastructures pour que les touristes puissent accéder à la 3G et aux services mobiles, comme chez eux. » « Le problème, c’est que ces investissements ne sont utiles que quelques mois par an, et si les frais de roaming disparaissent, les opérateurs ont plus de mal à les financer. Nous devons tenir compte de ces problèmes spécifiques », relève-t-il.Trouver rapidement une définition commune de la neutralité du NetConcernant la neutralité de l’internet, l’égalité de traitement des contenus en ligne, quels qu’ils soient (vidéo, texte, etc), un sujet également très sensible, un compromis a été proposé par le Conseil, mi-janvier, et doit être discuté entre les pays dans les jours qui viennent.L’idée est de garantir cette égalité de traitement, tout en permettant - dans des conditions très encadrées - aux opérateurs télécoms de facturer davantage certains flux vraiment très encombrants (du type Netflix).« Si nous n’avons pas une définition commune de ce que nous entendons par Internet ouvert et neutralité du Net, nous allons nous retrouver bientôt avec 28 définitions différentes et des marchés encore plus fragmentés. Il faut aller vite : les Pays-Bas, la Slovénie et la Finlande sont en train déjà de plancher sur leurs propres définitions. Il y a urgence », relève M. Ansip.Trancher la question d’une « taxe Google »Ce sujet fait l’objet de débats à l’intérieur même de l’institution communautaire. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager doit décider si elle poursuit ou pas Google pour abus de position dominante, alors qu’une enquête formelle sur les pratiques en Europe du géant de l’internet américain traîne en longueur depuis près de cinq ans.D’autres poussent pour une « régulation des plates-formes web », qui obligerait Google et les autres multinationales du Net à obéir aux mêmes contraintes réglementaires que les sociétés traditionnelles des médias.La fronde européenne anti-Google se durcitM. Ansip reste très prudent : « Il n’y a que Mme Vestager qui peut parler d’une entreprise en particulier. Nous, nous devons parler de politiques dans leur ensemble, pas stigmatiser une entreprise en particulier. » Et d’ajouter : « concernant le paiement pour le référencement, des lois ont été votées en Espagne et en Allemagne [dites loi Google], mais il est trop tôt pour dire si elles sont efficaces ou pas. Nous suivons ces initiatives de près, mais c’est trop tôt pour dire si nous allons nous en inspirer pour prendre des décisions au niveau européen », conclut le vice-président estonien.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les attentats survenus à Charlie Hebdo le 7 janvier et ceux des jours suivants ont ouvert un débat sur le rôle des médias, loin d’être clos. Patrons de rédactions et journalistes ont, dans l’ensemble, l’impression d’avoir bien couvert ces événements exceptionnels mais des critiques demeurent.Une réunion de réflexion ouverte avec les médias, convoquée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel jeudi 15 janvier, avait mis en évidence les relations avec la police et la gendarmerie comme points de friction ou, au moins, d’amélioration. Le CSA a décidé de poursuivre la réflexion, en prenant le temps d’analyser les images et sons diffusés. L’autorité a depuis demandé des précisions par écrit aux intéressés ; elle doit rendre mercredi 11 février ses conclusions et, éventuellement, prendre des sanctions.Lire : Attentats : quatre questions sur une couverture médiatique hors normesPolémique autour des otages cachés dans le supermarchéParmi les critiques adressées aux différents médias pendant les attaques des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, l’une a visé le traitement par BFM-TV de la prise d’otages à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Elle a connu un écho particulier car la femme d’un otage, à l’antenne, a accusé la chaîne d’information en continu d’avoir mis en danger les personnes cachées dans la chambre froide de l’enseigne, au sous-sol : en évoquant ces otages dissimulés, BFM-TV aurait pu révéler leur présence à Amedy Coulibaly, qui regardait la chaîne sur ordinateur, a expliqué en substance la dame.Le journaliste de BFM-TV « en contact avec une personne du RAID sur place »En réponse, BFM-TV a contesté certains points reprochés, tout en reconnaissant que son journaliste Dominique Rizet a mentionné une fois à l’antenne « une femme » cachée dans une chambre froide. Mais pour justifier ce choix d’information, Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne, joint par Le Monde, a surtout cité une source du RAID, le service d’intervention de la police nationale chargé de mener l’assaut à l’Hyper Cacher :« A une occasion, le journaliste Dominique Rizet, en plateau, a évoqué une femme qui se serait cachée dans une chambre froide. Mais il l'a fait parce qu'il était en contact avec une personne du RAID sur place, qui lui avait dit que ces personnes-là n'étaient plus en danger car les forces d'intervention avaient pris position près de la chambre froide »Le RAID « met en cause totalement cette version des faits »Jointe par Le Monde lundi, la direction du RAID conteste pourtant l’argument de BFM-TV :« Nous mettons en cause totalement cette version des faits. Et la meilleure chose, s’il veut prouver que sa version est vraie, serait que le journaliste donne sa source et qu’une enquête de l’inspection générale de la police nationale soit diligentée. »Implicitement, la direction du service d’intervention estime qu’au moment de l’évocation sur BFM-TV d’une otage caché, deux heures environ avant l’assaut, on ne pouvait pas assurer que les personnes retranchées dans la chambre froide étaient hors de danger.Le CSA a demandé des « précisions » aux parties concernéesQuelle version croire, celle de BFM-TV ou celle du RAID ? A ce stade, difficile de trancher. « C’est assez bien joué de la part du journaliste, ironise une source policière. Il dit qu’il a des tuyaux. Mais comme on ne connaît pas la source… » Une manière de dire qu’il est peu probable que cette source soit recherchée et identifiée.Dominique Rizet, 55 ans, est journaliste spécialisé et travaille au sein du service police et justice de BFM-TV depuis décembre 2012, après avoir notamment collaboré à l’émission Faites entrer l’accusé, sur France 2. Joint par Le Monde, BFM-TV maintient sa version. Et sans surprise, n’envisage pas de préciser la source d’un journaliste.Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a demandé des précisions à la chaîne d’information en continu sur cet épisode, comme il l’a fait sur d’autres points et auprès de la plupart des grands médias audiovisuels. En l’occurrence, la procédure d’instruction de l’autorité, qui se veut contradictoire, a dû l’amener à demander des renseignements au ministère de l’intérieur. Puis à se tourner à nouveau vers BFM-TV. Et peut-être à recueillir des réponses frustrantes des uns et des autres.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Wang Jianlin, magnat de l’immobilier chinois, est venu au secteur du divertissement presque par hasard. Il fallait des cinémas au dernier étage de ses centres commerciaux pour y attirer les clients, il décida donc de se lancer dans la gestion de salles obscures. Il devint le premier exploitant de salles de la planète en acquérant, en 2012, pour 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros), les cinémas américains AMC.C’est désormais le net ralentissement du marché immobilier en Chine qui le pousse à s’intéresser au marché du divertissement en Europe. Mardi 10 février, son groupe, Wanda, a annoncé l’acquisition, pour 1,05 milliard d’euros, d’un géant suisse du marketing sportif : Infront, 500 employés, gère les droits médiatiques de quantité de clubs de football, dont ceux de Lille OSC, de Milan AC ou de la sélection nationale allemande, ainsi que de la fédération italienne.Infront se charge également de la diffusion de la Coupe du monde en Asie, coopère avec la Fédération internationale de ski, ainsi qu’avec de nombreuses courses cyclistes. Le suisse est présent en Chine dans la diffusion du basket-ball, sport le plus populaire auprès des jeunes.« La société pourra notamment aider la Chine à se positionner mieux lors des appels d’offres pour les événements sportifs majeurs, car elle est déjà impliquée dans le calendrier, l’organisation, le marketing et les prestations de service d’un large éventail d’événements internationaux », a commenté Wang Jianlin, mardi matin à Pékin.Infront, créé en 2003 par Robert Louis-Dreyfus et devenu le deuxième acteur mondial du marketing sportif, avait été acquis en 2011 pour environ 550 millions d’euros par le fonds Bridgepoint, qui réalise donc une belle plus-value. Par cette opération, a justifié Wang Jianlin, Wanda « sera en position d’accroître son influence dans l’industrie du sport mondiale et d’aider à relever le niveau de compétitivité dans le sport chinois ».M. Wang, qui fut en 2013 l’homme le plus riche de Chine mais n’est plus aujourd’hui qu’au quatrième rang, du fait du ralentissement du marché immobilier, est lui-même un passionné de football. Il a été propriétaire, de 1994 à 2000, du club Shide de Dalian, ville du nord-est chinois où ont débuté ses affaires avant qu’il ne s’installe à Pékin. En janvier 2015, M. Wang avait racheté 20 % du club Atletico Madrid, une opération à 45 millions d’euros.Accueil mitigé à la Bourse de HongKong pour le chinois WandaWang Jianlin, 60 ans, a indiqué à plusieurs reprises son intention de ne plus se contenter de gérer centres commerciaux et hôtels de luxe en Chine, un marché saturé ces derniers trimestres. Il s’intéresse désormais à l’immobilier à l’étranger, notamment en Europe où les coûts de financement sont plus faibles qu’en Chine.Projets immobiliers en AustralieIl a ainsi acquis à la banque Santander un gratte-ciel de Madrid pour 265 millions d’euros en 2014. A Londres, il développe un important projet d’hôtel de luxe associé à une galerie commerçante et a fait part à David Cameron, le premier ministre britannique, de son ambition d’investir jusqu’à 3 milliards de livres dans la capitale britannique à l’avenir.Il a déjà annoncé son intention de dépenser l’équivalent de 1,4 milliard d’euros dans des projets immobiliers en Australie, dont un important complexe hôtelier. En 2013, il évoquait également un projet d’hôtel et de centre commercial à Paris mais celui-ci ne s’est pas encore matérialisé. Il compte au cours de la décennie disposer d’hôtels de luxe dans les plus grandes métropoles du monde, s’appuyant notamment sur la venue de touristes chinois.Son autre ambition est de devenir un acteur incontournable du divertissement, à l’heure où les familles chinoises commencent à en consommer davantage. Il fait construire des studios de cinéma géants dans la ville côtière de Qingdao (nord-est), où il s’était offert en septembre 2013 la venue de stars de Hollywood, de Leonard Di Caprio à Nicole Kidman.Silence, on tourne à Chinawood !M. Wang entend aussi prendre l’aval en matière de parcs à thèmes, en ouvrant treize parcs au cours des trois prochaines années, alors que Pékin insiste sur la nécessité de développer la consommation intérieure.L’ouverture d’un premier parc Disneyland en Chine continentale a récemment été repoussée au premier trimestre 2016 mais Wanda est de son côté parvenu à inaugurer dès le début décembre 2014, dans la ville de Wuhan (centre), son spectacle Han Show, un théâtre mêlant acrobaties et nouvelles technologies, auquel il a associé le directeur artistique Franco Dragone, qui a longtemps travaillé avec le Cirque du Soleil.Le chinois Wanda rêve de s’offrir les studios Lions Gate, producteur des « Hunger Games »Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.02.2015 à 13h42 • Mis à jour le09.02.2015 à 14h31 Les autorités de Bahreïn ont annoncé lundi 9 février la fermeture de la chaîne Alarab du milliardaire saoudien Al-Walid Ben Talal, lancée le 1er février à Manama. A son lancement, la chaîne avait donné la parole à un opposant chiite bahreïni dès son premier journal d'informations, provoquant la colère dans le royaume.« Il a été décidé d'arrêter les activités d'Alarab, cette chaîne n'ayant pas obtenu les autorisations nécessaires », a justifié un communiqué de l'Autorité de l'information de Bahreïn. Lancée à grand renfort de publicité, Alarab a diffusé des programmes pendant moins de vingt-quatre heures avant de devoir les interrompre, officiellement pour des raisons « techniques et administratives ».Le lancement d'Alarab avait été reporté à de nombreuses reprises depuis l'annonce du projet en 2010 par le prince Al-Walid, homme d'affaires saoudien connu pour son franc-parler et actif notamment dans la finance, l'hôtellerie et les médias. Le prince Al-Walid est le neveu de feu le roi Abdallah, mort le 23 janvier.  Alexandre Piquard Connaissez-vous le groupe Cerise ? Probablement pas. Le nom est peu connu. Mais cette petite entreprise de presse Internet affiche désormais ses ambitions, décomplexée. Cerise annonce ainsi lundi 9 février le lancement en 2015 des versions espagnole puis allemande de ses deux sites phares : Gentside, né en 2011 et dédié au public masculin et Ohmymag, féminin mis en ligne fin 2013. « En étant un bon challenger dans 50 pays, peut-être est-il possible de devenir leader mondial ? », n’hésite pas à commenter Benjamin Tolman, cofondateur et directeur exécutif du groupe, qui croit que le modèle de ses deux sites est adaptable facilement.Le raisonnement peut faire sourire, car les candidats à l’internationalisation ne manquent pas sur le Web. Les sites espagnol et allemand devront se nourrir de 100 % de contenus traduits du français. Et, à l’étranger, Cerise devra pour la publicité s’appuyer sur des partenaires et ne pourra pas, au départ au moins, trop miser sur le native advertising, cette forme moderne de publirédactionnel sur laquelle elle fonde beaucoup d’espoirs pour son développement en France.Entrepreneurs avant toutMais la petite PME a pour elle ses chiffres : elle revendique un chiffre d’affaires doublé en 2014, à 4,5 millions d’euros, mais surtout un excédent d’exploitation d’1,4 million d’euros (Ebitda). Pour 2015, Cerise vise 8 millions d’euros de chiffre d’affaires et dit vouloir recruter 40 personnes, après être passé en 2014 de 30 à 60 employés. Côté audiences, Cerise s’enorgueillit de sa 14e place dans le classement OJD des groupes de presse grand public français, avec 24 millions de visites en décembre 2014 (entre Le Parisien-Aujourd’hui en France et Ouest-France). Selon les chiffres de Mediametrie-NetRatings, généralement utilisés pour la publicité, Gentside est crédité de 1,9 million de visiteurs uniques en décembre, Ohmymag de 1,3 million (auxquels s’ajoutent les bons chiffres de visiteurs sur mobile). Par comparaison, les sites de la marque Melty (18e du classement OJD), un groupe de presse lui aussi 100 % Web, et destiné aux jeunes, totalisent 2,1 millions de visiteurs uniques.Le groupe Cerise est dirigé par quatre associés : Benjamin Tolman et Denis Marchant, les cofondateurs, rejoints par Pierre Orlac’h (directeur de la régie et du brand publishing, forme de contenu produit pour des marques) et Thomas Pruvot (directeur du développement). Les deux premiers forment un duo atypique : l’un est un ingénieur informaticien de 32 ans qui, adolescent, a lancé des serveurs de jeux vidéo en ligne, puis, encore étudiant, lancé son propre service de livraison de fleurs, via Internet. Il a été élève d’une école Montessori, à la pédagogie alternative. L’autre est un entrepreneur de 44 ans, dirigeant d’UTT, une société de textiles du Nord, et fier de représenter la « cinquième génération » d’une famille active à l’origine dans les comptoirs de laine. Le groupe Cerise est installé à Tourcoing dans les locaux de l’usine, qui produit désormais des textiles techniques, pour les chaudières ou les hélicoptères. La moitié de l’équipe Internet est à Paris.« Faire beaucoup d’audience en soi n’est pas notre ADN »Benjamin Tolman et Denis Marchant ont en commun d’être Ch’tis mais aussi d’être profondément entrepreneurs, bien avant d’être hommes de presse. Ils mélangent une forme de discrétion et un discours extrêmement ambitieux, ainsi qu’un pragmatisme total. Quand on leur demande pourquoi ils ont choisi le nom Cerise, ils sont capables de répondre que « Apple, c’était pris », mi-dérisoire, mi-sérieux. « Faire beaucoup d’audience en soi n’est pas notre ADN. Si ce n’est pas monétisable, cela ne nous intéresse pas, assène aussi M. Tolman, féru d’algorithmes. On crée de l’audience pour les marques. » Le groupe assume ainsi son relativement faible nombre de pages vues par visite, estimant que l’avenir est dans la vente aux annonceurs du temps passé par l’internaute sur un site, « comme commence à le faire le Financial Times ».Non sans une pointe de souverainisme, le groupe estime avoir quelque chose à apporter malgré la domination absolue de YouTube et Dailymotion« Nous sommes dans l’infotainment, pas dans l’actualité générale, justifie Denis Marchant. Nous voulons être un coin du triangle formé par l’internaute, les marques et le média. » L’entrepreneur partage son temps entre Cerise et la société familiale, depuis la création de son groupe Internet en 2008. Après des réflexions dans de nombreux domaines, les deux cofondateurs se sont finalement lancés avec en tête le modèle du portail Aufeminin.com mais ont choisi la cible masculine, estimant le secteur moins encombré.Pour l’avenir, Cerise espère monter de plus en plus d’opérations spéciales de brand content et cite en exemple les vidéos humoristiques qu’il créées pour le lancement du mobile Sony Xperia Z3. Le groupe a un dernier grand projet : lancer sa propre plate-forme vidéo, baptisée Kol. Non sans une pointe de souverainisme, le groupe estime avoir quelque chose à apporter malgré la domination absolue de YouTube et Dailymotion. Son interface, très mobile, propose de snacker des vidéos sélectionnées, puis de les éliminer en les faisant glisser avec son pouce, comme les profils d’applications de rencontre. Mais surtout, Cerise estime injuste les schémas actuels de partage des revenus entre le créateur de la vidéo et la plate-forme. Il propose donc de rémunérer les médias qui intègrent les vidéos sur leur site, amenant de l’audience. Les patrons de Cerise estiment ce concept très prometteur.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le rapport Vacquin, que Le Monde a pu consulter, dresse un portrait social assez sombre de votre entreprise. Partagez-vous ses conclusions ?Ce n’est certes pas un rapport complaisant. La direction, tout comme les organisations syndicales, n’est pas d’accord avec tous ses constats. Mais nous rejoignons Henri Vacquin sur le sens général et je partage l’analyse selon laquelle l’entreprise a souffert d’une réforme lancée à des fins politiques et sans préparation.France Télévisions, le grand corps maladeL’équipe de direction à laquelle vous appartenez est en partie comptable de cette réforme…Nous sommes arrivés [en 2010] après une décision qui avait été prise sans nous. Nous l’avons assumée en menant à bien ce projet d’entreprise unique. Mais tous ces fronts ouverts simultanément ne nous ont pas rendu la tâche facile, notamment à la direction des ressources humaines. C’était alors une 2 CV qu’on a chargée comme un poids lourd de trente tonnes.Le rapport n’épargne pas l’encadrement de l’entreprise…Je le trouve sévère sur ce point. Les managers ne souffrent pas d’immobilisme, mais plutôt d’un « stop and go » permanent, comme dans toutes ces grandes entreprises qu’on veut réinventer tous les cinq ans. A force, les volontés sont laminées.Au point de rendre tout changement impossible ?Non. Le rapport souligne d’ailleurs que beaucoup de choses ont été faites. Aujourd’hui, il faut maintenant dire où on veut aller.Quelle suite comptez-vous donner à ce travail, une fois qu’il aura été restitué dans l’entreprise ?Il formule des recommandations dont nous allons nous inspirer. Tout d’abord, s’attacher à mieux expliquer les raisons et les finalités des changements que l’entreprise traverse. Ensuite, nous allons ouvrir un travail sur le management. Cela consistera à lui donner des cadres de référence, à accorder plus d’autonomie aux managers, à lancer un plan de formation exceptionnel. Nous allons aussi travailler à une meilleure répartition des charges de travail.Enfin, nous allons travailler sur l’avenir des métiers au sein desquels les gens sont inquiets, comme les opérateurs de prise de vue et de son, ou sur les journalistes reporters d’images, pour lequel il y a une problématique d’inaptitude physique en fin de carrière. Cela passera par une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.Le rapport recommande également une amélioration du dialogue social…On peut en effet faire des choses pour aller vers un climat plus constructif. Les organisations syndicales ont été très sollicitées par les négociations liées à la fusion et au plan de départs volontaires en cours, il y a eu des tensions. Je crois qu’on peut en sortir avec un peu de bonne volonté et en renouvelant nos méthodes, par exemple avec plus de partages d’informations, sans être immédiatement dans la négociation ou le rapport de force.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.02.2015 à 10h20 • Mis à jour le09.02.2015 à 10h55 | Alexandre Piquard « BuzzFeed s’est lancé en France sur le divertissement mais veut aujourd’hui passer à une nouvelle étape en se mettant aux news et à l’actualité. C’est pour cela que j’ai été embauchée. » Cécile Dehesdin résume ainsi le poste de rédactrice en chef française du site de contenu viral américain qu’elle occupera à partir du 24 février. La journaliste de 27 ans est chargée de recruter trois autres personnes pour porter l’équipe à six membres.Début novembre 2013, BuzzFeed avait choisi de se lancer en France avec une équipe ultra-légère : deux journalistes, l’une à Paris, l’autre à New York. Aujourd’hui sont recherchés deux profils de « viral news reporters », qui « prennent le Web comme terrain », explique Mme Dehesdin. On les veut plutôt généralistes, capables de repérer sur les réseaux sociaux des sujets politiques, de société, environnementaux… Est aussi envisagé un profil de journaliste plus spécialisé, par exemple sur les « minorités ». Cécile Dehesdin est une jeune journaliste Web à la trajectoire ascendante : titulaire d’un master de « journalisme numérique » à l’université de Columbia, aux Etats-Unis, elle a débuté au site d’informations Slate fin 2008, avant de connaître trois transferts : elle est passée à L’Express.fr comme « chef des infos », puis a été rappelée à Slate comme rédactrice en chef adjointe, en septembre 2014. Avant d’être débauchée par BuzzFeed.La « nouvelle étape » souhaitée par BuzzFeed peut être vue comme le signe que ses résultats en France sont décevants et que le lancement n’a pas été le succès escompté. Cécile Dehesdin estime, elle, que le bilan de l’édition française est plutôt bon, « sinon BuzzFeed ne chercherait pas à la développer ».Audience « doublée »La société américaine, non cotée en Bourse, donne peu de chiffres, mais se dit satisfaite d’avoir « doublé » son audience française, entre décembre 2013 et décembre 2014. Celle-ci reste modeste : selon Mediametrie-NetRatings, BuzzFeed a accueilli 649 000 visiteurs uniques en décembre 2014 et entre 400 000 et 500 000 de juillet à novembre. L’audience mobile est, elle, évaluée à 218 000 visiteurs uniques en novembre. En comparaison, les sites de buzz sous la marque française Melty rassemblent 2,1 millions de visiteurs uniques en décembre, le site Minutebuzz 1 million (mais atteint aussi 1 million sur mobiles). L’édition française du site d’information américain HuffingtonPost (dont Le Monde est actionnaire) est créditée de 3 millions de visiteurs uniques. Sans parler de concurrents comme Topito ou Demotivateur.En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignonsL’évolution de la stratégie de BuzzFeed en France est aussi le fruit de leçons apprises sur les goûts des lecteurs : « En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignons, comme les articles sur les chatons, résume Scott Lamb, le responsable du développement international. Sur les réseaux comme Facebook ou Twitter, ils ont un profil social plus sérieux que nos lecteurs américains. Les Français ont envie d’échanger sur l’actualité. » Et seraient aussi friands d’information internationale.Comme exemple de contenu réussi, M. Lamb cite le questionnaire comparant des citations de 50 Nuances de Grey (E. L. James, éd. JC Lattès) et du livre de l’ex-première dame Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment (Les Arènes). Cécile Dehesdin relève des billets « au regard ironique, voire absurde », comme « les citations d’Eric Zemmour transformées en posters pour les toilettes ».Pour la maison mère BuzzFeed, l’adaptation faite en France dénote un ajustement de sa stratégie de développement international, cruciale. Déjà présente dans six pays avec sept éditions internationales, BuzzFeed veut s’implanter dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Mais, contrairement aux lancements français ou allemand, s’y dotera d’emblée d’équipes locales. Aujourd’hui, 35 % à 40 % de l’audience de BuzzFeed vient de l’extérieur des Etats-Unis, détaille M. Lamb. Et 40 journalistes (sur 250) sont implantés en territoire américain.Débaucher des journalistesL’autre grand axe stratégique est la vidéo : 60 « éditeurs » sont déjà au travail dans les studios montés à Los Angeles. La production de vidéos maison est d’autant plus importante que BuzzFeed est financé à 100 % par la publicité et s’est fait une spécialité de publier du « contenu de marque », rédigé pour ou par les annonceurs, mais ambitionnant d’être aussi accrocheur que les articles de la rédaction. La même logique est appliquée à la vidéo.Depuis trois ans, aux Etats-Unis, BuzzFeed poursuit une politique ambitieuse de développement d’un contenu d’actualité, recrutant des journalistes de médias établis, sous l’impulsion de Ben Smith, venu du site d’information Politico. Un moyen de conquérir de nouveaux lecteurs et de faire évoluer son image.Le site est aussi connu pour son usage très poussé des « données » : afin d’indiquer à chaque rédacteur les statistiques d’un article sur BuzzFeed et les réseaux sociaux, ou bien de cibler sciemment une catégorie sociale, comme les « Latinos », sous-représentés dans le lectorat… Enfin, une équipe de six personnes est chargée de développer du contenu spécialement dédié aux réseaux sociaux émergents comme Pinterest, Vine, Twitter ou Instagram, raconte M. Lamb, tout en précisant « qu’il est encore tôt pour savoir l’ampleur que cette activité va prendre ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 16h47 • Mis à jour le06.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre La température monte d’un cran à Radio France. Quelques semaines après que le PDG, Mathieu Gallet, a annoncé un déficit de 21 millions d’euros pour 2015, cinq organisations syndicales ont lancé un appel à la grève, pour le mercredi 11 février.Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants »Cet appel à la grève vise autant la direction de l’entreprise que l’Etat actionnaire, jugés coresponsables du « naufrage budgétaire » et de « la grande casse de Radio France qui s’annonce ».Dans un tract, le syndicat SUD fait notamment référence à des documents de travail de la direction. Ceux-ci évoquent un « plan d’économies [qui] consiste à trouver 50 millions d’euros » - une somme correspondant au déficit prévu en 2019.« Si ressources propres rapportent 10 ME, rationalisations, diffusions rapportent 15 ME, trouver 25 ME sur la masse salariale… », est-il écrit sur ces documents, selon le syndicat. Il cite également une mention d’« effectifs non opérationnels » à « identifier » et des « projets de mutualisation concernant les rédactions et les journalistes ».Probable plan de départsSelon nos informations, ce document serait issu d’un séminaire qui s’est tenu le mercredi 28 janvier à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, au niveau du « comité de direction élargi » (environ 65 cadres). Lors de ce séminaire, ces cadres ont planché sur les façons d’atteindre ce volume d’économies.À la direction de Radio France, on indique donc qu’il s’agit de « pistes de retour à l’équilibre » élaborées dans le cadre de la négociation du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) avec l’Etat. Ce COM doit encadrer la période 2015-2019 et la négociation doit s’achever fin mars.Au ministère de la culture, où l’intersyndicale de Radio France a été reçue il y a quelques jours, on confirme que le COM inclura l’objectif de retour à l’équilibre, mais on rappelle aussi que le budget de l’audiovisuel public a été stabilisé pour les trois ans à venir. La date du retour à l’équilibre fait encore partie des discussions.Une certitude : des économies sévères s’annoncent. M. Gallet n’a jamais caché sa volonté de développer de nouvelles sources de revenus - on parle d’exploitation du parking de la Maison de la radio, d’un restaurant, d’une librairie… Et il avait déjà évoqué, en janvier, une économie possible de 15 millions d’euros sur les coûts de diffusion, si Radio France cessait d’émettre en ondes moyennes et longues.Par contre, c’est la première fois qu’un chiffrage d’éventuelles mesures de départ sort. En interne, cela accrédite l’idée qu’un plan de départs est inéluctable. Dans les couloirs de la Maison de la radio, ces dernières semaines, cette perspective inquiète, tout comme les mutualisations engagées entre différentes équipes éditoriales, par exemple sur le sport.Malgré cette inquiétude, les syndicats ne sont pas sur la même ligne. FO et le SNJ n’appellent pas à la grève pour mercredi, jugeant que cette initiative vient trop tôt, alors qu’il n’y a pas eu d’annonces officielles. Et refusant d’affaiblir une opération prévue mercredi sur France Bleu, un mois après les manifestations du 11 janvier.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Damien Leloup On peut améliorer ses revenus tout en stagnant en nombre d’utilisateurs : c’est la leçon paradoxale administrée par Twitter à l’occasion de ses résultats de l’année 2014, présentés jeudi 5 février.Alors que de mauvais chiffres étaient attendus, le réseau social a rassuré les investisseurs. Son chiffre d’affaires a quasiment doublé entre 2013 et 2014. L’an dernier, Twitter a engendré 1,4 milliard de dollars (1,22 milliard d’euros) de revenus, et sa perte nette s’est réduite de 10 %, à 578 millions de dollars.Ces chiffres restent loin des 12,5 milliards de dollars engrangés en 2014 par Facebook, le leader du « social ». Mais ils témoignent d’une meilleure monétisation d’un réseau qui tarde à faire ses preuves dans ce domaine et dont le titre en Bourse a perdu 38 % en un an depuis son introduction, fin 2013. Pour 2015, Twitter annonce 2,30 à 2,35 milliards de dollars de chiffre d’affaires.Réintégrer les tweets à GoogleLa compagnie fondée en 2006 profite donc de l’explosion du marché de la publicité en ligne, et notamment sur mobile. Selon l’institut d’études eMarketer, sa part du marché de la publicité digitale mondiale a augmenté de 0,49 %, en 2013, à 0,84 %, en 2014 (contre 5,75 % et 7,75 % pour Facebook). Et sur le mobile, dont le marché a plus que doublé en 2014, la part de Twitter a atteint 2,56 %, contre 18,4 % pour le réseau de Marck Zuckerberg.Twitter a récemment multiplié les annonces pour crédibiliser ses efforts sur le front de la monétisation. Le 4 février, le réseau annonçait avoir conclu des accords pour diffuser ses publicités sur d’autres supports que Twitter, notamment Yahoo! et Flipboard. Un argument supplémentaire pour tenter de séduire les annonceurs.Jeudi 5 février, le PDG, Dick Costolo, a confirmé que Twitter et Google étaient parvenus à un accord. Selon l’agence Bloomberg, celui-ci vise à réintégrer les tweets dans les résultats de recherche de Google. Cet accord devrait booster le trafic enregistré sur Twitter, potentiellement exposé aux près de 2 milliards d’utilisateurs du moteur de recherche. M. Costolo n’a pas indiqué si une contrepartie financière, ou un accord de partage des revenus publicitaires, avait été conclue entre Google et Twitter.Ces initiatives viennent contrebalancer une réalité moins glorieuse pour Twitter : le ralentissement de la croissance de son nombre d’utilisateurs. Cette baisse a été prononcée au quatrième trimestre 2014, avec seulement 4 millions de nouveaux utilisateurs dans le monde, contre des progressions de 14, 16 puis 13 millions lors des trois trimestres précédents.Signes de nervositéTwitter dit attendre de meilleurs résultats en 2015 et rappelle qu’il a subi en fin d’année « un bug imprévu » dans l’intégration du réseau avec iOS8, la dernière version du système d’exploitation d’Apple. Le réseau a achevé 2014 avec 288 millions d’utilisateurs.Pour sa défense, le réseau invoque aussi « les plus de 500 millions de visiteurs qui viennent sur des sites de Twitter mais ne s’enregistrent pas » et « les centaines de milliards » de tweets repris automatiquement dans des bandeaux d’émissions de télévision ou des fenêtres dédiées sur des sites Internet tiers.Reste que ce ralentissement dans les recrutements intervient dans un contexte où l’entreprise multiplie les signes de nervosité. Dernier exemple, la publication cette semaine par le site américain The Verge d’un mémo interne dans lequel Dick Costolo ne mâche pas ses mots pour constater l’échec des mesures prises pour limiter les comportements agressifs sur le réseau social.« Notre manière de lutter contre le harcèlement et les trolls est nulle, et elle est nulle depuis des années (…), a écrit M. Costolo dans cette note et un e-mail envoyé aux salariés. Nous perdons des utilisateurs chaque jour parce que nous ne répondons pas de manière appropriée au trolling dont ils sont victimes chaque jour. »Ces derniers mois, plusieurs affaires de harcèlement de personnalités publiques avaient attiré les critiques contre Twitter, accusé de rester trop passif. Zelda Williams, la fille de Robin Williams, avait ainsi quitté le réseau social après avoir reçu de nombreux messages haineux liés au suicide de son père. Le vif débat qui a eu lieu fin 2014 sur le sexisme dans le milieu du jeu vidéo avait également vu la publication d’une multitude de messages de menace ou de harcèlement sur Twitter.En France, cet aveu d’échec pourrait trouver un écho particulier : des organisations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme protestent depuis plusieurs années contre la politique de modération de Twitter, jugeant que le réseau social est trop laxiste et estimant, pour certaines, que Twitter devrait censurer pro-activement certains mots-clés ou hashtags.Après les attentats qui ont frappé la France en janvier, le premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, ont également déclaré à plusieurs reprises, sans toutefois citer nommément Twitter, que les réseaux sociaux devaient être plus volontaristes dans la lutte contre la diffusion de contenus appelant à la haine.Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un « amendement Charb » devait être voté jeudi 5 février au Sénat. En référence au défunt dessinateur et directeur de la publication du journal satirique, dont l’équipe a été décimée le 7 janvier. Le texte vise à favoriser l’actionnariat citoyen dans des titres de presse : concrètement, il propose aux particuliers de prendre une participation dans un journal avec une réduction d’impôt de 30 %, pour des investissements jusqu’à 2 000 euros. Le taux est porté à 50 % pour les entreprises de « presse solidaire », un statut créé pour les médias qui réinvestissent beaucoup et distribuent peu de dividendes.La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a décidé de déposer sa version de l’« amendement Charb » à la proposition de loi sur la modernisation de la presse du député socialiste Michel Françaix. Sa proposition vient après d’autres d’inspiration similaire, émanant de sénateurs : Pierre Laurent (PCF), David Assouline (PS) et François Commeinhes (UMP).Le débat sur le sujet est antérieur aux attentats de début janvier. « Charb et Charlie Hebdo nous avaient adressé une demande début décembre 2014, pour faire adopter un nouvel article de loi facilitant le financement par souscription des journaux », a ainsi raconté Pierre Laurent dans ses voeux du 12 janvier, faisant le « serment » de faire adopter un amendement.Le mécanisme s’inspire du crowdfundingDans la proposition de loi Françaix a d’abord été adopté le statut d’entreprise de « presse solidaire », en réponse notamment aux demandes du site d’information Mediapart. « L’amendement Charb » ajoute une incitation par la défiscalisation, réservée à ces titres (ou à ceux d’information politique et générale, à un taux moindre).Le mécanisme s’inspire du crowdfunding, du financement participatif, précise-t-on Rue de Valois. Il s’ajoute à l’autre dispositif ouvert aux particuliers qui souhaitent aider les médias : le fonds Presse et pluralisme. Ce dernier ne propose pas de devenir petit actionnaire mais de faire des dons, défiscalisés à 66 % (60 % pour les entreprises). Comme ceux collectés ces dernières semaines pour Charlie Hebdo. Enfin, le gouvernement promet toujours de réformer les aides à la presse. Celles destinées aux journaux à faibles ressources publicitaires sont par exemple réservées aux quotidiens (L’Huma, La Croix…) et excluent des titres comme Le Monde diplomatique ou Charlie Hebdo.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est une question d’équilibre entre les principes de transparence, d’égalité et de protection », résume au Monde Olivier Schrameck, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Mercredi 4 février, l’autorité a présenté la méthodologie qu’elle a retenue pour la nomination du prochain président de France Télévisions, à laquelle elle doit procéder d’ici au 22 mai.Avec un changement de taille par rapport à la procédure appliquée lors de la nomination de Mathieu Gallet à la tête de Radio France, début 2014 : cette fois, « le Conseil établira une liste restreinte de candidats qu’il auditionnera », mais « cette liste sera rendue publique à la condition qu’aucun des candidats retenus ne s’y oppose auprès du président », selon le CSA.Il suffira donc qu’un seul des postulants à la succession de Rémy Pflimlin refuse que son nom soit rendu public pour que la liste entière reste secrète – une hypothèse hautement probable. Alors que dans le cas de Radio France, le CSA avait publié, avant les auditions, la liste des six candidats présélectionnés.Pourquoi ce changement de règles, au risque de réduire la transparence quant à une nomination sensible et souvent décrite comme politique, ou d’être taxé d’« opacité », comme l’a glissé à chaud au Monde, dès mercredi, un dirigeant du secteur audiovisuel ?C’est que le CSA a tiré les leçons de la procédure Radio France. « Dans l’ensemble, celle-ci a bien fonctionné, explique M. Schrameck. Mais force est de constater que les six candidats retenus pour les auditions étaient – à l’exception du président sortant et du président d’un syndicat de radios, le Sirti – soit des responsables publics, soit des personnes sans emploi. Or, le collège du CSA ne souhaitait pas adopter une procédure qui dissuaderait des candidats ayant des responsabilités dans le secteur privé. »Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires. Le CSA se doit de « choisir parmi les compétences les plus riches et les plus étendues », souligne son président, « sans courir le risque d’exclure une catégorie de candidats ». Enfin, il ne peut recourir à une présélection par un de ses membres, car au plan légal, « la procédure doit mettre tous les membres du collège dans la même situation ».Pour espérer attirer des profils variés, et notamment des dirigeants en poste dans de grands groupes privés, il faut donc leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi dans l’hypothèse où leur candidature n’aboutirait pas. Parmi les hauts cadres du secteur, seul Denis Olivennes (Lagardère Active) s’est à ce jour exprimé, pour assurer qu’il ne serait pas candidat.« Alchimie équilibrée »« A première vue, cette procédure me semble de nature à respecter l’anonymat des candidats qui souhaiteraient l’être, a commenté au Monde un dirigeant du secteur audiovisuel, qui préfère ne pas être cité. A deux réserves près : d’une part, le degré de confidentialité des huit membres du collège ; et d’autre part, l’après-désignation : n’y aura-t-il pas un moment où les langues se délieront ? » « C’est un progrès, a confirmé un autre. Mais la procédure oblige encore à faire acte de candidature. Et sa confidentialité repose sur l’étanchéité des huit membres du conseil… donc je ne suis pas sûr que ce soit si différent du passé. »Aucune procédure ne pourra en effet garantir l’absence de fuite dans la presse. Même si les huit membres du collège seront interdits de contacts – autres que les auditions – avec les candidats retenus à partir du 1er avril, date d’ouverture des enveloppes de candidature.« La procédure est contraire à la nécessaire publicité des projets des candidats retenus », dénonce sur Twitter Serge Cimino, reporter à France 3 et membre de la section SNJ (Syndicat national des journalistes) de France Télévisions, seul candidat déclaré à ce jour. Tout en reconnaissant qu’aucun texte n’oblige le CSA à diffuser les projets des candidats.Au Parlement, ces nouvelles dispositions semblent avoir convaincu, à droite comme à gauche. « Si le CSA estime qu’il vaut mieux que les noms ne soient pas connus, cela ne me choque pas », indique Franck Riester, député (UMP) et membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. « C’est une alchimie bien équilibrée, déclare de son côté Patrick Bloche, le président (PS) de cette commission, au Figaro. M. Schrameck ne pourra pas être accusé de mettre en place une procédure opaque. Et d’un autre côté (…), il ne se prive pas d’ouvrir le champ des compétences. » « Si on veut avoir des candidatures libres, il faut qu’elles soient libres de tous côtés », reconnaît, au Sénat, Jean-Pierre Leleux, membre (UMP) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.« Ce sera peut-être un poisson d’avril », plaisante l’actuel PDG, Rémy Pflimlin, en référence à la date d’ouverture des enveloppes. M. Pflimlin ne s’est pas encore prononcé sur sa propre candidature. Il se dit « au travail », loin de ces questions procédurales, et dans l’attente du rapport que le gouvernement doit publier, fin février, sur la redéfinition des missions de l’entreprise publique. Mercredi encore, le PDG était auditionné au Sénat dans le cadre d’une table ronde sur l’avenir de France Télévisions. L’occasion pour lui de défendre son bilan, mais aussi de plaider pour une indépendance renforcée et une plus grande « continuité » dans la gouvernance de l’entreprise. Sans préciser si cette continuité incluait à ses yeux l’identité de son président.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.02.2015 à 11h20 • Mis à jour le04.02.2015 à 17h19 | Guillaume Fraissard A la tête de France Médias Monde (FMM), qui regroupe les radios RFI, Monte Carlo Doualiya et les antennes de France 24, Marie-Christine Saragosse a un poste d’observation privilégié pour mesurer comment la France est perçue à l’étranger. Après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, elle revient sur le traitement des événements par les chaînes de l’audiovisuel extérieur français et sur leur place dans le paysage médiatique mondial.Comment les équipes de France Médias Monde ont-elles vécu la période qui a suivi les attentats ?Nos équipes ont été en première ligne pour voir que, dès le 7 janvier, Paris était devenue le centre du monde, qu’il y avait un véritable élan de solidarité dans de nombreux pays. Mais nous avons aussi vu sur les réseaux sociaux des attaques extrêmement violentes contre des journalistes arabophones de nos médias qui avaient dit « Je suis Charlie » et parlé de la laïcité et de la liberté d’expression. Cela a été très dur à vivre.Comment avez-vous géré le fait de montrer ou non la couverture de « Charlie Hebdo » ?Nous l’avons montrée, y compris sur nos antennes en langue arabe. Mais nous nous gardons bien de simplifier les choses. A l’étranger, certaines chaînes ont montré en boucle les images du policier assassiné à Paris, avec des plans arrêtés sur chaque scène de cet assassinat. En revanche, les caricatures étaient floutées. Nous avons fait le contraire. On a coupé la séquence de l’assassinat et montré la « une » de Charlie. Si nos antennes, présentes dans près de 300 millions de foyers dans le monde, ont aujourd’hui de bons résultats, c’est parce que nous racontons des choses différentes. Et il y a une vraie attente pour cela.Le thème de la laïcité est-il simple à aborder quand on s’adresse à un public mondial ?Nous avons passé du temps à réfléchir à ce sujet. Nous avons essayé de traduire ce mot, et ce n’est pas simple. Il faut parfois une périphrase pour l’expliquer !On s’appelle « France » mais nous sommes internationaux, et le dialogue ne peut pas être unilatéral. Nous sommes en permanence dans le débat d’idée. Après les attentats, nos journalistes, nos correspondants, sont intervenus dans soixante médias étrangers pour expliquer la France, éviter les simplifications et les analyses à la Fox News.Après l’onde de choc de ces attentats, la mission de France Médias Monde doit-elle évoluer ?C’est plutôt le regard sur l’audiovisuel extérieur qui doit changer. Nous savons depuis longtemps ce qui se passe ailleurs. Il y a un an, nous avons vécu dans notre chair ce qu’est le prix à payer pour défendre la liberté d’expression. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, nos deux journalistes de RFI, ont été tués au Mali. Des journalistes ont été violées, agressées sur la place Tahir, en Egypte. Il s’agissait d’actes délibérés. On a trop vite considéré que la liberté d’expression étant acquise en France, cela n’était plus un sujet ailleurs.La France a un rôle particulier dans le monde. Elle a une voix singulière, elle ne dit pas la même chose que les chaînes anglophones ou arabophones. Ce rôle apparaît aujourd’hui dans toute son ampleur.La place de France 24 et de son antenne en langue arabe pourrait-elle être renforcée en France ?La présence d’une chaîne de service public en langue arabe en France est une vraie question. Par rapport à d’autres médias arabophones, nous sommes les seuls à défendre une certaine vision du monde. Les pouvoirs publics ont déjà ouvert des espaces. Le débat n’est pas fermé, mais cette présence à un coût.Pendant les événements, France 24 en langue arabe a fait de gros pics d’audience sur le câble. Elle a surtout enregistré une durée d’écoute très longue. Cela signifie que les gens qui sont venus sont restés longtemps, notamment pendant les débats.Dans notre contrat d’objectif et de moyens actuel, il y a une ouverture pour que nous soyons présents en France dans certains endroits. Ainsi, France 24 a eu l’autorisation d’être reprise sur la TNT gratuite en Ile-de-France. Avec la relance de la radio numérique terrestre, je me dis aussi qu’il y a des choses à faire pour Monte Carlo Doualiya avec d’autres radios comme Beur FM ou Africa N°1 avec lesquelles nous avons beaucoup d’affinités.Comment vos chaînes sont-elles perçues à l’étranger ?Nous sommes un groupe de service public, et dans les pays où cette notion est la même que la nôtre, personne ne pense que nous sommes la voix du gouvernement. Pour des pays où c’est moins le cas, certains ont parfois du mal à réaliser que nous sommes indépendants. Pendant les événements en Côte d’Ivoire, il est arrivé que l’antenne soit coupée, parce que nous étions étiquetés « porte-parole de la France ».Mais nos téléspectateurs savent que nous sommes tout sauf des chaînes de propagande. Le slogan de RFI, c’est : « Les voix du monde. » Pas la voix de la France.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.02.2015 à 08h44 • Mis à jour le18.02.2015 à 08h45 Après avoir été pointés du doigt par le CSA pour leur couverture des attaques terroristes de janvier, quatorze médias ont répliqué dans une lettre commune au CSA, mercredi 18 février.Lire aussi : Des médias jugent « l’information menacée » après les décisions du CSA« Les événements tragiques qui ont endeuillé la France en janvier 2015 ont frappé de stupeur les Français et le monde. Dans ces circonstances dramatiques, les médias audiovisuels français se sont efforcés d’informer au mieux leurs concitoyens, contribuant ainsi à leur mobilisation historique. Ces médias sont conscients de leurs responsabilités. Ils se sont interrogés sans relâche, pendant et après les événements.En l’absence de discussion contradictoire, le CSA a rendu une décision sans précédent, infligeant pas moins de 36 mises en demeure et mises en garde, jetant le discrédit sur le travail des rédactions de la quasi-totalité des radios et télévisions françaises publiques et privées.La liberté de la presse est un droit constitutionnel. Les journalistes ont le devoir d’informer avec rigueur et précision. Le CSA nous reproche notamment d’avoir potentiellement « attenté à l’ordre public » ou pris le risque « d’alimenter les tensions au sein de la population ». Nous le contestons.Sous le coup de ces sanctions, comment continuer à informer ? Dans quelle autre grande démocratie reproche-t-on aux médias audiovisuels de rendre compte des faits en temps réel ? Comment peut-on imaginer que le CSA veuille en 2015, renforcer encore le contrôle sur les médias audiovisuels français régulés quand l’information circule sans contrainte dans la presse écrite, sur les chaînes étrangères, tous les réseaux sociaux et les sites internet. N’est-ce pas nous placer dans une situation d’inégalité devant la loi ?Nous considérons que la décision du CSA porte en germe le danger d’une alternative : se censurer ou se voir sanctionné. Cette décision doit donc interpeller les pouvoirs publics garants de la démocratie dont la liberté d’expression est le fondement.Nous, les directrices et directeurs des rédactions de TF1, France 2, France 3, France 24, BFM-TV, i-Télé, LCI, Euronews, France Inter, France Info, RTL, Europe 1, RMC, RFI, continueront avec nos équipes, à travailler en toute indépendance et en toute responsabilité pour les millions de téléspectateurs et auditeurs qui nous font confiance chaque jour. » 17.02.2015 à 17h57 • Mis à jour le 18.02.2015 à 10h40Abonnez-vousà partir de 1 €data-url="http://campus.lemonde.fr/apb/article/2015/02/17/apb-quelles-etudes-apres-le-bac-pour-devenir-journaliste_4570749_4401467.html"data-title="APB 2015 : comment s'orienter après le bac pour devenir journaliste ?"data-picture="http://s2.lemde.fr/image/2015/02/17/400x300/4578364_7_02b5_devenir-journaliste-implique-souvent-de-passer_995c2fb30cdf418c8807816ce80bf6f0.jpg" Partager data-href="http://campus.lemonde.fr/apb/article/2015/02/17/apb-quelles-etudes-apres-le-bac-pour-devenir-journaliste_4570749_4401467.html" data-layout="standard" data-action="recommend" data-show-faces="false" C'est décidé ! Plus tard, vous serez journaliste, et vous aimeriez bien étudier ce beau métier dès le bac en poche. Qu'il s'agisse de travailler dans la presse écrite, sur le Web, à la radio ou à la télévision, les parcours d'études sont sensiblement les mêmes. Voici quelques informations pour s'y retrouver.Quelles sont les formations les plus prisées ? Pour devenir journaliste, on vous conseillera très vite de passer les concours des « écoles reconnues ». Cette appellation renvoie aux formations reconnues aussi bien par la profession (les journalistes) que par l'Etat. Il en existe 14 et possèdent quelques avantages notables : elles permettent d'acquérir un diplôme, ont des partenariats avec de grandes rédactions et ont meilleure réputation sur le marché du travail. Elles permettent aussi d'obtenir plus rapidement sa carte de presse. La plupart de ces écoles sont des masters accessibles à bac + 3, que nous évoquerons dans un autre article. Mais quatre établissements recrutent à la sortie du bac ou avant l'obtention d'une licence : - l'école de journalisme de Cannes (IUT Nice-Côte d'Azur), qui propose un DUT accessible à bac + 0 et une licence audiovisuelle à bac + 2 - l'IUT de Lannion, qui recrute au niveau bac via APB - l'IUT de Tours, à bac + 1 - l'école de journalisme de Toulouse, à bac + 1/ + 2Comment postuler aux deux écoles reconnues recrutant au niveau bac ?L'école de journalisme de Cannes et l'IUT de Lannion proposent des DUT, nécessitant de s'inscrire via APB. Ces deux établissements organisent leurs recrutements sur dossier à partir de vos relevés de notes des années précédentes, de vos résultats aux épreuves anticipées du baccalauréat en classe de première et d'une lettre de motivation. Les élèves sélectionnés devront ensuite passer un écrit et un entretien de personnalité. Pendant deux heures, vous devrez plancher sur des QCM d'actualité, de culture générale et d'anglais, en plus d'une petite épreuve d'expression (rédaction d'un article à partir d'une dépêche ou courte dissertation sur un thème donné). Puis, le lendemain, vous devrez passer un oral où vous serez interrogé sur vos motivations et encore une fois sur votre connaissance de l'actualité.La sélection est drastique : pour plus de 1 200 candidatures, ces établissements ne convoquent que 200 étudiants aux examens et en sélectionnent en moyenne 28 chacun pour intégrer le cursus. Par ailleurs, un tiers des effectifs recrutés sont souvent des candidats issus d'une licence 1 ou 2 (qui doivent également postuler via APB). Quels sont les épreuves et les critères de sélection ?Futurs bacheliers, il n'y a toutefois aucune raison de ne pas tenter votre chance. D'abord, qui ne tente rien n'a rien. Ensuite, vous entrerez peut-être dans les profils recherchés par les écoles : un élève sérieux, dynamique, avec une bonne qualité d'expression et faisant preuve de personnalité. Et c'est dans la lettre de motivation que vous devrez montrer tout cela.Sans être extravagant, soyez original et personnel. Evitez les formules bateau type « je veux être journaliste depuis toujours », « je veux faire du journalisme parce que j'aime voyager, j'adore l'actualité ». Parler de ses voyages, oui, mais à votre façon. Il faut donner envie aux examinateurs de  vous rencontrer, les rendre curieux en somme. Par ailleurs, si vous avez un blog, que vous avez écrit pour un journal lycéen, ou que vous avez déjà écrit ou filmé pour vous-même, n'hésitez pas à joindre vos productions à votre candidature APB. L'idée est que votre dossier ne ressemble à aucun autre et sorte du lot. Sans pour autant mentir : les examinateurs auront vite fait de vous questionner lors de l'entretien pour vérifier la véracité de votre lettre de motivation ou de vos productions.Car une fois votre dossier sélectionné, il reste tout de même l'écrit et l'oral. Et cela se prépare ! Lire l'actualité dès février et rédiger des fiches mémo est fortement recommandé. Et ce dans tout les domaines, pas seulement ceux que vous affectionnez. Pendant l'oral, les examinateurs posent souvent des questions sur l'actualité chaude du matin ou de la veille. Restez donc perpétuellement sous intraveineuse d'actu, une fois votre dossier accepté.La méthode est sensiblement la même pour le concours du DUT de Tours, à la différence que l'inscription au concours ne se fait pas par APB. Quand à la licence de Toulouse, elle se différencie par un concours plus long, qui se déroule sur deux jours. Si vous y êtes candidat, il vous faudra passer huit épreuves : une épreuve de rédaction d'un article de trois à quatres feuillets (entre 4 500 et 6 000 signes) ; une épreuve de légendes de photographies d'actualité ; une épreuve de français ; un questionnaire d'actualité ; un questionnaire de culture générale ; une épreuve de reportage dans la ville de Toulouse sur un thème imposé ; une épreuve oral de langue ; un entretien de motivation. Comme pour les autres concours, suivre assidûment l'actualité sur les six derniers mois avant les épreuves est nécessaire.Et si je n'ai pas ces écoles ?Pas de panique ! Il existe différentes voies pour arriver dans les rédactions, les plus prisées étant de réussir une école reconnue recrutant au niveau bac + 3. Pour vous y préparer, il y a la voie dite royale : le passage par Sciences Po ou un des neuf IEP (Institut d'études politiques) de province. Les sélections de ces écoles très prisées se font sur concours écrits et oraux quelques mois avant le bac, hors APB. Il faut se renseigner directement sur les sites des établissements pour connaître les modalités du concours. Ces derniers demandent une préparation sérieuse et certains étudiants passent d'abord par une année de prépa avant de les tenter.Ensuite, des parcours en faculté sont également possibles. Une licence en histoire, en droit ou encore en sciences politiques peuvent être de bonnes options pour ensuite tenter les masters des écoles reconnues ou pour entrer dans un master universitaire spécialité journaliste.Que penser des écoles reconnues ni par la profession, ni par l'Etat ?D'autres écoles que celles mentionnées ci-dessus, privées, intègrent les étudiants à la sortie du baccalauréat, pour des cursus en deux ou trois ans. Elles organisent leurs recrutements sur dossier et/ou écrits et/ou oraux selon les établissements. Par ailleurs, le prix d'une année dans ce type d'école peut s'élever à 8 000 euros. Une somme conséquente, sachant qu'elles ne sont reconnues parfois ni par la profession, ni par l'Etat, ce qui signifie qu'elles ne sont pas habilitées à délivrer de diplôme.Les concours d'entrée beaucoup moins drastiques que ceux des écoles reconnues et la tentation de se lancer dans les études de vos rêves, dès la sortie du bac, rendent ces établissement très attractifs. Prenez cependant le temps de vérifier si l'école vous permet d'accéder à un diplôme d'Etat et de quel niveau (bac + 1, bac + 2, licence, master), que les filières de communication et de journalisme sont bien distinctes et que le profil des enseignants semble sérieux.Inès Belgacem width="314" height="157" alt="Avant de pouvoir accéder au dispositif "meilleurs bacheliers" vous devrez d'abord vous inscrire sur le site APB." src="http://s2.lemde.fr/image/2015/02/12/314x157/4575553_3_229d_avant-de-pouvoir-acceder-au-dispositif_92751624328c1ab71ac253e69c819b40.jpg" « Bacheliers méritants » : quelle réorientation possible ? Organisé par Le Monde, le CFJ et HEC Paris jusqu'au 31 mars, il s'adresse, d'une part, aux journalistes professionnels et, d'autre part, aux étudiants d'HEC et des écoles de journalisme reconnues. width="314" height="157" alt="Les lycéens de Sarre-Union." src="http://s2.lemde.fr/image/2015/02/18/314x157/4578910_3_39bb_les-lyceens-de-sarre-union_b780abfd509239725d3e51ef10a20cfd.jpg" Marche lycéenne à Sarre-Union après la profanation du cimetière juif Suite du dessin de mardi : Fabrice Erre s'amuse à imaginer ce que des personnages historiques ou de fiction auraient pu donner en profs de lycée. width="314" height="157" alt="Du fait de l’explosion des frais de scolarité, qui ont augmenté de 440 % en 25 ans, selon le magazine Forbes, près des trois-quarts des étudiants diplômés ont été obligés de contracter un crédit." src="http://s2.lemde.fr/image/2015/02/18/314x157/4578458_3_9133_du-fait-de-l-explosion-des-frais-de-s_0fdc96288f42de25ed42aa715bd83798.jpg" Les dettes des étudiants inquiètent les Etats-Unis Emeline Cazi, Maxime Vaudano et Elise Vincent C’est très certainement par un banal SMS que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont lancé leurs attaques meurtrières. On n’en connaît ni la longueur ni le contenu. Mais on sait son heure, son expéditeur, son destinataire. Et ces éléments, dont Le Monde a pu prendre connaissance, lèvent aujourd’hui tous les doutes qui ont pu entourer la concomitance des actes des trois hommes début janvier, à Paris : il s’agissait bien d’attentats coordonnés.Lire l’intégralité (édition abonnés) : Une heure avant « Charlie », le dernier SMSAprès avoir minutieusement épluché des centaines d’expertises téléphoniques, les enquêteurs ont en effet pu vérifier que le court message avait été envoyé le 7 janvier au matin. Qu’il a été localisé par la borne du domicile de Chérif Kouachi, à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. Qu’il a ensuite immédiatement été reçu par l’une des treize lignes de téléphone avec lesquelles jonglait Amedy Coulibaly depuis quelques mois. Et qu’il a été écrit à 10 h 19, soit une heure avant l’attaque de Charlie Hebdo.Armés jusqu’aux dentsJamais, jusqu’à présent, la preuve qu’ils s’étaient formellement concertés dans leurs attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, les 7 et 9 janvier, à Paris n’avait pu être établie. Les enquêteurs en ont désormais la certitude.Retrouvez l’intégralité de nos contenus sur les révélations de l’enquête des attentats de Paris Le SMS avant-coureur a été envoyé d’une ligne de téléphone qui n’a manifestement été ouverte, estiment les enquêteurs, que dans le but de permettre aux trois hommes d’échanger discrètement durant les vingt-quatre dernières heures avant le début des tueries. Grâce à l’analyse de cette ligne, les policiers ont également la conviction que Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly se sont rencontrés dans la nuit du 6 au 7 janvier, la veille des attentats, entre minuit et 1 heure du matin, moment où Chérif Kouachi a expliqué à son épouse qu’il devait sortir de son domicile.Le matin du 7 janvier, l’aîné des Kouachi, Saïd, est arrivé de Reims (Marne), où il vivait, par le TGV de 8 h 31. Il a rejoint en métro depuis la gare de l’Est le domicile de son cadet. Les deux frères se sont enfermés dans le séjour. Puis ils sont repartis vers 10 heures. Chérif était déjà habillé tout en noir, mais il avait enfilé un manteau gris à capuche, selon le récit de ses proches. Une heure plus tard, les deux frères se présentaient armés jusqu’aux dents devant le siège de Charlie Hebdo, assassinant douze personnes.Retrouvez notre grand format : « Des attentats à la marche républicaine, les cinq jours de Charlie Hebdo »Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont été extrêmement minutieux dans la préparation de leurs crimes. La colossale enquête policière sur les attentats le prouve. Le téléphone depuis lequel a été envoyé le SMS devait seulement permettre de caler les derniers détails des opérations. Ils n’ont eu sur cette ligne que des contacts minimalistes : six SMS au total. Celui de 10 h 19 a été le dernier.De son côté, Amedy Coulibaly, avec son expérience hors norme des trafics et des braquages, maîtrisait les techniques de prudence et l’art de la dissimulation. L’enquête montre que l’ex-caïd de cité avait repéré sur Internet plusieurs commerces juifs avant d’attaquer l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dont il a vérifié les horaires d’ouverture, avant de passer à l’attaque, d’assassiner quatre personnes parmi ses otages et d’être tué par les policiers. Emeline CaziJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Qui sont les nouveaux clients des agences de presse ? Les marques, pardi ! Fini le temps où seuls les médias s’abonnaient aux fils de contenus proposés par les agences : désormais, toutes sortes d’entreprises les imitent, afin de disposer de contenu qu’elles pourront déployer elles-mêmes sur leurs sites, applications etc. Bienvenue dans le monde du « brand content » [contenu proposé par les marques].Symptôme de cette nouvelle tendance : l’agence de presse spécialisée dans les loisirs Relaxnews va être rachetée par le groupe de publicité Publicis, selon une annonce faite par les deux entreprises, lundi 16 février. Elles sont en tout cas entrées en négociations exclusives pour une durée de trois mois. Le groupe présidé par Maurice Lévy devrait débourser 15 millions d’euros. De leur côté, les deux fondateurs de Relaxnews, Jérôme et Pierre Doncieux, conserveraient une part minoritaire et leur rôle dirigeant.Fondée en 2000, Relaxnews s’est spécialisée dans la fourniture de contenus aux médias dans le domaine des loisirs et du divertissement. La société des frères Doncieux a signé un partenariat avec l’AFP en 2009, qui a abouti à la création d’un fil d’informations commun. Aujourd’hui, ce fil a conquis environ 200 clients dans le monde, dont 80 % de médias et 20 % de marques, selon Relaxnews.Les deux fondateurs en ont la conviction : c’est au niveau des « marques » que se situe désormais leur réservoir de croissance. « Nous pensons que 70 % de l’activité viendra à terme des marques », soulignent-ils. Un univers que va leur ouvrir le groupe Publicis - troisième groupe publicitaire mondial - et son réseau ZenithOptimedia, qui disposent d’un vaste portefeuille de clients.Sous l’œil d’un « déontologue »En rachetant Relaxnews, Publicis va pouvoir proposer à ses clients non seulement de consulter et de dupliquer les contenus du fil d’informations AFP/Relaxnews, mais aussi d’accéder à une solution globale proposant une veille sur Internet - grâce à un outil baptisé « radar » qui scrute les tendances - et des outils de mesure du « buzz ». Baptisée « Relax content manager », cette solution a été développée avec la société Trendsboard.Quand cette plate-forme sera vendue à un client, Publicis ne sera pas le seul gagnant, puisque Trendsboard, mais aussi l’AFP, co-éditeur du fil d’informations, percevront une part du revenu généré. D’autres services de l’AFP pourront même être proposés aux clients.Jérôme et Pierre Doncieux n’ignorent pas qu’une telle stratégie peut susciter de la défiance du côté des médias. Comment garantir l’indépendance du contenu avec autant de marques clientes ? Ils proposent une réponse, avec la nomination d’un « déontologue » en la personne de Denis Jeambar, ancien directeur de L’Express, qui sera en charge d’un « audit des pratiques ».Les outils proposés par Relaxnews répondent en tout cas au besoin des grands réseaux publicitaires, qui doivent désormais épancher la soif de « contenu » des entreprises, soucieuses de communiquer constamment avec les consommateurs. Il s’agit, selon Sébastien Danet, président de ZenithOptimedia, de « développer la force de frappe numérique par une démarche contenu ».Publicis entend réaliser dès 2015 au moins 50 % de son chiffre d’affaires dans le numérique, qui a représenté, en 2014, 42 % de son activité. Pour cela, le groupe a notamment acquis Sapient, spécialiste de marketing et communication numériques. Publicis réalise un chiffre d’affaires annuel global de plus de 7 milliards d’euros.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.02.2015 à 12h59 • Mis à jour le17.02.2015 à 08h56 | Alexis Delcambre Quatre jours après que le CSA a notifié plusieurs mises en demeure aux médias audiovisuels pour leur traitement des attaques terroristes survenues à Paris en janvier, le débat ouvert par ces critiques contestées se poursuivait, lundi 16 février.Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Première figure gouvernementale à s’exprimer depuis jeudi, la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, a ainsi fait part, sur i-Télé, de sa volonté de « donner un cadre plus clair aux journalistes et aux chaînes de télévision, notamment celles qui travaillent en continu ».Mme Pellerin a évoqué un travail commun avec ses collègues de l’intérieur et de la justice pour « établir des procédures » : « où on peut s’installer, où on peut mettre ses caméras et comment faire, quelles informations, comment valider les informations qu’on peut donner à la télévision sans mettre en danger la vie d’autrui ».Dans l’entourage de la ministre, on précise toutefois que la démarche ne se veut pas « intrusive » et qu’il s’agit avant tout de répondre aux questions que les médias pourraient se poser. Une démarche gouvernementale qui sera suivie avec grande attention par les journalistes de radios et télévisions, qui ont multiplié, depuis jeudi, les réactions aux décisions du Conseil supérieur de l’audiovisuel.Tollé dans les rédactionsVendredi soir, dans un communiqué commun, les sociétés des journalistes de BFM-TV, France 2, France 24, i-Télé, RMC et RTL avaient dénoncé une « injonction au silence » et une « volonté de mise au pas ».Plus tôt, le syndicat national des journalistes (SNJ) avait jugé que « le CSA s’arroge le droit de faire évoluer ses missions et de se transformer en censeur des ondes » et parle d’une « volonté politique de vouloir mettre un bâillon aux rédactions ». Dans un communiqué, il estime que cette décision « ouvre la porte à l’autocensure des confrères et à la censure par les hiérarchies » et rappelle que « la déontologie » tout comme « la responsabilité morale, professionnelle et juridique » sont du ressort des journalistes eux-mêmes.« Les journalistes ne sont pas des auxiliaires de l’action publique, a rappelé, de son côté, l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI), dans un communiqué. Tenter de les réduire à ce rôle serait attentatoire aux libertés fondamentales, pousserait à la censure et à l’autocensure, conduirait à faire le silence sur des informations d’intérêt public comme, par exemple, l’action des forces de l’ordre, des projets de réforme ou des négociations en cours. »« Le CSA est dans son rôle », a défendu, lundi, Fleur Pellerin, en référence aux missions conférées par la loi au CSA. Mardi, les responsables de l’information des radios et télévisions devaient se réunir à 15 heures au siège de TF1 pour étudier l’opportunité d’une réponse commune.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Charlotte Bozonnet Deux journalistes français ont été interpellés dimanche 15 février à Rabat et leur matériel saisi, alors qu'ils effectuaient une interview dans les locaux de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), la principale ONG de défense des droits de l'homme du pays. Jean-Louis Perez et Pierre Chautard, qui réalisaient un documentaire pour France 3, étaient dans la soirée sur le point d'être expulsés et renvoyés en France.Les deux journalistes de l'agence Premières Lignes ont été interpellés en fin de journée par plusieurs policiers, au motif qu'ils ne disposaient pas de l'autorisation nécessaire pour filmer. Le président de l'AMDH, Ahmed El-Haij, a expliqué à l'AFP que des membres des services de sécurité s'étaient déjà présentés dans la matinée. Mais ceux-ci « n'ayant produit aucune pièce d'identité, ni mandat d'arrêt », les responsables associatifs avaient refusé de leur remettre les deux journalistes.Ce n'est pas la première fois qu'un tel scénario se produit au Maroc. Le 23 janvier, une équipe de la chaîne arabophone de France 24, pourtant habituée à travailler dans le pays, avait elle aussi été empêchée de tourner une émission – ce jour-là consacrée à « l'humour comme moyen d'expression » après les attentats contre Charlie Hebdo –, au motif qu'elle ne possédait pas l'autorisation officielle. Selon Paul Moreira, le directeur de l'agencePremières lignes, les deux journalistes avaient cette fois-ci bien demandé depuis plusieurs semaines une autorisation de filmer, mais n'avaient reçu aucune réponse et en avaient donc conclu qu'elle n'était pas obligatoire pour travailler.REMISE À PLAT DE LA COOPÉRATION JUDICIAIRECes faits interviennent moins de quarante-huit heures après la visite à Rabat du ministre français de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, premier officiel à se rendre au Maroc depuis la fin de la brouille diplomatique entre les deux pays. Celle-ci avait éclaté en février 2014 lorsqu'une juge d'instruction française avait demandé à entendre un haut responsable marocain, Abdellatif Hammouchi, le patron de la DGST, le contre-espionnage marocain, visé par plusieurs plaintes pour torture. Le Maroc qui avait exigé une remise à plat de sa coopération judiciaire avec Paris a récemment obtenu gain de cause avec la signature le 31 janvier d'un nouvel accord (dont le contenu exact n'a pas encore été rendu public). Samedi, à Rabat, M. Cazeneuve avait annoncé que M. Hammouchi serait bientôt décoré de la Légion d'honneur.Lire aussi : Le patron du contre-espionnage marocain décoré par ParisL'interpellation des deux journalistes s'est produite dans les locaux du siège national de l'AMDH. Si aucun membre de l'association n'a été interpellé dimanche soir, l'organisation, présente dans tout le pays, dénonce depuis juillet 2014 l'« interdiction systématique » de ses activités par les autorités marocaines. En six mois, une soixantaine d'initiatives auraient été empêchées de se tenir, souvent en bloquant l'accès des lieux prévus pour ces activités. Fin 2014, l'ONG Human Rights Watch avait demandé aux autorités d'« arrêter d'entraver arbitrairement les activités pacifiques des organisations indépendantes de défense des droits humains et leur permettre de fonctionner librement ».Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.02.2015 à 16h50 • Mis à jour le13.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre Il était l’un des plus célèbres, et certainement le plus atypique des journalistes du New York Times, une figure unique et improbable devenue l’incarnation de l’emblématique quotidien américain. Au sortir d’une table ronde sur le film Citizenfour consacré à Edward Snowden, jeudi 12 février peu avant 21 heures, David Carr s’est effondré, au cœur de cette salle de rédaction du « Times » qu’il arpentait depuis douze ans. Il était âgé de 58 ans.Pour les journalistes couvrant le secteur des médias, et pour tous ceux qui suivent de près leurs mutations, M. Carr était une sorte d’icône. La clairvoyance des analyses qu’il livrait, chaque semaine, dans sa chronique « The Media equation », et sa hauteur de vue, se mêlaient à son style âpre et corrosif dans un mariage inhabituel. Il excellait dans l’art d’exposer les situations complexes des médias confrontés à la révolution numérique, avec des informations précises et détaillées, et une façon très solide de soutenir un propos.On repensait alors, inévitablement, aux séquences du film Page One : Inside The New York Times dans lequel on le voyait dans la posture de l’enquêteur, traquant au téléphone les dirigeants du groupe de médias Tribune pour vérifier, une à une, chacune des assertions qu’il s’apprêtait à publier. Un journalisme de « facts » méthodique et intransigeant pratiqué par un homme direct sans être rude.Lire aussi : "A la Une du 'New York Times'" : à New York, le quotidien ordinaire d’un quotidien en crise On croyait presque deviner, derrière cette rigueur obsessionnelle, la personne qu’avait pu être David Carr 25 ans plus tôt, dans sa vie précédente d’accro au crack,- une addiction qu’il était parvenu à surmonter. Il avait raconté cette vie, sans fard, dans une autobiographie publiée en 2008, The Night of the gun, et la portait encore dans sa silhouette bancale, ses traits marqués ou sa voix rauque.Le jeune homme doué, major de psychologie et de journalisme à l’université du Minnesota, avait transité par les bas-fonds avant de se hisser, pas à pas, d’un journal local au temple du journalisme : il y avait dans la trajectoire de David Carr une forme très américaine de rédemption ou de renaissance. L’homme avait également réchappé d’un cancer. « Je vis aujourd’hui une vie que je n’ai pas méritée, écrivait-il en conclusion de son récit. Mais nous passons tous sur cette terre avec le sentiment que nous sommes des imposteurs. »Gardien du templeLe film Page One d’Andrew Rossi, sorti en 2011, en avait fait l’incarnation du journalisme et des valeurs défendus par le New York Times. À l’origine, Rossi voulait faire le portrait de Carr, et il a finalement choisi d’étendre son propos pour livrer un portrait collectif de la rédaction de « The Grey Lady ». Mais son documentaire reste habité par la figure du journaliste du « media desk ». Sa densité, son charisme, tranchent en regard du style classique et policé de ses collègues.Une autre séquence du documentaire le confronte à l’équipe de Vice, le site en vogue qui prétend proposer un journalisme dépoussiéré et aller dans les endroits que délaissent les médias traditionnels. À l’écran, un reportage que Vice a réalisé sur la vie au Liberia et notamment le manque de sanitaires. « Nous y sommes allés bien avant vous, avait coupé David Carr. Ce n’est pas parce que vous avez mis un putain de casque de safari et regardé de la merde sur une plage que vous avez le droit de nous insulter. » « Sorry, sorry… », avait alors répété le leader de Vice, Shane Smith, rendant les armes. Outre ce film, Carr était aussi connu pour sa présence sur les réseaux sociaux et allait d’écoles de journalisme en tables rondes et autres panels, avec un goût manifeste pour la controverse. Sa dernière table ronde réunissait la réalisatrice Laura Poitras et le journaliste et prix Pulitzer Glenn Greenwald. « David Carr était l’un des journalistes les plus doués à avoir travaillé pour le New York Times », a déclaré le président de l’entreprise, Arthur Ochs Sulzberger Jr.Naissance : 8 septembre 1956 à Minneapolis2011 : « Page One, Inside The New York Times » Mort : 12 février 2015 à New YorkAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Personne n’aime se faire taper sur les doigts. Mais les responsables de l’information des radios et télévisions françaises ont réagi avec une rare véhémence aux trente-six mises en garde et mises en demeure notifiées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), jeudi 12 février, sur la couverture médiatique des attaques djihadistes à Paris et Montrouge, début janvier.« Les décisions du CSA soulèvent des questions majeures pour le droit à l’information dans notre pays, estime ainsi Thierry Thuillier, directeur de l’information de France Télévisions. Je souhaite être reçu par le CSA et demande des explications. »Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesTonalité similaire sur l’autre rive de la Seine, à Radio France, qui a fait part, jeudi soir, de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction ». De fait, les décisions du CSA sont susceptibles d’appel et de recours devant le Conseil d’Etat.Selon nos informations, une réunion des responsables de l’information des radios et télévisions et d’ores et déjà programmée, mardi 17 février, au siège de TF1, afin d’échanger et d’étudier l’opportunité d’une réponse conjointe.Principe de précaution contre liberté d’informationLa plupart des médias audiovisuels sont concernés, car les notifications du CSA n’ont épargné personne – pas plus qu’elles n’ont ciblé un média en particulier. LCI s’est vu notifier trois mises en demeure ; BFMTV et iTélé deux, comme France 2 et TF1, qui avaient elles aussi fait le choix du direct, ou encore France 24 ; sans oublier Europe 1, France Info et France Inter, RFI, RMC, RTL ou Euronews.« Le CSA dit en quelque sorte que tous ceux qui ont fait du temps réel ont failli, commente Céline Pigalle, directrice de l’information du groupe Canal+ (propriétaire d’iTélé). Ceux qui ne sont pas sanctionnés [à l’image des médias du groupe M6] sont ceux qui n’ont pas proposé d’édition spéciale pour couvrir ces événements. Quel est le message ? »Un point concentre plus particulièrement l’ire des médias, d’autant qu’ils se voient tous mis en demeure pour ce motif : avoir annoncé que des affrontements avaient commencé entre forces de l’ordre et terroristes à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher (…), dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », écrit le CSA.Or, les médias rappellent que le statut de cette « déclaration » du preneur d’otages était incertain et n’avait pas fait l’objet d’une consigne policière explicite. « Si doute il y a, ce que je ne crois pas, il faut appliquer le principe de précaution en raison des vies en jeu », rétorque Nicolas About, membre du groupe de travail du CSA sur le sujet.Hyper Cacher : les versions contradictoires de BFM-TV et de la direction du RAIDSurtout, radios et télévisions jugent ce point « déconnecté de la réalité médiatique », pour reprendre les termes d’un directeur de rédaction. « Ça va devenir compliqué, si on ne peut plus informer en direct, juge Catherine Nayl, directrice de l’information du groupe TF1. Que fait-on ? On met un écran noir ? Des “bips” pour cacher les sons ? » « Il faudrait donc arrêter le direct, imagine Thierry Thuillier. Cela revient à pousser les gens vers les sites d’information – y compris le nôtre – ou les réseaux sociaux qui, eux, ne sont pas régulés par le CSA ! »Le Conseil ne nie pas cette limite, mais la loi ne lui donne compétence que sur les radios et télévisions. Depuis son arrivée à la tête du CSA en 2012, Olivier Schrameck plaide pour une extension de cette compétence aux « services de communication audiovisuelle » en ligne… mais il est risqué, politiquement, de déterrer le sujet sensible de la régulation du Web.Contrôler ce qui est dit à l’antenneLes autres points soulèvent moins de contestations. L’un concerne le choix de diffuser la vidéo montrant l’assassinat du policier Ahmed Merabet par les terroristes. Seule France 24 avait diffusé cette séquence – avec des atténuations –, et cela lui vaut une mise en demeure. « Je suis étonné, soupire néanmoins son directeur de la rédaction, Marc Saikali. Veut-on que nos téléspectateurs à l’étranger se reportent sur nos concurrentes Al-Jazira ou CNN, qui n’hésitent pas à montrer ce type d’images ? » Une autre mise en demeure concerne la divulgation de l’identité des frères Kouachi avant la diffusion de l’appel à témoins par la Préfecture de police. iTélé et LCI avaient donné à l’antenne des éléments permettant cette identification, issus d’informations qui circulaient sur les réseaux sociaux, parfois de source policière ou militaire. « Nous n’avons fait que relayer un appel à témoins », se défendent, en substance, les chaînes, soulignant qu’elles ne pouvaient passer sous silence une information qui circulait par ailleurs.Mais le CSA estime que, dans ce cas, le souci de ne pas « perturber l’action des autorités » l’emporte sur le droit d’informer. « Certes, la fiche de recherche avait fuité sur les réseaux sociaux, explique M. About. Mais les radios et télévisions ont un pouvoir accréditant. Quand elles en parlent, cela change le statut de cette information. En l’espèce, le gouvernement a été contraint de diffuser à son tour la fiche de recherche, car tout avait été dit sur les antennes. » Sans surprise, une dernière mise en demeure concerne la révélation, par cinq médias, que des personnes étaient cachées sur les lieux des prises d’otages de Dammartin-en-Goële ou de la porte de Vincennes. Ces « révélations » ont pu prendre des formes variées : information glissée à l’antenne par un journaliste, ou parfois par un témoin interrogé en direct, dont la parole ne pouvait être filtrée.Pour le CSA, ces mentions ont été « susceptibles de menacer gravement la sécurité des personnes retenues dans les lieux ». Les médias se voient donc incités à retenir ce type d’informations, mais aussi à réfléchir aux moyens de contrôler ce qui est dit à l’antenne – y compris par des non-journalistes – dans des situations de direct intégral, pour rester des garants actifs de l’information.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guillot C'est rarement la subtilité qui caractérise, d’ordinaire, les photos récompensées par le World Press, le prix le plus célèbre du photojournalisme : on y prime plutôt les effets spectaculaires, les sentiments exacerbés (douleur, tristesse), les actions fortes (bombardements, tueries, torture), l’hémoglobine… Y aurait-il comme une prise de conscience que ce genre d’images, certes très lisibles et efficaces, peut lasser ? Et qu’elles répondent rarement à la complexité des faits ?Comme pour répondre aux reproches faits depuis longtemps à cette imagerie répétitive et souvent pleine de clichés (riche/pauvre, victime/bourreau, mère à l'enfant ou « mater dolorosa »…), cette année, le World Press a décerné le titre de l'image de l'année à une photo sans action marquante, ni scène tragique. L'image de Mads Nissen, prise à Saint-Pétersbourg, montre un jeune couple homosexuel dans son intimité. Les poses, le clair-obscur et le décor (le drapé d'un rideau) font bien plus référence à la peinture hollandaise qu'à la photo de guerre. Les faits traités sont bien tragiques – la discrimination et la violence contre les homosexuels en Russie – mais ils sont illustrés par une image de tendresse et d’affection. « C'est une image très très subtile » a commenté Michelle McNally, présidente du jury, qui a qualifié la photo de « superbe scène ». Une photo qui montre non seulement le quotidien, mais qui a été prise dans un pays proche, pas sur le terrain d’une guerre lointaine. « C'est une chose qui manque souvent dans le photojournalisme, on a toujours l'impression qu'il faut chercher l'exotique », a commenté Donald Weber, autre membre du jury. Patrick Baz, de l’Agence France Presse, qui a également participé au jury, a insisté sur Twitter : « Ce prix parle d’amour et de haine, de paix et de guerre, et on n’a pas besoin de sang et de destructions pour décrire ça. »Lire aussi : le palmarès du World Press Photo 2015S'agirait-il d'une évolution durable ? Déjà, en 2014, le World Press avait récompensé une photo moins évidente que d'habitude, en évitant l’instant décisif et l’événement exceptionnel : on y voyait, dans une scène nocturne, des migrants lever leur téléphone portable en quête de réseau pour appeler leurs proches restés au pays. Le reste du temps, les photos de l’année du World Press font plutôt dans le spectaculaire. Les photos de sport particulièrement manipuléesAutre tendance forte en 2015 : la manipulation des images. Le jury, qui demande à tous les candidats présélectionnés d’envoyer les fichiers numériques « raw », c’est-à-dire avant toute retouche, pour les comparer avec les images soumises à la compétition, a eu des mots très durs sur la quantité de fichiers retouchés de façon excessive, et donc disqualifiés. Ce fut le cas d’une image sur cinq, soit 20 % !Le directeur général du World Press Photo, Lars Boering, a déclaré dans un communiqué : « Cette année, le jury a été très déçu de découvrir avec quelle légèreté les photographes ont traité leurs fichiers soumis à la compétition. Quand un élément a été ajouté ou retranché de l’image, cela nous a conduits à rejeter l’image en question. (...) Il semble que certains photographes ne peuvent résister à la tentation de rehausser leurs images soit en enlevant de petits détails pour “nettoyer” une image ou parfois à changer la tonalité de façon excessive, ce qui constitue un changement réel de l’image. Ces deux types de retouches compromettent l’intégrité de l’image. »Les retouches ont particulièrement affecté la section « sports », au point que le jury a renoncé à décerner le troisième prix de la catégorie « stories », faute de candidat « propre » (voir l’entretien de Lars Boering avec le British Journal of Photography, en anglais).Sens de l’image fausséUne tendance sur laquelle on peut émettre quelques hypothèses : peut-être le jury du World Press Photo est-il particulièrement sévère sur les retouches considérées comme « classiques » (couleurs réhaussées, ombres atténuées, etc.) ? On a du mal à le croire, vu que les membres sont issus de différents médias à travers le monde, avec des habitudes différentes.Ou alors peut-être les candidats au World Press ont-ils accentué les retouches dans l’espoir d’augmenter leurs chances d’être sélectionnés, sachant que le prix récompense des photos souvent parfaites techniquement ? Là encore, on peut en douter : ils savaient que leurs images seraient comparées aux fichiers originaux, et risquaient d’être disqualifiées car ces manipulations seraient considérées comme de la fraude.Ou enfin – hypothèse la plus probable, vu le nombre énorme d’images rejetées – les photographes ont pris l’habitude de retoucher leurs photos à un tel point et avec une telle facilité qu’ils ne semblent plus avoir conscience qu’ils faussent le sens de l’image. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter sur ce qui nous est donné à voir du monde aujourd’hui. Comme s’il fallait, pour qu’elles retiennent notre attention dans le flot visuel qui nous noie, des images toujours plus léchées, toujours plus parfaites, toujours plus spectaculaires. Des images qui ressemblent plus aux jeux vidéo qu’à la réalité.Lire aussi le post de blog : les photos retouchées du World PressClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a relevé 36 manquements aux règles de la communication audiovisuelle lors de la couverture que les radios et télévisions ont faite des attentats de Paris du 7 au 9 janvier.Il a émis 21 mises en demeure et 15 mises en garde, mais n’a pas prononcé de sanction. Les sanctions, juridiquement, ne peuvent intervenir sans mise en demeure préalable. Ces mises en demeure constituent donc une hypothèque pour les médias concernés, qui se verront sanctionnés s’ils réitèrent les mêmes manquements.Le CSA avait réuni les responsables radios et télévisions le 15 janvier et dit avoir tenu compte de cette « enquête contradictoire ».Selon le CSA, les faits qui ont justifié ces mises en garde et demeure sont les suivants :La diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes ;La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi ;La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes ;La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ;L’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes ;La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ;La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.La plupart des télévisions sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Six radios le sont également, parmi lesquelles France Info et France Inter. Le groupe Radio France a fait part jeudi soir de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction », peut-on lire sur le site de France Info.Sept chaînes de télévision et six radios sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Parmi elles, France Info et France Inter, qui comptent déposer un recours, peut-on lire sur le site de France Info. « Nous contestons cette mise en demeure, nous ne la comprenons pas », a réagi Erik Kervellec, directeur de la rédaction de France Info, évoquant une sanction « parfaitement injustifiée » : « ils nous reprochent en quelque sorte d’avoir fait notre métier, c’est à dire d’avoir dit : il se passe quelque-chose à Dammartin-en-Goële, il y a des coups de feu ».Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est une surprise. Le patron du groupe de télécoms Altice - SFR - Numericable, Patrick Drahi, et son associé, Marc Laufer, vont acquérir l'ensemble des magazines français que détient le groupe Roularta, soit le cinquième pôle français de presse magazine. Avec cette acquisition, les deux hommes, déjà co-actionnaires de Libération, prennent une place croissante dans le paysage médiatique français.Jeudi 12 février en fin de matinée, un communiqué de Roularta est venu confirmer ce que l'AFP puis Le Monde avaient annoncé. « Les négociations exclusives entamées par Roularta Media Group avec Monsieur Patrick Drahi associé à Monsieur Marc Laufer devraient permettre la cession de la totalité des activités de Roularta en France », selon ce texte. Jusqu'ici, le périmètre des négociations exclusives entre les deux parties, ouvertes le 8 janvier, ne portait que sur une partie des magazines, dont L'Express, mais aussi sur Mieux vivre votre argent, Lire, Classica, Pianiste, Studio Ciné Live, le site L'Entreprise, l'organisation de salons de recrutement Job Rencontres, le Salon du travail et de la mobilité, le salon Expolangues et le portail Distrijobs.De son côté, le groupe belge Roularta devait conserver son pôle Education (autour de L'Etudiant et de ses 80 salons), Point de vue, Histoire, Images du monde et son pôle Art de vivre, notamment avec le site cotemaisons.fr, les magazines Côté Sud, Côté Ouest, Côté Est, Côté Paris, ou encore Maison française Magazine, l'hebdo gratuit A Nous Paris et les mensuels gratuits A Nous Lille / Lyon / Marseille. Ces titres étaient également convoités par Le Figaro.Mais les lignes ont bougé ces derniers jours. Selon nos informations, les parties ont constaté que la partition du groupe serait difficile à mener et source de nombreuses complications. Outre son offre, supérieure à celle qu'aurait proposée le groupe Bolloré, Patrick Drahi se serait montré ouvert à une reprise globale du groupe Express Roularta, incluant le bail de l'immeuble de L'Express situé rue de Châteaudun à Paris.« La procédure de consultation du Comité d'Entreprise de Groupe Express Roularta (GER) devrait être entamée dans les plus brefs délais », assure le communiqué de Roularta. Jeudi matin, les délégués du personnel et syndicaux ont été informés. Des réunions d'information se sont également tenues dans les différents services.UN PRIX EVALUE A 50 A 70 MILLIONS D'EUROSPour le groupe belge, cette cession vient clore une décennie au bilan négatif. En 2006, Roularta avait déboursé plus de 210 millions d'euros pour acquérir ces magazines, puis 30 à 40 autres millions pour Point de vue. Las, en raison de la baisse des recettes publicitaires et des ventes, ce pôle s'est mis à accumuler des pertes récurrentes, que des plans sociaux à répétition n'ont pu entraver. En 2013, le groupe belge avait ainsi accusé une perte nette de 57,9 millions d'euros, principalement due à ses magazines français. Une première dépréciation d'une cinquantaine de millions d'euros avait été passée.Dès lors, la cession était devenu une option sérieuse et les rumeurs de vente se sont multipliées. Mais les discussions ont souvent achoppé sur le prix, Roularta refusant de brader son actif.Il est peu probable que le montant payé par MM. Drahi et Laufer soit divulgué. Roularta s'est contenté, dans son communiqué, de préciser qu'« en cas d'accord, Roularta tiendra compte dans ses comptes annuels 2014 d'une réduction de valeur, sur les activités françaises, estimée prudemment entre 140 et 150 millions d'euros. » Ajouté au montant de la première dépréciation, ce chiffre suggère que le prix final accepté par Roularta pourrait être compris entre 50 et 70 millions d'euros. RAPPROCHEMENT PROCHAIN AVEC « LIBÉRATION »Cette acquisition, quelques mois après la reprise de Libération, témoigne de l'appétit du propriétaire d'Altice et de son associé Marc Laufer, passé notamment par les groupes NRJ et NextRadioTV. Les deux hommes ont pour objectif la constitution d'un groupe de médias puissant et diversifié.Outre Libération et les magazines de Roularta, ce groupe doit inclure la chaîne d'information en continu i24news, lancée en Israël par Patrick Drahi, et le groupe de presse professionnelle NewsCo, créé par M. Laufer. Certains observateurs pointent l'hétérogénéité de ces titres, aux cultures éditoriales dissemblables. Mais les deux hommes avancent. Ils auraient choisi un nouveau nom pour leur groupe, Altice Media Group, et non plus Mag & NewsCo, comme initialement annoncé. Et bientôt, Libération pourrait être hébergé dans les locaux de L'Express.Ils ne sont pas pour autant attendus comme des sauveurs. Le 17 janvier, dans un communiqué, les rédactions s'étaient alarmées des négociations en cours, estimant que « la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs ». Le pôle des magazines français de Roularta comprend aujourd'hui 720 personnes environ, dont 330 journalistes, hors pigistes et CDD.Selon un journaliste contacté par Le Monde, le fait que la transaction porte finalement sur l'ensemble des titres était toutefois perçu, jeudi, comme un élément rassurant. « C'est plutôt une bonne nouvelle, a-t-il estimé. Le découpage du groupe nous paraissait irréaliste. Ce rachat global maintient la cohérence de nos titres et lève plusieurs ambiguités, notamment pour toutes les fonctions transversales. Cela dit, nous n'ignorons pas qu'un plan de départs reste plausible, car le groupe perd de l'argent et que Drahi et Laufer semblent intransigeants sur ce point. »  Les sociétés des journalistes de L'Express et de Libération ont également publié un communiqué conjoint, jeudi, selon lequel elles « veilleront au respect de leurs identités et de leurs indépendances respectives » et « insistent sur l'indispensable séparation des deux rédactions » pour « préserver les spécificités de ces deux journaux d'information générale à l'histoire et aux positions éditoriales singulières ». Elles formulent également plusieurs demandes relatives à l'indépendance éditoriale et à la gouvernance du futur groupe.Lire (édition abonnés) : Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.02.2015 à 16h50 • Mis à jour le13.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre Il était l’un des plus célèbres, et certainement le plus atypique des journalistes du New York Times, une figure unique et improbable devenue l’incarnation de l’emblématique quotidien américain. Au sortir d’une table ronde sur le film Citizenfour consacré à Edward Snowden, jeudi 12 février peu avant 21 heures, David Carr s’est effondré, au cœur de cette salle de rédaction du « Times » qu’il arpentait depuis douze ans. Il était âgé de 58 ans.Pour les journalistes couvrant le secteur des médias, et pour tous ceux qui suivent de près leurs mutations, M. Carr était une sorte d’icône. La clairvoyance des analyses qu’il livrait, chaque semaine, dans sa chronique « The Media equation », et sa hauteur de vue, se mêlaient à son style âpre et corrosif dans un mariage inhabituel. Il excellait dans l’art d’exposer les situations complexes des médias confrontés à la révolution numérique, avec des informations précises et détaillées, et une façon très solide de soutenir un propos.On repensait alors, inévitablement, aux séquences du film Page One : Inside The New York Times dans lequel on le voyait dans la posture de l’enquêteur, traquant au téléphone les dirigeants du groupe de médias Tribune pour vérifier, une à une, chacune des assertions qu’il s’apprêtait à publier. Un journalisme de « facts » méthodique et intransigeant pratiqué par un homme direct sans être rude.Lire aussi : "A la Une du 'New York Times'" : à New York, le quotidien ordinaire d’un quotidien en crise On croyait presque deviner, derrière cette rigueur obsessionnelle, la personne qu’avait pu être David Carr 25 ans plus tôt, dans sa vie précédente d’accro au crack,- une addiction qu’il était parvenu à surmonter. Il avait raconté cette vie, sans fard, dans une autobiographie publiée en 2008, The Night of the gun, et la portait encore dans sa silhouette bancale, ses traits marqués ou sa voix rauque.Le jeune homme doué, major de psychologie et de journalisme à l’université du Minnesota, avait transité par les bas-fonds avant de se hisser, pas à pas, d’un journal local au temple du journalisme : il y avait dans la trajectoire de David Carr une forme très américaine de rédemption ou de renaissance. L’homme avait également réchappé d’un cancer. « Je vis aujourd’hui une vie que je n’ai pas méritée, écrivait-il en conclusion de son récit. Mais nous passons tous sur cette terre avec le sentiment que nous sommes des imposteurs. »Gardien du templeLe film Page One d’Andrew Rossi, sorti en 2011, en avait fait l’incarnation du journalisme et des valeurs défendus par le New York Times. À l’origine, Rossi voulait faire le portrait de Carr, et il a finalement choisi d’étendre son propos pour livrer un portrait collectif de la rédaction de « The Grey Lady ». Mais son documentaire reste habité par la figure du journaliste du « media desk ». Sa densité, son charisme, tranchent en regard du style classique et policé de ses collègues.Une autre séquence du documentaire le confronte à l’équipe de Vice, le site en vogue qui prétend proposer un journalisme dépoussiéré et aller dans les endroits que délaissent les médias traditionnels. À l’écran, un reportage que Vice a réalisé sur la vie au Liberia et notamment le manque de sanitaires. « Nous y sommes allés bien avant vous, avait coupé David Carr. Ce n’est pas parce que vous avez mis un putain de casque de safari et regardé de la merde sur une plage que vous avez le droit de nous insulter. » « Sorry, sorry… », avait alors répété le leader de Vice, Shane Smith, rendant les armes. Outre ce film, Carr était aussi connu pour sa présence sur les réseaux sociaux et allait d’écoles de journalisme en tables rondes et autres panels, avec un goût manifeste pour la controverse. Sa dernière table ronde réunissait la réalisatrice Laura Poitras et le journaliste et prix Pulitzer Glenn Greenwald. « David Carr était l’un des journalistes les plus doués à avoir travaillé pour le New York Times », a déclaré le président de l’entreprise, Arthur Ochs Sulzberger Jr.Naissance : 8 septembre 1956 à Minneapolis2011 : « Page One, Inside The New York Times » Mort : 12 février 2015 à New YorkAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Personne n’aime se faire taper sur les doigts. Mais les responsables de l’information des radios et télévisions françaises ont réagi avec une rare véhémence aux trente-six mises en garde et mises en demeure notifiées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), jeudi 12 février, sur la couverture médiatique des attaques djihadistes à Paris et Montrouge, début janvier.« Les décisions du CSA soulèvent des questions majeures pour le droit à l’information dans notre pays, estime ainsi Thierry Thuillier, directeur de l’information de France Télévisions. Je souhaite être reçu par le CSA et demande des explications. »Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesTonalité similaire sur l’autre rive de la Seine, à Radio France, qui a fait part, jeudi soir, de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction ». De fait, les décisions du CSA sont susceptibles d’appel et de recours devant le Conseil d’Etat.Selon nos informations, une réunion des responsables de l’information des radios et télévisions et d’ores et déjà programmée, mardi 17 février, au siège de TF1, afin d’échanger et d’étudier l’opportunité d’une réponse conjointe.Principe de précaution contre liberté d’informationLa plupart des médias audiovisuels sont concernés, car les notifications du CSA n’ont épargné personne – pas plus qu’elles n’ont ciblé un média en particulier. LCI s’est vu notifier trois mises en demeure ; BFMTV et iTélé deux, comme France 2 et TF1, qui avaient elles aussi fait le choix du direct, ou encore France 24 ; sans oublier Europe 1, France Info et France Inter, RFI, RMC, RTL ou Euronews.« Le CSA dit en quelque sorte que tous ceux qui ont fait du temps réel ont failli, commente Céline Pigalle, directrice de l’information du groupe Canal+ (propriétaire d’iTélé). Ceux qui ne sont pas sanctionnés [à l’image des médias du groupe M6] sont ceux qui n’ont pas proposé d’édition spéciale pour couvrir ces événements. Quel est le message ? »Un point concentre plus particulièrement l’ire des médias, d’autant qu’ils se voient tous mis en demeure pour ce motif : avoir annoncé que des affrontements avaient commencé entre forces de l’ordre et terroristes à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher (…), dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », écrit le CSA.Or, les médias rappellent que le statut de cette « déclaration » du preneur d’otages était incertain et n’avait pas fait l’objet d’une consigne policière explicite. « Si doute il y a, ce que je ne crois pas, il faut appliquer le principe de précaution en raison des vies en jeu », rétorque Nicolas About, membre du groupe de travail du CSA sur le sujet.Hyper Cacher : les versions contradictoires de BFM-TV et de la direction du RAIDSurtout, radios et télévisions jugent ce point « déconnecté de la réalité médiatique », pour reprendre les termes d’un directeur de rédaction. « Ça va devenir compliqué, si on ne peut plus informer en direct, juge Catherine Nayl, directrice de l’information du groupe TF1. Que fait-on ? On met un écran noir ? Des “bips” pour cacher les sons ? » « Il faudrait donc arrêter le direct, imagine Thierry Thuillier. Cela revient à pousser les gens vers les sites d’information – y compris le nôtre – ou les réseaux sociaux qui, eux, ne sont pas régulés par le CSA ! »Le Conseil ne nie pas cette limite, mais la loi ne lui donne compétence que sur les radios et télévisions. Depuis son arrivée à la tête du CSA en 2012, Olivier Schrameck plaide pour une extension de cette compétence aux « services de communication audiovisuelle » en ligne… mais il est risqué, politiquement, de déterrer le sujet sensible de la régulation du Web.Contrôler ce qui est dit à l’antenneLes autres points soulèvent moins de contestations. L’un concerne le choix de diffuser la vidéo montrant l’assassinat du policier Ahmed Merabet par les terroristes. Seule France 24 avait diffusé cette séquence – avec des atténuations –, et cela lui vaut une mise en demeure. « Je suis étonné, soupire néanmoins son directeur de la rédaction, Marc Saikali. Veut-on que nos téléspectateurs à l’étranger se reportent sur nos concurrentes Al-Jazira ou CNN, qui n’hésitent pas à montrer ce type d’images ? » Une autre mise en demeure concerne la divulgation de l’identité des frères Kouachi avant la diffusion de l’appel à témoins par la Préfecture de police. iTélé et LCI avaient donné à l’antenne des éléments permettant cette identification, issus d’informations qui circulaient sur les réseaux sociaux, parfois de source policière ou militaire. « Nous n’avons fait que relayer un appel à témoins », se défendent, en substance, les chaînes, soulignant qu’elles ne pouvaient passer sous silence une information qui circulait par ailleurs.Mais le CSA estime que, dans ce cas, le souci de ne pas « perturber l’action des autorités » l’emporte sur le droit d’informer. « Certes, la fiche de recherche avait fuité sur les réseaux sociaux, explique M. About. Mais les radios et télévisions ont un pouvoir accréditant. Quand elles en parlent, cela change le statut de cette information. En l’espèce, le gouvernement a été contraint de diffuser à son tour la fiche de recherche, car tout avait été dit sur les antennes. » Sans surprise, une dernière mise en demeure concerne la révélation, par cinq médias, que des personnes étaient cachées sur les lieux des prises d’otages de Dammartin-en-Goële ou de la porte de Vincennes. Ces « révélations » ont pu prendre des formes variées : information glissée à l’antenne par un journaliste, ou parfois par un témoin interrogé en direct, dont la parole ne pouvait être filtrée.Pour le CSA, ces mentions ont été « susceptibles de menacer gravement la sécurité des personnes retenues dans les lieux ». Les médias se voient donc incités à retenir ce type d’informations, mais aussi à réfléchir aux moyens de contrôler ce qui est dit à l’antenne – y compris par des non-journalistes – dans des situations de direct intégral, pour rester des garants actifs de l’information.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guillot C'est rarement la subtilité qui caractérise, d’ordinaire, les photos récompensées par le World Press, le prix le plus célèbre du photojournalisme : on y prime plutôt les effets spectaculaires, les sentiments exacerbés (douleur, tristesse), les actions fortes (bombardements, tueries, torture), l’hémoglobine… Y aurait-il comme une prise de conscience que ce genre d’images, certes très lisibles et efficaces, peut lasser ? Et qu’elles répondent rarement à la complexité des faits ?Comme pour répondre aux reproches faits depuis longtemps à cette imagerie répétitive et souvent pleine de clichés (riche/pauvre, victime/bourreau, mère à l'enfant ou « mater dolorosa »…), cette année, le World Press a décerné le titre de l'image de l'année à une photo sans action marquante, ni scène tragique. L'image de Mads Nissen, prise à Saint-Pétersbourg, montre un jeune couple homosexuel dans son intimité. Les poses, le clair-obscur et le décor (le drapé d'un rideau) font bien plus référence à la peinture hollandaise qu'à la photo de guerre. Les faits traités sont bien tragiques – la discrimination et la violence contre les homosexuels en Russie – mais ils sont illustrés par une image de tendresse et d’affection. « C'est une image très très subtile » a commenté Michelle McNally, présidente du jury, qui a qualifié la photo de « superbe scène ». Une photo qui montre non seulement le quotidien, mais qui a été prise dans un pays proche, pas sur le terrain d’une guerre lointaine. « C'est une chose qui manque souvent dans le photojournalisme, on a toujours l'impression qu'il faut chercher l'exotique », a commenté Donald Weber, autre membre du jury. Patrick Baz, de l’Agence France Presse, qui a également participé au jury, a insisté sur Twitter : « Ce prix parle d’amour et de haine, de paix et de guerre, et on n’a pas besoin de sang et de destructions pour décrire ça. »Lire aussi : le palmarès du World Press Photo 2015S'agirait-il d'une évolution durable ? Déjà, en 2014, le World Press avait récompensé une photo moins évidente que d'habitude, en évitant l’instant décisif et l’événement exceptionnel : on y voyait, dans une scène nocturne, des migrants lever leur téléphone portable en quête de réseau pour appeler leurs proches restés au pays. Le reste du temps, les photos de l’année du World Press font plutôt dans le spectaculaire. Les photos de sport particulièrement manipuléesAutre tendance forte en 2015 : la manipulation des images. Le jury, qui demande à tous les candidats présélectionnés d’envoyer les fichiers numériques « raw », c’est-à-dire avant toute retouche, pour les comparer avec les images soumises à la compétition, a eu des mots très durs sur la quantité de fichiers retouchés de façon excessive, et donc disqualifiés. Ce fut le cas d’une image sur cinq, soit 20 % !Le directeur général du World Press Photo, Lars Boering, a déclaré dans un communiqué : « Cette année, le jury a été très déçu de découvrir avec quelle légèreté les photographes ont traité leurs fichiers soumis à la compétition. Quand un élément a été ajouté ou retranché de l’image, cela nous a conduits à rejeter l’image en question. (...) Il semble que certains photographes ne peuvent résister à la tentation de rehausser leurs images soit en enlevant de petits détails pour “nettoyer” une image ou parfois à changer la tonalité de façon excessive, ce qui constitue un changement réel de l’image. Ces deux types de retouches compromettent l’intégrité de l’image. »Les retouches ont particulièrement affecté la section « sports », au point que le jury a renoncé à décerner le troisième prix de la catégorie « stories », faute de candidat « propre » (voir l’entretien de Lars Boering avec le British Journal of Photography, en anglais).Sens de l’image fausséUne tendance sur laquelle on peut émettre quelques hypothèses : peut-être le jury du World Press Photo est-il particulièrement sévère sur les retouches considérées comme « classiques » (couleurs réhaussées, ombres atténuées, etc.) ? On a du mal à le croire, vu que les membres sont issus de différents médias à travers le monde, avec des habitudes différentes.Ou alors peut-être les candidats au World Press ont-ils accentué les retouches dans l’espoir d’augmenter leurs chances d’être sélectionnés, sachant que le prix récompense des photos souvent parfaites techniquement ? Là encore, on peut en douter : ils savaient que leurs images seraient comparées aux fichiers originaux, et risquaient d’être disqualifiées car ces manipulations seraient considérées comme de la fraude.Ou enfin – hypothèse la plus probable, vu le nombre énorme d’images rejetées – les photographes ont pris l’habitude de retoucher leurs photos à un tel point et avec une telle facilité qu’ils ne semblent plus avoir conscience qu’ils faussent le sens de l’image. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter sur ce qui nous est donné à voir du monde aujourd’hui. Comme s’il fallait, pour qu’elles retiennent notre attention dans le flot visuel qui nous noie, des images toujours plus léchées, toujours plus parfaites, toujours plus spectaculaires. Des images qui ressemblent plus aux jeux vidéo qu’à la réalité.Claire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a relevé 36 manquements aux règles de la communication audiovisuelle lors de la couverture que les radios et télévisions ont faite des attentats de Paris du 7 au 9 janvier.Il a émis 21 mises en demeure et 15 mises en garde, mais n’a pas prononcé de sanction. Les sanctions, juridiquement, ne peuvent intervenir sans mise en demeure préalable. Ces mises en demeure constituent donc une hypothèque pour les médias concernés, qui se verront sanctionnés s’ils réitèrent les mêmes manquements.Le CSA avait réuni les responsables radios et télévisions le 15 janvier et dit avoir tenu compte de cette « enquête contradictoire ».Selon le CSA, les faits qui ont justifié ces mises en garde et demeure sont les suivants :La diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes ;La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi ;La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes ;La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ;L’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes ;La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ;La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.La plupart des télévisions sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Six radios le sont également, parmi lesquelles France Info et France Inter. Le groupe Radio France a fait part jeudi soir de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction », peut-on lire sur le site de France Info.Sept chaînes de télévision et six radios sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Parmi elles, France Info et France Inter, qui comptent déposer un recours, peut-on lire sur le site de France Info. « Nous contestons cette mise en demeure, nous ne la comprenons pas », a réagi Erik Kervellec, directeur de la rédaction de France Info, évoquant une sanction « parfaitement injustifiée » : « ils nous reprochent en quelque sorte d’avoir fait notre métier, c’est à dire d’avoir dit : il se passe quelque-chose à Dammartin-en-Goële, il y a des coups de feu ».Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est une surprise. Le patron du groupe de télécoms Altice - SFR - Numericable, Patrick Drahi, et son associé, Marc Laufer, vont acquérir l'ensemble des magazines français que détient le groupe Roularta, soit le cinquième pôle français de presse magazine. Avec cette acquisition, les deux hommes, déjà co-actionnaires de Libération, prennent une place croissante dans le paysage médiatique français.Jeudi 12 février en fin de matinée, un communiqué de Roularta est venu confirmer ce que l'AFP puis Le Monde avaient annoncé. « Les négociations exclusives entamées par Roularta Media Group avec Monsieur Patrick Drahi associé à Monsieur Marc Laufer devraient permettre la cession de la totalité des activités de Roularta en France », selon ce texte. Jusqu'ici, le périmètre des négociations exclusives entre les deux parties, ouvertes le 8 janvier, ne portait que sur une partie des magazines, dont L'Express, mais aussi sur Mieux vivre votre argent, Lire, Classica, Pianiste, Studio Ciné Live, le site L'Entreprise, l'organisation de salons de recrutement Job Rencontres, le Salon du travail et de la mobilité, le salon Expolangues et le portail Distrijobs.De son côté, le groupe belge Roularta devait conserver son pôle Education (autour de L'Etudiant et de ses 80 salons), Point de vue, Histoire, Images du monde et son pôle Art de vivre, notamment avec le site cotemaisons.fr, les magazines Côté Sud, Côté Ouest, Côté Est, Côté Paris, ou encore Maison française Magazine, l'hebdo gratuit A Nous Paris et les mensuels gratuits A Nous Lille / Lyon / Marseille. Ces titres étaient également convoités par Le Figaro.Mais les lignes ont bougé ces derniers jours. Selon nos informations, les parties ont constaté que la partition du groupe serait difficile à mener et source de nombreuses complications. Outre son offre, supérieure à celle qu'aurait proposée le groupe Bolloré, Patrick Drahi se serait montré ouvert à une reprise globale du groupe Express Roularta, incluant le bail de l'immeuble de L'Express situé rue de Châteaudun à Paris.« La procédure de consultation du Comité d'Entreprise de Groupe Express Roularta (GER) devrait être entamée dans les plus brefs délais », assure le communiqué de Roularta. Jeudi matin, les délégués du personnel et syndicaux ont été informés. Des réunions d'information se sont également tenues dans les différents services.UN PRIX EVALUE A 50 A 70 MILLIONS D'EUROSPour le groupe belge, cette cession vient clore une décennie au bilan négatif. En 2006, Roularta avait déboursé plus de 210 millions d'euros pour acquérir ces magazines, puis 30 à 40 autres millions pour Point de vue. Las, en raison de la baisse des recettes publicitaires et des ventes, ce pôle s'est mis à accumuler des pertes récurrentes, que des plans sociaux à répétition n'ont pu entraver. En 2013, le groupe belge avait ainsi accusé une perte nette de 57,9 millions d'euros, principalement due à ses magazines français. Une première dépréciation d'une cinquantaine de millions d'euros avait été passée.Dès lors, la cession était devenu une option sérieuse et les rumeurs de vente se sont multipliées. Mais les discussions ont souvent achoppé sur le prix, Roularta refusant de brader son actif.Il est peu probable que le montant payé par MM. Drahi et Laufer soit divulgué. Roularta s'est contenté, dans son communiqué, de préciser qu'« en cas d'accord, Roularta tiendra compte dans ses comptes annuels 2014 d'une réduction de valeur, sur les activités françaises, estimée prudemment entre 140 et 150 millions d'euros. » Ajouté au montant de la première dépréciation, ce chiffre suggère que le prix final accepté par Roularta pourrait être compris entre 50 et 70 millions d'euros. RAPPROCHEMENT PROCHAIN AVEC « LIBÉRATION »Cette acquisition, quelques mois après la reprise de Libération, témoigne de l'appétit du propriétaire d'Altice et de son associé Marc Laufer, passé notamment par les groupes NRJ et NextRadioTV. Les deux hommes ont pour objectif la constitution d'un groupe de médias puissant et diversifié.Outre Libération et les magazines de Roularta, ce groupe doit inclure la chaîne d'information en continu i24news, lancée en Israël par Patrick Drahi, et le groupe de presse professionnelle NewsCo, créé par M. Laufer. Certains observateurs pointent l'hétérogénéité de ces titres, aux cultures éditoriales dissemblables. Mais les deux hommes avancent. Ils auraient choisi un nouveau nom pour leur groupe, Altice Media Group, et non plus Mag & NewsCo, comme initialement annoncé. Et bientôt, Libération pourrait être hébergé dans les locaux de L'Express.Ils ne sont pas pour autant attendus comme des sauveurs. Le 17 janvier, dans un communiqué, les rédactions s'étaient alarmées des négociations en cours, estimant que « la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs ». Le pôle des magazines français de Roularta comprend aujourd'hui 720 personnes environ, dont 330 journalistes, hors pigistes et CDD.Selon un journaliste contacté par Le Monde, le fait que la transaction porte finalement sur l'ensemble des titres était toutefois perçu, jeudi, comme un élément rassurant. « C'est plutôt une bonne nouvelle, a-t-il estimé. Le découpage du groupe nous paraissait irréaliste. Ce rachat global maintient la cohérence de nos titres et lève plusieurs ambiguités, notamment pour toutes les fonctions transversales. Cela dit, nous n'ignorons pas qu'un plan de départs reste plausible, car le groupe perd de l'argent et que Drahi et Laufer semblent intransigeants sur ce point. »  Les sociétés des journalistes de L'Express et de Libération ont également publié un communiqué conjoint, jeudi, selon lequel elles « veilleront au respect de leurs identités et de leurs indépendances respectives » et « insistent sur l'indispensable séparation des deux rédactions » pour « préserver les spécificités de ces deux journaux d'information générale à l'histoire et aux positions éditoriales singulières ». Elles formulent également plusieurs demandes relatives à l'indépendance éditoriale et à la gouvernance du futur groupe.Lire (édition abonnés) : Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.02.2015 à 10h16 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h21 A deux mois du choix d'un nouveau président, le climat social se tend à France Télévisions, où les syndicats organisent depuis le 29 janvier des grèves quotidiennes contre un projet de réorganisation du travail, ont indiqué plusieurs dirigeants syndicaux.Les principaux syndicats déposent chaque jour, tour à tour, un préavis de grève de 24 heures. Des grèves partiellement suivies qui perturbent les antennes, mais pas assez pour que le téléspectateur s'en aperçoive, ont expliqué des délégués de FO et du SNJ. « Nous demandons l'abandon du projet de réorganisation qui bouleverse les conditions de travail, notamment celles des techniciens, et entraîne des pertes de rémunérations », a expliqué Eric Vial de FO.Ces changements d'horaires sont liés notamment au projet d'unification des rédactions nationales de France 2 et France 3, baptisé « Info 2015 ». Autre demande, l'arrêt de l'externalisation de certaines émissions, réalisées chez des sous-traitants. Des salariés se plaignent par exemple de pauses imposées en milieu de journée afin, selon eux, d'éviter de leur payer des heures supplémentaires, ce qui perturbe la fabrication des JT.APPLICATION « DÉLOYALE »« Il n'y a plus de dialogue social car les dirigeants du groupe font leurs cartons », a lancé Eric Vial, allusion au choix du prochain président de France Télévisions en avril par le CSA, alors que le mandat de Rémy Pflimlin vient à échéance. Des contestations se manifestent aussi dans le pôle France 3 Nord-est et à La Réunion, a-t-il ajouté.Depuis la signature d'un accord collectif en 2013, la direction prévoit d'unifier les conditions de travail entre les salariés de France 2 et France 3, afin notamment de réduire les coûts et mutualiser les moyens. Les syndicats dénoncent une application « déloyale » de l'accord, au point que la CFDT a décidé de « retirer sa signature », ont indiqué les syndicats. « Il n'y a plus de négociations, la direction attend que ça passe et ne prend plus de décision, instaurant un climat de fin de règne », a renchéri le délégué SNJ Serge Cimino, qui compte présenter sa candidature à la présidence.Côté direction, le DRH, Patrice Papet, a minimisé le conflit. « Les changements d'organisation génèrent des résistances chez une partie du personnel », mais la direction est « prête à faire des aménagements » et « fera des propositions », a-t-il dit. Quand au choix de la CFDT de retirer sa signature de l'accord collectif, « c'est un effet de manche », a-t-il jugé.Lire aussi : France Télévisions, le grand corps malade 11.02.2015 à 08h12 • Mis à jour le11.02.2015 à 09h08 La chaîne de télévision payante britannique Sky et l’opérateur téléphonique britannique BT (ex-British Telecom) se partageront les retransmissions des matches de la Premier League, le championnat de football anglais, pour les trois prochaines saisons (de 2016 à 2019). Et, pour ce faire, les deux entreprises ont cassé leur tirelire : elles ont accepté de débourser au total 5,2 milliards de livres (7 milliards d’euros) sur trois ans, soit une envolée de 68 % par rapport au contrat actuel.Les analystes s’attendaient à voir le total des droits partir pour 4 milliards de livres. L’envolée du prix du football anglais ne se dément donc pas.Sky, à elle seule, paie 4,2 milliards de livres (5,6 milliards d’euros). La chaîne a remporté cinq des sept lots aux enchères et diffusera 126 matches par saison, dont ceux du dimanche après-midi, avec des têtes d’affiche comme Manchester United et Arsenal.BT a remporté les enchères pour les deux lots restants, pour 960 millions de livres, et pourra diffuser 42 matches par saison.Pour le précédent contrat avec la Premier League en 2012, pour les saisons 2013 à 2016, le total des droits avait atteint 3 milliards de livres.BT en a payé le quart, ayant remporté deux des sept « packages » mis aux enchères, soit 38 matchs par saison. Sky détient le reste, soit 116 matchs par saison.L’inflation sans fin des droits du football anglaisCette inflation des prix est la conséquence de la guerre frontale entre Sky et BT. Le premier a fait du football son principal produit d’appel, avec les films. BT s’est, quant à lui, lancé dans la bataille en 2012. Le groupe a lancé ses propres chaînes de sport, intitulées BT Sport (elles ont commencé à diffuser à l’été 2013).Pour convaincre ses clients de s’abonner à son Internet haut débit, il leur offre – gratuitement – la retransmission des chaînes. Aujourd’hui, 1,9 million de téléspectateurs les regardent toutes les semaines. Près de 25 000 pubs se sont abonnés, plus que ceux qui ont choisi Sky.Lire aussi : Foot : les équipes anglaises, les plus riches au monde Gilles Paris (Washington, correspondant) Les honneurs se sont abattus sur Jon Stewart aussi sûrement que l’opprobre a plu sur Brian Williams. Par un hasard improbable, l’annonce, mardi 10 février, du départ prochain de l’animateur vedette de la chaîne américaine Comedy Central, après seize ans de présentation d’une parodie de journal télévisé, a coïncidé avec la mise à pied sans salaire, pour six mois, de l’anchorman – « présentateur » – de NBC, coupable d’avoir pris quelque liberté avec la vérité. Une gifle pour cet héritier de la lignée autrefois prestigieuse mais désormais en péril des présentateurs des grands-messes des débuts de soirée.Comme l’avait remarqué la chroniqueuse du New York Times, Maureen Dowd, dans sa colonne dominicale du 8 février transformée en missile Hellfire contre Brian Williams, le premier des deux, pilier d’un « Daily Show » nocturne satirique et déjanté qui s’est imposé pendant près de seize ans comme un quasi-bréviaire de contre-culture médiatique, n’a pas été pour rien dans les déboires de la chaîne du second. Il a été, il est vrai, grandement aidé par le développement des réseaux sociaux, prompts à construire un discours alternatif à celui dispensé par les grands networks et que son émission quotidienne n’a cessé d’alimenter en mêlant farce paillarde et dissection impitoyable des travers de la politique américaine.Brian Williams ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour avoir embelli un épisode de sa couverture de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine en 2003 : avoir prétendu être à bord d’un hélicoptère contraint à un atterrissage d’urgence après avoir été touché par un tir de roquette RPG, et plus encore pour avoir cru qu’un demi-aveu permettrait de masquer son mensonge. Mais il aurait sans doute été en meilleure position si NBC n’avait à s’inquiéter des chiffres d’audience en berne de ses émissions phares, qu’il s’agisse du journal d’information du soir comme le rendez-vous hebdomadaire « Meet the Press ».La cible Fox NewsL’annonce du départ de Jon Stewart a sans doute ravi les conservateurs américains, régulièrement tournés en ridicule, même si l’animateur ne cache pas sa sympathie pour des francs-tireurs républicains de la stature d’un John McCain. En 2010, en pleine vague Tea Party, Jon Stewart et un autre animateur vedette de Comedy Central, Stephen Colbert, avaient réuni plus de 200 000 personnes à Washington lors d’un « rallye pour restaurer le bon sens ou la peur ». Ils égratignaient un rassemblement organisé plus tôt par un animateur vedette de la chaîne conservatrice Fox News, source inépuisable d’inspiration pour le « Daily Show ».Stephen Colbert était devenu vedette de son propre programme après avoir fait ses gammes comme bien d’autres auprès du maître du « Daily Show ». Son « Colbert Report » était une autre parodie de journal télévisé dans laquelle il incarnait un modèle de conservateur infatué et loufoque. Après avoir mis fin à l’aventure en décembre 2014, avec tous les hommages comme Jon Stewart mardi, Stephen Colbert prendra en mai la succession de l’humoriste David Letterman à la tête du « Late Show », l’inoxydable programme du soir de CBS.Jon Stewart avait déjà déserté le « Daily Show » pour réaliser, en 2014, un film dramatique, Rosewater, adapté de l’histoire du journaliste iranien Maziar Bahari. Ce dernier avait été emprisonné et torturé en Iran, après un entretien accordé au « Daily Show » dans le cadre de la réélection mouvementée du président Mahmoud Ahmadinejad. Mardi, ni Comedy Central ni Jon Stewart ne donnaient d’indications sur le tour que ce dernier entend donner à sa carrière.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.02.2015 à 02h32 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h06 Accusé d'avoir menti, l'homme qui présente depuis 2004 le journal télévisé le plus regardé aux Etats-Unis, sur NBC News, a été suspendu pour six mois a annoncé la chaîne, mardi 10 février. Brian Williams avait annoncé dès samedi qu'il se retirait pour quelques jours de son rendez-vous télévisé quotidien, après avoir reconnu qu'il avait menti sur certains souvenirs de reportages.Le journaliste avait affirmé qu'un hélicoptère de l'armée américaine dans lequel il voyageait en Irak en 2003 avait été attaqué au lance-roquettes. « J'ai fait une erreur en rapportant cet événement d'il y a douze ans », avait-il reconnu, précisant « j'étais dans un appareil qui suivait ».Le pilote de l'hélicoptère visé, Joe Summerlin, cité par le New York Times, avait en effet révélé que l'appareil qui transportait Brian Williams et son équipe se trouvait à plus d'une demi-heure du sien. Il avait dû se poser en raison d'une tempête de sable.Néanmoins, au lieu de calmer le jeu, l'aveu de M. Williams a mis le feu aux poudres, des anciens combattants et du public, rejetant l'idée d'une simple erreur. Plusieurs médias américains avaient ainsi estimé que le journaliste avait « perdu sa crédibilité ».Dans une note interne, la présidente de NBC News, Deborah Turness, avait annoncé vendredi qu'une enquête était en cours pour faire la lumière sur cet incident qui met à mal l'image de la rédaction. Elle a précisé mardi que le présentateur ne sera pas payé pendant la durée de sa sanction.D'AUTRES MENSONGES ?Journaliste respecté jusque-là, Brian Williams avait été correspondant à la Maison Blanche et a reçu des dizaines de récompenses dans sa carrière. Après le 11-Septembre, il avait passé plusieurs jours quasi non-stop à l'antenne. Il s'était rendu à plusieurs reprises en Irak durant la guerre, et a aussi couvert le tsunami en Asie en 2004.Depuis, d'autres affirmations de Brian Williams sont mises en doute, notamment sur sa couverture de l'ouragan Katrina, lorsqu'il avait affirmé avoir vu flotter un cadavre depuis sa chambre d'hôtel du quartier français de la Nouvelle Orléans. Ce récit avait suscité les suspicions du Dr Brobson Lutz, ancien directeur des services de santé de la ville, qui a déclaré au New Orleans Advocate que le quartier historique n'avait pas subi la même crue que d'autres parties de la ville.Le Dr Lutz s'interroge aussi sur la véracité d'une seconde anecdote confiée par M. Williams, qui dit avoir souffert de dysenterie après avoir bu accidentellement de l'eau. « J'ai vu un grand nombre de gens avec des coupures et des contusions, mais je ne me souviens pas d'un seul cas de gastro-entérite lors du passage de Katrina et dans le mois qui a suivi », affirme-t-il. 13.02.2015 à 16h50 • Mis à jour le13.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre Il était l’un des plus célèbres, et certainement le plus atypique des journalistes du New York Times, une figure unique et improbable devenue l’incarnation de l’emblématique quotidien américain. Au sortir d’une table ronde sur le film Citizenfour consacré à Edward Snowden, jeudi 12 février peu avant 21 heures, David Carr s’est effondré, au cœur de cette salle de rédaction du « Times » qu’il arpentait depuis douze ans. Il était âgé de 58 ans.Pour les journalistes couvrant le secteur des médias, et pour tous ceux qui suivent de près leurs mutations, M. Carr était une sorte d’icône. La clairvoyance des analyses qu’il livrait, chaque semaine, dans sa chronique « The Media equation », et sa hauteur de vue, se mêlaient à son style âpre et corrosif dans un mariage inhabituel. Il excellait dans l’art d’exposer les situations complexes des médias confrontés à la révolution numérique, avec des informations précises et détaillées, et une façon très solide de soutenir un propos.On repensait alors, inévitablement, aux séquences du film Page One : Inside The New York Times dans lequel on le voyait dans la posture de l’enquêteur, traquant au téléphone les dirigeants du groupe de médias Tribune pour vérifier, une à une, chacune des assertions qu’il s’apprêtait à publier. Un journalisme de « facts » méthodique et intransigeant pratiqué par un homme direct sans être rude.Lire aussi : "A la Une du 'New York Times'" : à New York, le quotidien ordinaire d’un quotidien en crise On croyait presque deviner, derrière cette rigueur obsessionnelle, la personne qu’avait pu être David Carr 25 ans plus tôt, dans sa vie précédente d’accro au crack,- une addiction qu’il était parvenu à surmonter. Il avait raconté cette vie, sans fard, dans une autobiographie publiée en 2008, The Night of the gun, et la portait encore dans sa silhouette bancale, ses traits marqués ou sa voix rauque.Le jeune homme doué, major de psychologie et de journalisme à l’université du Minnesota, avait transité par les bas-fonds avant de se hisser, pas à pas, d’un journal local au temple du journalisme : il y avait dans la trajectoire de David Carr une forme très américaine de rédemption ou de renaissance. L’homme avait également réchappé d’un cancer. « Je vis aujourd’hui une vie que je n’ai pas méritée, écrivait-il en conclusion de son récit. Mais nous passons tous sur cette terre avec le sentiment que nous sommes des imposteurs. »Gardien du templeLe film Page One d’Andrew Rossi, sorti en 2011, en avait fait l’incarnation du journalisme et des valeurs défendus par le New York Times. À l’origine, Rossi voulait faire le portrait de Carr, et il a finalement choisi d’étendre son propos pour livrer un portrait collectif de la rédaction de « The Grey Lady ». Mais son documentaire reste habité par la figure du journaliste du « media desk ». Sa densité, son charisme, tranchent en regard du style classique et policé de ses collègues.Une autre séquence du documentaire le confronte à l’équipe de Vice, le site en vogue qui prétend proposer un journalisme dépoussiéré et aller dans les endroits que délaissent les médias traditionnels. À l’écran, un reportage que Vice a réalisé sur la vie au Liberia et notamment le manque de sanitaires. « Nous y sommes allés bien avant vous, avait coupé David Carr. Ce n’est pas parce que vous avez mis un putain de casque de safari et regardé de la merde sur une plage que vous avez le droit de nous insulter. » « Sorry, sorry… », avait alors répété le leader de Vice, Shane Smith, rendant les armes. Outre ce film, Carr était aussi connu pour sa présence sur les réseaux sociaux et allait d’écoles de journalisme en tables rondes et autres panels, avec un goût manifeste pour la controverse. Sa dernière table ronde réunissait la réalisatrice Laura Poitras et le journaliste et prix Pulitzer Glenn Greenwald. « David Carr était l’un des journalistes les plus doués à avoir travaillé pour le New York Times », a déclaré le président de l’entreprise, Arthur Ochs Sulzberger Jr.Naissance : 8 septembre 1956 à Minneapolis2011 : « Page One, Inside The New York Times » Mort : 12 février 2015 à New YorkAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Personne n’aime se faire taper sur les doigts. Mais les responsables de l’information des radios et télévisions françaises ont réagi avec une rare véhémence aux trente-six mises en garde et mises en demeure notifiées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), jeudi 12 février, sur la couverture médiatique des attaques djihadistes à Paris et Montrouge, début janvier.« Les décisions du CSA soulèvent des questions majeures pour le droit à l’information dans notre pays, estime ainsi Thierry Thuillier, directeur de l’information de France Télévisions. Je souhaite être reçu par le CSA et demande des explications. »Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesTonalité similaire sur l’autre rive de la Seine, à Radio France, qui a fait part, jeudi soir, de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction ». De fait, les décisions du CSA sont susceptibles d’appel et de recours devant le Conseil d’Etat.Selon nos informations, une réunion des responsables de l’information des radios et télévisions et d’ores et déjà programmée, mardi 17 février, au siège de TF1, afin d’échanger et d’étudier l’opportunité d’une réponse conjointe.Principe de précaution contre liberté d’informationLa plupart des médias audiovisuels sont concernés, car les notifications du CSA n’ont épargné personne – pas plus qu’elles n’ont ciblé un média en particulier. LCI s’est vu notifier trois mises en demeure ; BFMTV et iTélé deux, comme France 2 et TF1, qui avaient elles aussi fait le choix du direct, ou encore France 24 ; sans oublier Europe 1, France Info et France Inter, RFI, RMC, RTL ou Euronews.« Le CSA dit en quelque sorte que tous ceux qui ont fait du temps réel ont failli, commente Céline Pigalle, directrice de l’information du groupe Canal+ (propriétaire d’iTélé). Ceux qui ne sont pas sanctionnés [à l’image des médias du groupe M6] sont ceux qui n’ont pas proposé d’édition spéciale pour couvrir ces événements. Quel est le message ? »Un point concentre plus particulièrement l’ire des médias, d’autant qu’ils se voient tous mis en demeure pour ce motif : avoir annoncé que des affrontements avaient commencé entre forces de l’ordre et terroristes à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher (…), dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », écrit le CSA.Or, les médias rappellent que le statut de cette « déclaration » du preneur d’otages était incertain et n’avait pas fait l’objet d’une consigne policière explicite. « Si doute il y a, ce que je ne crois pas, il faut appliquer le principe de précaution en raison des vies en jeu », rétorque Nicolas About, membre du groupe de travail du CSA sur le sujet.Hyper Cacher : les versions contradictoires de BFM-TV et de la direction du RAIDSurtout, radios et télévisions jugent ce point « déconnecté de la réalité médiatique », pour reprendre les termes d’un directeur de rédaction. « Ça va devenir compliqué, si on ne peut plus informer en direct, juge Catherine Nayl, directrice de l’information du groupe TF1. Que fait-on ? On met un écran noir ? Des “bips” pour cacher les sons ? » « Il faudrait donc arrêter le direct, imagine Thierry Thuillier. Cela revient à pousser les gens vers les sites d’information – y compris le nôtre – ou les réseaux sociaux qui, eux, ne sont pas régulés par le CSA ! »Le Conseil ne nie pas cette limite, mais la loi ne lui donne compétence que sur les radios et télévisions. Depuis son arrivée à la tête du CSA en 2012, Olivier Schrameck plaide pour une extension de cette compétence aux « services de communication audiovisuelle » en ligne… mais il est risqué, politiquement, de déterrer le sujet sensible de la régulation du Web.Contrôler ce qui est dit à l’antenneLes autres points soulèvent moins de contestations. L’un concerne le choix de diffuser la vidéo montrant l’assassinat du policier Ahmed Merabet par les terroristes. Seule France 24 avait diffusé cette séquence – avec des atténuations –, et cela lui vaut une mise en demeure. « Je suis étonné, soupire néanmoins son directeur de la rédaction, Marc Saikali. Veut-on que nos téléspectateurs à l’étranger se reportent sur nos concurrentes Al-Jazira ou CNN, qui n’hésitent pas à montrer ce type d’images ? » Une autre mise en demeure concerne la divulgation de l’identité des frères Kouachi avant la diffusion de l’appel à témoins par la Préfecture de police. iTélé et LCI avaient donné à l’antenne des éléments permettant cette identification, issus d’informations qui circulaient sur les réseaux sociaux, parfois de source policière ou militaire. « Nous n’avons fait que relayer un appel à témoins », se défendent, en substance, les chaînes, soulignant qu’elles ne pouvaient passer sous silence une information qui circulait par ailleurs.Mais le CSA estime que, dans ce cas, le souci de ne pas « perturber l’action des autorités » l’emporte sur le droit d’informer. « Certes, la fiche de recherche avait fuité sur les réseaux sociaux, explique M. About. Mais les radios et télévisions ont un pouvoir accréditant. Quand elles en parlent, cela change le statut de cette information. En l’espèce, le gouvernement a été contraint de diffuser à son tour la fiche de recherche, car tout avait été dit sur les antennes. » Sans surprise, une dernière mise en demeure concerne la révélation, par cinq médias, que des personnes étaient cachées sur les lieux des prises d’otages de Dammartin-en-Goële ou de la porte de Vincennes. Ces « révélations » ont pu prendre des formes variées : information glissée à l’antenne par un journaliste, ou parfois par un témoin interrogé en direct, dont la parole ne pouvait être filtrée.Pour le CSA, ces mentions ont été « susceptibles de menacer gravement la sécurité des personnes retenues dans les lieux ». Les médias se voient donc incités à retenir ce type d’informations, mais aussi à réfléchir aux moyens de contrôler ce qui est dit à l’antenne – y compris par des non-journalistes – dans des situations de direct intégral, pour rester des garants actifs de l’information.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guillot C'est rarement la subtilité qui caractérise, d’ordinaire, les photos récompensées par le World Press, le prix le plus célèbre du photojournalisme : on y prime plutôt les effets spectaculaires, les sentiments exacerbés (douleur, tristesse), les actions fortes (bombardements, tueries, torture), l’hémoglobine… Y aurait-il comme une prise de conscience que ce genre d’images, certes très lisibles et efficaces, peut lasser ? Et qu’elles répondent rarement à la complexité des faits ?Comme pour répondre aux reproches faits depuis longtemps à cette imagerie répétitive et souvent pleine de clichés (riche/pauvre, victime/bourreau, mère à l'enfant ou « mater dolorosa »…), cette année, le World Press a décerné le titre de l'image de l'année à une photo sans action marquante, ni scène tragique. L'image de Mads Nissen, prise à Saint-Pétersbourg, montre un jeune couple homosexuel dans son intimité. Les poses, le clair-obscur et le décor (le drapé d'un rideau) font bien plus référence à la peinture hollandaise qu'à la photo de guerre. Les faits traités sont bien tragiques – la discrimination et la violence contre les homosexuels en Russie – mais ils sont illustrés par une image de tendresse et d’affection. « C'est une image très très subtile » a commenté Michelle McNally, présidente du jury, qui a qualifié la photo de « superbe scène ». Une photo qui montre non seulement le quotidien, mais qui a été prise dans un pays proche, pas sur le terrain d’une guerre lointaine. « C'est une chose qui manque souvent dans le photojournalisme, on a toujours l'impression qu'il faut chercher l'exotique », a commenté Donald Weber, autre membre du jury. Patrick Baz, de l’Agence France Presse, qui a également participé au jury, a insisté sur Twitter : « Ce prix parle d’amour et de haine, de paix et de guerre, et on n’a pas besoin de sang et de destructions pour décrire ça. »Lire aussi : le palmarès du World Press Photo 2015S'agirait-il d'une évolution durable ? Déjà, en 2014, le World Press avait récompensé une photo moins évidente que d'habitude, en évitant l’instant décisif et l’événement exceptionnel : on y voyait, dans une scène nocturne, des migrants lever leur téléphone portable en quête de réseau pour appeler leurs proches restés au pays. Le reste du temps, les photos de l’année du World Press font plutôt dans le spectaculaire. Les photos de sport particulièrement manipuléesAutre tendance forte en 2015 : la manipulation des images. Le jury, qui demande à tous les candidats présélectionnés d’envoyer les fichiers numériques « raw », c’est-à-dire avant toute retouche, pour les comparer avec les images soumises à la compétition, a eu des mots très durs sur la quantité de fichiers retouchés de façon excessive, et donc disqualifiés. Ce fut le cas d’une image sur cinq, soit 20 % !Le directeur général du World Press Photo, Lars Boering, a déclaré dans un communiqué : « Cette année, le jury a été très déçu de découvrir avec quelle légèreté les photographes ont traité leurs fichiers soumis à la compétition. Quand un élément a été ajouté ou retranché de l’image, cela nous a conduits à rejeter l’image en question. (...) Il semble que certains photographes ne peuvent résister à la tentation de rehausser leurs images soit en enlevant de petits détails pour “nettoyer” une image ou parfois à changer la tonalité de façon excessive, ce qui constitue un changement réel de l’image. Ces deux types de retouches compromettent l’intégrité de l’image. »Les retouches ont particulièrement affecté la section « sports », au point que le jury a renoncé à décerner le troisième prix de la catégorie « stories », faute de candidat « propre » (voir l’entretien de Lars Boering avec le British Journal of Photography, en anglais).Sens de l’image fausséUne tendance sur laquelle on peut émettre quelques hypothèses : peut-être le jury du World Press Photo est-il particulièrement sévère sur les retouches considérées comme « classiques » (couleurs réhaussées, ombres atténuées, etc.) ? On a du mal à le croire, vu que les membres sont issus de différents médias à travers le monde, avec des habitudes différentes.Ou alors peut-être les candidats au World Press ont-ils accentué les retouches dans l’espoir d’augmenter leurs chances d’être sélectionnés, sachant que le prix récompense des photos souvent parfaites techniquement ? Là encore, on peut en douter : ils savaient que leurs images seraient comparées aux fichiers originaux, et risquaient d’être disqualifiées car ces manipulations seraient considérées comme de la fraude.Ou enfin – hypothèse la plus probable, vu le nombre énorme d’images rejetées – les photographes ont pris l’habitude de retoucher leurs photos à un tel point et avec une telle facilité qu’ils ne semblent plus avoir conscience qu’ils faussent le sens de l’image. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter sur ce qui nous est donné à voir du monde aujourd’hui. Comme s’il fallait, pour qu’elles retiennent notre attention dans le flot visuel qui nous noie, des images toujours plus léchées, toujours plus parfaites, toujours plus spectaculaires. Des images qui ressemblent plus aux jeux vidéo qu’à la réalité.Claire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a relevé 36 manquements aux règles de la communication audiovisuelle lors de la couverture que les radios et télévisions ont faite des attentats de Paris du 7 au 9 janvier.Il a émis 21 mises en demeure et 15 mises en garde, mais n’a pas prononcé de sanction. Les sanctions, juridiquement, ne peuvent intervenir sans mise en demeure préalable. Ces mises en demeure constituent donc une hypothèque pour les médias concernés, qui se verront sanctionnés s’ils réitèrent les mêmes manquements.Le CSA avait réuni les responsables radios et télévisions le 15 janvier et dit avoir tenu compte de cette « enquête contradictoire ».Selon le CSA, les faits qui ont justifié ces mises en garde et demeure sont les suivants :La diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes ;La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi ;La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes ;La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ;L’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes ;La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ;La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.La plupart des télévisions sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Six radios le sont également, parmi lesquelles France Info et France Inter. Le groupe Radio France a fait part jeudi soir de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction », peut-on lire sur le site de France Info.Sept chaînes de télévision et six radios sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Parmi elles, France Info et France Inter, qui comptent déposer un recours, peut-on lire sur le site de France Info. « Nous contestons cette mise en demeure, nous ne la comprenons pas », a réagi Erik Kervellec, directeur de la rédaction de France Info, évoquant une sanction « parfaitement injustifiée » : « ils nous reprochent en quelque sorte d’avoir fait notre métier, c’est à dire d’avoir dit : il se passe quelque-chose à Dammartin-en-Goële, il y a des coups de feu ».Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est une surprise. Le patron du groupe de télécoms Altice - SFR - Numericable, Patrick Drahi, et son associé, Marc Laufer, vont acquérir l'ensemble des magazines français que détient le groupe Roularta, soit le cinquième pôle français de presse magazine. Avec cette acquisition, les deux hommes, déjà co-actionnaires de Libération, prennent une place croissante dans le paysage médiatique français.Jeudi 12 février en fin de matinée, un communiqué de Roularta est venu confirmer ce que l'AFP puis Le Monde avaient annoncé. « Les négociations exclusives entamées par Roularta Media Group avec Monsieur Patrick Drahi associé à Monsieur Marc Laufer devraient permettre la cession de la totalité des activités de Roularta en France », selon ce texte. Jusqu'ici, le périmètre des négociations exclusives entre les deux parties, ouvertes le 8 janvier, ne portait que sur une partie des magazines, dont L'Express, mais aussi sur Mieux vivre votre argent, Lire, Classica, Pianiste, Studio Ciné Live, le site L'Entreprise, l'organisation de salons de recrutement Job Rencontres, le Salon du travail et de la mobilité, le salon Expolangues et le portail Distrijobs.De son côté, le groupe belge Roularta devait conserver son pôle Education (autour de L'Etudiant et de ses 80 salons), Point de vue, Histoire, Images du monde et son pôle Art de vivre, notamment avec le site cotemaisons.fr, les magazines Côté Sud, Côté Ouest, Côté Est, Côté Paris, ou encore Maison française Magazine, l'hebdo gratuit A Nous Paris et les mensuels gratuits A Nous Lille / Lyon / Marseille. Ces titres étaient également convoités par Le Figaro.Mais les lignes ont bougé ces derniers jours. Selon nos informations, les parties ont constaté que la partition du groupe serait difficile à mener et source de nombreuses complications. Outre son offre, supérieure à celle qu'aurait proposée le groupe Bolloré, Patrick Drahi se serait montré ouvert à une reprise globale du groupe Express Roularta, incluant le bail de l'immeuble de L'Express situé rue de Châteaudun à Paris.« La procédure de consultation du Comité d'Entreprise de Groupe Express Roularta (GER) devrait être entamée dans les plus brefs délais », assure le communiqué de Roularta. Jeudi matin, les délégués du personnel et syndicaux ont été informés. Des réunions d'information se sont également tenues dans les différents services.UN PRIX EVALUE A 50 A 70 MILLIONS D'EUROSPour le groupe belge, cette cession vient clore une décennie au bilan négatif. En 2006, Roularta avait déboursé plus de 210 millions d'euros pour acquérir ces magazines, puis 30 à 40 autres millions pour Point de vue. Las, en raison de la baisse des recettes publicitaires et des ventes, ce pôle s'est mis à accumuler des pertes récurrentes, que des plans sociaux à répétition n'ont pu entraver. En 2013, le groupe belge avait ainsi accusé une perte nette de 57,9 millions d'euros, principalement due à ses magazines français. Une première dépréciation d'une cinquantaine de millions d'euros avait été passée.Dès lors, la cession était devenu une option sérieuse et les rumeurs de vente se sont multipliées. Mais les discussions ont souvent achoppé sur le prix, Roularta refusant de brader son actif.Il est peu probable que le montant payé par MM. Drahi et Laufer soit divulgué. Roularta s'est contenté, dans son communiqué, de préciser qu'« en cas d'accord, Roularta tiendra compte dans ses comptes annuels 2014 d'une réduction de valeur, sur les activités françaises, estimée prudemment entre 140 et 150 millions d'euros. » Ajouté au montant de la première dépréciation, ce chiffre suggère que le prix final accepté par Roularta pourrait être compris entre 50 et 70 millions d'euros. RAPPROCHEMENT PROCHAIN AVEC « LIBÉRATION »Cette acquisition, quelques mois après la reprise de Libération, témoigne de l'appétit du propriétaire d'Altice et de son associé Marc Laufer, passé notamment par les groupes NRJ et NextRadioTV. Les deux hommes ont pour objectif la constitution d'un groupe de médias puissant et diversifié.Outre Libération et les magazines de Roularta, ce groupe doit inclure la chaîne d'information en continu i24news, lancée en Israël par Patrick Drahi, et le groupe de presse professionnelle NewsCo, créé par M. Laufer. Certains observateurs pointent l'hétérogénéité de ces titres, aux cultures éditoriales dissemblables. Mais les deux hommes avancent. Ils auraient choisi un nouveau nom pour leur groupe, Altice Media Group, et non plus Mag & NewsCo, comme initialement annoncé. Et bientôt, Libération pourrait être hébergé dans les locaux de L'Express.Ils ne sont pas pour autant attendus comme des sauveurs. Le 17 janvier, dans un communiqué, les rédactions s'étaient alarmées des négociations en cours, estimant que « la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs ». Le pôle des magazines français de Roularta comprend aujourd'hui 720 personnes environ, dont 330 journalistes, hors pigistes et CDD.Selon un journaliste contacté par Le Monde, le fait que la transaction porte finalement sur l'ensemble des titres était toutefois perçu, jeudi, comme un élément rassurant. « C'est plutôt une bonne nouvelle, a-t-il estimé. Le découpage du groupe nous paraissait irréaliste. Ce rachat global maintient la cohérence de nos titres et lève plusieurs ambiguités, notamment pour toutes les fonctions transversales. Cela dit, nous n'ignorons pas qu'un plan de départs reste plausible, car le groupe perd de l'argent et que Drahi et Laufer semblent intransigeants sur ce point. »  Les sociétés des journalistes de L'Express et de Libération ont également publié un communiqué conjoint, jeudi, selon lequel elles « veilleront au respect de leurs identités et de leurs indépendances respectives » et « insistent sur l'indispensable séparation des deux rédactions » pour « préserver les spécificités de ces deux journaux d'information générale à l'histoire et aux positions éditoriales singulières ». Elles formulent également plusieurs demandes relatives à l'indépendance éditoriale et à la gouvernance du futur groupe.Lire (édition abonnés) : Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.02.2015 à 10h16 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h21 A deux mois du choix d'un nouveau président, le climat social se tend à France Télévisions, où les syndicats organisent depuis le 29 janvier des grèves quotidiennes contre un projet de réorganisation du travail, ont indiqué plusieurs dirigeants syndicaux.Les principaux syndicats déposent chaque jour, tour à tour, un préavis de grève de 24 heures. Des grèves partiellement suivies qui perturbent les antennes, mais pas assez pour que le téléspectateur s'en aperçoive, ont expliqué des délégués de FO et du SNJ. « Nous demandons l'abandon du projet de réorganisation qui bouleverse les conditions de travail, notamment celles des techniciens, et entraîne des pertes de rémunérations », a expliqué Eric Vial de FO.Ces changements d'horaires sont liés notamment au projet d'unification des rédactions nationales de France 2 et France 3, baptisé « Info 2015 ». Autre demande, l'arrêt de l'externalisation de certaines émissions, réalisées chez des sous-traitants. Des salariés se plaignent par exemple de pauses imposées en milieu de journée afin, selon eux, d'éviter de leur payer des heures supplémentaires, ce qui perturbe la fabrication des JT.APPLICATION « DÉLOYALE »« Il n'y a plus de dialogue social car les dirigeants du groupe font leurs cartons », a lancé Eric Vial, allusion au choix du prochain président de France Télévisions en avril par le CSA, alors que le mandat de Rémy Pflimlin vient à échéance. Des contestations se manifestent aussi dans le pôle France 3 Nord-est et à La Réunion, a-t-il ajouté.Depuis la signature d'un accord collectif en 2013, la direction prévoit d'unifier les conditions de travail entre les salariés de France 2 et France 3, afin notamment de réduire les coûts et mutualiser les moyens. Les syndicats dénoncent une application « déloyale » de l'accord, au point que la CFDT a décidé de « retirer sa signature », ont indiqué les syndicats. « Il n'y a plus de négociations, la direction attend que ça passe et ne prend plus de décision, instaurant un climat de fin de règne », a renchéri le délégué SNJ Serge Cimino, qui compte présenter sa candidature à la présidence.Côté direction, le DRH, Patrice Papet, a minimisé le conflit. « Les changements d'organisation génèrent des résistances chez une partie du personnel », mais la direction est « prête à faire des aménagements » et « fera des propositions », a-t-il dit. Quand au choix de la CFDT de retirer sa signature de l'accord collectif, « c'est un effet de manche », a-t-il jugé.Lire aussi : France Télévisions, le grand corps malade 11.02.2015 à 08h12 • Mis à jour le11.02.2015 à 09h08 La chaîne de télévision payante britannique Sky et l’opérateur téléphonique britannique BT (ex-British Telecom) se partageront les retransmissions des matches de la Premier League, le championnat de football anglais, pour les trois prochaines saisons (de 2016 à 2019). Et, pour ce faire, les deux entreprises ont cassé leur tirelire : elles ont accepté de débourser au total 5,2 milliards de livres (7 milliards d’euros) sur trois ans, soit une envolée de 68 % par rapport au contrat actuel.Les analystes s’attendaient à voir le total des droits partir pour 4 milliards de livres. L’envolée du prix du football anglais ne se dément donc pas.Sky, à elle seule, paie 4,2 milliards de livres (5,6 milliards d’euros). La chaîne a remporté cinq des sept lots aux enchères et diffusera 126 matches par saison, dont ceux du dimanche après-midi, avec des têtes d’affiche comme Manchester United et Arsenal.BT a remporté les enchères pour les deux lots restants, pour 960 millions de livres, et pourra diffuser 42 matches par saison.Pour le précédent contrat avec la Premier League en 2012, pour les saisons 2013 à 2016, le total des droits avait atteint 3 milliards de livres.BT en a payé le quart, ayant remporté deux des sept « packages » mis aux enchères, soit 38 matchs par saison. Sky détient le reste, soit 116 matchs par saison.L’inflation sans fin des droits du football anglaisCette inflation des prix est la conséquence de la guerre frontale entre Sky et BT. Le premier a fait du football son principal produit d’appel, avec les films. BT s’est, quant à lui, lancé dans la bataille en 2012. Le groupe a lancé ses propres chaînes de sport, intitulées BT Sport (elles ont commencé à diffuser à l’été 2013).Pour convaincre ses clients de s’abonner à son Internet haut débit, il leur offre – gratuitement – la retransmission des chaînes. Aujourd’hui, 1,9 million de téléspectateurs les regardent toutes les semaines. Près de 25 000 pubs se sont abonnés, plus que ceux qui ont choisi Sky.Lire aussi : Foot : les équipes anglaises, les plus riches au monde Gilles Paris (Washington, correspondant) Les honneurs se sont abattus sur Jon Stewart aussi sûrement que l’opprobre a plu sur Brian Williams. Par un hasard improbable, l’annonce, mardi 10 février, du départ prochain de l’animateur vedette de la chaîne américaine Comedy Central, après seize ans de présentation d’une parodie de journal télévisé, a coïncidé avec la mise à pied sans salaire, pour six mois, de l’anchorman – « présentateur » – de NBC, coupable d’avoir pris quelque liberté avec la vérité. Une gifle pour cet héritier de la lignée autrefois prestigieuse mais désormais en péril des présentateurs des grands-messes des débuts de soirée.Comme l’avait remarqué la chroniqueuse du New York Times, Maureen Dowd, dans sa colonne dominicale du 8 février transformée en missile Hellfire contre Brian Williams, le premier des deux, pilier d’un « Daily Show » nocturne satirique et déjanté qui s’est imposé pendant près de seize ans comme un quasi-bréviaire de contre-culture médiatique, n’a pas été pour rien dans les déboires de la chaîne du second. Il a été, il est vrai, grandement aidé par le développement des réseaux sociaux, prompts à construire un discours alternatif à celui dispensé par les grands networks et que son émission quotidienne n’a cessé d’alimenter en mêlant farce paillarde et dissection impitoyable des travers de la politique américaine.Brian Williams ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour avoir embelli un épisode de sa couverture de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine en 2003 : avoir prétendu être à bord d’un hélicoptère contraint à un atterrissage d’urgence après avoir été touché par un tir de roquette RPG, et plus encore pour avoir cru qu’un demi-aveu permettrait de masquer son mensonge. Mais il aurait sans doute été en meilleure position si NBC n’avait à s’inquiéter des chiffres d’audience en berne de ses émissions phares, qu’il s’agisse du journal d’information du soir comme le rendez-vous hebdomadaire « Meet the Press ».La cible Fox NewsL’annonce du départ de Jon Stewart a sans doute ravi les conservateurs américains, régulièrement tournés en ridicule, même si l’animateur ne cache pas sa sympathie pour des francs-tireurs républicains de la stature d’un John McCain. En 2010, en pleine vague Tea Party, Jon Stewart et un autre animateur vedette de Comedy Central, Stephen Colbert, avaient réuni plus de 200 000 personnes à Washington lors d’un « rallye pour restaurer le bon sens ou la peur ». Ils égratignaient un rassemblement organisé plus tôt par un animateur vedette de la chaîne conservatrice Fox News, source inépuisable d’inspiration pour le « Daily Show ».Stephen Colbert était devenu vedette de son propre programme après avoir fait ses gammes comme bien d’autres auprès du maître du « Daily Show ». Son « Colbert Report » était une autre parodie de journal télévisé dans laquelle il incarnait un modèle de conservateur infatué et loufoque. Après avoir mis fin à l’aventure en décembre 2014, avec tous les hommages comme Jon Stewart mardi, Stephen Colbert prendra en mai la succession de l’humoriste David Letterman à la tête du « Late Show », l’inoxydable programme du soir de CBS.Jon Stewart avait déjà déserté le « Daily Show » pour réaliser, en 2014, un film dramatique, Rosewater, adapté de l’histoire du journaliste iranien Maziar Bahari. Ce dernier avait été emprisonné et torturé en Iran, après un entretien accordé au « Daily Show » dans le cadre de la réélection mouvementée du président Mahmoud Ahmadinejad. Mardi, ni Comedy Central ni Jon Stewart ne donnaient d’indications sur le tour que ce dernier entend donner à sa carrière.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.02.2015 à 02h32 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h06 Accusé d'avoir menti, l'homme qui présente depuis 2004 le journal télévisé le plus regardé aux Etats-Unis, sur NBC News, a été suspendu pour six mois a annoncé la chaîne, mardi 10 février. Brian Williams avait annoncé dès samedi qu'il se retirait pour quelques jours de son rendez-vous télévisé quotidien, après avoir reconnu qu'il avait menti sur certains souvenirs de reportages.Le journaliste avait affirmé qu'un hélicoptère de l'armée américaine dans lequel il voyageait en Irak en 2003 avait été attaqué au lance-roquettes. « J'ai fait une erreur en rapportant cet événement d'il y a douze ans », avait-il reconnu, précisant « j'étais dans un appareil qui suivait ».Le pilote de l'hélicoptère visé, Joe Summerlin, cité par le New York Times, avait en effet révélé que l'appareil qui transportait Brian Williams et son équipe se trouvait à plus d'une demi-heure du sien. Il avait dû se poser en raison d'une tempête de sable.Néanmoins, au lieu de calmer le jeu, l'aveu de M. Williams a mis le feu aux poudres, des anciens combattants et du public, rejetant l'idée d'une simple erreur. Plusieurs médias américains avaient ainsi estimé que le journaliste avait « perdu sa crédibilité ».Dans une note interne, la présidente de NBC News, Deborah Turness, avait annoncé vendredi qu'une enquête était en cours pour faire la lumière sur cet incident qui met à mal l'image de la rédaction. Elle a précisé mardi que le présentateur ne sera pas payé pendant la durée de sa sanction.D'AUTRES MENSONGES ?Journaliste respecté jusque-là, Brian Williams avait été correspondant à la Maison Blanche et a reçu des dizaines de récompenses dans sa carrière. Après le 11-Septembre, il avait passé plusieurs jours quasi non-stop à l'antenne. Il s'était rendu à plusieurs reprises en Irak durant la guerre, et a aussi couvert le tsunami en Asie en 2004.Depuis, d'autres affirmations de Brian Williams sont mises en doute, notamment sur sa couverture de l'ouragan Katrina, lorsqu'il avait affirmé avoir vu flotter un cadavre depuis sa chambre d'hôtel du quartier français de la Nouvelle Orléans. Ce récit avait suscité les suspicions du Dr Brobson Lutz, ancien directeur des services de santé de la ville, qui a déclaré au New Orleans Advocate que le quartier historique n'avait pas subi la même crue que d'autres parties de la ville.Le Dr Lutz s'interroge aussi sur la véracité d'une seconde anecdote confiée par M. Williams, qui dit avoir souffert de dysenterie après avoir bu accidentellement de l'eau. « J'ai vu un grand nombre de gens avec des coupures et des contusions, mais je ne me souviens pas d'un seul cas de gastro-entérite lors du passage de Katrina et dans le mois qui a suivi », affirme-t-il. Alain Beuve-Méry Sus à Amazon ! La médiatrice du livre, Laurence Engel, a estimé, dans un avis rendu public, jeudi 19 février, que les offres d’abonnement donnant un accès illimité aux livres numériques, comme celle nommée Kindle Unlimited, proposée par Amazon depuis décembre 2014, contrevenait à la loi française sur le prix unique du livre numérique, votée en 2011.Cette décision était très attendue par les éditeurs français, toujours sur la défensive face aux initiatives du géant américain, mais chez lesquels les avis sur le sujet commencent toutefois un peu à diverger.Amazon lance son forfait lecture en FrancePourquoi cet avis est-il rendu aujourd’hui ?Cet avis d’une trentaine de pages, le premier de la médiatrice du livre, ex-directrice de cabinet d’Aurélie Filippetti est une réponse à la saisine, faite en décembre 2014, par Fleur Pellerin, actuelle ministre de la culture, à la suite de la commercialisation par Amazon de son offre de lecture en illimité.Le géant américain a en effet lancé, en juillet 2014, sur son propre sol, le service Kindle unlimited, qui propose pour 9,99 euros par mois, un accès à près de 700 000 ouvrages à 99 % en anglais, et depuis le décline dans les différents pays où il est implanté.La médiatrice du livre devait répondre à deux questions principales, qui agitent le monde de l’édition depuis décembre 2014 : la loi de 2011 sur le prix du livre numérique s’applique-t-elle aux offres d’abonnement ? Et si oui, les offres d’abonnement illimité la respectent-elles ?Quelle est la réalité des services d’abonnement illimité en France ?Outre Amazon, deux autres acteurs hexagonaux, ont tenté d’émerger sur ce marché balbutiant : il s’agit de Youboox, créé en octobre 2012 et de YouScribe, lancé en mai 2014 par Juan Pirlot de Corbion, ex-fondateur du site Chapitre, revendu ensuite à France Loisirs.A l’instar de ce qui se fait pour la musique et le cinéma, le concept est d’offrir au consommateur, un forfait illimité de lecture, moyennant un abonnement mensuel de quelques euros.Que dit la loi française ?La France défend comme principe que l’éditeur doit avoir la maîtrise du prix des livres que ceux-ci soient édités en version papier ou numérique. Une règle dont le distributeur Amazon essaie en revanche de s’affranchir par tous les moyens.Dans son avis, la médiatrice du livre souligne que « la loi du 26 mai 2011 s’applique bien aux offres de location de livres et en particulier aux services de lecture numérique par abonnement. »«  Dès lors, poursuit-elle, les offres d’abonnement dont le prix n’est pas fixé par l’éditeur ou dont le prix fixé par l’éditeur n’est pas porté à la connaissance de l’ensemble des détaillants ainsi que des usagers, contreviennent aux dispositions législatives.»Dans ces conditions, Laurence Engel rappelle que « ni l’abonnement dans son principe, ni évidement le streaming ne sont interdits par la loi », mais que ce sont aux offres commerciales actuellement proposées de se mettre en conformité avec la réglementation française.La position française est-elle partagée en Europe ?La France est, à ce jour, le seul pays à s’être prononcé contre ce nouveau type d’offre commerciale de lecture.« Le cadre de régulation qui prévaut en France pour le secteur du livre, à la fois souple et robuste, est la garantie d’un marché équilibré et d’une offre diverse. Dans un environnement dynamique, il ne constitue pas un frein à l’innovation et doit être préservé », défend Mme Engel.Ce propos est essentiellement à destination des autorités de Bruxelles qui voient d’un mauvais œil les règles du marché français, jugées trop protectionnistes à leurs yeux.Pour contester le bien fondé des règles nationales, la Commission européenne pourrait s’appuyer sur le montant du chiffre d’affaires du livre numérique, qui reste marginal en France en 2014 : 64 millions d’euros, soit 1,6 % du chiffre d’affaires total du secteur en valeur, et 2,4 % en volume, selon les chiffres de l’institut GfK.Quelle est la position des éditeurs ?A ce stade, les conclusions de Mme Engel répondent à un débat dans une large mesure théorique.En effet, les grandes maisons d’éditions ont, dans leur immense majorité, refusé de confier à Amazon leur catalogue pour l’usage des services de lecture en illimité. Que ce soient leurs nouveautés ou leur fond.Mais des divergences sont récemment apparues entre les éditeurs de BD d’une part, qui sont favorables aux forfaits de lecture et se sont notamment associés dans la plate-forme de BD numérique en ligne Izneo, et les trois principaux éditeurs français d’autre part, Hachette, Editis et Madrigall, partisans d’un statu quo.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est une année 2014 ambivalente qui s’achève pour le groupe TF1. Plutôt bonne en audience, mais plus nuancée en termes financiers, comme l’ont révélé ses résultats de l’année 2014, présentés jeudi 19 février.Leader du paysage français, la chaîne TF1 a enregistré 95 des 100 plus fortes audiences de télévision en 2014. Avec les trois autres chaînes gratuites du groupe (HD1, NT1, TMC), la part d’audience du groupe s’est élevée à 28,7 %, quasiment stable par rapport à 2013 (– 0,2 %). Et le groupe touche un tiers (32,7 %) de sa cible commerciale prioritaire, la fameuse « femme de moins de 50 ans responsables des achats ».Fidèle à sa stratégie de réduction des coûts, le groupe a atteint cette performance avec une économie de 26,4 millions d’euros sur le coût des programmes hors événements sportifs. Mais cette économie a été complètement gommée par le coût exceptionnel de la Coupe du monde de football 2014 au Brésil, à hauteur de 73,7 millions d’euros.Efficace en termes d’audience – avec notamment le quart de finale Allemagne-France –, cette dépense « impacte » fortement le résultat opérationnel du groupe, comme le reconnaît le directeur général adjoint finances du groupe, Philippe Denery. Celui-ci s’est dégradé de 20,6 %, à 116,5 millions d’euros, alors que le résultat net des activités poursuivies est stable à 103 millions d’euros.TF1 paye donc chèrement le maintien de son statut de « leader », qui implique qu’il accueille des événements rassembleurs du type de la Coupe du monde de football.LCI, l’autre source de pertesL’année 2014 a aussi été celle du repli du marché publicitaire. Les recettes apportées par les annonceurs ont reculé de 1,2 %, à 1,57 milliard d’euros. Et cela malgré une augmentation du nombre de spots diffusés. « La durée de publicité diffusée s’est inscrite en forte hausse pour l’ensemble des acteurs, maintenant une pression constante sur les prix », reconnaît TF1.Autre source de pertes : l’offre payante, avec notamment la chaîne d’information LCI que le groupe n’a pas réussi à faire passer en gratuit en 2014, dont la performance s’est établie à 125,2 millions d’euros, en baisse de 5,2 %.En revanche, les autres activités – droits, services aux consommateurs, téléshopping, vidéos – progressent de 7,3 %, à 516,3 millions d’euros. L’essentiel de cette progression a été apporté par la revente d’une partie des droits de la Coupe du monde de football 2014 à BeIN Sports, pour 30 millions. Cela permet d’aboutir à un chiffre d’affaires global de 2,09 milliards d’euros, en légère progression par rapport à 2013 (+ 0,8 %).Si le résultat net progresse de 257 millions, à 419 millions d’euros, cela est essentiellement dû à la cession de la chaîne payante Eurosport à l’américain Discovery, dont la plus-value compte pour 267 millions dans ce résultat.A l’issue de cette cession, le groupe se retrouve avec une trésorerie nette de 497 millions d’euros. Il a décidé de verser un dividende exceptionnel et de procéder à un rachat d’actions. Mais le solde pourra être employé pour des investissements ou des acquisitions.D’éventuelles opérations pourraient donc animer une année 2015 sur laquelle le groupe, une fois n’est pas coutume, s’aventure à un pronostic : « La conjonction de facteurs économiques plus favorables (…) pourrait entraîner une stabilisation du marché net de la publicité télévisuelle. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.02.2015 à 08h44 • Mis à jour le18.02.2015 à 08h45 Après avoir été pointés du doigt par le CSA pour leur couverture des attaques terroristes de janvier, quatorze médias ont répliqué dans une lettre commune au CSA, mercredi 18 février.Lire aussi : Des médias jugent « l’information menacée » après les décisions du CSA« Les événements tragiques qui ont endeuillé la France en janvier 2015 ont frappé de stupeur les Français et le monde. Dans ces circonstances dramatiques, les médias audiovisuels français se sont efforcés d’informer au mieux leurs concitoyens, contribuant ainsi à leur mobilisation historique. Ces médias sont conscients de leurs responsabilités. Ils se sont interrogés sans relâche, pendant et après les événements.En l’absence de discussion contradictoire, le CSA a rendu une décision sans précédent, infligeant pas moins de 36 mises en demeure et mises en garde, jetant le discrédit sur le travail des rédactions de la quasi-totalité des radios et télévisions françaises publiques et privées.La liberté de la presse est un droit constitutionnel. Les journalistes ont le devoir d’informer avec rigueur et précision. Le CSA nous reproche notamment d’avoir potentiellement « attenté à l’ordre public » ou pris le risque « d’alimenter les tensions au sein de la population ». Nous le contestons.Sous le coup de ces sanctions, comment continuer à informer ? Dans quelle autre grande démocratie reproche-t-on aux médias audiovisuels de rendre compte des faits en temps réel ? Comment peut-on imaginer que le CSA veuille en 2015, renforcer encore le contrôle sur les médias audiovisuels français régulés quand l’information circule sans contrainte dans la presse écrite, sur les chaînes étrangères, tous les réseaux sociaux et les sites internet. N’est-ce pas nous placer dans une situation d’inégalité devant la loi ?Nous considérons que la décision du CSA porte en germe le danger d’une alternative : se censurer ou se voir sanctionné. Cette décision doit donc interpeller les pouvoirs publics garants de la démocratie dont la liberté d’expression est le fondement.Nous, les directrices et directeurs des rédactions de TF1, France 2, France 3, France 24, BFM-TV, i-Télé, LCI, Euronews, France Inter, France Info, RTL, Europe 1, RMC, RFI, continueront avec nos équipes, à travailler en toute indépendance et en toute responsabilité pour les millions de téléspectateurs et auditeurs qui nous font confiance chaque jour. » 17.02.2015 à 17h57 • Mis à jour le 18.02.2015 à 10h40Abonnez-vousà partir de 1 €data-url="http://campus.lemonde.fr/apb/article/2015/02/17/apb-quelles-etudes-apres-le-bac-pour-devenir-journaliste_4570749_4401467.html"data-title="APB 2015 : comment s'orienter après le bac pour devenir journaliste ?"data-picture="http://s2.lemde.fr/image/2015/02/17/400x300/4578364_7_02b5_devenir-journaliste-implique-souvent-de-passer_995c2fb30cdf418c8807816ce80bf6f0.jpg" Partager data-href="http://campus.lemonde.fr/apb/article/2015/02/17/apb-quelles-etudes-apres-le-bac-pour-devenir-journaliste_4570749_4401467.html" data-layout="standard" data-action="recommend" data-show-faces="false" C'est décidé ! Plus tard, vous serez journaliste, et vous aimeriez bien étudier ce beau métier dès le bac en poche. Qu'il s'agisse de travailler dans la presse écrite, sur le Web, à la radio ou à la télévision, les parcours d'études sont sensiblement les mêmes. Voici quelques informations pour s'y retrouver.Quelles sont les formations les plus prisées ? Pour devenir journaliste, on vous conseillera très vite de passer les concours des « écoles reconnues ». Cette appellation renvoie aux formations reconnues aussi bien par la profession (les journalistes) que par l'Etat. Il en existe 14 et possèdent quelques avantages notables : elles permettent d'acquérir un diplôme, ont des partenariats avec de grandes rédactions et ont meilleure réputation sur le marché du travail. Elles permettent aussi d'obtenir plus rapidement sa carte de presse. La plupart de ces écoles sont des masters accessibles à bac + 3, que nous évoquerons dans un autre article. Mais quatre établissements recrutent à la sortie du bac ou avant l'obtention d'une licence : - l'école de journalisme de Cannes (IUT Nice-Côte d'Azur), qui propose un DUT accessible à bac + 0 et une licence audiovisuelle à bac + 2 - l'IUT de Lannion, qui recrute au niveau bac via APB - l'IUT de Tours, à bac + 1 - l'école de journalisme de Toulouse, à bac + 1/ + 2Comment postuler aux deux écoles reconnues recrutant au niveau bac ?L'école de journalisme de Cannes et l'IUT de Lannion proposent des DUT, nécessitant de s'inscrire via APB. Ces deux établissements organisent leurs recrutements sur dossier à partir de vos relevés de notes des années précédentes, de vos résultats aux épreuves anticipées du baccalauréat en classe de première et d'une lettre de motivation. Les élèves sélectionnés devront ensuite passer un écrit et un entretien de personnalité. Pendant deux heures, vous devrez plancher sur des QCM d'actualité, de culture générale et d'anglais, en plus d'une petite épreuve d'expression (rédaction d'un article à partir d'une dépêche ou courte dissertation sur un thème donné). Puis, le lendemain, vous devrez passer un oral où vous serez interrogé sur vos motivations et encore une fois sur votre connaissance de l'actualité.La sélection est drastique : pour plus de 1 200 candidatures, ces établissements ne convoquent que 200 étudiants aux examens et en sélectionnent en moyenne 28 chacun pour intégrer le cursus. Par ailleurs, un tiers des effectifs recrutés sont souvent des candidats issus d'une licence 1 ou 2 (qui doivent également postuler via APB). Quels sont les épreuves et les critères de sélection ?Futurs bacheliers, il n'y a toutefois aucune raison de ne pas tenter votre chance. D'abord, qui ne tente rien n'a rien. Ensuite, vous entrerez peut-être dans les profils recherchés par les écoles : un élève sérieux, dynamique, avec une bonne qualité d'expression et faisant preuve de personnalité. Et c'est dans la lettre de motivation que vous devrez montrer tout cela.Sans être extravagant, soyez original et personnel. Evitez les formules bateau type « je veux être journaliste depuis toujours », « je veux faire du journalisme parce que j'aime voyager, j'adore l'actualité ». Parler de ses voyages, oui, mais à votre façon. Il faut donner envie aux examinateurs de  vous rencontrer, les rendre curieux en somme. Par ailleurs, si vous avez un blog, que vous avez écrit pour un journal lycéen, ou que vous avez déjà écrit ou filmé pour vous-même, n'hésitez pas à joindre vos productions à votre candidature APB. L'idée est que votre dossier ne ressemble à aucun autre et sorte du lot. Sans pour autant mentir : les examinateurs auront vite fait de vous questionner lors de l'entretien pour vérifier la véracité de votre lettre de motivation ou de vos productions.Car une fois votre dossier sélectionné, il reste tout de même l'écrit et l'oral. Et cela se prépare ! Lire l'actualité dès février et rédiger des fiches mémo est fortement recommandé. Et ce dans tout les domaines, pas seulement ceux que vous affectionnez. Pendant l'oral, les examinateurs posent souvent des questions sur l'actualité chaude du matin ou de la veille. Restez donc perpétuellement sous intraveineuse d'actu, une fois votre dossier accepté.La méthode est sensiblement la même pour le concours du DUT de Tours, à la différence que l'inscription au concours ne se fait pas par APB. Quand à la licence de Toulouse, elle se différencie par un concours plus long, qui se déroule sur deux jours. Si vous y êtes candidat, il vous faudra passer huit épreuves : une épreuve de rédaction d'un article de trois à quatres feuillets (entre 4 500 et 6 000 signes) ; une épreuve de légendes de photographies d'actualité ; une épreuve de français ; un questionnaire d'actualité ; un questionnaire de culture générale ; une épreuve de reportage dans la ville de Toulouse sur un thème imposé ; une épreuve oral de langue ; un entretien de motivation. Comme pour les autres concours, suivre assidûment l'actualité sur les six derniers mois avant les épreuves est nécessaire.Et si je n'ai pas ces écoles ?Pas de panique ! Il existe différentes voies pour arriver dans les rédactions, les plus prisées étant de réussir une école reconnue recrutant au niveau bac + 3. Pour vous y préparer, il y a la voie dite royale : le passage par Sciences Po ou un des neuf IEP (Institut d'études politiques) de province. Les sélections de ces écoles très prisées se font sur concours écrits et oraux quelques mois avant le bac, hors APB. Il faut se renseigner directement sur les sites des établissements pour connaître les modalités du concours. Ces derniers demandent une préparation sérieuse et certains étudiants passent d'abord par une année de prépa avant de les tenter.Ensuite, des parcours en faculté sont également possibles. Une licence en histoire, en droit ou encore en sciences politiques peuvent être de bonnes options pour ensuite tenter les masters des écoles reconnues ou pour entrer dans un master universitaire spécialité journaliste.Que penser des écoles reconnues ni par la profession, ni par l'Etat ?D'autres écoles que celles mentionnées ci-dessus, privées, intègrent les étudiants à la sortie du baccalauréat, pour des cursus en deux ou trois ans. Elles organisent leurs recrutements sur dossier et/ou écrits et/ou oraux selon les établissements. Par ailleurs, le prix d'une année dans ce type d'école peut s'élever à 8 000 euros. Une somme conséquente, sachant qu'elles ne sont reconnues parfois ni par la profession, ni par l'Etat, ce qui signifie qu'elles ne sont pas habilitées à délivrer de diplôme.Les concours d'entrée beaucoup moins drastiques que ceux des écoles reconnues et la tentation de se lancer dans les études de vos rêves, dès la sortie du bac, rendent ces établissement très attractifs. Prenez cependant le temps de vérifier si l'école vous permet d'accéder à un diplôme d'Etat et de quel niveau (bac + 1, bac + 2, licence, master), que les filières de communication et de journalisme sont bien distinctes et que le profil des enseignants semble sérieux.Inès Belgacem width="314" height="157" alt="Près de 195000 étudiants suivent des études de droit et de sciences politiques dans les 83 universités françaises." src="http://s2.lemde.fr/image/2009/09/01/314x157/1234202_3_dcbb_pres-de-195000-etudiants-suivent-des-etudes-de.jpg" Garde à vue pour deux étudiants fraudeurs du Havre BTS et DUT, ces filières courtes ont toutes deux pour mission de former des professionnels. width="314" height="157" alt="Journée de l'emploi sur Twitter" src="http://s2.lemde.fr/image/2015/02/19/314x157/4579893_3_5722_journee-de-l-emploi-sur-twitter_168fe57b35ec6494eeae16dd157538d0.png" Une journée pour trouver #VotreJob sur Twitter Les internautes sont appelés à voter, en aboutissement d'un festival d'humour intercampus, associant jeunes comiques et étudiants. width="314" height="157" alt="Ce qu'il faut savoir avant de choisir son séjour linguisitique" src="http://s2.lemde.fr/image/2015/02/18/314x157/4579024_3_488c_ce-qu-il-faut-savoir-avant-de-choisir-son_7bb0bb390023e7e50c9e74df90582d6b.jpg" Comment choisir son séjour linguistique Emeline Cazi, Maxime Vaudano et Elise Vincent C’est très certainement par un banal SMS que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont lancé leurs attaques meurtrières. On n’en connaît ni la longueur ni le contenu. Mais on sait son heure, son expéditeur, son destinataire. Et ces éléments, dont Le Monde a pu prendre connaissance, lèvent aujourd’hui tous les doutes qui ont pu entourer la concomitance des actes des trois hommes début janvier, à Paris : il s’agissait bien d’attentats coordonnés.Lire l’intégralité (édition abonnés) : Une heure avant « Charlie », le dernier SMSAprès avoir minutieusement épluché des centaines d’expertises téléphoniques, les enquêteurs ont en effet pu vérifier que le court message avait été envoyé le 7 janvier au matin. Qu’il a été localisé par la borne du domicile de Chérif Kouachi, à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. Qu’il a ensuite immédiatement été reçu par l’une des treize lignes de téléphone avec lesquelles jonglait Amedy Coulibaly depuis quelques mois. Et qu’il a été écrit à 10 h 19, soit une heure avant l’attaque de Charlie Hebdo.Armés jusqu’aux dentsJamais, jusqu’à présent, la preuve qu’ils s’étaient formellement concertés dans leurs attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, les 7 et 9 janvier, à Paris n’avait pu être établie. Les enquêteurs en ont désormais la certitude.Retrouvez l’intégralité de nos contenus sur les révélations de l’enquête des attentats de Paris Le SMS avant-coureur a été envoyé d’une ligne de téléphone qui n’a manifestement été ouverte, estiment les enquêteurs, que dans le but de permettre aux trois hommes d’échanger discrètement durant les vingt-quatre dernières heures avant le début des tueries. Grâce à l’analyse de cette ligne, les policiers ont également la conviction que Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly se sont rencontrés dans la nuit du 6 au 7 janvier, la veille des attentats, entre minuit et 1 heure du matin, moment où Chérif Kouachi a expliqué à son épouse qu’il devait sortir de son domicile.Le matin du 7 janvier, l’aîné des Kouachi, Saïd, est arrivé de Reims (Marne), où il vivait, par le TGV de 8 h 31. Il a rejoint en métro depuis la gare de l’Est le domicile de son cadet. Les deux frères se sont enfermés dans le séjour. Puis ils sont repartis vers 10 heures. Chérif était déjà habillé tout en noir, mais il avait enfilé un manteau gris à capuche, selon le récit de ses proches. Une heure plus tard, les deux frères se présentaient armés jusqu’aux dents devant le siège de Charlie Hebdo, assassinant douze personnes.Retrouvez notre grand format : « Des attentats à la marche républicaine, les cinq jours de Charlie Hebdo »Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont été extrêmement minutieux dans la préparation de leurs crimes. La colossale enquête policière sur les attentats le prouve. Le téléphone depuis lequel a été envoyé le SMS devait seulement permettre de caler les derniers détails des opérations. Ils n’ont eu sur cette ligne que des contacts minimalistes : six SMS au total. Celui de 10 h 19 a été le dernier.De son côté, Amedy Coulibaly, avec son expérience hors norme des trafics et des braquages, maîtrisait les techniques de prudence et l’art de la dissimulation. L’enquête montre que l’ex-caïd de cité avait repéré sur Internet plusieurs commerces juifs avant d’attaquer l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dont il a vérifié les horaires d’ouverture, avant de passer à l’attaque, d’assassiner quatre personnes parmi ses otages et d’être tué par les policiers. Emeline CaziJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Qui sont les nouveaux clients des agences de presse ? Les marques, pardi ! Fini le temps où seuls les médias s’abonnaient aux fils de contenus proposés par les agences : désormais, toutes sortes d’entreprises les imitent, afin de disposer de contenu qu’elles pourront déployer elles-mêmes sur leurs sites, applications etc. Bienvenue dans le monde du « brand content » [contenu proposé par les marques].Symptôme de cette nouvelle tendance : l’agence de presse spécialisée dans les loisirs Relaxnews va être rachetée par le groupe de publicité Publicis, selon une annonce faite par les deux entreprises, lundi 16 février. Elles sont en tout cas entrées en négociations exclusives pour une durée de trois mois. Le groupe présidé par Maurice Lévy devrait débourser 15 millions d’euros. De leur côté, les deux fondateurs de Relaxnews, Jérôme et Pierre Doncieux, conserveraient une part minoritaire et leur rôle dirigeant.Fondée en 2000, Relaxnews s’est spécialisée dans la fourniture de contenus aux médias dans le domaine des loisirs et du divertissement. La société des frères Doncieux a signé un partenariat avec l’AFP en 2009, qui a abouti à la création d’un fil d’informations commun. Aujourd’hui, ce fil a conquis environ 200 clients dans le monde, dont 80 % de médias et 20 % de marques, selon Relaxnews.Les deux fondateurs en ont la conviction : c’est au niveau des « marques » que se situe désormais leur réservoir de croissance. « Nous pensons que 70 % de l’activité viendra à terme des marques », soulignent-ils. Un univers que va leur ouvrir le groupe Publicis - troisième groupe publicitaire mondial - et son réseau ZenithOptimedia, qui disposent d’un vaste portefeuille de clients.Sous l’œil d’un « déontologue »En rachetant Relaxnews, Publicis va pouvoir proposer à ses clients non seulement de consulter et de dupliquer les contenus du fil d’informations AFP/Relaxnews, mais aussi d’accéder à une solution globale proposant une veille sur Internet - grâce à un outil baptisé « radar » qui scrute les tendances - et des outils de mesure du « buzz ». Baptisée « Relax content manager », cette solution a été développée avec la société Trendsboard.Quand cette plate-forme sera vendue à un client, Publicis ne sera pas le seul gagnant, puisque Trendsboard, mais aussi l’AFP, co-éditeur du fil d’informations, percevront une part du revenu généré. D’autres services de l’AFP pourront même être proposés aux clients.Jérôme et Pierre Doncieux n’ignorent pas qu’une telle stratégie peut susciter de la défiance du côté des médias. Comment garantir l’indépendance du contenu avec autant de marques clientes ? Ils proposent une réponse, avec la nomination d’un « déontologue » en la personne de Denis Jeambar, ancien directeur de L’Express, qui sera en charge d’un « audit des pratiques ».Les outils proposés par Relaxnews répondent en tout cas au besoin des grands réseaux publicitaires, qui doivent désormais épancher la soif de « contenu » des entreprises, soucieuses de communiquer constamment avec les consommateurs. Il s’agit, selon Sébastien Danet, président de ZenithOptimedia, de « développer la force de frappe numérique par une démarche contenu ».Publicis entend réaliser dès 2015 au moins 50 % de son chiffre d’affaires dans le numérique, qui a représenté, en 2014, 42 % de son activité. Pour cela, le groupe a notamment acquis Sapient, spécialiste de marketing et communication numériques. Publicis réalise un chiffre d’affaires annuel global de plus de 7 milliards d’euros.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.02.2015 à 12h59 • Mis à jour le17.02.2015 à 08h56 | Alexis Delcambre Quatre jours après que le CSA a notifié plusieurs mises en demeure aux médias audiovisuels pour leur traitement des attaques terroristes survenues à Paris en janvier, le débat ouvert par ces critiques contestées se poursuivait, lundi 16 février.Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Première figure gouvernementale à s’exprimer depuis jeudi, la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, a ainsi fait part, sur i-Télé, de sa volonté de « donner un cadre plus clair aux journalistes et aux chaînes de télévision, notamment celles qui travaillent en continu ».Mme Pellerin a évoqué un travail commun avec ses collègues de l’intérieur et de la justice pour « établir des procédures » : « où on peut s’installer, où on peut mettre ses caméras et comment faire, quelles informations, comment valider les informations qu’on peut donner à la télévision sans mettre en danger la vie d’autrui ».Dans l’entourage de la ministre, on précise toutefois que la démarche ne se veut pas « intrusive » et qu’il s’agit avant tout de répondre aux questions que les médias pourraient se poser. Une démarche gouvernementale qui sera suivie avec grande attention par les journalistes de radios et télévisions, qui ont multiplié, depuis jeudi, les réactions aux décisions du Conseil supérieur de l’audiovisuel.Tollé dans les rédactionsVendredi soir, dans un communiqué commun, les sociétés des journalistes de BFM-TV, France 2, France 24, i-Télé, RMC et RTL avaient dénoncé une « injonction au silence » et une « volonté de mise au pas ».Plus tôt, le syndicat national des journalistes (SNJ) avait jugé que « le CSA s’arroge le droit de faire évoluer ses missions et de se transformer en censeur des ondes » et parle d’une « volonté politique de vouloir mettre un bâillon aux rédactions ». Dans un communiqué, il estime que cette décision « ouvre la porte à l’autocensure des confrères et à la censure par les hiérarchies » et rappelle que « la déontologie » tout comme « la responsabilité morale, professionnelle et juridique » sont du ressort des journalistes eux-mêmes.« Les journalistes ne sont pas des auxiliaires de l’action publique, a rappelé, de son côté, l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI), dans un communiqué. Tenter de les réduire à ce rôle serait attentatoire aux libertés fondamentales, pousserait à la censure et à l’autocensure, conduirait à faire le silence sur des informations d’intérêt public comme, par exemple, l’action des forces de l’ordre, des projets de réforme ou des négociations en cours. »« Le CSA est dans son rôle », a défendu, lundi, Fleur Pellerin, en référence aux missions conférées par la loi au CSA. Mardi, les responsables de l’information des radios et télévisions devaient se réunir à 15 heures au siège de TF1 pour étudier l’opportunité d’une réponse commune.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Charlotte Bozonnet Deux journalistes français ont été interpellés dimanche 15 février à Rabat et leur matériel saisi, alors qu'ils effectuaient une interview dans les locaux de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), la principale ONG de défense des droits de l'homme du pays. Jean-Louis Perez et Pierre Chautard, qui réalisaient un documentaire pour France 3, étaient dans la soirée sur le point d'être expulsés et renvoyés en France.Les deux journalistes de l'agence Premières Lignes ont été interpellés en fin de journée par plusieurs policiers, au motif qu'ils ne disposaient pas de l'autorisation nécessaire pour filmer. Le président de l'AMDH, Ahmed El-Haij, a expliqué à l'AFP que des membres des services de sécurité s'étaient déjà présentés dans la matinée. Mais ceux-ci « n'ayant produit aucune pièce d'identité, ni mandat d'arrêt », les responsables associatifs avaient refusé de leur remettre les deux journalistes.Ce n'est pas la première fois qu'un tel scénario se produit au Maroc. Le 23 janvier, une équipe de la chaîne arabophone de France 24, pourtant habituée à travailler dans le pays, avait elle aussi été empêchée de tourner une émission – ce jour-là consacrée à « l'humour comme moyen d'expression » après les attentats contre Charlie Hebdo –, au motif qu'elle ne possédait pas l'autorisation officielle. Selon Paul Moreira, le directeur de l'agencePremières lignes, les deux journalistes avaient cette fois-ci bien demandé depuis plusieurs semaines une autorisation de filmer, mais n'avaient reçu aucune réponse et en avaient donc conclu qu'elle n'était pas obligatoire pour travailler.REMISE À PLAT DE LA COOPÉRATION JUDICIAIRECes faits interviennent moins de quarante-huit heures après la visite à Rabat du ministre français de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, premier officiel à se rendre au Maroc depuis la fin de la brouille diplomatique entre les deux pays. Celle-ci avait éclaté en février 2014 lorsqu'une juge d'instruction française avait demandé à entendre un haut responsable marocain, Abdellatif Hammouchi, le patron de la DGST, le contre-espionnage marocain, visé par plusieurs plaintes pour torture. Le Maroc qui avait exigé une remise à plat de sa coopération judiciaire avec Paris a récemment obtenu gain de cause avec la signature le 31 janvier d'un nouvel accord (dont le contenu exact n'a pas encore été rendu public). Samedi, à Rabat, M. Cazeneuve avait annoncé que M. Hammouchi serait bientôt décoré de la Légion d'honneur.Lire aussi : Le patron du contre-espionnage marocain décoré par ParisL'interpellation des deux journalistes s'est produite dans les locaux du siège national de l'AMDH. Si aucun membre de l'association n'a été interpellé dimanche soir, l'organisation, présente dans tout le pays, dénonce depuis juillet 2014 l'« interdiction systématique » de ses activités par les autorités marocaines. En six mois, une soixantaine d'initiatives auraient été empêchées de se tenir, souvent en bloquant l'accès des lieux prévus pour ces activités. Fin 2014, l'ONG Human Rights Watch avait demandé aux autorités d'« arrêter d'entraver arbitrairement les activités pacifiques des organisations indépendantes de défense des droits humains et leur permettre de fonctionner librement ».Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.02.2015 à 16h50 • Mis à jour le13.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre Il était l’un des plus célèbres, et certainement le plus atypique des journalistes du New York Times, une figure unique et improbable devenue l’incarnation de l’emblématique quotidien américain. Au sortir d’une table ronde sur le film Citizenfour consacré à Edward Snowden, jeudi 12 février peu avant 21 heures, David Carr s’est effondré, au cœur de cette salle de rédaction du « Times » qu’il arpentait depuis douze ans. Il était âgé de 58 ans.Pour les journalistes couvrant le secteur des médias, et pour tous ceux qui suivent de près leurs mutations, M. Carr était une sorte d’icône. La clairvoyance des analyses qu’il livrait, chaque semaine, dans sa chronique « The Media equation », et sa hauteur de vue, se mêlaient à son style âpre et corrosif dans un mariage inhabituel. Il excellait dans l’art d’exposer les situations complexes des médias confrontés à la révolution numérique, avec des informations précises et détaillées, et une façon très solide de soutenir un propos.On repensait alors, inévitablement, aux séquences du film Page One : Inside The New York Times dans lequel on le voyait dans la posture de l’enquêteur, traquant au téléphone les dirigeants du groupe de médias Tribune pour vérifier, une à une, chacune des assertions qu’il s’apprêtait à publier. Un journalisme de « facts » méthodique et intransigeant pratiqué par un homme direct sans être rude.Lire aussi : "A la Une du 'New York Times'" : à New York, le quotidien ordinaire d’un quotidien en crise On croyait presque deviner, derrière cette rigueur obsessionnelle, la personne qu’avait pu être David Carr 25 ans plus tôt, dans sa vie précédente d’accro au crack,- une addiction qu’il était parvenu à surmonter. Il avait raconté cette vie, sans fard, dans une autobiographie publiée en 2008, The Night of the gun, et la portait encore dans sa silhouette bancale, ses traits marqués ou sa voix rauque.Le jeune homme doué, major de psychologie et de journalisme à l’université du Minnesota, avait transité par les bas-fonds avant de se hisser, pas à pas, d’un journal local au temple du journalisme : il y avait dans la trajectoire de David Carr une forme très américaine de rédemption ou de renaissance. L’homme avait également réchappé d’un cancer. « Je vis aujourd’hui une vie que je n’ai pas méritée, écrivait-il en conclusion de son récit. Mais nous passons tous sur cette terre avec le sentiment que nous sommes des imposteurs. »Gardien du templeLe film Page One d’Andrew Rossi, sorti en 2011, en avait fait l’incarnation du journalisme et des valeurs défendus par le New York Times. À l’origine, Rossi voulait faire le portrait de Carr, et il a finalement choisi d’étendre son propos pour livrer un portrait collectif de la rédaction de « The Grey Lady ». Mais son documentaire reste habité par la figure du journaliste du « media desk ». Sa densité, son charisme, tranchent en regard du style classique et policé de ses collègues.Une autre séquence du documentaire le confronte à l’équipe de Vice, le site en vogue qui prétend proposer un journalisme dépoussiéré et aller dans les endroits que délaissent les médias traditionnels. À l’écran, un reportage que Vice a réalisé sur la vie au Liberia et notamment le manque de sanitaires. « Nous y sommes allés bien avant vous, avait coupé David Carr. Ce n’est pas parce que vous avez mis un putain de casque de safari et regardé de la merde sur une plage que vous avez le droit de nous insulter. » « Sorry, sorry… », avait alors répété le leader de Vice, Shane Smith, rendant les armes. Outre ce film, Carr était aussi connu pour sa présence sur les réseaux sociaux et allait d’écoles de journalisme en tables rondes et autres panels, avec un goût manifeste pour la controverse. Sa dernière table ronde réunissait la réalisatrice Laura Poitras et le journaliste et prix Pulitzer Glenn Greenwald. « David Carr était l’un des journalistes les plus doués à avoir travaillé pour le New York Times », a déclaré le président de l’entreprise, Arthur Ochs Sulzberger Jr.Naissance : 8 septembre 1956 à Minneapolis2011 : « Page One, Inside The New York Times » Mort : 12 février 2015 à New YorkAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Personne n’aime se faire taper sur les doigts. Mais les responsables de l’information des radios et télévisions françaises ont réagi avec une rare véhémence aux trente-six mises en garde et mises en demeure notifiées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), jeudi 12 février, sur la couverture médiatique des attaques djihadistes à Paris et Montrouge, début janvier.« Les décisions du CSA soulèvent des questions majeures pour le droit à l’information dans notre pays, estime ainsi Thierry Thuillier, directeur de l’information de France Télévisions. Je souhaite être reçu par le CSA et demande des explications. »Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesTonalité similaire sur l’autre rive de la Seine, à Radio France, qui a fait part, jeudi soir, de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction ». De fait, les décisions du CSA sont susceptibles d’appel et de recours devant le Conseil d’Etat.Selon nos informations, une réunion des responsables de l’information des radios et télévisions et d’ores et déjà programmée, mardi 17 février, au siège de TF1, afin d’échanger et d’étudier l’opportunité d’une réponse conjointe.Principe de précaution contre liberté d’informationLa plupart des médias audiovisuels sont concernés, car les notifications du CSA n’ont épargné personne – pas plus qu’elles n’ont ciblé un média en particulier. LCI s’est vu notifier trois mises en demeure ; BFMTV et iTélé deux, comme France 2 et TF1, qui avaient elles aussi fait le choix du direct, ou encore France 24 ; sans oublier Europe 1, France Info et France Inter, RFI, RMC, RTL ou Euronews.« Le CSA dit en quelque sorte que tous ceux qui ont fait du temps réel ont failli, commente Céline Pigalle, directrice de l’information du groupe Canal+ (propriétaire d’iTélé). Ceux qui ne sont pas sanctionnés [à l’image des médias du groupe M6] sont ceux qui n’ont pas proposé d’édition spéciale pour couvrir ces événements. Quel est le message ? »Un point concentre plus particulièrement l’ire des médias, d’autant qu’ils se voient tous mis en demeure pour ce motif : avoir annoncé que des affrontements avaient commencé entre forces de l’ordre et terroristes à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher (…), dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », écrit le CSA.Or, les médias rappellent que le statut de cette « déclaration » du preneur d’otages était incertain et n’avait pas fait l’objet d’une consigne policière explicite. « Si doute il y a, ce que je ne crois pas, il faut appliquer le principe de précaution en raison des vies en jeu », rétorque Nicolas About, membre du groupe de travail du CSA sur le sujet.Hyper Cacher : les versions contradictoires de BFM-TV et de la direction du RAIDSurtout, radios et télévisions jugent ce point « déconnecté de la réalité médiatique », pour reprendre les termes d’un directeur de rédaction. « Ça va devenir compliqué, si on ne peut plus informer en direct, juge Catherine Nayl, directrice de l’information du groupe TF1. Que fait-on ? On met un écran noir ? Des “bips” pour cacher les sons ? » « Il faudrait donc arrêter le direct, imagine Thierry Thuillier. Cela revient à pousser les gens vers les sites d’information – y compris le nôtre – ou les réseaux sociaux qui, eux, ne sont pas régulés par le CSA ! »Le Conseil ne nie pas cette limite, mais la loi ne lui donne compétence que sur les radios et télévisions. Depuis son arrivée à la tête du CSA en 2012, Olivier Schrameck plaide pour une extension de cette compétence aux « services de communication audiovisuelle » en ligne… mais il est risqué, politiquement, de déterrer le sujet sensible de la régulation du Web.Contrôler ce qui est dit à l’antenneLes autres points soulèvent moins de contestations. L’un concerne le choix de diffuser la vidéo montrant l’assassinat du policier Ahmed Merabet par les terroristes. Seule France 24 avait diffusé cette séquence – avec des atténuations –, et cela lui vaut une mise en demeure. « Je suis étonné, soupire néanmoins son directeur de la rédaction, Marc Saikali. Veut-on que nos téléspectateurs à l’étranger se reportent sur nos concurrentes Al-Jazira ou CNN, qui n’hésitent pas à montrer ce type d’images ? » Une autre mise en demeure concerne la divulgation de l’identité des frères Kouachi avant la diffusion de l’appel à témoins par la Préfecture de police. iTélé et LCI avaient donné à l’antenne des éléments permettant cette identification, issus d’informations qui circulaient sur les réseaux sociaux, parfois de source policière ou militaire. « Nous n’avons fait que relayer un appel à témoins », se défendent, en substance, les chaînes, soulignant qu’elles ne pouvaient passer sous silence une information qui circulait par ailleurs.Mais le CSA estime que, dans ce cas, le souci de ne pas « perturber l’action des autorités » l’emporte sur le droit d’informer. « Certes, la fiche de recherche avait fuité sur les réseaux sociaux, explique M. About. Mais les radios et télévisions ont un pouvoir accréditant. Quand elles en parlent, cela change le statut de cette information. En l’espèce, le gouvernement a été contraint de diffuser à son tour la fiche de recherche, car tout avait été dit sur les antennes. » Sans surprise, une dernière mise en demeure concerne la révélation, par cinq médias, que des personnes étaient cachées sur les lieux des prises d’otages de Dammartin-en-Goële ou de la porte de Vincennes. Ces « révélations » ont pu prendre des formes variées : information glissée à l’antenne par un journaliste, ou parfois par un témoin interrogé en direct, dont la parole ne pouvait être filtrée.Pour le CSA, ces mentions ont été « susceptibles de menacer gravement la sécurité des personnes retenues dans les lieux ». Les médias se voient donc incités à retenir ce type d’informations, mais aussi à réfléchir aux moyens de contrôler ce qui est dit à l’antenne – y compris par des non-journalistes – dans des situations de direct intégral, pour rester des garants actifs de l’information.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guillot C'est rarement la subtilité qui caractérise, d’ordinaire, les photos récompensées par le World Press, le prix le plus célèbre du photojournalisme : on y prime plutôt les effets spectaculaires, les sentiments exacerbés (douleur, tristesse), les actions fortes (bombardements, tueries, torture), l’hémoglobine… Y aurait-il comme une prise de conscience que ce genre d’images, certes très lisibles et efficaces, peut lasser ? Et qu’elles répondent rarement à la complexité des faits ?Comme pour répondre aux reproches faits depuis longtemps à cette imagerie répétitive et souvent pleine de clichés (riche/pauvre, victime/bourreau, mère à l'enfant ou « mater dolorosa »…), cette année, le World Press a décerné le titre de l'image de l'année à une photo sans action marquante, ni scène tragique. L'image de Mads Nissen, prise à Saint-Pétersbourg, montre un jeune couple homosexuel dans son intimité. Les poses, le clair-obscur et le décor (le drapé d'un rideau) font bien plus référence à la peinture hollandaise qu'à la photo de guerre. Les faits traités sont bien tragiques – la discrimination et la violence contre les homosexuels en Russie – mais ils sont illustrés par une image de tendresse et d’affection. « C'est une image très très subtile » a commenté Michelle McNally, présidente du jury, qui a qualifié la photo de « superbe scène ». Une photo qui montre non seulement le quotidien, mais qui a été prise dans un pays proche, pas sur le terrain d’une guerre lointaine. « C'est une chose qui manque souvent dans le photojournalisme, on a toujours l'impression qu'il faut chercher l'exotique », a commenté Donald Weber, autre membre du jury. Patrick Baz, de l’Agence France Presse, qui a également participé au jury, a insisté sur Twitter : « Ce prix parle d’amour et de haine, de paix et de guerre, et on n’a pas besoin de sang et de destructions pour décrire ça. »Lire aussi : le palmarès du World Press Photo 2015S'agirait-il d'une évolution durable ? Déjà, en 2014, le World Press avait récompensé une photo moins évidente que d'habitude, en évitant l’instant décisif et l’événement exceptionnel : on y voyait, dans une scène nocturne, des migrants lever leur téléphone portable en quête de réseau pour appeler leurs proches restés au pays. Le reste du temps, les photos de l’année du World Press font plutôt dans le spectaculaire. Les photos de sport particulièrement manipuléesAutre tendance forte en 2015 : la manipulation des images. Le jury, qui demande à tous les candidats présélectionnés d’envoyer les fichiers numériques « raw », c’est-à-dire avant toute retouche, pour les comparer avec les images soumises à la compétition, a eu des mots très durs sur la quantité de fichiers retouchés de façon excessive, et donc disqualifiés. Ce fut le cas d’une image sur cinq, soit 20 % !Le directeur général du World Press Photo, Lars Boering, a déclaré dans un communiqué : « Cette année, le jury a été très déçu de découvrir avec quelle légèreté les photographes ont traité leurs fichiers soumis à la compétition. Quand un élément a été ajouté ou retranché de l’image, cela nous a conduits à rejeter l’image en question. (...) Il semble que certains photographes ne peuvent résister à la tentation de rehausser leurs images soit en enlevant de petits détails pour “nettoyer” une image ou parfois à changer la tonalité de façon excessive, ce qui constitue un changement réel de l’image. Ces deux types de retouches compromettent l’intégrité de l’image. »Les retouches ont particulièrement affecté la section « sports », au point que le jury a renoncé à décerner le troisième prix de la catégorie « stories », faute de candidat « propre » (voir l’entretien de Lars Boering avec le British Journal of Photography, en anglais).Sens de l’image fausséUne tendance sur laquelle on peut émettre quelques hypothèses : peut-être le jury du World Press Photo est-il particulièrement sévère sur les retouches considérées comme « classiques » (couleurs réhaussées, ombres atténuées, etc.) ? On a du mal à le croire, vu que les membres sont issus de différents médias à travers le monde, avec des habitudes différentes.Ou alors peut-être les candidats au World Press ont-ils accentué les retouches dans l’espoir d’augmenter leurs chances d’être sélectionnés, sachant que le prix récompense des photos souvent parfaites techniquement ? Là encore, on peut en douter : ils savaient que leurs images seraient comparées aux fichiers originaux, et risquaient d’être disqualifiées car ces manipulations seraient considérées comme de la fraude.Ou enfin – hypothèse la plus probable, vu le nombre énorme d’images rejetées – les photographes ont pris l’habitude de retoucher leurs photos à un tel point et avec une telle facilité qu’ils ne semblent plus avoir conscience qu’ils faussent le sens de l’image. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter sur ce qui nous est donné à voir du monde aujourd’hui. Comme s’il fallait, pour qu’elles retiennent notre attention dans le flot visuel qui nous noie, des images toujours plus léchées, toujours plus parfaites, toujours plus spectaculaires. Des images qui ressemblent plus aux jeux vidéo qu’à la réalité.Lire aussi le post de blog : les photos retouchées du World PressClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a relevé 36 manquements aux règles de la communication audiovisuelle lors de la couverture que les radios et télévisions ont faite des attentats de Paris du 7 au 9 janvier.Il a émis 21 mises en demeure et 15 mises en garde, mais n’a pas prononcé de sanction. Les sanctions, juridiquement, ne peuvent intervenir sans mise en demeure préalable. Ces mises en demeure constituent donc une hypothèque pour les médias concernés, qui se verront sanctionnés s’ils réitèrent les mêmes manquements.Le CSA avait réuni les responsables radios et télévisions le 15 janvier et dit avoir tenu compte de cette « enquête contradictoire ».Selon le CSA, les faits qui ont justifié ces mises en garde et demeure sont les suivants :La diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes ;La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi ;La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes ;La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ;L’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes ;La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ;La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.La plupart des télévisions sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Six radios le sont également, parmi lesquelles France Info et France Inter. Le groupe Radio France a fait part jeudi soir de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction », peut-on lire sur le site de France Info.Sept chaînes de télévision et six radios sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Parmi elles, France Info et France Inter, qui comptent déposer un recours, peut-on lire sur le site de France Info. « Nous contestons cette mise en demeure, nous ne la comprenons pas », a réagi Erik Kervellec, directeur de la rédaction de France Info, évoquant une sanction « parfaitement injustifiée » : « ils nous reprochent en quelque sorte d’avoir fait notre métier, c’est à dire d’avoir dit : il se passe quelque-chose à Dammartin-en-Goële, il y a des coups de feu ».Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.02.2015 à 12h59 • Mis à jour le16.02.2015 à 13h02 | Alexis Delcambre Quatre jours après que le CSA a notifié plusieurs mises en demeure aux médias audiovisuels pour leur traitement des attaques terroristes survenues à Paris en janvier, le débat ouvert par ces critiques contestées se poursuivait, lundi 16 février.Couverture des attentats : « Que fait-on ? On met un écran noir ? »Première figure gouvernementale à s’exprimer depuis jeudi, la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, a ainsi fait part, sur i-Télé, de sa volonté de « donner un cadre plus clair aux journalistes et aux chaînes de télévision, notamment celles qui travaillent en continu ».Mme Pellerin a évoqué un travail commun avec ses collègues de l’intérieur et de la justice pour « établir des procédures » : « où on peut s’installer, où on peut mettre ses caméras et comment faire, quelles informations, comment valider les informations qu’on peut donner à la télévision sans mettre en danger la vie d’autrui ».Une démarche gouvernementale qui sera suivie avec grande attention par les journalistes de radios et télévisions, qui ont multiplié, depuis jeudi, les réactions aux décisions du Conseil supérieur de l’audiovisuel.Tollé dans les rédactionsVendredi soir, dans un communiqué commun, les sociétés des journalistes de BFM-TV, France 2, France 24, i-Télé, RMC et RTL avaient dénoncé une « injonction au silence » et une « volonté de mise au pas ».Plus tôt, le syndicat national des journalistes (SNJ) avait jugé que « le CSA s’arroge le droit de faire évoluer ses missions et de se transformer en censeur des ondes » et parle d’une « volonté politique de vouloir mettre un bâillon aux rédactions ». Dans un communiqué, il estime que cette décision « ouvre la porte à l’autocensure des confrères et à la censure par les hiérarchies » et rappelle que « la déontologie » tout comme « la responsabilité morale, professionnelle et juridique » sont du ressort des journalistes eux-mêmes.« Les journalistes ne sont pas des auxiliaires de l’action publique, a rappelé, de son côté, l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI), dans un communiqué. Tenter de les réduire à ce rôle serait attentatoire aux libertés fondamentales, pousserait à la censure et à l’autocensure, conduirait à faire le silence sur des informations d’intérêt public comme, par exemple, l’action des forces de l’ordre, des projets de réforme ou des négociations en cours. »« Le CSA est dans son rôle », a défendu, lundi, Fleur Pellerin, en référence aux missions conférées par la loi au CSA.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Charlotte Bozonnet Deux journalistes français ont été interpellés dimanche 15 février à Rabat et leur matériel saisi, alors qu'ils effectuaient une interview dans les locaux de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), la principale ONG de défense des droits de l'homme du pays. Jean-Louis Perez et Pierre Chautard, qui réalisaient un documentaire pour France 3, étaient dans la soirée sur le point d'être expulsés et renvoyés en France.Les deux journalistes de l'agence Premières Lignes ont été interpellés en fin de journée par plusieurs policiers, au motif qu'ils ne disposaient pas de l'autorisation nécessaire pour filmer. Le président de l'AMDH, Ahmed El-Haij, a expliqué à l'AFP que des membres des services de sécurité s'étaient déjà présentés dans la matinée. Mais ceux-ci « n'ayant produit aucune pièce d'identité, ni mandat d'arrêt », les responsables associatifs avaient refusé de leur remettre les deux journalistes.Ce n'est pas la première fois qu'un tel scénario se produit au Maroc. Le 23 janvier, une équipe de la chaîne arabophone de France 24, pourtant habituée à travailler dans le pays, avait elle aussi été empêchée de tourner une émission – ce jour-là consacrée à « l'humour comme moyen d'expression » après les attentats contre Charlie Hebdo –, au motif qu'elle ne possédait pas l'autorisation officielle. Selon Paul Moreira, le directeur de l'agencePremières lignes, les deux journalistes avaient cette fois-ci bien demandé depuis plusieurs semaines une autorisation de filmer, mais n'avaient reçu aucune réponse et en avaient donc conclu qu'elle n'était pas obligatoire pour travailler.REMISE À PLAT DE LA COOPÉRATION JUDICIAIRECes faits interviennent moins de quarante-huit heures après la visite à Rabat du ministre français de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, premier officiel à se rendre au Maroc depuis la fin de la brouille diplomatique entre les deux pays. Celle-ci avait éclaté en février 2014 lorsqu'une juge d'instruction française avait demandé à entendre un haut responsable marocain, Abdellatif Hammouchi, le patron de la DGST, le contre-espionnage marocain, visé par plusieurs plaintes pour torture. Le Maroc qui avait exigé une remise à plat de sa coopération judiciaire avec Paris a récemment obtenu gain de cause avec la signature le 31 janvier d'un nouvel accord (dont le contenu exact n'a pas encore été rendu public). Samedi, à Rabat, M. Cazeneuve avait annoncé que M. Hammouchi serait bientôt décoré de la Légion d'honneur.Lire aussi : Le patron du contre-espionnage marocain décoré par ParisL'interpellation des deux journalistes s'est produite dans les locaux du siège national de l'AMDH. Si aucun membre de l'association n'a été interpellé dimanche soir, l'organisation, présente dans tout le pays, dénonce depuis juillet 2014 l'« interdiction systématique » de ses activités par les autorités marocaines. En six mois, une soixantaine d'initiatives auraient été empêchées de se tenir, souvent en bloquant l'accès des lieux prévus pour ces activités. Fin 2014, l'ONG Human Rights Watch avait demandé aux autorités d'« arrêter d'entraver arbitrairement les activités pacifiques des organisations indépendantes de défense des droits humains et leur permettre de fonctionner librement ».Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.02.2015 à 16h50 • Mis à jour le13.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre Il était l’un des plus célèbres, et certainement le plus atypique des journalistes du New York Times, une figure unique et improbable devenue l’incarnation de l’emblématique quotidien américain. Au sortir d’une table ronde sur le film Citizenfour consacré à Edward Snowden, jeudi 12 février peu avant 21 heures, David Carr s’est effondré, au cœur de cette salle de rédaction du « Times » qu’il arpentait depuis douze ans. Il était âgé de 58 ans.Pour les journalistes couvrant le secteur des médias, et pour tous ceux qui suivent de près leurs mutations, M. Carr était une sorte d’icône. La clairvoyance des analyses qu’il livrait, chaque semaine, dans sa chronique « The Media equation », et sa hauteur de vue, se mêlaient à son style âpre et corrosif dans un mariage inhabituel. Il excellait dans l’art d’exposer les situations complexes des médias confrontés à la révolution numérique, avec des informations précises et détaillées, et une façon très solide de soutenir un propos.On repensait alors, inévitablement, aux séquences du film Page One : Inside The New York Times dans lequel on le voyait dans la posture de l’enquêteur, traquant au téléphone les dirigeants du groupe de médias Tribune pour vérifier, une à une, chacune des assertions qu’il s’apprêtait à publier. Un journalisme de « facts » méthodique et intransigeant pratiqué par un homme direct sans être rude.Lire aussi : "A la Une du 'New York Times'" : à New York, le quotidien ordinaire d’un quotidien en crise On croyait presque deviner, derrière cette rigueur obsessionnelle, la personne qu’avait pu être David Carr 25 ans plus tôt, dans sa vie précédente d’accro au crack,- une addiction qu’il était parvenu à surmonter. Il avait raconté cette vie, sans fard, dans une autobiographie publiée en 2008, The Night of the gun, et la portait encore dans sa silhouette bancale, ses traits marqués ou sa voix rauque.Le jeune homme doué, major de psychologie et de journalisme à l’université du Minnesota, avait transité par les bas-fonds avant de se hisser, pas à pas, d’un journal local au temple du journalisme : il y avait dans la trajectoire de David Carr une forme très américaine de rédemption ou de renaissance. L’homme avait également réchappé d’un cancer. « Je vis aujourd’hui une vie que je n’ai pas méritée, écrivait-il en conclusion de son récit. Mais nous passons tous sur cette terre avec le sentiment que nous sommes des imposteurs. »Gardien du templeLe film Page One d’Andrew Rossi, sorti en 2011, en avait fait l’incarnation du journalisme et des valeurs défendus par le New York Times. À l’origine, Rossi voulait faire le portrait de Carr, et il a finalement choisi d’étendre son propos pour livrer un portrait collectif de la rédaction de « The Grey Lady ». Mais son documentaire reste habité par la figure du journaliste du « media desk ». Sa densité, son charisme, tranchent en regard du style classique et policé de ses collègues.Une autre séquence du documentaire le confronte à l’équipe de Vice, le site en vogue qui prétend proposer un journalisme dépoussiéré et aller dans les endroits que délaissent les médias traditionnels. À l’écran, un reportage que Vice a réalisé sur la vie au Liberia et notamment le manque de sanitaires. « Nous y sommes allés bien avant vous, avait coupé David Carr. Ce n’est pas parce que vous avez mis un putain de casque de safari et regardé de la merde sur une plage que vous avez le droit de nous insulter. » « Sorry, sorry… », avait alors répété le leader de Vice, Shane Smith, rendant les armes. Outre ce film, Carr était aussi connu pour sa présence sur les réseaux sociaux et allait d’écoles de journalisme en tables rondes et autres panels, avec un goût manifeste pour la controverse. Sa dernière table ronde réunissait la réalisatrice Laura Poitras et le journaliste et prix Pulitzer Glenn Greenwald. « David Carr était l’un des journalistes les plus doués à avoir travaillé pour le New York Times », a déclaré le président de l’entreprise, Arthur Ochs Sulzberger Jr.Naissance : 8 septembre 1956 à Minneapolis2011 : « Page One, Inside The New York Times » Mort : 12 février 2015 à New YorkAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Personne n’aime se faire taper sur les doigts. Mais les responsables de l’information des radios et télévisions françaises ont réagi avec une rare véhémence aux trente-six mises en garde et mises en demeure notifiées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), jeudi 12 février, sur la couverture médiatique des attaques djihadistes à Paris et Montrouge, début janvier.« Les décisions du CSA soulèvent des questions majeures pour le droit à l’information dans notre pays, estime ainsi Thierry Thuillier, directeur de l’information de France Télévisions. Je souhaite être reçu par le CSA et demande des explications. »Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesTonalité similaire sur l’autre rive de la Seine, à Radio France, qui a fait part, jeudi soir, de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction ». De fait, les décisions du CSA sont susceptibles d’appel et de recours devant le Conseil d’Etat.Selon nos informations, une réunion des responsables de l’information des radios et télévisions et d’ores et déjà programmée, mardi 17 février, au siège de TF1, afin d’échanger et d’étudier l’opportunité d’une réponse conjointe.Principe de précaution contre liberté d’informationLa plupart des médias audiovisuels sont concernés, car les notifications du CSA n’ont épargné personne – pas plus qu’elles n’ont ciblé un média en particulier. LCI s’est vu notifier trois mises en demeure ; BFMTV et iTélé deux, comme France 2 et TF1, qui avaient elles aussi fait le choix du direct, ou encore France 24 ; sans oublier Europe 1, France Info et France Inter, RFI, RMC, RTL ou Euronews.« Le CSA dit en quelque sorte que tous ceux qui ont fait du temps réel ont failli, commente Céline Pigalle, directrice de l’information du groupe Canal+ (propriétaire d’iTélé). Ceux qui ne sont pas sanctionnés [à l’image des médias du groupe M6] sont ceux qui n’ont pas proposé d’édition spéciale pour couvrir ces événements. Quel est le message ? »Un point concentre plus particulièrement l’ire des médias, d’autant qu’ils se voient tous mis en demeure pour ce motif : avoir annoncé que des affrontements avaient commencé entre forces de l’ordre et terroristes à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher (…), dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », écrit le CSA.Or, les médias rappellent que le statut de cette « déclaration » du preneur d’otages était incertain et n’avait pas fait l’objet d’une consigne policière explicite. « Si doute il y a, ce que je ne crois pas, il faut appliquer le principe de précaution en raison des vies en jeu », rétorque Nicolas About, membre du groupe de travail du CSA sur le sujet.Hyper Cacher : les versions contradictoires de BFM-TV et de la direction du RAIDSurtout, radios et télévisions jugent ce point « déconnecté de la réalité médiatique », pour reprendre les termes d’un directeur de rédaction. « Ça va devenir compliqué, si on ne peut plus informer en direct, juge Catherine Nayl, directrice de l’information du groupe TF1. Que fait-on ? On met un écran noir ? Des “bips” pour cacher les sons ? » « Il faudrait donc arrêter le direct, imagine Thierry Thuillier. Cela revient à pousser les gens vers les sites d’information – y compris le nôtre – ou les réseaux sociaux qui, eux, ne sont pas régulés par le CSA ! »Le Conseil ne nie pas cette limite, mais la loi ne lui donne compétence que sur les radios et télévisions. Depuis son arrivée à la tête du CSA en 2012, Olivier Schrameck plaide pour une extension de cette compétence aux « services de communication audiovisuelle » en ligne… mais il est risqué, politiquement, de déterrer le sujet sensible de la régulation du Web.Contrôler ce qui est dit à l’antenneLes autres points soulèvent moins de contestations. L’un concerne le choix de diffuser la vidéo montrant l’assassinat du policier Ahmed Merabet par les terroristes. Seule France 24 avait diffusé cette séquence – avec des atténuations –, et cela lui vaut une mise en demeure. « Je suis étonné, soupire néanmoins son directeur de la rédaction, Marc Saikali. Veut-on que nos téléspectateurs à l’étranger se reportent sur nos concurrentes Al-Jazira ou CNN, qui n’hésitent pas à montrer ce type d’images ? » Une autre mise en demeure concerne la divulgation de l’identité des frères Kouachi avant la diffusion de l’appel à témoins par la Préfecture de police. iTélé et LCI avaient donné à l’antenne des éléments permettant cette identification, issus d’informations qui circulaient sur les réseaux sociaux, parfois de source policière ou militaire. « Nous n’avons fait que relayer un appel à témoins », se défendent, en substance, les chaînes, soulignant qu’elles ne pouvaient passer sous silence une information qui circulait par ailleurs.Mais le CSA estime que, dans ce cas, le souci de ne pas « perturber l’action des autorités » l’emporte sur le droit d’informer. « Certes, la fiche de recherche avait fuité sur les réseaux sociaux, explique M. About. Mais les radios et télévisions ont un pouvoir accréditant. Quand elles en parlent, cela change le statut de cette information. En l’espèce, le gouvernement a été contraint de diffuser à son tour la fiche de recherche, car tout avait été dit sur les antennes. » Sans surprise, une dernière mise en demeure concerne la révélation, par cinq médias, que des personnes étaient cachées sur les lieux des prises d’otages de Dammartin-en-Goële ou de la porte de Vincennes. Ces « révélations » ont pu prendre des formes variées : information glissée à l’antenne par un journaliste, ou parfois par un témoin interrogé en direct, dont la parole ne pouvait être filtrée.Pour le CSA, ces mentions ont été « susceptibles de menacer gravement la sécurité des personnes retenues dans les lieux ». Les médias se voient donc incités à retenir ce type d’informations, mais aussi à réfléchir aux moyens de contrôler ce qui est dit à l’antenne – y compris par des non-journalistes – dans des situations de direct intégral, pour rester des garants actifs de l’information.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guillot C'est rarement la subtilité qui caractérise, d’ordinaire, les photos récompensées par le World Press, le prix le plus célèbre du photojournalisme : on y prime plutôt les effets spectaculaires, les sentiments exacerbés (douleur, tristesse), les actions fortes (bombardements, tueries, torture), l’hémoglobine… Y aurait-il comme une prise de conscience que ce genre d’images, certes très lisibles et efficaces, peut lasser ? Et qu’elles répondent rarement à la complexité des faits ?Comme pour répondre aux reproches faits depuis longtemps à cette imagerie répétitive et souvent pleine de clichés (riche/pauvre, victime/bourreau, mère à l'enfant ou « mater dolorosa »…), cette année, le World Press a décerné le titre de l'image de l'année à une photo sans action marquante, ni scène tragique. L'image de Mads Nissen, prise à Saint-Pétersbourg, montre un jeune couple homosexuel dans son intimité. Les poses, le clair-obscur et le décor (le drapé d'un rideau) font bien plus référence à la peinture hollandaise qu'à la photo de guerre. Les faits traités sont bien tragiques – la discrimination et la violence contre les homosexuels en Russie – mais ils sont illustrés par une image de tendresse et d’affection. « C'est une image très très subtile » a commenté Michelle McNally, présidente du jury, qui a qualifié la photo de « superbe scène ». Une photo qui montre non seulement le quotidien, mais qui a été prise dans un pays proche, pas sur le terrain d’une guerre lointaine. « C'est une chose qui manque souvent dans le photojournalisme, on a toujours l'impression qu'il faut chercher l'exotique », a commenté Donald Weber, autre membre du jury. Patrick Baz, de l’Agence France Presse, qui a également participé au jury, a insisté sur Twitter : « Ce prix parle d’amour et de haine, de paix et de guerre, et on n’a pas besoin de sang et de destructions pour décrire ça. »Lire aussi : le palmarès du World Press Photo 2015S'agirait-il d'une évolution durable ? Déjà, en 2014, le World Press avait récompensé une photo moins évidente que d'habitude, en évitant l’instant décisif et l’événement exceptionnel : on y voyait, dans une scène nocturne, des migrants lever leur téléphone portable en quête de réseau pour appeler leurs proches restés au pays. Le reste du temps, les photos de l’année du World Press font plutôt dans le spectaculaire. Les photos de sport particulièrement manipuléesAutre tendance forte en 2015 : la manipulation des images. Le jury, qui demande à tous les candidats présélectionnés d’envoyer les fichiers numériques « raw », c’est-à-dire avant toute retouche, pour les comparer avec les images soumises à la compétition, a eu des mots très durs sur la quantité de fichiers retouchés de façon excessive, et donc disqualifiés. Ce fut le cas d’une image sur cinq, soit 20 % !Le directeur général du World Press Photo, Lars Boering, a déclaré dans un communiqué : « Cette année, le jury a été très déçu de découvrir avec quelle légèreté les photographes ont traité leurs fichiers soumis à la compétition. Quand un élément a été ajouté ou retranché de l’image, cela nous a conduits à rejeter l’image en question. (...) Il semble que certains photographes ne peuvent résister à la tentation de rehausser leurs images soit en enlevant de petits détails pour “nettoyer” une image ou parfois à changer la tonalité de façon excessive, ce qui constitue un changement réel de l’image. Ces deux types de retouches compromettent l’intégrité de l’image. »Les retouches ont particulièrement affecté la section « sports », au point que le jury a renoncé à décerner le troisième prix de la catégorie « stories », faute de candidat « propre » (voir l’entretien de Lars Boering avec le British Journal of Photography, en anglais).Sens de l’image fausséUne tendance sur laquelle on peut émettre quelques hypothèses : peut-être le jury du World Press Photo est-il particulièrement sévère sur les retouches considérées comme « classiques » (couleurs réhaussées, ombres atténuées, etc.) ? On a du mal à le croire, vu que les membres sont issus de différents médias à travers le monde, avec des habitudes différentes.Ou alors peut-être les candidats au World Press ont-ils accentué les retouches dans l’espoir d’augmenter leurs chances d’être sélectionnés, sachant que le prix récompense des photos souvent parfaites techniquement ? Là encore, on peut en douter : ils savaient que leurs images seraient comparées aux fichiers originaux, et risquaient d’être disqualifiées car ces manipulations seraient considérées comme de la fraude.Ou enfin – hypothèse la plus probable, vu le nombre énorme d’images rejetées – les photographes ont pris l’habitude de retoucher leurs photos à un tel point et avec une telle facilité qu’ils ne semblent plus avoir conscience qu’ils faussent le sens de l’image. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter sur ce qui nous est donné à voir du monde aujourd’hui. Comme s’il fallait, pour qu’elles retiennent notre attention dans le flot visuel qui nous noie, des images toujours plus léchées, toujours plus parfaites, toujours plus spectaculaires. Des images qui ressemblent plus aux jeux vidéo qu’à la réalité.Lire aussi le post de blog : les photos retouchées du World PressClaire GuillotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a relevé 36 manquements aux règles de la communication audiovisuelle lors de la couverture que les radios et télévisions ont faite des attentats de Paris du 7 au 9 janvier.Il a émis 21 mises en demeure et 15 mises en garde, mais n’a pas prononcé de sanction. Les sanctions, juridiquement, ne peuvent intervenir sans mise en demeure préalable. Ces mises en demeure constituent donc une hypothèque pour les médias concernés, qui se verront sanctionnés s’ils réitèrent les mêmes manquements.Le CSA avait réuni les responsables radios et télévisions le 15 janvier et dit avoir tenu compte de cette « enquête contradictoire ».Selon le CSA, les faits qui ont justifié ces mises en garde et demeure sont les suivants :La diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes ;La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi ;La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes ;La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ;L’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes ;La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ;La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.La plupart des télévisions sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Six radios le sont également, parmi lesquelles France Info et France Inter. Le groupe Radio France a fait part jeudi soir de « sa surprise et de son étonnement » et « examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction », peut-on lire sur le site de France Info.Sept chaînes de télévision et six radios sont concernées par ces mises en garde ou demeure. Parmi elles, France Info et France Inter, qui comptent déposer un recours, peut-on lire sur le site de France Info. « Nous contestons cette mise en demeure, nous ne la comprenons pas », a réagi Erik Kervellec, directeur de la rédaction de France Info, évoquant une sanction « parfaitement injustifiée » : « ils nous reprochent en quelque sorte d’avoir fait notre métier, c’est à dire d’avoir dit : il se passe quelque-chose à Dammartin-en-Goële, il y a des coups de feu ».Attentats : 4 questions sur une couverture médiatique hors normesAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est une surprise. Le patron du groupe de télécoms Altice - SFR - Numericable, Patrick Drahi, et son associé, Marc Laufer, vont acquérir l'ensemble des magazines français que détient le groupe Roularta, soit le cinquième pôle français de presse magazine. Avec cette acquisition, les deux hommes, déjà co-actionnaires de Libération, prennent une place croissante dans le paysage médiatique français.Jeudi 12 février en fin de matinée, un communiqué de Roularta est venu confirmer ce que l'AFP puis Le Monde avaient annoncé. « Les négociations exclusives entamées par Roularta Media Group avec Monsieur Patrick Drahi associé à Monsieur Marc Laufer devraient permettre la cession de la totalité des activités de Roularta en France », selon ce texte. Jusqu'ici, le périmètre des négociations exclusives entre les deux parties, ouvertes le 8 janvier, ne portait que sur une partie des magazines, dont L'Express, mais aussi sur Mieux vivre votre argent, Lire, Classica, Pianiste, Studio Ciné Live, le site L'Entreprise, l'organisation de salons de recrutement Job Rencontres, le Salon du travail et de la mobilité, le salon Expolangues et le portail Distrijobs.De son côté, le groupe belge Roularta devait conserver son pôle Education (autour de L'Etudiant et de ses 80 salons), Point de vue, Histoire, Images du monde et son pôle Art de vivre, notamment avec le site cotemaisons.fr, les magazines Côté Sud, Côté Ouest, Côté Est, Côté Paris, ou encore Maison française Magazine, l'hebdo gratuit A Nous Paris et les mensuels gratuits A Nous Lille / Lyon / Marseille. Ces titres étaient également convoités par Le Figaro.Mais les lignes ont bougé ces derniers jours. Selon nos informations, les parties ont constaté que la partition du groupe serait difficile à mener et source de nombreuses complications. Outre son offre, supérieure à celle qu'aurait proposée le groupe Bolloré, Patrick Drahi se serait montré ouvert à une reprise globale du groupe Express Roularta, incluant le bail de l'immeuble de L'Express situé rue de Châteaudun à Paris.« La procédure de consultation du Comité d'Entreprise de Groupe Express Roularta (GER) devrait être entamée dans les plus brefs délais », assure le communiqué de Roularta. Jeudi matin, les délégués du personnel et syndicaux ont été informés. Des réunions d'information se sont également tenues dans les différents services.UN PRIX EVALUE A 50 A 70 MILLIONS D'EUROSPour le groupe belge, cette cession vient clore une décennie au bilan négatif. En 2006, Roularta avait déboursé plus de 210 millions d'euros pour acquérir ces magazines, puis 30 à 40 autres millions pour Point de vue. Las, en raison de la baisse des recettes publicitaires et des ventes, ce pôle s'est mis à accumuler des pertes récurrentes, que des plans sociaux à répétition n'ont pu entraver. En 2013, le groupe belge avait ainsi accusé une perte nette de 57,9 millions d'euros, principalement due à ses magazines français. Une première dépréciation d'une cinquantaine de millions d'euros avait été passée.Dès lors, la cession était devenu une option sérieuse et les rumeurs de vente se sont multipliées. Mais les discussions ont souvent achoppé sur le prix, Roularta refusant de brader son actif.Il est peu probable que le montant payé par MM. Drahi et Laufer soit divulgué. Roularta s'est contenté, dans son communiqué, de préciser qu'« en cas d'accord, Roularta tiendra compte dans ses comptes annuels 2014 d'une réduction de valeur, sur les activités françaises, estimée prudemment entre 140 et 150 millions d'euros. » Ajouté au montant de la première dépréciation, ce chiffre suggère que le prix final accepté par Roularta pourrait être compris entre 50 et 70 millions d'euros. RAPPROCHEMENT PROCHAIN AVEC « LIBÉRATION »Cette acquisition, quelques mois après la reprise de Libération, témoigne de l'appétit du propriétaire d'Altice et de son associé Marc Laufer, passé notamment par les groupes NRJ et NextRadioTV. Les deux hommes ont pour objectif la constitution d'un groupe de médias puissant et diversifié.Outre Libération et les magazines de Roularta, ce groupe doit inclure la chaîne d'information en continu i24news, lancée en Israël par Patrick Drahi, et le groupe de presse professionnelle NewsCo, créé par M. Laufer. Certains observateurs pointent l'hétérogénéité de ces titres, aux cultures éditoriales dissemblables. Mais les deux hommes avancent. Ils auraient choisi un nouveau nom pour leur groupe, Altice Media Group, et non plus Mag & NewsCo, comme initialement annoncé. Et bientôt, Libération pourrait être hébergé dans les locaux de L'Express.Ils ne sont pas pour autant attendus comme des sauveurs. Le 17 janvier, dans un communiqué, les rédactions s'étaient alarmées des négociations en cours, estimant que « la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs ». Le pôle des magazines français de Roularta comprend aujourd'hui 720 personnes environ, dont 330 journalistes, hors pigistes et CDD.Selon un journaliste contacté par Le Monde, le fait que la transaction porte finalement sur l'ensemble des titres était toutefois perçu, jeudi, comme un élément rassurant. « C'est plutôt une bonne nouvelle, a-t-il estimé. Le découpage du groupe nous paraissait irréaliste. Ce rachat global maintient la cohérence de nos titres et lève plusieurs ambiguités, notamment pour toutes les fonctions transversales. Cela dit, nous n'ignorons pas qu'un plan de départs reste plausible, car le groupe perd de l'argent et que Drahi et Laufer semblent intransigeants sur ce point. »  Les sociétés des journalistes de L'Express et de Libération ont également publié un communiqué conjoint, jeudi, selon lequel elles « veilleront au respect de leurs identités et de leurs indépendances respectives » et « insistent sur l'indispensable séparation des deux rédactions » pour « préserver les spécificités de ces deux journaux d'information générale à l'histoire et aux positions éditoriales singulières ». Elles formulent également plusieurs demandes relatives à l'indépendance éditoriale et à la gouvernance du futur groupe.Lire (édition abonnés) : Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.02.2015 à 10h16 • Mis à jour le11.02.2015 à 10h21 A deux mois du choix d'un nouveau président, le climat social se tend à France Télévisions, où les syndicats organisent depuis le 29 janvier des grèves quotidiennes contre un projet de réorganisation du travail, ont indiqué plusieurs dirigeants syndicaux.Les principaux syndicats déposent chaque jour, tour à tour, un préavis de grève de 24 heures. Des grèves partiellement suivies qui perturbent les antennes, mais pas assez pour que le téléspectateur s'en aperçoive, ont expliqué des délégués de FO et du SNJ. « Nous demandons l'abandon du projet de réorganisation qui bouleverse les conditions de travail, notamment celles des techniciens, et entraîne des pertes de rémunérations », a expliqué Eric Vial de FO.Ces changements d'horaires sont liés notamment au projet d'unification des rédactions nationales de France 2 et France 3, baptisé « Info 2015 ». Autre demande, l'arrêt de l'externalisation de certaines émissions, réalisées chez des sous-traitants. Des salariés se plaignent par exemple de pauses imposées en milieu de journée afin, selon eux, d'éviter de leur payer des heures supplémentaires, ce qui perturbe la fabrication des JT.APPLICATION « DÉLOYALE »« Il n'y a plus de dialogue social car les dirigeants du groupe font leurs cartons », a lancé Eric Vial, allusion au choix du prochain président de France Télévisions en avril par le CSA, alors que le mandat de Rémy Pflimlin vient à échéance. Des contestations se manifestent aussi dans le pôle France 3 Nord-est et à La Réunion, a-t-il ajouté.Depuis la signature d'un accord collectif en 2013, la direction prévoit d'unifier les conditions de travail entre les salariés de France 2 et France 3, afin notamment de réduire les coûts et mutualiser les moyens. Les syndicats dénoncent une application « déloyale » de l'accord, au point que la CFDT a décidé de « retirer sa signature », ont indiqué les syndicats. « Il n'y a plus de négociations, la direction attend que ça passe et ne prend plus de décision, instaurant un climat de fin de règne », a renchéri le délégué SNJ Serge Cimino, qui compte présenter sa candidature à la présidence.Côté direction, le DRH, Patrice Papet, a minimisé le conflit. « Les changements d'organisation génèrent des résistances chez une partie du personnel », mais la direction est « prête à faire des aménagements » et « fera des propositions », a-t-il dit. Quand au choix de la CFDT de retirer sa signature de l'accord collectif, « c'est un effet de manche », a-t-il jugé.Lire aussi : France Télévisions, le grand corps malade 11.02.2015 à 08h12 • Mis à jour le11.02.2015 à 09h08 La chaîne de télévision payante britannique Sky et l’opérateur téléphonique britannique BT (ex-British Telecom) se partageront les retransmissions des matches de la Premier League, le championnat de football anglais, pour les trois prochaines saisons (de 2016 à 2019). Et, pour ce faire, les deux entreprises ont cassé leur tirelire : elles ont accepté de débourser au total 5,2 milliards de livres (7 milliards d’euros) sur trois ans, soit une envolée de 68 % par rapport au contrat actuel.Les analystes s’attendaient à voir le total des droits partir pour 4 milliards de livres. L’envolée du prix du football anglais ne se dément donc pas.Sky, à elle seule, paie 4,2 milliards de livres (5,6 milliards d’euros). La chaîne a remporté cinq des sept lots aux enchères et diffusera 126 matches par saison, dont ceux du dimanche après-midi, avec des têtes d’affiche comme Manchester United et Arsenal.BT a remporté les enchères pour les deux lots restants, pour 960 millions de livres, et pourra diffuser 42 matches par saison.Pour le précédent contrat avec la Premier League en 2012, pour les saisons 2013 à 2016, le total des droits avait atteint 3 milliards de livres.BT en a payé le quart, ayant remporté deux des sept « packages » mis aux enchères, soit 38 matchs par saison. Sky détient le reste, soit 116 matchs par saison.L’inflation sans fin des droits du football anglaisCette inflation des prix est la conséquence de la guerre frontale entre Sky et BT. Le premier a fait du football son principal produit d’appel, avec les films. BT s’est, quant à lui, lancé dans la bataille en 2012. Le groupe a lancé ses propres chaînes de sport, intitulées BT Sport (elles ont commencé à diffuser à l’été 2013).Pour convaincre ses clients de s’abonner à son Internet haut débit, il leur offre – gratuitement – la retransmission des chaînes. Aujourd’hui, 1,9 million de téléspectateurs les regardent toutes les semaines. Près de 25 000 pubs se sont abonnés, plus que ceux qui ont choisi Sky.Lire aussi : Foot : les équipes anglaises, les plus riches au monde Gilles Paris (Washington, correspondant) Les honneurs se sont abattus sur Jon Stewart aussi sûrement que l’opprobre a plu sur Brian Williams. Par un hasard improbable, l’annonce, mardi 10 février, du départ prochain de l’animateur vedette de la chaîne américaine Comedy Central, après seize ans de présentation d’une parodie de journal télévisé, a coïncidé avec la mise à pied sans salaire, pour six mois, de l’anchorman – « présentateur » – de NBC, coupable d’avoir pris quelque liberté avec la vérité. Une gifle pour cet héritier de la lignée autrefois prestigieuse mais désormais en péril des présentateurs des grands-messes des débuts de soirée.Comme l’avait remarqué la chroniqueuse du New York Times, Maureen Dowd, dans sa colonne dominicale du 8 février transformée en missile Hellfire contre Brian Williams, le premier des deux, pilier d’un « Daily Show » nocturne satirique et déjanté qui s’est imposé pendant près de seize ans comme un quasi-bréviaire de contre-culture médiatique, n’a pas été pour rien dans les déboires de la chaîne du second. Il a été, il est vrai, grandement aidé par le développement des réseaux sociaux, prompts à construire un discours alternatif à celui dispensé par les grands networks et que son émission quotidienne n’a cessé d’alimenter en mêlant farce paillarde et dissection impitoyable des travers de la politique américaine.Brian Williams ne peut s’en prendre qu’à lui-même pour avoir embelli un épisode de sa couverture de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine en 2003 : avoir prétendu être à bord d’un hélicoptère contraint à un atterrissage d’urgence après avoir été touché par un tir de roquette RPG, et plus encore pour avoir cru qu’un demi-aveu permettrait de masquer son mensonge. Mais il aurait sans doute été en meilleure position si NBC n’avait à s’inquiéter des chiffres d’audience en berne de ses émissions phares, qu’il s’agisse du journal d’information du soir comme le rendez-vous hebdomadaire « Meet the Press ».La cible Fox NewsL’annonce du départ de Jon Stewart a sans doute ravi les conservateurs américains, régulièrement tournés en ridicule, même si l’animateur ne cache pas sa sympathie pour des francs-tireurs républicains de la stature d’un John McCain. En 2010, en pleine vague Tea Party, Jon Stewart et un autre animateur vedette de Comedy Central, Stephen Colbert, avaient réuni plus de 200 000 personnes à Washington lors d’un « rallye pour restaurer le bon sens ou la peur ». Ils égratignaient un rassemblement organisé plus tôt par un animateur vedette de la chaîne conservatrice Fox News, source inépuisable d’inspiration pour le « Daily Show ».Stephen Colbert était devenu vedette de son propre programme après avoir fait ses gammes comme bien d’autres auprès du maître du « Daily Show ». Son « Colbert Report » était une autre parodie de journal télévisé dans laquelle il incarnait un modèle de conservateur infatué et loufoque. Après avoir mis fin à l’aventure en décembre 2014, avec tous les hommages comme Jon Stewart mardi, Stephen Colbert prendra en mai la succession de l’humoriste David Letterman à la tête du « Late Show », l’inoxydable programme du soir de CBS.Jon Stewart avait déjà déserté le « Daily Show » pour réaliser, en 2014, un film dramatique, Rosewater, adapté de l’histoire du journaliste iranien Maziar Bahari. Ce dernier avait été emprisonné et torturé en Iran, après un entretien accordé au « Daily Show » dans le cadre de la réélection mouvementée du président Mahmoud Ahmadinejad. Mardi, ni Comedy Central ni Jon Stewart ne donnaient d’indications sur le tour que ce dernier entend donner à sa carrière.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard et Alexis Delcambre L’année 2015 sera, pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), celle d’un choix lourd : il doit en effet désigner le président de France Télévisions, entre le 22 avril et le 22 mai.Mais avant ces dates, le CSA affronte un dilemme, sur la procédure à suivre pour choisir ce président - ou cette présidente. Comment rendre le processus plus confidentiel, afin d’attirer les meilleurs candidats, sans pour autant le rendre opaque ?Des pistes sont envisagées, dont celle de ne pas publier le nom des candidats qui seront retenus pour être auditionnés. Autre point : que faire en cas d’égalité des votes, le Conseil comptant désormais huit membres, contre neuf lors de la procédure pour Radio France. Les différentes options sont désormais entre les mains des « sages » et le Conseil doit trancher, mercredi 4 février, cette question épineuse.Rassurer les candidats du privéDans ses vœux du 27 janvier, le président du CSA, Olivier Schrameck, a fait une discrète allusion à cette « procédure que nous aurons collectivement à adopter, compte tenu de l’expérience de la désignation du président de Radio France ». En clair, c’est une référence à un problème récurrent, ravivé à l’occasion de la procédure qui couronna finalement Mathieu Gallet, en 2014 : l’absence de candidats venus du secteur privé.Les profils des candidats à Radio France étaient presque tous issus de la sphère publique et n’occupant pas de poste équivalent dans des médias de taille comparable. Dans le cas de France Télévisions, ce débat est rallumé, notamment depuis que des rumeurs de presse ont évoqué des candidats potentiels issus de grands groupes privés (Christopher Baldelli de RTL, Rodolphe Belmer de Canal+ ou encore Denis Olivennes de Lagardère active), non confirmées.Pour attirer ce type de profil - si telle était l’intention du CSA -, il faudrait pouvoir leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi actuel dans l’hypothèse où leur candidature, une fois publique, n’aboutirait pas. Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires.Certains au CSA se demandent donc s’il n’est pas possible d’assurer aux candidats une plus grande confidentialité. Les solutions sont loin d’être évidentes, car la procédure est strictement encadrée par différents textes légaux. Ainsi, l’idée de mandater un membre du collège - son président ou un autre - pour présélectionner des candidats, un temps évoquée, ne tient pas. Elle se heurte notamment au principe de collégialité des décisions - sans parler de l’attachement des conseillers à leurs prérogatives. « Cela ne pourra pas de faire en petit comité dans un coin », prévient l’un d’eux.Prévenir les fuitesUne piste semble toutefois envisagée : celle de ne pas publier la « shortlist » des candidats qui auront été retenus pour être auditionnés par le collège. Lors de la sélection du président de Radio France, six profils avaient été retenus et leurs noms dévoilés par le CSA.Un autre levier intéresse au sein du CSA : le calendrier. Plus celui-ci est resserré, plus sera limité le risque de fuites dans la presse, pense-t-on.Ces options rencontrent toutefois encore des obstacles. D’abord, certains peuvent rétorquer que limiter la transparence sur le nom des candidats peut alimenter le soupçon de partialité sur une nomination très sensible. Ou celui d’une décision partisane, les patrons de l’audiovisuel public ayant été un temps choisis par le président de la République lui-même.À l’inverse, le choix de ne pas diffuser les noms retenus par le CSA pour audition peut sembler vain. « Dans tous les cas, le CSA ne pourra jamais garantir à un cadre de l’audiovisuel privé une confidentialité totale, tout simplement parce que la décision est collégiale », estime l’un d’eux.Le président Schrameck a plusieurs fois insisté sur l’importance de prévenir les fuites dans la presse. Si cette insistance a globalement porté ses fruits, elle n’a pas empêché un incident majeur, en novembre 2014, avec la publication dans la presse d’une version intermédiaire du bilan quadriennal de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.02.2015 à 10h24 • Mis à jour le03.02.2015 à 15h06 | Alain Beuve-Méry Suivre sa pente pourvu que cela soit en montant. Tel est le chemin qu’aimerait emprunter le marché de la musique enregistrée. Mais, après une année 2013 positive, la première après une décennie de crise, les comptes ont de nouveau viré au rouge en 2014. Le chiffre d’affaires de la musique en France a fléchi de 5,3 % pour atteindre 570,6 millions d’euros en 2014, contre 603,2 millions en 2013.Hors droits voisins perçus sur la diffusion sur les radios, sur les chaînes de télévision, dans les lieux publics et sur la copie privée qui s’élèvent à 112 millions d’euros, le recul atteint même 7 %, selon les chiffres rendus publics, mardi 3 janvier, par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP).Et pourtant, le SNEP qui représente les majors de la musique (Universal, Warner, Sony, etc.), soit 80 % du marché français, veut croire à une révolution des usages. La croissance du streaming (l’écoute de musique sans téléchargement) qui a progressé de 34 % en 2014 constitue, selon le syndicat, le prélude à un nouveau modèle économique prometteur. Le marché physique représente encore 71 % du marché. Son repli de 11 % en 2014, tout comme celui du téléchargement à l’acte (– 14 %) sont les deux facteurs qui expliquent la baisse généralisée de l’industrie du disque. Mais « quelque chose est en train de changer et nous assistons à une restructuration du marché autour du streaming », estime Guillaume Leblanc, délégué général du SNEP. « Le téléchargement s’effondre et le streaming monte en flèche, il y a bien un nouveau modèle qui est en train d’émerger », assure Thierry Chassagne, PDG de Warner Music France.De fait, en 2014, les courbes des revenus se sont inversées pour la première fois entre les deux modes d’écoute de musique dématérialisée en France. Le streaming a rapporté 73 millions d’euros en 2014 et représente 55 % du marché numérique, contre 40 % pour le téléchargement, avec une recette de 54 millions d’euros. Cette baisse traduit un essoufflement du modèle mis en place par Apple avec iTunes. La firme américaine qui a racheté, en mai 2014, Beats, pour 3 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros), entend d’ailleurs devenir un des acteurs majeurs du streaming musical en promouvant lui aussi la lecture en flux.16 % du marché total de la musiqueEn 2014, le marché numérique a progressé de 3,5 points pour atteindre 29 %. A lui seul, le streaming représente 16 % du marché total de la musique, alors que ce mode de consommation de la musique n’a que 7 ans et que ses principaux acteurs sur le marché français (Deezer, Spotify, Qobuz, etc.) sont encore en quête de notoriété auprès du grand public. Pour Yves Riesel, patron de Qobuz, « 2015 sera l’année ou le marché français va s’ouvrir à la concurrence » avec la fin programmée, en juillet, de l’offre liée entre Orange et Deezer.Le modèle de l’abonnement devrait à terme supplanter celui du téléchargement. Pour Pascal Nègre, le patron d’Universal Music France, « la musique est en train de connaître sa quatrième révolution numérique. Après la piraterie, les sonneries téléphoniques et le modèle iTunes, la musique change à nouveau de paradigme avec l’avènement du streaming qui consiste à payer pour un usage et non pour une possession », poursuit-il.Un chiffre traduit ce basculement : 12 milliards de titres ont été écoutés sur les plates-formes de streaming audio en 2014, contre 8,6 milliards l’année précédente, soit une progression de 40 %. Et cela n’inclut pas le visionnage de vidéos musicales sur YouTube ou Dailymotion. Avec près de 11 millions de streamers, c’est 16 % de la population française qui a basculé.Monétiser cette offreEn France, le nombre d’abonnés à un service de streaming audio a grimpé en un an de 1,44 million en 2013 à 2 millions en 2014. Mais, pour que le modèle devienne dominant et surtout rentable économiquement pour les majors comme pour les artistes, il faudrait arriver à 8 ou 10 millions d’abonnés payants.Le deuxième enjeu majeur pour le secteur est d’élever le consentement à payer des amateurs de musique qui se sont habitués pendant plus d’une décennie à écouter sans payer. « Il faut persuader le consommateur que, pour quelques euros de plus, ils auront accès à un service nettement supérieur », explique Stéphane Le Tavernier, PDG de Sony Music France et président du SNEP. L’offre légale en ligne comprend désormais 30 millions de titres, mais les enjeux à venir sont doubles : monétiser cette offre et assurer une meilleure segmentation du marché afin d’atteindre tous les publics.Bonne tenue de la production francophonePour l’année écoulée, les producteurs de musique affichent un deuxième motif de satisfaction, avec la bonne tenue de la production locale et francophone qui assure les trois quarts des revenus des maisons de disques (hors classique). Un chiffre en hausse de 6 % par rapport à 2012. Le nombre d’albums francophones commercialisés est en hausse de 17 % avec 242 albums contre 207 en 2013. En 2014, il y a eu 119 nouvelles signatures d’artistes contre 79 contrats rendus, ce qui fait un solde positif de 40 artistes.Malgré un marché qui s’est fortement restreint, les producteurs de musique dans les majors ou chez les indépendants ont de fait continué à développer de nouveaux artistes. Les dix albums les plus vendus en 2014 concernent des artistes produits localement et chantant en français, avec un mélange d’artistes confirmés Souchon, Voulzy, Julien Clerc Johnny Hallyday, mais aussi Stromae, Indila, Kendji Girac, Fauve, Christine & the Queens.Pour le marché français, 2014 a aussi vu l’achèvement de l’intégration d’EMI et de son principal label Parlophone, au sein de Warner Music France, avec les restructurations afférentes. C’est seulement à partir du printemps 2014 que la major s’est remise à produire des disques. Avec un marché stabilisé qui comprend désormais trois majors et des indépendants, mais surtout avec un modèle économique (le streaming) reposant sur un nouvel usage qui a le vent en poupe, les producteurs de musique espèrent enfin surmonter la révolution numérique qui leur a fait perdre 65 % de leur valeur, sur les quinze dernières années.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard Balles neuves pour la Coupe Davis. La fédération internationale de tennis a annoncé lundi 2 février la signature d’un partenariat avec la chaîne qatarie beIN Sports pour les droits télés et numériques de la Coupe Davis de tennis et de son pendant féminin la Fed Cup, les deux plus grandes compétitions de ce sport par équipes.Le contrat, dont le montant n’a pas été dévoilé, porte sur les sept prochaines saisons et démarre dès 2015. Dans un communiqué, la Fédération de tennis précise que ce partenariat à pour but « d’accroître l’exposition globale et la qualité de la couverture de la Coupe Davis et de la Fed Cup » aussi bien à la télévision que sur les réseaux numériques.En s’emparant des droits de la Coupe Davis, BeIN Sports poursuit son offensive dans l’univers de la petite balle jaune. La chaîne disposait déjà des droits du tournoi de Wimbledon, du Masters de Londres ou encore des principaux tournois du Masters 1000 (hors Monte-Carlo et Bercy).La Fed Cup et la Coupe Davis étaient jusqu’à présent diffusées sur Sport + (groupe Canal+) avec France Télévisions en relais pour tous les matches des équipes de France masculine et féminine.Comme pour d’autres sports (football, handball,…) la législation française en matière de droits sportifs précise en effet que si une équipe de France atteint les demi-finales, les matches doivent être diffusés en clair. Ce fut le cas récemment avec la demi-finale et la finale du championnat du monde de handball au Qatar.Le premier tour de Fed Cup, programmé les 7 et 8 février entre la France et l’Italie, sera diffusé sur France 4.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon C’est la fin d’un long calvaire pour Peter Greste. Après quatre cents jours de détention, dont un mois à l’isolement, le journaliste australien de la chaîne en langue anglaise Al-Jazira a été expulsé par les autorités égyptiennes. Dimanche 1er février, il s’est envolé pour Chypre. Peter Greste avait été condamné en juin 2014 avec deux autres journalistes de la chaîne, l’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy et l’Egyptien Baher Mohammed, à des peines de sept à dix ans de prison pour diffusion de « fausses informations » et soutien à une organisation terroriste, les Frères musulmans. Ils avaient été arrêtés lors d’une descente – filmée et diffusée à la télévision égyptienne – dans leurs chambres de l’hôtel Marriott, au Caire, le 29 décembre 2013.En expulsant Peter Greste, l’Egypte se débarrasse d’une affaire qui a terni son image à l’étranger. Leur procès a été dénoncé comme une farce par les organisations des droits de l’homme internationales. Les trois journalistes ont été pris en otages d’un différend politique entre l’Egypte et le Qatar autour de la chaîne que finance l’émirat et que l’Egypte accuse d’être le porte-voix des Frères musulmans. Ces derniers sont l’objet d’une sévère répression de la part des autorités depuis la destitution par l’armée du président islamiste, Mohammed Morsi, le 3 juillet 2013.Ils ont été soutenus par une importante campagne médiatique de la chaîne Al-Jazira et des médias du monde. Quant aux autorités australiennes, elles ont travaillé sans relâche pour obtenir la libération de leur ressortissant. Le Canada s’est également démené pour trouver une issue pour le sien, Mohammed Fahmy. Le président américain, Barack Obama a demandé à son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, d’user de la grâce présidentielle pour mettre un terme à leur emprisonnement, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2014. Le réchauffement des relations entre l’Egypte et le Qatar à la fin 2014 – et notamment la fermeture en décembre par le Qatar de sa chaîne égyptienne d’informations en continu Misr Moubasher – relancé l’espoir pour les trois hommes.Loi taillée sur mesureA plusieurs reprises, le raïs égyptien a confié à la presse qu’il aurait mieux valu expulser les journalistes pour épargner à l’Egypte cette mauvaise publicité. Au nom du respect de l’indépendance de la justice, il avait toutefois exclu d’interférer dans la procédure. La possibilité d’une grâce présidentielle, qu’il avait évoquée, était ainsi suspendue à la fin du procès en appel. Le 1er janvier, la Cour de cassation égyptienne a accepté l’appel. La décision, saluée unanimement, promettait toutefois les trois journalistes à de longs mois de détention dans l’attente du verdict. Les autorités égyptiennes ont finalement décidé de recourir dans le cas de Peter Greste à une loi taillée sur mesure, promulguée par décret présidentiel fin 2014, prévoyant l’expulsion de prévenus étrangers pour être rejugés ou pour purger leur peine dans leur pays.L’expulsion de M. Greste n’éteint pas la procédure. Conformément à la loi, s’il est condamné en appel, il devra purger en AUstralie. « Nous sommes heureux d’apprendre la libération de Peter Greste, mais on aurait espéré qu’il soit libéré parce qu’innocent, sur la base de lois normales, plutôt que grâce à une loi inconstitutionnelle », a estimé auprès des médias égyptiens Gamal Eid, le directeur du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme. Les défenseurs des droits de l’homme et les proches de MM. Fahmy et Mohammed craignent que les deux journalistes soient oubliés et laissés à leur triste sort. « Nous ne nous arrêterons pas tant que Baher et Mohammed n’auront pas retrouvé leur liberté aussi », a indiqué Mostapha Souag, le direction général d’Al-Jazira. « Les autorités égyptiennes ont le pouvoir de mettre un terme à cela proprement et c’est ce qu’elles doivent faire. » Peter Greste a promis, par la voix de son frère Andrew, qu’il se battrait pour ses collègues.L’Egypto-Canadien Mohammed Fahmy, qui souffre de complications de santé liées à une hépatite C, pourrait être expulsé vers le Canada, selon certaines sources. Il en a fait la demande début janvier. Des sources judiciaires estiment qu’il devra renoncer à sa citoyenneté égyptienne pour bénéficier de la même loi que Peter Greste, qui ne s’applique pas aux binationaux. « Pourquoi un être humain doit-il renoncer à sa citoyenneté pour être libéré de prison pour un crime qu’il n’a pas commis ? », ont questionné ses proches sur le compte Twitter qu’ils alimentent en son nom. Ils espèrent encore que le président Sissi lui offrira une alternative. Dans une lettre rendue publique le 1er février au matin, sa mère Wafa Abdel Hamid Bassiouni a imploré le président Sissi de lui accorder sa grâce, l’assurant de sa loyauté envers l’Egypte. Baher Mohammed ne dispose pour sa part d’autre issue que d’être innocenté ou gracié en appel.Le Caire revoit sa stratégie dans le SinaïLe président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé, dimanche 1er février, l’allocation de 1,3 milliard de dollars (1,145 milliard d’euros) à un programme de développement et de lutte antiterroriste dans le nord du Sinaï. Une nouvelle université consacrée au roi saoudien défunt Abdallah, parrain du Caire, y sera inaugurée. La veille, le chef de l’Etat avait annoncé la formation d’un commandement militaire unifié pour lutter contre l’insurrection djihadiste dans la péninsule désertique, sous les ordres du lieutenant-général Ossama Askar. Ces annonces font suite à l’attaque coordonnée de grande ampleur menée, jeudi, dans les villes d’Al-Arich, de Cheikh Zouweid et de Rafah par la province du Sinaï, la branche égyptienne de l’Etat islamique. Au moins 30 personnes, dont une majorité de militaires, ont été tuées dans ces attaques, qui ont fait une centaine de blessés.Hélène SallonInternationalSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.02.2015 à 20h13 • Mis à jour le03.02.2015 à 11h10 | Alexis Delcambre Plus de musique, un ancrage clair dans les cultures urbaines et une grille simplifiée : ce sont les ingrédients du nouveau Mouv’ qu’a lancé Radio France, lundi 2 février à 6 heures.Sous la direction de Bruno Laforestrie, ancien patron de la radio Generations, l’antenne promet de s’adapter « aux attentes musicales des 15-30 ans en se positionnant fortement sur le hip-hop et l’électro », et d’user d’un « ton inédit et singulier » en s’inspirant des « différentes formes d’expression de la rue, véritable vivier de talents et de langages ».« C’est une radio qui va parler le langage des jeunes et employer leurs codes », décrit Mathieu Gallet, PDG de Radio France. Un jeu sur la langue sera ainsi proposé : « Dictées dans la cité », en lointain hommage à Bernard Pivot. Les auditeurs pourront aussi prendre la parole en laissant un message sur le « Rapondeur ».Selon ses concepteurs, la musique revient au centre du projet : elle occupera 75 % du temps d’antenne, contre 50 % actuellement. La radio ambitionne de servir de tremplin à de jeunes talents dont la diffusion se fait actuellement sur les réseaux sociaux.Favoriser la circulation des contenusLa grille est simplifiée, avec des tranches de trois heures qui remplacent les multiples rendez-vous de la formule précédente. Points saillants : le « Good Morning Cefran » (6-9 heures), présenté par l’animateur Pascal Cefran ; « Mouv’Express » entre 12 et 16 heures ; et le magazine « 20#20 », présenté par Guillaume Tatu à 20 h 20, qui abordera « les grands problématiques de la jeunesse : marché du travail, drogue, sexualité… », selon M. Gallet.Sur Internet, une nouvelle version du site va être proposée. Surtout, Mouv’ – sa nouvelle appellation – favorisera la circulation de ses contenus, pour qu’ils puissent être facilement partageables sur les réseaux sociaux ou les grandes plates-formes comme YouTube.Cette relance du Mouv’– la troisième en trois ans – est censée répondre à l’échec actuel de la station. Créée il y a dix-huit ans, devenue au début des années 2000 une incarnation de « l’esprit rock », avant de s’égarer dans une succession de nouvelles formules, elle atteint péniblement 200 000 auditeurs cumulés, soit une part de marché inférieure à 0,5 %.C’est un problème pour un groupe qui veut en faire un canal de recrutement de nouveaux auditeurs et qui, par ailleurs, est désormais en situation déficitaire – avec 21 millions d’euros manquants au budget 2015. La direction de Radio France espère remonter à au moins 1 % de part d’audience d’ici à fin 2016 et assume que, dans le cas contraire, il faudra « revoir le modèle » – comprendre arrêter l’exploitation sur la bande FM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Le cliché est entêtant, largement partagé : un banquier travaille toujours beaucoup, est stressé et surtout ne pense qu’à la finance. Grand brun calme, à la voix posée, Bernard Mourad, lui, ne colle pas vraiment à la représentation que l’on se fait du financier classique. Encore moins à celle du spécialiste de chez Morgan Stanley qui a œuvré pour la victoire de Patrick Drahi, son client de toujours, dans le duel épique qui l’opposa, en avril 2014, à Martin Bouygues pour le rachat de SFR. Pourtant, c’était bien lui. Travaillant d’arrache-pied sur le financement et l’exécution de l’opération le jour, mais s’occupant à une toute autre activité la nuit : le développement et la promotion d’une application mobile, My SOS, un réseau social solidaire.Aujourd’hui, M. Mourad quitte Morgan Stanley, et vient d'être nommé à la tête de Mag & News Co, le groupe de presse constitué par Patrick Drahi. Et qui regroupe Libération, L'Express, la chaîne d'information basée en Israël i24, ainsi que les titres de Marc Laufer, comme 01net. Ce dernier va d’ailleurs devenir le directeur général du nouvel ensemble. Selon l’entourage de M. Drahi, Bernard Mourad devra gérer la stratégie du groupe, son développement à l’international, ainsi que les futures acquisitions et les relations institutionnelles.Deux romans, une appli, une pièce de théâtreUne tâche qui viendra s'ajouter à toutes les autres... Car Bernard Mourad ne peut se satisfaire d’une seule activité : après avoir publié déjà deux romans et avoir fait avancer son application mobile, sa nouvelle lubie nocturne consiste en l’écriture d’une pièce de théâtre. Un huis clos entre le président grec Georges Papandréou, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel au moment du référendum sur l’aide à la Grèce.Né à Beyrouth en 1975 d’un père libanais chrétien et d’une mère juive d’origine marocaine, M. Mourad aurait dû travailler dans la santé, grande spécialité de la famille : son père est cardiologue, son frère est un spécialiste reconnu de l’hypertension, sa sœur, enfin, est infirmière. Mais il a choisi la banque, et l’écriture, son autre grande passion.Il n’a que 2 ans quand sa mère décide de rapatrier ses enfants en France pour fuir la guerre civile qui fait rage au pays du cèdre. Son père reste, convaincu que des temps plus calmes vont revenir, et que sa famille pourra rentrer.Arrivé en France, il fréquente les meilleures écoles de la république. Lycée Buffon dans le 15e arrondissement, puis Sciences Po et HEC. C’est un stage dans la section télécoms et médias de la banque Morgan Stanley qui lui ouvre les portes de la prestigieuse institution. Il ne changera plus jamais de secteur.« Anges gardiens »Son histoire avec Patrick Drahi commence en 2004. A l’époque, le future nabab n’est pas encore très connu. Il souhaite racheter Noos pour constituer un groupe hexagonal spécialisé dans le câble. Bernard Mourad et Dexter Goei, actuel PDG d’Altice (la holding luxembourgeoise du milliardaire, mais à l’époque lui aussi banquier chez Morgan Stanley) le conseillent. Les trois hommes ne se quitteront plus. Les deux financiers accompagnent M. Drahi dans ses opérations européennes, mais aussi israéliennes.L’idée de lancer son application, M. Mourad l’a eue grâce à une anecdote racontée au passage par un ami. Dans un immeuble de la région parisienne, une vieille dame fait un malaise. Elle a à peine le temps de prévenir le SAMU et s’écroule. Arrivés 15 minutes après l’appel, les urgentistes n’ont pas le temps de la réanimer, elle est déjà morte d’un arrêt cardiaque. Or, son voisin avait son brevet de secouriste, et aurait pu pratiquer les premiers soins cruciaux en attendant le SAMU.Le banquier a alors l’idée de créer un réseau social solidaire dans lequel une partie des membres, appelés les « anges gardiens », pourraient indiquer leurs compétences médicales. Les autres, plutôt en besoin d’aides, renseignent leurs pathologies chroniques, leur groupe sanguin ou encore les coordonnées de leur médecin traitant. En cas de détresse, un seul clic sur l’appli, et tout le réseau d’anges gardiens est prévenu.MySOS existe sur iPhones et smartphones Android. Lancée fin 2013, l’appli bénéficie du soutien de la Fédération française de cardiologie et de la Croix rouge. Elle compte aujourd’hui plus de 100 000 membres en France. Et pourrait bientôt s’exporter dans d’autres pays.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.01.2015 à 15h56 • Mis à jour le02.02.2015 à 11h55 | Mattea Battaglia Tout est parti d’un courrier de lycéens reçu le 16 janvier, titré : « Nous ne sommes pas tous Charlie, nous sommes tous la Liberté ». Deux paragraphes plein de colère, celle des élèves de la 2de 216 du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), « indignés » du traitement que leur a réservé la presse, au lendemain des attentats des 7, 8 et 9 janvier. Le Monde avait été rencontrer des élèves de ce lycée général et technologique.A Saint-Denis : « On ne rigole pas avec la religion »Car ce qu’ont d’abord relayé les journaux, ce sont des propos d’élèves condamnant la tuerie de Charlie Hebdo… presque autant que les caricatures. Ou ce colis suspect retrouvé en salle des professeurs, le 9 janvier, portant la mention « Je ne suis pas Charlie ». De quoi « favoriser les amalgames et les stigmatisations de toutes sortes », redoute la 2de 216. « Les élèves interrogés, jeunes collégiens et lycéens, dans l’émotion ont parfois tenu des propos que nous avons trouvés inacceptables », soulignent les lycéens. Qui concluent : « Si certains d’entre nous n’adhèrent pas à certains choix éditoriaux de certains journaux satiriques, nous sommes tous convaincus qu’ils sont au fondement de la démocratie. »« Grande nervosité »L’émotion dépasse le cadre du lycée. Sur les réseaux sociaux, sur les forums de discussion entre enseignants ou parents d’élèves – et même dans des salles de profs, où l’ambiance nous a été décrite comme électrique –, l’image donnée de la Seine-Saint-Denis fait mal. Certains la jugent outrageusement caricaturée ; d’autres, au contraire, appellent à l’assumer. Tous éprouvent de la colère, à des degrés divers.« C’est comme si le département était l’endroit idéal où les journalistes vont pour trouver ce qu’ils cherchent, regrette le proviseur. Je ne dis pas qu’il est illégitime de venir ici quand on enquête sur les contestations de la minute de silence [recensées dans 200 établissements sur tout le territoire]. Mais pourquoi venir ici en premier ? Ou ici uniquement ? » Dans son lycée comptant 71 classes et 188 enseignants, la minute de recueillement, le 8 janvier à midi, n’a pas été contestée. « On a su entendre les questions des adolescents, explique M. Bobkiewicz. Certains professeurs étaient parfaitement armés pour y répondre, d’autres plus démunis… »Gabrielle Napoli, l’enseignante de lettres de la classe 216, raconte avoir « récupéré ses élèves, le mardi après les attentats, dans un état de grande nervosité ». Pour donner du sens à leurs réactions, cette professeure trentenaire a proposé de rassembler leurs idées au tableau, avant de les coucher sur le papier. « Ils répétaient : “C’est dégueulasse, c’est dégueulasse”... Je leur ai dit qu’ils avaient le droit de le dire, de l’exprimer. Que la liberté d’expression leur permet, justement, d’exercer leur droit de réponse. » « Trop cliché »Quinze jours après les faits, Ryan, assis au fond de la classe, a encore du mal à desserrer les dents. C’est lui qui, le premier, a vu passer l’article du Monde du 10 janvier titré « A Saint-Denis, collégiens et lycéens ne sont pas tous Charlie ». « Mon grand-père, qui lit votre journal, m’a demandé : “Mais qu’est ce qui se passe dans ton lycée ?” Madame, votre article, je l’ai lu, nous lance-t-il, et il est vraiment trop cliché ! » La critique fait l’unanimité dans la classe. Idem du sentiment que la presse ne dit « jamais rien de bien sur les banlieues », qu’elle « parle de nous comme de sauvages », que « tout le monde se moque du 9-3 ». Tous ignorent que nous avions consacré, au printemps 2014, un article sur la réussite au baccalauréat de leur établissement.« Quelle image on donne de nous, quand on fait un micro-trottoir, sans s’intéresser à la majorité silencieuse ? », interroge timidement Landri. Puis, prenant de l’assurance : « Etre Charlie ou ne pas être Charlie, c’est devenu une sorte de buzz, explique le garçon, et il n’y a pas d’échelle, pas de voie intermédiaire pour nous ».A sa droite, Edith approuve. Pour l’adolescente, les médias ont surtout fait fi de l’état de connaissance des élèves. « On dirait qu’il n’y a qu’un seul point de vue… Mais des camarades ont dit qu’ils n’étaient pas Charlie simplement parce qu’ils ne connaissaient pas Charlie Hebdo ; ça ne veut pas dire qu’ils cautionnent ce qui s’est passé… Nous, on pensait vraiment que les caricatures, c’était du blasphème, poursuit la jeune fille, mais Mme Nicoli nous a bien expliqué que non, parce que pour les caricaturistes Dieu n’existe pas. En fait, on a tout mélangé… »Le difficile débat sur la laïcitéRyan, lui, bout toujours au troisième rang. « Est-ce que vous, journaliste, vous trouvez que coller une conscience politique à des gamins, c’est normal ? Et pourquoi citer systématiquement la religion des élèves rencontrés, si vous être dans une démarche laïque ? » Pas facile, dans la classe, d’ouvrir le débat sur la laïcité. Laïcité ouverte ? Laïcité de combat ? Beaucoup d’élèves semblent penser qu’elle implique de taire leur foi. Chez Ryan, le ton vindicatif cache à peine sa détresse. « Ça veut dire quoi cette injonction de minute de silence ? Et pourquoi la faire à ce moment-là, et pas pour d’autres victimes, au Congo, en Palestine ? »Des 50 minutes d’échange avec la classe, ressort une défiance, douloureuse, à l’égard des médias. Presse écrite, chaînes d’information en continu, « 20 heures », réseaux sociaux… « On y trouve tout et n’importe quoi », reconnaissent les élèves. « Des sites parlent de complots, avec des preuves plus ou moins fiables, lâche Landri. On nous dit une chose à l’école, une autre sur Internet, une à droite, une à gauche, on ne sait plus qui croire. Et c’est souvent la dernière idée lue ou entendue qui l’emporte. » Kenza, un peu isolée, ne lui donne pas raison : « Il faut croiser tes sources, croire la version avec le plus de preuves ! »Quand sonne la fin du cours, la glace est à peine brisée. « Mais les échanges entre élèves, entre collègues, se sont poursuivis, et positivement », signale Gabrielle Napoli. Quelques jours plus tard, un second courrier nous est parvenu : celui d’une autre enseignante du lycée Paul-Eluard, nous demandant de venir visiter, avec sa classe, la rédaction du Monde. Signe que le dialogue n’est pas rompu.Mattea BattagliaJournaliste au Monde 29.01.2015 à 19h25 • Mis à jour le29.01.2015 à 23h38 A l'appel de l'intersyndicale de France Télévisions, un mouvement de grève de techniciens a perturbé, jeudi 29 janvier, le « 12/13 » de France 3 et le « 13 heures » de France 2, qui ont été réalisés depuis la régie, sur des plateaux plus réduits.Les JT du soir – « 19/20 » de France 3 et « 20 heures » de France 2 – devraient également être modifiés, selon la direction et les syndicats. La grève se terminera à minuit.RTT RÉDUITE ET SALLE DE MIXAGE SUPPRIMÉELe mouvement de grève a concerné, pour les éditions de la mi-journée, 20,5 % des effectifs, soit 41 grévistes sur les 200 techniciens concernés par l'appel à la grève, indique la direction de France Télévisions.Le conflit porte sur des projets de réorganisation interne concernant notamment les professions de monteurs et mixeurs. Les syndicats s'inquiètent également de la diminution des RTT et de la suppression d'une salle de mixage. « Il faut continuer à obtenir les gains d'efficacité que la construction de l'“entreprise unique” est censée produire », a affirmé en réponse la direction de France Télévisions.Lire aussi : Le CSA prépare un bilan sévère de la présidence Pflimlin à France Télévisions 07.02.2015 à 10h20 • Mis à jour le07.02.2015 à 18h05 | Alexandre Piquard « BuzzFeed s’est lancé en France sur le divertissement mais veut aujourd’hui passer à une nouvelle étape en se mettant aux news et à l’actualité. C’est pour cela que j’ai été embauchée. » Cécile Dehesdin résume ainsi le poste de rédactrice en chef française du site de contenu viral américain qu’elle occupera à partir du 24 février. La journaliste de 27 ans est chargée de recruter trois autres personnes pour porter l’équipe à six membres.Début novembre 2013, BuzzFeed avait choisi de se lancer en France avec une équipe ultra-légère : deux journalistes, l’une à Paris, l’autre à New York. Aujourd’hui sont recherchés deux profils de « viral news reporters », qui « prennent le Web comme terrain », explique Mme Dehesdin. On les veut plutôt généralistes, capables de repérer sur les réseaux sociaux des sujets politiques, de société, environnementaux… Est aussi envisagé un profil de journaliste plus spécialisé, par exemple sur les « minorités ». Cécile Dehesdin est une jeune journaliste Web à la trajectoire ascendante : titulaire d’un master de « journalisme numérique » à l’université de Columbia, aux Etats-Unis, elle a débuté au site d’informations Slate fin 2008, avant de connaître trois transferts : elle est passée à L’Express.fr comme « chef des infos », puis a été rappelée à Slate comme rédactrice en chef adjointe, en septembre 2014. Avant d’être débauchée par BuzzFeed.La « nouvelle étape » souhaitée par BuzzFeed peut être vue comme le signe que ses résultats en France sont décevants et que le lancement n’a pas été le succès escompté. Cécile Dehesdin estime, elle, que le bilan de l’édition française est plutôt bon, « sinon BuzzFeed ne chercherait pas à la développer ».Audience « doublée »La société américaine, non cotée en Bourse, donne peu de chiffres, mais se dit satisfaite d’avoir « doublé » son audience française, entre décembre 2013 et décembre 2014. Celle-ci reste modeste : selon Mediametrie-NetRatings, BuzzFeed a accueilli 649 000 visiteurs uniques en décembre 2014 et entre 400 000 et 500 000 de juillet à novembre. L’audience mobile est, elle, évaluée à 218 000 visiteurs uniques en novembre. En comparaison, les sites de buzz sous la marque française Melty rassemblent 2,1 millions de visiteurs uniques en décembre, le site Minutebuzz 1 million (mais atteint aussi 1 million sur mobiles). L’édition française du site d’information américain HuffingtonPost (dont Le Monde est actionnaire) est créditée de 3 millions de visiteurs uniques. Sans parler de concurrents comme Topito ou Ledemotivateur.En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignonsL’évolution de la stratégie de BuzzFeed en France est aussi le fruit de leçons apprises sur les goûts des lecteurs : « En France, les gens partagent assez peu les contenus divertissants, drôles, idiots ou mignons, comme les articles sur les chatons, résume Scott Lamb, le responsable du développement international. Sur les réseaux comme Facebook ou Twitter, ils ont un profil social plus sérieux que nos lecteurs américains. Les Français ont envie d’échanger sur l’actualité. » Et seraient aussi friands d’information internationale.Comme exemple de contenu réussi, M. Lamb cite le questionnaire comparant des citations de 50 Nuances de Grey (E. L. James, éd. JC Lattès) et du livre de l’ex-première dame Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment (Les Arènes). Cécile Dehesdin relève des billets « au regard ironique, voire absurde », comme « les citations d’Eric Zemmour transformées en posters pour les toilettes ».Pour la maison mère BuzzFeed, l’adaptation faite en France dénote un ajustement de sa stratégie de développement international, cruciale. Déjà présente dans six pays avec sept éditions internationales, BuzzFeed veut s’implanter dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Mais, contrairement aux lancements français ou allemand, s’y dotera d’emblée d’équipes locales. Aujourd’hui, 35 % à 40 % de l’audience de BuzzFeed vient de l’extérieur des Etats-Unis, détaille M. Lamb. Et 40 journalistes (sur 250) sont implantés en territoire américain.Débaucher des journalistesL’autre grand axe stratégique est la vidéo : 60 « éditeurs » sont déjà au travail dans les studios montés à Los Angeles. La production de vidéos maison est d’autant plus importante que BuzzFeed est financé à 100 % par la publicité et s’est fait une spécialité de publier du « contenu de marque », rédigé pour ou par les annonceurs, mais ambitionnant d’être aussi accrocheur que les articles de la rédaction. La même logique est appliquée à la vidéo.Depuis trois ans, aux Etats-Unis, BuzzFeed poursuit une politique ambitieuse de développement d’un contenu d’actualité, recrutant des journalistes de médias établis, sous l’impulsion de Ben Smith, venu du site d’information Politico. Un moyen de conquérir de nouveaux lecteurs et de faire évoluer son image.Le site est aussi connu pour son usage très poussé des « données » : afin d’indiquer à chaque rédacteur les statistiques d’un article sur BuzzFeed et les réseaux sociaux, ou bien de cibler sciemment une catégorie sociale, comme les « Latinos », sous-représentés dans le lectorat… Enfin, une équipe de six personnes est chargée de développer du contenu spécialement dédié aux réseaux sociaux émergents comme Pinterest, Vine, Twitter ou Instagram, raconte M. Lamb, tout en précisant « qu’il est encore tôt pour savoir l’ampleur que cette activité va prendre ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.02.2015 à 16h47 • Mis à jour le06.02.2015 à 17h15 | Alexis Delcambre La température monte d’un cran à Radio France. Quelques semaines après que le PDG, Mathieu Gallet, a annoncé un déficit de 21 millions d’euros pour 2015, cinq organisations syndicales ont lancé un appel à la grève, pour le mercredi 11 février.Mathieu Gallet veut préparer Radio France à des « choix structurants »Cet appel à la grève vise autant la direction de l’entreprise que l’Etat actionnaire, jugés coresponsables du « naufrage budgétaire » et de « la grande casse de Radio France qui s’annonce ».Dans un tract, le syndicat SUD fait notamment référence à des documents de travail de la direction. Ceux-ci évoquent un « plan d’économies [qui] consiste à trouver 50 millions d’euros » - une somme correspondant au déficit prévu en 2019.« Si ressources propres rapportent 10 ME, rationalisations, diffusions rapportent 15 ME, trouver 25 ME sur la masse salariale… », est-il écrit sur ces documents, selon le syndicat. Il cite également une mention d’« effectifs non opérationnels » à « identifier » et des « projets de mutualisation concernant les rédactions et les journalistes ».Probable plan de départsSelon nos informations, ce document serait issu d’un séminaire qui s’est tenu le mercredi 28 janvier à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, au niveau du « comité de direction élargi » (environ 65 cadres). Lors de ce séminaire, ces cadres ont planché sur les façons d’atteindre ce volume d’économies.À la direction de Radio France, on indique donc qu’il s’agit de « pistes de retour à l’équilibre » élaborées dans le cadre de la négociation du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) avec l’Etat. Ce COM doit encadrer la période 2015-2019 et la négociation doit s’achever fin mars.Au ministère de la culture, où l’intersyndicale de Radio France a été reçue il y a quelques jours, on confirme que le COM inclura l’objectif de retour à l’équilibre, mais on rappelle aussi que le budget de l’audiovisuel public a été stabilisé pour les trois ans à venir. La date du retour à l’équilibre fait encore partie des discussions.Une certitude : des économies sévères s’annoncent. M. Gallet n’a jamais caché sa volonté de développer de nouvelles sources de revenus - on parle d’exploitation du parking de la Maison de la radio, d’un restaurant, d’une librairie… Et il avait déjà évoqué, en janvier, une économie possible de 15 millions d’euros sur les coûts de diffusion, si Radio France cessait d’émettre en ondes moyennes et longues.Par contre, c’est la première fois qu’un chiffrage d’éventuelles mesures de départ sort. En interne, cela accrédite l’idée qu’un plan de départs est inéluctable. Dans les couloirs de la Maison de la radio, ces dernières semaines, cette perspective inquiète, tout comme les mutualisations engagées entre différentes équipes éditoriales, par exemple sur le sport.Malgré cette inquiétude, les syndicats ne sont pas sur la même ligne. FO et le SNJ n’appellent pas à la grève pour mercredi, jugeant que cette initiative vient trop tôt, alors qu’il n’y a pas eu d’annonces officielles. Et refusant d’affaiblir une opération prévue mercredi sur France Bleu, un mois après les manifestations du 11 janvier.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Damien Leloup On peut améliorer ses revenus tout en stagnant en nombre d’utilisateurs : c’est la leçon paradoxale administrée par Twitter à l’occasion de ses résultats de l’année 2014, présentés jeudi 5 février.Alors que de mauvais chiffres étaient attendus, le réseau social a rassuré les investisseurs. Son chiffre d’affaires a quasiment doublé entre 2013 et 2014. L’an dernier, Twitter a engendré 1,4 milliard de dollars (1,22 milliard d’euros) de revenus, et sa perte nette s’est réduite de 10 %, à 578 millions de dollars.Ces chiffres restent loin des 12,5 milliards de dollars engrangés en 2014 par Facebook, le leader du « social ». Mais ils témoignent d’une meilleure monétisation d’un réseau qui tarde à faire ses preuves dans ce domaine et dont le titre en Bourse a perdu 38 % en un an depuis son introduction, fin 2013. Pour 2015, Twitter annonce 2,30 à 2,35 milliards de dollars de chiffre d’affaires.Réintégrer les tweets à GoogleLa compagnie fondée en 2006 profite donc de l’explosion du marché de la publicité en ligne, et notamment sur mobile. Selon l’institut d’études eMarketer, sa part du marché de la publicité digitale mondiale a augmenté de 0,49 %, en 2013, à 0,84 %, en 2014 (contre 5,75 % et 7,75 % pour Facebook). Et sur le mobile, dont le marché a plus que doublé en 2014, la part de Twitter a atteint 2,56 %, contre 18,4 % pour le réseau de Marck Zuckerberg.Twitter a récemment multiplié les annonces pour crédibiliser ses efforts sur le front de la monétisation. Le 4 février, le réseau annonçait avoir conclu des accords pour diffuser ses publicités sur d’autres supports que Twitter, notamment Yahoo! et Flipboard. Un argument supplémentaire pour tenter de séduire les annonceurs.Jeudi 5 février, le PDG, Dick Costolo, a confirmé que Twitter et Google étaient parvenus à un accord. Selon l’agence Bloomberg, celui-ci vise à réintégrer les tweets dans les résultats de recherche de Google. Cet accord devrait booster le trafic enregistré sur Twitter, potentiellement exposé aux près de 2 milliards d’utilisateurs du moteur de recherche. M. Costolo n’a pas indiqué si une contrepartie financière, ou un accord de partage des revenus publicitaires, avait été conclue entre Google et Twitter.Ces initiatives viennent contrebalancer une réalité moins glorieuse pour Twitter : le ralentissement de la croissance de son nombre d’utilisateurs. Cette baisse a été prononcée au quatrième trimestre 2014, avec seulement 4 millions de nouveaux utilisateurs dans le monde, contre des progressions de 14, 16 puis 13 millions lors des trois trimestres précédents.Signes de nervositéTwitter dit attendre de meilleurs résultats en 2015 et rappelle qu’il a subi en fin d’année « un bug imprévu » dans l’intégration du réseau avec iOS8, la dernière version du système d’exploitation d’Apple. Le réseau a achevé 2014 avec 288 millions d’utilisateurs.Pour sa défense, le réseau invoque aussi « les plus de 500 millions de visiteurs qui viennent sur des sites de Twitter mais ne s’enregistrent pas » et « les centaines de milliards » de tweets repris automatiquement dans des bandeaux d’émissions de télévision ou des fenêtres dédiées sur des sites Internet tiers.Reste que ce ralentissement dans les recrutements intervient dans un contexte où l’entreprise multiplie les signes de nervosité. Dernier exemple, la publication cette semaine par le site américain The Verge d’un mémo interne dans lequel Dick Costolo ne mâche pas ses mots pour constater l’échec des mesures prises pour limiter les comportements agressifs sur le réseau social.« Notre manière de lutter contre le harcèlement et les trolls est nulle, et elle est nulle depuis des années (…), a écrit M. Costolo dans cette note et un e-mail envoyé aux salariés. Nous perdons des utilisateurs chaque jour parce que nous ne répondons pas de manière appropriée au trolling dont ils sont victimes chaque jour. »Ces derniers mois, plusieurs affaires de harcèlement de personnalités publiques avaient attiré les critiques contre Twitter, accusé de rester trop passif. Zelda Williams, la fille de Robin Williams, avait ainsi quitté le réseau social après avoir reçu de nombreux messages haineux liés au suicide de son père. Le vif débat qui a eu lieu fin 2014 sur le sexisme dans le milieu du jeu vidéo avait également vu la publication d’une multitude de messages de menace ou de harcèlement sur Twitter.En France, cet aveu d’échec pourrait trouver un écho particulier : des organisations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme protestent depuis plusieurs années contre la politique de modération de Twitter, jugeant que le réseau social est trop laxiste et estimant, pour certaines, que Twitter devrait censurer pro-activement certains mots-clés ou hashtags.Après les attentats qui ont frappé la France en janvier, le premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, ont également déclaré à plusieurs reprises, sans toutefois citer nommément Twitter, que les réseaux sociaux devaient être plus volontaristes dans la lutte contre la diffusion de contenus appelant à la haine.Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Un « amendement Charb » devait être voté jeudi 5 février au Sénat. En référence au défunt dessinateur et directeur de la publication du journal satirique, dont l’équipe a été décimée le 7 janvier. Le texte vise à favoriser l’actionnariat citoyen dans des titres de presse : concrètement, il propose aux particuliers de prendre une participation dans un journal avec une réduction d’impôt de 30 %, pour des investissements jusqu’à 2 000 euros. Le taux est porté à 50 % pour les entreprises de « presse solidaire », un statut créé pour les médias qui réinvestissent beaucoup et distribuent peu de dividendes.La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a décidé de déposer sa version de l’« amendement Charb » à la proposition de loi sur la modernisation de la presse du député socialiste Michel Françaix. Sa proposition vient après d’autres d’inspiration similaire, émanant de sénateurs : Pierre Laurent (PCF), David Assouline (PS) et François Commeinhes (UMP).Le débat sur le sujet est antérieur aux attentats de début janvier. « Charb et Charlie Hebdo nous avaient adressé une demande début décembre 2014, pour faire adopter un nouvel article de loi facilitant le financement par souscription des journaux », a ainsi raconté Pierre Laurent dans ses voeux du 12 janvier, faisant le « serment » de faire adopter un amendement.Le mécanisme s’inspire du crowdfundingDans la proposition de loi Françaix a d’abord été adopté le statut d’entreprise de « presse solidaire », en réponse notamment aux demandes du site d’information Mediapart. « L’amendement Charb » ajoute une incitation par la défiscalisation, réservée à ces titres (ou à ceux d’information politique et générale, à un taux moindre).Le mécanisme s’inspire du crowdfunding, du financement participatif, précise-t-on Rue de Valois. Il s’ajoute à l’autre dispositif ouvert aux particuliers qui souhaitent aider les médias : le fonds Presse et pluralisme. Ce dernier ne propose pas de devenir petit actionnaire mais de faire des dons, défiscalisés à 66 % (60 % pour les entreprises). Comme ceux collectés ces dernières semaines pour Charlie Hebdo. Enfin, le gouvernement promet toujours de réformer les aides à la presse. Celles destinées aux journaux à faibles ressources publicitaires sont par exemple réservées aux quotidiens (L’Huma, La Croix…) et excluent des titres comme Le Monde diplomatique ou Charlie Hebdo.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « C’est une question d’équilibre entre les principes de transparence, d’égalité et de protection », résume au Monde Olivier Schrameck, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Mercredi 4 février, l’autorité a présenté la méthodologie qu’elle a retenue pour la nomination du prochain président de France Télévisions, à laquelle elle doit procéder d’ici au 22 mai.Avec un changement de taille par rapport à la procédure appliquée lors de la nomination de Mathieu Gallet à la tête de Radio France, début 2014 : cette fois, « le Conseil établira une liste restreinte de candidats qu’il auditionnera », mais « cette liste sera rendue publique à la condition qu’aucun des candidats retenus ne s’y oppose auprès du président », selon le CSA.Il suffira donc qu’un seul des postulants à la succession de Rémy Pflimlin refuse que son nom soit rendu public pour que la liste entière reste secrète – une hypothèse hautement probable. Alors que dans le cas de Radio France, le CSA avait publié, avant les auditions, la liste des six candidats présélectionnés.Pourquoi ce changement de règles, au risque de réduire la transparence quant à une nomination sensible et souvent décrite comme politique, ou d’être taxé d’« opacité », comme l’a glissé à chaud au Monde, dès mercredi, un dirigeant du secteur audiovisuel ?C’est que le CSA a tiré les leçons de la procédure Radio France. « Dans l’ensemble, celle-ci a bien fonctionné, explique M. Schrameck. Mais force est de constater que les six candidats retenus pour les auditions étaient – à l’exception du président sortant et du président d’un syndicat de radios, le Sirti – soit des responsables publics, soit des personnes sans emploi. Or, le collège du CSA ne souhaitait pas adopter une procédure qui dissuaderait des candidats ayant des responsabilités dans le secteur privé. »Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires. Le CSA se doit de « choisir parmi les compétences les plus riches et les plus étendues », souligne son président, « sans courir le risque d’exclure une catégorie de candidats ». Enfin, il ne peut recourir à une présélection par un de ses membres, car au plan légal, « la procédure doit mettre tous les membres du collège dans la même situation ».Pour espérer attirer des profils variés, et notamment des dirigeants en poste dans de grands groupes privés, il faut donc leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi dans l’hypothèse où leur candidature n’aboutirait pas. Parmi les hauts cadres du secteur, seul Denis Olivennes (Lagardère Active) s’est à ce jour exprimé, pour assurer qu’il ne serait pas candidat.« Alchimie équilibrée »« A première vue, cette procédure me semble de nature à respecter l’anonymat des candidats qui souhaiteraient l’être, a commenté au Monde un dirigeant du secteur audiovisuel, qui préfère ne pas être cité. A deux réserves près : d’une part, le degré de confidentialité des huit membres du collège ; et d’autre part, l’après-désignation : n’y aura-t-il pas un moment où les langues se délieront ? » « C’est un progrès, a confirmé un autre. Mais la procédure oblige encore à faire acte de candidature. Et sa confidentialité repose sur l’étanchéité des huit membres du conseil… donc je ne suis pas sûr que ce soit si différent du passé. »Aucune procédure ne pourra en effet garantir l’absence de fuite dans la presse. Même si les huit membres du collège seront interdits de contacts – autres que les auditions – avec les candidats retenus à partir du 1er avril, date d’ouverture des enveloppes de candidature.« La procédure est contraire à la nécessaire publicité des projets des candidats retenus », dénonce sur Twitter Serge Cimino, reporter à France 3 et membre de la section SNJ (Syndicat national des journalistes) de France Télévisions, seul candidat déclaré à ce jour. Tout en reconnaissant qu’aucun texte n’oblige le CSA à diffuser les projets des candidats.Au Parlement, ces nouvelles dispositions semblent avoir convaincu, à droite comme à gauche. « Si le CSA estime qu’il vaut mieux que les noms ne soient pas connus, cela ne me choque pas », indique Franck Riester, député (UMP) et membre de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. « C’est une alchimie bien équilibrée, déclare de son côté Patrick Bloche, le président (PS) de cette commission, au Figaro. M. Schrameck ne pourra pas être accusé de mettre en place une procédure opaque. Et d’un autre côté (…), il ne se prive pas d’ouvrir le champ des compétences. » « Si on veut avoir des candidatures libres, il faut qu’elles soient libres de tous côtés », reconnaît, au Sénat, Jean-Pierre Leleux, membre (UMP) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.« Ce sera peut-être un poisson d’avril », plaisante l’actuel PDG, Rémy Pflimlin, en référence à la date d’ouverture des enveloppes. M. Pflimlin ne s’est pas encore prononcé sur sa propre candidature. Il se dit « au travail », loin de ces questions procédurales, et dans l’attente du rapport que le gouvernement doit publier, fin février, sur la redéfinition des missions de l’entreprise publique. Mercredi encore, le PDG était auditionné au Sénat dans le cadre d’une table ronde sur l’avenir de France Télévisions. L’occasion pour lui de défendre son bilan, mais aussi de plaider pour une indépendance renforcée et une plus grande « continuité » dans la gouvernance de l’entreprise. Sans préciser si cette continuité incluait à ses yeux l’identité de son président.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.02.2015 à 11h20 • Mis à jour le04.02.2015 à 17h19 | Guillaume Fraissard A la tête de France Médias Monde (FMM), qui regroupe les radios RFI, Monte Carlo Doualiya et les antennes de France 24, Marie-Christine Saragosse a un poste d’observation privilégié pour mesurer comment la France est perçue à l’étranger. Après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, elle revient sur le traitement des événements par les chaînes de l’audiovisuel extérieur français et sur leur place dans le paysage médiatique mondial.Comment les équipes de France Médias Monde ont-elles vécu la période qui a suivi les attentats ?Nos équipes ont été en première ligne pour voir que, dès le 7 janvier, Paris était devenue le centre du monde, qu’il y avait un véritable élan de solidarité dans de nombreux pays. Mais nous avons aussi vu sur les réseaux sociaux des attaques extrêmement violentes contre des journalistes arabophones de nos médias qui avaient dit « Je suis Charlie » et parlé de la laïcité et de la liberté d’expression. Cela a été très dur à vivre.Comment avez-vous géré le fait de montrer ou non la couverture de « Charlie Hebdo » ?Nous l’avons montrée, y compris sur nos antennes en langue arabe. Mais nous nous gardons bien de simplifier les choses. A l’étranger, certaines chaînes ont montré en boucle les images du policier assassiné à Paris, avec des plans arrêtés sur chaque scène de cet assassinat. En revanche, les caricatures étaient floutées. Nous avons fait le contraire. On a coupé la séquence de l’assassinat et montré la « une » de Charlie. Si nos antennes, présentes dans près de 300 millions de foyers dans le monde, ont aujourd’hui de bons résultats, c’est parce que nous racontons des choses différentes. Et il y a une vraie attente pour cela.Le thème de la laïcité est-il simple à aborder quand on s’adresse à un public mondial ?Nous avons passé du temps à réfléchir à ce sujet. Nous avons essayé de traduire ce mot, et ce n’est pas simple. Il faut parfois une périphrase pour l’expliquer !On s’appelle « France » mais nous sommes internationaux, et le dialogue ne peut pas être unilatéral. Nous sommes en permanence dans le débat d’idée. Après les attentats, nos journalistes, nos correspondants, sont intervenus dans soixante médias étrangers pour expliquer la France, éviter les simplifications et les analyses à la Fox News.Après l’onde de choc de ces attentats, la mission de France Médias Monde doit-elle évoluer ?C’est plutôt le regard sur l’audiovisuel extérieur qui doit changer. Nous savons depuis longtemps ce qui se passe ailleurs. Il y a un an, nous avons vécu dans notre chair ce qu’est le prix à payer pour défendre la liberté d’expression. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, nos deux journalistes de RFI, ont été tués au Mali. Des journalistes ont été violées, agressées sur la place Tahir, en Egypte. Il s’agissait d’actes délibérés. On a trop vite considéré que la liberté d’expression étant acquise en France, cela n’était plus un sujet ailleurs.La France a un rôle particulier dans le monde. Elle a une voix singulière, elle ne dit pas la même chose que les chaînes anglophones ou arabophones. Ce rôle apparaît aujourd’hui dans toute son ampleur.La place de France 24 et de son antenne en langue arabe pourrait-elle être renforcée en France ?La présence d’une chaîne de service public en langue arabe en France est une vraie question. Par rapport à d’autres médias arabophones, nous sommes les seuls à défendre une certaine vision du monde. Les pouvoirs publics ont déjà ouvert des espaces. Le débat n’est pas fermé, mais cette présence à un coût.Pendant les événements, France 24 en langue arabe a fait de gros pics d’audience sur le câble. Elle a surtout enregistré une durée d’écoute très longue. Cela signifie que les gens qui sont venus sont restés longtemps, notamment pendant les débats.Dans notre contrat d’objectif et de moyens actuel, il y a une ouverture pour que nous soyons présents en France dans certains endroits. Ainsi, France 24 a eu l’autorisation d’être reprise sur la TNT gratuite en Ile-de-France. Avec la relance de la radio numérique terrestre, je me dis aussi qu’il y a des choses à faire pour Monte Carlo Doualiya avec d’autres radios comme Beur FM ou Africa N°1 avec lesquelles nous avons beaucoup d’affinités.Comment vos chaînes sont-elles perçues à l’étranger ?Nous sommes un groupe de service public, et dans les pays où cette notion est la même que la nôtre, personne ne pense que nous sommes la voix du gouvernement. Pour des pays où c’est moins le cas, certains ont parfois du mal à réaliser que nous sommes indépendants. Pendant les événements en Côte d’Ivoire, il est arrivé que l’antenne soit coupée, parce que nous étions étiquetés « porte-parole de la France ».Mais nos téléspectateurs savent que nous sommes tout sauf des chaînes de propagande. Le slogan de RFI, c’est : « Les voix du monde. » Pas la voix de la France.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard et Alexis Delcambre L’année 2015 sera, pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), celle d’un choix lourd : il doit en effet désigner le président de France Télévisions, entre le 22 avril et le 22 mai.Mais avant ces dates, le CSA affronte un dilemme, sur la procédure à suivre pour choisir ce président - ou cette présidente. Comment rendre le processus plus confidentiel, afin d’attirer les meilleurs candidats, sans pour autant le rendre opaque ?Des pistes sont envisagées, dont celle de ne pas publier le nom des candidats qui seront retenus pour être auditionnés. Autre point : que faire en cas d’égalité des votes, le Conseil comptant désormais huit membres, contre neuf lors de la procédure pour Radio France. Les différentes options sont désormais entre les mains des « sages » et le Conseil doit trancher, mercredi 4 février, cette question épineuse.Rassurer les candidats du privéDans ses vœux du 27 janvier, le président du CSA, Olivier Schrameck, a fait une discrète allusion à cette « procédure que nous aurons collectivement à adopter, compte tenu de l’expérience de la désignation du président de Radio France ». En clair, c’est une référence à un problème récurrent, ravivé à l’occasion de la procédure qui couronna finalement Mathieu Gallet, en 2014 : l’absence de candidats venus du secteur privé.Les profils des candidats à Radio France étaient presque tous issus de la sphère publique et n’occupant pas de poste équivalent dans des médias de taille comparable. Dans le cas de France Télévisions, ce débat est rallumé, notamment depuis que des rumeurs de presse ont évoqué des candidats potentiels issus de grands groupes privés (Christopher Baldelli de RTL, Rodolphe Belmer de Canal+ ou encore Denis Olivennes de Lagardère active), non confirmées.Pour attirer ce type de profil - si telle était l’intention du CSA -, il faudrait pouvoir leur assurer qu’ils ne courent pas le risque de perdre leur emploi actuel dans l’hypothèse où leur candidature, une fois publique, n’aboutirait pas. Le cas d’Alexandre Bompard, qui avait dû quitter Europe 1 après avoir été sollicité pour présider France Télévisions en 2010, reste dans les mémoires.Certains au CSA se demandent donc s’il n’est pas possible d’assurer aux candidats une plus grande confidentialité. Les solutions sont loin d’être évidentes, car la procédure est strictement encadrée par différents textes légaux. Ainsi, l’idée de mandater un membre du collège - son président ou un autre - pour présélectionner des candidats, un temps évoquée, ne tient pas. Elle se heurte notamment au principe de collégialité des décisions - sans parler de l’attachement des conseillers à leurs prérogatives. « Cela ne pourra pas de faire en petit comité dans un coin », prévient l’un d’eux.Prévenir les fuitesUne piste semble toutefois envisagée : celle de ne pas publier la « shortlist » des candidats qui auront été retenus pour être auditionnés par le collège. Lors de la sélection du président de Radio France, six profils avaient été retenus et leurs noms dévoilés par le CSA.Un autre levier intéresse au sein du CSA : le calendrier. Plus celui-ci est resserré, plus sera limité le risque de fuites dans la presse, pense-t-on.Ces options rencontrent toutefois encore des obstacles. D’abord, certains peuvent rétorquer que limiter la transparence sur le nom des candidats peut alimenter le soupçon de partialité sur une nomination très sensible. Ou celui d’une décision partisane, les patrons de l’audiovisuel public ayant été un temps choisis par le président de la République lui-même.À l’inverse, le choix de ne pas diffuser les noms retenus par le CSA pour audition peut sembler vain. « Dans tous les cas, le CSA ne pourra jamais garantir à un cadre de l’audiovisuel privé une confidentialité totale, tout simplement parce que la décision est collégiale », estime l’un d’eux.Le président Schrameck a plusieurs fois insisté sur l’importance de prévenir les fuites dans la presse. Si cette insistance a globalement porté ses fruits, elle n’a pas empêché un incident majeur, en novembre 2014, avec la publication dans la presse d’une version intermédiaire du bilan quadriennal de France Télévisions.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.02.2015 à 10h24 • Mis à jour le03.02.2015 à 15h06 | Alain Beuve-Méry Suivre sa pente pourvu que cela soit en montant. Tel est le chemin qu’aimerait emprunter le marché de la musique enregistrée. Mais, après une année 2013 positive, la première après une décennie de crise, les comptes ont de nouveau viré au rouge en 2014. Le chiffre d’affaires de la musique en France a fléchi de 5,3 % pour atteindre 570,6 millions d’euros en 2014, contre 603,2 millions en 2013.Hors droits voisins perçus sur la diffusion sur les radios, sur les chaînes de télévision, dans les lieux publics et sur la copie privée qui s’élèvent à 112 millions d’euros, le recul atteint même 7 %, selon les chiffres rendus publics, mardi 3 janvier, par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP).Et pourtant, le SNEP qui représente les majors de la musique (Universal, Warner, Sony, etc.), soit 80 % du marché français, veut croire à une révolution des usages. La croissance du streaming (l’écoute de musique sans téléchargement) qui a progressé de 34 % en 2014 constitue, selon le syndicat, le prélude à un nouveau modèle économique prometteur. Le marché physique représente encore 71 % du marché. Son repli de 11 % en 2014, tout comme celui du téléchargement à l’acte (– 14 %) sont les deux facteurs qui expliquent la baisse généralisée de l’industrie du disque. Mais « quelque chose est en train de changer et nous assistons à une restructuration du marché autour du streaming », estime Guillaume Leblanc, délégué général du SNEP. « Le téléchargement s’effondre et le streaming monte en flèche, il y a bien un nouveau modèle qui est en train d’émerger », assure Thierry Chassagne, PDG de Warner Music France.De fait, en 2014, les courbes des revenus se sont inversées pour la première fois entre les deux modes d’écoute de musique dématérialisée en France. Le streaming a rapporté 73 millions d’euros en 2014 et représente 55 % du marché numérique, contre 40 % pour le téléchargement, avec une recette de 54 millions d’euros. Cette baisse traduit un essoufflement du modèle mis en place par Apple avec iTunes. La firme américaine qui a racheté, en mai 2014, Beats, pour 3 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros), entend d’ailleurs devenir un des acteurs majeurs du streaming musical en promouvant lui aussi la lecture en flux.16 % du marché total de la musiqueEn 2014, le marché numérique a progressé de 3,5 points pour atteindre 29 %. A lui seul, le streaming représente 16 % du marché total de la musique, alors que ce mode de consommation de la musique n’a que 7 ans et que ses principaux acteurs sur le marché français (Deezer, Spotify, Qobuz, etc.) sont encore en quête de notoriété auprès du grand public. Pour Yves Riesel, patron de Qobuz, « 2015 sera l’année ou le marché français va s’ouvrir à la concurrence » avec la fin programmée, en juillet, de l’offre liée entre Orange et Deezer.Le modèle de l’abonnement devrait à terme supplanter celui du téléchargement. Pour Pascal Nègre, le patron d’Universal Music France, « la musique est en train de connaître sa quatrième révolution numérique. Après la piraterie, les sonneries téléphoniques et le modèle iTunes, la musique change à nouveau de paradigme avec l’avènement du streaming qui consiste à payer pour un usage et non pour une possession », poursuit-il.Un chiffre traduit ce basculement : 12 milliards de titres ont été écoutés sur les plates-formes de streaming audio en 2014, contre 8,6 milliards l’année précédente, soit une progression de 40 %. Et cela n’inclut pas le visionnage de vidéos musicales sur YouTube ou Dailymotion. Avec près de 11 millions de streamers, c’est 16 % de la population française qui a basculé.Monétiser cette offreEn France, le nombre d’abonnés à un service de streaming audio a grimpé en un an de 1,44 million en 2013 à 2 millions en 2014. Mais, pour que le modèle devienne dominant et surtout rentable économiquement pour les majors comme pour les artistes, il faudrait arriver à 8 ou 10 millions d’abonnés payants.Le deuxième enjeu majeur pour le secteur est d’élever le consentement à payer des amateurs de musique qui se sont habitués pendant plus d’une décennie à écouter sans payer. « Il faut persuader le consommateur que, pour quelques euros de plus, ils auront accès à un service nettement supérieur », explique Stéphane Le Tavernier, PDG de Sony Music France et président du SNEP. L’offre légale en ligne comprend désormais 30 millions de titres, mais les enjeux à venir sont doubles : monétiser cette offre et assurer une meilleure segmentation du marché afin d’atteindre tous les publics.Bonne tenue de la production francophonePour l’année écoulée, les producteurs de musique affichent un deuxième motif de satisfaction, avec la bonne tenue de la production locale et francophone qui assure les trois quarts des revenus des maisons de disques (hors classique). Un chiffre en hausse de 6 % par rapport à 2012. Le nombre d’albums francophones commercialisés est en hausse de 17 % avec 242 albums contre 207 en 2013. En 2014, il y a eu 119 nouvelles signatures d’artistes contre 79 contrats rendus, ce qui fait un solde positif de 40 artistes.Malgré un marché qui s’est fortement restreint, les producteurs de musique dans les majors ou chez les indépendants ont de fait continué à développer de nouveaux artistes. Les dix albums les plus vendus en 2014 concernent des artistes produits localement et chantant en français, avec un mélange d’artistes confirmés Souchon, Voulzy, Julien Clerc Johnny Hallyday, mais aussi Stromae, Indila, Kendji Girac, Fauve, Christine & the Queens.Pour le marché français, 2014 a aussi vu l’achèvement de l’intégration d’EMI et de son principal label Parlophone, au sein de Warner Music France, avec les restructurations afférentes. C’est seulement à partir du printemps 2014 que la major s’est remise à produire des disques. Avec un marché stabilisé qui comprend désormais trois majors et des indépendants, mais surtout avec un modèle économique (le streaming) reposant sur un nouvel usage qui a le vent en poupe, les producteurs de musique espèrent enfin surmonter la révolution numérique qui leur a fait perdre 65 % de leur valeur, sur les quinze dernières années.Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard Balles neuves pour la Coupe Davis. La fédération internationale de tennis a annoncé lundi 2 février la signature d’un partenariat avec la chaîne qatarie beIN Sports pour les droits télés et numériques de la Coupe Davis de tennis et de son pendant féminin la Fed Cup, les deux plus grandes compétitions de ce sport par équipes.Le contrat, dont le montant n’a pas été dévoilé, porte sur les sept prochaines saisons et démarre dès 2015. Dans un communiqué, la Fédération de tennis précise que ce partenariat à pour but « d’accroître l’exposition globale et la qualité de la couverture de la Coupe Davis et de la Fed Cup » aussi bien à la télévision que sur les réseaux numériques.En s’emparant des droits de la Coupe Davis, BeIN Sports poursuit son offensive dans l’univers de la petite balle jaune. La chaîne disposait déjà des droits du tournoi de Wimbledon, du Masters de Londres ou encore des principaux tournois du Masters 1000 (hors Monte-Carlo et Bercy).La Fed Cup et la Coupe Davis étaient jusqu’à présent diffusées sur Sport + (groupe Canal+) avec France Télévisions en relais pour tous les matches des équipes de France masculine et féminine.Comme pour d’autres sports (football, handball,…) la législation française en matière de droits sportifs précise en effet que si une équipe de France atteint les demi-finales, les matches doivent être diffusés en clair. Ce fut le cas récemment avec la demi-finale et la finale du championnat du monde de handball au Qatar.Le premier tour de Fed Cup, programmé les 7 et 8 février entre la France et l’Italie, sera diffusé sur France 4.Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard De prime abord, c’est l’histoire d’un site de geeks installés dans le Cantal, qui se voient forcés de déménager à Paris suite à son rachat par un grand groupe. Un tiers de l’équipe refuse et se fait licencier. Plus rien ne sera plus comme avant.La réalité est toutefois un peu plus nuancée. Jeuxvideo.com est un leader européen dans son domaine. Webedia, qui l’a racheté 90 millions d’euros à l’été 2014, a proposé aux 48 salariés de quitter leur siège d’Aurillac, contre compensation. Pour l’heure, 17 d’entre eux ne souhaitent pas partir, selon la direction, et ce chiffre pourrait être légèrement supérieur au final. Webedia précise que la consultation du personnel reste ouverte jusqu’au vendredi 30 janvier. Et expose ses arguments.Ces salariés pro-Aurillac devraient effectivement faire l’objet d’un licenciement économique. Toutefois, selon Guillaume Multrier, directeur général et fondateur de Webedia, le déménagement n’est pas encore formellement confirmé et des options restent ouvertes, comme un déménagement partiel ou le télétravail. Une partie de l’équipe technique pourrait rejoindre d’autres techniciens de Webedia à Toulouse. En compensation sont proposées des hausses de salaire, la prise en charge du déménagement et de déplacements pour revenir à Aurillac, précise la direction. Qui promet que les départs seront remplacés.Recherche de synergies« Dans l’équipe, les avis sont partagés et certains étaient très demandeurs de partir d’Aurillac », raconte M. Multrier : la rédaction - un tiers des effectifs - est majoritairement partante, ajoute-t-il, et les refus émanent davantage des fonctions techniques et support (comptabilité, ressources humaines…), soit des domaines où retrouver un emploi est selon lui plus facile que pour des journalistes spécialisés.Sur le fond, Webedia espère des synergies en déplaçant JeuxVideo.com dans l’immeuble parisien où sont déjà installés ses autres sites thématiques : AlloCiné (cinéma), Purepeople, Puremédias, 750gr (cuisine) ou d’autres sites de jeu vidéo, plus modestes en taille. L’administrateur système de Jeuxvidéo.com va devenir celui de Webedia, selon M. Multrier, et le site peut aussi faire bénéficier le groupe de ses développements de lecteurs vidéo. À l’inverse, « JV. com » pourrait utiliser les futurs outils de publication web de Webedia.Lire : Le gros appétit de Webedia pour les jeux vidéoL’acheteur de Jeuxvideo.com assume enfin de vouloir faire sortir l’équipe d’une forme d’« autarcie ». « À Paris, la rédaction sera plus près des éditeurs de jeux vidéos et des acteurs du secteur. Elle s’est parfois vu reprocher de vivre un peu dans son coin, sans aller beaucoup sur les salons professionnels », explique M. Multrier. N’était-ce pas un signe d’indépendance ? Le directeur général de Webedia entend l’argument mais le juge insuffisant.Leader depuis le CantalCet argumentaire laisse quelqu’un de marbre : Sébastien Pissavy, le cofondateur de Jeuxvideo.com, créé en 1997 et devenu en quelques années le premier site français du domaine, notamment grâce à ses forums. Ces derniers sont devenus des lieux de discussion de lycéens et de 18-25 ans sur tous types de sujets, dont ceux du baccalauréat, qui seront fuités sur le site en 2011. « Ca a déclenché un tollé et le site s’est retrouvé d’un coup dans l’actualité », se rappelle en souriant celui qui a quitté l’entreprise en 2012 et revendu ses 10 % restants en 2014.« Je me suis battu pour que Jeuxvideo.com s’installe au départ à Aurillac, raconte Sébastien Pissavy, qui s’avoue un peu « chauvin » et a convaincu les deux autres fondateurs, grenoblois et toulousain, de s’implanter dans sa région natale. Cela n’a pas nui à la performance du site, qui est devenu leader en Europe et numéro trois mondial… »Webedia est dans une logique plus « financière », que les deux précédents actionnaires de Jeuxvidéo.com - Gameloft qui l’a racheté en 2000, puis Hi-média en 2006 -, déplore M. Pissavy, qui voit dans les licenciements une « perte d’expérience ». « Les synergies peuvent aussi exister à distance », rétorque aussi cet informaticien de formation. Quant à la lutte contre « l’autarcie » de la rédaction, il « espère qu’il ne s’agit pas de la rapprocher de la régie publicitaire ».« Ce n’est qu’un rapprochement physique »Interrogé, un rédacteur de Jeuxvidéo.com « comprend la réaction » du fondateur, qui en a fait le succès et « a toujours veillé à l’identité familiale, voire campagnarde » du site. Employé à Aurillac depuis près de 10 ans, ce journaliste a pourtant décidé d’aller à Paris chez Webedia. Il précise qu’à la rédaction, trois personnes sont du Cantal, les autres venant de Brest, Châteaudun, Limoges, Paris… Ceux qui ne veulent pas quitter Aurillac ne le peuvent souvent pas, parce qu’ils y ont leur famille, leur maison, voire un cheval, explique-t-il.L’autarcie, ce rédacteur ne la ressent pas mais être à Aurillac pose parfois des problèmes « logistiques », quand il fallait aller à Paris ou à un salon à l’étranger. De plus, la web télévision du site, Gaming live, est installée à Paris.« On n’est pas fermés sur nous-mêmes, on rencontre les éditeurs de jeux », raconte ce salarié. Il comprend les inquiétudes sur l’indépendance du site, notamment formulées sur les forums par « notre lectorat super fidèle ». « Le rapprochement avec le groupe ou le secteur du jeu vidéo, ce n’est qu’un rapprochement physique, pas un changement de notre façon de travailler », pense-t-il.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.01.2015 à 18h13 • Mis à jour le26.01.2015 à 18h30 | Alexandre Piquard Les acteurs du monde de la publicité s’opposent depuis de longs mois sur les règles du jeu à suivre sur Internet. Et ils ont eu la surprise de découvrir qu’un amendement à la « loi Macron », voté par les députés en commission le 16 janvier, apporte un début de réponse au débat : il soumet le numérique aux principes de la « loi Sapin », rédigée en 1993 pour imposer au secteur publicitaire une obligation de transparence.Lire : Dans la publicité, Internet bouscule frontière entre agences médias et régies« Ce secteur était avant 1993 caractérisé par une grande opacité, peu favorable à une bonne allocation des ressources », a expliqué François Brottes, auteur de l’amendement (relevé par la Correspondance de la presse) et président de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de la loi pour la croissance et l’activité du ministre de l’économie, Emmanuel Macron.Avec l’essor du numérique, cette opacité s’est redéveloppée et il y a dans le secteur un problème d’éthique, selon les annonceurs : « Le grand principe de la loi Sapin, c’est qu’on ne doit pas confondre l’achat et la revente. On ne peut donc pas faire les deux à la fois et être un grossiste, comme l’étaient les grandes centrales d’achat avant 1993 », explique Pierre-Jean Bozo, directeur général de l’Union des annonceurs (UDA).Les acteurs doivent donc choisir : les agences médias achètent des espaces pour le compte des annonceurs et les régies en vendent pour le compte des médias.Sur 100 euros, 40 vont aux médias, 60 aux intermédiairesSelon l’UDA, une part du conseil média sur Internet n’est pas neutre et certains acteurs achètent des espaces aux régies pour ensuite les revendre aux annonceurs... sans transparence sur les prix, ce qui ne permet pas à l’annonceur de vérifier que son argent a été dépensé au mieux.L’UDA estime que 10 % à 15 % du marché de la publicité en ligne est concerné. Au niveau européen, elle cite une étude selon laquelle sur 100 euros dépensés par un annonceur, seuls 40 vont aux médias, 60 revenant aux divers intermédiaires.Avec l’amendement inséré dans la loi Macron, les annonceurs ont-ils donc gagné sur toute la ligne ? Ce n’est pas si simple, tant le sujet est complexe et la querelle profonde.D’abord, Emmanuel Macron, en séance, a demandé que soit prise en compte la concertation en cours auprès de tous les acteurs du secteur, dans le cadre du projet de loi numérique de la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire, qui devait en principe couvrir ce sujet.Le ministre a fait préciser dans l’amendement que les modalités de « reporting » aux annonceurs seraient précisés plus tard, par décret en conseil d’Etat : il s’agit de la transmission d’informations que l’agence média est tenue de faire à l’annonceur : par exemple sur le prix d’achat des espaces à la régie.Cette subtilité fait dire aux agences médias, que si on en reste là, l’amendement adopté « enfonce une porte ouverte » : la vraie question est, selon elles, de reconnaître un nouveau « statut d’acheteur-revendeur qui existe dans la vraie vie mais n’est pas défini pour la publicité numérique », explique Bertrand Beaudichon, vice-président délégué de l’Udecam. Ce type d’acteurs n’est pas reconnu par la loi Sapin.L’émergence de « transformateurs d’espace »Deux innovations ont bousculé le marché : la collecte de données sur le profil sociologique et l’historique de navigation des internautes, mais aussi l’automatisation de la vente d’espaces publicitaires sur de grandes plateformes « programmatiques », également appelées « trading desks ».Certains acteurs sont donc devenus des « transformateurs d’espace », argumente M. Beaudichon : ils achètent des espaces, y ajoutent des données puis les revendent dans une prestation globale.C’est le cas des « retargeteurs », spécialistes du ciblage des internautes en fonction de leur comportement, selon le vice-président délégué de l’Udecam, mais aussi des filiales de trading-desks créés par des agences médias.Ces dernières peuvent ainsi communiquer à un annonceur le prix d’espaces qu’elles ont achetés à une régie qui appartient à leur propre groupe.« La loi Sapin est trop blanche ou noire », estime-t-on à l’Udecam. Du côté des annonceurs, on estime que l’amendement qui vient d’être adopté « va dans le bon sens ». Au gouvernement la tâche délicate d’achever de clarifier les choses.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.01.2015 à 19h36 • Mis à jour le26.01.2015 à 10h26 Vous avez décroché de l'actu pendant le week-end ? Petite séance de rattrapage avec les informations à retenir des deux derniers jours.Victoire historique de Syriza aux législatives en Grèce Le parti anti-austérité grec Syriza a remporté une très claire victoire sur le parti conservateur au pouvoir dimanche, tout en restant à la limite de la majorité absolue, une situation qui devrait l'obliger à trouver des soutiens à l'avenir.Après dépouillement de 70,72 % des bulletins, Syriza comptait 36,03 % des voix et Nouvelle Démocratie de M. Samaras 28,15 %. La gauche radicale totalisait alors 149 sièges sur 300 au Parlement. Sa victoire aux élections législatives est assurée, mais pas sa majorité absolue, qui est de 151 sièges. Au total, 9,8 millions d'électeurs étaient appelés à élire 300 députés.Alexis Tsipras est le premier dirigeant européen élu sur le rejet explicite des politiques difficiles imposées par l'Union européenne à ses membres après la crise.Lire : Victoire historique de la gauche radicale en GrèceOffensive des séparatistes prorusses dans le port ukrainien de Marioupol Au moins 30 civils ont été tués et plus de 80 autres blessés, samedi 24 janvier, lors de bombardements d'un quartier de Marioupol, port stratégique dans le sud-est de l'Ukraine et dernière grande ville contrôlée par Kiev dans la région. Les experts de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui se sont rendus sur le site ont conclu que les bombardements provenaient de deux positions contrôlées par les séparatistes prorusses. Le ministre des affaires étrangères russe a, de son côté, accusé l'armée ukrainienne d'avoir provoqué ces violences par des attaques « permanentes » contre des « localités peuplées ».Lire : En Ukraine, le port stratégique de Marioupol bombardé par les séparatistesUn otage japonais aux mains de l'EI exécuté par l'Etat islamique L'un des deux otages japonais détenus par l'Etat islamique aurait été assassiné. Il s'agit de Haruna Yukawa, consultant en question de sécurité. Il était aux mains de l'organisation depuis le mois d'août dernier. L'information a été diffusée sur Internet, samedi 24 janvier, par l'intermédiaire d'une photo accompagnée d'un message sonore, qui étaient en cours d'authentification. L'EI a revendiqué cet assassinat dans la soirée de dimanche.Lire l'article de notre correspondant à Tokyo : Le Japon « sans voix » après la possible exécution d'un de ses otages aux mains de l'EIMort de José Artur, animateur de l'émission culte « Pop Club » L'homme de radio José Artur, animateur et producteur de l'émission culte « Pop Club » diffusée sur France Inter de 1965 à 2005, est mort samedi à l'âge de 87 ans.>> Lire : Mort de José Artur, animateur du « Pop Club »Sport : les Français éliminés à Melbourne, les Bleus qualifiés en handball Handball. La France a su compenser en défense ses lacunes offensives et a vaincu la Suède (27-25) lors de la cinquième et dernière journée du Mondial 2015 messieurs de handball, samedi à Doha. Certainement confortés par cette très difficile victoire, les champions d'Europe affronteront en confiance lundi en huitièmes l'Argentine, qui a créé une grosse surprise en sortant la Russie (30-27).Tennis. Dernier Français en lice à l'Open d'Australie, Gilles Simon a été éliminé au troisième tour samedi après sa défaite contre David Ferrer, 9e mondial. C'est la première fois depuis quatre ans qu'il n'y aura pas de Français en seconde semaine du tournoi australien. Ligue 1. Lyon a poursuivi sa superbe série samedi avec une septième victoire d'affilée en Ligue 1 en battant Metz 2-0, un succès terni par la blessure de Lacazette mais qui met la pression sur le Paris-SG. De son côté, Marseille avait confirmé vendredi ses difficultés actuelles, notamment à l'extérieur, avec une défaite 2-1 à Nice.Rugby. Toulouse, battu à Montpellier, n'est pas parvenu à se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe d'Europe, à l'occasion de la sixième et dernière journée de la phase de poules. De leur côté, Clermont,  Toulon et le Racing se sont imposés.Football. Un penalty de Zlatan Ibrahimovic a donné dimanche un court succès au Paris-Saint-Germain à Saint-Etienne, qui permet au club de la capitale de rester au contact du leader, Lyon, à l'issue de la 22e journée de Ligue 1. Luc Cédelle Une voix reconnaissable entre toutes, au timbre ironique et doux, vient de s’éteindre. Compagnon de générations d’auditeurs, homme de radio après avoir été comédien, José Artur, mort samedi 24 janvier, à l’âge de 87 ans, fut avant tout l’homme du « Pop Club », qu’il produisit et anima sur France Inter de 1965 à 2005. Une émission culte, diffusée en direct et en soirée tardive, cocktail de musiques et de dialogues dont il fut, écharpe blanche autour du cou, l’inlassable ordonnateur.Quarante ans durant, il reçut à son Micro de nuit (Stock, 1974) des milliers d’invités, souvent déjà célèbres, ou en passe de l’être, tant sa capacité de détection – des talents, des tendances, de l’air du temps… – était affûtée. La longévité du « Pop Club » n’est pas le fait d’un manque d’idées de son créateur, au contraire. Professionnel au large spectre, José Artur créa et anima parallèlement d’autres émissions de radio et collabora à différents programmes de télévision. Il était le père de la comédienne Sophie Artur et de l’animateur de radio et de télévision David Artur.Né le 20 mai 1927 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), José Artur est issu d’une famille d’origine bretonne et de tradition catholique, mère au foyer, père officier de marine puis sous-préfet. Dès l’âge de 12 ans il est en pension chez les frères maristes. Il poursuit ses études secondaires durant l’Occupation dans différents établissements catholiques, où il endosse le personnage de l’élève capable mais rétif à toute discipline.Auteur de plusieurs livres de souvenirs (notamment Parlo... 23.01.2015 à 15h55 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h37 L'essentielLa « une » de Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » a provoqué de nombreuses manifestations dans des pays musulmans depuis sa publication le 14 janvier.Une semaine après les violentes manifestations de Niamey ou de Karachi, des rassemblements ont eu lieu au Pakistan, en Afghanistan et en Iran, vendredi, jour de la grande prière. « A bas Charlie Hebdo ! », « Mort à la France ! », ont scandé, vendredi 23 janvier, des milliers de manifestants réunis, une nouvelle fois, dans les grandes villes du Pakistan, d'Afghanistan et d'Iran, pour protester contre la dernière « une » de l'hebdomadaire, publiée après l'assassinat de neuf membres de la rédaction du journal à Paris, par deux terroristes se revendiquant d'Al-Qaida au Yemen.Lire : En Egypte, au Sénégal ou à Jérusalem... la « une » de « Charlie Hebdo » ne passe pasAu Pakistan, appel au boycottA Islamabad, la capitale pakistanaise, 15 000 personnes ont ainsi défilé  à l'appel de la Jamaat-e-Islami (JI), l'un des principaux partis islamistes du pays. « O peuple de France, ô peuple du Danemark, écoutez bien, nous serons aux trousses de quiconque blasphème », a déclaré le chef de la JI, Siraj ul-Haq, appelant à boycotter les produits de ces pays dont des médias ont publié des caricatures de Mahomet.« Les musulmans doivent s'unir et défendre l'honneur du prophète de l'islam », a déclaré à Lahore, autre ville où s'est déroulée une manifestation, Hafeez Saeed, chef de la Jamaat ud-Dawa. Cette organisation est considérée comme le paravent du Laskhkar-e-Taïba (LeT), accusé d'être impliqué dans des attentats en Inde.Lire : Hollande répond aux manifestants anti « Charlie Hebdo »En Afghanistan, des manifestants réclament des excuses officiellesEnviron 20 000 personnes ont également manifesté à Herat, troisième ville d'Afghanistan. Des drapeaux français y a été brûlés et les manifestants ont demandé des excuses officielles de la France pour la publication de caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.L'Afghanistan, comme le Pakistan, avait condamné dans un premier temps l'attaque du 7 janvier contre le journal parisien, mais le ton s'était progressivement durci, des islamistes radicaux rendant même hommage aux frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attaque. Puis, la classe politique des deux pays, incluant le président afghan, Ashraf Ghani, et le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, avait condamné la dernière « une » de Charlie Hebdo.En Iran, « mort à la France »Des dizaines de milliers de personnes sont aussi descendues dans la rue en Iran, principalement hors de Téhéran. « Mort à la France, mort à Israël, mort à la Grande-Bretagne, mort à Charlie Hebdo ! », ont scandé des foules à Qom ou à Ispahan, au sud de Téhéran, agitant drapeaux et pancartes proclamant leur respect de Mahomet.Téhéran a dénoncé le massacre perpétré le 7 janvier à Paris, mais a critiqué la nouvelle caricature de Charlie Hebdo. Le 17 janvier, un journal iranien a même été interdit pour avoir tenté de publier « Je suis Charlie » en « une ». Lire : Le rédacteur en chef de « Charlie Hebdo » défend la « une » controversée Magali Cartigny Un dessin de Louison, en hommage à « Charlie Hebdo », peut donner lieu à de troublants – et cocasses – échanges avec son enfant. Démonstration. Il a débarqué, samedi, moulé dans son pyjama dinosaures. - « Ça veut dire quoi "bite", maman ?- Pardon ?- J'ai lu sur un dessin sur ton ordinateur : "Ils ont déjà dessiné des bites partout" » (Fermer Facebook, toujours fermer Facebook).- « Eh bien, ça veut dire zizi.- Et pourquoi y a plein de zizis sur les nuages. C'est qui qui les a dessinés ?- C'est les gens qui ont été tués par les méchants, comme Nora t'a expliqué. » (#mercilamaîtresseduCP.)- « Mais pourquoi des zizis ?- Parce qu'ils trouvent ça rigolo.- Pourquoi ?- Parce que, au paradis, ils ont pas l'habitude d'en voir, des zizis. » (Mais qu'est-ce que je raconte !) « C'est comme toi : t'aimes bien dessiner des cœurs pour faire plaisir aux gens, eh bien, eux, c'était des zizis.- Mais c'est quoi le paradis ?- Tu veux pas qu'on regarde Spiderman ?- Non. C'est quoi le paradis ?- L'endroit où les gens qui croient en Dieu pensent qu'ils iront après la mort.- Mais les dessinateurs, ils croyaient en Dieu ?- Je ne sais pas.- Et toi, t'y crois ?- Non, mon chéri.- Mais pourquoi ?- Parce que je ne pense pas qu'il existe.- Comme le Père Noël ?- Non, le Père Noël, il existe pas. La preuve, ce sont les parents qui font les cadeaux.- Et c'est quoi la preuve que Dieu existe pas ?- Il n'y en a pas, mais rien ne prouve le contraire non plus.- Mais tu crois en quoi, alors ?- En l'homme.- C'est un peu débile. Et les méchants, pourquoi ils les ont tués, les rigolos dans les nuages ?- Parce qu'ils aimaient pas qu'on se moque de Dieu.- Mais t'as dit qu'il existe pas !- Et si on allait à Disneyland ?- Non. Moi, si je dessine des zizis, on va me tuer ?- Mais non, pas du tout, enfin, jamais de la vie ! Tu peux faire tous les zizis que tu veux.- Bah oui. Parce que c'est comme des cœurs.- Voilà.- Bon alors je vais dessiner plein de bites, je les découperai, et je les offrirai à ma maîtresse. »Magali CartignyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Vanessa Schneider L'homme d'affaires de 49 ans, ami de Patrick Drahi, pourrait diriger le futur groupe de médias qui comprendra notamment "Libération", "L'Express" ou la chaîne d'information israélienne I24news. Protégé d'Alain WeillMarc Laufer a travaillé au côté de celui qui est aujourd'hui président de NextRadioTV. D'abord à NRJ, de 1990 à 2000, notamment comme directeur du réseau et secrétaire général. Puis chez NextRadioTV (RMC, BFM) où il a officié pendant dix ans. En dépit d'un court passage à La Tribune, il n'a pas vraiment le profil d'un homme de presse écrite, ce qui inquiète certains à Libération et à L'Express.Proche de Patrick Drahi C'est le patron de Numéricable et SFR, quatrième fortune de France selon le magazine Forbes, qui l'a fait venir en juin dernier à Libération pour le représenter. Les deux hommes se connaissent depuis une vingtaine d'années : Marc Laufer fut le directeur général de la filiale française du câblo-opérateur UPC/Fortel que Drahi présidait alors.Homme de médias Il est à la tête d'un groupe d'information professionnelle, NewsCo, qui emploie 70 salariés, dont la moitié de journalistes, et affiche un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros.Gestionnaire Si Drahi pense à lui, c'est bien sûr pour veiller au mieux à ses intérêts, notamment aux 14 millions d'euros qu'il a injectés dans Libération. C'est un habitué des fusions acquisitions, qui a créé NewsCo en rachetant des newsletters spécialisées. La gestion du nouveau groupe créé par Drahi représenterait néanmoins un sacré changement d'échelle pour lui.Vanessa SchneiderJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Le télécrochet promet d’être à la hauteur avec des candidats dont le niveau ne cesse de progresser (jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8)C’est le grand soir pour les onze finalistes de « Nouvelle star ». Après les épreuves du casting et du théâtre, les candidats du télécrochet de D8 vont affronter le stress du direct, du vote du jury et du public et l’élimination, à chaque fin d’émission, de l’un d’entre eux. Pour prévenir toute mauvaise surprise – comme souvent au cours du premier « prime » –, la production a imaginé cette année « l’épreuve du feu ». Cette émission diffusée il y a une semaine et tournée dans les conditions du direct a permis de ne garder que les chanteurs les mieux armés pour arpenter la scène de l’arche Saint-Germain et « éviter l’effet lapin ébloui dans les phares d’une voiture », raconte Benjamin Castaldi.Ce dernier retrouve la présentation de ce concours, qu’il a incarné pendant les trois premières saisons et une partie de la quatrième. « C’est une émission que j’ai beaucoup portée au début et avec laquelle je n’ai que des bons souvenirs. Je serai de nouveau le lien entre le jury, ce que les gens ont ressenti et les candidats », promet l’animateur venu de TF1.« Fondamentaux musicaux »Pour supporter la comparaison avec « The Voice », devenue la référence en matière de télécrochet, la production ne veut plus de fausses notes. « Les gens ont envie que l’on revienne aux fondamentaux musicaux », observe André Manoukian, le juré vétéran de l’émission, qui sera accompagné, pour cette onzième saison, des chanteurs Sinclair et Elodie Frégé ainsi que du musicien et producteur Yarol Poupaud. « Le niveau musical des candidats monte année après année, se félicite André Manoukian. On demande aux participants un vrai style et d’être capable de chanter quelque chose qui n’est pas de leur univers. » De quoi assurer le spectacle, et les audiences.Après un démarrage en demi-teinte, le public a trouvé le chemin de la 8. « Toutes les grosses émissions enregistrent des baisses qui sont plus mécaniques qu’autre chose. La rediffusion le dimanche sur D17 marche bien, le replay n’a jamais aussi bien fonctionné », se rassure Benjamin Castaldi. A la suite de l’échec de « Rising Star », le télécrochet de M6 pour lequel les votes s’effectuaient uniquement électroniquement, la production a décidé de maintenir le choix des candidats via des SMS surtaxés. « Tout le monde n’est pas sur les réseaux sociaux », justifie l’animateur. La sélection pourra néanmoins se faire gratuitement sur Twitter.« Nouvelle Star », jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.01.2015 à 11h17 • Mis à jour le26.01.2015 à 11h11 | Adrien de Tricornot L’accusation de plagiat lui aura été fatale. La directrice exécutive de l’école de journalisme de Sciences Po, Agnès Chauveau, a été remerciée. Le directeur de l’école Bruno Patino l’a annoncé aux étudiants lors de la réunion de rentrée, mercredi 21 janvier. Mme Chauveau ne figure plus sur la page Web de l’équipe pédagogique. M. Patino avait déjà mis Mme Chauveau en congé lundi 17 novembre, au lendemain de la publication sur le site Internet d’« Arrêt sur images » (ASI) d’un article qui reprochait à cette dernière de copier-coller des articles sans citer ses sources. « Je dénie les accusations et je suis choquée par la méthode. L’affaire est entre les mains de mes avocats », a répondu Mme Chauveau au Monde. Sciences Po n’a pas souhaité commenter. Contacté à plusieurs reprises, M. Patino, par ailleurs directeur des programmes et du numérique à France Télévisions, n’a pas donné suite. « On ne peut pas encore parler de licenciement, les modalités doivent être précisées ultérieurement », a dit à l’AFP une « source proche du dossier ».En novembre, « ASI » avait mis en cause des chroniques d’Agnès Chauveau diffusées sur France Culture dans l’émission « Soft Power », dont elle est aussi productrice. Ces chroniques étaient également retranscrites par le Huffington Post (groupe Le Monde). Sur vingt chroniques testées par « ASI » avec le logiciel de vérification Plagiarism Checker, la moitié contenait au moins une phrase copiée et collée sans renvoi aux articles dont elle était issue, produits par Mediapart, RFI, Lemonde.fr, Le Monde ou « ASI ». La direction de France Culture avait alors décidé d’arrêter cette chronique.Une affaire de plagiat agite la direction de l’école de journalisme de Sciences PoSpécialiste de l’histoire des médias, Agnès Chauveau se défendait pourtant de toute malhonnêteté, plaidant des oublis involontaires corrigés dès qu’ils étaient signalés. Mais M. Patino avait expliqué, dans un mail envoyé aux étudiants, la mettre « en congé de ses fonctions » avant, espérait-il, « que les choses puissent reprendre un cours apaisé ». Il annonçait avoir demandé une « évaluation indépendante des faits reprochés », sur laquelle rien n’a filtré depuis. Enseignante à Sciences Po, la journaliste Michèle Cotta précise n’avoir pas eu connaissance de son contenu et regrette que Mme Chauveau n’ait pas pu s’expliquer auprès de la direction : « Sur tous les points, la procédure n’a jamais été contradictoire. C’est elle qui a fait l’école depuis dix ans. Même s’il y avait quelque chose à lui reprocher, elle aurait pu être entendue. »« L’éthique du journalisme rejette l’idée de plagiat », souligne Jacques Esnous, directeur de l’information de RTL, qui côtoyait Mme Chauveau dans des oraux d’admission. « Le seul souci, c’est que le terme de plagiat prête à débat en ce qui concerne les faits qui sont reprochés à Agnès Chauveau », poursuit-il. Ce que le chroniqueur de Libération Vincent Glad avait écrit dès novembre sur son blog, évoquant la reprise de « passages plutôt descriptifs, pour la plupart insignifiants ». « Elle prend pour tous les autres », soulignait-il, en montrant qu’Internet a modifié les usages… et qu’« ASI » n’échappait pas aux copier-coller.Adrien de TricornotJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.01.2015 à 00h44 • Mis à jour le10.01.2015 à 00h50 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Les Etats-Unis avaient de bonnes raisons de disposer d’éléments sur un éventuel passage de Saïd Kouachi au Yémen, en 2011, dont ont fait état plusieurs médias américains le 8 janvier. Jusqu’à l’émergence de l’Etat islamique à la faveur des dérèglements irakiens et de la guerre civile syrienne, c’est dans cet Etat que se concentraient de leur propre avis les groupes les plus menaçants à la suite de l’affaiblissement de la branche historique de la nébuleuse terroriste constituée par Oussama ben Laden.C’est dans cet Etat également que les frappes de drones visant des djihadistes présumés ont été les plus nombreuses après celles conduites au Pakistan. C’est d’ailleurs au Yémen, le 30 novembre 2002, qu’avait eu lieu l’une des premières frappes de missile Hellfire tiré par Predator, tuant un responsable de l’attaque terroriste contre le bâtiment de la marine américaine Cole, deux ans plus tôt.C’est au Yémen qu’avait été formé Omar Farouk Abdoulmoutallab, le responsable de l’attentat manqué contre un avion de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit (Michigan), le 25 décembre 2009. Onze mois plus tôt, en février, les djihadistes saoudiens fuyant le royaume à la suite de la campagne de répression lancée par le prince Nayef bin Abdel Aziz Al-Saoud, alors ministre de l’intérieur, s’étaient alliés aux djihadistes yéménites pour constituer le groupe Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), profitant de la faiblesse historique de l’Etat yéménite et de sa position géopolitique entre la Corne de l’Afrique et le Pakistan.Lire aussi : Un haut responsable d'Al-Qaida au Yémen « se félicite » de l'attaque contre « Charlie Hebdo » Les frères Kouachi se sont revendiqués d’un idéologue d’AQPAIls y avaient prospéré et formé notamment de nombreux artificiers à l’origine de bombes dissimulées dans des colis postaux embarqués à bord d’avions-cargos à l’automne 2010. Aucune bombe n’avait cependant explosé. Un imam d’origine américaine, Anouar Al-Awlaki, lié à la fusillade de Fort Hood, dans une base américaine, en 2009, était l’idéologue d’AQPA jusqu’à son assassinat par une attaque américaine en septembre 2011. C’est de ce responsable que se sont revendiqués les frères Chérif et Saïd Kouachi, selon les témoignages recueillis lors de leur cavale.Avant le « printemps yéménite », qui allait emporter le régime du président Ali Abdallah Saleh et ouvrir une période d’instabilité dont il continue à payer le prix, le Yémen avait constitué une destination de choix pour des dizaines de salafistes français désireux de renouer avec l’islam « des pieux ancêtres ». Ces salafistes poursuivaient des enseignements religieux à Sana’a comme dans une ville du nord-ouest, Dammaj. La majorité de ces salafistes ne poursuivait aucun but djihadiste, mais certains d’entre eux pouvaient profiter sur place des liens entretenus par certains dignitaires religieux, y compris des membres du parti islamique Al-Islah, avec des groupes djihadistes, notamment à la faveur des solidarités tribales très actives au Yémen.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard « Il y avait deux patrons à Charlie Hebdo : Charb et Riss. Charb n’est plus là mais Riss devrait sortir de l’hôpital lundi. Evidemment qu’on l’attend tous », a expliqué Gérard Biard, rédacteur en chef du journal, mardi 13 janvier. Riss, alias Laurent Sourisseau, est directeur de la rédaction depuis 2009 et a été touché à l’épaule droite dans l’attaque contre Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier.Cette petite phrase glissée dans une conférence de presse très suivie, à la veille de la sortie en kiosques du premier numéro après la tuerie qui a décimé son équipe, donne une indication sur l’organisation de l’équipe de Charlie Hebdo à l’avenir. Même si ce rendez-vous médiatique était consacré à évoquer le contenu de l’exemplaire à paraître et si les membres de Charlie Hebdo font savoir que tous les détails liés à l’avenir concret du journal ne sont pas encore clairs, loin de là. « Il va y avoir un avenir mais on ne sait pas encore très bien lequel, ni à quoi va ressembler le journal », a dit M. Biard mardi, alors que le numéro publié mercredi doit rester en kiosques 15 jours. « Il y aura un journal, il n’y aura pas d’interruption », a-t-il dit, même si les débats sur la suite semblent encore assez ouverts.Pour le numéro du 14 janvier, Riss a finalement réussi à dessiner, « de la main gauche », a raconté l’équipe de Charlie Hebdo mardi. Dans les pages intérieures, parmi les dizaines de dessins, il publie deux vignettes qui montrent un dessinateur de Charlie et un terroriste avec une mitraillette qui tue plusieurs personnes, sous cette légende : « dessinateur à Charlie Hebdo, c’est 25 ans de boulot, terroriste, c’est 25 secondes de boulot - Terroriste, un métier de feignant et de branleur ». Riss est notamment auteur de La Face karchée de Sarkozy (Vents d’Ouest, 2007).Encore sous le choc, la rédaction a voulu pour ce numéro surtout compter sur les « survivants » et a reçu peu d’aides extérieures : le dessinateur Jul, parti de la maison, y est revenu pour l’occasion, le dessinateur Riad Sattouf a donné un coup de main, le politologue Jean-Yves Camus signe un article.Et on retrouve aussi les dessinateurs Luz, qui a fait la couverture, Willem, Corinne Rey dite « Coco »… l’urgentiste Patrick Pelloux et les journalistes Antonio Fischetti, Sigolène Vinson, Laurent Léger, Zineb El Rhazoui… Eric Portheault, chargé de la partie administrative et financière, et l’avocat Richard Malka.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pauline Croquet et Gabriel Coutagne Au lendemain de la mobilisation du 11 janvier en hommage aux victimes des attentats, une photo de la marche républicaine a largement circulé sur Twitter, Facebook ainsi que Reddit.#nation #JeSuisCharlie pic.twitter.com/9bJnhW9KBn— Martin Argyroglo (@argyroglo) January 12, 2015L'image, postée au départ par son auteur, a été réalisée par Martin Argyroglo, un photographe indépendant membre de l'agence Divergence Images. Elle a été partagée sur Twitter plus de 5000 fois lundi. Le cliché a été qualifié de « plus belle photo de la manifestation », d'instantané « historique » mais aussi largement comparé au tableau d'Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple. De nombreux internautes l'imaginaient volontiers dans un livre d'histoire pour illustrer le rassemblement du 11 janvier. Pour l'instant, elle a été choisie par L'Obs pour faire sa couverture dans son édition du 14 janvier.« UN ROMANTISME RÉVOLUTIONNAIRE DANS CETTE IMAGE »Le photographe parisien, né en 1983, est spécialisé dans la photographie d'architecture, comme il le précise sur son site.« Je m'étais éloigné du cortège, et j'ai rejoint la place de la Nation vers 20 heures, à la fin du défilé », raconte le photographe. « L'instant était moins dramatique que ne l'avait été le reste de la journée. » La foule, plus joyeuse, s'était alors rassemblée autour de la statue. « Il y avait peu de lumière. Ma chance, ça a été le fumigène qui a illuminé la scène. »Un instant fugace également repéré par un photographe de l'AFP, pris à quelques mètres de là, mais aussi par le photojournaliste Corentin Fohlen, lui aussi membre de l'agence Divergence.#JeSuisCharlie #MarcheRépublicaine Place de la Nation, ce soir à Paris #AFP http://t.co/wVdkpLp8s9— Agence France-Presse (@afpfr)require(["twitter/widgets"]);Cette photographie, comme celle publiée par l'agence Reuters dimanche en fin d'après-midi, reprend la plupart des symboles marquants des manifestations de soutien à Charlie Hebdo. On retrouve la référence à la République, symbolisée par la statue de Jules Dalou qui se trouve au centre de la place de la Nation, le crayon, le drapeau tricolore ou les slogans (dont celui, en haut à gauche du cliché, de « l'homme à la pancarte » sur lequel nous publié une vidéo en 2013).Voir la vidéo : L'homme à la pancarte, icône des manifestationsLas dos versiones: Delacroix/ @argyroglo pic.twitter.com/vXpSzMgeHK— Alejo Schapire (@aschapire) January 12, 2015Ce n'est que de retour chez lui que le photographe découvre véritablement le cliché. « Il y a une sorte de romantisme révolutionnaire dans cette image ; les gens évoquent La Liberté guidant le peuple, mais aussi Le Radeau de la méduse, de Géricault. C'est ambigu », analyse Martin Argyroglo. Il le poste alors sur son blog et sur Facebook. Devant le succès que rencontre l'image, partagée plus de 10 000 fois via sa page personnelle, il la publie ensuite sur Twitter.« Cela me touche de voir autant de gens s'approprier cette image, reconnaît-il. Sans doute parce qu'elle symbolise un désir de se réunir. »La composition de l'image, quant à elle, fait naturellement penser aux grandes icônes représentant des mouvements populaires, des célèbres tableaux romantiques du XIXe siècle, comme l'ont signalé les internautes, jusqu'aux images plus récentes des révolutions arabes de 2011, en passant par le cliché symbole d'une étudiante dans le Quartier Latin, en mai 1968, publiée par Paris Match. La ressemblance devient même frappante lorsqu'on la compare avec le cliché réalisé place de la Nation par le photojournaliste Guillaume Herbaut en 2002, entre les deux tours de l'élection présidentielle, et republié sur le blog du chercheur André Gunthert. Seule différence : la personne incarnant Marianne est, cette fois-ci, un homme...C'est donc elle, la nouvelle #Marianne, symbole de la #MarcheRepublicaine. http://t.co/0iqWDveOuD— Emilie Tran Nguyen (@EmiliETN)require(["twitter/widgets"]);Pauline CroquetJournaliste au MondeGabriel CoutagneJournaliste au Monde Alexandre Piquard « Tout le pays a signifié que le temps était venu de donner un nouveau souffle à notre société », et « les vaines polémiques et les petites querelles n’ont plus leur place dans un tel programme », écrit, mardi 13 janvier, Thierry Borsa dans Le Parisien. Le directeur du quotidien régional résume en partie l’état d’esprit des éditorialistes, au surlendemain des manifestations hors-normes du week-end, ainsi que celui des patrons de presse qui ont défilé à Paris, dimanche.« Ces journées sanglantes nous obligent à tout revoir, à tout repenser », écrit ainsi Paul-Henri du Limbert dans Le Figaro. « Il s’agit, entre autres choses, du sempiternel débat entre la liberté ou la sécurité », précise-t-il. Un sujet sur lequel les éditorialistes divergent. Pour Cécile Cornudet, des Échos, « le 'jour d’après' se construira sans doute en plusieurs jours. À tâtons ». « Parce que, malgré les calculs politiques évidemment présents, le peuple debout veille », pense-t-elle.Dimanche, dans la manifestation à Paris, une ambiance similaire était perceptible chez certains des dirigeants de presse réunis derrière la banderole « La presse est Charlie ». Venus en tant que citoyens et aussi comme journalistes, ils ont vu dans l’ampleur de la mobilisation une raison d’être optimiste malgré la tragédie.« Il y a un sursaut après des mois de négatif et de french bashing »« Notre groupe a été très secoué et triste, mais dans la région il y a eu une manifestation d’unité formidable qui nous a donné du baume au cœur », a raconté au Monde Olivier Gerolami, PDG du groupe Sud-Ouest, basé à Bordeaux. Il se rappelle notamment la minute de silence, jeudi midi, suivie par « 100 % des collaborateurs ». « Tout le monde a été surpris par l’ampleur des réactions positives, a ajouté M. Gerolami. Quelque chose a changé dans le pays. Il y a un sursaut après des mois de négatif et de french bashing. »« Je suis fier que notre pays réagisse comme il le fait, renchérissait Xavier de Romatet, PDG de Condé Nast France (Vanity fair, GQ, Vogue…) On sent un sursaut de fierté, une volonté de manifester. Qui eut dit il y a quelque temps que c’était possible ? Le peuple montre sa capacité de réaction, c’est stimulant pour l’avenir. »« Depuis mercredi, on a senti l’implication de toute l’entreprise : les gens étaient calmes, dignes et au boulot, à fond, a estimé Gabriel d’Harcourt, directeur général du Courrier Picard et de L’Aisne nouvelle. C’est souvent le cas, mais, là, il y a quelque chose en plus. C’est très fort. Cela soude », a raconté le dirigeant de presse basé à Amiens. La mobilisation a selon lui dépassé le cadre de son média : « Au-delà de la presse, dans la réaction au drame, il y a eu des élans bouleversants », a expliqué M. d’Harcourt, qui se souvient particulièrement que son agence de Beauvais a reçu vendredi un bouquet de fleurs de l’imam de la ville, au nom de la liberté de la presse. « Les gens sont venus poser des mots et des fleurs au journal », se rappelle-t-il.« Bravo la presse ! »À un moment dans l’après-midi, au passage du cortège des gens de médias, un manifestant juché sur un abribus a lu la banderole à voix haute et lance « Bravo la presse ! », suscitant une vague d’applaudissements. « Ce n’est pas tous les jours qu’on entend ça », a souri un professionnel, résumant le sentiment général de membres d’une profession souvent décriée, comme la police, également saluée dimanche par la foule.Bien sûr, ces élans étaient nourris pas l’exaltation du moment d’une manifestation hors-normes, et les journalistes sont conscients que la couverture médiatique des derniers jours suscite certains débats. Et que les suites politiques ne manquent pas de défis : « On sent le désir de vivre debout, de résister pour défendre des valeurs de liberté et aussi de tolérance - pas d’amalgame. Il ne faut pas de propos extrêmes en réponse à des déviances extrêmes », a plaidé Bruno Le Souef, directeur des affaires publiques de Lagardère active, le pôle médias de Lagardère (JDD, Europe 1, Paris Match…), venu à titre personnel.François D’Orcival, pilier de la rédaction de Valeurs actuelles, connu pour ses unes polémiques et très critiques sur l’islam, a espéré dimanche que la mobilisation massive soit le signe d’une évolution, dans un autre sens : « Nous souhaitons que cela change les choses, l’opinion se rend compte de la réalité, qui est l’état de guerre avec le djihadisme », a-t-il dit.Portant un autocollant « Je suis Charlie » - alors que le journal est très à droite - M. d’Orcival précise qu’il est président du fonds Presse et pluralisme, qui collecte des dons défiscalisés et qui « aide Charlie Hebdo depuis l’incendie de ses locaux en 2011 ». Le fonds a alloué 200 000 euros à l’hebdomadaire jeudi dernier.Reste le risque d’un angle mort médiatique, celui des gens qui ne s’associent pas avec le slogan « Je suis Charlie » et les manifestations. Dominique Quinio, directrice du quotidien catholique La Croix, a reconnu dans le cortège que c’est « une question » : « Qui sont ceux, souvent jeunes, qui ne se sentent pas à l’aise avec cette mobilisation ? Il y avait aujourd’hui des banderoles contre l’islamophobie, c’est important comme préoccupation. La cohésion nationale est ébréchée. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.01.2015 à 09h23 • Mis à jour le13.01.2015 à 17h49 | Alexandre Piquard Malgré ses désaccords passés avec le journal satirique sur son traitement de l’islam, Abdelkrim Branine, rédacteur en chef de Beur FM, a témoigné dès mercredi son soutien à Charlie Hebdo. Quelques heures après le drame, il a participé à une soirée « contre la haine, pour la liberté », organisée au siège de Mediapart. Se définissant comme musulman à la tête d’un média laïc dont une part importante du public est de culture musulmane, il disait alors toutefois craindre le risque d’amalgame visant les musulmans. Vendredi soir, l’animateur de l’émission « Les Z’informés » s’indignait sur Twitter, à propos de la marchedu 11 janvier, de « la plus grande récupération politique de l'histoire de l'humanité ». Vous êtes finalement allé à la manifestation, avez-vous dépassé vos réticences ?Oui. Il y a eu une tentative de récupération écœurante : quand on voit défiler le premier ministre israélien, qui est un criminel de guerre, ou les dirigeants du Gabon, de Turquie ou Orban, le premier ministre hongrois... Mais ces politiques ne sont pas restés longtemps à la manifestation. Et finalement, l’engouement populaire a pris le dessus. C’était tellement énorme. On ne va pas se mentir : c’était très beau, c’était historique. Ça donnait des frissons.Quel a été l’état d’esprit des musulmans que vous connaissez ou du public de Beur FM ?Avant la manifestation, certains avaient d’abord une préoccupation sécuritaire : ils avaient peur pour leur intégrité physique. Ce n’est pas un fantasme, il y a eu des dizaines d’atteintes à des mosquées ou de personnes depuis mercredi. Et certains ont peur : mes parents m’ont appelé pour me dire de ne pas aller au bureau, je les ai dissuadés d’aller à la mosquée vendredi et mes beaux-parents retraités préfèrent retarder leur retour d’Algérie en France...Avez-vous senti d’autres arguments dans votre public ? Certains avaient l’envie d’aller défiler mais ne voulaient pas avoir une étiquette sur le front « musulman gentil » ou « musulman non-terroriste » et refusaient d’avoir à se justifier. Se désolidariser de quelque chose, c’est aussi s’accuser.Quels musulmans avez-vous vu faire le choix de finalement manifester ? Beaucoup ont choisi d’y aller au dernier moment. Il y avait des anciens, qui ne sont pas nés en France et sont plus habitués à raser les murs. Mais des jeunes aussi ont défilé : j’ai suivi la mobilisation d’un groupe qui s’est préparé depuis jeudi et s’est organisé notamment autour de leaders associatifs importants comme Mohamed Mechmache d'AC le Feu, Sihame Assbague de Stop le contrôle au faciès ou Adil El Ouadeh des Indivisibles [association qui dit lutter « grâce à l’humour et l’ironie, contre les préjugés ethno-raciaux »].Dans des reportages, on a entendu des personnes qui estimaient que « Charlie Hebdo » avait cherché les représailles en caricaturant Mahomet ou qui disaient simplement « Je ne suis pas Charlie » : qu’en pensez-vous ? C’est une question importante et l’heure est grave, il faudra avoir en France plusieurs débats. Pour la petite minorité de crapules qui disent que Charlie Hebdo a pu mériter ce qui est arrivé, je laisse faire la justice. Ceux qui disent « Je ne suis pas Charlie » le font parfois de façon maladroite, mais il faut les écouter. Il ne faut pas faire de chantage intellectuel et dire comme le président George W. Bush « vous êtes avec nous ou contre nous ». Ils veulent simplement dire qu’ils n’étaient pas d’accord avec Charlie Hebdo, sa manière de traiter l’islam et les musulmans.Plus que le fait, réputé sacrilège, de caricaturer le prophète Mahomet, c’est un dessin le montrant avec une bombe dans son turban qui a choqué [en fait un dessin du quotidien danois Jyllands-Posten, republié en 2006]. Il s’apparentait à de l’islamophobie en liant islam et terrorisme. Mais ces désaccords, dans le cas de la tuerie qui a touché Charlie Hebdo, ne comptent pas. Et on n'a pas besoin de dire « Je suis Charlie » pour partager la peine des familles.Beaucoup de médias et personnalités ont appelé à éviter les amalgames entre les tueurs et les musulmans : les craignez-vous quand même ? Ces messages sont nombreux et positifs. Même si certains en parallèle veulent mettre en place une forme de chantage et instrumentaliser ce drame contre ceux qui luttent contre l'islamophobie. Je pense par exemple à Jeannette Bougrab, qui a estimé sur BFMTV que l'association des Indigènes de la République avait une « responsabilité » dans l'attaque de mercredi contre Charlie Hebdo.Avez-vous entendu des débats sur Dieudonné, qui est visé par une enquête pour apologie du terrorisme mais se proclame « pas différent de Charlie » ? Oui. Certains pensent qu'il y a deux poids et deux mesures entre la politique appliquée à Dieudonné et celle réservée à Eric Zemmour, par exemple. Mais ces derniers jours, je les ai relativement peu entendus. Des gens avec lesquels je m'écharpe sur Dieudonné – qui sur les juifs ne fait plus rire et s'est allié avec l'antisémite Alain Soral – se sont peu exprimés. Je pense que certains d'entre eux, quand il a dit qu'il se sentait « Charlie Coulibaly », ont pensé qu'il abusait. Qu’il cherchait à faire du buzz sur cette affaire.Comment envisagez-vous l'après 11-janvier ? Il y a beaucoup de thèmes : il faut se battre contre les discriminations et les injustices dont se nourrissent les gens comme ceux qui commettent des attentats. Par ailleurs, à propos de la communauté juive, il revient aussi à la population qui vit dans les mêmes quartiers qu'elle de la rassurer : il faut qu'on se parle. Le mot d'ordre #jewsandarabsrefusetobeenemies [« juifs et arabes refusent d’être ennemis »], né à l'été 2014 en lien avec le conflit israélo-palestinien, doit devenir plus qu'un hashtag sur Twitter.Un obstacle au dialogue est le profil des leaders des communautés : côté musulmans, ils ont un gros déficit de légitimité et restent liés à l'islam consulaire, lié au pays d'origine, système avec lequel il faudrait en finir. Côté juif, les leaders sont très à droite et représentent plus Israël que les juifs de France. Cela importe le conflit israélo-palestinien en France. Il faut dépasser cela.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Soren Seelow   Sur la table, devant elle, Sigolène Vinson avait posé sa lecture du moment : La Faute de l’abbé Mouret, d’Emile Zola, l’histoire d’un prêtre déchiré entre sa vocation religieuse et l’amour d’une femme. Ce mercredi 7 janvier, peu après 10 heures, chacun s’est embrassé en se souhaitant la bonne année. C’était jour de rentrée pour l’équipe de Charlie Hebdo, la première conférence de rédaction de 2015. C’était aussi l’anniversaire de Luz, le dessinateur. Sigolène Vinson, la préposée habituelle aux chouquettes, avait donc apporté un « gâteau marbré » de la boulangerie du coin.La jeune femme, chroniqueuse judiciaire de l’hebdomadaire satirique, se souvient de chaque détail de cette matinée où les rires se sont tus. Elle nous reçoit dans les locaux de Libération, qui offre l’asile depuis vendredi aux rescapés de Charlie Hebdo pour réaliser le numéro d’après, qui doit sortir mercredi 14 janvier. Elle chasse d’un bref sourire les ombres qui hantent son visage. Dix de ses amis ont été assassinés sous ses yeux mercredi. Elle a été épargnée. Elle tient à témoigner, dans un flot de mots entrecoupé de silences, de sourires et de larmes, pour ressusciter ce qu’était Charlie Hebdo, la joie de vivre et les morts.En entrant dans la rédaction, ce jour-là, son gâteau dans les bras, elle salue Angélique, la femme chargée de l’accueil, dont le bureau fait face à l’entrée. Immédiatement à gauche se trouve celui de Simon Fieschi, le webmaster, qui tourne le dos à la porte blindée. Dans la kitchenette, Tignous prépare le café. Comme souvent, des « invités » de la rédaction sont présents. Michel Renaud est venu rendre à Cabu des dessins empruntés pour un festival qu’il a fondé, le Rendez-vous du carnet de voyage. Il a apporté un cadeau emballé dans un gros paquet : un jambon.Charb, comme toujours, griffonneLila, le petit cocker roux du journal, trottine de jambes en jambes. Avec une inclination particulière pour Cabu, surtout quand il y a du jambon, « parce qu’il donne toujours sa part au chien ». Sigolène Vinson parle au présent, des morts comme des vivants. Arrivé en retard, Philippe Lançon bougonne parce qu’il n’y a pas assez d’exemplaires de Charlie pour tout le monde. Un concours de blagues grivoises chasse rapidement son air chagrin : la conférence de rédaction vient de commencer.Autour de la grande table rectangulaire sont assis, de gauche à droite à partir du seuil de la porte : Charb, Riss, Fabrice Nicolino, Bernard Maris, Philippe Lançon, Honoré, Coco, Tignous, Cabu, Elsa Cayat, Wolinski, Sigolène Vinson et Laurent Léger. L’invité, Michel Renaud, est assis sur une chaise dans un coin de la pièce. Luz et Catherine Meurisse, une autre dessinatrice sont en retard. Zineb El Rhazoui, la jeune reporter, est en vacances au Maroc, Gérard Biard, le rédacteur en chef, à Londres. Antonio Fischetti, le journaliste scientifique, assiste à l’enterrement de sa tante en province. Quant à Willem, il goûte peu les conférences de rédaction.Charb, comme toujours, enchaîne les jeux de mots et griffonne sur les feuilles du chemin de fer. « Il dessinait tout le temps, raconte Sigolène Vinson en esquissant un sourire. Ses feuilles de chemin de fer étaient géniales. J’admirais son sens du détournement. Tous ses dessins traduisaient instantanément nos échanges autour de la table. »« J’étais emplie d’un sentiment de bonheur »Ce jour-là, les « échanges » tournent autour du dernier roman de Michel Houellebecq, Soumission, auquel est consacrée la « une » du jour. Il est question de littérature, de racisme, d’Eric Zemmour, des manifestations anti-islam en Allemagne. Certains défendent Houellebecq, d’autres s’inquiètent de la « montée du fascisme » dans la société. Il y a ceux qui parlent et ceux qui observent. Sigolène Vinson, assise à droite de la porte à côté de Laurent Léger, fait partie des plus réservés.L’économiste Bernard Maris, qui lui fait face, l’invite à s’exprimer. Elle décline l’invitation en lui souriant timidement et se lève pour chercher du café. « A ce moment, dans la kitchenette, j’étais emplie d’un sentiment de bonheur. Malgré le boucan derrière moi, les débats parfois très sportifs entre nous, je réalisais quelle chance j’avais d’appartenir à cette rédaction, de fréquenter ces gens, si drôles, si intelligents, si gentils… »En retournant dans la salle de rédaction, elle aperçoit Philippe Lançon enfilant son manteau, son bonnet et son sac à dos. Un jeu de mots traverse la pièce. Le dernier de la journée. « Il y avait le mot “susmentionné”, ou quelque chose dans le genre, il y avait “suce” dedans. » Charb lance à Philippe : « On fait cette blague pour que tu ne nous quittes pas. »« On a entendu “pop pop” »A cet instant précis, Luce Lapin, la secrétaire de rédaction, s’apprête à quitter la salle pour corriger un numéro spécial sur la gestation pour autrui. Elle a déjà un pied dans son bureau, accolé à celui de Mustapha Ourrad, le correcteur d’origine kabyle qui, après des décennies de présence sur le territoire, vient d’obtenir la nationalité française. Leurs bureaux sont séparés de la salle de rédaction par une simple porte vitrée.A cet instant précis, « on a entendu deux “pop”. Ça a fait “pop pop” ». Dans une assemblée de dessinateurs affairés à inventer des bulles, des coups de feu font forcément « pop pop ». Les deux balles ont perforé les poumons de Simon Fieschi, 31 ans, le webmaster chargé de gérer le tombereau d’insultes qui affluent à la rédaction depuis des années. Son bureau est le premier qu’on rencontre quand on pénètre dans les locaux. Il sera la première victime de l’équipée vengeresse des frères Kouachi. Grièvement blessé, il a été hospitalisé dans un état critique.Trois jours d’enquête et de traqueDans la salle de rédaction, un moment de flottement. « Luce a demandé si c’était des pétards. On s’est tous demandé ce que c’était. » Elle voit Franck Brinsolaro, un des policiers chargés de la protection de Charb, se lever de son bureau, logé dans un renfoncement de la pièce. « Sa main semblait chercher quelque chose sur sa hanche, peut-être son arme. Il a dit : “Ne bougez pas de façon anarchique.” Il a semblé hésiter près de la porte. Je me suis jetée au sol. “Pop pop” dans Charlie, je comprends que ce ne sont pas des pétards. »La jeune femme rampe sur le parquet en direction du bureau de Luce et Mustapha, à l’autre bout de la pièce. Elle entend la porte d’entrée de la salle de rédaction « sauter » et un homme crier « Allahou akbar ». Puis cette question : « Où est Charb ? ». « Pendant que je rampe au sol, j’entends des coups de feu. Je ne veux pas me retourner pour ne pas voir la mort en face. Je suis sûre que je vais mourir. Je rampe et j’ai mal au dos. Comme si on me tirait dans le dos. » Aucun tir ne l’a touchée.Réfugiée derrière un muretTandis que les balles sifflent dans la pièce, elle parvient à atteindre le bureau de Mustapha et Luce, puis se cache un peu plus loin derrière le muret qui marque la séparation avec celui des maquettistes. Laurent Léger, son voisin de table, est parvenu à se glisser sous le bureau du policier. Adossée au muret, la jeune femme aperçoit Jean-Luc, le maquettiste, qui s’est lui aussi réfugié sous son bureau. Elle entend la scène qu’elle ne voit pas : « Ce n’était pas des rafales. Ils tiraient balle après balle. Lentement. Personne n’a crié. Tout le monde a dû être pris de stupeur. »Puis tout s’est tu. « Je connaissais l’expression “un silence de mort”… », dit-elle. Le silence, et cette « odeur de poudre ». Sigolène Vinson ne voit rien. Réfugiée derrière le muret, elle entend la mort, elle la sent. Puis elle perçoit des pas qui s’approchent. Elle les mime. Des coups de feu, à nouveau. « Je comprends que c’est Mustapha. » Puis elle voit. « J’ai vu les pieds de Mustapha au sol. » Les pas se rapprochent. Un des tireurs, « habillé comme un type du GIGN », contourne lentement le muret et la met en joue. Il porte une cagoule noire.« Je l’ai regardé. Il avait de grands yeux noirs, un regard très doux. J’ai senti un moment de trouble chez lui, comme s’il cherchait mon nom. Mon cerveau fonctionnait très bien, je pensais vite. J’ai compris qu’il n’avait pas vu Jean-Luc, sous son bureau. » L’homme qu’elle regarde dans les yeux s’appelle Saïd Kouachi. Il lui dit : « N’aie pas peur. Calme-toi. Je ne te tuerai pas. Tu es une femme. On ne tue pas les femmes. Mais réfléchis à ce que tu fais. Ce que tu fais est mal. Je t’épargne, et puisque je t’épargne, tu liras le Coran. » Elle se souvient de chaque mot.« Jean-Luc est sous la table, il ne l’a pas vu »Les yeux plantés dans le regard du tueur, Sigolène Vinson engage un dialogue mental avec lui. Ses pensées courent toutes seules. « Je me suis demandé pourquoi il me disait ça. Je pensais que mes chroniques judiciaires étaient jolies. Je trouvais assez cruel de sa part de me demander de ne pas avoir peur. Il venait de tuer tout le monde et me braquait avec son arme. Je l’ai trouvé injuste. Injuste de dire que ce qu’on faisait était mal, alors que le bien était de notre côté. C’est lui qui se trompait. Il n’avait pas le droit de dire ça. »Durant cet échange silencieux, elle ne quitte pas son agresseur du regard. « Je lui fais un signe de la tête. Pour garder un lien, un contact. Peut-être qu’inconsciemment, je cherche à l’attendrir. Je ne veux pas perdre son regard car Jean-Luc est sous la table, il ne l’a pas vu, et j’ai bien compris que s’il ne tue pas les femmes, c’est qu’il tue les hommes. »Dans la salle de rédaction, où se trouve Chérif Kouachi, le frère cadet de Saïd, une femme a été assassinée : Elsa Cayat, psychanalyste et chroniqueuse à Charlie. Saïd Kouachi se tourne vers la grande pièce et crie : « On ne tue pas les femmes. » Trois fois. « A ce moment, je ne sais pas qu’Elsa est morte, dit Sigolène Vinson. Ni que Cécile, Luce et Coco se sont réfugiées dans un autre bureau. »« On ne tue pas les femmes ! », crie Saïd. Puis il disparaît. Sigolène Vinson perd le contact avec « ces grands yeux doux » qui sortaient de la cagoule. A un moment, elle ne sait plus trop quand, elle s’approche de la fenêtre pour sauter, avant de se rendre compte que c’est « trop haut ». « Je me suis retrouvée avec Jean-Luc, on est resté interdits. On ne savait pas s’ils étaient vraiment partis. » Des coups de feu retentissent au loin, dans la rue. « J’ai entendu Lila, les petits pas de Lila, passer à côté de Mustapha. » Elle mime les petits pas de Lila. Dans son souvenir, la mémoire de ses sens exacerbés, le chien courait de bureau en bureau pendant la tuerie.Au fond de la pièce, une main se lèveSigolène retourne dans la salle de rédaction. Sa « vision d’horreur ». « Je vois les corps par terre. Tout de suite, j’aperçois Philippe, le bas du visage arraché, qui me fait signe de la main. Il y a deux corps sur lui. C’était trop. » Elle s’interrompt. Puis reprend, la voix étranglée : « Il a essayé de me parler avec la joue droite arrachée… Je lui ai dit de ne pas parler. Je n’ai pas pu m’approcher de lui. Je n’ai pas pu lui tenir la main. Je n’ai pas réussi à l’aider. C’était trop. » Philippe Lançon, dont les jours ne sont pas en danger, a reçu une balle dans la joue droite.« Charlie Hebdo » : du côté des blessés, entre trauma et soulagementTous les morts ont été retrouvés face contre terre. Sigolène enjambe les corps de Cabu, d’Elsa, de Wolinski et de Franck, le policier, pour récupérer son portable dans son manteau. Elle appelle les pompiers. La conversation dure 1 min 42 s. « C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts. » Le pompier lui demande « combien de corps ? ». Elle s’agace, le trouve « con ». Le pompier lui demande l’adresse de Charlie Hebdo. Elle ne s’en souvient plus. Elle répète trois fois : « Ils sont tous morts ! »Au fond de la pièce, une main se lève. « Non, moi je ne suis pas mort. » C’est Riss. Allongé sur le dos, il est touché à l’épaule. A côté de lui, Fabrice Nicolino fait signe à Sigolène Vinson de venir l’aider. Atteint aux jambes et à l’abdomen, il est assis dans une mare de sang. « C’est horrible à dire, mais comme ses blessures étaient moins apparentes que celles de Philippe, c’était plus facile pour moi de m’occuper de lui. Il m’a demandé quelque chose de frais pour son visage, je lui ai rapporté un torchon mouillé. Puis il m’a demandé de l’eau. Je ne savais pas qu’il ne fallait pas donner d’eau dans ces circonstances, je suis allée remplir une flûte à champagne en plastique dans la cuisine. Il perdait beaucoup de sang. Puis il s’est senti partir, il m’a demandé de lui parler. »Chaque seconde est une éternité Ses proches, informés du drame, commencent à l’appeler. « Dès que je décrochais, je hurlais, je tenais des propos incohérents. Riss m’a demandé de me calmer. Dès que je raccrochais, je me calmais, je retrouvais mes esprits. » Coco fait irruption dans la pièce. Elle se précipite sur Philippe Lançon pour lui venir en aide. « Ça m’a soulagée, dit Sigolène Vinson, moi je n’y arrivais pas. »Chaque seconde semble une éternité. L’attente de l’arrivée des secours, qui tarde, est insupportable. « Tout à coup a surgi dans la salle une femme habillée de noir, assez jolie. J’ai appris plus tard qu’elle travaillait en face, sur le même palier. Elle avait les yeux exorbités. Elle disait : “C’est horrible, c’est horrible.” Elle avait la main sur la bouche. Elle voulait aider, mais elle ne pouvait pas. »La silhouette de Patrick Pelloux apparaît dans l’embrasure de la porte. « Je l’ai vu se pencher sur le corps de Charb. Il lui a pris le pouls au niveau du cou. Puis il lui a caressé la tête et lui a dit : “Mon frère.” » Le récit s’interrompt. Elle reprend : « Il lui a dit “Mon frère”. » La conversation se noie à nouveau : « Mon frère… »La jeune femme se souvient qu’on lui fait alors quitter la pièce. On l’emmène dans « l’aquarium », le grand bureau vitré où travaillent d’ordinaire Zineb, Laurent Léger et Gérard Biard. « Je vois Luz, je ne comprends pas ce qu’il fait là car il n’était pas à la conférence de rédaction. Je suis ahurie. Puis je vois Laurent Léger, je ne comprends pas non plus car lui y était. Je suis tellement contente. Des pompiers arrivent, puis Riss. Je m’aperçois qu’il y a Cécile, Coco et Luce. C’est là que je me rends compte qu’il y a des vivants. Que toutes les femmes, en dehors d’Elsa, sont vivantes. »Arrivé en retard à la conférence de rédaction, Luz avait apporté une galette des rois. Le gâteau marbré de Sigolène Vinson, lui, a « volé en éclats ». Lila, le cocker roux, a continué de courir de table en table. La jeune femme cherche ses mots. Le sens se dérobe. « Cette rédaction, ce n’était que des rires et de la gentillesse. Une vraie douceur, une vraie tendresse. Quand j’ai vu Cabu et Wolinski, des vrais, vrais gentils, je n’ai pas compris… »Ils ont recommencé à rigoler, à se foutre du mondeSoren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.01.2015 à 18h30 • Mis à jour le13.01.2015 à 18h08 « L'esprit du journal, c'est de faire rire. » Le prochain numéro de Charlie Hebdo, préparé par les rescapés de l'attaque sanglante contre le journal satirique, sortira mercredi 14 janvier. Il entend bien garder sa ligne éditoriale, et éreinter, comme à son habitude, politiques et religions.Les journalistes de la rédaction, qui ont été accueillis dans les locaux parisiens du quotidien Libération, ont bouclé l'édition de l'hebdomadaire lundi soir. Mardi, ils ont donné une conférence de presse au sein du quotidien pour évoquer leur prochain numéro.Huit pages, 3 millions d'exemplairesL'édition du mercredi 14 janvier fera huit pages, au lieu du double habituellement. Il sera tiré à 3 millions d'exemplaires, ont précisé lundi les messageries MLP (Messageries lyonnaises de la presse), contre 1 million initialement annoncé. D'ordinaire, le journal est tiré à 60 000 exemplaires.Le numéro sera notamment traduit en anglais, espagnol et arabe pour la version numérique, ainsi qu'en italien et turc pour la version papier, a indiqué le rédacteur en chef de l'hebdomadaire Gérard Biard.Pour la version turque, Charlie Hebdo a noué un partenariat avec le journal d'opposition Cumhuriyet « qui va publier et traduire en turc le numéro de demain et le vendre avec leur journal », a précisé M. Biard. « La Turquie vit un moment difficile et la laïcité y est attaquée », a-t-il ajouté, estimant que cette version turque était « la plus importante » à ses yeux. Un même partenariat a été noué pour la version italienne avec le quotidien Il Fatto Quotidiano. Pour le premier million d'exemplaires, toute la recette ira à Charlie Hebdo, le réseau de distribution ayant accepté de travailler gratuitement. Les points de vente seront livrés quotidiennement, du 14 au 19 janvier inclus, et le numéro restera en vente pendant huit semaines.Pour autant, il n'y aura pas d'interruption dans la publication du journal et un nouveau numéro suivra en kiosque le mercredi 21 janvier, et ainsi de suite, a annonce Gérard Biard.« On est heureux de l'avoir fait, on est heureux d'y être arrivé » Ce nouveau numéro de l'hebdomadaire représentera en « une » le prophète Mahomet brandissant une pancarte « Je suis Charlie ». Au-dessus de lui, trois mots : « Tout est pardonné ».« Cette “une” a été compliquée à trouver », a expliqué mardi Gérard Biard lors de sa conférence de presse, confiant avec émotion : « Ce numéro, il est sorti dans la douleur et dans la joie. On est heureux de l'avoir fait, on est heureux d'y être arrivé. »Le dessinateur Luz, qui a signé la « une » de ce nouveau numéro, a ensuite raconté la genèse de ce dessin. Qualifiant les deux premiers jours de « compliqués », il a confié aux journalistes présents : « Je ne savais pas si j'allais pouvoir dessiner. » Dans une vidéo mise en ligne par Libération avant la conférence de presse, l'illustrateur confesse : « Cette “une” a été aussi dure à chier que la mort de nos amis à avaler. » Une métaphore que file le rédacteur en chef, Gérard Biard : « Elle a eu du mal à sortir mais quand ça a du mal à sortir et que ça sort enfin c'est bon, ça fait du bien. »Finalement, après un premier dessin qu'il qualifie de « catharsis », Luz s'est penché avec les autres dessinateurs sur celui de « une » :« On voulait un dessin qui nous fasse marrer avant tout. Pas un dessin sur la charge émotionnelle dont on est victime. L'idée était de dessiner ce personnage de Mahomet. (...) Puis j'ai écris “tout est pardonné” et j'ai pleuré. Et on l'avait cette putain de “une”. »« Notre Mahomet est vachement plus sympa que celui brandi par ceux qui ont tiré » et « c'est un bonhomme qui pleure avant toute chose », a raconté l'équipe. « Elle nous a fait éclater de rire donc j'espère qu'elle fera éclater de rire le monde entier qui va nous acheter », a ajouté le rédacteur en chef de l'hebdomadaire satirique.Lire aussi : « Cette “une” a été aussi dure à chier que la mort de nos amis à avaler »«  On fait confiance à l'intelligence des gens »Interrogé sur les craintes liées à la publication du prophète en « une », le dessinateur Luz a expliqué n'avoir « aucune inquiétude », car « les gens sont intelligents ». « Nous, on fait confiance à l'intelligence des gens, à l'intelligence de l'humour, à l'intelligence du second degré. Ceux qui ont commis cet attentat manquent d'humour et sont au premier degré. Il faut trouver la place du second degré dans le monde dans lequel nous sommes. »Lundi, l'avocat du journal Richard Malka avait déjà justifié ce choix, faisant référence aux nombreux messages de soutien brandis dimanche durant les manifestations qui ont rassemblé près de 4 millions de personnes en France : « Quand on a une pancarte “Je suis Charlie” ça veut dire : “Vous avez le droit au blasphème, vous avez le droit de critiquer ma religion, parce que c'est pas grave.” » « On n'a jamais le droit de critiquer un juif parce qu'il est juif, un musulman parce qu'il est musulman, un chrétien parce qu'il est chrétien, a estimé Richard Malka. Mais vous pouvez dire tout ce que vous voulez, et les pires horreurs, et on les dit, sur le christianisme, le judaïsme et l'islam, car, au-delà de l'unité des beaux slogans, c'est ça la réalité de Charlie Hebdo. »Un numéro « normal », pas « nécrologique »Ce nouveau numéro comprendra également des dessins de tous les auteurs de Charlie Hebdo, y compris des victimes de l'attentat.Riss, atteint par une balle à l'épaule pendant l'attentat et qui sortira lundi de l'hôpital, a aussi signé pour l'hebdomadaire des dessins de la main gauche. Aucun dessinateur extérieur n'y a contribué, malgré une foule de dessins de soutien reçus.Lire aussi : Une sélection de vos dessins du week-endCe numéro sera aussi « normal » que possible et pas « nécrologique », expliquait un membre de l'équipe joint par Le Monde vendredi. Une idée confirmée lundi par Richard Malka : « Ce ne sera pas un numero hommage, car ce n'est pas l'esprit de Charlie Hebdo. »Lire aussi (édition abonnés) : « Charlie Hebdo », le journal des survivants Martin Untersinger Un site se faisant passer pour celui du réseau audiovisuel public britannique BBC diffuse depuis dimanche 11 janvier un article et une vidéo censés montrer les incohérences des images témoignant de la tuerie de Charlie Hebdo.L'adresse Internet de la page « bbc-news.co.uk » n'est pas celle utilisée par le site d'information en continu de la radio britannique, « bbc.com/news » ou « bbc.co.uk/news ». Mis à part le contenu de l'article et cette adresse, la copie est parfaite et rien ne permet au premier regard de la distinguer de l'originale.Intitulé « Des doutes soulevés concernant les vidéos de Charlie Hebdo », cet article et la vidéo qu'il comporte soulignent les incohérences supposées des images amateur de l'assassinat du policier Ahmed Merabet. L'article et la vidéo rappellent avec bienveillance les nombreuses théories complotistes qui ont fleuri ces derniers jours sur Internet. L'accent anglais de l'homme sur la vidéo est irréprochable.Cette page, mise en ligne dimanche en fin de journée, n'était plus accessible lundi en fin d'après-midi, après avoir commencé à être largement partagée sur les réseaux sociaux (2 700 partages sur Facebook et plus de 600 sur Twitter). Le compte YouTube qui héberge cette vidéo a lui aussi été suspendu peu de temps après, ainsi que le compte Twitter qui a le premier partagé cet article.Outre cette page relative à la tuerie de Charlie Hebdo, ce faux site est alimenté depuis plusieurs semaines avec des contenus authentiques – de la BBC ou d'autres médias britanniques – sans doute pour ajouter encore à sa crédibilité. Tous ces contenus, à l'instar de celui sur la fusillade de Charlie Hebdo, ne sont plus accessibles.Un compte Google+, le réseau social de Google, est également alimenté depuis plusieurs jours. Le nom de domaine « bbc-news.co.uk » a quant à lui été enregistré le 28 décembre. Contactée, la BBC s'est refusée à tout commentaire et l'internaute ayant créé le compte YouTube d'où a été postée la vidéo n'a pas répondu à nos sollicitations.Martin UntersingerJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.01.2015 à 16h31 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h02 | Vanessa Schneider L'homme d'affaires de 49 ans, ami de Patrick Drahi, pourrait diriger le futur groupe de médias qui comprendra notamment "Libération", "L'Express" ou la chaîne d'information israélienne I24news. Protégé d'Alain WeillMarc Laufer a travaillé au côté de celui qui est aujourd'hui président de NextRadioTV. D'abord à NRJ, de 1990 à 2000, notamment comme directeur du réseau et secrétaire général. Puis chez NextRadioTV (RMC, BFM) où il a officié pendant dix ans. En dépit d'un court passage à La Tribune, il n'a pas vraiment le profil d'un homme de presse écrite, ce qui inquiète certains à Libération et à L'Express.Proche de Patrick Drahi C'est le patron de Numéricable et SFR, quatrième fortune de France selon le magazine Forbes, qui l'a fait venir en juin dernier à Libération pour le représenter. Les deux hommes se connaissent depuis une vingtaine d'années : Marc Laufer fut le directeur général de la filiale française du câblo-opérateur UPC/Fortel que Drahi présidait alors.Homme de médias Il est à la tête d'un groupe d'information professionnelle, NewsCo, qui emploie 70 salariés, dont la moitié de journalistes, et affiche un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros.Gestionnaire Si Drahi pense à lui, c'est bien sûr pour veiller au mieux à ses intérêts, notamment aux 14 millions d'euros qu'il a injectés dans Libération. C'est un habitué des fusions acquisitions, qui a créé NewsCo en rachetant des newsletters spécialisées. La gestion du nouveau groupe créé par Drahi représenterait néanmoins un sacré changement d'échelle pour lui.Vanessa SchneiderJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Le télécrochet promet d’être à la hauteur avec des candidats dont le niveau ne cesse de progresser (jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8)C’est le grand soir pour les onze finalistes de « Nouvelle star ». Après les épreuves du casting et du théâtre, les candidats du télécrochet de D8 vont affronter le stress du direct, du vote du jury et du public et l’élimination, à chaque fin d’émission, de l’un d’entre eux. Pour prévenir toute mauvaise surprise – comme souvent au cours du premier « prime » –, la production a imaginé cette année « l’épreuve du feu ». Cette émission diffusée il y a une semaine et tournée dans les conditions du direct a permis de ne garder que les chanteurs les mieux armés pour arpenter la scène de l’arche Saint-Germain et « éviter l’effet lapin ébloui dans les phares d’une voiture », raconte Benjamin Castaldi.Ce dernier retrouve la présentation de ce concours, qu’il a incarné pendant les trois premières saisons et une partie de la quatrième. « C’est une émission que j’ai beaucoup portée au début et avec laquelle je n’ai que des bons souvenirs. Je serai de nouveau le lien entre le jury, ce que les gens ont ressenti et les candidats », promet l’animateur venu de TF1.« Fondamentaux musicaux »Pour supporter la comparaison avec « The Voice », devenue la référence en matière de télécrochet, la production ne veut plus de fausses notes. « Les gens ont envie que l’on revienne aux fondamentaux musicaux », observe André Manoukian, le juré vétéran de l’émission, qui sera accompagné, pour cette onzième saison, des chanteurs Sinclair et Elodie Frégé ainsi que du musicien et producteur Yarol Poupaud. « Le niveau musical des candidats monte année après année, se félicite André Manoukian. On demande aux participants un vrai style et d’être capable de chanter quelque chose qui n’est pas de leur univers. » De quoi assurer le spectacle, et les audiences.Après un démarrage en demi-teinte, le public a trouvé le chemin de la 8. « Toutes les grosses émissions enregistrent des baisses qui sont plus mécaniques qu’autre chose. La rediffusion le dimanche sur D17 marche bien, le replay n’a jamais aussi bien fonctionné », se rassure Benjamin Castaldi. A la suite de l’échec de « Rising Star », le télécrochet de M6 pour lequel les votes s’effectuaient uniquement électroniquement, la production a décidé de maintenir le choix des candidats via des SMS surtaxés. « Tout le monde n’est pas sur les réseaux sociaux », justifie l’animateur. La sélection pourra néanmoins se faire gratuitement sur Twitter.« Nouvelle Star », jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.01.2015 à 11h13 • Mis à jour le22.01.2015 à 11h50 Le rédacteur en chef de l'édition nationale du 12/13 de France 3, Régis Poullain, sera remplacé à cause du manque de réactivité de l'édition de la mi-journée, juste après l'attaque contre Charlie Hebdo, a annoncé France Télévisions mardi 20 janvier.Alors que la nouvelle de l'attentat contre l'hebdomadaire satirique venait de tomber, le 7 janvier, le journal n'avait pas modifié ses titres, qui parlaient entre autres de soldes et de baignades hivernales. « Il y a eu une erreur d'évaluation de la part du rédacteur en chef Régis Poullain », a déclaré Pascal Golomer, directeur délégué à l'information chargé des rédactions de France 2 et France 3.Régis Poullain va quitter son poste et sera amené à occuper d'autres fonctions au sein de la rédaction nationale, a indiqué M. Golomer. Il sera remplacé à compter de lundi prochain par Philippe Peaster, actuellement rédacteur en chef adjoint du 19/20.EXAMEN DÉTAILLÉLa direction de l'information a également décidé de « missionner » la directrice adjointe de la rédaction, Agnès Molinier, « dans un rôle très opérationnel » pour accompagner l'équipe de rédaction en chef du 12/13 depuis la fabrication et jusqu'à la diffusion du journal, a ajouté M. Golomer.Les équipes de rédaction en chef, au 12/13 comme au 19/20, seront à nouveau composées de trois personnes dédiées (auparavant, elles se partageaient un adjoint). L'objectif est d'« agir pour qu'à l'avenir la couverture de l'actualité soit à la fois plus complète, plus réactive et plus pertinente, quelle que soit l'édition », a souligné M. Golomer.Plusieurs syndicats ont déposé un préavis de grève de une heure pour le lundi 26 janvier afin d'obtenir les résultats de l'« enquête interne » sur le traitement de l'attentat par l'édition nationale du 12/13 le 7 janvier.Ces syndicats ont dénoncé un « crash éditorial ». Selon eux, les informations des journalistes de la rédaction partis sur les lieux de l'attentat et les dépêches de l'AFP « auraient permis de modifier le conducteur et de dérouler le journal à la hauteur de l'événement ».La direction de l'information de France Télévisions a entamé un examen détaillé de la couverture par les rédactions de France 2, France 3 et France TV info des événements survenus entre le 7 et le 11 janvier. La direction fera part aux rédactions des actions à mener d'ici à la mi-février. 21.01.2015 à 18h05 • Mis à jour le21.01.2015 à 19h22 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Simple recadrage marketing ou conséquence des campagnes féministes, la décision du magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch de supprimer les photos de femmes aux seins nus qui ornaient la page 3 du quotidien britannique The Sun depuis 1970, a été unanimement saluée, mardi 20 janvier.Fait rare en pleine campagne électorale, les politiques de tous bords se sont donné le mot pour applaudir la fin des « pages 3 girls », sorte d’institution entretenue depuis quarante-quatre ans par le tabloïd le plus lu du pays (2,2 millions d’exemplaires quotidiens en moyenne).« Réduire ainsi les femmes à l’état d’objets revenait à affirmer haut et fort que l’important, ce sont nos poitrines et pas nos cerveaux », s’est félicitée la députée travailliste Stella Creasy. « Cette décison n’avait que trop tardé », a renchéri la secrétaire à l’éducation conservatrice Nicky Morgan. Mais, en plein débat sur la liberté d’expression, consécutif à la tuerie de Charlie Hebdo à Paris, le premier ministre britannique, David Cameron, n’a pas été plus loin. « C’est aux rédacteurs en chef de prendre de telles décisions », a seulement noté, mardi, son porte-parole.La décision de M. Murdoch n’a pas été annoncée dans The Sun mais dans The Times dont il est aussi propriétaire. Mardi, sur la page 3 du tabloïd populaire, l’habituel modèle topless avait cédé la place à deux actrices du feuilleton Hollyoaks courant en bikini sur une plage de Dubaï. « Exhiber des femmes en bikinis, est-ce vraiment réfléchir de façon moderne à la contribution des femmes à la société ? », a raillé Jo Swinson, la ministre (LibDem) des femmes et de l’égalité.« Démodées »Les « filles de page 3 » étaient la cible, depuis 2012, d’une vigoureuse campagne « No more page 3 ». Une pétition visant à « virer les nichons à l’air du Sun » (Take the bare boobs out of The Sun) a été signée par plus de 210 000 personnes. « Après quarante-quatre ans, il était temps », a déclaré Yas Necati, figure de proue du mouvement de protestation.En réalité, « Lucy, 25 ans, de Warwick », une jeune femme rousse à la poitrine nue figurait toujours, mardi, dans The Sun, mais uniquement dans sa version en ligne, qui propose à ses lecteurs de parcourir toute une « gallerie » de ce qui reste dénommé les « page 3 ».Dans le journal imprimé, l’habitude de publier des photos dénudées en page 3 avait été introduite en 1970, un an après le rachat du Sun par Rupert Murdoch. Ces clichés réputés osés à l’époque étaient au cœur de la stratégie commerciale, centrée sur le sexe, qui a fait le succès du tabloïd. Il s’agissait de concurrencer les pin-up en lingerie fine ou en bikini du Daily Mirror.En 2014, Rupert Murdoch avait déclaré que « les féministes qui nous bassinent à propos de la page 3 n’achètent jamais le journal », avant de reconnaître, en septembre, que les « page 3 girls » étaient « démodées ».Le retrait annoncé mardi n’a fait l’objet d’aucun commentaire de David Dinsmore, rédacteur en chef du Sun. En cas d’impact négatif sur les ventes, la décision pourrait d’ailleurs être reconsidérée.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.01.2015 à 17h48 La directrice exécutive de l'école de journalisme de Sciences Po, Agnès Chauveau, accusée de plagiat par le site Arrêt sur images (ASI), a été licenciée par l'établissement. Le directeur, Bruno Patino, « a officiellement annoncé », mercredi 21 janvier au matin aux élèves de l'école parisienne « le licenciement de la directrice Agnès Chauveau de ses fonctions à l'école ainsi que de l'établissement Sciences Po dans son ensemble », écrit Le Figaro.Arrêt sur images avait démontré, le 16 novembre 2014, que dans ses chroniques diffusées dans l'émission « Soft Power », sur France Culture, puis retranscrites sur le site d'information français Huffington Post, Mme Chauveau utilisait allègrement des extraits d'article sans citer ses sources. Arrêt sur images a ainsi pu affirmer que sur vingt chroniques passées au crible du logiciel de vérification Plagiarism Checker, la moitié d'entre elles contenait au moins une phrase copiée et collée sans renvoi aux articles dont elles étaient issues.« DÉONTOLOGIE »Bien qu'Agnès Chauveau, qui traite fréquemment de l'économie et de l'impact des médias – dont elle est une spécialiste –, se fût défendue de toute malhonnêteté, Bruno Patino, directeur de l'école de journalisme, et par ailleurs directeur des programmes et du numérique à France Télévisions, avait alors adressé, dès le lendemain, un courriel aux étudiants et aux personnels indiquant que « l'école, qui enseigne la déontologie, ne peut prendre ce genre de choses à la légère ».Lire : Une affaire de plagiat agite la direction de l'école de journalisme de Sciences PoM. Patino avait aussi annoncé avoir demandé une « évaluation indépendante des faits reprochés » à Mme Chauveau, et avait précisé l'avoir mise, « dans l'intervalle […] en congé de ses fonctions ». Le Figaro note par ailleurs que Mme Chauveau ne figure plus sur la page de présentation de l'équipe pédagogique de l'établissement. Didier Quillot (Ancien Président d'Orange France, puis de Lagardère Active et de Coyote System) Le dernier Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas l’a démontré : les objets connectés sont entrés dans notre monde. Montres, bracelets, lunettes, vêtements, frigidaire, ampoule électrique, voiture.., ils accompagnent notre quotidien. Les (très) grands écrans télévision, en « super ultra » haute définition, tenaient aussi la vedette au CES. Samsung, en annonçant la « révolution de l’expérience du visionnage », a lancé la bataille contre l’Android TV de Google, avec son système d’exploitation Tizen. On naviguera sur son téléviseur comme sur tous les écrans, à travers des applications. Les usages vont se segmenter entre grand téléviseur du foyer d’un côté, écrans individuels de l’autre.Ces postes géants qui vont donc trôner au milieu du salon sont la preuve que ce qu’on appelait autrefois le « petit écran » n’a pas abandonné son rôle de fédérateur et de rassembleur du foyer. Nul ne s’en plaindra, à l’heure où l’actualité nous interroge sur ce qui nous rassemble, sur nos valeurs communes et où il est plus que jamais nécessaire de faire revivre le lien social.Mais, avec la prolifération des écrans individuels et connectés, la domination des applications, la consommation délinéarisée et personnelle des images, l’utilisation généralisée des réseaux sociaux et des services d’accès à la demande aux programmes comme YouTube, Netflix…, le téléspectateur est devenu acteur, libre de ses choix. Il a désormais des outils et des interfaces pour passer « sans couture » d’un écran à l’autre, du linéaire au non linéaire, de contenu « professionnel » à des images échangées entre amis... L’économie de l’offre fait ainsi place à celle de la demande.Cette demande se polarise d’un côté sur quelques œuvres mondialisées dans leur production, leur distribution et leur circulation, et de l’autre sur une multitude de contenus singuliers, d’une infinie diversité, personnalisés à l’attention d’une niche de la population ou d’un seul individu.Les grands groupes de médias, et en particulier les groupes audiovisuels se retrouvent ainsi plongés dans une concurrence mondiale. Leurs concurrents sont désormais américains, chinois... ; ce sont de nouveaux types de diffuseurs comme Google, Apple, Netflix, et des prescripteurs comme Facebook et Twitter.Pourtant, le lien social que peut créer le partage de l’information, d’un film, d’une émission, d’un match,…regardés ensemble, discutés et débattus ensemble, est indispensable. Le rôle de fédérateur social que doit jouer un groupe audiovisuel est plus que jamais nécessaire.Mais quand le numérique émiette les audiences pour parler à tous, il faut désormais parler à chacun. Et donc, dès l’origine, concevoir chaque programme pour une exploitation à 360°, sur tous les écrans, sur les réseaux sociaux, pour toucher non seulement les foyers rassemblés autour du grand écran, mais aussi ceux qui sont en mobilité, ceux qui découvrent les contenus par les seules recommandations et interactions des réseaux sociaux …Cela nécessite aussi de reposer la question de la maîtrise des droits de programmes majoritairement financés par un diffuseur, et de réouvrir le dialogue avec les producteurs sur ce sujet. Toute la chaîne de valeur doit être intéressée à l’exploitation la plus large. La prochaine réforme, qui accordera aux chaines une part de co-production, va dans le bon sens, mais les enjeux des groupes audiovisuels sont encore plus importants. Ces groupes peuvent soutenir la consolidation d’une filière de production en faisant des investissements structurants dans des séries longues, qui permettent à des acteurs forts et pérennes d’émerger et de devenir des champions nationaux dans le contexte de production mondialisé des œuvres.Enfin, les entreprises de télévision n’échapperont pas à l’impératif d’une transformation interne induite par le numérique, dont le récent rapport Lemoine a tracé les pistes pour la réussite de l’ensemble de notre économie.En conduisant pendant près de 25 ans des transformations d’entreprises publiques (France Telecom Mobiles devenu Orange) ou privées, j’ai acquis une conviction : réussir la transformation numérique d’une entreprise, c’est réussir la transformation de son modèle économique et de son modèle technologique mais aussi de ses process, de sa gouvernance, de son mode d’organisation et de son modèle social.Le monde des applications sera dominé durablement par Google, Apple, voire Samsung pour la « smart TV », mais il laisse aussi la place à un écosystème foisonnant d’éditeurs d’applications. Les acteurs de la télévisions « traditionnelle » doivent leurs ouvrir leurs portes, aller chercher les idées, les talents, l’innovation à l’extérieur, et aussi s’organiser pour les laisser éclore en son sein.Pour rester fédérateurs et garder la confiance de leur public, les éditeurs audiovisuels doivent se montrer exemplaires en matière de protection des données personnelles. Mieux connaître leur public pour mieux l’engager dans leurs programmes : oui ; à condition de ne jamais mettre ces données à disposition d’autres ou d’en faire usage commercialement sans son accord.Enfin, comme toutes les entreprises, celles de l’audiovisuel ont la responsabilité d’assurer l’employabilité de leurs salariés. Dans ce « nouveau » monde connecté, une sorte de « dictature du jeunisme » voudrait que l’on n’embauche plus que des moins de 30 ans. Alors que le public de la télévision se compose d’abord de plus de 50 ans ? Et que la durée de la vie active doit s’allonger ? Préparer et accompagner ses salariés par la formation et le développement des compétences, en particulier dans le numérique, est un devoir démocratique pour les chefs d’entreprises.Rassembler, plutôt que diviser entre « digital natives » et les autres…et redevenir ainsi le fédérateur social avec une exigence constante d’audace, d’innovation, de qualité, et de courage managérial.Didier Quillot est ancien Président d'Orange France puis de Lagardère Active et de Coyote System.Didier Quillot (Ancien Président d'Orange France, puis de Lagardère Active et de Coyote System) Gilles Paris (Washington, correspondant) Les Etats-Unis avaient de bonnes raisons de disposer d’éléments sur un éventuel passage de Saïd Kouachi au Yémen, en 2011, dont ont fait état plusieurs médias américains le 8 janvier. Jusqu’à l’émergence de l’Etat islamique à la faveur des dérèglements irakiens et de la guerre civile syrienne, c’est dans cet Etat que se concentraient de leur propre avis les groupes les plus menaçants à la suite de l’affaiblissement de la branche historique de la nébuleuse terroriste constituée par Oussama ben Laden.C’est dans cet Etat également que les frappes de drones visant des djihadistes présumés ont été les plus nombreuses après celles conduites au Pakistan. C’est d’ailleurs au Yémen, le 30 novembre 2002, qu’avait eu lieu l’une des premières frappes de missile Hellfire tiré par Predator, tuant un responsable de l’attaque terroriste contre le bâtiment de la marine américaine Cole, deux ans plus tôt.C’est au Yémen qu’avait été formé Omar Farouk Abdoulmoutallab, le responsable de l’attentat manqué contre un avion de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit (Michigan), le 25 décembre 2009. Onze mois plus tôt, en février, les djihadistes saoudiens fuyant le royaume à la suite de la campagne de répression lancée par le prince Nayef bin Abdel Aziz Al-Saoud, alors ministre de l’intérieur, s’étaient alliés aux djihadistes yéménites pour constituer le groupe Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), profitant de la faiblesse historique de l’Etat yéménite et de sa position géopolitique entre la Corne de l’Afrique et le Pakistan.Lire aussi : Un haut responsable d'Al-Qaida au Yémen « se félicite » de l'attaque contre « Charlie Hebdo » Les frères Kouachi se sont revendiqués d’un idéologue d’AQPAIls y avaient prospéré et formé notamment de nombreux artificiers à l’origine de bombes dissimulées dans des colis postaux embarqués à bord d’avions-cargos à l’automne 2010. Aucune bombe n’avait cependant explosé. Un imam d’origine américaine, Anouar Al-Awlaki, lié à la fusillade de Fort Hood, dans une base américaine, en 2009, était l’idéologue d’AQPA jusqu’à son assassinat par une attaque américaine en septembre 2011. C’est de ce responsable que se sont revendiqués les frères Chérif et Saïd Kouachi, selon les témoignages recueillis lors de leur cavale.Avant le « printemps yéménite », qui allait emporter le régime du président Ali Abdallah Saleh et ouvrir une période d’instabilité dont il continue à payer le prix, le Yémen avait constitué une destination de choix pour des dizaines de salafistes français désireux de renouer avec l’islam « des pieux ancêtres ». Ces salafistes poursuivaient des enseignements religieux à Sana’a comme dans une ville du nord-ouest, Dammaj. La majorité de ces salafistes ne poursuivait aucun but djihadiste, mais certains d’entre eux pouvaient profiter sur place des liens entretenus par certains dignitaires religieux, y compris des membres du parti islamique Al-Islah, avec des groupes djihadistes, notamment à la faveur des solidarités tribales très actives au Yémen.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.01.2015 à 13h10 • Mis à jour le10.01.2015 à 09h32 Le prochain numéro sera aussi « normal » que possible et pas « nécrologique », explique un membre de l'équipe joint par Le Monde. Il contiendra aussi des dessins des membres de l'équipe tués – Cabu, Wolinski, Charb, Tignous – ajoute ce journaliste. L'idée est que les dessinateurs et chroniqueurs soient à leur place habituelle, résume-t-il.Paraître malgré tout, voilà l'idée des survivants de l'attentat contre Charlie Hebdo qui a coûté la vie à 12 personnes. Ils se sont retrouvés au sein des locaux du journal Libération, vendredi 9 janvier en fin de matinée. Une réunion de la rédaction délicate après des premières retrouvailles, jeudi.Par ailleurs, des membres de l'équipe seront à la manifestation de dimanche à Paris. Et un site a été lancé pour leur faire un don, ponctuel ou mensuel http://www.jaidecharlie.fr, qui sera relayé par d'autres médias.Touchée par les soutiens reçus, l'équipe cherche à se projeter sur le contenu de ces huit pages. A l'image de Richard Malka, l'avocat de l'hebdomadaire satirique, qui déclarait devant les bureaux de Libération, vendredi : « Le peu d'énergie qu'il nous reste, on le met dans les huit pages du prochain numéro. » >> Lire le récit (édition abonnés) : « Charlie Hebdo », le journal des survivants« CONTINUER À LUTTER CONTRE LA CONNERIE »Sur France Info jeudi, le grand reporter de Charlie Hebdo, Laurent Léger, témoignait, bouleversé et choqué, de la difficulté de produire ce numéro. « Je ne sais pas trop comment on va faire. On va faire quelque chose, je sais pas comment, quand... Enfin si quand on va le faire d'ici lundi parce qu'il faut le boucler lundi maximum. » Mais aussi, et justement, de l'importance que ce journal sorte. « Surtout celui-là. Je sais que Charb et les autres auraient voulu absolument que sorte un journal et qu'on dise qu'on existe. » « Je veux pas qu'on fasse un journal de nécrologies, je veux qu'on fasse un journal pour dire le défi d'exister, le défi de dire les choses, de continuer à lutter contre la connerie, contre la bêtise humaine, contre l'obscurantisme, contre tous les fondamentalismes. »>> Lire aussi : « Charlie Hebdo » : du côté des blessés, entre trauma et soulagement— (@)require(["twitter/widgets"]);VALLS, INVITÉ SURPRISELe premier ministre, Manuel Valls, et la ministre de la culture, Fleur Pellerin, sont arrivés peu après 13 h 30, « invités surprise » de la conférence de rédaction de Charlie Hebdo, selon une journaliste de Libération.Manuel Valls et Fleur Pellerin, invités surprise de la conference de redaction de #CharlieHebdo http://t.co/kGdS3o1C98— Isabelle Hanne (@isabellehanne)require(["twitter/widgets"]); 30.01.2015 à 15h56 • Mis à jour le30.01.2015 à 16h00 | Mattea Battaglia Tout est parti d’un courrier de lycéens reçu le 16 janvier, titré : « Nous ne sommes pas tous Charlie, nous sommes tous la Liberté ». Deux paragraphes plein de colère, celle des élèves de la 2de 216 du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), « indignés » du traitement que leur a réservé la presse, au lendemain des attentats des 7, 8 et 9 janvier. Le Monde avait été rencontrer des élèves de ce lycée général et technologique.A Saint-Denis : « On ne rigole pas avec la religion »Car ce qu’ont d’abord relayé les journaux, ce sont des propos d’élèves condamnant la tuerie de Charlie Hebdo… presque autant que les caricatures. Ou ce colis suspect retrouvé en salle des professeurs, le 9 janvier, portant la mention « Je ne suis pas Charlie ». De quoi « favoriser les amalgames et les stigmatisations de toutes sortes », redoute la 2de 216. « Les élèves interrogés, jeunes collégiens et lycéens, dans l’émotion ont parfois tenu des propos que nous avons trouvés inacceptables », soulignent les lycéens. Qui concluent : « Si certains d’entre nous n’adhèrent pas à certains choix éditoriaux de certains journaux satiriques, nous sommes tous convaincus qu’ils sont au fondement de la démocratie. »« Grande nervosité »L’émotion dépasse le cadre du lycée. Sur les réseaux sociaux, sur les forums de discussion entre enseignants ou parents d’élèves – et même dans des salles de profs, où l’ambiance nous a été décrite comme électrique –, l’image donnée de la Seine-Saint-Denis fait mal. Certains la jugent outrageusement caricaturée ; d’autres, au contraire, appellent à l’assumer. Tous éprouvent de la colère, à des degrés divers.« C’est comme si le département était l’endroit idéal où les journalistes vont pour trouver ce qu’ils cherchent, regrette le proviseur. Je ne dis pas qu’il est illégitime de venir ici quand on enquête sur les contestations de la minute de silence [recensées dans 200 établissements sur tout le territoire]. Mais pourquoi venir ici en premier ? Ou ici uniquement ? » Dans son lycée comptant 71 classes et 188 enseignants, la minute de recueillement, le 8 janvier à midi, n’a pas été contestée. « On a su entendre les questions des adolescents, explique M. Bobkiewicz. Certains professeurs étaient parfaitement armés pour y répondre, d’autres plus démunis… »Gabrielle Napoli, l’enseignante de lettres de la classe 216, raconte avoir « récupéré ses élèves, le mardi après les attentats, dans un état de grande nervosité ». Pour donner du sens à leurs réactions, cette professeure trentenaire a proposé de rassembler leurs idées au tableau, avant de les coucher sur le papier. « Ils répétaient : “C’est dégueulasse, c’est dégueulasse”... Je leur ai dit qu’ils avaient le droit de le dire, de l’exprimer. Que la liberté d’expression leur permet, justement, d’exercer leur droit de réponse. » « Trop cliché »Quinze jours après les faits, Ryan, assis au fond de la classe, a encore du mal à desserrer les dents. C’est lui qui, le premier, a vu passer l’article du Monde du 10 janvier titré « A Saint-Denis, collégiens et lycéens ne sont pas tous Charlie ». « Mon grand-père, qui lit votre journal, m’a demandé : “Mais qu’est ce qui se passe dans ton lycée ?” Madame, votre article, je l’ai lu, nous lance-t-il, et il est vraiment trop cliché ! » La critique fait l’unanimité dans la classe. Idem du sentiment que la presse ne dit « jamais rien de bien sur les banlieues », qu’elle « parle de nous comme de sauvages », que « tout le monde se moque du 9-3 ». Tous ignorent que nous avions consacré, au printemps 2014, un article sur la réussite au baccalauréat de leur établissement.« Quelle image on donne de nous, quand on fait un micro-trottoir, sans s’intéresser à la majorité silencieuse ? », interroge timidement Landri. Puis, prenant de l’assurance : « Etre Charlie ou ne pas être Charlie, c’est devenu une sorte de buzz, explique le garçon, et il n’y a pas d’échelle, pas de voie intermédiaire pour nous ».A sa droite, Edith approuve. Pour l’adolescente, les médias ont surtout fait fi de l’état de connaissance des élèves. « On dirait qu’il n’y a qu’un seul point de vue… Mais des camarades ont dit qu’ils n’étaient pas Charlie simplement parce qu’ils ne connaissaient pas Charlie Hebdo ; ça ne veut pas dire qu’ils cautionnent ce qui s’est passé… Nous, on pensait vraiment que les caricatures, c’était du blasphème, poursuit la jeune fille, mais Mme Nicoli nous a bien expliqué que non, parce que pour les caricaturistes Dieu n’existe pas. En fait, on a tout mélangé… »Le difficile débat sur la laïcitéRyan, lui, bout toujours au troisième rang. « Est-ce que vous, journaliste, vous trouvez que coller une conscience politique à des gamins, c’est normal ? Et pourquoi citer systématiquement la religion des élèves rencontrés, si vous être dans une démarche laïque ? » Pas facile, dans la classe, d’ouvrir le débat sur la laïcité. Laïcité ouverte ? Laïcité de combat ? Beaucoup d’élèves semblent penser qu’elle implique de taire leur foi. Chez Ryan, le ton vindicatif cache à peine sa détresse. « Ça veut dire quoi cette injonction de minute de silence ? Et pourquoi la faire à ce moment-là, et pas pour d’autres victimes, au Congo, en Palestine ? »Des 50 minutes d’échange avec la classe, ressort une défiance, douloureuse, à l’égard des médias. Presse écrite, chaînes d’information en continu, « 20 heures », réseaux sociaux… « On y trouve tout et n’importe quoi », reconnaissent les élèves. « Des sites parlent de complots, avec des preuves plus ou moins fiables, lâche Landri. On nous dit une chose à l’école, une autre sur Internet, une à droite, une à gauche, on ne sait plus qui croire. Et c’est souvent la dernière idée lue ou entendue qui l’emporte. » Kenza, un peu isolée, ne lui donne pas raison : « Il faut croiser tes sources, croire la version avec le plus de preuves ! »Quand sonne la fin du cours, la glace est à peine brisée. « Mais les échanges entre élèves, entre collègues, se sont poursuivis, et positivement », signale Gabrielle Napoli. Quelques jours plus tard, un second courrier nous est parvenu : celui d’une autre enseignante du lycée Paul-Eluard, nous demandant de venir visiter, avec sa classe, la rédaction du Monde. Signe que le dialogue n’est pas rompu.Mattea BattagliaJournaliste au Monde 29.01.2015 à 19h25 • Mis à jour le29.01.2015 à 23h38 A l'appel de l'intersyndicale de France Télévisions, un mouvement de grève de techniciens a perturbé, jeudi 29 janvier, le « 12/13 » de France 3 et le « 13 heures » de France 2, qui ont été réalisés depuis la régie, sur des plateaux plus réduits.Les JT du soir – « 19/20 » de France 3 et « 20 heures » de France 2 – devraient également être modifiés, selon la direction et les syndicats. La grève se terminera à minuit.RTT RÉDUITE ET SALLE DE MIXAGE SUPPRIMÉELe mouvement de grève a concerné, pour les éditions de la mi-journée, 20,5 % des effectifs, soit 41 grévistes sur les 200 techniciens concernés par l'appel à la grève, indique la direction de France Télévisions.Le conflit porte sur des projets de réorganisation interne concernant notamment les professions de monteurs et mixeurs. Les syndicats s'inquiètent également de la diminution des RTT et de la suppression d'une salle de mixage. « Il faut continuer à obtenir les gains d'efficacité que la construction de l'“entreprise unique” est censée produire », a affirmé en réponse la direction de France Télévisions.Lire aussi : Le CSA prépare un bilan sévère de la présidence Pflimlin à France Télévisions 29.01.2015 à 11h21 • Mis à jour le29.01.2015 à 11h50 Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, a annoncé jeudi que les dispositions sur le secret des affaires contenues dans sa loi seraient amendées pour garantir « la liberté de la presse, la liberté d'information, la liberté d'investigation ».L'instauration via un amendement parlementaire d'un secret des affaires dans le code du commerce, assorti de lourdes peines de prison et d'amende, au motif de protéger de l'espionnage économique, inquiète la presse et les ONG.Lire le décryptage : La liberté d'informer serait-elle vraiment menacée par le « secret des affaires » ?QUATRE AMENDEMENTS SERONT PROPOSÉSLors de la présentation de ses vœux à la presse, le ministre a rappelé que « la liberté de la presse est essentielle. Et en aucune façon le texte que je porte n'a cherché à restreindre la liberté de la presse. »Il a expliqué que quatre amendements seront proposés. Le premier laissera aux sociétés le soin de « classifier elles-mêmes les secrets à protéger », le deuxième ne rendra pas les salariés, donc les syndicats, responsables. Le troisième prévoit que la responsabilité des lanceurs d'alerte ne pourra être retenue et le dernier que le délit créé ne sera « pas applicable dès lors qu'il s'agit de liberté d'expression et d'information », c'est-à-dire, « pas applicable aux journalistes », a précisé M. Macron.Par ailleurs, une exception sera prévue « de manière explicite », « dès lors qu'il s'agit de la liberté d'expression et de la liberté d'information ». Quant à une mesure de protection des sources journalistiques, promise par le président François Hollande, elle « ira jusqu'à son terme », a-t-il dit. « Ce texte chemine ».Lors de l'examen en commission spéciale à l'Assemblée, le texte avait été amendé pour instaurer ce secret des affaires, une disposition visant à lutter contre l'espionnage industriel.  Alexandre Piquard   Quand un ministère fait le vœu de promouvoir l’offre légale de films, de séries ou de musique, l’internaute ou le journaliste peuvent être un peu sceptiques. Leur reste en mémoire le souvenir d’initiatives passées – des portails ou des labels – dont le succès d’audience ne fut pas à la hauteur de l’ambition affichée : faire reculer le « piratage ».Bien conscients de ce travers, le ministère de la culture de Fleur Pellerin et le Centre national du cinéma (CNC) ont à leur tour dévoilé, mercredi 28 janvier, un dispositif qui se veut bien plus « pragmatique », puisqu’il se fonde sur les usages des internautes.Des sites partenaires plutôt qu’un « portail »Quand un internaute cherche à regarder un film en ligne, il est peu probable qu’il aille sur des sites comme http://www.offre-légale.fr, la base de données montée par la Hadopi, a estimé Julien Neutres, du CNC, chargé de ce projet. L’utilisateur va plutôt taper La Reine des neiges ou Gone Girl dans un moteur de recherche… le plus souvent Google. Et trouver en résultats l’annuaire Allociné (en première position quasiment tout le temps, selon la Culture), l’encyclopédie Wikipedia, des sites d’information comme Télérama.fr ou Première.fr et aussi… des sites de téléchargement illégal.L’idée du CNC et du ministère est de prendre acte de cette réalité du référencement et de nouer des partenariats avec des sites puissants pour y placer la liste des plateformes qui proposent le film en vidéo à la demande (à l’achat en téléchargement ou en location ou encore par abonnement). Allociné (9 millions de visiteurs uniques par mois selon Nielsen/Net Ratings), Premiere (3 millions), Télérama (2 millions) et Sens critique (2 millions) sont les quatre premiers partenaires. D’autres sont souhaités. 12 services référencés… Concrètement, sur la fiche d’un film, ces sites ont intégré un bouton « Voir ce film en ligne » et un espace sous la fiche. Si l’on clique dessus, on obtient la liste des éditeurs qui proposent l’œuvre. Et son prix, pour 10 des 12 éditeurs qui participent à l’initiative, soit la plupart des grandes plateformes légales de France : Canalplay, France Télévisions Pluzz VàD, MyTF1VOD, Orange Vidéo à la demande et Orange cinéma séries, Arte, Vidéofutur, Filmotv, Montparnasse VOD, Wuaki.tv et Imineo. Ils sont présentés « dans un ordre aléatoire », précise-t-on.… mais pas Netflix ou iTunesPrécision importante : Netflix, le fameux service américain de vidéo à la demande par abonnement, et iTunes, la plateforme de vidéo à l’achat d’Apple, ne sont pas référencés.Car Fleur Pellerin et le CNC ont fait le choix politique de ne promouvoir que les services qui respectent le système français de soutien à la création, en se soumettant au décret Smad : celui-ci les oblige notamment à promouvoir dans leur catalogue 60 % d’œuvres européennes et 40 % d’œuvres françaises, et surtout à consacrer 15 % de leur chiffre d’affaires à des œuvres fabriquées par des producteurs européens. Question « d’exemplarité », pour la ministre : « cliquer, c’est aider à créer », a-t-elle lancé mercredi.Outre le déploiement sur des sites partenaires, le dispositif est disponible sous la forme d’un « widget », une petite application qui permet à tout éditeur ou blogueur d’insérer sur son site les informations pour son site, comme il « embedderait » une vidéo de Youtube ou Dailymotion. Enfin, la base de données est disponible sous une forme plus classique à l’adresse vod.cnc.fr.Les séries télé intégrées « dans quelques semaines »Aujourd’hui, 10 000 films sont disponibles en vidéo à la demande, sur les 25 000 recensés dans la base créée par le CNC. Ce recensement se veut exhaustif et sera complété au fur et à mesure.Surtout, le dispositif devrait intégrer les séries télé « dans les prochaines semaines », puis les documentaires voire les courts-métrages, selon le ministère.Le budget de développement est de « quelques dizaines de milliers d’euros », selon la Rue de Valois. De plus, les sites partenaires ont reçu une « compensation » financière correspondant aux frais de développement technique et à une forme d’achat d’espace non publicitaire sur leur plateforme, à fort trafic. Son montant est bien inférieur au prix du marché, précise-t-on, sans toutefois donner de chiffres.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Quand débute le reportage sur le concert de Run the Jewels, un duo de hip-hop américain, des icônes apparaissent sur l’écran d’ordinateur. Le spectateur peut alors cliquer pour suivre au choix un des deux artistes dans les coulisses. Il est aussi possible de passer directement à l’écoute de trois chansons, et à la diffusion de l’interview du duo, qui est lui-même divisé en trois parties, à écouter dans l’ordre de son choix.Voilà un exemple, parmi beaucoup d’autres, de ce que les Britanniques peuvent désormais trouver sur BBC Taster. Ce nouveau site Internet, lancé le 26 janvier, est un saut dans l’inconnu pour la respectable corporation. L’objectif est d’y tester ses nouveaux projets et de voir comment les spectateurs réagissent. Chacun est invité à donner une note à l’émission, et à la partager sur les réseaux sociaux. « Il s’agit d’ouvrir le processus créatif à notre audience », explique Ralph Rivera, directeur de BBC Futur Media.Télévision « sociale »Avec ce site, la BBC se lance dans le défrichage de ce qu’est en train de devenir la télévision, qui fusionne progressivement avec Internet. Progressivement, les émissions se regardent de plus en plus sur des écrans d’ordinateur, de téléphone ou de tablette. Jusqu’à présent, la BBC a réagi avec iPlayer, un site Internet de rattrapage qui permet de regarder gratuitement toutes les émissions publiées depuis un mois ou plus. Son succès est phénoménal, avec des pointes à dix millions d’émissions regardées par jour. « Mais aussi bien que soit iPlayer, quand vous appuyez sur le bouton “marche”, c’est comme regarder la télévision, souligne M. Rivera. Les nouveaux appareils peuvent faire beaucoup plus que cela, notamment savoir qui vous êtes. » Son objectif est de faire de BBC Taster une façon d’inventer une télévision « sociale, interactive, non linéaire ».Les premières idées lancées sur le site viennent souligner l’immense potentiel que représente le rapprochement avec Internet. Toutes ne sont pas nécessairement révolutionnaires : le reportage sur Run the Jewels ressemble à un webdocumentaire, un format relativement courant. Mais les projets vont dans des directions très différentes les unes des autres.On trouve notamment une excellente interview de Lena Dunham, l’actrice américaine de la série Girls, par Jennifer Saunders, une actrice anglaise. L’entretien avait été diffusé dans le cadre du journal de la BBC2, mais seulement dans un format de dix minutes. Sur BBC Taster se trouve l’intégralité de la rencontre, avec quarante minutes jamais diffusées, découpées en séquences de cinq minutes environ, qui peuvent être regardées dans l’ordre de son choix.L’idée qui a le mieux fonctionné jusqu’à présent est une application qui utilise Facebook, intitulée YourStory. A partir de la date de naissance entrée dans la page Facebook de chaque utilisateur, celle-ci propose une sélection de vidéos sorties du catalogue de la BBC, qui suit la chronologie de la vie de chacun : « L’année de votre naissance, c’était le jubilé d’argent de la reine », suivi d’une vidéo du jubilé ; « quand vous aviez presque onze ans, la grève des mineurs se terminait », suivi d’extrait de reportages de l’époque…BBC Taster propose aussi des clips vidéo très courts d’humoristes (pas très drôles), une émission de tourisme connue où le spectateur peut choisir l’endroit qu’il veut visiter (dans la limite des émissions déjà tournées) ou encore accéder à quarante-cinq ans d’archives radio (incomplètes mais fascinantes)…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’« agenda numérique » fait partie des priorités de la Commission européenne, dirigée par Jean-Claude Juncker. Celle-ci veut présenter avant l’été, ses solutions pour aboutir - enfin - à un marché unique du digital en Europe, et notamment réformer le droit du copyright.C’est le vice-président de la Commission, l’Estonien Andrus Ansip qui doit coordonner ces chantiers dans l’institution communautaire.Mardi 27 janvier, il a fait le déplacement à Paris, pour rencontrer Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, alors qu’en France, les puissantes sociétés d’auteur voient d’un mauvais œil la volonté réformatrice de la commission sur le copyright.Mercredi 28 janvier, il réunissait à Bruxelles ses collègues commissaires pour fixer l’agenda des semaines à venir.Redéfinir le copyright La Commission veut toiletter une directive datant de 2001, c’est-à-dire des débuts de l’Internet grand public, quand la vidéo à la demande et la catch up TV n’existaient pas encore.L’idée est d’homogénéiser les régimes européens du copyright, notamment, de mettre fin à la territorialité des droits : le fait qu’un diffuseur soit contraint d’acheter des droits de retransmission d’un contenu pays par pays.Les sociétés d’auteur françaises redoutent que le système français de rémunération de l’ensemble de la filière création soit mis à bas. M. Ansip se veut rassurant. « Les gens pensent que, quand on parle de réforme du copyright, c’est forcément qu’on va arrêter de protéger les droits d’auteurs et bafouer les droits des créateurs. Pas du tout. Mais la situation actuelle est perdante pour tout le monde, consommateurs et créateurs », assure le commissaire.Les internautes qui passent les frontières ne peuvent pas acheter des contenus, car leur accès est bloqué, « alors même qu’ils sont prêts à payer », poursuit-il.En mettant fin à la territorialité, « le marché serait bien plus important et on éviterait le comportement de certains, qui parviennent facilement à pirater les contenus qu’ils veulent voir », souligne M. Ansip.« Les Français ont peur que leurs revenus baissent en cas de fin du principe de territorialité. Ils ont tort, le marché serait plus important. Évidemment, cela implique un changement de modèle économique. »La Commission a promis de rendre sa proposition de directive avant l’été.Renforcer l’intégration numérique de l’UEAvant, en mai, la Commission doit également donner ses orientations sur les moyens de renforcer l’intégration numérique de l’Union européenne (UE). « Les biens et les services circulent librement, mais ce principe de l’Union n’existe pas en ligne. Seuls 12 % des Européens achètent en ligne dans un pays différent du leur. Seules 5 % des sociétés online vendent hors de leurs frontières, rappelle M. Ansip.Comment surmonter ce problème ? « Nous devons renforcer les droits des consommateurs, pour que leur confiance augmente, et sécuriser l’activité des PME, qui doivent composer avec 28 régulateurs différents. »Faire adopter la directive sur les données personnellesM. Ansip déclare que sa « priorité » est d’adopter la directive sur la protection des données personnelles, présentée par la Commission en janvier 2012, mais qui toujours en cours de discussion entre le Conseil européen et le Parlement. « J’espère que l’on va aboutir à un accord sur le texte cette année. » Au Parlement européen, beaucoup d’élus demandent à la Commission de proposer, aussi, un texte qui réglemente les durées de réglementation des données. Un sujet ultrasensible, surtout depuis les attentats de Paris, alors que les États poussent à l’adoption de mesures antiterroristes visant à davantage contrôler l’activité des citoyens sur le web. « Nous devons être très prudents avec ce sujet. Après les attentats de Madrid, en 2004, ceux de Londres, en 2005, nous avons promulgué une directive sur la rétention des données en 2006. Mais l’année dernière, la Cour de justice de l’Union européenne l’a invalidée. Elle n’a pas dit que la rétention des données est non conforme au droit, mais qu’il doit y avoir des garde-fous et qu’il faut appliquer le principe de proportionnalité », explique M. Ansip.« Avant de reproposer un texte, il faudra faire cette fois une analyse vraiment fine », avance le commissaire. La Commission veut donc d’abord voir la directive protection des données adoptée avant de s’atteler à ce deuxième chantier.Redimensionner les frais de « roaming » pour l’accès aux donnéesAutre pilier de l’union numérique européenne, une plus grande intégration des marchés des télécommunications. Là aussi, une directive est sur la table : plutôt, un ensemble de textes, le « paquet télécom », sur lesquels les États ont le plus grand mal à s’entendre.Parmi les dispositions qui « coincent » le plus : la neutralité de l’Internet, et les frais de « roaming », c’est-à-dire le coût d’une communication transfrontalière.Les États, dont la France, ont longtemps résisté à une baisse trop drastique des prix du « roaming », qui représentaient de substantiels revenus pour leurs opérateurs télécoms.Un accord a été trouvé pour ramener à presque zéro ces coûts pour les appels téléphoniques, et un accord est enfin en train de se dessiner au Conseil européen, concernant ceux pour l’accès aux données, depuis un terminal mobile.« On ne peut pas avoir un marché unique du numérique si les consommateurs paient dix fois plus leur consommation d’internet quand ils passent une frontière européenne », explique M. Ansip.Il admet toutefois que « ce n’est pas une décision facile à prendre, d’annuler les frais de roaming », car « dans les pays touristiques, par exemple, les opérateurs sont obligés d’investir considérablement dans leurs infrastructures pour que les touristes puissent accéder à la 3G et aux services mobiles, comme chez eux. » « Le problème, c’est que ces investissements ne sont utiles que quelques mois par an, et si les frais de roaming disparaissent, les opérateurs ont plus de mal à les financer. Nous devons tenir compte de ces problèmes spécifiques », relève-t-il.Trouver rapidement une définition commune de la neutralité du NetConcernant la neutralité de l’internet, l’égalité de traitement des contenus en ligne, quels qu’ils soient (vidéo, texte, etc), un sujet également très sensible, un compromis a été proposé par le Conseil, mi-janvier, et doit être discuté entre les pays dans les jours qui viennent.L’idée est de garantir cette égalité de traitement, tout en permettant - dans des conditions très encadrées - aux opérateurs télécoms de facturer davantage certains flux vraiment très encombrants (du type Netflix).« Si nous n’avons pas une définition commune de ce que nous entendons par Internet ouvert et neutralité du Net, nous allons nous retrouver bientôt avec 28 définitions différentes et des marchés encore plus fragmentés. Il faut aller vite : les Pays-Bas, la Slovénie et la Finlande sont en train déjà de plancher sur leurs propres définitions. Il y a urgence », relève M. Ansip.Trancher la question d’une « taxe Google »Ce sujet fait l’objet de débats à l’intérieur même de l’institution communautaire. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager doit décider si elle poursuit ou pas Google pour abus de position dominante, alors qu’une enquête formelle sur les pratiques en Europe du géant de l’internet américain traîne en longueur depuis près de cinq ans.D’autres poussent pour une « régulation des plates-formes web », qui obligerait Google et les autres multinationales du Net à obéir aux mêmes contraintes réglementaires que les sociétés traditionnelles des médias.La fronde européenne anti-Google se durcitM. Ansip reste très prudent : « Il n’y a que Mme Vestager qui peut parler d’une entreprise en particulier. Nous, nous devons parler de politiques dans leur ensemble, pas stigmatiser une entreprise en particulier. » Et d’ajouter : « concernant le paiement pour le référencement, des lois ont été votées en Espagne et en Allemagne [dites loi Google], mais il est trop tôt pour dire si elles sont efficaces ou pas. Nous suivons ces initiatives de près, mais c’est trop tôt pour dire si nous allons nous en inspirer pour prendre des décisions au niveau européen », conclut le vice-président estonien.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.01.2015 à 05h17 • Mis à jour le29.01.2015 à 07h38 L'essentielL'humoriste controversé comparaissait mercredi pour des propos antisémites tenus sur scène.Après la diffusion de ces propos à la télé en 2013, Manuel Valls avait demandé l'interdiction du spectacle.Dieudonné a déjà été condamné plusieurs fois pour diffamation, injure et provocation à la haine raciale.« Moi, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz… dommage… » Ces propos de Dieudonné prononcés lors de l'un de ses spectacles lui ont valu de comparaître à partir de mercredi 28 janvier devant la justice pour provocation à la haine raciale.La procureure a requis trois cents jours amende à 100 euros, soit au total 30 000 euros, contre le polémiste. Cela veut dire que si le tribunal correctionnel de Paris suivait ces réquisitions, le polémiste controversé devrait payer 30 000 euros d'amende au total ou à défaut aller en prison trois cents jours.Dans son réquisitoire, la procureure a relevé une « antienne » d'attaques contre les juifs à travers le spectacle incriminé et « une expression de mépris de M. M'bala M'bala à l'égard de la communauté juive ». « La question n'est pas de savoir si M. M'bala M'bala est antisémite, ça n'est pas mon problème. La question c'est si on peut le laisser porter de telles attaques », a-t-elle poursuivi. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au mois de mars.RISQUE DE « TROUBLES À L'ORDRE PUBLIC »Tout était parti d'un reportage diffusé en décembre 2013 par France 2, dans lequel était repris un extrait de son spectacle Le Mur. Dieudonné M'bala M'bala s'en prenait depuis plusieurs mois au journaliste de France Inter Patrick Cohen, qui avait publiquement assuré qu'il n'inviterait jamais l'humoriste et égratigné des confrères refusant d'envisager un tel boycott. Après la diffusion des propos de Dieudonné M'bala M'bala à caractère antisémite, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour incitation à la haine raciale. Le journaliste ne s'est pas constitué partie civile.Lire : Dans son spectacle, Dieudonné repousse les limites de la provocationA l'époque, les propos de Dieudonné M'bala M'bala avaient fait réagir Manuel Valls, alors ministre de l'intérieur, qui avait donné instruction aux préfets d'engager des mesures d'interdiction de représentations du spectacle pour risque de « troubles à l'ordre public ». La justice administrative ayant rejeté les recours de Dieudonné M'bala M'bala contre ces interdictions, l'humoriste avait finalement présenté une nouvelle version de son spectacle, expurgée de ses attaques les plus frontales contre les juifs.Lire : Dieudonné rejoue une version édulcorée de son spectacleUN « ÉCHANGE, VIF CERTES, » AVEC LE JOURNALISTELa défense de Dieudonné M'bala M'bala, qui plaidera la relaxe, mercredi, entend « replacer cette affaire dans son contexte », selon Me Sanjay Mirabeau, un de ses avocats. Car, pour lui, les propos incriminés sont « juste l'étincelle, pas la cause principale » ayant conduit à l'interdiction du spectacle. Pour la défense, la sortie de Dieudonné M'bala M'bala relève avant tout « d'un échange, vif certes, mais un échange » à distance avec le journaliste. « Nous allons voir exactement les propos de M. Cohen », a expliqué l'avocat, qui dit avoir renoncé à faire citer le journaliste comme témoin « pour la sérénité des débats ».Dieudonné M'Bala M'Bala, 48 ans, est un habitué des prétoires, avec plusieurs condamnations à des peines d'amende pour ses propos controversés. Vendredi, il a d'ailleurs été condamné à 6 000 euros d'amende pour avoir lancé sur Internet à la fin de 2013 un appel aux dons pour payer de précédentes amendes.Il est en outre toujours sous le coup de plusieurs procédures judiciaires. La dernière, pour apologie du terrorisme, lui vaut d'être convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 4 février. En cause, un message posté sur sa page Facebook, dans lequel il écrivait « Je me sens Charlie Coulibaly », en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris, qui a tué une policière municipale et quatre personnes de confession juive dans un supermarché casher.Dieudonné M'Bala M'Bala a également été mis en examen en juillet pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux.Lire : Dieudonné : huit procès perdus depuis 2007 Alexandre Piquard De prime abord, c’est l’histoire d’un site de geeks installés dans le Cantal, forcés de déménager à Paris à la suite de leur rachat par un grand groupe. Un tiers de l’équipe refuse et se fait licencier. Rien ne sera plus comme avant.La réalité est plus nuancée. Jeuxvideo.com est un leader européen dans son domaine. Webedia, qui l’a racheté 90 millions d’euros à l’été 2014, a proposé aux 48 salariés de quitter leur siège d’Aurillac, contre compensation. Ceux qui refusent devraient effectivement faire l’objet d’un licenciement économique. Jeudi 29 janvier, 21 d’entre eux ne souhaitaient pas partir, selon le délégué du personnel Frédéric Goyon, cité par le site Gameblog. De son côté, la direction estime que 17 personnes sont concernées, voire moins. La consultation du personnel restait ouverte jusqu’au vendredi 30 janvier, pointe Guillaume Multrier, directeur général et fondateur de Webedia, qui veut proposer à certains l’option du télétravail ou le passage à un statut d’autoentrepreneur ou de « freelance ». Une partie de l’équipe technique pourrait rejoindre d’autres techniciens de Webedia à Toulouse. Les autres seront intégrés d’ici fin juillet au nouvel immeuble. Le groupe, fort de 450 salariés environ, va investir à Levallois-Perret.Aux employés de Jeuxvideo.com sont proposées en compensation des hausses de salaire, la prise en charge du déménagement et de déplacements pour revenir à Aurillac, précise la direction. Qui promet que tous les départs seront remplacés.« Dans l’équipe, les avis sont partagés et certains étaient très demandeurs de partir d’Aurillac », raconte M. Multrier. Sur le fond, Webedia espère des synergies en rapprochant JeuxVideo.com de ses autres sites thématiques : AlloCiné (cinéma), Purepeople, Puremédias, 750gr (cuisine)... Ceux-ci seront bientôt rejoints par Millenium, autre site sur le jeu vidéo. L’administrateur système de Jeuxvidéo.com va devenir celui de Webedia, selon M. Multrier, et « JV.com » pourrait utiliser les futurs outils de publication web de Webedia.« A Paris, la rédaction sera plus près des éditeurs de jeux vidéo et des acteurs du secteur. Elle s’est parfois vu reprocher de vivre un peu dans son coin, sans aller beaucoup sur les salons professionnels », explique M. Multrier. N’était-ce pas un signe d’indépendance ? Le directeur général de Webedia entend l’argument mais le juge insuffisant.« L’autarcie » de la rédactionCet argumentaire laisse quelqu’un de marbre : Sébastien Pissavy, le cofondateur de Jeuxvideo.com, créé en 1997 et devenu en quelques années le premier site français du domaine, notamment grâce à ses forums. Ces derniers sont devenus des lieux de discussion de lycéens et de 18-25 ans sur tous types de sujets, dont ceux du baccalauréat, qui ont fuité sur le site en 2011. « Cela a déclenché un tollé et le site s’est retrouvé d’un coup dans l’actualité », se rappelle en souriant celui qui a quitté l’entreprise en 2012 et revendu ses 10 % restants en 2014.« Je me suis battu pour que Jeuxvideo.com s’installe au départ à Aurillac, raconte Sébastien Pissavy, qui s’avoue un peu « chauvin » et a convaincu les deux autres fondateurs, grenoblois et toulousain, de s’implanter dans sa région natale. Cela n’a pas nui à la performance du site, qui est devenu leader en Europe et numéro trois mondial… »Webedia est dans une logique plus « financière » que les deux précédents actionnaires de Jeuxvideo.com – Gameloft qui l’a racheté en 2000, puis Hi-média en 2006 –, déplore M. Pissavy, qui voit dans les licenciements une « perte d’expérience ». « Les synergies peuvent aussi exister à distance », rétorque cet informaticien de formation. Quant à la lutte contre « l’autarcie » de la rédaction, il « espère qu’il ne s’agit pas de la rapprocher de la régie publicitaire ».Problèmes « logistiques »Interrogé, un rédacteur de Jeuxvideo.com « comprend la réaction » du fondateur qui en a fait le succès de l’entreprise et « a toujours veillé à l’identité familiale, voire campagnarde » du site. Employé à Aurillac depuis près de dix ans, ce journaliste a pourtant décidé d’aller à Paris chez Webedia. Il précise qu’à la rédaction, trois personnes sont du Cantal, les autres venant de Brest, Châteaudun, Limoges, Paris… Ceux qui ne veulent pas quitter Aurillac ne le peuvent souvent pas, parce qu’ils y ont leur famille, leur maison, voire un cheval, explique-t-il.L’autarcie, ce rédacteur ne la ressent pas ; toutefois être à Aurillac pose parfois des problèmes « logistiques », quand il faut se rendre à Paris ou sur un salon à l’étranger. De plus, la Web télévision du site, Gaming Live, est installée à Paris.« On n’est pas fermés sur nous-mêmes, on rencontre les éditeurs de jeux », raconte ce salarié. Il comprend les inquiétudes sur l’indépendance du site, notamment formulées sur les forums par « notre lectorat super fidèle ». « Le rapprochement avec le groupe ou le secteur du jeu vidéo, ce n’est qu’un rapprochement physique, pas un changement de notre façon de travailler », pense-t-il. Tout en reconnaissant une part « d’incertitude ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.01.2015 à 18h13 • Mis à jour le26.01.2015 à 18h30 | Alexandre Piquard Les acteurs du monde de la publicité s’opposent depuis de longs mois sur les règles du jeu à suivre sur Internet. Et ils ont eu la surprise de découvrir qu’un amendement à la « loi Macron », voté par les députés en commission le 16 janvier, apporte un début de réponse au débat : il soumet le numérique aux principes de la « loi Sapin », rédigée en 1993 pour imposer au secteur publicitaire une obligation de transparence.Lire : Dans la publicité, Internet bouscule frontière entre agences médias et régies« Ce secteur était avant 1993 caractérisé par une grande opacité, peu favorable à une bonne allocation des ressources », a expliqué François Brottes, auteur de l’amendement (relevé par la Correspondance de la presse) et président de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de la loi pour la croissance et l’activité du ministre de l’économie, Emmanuel Macron.Avec l’essor du numérique, cette opacité s’est redéveloppée et il y a dans le secteur un problème d’éthique, selon les annonceurs : « Le grand principe de la loi Sapin, c’est qu’on ne doit pas confondre l’achat et la revente. On ne peut donc pas faire les deux à la fois et être un grossiste, comme l’étaient les grandes centrales d’achat avant 1993 », explique Pierre-Jean Bozo, directeur général de l’Union des annonceurs (UDA).Les acteurs doivent donc choisir : les agences médias achètent des espaces pour le compte des annonceurs et les régies en vendent pour le compte des médias.Sur 100 euros, 40 vont aux médias, 60 aux intermédiairesSelon l’UDA, une part du conseil média sur Internet n’est pas neutre et certains acteurs achètent des espaces aux régies pour ensuite les revendre aux annonceurs... sans transparence sur les prix, ce qui ne permet pas à l’annonceur de vérifier que son argent a été dépensé au mieux.L’UDA estime que 10 % à 15 % du marché de la publicité en ligne est concerné. Au niveau européen, elle cite une étude selon laquelle sur 100 euros dépensés par un annonceur, seuls 40 vont aux médias, 60 revenant aux divers intermédiaires.Avec l’amendement inséré dans la loi Macron, les annonceurs ont-ils donc gagné sur toute la ligne ? Ce n’est pas si simple, tant le sujet est complexe et la querelle profonde.D’abord, Emmanuel Macron, en séance, a demandé que soit prise en compte la concertation en cours auprès de tous les acteurs du secteur, dans le cadre du projet de loi numérique de la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire, qui devait en principe couvrir ce sujet.Le ministre a fait préciser dans l’amendement que les modalités de « reporting » aux annonceurs seraient précisés plus tard, par décret en conseil d’Etat : il s’agit de la transmission d’informations que l’agence média est tenue de faire à l’annonceur : par exemple sur le prix d’achat des espaces à la régie.Cette subtilité fait dire aux agences médias, que si on en reste là, l’amendement adopté « enfonce une porte ouverte » : la vraie question est, selon elles, de reconnaître un nouveau « statut d’acheteur-revendeur qui existe dans la vraie vie mais n’est pas défini pour la publicité numérique », explique Bertrand Beaudichon, vice-président délégué de l’Udecam. Ce type d’acteurs n’est pas reconnu par la loi Sapin.L’émergence de « transformateurs d’espace »Deux innovations ont bousculé le marché : la collecte de données sur le profil sociologique et l’historique de navigation des internautes, mais aussi l’automatisation de la vente d’espaces publicitaires sur de grandes plateformes « programmatiques », également appelées « trading desks ».Certains acteurs sont donc devenus des « transformateurs d’espace », argumente M. Beaudichon : ils achètent des espaces, y ajoutent des données puis les revendent dans une prestation globale.C’est le cas des « retargeteurs », spécialistes du ciblage des internautes en fonction de leur comportement, selon le vice-président délégué de l’Udecam, mais aussi des filiales de trading-desks créés par des agences médias.Ces dernières peuvent ainsi communiquer à un annonceur le prix d’espaces qu’elles ont achetés à une régie qui appartient à leur propre groupe.« La loi Sapin est trop blanche ou noire », estime-t-on à l’Udecam. Du côté des annonceurs, on estime que l’amendement qui vient d’être adopté « va dans le bon sens ». Au gouvernement la tâche délicate d’achever de clarifier les choses.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mattea Battaglia Tout est parti d’un courrier de lycéens reçu le 16 janvier, titré : « Nous ne sommes pas tous Charlie, nous sommes tous la Liberté ». Deux paragraphes plein de colère, celle des élèves de la 2de 216 du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), « indignés » du traitement que leur a réservé la presse, au lendemain des attentats des 7, 8 et 9 janvier. Le Monde avait été rencontrer des élèves de ce lycée général et technologique.A Saint-Denis : « On ne rigole pas avec la religion »Car ce qu’ont d’abord relayé les journaux, ce sont des propos d’élèves condamnant la tuerie de Charlie Hebdo… presque autant que les caricatures. Ou ce colis suspect retrouvé en salle des professeurs, le 9 janvier, portant la mention « Je ne suis pas Charlie ». De quoi « favoriser les amalgames et les stigmatisations de toutes sortes », redoute la 2de 216. « Les élèves interrogés, jeunes collégiens et lycéens, dans l’émotion ont parfois tenu des propos que nous avons trouvés inacceptables », soulignent les lycéens. Qui concluent : « Si certains d’entre nous n’adhèrent pas à certains choix éditoriaux de certains journaux satiriques, nous sommes tous convaincus qu’ils sont au fondement de la démocratie. »« Grande nervosité »L’émotion dépasse le cadre du lycée. Sur les réseaux sociaux, sur les forums de discussion entre enseignants ou parents d’élèves – et même dans des salles de profs, où l’ambiance nous a été décrite comme électrique –, l’image donnée de la Seine-Saint-Denis fait mal. Certains la jugent outrageusement caricaturée ; d’autres, au contraire, appellent à l’assumer. Tous éprouvent de la colère, à des degrés divers.« C’est comme si le département était l’endroit idéal où les journalistes vont pour trouver ce qu’ils cherchent, regrette le proviseur. Je ne dis pas qu’il est illégitime de venir ici quand on enquête sur les contestations de la minute de silence [recensées dans 200 établissements sur tout le territoire]. Mais pourquoi venir ici en premier ? Ou ici uniquement ? » Dans son lycée comptant 71 classes et 188 enseignants, la minute de recueillement, le 8 janvier à midi, n’a pas été contestée. « On a su entendre les questions des adolescents, explique M. Bobkiewicz. Certains professeurs étaient parfaitement armés pour y répondre, d’autres plus démunis… »Gabrielle Napoli, l’enseignante de lettres de la classe 216, raconte avoir « récupéré ses élèves, le mardi après les attentats, dans un état de grande nervosité ». Pour donner du sens à leurs réactions, cette professeure trentenaire a proposé de rassembler leurs idées au tableau, avant de les coucher sur le papier. « Ils répétaient : “C’est dégueulasse, c’est dégueulasse”... Je leur ai dit qu’ils avaient le droit de le dire, de l’exprimer. Que la liberté d’expression leur permet, justement, d’exercer leur droit de réponse. » « Trop cliché »Quinze jours après les faits, Ryan, assis au fond de la classe, a encore du mal à desserrer les dents. C’est lui qui, le premier, a vu passer l’article du Monde du 10 janvier titré « A Saint-Denis, collégiens et lycéens ne sont pas tous Charlie ». « Mon grand-père, qui lit votre journal, m’a demandé : “Mais qu’est ce qui se passe dans ton lycée ?” Madame, votre article, je l’ai lu, nous lance-t-il, et il est vraiment trop cliché ! » La critique fait l’unanimité dans la classe. Idem du sentiment que la presse ne dit « jamais rien de bien sur les banlieues », qu’elle « parle de nous comme de sauvages », que « tout le monde se moque du 9-3 ». Tous ignorent que nous avions consacré, au printemps 2014, un article sur la réussite au baccalauréat de leur établissement.« Quelle image on donne de nous, quand on fait un micro-trottoir, sans s’intéresser à la majorité silencieuse ? », interroge timidement Landri. Puis, prenant de l’assurance : « Etre Charlie ou ne pas être Charlie, c’est devenu une sorte de buzz, explique le garçon, et il n’y a pas d’échelle, pas de voie intermédiaire pour nous ».A sa droite, Edith approuve. Pour l’adolescente, les médias ont surtout fait fi de l’état de connaissance des élèves. « On dirait qu’il n’y a qu’un seul point de vue… Mais des camarades ont dit qu’ils n’étaient pas Charlie simplement parce qu’ils ne connaissaient pas Charlie Hebdo ; ça ne veut pas dire qu’ils cautionnent ce qui s’est passé… Nous, on pensait vraiment que les caricatures, c’était du blasphème, poursuit la jeune fille, mais Mme Nicoli nous a bien expliqué que non, parce que pour les caricaturistes Dieu n’existe pas. En fait, on a tout mélangé… »Le difficile débat sur la laïcitéRyan, lui, bout toujours au troisième rang. « Est-ce que vous, journaliste, vous trouvez que coller une conscience politique à des gamins, c’est normal ? Et pourquoi citer systématiquement la religion des élèves rencontrés, si vous être dans une démarche laïque ? » Pas facile, dans la classe, d’ouvrir le débat sur la laïcité. Laïcité ouverte ? Laïcité de combat ? Beaucoup d’élèves semblent penser qu’elle implique de taire leur foi. Chez Ryan, le ton vindicatif cache à peine sa détresse. « Ça veut dire quoi cette injonction de minute de silence ? Et pourquoi la faire à ce moment-là, et pas pour d’autres victimes, au Congo, en Palestine ? »Des 50 minutes d’échange avec la classe, ressort une défiance, douloureuse, à l’égard des médias. Presse écrite, chaînes d’information en continu, « 20 heures », réseaux sociaux… « On y trouve tout et n’importe quoi », reconnaissent les élèves. « Des sites parlent de complots, avec des preuves plus ou moins fiables, lâche Landri. On nous dit une chose à l’école, une autre sur Internet, une à droite, une à gauche, on ne sait plus qui croire. Et c’est souvent la dernière idée lue ou entendue qui l’emporte. » Kenza, un peu isolée, ne lui donne pas raison : « Il faut croiser tes sources, croire la version avec le plus de preuves ! »Quand sonne la fin du cours, la glace est à peine brisée. « Mais les échanges entre élèves, entre collègues, se sont poursuivis, et positivement », signale Gabrielle Napoli. Quelques jours plus tard, un second courrier nous est parvenu : celui d’une autre enseignante du lycée Paul-Eluard, nous demandant de venir visiter, avec sa classe, la rédaction du Monde. Signe que le dialogue n’est pas rompu.Mattea BattagliaJournaliste au Monde 29.01.2015 à 19h25 • Mis à jour le29.01.2015 à 23h38 A l'appel de l'intersyndicale de France Télévisions, un mouvement de grève de techniciens a perturbé, jeudi 29 janvier, le « 12/13 » de France 3 et le « 13 heures » de France 2, qui ont été réalisés depuis la régie, sur des plateaux plus réduits.Les JT du soir – « 19/20 » de France 3 et « 20 heures » de France 2 – devraient également être modifiés, selon la direction et les syndicats. La grève se terminera à minuit.RTT RÉDUITE ET SALLE DE MIXAGE SUPPRIMÉELe mouvement de grève a concerné, pour les éditions de la mi-journée, 20,5 % des effectifs, soit 41 grévistes sur les 200 techniciens concernés par l'appel à la grève, indique la direction de France Télévisions.Le conflit porte sur des projets de réorganisation interne concernant notamment les professions de monteurs et mixeurs. Les syndicats s'inquiètent également de la diminution des RTT et de la suppression d'une salle de mixage. « Il faut continuer à obtenir les gains d'efficacité que la construction de l'“entreprise unique” est censée produire », a affirmé en réponse la direction de France Télévisions.Lire aussi : Le CSA prépare un bilan sévère de la présidence Pflimlin à France Télévisions 29.01.2015 à 11h21 • Mis à jour le29.01.2015 à 11h50 Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, a annoncé jeudi que les dispositions sur le secret des affaires contenues dans sa loi seraient amendées pour garantir « la liberté de la presse, la liberté d'information, la liberté d'investigation ».L'instauration via un amendement parlementaire d'un secret des affaires dans le code du commerce, assorti de lourdes peines de prison et d'amende, au motif de protéger de l'espionnage économique, inquiète la presse et les ONG.Lire le décryptage : La liberté d'informer serait-elle vraiment menacée par le « secret des affaires » ?QUATRE AMENDEMENTS SERONT PROPOSÉSLors de la présentation de ses vœux à la presse, le ministre a rappelé que « la liberté de la presse est essentielle. Et en aucune façon le texte que je porte n'a cherché à restreindre la liberté de la presse. »Il a expliqué que quatre amendements seront proposés. Le premier laissera aux sociétés le soin de « classifier elles-mêmes les secrets à protéger », le deuxième ne rendra pas les salariés, donc les syndicats, responsables. Le troisième prévoit que la responsabilité des lanceurs d'alerte ne pourra être retenue et le dernier que le délit créé ne sera « pas applicable dès lors qu'il s'agit de liberté d'expression et d'information », c'est-à-dire, « pas applicable aux journalistes », a précisé M. Macron.Par ailleurs, une exception sera prévue « de manière explicite », « dès lors qu'il s'agit de la liberté d'expression et de la liberté d'information ». Quant à une mesure de protection des sources journalistiques, promise par le président François Hollande, elle « ira jusqu'à son terme », a-t-il dit. « Ce texte chemine ».Lors de l'examen en commission spéciale à l'Assemblée, le texte avait été amendé pour instaurer ce secret des affaires, une disposition visant à lutter contre l'espionnage industriel.  Alexandre Piquard   Quand un ministère fait le vœu de promouvoir l’offre légale de films, de séries ou de musique, l’internaute ou le journaliste peuvent être un peu sceptiques. Leur reste en mémoire le souvenir d’initiatives passées – des portails ou des labels – dont le succès d’audience ne fut pas à la hauteur de l’ambition affichée : faire reculer le « piratage ».Bien conscients de ce travers, le ministère de la culture de Fleur Pellerin et le Centre national du cinéma (CNC) ont à leur tour dévoilé, mercredi 28 janvier, un dispositif qui se veut bien plus « pragmatique », puisqu’il se fonde sur les usages des internautes.Des sites partenaires plutôt qu’un « portail »Quand un internaute cherche à regarder un film en ligne, il est peu probable qu’il aille sur des sites comme http://www.offre-légale.fr, la base de données montée par la Hadopi, a estimé Julien Neutres, du CNC, chargé de ce projet. L’utilisateur va plutôt taper La Reine des neiges ou Gone Girl dans un moteur de recherche… le plus souvent Google. Et trouver en résultats l’annuaire Allociné (en première position quasiment tout le temps, selon la Culture), l’encyclopédie Wikipedia, des sites d’information comme Télérama.fr ou Première.fr et aussi… des sites de téléchargement illégal.L’idée du CNC et du ministère est de prendre acte de cette réalité du référencement et de nouer des partenariats avec des sites puissants pour y placer la liste des plateformes qui proposent le film en vidéo à la demande (à l’achat en téléchargement ou en location ou encore par abonnement). Allociné (9 millions de visiteurs uniques par mois selon Nielsen/Net Ratings), Premiere (3 millions), Télérama (2 millions) et Sens critique (2 millions) sont les quatre premiers partenaires. D’autres sont souhaités. 12 services référencés… Concrètement, sur la fiche d’un film, ces sites ont intégré un bouton « Voir ce film en ligne » et un espace sous la fiche. Si l’on clique dessus, on obtient la liste des éditeurs qui proposent l’œuvre. Et son prix, pour 10 des 12 éditeurs qui participent à l’initiative, soit la plupart des grandes plateformes légales de France : Canalplay, France Télévisions Pluzz VàD, MyTF1VOD, Orange Vidéo à la demande et Orange cinéma séries, Arte, Vidéofutur, Filmotv, Montparnasse VOD, Wuaki.tv et Imineo. Ils sont présentés « dans un ordre aléatoire », précise-t-on.… mais pas Netflix ou iTunesPrécision importante : Netflix, le fameux service américain de vidéo à la demande par abonnement, et iTunes, la plateforme de vidéo à l’achat d’Apple, ne sont pas référencés.Car Fleur Pellerin et le CNC ont fait le choix politique de ne promouvoir que les services qui respectent le système français de soutien à la création, en se soumettant au décret Smad : celui-ci les oblige notamment à promouvoir dans leur catalogue 60 % d’œuvres européennes et 40 % d’œuvres françaises, et surtout à consacrer 15 % de leur chiffre d’affaires à des œuvres fabriquées par des producteurs européens. Question « d’exemplarité », pour la ministre : « cliquer, c’est aider à créer », a-t-elle lancé mercredi.Outre le déploiement sur des sites partenaires, le dispositif est disponible sous la forme d’un « widget », une petite application qui permet à tout éditeur ou blogueur d’insérer sur son site les informations pour son site, comme il « embedderait » une vidéo de Youtube ou Dailymotion. Enfin, la base de données est disponible sous une forme plus classique à l’adresse vod.cnc.fr.Les séries télé intégrées « dans quelques semaines »Aujourd’hui, 10 000 films sont disponibles en vidéo à la demande, sur les 25 000 recensés dans la base créée par le CNC. Ce recensement se veut exhaustif et sera complété au fur et à mesure.Surtout, le dispositif devrait intégrer les séries télé « dans les prochaines semaines », puis les documentaires voire les courts-métrages, selon le ministère.Le budget de développement est de « quelques dizaines de milliers d’euros », selon la Rue de Valois. De plus, les sites partenaires ont reçu une « compensation » financière correspondant aux frais de développement technique et à une forme d’achat d’espace non publicitaire sur leur plateforme, à fort trafic. Son montant est bien inférieur au prix du marché, précise-t-on, sans toutefois donner de chiffres.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Quand débute le reportage sur le concert de Run the Jewels, un duo de hip-hop américain, des icônes apparaissent sur l’écran d’ordinateur. Le spectateur peut alors cliquer pour suivre au choix un des deux artistes dans les coulisses. Il est aussi possible de passer directement à l’écoute de trois chansons, et à la diffusion de l’interview du duo, qui est lui-même divisé en trois parties, à écouter dans l’ordre de son choix.Voilà un exemple, parmi beaucoup d’autres, de ce que les Britanniques peuvent désormais trouver sur BBC Taster. Ce nouveau site Internet, lancé le 26 janvier, est un saut dans l’inconnu pour la respectable corporation. L’objectif est d’y tester ses nouveaux projets et de voir comment les spectateurs réagissent. Chacun est invité à donner une note à l’émission, et à la partager sur les réseaux sociaux. « Il s’agit d’ouvrir le processus créatif à notre audience », explique Ralph Rivera, directeur de BBC Futur Media.Télévision « sociale »Avec ce site, la BBC se lance dans le défrichage de ce qu’est en train de devenir la télévision, qui fusionne progressivement avec Internet. Progressivement, les émissions se regardent de plus en plus sur des écrans d’ordinateur, de téléphone ou de tablette. Jusqu’à présent, la BBC a réagi avec iPlayer, un site Internet de rattrapage qui permet de regarder gratuitement toutes les émissions publiées depuis un mois ou plus. Son succès est phénoménal, avec des pointes à dix millions d’émissions regardées par jour. « Mais aussi bien que soit iPlayer, quand vous appuyez sur le bouton “marche”, c’est comme regarder la télévision, souligne M. Rivera. Les nouveaux appareils peuvent faire beaucoup plus que cela, notamment savoir qui vous êtes. » Son objectif est de faire de BBC Taster une façon d’inventer une télévision « sociale, interactive, non linéaire ».Les premières idées lancées sur le site viennent souligner l’immense potentiel que représente le rapprochement avec Internet. Toutes ne sont pas nécessairement révolutionnaires : le reportage sur Run the Jewels ressemble à un webdocumentaire, un format relativement courant. Mais les projets vont dans des directions très différentes les unes des autres.On trouve notamment une excellente interview de Lena Dunham, l’actrice américaine de la série Girls, par Jennifer Saunders, une actrice anglaise. L’entretien avait été diffusé dans le cadre du journal de la BBC2, mais seulement dans un format de dix minutes. Sur BBC Taster se trouve l’intégralité de la rencontre, avec quarante minutes jamais diffusées, découpées en séquences de cinq minutes environ, qui peuvent être regardées dans l’ordre de son choix.L’idée qui a le mieux fonctionné jusqu’à présent est une application qui utilise Facebook, intitulée YourStory. A partir de la date de naissance entrée dans la page Facebook de chaque utilisateur, celle-ci propose une sélection de vidéos sorties du catalogue de la BBC, qui suit la chronologie de la vie de chacun : « L’année de votre naissance, c’était le jubilé d’argent de la reine », suivi d’une vidéo du jubilé ; « quand vous aviez presque onze ans, la grève des mineurs se terminait », suivi d’extrait de reportages de l’époque…BBC Taster propose aussi des clips vidéo très courts d’humoristes (pas très drôles), une émission de tourisme connue où le spectateur peut choisir l’endroit qu’il veut visiter (dans la limite des émissions déjà tournées) ou encore accéder à quarante-cinq ans d’archives radio (incomplètes mais fascinantes)…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’« agenda numérique » fait partie des priorités de la Commission européenne, dirigée par Jean-Claude Juncker. Celle-ci veut présenter avant l’été, ses solutions pour aboutir - enfin - à un marché unique du digital en Europe, et notamment réformer le droit du copyright.C’est le vice-président de la Commission, l’Estonien Andrus Ansip qui doit coordonner ces chantiers dans l’institution communautaire.Mardi 27 janvier, il a fait le déplacement à Paris, pour rencontrer Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, alors qu’en France, les puissantes sociétés d’auteur voient d’un mauvais œil la volonté réformatrice de la commission sur le copyright.Mercredi 28 janvier, il réunissait à Bruxelles ses collègues commissaires pour fixer l’agenda des semaines à venir.Redéfinir le copyright La Commission veut toiletter une directive datant de 2001, c’est-à-dire des débuts de l’Internet grand public, quand la vidéo à la demande et la catch up TV n’existaient pas encore.L’idée est d’homogénéiser les régimes européens du copyright, notamment, de mettre fin à la territorialité des droits : le fait qu’un diffuseur soit contraint d’acheter des droits de retransmission d’un contenu pays par pays.Les sociétés d’auteur françaises redoutent que le système français de rémunération de l’ensemble de la filière création soit mis à bas. M. Ansip se veut rassurant. « Les gens pensent que, quand on parle de réforme du copyright, c’est forcément qu’on va arrêter de protéger les droits d’auteurs et bafouer les droits des créateurs. Pas du tout. Mais la situation actuelle est perdante pour tout le monde, consommateurs et créateurs », assure le commissaire.Les internautes qui passent les frontières ne peuvent pas acheter des contenus, car leur accès est bloqué, « alors même qu’ils sont prêts à payer », poursuit-il.En mettant fin à la territorialité, « le marché serait bien plus important et on éviterait le comportement de certains, qui parviennent facilement à pirater les contenus qu’ils veulent voir », souligne M. Ansip.« Les Français ont peur que leurs revenus baissent en cas de fin du principe de territorialité. Ils ont tort, le marché serait plus important. Évidemment, cela implique un changement de modèle économique. »La Commission a promis de rendre sa proposition de directive avant l’été.Renforcer l’intégration numérique de l’UEAvant, en mai, la Commission doit également donner ses orientations sur les moyens de renforcer l’intégration numérique de l’Union européenne (UE). « Les biens et les services circulent librement, mais ce principe de l’Union n’existe pas en ligne. Seuls 12 % des Européens achètent en ligne dans un pays différent du leur. Seules 5 % des sociétés online vendent hors de leurs frontières, rappelle M. Ansip.Comment surmonter ce problème ? « Nous devons renforcer les droits des consommateurs, pour que leur confiance augmente, et sécuriser l’activité des PME, qui doivent composer avec 28 régulateurs différents. »Faire adopter la directive sur les données personnellesM. Ansip déclare que sa « priorité » est d’adopter la directive sur la protection des données personnelles, présentée par la Commission en janvier 2012, mais qui toujours en cours de discussion entre le Conseil européen et le Parlement. « J’espère que l’on va aboutir à un accord sur le texte cette année. » Au Parlement européen, beaucoup d’élus demandent à la Commission de proposer, aussi, un texte qui réglemente les durées de réglementation des données. Un sujet ultrasensible, surtout depuis les attentats de Paris, alors que les États poussent à l’adoption de mesures antiterroristes visant à davantage contrôler l’activité des citoyens sur le web. « Nous devons être très prudents avec ce sujet. Après les attentats de Madrid, en 2004, ceux de Londres, en 2005, nous avons promulgué une directive sur la rétention des données en 2006. Mais l’année dernière, la Cour de justice de l’Union européenne l’a invalidée. Elle n’a pas dit que la rétention des données est non conforme au droit, mais qu’il doit y avoir des garde-fous et qu’il faut appliquer le principe de proportionnalité », explique M. Ansip.« Avant de reproposer un texte, il faudra faire cette fois une analyse vraiment fine », avance le commissaire. La Commission veut donc d’abord voir la directive protection des données adoptée avant de s’atteler à ce deuxième chantier.Redimensionner les frais de « roaming » pour l’accès aux donnéesAutre pilier de l’union numérique européenne, une plus grande intégration des marchés des télécommunications. Là aussi, une directive est sur la table : plutôt, un ensemble de textes, le « paquet télécom », sur lesquels les États ont le plus grand mal à s’entendre.Parmi les dispositions qui « coincent » le plus : la neutralité de l’Internet, et les frais de « roaming », c’est-à-dire le coût d’une communication transfrontalière.Les États, dont la France, ont longtemps résisté à une baisse trop drastique des prix du « roaming », qui représentaient de substantiels revenus pour leurs opérateurs télécoms.Un accord a été trouvé pour ramener à presque zéro ces coûts pour les appels téléphoniques, et un accord est enfin en train de se dessiner au Conseil européen, concernant ceux pour l’accès aux données, depuis un terminal mobile.« On ne peut pas avoir un marché unique du numérique si les consommateurs paient dix fois plus leur consommation d’internet quand ils passent une frontière européenne », explique M. Ansip.Il admet toutefois que « ce n’est pas une décision facile à prendre, d’annuler les frais de roaming », car « dans les pays touristiques, par exemple, les opérateurs sont obligés d’investir considérablement dans leurs infrastructures pour que les touristes puissent accéder à la 3G et aux services mobiles, comme chez eux. » « Le problème, c’est que ces investissements ne sont utiles que quelques mois par an, et si les frais de roaming disparaissent, les opérateurs ont plus de mal à les financer. Nous devons tenir compte de ces problèmes spécifiques », relève-t-il.Trouver rapidement une définition commune de la neutralité du NetConcernant la neutralité de l’internet, l’égalité de traitement des contenus en ligne, quels qu’ils soient (vidéo, texte, etc), un sujet également très sensible, un compromis a été proposé par le Conseil, mi-janvier, et doit être discuté entre les pays dans les jours qui viennent.L’idée est de garantir cette égalité de traitement, tout en permettant - dans des conditions très encadrées - aux opérateurs télécoms de facturer davantage certains flux vraiment très encombrants (du type Netflix).« Si nous n’avons pas une définition commune de ce que nous entendons par Internet ouvert et neutralité du Net, nous allons nous retrouver bientôt avec 28 définitions différentes et des marchés encore plus fragmentés. Il faut aller vite : les Pays-Bas, la Slovénie et la Finlande sont en train déjà de plancher sur leurs propres définitions. Il y a urgence », relève M. Ansip.Trancher la question d’une « taxe Google »Ce sujet fait l’objet de débats à l’intérieur même de l’institution communautaire. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager doit décider si elle poursuit ou pas Google pour abus de position dominante, alors qu’une enquête formelle sur les pratiques en Europe du géant de l’internet américain traîne en longueur depuis près de cinq ans.D’autres poussent pour une « régulation des plates-formes web », qui obligerait Google et les autres multinationales du Net à obéir aux mêmes contraintes réglementaires que les sociétés traditionnelles des médias.La fronde européenne anti-Google se durcitM. Ansip reste très prudent : « Il n’y a que Mme Vestager qui peut parler d’une entreprise en particulier. Nous, nous devons parler de politiques dans leur ensemble, pas stigmatiser une entreprise en particulier. » Et d’ajouter : « concernant le paiement pour le référencement, des lois ont été votées en Espagne et en Allemagne [dites loi Google], mais il est trop tôt pour dire si elles sont efficaces ou pas. Nous suivons ces initiatives de près, mais c’est trop tôt pour dire si nous allons nous en inspirer pour prendre des décisions au niveau européen », conclut le vice-président estonien.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.01.2015 à 05h17 • Mis à jour le29.01.2015 à 07h38 L'essentielL'humoriste controversé comparaissait mercredi pour des propos antisémites tenus sur scène.Après la diffusion de ces propos à la télé en 2013, Manuel Valls avait demandé l'interdiction du spectacle.Dieudonné a déjà été condamné plusieurs fois pour diffamation, injure et provocation à la haine raciale.« Moi, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz… dommage… » Ces propos de Dieudonné prononcés lors de l'un de ses spectacles lui ont valu de comparaître à partir de mercredi 28 janvier devant la justice pour provocation à la haine raciale.La procureure a requis trois cents jours amende à 100 euros, soit au total 30 000 euros, contre le polémiste. Cela veut dire que si le tribunal correctionnel de Paris suivait ces réquisitions, le polémiste controversé devrait payer 30 000 euros d'amende au total ou à défaut aller en prison trois cents jours.Dans son réquisitoire, la procureure a relevé une « antienne » d'attaques contre les juifs à travers le spectacle incriminé et « une expression de mépris de M. M'bala M'bala à l'égard de la communauté juive ». « La question n'est pas de savoir si M. M'bala M'bala est antisémite, ça n'est pas mon problème. La question c'est si on peut le laisser porter de telles attaques », a-t-elle poursuivi. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au mois de mars.RISQUE DE « TROUBLES À L'ORDRE PUBLIC »Tout était parti d'un reportage diffusé en décembre 2013 par France 2, dans lequel était repris un extrait de son spectacle Le Mur. Dieudonné M'bala M'bala s'en prenait depuis plusieurs mois au journaliste de France Inter Patrick Cohen, qui avait publiquement assuré qu'il n'inviterait jamais l'humoriste et égratigné des confrères refusant d'envisager un tel boycott. Après la diffusion des propos de Dieudonné M'bala M'bala à caractère antisémite, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour incitation à la haine raciale. Le journaliste ne s'est pas constitué partie civile.Lire : Dans son spectacle, Dieudonné repousse les limites de la provocationA l'époque, les propos de Dieudonné M'bala M'bala avaient fait réagir Manuel Valls, alors ministre de l'intérieur, qui avait donné instruction aux préfets d'engager des mesures d'interdiction de représentations du spectacle pour risque de « troubles à l'ordre public ». La justice administrative ayant rejeté les recours de Dieudonné M'bala M'bala contre ces interdictions, l'humoriste avait finalement présenté une nouvelle version de son spectacle, expurgée de ses attaques les plus frontales contre les juifs.Lire : Dieudonné rejoue une version édulcorée de son spectacleUN « ÉCHANGE, VIF CERTES, » AVEC LE JOURNALISTELa défense de Dieudonné M'bala M'bala, qui plaidera la relaxe, mercredi, entend « replacer cette affaire dans son contexte », selon Me Sanjay Mirabeau, un de ses avocats. Car, pour lui, les propos incriminés sont « juste l'étincelle, pas la cause principale » ayant conduit à l'interdiction du spectacle. Pour la défense, la sortie de Dieudonné M'bala M'bala relève avant tout « d'un échange, vif certes, mais un échange » à distance avec le journaliste. « Nous allons voir exactement les propos de M. Cohen », a expliqué l'avocat, qui dit avoir renoncé à faire citer le journaliste comme témoin « pour la sérénité des débats ».Dieudonné M'Bala M'Bala, 48 ans, est un habitué des prétoires, avec plusieurs condamnations à des peines d'amende pour ses propos controversés. Vendredi, il a d'ailleurs été condamné à 6 000 euros d'amende pour avoir lancé sur Internet à la fin de 2013 un appel aux dons pour payer de précédentes amendes.Il est en outre toujours sous le coup de plusieurs procédures judiciaires. La dernière, pour apologie du terrorisme, lui vaut d'être convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 4 février. En cause, un message posté sur sa page Facebook, dans lequel il écrivait « Je me sens Charlie Coulibaly », en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris, qui a tué une policière municipale et quatre personnes de confession juive dans un supermarché casher.Dieudonné M'Bala M'Bala a également été mis en examen en juillet pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux.Lire : Dieudonné : huit procès perdus depuis 2007 Alexandre Piquard De prime abord, c’est l’histoire d’un site de geeks installés dans le Cantal, forcés de déménager à Paris à la suite de leur rachat par un grand groupe. Un tiers de l’équipe refuse et se fait licencier. Rien ne sera plus comme avant.La réalité est plus nuancée. Jeuxvideo.com est un leader européen dans son domaine. Webedia, qui l’a racheté 90 millions d’euros à l’été 2014, a proposé aux 48 salariés de quitter leur siège d’Aurillac, contre compensation. Ceux qui refusent devraient effectivement faire l’objet d’un licenciement économique. Jeudi 29 janvier, 21 d’entre eux ne souhaitaient pas partir, selon le délégué du personnel Frédéric Goyon, cité par le site Gameblog. De son côté, la direction estime que 17 personnes sont concernées, voire moins. La consultation du personnel restait ouverte jusqu’au vendredi 30 janvier, pointe Guillaume Multrier, directeur général et fondateur de Webedia, qui veut proposer à certains l’option du télétravail ou le passage à un statut d’autoentrepreneur ou de « freelance ». Une partie de l’équipe technique pourrait rejoindre d’autres techniciens de Webedia à Toulouse. Les autres seront intégrés d’ici fin juillet au nouvel immeuble. Le groupe, fort de 450 salariés environ, va investir à Levallois-Perret.Aux employés de Jeuxvideo.com sont proposées en compensation des hausses de salaire, la prise en charge du déménagement et de déplacements pour revenir à Aurillac, précise la direction. Qui promet que tous les départs seront remplacés.« Dans l’équipe, les avis sont partagés et certains étaient très demandeurs de partir d’Aurillac », raconte M. Multrier. Sur le fond, Webedia espère des synergies en rapprochant JeuxVideo.com de ses autres sites thématiques : AlloCiné (cinéma), Purepeople, Puremédias, 750gr (cuisine)... Ceux-ci seront bientôt rejoints par Millenium, autre site sur le jeu vidéo. L’administrateur système de Jeuxvidéo.com va devenir celui de Webedia, selon M. Multrier, et « JV.com » pourrait utiliser les futurs outils de publication web de Webedia.« A Paris, la rédaction sera plus près des éditeurs de jeux vidéo et des acteurs du secteur. Elle s’est parfois vu reprocher de vivre un peu dans son coin, sans aller beaucoup sur les salons professionnels », explique M. Multrier. N’était-ce pas un signe d’indépendance ? Le directeur général de Webedia entend l’argument mais le juge insuffisant.« L’autarcie » de la rédactionCet argumentaire laisse quelqu’un de marbre : Sébastien Pissavy, le cofondateur de Jeuxvideo.com, créé en 1997 et devenu en quelques années le premier site français du domaine, notamment grâce à ses forums. Ces derniers sont devenus des lieux de discussion de lycéens et de 18-25 ans sur tous types de sujets, dont ceux du baccalauréat, qui ont fuité sur le site en 2011. « Cela a déclenché un tollé et le site s’est retrouvé d’un coup dans l’actualité », se rappelle en souriant celui qui a quitté l’entreprise en 2012 et revendu ses 10 % restants en 2014.« Je me suis battu pour que Jeuxvideo.com s’installe au départ à Aurillac, raconte Sébastien Pissavy, qui s’avoue un peu « chauvin » et a convaincu les deux autres fondateurs, grenoblois et toulousain, de s’implanter dans sa région natale. Cela n’a pas nui à la performance du site, qui est devenu leader en Europe et numéro trois mondial… »Webedia est dans une logique plus « financière » que les deux précédents actionnaires de Jeuxvideo.com – Gameloft qui l’a racheté en 2000, puis Hi-média en 2006 –, déplore M. Pissavy, qui voit dans les licenciements une « perte d’expérience ». « Les synergies peuvent aussi exister à distance », rétorque cet informaticien de formation. Quant à la lutte contre « l’autarcie » de la rédaction, il « espère qu’il ne s’agit pas de la rapprocher de la régie publicitaire ».Problèmes « logistiques »Interrogé, un rédacteur de Jeuxvideo.com « comprend la réaction » du fondateur qui en a fait le succès de l’entreprise et « a toujours veillé à l’identité familiale, voire campagnarde » du site. Employé à Aurillac depuis près de dix ans, ce journaliste a pourtant décidé d’aller à Paris chez Webedia. Il précise qu’à la rédaction, trois personnes sont du Cantal, les autres venant de Brest, Châteaudun, Limoges, Paris… Ceux qui ne veulent pas quitter Aurillac ne le peuvent souvent pas, parce qu’ils y ont leur famille, leur maison, voire un cheval, explique-t-il.L’autarcie, ce rédacteur ne la ressent pas ; toutefois être à Aurillac pose parfois des problèmes « logistiques », quand il faut se rendre à Paris ou sur un salon à l’étranger. De plus, la Web télévision du site, Gaming Live, est installée à Paris.« On n’est pas fermés sur nous-mêmes, on rencontre les éditeurs de jeux », raconte ce salarié. Il comprend les inquiétudes sur l’indépendance du site, notamment formulées sur les forums par « notre lectorat super fidèle ». « Le rapprochement avec le groupe ou le secteur du jeu vidéo, ce n’est qu’un rapprochement physique, pas un changement de notre façon de travailler », pense-t-il. Tout en reconnaissant une part « d’incertitude ».Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.01.2015 à 18h13 • Mis à jour le26.01.2015 à 18h30 | Alexandre Piquard Les acteurs du monde de la publicité s’opposent depuis de longs mois sur les règles du jeu à suivre sur Internet. Et ils ont eu la surprise de découvrir qu’un amendement à la « loi Macron », voté par les députés en commission le 16 janvier, apporte un début de réponse au débat : il soumet le numérique aux principes de la « loi Sapin », rédigée en 1993 pour imposer au secteur publicitaire une obligation de transparence.Lire : Dans la publicité, Internet bouscule frontière entre agences médias et régies« Ce secteur était avant 1993 caractérisé par une grande opacité, peu favorable à une bonne allocation des ressources », a expliqué François Brottes, auteur de l’amendement (relevé par la Correspondance de la presse) et président de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de la loi pour la croissance et l’activité du ministre de l’économie, Emmanuel Macron.Avec l’essor du numérique, cette opacité s’est redéveloppée et il y a dans le secteur un problème d’éthique, selon les annonceurs : « Le grand principe de la loi Sapin, c’est qu’on ne doit pas confondre l’achat et la revente. On ne peut donc pas faire les deux à la fois et être un grossiste, comme l’étaient les grandes centrales d’achat avant 1993 », explique Pierre-Jean Bozo, directeur général de l’Union des annonceurs (UDA).Les acteurs doivent donc choisir : les agences médias achètent des espaces pour le compte des annonceurs et les régies en vendent pour le compte des médias.Sur 100 euros, 40 vont aux médias, 60 aux intermédiairesSelon l’UDA, une part du conseil média sur Internet n’est pas neutre et certains acteurs achètent des espaces aux régies pour ensuite les revendre aux annonceurs... sans transparence sur les prix, ce qui ne permet pas à l’annonceur de vérifier que son argent a été dépensé au mieux.L’UDA estime que 10 % à 15 % du marché de la publicité en ligne est concerné. Au niveau européen, elle cite une étude selon laquelle sur 100 euros dépensés par un annonceur, seuls 40 vont aux médias, 60 revenant aux divers intermédiaires.Avec l’amendement inséré dans la loi Macron, les annonceurs ont-ils donc gagné sur toute la ligne ? Ce n’est pas si simple, tant le sujet est complexe et la querelle profonde.D’abord, Emmanuel Macron, en séance, a demandé que soit prise en compte la concertation en cours auprès de tous les acteurs du secteur, dans le cadre du projet de loi numérique de la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire, qui devait en principe couvrir ce sujet.Le ministre a fait préciser dans l’amendement que les modalités de « reporting » aux annonceurs seraient précisés plus tard, par décret en conseil d’Etat : il s’agit de la transmission d’informations que l’agence média est tenue de faire à l’annonceur : par exemple sur le prix d’achat des espaces à la régie.Cette subtilité fait dire aux agences médias, que si on en reste là, l’amendement adopté « enfonce une porte ouverte » : la vraie question est, selon elles, de reconnaître un nouveau « statut d’acheteur-revendeur qui existe dans la vraie vie mais n’est pas défini pour la publicité numérique », explique Bertrand Beaudichon, vice-président délégué de l’Udecam. Ce type d’acteurs n’est pas reconnu par la loi Sapin.L’émergence de « transformateurs d’espace »Deux innovations ont bousculé le marché : la collecte de données sur le profil sociologique et l’historique de navigation des internautes, mais aussi l’automatisation de la vente d’espaces publicitaires sur de grandes plateformes « programmatiques », également appelées « trading desks ».Certains acteurs sont donc devenus des « transformateurs d’espace », argumente M. Beaudichon : ils achètent des espaces, y ajoutent des données puis les revendent dans une prestation globale.C’est le cas des « retargeteurs », spécialistes du ciblage des internautes en fonction de leur comportement, selon le vice-président délégué de l’Udecam, mais aussi des filiales de trading-desks créés par des agences médias.Ces dernières peuvent ainsi communiquer à un annonceur le prix d’espaces qu’elles ont achetés à une régie qui appartient à leur propre groupe.« La loi Sapin est trop blanche ou noire », estime-t-on à l’Udecam. Du côté des annonceurs, on estime que l’amendement qui vient d’être adopté « va dans le bon sens ». Au gouvernement la tâche délicate d’achever de clarifier les choses.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Quand débute le reportage sur le concert de Run the Jewels, un duo de hip-hop américain, des icônes apparaissent sur l’écran d’ordinateur. Le spectateur peut alors cliquer pour suivre au choix un des deux artistes dans les coulisses. Il est aussi possible de passer directement à l’écoute de trois chansons, et à la diffusion de l’interview du duo, qui est lui-même divisé en trois parties, à écouter dans l’ordre de son choix.Voilà un exemple, parmi beaucoup d’autres, de ce que les Britanniques peuvent désormais trouver sur BBC Taster. Ce nouveau site Internet, lancé le 26 janvier, est un saut dans l’inconnu pour la respectable corporation. L’objectif est d’y tester ses nouveaux projets et de voir comment les spectateurs réagissent. Chacun est invité à donner une note à l’émission, et à la partager sur les réseaux sociaux. « Il s’agit d’ouvrir le processus créatif à notre audience », explique Ralph Rivera, directeur de BBC Futur Media.Télévision « sociale »Avec ce site, la BBC se lance dans le défrichage de ce qu’est en train de devenir la télévision, qui fusionne progressivement avec Internet. Progressivement, les émissions se regardent de plus en plus sur des écrans d’ordinateur, de téléphone ou de tablette. Jusqu’à présent, la BBC a réagi avec iPlayer, un site Internet de rattrapage qui permet de regarder gratuitement toutes les émissions publiées depuis un mois ou plus. Son succès est phénoménal, avec des pointes à dix millions d’émissions regardées par jour. « Mais aussi bien que soit iPlayer, quand vous appuyez sur le bouton “marche”, c’est comme regarder la télévision, souligne M. Rivera. Les nouveaux appareils peuvent faire beaucoup plus que cela, notamment savoir qui vous êtes. » Son objectif est de faire de BBC Taster une façon d’inventer une télévision « sociale, interactive, non linéaire ».Les premières idées lancées sur le site viennent souligner l’immense potentiel que représente le rapprochement avec Internet. Toutes ne sont pas nécessairement révolutionnaires : le reportage sur Run the Jewels ressemble à un webdocumentaire, un format relativement courant. Mais les projets vont dans des directions très différentes les unes des autres.On trouve notamment une excellente interview de Lena Dunham, l’actrice américaine de la série Girls, par Jennifer Saunders, une actrice anglaise. L’entretien avait été diffusé dans le cadre du journal de la BBC2, mais seulement dans un format de dix minutes. Sur BBC Taster se trouve l’intégralité de la rencontre, avec quarante minutes jamais diffusées, découpées en séquences de cinq minutes environ, qui peuvent être regardées dans l’ordre de son choix.L’idée qui a le mieux fonctionné jusqu’à présent est une application qui utilise Facebook, intitulée YourStory. A partir de la date de naissance entrée dans la page Facebook de chaque utilisateur, celle-ci propose une sélection de vidéos sorties du catalogue de la BBC, qui suit la chronologie de la vie de chacun : « L’année de votre naissance, c’était le jubilé d’argent de la reine », suivi d’une vidéo du jubilé ; « quand vous aviez presque onze ans, la grève des mineurs se terminait », suivi d’extrait de reportages de l’époque…BBC Taster propose aussi des clips vidéo très courts d’humoristes (pas très drôles), une émission de tourisme connue où le spectateur peut choisir l’endroit qu’il veut visiter (dans la limite des émissions déjà tournées) ou encore accéder à quarante-cinq ans d’archives radio (incomplètes mais fascinantes)…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’« agenda numérique » fait partie des priorités de la Commission européenne, dirigée par Jean-Claude Juncker. Celle-ci veut présenter avant l’été, ses solutions pour aboutir - enfin - à un marché unique du digital en Europe, et notamment réformer le droit du copyright.C’est le vice-président de la Commission, l’Estonien Andrus Ansip qui doit coordonner ces chantiers dans l’institution communautaire.Mardi 27 janvier, il a fait le déplacement à Paris, pour rencontrer Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, alors qu’en France, les puissantes sociétés d’auteur voient d’un mauvais œil la volonté réformatrice de la commission sur le copyright.Mercredi 28 janvier, il réunissait à Bruxelles ses collègues commissaires pour fixer l’agenda des semaines à venir.Redéfinir le copyright La Commission veut toiletter une directive datant de 2001, c’est-à-dire des débuts de l’Internet grand public, quand la vidéo à la demande et la catch up TV n’existaient pas encore.L’idée est d’homogénéiser les régimes européens du copyright, notamment, de mettre fin à la territorialité des droits : le fait qu’un diffuseur soit contraint d’acheter des droits de retransmission d’un contenu pays par pays.Les sociétés d’auteur françaises redoutent que le système français de rémunération de l’ensemble de la filière création soit mis à bas. M. Ansip se veut rassurant. « Les gens pensent que, quand on parle de réforme du copyright, c’est forcément qu’on va arrêter de protéger les droits d’auteurs et bafouer les droits des créateurs. Pas du tout. Mais la situation actuelle est perdante pour tout le monde, consommateurs et créateurs », assure le commissaire.Les internautes qui passent les frontières ne peuvent pas acheter des contenus, car leur accès est bloqué, « alors même qu’ils sont prêts à payer », poursuit-il.En mettant fin à la territorialité, « le marché serait bien plus important et on éviterait le comportement de certains, qui parviennent facilement à pirater les contenus qu’ils veulent voir », souligne M. Ansip.« Les Français ont peur que leurs revenus baissent en cas de fin du principe de territorialité. Ils ont tort, le marché serait plus important. Évidemment, cela implique un changement de modèle économique. »La Commission a promis de rendre sa proposition de directive avant l’été.Renforcer l’intégration numérique de l’UEAvant, en mai, la Commission doit également donner ses orientations sur les moyens de renforcer l’intégration numérique de l’Union européenne (UE). « Les biens et les services circulent librement, mais ce principe de l’Union n’existe pas en ligne. Seuls 12 % des Européens achètent en ligne dans un pays différent du leur. Seules 5 % des sociétés online vendent hors de leurs frontières, rappelle M. Ansip.Comment surmonter ce problème ? « Nous devons renforcer les droits des consommateurs, pour que leur confiance augmente, et sécuriser l’activité des PME, qui doivent composer avec 28 régulateurs différents. »Faire adopter la directive sur les données personnellesM. Ansip déclare que sa « priorité » est d’adopter la directive sur la protection des données personnelles, présentée par la Commission en janvier 2012, mais qui toujours en cours de discussion entre le Conseil européen et le Parlement. « J’espère que l’on va aboutir à un accord sur le texte cette année. » Au Parlement européen, beaucoup d’élus demandent à la Commission de proposer, aussi, un texte qui réglemente les durées de réglementation des données. Un sujet ultrasensible, surtout depuis les attentats de Paris, alors que les États poussent à l’adoption de mesures antiterroristes visant à davantage contrôler l’activité des citoyens sur le web. « Nous devons être très prudents avec ce sujet. Après les attentats de Madrid, en 2004, ceux de Londres, en 2005, nous avons promulgué une directive sur la rétention des données en 2006. Mais l’année dernière, la Cour de justice de l’Union européenne l’a invalidée. Elle n’a pas dit que la rétention des données est non conforme au droit, mais qu’il doit y avoir des garde-fous et qu’il faut appliquer le principe de proportionnalité », explique M. Ansip.« Avant de reproposer un texte, il faudra faire cette fois une analyse vraiment fine », avance le commissaire. La Commission veut donc d’abord voir la directive protection des données adoptée avant de s’atteler à ce deuxième chantier.Redimensionner les frais de « roaming » pour l’accès aux donnéesAutre pilier de l’union numérique européenne, une plus grande intégration des marchés des télécommunications. Là aussi, une directive est sur la table : plutôt, un ensemble de textes, le « paquet télécom », sur lesquels les États ont le plus grand mal à s’entendre.Parmi les dispositions qui « coincent » le plus : la neutralité de l’Internet, et les frais de « roaming », c’est-à-dire le coût d’une communication transfrontalière.Les États, dont la France, ont longtemps résisté à une baisse trop drastique des prix du « roaming », qui représentaient de substantiels revenus pour leurs opérateurs télécoms.Un accord a été trouvé pour ramener à presque zéro ces coûts pour les appels téléphoniques, et un accord est enfin en train de se dessiner au Conseil européen, concernant ceux pour l’accès aux données, depuis un terminal mobile.« On ne peut pas avoir un marché unique du numérique si les consommateurs paient dix fois plus leur consommation d’internet quand ils passent une frontière européenne », explique M. Ansip.Il admet toutefois que « ce n’est pas une décision facile à prendre, d’annuler les frais de roaming », car « dans les pays touristiques, par exemple, les opérateurs sont obligés d’investir considérablement dans leurs infrastructures pour que les touristes puissent accéder à la 3G et aux services mobiles, comme chez eux. » « Le problème, c’est que ces investissements ne sont utiles que quelques mois par an, et si les frais de roaming disparaissent, les opérateurs ont plus de mal à les financer. Nous devons tenir compte de ces problèmes spécifiques », relève-t-il.Trouver rapidement une définition commune de la neutralité du NetConcernant la neutralité de l’internet, l’égalité de traitement des contenus en ligne, quels qu’ils soient (vidéo, texte, etc), un sujet également très sensible, un compromis a été proposé par le Conseil, mi-janvier, et doit être discuté entre les pays dans les jours qui viennent.L’idée est de garantir cette égalité de traitement, tout en permettant - dans des conditions très encadrées - aux opérateurs télécoms de facturer davantage certains flux vraiment très encombrants (du type Netflix).« Si nous n’avons pas une définition commune de ce que nous entendons par Internet ouvert et neutralité du Net, nous allons nous retrouver bientôt avec 28 définitions différentes et des marchés encore plus fragmentés. Il faut aller vite : les Pays-Bas, la Slovénie et la Finlande sont en train déjà de plancher sur leurs propres définitions. Il y a urgence », relève M. Ansip.Trancher la question d’une « taxe Google »Ce sujet fait l’objet de débats à l’intérieur même de l’institution communautaire. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager doit décider si elle poursuit ou pas Google pour abus de position dominante, alors qu’une enquête formelle sur les pratiques en Europe du géant de l’internet américain traîne en longueur depuis près de cinq ans.D’autres poussent pour une « régulation des plates-formes web », qui obligerait Google et les autres multinationales du Net à obéir aux mêmes contraintes réglementaires que les sociétés traditionnelles des médias.La fronde européenne anti-Google se durcitM. Ansip reste très prudent : « Il n’y a que Mme Vestager qui peut parler d’une entreprise en particulier. Nous, nous devons parler de politiques dans leur ensemble, pas stigmatiser une entreprise en particulier. » Et d’ajouter : « concernant le paiement pour le référencement, des lois ont été votées en Espagne et en Allemagne [dites loi Google], mais il est trop tôt pour dire si elles sont efficaces ou pas. Nous suivons ces initiatives de près, mais c’est trop tôt pour dire si nous allons nous en inspirer pour prendre des décisions au niveau européen », conclut le vice-président estonien.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.01.2015 à 05h17 • Mis à jour le28.01.2015 à 18h12 L'essentielL'humoriste controversé comparaît mercredi pour des propos antisémites tenus sur scèneAprès la diffusion de ces propos à la télé en 2013, Manuel Valls avait demandé l'interdiction du spectacle.Dieudonné a déjà été condamné plusieurs fois pour diffamation, injure et provocation à la haine raciale.« Moi, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz… dommage… » Ces propos de Dieudonné prononcés lors de l'un de ses spectacles lui valent de comparaître à partir de mercredi 28 janvier devant la justice pour provocation à la haine raciale.Tout était parti d'un reportage diffusé en décembre 2013 par France 2, dans lequel était repris un extrait de son spectacle Le Mur. Dieudonné s'en prenait depuis plusieurs mois au journaliste de France Inter, qui avait publiquement assuré qu'il n'inviterait jamais l'humoriste et égratigné des confrères refusant d'envisager un tel boycott. Après la diffusion des propos de Dieudonné à caractère antisémite, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour incitation à la haine raciale. Le journaliste, lui, ne s'est pas constitué partie civile. Dieudonné encourt un an de prison et 45 000 euros d'amende.Lire : Dans son spectacle, Dieudonné repousse les limites de la provocationA l'époque, les propos de Dieudonné avaient fait réagir Manuel Valls, alors ministre de l'intérieur, qui avait donné instruction aux préfets d'engager des mesures d'interdiction de représentations du spectacle pour risque de « troubles à l'ordre public ». La justice administrative ayant rejeté les recours de Dieudonné contre ces interdictions, et l'humoriste avait finalement présenté une nouvelle version de son spectacle, expurgée de ses attaques les plus frontales contre les juifs.Lire : Dieudonné rejoue une version édulcorée de son spectacleUN « ÉCHANGE, VIF CERTES », AVEC LE JOURNALISTELa défense de Dieudonné, qui va plaider la relaxe, mercredi, entend « replacer cette affaire dans son contexte », selon Me Sanjay Mirabeau, un de ses avocats. Car, pour lui, les propos incriminés sont « juste l'étincelle, pas la cause principale » ayant conduit à l'interdiction du spectacle. Pour la défense, la sortie de Dieudonné relève avant tout « d'un échange, vif certes, mais un échange » à distance avec le journaliste. « Nous allons voir exactement les propos de M. Cohen », a expliqué l'avocat, qui dit avoir renoncé à faire citer le journaliste comme témoin « pour la sérénité des débats ».Dieudonné M'Bala M'Bala, 48 ans, est un habitué des prétoires, avec plusieurs condamnations à des peines d'amende pour ses propos controversés. Vendredi, il a d'ailleurs été condamné à 6 000 euros d'amende pour avoir lancé sur Internet à la fin de 2013 un appel aux dons pour payer de précédentes amendes.Il est en outre toujours sous le coup de plusieurs procédures judiciaires. La dernière, pour apologie du terrorisme, lui vaut d'être convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 4 février. En cause, un message posté sur sa page Facebook, dans lequel il écrivait « Je me sens Charlie Coulibaly », en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris, qui a tué quatre juifs dans un supermarché casher ainsi qu'une policière municipale.Il a également été mis en examen en juillet pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux.Lire aussi : De « Charlie » à Dieudonné, jusqu'où va la liberté d'expression ? Alexandre Piquard De prime abord, c’est l’histoire d’un site de geeks installés dans le Cantal, qui se voient forcés de déménager à Paris suite à son rachat par un grand groupe. Un tiers de l’équipe refuse et se fait licencier. Plus rien ne sera plus comme avant.La réalité est toutefois un peu plus nuancée. Jeuxvideo.com est un leader européen dans son domaine. Webedia, qui l’a racheté 90 millions d’euros à l’été 2014, a proposé aux 48 salariés de quitter leur siège d’Aurillac, contre compensation. Pour l’heure, 17 d’entre eux ne souhaitent pas partir, selon la direction, et ce chiffre pourrait être légèrement supérieur au final. Webedia précise que la consultation du personnel reste ouverte jusqu’au vendredi 30 janvier. Et expose ses arguments.Ces salariés pro-Aurillac devraient effectivement faire l’objet d’un licenciement économique. Toutefois, selon Guillaume Multrier, directeur général et fondateur de Webedia, le déménagement n’est pas encore formellement confirmé et des options restent ouvertes, comme un déménagement partiel ou le télétravail. Une partie de l’équipe technique pourrait rejoindre d’autres techniciens de Webedia à Toulouse. En compensation sont proposées des hausses de salaire, la prise en charge du déménagement et de déplacements pour revenir à Aurillac, précise la direction. Qui promet que les départs seront remplacés.Recherche de synergies« Dans l’équipe, les avis sont partagés et certains étaient très demandeurs de partir d’Aurillac », raconte M. Multrier : la rédaction - un tiers des effectifs - est majoritairement partante, ajoute-t-il, et les refus émanent davantage des fonctions techniques et support (comptabilité, ressources humaines…), soit des domaines où retrouver un emploi est selon lui plus facile que pour des journalistes spécialisés.Sur le fond, Webedia espère des synergies en déplaçant JeuxVideo.com dans l’immeuble parisien où sont déjà installés ses autres sites thématiques : AlloCiné (cinéma), Purepeople, Puremédias, 750gr (cuisine) ou d’autres sites de jeu vidéo, plus modestes en taille. L’administrateur système de Jeuxvidéo.com va devenir celui de Webedia, selon M. Multrier, et le site peut aussi faire bénéficier le groupe de ses développements de lecteurs vidéo. À l’inverse, « JV. com » pourrait utiliser les futurs outils de publication web de Webedia.Lire : Le gros appétit de Webedia pour les jeux vidéoL’acheteur de Jeuxvideo.com assume enfin de vouloir faire sortir l’équipe d’une forme d’« autarcie ». « À Paris, la rédaction sera plus près des éditeurs de jeux vidéos et des acteurs du secteur. Elle s’est parfois vu reprocher de vivre un peu dans son coin, sans aller beaucoup sur les salons professionnels », explique M. Multrier. N’était-ce pas un signe d’indépendance ? Le directeur général de Webedia entend l’argument mais le juge insuffisant.Leader depuis le CantalCet argumentaire laisse quelqu’un de marbre : Sébastien Pissavy, le cofondateur de Jeuxvideo.com, créé en 1997 et devenu en quelques années le premier site français du domaine, notamment grâce à ses forums. Ces derniers sont devenus des lieux de discussion de lycéens et de 18-25 ans sur tous types de sujets, dont ceux du baccalauréat, qui seront fuités sur le site en 2011. « Ca a déclenché un tollé et le site s’est retrouvé d’un coup dans l’actualité », se rappelle en souriant celui qui a quitté l’entreprise en 2012 et revendu ses 10 % restants en 2014.« Je me suis battu pour que Jeuxvideo.com s’installe au départ à Aurillac, raconte Sébastien Pissavy, qui s’avoue un peu « chauvin » et a convaincu les deux autres fondateurs, grenoblois et toulousain, de s’implanter dans sa région natale. Cela n’a pas nui à la performance du site, qui est devenu leader en Europe et numéro trois mondial… »Webedia est dans une logique plus « financière », que les deux précédents actionnaires de Jeuxvidéo.com - Gameloft qui l’a racheté en 2000, puis Hi-média en 2006 -, déplore M. Pissavy, qui voit dans les licenciements une « perte d’expérience ». « Les synergies peuvent aussi exister à distance », rétorque aussi cet informaticien de formation. Quant à la lutte contre « l’autarcie » de la rédaction, il « espère qu’il ne s’agit pas de la rapprocher de la régie publicitaire ».« Ce n’est qu’un rapprochement physique »Interrogé, un rédacteur de Jeuxvidéo.com « comprend la réaction » du fondateur, qui en a fait le succès et « a toujours veillé à l’identité familiale, voire campagnarde » du site. Employé à Aurillac depuis près de 10 ans, ce journaliste a pourtant décidé d’aller à Paris chez Webedia. Il précise qu’à la rédaction, trois personnes sont du Cantal, les autres venant de Brest, Châteaudun, Limoges, Paris… Ceux qui ne veulent pas quitter Aurillac ne le peuvent souvent pas, parce qu’ils y ont leur famille, leur maison, voire un cheval, explique-t-il.L’autarcie, ce rédacteur ne la ressent pas mais être à Aurillac pose parfois des problèmes « logistiques », quand il fallait aller à Paris ou à un salon à l’étranger. De plus, la web télévision du site, Gaming live, est installée à Paris.« On n’est pas fermés sur nous-mêmes, on rencontre les éditeurs de jeux », raconte ce salarié. Il comprend les inquiétudes sur l’indépendance du site, notamment formulées sur les forums par « notre lectorat super fidèle ». « Le rapprochement avec le groupe ou le secteur du jeu vidéo, ce n’est qu’un rapprochement physique, pas un changement de notre façon de travailler », pense-t-il.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.01.2015 à 18h13 • Mis à jour le26.01.2015 à 18h30 | Alexandre Piquard Les acteurs du monde de la publicité s’opposent depuis de longs mois sur les règles du jeu à suivre sur Internet. Et ils ont eu la surprise de découvrir qu’un amendement à la « loi Macron », voté par les députés en commission le 16 janvier, apporte un début de réponse au débat : il soumet le numérique aux principes de la « loi Sapin », rédigée en 1993 pour imposer au secteur publicitaire une obligation de transparence.Lire : Dans la publicité, Internet bouscule frontière entre agences médias et régies« Ce secteur était avant 1993 caractérisé par une grande opacité, peu favorable à une bonne allocation des ressources », a expliqué François Brottes, auteur de l’amendement (relevé par la Correspondance de la presse) et président de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de la loi pour la croissance et l’activité du ministre de l’économie, Emmanuel Macron.Avec l’essor du numérique, cette opacité s’est redéveloppée et il y a dans le secteur un problème d’éthique, selon les annonceurs : « Le grand principe de la loi Sapin, c’est qu’on ne doit pas confondre l’achat et la revente. On ne peut donc pas faire les deux à la fois et être un grossiste, comme l’étaient les grandes centrales d’achat avant 1993 », explique Pierre-Jean Bozo, directeur général de l’Union des annonceurs (UDA).Les acteurs doivent donc choisir : les agences médias achètent des espaces pour le compte des annonceurs et les régies en vendent pour le compte des médias.Sur 100 euros, 40 vont aux médias, 60 aux intermédiairesSelon l’UDA, une part du conseil média sur Internet n’est pas neutre et certains acteurs achètent des espaces aux régies pour ensuite les revendre aux annonceurs... sans transparence sur les prix, ce qui ne permet pas à l’annonceur de vérifier que son argent a été dépensé au mieux.L’UDA estime que 10 % à 15 % du marché de la publicité en ligne est concerné. Au niveau européen, elle cite une étude selon laquelle sur 100 euros dépensés par un annonceur, seuls 40 vont aux médias, 60 revenant aux divers intermédiaires.Avec l’amendement inséré dans la loi Macron, les annonceurs ont-ils donc gagné sur toute la ligne ? Ce n’est pas si simple, tant le sujet est complexe et la querelle profonde.D’abord, Emmanuel Macron, en séance, a demandé que soit prise en compte la concertation en cours auprès de tous les acteurs du secteur, dans le cadre du projet de loi numérique de la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire, qui devait en principe couvrir ce sujet.Le ministre a fait préciser dans l’amendement que les modalités de « reporting » aux annonceurs seraient précisés plus tard, par décret en conseil d’Etat : il s’agit de la transmission d’informations que l’agence média est tenue de faire à l’annonceur : par exemple sur le prix d’achat des espaces à la régie.Cette subtilité fait dire aux agences médias, que si on en reste là, l’amendement adopté « enfonce une porte ouverte » : la vraie question est, selon elles, de reconnaître un nouveau « statut d’acheteur-revendeur qui existe dans la vraie vie mais n’est pas défini pour la publicité numérique », explique Bertrand Beaudichon, vice-président délégué de l’Udecam. Ce type d’acteurs n’est pas reconnu par la loi Sapin.L’émergence de « transformateurs d’espace »Deux innovations ont bousculé le marché : la collecte de données sur le profil sociologique et l’historique de navigation des internautes, mais aussi l’automatisation de la vente d’espaces publicitaires sur de grandes plateformes « programmatiques », également appelées « trading desks ».Certains acteurs sont donc devenus des « transformateurs d’espace », argumente M. Beaudichon : ils achètent des espaces, y ajoutent des données puis les revendent dans une prestation globale.C’est le cas des « retargeteurs », spécialistes du ciblage des internautes en fonction de leur comportement, selon le vice-président délégué de l’Udecam, mais aussi des filiales de trading-desks créés par des agences médias.Ces dernières peuvent ainsi communiquer à un annonceur le prix d’espaces qu’elles ont achetés à une régie qui appartient à leur propre groupe.« La loi Sapin est trop blanche ou noire », estime-t-on à l’Udecam. Du côté des annonceurs, on estime que l’amendement qui vient d’être adopté « va dans le bon sens ». Au gouvernement la tâche délicate d’achever de clarifier les choses.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.01.2015 à 19h36 • Mis à jour le26.01.2015 à 10h26 Vous avez décroché de l'actu pendant le week-end ? Petite séance de rattrapage avec les informations à retenir des deux derniers jours.Victoire historique de Syriza aux législatives en Grèce Le parti anti-austérité grec Syriza a remporté une très claire victoire sur le parti conservateur au pouvoir dimanche, tout en restant à la limite de la majorité absolue, une situation qui devrait l'obliger à trouver des soutiens à l'avenir.Après dépouillement de 70,72 % des bulletins, Syriza comptait 36,03 % des voix et Nouvelle Démocratie de M. Samaras 28,15 %. La gauche radicale totalisait alors 149 sièges sur 300 au Parlement. Sa victoire aux élections législatives est assurée, mais pas sa majorité absolue, qui est de 151 sièges. Au total, 9,8 millions d'électeurs étaient appelés à élire 300 députés.Alexis Tsipras est le premier dirigeant européen élu sur le rejet explicite des politiques difficiles imposées par l'Union européenne à ses membres après la crise.Lire : Victoire historique de la gauche radicale en GrèceOffensive des séparatistes prorusses dans le port ukrainien de Marioupol Au moins 30 civils ont été tués et plus de 80 autres blessés, samedi 24 janvier, lors de bombardements d'un quartier de Marioupol, port stratégique dans le sud-est de l'Ukraine et dernière grande ville contrôlée par Kiev dans la région. Les experts de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui se sont rendus sur le site ont conclu que les bombardements provenaient de deux positions contrôlées par les séparatistes prorusses. Le ministre des affaires étrangères russe a, de son côté, accusé l'armée ukrainienne d'avoir provoqué ces violences par des attaques « permanentes » contre des « localités peuplées ».Lire : En Ukraine, le port stratégique de Marioupol bombardé par les séparatistesUn otage japonais aux mains de l'EI exécuté par l'Etat islamique L'un des deux otages japonais détenus par l'Etat islamique aurait été assassiné. Il s'agit de Haruna Yukawa, consultant en question de sécurité. Il était aux mains de l'organisation depuis le mois d'août dernier. L'information a été diffusée sur Internet, samedi 24 janvier, par l'intermédiaire d'une photo accompagnée d'un message sonore, qui étaient en cours d'authentification. L'EI a revendiqué cet assassinat dans la soirée de dimanche.Lire l'article de notre correspondant à Tokyo : Le Japon « sans voix » après la possible exécution d'un de ses otages aux mains de l'EIMort de José Artur, animateur de l'émission culte « Pop Club » L'homme de radio José Artur, animateur et producteur de l'émission culte « Pop Club » diffusée sur France Inter de 1965 à 2005, est mort samedi à l'âge de 87 ans.>> Lire : Mort de José Artur, animateur du « Pop Club »Sport : les Français éliminés à Melbourne, les Bleus qualifiés en handball Handball. La France a su compenser en défense ses lacunes offensives et a vaincu la Suède (27-25) lors de la cinquième et dernière journée du Mondial 2015 messieurs de handball, samedi à Doha. Certainement confortés par cette très difficile victoire, les champions d'Europe affronteront en confiance lundi en huitièmes l'Argentine, qui a créé une grosse surprise en sortant la Russie (30-27).Tennis. Dernier Français en lice à l'Open d'Australie, Gilles Simon a été éliminé au troisième tour samedi après sa défaite contre David Ferrer, 9e mondial. C'est la première fois depuis quatre ans qu'il n'y aura pas de Français en seconde semaine du tournoi australien. Ligue 1. Lyon a poursuivi sa superbe série samedi avec une septième victoire d'affilée en Ligue 1 en battant Metz 2-0, un succès terni par la blessure de Lacazette mais qui met la pression sur le Paris-SG. De son côté, Marseille avait confirmé vendredi ses difficultés actuelles, notamment à l'extérieur, avec une défaite 2-1 à Nice.Rugby. Toulouse, battu à Montpellier, n'est pas parvenu à se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe d'Europe, à l'occasion de la sixième et dernière journée de la phase de poules. De leur côté, Clermont,  Toulon et le Racing se sont imposés.Football. Un penalty de Zlatan Ibrahimovic a donné dimanche un court succès au Paris-Saint-Germain à Saint-Etienne, qui permet au club de la capitale de rester au contact du leader, Lyon, à l'issue de la 22e journée de Ligue 1. Luc Cédelle Une voix reconnaissable entre toutes, au timbre ironique et doux, vient de s’éteindre. Compagnon de générations d’auditeurs, homme de radio après avoir été comédien, José Artur, mort samedi 24 janvier, à l’âge de 87 ans, fut avant tout l’homme du « Pop Club », qu’il produisit et anima sur France Inter de 1965 à 2005. Une émission culte, diffusée en direct et en soirée tardive, cocktail de musiques et de dialogues dont il fut, écharpe blanche autour du cou, l’inlassable ordonnateur.Quarante ans durant, il reçut à son Micro de nuit (Stock, 1974) des milliers d’invités, souvent déjà célèbres, ou en passe de l’être, tant sa capacité de détection – des talents, des tendances, de l’air du temps… – était affûtée. La longévité du « Pop Club » n’est pas le fait d’un manque d’idées de son créateur, au contraire. Professionnel au large spectre, José Artur créa et anima parallèlement d’autres émissions de radio et collabora à différents programmes de télévision. Il était le père de la comédienne Sophie Artur et de l’animateur de radio et de télévision David Artur.Né le 20 mai 1927 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), José Artur est issu d’une famille d’origine bretonne et de tradition catholique, mère au foyer, père officier de marine puis sous-préfet. Dès l’âge de 12 ans il est en pension chez les frères maristes. Il poursuit ses études secondaires durant l’Occupation dans différents établissements catholiques, où il endosse le personnage de l’élève capable mais rétif à toute discipline.Auteur de plusieurs livres de souvenirs (notamment Parlo... 23.01.2015 à 15h55 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h37 L'essentielLa « une » de Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » a provoqué de nombreuses manifestations dans des pays musulmans depuis sa publication le 14 janvier.Une semaine après les violentes manifestations de Niamey ou de Karachi, des rassemblements ont eu lieu au Pakistan, en Afghanistan et en Iran, vendredi, jour de la grande prière. « A bas Charlie Hebdo ! », « Mort à la France ! », ont scandé, vendredi 23 janvier, des milliers de manifestants réunis, une nouvelle fois, dans les grandes villes du Pakistan, d'Afghanistan et d'Iran, pour protester contre la dernière « une » de l'hebdomadaire, publiée après l'assassinat de neuf membres de la rédaction du journal à Paris, par deux terroristes se revendiquant d'Al-Qaida au Yemen.Lire : En Egypte, au Sénégal ou à Jérusalem... la « une » de « Charlie Hebdo » ne passe pasAu Pakistan, appel au boycottA Islamabad, la capitale pakistanaise, 15 000 personnes ont ainsi défilé  à l'appel de la Jamaat-e-Islami (JI), l'un des principaux partis islamistes du pays. « O peuple de France, ô peuple du Danemark, écoutez bien, nous serons aux trousses de quiconque blasphème », a déclaré le chef de la JI, Siraj ul-Haq, appelant à boycotter les produits de ces pays dont des médias ont publié des caricatures de Mahomet.« Les musulmans doivent s'unir et défendre l'honneur du prophète de l'islam », a déclaré à Lahore, autre ville où s'est déroulée une manifestation, Hafeez Saeed, chef de la Jamaat ud-Dawa. Cette organisation est considérée comme le paravent du Laskhkar-e-Taïba (LeT), accusé d'être impliqué dans des attentats en Inde.Lire : Hollande répond aux manifestants anti « Charlie Hebdo »En Afghanistan, des manifestants réclament des excuses officiellesEnviron 20 000 personnes ont également manifesté à Herat, troisième ville d'Afghanistan. Des drapeaux français y a été brûlés et les manifestants ont demandé des excuses officielles de la France pour la publication de caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.L'Afghanistan, comme le Pakistan, avait condamné dans un premier temps l'attaque du 7 janvier contre le journal parisien, mais le ton s'était progressivement durci, des islamistes radicaux rendant même hommage aux frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attaque. Puis, la classe politique des deux pays, incluant le président afghan, Ashraf Ghani, et le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, avait condamné la dernière « une » de Charlie Hebdo.En Iran, « mort à la France »Des dizaines de milliers de personnes sont aussi descendues dans la rue en Iran, principalement hors de Téhéran. « Mort à la France, mort à Israël, mort à la Grande-Bretagne, mort à Charlie Hebdo ! », ont scandé des foules à Qom ou à Ispahan, au sud de Téhéran, agitant drapeaux et pancartes proclamant leur respect de Mahomet.Téhéran a dénoncé le massacre perpétré le 7 janvier à Paris, mais a critiqué la nouvelle caricature de Charlie Hebdo. Le 17 janvier, un journal iranien a même été interdit pour avoir tenté de publier « Je suis Charlie » en « une ». Lire : Le rédacteur en chef de « Charlie Hebdo » défend la « une » controversée Magali Cartigny Un dessin de Louison, en hommage à « Charlie Hebdo », peut donner lieu à de troublants – et cocasses – échanges avec son enfant. Démonstration. Il a débarqué, samedi, moulé dans son pyjama dinosaures. - « Ça veut dire quoi "bite", maman ?- Pardon ?- J'ai lu sur un dessin sur ton ordinateur : "Ils ont déjà dessiné des bites partout" » (Fermer Facebook, toujours fermer Facebook).- « Eh bien, ça veut dire zizi.- Et pourquoi y a plein de zizis sur les nuages. C'est qui qui les a dessinés ?- C'est les gens qui ont été tués par les méchants, comme Nora t'a expliqué. » (#mercilamaîtresseduCP.)- « Mais pourquoi des zizis ?- Parce qu'ils trouvent ça rigolo.- Pourquoi ?- Parce que, au paradis, ils ont pas l'habitude d'en voir, des zizis. » (Mais qu'est-ce que je raconte !) « C'est comme toi : t'aimes bien dessiner des cœurs pour faire plaisir aux gens, eh bien, eux, c'était des zizis.- Mais c'est quoi le paradis ?- Tu veux pas qu'on regarde Spiderman ?- Non. C'est quoi le paradis ?- L'endroit où les gens qui croient en Dieu pensent qu'ils iront après la mort.- Mais les dessinateurs, ils croyaient en Dieu ?- Je ne sais pas.- Et toi, t'y crois ?- Non, mon chéri.- Mais pourquoi ?- Parce que je ne pense pas qu'il existe.- Comme le Père Noël ?- Non, le Père Noël, il existe pas. La preuve, ce sont les parents qui font les cadeaux.- Et c'est quoi la preuve que Dieu existe pas ?- Il n'y en a pas, mais rien ne prouve le contraire non plus.- Mais tu crois en quoi, alors ?- En l'homme.- C'est un peu débile. Et les méchants, pourquoi ils les ont tués, les rigolos dans les nuages ?- Parce qu'ils aimaient pas qu'on se moque de Dieu.- Mais t'as dit qu'il existe pas !- Et si on allait à Disneyland ?- Non. Moi, si je dessine des zizis, on va me tuer ?- Mais non, pas du tout, enfin, jamais de la vie ! Tu peux faire tous les zizis que tu veux.- Bah oui. Parce que c'est comme des cœurs.- Voilà.- Bon alors je vais dessiner plein de bites, je les découperai, et je les offrirai à ma maîtresse. »Magali CartignyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 21h49 • Mis à jour le09.01.2015 à 18h07 Malaise outre-Atlantique. Si de nombreuses rédactions américaines ont condamné l'attentat contre Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, plusieurs médias se sont bien gardés, jeudi 8 janvier, de publier les caricatures controversées du journal satirique. Ainsi le New York Times, le New York Daily News, Reuters ou Associated Press ont largement relayé l'événement, en prenant le soin d'éviter la diffusion de dessins « heurtant les sensibilités religieuses », selon eux. New York Daily News Blurs Charlie Hebdo Muhammed Cover http://t.co/VYBxbf70mv http://t.co/gdI6GiLLhU— Mediaite (@Mediaite)require(["twitter/widgets"]);Le porte-parole d'Associated Press, Paul Colford, a rappelé ce choix mercredi : « Nous ne publions pas d'images délibérément provocantes, c'est notre politique depuis des années. » « Après mûre réflexion, la direction du [New York] Times a décidé qu'une description des caricatures donnerait suffisamment d'éléments aux lecteurs pour comprendre la situation », a expliqué pour sa part une porte-parole du journal.Le Wall Street Journal a de son côté publié certaines caricatures de Charlie Hebdo se moquant des religions, mais aucune représentation du Prophète.NOTE INTERNE À CNN : DES MOTS MAIS PAS D'IMAGESLa chaîne américaine CNN a envoyé dans la journée de mercredi une note interne à ses salariés, dévoilée par le site Politico, pour expliquer qu'elle ne diffuserait pas d'images « offensantes ». Le rédacteur en chef Richard Griffiths explique que « bien que nous ne montrions pas en ce moment les images des illustrations de Charlie Hebdo représentant le Prophète, considérées comme offensantes par beaucoup de musulmans, les différents supports sont encouragées à les décrire à l'oral. C'est la clé pour comprendre la nature de l'attaque sur le magazine et la tension entre liberté d'expression et respect de la religion». Durant toute la journée, les moindres « unes » de Charlie Hebdo apparaissaient floutées à l'écran de la chaîne. Et @CNN diffuse un reportage sur l'histoire de #CharlieHebdo en floutant toutes les couvertures sur Mahomet http://t.co/8uuPRQuQ8R— Mathieu Dehlinger (@mdehlinger)require(["twitter/widgets"]);LA CRITIQUE DU « FINANCIAL TIMES »Mercredi, le jour de l'attaque du journal satirique, un journaliste du quotidien économique Financial Times, Tony Barber, jugeait « stupide » et « irresponsable » certaines « unes » de Charlie Hebdo, suscitant l'indignation de nombreux lecteurs. Peu après, l'article était expurgé de ce passage.Lire aussi : Le « FT » critique « Charlie Hebdo » puis revoit sa copieEn guise de justification, le rédacteur John Gapper rappelait mercredi que l'article du Financial Times n'était pas un éditorial mais bien un article d'opinion.« La France est le pays de Voltaire mais trop souvent l'irresponsabilité éditoriale a prévalu chez “Charlie Hebdo”. Il ne s'agit pas pour le moins du monde d'excuser les meurtriers, qui doivent être attrapés et punis, ni de suggérer que la liberté d'expression ne devrait pas s'appliquer à la représentation satirique de la religion. Mais seulement de dire que le bon sens commun serait utile dans des publications telles que “Charlie Hebdo”, ou le journal danois “Jyllands-Posten”, qui prétendent remporter une victoire pour la liberté en provoquant des musulmans, alors qu'en réalité ils sont seulement stupides. »Slate explique dans un article que ce choix éditorial a également été fait en Grande-Bretagne par The Telegraph. Le site du quotidien britannique avait publié une photo montrant une lectrice tenant entre les mains un numéro flouté de Charlie Hebdo. Un cliché par la suite retiré du site. 08.01.2015 à 14h38 • Mis à jour le08.01.2015 à 23h55 | Alexandre Piquard C'est la meilleure nouvelle depuis l'attaque qui a visé la rédaction de Charlie Hebdo : l'hebdomadaire satirique va « sortir la semaine prochaine », a assuré, jeudi 8 janvier, l'urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur du journal. Une information confirmée un peu plus tard par l'avocat du journal, Richard Malka, qui annonce que « Charlie Hebdo sortira mercredi prochain et sera tiré à un million d'exemplaires », contre 60 000 habituellement.Sur le site internet du journal, un texte accompagné d'un dessin représentant une main brandissant un crayon ont été publiés jeudi soir. Annonçant la sortie le 14 janvier du « journal des survivants », on peut y lire :« Parce que le crayon sera toujours au dessus de la barbarie... Parce que la liberté est un droit universel... Parce que vous nous soutenez... Nous, Charlie sortirons votre journal mercredi prochain ! »Ce sera un numéro de huit pages, a indiqué M. Malka, au lieu des seize ordinaires. Le journal a notamment reçu des aides des groupes Canal+ et Le Monde, a-t-il précisé. Les recettes de ce prochain numéro seront entièrement reversées aux familles des victimes, les distributeurs (kiosques, messageries...) renonçant à leur commission.Lire aussi : Les soutiens s'organisent pour que « Charlie Hebdo » viveUN MILLION D'EUROS DÉBLOQUÉS EN URGENCELa question de la poursuite de Charlie Hebdo a été évoquée dès mercredi soir lors d'une réunion au ministère de la culture, convoquée par Fleur Pellerin, avec des représentants des médias – et consacrée également aux questions de sécurité.Jeudi soir, la ministre a finalement annoncé sur France 5 qu'elle comptait « débloquer en urgence » environ un million d'euros pour « assurer sa pérennité ». Ses équipes travaillent aussi pour « changer les textes » afin que l'hebdomadaire puisse bénéficier « d'aides structurelles » auxquelles un hebdomadaire satirique n'a pas droit, selon les règles actuelles des aides à la presse.Après une réunion jeudi après-midi entre les équipes de Charlie Hebdo et les directions du Monde et d'autres médias, il a par ailleurs été décidé qu'un large appel aux dons sera lancé vendredi matin, relayé dans les journaux, télévisions, radios et sites d'information. L'ensemble des sommes récoltées aura pour vocation d'aider Charlie Hebdo à continuer son activité de façon pérenne.Radio France est en train de monter, en partenariat avec France Télévisions, un événement dimanche soir, après la manifestation prévue à Paris, dans le nouvel auditorium de la Maison de la radio, a appris Le Monde. Des invitations ont été lancées à des artistes, intellectuels et humoristes. Les places seraient payantes et les recettes allouées à l'association des amis de Charlie Hebdo.Le directeur du Monde, Gilles Van Kote, a insisté sur le fait que Charlie Hebdo « doit renaître ».« C'EST CE QUE CHARB AURAIT VOULU »Richard Malka, réuni avec les « survivants » du journal, a indiqué que « tous sont sous le choc » mais que « l'important est notre décision de faire paraître le prochain numéro de Charlie ».« Ce numéro, c'est pour rendre hommage à ceux qui ne sont plus là. C'est ce que Charb aurait voulu. »Malgré les coups de fils incessants de journalistes, le manque de locaux et l'émotion, Luce Lapin, secrétaire de rédaction de longue date, s'emploie à faire avancer l'édition pour mercredi prochain et résume la détermination des troupes : « On veut sortir la semaine prochaine... et les suivantes ! C'est sûr. Ils n'ont pas tué le journal, contrairement à ce qu'ils croient. »Dès vendredi à 11 heures aura lieu une réunion à Libération, qui a accepté de prêter ses locaux à l'hebdomadaire, comme à la fin de 2011 après l'incendie qui avait ravagé le journal. Le directeur du Monde, Gilles Van Kote, a insisté sur le fait que Charlie Hebdo « doit renaître ».UNE ÉQUIPE DÉCIMÉELa question centrale est celle de l'équipe : il reste cinq dessinateurs opérationnels, dont Luz. Et Jul, qui avait quitté la rédaction mais est revenu pour aider. Riss ne peut travailler car il a été touché à l'épaule et est hospitalisé, comme les journalistes Philippe Lançon et Fabrice Nicolino, compte Luce Lapin. Parmi les journalistes et chroniqueurs valides, on trouve Antonio Fischetti, spécialiste des sciences, l'urgentiste Patrick Pelloux, Laurent Léger...A la direction, on trouve Gérard Biard, le rédacteur en chef, indemne car parti en vacances à Londres et rapatrié d'urgence depuis.« Nous avons besoin d'aide, dit Richard Malka. Nous n'avons plus un seul crayon, plus d'archives, d'ordinateurs, plus rien... Mais nous n'avons pas de doute sur la solidarité envers Charlie Hebdo. Elle est là. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.12.2014 à 08h27 • Mis à jour le27.12.2014 à 13h26 Le bureau de Radio Free Europe en Azerbaïdjan a été perquisitionné, vendredi 26 décembre, par les forces de l'ordre de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud. Le parquet général d'Azerbaïdjan, accompagné de « policiers armés », a perquisitionné les locaux de cette radio financée par les Etats-Unis, « faisant valoir qu'il y avait une décision du tribunal de fermer le bureau », a déclaré M. Aliev. Le parquet n'a toutefois pas précisé s'il s'agissait d'une fermeture temporaire ou définitive, selon la même source.Un haut responsable du département d'Etat américain a déploré cette perquisition et la séquestration d'employés de cette radio créée sous la guerre froide et toujours financée par les Etats-Unis. Dans un communiqué, RFE/RL explique que la police agissait en vertu d'un mandat de la justice qui enquête sur le financement d'organisations non gouvernementales par l'étranger. Nenad Pejic, un des deux dirigeants de RFE/RL a fustigé une violation flagrante de tous les engagements internationaux que l'Azerbaïdjan a pris devant la communauté internationale.L'organisation Reporters sans frontières a dénoncé « un nouveau coup porté à ce qui reste d'information indépendante dans le pays », dans un communiqué. Radio Azadliq, le service azerbaïdjanais de Radio Free Europe/Radio Liberty, « est la dernière victime en date de la campagne d'éradication du pluralisme menée par les autorités azerbaïdjanaises », ajoute RSF.La perquisition intervient après l'arrestation en Azerbaïdjan début décembre d'une célèbre journaliste d'investigation de Radio Free Europe, Khadija Ismayilova, qui a été placée en détention provisoire pour deux mois. L'ONG Amnesty International avait condamné son arrestation comme « une nouvelle initiative visant à museler les médias indépendants dans le pays ».LES ONG VISÉES PAR LE RÉGIMEPour sa part, Ramiz Mehdiev, le chef de l'administration du président Ilham Aliev, avait accusé de « trahison » les journalistes de la radio, en les qualifiant de « cinquième colonne » travaillant pour les services spéciaux étrangers, dans un communiqué publié en décembre.Ces derniers mois, plusieurs organisations financées de l'étranger ont fait l'objet de perquisitions similaires et ont été fermées.Les organisations de défense des droits de l'homme accusent régulièrement le régime du président Aliev d'atteintes à la liberté d'expression et de faire emprisonner des opposants dans ce pays riche en hydrocarbures situé sur les bords de la mer Caspienne.L'Azerbaïdjan se classe 160e sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi cette année par RSF. 24.12.2014 à 16h41 • Mis à jour le24.12.2014 à 17h10 Davantage qu'une publication de photographies volées, le magazine Closer avait révélé au grand jour l'homosexualité de Florian Philippot. Poursuivi pour un article montrant des clichés du vice-président du Front national avec un homme présenté comme son compagnon, Closer a été condamné, mercredi 24 décembre, à 20 000 euros de dommages et intérêts pour « atteinte à la vie privée ».Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a également condamné l'hebdomadaire à publier la décision en couverture du journal et à verser 3 500 euros à l'élu frontiste au titre des frais de justice.Dans son ordonnance, le magistrat souligne que :« Même si le magazine indique que M. Philippot est l'homme le plus invité des matinales radio et télé après la patronne du FN, il est constant que sa vie privée n'était nullement notoire et que le demandeur n'a jamais entendu la révéler publiquement. »Le juge constate également que « l'étendue de la divulgation et l'importance du lectorat » de ce magazine sont de nature à accroître le préjudice compte tenu également « de la place très importante accordée au sujet » dans le journal avec « un haut de couverture et quatre pages intérieures ».« PHÉNOMÈNE DE HARCÈLEMENT »Il note enfin que M. Philippot et son ami « ont été photographiés avec un téléobjectif ». Cela, explique le juge, « démontre une surveillance préjudiciable de leurs activités de loisirs, alors qu'ils pouvaient se croire à l'abri des regards indiscrets étant partis à l'étranger », ce qui, dit-il « participe à un phénomène de harcèlement ». « En conséquence, l'obligation de la société Mondadori Magazine France de verser la somme provisionnelle de 20 000 euros n'est pas sérieusement contestable en raison du préjudice moral subi par M. Philippot. »Lire aussi : L'ami de Philippot répond à « Closer » 23.12.2014 à 17h48 • Mis à jour le23.12.2014 à 17h51 |Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant) La polémique autour d’Eric Zemmour et de ses idées a gagné la Belgique après une demande formulée auprès du bourgmestre (maire) de Bruxelles par une élue municipale du parti Ecolo-Groen. Zoubida Jellab réclame une mesure d’interdiction à l’encontre du journaliste et auteur, qui doit venir y dédicacer, le 6 janvier, son livre Le Suicide français. Il devrait également participer à deux débats-conférences, l’un dans un cercle privé d’Uccle, dans la banlieue de la ville, l’autre devant un parterre de patrons, à Liège.« C’est un non-événement pour ma librairie, qui reçoit jusqu’à trois auteurs par jour », commente pour Le Monde Marc Filipson, le patron de la librairie Filigranes, où doit être reçu M. Zemmour. Celui-ci est déjà venu y rencontrer des lecteurs de ses précédents ouvrages. « C’est un provocateur, il fait bouger les foules et il n’est pas négationniste, ce qui serait, pour moi, l’une des raisons de ne pas le recevoir », poursuit le libraire.Affirmant « se tenir à l’écart de la religion et de la politique », M. Filipson souligne que, dans ses rayons, il a placé à côté de l’ouvrage du journaliste d’autres livres, dont ceux de l’historien Robert Paxton, sur la politique antisémite du régime de Vichy.« Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant »Yvan Mayeur, le maire PS de Bruxelles, manifeste son désaccord avec les thèses du livre de M. Zemmour, souligne que c’est à la librairie de décider « s’il est bien » de l’inviter, mais affirme que la visite de ce dernier ne le concernerait que si elle devait entraîner des incidents. Une décision ne serait dès lors prise qu’en dernière minute, mais, en tout état de cause, un tel événement ne pourrait être interdit qu’en cas de menace pour l’ordre public.A Liège, André Van Hecke, l’administrateur-délégué du Cercle de Wallonie, un club de patrons qui reçoit une ou deux fois par mois des auteurs et des personnalités, évoque « la véritable erreur » que constituerait, selon lui, une interdiction visant l’ex-chroniqueur d’I-Télé. « Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant. Nos membres sont heureusement curieux et s’ils ne sont pas d’accord, qu’ils viennent le dire », ajoute le patron du Cercle, qui conclut : « Zemmour a au moins raison de dire que notre société est crispée, car cette polémique le confirme. »Mme Jellab défend fermement, quant à elle, sa demande d’interdiction. Le discours du journaliste français est, dit-elle, « dangereux, toxique et peut, en temps de crise, engendrer de la souffrance et de la violence ». L’élue écologiste affirme au Monde avoir voulu placer les autorités municipales devant leurs responsabilités, elles qui ont déjà interdit un spectacle de Dieudonné et, récemment, la visite d’un prêcheur radical koweïtien lors d’une « foire musulmane ». « J’ai approuvé ces décisions et je demande à M. Mayeur de faire preuve de cohérence. Je réclame aussi que l’on n’établisse pas de hiérarchie dans les discours haineux et que l’on condamne de la même manière ceux qui visent les juifs et les musulmans », poursuit l’élue.« La parole que l’on veut libérer »Professeur de philosophie à l’université de Liège, Edouard Delruelle rejette également l’idée que le débat porterait sur le respect de la liberté d’expression. « La parole que l’on veut libérer, c’est toujours la parole d’extrême droite, la parole raciste, explique-t-il au journal Le Soir. Le verrou que l’on veut faire sauter c’est celui du politiquement correct, pour brouiller la différence entre droite et ultradroite. »Les débats sur les thèses du Suicide français paraissent, en tout cas, beaucoup intéresser les Belges — à moins que ce ne soient les nombreux Français installés dans la commune d’Uccle — puisqu’une autre salle, celle du B19 Country Club, un lieu où se rencontrent patrons et membres de la jet-set bruxelloise, devrait être comble le 6 janvier. Le maire libéral de la municipalité, Armand De Decker, s’étonne qu’on puisse envisager d’interdire la venue d’une personnalité comme M. Zemmour alors que Daniel Cohn-Bendit ou Jean-François Kahn déplorent qu’il soit frappé d’anathème.En Belgique, le journaliste écrivain dispose de quelques soutiens très marqués à droite, dont celui d’une formation populiste et anti-islam, le Parti populaire, qui a lancé une pétition en faveur de la venue de M. Zemmour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.12.2014 à 20h51 • Mis à jour le21.12.2014 à 11h57 |Alexandre Piquard L’émission « Ça se dispute » n’a pas été diffusée vendredi 19 décembre, et elle ne reprendra pas. La décision a été prise par la direction d’i-Télé, au terme d’une semaine de polémique à propos de l’interview donnée au journal italien Corriere della Sera dans laquelle Eric Zemmour critique les musulmans. Le chroniqueur intervenait dans cette émission hebdomadaire de débat depuis une dizaine d’années, et donnait la réplique au journaliste Nicolas Domenach.« Nous avons perçu du trouble et de la colère autour des propos d’Eric Zemmour, mais nous n’avons pas voulu agir dans la précipitation, pour qu’on ne puisse pas dire que nous avons été manipulés ou instrumentalisés », a expliqué au Monde la directrice de la rédaction, Céline Pigalle. Ces derniers jours, la société des journalistes d’i-Télé a relayé en interne l’indignation de membres de la rédaction, demandant à la direction de s’exprimer. L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, l’eut épinglé sur son blog dans une note du 15 décembre intitulée « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! » Mais le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Sur RTL, jeudi, Eric Zemmour a donc dénoncé une « manipulation fantastique ». « Nous avons vu le journaliste du Corriere della Sera, puis nous avons sollicité et filmé un entretien avec Eric Zemmour, pour qu’il puisse exposer ses arguments. Mais les réponses qu’il a apportées n’ont pas dissipé le trouble », raconte Mme Pigalle. L’entretien, un temps prévu pour être diffusé vendredi soir à la place de « Ça se dispute », ne le sera pas, par souci de « cohérence ».« Nous sommes très soucieux de respecter la liberté d’expression. Et nous avons défendu celle d’Eric [Zemmour] pendant plus de dix ans, pour que ses idées soient prises en compte, contredites et débattues. Mais aujourd’hui, on a l’impression que c’est lui qui fixe les règles et de quoi on parle. On a de moins en moins le sentiment qu’on peut débattre. Le dialogue est devenu de plus en plus difficile, voire impossible. On a l’impression qu’il se parle à lui-même et à son public », explique Céline Pigalle, rappelant que « Ça se dispute » était une émission de débat. Le FN dénonce une « censure »La chaîne est consciente du risque de donner à M. Zemmour l’occasion de se poser en victime ou comme frappé par la censure. « On a tout fait pour aller jusqu’au bout, en écoutant Eric, mais là, on était au bout », explique Mme Pigalle, selon qui i-Télé doit être la « chaîne du monde ouvert ». « On prend nos responsabilités. »Eric Zemmour peut compter sur le soutien des élus du Front national. Sitôt l’annonce de l’annulation de l’émission du polémiste par i-Télé, la présidente du parti, Marine Le Pen, a dénoncé sur Twitter une « censure » tandis que Louis Aliot « ray[ait] i-Télé de [s]es sources d’information » en raison de cette « atteinte au pluralisme des idées ».La censure de #Zemmour par @itele est détestable ! #CanalMoins MLP— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 19 Décembre 2014Après l'éviction de Zemmour, je raye ITÉLÉ dés a présent de mes sources d'information. J'invite les démocrates à en faire de même !— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014Je viens d'annuler ma participation à la matinale de iTELE le 7 janvier 2015. La censure de Zemmour est une atteinte au pluralisme des idées— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014L'ancien député européen Daniel Cohn-Bendit, également chroniqueur sur Europe 1, a de son côté défendu samedi la présence d'Eric Zemmour « dans l'espace public » : « Comme je défends la proportionnelle et le droit du FN à être représenté à l'Assemblée nationale, je me dois de défendre la présence de Zemmour dans l'espace public, que cela me fasse mal ou pas », a-t-il déclaré à l'AFP, « au nom de la liberté et de la diversité dans les médias ».Après avoir été écarté d’i-Télé, l’avenir du polémiste semble aussi très incertain sur RTL, où il est à l’antenne deux fois par semaine. Mercredi 17 décembre, la Société des journalistes (SDJ) de la station s’est « désolidarisée » d’Eric Zemmour. La SDJ signale que « ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».Le polémiste entretient des rapports compliqués avec RTL. Déjà, à la rentrée 2012, la station avait choisi de raréfier sa présence à l’antenne. La chronique quotidienne « Z comme Zemmour » avait été supprimée au profit d’interventions hebdomadaires. Interrogé par le magazine Le Point en juin 2012, Christopher Baldelli, PDG de la station de la rue Bayard, avait tenu à préciser, prudent : « Eric Zemmour exprime son point de vue et non la ligne éditoriale de la station. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard M6 fait le ménage. A partir du 1er janvier, l’« ex-petite chaîne qui monte » va confier la direction générale de ses programmes à Frédéric de Vincelles, 45 ans, en remplacement de Bibiane Godefroid.Arrivée sur M6 en 2007, après avoir occupé différents postes sur France 2, Canal+ et au sein des sociétés de productions Freemantle et Air productions, Mme Godefroid prendra la direction générale des productions du groupe (C-productions et Studio 89).Bonne connaisseuse des formats étrangers et de leur adaptation en France, Bibiane Godefroid a fait surfer M6 sur la vague de la « feel good » avec de nombreux programmes de coaching ou d’émissions culinaires (« Maison à vendre », « Cauchemar en cuisine », « Un dîner presque parfait »…). Souvent avec succès.Mais la concurrence des chaînes de la TNT, dont certaines se sont très ouvertement inspirées du modèle M6, a grippé la belle mécanique. Et précipité le remplacement de Mme Godefroid. L’échec le plus patent est celui de « Rising star », programme phare de la rentrée de septembre 2014, et déprogrammé faute d’audience après quelques numéros seulement.Plus bas niveau d’audienceA l’été 2013, « Un air de star », autre programme inédit de la chaîne, avait également connu une désaffection du public tandis que certaines valeurs sûres, telles « Pekin express » ou « 100 % Mag (déprogrammé ont vu leur pouvoir de séduction s’émousser cette saison. A l’image d’une chaîne qui en avril avait atteint son plus bas niveau d’audience depuis 1992 avec seulement 9,5 % de part d’audience. En novembre, la chaîne a retrouvé un peu de lustre avec 10,8 % de part d’audience selon Médiamétrie.« Rising star » n’est pas un accident industriel » avait affirmé en octobre au Monde, Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, alors que l’émission avait perdu plus de 1,6 million de téléspectateurs en trois semaines. Et d’ajouter : « On aurait dû mettre l’émission sur W9 ».« Rising Star », le mur s’effriteL’émission n’est pas arrivée sur la « petite » chaîne du groupe M6 mais l’ex-directeur de W9 vient lui, de prendre la tête des programmes du vaisseau amiral. Pur produit maison, Frédéric de Vincelles est en effet passé par Fun TV, TF6 et série Club, avant de diriger la première chaîne du groupe lancée sur la TNT en 2005. Un poste qu’il a occupé de 2006 jusqu’à son arrivée à la direction adjointe des programmes de M6 en août 2014.La chaîne annonce par ailleurs le départ de Jérôme Bureau, président de la chaîne Paris Première et directeur de l’Information de M6. il sera remplacé par Stéphane Gendarme, directeur de la rédaction de la chaîne.La trésorerie de M6 reste dans le pré Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard L’avenir d’Eric Zemmour semble de plus en plus compromis : à la suite de l’interview au Corriere della sera dans laquelle le chroniqueur de la chaîne d’information en continu critique les musulmans, la société des journalistes (SDJ) a demandé que la direction s’exprime devant la rédaction, vendredi matin. La directrice de la rédaction Céline Pigalle a expliqué qu’elle avait déprogrammé « Ça se dispute », le rendez-vous hebdomadaire prévu à diffuser le soir, dans lequel M. Zemmour est opposé au journaliste Nicolas Domenach. Et veut le remplacer par un entretien dans lequel le chroniqueur de longue date de la chaîne puisse s’expliquer sur le fond de ses propos polémiques. Elle a ajouté qu’elle aviserait après des éventuelles suites à donner.Un entretien enregistréOr, dans l’entretien, enregistré à l’avance et mené par le journaliste Olivier Galzi, Eric Zemmour semble tenir des propos encore plus polémiques, selon une source proche du dossier. En parallèle, la SDJ, très impliquée dans cette affaire, envisage de prendre position publiquement vendredi après-midi, ce qu’elle s’était refusée à faire jusqu’ici.« Quand on lit les propos d’Eric Zemmour dans son entretien au Corriere della Sera, on ne peut pas se sentir solidaire », explique un membre de la société des journalistes (SDJ) d’Itélé. Lundi 15 décembre, quand a circulé l’interview au quotidien italien, la SDJ a préféré « prendre le temps » de débattre avec les journalistes, notamment de l’éventualité de demander son départ. « Nous attendons une prise de parole forte de la direction devant la rédaction », expliquait ce journaliste.De son côté, la SDJ de RTL, autre média où travaille Eric Zemmour, a été la première à réagir officiellement à ses propos. Dans un communiqué diffusé mercredi 17, elle estime que « les prises de position d’Eric Zemmour, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».« Discussions dans les couloirs » au « Figaro »L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon l’a épinglé sur son blog dans un post du 15 décembre intitulé « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! ».Le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Mais M. Zemmour affirme notamment : « Les musulmans ont leur code civil, c’est le Coran. » Ou encore : « Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. »Au Figaro, où l’auteur du livre Le Suicide français (Albin Michel, 544 pages, 22,90 euros) collabore au Figaro magazine notamment, « il y a eu des protestations et des discussions dans les couloirs » mais pas de réaction « à chaud », raconte un rédacteur.Suite à cet entretien, trois associations antiracistes ont annoncé des dépôts de plaintes. Mercredi, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a publié une lettre, cosignée par d’autres associations et des personnalités, demandant au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de « faire cesser la diffusion de la haine d’Eric Zemmour ». Le CSA a répondu qu’il veillait en cas de propos litigieux. Il est intervenu quatre fois depuis 2010 pour des propos d’Eric Zemmour, la dernière fois en juin pour « mettre en garde fermement » RTL. En 2011, ce dernier a été condamné pour provocation à la haine raciale.Jeudi matin, Eric Zemmour, interviewé par Yves Calvi sur RTL, a dénoncé une « manipulation fantastique ». A la question de savoir s’il souhaitait le départ des musulmans de France, il a répondu : « Je ne souhaite ni ne demande rien du tout… C’est ridicule… Il y a des citoyens français, on ne va pas faire partir des citoyens français. Il y a des étrangers, un état a le droit de dire aux étrangers : “Bon maintenant vous rentrez chez vous.” » Tout en disant craindre une « libanisation de la France avec en perspective une guerre civile ».« Il joue la victimisation»Pour les journalistes des médias dans lesquels collabore Eric Zemmour, le contenu de l’entretien au Corriere della Sera le débat sur son travail n’est pas nouveau. « Nous avons déjà protesté plusieurs fois auprès de la direction mais nous n’avions jamais communiqué à l’extérieur, explique Anne Le Hénaff, présidente de la société des rédactions de RTL. Cette fois-ci, on a senti quelque chose monter dans la rédaction. Cela a été la goutte d’eau… ». « C’est l’énième épisode. A chaque fois, la direction ne tient pas compte de nos protestations. Mais l’image de notre station en prend un coup », déplore un journaliste de RTL.Une question a particulièrement occupé les collègues d’Eric Zemmour à i-Télé, RTL ou au Figaro : le risque de le placer en victime. En 2010, alors qu’il était menacé de sanction au Figaro, des soutiens étaient venus protester. « Zemmour joue de la victimisation en permanence, estime une journaliste de RTL. Mais on ne pas non plus tout accepter au nom de ce principe. »Un « intellectuel», « de moins en moins journaliste »La radio a choisi de ne rien demander de précis. La direction de RTL, justifie la chronique accordée à Eric Zemmour par sa volonté de ne pas apparaître conformiste, de donner le signe que RTL n’appartient pas au système médiatique et politique et que la radio reste proche des gens, en donnant la parole à des gens considérés comme politiquement incorrects. C’est ainsi que se définit l’intéressé, bien qu’il ait un large accès aux grands médias.Contactée, la direction de RTL n’a pas souhaité commenter. « Zemmour est un intellectuel, sûrement pas un homme politique et de moins en moins un journaliste », a expliqué Christopher Baldelli le patron de RTL, fin novembre sur France 5, rappelant qu’Eric Zemmour intervenait avec d’autres chroniqueurs à 8 h 10, dans « On n’est pas forcément d’accord ». Un glissement de statut qui voudrait, selon plusieurs journalistes, que les médias adaptent la place qu’ils lui donnent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Ces dernières années, la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs (Libération, La Tribune) », s’inquiètent les rédactions de L’Express et de L’Expansion, dans un communiqué publié mercredi 17 janvier, après une assemblée générale. Les deux hommes d’affaires font partie des acheteurs potentiels de L’Express et L’Expansion, propriétés du groupe belge Roularta.Lire : Vivendi et « Le Figaro » allié à Patrick Drahi pour racheter « L’Express »Les rédactions « expriment leurs plus vives préoccupations quant aux négociations en cours » pour un éventuel rachat.L'offre de Patrick Drahi et de Marc Laufer, alliés au Figaro, ne garantit pas les principes « d'indépendance et de qualité de l'information ». « Un tel rachat se traduirait par un démantèlement du groupe aux conséquences sociales lourdes », ajoutent les journalistes.Le communiqué peut apparaître comme un tir de barrage de la rédaction contre l’un des acheteurs potentiels du groupe Express-Roularta. Qui pourrait indirectement bénéficier à l’autre piste sérieuse de repreneur du moment, le groupe Vivendi de Vincent Bolloré. Ou à un autre acheteur.Lire le portrait : Patrick Drahi, discret magnat du câbleAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Margherita Nasi « Elle a de belle petites oreilles », relève le médecin à la naissance de Jeanne Bordeau ! On ne pouvait pas lui faire de plus beau compliment ! Pour celle qui a fait du langage une profession, l’écoute est une qualité fondamentale : « si je devais avoir un prénom totem, comme les indiens, ce serait grandes oreilles ». C’est d’ailleurs ce qui fait qu’elle n’a pas vraiment l’impression d’avoir changé de voie, alors qu’elle cumule les professions, en commençant par la critique littéraire, puis chef d'entreprise, mais aussi directrice d’une maison d’édition et enseignante.Tout juste rentrée des Etats-Unis, où elle a fait des études de littérature et de storytelling (mise en récit), Jeanne Bordeau passe souvent au Figaro, pour rejoindre des amis qui y travaillent. Un journaliste se demande qui est cette fille “toujours debout dans le couloir en train de lire”, et lui propose de faire des critiques de livre en 1981. Elle sera pigiste pendant cinq ans. Mais pas seulement.Reconversion professionnelle: Jean-Michel Lecuyer, de Polytechnique à l’économie socialeElle fréquente des hommes d’affaires qu’elle accompagne sur des parcours atypiques, comme Michel Anselme, un entrepreneur qui passe un doctorat de philosophie et anthropologie. Elle aide des auteurs dans la relecture de leurs ouvrages. Puis finit par se lasser de la critique littéraire : “on ne faisait plus d’analyse approfondie comme pendant la première moitié du siècle. Les journaux n’y consacraient plus beaucoup de place”.Elle quitte le journalisme pour diriger une maison d’édition européenne – Evénements Média - qui crée des magazines sur des événements institutionnels, comme le bicentenaire de Mozart.Malgré son penchant pour la littérature, cette fille d’entrepreneur - son père a développé l’entreprise de rillettes Bordeau-Chesnel - a toujours été fascinée par la sphère économique. « Mon admiration va d’abord aux chefs d’entreprise. Parce qu’ils s’engagent et se mettent en risque ».En 1991, elle franchit le pas et lance sa structure, Talents et Compagnie, une agence de communication qui valorise le langage en entreprise. « L’école américaine est profondément ancrée en moi : si un projet est valable, il doit se mettre face à un marché ».Sollers, Nothomb...Et le marché semble porteur : en 1998, Jeanne Bordeau reçoit le Mot d'Or de l'AFPA (Actions pour promouvoir le français des affaires) pour son travail auprès de Legrand. Pour le leader mondial des produits et systèmes pour installations électriques, elle fait travailler sept écrivains de renom, de Philippe Sollers à Amélie Nothomb en passant par Marc Lambron et Yann Queffélec, qui célèbrent le changements apportés par l’électricité. « Convaincre ces écrivains n’a pas été facile : la France manque de respect pour ces combattants que sont les entrepreneurs. J’aime décloisonner et mêler les univers ».En 2004, Talents et Compagnie est scindé en deux structures : l’Institut de la qualité de l'expression, bureau de style en langage, et Press’Publica, agence de communication en influence. Jeanne Bordeau dépose plusieurs méthodes, comme l’« oraloscope », un outil d’expression permettant de diagnostiquer les atouts et faiblesses de l’expression des dirigeants et collaborateurs, ou encore la « charte sémantique », pour fonder l’identité du langage de l’entreprise. Elle crée une école de rhétorique en ligne pour les managers.Avec le développement d’Internet, le langage ne fait que prendre plus de place en entreprise. Jeanne Bordeau décide de mettre un terme à ses activités de relation publiques pour ne se consacrer qu’au langage.Prof et écrivainAujourd’hui, l’Institut de la qualité de l'expression réunit une vingtaine de personnes, du linguiste à l’historien, en passant par l’agrégé de grammaire, qui travaillent sur des thématiques comme la souffrance au travail. Mme Bordeau monte des écoles internes pour des clients comme SNCF, La Poste, Allianz, EDF, etc. : elle aide, par exemple, les dirigeants d'Air France, de Renault ou encore du Crédit agricole à construire une "charte sémantique", c'est-à-dire à identifier le langage qui exprimera la marque pour développer leur stratégie de communication interne et externe. Elle a ainsi créé une école de maîtrise du langage en ligne pour la SNCF. « C’est un peu comme un atelier de haute-culture, nous travaillons pour des grands comptes ».En parallèle, Jeanne Bordeau donne des cours, des conférences, et publie des ouvrages sur le langage et la communication, parmi les derniers Storytelling et contenu de marque. La puissance de l'écrit à l'ère numérique (Ellipses, 2012) ou La Boîte à outils des écrits professionnels (Eyrolles, 2013).Mais ce n'est pas tout : cette “styliste en langage” réalise également des tableaux, qui ressemblent à des collages à partir de mots qu’elle sélectionne dans la presse, qu’elle expose. « Je regarde des centaines de milliers de mots pour composer comme une tapisserie de Bayeux du monde contemporain ». Aujourd’hui, elle souhaite trouver un partenaire en technologie pour développer cette activité. Un autre projet la porte : monter une école de rhétorique, destinée au public de l'entreprise. « On peut parler de langage avec Stendhal, mais aussi en lisant un article de Paris Match. La France est obsessionnellement littéraire, et on tue la partie sensorielle de l’apprentissage », conclut-elle.Margherita NasiJournaliste au Monde 27.12.2014 à 08h27 • Mis à jour le27.12.2014 à 13h26 Le bureau de Radio Free Europe en Azerbaïdjan a été perquisitionné, vendredi 26 décembre, par les forces de l'ordre de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud. Le parquet général d'Azerbaïdjan, accompagné de « policiers armés », a perquisitionné les locaux de cette radio financée par les Etats-Unis, « faisant valoir qu'il y avait une décision du tribunal de fermer le bureau », a déclaré M. Aliev. Le parquet n'a toutefois pas précisé s'il s'agissait d'une fermeture temporaire ou définitive, selon la même source.Un haut responsable du département d'Etat américain a déploré cette perquisition et la séquestration d'employés de cette radio créée sous la guerre froide et toujours financée par les Etats-Unis. Dans un communiqué, RFE/RL explique que la police agissait en vertu d'un mandat de la justice qui enquête sur le financement d'organisations non gouvernementales par l'étranger. Nenad Pejic, un des deux dirigeants de RFE/RL a fustigé une violation flagrante de tous les engagements internationaux que l'Azerbaïdjan a pris devant la communauté internationale.L'organisation Reporters sans frontières a dénoncé « un nouveau coup porté à ce qui reste d'information indépendante dans le pays », dans un communiqué. Radio Azadliq, le service azerbaïdjanais de Radio Free Europe/Radio Liberty, « est la dernière victime en date de la campagne d'éradication du pluralisme menée par les autorités azerbaïdjanaises », ajoute RSF.La perquisition intervient après l'arrestation en Azerbaïdjan début décembre d'une célèbre journaliste d'investigation de Radio Free Europe, Khadija Ismayilova, qui a été placée en détention provisoire pour deux mois. L'ONG Amnesty International avait condamné son arrestation comme « une nouvelle initiative visant à museler les médias indépendants dans le pays ».LES ONG VISÉES PAR LE RÉGIMEPour sa part, Ramiz Mehdiev, le chef de l'administration du président Ilham Aliev, avait accusé de « trahison » les journalistes de la radio, en les qualifiant de « cinquième colonne » travaillant pour les services spéciaux étrangers, dans un communiqué publié en décembre.Ces derniers mois, plusieurs organisations financées de l'étranger ont fait l'objet de perquisitions similaires et ont été fermées.Les organisations de défense des droits de l'homme accusent régulièrement le régime du président Aliev d'atteintes à la liberté d'expression et de faire emprisonner des opposants dans ce pays riche en hydrocarbures situé sur les bords de la mer Caspienne.L'Azerbaïdjan se classe 160e sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi cette année par RSF. 24.12.2014 à 16h41 • Mis à jour le24.12.2014 à 17h10 Davantage qu'une publication de photographies volées, le magazine Closer avait révélé au grand jour l'homosexualité de Florian Philippot. Poursuivi pour un article montrant des clichés du vice-président du Front national avec un homme présenté comme son compagnon, Closer a été condamné, mercredi 24 décembre, à 20 000 euros de dommages et intérêts pour « atteinte à la vie privée ».Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a également condamné l'hebdomadaire à publier la décision en couverture du journal et à verser 3 500 euros à l'élu frontiste au titre des frais de justice.Dans son ordonnance, le magistrat souligne que :« Même si le magazine indique que M. Philippot est l'homme le plus invité des matinales radio et télé après la patronne du FN, il est constant que sa vie privée n'était nullement notoire et que le demandeur n'a jamais entendu la révéler publiquement. »Le juge constate également que « l'étendue de la divulgation et l'importance du lectorat » de ce magazine sont de nature à accroître le préjudice compte tenu également « de la place très importante accordée au sujet » dans le journal avec « un haut de couverture et quatre pages intérieures ».« PHÉNOMÈNE DE HARCÈLEMENT »Il note enfin que M. Philippot et son ami « ont été photographiés avec un téléobjectif ». Cela, explique le juge, « démontre une surveillance préjudiciable de leurs activités de loisirs, alors qu'ils pouvaient se croire à l'abri des regards indiscrets étant partis à l'étranger », ce qui, dit-il « participe à un phénomène de harcèlement ». « En conséquence, l'obligation de la société Mondadori Magazine France de verser la somme provisionnelle de 20 000 euros n'est pas sérieusement contestable en raison du préjudice moral subi par M. Philippot. »Lire aussi : L'ami de Philippot répond à « Closer » 23.12.2014 à 17h48 • Mis à jour le23.12.2014 à 17h51 |Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant) La polémique autour d’Eric Zemmour et de ses idées a gagné la Belgique après une demande formulée auprès du bourgmestre (maire) de Bruxelles par une élue municipale du parti Ecolo-Groen. Zoubida Jellab réclame une mesure d’interdiction à l’encontre du journaliste et auteur, qui doit venir y dédicacer, le 6 janvier, son livre Le Suicide français. Il devrait également participer à deux débats-conférences, l’un dans un cercle privé d’Uccle, dans la banlieue de la ville, l’autre devant un parterre de patrons, à Liège.« C’est un non-événement pour ma librairie, qui reçoit jusqu’à trois auteurs par jour », commente pour Le Monde Marc Filipson, le patron de la librairie Filigranes, où doit être reçu M. Zemmour. Celui-ci est déjà venu y rencontrer des lecteurs de ses précédents ouvrages. « C’est un provocateur, il fait bouger les foules et il n’est pas négationniste, ce qui serait, pour moi, l’une des raisons de ne pas le recevoir », poursuit le libraire.Affirmant « se tenir à l’écart de la religion et de la politique », M. Filipson souligne que, dans ses rayons, il a placé à côté de l’ouvrage du journaliste d’autres livres, dont ceux de l’historien Robert Paxton, sur la politique antisémite du régime de Vichy.« Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant »Yvan Mayeur, le maire PS de Bruxelles, manifeste son désaccord avec les thèses du livre de M. Zemmour, souligne que c’est à la librairie de décider « s’il est bien » de l’inviter, mais affirme que la visite de ce dernier ne le concernerait que si elle devait entraîner des incidents. Une décision ne serait dès lors prise qu’en dernière minute, mais, en tout état de cause, un tel événement ne pourrait être interdit qu’en cas de menace pour l’ordre public.A Liège, André Van Hecke, l’administrateur-délégué du Cercle de Wallonie, un club de patrons qui reçoit une ou deux fois par mois des auteurs et des personnalités, évoque « la véritable erreur » que constituerait, selon lui, une interdiction visant l’ex-chroniqueur d’I-Télé. « Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant. Nos membres sont heureusement curieux et s’ils ne sont pas d’accord, qu’ils viennent le dire », ajoute le patron du Cercle, qui conclut : « Zemmour a au moins raison de dire que notre société est crispée, car cette polémique le confirme. »Mme Jellab défend fermement, quant à elle, sa demande d’interdiction. Le discours du journaliste français est, dit-elle, « dangereux, toxique et peut, en temps de crise, engendrer de la souffrance et de la violence ». L’élue écologiste affirme au Monde avoir voulu placer les autorités municipales devant leurs responsabilités, elles qui ont déjà interdit un spectacle de Dieudonné et, récemment, la visite d’un prêcheur radical koweïtien lors d’une « foire musulmane ». « J’ai approuvé ces décisions et je demande à M. Mayeur de faire preuve de cohérence. Je réclame aussi que l’on n’établisse pas de hiérarchie dans les discours haineux et que l’on condamne de la même manière ceux qui visent les juifs et les musulmans », poursuit l’élue.« La parole que l’on veut libérer »Professeur de philosophie à l’université de Liège, Edouard Delruelle rejette également l’idée que le débat porterait sur le respect de la liberté d’expression. « La parole que l’on veut libérer, c’est toujours la parole d’extrême droite, la parole raciste, explique-t-il au journal Le Soir. Le verrou que l’on veut faire sauter c’est celui du politiquement correct, pour brouiller la différence entre droite et ultradroite. »Les débats sur les thèses du Suicide français paraissent, en tout cas, beaucoup intéresser les Belges — à moins que ce ne soient les nombreux Français installés dans la commune d’Uccle — puisqu’une autre salle, celle du B19 Country Club, un lieu où se rencontrent patrons et membres de la jet-set bruxelloise, devrait être comble le 6 janvier. Le maire libéral de la municipalité, Armand De Decker, s’étonne qu’on puisse envisager d’interdire la venue d’une personnalité comme M. Zemmour alors que Daniel Cohn-Bendit ou Jean-François Kahn déplorent qu’il soit frappé d’anathème.En Belgique, le journaliste écrivain dispose de quelques soutiens très marqués à droite, dont celui d’une formation populiste et anti-islam, le Parti populaire, qui a lancé une pétition en faveur de la venue de M. Zemmour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.12.2014 à 20h51 • Mis à jour le21.12.2014 à 11h57 |Alexandre Piquard L’émission « Ça se dispute » n’a pas été diffusée vendredi 19 décembre, et elle ne reprendra pas. La décision a été prise par la direction d’i-Télé, au terme d’une semaine de polémique à propos de l’interview donnée au journal italien Corriere della Sera dans laquelle Eric Zemmour critique les musulmans. Le chroniqueur intervenait dans cette émission hebdomadaire de débat depuis une dizaine d’années, et donnait la réplique au journaliste Nicolas Domenach.« Nous avons perçu du trouble et de la colère autour des propos d’Eric Zemmour, mais nous n’avons pas voulu agir dans la précipitation, pour qu’on ne puisse pas dire que nous avons été manipulés ou instrumentalisés », a expliqué au Monde la directrice de la rédaction, Céline Pigalle. Ces derniers jours, la société des journalistes d’i-Télé a relayé en interne l’indignation de membres de la rédaction, demandant à la direction de s’exprimer. L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, l’eut épinglé sur son blog dans une note du 15 décembre intitulée « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! » Mais le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Sur RTL, jeudi, Eric Zemmour a donc dénoncé une « manipulation fantastique ». « Nous avons vu le journaliste du Corriere della Sera, puis nous avons sollicité et filmé un entretien avec Eric Zemmour, pour qu’il puisse exposer ses arguments. Mais les réponses qu’il a apportées n’ont pas dissipé le trouble », raconte Mme Pigalle. L’entretien, un temps prévu pour être diffusé vendredi soir à la place de « Ça se dispute », ne le sera pas, par souci de « cohérence ».« Nous sommes très soucieux de respecter la liberté d’expression. Et nous avons défendu celle d’Eric [Zemmour] pendant plus de dix ans, pour que ses idées soient prises en compte, contredites et débattues. Mais aujourd’hui, on a l’impression que c’est lui qui fixe les règles et de quoi on parle. On a de moins en moins le sentiment qu’on peut débattre. Le dialogue est devenu de plus en plus difficile, voire impossible. On a l’impression qu’il se parle à lui-même et à son public », explique Céline Pigalle, rappelant que « Ça se dispute » était une émission de débat. Le FN dénonce une « censure »La chaîne est consciente du risque de donner à M. Zemmour l’occasion de se poser en victime ou comme frappé par la censure. « On a tout fait pour aller jusqu’au bout, en écoutant Eric, mais là, on était au bout », explique Mme Pigalle, selon qui i-Télé doit être la « chaîne du monde ouvert ». « On prend nos responsabilités. »Eric Zemmour peut compter sur le soutien des élus du Front national. Sitôt l’annonce de l’annulation de l’émission du polémiste par i-Télé, la présidente du parti, Marine Le Pen, a dénoncé sur Twitter une « censure » tandis que Louis Aliot « ray[ait] i-Télé de [s]es sources d’information » en raison de cette « atteinte au pluralisme des idées ».La censure de #Zemmour par @itele est détestable ! #CanalMoins MLP— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 19 Décembre 2014Après l'éviction de Zemmour, je raye ITÉLÉ dés a présent de mes sources d'information. J'invite les démocrates à en faire de même !— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014Je viens d'annuler ma participation à la matinale de iTELE le 7 janvier 2015. La censure de Zemmour est une atteinte au pluralisme des idées— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014L'ancien député européen Daniel Cohn-Bendit, également chroniqueur sur Europe 1, a de son côté défendu samedi la présence d'Eric Zemmour « dans l'espace public » : « Comme je défends la proportionnelle et le droit du FN à être représenté à l'Assemblée nationale, je me dois de défendre la présence de Zemmour dans l'espace public, que cela me fasse mal ou pas », a-t-il déclaré à l'AFP, « au nom de la liberté et de la diversité dans les médias ».Après avoir été écarté d’i-Télé, l’avenir du polémiste semble aussi très incertain sur RTL, où il est à l’antenne deux fois par semaine. Mercredi 17 décembre, la Société des journalistes (SDJ) de la station s’est « désolidarisée » d’Eric Zemmour. La SDJ signale que « ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».Le polémiste entretient des rapports compliqués avec RTL. Déjà, à la rentrée 2012, la station avait choisi de raréfier sa présence à l’antenne. La chronique quotidienne « Z comme Zemmour » avait été supprimée au profit d’interventions hebdomadaires. Interrogé par le magazine Le Point en juin 2012, Christopher Baldelli, PDG de la station de la rue Bayard, avait tenu à préciser, prudent : « Eric Zemmour exprime son point de vue et non la ligne éditoriale de la station. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard M6 fait le ménage. A partir du 1er janvier, l’« ex-petite chaîne qui monte » va confier la direction générale de ses programmes à Frédéric de Vincelles, 45 ans, en remplacement de Bibiane Godefroid.Arrivée sur M6 en 2007, après avoir occupé différents postes sur France 2, Canal+ et au sein des sociétés de productions Freemantle et Air productions, Mme Godefroid prendra la direction générale des productions du groupe (C-productions et Studio 89).Bonne connaisseuse des formats étrangers et de leur adaptation en France, Bibiane Godefroid a fait surfer M6 sur la vague de la « feel good » avec de nombreux programmes de coaching ou d’émissions culinaires (« Maison à vendre », « Cauchemar en cuisine », « Un dîner presque parfait »…). Souvent avec succès.Mais la concurrence des chaînes de la TNT, dont certaines se sont très ouvertement inspirées du modèle M6, a grippé la belle mécanique. Et précipité le remplacement de Mme Godefroid. L’échec le plus patent est celui de « Rising star », programme phare de la rentrée de septembre 2014, et déprogrammé faute d’audience après quelques numéros seulement.Plus bas niveau d’audienceA l’été 2013, « Un air de star », autre programme inédit de la chaîne, avait également connu une désaffection du public tandis que certaines valeurs sûres, telles « Pekin express » ou « 100 % Mag (déprogrammé ont vu leur pouvoir de séduction s’émousser cette saison. A l’image d’une chaîne qui en avril avait atteint son plus bas niveau d’audience depuis 1992 avec seulement 9,5 % de part d’audience. En novembre, la chaîne a retrouvé un peu de lustre avec 10,8 % de part d’audience selon Médiamétrie.« Rising star » n’est pas un accident industriel » avait affirmé en octobre au Monde, Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, alors que l’émission avait perdu plus de 1,6 million de téléspectateurs en trois semaines. Et d’ajouter : « On aurait dû mettre l’émission sur W9 ».« Rising Star », le mur s’effriteL’émission n’est pas arrivée sur la « petite » chaîne du groupe M6 mais l’ex-directeur de W9 vient lui, de prendre la tête des programmes du vaisseau amiral. Pur produit maison, Frédéric de Vincelles est en effet passé par Fun TV, TF6 et série Club, avant de diriger la première chaîne du groupe lancée sur la TNT en 2005. Un poste qu’il a occupé de 2006 jusqu’à son arrivée à la direction adjointe des programmes de M6 en août 2014.La chaîne annonce par ailleurs le départ de Jérôme Bureau, président de la chaîne Paris Première et directeur de l’Information de M6. il sera remplacé par Stéphane Gendarme, directeur de la rédaction de la chaîne.La trésorerie de M6 reste dans le pré Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard L’avenir d’Eric Zemmour semble de plus en plus compromis : à la suite de l’interview au Corriere della sera dans laquelle le chroniqueur de la chaîne d’information en continu critique les musulmans, la société des journalistes (SDJ) a demandé que la direction s’exprime devant la rédaction, vendredi matin. La directrice de la rédaction Céline Pigalle a expliqué qu’elle avait déprogrammé « Ça se dispute », le rendez-vous hebdomadaire prévu à diffuser le soir, dans lequel M. Zemmour est opposé au journaliste Nicolas Domenach. Et veut le remplacer par un entretien dans lequel le chroniqueur de longue date de la chaîne puisse s’expliquer sur le fond de ses propos polémiques. Elle a ajouté qu’elle aviserait après des éventuelles suites à donner.Un entretien enregistréOr, dans l’entretien, enregistré à l’avance et mené par le journaliste Olivier Galzi, Eric Zemmour semble tenir des propos encore plus polémiques, selon une source proche du dossier. En parallèle, la SDJ, très impliquée dans cette affaire, envisage de prendre position publiquement vendredi après-midi, ce qu’elle s’était refusée à faire jusqu’ici.« Quand on lit les propos d’Eric Zemmour dans son entretien au Corriere della Sera, on ne peut pas se sentir solidaire », explique un membre de la société des journalistes (SDJ) d’Itélé. Lundi 15 décembre, quand a circulé l’interview au quotidien italien, la SDJ a préféré « prendre le temps » de débattre avec les journalistes, notamment de l’éventualité de demander son départ. « Nous attendons une prise de parole forte de la direction devant la rédaction », expliquait ce journaliste.De son côté, la SDJ de RTL, autre média où travaille Eric Zemmour, a été la première à réagir officiellement à ses propos. Dans un communiqué diffusé mercredi 17, elle estime que « les prises de position d’Eric Zemmour, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».« Discussions dans les couloirs » au « Figaro »L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon l’a épinglé sur son blog dans un post du 15 décembre intitulé « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! ».Le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Mais M. Zemmour affirme notamment : « Les musulmans ont leur code civil, c’est le Coran. » Ou encore : « Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. »Au Figaro, où l’auteur du livre Le Suicide français (Albin Michel, 544 pages, 22,90 euros) collabore au Figaro magazine notamment, « il y a eu des protestations et des discussions dans les couloirs » mais pas de réaction « à chaud », raconte un rédacteur.Suite à cet entretien, trois associations antiracistes ont annoncé des dépôts de plaintes. Mercredi, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a publié une lettre, cosignée par d’autres associations et des personnalités, demandant au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de « faire cesser la diffusion de la haine d’Eric Zemmour ». Le CSA a répondu qu’il veillait en cas de propos litigieux. Il est intervenu quatre fois depuis 2010 pour des propos d’Eric Zemmour, la dernière fois en juin pour « mettre en garde fermement » RTL. En 2011, ce dernier a été condamné pour provocation à la haine raciale.Jeudi matin, Eric Zemmour, interviewé par Yves Calvi sur RTL, a dénoncé une « manipulation fantastique ». A la question de savoir s’il souhaitait le départ des musulmans de France, il a répondu : « Je ne souhaite ni ne demande rien du tout… C’est ridicule… Il y a des citoyens français, on ne va pas faire partir des citoyens français. Il y a des étrangers, un état a le droit de dire aux étrangers : “Bon maintenant vous rentrez chez vous.” » Tout en disant craindre une « libanisation de la France avec en perspective une guerre civile ».« Il joue la victimisation»Pour les journalistes des médias dans lesquels collabore Eric Zemmour, le contenu de l’entretien au Corriere della Sera le débat sur son travail n’est pas nouveau. « Nous avons déjà protesté plusieurs fois auprès de la direction mais nous n’avions jamais communiqué à l’extérieur, explique Anne Le Hénaff, présidente de la société des rédactions de RTL. Cette fois-ci, on a senti quelque chose monter dans la rédaction. Cela a été la goutte d’eau… ». « C’est l’énième épisode. A chaque fois, la direction ne tient pas compte de nos protestations. Mais l’image de notre station en prend un coup », déplore un journaliste de RTL.Une question a particulièrement occupé les collègues d’Eric Zemmour à i-Télé, RTL ou au Figaro : le risque de le placer en victime. En 2010, alors qu’il était menacé de sanction au Figaro, des soutiens étaient venus protester. « Zemmour joue de la victimisation en permanence, estime une journaliste de RTL. Mais on ne pas non plus tout accepter au nom de ce principe. »Un « intellectuel», « de moins en moins journaliste »La radio a choisi de ne rien demander de précis. La direction de RTL, justifie la chronique accordée à Eric Zemmour par sa volonté de ne pas apparaître conformiste, de donner le signe que RTL n’appartient pas au système médiatique et politique et que la radio reste proche des gens, en donnant la parole à des gens considérés comme politiquement incorrects. C’est ainsi que se définit l’intéressé, bien qu’il ait un large accès aux grands médias.Contactée, la direction de RTL n’a pas souhaité commenter. « Zemmour est un intellectuel, sûrement pas un homme politique et de moins en moins un journaliste », a expliqué Christopher Baldelli le patron de RTL, fin novembre sur France 5, rappelant qu’Eric Zemmour intervenait avec d’autres chroniqueurs à 8 h 10, dans « On n’est pas forcément d’accord ». Un glissement de statut qui voudrait, selon plusieurs journalistes, que les médias adaptent la place qu’ils lui donnent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Ces dernières années, la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs (Libération, La Tribune) », s’inquiètent les rédactions de L’Express et de L’Expansion, dans un communiqué publié mercredi 17 janvier, après une assemblée générale. Les deux hommes d’affaires font partie des acheteurs potentiels de L’Express et L’Expansion, propriétés du groupe belge Roularta.Lire : Vivendi et « Le Figaro » allié à Patrick Drahi pour racheter « L’Express »Les rédactions « expriment leurs plus vives préoccupations quant aux négociations en cours » pour un éventuel rachat.L'offre de Patrick Drahi et de Marc Laufer, alliés au Figaro, ne garantit pas les principes « d'indépendance et de qualité de l'information ». « Un tel rachat se traduirait par un démantèlement du groupe aux conséquences sociales lourdes », ajoutent les journalistes.Le communiqué peut apparaître comme un tir de barrage de la rédaction contre l’un des acheteurs potentiels du groupe Express-Roularta. Qui pourrait indirectement bénéficier à l’autre piste sérieuse de repreneur du moment, le groupe Vivendi de Vincent Bolloré. Ou à un autre acheteur.Lire le portrait : Patrick Drahi, discret magnat du câbleAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Margherita Nasi « Elle a de belle petites oreilles », relève le médecin à la naissance de Jeanne Bordeau ! On ne pouvait pas lui faire de plus beau compliment ! Pour celle qui a fait du langage une profession, l’écoute est une qualité fondamentale : « si je devais avoir un prénom totem, comme les indiens, ce serait grandes oreilles ». C’est d’ailleurs ce qui fait qu’elle n’a pas vraiment l’impression d’avoir changé de voie, alors qu’elle cumule les professions, en commençant par la critique littéraire, puis chef d'entreprise, mais aussi directrice d’une maison d’édition et enseignante.Tout juste rentrée des Etats-Unis, où elle a fait des études de littérature et de storytelling (mise en récit), Jeanne Bordeau passe souvent au Figaro, pour rejoindre des amis qui y travaillent. Un journaliste se demande qui est cette fille “toujours debout dans le couloir en train de lire”, et lui propose de faire des critiques de livre en 1981. Elle sera pigiste pendant cinq ans. Mais pas seulement.Reconversion professionnelle: Jean-Michel Lecuyer, de Polytechnique à l’économie socialeElle fréquente des hommes d’affaires qu’elle accompagne sur des parcours atypiques, comme Michel Anselme, un entrepreneur qui passe un doctorat de philosophie et anthropologie. Elle aide des auteurs dans la relecture de leurs ouvrages. Puis finit par se lasser de la critique littéraire : “on ne faisait plus d’analyse approfondie comme pendant la première moitié du siècle. Les journaux n’y consacraient plus beaucoup de place”.Elle quitte le journalisme pour diriger une maison d’édition européenne – Evénements Média - qui crée des magazines sur des événements institutionnels, comme le bicentenaire de Mozart.Malgré son penchant pour la littérature, cette fille d’entrepreneur - son père a développé l’entreprise de rillettes Bordeau-Chesnel - a toujours été fascinée par la sphère économique. « Mon admiration va d’abord aux chefs d’entreprise. Parce qu’ils s’engagent et se mettent en risque ».En 1991, elle franchit le pas et lance sa structure, Talents et Compagnie, une agence de communication qui valorise le langage en entreprise. « L’école américaine est profondément ancrée en moi : si un projet est valable, il doit se mettre face à un marché ».Sollers, Nothomb...Et le marché semble porteur : en 1998, Jeanne Bordeau reçoit le Mot d'Or de l'AFPA (Actions pour promouvoir le français des affaires) pour son travail auprès de Legrand. Pour le leader mondial des produits et systèmes pour installations électriques, elle fait travailler sept écrivains de renom, de Philippe Sollers à Amélie Nothomb en passant par Marc Lambron et Yann Queffélec, qui célèbrent le changements apportés par l’électricité. « Convaincre ces écrivains n’a pas été facile : la France manque de respect pour ces combattants que sont les entrepreneurs. J’aime décloisonner et mêler les univers ».En 2004, Talents et Compagnie est scindé en deux structures : l’Institut de la qualité de l'expression, bureau de style en langage, et Press’Publica, agence de communication en influence. Jeanne Bordeau dépose plusieurs méthodes, comme l’« oraloscope », un outil d’expression permettant de diagnostiquer les atouts et faiblesses de l’expression des dirigeants et collaborateurs, ou encore la « charte sémantique », pour fonder l’identité du langage de l’entreprise. Elle crée une école de rhétorique en ligne pour les managers.Avec le développement d’Internet, le langage ne fait que prendre plus de place en entreprise. Jeanne Bordeau décide de mettre un terme à ses activités de relation publiques pour ne se consacrer qu’au langage.Prof et écrivainAujourd’hui, l’Institut de la qualité de l'expression réunit une vingtaine de personnes, du linguiste à l’historien, en passant par l’agrégé de grammaire, qui travaillent sur des thématiques comme la souffrance au travail. Mme Bordeau monte des écoles internes pour des clients comme SNCF, La Poste, Allianz, EDF, etc. : elle aide, par exemple, les dirigeants d'Air France, de Renault ou encore du Crédit agricole à construire une "charte sémantique", c'est-à-dire à identifier le langage qui exprimera la marque pour développer leur stratégie de communication interne et externe. Elle a ainsi créé une école de maîtrise du langage en ligne pour la SNCF. « C’est un peu comme un atelier de haute-culture, nous travaillons pour des grands comptes ».En parallèle, Jeanne Bordeau donne des cours, des conférences, et publie des ouvrages sur le langage et la communication, parmi les derniers Storytelling et contenu de marque. La puissance de l'écrit à l'ère numérique (Ellipses, 2012) ou La Boîte à outils des écrits professionnels (Eyrolles, 2013).Mais ce n'est pas tout : cette “styliste en langage” réalise également des tableaux, qui ressemblent à des collages à partir de mots qu’elle sélectionne dans la presse, qu’elle expose. « Je regarde des centaines de milliers de mots pour composer comme une tapisserie de Bayeux du monde contemporain ». Aujourd’hui, elle souhaite trouver un partenaire en technologie pour développer cette activité. Un autre projet la porte : monter une école de rhétorique, destinée au public de l'entreprise. « On peut parler de langage avec Stendhal, mais aussi en lisant un article de Paris Match. La France est obsessionnellement littéraire, et on tue la partie sensorielle de l’apprentissage », conclut-elle.Margherita NasiJournaliste au Monde 08.01.2015 à 14h38 • Mis à jour le08.01.2015 à 17h57 | Alexandre Piquard C'est la meilleure nouvelle depuis l'attaque qui a visé la rédaction de Charlie Hebdo : l'hebdomadaire satirique va « sortir la semaine prochaine », a assuré, jeudi 8 janvier, l'urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur du journal. Une information confirmée un peu plus tard par l'avocat du journal, Richard Malka, qui annonce que « Charlie Hebdo sortira mercredi prochain et sera tiré à un million d'exemplaires », contre soixante mille habituellement.Ce sera un numéro de huit pages, a-t-il dit, au lieu de seize pages habituellement. Le journal a notamment reçu des aides des groupes Canal+ et Le Monde, a-t-il précisé.Lire aussi : Les soutiens s'organisent pour que « Charlie Hebdo » vive« C'EST CE QUE CHARB AURAIT VOULU »Autour de Richard Malka s'est tenue une réunion jeudi midi avec les « survivants » du journal. « Nous sommes encore sous le choc, mais l'important est notre décision de faire paraître le prochain numéro de Charlie. Ce numéro, c'est pour rendre hommage à ceux qui ne sont plus là. C'est ce que Charb aurait voulu », dit-il.Malgré le choc, Luce Lapin, secrétaire de rédaction de longue date, résume la détermination des troupes : « On veut sortir la semaine prochaine... et les suivantes ! C'est sûr. Ils n'ont pas tué le journal, contrairement à ce qu'ils croient. »Malgré les coups de fils incessants de journalistes, le manque de locaux et l'émotion, Luce Lapin, présente la veille sur les lieux du drame, s'emploie à faire avancer l'édition pour mercredi prochain, « jour de parution habituel ».Dès vendredi à 11 heures aura lieu une réunion à Libération, qui a accepté de prêter ses locaux à l'hebdomadaire, comme à la fin de 2011 après l'incendie qui avait ravagé le journal.UNE ÉQUIPE DÉCIMÉELa question centrale est celle de l'équipe : il reste cinq dessinateurs opérationnels, dont Luz. Et Jul, qui avait quitté la rédaction mais est revenu pour aider. Riss ne peut travailler car il a été touché à l'épaule et est hospitalisé, comme les journalistes Philippe Lançon et Fabrice Nicolino, compte Luce Lapin. Parmi les journalistes et chroniqueurs valides, on trouve Antonio Fischetti, spécialiste des sciences, l'urgentiste Patrick Pelloux, Laurent Léger...A la direction, on trouve Gérard Biard, le rédacteur en chef, indemne car parti en vacances à Londres et rapatrié d'urgence depuis.« Nous avons besoin d'aide, dit Richard Malka. Nous n'avons plus un seul crayon, plus d'archives, d'ordinateurs, plus rien... Mais nous n'avons pas de doute sur la solidarité envers Charlie Hebdo. Elle est là. »LES CONFRÈRES ET LE GOUVERNEMENT EN SOUTIENLa question de la poursuite de Charlie Hebdo a été évoquée dès mercredi soir lors d'une réunion au ministère de la culture, convoquée par Fleur Pellerin, avec des représentants des médias – et consacrée également aux questions de sécurité.« Il y a eu des déclarations d'intention de patrons de médias, mais il faut maintenant voir quelles suites concrètes vont être données », prévient Emmanuel Vire, secrétaire national du SNJ-CGT, qui a assisté à la réunion.Une nouvelle réunion doit se tenir jeudi après-midi entre les médias qui ont proposé leur aide à Charlie Hebdo. Outre le soutien logistique et humain, un soutien financier est en discussion entre diverses structures.« CHARLIE HEBDO » AVAIT DES DIFFICULTÉS AVANT LE DRAMELe directeur du Monde, Gilles Van Kote, a insisté sur le fait que Charlie Hebdo « doit renaître » :« Il est indispensable qu'il y ait des prochains numéros de “Charlie Hebdo”. (...) Cette équipe doit se remettre debout, c'est pourquoi les médias français se mobilisent pour donner à cette équipe les moyens de reprendre son travail, avec des moyens humains s'il le faut, des moyens financiers et des locaux. »Pour le secrétaire du syndicat SNJ-CGT Vire :« Les directions de grands médias et le ministère ont un sursaut et tant mieux, mais “Charlie Hebdo” allait mal et avait dû lancer un appel à souscription, comme beaucoup des trop rares médias indépendants. Il faudrait par exemple réorienter les aides à la presse en faveur de ces titres pour arriver à une vraie pérennité. »En novembre 2014, Charlie Hebdo, déficitaire depuis longtemps, selon Charb, avait lancé une souscription : « Je ne dis pas que nous sommes un monument national, mais nous sommes un peu le dernier vestige d'une presse indépendante », avait-il dit aux Inrocks, qui rappelaient le rôle complémentaire du Canard enchaîné et de Siné Hebdo. « Nous ne renaîtrons pas de nos cendres. Personne ne reprendra le risque de relancer un journal comme Charlie, sous cette forme. Ça ne rapporte rien », imaginait alors Charb.Mais juste avant la tuerie du 7 janvier, les 200 000 euros apportés par la souscription avaient donné « une bonne bouffée d'air » à l'équipe, se rappelle Luce Lapin. Et redonné un élan que la rédaction espère retrouver.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.01.2015 à 22h14 | Pascale Robert-Diard Ce fut une audience historique. Deux jours de fureur et de bruit, d’interpellations politiques, de magistrales joutes intellectuelles, de cabotinage et de fous rires pour défendre un journal, Charlie Hebdo, et, par dessus tout, un principe, celui de la liberté d’expression.Peut-être fallait-il ce lieu, une chambre correctionnelle du Palais de justice de Paris, ces bornes, celles du droit et de la loi, ce contexte, celui d’une campagne présidentielle passionnée, pour donner toute sa puissance au débat suscité, les 7 et 8 mars 2007, par la plainte déposée par des associations musulmanes contre l’hebdomadaire satirique, qui avait publié les caricatures de Mahomet, parues initialement dans le journal danois Jyllands-Posten en septembre 2005.Combien de fois les mots attribués (à tort) à Voltaire – « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » – ont-ils résonné dans la salle d’audience ! Nicolas Sarkozy, candidat à l’élection présidentielle, adressant aux avocats de Charlie Hebdo, Mes Georges Kiejman et Richard Malka, un message de soutien : « Je préfère l’excès de caricature à l’absence de caricature » ; François Hollande, alors premier secrétaire du Parti socialiste, interpellant les associations à l’origine de la plainte : « Je ne pense pas que cette affaire a fait progresser votre cause. On ne peut pas dénoncer le terrorisme en écartant le lien avec la religion alors que les terroristes eux-mêmes font le lien » ; François Bayrou, candidat lui aussi, revendiquant sa foi chrétienne pour mieux souligner qu’au-dessus « des convictions personnelles, spirituelles, il y a ce pilier central de notre société qui nous protège tous, croyants, incroyants, agnostiques, la liberté d’expression, et ce choix proprement français, républicain, de la laïcité qui a été pour notre société émancipateur et fondateur. C’est la pointe de diamant de notre vision du monde ».« La forteresse de la liberté d’expression »Il fallait voir Richard Malka exhiber quelques-uns des plus cruels dessins publiés par l’hebdomadaire contre les symboles de l’Eglise catholique et ses dignitaires en lançant aux parties civiles : « Vous voulez vraiment l’égalité de traitement ? Personne dans ce pays, pas même à Charlie Hebdo, n’oserait faire à l’égard du prophète Mahomet le dixième de ce qu’on a fait sur le pape ! » ; il fallait entendre Georges Kiejman rappeler plus d’un siècle de jurisprudence qui a « bâti pierre à pierre la forteresse de la liberté d’expression, fruit d’une histoire et d’une Révolution », pour mesurer que ce qui se jouait là, dans ce prétoire, n’était rien moins que la réaffirmation solennelle et passionnée d’une valeur fondamentale de l’identité nationale.Un mois plus tard, la bien nommée chambre de la presse et des libertés rendait un jugement dont chaque ligne résonne cruellement aujourd’hui. « Attendu que Charlie Hebdo est un journal satirique, contenant de nombreuses caricatures que nul n’est obligé d’acheter ou de lire, à la différence d’autres supports tels que des affiches exposées sur la voie publique ; attendu que toute caricature s’analyse en un portrait qui s’affranchit du bon goût pour remplir une fonction parodique (…) ; attendu que le genre littéraire de la caricature, bien que délibérément provocant, participe à ce titre à la liberté d’expression et de communication des pensées et des opinions (…) ; attendu qu’ainsi, en dépit du caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans, le contexte et les circonstances de sa publication dans le journal Charlie Hebdo, apparaissent exclusifs de toute volonté délibérée d’offenser directement et gratuitement l’ensemble des musulmans ; que les limites admissibles de la liberté d’expression n’ont donc pas été dépassées (…). »C’est beau le droit dans ces moments-là.Pascale Robert-DiardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pierre Jaxel-Truer « On a tué Charlie Hebdo », se sont vantés les fuyards armés, après leur carnage. Mais peut-on rayer avec des fusils mitrailleurs plus d’un demi-siècle d’histoire et une institution de la presse française qui ne ressemble à aucune autre ? Une expression colle aux pages de l’hebdomadaire et à la peau de ses journalistes : « l’esprit Charlie ». Résumer un esprit est toujours délicat : nul doute, cependant, qu’il y a dans cette formule un condensé de liberté de ton, d’humour décapant, d’irrévérence et de fierté, structuré autour de solides valeurs de gauche, où la défense de la laïcité figurait souvent en première ligne.L’aventure a commencé il y a bien longtemps, à l’orée des années 1960, comme souvent autour d’une bande de copains inspirés : Cavanna, Fred et Georges Bernier, qui deviendra le fameux Professeur Choron, et l’expert revendiqué de l’« humour bête méchant ». Sur ce petit noyau s’agrégeront d’autres futurs grands noms, tels Jean-Maurice Cabut, dit Cabu, Topor, ou encore Georges Wolinski et Jean-Marc Reiser. Ensemble, ils ont lancé Hara Kiri, l’ancêtre mensuel de Charlie Hebdo. Le ton, déjà, était satirique, et les dessinateurs maîtres à bord, dans un bateau qui tenait plus du frêle esquif que du paquebot. Cavanna utilise alors de cinq ou six pseudonymes différents pour remplir le journal d’article…Lire le portfolio : L’esprit Charlie Hebdo, « dénoncer la bêtise en faisant rire »Étendard de l’« humour bête et méchant »Parti d’un tirage à 2 000 exemplaires, Hara Kiri prend vite son envol. Dans la France gaulliste, encore très prude, ce journal impertinent apporte un grand bol d’air jubilatoire et transgressif. Dès 1961, il est rattrapé une première fois par la censure. Condamné au motif que les dessins de Fred et Topor sont « morbides ». Il purgera sept mois d’interdiction. Survivant en douce, vendu par des colporteurs en province, Hara Kiri repart de plus belle. En s’attachant à franchir les tabous de l’époque, avec son humour grinçant. Les corps dénudés sont partout proscrits ? Pas dans les dessins du mensuel, qui a un petit goût d’avant Mai-68. En 1966, le journal sera à nouveau interdit, pour huit mois. C’est en février 1969 qu’est lancé, en complément du mensuel, Hara-Kiri Hebdo, dont le ton est volontairement plus politique. En novembre 1970, le titre créé une vive polémique en barrant sa « une » du titre « Bal tragique à Colombey, 1 mort » alors que la France pleure le général de Gaulle. Une référence à un incendie dans une discothèque, dix jours plus tôt, qui avait fait 146 morts. Mais aussi un crime de lèse-majesté.« Charlie Hebdo » prend le relais de « Hara Kiri »La sanction tombe vite : Hara Kiri est à nouveau interdit, sur injonction du ministre de l’intérieur, Raymond Marcellin. Mais cette nouvelle censure sera sa chance. Comment rêver meilleure publicité ? Elle fixera aussi le nouveau nom du titre. Pour contourner l’interdiction, Hara Kiri change de peau et devient Charlie Hebdo. Le petit journal un peu cancre se fait une place de choix en devenant un symbole de la liberté d’expression : il reçoit alors le soutien de personnalités comme Jean-Paul Sartre ou Jacques Fauvet, directeur du Monde. Dans les années 1970, Charlie Hebdo devient un acteur incontournable. Le titre se vend chaque semaine aux alentours de 150 000 exemplaires entre les années 1970 et 1974. Ce sont ses années d’insouciance, de dolce vita. Mais rapidement, cette vie de bricole et de pots enfumés les soirs de bouclage est rattrapée par un manque de rigueur budgétaire. Charlie ferme ses portes en 1981 après avoir soutenu la candidature de Coluche à la présidentielle. « Les années yuppies nous ont achevés », ont raconté naguère au Monde Wolinski et Cavanna (Le Monde, 7-8 février 1999).Un premier arrêt en 1981, une relance en 1992En 1992, cependant, le titre renaît de ses cendres. Avec une bonne partie de l’ancienne équipe, qui y va de sa poche, et qui bénéficie d’une aide financière du chanteur Renaud. Charlie Hebdo retrouve rapidement une audience solide, avec des tirages stabilisés autour de 140 000 exemplaires, sous la houlette d’un nouveau directeur de la rédaction, Philippe Val. La vie aurait ainsi pu continuer, cahin-caha, à coups de petits éclats. Mais en février 2006, Charlie Hebdo décide de reproduire la série de caricature de Mahomet initialement publiées par le journal danois Jyllands-Posten, qui avait entraîné une foule de manifestations dans plusieurs pays à la population majoritairement musulmane. Charlie Hebdo, d’un coup, ouvre une nouvelle page de son histoire. Le numéro, deux fois réédité, s’arrache en kiosques. Mais il déclenche un incendie. Poursuivi en justice par la Grande Mosquée de Paris, l’Union des organisations islamiques de France et la Ligue islamique mondiale, l’hebdomadaire gagnera finalement son procès. Provocateur, Charlie ? Certainement, et fier de l’être. Mais le titre est bien plus que cela. Il essaie alors, tant bien que mal, avec toutes les difficultés que cette position implique, de continuer à incarner une gauche antiraciste mais intransigeante face à la radicalisation d’une partie des musulmans. Il connaît aussi son lot de difficultés internes : Philippe Val s’en va en 2009 pour rejoindre Radio France, après avoir licencié en 2008 Siné, l’une des figures de l’hebdomadaire, pour antisémitisme.Une menace présente en permanenceCharlie Hebdo se tend, mais ne plie pas, fidèle à son fameux esprit, qui a, dit-on, inspiré de nombreuses aventures, de L’Écho des savanes à Canal+. En 2011, les locaux de Charlie Hebdo sont victimes d’un premier attentat. Dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 novembre, ses locaux, alors boulevard Davout, dans le XXe arrondissement de Paris, sont incendiés. Le sinistre ne fait pas de victimes, mais les dégâts sont énormes. Une nouvelle « une » a échauffé les esprits. Un Mahomet hilare s’y exclame : « 100 coups de fouet si vous n’êtes pas morts de rire ». La rédaction, médusée par l’attaque, trouvera refuge quelque temps dans les locaux de Libération. Depuis 2006, Charlie Hebdo s’était habitué aux menaces de mort, si cela est possible, et n’a jamais renoncé à ses convictions. Ses journalistes vivaient avec cette menace, en essayant de ne pas trop y penser. Le directeur de la rédaction, Charb, avait dessiné dans le dernier numéro de l’hebdomadaire un dessin qui était drôle, mais qui est devenu terriblement prémonitoire. L’on y voit un djihadiste, surplombé du texte « Toujours pas d’attentats en France », qui répond : « On a jusqu’à fin janvier pour présenter ses vœux. »Pierre Jaxel-TruerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.12.2014 à 08h27 • Mis à jour le27.12.2014 à 13h26 Le bureau de Radio Free Europe en Azerbaïdjan a été perquisitionné, vendredi 26 décembre, par les forces de l'ordre de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud. Le parquet général d'Azerbaïdjan, accompagné de « policiers armés », a perquisitionné les locaux de cette radio financée par les Etats-Unis, « faisant valoir qu'il y avait une décision du tribunal de fermer le bureau », a déclaré M. Aliev. Le parquet n'a toutefois pas précisé s'il s'agissait d'une fermeture temporaire ou définitive, selon la même source.Un haut responsable du département d'Etat américain a déploré cette perquisition et la séquestration d'employés de cette radio créée sous la guerre froide et toujours financée par les Etats-Unis. Dans un communiqué, RFE/RL explique que la police agissait en vertu d'un mandat de la justice qui enquête sur le financement d'organisations non gouvernementales par l'étranger. Nenad Pejic, un des deux dirigeants de RFE/RL a fustigé une violation flagrante de tous les engagements internationaux que l'Azerbaïdjan a pris devant la communauté internationale.L'organisation Reporters sans frontières a dénoncé « un nouveau coup porté à ce qui reste d'information indépendante dans le pays », dans un communiqué. Radio Azadliq, le service azerbaïdjanais de Radio Free Europe/Radio Liberty, « est la dernière victime en date de la campagne d'éradication du pluralisme menée par les autorités azerbaïdjanaises », ajoute RSF.La perquisition intervient après l'arrestation en Azerbaïdjan début décembre d'une célèbre journaliste d'investigation de Radio Free Europe, Khadija Ismayilova, qui a été placée en détention provisoire pour deux mois. L'ONG Amnesty International avait condamné son arrestation comme « une nouvelle initiative visant à museler les médias indépendants dans le pays ».LES ONG VISÉES PAR LE RÉGIMEPour sa part, Ramiz Mehdiev, le chef de l'administration du président Ilham Aliev, avait accusé de « trahison » les journalistes de la radio, en les qualifiant de « cinquième colonne » travaillant pour les services spéciaux étrangers, dans un communiqué publié en décembre.Ces derniers mois, plusieurs organisations financées de l'étranger ont fait l'objet de perquisitions similaires et ont été fermées.Les organisations de défense des droits de l'homme accusent régulièrement le régime du président Aliev d'atteintes à la liberté d'expression et de faire emprisonner des opposants dans ce pays riche en hydrocarbures situé sur les bords de la mer Caspienne.L'Azerbaïdjan se classe 160e sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi cette année par RSF. 24.12.2014 à 16h41 • Mis à jour le24.12.2014 à 17h10 Davantage qu'une publication de photographies volées, le magazine Closer avait révélé au grand jour l'homosexualité de Florian Philippot. Poursuivi pour un article montrant des clichés du vice-président du Front national avec un homme présenté comme son compagnon, Closer a été condamné, mercredi 24 décembre, à 20 000 euros de dommages et intérêts pour « atteinte à la vie privée ».Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a également condamné l'hebdomadaire à publier la décision en couverture du journal et à verser 3 500 euros à l'élu frontiste au titre des frais de justice.Dans son ordonnance, le magistrat souligne que :« Même si le magazine indique que M. Philippot est l'homme le plus invité des matinales radio et télé après la patronne du FN, il est constant que sa vie privée n'était nullement notoire et que le demandeur n'a jamais entendu la révéler publiquement. »Le juge constate également que « l'étendue de la divulgation et l'importance du lectorat » de ce magazine sont de nature à accroître le préjudice compte tenu également « de la place très importante accordée au sujet » dans le journal avec « un haut de couverture et quatre pages intérieures ».« PHÉNOMÈNE DE HARCÈLEMENT »Il note enfin que M. Philippot et son ami « ont été photographiés avec un téléobjectif ». Cela, explique le juge, « démontre une surveillance préjudiciable de leurs activités de loisirs, alors qu'ils pouvaient se croire à l'abri des regards indiscrets étant partis à l'étranger », ce qui, dit-il « participe à un phénomène de harcèlement ». « En conséquence, l'obligation de la société Mondadori Magazine France de verser la somme provisionnelle de 20 000 euros n'est pas sérieusement contestable en raison du préjudice moral subi par M. Philippot. »Lire aussi : L'ami de Philippot répond à « Closer » 23.12.2014 à 17h48 • Mis à jour le23.12.2014 à 17h51 |Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant) La polémique autour d’Eric Zemmour et de ses idées a gagné la Belgique après une demande formulée auprès du bourgmestre (maire) de Bruxelles par une élue municipale du parti Ecolo-Groen. Zoubida Jellab réclame une mesure d’interdiction à l’encontre du journaliste et auteur, qui doit venir y dédicacer, le 6 janvier, son livre Le Suicide français. Il devrait également participer à deux débats-conférences, l’un dans un cercle privé d’Uccle, dans la banlieue de la ville, l’autre devant un parterre de patrons, à Liège.« C’est un non-événement pour ma librairie, qui reçoit jusqu’à trois auteurs par jour », commente pour Le Monde Marc Filipson, le patron de la librairie Filigranes, où doit être reçu M. Zemmour. Celui-ci est déjà venu y rencontrer des lecteurs de ses précédents ouvrages. « C’est un provocateur, il fait bouger les foules et il n’est pas négationniste, ce qui serait, pour moi, l’une des raisons de ne pas le recevoir », poursuit le libraire.Affirmant « se tenir à l’écart de la religion et de la politique », M. Filipson souligne que, dans ses rayons, il a placé à côté de l’ouvrage du journaliste d’autres livres, dont ceux de l’historien Robert Paxton, sur la politique antisémite du régime de Vichy.« Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant »Yvan Mayeur, le maire PS de Bruxelles, manifeste son désaccord avec les thèses du livre de M. Zemmour, souligne que c’est à la librairie de décider « s’il est bien » de l’inviter, mais affirme que la visite de ce dernier ne le concernerait que si elle devait entraîner des incidents. Une décision ne serait dès lors prise qu’en dernière minute, mais, en tout état de cause, un tel événement ne pourrait être interdit qu’en cas de menace pour l’ordre public.A Liège, André Van Hecke, l’administrateur-délégué du Cercle de Wallonie, un club de patrons qui reçoit une ou deux fois par mois des auteurs et des personnalités, évoque « la véritable erreur » que constituerait, selon lui, une interdiction visant l’ex-chroniqueur d’I-Télé. « Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant. Nos membres sont heureusement curieux et s’ils ne sont pas d’accord, qu’ils viennent le dire », ajoute le patron du Cercle, qui conclut : « Zemmour a au moins raison de dire que notre société est crispée, car cette polémique le confirme. »Mme Jellab défend fermement, quant à elle, sa demande d’interdiction. Le discours du journaliste français est, dit-elle, « dangereux, toxique et peut, en temps de crise, engendrer de la souffrance et de la violence ». L’élue écologiste affirme au Monde avoir voulu placer les autorités municipales devant leurs responsabilités, elles qui ont déjà interdit un spectacle de Dieudonné et, récemment, la visite d’un prêcheur radical koweïtien lors d’une « foire musulmane ». « J’ai approuvé ces décisions et je demande à M. Mayeur de faire preuve de cohérence. Je réclame aussi que l’on n’établisse pas de hiérarchie dans les discours haineux et que l’on condamne de la même manière ceux qui visent les juifs et les musulmans », poursuit l’élue.« La parole que l’on veut libérer »Professeur de philosophie à l’université de Liège, Edouard Delruelle rejette également l’idée que le débat porterait sur le respect de la liberté d’expression. « La parole que l’on veut libérer, c’est toujours la parole d’extrême droite, la parole raciste, explique-t-il au journal Le Soir. Le verrou que l’on veut faire sauter c’est celui du politiquement correct, pour brouiller la différence entre droite et ultradroite. »Les débats sur les thèses du Suicide français paraissent, en tout cas, beaucoup intéresser les Belges — à moins que ce ne soient les nombreux Français installés dans la commune d’Uccle — puisqu’une autre salle, celle du B19 Country Club, un lieu où se rencontrent patrons et membres de la jet-set bruxelloise, devrait être comble le 6 janvier. Le maire libéral de la municipalité, Armand De Decker, s’étonne qu’on puisse envisager d’interdire la venue d’une personnalité comme M. Zemmour alors que Daniel Cohn-Bendit ou Jean-François Kahn déplorent qu’il soit frappé d’anathème.En Belgique, le journaliste écrivain dispose de quelques soutiens très marqués à droite, dont celui d’une formation populiste et anti-islam, le Parti populaire, qui a lancé une pétition en faveur de la venue de M. Zemmour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.12.2014 à 20h51 • Mis à jour le21.12.2014 à 11h57 |Alexandre Piquard L’émission « Ça se dispute » n’a pas été diffusée vendredi 19 décembre, et elle ne reprendra pas. La décision a été prise par la direction d’i-Télé, au terme d’une semaine de polémique à propos de l’interview donnée au journal italien Corriere della Sera dans laquelle Eric Zemmour critique les musulmans. Le chroniqueur intervenait dans cette émission hebdomadaire de débat depuis une dizaine d’années, et donnait la réplique au journaliste Nicolas Domenach.« Nous avons perçu du trouble et de la colère autour des propos d’Eric Zemmour, mais nous n’avons pas voulu agir dans la précipitation, pour qu’on ne puisse pas dire que nous avons été manipulés ou instrumentalisés », a expliqué au Monde la directrice de la rédaction, Céline Pigalle. Ces derniers jours, la société des journalistes d’i-Télé a relayé en interne l’indignation de membres de la rédaction, demandant à la direction de s’exprimer. L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, l’eut épinglé sur son blog dans une note du 15 décembre intitulée « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! » Mais le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Sur RTL, jeudi, Eric Zemmour a donc dénoncé une « manipulation fantastique ». « Nous avons vu le journaliste du Corriere della Sera, puis nous avons sollicité et filmé un entretien avec Eric Zemmour, pour qu’il puisse exposer ses arguments. Mais les réponses qu’il a apportées n’ont pas dissipé le trouble », raconte Mme Pigalle. L’entretien, un temps prévu pour être diffusé vendredi soir à la place de « Ça se dispute », ne le sera pas, par souci de « cohérence ».« Nous sommes très soucieux de respecter la liberté d’expression. Et nous avons défendu celle d’Eric [Zemmour] pendant plus de dix ans, pour que ses idées soient prises en compte, contredites et débattues. Mais aujourd’hui, on a l’impression que c’est lui qui fixe les règles et de quoi on parle. On a de moins en moins le sentiment qu’on peut débattre. Le dialogue est devenu de plus en plus difficile, voire impossible. On a l’impression qu’il se parle à lui-même et à son public », explique Céline Pigalle, rappelant que « Ça se dispute » était une émission de débat. Le FN dénonce une « censure »La chaîne est consciente du risque de donner à M. Zemmour l’occasion de se poser en victime ou comme frappé par la censure. « On a tout fait pour aller jusqu’au bout, en écoutant Eric, mais là, on était au bout », explique Mme Pigalle, selon qui i-Télé doit être la « chaîne du monde ouvert ». « On prend nos responsabilités. »Eric Zemmour peut compter sur le soutien des élus du Front national. Sitôt l’annonce de l’annulation de l’émission du polémiste par i-Télé, la présidente du parti, Marine Le Pen, a dénoncé sur Twitter une « censure » tandis que Louis Aliot « ray[ait] i-Télé de [s]es sources d’information » en raison de cette « atteinte au pluralisme des idées ».La censure de #Zemmour par @itele est détestable ! #CanalMoins MLP— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 19 Décembre 2014Après l'éviction de Zemmour, je raye ITÉLÉ dés a présent de mes sources d'information. J'invite les démocrates à en faire de même !— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014Je viens d'annuler ma participation à la matinale de iTELE le 7 janvier 2015. La censure de Zemmour est une atteinte au pluralisme des idées— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014L'ancien député européen Daniel Cohn-Bendit, également chroniqueur sur Europe 1, a de son côté défendu samedi la présence d'Eric Zemmour « dans l'espace public » : « Comme je défends la proportionnelle et le droit du FN à être représenté à l'Assemblée nationale, je me dois de défendre la présence de Zemmour dans l'espace public, que cela me fasse mal ou pas », a-t-il déclaré à l'AFP, « au nom de la liberté et de la diversité dans les médias ».Après avoir été écarté d’i-Télé, l’avenir du polémiste semble aussi très incertain sur RTL, où il est à l’antenne deux fois par semaine. Mercredi 17 décembre, la Société des journalistes (SDJ) de la station s’est « désolidarisée » d’Eric Zemmour. La SDJ signale que « ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».Le polémiste entretient des rapports compliqués avec RTL. Déjà, à la rentrée 2012, la station avait choisi de raréfier sa présence à l’antenne. La chronique quotidienne « Z comme Zemmour » avait été supprimée au profit d’interventions hebdomadaires. Interrogé par le magazine Le Point en juin 2012, Christopher Baldelli, PDG de la station de la rue Bayard, avait tenu à préciser, prudent : « Eric Zemmour exprime son point de vue et non la ligne éditoriale de la station. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard M6 fait le ménage. A partir du 1er janvier, l’« ex-petite chaîne qui monte » va confier la direction générale de ses programmes à Frédéric de Vincelles, 45 ans, en remplacement de Bibiane Godefroid.Arrivée sur M6 en 2007, après avoir occupé différents postes sur France 2, Canal+ et au sein des sociétés de productions Freemantle et Air productions, Mme Godefroid prendra la direction générale des productions du groupe (C-productions et Studio 89).Bonne connaisseuse des formats étrangers et de leur adaptation en France, Bibiane Godefroid a fait surfer M6 sur la vague de la « feel good » avec de nombreux programmes de coaching ou d’émissions culinaires (« Maison à vendre », « Cauchemar en cuisine », « Un dîner presque parfait »…). Souvent avec succès.Mais la concurrence des chaînes de la TNT, dont certaines se sont très ouvertement inspirées du modèle M6, a grippé la belle mécanique. Et précipité le remplacement de Mme Godefroid. L’échec le plus patent est celui de « Rising star », programme phare de la rentrée de septembre 2014, et déprogrammé faute d’audience après quelques numéros seulement.Plus bas niveau d’audienceA l’été 2013, « Un air de star », autre programme inédit de la chaîne, avait également connu une désaffection du public tandis que certaines valeurs sûres, telles « Pekin express » ou « 100 % Mag (déprogrammé ont vu leur pouvoir de séduction s’émousser cette saison. A l’image d’une chaîne qui en avril avait atteint son plus bas niveau d’audience depuis 1992 avec seulement 9,5 % de part d’audience. En novembre, la chaîne a retrouvé un peu de lustre avec 10,8 % de part d’audience selon Médiamétrie.« Rising star » n’est pas un accident industriel » avait affirmé en octobre au Monde, Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, alors que l’émission avait perdu plus de 1,6 million de téléspectateurs en trois semaines. Et d’ajouter : « On aurait dû mettre l’émission sur W9 ».« Rising Star », le mur s’effriteL’émission n’est pas arrivée sur la « petite » chaîne du groupe M6 mais l’ex-directeur de W9 vient lui, de prendre la tête des programmes du vaisseau amiral. Pur produit maison, Frédéric de Vincelles est en effet passé par Fun TV, TF6 et série Club, avant de diriger la première chaîne du groupe lancée sur la TNT en 2005. Un poste qu’il a occupé de 2006 jusqu’à son arrivée à la direction adjointe des programmes de M6 en août 2014.La chaîne annonce par ailleurs le départ de Jérôme Bureau, président de la chaîne Paris Première et directeur de l’Information de M6. il sera remplacé par Stéphane Gendarme, directeur de la rédaction de la chaîne.La trésorerie de M6 reste dans le pré Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard L’avenir d’Eric Zemmour semble de plus en plus compromis : à la suite de l’interview au Corriere della sera dans laquelle le chroniqueur de la chaîne d’information en continu critique les musulmans, la société des journalistes (SDJ) a demandé que la direction s’exprime devant la rédaction, vendredi matin. La directrice de la rédaction Céline Pigalle a expliqué qu’elle avait déprogrammé « Ça se dispute », le rendez-vous hebdomadaire prévu à diffuser le soir, dans lequel M. Zemmour est opposé au journaliste Nicolas Domenach. Et veut le remplacer par un entretien dans lequel le chroniqueur de longue date de la chaîne puisse s’expliquer sur le fond de ses propos polémiques. Elle a ajouté qu’elle aviserait après des éventuelles suites à donner.Un entretien enregistréOr, dans l’entretien, enregistré à l’avance et mené par le journaliste Olivier Galzi, Eric Zemmour semble tenir des propos encore plus polémiques, selon une source proche du dossier. En parallèle, la SDJ, très impliquée dans cette affaire, envisage de prendre position publiquement vendredi après-midi, ce qu’elle s’était refusée à faire jusqu’ici.« Quand on lit les propos d’Eric Zemmour dans son entretien au Corriere della Sera, on ne peut pas se sentir solidaire », explique un membre de la société des journalistes (SDJ) d’Itélé. Lundi 15 décembre, quand a circulé l’interview au quotidien italien, la SDJ a préféré « prendre le temps » de débattre avec les journalistes, notamment de l’éventualité de demander son départ. « Nous attendons une prise de parole forte de la direction devant la rédaction », expliquait ce journaliste.De son côté, la SDJ de RTL, autre média où travaille Eric Zemmour, a été la première à réagir officiellement à ses propos. Dans un communiqué diffusé mercredi 17, elle estime que « les prises de position d’Eric Zemmour, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».« Discussions dans les couloirs » au « Figaro »L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon l’a épinglé sur son blog dans un post du 15 décembre intitulé « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! ».Le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Mais M. Zemmour affirme notamment : « Les musulmans ont leur code civil, c’est le Coran. » Ou encore : « Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. »Au Figaro, où l’auteur du livre Le Suicide français (Albin Michel, 544 pages, 22,90 euros) collabore au Figaro magazine notamment, « il y a eu des protestations et des discussions dans les couloirs » mais pas de réaction « à chaud », raconte un rédacteur.Suite à cet entretien, trois associations antiracistes ont annoncé des dépôts de plaintes. Mercredi, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a publié une lettre, cosignée par d’autres associations et des personnalités, demandant au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de « faire cesser la diffusion de la haine d’Eric Zemmour ». Le CSA a répondu qu’il veillait en cas de propos litigieux. Il est intervenu quatre fois depuis 2010 pour des propos d’Eric Zemmour, la dernière fois en juin pour « mettre en garde fermement » RTL. En 2011, ce dernier a été condamné pour provocation à la haine raciale.Jeudi matin, Eric Zemmour, interviewé par Yves Calvi sur RTL, a dénoncé une « manipulation fantastique ». A la question de savoir s’il souhaitait le départ des musulmans de France, il a répondu : « Je ne souhaite ni ne demande rien du tout… C’est ridicule… Il y a des citoyens français, on ne va pas faire partir des citoyens français. Il y a des étrangers, un état a le droit de dire aux étrangers : “Bon maintenant vous rentrez chez vous.” » Tout en disant craindre une « libanisation de la France avec en perspective une guerre civile ».« Il joue la victimisation»Pour les journalistes des médias dans lesquels collabore Eric Zemmour, le contenu de l’entretien au Corriere della Sera le débat sur son travail n’est pas nouveau. « Nous avons déjà protesté plusieurs fois auprès de la direction mais nous n’avions jamais communiqué à l’extérieur, explique Anne Le Hénaff, présidente de la société des rédactions de RTL. Cette fois-ci, on a senti quelque chose monter dans la rédaction. Cela a été la goutte d’eau… ». « C’est l’énième épisode. A chaque fois, la direction ne tient pas compte de nos protestations. Mais l’image de notre station en prend un coup », déplore un journaliste de RTL.Une question a particulièrement occupé les collègues d’Eric Zemmour à i-Télé, RTL ou au Figaro : le risque de le placer en victime. En 2010, alors qu’il était menacé de sanction au Figaro, des soutiens étaient venus protester. « Zemmour joue de la victimisation en permanence, estime une journaliste de RTL. Mais on ne pas non plus tout accepter au nom de ce principe. »Un « intellectuel», « de moins en moins journaliste »La radio a choisi de ne rien demander de précis. La direction de RTL, justifie la chronique accordée à Eric Zemmour par sa volonté de ne pas apparaître conformiste, de donner le signe que RTL n’appartient pas au système médiatique et politique et que la radio reste proche des gens, en donnant la parole à des gens considérés comme politiquement incorrects. C’est ainsi que se définit l’intéressé, bien qu’il ait un large accès aux grands médias.Contactée, la direction de RTL n’a pas souhaité commenter. « Zemmour est un intellectuel, sûrement pas un homme politique et de moins en moins un journaliste », a expliqué Christopher Baldelli le patron de RTL, fin novembre sur France 5, rappelant qu’Eric Zemmour intervenait avec d’autres chroniqueurs à 8 h 10, dans « On n’est pas forcément d’accord ». Un glissement de statut qui voudrait, selon plusieurs journalistes, que les médias adaptent la place qu’ils lui donnent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Ces dernières années, la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs (Libération, La Tribune) », s’inquiètent les rédactions de L’Express et de L’Expansion, dans un communiqué publié mercredi 17 janvier, après une assemblée générale. Les deux hommes d’affaires font partie des acheteurs potentiels de L’Express et L’Expansion, propriétés du groupe belge Roularta.Lire : Vivendi et « Le Figaro » allié à Patrick Drahi pour racheter « L’Express »Les rédactions « expriment leurs plus vives préoccupations quant aux négociations en cours » pour un éventuel rachat.L'offre de Patrick Drahi et de Marc Laufer, alliés au Figaro, ne garantit pas les principes « d'indépendance et de qualité de l'information ». « Un tel rachat se traduirait par un démantèlement du groupe aux conséquences sociales lourdes », ajoutent les journalistes.Le communiqué peut apparaître comme un tir de barrage de la rédaction contre l’un des acheteurs potentiels du groupe Express-Roularta. Qui pourrait indirectement bénéficier à l’autre piste sérieuse de repreneur du moment, le groupe Vivendi de Vincent Bolloré. Ou à un autre acheteur.Lire le portrait : Patrick Drahi, discret magnat du câbleAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Margherita Nasi « Elle a de belle petites oreilles », relève le médecin à la naissance de Jeanne Bordeau ! On ne pouvait pas lui faire de plus beau compliment ! Pour celle qui a fait du langage une profession, l’écoute est une qualité fondamentale : « si je devais avoir un prénom totem, comme les indiens, ce serait grandes oreilles ». C’est d’ailleurs ce qui fait qu’elle n’a pas vraiment l’impression d’avoir changé de voie, alors qu’elle cumule les professions, en commençant par la critique littéraire, puis chef d'entreprise, mais aussi directrice d’une maison d’édition et enseignante.Tout juste rentrée des Etats-Unis, où elle a fait des études de littérature et de storytelling (mise en récit), Jeanne Bordeau passe souvent au Figaro, pour rejoindre des amis qui y travaillent. Un journaliste se demande qui est cette fille “toujours debout dans le couloir en train de lire”, et lui propose de faire des critiques de livre en 1981. Elle sera pigiste pendant cinq ans. Mais pas seulement.Reconversion professionnelle: Jean-Michel Lecuyer, de Polytechnique à l’économie socialeElle fréquente des hommes d’affaires qu’elle accompagne sur des parcours atypiques, comme Michel Anselme, un entrepreneur qui passe un doctorat de philosophie et anthropologie. Elle aide des auteurs dans la relecture de leurs ouvrages. Puis finit par se lasser de la critique littéraire : “on ne faisait plus d’analyse approfondie comme pendant la première moitié du siècle. Les journaux n’y consacraient plus beaucoup de place”.Elle quitte le journalisme pour diriger une maison d’édition européenne – Evénements Média - qui crée des magazines sur des événements institutionnels, comme le bicentenaire de Mozart.Malgré son penchant pour la littérature, cette fille d’entrepreneur - son père a développé l’entreprise de rillettes Bordeau-Chesnel - a toujours été fascinée par la sphère économique. « Mon admiration va d’abord aux chefs d’entreprise. Parce qu’ils s’engagent et se mettent en risque ».En 1991, elle franchit le pas et lance sa structure, Talents et Compagnie, une agence de communication qui valorise le langage en entreprise. « L’école américaine est profondément ancrée en moi : si un projet est valable, il doit se mettre face à un marché ».Sollers, Nothomb...Et le marché semble porteur : en 1998, Jeanne Bordeau reçoit le Mot d'Or de l'AFPA (Actions pour promouvoir le français des affaires) pour son travail auprès de Legrand. Pour le leader mondial des produits et systèmes pour installations électriques, elle fait travailler sept écrivains de renom, de Philippe Sollers à Amélie Nothomb en passant par Marc Lambron et Yann Queffélec, qui célèbrent le changements apportés par l’électricité. « Convaincre ces écrivains n’a pas été facile : la France manque de respect pour ces combattants que sont les entrepreneurs. J’aime décloisonner et mêler les univers ».En 2004, Talents et Compagnie est scindé en deux structures : l’Institut de la qualité de l'expression, bureau de style en langage, et Press’Publica, agence de communication en influence. Jeanne Bordeau dépose plusieurs méthodes, comme l’« oraloscope », un outil d’expression permettant de diagnostiquer les atouts et faiblesses de l’expression des dirigeants et collaborateurs, ou encore la « charte sémantique », pour fonder l’identité du langage de l’entreprise. Elle crée une école de rhétorique en ligne pour les managers.Avec le développement d’Internet, le langage ne fait que prendre plus de place en entreprise. Jeanne Bordeau décide de mettre un terme à ses activités de relation publiques pour ne se consacrer qu’au langage.Prof et écrivainAujourd’hui, l’Institut de la qualité de l'expression réunit une vingtaine de personnes, du linguiste à l’historien, en passant par l’agrégé de grammaire, qui travaillent sur des thématiques comme la souffrance au travail. Mme Bordeau monte des écoles internes pour des clients comme SNCF, La Poste, Allianz, EDF, etc. : elle aide, par exemple, les dirigeants d'Air France, de Renault ou encore du Crédit agricole à construire une "charte sémantique", c'est-à-dire à identifier le langage qui exprimera la marque pour développer leur stratégie de communication interne et externe. Elle a ainsi créé une école de maîtrise du langage en ligne pour la SNCF. « C’est un peu comme un atelier de haute-culture, nous travaillons pour des grands comptes ».En parallèle, Jeanne Bordeau donne des cours, des conférences, et publie des ouvrages sur le langage et la communication, parmi les derniers Storytelling et contenu de marque. La puissance de l'écrit à l'ère numérique (Ellipses, 2012) ou La Boîte à outils des écrits professionnels (Eyrolles, 2013).Mais ce n'est pas tout : cette “styliste en langage” réalise également des tableaux, qui ressemblent à des collages à partir de mots qu’elle sélectionne dans la presse, qu’elle expose. « Je regarde des centaines de milliers de mots pour composer comme une tapisserie de Bayeux du monde contemporain ». Aujourd’hui, elle souhaite trouver un partenaire en technologie pour développer cette activité. Un autre projet la porte : monter une école de rhétorique, destinée au public de l'entreprise. « On peut parler de langage avec Stendhal, mais aussi en lisant un article de Paris Match. La France est obsessionnellement littéraire, et on tue la partie sensorielle de l’apprentissage », conclut-elle.Margherita NasiJournaliste au Monde 27.12.2014 à 08h27 • Mis à jour le27.12.2014 à 13h26 Le bureau de Radio Free Europe en Azerbaïdjan a été perquisitionné, vendredi 26 décembre, par les forces de l'ordre de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud. Le parquet général d'Azerbaïdjan, accompagné de « policiers armés », a perquisitionné les locaux de cette radio financée par les Etats-Unis, « faisant valoir qu'il y avait une décision du tribunal de fermer le bureau », a déclaré M. Aliev. Le parquet n'a toutefois pas précisé s'il s'agissait d'une fermeture temporaire ou définitive, selon la même source.Un haut responsable du département d'Etat américain a déploré cette perquisition et la séquestration d'employés de cette radio créée sous la guerre froide et toujours financée par les Etats-Unis. Dans un communiqué, RFE/RL explique que la police agissait en vertu d'un mandat de la justice qui enquête sur le financement d'organisations non gouvernementales par l'étranger. Nenad Pejic, un des deux dirigeants de RFE/RL a fustigé une violation flagrante de tous les engagements internationaux que l'Azerbaïdjan a pris devant la communauté internationale.L'organisation Reporters sans frontières a dénoncé « un nouveau coup porté à ce qui reste d'information indépendante dans le pays », dans un communiqué. Radio Azadliq, le service azerbaïdjanais de Radio Free Europe/Radio Liberty, « est la dernière victime en date de la campagne d'éradication du pluralisme menée par les autorités azerbaïdjanaises », ajoute RSF.La perquisition intervient après l'arrestation en Azerbaïdjan début décembre d'une célèbre journaliste d'investigation de Radio Free Europe, Khadija Ismayilova, qui a été placée en détention provisoire pour deux mois. L'ONG Amnesty International avait condamné son arrestation comme « une nouvelle initiative visant à museler les médias indépendants dans le pays ».LES ONG VISÉES PAR LE RÉGIMEPour sa part, Ramiz Mehdiev, le chef de l'administration du président Ilham Aliev, avait accusé de « trahison » les journalistes de la radio, en les qualifiant de « cinquième colonne » travaillant pour les services spéciaux étrangers, dans un communiqué publié en décembre.Ces derniers mois, plusieurs organisations financées de l'étranger ont fait l'objet de perquisitions similaires et ont été fermées.Les organisations de défense des droits de l'homme accusent régulièrement le régime du président Aliev d'atteintes à la liberté d'expression et de faire emprisonner des opposants dans ce pays riche en hydrocarbures situé sur les bords de la mer Caspienne.L'Azerbaïdjan se classe 160e sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi cette année par RSF. 24.12.2014 à 16h41 • Mis à jour le24.12.2014 à 17h10 Davantage qu'une publication de photographies volées, le magazine Closer avait révélé au grand jour l'homosexualité de Florian Philippot. Poursuivi pour un article montrant des clichés du vice-président du Front national avec un homme présenté comme son compagnon, Closer a été condamné, mercredi 24 décembre, à 20 000 euros de dommages et intérêts pour « atteinte à la vie privée ».Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a également condamné l'hebdomadaire à publier la décision en couverture du journal et à verser 3 500 euros à l'élu frontiste au titre des frais de justice.Dans son ordonnance, le magistrat souligne que :« Même si le magazine indique que M. Philippot est l'homme le plus invité des matinales radio et télé après la patronne du FN, il est constant que sa vie privée n'était nullement notoire et que le demandeur n'a jamais entendu la révéler publiquement. »Le juge constate également que « l'étendue de la divulgation et l'importance du lectorat » de ce magazine sont de nature à accroître le préjudice compte tenu également « de la place très importante accordée au sujet » dans le journal avec « un haut de couverture et quatre pages intérieures ».« PHÉNOMÈNE DE HARCÈLEMENT »Il note enfin que M. Philippot et son ami « ont été photographiés avec un téléobjectif ». Cela, explique le juge, « démontre une surveillance préjudiciable de leurs activités de loisirs, alors qu'ils pouvaient se croire à l'abri des regards indiscrets étant partis à l'étranger », ce qui, dit-il « participe à un phénomène de harcèlement ». « En conséquence, l'obligation de la société Mondadori Magazine France de verser la somme provisionnelle de 20 000 euros n'est pas sérieusement contestable en raison du préjudice moral subi par M. Philippot. »Lire aussi : L'ami de Philippot répond à « Closer » 23.12.2014 à 17h48 • Mis à jour le23.12.2014 à 17h51 |Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant) La polémique autour d’Eric Zemmour et de ses idées a gagné la Belgique après une demande formulée auprès du bourgmestre (maire) de Bruxelles par une élue municipale du parti Ecolo-Groen. Zoubida Jellab réclame une mesure d’interdiction à l’encontre du journaliste et auteur, qui doit venir y dédicacer, le 6 janvier, son livre Le Suicide français. Il devrait également participer à deux débats-conférences, l’un dans un cercle privé d’Uccle, dans la banlieue de la ville, l’autre devant un parterre de patrons, à Liège.« C’est un non-événement pour ma librairie, qui reçoit jusqu’à trois auteurs par jour », commente pour Le Monde Marc Filipson, le patron de la librairie Filigranes, où doit être reçu M. Zemmour. Celui-ci est déjà venu y rencontrer des lecteurs de ses précédents ouvrages. « C’est un provocateur, il fait bouger les foules et il n’est pas négationniste, ce qui serait, pour moi, l’une des raisons de ne pas le recevoir », poursuit le libraire.Affirmant « se tenir à l’écart de la religion et de la politique », M. Filipson souligne que, dans ses rayons, il a placé à côté de l’ouvrage du journaliste d’autres livres, dont ceux de l’historien Robert Paxton, sur la politique antisémite du régime de Vichy.« Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant »Yvan Mayeur, le maire PS de Bruxelles, manifeste son désaccord avec les thèses du livre de M. Zemmour, souligne que c’est à la librairie de décider « s’il est bien » de l’inviter, mais affirme que la visite de ce dernier ne le concernerait que si elle devait entraîner des incidents. Une décision ne serait dès lors prise qu’en dernière minute, mais, en tout état de cause, un tel événement ne pourrait être interdit qu’en cas de menace pour l’ordre public.A Liège, André Van Hecke, l’administrateur-délégué du Cercle de Wallonie, un club de patrons qui reçoit une ou deux fois par mois des auteurs et des personnalités, évoque « la véritable erreur » que constituerait, selon lui, une interdiction visant l’ex-chroniqueur d’I-Télé. « Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant. Nos membres sont heureusement curieux et s’ils ne sont pas d’accord, qu’ils viennent le dire », ajoute le patron du Cercle, qui conclut : « Zemmour a au moins raison de dire que notre société est crispée, car cette polémique le confirme. »Mme Jellab défend fermement, quant à elle, sa demande d’interdiction. Le discours du journaliste français est, dit-elle, « dangereux, toxique et peut, en temps de crise, engendrer de la souffrance et de la violence ». L’élue écologiste affirme au Monde avoir voulu placer les autorités municipales devant leurs responsabilités, elles qui ont déjà interdit un spectacle de Dieudonné et, récemment, la visite d’un prêcheur radical koweïtien lors d’une « foire musulmane ». « J’ai approuvé ces décisions et je demande à M. Mayeur de faire preuve de cohérence. Je réclame aussi que l’on n’établisse pas de hiérarchie dans les discours haineux et que l’on condamne de la même manière ceux qui visent les juifs et les musulmans », poursuit l’élue.« La parole que l’on veut libérer »Professeur de philosophie à l’université de Liège, Edouard Delruelle rejette également l’idée que le débat porterait sur le respect de la liberté d’expression. « La parole que l’on veut libérer, c’est toujours la parole d’extrême droite, la parole raciste, explique-t-il au journal Le Soir. Le verrou que l’on veut faire sauter c’est celui du politiquement correct, pour brouiller la différence entre droite et ultradroite. »Les débats sur les thèses du Suicide français paraissent, en tout cas, beaucoup intéresser les Belges — à moins que ce ne soient les nombreux Français installés dans la commune d’Uccle — puisqu’une autre salle, celle du B19 Country Club, un lieu où se rencontrent patrons et membres de la jet-set bruxelloise, devrait être comble le 6 janvier. Le maire libéral de la municipalité, Armand De Decker, s’étonne qu’on puisse envisager d’interdire la venue d’une personnalité comme M. Zemmour alors que Daniel Cohn-Bendit ou Jean-François Kahn déplorent qu’il soit frappé d’anathème.En Belgique, le journaliste écrivain dispose de quelques soutiens très marqués à droite, dont celui d’une formation populiste et anti-islam, le Parti populaire, qui a lancé une pétition en faveur de la venue de M. Zemmour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.12.2014 à 20h51 • Mis à jour le21.12.2014 à 11h57 |Alexandre Piquard L’émission « Ça se dispute » n’a pas été diffusée vendredi 19 décembre, et elle ne reprendra pas. La décision a été prise par la direction d’i-Télé, au terme d’une semaine de polémique à propos de l’interview donnée au journal italien Corriere della Sera dans laquelle Eric Zemmour critique les musulmans. Le chroniqueur intervenait dans cette émission hebdomadaire de débat depuis une dizaine d’années, et donnait la réplique au journaliste Nicolas Domenach.« Nous avons perçu du trouble et de la colère autour des propos d’Eric Zemmour, mais nous n’avons pas voulu agir dans la précipitation, pour qu’on ne puisse pas dire que nous avons été manipulés ou instrumentalisés », a expliqué au Monde la directrice de la rédaction, Céline Pigalle. Ces derniers jours, la société des journalistes d’i-Télé a relayé en interne l’indignation de membres de la rédaction, demandant à la direction de s’exprimer. L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, l’eut épinglé sur son blog dans une note du 15 décembre intitulée « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! » Mais le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Sur RTL, jeudi, Eric Zemmour a donc dénoncé une « manipulation fantastique ». « Nous avons vu le journaliste du Corriere della Sera, puis nous avons sollicité et filmé un entretien avec Eric Zemmour, pour qu’il puisse exposer ses arguments. Mais les réponses qu’il a apportées n’ont pas dissipé le trouble », raconte Mme Pigalle. L’entretien, un temps prévu pour être diffusé vendredi soir à la place de « Ça se dispute », ne le sera pas, par souci de « cohérence ».« Nous sommes très soucieux de respecter la liberté d’expression. Et nous avons défendu celle d’Eric [Zemmour] pendant plus de dix ans, pour que ses idées soient prises en compte, contredites et débattues. Mais aujourd’hui, on a l’impression que c’est lui qui fixe les règles et de quoi on parle. On a de moins en moins le sentiment qu’on peut débattre. Le dialogue est devenu de plus en plus difficile, voire impossible. On a l’impression qu’il se parle à lui-même et à son public », explique Céline Pigalle, rappelant que « Ça se dispute » était une émission de débat. Le FN dénonce une « censure »La chaîne est consciente du risque de donner à M. Zemmour l’occasion de se poser en victime ou comme frappé par la censure. « On a tout fait pour aller jusqu’au bout, en écoutant Eric, mais là, on était au bout », explique Mme Pigalle, selon qui i-Télé doit être la « chaîne du monde ouvert ». « On prend nos responsabilités. »Eric Zemmour peut compter sur le soutien des élus du Front national. Sitôt l’annonce de l’annulation de l’émission du polémiste par i-Télé, la présidente du parti, Marine Le Pen, a dénoncé sur Twitter une « censure » tandis que Louis Aliot « ray[ait] i-Télé de [s]es sources d’information » en raison de cette « atteinte au pluralisme des idées ».La censure de #Zemmour par @itele est détestable ! #CanalMoins MLP— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 19 Décembre 2014Après l'éviction de Zemmour, je raye ITÉLÉ dés a présent de mes sources d'information. J'invite les démocrates à en faire de même !— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014Je viens d'annuler ma participation à la matinale de iTELE le 7 janvier 2015. La censure de Zemmour est une atteinte au pluralisme des idées— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014L'ancien député européen Daniel Cohn-Bendit, également chroniqueur sur Europe 1, a de son côté défendu samedi la présence d'Eric Zemmour « dans l'espace public » : « Comme je défends la proportionnelle et le droit du FN à être représenté à l'Assemblée nationale, je me dois de défendre la présence de Zemmour dans l'espace public, que cela me fasse mal ou pas », a-t-il déclaré à l'AFP, « au nom de la liberté et de la diversité dans les médias ».Après avoir été écarté d’i-Télé, l’avenir du polémiste semble aussi très incertain sur RTL, où il est à l’antenne deux fois par semaine. Mercredi 17 décembre, la Société des journalistes (SDJ) de la station s’est « désolidarisée » d’Eric Zemmour. La SDJ signale que « ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».Le polémiste entretient des rapports compliqués avec RTL. Déjà, à la rentrée 2012, la station avait choisi de raréfier sa présence à l’antenne. La chronique quotidienne « Z comme Zemmour » avait été supprimée au profit d’interventions hebdomadaires. Interrogé par le magazine Le Point en juin 2012, Christopher Baldelli, PDG de la station de la rue Bayard, avait tenu à préciser, prudent : « Eric Zemmour exprime son point de vue et non la ligne éditoriale de la station. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard M6 fait le ménage. A partir du 1er janvier, l’« ex-petite chaîne qui monte » va confier la direction générale de ses programmes à Frédéric de Vincelles, 45 ans, en remplacement de Bibiane Godefroid.Arrivée sur M6 en 2007, après avoir occupé différents postes sur France 2, Canal+ et au sein des sociétés de productions Freemantle et Air productions, Mme Godefroid prendra la direction générale des productions du groupe (C-productions et Studio 89).Bonne connaisseuse des formats étrangers et de leur adaptation en France, Bibiane Godefroid a fait surfer M6 sur la vague de la « feel good » avec de nombreux programmes de coaching ou d’émissions culinaires (« Maison à vendre », « Cauchemar en cuisine », « Un dîner presque parfait »…). Souvent avec succès.Mais la concurrence des chaînes de la TNT, dont certaines se sont très ouvertement inspirées du modèle M6, a grippé la belle mécanique. Et précipité le remplacement de Mme Godefroid. L’échec le plus patent est celui de « Rising star », programme phare de la rentrée de septembre 2014, et déprogrammé faute d’audience après quelques numéros seulement.Plus bas niveau d’audienceA l’été 2013, « Un air de star », autre programme inédit de la chaîne, avait également connu une désaffection du public tandis que certaines valeurs sûres, telles « Pekin express » ou « 100 % Mag (déprogrammé ont vu leur pouvoir de séduction s’émousser cette saison. A l’image d’une chaîne qui en avril avait atteint son plus bas niveau d’audience depuis 1992 avec seulement 9,5 % de part d’audience. En novembre, la chaîne a retrouvé un peu de lustre avec 10,8 % de part d’audience selon Médiamétrie.« Rising star » n’est pas un accident industriel » avait affirmé en octobre au Monde, Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, alors que l’émission avait perdu plus de 1,6 million de téléspectateurs en trois semaines. Et d’ajouter : « On aurait dû mettre l’émission sur W9 ».« Rising Star », le mur s’effriteL’émission n’est pas arrivée sur la « petite » chaîne du groupe M6 mais l’ex-directeur de W9 vient lui, de prendre la tête des programmes du vaisseau amiral. Pur produit maison, Frédéric de Vincelles est en effet passé par Fun TV, TF6 et série Club, avant de diriger la première chaîne du groupe lancée sur la TNT en 2005. Un poste qu’il a occupé de 2006 jusqu’à son arrivée à la direction adjointe des programmes de M6 en août 2014.La chaîne annonce par ailleurs le départ de Jérôme Bureau, président de la chaîne Paris Première et directeur de l’Information de M6. il sera remplacé par Stéphane Gendarme, directeur de la rédaction de la chaîne.La trésorerie de M6 reste dans le pré Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard L’avenir d’Eric Zemmour semble de plus en plus compromis : à la suite de l’interview au Corriere della sera dans laquelle le chroniqueur de la chaîne d’information en continu critique les musulmans, la société des journalistes (SDJ) a demandé que la direction s’exprime devant la rédaction, vendredi matin. La directrice de la rédaction Céline Pigalle a expliqué qu’elle avait déprogrammé « Ça se dispute », le rendez-vous hebdomadaire prévu à diffuser le soir, dans lequel M. Zemmour est opposé au journaliste Nicolas Domenach. Et veut le remplacer par un entretien dans lequel le chroniqueur de longue date de la chaîne puisse s’expliquer sur le fond de ses propos polémiques. Elle a ajouté qu’elle aviserait après des éventuelles suites à donner.Un entretien enregistréOr, dans l’entretien, enregistré à l’avance et mené par le journaliste Olivier Galzi, Eric Zemmour semble tenir des propos encore plus polémiques, selon une source proche du dossier. En parallèle, la SDJ, très impliquée dans cette affaire, envisage de prendre position publiquement vendredi après-midi, ce qu’elle s’était refusée à faire jusqu’ici.« Quand on lit les propos d’Eric Zemmour dans son entretien au Corriere della Sera, on ne peut pas se sentir solidaire », explique un membre de la société des journalistes (SDJ) d’Itélé. Lundi 15 décembre, quand a circulé l’interview au quotidien italien, la SDJ a préféré « prendre le temps » de débattre avec les journalistes, notamment de l’éventualité de demander son départ. « Nous attendons une prise de parole forte de la direction devant la rédaction », expliquait ce journaliste.De son côté, la SDJ de RTL, autre média où travaille Eric Zemmour, a été la première à réagir officiellement à ses propos. Dans un communiqué diffusé mercredi 17, elle estime que « les prises de position d’Eric Zemmour, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».« Discussions dans les couloirs » au « Figaro »L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon l’a épinglé sur son blog dans un post du 15 décembre intitulé « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! ».Le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Mais M. Zemmour affirme notamment : « Les musulmans ont leur code civil, c’est le Coran. » Ou encore : « Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. »Au Figaro, où l’auteur du livre Le Suicide français (Albin Michel, 544 pages, 22,90 euros) collabore au Figaro magazine notamment, « il y a eu des protestations et des discussions dans les couloirs » mais pas de réaction « à chaud », raconte un rédacteur.Suite à cet entretien, trois associations antiracistes ont annoncé des dépôts de plaintes. Mercredi, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a publié une lettre, cosignée par d’autres associations et des personnalités, demandant au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de « faire cesser la diffusion de la haine d’Eric Zemmour ». Le CSA a répondu qu’il veillait en cas de propos litigieux. Il est intervenu quatre fois depuis 2010 pour des propos d’Eric Zemmour, la dernière fois en juin pour « mettre en garde fermement » RTL. En 2011, ce dernier a été condamné pour provocation à la haine raciale.Jeudi matin, Eric Zemmour, interviewé par Yves Calvi sur RTL, a dénoncé une « manipulation fantastique ». A la question de savoir s’il souhaitait le départ des musulmans de France, il a répondu : « Je ne souhaite ni ne demande rien du tout… C’est ridicule… Il y a des citoyens français, on ne va pas faire partir des citoyens français. Il y a des étrangers, un état a le droit de dire aux étrangers : “Bon maintenant vous rentrez chez vous.” » Tout en disant craindre une « libanisation de la France avec en perspective une guerre civile ».« Il joue la victimisation»Pour les journalistes des médias dans lesquels collabore Eric Zemmour, le contenu de l’entretien au Corriere della Sera le débat sur son travail n’est pas nouveau. « Nous avons déjà protesté plusieurs fois auprès de la direction mais nous n’avions jamais communiqué à l’extérieur, explique Anne Le Hénaff, présidente de la société des rédactions de RTL. Cette fois-ci, on a senti quelque chose monter dans la rédaction. Cela a été la goutte d’eau… ». « C’est l’énième épisode. A chaque fois, la direction ne tient pas compte de nos protestations. Mais l’image de notre station en prend un coup », déplore un journaliste de RTL.Une question a particulièrement occupé les collègues d’Eric Zemmour à i-Télé, RTL ou au Figaro : le risque de le placer en victime. En 2010, alors qu’il était menacé de sanction au Figaro, des soutiens étaient venus protester. « Zemmour joue de la victimisation en permanence, estime une journaliste de RTL. Mais on ne pas non plus tout accepter au nom de ce principe. »Un « intellectuel», « de moins en moins journaliste »La radio a choisi de ne rien demander de précis. La direction de RTL, justifie la chronique accordée à Eric Zemmour par sa volonté de ne pas apparaître conformiste, de donner le signe que RTL n’appartient pas au système médiatique et politique et que la radio reste proche des gens, en donnant la parole à des gens considérés comme politiquement incorrects. C’est ainsi que se définit l’intéressé, bien qu’il ait un large accès aux grands médias.Contactée, la direction de RTL n’a pas souhaité commenter. « Zemmour est un intellectuel, sûrement pas un homme politique et de moins en moins un journaliste », a expliqué Christopher Baldelli le patron de RTL, fin novembre sur France 5, rappelant qu’Eric Zemmour intervenait avec d’autres chroniqueurs à 8 h 10, dans « On n’est pas forcément d’accord ». Un glissement de statut qui voudrait, selon plusieurs journalistes, que les médias adaptent la place qu’ils lui donnent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Ces dernières années, la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs (Libération, La Tribune) », s’inquiètent les rédactions de L’Express et de L’Expansion, dans un communiqué publié mercredi 17 janvier, après une assemblée générale. Les deux hommes d’affaires font partie des acheteurs potentiels de L’Express et L’Expansion, propriétés du groupe belge Roularta.Lire : Vivendi et « Le Figaro » allié à Patrick Drahi pour racheter « L’Express »Les rédactions « expriment leurs plus vives préoccupations quant aux négociations en cours » pour un éventuel rachat.L'offre de Patrick Drahi et de Marc Laufer, alliés au Figaro, ne garantit pas les principes « d'indépendance et de qualité de l'information ». « Un tel rachat se traduirait par un démantèlement du groupe aux conséquences sociales lourdes », ajoutent les journalistes.Le communiqué peut apparaître comme un tir de barrage de la rédaction contre l’un des acheteurs potentiels du groupe Express-Roularta. Qui pourrait indirectement bénéficier à l’autre piste sérieuse de repreneur du moment, le groupe Vivendi de Vincent Bolloré. Ou à un autre acheteur.Lire le portrait : Patrick Drahi, discret magnat du câbleAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Margherita Nasi « Elle a de belle petites oreilles », relève le médecin à la naissance de Jeanne Bordeau ! On ne pouvait pas lui faire de plus beau compliment ! Pour celle qui a fait du langage une profession, l’écoute est une qualité fondamentale : « si je devais avoir un prénom totem, comme les indiens, ce serait grandes oreilles ». C’est d’ailleurs ce qui fait qu’elle n’a pas vraiment l’impression d’avoir changé de voie, alors qu’elle cumule les professions, en commençant par la critique littéraire, puis chef d'entreprise, mais aussi directrice d’une maison d’édition et enseignante.Tout juste rentrée des Etats-Unis, où elle a fait des études de littérature et de storytelling (mise en récit), Jeanne Bordeau passe souvent au Figaro, pour rejoindre des amis qui y travaillent. Un journaliste se demande qui est cette fille “toujours debout dans le couloir en train de lire”, et lui propose de faire des critiques de livre en 1981. Elle sera pigiste pendant cinq ans. Mais pas seulement.Reconversion professionnelle: Jean-Michel Lecuyer, de Polytechnique à l’économie socialeElle fréquente des hommes d’affaires qu’elle accompagne sur des parcours atypiques, comme Michel Anselme, un entrepreneur qui passe un doctorat de philosophie et anthropologie. Elle aide des auteurs dans la relecture de leurs ouvrages. Puis finit par se lasser de la critique littéraire : “on ne faisait plus d’analyse approfondie comme pendant la première moitié du siècle. Les journaux n’y consacraient plus beaucoup de place”.Elle quitte le journalisme pour diriger une maison d’édition européenne – Evénements Média - qui crée des magazines sur des événements institutionnels, comme le bicentenaire de Mozart.Malgré son penchant pour la littérature, cette fille d’entrepreneur - son père a développé l’entreprise de rillettes Bordeau-Chesnel - a toujours été fascinée par la sphère économique. « Mon admiration va d’abord aux chefs d’entreprise. Parce qu’ils s’engagent et se mettent en risque ».En 1991, elle franchit le pas et lance sa structure, Talents et Compagnie, une agence de communication qui valorise le langage en entreprise. « L’école américaine est profondément ancrée en moi : si un projet est valable, il doit se mettre face à un marché ».Sollers, Nothomb...Et le marché semble porteur : en 1998, Jeanne Bordeau reçoit le Mot d'Or de l'AFPA (Actions pour promouvoir le français des affaires) pour son travail auprès de Legrand. Pour le leader mondial des produits et systèmes pour installations électriques, elle fait travailler sept écrivains de renom, de Philippe Sollers à Amélie Nothomb en passant par Marc Lambron et Yann Queffélec, qui célèbrent le changements apportés par l’électricité. « Convaincre ces écrivains n’a pas été facile : la France manque de respect pour ces combattants que sont les entrepreneurs. J’aime décloisonner et mêler les univers ».En 2004, Talents et Compagnie est scindé en deux structures : l’Institut de la qualité de l'expression, bureau de style en langage, et Press’Publica, agence de communication en influence. Jeanne Bordeau dépose plusieurs méthodes, comme l’« oraloscope », un outil d’expression permettant de diagnostiquer les atouts et faiblesses de l’expression des dirigeants et collaborateurs, ou encore la « charte sémantique », pour fonder l’identité du langage de l’entreprise. Elle crée une école de rhétorique en ligne pour les managers.Avec le développement d’Internet, le langage ne fait que prendre plus de place en entreprise. Jeanne Bordeau décide de mettre un terme à ses activités de relation publiques pour ne se consacrer qu’au langage.Prof et écrivainAujourd’hui, l’Institut de la qualité de l'expression réunit une vingtaine de personnes, du linguiste à l’historien, en passant par l’agrégé de grammaire, qui travaillent sur des thématiques comme la souffrance au travail. Mme Bordeau monte des écoles internes pour des clients comme SNCF, La Poste, Allianz, EDF, etc. : elle aide, par exemple, les dirigeants d'Air France, de Renault ou encore du Crédit agricole à construire une "charte sémantique", c'est-à-dire à identifier le langage qui exprimera la marque pour développer leur stratégie de communication interne et externe. Elle a ainsi créé une école de maîtrise du langage en ligne pour la SNCF. « C’est un peu comme un atelier de haute-culture, nous travaillons pour des grands comptes ».En parallèle, Jeanne Bordeau donne des cours, des conférences, et publie des ouvrages sur le langage et la communication, parmi les derniers Storytelling et contenu de marque. La puissance de l'écrit à l'ère numérique (Ellipses, 2012) ou La Boîte à outils des écrits professionnels (Eyrolles, 2013).Mais ce n'est pas tout : cette “styliste en langage” réalise également des tableaux, qui ressemblent à des collages à partir de mots qu’elle sélectionne dans la presse, qu’elle expose. « Je regarde des centaines de milliers de mots pour composer comme une tapisserie de Bayeux du monde contemporain ». Aujourd’hui, elle souhaite trouver un partenaire en technologie pour développer cette activité. Un autre projet la porte : monter une école de rhétorique, destinée au public de l'entreprise. « On peut parler de langage avec Stendhal, mais aussi en lisant un article de Paris Match. La France est obsessionnellement littéraire, et on tue la partie sensorielle de l’apprentissage », conclut-elle.Margherita NasiJournaliste au Monde 16.01.2015 à 20h18 • Mis à jour le16.01.2015 à 20h40 Ses paroles ont suscité une forte indignation. A tel point que d'après Le Parisien, un anonyme a déposé plainte jeudi 15 janvier pour « incitation à la haine raciale » contre Philippe Tesson. En pleine discussion sur les incidents qui ont émaillé la minute de silence en hommage aux victimes de l'attaque contre Charlie Hebdo dans de nombreux établissements scolaires, le fondateur et ex-directeur du Quotidien de Paris (1974-1994), s'en est vivement pris, mardi sur les ondes d'Europe 1, aux musulmans : « D'où vient le problème de l'atteinte à la laïcité sinon des musulmans ? On le dit ça ? Et bien moi, je le dis ! Je rêve ou quoi ? C'est ça notre problème actuellement, c'est les musulmans qui mettent en cause la laïcité ! C'est les musulmans qui amènent la merde en France aujourd'hui ! »La plainte a été déposée jeudi auprès du tribunal de grande instance de Paris par un citoyen parisien d'une trentaine d'années, selon Le Parisien.« JE LE REGRETTE MAIS… »La député écologiste Cécile Duflot a pour sa part appelé jeudi à « une réaction plus forte » contre « les propos abjects et l'islamophobie puante de Philippe Tesson ».La réaction contre les propos abjects et l'islamophobie puante de Philippe Tesson devrait être plus forte. http://t.co/TuqdiT5eP3— Cécile Duflot (@CecileDuflot)require(["twitter/widgets"]);Le socialiste Patrick Mennucci a lui aussi dénoncé des « propos haineux à l'égard des musulmans » et annoncé avoir « demandé à la justice d'ordonner des poursuites pénales » à l'encontre du journaliste, qui intervient aujourd'hui dans Le Point, Valeurs actuelles, Radio Classique.Interrogé par Le Parisien, Philippe Tesson a tenté de désamorcer la polémique :« Lorsque j'évoque les musulmans, je ne parle pas de l'ensemble de la communauté musulmane, j'utilise un terme générique, et je pense que tout le monde a compris. (…) Je comprends que cela ait pu en blesser certains, je le regrette mais j'ai toujours dit les choses de manière très crue. »Des rumeurs sur le fait que Philippe Tesson ait depuis été licencié du Point ont été démenties au Monde vendredi par le directeur de l'hebdomadaire, Etienne Gernelle. 16.01.2015 à 19h14 • Mis à jour le16.01.2015 à 19h36 | Abel Mestre Après la parution, vendredi 16 janvier, dans le tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda d'une interview choc, Jean-Marie Le Pen maintient auprès du Monde la quasi-totalité de ses propos publiés concernant la tuerie de Charlie Hebdo. Dans cet entretien, le président d’honneur du Front national commence par déclarer : « Je ne suis pas Charlie Hebdo. Ce journal anarchiste était l’ennemi direct de notre parti le Front national, et ses journalistes, il y a quelques années, rassemblaient des signatures pour une pétition exigeant notre interdiction. Et tous ces politiciens, qui sont sortis manifester, ce ne sont pas des Charlie, mais des charlots ! »Surtout la Komsomolskaïa Pravda, qui a attribué les attentats récents à Paris aux Américains, prête à Jean-Marie Le Pen les propos suivants :  « Ces passeports oubliés des frères Kouachi me rappellent le passeport d’un terroriste tombé de l’avion en feu le 11 septembre 2001, et préservé par miracle. New York était en flammes, mais le passeport est resté intact. Aujourd’hui, on nous dit que les terroristes sont des idiots, voilà pourquoi ils auraient laissé les documents dans la voiture. La fusillade à Charlie Hebdo ressemble à une opération des services secrets, mais nous n’avons pas de preuves. Je ne pense pas que les organisateurs de ce crime soient les autorités françaises, mais elles ont permis à ce crime d’être commis. Ce sont pour l’instant des suppositions. »« 15-20 millions » de musulmans en FranceInterrogé par Le Monde, visiblement gêné, M. Le Pen maintient qu’il juge « étonnant de trouver une carte d'identité avec des tueurs aussi organisés. C'est aussi étonnant que de trouver un passeport intact le 11 septembre. Je m'étonne simplement de cela et je crois que je ne suis pas le seul. » En revanche, le vieux leader frontiste se dit catégorique. Il ne se « souvient pas d'avoir parlé des services secrets ».Dans ce même entretien, M. Le Pen chiffre à « 15-20 millions » le nombre de musulmans vivant en France. Un chiffre tiré de publications d’Azouz Beggag, affirme-t-il au Monde. A la question : « Est-ce que Marine Le Pen vous a téléphoné pour vous remonter les bretelles ?  », il répond : « Personne ne me remonte les bretelles ! On ne me remonte pas les bretelles au Front national ! » Abel MestreJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.01.2015 à 17h20 | Eric Nunès « Tu voulais faire venir tout le monde à Pontoise, une idée qui ne vient pas à tous spontanément, mais tu as réussi », a salué dans un sourire Patrick Pelloux, urgentiste et rescapé de l'équipe de Charlie Hebdo lors d'un dernier hommage rendu, vendredi 16 janvier, à Stéphane Charbonnier, dit Charb, ancien directeur de la publication de l'hebdomadaire satirique, assassiné lors de l'attaque terroriste du 7 janvier.Hommes, femmes, enfants, ils sont nombreux à avoir bravé le froid et à s'être déplacés jusqu'à cette commune du Val-d'Oise pour lancer un au revoir ou lever le poing face au cercueil du défunt. La salle d'exposition Pontoise, perdue au cœur de la zone d'activité de la ville, n'a pas suffi à accueillir tous les amis et admirateurs du dessinateur. Plusieurs centaines ont suivi la cérémonie sur deux écrans géants plantés sur le parking. Parmi les personnalités politiques, Christiane Taubira, ministre de la justice, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation, et Fleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication.ENTRE RIRES ET LARMESC'est en musique, avec des chansons, des poèmes et quelques blagues que les proches et survivants du massacre se sont relayés au micro pour porter leur adieu, entre rires et larmes. Tristesse et envie de vivre, d'avancer, de continuer, mais tristesse quand même... C'est ce qu'a chanté sur la scène Bénabar avec « Le Fou Rire » : « Un fou rire à un enterrement, je m'en veux, je m'en veux vraiment, c'était nerveux sûrement, en tout cas, ce n'était pas le moment. (...) J'ai pleuré à ton enterrement, je n'avais pas le choix, tu n'étais plus là comme avant, pour rire avec moi. »Charb, lui, était plutôt rock. Les Dead Kennedys, groupe de punk des années 1978-80, ont donc été mis à contribution avec « Back in the USSR ». « C'était sa chanson préférée, il mettait ça dans son appartement et il cassait tout », lance Luz, dessinateur rescapé de la tuerie. Dans son hommage, l'auteur de la « une » du dernier Charlie Hebdo imagine les dessins que Charb aurait produits s'il n'avait été fauché par les balles des tueurs. « Cette semaine, tu aurais dessiné Nétanyahu et Abbas défilant ensemble. Mais dans ton dessin, tu ne les aurais pas dessinés en train de se tenir la main, mais en train de tenir la bite de Sarkozy, au milieu, tout sourire carnassier. Tu aurais dessiné une grosse gueule de Marine Le Pen avec un tout petit panneau 'Je suis Charlie' sous le nez. Tu aurais dessiné le pape, qui nous chie dans les bottes... »« L'esprit de Charlie Hebdo est vivant ! », a encore lancé Luz avant d'appeler tous ceux qui proclament aujourd'hui être Charlie à se mobiliser. « Prouvez-le ! Prenez vos crayons, vos papiers, un scan, un ordi, exprimez-vous... En texte, en dessin, en vidéo, que sais-je... », lance à la foule le dessinateur avant de citer les Dead Kennedys : « Too drunk to fuck, but too funny to die! » (« Trop bourré pour baiser, mais trop drôle pour mourir »).« HEUREUX DE T'AVOIR CONNU »L'humoriste François Morel est également venu saluer Charb : « Mieux vaut un dessin qu'un long discours, un crayon qu'une Kalachnikov. » L'ancien ministre communiste Jack Ralite a expliqué que Charb était « un urgentiste de la dignité. » « Tes doigts talentueux nous ont donné des dessins lucioles. Je ne suis pas seulement triste de t'avoir perdu. Je suis surtout heureux de t'avoir connu », a-t-il ajouté.Les larmes aux yeux, la gorge nouée par l'émotion d'une semaine folle, Patrick Pelloux conclut : « Chouchou, le silence fait un bruit assourdissant. Le vide est encombrant, l'absence est devenue ma compagne. » « Charb était dans ma vie ce que sont les éléments », a poursuivi le médecin et chroniqueur de Charlie Hebdo avant de saluer l'engagement de son ami, « le genre de type qui relève toujours le camarade tombé à terre. Dans les cordées difficiles, sur les chemins escarpés de la vie, il était de ceux qui vous faisaient tenir debout ».Puis, évoquant les assassins, celui qui fut le premier à porter secours aux victimes juste après le massacre commis au sein de la rédaction lance :« Ils voulaient nous coucher, ils nous ont remis debout ! »La cérémonie se termine sur la chanson « Dirty Old Town » du groupe The Pogues. Luz tente un sourire avant le dernier départ de son ami. Sa bouche se crispe, il se prend la tête dans les mains et pleure. Patrick Pelloux lance un dernier message: « Charb, réponds-moi un jour... Juste une dernière fois. »Eric NunèsJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Jointes par Le Monde, les messageries lyonnaises de presse (MLP) chargées de sa distribution précisent les chiffres de vente du numéro historique de Charlie Hebdo paru le mercredi 14 janvier, suscitant une ruée inédite dans les kiosques. Le journal a vendu 1,9 million d’exemplaires les deux premiers jours, calculent les MLP. Le tirage annoncé est de 5 millions d’exemplaires mais la vente s’étalera sur plusieurs semaines.Ainsi, mercredi, environ 700 000 exemplaires ont été mis en place dans les kiosques, sur les presque un million distribués par les messageries aux dépôts. Les MLP ont constaté, par sondages téléphoniques, une rupture de stock nationale vers 10 h 30.55 000 commandes en AllemagneJeudi, environ 900 000 exemplaires supplémentaires ont été mis en place (sur 1 million distribué au total) mais le réseau a été également écoulé les 300 000 restants de la veille, notent les MLP, qui ont constaté une rupture de stock vers 11 h 30.Vendredi, 1 million d’exemplaires ont à nouveau été mis en place, selon les messageries, qui à midi n’avaient toutefois pas encore constaté d’épuisement des stocks nationaux.A l’étranger, les premiers exemplaires (« quelques dizaines de milliers », selon MLP) ont été distribués jeudi. Les messageries ont enregistré 150 000 exemplaires commandés et estiment que les ventes finales s’élèveront à 300 000 pour le monde entier. L’Allemagne semble le pays le plus concerné, avec 55 000 commandes à elle seule.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 10h52 • Mis à jour le16.01.2015 à 15h26 Le cercueil de Stéphane Charbonnier, dit Charb, tué dans l'attaque contre Charlie Hebdo, est arrivé vendredi 16 janvier sous les applaudissements à Pontoise, dans le Val-d'Oise, où des centaines de proches et d'anonymes se sont rassemblés pour un dernier hommage avant son inhumation.Lire le portrait : Charb, le rire d'abordLe dessinateur Luz s'est adressé à Charb, « mon ami, mon frère, mon rédacteur en chef, mon compagnon de beuverie ».« Charb, le nombre de dessins que tu aurais pu faire cette semaine ! Si tu avais vu ça, tu en aurais dessiné des conneries, tu en aurais usé des stylos, tu en aurais rempli du papier. »« Et si tu avais été là au bouclage dernier, tu aurais surtout dessiné à l'adresse de ces millions de gens un petit bonhomme avec un gros nez tenant une pancarte avec marqué  ''Je suis Charlie''. En dessous, tu aurais marqué  ''prouvez-le'' . Prenez vos crayons, du papier, un scan, un ordinateur et exprimez-vous. L'esprit de ''Charlie Hebdo'' est vivant et j'espère (...) que des milliers de ''Charlie Hebdo'' vont surgir des lycées, des facs, des imprimeries. » « CHARLIE VIVRA ! »« Tu pensais faire un scandale national s'ils te tuaient. Tu t'es trompé, c'était un scandale mondial », a quant à lui déclaré Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie Hebdo, ému aux larmes.Outre la famille de Stéphane Charbonnier et les survivants de l'hebdomadaire, plusieurs ministres dont Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem et Fleur Pellerin, ou encore les dirigeants du Parti communiste, Pierre Laurent, et l'ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, assistaient à cette cérémonie.« Charlie vivra ! (...) La troupe des têtes dures qui pleure aujourd'hui son héros a le cœur gonflé d'orgueil en pensant » à Charb, a déclaré Jean-Luc Mélenchon lors de la cérémonie. « Ci-gît l'un des premiers dessinateurs de l'histoire mort pour ce qu'il représentait », a-t-il ajouté.Dehors, des centaines d'anonymes avaient fait le déplacement pour suivre la cérémonie sur écran géant. Il doit être inhumé dans la stricte intimité, au cimetière de Pontoise, après la cérémonie.Notre journaliste Eric Nunès était sur place :Tweets de @NunesEric!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); 15.01.2015 à 17h27 • Mis à jour le15.01.2015 à 18h57 | Alexandre Piquard  Quand on s’intéresse au rôle des médias dans des scènes d’attentats, une référence émerge rapidement : la prise d’otages du vol Alger-Paris, en 1994. Le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) avait pénétré dans l’Airbus, posé sur l’aéroport de Marseille Marignane (aujourd’hui Marseille Provence), et neutralisé les terroristes islamistes. A l’époque, les images de l’assaut, filmé par la jeune chaîne d’information LCI, avaient frappé les esprits.« Je vois encore le policier qui s’accroche à la porte de l’avion pour l’ouvrir, puis le copilote qui saute par la fenêtre », se rappelle un des nombreux téléspectateurs qui suivait le drame, installé en Algérie et âgé de neuf ans à l’époque.Le souvenir de 1994 est notamment évoqué par Thierry Thuillier, qui était alors journaliste pour LCI. L’actuel directeur de l’information de France Télévisions en parle quand on l’interroge sur le rôle des médias dans les attaques meurtrières survenues en France, après celle qui a visé Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier. Télévisions, radios et sites sont accusés d’avoir gêné le travail de la police à Dammartin-en-Goële et porte de Vincennes, d’avoir mis en danger la vie d’otages cachés, d’avoir été indécents en diffusant des propos de djihadistes ou imprudents en entrant en contact avec eux…Lire aussi : Attentats à Paris : 4 questions sur une couverture hors-norme« Le scoop de LCI a renforcé dans les forces de l’ordre l’idée qu’il fallait isoler les scènes d’assaut des journalistes, en créant un périmètre de sécurité et en éloignant les médias », explique un connaisseur des forces de police. 1994-2015 : un parallèle qui a ses limitesPourtant, la « séquence » médiatique et terroriste de 2015 est différente de celle de 1994, se dit-on d’emblée : à l’époque, les terroristes retranchés dans l’avion ne pouvaient pas regarder la télévision, comme l’a fait Amedy Coulibaly, sur un ordinateur, dans le supermarché casher où il retenait ses otages.De plus, souligne Thierry Thuillier, « en 1994, il n’y avait pas eu le même débat sur rôle des médias ». « Le monde a changé et il y a des choses qu’on acceptait de voir qu’on questionne davantage aujourd’hui », ajoute-t-il, insistant sur la multiplication des réseaux sociaux et des médias audiovisuels, en télévision ou sur le Web. A l’époque, un responsable du ministère de l’intérieur avait estimé à chaud que les médias avaient plutôt « joué le jeu ».Pourtant, le traitement médiatique a posé question en 1994 et des parallèles existent.Des images qui ont « gêné » les forces de l’ordreA l’époque, LCI, filiale de TF1 créée depuis six mois environ, vit son « baptême du feu », rappelle Le Monde du 28 décembre 1994. Les 25 et 26 décembre, elle filme pendant des heures, en direct, à l’aéroport de Marseille, l’attente autour de l’avion qui s’y est posé après un épisode sanglant à Alger : 63 passagers sur 173 ont été libérés, mais trois personnes ont aussi été exécutées. Les forces de l’ordre soupçonnent les quatre preneurs d’otages de vouloir ensuite aller à Paris et faire sauter l’avion.« Les médias nous ont concrètement gênés, avant, pendant et après l’opération », accusera Denis Favier, le commandant du GIGN de l’époque (aujourd’hui directeur général de la gendarmerie nationale), s’exprimant « à titre personnel » dans la Revue de la gendarmerie nationale, citée par le journaliste Jean-Dominique Merchet dans un article de 1998, publié par Libération.LCI a les meilleures images : la chaîne a deux caméras sur place, dont une dans un bâtiment de l’aéroport, à 150 mètres de l’avion, où un journaliste s’est introduit. Les images sont lumineuses alors qu’il est tard, car la caméra est « électronique ». En 2015, porte de Vincennes, des médias ont été délogés des immeubles en face de l’Hyper Cacher, et ont été éloignés à Dammartin-en-Goële.Des terroristes informés grâce à la radio ?En 1994, on retrouve en fait l’inquiétude que les preneurs d’otages s’informent sur le dispositif policier grâce aux médias… radio. « Les journalistes de radio regardaient les images de la télévision et les commentaient, dit un responsable du ministère de l’intérieur au Monde à l’époque. Or un œil avisé pouvait parfaitement repérer des silhouettes en mouvement autour de l’appareil. Si les terroristes avaient eu un transistor, ils auraient pu être informés en direct. » En début d’après-midi, LCI montre des hommes rampant vers l’avion et dans la foulée, les terroristes décident de bouger l’avion à un autre emplacement, raconte Libération. « On ne sait pas comment ils ont été informés », dit la source du Monde.Une conversation des preneurs d’otages interceptéeUn document rappelle 2015, quand RTL et BFM-TV ont diffusé des compte rendus de conversations enregistrées avec les terroristes ou à leur insu : en 1994, un dialogue entre les pirates de l’air et la tour de contrôle a été « scannérisé » par des journalistes de la radio RMC, et diffusé après-coup, raconte Le Monde.Les images du célèbre assaut final seront, elles aussi, diffusées en léger différé – environ 25 minutes après les faits – même si à l’époque elles semblaient avoir été passées en direct, tant l’information en continu était moins répandue. Mais contrairement au cas de 2015, à porte de Vincennes, il ne s’agissait pas pour LCI de suivre une consigne donnée par les forces de l’ordre : son cameraman le mieux placé a raconté à Libération avoir dû « apporter la cassette au camion » qui était lui relié au satellite pour la diffusion… d’où les 25 minutes de décalage.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Le télécrochet promet d’être à la hauteur avec des candidats dont le niveau ne cesse de progresser (jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8)C’est le grand soir pour les onze finalistes de « Nouvelle star ». Après les épreuves du casting et du théâtre, les candidats du télécrochet de D8 vont affronter le stress du direct, du vote du jury et du public et l’élimination, à chaque fin d’émission, de l’un d’entre eux. Pour prévenir toute mauvaise surprise – comme souvent au cours du premier « prime » –, la production a imaginé cette année « l’épreuve du feu ». Cette émission diffusée il y a une semaine et tournée dans les conditions du direct a permis de ne garder que les chanteurs les mieux armés pour arpenter la scène de l’arche Saint-Germain et « éviter l’effet lapin ébloui dans les phares d’une voiture », raconte Benjamin Castaldi.Ce dernier retrouve la présentation de ce concours, qu’il a incarné pendant les trois premières saisons et une partie de la quatrième. « C’est une émission que j’ai beaucoup portée au début et avec laquelle je n’ai que des bons souvenirs. Je serai de nouveau le lien entre le jury, ce que les gens ont ressenti et les candidats », promet l’animateur venu de TF1.« Fondamentaux musicaux »Pour supporter la comparaison avec « The Voice », devenue la référence en matière de télécrochet, la production ne veut plus de fausses notes. « Les gens ont envie que l’on revienne aux fondamentaux musicaux », observe André Manoukian, le juré vétéran de l’émission, qui sera accompagné, pour cette onzième saison, des chanteurs Sinclair et Elodie Frégé ainsi que du musicien et producteur Yarol Poupaud. « Le niveau musical des candidats monte année après année, se félicite André Manoukian. On demande aux participants un vrai style et d’être capable de chanter quelque chose qui n’est pas de leur univers. » De quoi assurer le spectacle, et les audiences.Après un démarrage en demi-teinte, le public a trouvé le chemin de la 8. « Toutes les grosses émissions enregistrent des baisses qui sont plus mécaniques qu’autre chose. La rediffusion le dimanche sur D17 marche bien, le replay n’a jamais aussi bien fonctionné », se rassure Benjamin Castaldi. A la suite de l’échec de « Rising Star », le télécrochet de M6 pour lequel les votes s’effectuaient uniquement électroniquement, la production a décidé de maintenir le choix des candidats via des SMS surtaxés. « Tout le monde n’est pas sur les réseaux sociaux », justifie l’animateur. La sélection pourra néanmoins se faire gratuitement sur Twitter.« Nouvelle Star », jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.01.2015 à 11h13 • Mis à jour le22.01.2015 à 11h50 Le rédacteur en chef de l'édition nationale du 12/13 de France 3, Régis Poullain, sera remplacé à cause du manque de réactivité de l'édition de la mi-journée, juste après l'attaque contre Charlie Hebdo, a annoncé France Télévisions mardi 20 janvier.Alors que la nouvelle de l'attentat contre l'hebdomadaire satirique venait de tomber, le 7 janvier, le journal n'avait pas modifié ses titres, qui parlaient entre autres de soldes et de baignades hivernales. « Il y a eu une erreur d'évaluation de la part du rédacteur en chef Régis Poullain », a déclaré Pascal Golomer, directeur délégué à l'information chargé des rédactions de France 2 et France 3.Régis Poullain va quitter son poste et sera amené à occuper d'autres fonctions au sein de la rédaction nationale, a indiqué M. Golomer. Il sera remplacé à compter de lundi prochain par Philippe Peaster, actuellement rédacteur en chef adjoint du 19/20.EXAMEN DÉTAILLÉLa direction de l'information a également décidé de « missionner » la directrice adjointe de la rédaction, Agnès Molinier, « dans un rôle très opérationnel » pour accompagner l'équipe de rédaction en chef du 12/13 depuis la fabrication et jusqu'à la diffusion du journal, a ajouté M. Golomer.Les équipes de rédaction en chef, au 12/13 comme au 19/20, seront à nouveau composées de trois personnes dédiées (auparavant, elles se partageaient un adjoint). L'objectif est d'« agir pour qu'à l'avenir la couverture de l'actualité soit à la fois plus complète, plus réactive et plus pertinente, quelle que soit l'édition », a souligné M. Golomer.Plusieurs syndicats ont déposé un préavis de grève de une heure pour le lundi 26 janvier afin d'obtenir les résultats de l'« enquête interne » sur le traitement de l'attentat par l'édition nationale du 12/13 le 7 janvier.Ces syndicats ont dénoncé un « crash éditorial ». Selon eux, les informations des journalistes de la rédaction partis sur les lieux de l'attentat et les dépêches de l'AFP « auraient permis de modifier le conducteur et de dérouler le journal à la hauteur de l'événement ».La direction de l'information de France Télévisions a entamé un examen détaillé de la couverture par les rédactions de France 2, France 3 et France TV info des événements survenus entre le 7 et le 11 janvier. La direction fera part aux rédactions des actions à mener d'ici à la mi-février. 21.01.2015 à 18h05 • Mis à jour le21.01.2015 à 19h22 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Simple recadrage marketing ou conséquence des campagnes féministes, la décision du magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch de supprimer les photos de femmes aux seins nus qui ornaient la page 3 du quotidien britannique The Sun depuis 1970, a été unanimement saluée, mardi 20 janvier.Fait rare en pleine campagne électorale, les politiques de tous bords se sont donné le mot pour applaudir la fin des « pages 3 girls », sorte d’institution entretenue depuis quarante-quatre ans par le tabloïd le plus lu du pays (2,2 millions d’exemplaires quotidiens en moyenne).« Réduire ainsi les femmes à l’état d’objets revenait à affirmer haut et fort que l’important, ce sont nos poitrines et pas nos cerveaux », s’est félicitée la députée travailliste Stella Creasy. « Cette décison n’avait que trop tardé », a renchéri la secrétaire à l’éducation conservatrice Nicky Morgan. Mais, en plein débat sur la liberté d’expression, consécutif à la tuerie de Charlie Hebdo à Paris, le premier ministre britannique, David Cameron, n’a pas été plus loin. « C’est aux rédacteurs en chef de prendre de telles décisions », a seulement noté, mardi, son porte-parole.La décision de M. Murdoch n’a pas été annoncée dans The Sun mais dans The Times dont il est aussi propriétaire. Mardi, sur la page 3 du tabloïd populaire, l’habituel modèle topless avait cédé la place à deux actrices du feuilleton Hollyoaks courant en bikini sur une plage de Dubaï. « Exhiber des femmes en bikinis, est-ce vraiment réfléchir de façon moderne à la contribution des femmes à la société ? », a raillé Jo Swinson, la ministre (LibDem) des femmes et de l’égalité.« Démodées »Les « filles de page 3 » étaient la cible, depuis 2012, d’une vigoureuse campagne « No more page 3 ». Une pétition visant à « virer les nichons à l’air du Sun » (Take the bare boobs out of The Sun) a été signée par plus de 210 000 personnes. « Après quarante-quatre ans, il était temps », a déclaré Yas Necati, figure de proue du mouvement de protestation.En réalité, « Lucy, 25 ans, de Warwick », une jeune femme rousse à la poitrine nue figurait toujours, mardi, dans The Sun, mais uniquement dans sa version en ligne, qui propose à ses lecteurs de parcourir toute une « gallerie » de ce qui reste dénommé les « page 3 ».Dans le journal imprimé, l’habitude de publier des photos dénudées en page 3 avait été introduite en 1970, un an après le rachat du Sun par Rupert Murdoch. Ces clichés réputés osés à l’époque étaient au cœur de la stratégie commerciale, centrée sur le sexe, qui a fait le succès du tabloïd. Il s’agissait de concurrencer les pin-up en lingerie fine ou en bikini du Daily Mirror.En 2014, Rupert Murdoch avait déclaré que « les féministes qui nous bassinent à propos de la page 3 n’achètent jamais le journal », avant de reconnaître, en septembre, que les « page 3 girls » étaient « démodées ».Le retrait annoncé mardi n’a fait l’objet d’aucun commentaire de David Dinsmore, rédacteur en chef du Sun. En cas d’impact négatif sur les ventes, la décision pourrait d’ailleurs être reconsidérée.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.01.2015 à 17h48 La directrice exécutive de l'école de journalisme de Sciences Po, Agnès Chauveau, accusée de plagiat par le site Arrêt sur images (ASI), a été licenciée par l'établissement. Le directeur, Bruno Patino, « a officiellement annoncé », mercredi 21 janvier au matin aux élèves de l'école parisienne « le licenciement de la directrice Agnès Chauveau de ses fonctions à l'école ainsi que de l'établissement Sciences Po dans son ensemble », écrit Le Figaro.Arrêt sur images avait démontré, le 16 novembre 2014, que dans ses chroniques diffusées dans l'émission « Soft Power », sur France Culture, puis retranscrites sur le site d'information français Huffington Post, Mme Chauveau utilisait allègrement des extraits d'article sans citer ses sources. Arrêt sur images a ainsi pu affirmer que sur vingt chroniques passées au crible du logiciel de vérification Plagiarism Checker, la moitié d'entre elles contenait au moins une phrase copiée et collée sans renvoi aux articles dont elles étaient issues.« DÉONTOLOGIE »Bien qu'Agnès Chauveau, qui traite fréquemment de l'économie et de l'impact des médias – dont elle est une spécialiste –, se fût défendue de toute malhonnêteté, Bruno Patino, directeur de l'école de journalisme, et par ailleurs directeur des programmes et du numérique à France Télévisions, avait alors adressé, dès le lendemain, un courriel aux étudiants et aux personnels indiquant que « l'école, qui enseigne la déontologie, ne peut prendre ce genre de choses à la légère ».Lire : Une affaire de plagiat agite la direction de l'école de journalisme de Sciences PoM. Patino avait aussi annoncé avoir demandé une « évaluation indépendante des faits reprochés » à Mme Chauveau, et avait précisé l'avoir mise, « dans l'intervalle […] en congé de ses fonctions ». Le Figaro note par ailleurs que Mme Chauveau ne figure plus sur la page de présentation de l'équipe pédagogique de l'établissement. 21.01.2015 à 07h08 • Mis à jour le21.01.2015 à 15h48 | Martin Untersinger Dans la nuit de mardi 20 à mercredi 21 janvier, le compte Twitter du « Monde » a été piraté par des individus se revendiquant de l'Armée électronique syrienne, le bras armé du régime de Bachar Al-Assad sur Internet.Le compte Twitter a diffusé auprès de ses trois millions d'abonnés plusieurs messages et images en lien avec les attentats perpétrés à Charlie Hebdo et porte de Vincennes. On y voit notamment un troupeau de moutons brandissant des pancartes « Je suis Charlie » ou une image bardée du slogan « La liberté d'expression n'est pas mieux que la liberté de religion ».L'une des images publiées comporte un long texte. Dans ce dernier, les pirates condamnent « toute violence et tout terrorisme, mais (…) aussi les dessins caricatures [sic] de Charlie Hebdo qui se moquent du Prophète ». « Nous vous demandons de respecter les croyances des autres », écrivent les pirates, qui dénoncent « l'hypocrisie » de pays « marchant à Paris pour la dignité humaine et la liberté d'expression alors que leur gouvernement tue, torture et détruit ».Peu après la publication de ces messages, l'un des comptes Twitter habituels de l'Armée électronique syrienne a revendiqué cette attaque. L'Armée électronique syrienne utilise régulièrement les comptes Twitter qu'elle pirate pour diffuser des messages, mais c'est la première fois qu'elle le fait pour diffuser des messages aussi politiques et aussi ancrés dans l'actualité. Elle se limite en général à des messages accusant les médias de « mentir » sur la réalité du régime de Bachar Al-Assad, ou alors des canulars visant à provoquer la panique — le groupe avait notamment détourné le compte Twitter d'Associated Press pour y « annoncer » un attentat à la Maison Blanche.The Syrian Electronic Army condemns terrorism in France, but @LeMondefr and French government supported terrorism in #Syria. #SEA— SyrianElectronicArmy (@Official_SEA16)require(["twitter/widgets"]);Contrairement à d'autres groupes de pirates affirmant « défendre l'islam », l'Armée électronique syrienne ne s'était pas livrée à des attaques critiquant Charlie Hebdo ou visant spécifiquement la France. Dans un autre message, le groupe donne une revendication plus habituelle : « L'Armée électronique syrienne condamne le terrorisme en France, mais Le Monde et le gouvernement français ont soutenu le terrorisme en Syrie. » En 2013, Le Monde avait notamment révélé l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar Al-Assad.L'alerte a été donnée sur le téléphone d'un journaliste du Monde par un confrère bienveillant, aux environs d'1 heure du matin. Aussitôt, les équipes de Twitter, en France et à San Francisco, sont mises à contribution. Les pirates ont en effet récupéré le mot de passe et révoqué tous les accès : il est impossible de supprimer les messages ou de changer à nouveau le mot de passe. Rapidement, la décision est prise de suspendre temporairement le compte, seul moyen pour les équipes de Twitter et du Monde de recouvrer le contrôle du compte. Peu avant 4 heures, les équipes du Monde.fr sont de nouveaux aux manettes et publient un message d'excuses adressé aux internautes.Après le piratage de notre compte, nos équipes ont désormais repris la main. Nos excuses pour les messages frauduleux postés en notre nom.— Le Monde (@lemondefr)require(["twitter/widgets"]);Le Monde avait fait l'objet d'une tentative très élaborée d'attaque, dimanche et lundi, que nos équipes étaient parvenues à contrer et à circonscrire. Les pirates avaient accédé à notre outil de publication, sans parvenir à publier d'article. Ils ont également eu accès à certaines boîtes électroniques. Une plainte sera déposée dans les prochaines heures, notamment pour intrusion et maintien frauduleux dans un système informatique.Lire aussi le récit de ces derniers jours : Comment « Le Monde » a été piraté par l'Armée électronique syrienneMartin UntersingerJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La Ligue nationale de rugby (LNR) a annoncé sur Twitter, mardi 20 janvier, attribuer à Canal+ les droits de diffusion du championnat de France de rugby pour les quatre prochaines saisons (2015-2019).Canal+ conserve donc le Top 14, un des piliers de son offre sportive, malgré l'intervention de la justice, qui avait demandé à la LNR de revoir sa copie en lançant un nouvel appel d'offres, après avoir dénoncé l'accord de gré à gré conclu entre la LNR et la chaîne cryptée. C'est la chaîne beIN Sports qui avait porté plainte pour « entente anticoncurrentielle ». >> Lire aussi l'analyse : Les droits du Top 14 de rugby vont être remis sur le marchéA peine vingt-quatre heures se sont écoulées entre la réception des offres, lundi à 17 heures, et le choix de Canal+. Signe que les patrons du rugby français n'entendaient pas remettre en question leur choix initial. Mais aussi que Canal+, qui versera 74 millions d'euros par saison — un record —, n'entend pas renoncer à son positionnement sur le rugby.Seule ombre au tableau pour Canal+, le lot acquis ne comprend pas la finale du Top 14, pour laquelle la LNR a indiqué avoir reçu plusieurs offres pour une diffusion en clair ou sur une chaîne payante.« Ce nouveau partenariat, d'un montant jamais atteint dans le rugby professionnel au plan international, permet au Top 14 de continuer à renforcer son exposition (...) et de conforter son statut de championnat le plus attractif au monde », s'est félicité la Ligue dans un communiqué.« Le Top 14 vient enrichir l'offre rugby la plus large à la télévision » a indiqué Canal+, qui détient déjà les droits du Super-15, du Four Nations, des tournées du XV de France dans l'hémisphère Sud, et a racheté lundi à TF1 27 des 48 matches de la prochaine Coupe du monde.De son côté, beIN Sports a pris « acte » de la décision de la LNR. Celle-ci a aussi reçu cinq offres pour la diffusion de la ProD2 pour les cinq prochaines saisons et annoncera le lauréat ultérieurement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Les acteurs du monde de la publicité s’opposent depuis de longs mois sur les règles du jeu à suivre sur Internet. Et ils ont eu la surprise de découvrir qu’un amendement à la « loi Macron », voté par les députés en commission le 16 janvier, apporte un début de réponse au débat : il soumet le numérique aux principes de la « loi Sapin », rédigée en 1993 pour imposer au secteur publicitaire une obligation de transparence.Lire : Dans la publicité, Internet bouscule frontière entre agences médias et régies« Ce secteur était avant 1993 caractérisé par une grande opacité, peu favorable à une bonne allocation des ressources », a expliqué François Brottes, auteur de l’amendement (relevé par la Correspondance de la presse) et président de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de la loi pour la croissance et l’activité du ministre de l’économie, Emmanuel Macron.Avec l’essor du numérique, cette opacité s’est redéveloppée et il y a dans le secteur un problème d’éthique, selon les annonceurs : « Le grand principe de la loi Sapin, c’est qu’on ne doit pas confondre l’achat et la revente. On ne peut donc pas faire les deux à la fois et être un grossiste, comme l’étaient les grandes centrales d’achat avant 1993 », explique Pierre-Jean Bozo, directeur général de l’Union des annonceurs (UDA).Les acteurs doivent donc choisir : les agences médias achètent des espaces pour le compte des annonceurs et les régies en vendent pour le compte des médias.Sur 100 euros, 40 vont aux médias, 60 aux intermédiairesSelon l’UDA, une part du conseil média sur Internet n’est pas neutre et certains acteurs achètent des espaces aux régies pour ensuite les revendre aux annonceurs... sans transparence sur les prix, ce qui ne permet pas à l’annonceur de vérifier que son argent a été dépensé au mieux.L’UDA estime que 10 % à 15 % du marché de la publicité en ligne est concerné. Au niveau européen, elle cite une étude selon laquelle sur 100 euros dépensés par un annonceur, seuls 40 vont aux médias, 60 revenant aux divers intermédiaires.Avec l’amendement inséré dans la loi Macron, les annonceurs ont-ils donc gagné sur toute la ligne ? Ce n’est pas si simple, tant le sujet est complexe et la querelle profonde.D’abord, Emmanuel Macron, en séance, a demandé que soit prise en compte la concertation en cours auprès de tous les acteurs du secteur, dans le cadre du projet de loi numérique de la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire, qui devait en principe couvrir ce sujet.Le ministre a fait préciser dans l’amendement que les modalités de « reporting » aux annonceurs seraient précisés plus tard, par décret en conseil d’Etat : il s’agit de la transmission d’informations que l’agence média est tenue de faire à l’annonceur : par exemple sur le prix d’achat des espaces à la régie.Cette subtilité fait dire aux agences médias, que si on en reste là, l’amendement adopté « enfonce une porte ouverte » : la vraie question est, selon elles, de reconnaître un nouveau « statut d’acheteur-revendeur qui existe dans la vraie vie mais n’est pas défini pour la publicité numérique », explique Bertrand Beaudichon, vice-président délégué de l’Udecam. Ce type d’acteurs n’est pas reconnu par la loi Sapin.L’émergence de « transformateurs d’espace »Deux innovations ont bousculé le marché : la collecte de données sur le profil sociologique et l’historique de navigation des internautes, mais aussi l’automatisation de la vente d’espaces publicitaires sur de grandes plateformes « programmatiques », également appelées « trading desks ».Certains acteurs sont donc devenus des « transformateurs d’espace », argumente M. Beaudichon : ils achètent des espaces, y ajoutent des données puis les revendent dans une prestation globale.C’est le cas des « retargeteurs », spécialistes du ciblage des internautes en fonction de leur comportement, selon le vice-président délégué de l’Udecam, mais aussi des filiales de trading-desks créés par des agences médias.Ces dernières peuvent ainsi communiquer à un annonceur le prix d’espaces qu’elles ont achetés à une régie qui appartient à leur propre groupe.« La loi Sapin est trop blanche ou noire », estime-t-on à l’Udecam. Du côté des annonceurs, on estime que l’amendement qui vient d’être adopté « va dans le bon sens ». Au gouvernement la tâche délicate d’achever de clarifier les choses.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.01.2015 à 19h36 • Mis à jour le26.01.2015 à 10h26 Vous avez décroché de l'actu pendant le week-end ? Petite séance de rattrapage avec les informations à retenir des deux derniers jours.Victoire historique de Syriza aux législatives en Grèce Le parti anti-austérité grec Syriza a remporté une très claire victoire sur le parti conservateur au pouvoir dimanche, tout en restant à la limite de la majorité absolue, une situation qui devrait l'obliger à trouver des soutiens à l'avenir.Après dépouillement de 70,72 % des bulletins, Syriza comptait 36,03 % des voix et Nouvelle Démocratie de M. Samaras 28,15 %. La gauche radicale totalisait alors 149 sièges sur 300 au Parlement. Sa victoire aux élections législatives est assurée, mais pas sa majorité absolue, qui est de 151 sièges. Au total, 9,8 millions d'électeurs étaient appelés à élire 300 députés.Alexis Tsipras est le premier dirigeant européen élu sur le rejet explicite des politiques difficiles imposées par l'Union européenne à ses membres après la crise.Lire : Victoire historique de la gauche radicale en GrèceOffensive des séparatistes prorusses dans le port ukrainien de Marioupol Au moins 30 civils ont été tués et plus de 80 autres blessés, samedi 24 janvier, lors de bombardements d'un quartier de Marioupol, port stratégique dans le sud-est de l'Ukraine et dernière grande ville contrôlée par Kiev dans la région. Les experts de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui se sont rendus sur le site ont conclu que les bombardements provenaient de deux positions contrôlées par les séparatistes prorusses. Le ministre des affaires étrangères russe a, de son côté, accusé l'armée ukrainienne d'avoir provoqué ces violences par des attaques « permanentes » contre des « localités peuplées ».Lire : En Ukraine, le port stratégique de Marioupol bombardé par les séparatistesUn otage japonais aux mains de l'EI exécuté par l'Etat islamique L'un des deux otages japonais détenus par l'Etat islamique aurait été assassiné. Il s'agit de Haruna Yukawa, consultant en question de sécurité. Il était aux mains de l'organisation depuis le mois d'août dernier. L'information a été diffusée sur Internet, samedi 24 janvier, par l'intermédiaire d'une photo accompagnée d'un message sonore, qui étaient en cours d'authentification. L'EI a revendiqué cet assassinat dans la soirée de dimanche.Lire l'article de notre correspondant à Tokyo : Le Japon « sans voix » après la possible exécution d'un de ses otages aux mains de l'EIMort de José Artur, animateur de l'émission culte « Pop Club » L'homme de radio José Artur, animateur et producteur de l'émission culte « Pop Club » diffusée sur France Inter de 1965 à 2005, est mort samedi à l'âge de 87 ans.>> Lire : Mort de José Artur, animateur du « Pop Club »Sport : les Français éliminés à Melbourne, les Bleus qualifiés en handball Handball. La France a su compenser en défense ses lacunes offensives et a vaincu la Suède (27-25) lors de la cinquième et dernière journée du Mondial 2015 messieurs de handball, samedi à Doha. Certainement confortés par cette très difficile victoire, les champions d'Europe affronteront en confiance lundi en huitièmes l'Argentine, qui a créé une grosse surprise en sortant la Russie (30-27).Tennis. Dernier Français en lice à l'Open d'Australie, Gilles Simon a été éliminé au troisième tour samedi après sa défaite contre David Ferrer, 9e mondial. C'est la première fois depuis quatre ans qu'il n'y aura pas de Français en seconde semaine du tournoi australien. Ligue 1. Lyon a poursuivi sa superbe série samedi avec une septième victoire d'affilée en Ligue 1 en battant Metz 2-0, un succès terni par la blessure de Lacazette mais qui met la pression sur le Paris-SG. De son côté, Marseille avait confirmé vendredi ses difficultés actuelles, notamment à l'extérieur, avec une défaite 2-1 à Nice.Rugby. Toulouse, battu à Montpellier, n'est pas parvenu à se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe d'Europe, à l'occasion de la sixième et dernière journée de la phase de poules. De leur côté, Clermont,  Toulon et le Racing se sont imposés.Football. Un penalty de Zlatan Ibrahimovic a donné dimanche un court succès au Paris-Saint-Germain à Saint-Etienne, qui permet au club de la capitale de rester au contact du leader, Lyon, à l'issue de la 22e journée de Ligue 1. Luc Cédelle Une voix reconnaissable entre toutes, au timbre ironique et doux, vient de s’éteindre. Compagnon de générations d’auditeurs, homme de radio après avoir été comédien, José Artur, mort samedi 24 janvier, à l’âge de 87 ans, fut avant tout l’homme du « Pop Club », qu’il produisit et anima sur France Inter de 1965 à 2005. Une émission culte, diffusée en direct et en soirée tardive, cocktail de musiques et de dialogues dont il fut, écharpe blanche autour du cou, l’inlassable ordonnateur.Quarante ans durant, il reçut à son Micro de nuit (Stock, 1974) des milliers d’invités, souvent déjà célèbres, ou en passe de l’être, tant sa capacité de détection – des talents, des tendances, de l’air du temps… – était affûtée. La longévité du « Pop Club » n’est pas le fait d’un manque d’idées de son créateur, au contraire. Professionnel au large spectre, José Artur créa et anima parallèlement d’autres émissions de radio et collabora à différents programmes de télévision. Il était le père de la comédienne Sophie Artur et de l’animateur de radio et de télévision David Artur.Né le 20 mai 1927 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), José Artur est issu d’une famille d’origine bretonne et de tradition catholique, mère au foyer, père officier de marine puis sous-préfet. Dès l’âge de 12 ans il est en pension chez les frères maristes. Il poursuit ses études secondaires durant l’Occupation dans différents établissements catholiques, où il endosse le personnage de l’élève capable mais rétif à toute discipline.Auteur de plusieurs livres de souvenirs (notamment Parlo... 23.01.2015 à 15h55 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h37 L'essentielLa « une » de Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » a provoqué de nombreuses manifestations dans des pays musulmans depuis sa publication le 14 janvier.Une semaine après les violentes manifestations de Niamey ou de Karachi, des rassemblements ont eu lieu au Pakistan, en Afghanistan et en Iran, vendredi, jour de la grande prière. « A bas Charlie Hebdo ! », « Mort à la France ! », ont scandé, vendredi 23 janvier, des milliers de manifestants réunis, une nouvelle fois, dans les grandes villes du Pakistan, d'Afghanistan et d'Iran, pour protester contre la dernière « une » de l'hebdomadaire, publiée après l'assassinat de neuf membres de la rédaction du journal à Paris, par deux terroristes se revendiquant d'Al-Qaida au Yemen.Lire : En Egypte, au Sénégal ou à Jérusalem... la « une » de « Charlie Hebdo » ne passe pasAu Pakistan, appel au boycottA Islamabad, la capitale pakistanaise, 15 000 personnes ont ainsi défilé  à l'appel de la Jamaat-e-Islami (JI), l'un des principaux partis islamistes du pays. « O peuple de France, ô peuple du Danemark, écoutez bien, nous serons aux trousses de quiconque blasphème », a déclaré le chef de la JI, Siraj ul-Haq, appelant à boycotter les produits de ces pays dont des médias ont publié des caricatures de Mahomet.« Les musulmans doivent s'unir et défendre l'honneur du prophète de l'islam », a déclaré à Lahore, autre ville où s'est déroulée une manifestation, Hafeez Saeed, chef de la Jamaat ud-Dawa. Cette organisation est considérée comme le paravent du Laskhkar-e-Taïba (LeT), accusé d'être impliqué dans des attentats en Inde.Lire : Hollande répond aux manifestants anti « Charlie Hebdo »En Afghanistan, des manifestants réclament des excuses officiellesEnviron 20 000 personnes ont également manifesté à Herat, troisième ville d'Afghanistan. Des drapeaux français y a été brûlés et les manifestants ont demandé des excuses officielles de la France pour la publication de caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.L'Afghanistan, comme le Pakistan, avait condamné dans un premier temps l'attaque du 7 janvier contre le journal parisien, mais le ton s'était progressivement durci, des islamistes radicaux rendant même hommage aux frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attaque. Puis, la classe politique des deux pays, incluant le président afghan, Ashraf Ghani, et le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, avait condamné la dernière « une » de Charlie Hebdo.En Iran, « mort à la France »Des dizaines de milliers de personnes sont aussi descendues dans la rue en Iran, principalement hors de Téhéran. « Mort à la France, mort à Israël, mort à la Grande-Bretagne, mort à Charlie Hebdo ! », ont scandé des foules à Qom ou à Ispahan, au sud de Téhéran, agitant drapeaux et pancartes proclamant leur respect de Mahomet.Téhéran a dénoncé le massacre perpétré le 7 janvier à Paris, mais a critiqué la nouvelle caricature de Charlie Hebdo. Le 17 janvier, un journal iranien a même été interdit pour avoir tenté de publier « Je suis Charlie » en « une ». Lire : Le rédacteur en chef de « Charlie Hebdo » défend la « une » controversée Magali Cartigny Un dessin de Louison, en hommage à « Charlie Hebdo », peut donner lieu à de troublants – et cocasses – échanges avec son enfant. Démonstration. Il a débarqué, samedi, moulé dans son pyjama dinosaures. - « Ça veut dire quoi "bite", maman ?- Pardon ?- J'ai lu sur un dessin sur ton ordinateur : "Ils ont déjà dessiné des bites partout" » (Fermer Facebook, toujours fermer Facebook).- « Eh bien, ça veut dire zizi.- Et pourquoi y a plein de zizis sur les nuages. C'est qui qui les a dessinés ?- C'est les gens qui ont été tués par les méchants, comme Nora t'a expliqué. » (#mercilamaîtresseduCP.)- « Mais pourquoi des zizis ?- Parce qu'ils trouvent ça rigolo.- Pourquoi ?- Parce que, au paradis, ils ont pas l'habitude d'en voir, des zizis. » (Mais qu'est-ce que je raconte !) « C'est comme toi : t'aimes bien dessiner des cœurs pour faire plaisir aux gens, eh bien, eux, c'était des zizis.- Mais c'est quoi le paradis ?- Tu veux pas qu'on regarde Spiderman ?- Non. C'est quoi le paradis ?- L'endroit où les gens qui croient en Dieu pensent qu'ils iront après la mort.- Mais les dessinateurs, ils croyaient en Dieu ?- Je ne sais pas.- Et toi, t'y crois ?- Non, mon chéri.- Mais pourquoi ?- Parce que je ne pense pas qu'il existe.- Comme le Père Noël ?- Non, le Père Noël, il existe pas. La preuve, ce sont les parents qui font les cadeaux.- Et c'est quoi la preuve que Dieu existe pas ?- Il n'y en a pas, mais rien ne prouve le contraire non plus.- Mais tu crois en quoi, alors ?- En l'homme.- C'est un peu débile. Et les méchants, pourquoi ils les ont tués, les rigolos dans les nuages ?- Parce qu'ils aimaient pas qu'on se moque de Dieu.- Mais t'as dit qu'il existe pas !- Et si on allait à Disneyland ?- Non. Moi, si je dessine des zizis, on va me tuer ?- Mais non, pas du tout, enfin, jamais de la vie ! Tu peux faire tous les zizis que tu veux.- Bah oui. Parce que c'est comme des cœurs.- Voilà.- Bon alors je vais dessiner plein de bites, je les découperai, et je les offrirai à ma maîtresse. »Magali CartignyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Vanessa Schneider L'homme d'affaires de 49 ans, ami de Patrick Drahi, pourrait diriger le futur groupe de médias qui comprendra notamment "Libération", "L'Express" ou la chaîne d'information israélienne I24news. Protégé d'Alain WeillMarc Laufer a travaillé au côté de celui qui est aujourd'hui président de NextRadioTV. D'abord à NRJ, de 1990 à 2000, notamment comme directeur du réseau et secrétaire général. Puis chez NextRadioTV (RMC, BFM) où il a officié pendant dix ans. En dépit d'un court passage à La Tribune, il n'a pas vraiment le profil d'un homme de presse écrite, ce qui inquiète certains à Libération et à L'Express.Proche de Patrick Drahi C'est le patron de Numéricable et SFR, quatrième fortune de France selon le magazine Forbes, qui l'a fait venir en juin dernier à Libération pour le représenter. Les deux hommes se connaissent depuis une vingtaine d'années : Marc Laufer fut le directeur général de la filiale française du câblo-opérateur UPC/Fortel que Drahi présidait alors.Homme de médias Il est à la tête d'un groupe d'information professionnelle, NewsCo, qui emploie 70 salariés, dont la moitié de journalistes, et affiche un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros.Gestionnaire Si Drahi pense à lui, c'est bien sûr pour veiller au mieux à ses intérêts, notamment aux 14 millions d'euros qu'il a injectés dans Libération. C'est un habitué des fusions acquisitions, qui a créé NewsCo en rachetant des newsletters spécialisées. La gestion du nouveau groupe créé par Drahi représenterait néanmoins un sacré changement d'échelle pour lui.Vanessa SchneiderJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Le télécrochet promet d’être à la hauteur avec des candidats dont le niveau ne cesse de progresser (jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8)C’est le grand soir pour les onze finalistes de « Nouvelle star ». Après les épreuves du casting et du théâtre, les candidats du télécrochet de D8 vont affronter le stress du direct, du vote du jury et du public et l’élimination, à chaque fin d’émission, de l’un d’entre eux. Pour prévenir toute mauvaise surprise – comme souvent au cours du premier « prime » –, la production a imaginé cette année « l’épreuve du feu ». Cette émission diffusée il y a une semaine et tournée dans les conditions du direct a permis de ne garder que les chanteurs les mieux armés pour arpenter la scène de l’arche Saint-Germain et « éviter l’effet lapin ébloui dans les phares d’une voiture », raconte Benjamin Castaldi.Ce dernier retrouve la présentation de ce concours, qu’il a incarné pendant les trois premières saisons et une partie de la quatrième. « C’est une émission que j’ai beaucoup portée au début et avec laquelle je n’ai que des bons souvenirs. Je serai de nouveau le lien entre le jury, ce que les gens ont ressenti et les candidats », promet l’animateur venu de TF1.« Fondamentaux musicaux »Pour supporter la comparaison avec « The Voice », devenue la référence en matière de télécrochet, la production ne veut plus de fausses notes. « Les gens ont envie que l’on revienne aux fondamentaux musicaux », observe André Manoukian, le juré vétéran de l’émission, qui sera accompagné, pour cette onzième saison, des chanteurs Sinclair et Elodie Frégé ainsi que du musicien et producteur Yarol Poupaud. « Le niveau musical des candidats monte année après année, se félicite André Manoukian. On demande aux participants un vrai style et d’être capable de chanter quelque chose qui n’est pas de leur univers. » De quoi assurer le spectacle, et les audiences.Après un démarrage en demi-teinte, le public a trouvé le chemin de la 8. « Toutes les grosses émissions enregistrent des baisses qui sont plus mécaniques qu’autre chose. La rediffusion le dimanche sur D17 marche bien, le replay n’a jamais aussi bien fonctionné », se rassure Benjamin Castaldi. A la suite de l’échec de « Rising Star », le télécrochet de M6 pour lequel les votes s’effectuaient uniquement électroniquement, la production a décidé de maintenir le choix des candidats via des SMS surtaxés. « Tout le monde n’est pas sur les réseaux sociaux », justifie l’animateur. La sélection pourra néanmoins se faire gratuitement sur Twitter.« Nouvelle Star », jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.01.2015 à 11h17 • Mis à jour le26.01.2015 à 11h11 | Adrien de Tricornot L’accusation de plagiat lui aura été fatale. La directrice exécutive de l’école de journalisme de Sciences Po, Agnès Chauveau, a été remerciée. Le directeur de l’école Bruno Patino l’a annoncé aux étudiants lors de la réunion de rentrée, mercredi 21 janvier. Mme Chauveau ne figure plus sur la page Web de l’équipe pédagogique. M. Patino avait déjà mis Mme Chauveau en congé lundi 17 novembre, au lendemain de la publication sur le site Internet d’« Arrêt sur images » (ASI) d’un article qui reprochait à cette dernière de copier-coller des articles sans citer ses sources. « Je dénie les accusations et je suis choquée par la méthode. L’affaire est entre les mains de mes avocats », a répondu Mme Chauveau au Monde. Sciences Po n’a pas souhaité commenter. Contacté à plusieurs reprises, M. Patino, par ailleurs directeur des programmes et du numérique à France Télévisions, n’a pas donné suite. « On ne peut pas encore parler de licenciement, les modalités doivent être précisées ultérieurement », a dit à l’AFP une « source proche du dossier ».En novembre, « ASI » avait mis en cause des chroniques d’Agnès Chauveau diffusées sur France Culture dans l’émission « Soft Power », dont elle est aussi productrice. Ces chroniques étaient également retranscrites par le Huffington Post (groupe Le Monde). Sur vingt chroniques testées par « ASI » avec le logiciel de vérification Plagiarism Checker, la moitié contenait au moins une phrase copiée et collée sans renvoi aux articles dont elle était issue, produits par Mediapart, RFI, Lemonde.fr, Le Monde ou « ASI ». La direction de France Culture avait alors décidé d’arrêter cette chronique.Une affaire de plagiat agite la direction de l’école de journalisme de Sciences PoSpécialiste de l’histoire des médias, Agnès Chauveau se défendait pourtant de toute malhonnêteté, plaidant des oublis involontaires corrigés dès qu’ils étaient signalés. Mais M. Patino avait expliqué, dans un mail envoyé aux étudiants, la mettre « en congé de ses fonctions » avant, espérait-il, « que les choses puissent reprendre un cours apaisé ». Il annonçait avoir demandé une « évaluation indépendante des faits reprochés », sur laquelle rien n’a filtré depuis. Enseignante à Sciences Po, la journaliste Michèle Cotta précise n’avoir pas eu connaissance de son contenu et regrette que Mme Chauveau n’ait pas pu s’expliquer auprès de la direction : « Sur tous les points, la procédure n’a jamais été contradictoire. C’est elle qui a fait l’école depuis dix ans. Même s’il y avait quelque chose à lui reprocher, elle aurait pu être entendue. »« L’éthique du journalisme rejette l’idée de plagiat », souligne Jacques Esnous, directeur de l’information de RTL, qui côtoyait Mme Chauveau dans des oraux d’admission. « Le seul souci, c’est que le terme de plagiat prête à débat en ce qui concerne les faits qui sont reprochés à Agnès Chauveau », poursuit-il. Ce que le chroniqueur de Libération Vincent Glad avait écrit dès novembre sur son blog, évoquant la reprise de « passages plutôt descriptifs, pour la plupart insignifiants ». « Elle prend pour tous les autres », soulignait-il, en montrant qu’Internet a modifié les usages… et qu’« ASI » n’échappait pas aux copier-coller.Adrien de TricornotJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.01.2015 à 11h00 • Mis à jour le22.01.2015 à 11h29 Le journaliste et chroniqueur Philippe Tesson, 86 ans, a reconnu, jeudi 22 janvier, avoir commis un « dérapage » avec ses déclarations sur les musulmans « qui amènent la merde », mais estimé que « sur le fond », il n'avait « pas complètement tort ».Lire : Polémique après les dérapages du journaliste Philippe Tesson sur les musulmans« Je conviens que c'est un dérapage, les dérapages sont par définition des choses qui vous échappent », a-t-il dit sur France Inter. « Si j'ai blessé quiconque, je le regrette infiniment. » Mais « sur le fond », a-t-il ajouté, « je crois que je n'ai pas complètement tort, tout le monde en convient, s'il y a un problème avec la laïcité, ce ne sont pas les chrétiens qui le posent pour l'instant (…), ce sont les musulmans ».Philippe Tesson : « J'ai peut-être été trop moi… par France InterLundi, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « provocation à la haine » visant Philippe Tesson, après ses propos la semaine passée au micro d'Europe 1. Il avait d'abord affirmé dans la même émission : « D'où vient le problème ? D'où vient le problème de l'atteinte à la laïcité, sinon des musulmans ? On le dit, ça ?! Moi je le dis ! »Interrogé sur ces propos, Philippe Tesson a mis en avant sa « pratique du langage », qui n'est « pas exactement celle d'aujourd'hui ». « Je n'hésite pas à utiliser un langage un peu violent, un peu cru, un peu excessif, et là, en l'occurrence, c'était un peu justifié par la colère, l'émotion [provoquée par les attentats] », a-t-il déclaré.« J'ai été élevé dans une autre culture journalistique. A l'époque, cette façon qu'on avait de parler, ce rapport avec le langage, c'était extraordinaire, ce n'est plus supportable aujourd'hui », a-t-il souligné, en référence à Mai 68. Il a par ailleurs rejeté toute accusation d'islamophobie. « Pas un instant de ma vie, mon passé en témoigne (…) je n'ai parlé ou pensé en islamophobe, il n'y a pas la moindre haine dans mon esprit, et s'il y a un procès, les gens témoigneront. » 27.12.2014 à 08h27 • Mis à jour le27.12.2014 à 13h26 Le bureau de Radio Free Europe en Azerbaïdjan a été perquisitionné, vendredi 26 décembre, par les forces de l'ordre de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud. Le parquet général d'Azerbaïdjan, accompagné de « policiers armés », a perquisitionné les locaux de cette radio financée par les Etats-Unis, « faisant valoir qu'il y avait une décision du tribunal de fermer le bureau », a déclaré M. Aliev. Le parquet n'a toutefois pas précisé s'il s'agissait d'une fermeture temporaire ou définitive, selon la même source.Un haut responsable du département d'Etat américain a déploré cette perquisition et la séquestration d'employés de cette radio créée sous la guerre froide et toujours financée par les Etats-Unis. Dans un communiqué, RFE/RL explique que la police agissait en vertu d'un mandat de la justice qui enquête sur le financement d'organisations non gouvernementales par l'étranger. Nenad Pejic, un des deux dirigeants de RFE/RL a fustigé une violation flagrante de tous les engagements internationaux que l'Azerbaïdjan a pris devant la communauté internationale.L'organisation Reporters sans frontières a dénoncé « un nouveau coup porté à ce qui reste d'information indépendante dans le pays », dans un communiqué. Radio Azadliq, le service azerbaïdjanais de Radio Free Europe/Radio Liberty, « est la dernière victime en date de la campagne d'éradication du pluralisme menée par les autorités azerbaïdjanaises », ajoute RSF.La perquisition intervient après l'arrestation en Azerbaïdjan début décembre d'une célèbre journaliste d'investigation de Radio Free Europe, Khadija Ismayilova, qui a été placée en détention provisoire pour deux mois. L'ONG Amnesty International avait condamné son arrestation comme « une nouvelle initiative visant à museler les médias indépendants dans le pays ».LES ONG VISÉES PAR LE RÉGIMEPour sa part, Ramiz Mehdiev, le chef de l'administration du président Ilham Aliev, avait accusé de « trahison » les journalistes de la radio, en les qualifiant de « cinquième colonne » travaillant pour les services spéciaux étrangers, dans un communiqué publié en décembre.Ces derniers mois, plusieurs organisations financées de l'étranger ont fait l'objet de perquisitions similaires et ont été fermées.Les organisations de défense des droits de l'homme accusent régulièrement le régime du président Aliev d'atteintes à la liberté d'expression et de faire emprisonner des opposants dans ce pays riche en hydrocarbures situé sur les bords de la mer Caspienne.L'Azerbaïdjan se classe 160e sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi cette année par RSF. 24.12.2014 à 16h41 • Mis à jour le24.12.2014 à 17h10 Davantage qu'une publication de photographies volées, le magazine Closer avait révélé au grand jour l'homosexualité de Florian Philippot. Poursuivi pour un article montrant des clichés du vice-président du Front national avec un homme présenté comme son compagnon, Closer a été condamné, mercredi 24 décembre, à 20 000 euros de dommages et intérêts pour « atteinte à la vie privée ».Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a également condamné l'hebdomadaire à publier la décision en couverture du journal et à verser 3 500 euros à l'élu frontiste au titre des frais de justice.Dans son ordonnance, le magistrat souligne que :« Même si le magazine indique que M. Philippot est l'homme le plus invité des matinales radio et télé après la patronne du FN, il est constant que sa vie privée n'était nullement notoire et que le demandeur n'a jamais entendu la révéler publiquement. »Le juge constate également que « l'étendue de la divulgation et l'importance du lectorat » de ce magazine sont de nature à accroître le préjudice compte tenu également « de la place très importante accordée au sujet » dans le journal avec « un haut de couverture et quatre pages intérieures ».« PHÉNOMÈNE DE HARCÈLEMENT »Il note enfin que M. Philippot et son ami « ont été photographiés avec un téléobjectif ». Cela, explique le juge, « démontre une surveillance préjudiciable de leurs activités de loisirs, alors qu'ils pouvaient se croire à l'abri des regards indiscrets étant partis à l'étranger », ce qui, dit-il « participe à un phénomène de harcèlement ». « En conséquence, l'obligation de la société Mondadori Magazine France de verser la somme provisionnelle de 20 000 euros n'est pas sérieusement contestable en raison du préjudice moral subi par M. Philippot. »Lire aussi : L'ami de Philippot répond à « Closer » 23.12.2014 à 17h48 • Mis à jour le23.12.2014 à 17h51 |Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant) La polémique autour d’Eric Zemmour et de ses idées a gagné la Belgique après une demande formulée auprès du bourgmestre (maire) de Bruxelles par une élue municipale du parti Ecolo-Groen. Zoubida Jellab réclame une mesure d’interdiction à l’encontre du journaliste et auteur, qui doit venir y dédicacer, le 6 janvier, son livre Le Suicide français. Il devrait également participer à deux débats-conférences, l’un dans un cercle privé d’Uccle, dans la banlieue de la ville, l’autre devant un parterre de patrons, à Liège.« C’est un non-événement pour ma librairie, qui reçoit jusqu’à trois auteurs par jour », commente pour Le Monde Marc Filipson, le patron de la librairie Filigranes, où doit être reçu M. Zemmour. Celui-ci est déjà venu y rencontrer des lecteurs de ses précédents ouvrages. « C’est un provocateur, il fait bouger les foules et il n’est pas négationniste, ce qui serait, pour moi, l’une des raisons de ne pas le recevoir », poursuit le libraire.Affirmant « se tenir à l’écart de la religion et de la politique », M. Filipson souligne que, dans ses rayons, il a placé à côté de l’ouvrage du journaliste d’autres livres, dont ceux de l’historien Robert Paxton, sur la politique antisémite du régime de Vichy.« Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant »Yvan Mayeur, le maire PS de Bruxelles, manifeste son désaccord avec les thèses du livre de M. Zemmour, souligne que c’est à la librairie de décider « s’il est bien » de l’inviter, mais affirme que la visite de ce dernier ne le concernerait que si elle devait entraîner des incidents. Une décision ne serait dès lors prise qu’en dernière minute, mais, en tout état de cause, un tel événement ne pourrait être interdit qu’en cas de menace pour l’ordre public.A Liège, André Van Hecke, l’administrateur-délégué du Cercle de Wallonie, un club de patrons qui reçoit une ou deux fois par mois des auteurs et des personnalités, évoque « la véritable erreur » que constituerait, selon lui, une interdiction visant l’ex-chroniqueur d’I-Télé. « Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant. Nos membres sont heureusement curieux et s’ils ne sont pas d’accord, qu’ils viennent le dire », ajoute le patron du Cercle, qui conclut : « Zemmour a au moins raison de dire que notre société est crispée, car cette polémique le confirme. »Mme Jellab défend fermement, quant à elle, sa demande d’interdiction. Le discours du journaliste français est, dit-elle, « dangereux, toxique et peut, en temps de crise, engendrer de la souffrance et de la violence ». L’élue écologiste affirme au Monde avoir voulu placer les autorités municipales devant leurs responsabilités, elles qui ont déjà interdit un spectacle de Dieudonné et, récemment, la visite d’un prêcheur radical koweïtien lors d’une « foire musulmane ». « J’ai approuvé ces décisions et je demande à M. Mayeur de faire preuve de cohérence. Je réclame aussi que l’on n’établisse pas de hiérarchie dans les discours haineux et que l’on condamne de la même manière ceux qui visent les juifs et les musulmans », poursuit l’élue.« La parole que l’on veut libérer »Professeur de philosophie à l’université de Liège, Edouard Delruelle rejette également l’idée que le débat porterait sur le respect de la liberté d’expression. « La parole que l’on veut libérer, c’est toujours la parole d’extrême droite, la parole raciste, explique-t-il au journal Le Soir. Le verrou que l’on veut faire sauter c’est celui du politiquement correct, pour brouiller la différence entre droite et ultradroite. »Les débats sur les thèses du Suicide français paraissent, en tout cas, beaucoup intéresser les Belges — à moins que ce ne soient les nombreux Français installés dans la commune d’Uccle — puisqu’une autre salle, celle du B19 Country Club, un lieu où se rencontrent patrons et membres de la jet-set bruxelloise, devrait être comble le 6 janvier. Le maire libéral de la municipalité, Armand De Decker, s’étonne qu’on puisse envisager d’interdire la venue d’une personnalité comme M. Zemmour alors que Daniel Cohn-Bendit ou Jean-François Kahn déplorent qu’il soit frappé d’anathème.En Belgique, le journaliste écrivain dispose de quelques soutiens très marqués à droite, dont celui d’une formation populiste et anti-islam, le Parti populaire, qui a lancé une pétition en faveur de la venue de M. Zemmour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.12.2014 à 20h51 • Mis à jour le21.12.2014 à 11h57 |Alexandre Piquard L’émission « Ça se dispute » n’a pas été diffusée vendredi 19 décembre, et elle ne reprendra pas. La décision a été prise par la direction d’i-Télé, au terme d’une semaine de polémique à propos de l’interview donnée au journal italien Corriere della Sera dans laquelle Eric Zemmour critique les musulmans. Le chroniqueur intervenait dans cette émission hebdomadaire de débat depuis une dizaine d’années, et donnait la réplique au journaliste Nicolas Domenach.« Nous avons perçu du trouble et de la colère autour des propos d’Eric Zemmour, mais nous n’avons pas voulu agir dans la précipitation, pour qu’on ne puisse pas dire que nous avons été manipulés ou instrumentalisés », a expliqué au Monde la directrice de la rédaction, Céline Pigalle. Ces derniers jours, la société des journalistes d’i-Télé a relayé en interne l’indignation de membres de la rédaction, demandant à la direction de s’exprimer. L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, l’eut épinglé sur son blog dans une note du 15 décembre intitulée « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! » Mais le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Sur RTL, jeudi, Eric Zemmour a donc dénoncé une « manipulation fantastique ». « Nous avons vu le journaliste du Corriere della Sera, puis nous avons sollicité et filmé un entretien avec Eric Zemmour, pour qu’il puisse exposer ses arguments. Mais les réponses qu’il a apportées n’ont pas dissipé le trouble », raconte Mme Pigalle. L’entretien, un temps prévu pour être diffusé vendredi soir à la place de « Ça se dispute », ne le sera pas, par souci de « cohérence ».« Nous sommes très soucieux de respecter la liberté d’expression. Et nous avons défendu celle d’Eric [Zemmour] pendant plus de dix ans, pour que ses idées soient prises en compte, contredites et débattues. Mais aujourd’hui, on a l’impression que c’est lui qui fixe les règles et de quoi on parle. On a de moins en moins le sentiment qu’on peut débattre. Le dialogue est devenu de plus en plus difficile, voire impossible. On a l’impression qu’il se parle à lui-même et à son public », explique Céline Pigalle, rappelant que « Ça se dispute » était une émission de débat. Le FN dénonce une « censure »La chaîne est consciente du risque de donner à M. Zemmour l’occasion de se poser en victime ou comme frappé par la censure. « On a tout fait pour aller jusqu’au bout, en écoutant Eric, mais là, on était au bout », explique Mme Pigalle, selon qui i-Télé doit être la « chaîne du monde ouvert ». « On prend nos responsabilités. »Eric Zemmour peut compter sur le soutien des élus du Front national. Sitôt l’annonce de l’annulation de l’émission du polémiste par i-Télé, la présidente du parti, Marine Le Pen, a dénoncé sur Twitter une « censure » tandis que Louis Aliot « ray[ait] i-Télé de [s]es sources d’information » en raison de cette « atteinte au pluralisme des idées ».La censure de #Zemmour par @itele est détestable ! #CanalMoins MLP— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 19 Décembre 2014Après l'éviction de Zemmour, je raye ITÉLÉ dés a présent de mes sources d'information. J'invite les démocrates à en faire de même !— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014Je viens d'annuler ma participation à la matinale de iTELE le 7 janvier 2015. La censure de Zemmour est une atteinte au pluralisme des idées— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014L'ancien député européen Daniel Cohn-Bendit, également chroniqueur sur Europe 1, a de son côté défendu samedi la présence d'Eric Zemmour « dans l'espace public » : « Comme je défends la proportionnelle et le droit du FN à être représenté à l'Assemblée nationale, je me dois de défendre la présence de Zemmour dans l'espace public, que cela me fasse mal ou pas », a-t-il déclaré à l'AFP, « au nom de la liberté et de la diversité dans les médias ».Après avoir été écarté d’i-Télé, l’avenir du polémiste semble aussi très incertain sur RTL, où il est à l’antenne deux fois par semaine. Mercredi 17 décembre, la Société des journalistes (SDJ) de la station s’est « désolidarisée » d’Eric Zemmour. La SDJ signale que « ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».Le polémiste entretient des rapports compliqués avec RTL. Déjà, à la rentrée 2012, la station avait choisi de raréfier sa présence à l’antenne. La chronique quotidienne « Z comme Zemmour » avait été supprimée au profit d’interventions hebdomadaires. Interrogé par le magazine Le Point en juin 2012, Christopher Baldelli, PDG de la station de la rue Bayard, avait tenu à préciser, prudent : « Eric Zemmour exprime son point de vue et non la ligne éditoriale de la station. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard M6 fait le ménage. A partir du 1er janvier, l’« ex-petite chaîne qui monte » va confier la direction générale de ses programmes à Frédéric de Vincelles, 45 ans, en remplacement de Bibiane Godefroid.Arrivée sur M6 en 2007, après avoir occupé différents postes sur France 2, Canal+ et au sein des sociétés de productions Freemantle et Air productions, Mme Godefroid prendra la direction générale des productions du groupe (C-productions et Studio 89).Bonne connaisseuse des formats étrangers et de leur adaptation en France, Bibiane Godefroid a fait surfer M6 sur la vague de la « feel good » avec de nombreux programmes de coaching ou d’émissions culinaires (« Maison à vendre », « Cauchemar en cuisine », « Un dîner presque parfait »…). Souvent avec succès.Mais la concurrence des chaînes de la TNT, dont certaines se sont très ouvertement inspirées du modèle M6, a grippé la belle mécanique. Et précipité le remplacement de Mme Godefroid. L’échec le plus patent est celui de « Rising star », programme phare de la rentrée de septembre 2014, et déprogrammé faute d’audience après quelques numéros seulement.Plus bas niveau d’audienceA l’été 2013, « Un air de star », autre programme inédit de la chaîne, avait également connu une désaffection du public tandis que certaines valeurs sûres, telles « Pekin express » ou « 100 % Mag (déprogrammé ont vu leur pouvoir de séduction s’émousser cette saison. A l’image d’une chaîne qui en avril avait atteint son plus bas niveau d’audience depuis 1992 avec seulement 9,5 % de part d’audience. En novembre, la chaîne a retrouvé un peu de lustre avec 10,8 % de part d’audience selon Médiamétrie.« Rising star » n’est pas un accident industriel » avait affirmé en octobre au Monde, Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, alors que l’émission avait perdu plus de 1,6 million de téléspectateurs en trois semaines. Et d’ajouter : « On aurait dû mettre l’émission sur W9 ».« Rising Star », le mur s’effriteL’émission n’est pas arrivée sur la « petite » chaîne du groupe M6 mais l’ex-directeur de W9 vient lui, de prendre la tête des programmes du vaisseau amiral. Pur produit maison, Frédéric de Vincelles est en effet passé par Fun TV, TF6 et série Club, avant de diriger la première chaîne du groupe lancée sur la TNT en 2005. Un poste qu’il a occupé de 2006 jusqu’à son arrivée à la direction adjointe des programmes de M6 en août 2014.La chaîne annonce par ailleurs le départ de Jérôme Bureau, président de la chaîne Paris Première et directeur de l’Information de M6. il sera remplacé par Stéphane Gendarme, directeur de la rédaction de la chaîne.La trésorerie de M6 reste dans le pré Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard L’avenir d’Eric Zemmour semble de plus en plus compromis : à la suite de l’interview au Corriere della sera dans laquelle le chroniqueur de la chaîne d’information en continu critique les musulmans, la société des journalistes (SDJ) a demandé que la direction s’exprime devant la rédaction, vendredi matin. La directrice de la rédaction Céline Pigalle a expliqué qu’elle avait déprogrammé « Ça se dispute », le rendez-vous hebdomadaire prévu à diffuser le soir, dans lequel M. Zemmour est opposé au journaliste Nicolas Domenach. Et veut le remplacer par un entretien dans lequel le chroniqueur de longue date de la chaîne puisse s’expliquer sur le fond de ses propos polémiques. Elle a ajouté qu’elle aviserait après des éventuelles suites à donner.Un entretien enregistréOr, dans l’entretien, enregistré à l’avance et mené par le journaliste Olivier Galzi, Eric Zemmour semble tenir des propos encore plus polémiques, selon une source proche du dossier. En parallèle, la SDJ, très impliquée dans cette affaire, envisage de prendre position publiquement vendredi après-midi, ce qu’elle s’était refusée à faire jusqu’ici.« Quand on lit les propos d’Eric Zemmour dans son entretien au Corriere della Sera, on ne peut pas se sentir solidaire », explique un membre de la société des journalistes (SDJ) d’Itélé. Lundi 15 décembre, quand a circulé l’interview au quotidien italien, la SDJ a préféré « prendre le temps » de débattre avec les journalistes, notamment de l’éventualité de demander son départ. « Nous attendons une prise de parole forte de la direction devant la rédaction », expliquait ce journaliste.De son côté, la SDJ de RTL, autre média où travaille Eric Zemmour, a été la première à réagir officiellement à ses propos. Dans un communiqué diffusé mercredi 17, elle estime que « les prises de position d’Eric Zemmour, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».« Discussions dans les couloirs » au « Figaro »L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon l’a épinglé sur son blog dans un post du 15 décembre intitulé « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! ».Le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Mais M. Zemmour affirme notamment : « Les musulmans ont leur code civil, c’est le Coran. » Ou encore : « Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. »Au Figaro, où l’auteur du livre Le Suicide français (Albin Michel, 544 pages, 22,90 euros) collabore au Figaro magazine notamment, « il y a eu des protestations et des discussions dans les couloirs » mais pas de réaction « à chaud », raconte un rédacteur.Suite à cet entretien, trois associations antiracistes ont annoncé des dépôts de plaintes. Mercredi, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a publié une lettre, cosignée par d’autres associations et des personnalités, demandant au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de « faire cesser la diffusion de la haine d’Eric Zemmour ». Le CSA a répondu qu’il veillait en cas de propos litigieux. Il est intervenu quatre fois depuis 2010 pour des propos d’Eric Zemmour, la dernière fois en juin pour « mettre en garde fermement » RTL. En 2011, ce dernier a été condamné pour provocation à la haine raciale.Jeudi matin, Eric Zemmour, interviewé par Yves Calvi sur RTL, a dénoncé une « manipulation fantastique ». A la question de savoir s’il souhaitait le départ des musulmans de France, il a répondu : « Je ne souhaite ni ne demande rien du tout… C’est ridicule… Il y a des citoyens français, on ne va pas faire partir des citoyens français. Il y a des étrangers, un état a le droit de dire aux étrangers : “Bon maintenant vous rentrez chez vous.” » Tout en disant craindre une « libanisation de la France avec en perspective une guerre civile ».« Il joue la victimisation»Pour les journalistes des médias dans lesquels collabore Eric Zemmour, le contenu de l’entretien au Corriere della Sera le débat sur son travail n’est pas nouveau. « Nous avons déjà protesté plusieurs fois auprès de la direction mais nous n’avions jamais communiqué à l’extérieur, explique Anne Le Hénaff, présidente de la société des rédactions de RTL. Cette fois-ci, on a senti quelque chose monter dans la rédaction. Cela a été la goutte d’eau… ». « C’est l’énième épisode. A chaque fois, la direction ne tient pas compte de nos protestations. Mais l’image de notre station en prend un coup », déplore un journaliste de RTL.Une question a particulièrement occupé les collègues d’Eric Zemmour à i-Télé, RTL ou au Figaro : le risque de le placer en victime. En 2010, alors qu’il était menacé de sanction au Figaro, des soutiens étaient venus protester. « Zemmour joue de la victimisation en permanence, estime une journaliste de RTL. Mais on ne pas non plus tout accepter au nom de ce principe. »Un « intellectuel», « de moins en moins journaliste »La radio a choisi de ne rien demander de précis. La direction de RTL, justifie la chronique accordée à Eric Zemmour par sa volonté de ne pas apparaître conformiste, de donner le signe que RTL n’appartient pas au système médiatique et politique et que la radio reste proche des gens, en donnant la parole à des gens considérés comme politiquement incorrects. C’est ainsi que se définit l’intéressé, bien qu’il ait un large accès aux grands médias.Contactée, la direction de RTL n’a pas souhaité commenter. « Zemmour est un intellectuel, sûrement pas un homme politique et de moins en moins un journaliste », a expliqué Christopher Baldelli le patron de RTL, fin novembre sur France 5, rappelant qu’Eric Zemmour intervenait avec d’autres chroniqueurs à 8 h 10, dans « On n’est pas forcément d’accord ». Un glissement de statut qui voudrait, selon plusieurs journalistes, que les médias adaptent la place qu’ils lui donnent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Ces dernières années, la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs (Libération, La Tribune) », s’inquiètent les rédactions de L’Express et de L’Expansion, dans un communiqué publié mercredi 17 janvier, après une assemblée générale. Les deux hommes d’affaires font partie des acheteurs potentiels de L’Express et L’Expansion, propriétés du groupe belge Roularta.Lire : Vivendi et « Le Figaro » allié à Patrick Drahi pour racheter « L’Express »Les rédactions « expriment leurs plus vives préoccupations quant aux négociations en cours » pour un éventuel rachat.L'offre de Patrick Drahi et de Marc Laufer, alliés au Figaro, ne garantit pas les principes « d'indépendance et de qualité de l'information ». « Un tel rachat se traduirait par un démantèlement du groupe aux conséquences sociales lourdes », ajoutent les journalistes.Le communiqué peut apparaître comme un tir de barrage de la rédaction contre l’un des acheteurs potentiels du groupe Express-Roularta. Qui pourrait indirectement bénéficier à l’autre piste sérieuse de repreneur du moment, le groupe Vivendi de Vincent Bolloré. Ou à un autre acheteur.Lire le portrait : Patrick Drahi, discret magnat du câbleAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Margherita Nasi « Elle a de belle petites oreilles », relève le médecin à la naissance de Jeanne Bordeau ! On ne pouvait pas lui faire de plus beau compliment ! Pour celle qui a fait du langage une profession, l’écoute est une qualité fondamentale : « si je devais avoir un prénom totem, comme les indiens, ce serait grandes oreilles ». C’est d’ailleurs ce qui fait qu’elle n’a pas vraiment l’impression d’avoir changé de voie, alors qu’elle cumule les professions, en commençant par la critique littéraire, puis chef d'entreprise, mais aussi directrice d’une maison d’édition et enseignante.Tout juste rentrée des Etats-Unis, où elle a fait des études de littérature et de storytelling (mise en récit), Jeanne Bordeau passe souvent au Figaro, pour rejoindre des amis qui y travaillent. Un journaliste se demande qui est cette fille “toujours debout dans le couloir en train de lire”, et lui propose de faire des critiques de livre en 1981. Elle sera pigiste pendant cinq ans. Mais pas seulement.Reconversion professionnelle: Jean-Michel Lecuyer, de Polytechnique à l’économie socialeElle fréquente des hommes d’affaires qu’elle accompagne sur des parcours atypiques, comme Michel Anselme, un entrepreneur qui passe un doctorat de philosophie et anthropologie. Elle aide des auteurs dans la relecture de leurs ouvrages. Puis finit par se lasser de la critique littéraire : “on ne faisait plus d’analyse approfondie comme pendant la première moitié du siècle. Les journaux n’y consacraient plus beaucoup de place”.Elle quitte le journalisme pour diriger une maison d’édition européenne – Evénements Média - qui crée des magazines sur des événements institutionnels, comme le bicentenaire de Mozart.Malgré son penchant pour la littérature, cette fille d’entrepreneur - son père a développé l’entreprise de rillettes Bordeau-Chesnel - a toujours été fascinée par la sphère économique. « Mon admiration va d’abord aux chefs d’entreprise. Parce qu’ils s’engagent et se mettent en risque ».En 1991, elle franchit le pas et lance sa structure, Talents et Compagnie, une agence de communication qui valorise le langage en entreprise. « L’école américaine est profondément ancrée en moi : si un projet est valable, il doit se mettre face à un marché ».Sollers, Nothomb...Et le marché semble porteur : en 1998, Jeanne Bordeau reçoit le Mot d'Or de l'AFPA (Actions pour promouvoir le français des affaires) pour son travail auprès de Legrand. Pour le leader mondial des produits et systèmes pour installations électriques, elle fait travailler sept écrivains de renom, de Philippe Sollers à Amélie Nothomb en passant par Marc Lambron et Yann Queffélec, qui célèbrent le changements apportés par l’électricité. « Convaincre ces écrivains n’a pas été facile : la France manque de respect pour ces combattants que sont les entrepreneurs. J’aime décloisonner et mêler les univers ».En 2004, Talents et Compagnie est scindé en deux structures : l’Institut de la qualité de l'expression, bureau de style en langage, et Press’Publica, agence de communication en influence. Jeanne Bordeau dépose plusieurs méthodes, comme l’« oraloscope », un outil d’expression permettant de diagnostiquer les atouts et faiblesses de l’expression des dirigeants et collaborateurs, ou encore la « charte sémantique », pour fonder l’identité du langage de l’entreprise. Elle crée une école de rhétorique en ligne pour les managers.Avec le développement d’Internet, le langage ne fait que prendre plus de place en entreprise. Jeanne Bordeau décide de mettre un terme à ses activités de relation publiques pour ne se consacrer qu’au langage.Prof et écrivainAujourd’hui, l’Institut de la qualité de l'expression réunit une vingtaine de personnes, du linguiste à l’historien, en passant par l’agrégé de grammaire, qui travaillent sur des thématiques comme la souffrance au travail. Mme Bordeau monte des écoles internes pour des clients comme SNCF, La Poste, Allianz, EDF, etc. : elle aide, par exemple, les dirigeants d'Air France, de Renault ou encore du Crédit agricole à construire une "charte sémantique", c'est-à-dire à identifier le langage qui exprimera la marque pour développer leur stratégie de communication interne et externe. Elle a ainsi créé une école de maîtrise du langage en ligne pour la SNCF. « C’est un peu comme un atelier de haute-culture, nous travaillons pour des grands comptes ».En parallèle, Jeanne Bordeau donne des cours, des conférences, et publie des ouvrages sur le langage et la communication, parmi les derniers Storytelling et contenu de marque. La puissance de l'écrit à l'ère numérique (Ellipses, 2012) ou La Boîte à outils des écrits professionnels (Eyrolles, 2013).Mais ce n'est pas tout : cette “styliste en langage” réalise également des tableaux, qui ressemblent à des collages à partir de mots qu’elle sélectionne dans la presse, qu’elle expose. « Je regarde des centaines de milliers de mots pour composer comme une tapisserie de Bayeux du monde contemporain ». Aujourd’hui, elle souhaite trouver un partenaire en technologie pour développer cette activité. Un autre projet la porte : monter une école de rhétorique, destinée au public de l'entreprise. « On peut parler de langage avec Stendhal, mais aussi en lisant un article de Paris Match. La France est obsessionnellement littéraire, et on tue la partie sensorielle de l’apprentissage », conclut-elle.Margherita NasiJournaliste au Monde Luc Cédelle Une voix reconnaissable entre toutes, au timbre ironique et doux, vient de s'éteindre. Compagnon de générations d'auditeurs, homme de radio après avoir été comédien, José Artur, mort samedi 24 janvier, à l'âge de 87 ans, fut avant tout l'homme du « Pop Club », qu'il produisit et anima sur France Inter de 1965 à 2005. Une émission-culte, diffusée en direct et en soirée tardive, cocktail de musiques et de dialogues dont il fut, éternelle écharpe blanche autour du cou, l'inlassable ordonnateur.Lire aussi : José Artur, l’accoucheur verbalQuarante ans durant, il reçut à son Micro de nuit (Stock, 1974) des milliers d'invités, souvent déjà célèbres, souvent en passe de l'être, tant sa capacité de détection – des talents, des tendances, de l'air du temps… – était affûtée. La longévité inégalée du « Pop Club » n'est pas le fait d'un manque d'idées de son créateur, au contraire. Professionnel au large spectre, José Artur créa et anima parallèlement d'autres émissions de radio et collabora à différents programmes de télévision. Il était le père de la comédienne Sophie Artur et de l'animateur de radio et de télévision David Artur.Blagueur, allergique à toute gravitéNé le 20 mai 1927 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), José Artur est issu d'une famille d'origine bretonne et de stricte tradition catholique, mère au foyer, père officier de marine puis sous-préfet. Dès l'âge de 12 ans il est en pension chez les frères maristes. Il poursuit ses études secondaires durant l'Occupation, principalement dans différents établissements catholiques où il endosse le personnage de l'élève capable mais rétif à toute discipline.Auteur de plusieurs livres de souvenirs (notamment Parlons de moi y a que ça qui m'intéresse, Robert Laffont, 1988), José Artur n'y est pas très disert sur sa vie privée et familiale. On y apprend qu'il a huit frères et sœurs, qu'il a été – outre de nombreuses liaisons – marié plusieurs fois, qu'il s'est séparé en 1962 de l'actrice Colette Castel, mère de Sophie Artur et s'est remarié en 1971 avec Marie-Christine, mère de David. Sur son enfance, une seule certitude émerge, par défaut : c'est qu'elle a produit un adulte allergique à toute gravité, blagueur impénitent, friand de citations caustiques et se conformant à cette maxime de La Bruyère, mise en exergue du même livre : « Il faut rire avant d'être heureux ».Des débuts au théâtre et au cinémaA 17 ans, après avoir été témoin de la Libération de Paris et s'être senti lui-même libéré de toute obligation scolaire, il commence à voler de ses propres ailes. Son rêve est d'être comédien. Tout en occupant un premier emploi de grouillot chez un courtier il prend des cours de théâtre. Par l'intermédiaire d'une amie de son père, c'est sa rencontre avec le célèbre comédien François Périer, dont il devient le secrétaire particulier et avec qui il se lie d'amitié qui l'introduit vraiment dans ce milieu. C'est cependant à 19 ans et comme acteur de cinéma que José Artur obtient son premier succès public en 1946 dans Le Père tranquille, film de René Clément où il incarne un jeune résistant beau gosse. Deux ans plus tard, il joue au théâtre dans Le Voleur d'enfants, de Jules Supervielle, dans une mise en scène de Raymond Rouleau. Sa carrière sur les planches, notamment aux côtés du comédien et metteur en scène Pierre Brasseur, devenu un proche, durera une dizaine d'années, jusqu'en 1959 et ne connaîtra pas d'épisode ultérieur.Au cinéma, en revanche, il continuera d'apparaître même une fois devenu homme de radio. Il totalise une quinzaine de contributions, essentiellement des petits rôles pour des cinéastes amis. On l'aperçoit en journaliste homosexuel dans Z de Costa-Gavras (1969), il joue un commissaire de police dans Bel Ordure de Jean Marbeuf (1973), un prêtre dans Monsieur Balboss (1975) du même cinéaste, un travesti burlesque dans Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, de Jean Yanne (1982)… Son dernier rôle sera celui d'un marchand de journaux dans Tombés du ciel, de Philippe Lioret (1994).C'est au début des années 1960 que José Artur fait ses premières armes sur les ondes – qui seront toujours pour lui celles de France Inter – dans la tranche matinale ainsi que dans une émission magazine pour les jeunes. En février 1964, il est déjà assez connu pour devenir directeur artistique des croisières sur le paquebot France, fonction qu'il assumera jusqu'en 1968. Mais son vrai lancement – plutôt son décollage fulgurant – date du 4 octobre 1965 aux commandes du premier « Pop Club».Un passage obligé des starsLe mot même, « pop », est alors inconnu en France. Au service d'un contenu culturel éclectique, à la fois grand public et défricheur, José Artur installe avec cette émission un ton absolument nouveau pour l'époque, « branché » et « people » avant la lettre, mélange d'insolence, d'élégance et de désinvolture. Il y laisse libre cours à un humour pince-sans-rire, parfois ravageur, qui ne l'empêche pas d'installer sans vulgarité une certaine intimité avec ses interlocuteurs. Le tout avec la tension particulière et l'authenticité du direct.Musiciens, chanteurs, acteurs, plasticiens, cinéastes, gens de théâtre, journalistes, intellectuels défilent au micro dans un coq à l'âne permanent. L'émission devient vite un point de passage obligé et une première marche sur l'échelle du succès. « Pipelette de luxe», comme il se désigne, José Artur accueille alors des inconnus qui s'appellent Barbara, Paco Ibanez, Robert Charlebois, Michel Berger, Julien Clerc, Véronique Sanson, Régine Deforges, Armand Gatti… La liste occuperait un annuaire ! La musique, surtout le rock et le jazz, tient une place déterminante dans le programme, non seulement à travers les invités mais aussi par le disque pop de la semaine, lancé en ouverture de l'émission. L'archétype du disque pop que l'auditeur découvre ? Hotel California, des Eagles, en 1976. Le « Pop club » est aussi le tremplin ou le lieu de l’affirmation d'une ribambelle de grands professionnels de l'audiovisuel, assistants du maître de cérémonie. Enumération garantie non exhaustive : Claude Villers, Patrice Blanc-Francard, Pierre Lattès, Eve Ruggieri, Gérard Klein, Bernard Lenoir… En 1971, José Artur est écarté de l'antenne pendant six mois, accusé de publicité clandestine pour avoir cité au micro une marque de vodka. Les confrères et l'intelligentsia pétitionnent et il est finalement rétabli dans ses fonctions. D'une décennie à l'autre, à des horaires plus ou moins tardifs et sur des durées variant au gré des circonstances et des directions, le « Pop Club » va persister et se renouveler. L'émission est dotée d'inoubliables et changeants génériques, notamment le fameux « 24 heures sur 24, la vie serait bien dure… » par Les Parisiennes sur une musique de Claude Bolling et, dans les années 1980, celui de Serge Gainsbourg et Jane Birkin, « Pour oublier le passé, le futur, voici le Pop Club de José Artur… »Les lieux de sa réalisation changent aussi : d'abord le bar du théâtre Le Ranelagh, puis le Bar noir, au cœur de la Maison de la radio ; puis le Fouquet's aux Champs-Elysées, sans oublier l'hôtel Palm Beach de Cannes en été, une infinité de studios installés en reportage et, jusqu'à la fin de l'émission en 2005, le Drugstore Publicis.Une série d’émission aux noms « arturiens»« Tous les jours, note José Artur dans un de ses livres, je travaille en m'amusant au bord de la nuit, à la limite de l'insolence souriante et de la décontraction apparente qui frise l'indifférence. » Il ne travaille pas qu'au bord de la nuit car, toujours imaginatif et sans lâcher son « Pop Club », il inscrit à son palmarès une série d'autres émissions à succès, aux noms très « arturiens » : « Qu'il est doux de ne rien faire » ; « Flirtissimo » ; « Avec ou sans sucre » ; « Table ouverte » ; « Au niveau du vécu »… Dans « A qui ai-je l'honneur ? », il doit, à l'aide de la graphologue Noëlle Robert examinant une lettre manuscrite, deviner qui est son invité dont il est séparé par un rideau et dont la voix est déformée. Le Tout-Paris des années 1980 a défilé derrière le rideau. Parmi les émissions plus récentes, il faut citer « C'est pas dramatique » (de 1996 à 2007), consacrée à l'actualité théâtrale, et la bien nommée « Inoxydable», de 2006 à 2007. En 2008, à 81 ans et toujours sur France Inter, au micro de Stéphane Bern qui, plus tard, l'accueillera aussi dans « Le Fou du roi », José Artur, ce « bavard qui sait écouter », comme il s'était défini, égrenait ses souvenirs d'homme de radio pendant cinq minutes tous les matins. Le nom de cette ultime série : « C'est pas croyable ».Luc CédelleJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.01.2015 à 15h55 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h37 L'essentielLa « une » de Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » a provoqué de nombreuses manifestations dans des pays musulmans depuis sa publication le 14 janvier.Une semaine après les violentes manifestations de Niamey ou de Karachi, des rassemblements ont eu lieu au Pakistan, en Afghanistan et en Iran, vendredi, jour de la grande prière. « A bas Charlie Hebdo ! », « Mort à la France ! », ont scandé, vendredi 23 janvier, des milliers de manifestants réunis, une nouvelle fois, dans les grandes villes du Pakistan, d'Afghanistan et d'Iran, pour protester contre la dernière « une » de l'hebdomadaire, publiée après l'assassinat de neuf membres de la rédaction du journal à Paris, par deux terroristes se revendiquant d'Al-Qaida au Yemen.Lire : En Egypte, au Sénégal ou à Jérusalem... la « une » de « Charlie Hebdo » ne passe pasAu Pakistan, appel au boycottA Islamabad, la capitale pakistanaise, 15 000 personnes ont ainsi défilé  à l'appel de la Jamaat-e-Islami (JI), l'un des principaux partis islamistes du pays. « O peuple de France, ô peuple du Danemark, écoutez bien, nous serons aux trousses de quiconque blasphème », a déclaré le chef de la JI, Siraj ul-Haq, appelant à boycotter les produits de ces pays dont des médias ont publié des caricatures de Mahomet.« Les musulmans doivent s'unir et défendre l'honneur du prophète de l'islam », a déclaré à Lahore, autre ville où s'est déroulée une manifestation, Hafeez Saeed, chef de la Jamaat ud-Dawa. Cette organisation est considérée comme le paravent du Laskhkar-e-Taïba (LeT), accusé d'être impliqué dans des attentats en Inde.Lire : Hollande répond aux manifestants anti « Charlie Hebdo »En Afghanistan, des manifestants réclament des excuses officiellesEnviron 20 000 personnes ont également manifesté à Herat, troisième ville d'Afghanistan. Des drapeaux français y a été brûlés et les manifestants ont demandé des excuses officielles de la France pour la publication de caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.L'Afghanistan, comme le Pakistan, avait condamné dans un premier temps l'attaque du 7 janvier contre le journal parisien, mais le ton s'était progressivement durci, des islamistes radicaux rendant même hommage aux frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attaque. Puis, la classe politique des deux pays, incluant le président afghan, Ashraf Ghani, et le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, avait condamné la dernière « une » de Charlie Hebdo.En Iran, « mort à la France »Des dizaines de milliers de personnes sont aussi descendues dans la rue en Iran, principalement hors de Téhéran. « Mort à la France, mort à Israël, mort à la Grande-Bretagne, mort à Charlie Hebdo ! », ont scandé des foules à Qom ou à Ispahan, au sud de Téhéran, agitant drapeaux et pancartes proclamant leur respect de Mahomet.Téhéran a dénoncé le massacre perpétré le 7 janvier à Paris, mais a critiqué la nouvelle caricature de Charlie Hebdo. Le 17 janvier, un journal iranien a même été interdit pour avoir tenté de publier « Je suis Charlie » en « une ». Lire : Le rédacteur en chef de « Charlie Hebdo » défend la « une » controversée Magali Cartigny Chronique. Un dessin de Louison, en hommage à « Charlie Hebdo », peut donner lieu à de troublants – et cocasses – échanges avec son enfant. Démonstration. Il a débarqué, samedi, moulé dans son pyjama dinosaures. - « Ça veut dire quoi "bite", maman ?- Pardon ?- J'ai lu sur un dessin sur ton ordinateur : "Ils ont déjà dessiné des bites partout" » (Fermer Facebook, toujours fermer Facebook).- « Eh bien, ça veut dire zizi.- Et pourquoi y a plein de zizis sur les nuages. C'est qui qui les a dessinés ?- C'est les gens qui ont été tués par les méchants, comme Nora t'a expliqué. » (#mercilamaîtresseduCP.)- « Mais pourquoi des zizis ?- Parce qu'ils trouvent ça rigolo.- Pourquoi ?- Parce que, au paradis, ils ont pas l'habitude d'en voir, des zizis. » (Mais qu'est-ce que je raconte !) « C'est comme toi : t'aimes bien dessiner des cœurs pour faire plaisir aux gens, eh bien, eux, c'était des zizis.- Mais c'est quoi le paradis ?- Tu veux pas qu'on regarde Spiderman ?- Non. C'est quoi le paradis ?- L'endroit où les gens qui croient en Dieu pensent qu'ils iront après la mort.- Mais les dessinateurs, ils croyaient en Dieu ?- Je ne sais pas.- Et toi, t'y crois ?- Non, mon chéri.- Mais pourquoi ?- Parce que je ne pense pas qu'il existe.- Comme le Père Noël ?- Non, le Père Noël, il existe pas. La preuve, ce sont les parents qui font les cadeaux.- Et c'est quoi la preuve que Dieu existe pas ?- Il n'y en a pas, mais rien ne prouve le contraire non plus.- Mais tu crois en quoi, alors ?- En l'homme.- C'est un peu débile. Et les méchants, pourquoi ils les ont tués, les rigolos dans les nuages ?- Parce qu'ils aimaient pas qu'on se moque de Dieu.- Mais t'as dit qu'il existe pas !- Et si on allait à Disneyland ?- Non. Moi, si je dessine des zizis, on va me tuer ?- Mais non, pas du tout, enfin, jamais de la vie ! Tu peux faire tous les zizis que tu veux.- Bah oui. Parce que c'est comme des cœurs.- Voilà.- Bon alors je vais dessiner plein de bites, je les découperai, et je les offrirai à ma maîtresse. »Magali CartignyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Vanessa Schneider L'homme d'affaires de 49 ans, ami de Patrick Drahi, pourrait diriger le futur groupe de médias qui comprendra notamment "Libération", "L'Express" ou la chaîne d'information israélienne I24news. Protégé d'Alain WeillMarc Laufer a travaillé au côté de celui qui est aujourd'hui président de NextRadioTV. D'abord à NRJ, de 1990 à 2000, notamment comme directeur du réseau et secrétaire général. Puis chez NextRadioTV (RMC, BFM) où il a officié pendant dix ans. En dépit d'un court passage à La Tribune, il n'a pas vraiment le profil d'un homme de presse écrite, ce qui inquiète certains à Libération et à L'Express.Proche de Patrick Drahi C'est le patron de Numéricable et SFR, quatrième fortune de France selon le magazine Forbes, qui l'a fait venir en juin dernier à Libération pour le représenter. Les deux hommes se connaissent depuis une vingtaine d'années : Marc Laufer fut le directeur général de la filiale française du câblo-opérateur UPC/Fortel que Drahi présidait alors.Homme de médias Il est à la tête d'un groupe d'information professionnelle, NewsCo, qui emploie 70 salariés, dont la moitié de journalistes, et affiche un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros.Gestionnaire Si Drahi pense à lui, c'est bien sûr pour veiller au mieux à ses intérêts, notamment aux 14 millions d'euros qu'il a injectés dans Libération. C'est un habitué des fusions acquisitions, qui a créé NewsCo en rachetant des newsletters spécialisées. La gestion du nouveau groupe créé par Drahi représenterait néanmoins un sacré changement d'échelle pour lui.Vanessa SchneiderJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Le télécrochet promet d’être à la hauteur avec des candidats dont le niveau ne cesse de progresser (jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8)C’est le grand soir pour les onze finalistes de « Nouvelle star ». Après les épreuves du casting et du théâtre, les candidats du télécrochet de D8 vont affronter le stress du direct, du vote du jury et du public et l’élimination, à chaque fin d’émission, de l’un d’entre eux. Pour prévenir toute mauvaise surprise – comme souvent au cours du premier « prime » –, la production a imaginé cette année « l’épreuve du feu ». Cette émission diffusée il y a une semaine et tournée dans les conditions du direct a permis de ne garder que les chanteurs les mieux armés pour arpenter la scène de l’arche Saint-Germain et « éviter l’effet lapin ébloui dans les phares d’une voiture », raconte Benjamin Castaldi.Ce dernier retrouve la présentation de ce concours, qu’il a incarné pendant les trois premières saisons et une partie de la quatrième. « C’est une émission que j’ai beaucoup portée au début et avec laquelle je n’ai que des bons souvenirs. Je serai de nouveau le lien entre le jury, ce que les gens ont ressenti et les candidats », promet l’animateur venu de TF1.« Fondamentaux musicaux »Pour supporter la comparaison avec « The Voice », devenue la référence en matière de télécrochet, la production ne veut plus de fausses notes. « Les gens ont envie que l’on revienne aux fondamentaux musicaux », observe André Manoukian, le juré vétéran de l’émission, qui sera accompagné, pour cette onzième saison, des chanteurs Sinclair et Elodie Frégé ainsi que du musicien et producteur Yarol Poupaud. « Le niveau musical des candidats monte année après année, se félicite André Manoukian. On demande aux participants un vrai style et d’être capable de chanter quelque chose qui n’est pas de leur univers. » De quoi assurer le spectacle, et les audiences.Après un démarrage en demi-teinte, le public a trouvé le chemin de la 8. « Toutes les grosses émissions enregistrent des baisses qui sont plus mécaniques qu’autre chose. La rediffusion le dimanche sur D17 marche bien, le replay n’a jamais aussi bien fonctionné », se rassure Benjamin Castaldi. A la suite de l’échec de « Rising Star », le télécrochet de M6 pour lequel les votes s’effectuaient uniquement électroniquement, la production a décidé de maintenir le choix des candidats via des SMS surtaxés. « Tout le monde n’est pas sur les réseaux sociaux », justifie l’animateur. La sélection pourra néanmoins se faire gratuitement sur Twitter.« Nouvelle Star », jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.01.2015 à 11h13 • Mis à jour le22.01.2015 à 11h50 Le rédacteur en chef de l'édition nationale du 12/13 de France 3, Régis Poullain, sera remplacé à cause du manque de réactivité de l'édition de la mi-journée, juste après l'attaque contre Charlie Hebdo, a annoncé France Télévisions mardi 20 janvier.Alors que la nouvelle de l'attentat contre l'hebdomadaire satirique venait de tomber, le 7 janvier, le journal n'avait pas modifié ses titres, qui parlaient entre autres de soldes et de baignades hivernales. « Il y a eu une erreur d'évaluation de la part du rédacteur en chef Régis Poullain », a déclaré Pascal Golomer, directeur délégué à l'information chargé des rédactions de France 2 et France 3.Régis Poullain va quitter son poste et sera amené à occuper d'autres fonctions au sein de la rédaction nationale, a indiqué M. Golomer. Il sera remplacé à compter de lundi prochain par Philippe Peaster, actuellement rédacteur en chef adjoint du 19/20.EXAMEN DÉTAILLÉLa direction de l'information a également décidé de « missionner » la directrice adjointe de la rédaction, Agnès Molinier, « dans un rôle très opérationnel » pour accompagner l'équipe de rédaction en chef du 12/13 depuis la fabrication et jusqu'à la diffusion du journal, a ajouté M. Golomer.Les équipes de rédaction en chef, au 12/13 comme au 19/20, seront à nouveau composées de trois personnes dédiées (auparavant, elles se partageaient un adjoint). L'objectif est d'« agir pour qu'à l'avenir la couverture de l'actualité soit à la fois plus complète, plus réactive et plus pertinente, quelle que soit l'édition », a souligné M. Golomer.Plusieurs syndicats ont déposé un préavis de grève de une heure pour le lundi 26 janvier afin d'obtenir les résultats de l'« enquête interne » sur le traitement de l'attentat par l'édition nationale du 12/13 le 7 janvier.Ces syndicats ont dénoncé un « crash éditorial ». Selon eux, les informations des journalistes de la rédaction partis sur les lieux de l'attentat et les dépêches de l'AFP « auraient permis de modifier le conducteur et de dérouler le journal à la hauteur de l'événement ».La direction de l'information de France Télévisions a entamé un examen détaillé de la couverture par les rédactions de France 2, France 3 et France TV info des événements survenus entre le 7 et le 11 janvier. La direction fera part aux rédactions des actions à mener d'ici à la mi-février. 21.01.2015 à 18h05 • Mis à jour le21.01.2015 à 19h22 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Simple recadrage marketing ou conséquence des campagnes féministes, la décision du magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch de supprimer les photos de femmes aux seins nus qui ornaient la page 3 du quotidien britannique The Sun depuis 1970, a été unanimement saluée, mardi 20 janvier.Fait rare en pleine campagne électorale, les politiques de tous bords se sont donné le mot pour applaudir la fin des « pages 3 girls », sorte d’institution entretenue depuis quarante-quatre ans par le tabloïd le plus lu du pays (2,2 millions d’exemplaires quotidiens en moyenne).« Réduire ainsi les femmes à l’état d’objets revenait à affirmer haut et fort que l’important, ce sont nos poitrines et pas nos cerveaux », s’est félicitée la députée travailliste Stella Creasy. « Cette décison n’avait que trop tardé », a renchéri la secrétaire à l’éducation conservatrice Nicky Morgan. Mais, en plein débat sur la liberté d’expression, consécutif à la tuerie de Charlie Hebdo à Paris, le premier ministre britannique, David Cameron, n’a pas été plus loin. « C’est aux rédacteurs en chef de prendre de telles décisions », a seulement noté, mardi, son porte-parole.La décision de M. Murdoch n’a pas été annoncée dans The Sun mais dans The Times dont il est aussi propriétaire. Mardi, sur la page 3 du tabloïd populaire, l’habituel modèle topless avait cédé la place à deux actrices du feuilleton Hollyoaks courant en bikini sur une plage de Dubaï. « Exhiber des femmes en bikinis, est-ce vraiment réfléchir de façon moderne à la contribution des femmes à la société ? », a raillé Jo Swinson, la ministre (LibDem) des femmes et de l’égalité.« Démodées »Les « filles de page 3 » étaient la cible, depuis 2012, d’une vigoureuse campagne « No more page 3 ». Une pétition visant à « virer les nichons à l’air du Sun » (Take the bare boobs out of The Sun) a été signée par plus de 210 000 personnes. « Après quarante-quatre ans, il était temps », a déclaré Yas Necati, figure de proue du mouvement de protestation.En réalité, « Lucy, 25 ans, de Warwick », une jeune femme rousse à la poitrine nue figurait toujours, mardi, dans The Sun, mais uniquement dans sa version en ligne, qui propose à ses lecteurs de parcourir toute une « gallerie » de ce qui reste dénommé les « page 3 ».Dans le journal imprimé, l’habitude de publier des photos dénudées en page 3 avait été introduite en 1970, un an après le rachat du Sun par Rupert Murdoch. Ces clichés réputés osés à l’époque étaient au cœur de la stratégie commerciale, centrée sur le sexe, qui a fait le succès du tabloïd. Il s’agissait de concurrencer les pin-up en lingerie fine ou en bikini du Daily Mirror.En 2014, Rupert Murdoch avait déclaré que « les féministes qui nous bassinent à propos de la page 3 n’achètent jamais le journal », avant de reconnaître, en septembre, que les « page 3 girls » étaient « démodées ».Le retrait annoncé mardi n’a fait l’objet d’aucun commentaire de David Dinsmore, rédacteur en chef du Sun. En cas d’impact négatif sur les ventes, la décision pourrait d’ailleurs être reconsidérée.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gilles Paris (Washington, correspondant) Les Etats-Unis avaient de bonnes raisons de disposer d’éléments sur un éventuel passage de Saïd Kouachi au Yémen, en 2011, dont ont fait état plusieurs médias américains le 8 janvier. Jusqu’à l’émergence de l’Etat islamique à la faveur des dérèglements irakiens et de la guerre civile syrienne, c’est dans cet Etat que se concentraient de leur propre avis les groupes les plus menaçants à la suite de l’affaiblissement de la branche historique de la nébuleuse terroriste constituée par Oussama ben Laden.C’est dans cet Etat également que les frappes de drones visant des djihadistes présumés ont été les plus nombreuses après celles conduites au Pakistan. C’est d’ailleurs au Yémen, le 30 novembre 2002, qu’avait eu lieu l’une des premières frappes de missile Hellfire tiré par Predator, tuant un responsable de l’attaque terroriste contre le bâtiment de la marine américaine Cole, deux ans plus tôt.C’est au Yémen qu’avait été formé Omar Farouk Abdoulmoutallab, le responsable de l’attentat manqué contre un avion de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit (Michigan), le 25 décembre 2009. Onze mois plus tôt, en février, les djihadistes saoudiens fuyant le royaume à la suite de la campagne de répression lancée par le prince Nayef bin Abdel Aziz Al-Saoud, alors ministre de l’intérieur, s’étaient alliés aux djihadistes yéménites pour constituer le groupe Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), profitant de la faiblesse historique de l’Etat yéménite et de sa position géopolitique entre la Corne de l’Afrique et le Pakistan.Lire aussi : Un haut responsable d'Al-Qaida au Yémen « se félicite » de l'attaque contre « Charlie Hebdo » Les frères Kouachi se sont revendiqués d’un idéologue d’AQPAIls y avaient prospéré et formé notamment de nombreux artificiers à l’origine de bombes dissimulées dans des colis postaux embarqués à bord d’avions-cargos à l’automne 2010. Aucune bombe n’avait cependant explosé. Un imam d’origine américaine, Anouar Al-Awlaki, lié à la fusillade de Fort Hood, dans une base américaine, en 2009, était l’idéologue d’AQPA jusqu’à son assassinat par une attaque américaine en septembre 2011. C’est de ce responsable que se sont revendiqués les frères Chérif et Saïd Kouachi, selon les témoignages recueillis lors de leur cavale.Avant le « printemps yéménite », qui allait emporter le régime du président Ali Abdallah Saleh et ouvrir une période d’instabilité dont il continue à payer le prix, le Yémen avait constitué une destination de choix pour des dizaines de salafistes français désireux de renouer avec l’islam « des pieux ancêtres ». Ces salafistes poursuivaient des enseignements religieux à Sana’a comme dans une ville du nord-ouest, Dammaj. La majorité de ces salafistes ne poursuivait aucun but djihadiste, mais certains d’entre eux pouvaient profiter sur place des liens entretenus par certains dignitaires religieux, y compris des membres du parti islamique Al-Islah, avec des groupes djihadistes, notamment à la faveur des solidarités tribales très actives au Yémen.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.01.2015 à 13h10 • Mis à jour le10.01.2015 à 09h32 Le prochain numéro sera aussi « normal » que possible et pas « nécrologique », explique un membre de l'équipe joint par Le Monde. Il contiendra aussi des dessins des membres de l'équipe tués – Cabu, Wolinski, Charb, Tignous – ajoute ce journaliste. L'idée est que les dessinateurs et chroniqueurs soient à leur place habituelle, résume-t-il.Paraître malgré tout, voilà l'idée des survivants de l'attentat contre Charlie Hebdo qui a coûté la vie à 12 personnes. Ils se sont retrouvés au sein des locaux du journal Libération, vendredi 9 janvier en fin de matinée. Une réunion de la rédaction délicate après des premières retrouvailles, jeudi.Par ailleurs, des membres de l'équipe seront à la manifestation de dimanche à Paris. Et un site a été lancé pour leur faire un don, ponctuel ou mensuel http://www.jaidecharlie.fr, qui sera relayé par d'autres médias.Touchée par les soutiens reçus, l'équipe cherche à se projeter sur le contenu de ces huit pages. A l'image de Richard Malka, l'avocat de l'hebdomadaire satirique, qui déclarait devant les bureaux de Libération, vendredi : « Le peu d'énergie qu'il nous reste, on le met dans les huit pages du prochain numéro. » >> Lire le récit (édition abonnés) : « Charlie Hebdo », le journal des survivants« CONTINUER À LUTTER CONTRE LA CONNERIE »Sur France Info jeudi, le grand reporter de Charlie Hebdo, Laurent Léger, témoignait, bouleversé et choqué, de la difficulté de produire ce numéro. « Je ne sais pas trop comment on va faire. On va faire quelque chose, je sais pas comment, quand... Enfin si quand on va le faire d'ici lundi parce qu'il faut le boucler lundi maximum. » Mais aussi, et justement, de l'importance que ce journal sorte. « Surtout celui-là. Je sais que Charb et les autres auraient voulu absolument que sorte un journal et qu'on dise qu'on existe. » « Je veux pas qu'on fasse un journal de nécrologies, je veux qu'on fasse un journal pour dire le défi d'exister, le défi de dire les choses, de continuer à lutter contre la connerie, contre la bêtise humaine, contre l'obscurantisme, contre tous les fondamentalismes. »>> Lire aussi : « Charlie Hebdo » : du côté des blessés, entre trauma et soulagement— (@)require(["twitter/widgets"]);VALLS, INVITÉ SURPRISELe premier ministre, Manuel Valls, et la ministre de la culture, Fleur Pellerin, sont arrivés peu après 13 h 30, « invités surprise » de la conférence de rédaction de Charlie Hebdo, selon une journaliste de Libération.Manuel Valls et Fleur Pellerin, invités surprise de la conference de redaction de #CharlieHebdo http://t.co/kGdS3o1C98— Isabelle Hanne (@isabellehanne)require(["twitter/widgets"]); Michel Guerrin Nous retrouvons Plantu, jeudi 8 janvier, dans son bureau, au Monde. Voix ferme, regard direct, débit rapide. Le dessinateur coupe nos questions. Ses confrères Charb, Cabu, Tignous, Wolinski, Honoré sont morts la veille. « Leurs assassins m’ont mis des boosters au bout des doigts. » Pour lui, c’est clair, « la guerre est ouverte entre démocratie et barbarie. Il faut s’y préparer, et ne pas baisser le crayon. Jamais ». Il ajoute : « Les dessinateurs de presse ne font pas des croquis dans une arrière-salle d’un bistrot de Saint-Germain-des-Prés. Ils sont branchés sur la planète, et on veut les juguler. Mais ces tueurs ne savent pas que les créateurs sont plus forts qu’eux. »Plantu a perdu des amis qu’il aime et connaît depuis vingt ou trente ans. Il en parle au présent, comme s’ils étaient là. Sans donner dans l’émotion, plutôt l’admiration. Wolinski ? « J’ai fait mon éducation sexuelle avec lui. » Cabu ? « Il est le plus grand caricaturiste de France, il rentre dans les yeux, les naseaux, la lèvre, les cheveux, les dents, de son personnage pour en tirer une charge qui évoque Daumier, dont il est le fils spirituel. » Tignous ? « Un style inimitable. » Charb ? « Ses aventures de Maurice le chien bisexuel et Patapon le chat ultralibéral, c’est génial, et très drôle. » Honoré ? « Un immense graveur impertinent. » Il raconte cette anecdote : « J’étais avec Charb quand il a raconté pour la première fois qu’il était protégé par la police, et que ça lui faisait bizarre. Il a fait remarquer à ses protecteurs qu’il roulait à vélo. Ils lui ont répondu : “Qu’à cela ne tienne, on prendra aussi un vélo.” »  Et puis ceci à propos de Cabu : « Un jour, tout en parlant, il triturait quelque chose dans sa poche. Il en a sorti un dessin superbe, qu’il crayonnait sans regarder. Je croyais qu’il se branlait. Il m’a répondu : “Normal, je suis un branleur.” »« Le problème est que les fondamentalistes ont tout le temps devant eux, ils n’ont que ça à faire »L’époque est dure. De plus en plus de dessinateurs de la planète confient à Plantu qu’ils ont un garde du corps. « Ça, c’est nouveau. » Ce qui n’est pas nouveau, c’est la vie au quotidien, depuis 2005, du dessinateur danois Kurt Westergaard. Ce dernier est l’auteur d’un croquis parmi les onze publiés le même jour dans le Jyllands-Posten. On les appelle depuis, et un peu vite, les « caricatures de Mahomet ». « Ce dessinateur roule dans une voiture qui pèse 20 tonnes, raconte Plantu. Il a toujours des policiers autour de lui, avec mitraillettes et chiens. Sa salle de bains a été transformée en bunker. Trois fois on a essayé de le tuer. Je n’ai jamais réussi à lui parler en tête à tête, tant il est protégé. » Et de commenter : « Le problème est que les fondamentalistes ont tout le temps devant eux, ils n’ont que ça à faire. » Se sent-il menacé ? « Je n’ai pas à me poser la question. »Plantu rappelle que « la connerie » n’est pas réservée aux djihadistes. Il cite le dessinateur libyen Kais, tué en 2011 par les sbires de Kadhafi. Ou le Syrien Ali Ferzat, dont chaque phalange des deux mains a été brisée par des soldats de Bachar Al-Assad. « Le dictateur a bien fait arracher les cordes vocales d’un chanteur… » Des drames comme ceux-là, des destins plus joyeux aussi, Plantu en cite beaucoup. Car il a fondé, en 2006, avec Kofi Annan, l’association Cartooning for Peace qui réunit cent trente dessinateurs du monde entier. On en retrouve certains dans le film Caricaturistes, fantassins de la démocratie, de Radu Mihaileanu, qui vient de sortir en DVD.Pour Plantu, l’enjeu est de « continuer à être décapant, à déranger, mais sans humilier les lecteurs ni les croyants »Pour Plantu, le dessinateur est un artiste qui doit pouvoir tout dessiner. Mais il a aussi une responsabilité envers son journal, ses lecteurs. L’enjeu, dit-il, est de « continuer à être décapant, à déranger, mais sans humilier les lecteurs ni les croyants ». La voie à creuser est fragile. « On doit arriver à dépasser les interdits, contourner les censures, mais en ne lâchant rien, en étant plus malins que les connards qui nous attendent au coin de la rue. » En 2005, il a publié, dans le journal égyptien Akhbar Alladab, un dessin nommé « Le choc des cultures », qui montre comment le string qui dépasse du pantalon taille basse de la jeune fille se transforme visuellement en burqa. Pourrait-il publier aujourd’hui ce dessin dans la presse du Caire ? « Faut voir… »Dans une vidéo passionnante de cinq minutes, réalisée en février 2006 par Jérôme Lambert et Philippe Picard (à retrouver sur Vimeo.com/116180416), on voit comment, lors d’une conférence de rédaction à Charlie, se construit l’idée du dessin de Cabu montrant Mahomet dire « C’est dur d’être aimé par des cons ». La caricature a fait la « une » de l’hebdomadaire, qui a gagné son procès intenté par la Mosquée de Paris en 2008. Des journaux, dont Le Monde, ont publié cette « une », hier, en hommage à Charlie. Mais nombre de médias, notamment aux Etats-Unis (agence Associated Press, New York Times, CNN, NBC), s’y refusent afin de ne pas heurter des sensibilités religieuses.Plantu aurait-il signé ce dessin ? Il répond, du tac au tac : « Ce qui compte, c’est que Cabu avait le droit de faire ce dessin. Et j’étais à ses côtés lors de son procès. » Lui avait préféré dessiner en « une » un « barbu » à partir de la même phrase répétée des milliers de fois : « Je ne dois pas dessiner Mahomet. » Il commente aujourd’hui : « J’ai le droit de dire que j’ai dessiné un barbu, et non Mahomet, parce que c’est le fondamentalisme musulman que je dénonce, pas le Prophète. » En fait, ce qui compte, pour Plantu, ce n’est pas de caricaturer Mahomet, mais de trouver comment être « pertinent » face aux exactions contre la liberté de penser, de dessiner, de s’éduquer, de créer. Montrer, dans un croquis, si les garçons et les filles peuvent continuer à aller à l’école au Pakistan. Il a dessiné contre le port de la burqa en France. « Le Monde me laisse libre alors que, sur cette question, la ligne éditoriale du journal est différente. C’est ma chance. » Son combat aussi.Voir aussi le visuel interactif : Dessinateurs du monde entier, tous « Charlie »Michel GuerrinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Simple recadrage marketing ou conséquence des campagnes féministes, la décision du magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch de supprimer les photos de femmes aux seins nus qui ornaient la page 3 du quotidien britannique The Sun depuis 1970, a été unanimement saluée, mardi 20 janvier.Fait rare en pleine campagne électorale, les politiques de tous bords se sont donné le mot pour applaudir la fin des « pages 3 girls », sorte d’institution entretenue depuis quarante-quatre ans par le tabloïd le plus lu du pays (2,2 millions d’exemplaires quotidiens en moyenne).« Réduire ainsi les femmes à l’état d’objets revenait à affirmer haut et fort que l’important, ce sont nos poitrines et pas nos cerveaux », s’est félicitée la députée travailliste Stella Creasy. « Cette décison n’avait que trop tardé », a renchéri la secrétaire à l’éducation conservatrice Nicky Morgan. Mais, en plein débat sur la liberté d’expression, consécutif à la tuerie de Charlie Hebdo à Paris, le premier ministre britannique, David Cameron, n’a pas été plus loin. « C’est aux rédacteurs en chef de prendre de telles décisions », a seulement noté, mardi, son porte-parole.La décision de M. Murdoch n’a pas été annoncée dans The Sun mais dans The Times dont il est aussi propriétaire. Mardi, sur la page 3 du tabloïd populaire, l’habituel modèle topless avait cédé la place à deux actrices du feuilleton Hollyoaks courant en bikini sur une plage de Dubaï. « Exhiber des femmes en bikinis, est-ce vraiment réfléchir de façon moderne à la contribution des femmes à la société ? », a raillé Jo Swinson, la ministre (LibDem) des femmes et de l’égalité.« Démodées »Les « filles de page 3 » étaient la cible, depuis 2012, d’une vigoureuse campagne « No more page 3 ». Une pétition visant à « virer les nichons à l’air du Sun » (Take the bare boobs out of The Sun) a été signée par plus de 210 000 personnes. « Après quarante-quatre ans, il était temps », a déclaré Yas Necati, figure de proue du mouvement de protestation.En réalité, « Lucy, 25 ans, de Warwick », une jeune femme rousse à la poitrine nue figurait toujours, mardi, dans The Sun, mais uniquement dans sa version en ligne, qui propose à ses lecteurs de parcourir toute une « gallerie » de ce qui reste dénommé les « page 3 ».Dans le journal imprimé, l’habitude de publier des photos dénudées en page 3 avait été introduite en 1970, un an après le rachat du Sun par Rupert Murdoch. Ces clichés réputés osés à l’époque étaient au cœur de la stratégie commerciale, centrée sur le sexe, qui a fait le succès du tabloïd. Il s’agissait de concurrencer les pin-up en lingerie fine ou en bikini du Daily Mirror.En 2014, Rupert Murdoch avait déclaré que « les féministes qui nous bassinent à propos de la page 3 n’achètent jamais le journal », avant de reconnaître, en septembre, que les « page 3 girls » étaient « démodées ».Le retrait annoncé mardi n’a fait l’objet d’aucun commentaire de David Dinsmore, rédacteur en chef du Sun. En cas d’impact négatif sur les ventes, la décision pourrait d’ailleurs être reconsidérée.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.01.2015 à 08h50 Le groupe NRJ, qui détient les chaînes gratuites de la TNT NRJ 12 et Chérie 25, a annoncé, mardi 20 janvier, renforcer l'offre de son pôle TV en augmentant de 30 à 40 % l'investissement dans ses programmes cette année.L'objectif du groupe est d'arriver à 3,6 % de part d'audience cumulée à moyen terme pour les deux chaînes, ce qui représenterait le « seuil de rentabilité », a précisé la direction.Cette part d'audience cumulée a été 2,2 % en 2014 et de 2,4 % en 2013. Pour cela, le groupe a nommé fin 2014 Vincent Broussard, passé par les groupes M6, France Télévisions, TF1 et Canal+, directeur délégué du pôle télévision. Sa mission est « d'accélérer le développement de nos audiences », a déclaré Maryam Salehi, directrice déléguée de NRJ Group. « On augmente le coût de grille et donc le carburant que l'on met dans le moteur », a résumé Vincent Broussard, précisant que la hausse allait être de « 30 à 40 % » en 2015 par rapport à 2014.Concrètement, la chaîne NRJ 12 va miser sur des programmes de téléréalité de « nouvelle génération » avec « davantage d'autodérision » l'après-midi en visant les 15-34 ans. En revanche, pour l'avant-début de soirée (access prime-time) et le début de soirée (prime-time), NRJ 12 veut cibler les 25-49 ans en « mettant le turbo » sur le cinéma grand public, notamment.De son côté, Chérie 25, chaîne plutôt destinée à un public féminin, doit être « moins excluante » pour les hommes, selon Vincent Broussard. Côté séries, Chérie 25 va notamment diffuser au printemps « Mr Selfridge », succès d'audience en Grande-Bretagne.Mi-décembre, NRJ Group, qui publiera ses résultats annuels le 17 mars, avait affiché sa volonté de faire monter en gamme deux de ses trois chaînes de télévision, ce qui l'avait conduit à déprécier dans ses comptes, à hauteur de 35,8 millions d'euros, la valeur de programmes ne répondant plus à cette ambition. Martin Untersinger Dans la nuit de mardi 20 à mercredi 21 janvier, le compte Twitter du « Monde » a été piraté par des individus se revendiquant de l'Armée électronique syrienne, le bras armé du régime de Bachar Al-Assad sur Internet.Le compte Twitter a diffusé auprès de ses trois millions d'abonnés plusieurs messages et images en lien avec les attentats perpétrés à Charlie Hebdo et porte de Vincennes. On y voit notamment un troupeau de moutons brandissant des pancartes « Je suis Charlie » ou une image bardée du slogan « La liberté d'expression n'est pas mieux que la liberté de religion ».L'une des images publiées comporte un long texte. Dans ce dernier, les pirates condamnent « toute violence et tout terrorisme, mais (…) aussi les dessins caricatures [sic] de Charlie Hebdo qui se moquent du Prophète ». « Nous vous demandons de respecter les croyances des autres », écrivent les pirates, qui dénoncent « l'hypocrisie » de pays « marchant à Paris pour la dignité humaine et la liberté d'expression alors que leur gouvernement tue, torture et détruit ».Peu après la publication de ces messages, l'un des comptes Twitter habituels de l'Armée électronique syrienne a revendiqué cette attaque. L'Armée électronique syrienne utilise régulièrement les comptes Twitter qu'elle pirate pour diffuser des messages, mais c'est la première fois qu'elle le fait pour diffuser des messages aussi politiques et aussi ancrés dans l'actualité. Elle se limite en général à des messages accusant les médias de « mentir » sur la réalité du régime de Bachar Al-Assad, ou alors des canulars visant à provoquer la panique — le groupe avait notamment détourné le compte Twitter d'Associated Press pour y « annoncer » un attentat à la Maison Blanche.The Syrian Electronic Army condemns terrorism in France, but @LeMondefr and French government supported terrorism in #Syria. #SEA— SyrianElectronicArmy (@Official_SEA16)require(["twitter/widgets"]);Contrairement à d'autres groupes de pirates affirmant « défendre l'islam », l'Armée électronique syrienne ne s'était pas livrée à des attaques critiquant Charlie Hebdo ou visant spécifiquement la France. Dans un autre message, le groupe donne une revendication plus habituelle : « L'Armée électronique syrienne condamne le terrorisme en France, mais Le Monde et le gouvernement français ont soutenu le terrorisme en Syrie. » En 2013, Le Monde avait notamment révélé l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar Al-Assad.L'alerte a été donnée sur le téléphone d'un journaliste du Monde par un confrère bienveillant, aux environs d'1 heure du matin. Aussitôt, les équipes de Twitter, en France et à San Francisco, sont mises à contribution. Les pirates ont en effet récupéré le mot de passe et révoqué tous les accès : il est impossible de supprimer les messages ou de changer à nouveau le mot de passe. Rapidement, la décision est prise de suspendre temporairement le compte, seul moyen pour les équipes de Twitter et du Monde de recouvrer le contrôle du compte. Peu avant 4 heures, les équipes du Monde.fr sont de nouveaux aux manettes et publient un message d'excuses adressé aux internautes.Après le piratage de notre compte, nos équipes ont désormais repris la main. Nos excuses pour les messages frauduleux postés en notre nom.— Le Monde (@lemondefr)require(["twitter/widgets"]);Le Monde avait fait l'objet d'une tentative très élaborée d'attaque, dimanche et lundi, que nos équipes étaient parvenues à contrer et à circonscrire. Les pirates avaient accédé à notre outil de publication, sans parvenir à publier d'article. Ils ont également eu accès à certaines boîtes électroniques. Une plainte sera déposée dans les prochaines heures, notamment pour intrusion et maintien frauduleux dans un système informatique.Lire aussi le récit de ces derniers jours : Comment « Le Monde » a été piraté par l'Armée électronique syrienneMartin UntersingerJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La Ligue nationale de rugby (LNR) a annoncé sur Twitter, mardi 20 janvier, attribuer à Canal+ les droits de diffusion du championnat de France de rugby pour les quatre prochaines saisons (2015-2019).Canal+ conserve donc le Top 14, un des piliers de son offre sportive, malgré l'intervention de la justice, qui avait demandé à la LNR de revoir sa copie en lançant un nouvel appel d'offres, après avoir dénoncé l'accord de gré à gré conclu entre la LNR et la chaîne cryptée. C'est la chaîne beIN Sports qui avait porté plainte pour « entente anticoncurrentielle ». >> Lire aussi l'analyse : Les droits du Top 14 de rugby vont être remis sur le marchéA peine vingt-quatre heures se sont écoulées entre la réception des offres, lundi à 17 heures, et le choix de Canal+. Signe que les patrons du rugby français n'entendaient pas remettre en question leur choix initial. Mais aussi que Canal+, qui versera 74 millions d'euros par saison — un record —, n'entend pas renoncer à son positionnement sur le rugby.Seule ombre au tableau pour Canal+, le lot acquis ne comprend pas la finale du Top 14, pour laquelle la LNR a indiqué avoir reçu plusieurs offres pour une diffusion en clair ou sur une chaîne payante.« Ce nouveau partenariat, d'un montant jamais atteint dans le rugby professionnel au plan international, permet au Top 14 de continuer à renforcer son exposition (...) et de conforter son statut de championnat le plus attractif au monde », s'est félicité la Ligue dans un communiqué.« Le Top 14 vient enrichir l'offre rugby la plus large à la télévision » a indiqué Canal+, qui détient déjà les droits du Super-15, du Four Nations, des tournées du XV de France dans l'hémisphère Sud, et a racheté lundi à TF1 27 des 48 matches de la prochaine Coupe du monde.De son côté, beIN Sports a pris « acte » de la décision de la LNR. Celle-ci a aussi reçu cinq offres pour la diffusion de la ProD2 pour les cinq prochaines saisons et annoncera le lauréat ultérieurement.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.01.2015 à 11h30 • Mis à jour le21.01.2015 à 17h15 | Martin Untersinger, Damien Leloup et Nathalie GuibertL'essentielDes hackeurs ont tenté de prendre le contrôle du compte Twitter du Monde.fr et ont réussi à s'infiltrer dans notre outil de publication, avant de lancer une attaque par déni de service.Les mécanismes de sécurité pour empêcher des publications par des personnes ne travaillant pas au Monde ont fonctionné.Le Monde va porter plainte.On devrait toujours se méfier des e-mails que ses collègues envoient le dimanche. Celui qui est arrivé dans la boîte mail d'une des journalistes du Monde, le 18 janvier en milieu de matinée, avait l'apparence anodine d'un lien vers le site de la BBC. La destinataire, pensant que son rédacteur en chef lui « envoyait un lien pour [lui] proposer un sujet », n'avait aucune raison de se méfier.En réalité, le lien menait vers une imitation quasi parfaite de la page de connexion de sa boîte mail professionnelle. Et le message reçu n'avait pas été envoyé par son supérieur hiérarchique mais par des pirates. Dans les heures qui ont suivi, plusieurs journalistes du Monde recevaient des messages similaires. Ils contenaient simplement un lien, parfois accompagné d'une formule de politesse en anglais.Ces mails ne leur étaient pas envoyés par leurs collègues, malgré les apparences. De la même façon qu'il est possible d'écrire au dos des enveloppes postales une adresse fantaisiste, il est très facile de modifier le champ « envoyeur » d'un message électronique. Et seul un œil averti est en mesure de détecter la supercherie.Le compte Twitter cibléCette pratique, qui consiste à inciter sa cible à renseigner son identifiant et son mot de passe en se faisant passer pour une personne de confiance, se nomme « hameçonnage » – ou « phishing », en anglais. Il suffit que l'une des victimes tombe dans ce piège, vieux comme Internet, et c'est une boîte au trésor qui s'ouvre pour les pirates. Quiconque a passé quelques jours dans une entreprise au XXIe siècle le sait : les mots de passe circulent sans cesse par courrier électronique ou messagerie instantanée.Il semblerait cependant que les pirates n'aient pas trouvé, dans un premier temps, ce qu'ils cherchaient. Une information précise les intéressait : le mot de passe du compte Twitter du Monde.fr et ses plus de 3 millions d'abonnés. Leurs cibles initiales ne laissent guère de doute : il s'agit de journalistes disposant des codes d'accès aux réseaux sociaux et de journalistes haut placés dans la rédaction. Croisé dans un ascenseur, un rédacteur en chef ayant échappé à l'attaque se désole : « Mais je n'ai pas reçu de faux mail, ça veut dire que je ne suis pas un chef qui compte ? »Malheureusement pour les pirates, les équipes du Monde.fr, conscientes des risques, n'avaient jamais échangé de mots de passe par courrier électronique ni messageries instantanées. Bredouilles, les hackeurs abattent une nouvelle carte, en envoyant, lundi 19 janvier à 9 h 57, un court message à l'une des rares personnes de l'équipe disposant du mot de passe : « Je ne peux pas vous connecter à Twitter, c'est le mdp ? ». Nous comprenons alors qu'au moins un compte email a été compromis ; la détentrice du précieux sésame donne l'alerte.A ce moment-là, cela fait déjà près d'une heure que quelques journalistes du Monde.fr, ayant remarqué que des messages suspects avaient été envoyés en leur nom ou qu'ils en avaient reçu, essaient de remonter le fil de ce qui ne semble être alors qu'une tentative de hameçonnage.Des serveurs piratés aux États-UnisA première vue, les messages envoyés par les pirates ne contiennent qu'un lien vers une fausse page. Mais ils comportent tout de même plusieurs traces : celle de la machine qui a été utilisée pour envoyer les courriels – dont l'adresse sur le réseau figure dans le code informatique du message – et celle des pages sur lesquelles renvoyaient les messages.Le serveur qui a servi à l'envoi de ces mails frauduleux n'est pas situé dans un paradis pour hackeurs. Il se trouve tout simplement aux Etats-Unis, chez un prestataire – qui semble tout à fait légitime – du New York Post. Un journal qui a été victime d'un piratage il y a trois jours : son compte Twitter avait brièvement publié des messages annonçant la troisième guerre mondiale avant que les équipes en reprennent le contrôle.Mais les pirates qui ont attaqué le New York Post ne se sont pas contentés de voler le mot de passe du compte Twitter du journal. Ils se sont également ménagé un accès discret sur des machines utilisées par l'entreprise. Ce dimanche et lundi, ils se sont servis d'une de ces machines pour envoyer les courriels ciblés visant plusieurs journalistes du Monde afin d'éviter que leurs messages ne soient bloqués par des filtres antispam.Les pages piégées vers lesquelles pointaient les e-mails sont elles aussi hébergées aux Etats-Unis, sur deux sites différents mais situés sur le même serveur, avec d'autres pages, dont un petit site de commerce électronique. Lorsque nous appelons la propriétaire de ce dernier, elle tombe des nues : « Oh mon Dieu, c'est terrible ! » C'est son « responsable informatique » qui gère son site. Il travaille en freelance alors qu'il se trouve dans le nord-est des Etats-Unis, et son profil ne cadre pas vraiment avec celui d'un dangereux hackeur : jeune papa, c'est un fervent opposant de la surveillance menée par la NSA et se revendique sur les réseaux sociaux comme « végétarien » et « féministe ».Lorsque nous le contactons, il découvre qu'un intrus utilise également son serveur pour envoyer « beaucoup de mails de spam vers des adresses du Monde.fr ». D'autres envois sont programmés, dont un bon nombre semble émaner de Chine. Il bloque alors ce qu'il peut, mais une partie des e-mails est déjà envoyée.Tentatives de publication sur LeMonde.frCette « deuxième vague » de messages piégés est beaucoup plus importante que la première. Elle a été envoyée à de très nombreux salariés du Monde. L'objectif recherché de l'attaque a changé : il ne s'agit plus de prendre le contrôle de nos comptes sur les réseaux sociaux. Les pirates cherchent, plus largement, tout ce qui pourrait leur permettre de publier un message de revendication sur un espace éditorial du Monde.Cela, nous le découvrons une heure plus tard. Aux alentours de 18 h 30, lundi, plusieurs messages étranges apparaissent sous la forme de brouillons dans notre outil de publication. Leurs titres sont en anglais, leur sens est limpide : « Message de l'Armée électronique syrienne » ou « Hacké par l'Armée électronique syrienne ». Beaucoup de gens se mettent à courir subitement dans les couloirs pour s'assurer que les pirates n'arrivent pas à publier quoi que ce soit sur Le Monde.fr. Une heure plus tard, le constat est rassurant : aucun faux article n'a été mis en ligne, grâce à un mécanisme de sécurité interne qui a fonctionné.Un groupe « para-étatique »L'Armée électronique syrienne est un groupe bien connu. Ces hackeurs pro-Assad s'attaquent depuis des années aux sites et comptes Twitter des médias internationaux, qu'ils détournent pour publier des messages de propagande ou de fausses informations. Leur mode opératoire est toujours le même : des cibles à très grande visibilité, qu'ils attaquent par des techniques de hameçonnage. Plus que le vol de données, ils cherchent à faire des « coups », des actions spectaculaires. En 2013, le groupe avait piraté le compte Twitter d'Associated Press pour y annoncer que deux explosions avaient été entendues à la Maison Blanche et que le président Barack Obama était blessé – le message avait fait immédiatement plonger la Bourse de New York.Récit : Un faux tweet à 136 milliards de dollarsQui sont-ils ? A plusieurs reprises, des porte-parole de l'Armée électronique syrienne ont affirmé qu'ils n'étaient pas directement liés à l'armée syrienne. Selon l'un d'eux, interrogé il y a un peu plus d'un an par Le Monde, le groupe est composé de « jeunes Syriens qui veulent défendre leur pays sur Internet » et qui s'attaquent aux médias occidentaux « parce qu'ils continuent de publier des informations fausses sur la Syrie ». Le groupe de pirates n'a aucun lien avec les groupes djihadistes qui ont lancé depuis plus d'une semaine une série d'attaques de faible ampleur contre des sites français. Lié au clan Assad, mais aussi à l'Iran, ce groupe dispose de moyens étatiques, selon des sources militaires françaises. Jusqu'à présent, le groupe s'était très peu attaqué à des sites français ou francophones, concentrant ses attaques sur des cibles américaines.Lire : l'armée électronique syrienne, combien de divisions ?Déni de serviceLundi soir, l'Armée électronique syrienne n'était pas parvenue à publier ses messages de revendication sur notre site. Ni à prendre le contrôle de notre compte Twitter. Coïncidence ? En début de soirée, notre site était visé par une autre attaque, de type déni de service, cette fois-ci. Beaucoup plus simple à réaliser techniquement, un déni de service distribué vise à bloquer la connexion à un site en le saturant de fausses connexions. Arme habituelle de groupes disposant de moins de moyens que l'Armée électronique syrienne, elle semble avoir été employée cette fois-ci... presque par dépit.Rassemblées au siège du Monde, boulevard Auguste-Blanqui, une douzaine de personnes procédaient au même moment aux vérifications et au nettoyage des comptes infectés. Alors que la situation revient peu à peu à la normale, mardi matin, la direction du Monde décide qu'elle portera plainte au plus tôt. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444463', 25258, '', 'parallax', 'desktop']); require(["lmd/core/advert/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Martin UntersingerJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.01.2015 à 09h42 • Mis à jour le20.01.2015 à 09h57 Le président François Hollande s'est engagé, lundi 19 janvier, dans un discours prononcé à l'occasion du 70e anniversaire de l'Agence France-Presse, à ce qu'un projet de loi renforçant « la protection du secret des sources » soit examiné au Parlement cette année.« Il y a un projet de loi qui est attendu depuis trop longtemps, qui doit renforcer la protection du secret des sources, il sera discuté au Parlement cette année, je m'y engage », a déclaré M. Hollande, alors que le texte est à l'arrêt depuis un an à l'Assemblée.ENCOURAGER L'INVESTISSEMENT DANS LES ENTREPRISES DE PRESSELe 17 décembre, la ministre de la culture Fleur Pellerin avait indiqué que le gouvernement n'avait « pas renoncé à légiférer » sur ce sujet, soulignant que cela exigeait « un travail difficile et long », en particulier pour « nous assurer de la constitutionnalité du futur texte ».M. Hollande s'est également dit favorable à des mesures pour « favoriser l'investissement des particuliers dans le capital des entreprises de presse ». « Nous devrons aller dans ce sens », a-t-il dit devant plusieurs centaine de personnes réunies au palais Brongniart face à l'AFP. 19.01.2015 à 18h12 • Mis à jour le20.01.2015 à 15h41 Marée humaine à Grozny, capitale de la République tchétchène, pour dénoncer les caricatures de Mahomet ; drapeau français brûlé en Afghanistan et à Gaza, où les Français ont été menacés ; églises incendiées au Niger : les manifestations contre Charlie Hebdo se sont poursuivies, lundi 19 janvier, après un week-end déjà marqué par de nombreux rassemblements dans le monde musulman pour protester contre la publication des caricatures du Prophète.Evoquant à demi-mots ces manifestations, François Hollande, qui s'exprimait à l'occasion du 70e anniversaire de l'Agence France-Presse, a estimé que la France n'« insult[ait] personne » quand elle défendait ses « idées ». « La France ne fait pas de leçon, à aucun pays, mais la France n'accepte aucune intolérance » et « le drapeau français, c'est toujours celui de la liberté », a-t-il encore souligné.La Tchétchénie au cœur de la colère contre « Charlie Hebdo »La Tchétchénie, république musulmane du Caucase russe, est devenue pour quelques heures la capitale de la colère contre Charlie Hebdo. Depuis l'attentat commis le 7 janvier en France, qu'il a condamné du bout des lèvres, le président Ramzan Kadyrov, qui dirige d'une main de fer cette petite république musulmane qui fait partie de la fédération de Russie, a pris la tête du mouvement anti-Charlie dans la région, menaçant même les médias russes qui se laisseraient « tenter par l'aventure » de publier des caricatures par solidarité.Lire l'article de notre correspondante : Manifestation monstre en Tchétchénie contre « Charlie Hebdo »De grandes banderoles siglées de cœurs rouges et d'inscriptions en arabe proclamant leur amour pour le Prophète étaient visibles dans le cortège. « We love prophet Muhammad », brandissaient, en anglais, mais aussi en russe et en arabe, les protestataires qui ont lâché des centaines de ballons rouges dans le ciel porteurs du même message.A Gaza, des islamistes menacent d'égorger les FrançaisA Gaza, le drapeau français a été brûlé, et des menaces envers les Français ont été proférées par environ deux cents islamistes radicaux. « Français, dégagez de Gaza, ou nous vous égorgerons », ont scandé devant le Centre culturel français ces hommes, qui brandissaient le drapeau noir des djihadistes. Nombre des manifestants de Gaza portaient également des tenues analogues à celles des djihadistes de l'Etat islamique. Certains ont brandi des portraits des deux frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly. « Vous devez vous attendre à d'autres héros de l'islam, vous, fidèles de la Croix ! », a scandé la foule.Dix morts et quarante-cinq églises incendiées au NigerLe Niger, qui a été le théâtre des manifestations les plus violentes contre les caricatures de Mahomet, restait sous tension à la suite d'émeutes ayant fait dix morts. Trois cents chrétiens continuaient ainsi lundi de bénéficier d'une protection militaire à Zinder, dans le sud du pays, où cinq personnes ont été tuées vendredi.Lire notre article (édition abonnés) : Dix morts lors de protestations anti-« Charlie » au NigerAu total, au cours des émeutes qui ont également fait cinq victimes samedi à Niamey, la capitale, quarante-cinq églises ont été incendiées, et des commerces, des hôtels ainsi qu'une école et un orphelinat appartenant à des non-musulmans ont été détruits.A Téhéran, ambassade et école française fermées Plusieurs centaines de manifestants, qui répondaient à l'appel du mouvement du Bassidj étudiant (section étudiante de la milice islamique), se sont rassemblés aux abords de l'ambassade de France à Téhéran. Les manifestants scandaient « Mort à la France ! », « Mort à Israël ! » et « Nous aimons le Prophète ! », selon un journaliste de l'Agence France-Presse (AFP) présent sur place, alors que d'autres réclamaient la fermeture de l'ambassade.Lire la note de blog : Iran : manifestation contre « Charlie Hebdo » devant l'ambassade de France à TéhéranL'ambassade a annoncé que ses services ainsi que les organismes culturels affiliés seraient fermés au public lundi, et les ressortissants français sont invités à « éviter tout déplacement dans le quartier ». L'école française sera également fermée par mesure de sécurité.En Afghanistan, des drapeaux français brûlésA Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan, environ cinq cents manifestants ont défilé et brûlé un drapeau français. Au cours de la manifestation, les participants ont scandé notamment « Mort à la France ! ». Matiullah Ahmadzai, l'un des organisateurs, a demandé au gouvernement afghan et aux autres pays musulmans de rompre leurs liens diplomatiques avec la France.Vendredi dernier, Ashraf Ghani, le président de l'Afghanistan — qui avait condamné la semaine dernière l'attaque contre Charlie Hebdo —, s'était joint aux protestations, qualifiant la nouvelle caricature d'acte « insultant » et « irresponsable ».Troisième jour de manifestations au PakistanDans le Pakistan voisin, environ deux cent cinquante militants de la Jamaat-e-Islami (Alliance démocratique islamique) ont scandé « Mort à la France ! », « Mort à Charlie Hebdo ! » à Peshawar, après trois jours marqués par de nombreuses manifestations, parfois violentes, à travers le pays.Vendredi, après la traditionnelle prière, la contestation avait tourné à l'affrontement devant le consulat français de Karachi, où un photographe de l'AFP a été grièvement blessé par balle.Lire aussi notre décryptage : Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ? 17.01.2015 à 11h48 • Mis à jour le17.01.2015 à 12h42 Encore 2 millions à l'imprimerie. Le numéro de Charlie Hebdo du 14 janvier, une semaine après l'attaque qui a coûté la vie à 12 personnes, va être réimprimé pour atteindre 7 millions d'exemplaires. La vente s’étalera sur plusieurs semaines.Lire ce que contient le « Charlie Hebdo » du 14 janvier : 36 « terros », 21 flingues, et une larme à l’œilUn tirage exceptionnel pour l'hebdomadaire qui n'est habituellement tiré qu'à 60 000 exemplaires, pour des ventes de 30 000 à 35 000 numéros chaque semaine.RUÉE DANS LES KIOSQUESLors d'une conférence de presse à la veille de la parution du numéro 1178, l'équipe de Charlie Hebdo avait annoncé le chiffre de 3 millions d'exemplaires, rapidement porté à 5 millions au vu du succès rencontré.Suscitant une ruée inédite dans les kiosques, le journal a en effet vendu 1,9 million d'exemplaires les deux premiers jours, selon les Messageries lyonnaises de presse (MLP).>> Lire le récit de la conférence de rédaction de « Charlie Hebdo » à « Libé »En dehors des marchands de journaux, plusieurs centaines de milliers d'exemplaires ont également été achetés par des entreprises, des institutions ou des collectivités. C'est notamment le cas d'Air France qui a acheté 20 000 exemplaires pour ses passagers, au tarif plein de 3 euros, alors que la compagnie bénéficie généralement de prix très réduits.Le journal touchera la totalité des recettes pour le premier million d'exemplaires (soit 3 millions d'euros), dans le cadre d'une grande opération de solidarité de toute la chaîne d'impression et de distribution, qui a accepté de travailler gratuitement, en rendant leur commission pour aider Charlie Hebdo et les familles des victimes. Le dernier numéro, qui porte en « une » un dessin du prophète Mahomet, a suscité un débat au sein et entre les rédactions de plusieurs médias, entre ceux qui choisissaient de la publier et ceux qui s'y opposaient. Il a également provoqué dans plusieurs pays musulmans des protestations parfois émaillées de violences.Les recettes de ce prochain numéro seront entièrement reversées aux familles des victimes, les distributeurs (kiosques, messageries...) renonçant à leur commission. 16.01.2015 à 19h32 • Mis à jour le17.01.2015 à 14h10 Trois jours après sa publication, la « une » du dernier Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » continue de provoquer la colère dans le monde musulman. Plusieurs milliers de fidèles ont manifesté, vendredi 16 janvier, après la grande prière, à travers une dizaine de pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Les manifestations se poursuivaient samedi au Niger.La couverture du journal satirique avait suscité dès sa sortie mercredi de nombreuses critiques de gouvernements ou instances musulmanes en Egypte, à Jérusalem ou encore au Sénégal. La Tunisie, le Maroc et l'Algérie n'ont pas autorisé la diffusion de l'hebdomadaire.Lire le décryptage : Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ?Violentes manifestations au NigerTrois églises ont été incendiées samedi à Niamey, où la contestation de la caricature de Mahomet publiée dans Charlie Hebdo s'étend dans plusieurs quartiers de la capitale, dont celui de la cathédrale après une première manifestation violente dans la matinée, selon un journaliste de l'Agence France-Presse présent sur place. Une centaine de policiers anti-émeute, munis de casques et de boucliers, protégeaient la cathédrale de Niamey, essuyant des jets de pierres de protestataires. La veille, une manifestation à Zinder, la deuxième ville du Niger, a terminé en affrontements au cours desquels trois civils et un policier ont été tués, et environ 45 personnes blessées. « Certains manifestants avaient des arcs et flèches, des gourdins, et ils en ont fait usage », selon un policier. Le ministre de l'intérieur nigérien a affirmé que certains manifestants « arboraient l'étendard de Boko Haram », alors qu'ils « attaquaient une église catholique ». Le centre culturel français de la ville avait également été incendié.Manifestation palestinienne à Jérusalem-Est« L'islam est une religion de paix » et « Mahomet sera toujours notre guide », pouvait-on lire sur des banderoles à Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée par Israël. Le grand mufti Mohammad Hussein, qui dirigeait la prière à laquelle environ 35 000 personnes ont pris part, n'a pas évoqué Charlie Hebdo dans son prêche. Il avait dénoncé mercredi comme une « insulte » aux musulmans la « une » de l'hebdomadaire et condamné « le terrorisme sous toutes ses formes ».Dans la nuit, des inconnus ont également recouvert le mur d'enceinte du centre culturel français à Gaza d'inscriptions promettant « l'enfer » aux journalistes de Charlie Hebdo. Le centre est actuellement fermé après avoir été visé par deux explosions revendiquées par des islamistes et des policiers étaient positionnés samedi matin devant la porte du bâtiment. 2 500 manifestants dans la capitale jordanienneVendredi, le plus important rassemblement avait eu lieu à Amman, où 2 500 manifestants, membres des Frères musulmans et d'organisations de jeunesse, ont défilé sous haute surveillance et dans le calme, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire « l'atteinte au grand Prophète relève du terrorisme mondial ».Le roi Abdallah II, qui avait participé dimanche à la marche de Paris contre le « terrorisme », a depuis qualifié Charlie Hebdo d'« irresponsable et inconscient ».>> Lire aussi (abonnés) : Les invités embarrassants de la marcheDes milliers de personnes réunies à AlgerEntre 2 000 et 3 000 personnes, dont des femmes et des enfants, ont également manifesté vendredi à Alger à la suite d'appels sur les réseaux sociaux, relais d'une campagne de protestation lancée dès la publication de Charlie Hebdo mercredi.Lire le reportage : Manifestations à Alger contre « l'offense » faite au Prophète par « Charlie Hebdo »Plus d'un millier de manifestants à Dakar, le drapeau français brûléAu moins un millier de manifestants ont aussi protesté dans la capitale du Sénégal. Un drapeau français a été brûlé devant l'ambassade de France, dans le centre de Dakar. La police a lancé des bombes lacrymogènes pour disperser la foule, qui criait « Allah akbar ! ». Des milliers de personnes à Bamako, au MaliAprès la grande prière du vendredi, des milliers de manifestants ont convergé vers le boulevard de l'Indépendance, à Bamako, point névralgique des manifestations politiques dans le centre de la capitale malienne. L'appel à manifester était venu de prédicateurs célèbres et du Haut Conseil islamique du Mali, principale organisation islamique de ce pays à 90 % musulman, et où la France s'est militairement engagée en 2013 pour chasser des groupes djihadistes liés à Al-Qaida.Des manifestations dans cinq villes du PakistanA Karachi, des heurts violents entre policiers et manifestants ont fait des blessés, dont un grave. Un photojournaliste qui travaille pour l'AFP a été atteint d'une balle dans un poumon, puis admis d'urgence dans un hôpital, où il a subi avec succès une intervention chirurgicale. Il serait « hors de danger dans l'immédiat », d'après l'hôpital.D'autres rassemblements avaient lieu à Islamabad, la capitale du pays, à Lahore, à Peshawar et à Multan, où un drapeau tricolore français a également été brûlé.Des centaines de musulmans rassemblés au SoudanA Khartoum, quelques centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la grande prière, dont certains ont scandé : « Expulsez l'ambassadeur de France, victoire au prophète de Dieu ! ». Sur une banderole on pouvait lire : « Le gouvernement français doit présenter des excuses… ».Appel à des « manifestations pacifiques » au QatarAu Qatar, l'Union mondiale des oulémas, dirigée par le prédicateur Youssef Al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des « manifestations pacifiques » et a critiqué le « silence honteux » de la communauté internationale sur cette « insulte aux religions ». Les autorités du pays, qui avaient fermement dénoncé l'attentat contre Charlie Hebdo, ont « condamné la nouvelle publication de dessins offensants pour le prophète Mahomet », publication qui, selon elles, alimente « la haine et la colère ».Un « acte irresponsable », selon le président afghanEnfin le président afghan Ashraf Ghani – qui avait condamné la semaine dernière l'attaque contre Charlie Hebdo – s'est joint aux protestations, qualifiant la nouvelle caricature d'acte « insultant » et « irresponsable » et estimant que « la liberté d'expression devrait être utilisée de façon constructive afin de promouvoir la coexistence pacifique entre les religions ».Les talibans afghans avaient aussi dénoncé jeudi la nouvelle publication, qui selon eux provoque « les sensibilités de près d'un milliard et demi de musulmans ». Abel Mestre Après la parution, vendredi 16 janvier, dans le tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda d'une interview choc, Jean-Marie Le Pen maintient auprès du Monde la quasi-totalité de ses propos publiés concernant la tuerie de Charlie Hebdo. Dans cet entretien, le président d’honneur du Front national commence par déclarer : « Je ne suis pas Charlie Hebdo. Ce journal anarchiste était l’ennemi direct de notre parti le Front national, et ses journalistes, il y a quelques années, rassemblaient des signatures pour une pétition exigeant notre interdiction. Et tous ces politiciens, qui sont sortis manifester, ce ne sont pas des Charlie, mais des charlots ! »Surtout la Komsomolskaïa Pravda, qui a attribué les attentats récents à Paris aux Américains, prête à Jean-Marie Le Pen les propos suivants :  « Ces passeports oubliés des frères Kouachi me rappellent le passeport d’un terroriste tombé de l’avion en feu le 11 septembre 2001, et préservé par miracle. New York était en flammes, mais le passeport est resté intact. Aujourd’hui, on nous dit que les terroristes sont des idiots, voilà pourquoi ils auraient laissé les documents dans la voiture. La fusillade à Charlie Hebdo ressemble à une opération des services secrets, mais nous n’avons pas de preuves. Je ne pense pas que les organisateurs de ce crime soient les autorités françaises, mais elles ont permis à ce crime d’être commis. Ce sont pour l’instant des suppositions. »« 15-20 millions » de musulmans en FranceInterrogé par Le Monde, visiblement gêné, M. Le Pen maintient qu’il juge « étonnant de trouver une carte d'identité avec des tueurs aussi organisés. C'est aussi étonnant que de trouver un passeport intact le 11 septembre. Je m'étonne simplement de cela et je crois que je ne suis pas le seul. » En revanche, le vieux leader frontiste se dit catégorique. Il ne se « souvient pas d'avoir parlé des services secrets ».Dans ce même entretien, M. Le Pen chiffre à « 15-20 millions » le nombre de musulmans vivant en France. Un chiffre tiré de publications d’Azouz Beggag, affirme-t-il au Monde. A la question : « Est-ce que Marine Le Pen vous a téléphoné pour vous remonter les bretelles ?  », il répond : « Personne ne me remonte les bretelles ! On ne me remonte pas les bretelles au Front national ! » Abel MestreJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.01.2015 à 17h20 | Eric Nunès « Tu voulais faire venir tout le monde à Pontoise, une idée qui ne vient pas à tous spontanément, mais tu as réussi », a salué dans un sourire Patrick Pelloux, urgentiste et rescapé de l'équipe de Charlie Hebdo lors d'un dernier hommage rendu, vendredi 16 janvier, à Stéphane Charbonnier, dit Charb, ancien directeur de la publication de l'hebdomadaire satirique, assassiné lors de l'attaque terroriste du 7 janvier.Hommes, femmes, enfants, ils sont nombreux à avoir bravé le froid et à s'être déplacés jusqu'à cette commune du Val-d'Oise pour lancer un au revoir ou lever le poing face au cercueil du défunt. La salle d'exposition Pontoise, perdue au cœur de la zone d'activité de la ville, n'a pas suffi à accueillir tous les amis et admirateurs du dessinateur. Plusieurs centaines ont suivi la cérémonie sur deux écrans géants plantés sur le parking. Parmi les personnalités politiques, Christiane Taubira, ministre de la justice, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation, et Fleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication.ENTRE RIRES ET LARMESC'est en musique, avec des chansons, des poèmes et quelques blagues que les proches et survivants du massacre se sont relayés au micro pour porter leur adieu, entre rires et larmes. Tristesse et envie de vivre, d'avancer, de continuer, mais tristesse quand même... C'est ce qu'a chanté sur la scène Bénabar avec « Le Fou Rire » : « Un fou rire à un enterrement, je m'en veux, je m'en veux vraiment, c'était nerveux sûrement, en tout cas, ce n'était pas le moment. (...) J'ai pleuré à ton enterrement, je n'avais pas le choix, tu n'étais plus là comme avant, pour rire avec moi. »Charb, lui, était plutôt rock. Les Dead Kennedys, groupe de punk des années 1978-80, ont donc été mis à contribution avec « Back in the USSR ». « C'était sa chanson préférée, il mettait ça dans son appartement et il cassait tout », lance Luz, dessinateur rescapé de la tuerie. Dans son hommage, l'auteur de la « une » du dernier Charlie Hebdo imagine les dessins que Charb aurait produits s'il n'avait été fauché par les balles des tueurs. « Cette semaine, tu aurais dessiné Nétanyahu et Abbas défilant ensemble. Mais dans ton dessin, tu ne les aurais pas dessinés en train de se tenir la main, mais en train de tenir la bite de Sarkozy, au milieu, tout sourire carnassier. Tu aurais dessiné une grosse gueule de Marine Le Pen avec un tout petit panneau 'Je suis Charlie' sous le nez. Tu aurais dessiné le pape, qui nous chie dans les bottes... »« L'esprit de Charlie Hebdo est vivant ! », a encore lancé Luz avant d'appeler tous ceux qui proclament aujourd'hui être Charlie à se mobiliser. « Prouvez-le ! Prenez vos crayons, vos papiers, un scan, un ordi, exprimez-vous... En texte, en dessin, en vidéo, que sais-je... », lance à la foule le dessinateur avant de citer les Dead Kennedys : « Too drunk to fuck, but too funny to die! » (« Trop bourré pour baiser, mais trop drôle pour mourir »).« HEUREUX DE T'AVOIR CONNU »L'humoriste François Morel est également venu saluer Charb : « Mieux vaut un dessin qu'un long discours, un crayon qu'une Kalachnikov. » L'ancien ministre communiste Jack Ralite a expliqué que Charb était « un urgentiste de la dignité. » « Tes doigts talentueux nous ont donné des dessins lucioles. Je ne suis pas seulement triste de t'avoir perdu. Je suis surtout heureux de t'avoir connu », a-t-il ajouté.Les larmes aux yeux, la gorge nouée par l'émotion d'une semaine folle, Patrick Pelloux conclut : « Chouchou, le silence fait un bruit assourdissant. Le vide est encombrant, l'absence est devenue ma compagne. » « Charb était dans ma vie ce que sont les éléments », a poursuivi le médecin et chroniqueur de Charlie Hebdo avant de saluer l'engagement de son ami, « le genre de type qui relève toujours le camarade tombé à terre. Dans les cordées difficiles, sur les chemins escarpés de la vie, il était de ceux qui vous faisaient tenir debout ».Puis, évoquant les assassins, celui qui fut le premier à porter secours aux victimes juste après le massacre commis au sein de la rédaction lance :« Ils voulaient nous coucher, ils nous ont remis debout ! »La cérémonie se termine sur la chanson « Dirty Old Town » du groupe The Pogues. Luz tente un sourire avant le dernier départ de son ami. Sa bouche se crispe, il se prend la tête dans les mains et pleure. Patrick Pelloux lance un dernier message: « Charb, réponds-moi un jour... Juste une dernière fois. »Eric NunèsJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Jointes par Le Monde, les messageries lyonnaises de presse (MLP) chargées de sa distribution précisent les chiffres de vente du numéro historique de Charlie Hebdo paru le mercredi 14 janvier, suscitant une ruée inédite dans les kiosques. Le journal a vendu 1,9 million d’exemplaires les deux premiers jours, calculent les MLP. Le tirage annoncé est de 5 millions d’exemplaires mais la vente s’étalera sur plusieurs semaines.Ainsi, mercredi, environ 700 000 exemplaires ont été mis en place dans les kiosques, sur les presque un million distribués par les messageries aux dépôts. Les MLP ont constaté, par sondages téléphoniques, une rupture de stock nationale vers 10 h 30.55 000 commandes en AllemagneJeudi, environ 900 000 exemplaires supplémentaires ont été mis en place (sur 1 million distribué au total) mais le réseau a été également écoulé les 300 000 restants de la veille, notent les MLP, qui ont constaté une rupture de stock vers 11 h 30.Vendredi, 1 million d’exemplaires ont à nouveau été mis en place, selon les messageries, qui à midi n’avaient toutefois pas encore constaté d’épuisement des stocks nationaux.A l’étranger, les premiers exemplaires (« quelques dizaines de milliers », selon MLP) ont été distribués jeudi. Les messageries ont enregistré 150 000 exemplaires commandés et estiment que les ventes finales s’élèveront à 300 000 pour le monde entier. L’Allemagne semble le pays le plus concerné, avec 55 000 commandes à elle seule.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 10h52 • Mis à jour le16.01.2015 à 15h26 Le cercueil de Stéphane Charbonnier, dit Charb, tué dans l'attaque contre Charlie Hebdo, est arrivé vendredi 16 janvier sous les applaudissements à Pontoise, dans le Val-d'Oise, où des centaines de proches et d'anonymes se sont rassemblés pour un dernier hommage avant son inhumation.Lire le portrait : Charb, le rire d'abordLe dessinateur Luz s'est adressé à Charb, « mon ami, mon frère, mon rédacteur en chef, mon compagnon de beuverie ».« Charb, le nombre de dessins que tu aurais pu faire cette semaine ! Si tu avais vu ça, tu en aurais dessiné des conneries, tu en aurais usé des stylos, tu en aurais rempli du papier. »« Et si tu avais été là au bouclage dernier, tu aurais surtout dessiné à l'adresse de ces millions de gens un petit bonhomme avec un gros nez tenant une pancarte avec marqué  ''Je suis Charlie''. En dessous, tu aurais marqué  ''prouvez-le'' . Prenez vos crayons, du papier, un scan, un ordinateur et exprimez-vous. L'esprit de ''Charlie Hebdo'' est vivant et j'espère (...) que des milliers de ''Charlie Hebdo'' vont surgir des lycées, des facs, des imprimeries. » « CHARLIE VIVRA ! »« Tu pensais faire un scandale national s'ils te tuaient. Tu t'es trompé, c'était un scandale mondial », a quant à lui déclaré Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie Hebdo, ému aux larmes.Outre la famille de Stéphane Charbonnier et les survivants de l'hebdomadaire, plusieurs ministres dont Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem et Fleur Pellerin, ou encore les dirigeants du Parti communiste, Pierre Laurent, et l'ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, assistaient à cette cérémonie.« Charlie vivra ! (...) La troupe des têtes dures qui pleure aujourd'hui son héros a le cœur gonflé d'orgueil en pensant » à Charb, a déclaré Jean-Luc Mélenchon lors de la cérémonie. « Ci-gît l'un des premiers dessinateurs de l'histoire mort pour ce qu'il représentait », a-t-il ajouté.Dehors, des centaines d'anonymes avaient fait le déplacement pour suivre la cérémonie sur écran géant. Il doit être inhumé dans la stricte intimité, au cimetière de Pontoise, après la cérémonie.Notre journaliste Eric Nunès était sur place :Tweets de @NunesEric!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); 17.01.2015 à 11h48 • Mis à jour le17.01.2015 à 12h42 Encore 2 millions à l'imprimerie. Le numéro de Charlie Hebdo du 14 janvier, une semaine après l'attaque qui a coûté la vie à 12 personnes, va être réimprimé pour atteindre 7 millions d'exemplaires. La vente s’étalera sur plusieurs semaines.Lire ce que contient le « Charlie Hebdo » du 14 janvier : 36 « terros », 21 flingues, et une larme à l’œilUn tirage exceptionnel pour l'hebdomadaire qui n'est habituellement tiré qu'à 60 000 exemplaires, pour des ventes de 30 000 à 35 000 numéros chaque semaine.RUÉE DANS LES KIOSQUESLors d'une conférence de presse à la veille de la parution du numéro 1178, l'équipe de Charlie Hebdo avait annoncé le chiffre de 3 millions d'exemplaires, rapidement porté à 5 millions au vu du succès rencontré.Suscitant une ruée inédite dans les kiosques, le journal a en effet vendu 1,9 million d'exemplaires les deux premiers jours, selon les Messageries lyonnaises de presse (MLP).>> Lire le récit de la conférence de rédaction de « Charlie Hebdo » à « Libé »En dehors des marchands de journaux, plusieurs centaines de milliers d'exemplaires ont également été achetés par des entreprises, des institutions ou des collectivités. C'est notamment le cas d'Air France qui a acheté 20 000 exemplaires pour ses passagers, au tarif plein de 3 euros, alors que la compagnie bénéficie généralement de prix très réduits.Le journal touchera la totalité des recettes pour le premier million d'exemplaires (soit 3 millions d'euros), dans le cadre d'une grande opération de solidarité de toute la chaîne d'impression et de distribution, qui a accepté de travailler gratuitement, en rendant leur commission pour aider Charlie Hebdo et les familles des victimes. Le dernier numéro, qui porte en « une » un dessin du prophète Mahomet, a suscité un débat au sein et entre les rédactions de plusieurs médias, entre ceux qui choisissaient de la publier et ceux qui s'y opposaient. Il a également provoqué dans plusieurs pays musulmans des protestations parfois émaillées de violences.Les recettes de ce prochain numéro seront entièrement reversées aux familles des victimes, les distributeurs (kiosques, messageries...) renonçant à leur commission. 16.01.2015 à 19h32 • Mis à jour le17.01.2015 à 14h10 Trois jours après sa publication, la « une » du dernier Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » continue de provoquer la colère dans le monde musulman. Plusieurs milliers de fidèles ont manifesté, vendredi 16 janvier, après la grande prière, à travers une dizaine de pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Les manifestations se poursuivaient samedi au Niger.La couverture du journal satirique avait suscité dès sa sortie mercredi de nombreuses critiques de gouvernements ou instances musulmanes en Egypte, à Jérusalem ou encore au Sénégal. La Tunisie, le Maroc et l'Algérie n'ont pas autorisé la diffusion de l'hebdomadaire.Lire le décryptage : Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ?Violentes manifestations au NigerTrois églises ont été incendiées samedi à Niamey, où la contestation de la caricature de Mahomet publiée dans Charlie Hebdo s'étend dans plusieurs quartiers de la capitale, dont celui de la cathédrale après une première manifestation violente dans la matinée, selon un journaliste de l'Agence France-Presse présent sur place. Une centaine de policiers anti-émeute, munis de casques et de boucliers, protégeaient la cathédrale de Niamey, essuyant des jets de pierres de protestataires. La veille, une manifestation à Zinder, la deuxième ville du Niger, a terminé en affrontements au cours desquels trois civils et un policier ont été tués, et environ 45 personnes blessées. « Certains manifestants avaient des arcs et flèches, des gourdins, et ils en ont fait usage », selon un policier. Le ministre de l'intérieur nigérien a affirmé que certains manifestants « arboraient l'étendard de Boko Haram », alors qu'ils « attaquaient une église catholique ». Le centre culturel français de la ville avait également été incendié.Manifestation palestinienne à Jérusalem-Est« L'islam est une religion de paix » et « Mahomet sera toujours notre guide », pouvait-on lire sur des banderoles à Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée par Israël. Le grand mufti Mohammad Hussein, qui dirigeait la prière à laquelle environ 35 000 personnes ont pris part, n'a pas évoqué Charlie Hebdo dans son prêche. Il avait dénoncé mercredi comme une « insulte » aux musulmans la « une » de l'hebdomadaire et condamné « le terrorisme sous toutes ses formes ».Dans la nuit, des inconnus ont également recouvert le mur d'enceinte du centre culturel français à Gaza d'inscriptions promettant « l'enfer » aux journalistes de Charlie Hebdo. Le centre est actuellement fermé après avoir été visé par deux explosions revendiquées par des islamistes et des policiers étaient positionnés samedi matin devant la porte du bâtiment. 2 500 manifestants dans la capitale jordanienneVendredi, le plus important rassemblement avait eu lieu à Amman, où 2 500 manifestants, membres des Frères musulmans et d'organisations de jeunesse, ont défilé sous haute surveillance et dans le calme, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire « l'atteinte au grand Prophète relève du terrorisme mondial ».Le roi Abdallah II, qui avait participé dimanche à la marche de Paris contre le « terrorisme », a depuis qualifié Charlie Hebdo d'« irresponsable et inconscient ».>> Lire aussi (abonnés) : Les invités embarrassants de la marcheDes milliers de personnes réunies à AlgerEntre 2 000 et 3 000 personnes, dont des femmes et des enfants, ont également manifesté vendredi à Alger à la suite d'appels sur les réseaux sociaux, relais d'une campagne de protestation lancée dès la publication de Charlie Hebdo mercredi.Lire le reportage : Manifestations à Alger contre « l'offense » faite au Prophète par « Charlie Hebdo »Plus d'un millier de manifestants à Dakar, le drapeau français brûléAu moins un millier de manifestants ont aussi protesté dans la capitale du Sénégal. Un drapeau français a été brûlé devant l'ambassade de France, dans le centre de Dakar. La police a lancé des bombes lacrymogènes pour disperser la foule, qui criait « Allah akbar ! ». Des milliers de personnes à Bamako, au MaliAprès la grande prière du vendredi, des milliers de manifestants ont convergé vers le boulevard de l'Indépendance, à Bamako, point névralgique des manifestations politiques dans le centre de la capitale malienne. L'appel à manifester était venu de prédicateurs célèbres et du Haut Conseil islamique du Mali, principale organisation islamique de ce pays à 90 % musulman, et où la France s'est militairement engagée en 2013 pour chasser des groupes djihadistes liés à Al-Qaida.Des manifestations dans cinq villes du PakistanA Karachi, des heurts violents entre policiers et manifestants ont fait des blessés, dont un grave. Un photojournaliste qui travaille pour l'AFP a été atteint d'une balle dans un poumon, puis admis d'urgence dans un hôpital, où il a subi avec succès une intervention chirurgicale. Il serait « hors de danger dans l'immédiat », d'après l'hôpital.D'autres rassemblements avaient lieu à Islamabad, la capitale du pays, à Lahore, à Peshawar et à Multan, où un drapeau tricolore français a également été brûlé.Des centaines de musulmans rassemblés au SoudanA Khartoum, quelques centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la grande prière, dont certains ont scandé : « Expulsez l'ambassadeur de France, victoire au prophète de Dieu ! ». Sur une banderole on pouvait lire : « Le gouvernement français doit présenter des excuses… ».Appel à des « manifestations pacifiques » au QatarAu Qatar, l'Union mondiale des oulémas, dirigée par le prédicateur Youssef Al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des « manifestations pacifiques » et a critiqué le « silence honteux » de la communauté internationale sur cette « insulte aux religions ». Les autorités du pays, qui avaient fermement dénoncé l'attentat contre Charlie Hebdo, ont « condamné la nouvelle publication de dessins offensants pour le prophète Mahomet », publication qui, selon elles, alimente « la haine et la colère ».Un « acte irresponsable », selon le président afghanEnfin le président afghan Ashraf Ghani – qui avait condamné la semaine dernière l'attaque contre Charlie Hebdo – s'est joint aux protestations, qualifiant la nouvelle caricature d'acte « insultant » et « irresponsable » et estimant que « la liberté d'expression devrait être utilisée de façon constructive afin de promouvoir la coexistence pacifique entre les religions ».Les talibans afghans avaient aussi dénoncé jeudi la nouvelle publication, qui selon eux provoque « les sensibilités de près d'un milliard et demi de musulmans ». Abel Mestre Après la parution, vendredi 16 janvier, dans le tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda d'une interview choc, Jean-Marie Le Pen maintient auprès du Monde la quasi-totalité de ses propos publiés concernant la tuerie de Charlie Hebdo. Dans cet entretien, le président d’honneur du Front national commence par déclarer : « Je ne suis pas Charlie Hebdo. Ce journal anarchiste était l’ennemi direct de notre parti le Front national, et ses journalistes, il y a quelques années, rassemblaient des signatures pour une pétition exigeant notre interdiction. Et tous ces politiciens, qui sont sortis manifester, ce ne sont pas des Charlie, mais des charlots ! »Surtout la Komsomolskaïa Pravda, qui a attribué les attentats récents à Paris aux Américains, prête à Jean-Marie Le Pen les propos suivants :  « Ces passeports oubliés des frères Kouachi me rappellent le passeport d’un terroriste tombé de l’avion en feu le 11 septembre 2001, et préservé par miracle. New York était en flammes, mais le passeport est resté intact. Aujourd’hui, on nous dit que les terroristes sont des idiots, voilà pourquoi ils auraient laissé les documents dans la voiture. La fusillade à Charlie Hebdo ressemble à une opération des services secrets, mais nous n’avons pas de preuves. Je ne pense pas que les organisateurs de ce crime soient les autorités françaises, mais elles ont permis à ce crime d’être commis. Ce sont pour l’instant des suppositions. »« 15-20 millions » de musulmans en FranceInterrogé par Le Monde, visiblement gêné, M. Le Pen maintient qu’il juge « étonnant de trouver une carte d'identité avec des tueurs aussi organisés. C'est aussi étonnant que de trouver un passeport intact le 11 septembre. Je m'étonne simplement de cela et je crois que je ne suis pas le seul. » En revanche, le vieux leader frontiste se dit catégorique. Il ne se « souvient pas d'avoir parlé des services secrets ».Dans ce même entretien, M. Le Pen chiffre à « 15-20 millions » le nombre de musulmans vivant en France. Un chiffre tiré de publications d’Azouz Beggag, affirme-t-il au Monde. A la question : « Est-ce que Marine Le Pen vous a téléphoné pour vous remonter les bretelles ?  », il répond : « Personne ne me remonte les bretelles ! On ne me remonte pas les bretelles au Front national ! » Abel MestreJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.01.2015 à 17h20 | Eric Nunès « Tu voulais faire venir tout le monde à Pontoise, une idée qui ne vient pas à tous spontanément, mais tu as réussi », a salué dans un sourire Patrick Pelloux, urgentiste et rescapé de l'équipe de Charlie Hebdo lors d'un dernier hommage rendu, vendredi 16 janvier, à Stéphane Charbonnier, dit Charb, ancien directeur de la publication de l'hebdomadaire satirique, assassiné lors de l'attaque terroriste du 7 janvier.Hommes, femmes, enfants, ils sont nombreux à avoir bravé le froid et à s'être déplacés jusqu'à cette commune du Val-d'Oise pour lancer un au revoir ou lever le poing face au cercueil du défunt. La salle d'exposition Pontoise, perdue au cœur de la zone d'activité de la ville, n'a pas suffi à accueillir tous les amis et admirateurs du dessinateur. Plusieurs centaines ont suivi la cérémonie sur deux écrans géants plantés sur le parking. Parmi les personnalités politiques, Christiane Taubira, ministre de la justice, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation, et Fleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication.ENTRE RIRES ET LARMESC'est en musique, avec des chansons, des poèmes et quelques blagues que les proches et survivants du massacre se sont relayés au micro pour porter leur adieu, entre rires et larmes. Tristesse et envie de vivre, d'avancer, de continuer, mais tristesse quand même... C'est ce qu'a chanté sur la scène Bénabar avec « Le Fou Rire » : « Un fou rire à un enterrement, je m'en veux, je m'en veux vraiment, c'était nerveux sûrement, en tout cas, ce n'était pas le moment. (...) J'ai pleuré à ton enterrement, je n'avais pas le choix, tu n'étais plus là comme avant, pour rire avec moi. »Charb, lui, était plutôt rock. Les Dead Kennedys, groupe de punk des années 1978-80, ont donc été mis à contribution avec « Back in the USSR ». « C'était sa chanson préférée, il mettait ça dans son appartement et il cassait tout », lance Luz, dessinateur rescapé de la tuerie. Dans son hommage, l'auteur de la « une » du dernier Charlie Hebdo imagine les dessins que Charb aurait produits s'il n'avait été fauché par les balles des tueurs. « Cette semaine, tu aurais dessiné Nétanyahu et Abbas défilant ensemble. Mais dans ton dessin, tu ne les aurais pas dessinés en train de se tenir la main, mais en train de tenir la bite de Sarkozy, au milieu, tout sourire carnassier. Tu aurais dessiné une grosse gueule de Marine Le Pen avec un tout petit panneau 'Je suis Charlie' sous le nez. Tu aurais dessiné le pape, qui nous chie dans les bottes... »« L'esprit de Charlie Hebdo est vivant ! », a encore lancé Luz avant d'appeler tous ceux qui proclament aujourd'hui être Charlie à se mobiliser. « Prouvez-le ! Prenez vos crayons, vos papiers, un scan, un ordi, exprimez-vous... En texte, en dessin, en vidéo, que sais-je... », lance à la foule le dessinateur avant de citer les Dead Kennedys : « Too drunk to fuck, but too funny to die! » (« Trop bourré pour baiser, mais trop drôle pour mourir »).« HEUREUX DE T'AVOIR CONNU »L'humoriste François Morel est également venu saluer Charb : « Mieux vaut un dessin qu'un long discours, un crayon qu'une Kalachnikov. » L'ancien ministre communiste Jack Ralite a expliqué que Charb était « un urgentiste de la dignité. » « Tes doigts talentueux nous ont donné des dessins lucioles. Je ne suis pas seulement triste de t'avoir perdu. Je suis surtout heureux de t'avoir connu », a-t-il ajouté.Les larmes aux yeux, la gorge nouée par l'émotion d'une semaine folle, Patrick Pelloux conclut : « Chouchou, le silence fait un bruit assourdissant. Le vide est encombrant, l'absence est devenue ma compagne. » « Charb était dans ma vie ce que sont les éléments », a poursuivi le médecin et chroniqueur de Charlie Hebdo avant de saluer l'engagement de son ami, « le genre de type qui relève toujours le camarade tombé à terre. Dans les cordées difficiles, sur les chemins escarpés de la vie, il était de ceux qui vous faisaient tenir debout ».Puis, évoquant les assassins, celui qui fut le premier à porter secours aux victimes juste après le massacre commis au sein de la rédaction lance :« Ils voulaient nous coucher, ils nous ont remis debout ! »La cérémonie se termine sur la chanson « Dirty Old Town » du groupe The Pogues. Luz tente un sourire avant le dernier départ de son ami. Sa bouche se crispe, il se prend la tête dans les mains et pleure. Patrick Pelloux lance un dernier message: « Charb, réponds-moi un jour... Juste une dernière fois. »Eric NunèsJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Jointes par Le Monde, les messageries lyonnaises de presse (MLP) chargées de sa distribution précisent les chiffres de vente du numéro historique de Charlie Hebdo paru le mercredi 14 janvier, suscitant une ruée inédite dans les kiosques. Le journal a vendu 1,9 million d’exemplaires les deux premiers jours, calculent les MLP. Le tirage annoncé est de 5 millions d’exemplaires mais la vente s’étalera sur plusieurs semaines.Ainsi, mercredi, environ 700 000 exemplaires ont été mis en place dans les kiosques, sur les presque un million distribués par les messageries aux dépôts. Les MLP ont constaté, par sondages téléphoniques, une rupture de stock nationale vers 10 h 30.55 000 commandes en AllemagneJeudi, environ 900 000 exemplaires supplémentaires ont été mis en place (sur 1 million distribué au total) mais le réseau a été également écoulé les 300 000 restants de la veille, notent les MLP, qui ont constaté une rupture de stock vers 11 h 30.Vendredi, 1 million d’exemplaires ont à nouveau été mis en place, selon les messageries, qui à midi n’avaient toutefois pas encore constaté d’épuisement des stocks nationaux.A l’étranger, les premiers exemplaires (« quelques dizaines de milliers », selon MLP) ont été distribués jeudi. Les messageries ont enregistré 150 000 exemplaires commandés et estiment que les ventes finales s’élèveront à 300 000 pour le monde entier. L’Allemagne semble le pays le plus concerné, avec 55 000 commandes à elle seule.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 10h52 • Mis à jour le16.01.2015 à 15h26 Le cercueil de Stéphane Charbonnier, dit Charb, tué dans l'attaque contre Charlie Hebdo, est arrivé vendredi 16 janvier sous les applaudissements à Pontoise, dans le Val-d'Oise, où des centaines de proches et d'anonymes se sont rassemblés pour un dernier hommage avant son inhumation.Lire le portrait : Charb, le rire d'abordLe dessinateur Luz s'est adressé à Charb, « mon ami, mon frère, mon rédacteur en chef, mon compagnon de beuverie ».« Charb, le nombre de dessins que tu aurais pu faire cette semaine ! Si tu avais vu ça, tu en aurais dessiné des conneries, tu en aurais usé des stylos, tu en aurais rempli du papier. »« Et si tu avais été là au bouclage dernier, tu aurais surtout dessiné à l'adresse de ces millions de gens un petit bonhomme avec un gros nez tenant une pancarte avec marqué  ''Je suis Charlie''. En dessous, tu aurais marqué  ''prouvez-le'' . Prenez vos crayons, du papier, un scan, un ordinateur et exprimez-vous. L'esprit de ''Charlie Hebdo'' est vivant et j'espère (...) que des milliers de ''Charlie Hebdo'' vont surgir des lycées, des facs, des imprimeries. » « CHARLIE VIVRA ! »« Tu pensais faire un scandale national s'ils te tuaient. Tu t'es trompé, c'était un scandale mondial », a quant à lui déclaré Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie Hebdo, ému aux larmes.Outre la famille de Stéphane Charbonnier et les survivants de l'hebdomadaire, plusieurs ministres dont Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem et Fleur Pellerin, ou encore les dirigeants du Parti communiste, Pierre Laurent, et l'ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, assistaient à cette cérémonie.« Charlie vivra ! (...) La troupe des têtes dures qui pleure aujourd'hui son héros a le cœur gonflé d'orgueil en pensant » à Charb, a déclaré Jean-Luc Mélenchon lors de la cérémonie. « Ci-gît l'un des premiers dessinateurs de l'histoire mort pour ce qu'il représentait », a-t-il ajouté.Dehors, des centaines d'anonymes avaient fait le déplacement pour suivre la cérémonie sur écran géant. Il doit être inhumé dans la stricte intimité, au cimetière de Pontoise, après la cérémonie.Notre journaliste Eric Nunès était sur place :Tweets de @NunesEric!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Alexis Delcambre La Ligue nationale de rugby (LNR) a annoncé sur Twitter, mardi 20 janvier, attribuer à Canal+ les droits de diffusion du championnat de France de rugby pour les quatre prochaines saisons (2015-2019).Canal+ conserve donc le Top 14, un des piliers de son offre sportive, malgré l'intervention de la justice, qui avait demandé à la LNR de revoir sa copie en lançant un nouvel appel d'offres, après avoir dénoncé l'accord de gré à gré conclu entre la LNR et la chaîne cryptée. C'est la chaîne beIN Sports qui avait porté plainte pour « entente anticoncurrentielle ». >> Lire aussi l'analyse : Les droits du Top 14 de rugby vont être remis sur le marchéA peine vingt-quatre heures se sont écoulées entre la réception des offres, lundi à 17 heures, et le choix de Canal+. Signe que les patrons du rugby français n'entendaient pas remettre en question leur choix initial. Mais aussi que Canal+, qui versera 74 millions d'euros par saison — un record —, n'entend pas renoncer à son positionnement sur le rugby.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.01.2015 à 11h30 • Mis à jour le20.01.2015 à 15h29 | Martin Untersinger, Damien Leloup et Nathalie GuibertL'essentielDes hackeurs ont tenté de prendre le contrôle du compte Twitter du Monde.fr et ont réussi à s'infiltrer dans notre outil de publication, avant de lancer une attaque par déni de service.Les mécanismes de sécurité pour empêcher des publications par des personnes ne travaillant pas au Monde ont fonctionné.Le Monde va porter plainte.On devrait toujours se méfier des e-mails que ses collègues envoient le dimanche. Celui qui est arrivé dans la boîte mail d'une des journalistes du Monde, le 18 janvier en milieu de matinée, avait l'apparence anodine d'un lien vers le site de la BBC. La destinataire, pensant que son rédacteur en chef lui « envoyait un lien pour [lui] proposer un sujet », n'avait aucune raison de se méfier.En réalité, le lien menait vers une imitation quasi parfaite de la page de connexion de sa boîte mail professionnelle. Et le message reçu n'avait pas été envoyé par son supérieur hiérarchique mais par des pirates. Dans les heures qui ont suivi, plusieurs journalistes du Monde recevaient des messages similaires. Ils contenaient simplement un lien, parfois accompagné d'une formule de politesse en anglais.Ces mails ne leur étaient pas envoyés par leurs collègues, malgré les apparences. De la même façon qu'il est possible d'écrire au dos des enveloppes postales une adresse fantaisiste, il est très facile de modifier le champ « envoyeur » d'un message électronique. Et seul un œil averti est en mesure de détecter la supercherie.Le compte Twitter cibléCette pratique, qui consiste à inciter sa cible à renseigner son identifiant et son mot de passe en se faisant passer pour une personne de confiance, se nomme « hameçonnage » – ou « phishing », en anglais. Il suffit que l'une des victimes tombe dans ce piège, vieux comme Internet, et c'est une boîte au trésor qui s'ouvre pour les pirates. Quiconque a passé quelques jours dans une entreprise au XXIe siècle le sait : les mots de passe circulent sans cesse par courrier électronique ou messagerie instantanée.Il semblerait cependant que les pirates n'aient pas trouvé, dans un premier temps, ce qu'ils cherchaient. Une information précise les intéressait : le mot de passe du compte Twitter du Monde.fr et ses plus de 3 millions d'abonnés. Leurs cibles initiales ne laissent guère de doute : il s'agit de journalistes disposant des codes d'accès aux réseaux sociaux et de journalistes haut placés dans la rédaction. Croisé dans un ascenseur, un rédacteur en chef ayant échappé à l'attaque se désole : « Mais je n'ai pas reçu de faux mail, ça veut dire que je ne suis pas un chef qui compte ? »Malheureusement pour les pirates, les équipes du Monde.fr, conscientes des risques, n'avaient jamais échangé de mots de passe par courrier électronique ni messageries instantanées. Bredouilles, les hackeurs abattent une nouvelle carte, en envoyant, lundi 19 janvier à 9 h 57, un court message à l'une des rares personnes de l'équipe disposant du mot de passe : « Je ne peux pas vous connecter à Twitter, c'est le mdp ? ». Nous comprenons alors qu'au moins un compte email a été compromis ; la détentrice du précieux sésame donne l'alerte.A ce moment-là, cela fait déjà près d'une heure que quelques journalistes du Monde.fr, ayant remarqué que des messages suspects avaient été envoyés en leur nom ou qu'ils en avaient reçu, essaient de remonter le fil de ce qui ne semble être alors qu'une tentative de hameçonnage.Des serveurs piratés aux États-UnisA première vue, les messages envoyés par les pirates ne contiennent qu'un lien vers une fausse page. Mais ils comportent tout de même plusieurs traces : celle de la machine qui a été utilisée pour envoyer les courriels – dont l'adresse sur le réseau figure dans le code informatique du message – et celle des pages sur lesquelles renvoyaient les messages.Le serveur qui a servi à l'envoi de ces mails frauduleux n'est pas situé dans un paradis pour hackeurs. Il se trouve tout simplement aux Etats-Unis, chez un prestataire – qui semble tout à fait légitime – du New York Post. Un journal qui a été victime d'un piratage il y a trois jours : son compte Twitter avait brièvement publié des messages annonçant la troisième guerre mondiale avant que les équipes en reprennent le contrôle.Mais les pirates qui ont attaqué le New York Post ne se sont pas contentés de voler le mot de passe du compte Twitter du journal. Ils se sont également ménagé un accès discret sur des machines utilisées par l'entreprise. Ce dimanche et lundi, ils se sont servis d'une de ces machines pour envoyer les courriels ciblés visant plusieurs journalistes du Monde afin d'éviter que leurs messages ne soient bloqués par des filtres antispam.Les pages piégées vers lesquelles pointaient les e-mails sont elles aussi hébergées aux Etats-Unis, sur deux sites différents mais situés sur le même serveur, avec d'autres pages, dont un petit site de commerce électronique. Lorsque nous appelons la propriétaire de ce dernier, elle tombe des nues : « Oh mon Dieu, c'est terrible ! » C'est son « responsable informatique » qui gère son site. Il travaille en freelance alors qu'il se trouve dans le nord-est des Etats-Unis, et son profil ne cadre pas vraiment avec celui d'un dangereux hackeur : jeune papa, c'est un fervent opposant de la surveillance menée par la NSA et se revendique sur les réseaux sociaux comme « végétarien » et « féministe ».Lorsque nous le contactons, il découvre qu'un intrus utilise également son serveur pour envoyer « beaucoup de mails de spam vers des adresses du Monde.fr ». D'autres envois sont programmés, dont un bon nombre semble émaner de Chine. Il bloque alors ce qu'il peut, mais une partie des e-mails est déjà envoyée.Tentatives de publication sur LeMonde.frCette « deuxième vague » de messages piégés est beaucoup plus importante que la première. Elle a été envoyée à de très nombreux salariés du Monde. L'objectif recherché de l'attaque a changé : il ne s'agit plus de prendre le contrôle de nos comptes sur les réseaux sociaux. Les pirates cherchent, plus largement, tout ce qui pourrait leur permettre de publier un message de revendication sur un espace éditorial du Monde.Cela, nous le découvrons une heure plus tard. Aux alentours de 18 h 30, lundi, plusieurs messages étranges apparaissent sous la forme de brouillons dans notre outil de publication. Leurs titres sont en anglais, leur sens est limpide : « Message de l'Armée électronique syrienne » ou « Hacké par l'Armée électronique syrienne ». Beaucoup de gens se mettent à courir subitement dans les couloirs pour s'assurer que les pirates n'arrivent pas à publier quoi que ce soit sur Le Monde.fr. Une heure plus tard, le constat est rassurant : aucun faux article n'a été mis en ligne, grâce à un mécanisme de sécurité interne qui a fonctionné.Un groupe « para-étatique »L'Armée électronique syrienne est un groupe bien connu. Ces hackeurs pro-Assad s'attaquent depuis des années aux sites et comptes Twitter des médias internationaux, qu'ils détournent pour publier des messages de propagande ou de fausses informations. Leur mode opératoire est toujours le même : des cibles à très grande visibilité, qu'ils attaquent par des techniques de hameçonnage. Plus que le vol de données, ils cherchent à faire des « coups », des actions spectaculaires. En 2013, le groupe avait piraté le compte Twitter d'Associated Press pour y annoncer que deux explosions avaient été entendues à la Maison Blanche et que le président Barack Obama était blessé – le message avait fait immédiatement plonger la Bourse de New York.Récit : Un faux tweet à 136 milliards de dollarsQui sont-ils ? A plusieurs reprises, des porte-parole de l'Armée électronique syrienne ont affirmé qu'ils n'étaient pas directement liés à l'armée syrienne. Selon l'un d'eux, interrogé il y a un peu plus d'un an par Le Monde, le groupe est composé de « jeunes Syriens qui veulent défendre leur pays sur Internet » et qui s'attaquent aux médias occidentaux « parce qu'ils continuent de publier des informations fausses sur la Syrie ». Le groupe de pirates n'a aucun lien avec les groupes djihadistes qui ont lancé depuis plus d'une semaine une série d'attaques de faible ampleur contre des sites français. Lié au clan Assad, mais aussi à l'Iran, ce groupe dispose de moyens étatiques, selon des sources militaires françaises. Jusqu'à présent, le groupe s'était très peu attaqué à des sites français ou francophones, concentrant ses attaques sur des cibles américaines.Lire : l'armée électronique syrienne, combien de divisions ?Déni de serviceLundi soir, l'Armée électronique syrienne n'était pas parvenue à publier ses messages de revendication sur notre site. Ni à prendre le contrôle de notre compte Twitter. Coïncidence ? En début de soirée, notre site était visé par une autre attaque, de type déni de service, cette fois-ci. Beaucoup plus simple à réaliser techniquement, un déni de service distribué vise à bloquer la connexion à un site en le saturant de fausses connexions. Arme habituelle de groupes disposant de moins de moyens que l'Armée électronique syrienne, elle semble avoir été employée cette fois-ci... presque par dépit.Rassemblées au deuxième étage du siège du Monde, boulevard Auguste-Blanqui, une douzaine de personnes procédaient au même moment aux vérifications et au nettoyage des comptes infectés. Alors que la situation revient peu à peu à la normale, mardi matin, la direction du Monde décide qu'elle portera plainte au plus tôt. //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444463', 25258, '', 'parallax', 'desktop']); require(["lmd/core/advert/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Martin UntersingerJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.01.2015 à 09h42 • Mis à jour le20.01.2015 à 09h57 Le président François Hollande s'est engagé, lundi 19 janvier, dans un discours prononcé à l'occasion du 70e anniversaire de l'Agence France-Presse, à ce qu'un projet de loi renforçant « la protection du secret des sources » soit examiné au Parlement cette année.« Il y a un projet de loi qui est attendu depuis trop longtemps, qui doit renforcer la protection du secret des sources, il sera discuté au Parlement cette année, je m'y engage », a déclaré M. Hollande, alors que le texte est à l'arrêt depuis un an à l'Assemblée.ENCOURAGER L'INVESTISSEMENT DANS LES ENTREPRISES DE PRESSELe 17 décembre, la ministre de la culture Fleur Pellerin avait indiqué que le gouvernement n'avait « pas renoncé à légiférer » sur ce sujet, soulignant que cela exigeait « un travail difficile et long », en particulier pour « nous assurer de la constitutionnalité du futur texte ».M. Hollande s'est également dit favorable à des mesures pour « favoriser l'investissement des particuliers dans le capital des entreprises de presse ». « Nous devrons aller dans ce sens », a-t-il dit devant plusieurs centaine de personnes réunies au palais Brongniart face à l'AFP. 19.01.2015 à 18h12 • Mis à jour le20.01.2015 à 15h41 Marée humaine à Grozny, capitale de la République tchétchène, pour dénoncer les caricatures de Mahomet ; drapeau français brûlé en Afghanistan et à Gaza, où les Français ont été menacés ; églises incendiées au Niger : les manifestations contre Charlie Hebdo se sont poursuivies, lundi 19 janvier, après un week-end déjà marqué par de nombreux rassemblements dans le monde musulman pour protester contre la publication des caricatures du Prophète.Evoquant à demi-mots ces manifestations, François Hollande, qui s'exprimait à l'occasion du 70e anniversaire de l'Agence France-Presse, a estimé que la France n'« insult[ait] personne » quand elle défendait ses « idées ». « La France ne fait pas de leçon, à aucun pays, mais la France n'accepte aucune intolérance » et « le drapeau français, c'est toujours celui de la liberté », a-t-il encore souligné.La Tchétchénie au cœur de la colère contre « Charlie Hebdo »La Tchétchénie, république musulmane du Caucase russe, est devenue pour quelques heures la capitale de la colère contre Charlie Hebdo. Depuis l'attentat commis le 7 janvier en France, qu'il a condamné du bout des lèvres, le président Ramzan Kadyrov, qui dirige d'une main de fer cette petite république musulmane qui fait partie de la fédération de Russie, a pris la tête du mouvement anti-Charlie dans la région, menaçant même les médias russes qui se laisseraient « tenter par l'aventure » de publier des caricatures par solidarité.Lire l'article de notre correspondante : Manifestation monstre en Tchétchénie contre « Charlie Hebdo »De grandes banderoles siglées de cœurs rouges et d'inscriptions en arabe proclamant leur amour pour le Prophète étaient visibles dans le cortège. « We love prophet Muhammad », brandissaient, en anglais, mais aussi en russe et en arabe, les protestataires qui ont lâché des centaines de ballons rouges dans le ciel porteurs du même message.A Gaza, des islamistes menacent d'égorger les FrançaisA Gaza, le drapeau français a été brûlé, et des menaces envers les Français ont été proférées par environ deux cents islamistes radicaux. « Français, dégagez de Gaza, ou nous vous égorgerons », ont scandé devant le Centre culturel français ces hommes, qui brandissaient le drapeau noir des djihadistes. Nombre des manifestants de Gaza portaient également des tenues analogues à celles des djihadistes de l'Etat islamique. Certains ont brandi des portraits des deux frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly. « Vous devez vous attendre à d'autres héros de l'islam, vous, fidèles de la Croix ! », a scandé la foule.Dix morts et quarante-cinq églises incendiées au NigerLe Niger, qui a été le théâtre des manifestations les plus violentes contre les caricatures de Mahomet, restait sous tension à la suite d'émeutes ayant fait dix morts. Trois cents chrétiens continuaient ainsi lundi de bénéficier d'une protection militaire à Zinder, dans le sud du pays, où cinq personnes ont été tuées vendredi.Lire notre article (édition abonnés) : Dix morts lors de protestations anti-« Charlie » au NigerAu total, au cours des émeutes qui ont également fait cinq victimes samedi à Niamey, la capitale, quarante-cinq églises ont été incendiées, et des commerces, des hôtels ainsi qu'une école et un orphelinat appartenant à des non-musulmans ont été détruits.A Téhéran, ambassade et école française fermées Plusieurs centaines de manifestants, qui répondaient à l'appel du mouvement du Bassidj étudiant (section étudiante de la milice islamique), se sont rassemblés aux abords de l'ambassade de France à Téhéran. Les manifestants scandaient « Mort à la France ! », « Mort à Israël ! » et « Nous aimons le Prophète ! », selon un journaliste de l'Agence France-Presse (AFP) présent sur place, alors que d'autres réclamaient la fermeture de l'ambassade.Lire la note de blog : Iran : manifestation contre « Charlie Hebdo » devant l'ambassade de France à TéhéranL'ambassade a annoncé que ses services ainsi que les organismes culturels affiliés seraient fermés au public lundi, et les ressortissants français sont invités à « éviter tout déplacement dans le quartier ». L'école française sera également fermée par mesure de sécurité.En Afghanistan, des drapeaux français brûlésA Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan, environ cinq cents manifestants ont défilé et brûlé un drapeau français. Au cours de la manifestation, les participants ont scandé notamment « Mort à la France ! ». Matiullah Ahmadzai, l'un des organisateurs, a demandé au gouvernement afghan et aux autres pays musulmans de rompre leurs liens diplomatiques avec la France.Vendredi dernier, Ashraf Ghani, le président de l'Afghanistan — qui avait condamné la semaine dernière l'attaque contre Charlie Hebdo —, s'était joint aux protestations, qualifiant la nouvelle caricature d'acte « insultant » et « irresponsable ».Troisième jour de manifestations au PakistanDans le Pakistan voisin, environ deux cent cinquante militants de la Jamaat-e-Islami (Alliance démocratique islamique) ont scandé « Mort à la France ! », « Mort à Charlie Hebdo ! » à Peshawar, après trois jours marqués par de nombreuses manifestations, parfois violentes, à travers le pays.Vendredi, après la traditionnelle prière, la contestation avait tourné à l'affrontement devant le consulat français de Karachi, où un photographe de l'AFP a été grièvement blessé par balle.Lire aussi notre décryptage : Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ? 19.01.2015 à 11h50 • Mis à jour le19.01.2015 à 17h44 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) L'essentielUne foule importante a manifesté dans la République tchétchène contre les caricatures publiées par Charlie Hebdo.Le président, Ramzan Kadyrov, s'est lancé dans une diatribe « contre ceux qui insultent la religion musulmane »Depuis plusieurs jours, les mobilisations contre ces dessins satiriques représentant le prophète Mahomet se multiplient dans le monde. lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f21rx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f21rx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Grozny, capitale de la Tchétchénie, lundi 19 janvier, pour protester contre les caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo. Le ministère de l'intérieur de cette petite république musulmane qui fait partie de la fédération de Russie avance le chiffre de « un million de personnes », quand le ministre de l'intérieur russe évoque 800 000 personnes, soit 60 % de la population tchétchène. Mais des observateurs ont signalé la présence de manifestants venus de différents pays, dans cette ville de seulement 271 000 habitants. De grandes banderoles siglées de cœurs rouges et d'inscriptions en arabe proclamant leur amour pour le Prophète étaient visibles dans le cortège. « We love prophet Muhammad », brandissaient, en anglais, mais aussi en russe et en arabe, les protestataires qui ont lâché des centaines de ballons rouges dans le ciel porteurs du même message. Une foule majoritairement composée d'hommes a également prié, à proximité de la mosquée Akhmad-Kadyrov, du nom du président assassiné en 2004. L'imposant édifice, inauguré en 2008, est surnommé « le cœur de la Tchétchénie ».« SPECTACLE DE RUE » La manifestation de Grozny a été couverte en direct par la télévision nationale russe, signe d'un soutien tacite du président russe Vladimir Poutine. Sur une tribune, les dignitaires tchétchènes, dont le président, Ramzan Kadyrov, qui dirige la Tchétchénie d'une main de fer, se sont relayés. « Ceci est une manifestation contre ceux qui insultent la religion musulmane, a déclaré le dirigeant tchétchène. Nous n'autoriserons jamais qui que ce soit à insulter notre prophète. »En début d'après-midi, M. Kadyrov n'a pas hésité à se livrer à quelques caricatures verbales, en déclarant : « L'incident pourrait avoir été organisé par les autorités et services secrets des pays occidentaux souhaitant provoquer une nouvelle vague d'embrigadement pour l'Etat islamique. »Puis il a ajouté, selon les agences russes : « Nous voyons que l'Europe n'a pas tiré de leçons des événements sanglants de Paris. Au lieu de condamner les tireurs et ceux qui les ont provoqués en publiant leurs caricatures, les autorités françaises ont organisé un spectacle de rue en faveur d'une permissivité excessive. »TÊTE DE FILE DES « ANTI-CHARLIE »Depuis l'attentat commis le 7 janvier en France, qu'il a condamné du bout des lèvres, Ramzan Kadyrov a pris la tête de la contestation « anti-Charlie » dans la région, admonestant, et même menaçant, les médias russes qui se laisseraient « tenter par l'aventure » de publier des caricatures par solidarité.Meilleur allié de Vladimir Poutine après les deux guerres russo-tchétchènes des années 1994-1996 et 1999-2000, sans doute le dirigeant tchétchène a-t-il vu dans ce mouvement un moyen de redorer son image dans le monde musulman. Plusieurs ressortissants tchétchènes ont rejoint les rangs de l'Etat islamique en Irak et en Russie.Interdit de territoire par les Etats-Unis et l'Union européenne, Kadyrov se sert fréquemment de tels rassemblements pour réaffirmer son allégeance au gouvernement russe. La république tchétchène dépend en effet très largement du soutien financier et militaire de Moscou pour maintenir une paix fragile dans cette région. « SOLIDARITÉ AVEC LES MEURTRIERS »La manifestation a été diversement commentée. « Solidarité avec les meurtriers », grinçait sur son blog le journaliste et écrivain russe Andreï Malguine. Un rassemblement prévu à Moscou pour le 25 janvier, similaire à celui de Gozny, a été interdit par les autorités russes.Samedi, environ 15 000 personnes s'étaient rassemblées en Ingouchie, autre république du Caucase russe dont la population est majoritairement musulmane, pour protester contre les caricatures du Prophète. Des manifestations, parfois très violentes, se sont multipliées ces derniers jours dans le monde, notamment au Pakistan ou au Niger, où dix personnes sont mortes en marge des rassemblements.Lire aussi : Des milliers de manifestants dans le monde musulman contre les caricatures de MahometIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Luc Cédelle Une voix reconnaissable entre toutes, au timbre ironique et doux, vient de s'éteindre. Compagnon de générations d'auditeurs, homme de radio après avoir été comédien, José Artur, mort samedi 24 janvier, à l'âge de 87 ans, fut avant tout l'homme du « Pop Club », qu'il produisit et anima sur France Inter de 1965 à 2005. Une émission-culte, diffusée en direct et en soirée tardive, cocktail de musiques et de dialogues dont il fut, éternelle écharpe blanche autour du cou, l'inlassable ordonnateur.Lire aussi : José Artur, l’accoucheur verbalQuarante ans durant, il reçut à son Micro de nuit (Stock, 1974) des milliers d'invités, souvent déjà célèbres, souvent en passe de l'être, tant sa capacité de détection – des talents, des tendances, de l'air du temps… – était affûtée. La longévité inégalée du « Pop Club » n'est pas le fait d'un manque d'idées de son créateur, au contraire. Professionnel au large spectre, José Artur créa et anima parallèlement d'autres émissions de radio et collabora à différents programmes de télévision. Il était le père de la comédienne Sophie Artur et de l'animateur de radio et de télévision David Artur.Blagueur, allergique à toute gravitéNé le 20 mai 1927 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), José Artur est issu d'une famille d'origine bretonne et de stricte tradition catholique, mère au foyer, père officier de marine puis sous-préfet. Dès l'âge de 12 ans il est en pension chez les frères maristes. Il poursuit ses études secondaires durant l'Occupation, principalement dans différents établissements catholiques où il endosse le personnage de l'élève capable mais rétif à toute discipline.Auteur de plusieurs livres de souvenirs (notamment Parlons de moi y a que ça qui m'intéresse, Robert Laffont, 1988), José Artur n'y est pas très disert sur sa vie privée et familiale. On y apprend qu'il a huit frères et sœurs, qu'il a été – outre de nombreuses liaisons – marié plusieurs fois, qu'il s'est séparé en 1962 de l'actrice Colette Castel, mère de Sophie Artur et s'est remarié en 1971 avec Marie-Christine, mère de David. Sur son enfance, une seule certitude émerge, par défaut : c'est qu'elle a produit un adulte allergique à toute gravité, blagueur impénitent, friand de citations caustiques et se conformant à cette maxime de La Bruyère, mise en exergue du même livre : « Il faut rire avant d'être heureux ».Des débuts au théâtre et au cinémaA 17 ans, après avoir été témoin de la Libération de Paris et s'être senti lui-même libéré de toute obligation scolaire, il commence à voler de ses propres ailes. Son rêve est d'être comédien. Tout en occupant un premier emploi de grouillot chez un courtier il prend des cours de théâtre. Par l'intermédiaire d'une amie de son père, c'est sa rencontre avec le célèbre comédien François Périer, dont il devient le secrétaire particulier et avec qui il se lie d'amitié qui l'introduit vraiment dans ce milieu. C'est cependant à 19 ans et comme acteur de cinéma que José Artur obtient son premier succès public en 1946 dans Le Père tranquille, film de René Clément où il incarne un jeune résistant beau gosse. Deux ans plus tard, il joue au théâtre dans Le Voleur d'enfants, de Jules Supervielle, dans une mise en scène de Raymond Rouleau. Sa carrière sur les planches, notamment aux côtés du comédien et metteur en scène Pierre Brasseur, devenu un proche, durera une dizaine d'années, jusqu'en 1959 et ne connaîtra pas d'épisode ultérieur.Au cinéma, en revanche, il continuera d'apparaître même une fois devenu homme de radio. Il totalise une quinzaine de contributions, essentiellement des petits rôles pour des cinéastes amis. On l'aperçoit en journaliste homosexuel dans Z de Costa-Gavras (1969), il joue un commissaire de police dans Bel Ordure de Jean Marbeuf (1973), un prêtre dans Monsieur Balboss (1975) du même cinéaste, un travesti burlesque dans Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, de Jean Yanne (1982)… Son dernier rôle sera celui d'un marchand de journaux dans Tombés du ciel, de Philippe Lioret (1994).C'est au début des années 1960 que José Artur fait ses premières armes sur les ondes – qui seront toujours pour lui celles de France Inter – dans la tranche matinale ainsi que dans une émission magazine pour les jeunes. En février 1964, il est déjà assez connu pour devenir directeur artistique des croisières sur le paquebot France, fonction qu'il assumera jusqu'en 1968. Mais son vrai lancement – plutôt son décollage fulgurant – date du 4 octobre 1965 aux commandes du premier « Pop Club».Un passage obligé des starsLe mot même, « pop », est alors inconnu en France. Au service d'un contenu culturel éclectique, à la fois grand public et défricheur, José Artur installe avec cette émission un ton absolument nouveau pour l'époque, « branché » et « people » avant la lettre, mélange d'insolence, d'élégance et de désinvolture. Il y laisse libre cours à un humour pince-sans-rire, parfois ravageur, qui ne l'empêche pas d'installer sans vulgarité une certaine intimité avec ses interlocuteurs. Le tout avec la tension particulière et l'authenticité du direct.Musiciens, chanteurs, acteurs, plasticiens, cinéastes, gens de théâtre, journalistes, intellectuels défilent au micro dans un coq à l'âne permanent. L'émission devient vite un point de passage obligé et une première marche sur l'échelle du succès. « Pipelette de luxe», comme il se désigne, José Artur accueille alors des inconnus qui s'appellent Barbara, Paco Ibanez, Robert Charlebois, Michel Berger, Julien Clerc, Véronique Sanson, Régine Deforges, Armand Gatti… La liste occuperait un annuaire ! La musique, surtout le rock et le jazz, tient une place déterminante dans le programme, non seulement à travers les invités mais aussi par le disque pop de la semaine, lancé en ouverture de l'émission. L'archétype du disque pop que l'auditeur découvre ? Hotel California, des Eagles, en 1976. Le « Pop club » est aussi le tremplin ou le lieu de l’affirmation d'une ribambelle de grands professionnels de l'audiovisuel, assistants du maître de cérémonie. Enumération garantie non exhaustive : Claude Villers, Patrice Blanc-Francard, Pierre Lattès, Eve Ruggieri, Gérard Klein, Bernard Lenoir… En 1971, José Artur est écarté de l'antenne pendant six mois, accusé de publicité clandestine pour avoir cité au micro une marque de vodka. Les confrères et l'intelligentsia pétitionnent et il est finalement rétabli dans ses fonctions. D'une décennie à l'autre, à des horaires plus ou moins tardifs et sur des durées variant au gré des circonstances et des directions, le « Pop Club » va persister et se renouveler. L'émission est dotée d'inoubliables et changeants génériques, notamment le fameux « 24 heures sur 24, la vie serait bien dure… » par Les Parisiennes sur une musique de Claude Bolling et, dans les années 1980, celui de Serge Gainsbourg et Jane Birkin, « Pour oublier le passé, le futur, voici le Pop Club de José Artur… »Les lieux de sa réalisation changent aussi : d'abord le bar du théâtre Le Ranelagh, puis le Bar noir, au cœur de la Maison de la radio ; puis le Fouquet's aux Champs-Elysées, sans oublier l'hôtel Palm Beach de Cannes en été, une infinité de studios installés en reportage et, jusqu'à la fin de l'émission en 2005, le Drugstore Publicis.Une série d’émission aux noms « arturiens»« Tous les jours, note José Artur dans un de ses livres, je travaille en m'amusant au bord de la nuit, à la limite de l'insolence souriante et de la décontraction apparente qui frise l'indifférence. » Il ne travaille pas qu'au bord de la nuit car, toujours imaginatif et sans lâcher son « Pop Club », il inscrit à son palmarès une série d'autres émissions à succès, aux noms très « arturiens » : « Qu'il est doux de ne rien faire » ; « Flirtissimo » ; « Avec ou sans sucre » ; « Table ouverte » ; « Au niveau du vécu »… Dans « A qui ai-je l'honneur ? », il doit, à l'aide de la graphologue Noëlle Robert examinant une lettre manuscrite, deviner qui est son invité dont il est séparé par un rideau et dont la voix est déformée. Le Tout-Paris des années 1980 a défilé derrière le rideau. Parmi les émissions plus récentes, il faut citer « C'est pas dramatique » (de 1996 à 2007), consacrée à l'actualité théâtrale, et la bien nommée « Inoxydable», de 2006 à 2007. En 2008, à 81 ans et toujours sur France Inter, au micro de Stéphane Bern qui, plus tard, l'accueillera aussi dans « Le Fou du roi », José Artur, ce « bavard qui sait écouter », comme il s'était défini, égrenait ses souvenirs d'homme de radio pendant cinq minutes tous les matins. Le nom de cette ultime série : « C'est pas croyable ».Luc CédelleJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.01.2015 à 15h55 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h37 L'essentielLa « une » de Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » a provoqué de nombreuses manifestations dans des pays musulmans depuis sa publication le 14 janvier.Une semaine après les violentes manifestations de Niamey ou de Karachi, des rassemblements ont eu lieu au Pakistan, en Afghanistan et en Iran, vendredi, jour de la grande prière. « A bas Charlie Hebdo ! », « Mort à la France ! », ont scandé, vendredi 23 janvier, des milliers de manifestants réunis, une nouvelle fois, dans les grandes villes du Pakistan, d'Afghanistan et d'Iran, pour protester contre la dernière « une » de l'hebdomadaire, publiée après l'assassinat de neuf membres de la rédaction du journal à Paris, par deux terroristes se revendiquant d'Al-Qaida au Yemen.Lire : En Egypte, au Sénégal ou à Jérusalem... la « une » de « Charlie Hebdo » ne passe pasAu Pakistan, appel au boycottA Islamabad, la capitale pakistanaise, 15 000 personnes ont ainsi défilé  à l'appel de la Jamaat-e-Islami (JI), l'un des principaux partis islamistes du pays. « O peuple de France, ô peuple du Danemark, écoutez bien, nous serons aux trousses de quiconque blasphème », a déclaré le chef de la JI, Siraj ul-Haq, appelant à boycotter les produits de ces pays dont des médias ont publié des caricatures de Mahomet.« Les musulmans doivent s'unir et défendre l'honneur du prophète de l'islam », a déclaré à Lahore, autre ville où s'est déroulée une manifestation, Hafeez Saeed, chef de la Jamaat ud-Dawa. Cette organisation est considérée comme le paravent du Laskhkar-e-Taïba (LeT), accusé d'être impliqué dans des attentats en Inde.Lire : Hollande répond aux manifestants anti « Charlie Hebdo »En Afghanistan, des manifestants réclament des excuses officiellesEnviron 20 000 personnes ont également manifesté à Herat, troisième ville d'Afghanistan. Des drapeaux français y a été brûlés et les manifestants ont demandé des excuses officielles de la France pour la publication de caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.L'Afghanistan, comme le Pakistan, avait condamné dans un premier temps l'attaque du 7 janvier contre le journal parisien, mais le ton s'était progressivement durci, des islamistes radicaux rendant même hommage aux frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attaque. Puis, la classe politique des deux pays, incluant le président afghan, Ashraf Ghani, et le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, avait condamné la dernière « une » de Charlie Hebdo.En Iran, « mort à la France »Des dizaines de milliers de personnes sont aussi descendues dans la rue en Iran, principalement hors de Téhéran. « Mort à la France, mort à Israël, mort à la Grande-Bretagne, mort à Charlie Hebdo ! », ont scandé des foules à Qom ou à Ispahan, au sud de Téhéran, agitant drapeaux et pancartes proclamant leur respect de Mahomet.Téhéran a dénoncé le massacre perpétré le 7 janvier à Paris, mais a critiqué la nouvelle caricature de Charlie Hebdo. Le 17 janvier, un journal iranien a même été interdit pour avoir tenté de publier « Je suis Charlie » en « une ». Lire : Le rédacteur en chef de « Charlie Hebdo » défend la « une » controversée Magali Cartigny Chronique. Un dessin de Louison, en hommage à « Charlie Hebdo », peut donner lieu à de troublants – et cocasses – échanges avec son enfant. Démonstration. Il a débarqué, samedi, moulé dans son pyjama dinosaures. - « Ça veut dire quoi "bite", maman ?- Pardon ?- J'ai lu sur un dessin sur ton ordinateur : "Ils ont déjà dessiné des bites partout" » (Fermer Facebook, toujours fermer Facebook).- « Eh bien, ça veut dire zizi.- Et pourquoi y a plein de zizis sur les nuages. C'est qui qui les a dessinés ?- C'est les gens qui ont été tués par les méchants, comme Nora t'a expliqué. » (#mercilamaîtresseduCP.)- « Mais pourquoi des zizis ?- Parce qu'ils trouvent ça rigolo.- Pourquoi ?- Parce que, au paradis, ils ont pas l'habitude d'en voir, des zizis. » (Mais qu'est-ce que je raconte !) « C'est comme toi : t'aimes bien dessiner des cœurs pour faire plaisir aux gens, eh bien, eux, c'était des zizis.- Mais c'est quoi le paradis ?- Tu veux pas qu'on regarde Spiderman ?- Non. C'est quoi le paradis ?- L'endroit où les gens qui croient en Dieu pensent qu'ils iront après la mort.- Mais les dessinateurs, ils croyaient en Dieu ?- Je ne sais pas.- Et toi, t'y crois ?- Non, mon chéri.- Mais pourquoi ?- Parce que je ne pense pas qu'il existe.- Comme le Père Noël ?- Non, le Père Noël, il existe pas. La preuve, ce sont les parents qui font les cadeaux.- Et c'est quoi la preuve que Dieu existe pas ?- Il n'y en a pas, mais rien ne prouve le contraire non plus.- Mais tu crois en quoi, alors ?- En l'homme.- C'est un peu débile. Et les méchants, pourquoi ils les ont tués, les rigolos dans les nuages ?- Parce qu'ils aimaient pas qu'on se moque de Dieu.- Mais t'as dit qu'il existe pas !- Et si on allait à Disneyland ?- Non. Moi, si je dessine des zizis, on va me tuer ?- Mais non, pas du tout, enfin, jamais de la vie ! Tu peux faire tous les zizis que tu veux.- Bah oui. Parce que c'est comme des cœurs.- Voilà.- Bon alors je vais dessiner plein de bites, je les découperai, et je les offrirai à ma maîtresse. »Magali CartignyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Vanessa Schneider L'homme d'affaires de 49 ans, ami de Patrick Drahi, pourrait diriger le futur groupe de médias qui comprendra notamment "Libération", "L'Express" ou la chaîne d'information israélienne I24news. Protégé d'Alain WeillMarc Laufer a travaillé au côté de celui qui est aujourd'hui président de NextRadioTV. D'abord à NRJ, de 1990 à 2000, notamment comme directeur du réseau et secrétaire général. Puis chez NextRadioTV (RMC, BFM) où il a officié pendant dix ans. En dépit d'un court passage à La Tribune, il n'a pas vraiment le profil d'un homme de presse écrite, ce qui inquiète certains à Libération et à L'Express.Proche de Patrick Drahi C'est le patron de Numéricable et SFR, quatrième fortune de France selon le magazine Forbes, qui l'a fait venir en juin dernier à Libération pour le représenter. Les deux hommes se connaissent depuis une vingtaine d'années : Marc Laufer fut le directeur général de la filiale française du câblo-opérateur UPC/Fortel que Drahi présidait alors.Homme de médias Il est à la tête d'un groupe d'information professionnelle, NewsCo, qui emploie 70 salariés, dont la moitié de journalistes, et affiche un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros.Gestionnaire Si Drahi pense à lui, c'est bien sûr pour veiller au mieux à ses intérêts, notamment aux 14 millions d'euros qu'il a injectés dans Libération. C'est un habitué des fusions acquisitions, qui a créé NewsCo en rachetant des newsletters spécialisées. La gestion du nouveau groupe créé par Drahi représenterait néanmoins un sacré changement d'échelle pour lui.Vanessa SchneiderJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Joël Morio Le télécrochet promet d’être à la hauteur avec des candidats dont le niveau ne cesse de progresser (jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8)C’est le grand soir pour les onze finalistes de « Nouvelle star ». Après les épreuves du casting et du théâtre, les candidats du télécrochet de D8 vont affronter le stress du direct, du vote du jury et du public et l’élimination, à chaque fin d’émission, de l’un d’entre eux. Pour prévenir toute mauvaise surprise – comme souvent au cours du premier « prime » –, la production a imaginé cette année « l’épreuve du feu ». Cette émission diffusée il y a une semaine et tournée dans les conditions du direct a permis de ne garder que les chanteurs les mieux armés pour arpenter la scène de l’arche Saint-Germain et « éviter l’effet lapin ébloui dans les phares d’une voiture », raconte Benjamin Castaldi.Ce dernier retrouve la présentation de ce concours, qu’il a incarné pendant les trois premières saisons et une partie de la quatrième. « C’est une émission que j’ai beaucoup portée au début et avec laquelle je n’ai que des bons souvenirs. Je serai de nouveau le lien entre le jury, ce que les gens ont ressenti et les candidats », promet l’animateur venu de TF1.« Fondamentaux musicaux »Pour supporter la comparaison avec « The Voice », devenue la référence en matière de télécrochet, la production ne veut plus de fausses notes. « Les gens ont envie que l’on revienne aux fondamentaux musicaux », observe André Manoukian, le juré vétéran de l’émission, qui sera accompagné, pour cette onzième saison, des chanteurs Sinclair et Elodie Frégé ainsi que du musicien et producteur Yarol Poupaud. « Le niveau musical des candidats monte année après année, se félicite André Manoukian. On demande aux participants un vrai style et d’être capable de chanter quelque chose qui n’est pas de leur univers. » De quoi assurer le spectacle, et les audiences.Après un démarrage en demi-teinte, le public a trouvé le chemin de la 8. « Toutes les grosses émissions enregistrent des baisses qui sont plus mécaniques qu’autre chose. La rediffusion le dimanche sur D17 marche bien, le replay n’a jamais aussi bien fonctionné », se rassure Benjamin Castaldi. A la suite de l’échec de « Rising Star », le télécrochet de M6 pour lequel les votes s’effectuaient uniquement électroniquement, la production a décidé de maintenir le choix des candidats via des SMS surtaxés. « Tout le monde n’est pas sur les réseaux sociaux », justifie l’animateur. La sélection pourra néanmoins se faire gratuitement sur Twitter.« Nouvelle Star », jeudi 22 janvier à 20 h 50 sur D8.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.01.2015 à 11h13 • Mis à jour le22.01.2015 à 11h50 Le rédacteur en chef de l'édition nationale du 12/13 de France 3, Régis Poullain, sera remplacé à cause du manque de réactivité de l'édition de la mi-journée, juste après l'attaque contre Charlie Hebdo, a annoncé France Télévisions mardi 20 janvier.Alors que la nouvelle de l'attentat contre l'hebdomadaire satirique venait de tomber, le 7 janvier, le journal n'avait pas modifié ses titres, qui parlaient entre autres de soldes et de baignades hivernales. « Il y a eu une erreur d'évaluation de la part du rédacteur en chef Régis Poullain », a déclaré Pascal Golomer, directeur délégué à l'information chargé des rédactions de France 2 et France 3.Régis Poullain va quitter son poste et sera amené à occuper d'autres fonctions au sein de la rédaction nationale, a indiqué M. Golomer. Il sera remplacé à compter de lundi prochain par Philippe Peaster, actuellement rédacteur en chef adjoint du 19/20.EXAMEN DÉTAILLÉLa direction de l'information a également décidé de « missionner » la directrice adjointe de la rédaction, Agnès Molinier, « dans un rôle très opérationnel » pour accompagner l'équipe de rédaction en chef du 12/13 depuis la fabrication et jusqu'à la diffusion du journal, a ajouté M. Golomer.Les équipes de rédaction en chef, au 12/13 comme au 19/20, seront à nouveau composées de trois personnes dédiées (auparavant, elles se partageaient un adjoint). L'objectif est d'« agir pour qu'à l'avenir la couverture de l'actualité soit à la fois plus complète, plus réactive et plus pertinente, quelle que soit l'édition », a souligné M. Golomer.Plusieurs syndicats ont déposé un préavis de grève de une heure pour le lundi 26 janvier afin d'obtenir les résultats de l'« enquête interne » sur le traitement de l'attentat par l'édition nationale du 12/13 le 7 janvier.Ces syndicats ont dénoncé un « crash éditorial ». Selon eux, les informations des journalistes de la rédaction partis sur les lieux de l'attentat et les dépêches de l'AFP « auraient permis de modifier le conducteur et de dérouler le journal à la hauteur de l'événement ».La direction de l'information de France Télévisions a entamé un examen détaillé de la couverture par les rédactions de France 2, France 3 et France TV info des événements survenus entre le 7 et le 11 janvier. La direction fera part aux rédactions des actions à mener d'ici à la mi-février. 21.01.2015 à 18h05 • Mis à jour le21.01.2015 à 19h22 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Simple recadrage marketing ou conséquence des campagnes féministes, la décision du magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch de supprimer les photos de femmes aux seins nus qui ornaient la page 3 du quotidien britannique The Sun depuis 1970, a été unanimement saluée, mardi 20 janvier.Fait rare en pleine campagne électorale, les politiques de tous bords se sont donné le mot pour applaudir la fin des « pages 3 girls », sorte d’institution entretenue depuis quarante-quatre ans par le tabloïd le plus lu du pays (2,2 millions d’exemplaires quotidiens en moyenne).« Réduire ainsi les femmes à l’état d’objets revenait à affirmer haut et fort que l’important, ce sont nos poitrines et pas nos cerveaux », s’est félicitée la députée travailliste Stella Creasy. « Cette décison n’avait que trop tardé », a renchéri la secrétaire à l’éducation conservatrice Nicky Morgan. Mais, en plein débat sur la liberté d’expression, consécutif à la tuerie de Charlie Hebdo à Paris, le premier ministre britannique, David Cameron, n’a pas été plus loin. « C’est aux rédacteurs en chef de prendre de telles décisions », a seulement noté, mardi, son porte-parole.La décision de M. Murdoch n’a pas été annoncée dans The Sun mais dans The Times dont il est aussi propriétaire. Mardi, sur la page 3 du tabloïd populaire, l’habituel modèle topless avait cédé la place à deux actrices du feuilleton Hollyoaks courant en bikini sur une plage de Dubaï. « Exhiber des femmes en bikinis, est-ce vraiment réfléchir de façon moderne à la contribution des femmes à la société ? », a raillé Jo Swinson, la ministre (LibDem) des femmes et de l’égalité.« Démodées »Les « filles de page 3 » étaient la cible, depuis 2012, d’une vigoureuse campagne « No more page 3 ». Une pétition visant à « virer les nichons à l’air du Sun » (Take the bare boobs out of The Sun) a été signée par plus de 210 000 personnes. « Après quarante-quatre ans, il était temps », a déclaré Yas Necati, figure de proue du mouvement de protestation.En réalité, « Lucy, 25 ans, de Warwick », une jeune femme rousse à la poitrine nue figurait toujours, mardi, dans The Sun, mais uniquement dans sa version en ligne, qui propose à ses lecteurs de parcourir toute une « gallerie » de ce qui reste dénommé les « page 3 ».Dans le journal imprimé, l’habitude de publier des photos dénudées en page 3 avait été introduite en 1970, un an après le rachat du Sun par Rupert Murdoch. Ces clichés réputés osés à l’époque étaient au cœur de la stratégie commerciale, centrée sur le sexe, qui a fait le succès du tabloïd. Il s’agissait de concurrencer les pin-up en lingerie fine ou en bikini du Daily Mirror.En 2014, Rupert Murdoch avait déclaré que « les féministes qui nous bassinent à propos de la page 3 n’achètent jamais le journal », avant de reconnaître, en septembre, que les « page 3 girls » étaient « démodées ».Le retrait annoncé mardi n’a fait l’objet d’aucun commentaire de David Dinsmore, rédacteur en chef du Sun. En cas d’impact négatif sur les ventes, la décision pourrait d’ailleurs être reconsidérée.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard  Quand on s’intéresse au rôle des médias dans des scènes d’attentats, une référence émerge rapidement : la prise d’otages du vol Alger-Paris, en 1994. Le GIGN avait pénétré dans l’Airbus, posé sur l’aéroport de Marignane, et neutralisé les terroristes islamistes. À l’époque, les images de l’assaut, filmé par la jeune chaîne d’information LCI, avaient frappé les esprits.« Je vois encore le policier qui s’accroche à la porte de l’avion pour l’ouvrir, puis le copilote qui saute par la fenêtre », se rappelle un des nombreux téléspectateurs qui suivait le drame, installé en Algérie et âgé de neuf ans à l’époque.Le souvenir de 1994 est notamment évoqué par Thierry Thuillier, qui était alors journaliste pour la filiale de TF1. L’actuel directeur de l’information de France Télévisions en parle quand on l’interroge sur le rôle des médias dans les attaques meurtrières survenues en France depuis celle qui a visé Charlie Hebdo mercredi 7 janvier. Télévisions, radios et sites sont accusés d’avoir gêné le travail de la police à Dammartin-en-Goële et Porte de Vincennes, d’avoir mis en danger la vie d’otages cachés, d’avoir été indécents en diffusant des propos de djihadistes ou imprudents en entrant en contact avec eux…Lire aussi : Attentats à Paris : 4 questions sur une couverture hors-norme« Le scoop de LCI a renforcé dans les forces de l’ordre l’idée qu’il fallait isoler les scènes d’assaut des journalistes, en créant un périmètre de sécurité et en éloignant les médias », explique un connaisseur des forces de police. 1994-2015 : un parallèle qui a ses limitesPourtant, la « séquence » médiatique et terroriste de 2015 est différente de celle de 1994, se dit-on d’emblée : à l’époque, les terroristes retranchés dans l’avion ne pouvaient pas regarder la télévision, comme l’a fait Amedy Coulibaly, via un ordinateur, dans l’Hyper casher où il retenait ses otages.De plus, souligne Thierry Thuillier, « en 1994, il n’y avait pas eu le même débat sur rôle des médias ». « Le monde a changé et il y a des choses qu’on acceptait de voir qu’on questionne davantage aujourd’hui », ajoute-t-il, insistant aussi sur la multiplication des réseaux sociaux et des médias audiovisuels, en télévision ou sur le web. À l’époque, un responsable du ministère de l’intérieur avait estimé à chaud que les médias avaient plutôt « joué le jeu ».Pourtant, le traitement médiatique a posé question en 1994 et des parallèles existent.Des images qui ont « gêné » les forces de l’ordreÀ l’époque, LCI, chaîne de TF1 créée depuis six mois environ, vit son « baptême du feu », rappelle Le Monde du 28 décembre 1994. Les 25 et 26 décembre, elle filme pendant des heures, en direct, sur l’aéroport de Marseille, l’attente autour de l’avion qui s’y est posé après un épisode sanglant à Alger : les quatre preneurs d’otages ont libéré 63 passagers sur 173, mais ont aussi exécuté trois personnes. En escale à Marignane, les forces de l’ordre soupçonnent qu’ils veuillent ensuite aller à Paris et faire sauter l’avion.« Les médias nous ont concrètement gênés, avant, pendant et après l’opération », accusera Denis Favier, le commandant du GIGN de l’époque (aujourd’hui directeur général de la gendarmerie nationale), s’exprimant « à titre personnel » dans la Revue de la gendarmerie nationale, citée par le journaliste Jean-Dominique Merchet dans un article de 1998, publié par Libération.LCI a les meilleures images : la chaîne a deux caméras sur place, dont une dans un bâtiment de l’aéroport, à 150 mètres de l’avion, où un journaliste s’est introduit. Les images sont lumineuses alors qu’il est tard, car la caméra est « électronique ». En 2015, porte de Vincennes, des médias ont été délogés des immeubles en face de l’Hyper casher, et ont été éloignés à Dammartin-en-Goële.Des terroristes informés grâce à la radio ?Et en 1994, on retrouve en fait l’inquiétude que les preneurs d’otages s’informent sur le dispositif policier grâce aux médias… radio. « Les journalistes de radio regardaient les images de la télévision et les commentaient, dit un responsable du ministère de l’intérieur au Monde à l’époque. Or un œil avisé pouvait parfaitement repérer des silhouettes en mouvement autour de l’appareil. Si les terroristes avaient eu un transistor, ils auraient pu être informés en direct. » En début d’après-midi, LCI montre des hommes rampant vers l’avion et dans la foulée, les terroristes décident de bouger l’avion à un autre emplacement, raconte Libération. « On ne sait pas comment ils ont été informés », dit la source du Monde.Une conversation des preneurs d’otages interceptéeUn document rappelle 2015, quand RTL et BFM TV ont diffusé des compte rendus de conversations enregistrées avec les terroristes ou à leur insu, lors d’échanges avec les otages : en 1994, un dialogue entre les pirates de l’air et la tour de contrôle a été « scannerisée » par des journalistes de la radio RMC, et diffusée après-coup, raconte Le Monde.Les images du célèbre assaut final seront elles aussi diffusées en léger différé - environ 25 minutes après les faits - même si à l’époque elles semblaient avoir été passées en direct, tant l’information en continu était moins répandue. Mais contrairement au cas de 2015, à porte de Vincennes, il ne s’agissait pas pour LCI de suivre une consigne donnée par les forces de l’ordre : son cameraman le mieux placé a raconté à Libération avoir dû « apporter la cassette au camion » qui était lui relié au satellite pour la diffusion… d’où les 25 minutes de décalage.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.01.2015 à 15h12 • Mis à jour le15.01.2015 à 17h10 Le nouveau numéro de Charlie Hebdo n'en finit pas d'agiter les musulmans. Ahmet Ogras, l'un des vice-présidents du Conseil français du culte musulman (CFCM), a jugé jeudi 15 janvier au micro de Radio France internationale (RFI) « inadmissible » de la part de l'hebdomadaire, dans la « conjoncture » actuelle, de persister à caricaturer le prophète Mahomet.« Il y a trouble de l'ordre en provoquant les personnes, en humiliant 2 milliards de personnes aujourd'hui. On pouvait s'exprimer différemment. »Lire (édition abonnés) : «  Charlie  » agite de nouveau le monde musulmanRéinterrogé sur la « une », montrant le prophète la larme à l'œil, du premier numéro de Charlie Hebdo sorti depuis les attentats qui ont fait vingt morts dont trois djihadistes la semaine dernière, M. Ogras, qui est aussi président du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) répond : « Je ne condamne pas, [mais] je ne la comprends pas. »« A toutes les personnes qui veulent mettre le désordre mondial, [cette publication] a donné un bon prétexte. Est-ce que c'est intelligent d'après vous ? »Les représentants musulmans de France sont restés plutôt mesurés sur la « une » du dernier Charlie. Sans l'approuver, ils avaient appelé au « calme » et à la « réserve », en évoquant toutefois une « provocation » ou une publication qui « heurte la sensibilité des musulmans ».« IL N'Y A PAS D'ISLAM RADICAL »Sur RFI, Ahmet Ogras, qui doit assurer de 2017 à 2019 la présidence tournante du CFCM, l'instance officielle de représentation de l'islam de France, s'en est plus largement pris à l'attitude des médias à l'égard de l'islam.Répondant à une question sur les mots utilisés par les frères Kouachi lors de l'attaque à Charlie Hebdo [« Nous avons vengé le prophète Mohammed ! »], le président du CCMTF s'est emporté : « Ils ne l'ont pas vengé, ils l'ont assassiné. »« Je ne comprends pas comment les médias peuvent véhiculer la propagande de ces terroristes. Vous êtes complices en un certain sens. Je ne comprends pas comment vous admettez qu'il est possible qu'au nom de l'islam on puisse égorger, tuer des personnes. Je n'ai pas peur politiquement de le dire : vous êtes des associés à ces terroristes en véhiculant ça. »« Il n'y a pas d'islam radical, ce n'est pas de l'islam. » Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Un habitant de Charleroi, en Belgique, a été mis en examen, mercredi 14 janvier, pour « trafic d’armes ». Celles-ci auraient pu servir aux attentats commis à Paris par Amedy Coulibaly, même si le parquet fédéral belge, chargé des dossiers de terrorisme, se montre encore prudent. Un porte-parole explique simplement que la Belgique « travaille sur cette hypothèse » en liaison avec la justice française.Nettin Karasular, connu des services de police pour son implication dans diverses activités criminelles par le passé, s’est présenté à la police mardi 13 janvier. Apparemment parce qu’il avait découvert l’implication d’Amedy Coulibaly dans les actes terroristes commis à Paris. Or, il connaissait le Français, auquel il aurait racheté une voiture en échange d’une série d’armes. Le véhicule en question pourrait être la Mini Cooper noire qui appartenait à Hayat Boumeddiene.Lettres de menacesDes quotidiens affirmaient, jeudi matin, que l’homme mis en examen aurait évoqué des kalachnikovs, des explosifs et un pistolet Tokarev, comme celui que détenait le tueur. Et la police de Charleroi aurait retrouvé à son domicile des documents confirmant l’existence d’une négociation portant sur des armes.La police belge enquête, par ailleurs, sur des menaces adressées à des libraires qui vendraient le dernier Charlie Hebdo. Quatre points de vente de Jette, l’une des municipalités qui constituent la région de Bruxelles, ont reçu des lettres de menaces leur enjoignant de ne pas vendre l’hebdomadaire, dont 40 000 exemplaires sont arrivés dans le pays mercredi soir. Toutes les librairies de la commune étaient protégées par la police jeudi matin.Que dit la vidéo d'Amedy Coulibaly aux... par lemondefrJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) La caricature du prophète Mahomet publiée en « une » de Charlie Hebdo mercredi 14 janvier et reproduite par certains médias n’en finit plus de faire des vagues en Turquie, seul pays musulman à oser une telle publication. Quatre sites Internet (Birgun.net, Internethaber.com, Thelira.com, T24.com) ont dû censurer leurs pages sur décision d’un tribunal de Diyarbakir (Sud-Est à majorité kurde). Le prophète, croqué avec sa pancarte « Je suis Charlie » sous le bandeau « Tout est pardonné », a déplu dans les milieux islamo- conservateurs.« Nous ne pouvons accepter les insultes faites au prophète », a averti jeudi le premier ministre islamo-conservateur, Ahmet Davutoglu, estimant, devant des journalistes, que « la publication de cette caricature est une grave provocation (…) [et que] la liberté de la presse ne signifie pas la liberté d’insulter ».L’islam interdit la représentation de son chef spirituel, considérée comme outrageante. Y voyant un « danger pour l’ordre public », un avocat du barreau de Diyarbakir, Ercan Ezgin a aussitôt porté plainte auprès de la 2e chambre correctionnelle. Le tribunal lui a donné raison : « Les mots, écrits, dessins et publications qui dénigrent les valeurs religieuses et le prophète sont une insulte pour les croyants. » Résultat, le dessin apparaît désormais dans une version épurée, sans le visage du prophète.Descente policièreQuelques heures plus tôt, le journal Cumhuriyet, emblématique de l’opposition kémaliste, avait osé publier, dans son édition papier de mercredi, un cahier spécial de quatre pages reproduisant l’essentiel des caricatures diffusées le jour même par l’hebdomadaire parisien. Le croquis du prophète ne figurait pas à la « une », une décision prise par la rédaction de Cumhuriyet après bien des palabres. Une escouade de policiers est venue s’en assurer, faisant irruption dans les locaux de l’imprimerie dans la nuit de mardi à mercredi, pour contrôler de visu les paquets prêts à l’envoi. La distribution a pu se faire normalement après leur passage. La caricature figurait toutefois en petit format à la page 5, à côté d’un éditorial condamnant le terrorisme, hors du cahier consacré à Charlie Hebdo. Elle était aussi en page 12, toujours en petit format. Il semblerait qu’elles aient échappé à la vigilance des policiers, obnubilés par la « une » et le cahier spécial dont elles étaient absentes. La rédaction avait pourtant pris les devants, justifiant son geste dans un communiqué. « Nous avons fait très attention à ne pas heurter les sensibilités », avait prévenu le rédacteur en chef, Utku Cakirozer. « Après une longue discussion, nous avons décidé de ne pas en faire la “une” », annonçait-il sur son compte Twitter un jour avant la parution. Le communiqué, où les mots « solidarité » et « liberté de parole » reviennent en boucle, rappelle le lourd tribut payé par Cumhuriyet, avec sept journalistes assassinés par des islamistes radicaux entre 1990 et 1995.Condamnation des officielsLa vindicte des gardiens de l’islam sunnite contre les libres-penseurs ne date pas d’hier. Le 2 juillet 1993, 37 artistes, écrivains, poètes alévis (un courant de l’islam, 10 à 15 millions de personnes en Turquie) avaient perdu la vie dans l’incendie criminel de l’hôtel où ils se trouvaient à l’occasion d’une conférence littéraire à Sivas (est de la Turquie). L’écrivain humoriste Aziz Nesin, montré du doigt à l’époque pour avoir émis l’idée de traduire en turc Les Versets sataniques de Salman Rushdie, était de la partie. Par miracle, il avait pu réchapper aux jets de pierre et de cocktails incendiaires sur l’hôtel par des manifestants venus exprimer leur rage à l’appel des partis islamistes. Trente-sept personnes (dont deux employés de l’hôtel et un enfant) avaient péri dans les flammes après avoir été empêchées de sortir par la foule déchaînée. En 2012, l’affaire fut classée sans suite, pour la plus grande satisfaction des avocats des fauteurs de trouble de Sivas, dont certains, devenus ministres ou députés, ont effectué depuis une ascension vertigineuse au sein de l’AKP (pour Adalet ve Kalkınma Partisi, ou « Parti pour la justice et le développement », en français), fondé par Recep Tayyip Erdogan en 2001. Mercredi, la nouvelle de la publication des caricatures a quelque peu échauffé les esprits. Sur Facebook, une organisation appelée Jeunesse musulmane anatolienne a invité ses adeptes à effectuer des « descentes » dans les bureaux du journal. Pour parer aux débordements, des cordons de policiers ont été déployés autour des rédactions, à Istanbul comme à Ankara. Les officiels ont stigmatisé Cumhuriyet, l’accusant de « provocation », comme l’a fait sur Twitter Yalcin Akdogan, vice-premier ministre. Le maire d’Ankara, Melih Gokcek, a fustigé le journal pour avoir dépeint « les musulmans comme les agresseurs à l’échelle globale ». Il est vrai que l’édile, membre de l’AKP, est coutumier des déclarations fantaisistes, du type de celle faite récemment à propos des attentats de Paris, « organisés par le Mossad », selon lui.Plus étonnant encore, Cumhuriyet a fait savoir en fin de journée mercredi que la compagnie aérienne nationale, Turkish Airlines, avait décidé d’interrompre ses abonnements, estimant que le journal n’était plus digne de sa clientèle. Dans ce contexte, l’autocensure aussi s’est invitée. Le quotidien Milliyet a retiré de son site, mercredi 14 janvier, un éditorial considéré comme trop polémique sur l’islam. L’auteure et journaliste Mehves Evin écrivait notamment : « Les musulmans conservateurs doivent sortir de leur mentalité du XIIIe siècle, ils doivent faire leur autocritique, entamer une réforme, afin de faire entrer l’islam dans le XXIe siècle. »Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.01.2015 à 03h35 • Mis à jour le15.01.2015 à 11h37 Une semaine après l'attaque à Charlie Hebdo qui a coûté la vie à douze personnes, le 7 janvier, les obsèques des dessinateurs et collaborateurs du journal ont commencé, mercredi 14 janvier et se poursuivent jeudi 15 et vendredi 16. Des hommages aux victimes anonymes des attaques terroristes de ces derniers jours ont également été rendus depuis mardi. Dans la plus stricte intimité, Cabu, dessinateur historique de l'hebdomadaire et père du « beauf », a été inhumé mercredi à Châlons-en-Champagne, sa ville natale.Lire : Cabu, un coup de crayon sans égalQuelque 700 personnes ont également assisté à Clermont-Ferrand aux obsèques de Michel Renaud, fondateur du festival Rendez-vous du Carnet de voyage, tué dans les locaux du journal alors qu'il était venu rendre des dessins à Cabu.Lire : Michel Renaud, insatiable voyageurJeudi, une cérémonie en hommage au dessinateur Tignous se tiendra à 11 h 30 à la mairie de Montreuil. Elle sera suivie de son inhumation à 15 h 30 au cimetière du Père-Lachaise à Paris.Lire : Tignous, dessinateur à l'imagination fertile et corrosive Wolinski, sera, lui, incinéré à 11 h 45 au crématorium de ce même cimetière. L'urne contenant ses cendres sera inhumée au cimetière du Montparnasse à 16 heures.Lire : Georges Wolinski, dessinateur érotomane et pessimisteLa psychiatre Elsa Cayat, chroniqueuse à Charlie Hebdo, « sera inhumée le jeudi 15 janvier à 12 h 30 au cimetière du Montparnasse » selon le carnet de Libération. Elle signait une chronique, intitulée « Divan », qui sortait deux fois par mois dans l'hebdomadaire. Elle avait publié plusieurs essais, dont Un homme + une femme = quoi ? (Petite Bibliothèque Payot, 2007), qui abordait le thème des relations amoureuses. Selon un bref avis paru dans la Dépêche du Midi, les obsèques de l'économiste Bernard Maris « auront lieu jeudi dans l'intimité familiale ». L'heure et le lieu ne sont pas précisés.Lire : Bernard Maris : un pied à « Charlie », l'autre à la Banque de FranceLes obsèques de Franck Brinsolaro, le policier tué dans la salle de rédaction de Charlie Hebdo alors qu'il assurait la protection du dessinateur Charb, auront lieu jeudi à 11 heures lors d'une cérémonie en l'église Sainte-Croix de Bernay (Eure) où la presse ne sera pas admise, a fait savoir la famille. La cérémonie religieuse sera suivie dans l'intimité d'une crémation.CHARB, HONORÉ ET MUSTAPHA OURRAD INHUMÉS VENDREDI Vendredi, un hommage au dessinateur Charb sera rendu à Pontoise (Val-d'Oise), ville dont il était originaire. La cérémonie aura lieu à 10 heures au Hall Saint-Martin, en présence de la famille du dessinateur et de ses collègues, a indiqué la mairie, sans préciser si cet hommage serait ouvert ou non au public. Sur Twitter, le maire de la ville, Philippe Houillon (UMP), a assuré qu'un « grand rassemblement de recueillement » était « projeté » à l'occasion de ces obsèques.L'inhumation du dessinateur aura pour sa part lieu dans la stricte intimité, dans le cimetière de la ville.Lire : Charb, le rire d'abord Le dessinateur Honoré sera inhumé vendredi et sa famille « souhaite que la cérémonie soit strictement privée », a déclaré à l'AFP, Valérie Manteau, proche de la fille du dessinateur, précisant que la famille « ne souhaite pas la divulgation d'informations sur les modalités pratiques des obsèques pour des raisons de sécurité ».Lire : Philippe Honoré, illustrateur virtuose enragéMustapha Ourrad, le correcteur de Charlie Hebdo, sera également inhumé vendredi selon l'AFP. Un hommage est prévu jeudi dans son village natal en Kabylie, Ath Larvaa.Lire : Hommage à Mustapha, homme discret mais brillant Les obsèques de Clarissa Jean-Philippe, la jeune policière municipale assassinée par Amedy Coulibaly jeudi dernier à Montrouge (Hauts-de-Seine), se tiendront lundi en Martinique dans la commune de Sainte-Marie.Lire : Clarissa Jean-Philippe, 25 ans, la policière tuée dans les rues de MontrougeFrédéric Boisseau, employé chez Sodexo et qui a été la première victime des tueurs, doit être enterré mardi 20 janvier en Seine-et-Marne dans la plus stricte intimité, selon l'AFP. Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada et Yoav Hattab, les quatre victimes de la prise d'otage dans un supermarché casher de la porte de Vincennes à Paris, vendredi, ont, eux, été inhumés en Israël, mardi.Lire : Yoav, Philippe, Yohan et François-Michel, les quatre otages tués porte de VincennesAhmed Merabet, le policier tué dans la rue par l'un des deux frères Kouachi a, lui, été enterré mardi dans le cimetière musulman à Bobigny (Seine-Saint-Denis).Lire : Après les obsèques d’Ahmed Merabet, le retour de la peur 14.01.2015 à 18h50 • Mis à jour le14.01.2015 à 21h53 | Ariane Chemin   « Je t’en veux vraiment, Charb. » Six petits mots dans le numéro de L’Obs du 14 janvier ont suffi pour plonger la famille de Charlie Hebdo dans l’une de ces violentes querelles qui agitent l’hebdomadaire satirique depuis l’affaire des caricatures de Mahomet, il y a bientôt huit ans.« Je sais, ça ne se fait pas », écrit Delfeil de Ton à la fin d’un long article consacré à l’aventure de Charlie et en s’adressant à son « chef », exécuté le mercredi 7 janvier avec onze autres personnes. Evoquant un « gars épatant », mais « tête de lard », Delfeil reproche à Charb d’avoir mené sa rédaction à la mort. Un procès qui a fait bondir Richard Malka, avocat du journal satirique depuis vingt-deux ans, et beaucoup d’autres.Delfeil de Ton, 80 ans, chroniqueur à L’Obs depuis 1975, est un des fondateurs de Charlie Hebdo. Il était déjà des aventures de Hara-Kiri, puis de Hara-Kiri Hebdo, avant de participer à la création du « premier » Charlie, en 1970, puis du « deuxième », en 1992. Il s’en était allé au bout de quatre mois – « je m’ennuyais à mourir avec Philippe Val », le nouveau patron, racontait-il à l’époque. Pour son numéro spécial consacré à la tragédie de Charlie Hebdo, le directeur de la rédaction de L’Obs, Matthieu Croissandeau, a donc demandé à son collaborateur de raconter aux lecteurs ses souvenirs sur deux pages.Delfeil de Ton ressuscite ses souvenirs, croque ses amis, puis en vient à ce numéro de Charia Hebdo, que Charb avait décidé de publier, avec les caricatures de Mahomet, en novembre 2011. « Quel besoin a-t-il eu d’entraîner l’équipe dans la surenchère ? », accuse Delfeil. Peu après la sortie du numéro, les locaux de Charlie sont incendiés. Delfeil rappelle ce que son ami Wolinski, même âge que lui, en disait à l’époque : « Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire. » Ni recommencer, estime Delfeil : « Il fallait pas le faire, mais Charb l’a refait, un an plus tard, en septembre 2012. »Ce n’est pas la première fois que Delfeil crée la polémique en consacrant sa chronique à Charlie. C’était à l’été 2008, lors d’une autre querelle qui avait largement dépassé les frontières de la rédaction de L’Obs et les troupes de Charlie. Après la publication d’un article du dessinateur Siné sur le mariage du fils de Nicolas Sarkozy, que Philippe Val avait jugé antisémite, le directeur de l’hebdomadaire avait décidé de licencier le dessinateur (Siné a depuis fait condamner Charlie pour préjudice moral et financier, et obtenu en appel 90 000 euros de réparations).Lire aussi : « Charlie Hebdo » : les kiosques dévalisés dès l'ouverture« Papier polémique et fielleux »Déjà, comme si chacun pressentait qu’une autre partie, plus vaste, se jouait par-delà du sort d’une chronique et de dessins, une violente polémique s’était engagée, divisant la rédaction de Charlie, les partis de gauche, et jusqu’aux intellectuels. Le Prix Nobel de la paix Elie Wiesel avait pris le parti de Philippe Val, comme Bernard-Henri Lévy, Elisabeth et Robert Badinter, Pierre Lescure, Elisabeth Roudinesco, SOS Racisme et d’autres. En défense de Siné, des dessinateurs comme Rémi Malingrey et Lefred Thouron et, au sein de la rédaction, Cavanna (qui évoquait en 2011 l’affaire dans son dernier livre, Lune de miel), Willem, Tignous, ou des journalistes comme Michel Polac et Sylvie Caster. Mais aussi, dans les colonnes du Nouvel Observateur, Delfeil de Ton, qui accuse depuis longtemps Val d’entraîner Charlie dans un combat sionisto-islamophobe.Avocat de Charlie depuis vingt-deux ans, Richard Malka a envoyé mercredi un texto scandalisé à Matthieu Pigasse, l’un des actionnaires de L’Obs (et du Monde), qu’il connaît bien. « Charb n’est pas encore enterré que L’Obs ne trouve rien de mieux à faire que de publier sur lui un papier polémique et fielleux, s’indigne M. Malka. Sur le plateau du “Grand Journal”, l’autre jour, le directeur de L’Obs, Matthieu Croissandeau n’avait pas de larmes assez chaudes pour dire qu’il continuerait le combat. Je ne pensais pas qu’il le ferait de cette manière. Je refuse de me laisser envahir par de mauvaises pensées, mais ma déception est immense. »D’autres estiment que Delfeil a tort de ressusciter des propos anciens de Wolinski, « alors que “Wolin” est toujours resté fidèle à Charb, et se rendait toutes les semaines au journal ». « Il s’agit d’une chronique, répond calmement Matthieu Croissandeau. Nous avons reçu ce texte, et, après débat, j’ai décidé de le publier ; dans un numéro sur la liberté d’expression, il m’aurait semblé gênant de censurer une voix, quand bien même elle serait discordante. D’autant qu’il s’agit de la voix d’un des pionniers de cette bande. »Delfeil, lui, refuse d’en dire davantage. « J’ai refusé de parler aux télés, aux radios, à tout le monde. J’ai gardé mon témoignage pour L’Obs, qui l’a d’ailleurs mal titré, et je ne suis pas près de l’ouvrir à nouveau sur le sujet. » Il précise seulement, en ne citant qu’un nom et en pesant chacun de ses mots : « Jeudi, j’irai aux obsèques de Wolinski. »Ariane CheminGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.01.2015 à 18h26 • Mis à jour le15.01.2015 à 15h07 Communiqué des sociétés de journalistes En mémoire de nos confrères de Charlie Hebdo et des victimes du terrorisme assassinées à Paris, Montrouge et porte de Vincennes, nous, journalistes de presse écrite, radio, télé et Internet affirmons notre refus obstiné de céder à la violence et à l'intimidation.Leur combat nous oblige.Leur courage, face aux menaces de mort, nous impose de continuer à informer sans transiger, toujours indépendants de tous les pouvoirs.Comme eux, osons dire, crier, scander : nous n'avons pas peur !Le rire est un rempart universel contre l'obscurantisme. La caricature des idées comme des croyances est une manière de faire vivre le pluralisme. Nous n'y renoncerons pas.Nous voulons réaffirmer le sens de notre métier pour faire reculer la propagande, la rumeur et les manipulations. Dans les jours, les mois et les années qui viennent, nous voulons porter haut notre exigence et notre responsabilité d'informer nos concitoyens.L'enjeu dépasse notre profession. Il en va de la démocratie, aujourd'hui rongée par le doute.La presse a besoin de liberté.La liberté a besoin de la presse.Défendons-les !« Le silence, c'est la mort, et toi, si tu te tais, tu meurs. Et si tu parles, tu meurs. Alors dis et meurs. » Tahar Djaout, journaliste et écrivain algérien assassiné par le FIS en 1993Sociétés des journalistes de l'AEF, l'Agence France Presse, Alternatives économiques, Bfm Tv, Canal +, Courrier international, La Croix, La Tribune, Les Echos, Europe 1, L'Express, Le Figaro, France Bleu, France Info, France Inter, France Culture, L'Humanité, Les Inrocks, iTélé, LCI, Libération, Marianne, Mediapart, Midi Libre, Le Monde, Le Mouv', L'Obs, Le Parisien, Le Point, La Provence, RFI, RTL, Rue 89, Télérama, TF1 et La Vie. Gilles Paris (Washington, correspondant) Le New York Times s’est livré à un exercice délicat dans son édition du mardi 13 janvier : décrire la manchette du numéro de Charlie Hebdo consacrée à une caricature du prophète Mahomet sans la montrer. Une application stricte de la règle rappelée après les tueries de Paris par le directeur du quotidien, Dean Baquet, qui proscrit la publication de tout ce qui « est destiné délibérément à heurter les sensibilités religieuses ». « Après mûre réflexion », les responsables du New York Times avaient décidé que « décrire les dessins en question donnerait suffisamment d’information aux lecteurs » pour comprendre la situation.Dans une société américaine où les religions ont conservé une influence considérable, le quotidien n’a pas été le seul à faire ce choix, alimentant de vifs débats sur les limites de la liberté d’expression et les responsabilités qui incombent aux médias. L’agence de presse Associated Press et les chaînes d’information CNN, MSNBC, et NBC News, pour ne citer que les plus prestigieuses, en ont fait de même et ont décidé de masquer les dessins controversés, en rappelant leur préoccupation vis-à-vis de tout ce qui pourrait apparaître comme « indélicat » ou « potentiellement offensant ».« Sécurité des équipes »Le responsable de CNN Worldwide, Jeff Zucker, a fait valoir un autre argument auprès de ses équipes, selon la presse américaine : « D’un point de vue journalistique, nous sentons que nous avons envie et que nous devrions utiliser ces images. Mais de mon point de vue de responsable, la sécurité de nos équipes de par le monde est plus importante pour l’instant. » Ce même argument avait été mis en avant le 12 janvier par le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, invité à commenter les déclarations faites trois ans plus tôt par son prédécesseur, Jay Carney.Ce dernier s’était interrogé sur « le jugement » qui avait conduit Charlie Hebdo à publier des caricatures « profondément offensantes » du prophète Mahomet, en septembre 2012. M. Earnest, tout en rappelant l’importance de la liberté d’expression sanctifiée par le premier amendement de la Constitution américaine, et le fait qu’aucun acte de violence ne pouvait être justifié par la publication de caricatures, avait indiqué que la Maison Blanche devait s’interroger sur les conséquences de telles publications pour ses personnels, militaires ou diplomatiques.Le Washington Post, qui n’avait pas publié à l’époque les premiers dessins contestés de Charlie Hebdo, a fait un autre choix éditorial. Au lendemain du massacre de Paris, il avait déjà republié la manchette du Charia Hebdo de 2011, mais dans ses pages Opinions, à côté d’un éditorial mettant en garde contre la tentation de l’autocensure. Mardi 13, à la veille de la sortie du nouveau numéro de Charlie Hebdo, le quotidien a publié la couverture dessinée par Luz en bas de la première page de son supplément Style. Dès sa parution, lundi, ce dessin avait été reproduit sur le blog Comic Riffs du journaliste du quotidien Michael Cavna consacré au dessin de presse. Mardi, le directeur du Washington Post, Martin Baron, a expliqué que la ligne de son journal interdisait la publication « de ce qui est précisément, délibérément ou inutilement offensant pour des membres de groupes religieux », et que la couverture du nouvel exemplaire n’entrait pas dans cette catégorie. La médiatrice du New York Times, Margaret Sullivan, a plutôt défendu la position du quotidien, ce qui lui a valu, de son propre aveu, un nombre record de commentaires, majoritairement critiques. Elle a regretté mercredi matin que son journal n’ait pas estimé nécessaire une révision de sa politique interne, estimant que le dessin publié mercredi à Paris n’était « ni choquant ni gratuitement offensant » et qu’il avait « sans aucun doute une valeur significative d’information ».Because of its significant news value, the Charlie Hebdo cover image should have been shown in NYT. My new post: http://t.co/mbpopbzpeq— Sulliview (@Margaret Sullivan)require(["twitter/widgets"]); Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Eric Nunès Cette semaine, comme chaque semaine, Charlie Hebdo, vendu au prix habituel de 3 euros, c'est une rafale. De caricatures, de paires de fesses, de seins, sans oublier les quelques verges disséminées sur 14 pages. C'est 36 « terros », 21 flingues de tous modèles, des dessins et des stigmates dans le cœur et les corps des dessinateurs survivants de l'attentat du 7 janvier. Car ce no 1178 de Charlie Hebdo, c'est surtout un prophète une larme à l'œil en couverture. Et un journal-hommage de ceux qui restent à ceux qui ont été assassinés.Les rescapés, les miraculés, les retardataires de la conférence de rédaction du 7 janvier tentent encore de faire rire, mais ils sont sur trop de fronts. Alors ils se racontent, se quittent et s'étreignent une dernière fois, crayon en main, réussissant à conserver, malgré le drame, la tonalité irrévérencieuse et provocatrice caractéristique de la publication.« Nous les survivants, nous devrons encore pendant longtemps ramasser les fragments et voir ce qu'on pourra en faire. Fragments de mémoire, pour que chacun reconstitue la scène qu'il n'a pas vue, qu'il n'aurait jamais voulu voir, et qu'elle ne quitte plus jamais notre mémoire individuelle et collective », écrit la rédactrice Zineb El-Rhazoui, dans la double colonne « En bref ».Lire aussi : « Charlie Hebdo » : les kiosques dévalisés dès l'ouvertureEtre Charlie c'est être laïqueAu bord de la faillite il y a quelques semaines, Charlie se retrouve soudain avec des millions de nouveaux amis. Mais « nous ne sommes pas dupes », avertit dès la page 2, le rédacteur en chef Gérard Biard dans la chronique « L' apéro », qui a valeur d'édito. Beaucoup « sont très brièvement de passage ». A ces lecteurs tout neufs, le rédacteur en chef rappelle qu'« être Charlie » c'est être laïque, prôner « l'universalisme des droits, l'exercice de l'égalité, de la liberté, de la fraternité, de la sororité ». Ceux qui sont Charlie « se reconnaîtront. Et nous emmerdons les autres, qui de toute façon s'en foutent... »Si la couverture est signée Luz, le numéro publie, post-mortem, de nombreux dessins de Cabu, Tignous, Honoré et Charb. La chronique « psy » d'Elsa Cayat, « Charlie Divan », figure à sa place habituelle, bien que la rédactrice ait été assassinée le 7 janvier. Le titre de son texte : « La capacité de s'aimer ».Sylvie Coma, Antonio Fischetti... d'autres prennent la plume pour raconter, dans un numéro publié à 5 millions d'exemplaires, l'humanité de Cabu ou la sensibilité de Tignous. Dans sa chronique, Patrick Pelloux, l'urgentiste qui le premier a porté des soins à ses camarades à terre, fait mine d'un déni. Le silence de Cabu, Charb, Elsa, Honoré ou Mustapha serait dû à un problème technique, téléphone en panne ou connexion défaillante. « Je vais finir par péter la gueule aux nouvelles technologies ! », conclut-il.Numéro hommageAnecdotes, mots d'amour et d'affection émaillent les billets des survivants. Pas de nécrologie officielle dans ce numéro spécial, mais des dizaines de clins d'œil, de souvenirs partagés que les auteurs n'ont pas souhaité contenir.Mais ce Charlie un peu spécial n'en reste pas moins Charlie et n'oublie pas de dégainer ses piques en direction du gouvernement et de la manière dont, médiatiquement, il a géré l'événement. Alors que Manuel Valls, premier ministre, se faisait ovationner, mardi 13 janvier par l'Assemblée nationale, le reporter Laurent Léger souligne dans une enquête intitulée « Antiterrorisme : des trous dans le filet », les failles et la responsabilité des services de renseignement français, celle notamment de l'ancien ministre de l'intérieur dont « l'organisation du renseignement d'aujourd'hui n'est autre que son grand œuvre. »Comme à l'ordinaire, le journal se clot sur la fameuse « der » réunissant les couvertures auxquelles le lecteur a « échappé ». La dernière figure une camarde, faux à l'épaule et Charlie Hebdo en mains, qui déclare : « Je m'abonne. »  Eric NunèsJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.01.2015 à 15h54 • Mis à jour le15.01.2015 à 09h10 | Samuel Laurent et Damien LeloupDepuis une semaine, de nombreuses remarques et questions de nos lecteurs et des internautes nous interpellent sur la liberté d'expression et ses limites, ou s'étonnent de la manière dont est appliquée la loi. Nous avons tenté de faire un tour d'horizon des messages les plus fréquents.« J'ai le droit de dire ce que je pense »Vous avez le droit, oui, mais en privé, et encore. La liberté d'expression en public, et même devant un cercle d'amis dans certains cas, est encadrée. Vous ne pouvez pas vous promener dans la rue en criant « Mort aux Syldaves », par exemple. Ce serait un délit (si les Syldaves existaient).La liberté d'expression n'est pas absolue. Un certain nombre de propos, racistes, antisémites, appelant à la haine, à la violence, faisant l'apologie du terrorisme, sont des délits selon la loi. On ne peut donc pas les tenir en public. Il ne s'agit pas de « censure » ou de « pensée unique », mais d'une règle de droit, qui ne date pas d'aujourd'hui : la loi sur la liberté de la presse remonte à 1881.Lire aussi l'analyse : Jusqu'où va la liberté d'expression ?« Mais alors je ne peux pas dire ‘les Syldaves sont des salauds', même sur mon Facebook visible uniquement par des amis ? »Non. La jurisprudence est assez claire : vous pouvez être condamné pour « injure publique », par exemple, même si c'est sur un profil qui n'est accessible qu'à quelques dizaines de personnes. Les tribunaux considèrent que c'est une situation comparable à celle d'une injure proférée dans une entreprise, un café ou tout autre lieu public. Il existe des cas où la justice a estimé qu'un groupe Facebook très fermé ou un profil avec peu d'ami relevait du privé, mais ils sont l'exception. Encore une fois, tout dépend de l'existence d'une plainte. Donc si quelqu'un estime que vos propos sont offensants et qu'il y a accès, vous pouvez être condamné.« J'ai bien le droit de faire de l'humour »Oui, vous avez le droit. Mais dans certaines limites, toujours les mêmes : ne pas diffamer, ne pas faire l'apologie du crime, du terrorisme, du racisme… En réalité, une personne s'estimant offensée par votre humour peut porter plainte contre vous. Et ce sera alors à la justice de décider s'il s'agit d'humour ou si vous déguisez du militantisme ou des injures sous des traits humoristiques. S'il existe un « droit à la satire et à l'outrance » consacré par la jurisprudence, l'humour n'autorise pas tout, et ne permet pas de tout justifier.« Les gens ne sont jamais condamnés pour ce qu'ils disent sur Internet »C'est faux. Lundi, un homme qui avait publié des photos faisant l'apologie du djihad sur son profil Facebook a été arrêté et condamné à trois mois de prison ferme à Toulon. Ce n'est qu'un exemple parmi de nombreux autres. Il suffit qu'il y ait une plainte déposée contre un contenu, ou un signalement aux autorités via la plate-forme Pharos, qui les recense, pour qu'une action soit menée. Y compris sur Internet, y compris lorsqu'il s'agit d'un profil anonyme.On pourrait multiplier les cas, par exemple celui du compte Twitter « Jeunepopkemon », condamné aux dépens de Rachida Dati pour avoir usurpé son identité dans un but pourtant revendiqué comme humoristique. Autre exemple, celui de Boris Le Lay, nationaliste breton qui multiplie les condamnations pour propos racistes sur Internet.Ce matin, le ministère de l'intérieur totalisait près de quarante procédures ouvertes pour « apologie du terrorisme » à la suite des événements de la semaine dernière.Lire aussi : Une cinquantaine de procédures ouvertes pour apologie du terrorisme et menaces« On condamne plus les propos contre tel groupe que contre tel autre »Nous n'en savons rien... et vous non plus. En réalité, il n'existe pas de statistique comparative des condamnations pour racisme ou incitation à la haine par thème ou groupe ciblé. Quelques affaires sont sans doute plus médiatisées que d'autres, mais cette impression ne correspond pas nécessairement à la réalité judiciaire.« Les trucs antisémites sont toujours censurés, jamais les trucs contre l'islam »C'est faux. Il existe nombre d'exemple de comptes, de profils supprimés et de condamnations à la suite de propos racistes ou islamophobes. Par exemple cette élue FN condamnée l'an dernier à neuf mois de prison ferme et une amende pour des photomontages racistes à propos de Christiane Taubira. Ou encore l'organisation d'extrême droite Riposte laïque, condamnée en 2014 pour provocation à la haine envers les musulmans. On pourrait multiplier les exemples, notamment Eric Zemmour, condamné en 2011 pour provocation à la discrimination raciale.La loi est la même à chaque fois : racisme ou antisémitisme sont des délits, et tenir des propos en faisant l'apologie est condamnable.« Dieudonné est condamné et mis en garde à vue et pas 'Charlie', il y a deux poids deux mesures »Les deux cas de figure sont très différents. Tout d'abord, Dieudonné a été condamné à plusieurs reprises pour différents motifs, dont l'incitation à la haine et à la discrimination et pour contestation de crimes contre l'humanité. Charlie Hebdo, visé par une trentaine de plaintes au long de son histoire, a également été condamné à plusieurs reprises, principalement pour “injure”, et une fois pour une tribune et un dessin « visant précisément les harkis et la communauté qu'ils forment », alors que des enfants de harkis avaient entamé une grève de la faim.Lire les dernières informations : Apologie du terrorisme : Dieudonné sera jugé en correctionnelleSurtout, le droit français reconnaît bien un droit à la satire et à la caricature, et c'est la raison pour laquelle Charlie Hebdo a régulièrement échappé à une condamnation. Dieudonné a également été relaxé pour les mêmes raisons après une plainte d'associations juives contre un sketch diffusé en 2004 sur France 3, le tribunal considérant par ailleurs que ses propos « ne s'adressaient pas à la communauté juive en général ».Mais les avocats de Dieudonné n'ont pas toujours utilisé cet argument : lors de son procès visant la chanson « Shoahnanas », « l'humoriste » s'était borné à expliquer que son texte parlait de « chauds ananas », une ligne de défense intenable.Son placement en garde à vue, mercredi 14 janvier, est encore un autre cas de figure : il a été fait sur la base de la toute dernière loi de lutte contre le terrorisme, qui punit très sévèrement l'apologie du terrorisme, après que Dieudonné a publié un message sur le Web se revendiquant comme « Charlie Coulibaly ». Sa garde à vue ne signifie cependant pas qu'il sera condamné.Enfin, dans le cas précis des caricatures de Mahomet republiées par Charlie Hebdo, rappelons que le droit français ne sanctionne pas le blasphème – une disposition en ce sens existe encore en Alsace et en Moselle, héritage historique du concordat, mais n'est plus appliquée, et plusieurs responsables religieux ont réclamé la semaine dernière son abrogation définitive.« Mon commentaire sur FaceBook a été supprimé, on a violé ma liberté d'expression »La liberté d'expression est un principe légal qui vous protège, mais il n'impose pas à un tiers d'accueillir vos propos. Tout comme le patron d'un café peut vous demander de ne pas hurler d'obscénités dans son établissement, les plates-formes Internet, qu'il s'agisse du français Dailymotion ou de l'américain Facebook, ont tout à fait le droit de fixer leurs propres règles – à condition qu'elles respectent la loi française. Facebook interdit par exemple, et tout à fait légalement, les photos de nus, ou les propos “agressifs” – une catégorie bien plus large que celle de la loi qui sanctionne les appels à la haine.Comme le résume le dessinateur américain XKCD, la liberté d'expression n'oblige pas les gens qui sont en désaccord avec vous à vous écouter !J'aurais dû traduire ce strip depuis longtemps. C'est pour toi, Éric. http://t.co/DTJfWGAhD2— Maitre Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas)require(["twitter/widgets"]);« Twitter laisse fonctionner des comptes néonazis et a bloqué le mien » »Twitter et les réseaux sociaux en général n'emploient pas des armées de modérateurs chargés de lire les tweets de tous les utilisateurs. Ils demandent à ces derniers de « faire la police » en signalant les comptes aux contenus offensants, avant d'éventuellement envisager de les bloquer. La loi sur la confiance dans l'économie numérique permet à ces services de disposer d'un régime de responsabilité allégé : ils sont « simplement » tenus de supprimer dans un déli raisonnable les contenus contraires à la loi qui leur sont signalés.Par ailleurs, certains sites, et notamment Twitter, appliquent plutôt une philosophie héritée de la conception américaine de la liberté d'expression, beaucoup plus permissive que celle qui a cours en France et en Europe. Les géants du Web appliquent depuis longtemps une pratique « géographique » du blocage, certains contenus illégaux en France pouvant être légaux dans d'autres pays. Ces grandes sociétés tendent donc à pratiquer un blocage « géographique » : elles ne suppriment par exemple pas un compte à connotation nazie, illégal en France ou en Allemagne, mais bloquent son accès dans les deux pays. Cette forme de « jurisprudence privée » a émergé après un procès retentissant contre eBay, aux tous débuts du développement de l'Internet grand public : attaqué parce qu'il vendait des objets nazis, le site avait décidé de bloquer ces enchères en France et en Allemagne, mais de les laisser librement accessibles aux Etats-Unis.« C'est le règne de la pensée unique et de la bienpensance bobo qui veut censurer notre liberté de nous exprimer »,  « c'est la faute du gouvernement PS », « c'est la faute de Sarkozy si on ne peut plus rien dire dans ce pays »La loi sur la presse date de 1881, bien avant mai 1968.Par ailleurs, les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont apporté depuis les années 1980 de nouvelles limites à la liberté d'expression – régulièrement avec les voix de l'opposition. Sous des gouvernements de gauche, on peut rappeler notamment la loi Gayssot (qui sanctionne la négation de crimes contre l'humanité) ou la toute dernière loi de lutte contre le terrorisme (également votée très largement par l'opposition). Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, une proposition de loi réprimant la négation du génocide arménien avait finalement été censurée par le Conseil constitutionnel, mais François Hollande s'était engagé durant sa campagne à présenter un nouveau texte en ce sens. Ce qu'il n'a toujours pas fait.Lire la chronologie : « Charlie Hebdo », 22 ans de procès en tous genres //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444463', 25258, '', 'pixels_1', 'desktop']); require(["lmd/core/advert/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=pixels_1]', '#articleBody'); });Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Charlotte Bozonnet Tiré à cinq millions d’exemplaires et traduit en arabe, le numéro du mercredi 14 janvier Charlie Hebdo n’aura toutefois pas été distribué dans les pays du Maghreb. Confirmant leur opposition aux caricatures du Prophète, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie n’ont pas autorisé la diffusion du journal satirique sur leur sol. Une absence des kiosques qui n’est pas spécifique à ce 14 janvier.Au MarocAu Maroc, où le roi est le commandeur des croyants, la décision des autorités ne faisait aucun doute. Le ministre des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, avait refusé dimanche 11 janvier de se joindre à la marche républicaine à Paris au motif que des « caricatures blasphématoires du Prophète » étaient présentes dans le cortège. Au lendemain de l’attaque contre l’hebdomadaire, Mustapha Khalfi, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement marocain, avait, quant à lui, annoncé que les journaux étrangers publiant des caricatures en hommage aux victimes seraient interdits sur le sol marocain. Même chose ce 14 janvier : les journaux étrangers ayant repris la « une » de Charlie Hebdo, dont Le Monde, Libération et Marianne, ont été interdits de diffusion. « Nous considérons que la publication de ces caricatures représente une provocation et une diffamation inacceptables et condamnables. Le blasphème n’a rien à voir avec la liberté d’expression », a déclaré M. Khalfi au HuffPost Maroc.En TunisieEn Tunisie, dont le premier ministre sortant Mehdi Jomaa a participé à la marche républicaine du 11 janvier à Paris, le journal satirique avait été distribué pendant quelques semaines, après la révolution de 2011, avant d’être à nouveau indisponible. Au lendemain de la tuerie contre la rédaction de Charlie Hebdo, le ministère tunisien des affaires religieuses avait dénoncé un « massacre tragique et horrible » qui n’a « aucun lien » avec l’islam, mais aussi demandé aux médias d’« éviter de toucher au sacré ». Le ministère « appelle les médias du monde entier à respecter l’éthique journalistique et à éviter de toucher aux religions, aux prescriptions religieuses et au sacré, ce qui pourrait provoquer des réactions émotionnelles », expliquait le communiqué. Interrogé par le site tunisien webdo.tn, mardi soir, Mohamed Sellami, directeur général de la Sotupresse, responsable de la distribution des journaux étrangers, prévenait : « S’il existe des caricatures offensantes au prophète, nous refuserons la distribution de l’hebdomadaire. » En AlgérieMême absence en Algérie, où l’islam est religion d’Etat. Là encore, la condamnation de l’attentat contre Charlie Hebdo avait été sans équivoque, dans la presse et de la part des autorités, sans effacer pour autant l’opposition à la ligne du journal. Ce n’est pas le moment de débattre des choix éditoriaux de l’hebdomadaire, car « aucune caricature ne justifie la violence, le sang, le carnage », écrivait ainsi Le Quotidien d’Oran, au lendemain du drame, en soulignant que les auteurs du massacre ont « produit la plus hideuse et la plus violente des caricatures de la religion musulmane ».Ce mercredi, la publication de nouvelles caricatures a été dénoncée comme une « provocation » par le journal Echourouk, premier quotidien arabophone du pays, qui dispose également d’une chaîne de télévision. Le journal publie en « une » un dessin montrant un blindé avec l’écriteau « Je suis un char » à côté d’un manifestant brandissant un « Je suis Charlie », dans le but de dénoncer une indignation à géométrie variable des Français face aux conflits dans le monde arabe. « Nous sommes tous Mohamed », « Non aux atteintes au prophète, non au terrorisme », titre Echourouk.Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Longtemps dans l’incertitude, le directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer, vient de se voir confier des responsabilités élargies, selon BFM Business.Dans un courriel interne diffusé lundi 12 janvier, le groupe annonce qu’« une nouvelle entité est créée, Vivendi Contents, présidée et dirigée par Rodolphe Belmer. Elle a pour mission la conception, l’animation du développement de nouveaux formats de contenus, que ce soit dans la musique ou les images. Rodolphe Belmer aura, outre chez Canal+, un rôle chez StudioCanal, Universal Music et toute filiale française réalisant des contenus. »Outre ce rôle accru confié à M. Belmer, ce courriel indique aussi les nouveaux axes stratégiques choisis par Vivendi : « quatre sujets ont été définis comme prioritaires : contenus du futur, data et monétisation, Afrique, coopération et projets ».L’entreprise se fixe aussi comme objectif de « repérer « industriellement » les talents dans tous les domaines, permettant de réaliser avec eux des contenus monétisables (sur le modèle d’Universal Music et de Canal+). » Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.01.2015 à 18h26 • Mis à jour le14.01.2015 à 18h30 Communiqué des sociétés de journalistes En mémoire de nos confrères de Charlie Hebdo et des victimes du terrorisme assassinées à Paris, Montrouge et porte de Vincennes, nous, journalistes de presse écrite, radio, télé et Internet affirmons notre refus obstiné de céder à la violence et à l'intimidation.Leur combat nous oblige.Leur courage, face aux menaces de mort, nous impose de continuer à informer sans transiger, toujours indépendants de tous les pouvoirs.Comme eux, osons dire, crier, scander : nous n'avons pas peur !Le rire est un rempart universel contre l'obscurantisme. La caricature des idées comme des croyances est une manière de faire vivre le pluralisme. Nous n'y renoncerons pas.Nous voulons réaffirmer le sens de notre métier pour faire reculer la propagande, la rumeur et les manipulations. Dans les jours, les mois et les années qui viennent, nous voulons porter haut notre exigence et notre responsabilité d'informer nos concitoyens.L'enjeu dépasse notre profession. Il en va de la démocratie, aujourd'hui rongée par le doute.La presse a besoin de liberté.La liberté a besoin de la presse.Défendons-les !« Le silence, c'est la mort, et toi, si tu te tais, tu meurs. Et si tu parles, tu meurs. Alors dis et meurs. » Tahar Djaout, journaliste et écrivain algérien assassiné par le FIS en 1993Sociétés des journalistes de l'AEF, l'Agence France Presse, Alternatives économiques, Canal +, Courrier international, La Croix, Les Echos, Europe 1, L'Express, Le Figaro, France Bleu, France Info, France Inter, France Culture, L'Humanité, iTélé, Libération, Marianne, Mediapart, Le Monde, Le Mouv', L'Obs, Le Parisien, Le Point, RFI, RTL, Rue 89, Télérama, TF1 et La Vie. Eric Nunès Cette semaine, comme chaque semaine, Charlie Hebdo, vendu au prix habituel de 3 euros, c'est une rafale. De caricatures, de paires de fesses, de seins, sans oublier les quelques verges disséminées sur 14 pages. C'est 36 « terros », 21 flingues de tous modèles, des dessins et des stigmates dans le cœur et les corps des dessinateurs survivants de l'attentat du 7 janvier. Car ce no 1178 de Charlie Hebdo, c'est surtout un prophète une larme à l'œil en couverture. Et un journal-hommage de ceux qui restent à ceux qui ont été assassinés.Les rescapés, les miraculés, les retardataires de la conférence de rédaction du 7 janvier tentent encore de faire rire, mais ils sont sur trop de fronts. Alors ils se racontent, se quittent et s'étreignent une dernière fois, crayon en main, réussissant à conserver, malgré le drame, la tonalité irrévérencieuse et provocatrice caractéristique de la publication.« Nous les survivants, nous devrons encore pendant longtemps ramasser les fragments et voir ce qu'on pourra en faire. Fragments de mémoire, pour que chacun reconstitue la scène qu'il n'a pas vue, qu'il n'aurait jamais voulu voir, et qu'elle ne quitte plus jamais notre mémoire individuelle et collective », écrit la rédactrice Zineb El-Rhazoui, dans la double colonne « En bref ».Lire aussi : « Charlie Hebdo » : les kiosques dévalisés dès l'ouvertureEtre Charlie c'est être laïqueAu bord de la faillite il y a quelques semaines, Charlie se retrouve soudain avec des millions de nouveaux amis. Mais « nous ne sommes pas dupes », avertit dès la page 2, le rédacteur en chef Gérard Biard dans la chronique « L' apéro », qui a valeur d'édito. Beaucoup « sont très brièvement de passage ». A ces lecteurs tout neufs, le rédacteur en chef rappelle qu'« être Charlie » c'est être laïque, prôner « l'universalisme des droits, l'exercice de l'égalité, de la liberté, de la fraternité, de la sororité ». Ceux qui sont Charlie « se reconnaîtront. Et nous emmerdons les autres, qui de toute façon s'en foutent... »Si la couverture est signée Luz, le numéro publie, post-mortem, de nombreux dessins de Cabu, Tignous, Honoré et Charb. La chronique « psy » d'Elsa Cayat, « Charlie Divan », figure à sa place habituelle, bien que la rédactrice ait été assassinée le 7 janvier. Le titre de son texte : « La capacité de s'aimer ».Sylvie Coma, Antonio Fischetti... d'autres prennent la plume pour raconter, dans un numéro publié à 5 millions d'exemplaires, l'humanité de Cabu ou la sensibilité de Tignous. Dans sa chronique, Patrick Pelloux, l'urgentiste qui le premier a porté des soins à ses camarades à terre, fait mine d'un déni. Le silence de Cabu, Charb, Elsa, Honoré ou Mustapha serait dû à un problème technique, téléphone en panne ou connexion défaillante. « Je vais finir par péter la gueule aux nouvelles technologies ! », conclut-il.Numéro hommageAnecdotes, mots d'amour et d'affection émaillent les billets des survivants. Pas de nécrologie officielle dans ce numéro spécial, mais des dizaines de clins d'œil, de souvenirs partagés que les auteurs n'ont pas souhaité contenir.Mais ce Charlie un peu spécial n'en reste pas moins Charlie et n'oublie pas de dégainer ses piques en direction du gouvernement et de la manière dont, médiatiquement, il a géré l'événement. Alors que Manuel Valls, premier ministre, se faisait ovationner, mardi 13 janvier par l'Assemblée nationale, le reporter Laurent Léger souligne dans une enquête intitulée « Antiterrorisme : des trous dans le filet », les failles et la responsabilité des services de renseignement français, celle notamment de l'ancien ministre de l'intérieur dont « l'organisation du renseignement d'aujourd'hui n'est autre que son grand œuvre. »Comme à l'ordinaire, le journal se clot sur la fameuse « der » réunissant les couvertures auxquelles le lecteur a « échappé ». La dernière figure une camarde, faux à l'épaule et Charlie Hebdo en mains, qui déclare : « Je m'abonne. »  Eric NunèsJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.01.2015 à 15h52 • Mis à jour le14.01.2015 à 17h18 | Charlotte Bozonnet Tiré à cinq millions d’exemplaires et traduit en arabe, le numéro du mercredi 14 janvier Charlie Hebdo n’aura toutefois pas été distribué dans les pays du Maghreb. Confirmant leur opposition aux caricatures du Prophète, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie n’ont pas autorisé la diffusion du journal satirique sur leur sol. Une absence des kiosques qui n’est pas spécifique à ce 14 janvier.Au MarocAu Maroc, où le roi est le commandeur des croyants, la décision des autorités ne faisait aucun doute. Le ministre des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, avait refusé dimanche 11 janvier de se joindre à la marche républicaine à Paris au motif que des « caricatures blasphématoires du Prophète » étaient présentes dans le cortège. Au lendemain de l’attaque contre l’hebdomadaire, Mustapha Khalfi, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement marocain, avait, quant à lui, annoncé que les journaux étrangers publiant des caricatures en hommage aux victimes seraient interdits sur le sol marocain. Même chose ce 14 janvier : les journaux étrangers ayant repris la « une » de Charlie Hebdo, dont Le Monde, Libération et Marianne, ont été interdits de diffusion. « Nous considérons que la publication de ces caricatures représente une provocation et une diffamation inacceptables et condamnables. Le blasphème n’a rien à voir avec la liberté d’expression », a déclaré M. Khalfi au HuffPost Maroc.En TunisieEn Tunisie, dont le premier ministre sortant Mehdi Jomaa a participé à la marche républicaine du 11 janvier à Paris, le journal satirique avait été distribué pendant quelques semaines, après la révolution de 2011, avant d’être à nouveau indisponible. Au lendemain de la tuerie contre la rédaction de Charlie Hebdo, le ministère tunisien des affaires religieuses avait dénoncé un « massacre tragique et horrible » qui n’a « aucun lien » avec l’islam, mais aussi demandé aux médias d’« éviter de toucher au sacré ». Le ministère « appelle les médias du monde entier à respecter l’éthique journalistique et à éviter de toucher aux religions, aux prescriptions religieuses et au sacré, ce qui pourrait provoquer des réactions émotionnelles », expliquait le communiqué. Interrogé par le site tunisien webdo.tn, mardi soir, Mohamed Sellami, directeur général de la Sotupresse, responsable de la distribution des journaux étrangers, prévenait : « S’il existe des caricatures offensantes au prophète, nous refuserons la distribution de l’hebdomadaire. » En AlgérieMême absence en Algérie, où l’islam est religion d’Etat. Là encore, la condamnation de l’attentat contre Charlie Hebdo avait été sans équivoque, dans la presse et de la part des autorités, sans effacer pour autant l’opposition à la ligne du journal. Ce n’est pas le moment de débattre des choix éditoriaux de l’hebdomadaire, car « aucune caricature ne justifie la violence, le sang, le carnage », écrivait ainsi Le Quotidien d’Oran, au lendemain du drame, en soulignant que les auteurs du massacre ont « produit la plus hideuse et la plus violente des caricatures de la religion musulmane ».Ce mercredi, la publication de nouvelles caricatures a été dénoncée comme une « provocation » par le journal Echourouk, premier quotidien arabophone du pays, qui dispose également d’une chaîne de télévision. Le journal publie en « une » un dessin montrant un blindé avec l’écriteau « Je suis un char » à côté d’un manifestant brandissant un « Je suis Charlie », dans le but de dénoncer une indignation à géométrie variable des Français face aux conflits dans le monde arabe. « Nous sommes tous Mohamed », « Non aux atteintes au prophète, non au terrorisme », titre Echourouk.Charlotte BozonnetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Longtemps dans l’incertitude, le directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer, vient de se voir confier des responsabilités élargies, selon BFM Business.Dans un courriel interne diffusé lundi 12 janvier, le groupe annonce qu’« une nouvelle entité est créée, Vivendi Contents, présidée et dirigée par Rodolphe Belmer. Elle a pour mission la conception, l’animation du développement de nouveaux formats de contenus, que ce soit dans la musique ou les images. Rodolphe Belmer aura, outre chez Canal+, un rôle chez StudioCanal, Universal Music et toute filiale française réalisant des contenus. »Outre ce rôle accru confié à M. Belmer, ce courriel indique aussi les nouveaux axes stratégiques choisis par Vivendi : « quatre sujets ont été définis comme prioritaires : contenus du futur, data et monétisation, Afrique, coopération et projets ».L’entreprise se fixe aussi comme objectif de « repérer « industriellement » les talents dans tous les domaines, permettant de réaliser avec eux des contenus monétisables (sur le modèle d’Universal Music et de Canal+). » Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le 15 janvier devait marquer la relance du Mouv’, l’antenne de Radio France destiné aux jeunes. Mais cet événement a été « repoussé », selon le PDG de l’entreprise publique, Mathieu Gallet. La date est désormais fixée au 2 février.Il ne s’agit pas que d’une forme de discrétion après les attentats survenus en France du 7 au 9 janvier. Selon M. Gallet, « les causes de ces événements », s’ils « valident pleinement qu’une radio publique s’adresse à un public jeune », doivent aussi conduire à repenser en partie le projet mené par Bruno Laforestrie.Même si la future antenne sera « à 75 % musicale », il y a pour M. Gallet « quelque chose à trouver » du côté des « émissions de débat » pour favoriser le « lien social » et le « sentiment d’appartenance nationale », comme suite à ces événements impossibles à ignorer.Le PDG s’est également montré réservé sur l’opportunité d’une soirée de lancement mettant en avant les musiques urbaines - le nouveau positionnement du Mouv’ -, dès lors qu’« une partie des artistes de cette scène ont été aux abonnés absents ces derniers jours ».Il n’empêche que le projet est dans sa dernière ligne droite et qu’une grille « zéro » est déjà en phase de test. Le logo est également prêt. « Rendez-vous le 2 février à 6 heures », promet la direction de Radio France.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.01.2015 à 14h04 • Mis à jour le14.01.2015 à 14h08 Quatre pages qui ont fait beaucoup de bruit. Un journal, Cumhuriyet (« La République »), a pris le risque de reproduire en Turquie, république laïque à majorité musulmane, les caricatures du prophète musulman publiées mercredi 14 janvier dans Charlie Hebdo. Le quotidien, ennemi juré du président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, a diffusé dans son édition du jour un encart de quatre pages reprenant en turc l'essentiel du nouveau numéro de Charlie Hebdo et reproduisant sa « une ». Cumhuriyet est pour l'heure le seul organe de presse à avoir osé cette publication dans un pays musulman. La direction dit avoir longtemps hésité avant de braver l'interdit. Le rédacteur en chef du quotidien, Utku Cakirözer, a précisé à l'Agence France-presse: « Nous avons publié ce supplément par solidarité avec “Charlie” et pour défendre la liberté d'expression (...), mais nous avons respecté la sensibilité religieuse de la société turque. »« Je le répète une fois encore, le terrorisme est un crime contre l'humanité, quelle que soit son origine. C'est pour cela qu'il [Mahomet] tient dans sa main une pancarte portant “Je suis Charlie” », a aussi écrit le rédacteur dans ses colonnes. « Cette caricature n'a rien à voir avec le prophète Mahomet, c'est un symbole d'humanité et d'équité. » M. Cakirözer a dit à l'AFP avoir reçu depuis mardi des menaces téléphoniques.CONTRÔLE DE POLICE Dans la nuit, la police a perquisitionné l'imprimerie du journal, à Istanbul, afin d'examiner son contenu avant de donner, après un coup de fil à un procureur, son accord à sa distribution. Des policiers ont été déployés autour du siège de Cumhuriyet, à Istanbul, et de sa rédaction d'Ankara.SON DAKİKA | TGC'den Cumhuriyet gazetesi açıklaması geldi— cumhuriyet.com.tr (@cumhuriyetgzt)require(["twitter/widgets"]);Dans la capitale, un petit groupe d'étudiants hostiles à cette publication a défilé devant le journal, sans incident, selon l'agence de presse gouvernementale Anatolie. 14.01.2015 à 12h23 • Mis à jour le14.01.2015 à 17h35 | Les Décodeurs Quatre jours après la mort des trois principaux suspects dans les attentats terroristes contre Charlie Hebdo et le supermarché casher de Vincennes, les Décodeurs reviennent sur les questions les plus récurrentes dans le live, suivi par près de 800 000 personnes par moments.Que s'est-il passé à « Charlie Hebdo » ?Mercredi 7 janvier, vers 11 h 15, alors que les membres de la rédaction de Charlie Hebdo sont réunis, deux hommes armés de fusils d'assaut entrent dans un immeuble de la rue Nicolas-Appert, dans le 11e arrondissement de Paris. Ils se trompent d'abord d'adresse, puis arrivent au bon numéro. Là, ils abattent un agent d'entretien, Frédéric Boisseau. Ils entrent dans les locaux de Charlie Hebdo, prenant la dessinatrice Coco en otage pour se faire ouvrir la porte. Ils abattent les personnes présentes. La tuerie dure quelques minutes à peine.Lire le témoignage : « C'est Charlie, venez vite, ils sont tous morts »Ils ressortent ensuite, criant « on a vengé le prophète ! » et croisent par hasard une patrouille de police en VTT, puis une voiture de police. A chaque fois, ils tirent. C'est en croisant une troisième patrouille qu'ils feront une nouvelle victime, le gardien de la paix Ahmed Merabet, abattu au sol. Ils repartent ensuite à bord d'une Citroën C3 noire (aux rétroviseurs chromés, ce qui déclenchera une vague de théories complotistes sur un changement de voiture), qui fonce vers le nord de la capitale.Place du Colonel-Fabien, elle percute une voiture. Les deux tireurs présumés sortent du véhicule rue de Meaux, un peu plus au nord, et braquent une Clio beige, en extirpant son conducteur, avant de s'enfuir par la porte de Pantin, où les policiers perdent leur trace.Qui sont les responsables ?La police identifie dans la nuit de mercredi à jeudi, sur la foi d'une pièce d'identité oubliée dans leur véhicule, deux profils, ceux de deux frères de nationalité française, Saïd et Chérif Kouachi.Lire le portrait : Les frères Kouachi et Coulibaly, des pionniers du djihadisme françaisCherif Kouachi, le cadet, âgé de 32 ans (l'aîné en a 34), petit délinquant du quartier des Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement de Paris, a été impliqué dans des filières de départ pour le djihad vers l'Irak.Il est arrêté et incarcéré entre janvier 2005 et octobre 2006 à Fleury-Mérogis, où il se lie avec l'islamiste Djamel Beghal et un certain Amedy Coulibaly. Condamné en 2008 à trois ans de prison, dont dix-huit mois ferme, Chérif Kouachi reste libre car il a purgé sa peine. Amedy Coulibaly sort de prison en mars 2014.Lire le témoignage : Amedy Coulibaly : « La prison, c’est la putain de meilleure école de la criminalité »Hayat Boumeddiene, son épouse, est en fuite en Syrie, aidée par la filière afghane. La jeune femme, âgée de 26 ans, a quitté la France quelques jours avant les attentats ; elle avait auparavant échangé près de 500 SMS avec l'épouse de Chérif Kouachi.Les enquêteurs recherchent aussi les complices qui ont monté, après les attentats, la vidéo dans laquelle Amedy Coulibaly détaille son projet meurtrier.Qui est le troisième homme ?Il n'y avait en réalité pas de « troisième homme », même si un témoin a évoqué une personne à scooter au moment de l'assaut. Dans la soirée, plusieurs éléments permettent d'identifier trois suspects potentiels. L'un, Mourad H. (dont la sœur est l'épouse de Chérif Kouachi), se présente spontanément au commissariat pour s’expliquer. Il est relâché au bout de quarante-huit heures de garde à vue : il était au lycée au moment des faits. L'identité de celui qui est alors présenté comme le « troisième homme » a été livrée par un journaliste très controversé, Jean-Paul Ney, qui a publié sur son compte Twitter un avis de recherche policier sur lequel figurent les noms, prénoms et dates de naissance des trois suspects.On vous tiens enfants de putains. #CharlieHebdo http://t.co/4y08f5j7SY— Jean-Paul Ney (@jpney)require(["twitter/widgets"]);Les réseaux sociaux s'enflamment, l'information est reprise par un site francophone proche de l'extrême droite israélienne, puis par quelques titres nationaux, avant d'être démentie. Pour le jeune homme, cette dénonciation se transforme en enfer : son nom livré en pâture sur les réseaux sociaux, il est menacé physiquement. Au final, donc, il n'y avait aucun « troisième homme » mais deux tireurs, les deux frères Kouachi. Lire : Une si longue journée de peurs et de rumeursQue s'est-il passé en Picardie ?Les deux frères Kouachi braquent jeudi matin une station-service près de Villers-Cotterêts, en Picardie. La région est placée en alerte attentat Vigipirate, comme l'Ile-de-France.Dans l'après-midi, les hommes du RAID et du GIGN mènent une vaste traque près de Villers-Cotterêts (Aisne) et Crépy-en-Valois (Oise). Dans la soirée, les forces de l'ordre continuent de ratisser la zone, jusqu'à la forêt domaniale de Retz.Vendredi matin, une fusillade éclate dans la zone industrielle de Dammartin-en-Goële, avant que les suspects ne se retranchent dans une imprimerie où ils finiront par être abattus par les hommes du RAID. Un employé sort sain et sauf, après s'être caché pendant le siège ; le patron de l'entreprise avait, lui, réussi à convaincre les terroristes de le libérer.Lire (édition abonnés) : Les frères Kouachi cernés par la policeQue s'est-il passé à Vincennes ?Vendredi, à 13 h 30, une fusillade éclate dans un supermarché casher de la porte de Vincennes, en bordure de la commune de Saint-Mandé. Le preneur d'otages est neutralisé et abattu lors d'un assaut qui a lieu au même moment que celui de Dammartin.Lire : Porte de Vincennes à Paris, « la guerre » pendant quatre heuresDes policiers sont blessés. Plusieurs otages sont libérés. D'autres ont été tués par le terroriste, identifié comme Amedy Coulibaly, qui sera aussi reconnu comme l'auteur d'une fusillade, qui a fait une blessée (qui mourra ensuite) parmi les forces de l'ordre jeudi matin à Montrouge.Par ailleurs, l'agression par balles d’un joggeur, sur la coulée verte, à Fontenay-aux-Roses dans la soirée du 7 janvier, pourrait avoir un lien avec les attentats de Charlie Hebdo. Les étuis percutés retrouvés à Fontenay sont les mêmes que ceux du pistolet automatique Tokarev ramassé dans le supermarché. La section terroriste du parquet de Paris est saisie de ces faits.Qui sont les victimes et les blessés ?On compte au total 17 morts : les signatures historiques de Charlie Hebdo, Jean Cabu, Bernard Verlhac dit « Tignous », Philippe Honoré, Georges Wolinski, Stéphane Charbonnier dit « Charb », le directeur, l'économiste Bernard Maris, mais aussi le correcteur Mustapha Ourrad, la psychanaliste et chroniqueuse Elsa Cayat, ou l'ancien directeur de cabinet Michel Renaud.Autres victimes, Franck Brinsarolo, policier attaché à la protection de Charb, l'agent d'entretien Frédéric Boisseau et l'agent de police Ahmed Berabet dans le 11e arrondissement, ainsi que la policière de Montrouge, Clarissa Jean-Philippe.Lire (édition abonnés) : Trois morts, le lourd tribut payé par la policeA Vincennes, quatre personnes de confession juive sont mortes dans le supermarché. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a révélé leurs noms samedi : il s'agit de Yoav Hattab, Yohan Cohen, Philippe Braham et François-Michel Saada. Les quatre hommes étaient français, mais le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a accédé à la demande des familles qu'ils soient enterrés dans l'Etat hébreu.On compte également plusieurs blessés, mais on ignore leur nombre exact. Parmi eux, Simon Fieschi, webmaster de Charlie, le journaliste Fabrice Nicolino, le dessinateur Riss ou l'écrivain Philippe Lançon, ainsi que quatre policiers lors de l'assaut de Vincennes.Lire : Trois jours d'enquête et de traquePourquoi les attaques n'ont-elles pas été déjouées ?Si les lieux de culte fréquentés par les trois terroristes sont surveillés par les services secrets, les auteurs des attentats ont réussi à passer entre les mailles du filet.Lire : Les ratés à répétition du renseignement françaisEn dépit de sa proximité avec des figures de l'islamisme radical international et malgré sa participation à la tentative d'évasion de l'un d'entre eux, responsable de l'attentat de la station de RER Musée-d'Orsay en 1995, Amedy Coulibaly est resté cantonné dans la case du droit commun.Plus grave encore, d'après une source proche de l'enquête, «  la documentation des services n'était pas à jour. Sur la dizaine d'adresses communiquées par la DGSI [Direction générale de la sécurité du territoire], plusieurs n'avaient rien à voir avec les suspects ou alors étaient périmées ».Le problème est que la lutte antiterroriste manque encore de moyens, au moins au niveau du travail d'enquête : la section spécialisée du parquet de Paris (dite « 14e section », ou « section A6 ») dispose de seulement sept magistrats. Elle a reçu des renforts d'autres sections pour cette enquête.Lire aussi : Attentat à « Charlie Hebdo » : quels sont les moyens de l'antiterrorisme en France ?Qu'est-ce que le compte à rebours vu sur Internet ?Vous êtes nombreux à nous avoir interrogés depuis deux jours sur le site opcharliehebdo, une page qui arborait un compte à rebours sur fond de drapeau islamique.Le site affiche le symbole du masque des Anonymous mais ces derniers ont démenti être à l'origine du site. En réalité, il a été créé par Rantic, une « société de marketing » spécialisée dans la vente de trafic Web, qui a mis à jour le site pour qu'il redirige désormais les visiteurs sur son site.Cette « entreprise », qui n'a pas d'existence légale, avait déjà été impliquée dans la création d'une fausse page de menaces contre Emma Watson, au moment de la publication de photos nues de célébrités.Lire : Série de piratages de sites par « pro » et « anti-Charlie »Pourquoi Marine Le Pen a-t-elle été exclue du défilé ?Il y a eu le 7 janvier deux appels à manifester : celui des partis politiques de gauche (Parti socialiste, Europe Ecologie-Les Verts, Parti communiste français, Parti radical de gauche, Mouvement républicain et citoyen) pour le samedi 10 janvier à Paris, et celui des associations antiracistes (Ligue des droits de l'homme, Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, SOS-Racisme) pour le dimanche 11 janvier à Paris.Ces deux appels ont fusionné en décidant de s'élargir aux partis de droite ; se pose alors la question de la participation du Front national (FN) : le socialiste François Lamy et les associations antiracistes refusent que l'unité nationale aille jusqu'au FN.C'est pourquoi, finalement, outre les associations antiracistes et les syndicats, treize partis politiques signent sans le FN l'appel à marcher dimanche 11 janvier à Paris : PCF, Parti de gauche, Ensemble, Gauche unitaire, EELV, Nouvelle Donne, MRC, PS, PRG, Front démocrate, Mouvement démocrate, Union des démocrates et indépendants, Union pour un mouvement populare.Reste, comme le dira à plusieurs reprises François Hollande, que « tous les citoyens peuvent venir aux manifestations ». Marine Le Pen choisit d'appeler à ne pas défiler à Paris et, pour sa part, de se déplacer à Beaucaire, ville du sud de la France, gagnée en mars par le Front national.« Pour être tout à fait honnête, le président de la République a indiqué que ma sécurité serait assurée et je l'en remercie, mais je ne vais pas essayer de m'introduire dans une manifestation où, manifestement, les organisateurs principaux ne veulent pas nous y voir », a-t-elle argumenté.Les DécodeursJournaliste au Monde Joël Morio et Alexandre Piquard L’équipée meurtrière des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly a généré une réaction exceptionnelle dans la population mais aussi une couverture médiatique hors normes. Depuis le 7 janvier, l’information en continu a fait un pas de plus dans sa généralisation : outre les chaînes BFM-TV et i-Télé, TF1 et France 2 ont « cassé » leur antenne. Le nombre de sites nourrissant des « live » a encore crû, suscitant une mobilisation sans précédent des équipes Web et papier des médias français.Cette intensité et le scénario des attaques, avec la réaction en parallèle des forces de l’ordre, a suscité un flot de critiques. Tous les responsables de médias interrogés ont eux le sentiment d’avoir dans l’ensemble bien travaillé. Les cas d’informations erronées ne sont pas ceux qui ont le plus créé la polémique : les deux morts annoncées vendredi après-midi à porte de Vincennes par plusieurs médias (ils seront démentis, même si le bilan de la prise d’otages se révélera être de quatre morts) ; l’alerte envoyée mercredi par Libération annonçant au conditionnel l’interpellation de trois suspects ; la diffusion du nom d’un innocent comme complice de la fusillade à Charlie Hebdo.D’autres estiment pourtant que la « séquence » a de nouveau montré les dangers de l’information à très haute vitesse, notamment la collision avec le travail des policiers. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel visionne les images produites a posteriori et examinera d’éventuels « manquements », mercredi 14 janvier, qui pourraient déboucher sur des sanctions. Le lendemain, il a convié les médias à une réunion de debriefing. Une première.Les médias ont-ils mis en danger la vie d’otages ?C’est une des accusations les plus graves qui a été lancée contre des médias : des spectateurs ou des policiers reprochent à certaines chaînes d’avoir évoqué des otages qui étaient en fait cachés, leur faisant courir un risque.Ainsi, France 2 a diffusé vendredi après-midi un témoignage de la sœur d’un « otage présumé » dans l’imprimerie de Dammartin-les-Goële (Seine-et-Marne), Lilian Lepère, comme l’ont relevé Arrêt sur images et Télérama.fr. Or, on apprendra plus tard qu’il était caché sous un évier, à l’insu des frères Kouachi.Interrogée par Elise Lucet, cette sœur dit notamment à propos « l’otage » : « On arrête de l’appeler pour pas que, s’il est caché, cela perturbe sa planque. » Elle affirme aussi ne pas être en contact avec les autorités.Pour Thierry Thuillier, directeur de l’information de France Télévisions, « on ne peut pas dire que nous avons mis en danger le frère de cette personne ». « A partir du moment où, après la première question, on comprend que la soeur est sans nouvelles de son frère et qu’elle dit cesser de l’appeler pour éviter de le compromettre s’il est caché, on change l’angle de la conversation à l’antenne », explique-t-il, ajoutant que la chaîne a mis la soeur en contact avec la police. Le sujet sera diffusé un peu avant le 13 heures puis rediffusé une fois, 10 minutes après.M. Thuillier rappelle aussi que ce matin-là, « beaucoup de médias parlent d’un ou plusieurs otages » à l’imprimerie. En effet, de l’AFP au Monde.fr en passant par radios et télés, on évoque de possibles otages, même parfois après la libération, à 10h20, du directeur de l’imprimerie, Elian Lepère restant lui caché, ce que les médias ignoraient. Un autre cas concerne BFM-TV : samedi soir, dans une scène inhabituelle, à l’antenne de cette chaîne, une femme présentée comme la compagne d’un des otages d’Amedy Coulibaly au supermarché casher de porte de Vincennes, a lancé :« Vous avez failli faire une grosse grosse erreur, BFM. Parce que vous étiez en direct avec les gens qui étaient dans la chambre froide. Ils vous ont dit qu’ils étaient six en bas, avec un bébé. Et deux minutes après, c’est passé sur BFM. Et le terroriste a regardé BFM… Heureusement qu’il n’a pas vu la bande, la bande qui passait en bas, sinon mon mari et les cinq autres étaient morts. »En réponse, BFM-TV s’est défendu d’avoir mis en danger les otages : la chaîne n’a « jamais été en contact avec les gens retenus en otage dans la chambre froide » et n’a jamais mentionné leur existence dans un bandeau à l’écran, a déclaré Hervé Béroud, directeur de la rédaction.La chaîne reconnaît tout de même que le journaliste Dominique Rizet, en plateau, a évoqué une femme qui se serait cachée dans une chambre froide, une fois. « Mais il l’a fait parce qu’il était en contact avec une personne du RAID sur place, qui lui avait dit que ces personnes-là n’étaient plus en danger car les forces d’intervention avaient pris position près de la chambre froide », selon M. Béroud. Sans toutefois réitérer, « par prudence ».Pourtant, c’était à 14 h 58, selon Arrêt sur images, et à l’antenne, M. Rizet dit que les équipes d’intervention « sont en train de s’équiper », et celles-ci ne sont pas encore entrées dans le supermarché. Il semble difficile de dire que les otages de la chambre froide étaient alors protégés. L’Express.fr reconnait avoir un temps donné la même info : « Nous n’aurions pas dû. »Le preneur d’otages regardait-il BFM-TV ? Apparemment oui : « Il a voulu BFM. Il était vraiment très intéressé par cette chaîne, a raconté un otage à Libération. Il a demandé à l’un d’entre nous de brancher un ordinateur se trouvant dans le bureau du magasin pour avoir Internet. Comme la télé ne donnait pas toujours les bonnes infos, il s’est énervé. Il a dit : “Comment ça, il n’y a pas de morts ? Ils vont voir s’il n’y a pas de morts.” Il a appelé BFM et leur a demandé de changer leur bandeau. »Fallait-il diffuser des propos des preneurs d’otages ? Deux médias ont suscité du débat en racontant, après l’assaut, leur contact avec des preneurs d’otages : BFM-TV et RTL. Vendredi 9 janvier, vers 19 heures, la chaîne d’information en continu a relaté ses conversations : le journaliste Igor Sahiri avait appelé en début de matinée le numéro de l’entreprise où se seraient réfugiés les frères Kouachi et où ils retiendraient des otages, « pour vérifier l’information », raconte Hervé Beroud, le directeur de la rédaction de BFM-TV. À sa surprise, c’est Chérif Kouachi qui lui a répondu, explique BFM-TV. La conversation a duré quelques minutes pendant lesquelles il a notamment affirmé avoir été missionné par « Al-Qaida du Yémen » et revendiqué l’attentat contre Charlie Hebdo.Vers 15 heures, c’est Amedy Coulibaly qui appelle le standard de BFM-TV. On passe le preneur d’otages à Alexis Delahousse, directeur adjoint de la rédaction de BFM-TV, raconte la chaîne. L’échange dure quatre minutes. Amedy Coulibaly raconte qu’il s’est « synchronisé » avec les frères Kouachi. Il indique aussi qu’il a fait quatre morts et détient dix-sept otages.« Nous n’avons pas communiqué ces informations à l’antenne et nous avons prévenu les autorités », explique M. Béroud. « Après l’assaut, nous avons pris soin de diffuser uniquement des informations nouvelles en prenant soin de couper tous les éléments de propagande », précise le directeur de la rédaction. « Les éléments très forts d’information que contenaient ces entretiens méritaient que nous diffusions des extraits », justifie-t-il.A RTL, on n’estime pas avoir relayé de la propagande en diffusant samedi matin un enregistrement d’Amedy Coulibaly recueilli vendredi en appelant l’épicerie : « Nous nous sommes posé la question, explique Philippe Baille, le rédacteur en chef de la radio. Mais ce n’est pas un témoignage donnant la parole au preneur d’otages, plutôt un document : il s’agit d’un échange entre M. Coulibaly et les otages [enregistré alors que la station a appelé l’Hyper Cacher mais que le téléphone a été mal raccroché]. » A l’antenne, le document était « encadré », ajoute M. Baille : on expliquait le contexte, que Amedy Coulibaly était armé et puis Gilles Kepel, spécialiste de l’islam, est intervenu, pour donner du sens et du fond, poursuit-il. « Ce document est informatif : il aide à comprendre pourquoi un petit délinquant se transforme en terroriste », ajoute-t-il. Un professionnel, sous le couvert de l’anonymat, reconnaît l’intérêt des propos de terroristes mais estime qu’il fallait les paraphraser, pas les donner à entendre.Reste la question de la démarche d’appeler les lieux de prise d’otages, où les téléphones sonnaient beaucoup : « Personnellement, je ne pense pas que j’aurais appelé l’imprimerie ou l’épicerie », raconte un journaliste de télévision, qui préfère ne pas être cité. Il estime la démarche risquée, alors qu’une prise d’otages est en cours et qu’on ne sait pas qui peut décrocher. « C’est peut-être une question de génération », ajoute-t-il, tout en reconnaissant que les documents diffusés à l’antenne sont intéressants.Les médias ont-ils gêné le travail de la police ?Il y a eu plusieurs moments de forte friction entre les forces de l’ordre et les médias. Vendredi soir, François Molins, le procureur de la République de Paris, a regretté que l’identification des frères Kouachi, évoquée dans des médias mercredi, ait privé les forces de l’ordre de « tout effet de surprise ».Mercredi dans la soirée, alors qu’un avis de recherche est diffusé au sein des forces de l’ordre, les médias ont attendu pour donner l’identité des suspects. Mais le journaliste sulfureux Jean-Paul Ney, puis un ex de la DGSE, Pierre Martinet, la publieront sur les réseaux sociaux, avant d’être repris sur le site israélien JJSSnews, a retracé Arrêt sur images. Puis sur des médias, dont Le Point.fr. La préfecture de police twittera l’appel à témoignages à 4 heures.Plus tard ce soir-là, dans les rues de Reims, les images télévisées des policiers se déplaçant dans les rues arme au poing mais accompagnés de badauds et de caméras seront frappantes.Au moment des prises d’otages à l’imprimerie de Dammartin-en-Goële et de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, vendredi, le CSA a publié une note très inhabituelle : « Le CSA invite les télévisions et les radios à agir avec le plus grand discernement, dans le double objectif d’assurer la sécurité de leurs équipes et de permettre aux forces de l’ordre de remplir leur mission avec toute l’efficacité requise. »Une source policière raconte ainsi que jeudi, près de Dammartin-en-Goële, une Clio grise de la presse régionale a pénétré le périmètre de recherche et s’est fait mettre en joue par le RAID car le type de véhicule était proche de celui des suspects.Les images de l'assaut Porte de Vincennes... par LePointVendredi, à porte de Vincennes, certains se sont étonnés de la présence d’un cameraman de France 2 posté très près des forces de l’ordre autour de l’Hyper Cacher. « Notre journaliste n’a pas pris plus de risque que sur un terrain de guerre. Nous avons évalué en permanence la pertinence de la diffusion d’images en ne montrant pas par exemple les forces de police postées sur les toits. Chacun est dans son rôle, la police est dans son rôle de nous demander de reculer si nous la gênons ou si nos journalistes sont en danger. Notre rôle est de rendre compte de ce qui se passe », estime Eric Monier, responsable de l’information sur France 2.Plus tard, des policiers ont fait descendre des journalistes d’immeubles avec une vue directe sur le supermarché, de peur que les plans filmés donnent des indications à Amedy Coulibaly sur l’emplacement des hommes du RAID. D’autant plus qu’on apprendra qu’il a regardé BFM-TV. Des policiers se plaignent aussi que des médias aient dit à l’antenne que l’assaut était imminent.Au moment du dénouement, les forces de l’ordre ont demandé aux télévisions de filmer en plan large et de ne pas diffuser l’assaut en direct. Une invitation que les chaînes disent avoir choisi de suivre.Fallait-il passer certaines images violentes ?France 2 justifie d’avoir coupé un document montrant l’assaut porte de Vincennes et diffusé a posteriori : « Lorsque nous avons eu d’autres images en plan serré tournées par un riverain, nous avons coupé celle où le terroriste se faisait tuer. C’est pour la même raison que nous n’avons pas diffusé l’exécution du policier près de Charlie Hebdo », dit Eric Monier, de France 2.BFM-TV explique, comme d’autres chaînes, ne pas avoir diffusé toute la vidéo amateur dans laquelle on voit les frères Kouachi tuer le policier Ahmed Merabet, pourtant blessé et à terre (son auteur regrettera de l’avoir diffusée). « Nous avons montré avant et après », explique M. Béroud, car « la scène est violente et choquante, pour la famille du policier mais aussi pour notre public, qui est familial ». Samedi, Le Point a lui suscité la polémique en mettant en couverture une photo de ce policier au sol et mis en joue par un frère Kouachi : Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, a dénoncé une « atteinte à la mémoire » des policiers victimes, et une « photographie particulièrement révoltante », rapporte Arrêt sur images, alors que le premier ministre, Manuel Valls, ne cachait pas son « dégoût ». « La barbarie, il ne faut pas seulement en parler, il faut la montrer », assume Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point. Il rappelle que le quotidien américain New York Times avait passé la photo en « une » sur quatre colonnes (ainsi que d’autres titres étrangers et français, dont Le Monde, en pages intérieures du quotidien).« Bernard Cazeneuve, qui dirige en tant que ministre les policiers, a exprimé une émotion assez digne. Manuel Valls a lui employé des mots qui ne sont pas corrects en parlant de “dégoût” », estime M. Gernelle.« Il reste un débat légitime : comment montrer l’horreur ? demande le directeur du Point. C’est un débat assez ancien dans la presse. Nous entendons l’argument que cela peut peiner la famille du policier, ce qui est la meilleure critique. Mais nous sommes un journal, qui doit rendre compte, y compris du pire, on ne peut pas l’occulter. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJoël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre NRJ à nouveau en tête, RTL en progression, les antennes de Radio France dans le vert et Europe 1 qui dévisse : tels sont les enseignements de la vague de résultats d’audience des radios pour la période novembre - décembre 2014, publiée mercredi 14 janvier par Médiamétrie.Si la musicale NRJ est en baisse de 0,3 point sur un an, à 12,5 % d’audience cumulée, elle redevient sur cette vague la première radio de France, selon ce critère, faisant oublier des chiffres de rentrée décevants (11,5 %) et mis sur le compte d’un « aléa statistique ». Ses têtes d’affiche - Manu le matin et Cauet le soir - enregistrent notamment des audiences record, à respectivement 3,48 millions et 1,66 million d’auditeurs cumulés. La matinale de Manu est même l’émission la plus écoutée entre 6 et 9 heures chez les moins de 65 ans.En revanche, selon l’autre critère, celui de la part d’audience, c’est RTL qui domine, avec 11,7 % de « PDA » et 12,2 % d’audience cumulée - une forte hausse d’un point par rapport à fin 2013, soit un gain de 579 000 auditeurs. Après une saison en retrait, RTL confirme sa très bonne rentrée et voit notamment son émission phare « Les Grosses têtes » progresser sous la houlette de Laurent Ruquier et atteindre 15,5% de part d’audience. « Nous sommes en très grande forme », se félicite le président de RTL Radio, Christopher Baldelli. La matinale d’Yves Calvi progresse également sur un an, alors qu’elle était en baisse à la rentrée. Ses autres nouveautés, « La Curiosité est un vilain défaut » et « RTL Grand soir », sont également en hausse.Le retour de France InfoLa deuxième généraliste est France Inter, qui remonte à 10,5 % d’audience cumulée (+0,2 point sur un an) et confirme se réinstaller au-dessus de la barre des 10 %. La matinale de Patrick Cohen reste la première de France entre 7h30 et 8h30. Un succès qui n’est pas isolé à Radio France : France Bleu retrouve un niveau élevé d’audience cumulée (7,9 %, +0,7 point), France Culture confirme son niveau record à 2,2 % et France Musique se redresse à 1,6 % (+0,3 point). Avec plus de 14 millions d’auditeurs, le groupe Radio France enregistre sa meilleure audience depuis novembre - décembre 2012.Mais l’évolution la plus significative est sans doute celle de France Info, qui a enfin enrayé la dynamique baissière qu’elle subissait depuis le printemps 2012. À 8,1 % d’audience cumulée, la station progresse à la fois sur un an (+0,1 point) et par rapport à la vague de rentrée (+0,2 point). Signe que la réforme portée par son directeur, Laurent Guimier, destinée à repositionner l’antenne sur le direct, commence à porter ses fruits.« Notre antenne progresse de façon homogène », souligne celui-ci, tout en pointant le besoin d’améliorer les résultats entre 8 et 9 heures. Info se paye même le luxe de doubler RMC (7,9 % d’audience cumulée), dont l’essoufflement se confirme, bien qu’elle reste la première généraliste chez les moins de 50 ans.Mais la baisse la plus spectaculaire affecte Europe 1. La station de Lagardère baisse de 0,7 point à 8,7 % d’audience cumulée, l’un de ses plus faibles niveaux. Cela représente une perte de 388 000 auditeurs en un an. « Cette vague revêt pour nous un caractère atypique », a commenté la station. Le départ de Laurent Ruquier pour RTL, à l’intersaison, alors que celui-ci était la locomotive de l’antenne d’Europe 1, semble avoir durablement affecté la station : sur un an, le créneau actuellement occupé par son successeur, Cyril Hanouna, perd 367 000 auditeurs, soit 45% d’audience. « Les Pieds dans le plat » ont toutefois gagné 31 000 auditeurs depuis la rentrée, mais l’humoriste est désormais aussi concurrencé par France Inter et Charline Vanhoenacker. Autre baisse, celle de la matinale de Thomas Sotto, qui perd 134 000 auditeurs sur un an.« C’est une vague décevante, assume Fabien Namias, le directeur d’Europe 1. Mais nous nous attendions à des difficultés avec le départ de Laurent Ruquier. Nos auditeurs sont parfois allés picorer ailleurs, mais j’ai toutes les raisons de penser qu’ils vont revenir. Quant à Cyril Hanouna, il a besoin de temps. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.01.2015 à 09h21 • Mis à jour le14.01.2015 à 18h10 Nombre de Français se sont rués mercredi 14 janvier à l'aube sur les kiosques pour tenter d'y trouver le dernier numéro de Charlie Hebdo. Alors que les points de presse étaient déjà en rupture de stock vers 10 heures, des internautes ont mis en vente dans la matinée des exemplaires sur le site eBay pour des prix allant de 1 euro à parfois plus de 600 euros.Lire aussi : « Charlie Hebdo » : les kiosques dévalisés dès l'ouverture Un vendeur, mattt48, proposait ainsi un exemplaire de l'hebdomadaire pour 280 euros. « Ce qui se passe sur eBay, les gens qui vendent le dernier numéro plusieurs centaines d'euros, c'est absolument indécent », a critiqué Christophe Deloire, le directeur général de Reporters sans frontières.DES EXEMPLAIRES SCANNÉSCertains vendeurs proposaient même des copies illégales de Charlie Hebdo. « Les annonces proposant les magazines scannés et offerts sous format PDF sont interdites et retirées du site conformément aux règlements d'eBay relatifs aux copyrights et aux copies non autorisées », a indiqué le site de e-commerce, précisant qu'il reverserait intégralement au journal satirique « les éventuelles commissions perçues sur les ventes de produits “Charlie Hebdo” et “Je Suis Charlie” ».Sorti une semaine après l'attaque qui a visé la rédaction, le numéro 1178, dit « des survivants », composé de seize pages avec un dessin de Mahomet en « une », doit bénéficier d'un tirage exceptionnel de 5 millions d'exemplaires. Des réimpressions ont été annoncées en cas de pénurie, pour éviter, notamment, que l'exemplaire ne s'échange à prix d'or sur Internet. Alexandre Piquard Les premiers exemplaires du dernier numéro de Charlie Hebdo, signé par les rescapés de l'attentat du 7 janvier, étaient épuisés mercredi 14 janvier vers 10 heures, dans tous les points de vente de France.Les marchands de journaux seront réapprovisionnés tous les jours jusqu'au 19 janvier, et l'hebdomadaire devrait rester en vente plusieurs semaines. Il a d'ores et déjà été annoncé qu'il serait tiré exceptionnellement à cinq millions d'exemplaires pour faire face à la demande et éviter ainsi que des exemplaires ne s'échangent à prix d'or sur Internet.Rupture de Charlie hebdo partout! Alors d abord merci et rassurez vous on va réimprimer er re distribuer ! #CharlieHebdo— Patrick Pelloux (@PatrickPelloux) 14 Janvier 2015Des files d'attente en Ile-de-FranceDes files d'attente se sont formées devant les points de vente avant même leur ouverture, notamment dans les gares parisiennes. « Au Relay de la gare de l'Est, il n'y en a[vait] déjà plus à 6 h 40, alors qu'on a ouvert à 6 heures », explique la responsable, avec un sourire un peu désolé. « Certains en ont pris dix, cinq… » Le kiosque a reçu 125 exemplaires du dernier numéro de Charlie Hebdo et en aura d'autres dans la journée.« Il n'y a que cela comme question », soupire-t-elle, devant deux personnes à qui il faut dire non. José Lemos, artisan taxi, repart bredouille. Il avait pourtant une commande de trois exemplaires, dont certains pour sa famille à l'étranger. « Ça va être dur », pense celui qui achète Charlie « pour découvrir, je ne l'ai jamais lu ». Et pour voir « s'ils continuent » à faire leur journal comme avant.Jean-Bernard Soudères, photographe, n'a pas eu plus de chance. « Je l'achetais de temps en temps, mais je le connais depuis mes 18 ans, ce journal », dont il veut un dernier exemplaire « pour pouvoir le garder et pour [le] soutenir aussi ».#CharlieHebdo A la station la Motte tous les exemplaires sont partis en 10 min #Rupture http://t.co/eXJaaGLKKs— Tatiana Lissitzky (@Tatianatzky)require(["twitter/widgets"]);« Vous espériez trouver un Charlie à cette heure ? Mais c'est à 6 heures qu'il fallait venir ! », lance aux parents qui viennent de déposer leurs enfants à l'école un passant devant le kiosque de la mairie de Montreuil. « J'en aurai d'autres demain, assure le kiosquier. Le Canard ? Je n'en ai plus non plus. » Les acheteurs se reportent sur les exemplaires de Libération qui affichent la « une » de Charlie démultipliée. Il n'en restait que cinq sur la pile. Dans quelques minutes, il n'y en aura plus.Rue Brezin, dans le 14e arrondissement de la capitale, la librairie maison de la presse habituellement très calme est remplie : une dame récupère le dernier exemplaire de Charlie avec un sourire gêné. Grand soupir de découragement de la file d'attente. Le kiosquier essaie de rassurer : « J'en aurai d'autres, mais je ne peux pas faire de liste de réservation, c'est un peu le chaos. » A la sortie du magasin, une petite dame arrête la détentrice du Charlie : « Vous l'avez, vous ? » « Oui, c'était le dernier. » « Ah ! Rangez-le, quelqu'un va vous le piquer ! » Un grand nombre de précommandesA la gare Saint-Lazare, des gérants de kiosque ont affiché sur leur devanture des panneaux « Pas de Charlie », tous les numéros disponibles ayant été réservés déjà depuis plusieurs jours par leurs clients.Au kiosque devant la gare de l'Est, à 6 h 35, on n'a encore rien reçu des 75 exemplaires prévus. « On attend », résume le kiosquier. « Ce matin, on m'en a déjà beaucoup demandé, mais c'est comme cela depuis avant-hier, les gens ont réservé leur numéro à l'avance, j'ai 70 précommandes. »Munie d'un bon signé, une dame veut retirer son exemplaire, en vain. « Aïe, aïe, aïe », réagit-elle, stressée. Elle est journaliste et a besoin de Charlie Hebdo pour le montrer à la télévision japonaise. A quelques mètres patientent deux hommes autour d'un pied et d'une caméra, eux aussi reporteurs matinaux.L'effet Charlie : à 6h30, plus de 20 personnes font la queue devant un kiosque habituellement désert, à Nation http://t.co/pSwIcGwomX— Denis Cosnard (@DenisCosnard)require(["twitter/widgets"]);Réapprovisionnement dès jeudiQuelques minutes plus tôt, vers 6 h 30, rue du Château-d'Eau à Paris, même scène : pas d'exemplaires avant 8 heures, annonce le responsable de Thierry Presse, qui refuse de mettre un exemplaire de côté pour une dame. « J'en recevrai encore plein demain, trois cents », explique-t-il.« Je ne l'achetais pas, dit Paule Goube. Mais c'est pour l'histoire. » Elle n'est pas allée marcher dimanche 11 janvier, mais elle pense que « l'important, c'est ce qu'on va faire maintenant, tous ». « Je suis une ancienne policière, donc cela m'a d'autant plus touchée », dit-elle.Devant plusieurs kiosques de la capitale, des scènes inhabituelles de queue : cinquante personnes au métro Goncourt, plus de vingt personnes boulevard Ornano, dans le 18e arondissement… Un kiosquier de Ménilmontant essayait à 6 h 30 de maintenir un semblant d'ordre en refusant de vendre plus d'un exemplaire par tête.Les files s'allongent en provinceLes files s'allongent aussi à Nice, Nantes...5h20 ce mercredi : plus aucun #CharlieHebdo au kiosque de la gare de #Nantes. Les 106 exemplaires sont partis en 5' http://t.co/PI2nn5im0O— FranceBleuLoireOcéan (@bleuloireocean)require(["twitter/widgets"]);Même pénurie à Strasbourg, où des grappes de gens cherchent des kiosques ouverts. « C'est pas la peine d'aller là-bas, c'est pas mieux, j'ai vu au moins trente-cinq personnes attendre ! », dit une dame d'âge mur à une autre, dans la file d'un bureau de tabac, bar, presse.A #lyon, déception mais compréhension car #CharlieHebdo est épuisé dans tous les kiosques. #JeSuisCharlie pic.twitter.com/edWExvdBIX— Quentin Perrigueur (@qperr) 14 Janvier 2015Sur la page Facebook intitulée « J'achète Charlie Hebdo mercredi prochain », organisée par Je suis Charlie, de nombreux internautes racontent leurs difficultés pour trouver un exemplaire de l'hebdomadaire. Le journal, qui ne se vendait qu'à 30 000 exemplaires, dont une poignée à l'étranger, sera diffusé dans plus de vingt pays et traduit en cinq langues – un record pour la presse française.Lire : « Et “Charlie Hebdo” reparaît » dans les kiosques et les éditoriaux de la presse française— (@)require(["twitter/widgets"]);Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.01.2015 à 16h17 • Mis à jour le19.01.2015 à 17h08 Le dessinateur Riss, blessé lors de l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier, devrait sortir mardi 20 janvier de l'hôpital et devenir directeur de la publication du journal satirique, succédant à Charb, qui a été tué dans l'attaque, a-t-on appris lundi auprès du journal.Riss, de son vrai nom Laurent Sourisseau, 48 ans, était directeur de la rédaction de Charlie Hebdo depuis 2009 et dirigeait le journal avec Charb. « Il y avait deux patrons à Charlie Hebdo : Charb et Riss. Charb n'est plus là, mais Riss devrait sortir de l'hôpital lundi. Evidemment qu'on l'attend tous », avait déclaré la semaine dernière le rédacteur en chef Gérard Biard, à la veille de la parution du dernier numéro de Charlie Hebdo.PROCHAIN NUMÉRO EN FÉVRIERAvant de redémarrer avec Riss aux commandes, les rescapés de Charlie Hebdo comptent prendre deux semaines de repos ; un nouveau numéro devrait probablement sortir le 4 février. D'ici là, le « numéro des survivants » restera en vente. Paru le 14 janvier avec une caricature de Mahomet en « une », il suscite depuis sa sortie des manifestations, parfois violentes, dans certains pays musulmans.Lire : Le rédacteur en chef de « Charlie Hebdo » défend la « une » controverséeRiss a dessiné deux croquis de la main gauche pour ce numéro. L'un montre un dessinateur et un terroriste armé, avec comme légende « dessinateur à Charlie Hebdo, c'est 25 ans de boulot ; terroriste, c'est 25 secondes de boulot. Terroriste, un métier de feignant et de branleur ».Entre les dons et les recettes du numéro du 14 janvier, tiré à 7 millions d'exemplaires, Charlie Hebdo devrait réunir plus de 10 millions d'euros. Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) L'essentielUne foule importante a manifesté dans la République tchétchène contre les caricatures publiées par Charlie Hebdo.Le président, Ramzan Kadyrov, s'est lancé dans une diatribe « contre ceux qui insultent la religion musulmane »Depuis plusieurs jours, les mobilisations contre ces dessins satiriques représentant le prophète Mahomet se multiplient dans le monde. lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f21rx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f21rx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Grozny, capitale de la Tchétchénie, lundi 19 janvier, pour protester contre les caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo. Le ministère de l'intérieur de cette petite république musulmane qui fait partie de la fédération de Russie avance le chiffre de « un million de personnes », quand le ministre de l'intérieur russe évoque 800 000 personnes, soit 60 % de la population tchétchène. Mais des observateurs ont signalé la présence de manifestants venus de différents pays, dans cette ville de seulement 271 000 habitants. De grandes banderoles siglées de cœurs rouges et d'inscriptions en arabe proclamant leur amour pour le Prophète étaient visibles dans le cortège. « We love prophet Muhammad », brandissaient, en anglais, mais aussi en russe et en arabe, les protestataires qui ont lâché des centaines de ballons rouges dans le ciel porteurs du même message. Une foule majoritairement composée d'hommes a également prié, à proximité de la mosquée Akhmad-Kadyrov, du nom du président assassiné en 2004. L'imposant édifice, inauguré en 2008, est surnommé « le cœur de la Tchétchénie ».« SPECTACLE DE RUE » La manifestation de Grozny a été couverte en direct par la télévision nationale russe, signe d'un soutien tacite du président russe Vladimir Poutine. Sur une tribune, les dignitaires tchétchènes, dont le président, Ramzan Kadyrov, qui dirige la Tchétchénie d'une main de fer, se sont relayés. « Ceci est une manifestation contre ceux qui insultent la religion musulmane, a déclaré le dirigeant tchétchène. Nous n'autoriserons jamais qui que ce soit à insulter notre prophète. »En début d'après-midi, M. Kadyrov n'a pas hésité à se livrer à quelques caricatures verbales, en déclarant : « L'incident pourrait avoir été organisé par les autorités et services secrets des pays occidentaux souhaitant provoquer une nouvelle vague d'embrigadement pour l'Etat islamique. »Puis il a ajouté, selon les agences russes : « Nous voyons que l'Europe n'a pas tiré de leçons des événements sanglants de Paris. Au lieu de condamner les tireurs et ceux qui les ont provoqués en publiant leurs caricatures, les autorités françaises ont organisé un spectacle de rue en faveur d'une permissivité excessive. »TÊTE DE FILE DES « ANTI-CHARLIE »Depuis l'attentat commis le 7 janvier en France, qu'il a condamné du bout des lèvres, Ramzan Kadyrov a pris la tête de la contestation « anti-Charlie » dans la région, admonestant, et même menaçant, les médias russes qui se laisseraient « tenter par l'aventure » de publier des caricatures par solidarité.Meilleur allié de Vladimir Poutine après les deux guerres russo-tchétchènes des années 1994-1996 et 1999-2000, sans doute le dirigeant tchétchène a-t-il vu dans ce mouvement un moyen de redorer son image dans le monde musulman. Plusieurs ressortissants tchétchènes ont rejoint les rangs de l'Etat islamique en Irak et en Russie.Interdit de territoire par les Etats-Unis et l'Union européenne, Kadyrov se sert fréquemment de tels rassemblements pour réaffirmer son allégeance au gouvernement russe. La république tchétchène dépend en effet très largement du soutien financier et militaire de Moscou pour maintenir une paix fragile dans cette région. « SOLIDARITÉ AVEC LES MEURTRIERS »La manifestation a été diversement commentée. « Solidarité avec les meurtriers », grinçait sur son blog le journaliste et écrivain russe Andreï Malguine. Un rassemblement prévu à Moscou pour le 25 janvier, similaire à celui de Gozny, a été interdit par les autorités russes.Samedi, environ 15 000 personnes s'étaient rassemblées en Ingouchie, autre république du Caucase russe dont la population est majoritairement musulmane, pour protester contre les caricatures du Prophète. Des manifestations, parfois très violentes, se sont multipliées ces derniers jours dans le monde, notamment au Pakistan ou au Niger, où dix personnes sont mortes en marge des rassemblements.Lire aussi : Des milliers de manifestants dans le monde musulman contre les caricatures de MahometIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Fox News Video http://t.co/OWQfme2rjf— Julie Banderas (@JulieBanderas)require(["twitter/widgets"]);APPROXIMATIONS EN SÉRIEUn commentateur et un journaliste de la chaîne américaine conservatrice avaient affirmé qu'il existait en France et au Royaume-Uni notamment des « no-go zones » où les non-musulmans n'étaient pas autorisés et où la police ne se rendait pas.Le 11 janvier, Steven Emerson avait déclaré sur Fox News, lors d'une discussion sur le multiculturalisme de la société britannique, qu'au Royaume-Uni, « des villes entières comme Birmingham sont totalement musulmanes » et que « les non-musulmans n'y vont tout simplement pas ». Le premier ministre britannique, David Cameron, l'avait en réponse traité de « parfait idiot ».La semaine dernière, un journaliste de la chaîne, Nolan Peterson, avait affirmé de son côté, cartes à l'appui, qu'il y avait à Paris des zones de non-droit interdites aux non-musulmans et où la police ne mettait pas les pieds. 19.01.2015 à 09h22 • Mis à jour le19.01.2015 à 15h58 Pékin n'a pas vraiment goûté le numéro 464 daté de février de Fluide glacial. « Quelle indécence ! » s'indigne même le quotidien Global Times, proche du Parti communiste chinois, dans un éditorial intitulé « La vogue de la liberté d'expression pourrait aggraver les conflits ».Le journal satirique, qui titre « Péril jaune, et si c'était déjà trop tard ? », affiche en « une » un Français caricatural, béret vissé sur la tête et cigarette au bec, conduisant un Chinois et une jeune femme blonde dans un pousse-pousse. « Peut-être que ce magazine cherche à attirer l'attention du monde entier en suivant l'exemple de Charlie Hebdo », s'interroge le journal.« LA QUÊTE DE LIBERTÉ D'EXPRESSION S'APPARENTE À UNE RELIGION »Depuis l'éclosion du mouvement « Je suis Charlie », en réaction à l'attentat qui a décimé la rédaction de l'hebdomadaire Charlie Hebdo, la presse chinoise ne ménage pas ses critiques contre la conception française de la liberté d'expression. Quitte à dépeindre un pays en proie à des conflits culturels et religieux croissants. « On ne peut désormais que conseiller à la société française d'arrêter de représenter l'image du Prophète », insiste le Global Times.Lire le décryptage : De « Charlie » à Dieudonné, jusqu'où va la liberté d'expression ?« Il est plus difficile pour les musulmans de changer leur foi que pour l'Europe d'ajuster sa conception de la liberté d'expression. Si les Français considèrent qu'un tel ajustement serait pour eux déchoir, alors leur quête de liberté d'expression s'apparente à une religion », ajoute le quotidien chinois.La controverse entourant la « une » de Fluide glacial rappelle celle provoquée par Les Chinois à Paris, un film pastiche de Jean Yanne qui montrait l'armée de Mao occupant la capitale française. Les autorités de la République populaire avaient tout fait pour empêcher le tournage et la sortie de cette comédie en 1974. 17.01.2015 à 11h48 • Mis à jour le17.01.2015 à 12h42 Encore 2 millions à l'imprimerie. Le numéro de Charlie Hebdo du 14 janvier, une semaine après l'attaque qui a coûté la vie à 12 personnes, va être réimprimé pour atteindre 7 millions d'exemplaires. La vente s’étalera sur plusieurs semaines.Lire ce que contient le « Charlie Hebdo » du 14 janvier : 36 « terros », 21 flingues, et une larme à l’œilUn tirage exceptionnel pour l'hebdomadaire qui n'est habituellement tiré qu'à 60 000 exemplaires, pour des ventes de 30 000 à 35 000 numéros chaque semaine.RUÉE DANS LES KIOSQUESLors d'une conférence de presse à la veille de la parution du numéro 1178, l'équipe de Charlie Hebdo avait annoncé le chiffre de 3 millions d'exemplaires, rapidement porté à 5 millions au vu du succès rencontré.Suscitant une ruée inédite dans les kiosques, le journal a en effet vendu 1,9 million d'exemplaires les deux premiers jours, selon les Messageries lyonnaises de presse (MLP).>> Lire le récit de la conférence de rédaction de « Charlie Hebdo » à « Libé »En dehors des marchands de journaux, plusieurs centaines de milliers d'exemplaires ont également été achetés par des entreprises, des institutions ou des collectivités. C'est notamment le cas d'Air France qui a acheté 20 000 exemplaires pour ses passagers, au tarif plein de 3 euros, alors que la compagnie bénéficie généralement de prix très réduits.Le journal touchera la totalité des recettes pour le premier million d'exemplaires (soit 3 millions d'euros), dans le cadre d'une grande opération de solidarité de toute la chaîne d'impression et de distribution, qui a accepté de travailler gratuitement, en rendant leur commission pour aider Charlie Hebdo et les familles des victimes. Le dernier numéro, qui porte en « une » un dessin du prophète Mahomet, a suscité un débat au sein et entre les rédactions de plusieurs médias, entre ceux qui choisissaient de la publier et ceux qui s'y opposaient. Il a également provoqué dans plusieurs pays musulmans des protestations parfois émaillées de violences.Les recettes de ce prochain numéro seront entièrement reversées aux familles des victimes, les distributeurs (kiosques, messageries...) renonçant à leur commission. 16.01.2015 à 19h32 • Mis à jour le18.01.2015 à 20h50 Trois jours après sa publication, la « une » du dernier Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie » continue de provoquer la colère dans le monde musulman. Plusieurs milliers de fidèles ont manifesté, vendredi 16 janvier, après la grande prière, à travers une dizaine de pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Les manifestations se poursuivaient samedi au Niger.La couverture du journal satirique avait suscité dès sa sortie mercredi de nombreuses critiques de gouvernements ou instances musulmanes en Egypte, à Jérusalem ou encore au Sénégal. La Tunisie, le Maroc et l'Algérie n'ont pas autorisé la diffusion de l'hebdomadaire.Lire le décryptage : Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ?Violentes manifestations au NigerLa violente journée d'émeutes lors du rassemblement anti-Charlie Hebdo de samedi, au cours de laquelle des groupes ont incendié ou vandalisé une dizaine d'églises et des commerces appartenant à des chrétiens, s'est soldée par la mort de cinq personnes. De nombreux bars, hôtels, débits de boisson et commerces appartenant à des non-musulmans ou à l'enseigne d'entreprises françaises ont également été détruits à Niamey. L'ambassade de France avait invité ses ressortissants sur place à « éviter toute sortie ». La veille, une manifestation à Zinder, la deuxième ville du Niger, a terminé en affrontements au cours desquels quatre civils et un policier ont été tués, et environ 45 personnes blessées. « Certains manifestants avaient des arcs et flèches, des gourdins, et ils en ont fait usage », selon un policier. Le ministre de l'intérieur nigérien a affirmé que certains manifestants « arboraient l'étendard de Boko Haram », alors qu'ils « attaquaient une église catholique ». Le centre culturel français de la ville avait également été incendié.Manifestation palestinienne à Jérusalem-Est« L'islam est une religion de paix » et « Mahomet sera toujours notre guide », pouvait-on lire sur des banderoles à Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée par Israël. Le grand mufti Mohammad Hussein, qui dirigeait la prière à laquelle environ 35 000 personnes ont pris part, n'a pas évoqué Charlie Hebdo dans son prêche. Il avait dénoncé mercredi comme une « insulte » aux musulmans la « une » de l'hebdomadaire et condamné « le terrorisme sous toutes ses formes ».Dans la nuit, des inconnus ont également recouvert le mur d'enceinte du centre culturel français à Gaza d'inscriptions promettant « l'enfer » aux journalistes de Charlie Hebdo. Le centre est actuellement fermé après avoir été visé par deux explosions revendiquées par des islamistes et des policiers étaient positionnés samedi matin devant la porte du bâtiment. 2 500 manifestants dans la capitale jordanienneVendredi, le plus important rassemblement avait eu lieu à Amman, où 2 500 manifestants, membres des Frères musulmans et d'organisations de jeunesse, ont défilé sous haute surveillance et dans le calme, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire « l'atteinte au grand Prophète relève du terrorisme mondial ».Le roi Abdallah II, qui avait participé dimanche à la marche de Paris contre le « terrorisme », a depuis qualifié Charlie Hebdo d'« irresponsable et inconscient ».>> Lire aussi (abonnés) : Les invités embarrassants de la marcheDes milliers de personnes réunies à AlgerEntre 2 000 et 3 000 personnes, dont des femmes et des enfants, ont également manifesté vendredi à Alger à la suite d'appels sur les réseaux sociaux, relais d'une campagne de protestation lancée dès la publication de Charlie Hebdo mercredi.Lire le reportage : Manifestations à Alger contre « l'offense » faite au Prophète par « Charlie Hebdo »Plus d'un millier de manifestants à Dakar, le drapeau français brûléAu moins un millier de manifestants ont aussi protesté dans la capitale du Sénégal. Un drapeau français a été brûlé devant l'ambassade de France, dans le centre de Dakar. La police a lancé des bombes lacrymogènes pour disperser la foule, qui criait « Allah akbar ! ». Des milliers de personnes à Bamako, au MaliAprès la grande prière du vendredi, des milliers de manifestants ont convergé vers le boulevard de l'Indépendance, à Bamako, point névralgique des manifestations politiques dans le centre de la capitale malienne. L'appel à manifester était venu de prédicateurs célèbres et du Haut Conseil islamique du Mali, principale organisation islamique de ce pays à 90 % musulman, et où la France s'est militairement engagée en 2013 pour chasser des groupes djihadistes liés à Al-Qaida.Des manifestations dans cinq villes du PakistanAprès la contestation contre la caricature de Mahomet publiée en « une » du dernier numéro de « Charlie Hebdo » qui a tourné à l'affrontement vendredi, des milliers de personnes ont à nouveau manifesté dimanche au Pakistan. Les manifestants ont notamment crié « Nous ne sommes pas Charlie, nous sommes Kouachi ! » et ont brûlé des effigies des dessinateurs de l'hebdomadaire satirique.Des centaines de musulmans rassemblés au SoudanA Khartoum, quelques centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la grande prière, dont certains ont scandé : « Expulsez l'ambassadeur de France, victoire au prophète de Dieu ! ». Sur une banderole on pouvait lire : « Le gouvernement français doit présenter des excuses… ».Appel à des « manifestations pacifiques » au QatarAu Qatar, l'Union mondiale des oulémas, dirigée par le prédicateur Youssef Al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des « manifestations pacifiques » et a critiqué le « silence honteux » de la communauté internationale sur cette « insulte aux religions ». Les autorités du pays, qui avaient fermement dénoncé l'attentat contre Charlie Hebdo, ont « condamné la nouvelle publication de dessins offensants pour le prophète Mahomet », publication qui, selon elles, alimente « la haine et la colère ».Un « acte irresponsable », selon le président afghanEnfin le président afghan Ashraf Ghani – qui avait condamné la semaine dernière l'attaque contre Charlie Hebdo – s'est joint aux protestations, qualifiant la nouvelle caricature d'acte « insultant » et « irresponsable » et estimant que « la liberté d'expression devrait être utilisée de façon constructive afin de promouvoir la coexistence pacifique entre les religions ».Les talibans afghans avaient aussi dénoncé jeudi la nouvelle publication, qui selon eux provoque « les sensibilités de près d'un milliard et demi de musulmans ». Abel Mestre Après la parution, vendredi 16 janvier, dans le tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda d'une interview choc, Jean-Marie Le Pen maintient auprès du Monde la quasi-totalité de ses propos publiés concernant la tuerie de Charlie Hebdo. Dans cet entretien, le président d’honneur du Front national commence par déclarer : « Je ne suis pas Charlie Hebdo. Ce journal anarchiste était l’ennemi direct de notre parti le Front national, et ses journalistes, il y a quelques années, rassemblaient des signatures pour une pétition exigeant notre interdiction. Et tous ces politiciens, qui sont sortis manifester, ce ne sont pas des Charlie, mais des charlots ! »Surtout la Komsomolskaïa Pravda, qui a attribué les attentats récents à Paris aux Américains, prête à Jean-Marie Le Pen les propos suivants :  « Ces passeports oubliés des frères Kouachi me rappellent le passeport d’un terroriste tombé de l’avion en feu le 11 septembre 2001, et préservé par miracle. New York était en flammes, mais le passeport est resté intact. Aujourd’hui, on nous dit que les terroristes sont des idiots, voilà pourquoi ils auraient laissé les documents dans la voiture. La fusillade à Charlie Hebdo ressemble à une opération des services secrets, mais nous n’avons pas de preuves. Je ne pense pas que les organisateurs de ce crime soient les autorités françaises, mais elles ont permis à ce crime d’être commis. Ce sont pour l’instant des suppositions. »« 15-20 millions » de musulmans en FranceInterrogé par Le Monde, visiblement gêné, M. Le Pen maintient qu’il juge « étonnant de trouver une carte d'identité avec des tueurs aussi organisés. C'est aussi étonnant que de trouver un passeport intact le 11 septembre. Je m'étonne simplement de cela et je crois que je ne suis pas le seul. » En revanche, le vieux leader frontiste se dit catégorique. Il ne se « souvient pas d'avoir parlé des services secrets ».Dans ce même entretien, M. Le Pen chiffre à « 15-20 millions » le nombre de musulmans vivant en France. Un chiffre tiré de publications d’Azouz Beggag, affirme-t-il au Monde. A la question : « Est-ce que Marine Le Pen vous a téléphoné pour vous remonter les bretelles ?  », il répond : « Personne ne me remonte les bretelles ! On ne me remonte pas les bretelles au Front national ! » Abel MestreJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.01.2015 à 11h21 • Mis à jour le29.01.2015 à 11h50 Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, a annoncé jeudi que les dispositions sur le secret des affaires contenues dans sa loi seraient amendées pour garantir « la liberté de la presse, la liberté d'information, la liberté d'investigation ».L'instauration via un amendement parlementaire d'un secret des affaires dans le code du commerce, assorti de lourdes peines de prison et d'amende, au motif de protéger de l'espionnage économique, inquiète la presse et les ONG.Lire le décryptage : La liberté d'informer serait-elle vraiment menacée par le « secret des affaires » ?QUATRE AMENDEMENTS SERONT PROPOSÉSLors de la présentation de ses vœux à la presse, le ministre a rappelé que « la liberté de la presse est essentielle. Et en aucune façon le texte que je porte n'a cherché à restreindre la liberté de la presse. »Il a expliqué que quatre amendements seront proposés. Le premier laissera aux sociétés le soin de « classifier elles-mêmes les secrets à protéger », le deuxième ne rendra pas les salariés, donc les syndicats, responsables. Le troisième prévoit que la responsabilité des lanceurs d'alerte ne pourra être retenue et le dernier que le délit créé ne sera « pas applicable dès lors qu'il s'agit de liberté d'expression et d'information », c'est-à-dire, « pas applicable aux journalistes », a précisé M. Macron.Par ailleurs, une exception sera prévue « de manière explicite », « dès lors qu'il s'agit de la liberté d'expression et de la liberté d'information ». Quant à une mesure de protection des sources journalistiques, promise par le président François Hollande, elle « ira jusqu'à son terme », a-t-il dit. « Ce texte chemine ».Lors de l'examen en commission spéciale à l'Assemblée, le texte avait été amendé pour instaurer ce secret des affaires, une disposition visant à lutter contre l'espionnage industriel.  Alexandre Piquard   Quand un ministère fait le vœu de promouvoir l’offre légale de films, de séries ou de musique, l’internaute ou le journaliste peuvent être un peu sceptiques. Leur reste en mémoire le souvenir d’initiatives passées – des portails ou des labels – dont le succès d’audience ne fut pas à la hauteur de l’ambition affichée : faire reculer le « piratage ».Bien conscients de ce travers, le ministère de la culture de Fleur Pellerin et le Centre national du cinéma (CNC) ont à leur tour dévoilé, mercredi 28 janvier, un dispositif qui se veut bien plus « pragmatique », puisqu’il se fonde sur les usages des internautes.Des sites partenaires plutôt qu’un « portail »Quand un internaute cherche à regarder un film en ligne, il est peu probable qu’il aille sur des sites comme http://www.offre-légale.fr, la base de données montée par la Hadopi, a estimé Julien Neutres, du CNC, chargé de ce projet. L’utilisateur va plutôt taper La Reine des neiges ou Gone Girl dans un moteur de recherche… le plus souvent Google. Et trouver en résultats l’annuaire Allociné (en première position quasiment tout le temps, selon la Culture), l’encyclopédie Wikipedia, des sites d’information comme Télérama.fr ou Première.fr et aussi… des sites de téléchargement illégal.L’idée du CNC et du ministère est de prendre acte de cette réalité du référencement et de nouer des partenariats avec des sites puissants pour y placer la liste des plateformes qui proposent le film en vidéo à la demande (à l’achat en téléchargement ou en location ou encore par abonnement). Allociné (9 millions de visiteurs uniques par mois selon Nielsen/Net Ratings), Premiere (3 millions), Télérama (2 millions) et Sens critique (2 millions) sont les quatre premiers partenaires. D’autres sont souhaités. 12 services référencés… Concrètement, sur la fiche d’un film, ces sites ont intégré un bouton « Voir ce film en ligne » et un espace sous la fiche. Si l’on clique dessus, on obtient la liste des éditeurs qui proposent l’œuvre. Et son prix, pour 10 des 12 éditeurs qui participent à l’initiative, soit la plupart des grandes plateformes légales de France : Canalplay, France Télévisions Pluzz VàD, MyTF1VOD, Orange Vidéo à la demande et Orange cinéma séries, Arte, Vidéofutur, Filmotv, Montparnasse VOD, Wuaki.tv et Imineo. Ils sont présentés « dans un ordre aléatoire », précise-t-on.… mais pas Netflix ou iTunesPrécision importante : Netflix, le fameux service américain de vidéo à la demande par abonnement, et iTunes, la plateforme de vidéo à l’achat d’Apple, ne sont pas référencés.Car Fleur Pellerin et le CNC ont fait le choix politique de ne promouvoir que les services qui respectent le système français de soutien à la création, en se soumettant au décret Smad : celui-ci les oblige notamment à promouvoir dans leur catalogue 60 % d’œuvres européennes et 40 % d’œuvres françaises, et surtout à consacrer 15 % de leur chiffre d’affaires à des œuvres fabriquées par des producteurs européens. Question « d’exemplarité », pour la ministre : « cliquer, c’est aider à créer », a-t-elle lancé mercredi.Outre le déploiement sur des sites partenaires, le dispositif est disponible sous la forme d’un « widget », une petite application qui permet à tout éditeur ou blogueur d’insérer sur son site les informations pour son site, comme il « embedderait » une vidéo de Youtube ou Dailymotion. Enfin, la base de données est disponible sous une forme plus classique à l’adresse vod.cnc.fr.Les séries télé intégrées « dans quelques semaines »Aujourd’hui, 10 000 films sont disponibles en vidéo à la demande, sur les 25 000 recensés dans la base créée par le CNC. Ce recensement se veut exhaustif et sera complété au fur et à mesure.Surtout, le dispositif devrait intégrer les séries télé « dans les prochaines semaines », puis les documentaires voire les courts-métrages, selon le ministère.Le budget de développement est de « quelques dizaines de milliers d’euros », selon la Rue de Valois. De plus, les sites partenaires ont reçu une « compensation » financière correspondant aux frais de développement technique et à une forme d’achat d’espace non publicitaire sur leur plateforme, à fort trafic. Son montant est bien inférieur au prix du marché, précise-t-on, sans toutefois donner de chiffres.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) Quand débute le reportage sur le concert de Run the Jewels, un duo de hip-hop américain, des icônes apparaissent sur l’écran d’ordinateur. Le spectateur peut alors cliquer pour suivre au choix un des deux artistes dans les coulisses. Il est aussi possible de passer directement à l’écoute de trois chansons, et à la diffusion de l’interview du duo, qui est lui-même divisé en trois parties, à écouter dans l’ordre de son choix.Voilà un exemple, parmi beaucoup d’autres, de ce que les Britanniques peuvent désormais trouver sur BBC Taster. Ce nouveau site Internet, lancé le 26 janvier, est un saut dans l’inconnu pour la respectable corporation. L’objectif est d’y tester ses nouveaux projets et de voir comment les spectateurs réagissent. Chacun est invité à donner une note à l’émission, et à la partager sur les réseaux sociaux. « Il s’agit d’ouvrir le processus créatif à notre audience », explique Ralph Rivera, directeur de BBC Futur Media.Télévision « sociale »Avec ce site, la BBC se lance dans le défrichage de ce qu’est en train de devenir la télévision, qui fusionne progressivement avec Internet. Progressivement, les émissions se regardent de plus en plus sur des écrans d’ordinateur, de téléphone ou de tablette. Jusqu’à présent, la BBC a réagi avec iPlayer, un site Internet de rattrapage qui permet de regarder gratuitement toutes les émissions publiées depuis un mois ou plus. Son succès est phénoménal, avec des pointes à dix millions d’émissions regardées par jour. « Mais aussi bien que soit iPlayer, quand vous appuyez sur le bouton “marche”, c’est comme regarder la télévision, souligne M. Rivera. Les nouveaux appareils peuvent faire beaucoup plus que cela, notamment savoir qui vous êtes. » Son objectif est de faire de BBC Taster une façon d’inventer une télévision « sociale, interactive, non linéaire ».Les premières idées lancées sur le site viennent souligner l’immense potentiel que représente le rapprochement avec Internet. Toutes ne sont pas nécessairement révolutionnaires : le reportage sur Run the Jewels ressemble à un webdocumentaire, un format relativement courant. Mais les projets vont dans des directions très différentes les unes des autres.On trouve notamment une excellente interview de Lena Dunham, l’actrice américaine de la série Girls, par Jennifer Saunders, une actrice anglaise. L’entretien avait été diffusé dans le cadre du journal de la BBC2, mais seulement dans un format de dix minutes. Sur BBC Taster se trouve l’intégralité de la rencontre, avec quarante minutes jamais diffusées, découpées en séquences de cinq minutes environ, qui peuvent être regardées dans l’ordre de son choix.L’idée qui a le mieux fonctionné jusqu’à présent est une application qui utilise Facebook, intitulée YourStory. A partir de la date de naissance entrée dans la page Facebook de chaque utilisateur, celle-ci propose une sélection de vidéos sorties du catalogue de la BBC, qui suit la chronologie de la vie de chacun : « L’année de votre naissance, c’était le jubilé d’argent de la reine », suivi d’une vidéo du jubilé ; « quand vous aviez presque onze ans, la grève des mineurs se terminait », suivi d’extrait de reportages de l’époque…BBC Taster propose aussi des clips vidéo très courts d’humoristes (pas très drôles), une émission de tourisme connue où le spectateur peut choisir l’endroit qu’il veut visiter (dans la limite des émissions déjà tournées) ou encore accéder à quarante-cinq ans d’archives radio (incomplètes mais fascinantes)…Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’« agenda numérique » fait partie des priorités de la Commission européenne, dirigée par Jean-Claude Juncker. Celle-ci veut présenter avant l’été, ses solutions pour aboutir - enfin - à un marché unique du digital en Europe, et notamment réformer le droit du copyright.C’est le vice-président de la Commission, l’Estonien Andrus Ansip qui doit coordonner ces chantiers dans l’institution communautaire.Mardi 27 janvier, il a fait le déplacement à Paris, pour rencontrer Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, alors qu’en France, les puissantes sociétés d’auteur voient d’un mauvais œil la volonté réformatrice de la commission sur le copyright.Mercredi 28 janvier, il réunissait à Bruxelles ses collègues commissaires pour fixer l’agenda des semaines à venir.Redéfinir le copyright La Commission veut toiletter une directive datant de 2001, c’est-à-dire des débuts de l’Internet grand public, quand la vidéo à la demande et la catch up TV n’existaient pas encore.L’idée est d’homogénéiser les régimes européens du copyright, notamment, de mettre fin à la territorialité des droits : le fait qu’un diffuseur soit contraint d’acheter des droits de retransmission d’un contenu pays par pays.Les sociétés d’auteur françaises redoutent que le système français de rémunération de l’ensemble de la filière création soit mis à bas. M. Ansip se veut rassurant. « Les gens pensent que, quand on parle de réforme du copyright, c’est forcément qu’on va arrêter de protéger les droits d’auteurs et bafouer les droits des créateurs. Pas du tout. Mais la situation actuelle est perdante pour tout le monde, consommateurs et créateurs », assure le commissaire.Les internautes qui passent les frontières ne peuvent pas acheter des contenus, car leur accès est bloqué, « alors même qu’ils sont prêts à payer », poursuit-il.En mettant fin à la territorialité, « le marché serait bien plus important et on éviterait le comportement de certains, qui parviennent facilement à pirater les contenus qu’ils veulent voir », souligne M. Ansip.« Les Français ont peur que leurs revenus baissent en cas de fin du principe de territorialité. Ils ont tort, le marché serait plus important. Évidemment, cela implique un changement de modèle économique. »La Commission a promis de rendre sa proposition de directive avant l’été.Renforcer l’intégration numérique de l’UEAvant, en mai, la Commission doit également donner ses orientations sur les moyens de renforcer l’intégration numérique de l’Union européenne (UE). « Les biens et les services circulent librement, mais ce principe de l’Union n’existe pas en ligne. Seuls 12 % des Européens achètent en ligne dans un pays différent du leur. Seules 5 % des sociétés online vendent hors de leurs frontières, rappelle M. Ansip.Comment surmonter ce problème ? « Nous devons renforcer les droits des consommateurs, pour que leur confiance augmente, et sécuriser l’activité des PME, qui doivent composer avec 28 régulateurs différents. »Faire adopter la directive sur les données personnellesM. Ansip déclare que sa « priorité » est d’adopter la directive sur la protection des données personnelles, présentée par la Commission en janvier 2012, mais qui toujours en cours de discussion entre le Conseil européen et le Parlement. « J’espère que l’on va aboutir à un accord sur le texte cette année. » Au Parlement européen, beaucoup d’élus demandent à la Commission de proposer, aussi, un texte qui réglemente les durées de réglementation des données. Un sujet ultrasensible, surtout depuis les attentats de Paris, alors que les États poussent à l’adoption de mesures antiterroristes visant à davantage contrôler l’activité des citoyens sur le web. « Nous devons être très prudents avec ce sujet. Après les attentats de Madrid, en 2004, ceux de Londres, en 2005, nous avons promulgué une directive sur la rétention des données en 2006. Mais l’année dernière, la Cour de justice de l’Union européenne l’a invalidée. Elle n’a pas dit que la rétention des données est non conforme au droit, mais qu’il doit y avoir des garde-fous et qu’il faut appliquer le principe de proportionnalité », explique M. Ansip.« Avant de reproposer un texte, il faudra faire cette fois une analyse vraiment fine », avance le commissaire. La Commission veut donc d’abord voir la directive protection des données adoptée avant de s’atteler à ce deuxième chantier.Redimensionner les frais de « roaming » pour l’accès aux donnéesAutre pilier de l’union numérique européenne, une plus grande intégration des marchés des télécommunications. Là aussi, une directive est sur la table : plutôt, un ensemble de textes, le « paquet télécom », sur lesquels les États ont le plus grand mal à s’entendre.Parmi les dispositions qui « coincent » le plus : la neutralité de l’Internet, et les frais de « roaming », c’est-à-dire le coût d’une communication transfrontalière.Les États, dont la France, ont longtemps résisté à une baisse trop drastique des prix du « roaming », qui représentaient de substantiels revenus pour leurs opérateurs télécoms.Un accord a été trouvé pour ramener à presque zéro ces coûts pour les appels téléphoniques, et un accord est enfin en train de se dessiner au Conseil européen, concernant ceux pour l’accès aux données, depuis un terminal mobile.« On ne peut pas avoir un marché unique du numérique si les consommateurs paient dix fois plus leur consommation d’internet quand ils passent une frontière européenne », explique M. Ansip.Il admet toutefois que « ce n’est pas une décision facile à prendre, d’annuler les frais de roaming », car « dans les pays touristiques, par exemple, les opérateurs sont obligés d’investir considérablement dans leurs infrastructures pour que les touristes puissent accéder à la 3G et aux services mobiles, comme chez eux. » « Le problème, c’est que ces investissements ne sont utiles que quelques mois par an, et si les frais de roaming disparaissent, les opérateurs ont plus de mal à les financer. Nous devons tenir compte de ces problèmes spécifiques », relève-t-il.Trouver rapidement une définition commune de la neutralité du NetConcernant la neutralité de l’internet, l’égalité de traitement des contenus en ligne, quels qu’ils soient (vidéo, texte, etc), un sujet également très sensible, un compromis a été proposé par le Conseil, mi-janvier, et doit être discuté entre les pays dans les jours qui viennent.L’idée est de garantir cette égalité de traitement, tout en permettant - dans des conditions très encadrées - aux opérateurs télécoms de facturer davantage certains flux vraiment très encombrants (du type Netflix).« Si nous n’avons pas une définition commune de ce que nous entendons par Internet ouvert et neutralité du Net, nous allons nous retrouver bientôt avec 28 définitions différentes et des marchés encore plus fragmentés. Il faut aller vite : les Pays-Bas, la Slovénie et la Finlande sont en train déjà de plancher sur leurs propres définitions. Il y a urgence », relève M. Ansip.Trancher la question d’une « taxe Google »Ce sujet fait l’objet de débats à l’intérieur même de l’institution communautaire. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager doit décider si elle poursuit ou pas Google pour abus de position dominante, alors qu’une enquête formelle sur les pratiques en Europe du géant de l’internet américain traîne en longueur depuis près de cinq ans.D’autres poussent pour une « régulation des plates-formes web », qui obligerait Google et les autres multinationales du Net à obéir aux mêmes contraintes réglementaires que les sociétés traditionnelles des médias.La fronde européenne anti-Google se durcitM. Ansip reste très prudent : « Il n’y a que Mme Vestager qui peut parler d’une entreprise en particulier. Nous, nous devons parler de politiques dans leur ensemble, pas stigmatiser une entreprise en particulier. » Et d’ajouter : « concernant le paiement pour le référencement, des lois ont été votées en Espagne et en Allemagne [dites loi Google], mais il est trop tôt pour dire si elles sont efficaces ou pas. Nous suivons ces initiatives de près, mais c’est trop tôt pour dire si nous allons nous en inspirer pour prendre des décisions au niveau européen », conclut le vice-président estonien.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.01.2015 à 05h17 • Mis à jour le29.01.2015 à 07h38 L'essentielL'humoriste controversé comparaissait mercredi pour des propos antisémites tenus sur scène.Après la diffusion de ces propos à la télé en 2013, Manuel Valls avait demandé l'interdiction du spectacle.Dieudonné a déjà été condamné plusieurs fois pour diffamation, injure et provocation à la haine raciale.« Moi, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz… dommage… » Ces propos de Dieudonné prononcés lors de l'un de ses spectacles lui ont valu de comparaître à partir de mercredi 28 janvier devant la justice pour provocation à la haine raciale.La procureure a requis trois cents jours amende à 100 euros, soit au total 30 000 euros, contre le polémiste. Cela veut dire que si le tribunal correctionnel de Paris suivait ces réquisitions, le polémiste controversé devrait payer 30 000 euros d'amende au total ou à défaut aller en prison trois cents jours.Dans son réquisitoire, la procureure a relevé une « antienne » d'attaques contre les juifs à travers le spectacle incriminé et « une expression de mépris de M. M'bala M'bala à l'égard de la communauté juive ». « La question n'est pas de savoir si M. M'bala M'bala est antisémite, ça n'est pas mon problème. La question c'est si on peut le laisser porter de telles attaques », a-t-elle poursuivi. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au mois de mars.RISQUE DE « TROUBLES À L'ORDRE PUBLIC »Tout était parti d'un reportage diffusé en décembre 2013 par France 2, dans lequel était repris un extrait de son spectacle Le Mur. Dieudonné M'bala M'bala s'en prenait depuis plusieurs mois au journaliste de France Inter Patrick Cohen, qui avait publiquement assuré qu'il n'inviterait jamais l'humoriste et égratigné des confrères refusant d'envisager un tel boycott. Après la diffusion des propos de Dieudonné M'bala M'bala à caractère antisémite, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour incitation à la haine raciale. Le journaliste ne s'est pas constitué partie civile.Lire : Dans son spectacle, Dieudonné repousse les limites de la provocationA l'époque, les propos de Dieudonné M'bala M'bala avaient fait réagir Manuel Valls, alors ministre de l'intérieur, qui avait donné instruction aux préfets d'engager des mesures d'interdiction de représentations du spectacle pour risque de « troubles à l'ordre public ». La justice administrative ayant rejeté les recours de Dieudonné M'bala M'bala contre ces interdictions, l'humoriste avait finalement présenté une nouvelle version de son spectacle, expurgée de ses attaques les plus frontales contre les juifs.Lire : Dieudonné rejoue une version édulcorée de son spectacleUN « ÉCHANGE, VIF CERTES, » AVEC LE JOURNALISTELa défense de Dieudonné M'bala M'bala, qui plaidera la relaxe, mercredi, entend « replacer cette affaire dans son contexte », selon Me Sanjay Mirabeau, un de ses avocats. Car, pour lui, les propos incriminés sont « juste l'étincelle, pas la cause principale » ayant conduit à l'interdiction du spectacle. Pour la défense, la sortie de Dieudonné M'bala M'bala relève avant tout « d'un échange, vif certes, mais un échange » à distance avec le journaliste. « Nous allons voir exactement les propos de M. Cohen », a expliqué l'avocat, qui dit avoir renoncé à faire citer le journaliste comme témoin « pour la sérénité des débats ».Dieudonné M'Bala M'Bala, 48 ans, est un habitué des prétoires, avec plusieurs condamnations à des peines d'amende pour ses propos controversés. Vendredi, il a d'ailleurs été condamné à 6 000 euros d'amende pour avoir lancé sur Internet à la fin de 2013 un appel aux dons pour payer de précédentes amendes.Il est en outre toujours sous le coup de plusieurs procédures judiciaires. La dernière, pour apologie du terrorisme, lui vaut d'être convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 4 février. En cause, un message posté sur sa page Facebook, dans lequel il écrivait « Je me sens Charlie Coulibaly », en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris, qui a tué une policière municipale et quatre personnes de confession juive dans un supermarché casher.Dieudonné M'Bala M'Bala a également été mis en examen en juillet pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux.Lire : Dieudonné : huit procès perdus depuis 2007 Alexandre Piquard De prime abord, c’est l’histoire d’un site de geeks installés dans le Cantal, qui se voient forcés de déménager à Paris suite à son rachat par un grand groupe. Un tiers de l’équipe refuse et se fait licencier. Plus rien ne sera plus comme avant.La réalité est toutefois un peu plus nuancée. Jeuxvideo.com est un leader européen dans son domaine. Webedia, qui l’a racheté 90 millions d’euros à l’été 2014, a proposé aux 48 salariés de quitter leur siège d’Aurillac, contre compensation. Pour l’heure, 17 d’entre eux ne souhaitent pas partir, selon la direction, et ce chiffre pourrait être légèrement supérieur au final. Webedia précise que la consultation du personnel reste ouverte jusqu’au vendredi 30 janvier. Et expose ses arguments.Ces salariés pro-Aurillac devraient effectivement faire l’objet d’un licenciement économique. Toutefois, selon Guillaume Multrier, directeur général et fondateur de Webedia, le déménagement n’est pas encore formellement confirmé et des options restent ouvertes, comme un déménagement partiel ou le télétravail. Une partie de l’équipe technique pourrait rejoindre d’autres techniciens de Webedia à Toulouse. En compensation sont proposées des hausses de salaire, la prise en charge du déménagement et de déplacements pour revenir à Aurillac, précise la direction. Qui promet que les départs seront remplacés.Recherche de synergies« Dans l’équipe, les avis sont partagés et certains étaient très demandeurs de partir d’Aurillac », raconte M. Multrier : la rédaction - un tiers des effectifs - est majoritairement partante, ajoute-t-il, et les refus émanent davantage des fonctions techniques et support (comptabilité, ressources humaines…), soit des domaines où retrouver un emploi est selon lui plus facile que pour des journalistes spécialisés.Sur le fond, Webedia espère des synergies en déplaçant JeuxVideo.com dans l’immeuble parisien où sont déjà installés ses autres sites thématiques : AlloCiné (cinéma), Purepeople, Puremédias, 750gr (cuisine) ou d’autres sites de jeu vidéo, plus modestes en taille. L’administrateur système de Jeuxvidéo.com va devenir celui de Webedia, selon M. Multrier, et le site peut aussi faire bénéficier le groupe de ses développements de lecteurs vidéo. À l’inverse, « JV. com » pourrait utiliser les futurs outils de publication web de Webedia.Lire : Le gros appétit de Webedia pour les jeux vidéoL’acheteur de Jeuxvideo.com assume enfin de vouloir faire sortir l’équipe d’une forme d’« autarcie ». « À Paris, la rédaction sera plus près des éditeurs de jeux vidéos et des acteurs du secteur. Elle s’est parfois vu reprocher de vivre un peu dans son coin, sans aller beaucoup sur les salons professionnels », explique M. Multrier. N’était-ce pas un signe d’indépendance ? Le directeur général de Webedia entend l’argument mais le juge insuffisant.Leader depuis le CantalCet argumentaire laisse quelqu’un de marbre : Sébastien Pissavy, le cofondateur de Jeuxvideo.com, créé en 1997 et devenu en quelques années le premier site français du domaine, notamment grâce à ses forums. Ces derniers sont devenus des lieux de discussion de lycéens et de 18-25 ans sur tous types de sujets, dont ceux du baccalauréat, qui seront fuités sur le site en 2011. « Ca a déclenché un tollé et le site s’est retrouvé d’un coup dans l’actualité », se rappelle en souriant celui qui a quitté l’entreprise en 2012 et revendu ses 10 % restants en 2014.« Je me suis battu pour que Jeuxvideo.com s’installe au départ à Aurillac, raconte Sébastien Pissavy, qui s’avoue un peu « chauvin » et a convaincu les deux autres fondateurs, grenoblois et toulousain, de s’implanter dans sa région natale. Cela n’a pas nui à la performance du site, qui est devenu leader en Europe et numéro trois mondial… »Webedia est dans une logique plus « financière », que les deux précédents actionnaires de Jeuxvidéo.com - Gameloft qui l’a racheté en 2000, puis Hi-média en 2006 -, déplore M. Pissavy, qui voit dans les licenciements une « perte d’expérience ». « Les synergies peuvent aussi exister à distance », rétorque aussi cet informaticien de formation. Quant à la lutte contre « l’autarcie » de la rédaction, il « espère qu’il ne s’agit pas de la rapprocher de la régie publicitaire ».« Ce n’est qu’un rapprochement physique »Interrogé, un rédacteur de Jeuxvidéo.com « comprend la réaction » du fondateur, qui en a fait le succès et « a toujours veillé à l’identité familiale, voire campagnarde » du site. Employé à Aurillac depuis près de 10 ans, ce journaliste a pourtant décidé d’aller à Paris chez Webedia. Il précise qu’à la rédaction, trois personnes sont du Cantal, les autres venant de Brest, Châteaudun, Limoges, Paris… Ceux qui ne veulent pas quitter Aurillac ne le peuvent souvent pas, parce qu’ils y ont leur famille, leur maison, voire un cheval, explique-t-il.L’autarcie, ce rédacteur ne la ressent pas mais être à Aurillac pose parfois des problèmes « logistiques », quand il fallait aller à Paris ou à un salon à l’étranger. De plus, la web télévision du site, Gaming live, est installée à Paris.« On n’est pas fermés sur nous-mêmes, on rencontre les éditeurs de jeux », raconte ce salarié. Il comprend les inquiétudes sur l’indépendance du site, notamment formulées sur les forums par « notre lectorat super fidèle ». « Le rapprochement avec le groupe ou le secteur du jeu vidéo, ce n’est qu’un rapprochement physique, pas un changement de notre façon de travailler », pense-t-il.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.01.2015 à 18h13 • Mis à jour le26.01.2015 à 18h30 | Alexandre Piquard Les acteurs du monde de la publicité s’opposent depuis de longs mois sur les règles du jeu à suivre sur Internet. Et ils ont eu la surprise de découvrir qu’un amendement à la « loi Macron », voté par les députés en commission le 16 janvier, apporte un début de réponse au débat : il soumet le numérique aux principes de la « loi Sapin », rédigée en 1993 pour imposer au secteur publicitaire une obligation de transparence.Lire : Dans la publicité, Internet bouscule frontière entre agences médias et régies« Ce secteur était avant 1993 caractérisé par une grande opacité, peu favorable à une bonne allocation des ressources », a expliqué François Brottes, auteur de l’amendement (relevé par la Correspondance de la presse) et président de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de la loi pour la croissance et l’activité du ministre de l’économie, Emmanuel Macron.Avec l’essor du numérique, cette opacité s’est redéveloppée et il y a dans le secteur un problème d’éthique, selon les annonceurs : « Le grand principe de la loi Sapin, c’est qu’on ne doit pas confondre l’achat et la revente. On ne peut donc pas faire les deux à la fois et être un grossiste, comme l’étaient les grandes centrales d’achat avant 1993 », explique Pierre-Jean Bozo, directeur général de l’Union des annonceurs (UDA).Les acteurs doivent donc choisir : les agences médias achètent des espaces pour le compte des annonceurs et les régies en vendent pour le compte des médias.Sur 100 euros, 40 vont aux médias, 60 aux intermédiairesSelon l’UDA, une part du conseil média sur Internet n’est pas neutre et certains acteurs achètent des espaces aux régies pour ensuite les revendre aux annonceurs... sans transparence sur les prix, ce qui ne permet pas à l’annonceur de vérifier que son argent a été dépensé au mieux.L’UDA estime que 10 % à 15 % du marché de la publicité en ligne est concerné. Au niveau européen, elle cite une étude selon laquelle sur 100 euros dépensés par un annonceur, seuls 40 vont aux médias, 60 revenant aux divers intermédiaires.Avec l’amendement inséré dans la loi Macron, les annonceurs ont-ils donc gagné sur toute la ligne ? Ce n’est pas si simple, tant le sujet est complexe et la querelle profonde.D’abord, Emmanuel Macron, en séance, a demandé que soit prise en compte la concertation en cours auprès de tous les acteurs du secteur, dans le cadre du projet de loi numérique de la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire, qui devait en principe couvrir ce sujet.Le ministre a fait préciser dans l’amendement que les modalités de « reporting » aux annonceurs seraient précisés plus tard, par décret en conseil d’Etat : il s’agit de la transmission d’informations que l’agence média est tenue de faire à l’annonceur : par exemple sur le prix d’achat des espaces à la régie.Cette subtilité fait dire aux agences médias, que si on en reste là, l’amendement adopté « enfonce une porte ouverte » : la vraie question est, selon elles, de reconnaître un nouveau « statut d’acheteur-revendeur qui existe dans la vraie vie mais n’est pas défini pour la publicité numérique », explique Bertrand Beaudichon, vice-président délégué de l’Udecam. Ce type d’acteurs n’est pas reconnu par la loi Sapin.L’émergence de « transformateurs d’espace »Deux innovations ont bousculé le marché : la collecte de données sur le profil sociologique et l’historique de navigation des internautes, mais aussi l’automatisation de la vente d’espaces publicitaires sur de grandes plateformes « programmatiques », également appelées « trading desks ».Certains acteurs sont donc devenus des « transformateurs d’espace », argumente M. Beaudichon : ils achètent des espaces, y ajoutent des données puis les revendent dans une prestation globale.C’est le cas des « retargeteurs », spécialistes du ciblage des internautes en fonction de leur comportement, selon le vice-président délégué de l’Udecam, mais aussi des filiales de trading-desks créés par des agences médias.Ces dernières peuvent ainsi communiquer à un annonceur le prix d’espaces qu’elles ont achetés à une régie qui appartient à leur propre groupe.« La loi Sapin est trop blanche ou noire », estime-t-on à l’Udecam. Du côté des annonceurs, on estime que l’amendement qui vient d’être adopté « va dans le bon sens ». Au gouvernement la tâche délicate d’achever de clarifier les choses.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.01.2015 à 19h36 • Mis à jour le26.01.2015 à 10h26 Vous avez décroché de l'actu pendant le week-end ? Petite séance de rattrapage avec les informations à retenir des deux derniers jours.Victoire historique de Syriza aux législatives en Grèce Le parti anti-austérité grec Syriza a remporté une très claire victoire sur le parti conservateur au pouvoir dimanche, tout en restant à la limite de la majorité absolue, une situation qui devrait l'obliger à trouver des soutiens à l'avenir.Après dépouillement de 70,72 % des bulletins, Syriza comptait 36,03 % des voix et Nouvelle Démocratie de M. Samaras 28,15 %. La gauche radicale totalisait alors 149 sièges sur 300 au Parlement. Sa victoire aux élections législatives est assurée, mais pas sa majorité absolue, qui est de 151 sièges. Au total, 9,8 millions d'électeurs étaient appelés à élire 300 députés.Alexis Tsipras est le premier dirigeant européen élu sur le rejet explicite des politiques difficiles imposées par l'Union européenne à ses membres après la crise.Lire : Victoire historique de la gauche radicale en GrèceOffensive des séparatistes prorusses dans le port ukrainien de Marioupol Au moins 30 civils ont été tués et plus de 80 autres blessés, samedi 24 janvier, lors de bombardements d'un quartier de Marioupol, port stratégique dans le sud-est de l'Ukraine et dernière grande ville contrôlée par Kiev dans la région. Les experts de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui se sont rendus sur le site ont conclu que les bombardements provenaient de deux positions contrôlées par les séparatistes prorusses. Le ministre des affaires étrangères russe a, de son côté, accusé l'armée ukrainienne d'avoir provoqué ces violences par des attaques « permanentes » contre des « localités peuplées ».Lire : En Ukraine, le port stratégique de Marioupol bombardé par les séparatistesUn otage japonais aux mains de l'EI exécuté par l'Etat islamique L'un des deux otages japonais détenus par l'Etat islamique aurait été assassiné. Il s'agit de Haruna Yukawa, consultant en question de sécurité. Il était aux mains de l'organisation depuis le mois d'août dernier. L'information a été diffusée sur Internet, samedi 24 janvier, par l'intermédiaire d'une photo accompagnée d'un message sonore, qui étaient en cours d'authentification. L'EI a revendiqué cet assassinat dans la soirée de dimanche.Lire l'article de notre correspondant à Tokyo : Le Japon « sans voix » après la possible exécution d'un de ses otages aux mains de l'EIMort de José Artur, animateur de l'émission culte « Pop Club » L'homme de radio José Artur, animateur et producteur de l'émission culte « Pop Club » diffusée sur France Inter de 1965 à 2005, est mort samedi à l'âge de 87 ans.>> Lire : Mort de José Artur, animateur du « Pop Club »Sport : les Français éliminés à Melbourne, les Bleus qualifiés en handball Handball. La France a su compenser en défense ses lacunes offensives et a vaincu la Suède (27-25) lors de la cinquième et dernière journée du Mondial 2015 messieurs de handball, samedi à Doha. Certainement confortés par cette très difficile victoire, les champions d'Europe affronteront en confiance lundi en huitièmes l'Argentine, qui a créé une grosse surprise en sortant la Russie (30-27).Tennis. Dernier Français en lice à l'Open d'Australie, Gilles Simon a été éliminé au troisième tour samedi après sa défaite contre David Ferrer, 9e mondial. C'est la première fois depuis quatre ans qu'il n'y aura pas de Français en seconde semaine du tournoi australien. Ligue 1. Lyon a poursuivi sa superbe série samedi avec une septième victoire d'affilée en Ligue 1 en battant Metz 2-0, un succès terni par la blessure de Lacazette mais qui met la pression sur le Paris-SG. De son côté, Marseille avait confirmé vendredi ses difficultés actuelles, notamment à l'extérieur, avec une défaite 2-1 à Nice.Rugby. Toulouse, battu à Montpellier, n'est pas parvenu à se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe d'Europe, à l'occasion de la sixième et dernière journée de la phase de poules. De leur côté, Clermont,  Toulon et le Racing se sont imposés.Football. Un penalty de Zlatan Ibrahimovic a donné dimanche un court succès au Paris-Saint-Germain à Saint-Etienne, qui permet au club de la capitale de rester au contact du leader, Lyon, à l'issue de la 22e journée de Ligue 1. Luc Cédelle Une voix reconnaissable entre toutes, au timbre ironique et doux, vient de s’éteindre. Compagnon de générations d’auditeurs, homme de radio après avoir été comédien, José Artur, mort samedi 24 janvier, à l’âge de 87 ans, fut avant tout l’homme du « Pop Club », qu’il produisit et anima sur France Inter de 1965 à 2005. Une émission culte, diffusée en direct et en soirée tardive, cocktail de musiques et de dialogues dont il fut, écharpe blanche autour du cou, l’inlassable ordonnateur.Quarante ans durant, il reçut à son Micro de nuit (Stock, 1974) des milliers d’invités, souvent déjà célèbres, ou en passe de l’être, tant sa capacité de détection – des talents, des tendances, de l’air du temps… – était affûtée. La longévité du « Pop Club » n’est pas le fait d’un manque d’idées de son créateur, au contraire. Professionnel au large spectre, José Artur créa et anima parallèlement d’autres émissions de radio et collabora à différents programmes de télévision. Il était le père de la comédienne Sophie Artur et de l’animateur de radio et de télévision David Artur.Né le 20 mai 1927 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), José Artur est issu d’une famille d’origine bretonne et de tradition catholique, mère au foyer, père officier de marine puis sous-préfet. Dès l’âge de 12 ans il est en pension chez les frères maristes. Il poursuit ses études secondaires durant l’Occupation dans différents établissements catholiques, où il endosse le personnage de l’élève capable mais rétif à toute discipline.Auteur de plusieurs livres de souvenirs (notamment Parlo... 16.01.2015 à 19h32 • Mis à jour le16.01.2015 à 20h59 Deux jours après sa publication, la « une » du dernier Charlie Hebdo représentant Mahomet la larme à l'œil et tenant une pancarte « Je suis Charlie », continue de provoquer la colère dans le monde musulman. Plusieurs milliers de fidèles ont manifesté, vendredi 16 janvier, après la grande prière, à travers une dizaine de pays au d'Afrique et du Moyen-Orient.La couverture du journal satirique avait suscité dès sa sortie mercredi de nombreuses critiques de gouvernements ou instances musulmanes en Egypte, à Jérusalem ou encore au Sénégal. La Tunisie, le Maroc et l'Algérie n'ont pas autorisé la diffusion de l'hebdomadaire.Lire le décryptage : Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ?Quatre morts au Niger, un centre culturel français brûléLa manifestation contre Charlie Hebdo à Zinder, la deuxième ville du Niger, a viré en affrontements au cours desquels trois civils et un policier ont été tués, et environ 45 personnes, blessées. « Certains manifestants avaient des arcs et flèches, des gourdins, et ils en ont fait usage », a rapporté un policier à l'agence Reuters.Le centre culturel français de la ville a été incendié. Une cinquantaine de personnes ont « cassé la porte » d'entrée, puis « mis le feu » à la cafétéria, à la médiathèque et à des locaux administratifs, malgré des « tirs de sommation » de « deux policiers » présents pour protéger le complexe, a rapporté Kaoumi Bawa, le directeur du centre.2 500 manifestants dans la capitale jordanienneLe plus important rassemblement de ce vendredi a eu lieu à Amman, où 2 500 manifestants, membres des Frères musulmans et d'organisations de jeunesse, ont défilé sous haute surveillance et dans le calme, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire « l'atteinte au grand Prophète relève du terrorisme mondial ». Le roi Abdallah II, qui avait participé dimanche à la marche de Paris contre le « terrorisme », a depuis qualifié Charlie Hebdo d'« irresponsable et inconscient ».Manifestation palestinienne à Jérusalem-Est« L'islam est une religion de paix » et « Mahomet sera toujours notre guide », pouvait-on lire sur des banderoles. « Français, bande de lâches ! », ont scandé quelques centaines manifestants réunis sur le site sensible de l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée par Israël.Le grand mufti Mohammad Hussein, qui dirigeait la prière à laquelle environ 35 000 personnes ont pris part, n'a pas évoqué Charlie Hebdo dans son prêche. Il avait dénoncé mercredi comme une « insulte » aux musulmans la « une » de l'hebdomadaire et condamné « le terrorisme sous toutes ses formes ».Des milliers de personnes réunies à AlgerEntre 2 000 et 3 000 personnes, dont des femmes et des enfants, ont également manifesté à Alger à la suite d'appels sur les réseaux sociaux, relais d'une campagne de protestation lancée dès la publication de Charlie Hebdo mercredi. Les manifestants ont convergé de plusieurs mosquées de la ville vers la place du 1er-Mai et la place des Martyrs, le parcours habituel des manifestations à Alger, qui sont pourtant interdites depuis 2001.Lire le reportage : Manifestations à Alger contre « l'offense » faite au Prophète par « Charlie Hebdo »Plus d'un millier de manifestants à Dakar, le drapeau français brûléAu moins un millier de manifestants ont protesté à Dakar. Un drapeau français a été brûlé devant l'ambassade de France, dans le centre de la capitale sénégalaise. La police a lancé des bombes lacrymogènes pour disperser la foule, qui criait « Allah akbar ! ». « Au diable Charlie », « Ne touche pas à mon prophète », « La liberté de blasphémer tue la liberté d'expression », pouvait-on lire sur des banderoles et pancartes.Des manifestations dans cinq villes du PakistanA Karachi, des heurts violents entre policiers et manifestants ont fait des blessés, dont un grave. Un photojournaliste qui travaille pour l'Agence France-Presse a été atteint d'une balle dans un poumon, puis admis d'urgence dans un hôpital, où il a subi avec succès une intervention chirurgicale. Il serait « hors de danger dans l'immédiat », d'après l'hôpital. D'autres rassemblements avaient lieu à Islamabad, la capitale du pays, à Lahore, à Peshawar et à Multan, où un drapeau tricolore français a également été brûlé.Des centaines de musulmans rassemblés au SoudanA Khartoum, quelques centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la grande prière, dont certains ont scandé : « Expulsez l'ambassadeur de France, victoire au prophète de Dieu ! »  Sur une banderole on pouvait lire : « Le gouvernement français doit présenter des excuses… »Appel à des « manifestations pacifiques » au QatarAu Qatar, l'Union mondiale des oulémas, dirigée par le prédicateur Youssef Al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des « manifestations pacifiques » et a critiqué le « silence honteux » de la communauté internationale sur cette « insulte aux religions ». Les autorités du pays, qui avaient fermement dénoncé l'attentat contre Charlie Hebdo, ont « condamné la nouvelle publication de dessins offensants pour le prophète Mahomet », publication qui, selon elles, alimente « la haine et la colère ».Condamnation politique à BahreïnA Bahreïn, le ministère des affaire étrangères a condamné l'acte « honteux de republier des dessins insultant » le Prophète, soulignant qu'une telle attitude « créera[it] des circonstances favorables à la propagation de la haine et du terrorisme ». Abel Mestre Après la parution, vendredi 16 janvier, dans le tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda d'une interview choc, Jean-Marie Le Pen maintient auprès du Monde la quasi-totalité de ses propos publiés concernant la tuerie de Charlie Hebdo. Dans cet entretien, le président d’honneur du Front national commence par déclarer : « Je ne suis pas Charlie Hebdo. Ce journal anarchiste était l’ennemi direct de notre parti le Front national, et ses journalistes, il y a quelques années, rassemblaient des signatures pour une pétition exigeant notre interdiction. Et tous ces politiciens, qui sont sortis manifester, ce ne sont pas des Charlie, mais des charlots ! »Surtout la Komsomolskaïa Pravda, qui a attribué les attentats récents à Paris aux Américains, prête à Jean-Marie Le Pen les propos suivants :  « Ces passeports oubliés des frères Kouachi me rappellent le passeport d’un terroriste tombé de l’avion en feu le 11 septembre 2001, et préservé par miracle. New York était en flammes, mais le passeport est resté intact. Aujourd’hui, on nous dit que les terroristes sont des idiots, voilà pourquoi ils auraient laissé les documents dans la voiture. La fusillade à Charlie Hebdo ressemble à une opération des services secrets, mais nous n’avons pas de preuves. Je ne pense pas que les organisateurs de ce crime soient les autorités françaises, mais elles ont permis à ce crime d’être commis. Ce sont pour l’instant des suppositions. »« 15-20 millions » de musulmans en FranceInterrogé par Le Monde, visiblement gêné, M. Le Pen maintient qu’il juge « étonnant de trouver une carte d'identité avec des tueurs aussi organisés. C'est aussi étonnant que de trouver un passeport intact le 11 septembre. Je m'étonne simplement de cela et je crois que je ne suis pas le seul. » En revanche, le vieux leader frontiste se dit catégorique. Il ne se « souvient pas d'avoir parlé des services secrets ».Dans ce même entretien, M. Le Pen chiffre à « 15-20 millions » le nombre de musulmans vivant en France. Un chiffre tiré de publications d’Azouz Beggag, affirme-t-il au Monde. A la question : « Est-ce que Marine Le Pen vous a téléphoné pour vous remonter les bretelles ?  », il répond : « Personne ne me remonte les bretelles ! On ne me remonte pas les bretelles au Front national ! » Abel MestreJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.01.2015 à 17h20 | Eric Nunès « Tu voulais faire venir tout le monde à Pontoise, une idée qui ne vient pas à tous spontanément, mais tu as réussi », a salué dans un sourire Patrick Pelloux, urgentiste et rescapé de l'équipe de Charlie Hebdo lors d'un dernier hommage rendu, vendredi 16 janvier, à Stéphane Charbonnier, dit Charb, ancien directeur de la publication de l'hebdomadaire satirique, assassiné lors de l'attaque terroriste du 7 janvier.Hommes, femmes, enfants, ils sont nombreux à avoir bravé le froid et à s'être déplacés jusqu'à cette commune du Val-d'Oise pour lancer un au revoir ou lever le poing face au cercueil du défunt. La salle d'exposition Pontoise, perdue au cœur de la zone d'activité de la ville, n'a pas suffi à accueillir tous les amis et admirateurs du dessinateur. Plusieurs centaines ont suivi la cérémonie sur deux écrans géants plantés sur le parking. Parmi les personnalités politiques, Christiane Taubira, ministre de la justice, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation, et Fleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication.ENTRE RIRES ET LARMESC'est en musique, avec des chansons, des poèmes et quelques blagues que les proches et survivants du massacre se sont relayés au micro pour porter leur adieu, entre rires et larmes. Tristesse et envie de vivre, d'avancer, de continuer, mais tristesse quand même... C'est ce qu'a chanté sur la scène Bénabar avec « Le Fou Rire » : « Un fou rire à un enterrement, je m'en veux, je m'en veux vraiment, c'était nerveux sûrement, en tout cas, ce n'était pas le moment. (...) J'ai pleuré à ton enterrement, je n'avais pas le choix, tu n'étais plus là comme avant, pour rire avec moi. »Charb, lui, était plutôt rock. Les Dead Kennedys, groupe de punk des années 1978-80, ont donc été mis à contribution avec « Back in the USSR ». « C'était sa chanson préférée, il mettait ça dans son appartement et il cassait tout », lance Luz, dessinateur rescapé de la tuerie. Dans son hommage, l'auteur de la « une » du dernier Charlie Hebdo imagine les dessins que Charb aurait produits s'il n'avait été fauché par les balles des tueurs. « Cette semaine, tu aurais dessiné Nétanyahu et Abbas défilant ensemble. Mais dans ton dessin, tu ne les aurais pas dessinés en train de se tenir la main, mais en train de tenir la bite de Sarkozy, au milieu, tout sourire carnassier. Tu aurais dessiné une grosse gueule de Marine Le Pen avec un tout petit panneau 'Je suis Charlie' sous le nez. Tu aurais dessiné le pape, qui nous chie dans les bottes... »« L'esprit de Charlie Hebdo est vivant ! », a encore lancé Luz avant d'appeler tous ceux qui proclament aujourd'hui être Charlie à se mobiliser. « Prouvez-le ! Prenez vos crayons, vos papiers, un scan, un ordi, exprimez-vous... En texte, en dessin, en vidéo, que sais-je... », lance à la foule le dessinateur avant de citer les Dead Kennedys : « Too drunk to fuck, but too funny to die! » (« Trop bourré pour baiser, mais trop drôle pour mourir »).« HEUREUX DE T'AVOIR CONNU »L'humoriste François Morel est également venu saluer Charb : « Mieux vaut un dessin qu'un long discours, un crayon qu'une Kalachnikov. » L'ancien ministre communiste Jack Ralite a expliqué que Charb était « un urgentiste de la dignité. » « Tes doigts talentueux nous ont donné des dessins lucioles. Je ne suis pas seulement triste de t'avoir perdu. Je suis surtout heureux de t'avoir connu », a-t-il ajouté.Les larmes aux yeux, la gorge nouée par l'émotion d'une semaine folle, Patrick Pelloux conclut : « Chouchou, le silence fait un bruit assourdissant. Le vide est encombrant, l'absence est devenue ma compagne. » « Charb était dans ma vie ce que sont les éléments », a poursuivi le médecin et chroniqueur de Charlie Hebdo avant de saluer l'engagement de son ami, « le genre de type qui relève toujours le camarade tombé à terre. Dans les cordées difficiles, sur les chemins escarpés de la vie, il était de ceux qui vous faisaient tenir debout ».Puis, évoquant les assassins, celui qui fut le premier à porter secours aux victimes juste après le massacre commis au sein de la rédaction lance :« Ils voulaient nous coucher, ils nous ont remis debout ! »La cérémonie se termine sur la chanson « Dirty Old Town » du groupe The Pogues. Luz tente un sourire avant le dernier départ de son ami. Sa bouche se crispe, il se prend la tête dans les mains et pleure. Patrick Pelloux lance un dernier message: « Charb, réponds-moi un jour... Juste une dernière fois. »Eric NunèsJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Jointes par Le Monde, les messageries lyonnaises de presse (MLP) chargées de sa distribution précisent les chiffres de vente du numéro historique de Charlie Hebdo paru le mercredi 14 janvier, suscitant une ruée inédite dans les kiosques. Le journal a vendu 1,9 million d’exemplaires les deux premiers jours, calculent les MLP. Le tirage annoncé est de 5 millions d’exemplaires mais la vente s’étalera sur plusieurs semaines.Ainsi, mercredi, environ 700 000 exemplaires ont été mis en place dans les kiosques, sur les presque un million distribués par les messageries aux dépôts. Les MLP ont constaté, par sondages téléphoniques, une rupture de stock nationale vers 10 h 30.55 000 commandes en AllemagneJeudi, environ 900 000 exemplaires supplémentaires ont été mis en place (sur 1 million distribué au total) mais le réseau a été également écoulé les 300 000 restants de la veille, notent les MLP, qui ont constaté une rupture de stock vers 11 h 30.Vendredi, 1 million d’exemplaires ont à nouveau été mis en place, selon les messageries, qui à midi n’avaient toutefois pas encore constaté d’épuisement des stocks nationaux.A l’étranger, les premiers exemplaires (« quelques dizaines de milliers », selon MLP) ont été distribués jeudi. Les messageries ont enregistré 150 000 exemplaires commandés et estiment que les ventes finales s’élèveront à 300 000 pour le monde entier. L’Allemagne semble le pays le plus concerné, avec 55 000 commandes à elle seule.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 10h52 • Mis à jour le16.01.2015 à 15h26 Le cercueil de Stéphane Charbonnier, dit Charb, tué dans l'attaque contre Charlie Hebdo, est arrivé vendredi 16 janvier sous les applaudissements à Pontoise, dans le Val-d'Oise, où des centaines de proches et d'anonymes se sont rassemblés pour un dernier hommage avant son inhumation.Lire le portrait : Charb, le rire d'abordLe dessinateur Luz s'est adressé à Charb, « mon ami, mon frère, mon rédacteur en chef, mon compagnon de beuverie ».« Charb, le nombre de dessins que tu aurais pu faire cette semaine ! Si tu avais vu ça, tu en aurais dessiné des conneries, tu en aurais usé des stylos, tu en aurais rempli du papier. »« Et si tu avais été là au bouclage dernier, tu aurais surtout dessiné à l'adresse de ces millions de gens un petit bonhomme avec un gros nez tenant une pancarte avec marqué  ''Je suis Charlie''. En dessous, tu aurais marqué  ''prouvez-le'' . Prenez vos crayons, du papier, un scan, un ordinateur et exprimez-vous. L'esprit de ''Charlie Hebdo'' est vivant et j'espère (...) que des milliers de ''Charlie Hebdo'' vont surgir des lycées, des facs, des imprimeries. » « CHARLIE VIVRA ! »« Tu pensais faire un scandale national s'ils te tuaient. Tu t'es trompé, c'était un scandale mondial », a quant à lui déclaré Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie Hebdo, ému aux larmes.Outre la famille de Stéphane Charbonnier et les survivants de l'hebdomadaire, plusieurs ministres dont Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem et Fleur Pellerin, ou encore les dirigeants du Parti communiste, Pierre Laurent, et l'ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, assistaient à cette cérémonie.« Charlie vivra ! (...) La troupe des têtes dures qui pleure aujourd'hui son héros a le cœur gonflé d'orgueil en pensant » à Charb, a déclaré Jean-Luc Mélenchon lors de la cérémonie. « Ci-gît l'un des premiers dessinateurs de l'histoire mort pour ce qu'il représentait », a-t-il ajouté.Dehors, des centaines d'anonymes avaient fait le déplacement pour suivre la cérémonie sur écran géant. Il doit être inhumé dans la stricte intimité, au cimetière de Pontoise, après la cérémonie.Notre journaliste Eric Nunès était sur place :Tweets de @NunesEric!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); 15.01.2015 à 17h27 • Mis à jour le15.01.2015 à 18h57 | Alexandre Piquard  Quand on s’intéresse au rôle des médias dans des scènes d’attentats, une référence émerge rapidement : la prise d’otages du vol Alger-Paris, en 1994. Le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) avait pénétré dans l’Airbus, posé sur l’aéroport de Marseille Marignane (aujourd’hui Marseille Provence), et neutralisé les terroristes islamistes. A l’époque, les images de l’assaut, filmé par la jeune chaîne d’information LCI, avaient frappé les esprits.« Je vois encore le policier qui s’accroche à la porte de l’avion pour l’ouvrir, puis le copilote qui saute par la fenêtre », se rappelle un des nombreux téléspectateurs qui suivait le drame, installé en Algérie et âgé de neuf ans à l’époque.Le souvenir de 1994 est notamment évoqué par Thierry Thuillier, qui était alors journaliste pour LCI. L’actuel directeur de l’information de France Télévisions en parle quand on l’interroge sur le rôle des médias dans les attaques meurtrières survenues en France, après celle qui a visé Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier. Télévisions, radios et sites sont accusés d’avoir gêné le travail de la police à Dammartin-en-Goële et porte de Vincennes, d’avoir mis en danger la vie d’otages cachés, d’avoir été indécents en diffusant des propos de djihadistes ou imprudents en entrant en contact avec eux…Lire aussi : Attentats à Paris : 4 questions sur une couverture hors-norme« Le scoop de LCI a renforcé dans les forces de l’ordre l’idée qu’il fallait isoler les scènes d’assaut des journalistes, en créant un périmètre de sécurité et en éloignant les médias », explique un connaisseur des forces de police. 1994-2015 : un parallèle qui a ses limitesPourtant, la « séquence » médiatique et terroriste de 2015 est différente de celle de 1994, se dit-on d’emblée : à l’époque, les terroristes retranchés dans l’avion ne pouvaient pas regarder la télévision, comme l’a fait Amedy Coulibaly, sur un ordinateur, dans le supermarché casher où il retenait ses otages.De plus, souligne Thierry Thuillier, « en 1994, il n’y avait pas eu le même débat sur rôle des médias ». « Le monde a changé et il y a des choses qu’on acceptait de voir qu’on questionne davantage aujourd’hui », ajoute-t-il, insistant sur la multiplication des réseaux sociaux et des médias audiovisuels, en télévision ou sur le Web. A l’époque, un responsable du ministère de l’intérieur avait estimé à chaud que les médias avaient plutôt « joué le jeu ».Pourtant, le traitement médiatique a posé question en 1994 et des parallèles existent.Des images qui ont « gêné » les forces de l’ordreA l’époque, LCI, filiale de TF1 créée depuis six mois environ, vit son « baptême du feu », rappelle Le Monde du 28 décembre 1994. Les 25 et 26 décembre, elle filme pendant des heures, en direct, à l’aéroport de Marseille, l’attente autour de l’avion qui s’y est posé après un épisode sanglant à Alger : 63 passagers sur 173 ont été libérés, mais trois personnes ont aussi été exécutées. Les forces de l’ordre soupçonnent les quatre preneurs d’otages de vouloir ensuite aller à Paris et faire sauter l’avion.« Les médias nous ont concrètement gênés, avant, pendant et après l’opération », accusera Denis Favier, le commandant du GIGN de l’époque (aujourd’hui directeur général de la gendarmerie nationale), s’exprimant « à titre personnel » dans la Revue de la gendarmerie nationale, citée par le journaliste Jean-Dominique Merchet dans un article de 1998, publié par Libération.LCI a les meilleures images : la chaîne a deux caméras sur place, dont une dans un bâtiment de l’aéroport, à 150 mètres de l’avion, où un journaliste s’est introduit. Les images sont lumineuses alors qu’il est tard, car la caméra est « électronique ». En 2015, porte de Vincennes, des médias ont été délogés des immeubles en face de l’Hyper Cacher, et ont été éloignés à Dammartin-en-Goële.Des terroristes informés grâce à la radio ?En 1994, on retrouve en fait l’inquiétude que les preneurs d’otages s’informent sur le dispositif policier grâce aux médias… radio. « Les journalistes de radio regardaient les images de la télévision et les commentaient, dit un responsable du ministère de l’intérieur au Monde à l’époque. Or un œil avisé pouvait parfaitement repérer des silhouettes en mouvement autour de l’appareil. Si les terroristes avaient eu un transistor, ils auraient pu être informés en direct. » En début d’après-midi, LCI montre des hommes rampant vers l’avion et dans la foulée, les terroristes décident de bouger l’avion à un autre emplacement, raconte Libération. « On ne sait pas comment ils ont été informés », dit la source du Monde.Une conversation des preneurs d’otages interceptéeUn document rappelle 2015, quand RTL et BFM-TV ont diffusé des compte rendus de conversations enregistrées avec les terroristes ou à leur insu : en 1994, un dialogue entre les pirates de l’air et la tour de contrôle a été « scannérisé » par des journalistes de la radio RMC, et diffusé après-coup, raconte Le Monde.Les images du célèbre assaut final seront, elles aussi, diffusées en léger différé – environ 25 minutes après les faits – même si à l’époque elles semblaient avoir été passées en direct, tant l’information en continu était moins répandue. Mais contrairement au cas de 2015, à porte de Vincennes, il ne s’agissait pas pour LCI de suivre une consigne donnée par les forces de l’ordre : son cameraman le mieux placé a raconté à Libération avoir dû « apporter la cassette au camion » qui était lui relié au satellite pour la diffusion… d’où les 25 minutes de décalage.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.12.2014 à 08h27 • Mis à jour le27.12.2014 à 13h26 Le bureau de Radio Free Europe en Azerbaïdjan a été perquisitionné, vendredi 26 décembre, par les forces de l'ordre de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud. Le parquet général d'Azerbaïdjan, accompagné de « policiers armés », a perquisitionné les locaux de cette radio financée par les Etats-Unis, « faisant valoir qu'il y avait une décision du tribunal de fermer le bureau », a déclaré M. Aliev. Le parquet n'a toutefois pas précisé s'il s'agissait d'une fermeture temporaire ou définitive, selon la même source.Un haut responsable du département d'Etat américain a déploré cette perquisition et la séquestration d'employés de cette radio créée sous la guerre froide et toujours financée par les Etats-Unis. Dans un communiqué, RFE/RL explique que la police agissait en vertu d'un mandat de la justice qui enquête sur le financement d'organisations non gouvernementales par l'étranger. Nenad Pejic, un des deux dirigeants de RFE/RL a fustigé une violation flagrante de tous les engagements internationaux que l'Azerbaïdjan a pris devant la communauté internationale.L'organisation Reporters sans frontières a dénoncé « un nouveau coup porté à ce qui reste d'information indépendante dans le pays », dans un communiqué. Radio Azadliq, le service azerbaïdjanais de Radio Free Europe/Radio Liberty, « est la dernière victime en date de la campagne d'éradication du pluralisme menée par les autorités azerbaïdjanaises », ajoute RSF.La perquisition intervient après l'arrestation en Azerbaïdjan début décembre d'une célèbre journaliste d'investigation de Radio Free Europe, Khadija Ismayilova, qui a été placée en détention provisoire pour deux mois. L'ONG Amnesty International avait condamné son arrestation comme « une nouvelle initiative visant à museler les médias indépendants dans le pays ».LES ONG VISÉES PAR LE RÉGIMEPour sa part, Ramiz Mehdiev, le chef de l'administration du président Ilham Aliev, avait accusé de « trahison » les journalistes de la radio, en les qualifiant de « cinquième colonne » travaillant pour les services spéciaux étrangers, dans un communiqué publié en décembre.Ces derniers mois, plusieurs organisations financées de l'étranger ont fait l'objet de perquisitions similaires et ont été fermées.Les organisations de défense des droits de l'homme accusent régulièrement le régime du président Aliev d'atteintes à la liberté d'expression et de faire emprisonner des opposants dans ce pays riche en hydrocarbures situé sur les bords de la mer Caspienne.L'Azerbaïdjan se classe 160e sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi cette année par RSF. 24.12.2014 à 16h41 • Mis à jour le24.12.2014 à 17h10 Davantage qu'une publication de photographies volées, le magazine Closer avait révélé au grand jour l'homosexualité de Florian Philippot. Poursuivi pour un article montrant des clichés du vice-président du Front national avec un homme présenté comme son compagnon, Closer a été condamné, mercredi 24 décembre, à 20 000 euros de dommages et intérêts pour « atteinte à la vie privée ».Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a également condamné l'hebdomadaire à publier la décision en couverture du journal et à verser 3 500 euros à l'élu frontiste au titre des frais de justice.Dans son ordonnance, le magistrat souligne que :« Même si le magazine indique que M. Philippot est l'homme le plus invité des matinales radio et télé après la patronne du FN, il est constant que sa vie privée n'était nullement notoire et que le demandeur n'a jamais entendu la révéler publiquement. »Le juge constate également que « l'étendue de la divulgation et l'importance du lectorat » de ce magazine sont de nature à accroître le préjudice compte tenu également « de la place très importante accordée au sujet » dans le journal avec « un haut de couverture et quatre pages intérieures ».« PHÉNOMÈNE DE HARCÈLEMENT »Il note enfin que M. Philippot et son ami « ont été photographiés avec un téléobjectif ». Cela, explique le juge, « démontre une surveillance préjudiciable de leurs activités de loisirs, alors qu'ils pouvaient se croire à l'abri des regards indiscrets étant partis à l'étranger », ce qui, dit-il « participe à un phénomène de harcèlement ». « En conséquence, l'obligation de la société Mondadori Magazine France de verser la somme provisionnelle de 20 000 euros n'est pas sérieusement contestable en raison du préjudice moral subi par M. Philippot. »Lire aussi : L'ami de Philippot répond à « Closer » 23.12.2014 à 17h48 • Mis à jour le23.12.2014 à 17h51 |Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant) La polémique autour d’Eric Zemmour et de ses idées a gagné la Belgique après une demande formulée auprès du bourgmestre (maire) de Bruxelles par une élue municipale du parti Ecolo-Groen. Zoubida Jellab réclame une mesure d’interdiction à l’encontre du journaliste et auteur, qui doit venir y dédicacer, le 6 janvier, son livre Le Suicide français. Il devrait également participer à deux débats-conférences, l’un dans un cercle privé d’Uccle, dans la banlieue de la ville, l’autre devant un parterre de patrons, à Liège.« C’est un non-événement pour ma librairie, qui reçoit jusqu’à trois auteurs par jour », commente pour Le Monde Marc Filipson, le patron de la librairie Filigranes, où doit être reçu M. Zemmour. Celui-ci est déjà venu y rencontrer des lecteurs de ses précédents ouvrages. « C’est un provocateur, il fait bouger les foules et il n’est pas négationniste, ce qui serait, pour moi, l’une des raisons de ne pas le recevoir », poursuit le libraire.Affirmant « se tenir à l’écart de la religion et de la politique », M. Filipson souligne que, dans ses rayons, il a placé à côté de l’ouvrage du journaliste d’autres livres, dont ceux de l’historien Robert Paxton, sur la politique antisémite du régime de Vichy.« Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant »Yvan Mayeur, le maire PS de Bruxelles, manifeste son désaccord avec les thèses du livre de M. Zemmour, souligne que c’est à la librairie de décider « s’il est bien » de l’inviter, mais affirme que la visite de ce dernier ne le concernerait que si elle devait entraîner des incidents. Une décision ne serait dès lors prise qu’en dernière minute, mais, en tout état de cause, un tel événement ne pourrait être interdit qu’en cas de menace pour l’ordre public.A Liège, André Van Hecke, l’administrateur-délégué du Cercle de Wallonie, un club de patrons qui reçoit une ou deux fois par mois des auteurs et des personnalités, évoque « la véritable erreur » que constituerait, selon lui, une interdiction visant l’ex-chroniqueur d’I-Télé. « Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant. Nos membres sont heureusement curieux et s’ils ne sont pas d’accord, qu’ils viennent le dire », ajoute le patron du Cercle, qui conclut : « Zemmour a au moins raison de dire que notre société est crispée, car cette polémique le confirme. »Mme Jellab défend fermement, quant à elle, sa demande d’interdiction. Le discours du journaliste français est, dit-elle, « dangereux, toxique et peut, en temps de crise, engendrer de la souffrance et de la violence ». L’élue écologiste affirme au Monde avoir voulu placer les autorités municipales devant leurs responsabilités, elles qui ont déjà interdit un spectacle de Dieudonné et, récemment, la visite d’un prêcheur radical koweïtien lors d’une « foire musulmane ». « J’ai approuvé ces décisions et je demande à M. Mayeur de faire preuve de cohérence. Je réclame aussi que l’on n’établisse pas de hiérarchie dans les discours haineux et que l’on condamne de la même manière ceux qui visent les juifs et les musulmans », poursuit l’élue.« La parole que l’on veut libérer »Professeur de philosophie à l’université de Liège, Edouard Delruelle rejette également l’idée que le débat porterait sur le respect de la liberté d’expression. « La parole que l’on veut libérer, c’est toujours la parole d’extrême droite, la parole raciste, explique-t-il au journal Le Soir. Le verrou que l’on veut faire sauter c’est celui du politiquement correct, pour brouiller la différence entre droite et ultradroite. »Les débats sur les thèses du Suicide français paraissent, en tout cas, beaucoup intéresser les Belges — à moins que ce ne soient les nombreux Français installés dans la commune d’Uccle — puisqu’une autre salle, celle du B19 Country Club, un lieu où se rencontrent patrons et membres de la jet-set bruxelloise, devrait être comble le 6 janvier. Le maire libéral de la municipalité, Armand De Decker, s’étonne qu’on puisse envisager d’interdire la venue d’une personnalité comme M. Zemmour alors que Daniel Cohn-Bendit ou Jean-François Kahn déplorent qu’il soit frappé d’anathème.En Belgique, le journaliste écrivain dispose de quelques soutiens très marqués à droite, dont celui d’une formation populiste et anti-islam, le Parti populaire, qui a lancé une pétition en faveur de la venue de M. Zemmour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.12.2014 à 20h51 • Mis à jour le21.12.2014 à 11h57 |Alexandre Piquard L’émission « Ça se dispute » n’a pas été diffusée vendredi 19 décembre, et elle ne reprendra pas. La décision a été prise par la direction d’i-Télé, au terme d’une semaine de polémique à propos de l’interview donnée au journal italien Corriere della Sera dans laquelle Eric Zemmour critique les musulmans. Le chroniqueur intervenait dans cette émission hebdomadaire de débat depuis une dizaine d’années, et donnait la réplique au journaliste Nicolas Domenach.« Nous avons perçu du trouble et de la colère autour des propos d’Eric Zemmour, mais nous n’avons pas voulu agir dans la précipitation, pour qu’on ne puisse pas dire que nous avons été manipulés ou instrumentalisés », a expliqué au Monde la directrice de la rédaction, Céline Pigalle. Ces derniers jours, la société des journalistes d’i-Télé a relayé en interne l’indignation de membres de la rédaction, demandant à la direction de s’exprimer. L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, l’eut épinglé sur son blog dans une note du 15 décembre intitulée « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! » Mais le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Sur RTL, jeudi, Eric Zemmour a donc dénoncé une « manipulation fantastique ». « Nous avons vu le journaliste du Corriere della Sera, puis nous avons sollicité et filmé un entretien avec Eric Zemmour, pour qu’il puisse exposer ses arguments. Mais les réponses qu’il a apportées n’ont pas dissipé le trouble », raconte Mme Pigalle. L’entretien, un temps prévu pour être diffusé vendredi soir à la place de « Ça se dispute », ne le sera pas, par souci de « cohérence ».« Nous sommes très soucieux de respecter la liberté d’expression. Et nous avons défendu celle d’Eric [Zemmour] pendant plus de dix ans, pour que ses idées soient prises en compte, contredites et débattues. Mais aujourd’hui, on a l’impression que c’est lui qui fixe les règles et de quoi on parle. On a de moins en moins le sentiment qu’on peut débattre. Le dialogue est devenu de plus en plus difficile, voire impossible. On a l’impression qu’il se parle à lui-même et à son public », explique Céline Pigalle, rappelant que « Ça se dispute » était une émission de débat. Le FN dénonce une « censure »La chaîne est consciente du risque de donner à M. Zemmour l’occasion de se poser en victime ou comme frappé par la censure. « On a tout fait pour aller jusqu’au bout, en écoutant Eric, mais là, on était au bout », explique Mme Pigalle, selon qui i-Télé doit être la « chaîne du monde ouvert ». « On prend nos responsabilités. »Eric Zemmour peut compter sur le soutien des élus du Front national. Sitôt l’annonce de l’annulation de l’émission du polémiste par i-Télé, la présidente du parti, Marine Le Pen, a dénoncé sur Twitter une « censure » tandis que Louis Aliot « ray[ait] i-Télé de [s]es sources d’information » en raison de cette « atteinte au pluralisme des idées ».La censure de #Zemmour par @itele est détestable ! #CanalMoins MLP— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 19 Décembre 2014Après l'éviction de Zemmour, je raye ITÉLÉ dés a présent de mes sources d'information. J'invite les démocrates à en faire de même !— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014Je viens d'annuler ma participation à la matinale de iTELE le 7 janvier 2015. La censure de Zemmour est une atteinte au pluralisme des idées— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014L'ancien député européen Daniel Cohn-Bendit, également chroniqueur sur Europe 1, a de son côté défendu samedi la présence d'Eric Zemmour « dans l'espace public » : « Comme je défends la proportionnelle et le droit du FN à être représenté à l'Assemblée nationale, je me dois de défendre la présence de Zemmour dans l'espace public, que cela me fasse mal ou pas », a-t-il déclaré à l'AFP, « au nom de la liberté et de la diversité dans les médias ».Après avoir été écarté d’i-Télé, l’avenir du polémiste semble aussi très incertain sur RTL, où il est à l’antenne deux fois par semaine. Mercredi 17 décembre, la Société des journalistes (SDJ) de la station s’est « désolidarisée » d’Eric Zemmour. La SDJ signale que « ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre-ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».Le polémiste entretient des rapports compliqués avec RTL. Déjà, à la rentrée 2012, la station avait choisi de raréfier sa présence à l’antenne. La chronique quotidienne « Z comme Zemmour » avait été supprimée au profit d’interventions hebdomadaires. Interrogé par le magazine Le Point en juin 2012, Christopher Baldelli, PDG de la station de la rue Bayard, avait tenu à préciser, prudent : « Eric Zemmour exprime son point de vue et non la ligne éditoriale de la station. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guillaume Fraissard M6 fait le ménage. A partir du 1er janvier, l’« ex-petite chaîne qui monte » va confier la direction générale de ses programmes à Frédéric de Vincelles, 45 ans, en remplacement de Bibiane Godefroid.Arrivée sur M6 en 2007, après avoir occupé différents postes sur France 2, Canal+ et au sein des sociétés de productions Freemantle et Air productions, Mme Godefroid prendra la direction générale des productions du groupe (C-productions et Studio 89).Bonne connaisseuse des formats étrangers et de leur adaptation en France, Bibiane Godefroid a fait surfer M6 sur la vague de la « feel good » avec de nombreux programmes de coaching ou d’émissions culinaires (« Maison à vendre », « Cauchemar en cuisine », « Un dîner presque parfait »…). Souvent avec succès.Mais la concurrence des chaînes de la TNT, dont certaines se sont très ouvertement inspirées du modèle M6, a grippé la belle mécanique. Et précipité le remplacement de Mme Godefroid. L’échec le plus patent est celui de « Rising star », programme phare de la rentrée de septembre 2014, et déprogrammé faute d’audience après quelques numéros seulement.Plus bas niveau d’audienceA l’été 2013, « Un air de star », autre programme inédit de la chaîne, avait également connu une désaffection du public tandis que certaines valeurs sûres, telles « Pekin express » ou « 100 % Mag (déprogrammé ont vu leur pouvoir de séduction s’émousser cette saison. A l’image d’une chaîne qui en avril avait atteint son plus bas niveau d’audience depuis 1992 avec seulement 9,5 % de part d’audience. En novembre, la chaîne a retrouvé un peu de lustre avec 10,8 % de part d’audience selon Médiamétrie.« Rising star » n’est pas un accident industriel » avait affirmé en octobre au Monde, Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, alors que l’émission avait perdu plus de 1,6 million de téléspectateurs en trois semaines. Et d’ajouter : « On aurait dû mettre l’émission sur W9 ».« Rising Star », le mur s’effriteL’émission n’est pas arrivée sur la « petite » chaîne du groupe M6 mais l’ex-directeur de W9 vient lui, de prendre la tête des programmes du vaisseau amiral. Pur produit maison, Frédéric de Vincelles est en effet passé par Fun TV, TF6 et série Club, avant de diriger la première chaîne du groupe lancée sur la TNT en 2005. Un poste qu’il a occupé de 2006 jusqu’à son arrivée à la direction adjointe des programmes de M6 en août 2014.La chaîne annonce par ailleurs le départ de Jérôme Bureau, président de la chaîne Paris Première et directeur de l’Information de M6. il sera remplacé par Stéphane Gendarme, directeur de la rédaction de la chaîne.La trésorerie de M6 reste dans le pré Guillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard L’avenir d’Eric Zemmour semble de plus en plus compromis : à la suite de l’interview au Corriere della sera dans laquelle le chroniqueur de la chaîne d’information en continu critique les musulmans, la société des journalistes (SDJ) a demandé que la direction s’exprime devant la rédaction, vendredi matin. La directrice de la rédaction Céline Pigalle a expliqué qu’elle avait déprogrammé « Ça se dispute », le rendez-vous hebdomadaire prévu à diffuser le soir, dans lequel M. Zemmour est opposé au journaliste Nicolas Domenach. Et veut le remplacer par un entretien dans lequel le chroniqueur de longue date de la chaîne puisse s’expliquer sur le fond de ses propos polémiques. Elle a ajouté qu’elle aviserait après des éventuelles suites à donner.Un entretien enregistréOr, dans l’entretien, enregistré à l’avance et mené par le journaliste Olivier Galzi, Eric Zemmour semble tenir des propos encore plus polémiques, selon une source proche du dossier. En parallèle, la SDJ, très impliquée dans cette affaire, envisage de prendre position publiquement vendredi après-midi, ce qu’elle s’était refusée à faire jusqu’ici.« Quand on lit les propos d’Eric Zemmour dans son entretien au Corriere della Sera, on ne peut pas se sentir solidaire », explique un membre de la société des journalistes (SDJ) d’Itélé. Lundi 15 décembre, quand a circulé l’interview au quotidien italien, la SDJ a préféré « prendre le temps » de débattre avec les journalistes, notamment de l’éventualité de demander son départ. « Nous attendons une prise de parole forte de la direction devant la rédaction », expliquait ce journaliste.De son côté, la SDJ de RTL, autre média où travaille Eric Zemmour, a été la première à réagir officiellement à ses propos. Dans un communiqué diffusé mercredi 17, elle estime que « les prises de position d’Eric Zemmour, récurrentes à l’antenne et hors antenne, ternissent les valeurs de vivre ensemble qui ont toujours été défendues par RTL ».« Discussions dans les couloirs » au « Figaro »L’entretien d’Eric Zemmour au quotidien italien, paru le 30 octobre, a fait polémique en France après que le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon l’a épinglé sur son blog dans un post du 15 décembre intitulé « Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir ! ».Le chroniqueur-journaliste-auteur-idéologue n’y prononce pas lui-même le mot de « déportation », comme l’a plus tard expliqué à Figaro Vox le journaliste qui a réalisé l’entretien. Mais M. Zemmour affirme notamment : « Les musulmans ont leur code civil, c’est le Coran. » Ou encore : « Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. »Au Figaro, où l’auteur du livre Le Suicide français (Albin Michel, 544 pages, 22,90 euros) collabore au Figaro magazine notamment, « il y a eu des protestations et des discussions dans les couloirs » mais pas de réaction « à chaud », raconte un rédacteur.Suite à cet entretien, trois associations antiracistes ont annoncé des dépôts de plaintes. Mercredi, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a publié une lettre, cosignée par d’autres associations et des personnalités, demandant au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de « faire cesser la diffusion de la haine d’Eric Zemmour ». Le CSA a répondu qu’il veillait en cas de propos litigieux. Il est intervenu quatre fois depuis 2010 pour des propos d’Eric Zemmour, la dernière fois en juin pour « mettre en garde fermement » RTL. En 2011, ce dernier a été condamné pour provocation à la haine raciale.Jeudi matin, Eric Zemmour, interviewé par Yves Calvi sur RTL, a dénoncé une « manipulation fantastique ». A la question de savoir s’il souhaitait le départ des musulmans de France, il a répondu : « Je ne souhaite ni ne demande rien du tout… C’est ridicule… Il y a des citoyens français, on ne va pas faire partir des citoyens français. Il y a des étrangers, un état a le droit de dire aux étrangers : “Bon maintenant vous rentrez chez vous.” » Tout en disant craindre une « libanisation de la France avec en perspective une guerre civile ».« Il joue la victimisation»Pour les journalistes des médias dans lesquels collabore Eric Zemmour, le contenu de l’entretien au Corriere della Sera le débat sur son travail n’est pas nouveau. « Nous avons déjà protesté plusieurs fois auprès de la direction mais nous n’avions jamais communiqué à l’extérieur, explique Anne Le Hénaff, présidente de la société des rédactions de RTL. Cette fois-ci, on a senti quelque chose monter dans la rédaction. Cela a été la goutte d’eau… ». « C’est l’énième épisode. A chaque fois, la direction ne tient pas compte de nos protestations. Mais l’image de notre station en prend un coup », déplore un journaliste de RTL.Une question a particulièrement occupé les collègues d’Eric Zemmour à i-Télé, RTL ou au Figaro : le risque de le placer en victime. En 2010, alors qu’il était menacé de sanction au Figaro, des soutiens étaient venus protester. « Zemmour joue de la victimisation en permanence, estime une journaliste de RTL. Mais on ne pas non plus tout accepter au nom de ce principe. »Un « intellectuel», « de moins en moins journaliste »La radio a choisi de ne rien demander de précis. La direction de RTL, justifie la chronique accordée à Eric Zemmour par sa volonté de ne pas apparaître conformiste, de donner le signe que RTL n’appartient pas au système médiatique et politique et que la radio reste proche des gens, en donnant la parole à des gens considérés comme politiquement incorrects. C’est ainsi que se définit l’intéressé, bien qu’il ait un large accès aux grands médias.Contactée, la direction de RTL n’a pas souhaité commenter. « Zemmour est un intellectuel, sûrement pas un homme politique et de moins en moins un journaliste », a expliqué Christopher Baldelli le patron de RTL, fin novembre sur France 5, rappelant qu’Eric Zemmour intervenait avec d’autres chroniqueurs à 8 h 10, dans « On n’est pas forcément d’accord ». Un glissement de statut qui voudrait, selon plusieurs journalistes, que les médias adaptent la place qu’ils lui donnent.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard « Ces dernières années, la gestion de Patrick Drahi dans le secteur des médias et celle de Marc Laufer se sont caractérisées par une politique low cost doublée de plans de départs massifs (Libération, La Tribune) », s’inquiètent les rédactions de L’Express et de L’Expansion, dans un communiqué publié mercredi 17 janvier, après une assemblée générale. Les deux hommes d’affaires font partie des acheteurs potentiels de L’Express et L’Expansion, propriétés du groupe belge Roularta.Lire : Vivendi et « Le Figaro » allié à Patrick Drahi pour racheter « L’Express »Les rédactions « expriment leurs plus vives préoccupations quant aux négociations en cours » pour un éventuel rachat.L'offre de Patrick Drahi et de Marc Laufer, alliés au Figaro, ne garantit pas les principes « d'indépendance et de qualité de l'information ». « Un tel rachat se traduirait par un démantèlement du groupe aux conséquences sociales lourdes », ajoutent les journalistes.Le communiqué peut apparaître comme un tir de barrage de la rédaction contre l’un des acheteurs potentiels du groupe Express-Roularta. Qui pourrait indirectement bénéficier à l’autre piste sérieuse de repreneur du moment, le groupe Vivendi de Vincent Bolloré. Ou à un autre acheteur.Lire le portrait : Patrick Drahi, discret magnat du câbleAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Margherita Nasi « Elle a de belle petites oreilles », relève le médecin à la naissance de Jeanne Bordeau ! On ne pouvait pas lui faire de plus beau compliment ! Pour celle qui a fait du langage une profession, l’écoute est une qualité fondamentale : « si je devais avoir un prénom totem, comme les indiens, ce serait grandes oreilles ». C’est d’ailleurs ce qui fait qu’elle n’a pas vraiment l’impression d’avoir changé de voie, alors qu’elle cumule les professions, en commençant par la critique littéraire, puis chef d'entreprise, mais aussi directrice d’une maison d’édition et enseignante.Tout juste rentrée des Etats-Unis, où elle a fait des études de littérature et de storytelling (mise en récit), Jeanne Bordeau passe souvent au Figaro, pour rejoindre des amis qui y travaillent. Un journaliste se demande qui est cette fille “toujours debout dans le couloir en train de lire”, et lui propose de faire des critiques de livre en 1981. Elle sera pigiste pendant cinq ans. Mais pas seulement.Reconversion professionnelle: Jean-Michel Lecuyer, de Polytechnique à l’économie socialeElle fréquente des hommes d’affaires qu’elle accompagne sur des parcours atypiques, comme Michel Anselme, un entrepreneur qui passe un doctorat de philosophie et anthropologie. Elle aide des auteurs dans la relecture de leurs ouvrages. Puis finit par se lasser de la critique littéraire : “on ne faisait plus d’analyse approfondie comme pendant la première moitié du siècle. Les journaux n’y consacraient plus beaucoup de place”.Elle quitte le journalisme pour diriger une maison d’édition européenne – Evénements Média - qui crée des magazines sur des événements institutionnels, comme le bicentenaire de Mozart.Malgré son penchant pour la littérature, cette fille d’entrepreneur - son père a développé l’entreprise de rillettes Bordeau-Chesnel - a toujours été fascinée par la sphère économique. « Mon admiration va d’abord aux chefs d’entreprise. Parce qu’ils s’engagent et se mettent en risque ».En 1991, elle franchit le pas et lance sa structure, Talents et Compagnie, une agence de communication qui valorise le langage en entreprise. « L’école américaine est profondément ancrée en moi : si un projet est valable, il doit se mettre face à un marché ».Sollers, Nothomb...Et le marché semble porteur : en 1998, Jeanne Bordeau reçoit le Mot d'Or de l'AFPA (Actions pour promouvoir le français des affaires) pour son travail auprès de Legrand. Pour le leader mondial des produits et systèmes pour installations électriques, elle fait travailler sept écrivains de renom, de Philippe Sollers à Amélie Nothomb en passant par Marc Lambron et Yann Queffélec, qui célèbrent le changements apportés par l’électricité. « Convaincre ces écrivains n’a pas été facile : la France manque de respect pour ces combattants que sont les entrepreneurs. J’aime décloisonner et mêler les univers ».En 2004, Talents et Compagnie est scindé en deux structures : l’Institut de la qualité de l'expression, bureau de style en langage, et Press’Publica, agence de communication en influence. Jeanne Bordeau dépose plusieurs méthodes, comme l’« oraloscope », un outil d’expression permettant de diagnostiquer les atouts et faiblesses de l’expression des dirigeants et collaborateurs, ou encore la « charte sémantique », pour fonder l’identité du langage de l’entreprise. Elle crée une école de rhétorique en ligne pour les managers.Avec le développement d’Internet, le langage ne fait que prendre plus de place en entreprise. Jeanne Bordeau décide de mettre un terme à ses activités de relation publiques pour ne se consacrer qu’au langage.Prof et écrivainAujourd’hui, l’Institut de la qualité de l'expression réunit une vingtaine de personnes, du linguiste à l’historien, en passant par l’agrégé de grammaire, qui travaillent sur des thématiques comme la souffrance au travail. Mme Bordeau monte des écoles internes pour des clients comme SNCF, La Poste, Allianz, EDF, etc. : elle aide, par exemple, les dirigeants d'Air France, de Renault ou encore du Crédit agricole à construire une "charte sémantique", c'est-à-dire à identifier le langage qui exprimera la marque pour développer leur stratégie de communication interne et externe. Elle a ainsi créé une école de maîtrise du langage en ligne pour la SNCF. « C’est un peu comme un atelier de haute-culture, nous travaillons pour des grands comptes ».En parallèle, Jeanne Bordeau donne des cours, des conférences, et publie des ouvrages sur le langage et la communication, parmi les derniers Storytelling et contenu de marque. La puissance de l'écrit à l'ère numérique (Ellipses, 2012) ou La Boîte à outils des écrits professionnels (Eyrolles, 2013).Mais ce n'est pas tout : cette “styliste en langage” réalise également des tableaux, qui ressemblent à des collages à partir de mots qu’elle sélectionne dans la presse, qu’elle expose. « Je regarde des centaines de milliers de mots pour composer comme une tapisserie de Bayeux du monde contemporain ». Aujourd’hui, elle souhaite trouver un partenaire en technologie pour développer cette activité. Un autre projet la porte : monter une école de rhétorique, destinée au public de l'entreprise. « On peut parler de langage avec Stendhal, mais aussi en lisant un article de Paris Match. La France est obsessionnellement littéraire, et on tue la partie sensorielle de l’apprentissage », conclut-elle.Margherita NasiJournaliste au Monde Gilles van Kote (Directeur du "Monde") Face à l'horreur soulevée par l'attentat dont notre confrère Charlie Hebdo a été victime ce matin, Le Monde exprime sa stupéfaction et son indignation, sa solidarité émue avec l'équipe de Charlie Hebdo et ses condoléances aux familles des victimes.En s'en prenant à notre confrère, c'est à la liberté de pensée et d'expression que s'en sont pris les auteurs de cet attentat, et donc à des valeurs fondatrices de notre société. Ces valeurs, Le Monde n'a cessé, depuis sa création, en 1944, de les défendre.La tuerie survenue ce mercredi 7 janvier ne fait que renforcer notre certitude qu'il est nécessaire de lutter contre l'ignorance, l'intolérance, l'obscurantisme et le fanatisme. Il est plus que jamais indispensable de rappeler que la liberté de la presse ne se négocie pas.Gilles van Kote (Directeur du "Monde")Directeur du MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.01.2015 à 12h04 • Mis à jour le07.01.2015 à 18h49 17h50Marseille vieux port.17h50Grenoble avec CharlieCommentaire de la part de stephane17h50A Liège, en Belgique, nous sommes aussi Charlie...Commentaire de la part de V.B.17h50Quelques images des rassemblements organisés partout en France en solidarité avec "Charlie Hebdo".  LeMonde.fr17h48Plus de 1000 personnes à ArrasCommentaire de la part de Luc P.17h47Plusieurs milliers de Poitevins, place Leclerc, à PoitiersCommentaire de la part de mathias17h462000 personnes à Tours. Entre panégyrique pour les victimes et defense des libertés.Commentaire de la part de Mathieu Ligneau17h46Nous sommes Charlie à Rennes aussiCommentaire de la part de Visiteur17h43A Bordeaux on a séché nos larmes et on est descendu dans la rue. Nous sommes Charlie.Commentaire de la part de Margaux17h42Rassemblement à Lyon place des TerreauxCommentaire de la part de Visiteur17h42@Nicolas Non, il n'a pas donné de précision de ce type.  LeMonde.fr17h42Nicolas : Est-ce que le procureur a parlé d'un acte "planifié" ? Il en avait été question ce midi mais on peut avoir des doutes sachant que les terroristes ne connaissaient pas l'adresse exacteCommentaire de la part de Nicolas17h40A Nancy aussi, les gens se mobilisent.Commentaire de la part de Visiteur17h40#CharlieHebdo #PlacedelaRepublique pic.twitter.com/Fs80TIuvlKMaxime Goldbaum via Twitter17h40Les Francais de Londres se rassemblent a Trafalgar Square. Ce soir la France est unie et sans peur.Commentaire de la part de Maxime17h40Les angevins réunis place du Ralliement sous les affiches de l'exposition consacrée à Camille Lepage, un symbole fort.Commentaire de la part de JD17h39L'Egypte exprime son soutien L’Egypte, victime de ce fléau barbare, exprime toute sa solidarité avec la France contre ces forces de l’obscurantisme, dans ce combat commun que mènent les deux pays amis contre le terrorisme", selon un communiqué de son ambassade en France.LeMonde.fr17h38Rassemblement à Lille place de la RépubliqueCommentaire de la part de Antoine17h37Un aperçu de l'ambiance place de la République à ParisLeMonde.fr17h36Bonjour, juste pour vous dire qu'il Y,a en ce moment, un rassemblement dans le centre de Luxembourg ville, au LuxembourgCommentaire de la part de niclaws17h36Lyon des lumignons sur le"hôtel de ville. Ambiance silencieuse visages fermés. Collomb puis un représentant des journalistes prennent la parole. On crie Charlie puis liberté. Un orchestre joue.Commentaire de la part de VinZ17h36"Nous sommes Charlie ! Nous sommes Charlie !". Après plus d'1h de recueillement, la foule se fait entendre.Maxime Goldbaum via Twitter17h355  000  personnes place de la RépubliqueLeMonde.fr17h32#Jesuischarlie pic.twitter.com/wtyXkAhekGLucie Soullier via Twitter17h31Des bougies sont disposées tout autour de la statue. En silence, toujours. #CharlieHebdo pic.twitter.com/MHrxA2GJNgMaxime Goldbaum via Twitter17h30Charlie Hebdo citoyen d'honneur de la ville de ParisLeMonde.fr17h29Des milliers de personnes à Marseille. LeMonde.fr17h26Le point sur les victimes :  Selon le récit du procureur, on compte 12 morts, parmi lesquels- 8 journalistes (dont Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, Bernard Maris et trois non nommés)- 2 policiers (un, Franck D., abattu dans la rédaction, l'autre, Ahmed Merabet, à l'extérieur)- 1 invité de la rédaction (Michel Renaud)- 1 personne à l'accueil de l'immeubleLeMonde.fr17h20Une nouvelle réunion de crise se tiendra demain à l'Elysée à 8 h 30.LeMonde.fr17h18#NoussommesCharlie @libe pic.twitter.com/wXxUVEuxSOLilian Alemagna via Twitter17h18C'est la fin de la conférence de presse du procureur de la République de Paris.LeMonde.fr17h17Molins : la liste des victimes décédées et blessées est en cours de transmission au ministère de la justice. Elle permettra d'activer le réseau d'aide aux victimes.LeMonde.fr17h16Molins : un appel à témoins à été lancé (08 05 02 17 17). Le parquet de Paris a activé la celulle de crise à la section antiterroriste. L'ensemble des magistrats et des fonctionnaires sont mobilisés. Concernant les victimes, des autopsies sont programmées pour demain matin.LeMonde.fr17h15Molins : Les investigations se poursuivent. Je ne fournirai pour l'instant aucune précision sur l'enquête. Nous voulons interpeller le plus rapidement possible les individus. Nous appelons à la responsabilité des médias.LeMonde.fr17h15Selon un témoignage, les mis en cause au nombre de trois ont percuté un véhicule dans le XIXe arrondissement, abandonnant leur voiture rue de Meaux. Ils ont alors braqué une Clio et pris la fuite.  LeMonde.fr17h14Molins : en quittant le bâtiment ils se sont trouvés face à une patrouille, entraînant une fusillade, sans blessés, puis devant une seconde, toujours sans blessés. Une 3e fusillade a abouti à la mort d'un policier froidement abattu au sol.  LeMonde.fr17h13Molins : Ils criaient "Allahou Akbar" et affirmaient venger le Prophète.  LeMonde.fr17h13Molins : Attentat commis par un groupe d'au moins deux individus. Un véhicule Citroën s'est présenté devant le siège de Charlie Hebdo, deux individus en sont sortis porteurs de fusils d'assaut. Ils se sont présentés à l'accueil, tuant une personne, avant de se rendre dans les locaux où se trouvait l'ensemble de l'équipe du journal. Ils ont tué 10 personnes, dont 8 journalistes, un policier et un invité.  LeMonde.fr17h12Molins : Une enquête a été ouverte. Elle a été confiée à la direction de la PJ de Paris, section anticriminelle, à la DCPJ et à la DCRI.  LeMonde.fr17h11François Molins, procureur de Paris, commence par un hommage aux victimes.  LeMonde.fr17h10La conférence de presse du procureur commence.  LeMonde.fr17h08La Place de la République est désormais noire de monde. Mais silencieuse. #CharlieHebdo pic.twitter.com/tvnOcZjzrOMaxime Goldbaum via Twitter17h07François Hollande, ce matin près du siège de Charlie Hebdo (Marc Chaumeil/Divergence pour Le Monde)17h03La Une du monde.fr en solidarité avec Charlie Hebdo pic.twitter.com/o8Qnr72GfWLuc Bronner via Twitter17h03L'émotion de Philippe Val :LeMonde.fr17h03Ci-dessous, tweet de Luc Bronner, rédacteur en chef au  Monde : les groupes Le Monde, Radio France et France Télévision annoncent  mettre "à disposition de Charlie Hebdo et de ses équipes l'ensemble de leurs moyens humains et matériels" pour que l'hebdomadaire "continue à vivre".  LeMonde.fr17h03Pour que Charlie vive pic.twitter.com/KnB2xd2da5Luc Bronner via Twitter16h59Marche silencieuse samedi à 15 heures :   L'ensemble des partis de gauche (PS, PRG, PCF, PG, EELV) ont décidémercredi soir d'organiser une marche silencieuse samedi a 15h audépart de la place de la République a Paris, après l'attentat contreCharlie Hebdo. La décision a été prise après une réunion desdifférents partis à l'Assemblée nationale en fin d'après-midi.Cette marche est "ouverte à l'ensemble des partis républicains",explique Jean-Christophe Cambadélis premier secrétaire du PS. Contactées, l'UDIs'est dite favorable mais l'UMP n'avait pas encore donné sa réponseLeMonde.fr16h58Le maire de New York demande une minute de silence pour les victimes de l'attentat de Paris, les appelle des "héros" #AFP #CharlieHebdoBrigitte Dusseau via Twitter16h57Notre carte des rassemblements organisés partout en France en hommage à "Charlie Hebdo est ici  .LeMonde.fr16h53"Je suis Charlie", dans toutes les langues. Sur sa page d'accueil, le site de l'hebdomadaire propose un PDF avec le slogan en plusieurs dizaines de langues, dont l'arabe  LeMonde.fr16h47Quelques nouvelles des blessés de la fusillade :  Michel Renaud, pilier de la rédaction de Charlie Hebdo, est décédé, confirment France Bleu et La MontagneLeMonde.fr16h45La Licra appelle TOUS les Français à descendre dans la rue pour signifier que nous sommes plus nombreux que les pourvoyeurs de haineLICRA via Twitter16h44Des renforts à Paris.  Près de 500 CRS et gendarmes mobiles vont être déployés en renfort à Paris, annonce le ministère de l'intérieur.LeMonde.fr16h44La page d'accueil du site de Charlie Hebdo n'affiche plus que cette image et ce slogan, très cité dans les rassemblements de soutiens.16h41The Queen has sent this message to @fhollande and the people of France following the attack in #Paris today pic.twitter.com/ohqvDEQhTjBritishMonarchy via Twitter16h37La une de @libe daté de demain :( #jesuischarlie #noussommestouscharlie pic.twitter.com/b6rgetLyfhJohan Hufnagel via Twitter16h37#République pic.twitter.com/gDHlXqixN5Franck Johannès via Twitter16h36Elsa Vigoureux, présidente de la société des rédacteurs du Nouvel Observateur (groupe Le Monde), a coordonné à l'élaboration d'un communiqué commun des rédactions de nombreux médias mais elle s'est aussi rendue dans les locaux de Charlie Hebdo pour couvrir l'affaire."Nous sommes tous sous le choc et inquiets pour l'avenir. A Charlie Hebdo ce midi, beaucoup de journalistes - dont par exemple Laurent Joffrin le directeur de Libération - sont venus spontanément, souvent pour prendre des nouvelles des victimes, sachant que, ce soir à 17 heures, on ne connait toujours  pas la liste définitive.""C'est la fin d'un journal...""Nous avons vite discuté entre tous les présidents des sociétés de rédacteurs de médias, via une liste d'emails que nous avions créée (au moment où les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont fait l'objet d'attaques dans la presse). On a décidé d'un communiqué commun."LeMonde.fr16h35Ci-dessous, tweet d'un journaliste de l'Agence France-Presse à Grenoble :LeMonde.fr16h35Les policiers grenoblois rassemblés devant la préfecture de l'Isère #CharliieHebdo pic.twitter.com/AbBLtB4E26Antoine Agasse via Twitter16h34Je suis une étudiante française à Brighton en Angleterre, où il n'y a malheureusement pas de rassemblement. Hommage à ma façon...Commentaire de la part de FL16h31Manuel Valls se rend au ministère de l'intérieur, place Beauvau, rencontrer les fonctionnaires du service de protection des hautes personnalités (SPHP) dont un des membres, qui était chargé de la protection du directeur de Charlie Hebdo Charb, a été tué ce matin dans l'attentat. Trois syndicats de police ont demandé mercredi à être reçus par le ministre de l'intérieur.LeMonde.fr16h31Des fleurs ont été déposées aujourd'hui devant l'ambassade de France à Berlin, en hommage aux victimes de l'attentat (Reuters/Fabrizio Bensch)16h30#JeSuisCharlie rassemblement solidaire en cours à #Bordeaux #CharlieHebdo pic.twitter.com/o6sqW5wfjCBordeaux via Twitter16h30L'hommage en français de John Kerry :  LeMonde.fr16h29Rassemblement place de la République à Paris, en ce moment (Pierre Bouvier/LeMonde.fr)16h28#République JY Contassot (Verts) : "C'est horrible, j'ai le même sentiment qu'en septembre 2001" pic.twitter.com/xOPWtcIzWZFranck Johannès via Twitter16h27Le dessinateur Luz, collaborateur régulier de  Charlie Hebdo, est sain et sauf, déclare un journaliste de la rédaction, Antonio Fischetti, à Libération.LeMonde.fr16h26Sécurité renforcée au consulat de France à New YorkLeMonde.fr16h25Valls se rend à 17H30 au Service de la Protection (ex-SPHP), où travaillait le 2e policier tué, chargé de protéger la rédaction de CharlieMarc Préel via Twitter16h25@Visiteur Il donnera une conférence de presse à 17h45.  LeMonde.fr16h25A quelle heure le procureur de la République doit il s'exprimer sur la situation? est ce seulement prévu à ce stade?Commentaire de la part de Visiteur16h24"Ceux qui n'ont pas de pancartes, brandissez un stylo ! C'était leur arme à eux", lance une dame. La foule suit. pic.twitter.com/rOoWMlljyKIlan via Twitter16h24Le FN ne sera pas dans les rassemblements de soutien. Selon les informations du Monde, le parti de Marine Le Pen ne se joindra pas aux rassemblements prévus ce soir en soutien à Charlie Hebdo.  LeMonde.fr16h24Selon France Bleu Pays d'Auvergne et La Montagne, Michel Renaud, figure clermontoise, notamment fondateur du festival Carnet de voyages, serait mort ce matin lors de l'attaque dans les locaux de Charlie Hebdo.LeMonde.fr16h21Sur Al-Jazira, le correspondant à Paris de la chaîne panarabe, Noureddine Bouziane, s'est ému, avec des larmes dans la voix, de l'impact que la tuerie pourrait avoir sur l'image des musulmans en France : LeMonde.fr16h19@Eric Z. La perpétuité incompressible est possible pour les cas de meurtres aggravés (actes de torture, sur mineurs...) ou les cas de meurtre en bande organisée ou de personne dépositiaire de l'autorité publique. Dans tous les cas, un examen de la peine a lieu au bout de 30 ans, qui peut aboutir à une libération.  LeMonde.fr16h19Si les terroristes sont appréhendés et inculptés, quelle peine de prison maximale est possible ? Beaucoup d'internautes réclament la prison à vie, mais je ne crois pas qu'elle soit possible en France...Commentaire de la part de Eric.Z16h16Ci-dessous, réactions du dessinateur Joann Sfar sur Instagram :LeMonde.fr16h16Où est le courage?Joann Sfar16h16Ils croyaient s'en prendre à des dessinateurs. Aujourd'hui c'est aussi sur l'Islam qu'ils ont fait feu.Joann Sfar16h14@Pierre Nous n'avons pas d'autres précisions claires : On sait que Laurent Léger, reporter à Charlie, est indemne, mais nous n'avons pas le détail des noms des autres victimes pour le moment.  LeMonde.fr16h14Peut-on avoir des nouvelles des autres membres de la rédaction de Charlie?Commentaire de la part de Pierre16h12Le Figaro passera son logo en noir demain en hommage à Charlie Hebdo. Le rédacteur en chef et chef du service politique témoigne :"Dans l'après-midi, nous avons reçu un email de la rédaction du Figaro madame pour organiser une minute de silence, à 16 heures. Cela a eu lieu dans le grand patio central, il y avait beaucoup de monde, également aux balcons à l'étage. Le directeur de la rédaction Alexis Brézet a eu quelques mots. C'était important de le faire.""Je suis très inquiet. C'est une catastrophe absolue. Sur les réaction qui peuvent suivre cette barbarie. Bien sûr, au début, tout le monde va dire 'Il faut faire l'union nationale' et 'Il ne faut pas faire d'amalgame" mais combien de temps cela va-t-il durer ? Je suis effrayé."  Stéphane Durand-Souffland, président de la SDJ du Figaro :  "On est tous effondrés. En plus, on a tous plus ou moins un ami à Charlie Hebdo...", dit ce journaliste, qui connaissait le dessinateur Tignous, décédé."En plus, le journal, ici, est bouclé, il faut montrer sa carte, c'est déprimant parce que c'est le signe que quelque chose ne va pas."LeMonde.fr16h08Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "consterné" par l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, qualifié "d'attaque contre la liberté d'expression et la liberté de la presse, deux piliers de la démocratie".LeMonde.fr16h05L'armée de terre va fournir deux unités de 100 hommes pour renforcer le plan Vigipirate dans Paris, ce qui porte l'effectif de 450 à 650 hommes.LeMonde.fr16h05Témoignage recueilli par Le Monde :  Lorenzo habite boulevard Richard Lenoir, côté pair. Sa fenêtre donne sur la scène où le policier a été abattu  «  Vers 11h20, 11h30, j’ai entendu des coups de feu. J’ai cru à des pétards, je me suis approché de la fenêtre qui donne sur le boulevard. La rue Nicolas-Appert est toute proche. Il y avait plein de policiers rassemblés dans le parc au milieu du boulevard, mais aussi des gens à vélo qui passaient, des riverains. C’était un matin normal. Au début, on ne comprenait pas. J’ai pensé à un braquage. Les policiers se trouvaient à gauche. Quand je me suis retourné, j’ai regardé à droite, j’ai vu une voiture de couleur sombre, avec des vitres noires, arrêtée en plein milieu de la rue, au milieu de la circulation, en direction de République. Les portes étaient ouvertes. J’ai vu deux hommes vêtus de noir, avec des cagoules, armés avec des fusils noirs. Ils étaient très costauds. Et un policier à l’écart de ses collègues. Il tire dans leur direction. Les deux hommes sont près de la voiture et tirent dans sa direction. Il est touché, tombe, pousse un cri de douleur. Il tente de s’enfuir mais tombe face contre terre. Les agresseurs courent vers lui. L’un arrive à sa hauteur et lui tire une balle dans la tête.LeMonde.fr16h03Ci-dessous, des tweets de notre journaliste Audrey Fournier, envoyée spéciale aux Etats-Unis.LeMonde.fr16h03John Kerry : "Aucun pays ne sait mieux que la France que la liberté a un prix" #CharlieHebdoAudrey Fournier via Twitter16h03John Kerry s'exprime en français lors d'une conférence de presse pour apporter son soutien à la France #CharlieHebdoAudrey Fournier via Twitter15h59"Les gens de ma génération sont incrédules. C'est inimaginable". Benoit Granger, 66 ans, professeur à Dauphine. pic.twitter.com/zHciwc1skNMaxime Goldbaum via Twitter15h49Des étudiants en journalisme déploient une banderole de solidarité #CharlieHebdo pic.twitter.com/wY0jQKOlAQMaxime Goldbaum via Twitter15h47Des précisions sur l'un des deux policiers abattus : il s'agissait d'un brigadier en VTT, arrivé sur place avec un collègue. Agé de 40 ans, prénommé Ahmed, il était en poste au commissariat du 11e arrondissement. Son collègue a été blessé à la cheville, de même que deux autres policiers arrivés par la suite.  LeMonde.fr15h44Une centaine de personnes déjà présente place de la République pour rendre hommage aux victimes. #CharlieHebdo pic.twitter.com/sJnsB6sRkbMaxime Goldbaum via Twitter15h43Le procureur de Paris François Molins tiendra une conférence de presse à 17h45 pour faire un point sur l'attaque et sur la traque des assaillants.  LeMonde.fr15h38La réaction de Jean-Luc MélenchonLeMonde.fr15h37Manquant de se faire lyncher, le militant FN de fait évacuer par la police. #charliehebdo pic.twitter.com/bRZ1bYe0hqOlivier Faye via Twitter15h36Place de la République, un jeune homme suggère que tous les journaux republient les caricatures de Charlie Hebdo : "Ce serait très fort"Soren Seelow via Twitter15h36Mise en berne des drapeaux de l'Elysée #CharlieHebdo pic.twitter.com/xB1iWOQr7JÉlysée via Twitter15h36Des débats s'engagent en pleine rue, un groupe d'une vingtaine de personnes s'agglutine autour d'un militant FN. #CharlieHebdoOlivier Faye via Twitter15h35Ci-dessous, tweet de notre journaliste Olivier Faye, actuellement place de la République à Paris.LeMonde.fr15h35Des coups vont partir si ça continue. pic.twitter.com/5Yf6HbxJf2Olivier Faye via Twitter15h34Ci-dessous, tweet de l'universitaire de Thomas Clay à propos de Laurent Léger, journaliste à Charlie Hebdo.LeMonde.fr15h34Notre ami @laurent_leger est sain et sauf ! Ouf !!!!!!!!!!!!!!!!! Il est même seul indemne parmi ceux qui étaient autour de la table...Thomas Clay via Twitter15h30Le point sur la situation à 16h30 :Trois hommes lourdement armés ont attaqué ce matin vers 11h30 le siège de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Au moins douze personnes ont été tuées, dont deux policiers et de grandes plumes de la publication comme les dessinateurs Charb (également directeur de la publication), Cabu, Wolinski, Tignous ainsi que l'économiste Bernard Maris. Une douzaine d'autres personnes ont été blessées.Les auteurs de l'attaque sont en fuite et activement recherchés par plus de 3 000 policiers. Ils ont abandonné leur voiture à porte de Pantin, au nord de Paris. Leur identité n'est pas connue mais leurs motivations semblent religieuses.François Hollande, qui interviendra à 20 heures à la télévision depuis l'Elysée, a dénoncé "une exceptionnelle barbarie" lors de cet "attentat terroriste". Le plan Vigipirate a été élevé à son plus haut niveau en Ile-de-France tandis que le gouvernement a activé la cellule interministérielle de crise.De nombreux rassemblements sont prévus partout en France dans la soirée : voir notre carte mise à jour régulièrement.LeMonde.fr15h28Nous avons réalisé une carte des principaux rassemblements d'hommage aux victimes de l'attentat, avec les horaires. Cliquez ici pour y accéder..Elle sera actualisée au fur et à mesure.15h28Des débats s'engagent en pleine rue, un groupe d'une vingtaine de personnes s'agglutine autour d'un militant FN. #CharlieHebdoOlivier Faye via Twitter15h26A République, Marie a rencontré Yasmina, 59 ans : "Je suis musulmane. Le prophète doit se retourner dans sa tombe. C'est 1 religion de paix"Soren Seelow via Twitter15h26@Visiteur sa mort est confirmée, vérifiée et recoupée, oui.  LeMonde.fr15h26bonjour, j'ai vu la vidéo complète, et j'ai un fort doute que le policier ait été abattu (vu l'arme et les impact de balles sur les voitures, cela aurait fait des dégats visibles non?). Sur la page de soutien a Charlie Hebdo il est dit qu'il s'appelle Ahmed, 42ans. Est ce rellement un info vérifiée et recoupée ? Merci de votre réponse.Commentaire de la part de Visiteur15h24Un témoignage d'une habitants du boulvard Richard Lenoir recueilli par Le Monde :  "Des bruits de pétards ont retenti dans la rue. Puis d'autres et nous nous sommes rapprochés de la fenêtre. Des voitures circulaient de l'autre côté du boulevard (Richard-Lenoir).Au coin de la maison de retraite, il y avait une fusillade entre des policiers qui se protégeaient côté jardin et des gens qui étaient dans la rue perpendiculaire.Ensuite quelques policiers sont rentrés dans le jardin et l'un d'entre eux est ressorti du côté pair du boulevard. Il était seul.  De ce côté du boulevard, une petite voiture noire attendait au milieu d'autres voitures. En sortant du jardin, le policier a vu la voiture qui a essayé de reculer et qui a tamponné une petite voiture utilitaire  blanche. Comme il était seul, il a rebroussé chemin vers le jardin mais il a trébuché sur le trottoir en face de la porte du square et est tombé.En se relevant, il s'est aperçu que deux malfaiteurs armés étaient sortis de la voiture en courant et en tirant dans sa direction. En se relevant, il a avancé vers le boulevard Voltaire mais a trébuché de nouveau sans doute atteint par la fusillade.Il s'est alors retourné à terre en pointant son arme vers les deux malfaiteurs qui lui ont à nouveau tiré dessus et sans doute touché car il ne bougeait plus, puis ils l'ont entouré et l'un d'entre eux lui a tiré une balle vers la tête. Les malfaiteurs ont avancé boulevard Voltaire quelques mètres puis sont retournés en courant vers la voiture qui a roulé vers le boulevard Voltaire.  La vitre arrière était éclatée.LeMonde.fr15h21Marie :"Je le lisais, ça m'amusait autant que ça m'outrait. Qui va nous faire rire maintenant ? J'espère que des jeunes prendront la relève"Soren Seelow via Twitter15h21Vous êtes nombreux à nous demander en quoi consiste le plan Vigipirate "attentats", qui correspond au niveau le plus élevé d'alerte. Nos explications.  LeMonde.fr15h20Marie : "Je suis moi-même outrée parfois des caricatures, notamment du pape, mais la vie est pire que les caricatures"Soren Seelow via Twitter15h20Demain 8 janvier à 12h place Foch, Châlons en Champagne, ville natale de Cabu, là où il inventa le Grand Duduche au lycée Pierre Bayen, rendra hommage aux victimes de cet attentat.Commentaire de la part de ThP15h20Une minute de silence sera observée mercredi soir avant le début de la rencontre de L1 entre Lille et Evian-Thonon en hommage aux victimes de l'attentat qui a fait au moins douze morts dans les locaux de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, a indiqué le LOSC sur Twitter.LeMonde.fr15h18... C'est ça qui est grave. Ce dont j'ai peur maintenant, c'est les amalgames" #RépubliqueFranck Johannès via Twitter15h18#République Carol, pancarte en carton, "je suis Charlie Hebdo", lectrice irrégulière. "C'était un journal satirique, provocateur. Un symboleFranck Johannès via Twitter15h17Devant l'hôtel dieu. Deux bus avec 34 rescapés pour une cellule psy. Des gens de Charlie et de l'immeuble. Patrick Pelloux en larmes.Walid Berrissoul via Twitter15h16La réaction de la société des rédacteurs du Monde«  Les rédactions du Monde sont sous le choc après l’attaque meurtrière qui a frappé Charlie Hebdo. Leurs pensées vont à l’équipe de Charlie et aux victimes ainsi qu’à leurs familles.Des journalistes ont été tués alors qu’ils faisaient leur travail. Rien ne devrait entraver la liberté de la presse. Rien ne saura l’arrêter, elle est notre bien le plus précieux, et  l'un des fondements de la démocratie.  »LeMonde.fr15h15D'après nos informations, les locaux de la maison d'édition Flammarion ont été évacués, mercredi 7 janvier, à 15h30 par précaution après la tuerie à Charlie Hebdo. Les 450 salariés du quai Panhard-et-Levassor se sont retrouvés à l'extérieur par mesure de précaution, ajoute-t-elle. Les salariés de la place de l'Odéon ont également été évacués. Les forces de police se trouvent en grand nombre sur les lieux. Les salariés sont priés de revenir au travail jeudi matin.Flammarion est la maison d'édition des écrivains Bernard Maris, assassiné lors de la tuerie et actionnaire de Charlie Hebdo et récemment auteur de Houellebecq économiste, ainsi que de Michel Houellebecq, auteur de Soumission.LeMonde.fr15h13Rassemblement spontané à République après l'attaque de Charlie pic.twitter.com/d4XO7enhLzSoren Seelow via Twitter15h12Vous êtes très nombreux à nous signaler les rassemblements prévus partout en France en hommage aux victimes de l'attaque. Nous préparons une carte pour les centraliser.  LeMonde.fr15h11Adieu Cabu, Wolinski, Tignous, Charb... zepworld.blog.lemonde.fr pic.twitter.com/vBeAEKwhZZZep via Twitter15h11Une cinquantaine de personnes à 16 h place de la #République pic.twitter.com/Hn96b1pAQgFranck Johannès via Twitter15h10Toujours autant de journaliste devant Charlie Hebdo, dont des médias étrangers : NBC News, une télé chinoise...Soren Seelow via Twitter15h09Nous avons pu joindre Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, actuellement à Londres où il était en vacances, et en contact avec des journalistes de l'hebdomadaire par téléphone :"Je suis effondré... et indigné en même temps. Je ne réalise toujours pas. (...) Je trouve important et normal que les réactions soient unanimes dans les médias en France. J'espère qu'il n'y aura cette fois personne pour nous dire que nous sommes des laïcards intégristes ou des provocateurs."  LeMonde.fr15h08@Visiteur Il était à l'extérieur, sur le boulevard Richard Lenoir (Paris 11e)LeMonde.fr15h08Où était le policier assassiné que l'ont voit sur les vidéos ?Commentaire de la part de Visiteur15h05A Bruxelles, rassemblement place du Luxembourg a 19hCommentaire de la part de Max15h04Rassemblement ce soir, 18h, à Grenoble, Rue Félix-Poulat, face au Club de la Presse et des Médias.Commentaire de la part de NoMore15h04@Visiteur : le plan Vigipirate "alerte attentat" n'est activé qu'en Ile-de-France. Il ne prévoit pas de restriction des rassemblements publics. Pour l'instant, Bernard Cazeneuve a seulement évoqué une surveillance renforcée dans les transports, lieux publics, lieux de culte, écoles, etc. Pour plus de détails, lire notre articleLeMonde.fr15h04des rassemblements avec un tel plan vigipirate ?Commentaire de la part de Visiteur15h04President Obama's statement on the terrorist attack in #France pic.twitter.com/ljifo2wj2m@NSCPress via Twitter15h02Londres : 18H00 Trafalgar squareCommentaire de la part de Visiteur15h02Parizer Platz à Berlin 18h https://www.facebook.com/ev...Commentaire de la part de Visiteur15h01Vous êtes encore nombreux à nous demander des informations sur la traque. Encore une fois, la police ne communique pour l'instant pas sur les opérations en cours, même si de nombreux moyens sont déployés. Nous vous donnerons les informations dès lors qu'elles nous parviendront.  LeMonde.fr15h00Rassemblement à Lyon, place des Terreaux, à 18h.Commentaire de la part de MelW15h00Rassemblement de soutien à 18h00 devant le Club de la Presse à ‪Saint-Etienne‬ 7 rue du Docteur Rémy AnninoCommentaire de la part de Seb4238014h58La carte OpenStreetMap des rassemblements prévus : http://umap.openstreetmap.f... #CharlieHebdoCommentaire de la part de w3c14h58Rassemblement à Brest, 18h, place de la Liberté.Commentaire de la part de Philippe14h58Bruxelles, 19h sur la place du Luxembourg devant le Parlement européenCommentaire de la part de Quentin14h58rassemblement à Laval 19h ce soir devant la mairie (info ouest france) BenCommentaire de la part de Ben14h58à Clermont-Ferrand à 18h30 place de JaudeCommentaire de la part de Visiteur14h58Rassemblement à Bayonne Pl Mairie 19hCommentaire de la part de Denis14h57Rassemblement à Rennes: lieu et horaires ont changé: 18h place de la MairieCommentaire de la part de O. Le Pivert14h57Calais, 18h30, devant l'hôtel de ville.Commentaire de la part de Charlotte14h56Nice: ce soir à 18h00 sur la place garibaldi #Nice06Commentaire de la part de visiteur14h56Rassemblement à Besançon, place Pasteur 17h30Commentaire de la part de Visiteur14h55Nous préparons actuellement une carte des rassemblements prévus ce soir. Nous vous tiendrons informés dès sa publication.LeMonde.fr14h55@ 19 h, place de l'hôtel de ville à Troyes.Commentaire de la part de Visiteur14h54Le maire de Caen appelle à un rassemblement devant l'esplanade de l'hôtel de ville ce soir à 18 h.Commentaire de la part de Pierre14h54Rassemblement de soutien à "Charlie Hebdo" à la mairie d'Amiens à 18 h.Commentaire de la part de Visiteur14h53Rassemblement a Vannes a 18 heures devant l'hôtel de ville.Commentaire de la part de Caro14h53On peut ajouter Clermont-Ferrand à 18h30, place de Jaude.Commentaire de la part de FM14h52Listes des rassemblements #CharlieHebdo màj via @jeeynet ppmp.pad.partipirate.org/544 C'est le moment de se tenir chaud. pic.twitter.com/BgxQcu2K85corinne moreldarleux via Twitter14h52Le siège du groupe de presse du journal "El Pais" à Madrid a été évacué mercredi après réception d'un paquet suspect, selon un porte-parole. Un homme est arrivé avec un paquet jugé suspect et qui contenait notamment des câbles. La police a évacué l'immeuble, où travaillaient plus de 300 personnes.  LeMonde.fr14h52La Ligue des droits de l'homme appelle à à un rassemblement unitaire, ce mercredi 7 janvier 2015 à 18 heures, place de la République à Lille.Commentaire de la part de Jules14h51Un rassemblement est d'ores et déjà prévu à Paris ce soir place de la République à partir de 18 heures à l'appel de nombreuses organisations. D'autres rassemblements sont prévus à la même heures dans plusieurs villes de France.LeMonde.fr14h50Vous êtes nombreux à nous demander des informations sur les rassemblements de soutien prévus. Pour l'instant, il est difficile de confirmer leurs lieux et leurs horaires, qui changent, mais nous vous tiendrons informés dès que nous aurons des dates et des lieux précis.  LeMonde.fr14h48@Yannick Il n'y a a priori pas d'otage, contrairement à ce que certains médias annonçaient. Les assaillants ont abandonné leur véhicule pour en voler un autre, mais ils n'auraient pas pris le conducteur en otage.  LeMonde.fr14h48Avons-nous des nouvelles de l'otage, ne serait-ce son identité ?Commentaire de la part de Yannick14h48Ci-dessous un tweet de Benoît Hamon, ancien ministre et député PS des Yvelines.LeMonde.fr14h48Immense tristesse. Bernard Maris, homme engagé, mon collègue à Paris 8 pdt 3 ans, est tombé sous les balles des assassins de Charlie Hebdo.benoithamon via Twitter14h45@Samuel Aux alentours de 11 heures ce matin  LeMonde.fr14h45A quelle heure précise a eu lieu l'attentat ?Commentaire de la part de Samuel14h45@S. Grimaud elle dit qu'un des assaillants se revendiquait d'Al-Qaida en effet, mais pour le moment aucune revendication n'a été émise.  LeMonde.fr14h45D'après la déclaration de la dessinatrice Coco, cette attaque viendrait d'Al-Qaida, est-ce certifié ?Commentaire de la part de s.Grimaud14h44Ci-dessous, des tweets de notre journaliste Elise Barthet, actuellement sur les lieux de l'attaque de ce matin.LeMonde.fr14h44Certains doivent être entendus ensuite au Quai des orfèvres #CharlieHebdoElise Barthet via Twitter14h44Les témoins ont été évacués à l'Hotel Dieu par La Croix Rouge #CharlieHebdoElise Barthet via Twitter14h42La réaction de Nicolas Sarkozy, président de l'UMP :  LeMonde.fr14h40Notre collaborateur Bernard Maris fait partie des victimes de l'attentat ctr #CharlieHebdo @franceinter pleure & nos pensées vt à sa familleMathieu Gallet via Twitter14h40La radio France Inter confirme la mort de l'économiste Bernard Maris, chroniqueur de longue date à "Charlie Hebdo".  LeMonde.fr14h40@Phoenix : Non, le site est disponible par intermittences, signe d'une forte affluence, mais pas d'une attaque informatique.LeMonde.fr14h40Le site Charlie Hebdo est indisponible, est-ce dû à une cyber attaque ?Commentaire de la part de Phoenix14h39@Paul Un policier du SPHP, chargé de la protection de Charb, aurait été tué durant la fusillade. Un autre a été abattu dans la rue, une vidéo l'atteste.  LeMonde.fr14h39Est-ce que l'on sait, si les forces de l'ordre blessées-tuées étaient à l'intérieur où à l'extérieur de "Charlie Hebdo" ?Commentaire de la part de Paul14h37@Matthieu Non, nous n'avons pas de journalistes aux côtés des forces de police, qui font au contraire tout pour rester discrètes et ne communiquent pour l'instant quasiment pas sur les recherches en cours.  LeMonde.fr14h37Bonjour. Pourquoi rien sur la chasse à l'homme en cours ? A-t-on des journalistes aux côtés des forces mobilisées ? A Saint-Denis pour suivre en direct les recherches ?Commentaire de la part de Matthieu14h36@Curieux Nous n'avons pas les détails de la chronologie du déploiement policier, mais le déploiement a eu lieu après la fusillade, qui s'est déroulée très rapidement, les assaillants ayant donc eu le temps de s'enfuir avant qu'un filet policier soit mis en place.  LeMonde.fr14h35Les policiers seraient-ils en sous effectif pour avoir laissé filer les terroristes? Ou les forces de l'ordre n'étaient pas encore déployées en nombre?Commentaire de la part de Curieux14h32"Les criminels espèrent nous intimider ; non, ils renforcent notre courage !, affirme l'ancien premier ministre François Fillon dans un communiqué. (...) Mon pays est frappé. Aux criminels terroristes, opposons notre unité nationale, notre sang-froid, notre détermination implacable."LeMonde.fr14h32La réaction du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve : "tous les moyens du ministère sont mobilisés."  LeMonde.fr14h30@Julie pour l'instant il n'y a pas eu de revendication de cette attaque.  LeMonde.fr14h30Est-ce que cette tuerie a été revendiquée ?Commentaire de la part de Julie14h30@Mickaël Plusieurs vidéos permettent d'entendre l'expression prononcée, de même que la phrase : "on a vengé le prophète !"LeMonde.fr14h30Quelle confirmation avons-nous que les paroles "Ala akbar" ont été prononcées ?Commentaire de la part de Mikael14h29@Thierry A l'international, les réactions d'indignation et de soutien se succèdent,  Lire notre synthèse à ce sujet.  LeMonde.fr14h29Quelles réactions internationales pour le moment?Commentaire de la part de Thierry14h28❗#CharlieHebdo #AppelàTémoins lancé par la police judiciaire - Un numéro vert activé pour recueillir tout témoignage 📞08 05 02 17 17GendarmerieNationale via Twitter14h28Le président américain, Barack Obama, condamne fermement l'attaque meurtrière contre "Charlie Hebdo" et déclare avoir offert l'aide des Etats-Unis pour que les "terroristes" qui en sont responsables soient traduits en justice.LeMonde.fr14h23@Dal Effectivement, il semble maintenant certain qu'ils étaient trois. La police ne communique pas sur l'avancée des recherches, qui se poursuivent, notamment en Seine-Saint-Denis.LeMonde.fr14h22Toujours aucunes nouvelles des fuyards ? Apparemment ils seraient trois et non pas deux (ministre de l'Intérieur) ?Commentaire de la part de Dal.14h22Le dessinateur Willem, qui travaille également pour "Charlie Hebdo", est sain et sauf. Il était dans un train au moment de l'attaque. Il a témoigné à Europe 1  :LeMonde.fr14h21@Visiteur Nous tentons de l'établir, mais nous essayons d'avoir des certitudes avant de la publier. Merci de votre patience.  LeMonde.fr14h21Peut-on avoir une liste des victimes ou survivants de la rédaction de "Charlie" ?Commentaire de la part de Visiteur14h17La police met en place un appel à témoins. Un numéro vert est disponible pour recueillir des témoignages de l'attaque : 08 05 02 17 17LeMonde.fr14h17Le ministre de l'Intérieur a évoqué "trois criminels".LeMonde.fr 06.01.2015 à 20h08 • Mis à jour le07.01.2015 à 11h01 | Alexandre Piquard L’affaire n’était pas encore conclue, mercredi 7 janvier au matin, mais « Patrick Drahi a chaussé les bottes de sept lieues », s’amuse une source proche du dossier. Plus précisément, le milliardaire des télécoms est désormais seul à négocier la reprise du groupe L’Express-Roularta. Les discussions sont très avancées, comme l’a rapporté le quotidien Les Echos, mardi. Elles portent notamment sur la question du périmètre de reprise.Egalement propriétaire de Libération, M. Drahi reprendrait le « pôle news » avec L’Expansion et L’Express (qui, avec 407 000 exemplaires en moyenne, est le deuxième news magazine français derrière L’Obs – groupe Le Monde). Mais acquerrait aussi des magazines culturels du groupe, comme Lire, Classica ou Studio Ciné Live, selon une source proche du dossier. Car les rédactions de ces titres ont des synergies avec L’Express.M. Drahi a créé un tandem avec le groupe Le Figaro, qui reprendrait en principe les autres titres du groupe, tels que L’Etudiant, Point de vue, Côté maison, Mieux vivre votre argent, etc.« Processus d’adoubement »L’autre candidat sérieux à la reprise du groupe, Vivendi, est désormais distancé. Les contacts sont suspendus depuis la mi-décembre 2014 environ. Son dirigeant, Vincent Bolloré, avait officialisé son intérêt pour L’Express-Roularta le 9 décembre, mais ses équipes, après avoir demandé les éléments financiers du dossier, n’ont pas sollicité de présentation des dirigeants de L’Express, raconte une source proche du dossier. La motivation de l’industriel breton a été jugée insuffisante par le vendeur. M. Bolloré connaît pourtant très bien le groupe Roularta, avec lequel il a envisagé un partenariat poussé en 2011 et de nouveau discuté en 2014 pendant plusieurs mois.De son côté, M. Drahi (qui est associé au fondateur de NewsCo, Marc Laufer, un proche qui le représente à Libération) a rencontré en décembre la direction de L’Express, dont son directeur, Christophe Barbier. « Pour Rik de Nolf [patron et fils du fondateur de Roularta], c’est un peu un processus d’adoubement, plutôt qu’une négociation où on cherche la surenchère », estime une source proche des discussions.Le prix négocié reste un mystère. Il sera bien inférieur aux 220 millions d’euros dépensés en 2006 par Roularta pour racheter L’Express-L’Expansion au groupe Le Figaro. Les premières fuites de presse ont mentionné un montant autour de 25 millions d’euros, mais M. de Nolf y voyait mi-décembre « des rumeurs ridicules », citant plusieurs titres rentables dont L’Etudiant, Point de vue ou Côté maison. Le prix consenti par l’attelage Drahi-Laufer-Figaro sera donc plus élevé, et, selon une source, supérieur à 40 ou 50 millions d’euros.L’hebdomadaire rival, L’Obs, a lui été presque « donné » aux actionnaires du Monde – dont le milliardaire des télécoms, Xavier Niel – par son fondateur Claude Perdriel, qui en janvier a touché 4,1 millions d’euros pour 66,5 % de l’entreprise. Côté vendeur, on souligne que L’Express-Roularta a été restructuré (avec 90 départs récents) et est « proche de l’équilibre » (malgré une perte de 57,9 millions d’euros enregistrée par Roularta en 2013, due à la dépréciation comptable des actifs français).En décembre, la rédaction de L’Express s’est inquiétée de « l’indépendance » du titre dans le cas d’un rachat par M. Drahi. Les journalistes ont estimé que la vague de départs sans précédent à Libération fait craindre un journalisme « low cost ». « Roularta était un actionnaire avec peu de moyens, mais avec Drahi, on est dans l’expectative », résume un rédacteur. Une assemblée générale des journalistes de L’Express était prévue mercredi midi.Feuille de routeDu côté de la direction de L’Express, on suit actuellement une feuille de route définie à l’été 2014 : nouvelle formule du supplément Styles – important pour la publicité – prévue pour le printemps ; nouvelle formule de l’hebdomadaire papier – concurrencé notamment par la nouvelle version de L’Obs – prévue pour l’automne… Vers fin 2015 doit aussi aboutir un chantier « numérique payant ». Aujourd’hui, un système de « paywall » oblige les lecteurs du site Web à s’inscrire s’ils lisent plus de 15 articles dans le mois et à payer après 20. A l’avenir, la direction envisage une formule payante autour de l’investigation et de contenus à valeur ajoutée, voire de services.La direction actuelle estime que le payant est une voie d’avenir sur le Web et imagine que l’abonnement va devenir de plus en plus courant surtout s’il est un jour vendu dans des bouquets avec d’autres services, comme ceux d’un opérateur télécoms, par exemple.Pour M. Drahi, l’acquisition de L’Express ne manquera pas d’attirer un surcroît d’attention médiatique. Multimilliardaire, le fondateur d’Altice est propriétaire des opérateurs télécoms Numericable et a racheté SFR, malgré l’hostilité d’une part du gouvernement. M. Drahi a, depuis, racheté Libération. Son nom a été cité comme repreneur de Radio Nova. Et en Israël, i24 news, la chaîne d’information internationale qu’il a créée, a annoncé mardi vouloir émettre en espagnol et depuis les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Le milliardaire ne compte apparemment pas s’arrêter là. Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.12.2014 à 08h27 • Mis à jour le27.12.2014 à 13h26 Le bureau de Radio Free Europe en Azerbaïdjan a été perquisitionné, vendredi 26 décembre, par les forces de l'ordre de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud. Le parquet général d'Azerbaïdjan, accompagné de « policiers armés », a perquisitionné les locaux de cette radio financée par les Etats-Unis, « faisant valoir qu'il y avait une décision du tribunal de fermer le bureau », a déclaré M. Aliev. Le parquet n'a toutefois pas précisé s'il s'agissait d'une fermeture temporaire ou définitive, selon la même source.Un haut responsable du département d'Etat américain a déploré cette perquisition et la séquestration d'employés de cette radio créée sous la guerre froide et toujours financée par les Etats-Unis. Dans un communiqué, RFE/RL explique que la police agissait en vertu d'un mandat de la justice qui enquête sur le financement d'organisations non gouvernementales par l'étranger. Nenad Pejic, un des deux dirigeants de RFE/RL a fustigé une violation flagrante de tous les engagements internationaux que l'Azerbaïdjan a pris devant la communauté internationale.L'organisation Reporters sans frontières a dénoncé « un nouveau coup porté à ce qui reste d'information indépendante dans le pays », dans un communiqué. Radio Azadliq, le service azerbaïdjanais de Radio Free Europe/Radio Liberty, « est la dernière victime en date de la campagne d'éradication du pluralisme menée par les autorités azerbaïdjanaises », ajoute RSF.La perquisition intervient après l'arrestation en Azerbaïdjan début décembre d'une célèbre journaliste d'investigation de Radio Free Europe, Khadija Ismayilova, qui a été placée en détention provisoire pour deux mois. L'ONG Amnesty International avait condamné son arrestation comme « une nouvelle initiative visant à museler les médias indépendants dans le pays ».LES ONG VISÉES PAR LE RÉGIMEPour sa part, Ramiz Mehdiev, le chef de l'administration du président Ilham Aliev, avait accusé de « trahison » les journalistes de la radio, en les qualifiant de « cinquième colonne » travaillant pour les services spéciaux étrangers, dans un communiqué publié en décembre.Ces derniers mois, plusieurs organisations financées de l'étranger ont fait l'objet de perquisitions similaires et ont été fermées.Les organisations de défense des droits de l'homme accusent régulièrement le régime du président Aliev d'atteintes à la liberté d'expression et de faire emprisonner des opposants dans ce pays riche en hydrocarbures situé sur les bords de la mer Caspienne.L'Azerbaïdjan se classe 160e sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi cette année par RSF. 24.12.2014 à 16h41 • Mis à jour le24.12.2014 à 17h10 Davantage qu'une publication de photographies volées, le magazine Closer avait révélé au grand jour l'homosexualité de Florian Philippot. Poursuivi pour un article montrant des clichés du vice-président du Front national avec un homme présenté comme son compagnon, Closer a été condamné, mercredi 24 décembre, à 20 000 euros de dommages et intérêts pour « atteinte à la vie privée ».Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a également condamné l'hebdomadaire à publier la décision en couverture du journal et à verser 3 500 euros à l'élu frontiste au titre des frais de justice.Dans son ordonnance, le magistrat souligne que :« Même si le magazine indique que M. Philippot est l'homme le plus invité des matinales radio et télé après la patronne du FN, il est constant que sa vie privée n'était nullement notoire et que le demandeur n'a jamais entendu la révéler publiquement. »Le juge constate également que « l'étendue de la divulgation et l'importance du lectorat » de ce magazine sont de nature à accroître le préjudice compte tenu également « de la place très importante accordée au sujet » dans le journal avec « un haut de couverture et quatre pages intérieures ».« PHÉNOMÈNE DE HARCÈLEMENT »Il note enfin que M. Philippot et son ami « ont été photographiés avec un téléobjectif ». Cela, explique le juge, « démontre une surveillance préjudiciable de leurs activités de loisirs, alors qu'ils pouvaient se croire à l'abri des regards indiscrets étant partis à l'étranger », ce qui, dit-il « participe à un phénomène de harcèlement ». « En conséquence, l'obligation de la société Mondadori Magazine France de verser la somme provisionnelle de 20 000 euros n'est pas sérieusement contestable en raison du préjudice moral subi par M. Philippot. »Lire aussi : L'ami de Philippot répond à « Closer » 23.12.2014 à 17h48 • Mis à jour le23.12.2014 à 17h51 |Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant) La polémique autour d’Eric Zemmour et de ses idées a gagné la Belgique après une demande formulée auprès du bourgmestre (maire) de Bruxelles par une élue municipale du parti Ecolo-Groen. Zoubida Jellab réclame une mesure d’interdiction à l’encontre du journaliste et auteur, qui doit venir y dédicacer, le 6 janvier, son livre Le Suicide français. Il devrait également participer à deux débats-conférences, l’un dans un cercle privé d’Uccle, dans la banlieue de la ville, l’autre devant un parterre de patrons, à Liège.« C’est un non-événement pour ma librairie, qui reçoit jusqu’à trois auteurs par jour », commente pour Le Monde Marc Filipson, le patron de la librairie Filigranes, où doit être reçu M. Zemmour. Celui-ci est déjà venu y rencontrer des lecteurs de ses précédents ouvrages. « C’est un provocateur, il fait bouger les foules et il n’est pas négationniste, ce qui serait, pour moi, l’une des raisons de ne pas le recevoir », poursuit le libraire.Affirmant « se tenir à l’écart de la religion et de la politique », M. Filipson souligne que, dans ses rayons, il a placé à côté de l’ouvrage du journaliste d’autres livres, dont ceux de l’historien Robert Paxton, sur la politique antisémite du régime de Vichy.« Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant »Yvan Mayeur, le maire PS de Bruxelles, manifeste son désaccord avec les thèses du livre de M. Zemmour, souligne que c’est à la librairie de décider « s’il est bien » de l’inviter, mais affirme que la visite de ce dernier ne le concernerait que si elle devait entraîner des incidents. Une décision ne serait dès lors prise qu’en dernière minute, mais, en tout état de cause, un tel événement ne pourrait être interdit qu’en cas de menace pour l’ordre public.A Liège, André Van Hecke, l’administrateur-délégué du Cercle de Wallonie, un club de patrons qui reçoit une ou deux fois par mois des auteurs et des personnalités, évoque « la véritable erreur » que constituerait, selon lui, une interdiction visant l’ex-chroniqueur d’I-Télé. « Il faut débattre avec lui, le contrer le cas échéant. Nos membres sont heureusement curieux et s’ils ne sont pas d’accord, qu’ils viennent le dire », ajoute le patron du Cercle, qui conclut : « Zemmour a au moins raison de dire que notre société est crispée, car cette polémique le confirme. »Mme Jellab défend fermement, quant à elle, sa demande d’interdiction. Le discours du journaliste français est, dit-elle, « dangereux, toxique et peut, en temps de crise, engendrer de la souffrance et de la violence ». L’élue écologiste affirme au Monde avoir voulu placer les autorités municipales devant leurs responsabilités, elles qui ont déjà interdit un spectacle de Dieudonné et, récemment, la visite d’un prêcheur radical koweïtien lors d’une « foire musulmane ». « J’ai approuvé ces décisions et je demande à M. Mayeur de faire preuve de cohérence. Je réclame aussi que l’on n’établisse pas de hiérarchie dans les discours haineux et que l’on condamne de la même manière ceux qui visent les juifs et les musulmans », poursuit l’élue.« La parole que l’on veut libérer »Professeur de philosophie à l’université de Liège, Edouard Delruelle rejette également l’idée que le débat porterait sur le respect de la liberté d’expression. « La parole que l’on veut libérer, c’est toujours la parole d’extrême droite, la parole raciste, explique-t-il au journal Le Soir. Le verrou que l’on veut faire sauter c’est celui du politiquement correct, pour brouiller la différence entre droite et ultradroite. »Les débats sur les thèses du Suicide français paraissent, en tout cas, beaucoup intéresser les Belges — à moins que ce ne soient les nombreux Français installés dans la commune d’Uccle — puisqu’une autre salle, celle du B19 Country Club, un lieu où se rencontrent patrons et membres de la jet-set bruxelloise, devrait être comble le 6 janvier. Le maire libéral de la municipalité, Armand De Decker, s’étonne qu’on puisse envisager d’interdire la venue d’une personnalité comme M. Zemmour alors que Daniel Cohn-Bendit ou Jean-François Kahn déplorent qu’il soit frappé d’anathème.En Belgique, le journaliste écrivain dispose de quelques soutiens très marqués à droite, dont celui d’une formation populiste et anti-islam, le Parti populaire, qui a lancé une pétition en faveur de la venue de M. Zemmour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Pouchard et Madjid Zerrouky La chaîne i-Télé a diffusé mardi 25 août des images d’Ayoub El-Khazzani à son arrivée au palais de justice de Paris avant qu’il soit mis en examen pour, entre autres motifs, « tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».Le principal suspect de l’attaque à bord du Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août y est présenté vêtu d’une tenue d’hôpital bleue, pieds nus, les yeux bandés et menotté. Ses mains ont toutefois été floutées par la chaîne de télévision.Le lendemain, c’est Paris Match qui a publié une photo prise par un passager du TGV, montrant Ayoub El-Khazzani inconscient et porté par des policiers sur le quai de la gare d’Arras, son visage visible, ses pieds et ses poings liés. « Quelles que soient la nature et la gravité des faits reprochés à un homme, notre Etat de droit ne peut pas accepter que cet individu soit traité d’une manière dégradante et inhumaine. Le nécessaire aurait pu être fait », s’est insurgé en réaction Mani Ayadi, l’avocat d’Ayoub El-Khazzani.1. Que dit la loi ?L’article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, renforcée par la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, est relativement clair sur le sujet :« Lorsqu’elle est réalisée sans l’accord de l’intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 euros d’amende. »Autrement dit, la loi interdit toute publication d’une photo ou d’une vidéo d’une personne pouvant être identifiée soit par son nom, soit parce que son visage est visible, et la montrant entravée.Sur ce seul aspect, la photo publiée par Paris Match semble très nettement tomber sous le coup de la loi et pourrait faire l’objet de poursuites — qui sont toutefois très rares pour ce motif. 2. Flouter des menottes est-il une solution ?C’est ce qu’a choisi i-Télé. Le bandeau sur le visage d’Ayoub El-Khazzani ne change rien à son identification puisqu’il est nommément identifié. Mais les menottes, elles, sont floutées. « Il n’y a pas eu de débat dans la rédaction, qui a estimé que la valeur informative du document était très forte », explique-t-on à la chaîne.Cela suffit-il à « protéger » i-Télé en cas de poursuites ? Peu probable : la solution choisie est finalement hypocrite quant à l’esprit de la loi, car il est évident qu’il est entravé, les mains liées derrière le dos. « La loi ne dit pas qu’il ne faut pas montrer les menottes ou les entraves, mais interdit toute image faisant apparaître que la personne est menottée : sa posture, par exemple, suffit à faire apparaître de manière évidente que ses mains sont liées », explique Christophe Bigot, avocat spécialiste de la presse, et qui défend notamment Le Monde. 3. Strauss-Kahn, Cantat… Un débat récurrentLe 15 mai 2011, des images tournent en boucle dans les médias américains : Dominique Strauss-Kahn apparaît à sa sortie de garde à vue du commissariat de Harlem, à New York, escorté par cinq policiers et menotté dans le dos sous les flashs des photographes. La veille, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) avait été arrêté par la police américaine, qui le soupçonnait d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre de l’hôtel Sofitel où il séjournait.Des images hors la loi au regard du droit français, mais pas aux Etats-Unis, où elles sont courantes, le premier amendement de la Constitution protégeant la presse au nom de la « liberté d’expression ».Si Dominique Strauss-Kahn n’a engagé aucune poursuite à l’encontre des médias télévisés qui avaient repris la séquence filmée, les chaînes s’étaient vu notifier une mise en garde par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), estimant que « le principe de la liberté d’expression et le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité humaine » et rappelant que la loi du 15 juin 2000 punit la diffusion d’une image faisant apparaître menottée ou entravée une personne qui n’a pas fait l’objet d’une condamnation.Les condamnations pour ce motif sont peu nombreuses. En 2004, le quotidien France Soir et les magazines Paris Match et VSD avaient été condamnés pour avoir publié des images de Bertrand Cantat, menotté, prises en Lituanie en août 2003. L’ex-chanteur de Noir Désir y avait été arrêté et condamné en mars 2004 pour le meurtre de sa compagne d’alors, Marie Trintignant. Les clichés avaient été diffusés avant sa condamnation. En 2007, ce sont trois journaux (Le Journal du dimanche, Metro et Le Nouveau Détective) qui avaient été condamnés pour des photos de l’acteur Samy Naceri menotté, alors qu’il n’avait pas encore été jugé.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.08.2015 à 13h49 | Alexis Delcambre Place aux programmes ! Ce mercredi 26 août à 9 heures, Mathieu Gallet a donné sa conférence de rentrée de Radio France. L’occasion de s’exprimer sur d’autres sujets que les tensions budgétaires de son entreprise ou ses relations délicates avec la ministre de la culture, Fleur Pellerin, ou les syndicats de la Maison ronde.Depuis le mois de mars, le jeune président a dû affronter une triple tempête. En interne, la mise au jour d’un trou dans le budget et la perspective d’un plan de départs ont entraîné une grève de vingt-huit jours, la plus longue de l’histoire de Radio France, qui a révélé les carences du dialogue dans l’entreprise. En parallèle, le protégé du CSA s’est violemment heurté à la ministre de la culture, qui lui a reproché son absence de projet.Enfin, une série de révélations dans la presse, notamment dans Le Canard enchaîné, ont entraîné l’ouverture au parquet de Créteil d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur des contrats passés par M. Gallet quand il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel.ParadoxeMais pour le moment, l’ancien conseiller de Frédéric Mitterrand Rue de Valois a survécu à cette conflagration. Le paradoxe étant que, sur le terrain des contenus, le bilan de la première saison de Mathieu Gallet apparaît positif. A commencer par les audiences des antennes, qui, la saison dernière, ont progressé, malgré l’effet de la grève du printemps.France Inter a repassé, l’hiver dernier, la barre des 10 % d’audience cumulée, et les choix de sa directrice, Laurence Bloch, en faveur d’une antenne plus ouverte et détendue, ont été validés. Malgré l’éviction en juillet de son directeur, Olivier Poivre d’Arvor, France Culture a atteint en 2015 un niveau d’audience record, tandis que France Info tente de réinventer son identité de chaîne d’information en continu en s’adaptant aux usages numériques.Il reste des chantiers, nombreux : le développement du réseau « Bleu », la relance de France Musique que va tenter Marc Voinchet, celle de Mouv’, actuellement en chantier, le destin de FIP, le développement de nouvelles activités, comme les spectacles ou, plus généralement, l’avenir de la radio dans un univers d’écrans. Il faudra à Radio France vivre une saison plus sereine pour les faire progresser. C’est le message que Mathieu Gallet a donné à ses troupes mercredi matin.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Sandrine Treiner, 50 ans, présente à France Culture depuis 2010, a été choisie, mardi 25 août, pour succéder à Olivier Poivre d’Arvor, évincé de la direction de la chaîne publique en juillet.Comment se porte France Culture, un mois et demi après l’éviction de votre prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor ?La chaîne s’est tout simplement remise à faire de la radio. L’année a été lourde pour les antennes, avec beaucoup de fatigue et de tensions accumulées. Cela nous a donné le désir de se remettre au cœur de notre pratique. Notre grille d’été a été marquée par de beaux moments de radio : des séries d’été, de grandes traversées... dans une sorte de calme après la tempête.Olivier Poivre d’Arvor est parti dans des conditions houleuses...Je suis arrivée à France Culture il y a cinq ans car il est venu me chercher. Je lui dois mon arrivée et les cinq années où j’ai appris ce qui me permet aujourd’hui d’être directrice. Nous formions une équipe très soudée, avec de bons résultats. Au-delà de la rupture avec Olivier Poivre d’Arvor, la confiance a été donnée à la continuité.Il y avait d’autres choix ?Je l’ignore, et j’ai passé l’été à travailler pour que l’antenne soit bonne.Comment voulez-vous désormais faire évoluer France Culture ?Ce qui est formidable dans notre chaîne, c’est qu’on sait qui on est, pourquoi on existe et pourquoi on fait ce qu’on fait. Cela nous autorise des pas de côté par rapport à nos champs identitaires. C’est ce qui éclaire nos choix pour cette rentrée. Ainsi le duo que forment entre 19 et 20 heures Martin Quenehen et Mathilde Serrell : d’un côté une voix présente depuis longtemps à l’antenne, et de l’autre quelqu’un venant bousculer cette évidence, issue d’un autre univers, plus jeune et décalé, celui de Radio Nova.Vous allez devoir vous passer de Marc Voinchet, qui quitte la matinale pour la direction de France Musique...Il ne pouvait en effet pas faire les deux ! Le succès de notre matinale est avant tout lié à notre approche distanciée de l’actualité. Si on prend du recul, nous avons eu un excellent matinalier avec Nicolas Demorand. Quand il est parti, Ali Baddou l’a remplacé et a renforcé la matinale. Puis ce fut au tour de Marc. Alors je n’ai pas de doute sur le fait que Guillaume Erner contribuera à développer encore ce rendez-vous. Il vient de France Inter mais il incarne pleinement l’esprit de France Culture, il a son brevet en sciences sociales et aime aussi vagabonder !Après avoir atteint un record, à 2,3 %, l’audience cumulée de France Culture a baissé au printemps, à 1,8 %. Inquiétant ?Nous avons été la station la plus touchée par la grève de mars-avril, en restant à l’arrêt 28 jours. Ils est donc normal que la mesure d’audience ait été touchée. En réalité, si on regarde la période de sondage Médiamétrie, après la grève, notre audience était remontée à un niveau comparable à celui de janvier/mars.A vos yeux, qu’a révélé cette grève si suivie à France Culture ?Avant tout un état d’inquiétude. Les médias sont des révélateurs de la société qui les entoure et nous avons été touchés à notre tour par la peur du déclassement. En interne, le conflit a montré la nécessité de revoir des éléments d’organisation, de circulation de l’information, d’association des personnels et des partenaires sociaux aux projets du groupe.Toute la direction s’est depuis attelée à améliorer les choses. Enfin, au delà de la question budgétaire, la grève a pointé la question du sens, qui agite tous les médias. Nous sommes en plein tournant, en train de définir ce que nous ferons dans vingt ans. Cela soulève naturellement des interrogations.Vous allez devenir directrice de chaîne dans une entreprise encore fragile, où un plan de départs volontaires se prépare, sous l’autorité d’un président parfois contesté... Vous avez hésité ?Le fait que la direction soit confiée à une femme qui a toujours été une auditrice de France Culture, qui a la passion de cette chaîne chevillée au corps, ça ne se discute pas. C’est un signal et j’y réponds avec enthousiasme. Je suis très attachée au service public. Nous avons un rôle à jouer dans la société actuelle et c’est ce qui compte. Et j’ai confiance dans l’avenir de cette maison.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est finalement la continuité qui prévaut à France Culture, un mois et demi après l’éviction houleuse de son directeur Olivier Poivre d’Arvor. L’actuelle directrice par intérim de l’antenne publique, Sandrine Treiner, a été nommée directrice, mardi 25 août. Ce sera donc elle qui présentera la nouvelle grille de la chaîne, mercredi, lors de la conférence de rentrée de Radio France.Sandrine Treiner, 50 ans, est présente à France Culture depuis 2010, comme conseillère de programmes puis directrice adjointe en charge des programmes. Elle était devenue directrice par intérim en juillet. Mais le président de Radio France, Mathieu Gallet, s’était donné le temps de la réflexion, en estimant que « France Culture intéresse des personnalités de talent ».Lire l'entretien :Mathieu Gallet : « On ne peut pas être dans la maison tout en la critiquant »Dans ses nouvelles fonctions, Sandrine Treiner devra accompagner la nouvelle grille de France Culture, marquée par le changement de voix de la matinale, où Guillaume Erner (ex-France Inter) remplace Marc Voinchet, devenu directeur de France Musique.Après une saison marquée par un record à 2,3 % d’audience cumulée en janvier-mars 2015, France Culture a reculé à 1,8 % au printemps, payant notamment la longue grève de Radio France. La chaîne doit également soutenir un développement numérique encore timide et désormais piloté par Florent Latrive (ex-Libération).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Chaîne emblématique de la construction européenne, Arte deviendrait-elle celle du combat contre les géants du Web ? C’est en tout cas sous ce signe que sa présidente, Véronique Cayla, a placé la nouvelle saison de la chaîne, lors d’une conférence de rentrée lundi 24 août.« Arte se veut un lieu de vigilance et de résistance », estime celle qui copréside la chaîne franco-allemande depuis 2011 et jusqu’à la fin de cette année. La menace, à ses yeux, ce sont ces algorithmes qui gouvernent les grandes plates-formes numériques, « réduisent les individus à des séries de données de plus en plus invasives » et « enferment chacun dans ses habitudes ».Un descriptif qui semble viser aussi bien les suggestions de programmes d’un Netflix, fondées sur une étude approfondie des consommations antérieures de l’abonné, les critères des résultats de recherche de Google ou les paramètres qui font qu’un contenu s’affiche dans un fil Facebook.La puissance de recommandation de ces grandes plates-formes est une source d’inspiration pour leurs concurrentes françaises, qui essayent d’individualiser leurs propositions de contenus. CanalPlay, la plate-forme de vidéo à la demande de Canal+, a ainsi lancé son propre outil de recommandation, Suggest. Dans son application Zoom, France Télévisions expérimente également une proposition de contenus inspirée des goûts de l’utilisateur.Une chaîne « civique et citoyenne »Sur les cinq sites d’Arte, revendique sa présidente, « la recommandation n’est pas automatique mais éditoriale et réfléchie ». Et de s’enorgueillir d’avoir diffusé au printemps la série documentaire « Do not track », consacrée à la traçabilité numérique : « Grâce à cette série, Arte contribue à une meilleure connaissance et à une meilleure maîtrise par le citoyen de l’utilisation qui est faite de ses données personnelles. »Reste que les bonnes intentions ont leurs limites. Arte.tv ne fait pas exception à l’usage des cookies, ces petits fichiers déposés sur les disques durs par les sites Internet visités. Sur sa page dédiée, le site explique utiliser vingt types de cookies différents. Il encourage la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux – Facebook, Google Plus, Instagram, Twitter – et les programmes d’Arte sont disponibles sur l’Apple TV.« Notre politique est d’aller toucher le public où il est, et donc nous travaillons avec ces plates-formes, mais en conservant notre liberté de penser », se défend Mme Cayla. Sur ce sujet, il faut pour elle « mobiliser les opinions publiques, seules capables d’ébranler les certitudes des géants du Net ». Une mission de taille pour une Arte qu’elle rêve « civique et citoyenne », contribuant à « l’émergence d’une introuvable opinion publique européenne ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Selon le Wall Street Journal du lundi 24 août, la Commission européenne, qui a déjà, au printemps dernier, formellement accusé Google de pratiques anticoncurrentielles sur son service Google Shopping, a récemment étendu son enquête. En ligne de mire, les contrats publicitaires signés par le géant américain du Web et ses pratiques consistant à reproduire du contenu de sites tiers.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesA en croire le quotidien américain, des sociétés ayant déposé plainte contre Google ont été contactées par Bruxelles pour répondre à un questionnaire concernant ces pratiques. Plus précisément, pour mettre à jour ce questionnaire, qui leur avait déjà été envoyé en 2010, au tout début du travail d’enquête de la Commission sur les agissements du groupe Internet.« Cette démarche n’a rien d’inattendu »L’information n’a pas été formellement confirmée, ni par Google, ni par la Commission, mais pas infirmée non plus. « La Commission n’a pas caché, ces derniers mois, qu’elle continuait à regarder de près trois autres comportements de Google : les copies du contenu d’autres sites qu’effectuait le groupe, les clauses d’exclusivité comprises dans ses accords avec ses partenaires publicitaires, des restrictions imposées à ses partenaires annonceurs concernant l’usage d’autres plates-formes de publicité », selon une source bruxelloise.« La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager avait dit [lors de sa prise de fonction], l’année dernière qu’elle voulait que ses équipes mettent à jour toutes les interrogations soulevées par son prédécesseur [Joaquin Almunia]. Donc, cette démarche n’a rien d’inattendu. Mme Vestager a aussi répété qu’elle n’excluait pas d’élargir l’investigation », explique une source européenne au Monde. « Donc, cette démarche paraît logique, elle relève peut-être même d’une forme de tactique pour maintenir la pression sur le groupe », ajoute cette source.De fait, Google n’a plus que quelques jours – d’ici au 31 août –, pour répondre par écrit aux accusations de la Commission, émises en avril, concernant le service en ligne Google Shopping.Google joue grosLe groupe est sous le coup d’une enquête européenne pour abus de position dominante depuis maintenant cinq ans, mais Bruxelles est passé à la vitesse supérieure, quand Mme Vestager a décidé d’envoyer cet acte d’accusation – ce Statement of Objections, dans le jargon communautaire –, centré sur Google Shopping, alors que son prédécesseur, M. Almunia, avait jusqu’à présent toujours évité cette étape cruciale de la procédure en tentant de trouver un compromis avec Google.Lire aussi :Google : un poids (très) lourd, mais quelques alternativesLe géant américain joue très gros avec cette affaire : si la Commission ne se satisfait pas de sa défense, si elle est convaincue que le groupe a enfreint les règles européennes en matière de concurrence, elle peut lui imposer une amende allant jusqu’à plusieurs milliards d’euros.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ancienne patronne d’Orange France, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Voici des extraits de l’entretien qu’elle a accordé au Monde.Quelle est votre ambition pour France Télévisions ?Je veux en faire une entreprise audiovisuelle du XXIe siècle. Cela veut d’abord dire assurer les missions essentielles : proposer des programmes innovants et une information de service public, mais, au-delà, je veux en faire une entreprise qui n’ait pas seulement des supports numériques, mais qui soit un vrai groupe numérique.Face à la mondialisation et à l’essor d’Internet, qui abolit les frontières pour le contenu, il y a un vrai enjeu pour la télévision publique en France : nous risquons de souffrir d’avoir un territoire tout petit face à des géants américains qui amortissent leurs séries sur des millions de téléspectateurs. Il faut donc aider à la production des contenus exportables et être moteur dans la coproduction européenne. Je regardais jeudi soir sur Arte « The Team », une série polar danoise, allemande et belge. Il n’y a aucune raison que le secteur audiovisuel français ne devienne pas plus puissant.Faire une chaîne d’information publique est une de vos priorités. Quel sera son apport face à BFM-TV ou i-Télé ?Dans un monde qui est en train de se fragmenter, où beaucoup de téléspectateurs ne font plus confiance à ce qu’ils entendent, nous voulons une chaîne qui aille plus loin que donner l’information. Et qui permette de comprendre, d’exposer des points de vue différents, d’éclairer et de décrypter, au-delà de l’information brute et parfois brutale qu’on peut voir sur les chaînes en continu.Pourquoi avoir nommé numéro deux de l’information Germain Dagognet, de TF1, qui n’était pas le choix de votre directeur de l’information ?J’ai choisi de nommer Pascal Golomer directeur de l’info. C’est important pour la rédaction d’avoir pris l’un des leurs, qui est reconnu et qui est un bon manageur. C’est le point le plus important. Après, je n’ai jamais caché mon projet de faire une chaîne d’information. J’ai souhaité que ce projet soit intégré à la rédaction. J’ai vu pas mal de monde pour la direction de l’information, et Germain Dagognet m’a paru avoir une bonne expérience, notamment celle d’une chaîne d’information en continu, à LCI. Il sera une ressource utile pour réussir ce projet, sous la direction de Pascal Golomer.Certains pensent que votre présidence est marquée à gauche : le président du CSA est un ancien socialiste, vous avez choisi un ex-écologiste comme directeur de cabinet, Stéphane Sitbon Gomez… N’est-ce pas prêter le flanc à la critique en vue de 2017 ?Je suis une femme d’entreprise, pas une femme politique. Je n’ai aucun marquage. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai défendu ma candidature. Et je crois que c’est aussi pour cela que le CSA m’a nommée : ma capacité à transformer une entreprise, dans un climat social apaisé. Quant à Stéphane Sitbon Gomez, je cherchais quelqu’un pour m’aider à relire mon projet et cela a été une rencontre. Il se trouve qu’il a un passé politique mais ce n’est pas cela qui m’a décidée.Lire l'intégralité de l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Elle a trouvé le temps long… Après six mois de campagne puis quatre mois de « tuilage » avec l’équipe en place, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, ancienne patronne d’Orange France, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Elle a mis un premier pied dans son bureau samedi, mais la passation de pouvoir a lieu ce lundi, à 10 heures, lors d’une prise de parole devant cent cinquante cadres dirigeants de l’entreprise d’audiovisuel public.Son arrivée à France Télévisions a donné lieu à beaucoup d’articles et de commentaires, mais l’intéressée ne s’est jusqu’ici pas exprimée. Elle est attendue. Le choix du Conseil supérieur de l’audiovisuel de la nommer, le 23 avril, a suscité des contestations (deux plaintes et deux recours au Conseil d’Etat demeurent). Depuis, au cours des quatre derniers mois, elle a consulté en interne et en externe — avec le lot de rumeurs afférent — pour former son équipe, dont elle officialise l’organigramme ce lundi.On y trouve des recrues externes (Stéphane Sitbon-Gomez, ancien directeur de cabinet de l’écologiste Cécile Duflot ; Vincent Meslet, directeur de France 2, venu d’Arte ; Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, issue du groupe TF1 et de France Télévisions ; ou Michel Field, directeur de France 5, ancien de LCI, Europe 1 et France Télévisions) et des promotions internes (dont Pascal Golomer, le directeur de l’information, remplaçant de Thierry Thuillier, ou Arnaud Lesaunier, le directeur des ressources humaines), ainsi que quelques confirmations de l’équipe précédente (Dana Hastier, directrice de France 3, ou Tiphaine de Raguenel, à France 4).Chaîne publique d’information en continuQuelques jours avant sa prise de fonction, une dernière nomination a créé des remous à la direction des rédactions de l’entreprise : celle de Germain Dagognet, ancien de TF1 et de LCI, souvent décrit comme homme de réseau. Il a été recruté comme numéro deux de l’information, alors que ce n’était pas le choix initial de Pascal Golomer. Le nouveau venu travaillera sous sa responsabilité et s’occupera du chantier de la chaîne publique d’information en continu que Delphine Ernotte veut lancer a depuis précisé son entourage. Un projet assez sensible, à deux ans de la présidentielle, mais central pour la nouvelle présidente, qui veut que cette chaîne soit lancée en septembre 2016 sur les supports numériques, et ensuite éventuellement sur un canal hertzien, ce qui n’est pas acquis.Delphine Ernotte a la chance — peut-être à double tranchant — de trouver un groupe qui se félicite ces derniers mois de ses bonnes audiences dans le domaine de l’information ou de la fiction. Mais plusieurs autres défis sont dans le projet de Delphine Ernotte : continuer la fusion des rédactions de France 2 et France 3 — une réforme déjà engagée, mais qui génère des oppositions en interne ; favoriser le dialogue social avec des « assises » de l’entreprise ; poursuivre le développement numérique ; faire de France Télévisions un fer de lance de la création audiovisuelle française, y compris à l’export. Tout en faisant face à des ressources publiques plutôt en baisse, ce qui suppose de faire encore des économies ou de trouver de nouvelles recettes, par la refonte de la redevance, la vente de droits de production ou la publicité. Delphine Ernotte se dit impatiente de prendre ses fonctions. Elle a de quoi s’occuper.@apiquardpiquard@lemonde.frRetrouvez l’entretien exclusif avec Delphine Ernotte-Cunci dans l’édition du Monde du mardi 25 août.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais 10.08.2015 à 15h35 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h25 | Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images (chaque film comprenant un peu plus d’une vingtaine de vues).Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur brutale et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour lui, comme pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils défectueux. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Zeiss Ikon – alors que ce défaut de compatibilité entre Contax et Zeiss Ikon n’a jamais été mentionné par ailleurs… Peut-être parce que les appareils Contax étaient justement fabriqués par Zeiss Ikon.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire, ce qui tend fortement à discréditer toute interprétation possible de ces images.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Elles furent toutes publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images (chaque film comprenant un peu plus d’une vingtaine de vues).Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur brutale et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour lui, comme pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils défectueux. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Zeiss Ikon – alors que ce défaut de compatibilité entre Contax et Zeiss Ikon n’a jamais été mentionné par ailleurs… Peut-être parce que les appareils Contax étaient justement fabriqués par Zeiss Ikon.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire, ce qui tend fortement à discréditer toute interprétation possible de ces images.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Elles furent toutes publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont, de manière incontestable, les seules images réalisées à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images (chaque film comprenant un peu plus d’une vingtaine de vues).Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur brutale et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour lui, comme pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils défectueux. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Zeiss Ikon – alors que ce défaut de comptabilité entre Contax et Zeiss Ikon n’a jamais été mentionné par ailleurs… Peut-être parce que les appareils Contax étaient justement fabriqués par Zeiss Ikon.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire, ce qui tend fortement à discréditer toute interprétation possible de ces images.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Elles furent toutes publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.08.2015 à 03h46 • Mis à jour le31.08.2015 à 09h02 Deux journalistes britanniques du groupe de presse Vice News, arrêtés jeudi par la police turque avec leur fixeur, « seront présentés [lundi 31 août] au tribunal où ils devront faire face à des accusations infondées en lien avec le terrorisme », assure Vice News dans un communiqué.Soupçonnés d’avoir travaillé sans autorisation dans le sud-est de la Turquie, en proie depuis plus d’un mois à de violents affrontements entre les forces de sécurité turques et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les trois reporters seraient désormais accusés de soutenir l’Etat islamique.« Fausses allégations »Jake Hanrahan et Philip Pendlebury ont été interpellés jeudi soir dans le district de Baglar, province de Diyarbakir, où ils filmaient les combats entre les forces turques et les combattants séparatistes kurdes du PKK.Vice News a déclaré être en contact avec les autorités compétentes pour obtenir la libération de ses journalistes. « Amnesty International, Le Comité pour la Protection des Journalistes, PEN International et de nombreux autres ont appelé à ce que ces fausses allégations soit abandonnées et à la libération immédiate du groupe de journalistes », écrit le groupe de presse."We ask for justice and the immediate release of journalists doing their jobs." http://t.co/uh86SyXWos— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]); 27.08.2015 à 16h27 • Mis à jour le27.08.2015 à 16h42 | Alexis Delcambre TF1 n’entend pas rester sans réaction face à l’érosion de l’audience de son journal de 20 heures, qui ne dépasse plus celui de France 2 que d’une courte tête. Un problème pour une chaîne dont le modèle repose sur la notion de « leader ».Jeudi 27 août, la filiale du groupe Bouygues a annoncé une série d’innovations qui doivent entrer en vigueur dès lundi 31 août, dans l’espoir de relancer un format qui souffre d’une certaine usure, – bien qu’il reste le rendez-vous d’information vespéral le plus regardé de France. Proximité et numérique sont les maître mots de cette relance qui ne touche pas les présentateurs : Jean-Pierre Pernaut à 13 heures, Gilles Bouleau à 20 heures et Claire Chazal le week-end demeureront les trois visages de l’information sur TF1.Les causes de l’usureInstigatrice de cette réforme, Catherine Nayl, la directrice générale à l’information du groupe, identifie des « causes endogènes » et des « causes exogènes ». Les premières sont liées au vieillissement du format actuel, installé en 2012. Les secondes ont trait à l’apport d’audience inégal de l’« access prime time », la case qui précède le 20 heures, ainsi qu’à la désaffection des téléspectateurs les plus jeunes, pour lesquels le JT n’est plus un rendez-vous. « Nous sommes en première ligne » face à la mutation des usages, dit aujourd’hui Mme Nayl.La recherche de « proximité »Face à cette usure, la réponse éditoriale de TF1 est de se rapprocher du téléspectateur. Il n’y aura pas de changement dans les thématiques abordées, mais les sujets devront davantage « impliquer » le téléspectateur, « expliquer comment tel événement de l’actualité va le toucher ». On verra davantage les journalistes à l’antenne, pour mieux incarner les sujets, qui montreront aussi plus de témoins. Ce sera « un peu plus “concernant” et souriant », espère Catherine Nayl. Le numérique viendra en renfort de cette approche, avec la création d’une page Facebook du JT de TF1 où les internautes pourront poser des questions supplémentaires aux journalistes ou experts étant intervenus dans le JT, dans un chat, et suggérer des idées de sujets. C’est un pas important pour TF1, où une culture assez statutaire de l’information n’a pas favorisé, jusqu’ici, le recours à l’interactivité. Enfin, les JT disposeront d’un nouveau décor, plus chaleureux et censé rapprocher le présentateur, plus souvent debout, devant la table au lieu d’être derrière.Un format plus structuréPour essayer de freiner la tendance des téléspectateurs à quitter le JT en cours de route, celui-ci sera structuré en trois grandes parties et proposera un nombre de sujets un peu moins important, autour de 14 au lieu d’environ 17 en moyenne. La partie centrale concentre la principale innovation : elle proposera un format « magazine » d’environ cinq minutes, réalisé par une cellule dite « enquête ». Dans la forme, un recours plus important à l’infographie est annoncé, par exemple avec le format « une minute pour comprendre ». Le nouveau décor, circulaire, vise aussi à immerger le téléspectateur à l’intérieur d’un mur d’écrans où les images de fond ont été revues, rendues plus douces et lumineuses.Un JT expérimental avec FacebookTF1 travaille enfin à un mini-JT qui sera diffusé sur Facebook et sa plateforme MyTF1News, qu’elle présente comme « le premier JT social d’Europe ». D’une durée d’une minute trente environ, baptisé « Focus », il proposera trois à quatre sujets détectés parmi les informations populaires sur les réseaux sociaux et sera animé par les présentateurs maison. Une façon pour TF1 d’aller à la rencontre des internautes les plus jeunes : « Notre marque existe et doit s’adresser à tous », revendique Catherine Nayl.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard et Madjid Zerrouky La chaîne i-Télé a diffusé mardi 25 août des images d’Ayoub El-Khazzani à son arrivée au palais de justice de Paris avant qu’il soit mis en examen pour, entre autres motifs, « tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».Le principal suspect de l’attaque à bord du Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août y est présenté vêtu d’une tenue d’hôpital bleue, pieds nus, les yeux bandés et menotté. Ses mains ont toutefois été floutées par la chaîne de télévision.Le lendemain, c’est Paris Match qui a publié une photo prise par un passager du TGV, montrant Ayoub El-Khazzani inconscient et porté par des policiers sur le quai de la gare d’Arras, son visage visible, ses pieds et ses poings liés. « Quelles que soient la nature et la gravité des faits reprochés à un homme, notre Etat de droit ne peut pas accepter que cet individu soit traité d’une manière dégradante et inhumaine. Le nécessaire aurait pu être fait », s’est insurgé en réaction Mani Ayadi, l’avocat d’Ayoub El-Khazzani.1. Que dit la loi ?L’article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, renforcée par la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, est relativement clair sur le sujet :« Lorsqu’elle est réalisée sans l’accord de l’intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 euros d’amende. »Autrement dit, la loi interdit toute publication d’une photo ou d’une vidéo d’une personne pouvant être identifiée soit par son nom, soit parce que son visage est visible, et la montrant entravée.Sur ce seul aspect, la photo publiée par Paris Match semble très nettement tomber sous le coup de la loi et pourrait faire l’objet de poursuites — qui sont toutefois très rares pour ce motif. 2. Flouter des menottes est-il une solution ?C’est ce qu’a choisi i-Télé. Le bandeau sur le visage d’Ayoub El-Khazzani ne change rien à son identification puisqu’il est nommément identifié. Mais les menottes, elles, sont floutées. « Il n’y a pas eu de débat dans la rédaction, qui a estimé que la valeur informative du document était très forte », explique-t-on à la chaîne.Cela suffit-il à « protéger » i-Télé en cas de poursuites ? Peu probable : la solution choisie est finalement hypocrite quant à l’esprit de la loi, car il est évident qu’il est entravé, les mains liées derrière le dos. « La loi ne dit pas qu’il ne faut pas montrer les menottes ou les entraves, mais interdit toute image faisant apparaître que la personne est menottée : sa posture, par exemple, suffit à faire apparaître de manière évidente que ses mains sont liées », explique Christophe Bigot, avocat spécialiste de la presse, et qui défend notamment Le Monde. 3. Strauss-Kahn, Cantat… Un débat récurrentLe 15 mai 2011, des images tournent en boucle dans les médias américains : Dominique Strauss-Kahn apparaît à sa sortie de garde à vue du commissariat de Harlem, à New York, escorté par cinq policiers et menotté dans le dos sous les flashs des photographes. La veille, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) avait été arrêté par la police américaine, qui le soupçonnait d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre de l’hôtel Sofitel où il séjournait.Des images hors la loi au regard du droit français, mais pas aux Etats-Unis, où elles sont courantes, le premier amendement de la Constitution protégeant la presse au nom de la « liberté d’expression ».Si Dominique Strauss-Kahn n’a engagé aucune poursuite à l’encontre des médias télévisés qui avaient repris la séquence filmée, les chaînes s’étaient vu notifier une mise en garde par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), estimant que « le principe de la liberté d’expression et le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité humaine » et rappelant que la loi du 15 juin 2000 punit la diffusion d’une image faisant apparaître menottée ou entravée une personne qui n’a pas fait l’objet d’une condamnation.Les condamnations pour ce motif sont peu nombreuses. En 2004, le quotidien France Soir et les magazines Paris Match et VSD avaient été condamnés pour avoir publié des images de Bertrand Cantat, menotté, prises en Lituanie en août 2003. L’ex-chanteur de Noir Désir y avait été arrêté et condamné en mars 2004 pour le meurtre de sa compagne d’alors, Marie Trintignant. Les clichés avaient été diffusés avant sa condamnation. En 2007, ce sont trois journaux (Le Journal du dimanche, Metro et Le Nouveau Détective) qui avaient été condamnés pour des photos de l’acteur Samy Naceri menotté, alors qu’il n’avait pas encore été jugé.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.08.2015 à 13h49 | Alexis Delcambre Place aux programmes ! Ce mercredi 26 août à 9 heures, Mathieu Gallet a donné sa conférence de rentrée de Radio France. L’occasion de s’exprimer sur d’autres sujets que les tensions budgétaires de son entreprise ou ses relations délicates avec la ministre de la culture, Fleur Pellerin, ou les syndicats de la Maison ronde.Depuis le mois de mars, le jeune président a dû affronter une triple tempête. En interne, la mise au jour d’un trou dans le budget et la perspective d’un plan de départs ont entraîné une grève de vingt-huit jours, la plus longue de l’histoire de Radio France, qui a révélé les carences du dialogue dans l’entreprise. En parallèle, le protégé du CSA s’est violemment heurté à la ministre de la culture, qui lui a reproché son absence de projet.Enfin, une série de révélations dans la presse, notamment dans Le Canard enchaîné, ont entraîné l’ouverture au parquet de Créteil d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur des contrats passés par M. Gallet quand il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel.ParadoxeMais pour le moment, l’ancien conseiller de Frédéric Mitterrand Rue de Valois a survécu à cette conflagration. Le paradoxe étant que, sur le terrain des contenus, le bilan de la première saison de Mathieu Gallet apparaît positif. A commencer par les audiences des antennes, qui, la saison dernière, ont progressé, malgré l’effet de la grève du printemps.France Inter a repassé, l’hiver dernier, la barre des 10 % d’audience cumulée, et les choix de sa directrice, Laurence Bloch, en faveur d’une antenne plus ouverte et détendue, ont été validés. Malgré l’éviction en juillet de son directeur, Olivier Poivre d’Arvor, France Culture a atteint en 2015 un niveau d’audience record, tandis que France Info tente de réinventer son identité de chaîne d’information en continu en s’adaptant aux usages numériques.Il reste des chantiers, nombreux : le développement du réseau « Bleu », la relance de France Musique que va tenter Marc Voinchet, celle de Mouv’, actuellement en chantier, le destin de FIP, le développement de nouvelles activités, comme les spectacles ou, plus généralement, l’avenir de la radio dans un univers d’écrans. Il faudra à Radio France vivre une saison plus sereine pour les faire progresser. C’est le message que Mathieu Gallet a donné à ses troupes mercredi matin.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Sandrine Treiner, 50 ans, présente à France Culture depuis 2010, a été choisie, mardi 25 août, pour succéder à Olivier Poivre d’Arvor, évincé de la direction de la chaîne publique en juillet.Comment se porte France Culture, un mois et demi après l’éviction de votre prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor ?La chaîne s’est tout simplement remise à faire de la radio. L’année a été lourde pour les antennes, avec beaucoup de fatigue et de tensions accumulées. Cela nous a donné le désir de se remettre au cœur de notre pratique. Notre grille d’été a été marquée par de beaux moments de radio : des séries d’été, de grandes traversées... dans une sorte de calme après la tempête.Olivier Poivre d’Arvor est parti dans des conditions houleuses...Je suis arrivée à France Culture il y a cinq ans car il est venu me chercher. Je lui dois mon arrivée et les cinq années où j’ai appris ce qui me permet aujourd’hui d’être directrice. Nous formions une équipe très soudée, avec de bons résultats. Au-delà de la rupture avec Olivier Poivre d’Arvor, la confiance a été donnée à la continuité.Il y avait d’autres choix ?Je l’ignore, et j’ai passé l’été à travailler pour que l’antenne soit bonne.Comment voulez-vous désormais faire évoluer France Culture ?Ce qui est formidable dans notre chaîne, c’est qu’on sait qui on est, pourquoi on existe et pourquoi on fait ce qu’on fait. Cela nous autorise des pas de côté par rapport à nos champs identitaires. C’est ce qui éclaire nos choix pour cette rentrée. Ainsi le duo que forment entre 19 et 20 heures Martin Quenehen et Mathilde Serrell : d’un côté une voix présente depuis longtemps à l’antenne, et de l’autre quelqu’un venant bousculer cette évidence, issue d’un autre univers, plus jeune et décalé, celui de Radio Nova.Vous allez devoir vous passer de Marc Voinchet, qui quitte la matinale pour la direction de France Musique...Il ne pouvait en effet pas faire les deux ! Le succès de notre matinale est avant tout lié à notre approche distanciée de l’actualité. Si on prend du recul, nous avons eu un excellent matinalier avec Nicolas Demorand. Quand il est parti, Ali Baddou l’a remplacé et a renforcé la matinale. Puis ce fut au tour de Marc. Alors je n’ai pas de doute sur le fait que Guillaume Erner contribuera à développer encore ce rendez-vous. Il vient de France Inter mais il incarne pleinement l’esprit de France Culture, il a son brevet en sciences sociales et aime aussi vagabonder !Après avoir atteint un record, à 2,3 %, l’audience cumulée de France Culture a baissé au printemps, à 1,8 %. Inquiétant ?Nous avons été la station la plus touchée par la grève de mars-avril, en restant à l’arrêt 28 jours. Ils est donc normal que la mesure d’audience ait été touchée. En réalité, si on regarde la période de sondage Médiamétrie, après la grève, notre audience était remontée à un niveau comparable à celui de janvier/mars.A vos yeux, qu’a révélé cette grève si suivie à France Culture ?Avant tout un état d’inquiétude. Les médias sont des révélateurs de la société qui les entoure et nous avons été touchés à notre tour par la peur du déclassement. En interne, le conflit a montré la nécessité de revoir des éléments d’organisation, de circulation de l’information, d’association des personnels et des partenaires sociaux aux projets du groupe.Toute la direction s’est depuis attelée à améliorer les choses. Enfin, au delà de la question budgétaire, la grève a pointé la question du sens, qui agite tous les médias. Nous sommes en plein tournant, en train de définir ce que nous ferons dans vingt ans. Cela soulève naturellement des interrogations.Vous allez devenir directrice de chaîne dans une entreprise encore fragile, où un plan de départs volontaires se prépare, sous l’autorité d’un président parfois contesté... Vous avez hésité ?Le fait que la direction soit confiée à une femme qui a toujours été une auditrice de France Culture, qui a la passion de cette chaîne chevillée au corps, ça ne se discute pas. C’est un signal et j’y réponds avec enthousiasme. Je suis très attachée au service public. Nous avons un rôle à jouer dans la société actuelle et c’est ce qui compte. Et j’ai confiance dans l’avenir de cette maison.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est finalement la continuité qui prévaut à France Culture, un mois et demi après l’éviction houleuse de son directeur Olivier Poivre d’Arvor. L’actuelle directrice par intérim de l’antenne publique, Sandrine Treiner, a été nommée directrice, mardi 25 août. Ce sera donc elle qui présentera la nouvelle grille de la chaîne, mercredi, lors de la conférence de rentrée de Radio France.Sandrine Treiner, 50 ans, est présente à France Culture depuis 2010, comme conseillère de programmes puis directrice adjointe en charge des programmes. Elle était devenue directrice par intérim en juillet. Mais le président de Radio France, Mathieu Gallet, s’était donné le temps de la réflexion, en estimant que « France Culture intéresse des personnalités de talent ».Lire l'entretien :Mathieu Gallet : « On ne peut pas être dans la maison tout en la critiquant »Dans ses nouvelles fonctions, Sandrine Treiner devra accompagner la nouvelle grille de France Culture, marquée par le changement de voix de la matinale, où Guillaume Erner (ex-France Inter) remplace Marc Voinchet, devenu directeur de France Musique.Après une saison marquée par un record à 2,3 % d’audience cumulée en janvier-mars 2015, France Culture a reculé à 1,8 % au printemps, payant notamment la longue grève de Radio France. La chaîne doit également soutenir un développement numérique encore timide et désormais piloté par Florent Latrive (ex-Libération).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Chaîne emblématique de la construction européenne, Arte deviendrait-elle celle du combat contre les géants du Web ? C’est en tout cas sous ce signe que sa présidente, Véronique Cayla, a placé la nouvelle saison de la chaîne, lors d’une conférence de rentrée lundi 24 août.« Arte se veut un lieu de vigilance et de résistance », estime celle qui copréside la chaîne franco-allemande depuis 2011 et jusqu’à la fin de cette année. La menace, à ses yeux, ce sont ces algorithmes qui gouvernent les grandes plates-formes numériques, « réduisent les individus à des séries de données de plus en plus invasives » et « enferment chacun dans ses habitudes ».Un descriptif qui semble viser aussi bien les suggestions de programmes d’un Netflix, fondées sur une étude approfondie des consommations antérieures de l’abonné, les critères des résultats de recherche de Google ou les paramètres qui font qu’un contenu s’affiche dans un fil Facebook.La puissance de recommandation de ces grandes plates-formes est une source d’inspiration pour leurs concurrentes françaises, qui essayent d’individualiser leurs propositions de contenus. CanalPlay, la plate-forme de vidéo à la demande de Canal+, a ainsi lancé son propre outil de recommandation, Suggest. Dans son application Zoom, France Télévisions expérimente également une proposition de contenus inspirée des goûts de l’utilisateur.Une chaîne « civique et citoyenne »Sur les cinq sites d’Arte, revendique sa présidente, « la recommandation n’est pas automatique mais éditoriale et réfléchie ». Et de s’enorgueillir d’avoir diffusé au printemps la série documentaire « Do not track », consacrée à la traçabilité numérique : « Grâce à cette série, Arte contribue à une meilleure connaissance et à une meilleure maîtrise par le citoyen de l’utilisation qui est faite de ses données personnelles. »Reste que les bonnes intentions ont leurs limites. Arte.tv ne fait pas exception à l’usage des cookies, ces petits fichiers déposés sur les disques durs par les sites Internet visités. Sur sa page dédiée, le site explique utiliser vingt types de cookies différents. Il encourage la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux – Facebook, Google Plus, Instagram, Twitter – et les programmes d’Arte sont disponibles sur l’Apple TV.« Notre politique est d’aller toucher le public où il est, et donc nous travaillons avec ces plates-formes, mais en conservant notre liberté de penser », se défend Mme Cayla. Sur ce sujet, il faut pour elle « mobiliser les opinions publiques, seules capables d’ébranler les certitudes des géants du Net ». Une mission de taille pour une Arte qu’elle rêve « civique et citoyenne », contribuant à « l’émergence d’une introuvable opinion publique européenne ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Selon le Wall Street Journal du lundi 24 août, la Commission européenne, qui a déjà, au printemps dernier, formellement accusé Google de pratiques anticoncurrentielles sur son service Google Shopping, a récemment étendu son enquête. En ligne de mire, les contrats publicitaires signés par le géant américain du Web et ses pratiques consistant à reproduire du contenu de sites tiers.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesA en croire le quotidien américain, des sociétés ayant déposé plainte contre Google ont été contactées par Bruxelles pour répondre à un questionnaire concernant ces pratiques. Plus précisément, pour mettre à jour ce questionnaire, qui leur avait déjà été envoyé en 2010, au tout début du travail d’enquête de la Commission sur les agissements du groupe Internet.« Cette démarche n’a rien d’inattendu »L’information n’a pas été formellement confirmée, ni par Google, ni par la Commission, mais pas infirmée non plus. « La Commission n’a pas caché, ces derniers mois, qu’elle continuait à regarder de près trois autres comportements de Google : les copies du contenu d’autres sites qu’effectuait le groupe, les clauses d’exclusivité comprises dans ses accords avec ses partenaires publicitaires, des restrictions imposées à ses partenaires annonceurs concernant l’usage d’autres plates-formes de publicité », selon une source bruxelloise.« La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager avait dit [lors de sa prise de fonction], l’année dernière qu’elle voulait que ses équipes mettent à jour toutes les interrogations soulevées par son prédécesseur [Joaquin Almunia]. Donc, cette démarche n’a rien d’inattendu. Mme Vestager a aussi répété qu’elle n’excluait pas d’élargir l’investigation », explique une source européenne au Monde. « Donc, cette démarche paraît logique, elle relève peut-être même d’une forme de tactique pour maintenir la pression sur le groupe », ajoute cette source.De fait, Google n’a plus que quelques jours – d’ici au 31 août –, pour répondre par écrit aux accusations de la Commission, émises en avril, concernant le service en ligne Google Shopping.Google joue grosLe groupe est sous le coup d’une enquête européenne pour abus de position dominante depuis maintenant cinq ans, mais Bruxelles est passé à la vitesse supérieure, quand Mme Vestager a décidé d’envoyer cet acte d’accusation – ce Statement of Objections, dans le jargon communautaire –, centré sur Google Shopping, alors que son prédécesseur, M. Almunia, avait jusqu’à présent toujours évité cette étape cruciale de la procédure en tentant de trouver un compromis avec Google.Lire aussi :Google : un poids (très) lourd, mais quelques alternativesLe géant américain joue très gros avec cette affaire : si la Commission ne se satisfait pas de sa défense, si elle est convaincue que le groupe a enfreint les règles européennes en matière de concurrence, elle peut lui imposer une amende allant jusqu’à plusieurs milliards d’euros.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ancienne patronne d’Orange France, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Voici des extraits de l’entretien qu’elle a accordé au Monde.Quelle est votre ambition pour France Télévisions ?Je veux en faire une entreprise audiovisuelle du XXIe siècle. Cela veut d’abord dire assurer les missions essentielles : proposer des programmes innovants et une information de service public, mais, au-delà, je veux en faire une entreprise qui n’ait pas seulement des supports numériques, mais qui soit un vrai groupe numérique.Face à la mondialisation et à l’essor d’Internet, qui abolit les frontières pour le contenu, il y a un vrai enjeu pour la télévision publique en France : nous risquons de souffrir d’avoir un territoire tout petit face à des géants américains qui amortissent leurs séries sur des millions de téléspectateurs. Il faut donc aider à la production des contenus exportables et être moteur dans la coproduction européenne. Je regardais jeudi soir sur Arte « The Team », une série polar danoise, allemande et belge. Il n’y a aucune raison que le secteur audiovisuel français ne devienne pas plus puissant.Faire une chaîne d’information publique est une de vos priorités. Quel sera son apport face à BFM-TV ou i-Télé ?Dans un monde qui est en train de se fragmenter, où beaucoup de téléspectateurs ne font plus confiance à ce qu’ils entendent, nous voulons une chaîne qui aille plus loin que donner l’information. Et qui permette de comprendre, d’exposer des points de vue différents, d’éclairer et de décrypter, au-delà de l’information brute et parfois brutale qu’on peut voir sur les chaînes en continu.Pourquoi avoir nommé numéro deux de l’information Germain Dagognet, de TF1, qui n’était pas le choix de votre directeur de l’information ?J’ai choisi de nommer Pascal Golomer directeur de l’info. C’est important pour la rédaction d’avoir pris l’un des leurs, qui est reconnu et qui est un bon manageur. C’est le point le plus important. Après, je n’ai jamais caché mon projet de faire une chaîne d’information. J’ai souhaité que ce projet soit intégré à la rédaction. J’ai vu pas mal de monde pour la direction de l’information, et Germain Dagognet m’a paru avoir une bonne expérience, notamment celle d’une chaîne d’information en continu, à LCI. Il sera une ressource utile pour réussir ce projet, sous la direction de Pascal Golomer.Certains pensent que votre présidence est marquée à gauche : le président du CSA est un ancien socialiste, vous avez choisi un ex-écologiste comme directeur de cabinet, Stéphane Sitbon Gomez… N’est-ce pas prêter le flanc à la critique en vue de 2017 ?Je suis une femme d’entreprise, pas une femme politique. Je n’ai aucun marquage. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai défendu ma candidature. Et je crois que c’est aussi pour cela que le CSA m’a nommée : ma capacité à transformer une entreprise, dans un climat social apaisé. Quant à Stéphane Sitbon Gomez, je cherchais quelqu’un pour m’aider à relire mon projet et cela a été une rencontre. Il se trouve qu’il a un passé politique mais ce n’est pas cela qui m’a décidée.Lire l'intégralité de l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Elle a trouvé le temps long… Après six mois de campagne puis quatre mois de « tuilage » avec l’équipe en place, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, ancienne patronne d’Orange France, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Elle a mis un premier pied dans son bureau samedi, mais la passation de pouvoir a lieu ce lundi, à 10 heures, lors d’une prise de parole devant cent cinquante cadres dirigeants de l’entreprise d’audiovisuel public.Son arrivée à France Télévisions a donné lieu à beaucoup d’articles et de commentaires, mais l’intéressée ne s’est jusqu’ici pas exprimée. Elle est attendue. Le choix du Conseil supérieur de l’audiovisuel de la nommer, le 23 avril, a suscité des contestations (deux plaintes et deux recours au Conseil d’Etat demeurent). Depuis, au cours des quatre derniers mois, elle a consulté en interne et en externe — avec le lot de rumeurs afférent — pour former son équipe, dont elle officialise l’organigramme ce lundi.On y trouve des recrues externes (Stéphane Sitbon-Gomez, ancien directeur de cabinet de l’écologiste Cécile Duflot ; Vincent Meslet, directeur de France 2, venu d’Arte ; Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, issue du groupe TF1 et de France Télévisions ; ou Michel Field, directeur de France 5, ancien de LCI, Europe 1 et France Télévisions) et des promotions internes (dont Pascal Golomer, le directeur de l’information, remplaçant de Thierry Thuillier, ou Arnaud Lesaunier, le directeur des ressources humaines), ainsi que quelques confirmations de l’équipe précédente (Dana Hastier, directrice de France 3, ou Tiphaine de Raguenel, à France 4).Chaîne publique d’information en continuQuelques jours avant sa prise de fonction, une dernière nomination a créé des remous à la direction des rédactions de l’entreprise : celle de Germain Dagognet, ancien de TF1 et de LCI, souvent décrit comme homme de réseau. Il a été recruté comme numéro deux de l’information, alors que ce n’était pas le choix initial de Pascal Golomer. Le nouveau venu travaillera sous sa responsabilité et s’occupera du chantier de la chaîne publique d’information en continu que Delphine Ernotte veut lancer a depuis précisé son entourage. Un projet assez sensible, à deux ans de la présidentielle, mais central pour la nouvelle présidente, qui veut que cette chaîne soit lancée en septembre 2016 sur les supports numériques, et ensuite éventuellement sur un canal hertzien, ce qui n’est pas acquis.Delphine Ernotte a la chance — peut-être à double tranchant — de trouver un groupe qui se félicite ces derniers mois de ses bonnes audiences dans le domaine de l’information ou de la fiction. Mais plusieurs autres défis sont dans le projet de Delphine Ernotte : continuer la fusion des rédactions de France 2 et France 3 — une réforme déjà engagée, mais qui génère des oppositions en interne ; favoriser le dialogue social avec des « assises » de l’entreprise ; poursuivre le développement numérique ; faire de France Télévisions un fer de lance de la création audiovisuelle française, y compris à l’export. Tout en faisant face à des ressources publiques plutôt en baisse, ce qui suppose de faire encore des économies ou de trouver de nouvelles recettes, par la refonte de la redevance, la vente de droits de production ou la publicité. Delphine Ernotte se dit impatiente de prendre ses fonctions. Elle a de quoi s’occuper.@apiquardpiquard@lemonde.frRetrouvez l’entretien exclusif avec Delphine Ernotte-Cunci dans l’édition du Monde du mardi 25 août.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.08.2015 à 16h27 • Mis à jour le27.08.2015 à 16h42 | Alexis Delcambre TF1 n’entend pas rester sans réaction face à l’érosion de l’audience de son journal de 20 heures, qui ne dépasse plus celui de France 2 que d’une courte tête. Un problème pour une chaîne dont le modèle repose sur la notion de « leader ».Jeudi 27 août, la filiale du groupe Bouygues a annoncé une série d’innovations qui doivent entrer en vigueur dès lundi 31 août, dans l’espoir de relancer un format qui souffre d’une certaine usure, – bien qu’il reste le rendez-vous d’information vespéral le plus regardé de France. Proximité et numérique sont les maître mots de cette relance qui ne touche pas les présentateurs : Jean-Pierre Pernaut à 13 heures, Gilles Bouleau à 20 heures et Claire Chazal le week-end demeureront les trois visages de l’information sur TF1.Les causes de l’usureInstigatrice de cette réforme, Catherine Nayl, la directrice générale à l’information du groupe, identifie des « causes endogènes » et des « causes exogènes ». Les premières sont liées au vieillissement du format actuel, installé en 2012. Les secondes ont trait à l’apport d’audience inégal de l’« access prime time », la case qui précède le 20 heures, ainsi qu’à la désaffection des téléspectateurs les plus jeunes, pour lesquels le JT n’est plus un rendez-vous. « Nous sommes en première ligne » face à la mutation des usages, dit aujourd’hui Mme Nayl.La recherche de « proximité »Face à cette usure, la réponse éditoriale de TF1 est de se rapprocher du téléspectateur. Il n’y aura pas de changement dans les thématiques abordées, mais les sujets devront davantage « impliquer » le téléspectateur, « expliquer comment tel événement de l’actualité va le toucher ». On verra davantage les journalistes à l’antenne, pour mieux incarner les sujets, qui montreront aussi plus de témoins. Ce sera « un peu plus “concernant” et souriant », espère Catherine Nayl. Le numérique viendra en renfort de cette approche, avec la création d’une page Facebook du JT de TF1 où les internautes pourront poser des questions supplémentaires aux journalistes ou experts étant intervenus dans le JT, dans un chat, et suggérer des idées de sujets. C’est un pas important pour TF1, où une culture assez statutaire de l’information n’a pas favorisé, jusqu’ici, le recours à l’interactivité. Enfin, les JT disposeront d’un nouveau décor, plus chaleureux et censé rapprocher le présentateur, plus souvent debout, devant la table au lieu d’être derrière.Un format plus structuréPour essayer de freiner la tendance des téléspectateurs à quitter le JT en cours de route, celui-ci sera structuré en trois grandes parties et proposera un nombre de sujets un peu moins important, autour de 14 au lieu d’environ 17 en moyenne. La partie centrale concentre la principale innovation : elle proposera un format « magazine » d’environ cinq minutes, réalisé par une cellule dite « enquête ». Dans la forme, un recours plus important à l’infographie est annoncé, par exemple avec le format « une minute pour comprendre ». Le nouveau décor, circulaire, vise aussi à immerger le téléspectateur à l’intérieur d’un mur d’écrans où les images de fond ont été revues, rendues plus douces et lumineuses.Un JT expérimental avec FacebookTF1 travaille enfin à un mini-JT qui sera diffusé sur Facebook et sa plateforme MyTF1News, qu’elle présente comme « le premier JT social d’Europe ». D’une durée d’une minute trente environ, baptisé « Focus », il proposera trois à quatre sujets détectés parmi les informations populaires sur les réseaux sociaux et sera animé par les présentateurs maison. Une façon pour TF1 d’aller à la rencontre des internautes les plus jeunes : « Notre marque existe et doit s’adresser à tous », revendique Catherine Nayl.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard et Madjid Zerrouky La chaîne i-Télé a diffusé mardi 25 août des images d’Ayoub El-Khazzani à son arrivée au palais de justice de Paris avant qu’il soit mis en examen pour, entre autres motifs, « tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».Le principal suspect de l’attaque à bord du Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août y est présenté vêtu d’une tenue d’hôpital bleue, pieds nus, les yeux bandés et menotté. Ses mains ont toutefois été floutées par la chaîne de télévision.Le lendemain, c’est Paris Match qui a publié une photo prise par un passager du TGV, montrant Ayoub El-Khazzani inconscient et porté par des policiers sur le quai de la gare d’Arras, son visage visible, ses pieds et ses poings liés. « Quelles que soient la nature et la gravité des faits reprochés à un homme, notre Etat de droit ne peut pas accepter que cet individu soit traité d’une manière dégradante et inhumaine. Le nécessaire aurait pu être fait », s’est insurgé en réaction Mani Ayadi, l’avocat d’Ayoub El-Khazzani.1. Que dit la loi ?L’article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, renforcée par la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, est relativement clair sur le sujet :« Lorsqu’elle est réalisée sans l’accord de l’intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 euros d’amende. »Autrement dit, la loi interdit toute publication d’une photo ou d’une vidéo d’une personne pouvant être identifiée soit par son nom, soit parce que son visage est visible, et la montrant entravée.Sur ce seul aspect, la photo publiée par Paris Match semble très nettement tomber sous le coup de la loi et pourrait faire l’objet de poursuites — qui sont toutefois très rares pour ce motif. 2. Flouter des menottes est-il une solution ?C’est ce qu’a choisi i-Télé. Le bandeau sur le visage d’Ayoub El-Khazzani ne change rien à son identification puisqu’il est nommément identifié. Mais les menottes, elles, sont floutées. « Il n’y a pas eu de débat dans la rédaction, qui a estimé que la valeur informative du document était très forte », explique-t-on à la chaîne.Cela suffit-il à « protéger » i-Télé en cas de poursuites ? Peu probable : la solution choisie est finalement hypocrite quant à l’esprit de la loi, car il est évident qu’il est entravé, les mains liées derrière le dos. « La loi ne dit pas qu’il ne faut pas montrer les menottes ou les entraves, mais interdit toute image faisant apparaître que la personne est menottée : sa posture, par exemple, suffit à faire apparaître de manière évidente que ses mains sont liées », explique Christophe Bigot, avocat spécialiste de la presse, et qui défend notamment Le Monde. 3. Strauss-Kahn, Cantat… Un débat récurrentLe 15 mai 2011, des images tournent en boucle dans les médias américains : Dominique Strauss-Kahn apparaît à sa sortie de garde à vue du commissariat de Harlem, à New York, escorté par cinq policiers et menotté dans le dos sous les flashs des photographes. La veille, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) avait été arrêté par la police américaine, qui le soupçonnait d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre de l’hôtel Sofitel où il séjournait.Des images hors la loi au regard du droit français, mais pas aux Etats-Unis, où elles sont courantes, le premier amendement de la Constitution protégeant la presse au nom de la « liberté d’expression ».Si Dominique Strauss-Kahn n’a engagé aucune poursuite à l’encontre des médias télévisés qui avaient repris la séquence filmée, les chaînes s’étaient vu notifier une mise en garde par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), estimant que « le principe de la liberté d’expression et le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité humaine » et rappelant que la loi du 15 juin 2000 punit la diffusion d’une image faisant apparaître menottée ou entravée une personne qui n’a pas fait l’objet d’une condamnation.Les condamnations pour ce motif sont peu nombreuses. En 2004, le quotidien France Soir et les magazines Paris Match et VSD avaient été condamnés pour avoir publié des images de Bertrand Cantat, menotté, prises en Lituanie en août 2003. L’ex-chanteur de Noir Désir y avait été arrêté et condamné en mars 2004 pour le meurtre de sa compagne d’alors, Marie Trintignant. Les clichés avaient été diffusés avant sa condamnation. En 2007, ce sont trois journaux (Le Journal du dimanche, Metro et Le Nouveau Détective) qui avaient été condamnés pour des photos de l’acteur Samy Naceri menotté, alors qu’il n’avait pas encore été jugé.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.08.2015 à 13h49 | Alexis Delcambre Place aux programmes ! Ce mercredi 26 août à 9 heures, Mathieu Gallet a donné sa conférence de rentrée de Radio France. L’occasion de s’exprimer sur d’autres sujets que les tensions budgétaires de son entreprise ou ses relations délicates avec la ministre de la culture, Fleur Pellerin, ou les syndicats de la Maison ronde.Depuis le mois de mars, le jeune président a dû affronter une triple tempête. En interne, la mise au jour d’un trou dans le budget et la perspective d’un plan de départs ont entraîné une grève de vingt-huit jours, la plus longue de l’histoire de Radio France, qui a révélé les carences du dialogue dans l’entreprise. En parallèle, le protégé du CSA s’est violemment heurté à la ministre de la culture, qui lui a reproché son absence de projet.Enfin, une série de révélations dans la presse, notamment dans Le Canard enchaîné, ont entraîné l’ouverture au parquet de Créteil d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur des contrats passés par M. Gallet quand il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel.ParadoxeMais pour le moment, l’ancien conseiller de Frédéric Mitterrand Rue de Valois a survécu à cette conflagration. Le paradoxe étant que, sur le terrain des contenus, le bilan de la première saison de Mathieu Gallet apparaît positif. A commencer par les audiences des antennes, qui, la saison dernière, ont progressé, malgré l’effet de la grève du printemps.France Inter a repassé, l’hiver dernier, la barre des 10 % d’audience cumulée, et les choix de sa directrice, Laurence Bloch, en faveur d’une antenne plus ouverte et détendue, ont été validés. Malgré l’éviction en juillet de son directeur, Olivier Poivre d’Arvor, France Culture a atteint en 2015 un niveau d’audience record, tandis que France Info tente de réinventer son identité de chaîne d’information en continu en s’adaptant aux usages numériques.Il reste des chantiers, nombreux : le développement du réseau « Bleu », la relance de France Musique que va tenter Marc Voinchet, celle de Mouv’, actuellement en chantier, le destin de FIP, le développement de nouvelles activités, comme les spectacles ou, plus généralement, l’avenir de la radio dans un univers d’écrans. Il faudra à Radio France vivre une saison plus sereine pour les faire progresser. C’est le message que Mathieu Gallet a donné à ses troupes mercredi matin.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Sandrine Treiner, 50 ans, présente à France Culture depuis 2010, a été choisie, mardi 25 août, pour succéder à Olivier Poivre d’Arvor, évincé de la direction de la chaîne publique en juillet.Comment se porte France Culture, un mois et demi après l’éviction de votre prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor ?La chaîne s’est tout simplement remise à faire de la radio. L’année a été lourde pour les antennes, avec beaucoup de fatigue et de tensions accumulées. Cela nous a donné le désir de se remettre au cœur de notre pratique. Notre grille d’été a été marquée par de beaux moments de radio : des séries d’été, de grandes traversées... dans une sorte de calme après la tempête.Olivier Poivre d’Arvor est parti dans des conditions houleuses...Je suis arrivée à France Culture il y a cinq ans car il est venu me chercher. Je lui dois mon arrivée et les cinq années où j’ai appris ce qui me permet aujourd’hui d’être directrice. Nous formions une équipe très soudée, avec de bons résultats. Au-delà de la rupture avec Olivier Poivre d’Arvor, la confiance a été donnée à la continuité.Il y avait d’autres choix ?Je l’ignore, et j’ai passé l’été à travailler pour que l’antenne soit bonne.Comment voulez-vous désormais faire évoluer France Culture ?Ce qui est formidable dans notre chaîne, c’est qu’on sait qui on est, pourquoi on existe et pourquoi on fait ce qu’on fait. Cela nous autorise des pas de côté par rapport à nos champs identitaires. C’est ce qui éclaire nos choix pour cette rentrée. Ainsi le duo que forment entre 19 et 20 heures Martin Quenehen et Mathilde Serrell : d’un côté une voix présente depuis longtemps à l’antenne, et de l’autre quelqu’un venant bousculer cette évidence, issue d’un autre univers, plus jeune et décalé, celui de Radio Nova.Vous allez devoir vous passer de Marc Voinchet, qui quitte la matinale pour la direction de France Musique...Il ne pouvait en effet pas faire les deux ! Le succès de notre matinale est avant tout lié à notre approche distanciée de l’actualité. Si on prend du recul, nous avons eu un excellent matinalier avec Nicolas Demorand. Quand il est parti, Ali Baddou l’a remplacé et a renforcé la matinale. Puis ce fut au tour de Marc. Alors je n’ai pas de doute sur le fait que Guillaume Erner contribuera à développer encore ce rendez-vous. Il vient de France Inter mais il incarne pleinement l’esprit de France Culture, il a son brevet en sciences sociales et aime aussi vagabonder !Après avoir atteint un record, à 2,3 %, l’audience cumulée de France Culture a baissé au printemps, à 1,8 %. Inquiétant ?Nous avons été la station la plus touchée par la grève de mars-avril, en restant à l’arrêt 28 jours. Ils est donc normal que la mesure d’audience ait été touchée. En réalité, si on regarde la période de sondage Médiamétrie, après la grève, notre audience était remontée à un niveau comparable à celui de janvier/mars.A vos yeux, qu’a révélé cette grève si suivie à France Culture ?Avant tout un état d’inquiétude. Les médias sont des révélateurs de la société qui les entoure et nous avons été touchés à notre tour par la peur du déclassement. En interne, le conflit a montré la nécessité de revoir des éléments d’organisation, de circulation de l’information, d’association des personnels et des partenaires sociaux aux projets du groupe.Toute la direction s’est depuis attelée à améliorer les choses. Enfin, au delà de la question budgétaire, la grève a pointé la question du sens, qui agite tous les médias. Nous sommes en plein tournant, en train de définir ce que nous ferons dans vingt ans. Cela soulève naturellement des interrogations.Vous allez devenir directrice de chaîne dans une entreprise encore fragile, où un plan de départs volontaires se prépare, sous l’autorité d’un président parfois contesté... Vous avez hésité ?Le fait que la direction soit confiée à une femme qui a toujours été une auditrice de France Culture, qui a la passion de cette chaîne chevillée au corps, ça ne se discute pas. C’est un signal et j’y réponds avec enthousiasme. Je suis très attachée au service public. Nous avons un rôle à jouer dans la société actuelle et c’est ce qui compte. Et j’ai confiance dans l’avenir de cette maison.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est finalement la continuité qui prévaut à France Culture, un mois et demi après l’éviction houleuse de son directeur Olivier Poivre d’Arvor. L’actuelle directrice par intérim de l’antenne publique, Sandrine Treiner, a été nommée directrice, mardi 25 août. Ce sera donc elle qui présentera la nouvelle grille de la chaîne, mercredi, lors de la conférence de rentrée de Radio France.Sandrine Treiner, 50 ans, est présente à France Culture depuis 2010, comme conseillère de programmes puis directrice adjointe en charge des programmes. Elle était devenue directrice par intérim en juillet. Mais le président de Radio France, Mathieu Gallet, s’était donné le temps de la réflexion, en estimant que « France Culture intéresse des personnalités de talent ».Lire l'entretien :Mathieu Gallet : « On ne peut pas être dans la maison tout en la critiquant »Dans ses nouvelles fonctions, Sandrine Treiner devra accompagner la nouvelle grille de France Culture, marquée par le changement de voix de la matinale, où Guillaume Erner (ex-France Inter) remplace Marc Voinchet, devenu directeur de France Musique.Après une saison marquée par un record à 2,3 % d’audience cumulée en janvier-mars 2015, France Culture a reculé à 1,8 % au printemps, payant notamment la longue grève de Radio France. La chaîne doit également soutenir un développement numérique encore timide et désormais piloté par Florent Latrive (ex-Libération).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Chaîne emblématique de la construction européenne, Arte deviendrait-elle celle du combat contre les géants du Web ? C’est en tout cas sous ce signe que sa présidente, Véronique Cayla, a placé la nouvelle saison de la chaîne, lors d’une conférence de rentrée lundi 24 août.« Arte se veut un lieu de vigilance et de résistance », estime celle qui copréside la chaîne franco-allemande depuis 2011 et jusqu’à la fin de cette année. La menace, à ses yeux, ce sont ces algorithmes qui gouvernent les grandes plates-formes numériques, « réduisent les individus à des séries de données de plus en plus invasives » et « enferment chacun dans ses habitudes ».Un descriptif qui semble viser aussi bien les suggestions de programmes d’un Netflix, fondées sur une étude approfondie des consommations antérieures de l’abonné, les critères des résultats de recherche de Google ou les paramètres qui font qu’un contenu s’affiche dans un fil Facebook.La puissance de recommandation de ces grandes plates-formes est une source d’inspiration pour leurs concurrentes françaises, qui essayent d’individualiser leurs propositions de contenus. CanalPlay, la plate-forme de vidéo à la demande de Canal+, a ainsi lancé son propre outil de recommandation, Suggest. Dans son application Zoom, France Télévisions expérimente également une proposition de contenus inspirée des goûts de l’utilisateur.Une chaîne « civique et citoyenne »Sur les cinq sites d’Arte, revendique sa présidente, « la recommandation n’est pas automatique mais éditoriale et réfléchie ». Et de s’enorgueillir d’avoir diffusé au printemps la série documentaire « Do not track », consacrée à la traçabilité numérique : « Grâce à cette série, Arte contribue à une meilleure connaissance et à une meilleure maîtrise par le citoyen de l’utilisation qui est faite de ses données personnelles. »Reste que les bonnes intentions ont leurs limites. Arte.tv ne fait pas exception à l’usage des cookies, ces petits fichiers déposés sur les disques durs par les sites Internet visités. Sur sa page dédiée, le site explique utiliser vingt types de cookies différents. Il encourage la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux – Facebook, Google Plus, Instagram, Twitter – et les programmes d’Arte sont disponibles sur l’Apple TV.« Notre politique est d’aller toucher le public où il est, et donc nous travaillons avec ces plates-formes, mais en conservant notre liberté de penser », se défend Mme Cayla. Sur ce sujet, il faut pour elle « mobiliser les opinions publiques, seules capables d’ébranler les certitudes des géants du Net ». Une mission de taille pour une Arte qu’elle rêve « civique et citoyenne », contribuant à « l’émergence d’une introuvable opinion publique européenne ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Selon le Wall Street Journal du lundi 24 août, la Commission européenne, qui a déjà, au printemps dernier, formellement accusé Google de pratiques anticoncurrentielles sur son service Google Shopping, a récemment étendu son enquête. En ligne de mire, les contrats publicitaires signés par le géant américain du Web et ses pratiques consistant à reproduire du contenu de sites tiers.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesA en croire le quotidien américain, des sociétés ayant déposé plainte contre Google ont été contactées par Bruxelles pour répondre à un questionnaire concernant ces pratiques. Plus précisément, pour mettre à jour ce questionnaire, qui leur avait déjà été envoyé en 2010, au tout début du travail d’enquête de la Commission sur les agissements du groupe Internet.« Cette démarche n’a rien d’inattendu »L’information n’a pas été formellement confirmée, ni par Google, ni par la Commission, mais pas infirmée non plus. « La Commission n’a pas caché, ces derniers mois, qu’elle continuait à regarder de près trois autres comportements de Google : les copies du contenu d’autres sites qu’effectuait le groupe, les clauses d’exclusivité comprises dans ses accords avec ses partenaires publicitaires, des restrictions imposées à ses partenaires annonceurs concernant l’usage d’autres plates-formes de publicité », selon une source bruxelloise.« La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager avait dit [lors de sa prise de fonction], l’année dernière qu’elle voulait que ses équipes mettent à jour toutes les interrogations soulevées par son prédécesseur [Joaquin Almunia]. Donc, cette démarche n’a rien d’inattendu. Mme Vestager a aussi répété qu’elle n’excluait pas d’élargir l’investigation », explique une source européenne au Monde. « Donc, cette démarche paraît logique, elle relève peut-être même d’une forme de tactique pour maintenir la pression sur le groupe », ajoute cette source.De fait, Google n’a plus que quelques jours – d’ici au 31 août –, pour répondre par écrit aux accusations de la Commission, émises en avril, concernant le service en ligne Google Shopping.Google joue grosLe groupe est sous le coup d’une enquête européenne pour abus de position dominante depuis maintenant cinq ans, mais Bruxelles est passé à la vitesse supérieure, quand Mme Vestager a décidé d’envoyer cet acte d’accusation – ce Statement of Objections, dans le jargon communautaire –, centré sur Google Shopping, alors que son prédécesseur, M. Almunia, avait jusqu’à présent toujours évité cette étape cruciale de la procédure en tentant de trouver un compromis avec Google.Lire aussi :Google : un poids (très) lourd, mais quelques alternativesLe géant américain joue très gros avec cette affaire : si la Commission ne se satisfait pas de sa défense, si elle est convaincue que le groupe a enfreint les règles européennes en matière de concurrence, elle peut lui imposer une amende allant jusqu’à plusieurs milliards d’euros.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ancienne patronne d’Orange France, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Voici des extraits de l’entretien qu’elle a accordé au Monde.Quelle est votre ambition pour France Télévisions ?Je veux en faire une entreprise audiovisuelle du XXIe siècle. Cela veut d’abord dire assurer les missions essentielles : proposer des programmes innovants et une information de service public, mais, au-delà, je veux en faire une entreprise qui n’ait pas seulement des supports numériques, mais qui soit un vrai groupe numérique.Face à la mondialisation et à l’essor d’Internet, qui abolit les frontières pour le contenu, il y a un vrai enjeu pour la télévision publique en France : nous risquons de souffrir d’avoir un territoire tout petit face à des géants américains qui amortissent leurs séries sur des millions de téléspectateurs. Il faut donc aider à la production des contenus exportables et être moteur dans la coproduction européenne. Je regardais jeudi soir sur Arte « The Team », une série polar danoise, allemande et belge. Il n’y a aucune raison que le secteur audiovisuel français ne devienne pas plus puissant.Faire une chaîne d’information publique est une de vos priorités. Quel sera son apport face à BFM-TV ou i-Télé ?Dans un monde qui est en train de se fragmenter, où beaucoup de téléspectateurs ne font plus confiance à ce qu’ils entendent, nous voulons une chaîne qui aille plus loin que donner l’information. Et qui permette de comprendre, d’exposer des points de vue différents, d’éclairer et de décrypter, au-delà de l’information brute et parfois brutale qu’on peut voir sur les chaînes en continu.Pourquoi avoir nommé numéro deux de l’information Germain Dagognet, de TF1, qui n’était pas le choix de votre directeur de l’information ?J’ai choisi de nommer Pascal Golomer directeur de l’info. C’est important pour la rédaction d’avoir pris l’un des leurs, qui est reconnu et qui est un bon manageur. C’est le point le plus important. Après, je n’ai jamais caché mon projet de faire une chaîne d’information. J’ai souhaité que ce projet soit intégré à la rédaction. J’ai vu pas mal de monde pour la direction de l’information, et Germain Dagognet m’a paru avoir une bonne expérience, notamment celle d’une chaîne d’information en continu, à LCI. Il sera une ressource utile pour réussir ce projet, sous la direction de Pascal Golomer.Certains pensent que votre présidence est marquée à gauche : le président du CSA est un ancien socialiste, vous avez choisi un ex-écologiste comme directeur de cabinet, Stéphane Sitbon Gomez… N’est-ce pas prêter le flanc à la critique en vue de 2017 ?Je suis une femme d’entreprise, pas une femme politique. Je n’ai aucun marquage. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai défendu ma candidature. Et je crois que c’est aussi pour cela que le CSA m’a nommée : ma capacité à transformer une entreprise, dans un climat social apaisé. Quant à Stéphane Sitbon Gomez, je cherchais quelqu’un pour m’aider à relire mon projet et cela a été une rencontre. Il se trouve qu’il a un passé politique mais ce n’est pas cela qui m’a décidée.Lire l'intégralité de l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Elle a trouvé le temps long… Après six mois de campagne puis quatre mois de « tuilage » avec l’équipe en place, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, ancienne patronne d’Orange France, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Elle a mis un premier pied dans son bureau samedi, mais la passation de pouvoir a lieu ce lundi, à 10 heures, lors d’une prise de parole devant cent cinquante cadres dirigeants de l’entreprise d’audiovisuel public.Son arrivée à France Télévisions a donné lieu à beaucoup d’articles et de commentaires, mais l’intéressée ne s’est jusqu’ici pas exprimée. Elle est attendue. Le choix du Conseil supérieur de l’audiovisuel de la nommer, le 23 avril, a suscité des contestations (deux plaintes et deux recours au Conseil d’Etat demeurent). Depuis, au cours des quatre derniers mois, elle a consulté en interne et en externe — avec le lot de rumeurs afférent — pour former son équipe, dont elle officialise l’organigramme ce lundi.On y trouve des recrues externes (Stéphane Sitbon-Gomez, ancien directeur de cabinet de l’écologiste Cécile Duflot ; Vincent Meslet, directeur de France 2, venu d’Arte ; Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, issue du groupe TF1 et de France Télévisions ; ou Michel Field, directeur de France 5, ancien de LCI, Europe 1 et France Télévisions) et des promotions internes (dont Pascal Golomer, le directeur de l’information, remplaçant de Thierry Thuillier, ou Arnaud Lesaunier, le directeur des ressources humaines), ainsi que quelques confirmations de l’équipe précédente (Dana Hastier, directrice de France 3, ou Tiphaine de Raguenel, à France 4).Chaîne publique d’information en continuQuelques jours avant sa prise de fonction, une dernière nomination a créé des remous à la direction des rédactions de l’entreprise : celle de Germain Dagognet, ancien de TF1 et de LCI, souvent décrit comme homme de réseau. Il a été recruté comme numéro deux de l’information, alors que ce n’était pas le choix initial de Pascal Golomer. Le nouveau venu travaillera sous sa responsabilité et s’occupera du chantier de la chaîne publique d’information en continu que Delphine Ernotte veut lancer a depuis précisé son entourage. Un projet assez sensible, à deux ans de la présidentielle, mais central pour la nouvelle présidente, qui veut que cette chaîne soit lancée en septembre 2016 sur les supports numériques, et ensuite éventuellement sur un canal hertzien, ce qui n’est pas acquis.Delphine Ernotte a la chance — peut-être à double tranchant — de trouver un groupe qui se félicite ces derniers mois de ses bonnes audiences dans le domaine de l’information ou de la fiction. Mais plusieurs autres défis sont dans le projet de Delphine Ernotte : continuer la fusion des rédactions de France 2 et France 3 — une réforme déjà engagée, mais qui génère des oppositions en interne ; favoriser le dialogue social avec des « assises » de l’entreprise ; poursuivre le développement numérique ; faire de France Télévisions un fer de lance de la création audiovisuelle française, y compris à l’export. Tout en faisant face à des ressources publiques plutôt en baisse, ce qui suppose de faire encore des économies ou de trouver de nouvelles recettes, par la refonte de la redevance, la vente de droits de production ou la publicité. Delphine Ernotte se dit impatiente de prendre ses fonctions. Elle a de quoi s’occuper.@apiquardpiquard@lemonde.frRetrouvez l’entretien exclusif avec Delphine Ernotte-Cunci dans l’édition du Monde du mardi 25 août.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre TF1 n’entend pas rester sans réaction face à l’érosion de l’audience de son journal de 20 heures, qui ne dépasse plus celui de France 2 que d’une courte tête. Un problème pour une chaîne dont le modèle repose sur la notion de « leader ».Jeudi 27 août, la filiale du groupe Bouygues a annoncé une série d’innovations qui doivent entrer en vigueur dès lundi 31 août, dans l’espoir de relancer un format qui souffre d’une certaine usure, – bien qu’il reste le rendez-vous d’information vespéral le plus regardé de France. Proximité et numérique sont les maître mots de cette relance qui ne touche pas les présentateurs : Jean-Pierre Pernaut à 13 heures, Gilles Bouleau à 20 heures et Claire Chazal le week-end demeureront les trois visages de l’information sur TF1.Les causes de l’usureInstigatrice de cette réforme, Catherine Nayl, la directrice générale à l’information du groupe, identifie des « causes endogènes » et des « causes exogènes ». Les premières sont liées au vieillissement du format actuel, installé en 2012. Les secondes ont trait à l’apport d’audience inégal de l’« access prime time », la case qui précède le 20 heures, ainsi qu’à la désaffection des téléspectateurs les plus jeunes, pour lesquels le JT n’est plus un rendez-vous. « Nous sommes en première ligne » face à la mutation des usages, dit aujourd’hui Mme Nayl.La recherche de « proximité »Face à cette usure, la réponse éditoriale de TF1 est de se rapprocher du téléspectateur. Il n’y aura pas de changement dans les thématiques abordées, mais les sujets devront davantage « impliquer » le téléspectateur, « expliquer comment tel événement de l’actualité va le toucher ». On verra davantage les journalistes à l’antenne, pour mieux incarner les sujets, qui montreront aussi plus de témoins. Ce sera « un peu plus “concernant” et souriant », espère Catherine Nayl. Le numérique viendra en renfort de cette approche, avec la création d’une page Facebook du JT de TF1 où les internautes pourront poser des questions supplémentaires aux journalistes ou experts étant intervenus dans le JT, dans un chat, et suggérer des idées de sujets. C’est un pas important pour TF1, où une culture assez statutaire de l’information n’a pas favorisé, jusqu’ici, le recours à l’interactivité. Enfin, les JT disposeront d’un nouveau décor, plus chaleureux et censé rapprocher le présentateur, plus souvent debout, devant la table au lieu d’être derrière.Un format plus structuréPour essayer de freiner la tendance des téléspectateurs à quitter le JT en cours de route, celui-ci sera structuré en trois grandes parties et proposera un nombre de sujets un peu moins important, autour de 14 au lieu d’environ 17 en moyenne. La partie centrale concentre la principale innovation : elle proposera un format « magazine » d’environ cinq minutes, réalisé par une cellule dite « enquête ». Dans la forme, un recours plus important à l’infographie est annoncé, par exemple avec le format « une minute pour comprendre ». Le nouveau décor, circulaire, vise aussi à immerger le téléspectateur à l’intérieur d’un mur d’écrans où les images de fond ont été revues, rendues plus douces et lumineuses.Un JT expérimental avec FacebookTF1 travaille enfin à un mini-JT qui sera diffusé sur Facebook et sa plateforme MyTF1News, qu’elle présente comme « le premier JT social d’Europe ». D’une durée d’une minute trente environ, baptisé « Focus », il proposera trois à quatre sujets détectés parmi les informations populaires sur les réseaux sociaux et sera animé par les présentateurs maison. Une façon pour TF1 d’aller à la rencontre des internautes les plus jeunes : « Notre marque existe et doit s’adresser à tous », revendique Catherine Nayl.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard et Madjid Zerrouky La chaîne i-Télé a diffusé mardi 25 août des images d’Ayoub El-Khazzani à son arrivée au palais de justice de Paris avant qu’il soit mis en examen pour, entre autres motifs, « tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».Le principal suspect de l’attaque à bord du Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août y est présenté vêtu d’une tenue d’hôpital bleue, pieds nus, les yeux bandés et menotté. Ses mains ont toutefois été floutées par la chaîne de télévision.Le lendemain, c’est Paris Match qui a publié une photo prise par un passager du TGV, montrant Ayoub El-Khazzani inconscient et porté par des policiers sur le quai de la gare d’Arras, son visage visible, ses pieds et ses poings liés. « Quelles que soient la nature et la gravité des faits reprochés à un homme, notre Etat de droit ne peut pas accepter que cet individu soit traité d’une manière dégradante et inhumaine. Le nécessaire aurait pu être fait », s’est insurgé en réaction Mani Ayadi, l’avocat d’Ayoub El-Khazzani.1. Que dit la loi ?L’article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, renforcée par la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, est relativement clair sur le sujet :« Lorsqu’elle est réalisée sans l’accord de l’intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 euros d’amende. »Autrement dit, la loi interdit toute publication d’une photo ou d’une vidéo d’une personne pouvant être identifiée soit par son nom, soit parce que son visage est visible, et la montrant entravée.Sur ce seul aspect, la photo publiée par Paris Match semble très nettement tomber sous le coup de la loi et pourrait faire l’objet de poursuites — qui sont toutefois très rares pour ce motif. 2. Flouter des menottes est-il une solution ?C’est ce qu’a choisi i-Télé. Le bandeau sur le visage d’Ayoub El-Khazzani ne change rien à son identification puisqu’il est nommément identifié. Mais les menottes, elles, sont floutées. « Il n’y a pas eu de débat dans la rédaction, qui a estimé que la valeur informative du document était très forte », explique-t-on à la chaîne.Cela suffit-il à « protéger » i-Télé en cas de poursuites ? Peu probable : la solution choisie est finalement hypocrite quant à l’esprit de la loi, car il est évident qu’il est entravé, les mains liées derrière le dos. « La loi ne dit pas qu’il ne faut pas montrer les menottes ou les entraves, mais interdit toute image faisant apparaître que la personne est menottée : sa posture, par exemple, suffit à faire apparaître de manière évidente que ses mains sont liées », explique Christophe Bigot, avocat spécialiste de la presse, et qui défend notamment Le Monde. 3. Strauss-Kahn, Cantat… Un débat récurrentLe 15 mai 2011, des images tournent en boucle dans les médias américains : Dominique Strauss-Kahn apparaît à sa sortie de garde à vue du commissariat de Harlem, à New York, escorté par cinq policiers et menotté dans le dos sous les flashs des photographes. La veille, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) avait été arrêté par la police américaine, qui le soupçonnait d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre de l’hôtel Sofitel où il séjournait.Des images hors la loi au regard du droit français, mais pas aux Etats-Unis, où elles sont courantes, le premier amendement de la Constitution protégeant la presse au nom de la « liberté d’expression ».Si Dominique Strauss-Kahn n’a engagé aucune poursuite à l’encontre des médias télévisés qui avaient repris la séquence filmée, les chaînes s’étaient vu notifier une mise en garde par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), estimant que « le principe de la liberté d’expression et le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité humaine » et rappelant que la loi du 15 juin 2000 punit la diffusion d’une image faisant apparaître menottée ou entravée une personne qui n’a pas fait l’objet d’une condamnation.Les condamnations pour ce motif sont peu nombreuses. En 2004, le quotidien France Soir et les magazines Paris Match et VSD avaient été condamnés pour avoir publié des images de Bertrand Cantat, menotté, prises en Lituanie en août 2003. L’ex-chanteur de Noir Désir y avait été arrêté et condamné en mars 2004 pour le meurtre de sa compagne d’alors, Marie Trintignant. Les clichés avaient été diffusés avant sa condamnation. En 2007, ce sont trois journaux (Le Journal du dimanche, Metro et Le Nouveau Détective) qui avaient été condamnés pour des photos de l’acteur Samy Naceri menotté, alors qu’il n’avait pas encore été jugé.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.08.2015 à 13h49 | Alexis Delcambre Place aux programmes ! Ce mercredi 26 août à 9 heures, Mathieu Gallet a donné sa conférence de rentrée de Radio France. L’occasion de s’exprimer sur d’autres sujets que les tensions budgétaires de son entreprise ou ses relations délicates avec la ministre de la culture, Fleur Pellerin, ou les syndicats de la Maison ronde.Depuis le mois de mars, le jeune président a dû affronter une triple tempête. En interne, la mise au jour d’un trou dans le budget et la perspective d’un plan de départs ont entraîné une grève de vingt-huit jours, la plus longue de l’histoire de Radio France, qui a révélé les carences du dialogue dans l’entreprise. En parallèle, le protégé du CSA s’est violemment heurté à la ministre de la culture, qui lui a reproché son absence de projet.Enfin, une série de révélations dans la presse, notamment dans Le Canard enchaîné, ont entraîné l’ouverture au parquet de Créteil d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur des contrats passés par M. Gallet quand il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel.ParadoxeMais pour le moment, l’ancien conseiller de Frédéric Mitterrand Rue de Valois a survécu à cette conflagration. Le paradoxe étant que, sur le terrain des contenus, le bilan de la première saison de Mathieu Gallet apparaît positif. A commencer par les audiences des antennes, qui, la saison dernière, ont progressé, malgré l’effet de la grève du printemps.France Inter a repassé, l’hiver dernier, la barre des 10 % d’audience cumulée, et les choix de sa directrice, Laurence Bloch, en faveur d’une antenne plus ouverte et détendue, ont été validés. Malgré l’éviction en juillet de son directeur, Olivier Poivre d’Arvor, France Culture a atteint en 2015 un niveau d’audience record, tandis que France Info tente de réinventer son identité de chaîne d’information en continu en s’adaptant aux usages numériques.Il reste des chantiers, nombreux : le développement du réseau « Bleu », la relance de France Musique que va tenter Marc Voinchet, celle de Mouv’, actuellement en chantier, le destin de FIP, le développement de nouvelles activités, comme les spectacles ou, plus généralement, l’avenir de la radio dans un univers d’écrans. Il faudra à Radio France vivre une saison plus sereine pour les faire progresser. C’est le message que Mathieu Gallet a donné à ses troupes mercredi matin.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Sandrine Treiner, 50 ans, présente à France Culture depuis 2010, a été choisie, mardi 25 août, pour succéder à Olivier Poivre d’Arvor, évincé de la direction de la chaîne publique en juillet.Comment se porte France Culture, un mois et demi après l’éviction de votre prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor ?La chaîne s’est tout simplement remise à faire de la radio. L’année a été lourde pour les antennes, avec beaucoup de fatigue et de tensions accumulées. Cela nous a donné le désir de se remettre au cœur de notre pratique. Notre grille d’été a été marquée par de beaux moments de radio : des séries d’été, de grandes traversées... dans une sorte de calme après la tempête.Olivier Poivre d’Arvor est parti dans des conditions houleuses...Je suis arrivée à France Culture il y a cinq ans car il est venu me chercher. Je lui dois mon arrivée et les cinq années où j’ai appris ce qui me permet aujourd’hui d’être directrice. Nous formions une équipe très soudée, avec de bons résultats. Au-delà de la rupture avec Olivier Poivre d’Arvor, la confiance a été donnée à la continuité.Il y avait d’autres choix ?Je l’ignore, et j’ai passé l’été à travailler pour que l’antenne soit bonne.Comment voulez-vous désormais faire évoluer France Culture ?Ce qui est formidable dans notre chaîne, c’est qu’on sait qui on est, pourquoi on existe et pourquoi on fait ce qu’on fait. Cela nous autorise des pas de côté par rapport à nos champs identitaires. C’est ce qui éclaire nos choix pour cette rentrée. Ainsi le duo que forment entre 19 et 20 heures Martin Quenehen et Mathilde Serrell : d’un côté une voix présente depuis longtemps à l’antenne, et de l’autre quelqu’un venant bousculer cette évidence, issue d’un autre univers, plus jeune et décalé, celui de Radio Nova.Vous allez devoir vous passer de Marc Voinchet, qui quitte la matinale pour la direction de France Musique...Il ne pouvait en effet pas faire les deux ! Le succès de notre matinale est avant tout lié à notre approche distanciée de l’actualité. Si on prend du recul, nous avons eu un excellent matinalier avec Nicolas Demorand. Quand il est parti, Ali Baddou l’a remplacé et a renforcé la matinale. Puis ce fut au tour de Marc. Alors je n’ai pas de doute sur le fait que Guillaume Erner contribuera à développer encore ce rendez-vous. Il vient de France Inter mais il incarne pleinement l’esprit de France Culture, il a son brevet en sciences sociales et aime aussi vagabonder !Après avoir atteint un record, à 2,3 %, l’audience cumulée de France Culture a baissé au printemps, à 1,8 %. Inquiétant ?Nous avons été la station la plus touchée par la grève de mars-avril, en restant à l’arrêt 28 jours. Ils est donc normal que la mesure d’audience ait été touchée. En réalité, si on regarde la période de sondage Médiamétrie, après la grève, notre audience était remontée à un niveau comparable à celui de janvier/mars.A vos yeux, qu’a révélé cette grève si suivie à France Culture ?Avant tout un état d’inquiétude. Les médias sont des révélateurs de la société qui les entoure et nous avons été touchés à notre tour par la peur du déclassement. En interne, le conflit a montré la nécessité de revoir des éléments d’organisation, de circulation de l’information, d’association des personnels et des partenaires sociaux aux projets du groupe.Toute la direction s’est depuis attelée à améliorer les choses. Enfin, au delà de la question budgétaire, la grève a pointé la question du sens, qui agite tous les médias. Nous sommes en plein tournant, en train de définir ce que nous ferons dans vingt ans. Cela soulève naturellement des interrogations.Vous allez devenir directrice de chaîne dans une entreprise encore fragile, où un plan de départs volontaires se prépare, sous l’autorité d’un président parfois contesté... Vous avez hésité ?Le fait que la direction soit confiée à une femme qui a toujours été une auditrice de France Culture, qui a la passion de cette chaîne chevillée au corps, ça ne se discute pas. C’est un signal et j’y réponds avec enthousiasme. Je suis très attachée au service public. Nous avons un rôle à jouer dans la société actuelle et c’est ce qui compte. Et j’ai confiance dans l’avenir de cette maison.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est finalement la continuité qui prévaut à France Culture, un mois et demi après l’éviction houleuse de son directeur Olivier Poivre d’Arvor. L’actuelle directrice par intérim de l’antenne publique, Sandrine Treiner, a été nommée directrice, mardi 25 août. Ce sera donc elle qui présentera la nouvelle grille de la chaîne, mercredi, lors de la conférence de rentrée de Radio France.Sandrine Treiner, 50 ans, est présente à France Culture depuis 2010, comme conseillère de programmes puis directrice adjointe en charge des programmes. Elle était devenue directrice par intérim en juillet. Mais le président de Radio France, Mathieu Gallet, s’était donné le temps de la réflexion, en estimant que « France Culture intéresse des personnalités de talent ».Lire l'entretien :Mathieu Gallet : « On ne peut pas être dans la maison tout en la critiquant »Dans ses nouvelles fonctions, Sandrine Treiner devra accompagner la nouvelle grille de France Culture, marquée par le changement de voix de la matinale, où Guillaume Erner (ex-France Inter) remplace Marc Voinchet, devenu directeur de France Musique.Après une saison marquée par un record à 2,3 % d’audience cumulée en janvier-mars 2015, France Culture a reculé à 1,8 % au printemps, payant notamment la longue grève de Radio France. La chaîne doit également soutenir un développement numérique encore timide et désormais piloté par Florent Latrive (ex-Libération).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Chaîne emblématique de la construction européenne, Arte deviendrait-elle celle du combat contre les géants du Web ? C’est en tout cas sous ce signe que sa présidente, Véronique Cayla, a placé la nouvelle saison de la chaîne, lors d’une conférence de rentrée lundi 24 août.« Arte se veut un lieu de vigilance et de résistance », estime celle qui copréside la chaîne franco-allemande depuis 2011 et jusqu’à la fin de cette année. La menace, à ses yeux, ce sont ces algorithmes qui gouvernent les grandes plates-formes numériques, « réduisent les individus à des séries de données de plus en plus invasives » et « enferment chacun dans ses habitudes ».Un descriptif qui semble viser aussi bien les suggestions de programmes d’un Netflix, fondées sur une étude approfondie des consommations antérieures de l’abonné, les critères des résultats de recherche de Google ou les paramètres qui font qu’un contenu s’affiche dans un fil Facebook.La puissance de recommandation de ces grandes plates-formes est une source d’inspiration pour leurs concurrentes françaises, qui essayent d’individualiser leurs propositions de contenus. CanalPlay, la plate-forme de vidéo à la demande de Canal+, a ainsi lancé son propre outil de recommandation, Suggest. Dans son application Zoom, France Télévisions expérimente également une proposition de contenus inspirée des goûts de l’utilisateur.Une chaîne « civique et citoyenne »Sur les cinq sites d’Arte, revendique sa présidente, « la recommandation n’est pas automatique mais éditoriale et réfléchie ». Et de s’enorgueillir d’avoir diffusé au printemps la série documentaire « Do not track », consacrée à la traçabilité numérique : « Grâce à cette série, Arte contribue à une meilleure connaissance et à une meilleure maîtrise par le citoyen de l’utilisation qui est faite de ses données personnelles. »Reste que les bonnes intentions ont leurs limites. Arte.tv ne fait pas exception à l’usage des cookies, ces petits fichiers déposés sur les disques durs par les sites Internet visités. Sur sa page dédiée, le site explique utiliser vingt types de cookies différents. Il encourage la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux – Facebook, Google Plus, Instagram, Twitter – et les programmes d’Arte sont disponibles sur l’Apple TV.« Notre politique est d’aller toucher le public où il est, et donc nous travaillons avec ces plates-formes, mais en conservant notre liberté de penser », se défend Mme Cayla. Sur ce sujet, il faut pour elle « mobiliser les opinions publiques, seules capables d’ébranler les certitudes des géants du Net ». Une mission de taille pour une Arte qu’elle rêve « civique et citoyenne », contribuant à « l’émergence d’une introuvable opinion publique européenne ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Selon le Wall Street Journal du lundi 24 août, la Commission européenne, qui a déjà, au printemps dernier, formellement accusé Google de pratiques anticoncurrentielles sur son service Google Shopping, a récemment étendu son enquête. En ligne de mire, les contrats publicitaires signés par le géant américain du Web et ses pratiques consistant à reproduire du contenu de sites tiers.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesA en croire le quotidien américain, des sociétés ayant déposé plainte contre Google ont été contactées par Bruxelles pour répondre à un questionnaire concernant ces pratiques. Plus précisément, pour mettre à jour ce questionnaire, qui leur avait déjà été envoyé en 2010, au tout début du travail d’enquête de la Commission sur les agissements du groupe Internet.« Cette démarche n’a rien d’inattendu »L’information n’a pas été formellement confirmée, ni par Google, ni par la Commission, mais pas infirmée non plus. « La Commission n’a pas caché, ces derniers mois, qu’elle continuait à regarder de près trois autres comportements de Google : les copies du contenu d’autres sites qu’effectuait le groupe, les clauses d’exclusivité comprises dans ses accords avec ses partenaires publicitaires, des restrictions imposées à ses partenaires annonceurs concernant l’usage d’autres plates-formes de publicité », selon une source bruxelloise.« La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager avait dit [lors de sa prise de fonction], l’année dernière qu’elle voulait que ses équipes mettent à jour toutes les interrogations soulevées par son prédécesseur [Joaquin Almunia]. Donc, cette démarche n’a rien d’inattendu. Mme Vestager a aussi répété qu’elle n’excluait pas d’élargir l’investigation », explique une source européenne au Monde. « Donc, cette démarche paraît logique, elle relève peut-être même d’une forme de tactique pour maintenir la pression sur le groupe », ajoute cette source.De fait, Google n’a plus que quelques jours – d’ici au 31 août –, pour répondre par écrit aux accusations de la Commission, émises en avril, concernant le service en ligne Google Shopping.Google joue grosLe groupe est sous le coup d’une enquête européenne pour abus de position dominante depuis maintenant cinq ans, mais Bruxelles est passé à la vitesse supérieure, quand Mme Vestager a décidé d’envoyer cet acte d’accusation – ce Statement of Objections, dans le jargon communautaire –, centré sur Google Shopping, alors que son prédécesseur, M. Almunia, avait jusqu’à présent toujours évité cette étape cruciale de la procédure en tentant de trouver un compromis avec Google.Lire aussi :Google : un poids (très) lourd, mais quelques alternativesLe géant américain joue très gros avec cette affaire : si la Commission ne se satisfait pas de sa défense, si elle est convaincue que le groupe a enfreint les règles européennes en matière de concurrence, elle peut lui imposer une amende allant jusqu’à plusieurs milliards d’euros.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ancienne patronne d’Orange France, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Voici des extraits de l’entretien qu’elle a accordé au Monde.Quelle est votre ambition pour France Télévisions ?Je veux en faire une entreprise audiovisuelle du XXIe siècle. Cela veut d’abord dire assurer les missions essentielles : proposer des programmes innovants et une information de service public, mais, au-delà, je veux en faire une entreprise qui n’ait pas seulement des supports numériques, mais qui soit un vrai groupe numérique.Face à la mondialisation et à l’essor d’Internet, qui abolit les frontières pour le contenu, il y a un vrai enjeu pour la télévision publique en France : nous risquons de souffrir d’avoir un territoire tout petit face à des géants américains qui amortissent leurs séries sur des millions de téléspectateurs. Il faut donc aider à la production des contenus exportables et être moteur dans la coproduction européenne. Je regardais jeudi soir sur Arte « The Team », une série polar danoise, allemande et belge. Il n’y a aucune raison que le secteur audiovisuel français ne devienne pas plus puissant.Faire une chaîne d’information publique est une de vos priorités. Quel sera son apport face à BFM-TV ou i-Télé ?Dans un monde qui est en train de se fragmenter, où beaucoup de téléspectateurs ne font plus confiance à ce qu’ils entendent, nous voulons une chaîne qui aille plus loin que donner l’information. Et qui permette de comprendre, d’exposer des points de vue différents, d’éclairer et de décrypter, au-delà de l’information brute et parfois brutale qu’on peut voir sur les chaînes en continu.Pourquoi avoir nommé numéro deux de l’information Germain Dagognet, de TF1, qui n’était pas le choix de votre directeur de l’information ?J’ai choisi de nommer Pascal Golomer directeur de l’info. C’est important pour la rédaction d’avoir pris l’un des leurs, qui est reconnu et qui est un bon manageur. C’est le point le plus important. Après, je n’ai jamais caché mon projet de faire une chaîne d’information. J’ai souhaité que ce projet soit intégré à la rédaction. J’ai vu pas mal de monde pour la direction de l’information, et Germain Dagognet m’a paru avoir une bonne expérience, notamment celle d’une chaîne d’information en continu, à LCI. Il sera une ressource utile pour réussir ce projet, sous la direction de Pascal Golomer.Certains pensent que votre présidence est marquée à gauche : le président du CSA est un ancien socialiste, vous avez choisi un ex-écologiste comme directeur de cabinet, Stéphane Sitbon Gomez… N’est-ce pas prêter le flanc à la critique en vue de 2017 ?Je suis une femme d’entreprise, pas une femme politique. Je n’ai aucun marquage. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai défendu ma candidature. Et je crois que c’est aussi pour cela que le CSA m’a nommée : ma capacité à transformer une entreprise, dans un climat social apaisé. Quant à Stéphane Sitbon Gomez, je cherchais quelqu’un pour m’aider à relire mon projet et cela a été une rencontre. Il se trouve qu’il a un passé politique mais ce n’est pas cela qui m’a décidée.Lire l'intégralité de l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Elle a trouvé le temps long… Après six mois de campagne puis quatre mois de « tuilage » avec l’équipe en place, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, ancienne patronne d’Orange France, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Elle a mis un premier pied dans son bureau samedi, mais la passation de pouvoir a lieu ce lundi, à 10 heures, lors d’une prise de parole devant cent cinquante cadres dirigeants de l’entreprise d’audiovisuel public.Son arrivée à France Télévisions a donné lieu à beaucoup d’articles et de commentaires, mais l’intéressée ne s’est jusqu’ici pas exprimée. Elle est attendue. Le choix du Conseil supérieur de l’audiovisuel de la nommer, le 23 avril, a suscité des contestations (deux plaintes et deux recours au Conseil d’Etat demeurent). Depuis, au cours des quatre derniers mois, elle a consulté en interne et en externe — avec le lot de rumeurs afférent — pour former son équipe, dont elle officialise l’organigramme ce lundi.On y trouve des recrues externes (Stéphane Sitbon-Gomez, ancien directeur de cabinet de l’écologiste Cécile Duflot ; Vincent Meslet, directeur de France 2, venu d’Arte ; Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, issue du groupe TF1 et de France Télévisions ; ou Michel Field, directeur de France 5, ancien de LCI, Europe 1 et France Télévisions) et des promotions internes (dont Pascal Golomer, le directeur de l’information, remplaçant de Thierry Thuillier, ou Arnaud Lesaunier, le directeur des ressources humaines), ainsi que quelques confirmations de l’équipe précédente (Dana Hastier, directrice de France 3, ou Tiphaine de Raguenel, à France 4).Chaîne publique d’information en continuQuelques jours avant sa prise de fonction, une dernière nomination a créé des remous à la direction des rédactions de l’entreprise : celle de Germain Dagognet, ancien de TF1 et de LCI, souvent décrit comme homme de réseau. Il a été recruté comme numéro deux de l’information, alors que ce n’était pas le choix initial de Pascal Golomer. Le nouveau venu travaillera sous sa responsabilité et s’occupera du chantier de la chaîne publique d’information en continu que Delphine Ernotte veut lancer a depuis précisé son entourage. Un projet assez sensible, à deux ans de la présidentielle, mais central pour la nouvelle présidente, qui veut que cette chaîne soit lancée en septembre 2016 sur les supports numériques, et ensuite éventuellement sur un canal hertzien, ce qui n’est pas acquis.Delphine Ernotte a la chance — peut-être à double tranchant — de trouver un groupe qui se félicite ces derniers mois de ses bonnes audiences dans le domaine de l’information ou de la fiction. Mais plusieurs autres défis sont dans le projet de Delphine Ernotte : continuer la fusion des rédactions de France 2 et France 3 — une réforme déjà engagée, mais qui génère des oppositions en interne ; favoriser le dialogue social avec des « assises » de l’entreprise ; poursuivre le développement numérique ; faire de France Télévisions un fer de lance de la création audiovisuelle française, y compris à l’export. Tout en faisant face à des ressources publiques plutôt en baisse, ce qui suppose de faire encore des économies ou de trouver de nouvelles recettes, par la refonte de la redevance, la vente de droits de production ou la publicité. Delphine Ernotte se dit impatiente de prendre ses fonctions. Elle a de quoi s’occuper.@apiquardpiquard@lemonde.frRetrouvez l’entretien exclusif avec Delphine Ernotte-Cunci dans l’édition du Monde du mardi 25 août.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 29.07.2015 à 20h17 • Mis à jour le30.07.2015 à 11h27 | Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.07.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.07.2015 à 17h57 Le groupe britannique Pearson a annoncé jeudi 23 juillet la vente du Financial Times (FT), le quotidien de référence des affaires, au groupe japonais Nikkei, pour 844 millions de livres (1,19 milliard d’euros). Quelques minutes auparavant, le quotidien avait affirmé, citant des personnes proches du dossier, que le géant allemand des médias Axel Springer était également en discussion « avancée » avec Pearson. Axel Springer, propriétaire notamment du tabloïd allemand Bild et du quotidien Die Welt, avait immédiatement démenti toute intention de racheter le FT.John Fallon, le directeur général du groupe, a expliqué, cité dans un communiqué :« Pearson a été fier d’être le propriétaire du “FT” pendant près de soixante ans. Mais nous avons atteint un point d’inflexion dans les médias, avec l’explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux. Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le “FT” d’assurer son succès journalistique et commercial est d’être membre d’une entreprise d’information numérique mondiale. »Le FT Group comprend le Financial Times et son site Internet, 50 % du magazine The Economist et une coentreprise en Russie avec le quotidien Vedomosti. Mais la transaction, qui pourrait être bouclée d’ici à la fin de l’année, ne comprend pas la part de 50 % dans The Economist Group ni l’immeuble du FT, sur le bord de la Tamise, dans le centre de Londres.Selon Pearson, FT Group a, en 2014, contribué à hauteur de 334 millions de livres au chiffre d’affaires et à hauteur de 24 millions au résultat opérationnel ajusté.L’édition en ligne représente 70 % de la diffusion totaleLundi, l’agence Bloomberg News, sans citer de source, avait écrit que si la transaction allait à son terme, le journal britannique, qui revendique une diffusion quotidienne de 720 000 exemplaires (éditions papier et Internet réunies), pourrait être valorisé jusqu’à 1 milliard de livres (1,44 milliard d’euros).L’édition en ligne du FT représente 70 % de sa diffusion totale, après avoir dépassé la diffusion papier en 2012. Au sein de cette version internet, la moitié des connexions se font par des applications mobiles, comme les smartphones et les tablettes. Ce passage vers le numérique est considéré comme un succès par les analystes, bien que le FT souffre de la concurrence de sites internet d’information économique gratuits et peine à s’imposer aux Etats-Unis.Il y a deux ans, Pearson avait formellement démenti des informations évoquant une possible vente du Financial Times au magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch et à l’émirat d’Abou Dhabi pour 1,2 milliard de dollars (1,11 milliard d’euros). 29.07.2015 à 20h17 • Mis à jour le30.07.2015 à 11h27 | Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.07.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.07.2015 à 17h57 Le groupe britannique Pearson a annoncé jeudi 23 juillet la vente du Financial Times (FT), le quotidien de référence des affaires, au groupe japonais Nikkei, pour 844 millions de livres (1,19 milliard d’euros). Quelques minutes auparavant, le quotidien avait affirmé, citant des personnes proches du dossier, que le géant allemand des médias Axel Springer était également en discussion « avancée » avec Pearson. Axel Springer, propriétaire notamment du tabloïd allemand Bild et du quotidien Die Welt, avait immédiatement démenti toute intention de racheter le FT.John Fallon, le directeur général du groupe, a expliqué, cité dans un communiqué :« Pearson a été fier d’être le propriétaire du “FT” pendant près de soixante ans. Mais nous avons atteint un point d’inflexion dans les médias, avec l’explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux. Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le “FT” d’assurer son succès journalistique et commercial est d’être membre d’une entreprise d’information numérique mondiale. »Le FT Group comprend le Financial Times et son site Internet, 50 % du magazine The Economist et une coentreprise en Russie avec le quotidien Vedomosti. Mais la transaction, qui pourrait être bouclée d’ici à la fin de l’année, ne comprend pas la part de 50 % dans The Economist Group ni l’immeuble du FT, sur le bord de la Tamise, dans le centre de Londres.Selon Pearson, FT Group a, en 2014, contribué à hauteur de 334 millions de livres au chiffre d’affaires et à hauteur de 24 millions au résultat opérationnel ajusté.L’édition en ligne représente 70 % de la diffusion totaleLundi, l’agence Bloomberg News, sans citer de source, avait écrit que si la transaction allait à son terme, le journal britannique, qui revendique une diffusion quotidienne de 720 000 exemplaires (éditions papier et Internet réunies), pourrait être valorisé jusqu’à 1 milliard de livres (1,44 milliard d’euros).L’édition en ligne du FT représente 70 % de sa diffusion totale, après avoir dépassé la diffusion papier en 2012. Au sein de cette version internet, la moitié des connexions se font par des applications mobiles, comme les smartphones et les tablettes. Ce passage vers le numérique est considéré comme un succès par les analystes, bien que le FT souffre de la concurrence de sites internet d’information économique gratuits et peine à s’imposer aux Etats-Unis.Il y a deux ans, Pearson avait formellement démenti des informations évoquant une possible vente du Financial Times au magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch et à l’émirat d’Abou Dhabi pour 1,2 milliard de dollars (1,11 milliard d’euros). 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.07.2015 à 20h17 • Mis à jour le30.07.2015 à 11h27 | Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.07.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.07.2015 à 17h57 Le groupe britannique Pearson a annoncé jeudi 23 juillet la vente du Financial Times (FT), le quotidien de référence des affaires, au groupe japonais Nikkei, pour 844 millions de livres (1,19 milliard d’euros). Quelques minutes auparavant, le quotidien avait affirmé, citant des personnes proches du dossier, que le géant allemand des médias Axel Springer était également en discussion « avancée » avec Pearson. Axel Springer, propriétaire notamment du tabloïd allemand Bild et du quotidien Die Welt, avait immédiatement démenti toute intention de racheter le FT.John Fallon, le directeur général du groupe, a expliqué, cité dans un communiqué :« Pearson a été fier d’être le propriétaire du “FT” pendant près de soixante ans. Mais nous avons atteint un point d’inflexion dans les médias, avec l’explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux. Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le “FT” d’assurer son succès journalistique et commercial est d’être membre d’une entreprise d’information numérique mondiale. »Le FT Group comprend le Financial Times et son site Internet, 50 % du magazine The Economist et une coentreprise en Russie avec le quotidien Vedomosti. Mais la transaction, qui pourrait être bouclée d’ici à la fin de l’année, ne comprend pas la part de 50 % dans The Economist Group ni l’immeuble du FT, sur le bord de la Tamise, dans le centre de Londres.Selon Pearson, FT Group a, en 2014, contribué à hauteur de 334 millions de livres au chiffre d’affaires et à hauteur de 24 millions au résultat opérationnel ajusté.L’édition en ligne représente 70 % de la diffusion totaleLundi, l’agence Bloomberg News, sans citer de source, avait écrit que si la transaction allait à son terme, le journal britannique, qui revendique une diffusion quotidienne de 720 000 exemplaires (éditions papier et Internet réunies), pourrait être valorisé jusqu’à 1 milliard de livres (1,44 milliard d’euros).L’édition en ligne du FT représente 70 % de sa diffusion totale, après avoir dépassé la diffusion papier en 2012. Au sein de cette version internet, la moitié des connexions se font par des applications mobiles, comme les smartphones et les tablettes. Ce passage vers le numérique est considéré comme un succès par les analystes, bien que le FT souffre de la concurrence de sites internet d’information économique gratuits et peine à s’imposer aux Etats-Unis.Il y a deux ans, Pearson avait formellement démenti des informations évoquant une possible vente du Financial Times au magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch et à l’émirat d’Abou Dhabi pour 1,2 milliard de dollars (1,11 milliard d’euros). 29.07.2015 à 20h17 • Mis à jour le30.07.2015 à 11h27 | Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.07.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.07.2015 à 17h57 Le groupe britannique Pearson a annoncé jeudi 23 juillet la vente du Financial Times (FT), le quotidien de référence des affaires, au groupe japonais Nikkei, pour 844 millions de livres (1,19 milliard d’euros). Quelques minutes auparavant, le quotidien avait affirmé, citant des personnes proches du dossier, que le géant allemand des médias Axel Springer était également en discussion « avancée » avec Pearson. Axel Springer, propriétaire notamment du tabloïd allemand Bild et du quotidien Die Welt, avait immédiatement démenti toute intention de racheter le FT.John Fallon, le directeur général du groupe, a expliqué, cité dans un communiqué :« Pearson a été fier d’être le propriétaire du “FT” pendant près de soixante ans. Mais nous avons atteint un point d’inflexion dans les médias, avec l’explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux. Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le “FT” d’assurer son succès journalistique et commercial est d’être membre d’une entreprise d’information numérique mondiale. »Le FT Group comprend le Financial Times et son site Internet, 50 % du magazine The Economist et une coentreprise en Russie avec le quotidien Vedomosti. Mais la transaction, qui pourrait être bouclée d’ici à la fin de l’année, ne comprend pas la part de 50 % dans The Economist Group ni l’immeuble du FT, sur le bord de la Tamise, dans le centre de Londres.Selon Pearson, FT Group a, en 2014, contribué à hauteur de 334 millions de livres au chiffre d’affaires et à hauteur de 24 millions au résultat opérationnel ajusté.L’édition en ligne représente 70 % de la diffusion totaleLundi, l’agence Bloomberg News, sans citer de source, avait écrit que si la transaction allait à son terme, le journal britannique, qui revendique une diffusion quotidienne de 720 000 exemplaires (éditions papier et Internet réunies), pourrait être valorisé jusqu’à 1 milliard de livres (1,44 milliard d’euros).L’édition en ligne du FT représente 70 % de sa diffusion totale, après avoir dépassé la diffusion papier en 2012. Au sein de cette version internet, la moitié des connexions se font par des applications mobiles, comme les smartphones et les tablettes. Ce passage vers le numérique est considéré comme un succès par les analystes, bien que le FT souffre de la concurrence de sites internet d’information économique gratuits et peine à s’imposer aux Etats-Unis.Il y a deux ans, Pearson avait formellement démenti des informations évoquant une possible vente du Financial Times au magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch et à l’émirat d’Abou Dhabi pour 1,2 milliard de dollars (1,11 milliard d’euros). 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard et Madjid Zerrouky La chaîne i-Télé a diffusé mardi 25 août des images d’Ayoub El-Khazzani à son arrivée au palais de justice de Paris avant qu’il soit mis en examen pour, entre autres motifs, « tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».Le principal suspect de l’attaque à bord du Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août y est présenté vêtu d’une tenue d’hôpital bleue, pieds nus, les yeux bandés et menotté. Ses mains ont toutefois été floutées par la chaîne de télévision.Le lendemain, c’est Paris Match qui a publié une photo prise par un passager du TGV, montrant Ayoub El-Khazzani inconscient et porté par des policiers sur le quai de la gare d’Arras, son visage visible, ses pieds et ses poings liés. « Quelles que soient la nature et la gravité des faits reprochés à un homme, notre Etat de droit ne peut pas accepter que cet individu soit traité d’une manière dégradante et inhumaine. Le nécessaire aurait pu être fait », s’est insurgé en réaction Mani Ayadi, l’avocat d’Ayoub El-Khazzani.1. Que dit la loi ?L’article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, renforcée par la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, est relativement clair sur le sujet :« Lorsqu’elle est réalisée sans l’accord de l’intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 euros d’amende. »Autrement dit, la loi interdit toute publication d’une photo ou d’une vidéo d’une personne pouvant être identifiée soit par son nom, soit parce que son visage est visible, et la montrant entravée.Sur ce seul aspect, la photo publiée par Paris Match semble très nettement tomber sous le coup de la loi et pourrait faire l’objet de poursuites — qui sont toutefois très rares pour ce motif. 2. Flouter des menottes est-il une solution ?C’est ce qu’a choisi i-Télé. Le bandeau sur le visage d’Ayoub El-Khazzani ne change rien à son identification puisqu’il est nommément identifié. Mais les menottes, elles, sont floutées. « Il n’y a pas eu de débat dans la rédaction, qui a estimé que la valeur informative du document était très forte », explique-t-on à la chaîne.Cela suffit-il à « protéger » i-Télé en cas de poursuites ? Peu probable : la solution choisie est finalement hypocrite quant à l’esprit de la loi, car il est évident qu’il est entravé, les mains liées derrière le dos. « La loi ne dit pas qu’il ne faut pas montrer les menottes ou les entraves, mais interdit toute image faisant apparaître que la personne est menottée : sa posture, par exemple, suffit à faire apparaître de manière évidente que ses mains sont liées », explique Christophe Bigot, avocat spécialiste de la presse, et qui défend notamment Le Monde. 3. Strauss-Kahn, Cantat… Un débat récurrentLe 15 mai 2011, des images tournent en boucle dans les médias américains : Dominique Strauss-Kahn apparaît à sa sortie de garde à vue du commissariat de Harlem, à New York, escorté par cinq policiers et menotté dans le dos sous les flashs des photographes. La veille, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) avait été arrêté par la police américaine, qui le soupçonnait d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre de l’hôtel Sofitel où il séjournait.Des images hors la loi au regard du droit français, mais pas aux Etats-Unis, où elles sont courantes, le premier amendement de la Constitution protégeant la presse au nom de la « liberté d’expression ».Si Dominique Strauss-Kahn n’a engagé aucune poursuite à l’encontre des médias télévisés qui avaient repris la séquence filmée, les chaînes s’étaient vu notifier une mise en garde par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), estimant que « le principe de la liberté d’expression et le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité humaine » et rappelant que la loi du 15 juin 2000 punit la diffusion d’une image faisant apparaître menottée ou entravée une personne qui n’a pas fait l’objet d’une condamnation.Les condamnations pour ce motif sont peu nombreuses. En 2004, le quotidien France Soir et les magazines Paris Match et VSD avaient été condamnés pour avoir publié des images de Bertrand Cantat, menotté, prises en Lituanie en août 2003. L’ex-chanteur de Noir Désir y avait été arrêté et condamné en mars 2004 pour le meurtre de sa compagne d’alors, Marie Trintignant. Les clichés avaient été diffusés avant sa condamnation. En 2007, ce sont trois journaux (Le Journal du dimanche, Metro et Le Nouveau Détective) qui avaient été condamnés pour des photos de l’acteur Samy Naceri menotté, alors qu’il n’avait pas encore été jugé.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.08.2015 à 13h49 | Alexis Delcambre Place aux programmes ! Ce mercredi 26 août à 9 heures, Mathieu Gallet a donné sa conférence de rentrée de Radio France. L’occasion de s’exprimer sur d’autres sujets que les tensions budgétaires de son entreprise ou ses relations délicates avec la ministre de la culture, Fleur Pellerin, ou les syndicats de la Maison ronde.Depuis le mois de mars, le jeune président a dû affronter une triple tempête. En interne, la mise au jour d’un trou dans le budget et la perspective d’un plan de départs ont entraîné une grève de vingt-huit jours, la plus longue de l’histoire de Radio France, qui a révélé les carences du dialogue dans l’entreprise. En parallèle, le protégé du CSA s’est violemment heurté à la ministre de la culture, qui lui a reproché son absence de projet.Enfin, une série de révélations dans la presse, notamment dans Le Canard enchaîné, ont entraîné l’ouverture au parquet de Créteil d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur des contrats passés par M. Gallet quand il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel.ParadoxeMais pour le moment, l’ancien conseiller de Frédéric Mitterrand Rue de Valois a survécu à cette conflagration. Le paradoxe étant que, sur le terrain des contenus, le bilan de la première saison de Mathieu Gallet apparaît positif. A commencer par les audiences des antennes, qui, la saison dernière, ont progressé, malgré l’effet de la grève du printemps.France Inter a repassé, l’hiver dernier, la barre des 10 % d’audience cumulée, et les choix de sa directrice, Laurence Bloch, en faveur d’une antenne plus ouverte et détendue, ont été validés. Malgré l’éviction en juillet de son directeur, Olivier Poivre d’Arvor, France Culture a atteint en 2015 un niveau d’audience record, tandis que France Info tente de réinventer son identité de chaîne d’information en continu en s’adaptant aux usages numériques.Il reste des chantiers, nombreux : le développement du réseau « Bleu », la relance de France Musique que va tenter Marc Voinchet, celle de Mouv’, actuellement en chantier, le destin de FIP, le développement de nouvelles activités, comme les spectacles ou, plus généralement, l’avenir de la radio dans un univers d’écrans. Il faudra à Radio France vivre une saison plus sereine pour les faire progresser. C’est le message que Mathieu Gallet a donné à ses troupes mercredi matin.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Sandrine Treiner, 50 ans, présente à France Culture depuis 2010, a été choisie, mardi 25 août, pour succéder à Olivier Poivre d’Arvor, évincé de la direction de la chaîne publique en juillet.Comment se porte France Culture, un mois et demi après l’éviction de votre prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor ?La chaîne s’est tout simplement remise à faire de la radio. L’année a été lourde pour les antennes, avec beaucoup de fatigue et de tensions accumulées. Cela nous a donné le désir de se remettre au cœur de notre pratique. Notre grille d’été a été marquée par de beaux moments de radio : des séries d’été, de grandes traversées... dans une sorte de calme après la tempête.Olivier Poivre d’Arvor est parti dans des conditions houleuses...Je suis arrivée à France Culture il y a cinq ans car il est venu me chercher. Je lui dois mon arrivée et les cinq années où j’ai appris ce qui me permet aujourd’hui d’être directrice. Nous formions une équipe très soudée, avec de bons résultats. Au-delà de la rupture avec Olivier Poivre d’Arvor, la confiance a été donnée à la continuité.Il y avait d’autres choix ?Je l’ignore, et j’ai passé l’été à travailler pour que l’antenne soit bonne.Comment voulez-vous désormais faire évoluer France Culture ?Ce qui est formidable dans notre chaîne, c’est qu’on sait qui on est, pourquoi on existe et pourquoi on fait ce qu’on fait. Cela nous autorise des pas de côté par rapport à nos champs identitaires. C’est ce qui éclaire nos choix pour cette rentrée. Ainsi le duo que forment entre 19 et 20 heures Martin Quenehen et Mathilde Serrell : d’un côté une voix présente depuis longtemps à l’antenne, et de l’autre quelqu’un venant bousculer cette évidence, issue d’un autre univers, plus jeune et décalé, celui de Radio Nova.Vous allez devoir vous passer de Marc Voinchet, qui quitte la matinale pour la direction de France Musique...Il ne pouvait en effet pas faire les deux ! Le succès de notre matinale est avant tout lié à notre approche distanciée de l’actualité. Si on prend du recul, nous avons eu un excellent matinalier avec Nicolas Demorand. Quand il est parti, Ali Baddou l’a remplacé et a renforcé la matinale. Puis ce fut au tour de Marc. Alors je n’ai pas de doute sur le fait que Guillaume Erner contribuera à développer encore ce rendez-vous. Il vient de France Inter mais il incarne pleinement l’esprit de France Culture, il a son brevet en sciences sociales et aime aussi vagabonder !Après avoir atteint un record, à 2,3 %, l’audience cumulée de France Culture a baissé au printemps, à 1,8 %. Inquiétant ?Nous avons été la station la plus touchée par la grève de mars-avril, en restant à l’arrêt 28 jours. Ils est donc normal que la mesure d’audience ait été touchée. En réalité, si on regarde la période de sondage Médiamétrie, après la grève, notre audience était remontée à un niveau comparable à celui de janvier/mars.A vos yeux, qu’a révélé cette grève si suivie à France Culture ?Avant tout un état d’inquiétude. Les médias sont des révélateurs de la société qui les entoure et nous avons été touchés à notre tour par la peur du déclassement. En interne, le conflit a montré la nécessité de revoir des éléments d’organisation, de circulation de l’information, d’association des personnels et des partenaires sociaux aux projets du groupe.Toute la direction s’est depuis attelée à améliorer les choses. Enfin, au delà de la question budgétaire, la grève a pointé la question du sens, qui agite tous les médias. Nous sommes en plein tournant, en train de définir ce que nous ferons dans vingt ans. Cela soulève naturellement des interrogations.Vous allez devenir directrice de chaîne dans une entreprise encore fragile, où un plan de départs volontaires se prépare, sous l’autorité d’un président parfois contesté... Vous avez hésité ?Le fait que la direction soit confiée à une femme qui a toujours été une auditrice de France Culture, qui a la passion de cette chaîne chevillée au corps, ça ne se discute pas. C’est un signal et j’y réponds avec enthousiasme. Je suis très attachée au service public. Nous avons un rôle à jouer dans la société actuelle et c’est ce qui compte. Et j’ai confiance dans l’avenir de cette maison.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est finalement la continuité qui prévaut à France Culture, un mois et demi après l’éviction houleuse de son directeur Olivier Poivre d’Arvor. L’actuelle directrice par intérim de l’antenne publique, Sandrine Treiner, a été nommée directrice, mardi 25 août. Ce sera donc elle qui présentera la nouvelle grille de la chaîne, mercredi, lors de la conférence de rentrée de Radio France.Sandrine Treiner, 50 ans, est présente à France Culture depuis 2010, comme conseillère de programmes puis directrice adjointe en charge des programmes. Elle était devenue directrice par intérim en juillet. Mais le président de Radio France, Mathieu Gallet, s’était donné le temps de la réflexion, en estimant que « France Culture intéresse des personnalités de talent ».Lire l'entretien :Mathieu Gallet : « On ne peut pas être dans la maison tout en la critiquant »Dans ses nouvelles fonctions, Sandrine Treiner devra accompagner la nouvelle grille de France Culture, marquée par le changement de voix de la matinale, où Guillaume Erner (ex-France Inter) remplace Marc Voinchet, devenu directeur de France Musique.Après une saison marquée par un record à 2,3 % d’audience cumulée en janvier-mars 2015, France Culture a reculé à 1,8 % au printemps, payant notamment la longue grève de Radio France. La chaîne doit également soutenir un développement numérique encore timide et désormais piloté par Florent Latrive (ex-Libération).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Chaîne emblématique de la construction européenne, Arte deviendrait-elle celle du combat contre les géants du Web ? C’est en tout cas sous ce signe que sa présidente, Véronique Cayla, a placé la nouvelle saison de la chaîne, lors d’une conférence de rentrée lundi 24 août.« Arte se veut un lieu de vigilance et de résistance », estime celle qui copréside la chaîne franco-allemande depuis 2011 et jusqu’à la fin de cette année. La menace, à ses yeux, ce sont ces algorithmes qui gouvernent les grandes plates-formes numériques, « réduisent les individus à des séries de données de plus en plus invasives » et « enferment chacun dans ses habitudes ».Un descriptif qui semble viser aussi bien les suggestions de programmes d’un Netflix, fondées sur une étude approfondie des consommations antérieures de l’abonné, les critères des résultats de recherche de Google ou les paramètres qui font qu’un contenu s’affiche dans un fil Facebook.La puissance de recommandation de ces grandes plates-formes est une source d’inspiration pour leurs concurrentes françaises, qui essayent d’individualiser leurs propositions de contenus. CanalPlay, la plate-forme de vidéo à la demande de Canal+, a ainsi lancé son propre outil de recommandation, Suggest. Dans son application Zoom, France Télévisions expérimente également une proposition de contenus inspirée des goûts de l’utilisateur.Une chaîne « civique et citoyenne »Sur les cinq sites d’Arte, revendique sa présidente, « la recommandation n’est pas automatique mais éditoriale et réfléchie ». Et de s’enorgueillir d’avoir diffusé au printemps la série documentaire « Do not track », consacrée à la traçabilité numérique : « Grâce à cette série, Arte contribue à une meilleure connaissance et à une meilleure maîtrise par le citoyen de l’utilisation qui est faite de ses données personnelles. »Reste que les bonnes intentions ont leurs limites. Arte.tv ne fait pas exception à l’usage des cookies, ces petits fichiers déposés sur les disques durs par les sites Internet visités. Sur sa page dédiée, le site explique utiliser vingt types de cookies différents. Il encourage la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux – Facebook, Google Plus, Instagram, Twitter – et les programmes d’Arte sont disponibles sur l’Apple TV.« Notre politique est d’aller toucher le public où il est, et donc nous travaillons avec ces plates-formes, mais en conservant notre liberté de penser », se défend Mme Cayla. Sur ce sujet, il faut pour elle « mobiliser les opinions publiques, seules capables d’ébranler les certitudes des géants du Net ». Une mission de taille pour une Arte qu’elle rêve « civique et citoyenne », contribuant à « l’émergence d’une introuvable opinion publique européenne ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Selon le Wall Street Journal du lundi 24 août, la Commission européenne, qui a déjà, au printemps dernier, formellement accusé Google de pratiques anticoncurrentielles sur son service Google Shopping, a récemment étendu son enquête. En ligne de mire, les contrats publicitaires signés par le géant américain du Web et ses pratiques consistant à reproduire du contenu de sites tiers.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesA en croire le quotidien américain, des sociétés ayant déposé plainte contre Google ont été contactées par Bruxelles pour répondre à un questionnaire concernant ces pratiques. Plus précisément, pour mettre à jour ce questionnaire, qui leur avait déjà été envoyé en 2010, au tout début du travail d’enquête de la Commission sur les agissements du groupe Internet.« Cette démarche n’a rien d’inattendu »L’information n’a pas été formellement confirmée, ni par Google, ni par la Commission, mais pas infirmée non plus. « La Commission n’a pas caché, ces derniers mois, qu’elle continuait à regarder de près trois autres comportements de Google : les copies du contenu d’autres sites qu’effectuait le groupe, les clauses d’exclusivité comprises dans ses accords avec ses partenaires publicitaires, des restrictions imposées à ses partenaires annonceurs concernant l’usage d’autres plates-formes de publicité », selon une source bruxelloise.« La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager avait dit [lors de sa prise de fonction], l’année dernière qu’elle voulait que ses équipes mettent à jour toutes les interrogations soulevées par son prédécesseur [Joaquin Almunia]. Donc, cette démarche n’a rien d’inattendu. Mme Vestager a aussi répété qu’elle n’excluait pas d’élargir l’investigation », explique une source européenne au Monde. « Donc, cette démarche paraît logique, elle relève peut-être même d’une forme de tactique pour maintenir la pression sur le groupe », ajoute cette source.De fait, Google n’a plus que quelques jours – d’ici au 31 août –, pour répondre par écrit aux accusations de la Commission, émises en avril, concernant le service en ligne Google Shopping.Google joue grosLe groupe est sous le coup d’une enquête européenne pour abus de position dominante depuis maintenant cinq ans, mais Bruxelles est passé à la vitesse supérieure, quand Mme Vestager a décidé d’envoyer cet acte d’accusation – ce Statement of Objections, dans le jargon communautaire –, centré sur Google Shopping, alors que son prédécesseur, M. Almunia, avait jusqu’à présent toujours évité cette étape cruciale de la procédure en tentant de trouver un compromis avec Google.Lire aussi :Google : un poids (très) lourd, mais quelques alternativesLe géant américain joue très gros avec cette affaire : si la Commission ne se satisfait pas de sa défense, si elle est convaincue que le groupe a enfreint les règles européennes en matière de concurrence, elle peut lui imposer une amende allant jusqu’à plusieurs milliards d’euros.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ancienne patronne d’Orange France, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Voici des extraits de l’entretien qu’elle a accordé au Monde.Quelle est votre ambition pour France Télévisions ?Je veux en faire une entreprise audiovisuelle du XXIe siècle. Cela veut d’abord dire assurer les missions essentielles : proposer des programmes innovants et une information de service public, mais, au-delà, je veux en faire une entreprise qui n’ait pas seulement des supports numériques, mais qui soit un vrai groupe numérique.Face à la mondialisation et à l’essor d’Internet, qui abolit les frontières pour le contenu, il y a un vrai enjeu pour la télévision publique en France : nous risquons de souffrir d’avoir un territoire tout petit face à des géants américains qui amortissent leurs séries sur des millions de téléspectateurs. Il faut donc aider à la production des contenus exportables et être moteur dans la coproduction européenne. Je regardais jeudi soir sur Arte « The Team », une série polar danoise, allemande et belge. Il n’y a aucune raison que le secteur audiovisuel français ne devienne pas plus puissant.Faire une chaîne d’information publique est une de vos priorités. Quel sera son apport face à BFM-TV ou i-Télé ?Dans un monde qui est en train de se fragmenter, où beaucoup de téléspectateurs ne font plus confiance à ce qu’ils entendent, nous voulons une chaîne qui aille plus loin que donner l’information. Et qui permette de comprendre, d’exposer des points de vue différents, d’éclairer et de décrypter, au-delà de l’information brute et parfois brutale qu’on peut voir sur les chaînes en continu.Pourquoi avoir nommé numéro deux de l’information Germain Dagognet, de TF1, qui n’était pas le choix de votre directeur de l’information ?J’ai choisi de nommer Pascal Golomer directeur de l’info. C’est important pour la rédaction d’avoir pris l’un des leurs, qui est reconnu et qui est un bon manageur. C’est le point le plus important. Après, je n’ai jamais caché mon projet de faire une chaîne d’information. J’ai souhaité que ce projet soit intégré à la rédaction. J’ai vu pas mal de monde pour la direction de l’information, et Germain Dagognet m’a paru avoir une bonne expérience, notamment celle d’une chaîne d’information en continu, à LCI. Il sera une ressource utile pour réussir ce projet, sous la direction de Pascal Golomer.Certains pensent que votre présidence est marquée à gauche : le président du CSA est un ancien socialiste, vous avez choisi un ex-écologiste comme directeur de cabinet, Stéphane Sitbon Gomez… N’est-ce pas prêter le flanc à la critique en vue de 2017 ?Je suis une femme d’entreprise, pas une femme politique. Je n’ai aucun marquage. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai défendu ma candidature. Et je crois que c’est aussi pour cela que le CSA m’a nommée : ma capacité à transformer une entreprise, dans un climat social apaisé. Quant à Stéphane Sitbon Gomez, je cherchais quelqu’un pour m’aider à relire mon projet et cela a été une rencontre. Il se trouve qu’il a un passé politique mais ce n’est pas cela qui m’a décidée.Lire l'intégralité de l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Elle a trouvé le temps long… Après six mois de campagne puis quatre mois de « tuilage » avec l’équipe en place, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, ancienne patronne d’Orange France, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Elle a mis un premier pied dans son bureau samedi, mais la passation de pouvoir a lieu ce lundi, à 10 heures, lors d’une prise de parole devant cent cinquante cadres dirigeants de l’entreprise d’audiovisuel public.Son arrivée à France Télévisions a donné lieu à beaucoup d’articles et de commentaires, mais l’intéressée ne s’est jusqu’ici pas exprimée. Elle est attendue. Le choix du Conseil supérieur de l’audiovisuel de la nommer, le 23 avril, a suscité des contestations (deux plaintes et deux recours au Conseil d’Etat demeurent). Depuis, au cours des quatre derniers mois, elle a consulté en interne et en externe — avec le lot de rumeurs afférent — pour former son équipe, dont elle officialise l’organigramme ce lundi.On y trouve des recrues externes (Stéphane Sitbon-Gomez, ancien directeur de cabinet de l’écologiste Cécile Duflot ; Vincent Meslet, directeur de France 2, venu d’Arte ; Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, issue du groupe TF1 et de France Télévisions ; ou Michel Field, directeur de France 5, ancien de LCI, Europe 1 et France Télévisions) et des promotions internes (dont Pascal Golomer, le directeur de l’information, remplaçant de Thierry Thuillier, ou Arnaud Lesaunier, le directeur des ressources humaines), ainsi que quelques confirmations de l’équipe précédente (Dana Hastier, directrice de France 3, ou Tiphaine de Raguenel, à France 4).Chaîne publique d’information en continuQuelques jours avant sa prise de fonction, une dernière nomination a créé des remous à la direction des rédactions de l’entreprise : celle de Germain Dagognet, ancien de TF1 et de LCI, souvent décrit comme homme de réseau. Il a été recruté comme numéro deux de l’information, alors que ce n’était pas le choix initial de Pascal Golomer. Le nouveau venu travaillera sous sa responsabilité et s’occupera du chantier de la chaîne publique d’information en continu que Delphine Ernotte veut lancer a depuis précisé son entourage. Un projet assez sensible, à deux ans de la présidentielle, mais central pour la nouvelle présidente, qui veut que cette chaîne soit lancée en septembre 2016 sur les supports numériques, et ensuite éventuellement sur un canal hertzien, ce qui n’est pas acquis.Delphine Ernotte a la chance — peut-être à double tranchant — de trouver un groupe qui se félicite ces derniers mois de ses bonnes audiences dans le domaine de l’information ou de la fiction. Mais plusieurs autres défis sont dans le projet de Delphine Ernotte : continuer la fusion des rédactions de France 2 et France 3 — une réforme déjà engagée, mais qui génère des oppositions en interne ; favoriser le dialogue social avec des « assises » de l’entreprise ; poursuivre le développement numérique ; faire de France Télévisions un fer de lance de la création audiovisuelle française, y compris à l’export. Tout en faisant face à des ressources publiques plutôt en baisse, ce qui suppose de faire encore des économies ou de trouver de nouvelles recettes, par la refonte de la redevance, la vente de droits de production ou la publicité. Delphine Ernotte se dit impatiente de prendre ses fonctions. Elle a de quoi s’occuper.@apiquardpiquard@lemonde.frRetrouvez l’entretien exclusif avec Delphine Ernotte-Cunci dans l’édition du Monde du mardi 25 août.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais 29.07.2015 à 20h17 • Mis à jour le30.07.2015 à 11h27 | Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.07.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.07.2015 à 17h57 Le groupe britannique Pearson a annoncé jeudi 23 juillet la vente du Financial Times (FT), le quotidien de référence des affaires, au groupe japonais Nikkei, pour 844 millions de livres (1,19 milliard d’euros). Quelques minutes auparavant, le quotidien avait affirmé, citant des personnes proches du dossier, que le géant allemand des médias Axel Springer était également en discussion « avancée » avec Pearson. Axel Springer, propriétaire notamment du tabloïd allemand Bild et du quotidien Die Welt, avait immédiatement démenti toute intention de racheter le FT.John Fallon, le directeur général du groupe, a expliqué, cité dans un communiqué :« Pearson a été fier d’être le propriétaire du “FT” pendant près de soixante ans. Mais nous avons atteint un point d’inflexion dans les médias, avec l’explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux. Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le “FT” d’assurer son succès journalistique et commercial est d’être membre d’une entreprise d’information numérique mondiale. »Le FT Group comprend le Financial Times et son site Internet, 50 % du magazine The Economist et une coentreprise en Russie avec le quotidien Vedomosti. Mais la transaction, qui pourrait être bouclée d’ici à la fin de l’année, ne comprend pas la part de 50 % dans The Economist Group ni l’immeuble du FT, sur le bord de la Tamise, dans le centre de Londres.Selon Pearson, FT Group a, en 2014, contribué à hauteur de 334 millions de livres au chiffre d’affaires et à hauteur de 24 millions au résultat opérationnel ajusté.L’édition en ligne représente 70 % de la diffusion totaleLundi, l’agence Bloomberg News, sans citer de source, avait écrit que si la transaction allait à son terme, le journal britannique, qui revendique une diffusion quotidienne de 720 000 exemplaires (éditions papier et Internet réunies), pourrait être valorisé jusqu’à 1 milliard de livres (1,44 milliard d’euros).L’édition en ligne du FT représente 70 % de sa diffusion totale, après avoir dépassé la diffusion papier en 2012. Au sein de cette version internet, la moitié des connexions se font par des applications mobiles, comme les smartphones et les tablettes. Ce passage vers le numérique est considéré comme un succès par les analystes, bien que le FT souffre de la concurrence de sites internet d’information économique gratuits et peine à s’imposer aux Etats-Unis.Il y a deux ans, Pearson avait formellement démenti des informations évoquant une possible vente du Financial Times au magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch et à l’émirat d’Abou Dhabi pour 1,2 milliard de dollars (1,11 milliard d’euros). Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Selon le Wall Street Journal du lundi 24 août, la Commission européenne, qui a déjà, au printemps dernier, formellement accusé Google de pratiques anticoncurrentielles sur son service Google Shopping, a récemment étendu son enquête. En ligne de mire, les contrats publicitaires signés par le géant américain du Web et ses pratiques consistant à reproduire du contenu de sites tiers.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesA en croire le quotidien américain, des sociétés ayant déposé plainte contre Google ont été contactées par Bruxelles pour répondre à un questionnaire concernant ces pratiques. Plus précisément, pour mettre à jour ce questionnaire, qui leur avait déjà été envoyé en 2010, au tout début du travail d’enquête de la Commission sur les agissements du groupe Internet.« Cette démarche n’a rien d’inattendu »L’information n’a pas été formellement confirmée, ni par Google, ni par la Commission, mais pas infirmée non plus. « La Commission n’a pas caché, ces derniers mois, qu’elle continuait à regarder de près trois autres comportements de Google : les copies du contenu d’autres sites qu’effectuait le groupe, les clauses d’exclusivité comprises dans ses accords avec ses partenaires publicitaires, des restrictions imposées à ses partenaires annonceurs concernant l’usage d’autres plates-formes de publicité », selon une source bruxelloise.« La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager avait dit [lors de sa prise de fonction], l’année dernière qu’elle voulait que ses équipes mettent à jour toutes les interrogations soulevées par son prédécesseur [Joaquin Almunia]. Donc, cette démarche n’a rien d’inattendu. Mme Vestager a aussi répété qu’elle n’excluait pas d’élargir l’investigation », explique une source européenne au Monde. « Donc, cette démarche paraît logique, elle relève peut-être même d’une forme de tactique pour maintenir la pression sur le groupe », ajoute cette source.De fait, Google n’a plus que quelques jours – d’ici au 31 août –, pour répondre par écrit aux accusations de la Commission, émises en avril, concernant le service en ligne Google Shopping.Google joue grosLe groupe est sous le coup d’une enquête européenne pour abus de position dominante depuis maintenant cinq ans, mais Bruxelles est passé à la vitesse supérieure, quand Mme Vestager a décidé d’envoyer cet acte d’accusation – ce Statement of Objections, dans le jargon communautaire –, centré sur Google Shopping, alors que son prédécesseur, M. Almunia, avait jusqu’à présent toujours évité cette étape cruciale de la procédure en tentant de trouver un compromis avec Google.Lire aussi :Google : un poids (très) lourd, mais quelques alternativesLe géant américain joue très gros avec cette affaire : si la Commission ne se satisfait pas de sa défense, si elle est convaincue que le groupe a enfreint les règles européennes en matière de concurrence, elle peut lui imposer une amende allant jusqu’à plusieurs milliards d’euros.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ancienne patronne d’Orange France, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Voici des extraits de l’entretien qu’elle a accordé au Monde.Quelle est votre ambition pour France Télévisions ?Je veux en faire une entreprise audiovisuelle du XXIe siècle. Cela veut d’abord dire assurer les missions essentielles : proposer des programmes innovants et une information de service public, mais, au-delà, je veux en faire une entreprise qui n’ait pas seulement des supports numériques, mais qui soit un vrai groupe numérique.Face à la mondialisation et à l’essor d’Internet, qui abolit les frontières pour le contenu, il y a un vrai enjeu pour la télévision publique en France : nous risquons de souffrir d’avoir un territoire tout petit face à des géants américains qui amortissent leurs séries sur des millions de téléspectateurs. Il faut donc aider à la production des contenus exportables et être moteur dans la coproduction européenne. Je regardais jeudi soir sur Arte « The Team », une série polar danoise, allemande et belge. Il n’y a aucune raison que le secteur audiovisuel français ne devienne pas plus puissant.Faire une chaîne d’information publique est une de vos priorités. Quel sera son apport face à BFM-TV ou i-Télé ?Dans un monde qui est en train de se fragmenter, où beaucoup de téléspectateurs ne font plus confiance à ce qu’ils entendent, nous voulons une chaîne qui aille plus loin que donner l’information. Et qui permette de comprendre, d’exposer des points de vue différents, d’éclairer et de décrypter, au-delà de l’information brute et parfois brutale qu’on peut voir sur les chaînes en continu.Pourquoi avoir nommé numéro deux de l’information Germain Dagognet, de TF1, qui n’était pas le choix de votre directeur de l’information ?J’ai choisi de nommer Pascal Golomer directeur de l’info. C’est important pour la rédaction d’avoir pris l’un des leurs, qui est reconnu et qui est un bon manageur. C’est le point le plus important. Après, je n’ai jamais caché mon projet de faire une chaîne d’information. J’ai souhaité que ce projet soit intégré à la rédaction. J’ai vu pas mal de monde pour la direction de l’information, et Germain Dagognet m’a paru avoir une bonne expérience, notamment celle d’une chaîne d’information en continu, à LCI. Il sera une ressource utile pour réussir ce projet, sous la direction de Pascal Golomer.Certains pensent que votre présidence est marquée à gauche : le président du CSA est un ancien socialiste, vous avez choisi un ex-écologiste comme directeur de cabinet, Stéphane Sitbon Gomez… N’est-ce pas prêter le flanc à la critique en vue de 2017 ?Je suis une femme d’entreprise, pas une femme politique. Je n’ai aucun marquage. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai défendu ma candidature. Et je crois que c’est aussi pour cela que le CSA m’a nommée : ma capacité à transformer une entreprise, dans un climat social apaisé. Quant à Stéphane Sitbon Gomez, je cherchais quelqu’un pour m’aider à relire mon projet et cela a été une rencontre. Il se trouve qu’il a un passé politique mais ce n’est pas cela qui m’a décidée.Lire l'intégralité de l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Elle a trouvé le temps long… Après six mois de campagne puis quatre mois de « tuilage » avec l’équipe en place, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, ancienne patronne d’Orange France, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Elle a mis un premier pied dans son bureau samedi, mais la passation de pouvoir a lieu ce lundi, à 10 heures, lors d’une prise de parole devant cent cinquante cadres dirigeants de l’entreprise d’audiovisuel public.Son arrivée à France Télévisions a donné lieu à beaucoup d’articles et de commentaires, mais l’intéressée ne s’est jusqu’ici pas exprimée. Elle est attendue. Le choix du Conseil supérieur de l’audiovisuel de la nommer, le 23 avril, a suscité des contestations (deux plaintes et deux recours au Conseil d’Etat demeurent). Depuis, au cours des quatre derniers mois, elle a consulté en interne et en externe — avec le lot de rumeurs afférent — pour former son équipe, dont elle officialise l’organigramme ce lundi.On y trouve des recrues externes (Stéphane Sitbon-Gomez, ancien directeur de cabinet de l’écologiste Cécile Duflot ; Vincent Meslet, directeur de France 2, venu d’Arte ; Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, issue du groupe TF1 et de France Télévisions ; ou Michel Field, directeur de France 5, ancien de LCI, Europe 1 et France Télévisions) et des promotions internes (dont Pascal Golomer, le directeur de l’information, remplaçant de Thierry Thuillier, ou Arnaud Lesaunier, le directeur des ressources humaines), ainsi que quelques confirmations de l’équipe précédente (Dana Hastier, directrice de France 3, ou Tiphaine de Raguenel, à France 4).Chaîne publique d’information en continuQuelques jours avant sa prise de fonction, une dernière nomination a créé des remous à la direction des rédactions de l’entreprise : celle de Germain Dagognet, ancien de TF1 et de LCI, souvent décrit comme homme de réseau. Il a été recruté comme numéro deux de l’information, alors que ce n’était pas le choix initial de Pascal Golomer. Le nouveau venu travaillera sous sa responsabilité et s’occupera du chantier de la chaîne publique d’information en continu que Delphine Ernotte veut lancer a depuis précisé son entourage. Un projet assez sensible, à deux ans de la présidentielle, mais central pour la nouvelle présidente, qui veut que cette chaîne soit lancée en septembre 2016 sur les supports numériques, et ensuite éventuellement sur un canal hertzien, ce qui n’est pas acquis.Delphine Ernotte a la chance — peut-être à double tranchant — de trouver un groupe qui se félicite ces derniers mois de ses bonnes audiences dans le domaine de l’information ou de la fiction. Mais plusieurs autres défis sont dans le projet de Delphine Ernotte : continuer la fusion des rédactions de France 2 et France 3 — une réforme déjà engagée, mais qui génère des oppositions en interne ; favoriser le dialogue social avec des « assises » de l’entreprise ; poursuivre le développement numérique ; faire de France Télévisions un fer de lance de la création audiovisuelle française, y compris à l’export. Tout en faisant face à des ressources publiques plutôt en baisse, ce qui suppose de faire encore des économies ou de trouver de nouvelles recettes, par la refonte de la redevance, la vente de droits de production ou la publicité. Delphine Ernotte se dit impatiente de prendre ses fonctions. Elle a de quoi s’occuper.@apiquardpiquard@lemonde.frRetrouvez l’entretien exclusif avec Delphine Ernotte-Cunci dans l’édition du Monde du mardi 25 août.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont, de manière incontestable, les seules images réalisées à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images (chaque film comprenant un peu plus d’une vingtaine de vues).Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur brutale et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour lui, comme pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils défectueux. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Zeiss Ikon – alors que ce défaut de comptabilité entre Contax et Zeiss Ikon n’a jamais été mentionné par ailleurs… Peut-être parce que les appareils Contax étaient justement fabriqués par Zeiss Ikon.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire, ce qui tend fortement à discréditer toute interprétation possible de ces images.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Elles furent toutes publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard NBCUniversal confirme ses ambitions dans le numérique et BuzzFeed s’affirme comme un acteur média puissant. La filiale du câblo-opérateur Comcast investit 200 millions de dollars dans le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015 dans un communiqué. La semaine dernière, le groupe audiovisuel américain – producteur de Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – avait déjà acquis pour 200 millions de dollars une part de la société Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code.Une des « licornes » des médias BuzzFeed et NBCUniversal ne précisent pas quelle part du capital est achetée mais celle-ci est minoritaire : il y a quelques jours, le site spécialisé Re/Code estimait que l’investissement de NBCUniversal ferait grimper la valorisation de BuzzFeed à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds, de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. C’est un investissement très important, si on le compare au montant payé par Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post : 250 millions de dollars.BuzzFeed rejoint le club très fermé de ce que les médias américains spécialisés appellent déjà des « licornes » des médias, en référence au surnom donné aux entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui concentrent – pour l’heure – les attentes du marché. Outre Vox, Vice Media a déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars en 2014, auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu maître du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents – et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Sandrine Treiner, 50 ans, présente à France Culture depuis 2010, a été choisie, mardi 25 août, pour succéder à Olivier Poivre d’Arvor, évincé de la direction de la chaîne publique en juillet.Comment se porte France Culture, un mois et demi après l’éviction de votre prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor ?La chaîne s’est tout simplement remise à faire de la radio. L’année a été lourde pour les antennes, avec beaucoup de fatigue et de tensions accumulées. Cela nous a donné le désir de se remettre au cœur de notre pratique. Notre grille d’été a été marquée par de beaux moments de radio : des séries d’été, de grandes traversées... dans une sorte de calme après la tempête.Olivier Poivre d’Arvor est parti dans des conditions houleuses...Je suis arrivée à France Culture il y a cinq ans car il est venu me chercher. Je lui dois mon arrivée et les cinq années où j’ai appris ce qui me permet aujourd’hui d’être directrice. Nous formions une équipe très soudée, avec de bons résultats. Au-delà de la rupture avec Olivier Poivre d’Arvor, la confiance a été donnée à une solution de continuité.Il y avait d’autres choix ?Je l’ignore, et j’ai passé l’été à travailler pour que l’antenne soit bonne.Comment voulez-vous désormais faire évoluer France Culture ?Ce qui est formidable dans notre chaîne, c’est qu’on sait qui on est, pourquoi on existe et pourquoi on fait ce qu’on fait. Cela nous autorise des pas de côté par rapport à nos champs identitaires. C’est ce qui éclaire nos choix pour cette rentrée. Ainsi le duo que forment entre 19 et 20 heures Martin Quenehen et Mathilde Serrell : d’un côté une voix présente depuis longtemps à l’antenne, et de l’autre quelqu’un venant bousculer cette évidence, issue d’un autre univers, plus jeune et décalé, celui de Radio Nova.Vous allez devoir vous passer de Marc Voinchet, qui quitte la matinale pour la direction de France Musique...Il ne pouvait en effet pas faire les deux ! Le succès de notre matinale est avant tout lié à notre approche distanciée de l’actualité. Si on prend du recul, nous avons eu un excellent matinalier avec Nicolas Demorand. Quand il est parti, Ali Baddou l’a remplacé et a renforcé la matinale. Puis ce fut au tour de Marc. Alors je n’ai pas de doute sur le fait que Guillaume Erner contribuera à développer encore ce rendez-vous. Il vient de France Inter mais il incarne pleinement l’esprit de France Culture, il a son brevet en sciences sociales et aime aussi vagabonder !Après avoir atteint un record, à 2,3 %, l’audience cumulée de France Culture a baissé au printemps, à 1,8 %. Inquiétant ?Nous avons été la station la plus touchée par la grève de mars-avril, en restant à l’arrêt 28 jours. Ils est donc normal que la mesure d’audience ait été touchée. En réalité, si on regarde la période de sondage Médiamétrie, après la grève, notre audience était remontée à un niveau comparable à celui de janvier/mars.A vos yeux, qu’a révélé cette grève si suivie à France Culture ?Avant tout un état d’inquiétude. Les médias sont des révélateurs de la société qui les entoure et nous avons été touchés à notre tour par la peur du déclassement. En interne, le conflit a montré la nécessité de revoir des éléments d’organisation, de circulation de l’information, d’association des personnels et des partenaires sociaux aux projets du groupe.Toute la direction s’est depuis attelée à améliorer les choses. Enfin, au delà de la question budgétaire, la grève a pointé la question du sens, qui agite tous les médias. Nous sommes en plein tournant, en train de définir ce que nous ferons dans vingt ans. Cela soulève naturellement des interrogations.Vous allez devenir directrice de chaîne dans une entreprise encore fragile, où un plan de départs volontaires se prépare, sous l’autorité d’un président parfois contesté... Vous avez hésité ?Le fait que la direction soit confiée à une femme qui a toujours été une auditrice de France Culture, qui a la passion de cette chaîne chevillée au corps, ça ne se discute pas. C’est un signal et j’y réponds avec enthousiasme. Je suis très attachée au service public. Nous avons un rôle à jouer dans la société actuelle et c’est ce qui compte. Et j’ai confiance dans l’avenir de cette maison.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est finalement la continuité qui prévaut à France Culture, un mois et demi après l’éviction houleuse de son directeur Olivier Poivre d’Arvor. L’actuelle directrice par intérim de l’antenne publique, Sandrine Treiner, a été nommée directrice, mardi 25 août. Ce sera donc elle qui présentera la nouvelle grille de la chaîne, mercredi, lors de la conférence de rentrée de Radio France.Sandrine Treiner, 50 ans, est présente à France Culture depuis 2010, comme conseillère de programmes puis directrice adjointe en charge des programmes. Elle était devenue directrice par intérim en juillet. Mais le président de Radio France, Mathieu Gallet, s’était donné le temps de la réflexion, en estimant que « France Culture intéresse des personnalités de talent ».Lire l'entretien :Mathieu Gallet : « On ne peut pas être dans la maison tout en la critiquant »Dans ses nouvelles fonctions, Sandrine Treiner devra accompagner la nouvelle grille de France Culture, marquée par le changement de voix de la matinale, où Guillaume Erner (ex-France Inter) remplace Marc Voinchet, devenu directeur de France Musique.Après une saison marquée par un record à 2,3 % d’audience cumulée en janvier-mars 2015, France Culture a reculé à 1,8 % au printemps, payant notamment la longue grève de Radio France. La chaîne doit également soutenir un développement numérique encore timide et désormais piloté par Florent Latrive (ex-Libération).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Chaîne emblématique de la construction européenne, Arte deviendrait-elle celle du combat contre les géants du Web ? C’est en tout cas sous ce signe que sa présidente, Véronique Cayla, a placé la nouvelle saison de la chaîne, lors d’une conférence de rentrée lundi 24 août.« Arte se veut un lieu de vigilance et de résistance », estime celle qui copréside la chaîne franco-allemande depuis 2011 et jusqu’à la fin de cette année. La menace, à ses yeux, ce sont ces algorithmes qui gouvernent les grandes plates-formes numériques, « réduisent les individus à des séries de données de plus en plus invasives » et « enferment chacun dans ses habitudes ».Un descriptif qui semble viser aussi bien les suggestions de programmes d’un Netflix, fondées sur une étude approfondie des consommations antérieures de l’abonné, les critères des résultats de recherche de Google ou les paramètres qui font qu’un contenu s’affiche dans un fil Facebook.La puissance de recommandation de ces grandes plates-formes est une source d’inspiration pour leurs concurrentes françaises, qui essayent d’individualiser leurs propositions de contenus. CanalPlay, la plate-forme de vidéo à la demande de Canal+, a ainsi lancé son propre outil de recommandation, Suggest. Dans son application Zoom, France Télévisions expérimente également une proposition de contenus inspirée des goûts de l’utilisateur.Une chaîne « civique et citoyenne »Sur les cinq sites d’Arte, revendique sa présidente, « la recommandation n’est pas automatique mais éditoriale et réfléchie ». Et de s’enorgueillir d’avoir diffusé au printemps la série documentaire « Do not track », consacrée à la traçabilité numérique : « Grâce à cette série, Arte contribue à une meilleure connaissance et à une meilleure maîtrise par le citoyen de l’utilisation qui est faite de ses données personnelles. »Reste que les bonnes intentions ont leurs limites. Arte.tv ne fait pas exception à l’usage des cookies, ces petits fichiers déposés sur les disques durs par les sites Internet visités. Sur sa page dédiée, le site explique utiliser vingt types de cookies différents. Il encourage la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux – Facebook, Google Plus, Instagram, Twitter – et les programmes d’Arte sont disponibles sur l’Apple TV.« Notre politique est d’aller toucher le public où il est, et donc nous travaillons avec ces plates-formes, mais en conservant notre liberté de penser », se défend Mme Cayla. Sur ce sujet, il faut pour elle « mobiliser les opinions publiques, seules capables d’ébranler les certitudes des géants du Net ». Une mission de taille pour une Arte qu’elle rêve « civique et citoyenne », contribuant à « l’émergence d’une introuvable opinion publique européenne ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Selon le Wall Street Journal du lundi 24 août, la Commission européenne, qui a déjà, au printemps dernier, formellement accusé Google de pratiques anticoncurrentielles sur son service Google Shopping, a récemment étendu son enquête. En ligne de mire, les contrats publicitaires signés par le géant américain du Web et ses pratiques consistant à reproduire du contenu de sites tiers.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesA en croire le quotidien américain, des sociétés ayant déposé plainte contre Google ont été contactées par Bruxelles pour répondre à un questionnaire concernant ces pratiques. Plus précisément, pour mettre à jour ce questionnaire, qui leur avait déjà été envoyé en 2010, au tout début du travail d’enquête de la Commission sur les agissements du groupe Internet.« Cette démarche n’a rien d’inattendu »L’information n’a pas été formellement confirmée, ni par Google, ni par la Commission, mais pas infirmée non plus. « La Commission n’a pas caché, ces derniers mois, qu’elle continuait à regarder de près trois autres comportements de Google : les copies du contenu d’autres sites qu’effectuait le groupe, les clauses d’exclusivité comprises dans ses accords avec ses partenaires publicitaires, des restrictions imposées à ses partenaires annonceurs concernant l’usage d’autres plates-formes de publicité », selon une source bruxelloise.« La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager avait dit [lors de sa prise de fonction], l’année dernière qu’elle voulait que ses équipes mettent à jour toutes les interrogations soulevées par son prédécesseur [Joaquin Almunia]. Donc, cette démarche n’a rien d’inattendu. Mme Vestager a aussi répété qu’elle n’excluait pas d’élargir l’investigation », explique une source européenne au Monde. « Donc, cette démarche paraît logique, elle relève peut-être même d’une forme de tactique pour maintenir la pression sur le groupe », ajoute cette source.De fait, Google n’a plus que quelques jours – d’ici au 31 août –, pour répondre par écrit aux accusations de la Commission, émises en avril, concernant le service en ligne Google Shopping.Google joue grosLe groupe est sous le coup d’une enquête européenne pour abus de position dominante depuis maintenant cinq ans, mais Bruxelles est passé à la vitesse supérieure, quand Mme Vestager a décidé d’envoyer cet acte d’accusation – ce Statement of Objections, dans le jargon communautaire –, centré sur Google Shopping, alors que son prédécesseur, M. Almunia, avait jusqu’à présent toujours évité cette étape cruciale de la procédure en tentant de trouver un compromis avec Google.Lire aussi :Google : un poids (très) lourd, mais quelques alternativesLe géant américain joue très gros avec cette affaire : si la Commission ne se satisfait pas de sa défense, si elle est convaincue que le groupe a enfreint les règles européennes en matière de concurrence, elle peut lui imposer une amende allant jusqu’à plusieurs milliards d’euros.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ancienne patronne d’Orange France, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Voici des extraits de l’entretien qu’elle a accordé au Monde.Quelle est votre ambition pour France Télévisions ?Je veux en faire une entreprise audiovisuelle du XXIe siècle. Cela veut d’abord dire assurer les missions essentielles : proposer des programmes innovants et une information de service public, mais, au-delà, je veux en faire une entreprise qui n’ait pas seulement des supports numériques, mais qui soit un vrai groupe numérique.Face à la mondialisation et à l’essor d’Internet, qui abolit les frontières pour le contenu, il y a un vrai enjeu pour la télévision publique en France : nous risquons de souffrir d’avoir un territoire tout petit face à des géants américains qui amortissent leurs séries sur des millions de téléspectateurs. Il faut donc aider à la production des contenus exportables et être moteur dans la coproduction européenne. Je regardais jeudi soir sur Arte « The Team », une série polar danoise, allemande et belge. Il n’y a aucune raison que le secteur audiovisuel français ne devienne pas plus puissant.Faire une chaîne d’information publique est une de vos priorités. Quel sera son apport face à BFM-TV ou i-Télé ?Dans un monde qui est en train de se fragmenter, où beaucoup de téléspectateurs ne font plus confiance à ce qu’ils entendent, nous voulons une chaîne qui aille plus loin que donner l’information. Et qui permette de comprendre, d’exposer des points de vue différents, d’éclairer et de décrypter, au-delà de l’information brute et parfois brutale qu’on peut voir sur les chaînes en continu.Pourquoi avoir nommé numéro deux de l’information Germain Dagognet, de TF1, qui n’était pas le choix de votre directeur de l’information ?J’ai choisi de nommer Pascal Golomer directeur de l’info. C’est important pour la rédaction d’avoir pris l’un des leurs, qui est reconnu et qui est un bon manageur. C’est le point le plus important. Après, je n’ai jamais caché mon projet de faire une chaîne d’information. J’ai souhaité que ce projet soit intégré à la rédaction. J’ai vu pas mal de monde pour la direction de l’information, et Germain Dagognet m’a paru avoir une bonne expérience, notamment celle d’une chaîne d’information en continu, à LCI. Il sera une ressource utile pour réussir ce projet, sous la direction de Pascal Golomer.Certains pensent que votre présidence est marquée à gauche : le président du CSA est un ancien socialiste, vous avez choisi un ex-écologiste comme directeur de cabinet, Stéphane Sitbon Gomez… N’est-ce pas prêter le flanc à la critique en vue de 2017 ?Je suis une femme d’entreprise, pas une femme politique. Je n’ai aucun marquage. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai défendu ma candidature. Et je crois que c’est aussi pour cela que le CSA m’a nommée : ma capacité à transformer une entreprise, dans un climat social apaisé. Quant à Stéphane Sitbon Gomez, je cherchais quelqu’un pour m’aider à relire mon projet et cela a été une rencontre. Il se trouve qu’il a un passé politique mais ce n’est pas cela qui m’a décidée.Lire l'intégralité de l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Elle a trouvé le temps long… Après six mois de campagne puis quatre mois de « tuilage » avec l’équipe en place, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, ancienne patronne d’Orange France, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Elle a mis un premier pied dans son bureau samedi, mais la passation de pouvoir a lieu ce lundi, à 10 heures, lors d’une prise de parole devant cent cinquante cadres dirigeants de l’entreprise d’audiovisuel public.Son arrivée à France Télévisions a donné lieu à beaucoup d’articles et de commentaires, mais l’intéressée ne s’est jusqu’ici pas exprimée. Elle est attendue. Le choix du Conseil supérieur de l’audiovisuel de la nommer, le 23 avril, a suscité des contestations (deux plaintes et deux recours au Conseil d’Etat demeurent). Depuis, au cours des quatre derniers mois, elle a consulté en interne et en externe — avec le lot de rumeurs afférent — pour former son équipe, dont elle officialise l’organigramme ce lundi.On y trouve des recrues externes (Stéphane Sitbon-Gomez, ancien directeur de cabinet de l’écologiste Cécile Duflot ; Vincent Meslet, directeur de France 2, venu d’Arte ; Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, issue du groupe TF1 et de France Télévisions ; ou Michel Field, directeur de France 5, ancien de LCI, Europe 1 et France Télévisions) et des promotions internes (dont Pascal Golomer, le directeur de l’information, remplaçant de Thierry Thuillier, ou Arnaud Lesaunier, le directeur des ressources humaines), ainsi que quelques confirmations de l’équipe précédente (Dana Hastier, directrice de France 3, ou Tiphaine de Raguenel, à France 4).Chaîne publique d’information en continuQuelques jours avant sa prise de fonction, une dernière nomination a créé des remous à la direction des rédactions de l’entreprise : celle de Germain Dagognet, ancien de TF1 et de LCI, souvent décrit comme homme de réseau. Il a été recruté comme numéro deux de l’information, alors que ce n’était pas le choix initial de Pascal Golomer. Le nouveau venu travaillera sous sa responsabilité et s’occupera du chantier de la chaîne publique d’information en continu que Delphine Ernotte veut lancer a depuis précisé son entourage. Un projet assez sensible, à deux ans de la présidentielle, mais central pour la nouvelle présidente, qui veut que cette chaîne soit lancée en septembre 2016 sur les supports numériques, et ensuite éventuellement sur un canal hertzien, ce qui n’est pas acquis.Delphine Ernotte a la chance — peut-être à double tranchant — de trouver un groupe qui se félicite ces derniers mois de ses bonnes audiences dans le domaine de l’information ou de la fiction. Mais plusieurs autres défis sont dans le projet de Delphine Ernotte : continuer la fusion des rédactions de France 2 et France 3 — une réforme déjà engagée, mais qui génère des oppositions en interne ; favoriser le dialogue social avec des « assises » de l’entreprise ; poursuivre le développement numérique ; faire de France Télévisions un fer de lance de la création audiovisuelle française, y compris à l’export. Tout en faisant face à des ressources publiques plutôt en baisse, ce qui suppose de faire encore des économies ou de trouver de nouvelles recettes, par la refonte de la redevance, la vente de droits de production ou la publicité. Delphine Ernotte se dit impatiente de prendre ses fonctions. Elle a de quoi s’occuper.@apiquardpiquard@lemonde.frRetrouvez l’entretien exclusif avec Delphine Ernotte-Cunci dans l’édition du Monde du mardi 25 août.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images (chaque film comprenant un peu plus d’une vingtaine de vues).Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur brutale et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour lui, comme pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils défectueux. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Zeiss Ikon – alors que ce défaut de compatibilité entre Contax et Zeiss Ikon n’a jamais été mentionné par ailleurs… Peut-être parce que les appareils Contax étaient justement fabriqués par Zeiss Ikon.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire, ce qui tend fortement à discréditer toute interprétation possible de ces images.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Elles furent toutes publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 10h08 • Mis à jour le18.08.2015 à 16h33 Netflix, le service de vidéos à la demande sur abonnement, a décidé d’augmenter le tarif de l’un de ses trois abonnements actuellement disponibles. Si l’abonnement de base à 7,99 euros et l’offre Premium à 11,99 euros restent au même prix, l’abonnement qui permet de regarder les programmes en HD et sur deux écrans en simultané augmente de 1 euro, passant de 8,99 euros à 9,99 euros par mois.Les intéressés se sont vus adresser un mail précisant ce changement tarifaire : « Pour continuer à ajouter plus de séries TV et de films, nous augmentons notre tarif pour les nouveaux utilisateurs, de 8,99 € à 9,99 € pour le forfait 2 écrans à la fois ». Le message précise en outre que «  pour vous remercier de votre fidélité, nous vous offrons la garantie que votre forfait et son prix actuel ne changeront pas pendant 1 an ».Ce changement tarifaire ne s’appliquera pas aux personnes déjà abonnées à l’offre en question. En revanche, ceux qui sont déjà abonnés à Netflix mais souhaitent changer d’offre devront payer le nouveau tarif.Comme le note Numerama, l’entreprise américaine applique la même stratégie dans tous les pays où elle s’implante : pratiquer des prix bas dans un premier temps, afin d’attirer des clients et décourager la concurrence, puis augmenter progressivement ses tarifs pour réduire ses pertes et devenir rentable.Lancé en septembre 2014 en France, Netflix souffre toujours de la concurrence de l’offre CanalPlay (Canal+). Selon le ministère de la culture, le service compterait moins de 250 000 abonnés, contre 600 000 pour CanalPlay. 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.08.2015 à 16h27 • Mis à jour le27.08.2015 à 16h42 | Alexis Delcambre TF1 n’entend pas rester sans réaction face à l’érosion de l’audience de son journal de 20 heures, qui ne dépasse plus celui de France 2 que d’une courte tête. Un problème pour une chaîne dont le modèle repose sur la notion de « leader ».Jeudi 27 août, la filiale du groupe Bouygues a annoncé une série d’innovations qui doivent entrer en vigueur dès lundi 31 août, dans l’espoir de relancer un format qui souffre d’une certaine usure, – bien qu’il reste le rendez-vous d’information vespéral le plus regardé de France. Proximité et numérique sont les maître mots de cette relance qui ne touche pas les présentateurs : Jean-Pierre Pernaut à 13 heures, Gilles Bouleau à 20 heures et Claire Chazal le week-end demeureront les trois visages de l’information sur TF1.Les causes de l’usureInstigatrice de cette réforme, Catherine Nayl, la directrice générale à l’information du groupe, identifie des « causes endogènes » et des « causes exogènes ». Les premières sont liées au vieillissement du format actuel, installé en 2012. Les secondes ont trait à l’apport d’audience inégal de l’« access prime time », la case qui précède le 20 heures, ainsi qu’à la désaffection des téléspectateurs les plus jeunes, pour lesquels le JT n’est plus un rendez-vous. « Nous sommes en première ligne » face à la mutation des usages, dit aujourd’hui Mme Nayl.La recherche de « proximité »Face à cette usure, la réponse éditoriale de TF1 est de se rapprocher du téléspectateur. Il n’y aura pas de changement dans les thématiques abordées, mais les sujets devront davantage « impliquer » le téléspectateur, « expliquer comment tel événement de l’actualité va le toucher ». On verra davantage les journalistes à l’antenne, pour mieux incarner les sujets, qui montreront aussi plus de témoins. Ce sera « un peu plus “concernant” et souriant », espère Catherine Nayl. Le numérique viendra en renfort de cette approche, avec la création d’une page Facebook du JT de TF1 où les internautes pourront poser des questions supplémentaires aux journalistes ou experts étant intervenus dans le JT, dans un chat, et suggérer des idées de sujets. C’est un pas important pour TF1, où une culture assez statutaire de l’information n’a pas favorisé, jusqu’ici, le recours à l’interactivité. Enfin, les JT disposeront d’un nouveau décor, plus chaleureux et censé rapprocher le présentateur, plus souvent debout, devant la table au lieu d’être derrière.Un format plus structuréPour essayer de freiner la tendance des téléspectateurs à quitter le JT en cours de route, celui-ci sera structuré en trois grandes parties et proposera un nombre de sujets un peu moins important, autour de 14 au lieu d’environ 17 en moyenne. La partie centrale concentre la principale innovation : elle proposera un format « magazine » d’environ cinq minutes, réalisé par une cellule dite « enquête ». Dans la forme, un recours plus important à l’infographie est annoncé, par exemple avec le format « une minute pour comprendre ». Le nouveau décor, circulaire, vise aussi à immerger le téléspectateur à l’intérieur d’un mur d’écrans où les images de fond ont été revues, rendues plus douces et lumineuses.Un JT expérimental avec FacebookTF1 travaille enfin à un mini-JT qui sera diffusé sur Facebook et sa plateforme MyTF1News, qu’elle présente comme « le premier JT social d’Europe ». D’une durée d’une minute trente environ, baptisé « Focus », il proposera trois à quatre sujets détectés parmi les informations populaires sur les réseaux sociaux et sera animé par les présentateurs maison. Une façon pour TF1 d’aller à la rencontre des internautes les plus jeunes : « Notre marque existe et doit s’adresser à tous », revendique Catherine Nayl.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard et Madjid Zerrouky La chaîne i-Télé a diffusé mardi 25 août des images d’Ayoub El-Khazzani à son arrivée au palais de justice de Paris avant qu’il soit mis en examen pour, entre autres motifs, « tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».Le principal suspect de l’attaque à bord du Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août y est présenté vêtu d’une tenue d’hôpital bleue, pieds nus, les yeux bandés et menotté. Ses mains ont toutefois été floutées par la chaîne de télévision.Le lendemain, c’est Paris Match qui a publié une photo prise par un passager du TGV, montrant Ayoub El-Khazzani inconscient et porté par des policiers sur le quai de la gare d’Arras, son visage visible, ses pieds et ses poings liés. « Quelles que soient la nature et la gravité des faits reprochés à un homme, notre Etat de droit ne peut pas accepter que cet individu soit traité d’une manière dégradante et inhumaine. Le nécessaire aurait pu être fait », s’est insurgé en réaction Mani Ayadi, l’avocat d’Ayoub El-Khazzani.1. Que dit la loi ?L’article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, renforcée par la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, est relativement clair sur le sujet :« Lorsqu’elle est réalisée sans l’accord de l’intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 euros d’amende. »Autrement dit, la loi interdit toute publication d’une photo ou d’une vidéo d’une personne pouvant être identifiée soit par son nom, soit parce que son visage est visible, et la montrant entravée.Sur ce seul aspect, la photo publiée par Paris Match semble très nettement tomber sous le coup de la loi et pourrait faire l’objet de poursuites — qui sont toutefois très rares pour ce motif. 2. Flouter des menottes est-il une solution ?C’est ce qu’a choisi i-Télé. Le bandeau sur le visage d’Ayoub El-Khazzani ne change rien à son identification puisqu’il est nommément identifié. Mais les menottes, elles, sont floutées. « Il n’y a pas eu de débat dans la rédaction, qui a estimé que la valeur informative du document était très forte », explique-t-on à la chaîne.Cela suffit-il à « protéger » i-Télé en cas de poursuites ? Peu probable : la solution choisie est finalement hypocrite quant à l’esprit de la loi, car il est évident qu’il est entravé, les mains liées derrière le dos. « La loi ne dit pas qu’il ne faut pas montrer les menottes ou les entraves, mais interdit toute image faisant apparaître que la personne est menottée : sa posture, par exemple, suffit à faire apparaître de manière évidente que ses mains sont liées », explique Christophe Bigot, avocat spécialiste de la presse, et qui défend notamment Le Monde. 3. Strauss-Kahn, Cantat… Un débat récurrentLe 15 mai 2011, des images tournent en boucle dans les médias américains : Dominique Strauss-Kahn apparaît à sa sortie de garde à vue du commissariat de Harlem, à New York, escorté par cinq policiers et menotté dans le dos sous les flashs des photographes. La veille, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) avait été arrêté par la police américaine, qui le soupçonnait d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre de l’hôtel Sofitel où il séjournait.Des images hors la loi au regard du droit français, mais pas aux Etats-Unis, où elles sont courantes, le premier amendement de la Constitution protégeant la presse au nom de la « liberté d’expression ».Si Dominique Strauss-Kahn n’a engagé aucune poursuite à l’encontre des médias télévisés qui avaient repris la séquence filmée, les chaînes s’étaient vu notifier une mise en garde par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), estimant que « le principe de la liberté d’expression et le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité humaine » et rappelant que la loi du 15 juin 2000 punit la diffusion d’une image faisant apparaître menottée ou entravée une personne qui n’a pas fait l’objet d’une condamnation.Les condamnations pour ce motif sont peu nombreuses. En 2004, le quotidien France Soir et les magazines Paris Match et VSD avaient été condamnés pour avoir publié des images de Bertrand Cantat, menotté, prises en Lituanie en août 2003. L’ex-chanteur de Noir Désir y avait été arrêté et condamné en mars 2004 pour le meurtre de sa compagne d’alors, Marie Trintignant. Les clichés avaient été diffusés avant sa condamnation. En 2007, ce sont trois journaux (Le Journal du dimanche, Metro et Le Nouveau Détective) qui avaient été condamnés pour des photos de l’acteur Samy Naceri menotté, alors qu’il n’avait pas encore été jugé.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le26.08.2015 à 13h49 | Alexis Delcambre Place aux programmes ! Ce mercredi 26 août à 9 heures, Mathieu Gallet a donné sa conférence de rentrée de Radio France. L’occasion de s’exprimer sur d’autres sujets que les tensions budgétaires de son entreprise ou ses relations délicates avec la ministre de la culture, Fleur Pellerin, ou les syndicats de la Maison ronde.Depuis le mois de mars, le jeune président a dû affronter une triple tempête. En interne, la mise au jour d’un trou dans le budget et la perspective d’un plan de départs ont entraîné une grève de vingt-huit jours, la plus longue de l’histoire de Radio France, qui a révélé les carences du dialogue dans l’entreprise. En parallèle, le protégé du CSA s’est violemment heurté à la ministre de la culture, qui lui a reproché son absence de projet.Enfin, une série de révélations dans la presse, notamment dans Le Canard enchaîné, ont entraîné l’ouverture au parquet de Créteil d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » sur des contrats passés par M. Gallet quand il était à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel.ParadoxeMais pour le moment, l’ancien conseiller de Frédéric Mitterrand Rue de Valois a survécu à cette conflagration. Le paradoxe étant que, sur le terrain des contenus, le bilan de la première saison de Mathieu Gallet apparaît positif. A commencer par les audiences des antennes, qui, la saison dernière, ont progressé, malgré l’effet de la grève du printemps.France Inter a repassé, l’hiver dernier, la barre des 10 % d’audience cumulée, et les choix de sa directrice, Laurence Bloch, en faveur d’une antenne plus ouverte et détendue, ont été validés. Malgré l’éviction en juillet de son directeur, Olivier Poivre d’Arvor, France Culture a atteint en 2015 un niveau d’audience record, tandis que France Info tente de réinventer son identité de chaîne d’information en continu en s’adaptant aux usages numériques.Il reste des chantiers, nombreux : le développement du réseau « Bleu », la relance de France Musique que va tenter Marc Voinchet, celle de Mouv’, actuellement en chantier, le destin de FIP, le développement de nouvelles activités, comme les spectacles ou, plus généralement, l’avenir de la radio dans un univers d’écrans. Il faudra à Radio France vivre une saison plus sereine pour les faire progresser. C’est le message que Mathieu Gallet a donné à ses troupes mercredi matin.@alexisdelcambredelcambre@lemonde.frAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Sandrine Treiner, 50 ans, présente à France Culture depuis 2010, a été choisie, mardi 25 août, pour succéder à Olivier Poivre d’Arvor, évincé de la direction de la chaîne publique en juillet.Comment se porte France Culture, un mois et demi après l’éviction de votre prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor ?La chaîne s’est tout simplement remise à faire de la radio. L’année a été lourde pour les antennes, avec beaucoup de fatigue et de tensions accumulées. Cela nous a donné le désir de se remettre au cœur de notre pratique. Notre grille d’été a été marquée par de beaux moments de radio : des séries d’été, de grandes traversées... dans une sorte de calme après la tempête.Olivier Poivre d’Arvor est parti dans des conditions houleuses...Je suis arrivée à France Culture il y a cinq ans car il est venu me chercher. Je lui dois mon arrivée et les cinq années où j’ai appris ce qui me permet aujourd’hui d’être directrice. Nous formions une équipe très soudée, avec de bons résultats. Au-delà de la rupture avec Olivier Poivre d’Arvor, la confiance a été donnée à la continuité.Il y avait d’autres choix ?Je l’ignore, et j’ai passé l’été à travailler pour que l’antenne soit bonne.Comment voulez-vous désormais faire évoluer France Culture ?Ce qui est formidable dans notre chaîne, c’est qu’on sait qui on est, pourquoi on existe et pourquoi on fait ce qu’on fait. Cela nous autorise des pas de côté par rapport à nos champs identitaires. C’est ce qui éclaire nos choix pour cette rentrée. Ainsi le duo que forment entre 19 et 20 heures Martin Quenehen et Mathilde Serrell : d’un côté une voix présente depuis longtemps à l’antenne, et de l’autre quelqu’un venant bousculer cette évidence, issue d’un autre univers, plus jeune et décalé, celui de Radio Nova.Vous allez devoir vous passer de Marc Voinchet, qui quitte la matinale pour la direction de France Musique...Il ne pouvait en effet pas faire les deux ! Le succès de notre matinale est avant tout lié à notre approche distanciée de l’actualité. Si on prend du recul, nous avons eu un excellent matinalier avec Nicolas Demorand. Quand il est parti, Ali Baddou l’a remplacé et a renforcé la matinale. Puis ce fut au tour de Marc. Alors je n’ai pas de doute sur le fait que Guillaume Erner contribuera à développer encore ce rendez-vous. Il vient de France Inter mais il incarne pleinement l’esprit de France Culture, il a son brevet en sciences sociales et aime aussi vagabonder !Après avoir atteint un record, à 2,3 %, l’audience cumulée de France Culture a baissé au printemps, à 1,8 %. Inquiétant ?Nous avons été la station la plus touchée par la grève de mars-avril, en restant à l’arrêt 28 jours. Ils est donc normal que la mesure d’audience ait été touchée. En réalité, si on regarde la période de sondage Médiamétrie, après la grève, notre audience était remontée à un niveau comparable à celui de janvier/mars.A vos yeux, qu’a révélé cette grève si suivie à France Culture ?Avant tout un état d’inquiétude. Les médias sont des révélateurs de la société qui les entoure et nous avons été touchés à notre tour par la peur du déclassement. En interne, le conflit a montré la nécessité de revoir des éléments d’organisation, de circulation de l’information, d’association des personnels et des partenaires sociaux aux projets du groupe.Toute la direction s’est depuis attelée à améliorer les choses. Enfin, au delà de la question budgétaire, la grève a pointé la question du sens, qui agite tous les médias. Nous sommes en plein tournant, en train de définir ce que nous ferons dans vingt ans. Cela soulève naturellement des interrogations.Vous allez devenir directrice de chaîne dans une entreprise encore fragile, où un plan de départs volontaires se prépare, sous l’autorité d’un président parfois contesté... Vous avez hésité ?Le fait que la direction soit confiée à une femme qui a toujours été une auditrice de France Culture, qui a la passion de cette chaîne chevillée au corps, ça ne se discute pas. C’est un signal et j’y réponds avec enthousiasme. Je suis très attachée au service public. Nous avons un rôle à jouer dans la société actuelle et c’est ce qui compte. Et j’ai confiance dans l’avenir de cette maison.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est finalement la continuité qui prévaut à France Culture, un mois et demi après l’éviction houleuse de son directeur Olivier Poivre d’Arvor. L’actuelle directrice par intérim de l’antenne publique, Sandrine Treiner, a été nommée directrice, mardi 25 août. Ce sera donc elle qui présentera la nouvelle grille de la chaîne, mercredi, lors de la conférence de rentrée de Radio France.Sandrine Treiner, 50 ans, est présente à France Culture depuis 2010, comme conseillère de programmes puis directrice adjointe en charge des programmes. Elle était devenue directrice par intérim en juillet. Mais le président de Radio France, Mathieu Gallet, s’était donné le temps de la réflexion, en estimant que « France Culture intéresse des personnalités de talent ».Lire l'entretien :Mathieu Gallet : « On ne peut pas être dans la maison tout en la critiquant »Dans ses nouvelles fonctions, Sandrine Treiner devra accompagner la nouvelle grille de France Culture, marquée par le changement de voix de la matinale, où Guillaume Erner (ex-France Inter) remplace Marc Voinchet, devenu directeur de France Musique.Après une saison marquée par un record à 2,3 % d’audience cumulée en janvier-mars 2015, France Culture a reculé à 1,8 % au printemps, payant notamment la longue grève de Radio France. La chaîne doit également soutenir un développement numérique encore timide et désormais piloté par Florent Latrive (ex-Libération).Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Chaîne emblématique de la construction européenne, Arte deviendrait-elle celle du combat contre les géants du Web ? C’est en tout cas sous ce signe que sa présidente, Véronique Cayla, a placé la nouvelle saison de la chaîne, lors d’une conférence de rentrée lundi 24 août.« Arte se veut un lieu de vigilance et de résistance », estime celle qui copréside la chaîne franco-allemande depuis 2011 et jusqu’à la fin de cette année. La menace, à ses yeux, ce sont ces algorithmes qui gouvernent les grandes plates-formes numériques, « réduisent les individus à des séries de données de plus en plus invasives » et « enferment chacun dans ses habitudes ».Un descriptif qui semble viser aussi bien les suggestions de programmes d’un Netflix, fondées sur une étude approfondie des consommations antérieures de l’abonné, les critères des résultats de recherche de Google ou les paramètres qui font qu’un contenu s’affiche dans un fil Facebook.La puissance de recommandation de ces grandes plates-formes est une source d’inspiration pour leurs concurrentes françaises, qui essayent d’individualiser leurs propositions de contenus. CanalPlay, la plate-forme de vidéo à la demande de Canal+, a ainsi lancé son propre outil de recommandation, Suggest. Dans son application Zoom, France Télévisions expérimente également une proposition de contenus inspirée des goûts de l’utilisateur.Une chaîne « civique et citoyenne »Sur les cinq sites d’Arte, revendique sa présidente, « la recommandation n’est pas automatique mais éditoriale et réfléchie ». Et de s’enorgueillir d’avoir diffusé au printemps la série documentaire « Do not track », consacrée à la traçabilité numérique : « Grâce à cette série, Arte contribue à une meilleure connaissance et à une meilleure maîtrise par le citoyen de l’utilisation qui est faite de ses données personnelles. »Reste que les bonnes intentions ont leurs limites. Arte.tv ne fait pas exception à l’usage des cookies, ces petits fichiers déposés sur les disques durs par les sites Internet visités. Sur sa page dédiée, le site explique utiliser vingt types de cookies différents. Il encourage la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux – Facebook, Google Plus, Instagram, Twitter – et les programmes d’Arte sont disponibles sur l’Apple TV.« Notre politique est d’aller toucher le public où il est, et donc nous travaillons avec ces plates-formes, mais en conservant notre liberté de penser », se défend Mme Cayla. Sur ce sujet, il faut pour elle « mobiliser les opinions publiques, seules capables d’ébranler les certitudes des géants du Net ». Une mission de taille pour une Arte qu’elle rêve « civique et citoyenne », contribuant à « l’émergence d’une introuvable opinion publique européenne ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Selon le Wall Street Journal du lundi 24 août, la Commission européenne, qui a déjà, au printemps dernier, formellement accusé Google de pratiques anticoncurrentielles sur son service Google Shopping, a récemment étendu son enquête. En ligne de mire, les contrats publicitaires signés par le géant américain du Web et ses pratiques consistant à reproduire du contenu de sites tiers.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesA en croire le quotidien américain, des sociétés ayant déposé plainte contre Google ont été contactées par Bruxelles pour répondre à un questionnaire concernant ces pratiques. Plus précisément, pour mettre à jour ce questionnaire, qui leur avait déjà été envoyé en 2010, au tout début du travail d’enquête de la Commission sur les agissements du groupe Internet.« Cette démarche n’a rien d’inattendu »L’information n’a pas été formellement confirmée, ni par Google, ni par la Commission, mais pas infirmée non plus. « La Commission n’a pas caché, ces derniers mois, qu’elle continuait à regarder de près trois autres comportements de Google : les copies du contenu d’autres sites qu’effectuait le groupe, les clauses d’exclusivité comprises dans ses accords avec ses partenaires publicitaires, des restrictions imposées à ses partenaires annonceurs concernant l’usage d’autres plates-formes de publicité », selon une source bruxelloise.« La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager avait dit [lors de sa prise de fonction], l’année dernière qu’elle voulait que ses équipes mettent à jour toutes les interrogations soulevées par son prédécesseur [Joaquin Almunia]. Donc, cette démarche n’a rien d’inattendu. Mme Vestager a aussi répété qu’elle n’excluait pas d’élargir l’investigation », explique une source européenne au Monde. « Donc, cette démarche paraît logique, elle relève peut-être même d’une forme de tactique pour maintenir la pression sur le groupe », ajoute cette source.De fait, Google n’a plus que quelques jours – d’ici au 31 août –, pour répondre par écrit aux accusations de la Commission, émises en avril, concernant le service en ligne Google Shopping.Google joue grosLe groupe est sous le coup d’une enquête européenne pour abus de position dominante depuis maintenant cinq ans, mais Bruxelles est passé à la vitesse supérieure, quand Mme Vestager a décidé d’envoyer cet acte d’accusation – ce Statement of Objections, dans le jargon communautaire –, centré sur Google Shopping, alors que son prédécesseur, M. Almunia, avait jusqu’à présent toujours évité cette étape cruciale de la procédure en tentant de trouver un compromis avec Google.Lire aussi :Google : un poids (très) lourd, mais quelques alternativesLe géant américain joue très gros avec cette affaire : si la Commission ne se satisfait pas de sa défense, si elle est convaincue que le groupe a enfreint les règles européennes en matière de concurrence, elle peut lui imposer une amende allant jusqu’à plusieurs milliards d’euros.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ancienne patronne d’Orange France, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Voici des extraits de l’entretien qu’elle a accordé au Monde.Quelle est votre ambition pour France Télévisions ?Je veux en faire une entreprise audiovisuelle du XXIe siècle. Cela veut d’abord dire assurer les missions essentielles : proposer des programmes innovants et une information de service public, mais, au-delà, je veux en faire une entreprise qui n’ait pas seulement des supports numériques, mais qui soit un vrai groupe numérique.Face à la mondialisation et à l’essor d’Internet, qui abolit les frontières pour le contenu, il y a un vrai enjeu pour la télévision publique en France : nous risquons de souffrir d’avoir un territoire tout petit face à des géants américains qui amortissent leurs séries sur des millions de téléspectateurs. Il faut donc aider à la production des contenus exportables et être moteur dans la coproduction européenne. Je regardais jeudi soir sur Arte « The Team », une série polar danoise, allemande et belge. Il n’y a aucune raison que le secteur audiovisuel français ne devienne pas plus puissant.Faire une chaîne d’information publique est une de vos priorités. Quel sera son apport face à BFM-TV ou i-Télé ?Dans un monde qui est en train de se fragmenter, où beaucoup de téléspectateurs ne font plus confiance à ce qu’ils entendent, nous voulons une chaîne qui aille plus loin que donner l’information. Et qui permette de comprendre, d’exposer des points de vue différents, d’éclairer et de décrypter, au-delà de l’information brute et parfois brutale qu’on peut voir sur les chaînes en continu.Pourquoi avoir nommé numéro deux de l’information Germain Dagognet, de TF1, qui n’était pas le choix de votre directeur de l’information ?J’ai choisi de nommer Pascal Golomer directeur de l’info. C’est important pour la rédaction d’avoir pris l’un des leurs, qui est reconnu et qui est un bon manageur. C’est le point le plus important. Après, je n’ai jamais caché mon projet de faire une chaîne d’information. J’ai souhaité que ce projet soit intégré à la rédaction. J’ai vu pas mal de monde pour la direction de l’information, et Germain Dagognet m’a paru avoir une bonne expérience, notamment celle d’une chaîne d’information en continu, à LCI. Il sera une ressource utile pour réussir ce projet, sous la direction de Pascal Golomer.Certains pensent que votre présidence est marquée à gauche : le président du CSA est un ancien socialiste, vous avez choisi un ex-écologiste comme directeur de cabinet, Stéphane Sitbon Gomez… N’est-ce pas prêter le flanc à la critique en vue de 2017 ?Je suis une femme d’entreprise, pas une femme politique. Je n’ai aucun marquage. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai défendu ma candidature. Et je crois que c’est aussi pour cela que le CSA m’a nommée : ma capacité à transformer une entreprise, dans un climat social apaisé. Quant à Stéphane Sitbon Gomez, je cherchais quelqu’un pour m’aider à relire mon projet et cela a été une rencontre. Il se trouve qu’il a un passé politique mais ce n’est pas cela qui m’a décidée.Lire l'intégralité de l'entretien :Delphine Ernotte : « Faire de France Télévisions un vrai groupe numérique »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Elle a trouvé le temps long… Après six mois de campagne puis quatre mois de « tuilage » avec l’équipe en place, Delphine Ernotte-Cunci, 49 ans, ancienne patronne d’Orange France, succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, lundi 24 août. Elle a mis un premier pied dans son bureau samedi, mais la passation de pouvoir a lieu ce lundi, à 10 heures, lors d’une prise de parole devant cent cinquante cadres dirigeants de l’entreprise d’audiovisuel public.Son arrivée à France Télévisions a donné lieu à beaucoup d’articles et de commentaires, mais l’intéressée ne s’est jusqu’ici pas exprimée. Elle est attendue. Le choix du Conseil supérieur de l’audiovisuel de la nommer, le 23 avril, a suscité des contestations (deux plaintes et deux recours au Conseil d’Etat demeurent). Depuis, au cours des quatre derniers mois, elle a consulté en interne et en externe — avec le lot de rumeurs afférent — pour former son équipe, dont elle officialise l’organigramme ce lundi.On y trouve des recrues externes (Stéphane Sitbon-Gomez, ancien directeur de cabinet de l’écologiste Cécile Duflot ; Vincent Meslet, directeur de France 2, venu d’Arte ; Caroline Got, directrice de la stratégie et des programmes, issue du groupe TF1 et de France Télévisions ; ou Michel Field, directeur de France 5, ancien de LCI, Europe 1 et France Télévisions) et des promotions internes (dont Pascal Golomer, le directeur de l’information, remplaçant de Thierry Thuillier, ou Arnaud Lesaunier, le directeur des ressources humaines), ainsi que quelques confirmations de l’équipe précédente (Dana Hastier, directrice de France 3, ou Tiphaine de Raguenel, à France 4).Chaîne publique d’information en continuQuelques jours avant sa prise de fonction, une dernière nomination a créé des remous à la direction des rédactions de l’entreprise : celle de Germain Dagognet, ancien de TF1 et de LCI, souvent décrit comme homme de réseau. Il a été recruté comme numéro deux de l’information, alors que ce n’était pas le choix initial de Pascal Golomer. Le nouveau venu travaillera sous sa responsabilité et s’occupera du chantier de la chaîne publique d’information en continu que Delphine Ernotte veut lancer a depuis précisé son entourage. Un projet assez sensible, à deux ans de la présidentielle, mais central pour la nouvelle présidente, qui veut que cette chaîne soit lancée en septembre 2016 sur les supports numériques, et ensuite éventuellement sur un canal hertzien, ce qui n’est pas acquis.Delphine Ernotte a la chance — peut-être à double tranchant — de trouver un groupe qui se félicite ces derniers mois de ses bonnes audiences dans le domaine de l’information ou de la fiction. Mais plusieurs autres défis sont dans le projet de Delphine Ernotte : continuer la fusion des rédactions de France 2 et France 3 — une réforme déjà engagée, mais qui génère des oppositions en interne ; favoriser le dialogue social avec des « assises » de l’entreprise ; poursuivre le développement numérique ; faire de France Télévisions un fer de lance de la création audiovisuelle française, y compris à l’export. Tout en faisant face à des ressources publiques plutôt en baisse, ce qui suppose de faire encore des économies ou de trouver de nouvelles recettes, par la refonte de la redevance, la vente de droits de production ou la publicité. Delphine Ernotte se dit impatiente de prendre ses fonctions. Elle a de quoi s’occuper.@apiquardpiquard@lemonde.frRetrouvez l’entretien exclusif avec Delphine Ernotte-Cunci dans l’édition du Monde du mardi 25 août.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio RTL Matin veut continuer à faire la course en tête. Entre septembre 2014 et juin 2015, la matinale a rassemblé en moyenne 3 419 000 auditeurs entre 7 heures et 9 heures, selon Médiamétrie, en progression de 5 % par rapport à la même période entre 2013 et 2014. Christopher Baldelli, le président de la station, espère progresser encore au cours de cette saison, qui commence le 24 août avec celui qui en est le pilier depuis 2014, Yves Calvi.« Nous avons eu des gains d’audience tout au long de la saison, explique le patron de RTL. Je crois que cette matinale s’est bien installée avec les changements que nous y avons apportés. Sans se fixer d’audience, on n’exclut pas de le faire à nouveau, car il y a une marge de progression. » Quand on lui fait remarquer que les grèves ayant affecté Radio France – en particulier France Inter, son principal rival avec France Info – ont sans doute aidé RTL, Christopher Baldelli n’en démord pas : « Certes, il y a eu ces grèves sur le service public, mais il est très difficile d’en mesurer l’incidence en termes d’audience. Objectivement, notre performance a été bonne tout au long de l’année et s’est renforcée en raison d’auditeurs qui ont découvert la matinale et l’ont appréciée. »Pour le seul quart d’heure (à 7 h 50) où la station de la rue Bayard était distancée par France Inter, avec l’entretien de Léa Salamé, Christopher Baldelli a pris une mesure radicale : le remplacement de Jean-Michel Aphatie par Olivier Mazerolle pour l’interview politique. Un changement aux allures d’un retour vers le passé : M. Mazerolle (72 ans) ayant déjà occupé un tel poste à la fin des années 1990. « Nous avons estimé qu’il fallait non pas rajeunir notre offre, mais la renouveler. Après douze ans avec Jean-Michel Aphatie, nous étions à la fin du cycle. Nos auditeurs le connaissaient un peu trop et n’étaient, donc, plus nécessairement surpris par la façon qu’il avait d’interviewer les politiques », explique-t-il.SurpriseLa nomination d’Olivier Mazerolle a d’autant plus surpris que le patron de RTL avait lui-même reconnu le talent « incontestable » de Léa Salamé, n’excluant pas qu’elle serait peut-être un jour sur RTL. Or, ce transfert ne semble plus d’actualité à écouter le président de la station. « Nous n’avons jamais proposé à Léa Salamé de faire l’interview politique. Elle n’était pas notre choix. Notre premier choix était Olivier Mazerolle », précise-t-il, avant d’ajouter : « On entre dans le cycle de la présidentielle, qui va durer dix-huit mois. Il va être essentiel pour le débat démocratique et va demander de grandes qualités pour les journalistes qui vont l’animer, car ça sera un débat meurtrier. Nous avons privilégié des gens d’expérience, ce qui est, bien entendu, le cas d’Olivier Mazerolle qui garde une passion intacte pour la politique. »Certains ont pu voir néanmoins dans le retour d’Olivier Mazerolle une reprise en main politique de la station. Une analyse que Christopher Baldelli juge « non seulement inexacte, mais risible ». « Notre actionnaire RTL Group est une entreprise européenne, qui nous assure une pleine indépendance à l’égard de tous les courants politiques, quels qu’ils soient. RTL n’est pas partisan, c’est notre ligne éditoriale. Notre antenne n’est pas au service de la gauche, de la droite ou de je ne sais quelle tendance. Si nous sommes la première radio de France, et si nos auditeurs sont sans cesse plus nombreux, c’est qu’ils apprécient notre impartialité », martèle-t-il.Nouvelles rubriquesA la rentrée, les auditeurs de RTL retrouveront Eric Zemmour, qui a conservé son éditorial, malgré les polémiques suscitées par ses propos, qui lui ont valu d’être limogé d’i-Télé. Il alternera les quatre premiers jours de la semaine avec son compère Nicolas Domenach, avec qui il débattait sur la chaîne info. Autre nouvelle venue, Guillemette Faure, chroniqueuse à M Le magazine du Monde, occupera la case du vendredi. « Nous sommes une radio pluraliste, où nous acceptons volontiers que des courants politiques divers puissent s’exprimer. C’est le cas le soir dans “On refait le monde”, émission animée par Marc-Olivier Fogiel, un format qui a été largement copié et imité, ou encore le matin dans “On n’est pas forcément d’accord”. »Autres petits changements : l’apparition de deux nouvelles rubriques. « Les Inattendues », diffusée entre 7 heures et 7 h 15, où sera relatée une « histoire improbable, surprenante, qui n’a pas forcément sa place dans un journal classique, mais qui va faire parler et que l’on va retenir ». Elle sera tenue par Cyprien Cini, que l’on retrouvera également aux côtés de Stéphane Bern, le mardi à 11 h 15, dans « A la bonne heure », pour « Pas si Net », une revue de presse numérique. Rémi Sulmont présentera une heure plus tard une chronique où il anticipera l’actualité. Dans « RTL vous en parle déjà », le correspondant de RTL à New York pendant cinq ans exposera l’actualité de demain ou après-demain.« Cette année, nous allons garder la même offre et la renforcer. Nous cherchons à ce que notre audience ne vieillisse pas plus que la population française. Nous devons nous adresser à tout le monde. Nous n’avons pas l’obsession du rajeunissement ou du jeunisme », précise encore Christopher Baldelli.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h56 Les autorités britanniques de protection de la vie privée ont ordonné à Google, au nom du « droit à l’oubli », de supprimer certains résultats de recherche pointant vers des articles de presse évoquant le « droit à l’oubli ». Les articles concernés évoquaient le droit à l’oubli, listant des affaires dont les protagonistes avaient fait jouer, avec succès, leur « droit à l’oubli » pour des articles anciens, et expliquaient que ces articles ne seraient plus qu’incomplètement indexés dans Google.En vertu du droit européen, tout citoyen de l’Union peut demander à ce que les recherches sur son nom, dans les moteurs de recherche, ne produisent pas de résultats vers des informations datées et préjudiciables, à condition qu’elles ne soient pas d’intérêt public. Ce sont les moteurs de recherche, Google en tête, qui doivent dans un premier temps déterminer si les liens concernés doivent ou non être supprimés – une procédure à laquelle les moteurs de recherche se sont fortement opposés.Outre-Manche, certains médias se sont également fortement opposés à cette procédure – le Daily Telegraph a, par exemple, publié un article qui récapitule tous ses articles ayant fait l’objet d’une demande de « droit à l’oubli » et qui mentionnait certains noms.Les pages Web ciblées par cette procédure ne disparaissent pas totalement des résultats des moteurs de recherche – elles sont uniquement bloquées lorsqu’une recherche est effectuée sur le nom de la personne qui a fait la demande. Daniel Psenny Avant sa prise de fonction officielle à la présidence de France Télévisions, lundi 24 août, Delphine Ernotte va devoir dissiper l’incompréhension qui s’est installée depuis quelques jours à la direction de l’information de France Télévisions.Son choix de nommer le journaliste Germain Dagognet, jusqu’alors rédacteur en chef des journaux de Claire Chazal le week-end sur TF1, comme « numéro 2 » de l’information de France Télévisions, a suscité une certaine surprise. D’autant plus que les équipes des journaux télévisés de France 2 se félicitent actuellement de leurs bonnes audiences.C’est la première fois qu’un dirigeant de France Télévisions nomme directement l’adjoint d’une direction de cette importance sans consulter le « numéro 1 », à savoir Pascal Golomer. Celui-ci sera nommé officiellement dès lundi, après avoir assuré l’intérim de Thierry Thuillier, parti début juin prendre la direction des sports de Canal+. La tradition veut plutôt que ce soit le directeur de l’information qui nomme lui-même son équipe.Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsMise en place de la chaîne infoOr, selon nos informations, M. Golomer aurait plutôt souhaité faire venir à ses côtés un membre expérimenté de la rédaction de France 2 qui connaît bien les équipes de cette chaîne et de France 3, afin de poursuivre la mise en place du projet « Info 2015 » de rapprochement des deux rédactions. Un plan qui, depuis plusieurs années, suscite l’inquiétude d’une partie des journalistes et reste fermement combattu par les syndicats de l’entreprise publique.Dans l’entourage de Mme Ernotte, on temporise en expliquant que M. Dagognet, qui est aussi un ancien de LCI, sera surtout en charge de la mise en place de la chaîne d’information que la présidente a inscrite dans son programme présenté lors de son audition devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « La chaîne info est au cœur de son projet et elle voulait avoir son mot à dire. Mais c’est M. Golomer qui aura autorité sur l’ensemble des décisions », assure t-on.C’est ce que devrait expliquer Mme Ernotte à M. Golomer, qu’elle doit rencontrer vendredi afin de « clarifier » la situation. Lundi 24 août, Rémy Pflimlin lui laissera la place et elle deviendra la nouvelle présidente de France Télévisions et mettra en place son équipe. Bruno Patino, qui a dirigé le numérique et France 5, puis pris en charge tous les programmes en 2013, a déjà officialisé son départ mercredi sur Twitter.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.08.2015 à 14h38 • Mis à jour le19.08.2015 à 12h19 | Alexandre Piquard 200 millions de dollars. Tel est le montant que NBCUniversal investit dans Buzzfeed, le site d’information et de divertissement américain, connu à l’origine pour ses listes humoristiques et ses contenus viraux, ont annoncé les deux sociétés mardi 18 août 2015. Celles-ci ne précisent pas quelle part du capital est achetée.Malgré l’importance de son chèque, le groupe audiovisuel américain – producteur du film Jurassic World ou de l’émission « Today Show » – restera actionnaire minoritaire : le site spécialisé Re/Code a estimé que la valorisation de Buzzfeed grimpait ainsi à 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros), contre 850 millions de dollars lors d’une précédente levée de fonds de 50 millions de dollars, réalisée l’an dernier. En comparaison, Jeff Bezos, le patron du géant de la vente en ligne Amazon, n’a pas payé « que » 250 millions de dollars pour acquérir 100 % du quotidien Washington Post.Créé en 2006, Buzzfeed rejoint le club fermé de ce que les journalistes américains spécialisés appellent déjà des « licornes » du secteur des médias. Une référence au surnom donné aux jeunes entreprises de technologie qui dépassent la barre du milliard de dollars de valorisation. Une espèce d’animaux mythiques du business, qui focalisent – pour l’heure – l’attention du marché. La semaine précédente, NBCUniversal avait déjà investi 200 millions de dollars dans Vox Media, propriétaire de plusieurs magazines et sites d’information en ligne thématiques dont The Verge ou Re/Code, qui a estimé la valorisation du groupe à plus d’un milliard de dollars. En 2014, Vice Media avait déjà frappé les esprits en levant 500 millions de dollars auprès de deux investisseurs : la chaîne câblée A & E Networks et le fonds d’investissement TCV. Le groupe, né comme magazine punk et devenu virtuose du reportage et du sponsoring, avait ainsi été valorisé à 2,5 milliards de dollars.Union d’intérêts entre nouveaux et anciens médiasComme les précédents, l’accord entre BuzzFeed et NBCUniversal unit deux univers différents et deux intérêts : d’un côté, une société du monde de l’audiovisuel, de la télévision et du cinéma qui souhaite toucher un public moins vieux et rester présente dans les nouveaux canaux de diffusion en ligne, comme les réseaux sociaux, qui remplacent petit à petit la télévision ou les salles obscures. De l’autre, un « pure player » né du Web, qui cherche à se rapprocher de la télévision et de la production pour monter en gamme et trouver des débouchés à ses vidéos en ligne. BuzzFeed a en effet beaucoup investi dans l’image. En août 2014, il a créé la structure BuzzFeed Motion Pictures, dirigée par le vidéaste Ze Frank. Et il s’adosse au passage à un groupe qui connaît bien la diffusion mondiale de contenus de divertissement.« BuzzFeed a construit une société globale qui mêle avec harmonie la technologie, les données et des savoir-faire éditoriaux de grande qualité, pour créer et faire partager des contenus de façon innovante », explique Steve Burke, PDG de NBCUniversal, dans le communiqué.« C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux », a déclaré Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques.« L’indépendance » selon BuzzFeedAu moment de nouer une alliance avec un grand groupe établi, Jonah Peretti, de BuzzFeed, insiste sur sa vision de « l’indépendance ». L’investissement minoritaire de NBCUniversal va contribuer à permettre de « grandir et d’investir sans avoir la pression de la rentabilité à court terme et sans se précipiter pour s’introduire en bourse », écrit-il dans un billet.La force de BuzzFeed vient aussi du fait qu’il est bénéficiaire, ce qui devient rare pour un média. En fondant son business model sur une pratique pionnière du « brand content » ou du « native advertising », il tire donc ses revenus publicitaires non pas de bannières mais de contenus, articles ou vidéos créés pour des marques. BuzzFeed a plusieurs fois été accusé de supprimer des articles gênants pour des annonceurs mais se proclame rentable, sans donner plus de détails. Selon des documents publiés par le site Gawker, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) en 2013 pour un chiffre d’affaires de 65 millions. En 2014, il aurait réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.Outre son investissement dans la vidéo, BuzzFeed s’est lancé dans une expansion internationale : une politique coûteuse et ambitieuse dont il espère tirer des synergies (la plateforme technique est unique, une bonne part du contenu est traduit et avoir une audience globale peut intéresser certains annonceurs). Présent dans six pays avec sept éditions internationales, dont la France, BuzzFeed s’implante dans six autres pays en 2015, dont le Japon, le Mexique et le Canada. Ayant rencontré des difficultés en France, où l’audience n’a pas décollé aussi vite qu’il souhaitait, il a renforcé son équipe éditoriale. Et au Japon, il va innover en s’associant à un poids lourd connaisseur de la culture locale, Yahoo! Japon.Lire aussi :BuzzFeed France promet plus d’info, moins de « LOL »Côté distribution, BuzzFeed s’enorgueillit de tirer 75 % de son trafic des réseaux sociaux. Pour continuer de croître, il fait partie des éditeurs qui ont noué des partenariats avec Facebook ou Snapchat pour publier des contenus directement sur leur plateforme. Il paye aussi pour promouvoir au mieux ses contenus sur les réseaux sociaux et tente aussi de coloniser Pinterest ou Instagram pour ne pas être trop dépendant de Facebook.Dernier pilier du développement de BuzzFeed : l’information. Le site rendu célèbre pour ses chatons mignons et ses contenus récréatifs repérés sur le Web a constitué une équipe de journalistes chevronnés. « L’info n’est pas un business aussi bon que le divertissement mais c’est le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde. Et c’est un business qui s’améliore », assurait M. Peretti en juin dans un autre billet, voyant dans Internet un canal qui permet facilement une distribution mondiale, contrairement au média papier.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.08.2015 à 09h05 • Mis à jour le12.08.2015 à 11h37 Le groupe britannique Pearson achève son retrait du secteur de la presse en annonçant la vente, mercredi 12 août, de The Economist Group, qui édite le prestigieux hebdomadaire The Economist, pour la somme de 731 millions de dollars (661 millions d’euros).Une partie des actions a été rachetée par The Economist Group lui-même. C’est Exor, entreprise propriété de la famille Agnelli, notamment actionnaire du conglomérat automobile Fiat Chrysler, qui s’est portée acquéreuse du reste.Le groupe possède déjà des parts dans le journal italien La Stampa, et, plus indirectement, dans le principal quotidien du pays, le Corriere della Sera. Avec cet achat, Exor, qui détient déjà 4,7 % de The Economist Group, ne sera pas majoritaire dans l’entreprise de presse.Un virage vers l’éducationPearson avait déjà annoncé la vente du Financial Times au japonais Nikkei, au mois de juillet. Il en avait profité pour évoquer sa volonté de vendre The Economist. Avec le fruit de ces deux ventes, le groupe veut désormais se concentrer sur le secteur de l’éducation. Selon Bloomberg, Pearson pourrait aussi, prochainement, vendre tout ou partie de ses parts (47 %) dans le groupe d’édition Penguin Random House à l’Allemand Bertelsmann, qui en détient le reste.Même si ses revenus sont en baisse, l’influent magazine de 172 ans n’est pas le plus à plaindre, dans un secteur de la presse largement moribond. Tiré à 1,6 million d’exemplaires, son dernier bénéfice annuel s’élève à 60 millions de livres (84 millions d’euros).Lire aussi :Le Financial Times, bible de la City, passe sous pavillon japonais Gabriel Coutagne Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle dans le milieu des historiens de la photographie. Sur son blog, A.D. Coleman, un ancien critique photo du New York Times, tente de démontrer que les célèbres photos du Débarquement, prises par le photojournaliste Robert Capa, ne mériteraient pas l’aura légendaire qui les entoure depuis leur publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944.Ces onze photos, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu parmi une centaine d’images capturées par Capa sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. La maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.Une « crise de nerfs » ?C’est cette version des faits que A.D. Coleman remet en cause sur son blog. Entre juin 2014 et juillet 2015, le critique a consacré une quarantaine de posts, au ton souvent agressif, visant à démontrer que Robert Capa n’aurait pas pu réaliser lui-même une centaine d’images.Sans parvenir à remettre en doute la qualité journalistique et esthétique des clichés de Capa lors du D-Day, qui sont parmi les seules images réalisées par un photojournaliste à Omaha Beach, Coleman fonde son argumentation sur l’examen des caractéristiques techniques de l’appareil photo de Capa, de la pellicule, des circonstances de la mésaventure, mais aussi la personnalité de Capa, ou les témoignages de soldats présents sur les lieux.L’objectif est de prouver que Robert Capa aurait fui la violence des combats, victime de ce que Coleman appelle une « crise de nerfs ». Selon ce dernier, l’histoire des pellicules gâchées aurait donc été inventée. Ce mythe aurait ensuite profité à Capa pour l’aider à créer, en 1947, la célèbre agence de photojournalisme Magnum Photos, qu’il a fondée aux côtés notamment d’Henri Cartier-Bresson.Trois ans plus tôt, le 6 juin 1944, Capa fait partie des quatre photojournalistes qui s’apprêtent à couvrir le D-Day pour la presse américaine. L’hebdomadaire américain Life, pour lequel il travaille, tire à l’époque à plus de deux millions d’exemplaires. Le magazine a même installé une partie de sa rédaction à Londres. Le service photo, doté de son propre laboratoire, y est dirigé par John Morris, premier témoin des faits, aujourd’hui âgé de 98 ans. Celui qui fut ensuite le directeur de l’agence Magnum est l’une des principales cibles de Coleman sur son blog.Gélatine fondueLe jour J, les barques remplies de soldats alliés quittent la Grande-Bretagne en direction de la Normandie, avec à leur bord le photographe, qui accompagne la première division d’infanterie de l’armée américaine. Dans son autobiographie, Capa raconte être resté un long moment sur la plage, avant de repartir pour Weymouth, d’où il a pu faire expédier ses pellicules au bureau londonien de Life.S’ensuit la mésaventure qui a donné des sueurs froides à des générations de laborantins et d’étudiants en photographie. John Morris, dans le récit de la scène – qu’on retrouve notamment dans le premier chapitre de son autobiographie, Des hommes d’images –, réceptionne quatre films contenant théoriquement une centaine d’images.Les délais sont courts : il faut développer et choisir les photos, les faire valider par l’armée pour des raisons de sécurité militaire, pour les communiquer à la rédaction new-yorkaise de Life avant le 10 juin, jour du bouclage. Dans la précipitation, le manipulateur, Dennis Banks, augmente la puissance de la sécheuse, et en ferme la porte.C’est cette maladresse qui serait à l’origine de la perte de la plupart des images d’Omaha Beach prise par Capa le 6 juin 1944. Comme le décrit John Morris, une partie de la gélatine, qui constitue le support de l’image sur la pellicule, aurait commencé à « fondre », sous l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité, faisant disparaître la plupart des images.Pour l’International Center of Photography (l’ICP, situé à New York, et où sont conservés les négatifs), la fusion de la gélatine a d’ailleurs entraîné un glissement des images sur la pellicule, entraînant un effet de chevauchement des perforations sur les photos restantes. Un défaut de l’appareil ?Une grande partie des démonstrations du blog d’A.D. Coleman s’appuie sur l’analyse technique poussée de tels détails. Sur l’un des posts, Coleman fait intervenir le photographe Rob McElroy, qui se lance dans une démonstration très technique, expérience à l’appui, pour démontrer que les perforations de la pellicule (fabriquée en acétate de cellulose dans les années 1940) chevauchent légèrement les images restantes à cause d’un défaut de fabrication de l’appareil photo de Capa, et non en raison d’un glissement de la gélatine surchauffée.Mais Rob McElroy ne fait pas son expérience sur l’appareil qu’a utilisé Capa, seulement sur le même modèle (un Contax II). La démonstration suppose ainsi que le fabricant, Zeiss Ikon, connu pour la grande qualité de son matériel, ait fabriqué de nombreux appareils présente ce défaut avec certaines cartouches de pellicule. Rob McElroy fait par ailleurs intervenir une cartouche Zeiss Ikon pour évoquer le phénomène de perforations de la pellicule, expliquant que ce dernier dépendrait notamment du type de cartouche utilisée.On sait que Capa a utilisé une pellicule Kodak, mais, à l’époque, les films pouvaient être chargés soit dans une cartouche Kodak, soit dans une cartouche réutilisable, conçue par un autre fabriquant. L’article ne précise pas quelle cartouche utilisait Capa, et attribue uniquement ce défaut à la cartouche Kodak. L’expérience ne vérifie pas cependant si le défaut persiste lorsque le magasin de l’appareil, qui comporte une pièce en métal qui aplani la pellicule, est fermé, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire, voire d’annuler le décalage.Aucune analyse indépendante réaliséeAutre exemple : le photographe J. Ross Baughman, dans un autre post, tente de démontrer que la fonte de l’émulsion ayant conduit à la destruction des négatifs n’a pu avoir lieu. Selon lui, les négatifs détruits ne pouvaient avoir l’aspect d’une image au cadre habituel, uniformément opaque. Ce qui est vrai. Lorsque l’émulsion disparaît de la pellicule, il ne reste que le support, transparent.Mais Baughman fonde son analyse des négatifs perdus de Capa notamment à partir des images venant d’un documentaire publié par le site de Time magazine. Or, le magazine a créé des visuels montrant des images disparues dans un but pédagogique, ne reflétant pas l’aspect réel des pellicules. La publication du post a d’ailleurs entraîné l’ajout de la mention « images d’illustration » dans le documentaire.Le blogueur Patrick Peccate, qui propose une synthèse des recherches de Coleman en français, souligne d’ailleurs qu’aucune « analyse technique précise et indépendante des fameuses photos » n’a été réalisée, ni par Coleman ni par l’ICP.Juste un peu flouAutant d’exemples qui montrent à quel point les posts d’A.D. Coleman sont à prendre avec précaution. D’ailleurs, John Morris, de son côté, ne remet pas directement en cause le fait que Capa n’aurait pas réalisé une centaine d’images. « Je pense qu’il est possible que Bob [Robert Capa] n’ait fait que renvoyer l’ensemble de ses pellicules à Londres, en sachant qu’il n’y avait des photos que sur l’une d’entre elles », avait d’ailleurs reconnu l’ancien éditeur photo dans une interview.Pour John Morris, le nombre d’images perdues a peu d’importance. Et le fait que les rescapées ne soient que onze n’a posé aucun problème à la rédaction de Life. Cinq d’entre elles furent publiées. Quelques heures après le bouclage, la rédaction new-yorkaise télégraphia à John Morris : « Aujourd’hui a été un grand jour pour la photographie au bureau de Life, quand les images du débarquement de Capa sont arrivées. »Robert Capa est également connu pour s’être amusé à enjoliver sa propre légende. Une rumeur tenace raconte qu’il avait couvert le Débarquement habillé d’un manteau acheté chez Burberry quelques jours plus tôt à Londres, perdu ensuite dans le feu de l’action…« Ecrire la vérité est tellement difficile, alors, pour mieux la traduire, je me suis permis de faire quelques retouches à ma façon. Tous les événements et les personnages de ce livre sont fortuits et ont un certain rapport avec la vérité », reconnaît Robert Capa dans son autobiographie, ironiquement intitulée Juste un peu flou, qu’il projetait de vendre à Hollywood pour en faire un film. Une manière de semer le doute qui n’a pas empêché la presse mondiale de le reconnaître à sa mort, alors qu’il couvrait la guerre d’Indochine, comme « un des meilleurs reporters photographes de la presse mondiale ».Voir le temps fort d'archives (édition abonnés) : Le centenaire du photographe Robert CapaGabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 29.07.2015 à 20h17 • Mis à jour le30.07.2015 à 11h27 | Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.07.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.07.2015 à 17h57 Le groupe britannique Pearson a annoncé jeudi 23 juillet la vente du Financial Times (FT), le quotidien de référence des affaires, au groupe japonais Nikkei, pour 844 millions de livres (1,19 milliard d’euros). Quelques minutes auparavant, le quotidien avait affirmé, citant des personnes proches du dossier, que le géant allemand des médias Axel Springer était également en discussion « avancée » avec Pearson. Axel Springer, propriétaire notamment du tabloïd allemand Bild et du quotidien Die Welt, avait immédiatement démenti toute intention de racheter le FT.John Fallon, le directeur général du groupe, a expliqué, cité dans un communiqué :« Pearson a été fier d’être le propriétaire du “FT” pendant près de soixante ans. Mais nous avons atteint un point d’inflexion dans les médias, avec l’explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux. Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le “FT” d’assurer son succès journalistique et commercial est d’être membre d’une entreprise d’information numérique mondiale. »Le FT Group comprend le Financial Times et son site Internet, 50 % du magazine The Economist et une coentreprise en Russie avec le quotidien Vedomosti. Mais la transaction, qui pourrait être bouclée d’ici à la fin de l’année, ne comprend pas la part de 50 % dans The Economist Group ni l’immeuble du FT, sur le bord de la Tamise, dans le centre de Londres.Selon Pearson, FT Group a, en 2014, contribué à hauteur de 334 millions de livres au chiffre d’affaires et à hauteur de 24 millions au résultat opérationnel ajusté.L’édition en ligne représente 70 % de la diffusion totaleLundi, l’agence Bloomberg News, sans citer de source, avait écrit que si la transaction allait à son terme, le journal britannique, qui revendique une diffusion quotidienne de 720 000 exemplaires (éditions papier et Internet réunies), pourrait être valorisé jusqu’à 1 milliard de livres (1,44 milliard d’euros).L’édition en ligne du FT représente 70 % de sa diffusion totale, après avoir dépassé la diffusion papier en 2012. Au sein de cette version internet, la moitié des connexions se font par des applications mobiles, comme les smartphones et les tablettes. Ce passage vers le numérique est considéré comme un succès par les analystes, bien que le FT souffre de la concurrence de sites internet d’information économique gratuits et peine à s’imposer aux Etats-Unis.Il y a deux ans, Pearson avait formellement démenti des informations évoquant une possible vente du Financial Times au magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch et à l’émirat d’Abou Dhabi pour 1,2 milliard de dollars (1,11 milliard d’euros). 30.07.2015 à 17h28 • Mis à jour le30.07.2015 à 17h42 Le mensuel Terra eco, spécialisé dans la défense du développement durable, a été placé en redressement judiciaire pour un maximum d’un an, a annoncé, jeudi 30 juillet, le directeur de la publication, Walter Bouvais.Le titre, qui compte 20 000 abonnés (papier et électronique) et autant de lecteurs en kiosque, souffre « d’une sous-capitalisation chronique », en dépit d’une opération de financement participatif qui a permis de recueillir l’an dernier 110 000 euros, a-t-il expliqué.« Respiration financière »Mais Terra Economica SAS, la société éditrice localisée à Nantes, a besoin de recueillir jusqu’à 150 000 euros supplémentaires auprès d’investisseurs afin d’assurer son développement, a ajouté M. Bouvais.La mise en redressement « nous donne une respiration financière », « du temps pour poursuivre les discussions et d’en sortir par le haut » avec les investisseurs, parmi lesquels figurent des « industriels de la presse », selon M. Bouvais.Une dette de 250 000 eurosLe titre est lesté par une dette de 250 000 euros mais « le lectorat est en hausse régulière depuis plusieurs années et même en hausse significative » depuis l’opération de financement participatif, selon lui. Avec 2 000 à 3 000 abonnés supplémentaires, le titre, qui compte 15 salariés permanents, deviendrait rentable, assure le directeur de la publication.Terra eco, dont le prochain numéro sortira normalement fin août, table en 2015 sur un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros, « en hausse significative sur 2014 », et sur une perte de 100 000 euros, selon M. Bouvais. Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.04.2015 à 04h00 • Mis à jour le26.04.2015 à 16h37 | Gilles Paris (Washington, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o1nqx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o1nqx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « Une offre de télévision publique moderne et créative, ouverte sur le monde et accessible à tous grâce à une entreprise publique réconciliée avec elle-même. » Tel est l’objectif que se fixe Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, dans le projet qu’elle a présenté au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et que celui-ci a rendu public, vendredi 24 avril. Volontariste, ce projet de 31 pages entend transformer cette structure de 10 000 salariés « en une entreprise moderne, du 21e siècle », en constatant « un dilemme simple : l’adaptation ou l’affaiblissement. »Reconquérir la jeunesseMme Ernotte veut « réinventer l’offre » pour reconquérir la jeunesse et s’adapter aux nouveaux usages numériques, tout en promouvant « la diversité culturelle ». « Le principal axe de travail pour y parvenir consiste à mettre l’accent sur l’innovation et une certaine prise de risque », écrit-elle. La recherche et développement de nouveaux programmes se verrait allouer 5 % des budgets, les délais de production seraient raccourcis, un « pacte » serait négocié avec les producteurs pour « faire de l’audiovisuel français un champion à l’international » et « pousser à la création de programmes exportables ». L’enjeu serait la « création de nouvelles fictions » mais aussi la culture, l’information et le sport.La nouvelle PDG souhaite également refondre l’offre de rattrapage, sous l’influence de la plate-forme Netflix. « Afin de créer une passerelle directe avec les usagers, une nouvelle plateforme numérique, basée sur un algorithme de recommandation, doit rendre la télévision de rattrapage plus accessible », souhaite-t-elle.L’offre jeunesse serait la première concernée, avec la mise en place d’une offre à la demande qu’elle espère également génératrice de nouvelles recettes. Plus largement, Mme Ernotte propose une stratégie numérique inspirée de pratiques en vigueur sur d’autres chaînes : recherche de nouveaux talents, interactivité, mise en ligne anticipée de tous les épisodes d’une série…France 2 chaîne du flux, réforme de France 3Du côté des chaînes, elle compte faire évoluer France 2 vers l’« événementiel », c’est-à-dire la chaîne du « voir ensemble », qu’il s’agisse de l’information, du sport ou des télés crochets. « France 2 a vocation naturelle à devenir la chaîne leader de la télévision française », espère-t-elle.Delphine Ernotte annonce également une profonde réforme de France 3, très attendue par les pouvoirs publics. Celle-ci reposerait sur le rassemblement de France 3 et France 3 Régions, actuellement séparées ; le développement des décrochages régionaux ; une redéfinition du découpage régional pour suivre la nouvelle carte des régions françaises.Quant aux autres chaînes, France 5 et France Ô garderaient le même positionnement, mais France 4 serait exclusivement orientée vers « le public des moins de 15 ans », et non plus les jeunes adultes.Enfin, dans le domaine de l’information, ce projet propose de « faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion », c’est-à-dire une chaîne d’information - dont le mode de diffusion reste à définir - qui puisse se positionner en contrepoint de BFM-TV. Pour y parvenir, Mme Ernotte souhaite développer des liens avec les autres entreprises de l’audiovisuel public (l’INA, France Médias Monde ou Radio France), répondant là aussi à une attente des pouvoirs publics. Ce projet pourrait être « mis à l’antenne en septembre 2016 ».Des assises de l’entrepriseMais pour mener à bien ces différentes ambitions, Delphine Ernotte trace un chemin exigeant qui définit une large réforme de l’entreprise. Constatant que « France Télévisions est une entreprise qui doute », elle insiste sur une méthode reposant sur le dialogue. « Le plan stratégique 2020 sera élaboré dans le cadre des assises de l’entreprise, organisées selon un processus décentralisé », annonce-t-elle.Elle en attend « un pacte social adapté aux besoins de l’entreprise et des salariés » qui reposera sur « une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « donnant la priorité aux responsables de proximité ». Il s’agit de répondre aux angoisses et à la désorganisation de l’entreprise, décrites dans plusieurs rapports, pour proposer des évolutions des métiers et une vaste politique de formation.Lire aussi :France Télévisions, le grand corps maladeLa masse salariale sous pressionMme Ernotte compte aussi donner plus d’autonomie aux directions de chaînes, même si elle maintiendrait une direction transversale pour les programmes et une autre pour l’information. « Dès mon entrée en fonction, je nommerai une équipe strictement paritaire. Celle-ci, composée de quatorze membres comprendra, outre la Présidence, les cinq directions de chaînes, les deux directions transversales (stratégie et programmes, information) auxquelles s’ajouteront six directions fonctionnelles : commerciale, technique et système d’information, financière, ressources humaines, communication et secrétariat général », annonce-t-elle.Dans l’immédiat, c’est une politique de rigueur qui est prévue. La nouvelle PDG va « remettre à plat immédiatement le budget 2015 » et engager des économies de structure : « direction plus recentrée », « mise sous contrôle des frais de conseil et des frais généraux », « blocage immédiat des embauches », « rationalisation des missions » et rentabilisation de « l’outil de production » interne.« De façon plus générale, la question des charges de personnel doit être affrontée avec détermination et responsabilité, écrit Mme Ernotte. Le taux de collaborateurs non permanents est de 15,4 %. Le taux d’encadrement est très élevé. Afin d’éviter tout départ contraint et de chercher des solutions négociées, il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fusion géante entre les câblo-opérateurs américains Comcast et Time Warner Cable (TWC) ne verra finalement pas le jour. Les deux groupes, qui avaient annoncé leur rapprochement le 13 février 2014, ont préféré jeter l’éponge face au scepticisme des autorités américaines de la concurrence, selon des sources proches du dossier et citées, jeudi 23 avril, par l’agence Bloomberg. L’abandon de l’opération devait être officialisé dans la journée de vendredi.Comcast, le leader du secteur aux Etats-Unis, avait initialement proposé de racheter TWC, le numéro deux, pour 45,2 milliards de dollars (41,7 milliards d’euros), soit 67 milliards de dollars dette comprise.A l’issue, les deux groupes auraient cumulé 30 millions d’abonnés. Mais, depuis cette annonce, d’intenses négociations se sont engagées avec le régulateur américain du secteur, la Federal Communications Commission (FCC), pour savoir si l’opération respectait les règles de la concurrence. Il y a quelques jours, le ministère de la justice avait commencé à émettre de sérieux doutes sur la faisabilité de la fusion.Lire aussi :La fusion Comcast-Time Warner sous la loupe de l’antitrust américainMercredi, le parcours d’obstacles s’est encore un peu plus compliqué. Comcast et TWC ont rencontré des membres de la FCC et du ministère de la justice, dont le feu vert était nécessaire pour que l’opération puisse aller à son terme. Leurs interlocuteurs ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact qu’aurait une fusion sur les consommateurs.Le précédent AT&TLa FCC a proposé que le feu vert donné à l’opération le soit par un juge administratif. Cette procédure, qui en dit long sur le scepticisme du régulateur, a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’issue finale devenant très incertaine, et malgré des dépenses en lobbying, en 2014, de 17 millions de dollars, Comcast a donc préféré renoncer.C’est le même type de procédure qui avait été imposé à AT&T pour valider son rapprochement avec T-Mobile en 2011. On sait ce qu’il advint : la fusion avait été cassée par le juge, et l’opérateur avait dû payer 4 milliards de dollars d’indemnités à Deutsche Telekom, la maison mère de T-Mobile.Comcast a eu beau répéter, ces derniers mois, que la fusion était dans l’intérêt public parce qu’elle permettrait de fournir aux clients de TWC un meilleur service, les autorités américaines ne se sont pas laissées convaincre.Il faut dire que le nouveau groupe aurait détenu 30 % du marché de la télévision payante aux Etats-Unis et 57 % de celui des fournisseurs d’accès à Internet. Les deux acteurs avaient proposé quelques concessions pour faire passer la pilule. Il était notamment question de rétrocéder environ trois millions d’abonnés au challenger du secteur, Charter Communications, qui serait ainsi passé de la quatrième à la deuxième place. Mais, visiblement, la concession n’a pas été jugée suffisante.Bonne nouvelle pour le consommateurLe renoncement à cette fusion fait les affaires de groupes de média, comme Time Warner – dont les activités n’ont plus rien à voir avec celles de TWC –, de Walt Disney, de 21st Century Fox ou encore de Netflix, qui voyaient d’un mauvais œil la constitution de ce nouveau géant. Reed Hastings, le fondateur et patron de la société de streaming (lecture sans téléchargement) était d’ailleurs l’un des plus virulents opposants à ce projet de mariage. Netflix avait déjà dû accepter de verser d’importantes sommes d’argent à Comcast et à TWC, afin d’assurer une vitesse de connexion optimale pour ses abonnés. Réunis, les deux opérateurs auraient encore plus de poids dans ces négociations.Du côté du consommateur, qui paie déjà des prix prohibitifs comparés à ceux pratiqués en Europe pour accéder à Internet, cette réduction du nombre d’acteurs n’aurait pas été non plus une très bonne nouvelle.La recomposition du secteur est donc relancée. Charter Communications et son principal actionnaire, Liberty Media, l’une des holdings du milliardaire américain John Malone, qui avait fait une offre sur TWC quelques semaines avant l’annonce de la fusion, pourrait revenir dans le jeu. Mais, à l’époque, la valorisation proposée, beaucoup moins généreuse que celle de Comcast, avait été rejetée par la cible.Il y a quelques mois, lors d’une réunion avec des investisseurs, M. Malone avait dit qu’il était prêt à envisager une nouvelle offre si jamais l’opération avec Comcast échouait. C’est désormais chose faite.Pour TWC, qui avait fait de cette fusion la pierre angulaire de stratégie, c’est assurément un coup dur. La direction de l’entreprise a prévu d’organiser une conférence téléphonique avec ses actionnaires, le 30 avril. Le PDG du groupe, Robert Marcus, arrivé à la tête de la société seulement un mois et demi avant la vente à Comcast, avait empoché une rémunération astronomique de 80 millions de dollars. Il va maintenant lui falloir trouver un plan B capable d’assurer un futur à TWC.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Anne Eveno « Chez Orange, elle connaît tous les rouages de l’entreprise et des métiers. Aller vers une autre entreprise va être pour elle un vrai défi, un saut dans l’inconnu. » Ce haut cadre d’Orange résume bien l’équation que va devoir résoudre Delphine Ernotte, nommée, jeudi 23 avril, présidente de France Télévisions, après vingt-six années passées chez l’opérateur.A 48 ans, la directrice générale adjointe d’Orange France a arpenté toutes les fonctions possibles au sein de son entreprise : de l’analyse financière à la R&D, de la distribution aux fonctions de direction. Centralienne, cette ingénieure de formation y a appris la vente, la communication, le marketing et le délicat exercice du dialogue social. Elle a aussi contribué à transformer l’entreprise et appris à composer avec la présence de l’Etat.« C’est une vraie patronne qui sait déléguer, écouter et décider », décrit Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution de Canal+, qui a travaillé sous ses ordres chez Orange. « Mi corse-mi basque, elle a un côté mama qui protège voire couve ses équipes, renchérit Elie Girard d’Atos, qui a travaillé avec elle pendant six ans. C’est une bosseuse, très impliquée. Lors de la grande panne des mobiles de l’été 2012, elle a passé toute la nuit au centre de supervision au beau milieu des techniciens et impressionné tout le monde. » Des tempêtesChez Orange, les tempêtes n’ont pas manqué. Mme Ernotte a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau concurrent, Free Mobile, en 2012. Surtout, elle a été confrontée, comme toute la direction du groupe, à la crise des suicides chez l’opérateur, consécutive à la mise en place du plan « Next ». Propulsée au comité exécutif après le départ de Didier Lombard – mis en cause dans cette affaire –, la nouvelle directrice générale admet alors que ces drames ont suscité chez elle « un mélange de profonde culpabilité et de déni » et « une remise en question fondamentale ».Ses défenseurs soulignent qu’elle a ensuite œuvré à l’« apaisement » du climat social. « C’est difficile d’évaluer son implication dans la crise sociale qui a secoué l’entreprise du temps de Lombard, juge une source chez Orange. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a appris à écouter, elle a réussi à respecter le contrat social dans un contexte difficile où Orange France était secoué de tous les côtés par la concurrence. »Dans sa nouvelle maison, Delphine Ernotte se sait attendue sur ce terrain. Pendant la campagne, la CGC Médias l’a associée à cette crise des suicides – un message lourd dans le contexte de fragilité sociale que connaît France Télévisions. Dans sa décision motivée, le CSA a souligné que la nouvelle PDG voulait « bâtir, par la négociation et le dialogue, un plan stratégique visant à promouvoir la confiance au sein de France Télévisions ».Lire aussi (édition abonnés) :France Télévisions, le grand corps maladeL’inconnue des contenusPour cela, elle devra forcer sa personnalité que beaucoup décrivent comme « froide » ou « distante ». « Son côté froid, c’est une carapace, corrige un cadre de l’opérateur. En réalité elle a beaucoup d’empathie et je l’ai vue dans plein de conventions faire le show quand il le fallait. »Et d’avancer une explication : « Elle a toujours été dans un milieu d’hommes, elle doit sûrement se protéger aussi. » Dans l’univers d’ingénieurs souvent masculin qu’est Orange, Delphine Ernotte s’est attachée à défendre la place des femmes, infligeant des amendes de 10 euros pour toute remarque sexiste formulée en comité exécutif.Autre défi pour la nouvelle présidente : son inexpérience dans les contenus et l’audiovisuel, même si Orange distribue aussi des contenus et que le CSA relève sa « perception des enjeux de l’audiovisuel ». Ses amis ont beau évoquer sa « passion du théâtre » – son époux est le comédien Marc Ernotte et elle ne manque pas de réseaux dans le monde culturel –, sa capacité à aider France Télévisions à repenser ses offres en profondeur est à ce stade une inconnue.Anne EvenoJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Il aura fallu une délibération de près de 24 heures pour que le Conseil supérieur de l’audiovisuel tranche. Jeudi 23 avril, les huit conseillers ont désigné Delphine Ernotte, actuelle directrice générale adjointe d’Orange France, à la présidence de France Télévisions. Mme Ernotte prendra ses fonctions le 22 août, succédant à Rémy Pflimlin.Cette nomination a fait l’objet d’une sérieuse bataille au sein du conseil. Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote avait attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique. Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’avaient recueilli aucun vote.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinLes conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias. Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.Des qualités d’écoute et de décisionLe CSA a donc décidé d’auditionner à nouveau les deux candidats, jeudi après-midi. A l’issue de ces auditions, un vote majoritaire s’est dégagé en faveur de Mme Ernotte.Centralienne, Delphine Ernotte a fait toute sa carrière chez Orange. Son profil est celui d’une manageuse dont les partisans vantent les qualités d’écoute, de compréhension et de décision. Avec 80 000 salariés, Orange France est le vaisseau amiral du groupe. Elle n’a par contre pas d’expérience des contenus ou de l’audiovisuel, ce qui était le point fort de l’autre finaliste, Pascal Josèphe.Agée de 48 ans, Mme Ernotte sera la première femme à diriger France Télévisions. Chez Orange, un univers d’ingénieurs souvent masculins, elle s’est attachée à défendre la place des femmes.Dans le milieu de l’audiovisuel, son nom a commencé à circuler fin 2014. Conseillée par Denis Pingaud – également présent aux côtés du PDG de Radio France, Mathieu Gallet –, elle a mené campagne en coulisse, sans s’exposer dans les médias. Cela ne l’a pas empêchée de subir plusieurs tirs de barrage, notamment de syndicats de France Télévisions, qui l’ont parfois associée au plan « Next » dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les huit conseillers du CSA doivent tenter, jeudi 23 avril, de s’accorder sur le nom du futur président de France Télévisions. Celui-ci – ou celle-ci – doit recueillir une majorité d’au moins cinq voix, que les premiers tours de scrutin n’ont pas permis d’atteindre.Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote a attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique.Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’ont recueilli aucun vote. Les conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias.Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.« Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, réuni en assemblée plénière ce matin, a constaté un partage des voix entre deux candidats à l’issue de deux votes. Il a décidé d’auditionner cet après-midi les deux personnalités concernées », a fait savoir le CSA dans un communiqué.Cette situation inédite ne devrait pas manquer de susciter de nouvelles questions à l’égard d’une procédure de désignation qui a été remise en question pour sa dimension secrète.Lire aussi :« France Télévisions, le règne de l’opacité »Jeudi, dans un communiqué, la CFDT de France Télévisions a estimé que « la sélection des candidats en finale à de quoi étonner ». A la surprise générale, plusieurs candidats expérimentés comme Emmanuel Hoog, Didier Quillot ou Marie-Christine Saragosse avaient été écartés, jeudi 16 avril.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Après la grève à Radio France, c'est France Télévisions qui se retrouve dans l'actualité avec la nomination imminente de son nouveau président. A eux deux, ces groupes rassemblent les principales télévisions et radios publiques françaises. Mais d'autres existent, à l'instar de LCP, TV5 Monde, Public Sénat, RFI, France 24 ou MCD. Ces entreprises, qui font un peu moins parler d'elles, sont aussi financées par la redevance et le budget de l'Etat. Pris dans sa globalité, le service public de l'audiovisuel représente un quart des parts de marché de la radio et un tiers pour la télévision.  #container_1429693686856{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1429693686856{ height:250px; } #container_1429693686856 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1429693686856 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1429693686856 .subtitre{ display:block; }Part d'audience des radios publiques en France(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1429693686856", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "pie", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.mediametrie.fr/radio/communiques/l-audience-de-la-radio-en-france-sur-la-periode-janvier-mars-2015.php?id=1239", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Tour d'horizon complet de ses différentes composantes :France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5, Outre-Mer 1ère, France Ô)Radio France (France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, France Musique, Mouv', FIP)France Médias Monde (RFI, France 24, MCD)Les chaînes co-financées (TV5 Monde, Arte)Les chaînes parlementaires (LCP, Public Sénat)L'Institut national de l'audiovisuel (INA)France Télévisions France 2, France 3, France 4, France 5 mais aussi Outre-mer 1ère et France Ô. Ces chaînes font toutes parties de France Télévisions, le « premier groupe audiovisuel français », comme il se définit lui-même. Rémy Pflimlin, son président, a été nommé en 2009 par Nicolas Sarkozy. C'est le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), chargé aujourd'hui de la procédure de nomination, qui décidera s'il est remplacé ou reconduit dans ses fonctions en août.France Télévisions rassemble près de 30 % des téléspectateurs (Médiamétrie, mars 2015). Un chiffre porté par l'audience de France 2 (13,8 %), qui se veut la chaîne généraliste « de l'événement, du lien social et du vivre ensemble » et qui est la deuxième chaîne nationale derrière TF1 (21,9 %). France 3, « la chaîne de la proximité », pèse elle 9 % de part de marché grâce à des rendez-vous phares comme le feuilleton « Plus belle la vie », le « 19/20 » ou « Thalassa ».Loin derrière, France 5 rassemble 3,4 % des téléspectateurs avides de connaissances et de découvertes tandis que France 4 et France Ô peinent à intéresser les jeunes d'un côté (1,6 % de part de marché) et le public ultramarin de l'autre (0,6 %). Cela s'explique sans doute par la concurrence du réseau local Outre-mer 1ère, décliné dans les neufs territoires ultramarins, de la Guadeloupe à Wallis-et-Futuna.Le maintien de France 4 et France Ô a d'ailleurs été récemment questionné dans un pré-rapport du CSA obtenu par BFM Business. En novembre 2011, le texte, qui n'était qu'un « document préparatoire » selon le CSA, souhaitait notamment que France Télévisions repense au périmètre des chaînes publiques, parfois mal identifiées. Sont alors évoqués un « contrat de lecture peu lisible » pour France 4 et un « problème d'harmonisation » entre France 2 et France 3, alors que le premier diffuse parfois des programmes plus en phase avec la ligne éditoriale de France 3 (le magazine « Secret d'histoire », par exemple).Le rapport mettait également en avant le vieillissement de l'audience et la faible qualité de certains programmes tout en jugeant satisfaisant l'action de France Télévisions en termes de qualité d'information, de développement numérique et de soutien à la création. Radio France Difficile aussi de passer à côté de Radio France, touché récemment par un mois de grève et qui diffuse les sept radios publiques nationales. L'ensemble pèse pour un quart des audiences de la radio (24,1 % de part de marché) sur la période janvier-mars 2015. Le groupe est porté par la généraliste France Inter (9,8 %), suivie du cumul des audiences des locales de France Bleu (6,9 %), puis de France Info (3,3 %).Les autres stations sont plus confidentielles : France Culture est écoutée par 1,6 % des auditeurs et France Musique par 1,2 %. Cette dernière, une des priorités du PDG Mathieu Gallet avec France Info et le Mouv', a été dans le collimateur de la Cour des comptes, qui préconise une direction commune avec la direction de la musique du groupe. La juridiction financière de la rue Cambon veut également « statuer sur l'avenir » du Mouv', autrement dit poser la question de la suppression de la diffusion hertzienne de cette station destinée aux jeunes, qui ne rassemble que 0,5 % des auditeurs. Autre station peu écoutée, FIP, l'antenne dédiée aux musiques éclectiques. Et pour cause, l'ancienne « France Inter Paris » ne possède qu'une dizaine de fréquences en France, contre plus de 600 pour France Inter.France Médias Monde France Médias Monde est le troisième groupe public financé par la redevance. Si on connaît moins l'ex-AEF (Audiovisuel extérieur français), c'est sans doute car, selon son cahier des charges, ses programmes sont « destinés au public international ainsi qu'au public français résidant à l'étranger ». Le groupe, présidé par Marie-Christine Saragosse (et qui a été écartée de la short-list des candidats à la présidence de France TV), gère une chaîne d'information et deux radios : France 24, RFI et MCD (Monte Carlo Doualiya).France Médias Monde a été dans la tourmente ses dernières années. En 2008, la fusion juridique des trois entités au sein d'une même holding a entraîné une crise ouverte entre le président-directeur général, Alain de Pouzilhac, et la directrice générale déléguée, Christine Ockrent, mais également la suppression de 22 % des effectifs, due à deux plans de départs volontaires successifs. Un nouveau contrat d'objectif et de moyen doit être lancé pour 2016 afin de redéfinir la stratégie du groupe.Radio France international (RFI) n'est écoutée que par 0,1 % des auditeurs français selon Médiamétrie mais en réunit 34,5 millions dans le monde, dans 62 pays. L'Afrique, notamment francophone, constitue 80 % de l'audience de RFI, loin devant l'Amérique du Sud (10 %) et l'Europe (3 %). C'est pourquoi la radio a choisi d'avoir deux grilles distinctes aux heures de grande écoute : une « Afrique » et une « Monde ». La rédaction, qui se trouve à Paris, vise à « offrir les clefs de compréhension du monde », que ce soit en français ou dans l'une des 12 langues étrangères de la station (anglais, cambodgien, chinois, espagnol, haoussa, kiswahili, persan, portugais, brésilien, roumain, russe, vietnamien). RFI souhaite d'ailleurs renforcer le nombre de ses décrochages en langues africaines. Le succès de la station repose aussi sur ses émissions diffusées par 700 radios partenaires.MCD, pour Monte Carlo Doualiya, est une radio généraliste en langue arabe, principalement axée sur l'information et la culture. Selon un rapport parlementaire, MCD « s'adresse en priorité à des individus instruits. On lui reconnaît des qualités de fiabilité et d'expertise. [C'est] une station incontournable en temps de guerre (Liban, Syrie, Irak) ». La filiale de RFI est écoutée par 8 millions d'auditeurs dans le Proche et Moyen-Orient, une partie de l'Afrique (Djibouti, Mauritanie et Sud-Soudan) et dans une moindre mesure à Marseille. MCD tente aujourd'hui d'ouvrir de nouvelles fréquences : elle s'est notamment installée dans le sultanat d'Oman, en janvier. Elle envisage également un développement au Maghreb, où le marché de l'audiovisuel a été ouvert après les printemps arabes. Depuis 2013, la station a quitté la Maison de la radio en même temps que RFI afin de s'installer aux côtés de France 24 dans les locaux de France Médias Monde, à Issy-les-Moulineaux.France 24 a été créée en 2006 par France Télévisions et TF1, après plusieurs années de débats. Entièrement publique depuis 2008 (TF1 ayant revendu ses parts), elle offre une vision française de l'actualité internationale dans le monde entier (177 pays). France 24 est déclinée en trois canaux (français, anglais et arabe), avec une même ligne éditoriale, résumée par le slogan « Liberté, égalité, actualité ». Une réflexion est en cours pour une diffusion en espagnol. Si l'audience de la « CNN à la française » est difficile à mesurer, France 24 totalise près de 46 millions de téléspectateurs par semaine dans les 64 pays (sur 177) mesurés. En France, l'audience reste faible, la chaîne ne bénéficiant d'un canal sur la TNT que depuis septembre 2014, et uniquement en Ile-de-France.Les chaînes co-financéesLe service public a également des parts dans deux médias : d'abord Arte, co-financée par l'Allemagne, mais aussi TV5 Monde, dont la Belgique, la Suisse, le Canada et dans une moindre mesure l'Allemagne (via Arte) sont actionnaires. Dans les deux cas, la France y joue un rôle important.TV5 Monde Né en 1984, la discrète TV5 Monde a été propulsée au cœur de l'actualité début avril après avoir été victime d'une cyberattaque. Détenu majoritairement par France Télévisions depuis 2013 (à près de 49 %) mais encore un peu par France Médias Monde (13 %), le groupe présidé par Yves Bigot appartient aussi à des médias publics suisses, belges, canadiens ainsi qu'à Arte et à l'INA. Rien d'étonnant, puisque le rôle de TV5 Monde, qui a fêté ses 30 ans en 2014, est de diffuser la culture francophone dans le monde entier (198 pays), à travers des programmes qu'elle produit ou des rediffusions de divertissements, spectacles, jeux, fictions, documentaires... issues des chaînes qui la financent. TV5 Monde est déclinée en 10 chaînes, couvrant chacune une partie du monde (TV5 FBS - France Belgique Suisse, TV5 Europe, TV5 Afrique...).Si 260 millions de foyers ont accès à TV5 Monde, on estime à 55 millions le nombre de téléspectateurs hebdomadaires de la chaîne. Plus des deux tiers de son audience se fait en Afrique, contre un quart en Europe. En France, TV5 FBS n'est accessible que sur le câble et le satellite ou via Internet. Elle rassemble 4,2 millions de téléspectateurs hebdomadaires, en incluant les Belges et les Suisses.TV5 Monde dépend en grande partie de France Télévisions, mais a un budget propre de 110 millions, 76 millions venant de la France, le reste des autres pays actionnaires. Elle a été baladée plusieurs fois [.pdf] entre France Télévisions, qui lui fournit la plupart de ses programmes français, et France Médias Monde, puisque la chaîne s'adresse à un public étranger.Arte Arte, pour Association relative à la télévision européenne, est une chaîne de télévision fondée par l'Allemagne et la France en 1991. Symbole de l'amitié de deux pays, elle se veut la chaîne de la culture européenne, « la télé qui vous allume», comme le clame son slogan. Ainsi, près de la moitié de sa programmation est faite de documentaires. Sans publicité, 95 % de ses recettes proviennent des redevances audiovisuelles française et allemande.Arte est un groupement européen d'intérêt économique (GEIE) composé d'une partie allemande détenue à part égale par les deux chaînes publiques (l'ARD et la ZDF) et d'Arte France, qui dépend de France Télévisions à 45 %, mais aussi directement de l'Etat, de Radio France, de l'INA et plus étonnant, de Radio France (15 %).La chaîne est diffusée en France et en Allemagne mais aussi en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Autriche et aux Pays-Bas. Dans l'hexagone, Arte tourne autour des 2 % de part de marché, ce qui fait d'elle la douzième chaîne française. Un score qui a progressé de 5 points entre 2011 et 2015. Avant l'arrivée de la TNT en 2005, Arte partageait un canal (et une faible audience) avec France 5. Depuis l'extinction du signal analogique en 2011, si les deux chaînes ont définitivement tourné la page de la cohabitation, une situation similaire persiste pour Public Sénat et La chaîne parlementaire - Assemblée nationale (LCP-AN dite LCP).Les chaînes parlementaires : LCP et Public Sénat On n'en parle moins que pour France Télévisions, mais 2015 est aussi l'année du renouvellement des présidents de LCP et de Public Sénat. Ainsi Gilles Leclerc va être remplacé à la tête de Public Sénat par Emmanuel Kessler à partir du 1er juin. Le remplaçant de Gérard Leclerc (LCP) devrait être connu dans les prochains jours. Contrairement à ce qui se passe pour Radio France, France Télévisions et France Médias Monde, ce n'est pas le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui nomme le président des deux chaînes mais un Bureau dans chaque assemblée qui représente l'ensemble des groupes politiques. Le CSA n'a d'ailleurs aucune compétence sur les chaînes parlementaires, qui ne sont étudiées ni par la Cour des comptes ni par Médiamétrie.De fait, les deux chaînes ont un statut à part, aussi parce qu'elles sont financées directement par le budget du Parlement. Si chaque chambre a sa chaîne, l'Assemblée nationale et le Sénat se partagent un même canal (le 13) sur la TNT. Une situation inédite dans le monde pour des chaînes parlementaires, comme l'expliquait récemment Challenges, qui n'est pas sans poser problème, surtout quand Sénat et Assemblée nationale sont de majorité différente (ce qui est souvent le cas). L'enjeu est important : depuis 1999, LCP et Public Sénat sont chargées de rendre compte de ce que fait le législatif, et ont, plus largement « une mission de service public, d'information et de formation des citoyens à la vie publique, par des programmes parlementaires, éducatifs et civiques ».Le canal 13 est divisé en huit tranches horaires, faisant alterner programmes de Public Sénat et de LCP. Conséquence : des discours de parlementaires parfois coupés s'ils ne sont pas synchronisés avec les horaires des deux chaînes, des émissions similaires, deux directions et un budget (35 millions d'euros) à se partager. Une telle structure a-t-elle un impact sur l'audience ? Si Médiamétrie ne la mesure pas, elle serait très faible selon un des opérateurs qui diffuse la chaîne en ADSL : autour de 0,25 % de part de marché. Si une fusion des deux chaînes est régulièrement évoquée - encore récemment par Claude Bartelone, le Sénat s'y oppose : il ne veut pas perdre sa visibilité, déjà faible dans les médias. Entre 1 (selon le Sénat) à 7 millions (selon l'Assemblée) d'euros pourraient être économisés.Loïc SoleymieuxJournaliste au Monde Alexis Delcambre Etienne Mougeotte savoure son joli coup. À 75 ans, l’ancien vice-président de TF1 s’apprête à mettre la main sur Valeurs actuelles, qu’il qualifie de « magazine de droite de référence ». Mercredi 22 avril, l’hebdomadaire a confirmé des négociations exclusives entre son propriétaire, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, et la société Privinvest Médias, en vue d’une cession qui « pourrait être effective d’ici fin juin ».Derrière Privinvest - une société créée pour l’occasion - se trouvent M. Mougeotte ainsi que son financeur, l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa, et Charles Villeneuve, lui aussi ancien cadre de TF1, et résident, comme M. Safa, de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes).Une surpriseL’arrivée du trio dans ce dossier est une surprise. Selon nos informations, les premiers contacts dateraient de trois semaines à peine, à l’initiative de Jean-Claude Dassier, lui aussi ancien cadre de TF1, et administrateur de Valeurs actuelles. Autre passerelle : Etienne Mougeotte connaît bien Yves de Kerdrel, le directeur du titre, pour l’avoir côtoyé au Figaro. M. De Kerdrel devrait d’ailleurs rester en place une fois la vente actée.Les trois hommes sont à l’affût des opportunités dans la presse. Ils avaient tenté de racheter le groupe Nice-Matin à l’automne dernier et manifesté, fin 2014, un intérêt pour L’Express, avant son rachat par Patrick Drahi. « Nous avons l’idée de commencer à constituer un groupe média », dit M. Mougeotte.Riche, M. Safa est un « acteur multi-investisseur », comme le qualifie un expert du secteur, déjà présent dans les chantiers navals, le transport maritime, l’immobilier, le pétrole et le gaz. « Mougeotte et Villeneuve l’ont sans doute convaincu qu’il y avait des opportunités » dans les médias, pense cet expert.Valeurs actuelles en est une. Son propriétaire, le groupe Pierre Fabre, cherchait depuis plusieurs mois à céder son activité presse, rassemblée dans le groupe Valmonde (Valeurs actuelles, Jours de Chasse et Jours de Cheval), qu’il a redressé après l’avoir racheté, en 2006, au groupe Dassault.Surtout, Valeurs actuelles est le seul « news magazine » à s’être développé depuis 2012 et l’arrivée de la gauche au pouvoir. Récemment distingué par l’OJD pour avoir connu la plus forte progression de diffusion en 2014 (+ 16,5 % avec 110 096 exemplaires de diffusion France payés), il est rentable.Sous la direction d’Yves de Kerdrel, arrivé en 2013, le journal incarne une opposition frontale et multiplie les couvertures « choc » sur l’islam ou l’immigration, autant de signaux envoyés à un électorat de droite radicalisé et parfois tenté par le Front national.Lire : La France de « Valeurs actuelles »Cette ligne éditoriale l’a, par deux fois, conduit devant la justice. Le titre a été condamné en mars pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation pour un dossier intitulé « Roms l’overdose ». En février, il a également été condamné pour provocation à la discrimination envers les musulmans, pour une couverture présentant une Marianne voilée. Valeurs actuelles a fait appel de ces deux condamnations.L’ombre de l’extrême droiteLa cession à venir a-t-elle un sens politique ? Les enregistrements de Patrick Buisson, dévoilés dans la presse, ont révélé la grande proximité entre Nicolas Sarkozy et M. Mougeotte, quand celui-ci dirigeait Le Figaro. Aujourd’hui, celui-ci concède conserver des « échanges épisodiques » avec l’ancien président, « comme avec Juppé, Le Maire, Fillon ou des gens du FN, car ils sont dans le jeu politique. »À l’automne, deux hommes d’affaires ayant des connexions avec l’extrême droite, Alain Lefebvre et Jean-François Michaud, avaient examiné le dossier. L’autre candidat connu au rachat de Valeurs actuelles a été le patron du groupe Fiducial, Christian Letouche, qui a parfois côtoyé l’extrême droite (il avait notamment participé, en 2003, à l’université du Mouvement national républicain de Bruno Mégret).À un an de la primaire à droite, le lectorat de Valeurs actuelles, qui gravite entre la droite traditionnelle et le Front national, est un enjeu majeur. Mais « ce ne sera ni une succursale, ni une écurie présidentielle, promet M. Mougeotte. Que le meilleur gagne ! »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après Google le mercredi 15 avril, il y a une semaine, Bruxelles s’en prend maintenant à un autre géant, russe, cette fois : Gazprom. La commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a confirmé, mercredi 22 avril, à midi, que ses services allaient envoyer, dans la journée, une notification des griefs, c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme, pour violation de la loi antitrust, au groupe gazier.Les charges retenues contre Gazprom sont lourdes : la Commission estime que l’entreprise entrave la concurrence sur le marché européen du gaz dans huit Etats membres (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie).Gazprom y impose en particulier « des restrictions territoriales dans ses accords de fourniture avec les grossistes et avec certains clients industriels […]. Ces restrictions consistent en des interdictions d’exportation et des clauses prévoyant l’utilisation du gaz acheté sur un territoire spécifique (clauses relatives à la destination) », précise le communiqué de Bruxelles.Dans cinq pays en particulier (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), ces restrictions territoriales, poursuit la Commission, « peuvent provoquer une hausse des prix du gaz et permettre à Gazprom de mener une politique de prix déloyale dans cinq Etats membres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), facturant aux grossistes des prix beaucoup plus élevés que ses propres coûts ou les prix de référence. »Des « obstacles artificiels » à l’acheminement du gazEnfin, dans deux pays, Pologne et Bulgarie, Gazprom pourrait tirer profit de sa position dominante en subordonnant ses livraisons de gaz à l’obtention d’engagements distincts de la part des grossistes concernant les infrastructures de transport gazier. « Par exemple, les livraisons de gaz ont été subordonnées à des investissements dans un projet de gazoduc promu par Gazprom ou à l’obligation d’accepter que Gazprom renforce son contrôle sur un gazoduc », explique encore Bruxelles.« Le gaz est un bien essentiel pour notre vie quotidienne : il chauffe nos maisons et nous l’utilisons pour la cuisine et pour produire de l’électricité. Le maintien d’une concurrence équitable sur les marchés européens du gaz est par conséquent de la plus haute importance », a souligné Margrethe Vestager, mercredi. « Toutes les entreprises opérant sur le marché européen – qu’elles soient européennes ou non– doivent respecter les règles de l’UE. Selon nous, [Gazprom] pourrait avoir érigé des obstacles artificiels empêchant l’acheminement du gaz de certains pays d’Europe centrale et orientale vers d’autres, entravant ainsi la concurrence transfrontière. Le cloisonnement des marchés nationaux du gaz a aussi permis à Gazprom de facturer des prix que nous jugeons, à ce stade, inéquitables. Si nos préoccupations venaient à se confirmer, Gazprom devrait assumer les conséquences juridiques de son comportement », a ajouté la commissaire.Lire aussi :Gaz : les négociations entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne reprennentLe géant russe a réagi, dans un communiqué, en jugeant les accusations de la Commission européennes « infondées ». « Gazprom adhère strictement à toutes les normes des lois internationales et des législations nationales des pays où il fait des affaires. Les pratiques de Gazprom sur le marché européen, y compris les principes de fixation des prix, sont en conformité totale avec les standards observés par les autres producteurs et exportateurs de gaz naturel », poursuit le groupe. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui dénoncé des pratiques « inadmissibles » de l’UE.Conséquences diplomatiquesCet acte d’accusation est totalement dénué d’arrière-pensées politiques, précise t-on à Bruxelles – la notification des griefs doit être fondée sur des preuves suffisamment étayées d’un point de vue juridique pour « tenir » si elle est contestée devant la Cour de justice de l’Union à Luxembourg.Il risque néanmoins de provoquer des conséquences diplomatiques. « Toute charge de ce type contre Gazprom risque d’être perçue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », avait prévenu, lundi 20 avril, une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait semblant de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).Une chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles renoue avec une ligne dure en matière de concurrenceLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.Mesures correctivesA l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été.« Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Bruxelles s’est trouvé une nouvelle héroïnePour Gazprom et Bruxelles, la bataille ne fait que commencer. Le groupe russe va maintenant pouvoir avoir accès aux « charges » réunies contre lui par la Commission, et peaufiner en conséquence sa défense. Il a douze semaines pour se faire, à compter de l’envoi de la notification de griefs. À tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. C’est ce que souhaiteraient les dirigeants de Gazprom et Moscou, suggère une source proche des autorités russes. « Pour les premières et troisièmes séries d’accusation [les restrictions territoriales et les liens entre contrat de fourniture et investissements dans les infrastructures], un accord peut très facilement être trouvé », juge t-elle.En revanche, ajoute cette source, Gazprom va porter le fer sur la question des prix jugés déloyaux par les services de la Commission, et pourrait contester les « benchmarks » (références) utilisés pour juger s’ils sont trop élevés ou pas.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Marine Le Pen a beau avoir été désignée par Time parmi les cent personnes les plus influentes au monde, c’est en français que la présidente du Front national a tenté de faire passer ses messages, mardi 21 avril, lors de la cérémonie organisée par le magazine américain. « Ah non, je ne parle pas anglais, moi. Je suis française ! », lâche-t-elle, juste avant que ne débute le gala au Jazz Lincoln Center, à New York.Lire aussi : Thomas Piketty et Marine Le Pen parmi les 100 personnalités influentes du « Time »« Je fais partie de la majorité des Français, qui parlent peu l’anglais. En cela je suis très gaullienne : I speak very badly », plaisante-t-elle avec un accent à couper au couteau. C’est donc Ludovic de Danne, le conseiller aux affaires européennes du parti, qui a joué les interprètes, le professionnel sollicité préalablement ayant fait faux bond au dernier moment.« C’est une nomination plus politique que celle de 2011 »Mme Le Pen est apparue tout sourire, défilant sur le tapis rouge au milieu d’une brochette de people, parmi lesquels le rappeur Kanye West et sa compagne, Kim Kardashian, ou Julianne Moore, oscar de la meilleure actrice 2015. « C’est la première fois que je vais à ce genre de soirée », avoue la présidente du FN. Dans une robe bustier bleu nuit – on ne se refait pas –, son compagnon, Louis Aliot, en smoking à ses côtés, Mme Le Pen était visiblement ravie de se retrouver au milieu de cette élite mondialisée.« Permettez-moi de faire preuve de curiosité, se justifie-t-elle. Je pense que nous allons arriver au pouvoir et que par conséquent, il faut obligatoirement croiser, rencontrer, discuter avec des gens puissants dans leur pays respectif. » « La France des oubliés n’est pas oubliée », a-t-elle osé avant de rejoindre sa table pour dîner, alors que la nuit tombait sur Central Park.Même si Mme Le Pen était déjà dans la liste de Time en 2011, sa venue au gala est une première. « C’est une nomination plus politique que celle de 2011. A l’époque, il s’agissait d’une promesse. Aujourd’hui, c’est plus la conséquence d’une analyse de l’importance politique que prend le FN », fait-elle valoir. Le magazine ne dit pas autre chose, écrivant pour justifier son choix : « Il y a moins d’un an, Marine Le Pen annonçait à Time que son parti serait au pouvoir dans une décennie. Sa prédiction ne paraît plus absurde. »Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Alors que la grève à Radio France a fragilisé la position de son PDG, Mathieu Gallet, et que les sociétés des journalistes de France 2 et France 3 contestent le mode de nomination du prochain dirigeant du groupe France Télévisions, le rôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) paraît plus décrié que jamais.Comment sont désignés les patrons de l'audiovisuel public en Europe ? Tour d'horizon des pratiques au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne et en Espagne.En France, du changement depuis 2013Depuis 2013, c'est le CSA qui nomme les dirigeants des services publics audiovisuels, à savoir le président de Radio France, celui de France Télévisions et de France Médias Monde (RFI, France 24). Il peut aussi mettre fin aux mandats en cours, sur « décision motivée ».Les sept membres (en raison du changement de législation, ils sont toutefois huit jusqu'en 2017) du CSA sont choisis par les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale (chacun désignant trois membres) ainsi que par le chef de l'Etat (qui n'en désigne qu'un seul). Les trois cinquièmes des membres des commissions des affaires culturelles du Parlement doivent par ailleurs rendre un avis conforme.Mathieu Gallet a ainsi été désigné PDG de Radio France à l'unanimité en 2014. Son prédécesseur, Jean-Luc Hees, l'avait été directement par l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, selon une loi datant de 2009.Présidence :- Radio France : Mathieu Gallet, entouré par un conseil d'administration (CA) de douze personnes- France Télévisions : Rémy Pflimlin (nommé par Nicolas Sarkozy en 2010), CA de 14 personnes- France Médias Monde : Marie-Christine Saragosse (nommée par François Hollande en 2012), CA de 14 personnesDurée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 3,8 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 136 euros par an (90 % du financement)Au Royaume-Uni, « un chef-d'œuvre de complexité »La British Broadcasting Corporation (BBC) a elle-même été réformée en 2007. La directrice de BBC Radio a été nommée par Tony Hall, le directeur général de la BBC, qui gère l'ensemble du groupe, télévision publique incluse. Outre-Manche, le dirigeant de la BBC est désigné par le Trust, un conseil de surveillance, nommé par la reine pour six ans, qui joue le rôle d'intermédiaire entre la BBC et le public.Ses douze membres, dont quatre représentent l'Ecosse, l'Angleterre, le pays de Galles et l'Irlande du Nord, sont chargés de faire respecter les missions du service audiovisuel public et ont la possibilité de mettre fin aux fonctions du directeur général.En 2012, l'ex-PDG de la BBC, George Entwistle, avait dû démissionner 55 jours à peine après avoir pris le poste, emporté dans la tourmente du scandale Savile – du nom d'un animateur dont les actes pédophiles ont été révélés après sa mort. Une affaire qui avait d'ailleurs souligné « le chef-d'œuvre de complexité » de l'organigramme de la BBC, comme l'expliquait Le Monde en 2012. Une organisation pourtant enviée par l'Italie.Présidence : Tony Hall (Directeur général de la BBC, nommé par BBC Trust), entouré de douze personnes au conseil exécutif, dont Helen Boaden (radio) et Danny Cohen (télévision), nommés par Tony Hall.Durée du mandat : illimitée (jusqu'à démission ou déchéance par le Trust)Budget annuel : 4,7 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 200 euros par an (53 % du financement)En Italie, une forte politisationEn Italie, le « lottizzazione », ce système où chaque parti politique avait sa chaîne, est officiellement terminé. Depuis 2004, un conseil d'administration de la Radiotelevisione italiana (RAI) préside aux destinées de l'audiovisuel public. Sept de ses membres sont nommés par les parlementaires et deux par le ministre de l'économie. C'est l'opposition qui propose le nom du président. Dans les faits, le service public italien reste très politisé.Un projet de loi adopté par le conseil des ministres en mars dernier prévoit de réduire le conseil d'administration à sept membres, dont deux seraient désignés par le gouvernement, deux par la Chambre des députés, deux par le Sénat et un par le personnel de la RAI. Le but du président du Conseil Matteo Renzi : « Chasser les partis politiques de la RAI et s'inspirer du modèle de gouvernance de la BBC ».La création d'un poste d'administrateur délégué aux pleins pouvoirs permettrait surtout à Renzi de ne pas donner les clefs de l'audiovisuel public à son opposition. Problème : celui-ci serait nommé par le gouvernement lui-même. Le mandat de l'actuelle présidente du conseil d'administration, débuté en 2012, arrive à échéance en mai prochain. Elle avait été nommée par le gouvernement de Mario Monti.Présidence : Anna Maria Tarentola (nommée par Mario Monti en 2012)Durée du mandat : 3 ans, renouvelableBudget annuel : 2,3 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers :  113 euros par an, 65 euros après la réforme (68 % du financement avant la réforme)En Allemagne, le poids des LänderLe président de la Deutschlandradio est élu par les 40 membres du Conseil radiophonique, incluant les Länder, le gouvernement et certaines organisations représentant la société (chambres des métiers, églises, professions libérales, organisations paysannes…). Les candidats sont proposés par le conseil d'administration, composé notamment d'un représentant de l'Etat et de trois des Länder.Côté télévision, il existe deux services publics en Allemagne, l'ARD (le France 3 allemand) et la ZDF (semblable à France 2). Le président de l'ARD est désigné par les représentants des dix médias publics régionaux qu'il fédère. Du côté de la ZDF, le président est désigné par un conseil d'administration de 14 membres dont six dépendent du gouvernement fédéral ou des Etats fédérés.Présidence : Lutz Marmor (ARD), Thomas Bellut (ZDF), Willi Steul (Deutschlandradio)Durée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 7,6 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 210 euros par an (85 % du financement)En Espagne, un service public avec peu de moyensSans publicité, sans redevance et avec très peu de moyens, la télévision publique espagnole est une exception en Europe. Depuis 2006, les douze membres du conseil d'administration de la Radio Television Española (RTVE) étaient élus par le Parlement, à la majorité des deux tiers. Une situation qui avait provoqué un blocage en 2012, le Parti socialiste et le Parti populaire n'arrivant pas à s'entendre sur le nom du dirigeant. Le Parti populaire a donc modifié la loi et une simple majorité suffit désormais. La règle des deux tiers subsiste pour mettre fin au mandat du conseil d'administration.Présidence : José Antonio Sánchez (élu par le Parti populaire)Durée du mandat : six ans, non renouvelableBudget annuel : 0,9 milliard d'eurosRedevance payée par les foyers :  0 euroLoïc SoleymieuxJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Mardi 14 avril, à Bruxelles. C’est l’heure du « midday », la messe médiatique quotidienne de la Commission européenne. Au fond de la salle de presse du Berlaymont, le vaisseau amiral de l’institution, une journaliste pose une question sur l’emploi du temps de Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie : « Pourquoi le vendredi et le lundi n’est-il jamais sur Bruxelles ? Ses voyages à Paris sont-ils pris en charge par le budget européen ? » Un confrère glisse, interrogateur : « C’est une journaliste de Politico ? » Il y en a bien une dans la salle, mais ce n’est pas elle…L’anecdote est révélatrice. Mardi 21 avril, Politico, un des plus grands succès médiatiques de ces dernières années aux Etats-Unis, lance son extension européenne, avec pour but de « secouer » la couverture journalistique de l’Union. Et l’événement plonge la « bulle bruxelloise » dans un mélange d’excitation, d’inquiétude et d’exaspération.Politico a été fondé en 2007 par John Harris et Jim VandeHei, journalistes au Washington Post, lassés du traitement par leur journal de l’actualité politique américaine qu’ils jugeaient « plan-plan ». En quelques années, ce pure player a su imposer sa marque grâce à un traitement plus « fun », plus incisif et beaucoup plus réactif de l’information. Sa lettre matinale en ligne (le Politico Playbook), gratuite, est devenue la bible des décideurs américains. Ses lettres spécialisées payantes ont permis au groupe – il compte désormais 150 journalistes – de générer de l’argent.Lire aussi : « Politico » : dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeRecruté pour prendre la tête de Politico Europe, Matthew Kaminski, un transfuge du Wall Street Journal, veut dupliquer le succès américain : la lettre matinale gratuite, les lettres thématiques payantes, le tout exclusivement en anglais. Il veut « raconter des good stories », affirme t-il, sur les coulisses de Bruxelles, la deuxième ville des lobbys au monde, derrière Washington. « Bruxelles n’est pas une super-capitale où se concentrent les pouvoirs : ils restent dans les Etats membres. Mais c’est une vraie capitale en termes de régulation. Et il y a un besoin, chez les Américains, d’être tenus au courant de cette énorme production de normes. »« Pas un média de masse »L’objectif ? Le même qu’aux Etats-Unis : « Nous ne sommes pas un média de masse. Ce qui compte, c’est d’atteindre les vingt décideurs-clés de Bruxelles », pointe M. Kaminski. Pour y parvenir, Politico a vu les choses en grand. La rédaction bruxelloise compte une petite quarantaine de journalistes. C’est de loin la plus grosse équipe sur place (Le Monde compte deux correspondants). Des équipes d’un ou deux journalistes sont aussi en cours de constitution à Paris, Berlin ou Londres.Lire aussi :Le site d’informations Politico promet d’avoir « la plus grosse rédaction de Bruxelles »Politico Europe ne part pas de zéro : elle est une filiale à 50-50 entre Politico et le géant allemand des médias Axel Springer (Bild, Die Welt, etc.). Elle a aussi racheté un journal spécialisé dans l’actualité européenne, EuropeanVoice, dont une grande partie des équipes ont été conservées. Budget de lancement ? Plusieurs millions d’euros, jusqu’à 10, assurent des concurrents. Le chiffre n’est pas confirmé par M. Kaminski.« Washington s’intéresse enfin à Bruxelles »Cela fait des années en tout cas que la capitale de l’Europe n’avait pas vu débarquer un tel déploiement d’ambition et d’énergie ! Le tout-Bruxelles devrait d’ailleurs se presser à la fête de lancement de Politico Europe, le 23 avril, à l’Autoworld, le musée de l’automobile, à deux pas du quartier européen. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, le président du Parlement européen, Martin Schulz, la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager (la charge pour abus de position dominante contre Google, c’est elle) ou le très influent Martin Selmayr, chef de cabinet du président de la Commission Jean-Claude Juncker. Donald Tusk, le président du Conseil européen, aurait dû lui aussi être de la partie, si un sommet extraordinaire sur les drames des migrants en Méditerranée n’avait pas été convoqué précisément ce jour-là…« On doit y aller, c’est important », lâchait, mi-avril, une source à la commission, flattée, comme beaucoup d’autres fonctionnaires européens, que « Washington s’intéresse enfin à Bruxelles ». Cela prouve que la capitale de l’Europe est encore importante, voire excitante ! Cela va peut-être changer des discours redondants sur la fin du rêve européen, l’impuissance des institutions à lutter contre le chômage ou les drames de l’immigration.« La communication de Politico est bourrée de testostérone. Mais leur arrivée me plaît, cela prouve que Bruxelles, c’est quand même “the place to be” », réagit Benoît Le Bret, du cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel à Bruxelles.« Politico va obliger les porte-parole européens à avoir un discours moins techno, à faire plus de politique »Autre conséquence positive de cette arrivée fracassante ? Politico pourrait contribuer à déstabiliser la communication très corsetée de la Commission. Depuis l’arrivée à la présidence de Jean-Claude Juncker (en novembre 2014), le corps des porte-parole a été réorganisé et, désormais, même le « off the record » est contrôlé.« Politico va obliger les porte-parole à avoir un discours moins techno, à faire plus de politique », espère Griselda Pastor, de la radio espagnole Cadena Ser, une des figures de la salle de presse. La publication a recruté une ex-journaliste du New York Post qu’elle a chargée d’un fil d’actualité « Gossip ». Doit-on s’attendre à des articles outrés à la Bild ? « Nous ferons du journalisme responsable, avec des informations précises, recoupées », assure M. Kaminski.L’inquiétude du « King »Tout le monde n’a pas lieu de se réjouir, cependant. A commencer par les probables concurrents directs de Politico : les publications spécialisées EurActiv, Europolitics ou Agence Europe, installées dans le paysage médiatique bruxellois depuis des décennies (1972 pour Europolitics, 1953 pour l’Agence Europe). Des titres disposant de rédactions modestes (moins de 15 journalistes à Bruxelles), sans les moyens ni les puissants actionnaires de Politico Europe.Les journaux anglo-saxons seraient aussi en première ligne, à commencer par le Financial Times, considéré comme le « King » de Bruxelles. Ce qui ne serait pas pour déplaire à une partie de la presse européenne, irritée que le quotidien des affaires britanniques soit à ce point devenu, ces dernières années, la référence des décideurs européens.D’autres fantasment sur l’arrivée d’un média partisan, un faux nez de l’administration Obama ou des néoconservateurs américains. La preuve, disent-ils, la fête à l’Autoworld est sponsorisée par… Google ! Politico débarquerait pour défendre le géant américain du Web contre une administration communautaire tatillonne, pour pousser les avantages américains dans les négociations sur le traité de libre-échange avec les Etats-Unis… « Non, nous n’avons ni agenda national ni agenda politique », tranche Matthew Kaminski.Le plan marketing de Politico, son ambition de « faire quelque chose de différent » énervent en tout cas une partie de la presse dans la capitale de l’Europe, où nombre de journalistes, confrontés à l’euroscepticisme grandissant des citoyens de l’Union, ont été poussés, ces dernières années, à faire plus de pédagogie et de politique.Intense concurrencePeter Spiegel, chef du bureau du Financial Times à Bruxelles (5 journalistes), souligne que « la réalité bruxelloise est bien plus complexe qu’à Washington ! Là-bas, les parlementaires décident où doivent être dépensés les millions de dollars des recettes publiques, donc c’est très utile de tout connaître d’eux. Ici, les eurodéputés et les fonctionnaires européens ne peuvent rien dépenser, et leurs faits et gestes intéressent bien moins ». Cet ex-collaborateur du Wall Street Journal à Washington confirme avoir été approché par Politico pour prendre la tête de Politico Europe, mais il a décliné.La concurrence à Bruxelles est déjà très intense : près de 1 000 journalistes sont accrédités auprès des institutions communautaires, dont 97 Britanniques, 118 Allemands, 81 Français, et même… 42 Chinois. Et chacun, vu la multiplicité des sources (ambassades, différentes unités de la Commission, Parlement, Conseil, lobbys), peut, un jour, avoir accès à une information privilégiée.Des good stories, on en trouve déjà dans les médias européens : il y avait un bon moyen de s’en rendre compte grâce à la revue de presse quotidienne diffusée par la Commission. Mais elle a été supprimée en 2014, au grand regret des journalistes.Evidemment, l’anglais, une des deux langues officielles de l’Union, avec le français, et qui prend de plus en plus le pas sur la langue de Molière, donnera un avantage indéniable à Politico Europe. Mais le challenge reste conséquent. « Il faut qu’on soit à la hauteur », glisse une des recrues du journal. Lui et ses collègues ont compris qu’il va falloir trouver vite leur place sur la photo. Ils s’y emploient déjà : Ryan Heath, en charge du Politico Brussels Playbook (et ex-porte-parole de la commissaire Neelie Kroes), fut un des premiers à poser des questions à Margrethe Vestager, mercredi 15 avril, quand elle a annoncé lancer les hostilités contre Google. Il a toutefois été devancé par le… Wall Street Journal.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.04.2015 à 12h57 Publiés, supprimés, puis republiés. Voilà l'inhabituel va-et-vient qu'ont subi ces derniers jours deux « posts » du site américain Buzzfeed, en plein questionnement sur l'identité éditoriale de la publication.Le premier article incriminé, qui critiquait avec virulence une publicité pour les savons Dove, a été discrètement supprimé jeudi 9 avril et remplacé par la mention « Nous avons retiré ce post car il n'est pas en ligne avec le ton de BuzzFeed Life », sans plus de précisions.Une décision qui a intrigué le site Gawker, qui s'est souvenu que la charte éditoriale et éthique de Buzzfeed interdisait de supprimer des « posts éditoriaux [...] pour des raisons liées à leur contenu, ou parce qu'un sujet ou une partie prenante l'a demandé ».En outre, Gawker n'a pas manqué de souligner que la marque Dove et sa maison mère, Unilever, s'étaient offert de nombreux espaces publicitaires sur Buzzfeed, y compris sous la forme de « native advertising », c'est-à-dire de publirédactionnel dont la forme est très proche de celle des articles du site.Pas d'opinions personnellesLe lendemain, Gawker a remué le couteau dans la plaie, démontrant comment Buzzfeed avait tout mis en œuvre pour faire disparaître un article critique sur le Monopoly, quelques semaines après avoir annoncé un grand partenariat publicitaire avec son fabricant, Hasbro, pour les 80 ans du célèbre jeu de société.Pour Gawker, la pression des annonceurs pourrait donc ne pas être étrangère au retrait de deux articles, d'autant qu'une ancienne employée de Buzzfeed avait fait état d'une histoire similaire en 2013, après avoir été remerciée. Un de ses articles sur les déodorants Axe avait été supprimé un mois après sa publication sur la demande d'Unilever, le propriétaire de la marque.La polémique prenant de l'ampleur, le rédacteur en chef de Buzzfeed, Ben Smith, a décidé de republier les deux articles en question, et de jouer la transparence en diffusant sur Twitter le courriel d'explication qu'il avait adressé à la rédaction. Il dément catégoriquement avoir cédé à des pressions publicitaires et explique avoir agi « impulsivement » en retirant ces deux articles, jugeant que les articles faisant état d'opinions personnelles des rédacteurs n'avaient pas leur place dans la ligne éditoriale du site..@iam486 & @emofly sent this to staff earlier today about why we changed a post: We are trying not to do hot takes http://t.co/bgVdxOR3Uh— Ben Smith (@BuzzFeedBen)require(["twitter/widgets"]);Cette nouvelle polémique survient quelques mois après la suppression brutale de près cinq mille anciens articles de Buzzfeed jugés non conformes aux « standards éditoriaux » actuels du site, notamment pour des problèmes de plagiat.Lire également : Buzzfeed en français : « Une part de notre contenu est global » Alexandre Piquard « Il est assez scandaleux qu’on puisse faire autant de bénéfice sur une ressource publique. » La sentence prononcée par la députée PS Martine Martinel, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, mercredi 8 avril, résume assez bien les critiques déclenchées par le rachat de Numéro23. Certains reprochent aux actionnaires de cette chaîne de la TNT, parmi lequels Pascal Houzelot (membre du Conseil de surveillance du Monde) de l’avoir revendue pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, le 2 avril. Soit deux ans et huit mois après s’être vu attribuer – gratuitement – une fréquence par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire aussi : TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa députée de Haute-Garonne n’a pas été la seule élue à interpeller le président du CSA Olivier Schrameck, lors de son audition par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Outre Christian Kert, de l’UMP, le socialiste Marcel Rogemont s’est interrogé sur une politique d’attribution de fréquences qui « priorise soi-disant les nouveaux entrants » dans le secteur audiovisuel mais permet « des plus-values sur le bien public ». Il a constaté à regret que la vente de Numéro23 respectait parfaitement les règles en vigueur : les deux ans et demi de délai minimum de détention d’une chaîne avant sa cession, mais aussi la taxe de 5 % sur les plus-values liées à des chaînes de la TNT, instaurée en 2013.« Faut-il revoir les règles ? », a demandé M. Rogemont à M. Schrameck. Puis le député à fait à Numéro23 un autre grief : cette chaîne s’est présentée au CSA comme un canal consacré à la « diversité » mais aurait en fait une ligne éditoriale assez large, voire opportuniste : sa grille de programmes intègre plusieurs émissions américaines de divertissement, comme un concours de tatoueurs. Ou une émission sur les phénomènes paranormaux.Indignation« Ces largesses éditoriales interrogent », a lancé M. Rogemont. Comme Rachid Arhab, ex-membre du CSA, il sous-entend que la chaîne ne respecte pas la promesse éditoriale qui lui a permis de remporter l’appel d’offres pour une des six nouvelles chaînes de la TNT lancées fin 2012. A l’époque, la chaîne avait toutefois défendu une conception large de la diversité : diversité des origines, des modèles familiaux, parité, cultures du monde ou handicaps, listait Le Figaro. Et le CSA a depuis jugé que Numéro23 avait en 2013 respecté les obligations relatives à sa ligne éditoriale.L’indignation soulevée par la revente de Numéro23, dont le premier actionnaire est Pascal Houzelot – ancien conseiller d’Etienne Mougeotte à TF1, ancien dirigeant de la chaîne PinkTV – n’est pas nouvelle. Une polémique similaire avait accompagné les ventes de TMC et NT1 par le groupe AB à TF1, ou de D8 et D17 par le groupe Bolloré à Canal+.« Si j’avais voulu faire une opération avec un groupe plus puissant, je l’aurais fait avant. Je continue sur ma logique d’entrepreneur », a réagi dans Les Echos M. Houzelot, « professionnel des médias depuis vingt-cinq ans ». Une manière de dire que contrairement aux autres revendeurs, il respectait l’esprit des pouvoirs publics, soucieux avec la TNT d’ouvrir l’audiovisuel à d’autres acteurs que les grands groupes.M. Houzelot a vendu Numéro 23 (0,7 % de part d’audience en mars 2015) pour 50 millions d’euros en « cash » et 40 millions d’obligations convertibles en capital de NextRadioTV, dont il deviendra membre du conseil d’administration. Propriétaire de BFMTV ou RMC, le groupe d’Alain Weill est considéré comme le plus gros des indépendants de la télévision, ou le plus petit des grands groupes.Vers une taxation plus forte ?Face à la mini-fronde des députés sur Numéro 23, M. Schrameck a rappelé qu’avant de valider par une décision motivée la revente de la chaîne, il ferait une « étude d’impact » économique. Il serait toutefois surprenant que celle-ci empêche la transaction. Sur la « question de fond » des fréquences gratuites générant des plus-values, le président du CSA a estimé que la limitation de la taxation à 5 % sur le produit de la vente est « une question substantielle ». En langage du CSA, cela veut dire que l’on pourrait taxer davantage, ce qui est du ressort des parlementaires et du gouvernement.Qu’en pense Fleur Pellerin, la ministre de la culture ? C’est la question qu’a posée la sénatrice UMP Catherine Morin-Desailly lors des questions au gouvernement du jeudi 9 avril. « Comment prévenir la poursuite de ces actions spéculatives ? », a demandé l’élue, suggérant de doubler le délai minimum de détention d’une chaîne à cinq ans, par exemple « le projet de loi sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ».La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a pris plaisir à rappeler qu’à l’époque du vote de la taxe sur les reventes de chaînes de la TNT, la majorité socialiste « aurait aimé avoir le soutien de la droite ». Avant de toutefois tomber d’accord avec l’élue UMP : « Je partage avec vous l’objectif que vous avez indiqué et sur la proposition que vous avez faite de l’extension des durées de détention, je dis : pourquoi pas. » Suite au prochain numéro.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.04.2015 à 11h31 • Mis à jour le10.04.2015 à 11h32 | Jean-Baptiste Jacquin C’est sur la scène de l’Olympia que va se jouer, vendredi 17 avril, l’épilogue d’une belle bataille. Le spectacle et le suspense promettent d’être au rendez-vous. En tête d’affiche, dans le rôle du hussard, Vincent Bolloré. Contrairement au roman d’aventures de Jean Giono, il n’est pas sur le toit, mais déjà dans la maison.Vivendi a donc choisi cette salle de spectacle emblématique de la capitale pour réunir l’assemblée générale annuelle de ses actionnaires. N’y voyons pas malice. A l’approche du dénouement, l’intrigue se concentre sur la question de l’instauration d’un droit de vote double. Cette disposition permet d’attacher deux droits de vote à chaque action détenue depuis deux ans par un actionnaire inscrit au nominatif.Le débat sur ce mécanisme est ancien. C’est une atteinte au sacro-saint principe de la démocratie actionnariale selon lequel tous les actionnaires sont égaux, plaident les uns. C’est le moyen de privilégier les actionnaires qui choisissent d’accompagner un projet d’entreprise dans la durée, assurent les autres.Les fonds d’investissements et les fonds de pension, qui sont pourtant des investisseurs à très long terme, sont généralement opposés à un mécanisme dans lequel ils voient un moyen de protéger les dirigeants en place. Or, une société qui a une mauvaise gouvernance est moins bien valorisée en Bourse. Et ça, ils n’aiment pas. C’est pour ne pas les fâcher que la plupart des sociétés du CAC 40 concernées par la loi Florange généralisant les droits de vote doubles préfèrent soumettre cette année à leurs actionnaires une résolution maintenant le droit de vote simple.Prime de contrôleM. Bolloré, qui a pris le pouvoir chez Vivendi avec 5 % du capital, trouve au contraire dans cette exception démocratique le moyen garder les mains libres pour investir les 10 ou 15 milliards d’euros que le groupe va avoir en caisses. Alors que certains fonds, emmenés par Phitrust et soutenus par la société de conseil aux actionnaires Proxinvest, ont déposé une résolution pour que l’AG du 17 avril maintienne le principe « une action, une voix », l’industriel breton s’est mis à racheter massivement des actions du groupe.En un mois, c’est 9 % du capital du propriétaire de Canal+ et d’Universal Music qu’il a acquis pour porter sa participation à 14,5 %. Il a même contracté un emprunt sur deux ans pour financer une partie de cette offensive éclair. L’enjeu est d’empêcher qu’à l’Olympia cette résolution scélérate ne l’emporte. Gagner cette bataille justifie d’importants sacrifices financiers. Tout comme l’Etat qui a mis, temporairement dit-il, un milliard d’euros sur la table pour s’assurer du maintien de ce privilège chez Renault.Le droit de vote double a donc bien une valeur. C’est le prix du pouvoir, sans avoir à payer la prime de contrôle.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.04.2015 à 10h36 • Mis à jour le09.04.2015 à 13h21 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Après avoir longtemps hésité, le gouvernement travaillait activement, jeudi 9 avril matin, à la mise en place d’une médiation à Radio France, selon nos informations. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, devait rencontrer le PDG Mathieu Gallet, jeudi dans la journée, pour en discuter des modalités. Car le contenu de cette « médiation », mais aussi les apparences, ont toute leur importance. De leur côté, les élus syndicaux de l’entreprise publique surveillaient le sujet alors qu’une nouvelle assemblée générale à 10 heures à la Maison de la radio a voté la reconduction de la grève jusqu’à vendredi.Cette mise en mouvement du gouvernement intervient au lendemain de l’échec d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, suspendu après que les élus syndicaux ont déclaré que « les fils du dialogue et de la confiance sont rompus ». Interrogée dans la foulée à l’Assemblée nationale, Fleur Pellerin, avait déclaré que « très rapidement, [elle ferait] connaître les décisions qu’[elle prendrait] pour renouer le dialogue social ».Selon nos informations, une réunion s’est tenue mercredi soir au ministère de la culture avec les élus syndicaux de Radio France, pour discuter des conditions de cette médiation. La première mission du médiateur ou de la médiatrice – aucun nom n’a encore été évoqué – serait de résoudre le conflit social qui paralyse l’entreprise et ses antennes depuis le 19 mars. Des négociations marathon pourraient donc reprendre, dans l’espoir d’aboutir en quelques jours.Quel périmètre pour une intervention externe ?Mais sa mission pourrait ne pas se limiter à sortir les discussions de l’ornière. « La médiation devra aussi animer un dialogue social durable sur le projet stratégique de Radio France, pour que ce projet soit précisé en concertation avec les salariés », souhaite un élu. L’horizon pourrait dès lors être la conclusion du contrat d’objectifs et de moyens 2015-2019, actuellement en discussion entre l’entreprise et l’Etat.Dans cette hypothèse, la médiation aurait donc un périmètre large, consistant à éteindre l’incendie social, mais aussi à reformuler les ambitions de Radio France et à confirmer les pistes envisagées pour son retour à l’équilibre budgétaire. Les syndicats avaient officiellement demandé une intervention extérieure, mardi, dans une lettre ouverte à Fleur Pellerin.S’agit-il d’une aide pour la direction, ou d’une mise sous tutelle ? Auditionné, mercredi, à l’Assemblée nationale, Mathieu Gallet avait lui-même évoqué la possibilité d’« une intervention extérieure pour retisser le dialogue social ». Quelques minutes plus tard, le PDG précisait en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement – l’expression utilisée par les syndicats –, mais peut-être à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.Une approche voisine de celle du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui a appelé mercredi « à la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui ».La prudence reste de miseA quel degré d’interventionnisme politique la ministre situe-t-elle son action ? La direction de Radio France va scruter les détails. Les apparences ont leur importance : une médiation annoncée conjointement par Fleur Pellerin et Mathieu Gallet n’aurait pas le même sens qu’une communication du ministère qui semblerait un rappel à l’ordre de la direction de Radio France.De même, un médiateur qui, par un apport méthodologique, faciliterait les négociations autour des sujets sociaux du projet (plan de départs volontaires, réforme des modes de production…), serait différent d’une personnalité qui s’immiscerait dans le contenu de la négociation.Mais le gouvernement marche sur des œufs. Le ministère ne peut pas rester passif devant une situation de blocage d’une entreprise dont il a la tutelle, mais il ne veut surtout pas apparaître comme intervenant dans sa gestion. Cela l’obligerait à porter davantage, politiquement, le poids des probables suppressions de postes. Et cela offrirait un boulevard à l’opposition pour dénoncer une indépendance de l’audiovisuel public en trompe-l’œil et créer une pression politique forte au moment où le CSA doit désigner le nouveau PDG de France Télévisions, d’ici le 22 mai.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Dans les tuyaux depuis des mois, le projet de YouTube de lancer un service par abonnement sans publicité prend forme. La plateforme vidéo de Google a pris contact avec des partenaires producteurs de vidéos pour leur annoncer ce nouveau mode de diffusion de vidéos, qui passera par un abonnement mensuel et vise à permettre aux internautes de mieux adapter leur utilisation de YouTube à leurs besoins.Business Insider figure, par exemple, parmi les partenaires contactés et publie sur son site le courrier envoyé par les équipes de YouTube. Ni la date du lancement de ce service, ni le prix des abonnements n’ont été précisés aux producteurs de vidéos, auxquels il a été expliqué qu’il s’agissait là d’une nouvelle façon de monétiser leurs œuvres.YouTube, à l’origine un simple site d’échange de vidéos amateurs, repose principalement aujourd’hui sur la diffusion gratuite de vidéos, financée par des publicités sur le site.1,2 milliard de dollarsCette version payante de YouTube permettra donc à ceux qui opteront pour cet abonnement de ne plus être exposés aux annonces publicitaires. Cette offre place égalememt YouTube comme un concurrent potentiel d’autres services vidéos payants fonctionnant sur abonnement, comme Netflix par exemple.YouTube a déjà lancé, en 2014, une offre payante sans publicité pour les vidéos musicales et avait testé une offre payante, en 2013, qui permettait aux inscrits d’accéder à 29 chaînes YouTube, dont celles de Sesame Street (série télévisée éducative franco-britannique), UFC (organisation américaine de sport de combat) et National Geographic (média avec pour thèmes l’histoire et la géographie, notamment). L’abonnement coûtait 99 cents par mois.En 2014, YouTube a engrangé 1,2 milliard de dollars de revenus publicitaires et compte un milliard de visiteurs par mois.Lire aussi :Youtube : 10 ans de vie et de vidéosAnne EvenoJournaliste au Monde 09.04.2015 à 07h08 • Mis à jour le09.04.2015 à 12h06 Tout est bien qui finit bien. Après deux semaines passées à s’invectiver publiquement, Vivendi et le fonds activiste américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) ont finalement trouvé un terrain d’entente mercredi 8 avril : d’ici à 2017, le géant des médias va verser 6,75 milliards d’euros à ses actionnaires, soit un milliard d’euros de plus que prévu initialement. De plus, cette distribution se fera intégralement sous forme de dividendes, à raison de 5 euros par action en plusieurs étapes, alors que 2,7 milliards d’euros devaient à l’origine être versés sous forme de rachat d’actions.Moindres marges de manœuvre« Avec ces distributions, nous avons souhaité trouver un consensus avec certains de nos actionnaires minoritaires, même s’il en résulte de moindres marges de manœuvre pour Vivendi dans son ambition stratégique de construire un grand groupe de médias et de contenus », a justifié Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi, dans un communiqué. Le groupe a néanmoins de quoi voir venir : il devrait disposer d’une trésorerie de près de 15 milliards d’euros après la clôture des opérations de cession de SFR et de l’opérateur brésilien GVT, attendue cet automne.Lire aussi :Vivendi : le renard, les loups et le magotDe son côté, le fonds activiste américain, qui affirme représenter 0,8 % du capital de Vivendi, s’est réjoui du « dialogue constructif » engagé avec le géant tricolore et affirme que ces distributions « sont compatibles avec une stratégie de développement ambitieuse de Vivendi, que ce soit dans le cadre d’une croissance organique ou dans le cadre d’acquisitions ». En échange de cette rallonge, le fonds américain a retiré les projets de résolution qu’il avait inscrits à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril, qui réclamaient le versement de 9 milliards d’euros de dividendes.Détail important : PSAM s’engage également à soutenir Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, dans sa volonté de voir le géant des médias adopter le système des droits de vote doubles prévu par la loi Florange. Ce dispositif décrié par les sociétés de conseil aux investisseurs doit permettre au milliardaire breton d’asseoir son emprise sur le conglomérat, dont il détient 12,01 % du capital, sans bourse délier.Néanmoins, PSAM n’entend pas lui laisser carte blanche. Le fonds a obtenu que, si aucune acquisition d’envergure n’est annoncée dans les deux ans, « Vivendi étudiera la possibilité de proposer des distributions complémentaires » à ses actionnaires. Comprenez : la balle est dans le camp de M. Bolloré... Lire aussi :Vivendi veut développer des contenus exclusifs pour Dailymotion 08.04.2015 à 15h27 • Mis à jour le09.04.2015 à 07h33 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Après vingt et un jours de grève, le dialogue n’a pas repris à Radio France entre la direction et les salariés. Le comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, organisé mercredi 8 avril, a été suspendu peu après son ouverture, et les salariés ont voté ensuite la poursuite de la grève jusqu’à jeudi.Lire aussi :A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseComité d’entreprise avortéCette réunion, lors de laquelle le PDG, Mathieu Gallet, devait formellement présenter son projet pour l’entreprise, s’est ouverte par une déclaration conjointe des élus CFDT, CGT, SNFORT, SUD et UNSA. Ils reprochent à Mathieu Gallet et à la direction d’avoir « parié sur le pourrissement du conflit ». « En réponse à cela, il y a la dignité du combat des salariés et les valeurs qu’ils portent. Cette détermination en dit long quant à leur attachement aux valeurs du service public », saluent les élus syndicaux. Concernant le projet présenté par Mathieu Gallet, « il est lourd de périls graves pour l’avenir de Radio France », souligne le communiqué. Déclaration Cce Extra Radio France 8.4.2015Suite à cette déclaration, plusieurs élus ont quitté la salle et le CCE a été suspendu, laissant la situation dans l’impasse. La direction a déploré cette suspension, « convaincue que la présentation du projet stratégique était de nature à éclairer les élus, et à travers eux les personnels, sur les choix stratégiques engageant l’avenir de Radio France ».La ministre intervient, le CSA veut une « résolution des conflits »Interrogée à l’Assemblée nationale sur cette impasse, mercredi après-midi, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a annoncé qu’elle « recevrait les parties prenantes très prochainement ».#RadioFrance - @FleurPellerin "Très rapidement, je ferai connaître les décisions que je prendrai pour renouer le dialogue social" #QAG— LCP (@LCPan) April 8, 2015De son côté, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), assez discret depuis le début du conflit, a publié un communiqué : il « appelle à la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui ». Un appel à la mise en place d’une « médiation », réclamée par les syndicats comme préalable à la levée de la grève. Plus tôt, Mathieu Gallet avait envisagé « une intervention extérieure pour retisser le dialogue social », en audition à la commission culturelle de l’Assemblée nationale. Toutefois, il a ensuite précisé en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement (l’expression utilisée par les syndicats) peut-être davantage à un recours à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.La « politique de la chaise vide » critiquéeMercredi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a dénoncé l’attitude des autres syndicats. « La tenue, ce mercredi, d’un comité central d’entreprise extraordinaire était l’occasion d’obtenir du PDG des précisions essentielles sur son projet de plan de départs volontaires, écrit le SNJ. (…) Mais à l’obtention de réponses, les syndicats grévistes ont préféré quitter la salle. La politique de la chaise vide, au risque de foncer dans le mur. »« Depuis le début, le SNJ n’est pas vraiment dans le mouvement de grève qui est mené par l’intersyndicale », relativise un journaliste syndiqué. Gréviste, celui-ci reconnaît que lors de l’assemblée générale de mercredi, il y a eu un débat sur l’opportunité d’assister ou non au CCE. « Plus largement, les gens sont partagés, explique ce journaliste qui s’est abstenu lors du vote, vendredi, de la motion de défiance contre Mathieu Gallet. La défiance envers le président de Radio France affaiblit-elle l’entreprise ou pousse-t-elle le gouvernement à enfin prendre la main en nommant un médiateur ? Avec un navire sans pilote, la situation serait-elle pire qu’aujourd’hui ? C’est une vraie ligne de fracture. Les gens sont un peu perdus. » Communiqué du SNJAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est un Mathieu Gallet combatif qui s’est présenté, mercredi 8 avril, devant les députés de la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Hasard du calendrier, cette audition était prévue juste avant la présentation formelle du projet stratégique du président de Radio France devant le comité central d’entreprise (CCE).Invité par le président de cette commission, Patrick Bloche, à « fendre l’armure », M. Gallet a profité de l’occasion pour détailler ce projet, mais aussi s’exprimer plus largement sur la crise que traverse l’entreprise publique depuis trois semaines. Il a enlevé les lunettes qu’il portait pendant que les députés lui ont posé une trentaine de questions. Et quitté la moue perplexe qu’il affichait parfois pendant cette très longue série d’interpellations.Lire aussi :Radio France : un projet stratégique sans surpriseMathieu Gallet arrive à l'Assemblee nationale pic.twitter.com/PGmQQyPgkS— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Dans sa réponse, M. Gallet s’est animé et a réaffirmé ses « convictions » sur la réforme de Radio France, alors que l’audition était diffusée en direct devant l’assemblée générale des grévistes, à la Maison de la radio,#Radiofrance Gallet: "radio France est au bout de son modèle économique passé."— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015A #RadioFrance, les salariés en AG écoutent (quasi) religieusement l'audition de #Gallet à l'Assemblée pic.twitter.com/PqHZ1ibFHT— Rémi Banet (@RemiBanet) 8 Avril 2015Il a également opéré un mea culpa sur sa méthode et son style :#Radiofrance Gallet: "mon erreur a été d'intégrer très tôt les contraintes budgétaires"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: "on a peut être pas assez partagé le projet avec les salariés"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: évoque sa "personnalité": "oui je ne suis pas très expansif. Mais pas malpoli non plus. Le fond, ce n'est pas moi"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Sans oublier de pointer le rôle de l’Etat dans la situation budgétaire délicate de Radio France :#Radiofrance Gallet: "la redevance a augmenté depuis 2012, rien n'est allé à Radio France"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Il s’est posé en protecteur de l’entreprise, mise en cause la semaine dernière dans un sévère rapport de la Cour des comptes :"C'est pas la @Courdescomptes qui va faire la stratégie de @radiofrance " dit @mathieu_gallet #DirectAN— Alexis Delcambre (@alexisdelcambre) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: "je ne porterai pas de plan de départs contraints à radio fŕance"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Alors que Le Canard enchaîné a de nouveau mis en cause M. Gallet, mercredi 8 avril, cette fois sur les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2014, le PDG a maintenu sa thèse d’une campagne orchestrée contre lui :#Radiofrance Gallet: "le canard canarde... Je veux bien avoir le dos large mais on me salit."— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Sur les affirmations de l’hebdomadaire liée à son passage à l’INA, Mathieu Gallet a affirmé qu’un des contrats (attribué à l'agence EuroRSCG) avait été signé avant son arrivée. « Le Canard devait avoir de bonnes sources pour ne pas vérifier », a-t-il ironisé. « Le Canard ajoute des contrats de conseil qui n’ont rien à voir. On a l’impression que j’ai dépensé un million d’euros de 'hair et makeup'... On a parfois besoin de consultants, de personnes extérieures dans une entreprise ! », a-t-il plaidé, défendant son bilan à l'INA.Alors que les syndicats réclament une « médiation » pour reprendre les négociations avec lui, Mathieu Gallet ne s’est pas montré fermé à cette idée :#Radiofrance Gallet: "peut être qu'on aura besoin d'une intervention extérieure pour retisser le dialogue social"— alexandre piquard (@apiquard) April 8, 2015Toutefois, après l’audition, il a précisé en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement, peut-être davantage à un recours à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.A la fin de l’audition, le plus dur restait toutefois à venir pour M. Gallet, qui devait rencontrer les syndicats à 14 heures lors d’un CCE extraordinaire :"Je ne lâcherai rien" conclut @mathieu_gallet qq minutes après que la @CGT_RadioFrance a publié un communiqué "Ne rien lâcher" #frontal— Alexis Delcambre (@alexisdelcambre) 8 Avril 2015Après sa prise de parole, Mathieu Gallet a été félicité par certains députés : « Sois comme tu es », lui a lancé l’UMP Michel Herbillon, estimant qu’il avait « enfin fendu l’armure ». « Il faut que je me fasse violence », a souri Mathieu Gallet, jouant de son personnage réputé peu expansif. « Il a joué cartes sur table », a estimé l’UMP Franck Riester, estimant que M. Gallet, « s’il se lâche comme cela avec les salariés », a des chances de « reprendre la main ».Las, la députée PS de Paris Annick Lepetit a été elle plus déçue : « Il n’a rien dit... ». « On le sent blessé et il a répondu sur le fait que son ’moi’ était inattaquable. Mais l’important, ce sont ses actions », a regretté le député Michel Françaix, qui siège au conseil d’administration de Radio France. Ce dernier a souligné que l’Etat avait consenti un effort financier en promettant une dotation (de 80 millions d’euros selon lui). Ne resterait donc plus qu’à aider M. Gallet pour le dialogue social, pense le député, selon lequel il semble difficile d’éviter le recours à un intermédiaire extérieur.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Déçus de la médiation de Dominique-Jean Chertier, qui ne leur a pas permis d’obtenir gain de cause sur leurs revendications centrales – le maintien de l’emploi et le refus de la syndication de contenus entre les locales du réseau France Bleu – les grévistes de Radio France ont voté, lundi 13 avril, la poursuite de leur action, après 26 jours de mobilisation. Nommé jeudi par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, M. Chertier avait pourtant quitté la Maison de la radio, dimanche soir, en estimant sa mission achevée.Mais le texte laissé par le médiateur a été jugé très insuffisant par rapport aux revendications des grévistes. « Si le médiateur nous a écoutés, il ne nous a pas entendus », résumait Aline Pailler, productrice à France Culture. Notamment pour le « réseau Bleu », où le principe de syndication de contenus entre les différentes locales de France Bleu n’était pas écarté. Les « Bleus » pouvaient-ils sortir du conflit sans avoir rien gagné ? « Que Paris ne nous abandonne pas ! », demandait lundi un journaliste venu de Perpignan (Pyrénées-Orientales).« Amertume »D’autres parlaient d’« amertume », tandis que les délégués syndicaux multipliaient les métaphores pour expliquer que chaque option stratégique, désormais, comportait des « risques ». Néanmoins, ils étaient peu à oser parler, lundi matin, d’un arrêt du mouvement, face à une salle parfois radicale, où certains continuaient de réclamer le départ des dirigeants de l’entreprise.Lire aussi :A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseLe médiateur – et à travers lui, le gouvernement – avait laissé aux grévistes un marché entre les mains - qualifié par plusieurs d’« ultimatum » ou de « chantage ». En échange de la levée des préavis de grève, le médiateur s’engageait à être présent lors des trois prochains mois pour accompagner la préparation du contrat d’objectifs et de moyens (COM), où la stratégie de Radio France pour les cinq prochaines années sera consignée. Si les syndicats maintenaient leurs préavis, Dominique-Jean Chertier ne revenait pas.« Dilemme »Face à ce « dilemme », quatre syndicats appelant à la grève (CFDT, CGT, SNFORT, SUD) ont opté pour une voie médiane : appeler à prolonger la grève, mais écrire à Fleur Pellerin pour demander le retour du médiateur, afin que des négociations puissent reprendre. Leur sentiment est en effet que M. Chertier, parti avant qu’un accord ne soit conclu, n’est pas allé au bout de sa mission. Un autre syndicat, l’UNSA, a lui appelé - pour la première fois - à la reprise du travail, estimant que le médiateur ne reviendrait pas et qu’il fallait désormais se projeter dans la discussion autour du COM.Cette hésitation sur la stratégie - qui a fait l’objet de longues heures de discussion, lundi, dans le Studio 105 de la Maison de la radio - procède aussi d’un constat de « léger affaiblissement » du mouvement, comme l’a reconnu Lionel Thompson, de la CGT. De fait, les antennes nationales sont moins perturbées et seules quelques locales étaient à l’arrêt, lundi. Selon la direction, le taux de participation au conflit a baissé à 4,10 %, soit 119 grévistes répertoriés lundi. Mais ces chiffres restent contestés par les syndicats.Lundi matin, à l’ouverture de l’assemblée générale, on parlait presque au passé, quand il a été question des « archives », ou comment « garder trace de ce mouvement magnifique ». Finalement, le mouvement a été reconduit, mais douze personnes ont voté contre et 26 se sont abstenues.Lire aussi :Radio Clash Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.04.2015 à 22h23 • Mis à jour le13.04.2015 à 12h28 L'assemblée générale des personnels de Radio France, réunie lundi 13 avril à partir de 10 heures pour décider de la poursuite ou non du mouvement de grève, s'est interrompue vers midi et devrait reprendre à 15 heures pour le vote, selon l'Agence France-Presse.Depuis vingt-six jours, les antennes sont perturrbées par le conflit social, le plus grave qu'ait traversé le groupe. Après la remise dimanche soir du rapport du médiateur nommé par Fleur Pellerin, les syndicats, « amers », déploraient toujours des « points de blocage ». La ministre de la culture s'est, elle, voulue confiante, en estimant que le texte ouvrait « la voie d'un compromis permettant une sortie du conflit ».Dimanche, Dominique-Jean Chertier, le médiateur chargé de dénouer la crise sociale à Radio France, a quitté la Maison de la radio dans la soirée, après avoir remis son texte à la direction et aux syndicats. « Sans attendre leur réponse », a-t-il précisé. Ces propositions sont l'aboutissement de discussions menées depuis vendredi avec les deux parties.Lire l'entretien : Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio France« Peu de garanties » sur l'emploiLes syndicats sont apparus un peu surpris et globalement déçus par l'issue de ces négociations et la teneur du document de trois pages remis par le médiateur. « On a l'impression que le médiateur n'a pas servi à grand-chose », a estimé Guillaume Baldy, de l'Union nationale des syndicats autonomes. « Nous allons soumettre en assemblée générale et à nos adhérents le texte, qui comporte des points de blocage », a-t-il ajouté, regrettant par exemple que la mutualisation des programmes des stations locales de France Bleu, contestée par les syndicats, « reste possible ».Les syndicats s'opposent à plusieurs mesures du plan stratégique du président de l'entreprise publique, Mathieu Gallet, qui prévoit notamment une « réduction nette d'effectifs, de 250 à 330 équivalents temps plein », avec 300 à 380 départs volontaires.Lire nos explications : A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éternisePour Jean-Paul Quennesson, délégué du syndicat Solidaires, unitaires, démocratiques, ce document donne « peu de garanties » sur la question de l'emploi. « A ce stade, on émet beaucoup de réserves », a-t-il convenu, reconnaissant que cette médiation avait permis des avancées, notamment en donnant la parole aux syndicats.« Thérapie de groupe »« On a une impression amère », a commenté Jean-Eric Ziolkowski, de la Confédération française démocratique du travail, pour qui ces trois jours de discussions avec le médiateur se sont apparentés à une « thérapie de groupe ».Le recours à un médiateur avait été posé comme préalable par les syndicats de Radio France à la reprise des discussions avec la direction et préconisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui avait nommé Mathieu Gallet à la tête de la radio au début de l'année dernière. 11.04.2015 à 12h57 Publiés, supprimés, puis republiés. Voilà l'inhabituel va-et-vient qu'ont subi ces derniers jours deux « posts » du site américain Buzzfeed, en plein questionnement sur l'identité éditoriale de la publication.Le premier article incriminé, qui critiquait avec virulence une publicité pour les savons Dove, a été discrètement supprimé jeudi 9 avril et remplacé par la mention « Nous avons retiré ce post car il n'est pas en ligne avec le ton de BuzzFeed Life », sans plus de précisions.Une décision qui a intrigué le site Gawker, qui s'est souvenu que la charte éditoriale et éthique de Buzzfeed interdisait de supprimer des « posts éditoriaux [...] pour des raisons liées à leur contenu, ou parce qu'un sujet ou une partie prenante l'a demandé ».En outre, Gawker n'a pas manqué de souligner que la marque Dove et sa maison mère, Unilever, s'étaient offert de nombreux espaces publicitaires sur Buzzfeed, y compris sous la forme de « native advertising », c'est-à-dire de publirédactionnel dont la forme est très proche de celle des articles du site.Pas d'opinions personnellesLe lendemain, Gawker a remué le couteau dans la plaie, démontrant comment Buzzfeed avait tout mis en œuvre pour faire disparaître un article critique sur le Monopoly, quelques semaines après avoir annoncé un grand partenariat publicitaire avec son fabricant, Hasbro, pour les 80 ans du célèbre jeu de société.Pour Gawker, la pression des annonceurs pourrait donc ne pas être étrangère au retrait de deux articles, d'autant qu'une ancienne employée de Buzzfeed avait fait état d'une histoire similaire en 2013, après avoir été remerciée. Un de ses articles sur les déodorants Axe avait été supprimé un mois après sa publication sur la demande d'Unilever, le propriétaire de la marque.La polémique prenant de l'ampleur, le rédacteur en chef de Buzzfeed, Ben Smith, a décidé de republier les deux articles en question, et de jouer la transparence en diffusant sur Twitter le courriel d'explication qu'il avait adressé à la rédaction. Il dément catégoriquement avoir cédé à des pressions publicitaires et explique avoir agi « impulsivement » en retirant ces deux articles, jugeant que les articles faisant état d'opinions personnelles des rédacteurs n'avaient pas leur place dans la ligne éditoriale du site..@iam486 & @emofly sent this to staff earlier today about why we changed a post: We are trying not to do hot takes http://t.co/bgVdxOR3Uh— Ben Smith (@BuzzFeedBen)require(["twitter/widgets"]);Cette nouvelle polémique survient quelques mois après la suppression brutale de près cinq mille anciens articles de Buzzfeed jugés non conformes aux « standards éditoriaux » actuels du site, notamment pour des problèmes de plagiat.Lire également : Buzzfeed en français : « Une part de notre contenu est global » Alexandre Piquard « Il est assez scandaleux qu’on puisse faire autant de bénéfice sur une ressource publique. » La sentence prononcée par la députée PS Martine Martinel, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, mercredi 8 avril, résume assez bien les critiques déclenchées par le rachat de Numéro23. Certains reprochent aux actionnaires de cette chaîne de la TNT, parmi lequels Pascal Houzelot (membre du Conseil de surveillance du Monde) de l’avoir revendue pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, le 2 avril. Soit deux ans et huit mois après s’être vu attribuer – gratuitement – une fréquence par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire aussi : TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa députée de Haute-Garonne n’a pas été la seule élue à interpeller le président du CSA Olivier Schrameck, lors de son audition par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Outre Christian Kert, de l’UMP, le socialiste Marcel Rogemont s’est interrogé sur une politique d’attribution de fréquences qui « priorise soi-disant les nouveaux entrants » dans le secteur audiovisuel mais permet « des plus-values sur le bien public ». Il a constaté à regret que la vente de Numéro23 respectait parfaitement les règles en vigueur : les deux ans et demi de délai minimum de détention d’une chaîne avant sa cession, mais aussi la taxe de 5 % sur les plus-values liées à des chaînes de la TNT, instaurée en 2013.« Faut-il revoir les règles ? », a demandé M. Rogemont à M. Schrameck. Puis le député à fait à Numéro23 un autre grief : cette chaîne s’est présentée au CSA comme un canal consacré à la « diversité » mais aurait en fait une ligne éditoriale assez large, voire opportuniste : sa grille de programmes intègre plusieurs émissions américaines de divertissement, comme un concours de tatoueurs. Ou une émission sur les phénomènes paranormaux.Indignation« Ces largesses éditoriales interrogent », a lancé M. Rogemont. Comme Rachid Arhab, ex-membre du CSA, il sous-entend que la chaîne ne respecte pas la promesse éditoriale qui lui a permis de remporter l’appel d’offres pour une des six nouvelles chaînes de la TNT lancées fin 2012. A l’époque, la chaîne avait toutefois défendu une conception large de la diversité : diversité des origines, des modèles familiaux, parité, cultures du monde ou handicaps, listait Le Figaro. Et le CSA a depuis jugé que Numéro23 avait en 2013 respecté les obligations relatives à sa ligne éditoriale.L’indignation soulevée par la revente de Numéro23, dont le premier actionnaire est Pascal Houzelot – ancien conseiller d’Etienne Mougeotte à TF1, ancien dirigeant de la chaîne PinkTV – n’est pas nouvelle. Une polémique similaire avait accompagné les ventes de TMC et NT1 par le groupe AB à TF1, ou de D8 et D17 par le groupe Bolloré à Canal+.« Si j’avais voulu faire une opération avec un groupe plus puissant, je l’aurais fait avant. Je continue sur ma logique d’entrepreneur », a réagi dans Les Echos M. Houzelot, « professionnel des médias depuis vingt-cinq ans ». Une manière de dire que contrairement aux autres revendeurs, il respectait l’esprit des pouvoirs publics, soucieux avec la TNT d’ouvrir l’audiovisuel à d’autres acteurs que les grands groupes.M. Houzelot a vendu Numéro 23 (0,7 % de part d’audience en mars 2015) pour 50 millions d’euros en « cash » et 40 millions d’obligations convertibles en capital de NextRadioTV, dont il deviendra membre du conseil d’administration. Propriétaire de BFMTV ou RMC, le groupe d’Alain Weill est considéré comme le plus gros des indépendants de la télévision, ou le plus petit des grands groupes.Vers une taxation plus forte ?Face à la mini-fronde des députés sur Numéro 23, M. Schrameck a rappelé qu’avant de valider par une décision motivée la revente de la chaîne, il ferait une « étude d’impact » économique. Il serait toutefois surprenant que celle-ci empêche la transaction. Sur la « question de fond » des fréquences gratuites générant des plus-values, le président du CSA a estimé que la limitation de la taxation à 5 % sur le produit de la vente est « une question substantielle ». En langage du CSA, cela veut dire que l’on pourrait taxer davantage, ce qui est du ressort des parlementaires et du gouvernement.Qu’en pense Fleur Pellerin, la ministre de la culture ? C’est la question qu’a posée la sénatrice UMP Catherine Morin-Desailly lors des questions au gouvernement du jeudi 9 avril. « Comment prévenir la poursuite de ces actions spéculatives ? », a demandé l’élue, suggérant de doubler le délai minimum de détention d’une chaîne à cinq ans, par exemple « le projet de loi sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ».La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a pris plaisir à rappeler qu’à l’époque du vote de la taxe sur les reventes de chaînes de la TNT, la majorité socialiste « aurait aimé avoir le soutien de la droite ». Avant de toutefois tomber d’accord avec l’élue UMP : « Je partage avec vous l’objectif que vous avez indiqué et sur la proposition que vous avez faite de l’extension des durées de détention, je dis : pourquoi pas. » Suite au prochain numéro.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.04.2015 à 11h31 • Mis à jour le10.04.2015 à 11h32 | Jean-Baptiste Jacquin C’est sur la scène de l’Olympia que va se jouer, vendredi 17 avril, l’épilogue d’une belle bataille. Le spectacle et le suspense promettent d’être au rendez-vous. En tête d’affiche, dans le rôle du hussard, Vincent Bolloré. Contrairement au roman d’aventures de Jean Giono, il n’est pas sur le toit, mais déjà dans la maison.Vivendi a donc choisi cette salle de spectacle emblématique de la capitale pour réunir l’assemblée générale annuelle de ses actionnaires. N’y voyons pas malice. A l’approche du dénouement, l’intrigue se concentre sur la question de l’instauration d’un droit de vote double. Cette disposition permet d’attacher deux droits de vote à chaque action détenue depuis deux ans par un actionnaire inscrit au nominatif.Le débat sur ce mécanisme est ancien. C’est une atteinte au sacro-saint principe de la démocratie actionnariale selon lequel tous les actionnaires sont égaux, plaident les uns. C’est le moyen de privilégier les actionnaires qui choisissent d’accompagner un projet d’entreprise dans la durée, assurent les autres.Les fonds d’investissements et les fonds de pension, qui sont pourtant des investisseurs à très long terme, sont généralement opposés à un mécanisme dans lequel ils voient un moyen de protéger les dirigeants en place. Or, une société qui a une mauvaise gouvernance est moins bien valorisée en Bourse. Et ça, ils n’aiment pas. C’est pour ne pas les fâcher que la plupart des sociétés du CAC 40 concernées par la loi Florange généralisant les droits de vote doubles préfèrent soumettre cette année à leurs actionnaires une résolution maintenant le droit de vote simple.Prime de contrôleM. Bolloré, qui a pris le pouvoir chez Vivendi avec 5 % du capital, trouve au contraire dans cette exception démocratique le moyen garder les mains libres pour investir les 10 ou 15 milliards d’euros que le groupe va avoir en caisses. Alors que certains fonds, emmenés par Phitrust et soutenus par la société de conseil aux actionnaires Proxinvest, ont déposé une résolution pour que l’AG du 17 avril maintienne le principe « une action, une voix », l’industriel breton s’est mis à racheter massivement des actions du groupe.En un mois, c’est 9 % du capital du propriétaire de Canal+ et d’Universal Music qu’il a acquis pour porter sa participation à 14,5 %. Il a même contracté un emprunt sur deux ans pour financer une partie de cette offensive éclair. L’enjeu est d’empêcher qu’à l’Olympia cette résolution scélérate ne l’emporte. Gagner cette bataille justifie d’importants sacrifices financiers. Tout comme l’Etat qui a mis, temporairement dit-il, un milliard d’euros sur la table pour s’assurer du maintien de ce privilège chez Renault.Le droit de vote double a donc bien une valeur. C’est le prix du pouvoir, sans avoir à payer la prime de contrôle.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.04.2015 à 10h36 • Mis à jour le09.04.2015 à 13h21 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Après avoir longtemps hésité, le gouvernement travaillait activement, jeudi 9 avril matin, à la mise en place d’une médiation à Radio France, selon nos informations. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, devait rencontrer le PDG Mathieu Gallet, jeudi dans la journée, pour en discuter des modalités. Car le contenu de cette « médiation », mais aussi les apparences, ont toute leur importance. De leur côté, les élus syndicaux de l’entreprise publique surveillaient le sujet alors qu’une nouvelle assemblée générale à 10 heures à la Maison de la radio a voté la reconduction de la grève jusqu’à vendredi.Cette mise en mouvement du gouvernement intervient au lendemain de l’échec d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, suspendu après que les élus syndicaux ont déclaré que « les fils du dialogue et de la confiance sont rompus ». Interrogée dans la foulée à l’Assemblée nationale, Fleur Pellerin, avait déclaré que « très rapidement, [elle ferait] connaître les décisions qu’[elle prendrait] pour renouer le dialogue social ».Selon nos informations, une réunion s’est tenue mercredi soir au ministère de la culture avec les élus syndicaux de Radio France, pour discuter des conditions de cette médiation. La première mission du médiateur ou de la médiatrice – aucun nom n’a encore été évoqué – serait de résoudre le conflit social qui paralyse l’entreprise et ses antennes depuis le 19 mars. Des négociations marathon pourraient donc reprendre, dans l’espoir d’aboutir en quelques jours.Quel périmètre pour une intervention externe ?Mais sa mission pourrait ne pas se limiter à sortir les discussions de l’ornière. « La médiation devra aussi animer un dialogue social durable sur le projet stratégique de Radio France, pour que ce projet soit précisé en concertation avec les salariés », souhaite un élu. L’horizon pourrait dès lors être la conclusion du contrat d’objectifs et de moyens 2015-2019, actuellement en discussion entre l’entreprise et l’Etat.Dans cette hypothèse, la médiation aurait donc un périmètre large, consistant à éteindre l’incendie social, mais aussi à reformuler les ambitions de Radio France et à confirmer les pistes envisagées pour son retour à l’équilibre budgétaire. Les syndicats avaient officiellement demandé une intervention extérieure, mardi, dans une lettre ouverte à Fleur Pellerin.S’agit-il d’une aide pour la direction, ou d’une mise sous tutelle ? Auditionné, mercredi, à l’Assemblée nationale, Mathieu Gallet avait lui-même évoqué la possibilité d’« une intervention extérieure pour retisser le dialogue social ». Quelques minutes plus tard, le PDG précisait en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement – l’expression utilisée par les syndicats –, mais peut-être à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.Une approche voisine de celle du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui a appelé mercredi « à la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui ».La prudence reste de miseA quel degré d’interventionnisme politique la ministre situe-t-elle son action ? La direction de Radio France va scruter les détails. Les apparences ont leur importance : une médiation annoncée conjointement par Fleur Pellerin et Mathieu Gallet n’aurait pas le même sens qu’une communication du ministère qui semblerait un rappel à l’ordre de la direction de Radio France.De même, un médiateur qui, par un apport méthodologique, faciliterait les négociations autour des sujets sociaux du projet (plan de départs volontaires, réforme des modes de production…), serait différent d’une personnalité qui s’immiscerait dans le contenu de la négociation.Mais le gouvernement marche sur des œufs. Le ministère ne peut pas rester passif devant une situation de blocage d’une entreprise dont il a la tutelle, mais il ne veut surtout pas apparaître comme intervenant dans sa gestion. Cela l’obligerait à porter davantage, politiquement, le poids des probables suppressions de postes. Et cela offrirait un boulevard à l’opposition pour dénoncer une indépendance de l’audiovisuel public en trompe-l’œil et créer une pression politique forte au moment où le CSA doit désigner le nouveau PDG de France Télévisions, d’ici le 22 mai.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Dans les tuyaux depuis des mois, le projet de YouTube de lancer un service par abonnement sans publicité prend forme. La plateforme vidéo de Google a pris contact avec des partenaires producteurs de vidéos pour leur annoncer ce nouveau mode de diffusion de vidéos, qui passera par un abonnement mensuel et vise à permettre aux internautes de mieux adapter leur utilisation de YouTube à leurs besoins.Business Insider figure, par exemple, parmi les partenaires contactés et publie sur son site le courrier envoyé par les équipes de YouTube. Ni la date du lancement de ce service, ni le prix des abonnements n’ont été précisés aux producteurs de vidéos, auxquels il a été expliqué qu’il s’agissait là d’une nouvelle façon de monétiser leurs œuvres.YouTube, à l’origine un simple site d’échange de vidéos amateurs, repose principalement aujourd’hui sur la diffusion gratuite de vidéos, financée par des publicités sur le site.1,2 milliard de dollarsCette version payante de YouTube permettra donc à ceux qui opteront pour cet abonnement de ne plus être exposés aux annonces publicitaires. Cette offre place égalememt YouTube comme un concurrent potentiel d’autres services vidéos payants fonctionnant sur abonnement, comme Netflix par exemple.YouTube a déjà lancé, en 2014, une offre payante sans publicité pour les vidéos musicales et avait testé une offre payante, en 2013, qui permettait aux inscrits d’accéder à 29 chaînes YouTube, dont celles de Sesame Street (série télévisée éducative franco-britannique), UFC (organisation américaine de sport de combat) et National Geographic (média avec pour thèmes l’histoire et la géographie, notamment). L’abonnement coûtait 99 cents par mois.En 2014, YouTube a engrangé 1,2 milliard de dollars de revenus publicitaires et compte un milliard de visiteurs par mois.Lire aussi :Youtube : 10 ans de vie et de vidéosAnne EvenoJournaliste au Monde 09.04.2015 à 07h08 • Mis à jour le09.04.2015 à 12h06 Tout est bien qui finit bien. Après deux semaines passées à s’invectiver publiquement, Vivendi et le fonds activiste américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) ont finalement trouvé un terrain d’entente mercredi 8 avril : d’ici à 2017, le géant des médias va verser 6,75 milliards d’euros à ses actionnaires, soit un milliard d’euros de plus que prévu initialement. De plus, cette distribution se fera intégralement sous forme de dividendes, à raison de 5 euros par action en plusieurs étapes, alors que 2,7 milliards d’euros devaient à l’origine être versés sous forme de rachat d’actions.Moindres marges de manœuvre« Avec ces distributions, nous avons souhaité trouver un consensus avec certains de nos actionnaires minoritaires, même s’il en résulte de moindres marges de manœuvre pour Vivendi dans son ambition stratégique de construire un grand groupe de médias et de contenus », a justifié Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi, dans un communiqué. Le groupe a néanmoins de quoi voir venir : il devrait disposer d’une trésorerie de près de 15 milliards d’euros après la clôture des opérations de cession de SFR et de l’opérateur brésilien GVT, attendue cet automne.Lire aussi :Vivendi : le renard, les loups et le magotDe son côté, le fonds activiste américain, qui affirme représenter 0,8 % du capital de Vivendi, s’est réjoui du « dialogue constructif » engagé avec le géant tricolore et affirme que ces distributions « sont compatibles avec une stratégie de développement ambitieuse de Vivendi, que ce soit dans le cadre d’une croissance organique ou dans le cadre d’acquisitions ». En échange de cette rallonge, le fonds américain a retiré les projets de résolution qu’il avait inscrits à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril, qui réclamaient le versement de 9 milliards d’euros de dividendes.Détail important : PSAM s’engage également à soutenir Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, dans sa volonté de voir le géant des médias adopter le système des droits de vote doubles prévu par la loi Florange. Ce dispositif décrié par les sociétés de conseil aux investisseurs doit permettre au milliardaire breton d’asseoir son emprise sur le conglomérat, dont il détient 12,01 % du capital, sans bourse délier.Néanmoins, PSAM n’entend pas lui laisser carte blanche. Le fonds a obtenu que, si aucune acquisition d’envergure n’est annoncée dans les deux ans, « Vivendi étudiera la possibilité de proposer des distributions complémentaires » à ses actionnaires. Comprenez : la balle est dans le camp de M. Bolloré... Lire aussi :Vivendi veut développer des contenus exclusifs pour Dailymotion Alexis Delcambre Les huit conseillers du CSA doivent tenter, jeudi 23 avril, de s’accorder sur le nom du futur président de France Télévisions. Celui-ci – ou celle-ci – doit recueillir une majorité d’au moins cinq voix, que les premiers tours de scrutin n’ont pas permis d’atteindre.Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote a attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique.Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’ont recueilli aucun vote. Les conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias.Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.« Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, réuni en assemblée plénière ce matin, a constaté un partage des voix entre deux candidats à l’issue de deux votes. Il a décidé d’auditionner cet après-midi les deux personnalités concernées », a fait savoir le CSA dans un communiqué.Cette situation inédite ne devrait pas manquer de susciter de nouvelles questions à l’égard d’une procédure de désignation qui a été remise en question pour sa dimension secrète.Lire aussi :« France Télévisions, le règne de l’opacité »Jeudi, dans un communiqué, la CFDT de France Télévisions a estimé que « la sélection des candidats en finale à de quoi étonner ». A la surprise générale, plusieurs candidats expérimentés comme Emmanuel Hoog, Didier Quillot ou Marie-Christine Saragosse avaient été écartés, jeudi 16 avril.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Après la grève à Radio France, c'est France Télévisions qui se retrouve dans l'actualité avec la nomination imminente de son nouveau président. A eux deux, ces groupes rassemblent les principales télévisions et radios publiques françaises. Mais d'autres existent, à l'instar de LCP, TV5 Monde, Public Sénat, RFI, France 24 ou MCD. Ces entreprises, qui font un peu moins parler d'elles, sont aussi financées par la redevance et le budget de l'Etat. Pris dans sa globalité, le service public de l'audiovisuel représente un quart des parts de marché de la radio et un tiers pour la télévision.  #container_1429693686856{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1429693686856{ height:250px; } #container_1429693686856 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1429693686856 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1429693686856 .subtitre{ display:block; }Part d'audience des radios publiques en France(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1429693686856", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "pie", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.mediametrie.fr/radio/communiques/l-audience-de-la-radio-en-france-sur-la-periode-janvier-mars-2015.php?id=1239", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Tour d'horizon complet de ses différentes composantes :France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5, Outre-Mer 1ère, France Ô)Radio France (France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, France Musique, Mouv', FIP)France Médias Monde (RFI, France 24, MCD)Les chaînes co-financées (TV5 Monde, Arte)Les chaînes parlementaires (LCP, Public Sénat)L'Institut national de l'audiovisuel (INA)France Télévisions France 2, France 3, France 4, France 5 mais aussi Outre-mer 1ère et France Ô. Ces chaînes font toutes parties de France Télévisions, le « premier groupe audiovisuel français », comme il se définit lui-même. Rémy Pflimlin, son président, a été nommé en 2009 par Nicolas Sarkozy. C'est le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), chargé aujourd'hui de la procédure de nomination, qui décidera s'il est remplacé ou reconduit dans ses fonctions en août.France Télévisions rassemble près de 30 % des téléspectateurs (Médiamétrie, mars 2015). Un chiffre porté par l'audience de France 2 (13,8 %), qui se veut la chaîne généraliste « de l'événement, du lien social et du vivre ensemble » et qui est la deuxième chaîne nationale derrière TF1 (21,9 %). France 3, « la chaîne de la proximité », pèse elle 9 % de part de marché grâce à des rendez-vous phares comme le feuilleton « Plus belle la vie », le « 19/20 » ou « Thalassa ».Loin derrière, France 5 rassemble 3,4 % des téléspectateurs avides de connaissances et de découvertes tandis que France 4 et France Ô peinent à intéresser les jeunes d'un côté (1,6 % de part de marché) et le public ultramarin de l'autre (0,6 %). Cela s'explique sans doute par la concurrence du réseau local Outre-mer 1ère, décliné dans les neufs territoires ultramarins, de la Guadeloupe à Wallis-et-Futuna.Le maintien de France 4 et France Ô a d'ailleurs été récemment questionné dans un pré-rapport du CSA obtenu par BFM Business. En novembre 2011, le texte, qui n'était qu'un « document préparatoire » selon le CSA, souhaitait notamment que France Télévisions repense au périmètre des chaînes publiques, parfois mal identifiées. Sont alors évoqués un « contrat de lecture peu lisible » pour France 4 et un « problème d'harmonisation » entre France 2 et France 3, alors que le premier diffuse parfois des programmes plus en phase avec la ligne éditoriale de France 3 (le magazine « Secret d'histoire », par exemple).Le rapport mettait également en avant le vieillissement de l'audience et la faible qualité de certains programmes tout en jugeant satisfaisant l'action de France Télévisions en termes de qualité d'information, de développement numérique et de soutien à la création. Radio France Difficile aussi de passer à côté de Radio France, touché récemment par un mois de grève et qui diffuse les sept radios publiques nationales. L'ensemble pèse pour un quart des audiences de la radio (24,1 % de part de marché) sur la période janvier-mars 2015. Le groupe est porté par la généraliste France Inter (9,8 %), suivie du cumul des audiences des locales de France Bleu (6,9 %), puis de France Info (3,3 %).Les autres stations sont plus confidentielles : France Culture est écoutée par 1,6 % des auditeurs et France Musique par 1,2 %. Cette dernière, une des priorités du PDG Mathieu Gallet avec France Info et le Mouv', a été dans le collimateur de la Cour des comptes, qui préconise une direction commune avec la direction de la musique du groupe. La juridiction financière de la rue Cambon veut également « statuer sur l'avenir » du Mouv', autrement dit poser la question de la suppression de la diffusion hertzienne de cette station destinée aux jeunes, qui ne rassemble que 0,5 % des auditeurs. Autre station peu écoutée, FIP, l'antenne dédiée aux musiques éclectiques. Et pour cause, l'ancienne « France Inter Paris » ne possède qu'une dizaine de fréquences en France, contre plus de 600 pour France Inter.France Médias Monde France Médias Monde est le troisième groupe public financé par la redevance. Si on connaît moins l'ex-AEF (Audiovisuel extérieur français), c'est sans doute car, selon son cahier des charges, ses programmes sont « destinés au public international ainsi qu'au public français résidant à l'étranger ». Le groupe, présidé par Marie-Christine Saragosse (et qui a été écartée de la short-list des candidats à la présidence de France TV), gère une chaîne d'information et deux radios : France 24, RFI et MCD (Monte Carlo Doualiya).France Médias Monde a été dans la tourmente ses dernières années. En 2008, la fusion juridique des trois entités au sein d'une même holding a entraîné une crise ouverte entre le président-directeur général, Alain de Pouzilhac, et la directrice générale déléguée, Christine Ockrent, mais également la suppression de 22 % des effectifs, due à deux plans de départs volontaires successifs. Un nouveau contrat d'objectif et de moyen doit être lancé pour 2016 afin de redéfinir la stratégie du groupe.Radio France international (RFI) n'est écoutée que par 0,1 % des auditeurs français selon Médiamétrie mais en réunit 34,5 millions dans le monde, dans 62 pays. L'Afrique, notamment francophone, constitue 80 % de l'audience de RFI, loin devant l'Amérique du Sud (10 %) et l'Europe (3 %). C'est pourquoi la radio a choisi d'avoir deux grilles distinctes aux heures de grande écoute : une « Afrique » et une « Monde ». La rédaction, qui se trouve à Paris, vise à « offrir les clefs de compréhension du monde », que ce soit en français ou dans l'une des 12 langues étrangères de la station (anglais, cambodgien, chinois, espagnol, haoussa, kiswahili, persan, portugais, brésilien, roumain, russe, vietnamien). RFI souhaite d'ailleurs renforcer le nombre de ses décrochages en langues africaines. Le succès de la station repose aussi sur ses émissions diffusées par 700 radios partenaires.MCD, pour Monte Carlo Doualiya, est une radio généraliste en langue arabe, principalement axée sur l'information et la culture. Selon un rapport parlementaire, MCD « s'adresse en priorité à des individus instruits. On lui reconnaît des qualités de fiabilité et d'expertise. [C'est] une station incontournable en temps de guerre (Liban, Syrie, Irak) ». La filiale de RFI est écoutée par 8 millions d'auditeurs dans le Proche et Moyen-Orient, une partie de l'Afrique (Djibouti, Mauritanie et Sud-Soudan) et dans une moindre mesure à Marseille. MCD tente aujourd'hui d'ouvrir de nouvelles fréquences : elle s'est notamment installée dans le sultanat d'Oman, en janvier. Elle envisage également un développement au Maghreb, où le marché de l'audiovisuel a été ouvert après les printemps arabes. Depuis 2013, la station a quitté la Maison de la radio en même temps que RFI afin de s'installer aux côtés de France 24 dans les locaux de France Médias Monde, à Issy-les-Moulineaux.France 24 a été créée en 2006 par France Télévisions et TF1, après plusieurs années de débats. Entièrement publique depuis 2008 (TF1 ayant revendu ses parts), elle offre une vision française de l'actualité internationale dans le monde entier (177 pays). France 24 est déclinée en trois canaux (français, anglais et arabe), avec une même ligne éditoriale, résumée par le slogan « Liberté, égalité, actualité ». Une réflexion est en cours pour une diffusion en espagnol. Si l'audience de la « CNN à la française » est difficile à mesurer, France 24 totalise près de 46 millions de téléspectateurs par semaine dans les 64 pays (sur 177) mesurés. En France, l'audience reste faible, la chaîne ne bénéficiant d'un canal sur la TNT que depuis septembre 2014, et uniquement en Ile-de-France.Les chaînes co-financéesLe service public a également des parts dans deux médias : d'abord Arte, co-financée par l'Allemagne, mais aussi TV5 Monde, dont la Belgique, la Suisse, le Canada et dans une moindre mesure l'Allemagne (via Arte) sont actionnaires. Dans les deux cas, la France y joue un rôle important.TV5 Monde Né en 1984, la discrète TV5 Monde a été propulsée au cœur de l'actualité début avril après avoir été victime d'une cyberattaque. Détenu majoritairement par France Télévisions depuis 2013 (à près de 49 %) mais encore un peu par France Médias Monde (13 %), le groupe présidé par Yves Bigot appartient aussi à des médias publics suisses, belges, canadiens ainsi qu'à Arte et à l'INA. Rien d'étonnant, puisque le rôle de TV5 Monde, qui a fêté ses 30 ans en 2014, est de diffuser la culture francophone dans le monde entier (198 pays), à travers des programmes qu'elle produit ou des rediffusions de divertissements, spectacles, jeux, fictions, documentaires... issues des chaînes qui la financent. TV5 Monde est déclinée en 10 chaînes, couvrant chacune une partie du monde (TV5 FBS - France Belgique Suisse, TV5 Europe, TV5 Afrique...).Si 260 millions de foyers ont accès à TV5 Monde, on estime à 55 millions le nombre de téléspectateurs hebdomadaires de la chaîne. Plus des deux tiers de son audience se fait en Afrique, contre un quart en Europe. En France, TV5 FBS n'est accessible que sur le câble et le satellite ou via Internet. Elle rassemble 4,2 millions de téléspectateurs hebdomadaires, en incluant les Belges et les Suisses.TV5 Monde dépend en grande partie de France Télévisions, mais a un budget propre de 110 millions, 76 millions venant de la France, le reste des autres pays actionnaires. Elle a été baladée plusieurs fois [.pdf] entre France Télévisions, qui lui fournit la plupart de ses programmes français, et France Médias Monde, puisque la chaîne s'adresse à un public étranger.Arte Arte, pour Association relative à la télévision européenne, est une chaîne de télévision fondée par l'Allemagne et la France en 1991. Symbole de l'amitié de deux pays, elle se veut la chaîne de la culture européenne, « la télé qui vous allume», comme le clame son slogan. Ainsi, près de la moitié de sa programmation est faite de documentaires. Sans publicité, 95 % de ses recettes proviennent des redevances audiovisuelles française et allemande.Arte est un groupement européen d'intérêt économique (GEIE) composé d'une partie allemande détenue à part égale par les deux chaînes publiques (l'ARD et la ZDF) et d'Arte France, qui dépend de France Télévisions à 45 %, mais aussi directement de l'Etat, de Radio France, de l'INA et plus étonnant, de Radio France (15 %).La chaîne est diffusée en France et en Allemagne mais aussi en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Autriche et aux Pays-Bas. Dans l'hexagone, Arte tourne autour des 2 % de part de marché, ce qui fait d'elle la douzième chaîne française. Un score qui a progressé de 5 points entre 2011 et 2015. Avant l'arrivée de la TNT en 2005, Arte partageait un canal (et une faible audience) avec France 5. Depuis l'extinction du signal analogique en 2011, si les deux chaînes ont définitivement tourné la page de la cohabitation, une situation similaire persiste pour Public Sénat et La chaîne parlementaire - Assemblée nationale (LCP-AN dite LCP).Les chaînes parlementaires : LCP et Public Sénat On n'en parle moins que pour France Télévisions, mais 2015 est aussi l'année du renouvellement des présidents de LCP et de Public Sénat. Ainsi Gilles Leclerc va être remplacé à la tête de Public Sénat par Emmanuel Kessler à partir du 1er juin. Le remplaçant de Gérard Leclerc (LCP) devrait être connu dans les prochains jours. Contrairement à ce qui se passe pour Radio France, France Télévisions et France Médias Monde, ce n'est pas le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui nomme le président des deux chaînes mais un Bureau dans chaque assemblée qui représente l'ensemble des groupes politiques. Le CSA n'a d'ailleurs aucune compétence sur les chaînes parlementaires, qui ne sont étudiées ni par la Cour des comptes ni par Médiamétrie.De fait, les deux chaînes ont un statut à part, aussi parce qu'elles sont financées directement par le budget du Parlement. Si chaque chambre a sa chaîne, l'Assemblée nationale et le Sénat se partagent un même canal (le 13) sur la TNT. Une situation inédite dans le monde pour des chaînes parlementaires, comme l'expliquait récemment Challenges, qui n'est pas sans poser problème, surtout quand Sénat et Assemblée nationale sont de majorité différente (ce qui est souvent le cas). L'enjeu est important : depuis 1999, LCP et Public Sénat sont chargées de rendre compte de ce que fait le législatif, et ont, plus largement « une mission de service public, d'information et de formation des citoyens à la vie publique, par des programmes parlementaires, éducatifs et civiques ».Le canal 13 est divisé en huit tranches horaires, faisant alterner programmes de Public Sénat et de LCP. Conséquence : des discours de parlementaires parfois coupés s'ils ne sont pas synchronisés avec les horaires des deux chaînes, des émissions similaires, deux directions et un budget (35 millions d'euros) à se partager. Une telle structure a-t-elle un impact sur l'audience ? Si Médiamétrie ne la mesure pas, elle serait très faible selon un des opérateurs qui diffuse la chaîne en ADSL : autour de 0,25 % de part de marché. Si une fusion des deux chaînes est régulièrement évoquée - encore récemment par Claude Bartelone, le Sénat s'y oppose : il ne veut pas perdre sa visibilité, déjà faible dans les médias. Entre 1 (selon le Sénat) à 7 millions (selon l'Assemblée) d'euros pourraient être économisés.Loïc SoleymieuxJournaliste au Monde Alexis Delcambre Etienne Mougeotte savoure son joli coup. À 75 ans, l’ancien vice-président de TF1 s’apprête à mettre la main sur Valeurs actuelles, qu’il qualifie de « magazine de droite de référence ». Mercredi 22 avril, l’hebdomadaire a confirmé des négociations exclusives entre son propriétaire, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, et la société Privinvest Médias, en vue d’une cession qui « pourrait être effective d’ici fin juin ».Derrière Privinvest - une société créée pour l’occasion - se trouvent M. Mougeotte ainsi que son financeur, l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa, et Charles Villeneuve, lui aussi ancien cadre de TF1, et résident, comme M. Safa, de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes).Une surpriseL’arrivée du trio dans ce dossier est une surprise. Selon nos informations, les premiers contacts dateraient de trois semaines à peine, à l’initiative de Jean-Claude Dassier, lui aussi ancien cadre de TF1, et administrateur de Valeurs actuelles. Autre passerelle : Etienne Mougeotte connaît bien Yves de Kerdrel, le directeur du titre, pour l’avoir côtoyé au Figaro. M. De Kerdrel devrait d’ailleurs rester en place une fois la vente actée.Les trois hommes sont à l’affût des opportunités dans la presse. Ils avaient tenté de racheter le groupe Nice-Matin à l’automne dernier et manifesté, fin 2014, un intérêt pour L’Express, avant son rachat par Patrick Drahi. « Nous avons l’idée de commencer à constituer un groupe média », dit M. Mougeotte.Riche, M. Safa est un « acteur multi-investisseur », comme le qualifie un expert du secteur, déjà présent dans les chantiers navals, le transport maritime, l’immobilier, le pétrole et le gaz. « Mougeotte et Villeneuve l’ont sans doute convaincu qu’il y avait des opportunités » dans les médias, pense cet expert.Valeurs actuelles en est une. Son propriétaire, le groupe Pierre Fabre, cherchait depuis plusieurs mois à céder son activité presse, rassemblée dans le groupe Valmonde (Valeurs actuelles, Jours de Chasse et Jours de Cheval), qu’il a redressé après l’avoir racheté, en 2006, au groupe Dassault.Surtout, Valeurs actuelles est le seul « news magazine » à s’être développé depuis 2012 et l’arrivée de la gauche au pouvoir. Récemment distingué par l’OJD pour avoir connu la plus forte progression de diffusion en 2014 (+ 16,5 % avec 110 096 exemplaires de diffusion France payés), il est rentable.Sous la direction d’Yves de Kerdrel, arrivé en 2013, le journal incarne une opposition frontale et multiplie les couvertures « choc » sur l’islam ou l’immigration, autant de signaux envoyés à un électorat de droite radicalisé et parfois tenté par le Front national.Lire : La France de « Valeurs actuelles »Cette ligne éditoriale l’a, par deux fois, conduit devant la justice. Le titre a été condamné en mars pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation pour un dossier intitulé « Roms l’overdose ». En février, il a également été condamné pour provocation à la discrimination envers les musulmans, pour une couverture présentant une Marianne voilée. Valeurs actuelles a fait appel de ces deux condamnations.L’ombre de l’extrême droiteLa cession à venir a-t-elle un sens politique ? Les enregistrements de Patrick Buisson, dévoilés dans la presse, ont révélé la grande proximité entre Nicolas Sarkozy et M. Mougeotte, quand celui-ci dirigeait Le Figaro. Aujourd’hui, celui-ci concède conserver des « échanges épisodiques » avec l’ancien président, « comme avec Juppé, Le Maire, Fillon ou des gens du FN, car ils sont dans le jeu politique. »À l’automne, deux hommes d’affaires ayant des connexions avec l’extrême droite, Alain Lefebvre et Jean-François Michaud, avaient examiné le dossier. L’autre candidat connu au rachat de Valeurs actuelles a été le patron du groupe Fiducial, Christian Letouche, qui a parfois côtoyé l’extrême droite (il avait notamment participé, en 2003, à l’université du Mouvement national républicain de Bruno Mégret).À un an de la primaire à droite, le lectorat de Valeurs actuelles, qui gravite entre la droite traditionnelle et le Front national, est un enjeu majeur. Mais « ce ne sera ni une succursale, ni une écurie présidentielle, promet M. Mougeotte. Que le meilleur gagne ! »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après Google le mercredi 15 avril, il y a une semaine, Bruxelles s’en prend maintenant à un autre géant, russe, cette fois : Gazprom. La commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a confirmé, mercredi 22 avril, à midi, que ses services allaient envoyer, dans la journée, une notification des griefs, c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme, pour violation de la loi antitrust, au groupe gazier.Les charges retenues contre Gazprom sont lourdes : la Commission estime que l’entreprise entrave la concurrence sur le marché européen du gaz dans huit Etats membres (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie).Gazprom y impose en particulier « des restrictions territoriales dans ses accords de fourniture avec les grossistes et avec certains clients industriels […]. Ces restrictions consistent en des interdictions d’exportation et des clauses prévoyant l’utilisation du gaz acheté sur un territoire spécifique (clauses relatives à la destination) », précise le communiqué de Bruxelles.Dans cinq pays en particulier (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), ces restrictions territoriales, poursuit la Commission, « peuvent provoquer une hausse des prix du gaz et permettre à Gazprom de mener une politique de prix déloyale dans cinq Etats membres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), facturant aux grossistes des prix beaucoup plus élevés que ses propres coûts ou les prix de référence. »Des « obstacles artificiels » à l’acheminement du gazEnfin, dans deux pays, Pologne et Bulgarie, Gazprom pourrait tirer profit de sa position dominante en subordonnant ses livraisons de gaz à l’obtention d’engagements distincts de la part des grossistes concernant les infrastructures de transport gazier. « Par exemple, les livraisons de gaz ont été subordonnées à des investissements dans un projet de gazoduc promu par Gazprom ou à l’obligation d’accepter que Gazprom renforce son contrôle sur un gazoduc », explique encore Bruxelles.« Le gaz est un bien essentiel pour notre vie quotidienne : il chauffe nos maisons et nous l’utilisons pour la cuisine et pour produire de l’électricité. Le maintien d’une concurrence équitable sur les marchés européens du gaz est par conséquent de la plus haute importance », a souligné Margrethe Vestager, mercredi. « Toutes les entreprises opérant sur le marché européen – qu’elles soient européennes ou non– doivent respecter les règles de l’UE. Selon nous, [Gazprom] pourrait avoir érigé des obstacles artificiels empêchant l’acheminement du gaz de certains pays d’Europe centrale et orientale vers d’autres, entravant ainsi la concurrence transfrontière. Le cloisonnement des marchés nationaux du gaz a aussi permis à Gazprom de facturer des prix que nous jugeons, à ce stade, inéquitables. Si nos préoccupations venaient à se confirmer, Gazprom devrait assumer les conséquences juridiques de son comportement », a ajouté la commissaire.Lire aussi :Gaz : les négociations entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne reprennentLe géant russe a réagi, dans un communiqué, en jugeant les accusations de la Commission européennes « infondées ». « Gazprom adhère strictement à toutes les normes des lois internationales et des législations nationales des pays où il fait des affaires. Les pratiques de Gazprom sur le marché européen, y compris les principes de fixation des prix, sont en conformité totale avec les standards observés par les autres producteurs et exportateurs de gaz naturel », poursuit le groupe. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui dénoncé des pratiques « inadmissibles » de l’UE.Conséquences diplomatiquesCet acte d’accusation est totalement dénué d’arrière-pensées politiques, précise t-on à Bruxelles – la notification des griefs doit être fondée sur des preuves suffisamment étayées d’un point de vue juridique pour « tenir » si elle est contestée devant la Cour de justice de l’Union à Luxembourg.Il risque néanmoins de provoquer des conséquences diplomatiques. « Toute charge de ce type contre Gazprom risque d’être perçue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », avait prévenu, lundi 20 avril, une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait semblant de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).Une chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles renoue avec une ligne dure en matière de concurrenceLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.Mesures correctivesA l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été.« Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Bruxelles s’est trouvé une nouvelle héroïnePour Gazprom et Bruxelles, la bataille ne fait que commencer. Le groupe russe va maintenant pouvoir avoir accès aux « charges » réunies contre lui par la Commission, et peaufiner en conséquence sa défense. Il a douze semaines pour se faire, à compter de l’envoi de la notification de griefs. À tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. C’est ce que souhaiteraient les dirigeants de Gazprom et Moscou, suggère une source proche des autorités russes. « Pour les premières et troisièmes séries d’accusation [les restrictions territoriales et les liens entre contrat de fourniture et investissements dans les infrastructures], un accord peut très facilement être trouvé », juge t-elle.En revanche, ajoute cette source, Gazprom va porter le fer sur la question des prix jugés déloyaux par les services de la Commission, et pourrait contester les « benchmarks » (références) utilisés pour juger s’ils sont trop élevés ou pas.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Marine Le Pen a beau avoir été désignée par Time parmi les cent personnes les plus influentes au monde, c’est en français que la présidente du Front national a tenté de faire passer ses messages, mardi 21 avril, lors de la cérémonie organisée par le magazine américain. « Ah non, je ne parle pas anglais, moi. Je suis française ! », lâche-t-elle, juste avant que ne débute le gala au Jazz Lincoln Center, à New York.Lire aussi : Thomas Piketty et Marine Le Pen parmi les 100 personnalités influentes du « Time »« Je fais partie de la majorité des Français, qui parlent peu l’anglais. En cela je suis très gaullienne : I speak very badly », plaisante-t-elle avec un accent à couper au couteau. C’est donc Ludovic de Danne, le conseiller aux affaires européennes du parti, qui a joué les interprètes, le professionnel sollicité préalablement ayant fait faux bond au dernier moment.« C’est une nomination plus politique que celle de 2011 »Mme Le Pen est apparue tout sourire, défilant sur le tapis rouge au milieu d’une brochette de people, parmi lesquels le rappeur Kanye West et sa compagne, Kim Kardashian, ou Julianne Moore, oscar de la meilleure actrice 2015. « C’est la première fois que je vais à ce genre de soirée », avoue la présidente du FN. Dans une robe bustier bleu nuit – on ne se refait pas –, son compagnon, Louis Aliot, en smoking à ses côtés, Mme Le Pen était visiblement ravie de se retrouver au milieu de cette élite mondialisée.« Permettez-moi de faire preuve de curiosité, se justifie-t-elle. Je pense que nous allons arriver au pouvoir et que par conséquent, il faut obligatoirement croiser, rencontrer, discuter avec des gens puissants dans leur pays respectif. » « La France des oubliés n’est pas oubliée », a-t-elle osé avant de rejoindre sa table pour dîner, alors que la nuit tombait sur Central Park.Même si Mme Le Pen était déjà dans la liste de Time en 2011, sa venue au gala est une première. « C’est une nomination plus politique que celle de 2011. A l’époque, il s’agissait d’une promesse. Aujourd’hui, c’est plus la conséquence d’une analyse de l’importance politique que prend le FN », fait-elle valoir. Le magazine ne dit pas autre chose, écrivant pour justifier son choix : « Il y a moins d’un an, Marine Le Pen annonçait à Time que son parti serait au pouvoir dans une décennie. Sa prédiction ne paraît plus absurde. »Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Alors que la grève à Radio France a fragilisé la position de son PDG, Mathieu Gallet, et que les sociétés des journalistes de France 2 et France 3 contestent le mode de nomination du prochain dirigeant du groupe France Télévisions, le rôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) paraît plus décrié que jamais.Comment sont désignés les patrons de l'audiovisuel public en Europe ? Tour d'horizon des pratiques au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne et en Espagne.En France, du changement depuis 2013Depuis 2013, c'est le CSA qui nomme les dirigeants des services publics audiovisuels, à savoir le président de Radio France, celui de France Télévisions et de France Médias Monde (RFI, France 24). Il peut aussi mettre fin aux mandats en cours, sur « décision motivée ».Les sept membres (en raison du changement de législation, ils sont toutefois huit jusqu'en 2017) du CSA sont choisis par les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale (chacun désignant trois membres) ainsi que par le chef de l'Etat (qui n'en désigne qu'un seul). Les trois cinquièmes des membres des commissions des affaires culturelles du Parlement doivent par ailleurs rendre un avis conforme.Mathieu Gallet a ainsi été désigné PDG de Radio France à l'unanimité en 2014. Son prédécesseur, Jean-Luc Hees, l'avait été directement par l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, selon une loi datant de 2009.Présidence :- Radio France : Mathieu Gallet, entouré par un conseil d'administration (CA) de douze personnes- France Télévisions : Rémy Pflimlin (nommé par Nicolas Sarkozy en 2010), CA de 14 personnes- France Médias Monde : Marie-Christine Saragosse (nommée par François Hollande en 2012), CA de 14 personnesDurée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 3,8 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 136 euros par an (90 % du financement)Au Royaume-Uni, « un chef-d'œuvre de complexité »La British Broadcasting Corporation (BBC) a elle-même été réformée en 2007. La directrice de BBC Radio a été nommée par Tony Hall, le directeur général de la BBC, qui gère l'ensemble du groupe, télévision publique incluse. Outre-Manche, le dirigeant de la BBC est désigné par le Trust, un conseil de surveillance, nommé par la reine pour six ans, qui joue le rôle d'intermédiaire entre la BBC et le public.Ses douze membres, dont quatre représentent l'Ecosse, l'Angleterre, le pays de Galles et l'Irlande du Nord, sont chargés de faire respecter les missions du service audiovisuel public et ont la possibilité de mettre fin aux fonctions du directeur général.En 2012, l'ex-PDG de la BBC, George Entwistle, avait dû démissionner 55 jours à peine après avoir pris le poste, emporté dans la tourmente du scandale Savile – du nom d'un animateur dont les actes pédophiles ont été révélés après sa mort. Une affaire qui avait d'ailleurs souligné « le chef-d'œuvre de complexité » de l'organigramme de la BBC, comme l'expliquait Le Monde en 2012. Une organisation pourtant enviée par l'Italie.Présidence : Tony Hall (Directeur général de la BBC, nommé par BBC Trust), entouré de douze personnes au conseil exécutif, dont Helen Boaden (radio) et Danny Cohen (télévision), nommés par Tony Hall.Durée du mandat : illimitée (jusqu'à démission ou déchéance par le Trust)Budget annuel : 4,7 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 200 euros par an (53 % du financement)En Italie, une forte politisationEn Italie, le « lottizzazione », ce système où chaque parti politique avait sa chaîne, est officiellement terminé. Depuis 2004, un conseil d'administration de la Radiotelevisione italiana (RAI) préside aux destinées de l'audiovisuel public. Sept de ses membres sont nommés par les parlementaires et deux par le ministre de l'économie. C'est l'opposition qui propose le nom du président. Dans les faits, le service public italien reste très politisé.Un projet de loi adopté par le conseil des ministres en mars dernier prévoit de réduire le conseil d'administration à sept membres, dont deux seraient désignés par le gouvernement, deux par la Chambre des députés, deux par le Sénat et un par le personnel de la RAI. Le but du président du Conseil Matteo Renzi : « Chasser les partis politiques de la RAI et s'inspirer du modèle de gouvernance de la BBC ».La création d'un poste d'administrateur délégué aux pleins pouvoirs permettrait surtout à Renzi de ne pas donner les clefs de l'audiovisuel public à son opposition. Problème : celui-ci serait nommé par le gouvernement lui-même. Le mandat de l'actuelle présidente du conseil d'administration, débuté en 2012, arrive à échéance en mai prochain. Elle avait été nommée par le gouvernement de Mario Monti.Présidence : Anna Maria Tarentola (nommée par Mario Monti en 2012)Durée du mandat : 3 ans, renouvelableBudget annuel : 2,3 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers :  113 euros par an, 65 euros après la réforme (68 % du financement avant la réforme)En Allemagne, le poids des LänderLe président de la Deutschlandradio est élu par les 40 membres du Conseil radiophonique, incluant les Länder, le gouvernement et certaines organisations représentant la société (chambres des métiers, églises, professions libérales, organisations paysannes…). Les candidats sont proposés par le conseil d'administration, composé notamment d'un représentant de l'Etat et de trois des Länder.Côté télévision, il existe deux services publics en Allemagne, l'ARD (le France 3 allemand) et la ZDF (semblable à France 2). Le président de l'ARD est désigné par les représentants des dix médias publics régionaux qu'il fédère. Du côté de la ZDF, le président est désigné par un conseil d'administration de 14 membres dont six dépendent du gouvernement fédéral ou des Etats fédérés.Présidence : Lutz Marmor (ARD), Thomas Bellut (ZDF), Willi Steul (Deutschlandradio)Durée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 7,6 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 210 euros par an (85 % du financement)En Espagne, un service public avec peu de moyensSans publicité, sans redevance et avec très peu de moyens, la télévision publique espagnole est une exception en Europe. Depuis 2006, les douze membres du conseil d'administration de la Radio Television Española (RTVE) étaient élus par le Parlement, à la majorité des deux tiers. Une situation qui avait provoqué un blocage en 2012, le Parti socialiste et le Parti populaire n'arrivant pas à s'entendre sur le nom du dirigeant. Le Parti populaire a donc modifié la loi et une simple majorité suffit désormais. La règle des deux tiers subsiste pour mettre fin au mandat du conseil d'administration.Présidence : José Antonio Sánchez (élu par le Parti populaire)Durée du mandat : six ans, non renouvelableBudget annuel : 0,9 milliard d'eurosRedevance payée par les foyers :  0 euroLoïc SoleymieuxJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Mardi 14 avril, à Bruxelles. C’est l’heure du « midday », la messe médiatique quotidienne de la Commission européenne. Au fond de la salle de presse du Berlaymont, le vaisseau amiral de l’institution, une journaliste pose une question sur l’emploi du temps de Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie : « Pourquoi le vendredi et le lundi n’est-il jamais sur Bruxelles ? Ses voyages à Paris sont-ils pris en charge par le budget européen ? » Un confrère glisse, interrogateur : « C’est une journaliste de Politico ? » Il y en a bien une dans la salle, mais ce n’est pas elle…L’anecdote est révélatrice. Mardi 21 avril, Politico, un des plus grands succès médiatiques de ces dernières années aux Etats-Unis, lance son extension européenne, avec pour but de « secouer » la couverture journalistique de l’Union. Et l’événement plonge la « bulle bruxelloise » dans un mélange d’excitation, d’inquiétude et d’exaspération.Politico a été fondé en 2007 par John Harris et Jim VandeHei, journalistes au Washington Post, lassés du traitement par leur journal de l’actualité politique américaine qu’ils jugeaient « plan-plan ». En quelques années, ce pure player a su imposer sa marque grâce à un traitement plus « fun », plus incisif et beaucoup plus réactif de l’information. Sa lettre matinale en ligne (le Politico Playbook), gratuite, est devenue la bible des décideurs américains. Ses lettres spécialisées payantes ont permis au groupe – il compte désormais 150 journalistes – de générer de l’argent.Lire aussi : « Politico » : dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeRecruté pour prendre la tête de Politico Europe, Matthew Kaminski, un transfuge du Wall Street Journal, veut dupliquer le succès américain : la lettre matinale gratuite, les lettres thématiques payantes, le tout exclusivement en anglais. Il veut « raconter des good stories », affirme t-il, sur les coulisses de Bruxelles, la deuxième ville des lobbys au monde, derrière Washington. « Bruxelles n’est pas une super-capitale où se concentrent les pouvoirs : ils restent dans les Etats membres. Mais c’est une vraie capitale en termes de régulation. Et il y a un besoin, chez les Américains, d’être tenus au courant de cette énorme production de normes. »« Pas un média de masse »L’objectif ? Le même qu’aux Etats-Unis : « Nous ne sommes pas un média de masse. Ce qui compte, c’est d’atteindre les vingt décideurs-clés de Bruxelles », pointe M. Kaminski. Pour y parvenir, Politico a vu les choses en grand. La rédaction bruxelloise compte une petite quarantaine de journalistes. C’est de loin la plus grosse équipe sur place (Le Monde compte deux correspondants). Des équipes d’un ou deux journalistes sont aussi en cours de constitution à Paris, Berlin ou Londres.Lire aussi :Le site d’informations Politico promet d’avoir « la plus grosse rédaction de Bruxelles »Politico Europe ne part pas de zéro : elle est une filiale à 50-50 entre Politico et le géant allemand des médias Axel Springer (Bild, Die Welt, etc.). Elle a aussi racheté un journal spécialisé dans l’actualité européenne, EuropeanVoice, dont une grande partie des équipes ont été conservées. Budget de lancement ? Plusieurs millions d’euros, jusqu’à 10, assurent des concurrents. Le chiffre n’est pas confirmé par M. Kaminski.« Washington s’intéresse enfin à Bruxelles »Cela fait des années en tout cas que la capitale de l’Europe n’avait pas vu débarquer un tel déploiement d’ambition et d’énergie ! Le tout-Bruxelles devrait d’ailleurs se presser à la fête de lancement de Politico Europe, le 23 avril, à l’Autoworld, le musée de l’automobile, à deux pas du quartier européen. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, le président du Parlement européen, Martin Schulz, la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager (la charge pour abus de position dominante contre Google, c’est elle) ou le très influent Martin Selmayr, chef de cabinet du président de la Commission Jean-Claude Juncker. Donald Tusk, le président du Conseil européen, aurait dû lui aussi être de la partie, si un sommet extraordinaire sur les drames des migrants en Méditerranée n’avait pas été convoqué précisément ce jour-là…« On doit y aller, c’est important », lâchait, mi-avril, une source à la commission, flattée, comme beaucoup d’autres fonctionnaires européens, que « Washington s’intéresse enfin à Bruxelles ». Cela prouve que la capitale de l’Europe est encore importante, voire excitante ! Cela va peut-être changer des discours redondants sur la fin du rêve européen, l’impuissance des institutions à lutter contre le chômage ou les drames de l’immigration.« La communication de Politico est bourrée de testostérone. Mais leur arrivée me plaît, cela prouve que Bruxelles, c’est quand même “the place to be” », réagit Benoît Le Bret, du cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel à Bruxelles.« Politico va obliger les porte-parole européens à avoir un discours moins techno, à faire plus de politique »Autre conséquence positive de cette arrivée fracassante ? Politico pourrait contribuer à déstabiliser la communication très corsetée de la Commission. Depuis l’arrivée à la présidence de Jean-Claude Juncker (en novembre 2014), le corps des porte-parole a été réorganisé et, désormais, même le « off the record » est contrôlé.« Politico va obliger les porte-parole à avoir un discours moins techno, à faire plus de politique », espère Griselda Pastor, de la radio espagnole Cadena Ser, une des figures de la salle de presse. La publication a recruté une ex-journaliste du New York Post qu’elle a chargée d’un fil d’actualité « Gossip ». Doit-on s’attendre à des articles outrés à la Bild ? « Nous ferons du journalisme responsable, avec des informations précises, recoupées », assure M. Kaminski.L’inquiétude du « King »Tout le monde n’a pas lieu de se réjouir, cependant. A commencer par les probables concurrents directs de Politico : les publications spécialisées EurActiv, Europolitics ou Agence Europe, installées dans le paysage médiatique bruxellois depuis des décennies (1972 pour Europolitics, 1953 pour l’Agence Europe). Des titres disposant de rédactions modestes (moins de 15 journalistes à Bruxelles), sans les moyens ni les puissants actionnaires de Politico Europe.Les journaux anglo-saxons seraient aussi en première ligne, à commencer par le Financial Times, considéré comme le « King » de Bruxelles. Ce qui ne serait pas pour déplaire à une partie de la presse européenne, irritée que le quotidien des affaires britanniques soit à ce point devenu, ces dernières années, la référence des décideurs européens.D’autres fantasment sur l’arrivée d’un média partisan, un faux nez de l’administration Obama ou des néoconservateurs américains. La preuve, disent-ils, la fête à l’Autoworld est sponsorisée par… Google ! Politico débarquerait pour défendre le géant américain du Web contre une administration communautaire tatillonne, pour pousser les avantages américains dans les négociations sur le traité de libre-échange avec les Etats-Unis… « Non, nous n’avons ni agenda national ni agenda politique », tranche Matthew Kaminski.Le plan marketing de Politico, son ambition de « faire quelque chose de différent » énervent en tout cas une partie de la presse dans la capitale de l’Europe, où nombre de journalistes, confrontés à l’euroscepticisme grandissant des citoyens de l’Union, ont été poussés, ces dernières années, à faire plus de pédagogie et de politique.Intense concurrencePeter Spiegel, chef du bureau du Financial Times à Bruxelles (5 journalistes), souligne que « la réalité bruxelloise est bien plus complexe qu’à Washington ! Là-bas, les parlementaires décident où doivent être dépensés les millions de dollars des recettes publiques, donc c’est très utile de tout connaître d’eux. Ici, les eurodéputés et les fonctionnaires européens ne peuvent rien dépenser, et leurs faits et gestes intéressent bien moins ». Cet ex-collaborateur du Wall Street Journal à Washington confirme avoir été approché par Politico pour prendre la tête de Politico Europe, mais il a décliné.La concurrence à Bruxelles est déjà très intense : près de 1 000 journalistes sont accrédités auprès des institutions communautaires, dont 97 Britanniques, 118 Allemands, 81 Français, et même… 42 Chinois. Et chacun, vu la multiplicité des sources (ambassades, différentes unités de la Commission, Parlement, Conseil, lobbys), peut, un jour, avoir accès à une information privilégiée.Des good stories, on en trouve déjà dans les médias européens : il y avait un bon moyen de s’en rendre compte grâce à la revue de presse quotidienne diffusée par la Commission. Mais elle a été supprimée en 2014, au grand regret des journalistes.Evidemment, l’anglais, une des deux langues officielles de l’Union, avec le français, et qui prend de plus en plus le pas sur la langue de Molière, donnera un avantage indéniable à Politico Europe. Mais le challenge reste conséquent. « Il faut qu’on soit à la hauteur », glisse une des recrues du journal. Lui et ses collègues ont compris qu’il va falloir trouver vite leur place sur la photo. Ils s’y emploient déjà : Ryan Heath, en charge du Politico Brussels Playbook (et ex-porte-parole de la commissaire Neelie Kroes), fut un des premiers à poser des questions à Margrethe Vestager, mercredi 15 avril, quand elle a annoncé lancer les hostilités contre Google. Il a toutefois été devancé par le… Wall Street Journal.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.04.2015 à 22h58 Le comité Pulitzer a décerné, lundi 20 avril, à l'université Columbia, à New York, trois prix au quotidien New York Times, dans les catégories International, Journalisme d'investigation et Photo magazine. Ces prestigieuses récompenses américaines en matière de journalisme ont été remises dans vingt et une catégories.Les journalistes du quotidien new-yorkais ont été collectivement distingués dans la catégorie International pour leur couverture de l'épidémie mortelle d'Ebola en Afrique de l'Ouest. Un photographe pigiste du quotidien, Daniel Berehulak, l'a lui aussi remporté dans la catégorie Photo magazine sur le même sujet. Et le journaliste Eric Lipton a reçu le prix pour ses articles sur le rôle des lobbies.Le prix Breaking News (« dernière nouvelle ») de la photographie a récompensé l'ensemble des photographes du St Louis Dispatch pour leur couverture des événements de Ferguson (Missouri, Centre) après la mort d'un jeune Noir non armé, tué par la police en août.Le photographe de l'Agence France-Presse Bulent Kilice figurait parmi les trois finalistes du prix Photographie magazine pour ses photos de Kurdes fuyant les attaques de l'organisation djihadiste Etat islamique dans des petits villes kurdes à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Plusieurs sources convergentes assuraient, lundi 20 avril, que la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, devrait annoncer dès mercredi 22 avril l’envoi d’une notification des griefs au géant énergétique russe Gazprom.Une décision lourde de conséquences d’un point de vue diplomatique. « Toute charge de ce type contre Gazprom serait vue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », prévenait lundi 20 avril une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait mine de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).La Commission européenne n’a pas souhaité confirmer l’information, se contentant de souligner que Mme Vestager, actuellement en tournée aux Etats-Unis, serait de retour à Bruxelles mercredi.« Réveil » de la politique antitrust européenneUne chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social-libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens au total : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.A l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été. « Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Margrethe Vestager, la commissaire qui s’attaque à GoogleMesures correctivesQuelles charges Bruxelles pourrait-elle retenir contre Gazprom ? Le groupe russe est soupçonné de signer des accords trop contraignants avec ses clients européens, leur interdisant, par exemple, de revendre à des tiers les volumes surnuméraires qu’ils ont achetés auprès du conglomérat russe. On lui reproche aussi d’obliger ses clients à signer des contrats d’une trop longue durée. Ou encore, d’indexer le prix du gaz sur celui, très volatil, du pétrole : les plaignants plaident pour une indexation sur les prix du charbon.A compter de l’envoi de la notification de griefs, Gazprom aura environ deux mois pour peaufiner sa défense, puis les audiences contradictoires débuteront. A tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. La compagnie aurait d’ailleurs introduit une demande en ce sens, la semaine dernière. Elle aurait été balayée.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut aller jusqu’à lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.« Timing » politique habileEst-ce que parce que la notification risque de faire des vagues, qu’elle a « fuité » deux jours avant sa publication ? Peut-être. Mais Mme Vestager, comme tous les commissaires à la concurrence, n’est pas obligée de passer par le collège de la Commission pour valider sa décision. Pour certains experts des dossiers de concurrence, le timing politique est en tout cas très habile. « C’est le meilleur moyen de prouver qu’elle n’a pas une gestion politique des dossiers. En attaquant le russe Gazprom après l’américain Google, elle prouve que c’est la loi européenne en matière de concurrence, et uniquement elle, qu’elle applique », relève une source diplomatique.« La gestion d‎u temps par Mme Vestager force l’admiration, pour Jacques Lafitte, du cabinet d’avocats Avisa. La commissaire savait qu’elle allait être taxée d’anti-américanisme après son offensive sur Google, du coup elle sort les griefs contre Gazprom une semaine plus tard. L’histoire pourrait retenir avril 2015 comme le mois où les deux cas les plus édifiants de l’histoire de l’antitrust européen ont franchi une étape cruciale. »Dépendance au gaz russeReste à savoir quelle sera la réaction du Kremlin à une possible annonce de Bruxelles. Début 2014, le président Vladimir Poutine avait exprimé sa colère en décidant d’abandonner le gazoduc South Stream, destiné à contourner l’Ukraine.La Commission avait évoqué de possibles entorses à la concurrence et le président russe, dénonçant la pression exercée sur la Bulgarie pour qu’elle s’oppose au passage du réseau sur son territoire, avait menacé de réduire les livraisons de gaz aux Européens.Lire aussi :Gazoduc South Stream : pourquoi la Russie a décidé de jeter l’épongeActuellement, Bruxelles poursuit avec Moscou et Kiev de difficiles négociations destinées à sécuriser l’approvisionnement de l’Ukraine et celui de l’Union – dont 15 % du gaz transite par le territoire ukrainien. L’UE achète annuellement 130 milliards de mètres cubes à Gazprom, mais veut réduire sa dépendance avec son projet d’union énergétique. Loin d’être concrétisé, celui-ci ne résoudra pas, à court terme, les problèmes de plusieurs pays de l’Est, qui continuent de dépendre à 80 % du gaz russe, voire de l’Italie ou de la Grèce, qui en dépendent à hauteur de 30 %.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les nuages se dissipent peu à peu pour Mathieu Gallet, le PDG de Radio France. Après les bonnes audiences de ses chaînes qui ont progressé au premier trimestre selon les derniers chiffres de Médiamétrie, mercredi 15 avril, puis l’arrêt d’une grève de vingt-huit jours, jeudi, c’est l’Inspection générale des finances (IGF) qui lui a apporté un motif de soulagement. « Les dépenses des instances dirigeantes de Radio France, notamment celles de son PDG, ne présentent pas de caractère abusif », a estimé l’IGF dans un rapport rendu public, lundi 20 avril, après huit jours d’enquête.Celle-ci était un des derniers éléments susceptibles de faire vaciller le PDG. Elle avait été décidée le 20 mars, après des révélations du Canard enchaîné sur la rénovation de son bureau. Pour répondre à la tempête médiatique, Bercy et le ministère de la culture demandaient une enquête sur les dépenses de la direction de l’entreprise publique. Le contexte était explosif, ces révélations ayant coïncidé avec le début de la grève illimitée lancée par cinq syndicats. Perçu comme privilégiant son confort personnel sur l’intérêt général, M. Gallet était inaudible au début du conflit social.Lire aussi :Radio France : les dépenses de la direction auscultéesSi l’IGF n’a relevé aucune entorse aux règles, elle se permet néanmoins d’« appeler particulièrement l’attention du président de Radio France sur l’importance de l’exemplarité des actions non seulement sur le fond mais aussi sur leur processus de décision ». En clair, M. Gallet aurait pu se montrer plus sensible au contexte et anticiper le fait qu’un changement de mobilier choquerait forcément au sein d’une entreprise s’apprêtant à endurer un plan d’économies et des suppressions de postes. « Il aurait pu surseoir à ces dépenses », répète Jean-Paul Quennesson, membre de l’Orchestre national de France et délégué syndical (SUD).M. Gallet est peu intervenu dans la rénovation de son bureauL’IGF, qui a commencé son enquête le 30 mars, s’est donc penchée sur la rénovation du bureau présidentiel, mais aussi sur le contrat de communication conclu entre Radio France et Denis Pingaud pour un montant de 96 000 euros, ainsi que sur le changement de la voiture de service du PDG – deux autres dépenses qui avaient été relevées par la presse, fin mars.Sur le bureau, les conclusions de l’IGF valident la défense de M. Gallet. Sur les 104 000 euros dépensés, 68 000 euros « de rénovation des boiseries en palissandre de Rio avaient un caractère patrimonial et étaient liés à des décisions sur lesquelles l’actuel président n’a pas pu exercer d’influence, car antérieures à son arrivée ». L’IGF rappelle néanmoins que M. Gallet aurait pu décider de suspendre cette rénovation, comme il l’avait lui-même reconnu dans un entretien au Monde.Lire aussi :Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Les 35 000 euros restants, correspondant à un changement de moquette, de mobilier et de stores, dans un bureau qui n’était pas hors d’âge, semblaient moins justifiables. Mais « la mission n’a pu retrouver d’éléments écrits permettant d’établir avec certitude l’origine de la décision, entre le président ou la direction de la réhabilitation », qui pilote le chantier de la Maison de la radio. La seule intervention traçable de M. Gallet est le choix de sa table de réunion. Le rapport estime que cette dépense de 35 000 euros n’est « pas injustifiée » compte tenu des « fonctions de représentation » exercées par le PDG.Les prestations de M. Pingaud sont « effectives »Autre élément qui a nourri la polémique : le contrat de communication conclu en juin 2014 avec Denis Pingaud, qui conseillait déjà M. Gallet quand celui-ci était président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Ce contrat « n’est inhabituel (…) ni par son contenu ni par ses modalités de passation », observe le rapport.Une clause de tacite reconduction, présente dans la première version du contrat, a été retirée dès juin 2014 sur recommandation de la direction juridique de l’entreprise, afin qu’une mise en concurrence puisse avoir lieu au bout d’un an. Le rapport rappelle que sous la présidence antérieure, un contrat équivalent existait, et comportait, lui, une clause de tacite reconduction – M. Gallet a donc, en ce sens, amélioré les choses.L’IGF valide également l’« effectivité de la prestation » du conseiller de Radio France : en dix mois, 350 courriels ont été échangés entre M. Pingaud et des membres du comité exécutif et il a assisté à 23 réunions, selon le rapport, sur des sujets concernant l’entreprise, pas uniquement l’image de M. Gallet.Enfin, concernant le véhicule de service du PDG, « le changement (…) avait été prévu dès le mois de mai 2013 [avant sa prise de fonctions] et s’est s’inscrit dans le cadre des règles de l’entreprise, que ce soit pour les critères d’obsolescence de la précédente C6 (cinquante-trois mois et 121 383 km), ou pour le choix du modèle de l’actuelle 508 ».Un appel à une plus grande transparenceLes enquêteurs ont également passé au crible toutes les dépenses du comité exécutif (supérieures à 100 euros) et les choix des fournisseurs les plus récents. « Aucune des dépenses examinées, du président ou d’un membre du Comex [comité exécutif de Radio France], ne présente de caractère anormal ou disproportionné par leur nature ou leur montant », conclut le rapport. Tout juste souligne-t-il la justification fragile de deux voyages effectués par M. Gallet, l’un au Brésil au moment de la Coupe du monde de football, l’autre en Chine pour participer à un sommet « Young Leaders ».Le rapport suggère, enfin, que l’entreprise se dote de règles plus transparentes en matière de contrôle et de publicité des dépenses. « Certaines dispositions nouvelles pourraient néanmoins utilement être mises en place afin que leur acceptabilité ne soit plus remise en cause », propose le rapport.« Je n’ai jamais douté des conclusions de l’enquête de l’Inspection générale des finances, a réagi M. Gallet. L’important, maintenant, c’est l’avenir du service public de la radio et sa nécessaire modernisation. Nous allons y travailler avec l’ensemble des salariés de Radio France qui sont, comme moi, particulièrement attachés à l’entreprise et à ses missions de service public. »Vendredi, le PDG a rencontré Dominique-Jean Chertier, le médiateur choisi par le gouvernement, pour discuter de la mission de celui-ci. M. Chertier, qui sera présent « à tiers temps » à Radio France, doit remettre sur pied le dialogue social. Il a aussi vu les syndicats, ensemble puis séparément. « C’est le démarrage », souligne-t-on. La question qui agite la Maison ronde est désormais de savoir si cette relance du dialogue peut se faire avec une équipe de direction inchangée, ou si M. Gallet procédera à des mouvements – montrant au passage qu’il s’efforce désormais de reprendre la main.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.04.2015 à 10h06 • Mis à jour le20.04.2015 à 14h32 | Simon Roger et Stéphane Foucart Le quotidien britannique The Guardian est associé depuis mars avec l’ONG 350.org dans la campagne « Keep it in the Ground » (« Laissez-le sous terre »), visant au « désinvestissement » dans les énergies fossiles. Le Guardian Media Group, qui dispose de 1,1 milliard d’euros d’actifs, a lui-même annoncé début avril qu’il commençait à se débarrasser de ses participations dans l’industrie des combustibles fossiles. Alan Rusbridger, le directeur du Guardian, qui quittera le quotidien cet été pour prendre la présidence du trust propriétaire du titre, détaille au Monde la genèse de cet engagement.Pour quelles raisons « The Guardian » mène-t-il campagne pour renoncer à l’exploitation des réserves d’énergies fossiles ?Tout a débuté à Noël 2014, lorsque j’ai réalisé que j’allais quitter mes fonctions. Quand vous vous apprêtez à partir d’une institution incroyable comme le journal The Guardian, après deux décennies passées à sa tête, vous vous demandez ce que vous avez raté. Non que je regrette la couverture que nous avons faite jusqu’ici de l’environnement. Mais si l’on pense à ce qui restera dans l’Histoire, le changement climatique est la plus grande « story » de notre époque. Or jusqu’à présent, elle n’avait fait que très rarement la « une » du Guardian.J’ai été frappé aussi par ma rencontre avec Bill McKibben [fondateur du mouvement 350.org]. Il m’a fait prendre conscience que les médias étaient englués dans un traitement environnemental et scientifique du climat alors que c’est une question politique et économique. En abordant le sujet dans la rédaction, nous nous sommes mis à parler également de santé, de culture… Cela a créé une énergie entre nous. C’était le moment d’impliquer l’ensemble du journal sur ce sujet.Comment avez-vous organisé cette mobilisation du journal ?Une partie de la rédaction est partie avec moi une semaine en Autriche pour planifier cette campagne. Il est bon de temps en temps de quitter le bureau et de couper le portable. Nous avons enregistré chaque mot de nos discussions et une partie de ces échanges ont été publiés sous forme de podcasts, sur le site du journal. C’était aussi une manière de montrer à nos lecteurs comment un journal fonctionne. Les entreprises de presse devraient être plus démocratiques. Je n’aime pas les journaux construits autour d’une figure très imposante.L’une des premières choses dites pendant notre séminaire, c’était que nous ne pouvions pas lancer une telle campagne sans avoir nous-mêmes décidé de quelle énergie nous voulions pour remplacer les combustibles fossiles. La discussion s’est notamment focalisée sur le nucléaire. J’ai demandé que l’on ne cherche pas à trancher ce débat. Car si nous élargissons trop le sujet, les gens risquent de perdre de vue le sens de notre campagne.Pourquoi avoir pris pour cible des fonds financiers impliqués dans le secteur des énergies fossiles ?Quels vont être les faits marquants en 2015 sur le climat ? Tout le monde à la rédaction est d’accord pour dire que la Conférence de Paris sur le climat (COP 21) sera le grand événement de l’année, mais ce n’est pas le sujet que l’on a le plus envie de lire. On s’est dit, ensuite, pourrait-on persuader des investisseurs de changer d’avis sur les énergies fossiles, responsables d’une majeure partie des émissions polluantes ? Nous avons par exemple lancé le 7 mars une pétition en direction des fondations philanthropiques telles que le Wellcome Trust et la Bill & Melinda Gates Foundation [180 000 signataires au 17 avril]. Nous n’allons pas en faire des ennemis, mais comme elles gèrent des gros portefeuilles d’actifs, elles peuvent prendre la tête du mouvement de désinvestissement.Avez-vous rencontré des réticences dans la rédaction à propos de cette campagne ?Seuls quelques-uns étaient inquiets de cette démarche. Je l’étais moi-même. Durant ces vingt ans comme directeur du Guardian, je n’avais jamais lancé un appel comme celui-ci. Il s’agit d’un sujet complexe, c’était un peu risqué de plonger le journal dans cette complexité. Ce qui m’a convaincu, c’est l’importance de l’enjeu. C’est très différent des OGM, sur lesquels on peut tirer des conclusions divergentes. Là, l’écrasante majorité de la communauté scientifique s’accorde à dire qu’il y a urgence à agir. Il n’y a pas de sujet plus sérieux que le réchauffement climatique.Pourtant, près de 40 % des Britanniques se disent sceptiques face au réchauffement climatique. Ne craignez-vous pas de perdre une partie de votre lectorat ?Si vous vous levez chaque matin en vous demandant si vous allez perdre du lectorat, c’est une très mauvaise façon de construire un journal ! Le renoncement aux énergies fossiles est une cause morale, bien sûr, mais aussi une mesure de bonne gestion. Je ne m’attendais pas à ce que le Guardian Media Group (GMG) décide aussi vite de désinvestir. En voyant ce qu’il a fait, le monde de la finance a commencé à en parler. Aujourd’hui, notre propre conseiller financier nous dit : « J’ai observé les chiffres sur les dix dernières années, les énergies fossiles sont devenues de mauvais investissements, qui sous-performent. »« Keep it in the Ground » n’est-il pas également un formidable coup de pub pour votre journal ?Au cours de ces cinq dernières années, The Guardian a sorti les dossiers WikiLeaks, le Tax Gap [vaste enquête sur les manœuvres d’évitement fiscal des entreprises britanniques], l’affaire Snowden… Maintenant, nous faisons campagne sur le changement climatique. Si l’on entreprend ce travail d’investigation journalistique, ce n’est pas pour s’assurer des records d’audience, mais pour être à la hauteur de notre réputation. Les gens se rendent compte qu’on est prêt à faire des choix courageux, à dépenser de l’argent quand c’est nécessaire.A vous entendre, les journaux devraient remplir une mission de service public…Ce que nous faisons doit servir l’intérêt général. Au cours des dix dernières années, l’industrie de la presse s’est fracturée, elle est devenue peureuse. On regarde en permanence nos chiffres de ventes, nos nombres de lecteurs et d’abonnés. Cela a mené certains à faire des choses idiotes. Si vous voulez faire du journalisme, il faut garder l’intérêt général comme moteur. Et je ne vois pas de plus grand intérêt général que d’aider à la prise de conscience sur le dérèglement climatique. Il est irresponsable de la part des journalistes de ne pas réfléchir davantage à la manière de couvrir cette grande question.Comment concilier le traitement de l’actualité et une réflexion de long terme sur le climat ?Le journalisme est très efficace pour raconter ce qu’il s’est passé hier, il l’est beaucoup moins pour faire le récit de ce qui va se produire dans dix ans. Pourtant, cela reste du journalisme, car les décisions que nous prenons aujourd’hui auront des conséquences dans les dix prochaines années et au-delà. Il faut trouver le moyen de faire réfléchir nos concitoyens car la classe politique ou les marchés ne sauront pas le faire. Les investisseurs, en revanche, sont capables d’un tel effort : ça les intéresse de savoir ce qui va se passer dans les dix ou les vingt prochaines années.La nature des relations entre les journalistes du « Guardian » et les entreprises pétrolières a-t-elle changé ?Non. Nous avons par exemple un rubricard énergie pour qui les compagnies ont beaucoup de respect. A un moment, Exxon a refusé de répondre à certaines de nos questions, estimant que nous n’étions pas impartiaux. Qu’une compagnie qui pèse 300 milliards de dollars [278 milliards d’euros] refuse de nous répondre en dit davantage sur elle-même que sur le Guardian.Acceptez-vous toujours les publicités des compagnies pétrolières ?Oui, nous acceptons et, j’en conviens, c’est une vraie question. Je considère que la publicité est la publicité, l’éditorial est l’éditorial. Ce sont deux choses complètement séparées. Au moment où vous commencez à former un jugement sur la publicité, vous franchissez cette ligne de démarcation.En lançant cette campagne, pensiez-vous être rejoints par d’autres journaux ?Nos concurrents sont tous focalisés sur les élections législatives du 7 mai. Jusqu’à présent, je n’ai vu aucune réaction de leur part. Au Royaume-Uni, les journaux se vivent comme des adversaires et ils détestent faire des choses ensemble.Simon RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.04.2015 à 12h57 Publiés, supprimés, puis republiés. Voilà l'inhabituel va-et-vient qu'ont subi ces derniers jours deux « posts » du site américain Buzzfeed, en plein questionnement sur l'identité éditoriale de la publication.Le premier article incriminé, qui critiquait avec virulence une publicité pour les savons Dove, a été discrètement supprimé jeudi 9 avril et remplacé par la mention « Nous avons retiré ce post car il n'est pas en ligne avec le ton de BuzzFeed Life », sans plus de précisions.Une décision qui a intrigué le site Gawker, qui s'est souvenu que la charte éditoriale et éthique de Buzzfeed interdisait de supprimer des « posts éditoriaux [...] pour des raisons liées à leur contenu, ou parce qu'un sujet ou une partie prenante l'a demandé ».En outre, Gawker n'a pas manqué de souligner que la marque Dove et sa maison mère, Unilever, s'étaient offert de nombreux espaces publicitaires sur Buzzfeed, y compris sous la forme de « native advertising », c'est-à-dire de publirédactionnel dont la forme est très proche de celle des articles du site.Pas d'opinions personnellesLe lendemain, Gawker a remué le couteau dans la plaie, démontrant comment Buzzfeed avait tout mis en œuvre pour faire disparaître un article critique sur le Monopoly, quelques semaines après avoir annoncé un grand partenariat publicitaire avec son fabricant, Hasbro, pour les 80 ans du célèbre jeu de société.Pour Gawker, la pression des annonceurs pourrait donc ne pas être étrangère au retrait de deux articles, d'autant qu'une ancienne employée de Buzzfeed avait fait état d'une histoire similaire en 2013, après avoir été remerciée. Un de ses articles sur les déodorants Axe avait été supprimé un mois après sa publication sur la demande d'Unilever, le propriétaire de la marque.La polémique prenant de l'ampleur, le rédacteur en chef de Buzzfeed, Ben Smith, a décidé de republier les deux articles en question, et de jouer la transparence en diffusant sur Twitter le courriel d'explication qu'il avait adressé à la rédaction. Il dément catégoriquement avoir cédé à des pressions publicitaires et explique avoir agi « impulsivement » en retirant ces deux articles, jugeant que les articles faisant état d'opinions personnelles des rédacteurs n'avaient pas leur place dans la ligne éditoriale du site..@iam486 & @emofly sent this to staff earlier today about why we changed a post: We are trying not to do hot takes http://t.co/bgVdxOR3Uh— Ben Smith (@BuzzFeedBen)require(["twitter/widgets"]);Cette nouvelle polémique survient quelques mois après la suppression brutale de près cinq mille anciens articles de Buzzfeed jugés non conformes aux « standards éditoriaux » actuels du site, notamment pour des problèmes de plagiat.Lire également : Buzzfeed en français : « Une part de notre contenu est global » Alexandre Piquard « Il est assez scandaleux qu’on puisse faire autant de bénéfice sur une ressource publique. » La sentence prononcée par la députée PS Martine Martinel, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, mercredi 8 avril, résume assez bien les critiques déclenchées par le rachat de Numéro23. Certains reprochent aux actionnaires de cette chaîne de la TNT, parmi lequels Pascal Houzelot (membre du Conseil de surveillance du Monde) de l’avoir revendue pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, le 2 avril. Soit deux ans et huit mois après s’être vu attribuer – gratuitement – une fréquence par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire aussi : TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa députée de Haute-Garonne n’a pas été la seule élue à interpeller le président du CSA Olivier Schrameck, lors de son audition par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Outre Christian Kert, de l’UMP, le socialiste Marcel Rogemont s’est interrogé sur une politique d’attribution de fréquences qui « priorise soi-disant les nouveaux entrants » dans le secteur audiovisuel mais permet « des plus-values sur le bien public ». Il a constaté à regret que la vente de Numéro23 respectait parfaitement les règles en vigueur : les deux ans et demi de délai minimum de détention d’une chaîne avant sa cession, mais aussi la taxe de 5 % sur les plus-values liées à des chaînes de la TNT, instaurée en 2013.« Faut-il revoir les règles ? », a demandé M. Rogemont à M. Schrameck. Puis le député à fait à Numéro23 un autre grief : cette chaîne s’est présentée au CSA comme un canal consacré à la « diversité » mais aurait en fait une ligne éditoriale assez large, voire opportuniste : sa grille de programmes intègre plusieurs émissions américaines de divertissement, comme un concours de tatoueurs. Ou une émission sur les phénomènes paranormaux.Indignation« Ces largesses éditoriales interrogent », a lancé M. Rogemont. Comme Rachid Arhab, ex-membre du CSA, il sous-entend que la chaîne ne respecte pas la promesse éditoriale qui lui a permis de remporter l’appel d’offres pour une des six nouvelles chaînes de la TNT lancées fin 2012. A l’époque, la chaîne avait toutefois défendu une conception large de la diversité : diversité des origines, des modèles familiaux, parité, cultures du monde ou handicaps, listait Le Figaro. Et le CSA a depuis jugé que Numéro23 avait en 2013 respecté les obligations relatives à sa ligne éditoriale.L’indignation soulevée par la revente de Numéro23, dont le premier actionnaire est Pascal Houzelot – ancien conseiller d’Etienne Mougeotte à TF1, ancien dirigeant de la chaîne PinkTV – n’est pas nouvelle. Une polémique similaire avait accompagné les ventes de TMC et NT1 par le groupe AB à TF1, ou de D8 et D17 par le groupe Bolloré à Canal+.« Si j’avais voulu faire une opération avec un groupe plus puissant, je l’aurais fait avant. Je continue sur ma logique d’entrepreneur », a réagi dans Les Echos M. Houzelot, « professionnel des médias depuis vingt-cinq ans ». Une manière de dire que contrairement aux autres revendeurs, il respectait l’esprit des pouvoirs publics, soucieux avec la TNT d’ouvrir l’audiovisuel à d’autres acteurs que les grands groupes.M. Houzelot a vendu Numéro 23 (0,7 % de part d’audience en mars 2015) pour 50 millions d’euros en « cash » et 40 millions d’obligations convertibles en capital de NextRadioTV, dont il deviendra membre du conseil d’administration. Propriétaire de BFMTV ou RMC, le groupe d’Alain Weill est considéré comme le plus gros des indépendants de la télévision, ou le plus petit des grands groupes.Vers une taxation plus forte ?Face à la mini-fronde des députés sur Numéro 23, M. Schrameck a rappelé qu’avant de valider par une décision motivée la revente de la chaîne, il ferait une « étude d’impact » économique. Il serait toutefois surprenant que celle-ci empêche la transaction. Sur la « question de fond » des fréquences gratuites générant des plus-values, le président du CSA a estimé que la limitation de la taxation à 5 % sur le produit de la vente est « une question substantielle ». En langage du CSA, cela veut dire que l’on pourrait taxer davantage, ce qui est du ressort des parlementaires et du gouvernement.Qu’en pense Fleur Pellerin, la ministre de la culture ? C’est la question qu’a posée la sénatrice UMP Catherine Morin-Desailly lors des questions au gouvernement du jeudi 9 avril. « Comment prévenir la poursuite de ces actions spéculatives ? », a demandé l’élue, suggérant de doubler le délai minimum de détention d’une chaîne à cinq ans, par exemple « le projet de loi sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ».La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a pris plaisir à rappeler qu’à l’époque du vote de la taxe sur les reventes de chaînes de la TNT, la majorité socialiste « aurait aimé avoir le soutien de la droite ». Avant de toutefois tomber d’accord avec l’élue UMP : « Je partage avec vous l’objectif que vous avez indiqué et sur la proposition que vous avez faite de l’extension des durées de détention, je dis : pourquoi pas. » Suite au prochain numéro.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.04.2015 à 11h31 • Mis à jour le10.04.2015 à 11h32 | Jean-Baptiste Jacquin C’est sur la scène de l’Olympia que va se jouer, vendredi 17 avril, l’épilogue d’une belle bataille. Le spectacle et le suspense promettent d’être au rendez-vous. En tête d’affiche, dans le rôle du hussard, Vincent Bolloré. Contrairement au roman d’aventures de Jean Giono, il n’est pas sur le toit, mais déjà dans la maison.Vivendi a donc choisi cette salle de spectacle emblématique de la capitale pour réunir l’assemblée générale annuelle de ses actionnaires. N’y voyons pas malice. A l’approche du dénouement, l’intrigue se concentre sur la question de l’instauration d’un droit de vote double. Cette disposition permet d’attacher deux droits de vote à chaque action détenue depuis deux ans par un actionnaire inscrit au nominatif.Le débat sur ce mécanisme est ancien. C’est une atteinte au sacro-saint principe de la démocratie actionnariale selon lequel tous les actionnaires sont égaux, plaident les uns. C’est le moyen de privilégier les actionnaires qui choisissent d’accompagner un projet d’entreprise dans la durée, assurent les autres.Les fonds d’investissements et les fonds de pension, qui sont pourtant des investisseurs à très long terme, sont généralement opposés à un mécanisme dans lequel ils voient un moyen de protéger les dirigeants en place. Or, une société qui a une mauvaise gouvernance est moins bien valorisée en Bourse. Et ça, ils n’aiment pas. C’est pour ne pas les fâcher que la plupart des sociétés du CAC 40 concernées par la loi Florange généralisant les droits de vote doubles préfèrent soumettre cette année à leurs actionnaires une résolution maintenant le droit de vote simple.Prime de contrôleM. Bolloré, qui a pris le pouvoir chez Vivendi avec 5 % du capital, trouve au contraire dans cette exception démocratique le moyen garder les mains libres pour investir les 10 ou 15 milliards d’euros que le groupe va avoir en caisses. Alors que certains fonds, emmenés par Phitrust et soutenus par la société de conseil aux actionnaires Proxinvest, ont déposé une résolution pour que l’AG du 17 avril maintienne le principe « une action, une voix », l’industriel breton s’est mis à racheter massivement des actions du groupe.En un mois, c’est 9 % du capital du propriétaire de Canal+ et d’Universal Music qu’il a acquis pour porter sa participation à 14,5 %. Il a même contracté un emprunt sur deux ans pour financer une partie de cette offensive éclair. L’enjeu est d’empêcher qu’à l’Olympia cette résolution scélérate ne l’emporte. Gagner cette bataille justifie d’importants sacrifices financiers. Tout comme l’Etat qui a mis, temporairement dit-il, un milliard d’euros sur la table pour s’assurer du maintien de ce privilège chez Renault.Le droit de vote double a donc bien une valeur. C’est le prix du pouvoir, sans avoir à payer la prime de contrôle.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.04.2015 à 10h36 • Mis à jour le09.04.2015 à 13h21 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Après avoir longtemps hésité, le gouvernement travaillait activement, jeudi 9 avril matin, à la mise en place d’une médiation à Radio France, selon nos informations. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, devait rencontrer le PDG Mathieu Gallet, jeudi dans la journée, pour en discuter des modalités. Car le contenu de cette « médiation », mais aussi les apparences, ont toute leur importance. De leur côté, les élus syndicaux de l’entreprise publique surveillaient le sujet alors qu’une nouvelle assemblée générale à 10 heures à la Maison de la radio a voté la reconduction de la grève jusqu’à vendredi.Cette mise en mouvement du gouvernement intervient au lendemain de l’échec d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, suspendu après que les élus syndicaux ont déclaré que « les fils du dialogue et de la confiance sont rompus ». Interrogée dans la foulée à l’Assemblée nationale, Fleur Pellerin, avait déclaré que « très rapidement, [elle ferait] connaître les décisions qu’[elle prendrait] pour renouer le dialogue social ».Selon nos informations, une réunion s’est tenue mercredi soir au ministère de la culture avec les élus syndicaux de Radio France, pour discuter des conditions de cette médiation. La première mission du médiateur ou de la médiatrice – aucun nom n’a encore été évoqué – serait de résoudre le conflit social qui paralyse l’entreprise et ses antennes depuis le 19 mars. Des négociations marathon pourraient donc reprendre, dans l’espoir d’aboutir en quelques jours.Quel périmètre pour une intervention externe ?Mais sa mission pourrait ne pas se limiter à sortir les discussions de l’ornière. « La médiation devra aussi animer un dialogue social durable sur le projet stratégique de Radio France, pour que ce projet soit précisé en concertation avec les salariés », souhaite un élu. L’horizon pourrait dès lors être la conclusion du contrat d’objectifs et de moyens 2015-2019, actuellement en discussion entre l’entreprise et l’Etat.Dans cette hypothèse, la médiation aurait donc un périmètre large, consistant à éteindre l’incendie social, mais aussi à reformuler les ambitions de Radio France et à confirmer les pistes envisagées pour son retour à l’équilibre budgétaire. Les syndicats avaient officiellement demandé une intervention extérieure, mardi, dans une lettre ouverte à Fleur Pellerin.S’agit-il d’une aide pour la direction, ou d’une mise sous tutelle ? Auditionné, mercredi, à l’Assemblée nationale, Mathieu Gallet avait lui-même évoqué la possibilité d’« une intervention extérieure pour retisser le dialogue social ». Quelques minutes plus tard, le PDG précisait en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement – l’expression utilisée par les syndicats –, mais peut-être à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.Une approche voisine de celle du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui a appelé mercredi « à la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui ».La prudence reste de miseA quel degré d’interventionnisme politique la ministre situe-t-elle son action ? La direction de Radio France va scruter les détails. Les apparences ont leur importance : une médiation annoncée conjointement par Fleur Pellerin et Mathieu Gallet n’aurait pas le même sens qu’une communication du ministère qui semblerait un rappel à l’ordre de la direction de Radio France.De même, un médiateur qui, par un apport méthodologique, faciliterait les négociations autour des sujets sociaux du projet (plan de départs volontaires, réforme des modes de production…), serait différent d’une personnalité qui s’immiscerait dans le contenu de la négociation.Mais le gouvernement marche sur des œufs. Le ministère ne peut pas rester passif devant une situation de blocage d’une entreprise dont il a la tutelle, mais il ne veut surtout pas apparaître comme intervenant dans sa gestion. Cela l’obligerait à porter davantage, politiquement, le poids des probables suppressions de postes. Et cela offrirait un boulevard à l’opposition pour dénoncer une indépendance de l’audiovisuel public en trompe-l’œil et créer une pression politique forte au moment où le CSA doit désigner le nouveau PDG de France Télévisions, d’ici le 22 mai.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Dans les tuyaux depuis des mois, le projet de YouTube de lancer un service par abonnement sans publicité prend forme. La plateforme vidéo de Google a pris contact avec des partenaires producteurs de vidéos pour leur annoncer ce nouveau mode de diffusion de vidéos, qui passera par un abonnement mensuel et vise à permettre aux internautes de mieux adapter leur utilisation de YouTube à leurs besoins.Business Insider figure, par exemple, parmi les partenaires contactés et publie sur son site le courrier envoyé par les équipes de YouTube. Ni la date du lancement de ce service, ni le prix des abonnements n’ont été précisés aux producteurs de vidéos, auxquels il a été expliqué qu’il s’agissait là d’une nouvelle façon de monétiser leurs œuvres.YouTube, à l’origine un simple site d’échange de vidéos amateurs, repose principalement aujourd’hui sur la diffusion gratuite de vidéos, financée par des publicités sur le site.1,2 milliard de dollarsCette version payante de YouTube permettra donc à ceux qui opteront pour cet abonnement de ne plus être exposés aux annonces publicitaires. Cette offre place égalememt YouTube comme un concurrent potentiel d’autres services vidéos payants fonctionnant sur abonnement, comme Netflix par exemple.YouTube a déjà lancé, en 2014, une offre payante sans publicité pour les vidéos musicales et avait testé une offre payante, en 2013, qui permettait aux inscrits d’accéder à 29 chaînes YouTube, dont celles de Sesame Street (série télévisée éducative franco-britannique), UFC (organisation américaine de sport de combat) et National Geographic (média avec pour thèmes l’histoire et la géographie, notamment). L’abonnement coûtait 99 cents par mois.En 2014, YouTube a engrangé 1,2 milliard de dollars de revenus publicitaires et compte un milliard de visiteurs par mois.Lire aussi :Youtube : 10 ans de vie et de vidéosAnne EvenoJournaliste au Monde 09.04.2015 à 07h08 • Mis à jour le09.04.2015 à 12h06 Tout est bien qui finit bien. Après deux semaines passées à s’invectiver publiquement, Vivendi et le fonds activiste américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) ont finalement trouvé un terrain d’entente mercredi 8 avril : d’ici à 2017, le géant des médias va verser 6,75 milliards d’euros à ses actionnaires, soit un milliard d’euros de plus que prévu initialement. De plus, cette distribution se fera intégralement sous forme de dividendes, à raison de 5 euros par action en plusieurs étapes, alors que 2,7 milliards d’euros devaient à l’origine être versés sous forme de rachat d’actions.Moindres marges de manœuvre« Avec ces distributions, nous avons souhaité trouver un consensus avec certains de nos actionnaires minoritaires, même s’il en résulte de moindres marges de manœuvre pour Vivendi dans son ambition stratégique de construire un grand groupe de médias et de contenus », a justifié Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi, dans un communiqué. Le groupe a néanmoins de quoi voir venir : il devrait disposer d’une trésorerie de près de 15 milliards d’euros après la clôture des opérations de cession de SFR et de l’opérateur brésilien GVT, attendue cet automne.Lire aussi :Vivendi : le renard, les loups et le magotDe son côté, le fonds activiste américain, qui affirme représenter 0,8 % du capital de Vivendi, s’est réjoui du « dialogue constructif » engagé avec le géant tricolore et affirme que ces distributions « sont compatibles avec une stratégie de développement ambitieuse de Vivendi, que ce soit dans le cadre d’une croissance organique ou dans le cadre d’acquisitions ». En échange de cette rallonge, le fonds américain a retiré les projets de résolution qu’il avait inscrits à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril, qui réclamaient le versement de 9 milliards d’euros de dividendes.Détail important : PSAM s’engage également à soutenir Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, dans sa volonté de voir le géant des médias adopter le système des droits de vote doubles prévu par la loi Florange. Ce dispositif décrié par les sociétés de conseil aux investisseurs doit permettre au milliardaire breton d’asseoir son emprise sur le conglomérat, dont il détient 12,01 % du capital, sans bourse délier.Néanmoins, PSAM n’entend pas lui laisser carte blanche. Le fonds a obtenu que, si aucune acquisition d’envergure n’est annoncée dans les deux ans, « Vivendi étudiera la possibilité de proposer des distributions complémentaires » à ses actionnaires. Comprenez : la balle est dans le camp de M. Bolloré... Lire aussi :Vivendi veut développer des contenus exclusifs pour Dailymotion 08.04.2015 à 15h27 • Mis à jour le09.04.2015 à 07h33 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Après vingt et un jours de grève, le dialogue n’a pas repris à Radio France entre la direction et les salariés. Le comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, organisé mercredi 8 avril, a été suspendu peu après son ouverture, et les salariés ont voté ensuite la poursuite de la grève jusqu’à jeudi.Lire aussi :A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseComité d’entreprise avortéCette réunion, lors de laquelle le PDG, Mathieu Gallet, devait formellement présenter son projet pour l’entreprise, s’est ouverte par une déclaration conjointe des élus CFDT, CGT, SNFORT, SUD et UNSA. Ils reprochent à Mathieu Gallet et à la direction d’avoir « parié sur le pourrissement du conflit ». « En réponse à cela, il y a la dignité du combat des salariés et les valeurs qu’ils portent. Cette détermination en dit long quant à leur attachement aux valeurs du service public », saluent les élus syndicaux. Concernant le projet présenté par Mathieu Gallet, « il est lourd de périls graves pour l’avenir de Radio France », souligne le communiqué. Déclaration Cce Extra Radio France 8.4.2015Suite à cette déclaration, plusieurs élus ont quitté la salle et le CCE a été suspendu, laissant la situation dans l’impasse. La direction a déploré cette suspension, « convaincue que la présentation du projet stratégique était de nature à éclairer les élus, et à travers eux les personnels, sur les choix stratégiques engageant l’avenir de Radio France ».La ministre intervient, le CSA veut une « résolution des conflits »Interrogée à l’Assemblée nationale sur cette impasse, mercredi après-midi, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a annoncé qu’elle « recevrait les parties prenantes très prochainement ».#RadioFrance - @FleurPellerin "Très rapidement, je ferai connaître les décisions que je prendrai pour renouer le dialogue social" #QAG— LCP (@LCPan) April 8, 2015De son côté, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), assez discret depuis le début du conflit, a publié un communiqué : il « appelle à la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui ». Un appel à la mise en place d’une « médiation », réclamée par les syndicats comme préalable à la levée de la grève. Plus tôt, Mathieu Gallet avait envisagé « une intervention extérieure pour retisser le dialogue social », en audition à la commission culturelle de l’Assemblée nationale. Toutefois, il a ensuite précisé en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement (l’expression utilisée par les syndicats) peut-être davantage à un recours à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.La « politique de la chaise vide » critiquéeMercredi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a dénoncé l’attitude des autres syndicats. « La tenue, ce mercredi, d’un comité central d’entreprise extraordinaire était l’occasion d’obtenir du PDG des précisions essentielles sur son projet de plan de départs volontaires, écrit le SNJ. (…) Mais à l’obtention de réponses, les syndicats grévistes ont préféré quitter la salle. La politique de la chaise vide, au risque de foncer dans le mur. »« Depuis le début, le SNJ n’est pas vraiment dans le mouvement de grève qui est mené par l’intersyndicale », relativise un journaliste syndiqué. Gréviste, celui-ci reconnaît que lors de l’assemblée générale de mercredi, il y a eu un débat sur l’opportunité d’assister ou non au CCE. « Plus largement, les gens sont partagés, explique ce journaliste qui s’est abstenu lors du vote, vendredi, de la motion de défiance contre Mathieu Gallet. La défiance envers le président de Radio France affaiblit-elle l’entreprise ou pousse-t-elle le gouvernement à enfin prendre la main en nommant un médiateur ? Avec un navire sans pilote, la situation serait-elle pire qu’aujourd’hui ? C’est une vraie ligne de fracture. Les gens sont un peu perdus. » Communiqué du SNJAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est un Mathieu Gallet combatif qui s’est présenté, mercredi 8 avril, devant les députés de la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Hasard du calendrier, cette audition était prévue juste avant la présentation formelle du projet stratégique du président de Radio France devant le comité central d’entreprise (CCE).Invité par le président de cette commission, Patrick Bloche, à « fendre l’armure », M. Gallet a profité de l’occasion pour détailler ce projet, mais aussi s’exprimer plus largement sur la crise que traverse l’entreprise publique depuis trois semaines. Il a enlevé les lunettes qu’il portait pendant que les députés lui ont posé une trentaine de questions. Et quitté la moue perplexe qu’il affichait parfois pendant cette très longue série d’interpellations.Lire aussi :Radio France : un projet stratégique sans surpriseMathieu Gallet arrive à l'Assemblee nationale pic.twitter.com/PGmQQyPgkS— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Dans sa réponse, M. Gallet s’est animé et a réaffirmé ses « convictions » sur la réforme de Radio France, alors que l’audition était diffusée en direct devant l’assemblée générale des grévistes, à la Maison de la radio,#Radiofrance Gallet: "radio France est au bout de son modèle économique passé."— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015A #RadioFrance, les salariés en AG écoutent (quasi) religieusement l'audition de #Gallet à l'Assemblée pic.twitter.com/PqHZ1ibFHT— Rémi Banet (@RemiBanet) 8 Avril 2015Il a également opéré un mea culpa sur sa méthode et son style :#Radiofrance Gallet: "mon erreur a été d'intégrer très tôt les contraintes budgétaires"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: "on a peut être pas assez partagé le projet avec les salariés"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: évoque sa "personnalité": "oui je ne suis pas très expansif. Mais pas malpoli non plus. Le fond, ce n'est pas moi"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Sans oublier de pointer le rôle de l’Etat dans la situation budgétaire délicate de Radio France :#Radiofrance Gallet: "la redevance a augmenté depuis 2012, rien n'est allé à Radio France"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Il s’est posé en protecteur de l’entreprise, mise en cause la semaine dernière dans un sévère rapport de la Cour des comptes :"C'est pas la @Courdescomptes qui va faire la stratégie de @radiofrance " dit @mathieu_gallet #DirectAN— Alexis Delcambre (@alexisdelcambre) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: "je ne porterai pas de plan de départs contraints à radio fŕance"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Alors que Le Canard enchaîné a de nouveau mis en cause M. Gallet, mercredi 8 avril, cette fois sur les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2014, le PDG a maintenu sa thèse d’une campagne orchestrée contre lui :#Radiofrance Gallet: "le canard canarde... Je veux bien avoir le dos large mais on me salit."— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Sur les affirmations de l’hebdomadaire liée à son passage à l’INA, Mathieu Gallet a affirmé qu’un des contrats (attribué à l'agence EuroRSCG) avait été signé avant son arrivée. « Le Canard devait avoir de bonnes sources pour ne pas vérifier », a-t-il ironisé. « Le Canard ajoute des contrats de conseil qui n’ont rien à voir. On a l’impression que j’ai dépensé un million d’euros de 'hair et makeup'... On a parfois besoin de consultants, de personnes extérieures dans une entreprise ! », a-t-il plaidé, défendant son bilan à l'INA.Alors que les syndicats réclament une « médiation » pour reprendre les négociations avec lui, Mathieu Gallet ne s’est pas montré fermé à cette idée :#Radiofrance Gallet: "peut être qu'on aura besoin d'une intervention extérieure pour retisser le dialogue social"— alexandre piquard (@apiquard) April 8, 2015Toutefois, après l’audition, il a précisé en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement, peut-être davantage à un recours à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.A la fin de l’audition, le plus dur restait toutefois à venir pour M. Gallet, qui devait rencontrer les syndicats à 14 heures lors d’un CCE extraordinaire :"Je ne lâcherai rien" conclut @mathieu_gallet qq minutes après que la @CGT_RadioFrance a publié un communiqué "Ne rien lâcher" #frontal— Alexis Delcambre (@alexisdelcambre) 8 Avril 2015Après sa prise de parole, Mathieu Gallet a été félicité par certains députés : « Sois comme tu es », lui a lancé l’UMP Michel Herbillon, estimant qu’il avait « enfin fendu l’armure ». « Il faut que je me fasse violence », a souri Mathieu Gallet, jouant de son personnage réputé peu expansif. « Il a joué cartes sur table », a estimé l’UMP Franck Riester, estimant que M. Gallet, « s’il se lâche comme cela avec les salariés », a des chances de « reprendre la main ».Las, la députée PS de Paris Annick Lepetit a été elle plus déçue : « Il n’a rien dit... ». « On le sent blessé et il a répondu sur le fait que son ’moi’ était inattaquable. Mais l’important, ce sont ses actions », a regretté le député Michel Françaix, qui siège au conseil d’administration de Radio France. Ce dernier a souligné que l’Etat avait consenti un effort financier en promettant une dotation (de 80 millions d’euros selon lui). Ne resterait donc plus qu’à aider M. Gallet pour le dialogue social, pense le député, selon lequel il semble difficile d’éviter le recours à un intermédiaire extérieur.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le fonds Google pour la presse française est mort… vive le fonds Google pour la presse européenne ! Ainsi pourrait se résumer l’annonce que devait faire le groupe américain mardi 28 avril à Londres. Dans le langage maison, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) va cesser mi-2016 son activité après avoir distribué en trois ans 60 millions d’euros environ à des projets d’éditeurs français. Il va laisser la place au Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Cette évolution n’est pas anodine et répond à plusieurs préoccupations de Google, toujours engagé dans une épreuve de force avec certaines entreprises et autorités en Europe.A son lancement, la nouvelle structure de Google s’appuiera sur huit éditeurs partenaires, la plupart quotidiens : Les Echos en France, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie. Cette liste de partenaires est ouverte et susceptible d’accueillir de nouveaux membres.L’initiative sur huit éditeurs partenairesUne première constatation s’impose : les éditeurs français devraient en principe recevoir moins d’argent qu’au cours des trois dernières années. En 2014, le FINP a accordé 16,1 millions d’euros à 29 projets d’innovation (qui restaient financés à 40 % minimum par les médias). En 2013, il a accordé 16,3 millions d’euros à 23 projets.Allant du lancement d’une édition numérique du matin au développement de plates-formes payantes ou mobiles, l’aide a bénéficié à nombre de médias : Le Monde, Le Figaro, Libération, Rue89, BFM-TV, Alternatives économiques…Les candidats français devront désormais défendre leurs initiatives face à celles des éditeurs de toute l’Europe en tant que région. Google n’avait jamais caché que le fonds français était lancé pour trois ans et que son avenir serait alors rediscuté. Mais les détracteurs de Google souligneront que le montant promis en 2013 par l’entreprise en soutien de la presse française n’était pas pérenne et reste soumis à sa volonté.A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Défendant une approche « pragmatique » et de coopération, le fonds français était une « exception » en Europe et dans le monde, a expliqué Francis Morel, patron des Echos, le 25 mars, lors d’une journée organisée par le FINP à Paris. « Je me demande pourquoi. Les autres pays européens devraient nous regarder », disait-il. L’élargissement du fonds français au niveau européen était une question de « cohérence », précisait-on chez Google.Plus collaboratifEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media) qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus, a expliqué Christoph Keese, vice-président exécutif du groupe Springer.Selon ce dirigeant, en pointe du combat contre Google, le fonds français « faillit à établir un principe crucial : le contenu doit être payé ». En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits, écrit Les Echos. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes, ajoute le quotidien partenaire. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.« Rôle dans l’écosystème du numérique »« Google s’intéresse au journalisme car c’est un des fondements de la démocratie. Nos internautes, dans le monde entier, ont besoin d’une presse forte », a expliqué le 25 mars Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations de Google Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique. « Le DNI est le témoignage d’un engagement pour le développement de l’écosystème du journalisme », estime Ludovic Blecher, directeur du FINP.Une démarche qui ne dépareille pas avec l’inflexion de la communication générale de Google, qui vient de lancer sa première campagne institutionnelle en France pour vanter son « rôle dans l’écosystème du numérique ». Au même moment, le groupe livre en Europe un combat dont l’intensité a grimpé d’un cran le 15 avril avec la décision de la commission européenne de notifier à Google son accusation d’abus de position dominante sur la recherche en ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.04.2015 à 11h35 • Mis à jour le27.04.2015 à 19h46 La présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, selon Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures.Cette révélation a été faite à la suite d'un courrier anonyme envoyé aux administrateurs de l'INA à la veille du conseil d'administration qui s'est tenu le 23 avril, précise le quotidien. A la réception de ce courrier anonyme citant des documents de l'entreprise, l'INA a lancé une enquête interne et envisage de porter plainte, a appris Le Monde.Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement et 32 000 euros les déplacements. Agnès Saal a indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés. 6 700 euros au nom de son filsAgnès Saal, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014 s'est défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation, ajoute Le Figaro. « C'est une maladresse, j'en reconnais la responsabilité et j'ai immédiatement remboursé ces frais », a expliqué l'énarque de 57 ans.Un doute subsiste cependant concernant les 7 800 euros de frais de taxi facturés le week-end, à savoir ce qui relève des trajets professionnels et des privés. « Ce n'est pas évident de savoir si une course de taxi pour un événement dans lequel je représente l'INA est professionnelle ou personnelle », a-t-elle expliqué, estimant que « l'usage professionnel du taxi pendant les week-ends représente environ un tiers ou un quart de la facture ». Selon Le Figaro, elle s'est ainsi engagée à rembourser les deux tiers ou les trois quarts restants.La ministre de la culture réagitQuelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin, la ministre de la culture, a rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Concernant les « frais de déplacement privés de la présidente » de l'INA, Mme Pellerin en « a immédiatement demandé le remboursement intégral, qui est en cours », précise le ministère. Gilles Paris (Washington, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o1nqx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o1nqx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « Une offre de télévision publique moderne et créative, ouverte sur le monde et accessible à tous grâce à une entreprise publique réconciliée avec elle-même. » Tel est l’objectif que se fixe Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, dans le projet qu’elle a présenté au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et que celui-ci a rendu public, vendredi 24 avril. Volontariste, ce projet de 31 pages entend transformer cette structure de 10 000 salariés « en une entreprise moderne, du 21e siècle », en constatant « un dilemme simple : l’adaptation ou l’affaiblissement. »Reconquérir la jeunesseMme Ernotte veut « réinventer l’offre » pour reconquérir la jeunesse et s’adapter aux nouveaux usages numériques, tout en promouvant « la diversité culturelle ». « Le principal axe de travail pour y parvenir consiste à mettre l’accent sur l’innovation et une certaine prise de risque », écrit-elle. La recherche et développement de nouveaux programmes se verrait allouer 5 % des budgets, les délais de production seraient raccourcis, un « pacte » serait négocié avec les producteurs pour « faire de l’audiovisuel français un champion à l’international » et « pousser à la création de programmes exportables ». L’enjeu serait la « création de nouvelles fictions » mais aussi la culture, l’information et le sport.La nouvelle PDG souhaite également refondre l’offre de rattrapage, sous l’influence de la plate-forme Netflix. « Afin de créer une passerelle directe avec les usagers, une nouvelle plateforme numérique, basée sur un algorithme de recommandation, doit rendre la télévision de rattrapage plus accessible », souhaite-t-elle.L’offre jeunesse serait la première concernée, avec la mise en place d’une offre à la demande qu’elle espère également génératrice de nouvelles recettes. Plus largement, Mme Ernotte propose une stratégie numérique inspirée de pratiques en vigueur sur d’autres chaînes : recherche de nouveaux talents, interactivité, mise en ligne anticipée de tous les épisodes d’une série…France 2 chaîne du flux, réforme de France 3Du côté des chaînes, elle compte faire évoluer France 2 vers l’« événementiel », c’est-à-dire la chaîne du « voir ensemble », qu’il s’agisse de l’information, du sport ou des télés crochets. « France 2 a vocation naturelle à devenir la chaîne leader de la télévision française », espère-t-elle.Delphine Ernotte annonce également une profonde réforme de France 3, très attendue par les pouvoirs publics. Celle-ci reposerait sur le rassemblement de France 3 et France 3 Régions, actuellement séparées ; le développement des décrochages régionaux ; une redéfinition du découpage régional pour suivre la nouvelle carte des régions françaises.Quant aux autres chaînes, France 5 et France Ô garderaient le même positionnement, mais France 4 serait exclusivement orientée vers « le public des moins de 15 ans », et non plus les jeunes adultes.Enfin, dans le domaine de l’information, ce projet propose de « faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion », c’est-à-dire une chaîne d’information - dont le mode de diffusion reste à définir - qui puisse se positionner en contrepoint de BFM-TV. Pour y parvenir, Mme Ernotte souhaite développer des liens avec les autres entreprises de l’audiovisuel public (l’INA, France Médias Monde ou Radio France), répondant là aussi à une attente des pouvoirs publics. Ce projet pourrait être « mis à l’antenne en septembre 2016 ».Des assises de l’entrepriseMais pour mener à bien ces différentes ambitions, Delphine Ernotte trace un chemin exigeant qui définit une large réforme de l’entreprise. Constatant que « France Télévisions est une entreprise qui doute », elle insiste sur une méthode reposant sur le dialogue. « Le plan stratégique 2020 sera élaboré dans le cadre des assises de l’entreprise, organisées selon un processus décentralisé », annonce-t-elle.Elle en attend « un pacte social adapté aux besoins de l’entreprise et des salariés » qui reposera sur « une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « donnant la priorité aux responsables de proximité ». Il s’agit de répondre aux angoisses et à la désorganisation de l’entreprise, décrites dans plusieurs rapports, pour proposer des évolutions des métiers et une vaste politique de formation.Lire aussi :France Télévisions, le grand corps maladeLa masse salariale sous pressionMme Ernotte compte aussi donner plus d’autonomie aux directions de chaînes, même si elle maintiendrait une direction transversale pour les programmes et une autre pour l’information. « Dès mon entrée en fonction, je nommerai une équipe strictement paritaire. Celle-ci, composée de quatorze membres comprendra, outre la Présidence, les cinq directions de chaînes, les deux directions transversales (stratégie et programmes, information) auxquelles s’ajouteront six directions fonctionnelles : commerciale, technique et système d’information, financière, ressources humaines, communication et secrétariat général », annonce-t-elle.Dans l’immédiat, c’est une politique de rigueur qui est prévue. La nouvelle PDG va « remettre à plat immédiatement le budget 2015 » et engager des économies de structure : « direction plus recentrée », « mise sous contrôle des frais de conseil et des frais généraux », « blocage immédiat des embauches », « rationalisation des missions » et rentabilisation de « l’outil de production » interne.« De façon plus générale, la question des charges de personnel doit être affrontée avec détermination et responsabilité, écrit Mme Ernotte. Le taux de collaborateurs non permanents est de 15,4 %. Le taux d’encadrement est très élevé. Afin d’éviter tout départ contraint et de chercher des solutions négociées, il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fusion géante entre les câblo-opérateurs américains Comcast et Time Warner Cable (TWC) ne verra finalement pas le jour. Les deux groupes, qui avaient annoncé leur rapprochement le 13 février 2014, ont préféré jeter l’éponge face au scepticisme des autorités américaines de la concurrence, selon des sources proches du dossier et citées, jeudi 23 avril, par l’agence Bloomberg. L’abandon de l’opération devait être officialisé dans la journée de vendredi.Comcast, le leader du secteur aux Etats-Unis, avait initialement proposé de racheter TWC, le numéro deux, pour 45,2 milliards de dollars (41,7 milliards d’euros), soit 67 milliards de dollars dette comprise.A l’issue, les deux groupes auraient cumulé 30 millions d’abonnés. Mais, depuis cette annonce, d’intenses négociations se sont engagées avec le régulateur américain du secteur, la Federal Communications Commission (FCC), pour savoir si l’opération respectait les règles de la concurrence. Il y a quelques jours, le ministère de la justice avait commencé à émettre de sérieux doutes sur la faisabilité de la fusion.Lire aussi :La fusion Comcast-Time Warner sous la loupe de l’antitrust américainMercredi, le parcours d’obstacles s’est encore un peu plus compliqué. Comcast et TWC ont rencontré des membres de la FCC et du ministère de la justice, dont le feu vert était nécessaire pour que l’opération puisse aller à son terme. Leurs interlocuteurs ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact qu’aurait une fusion sur les consommateurs.Le précédent AT&TLa FCC a proposé que le feu vert donné à l’opération le soit par un juge administratif. Cette procédure, qui en dit long sur le scepticisme du régulateur, a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’issue finale devenant très incertaine, et malgré des dépenses en lobbying, en 2014, de 17 millions de dollars, Comcast a donc préféré renoncer.C’est le même type de procédure qui avait été imposé à AT&T pour valider son rapprochement avec T-Mobile en 2011. On sait ce qu’il advint : la fusion avait été cassée par le juge, et l’opérateur avait dû payer 4 milliards de dollars d’indemnités à Deutsche Telekom, la maison mère de T-Mobile.Comcast a eu beau répéter, ces derniers mois, que la fusion était dans l’intérêt public parce qu’elle permettrait de fournir aux clients de TWC un meilleur service, les autorités américaines ne se sont pas laissées convaincre.Il faut dire que le nouveau groupe aurait détenu 30 % du marché de la télévision payante aux Etats-Unis et 57 % de celui des fournisseurs d’accès à Internet. Les deux acteurs avaient proposé quelques concessions pour faire passer la pilule. Il était notamment question de rétrocéder environ trois millions d’abonnés au challenger du secteur, Charter Communications, qui serait ainsi passé de la quatrième à la deuxième place. Mais, visiblement, la concession n’a pas été jugée suffisante.Bonne nouvelle pour le consommateurLe renoncement à cette fusion fait les affaires de groupes de média, comme Time Warner – dont les activités n’ont plus rien à voir avec celles de TWC –, de Walt Disney, de 21st Century Fox ou encore de Netflix, qui voyaient d’un mauvais œil la constitution de ce nouveau géant. Reed Hastings, le fondateur et patron de la société de streaming (lecture sans téléchargement) était d’ailleurs l’un des plus virulents opposants à ce projet de mariage. Netflix avait déjà dû accepter de verser d’importantes sommes d’argent à Comcast et à TWC, afin d’assurer une vitesse de connexion optimale pour ses abonnés. Réunis, les deux opérateurs auraient encore plus de poids dans ces négociations.Du côté du consommateur, qui paie déjà des prix prohibitifs comparés à ceux pratiqués en Europe pour accéder à Internet, cette réduction du nombre d’acteurs n’aurait pas été non plus une très bonne nouvelle.La recomposition du secteur est donc relancée. Charter Communications et son principal actionnaire, Liberty Media, l’une des holdings du milliardaire américain John Malone, qui avait fait une offre sur TWC quelques semaines avant l’annonce de la fusion, pourrait revenir dans le jeu. Mais, à l’époque, la valorisation proposée, beaucoup moins généreuse que celle de Comcast, avait été rejetée par la cible.Il y a quelques mois, lors d’une réunion avec des investisseurs, M. Malone avait dit qu’il était prêt à envisager une nouvelle offre si jamais l’opération avec Comcast échouait. C’est désormais chose faite.Pour TWC, qui avait fait de cette fusion la pierre angulaire de stratégie, c’est assurément un coup dur. La direction de l’entreprise a prévu d’organiser une conférence téléphonique avec ses actionnaires, le 30 avril. Le PDG du groupe, Robert Marcus, arrivé à la tête de la société seulement un mois et demi avant la vente à Comcast, avait empoché une rémunération astronomique de 80 millions de dollars. Il va maintenant lui falloir trouver un plan B capable d’assurer un futur à TWC.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Anne Eveno « Chez Orange, elle connaît tous les rouages de l’entreprise et des métiers. Aller vers une autre entreprise va être pour elle un vrai défi, un saut dans l’inconnu. » Ce haut cadre d’Orange résume bien l’équation que va devoir résoudre Delphine Ernotte, nommée, jeudi 23 avril, présidente de France Télévisions, après vingt-six années passées chez l’opérateur.A 48 ans, la directrice générale adjointe d’Orange France a arpenté toutes les fonctions possibles au sein de son entreprise : de l’analyse financière à la R&D, de la distribution aux fonctions de direction. Centralienne, cette ingénieure de formation y a appris la vente, la communication, le marketing et le délicat exercice du dialogue social. Elle a aussi contribué à transformer l’entreprise et appris à composer avec la présence de l’Etat.« C’est une vraie patronne qui sait déléguer, écouter et décider », décrit Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution de Canal+, qui a travaillé sous ses ordres chez Orange. « Mi corse-mi basque, elle a un côté mama qui protège voire couve ses équipes, renchérit Elie Girard d’Atos, qui a travaillé avec elle pendant six ans. C’est une bosseuse, très impliquée. Lors de la grande panne des mobiles de l’été 2012, elle a passé toute la nuit au centre de supervision au beau milieu des techniciens et impressionné tout le monde. » Des tempêtesChez Orange, les tempêtes n’ont pas manqué. Mme Ernotte a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau concurrent, Free Mobile, en 2012. Surtout, elle a été confrontée, comme toute la direction du groupe, à la crise des suicides chez l’opérateur, consécutive à la mise en place du plan « Next ». Propulsée au comité exécutif après le départ de Didier Lombard – mis en cause dans cette affaire –, la nouvelle directrice générale admet alors que ces drames ont suscité chez elle « un mélange de profonde culpabilité et de déni » et « une remise en question fondamentale ».Ses défenseurs soulignent qu’elle a ensuite œuvré à l’« apaisement » du climat social. « C’est difficile d’évaluer son implication dans la crise sociale qui a secoué l’entreprise du temps de Lombard, juge une source chez Orange. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a appris à écouter, elle a réussi à respecter le contrat social dans un contexte difficile où Orange France était secoué de tous les côtés par la concurrence. »Dans sa nouvelle maison, Delphine Ernotte se sait attendue sur ce terrain. Pendant la campagne, la CGC Médias l’a associée à cette crise des suicides – un message lourd dans le contexte de fragilité sociale que connaît France Télévisions. Dans sa décision motivée, le CSA a souligné que la nouvelle PDG voulait « bâtir, par la négociation et le dialogue, un plan stratégique visant à promouvoir la confiance au sein de France Télévisions ».Lire aussi (édition abonnés) :France Télévisions, le grand corps maladeL’inconnue des contenusPour cela, elle devra forcer sa personnalité que beaucoup décrivent comme « froide » ou « distante ». « Son côté froid, c’est une carapace, corrige un cadre de l’opérateur. En réalité elle a beaucoup d’empathie et je l’ai vue dans plein de conventions faire le show quand il le fallait. »Et d’avancer une explication : « Elle a toujours été dans un milieu d’hommes, elle doit sûrement se protéger aussi. » Dans l’univers d’ingénieurs souvent masculin qu’est Orange, Delphine Ernotte s’est attachée à défendre la place des femmes, infligeant des amendes de 10 euros pour toute remarque sexiste formulée en comité exécutif.Autre défi pour la nouvelle présidente : son inexpérience dans les contenus et l’audiovisuel, même si Orange distribue aussi des contenus et que le CSA relève sa « perception des enjeux de l’audiovisuel ». Ses amis ont beau évoquer sa « passion du théâtre » – son époux est le comédien Marc Ernotte et elle ne manque pas de réseaux dans le monde culturel –, sa capacité à aider France Télévisions à repenser ses offres en profondeur est à ce stade une inconnue.Anne EvenoJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Il aura fallu une délibération de près de 24 heures pour que le Conseil supérieur de l’audiovisuel tranche. Jeudi 23 avril, les huit conseillers ont désigné Delphine Ernotte, actuelle directrice générale adjointe d’Orange France, à la présidence de France Télévisions. Mme Ernotte prendra ses fonctions le 22 août, succédant à Rémy Pflimlin.Cette nomination a fait l’objet d’une sérieuse bataille au sein du conseil. Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote avait attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique. Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’avaient recueilli aucun vote.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinLes conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias. Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.Des qualités d’écoute et de décisionLe CSA a donc décidé d’auditionner à nouveau les deux candidats, jeudi après-midi. A l’issue de ces auditions, un vote majoritaire s’est dégagé en faveur de Mme Ernotte.Centralienne, Delphine Ernotte a fait toute sa carrière chez Orange. Son profil est celui d’une manageuse dont les partisans vantent les qualités d’écoute, de compréhension et de décision. Avec 80 000 salariés, Orange France est le vaisseau amiral du groupe. Elle n’a par contre pas d’expérience des contenus ou de l’audiovisuel, ce qui était le point fort de l’autre finaliste, Pascal Josèphe.Agée de 48 ans, Mme Ernotte sera la première femme à diriger France Télévisions. Chez Orange, un univers d’ingénieurs souvent masculins, elle s’est attachée à défendre la place des femmes.Dans le milieu de l’audiovisuel, son nom a commencé à circuler fin 2014. Conseillée par Denis Pingaud – également présent aux côtés du PDG de Radio France, Mathieu Gallet –, elle a mené campagne en coulisse, sans s’exposer dans les médias. Cela ne l’a pas empêchée de subir plusieurs tirs de barrage, notamment de syndicats de France Télévisions, qui l’ont parfois associée au plan « Next » dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les huit conseillers du CSA doivent tenter, jeudi 23 avril, de s’accorder sur le nom du futur président de France Télévisions. Celui-ci – ou celle-ci – doit recueillir une majorité d’au moins cinq voix, que les premiers tours de scrutin n’ont pas permis d’atteindre.Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote a attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique.Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’ont recueilli aucun vote. Les conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias.Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.« Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, réuni en assemblée plénière ce matin, a constaté un partage des voix entre deux candidats à l’issue de deux votes. Il a décidé d’auditionner cet après-midi les deux personnalités concernées », a fait savoir le CSA dans un communiqué.Cette situation inédite ne devrait pas manquer de susciter de nouvelles questions à l’égard d’une procédure de désignation qui a été remise en question pour sa dimension secrète.Lire aussi :« France Télévisions, le règne de l’opacité »Jeudi, dans un communiqué, la CFDT de France Télévisions a estimé que « la sélection des candidats en finale à de quoi étonner ». A la surprise générale, plusieurs candidats expérimentés comme Emmanuel Hoog, Didier Quillot ou Marie-Christine Saragosse avaient été écartés, jeudi 16 avril.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.04.2015 à 11h55 • Mis à jour le28.04.2015 à 15h28 | Alexandre Piquard Le fonds Google pour la presse française est mort… vive le fonds Google pour la presse européenne ! Ainsi pourrait se résumer l’annonce que devait faire le groupe américain mardi 28 avril à Londres. Dans le langage maison, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) va cesser mi-2016 son activité après avoir distribué en trois ans 60 millions d’euros environ à des projets d’éditeurs français. Il va laisser la place au Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Cette évolution n’est pas anodine et répond à plusieurs préoccupations de Google, toujours engagé dans une épreuve de force avec certaines entreprises et autorités en Europe.A son lancement, la nouvelle structure de Google s’appuiera sur huit éditeurs partenaires, la plupart quotidiens : Les Echos en France, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie. Cette liste de partenaires est ouverte et susceptible d’accueillir de nouveaux membres.L’initiative sur huit éditeurs partenairesUne première constatation s’impose : les éditeurs français devraient en principe recevoir moins d’argent qu’au cours des trois dernières années. En 2014, le FINP a accordé 16,1 millions d’euros à 29 projets d’innovation (qui restaient financés à 40 % minimum par les médias). En 2013, il a accordé 16,3 millions d’euros à 23 projets.Allant du lancement d’une édition numérique du matin au développement de plates-formes payantes ou mobiles, l’aide a bénéficié à nombre de médias : Le Monde, Le Figaro, Libération, Rue89, BFM-TV, Alternatives économiques…Les candidats français devront désormais défendre leurs initiatives face à celles des éditeurs de toute l’Europe en tant que région. Google n’avait jamais caché que le fonds français était lancé pour trois ans et que son avenir serait alors rediscuté. Mais les détracteurs de Google souligneront que le montant promis en 2013 par l’entreprise en soutien de la presse française n’était pas pérenne et reste soumis à sa volonté.A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Défendant une approche « pragmatique » et de coopération, le fonds français était une « exception » en Europe et dans le monde, a expliqué Francis Morel, patron des Echos, le 25 mars, lors d’une journée organisée par le FINP à Paris. « Je me demande pourquoi. Les autres pays européens devraient nous regarder », disait-il. L’élargissement du fonds français au niveau européen était une question de « cohérence », précisait-on chez Google.Plus collaboratifEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media) qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus, a expliqué Christoph Keese, vice-président exécutif du groupe Springer.Selon ce dirigeant, en pointe du combat contre Google, le fonds français « faillit à établir un principe crucial : le contenu doit être payé ». En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits, écrit Les Echos. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes, ajoute le quotidien partenaire. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.« Rôle dans l’écosystème du numérique »« Google s’intéresse au journalisme car c’est un des fondements de la démocratie. Nos internautes, dans le monde entier, ont besoin d’une presse forte », a expliqué le 25 mars Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations de Google Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique. « Le DNI est le témoignage d’un engagement pour le développement de l’écosystème du journalisme », estime Ludovic Blecher, directeur du FINP.Une démarche qui ne dépareille pas avec l’inflexion de la communication générale de Google, qui vient de lancer sa première campagne institutionnelle en France pour vanter son « rôle dans l’écosystème du numérique ». Au même moment, le groupe livre en Europe un combat dont l’intensité a grimpé d’un cran le 15 avril avec la décision de la commission européenne de notifier à Google son accusation d’abus de position dominante sur la recherche en ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.04.2015 à 11h35 • Mis à jour le27.04.2015 à 19h46 La présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, selon Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures.Cette révélation a été faite à la suite d'un courrier anonyme envoyé aux administrateurs de l'INA à la veille du conseil d'administration qui s'est tenu le 23 avril, précise le quotidien. A la réception de ce courrier anonyme citant des documents de l'entreprise, l'INA a lancé une enquête interne et envisage de porter plainte, a appris Le Monde.Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement et 32 000 euros les déplacements. Agnès Saal a indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés. 6 700 euros au nom de son filsAgnès Saal, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014 s'est défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation, ajoute Le Figaro. « C'est une maladresse, j'en reconnais la responsabilité et j'ai immédiatement remboursé ces frais », a expliqué l'énarque de 57 ans.Un doute subsiste cependant concernant les 7 800 euros de frais de taxi facturés le week-end, à savoir ce qui relève des trajets professionnels et des privés. « Ce n'est pas évident de savoir si une course de taxi pour un événement dans lequel je représente l'INA est professionnelle ou personnelle », a-t-elle expliqué, estimant que « l'usage professionnel du taxi pendant les week-ends représente environ un tiers ou un quart de la facture ». Selon Le Figaro, elle s'est ainsi engagée à rembourser les deux tiers ou les trois quarts restants.La ministre de la culture réagitQuelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin, la ministre de la culture, a rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Concernant les « frais de déplacement privés de la présidente » de l'INA, Mme Pellerin en « a immédiatement demandé le remboursement intégral, qui est en cours », précise le ministère. Gilles Paris (Washington, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o1nqx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o1nqx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « Une offre de télévision publique moderne et créative, ouverte sur le monde et accessible à tous grâce à une entreprise publique réconciliée avec elle-même. » Tel est l’objectif que se fixe Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, dans le projet qu’elle a présenté au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et que celui-ci a rendu public, vendredi 24 avril. Volontariste, ce projet de 31 pages entend transformer cette structure de 10 000 salariés « en une entreprise moderne, du 21e siècle », en constatant « un dilemme simple : l’adaptation ou l’affaiblissement. »Reconquérir la jeunesseMme Ernotte veut « réinventer l’offre » pour reconquérir la jeunesse et s’adapter aux nouveaux usages numériques, tout en promouvant « la diversité culturelle ». « Le principal axe de travail pour y parvenir consiste à mettre l’accent sur l’innovation et une certaine prise de risque », écrit-elle. La recherche et développement de nouveaux programmes se verrait allouer 5 % des budgets, les délais de production seraient raccourcis, un « pacte » serait négocié avec les producteurs pour « faire de l’audiovisuel français un champion à l’international » et « pousser à la création de programmes exportables ». L’enjeu serait la « création de nouvelles fictions » mais aussi la culture, l’information et le sport.La nouvelle PDG souhaite également refondre l’offre de rattrapage, sous l’influence de la plate-forme Netflix. « Afin de créer une passerelle directe avec les usagers, une nouvelle plateforme numérique, basée sur un algorithme de recommandation, doit rendre la télévision de rattrapage plus accessible », souhaite-t-elle.L’offre jeunesse serait la première concernée, avec la mise en place d’une offre à la demande qu’elle espère également génératrice de nouvelles recettes. Plus largement, Mme Ernotte propose une stratégie numérique inspirée de pratiques en vigueur sur d’autres chaînes : recherche de nouveaux talents, interactivité, mise en ligne anticipée de tous les épisodes d’une série…France 2 chaîne du flux, réforme de France 3Du côté des chaînes, elle compte faire évoluer France 2 vers l’« événementiel », c’est-à-dire la chaîne du « voir ensemble », qu’il s’agisse de l’information, du sport ou des télés crochets. « France 2 a vocation naturelle à devenir la chaîne leader de la télévision française », espère-t-elle.Delphine Ernotte annonce également une profonde réforme de France 3, très attendue par les pouvoirs publics. Celle-ci reposerait sur le rassemblement de France 3 et France 3 Régions, actuellement séparées ; le développement des décrochages régionaux ; une redéfinition du découpage régional pour suivre la nouvelle carte des régions françaises.Quant aux autres chaînes, France 5 et France Ô garderaient le même positionnement, mais France 4 serait exclusivement orientée vers « le public des moins de 15 ans », et non plus les jeunes adultes.Enfin, dans le domaine de l’information, ce projet propose de « faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion », c’est-à-dire une chaîne d’information - dont le mode de diffusion reste à définir - qui puisse se positionner en contrepoint de BFM-TV. Pour y parvenir, Mme Ernotte souhaite développer des liens avec les autres entreprises de l’audiovisuel public (l’INA, France Médias Monde ou Radio France), répondant là aussi à une attente des pouvoirs publics. Ce projet pourrait être « mis à l’antenne en septembre 2016 ».Des assises de l’entrepriseMais pour mener à bien ces différentes ambitions, Delphine Ernotte trace un chemin exigeant qui définit une large réforme de l’entreprise. Constatant que « France Télévisions est une entreprise qui doute », elle insiste sur une méthode reposant sur le dialogue. « Le plan stratégique 2020 sera élaboré dans le cadre des assises de l’entreprise, organisées selon un processus décentralisé », annonce-t-elle.Elle en attend « un pacte social adapté aux besoins de l’entreprise et des salariés » qui reposera sur « une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « donnant la priorité aux responsables de proximité ». Il s’agit de répondre aux angoisses et à la désorganisation de l’entreprise, décrites dans plusieurs rapports, pour proposer des évolutions des métiers et une vaste politique de formation.Lire aussi :France Télévisions, le grand corps maladeLa masse salariale sous pressionMme Ernotte compte aussi donner plus d’autonomie aux directions de chaînes, même si elle maintiendrait une direction transversale pour les programmes et une autre pour l’information. « Dès mon entrée en fonction, je nommerai une équipe strictement paritaire. Celle-ci, composée de quatorze membres comprendra, outre la Présidence, les cinq directions de chaînes, les deux directions transversales (stratégie et programmes, information) auxquelles s’ajouteront six directions fonctionnelles : commerciale, technique et système d’information, financière, ressources humaines, communication et secrétariat général », annonce-t-elle.Dans l’immédiat, c’est une politique de rigueur qui est prévue. La nouvelle PDG va « remettre à plat immédiatement le budget 2015 » et engager des économies de structure : « direction plus recentrée », « mise sous contrôle des frais de conseil et des frais généraux », « blocage immédiat des embauches », « rationalisation des missions » et rentabilisation de « l’outil de production » interne.« De façon plus générale, la question des charges de personnel doit être affrontée avec détermination et responsabilité, écrit Mme Ernotte. Le taux de collaborateurs non permanents est de 15,4 %. Le taux d’encadrement est très élevé. Afin d’éviter tout départ contraint et de chercher des solutions négociées, il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fusion géante entre les câblo-opérateurs américains Comcast et Time Warner Cable (TWC) ne verra finalement pas le jour. Les deux groupes, qui avaient annoncé leur rapprochement le 13 février 2014, ont préféré jeter l’éponge face au scepticisme des autorités américaines de la concurrence, selon des sources proches du dossier et citées, jeudi 23 avril, par l’agence Bloomberg. L’abandon de l’opération devait être officialisé dans la journée de vendredi.Comcast, le leader du secteur aux Etats-Unis, avait initialement proposé de racheter TWC, le numéro deux, pour 45,2 milliards de dollars (41,7 milliards d’euros), soit 67 milliards de dollars dette comprise.A l’issue, les deux groupes auraient cumulé 30 millions d’abonnés. Mais, depuis cette annonce, d’intenses négociations se sont engagées avec le régulateur américain du secteur, la Federal Communications Commission (FCC), pour savoir si l’opération respectait les règles de la concurrence. Il y a quelques jours, le ministère de la justice avait commencé à émettre de sérieux doutes sur la faisabilité de la fusion.Lire aussi :La fusion Comcast-Time Warner sous la loupe de l’antitrust américainMercredi, le parcours d’obstacles s’est encore un peu plus compliqué. Comcast et TWC ont rencontré des membres de la FCC et du ministère de la justice, dont le feu vert était nécessaire pour que l’opération puisse aller à son terme. Leurs interlocuteurs ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact qu’aurait une fusion sur les consommateurs.Le précédent AT&TLa FCC a proposé que le feu vert donné à l’opération le soit par un juge administratif. Cette procédure, qui en dit long sur le scepticisme du régulateur, a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’issue finale devenant très incertaine, et malgré des dépenses en lobbying, en 2014, de 17 millions de dollars, Comcast a donc préféré renoncer.C’est le même type de procédure qui avait été imposé à AT&T pour valider son rapprochement avec T-Mobile en 2011. On sait ce qu’il advint : la fusion avait été cassée par le juge, et l’opérateur avait dû payer 4 milliards de dollars d’indemnités à Deutsche Telekom, la maison mère de T-Mobile.Comcast a eu beau répéter, ces derniers mois, que la fusion était dans l’intérêt public parce qu’elle permettrait de fournir aux clients de TWC un meilleur service, les autorités américaines ne se sont pas laissées convaincre.Il faut dire que le nouveau groupe aurait détenu 30 % du marché de la télévision payante aux Etats-Unis et 57 % de celui des fournisseurs d’accès à Internet. Les deux acteurs avaient proposé quelques concessions pour faire passer la pilule. Il était notamment question de rétrocéder environ trois millions d’abonnés au challenger du secteur, Charter Communications, qui serait ainsi passé de la quatrième à la deuxième place. Mais, visiblement, la concession n’a pas été jugée suffisante.Bonne nouvelle pour le consommateurLe renoncement à cette fusion fait les affaires de groupes de média, comme Time Warner – dont les activités n’ont plus rien à voir avec celles de TWC –, de Walt Disney, de 21st Century Fox ou encore de Netflix, qui voyaient d’un mauvais œil la constitution de ce nouveau géant. Reed Hastings, le fondateur et patron de la société de streaming (lecture sans téléchargement) était d’ailleurs l’un des plus virulents opposants à ce projet de mariage. Netflix avait déjà dû accepter de verser d’importantes sommes d’argent à Comcast et à TWC, afin d’assurer une vitesse de connexion optimale pour ses abonnés. Réunis, les deux opérateurs auraient encore plus de poids dans ces négociations.Du côté du consommateur, qui paie déjà des prix prohibitifs comparés à ceux pratiqués en Europe pour accéder à Internet, cette réduction du nombre d’acteurs n’aurait pas été non plus une très bonne nouvelle.La recomposition du secteur est donc relancée. Charter Communications et son principal actionnaire, Liberty Media, l’une des holdings du milliardaire américain John Malone, qui avait fait une offre sur TWC quelques semaines avant l’annonce de la fusion, pourrait revenir dans le jeu. Mais, à l’époque, la valorisation proposée, beaucoup moins généreuse que celle de Comcast, avait été rejetée par la cible.Il y a quelques mois, lors d’une réunion avec des investisseurs, M. Malone avait dit qu’il était prêt à envisager une nouvelle offre si jamais l’opération avec Comcast échouait. C’est désormais chose faite.Pour TWC, qui avait fait de cette fusion la pierre angulaire de stratégie, c’est assurément un coup dur. La direction de l’entreprise a prévu d’organiser une conférence téléphonique avec ses actionnaires, le 30 avril. Le PDG du groupe, Robert Marcus, arrivé à la tête de la société seulement un mois et demi avant la vente à Comcast, avait empoché une rémunération astronomique de 80 millions de dollars. Il va maintenant lui falloir trouver un plan B capable d’assurer un futur à TWC.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Anne Eveno « Chez Orange, elle connaît tous les rouages de l’entreprise et des métiers. Aller vers une autre entreprise va être pour elle un vrai défi, un saut dans l’inconnu. » Ce haut cadre d’Orange résume bien l’équation que va devoir résoudre Delphine Ernotte, nommée, jeudi 23 avril, présidente de France Télévisions, après vingt-six années passées chez l’opérateur.A 48 ans, la directrice générale adjointe d’Orange France a arpenté toutes les fonctions possibles au sein de son entreprise : de l’analyse financière à la R&D, de la distribution aux fonctions de direction. Centralienne, cette ingénieure de formation y a appris la vente, la communication, le marketing et le délicat exercice du dialogue social. Elle a aussi contribué à transformer l’entreprise et appris à composer avec la présence de l’Etat.« C’est une vraie patronne qui sait déléguer, écouter et décider », décrit Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution de Canal+, qui a travaillé sous ses ordres chez Orange. « Mi corse-mi basque, elle a un côté mama qui protège voire couve ses équipes, renchérit Elie Girard d’Atos, qui a travaillé avec elle pendant six ans. C’est une bosseuse, très impliquée. Lors de la grande panne des mobiles de l’été 2012, elle a passé toute la nuit au centre de supervision au beau milieu des techniciens et impressionné tout le monde. » Des tempêtesChez Orange, les tempêtes n’ont pas manqué. Mme Ernotte a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau concurrent, Free Mobile, en 2012. Surtout, elle a été confrontée, comme toute la direction du groupe, à la crise des suicides chez l’opérateur, consécutive à la mise en place du plan « Next ». Propulsée au comité exécutif après le départ de Didier Lombard – mis en cause dans cette affaire –, la nouvelle directrice générale admet alors que ces drames ont suscité chez elle « un mélange de profonde culpabilité et de déni » et « une remise en question fondamentale ».Ses défenseurs soulignent qu’elle a ensuite œuvré à l’« apaisement » du climat social. « C’est difficile d’évaluer son implication dans la crise sociale qui a secoué l’entreprise du temps de Lombard, juge une source chez Orange. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a appris à écouter, elle a réussi à respecter le contrat social dans un contexte difficile où Orange France était secoué de tous les côtés par la concurrence. »Dans sa nouvelle maison, Delphine Ernotte se sait attendue sur ce terrain. Pendant la campagne, la CGC Médias l’a associée à cette crise des suicides – un message lourd dans le contexte de fragilité sociale que connaît France Télévisions. Dans sa décision motivée, le CSA a souligné que la nouvelle PDG voulait « bâtir, par la négociation et le dialogue, un plan stratégique visant à promouvoir la confiance au sein de France Télévisions ».Lire aussi (édition abonnés) :France Télévisions, le grand corps maladeL’inconnue des contenusPour cela, elle devra forcer sa personnalité que beaucoup décrivent comme « froide » ou « distante ». « Son côté froid, c’est une carapace, corrige un cadre de l’opérateur. En réalité elle a beaucoup d’empathie et je l’ai vue dans plein de conventions faire le show quand il le fallait. »Et d’avancer une explication : « Elle a toujours été dans un milieu d’hommes, elle doit sûrement se protéger aussi. » Dans l’univers d’ingénieurs souvent masculin qu’est Orange, Delphine Ernotte s’est attachée à défendre la place des femmes, infligeant des amendes de 10 euros pour toute remarque sexiste formulée en comité exécutif.Autre défi pour la nouvelle présidente : son inexpérience dans les contenus et l’audiovisuel, même si Orange distribue aussi des contenus et que le CSA relève sa « perception des enjeux de l’audiovisuel ». Ses amis ont beau évoquer sa « passion du théâtre » – son époux est le comédien Marc Ernotte et elle ne manque pas de réseaux dans le monde culturel –, sa capacité à aider France Télévisions à repenser ses offres en profondeur est à ce stade une inconnue.Anne EvenoJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Il aura fallu une délibération de près de 24 heures pour que le Conseil supérieur de l’audiovisuel tranche. Jeudi 23 avril, les huit conseillers ont désigné Delphine Ernotte, actuelle directrice générale adjointe d’Orange France, à la présidence de France Télévisions. Mme Ernotte prendra ses fonctions le 22 août, succédant à Rémy Pflimlin.Cette nomination a fait l’objet d’une sérieuse bataille au sein du conseil. Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote avait attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique. Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’avaient recueilli aucun vote.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinLes conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias. Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.Des qualités d’écoute et de décisionLe CSA a donc décidé d’auditionner à nouveau les deux candidats, jeudi après-midi. A l’issue de ces auditions, un vote majoritaire s’est dégagé en faveur de Mme Ernotte.Centralienne, Delphine Ernotte a fait toute sa carrière chez Orange. Son profil est celui d’une manageuse dont les partisans vantent les qualités d’écoute, de compréhension et de décision. Avec 80 000 salariés, Orange France est le vaisseau amiral du groupe. Elle n’a par contre pas d’expérience des contenus ou de l’audiovisuel, ce qui était le point fort de l’autre finaliste, Pascal Josèphe.Agée de 48 ans, Mme Ernotte sera la première femme à diriger France Télévisions. Chez Orange, un univers d’ingénieurs souvent masculins, elle s’est attachée à défendre la place des femmes.Dans le milieu de l’audiovisuel, son nom a commencé à circuler fin 2014. Conseillée par Denis Pingaud – également présent aux côtés du PDG de Radio France, Mathieu Gallet –, elle a mené campagne en coulisse, sans s’exposer dans les médias. Cela ne l’a pas empêchée de subir plusieurs tirs de barrage, notamment de syndicats de France Télévisions, qui l’ont parfois associée au plan « Next » dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les huit conseillers du CSA doivent tenter, jeudi 23 avril, de s’accorder sur le nom du futur président de France Télévisions. Celui-ci – ou celle-ci – doit recueillir une majorité d’au moins cinq voix, que les premiers tours de scrutin n’ont pas permis d’atteindre.Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote a attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique.Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’ont recueilli aucun vote. Les conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias.Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.« Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, réuni en assemblée plénière ce matin, a constaté un partage des voix entre deux candidats à l’issue de deux votes. Il a décidé d’auditionner cet après-midi les deux personnalités concernées », a fait savoir le CSA dans un communiqué.Cette situation inédite ne devrait pas manquer de susciter de nouvelles questions à l’égard d’une procédure de désignation qui a été remise en question pour sa dimension secrète.Lire aussi :« France Télévisions, le règne de l’opacité »Jeudi, dans un communiqué, la CFDT de France Télévisions a estimé que « la sélection des candidats en finale à de quoi étonner ». A la surprise générale, plusieurs candidats expérimentés comme Emmanuel Hoog, Didier Quillot ou Marie-Christine Saragosse avaient été écartés, jeudi 16 avril.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Après la grève à Radio France, c'est France Télévisions qui se retrouve dans l'actualité avec la nomination imminente de son nouveau président. A eux deux, ces groupes rassemblent les principales télévisions et radios publiques françaises. Mais d'autres existent, à l'instar de LCP, TV5 Monde, Public Sénat, RFI, France 24 ou MCD. Ces entreprises, qui font un peu moins parler d'elles, sont aussi financées par la redevance et le budget de l'Etat. Pris dans sa globalité, le service public de l'audiovisuel représente un quart des parts de marché de la radio et un tiers pour la télévision.  #container_1429693686856{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1429693686856{ height:250px; } #container_1429693686856 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1429693686856 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1429693686856 .subtitre{ display:block; }Part d'audience des radios publiques en France(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1429693686856", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "pie", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.mediametrie.fr/radio/communiques/l-audience-de-la-radio-en-france-sur-la-periode-janvier-mars-2015.php?id=1239", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Tour d'horizon complet de ses différentes composantes :France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5, Outre-Mer 1ère, France Ô)Radio France (France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, France Musique, Mouv', FIP)France Médias Monde (RFI, France 24, MCD)Les chaînes co-financées (TV5 Monde, Arte)Les chaînes parlementaires (LCP, Public Sénat)L'Institut national de l'audiovisuel (INA)France Télévisions France 2, France 3, France 4, France 5 mais aussi Outre-mer 1ère et France Ô. Ces chaînes font toutes parties de France Télévisions, le « premier groupe audiovisuel français », comme il se définit lui-même. Rémy Pflimlin, son président, a été nommé en 2009 par Nicolas Sarkozy. C'est le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), chargé aujourd'hui de la procédure de nomination, qui décidera s'il est remplacé ou reconduit dans ses fonctions en août.France Télévisions rassemble près de 30 % des téléspectateurs (Médiamétrie, mars 2015). Un chiffre porté par l'audience de France 2 (13,8 %), qui se veut la chaîne généraliste « de l'événement, du lien social et du vivre ensemble » et qui est la deuxième chaîne nationale derrière TF1 (21,9 %). France 3, « la chaîne de la proximité », pèse elle 9 % de part de marché grâce à des rendez-vous phares comme le feuilleton « Plus belle la vie », le « 19/20 » ou « Thalassa ».Loin derrière, France 5 rassemble 3,4 % des téléspectateurs avides de connaissances et de découvertes tandis que France 4 et France Ô peinent à intéresser les jeunes d'un côté (1,6 % de part de marché) et le public ultramarin de l'autre (0,6 %). Cela s'explique sans doute par la concurrence du réseau local Outre-mer 1ère, décliné dans les neufs territoires ultramarins, de la Guadeloupe à Wallis-et-Futuna.Le maintien de France 4 et France Ô a d'ailleurs été récemment questionné dans un pré-rapport du CSA obtenu par BFM Business. En novembre 2011, le texte, qui n'était qu'un « document préparatoire » selon le CSA, souhaitait notamment que France Télévisions repense au périmètre des chaînes publiques, parfois mal identifiées. Sont alors évoqués un « contrat de lecture peu lisible » pour France 4 et un « problème d'harmonisation » entre France 2 et France 3, alors que le premier diffuse parfois des programmes plus en phase avec la ligne éditoriale de France 3 (le magazine « Secret d'histoire », par exemple).Le rapport mettait également en avant le vieillissement de l'audience et la faible qualité de certains programmes tout en jugeant satisfaisant l'action de France Télévisions en termes de qualité d'information, de développement numérique et de soutien à la création. Radio France Difficile aussi de passer à côté de Radio France, touché récemment par un mois de grève et qui diffuse les sept radios publiques nationales. L'ensemble pèse pour un quart des audiences de la radio (24,1 % de part de marché) sur la période janvier-mars 2015. Le groupe est porté par la généraliste France Inter (9,8 %), suivie du cumul des audiences des locales de France Bleu (6,9 %), puis de France Info (3,3 %).Les autres stations sont plus confidentielles : France Culture est écoutée par 1,6 % des auditeurs et France Musique par 1,2 %. Cette dernière, une des priorités du PDG Mathieu Gallet avec France Info et le Mouv', a été dans le collimateur de la Cour des comptes, qui préconise une direction commune avec la direction de la musique du groupe. La juridiction financière de la rue Cambon veut également « statuer sur l'avenir » du Mouv', autrement dit poser la question de la suppression de la diffusion hertzienne de cette station destinée aux jeunes, qui ne rassemble que 0,5 % des auditeurs. Autre station peu écoutée, FIP, l'antenne dédiée aux musiques éclectiques. Et pour cause, l'ancienne « France Inter Paris » ne possède qu'une dizaine de fréquences en France, contre plus de 600 pour France Inter.France Médias Monde France Médias Monde est le troisième groupe public financé par la redevance. Si on connaît moins l'ex-AEF (Audiovisuel extérieur français), c'est sans doute car, selon son cahier des charges, ses programmes sont « destinés au public international ainsi qu'au public français résidant à l'étranger ». Le groupe, présidé par Marie-Christine Saragosse (et qui a été écartée de la short-list des candidats à la présidence de France TV), gère une chaîne d'information et deux radios : France 24, RFI et MCD (Monte Carlo Doualiya).France Médias Monde a été dans la tourmente ses dernières années. En 2008, la fusion juridique des trois entités au sein d'une même holding a entraîné une crise ouverte entre le président-directeur général, Alain de Pouzilhac, et la directrice générale déléguée, Christine Ockrent, mais également la suppression de 22 % des effectifs, due à deux plans de départs volontaires successifs. Un nouveau contrat d'objectif et de moyen doit être lancé pour 2016 afin de redéfinir la stratégie du groupe.Radio France international (RFI) n'est écoutée que par 0,1 % des auditeurs français selon Médiamétrie mais en réunit 34,5 millions dans le monde, dans 62 pays. L'Afrique, notamment francophone, constitue 80 % de l'audience de RFI, loin devant l'Amérique du Sud (10 %) et l'Europe (3 %). C'est pourquoi la radio a choisi d'avoir deux grilles distinctes aux heures de grande écoute : une « Afrique » et une « Monde ». La rédaction, qui se trouve à Paris, vise à « offrir les clefs de compréhension du monde », que ce soit en français ou dans l'une des 12 langues étrangères de la station (anglais, cambodgien, chinois, espagnol, haoussa, kiswahili, persan, portugais, brésilien, roumain, russe, vietnamien). RFI souhaite d'ailleurs renforcer le nombre de ses décrochages en langues africaines. Le succès de la station repose aussi sur ses émissions diffusées par 700 radios partenaires.MCD, pour Monte Carlo Doualiya, est une radio généraliste en langue arabe, principalement axée sur l'information et la culture. Selon un rapport parlementaire, MCD « s'adresse en priorité à des individus instruits. On lui reconnaît des qualités de fiabilité et d'expertise. [C'est] une station incontournable en temps de guerre (Liban, Syrie, Irak) ». La filiale de RFI est écoutée par 8 millions d'auditeurs dans le Proche et Moyen-Orient, une partie de l'Afrique (Djibouti, Mauritanie et Sud-Soudan) et dans une moindre mesure à Marseille. MCD tente aujourd'hui d'ouvrir de nouvelles fréquences : elle s'est notamment installée dans le sultanat d'Oman, en janvier. Elle envisage également un développement au Maghreb, où le marché de l'audiovisuel a été ouvert après les printemps arabes. Depuis 2013, la station a quitté la Maison de la radio en même temps que RFI afin de s'installer aux côtés de France 24 dans les locaux de France Médias Monde, à Issy-les-Moulineaux.France 24 a été créée en 2006 par France Télévisions et TF1, après plusieurs années de débats. Entièrement publique depuis 2008 (TF1 ayant revendu ses parts), elle offre une vision française de l'actualité internationale dans le monde entier (177 pays). France 24 est déclinée en trois canaux (français, anglais et arabe), avec une même ligne éditoriale, résumée par le slogan « Liberté, égalité, actualité ». Une réflexion est en cours pour une diffusion en espagnol. Si l'audience de la « CNN à la française » est difficile à mesurer, France 24 totalise près de 46 millions de téléspectateurs par semaine dans les 64 pays (sur 177) mesurés. En France, l'audience reste faible, la chaîne ne bénéficiant d'un canal sur la TNT que depuis septembre 2014, et uniquement en Ile-de-France.Les chaînes co-financéesLe service public a également des parts dans deux médias : d'abord Arte, co-financée par l'Allemagne, mais aussi TV5 Monde, dont la Belgique, la Suisse, le Canada et dans une moindre mesure l'Allemagne (via Arte) sont actionnaires. Dans les deux cas, la France y joue un rôle important.TV5 Monde Né en 1984, la discrète TV5 Monde a été propulsée au cœur de l'actualité début avril après avoir été victime d'une cyberattaque. Détenu majoritairement par France Télévisions depuis 2013 (à près de 49 %) mais encore un peu par France Médias Monde (13 %), le groupe présidé par Yves Bigot appartient aussi à des médias publics suisses, belges, canadiens ainsi qu'à Arte et à l'INA. Rien d'étonnant, puisque le rôle de TV5 Monde, qui a fêté ses 30 ans en 2014, est de diffuser la culture francophone dans le monde entier (198 pays), à travers des programmes qu'elle produit ou des rediffusions de divertissements, spectacles, jeux, fictions, documentaires... issues des chaînes qui la financent. TV5 Monde est déclinée en 10 chaînes, couvrant chacune une partie du monde (TV5 FBS - France Belgique Suisse, TV5 Europe, TV5 Afrique...).Si 260 millions de foyers ont accès à TV5 Monde, on estime à 55 millions le nombre de téléspectateurs hebdomadaires de la chaîne. Plus des deux tiers de son audience se fait en Afrique, contre un quart en Europe. En France, TV5 FBS n'est accessible que sur le câble et le satellite ou via Internet. Elle rassemble 4,2 millions de téléspectateurs hebdomadaires, en incluant les Belges et les Suisses.TV5 Monde dépend en grande partie de France Télévisions, mais a un budget propre de 110 millions, 76 millions venant de la France, le reste des autres pays actionnaires. Elle a été baladée plusieurs fois [.pdf] entre France Télévisions, qui lui fournit la plupart de ses programmes français, et France Médias Monde, puisque la chaîne s'adresse à un public étranger.Arte Arte, pour Association relative à la télévision européenne, est une chaîne de télévision fondée par l'Allemagne et la France en 1991. Symbole de l'amitié de deux pays, elle se veut la chaîne de la culture européenne, « la télé qui vous allume», comme le clame son slogan. Ainsi, près de la moitié de sa programmation est faite de documentaires. Sans publicité, 95 % de ses recettes proviennent des redevances audiovisuelles française et allemande.Arte est un groupement européen d'intérêt économique (GEIE) composé d'une partie allemande détenue à part égale par les deux chaînes publiques (l'ARD et la ZDF) et d'Arte France, qui dépend de France Télévisions à 45 %, mais aussi directement de l'Etat, de Radio France, de l'INA et plus étonnant, de Radio France (15 %).La chaîne est diffusée en France et en Allemagne mais aussi en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Autriche et aux Pays-Bas. Dans l'hexagone, Arte tourne autour des 2 % de part de marché, ce qui fait d'elle la douzième chaîne française. Un score qui a progressé de 5 points entre 2011 et 2015. Avant l'arrivée de la TNT en 2005, Arte partageait un canal (et une faible audience) avec France 5. Depuis l'extinction du signal analogique en 2011, si les deux chaînes ont définitivement tourné la page de la cohabitation, une situation similaire persiste pour Public Sénat et La chaîne parlementaire - Assemblée nationale (LCP-AN dite LCP).Les chaînes parlementaires : LCP et Public Sénat On n'en parle moins que pour France Télévisions, mais 2015 est aussi l'année du renouvellement des présidents de LCP et de Public Sénat. Ainsi Gilles Leclerc va être remplacé à la tête de Public Sénat par Emmanuel Kessler à partir du 1er juin. Le remplaçant de Gérard Leclerc (LCP) devrait être connu dans les prochains jours. Contrairement à ce qui se passe pour Radio France, France Télévisions et France Médias Monde, ce n'est pas le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui nomme le président des deux chaînes mais un Bureau dans chaque assemblée qui représente l'ensemble des groupes politiques. Le CSA n'a d'ailleurs aucune compétence sur les chaînes parlementaires, qui ne sont étudiées ni par la Cour des comptes ni par Médiamétrie.De fait, les deux chaînes ont un statut à part, aussi parce qu'elles sont financées directement par le budget du Parlement. Si chaque chambre a sa chaîne, l'Assemblée nationale et le Sénat se partagent un même canal (le 13) sur la TNT. Une situation inédite dans le monde pour des chaînes parlementaires, comme l'expliquait récemment Challenges, qui n'est pas sans poser problème, surtout quand Sénat et Assemblée nationale sont de majorité différente (ce qui est souvent le cas). L'enjeu est important : depuis 1999, LCP et Public Sénat sont chargées de rendre compte de ce que fait le législatif, et ont, plus largement « une mission de service public, d'information et de formation des citoyens à la vie publique, par des programmes parlementaires, éducatifs et civiques ».Le canal 13 est divisé en huit tranches horaires, faisant alterner programmes de Public Sénat et de LCP. Conséquence : des discours de parlementaires parfois coupés s'ils ne sont pas synchronisés avec les horaires des deux chaînes, des émissions similaires, deux directions et un budget (35 millions d'euros) à se partager. Une telle structure a-t-elle un impact sur l'audience ? Si Médiamétrie ne la mesure pas, elle serait très faible selon un des opérateurs qui diffuse la chaîne en ADSL : autour de 0,25 % de part de marché. Si une fusion des deux chaînes est régulièrement évoquée - encore récemment par Claude Bartelone, le Sénat s'y oppose : il ne veut pas perdre sa visibilité, déjà faible dans les médias. Entre 1 (selon le Sénat) à 7 millions (selon l'Assemblée) d'euros pourraient être économisés.Loïc SoleymieuxJournaliste au Monde Alexis Delcambre Etienne Mougeotte savoure son joli coup. À 75 ans, l’ancien vice-président de TF1 s’apprête à mettre la main sur Valeurs actuelles, qu’il qualifie de « magazine de droite de référence ». Mercredi 22 avril, l’hebdomadaire a confirmé des négociations exclusives entre son propriétaire, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, et la société Privinvest Médias, en vue d’une cession qui « pourrait être effective d’ici fin juin ».Derrière Privinvest - une société créée pour l’occasion - se trouvent M. Mougeotte ainsi que son financeur, l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa, et Charles Villeneuve, lui aussi ancien cadre de TF1, et résident, comme M. Safa, de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes).Une surpriseL’arrivée du trio dans ce dossier est une surprise. Selon nos informations, les premiers contacts dateraient de trois semaines à peine, à l’initiative de Jean-Claude Dassier, lui aussi ancien cadre de TF1, et administrateur de Valeurs actuelles. Autre passerelle : Etienne Mougeotte connaît bien Yves de Kerdrel, le directeur du titre, pour l’avoir côtoyé au Figaro. M. De Kerdrel devrait d’ailleurs rester en place une fois la vente actée.Les trois hommes sont à l’affût des opportunités dans la presse. Ils avaient tenté de racheter le groupe Nice-Matin à l’automne dernier et manifesté, fin 2014, un intérêt pour L’Express, avant son rachat par Patrick Drahi. « Nous avons l’idée de commencer à constituer un groupe média », dit M. Mougeotte.Riche, M. Safa est un « acteur multi-investisseur », comme le qualifie un expert du secteur, déjà présent dans les chantiers navals, le transport maritime, l’immobilier, le pétrole et le gaz. « Mougeotte et Villeneuve l’ont sans doute convaincu qu’il y avait des opportunités » dans les médias, pense cet expert.Valeurs actuelles en est une. Son propriétaire, le groupe Pierre Fabre, cherchait depuis plusieurs mois à céder son activité presse, rassemblée dans le groupe Valmonde (Valeurs actuelles, Jours de Chasse et Jours de Cheval), qu’il a redressé après l’avoir racheté, en 2006, au groupe Dassault.Surtout, Valeurs actuelles est le seul « news magazine » à s’être développé depuis 2012 et l’arrivée de la gauche au pouvoir. Récemment distingué par l’OJD pour avoir connu la plus forte progression de diffusion en 2014 (+ 16,5 % avec 110 096 exemplaires de diffusion France payés), il est rentable.Sous la direction d’Yves de Kerdrel, arrivé en 2013, le journal incarne une opposition frontale et multiplie les couvertures « choc » sur l’islam ou l’immigration, autant de signaux envoyés à un électorat de droite radicalisé et parfois tenté par le Front national.Lire : La France de « Valeurs actuelles »Cette ligne éditoriale l’a, par deux fois, conduit devant la justice. Le titre a été condamné en mars pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation pour un dossier intitulé « Roms l’overdose ». En février, il a également été condamné pour provocation à la discrimination envers les musulmans, pour une couverture présentant une Marianne voilée. Valeurs actuelles a fait appel de ces deux condamnations.L’ombre de l’extrême droiteLa cession à venir a-t-elle un sens politique ? Les enregistrements de Patrick Buisson, dévoilés dans la presse, ont révélé la grande proximité entre Nicolas Sarkozy et M. Mougeotte, quand celui-ci dirigeait Le Figaro. Aujourd’hui, celui-ci concède conserver des « échanges épisodiques » avec l’ancien président, « comme avec Juppé, Le Maire, Fillon ou des gens du FN, car ils sont dans le jeu politique. »À l’automne, deux hommes d’affaires ayant des connexions avec l’extrême droite, Alain Lefebvre et Jean-François Michaud, avaient examiné le dossier. L’autre candidat connu au rachat de Valeurs actuelles a été le patron du groupe Fiducial, Christian Letouche, qui a parfois côtoyé l’extrême droite (il avait notamment participé, en 2003, à l’université du Mouvement national républicain de Bruno Mégret).À un an de la primaire à droite, le lectorat de Valeurs actuelles, qui gravite entre la droite traditionnelle et le Front national, est un enjeu majeur. Mais « ce ne sera ni une succursale, ni une écurie présidentielle, promet M. Mougeotte. Que le meilleur gagne ! »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après Google le mercredi 15 avril, il y a une semaine, Bruxelles s’en prend maintenant à un autre géant, russe, cette fois : Gazprom. La commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a confirmé, mercredi 22 avril, à midi, que ses services allaient envoyer, dans la journée, une notification des griefs, c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme, pour violation de la loi antitrust, au groupe gazier.Les charges retenues contre Gazprom sont lourdes : la Commission estime que l’entreprise entrave la concurrence sur le marché européen du gaz dans huit Etats membres (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie).Gazprom y impose en particulier « des restrictions territoriales dans ses accords de fourniture avec les grossistes et avec certains clients industriels […]. Ces restrictions consistent en des interdictions d’exportation et des clauses prévoyant l’utilisation du gaz acheté sur un territoire spécifique (clauses relatives à la destination) », précise le communiqué de Bruxelles.Dans cinq pays en particulier (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), ces restrictions territoriales, poursuit la Commission, « peuvent provoquer une hausse des prix du gaz et permettre à Gazprom de mener une politique de prix déloyale dans cinq Etats membres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), facturant aux grossistes des prix beaucoup plus élevés que ses propres coûts ou les prix de référence. »Des « obstacles artificiels » à l’acheminement du gazEnfin, dans deux pays, Pologne et Bulgarie, Gazprom pourrait tirer profit de sa position dominante en subordonnant ses livraisons de gaz à l’obtention d’engagements distincts de la part des grossistes concernant les infrastructures de transport gazier. « Par exemple, les livraisons de gaz ont été subordonnées à des investissements dans un projet de gazoduc promu par Gazprom ou à l’obligation d’accepter que Gazprom renforce son contrôle sur un gazoduc », explique encore Bruxelles.« Le gaz est un bien essentiel pour notre vie quotidienne : il chauffe nos maisons et nous l’utilisons pour la cuisine et pour produire de l’électricité. Le maintien d’une concurrence équitable sur les marchés européens du gaz est par conséquent de la plus haute importance », a souligné Margrethe Vestager, mercredi. « Toutes les entreprises opérant sur le marché européen – qu’elles soient européennes ou non– doivent respecter les règles de l’UE. Selon nous, [Gazprom] pourrait avoir érigé des obstacles artificiels empêchant l’acheminement du gaz de certains pays d’Europe centrale et orientale vers d’autres, entravant ainsi la concurrence transfrontière. Le cloisonnement des marchés nationaux du gaz a aussi permis à Gazprom de facturer des prix que nous jugeons, à ce stade, inéquitables. Si nos préoccupations venaient à se confirmer, Gazprom devrait assumer les conséquences juridiques de son comportement », a ajouté la commissaire.Lire aussi :Gaz : les négociations entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne reprennentLe géant russe a réagi, dans un communiqué, en jugeant les accusations de la Commission européennes « infondées ». « Gazprom adhère strictement à toutes les normes des lois internationales et des législations nationales des pays où il fait des affaires. Les pratiques de Gazprom sur le marché européen, y compris les principes de fixation des prix, sont en conformité totale avec les standards observés par les autres producteurs et exportateurs de gaz naturel », poursuit le groupe. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui dénoncé des pratiques « inadmissibles » de l’UE.Conséquences diplomatiquesCet acte d’accusation est totalement dénué d’arrière-pensées politiques, précise t-on à Bruxelles – la notification des griefs doit être fondée sur des preuves suffisamment étayées d’un point de vue juridique pour « tenir » si elle est contestée devant la Cour de justice de l’Union à Luxembourg.Il risque néanmoins de provoquer des conséquences diplomatiques. « Toute charge de ce type contre Gazprom risque d’être perçue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », avait prévenu, lundi 20 avril, une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait semblant de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).Une chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles renoue avec une ligne dure en matière de concurrenceLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.Mesures correctivesA l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été.« Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Bruxelles s’est trouvé une nouvelle héroïnePour Gazprom et Bruxelles, la bataille ne fait que commencer. Le groupe russe va maintenant pouvoir avoir accès aux « charges » réunies contre lui par la Commission, et peaufiner en conséquence sa défense. Il a douze semaines pour se faire, à compter de l’envoi de la notification de griefs. À tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. C’est ce que souhaiteraient les dirigeants de Gazprom et Moscou, suggère une source proche des autorités russes. « Pour les premières et troisièmes séries d’accusation [les restrictions territoriales et les liens entre contrat de fourniture et investissements dans les infrastructures], un accord peut très facilement être trouvé », juge t-elle.En revanche, ajoute cette source, Gazprom va porter le fer sur la question des prix jugés déloyaux par les services de la Commission, et pourrait contester les « benchmarks » (références) utilisés pour juger s’ils sont trop élevés ou pas.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Marine Le Pen a beau avoir été désignée par Time parmi les cent personnes les plus influentes au monde, c’est en français que la présidente du Front national a tenté de faire passer ses messages, mardi 21 avril, lors de la cérémonie organisée par le magazine américain. « Ah non, je ne parle pas anglais, moi. Je suis française ! », lâche-t-elle, juste avant que ne débute le gala au Jazz Lincoln Center, à New York.Lire aussi : Thomas Piketty et Marine Le Pen parmi les 100 personnalités influentes du « Time »« Je fais partie de la majorité des Français, qui parlent peu l’anglais. En cela je suis très gaullienne : I speak very badly », plaisante-t-elle avec un accent à couper au couteau. C’est donc Ludovic de Danne, le conseiller aux affaires européennes du parti, qui a joué les interprètes, le professionnel sollicité préalablement ayant fait faux bond au dernier moment.« C’est une nomination plus politique que celle de 2011 »Mme Le Pen est apparue tout sourire, défilant sur le tapis rouge au milieu d’une brochette de people, parmi lesquels le rappeur Kanye West et sa compagne, Kim Kardashian, ou Julianne Moore, oscar de la meilleure actrice 2015. « C’est la première fois que je vais à ce genre de soirée », avoue la présidente du FN. Dans une robe bustier bleu nuit – on ne se refait pas –, son compagnon, Louis Aliot, en smoking à ses côtés, Mme Le Pen était visiblement ravie de se retrouver au milieu de cette élite mondialisée.« Permettez-moi de faire preuve de curiosité, se justifie-t-elle. Je pense que nous allons arriver au pouvoir et que par conséquent, il faut obligatoirement croiser, rencontrer, discuter avec des gens puissants dans leur pays respectif. » « La France des oubliés n’est pas oubliée », a-t-elle osé avant de rejoindre sa table pour dîner, alors que la nuit tombait sur Central Park.Même si Mme Le Pen était déjà dans la liste de Time en 2011, sa venue au gala est une première. « C’est une nomination plus politique que celle de 2011. A l’époque, il s’agissait d’une promesse. Aujourd’hui, c’est plus la conséquence d’une analyse de l’importance politique que prend le FN », fait-elle valoir. Le magazine ne dit pas autre chose, écrivant pour justifier son choix : « Il y a moins d’un an, Marine Le Pen annonçait à Time que son parti serait au pouvoir dans une décennie. Sa prédiction ne paraît plus absurde. »Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Alors que la grève à Radio France a fragilisé la position de son PDG, Mathieu Gallet, et que les sociétés des journalistes de France 2 et France 3 contestent le mode de nomination du prochain dirigeant du groupe France Télévisions, le rôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) paraît plus décrié que jamais.Comment sont désignés les patrons de l'audiovisuel public en Europe ? Tour d'horizon des pratiques au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne et en Espagne.En France, du changement depuis 2013Depuis 2013, c'est le CSA qui nomme les dirigeants des services publics audiovisuels, à savoir le président de Radio France, celui de France Télévisions et de France Médias Monde (RFI, France 24). Il peut aussi mettre fin aux mandats en cours, sur « décision motivée ».Les sept membres (en raison du changement de législation, ils sont toutefois huit jusqu'en 2017) du CSA sont choisis par les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale (chacun désignant trois membres) ainsi que par le chef de l'Etat (qui n'en désigne qu'un seul). Les trois cinquièmes des membres des commissions des affaires culturelles du Parlement doivent par ailleurs rendre un avis conforme.Mathieu Gallet a ainsi été désigné PDG de Radio France à l'unanimité en 2014. Son prédécesseur, Jean-Luc Hees, l'avait été directement par l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, selon une loi datant de 2009.Présidence :- Radio France : Mathieu Gallet, entouré par un conseil d'administration (CA) de douze personnes- France Télévisions : Rémy Pflimlin (nommé par Nicolas Sarkozy en 2010), CA de 14 personnes- France Médias Monde : Marie-Christine Saragosse (nommée par François Hollande en 2012), CA de 14 personnesDurée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 3,8 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 136 euros par an (90 % du financement)Au Royaume-Uni, « un chef-d'œuvre de complexité »La British Broadcasting Corporation (BBC) a elle-même été réformée en 2007. La directrice de BBC Radio a été nommée par Tony Hall, le directeur général de la BBC, qui gère l'ensemble du groupe, télévision publique incluse. Outre-Manche, le dirigeant de la BBC est désigné par le Trust, un conseil de surveillance, nommé par la reine pour six ans, qui joue le rôle d'intermédiaire entre la BBC et le public.Ses douze membres, dont quatre représentent l'Ecosse, l'Angleterre, le pays de Galles et l'Irlande du Nord, sont chargés de faire respecter les missions du service audiovisuel public et ont la possibilité de mettre fin aux fonctions du directeur général.En 2012, l'ex-PDG de la BBC, George Entwistle, avait dû démissionner 55 jours à peine après avoir pris le poste, emporté dans la tourmente du scandale Savile – du nom d'un animateur dont les actes pédophiles ont été révélés après sa mort. Une affaire qui avait d'ailleurs souligné « le chef-d'œuvre de complexité » de l'organigramme de la BBC, comme l'expliquait Le Monde en 2012. Une organisation pourtant enviée par l'Italie.Présidence : Tony Hall (Directeur général de la BBC, nommé par BBC Trust), entouré de douze personnes au conseil exécutif, dont Helen Boaden (radio) et Danny Cohen (télévision), nommés par Tony Hall.Durée du mandat : illimitée (jusqu'à démission ou déchéance par le Trust)Budget annuel : 4,7 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 200 euros par an (53 % du financement)En Italie, une forte politisationEn Italie, le « lottizzazione », ce système où chaque parti politique avait sa chaîne, est officiellement terminé. Depuis 2004, un conseil d'administration de la Radiotelevisione italiana (RAI) préside aux destinées de l'audiovisuel public. Sept de ses membres sont nommés par les parlementaires et deux par le ministre de l'économie. C'est l'opposition qui propose le nom du président. Dans les faits, le service public italien reste très politisé.Un projet de loi adopté par le conseil des ministres en mars dernier prévoit de réduire le conseil d'administration à sept membres, dont deux seraient désignés par le gouvernement, deux par la Chambre des députés, deux par le Sénat et un par le personnel de la RAI. Le but du président du Conseil Matteo Renzi : « Chasser les partis politiques de la RAI et s'inspirer du modèle de gouvernance de la BBC ».La création d'un poste d'administrateur délégué aux pleins pouvoirs permettrait surtout à Renzi de ne pas donner les clefs de l'audiovisuel public à son opposition. Problème : celui-ci serait nommé par le gouvernement lui-même. Le mandat de l'actuelle présidente du conseil d'administration, débuté en 2012, arrive à échéance en mai prochain. Elle avait été nommée par le gouvernement de Mario Monti.Présidence : Anna Maria Tarentola (nommée par Mario Monti en 2012)Durée du mandat : 3 ans, renouvelableBudget annuel : 2,3 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers :  113 euros par an, 65 euros après la réforme (68 % du financement avant la réforme)En Allemagne, le poids des LänderLe président de la Deutschlandradio est élu par les 40 membres du Conseil radiophonique, incluant les Länder, le gouvernement et certaines organisations représentant la société (chambres des métiers, églises, professions libérales, organisations paysannes…). Les candidats sont proposés par le conseil d'administration, composé notamment d'un représentant de l'Etat et de trois des Länder.Côté télévision, il existe deux services publics en Allemagne, l'ARD (le France 3 allemand) et la ZDF (semblable à France 2). Le président de l'ARD est désigné par les représentants des dix médias publics régionaux qu'il fédère. Du côté de la ZDF, le président est désigné par un conseil d'administration de 14 membres dont six dépendent du gouvernement fédéral ou des Etats fédérés.Présidence : Lutz Marmor (ARD), Thomas Bellut (ZDF), Willi Steul (Deutschlandradio)Durée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 7,6 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 210 euros par an (85 % du financement)En Espagne, un service public avec peu de moyensSans publicité, sans redevance et avec très peu de moyens, la télévision publique espagnole est une exception en Europe. Depuis 2006, les douze membres du conseil d'administration de la Radio Television Española (RTVE) étaient élus par le Parlement, à la majorité des deux tiers. Une situation qui avait provoqué un blocage en 2012, le Parti socialiste et le Parti populaire n'arrivant pas à s'entendre sur le nom du dirigeant. Le Parti populaire a donc modifié la loi et une simple majorité suffit désormais. La règle des deux tiers subsiste pour mettre fin au mandat du conseil d'administration.Présidence : José Antonio Sánchez (élu par le Parti populaire)Durée du mandat : six ans, non renouvelableBudget annuel : 0,9 milliard d'eurosRedevance payée par les foyers :  0 euroLoïc SoleymieuxJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Après avoir longtemps hésité, le gouvernement travaillait activement, jeudi 9 avril matin, à la mise en place d’une médiation à Radio France, selon nos informations. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, devait rencontrer le PDG Mathieu Gallet, jeudi dans la journée, pour en discuter des modalités. Car le contenu de cette « médiation », mais aussi les apparences, ont toute leur importance. De leur côté, les élus syndicaux de l’entreprise publique surveillaient le sujet alors qu’une nouvelle assemblée générale à 10 heures à la Maison de la radio a voté la reconduction de la grève jusqu’à vendredi.Cette mise en mouvement du gouvernement intervient au lendemain de l’échec d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, suspendu après que les élus syndicaux ont déclaré que « les fils du dialogue et de la confiance sont rompus ». Interrogée dans la foulée à l’Assemblée nationale, Fleur Pellerin, avait déclaré que « très rapidement, [elle ferait] connaître les décisions qu’[elle prendrait] pour renouer le dialogue social ».Selon nos informations, une réunion s’est tenue mercredi soir au ministère de la culture avec les élus syndicaux de Radio France, pour discuter des conditions de cette médiation. La première mission du médiateur ou de la médiatrice – aucun nom n’a encore été évoqué – serait de résoudre le conflit social qui paralyse l’entreprise et ses antennes depuis le 19 mars. Des négociations marathon pourraient donc reprendre, dans l’espoir d’aboutir en quelques jours.Quel périmètre pour une intervention externe ?Mais sa mission pourrait ne pas se limiter à sortir les discussions de l’ornière. « La médiation devra aussi animer un dialogue social durable sur le projet stratégique de Radio France, pour que ce projet soit précisé en concertation avec les salariés », souhaite un élu. L’horizon pourrait dès lors être la conclusion du contrat d’objectifs et de moyens 2015-2019, actuellement en discussion entre l’entreprise et l’Etat.Dans cette hypothèse, la médiation aurait donc un périmètre large, consistant à éteindre l’incendie social, mais aussi à reformuler les ambitions de Radio France et à confirmer les pistes envisagées pour son retour à l’équilibre budgétaire. Les syndicats avaient officiellement demandé une intervention extérieure, mardi, dans une lettre ouverte à Fleur Pellerin.S’agit-il d’une aide pour la direction, ou d’une mise sous tutelle ? Auditionné, mercredi, à l’Assemblée nationale, Mathieu Gallet avait lui-même évoqué la possibilité d’« une intervention extérieure pour retisser le dialogue social ». Quelques minutes plus tard, le PDG précisait en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement – l’expression utilisée par les syndicats –, mais peut-être à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.Une approche voisine de celle du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui a appelé mercredi « à la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui ».La prudence reste de miseA quel degré d’interventionnisme politique la ministre situe-t-elle son action ? La direction de Radio France va scruter les détails. Les apparences ont leur importance : une médiation annoncée conjointement par Fleur Pellerin et Mathieu Gallet n’aurait pas le même sens qu’une communication du ministère qui semblerait un rappel à l’ordre de la direction de Radio France.De même, un médiateur qui, par un apport méthodologique, faciliterait les négociations autour des sujets sociaux du projet (plan de départs volontaires, réforme des modes de production…), serait différent d’une personnalité qui s’immiscerait dans le contenu de la négociation.Mais le gouvernement marche sur des œufs. Le ministère ne peut pas rester passif devant une situation de blocage d’une entreprise dont il a la tutelle, mais il ne veut surtout pas apparaître comme intervenant dans sa gestion. Cela l’obligerait à porter davantage, politiquement, le poids des probables suppressions de postes. Et cela offrirait un boulevard à l’opposition pour dénoncer une indépendance de l’audiovisuel public en trompe-l’œil et créer une pression politique forte au moment où le CSA doit désigner le nouveau PDG de France Télévisions, d’ici le 22 mai.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Dans les tuyaux depuis des mois, le projet de YouTube de lancer un service par abonnement sans publicité prend forme. La plateforme vidéo de Google a pris contact avec des partenaires producteurs de vidéos pour leur annoncer ce nouveau mode de diffusion de vidéos, qui passera par un abonnement mensuel et vise à permettre aux internautes de mieux adapter leur utilisation de YouTube à leurs besoins.Business Insider figure, par exemple, parmi les partenaires contactés et publie sur son site le courrier envoyé par les équipes de YouTube. Ni la date du lancement de ce service, ni le prix des abonnements n’ont été précisés aux producteurs de vidéos, auxquels il a été expliqué qu’il s’agissait là d’une nouvelle façon de monétiser leurs œuvres.YouTube, à l’origine un simple site d’échange de vidéos amateurs, repose principalement aujourd’hui sur la diffusion gratuite de vidéos, financée par des publicités sur le site.1,2 milliard de dollarsCette version payante de YouTube permettra donc à ceux qui opteront pour cet abonnement de ne plus être exposés aux annonces publicitaires. Cette offre place égalememt YouTube comme un concurrent potentiel d’autres services vidéos payants fonctionnant sur abonnement, comme Netflix par exemple.YouTube a déjà lancé, en 2014, une offre payante sans publicité pour les vidéos musicales et avait testé une offre payante, en 2013, qui permettait aux inscrits d’accéder à 29 chaînes YouTube, dont celles de Sesame Street (série télévisée éducative franco-britannique), UFC (organisation américaine de sport de combat) et National Geographic (média avec pour thèmes l’histoire et la géographie, notamment). L’abonnement coûtait 99 cents par mois.En 2014, YouTube a engrangé 1,2 milliard de dollars de revenus publicitaires et compte un milliard de visiteurs par mois.Lire aussi :Youtube : 10 ans de vie et de vidéosAnne EvenoJournaliste au Monde 09.04.2015 à 07h08 • Mis à jour le09.04.2015 à 12h06 Tout est bien qui finit bien. Après deux semaines passées à s’invectiver publiquement, Vivendi et le fonds activiste américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) ont finalement trouvé un terrain d’entente mercredi 8 avril : d’ici à 2017, le géant des médias va verser 6,75 milliards d’euros à ses actionnaires, soit un milliard d’euros de plus que prévu initialement. De plus, cette distribution se fera intégralement sous forme de dividendes, à raison de 5 euros par action en plusieurs étapes, alors que 2,7 milliards d’euros devaient à l’origine être versés sous forme de rachat d’actions.Moindres marges de manœuvre« Avec ces distributions, nous avons souhaité trouver un consensus avec certains de nos actionnaires minoritaires, même s’il en résulte de moindres marges de manœuvre pour Vivendi dans son ambition stratégique de construire un grand groupe de médias et de contenus », a justifié Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi, dans un communiqué. Le groupe a néanmoins de quoi voir venir : il devrait disposer d’une trésorerie de près de 15 milliards d’euros après la clôture des opérations de cession de SFR et de l’opérateur brésilien GVT, attendue cet automne.Lire aussi :Vivendi : le renard, les loups et le magotDe son côté, le fonds activiste américain, qui affirme représenter 0,8 % du capital de Vivendi, s’est réjoui du « dialogue constructif » engagé avec le géant tricolore et affirme que ces distributions « sont compatibles avec une stratégie de développement ambitieuse de Vivendi, que ce soit dans le cadre d’une croissance organique ou dans le cadre d’acquisitions ». En échange de cette rallonge, le fonds américain a retiré les projets de résolution qu’il avait inscrits à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril, qui réclamaient le versement de 9 milliards d’euros de dividendes.Détail important : PSAM s’engage également à soutenir Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, dans sa volonté de voir le géant des médias adopter le système des droits de vote doubles prévu par la loi Florange. Ce dispositif décrié par les sociétés de conseil aux investisseurs doit permettre au milliardaire breton d’asseoir son emprise sur le conglomérat, dont il détient 12,01 % du capital, sans bourse délier.Néanmoins, PSAM n’entend pas lui laisser carte blanche. Le fonds a obtenu que, si aucune acquisition d’envergure n’est annoncée dans les deux ans, « Vivendi étudiera la possibilité de proposer des distributions complémentaires » à ses actionnaires. Comprenez : la balle est dans le camp de M. Bolloré... Lire aussi :Vivendi veut développer des contenus exclusifs pour Dailymotion 08.04.2015 à 15h27 • Mis à jour le09.04.2015 à 07h33 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Après vingt et un jours de grève, le dialogue n’a pas repris à Radio France entre la direction et les salariés. Le comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, organisé mercredi 8 avril, a été suspendu peu après son ouverture, et les salariés ont voté ensuite la poursuite de la grève jusqu’à jeudi.Lire aussi :A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseComité d’entreprise avortéCette réunion, lors de laquelle le PDG, Mathieu Gallet, devait formellement présenter son projet pour l’entreprise, s’est ouverte par une déclaration conjointe des élus CFDT, CGT, SNFORT, SUD et UNSA. Ils reprochent à Mathieu Gallet et à la direction d’avoir « parié sur le pourrissement du conflit ». « En réponse à cela, il y a la dignité du combat des salariés et les valeurs qu’ils portent. Cette détermination en dit long quant à leur attachement aux valeurs du service public », saluent les élus syndicaux. Concernant le projet présenté par Mathieu Gallet, « il est lourd de périls graves pour l’avenir de Radio France », souligne le communiqué. Déclaration Cce Extra Radio France 8.4.2015Suite à cette déclaration, plusieurs élus ont quitté la salle et le CCE a été suspendu, laissant la situation dans l’impasse. La direction a déploré cette suspension, « convaincue que la présentation du projet stratégique était de nature à éclairer les élus, et à travers eux les personnels, sur les choix stratégiques engageant l’avenir de Radio France ».La ministre intervient, le CSA veut une « résolution des conflits »Interrogée à l’Assemblée nationale sur cette impasse, mercredi après-midi, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a annoncé qu’elle « recevrait les parties prenantes très prochainement ».#RadioFrance - @FleurPellerin "Très rapidement, je ferai connaître les décisions que je prendrai pour renouer le dialogue social" #QAG— LCP (@LCPan) April 8, 2015De son côté, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), assez discret depuis le début du conflit, a publié un communiqué : il « appelle à la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui ». Un appel à la mise en place d’une « médiation », réclamée par les syndicats comme préalable à la levée de la grève. Plus tôt, Mathieu Gallet avait envisagé « une intervention extérieure pour retisser le dialogue social », en audition à la commission culturelle de l’Assemblée nationale. Toutefois, il a ensuite précisé en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement (l’expression utilisée par les syndicats) peut-être davantage à un recours à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.La « politique de la chaise vide » critiquéeMercredi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a dénoncé l’attitude des autres syndicats. « La tenue, ce mercredi, d’un comité central d’entreprise extraordinaire était l’occasion d’obtenir du PDG des précisions essentielles sur son projet de plan de départs volontaires, écrit le SNJ. (…) Mais à l’obtention de réponses, les syndicats grévistes ont préféré quitter la salle. La politique de la chaise vide, au risque de foncer dans le mur. »« Depuis le début, le SNJ n’est pas vraiment dans le mouvement de grève qui est mené par l’intersyndicale », relativise un journaliste syndiqué. Gréviste, celui-ci reconnaît que lors de l’assemblée générale de mercredi, il y a eu un débat sur l’opportunité d’assister ou non au CCE. « Plus largement, les gens sont partagés, explique ce journaliste qui s’est abstenu lors du vote, vendredi, de la motion de défiance contre Mathieu Gallet. La défiance envers le président de Radio France affaiblit-elle l’entreprise ou pousse-t-elle le gouvernement à enfin prendre la main en nommant un médiateur ? Avec un navire sans pilote, la situation serait-elle pire qu’aujourd’hui ? C’est une vraie ligne de fracture. Les gens sont un peu perdus. » Communiqué du SNJAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est un Mathieu Gallet combatif qui s’est présenté, mercredi 8 avril, devant les députés de la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Hasard du calendrier, cette audition était prévue juste avant la présentation formelle du projet stratégique du président de Radio France devant le comité central d’entreprise (CCE).Invité par le président de cette commission, Patrick Bloche, à « fendre l’armure », M. Gallet a profité de l’occasion pour détailler ce projet, mais aussi s’exprimer plus largement sur la crise que traverse l’entreprise publique depuis trois semaines. Il a enlevé les lunettes qu’il portait pendant que les députés lui ont posé une trentaine de questions. Et quitté la moue perplexe qu’il affichait parfois pendant cette très longue série d’interpellations.Lire aussi :Radio France : un projet stratégique sans surpriseMathieu Gallet arrive à l'Assemblee nationale pic.twitter.com/PGmQQyPgkS— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Dans sa réponse, M. Gallet s’est animé et a réaffirmé ses « convictions » sur la réforme de Radio France, alors que l’audition était diffusée en direct devant l’assemblée générale des grévistes, à la Maison de la radio,#Radiofrance Gallet: "radio France est au bout de son modèle économique passé."— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015A #RadioFrance, les salariés en AG écoutent (quasi) religieusement l'audition de #Gallet à l'Assemblée pic.twitter.com/PqHZ1ibFHT— Rémi Banet (@RemiBanet) 8 Avril 2015Il a également opéré un mea culpa sur sa méthode et son style :#Radiofrance Gallet: "mon erreur a été d'intégrer très tôt les contraintes budgétaires"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: "on a peut être pas assez partagé le projet avec les salariés"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: évoque sa "personnalité": "oui je ne suis pas très expansif. Mais pas malpoli non plus. Le fond, ce n'est pas moi"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Sans oublier de pointer le rôle de l’Etat dans la situation budgétaire délicate de Radio France :#Radiofrance Gallet: "la redevance a augmenté depuis 2012, rien n'est allé à Radio France"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Il s’est posé en protecteur de l’entreprise, mise en cause la semaine dernière dans un sévère rapport de la Cour des comptes :"C'est pas la @Courdescomptes qui va faire la stratégie de @radiofrance " dit @mathieu_gallet #DirectAN— Alexis Delcambre (@alexisdelcambre) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: "je ne porterai pas de plan de départs contraints à radio fŕance"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Alors que Le Canard enchaîné a de nouveau mis en cause M. Gallet, mercredi 8 avril, cette fois sur les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2014, le PDG a maintenu sa thèse d’une campagne orchestrée contre lui :#Radiofrance Gallet: "le canard canarde... Je veux bien avoir le dos large mais on me salit."— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Sur les affirmations de l’hebdomadaire liée à son passage à l’INA, Mathieu Gallet a affirmé qu’un des contrats (attribué à l'agence EuroRSCG) avait été signé avant son arrivée. « Le Canard devait avoir de bonnes sources pour ne pas vérifier », a-t-il ironisé. « Le Canard ajoute des contrats de conseil qui n’ont rien à voir. On a l’impression que j’ai dépensé un million d’euros de 'hair et makeup'... On a parfois besoin de consultants, de personnes extérieures dans une entreprise ! », a-t-il plaidé, défendant son bilan à l'INA.Alors que les syndicats réclament une « médiation » pour reprendre les négociations avec lui, Mathieu Gallet ne s’est pas montré fermé à cette idée :#Radiofrance Gallet: "peut être qu'on aura besoin d'une intervention extérieure pour retisser le dialogue social"— alexandre piquard (@apiquard) April 8, 2015Toutefois, après l’audition, il a précisé en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement, peut-être davantage à un recours à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.A la fin de l’audition, le plus dur restait toutefois à venir pour M. Gallet, qui devait rencontrer les syndicats à 14 heures lors d’un CCE extraordinaire :"Je ne lâcherai rien" conclut @mathieu_gallet qq minutes après que la @CGT_RadioFrance a publié un communiqué "Ne rien lâcher" #frontal— Alexis Delcambre (@alexisdelcambre) 8 Avril 2015Après sa prise de parole, Mathieu Gallet a été félicité par certains députés : « Sois comme tu es », lui a lancé l’UMP Michel Herbillon, estimant qu’il avait « enfin fendu l’armure ». « Il faut que je me fasse violence », a souri Mathieu Gallet, jouant de son personnage réputé peu expansif. « Il a joué cartes sur table », a estimé l’UMP Franck Riester, estimant que M. Gallet, « s’il se lâche comme cela avec les salariés », a des chances de « reprendre la main ».Las, la députée PS de Paris Annick Lepetit a été elle plus déçue : « Il n’a rien dit... ». « On le sent blessé et il a répondu sur le fait que son ’moi’ était inattaquable. Mais l’important, ce sont ses actions », a regretté le député Michel Françaix, qui siège au conseil d’administration de Radio France. Ce dernier a souligné que l’Etat avait consenti un effort financier en promettant une dotation (de 80 millions d’euros selon lui). Ne resterait donc plus qu’à aider M. Gallet pour le dialogue social, pense le député, selon lequel il semble difficile d’éviter le recours à un intermédiaire extérieur.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Présent depuis 2004 dans l’Hexagone, Google France lance, mercredi 8 avril, sa toute première campagne de publicité institutionnelle. D’un coût de 1,5 million d’euros, la première vague de cette opération, qui se déroulera jusqu’au 23 mai, veut mettre en avant des succès français incarnés par cinq ambassadeurs venant du monde des associations, des start-up ou des PME et qui ont réussi grâce à Internet et aux technologies Google.« Jusqu’ici, nous n’avions communiqué que sur les produits et jamais sur notre rôle dans l’écosystème du numérique français », souligne Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Google France. Cette campagne, baptisée « Moteur de réussites françaises » - et à laquelle l’entreprise travaille depuis 18 mois - intervient à un moment où le poids de Google, que ce soit en, France ou aux États-Unis, soulève de nombreuses critiques.Le groupe, qui détient sur le marché de la recherche sur Internet une part ultra-dominante (77 % aux États-Unis et plus de 90 % en Europe), est visé par plusieurs procédures.De l’autre côté de l’Atlantique, un sénateur américain a annoncé vouloir entendre l’agence fédérale américaine chargée de faire respecter le droit de la consommation (FTC) sur l’abandon d’une enquête pour anticoncurrence, qui visait Google en 2012.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GoogleEncadrer les pratiquesEn Europe, Bruxelles serait sur le point de clore son enquête – ouverte il y a cinq ans – sur les pratiques anticoncurrentielles de Google. Et en France, des sénateurs ont déposé, jeudi 2 avril, un amendement au projet de loi Macron car ils estiment urgent de se donner les moyens d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceNick Leeder, directeur général de Google France, interrogé par Le Monde, a refusé de commenter cette initiative sénatoriale. Le dirigeant insiste sur la place prise par la filiale française du géant américain auprès des entrepreneurs français et des acteurs du web.« Depuis notre installation à Paris en 2004, nos effectifs sont passés d’une petite quinzaine de personnes à 600 salariés dont une centaine d’ingénieurs » précise-t-il. M. Leeder souligne également le rôle joué par Google pour améliorer leur visibilité sur internet.Avec le programme Google pour les pros, lancé il y a trois ans, les équipes de Google ont rencontré 50 000 TPE et PME et la moitié d’entre elles ont désormais une présence en ligne. « D’ici fin 2015, nous voulons rencontrer 200 000 PME » annonce M. Leeder, « ce qui nécessitera l’emploi de 200 coaches, issus notamment des juniors entreprises, des universités et des écoles de commerce ».Le groupe insiste également sur son rôle auprès des associations en indiquant avoir offert, ces deux dernières années, 35 millions d’euros de publicité gratuite via les Google Ad Grants.Aide à l’internationalisationLe dernier axe d’action vanté pas Google est son soutien aux entrepreneurs, et particulièrement aux start-up. Depuis 2011, l’entreprise verse annuellement 1 million d’euros au Numa, emblématique lieu de l’innovation à Paris. Et Google France va lancer une nouvelle initiative, intitulée « Scale-up ».Ce soutien s’adresse aux start-up qui ont déjà réussi une première levée de fonds et a pour objectif de les aider à s’internationaliser, pour faire naître de futurs Blablacar par exemple.D’ores et déjà, dix start-up ont été sélectionnées et sont accompagnées par une équipe de dix personnes au sein de Google France.Lire aussi :Quand Google cherche le prochain GoogleAvec cette campagne, dans un moment difficile en termes d’image pour Google, la filiale française du moteur de recherche entend prouver sa « contribution certaine, incontournable et dans la durée » à l’économie française, affirme Mme Dauba-Pantanacce.Une volonté de clarté qui se heurte encore à une certaine culture de la confidentialité, puisque, aujourd’hui encore, Google France ne fournit pas le montant total de ses investissements en France.Anne EvenoJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Au vingt et unième jour de grève à Radio France, mercredi 8 avril, la situation restait profondément enlisée. Certes, la direction se félicitait d’un nombre de grévistes déclarés moins important – 193 mardi 7 avril, contre 334 jeudi 2 avril, et 482 vendredi 3 avril –, mais ces chiffres sont peu signifiants, compte tenu du système de grève « tournante » mis en place par les syndicats. Le président de l’entreprise publique, Mathieu Gallet, devait présenter au comité central d’entreprise, mercredi 8 avril, la dernière version de son projet stratégique, fruit de ses échanges avec le gouvernement, que Le Monde s’est procuré. Mais la réunion a tourné court rapidement, s’ouvrant sur une déclaration conjointe des élus CFDT, CGT, SNFORT, SUD et Unsa estimant le projet de la direction « lourd de périls graves pour l'avenir de Radio France ».Quatre éléments expliquent cette impossible reprise de dialogue entre salariés et direction. Le premier est lié à l’épuisement des négociations dans un conflit qui a démarré le 19 mars. Samedi 4 avril, les échanges pour intégrer l’arbitrage gouvernemental favorable au maintien des deux orchestres, qui étaient menacés de fusion, ont certes repris, mais sans avancées notables.Autre point de blocage, la radicalisation d’une partie des grévistes. Mardi 7 avril, plusieurs voix ont appelé à rompre complètement les négociations ou encore à multiplier les motions de défiance contre les 198 cadres de direction, qui concentrent une partie du ressentiment. Dans ce contexte ressurgit l’épineuse question de la « médiation », et ce alors que M. Gallet doit faire face à une motion de défiance votée le 3 avril. Enfin, l’absence du Conseil supérieur de l’audiovisuel – qui a choisi à l’unanimité le nouveau président de Radio France il y a un an – est aujourd’hui montrée du doigt.L’épuisement des négociationsC’est un fait : les négociations sociales sont à l’arrêt depuis au moins neuf jours. Le 30 mars, la direction a proposé un protocole d’accord qui a été refusé. Samedi 6 avril, les échanges ont repris, pour intégrer l’arbitrage gouvernemental favorable au maintien des deux orchestres, qui étaient menacés de fusion. Mais il n’y a pas eu d’avancée sur les trois autres revendications des syndicats (abandon des réformes du service propreté et moyens pour l’accueil et la sécurité ; abandon de la réforme des modes de production ; maintien des effectifs et rejet des mutualisations de programmes sur France Bleu).La direction semble ne plus avoir aucune marge de manœuvre. S’engager sur les revendications des grévistes reviendrait à rendre presque impossible le rétablissement de l’équilibre budgétaire, que l’Etat demande pour 2017. Les syndicats eux n’entendent pas céder face à une direction affaiblie et à un Etat hésitant. Le système de grève « tournante » permet de durer, malgré l’irritation grandissante d’une partie des salariés de la maison, notamment les journalistes, et de certains auditeurs.Reste que la ligne syndicale est parfois contradictoire. Ainsi, les syndicats sont partagés entre le refus de négocier davantage avec la direction – illustré par la motion de défiance votée, vendredi, contre Mathieu Gallet – et le fait de continuer à se rendre aux réunions pour en retirer « tout ce qu’on pourra obtenir ». Les points de compromis possibles ne font pas l’objet d’échanges lors des assemblées générales, comme si la seule ligne était de faire céder la direction.La radicalisation d’une partie des troupes Les assemblées générales qui rythment le quotidien de la Maison de la radio donnent des signes de durcissement. Mardi, plusieurs voix ont appelé à rompre complètement les négociations ou encore à multiplier les motions de défiance contre les 198 cadres de direction, qui concentrent une partie du ressentiment. Un courant que les délégués syndicaux ont peiné à contenir. « C’est 1793 ! », s’est exclamé l’un d’eux.La force du mouvement est en même temps sa faiblesse : tous les corps de métiers y participent, mais cela donne parfois l’image d’une mobilisation « attrape-tout », avec des desiderata pouvant évoquer des inventaires à la Prévert, mêlant éléments très concrets et grandes idées, comme cet appel entendu mardi à la mise en place d’une « démocratie participative » dans l’entreprise. « La question est désormais : les organisations syndicales tiennent-elles la base ? » se demande un journaliste.Depuis plusieurs jours, les « AG » accueillent aussi des militants extérieurs : syndicalistes de France Télévisions ou de l’INA, représentants de la Coordination des intermittents et précaires, et même personnel venu de… Carrefour Market. La perspective de la journée d’action interprofessionnelle du jeudi 9 avril, à laquelle les syndicats appellent contre l’« austérité », est manifestement présente à l’agenda de certains, qui espèrent surfer sur la grève à Radio France pour mobiliser plus largement.L’épineuse question de la « médiation »Depuis le vote d’une motion de défiance contre Mathieu Gallet, jugé « discrédité », vendredi 3 avril, les syndicats ont ajouté une nouvelle revendication : la mise en place d’une « médiation ». « Vous êtes, Madame la ministre, notre médiateur naturel, ont-ils écrit, mardi, à Fleur Pellerin. (…) Nous vous demandons d’intervenir en tant que médiatrice, dans une situation où vous avez commencé à vous engager. » Le secrétaire national de la CGT, Philippe Martinez, a réclamé mardi le départ du PDG. « On est arrivé à un point de non-retour », a-t-il estimé. Et mercredi, lors du comité central d’entreprise, les syndicats devaient réitérer leur « refus du projet » et leur « défiance » envers leurs interlocuteurs.Mais pour le gouvernement, la mise en place d’une telle médiation l’amènerait à endosser la responsabilité des négociations, dans un cadre très contraint où les marges de manœuvre sont réduites. Et donc leur éventuel échec. Et serait inévitablement exploitée politiquement, illustrant une forme d’échec de l’indépendance des entreprises de l’audiovisuel public à l’heure où le nouveau président de France Télévisions doit être désigné par le CSA, avant la fin mai.L’absence du CSALe Conseil supérieur de l’audiovisuel a nommé Mathieu Gallet en février 2014, mais il rappelle qu’il n’a pas le pouvoir de tutelle sur Radio France. Il peut toutefois mettre fin au mandat du PDG, « par décision motivée », après une audition. Les grévistes de Radio France ont apporté, mardi, leur motion de défiance au CSA, un geste symbolique.Le partage du pouvoir entre l’Etat et le CSA est une des sources du problème, martèle aujourd’hui la droite : « Ce vernis d’indépendance n’est qu’un affichage qui pousse la tutelle à se défiler face à ses responsabilités », a ainsi lancé le député (UMP) Christian Kert au président du CSA, auditionné mardi 7 avril à l’Assemblée nationale.En réponse, Olivier Schrameck a estimé que cette répartition des pouvoirs suivait « une distinction assez claire » : « Le CSA nomme et veille au respect du cahier des charges et de l’exigence sur les programmes, tandis que l’exécutif exerce la tutelle et le suivi économique. »Depuis le début, le CSA – épinglé par Le Canard enchaîné, mercredi, sur les conditions de la nomination de M. Gallet –, a gardé ses distances avec les difficultés du PDG, auquel il a renouvelé sa confiance le 25 mars. Mardi, M. Schrameck a assuré se tenir « étroitement informé » et rester « très sensible » aux préoccupations des salariés et des auditeurs. Tout en refusant « d’outrepasser son rôle ».Lire aussi :En France et à l’étranger, des orchestres en panne de financementsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne-Aël Durand Les salariés de Radio France ont voté jeudi 9 avril la poursuite de la grève pour le vingt-troisième jour d'affilée. Le premier ministre, Manuel Valls, a jugé ce mouvement « intolérable, insupportable à la fois pour les salariés et les auditeurs ». La veille, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, estimait que le conflit avait « trop duré ». Les syndicats attendent désormais des annonces de sa part.#Radiofrance Gallet: "On ne peut plus continuer comme avant et ça, c'est difficile"— alexandre piquard (@apiquard)require(["twitter/widgets"]);Le conflit, entamé le 19 mars, porte sur les mesures d'économies visant à redresser les comptes du groupe. Les syndicats s'insurgent en particulier contre un plan de départs volontaires affectant jusqu'à 380 personnes sur 4 300, et la suppression d'un des deux orchestres de Radio France (option écartée vendredi dernier par le ministère).Lire : Quelles sont les raisons de la colère à Radio France ?Un durcissement inévitable ?Plusieurs syndicalistes estiment que le conflit pourrait encore se prolonger, au moins jusqu'à la fin de la semaine. « Avec le plan de départs, je ne vois pas comment éviter le durcissement », juge l'un d'entre eux. Si les auditeurs du service public sont habitués à des perturbations d'antenne en raison de mouvements sociaux,  une telle durée de grève constitue une première pour le groupe, constitué en 1975 après l'éclatement de l'ancien ORTF. Nous avons recensé ci-dessous les principaux mouvements sociaux observés à Radio France depuis vingt-cinq ans.Lire : Comment les salariés de Radio France se relaient pour faire durer la grève #container_1428582806260{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1428582806260{ height:500px; } #container_1428582806260 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1428582806260 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1428582806260 .subtitre{ display:block; }La grève la plus longue de Radio France Les principaux conflits sociaux des vingt-cinq dernières années dans le service public radiophonique.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1428582806260", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Lemonde.fr", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Nombre de jours de grève" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} jours" }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["19/03/2015","12/03/2015","11/02/2015","02/10/2012","21/09/2012","18/06/2012","28/11/2011","22/12/2009","07/04/2009","04/04/2005","27/01/2004","26/11/2003","17/06/2003","21/05/2003","17/02/2003","13/11/2002","14/06/2001","22/06/2000","16/11/1999","09/11/1999","25/11/1998","24/09/1998","13/03/1997","25/02/1997","01/12/1994","12/10/1994","07/02/1992","22/03/1990"], title:{ text:"Date de début de conflit" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" jour(s)", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "durée ", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 23 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 1 ], [ "", 19 ], [ "", 18 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 8 ], [ "", 6 ], [ "", 7 ], [ "", 8 ], [ "", 9 ], [ "", 1 ], [ "", 12 ], [ "", 5 ], [ "", 9 ], [ "", 1 ], [ "", 14 ], [ "", 16 ], [ "", 2 ], [ "", 12 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);C'est la première fois, en 2015, que les salariés sont confrontés à des menaces de suppressions d'emploi. L'inquiétude sur le sort des salariés s'est d'abord traduite par deux grèves de vingt-quatre heures, le 11 février, puis le 12 mars, avant de se muer en un mouvement à durée illimitée.Entre 2009 et 2012, les mouvements sociaux à la Maison de la radio portaient plutôt sur les redéploiements d'équipes techniques ou rédactionnelles. En 2009, Radio France International avait également protesté durant soixante-douze heures contre le projet de fusion avec la chaîne de télévision France 24.En 2004 et 2005, de longs bras-de-fer sur les salairesLe précédent record de durée de grève à Radio France avait été établi en 2005. A l'appel des organisations syndicales CFTC, CFDT, CGC, CGT, CSA, FO et SNJ, les personnels techniques, ouvriers et employés administratifs avaient alors bataillé dix-neuf jours pour obtenir des hausses de salaires.Un an auparavant, début 2004, les journalistes avaient cessé le travail durant dix-huit jours pour réclamer que leur rémunération soit alignée avec celle des salariés de France Télévisions.Une décennie plus tôt, un conflit sur le même thème, l'alignement des salaires entre radio et télévision publique, avait abouti à seize jours de conflit, durée record à l'époque. Une « belle grève », selon les syndicats, qui avait alors surpris par sa durée le ministre de tutelle de Radio France, Nicolas Sarkozy.Les autres grèves de longue durée observées à la Maison ronde concernaient des catégories de personnels plus réduites. En décembre 1994, les animateurs des antennes locales de Radio France avaient réclamé durant quatorze jours la revalorisation de leur statut. En 1998, ils s'étaient également battus douze jours pour être embauchés en contrat à durée indéterminée.Anne-Aël DurandJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sarah Belouezzane Cette fois, c’est bel et bien fait. Orange a finalement réussi à trouver un nouveau partenaire pour Dailymotion. Le conseil d’administration de l’opérateur, réuni pour l’occasion mardi 7 avril dans l’après-midi, a approuvé la cession de la plate-forme de vidéos au groupe de média Vivendi. Ce dernier reprend 80 % du capital de l’entreprise, pour 217 millions d’euros. Ce qui valorise la start-up 265 millions d’euros.L’opération annoncée mardi intervient après de multiples rebondissements et les tentatives de rachat avortées des américains Yahoo! et Microsoft, du hongkongais PCCW, et même une première fois de Canal+. Des échecs dus en partie à des désaccords stratégiques, mais aussi à l’intervention du politique : au printemps 2013 Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif, s’était opposé au rachat de la plate-forme par Yahoo!Le responsable politique souhaitait que Dailymotion demeure sous pavillon européen ou français. Début avril, ce sont les mêmes raisons qui ont poussé Emmanuel Macron, ministre de l’économie, à faire pression pour qu’Orange n’entre pas en négociations exclusives avec PCCW.Orange va conserver tout de même 20 % du capital de sa filiale. L’opérateur, dont l’Etat est actionnaire à hauteur de 24,9 %, et qui est propriétaire de la plate-forme... 07.04.2015 à 17h36 • Mis à jour le07.04.2015 à 18h01 | Alexis Delcambre « Mon projet reprend ce que j’ai déjà présenté, il n’y aura rien de vraiment nouveau », annonçait Mathieu Gallet, jeudi 2 avril, sur les ondes de France Inter. La promesse est tenue, si l’on en croit le document qui a été remis aux syndicats mardi 7 avril, à la veille de sa présentation en comité central d’entreprise (CCE), mercredi. Projet stratégique de Radio FranceLe projet comprend cinq points :Radio France, radio de tous à l’ère numériqueRadio France, acteur majeur de la musique et de la culture en FranceAller à la rencontre des publics et diversifier les activitésTransformer et moderniser l’entrepriseLes principes du retour à l’équilibreOn y retrouve la plupart des axes développés par Mathieu Gallet depuis son audition par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui l’a désigné en février 2014.En réponse aux attentes de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, le document s’efforce de mieux définir ce qu’est le « service public de radio ». Il met en avant la singularité de ses sept chaînes, l’accessibilité pour tous renforcée par le numérique, l’information de référence et de proximité, et le soutien à la création – sans toujours dépasser le stade des généralités.Du côté de la musique, le projet intègre l’arbitrage du gouvernement – maintien des quatre formations musicales avec « redimensionnement » – et promet un « projet artistique global et ambitieux » pour 2015. Le texte rappelle l’objectif de faire de la Maison de la radio « un nouveau lieu ouvert à tous et un nouveau lien avec le public ».« Renforcer le dialogue social »Le projet propose également de « renforcer le dialogue social », en s’appuyant sur « l’affirmation du management » et « la construction d’une communauté de cadres », ainsi que la mise en place d’un « référentiel des métiers et des compétences ».En réaction au récent et sévère rapport de la Cour des comptes, le projet affirme l’ambition d’« améliorer la performance et garantir l’exemplarité de la gestion ». Comme déjà annoncé, il prévoit un moratoire sur certaines parties du chantier de réhabilitation de la Maison de la radio et une étude pour voir comment achever au mieux les parties restantes.Lire : Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »En matière budgétaire, les leviers d’un retour à l’équilibre sont les suivants :8 à 16 millions d’euros issus d’un « élargissement des secteurs autorisés à faire de la publicité » – validé par la ministre – et de nouvelles recettes commerciales issues du numérique ;16 millions d’euros issus de l’abandon des ondes moyennes et longues et de certaines missions (météo marine, messe…)18 à 24 millions d’euros (en 2017) issus d’une réduction d’effectifs « comprise entre 250 et 330 équivalents temps plein, comprenant 300 à 380 départs et 50 créations de postes dans les métiers du développement informatique, de la production scénique et du marketing, notamment » ;enfin, « une dotation complémentaire » de l’Etat pour finir le chantier de réhabilitation et qui a été annoncée par Mme Pellerin, vendredi 3 avril.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.04.2015 à 06h14 • Mis à jour le06.04.2015 à 10h13 Après des mois de controverse, le magazine américain Rolling Stone a finalement retiré dimanche 5 avril son article sur le récit d'une victime présumée de viol en réunion à l'université de Virginie. Cette décision intervient après que le bimensuel a pris connaissance d'un rapport qu'il a lui-même commandé à la célèbre école de journalisme de l'université de Columbia, sur le processus éditorial qui a abouti à la publication de l'article en question. Désormais, le lien vers le récit mène au rapport universitaire précédé d'une note de la rédaction en chef.Failles de l'investigationRolling Stone avait demandé ce rapport après les doutes émis par plusieurs médias et la contre-enquête réalisée par The Washington Post, dénonçant les défaillances du récit original publié dans ses pages en novembre 2014 : le témoignage horrifiant d'une étudiante de l'université de Virginie, identifiée comme « Jackie », affirmant avoir été violée par sept étudiants lors d'une fête en 2012.Quelque temps après sa parution, la fraternité à laquelle appartiennent les agresseurs présumés avait publié un communiqué pour contredire le récit de « Jackie », solides arguments à l'appui. Les étudiants arguaient notamment qu'aucune soirée n'avait eu lieu le week-end du 28 septembre 2012, date supposée du viol, et pour cause : la période « d'initiation », avant l'intégration dans la fraternité, se déroule toujours au printemps, et jamais à l'automne. Par la suite, l'enquête de police n'avait pu prouver que l'agression avait eu lieu.Le 5 décembre, paraissait la contre-enquête du Washington Post. Le même jour, Rolling Stone faisait marche arrière et concédait « avoir eu tort de faire confiance » à la version de la victime supposée.Lire sur Big Browser : « Rolling Stone » et son rétropédalage sur une histoire de viol à l'universitéLa publication, dans son intégralité, du rapport de l'école de journalisme de Columbia, « What went wrong » (« Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ? »), est donc l'épilogue de cet échec journalistique. « Sa lecture a été très douloureuse pour moi personnellement, et pour nous tous à Rolling Stone », confie Will Dana, le rédacteur en chef du magazine, en préambule, en saluant le rapport comme un « fascinant document journalistique sur un fiasco journalistique ». Il promet de se soumettre à la série de recommandations sur les bonnes pratiques journalistiques listées dans le rapport et présente ses excuses « aux lecteurs et à tous ceux qui ont été affectés par [cet] article et ses conséquences ». Erreurs non intentionnellesIl rappelle également dans ce préambule que les agressions sexuelles sur les campus universitaires sont « un problème sérieux » et qu'il est important que « les victimes de telles actes se sentent à l'aise et les dénoncent ». « Cela nous attriste de penser que leur volonté de le faire pourrait être atténuée par nos erreurs » ajoute-t-il. Malgré ses failles, l'article avait mis le problème bien réel des agressions sexuelles dans les universités sur le devant de la scène. A la suite des révélations de Rolling Stone, l'université de Virginie a notamment durci son règlement et suspendu les activités des fraternités et sororités étudiantes, connues notamment pour leurs gigantesques fêtes.Rolling Stone ne sanctionnera pas les personnes impliquées dans la publication de l'article, affirme CNN dimanche soir, qui indique que selon Jann Wenner, cofondateur du magazine, les erreurs commises dans cet article n'étaient ni intentionnelles ni délibérément trompeuses. Alexis Delcambre Quelques heures après l'envoi d'une lettre de cadrage par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, les négociations entre la direction de Radio France et les syndicats engagés dans une grève illimitée se sont soldées par un échec, samedi 4 avril au soir.Si les syndicats reconnaissent des avancées sur les orchestres, amenés à être maintenus, ils estiment qu'aucune avancée n'a été proposée sur leurs autres revendications.Lire aussi :Crise à Radio France : Mathieu Gallet dos au mur« L’urgence d’une médiation »« Le blocage reste total », écrit l'intersyndicale dans un message envoyé samedi soir à la direction de Radio France et au ministère, dont Le Monde a eu copie.La direction explique avoir proposé un nouveau protocole d'accord. Outre le maintien des orchestres, celui-ci abandonne toute référence à un audit externe qui cristallisait la colère et indique que les éventuelles mises en commun de programmes se feront en concertation avec les salariés.« L'échec de cette journée démontre une nouvelle fois l'urgence d'une médiation », rétorquent les délégués syndicaux, qui n'entendent donc pas poursuivre les discussions dans le cadre actuel, alors que la direction dit rester disponible.Lire aussi :Crise à Radio France : Mathieu Gallet dos au murAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.04.2015 à 09h41 • Mis à jour le06.04.2015 à 10h36 | Alain Constant Chaque année au Touquet (Pas-de-Calais), le Festival international du grand reportage d’actualité (Figra) reflète le monde tel qu’il va. Manifestation populaire au sens littéral du terme, ce rendez-vous annuel permet au grand public de visionner, en compagnie de professionnels (producteurs, journalistes, diffuseurs), des dizaines de documentaires, déjà diffusés ou sur le point de l’être, sur les chaînes de télévision.En raison des tragiques événements survenus début janvier, cette 22e édition, qui s’est déroulée du 25 au 29 mars, était consacrée aux journalistes de Charlie Hebdo, et plus généralement à celles et ceux qui sont morts en exerçant le métier d’informer. « Plus que jamais, le Figra met à l’honneur le courage des journalistes qui couvrent le monde pour témoigner et nous informer », résume Georges Marque-Bouaret, créateur du festival.Dans un monde où les conflits sont de plus en plus complexes, le travail des reporters de terrain, et plus généralement les droits et devoirs de ces témoins envoyés en première ligne ainsi que ceux de leurs commanditaires ont fait l’objet de discussions animées. Organisé par Reporters sans frontières, le débat intitulé « L’information dans le viseur » a d’abord dressé le sombre bilan 2014 de la liberté de la presse : 66 journalistes tués, 178 emprisonnés et 119 enlevés. Le pire pays pour un journaliste ? L’Erythrée.« Affirmer nos choix » Des journalistes audiovisuels ayant mis leur vie en danger dans l’exercice de leurs fonctions ont ensuite apporté leur témoignage. Et répondu aux questions. A celle qui interrogeait, « Faut-il aller partout ? », les réponses ont été unanimes : « Bien sûr, ce n’est pas négociable ! Ce qui est négociable, c’est le degré de prise de risques », a estimé Anne Gintzburger, journaliste et productrice, qui a confié la peur qu’elle a ressentie, une fois, au Rwanda, enfermée pendant quelques heures dans une cahute par des gamins armés et ivres. « J’ai été physiquement en danger à Sarajevo. Mais il faut aller sur le terrain ! », a souligné Luc Hermann, lui aussi journaliste et producteur.Les intervenants ont aussi insisté sur la difficulté pour les journalistes de résister aux campagnes de communication. Les nouvelles technologies permettant à n’importe quel pouvoir de diffuser de l’info, ou plutôt de faire sa « com ». Certaines vidéos de propagande sont très bien faites, et l’Etat islamique sait soigner la mise en scène de ses terrifiants messages à l’aide de photos 5D.Organisé par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), le débat intitulé « Nous avons choisi de ne pas diffuser ces images » a également suscité de nombreuses discussions.« L’émergence d’Internet et des réseaux sociaux nous pousse à affirmer nos choix », a indiqué Agnès Vahramian, directrice adjointe de la rédaction de France 2 et rédactrice en chef du « 20 heures ». « Récemment, lors de la tuerie de Tunis [au Musée du Bardo, le 18 mars], nous avons choisi de ne pas diffuser les images des deux terroristes baignant dans leur sang, estimant que cela n’apportait rien de plus à l’info. »Sur le même événement, Lucas Menget, rédacteur en chef chargé des reportages sur i-Télé a dû régler un autre problème : « Nous n’avons pas diffusé d’images de la tuerie de Tunis, mais l’un de nos envoyés spéciaux a envoyé des photos sur son compte Twitter. Nous lui avons demandé de les retirer. »En écho à ces discussions, la diffusion du documentaire de Bruno Lorvao, Le Siècle des journalistes (diffusion prévue dimanche 3 mai sur Toute l’Histoire), a permis, à travers les témoignages de reporters, de mieux réaliser les risques encourus sur le terrain. Et comme le disait un habitant de Sarajevo à un reporter : « Vous, les journalistes, vous ne servez à rien. Mais si vous n’étiez pas là, ce serait encore pire ! »Palmarès Figra 2015 (principaux lauréats)Grand Prix (+ de 40 min) : Tchétchénie, une guerre sans traces, de Manon Loizeau.Grand Prix (– de 40 min) : Syrie : la vie obstinément, de Marcel Mettelsiefen et Anthony Wonke.Prix Spécial du Jury : Ecole en bateau, l’enfance sabordée, de Laurent Esnault et Réjane Varrod.Mention spéciale du jury (– de 40 min) : Larmes de guerre, de Jean-Sébastien Desbordes, Matthieu Martin et Nicolas Berthelot.Prix de l’investigation/Société civile des auteurs multimedia : Bientôt dans vos assiettes !, De Paul Moreira.Prix Olivier Quemener/RSF : Voyage en barbarie, de Cécile Allegra et Delphine Deloget.Mention spéciale du jury : Paraguay : chronique d’un coup annoncé, d’Anna Recalde Miranda.Prix du public : Syrie : enfants en guerre, de Yuri Maldavsky.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Sortir de la crise sociale, rétablir l’équilibre des comptes et formuler une ambition renouvelée pour Radio France : tels sont les messages que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a adressés à Mathieu Gallet, PDG de l’entreprise publique, vendredi 3 avril, dans une lettre que Le Monde s’est procurée. Dans un entretien à l’AFP, Mme Pellerin a par ailleurs estimé que M.Gallet avait « toutes les cartes en main pour sortir du conflit » et qui lui fallait « rétablir le dialogue social » au plus vite au sein de la Maison ronde. L’option d’une médiation n’est pas envisagée à ce stade, fait-on ainsi savoir rue de Valois.Suite à cette lettre, le PDG de Radio France a annoncé la tenue samedi à 14 heures d’« une nouvelle réunion de négociations pour trouver une issue au conflit social et partager au plus vite le projet stratégique avec les collaborateurs de Radio France et leurs représentants ». Samedi matin, les syndicats n’avaient toujours pas dit s’ils se rendraient à cette réunion.Cette prise de parole gouvernementale était très attendue, alors que Radio France s’apprêtait à vivre un troisième week-end consécutif de grève, en réaction aux difficultés financières de l’entreprise – déficitaire de 21 millions d’euros en 2015 – et à la rupture du dialogue social entre le personnel et M. Gallet, par ailleurs mis en cause pour ses dépenses.Lire : Radio France : vote d’une motion de défiance contre Mathieu GalletL’urgence est de faire face à une fonte de la trésorerie, consumée notamment par le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio, dont les coûts ont dérivé. Pour cela, la ministre annonce « une dotation en capital liée aux surcoûts du chantier », qui n’est pas chiffrée à ce stade. En clair, l’Etat va apporter une subvention exceptionnelle qui aidera l’entreprise à faire face à ses dépenses les plus urgentes. En complément, « les différentes options possibles pour la finalisation de ce chantier » seront étudiées. Dans un entretien au Parisien samedi 4 avril, M. Gallet se dit satisfait de ces annonces qui sont « des signes de confiance pour l’entreprise » et confirme, parmi les économies envisagées, la suppression des ondes moyennes et longues (soit 14 millions d’euros par an).Le gouvernement assume l’objectif d’un retour à l’équilibre d’exploitation dès 2017 – alors qu’une option plus douce, à horizon 2019, était aussi envisagée. Mis en cause pour ses revirements, l’Etat rappelle son engagement à « stabiliser la ressource publique » affectée à l’entreprise jusqu’en 2017. Mais en contrepartie, il demande des efforts.Une gageureToutefois, Fleur Pellerin se garde bien de se prononcer sur la nature de ces efforts. Elle se contente de pointer que Mathieu Gallet a proposé un plan de départs volontaires – qui concernerait 300 à 380 personnes, soit l’option la plus élevée. « Le niveau d’emploi ne peut constituer la seule variable d’ajustement », nuance la ministre, ne refusant donc pas cette option, mais la complétant par la demande d’un « travail de modernisation sociale ».« C’est dans le dialogue social à l’intérieur de l’entreprise que devront être trouvées les mesures adaptées pour atteindre cet objectif », souligne-t-elle. Une gageure, quand on sait que les grévistes ont voté vendredi 3 avril, lors d’une assemblée générale réunissant entre 400 et 500 personnes, une motion de défiance envers M. Gallet, qu’ils jugent « discrédité ».Un vote qui a divisé le personnel au sein de Radio France. « L’assemblée générale a réagi aux contre-vérités énoncées hier par M. Gallet et à son mépris du dialogue social », a commenté Jean-Paul Quennesson, délégué syndical SUD et membre de l’Orchestre national de France (ONF). Jeudi 2 avril, le PDG avait mené une offensive médiatique, d’iTélé aux antennes de France Info et de France Inter, pour se défendre et tendre la main aux grévistes en vue de renouer le dialogue. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a quant à lui déploré ce vote. « Tout ce qui affaiblit le patron de Radio France affaiblit Radio France à l’heure où son PDG devra inévitablement négocier avec l’Etat », estime Valeria Emanuele, déléguée nationale.Dans sa lettre, Fleur Pellerin ne se contente pas de demander au PDG une sortie de crise rapide et un retour à l’équilibre dans deux ans. Elle souhaite aussi, en complément, qu’il porte une « ambition réformatrice ». Pour cela, elle l’enjoint à formuler, en vue du prochain contrat d’objectifs et de moyens – que l’entreprise et l’Etat doivent conclure pour la période 2015-2019 - une vision qui incarne la « singularité » du service public de radio et de musique.Deux orchestres, mais réduitsLa ministre demande une « offre de programmes qui ne soit ni banalisée, ni aseptisée », sans fermer la porte à des « regroupements » de chaînes, pour autant qu’ils soient « ambitieux ». Elle s’oppose à une augmentation des volumes de publicité, mais se dit ouverte à un assouplissement des catégories d’annonceurs autorisés, comme le demande la direction. Au grand dam des radios privées qui ne veulent pas entendre parler d’un assouplissement des règles publicitaires. Mme Pellerin demande aussi des précisions sur l’information, l’éducation aux médias, la transmission des valeurs citoyennes et le numérique.En matière de musique, la ministre de la culture fait comprendre qu’elle ne souhaite ni la fusion des deux orchestres de Radio France, ni le détachement de l’un d’entre eux, comme le demandait M. Gallet. Mais la ministre propose un « redimensionnement des formations musicales » et une « réforme de leurs modalités de travail ». « L’annonce de ne pas fusionner les deux orchestres nous rassure, commente Philippe Ballet, délégué UNSA. En revanche, la ministre valide de fait le plan de départ volontaire. Cela nous heurte. Plus largement, le gouvernement ne répond pas à notre constat de sous financement de l’audiovisuel public. »L’accueil qui sera fait aux propositions de Mme Pellerin reste incertain, dans une Maison ronde chauffée à blanc après deux semaines de conflit. De source syndicale, on comptait 75 % de grévistes dans les locales du réseau France Bleu et à France Culture, et un tiers à la rédaction de France Info et France Inter. Selon la direction, il n’y avait à Radio France que 11 % de grévistes vendredi.Consulter notre visuel interactif : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.04.2015 à 12h13 • Mis à jour le03.04.2015 à 22h43 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le dialogue semble bien rompu entre Mathieu Gallet, le PDG de Radio France, et les grévistes qui ont reconduit leur mouvement jusqu’au mardi 7 avril. Vendredi matin, une assemblée générale, qui réunissait 400 à 500 salariés, de source syndicale, a voté à la quasi-unanimité une motion de défiance, qui demande le départ du dirigeant. Texte de la motion de défiancePourquoi ce vote, alors que la résolution de la crise se joue désormais dans les cabinets ministériels, de Bercy à la culture en passant par Matignon ? Ceux-ci planchent actuellement sur le fameux « projet stratégique » remis jeudi par M. Gallet et s’apprêtent à rendre des arbitrages sur les missions et les moyens de l’entreprise publique ces prochaines années.« L’assemblée générale a réagi aux contre-vérités énoncées hier par M. Gallet et à son mépris du dialogue social », a commenté Jean-Paul Quennesson, délégué syndical SUD et membre de l’Orchestre national de France (ONF). Jeudi, le PDG avait mené une offensive médiatique, d’i-Télé aux antennes de France Info et de France Inter, pour se défendre et tendre la main aux grévistes en vue de renouer le dialogue.« M. Gallet se sert des antennes de Radio France pour sa communication personnelle, alors qu’il n’arrive plus à mettre les partenaires sociaux autour d’une table », a poursuivi M. Quennesson. De fait, les négociations sociales sont en berne depuis le 30 mars, date du dernier échange formel entre la direction et les délégués du personnel.Personnalisation du conflitDepuis le début de la crise, le 19 mars, le fait que le PDG s’exprime plus volontiers dans les médias ou dans les rédactions que face aux délégués syndicaux est un reproche récurrent. « M. Gallet est totalement discrédité, il s’avère incapable de diriger Radio France et d’incarner les valeurs fortes et intangibles de la radio publique », juge sèchement le texte.L’idée d’une médiation a été à nouveau évoquée par les représentants syndicaux dans leurs contacts, cette semaine, avec des politiques. Pour le moment, le prochain rendez-vous avec le PDG est fixé au mercredi 8 avril, lors d’un comité central d’entreprise où le projet sera présenté.Mais cette personnalisation du conflit ne fait pas l’unanimité au sein de la Maison ronde. Ainsi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a déploré ce vote. « Tout ce qui affaiblit le patron de Radio France affaiblit Radio France à l’heure où son PDG devra inévitablement négocier avec l’Etat », estime Valeria Emanuele, déléguée nationale. « Je ne sais pas ce que cela changerait d’avoir la tête de M. Gallet : nous nous retrouverions dans un vide et la vraie question des réformes resterait la même », renchérit un journaliste.Le SNJ appelait aussi à la grève vendredi, mais de façon indépendante du mouvement illimité ouvert par cinq autres syndicats. De source syndicale, on comptait 75 % de grévistes dans les locales du réseau France Bleu et à France Culture, et un tiers à la rédaction de France Info et France Inter. Selon la direction, il n’y avait à Radio France que 11 % de grévistes vendredi.>> Voir notre visuel interactif : La première année agitée de Mathieu Gallet à Radio France« Ce qui pourrait débloquer la situation serait que la tutelle [le ministère de la culture] se fasse enfin entendre », résume un journaliste. Et de suggérer que « ce serait bien que le ministère propose de séparer la question des travaux de celle des réformes », pour tenir compte de l’exaspération provoquée par l’interminable réhabilitation, qui perturbe le quotidien et consume la trésorerie.« Ce chantier est le seul sujet sur lequel il y a consensus à Radio France, résume ce journaliste. Sur le reste – faut-il accepter un plan social, ne garder qu’un orchestre, réformer les modes de production  – il y a des débats parmi les salariés. »Dans la soirée, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a finalement réitéré son soutien au PDG de Radio France, estimant qu’il avait « toutes les cartes en main pour sortir du conflit à Radio France ». « Il faut que [Mathieu Gallet] sorte de ce conflit mais c'est à lui de rétablir le dialogue social », a-t-elle toutefois insisté dans un entretien à l’AFP.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 19h51 • Mis à jour le03.04.2015 à 11h14 | Alexandre Piquard Numéro 23, qui se présente comme un canal dédié à la « diversité », est une des très rares chaînes du paysage audiovisuel français qui n’appartenaient pas à un groupe. Lancée fin 2012 parmi six nouvelles chaînes sur la télévision numérique terrestre, la TNT, elle se vend au plus gros groupe indépendant de la télévision privée, propriétaire notamment de la chaîne d’information en continu BFM-TV : NextRadioTV a annoncé, jeudi 2 avril, être entré en négociations exclusives en vue de racheter Numéro 23 pour 88,3 millions d’euros.L’opération n’est-elle pas trop grosse pour un groupe comme NextRadioTV, qui en 2014 a réalisé 195 millions d’euros de chiffres d’affaires, pour 34 millions d’excédent d’exploitation ? « Pas du tout », répond Alain Weill, son fondateur et actionnaire. L’opération se fera en « cash » (50 millions d’euros) mais aussi en obligations convertibles du groupe NextRadioTV. Cela permettra éventuellement à Pascal Houzelot, PDG de Numéro 23 (et membre du conseil de surveillance du Monde), de détenir jusqu’à 5 % du groupe fondé et présidé par Alain Weill (premier actionnaire avec 37,7 % du capital).Pascal Houzelot, ancien lobbyiste de TF1 et homme de réseaux, restera de plus président de Numéro 23 et intégrera le conseil d’administration de NextRadioTV (qui possède également la station de radio RMC).« L’acquisition de Numéro 23 a pour nous plusieurs avantages, assure M. Weill. Elle va nous permettre de peser davantage sur le marché publicitaire. Et nous réaliserons beaucoup de synergies car l’intégration de cette chaîne, qui a cinq collaborateurs et fait le même métier que nous, sera très facile. »Opération rentable dès 2016 ?Selon les calculs du PDG de NextRadioTV, l’opération générera un résultat équilibré dès 2016 : en effet, Numéro 23 génère aujourd’hui 10 millions d’euros de pertes pour un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros. Mais, en 2016, son rachat créera 10 millions d’euros de synergie, via la mise en commun des achats de programmes ou des régies publicitaires, croit M. Weill. Ce qui équilibrerait des pertes réduites à 9 millions d’euros.Numéro 23 serait exploitée par l’équipe de RMC Découverte, une autre chaîne du groupe NextRadioTV consacrée au documentaire et au reportage. Les chaînes seront couplées sur le plan publicitaire. Ce qui permettrait à RMC Découverte d’« atteindre l’équilibre financier dès 2015 », soit un an plus tôt que prévu, selon NextRadioTV.Reste la question de la pertinence de Numéro 23 : à 0,7 %, sa part d’audience n’est pas mauvaise pour un canal aussi récent. Mais elle apparaît comme une des chaînes « mini-généraliste » de la TNT, mêlant tous types de programmes au risque d’un positionnement flou. Les chaînes thématiques (comme BFM-TV, RMC Découverte ou L’Equipe21, dédiée au sport) sont réputées avoir un meilleur avenir.En l’état, Numéro 23 se dit consacrée à la diversité mais ne se veut pas communautaire. « Quand je la regarde, je n’ai pas l’impression qu’elle représente la diversité », a critiqué l’ancien membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) Rachid Arhab sur France Inter récemment.Positionnement flouSa grille de programmes intègre différents éléments, dont le magazine de société « Révélations », mais aussi beaucoup d’émissions américaines de divertissement, de type « talent show », comme un concours de tatoueurs. Ou une émission sur les phénomènes paranormaux.Demain, NextRadioTV compte légèrement repositionner la chaîne pour éviter des doublons avec RMC Découverte. Cette dernière se consacrera « à l’aventure, aux animaux, aux sciences et aux technologies », décrit M. Weill. Numéro 23 serait, elle, davantage tournée vers « l’histoire et la société ». Un modèle est cité : History Channel, une chaîne américaine dont la devise est « History made every day » (l’Histoire s’écrit chaque jour).Du côté de Pascal Houzelot, la cession de sa chaîne, deux ans après son démarrage, relancera peut-être le débat sur la revente des fréquences. Celles-ci sont en effet attribuées gratuitement par le CSA mais génèrent des plus-values. Une polémique a accompagné les ventes de TMC et NT1 par le groupe AB à TF1, ou de D8 et D17 par le groupe Bolloré à Canal+. Début 2013, la ministre de la culture et de la communication Aurélie Filippetti s’était déclarée favorable à une taxation des plus-values réalisées. « Je suis un professionnel des médias depuis vingt-cinq ans, j’ai accompagné le groupe TF1 pendant quinze ans, j’ai produit des films et créé une autre chaîne, Pink. Si j’avais voulu faire une opération avec un groupe plus puissant, je l’aurais fait avant. Je continue sur ma logique d’entrepreneur », a déclaré aux Echos M. Houzelot, jeudi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 11h49 • Mis à jour le02.04.2015 à 12h07 | Jean-Baptiste Jacquin C’était en mars 2012. Vincent Bolloré, actionnaire à hauteur de 1 % de Vivendi était en passe de monter à 4,5 % en échange de la vente de ses chaînes de télévision D8 et D17. Il proclamait alors : « nous ne comptons jouer aucun rôle au sein du groupe Vivendi si ce n’est être un actionnaire stable à long terme ». Ceux qui l’ont cru ont eu tort. Dix-huit mois plus tard il postulait pour être président du directoire du groupe de télécommunication et de médias, et parvenait à déstabiliser le président du conseil de surveillance, un patriarche pourtant bien renard lui aussi, Jean-René Fourtou.Aujourd’hui, confortablement assis dans son fauteuil à la tête de Vivendi, il s’offusque que des investisseurs représentant 0,8 % et 2 % du capital viennent lui demander des comptes. Mercredi 1er avril, Bertrand Meheut, le patron du groupe Canal+, est monté au front en bon petit soldat pour dénoncer « la coalition menée par un fonds activiste américain visant à déstabiliser Vivendi ». Canal est, avec Universal Music, l’une des deux dernières entreprises de l’ex conglomérat qui a cédé en dix-huit mois pour 35 milliards d’euros d’actifs : SFR, Activision Blizzard (jeux vidéo), Maroc Télécom et GVT (télécoms au Brésil).Lire aussi :Vivendi sommé de partager son trésor de guerreOn crie au loup qui voudrait démanteler un tel joyau. Mais le démembrement a eu lieu, pour l’essentiel. Ce sont les restes du festin qu’ont flairés les loups. En l’occurrence les milliards accumulés par une telle vente aux enchères. Le fonds P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) souhaite demander aux actionnaires de Vivendi lors de l’assemblée générale du 17 avril de voter pour la distribution de 9 milliards de dividendes exceptionnels. Son argumentaire est basique, comme souvent avec les investisseurs activistes : ce cash accumulé grâce aux cessions, et non par les bénéfices, doit être restitué aux actionnaires.Démocratie actionnarialeLa question est légitime. La réponse de M. Bolloré, qui veut profiter de cette situation pour réaliser d’importantes acquisitions dans les médias, peut aussi se plaider. L’autre impertinent, PhiTrust, demande que Vivendi renonce, comme toutes les autres sociétés du CAC 40 aux droits de vote double. Là aussi, cette question de démocratie actionnariale est parfaitement légitime.Mais que fait le renard pendant qu’il crie au loup ? Il se renforce à vitesse accélérée dans le capital de Vivendi. Bolloré a annoncé jeudi 2 avril avoir acheté pour 568 millions d’euros d’actions supplémentaires portant sa participation à 12 %, six jours après avoir franchi les 10 %. En un mois, il a multiplié sa participation par 2,3.Serait-il inquiet ? Il sécurise sa position à l’approche d’une AG qui devra dire si les actionnaires lui laissent les mains libres pour utiliser ce cash dans leur intérêt à long terme, ou s’ils préfèrent le récupérer tout de suite.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.04.2015 à 01h17 • Mis à jour le04.04.2015 à 11h50 | Alexis Delcambre Sortir de la crise sociale, rétablir l’équilibre des comptes et formuler une ambition renouvelée pour Radio France : tels sont les messages que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a adressés à Mathieu Gallet, PDG de l’entreprise publique, vendredi 3 avril, dans une lettre que Le Monde s’est procurée. Dans un entretien à l’AFP, Mme Pellerin a par ailleurs estimé que M.Gallet avait « toutes les cartes en main pour sortir du conflit » et qui lui fallait « rétablir le dialogue social » au plus vite au sein de la Maison ronde. L’option d’une médiation n’est pas envisagée à ce stade, fait-on ainsi savoir rue de Valois.Suite à cette lettre, le PDG de Radio France a annoncé la tenue samedi à 14 heures d’« une nouvelle réunion de négociations pour trouver une issue au conflit social et partager au plus vite le projet stratégique avec les collaborateurs de Radio France et leurs représentants ». Samedi matin, les syndicats n’avaient toujours pas dit s’ils se rendraient à cette réunion.Cette prise de parole gouvernementale était très attendue, alors que Radio France s’apprêtait à vivre un troisième week-end consécutif de grève, en réaction aux difficultés financières de l’entreprise – déficitaire de 21 millions d’euros en 2015 – et à la rupture du dialogue social entre le personnel et M. Gallet, par ailleurs mis en cause pour ses dépenses.Lire : Radio France : vote d’une motion de défiance contre Mathieu GalletL’urgence est de faire face à une fonte de la trésorerie, consumée notamment par le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio, dont les coûts ont dérivé. Pour cela, la ministre annonce « une dotation en capital liée aux surcoûts du chantier », qui n’est pas chiffrée à ce stade. En clair, l’Etat va apporter une subvention exceptionnelle qui aidera l’entreprise à faire face à ses dépenses les plus urgentes. En complément, « les différentes options possibles pour la finalisation de ce chantier » seront étudiées. Dans un entretien au Parisien samedi 4 avril, M. Gallet se dit satisfait de ces annonces qui sont « des signes de confiance pour l’entreprise » et confirme, parmi les économies envisagées, la suppression des ondes moyennes et longues (soit 14 millions d’euros par an).Le gouvernement assume l’objectif d’un retour à l’équilibre d’exploitation dès 2017 – alors qu’une option plus douce, à horizon 2019, était aussi envisagée. Mis en cause pour ses revirements, l’Etat rappelle son engagement à « stabiliser la ressource publique » affectée à l’entreprise jusqu’en 2017. Mais en contrepartie, il demande des efforts.Une gageureToutefois, Fleur Pellerin se garde bien de se prononcer sur la nature de ces efforts. Elle se contente de pointer que Mathieu Gallet a proposé un plan de départs volontaires – qui concernerait 300 à 380 personnes, soit l’option la plus élevée. « Le niveau d’emploi ne peut constituer la seule variable d’ajustement », nuance la ministre, ne refusant donc pas cette option, mais la complétant par la demande d’un « travail de modernisation sociale ».« C’est dans le dialogue social à l’intérieur de l’entreprise que devront être trouvées les mesures adaptées pour atteindre cet objectif », souligne-t-elle. Une gageure, quand on sait que les grévistes ont voté vendredi 3 avril, lors d’une assemblée générale réunissant entre 400 et 500 personnes, une motion de défiance envers M. Gallet, qu’ils jugent « discrédité ».Un vote qui a divisé le personnel au sein de Radio France. « L’assemblée générale a réagi aux contre-vérités énoncées hier par M. Gallet et à son mépris du dialogue social », a commenté Jean-Paul Quennesson, délégué syndical SUD et membre de l’Orchestre national de France (ONF). Jeudi 2 avril, le PDG avait mené une offensive médiatique, d’iTélé aux antennes de France Info et de France Inter, pour se défendre et tendre la main aux grévistes en vue de renouer le dialogue. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a quant à lui déploré ce vote. « Tout ce qui affaiblit le patron de Radio France affaiblit Radio France à l’heure où son PDG devra inévitablement négocier avec l’Etat », estime Valeria Emanuele, déléguée nationale.Dans sa lettre, Fleur Pellerin ne se contente pas de demander au PDG une sortie de crise rapide et un retour à l’équilibre dans deux ans. Elle souhaite aussi, en complément, qu’il porte une « ambition réformatrice ». Pour cela, elle l’enjoint à formuler, en vue du prochain contrat d’objectifs et de moyens – que l’entreprise et l’Etat doivent conclure pour la période 2015-2019 - une vision qui incarne la « singularité » du service public de radio et de musique.Deux orchestres, mais réduitsLa ministre demande une « offre de programmes qui ne soit ni banalisée, ni aseptisée », sans fermer la porte à des « regroupements » de chaînes, pour autant qu’ils soient « ambitieux ». Elle s’oppose à une augmentation des volumes de publicité, mais se dit ouverte à un assouplissement des catégories d’annonceurs autorisés, comme le demande la direction. Au grand dam des radios privées qui ne veulent pas entendre parler d’un assouplissement des règles publicitaires. Mme Pellerin demande aussi des précisions sur l’information, l’éducation aux médias, la transmission des valeurs citoyennes et le numérique.En matière de musique, la ministre de la culture fait comprendre qu’elle ne souhaite ni la fusion des deux orchestres de Radio France, ni le détachement de l’un d’entre eux, comme le demandait M. Gallet. Mais la ministre propose un « redimensionnement des formations musicales » et une « réforme de leurs modalités de travail ». « L’annonce de ne pas fusionner les deux orchestres nous rassure, commente Philippe Ballet, délégué UNSA. En revanche, la ministre valide de fait le plan de départ volontaire. Cela nous heurte. Plus largement, le gouvernement ne répond pas à notre constat de sous financement de l’audiovisuel public. »L’accueil qui sera fait aux propositions de Mme Pellerin reste incertain, dans une Maison ronde chauffée à blanc après deux semaines de conflit. De source syndicale, on comptait 75 % de grévistes dans les locales du réseau France Bleu et à France Culture, et un tiers à la rédaction de France Info et France Inter. Selon la direction, il n’y avait à Radio France que 11 % de grévistes vendredi.Consulter notre visuel interactif : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.04.2015 à 12h13 • Mis à jour le03.04.2015 à 22h43 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le dialogue semble bien rompu entre Mathieu Gallet, le PDG de Radio France, et les grévistes qui ont reconduit leur mouvement jusqu’au mardi 7 avril. Vendredi matin, une assemblée générale, qui réunissait 400 à 500 salariés, de source syndicale, a voté à la quasi-unanimité une motion de défiance, qui demande le départ du dirigeant. Texte de la motion de défiancePourquoi ce vote, alors que la résolution de la crise se joue désormais dans les cabinets ministériels, de Bercy à la culture en passant par Matignon ? Ceux-ci planchent actuellement sur le fameux « projet stratégique » remis jeudi par M. Gallet et s’apprêtent à rendre des arbitrages sur les missions et les moyens de l’entreprise publique ces prochaines années.« L’assemblée générale a réagi aux contre-vérités énoncées hier par M. Gallet et à son mépris du dialogue social », a commenté Jean-Paul Quennesson, délégué syndical SUD et membre de l’Orchestre national de France (ONF). Jeudi, le PDG avait mené une offensive médiatique, d’i-Télé aux antennes de France Info et de France Inter, pour se défendre et tendre la main aux grévistes en vue de renouer le dialogue.« M. Gallet se sert des antennes de Radio France pour sa communication personnelle, alors qu’il n’arrive plus à mettre les partenaires sociaux autour d’une table », a poursuivi M. Quennesson. De fait, les négociations sociales sont en berne depuis le 30 mars, date du dernier échange formel entre la direction et les délégués du personnel.Personnalisation du conflitDepuis le début de la crise, le 19 mars, le fait que le PDG s’exprime plus volontiers dans les médias ou dans les rédactions que face aux délégués syndicaux est un reproche récurrent. « M. Gallet est totalement discrédité, il s’avère incapable de diriger Radio France et d’incarner les valeurs fortes et intangibles de la radio publique », juge sèchement le texte.L’idée d’une médiation a été à nouveau évoquée par les représentants syndicaux dans leurs contacts, cette semaine, avec des politiques. Pour le moment, le prochain rendez-vous avec le PDG est fixé au mercredi 8 avril, lors d’un comité central d’entreprise où le projet sera présenté.Mais cette personnalisation du conflit ne fait pas l’unanimité au sein de la Maison ronde. Ainsi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a déploré ce vote. « Tout ce qui affaiblit le patron de Radio France affaiblit Radio France à l’heure où son PDG devra inévitablement négocier avec l’Etat », estime Valeria Emanuele, déléguée nationale. « Je ne sais pas ce que cela changerait d’avoir la tête de M. Gallet : nous nous retrouverions dans un vide et la vraie question des réformes resterait la même », renchérit un journaliste.Le SNJ appelait aussi à la grève vendredi, mais de façon indépendante du mouvement illimité ouvert par cinq autres syndicats. De source syndicale, on comptait 75 % de grévistes dans les locales du réseau France Bleu et à France Culture, et un tiers à la rédaction de France Info et France Inter. Selon la direction, il n’y avait à Radio France que 11 % de grévistes vendredi.>> Voir notre visuel interactif : La première année agitée de Mathieu Gallet à Radio France« Ce qui pourrait débloquer la situation serait que la tutelle [le ministère de la culture] se fasse enfin entendre », résume un journaliste. Et de suggérer que « ce serait bien que le ministère propose de séparer la question des travaux de celle des réformes », pour tenir compte de l’exaspération provoquée par l’interminable réhabilitation, qui perturbe le quotidien et consume la trésorerie.« Ce chantier est le seul sujet sur lequel il y a consensus à Radio France, résume ce journaliste. Sur le reste – faut-il accepter un plan social, ne garder qu’un orchestre, réformer les modes de production  – il y a des débats parmi les salariés. »Dans la soirée, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a finalement réitéré son soutien au PDG de Radio France, estimant qu’il avait « toutes les cartes en main pour sortir du conflit à Radio France ». « Il faut que [Mathieu Gallet] sorte de ce conflit mais c'est à lui de rétablir le dialogue social », a-t-elle toutefois insisté dans un entretien à l’AFP.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 19h51 • Mis à jour le03.04.2015 à 11h14 | Alexandre Piquard Numéro 23, qui se présente comme un canal dédié à la « diversité », est une des très rares chaînes du paysage audiovisuel français qui n’appartenaient pas à un groupe. Lancée fin 2012 parmi six nouvelles chaînes sur la télévision numérique terrestre, la TNT, elle se vend au plus gros groupe indépendant de la télévision privée, propriétaire notamment de la chaîne d’information en continu BFM-TV : NextRadioTV a annoncé, jeudi 2 avril, être entré en négociations exclusives en vue de racheter Numéro 23 pour 88,3 millions d’euros.L’opération n’est-elle pas trop grosse pour un groupe comme NextRadioTV, qui en 2014 a réalisé 195 millions d’euros de chiffres d’affaires, pour 34 millions d’excédent d’exploitation ? « Pas du tout », répond Alain Weill, son fondateur et actionnaire. L’opération se fera en « cash » (50 millions d’euros) mais aussi en obligations convertibles du groupe NextRadioTV. Cela permettra éventuellement à Pascal Houzelot, PDG de Numéro 23 (et membre du conseil de surveillance du Monde), de détenir jusqu’à 5 % du groupe fondé et présidé par Alain Weill (premier actionnaire avec 37,7 % du capital).Pascal Houzelot, ancien lobbyiste de TF1 et homme de réseaux, restera de plus président de Numéro 23 et intégrera le conseil d’administration de NextRadioTV (qui possède également la station de radio RMC).« L’acquisition de Numéro 23 a pour nous plusieurs avantages, assure M. Weill. Elle va nous permettre de peser davantage sur le marché publicitaire. Et nous réaliserons beaucoup de synergies car l’intégration de cette chaîne, qui a cinq collaborateurs et fait le même métier que nous, sera très facile. »Opération rentable dès 2016 ?Selon les calculs du PDG de NextRadioTV, l’opération générera un résultat équilibré dès 2016 : en effet, Numéro 23 génère aujourd’hui 10 millions d’euros de pertes pour un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros. Mais, en 2016, son rachat créera 10 millions d’euros de synergie, via la mise en commun des achats de programmes ou des régies publicitaires, croit M. Weill. Ce qui équilibrerait des pertes réduites à 9 millions d’euros.Numéro 23 serait exploitée par l’équipe de RMC Découverte, une autre chaîne du groupe NextRadioTV consacrée au documentaire et au reportage. Les chaînes seront couplées sur le plan publicitaire. Ce qui permettrait à RMC Découverte d’« atteindre l’équilibre financier dès 2015 », soit un an plus tôt que prévu, selon NextRadioTV.Reste la question de la pertinence de Numéro 23 : à 0,7 %, sa part d’audience n’est pas mauvaise pour un canal aussi récent. Mais elle apparaît comme une des chaînes « mini-généraliste » de la TNT, mêlant tous types de programmes au risque d’un positionnement flou. Les chaînes thématiques (comme BFM-TV, RMC Découverte ou L’Equipe21, dédiée au sport) sont réputées avoir un meilleur avenir.En l’état, Numéro 23 se dit consacrée à la diversité mais ne se veut pas communautaire. « Quand je la regarde, je n’ai pas l’impression qu’elle représente la diversité », a critiqué l’ancien membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) Rachid Arhab sur France Inter récemment.Positionnement flouSa grille de programmes intègre différents éléments, dont le magazine de société « Révélations », mais aussi beaucoup d’émissions américaines de divertissement, de type « talent show », comme un concours de tatoueurs. Ou une émission sur les phénomènes paranormaux.Demain, NextRadioTV compte légèrement repositionner la chaîne pour éviter des doublons avec RMC Découverte. Cette dernière se consacrera « à l’aventure, aux animaux, aux sciences et aux technologies », décrit M. Weill. Numéro 23 serait, elle, davantage tournée vers « l’histoire et la société ». Un modèle est cité : History Channel, une chaîne américaine dont la devise est « History made every day » (l’Histoire s’écrit chaque jour).Du côté de Pascal Houzelot, la cession de sa chaîne, deux ans après son démarrage, relancera peut-être le débat sur la revente des fréquences. Celles-ci sont en effet attribuées gratuitement par le CSA mais génèrent des plus-values. Une polémique a accompagné les ventes de TMC et NT1 par le groupe AB à TF1, ou de D8 et D17 par le groupe Bolloré à Canal+. Début 2013, la ministre de la culture et de la communication Aurélie Filippetti s’était déclarée favorable à une taxation des plus-values réalisées. « Je suis un professionnel des médias depuis vingt-cinq ans, j’ai accompagné le groupe TF1 pendant quinze ans, j’ai produit des films et créé une autre chaîne, Pink. Si j’avais voulu faire une opération avec un groupe plus puissant, je l’aurais fait avant. Je continue sur ma logique d’entrepreneur », a déclaré aux Echos M. Houzelot, jeudi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 11h49 • Mis à jour le02.04.2015 à 12h07 | Jean-Baptiste Jacquin C’était en mars 2012. Vincent Bolloré, actionnaire à hauteur de 1 % de Vivendi était en passe de monter à 4,5 % en échange de la vente de ses chaînes de télévision D8 et D17. Il proclamait alors : « nous ne comptons jouer aucun rôle au sein du groupe Vivendi si ce n’est être un actionnaire stable à long terme ». Ceux qui l’ont cru ont eu tort. Dix-huit mois plus tard il postulait pour être président du directoire du groupe de télécommunication et de médias, et parvenait à déstabiliser le président du conseil de surveillance, un patriarche pourtant bien renard lui aussi, Jean-René Fourtou.Aujourd’hui, confortablement assis dans son fauteuil à la tête de Vivendi, il s’offusque que des investisseurs représentant 0,8 % et 2 % du capital viennent lui demander des comptes. Mercredi 1er avril, Bertrand Meheut, le patron du groupe Canal+, est monté au front en bon petit soldat pour dénoncer « la coalition menée par un fonds activiste américain visant à déstabiliser Vivendi ». Canal est, avec Universal Music, l’une des deux dernières entreprises de l’ex conglomérat qui a cédé en dix-huit mois pour 35 milliards d’euros d’actifs : SFR, Activision Blizzard (jeux vidéo), Maroc Télécom et GVT (télécoms au Brésil).Lire aussi :Vivendi sommé de partager son trésor de guerreOn crie au loup qui voudrait démanteler un tel joyau. Mais le démembrement a eu lieu, pour l’essentiel. Ce sont les restes du festin qu’ont flairés les loups. En l’occurrence les milliards accumulés par une telle vente aux enchères. Le fonds P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) souhaite demander aux actionnaires de Vivendi lors de l’assemblée générale du 17 avril de voter pour la distribution de 9 milliards de dividendes exceptionnels. Son argumentaire est basique, comme souvent avec les investisseurs activistes : ce cash accumulé grâce aux cessions, et non par les bénéfices, doit être restitué aux actionnaires.Démocratie actionnarialeLa question est légitime. La réponse de M. Bolloré, qui veut profiter de cette situation pour réaliser d’importantes acquisitions dans les médias, peut aussi se plaider. L’autre impertinent, PhiTrust, demande que Vivendi renonce, comme toutes les autres sociétés du CAC 40 aux droits de vote double. Là aussi, cette question de démocratie actionnariale est parfaitement légitime.Mais que fait le renard pendant qu’il crie au loup ? Il se renforce à vitesse accélérée dans le capital de Vivendi. Bolloré a annoncé jeudi 2 avril avoir acheté pour 568 millions d’euros d’actions supplémentaires portant sa participation à 12 %, six jours après avoir franchi les 10 %. En un mois, il a multiplié sa participation par 2,3.Serait-il inquiet ? Il sécurise sa position à l’approche d’une AG qui devra dire si les actionnaires lui laissent les mains libres pour utiliser ce cash dans leur intérêt à long terme, ou s’ils préfèrent le récupérer tout de suite.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.04.2015 à 12h18 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h51 Les prétendants à la succession de Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions sont nombreux. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé mercredi 1er avril avoir reçu 33 candidatures pour le poste de président du groupe audiovisuel public, un nombre élevé puisque seuls 11 candidats se sont officiellement déclarés.Lire : France Télévisions : la liste des candidats à la présidenceAvant de faire son choix, entre le 2 avril et le 22 mai, le CSA doit d'abord établir une liste restreinte de candidats. Ces derniers seront auditionnés à huis clos, et leurs noms ne seront divulgués que si tous les intéressés l'acceptent. Toute la procédure laisse aux candidats une assez grande latitude pour rester cachés.Voici la liste des candidatures connues à ce jour.Les 11 candidats officielsRémy Pflimlin, 61 ans, actuel président de France Télévisions, est candidat officiel. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, M. Pflimlin compte défendre son bilan et le besoin de stabilité pour France Télévisions, qui doit faire face à d'importantes réformes.Marie-Christine Saragosse, 55 ans, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a officialisé sa candidature, jeudi 26 mars, dans un message interne. Diplômée de l'ENA, ancienne dirigeante de TV5 Monde, elle a été nommée par François Hollande en 2012 à la tête de l'audiovisuel extérieur de la France, qu'elle a apaisé après la bataille entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac.Didier Quillot, âgé de 55 ans, a été PDG d'Orange France, puis, à partir de 2006, président du directoire de Lagardère Active. M. Quillot met en avant son expérience de gestionnaire et de conduite du changement dans des entreprises de grande taille, ainsi que son sens du « dialogue social ».Eric Garandeau, ancien président du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et conseiller culturel auprès de Nicolas Sarkozy de 2008 à 2010, il est également issu de l'audiovisuel public. L'homme de 42 ans a déjà travaillé un an à France Télévisions, sous Marc Tessier, et a été administrateur de l'entreprise.Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, a annoncé sa candidature dans un entretien aux Echos, jeudi 26 mars. Il siège au conseil d'administration de France Télévisions depuis 2011. Il a 48 ans. Alexandre Michelin, 50 ans, directeur général de Microsoft MSN pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, s'est déclaré fin février. Il a été directeur des programmes ou directeur général à Paris Première, à Canal+ et France 5.Emmanuel Gout est président du parc d'attractions Cinecitta World et ancien président de Canal+ Italie.Nacer Kettane est président et fondateur du réseau Beur FM.Matthieu Bellinghen est journaliste à France 3 Basse-Normandie.Serge Cimino, 51 ans, est délégué syndical SNJ de France Télévisions.Cyril Hanouna, animateur sur D8 de « Touche pas à mon poste », a lui aussi lancé une campagne humoristique avec pour slogan « La France Télévisions forte », référence à une formule de Nicolas Sarkozy.ON SAIT QU'ILS SONT CANDIDATS (4)Nathalie Collin, 50 ans, directrice générale adjointe de La Poste, chargée de la communication et du numérique, est également candidate selon nos informations. Diplômée de l'Essec, elle est issue du secteur des médias et ancienne présidente du directoire de Libération et directrice du Nouvel Observateur.Robin Leproux, ancien vice-président du directoire du groupe M6, ex-patron du Paris Saint-Germain et de RTL, est aussi sur les rangs.Pascal Josèphe, 60 ans, qui a travaillé pour le cabinet de conseil IMCA et été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, postule également.Cyrille du Peloux, 61 ans, cadre dans le groupe de services collectifs Veolia depuis douze ans, qui a été dirigeant de TF1 et de Paris Première dans les années 1980 et 1990.LEUR CANDIDATURE N'EST PAS CONFIRMEE (2)Delphine Ernotte-Cunci, directrice exécutive d'Orange France, ne s'est toujours pas exprimée. Ingénieure de formation, elle a fait toute sa carrière chez l'opérateur français.Emmanuel Hoog, PDG de l'AFP. Souvent cité comme candidat dans la presse, il garde lui aussi le silence sur ses intentions. 33 candidats à la présidence de France TéléLire aussi : Diriger France Télévisions serait-il « le pire job des médias » ? Cédric Pietralunga et Sarah Belouezzane Orange pensait avoir réglé l’affaire Dailymotion. L’opérateur devait en effet entrer en négociations exclusives avec PCCW, la holding de Richard Li, le fils du célèbre milliardaire chinois de Hong Kong Li Ka-shing, l’un des hommes les plus riches d’Asie, pour la cession de 49 % du capital de la plate-forme. Mais pour Emmanuel Macron, c’est aller trop vite en besogne.Selon nos informations, le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique a bloqué l’entrée en négociations exclusives de l’ex-monopole d’Etat avec le groupe hongkongais. « Nous avons demandé à Orange de prendre en compte les éléments de la souveraineté numérique européenne », confirme M. Macron. Comprendre : Dailymotion est une « pépite » hexagonale et il serait préférable que l’opérateur privilégie des partenaires européens voire français pour assurer son développement.Du côté d’Orange, dont l’Etat possède 24,9 %, on précise qu’il n’y a aujourd’hui aucun processus de négociation exclusive lancé avec qui que ce soit, contrairement à ce qui avait été évoqué au lendemain du conseil d’administration de l’opérateur du 11 mars. Le groupe serait ouvert à tous, notamment aux investisseurs européens, promet-on dans l’entourage d’Orange.Lire aussi :Orange discute avec le chinois PCCW pour DailymotionGoût de déjà-vuParmi les potentiels partenaires issus du Vieux Continent, se mêlent les noms des allemands Axel Springer et Bertelsmann, mais également des français Vivendi, propriétaire de Canal+, et AlloCiné. Selon un proche des négociations, c’est Fimalac, la maison mère de ce dernier, qui semble aujourd’hui le candidat le plus probable. Le groupe de Marc Ladreit de Lacharrière a déjà manifesté à plusieurs reprises son intérêt pour Dailymotion. Les fuites dans la presse d’une possible entrée en négociations de l’ex-monopole d’état avec le groupe de Li Ka-shing auraient réveillé l’appétit de l’homme d’affaires pour le site de streaming. Ce dernier n’aurait toutefois pas encore présenté de projet bien défini.Le ralentissement des négociations avec l’homme d’affaires asiatique a, pour Orange, un goût de déjà-vu. Stéphane Richard, patron de l’opérateur, avait en effet dû renoncer, au printemps 2013, à la cession de la plate-forme de streaming au géant américain Yahoo! pour 300 millions de dollars (279 millions d’euros). A l’époque, Arnaud Montebourg, le tonitruant ministre du redressement productif, avait tapé du poing sur la table, empêchant la transaction, au motif que Dailymotion devait demeurer sous pavillon hexagonal.Cette fois, le mode opératoire est plus feutré, à l’image de M. Macron. Mais le résultat est le même. L’actuel ministre va même plus loin que M. Montebourg : ce dernier était prêt à voir un partenaire international arriver dans le capital de Dailmymotion pour peu qu’il ne s’agisse pas d’une « dévoration ». En clair, qu’il ne prenne pas plus de 50 % du capital. M. Macron a toutefois clairement indiqué qu’il n’y aurait, de sa part, pas de veto contre le choix du conseil d’administration d’Orange.« L’Europe a besoin d’une stratégie numérique ambitieuse »De source proche de l’exécutif, on indique qu’un partenaire chinois pour un site de l’importance et de la taille de Dailymotion est difficilement compatible avec les ambitions française et européenne en matière de numérique. « L’Europe a besoin d’une stratégie numérique ambitieuse dans les prochaines années, fondée sur un marché européen plus intégré », ont ainsi indiqué M. Macron et Sigmar Gabriel, son homologue allemand, lors d’un conseil des ministres franco-allemand organisé mardi 31 mars à Berlin.Dans une déclaration conjointe, les deux ministres ont préconisé l’établissement d’un« cadre réglementaire approprié pour des plateformes structurantes au niveau européen », première étape pour la création d’un « marché unique du numérique ». Ils veulent, par ailleurs, mettre l’accent sur des technologies comme le Big data ou encore le « cloud computing », l’informatique dans les nuages, qui permet de stocker les données à distance dans des supers ordinateurs.Pas étonnant, dans ce contexte, que l’attention du gouvernement se porte sur Dailymotion. Le site de streaming compte 128 millions de visiteurs uniques par mois contre un milliard pour YouTube, la filiale de Google. Le destin de la plate-forme tricolore risque de déchaîner les passions pendant encore quelque temps. Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ils s’étaient jusqu’ici peu exprimés. Mais les dirigeants de l’UMP ont décidé, mardi 31 mars, de lancer une offensive sur la gestion de l’audiovisuel public sous François Hollande. En réunion du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a ainsi appelé la droite à dénoncer « le scandale de la grève à Radio France à un moment où 43 millions de Français vont voter » pour les départementales, dimanche 29 mars.Mais le président de l’UMP a également appelé à dénoncer « le processus de nomination de France Télévisions, où on garde même le secret des auditions ». Joint par Le Monde, le porte-parole de l’UMP renchérit : « Nous sommes face à un scandale d’Etat, a lancé Sébastien Huyghe. Nous sommes étonnés, voire atterrés, de voir que les auditions par le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour la présidence de France Télévisions se font de la manière la plus opaque possible : les candidats ne sont pas connus, les auditions sont à huis clos. On ne connaît pas les projets ni les critères de choix. C’est pourtant 2,3 milliards d’argent public ! »La nomination du président de France Télévisions est un point de clivage net entre PS et UMP : Nicolas Sarkozy avait choisi de faire le choix lui-même en temps que président de la République (avec avis des commissions culturelles parlementaires, a posteriori). François Hollande a expressément changé la procédure pour confier cette tâche au Conseil supérieur de l’audiovisuel, en gage d’indépendance par rapport au pouvoir politique.M. Huyghe insinue que la procédure est biaisée : « Le président de la République François Hollande ne pilote-t-il pas en réalité la nomination du président de France Télévisions ? On se pose la question. Le choix a été confié au CSA, présidé par Olivier Schrameck, qui est ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon et donc tout sauf indépendant. » « Le gouvernement fait pression sur le CSA », croit aussi savoir Franck Riester, député UMP spécialiste de l’audiovisuel, joint par Le Monde.Mathieu Gallet « bouc émissaire »Sur Radio France, la charge n’est pas moins rude : « Au lieu de fixer un cap et de mener les réformes progressivement, l’Etat crée une crise et utilise Mathieu Gallet comme bouc émissaire. » Le président de Radio France s’est notamment vu reprocher les dépenses de rénovation de son bureau, mais également, ce mardi dans Le Canard enchaîné, les frais de sa présidence précédente, à l’Institut national de l’audiovisuel, pour des rénovations encore et des conseils extérieurs.« Mathieu Gallet a reconnu des erreurs et il faudra voir ses réponses au nouvel article du Canard enchaîné. Mais le fond du problème est ailleurs : que fait-on de cette crise financière à Radio France ? », répond M. Riester.A Radio France, l’Etat « a créé la crise financière » de l’entreprise, insiste le député, accusant le gouvernement d’avoir ponctionné des ressources destinées à l’audiovisuel pour honorer d’autres dépenses du budget de l’Etat. « On n’épaule pas, on met des bâtons dans les roues. C’est tout l’inverse de ce que doit faire une tutelle responsable et digne de ce nom », pense M. Riester, que Nicolas Sarkozy a consulté et qui va poser une question au gouvernement mercredi à l’Assemblée nationale, après avoir déjà interpellé la ministre de la culture Fleur Pellerin dans l’hémicycle la semaine dernière.Mardi, l’UMP s’est dévoilée sur un autre point, sensible : « La fusion pure et simple des principales rédactions du groupe, France Inter, France Info et France Culture. » Une piste prônée dans un rapport explosif de la Cour des comptes, mais immédiatement écartée par le président Mathieu Gallet, la jugeant impopulaire.Lire aussi :La Cour des comptes fustige la gestion de Radio FranceDavid-Hervé Boutin, le secrétaire national à la culture du parti de Nicolas Sarkozy, a également cité la « fusion » des orchestres de Radio France, une autre réforme proposée par la Cour des comptes et combattue par les grévistes, avant de demander : « Qu’attend le gouvernement pour réagir et enfin prendre les mesures vigoureuses qui s’imposent ? »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 19h55 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h43 Charlie Hebdo n’est plus cette publication suivie par quelques milliers de lecteurs fidèles, ce journal dont les nostalgiques reconnaissaient en avouant ne plus le lire : « Oui, j’ai lu Charlie quand j’étais jeune… » Devenu symbole mondial, Charlie Hebdo est désormais doté d’une identité inscrite dans la chair de son équipe dont les survivants ont tous choisi, après les attentats, de reprendre le flambeau hebdomadaire.Chacun d’entre nous, au journal, mais aussi chaque lecteur se retrouve un peu propriétaire de l’esprit Charlie, un esprit de tolérance et de résistance que notre journal incarne malgré lui depuis le 7 janvier 2015. L’incroyable solidarité de tous, votre soutien massif nous rendent dépositaires, nous membres de Charlie, d’une charge symbolique exceptionnelle. Oui, nous sommes désormais un bien commun.Charlie doit continuer, c’est pour nous une évidence, fidèle aux valeurs qui constituent son ADN, dans l’esprit de ses fondateurs et de ceux qui ont disparu : une place majeure accordée au dessin et à la caricature, une indépendance totale vis-à-vis des pouvoirs politiques et financiers, se traduisant par un actionnariat réservé aux salariés du journal, à l’exclusion de tout investisseur extérieur et de toute ressource publicitaire, défendant un modèle économique alternatif et dénonçant toutes les intolérances et les intégrismes divers et variés.Nous vivons tous le deuil de nos amis et sommes chaque jour au côté des familles, dont nous tentons d’apaiser la douleur. Nous sommes encore sous le choc de la tuerie, mais avons fait le choix de nous reconstruire en rebâtissant Charlie, et de faire ainsi notre part du devoir de mémoire que nous avons vis-à-vis de nos camarades assassinés.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journalPour vous, les millions de soutiens, les millions de lecteurs, nous devons continuer à nous battre. Rester fidèle à nos valeurs. Vous assurer de la plus grande transparence. Alors comment être à la hauteur de cette charge qui pèse sur nos épaules, nous qui avons failli mourir pour ce journal, nous dessinateurs, maquettistes, administratifs, webmaster, chroniqueurs, journalistes ? Comment échapper au poison des millions qui, par des chiffres de vente hors normes, mais aussi par les dons et les abonnements, sont tombés dans les poches de Charlie ? Comment continuer à fabriquer ce journal libre d’esprit que nous aimons tant, un journal satirique et fier des idées qu’il essaie de porter ?Rester libreEn remettant à plat l’architecture de Charlie. En recourant à une forme de société coopérative, dont nous discutions en interne depuis des années, et qui se situe dans la droite ligne de l’économie sociale et solidaire que Charlie prône depuis toujours ; le journal doit abandonner le statut d’entreprise commerciale. En accordant à chacun d’entre nous le droit de prendre part, collectivement, aux décisions qui engagent le journal, sans en retirer de gains personnels : les parts sociales dévolues ne donneront aucun droit à dividendes, mais nous offriront la possibilité d’être impliqué dans la reconstruction de ce qui est pour nous aujourd’hui bien plus qu’un employeur.En bloquant, comme nos camarades du Canard enchaîné, sous votre regard et par la volonté de tous les membres de Charlie, ces incroyables réserves financières qui doivent ne servir qu’à garantir la pérennité du titre à dix, vingt ou trente ans, en en affectant les fruits à la consolidation du titre, à l’apuration de ses dettes, à son développement et à sa nécessaire modernisation.Nous n’avons aucune ambition personnelle, hormis celle de faire un journal toujours meilleur et de faire perdurer Charlie Hebdo. La cause que nous défendons n’est en rien financière, c’est une cause juste et morale. Or, nous assistons aujourd’hui à des prises de décision importantes pour le journal, souvent le fait d’avocats, dont les tenants et les aboutissants restent opaques. Nous entendons qu’une nouvelle formule se prépare, dont nous sommes exclus.Nous ignorons tout de la fondation qui est en train d’être créée et souhaitons qu’elle soit l’émanation d’un projet mûrement réfléchi par l’ensemble du journal. Nous refusons que le journal, devenu une proie tentante, fasse l’objet de manipulations politiques et/ou financières, nous refusons qu’une poignée d’individus en prenne le contrôle, total ou partiel, dans le mépris absolu de ceux qui le fabriquent et de ceux qui le soutiennent. Surtout, nous refusons que ceux qui ont dit et écrit « Je suis Charlie » se réveillent demain matin avec la gueule de bois des illusions souillées, et constatent que leur confiance et leur attente ont été trahies.La réorganisation du journal et l’œuvre de transparence sont un moyen de porter au mieux et tous ensemble le Charlie d’après le 7 janvier, un Charlie qui devrait donner envie de rire du pire plutôt que de s’y résigner, qui ne révérera aucun pouvoir, qui sera un journal fiable et enquêté, engagé et attentif aux nouvelles luttes politiques citoyennes, tout en accordant plus de place aux phénomènes culturels, littéraires et poétiques de notre siècle. C’est la seule façon de retrouver l’énergie, les idées, la légèreté, la capacité de créer et de nous projeter dans l’avenir.Le collectif du journal Charlie Hebdo : Zineb El-Rhazoui, Simon Fieschi, Antonio Fischetti, Pascal Gros, Philippe Lançon, Laurent Léger, Luz, Mathieu Madénian, Catherine Meurisse, Patrick Pelloux, Martine Rousseaux, Jean-Baptiste Thoret, Sigolène Vinson, Jean-Luc Walet, Willem. 08.04.2015 à 15h27 • Mis à jour le08.04.2015 à 18h52 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Après vingt et un jours de grève, le dialogue n’a pas repris à Radio France entre la direction et les salariés. Le comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, organisé mercredi 8 avril, a été suspendu peu après son ouverture, et les salariés ont voté ensuite la poursuite de la grève jusqu’à jeudi.Lire aussi :A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseComité d’entreprise avortéCette réunion, lors de laquelle le PDG, Mathieu Gallet, devait formellement présenter son projet pour l’entreprise, s’est ouverte par une déclaration conjointe des élus CFDT, CGT, SNFORT, SUD et UNSA. Ils reprochent à Mathieu Gallet et à la direction d’avoir « parié sur le pourrissement du conflit ». « En réponse à cela, il y a la dignité du combat des salariés et les valeurs qu’ils portent. Cette détermination en dit long quant à leur attachement aux valeurs du service public », saluent les élus syndicaux. Concernant le projet présenté par Mathieu Gallet, « il est lourd de périls graves pour l’avenir de Radio France », souligne le communiqué. Déclaration Cce Extra Radio France 8.4.2015Suite à cette déclaration, plusieurs élus ont quitté la salle et le CCE a été suspendu, laissant la situation dans l’impasse. La direction a déploré cette suspension, « convaincue que la présentation du projet stratégique était de nature à éclairer les élus, et à travers eux les personnels, sur les choix stratégiques engageant l’avenir de Radio France ».La ministre intervient, le CSA veut une « résolution des conflits »Interrogée à l’Assemblée nationale sur cette impasse, mercredi après-midi, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a annoncé qu’elle « recevrait les parties prenantes très prochainement ».#RadioFrance - @FleurPellerin "Très rapidement, je ferai connaître les décisions que je prendrai pour renouer le dialogue social" #QAG— LCP (@LCPan) April 8, 2015De son côté, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), assez discret depuis le début du conflit, a publié un communiqué : il « appelle à la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui ». Un appel à la mise en place d’une « médiation », réclamée par les syndicats comme préalable à la levée de la grève. Plus tôt, Mathieu Gallet avait envisagé « une intervention extérieure pour retisser le dialogue social », en audition à la commission culturelle de l’Assemblée nationale. Toutefois, il a ensuite précisé en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement (l’expression utilisée par les syndicats) peut-être davantage à un recours à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.La « politique de la chaise vide » critiquéeMercredi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a dénoncé l’attitude des autres syndicats. « La tenue, ce mercredi, d’un comité central d’entreprise extraordinaire était l’occasion d’obtenir du PDG des précisions essentielles sur son projet de plan de départs volontaires, écrit le SNJ. (…) Mais à l’obtention de réponses, les syndicats grévistes ont préféré quitter la salle. La politique de la chaise vide, au risque de foncer dans le mur. »« Depuis le début, le SNJ n’est pas vraiment dans le mouvement de grève qui est mené par l’intersyndicale », relativise un journaliste syndiqué. Gréviste, celui-ci reconnaît que lors de l’assemblée générale de mercredi, il y a eu un débat sur l’opportunité d’assister ou non au CCE. « Plus largement, les gens sont partagés, explique ce journaliste qui s’est abstenu lors du vote, vendredi, de la motion de défiance contre Mathieu Gallet. La défiance envers le président de Radio France affaiblit-elle l’entreprise ou pousse-t-elle le gouvernement à enfin prendre la main en nommant un médiateur ? Avec un navire sans pilote, la situation serait-elle pire qu’aujourd’hui ? C’est une vraie ligne de fracture. Les gens sont un peu perdus. » Communiqué du SNJAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est un Mathieu Gallet combatif qui s’est présenté, mercredi 8 avril, devant les députés de la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Hasard du calendrier, cette audition était prévue juste avant la présentation formelle du projet stratégique du président de Radio France devant le comité central d’entreprise (CCE).Invité par le président de cette commission, Patrick Bloche, à « fendre l’armure », M. Gallet a profité de l’occasion pour détailler ce projet, mais aussi s’exprimer plus largement sur la crise que traverse l’entreprise publique depuis trois semaines. Il a enlevé les lunettes qu’il portait pendant que les députés lui ont posé une trentaine de questions. Et quitté la moue perplexe qu’il affichait parfois pendant cette très longue série d’interpellations.Lire aussi :Radio France : un projet stratégique sans surpriseMathieu Gallet arrive à l'Assemblee nationale pic.twitter.com/PGmQQyPgkS— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Dans sa réponse, M. Gallet s’est animé et a réaffirmé ses « convictions » sur la réforme de Radio France, alors que l’audition était diffusée en direct devant l’assemblée générale des grévistes, à la Maison de la radio,#Radiofrance Gallet: "radio France est au bout de son modèle économique passé."— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015A #RadioFrance, les salariés en AG écoutent (quasi) religieusement l'audition de #Gallet à l'Assemblée pic.twitter.com/PqHZ1ibFHT— Rémi Banet (@RemiBanet) 8 Avril 2015Il a également opéré un mea culpa sur sa méthode et son style :#Radiofrance Gallet: "mon erreur a été d'intégrer très tôt les contraintes budgétaires"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: "on a peut être pas assez partagé le projet avec les salariés"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: évoque sa "personnalité": "oui je ne suis pas très expansif. Mais pas malpoli non plus. Le fond, ce n'est pas moi"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Sans oublier de pointer le rôle de l’Etat dans la situation budgétaire délicate de Radio France :#Radiofrance Gallet: "la redevance a augmenté depuis 2012, rien n'est allé à Radio France"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Il s’est posé en protecteur de l’entreprise, mise en cause la semaine dernière dans un sévère rapport de la Cour des comptes :"C'est pas la @Courdescomptes qui va faire la stratégie de @radiofrance " dit @mathieu_gallet #DirectAN— Alexis Delcambre (@alexisdelcambre) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: "je ne porterai pas de plan de départs contraints à radio fŕance"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Alors que Le Canard enchaîné a de nouveau mis en cause M. Gallet, mercredi 8 avril, cette fois sur les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2014, le PDG a maintenu sa thèse d’une campagne orchestrée contre lui :#Radiofrance Gallet: "le canard canarde... Je veux bien avoir le dos large mais on me salit."— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Sur les affirmations de l’hebdomadaire liée à son passage à l’INA, Mathieu Gallet a affirmé qu’un des contrats (attribué à l'agence EuroRSCG) avait été signé avant son arrivée. « Le Canard devait avoir de bonnes sources pour ne pas vérifier », a-t-il ironisé. « Le Canard ajoute des contrats de conseil qui n’ont rien à voir. On a l’impression que j’ai dépensé un million d’euros de 'hair et makeup'... On a parfois besoin de consultants, de personnes extérieures dans une entreprise ! », a-t-il plaidé, défendant son bilan à l'INA.Alors que les syndicats réclament une « médiation » pour reprendre les négociations avec lui, Mathieu Gallet ne s’est pas montré fermé à cette idée :#Radiofrance Gallet: "peut être qu'on aura besoin d'une intervention extérieure pour retisser le dialogue social"— alexandre piquard (@apiquard) April 8, 2015Toutefois, après l’audition, il a précisé en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement, peut-être davantage à un recours à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.A la fin de l’audition, le plus dur restait toutefois à venir pour M. Gallet, qui devait rencontrer les syndicats à 14 heures lors d’un CCE extraordinaire :"Je ne lâcherai rien" conclut @mathieu_gallet qq minutes après que la @CGT_RadioFrance a publié un communiqué "Ne rien lâcher" #frontal— Alexis Delcambre (@alexisdelcambre) 8 Avril 2015Après sa prise de parole, Mathieu Gallet a été félicité par certains députés : « Sois comme tu es », lui a lancé l’UMP Michel Herbillon, estimant qu’il avait « enfin fendu l’armure ». « Il faut que je me fasse violence », a souri Mathieu Gallet, jouant de son personnage réputé peu expansif. « Il a joué cartes sur table », a estimé l’UMP Franck Riester, estimant que M. Gallet, « s’il se lâche comme cela avec les salariés », a des chances de « reprendre la main ».Las, la députée PS de Paris Annick Lepetit a été elle plus déçue : « Il n’a rien dit... ». « On le sent blessé et il a répondu sur le fait que son ’moi’ était inattaquable. Mais l’important, ce sont ses actions », a regretté le député Michel Françaix, qui siège au conseil d’administration de Radio France. Ce dernier a souligné que l’Etat avait consenti un effort financier en promettant une dotation (de 80 millions d’euros selon lui). Ne resterait donc plus qu’à aider M. Gallet pour le dialogue social, pense le député, selon lequel il semble difficile d’éviter le recours à un intermédiaire extérieur.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Présent depuis 2004 dans l’Hexagone, Google France lance, mercredi 8 avril, sa toute première campagne de publicité institutionnelle. D’un coût de 1,5 million d’euros, la première vague de cette opération, qui se déroulera jusqu’au 23 mai, veut mettre en avant des succès français incarnés par cinq ambassadeurs venant du monde des associations, des start-up ou des PME et qui ont réussi grâce à Internet et aux technologies Google.« Jusqu’ici, nous n’avions communiqué que sur les produits et jamais sur notre rôle dans l’écosystème du numérique français », souligne Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Google France. Cette campagne, baptisée « Moteur de réussites françaises » - et à laquelle l’entreprise travaille depuis 18 mois - intervient à un moment où le poids de Google, que ce soit en, France ou aux États-Unis, soulève de nombreuses critiques.Le groupe, qui détient sur le marché de la recherche sur Internet une part ultra-dominante (77 % aux États-Unis et plus de 90 % en Europe), est visé par plusieurs procédures.De l’autre côté de l’Atlantique, un sénateur américain a annoncé vouloir entendre l’agence fédérale américaine chargée de faire respecter le droit de la consommation (FTC) sur l’abandon d’une enquête pour anticoncurrence, qui visait Google en 2012.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GoogleEncadrer les pratiquesEn Europe, Bruxelles serait sur le point de clore son enquête – ouverte il y a cinq ans – sur les pratiques anticoncurrentielles de Google. Et en France, des sénateurs ont déposé, jeudi 2 avril, un amendement au projet de loi Macron car ils estiment urgent de se donner les moyens d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceNick Leeder, directeur général de Google France, interrogé par Le Monde, a refusé de commenter cette initiative sénatoriale. Le dirigeant insiste sur la place prise par la filiale française du géant américain auprès des entrepreneurs français et des acteurs du web.« Depuis notre installation à Paris en 2004, nos effectifs sont passés d’une petite quinzaine de personnes à 600 salariés dont une centaine d’ingénieurs » précise-t-il. M. Leeder souligne également le rôle joué par Google pour améliorer leur visibilité sur internet.Avec le programme Google pour les pros, lancé il y a trois ans, les équipes de Google ont rencontré 50 000 TPE et PME et la moitié d’entre elles ont désormais une présence en ligne. « D’ici fin 2015, nous voulons rencontrer 200 000 PME » annonce M. Leeder, « ce qui nécessitera l’emploi de 200 coaches, issus notamment des juniors entreprises, des universités et des écoles de commerce ».Le groupe insiste également sur son rôle auprès des associations en indiquant avoir offert, ces deux dernières années, 35 millions d’euros de publicité gratuite via les Google Ad Grants.Aide à l’internationalisationLe dernier axe d’action vanté pas Google est son soutien aux entrepreneurs, et particulièrement aux start-up. Depuis 2011, l’entreprise verse annuellement 1 million d’euros au Numa, emblématique lieu de l’innovation à Paris. Et Google France va lancer une nouvelle initiative, intitulée « Scale-up ».Ce soutien s’adresse aux start-up qui ont déjà réussi une première levée de fonds et a pour objectif de les aider à s’internationaliser, pour faire naître de futurs Blablacar par exemple.D’ores et déjà, dix start-up ont été sélectionnées et sont accompagnées par une équipe de dix personnes au sein de Google France.Lire aussi :Quand Google cherche le prochain GoogleAvec cette campagne, dans un moment difficile en termes d’image pour Google, la filiale française du moteur de recherche entend prouver sa « contribution certaine, incontournable et dans la durée » à l’économie française, affirme Mme Dauba-Pantanacce.Une volonté de clarté qui se heurte encore à une certaine culture de la confidentialité, puisque, aujourd’hui encore, Google France ne fournit pas le montant total de ses investissements en France.Anne EvenoJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Au vingt et unième jour de grève à Radio France, mercredi 8 avril, la situation restait profondément enlisée. Certes, la direction se félicitait d’un nombre de grévistes déclarés moins important – 193 mardi 7 avril, contre 334 jeudi 2 avril, et 482 vendredi 3 avril –, mais ces chiffres sont peu signifiants, compte tenu du système de grève « tournante » mis en place par les syndicats. Le président de l’entreprise publique, Mathieu Gallet, devait présenter au comité central d’entreprise, mercredi 8 avril, la dernière version de son projet stratégique, fruit de ses échanges avec le gouvernement, que Le Monde s’est procuré. Mais la réunion a tourné court rapidement, s’ouvrant sur une déclaration conjointe des élus CFDT, CGT, SNFORT, SUD et Unsa estimant le projet de la direction « lourd de périls graves pour l'avenir de Radio France ».Quatre éléments expliquent cette impossible reprise de dialogue entre salariés et direction. Le premier est lié à l’épuisement des négcotiations dans un conflit qui a démarré le 19 mars. Samedi 4 avril, les échanges pour intégrer l’arbitrage gouvernemental favorable au maintien des deux orchestres, qui étaient menacés de fusion, ont certes repris, mais sans avancées notables.Autre point de blocage, la radicalisation d’une partie des grévistes. Mardi 7 avril, plusieurs voix ont appelé à rompre complètement les négociations ou encore à multiplier les motions de défiance contre les 198 cadres de direction, qui concentrent une partie du ressentiment. Dans ce contexte ressurgit l’épineuse question de la « médiation », et ce alors que M. Gallet doit faire face à une motion de défiance votée le 3 avril. Enfin, l’absence du Conseil supérieur de l’audiovisuel – qui a choisi à l’unanimité le nouveau président de Radio France il y a un an – est aujourd’hui montrée du doigt.L’épuisement des négociationsC’est un fait : les négociations sociales sont à l’arrêt depuis au moins neuf jours. Le 30 mars, la direction a proposé un protocole d’accord qui a été refusé. Samedi 6 avril, les échanges ont repris, pour intégrer l’arbitrage gouvernemental favorable au maintien des deux orchestres, qui étaient menacés de fusion. Mais il n’y a pas eu d’avancée sur les trois autres revendications des syndicats (abandon des réformes du service propreté et moyens pour l’accueil et la sécurité ; abandon de la réforme des modes de production ; maintien des effectifs et rejet des mutualisations de programmes sur France Bleu).La direction semble ne plus avoir aucune marge de manœuvre. S’engager sur les revendications des grévistes reviendrait à rendre presque impossible le rétablissement de l’équilibre budgétaire, que l’Etat demande pour 2017. Les syndicats eux n’entendent pas céder face à une direction affaiblie et à un Etat hésitant. Le système de grève « tournante » permet de durer, malgré l’irritation grandissante d’une partie des salariés de la maison, notamment les journalistes, et de certains auditeurs.Reste que la ligne syndicale est parfois contradictoire. Ainsi, les syndicats sont partagés entre le refus de négocier davantage avec la direction – illustré par la motion de défiance votée, vendredi, contre Mathieu Gallet – et le fait de continuer à se rendre aux réunions pour en retirer « tout ce qu’on pourra obtenir ». Les points de compromis possibles ne font pas l’objet d’échanges lors des assemblées générales, comme si la seule ligne était de faire céder la direction.La radicalisation d’une partie des troupes Les assemblées générales qui rythment le quotidien de la Maison de la radio donnent des signes de durcissement. Mardi, plusieurs voix ont appelé à rompre complètement les négociations ou encore à multiplier les motions de défiance contre les 198 cadres de direction, qui concentrent une partie du ressentiment. Un courant que les délégués syndicaux ont peiné à contenir. « C’est 1793 ! », s’est exclamé l’un d’eux.La force du mouvement est en même temps sa faiblesse : tous les corps de métiers y participent, mais cela donne parfois l’image d’une mobilisation « attrape-tout », avec des desiderata pouvant évoquer des inventaires à la Prévert, mêlant éléments très concrets et grandes idées, comme cet appel entendu mardi à la mise en place d’une « démocratie participative » dans l’entreprise. « La question est désormais : les organisations syndicales tiennent-elles la base ? » se demande un journaliste.Depuis plusieurs jours, les « AG » accueillent aussi des militants extérieurs : syndicalistes de France Télévisions ou de l’INA, représentants de la Coordination des intermittents et précaires, et même personnel venu de… Carrefour Market. La perspective de la journée d’action interprofessionnelle du jeudi 9 avril, à laquelle les syndicats appellent contre l’« austérité », est manifestement présente à l’agenda de certains, qui espèrent surfer sur la grève à Radio France pour mobiliser plus largement.L’épineuse question de la « médiation »Depuis le vote d’une motion de défiance contre Mathieu Gallet, jugé « discrédité », vendredi 3 avril, les syndicats ont ajouté une nouvelle revendication : la mise en place d’une « médiation ». « Vous êtes, Madame la ministre, notre médiateur naturel, ont-ils écrit, mardi, à Fleur Pellerin. (…) Nous vous demandons d’intervenir en tant que médiatrice, dans une situation où vous avez commencé à vous engager. » Le secrétaire national de la CGT, Philippe Martinez, a réclamé mardi le départ du PDG. « On est arrivé à un point de non-retour », a-t-il estimé. Et mercredi, lors du comité central d’entreprise, les syndicats devaient réitérer leur « refus du projet » et leur « défiance » envers leurs interlocuteurs.Mais pour le gouvernement, la mise en place d’une telle médiation l’amènerait à endosser la responsabilité des négociations, dans un cadre très contraint où les marges de manœuvre sont réduites. Et donc leur éventuel échec. Et serait inévitablement exploitée politiquement, illustrant une forme d’échec de l’indépendance des entreprises de l’audiovisuel public à l’heure où le nouveau président de France Télévisions doit être désigné par le CSA, avant la fin mai.L’absence du CSALe Conseil supérieur de l’audiovisuel a nommé Mathieu Gallet en février 2014, mais il rappelle qu’il n’a pas le pouvoir de tutelle sur Radio France. Il peut toutefois mettre fin au mandat du PDG, « par décision motivée », après une audition. Les grévistes de Radio France ont apporté, mardi, leur motion de défiance au CSA, un geste symbolique.Le partage du pouvoir entre l’Etat et le CSA est une des sources du problème, martèle aujourd’hui la droite : « Ce vernis d’indépendance n’est qu’un affichage qui pousse la tutelle à se défiler face à ses responsabilités », a ainsi lancé le député (UMP) Christian Kert au président du CSA, auditionné mardi 7 avril à l’Assemblée nationale.En réponse, Olivier Schrameck a estimé que cette répartition des pouvoirs suivait « une distinction assez claire » : « Le CSA nomme et veille au respect du cahier des charges et de l’exigence sur les programmes, tandis que l’exécutif exerce la tutelle et le suivi économique. »Depuis le début, le CSA – épinglé par Le Canard enchaîné, mercredi, sur les conditions de la nomination de M. Gallet –, a gardé ses distances avec les difficultés du PDG, auquel il a renouvelé sa confiance le 25 mars. Mardi, M. Schrameck a assuré se tenir « étroitement informé » et rester « très sensible » aux préoccupations des salariés et des auditeurs. Tout en refusant « d’outrepasser son rôle ».Lire aussi :En France et à l’étranger, des orchestres en panne de financementsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne-Aël Durand Les salariés de Radio France ont voté mercredi 8 avril la poursuite de la grève pour le vingt-deuxième jour d'affilée. Dans un conflit qui semble aujourd'hui dans l'impasse, le PDG de Radio France Mathieu Gallet a été entendu dans la matinée par la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale avant de présenter devant un Comité central d'entreprise extraordinaire le plan stratégique, qui cristallise les inquiétudes des personnels. #Radiofrance Gallet: "On ne peut plus continuer comme avant et ça, c'est difficile"— alexandre piquard (@apiquard)require(["twitter/widgets"]);Le conflit, entamé le 19 mars, porte en effet sur les mesures d'économies visant à redresser les comptes du groupe. Les syndicats s'insurgent en particulier contre un plan de départs volontaires affectant jusqu'à 380 personnes sur 4 300, et la suppression d'un des deux orchestres de Radio France (option écartée vendredi dernier par le ministère).Lire : Quelles sont les raisons de la colère à Radio France ?Un durcissement inévitable ?Plusieurs syndicalistes estiment que le conflit pourrait encore se prolonger, au moins jusqu'à la fin de la semaine. « Avec le plan de départs, je ne vois pas comment éviter le durcissement », juge l'un d'entre eux. Si les auditeurs du service public sont habitués à des perturbations d'antenne en raison de mouvements sociaux,  une telle durée de grève constitue une première pour le groupe, constitué en 1975 après l'éclatement de l'ancien ORTF. Nous avons recensé ci-dessous les principaux mouvements sociaux observés à Radio France depuis vingt-cinq ans.Lire : Comment les salariés de Radio France se relaient pour faire durer la grève #container_1428506909125{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1428506909125{ height:500px; } #container_1428506909125 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1428506909125 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1428506909125 .subtitre{ display:block; }La grève la plus longue de Radio France Les principaux conflits sociaux des vingt-cinq dernières années dans le service public radiophonique.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1428506909125", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Lemonde.fr", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Nombre de jours de grève" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} jours" }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["19/03/2015","12/03/2015","11/02/2015","02/10/2012","21/09/2012","18/06/2012","28/11/2011","22/12/2009","07/04/2009","04/04/2005","27/01/2004","26/11/2003","17/06/2003","21/05/2003","17/02/2003","13/11/2002","14/06/2001","22/06/2000","16/11/1999","09/11/1999","25/11/1998","24/09/1998","13/03/1997","25/02/1997","01/12/1994","12/10/1994","07/02/1992","22/03/1990"], title:{ text:"Date de début de conflit" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" jour(s)", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "durée ", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 22 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 1 ], [ "", 19 ], [ "", 18 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 8 ], [ "", 6 ], [ "", 7 ], [ "", 8 ], [ "", 9 ], [ "", 1 ], [ "", 12 ], [ "", 5 ], [ "", 9 ], [ "", 1 ], [ "", 14 ], [ "", 16 ], [ "", 2 ], [ "", 12 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);C'est la première fois, en 2015, que les salariés sont confrontés à des menaces de suppressions d'emploi. L'inquiétude sur le sort des salariés s'est d'abord traduite par deux grèves de vingt-quatre heures, le 11 février, puis le 12 mars, avant de se muer en un mouvement à durée illimitée.Entre 2009 et 2012, les mouvements sociaux à la Maison de la radio portaient plutôt sur les redéploiements d'équipes techniques ou rédactionnelles. En 2009, Radio France International avait également protesté durant soixante-douze heures contre le projet de fusion avec la chaîne de télévision France 24.En 2004 et 2005, de longs bras-de-fer sur les salairesLe précédent record de durée de grève à Radio France avait été établi en 2005. A l'appel des organisations syndicales CFTC, CFDT, CGC, CGT, CSA, FO et SNJ, les personnels techniques, ouvriers et employés administratifs avaient alors bataillé dix-neuf jours pour obtenir des hausses de salaires.Un an auparavant, début 2004, les journalistes avaient cessé le travail durant dix-huit jours pour réclamer que leur rémunération soit alignée avec celle des salariés de France Télévisions.Une décennie plus tôt, un conflit sur le même thème, l'alignement des salaires entre radio et télévision publique, avait abouti à seize jours de conflit, durée record à l'époque. Une « belle grève », selon les syndicats, qui avait alors surpris par sa durée le ministre de tutelle de Radio France, Nicolas Sarkozy.Les autres grèves de longue durée observées à la Maison ronde concernaient des catégories de personnels plus réduites. En décembre 1994, les animateurs des antennes locales de Radio France avaient réclamé durant quatorze jours la revalorisation de leur statut. En 1998, ils s'étaient également battus douze jours pour être embauchés en contrat à durée indéterminée.Anne-Aël DurandJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sarah Belouezzane Cette fois, c’est bel et bien fait. Orange a finalement réussi à trouver un nouveau partenaire pour Dailymotion. Le conseil d’administration de l’opérateur, réuni pour l’occasion mardi 7 avril dans l’après-midi, a approuvé la cession de la plate-forme de vidéos au groupe de média Vivendi. Ce dernier reprend 80 % du capital de l’entreprise, pour 217 millions d’euros. Ce qui valorise la start-up 265 millions d’euros.L’opération annoncée mardi intervient après de multiples rebondissements et les tentatives de rachat avortées des américains Yahoo! et Microsoft, du hongkongais PCCW, et même une première fois de Canal+. Des échecs dus en partie à des désaccords stratégiques, mais aussi à l’intervention du politique : au printemps 2013 Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif, s’était opposé au rachat de la plate-forme par Yahoo!Le responsable politique souhaitait que Dailymotion demeure sous pavillon européen ou français. Début avril, ce sont les mêmes raisons qui ont poussé Emmanuel Macron, ministre de l’économie, à faire pression pour qu’Orange n’entre pas en négociations exclusives avec PCCW.Orange va conserver tout de même 20 % du capital de sa filiale. L’opérateur, dont l’Etat est actionnaire à hauteur de 24,9 %, et qui est propriétaire de la plate-forme... 07.04.2015 à 17h36 • Mis à jour le07.04.2015 à 18h01 | Alexis Delcambre « Mon projet reprend ce que j’ai déjà présenté, il n’y aura rien de vraiment nouveau », annonçait Mathieu Gallet, jeudi 2 avril, sur les ondes de France Inter. La promesse est tenue, si l’on en croit le document qui a été remis aux syndicats mardi 7 avril, à la veille de sa présentation en comité central d’entreprise (CCE), mercredi. Projet stratégique de Radio FranceLe projet comprend cinq points :Radio France, radio de tous à l’ère numériqueRadio France, acteur majeur de la musique et de la culture en FranceAller à la rencontre des publics et diversifier les activitésTransformer et moderniser l’entrepriseLes principes du retour à l’équilibreOn y retrouve la plupart des axes développés par Mathieu Gallet depuis son audition par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui l’a désigné en février 2014.En réponse aux attentes de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, le document s’efforce de mieux définir ce qu’est le « service public de radio ». Il met en avant la singularité de ses sept chaînes, l’accessibilité pour tous renforcée par le numérique, l’information de référence et de proximité, et le soutien à la création – sans toujours dépasser le stade des généralités.Du côté de la musique, le projet intègre l’arbitrage du gouvernement – maintien des quatre formations musicales avec « redimensionnement » – et promet un « projet artistique global et ambitieux » pour 2015. Le texte rappelle l’objectif de faire de la Maison de la radio « un nouveau lieu ouvert à tous et un nouveau lien avec le public ».« Renforcer le dialogue social »Le projet propose également de « renforcer le dialogue social », en s’appuyant sur « l’affirmation du management » et « la construction d’une communauté de cadres », ainsi que la mise en place d’un « référentiel des métiers et des compétences ».En réaction au récent et sévère rapport de la Cour des comptes, le projet affirme l’ambition d’« améliorer la performance et garantir l’exemplarité de la gestion ». Comme déjà annoncé, il prévoit un moratoire sur certaines parties du chantier de réhabilitation de la Maison de la radio et une étude pour voir comment achever au mieux les parties restantes.Lire : Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »En matière budgétaire, les leviers d’un retour à l’équilibre sont les suivants :8 à 16 millions d’euros issus d’un « élargissement des secteurs autorisés à faire de la publicité » – validé par la ministre – et de nouvelles recettes commerciales issues du numérique ;16 millions d’euros issus de l’abandon des ondes moyennes et longues et de certaines missions (météo marine, messe…)18 à 24 millions d’euros (en 2017) issus d’une réduction d’effectifs « comprise entre 250 et 330 équivalents temps plein, comprenant 300 à 380 départs et 50 créations de postes dans les métiers du développement informatique, de la production scénique et du marketing, notamment » ;enfin, « une dotation complémentaire » de l’Etat pour finir le chantier de réhabilitation et qui a été annoncée par Mme Pellerin, vendredi 3 avril.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.04.2015 à 09h49 • Mis à jour le06.04.2015 à 12h25 Fleur Pellerin : "L'emploi ne peut pas être la... par franceinterInvitée de France inter, qui avait momentanément retrouvé ses programmes habituels lundi matin, la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, a appelé lundi 6 avril à « trouver une issue rapide au conflit » à Radio France. L’entreprise publique entame son dix-neuvième jour de grève, la plus longue de son histoire. Les négociations entre la direction de Radio France et les syndicats se sont soldées par un échec, samedi 4 avril au soir.Alors que les syndicats réclament au gouvernement un médiateur, la ministre de la culture a toutefois rappelé, sur France inter, que « le rôle de l’Etat n’est pas de gérer l’entreprise » mais de « définir des lignes rouges ». Elle a donc renvoyé au « président de Radio France [Mathieu Gallet] la responsabilité de définir un projet d’entreprise ». « Quand on écoute France Inter, on n’écoute pas RTL »La ministre, qui l’avait déjà demandé dans une lettre de cadrage à M. Gallet, samedi, a rappelé qu’il devait « donner les moyens [à Radio France] de retourner à l’équilibre » tout en soulignant que « ce qui importait surtout, c’est la vision du service public qu’il y a derrière » ce projet. « Quand on écoute France Inter, on n’écoute pas RTL », a-t-elle lancé, s’empressant d’ajouter que « malgré tout le respect que j’ai pour RTL ou pour Europe 1, il y a une mission spécifique de décryptage de l’information. »Lire aussi : Crise à Radio France : Mathieu Gallet dos au murEt de rappeler que M. Gallet doit présenter son plan stratégique, mercredi 8 avril, lors d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire. Outre le maintien des orchestres de Radio France, ce plan abandonnerait toute référence à un audit externe qui cristallisait la colère des personnels grévistes. Il devrait toutefois maintenir plusieurs mesures d’économies qui visent à redresser les comptes, en déficit de 21,3 millions d’euros cette année. Parmi elles, un plan de 300 à 380 départs volontaires, en priorité pour les seniors, avec 50 créations de postes dans des métiers qui jusqu’ici n’existaient pas à Radio France, a-t-on précisé de source proche du dossier. Des réductions d’effectifs d’avance rejetées par les syndicats.Se définissant comme « la gardienne des finances publiques », Fleur Pellerin a expliqué que « le statu quo n’était pas tenable ». Elle a toutefois rejeté « une approche uniquement comptable ». Ce « chantier de modernisation sociale » doit aussi viser à rétablir « l’équité entre salariés » et « limiter les salaires les plus élevés », selon elle. Pour la ministre, « on peut essayer de s’organiser avec moins de moyens » même si « l’emploi ne peut pas être la seule variable d’ajustement à Radio France ».Il n’est pas sûr que cela calme les représentants syndicaux qui ce week-end déjà estimaient que la grève pourrait se poursuivre au moins jusqu’en fin de semaine. « Avec le plan de départs, je ne vois pas comment éviter le durcissement », jugeait l’un d’entre eux.  04.04.2015 à 22h15 • Mis à jour le05.04.2015 à 00h17 | Alexis Delcambre Quelques heures après l'envoi d'une lettre de cadrage par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, les négociations entre la direction de Radio France et les syndicats engagés dans une grève illimitée se sont soldées par un échec, samedi 4 avril au soir.Si les syndicats reconnaissent des avancées sur les orchestres, amenés à être maintenus, ils estiment qu'aucune avancée n'a été proposée sur leurs autres revendications.Lire aussi :Crise à Radio France : Mathieu Gallet dos au mur« L’urgence d’une médiation »« Le blocage reste total », écrit l'intersyndicale dans un message envoyé samedi soir à la direction de Radio France et au ministère, dont Le Monde a eu copie.La direction explique avoir proposé un nouveau protocole d'accord. Outre le maintien des orchestres, celui-ci abandonne toute référence à un audit externe qui cristallisait la colère et indique que les éventuelles mises en commun de programmes se feront en concertation avec les salariés.« L'échec de cette journée démontre une nouvelle fois l'urgence d'une médiation », rétorquent les délégués syndicaux, qui n'entendent donc pas poursuivre les discussions dans le cadre actuel, alors que la direction dit rester disponible.Lire aussi :Crise à Radio France : Mathieu Gallet dos au murAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.04.2015 à 12h18 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h51 Les prétendants à la succession de Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions sont nombreux. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé mercredi 1er avril avoir reçu 33 candidatures pour le poste de président du groupe audiovisuel public, un nombre élevé puisque seuls 11 candidats se sont officiellement déclarés.Lire : France Télévisions : la liste des candidats à la présidenceAvant de faire son choix, entre le 2 avril et le 22 mai, le CSA doit d'abord établir une liste restreinte de candidats. Ces derniers seront auditionnés à huis clos, et leurs noms ne seront divulgués que si tous les intéressés l'acceptent. Toute la procédure laisse aux candidats une assez grande latitude pour rester cachés.Voici la liste des candidatures connues à ce jour.Les 11 candidats officielsRémy Pflimlin, 61 ans, actuel président de France Télévisions, est candidat officiel. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, M. Pflimlin compte défendre son bilan et le besoin de stabilité pour France Télévisions, qui doit faire face à d'importantes réformes.Marie-Christine Saragosse, 55 ans, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a officialisé sa candidature, jeudi 26 mars, dans un message interne. Diplômée de l'ENA, ancienne dirigeante de TV5 Monde, elle a été nommée par François Hollande en 2012 à la tête de l'audiovisuel extérieur de la France, qu'elle a apaisé après la bataille entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac.Didier Quillot, âgé de 55 ans, a été PDG d'Orange France, puis, à partir de 2006, président du directoire de Lagardère Active. M. Quillot met en avant son expérience de gestionnaire et de conduite du changement dans des entreprises de grande taille, ainsi que son sens du « dialogue social ».Eric Garandeau, ancien président du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et conseiller culturel auprès de Nicolas Sarkozy de 2008 à 2010, il est également issu de l'audiovisuel public. L'homme de 42 ans a déjà travaillé un an à France Télévisions, sous Marc Tessier, et a été administrateur de l'entreprise.Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, a annoncé sa candidature dans un entretien aux Echos, jeudi 26 mars. Il siège au conseil d'administration de France Télévisions depuis 2011. Il a 48 ans. Alexandre Michelin, 50 ans, directeur général de Microsoft MSN pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, s'est déclaré fin février. Il a été directeur des programmes ou directeur général à Paris Première, à Canal+ et France 5.Emmanuel Gout est président du parc d'attractions Cinecitta World et ancien président de Canal+ Italie.Nacer Kettane est président et fondateur du réseau Beur FM.Matthieu Bellinghen est journaliste à France 3 Basse-Normandie.Serge Cimino, 51 ans, est délégué syndical SNJ de France Télévisions.Cyril Hanouna, animateur sur D8 de « Touche pas à mon poste », a lui aussi lancé une campagne humoristique avec pour slogan « La France Télévisions forte », référence à une formule de Nicolas Sarkozy.ON SAIT QU'ILS SONT CANDIDATS (4)Nathalie Collin, 50 ans, directrice générale adjointe de La Poste, chargée de la communication et du numérique, est également candidate selon nos informations. Diplômée de l'Essec, elle est issue du secteur des médias et ancienne présidente du directoire de Libération et directrice du Nouvel Observateur.Robin Leproux, ancien vice-président du directoire du groupe M6, ex-patron du Paris Saint-Germain et de RTL, est aussi sur les rangs.Pascal Josèphe, 60 ans, qui a travaillé pour le cabinet de conseil IMCA et été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, postule également.Cyrille du Peloux, 61 ans, cadre dans le groupe de services collectifs Veolia depuis douze ans, qui a été dirigeant de TF1 et de Paris Première dans les années 1980 et 1990.LEUR CANDIDATURE N'EST PAS CONFIRMEE (2)Delphine Ernotte-Cunci, directrice exécutive d'Orange France, ne s'est toujours pas exprimée. Ingénieure de formation, elle a fait toute sa carrière chez l'opérateur français.Emmanuel Hoog, PDG de l'AFP. Souvent cité comme candidat dans la presse, il garde lui aussi le silence sur ses intentions. 33 candidats à la présidence de France TéléLire aussi : Diriger France Télévisions serait-il « le pire job des médias » ? Cédric Pietralunga et Sarah Belouezzane Orange pensait avoir réglé l’affaire Dailymotion. L’opérateur devait en effet entrer en négociations exclusives avec PCCW, la holding de Richard Li, le fils du célèbre milliardaire chinois de Hong Kong Li Ka-shing, l’un des hommes les plus riches d’Asie, pour la cession de 49 % du capital de la plate-forme. Mais pour Emmanuel Macron, c’est aller trop vite en besogne.Selon nos informations, le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique a bloqué l’entrée en négociations exclusives de l’ex-monopole d’Etat avec le groupe hongkongais. « Nous avons demandé à Orange de prendre en compte les éléments de la souveraineté numérique européenne », confirme M. Macron. Comprendre : Dailymotion est une « pépite » hexagonale et il serait préférable que l’opérateur privilégie des partenaires européens voire français pour assurer son développement.Du côté d’Orange, dont l’Etat possède 24,9 %, on précise qu’il n’y a aujourd’hui aucun processus de négociation exclusive lancé avec qui que ce soit, contrairement à ce qui avait été évoqué au lendemain du conseil d’administration de l’opérateur du 11 mars. Le groupe serait ouvert à tous, notamment aux investisseurs européens, promet-on dans l’entourage d’Orange.Lire aussi :Orange discute avec le chinois PCCW pour DailymotionGoût de déjà-vuParmi les potentiels partenaires issus du Vieux Continent, se mêlent les noms des allemands Axel Springer et Bertelsmann, mais également des français Vivendi, propriétaire de Canal+, et AlloCiné. Selon un proche des négociations, c’est Fimalac, la maison mère de ce dernier, qui semble aujourd’hui le candidat le plus probable. Le groupe de Marc Ladreit de Lacharrière a déjà manifesté à plusieurs reprises son intérêt pour Dailymotion. Les fuites dans la presse d’une possible entrée en négociations de l’ex-monopole d’état avec le groupe de Li Ka-shing auraient réveillé l’appétit de l’homme d’affaires pour le site de streaming. Ce dernier n’aurait toutefois pas encore présenté de projet bien défini.Le ralentissement des négociations avec l’homme d’affaires asiatique a, pour Orange, un goût de déjà-vu. Stéphane Richard, patron de l’opérateur, avait en effet dû renoncer, au printemps 2013, à la cession de la plate-forme de streaming au géant américain Yahoo! pour 300 millions de dollars (279 millions d’euros). A l’époque, Arnaud Montebourg, le tonitruant ministre du redressement productif, avait tapé du poing sur la table, empêchant la transaction, au motif que Dailymotion devait demeurer sous pavillon hexagonal.Cette fois, le mode opératoire est plus feutré, à l’image de M. Macron. Mais le résultat est le même. L’actuel ministre va même plus loin que M. Montebourg : ce dernier était prêt à voir un partenaire international arriver dans le capital de Dailmymotion pour peu qu’il ne s’agisse pas d’une « dévoration ». En clair, qu’il ne prenne pas plus de 50 % du capital. M. Macron a toutefois clairement indiqué qu’il n’y aurait, de sa part, pas de veto contre le choix du conseil d’administration d’Orange.« L’Europe a besoin d’une stratégie numérique ambitieuse »De source proche de l’exécutif, on indique qu’un partenaire chinois pour un site de l’importance et de la taille de Dailymotion est difficilement compatible avec les ambitions française et européenne en matière de numérique. « L’Europe a besoin d’une stratégie numérique ambitieuse dans les prochaines années, fondée sur un marché européen plus intégré », ont ainsi indiqué M. Macron et Sigmar Gabriel, son homologue allemand, lors d’un conseil des ministres franco-allemand organisé mardi 31 mars à Berlin.Dans une déclaration conjointe, les deux ministres ont préconisé l’établissement d’un« cadre réglementaire approprié pour des plateformes structurantes au niveau européen », première étape pour la création d’un « marché unique du numérique ». Ils veulent, par ailleurs, mettre l’accent sur des technologies comme le Big data ou encore le « cloud computing », l’informatique dans les nuages, qui permet de stocker les données à distance dans des supers ordinateurs.Pas étonnant, dans ce contexte, que l’attention du gouvernement se porte sur Dailymotion. Le site de streaming compte 128 millions de visiteurs uniques par mois contre un milliard pour YouTube, la filiale de Google. Le destin de la plate-forme tricolore risque de déchaîner les passions pendant encore quelque temps. Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ils s’étaient jusqu’ici peu exprimés. Mais les dirigeants de l’UMP ont décidé, mardi 31 mars, de lancer une offensive sur la gestion de l’audiovisuel public sous François Hollande. En réunion du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a ainsi appelé la droite à dénoncer « le scandale de la grève à Radio France à un moment où 43 millions de Français vont voter » pour les départementales, dimanche 29 mars.Mais le président de l’UMP a également appelé à dénoncer « le processus de nomination de France Télévisions, où on garde même le secret des auditions ». Joint par Le Monde, le porte-parole de l’UMP renchérit : « Nous sommes face à un scandale d’Etat, a lancé Sébastien Huyghe. Nous sommes étonnés, voire atterrés, de voir que les auditions par le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour la présidence de France Télévisions se font de la manière la plus opaque possible : les candidats ne sont pas connus, les auditions sont à huis clos. On ne connaît pas les projets ni les critères de choix. C’est pourtant 2,3 milliards d’argent public ! »La nomination du président de France Télévisions est un point de clivage net entre PS et UMP : Nicolas Sarkozy avait choisi de faire le choix lui-même en temps que président de la République (avec avis des commissions culturelles parlementaires, a posteriori). François Hollande a expressément changé la procédure pour confier cette tâche au Conseil supérieur de l’audiovisuel, en gage d’indépendance par rapport au pouvoir politique.M. Huyghe insinue que la procédure est biaisée : « Le président de la République François Hollande ne pilote-t-il pas en réalité la nomination du président de France Télévisions ? On se pose la question. Le choix a été confié au CSA, présidé par Olivier Schrameck, qui est ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon et donc tout sauf indépendant. » « Le gouvernement fait pression sur le CSA », croit aussi savoir Franck Riester, député UMP spécialiste de l’audiovisuel, joint par Le Monde.Mathieu Gallet « bouc émissaire »Sur Radio France, la charge n’est pas moins rude : « Au lieu de fixer un cap et de mener les réformes progressivement, l’Etat crée une crise et utilise Mathieu Gallet comme bouc émissaire. » Le président de Radio France s’est notamment vu reprocher les dépenses de rénovation de son bureau, mais également, ce mardi dans Le Canard enchaîné, les frais de sa présidence précédente, à l’Institut national de l’audiovisuel, pour des rénovations encore et des conseils extérieurs.« Mathieu Gallet a reconnu des erreurs et il faudra voir ses réponses au nouvel article du Canard enchaîné. Mais le fond du problème est ailleurs : que fait-on de cette crise financière à Radio France ? », répond M. Riester.A Radio France, l’Etat « créé la crise financière » de l’entreprise, insiste le député, accusant le gouvernement d’avoir ponctionné des ressources destinées à l’audiovisuel pour honorer d’autres dépenses du budget de l’Etat. « On n’épaule pas, on met des bâtons dans les roues. C’est tout l’inverse de ce que doit faire une tutelle responsable et digne de ce nom », pense M. Riester, que Nicolas Sarkozy a consulté et qui va poser une question au gouvernement mercredi à l’Assemblée nationale, après avoir déjà interpellé la ministre de la culture Fleur Pellerin dans l’hémicycle la semaine dernière.Mardi, l’UMP s’est dévoilée sur un autre point, sensible : « La fusion pure et simple des principales rédactions du groupe, France Inter, France Info et France Culture. » Une piste prônée dans un rapport explosif de la Cour des comptes, mais immédiatement écartée par le président Mathieu Gallet, la jugeant impopulaire.Lire aussi :La Cour des comptes fustige la gestion de Radio FranceDavid-Hervé Boutin, le secrétaire national à la culture du parti de Nicolas Sarkozy, a également cité la « fusion » des orchestres de Radio France, une autre réforme proposée par la Cour des comptes et combattue par les grévistes, avant de demander : « Qu’attend le gouvernement pour réagir et enfin prendre les mesures vigoureuses qui s’imposent ? »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 19h55 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h43 Charlie Hebdo n’est plus cette publication suivie par quelques milliers de lecteurs fidèles, ce journal dont les nostalgiques reconnaissaient en avouant ne plus le lire : « Oui, j’ai lu Charlie quand j’étais jeune… » Devenu symbole mondial, Charlie Hebdo est désormais doté d’une identité inscrite dans la chair de son équipe dont les survivants ont tous choisi, après les attentats, de reprendre le flambeau hebdomadaire.Chacun d’entre nous, au journal, mais aussi chaque lecteur se retrouve un peu propriétaire de l’esprit Charlie, un esprit de tolérance et de résistance que notre journal incarne malgré lui depuis le 7 janvier 2015. L’incroyable solidarité de tous, votre soutien massif nous rendent dépositaires, nous membres de Charlie, d’une charge symbolique exceptionnelle. Oui, nous sommes désormais un bien commun.Charlie doit continuer, c’est pour nous une évidence, fidèle aux valeurs qui constituent son ADN, dans l’esprit de ses fondateurs et de ceux qui ont disparu : une place majeure accordée au dessin et à la caricature, une indépendance totale vis-à-vis des pouvoirs politiques et financiers, se traduisant par un actionnariat réservé aux salariés du journal, à l’exclusion de tout investisseur extérieur et de toute ressource publicitaire, défendant un modèle économique alternatif et dénonçant toutes les intolérances et les intégrismes divers et variés.Nous vivons tous le deuil de nos amis et sommes chaque jour au côté des familles, dont nous tentons d’apaiser la douleur. Nous sommes encore sous le choc de la tuerie, mais avons fait le choix de nous reconstruire en rebâtissant Charlie, et de faire ainsi notre part du devoir de mémoire que nous avons vis-à-vis de nos camarades assassinés.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journalPour vous, les millions de soutiens, les millions de lecteurs, nous devons continuer à nous battre. Rester fidèle à nos valeurs. Vous assurer de la plus grande transparence. Alors comment être à la hauteur de cette charge qui pèse sur nos épaules, nous qui avons failli mourir pour ce journal, nous dessinateurs, maquettistes, administratifs, webmaster, chroniqueurs, journalistes ? Comment échapper au poison des millions qui, par des chiffres de vente hors normes, mais aussi par les dons et les abonnements, sont tombés dans les poches de Charlie ? Comment continuer à fabriquer ce journal libre d’esprit que nous aimons tant, un journal satirique et fier des idées qu’il essaie de porter ?Rester libreEn remettant à plat l’architecture de Charlie. En recourant à une forme de société coopérative, dont nous discutions en interne depuis des années, et qui se situe dans la droite ligne de l’économie sociale et solidaire que Charlie prône depuis toujours ; le journal doit abandonner le statut d’entreprise commerciale. En accordant à chacun d’entre nous le droit de prendre part, collectivement, aux décisions qui engagent le journal, sans en retirer de gains personnels : les parts sociales dévolues ne donneront aucun droit à dividendes, mais nous offriront la possibilité d’être impliqué dans la reconstruction de ce qui est pour nous aujourd’hui bien plus qu’un employeur.En bloquant, comme nos camarades du Canard enchaîné, sous votre regard et par la volonté de tous les membres de Charlie, ces incroyables réserves financières qui doivent ne servir qu’à garantir la pérennité du titre à dix, vingt ou trente ans, en en affectant les fruits à la consolidation du titre, à l’apuration de ses dettes, à son développement et à sa nécessaire modernisation.Nous n’avons aucune ambition personnelle, hormis celle de faire un journal toujours meilleur et de faire perdurer Charlie Hebdo. La cause que nous défendons n’est en rien financière, c’est une cause juste et morale. Or, nous assistons aujourd’hui à des prises de décision importantes pour le journal, souvent le fait d’avocats, dont les tenants et les aboutissants restent opaques. Nous entendons qu’une nouvelle formule se prépare, dont nous sommes exclus.Nous ignorons tout de la fondation qui est en train d’être créée et souhaitons qu’elle soit l’émanation d’un projet mûrement réfléchi par l’ensemble du journal. Nous refusons que le journal, devenu une proie tentante, fasse l’objet de manipulations politiques et/ou financières, nous refusons qu’une poignée d’individus en prenne le contrôle, total ou partiel, dans le mépris absolu de ceux qui le fabriquent et de ceux qui le soutiennent. Surtout, nous refusons que ceux qui ont dit et écrit « Je suis Charlie » se réveillent demain matin avec la gueule de bois des illusions souillées, et constatent que leur confiance et leur attente ont été trahies.La réorganisation du journal et l’œuvre de transparence sont un moyen de porter au mieux et tous ensemble le Charlie d’après le 7 janvier, un Charlie qui devrait donner envie de rire du pire plutôt que de s’y résigner, qui ne révérera aucun pouvoir, qui sera un journal fiable et enquêté, engagé et attentif aux nouvelles luttes politiques citoyennes, tout en accordant plus de place aux phénomènes culturels, littéraires et poétiques de notre siècle. C’est la seule façon de retrouver l’énergie, les idées, la légèreté, la capacité de créer et de nous projeter dans l’avenir.Le collectif du journal Charlie Hebdo : Zineb El-Rhazoui, Simon Fieschi, Antonio Fischetti, Pascal Gros, Philippe Lançon, Laurent Léger, Luz, Mathieu Madénian, Catherine Meurisse, Patrick Pelloux, Martine Rousseaux, Jean-Baptiste Thoret, Sigolène Vinson, Jean-Luc Walet, Willem. Alexis Delcambre La Cour des comptes doit publier, mercredi 1er avril, un rapport très attendu sur Radio France, à l’heure où l’entreprise publique traverse une grave crise, marquée par un déficit de son budget et une grève qui atteindra mercredi son quatorzième jour. Ce rapport concerne la période 2006-2013, antérieure à l’arrivée du PDG Mathieu Gallet dont certaines dépenses, notamment pour la rénovation de son bureau, sont l’un des motifs de la crise actuelle.Lire aussi :Entre Radio France et son patron, la greffe n’a pas prisSelon un communiqué préalable, la cour constate dans ce rapport « la rigidité des coûts de fonctionnement » de Radio France, qui « devra en tout état de cause réaliser un effort très significatif d’économies structurelles ».Les magistrats soulignent que les effectifs de l’entreprise – 4 909 ETP en 2013 – ont crû de 14,3 % entre 2000 et 2011 et la masse salariale de 18,8 % entre 2006 et 2013, avec un recours à l’intermittence représentant près de 12 % de la masse salariale en 2013. La Cour a relevé 29 régimes de primes, « un modèle social complexe (…) source de grandes rigidités », « un dialogue social intense, difficile voire conflictuel » et estime que « 388 personnes – soit environ 8 % des effectifs – bénéficient du régime des salariés protégés ».« Des défaillances inacceptables pour une entreprise de cette taille »La cour s’en prend à la gestion des antennes, au « développement peu ordonné et dispendieux ». « Leurs budgets ont augmenté de 27,5 %, sans recherche de coordination des activités ni de mutualisation des moyens », constatent les magistrats, et « Radio France n’a pas achevé sa mue numérique ».Du côté de la musique, le rapport estime que « la coexistence de deux orchestres symphoniques (Orchestre national de France et Orchestre philharmonique de Radio France) pose question ».Toujours au rang des reproches, la cour constate des manquements dans la gouvernance. « La gestion de Radio France souffre de défaillances qui ne sont pas acceptables pour une entreprise de cette taille et doivent donc être corrigées », selon le rapport, qui souligne le rôle insuffisant du conseil d’administration, des procédures qui « tendent à reconduire les dépenses antérieures » et une « politique des achats chaotique ».Enfin, les magistrats estiment que le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio a été « mal maîtrisé » et « une occasion manquée de se réinventer », en raison notamment des « défaillances de la programmation initiale ». « Radio France ne s’est pas dotée, pour conduire ce projet, d’une équipe, d’une organisation et de procédures adaptées », constate la cour, qui dénonce « un doublement du coût » de 262 millions d’euros courants (2004) à 575 millions.Le rapport s’achève par des préconisations radicales : « Le décloisonnement des antennes », « la création d’une rédaction unique » – à laquelle le PDG, Mathieu Gallet, a indiqué qu’il n’était pas favorable –, « la réorganisation des modes de production », une décision rapide sur l’avenir du Mouv’, la fusion des « deux orchestres symphoniques de Radio France », une « direction commune à France Musique et à la direction de la musique » et la révision du « cahier des charges de Radio France (…) en faisant notamment évoluer les relations que Radio France entretient avec les autres entreprises de l’audiovisuel public. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Le groupe allemand Bertelsmann, un des plus grands groupes médias du monde, voit dans la formation continue et le e-learning (apprentissage sur Internet) de fortes perspectives de croissance ces prochaines années. Le groupe multiplie actuellement les investissements dans ce secteur et espère engranger, grâce à ce nouveau segment d’activité, un chiffre d’affaires à long terme d’un milliard d’euros. Bertelsmann ambitionne, entre autres, de devenir un grand acteur mondial du e-learning, a annoncé le groupe, mardi 31 mars, lors de sa conférence de presse annuelle.« Partout dans le monde, on voit émerger un énorme besoin d’offre de formations de qualité. Grâce au numérique, la formation va devenir plus accessible, moins chère et plus individuelle », a expliqué Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann mardi.Le groupe se concentre sur trois segments du marché, jugés particulièrement attractifs : le e-learning, ou la formation continue pour les entreprises et les utilisateurs finaux, la formation supérieure et les services liés à la formation, en lien avec les universités les plus prestigieuses du monde dans le domaine de la santé.Réseau mondial d’établissements d’enseignement« Ces trois segments promettent de forts taux de croissance. Ils sont fragmentés, avec de nombreuses petites et moyennes entreprises qui veulent croître et ont donc besoin de partenaires internationaux et financièrement solides comme Bertelsmann », a poursuivi M. Rabe.Au service de cette stratégie, Bertelsmann a réalisé ces six derniers mois d’importants investissements. Il a d’abord racheté, fin octobre 2014, le groupe Relias Learning, un des plus gros prestataires de formation du marché américain, avec un portefeuille de plus de 4 000 entreprises clientes et 2 millions d’utilisateurs privés. C’est le plus gros investissement du groupe allemand sur le marché américain depuis le rachat de Random House en 1998.Pour Bertelsmann, « Relias offre d’importantes perspectives de croissance parce qu’il est porté par cinq tendances de fond au plan mondial : la formation continue, la santé, la régulation, l’externalisation et la numérisation ».En février, le groupe allemand a annoncé la formation d’un réseau mondial d’établissements d’enseignement supérieur pour la médecine et les sciences humaines, nommé Arist. Mardi, Bertelsmann a annoncé en outre l’augmentation de sa participation dans Synergis Education, une entreprise américaine qui propose notamment aux universités des cursus entièrement en ligne.Les activités médias stagnent ou reculentLa formation doit devenir à long terme le troisième pilier d’activité du groupe, à côté des médias et de la prestation de services. Cette stratégie doit permettre à Bertelsmann de renforcer ses activités génératrices de croissance, alors que certaines de ses activités traditionnelles sont en stagnation ou en recul.C’est le cas de son groupe de presse Gruner + Jahr, qui enregistre une baisse de son chiffre d’affaires de 13,3 % sur un an, à 1,7 milliards d’euros, dû à la vente de certains actifs et au recul des ventes de magazines et de la publicité.Le groupe RTL a, lui, vu son chiffre d’affaire stagner, à 5,8 milliards d’euros (– 0,3 %) notamment à cause de la légère baisse du chiffre d’affaires de ses filiales françaises, la chaine M6 et la radio RTL.La branche édition reste cependant très solide : la filiale Penguin Random House, depuis 2013 le premier éditeur d’ouvrages d’intérêt général du monde, a vu son chiffre d’affaires bondir de 25,2 % en un an, grâce à de nombreux best-sellers en langue anglaise.Bertelsmann a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires total de 16,7 milliards d’euros (+ 3,1 %), sa marge opérationnelle reste stable, à 14,2 %.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde Corine Lesnes (San Francisco, correspondante) Le Sénat américain va se pencher sur les pratiques de Google, et sur les conditions dans lesquelles le moteur de recherche a été blanchi, en 2013, des accusations d’abus de position dominante par la FTC, l’agence fédérale chargée de la défense des consommateurs.Le 20 mars, le Wall Street Journal avait révélé que les commissaires de la FTC avaient décidé de classer le dossier, alors que les experts de sa division de la concurrence avaient recommandé d’engager des poursuites. Le quotidien avait eu accès à un rapport préliminaire, qui n’aurait pas dû être rendu public mais qu’il avait obtenu dans le cadre d’une requête invoquant la loi sur la liberté de l’information.Lire aussi :Révélations sur les drôles de pratiques de GoogleCe rapport, daté de 2012, concluait que le géant de Mountain View favorisait ses propres services dans ses référencements, qu’il copiait les données de ses concurrents, comme Yelp ou Tripadvisor, et exerçait des pressions sur les annonceurs pour qu’ils choisissent sa propre régie publicitaire, AdWords.Le sénateur républicain de l’Utah, Mike Lee, qui préside le comité anti-trust de la commission des lois du Sénat, a indiqué, lundi 30 mars, au National Journal, qu’il s’intéresse aux différents aspects du dossier : « Comment la FTC a-t-elle pu laisser filtrer un rapport confidentiel, et quelles conversations, le cas échéant, la FTC ou Google ont-ils eues avec la Maison Blanche sur les investigations en cours ? »230 visites à la Maison BlancheIl ne s’agit pas, dans l’immédiat, d’enquêter sur le fond de l’affaire elle-même, à savoir la plainte pour abus de position dominante portée par Microsoft et d’autres concurrents de Google, a précisé le sénateur. L’élu républicain souhaite en savoir plus sur les contacts entre Google et l’administration Obama pour établir si celle-ci a aidé la firme à éviter les sanctions en faisant pression sur la FTC, agence statutairement indépendante.La semaine dernière, le Wall Street Journal a révélé que des employés de Google avaient été reçus quelque 230 fois à la Maison Blanche depuis l’élection de Barack Obama en 2008, soit une fois par semaine en moyenne. Le PDG de Google, Eric Schmidt a soutenu M. Obama depuis les débuts et il a joué le rôle de conseiller informel auprès du président.Google a réagi au décompte du Wall Street Journal par la voix de sa vice-présidente pour les communications, Rachel Whetstone. Celle-ci a affirmé qu’il n’avait en aucun cas été question de la plainte portée devant la FTC dans les conversations des employés de la firme à la Maison Blanche.Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.03.2015 à 16h08 • Mis à jour le31.03.2015 à 18h56 Par Ludovic Piedtenu, président de la Société des journalistes de Radio France et journaliste au service international de France Culture :« Les salariés et les auditeurs de Radio France sont spectateurs d’une mauvaise pièce de théâtre entre le PDG de Radio France et son actionnaire unique, l’État. Et ils demandent : à quand la fin ?La crise à Radio France dure depuis trop longtemps et l’intense période d’actualité que nous traversons n’a qu’un maigre écho sur nos ondes. Deux scrutins en sourdine, mais aussi une retentissante tragédie aérienne et l’attaque terroriste en Tunisie. Parmi les journalistes, si chacun porte un regard différent sur le mouvement social à Radio France, nous sommes tous rassemblés dans la volonté de mettre fin à ce malaise qui ne date pas du premier jour de grève et qui entrave jour après jour notre mission de service public.La principale variable trouvée jusqu’ici pour tenter de faire des économies budgétaires est l’emploi. Sur ce point, la direction et la tutelle, c'est-à-dire l’État, semblent être d’accord. L’avenir de Radio France est en train de se jouer dans un bras de fer inédit avec la tutelle pour négocier le prochain Contrat d’objectifs et de moyens (COM 2015-2019) qui doit déterminer le cap des prochaines années et les ressources pour l’atteindre.Or nous vivons depuis longtemps déjà les restrictions qui pèsent sur l’information, moins d’ambition et des économies à tous les étages. Et l’État n’a pas honoré 87 millions et demi d’euros promis à Radio France. Que dire du fruit de la taxe Telco ou « taxe Copé » créée en 2009 pour aider tout l’audiovisuel public dont Radio France et qui aujourd’hui abonde plus le déficit de l’État que les entreprises concernées ? L’État doit s’acquitter de ce qu’il doit à la radio publique.La contrainte budgétaire, un frein à l’informationL’État porte donc une responsabilité particulière dans la situation financière critique que connait aujourd’hui Radio France. Il doit assumer cette responsabilité s’il ne veut pas que le service public de la radio perde son identité, son indépendance, sa diversité et sa qualité.Alors que le PDG de Radio France annonce 50 millions d’euros d’économie d’ici 2019, notre métier est devenu de plus en plus compliqué, au quotidien. Savez-vous que nous mettons souvent de longues journées avant de prendre la décision de partir en reportage, le temps de vérifier si notre budget le permet ? C’est un frein à l’information.Les budgets de reportages sont chaque année un peu plus contraints, la réflexion est à la fusion de services entre rédactions, une crainte pour les identités éditoriales de chaque chaîne. Nos sites Internet regorgent déjà de publicités intrusives, l’heure du bricolage et de la vision purement comptable approche. Sauf que l’information ne se bricole pas.Savez-vous que plus de 100 journalistes en CDD, remplacent les titulaires au pied levé partout en France, faisant au mieux pour cerner les enjeux économiques, politiques d’une région, en quelques jours seulement, sans garantie aucune d’une embauche future ? Et que chaque année, la direction réduit l’enveloppe financière qui permet de les faire travailler régulièrement ?Aujourd’hui ce n’est pas la radio publique qui coûte cher mais la restauration du bâtiment qui l’abrite. S’il y a bien un budget que les directions successives ont alimenté sans compter, et qui assombrit à lui seul les perspectives de la Maison ronde : c’est bien celui de sa réhabilitation. Un chantier certes complexe, mais surtout plombé de malfaçons et de projets démesurés qui pourraient financer des décennies de reportages, de journaux, d’émissions, de podcast, d’info en ligne. Ce budget a explosé, d’un devis initial de 176 millions d’euros, l’estimation culmine aujourd’hui à 584 millions d’euros. Comment justifier les efforts demandés aux rédactions et à tous dans cette maison face à cette gabegie et l’absence de bon sens ?Mathieu Gallet vient de décider un moratoire sur une partie de la fin du chantier, nous verrons. Pour le reste, c’est l’impasse absolue. La direction et la tutelle se renvoient la balle, dans un match qui ne présage rien de bon pour la qualité de l’information à Radio France. Chacun semble improviser dans son coin et une vieille rengaine autoritaire s’échappe de la rue de Valois quand le président de Radio France y est convoqué et tancé publiquement.Réglement de comptes entre l’Etat et le CSAMadame Pellerin, Monsieur Gallet, il faut mettre un terme à la reformulation des projets pour Radio France. Monsieur Hollande, Monsieur Valls, il faut mettre un terme à cette cacophonie, au pourrissement d’une situation qui devrait au contraire vous obliger à agir, dans l’intérêt du service public de la radio et des auditeurs. Il faut sortir de l’indécision permanente et d’une espèce de nostalgie, cette volonté à peine voilée de reprise en main de l’audiovisuel public à l’opposée de la marche de l’Histoire. Radio France en apéritif de l’autre enjeu politico-médiatique : la prochaine présidence de France Télévisions.Radio France ne doit pas servir de « terrain de jeu » aux règlements de comptes entre l’État et le CSA. Monsieur Hollande, Monsieur Valls, les auditeurs et les personnels de Radio France tous corps de métier confondus n’ont que faire de ces querelles. Les salariés et les auditeurs refusent que la radio publique fasse les frais d’affaires de personnes.C’est à l’État, à Matignon et à Bercy, de ne pas casser cette maison. C’est à vous d’assurer la continuité de l’éventail unique d’information que proposent tous les jours les rédactions de France Info, France Inter, France Bleu, France Culture, France Musique et Mouv’. Exigence, réactivité, pluralité, proximité. C’est à l’État de garantir une information publique de qualité et de s’engager pour son avenir. Vous savez que dans une France qui lutte contre ses divisions, une information indépendante et gratuite qui s’adresse à tous est, plus que jamais, un enjeu primordial.Mieux qu’une négociation comptable sur un budget, Radio France mérite une négociation sur un projet. Et des moyens dignes de ce nom pour le servir. Et pour l’offrir aux auditeurs, les salariés et les journalistes de la radio publique attendent de l’ambition à tous les niveaux. Aujourd’hui, rien de tel n’est au rendez-vous. » 27.03.2015 à 08h48 • Mis à jour le27.03.2015 à 15h55 Par Philippe MeyerLes informations publiées semaine après semaine par Le Canard enchaîné ne sont pas pour rien dans la grève de Radio France, mais on aurait tort de croire qu’elles en sont la cause unique ou même principale. D’ailleurs, lorsque, il y a un an, le même hebdomadaire révéla que le premier geste du PDG fraîchement nommé à l’unanimité par le CSA avait été de réclamer à sa tutelle une substantielle augmentation de salaire, aucune vague d’indignation, de réprobation ou même de simple déception ne parcourut la Maison ronde.C’est qu’en 2014, après cinq ans d’une gouvernance médiocre, à la fois indolente et brutale, confiée par Nicolas Sarkozy à des amis ou à des complaisants, les personnels de Radio France n’accordaient d’importance qu’à une chose : avoir enfin un projet et un patron. Lors de l’arrivée de leur nouveau président, la plupart des collaborateurs avaient, comme ils l’ont aujourd’hui, conscience de l’importance des défis à relever.Lire aussi :Entre Radio France et son patron, la greffe n’a pas prisLe premier de tous est de demeurer un service public dans un monde où l’on fait bon marché de l’intérêt général, dans un domaine, celui de l’audiovisuel, où la spécificité des programmes proposés par les sociétés nationales n’a fait qu’aller en s’érodant, et dans un secteur d’activité, celui de la culture, d’autant plus difficile à faire vivre qu’il est devenu une auberge espagnole en même temps qu’une variable d’ajustement budgétaire.Des talents révélésA ceux qui doutent de la nécessité d’un service public, il faut rappeler que, tout au long de son histoire, Radio France a justifié son existence en inventant des émissions et en révélant des talents. Pour les talents, il suffit de parcourir les grilles des radios commerciales : on y verra défiler des noms d’animateurs ou de producteurs dont les premiers pas ont été faits sur les antennes du service public, alors que la situation inverse est inexistante ou exceptionnelle.Quant aux programmes, où, ailleurs que sur nos antennes, aurait pu trouver place Pierre Desproges, où pourrait-on entendre aujourd’hui les feuilletons de France Culture, les comparaisons en aveugle de « La Tribune des critiques de disques », tant de programmes de reportage, tant d’entretiens préparés, tant de portraits fouillés ?Maintenir et orienter cette spécificité en période d’austérité demande plus que jamais une vision, une volonté et le sens du risque. Ce sont cette vision, cette volonté, ce sens du risque qui ont été si fortement attendus et dont le défaut, pour l’essentiel, explique la grève.« Certaines méthodes couramment utilisées feraient même rougir dans des entreprises dont le profit est le seul but affiché »Non qu’il n’y ait pas de raisons matérielles à ce mouvement : d’abord parce que les personnels ont le droit de savoir quel avenir leur est réservé, plutôt que d’en être réduits depuis un an à interpréter des bruits de couloir, des déclarations dans des antichambres, des confidences à des journalistes médias, démenties dès qu’elles soulèvent une difficulté. Ensuite parce que la « gestion des ressources humaines » de Radio France n’est pas digne d’un service public.Certaines méthodes couramment utilisées feraient même rougir dans des entreprises dont le profit est le seul but affiché. Certains manquements, s’ils n’étaient pas le fait d’une société dont l’Etat est l’actionnaire principal, conduiraient leurs responsables devant les tribunaux.Chacun sait que nous sommes entrés dans une période de vaches maigres. Raison de plus pour apporter des réponses stratégiques aux problèmes économiques. Supplier l’Elysée et Matignon de donner à la Caisse des dépôts l’ordre d’acheter l’un de nos deux orchestres pour alléger le budget de la musique entre-t-il dans cette catégorie ? Les musiciens du National ou du Philharmonique n’ignorent pas que, en Allemagne, 37 formations symphoniques professionnelles ont disparu ou ont été contraintes de fusionner depuis 1992, entraînant la disparition d’environ 2 500 emplois de musicien dans un pays qui les protège mieux que beaucoup d’autres.Mais ne brandir cette réalité que comme une menace ou une fatalité constitue-t-il une politique ? Pourquoi les formations musicales de Radio France sont-elles aussi gravement sous-utilisées, et pourquoi, hors de France Musique, leur travail est-il pratiquement absent des antennes ? On imagine pourtant quels services pourraient rendre ces orchestres et leurs musiciens dans des programmes d’ouverture et d’initiation à la musique classique, au jazz, à la musique contemporaine. On médite l’exemple donné par le travail approfondi et de long terme de l’Orchestre national de Lille auprès des populations les moins instruites de sa région. Plutôt que de les vendre, pourquoi ne pas associer les musiciens à une redéfinition de leurs missions ?Maison mère de deux orchestres symphoniques, Radio France est aussi le premier employeur de comédiens du pays. Y a-t-il secret mieux gardé ? Au lieu d’être mise en avant comme l’un de nos atouts, la fiction souffre d’être considérée comme une inévitable obligation de notre cahier des charges, alors qu’une vision dynamique de ces programmes permettrait de leur donner toute la place que nous sommes seuls à pouvoir offrir.Radio France s’est taillé une place particulière dans le domaine de la chanson. En matière d’interprétation, d’écriture, de composition, la période est foisonnante. Or le nombre de salles ouvertes à cet art est, lui, en diminution constante, et les quelques petits lieux qui demeurent en activité sont presque tous des parkings dont l’accès est payant. Si l’on ajoute que l’industrie du disque et le show-biz ont mis la main sur la plupart des radios commerciales, on mesure l’importance et l’utilité qu’aurait, à travers l’ensemble du réseau de Radio France, le développement d’une politique d’accueil et de rendez-vous. Or France Inter – dont Jean-Louis Foulquier avait fait la chaîne de la chanson – a supprimé trois des quatre émissions qui lui étaient consacrées et faisaient connaître les talents nouveaux.Une ambition à conserverEn matière d’affaires publiques, nos antennes généralistes se perdent dans la multiplication d’émissions de plateau bavardes, dont les invités sont en général vus et entendus dans tous les médias, alors que notre force est de pouvoir produire des émissions de reportages et d’enquêtes approfondis, susceptibles d’informer intelligemment nos auditeurs sur le monde dans lequel ils vivent, de les aider à le connaître et à le comprendre.« Notre force est de pouvoir produire des émissions de reportages et d’enquêtes approfondis »Ces émissions sont dans notre ADN. Cela est vrai pour toutes les chaînes. Elles ont émaillé aussi bien les productions des rédactions que celles, plus légères, diffusées sous l’étiquette des « programmes ». On les a évoquées glorieusement lors du cinquantenaire, tout en continuant à en contredire ou même à en fouler aux pieds l’esprit et les ambitions. Nous disposons, pour relancer de telles émissions, d’un personnel capable, tant à l’antenne que dans les services techniques ; j’ajouterai même que le savoir-faire de cette dernière catégorie de collaborateurs, véritables travailleurs du son, est gravement sous-employé, et qu’on les cantonne à relayer des bruits de bouche alors qu’ils sauraient saisir et retransmettre les rumeurs du monde et en permettre l’analyse.Les dernières années ont vu les chaînes, et notamment France Inter et France Culture, se livrer à une concurrence absurde, exacerbée par des rivalités et des ambitions subalternes. Faute de pouvoir justifier cette rivalité par une politique de programmes, chaque direction s’est arc-boutée sur des sondages dont la moindre variation à la hausse, le plus souvent inférieure à la marge d’erreur de ce type de mesure, est célébrée comme un Austerlitz, à grand renfort de trompette.Radio France ne peut pas se payer de cette fausse monnaie, ni se complaire dans cette autosatisfaction ampoulée, ni se replier dans une crainte frileuse. Son mérite a toujours été de proposer à ses publics – je tiens au pluriel – des émissions dont ils ne savaient pas encore avoir envie. C’est ce qui a toujours donné une saveur particulière à son succès. Nous sommes une radio d’offre, avec les risques que cela comporte, pas une radio de marketing, même si le savoir-faire de ceux qui étudient les audiences peut nous aider à placer au mieux nos propositions dans la grille des programmes.Au lieu de cela, les rares facilités budgétaires actuelles sont attribuées à une entité dite « multimédia » dont la mission semble être de soulager la présidence de toute responsabilité éditoriale en la gavant de sondages dont les réponses sont induites par les questions, tout en professant que l’avenir de la radio est dans la vidéo !Enfin la rénovation du bâtiment a été conduite avec une irresponsabilité ubuesque. Elle ajoute à l’appauvrissement des moyens de reportages et d’émissions à l’extérieur une raréfaction des studios et des moyens internes qui met en péril la production et laisse craindre que nous n’entrions dans la situation que connaît la télévision publique, dont les producteurs privés ont fait leur vache à lait, tout en exploitant éhontément le statut de l’intermittence et les ressources de Pôle emploi.Interrogé sur son projet lors d’une récente assemblée générale, le président de Radio France a répondu que, faute de moyens, il lui était impossible de présenter une ambition. Je crains que ce ne soit là que l’on doit trouver la raison la plus forte d’une déception devenue désarroi avant de tourner à la colère.Lire notre décryptage : Quelles sont les raisons de la colère à Radio France ?Philippe Meyer est ­producteur de « L’Esprit ­public » à France Culture. Sur France Inter, il anime ­chaque samedi « La prochaine fois, je vous le chanterai ». Né en 1947, il est entré à Radio France en 1982. Elisa Perrigueur Les révélations sur des dépenses attribuées à Mathieu Gallet, le président-directeur général de Radio France, ont déclenché une tempête au sein de la Maison ronde. Toutefois, elles ne sont pas à l'origine du mouvement social, suivi par une partie du personnel, qui paralyse le groupe public depuis le 19 mars. Plusieurs préavis de grève illimitée avaient été signés le 13 mars et rendus publics le 16 mars, soit avant la divulgation, le 17 mars, des premières informations du Canard enchaîné concernant le président du groupe.Au neuvième jour de paralysie, vendredi 27 mars, Manuel Valls, le premier ministre, a estimé qu'il « fa[llai]t que cette grève s'arrête », appelant M. Gallet à « assumer pleinement ses responsabilités ». « Il faut que le dialogue social reparte sur de bonnes bases et il faut que Mathieu Gallet, comme la ministre [de la culture], Fleur Pellerin, [le] lui a demandé, nous fasse des propositions pour redresser Radio France », a-t-il ajouté. Un appel ignoré par les salariés, qui ont voté la reconduite de la grève jusqu'à lundi, au risque de perturber la couverture du second tour des élections départementales.1. Qui suit la grève ?Cinq des syndicats du groupe public ont déposé des préavis de grève illimitée : la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération générale du travail (CGT), le Syndicat national Force ouvrière de la radio et de la télévision (SNFORT), l'Union syndicale Solidaires, l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Les  préavis portaient sur l'arrêt des « externalisations » de certaines activités, le maintien des « formations musicales », « l'abandon de la réforme des modes de production » et « le maintien des effectifs » dans le réseau France Bleu.Le Syndicat national des journalistes (SNJ) n'a pas appelé à cette grève. Ne se reconnaissant pas dans les préavis « qui ne portaient pas sur l'emploi », précise un de ses membres, il a toutefois largement exprimé ses inquiétudes sur le financement du groupe. Le syndicat avait soutenu, avec l'UNSA et la CFDT, l'appel à une grève de vingt-quatre heures le 12 mars pour « refuser l'asphyxie budgétaire, le déclin de l'entreprise, et une régression sociale (…) ». 7% Lundi, sur 4 600 équivalents temps-plein employés par le groupe, environ 7 % des salariés avaient cessé le travail, estime la direction. « Les chiffres et la profession des grévistes sont difficiles à estimer en raison de problèmes de pointage », rétorque le syndicaliste Jean-Paul Quennesson, délégué de SUD-Radio France et corniste à l'Orchestre national. « Il y a des personnes qui font des demi-journées de grève, d'autres qui sont en grève illimitée. Tout ce qu'on peut dire, c'est que les équipes s'organisent pour un mouvement dans la durée. » Le nombre de grévistes suffit en tout cas pour perturber fortement les antennes du groupe public, de nombreuses émissions étant remplacées par des programmes musicaux.2. Equation budgétaire difficile 21,3 millions d'euros Pour la première fois, Radio France – groupe composé de ses stations nationales, France Info, France Inter, France Culture, France Musique, Fip, Mouv' ainsi que des quarante-quatre locales France Bleu et des quatre formations musicales – a adopté à la fin de janvier un budget déficitaire de 21,3 millions d'euros. Radio France est essentiellement financée – à 90 % – par la redevance audiovisuelle ; or, entre 2012 et 2015, le montant de cette ressource a baissé de 610 millions à 601 millions d'euros.Pour les syndicats, l'Etat est l'un des « responsables » de cette situation, comme le rappelle Jean-Paul Quennesson : « Ce qui nous frappe, c'est la volonté de la tutelle [le ministère de la culture] de s'exonérer de cette situation, alors qu'elle programme un sous-financement de Radio France pour les prochaines années. Excusez-moi de dire ça, mais l'Etat nous met dans la merde ! »  50 millions d'euros L'entreprise doit désormais dégager 50 millions d'euros d'économies d'ici à 2019. Tout cela dans un contexte compliqué, avec des charges de l'entreprise qui restent les mêmes, et un chantier de la Maison de la radio, à Paris, dont le coût total frôlait 584 millions d'euros à la fin de 2014.3. Des mesures « drastiques » à venirLa masse salariale représentant 60 % du budget du groupe public, les employés pourraient être les premiers visés par les coupes. Aussi, dans un communiqué diffusé le 24 mars, les syndicats appelant au mouvement soulignent que « plusieurs coupes ont déjà commencé » au sein du groupe. Ils dénoncent par exemple : la diminution de 25 % ces deux dernières années du nombre de CDD dans les rédactions ;que plusieurs corps de métiers ouvriers « sont déjà en partie externalisés ou en voie de l'être ». D'après ces syndicats, d'autres mesures sont à venir :la mutualisation des flashs de nuit entre France Inter et France Info ;la fermeture de certaines micro-locales ;la fusion de plusieurs services ;la polyvalence forcée des métiers.Si le mouvement social en cours est le plus long depuis 2004, c'est aussi que pour la première fois la Maison ronde devrait être confrontée à un plan de départs volontaires, font savoir les syndicats. « C'est un traumatisme », résume Jean-Paul Quennesson. En effet, le 24 mars, la direction a également évoqué l'annonce redoutée des salariés :200 à 300 départs volontaires pourraient être envisagés d'ici à 2019. Ils concerneraient essentiellement les « seniors » pour une « économie » de 17 millions à 24 millions d'euros ;Mathieu Gallet a également annoncé dans une interview au Monde que Radio France n'avait « pas les moyens de financer deux orchestres symphoniques, un chœur et une maîtrise pour un coût de 60 millions, ne générant que 2 millions de recettes de billetterie ». Lire notre entretien avec Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Les salariés de Radio France seront fixés sur ces mesures en théorie dans le mois à venir. L'exécutif, par l'intermédiaire du ministère de la culture, établit actuellement, en collaboration avec le groupe, un contrat d'objectifs et de moyens qui fixera les ressources du groupe jusqu'à 2019.Lire (édition abonnés) : Le financement de l'audiovisuel public de nouveau sous pressionElisa PerrigueurJournaliste au Monde Alexis Delcambre Quelques heures après l'envoi d'une lettre de cadrage par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, les négociations entre la direction de Radio France et les syndicats engagés dans une grève illimitée se sont soldées par un échec, samedi 4 avril au soir.Si les syndicats reconnaissent des avancées sur les orchestres, amenés à être maintenus, ils estiment qu'aucune avancée n'a été proposée sur leurs autres revendications.Lire aussi :Crise à Radio France : Mathieu Gallet dos au mur« L’urgence d’une médiation »« Le blocage reste total », écrit l'intersyndicale dans un message envoyé samedi soir à la direction de Radio France et au ministère, dont Le Monde a eu copie.La direction explique avoir proposé un nouveau protocole d'accord. Outre le maintien des orchestres, celui-ci abandonne toute référence à un audit externe qui cristallisait la colère et indique que les éventuelles mises en commun de programmes se feront en concertation avec les salariés.« L'échec de cette journée démontre une nouvelle fois l'urgence d'une médiation », rétorquent les délégués syndicaux, qui n'entendent donc pas poursuivre les discussions dans le cadre actuel, alors que la direction dit rester disponible.Lire aussi :Crise à Radio France : Mathieu Gallet dos au murAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.04.2015 à 01h17 • Mis à jour le04.04.2015 à 11h50 | Alexis Delcambre Sortir de la crise sociale, rétablir l’équilibre des comptes et formuler une ambition renouvelée pour Radio France : tels sont les messages que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a adressés à Mathieu Gallet, PDG de l’entreprise publique, vendredi 3 avril, dans une lettre que Le Monde s’est procurée. Dans un entretien à l’AFP, Mme Pellerin a par ailleurs estimé que M.Gallet avait « toutes les cartes en main pour sortir du conflit » et qui lui fallait « rétablir le dialogue social » au plus vite au sein de la Maison ronde. L’option d’une médiation n’est pas envisagée à ce stade, fait-on ainsi savoir rue de Valois.Suite à cette lettre, le PDG de Radio France a annoncé la tenue samedi à 14 heures d’« une nouvelle réunion de négociations pour trouver une issue au conflit social et partager au plus vite le projet stratégique avec les collaborateurs de Radio France et leurs représentants ». Samedi matin, les syndicats n’avaient toujours pas dit s’ils se rendraient à cette réunion.Cette prise de parole gouvernementale était très attendue, alors que Radio France s’apprêtait à vivre un troisième week-end consécutif de grève, en réaction aux difficultés financières de l’entreprise – déficitaire de 21 millions d’euros en 2015 – et à la rupture du dialogue social entre le personnel et M. Gallet, par ailleurs mis en cause pour ses dépenses.Lire : Radio France : vote d’une motion de défiance contre Mathieu GalletL’urgence est de faire face à une fonte de la trésorerie, consumée notamment par le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio, dont les coûts ont dérivé. Pour cela, la ministre annonce « une dotation en capital liée aux surcoûts du chantier », qui n’est pas chiffrée à ce stade. En clair, l’Etat va apporter une subvention exceptionnelle qui aidera l’entreprise à faire face à ses dépenses les plus urgentes. En complément, « les différentes options possibles pour la finalisation de ce chantier » seront étudiées. Dans un entretien au Parisien samedi 4 avril, M. Gallet se dit satisfait de ces annonces qui sont « des signes de confiance pour l’entreprise » et confirme, parmi les économies envisagées, la suppression des ondes moyennes et longues (soit 14 millions d’euros par an).Le gouvernement assume l’objectif d’un retour à l’équilibre d’exploitation dès 2017 – alors qu’une option plus douce, à horizon 2019, était aussi envisagée. Mis en cause pour ses revirements, l’Etat rappelle son engagement à « stabiliser la ressource publique » affectée à l’entreprise jusqu’en 2017. Mais en contrepartie, il demande des efforts.Une gageureToutefois, Fleur Pellerin se garde bien de se prononcer sur la nature de ces efforts. Elle se contente de pointer que Mathieu Gallet a proposé un plan de départs volontaires – qui concernerait 300 à 380 personnes, soit l’option la plus élevée. « Le niveau d’emploi ne peut constituer la seule variable d’ajustement », nuance la ministre, ne refusant donc pas cette option, mais la complétant par la demande d’un « travail de modernisation sociale ».« C’est dans le dialogue social à l’intérieur de l’entreprise que devront être trouvées les mesures adaptées pour atteindre cet objectif », souligne-t-elle. Une gageure, quand on sait que les grévistes ont voté vendredi 3 avril, lors d’une assemblée générale réunissant entre 400 et 500 personnes, une motion de défiance envers M. Gallet, qu’ils jugent « discrédité ».Un vote qui a divisé le personnel au sein de Radio France. « L’assemblée générale a réagi aux contre-vérités énoncées hier par M. Gallet et à son mépris du dialogue social », a commenté Jean-Paul Quennesson, délégué syndical SUD et membre de l’Orchestre national de France (ONF). Jeudi 2 avril, le PDG avait mené une offensive médiatique, d’iTélé aux antennes de France Info et de France Inter, pour se défendre et tendre la main aux grévistes en vue de renouer le dialogue. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a quant à lui déploré ce vote. « Tout ce qui affaiblit le patron de Radio France affaiblit Radio France à l’heure où son PDG devra inévitablement négocier avec l’Etat », estime Valeria Emanuele, déléguée nationale.Dans sa lettre, Fleur Pellerin ne se contente pas de demander au PDG une sortie de crise rapide et un retour à l’équilibre dans deux ans. Elle souhaite aussi, en complément, qu’il porte une « ambition réformatrice ». Pour cela, elle l’enjoint à formuler, en vue du prochain contrat d’objectifs et de moyens – que l’entreprise et l’Etat doivent conclure pour la période 2015-2019 - une vision qui incarne la « singularité » du service public de radio et de musique.Deux orchestres, mais réduitsLa ministre demande une « offre de programmes qui ne soit ni banalisée, ni aseptisée », sans fermer la porte à des « regroupements » de chaînes, pour autant qu’ils soient « ambitieux ». Elle s’oppose à une augmentation des volumes de publicité, mais se dit ouverte à un assouplissement des catégories d’annonceurs autorisés, comme le demande la direction. Au grand dam des radios privées qui ne veulent pas entendre parler d’un assouplissement des règles publicitaires. Mme Pellerin demande aussi des précisions sur l’information, l’éducation aux médias, la transmission des valeurs citoyennes et le numérique.En matière de musique, la ministre de la culture fait comprendre qu’elle ne souhaite ni la fusion des deux orchestres de Radio France, ni le détachement de l’un d’entre eux, comme le demandait M. Gallet. Mais la ministre propose un « redimensionnement des formations musicales » et une « réforme de leurs modalités de travail ». « L’annonce de ne pas fusionner les deux orchestres nous rassure, commente Philippe Ballet, délégué UNSA. En revanche, la ministre valide de fait le plan de départ volontaire. Cela nous heurte. Plus largement, le gouvernement ne répond pas à notre constat de sous financement de l’audiovisuel public. »L’accueil qui sera fait aux propositions de Mme Pellerin reste incertain, dans une Maison ronde chauffée à blanc après deux semaines de conflit. De source syndicale, on comptait 75 % de grévistes dans les locales du réseau France Bleu et à France Culture, et un tiers à la rédaction de France Info et France Inter. Selon la direction, il n’y avait à Radio France que 11 % de grévistes vendredi.Consulter notre visuel interactif : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.04.2015 à 12h13 • Mis à jour le03.04.2015 à 22h43 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le dialogue semble bien rompu entre Mathieu Gallet, le PDG de Radio France, et les grévistes qui ont reconduit leur mouvement jusqu’au mardi 7 avril. Vendredi matin, une assemblée générale, qui réunissait 400 à 500 salariés, de source syndicale, a voté à la quasi-unanimité une motion de défiance, qui demande le départ du dirigeant. Texte de la motion de défiancePourquoi ce vote, alors que la résolution de la crise se joue désormais dans les cabinets ministériels, de Bercy à la culture en passant par Matignon ? Ceux-ci planchent actuellement sur le fameux « projet stratégique » remis jeudi par M. Gallet et s’apprêtent à rendre des arbitrages sur les missions et les moyens de l’entreprise publique ces prochaines années.« L’assemblée générale a réagi aux contre-vérités énoncées hier par M. Gallet et à son mépris du dialogue social », a commenté Jean-Paul Quennesson, délégué syndical SUD et membre de l’Orchestre national de France (ONF). Jeudi, le PDG avait mené une offensive médiatique, d’i-Télé aux antennes de France Info et de France Inter, pour se défendre et tendre la main aux grévistes en vue de renouer le dialogue.« M. Gallet se sert des antennes de Radio France pour sa communication personnelle, alors qu’il n’arrive plus à mettre les partenaires sociaux autour d’une table », a poursuivi M. Quennesson. De fait, les négociations sociales sont en berne depuis le 30 mars, date du dernier échange formel entre la direction et les délégués du personnel.Personnalisation du conflitDepuis le début de la crise, le 19 mars, le fait que le PDG s’exprime plus volontiers dans les médias ou dans les rédactions que face aux délégués syndicaux est un reproche récurrent. « M. Gallet est totalement discrédité, il s’avère incapable de diriger Radio France et d’incarner les valeurs fortes et intangibles de la radio publique », juge sèchement le texte.L’idée d’une médiation a été à nouveau évoquée par les représentants syndicaux dans leurs contacts, cette semaine, avec des politiques. Pour le moment, le prochain rendez-vous avec le PDG est fixé au mercredi 8 avril, lors d’un comité central d’entreprise où le projet sera présenté.Mais cette personnalisation du conflit ne fait pas l’unanimité au sein de la Maison ronde. Ainsi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a déploré ce vote. « Tout ce qui affaiblit le patron de Radio France affaiblit Radio France à l’heure où son PDG devra inévitablement négocier avec l’Etat », estime Valeria Emanuele, déléguée nationale. « Je ne sais pas ce que cela changerait d’avoir la tête de M. Gallet : nous nous retrouverions dans un vide et la vraie question des réformes resterait la même », renchérit un journaliste.Le SNJ appelait aussi à la grève vendredi, mais de façon indépendante du mouvement illimité ouvert par cinq autres syndicats. De source syndicale, on comptait 75 % de grévistes dans les locales du réseau France Bleu et à France Culture, et un tiers à la rédaction de France Info et France Inter. Selon la direction, il n’y avait à Radio France que 11 % de grévistes vendredi.>> Voir notre visuel interactif : La première année agitée de Mathieu Gallet à Radio France« Ce qui pourrait débloquer la situation serait que la tutelle [le ministère de la culture] se fasse enfin entendre », résume un journaliste. Et de suggérer que « ce serait bien que le ministère propose de séparer la question des travaux de celle des réformes », pour tenir compte de l’exaspération provoquée par l’interminable réhabilitation, qui perturbe le quotidien et consume la trésorerie.« Ce chantier est le seul sujet sur lequel il y a consensus à Radio France, résume ce journaliste. Sur le reste – faut-il accepter un plan social, ne garder qu’un orchestre, réformer les modes de production  – il y a des débats parmi les salariés. »Dans la soirée, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a finalement réitéré son soutien au PDG de Radio France, estimant qu’il avait « toutes les cartes en main pour sortir du conflit à Radio France ». « Il faut que [Mathieu Gallet] sorte de ce conflit mais c'est à lui de rétablir le dialogue social », a-t-elle toutefois insisté dans un entretien à l’AFP.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 19h51 • Mis à jour le03.04.2015 à 11h14 | Alexandre Piquard Numéro 23, qui se présente comme un canal dédié à la « diversité », est une des très rares chaînes du paysage audiovisuel français qui n’appartenaient pas à un groupe. Lancée fin 2012 parmi six nouvelles chaînes sur la télévision numérique terrestre, la TNT, elle se vend au plus gros groupe indépendant de la télévision privée, propriétaire notamment de la chaîne d’information en continu BFM-TV : NextRadioTV a annoncé, jeudi 2 avril, être entré en négociations exclusives en vue de racheter Numéro 23 pour 88,3 millions d’euros.L’opération n’est-elle pas trop grosse pour un groupe comme NextRadioTV, qui en 2014 a réalisé 195 millions d’euros de chiffres d’affaires, pour 34 millions d’excédent d’exploitation ? « Pas du tout », répond Alain Weill, son fondateur et actionnaire. L’opération se fera en « cash » (50 millions d’euros) mais aussi en obligations convertibles du groupe NextRadioTV. Cela permettra éventuellement à Pascal Houzelot, PDG de Numéro 23 (et membre du conseil de surveillance du Monde), de détenir jusqu’à 5 % du groupe fondé et présidé par Alain Weill (premier actionnaire avec 37,7 % du capital).Pascal Houzelot, ancien lobbyiste de TF1 et homme de réseaux, restera de plus président de Numéro 23 et intégrera le conseil d’administration de NextRadioTV (qui possède également la station de radio RMC).« L’acquisition de Numéro 23 a pour nous plusieurs avantages, assure M. Weill. Elle va nous permettre de peser davantage sur le marché publicitaire. Et nous réaliserons beaucoup de synergies car l’intégration de cette chaîne, qui a cinq collaborateurs et fait le même métier que nous, sera très facile. »Opération rentable dès 2016 ?Selon les calculs du PDG de NextRadioTV, l’opération générera un résultat équilibré dès 2016 : en effet, Numéro 23 génère aujourd’hui 10 millions d’euros de pertes pour un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros. Mais, en 2016, son rachat créera 10 millions d’euros de synergie, via la mise en commun des achats de programmes ou des régies publicitaires, croit M. Weill. Ce qui équilibrerait des pertes réduites à 9 millions d’euros.Numéro 23 serait exploitée par l’équipe de RMC Découverte, une autre chaîne du groupe NextRadioTV consacrée au documentaire et au reportage. Les chaînes seront couplées sur le plan publicitaire. Ce qui permettrait à RMC Découverte d’« atteindre l’équilibre financier dès 2015 », soit un an plus tôt que prévu, selon NextRadioTV.Reste la question de la pertinence de Numéro 23 : à 0,7 %, sa part d’audience n’est pas mauvaise pour un canal aussi récent. Mais elle apparaît comme une des chaînes « mini-généraliste » de la TNT, mêlant tous types de programmes au risque d’un positionnement flou. Les chaînes thématiques (comme BFM-TV, RMC Découverte ou L’Equipe21, dédiée au sport) sont réputées avoir un meilleur avenir.En l’état, Numéro 23 se dit consacrée à la diversité mais ne se veut pas communautaire. « Quand je la regarde, je n’ai pas l’impression qu’elle représente la diversité », a critiqué l’ancien membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) Rachid Arhab sur France Inter récemment.Positionnement flouSa grille de programmes intègre différents éléments, dont le magazine de société « Révélations », mais aussi beaucoup d’émissions américaines de divertissement, de type « talent show », comme un concours de tatoueurs. Ou une émission sur les phénomènes paranormaux.Demain, NextRadioTV compte légèrement repositionner la chaîne pour éviter des doublons avec RMC Découverte. Cette dernière se consacrera « à l’aventure, aux animaux, aux sciences et aux technologies », décrit M. Weill. Numéro 23 serait, elle, davantage tournée vers « l’histoire et la société ». Un modèle est cité : History Channel, une chaîne américaine dont la devise est « History made every day » (l’Histoire s’écrit chaque jour).Du côté de Pascal Houzelot, la cession de sa chaîne, deux ans après son démarrage, relancera peut-être le débat sur la revente des fréquences. Celles-ci sont en effet attribuées gratuitement par le CSA mais génèrent des plus-values. Une polémique a accompagné les ventes de TMC et NT1 par le groupe AB à TF1, ou de D8 et D17 par le groupe Bolloré à Canal+. Début 2013, la ministre de la culture et de la communication Aurélie Filippetti s’était déclarée favorable à une taxation des plus-values réalisées. « Je suis un professionnel des médias depuis vingt-cinq ans, j’ai accompagné le groupe TF1 pendant quinze ans, j’ai produit des films et créé une autre chaîne, Pink. Si j’avais voulu faire une opération avec un groupe plus puissant, je l’aurais fait avant. Je continue sur ma logique d’entrepreneur », a déclaré aux Echos M. Houzelot, jeudi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 11h49 • Mis à jour le02.04.2015 à 12h07 | Jean-Baptiste Jacquin C’était en mars 2012. Vincent Bolloré, actionnaire à hauteur de 1 % de Vivendi était en passe de monter à 4,5 % en échange de la vente de ses chaînes de télévision D8 et D17. Il proclamait alors : « nous ne comptons jouer aucun rôle au sein du groupe Vivendi si ce n’est être un actionnaire stable à long terme ». Ceux qui l’ont cru ont eu tort. Dix-huit mois plus tard il postulait pour être président du directoire du groupe de télécommunication et de médias, et parvenait à déstabiliser le président du conseil de surveillance, un patriarche pourtant bien renard lui aussi, Jean-René Fourtou.Aujourd’hui, confortablement assis dans son fauteuil à la tête de Vivendi, il s’offusque que des investisseurs représentant 0,8 % et 2 % du capital viennent lui demander des comptes. Mercredi 1er avril, Bertrand Meheut, le patron du groupe Canal+, est monté au front en bon petit soldat pour dénoncer « la coalition menée par un fonds activiste américain visant à déstabiliser Vivendi ». Canal est, avec Universal Music, l’une des deux dernières entreprises de l’ex conglomérat qui a cédé en dix-huit mois pour 35 milliards d’euros d’actifs : SFR, Activision Blizzard (jeux vidéo), Maroc Télécom et GVT (télécoms au Brésil).Lire aussi :Vivendi sommé de partager son trésor de guerreOn crie au loup qui voudrait démanteler un tel joyau. Mais le démembrement a eu lieu, pour l’essentiel. Ce sont les restes du festin qu’ont flairés les loups. En l’occurrence les milliards accumulés par une telle vente aux enchères. Le fonds P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) souhaite demander aux actionnaires de Vivendi lors de l’assemblée générale du 17 avril de voter pour la distribution de 9 milliards de dividendes exceptionnels. Son argumentaire est basique, comme souvent avec les investisseurs activistes : ce cash accumulé grâce aux cessions, et non par les bénéfices, doit être restitué aux actionnaires.Démocratie actionnarialeLa question est légitime. La réponse de M. Bolloré, qui veut profiter de cette situation pour réaliser d’importantes acquisitions dans les médias, peut aussi se plaider. L’autre impertinent, PhiTrust, demande que Vivendi renonce, comme toutes les autres sociétés du CAC 40 aux droits de vote double. Là aussi, cette question de démocratie actionnariale est parfaitement légitime.Mais que fait le renard pendant qu’il crie au loup ? Il se renforce à vitesse accélérée dans le capital de Vivendi. Bolloré a annoncé jeudi 2 avril avoir acheté pour 568 millions d’euros d’actions supplémentaires portant sa participation à 12 %, six jours après avoir franchi les 10 %. En un mois, il a multiplié sa participation par 2,3.Serait-il inquiet ? Il sécurise sa position à l’approche d’une AG qui devra dire si les actionnaires lui laissent les mains libres pour utiliser ce cash dans leur intérêt à long terme, ou s’ils préfèrent le récupérer tout de suite.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.04.2015 à 12h18 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h51 Les prétendants à la succession de Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions sont nombreux. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé mercredi 1er avril avoir reçu 33 candidatures pour le poste de président du groupe audiovisuel public, un nombre élevé puisque seuls 11 candidats se sont officiellement déclarés.Lire : France Télévisions : la liste des candidats à la présidenceAvant de faire son choix, entre le 2 avril et le 22 mai, le CSA doit d'abord établir une liste restreinte de candidats. Ces derniers seront auditionnés à huis clos, et leurs noms ne seront divulgués que si tous les intéressés l'acceptent. Toute la procédure laisse aux candidats une assez grande latitude pour rester cachés.Voici la liste des candidatures connues à ce jour.Les 11 candidats officielsRémy Pflimlin, 61 ans, actuel président de France Télévisions, est candidat officiel. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, M. Pflimlin compte défendre son bilan et le besoin de stabilité pour France Télévisions, qui doit faire face à d'importantes réformes.Marie-Christine Saragosse, 55 ans, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a officialisé sa candidature, jeudi 26 mars, dans un message interne. Diplômée de l'ENA, ancienne dirigeante de TV5 Monde, elle a été nommée par François Hollande en 2012 à la tête de l'audiovisuel extérieur de la France, qu'elle a apaisé après la bataille entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac.Didier Quillot, âgé de 55 ans, a été PDG d'Orange France, puis, à partir de 2006, président du directoire de Lagardère Active. M. Quillot met en avant son expérience de gestionnaire et de conduite du changement dans des entreprises de grande taille, ainsi que son sens du « dialogue social ».Eric Garandeau, ancien président du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et conseiller culturel auprès de Nicolas Sarkozy de 2008 à 2010, il est également issu de l'audiovisuel public. L'homme de 42 ans a déjà travaillé un an à France Télévisions, sous Marc Tessier, et a été administrateur de l'entreprise.Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, a annoncé sa candidature dans un entretien aux Echos, jeudi 26 mars. Il siège au conseil d'administration de France Télévisions depuis 2011. Il a 48 ans. Alexandre Michelin, 50 ans, directeur général de Microsoft MSN pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, s'est déclaré fin février. Il a été directeur des programmes ou directeur général à Paris Première, à Canal+ et France 5.Emmanuel Gout est président du parc d'attractions Cinecitta World et ancien président de Canal+ Italie.Nacer Kettane est président et fondateur du réseau Beur FM.Matthieu Bellinghen est journaliste à France 3 Basse-Normandie.Serge Cimino, 51 ans, est délégué syndical SNJ de France Télévisions.Cyril Hanouna, animateur sur D8 de « Touche pas à mon poste », a lui aussi lancé une campagne humoristique avec pour slogan « La France Télévisions forte », référence à une formule de Nicolas Sarkozy.ON SAIT QU'ILS SONT CANDIDATS (4)Nathalie Collin, 50 ans, directrice générale adjointe de La Poste, chargée de la communication et du numérique, est également candidate selon nos informations. Diplômée de l'Essec, elle est issue du secteur des médias et ancienne présidente du directoire de Libération et directrice du Nouvel Observateur.Robin Leproux, ancien vice-président du directoire du groupe M6, ex-patron du Paris Saint-Germain et de RTL, est aussi sur les rangs.Pascal Josèphe, 60 ans, qui a travaillé pour le cabinet de conseil IMCA et été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, postule également.Cyrille du Peloux, 61 ans, cadre dans le groupe de services collectifs Veolia depuis douze ans, qui a été dirigeant de TF1 et de Paris Première dans les années 1980 et 1990.LEUR CANDIDATURE N'EST PAS CONFIRMEE (2)Delphine Ernotte-Cunci, directrice exécutive d'Orange France, ne s'est toujours pas exprimée. Ingénieure de formation, elle a fait toute sa carrière chez l'opérateur français.Emmanuel Hoog, PDG de l'AFP. Souvent cité comme candidat dans la presse, il garde lui aussi le silence sur ses intentions. 33 candidats à la présidence de France TéléLire aussi : Diriger France Télévisions serait-il « le pire job des médias » ? Cédric Pietralunga et Sarah Belouezzane Orange pensait avoir réglé l’affaire Dailymotion. L’opérateur devait en effet entrer en négociations exclusives avec PCCW, la holding de Richard Li, le fils du célèbre milliardaire chinois de Hong Kong Li Ka-shing, l’un des hommes les plus riches d’Asie, pour la cession de 49 % du capital de la plate-forme. Mais pour Emmanuel Macron, c’est aller trop vite en besogne.Selon nos informations, le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique a bloqué l’entrée en négociations exclusives de l’ex-monopole d’Etat avec le groupe hongkongais. « Nous avons demandé à Orange de prendre en compte les éléments de la souveraineté numérique européenne », confirme M. Macron. Comprendre : Dailymotion est une « pépite » hexagonale et il serait préférable que l’opérateur privilégie des partenaires européens voire français pour assurer son développement.Du côté d’Orange, dont l’Etat possède 24,9 %, on précise qu’il n’y a aujourd’hui aucun processus de négociation exclusive lancé avec qui que ce soit, contrairement à ce qui avait été évoqué au lendemain du conseil d’administration de l’opérateur du 11 mars. Le groupe serait ouvert à tous, notamment aux investisseurs européens, promet-on dans l’entourage d’Orange.Lire aussi :Orange discute avec le chinois PCCW pour DailymotionGoût de déjà-vuParmi les potentiels partenaires issus du Vieux Continent, se mêlent les noms des allemands Axel Springer et Bertelsmann, mais également des français Vivendi, propriétaire de Canal+, et AlloCiné. Selon un proche des négociations, c’est Fimalac, la maison mère de ce dernier, qui semble aujourd’hui le candidat le plus probable. Le groupe de Marc Ladreit de Lacharrière a déjà manifesté à plusieurs reprises son intérêt pour Dailymotion. Les fuites dans la presse d’une possible entrée en négociations de l’ex-monopole d’état avec le groupe de Li Ka-shing auraient réveillé l’appétit de l’homme d’affaires pour le site de streaming. Ce dernier n’aurait toutefois pas encore présenté de projet bien défini.Le ralentissement des négociations avec l’homme d’affaires asiatique a, pour Orange, un goût de déjà-vu. Stéphane Richard, patron de l’opérateur, avait en effet dû renoncer, au printemps 2013, à la cession de la plate-forme de streaming au géant américain Yahoo! pour 300 millions de dollars (279 millions d’euros). A l’époque, Arnaud Montebourg, le tonitruant ministre du redressement productif, avait tapé du poing sur la table, empêchant la transaction, au motif que Dailymotion devait demeurer sous pavillon hexagonal.Cette fois, le mode opératoire est plus feutré, à l’image de M. Macron. Mais le résultat est le même. L’actuel ministre va même plus loin que M. Montebourg : ce dernier était prêt à voir un partenaire international arriver dans le capital de Dailmymotion pour peu qu’il ne s’agisse pas d’une « dévoration ». En clair, qu’il ne prenne pas plus de 50 % du capital. M. Macron a toutefois clairement indiqué qu’il n’y aurait, de sa part, pas de veto contre le choix du conseil d’administration d’Orange.« L’Europe a besoin d’une stratégie numérique ambitieuse »De source proche de l’exécutif, on indique qu’un partenaire chinois pour un site de l’importance et de la taille de Dailymotion est difficilement compatible avec les ambitions française et européenne en matière de numérique. « L’Europe a besoin d’une stratégie numérique ambitieuse dans les prochaines années, fondée sur un marché européen plus intégré », ont ainsi indiqué M. Macron et Sigmar Gabriel, son homologue allemand, lors d’un conseil des ministres franco-allemand organisé mardi 31 mars à Berlin.Dans une déclaration conjointe, les deux ministres ont préconisé l’établissement d’un« cadre réglementaire approprié pour des plateformes structurantes au niveau européen », première étape pour la création d’un « marché unique du numérique ». Ils veulent, par ailleurs, mettre l’accent sur des technologies comme le Big data ou encore le « cloud computing », l’informatique dans les nuages, qui permet de stocker les données à distance dans des supers ordinateurs.Pas étonnant, dans ce contexte, que l’attention du gouvernement se porte sur Dailymotion. Le site de streaming compte 128 millions de visiteurs uniques par mois contre un milliard pour YouTube, la filiale de Google. Le destin de la plate-forme tricolore risque de déchaîner les passions pendant encore quelque temps. Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ils s’étaient jusqu’ici peu exprimés. Mais les dirigeants de l’UMP ont décidé, mardi 31 mars, de lancer une offensive sur la gestion de l’audiovisuel public sous François Hollande. En réunion du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a ainsi appelé la droite à dénoncer « le scandale de la grève à Radio France à un moment où 43 millions de Français vont voter » pour les départementales, dimanche 29 mars.Mais le président de l’UMP a également appelé à dénoncer « le processus de nomination de France Télévisions, où on garde même le secret des auditions ». Joint par Le Monde, le porte-parole de l’UMP renchérit : « Nous sommes face à un scandale d’Etat, a lancé Sébastien Huyghe. Nous sommes étonnés, voire atterrés, de voir que les auditions par le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour la présidence de France Télévisions se font de la manière la plus opaque possible : les candidats ne sont pas connus, les auditions sont à huis clos. On ne connaît pas les projets ni les critères de choix. C’est pourtant 2,3 milliards d’argent public ! »La nomination du président de France Télévisions est un point de clivage net entre PS et UMP : Nicolas Sarkozy avait choisi de faire le choix lui-même en temps que président de la République (avec avis des commissions culturelles parlementaires, a posteriori). François Hollande a expressément changé la procédure pour confier cette tâche au Conseil supérieur de l’audiovisuel, en gage d’indépendance par rapport au pouvoir politique.M. Huyghe insinue que la procédure est biaisée : « Le président de la République François Hollande ne pilote-t-il pas en réalité la nomination du président de France Télévisions ? On se pose la question. Le choix a été confié au CSA, présidé par Olivier Schrameck, qui est ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon et donc tout sauf indépendant. » « Le gouvernement fait pression sur le CSA », croit aussi savoir Franck Riester, député UMP spécialiste de l’audiovisuel, joint par Le Monde.Mathieu Gallet « bouc émissaire »Sur Radio France, la charge n’est pas moins rude : « Au lieu de fixer un cap et de mener les réformes progressivement, l’Etat crée une crise et utilise Mathieu Gallet comme bouc émissaire. » Le président de Radio France s’est notamment vu reprocher les dépenses de rénovation de son bureau, mais également, ce mardi dans Le Canard enchaîné, les frais de sa présidence précédente, à l’Institut national de l’audiovisuel, pour des rénovations encore et des conseils extérieurs.« Mathieu Gallet a reconnu des erreurs et il faudra voir ses réponses au nouvel article du Canard enchaîné. Mais le fond du problème est ailleurs : que fait-on de cette crise financière à Radio France ? », répond M. Riester.A Radio France, l’Etat « a créé la crise financière » de l’entreprise, insiste le député, accusant le gouvernement d’avoir ponctionné des ressources destinées à l’audiovisuel pour honorer d’autres dépenses du budget de l’Etat. « On n’épaule pas, on met des bâtons dans les roues. C’est tout l’inverse de ce que doit faire une tutelle responsable et digne de ce nom », pense M. Riester, que Nicolas Sarkozy a consulté et qui va poser une question au gouvernement mercredi à l’Assemblée nationale, après avoir déjà interpellé la ministre de la culture Fleur Pellerin dans l’hémicycle la semaine dernière.Mardi, l’UMP s’est dévoilée sur un autre point, sensible : « La fusion pure et simple des principales rédactions du groupe, France Inter, France Info et France Culture. » Une piste prônée dans un rapport explosif de la Cour des comptes, mais immédiatement écartée par le président Mathieu Gallet, la jugeant impopulaire.Lire aussi :La Cour des comptes fustige la gestion de Radio FranceDavid-Hervé Boutin, le secrétaire national à la culture du parti de Nicolas Sarkozy, a également cité la « fusion » des orchestres de Radio France, une autre réforme proposée par la Cour des comptes et combattue par les grévistes, avant de demander : « Qu’attend le gouvernement pour réagir et enfin prendre les mesures vigoureuses qui s’imposent ? »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Michel Guerrin Avec son livre Malaise dans l’inculture (Grasset), Philippe Val ne va pas arranger son image de libertaire devenu réac, tout en ayant conservé des séquelles de gauche. Du reste, invité, mardi 14 avril, sur France Inter, une station qu’il a dirigée, il a provoqué des réactions allergiques du genre : « Mieux vaut la grève que Val. » Dans ce pamphlet bien écrit, ce qui ne fait pas de mal, l’ancien patron de Charlie Hebdo découpe la gauche en quartiers et enfonce sa plume dans les plaies de ses divisions. Il s’en prend aux radicaux de l’écologie, aux prophètes de la décroissance, aux pourfendeurs de l’Amérique et de l’Europe libérale, aux fans de Poutine, aux analystes bienveillants du communautarisme, à ceux qui font passer les laïques résolus pour racistes.Philippe Val a dans le collimateur le sociologisme, cette attitude de gauche qui déresponsabilise les individus de leurs gestes, ce qui a des conséquences affligeantes : la montée de l’islamisme, la violence dans les banlieues, l’incivisme, l’éducation en compote, c’est la faute à la société, au système. Val n’en revient pas que les démocraties occidentales, où pourtant tout le monde « voudrait vivre », soient à ce point vilipendées. Il a cette formule : « Exaltez la culture orientale, on vous regarde avec intérêt. Exaltez la culture occidentale, vous êtes conservateur, limite fasciste. » On en arrive, dit Val, à défendre les pratiques internes aux communautés contre les libertés instituées, en les assimilant à une culture menacée par le « système » : « Et... 16.04.2015 à 13h52 • Mis à jour le16.04.2015 à 15h44 | Anne Eveno Les jours se suivent et se ressemblent pour Google. Jeudi 16 avril, les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi Macron « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ». Déposé initialement par des élus centristes et UMP, le texte de l’amendement défendu notamment par Catherine Morin-Desailly, sénatrice UDI de Seine-Maritime, a rencontré un soutien bien plus large au sein du palais du Luxembourg puisque communistes et socialistes l’ont appuyé.Le gouvernement, par la voix d’Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, avait demandé le retrait de cette disposition la jugeant contraire au droit européen de la concurrence et au droit constitutionnel. En vain donc. Une commission mixte paritaire, rassemblant des élus de l’Assemblée nationale et du Sénat, devra définitivement trancher le sort de cette disposition.Liens vers trois moteurs concurrentsSes auteurs ont voulu adresser un signal politique sur la nécessité d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.S’ils ne nomment pas Google explicitement dans le texte, c’est bien le géant américain qui est dans le collimateur des parlementaires. « Nous avons la conviction que Google favorise ses propres services et nous estimons qu’il faut réguler cette situation, sinon les autres entreprises ne peuvent se développer », a expliqué au Monde Catherine Morin-Desailly.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceAfin de limiter ces abus, l’amendement stipule notamment que « tout exploitant d’un moteur de recherche susceptible, compte tenu de son audience, d’avoir un effet structurant sur le fonctionnement de l’économie numérique » soit contraint d’afficher sur sa page d’accueil des liens vers au moins trois autres moteurs de recherche concurrents.Sur ce point précis de l’amendement, M. Macron a jugé qu’il s’agissait d’une mesure anticonstitutionnelle car consistant en une « attaque disproportionnée au droit d’entreprendre », estimant que cela reviendrait à demander à « Renault d’afficher sur son pare-brise qu’on peut acheter une Peugeot ou une Fiat ».Il n’a pas été entendu puisque la version initiale a même été durcie lors des débats. Un sous-amendement socialiste a été adopté qui exige que parmi les 3 moteurs concurrents figure un moteur qui ait son siège social en France. Une disposition qui risque bien d’être contraire au droit européen de la concurrence.Feu nourri de critiquesLes sénateurs veulent aussi que les moteurs de recherche veillent à ne pas favoriser leurs propres services et produits dans leurs résultats de recherche. L’amendement pose que c’est à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (l’Arcep, le gendarme français des télécoms), que reviendra « la mission de contrôler le respect des obligations mises à la charge des exploitants de moteurs de recherche ».L’autorité de régulation pourra – en cas de manquements – infliger une amende pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial du groupe mis en cause. Soit dans le cas de Google, une somme de l’ordre de 6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros).Google est actuellement soumis à un feu nourri de critiques. Au point que la Commission européenne a, mercredi 15 avril, accusé formellement le groupe américain d’abus de position dominante dans la recherche en ligne, en pointant particulièrement le fonctionnement du comparateur de prix pour les produits Google Shopping.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteUne mise en cause que Google – qui a dix semaines pour répondre à la Commission – conteste déjà fermement. Estimant que jamais l’innovation ou la concurrence n’a été aussi forte qu’actuellement sur son marché.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesAnne EvenoJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard La course à la présidence de France Télévisions a créé ses premières déceptions, jeudi 16 avril. Des personnalités de poids comme Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde (FMM), et Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et Lagardère Active, ont admis ne pas avoir été retenus dans la liste de candidats que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit auditionner dès la semaine prochaine. Au terme de ces auditions, et avant le 22 mai, le CSA doit désigner le nouveau président de l’entreprise publique.L’éviction de Marie-Christine Saragosse a surpris. Sa personnalité et son bilan à la tête de FMM la rangeaient au rang des favoris. Mais le fait qu’elle soit actuellement en poste dans une entreprise de médias publique, et en cours de mandat, a pu devenir un handicap, au lendemain de la crise survenue à Radio France. Par souci de stabilité, les huit conseillers auraient jugé préférable qu’elle aille au terme de son mandat commencé en 2012 après la crise survenue sous le mandat d’Alain de Pouzilhac, selon une source proche du dossier. Cette préoccupation aurait également barré Emmanuel Hoog, PDG de l’Agence France-Presse (AFP), qui ne figurerait pas dans la liste restreinte. Tous deux sont passés par des cabinets ministériels de gauche, note aussi un connaisseur du secteur.La décision du CSA est difficile à digérer pour Didier Quillot, qui pensait que sa longue expérience managériale le protégerait d’une élimination à ce stade. « J’ai reçu jeudi un courrier me signifiant que je n’étais pas retenu, mais je n’ai eu aucune explication, déplore-t-il. Je trouve cette décision complètement incompréhensible. J’ai mis en ligne mon projet car je veux qu’il soit connu et j’espère que les autres candidats feront de même. » Parmi les 33 postulants enregistrés par le CSA, d’autres, comme Serge Cimino, du Syndicat national des journalistes (SNJ), et Alexandre Michelin (MSN), ont déclaré publiquement ne pas avoir été retenus.La composition de la liste restreinte ne fait l’objet d’aucune communication de la part du CSA dès lors qu’un ou plusieurs de ses membres sollicite la confidentialité. Il n’est donc pas possible de la connaître avec certitude. Toutefois, selon nos informations, au moins cinq candidats ont été contactés par l’autorité pour être auditionnés, et deux autres sont annoncés certains par d’autres médias.Âgé de 48 ans, Christophe Beaux s’appuie sur la transformation jugée réussie de la Monnaie de Paris, une institution industrielle et culturelle de 500 personnes qu’il préside depuis huit ans. Cet énarque a travaillé en banque d’affaires, chez JP Morgan, et connaît parfaitement la machine d’Etat pour avoir œuvré au Trésor - sous la responsabilité de Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée - et dans plusieurs cabinets ministériels - sous le second mandat de Jacques Chirac. Il est membre du conseil d’administration de France Télévisions depuis 2011.Arrivée à La Poste au poste de directrice générale adjointe en charge de la communication en avril 2014, Nathalie Collin, 50 ans, a auparavant dirigé des structures plus modestes, dans la presse (Libération, Le Nouvel Observateur) ou la musique (EMI France). Elle se présente comme une experte de la transition numérique - qu’elle chapeaute désormais à La Poste. Pour se renforcer sur les programmes et la stratégie, elle se serait appuyée sur Vincent Meslet, directeur éditorial d’Arte et ancien directeur des programmes de France 3, ainsi que sur Catherine Smadja, cadre du groupe audiovisuel public britannique BBC et ancienne conseillère audiovisuelle du ministère de la culture sous Catherine Trautmann.Delphine Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, a fait toute sa carrière chez l’opérateur, où les activités audiovisuelles sont concentrées sur la distribution (via les box d’accès à Internet). Ingénieure de formation, 48 ans, elle a l’expérience d’une grosse structure et du dialogue social. Son profil a suscité une inquiétude chez des syndicats de France Télévisions, après des échos de presse rappelant qu’elle était en poste chez France Télécom à l’époque de la mise en place du plan Next, dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Pascal Josèphe, ancien consultant, a surtout été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, dans les années 1980 et 1990. Il dit aborder la télévision publique par « la question de l’offre », qui doit davantage refléter, selon lui, la jeunesse et la diversité. Quand on lui parle de son âge (60 ans), il pointe celui, plus élevé, des actuels patrons de M6, TF1 ou Canal+.Robin Leproux incarne, dans cette liste, l’expérience du secteur privé, après notamment un long parcours chez M6. Âgé de 55 ans, l’homme qui a géré la crise des supporters en tant que président du PSG est aussi celui qui a conquis des parts de marché publicitaire avec la régie de M6. Il dispose aussi d’une expérience dans la stratégie et les contenus, sur la chaîne privée et à RTL. Sur ce média grand public, il a fait venir l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie ou mis en place certains rendez-vous comme « On refait le monde ».Polytechnicien, ingénieur des Ponts et chaussées, Cyrille du Peloux a fait partie de l’équipe de direction de TF1 lors de son acquisition par le groupe Bouygues. Passé à la Lyonnaise des Eaux, il a ensuite dirigé le bouquet satellite TPS et la chaîne Paris Première avant de rejoindre, en 2002, le groupe Veolia, où il est aujourd’hui, à 61 ans, directeur de la transformation et membre du comité de direction.Rémy Pflimlin, lui, ne doit pas voir d’un mauvais œil la liste retenue par le CSA, dont deux candidats sérieux issus, comme lui, de la sphère publique ont été écartés. À l’automne, l’actuel président ne se voyait crédité que de chances très faibles de voir son mandat renouvelé. Les derniers mois, et notamment les difficultés de Mathieu Gallet à Radio France, lui ont plutôt redonné des raisons de ne pas désespérer. À 61 ans, il défend son bilan et plaide pour la continuité managériale dans un audiovisuel public fragile. Reste une particularité de son profil : il a été nommé par le président de la République Nicolas Sarkozy. Alors que François Hollande a tenu à rendre au CSA le choix de ces patrons, l’autorité voudrait-elle confirmer à la tête de France Télévisions la personne choisie par l’ancien président ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.04.2015 à 15h34 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h33 Le tribunal de commerce de Marseille a validé, mercredi 15 avril, l'offre de reprise du quotidien de gauche La Marseillaise par les Editions des fédérés, seul candidat en lice, a-t-on appris de la CGT (majoritaire).L'offre de reprise du quotidien régional du Sud-Est, qui est en redressement judiciaire depuis la fin de novembre, prévoit la suppression de 91 postes sur les 208 que compte l'entreprise. Lorsqu'elle a présenté cette offre, en février, la société Les Editions des fédérés, présidée par Pierre Dharréville, secrétaire départemental du Parti communiste français (PCF) dans les Bouches-du-Rhône, affirmait ne pas vouloir « laisser s'éteindre un journal à la ligne éditoriale spécifique, engagé, populaire, rebelle ».Autour d'actionnaires issus du PCF – qui concourt au financement –, du monde mutualiste et soutenu par l'association Les Amis de La Marseillaise, les Editions des fédérés proposent un projet s'articulant selon trois axes. « Le premier, c'est le (support) papier, avec la volonté d'être plus agréable. Un journal, ça a une existence physique », argumente M. Dharréville. « Le deuxième, c'est le développement sur Internet », poursuit-il, exprimant sa volonté de « faire passer la sensibilité » du quotidien sur ce support. En troisième lieu, le repreneur souhaite développer « la présence du titre dans la société ». Le quotidien s'organisera autour de trois grands « pôles » couvrant les six départements de diffusion : une édition pour le Gard et l'Hérault ; une autre pour les Bouches-du-Rhône ; une troisième pour le Var, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence. Le plan de suppression de 91 emplois, concernant les journalistes, les services centraux et l'imprimerie externalisée, est « un déchirement », déplore M. Dharréville.Lire aussi (édition abonnés) : Deux offres de reprise pour « La Marseillaise » 15.04.2015 à 12h16 • Mis à jour le15.04.2015 à 14h46 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Elle était déjà considérée comme l’une des personnalités les plus fortes et intéressantes du collège de la Commission européenne. Avec sa décision, mercredi 15 avril, d’accuser Google de violation de la loi antitrust européenne avec son moteur de recherche, la commissaire Margrethe Vestager entre vraiment dans la cour des « grands » de Bruxelles.La Danoise de 47 ans, qui a pris son poste début novembre 2014, avait la lourde responsabilité de boucler – si possible – le plus vite possible l’enquête contre le groupe américain. Une enquête extrêmement sensible, politiquement et économiquement, mais qui n’en finissait plus, puisqu’elle a été lancée par la Commission européenne il y a près de cinq ans, en novembre 2010.Et surtout, on attendait de la commissaire qu’elle reparte sur des bases moins controversées, alors que la stratégie de son prédécesseur, l’Espagnol Joaquin Almunia, avait suscité beaucoup de critiques en Europe. De la part des plaignants, bien sûr, mais aussi des politiques, notamment français et allemands. M. Almunia s’était vu reprocher d’avoir cherché, en vain, à trois reprises, un compromis avec le groupe américain, sans jamais aller jusqu’à l’acte d’accusation.« Souci du consommateur »Margrethe Vestager, ex-leader du parti social libéral à Copenhague, qui aurait servi de modèle à la série danoise à succès Borgen, a donc choisi la manière forte contre Google. Sans pour autant « jeter à la poubelle » tout le travail d’enquête mené par la puissante Direction générale de la concurrence (la « DG Comp ») de la Commission, entre 2009 et 2O14.Mais, dès décembre 2014, un mois après son arrivée à Bruxelles, elle a pris soin de rencontrer les plaignants (ils sont environ une trentaine à avoir déposé plainte contre Google). « Elle a pris le temps, et elle l’a fait avant de voir Eric Schmidt [le président exécutif de Google], ce qui a été apprécié », souligne l’un des plaignants souhaitant conserver l’anonymat.Tous ceux qui, à Bruxelles, ont eu récemment à faire avec elle soulignent son pragmatisme, son écoute, « son souci constant du consommateur », souligne une source européenne, et sa maîtrise rapide des dossiers.Discrète dans les médias, elle a su néanmoins s’imposer au sein du collège des commissaires présidé par Jean-Claude Juncker. Avec cinq ou six autres personnalités (Frans Timmermans, Günther Oettinger, Andrus Ansip, Pierre Moscovici, Cecilia Malmström, Federica Mogherini), elle fait partie des poids lourds de l’exécutif européen.Enquêtes sur les accords fiscauxDifficile de faire sans elle, par exemple, pour définir la future stratégie concernant le « marché unique digital » promise par la Commission Juncker. Preuve de sa détermination à investir le secteur du numérique, elle a aussi décidé de lancer une enquête formelle sur des possibles violations de la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation mobile ultra-dominant de Google.Et Mme Vestager a validé récemment la création d’un « desk » e-commerce, une équipe dédiée au sein de la DG Comp, pour enquêter, pour l’instant de manière informelle, sur les barrières au commerce en ligne au sein de l’Union européenne. Notamment sur le fait qu’il est parfois difficile, voire impossible, d’acheter sur un site en ligne si l’on ne se trouve pas dans le même pays à ce moment-là (le « geoblocking »), selon une source européenne.Entre autres dossiers brûlants, Mme Vestager doit aussi boucler les enquêtes, ouvertes en 2014, sur de possibles aides d’État illégales concernant Starbucks aux Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg et Apple en Irlande. Une décision devrait tomber avant cet été.Lire aussi :Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesLà, il s’agit de savoir si les « rulings » (les accords fiscaux préalables) consentis à ces sociétés par ces États sont conformes ou non à la loi européenne en matière concurrentielle. Là aussi, la commissaire est attendue au tournant.Si elle décide d’accuser le Luxembourg, la polémique « Luxleaks » risque de repartir. D’autant plus que M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant plus de quinze ans…Lire aussi :LuxLeaks : M. Juncker de nouveau accuséCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Après cinq années d’enquête, la Commission européenne a décidé, mercredi 15 avril, de s’attaquer aux pratiques de Google dans le domaine des moteurs de recherche, qu’elle considère comme des abus de position dominante. Bruxelles a envoyé au groupe américain une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.Pour ses détracteurs, le groupe américain profite de sa positition dominante pour favoriser ses propres sites et produits au détriments de ceux de ses concurrents dans ses résultats de recherche.Les responsables de Google affirment, pour leur part, que l’entreprise exerce ses activités dans « un environnement très concurrentiel ». Ils rappellent que les internautes disposent d’un vaste choix (réseaux sociaux, les moteurs de recherche spécialisés, les applications mobiles, les sites de référence) pour accéder à l’information ou pour acheter des biens et des services. En un mot, rien ne les contraint à passer par Google.Petite revue de situation. Du point de vue des parts de marché, notamment.Un poids lourd en EuropeAu premier trimestre de cette année, la part de marché de Google sur le segment de la recherche sur le Web s’est établie à 92,26 %.Le groupe de Mountain View devance Bing, le moteur de recherche de Microsoft, et Yahoo!, dont les parts respectives sont de respectivement 2,82 % et 2,26 %.Mais des situations européennes contrastéesDans certains pays d’Europe, hors de l’Union européenne, des acteurs locaux réussissent à tirer leur épingle du jeu.En Russie, Yandex détient une part de marché de près de 40 %, quand Google s’est arrogé près de 50 %En République tchèque, Seznam parvient à conserver une part de 21,5 %, contre 74 % à Google.Une position moins hégémonique aux Etats-UnisGoogle est un peu plus contesté à domicile. Google a achevé l’année 2014 avec la plus faible part de marché depuis 2008.Avec 75,2 %, le groupe reste toutefois très loin devant ses rivaux, Bing et Yahoo!Ce dernier, notamment, a amorcé une vraie progression, profitant d’être désormais le moteur de recherche par défaut du navigateur Mozilla Firefox.Aux Etats-Unis, on observe une tendance à contourner les moteurs de recherche. par exemple, 30 % des adultes découvrent les informations et l’actualité qui les intéressent d’abord sur… Facebook. Sans parler de Twitter, qui avec neuf ans d’existence à peine, est devenu un acteur majeur de la quête d’informations.Une concurrence de plus en plus forte des applicationsLes recherches d’achats sur Internet se font, outre-Atlantique, deux fois plus via Amazon que sur Google.Les mobinautes privilégient aussi bien plus les applications que leur navigateur voire les moteurs de recherche pour acheter des biens ou des services. Le succès de sociétés comme Uber ou Blablacar en témoignent.De nouveaux acteurs se lancent malgré toutLa forte présence de Google sur la recherche n’a pas empêché la naissance et la croissance de nouveaux acteurs : par exemple l’américain DuckDuckGo ou le franco-allemand Qwant.Lire aussi :L’européen Qwant s’offre un lifting pour exister face à GoogleA des années-lumière de Google, ils espèrent néanmoins se faire une place au soleil, avec ou sans l’aide de la Commission européenne.Anne EvenoJournaliste au Monde 15.04.2015 à 07h54 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h26 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pour Google, c’est un coup dur. Après près de cinq ans d’enquête sur un éventuel abus de position dominante, la Commission européenne a finalement décidé, mercredi 15 avril, d’envoyer au groupe Internet américain ce que l’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme. Est tout particulièrement visé le service « Google shopping » et le fait que Google privilégie systématiquement ce service par rapport aux autres services/comparateurs de prix en ligne« Je crains que l'entreprise n'ait injustement avantagé son propre service de comparaison de prix, en violation des règles de l'Union européenne en matière d'ententes et d'abus de position dominante », a déclaré, mercredi à mi-journée, la commissaire européenne en charge de la concurrence, la Danoise Margrete Vestager.La Commission craint que les utilisateurs de Google « ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes ».La direction de Google a déclaré qu’elle a « hâte de discuter avec la Commission européenne ».Si cette décision ne préjuge pas d’une sanction ultérieure contre Google, c’est la première fois dans son histoire que le groupe américain est reconnu coupable d’avoir enfreint la loi antitrust. De quoi écorner un peu l’image de ce géant, fondé en 1998, dont la domination, sur la recherche en ligne, le mobile, le traitement des données personnelles de manière générale inquiète de plus en plus, surtout en Europe.Aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission (FTC), responsable des questions de concurrence et de protection du consommateur, avait finalement blanchi Google d’abus de position dominante, en 2013.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GooglePar ailleurs, Bruxelles a aussi annoncé, mercredi, avoir décidé de lancer une enquête formelle sur d’éventuelles infractions à la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation du groupe américain. Une enquête informelle était en cours depuis des dépôts de plainte, en 2013.Deux mois pour se défendreLa trentaine de plaignants (dont Microsoft) qui accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur et réclamaient depuis longtemps la « manière forte » contre Google se réjouit, logiquement, de cette décision.« Cette notification des griefs représente un pas significatif pour faire stopper les pratiques anticoncurrentielles de Google, qui ont nui à l’innovation et au choix des consommateurs », avaient d’ailleurs réagi, par avance, mardi 14 avril, une des associations de plaignants, FairSearch Europe, dans l’attente de la confirmation de la décision de Bruxelles.A dater de l’envoi de cette notification, Google dispose de deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer sa défense. Puis pourrait suivre une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rendra sa décision qu’à l’issue de ces étapes, c’est-à-dire au plus tôt fin 2015.Un accord négocié n’est pas à exclureLe géant de l’Internet risque une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). Mais ce ne serait pas le pire pour un groupe aussi riche (66 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014, soit 62 milliards d’euros, pour 14 milliards de dollars de profits).La Commission pourrait surtout lui imposer des actions « correctives » de nature à transformer son modèle économique. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Bruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme l’ont demandé les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceDavid Wood, l’avocat d’Icomp, un syndicat de sociétés Web regroupant des plaignants contre Google (dont la britannique Foundem et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime-t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Rupture dans l’approche européenneLa décision prise par Mme Vestager et les services de la puissante « direction générale à la concurrence » de la Commission européenne marque une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google.Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, à la suite de trois plaintes initiales de petites sociétés (l’allemande Ciao, la britannique Foundem et la française Ejustice.fr), Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants, de quelques politiques (notamment le ministre de l’économie allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés en première ligne mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente Commission Manuel Barroso (dont l’allemand Gunther Oettinger, actuel commissaire chargé du numérique, très remonté alors contre Google).Tous estimaient que les améliorations proposées par le géant de l’Internet à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi :Opération séduction de Google FranceLa décision de Bruxelles concernant Google est sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes. Cela va donner de l’eau au moulin de ceux qui disent que l’Europe « en veut » à Google et plus généralement au high-tech américain.L’acte d’accusation de la Commission s’ajoute en effet à une série, ces dernières années, de réactions des Européens contre de nouveaux « modèles économiques » : interdiction d’Uber dans certains pays, instauration de taxes « anti-Google » en Allemagne et en Espagne, enquêtes européennes sur des aides d’Etat illégales qui auraient bénéficié à Apple (en Irlande) ou à Facebook (au Luxembourg)…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.04.2015 à 22h06 • Mis à jour le14.04.2015 à 22h24 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les conclusions de la Commission européenne concernant l’enquête qu’elle mène sur Google depuis maintenant près de cinq ans seraient imminentes. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, chargée du dossier, pourrait faire des annonces dès mercredi 15 avril, selon une source européenne contactée par Le Monde.Mercredi, la Commission pourrait envoyer au groupe internet américain ce qu’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication des griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.En cause, de forts soupçons d’abus de position dominante concernant le moteur de recherche de Google. Les plaignants, des éditeurs de services en ligne allemands, français, anglais…, accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur.Abandon de la recherche d’une conciliationCette décision, si elle se confirme, marquerait une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google. Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager (qui lui a succédé en novembre 2014), n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants (le service allemand Ciao, le britannique Foundem, les sociétés comme Le Guide.com regroupées sous la bannière Open Internet Project, etc.), de quelques politiques (notamment le ministre allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés au créneau mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente commission Barroso (dont M. Oettinger, alors chargé de l’énergie).Tous estimaient que les « améliorations » proposées par Google à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi : Un nouveau front s’ouvre contre Google en FrancePour Google, une notification des griefs serait aussi un vrai coup dur. Ce serait la première fois qu’une autorité de l’importance de la Commission européenne reconnaît officiellement que le géant américain a enfreint la loi antitrust.A dater de l’envoi de cette notification, qui n’est pas rendue publique in extenso, les entreprises visées ont deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer leur défense. Puis suit en général une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rend sa décision finale que quelques mois plus tard.Que risque le géant de l’Internet ? Une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). La Commission pourrait aussi imposer des actions « correctives » à Google. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Décision sans précédentBruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme demandé par les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Quoi qu’il en soit, si la Commission décide de finalement sanctionner Google, ce sera une décision sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.David Wood, l’avocat d’ICOMP, un syndicat de sociétés web regroupant des plaignants contre Google (dont Foundem, historiquement un des premiers, et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est un véritable tournant dans le mouvement de grève qui perturbe les antennes de Radio France depuis le 19 mars. Mardi 14 avril, quatre syndicats sur cinq – CFDT, SNFORT, SUD, UNSA – ont appelé à la reprise du travail, en s'appuyant sur la consultation de leurs militants.Pour ces syndicats, l'objectif est désormais la négociation du contrat d'objectif et de moyens (COM) de Radio France pour les cinq prochaines années, qui doit se faire sous l'égide du médiateur, Dominique-Jean Chertier.Seule la CGT a maintenu l'appel à la grève, pour vingt-quatre heures de plus, suivant le vote de l'assemblée générale parisienne. Dans son communiqué, diffusé dans la soirée, le syndicat explique son choix : « Les salariés réunis en AG ont voté à une large majorité la poursuite de la grève. Parce que des revendications essentielles restent insatisfaites malgré l'intervention du médiateur. »La CGT espère notamment encore obtenir quelques avancées supplémentaires sur le maintien de l'emploi ou le refus de la syndication de contenus au sein du réseau France Bleu.Lire aussi : A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseToutefois, isolée, la CGT ne semble pas en mesure de maintenir le blocage des antennes. Mercredi matin, France Info, à partir de 4 heures, et France Inter, à partir de 5 heures, diffusaient leurs matinales habituelles.L'assemblée générale s'était achevée dans la division et une ambiance houleuse. Certains journalistes, comme Fabienne Sintes de France Info, ont exprimé sur Twitter leur déception sur la façon dont s'est achevé le mouvement de grève le plus long de l'histoire de Radio France.Donc. #greveRF reconduite sur UN SYNDICAT mais pour dire quoi ? Parler à qui ? Désordre total. CGT démunie. #AG furax. Fin de mvt terrible.— Fabienne Sintes (@FabSintes)require(["twitter/widgets"]);Une nouvelle phase dans la mission du médiateurLundi soir, alors que le conflit semblait dans l'impasse, une visite surprise à Radio France de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a semblé faire évoluer la position de certains syndicats. Même si elle a fermé la porte à toute évolution du texte du médiateur, « Fleur Pellerin a tenu à souligner qu'elle se portait garante du dialogue social et du retour à la confiance », a souligné le ministère à propos de cette réunion à laquelle participait le PDG de Radio France, Mathieu Gallet.Lire : Radio France : Fleur Pellerin défend le texte du médiateurMardi soir, quelques heures après l'assemblée générale et la division du front syndical, la ministre a salué la décision des quatre syndicats appelant à la fin de la grève, qui ont ainsi, selon elle, « fait le choix clair de la responsabilité et de l'avenir de Radio France ». Elle a également « souhaité que la CGT puisse rejoindre cette tendance majoritaire ».Dans ce communiqué, elle estime que la première partie de la mission du médiateur est « terminée » et indique « qu'il se rendra disponible pour la deuxième partie de sa mission », à savoir accompagner la négociation du COM pour la période 2015-2019. « Cette phase permettra de poser un diagnostic partagé sur la situation de l'entreprise et de répondre aux interrogations et aux inquiétudes qui sont apparues au cours de son conflit » précise-t-elle en appelant, pour conclure, à « rassembler tous les salariés de Radio France » et « à se tourner vers l'avenir ». Voir la chronologie interactive : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Pas facile d’exister face au tout puissant Google en Europe. Les dirigeants et fondateurs de Qwant peinent à faire de leur bébé l’alternative européenne au géant de Mountain View (Californie), dont ils rêvent depuis sa naissance, en 2011. Avec la présentation, mardi 14 avril, de la nouvelle version de ce moteur de recherche, apparu sur la toile en février 2013, Jean-Manuel Rozan et Eric Léandri, respectivement président et directeur général de Qwant, espèrent franchir une étape décisive.Et cette fois, les planètes semblent plutôt bien alignées. Jamais la toute puissance de Google dans la recherche sur Internet n’a été autant questionnée. Au point que Bruxelles serait proche de communiquer au groupe américain une liste de griefs dans laquelle seraient formalisés les reproches de la Commission européenne quant aux pratiques du moteur de recherche. L’envoi des griefs signifierait que l’enquête pour abus de position dominante ouverte en 2010 entrerait dans une phase contentieuse.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreSur le marché des requêtes sur le Web, Google détient aujourd’hui, selon Statcounter, une part de marché en Europe de 92,3 %. Avec respectivement 2,6 % et 2,2 %, les américains Bing et Yahoo! occupent la deuxième et troisième place du podium. Le russe Yandex est le premier européen, avec une part de marché de 1,3 %. Les autres moteurs de recherche, dont Qwant, doivent donc se partager des miettes, 1,6 %.Mais pas question pour autant pour le « petit » d’attaquer Google sur le front du droit. « Nous souhaitons juste démontrer aux autorités européennes que nous avons un produit qui fonctionne, qui est pertinent et les inciter à nous utiliser », souligne M. Léandri.David contre GoliathDans les faits, l’opposition Qwant-Google a tout de celle de David contre Goliath. Le moteur européen indique avoir traité 1,6 milliard de requêtes en 2014. C’est peu ou prou le nombre de requêtes adressées à Google chaque… jour. Mais, affirme, M. Léandri « nous avons la conviction que Qwant a sa place ».Cette foi se fonde sur des chiffres – chaque mois, Qwant enregistre 20 % de requêtes en plus – et sur une certitude, celle de proposer un modèle distinct. Cette différence est d’abord visuelle. Sur sa page d’accueil, Qwant présente ses résultats en colonnes : mettant d’un côté les sites Web, de l’autre les actualités, les sites d’e-commerce et les réseaux sociaux. Cette dernière option n’est pas proposée pas les moteurs de recherche classiques. « Nous sommes attachés à l’idée de garder une vision ouverte du Web. Nous proposons un choix alors qu’ailleurs l’Internet a tendance à se fermer », argumente M. Léandri.La deuxième différence entre Google et Qwant tient au modèle économique. L’américain a assis une partie de son succès sur la vente de mots-clés, qui permettent aux sites marchands d’apparaître en tête de la recherche. Le français se rémunère uniquement en percevant une commission à chaque fois qu’un utilisateur ouvre un site d’e-commerce à partir de sa colonne shopping.« Forte viralité »En 2013, Qwant, qui emploie aujourd’hui 50 personnes, a enregistré un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros, à comparer aux 60 milliards de dollars affichés par Google cette même année.Mais « notre stratégie n’est pas axée sur le chiffre d’affaires », justifie M. Rozan. « Nous voulons d’abord construire l’audience et cela passe par un moteur qui soit pertinent, un bon produit à forte viralité ». Et d’espérer qu’avec la version plus simple et moins déboussolante pour l’internaute, présentée mardi 14 avril, ils approcheront de cet idéal.Qwant – qui est disponible en 15 langues – a commencé à séduire hors des frontières hexagonales. En juin 2014, l’Allemand Axel Springer a pris 20 % du capital, portant à 10 millions d’euros les fonds levés par la start-up depuis sa création.« Le groupe Axel Springer cherchait des solutions dans le domaine du “search” et voulait un partenaire qui savait indexer, classer, etc. Et comme, en plus, les Allemands sont attachés à l’idée de l’existence d’un moteur européen, Qwant les a intéressés », explique M. Léandri.Nouveaux moyens financiersDerrière l’émergence ou non de rivaux aux moteurs américains affleurent des questions de souveraineté. Qwant a élaboré son propre algorithme, envoie des robots fouiller l’Internet mondial (500 000 sites à l’heure) et constitue ainsi sa propre bibliothèque de l’Internet avec des serveurs situés en région parisienne précisément.Avec l’arrivée d’Axel Springer, Qwant a obtenu de nouveaux moyens financiers pour son développement. Ce partenariat va lui permettre de devenir également le moteur natif des publications du groupe allemand, ce qui devrait mécaniquement lui assurer un surcroît de visites. Dès 2015, le moteur de recherche espère atteindre les 15 milliards de requêtes. « Le soutien d’Axel Springer devrait aussi nous être utile lors de notre prochain tour de table, sans doute cet été », indique M. Léandri.La dernière différence entre Google et Qwant n’est sans doute pas la moindre puisqu’elle touche à la préservation de la vie privée. Les dirigeants de la start-up affirment que les résultats affichés en réponse une requête ne sont pas sélectionnés en fonction des données personnelles collectées lors d’une précédente navigation, au contraire de ce qui peut s’observer ailleurs.« Pour gagner de l’argent, nous n’avons pas besoin de vous traquer », telle serait la promesse de Qwant. Un engagement qui pourrait faire mouche après l’affaire Snowden.Anne EvenoJournaliste au Monde Alexis Delcambre Incarnation d’une presse de droite dure, l’hebdomadaire Valeurs actuelles a confirmé, mercredi 22 avril, faire l’objet de négociations exclusives entre son propriétaire, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, et la société Privinvest Médias, confirmant une information des Échos. « La cession du groupe Valmonde (…) pourrait être effective d’ici fin juin après avoir été soumise à la consultation du personnel selon les dispositifs légaux », selon le communiqué de Valeurs actuelles.Derrière Privinvest se trouvent trois hommes à l’affût des opportunités dans la presse : l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa, présent notamment dans les chantiers navals, et les anciens cadres de TF1 Charles Villeneuve et Etienne Mougeotte (ancien directeur de la rédaction du Figaro et actuellement patron de Radio Classique). Ils avaient notamment tenté de racheter le groupe Nice-Matin à l’automne dernier et manifesté, fin 2014, un vif intérêt pour L’Express, avant son rachat par Patrick Drahi.De son côté, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre cherchait depuis plusieurs mois à céder son activité presse, rassemblée dans le groupe Valmonde (Valeurs actuelles, mais aussi Jours de Chasse et Jours de Cheval). Propriété du groupe Dassault jusqu’en 2006, Valmonde a ensuite été cédé au groupe Pierre Fabre, où il s’est progressivement redressé.Une surpriseL’arrivée du trio Mougeotte - Safa - Villeneuve dans ce dossier est une surprise. Selon nos informations, les premiers contacts dateraient de trois semaines à peine, à l’initiative de Jean-Claude Dassier, lui aussi ancien cadre de TF1, et administrateur de Valeurs actuelles. Autre passerelle : Etienne Mougeotte connaît bien Yves de Kerdrel, le directeur du titre, pour l’avoir côtoyé au Figaro. M. De Kerdrel devrait d’ailleurs rester en place une fois la vente actée.Cette acquisition a-t-elle un sens politique ? Les enregistrements de Patrick Buisson dévoilés dans la presse ont révélé la grande proximité entre Nicolas Sarkozy et Etienne Mougeotte, quand celui-ci dirigeait Le Figaro. A un an de la primaire à droite, le lectorat de Valeurs actuelles, qui gravite entre la droite traditionnelle et le Front national, est un enjeu majeur.Lire : La France de « Valeurs actuelles »L’ombre de l’extrême droiteA l’automne, deux hommes d’affaires ayant des connexions avec l’extrême droite, Alain Lefebvre et Jean-François Michaud, avaient examiné le dossier. L’autre candidat connu au rachat de Valeurs actuelles a été le patron du groupe Fiducial, Christian Letouche, qui a parfois côtoyé l’extrême droite.Valeurs actuelles est d’autant plus en enjeu que le magazine est en pleine forme. Depuis l’arrivée d’Yves de Kerdrel, en 2013, ses couvertures choc ont contribué à développer les ventes. L’hebdomadaire a récemment été distingué par l’OJD pour avoir connu la plus forte progression de diffusion en 2014 (+ 16,5 % avec 110 096 exemplaires de diffusion France payés) et le groupe Valmonde a été bénéficiaire en 2014.Mais cette politique à un prix : le titre a été condamné en mars pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation pour un dossier intitulé « Roms l’overdose ». En février, il a également été condamné pour provocation à la discrimination envers les musulmans, pour une couverture présentant une Marianne voilée. Valeurs actuelles a fait appel de ces deux condamnations.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après Google le mercredi 15 avril, il y a une semaine, Bruxelles s’en prend maintenant à un autre géant, russe, cette fois : Gazprom. La commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a confirmé, mercredi 22 avril, à midi, que ses services allaient envoyer, dans la journée, une notification des griefs, c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme, pour violation de la loi antitrust, au groupe gazier.Les charges retenues contre Gazprom sont lourdes : la Commission estime que l’entreprise entrave la concurrence sur le marché européen du gaz dans huit Etats membres (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie).Gazprom y impose en particulier « des restrictions territoriales dans ses accords de fourniture avec les grossistes et avec certains clients industriels […]. Ces restrictions consistent en des interdictions d’exportation et des clauses prévoyant l’utilisation du gaz acheté sur un territoire spécifique (clauses relatives à la destination) », précise le communiqué de Bruxelles.Dans cinq pays en particulier (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), ces restrictions territoriales, poursuit la Commission, « peuvent provoquer une hausse des prix du gaz et permettre à Gazprom de mener une politique de prix déloyale dans cinq Etats membres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), facturant aux grossistes des prix beaucoup plus élevés que ses propres coûts ou les prix de référence. »Des « obstacles artificiels » à l’acheminement du gazEnfin, dans deux pays, Pologne et Bulgarie, Gazprom pourrait tirer profit de sa position dominante en subordonnant ses livraisons de gaz à l’obtention d’engagements distincts de la part des grossistes concernant les infrastructures de transport gazier. « Par exemple, les livraisons de gaz ont été subordonnées à des investissements dans un projet de gazoduc promu par Gazprom ou à l’obligation d’accepter que Gazprom renforce son contrôle sur un gazoduc », explique encore Bruxelles.« Le gaz est un bien essentiel pour notre vie quotidienne : il chauffe nos maisons et nous l’utilisons pour la cuisine et pour produire de l’électricité. Le maintien d’une concurrence équitable sur les marchés européens du gaz est par conséquent de la plus haute importance », a souligné Margrethe Vestager, mercredi. « Toutes les entreprises opérant sur le marché européen – qu’elles soient européennes ou non– doivent respecter les règles de l’UE. Selon nous, [Gazprom] pourrait avoir érigé des obstacles artificiels empêchant l’acheminement du gaz de certains pays d’Europe centrale et orientale vers d’autres, entravant ainsi la concurrence transfrontière. Le cloisonnement des marchés nationaux du gaz a aussi permis à Gazprom de facturer des prix que nous jugeons, à ce stade, inéquitables. Si nos préoccupations venaient à se confirmer, Gazprom devrait assumer les conséquences juridiques de son comportement », a ajouté la commissaire.Lire aussi :Gaz : les négociations entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne reprennentLe géant russe a réagi, dans un communiqué, en jugeant les accusations de la Commission européennes « infondées ». « Gazprom adhère strictement à toutes les normes des lois internationales et des législations nationales des pays où il fait des affaires. Les pratiques de Gazprom sur le marché européen, y compris les principes de fixation des prix, sont en conformité totale avec les standards observés par les autres producteurs et exportateurs de gaz naturel », poursuit le groupe. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui dénoncé des pratiques « inadmissibles » de l’UE.Conséquences diplomatiquesCet acte d’accusation est totalement dénué d’arrière-pensées politiques, précise t-on à Bruxelles – la notification des griefs doit être fondée sur des preuves suffisamment étayées d’un point de vue juridique pour « tenir » si elle est contestée devant la Cour de justice de l’Union à Luxembourg.Il risque néanmoins de provoquer des conséquences diplomatiques. « Toute charge de ce type contre Gazprom risque d’être perçue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », avait prévenu, lundi 20 avril, une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait semblant de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).Une chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles renoue avec une ligne dure en matière de concurrenceLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.Mesures correctivesA l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été.« Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Bruxelles s’est trouvé une nouvelle héroïnePour Gazprom et Bruxelles, la bataille ne fait que commencer. Le groupe russe va maintenant pouvoir avoir accès aux « charges » réunies contre lui par la Commission, et peaufiner en conséquence sa défense. Il a douze semaines pour se faire, à compter de l’envoi de la notification de griefs. À tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. C’est ce que souhaiteraient les dirigeants de Gazprom et Moscou, suggère une source proche des autorités russes. « Pour les premières et troisièmes séries d’accusation [les restrictions territoriales et les liens entre contrat de fourniture et investissements dans les infrastructures], un accord peut très facilement être trouvé », juge t-elle.En revanche, ajoute cette source, Gazprom va porter le fer sur la question des prix jugés déloyaux par les services de la Commission, et pourrait contester les « benchmarks » (références) utilisés pour juger s’ils sont trop élevés ou pas.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Marine Le Pen a beau avoir été désignée par Time parmi les cent personnes les plus influentes au monde, c’est en français que la présidente du Front national a tenté de faire passer ses messages, mardi 21 avril, lors de la cérémonie organisée par le magazine américain. « Ah non, je ne parle pas anglais, moi. Je suis française ! », lâche-t-elle, juste avant que ne débute le gala au Jazz Lincoln Center, à New York.Lire aussi : Thomas Piketty et Marine Le Pen parmi les 100 personnalités influentes du « Time »« Je fais partie de la majorité des Français, qui parlent peu l’anglais. En cela je suis très gaullienne : I speak very badly », plaisante-t-elle avec un accent à couper au couteau. C’est donc Ludovic de Danne, le conseiller aux affaires européennes du parti, qui a joué les interprètes, le professionnel sollicité préalablement ayant fait faux bond au dernier moment.« C’est une nomination plus politique que celle de 2011 »Mme Le Pen est apparue tout sourire, défilant sur le tapis rouge au milieu d’une brochette de people, parmi lesquels le rappeur Kanye West et sa compagne, Kim Kardashian, ou Julianne Moore, oscar de la meilleure actrice 2015. « C’est la première fois que je vais à ce genre de soirée », avoue la présidente du FN. Dans une robe bustier bleu nuit – on ne se refait pas –, son compagnon, Louis Aliot, en smoking à ses côtés, Mme Le Pen était visiblement ravie de se retrouver au milieu de cette élite mondialisée.« Permettez-moi de faire preuve de curiosité, se justifie-t-elle. Je pense que nous allons arriver au pouvoir et que par conséquent, il faut obligatoirement croiser, rencontrer, discuter avec des gens puissants dans leur pays respectif. » « La France des oubliés n’est pas oubliée », a-t-elle osé avant de rejoindre sa table pour dîner, alors que la nuit tombait sur Central Park.Même si Mme Le Pen était déjà dans la liste de Time en 2011, sa venue au gala est une première. « C’est une nomination plus politique que celle de 2011. A l’époque, il s’agissait d’une promesse. Aujourd’hui, c’est plus la conséquence d’une analyse de l’importance politique que prend le FN », fait-elle valoir. Le magazine ne dit pas autre chose, écrivant pour justifier son choix : « Il y a moins d’un an, Marine Le Pen annonçait à Time que son parti serait au pouvoir dans une décennie. Sa prédiction ne paraît plus absurde. »Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Alors que la grève à Radio France a fragilisé la position de son PDG, Mathieu Gallet, et que les sociétés des journalistes de France 2 et France 3 contestent le mode de nomination du prochain dirigeant du groupe France Télévisions, le rôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) paraît plus décrié que jamais.Comment sont désignés les patrons de l'audiovisuel public en Europe ? Tour d'horizon des pratiques au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne et en Espagne.En France, du changement depuis 2013Depuis 2013, c'est le CSA qui nomme les dirigeants des services publics audiovisuels, à savoir le président de Radio France, celui de France Télévisions et de France Médias Monde (RFI, France 24). Il peut aussi mettre fin aux mandats en cours, sur « décision motivée ».Les sept membres (en raison du changement de législation, ils sont toutefois huit jusqu'en 2017) du CSA sont choisis par les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale (chacun désignant trois membres) ainsi que par le chef de l'Etat (qui n'en désigne qu'un seul). Les trois cinquièmes des membres des commissions des affaires culturelles du Parlement doivent par ailleurs rendre un avis conforme.Mathieu Gallet a ainsi été désigné PDG de Radio France à l'unanimité en 2014. Son prédécesseur, Jean-Luc Hees, l'avait été directement par l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, selon une loi datant de 2009.Présidence :- Radio France : Mathieu Gallet, entouré par un conseil d'administration (CA) de douze personnes- France Télévisions : Rémy Pflimlin (nommé par Nicolas Sarkozy en 2010), CA de 14 personnes- France Médias Monde : Marie-Christine Saragosse (nommée par François Hollande en 2012), CA de 14 personnesDurée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 3,8 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 136 euros par an (90 % du financement)Au Royaume-Uni, « un chef-d'œuvre de complexité »La British Broadcasting Corporation (BBC) a elle-même été réformée en 2007. La directrice de BBC Radio a été nommée par Tony Hall, le directeur général de la BBC, qui gère l'ensemble du groupe, télévision publique incluse. Outre-Manche, le dirigeant de la BBC est désigné par le Trust, un conseil de surveillance, nommé par la reine pour six ans, qui joue le rôle d'intermédiaire entre la BBC et le public.Ses douze membres, dont quatre représentent l'Ecosse, l'Angleterre, le pays de Galles et l'Irlande du Nord, sont chargés de faire respecter les missions du service audiovisuel public et ont la possibilité de mettre fin aux fonctions du directeur général.En 2012, l'ex-PDG de la BBC, George Entwistle, avait dû démissionner 55 jours à peine après avoir pris le poste, emporté dans la tourmente du scandale Savile – du nom d'un animateur dont les actes pédophiles ont été révélés après sa mort. Une affaire qui avait d'ailleurs souligné « le chef-d'œuvre de complexité » de l'organigramme de la BBC, comme l'expliquait Le Monde en 2012. Une organisation pourtant enviée par l'Italie.Présidence : Tony Hall (Directeur général de la BBC, nommé par BBC Trust), entouré de douze personnes au conseil exécutif, dont Helen Boaden (radio) et Danny Cohen (télévision), nommés par Tony Hall.Durée du mandat : illimitée (jusqu'à démission ou déchéance par le Trust)Budget annuel : 4,7 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 200 euros par an (53 % du financement)En Italie, une forte politisationEn Italie, le « lottizzazione », ce système où chaque parti politique avait sa chaîne, est officiellement terminé. Depuis 2004, un conseil d'administration de la Radiotelevisione italiana (RAI) préside aux destinées de l'audiovisuel public. Sept de ses membres sont nommés par les parlementaires et deux par le ministre de l'économie. C'est l'opposition qui propose le nom du président. Dans les faits, le service public italien reste très politisé.Un projet de loi adopté par le conseil des ministres en mars dernier prévoit de réduire le conseil d'administration à sept membres, dont deux seraient désignés par le gouvernement, deux par la Chambre des députés, deux par le Sénat et un par le personnel de la RAI. Le but du président du Conseil Matteo Renzi : « Chasser les partis politiques de la RAI et s'inspirer du modèle de gouvernance de la BBC ».La création d'un poste d'administrateur délégué aux pleins pouvoirs permettrait surtout à Renzi de ne pas donner les clefs de l'audiovisuel public à son opposition. Problème : celui-ci serait nommé par le gouvernement lui-même. Le mandat de l'actuelle présidente du conseil d'administration, débuté en 2012, arrive à échéance en mai prochain. Elle avait été nommée par le gouvernement de Mario Monti.Présidence : Anna Maria Tarentola (nommée par Mario Monti en 2012)Durée du mandat : 3 ans, renouvelableBudget annuel : 2,3 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers :  113 euros par an, 65 euros après la réforme (68 % du financement avant la réforme)En Allemagne, le poids des LänderLe président de la Deutschlandradio est élu par les 40 membres du Conseil radiophonique, incluant les Länder, le gouvernement et certaines organisations représentant la société (chambres des métiers, églises, professions libérales, organisations paysannes…). Les candidats sont proposés par le conseil d'administration, composé notamment d'un représentant de l'Etat et de trois des Länder.Côté télévision, il existe deux services publics en Allemagne, l'ARD (le France 3 allemand) et la ZDF (semblable à France 2). Le président de l'ARD est désigné par les représentants des dix médias publics régionaux qu'il fédère. Du côté de la ZDF, le président est désigné par un conseil d'administration de 14 membres dont six dépendent du gouvernement fédéral ou des Etats fédérés.Présidence : Lutz Marmor (ARD), Thomas Bellut (ZDF), Willi Steul (Deutschlandradio)Durée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 7,6 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 210 euros par an (85 % du financement)En Espagne, un service public avec peu de moyensSans publicité, sans redevance et avec très peu de moyens, la télévision publique espagnole est une exception en Europe. Depuis 2006, les douze membres du conseil d'administration de la Radio Television Española (RTVE) étaient élus par le Parlement, à la majorité des deux tiers. Une situation qui avait provoqué un blocage en 2012, le Parti socialiste et le Parti populaire n'arrivant pas à s'entendre sur le nom du dirigeant. Le Parti populaire a donc modifié la loi et une simple majorité suffit désormais. La règle des deux tiers subsiste pour mettre fin au mandat du conseil d'administration.Présidence : José Antonio Sánchez (élu par le Parti populaire)Durée du mandat : six ans, non renouvelableBudget annuel : 0,9 milliard d'eurosRedevance payée par les foyers :  0 euroLoïc SoleymieuxJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Mardi 14 avril, à Bruxelles. C’est l’heure du « midday », la messe médiatique quotidienne de la Commission européenne. Au fond de la salle de presse du Berlaymont, le vaisseau amiral de l’institution, une journaliste pose une question sur l’emploi du temps de Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie : « Pourquoi le vendredi et le lundi n’est-il jamais sur Bruxelles ? Ses voyages à Paris sont-ils pris en charge par le budget européen ? » Un confrère glisse, interrogateur : « C’est une journaliste de Politico ? » Il y en a bien une dans la salle, mais ce n’est pas elle…L’anecdote est révélatrice. Mardi 21 avril, Politico, un des plus grands succès médiatiques de ces dernières années aux Etats-Unis, lance son extension européenne, avec pour but de « secouer » la couverture journalistique de l’Union. Et l’événement plonge la « bulle bruxelloise » dans un mélange d’excitation, d’inquiétude et d’exaspération.Politico a été fondé en 2007 par John Harris et Jim VandeHei, journalistes au Washington Post, lassés du traitement par leur journal de l’actualité politique américaine qu’ils jugeaient « plan-plan ». En quelques années, ce pure player a su imposer sa marque grâce à un traitement plus « fun », plus incisif et beaucoup plus réactif de l’information. Sa lettre matinale en ligne (le Politico Playbook), gratuite, est devenue la bible des décideurs américains. Ses lettres spécialisées payantes ont permis au groupe – il compte désormais 150 journalistes – de générer de l’argent.Lire aussi : « Politico » : dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeRecruté pour prendre la tête de Politico Europe, Matthew Kaminski, un transfuge du Wall Street Journal, veut dupliquer le succès américain : la lettre matinale gratuite, les lettres thématiques payantes, le tout exclusivement en anglais. Il veut « raconter des good stories », affirme t-il, sur les coulisses de Bruxelles, la deuxième ville des lobbys au monde, derrière Washington. « Bruxelles n’est pas une super-capitale où se concentrent les pouvoirs : ils restent dans les Etats membres. Mais c’est une vraie capitale en termes de régulation. Et il y a un besoin, chez les Américains, d’être tenus au courant de cette énorme production de normes. »« Pas un média de masse »L’objectif ? Le même qu’aux Etats-Unis : « Nous ne sommes pas un média de masse. Ce qui compte, c’est d’atteindre les vingt décideurs-clés de Bruxelles », pointe M. Kaminski. Pour y parvenir, Politico a vu les choses en grand. La rédaction bruxelloise compte une petite quarantaine de journalistes. C’est de loin la plus grosse équipe sur place (Le Monde compte deux correspondants). Des équipes d’un ou deux journalistes sont aussi en cours de constitution à Paris, Berlin ou Londres.Lire aussi :Le site d’informations Politico promet d’avoir « la plus grosse rédaction de Bruxelles »Politico Europe ne part pas de zéro : elle est une filiale à 50-50 entre Politico et le géant allemand des médias Axel Springer (Bild, Die Welt, etc.). Elle a aussi racheté un journal spécialisé dans l’actualité européenne, EuropeanVoice, dont une grande partie des équipes ont été conservées. Budget de lancement ? Plusieurs millions d’euros, jusqu’à 10, assurent des concurrents. Le chiffre n’est pas confirmé par M. Kaminski.« Washington s’intéresse enfin à Bruxelles »Cela fait des années en tout cas que la capitale de l’Europe n’avait pas vu débarquer un tel déploiement d’ambition et d’énergie ! Le tout-Bruxelles devrait d’ailleurs se presser à la fête de lancement de Politico Europe, le 23 avril, à l’Autoworld, le musée de l’automobile, à deux pas du quartier européen. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, le président du Parlement européen, Martin Schulz, la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager (la charge pour abus de position dominante contre Google, c’est elle) ou le très influent Martin Selmayr, chef de cabinet du président de la Commission Jean-Claude Juncker. Donald Tusk, le président du Conseil européen, aurait dû lui aussi être de la partie, si un sommet extraordinaire sur les drames des migrants en Méditerranée n’avait pas été convoqué précisément ce jour-là…« On doit y aller, c’est important », lâchait, mi-avril, une source à la commission, flattée, comme beaucoup d’autres fonctionnaires européens, que « Washington s’intéresse enfin à Bruxelles ». Cela prouve que la capitale de l’Europe est encore importante, voire excitante ! Cela va peut-être changer des discours redondants sur la fin du rêve européen, l’impuissance des institutions à lutter contre le chômage ou les drames de l’immigration.« La communication de Politico est bourrée de testostérone. Mais leur arrivée me plaît, cela prouve que Bruxelles, c’est quand même “the place to be” », réagit Benoît Le Bret, du cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel à Bruxelles.« Politico va obliger les porte-parole européens à avoir un discours moins techno, à faire plus de politique »Autre conséquence positive de cette arrivée fracassante ? Politico pourrait contribuer à déstabiliser la communication très corsetée de la Commission. Depuis l’arrivée à la présidence de Jean-Claude Juncker (en novembre 2014), le corps des porte-parole a été réorganisé et, désormais, même le « off the record » est contrôlé.« Politico va obliger les porte-parole à avoir un discours moins techno, à faire plus de politique », espère Griselda Pastor, de la radio espagnole Cadena Ser, une des figures de la salle de presse. La publication a recruté une ex-journaliste du New York Post qu’elle a chargée d’un fil d’actualité « Gossip ». Doit-on s’attendre à des articles outrés à la Bild ? « Nous ferons du journalisme responsable, avec des informations précises, recoupées », assure M. Kaminski.L’inquiétude du « King »Tout le monde n’a pas lieu de se réjouir, cependant. A commencer par les probables concurrents directs de Politico : les publications spécialisées EurActiv, Europolitics ou Agence Europe, installées dans le paysage médiatique bruxellois depuis des décennies (1972 pour Europolitics, 1953 pour l’Agence Europe). Des titres disposant de rédactions modestes (moins de 15 journalistes à Bruxelles), sans les moyens ni les puissants actionnaires de Politico Europe.Les journaux anglo-saxons seraient aussi en première ligne, à commencer par le Financial Times, considéré comme le « King » de Bruxelles. Ce qui ne serait pas pour déplaire à une partie de la presse européenne, irritée que le quotidien des affaires britanniques soit à ce point devenu, ces dernières années, la référence des décideurs européens.D’autres fantasment sur l’arrivée d’un média partisan, un faux nez de l’administration Obama ou des néoconservateurs américains. La preuve, disent-ils, la fête à l’Autoworld est sponsorisée par… Google ! Politico débarquerait pour défendre le géant américain du Web contre une administration communautaire tatillonne, pour pousser les avantages américains dans les négociations sur le traité de libre-échange avec les Etats-Unis… « Non, nous n’avons ni agenda national ni agenda politique », tranche Matthew Kaminski.Le plan marketing de Politico, son ambition de « faire quelque chose de différent » énervent en tout cas une partie de la presse dans la capitale de l’Europe, où nombre de journalistes, confrontés à l’euroscepticisme grandissant des citoyens de l’Union, ont été poussés, ces dernières années, à faire plus de pédagogie et de politique.Intense concurrencePeter Spiegel, chef du bureau du Financial Times à Bruxelles (5 journalistes), souligne que « la réalité bruxelloise est bien plus complexe qu’à Washington ! Là-bas, les parlementaires décident où doivent être dépensés les millions de dollars des recettes publiques, donc c’est très utile de tout connaître d’eux. Ici, les eurodéputés et les fonctionnaires européens ne peuvent rien dépenser, et leurs faits et gestes intéressent bien moins ». Cet ex-collaborateur du Wall Street Journal à Washington confirme avoir été approché par Politico pour prendre la tête de Politico Europe, mais il a décliné.La concurrence à Bruxelles est déjà très intense : près de 1 000 journalistes sont accrédités auprès des institutions communautaires, dont 97 Britanniques, 118 Allemands, 81 Français, et même… 42 Chinois. Et chacun, vu la multiplicité des sources (ambassades, différentes unités de la Commission, Parlement, Conseil, lobbys), peut, un jour, avoir accès à une information privilégiée.Des good stories, on en trouve déjà dans les médias européens : il y avait un bon moyen de s’en rendre compte grâce à la revue de presse quotidienne diffusée par la Commission. Mais elle a été supprimée en 2014, au grand regret des journalistes.Evidemment, l’anglais, une des deux langues officielles de l’Union, avec le français, et qui prend de plus en plus le pas sur la langue de Molière, donnera un avantage indéniable à Politico Europe. Mais le challenge reste conséquent. « Il faut qu’on soit à la hauteur », glisse une des recrues du journal. Lui et ses collègues ont compris qu’il va falloir trouver vite leur place sur la photo. Ils s’y emploient déjà : Ryan Heath, en charge du Politico Brussels Playbook (et ex-porte-parole de la commissaire Neelie Kroes), fut un des premiers à poser des questions à Margrethe Vestager, mercredi 15 avril, quand elle a annoncé lancer les hostilités contre Google. Il a toutefois été devancé par le… Wall Street Journal.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.04.2015 à 22h58 Le comité Pulitzer a décerné, lundi 20 avril, à l'université Columbia, à New York, trois prix au quotidien New York Times, dans les catégories International, Journalisme d'investigation et Photo magazine. Ces prestigieuses récompenses américaines en matière de journalisme ont été remises dans vingt et une catégories.Les journalistes du quotidien new-yorkais ont été collectivement distingués dans la catégorie International pour leur couverture de l'épidémie mortelle d'Ebola en Afrique de l'Ouest. Un photographe pigiste du quotidien, Daniel Berehulak, l'a lui aussi remporté dans la catégorie Photo magazine sur le même sujet. Et le journaliste Eric Lipton a reçu le prix pour ses articles sur le rôle des lobbies.Le prix Breaking News (« dernière nouvelle ») de la photographie a récompensé l'ensemble des photographes du St Louis Dispatch pour leur couverture des événements de Ferguson (Missouri, Centre) après la mort d'un jeune Noir non armé, tué par la police en août.Le photographe de l'Agence France-Presse Bulent Kilice figurait parmi les trois finalistes du prix Photographie magazine pour ses photos de Kurdes fuyant les attaques de l'organisation djihadiste Etat islamique dans des petits villes kurdes à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Plusieurs sources convergentes assuraient, lundi 20 avril, que la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, devrait annoncer dès mercredi 22 avril l’envoi d’une notification des griefs au géant énergétique russe Gazprom.Une décision lourde de conséquences d’un point de vue diplomatique. « Toute charge de ce type contre Gazprom serait vue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », prévenait lundi 20 avril une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait mine de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).La Commission européenne n’a pas souhaité confirmer l’information, se contentant de souligner que Mme Vestager, actuellement en tournée aux Etats-Unis, serait de retour à Bruxelles mercredi.« Réveil » de la politique antitrust européenneUne chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social-libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens au total : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.A l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été. « Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Margrethe Vestager, la commissaire qui s’attaque à GoogleMesures correctivesQuelles charges Bruxelles pourrait-elle retenir contre Gazprom ? Le groupe russe est soupçonné de signer des accords trop contraignants avec ses clients européens, leur interdisant, par exemple, de revendre à des tiers les volumes surnuméraires qu’ils ont achetés auprès du conglomérat russe. On lui reproche aussi d’obliger ses clients à signer des contrats d’une trop longue durée. Ou encore, d’indexer le prix du gaz sur celui, très volatil, du pétrole : les plaignants plaident pour une indexation sur les prix du charbon.A compter de l’envoi de la notification de griefs, Gazprom aura environ deux mois pour peaufiner sa défense, puis les audiences contradictoires débuteront. A tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. La compagnie aurait d’ailleurs introduit une demande en ce sens, la semaine dernière. Elle aurait été balayée.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut aller jusqu’à lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.« Timing » politique habileEst-ce que parce que la notification risque de faire des vagues, qu’elle a « fuité » deux jours avant sa publication ? Peut-être. Mais Mme Vestager, comme tous les commissaires à la concurrence, n’est pas obligée de passer par le collège de la Commission pour valider sa décision. Pour certains experts des dossiers de concurrence, le timing politique est en tout cas très habile. « C’est le meilleur moyen de prouver qu’elle n’a pas une gestion politique des dossiers. En attaquant le russe Gazprom après l’américain Google, elle prouve que c’est la loi européenne en matière de concurrence, et uniquement elle, qu’elle applique », relève une source diplomatique.« La gestion d‎u temps par Mme Vestager force l’admiration, pour Jacques Lafitte, du cabinet d’avocats Avisa. La commissaire savait qu’elle allait être taxée d’anti-américanisme après son offensive sur Google, du coup elle sort les griefs contre Gazprom une semaine plus tard. L’histoire pourrait retenir avril 2015 comme le mois où les deux cas les plus édifiants de l’histoire de l’antitrust européen ont franchi une étape cruciale. »Dépendance au gaz russeReste à savoir quelle sera la réaction du Kremlin à une possible annonce de Bruxelles. Début 2014, le président Vladimir Poutine avait exprimé sa colère en décidant d’abandonner le gazoduc South Stream, destiné à contourner l’Ukraine.La Commission avait évoqué de possibles entorses à la concurrence et le président russe, dénonçant la pression exercée sur la Bulgarie pour qu’elle s’oppose au passage du réseau sur son territoire, avait menacé de réduire les livraisons de gaz aux Européens.Lire aussi :Gazoduc South Stream : pourquoi la Russie a décidé de jeter l’épongeActuellement, Bruxelles poursuit avec Moscou et Kiev de difficiles négociations destinées à sécuriser l’approvisionnement de l’Ukraine et celui de l’Union – dont 15 % du gaz transite par le territoire ukrainien. L’UE achète annuellement 130 milliards de mètres cubes à Gazprom, mais veut réduire sa dépendance avec son projet d’union énergétique. Loin d’être concrétisé, celui-ci ne résoudra pas, à court terme, les problèmes de plusieurs pays de l’Est, qui continuent de dépendre à 80 % du gaz russe, voire de l’Italie ou de la Grèce, qui en dépendent à hauteur de 30 %.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les nuages se dissipent peu à peu pour Mathieu Gallet, le PDG de Radio France. Après les bonnes audiences de ses chaînes qui ont progressé au premier trimestre selon les derniers chiffres de Médiamétrie, mercredi 15 avril, puis l’arrêt d’une grève de vingt-huit jours, jeudi, c’est l’Inspection générale des finances (IGF) qui lui a apporté un motif de soulagement. « Les dépenses des instances dirigeantes de Radio France, notamment celles de son PDG, ne présentent pas de caractère abusif », a estimé l’IGF dans un rapport rendu public, lundi 20 avril, après huit jours d’enquête.Celle-ci était un des derniers éléments susceptibles de faire vaciller le PDG. Elle avait été décidée le 20 mars, après des révélations du Canard enchaîné sur la rénovation de son bureau. Pour répondre à la tempête médiatique, Bercy et le ministère de la culture demandaient une enquête sur les dépenses de la direction de l’entreprise publique. Le contexte était explosif, ces révélations ayant coïncidé avec le début de la grève illimitée lancée par cinq syndicats. Perçu comme privilégiant son confort personnel sur l’intérêt général, M. Gallet était inaudible au début du conflit social.Lire aussi :Radio France : les dépenses de la direction auscultéesSi l’IGF n’a relevé aucune entorse aux règles, elle se permet néanmoins d’« appeler particulièrement l’attention du président de Radio France sur l’importance de l’exemplarité des actions non seulement sur le fond mais aussi sur leur processus de décision ». En clair, M. Gallet aurait pu se montrer plus sensible au contexte et anticiper le fait qu’un changement de mobilier choquerait forcément au sein d’une entreprise s’apprêtant à endurer un plan d’économies et des suppressions de postes. « Il aurait pu surseoir à ces dépenses », répète Jean-Paul Quennesson, membre de l’Orchestre national de France et délégué syndical (SUD).M. Gallet est peu intervenu dans la rénovation de son bureauL’IGF, qui a commencé son enquête le 30 mars, s’est donc penchée sur la rénovation du bureau présidentiel, mais aussi sur le contrat de communication conclu entre Radio France et Denis Pingaud pour un montant de 96 000 euros, ainsi que sur le changement de la voiture de service du PDG – deux autres dépenses qui avaient été relevées par la presse, fin mars.Sur le bureau, les conclusions de l’IGF valident la défense de M. Gallet. Sur les 104 000 euros dépensés, 68 000 euros « de rénovation des boiseries en palissandre de Rio avaient un caractère patrimonial et étaient liés à des décisions sur lesquelles l’actuel président n’a pas pu exercer d’influence, car antérieures à son arrivée ». L’IGF rappelle néanmoins que M. Gallet aurait pu décider de suspendre cette rénovation, comme il l’avait lui-même reconnu dans un entretien au Monde.Lire aussi :Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Les 35 000 euros restants, correspondant à un changement de moquette, de mobilier et de stores, dans un bureau qui n’était pas hors d’âge, semblaient moins justifiables. Mais « la mission n’a pu retrouver d’éléments écrits permettant d’établir avec certitude l’origine de la décision, entre le président ou la direction de la réhabilitation », qui pilote le chantier de la Maison de la radio. La seule intervention traçable de M. Gallet est le choix de sa table de réunion. Le rapport estime que cette dépense de 35 000 euros n’est « pas injustifiée » compte tenu des « fonctions de représentation » exercées par le PDG.Les prestations de M. Pingaud sont « effectives »Autre élément qui a nourri la polémique : le contrat de communication conclu en juin 2014 avec Denis Pingaud, qui conseillait déjà M. Gallet quand celui-ci était président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Ce contrat « n’est inhabituel (…) ni par son contenu ni par ses modalités de passation », observe le rapport.Une clause de tacite reconduction, présente dans la première version du contrat, a été retirée dès juin 2014 sur recommandation de la direction juridique de l’entreprise, afin qu’une mise en concurrence puisse avoir lieu au bout d’un an. Le rapport rappelle que sous la présidence antérieure, un contrat équivalent existait, et comportait, lui, une clause de tacite reconduction – M. Gallet a donc, en ce sens, amélioré les choses.L’IGF valide également l’« effectivité de la prestation » du conseiller de Radio France : en dix mois, 350 courriels ont été échangés entre M. Pingaud et des membres du comité exécutif et il a assisté à 23 réunions, selon le rapport, sur des sujets concernant l’entreprise, pas uniquement l’image de M. Gallet.Enfin, concernant le véhicule de service du PDG, « le changement (…) avait été prévu dès le mois de mai 2013 [avant sa prise de fonctions] et s’est s’inscrit dans le cadre des règles de l’entreprise, que ce soit pour les critères d’obsolescence de la précédente C6 (cinquante-trois mois et 121 383 km), ou pour le choix du modèle de l’actuelle 508 ».Un appel à une plus grande transparenceLes enquêteurs ont également passé au crible toutes les dépenses du comité exécutif (supérieures à 100 euros) et les choix des fournisseurs les plus récents. « Aucune des dépenses examinées, du président ou d’un membre du Comex [comité exécutif de Radio France], ne présente de caractère anormal ou disproportionné par leur nature ou leur montant », conclut le rapport. Tout juste souligne-t-il la justification fragile de deux voyages effectués par M. Gallet, l’un au Brésil au moment de la Coupe du monde de football, l’autre en Chine pour participer à un sommet « Young Leaders ».Le rapport suggère, enfin, que l’entreprise se dote de règles plus transparentes en matière de contrôle et de publicité des dépenses. « Certaines dispositions nouvelles pourraient néanmoins utilement être mises en place afin que leur acceptabilité ne soit plus remise en cause », propose le rapport.« Je n’ai jamais douté des conclusions de l’enquête de l’Inspection générale des finances, a réagi M. Gallet. L’important, maintenant, c’est l’avenir du service public de la radio et sa nécessaire modernisation. Nous allons y travailler avec l’ensemble des salariés de Radio France qui sont, comme moi, particulièrement attachés à l’entreprise et à ses missions de service public. »Vendredi, le PDG a rencontré Dominique-Jean Chertier, le médiateur choisi par le gouvernement, pour discuter de la mission de celui-ci. M. Chertier, qui sera présent « à tiers temps » à Radio France, doit remettre sur pied le dialogue social. Il a aussi vu les syndicats, ensemble puis séparément. « C’est le démarrage », souligne-t-on. La question qui agite la Maison ronde est désormais de savoir si cette relance du dialogue peut se faire avec une équipe de direction inchangée, ou si M. Gallet procédera à des mouvements – montrant au passage qu’il s’efforce désormais de reprendre la main.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.04.2015 à 10h06 • Mis à jour le20.04.2015 à 14h32 | Simon Roger et Stéphane Foucart Le quotidien britannique The Guardian est associé depuis mars avec l’ONG 350.org dans la campagne « Keep it in the Ground » (« Laissez-le sous terre »), visant au « désinvestissement » dans les énergies fossiles. Le Guardian Media Group, qui dispose de 1,1 milliard d’euros d’actifs, a lui-même annoncé début avril qu’il commençait à se débarrasser de ses participations dans l’industrie des combustibles fossiles. Alan Rusbridger, le directeur du Guardian, qui quittera le quotidien cet été pour prendre la présidence du trust propriétaire du titre, détaille au Monde la genèse de cet engagement.Pour quelles raisons « The Guardian » mène-t-il campagne pour renoncer à l’exploitation des réserves d’énergies fossiles ?Tout a débuté à Noël 2014, lorsque j’ai réalisé que j’allais quitter mes fonctions. Quand vous vous apprêtez à partir d’une institution incroyable comme le journal The Guardian, après deux décennies passées à sa tête, vous vous demandez ce que vous avez raté. Non que je regrette la couverture que nous avons faite jusqu’ici de l’environnement. Mais si l’on pense à ce qui restera dans l’Histoire, le changement climatique est la plus grande « story » de notre époque. Or jusqu’à présent, elle n’avait fait que très rarement la « une » du Guardian.J’ai été frappé aussi par ma rencontre avec Bill McKibben [fondateur du mouvement 350.org]. Il m’a fait prendre conscience que les médias étaient englués dans un traitement environnemental et scientifique du climat alors que c’est une question politique et économique. En abordant le sujet dans la rédaction, nous nous sommes mis à parler également de santé, de culture… Cela a créé une énergie entre nous. C’était le moment d’impliquer l’ensemble du journal sur ce sujet.Comment avez-vous organisé cette mobilisation du journal ?Une partie de la rédaction est partie avec moi une semaine en Autriche pour planifier cette campagne. Il est bon de temps en temps de quitter le bureau et de couper le portable. Nous avons enregistré chaque mot de nos discussions et une partie de ces échanges ont été publiés sous forme de podcasts, sur le site du journal. C’était aussi une manière de montrer à nos lecteurs comment un journal fonctionne. Les entreprises de presse devraient être plus démocratiques. Je n’aime pas les journaux construits autour d’une figure très imposante.L’une des premières choses dites pendant notre séminaire, c’était que nous ne pouvions pas lancer une telle campagne sans avoir nous-mêmes décidé de quelle énergie nous voulions pour remplacer les combustibles fossiles. La discussion s’est notamment focalisée sur le nucléaire. J’ai demandé que l’on ne cherche pas à trancher ce débat. Car si nous élargissons trop le sujet, les gens risquent de perdre de vue le sens de notre campagne.Pourquoi avoir pris pour cible des fonds financiers impliqués dans le secteur des énergies fossiles ?Quels vont être les faits marquants en 2015 sur le climat ? Tout le monde à la rédaction est d’accord pour dire que la Conférence de Paris sur le climat (COP 21) sera le grand événement de l’année, mais ce n’est pas le sujet que l’on a le plus envie de lire. On s’est dit, ensuite, pourrait-on persuader des investisseurs de changer d’avis sur les énergies fossiles, responsables d’une majeure partie des émissions polluantes ? Nous avons par exemple lancé le 7 mars une pétition en direction des fondations philanthropiques telles que le Wellcome Trust et la Bill & Melinda Gates Foundation [180 000 signataires au 17 avril]. Nous n’allons pas en faire des ennemis, mais comme elles gèrent des gros portefeuilles d’actifs, elles peuvent prendre la tête du mouvement de désinvestissement.Avez-vous rencontré des réticences dans la rédaction à propos de cette campagne ?Seuls quelques-uns étaient inquiets de cette démarche. Je l’étais moi-même. Durant ces vingt ans comme directeur du Guardian, je n’avais jamais lancé un appel comme celui-ci. Il s’agit d’un sujet complexe, c’était un peu risqué de plonger le journal dans cette complexité. Ce qui m’a convaincu, c’est l’importance de l’enjeu. C’est très différent des OGM, sur lesquels on peut tirer des conclusions divergentes. Là, l’écrasante majorité de la communauté scientifique s’accorde à dire qu’il y a urgence à agir. Il n’y a pas de sujet plus sérieux que le réchauffement climatique.Pourtant, près de 40 % des Britanniques se disent sceptiques face au réchauffement climatique. Ne craignez-vous pas de perdre une partie de votre lectorat ?Si vous vous levez chaque matin en vous demandant si vous allez perdre du lectorat, c’est une très mauvaise façon de construire un journal ! Le renoncement aux énergies fossiles est une cause morale, bien sûr, mais aussi une mesure de bonne gestion. Je ne m’attendais pas à ce que le Guardian Media Group (GMG) décide aussi vite de désinvestir. En voyant ce qu’il a fait, le monde de la finance a commencé à en parler. Aujourd’hui, notre propre conseiller financier nous dit : « J’ai observé les chiffres sur les dix dernières années, les énergies fossiles sont devenues de mauvais investissements, qui sous-performent. »« Keep it in the Ground » n’est-il pas également un formidable coup de pub pour votre journal ?Au cours de ces cinq dernières années, The Guardian a sorti les dossiers WikiLeaks, le Tax Gap [vaste enquête sur les manœuvres d’évitement fiscal des entreprises britanniques], l’affaire Snowden… Maintenant, nous faisons campagne sur le changement climatique. Si l’on entreprend ce travail d’investigation journalistique, ce n’est pas pour s’assurer des records d’audience, mais pour être à la hauteur de notre réputation. Les gens se rendent compte qu’on est prêt à faire des choix courageux, à dépenser de l’argent quand c’est nécessaire.A vous entendre, les journaux devraient remplir une mission de service public…Ce que nous faisons doit servir l’intérêt général. Au cours des dix dernières années, l’industrie de la presse s’est fracturée, elle est devenue peureuse. On regarde en permanence nos chiffres de ventes, nos nombres de lecteurs et d’abonnés. Cela a mené certains à faire des choses idiotes. Si vous voulez faire du journalisme, il faut garder l’intérêt général comme moteur. Et je ne vois pas de plus grand intérêt général que d’aider à la prise de conscience sur le dérèglement climatique. Il est irresponsable de la part des journalistes de ne pas réfléchir davantage à la manière de couvrir cette grande question.Comment concilier le traitement de l’actualité et une réflexion de long terme sur le climat ?Le journalisme est très efficace pour raconter ce qu’il s’est passé hier, il l’est beaucoup moins pour faire le récit de ce qui va se produire dans dix ans. Pourtant, cela reste du journalisme, car les décisions que nous prenons aujourd’hui auront des conséquences dans les dix prochaines années et au-delà. Il faut trouver le moyen de faire réfléchir nos concitoyens car la classe politique ou les marchés ne sauront pas le faire. Les investisseurs, en revanche, sont capables d’un tel effort : ça les intéresse de savoir ce qui va se passer dans les dix ou les vingt prochaines années.La nature des relations entre les journalistes du « Guardian » et les entreprises pétrolières a-t-elle changé ?Non. Nous avons par exemple un rubricard énergie pour qui les compagnies ont beaucoup de respect. A un moment, Exxon a refusé de répondre à certaines de nos questions, estimant que nous n’étions pas impartiaux. Qu’une compagnie qui pèse 300 milliards de dollars [278 milliards d’euros] refuse de nous répondre en dit davantage sur elle-même que sur le Guardian.Acceptez-vous toujours les publicités des compagnies pétrolières ?Oui, nous acceptons et, j’en conviens, c’est une vraie question. Je considère que la publicité est la publicité, l’éditorial est l’éditorial. Ce sont deux choses complètement séparées. Au moment où vous commencez à former un jugement sur la publicité, vous franchissez cette ligne de démarcation.En lançant cette campagne, pensiez-vous être rejoints par d’autres journaux ?Nos concurrents sont tous focalisés sur les élections législatives du 7 mai. Jusqu’à présent, je n’ai vu aucune réaction de leur part. Au Royaume-Uni, les journaux se vivent comme des adversaires et ils détestent faire des choses ensemble.Simon RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Michel Guerrin Avec son livre Malaise dans l’inculture (Grasset), Philippe Val ne va pas arranger son image de libertaire devenu réac, tout en ayant conservé des séquelles de gauche. Du reste, invité, mardi 14 avril, sur France Inter, une station qu’il a dirigée, il a provoqué des réactions allergiques du genre : « Mieux vaut la grève que Val. » Dans ce pamphlet bien écrit, ce qui ne fait pas de mal, l’ancien patron de Charlie Hebdo découpe la gauche en quartiers et enfonce sa plume dans les plaies de ses divisions. Il s’en prend aux radicaux de l’écologie, aux prophètes de la décroissance, aux pourfendeurs de l’Amérique et de l’Europe libérale, aux fans de Poutine, aux analystes bienveillants du communautarisme, à ceux qui font passer les laïques résolus pour racistes.Philippe Val a dans le collimateur le sociologisme, cette attitude de gauche qui déresponsabilise les individus de leurs gestes, ce qui a des conséquences affligeantes : la montée de l’islamisme, la violence dans les banlieues, l’incivisme, l’éducation en compote, c’est la faute à la société, au système. Val n’en revient pas que les démocraties occidentales, où pourtant tout le monde « voudrait vivre », soient à ce point vilipendées. Il a cette formule : « Exaltez la culture orientale, on vous regarde avec intérêt. Exaltez la culture occidentale, vous êtes conservateur, limite fasciste. » On en arrive, dit Val, à défendre les pratiques internes aux communautés contre les libertés instituées, en les assimilant à une culture menacée par le « système » : « Et... Gilles Paris (Washington, correspondant) La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « Une offre de télévision publique moderne et créative, ouverte sur le monde et accessible à tous grâce à une entreprise publique réconciliée avec elle-même. » Tel est l’objectif que se fixe Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, dans le projet qu’elle a présenté au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et que celui-ci a rendu public, vendredi 24 avril. Volontariste, ce projet de 31 pages entend transformer cette structure de 10 000 salariés « en une entreprise moderne, du 21e siècle », en constatant « un dilemme simple : l’adaptation ou l’affaiblissement. »Reconquérir la jeunesseMme Ernotte veut « réinventer l’offre » pour reconquérir la jeunesse et s’adapter aux nouveaux usages numériques, tout en promouvant « la diversité culturelle ». « Le principal axe de travail pour y parvenir consiste à mettre l’accent sur l’innovation et une certaine prise de risque », écrit-elle. La recherche et développement de nouveaux programmes se verrait allouer 5 % des budgets, les délais de production seraient raccourcis, un « pacte » serait négocié avec les producteurs pour « faire de l’audiovisuel français un champion à l’international » et « pousser à la création de programmes exportables ». L’enjeu serait la « création de nouvelles fictions » mais aussi la culture, l’information et le sport.La nouvelle PDG souhaite également refondre l’offre de rattrapage, sous l’influence de la plate-forme Netflix. « Afin de créer une passerelle directe avec les usagers, une nouvelle plateforme numérique, basée sur un algorithme de recommandation, doit rendre la télévision de rattrapage plus accessible », souhaite-t-elle.L’offre jeunesse serait la première concernée, avec la mise en place d’une offre à la demande qu’elle espère également génératrice de nouvelles recettes. Plus largement, Mme Ernotte propose une stratégie numérique inspirée de pratiques en vigueur sur d’autres chaînes : recherche de nouveaux talents, interactivité, mise en ligne anticipée de tous les épisodes d’une série…France 2 chaîne du flux, réforme de France 3Du côté des chaînes, elle compte faire évoluer France 2 vers l’« événementiel », c’est-à-dire la chaîne du « voir ensemble », qu’il s’agisse de l’information, du sport ou des télés crochets. « France 2 a vocation naturelle à devenir la chaîne leader de la télévision française », espère-t-elle.Delphine Ernotte annonce également une profonde réforme de France 3, très attendue par les pouvoirs publics. Celle-ci reposerait sur le rassemblement de France 3 et France 3 Régions, actuellement séparées ; le développement des décrochages régionaux ; une redéfinition du découpage régional pour suivre la nouvelle carte des régions françaises.Quant aux autres chaînes, France 5 et France Ô garderaient le même positionnement, mais France 4 serait exclusivement orientée vers « le public des moins de 15 ans », et non plus les jeunes adultes.Enfin, dans le domaine de l’information, ce projet propose de « faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion », c’est-à-dire une chaîne d’information - dont le mode de diffusion reste à définir - qui puisse se positionner en contrepoint de BFM-TV. Pour y parvenir, Mme Ernotte souhaite développer des liens avec les autres entreprises de l’audiovisuel public (l’INA, France Médias Monde ou Radio France), répondant là aussi à une attente des pouvoirs publics. Ce projet pourrait être « mis à l’antenne en septembre 2016 ».Des assises de l’entrepriseMais pour mener à bien ces différentes ambitions, Delphine Ernotte trace un chemin exigeant qui définit une large réforme de l’entreprise. Constatant que « France Télévisions est une entreprise qui doute », elle insiste sur une méthode reposant sur le dialogue. « Le plan stratégique 2020 sera élaboré dans le cadre des assises de l’entreprise, organisées selon un processus décentralisé », annonce-t-elle.Elle en attend « un pacte social adapté aux besoins de l’entreprise et des salariés » qui reposera sur « une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « donnant la priorité aux responsables de proximité ». Il s’agit de répondre aux angoisses et à la désorganisation de l’entreprise, décrites dans plusieurs rapports, pour proposer des évolutions des métiers et une vaste politique de formation.Lire aussi :France Télévisions, le grand corps maladeLa masse salariale sous pressionMme Ernotte compte aussi donner plus d’autonomie aux directions de chaînes, même si elle maintiendrait une direction transversale pour les programmes et une autre pour l’information. « Dès mon entrée en fonction, je nommerai une équipe strictement paritaire. Celle-ci, composée de quatorze membres comprendra, outre la Présidence, les cinq directions de chaînes, les deux directions transversales (stratégie et programmes, information) auxquelles s’ajouteront six directions fonctionnelles : commerciale, technique et système d’information, financière, ressources humaines, communication et secrétariat général », annonce-t-elle.Dans l’immédiat, c’est une politique de rigueur qui est prévue. La nouvelle PDG va « remettre à plat immédiatement le budget 2015 » et engager des économies de structure : « direction plus recentrée », « mise sous contrôle des frais de conseil et des frais généraux », « blocage immédiat des embauches », « rationalisation des missions » et rentabilisation de « l’outil de production » interne.« De façon plus générale, la question des charges de personnel doit être affrontée avec détermination et responsabilité, écrit Mme Ernotte. Le taux de collaborateurs non permanents est de 15,4 %. Le taux d’encadrement est très élevé. Afin d’éviter tout départ contraint et de chercher des solutions négociées, il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fusion géante entre les câblo-opérateurs américains Comcast et Time Warner Cable (TWC) ne verra finalement pas le jour. Les deux groupes, qui avaient annoncé leur rapprochement le 13 février 2014, ont préféré jeter l’éponge face au scepticisme des autorités américaines de la concurrence, selon des sources proches du dossier et citées, jeudi 23 avril, par l’agence Bloomberg. L’abandon de l’opération devait être officialisé dans la journée de vendredi.Comcast, le leader du secteur aux Etats-Unis, avait initialement proposé de racheter TWC, le numéro deux, pour 45,2 milliards de dollars (41,7 milliards d’euros), soit 67 milliards de dollars dette comprise.A l’issue, les deux groupes auraient cumulé 30 millions d’abonnés. Mais, depuis cette annonce, d’intenses négociations se sont engagées avec le régulateur américain du secteur, la Federal Communications Commission (FCC), pour savoir si l’opération respectait les règles de la concurrence. Il y a quelques jours, le ministère de la justice avait commencé à émettre de sérieux doutes sur la faisabilité de la fusion.Lire aussi :La fusion Comcast-Time Warner sous la loupe de l’antitrust américainMercredi, le parcours d’obstacles s’est encore un peu plus compliqué. Comcast et TWC ont rencontré des membres de la FCC et du ministère de la justice, dont le feu vert était nécessaire pour que l’opération puisse aller à son terme. Leurs interlocuteurs ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact qu’aurait une fusion sur les consommateurs.Le précédent AT&TLa FCC a proposé que le feu vert donné à l’opération le soit par un juge administratif. Cette procédure, qui en dit long sur le scepticisme du régulateur, a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’issue finale devenant très incertaine, et malgré des dépenses en lobbying, en 2014, de 17 millions de dollars, Comcast a donc préféré renoncer.C’est le même type de procédure qui avait été imposé à AT&T pour valider son rapprochement avec T-Mobile en 2011. On sait ce qu’il advint : la fusion avait été cassée par le juge, et l’opérateur avait dû payer 4 milliards de dollars d’indemnités à Deutsche Telekom, la maison mère de T-Mobile.Comcast a eu beau répéter, ces derniers mois, que la fusion était dans l’intérêt public parce qu’elle permettrait de fournir aux clients de TWC un meilleur service, les autorités américaines ne se sont pas laissées convaincre.Il faut dire que le nouveau groupe aurait détenu 30 % du marché de la télévision payante aux Etats-Unis et 57 % de celui des fournisseurs d’accès à Internet. Les deux acteurs avaient proposé quelques concessions pour faire passer la pilule. Il était notamment question de rétrocéder environ trois millions d’abonnés au challenger du secteur, Charter Communications, qui serait ainsi passé de la quatrième à la deuxième place. Mais, visiblement, la concession n’a pas été jugée suffisante.Bonne nouvelle pour le consommateurLe renoncement à cette fusion fait les affaires de groupes de média, comme Time Warner – dont les activités n’ont plus rien à voir avec celles de TWC –, de Walt Disney, de 21st Century Fox ou encore de Netflix, qui voyaient d’un mauvais œil la constitution de ce nouveau géant. Reed Hastings, le fondateur et patron de la société de streaming (lecture sans téléchargement) était d’ailleurs l’un des plus virulents opposants à ce projet de mariage. Netflix avait déjà dû accepter de verser d’importantes sommes d’argent à Comcast et à TWC, afin d’assurer une vitesse de connexion optimale pour ses abonnés. Réunis, les deux opérateurs auraient encore plus de poids dans ces négociations.Du côté du consommateur, qui paie déjà des prix prohibitifs comparés à ceux pratiqués en Europe pour accéder à Internet, cette réduction du nombre d’acteurs n’aurait pas été non plus une très bonne nouvelle.La recomposition du secteur est donc relancée. Charter Communications et son principal actionnaire, Liberty Media, l’une des holdings du milliardaire américain John Malone, qui avait fait une offre sur TWC quelques semaines avant l’annonce de la fusion, pourrait revenir dans le jeu. Mais, à l’époque, la valorisation proposée, beaucoup moins généreuse que celle de Comcast, avait été rejetée par la cible.Il y a quelques mois, lors d’une réunion avec des investisseurs, M. Malone avait dit qu’il était prêt à envisager une nouvelle offre si jamais l’opération avec Comcast échouait. C’est désormais chose faite.Pour TWC, qui avait fait de cette fusion la pierre angulaire de stratégie, c’est assurément un coup dur. La direction de l’entreprise a prévu d’organiser une conférence téléphonique avec ses actionnaires, le 30 avril. Le PDG du groupe, Robert Marcus, arrivé à la tête de la société seulement un mois et demi avant la vente à Comcast, avait empoché une rémunération astronomique de 80 millions de dollars. Il va maintenant lui falloir trouver un plan B capable d’assurer un futur à TWC.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Anne Eveno « Chez Orange, elle connaît tous les rouages de l’entreprise et des métiers. Aller vers une autre entreprise va être pour elle un vrai défi, un saut dans l’inconnu. » Ce haut cadre d’Orange résume bien l’équation que va devoir résoudre Delphine Ernotte, nommée, jeudi 23 avril, présidente de France Télévisions, après vingt-six années passées chez l’opérateur.A 48 ans, la directrice générale adjointe d’Orange France a arpenté toutes les fonctions possibles au sein de son entreprise : de l’analyse financière à la R&D, de la distribution aux fonctions de direction. Centralienne, cette ingénieure de formation y a appris la vente, la communication, le marketing et le délicat exercice du dialogue social. Elle a aussi contribué à transformer l’entreprise et appris à composer avec la présence de l’Etat.« C’est une vraie patronne qui sait déléguer, écouter et décider », décrit Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution de Canal+, qui a travaillé sous ses ordres chez Orange. « Mi corse-mi basque, elle a un côté mama qui protège voire couve ses équipes, renchérit Elie Girard d’Atos, qui a travaillé avec elle pendant six ans. C’est une bosseuse, très impliquée. Lors de la grande panne des mobiles de l’été 2012, elle a passé toute la nuit au centre de supervision au beau milieu des techniciens et impressionné tout le monde. » Des tempêtesChez Orange, les tempêtes n’ont pas manqué. Mme Ernotte a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau concurrent, Free Mobile, en 2012. Surtout, elle a été confrontée, comme toute la direction du groupe, à la crise des suicides chez l’opérateur, consécutive à la mise en place du plan « Next ». Propulsée au comité exécutif après le départ de Didier Lombard – mis en cause dans cette affaire –, la nouvelle directrice générale admet alors que ces drames ont suscité chez elle « un mélange de profonde culpabilité et de déni » et « une remise en question fondamentale ».Ses défenseurs soulignent qu’elle a ensuite œuvré à l’« apaisement » du climat social. « C’est difficile d’évaluer son implication dans la crise sociale qui a secoué l’entreprise du temps de Lombard, juge une source chez Orange. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a appris à écouter, elle a réussi à respecter le contrat social dans un contexte difficile où Orange France était secoué de tous les côtés par la concurrence. »Dans sa nouvelle maison, Delphine Ernotte se sait attendue sur ce terrain. Pendant la campagne, la CGC Médias l’a associée à cette crise des suicides – un message lourd dans le contexte de fragilité sociale que connaît France Télévisions. Dans sa décision motivée, le CSA a souligné que la nouvelle PDG voulait « bâtir, par la négociation et le dialogue, un plan stratégique visant à promouvoir la confiance au sein de France Télévisions ».Lire aussi (édition abonnés) :France Télévisions, le grand corps maladeL’inconnue des contenusPour cela, elle devra forcer sa personnalité que beaucoup décrivent comme « froide » ou « distante ». « Son côté froid, c’est une carapace, corrige un cadre de l’opérateur. En réalité elle a beaucoup d’empathie et je l’ai vue dans plein de conventions faire le show quand il le fallait. »Et d’avancer une explication : « Elle a toujours été dans un milieu d’hommes, elle doit sûrement se protéger aussi. » Dans l’univers d’ingénieurs souvent masculin qu’est Orange, Delphine Ernotte s’est attachée à défendre la place des femmes, infligeant des amendes de 10 euros pour toute remarque sexiste formulée en comité exécutif.Autre défi pour la nouvelle présidente : son inexpérience dans les contenus et l’audiovisuel, même si Orange distribue aussi des contenus et que le CSA relève sa « perception des enjeux de l’audiovisuel ». Ses amis ont beau évoquer sa « passion du théâtre » – son époux est le comédien Marc Ernotte et elle ne manque pas de réseaux dans le monde culturel –, sa capacité à aider France Télévisions à repenser ses offres en profondeur est à ce stade une inconnue.Anne EvenoJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Il aura fallu une délibération de près de 24 heures pour que le Conseil supérieur de l’audiovisuel tranche. Jeudi 23 avril, les huit conseillers ont désigné Delphine Ernotte, actuelle directrice générale adjointe d’Orange France, à la présidence de France Télévisions. Mme Ernotte prendra ses fonctions le 22 août, succédant à Rémy Pflimlin.Cette nomination a fait l’objet d’une sérieuse bataille au sein du conseil. Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote avait attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique. Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’avaient recueilli aucun vote.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinLes conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias. Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.Des qualités d’écoute et de décisionLe CSA a donc décidé d’auditionner à nouveau les deux candidats, jeudi après-midi. A l’issue de ces auditions, un vote majoritaire s’est dégagé en faveur de Mme Ernotte.Centralienne, Delphine Ernotte a fait toute sa carrière chez Orange. Son profil est celui d’une manageuse dont les partisans vantent les qualités d’écoute, de compréhension et de décision. Avec 80 000 salariés, Orange France est le vaisseau amiral du groupe. Elle n’a par contre pas d’expérience des contenus ou de l’audiovisuel, ce qui était le point fort de l’autre finaliste, Pascal Josèphe.Agée de 48 ans, Mme Ernotte sera la première femme à diriger France Télévisions. Chez Orange, un univers d’ingénieurs souvent masculins, elle s’est attachée à défendre la place des femmes.Dans le milieu de l’audiovisuel, son nom a commencé à circuler fin 2014. Conseillée par Denis Pingaud – également présent aux côtés du PDG de Radio France, Mathieu Gallet –, elle a mené campagne en coulisse, sans s’exposer dans les médias. Cela ne l’a pas empêchée de subir plusieurs tirs de barrage, notamment de syndicats de France Télévisions, qui l’ont parfois associée au plan « Next » dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les huit conseillers du CSA doivent tenter, jeudi 23 avril, de s’accorder sur le nom du futur président de France Télévisions. Celui-ci – ou celle-ci – doit recueillir une majorité d’au moins cinq voix, que les premiers tours de scrutin n’ont pas permis d’atteindre.Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote a attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique.Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’ont recueilli aucun vote. Les conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias.Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.« Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, réuni en assemblée plénière ce matin, a constaté un partage des voix entre deux candidats à l’issue de deux votes. Il a décidé d’auditionner cet après-midi les deux personnalités concernées », a fait savoir le CSA dans un communiqué.Cette situation inédite ne devrait pas manquer de susciter de nouvelles questions à l’égard d’une procédure de désignation qui a été remise en question pour sa dimension secrète.Lire aussi :« France Télévisions, le règne de l’opacité »Jeudi, dans un communiqué, la CFDT de France Télévisions a estimé que « la sélection des candidats en finale à de quoi étonner ». A la surprise générale, plusieurs candidats expérimentés comme Emmanuel Hoog, Didier Quillot ou Marie-Christine Saragosse avaient été écartés, jeudi 16 avril.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Après la grève à Radio France, c'est France Télévisions qui se retrouve dans l'actualité avec la nomination imminente de son nouveau président. A eux deux, ces groupes rassemblent les principales télévisions et radios publiques françaises. Mais d'autres existent, à l'instar de LCP, TV5 Monde, Public Sénat, RFI, France 24 ou MCD. Ces entreprises, qui font un peu moins parler d'elles, sont aussi financées par la redevance et le budget de l'Etat. Pris dans sa globalité, le service public de l'audiovisuel représente un quart des parts de marché de la radio et un tiers pour la télévision.  #container_1429693686856{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1429693686856{ height:250px; } #container_1429693686856 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1429693686856 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1429693686856 .subtitre{ display:block; }Part d'audience des radios publiques en France(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1429693686856", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "pie", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.mediametrie.fr/radio/communiques/l-audience-de-la-radio-en-france-sur-la-periode-janvier-mars-2015.php?id=1239", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Tour d'horizon complet de ses différentes composantes :France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5, Outre-Mer 1ère, France Ô)Radio France (France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, France Musique, Mouv', FIP)France Médias Monde (RFI, France 24, MCD)Les chaînes co-financées (TV5 Monde, Arte)Les chaînes parlementaires (LCP, Public Sénat)L'Institut national de l'audiovisuel (INA)France Télévisions France 2, France 3, France 4, France 5 mais aussi Outre-mer 1ère et France Ô. Ces chaînes font toutes parties de France Télévisions, le « premier groupe audiovisuel français », comme il se définit lui-même. Rémy Pflimlin, son président, a été nommé en 2009 par Nicolas Sarkozy. C'est le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), chargé aujourd'hui de la procédure de nomination, qui décidera s'il est remplacé ou reconduit dans ses fonctions en août.France Télévisions rassemble près de 30 % des téléspectateurs (Médiamétrie, mars 2015). Un chiffre porté par l'audience de France 2 (13,8 %), qui se veut la chaîne généraliste « de l'événement, du lien social et du vivre ensemble » et qui est la deuxième chaîne nationale derrière TF1 (21,9 %). France 3, « la chaîne de la proximité », pèse elle 9 % de part de marché grâce à des rendez-vous phares comme le feuilleton « Plus belle la vie », le « 19/20 » ou « Thalassa ».Loin derrière, France 5 rassemble 3,4 % des téléspectateurs avides de connaissances et de découvertes tandis que France 4 et France Ô peinent à intéresser les jeunes d'un côté (1,6 % de part de marché) et le public ultramarin de l'autre (0,6 %). Cela s'explique sans doute par la concurrence du réseau local Outre-mer 1ère, décliné dans les neufs territoires ultramarins, de la Guadeloupe à Wallis-et-Futuna.Le maintien de France 4 et France Ô a d'ailleurs été récemment questionné dans un pré-rapport du CSA obtenu par BFM Business. En novembre 2011, le texte, qui n'était qu'un « document préparatoire » selon le CSA, souhaitait notamment que France Télévisions repense au périmètre des chaînes publiques, parfois mal identifiées. Sont alors évoqués un « contrat de lecture peu lisible » pour France 4 et un « problème d'harmonisation » entre France 2 et France 3, alors que le premier diffuse parfois des programmes plus en phase avec la ligne éditoriale de France 3 (le magazine « Secret d'histoire », par exemple).Le rapport mettait également en avant le vieillissement de l'audience et la faible qualité de certains programmes tout en jugeant satisfaisant l'action de France Télévisions en termes de qualité d'information, de développement numérique et de soutien à la création. Radio France Difficile aussi de passer à côté de Radio France, touché récemment par un mois de grève et qui diffuse les sept radios publiques nationales. L'ensemble pèse pour un quart des audiences de la radio (24,1 % de part de marché) sur la période janvier-mars 2015. Le groupe est porté par la généraliste France Inter (9,8 %), suivie du cumul des audiences des locales de France Bleu (6,9 %), puis de France Info (3,3 %).Les autres stations sont plus confidentielles : France Culture est écoutée par 1,6 % des auditeurs et France Musique par 1,2 %. Cette dernière, une des priorités du PDG Mathieu Gallet avec France Info et le Mouv', a été dans le collimateur de la Cour des comptes, qui préconise une direction commune avec la direction de la musique du groupe. La juridiction financière de la rue Cambon veut également « statuer sur l'avenir » du Mouv', autrement dit poser la question de la suppression de la diffusion hertzienne de cette station destinée aux jeunes, qui ne rassemble que 0,5 % des auditeurs. Autre station peu écoutée, FIP, l'antenne dédiée aux musiques éclectiques. Et pour cause, l'ancienne « France Inter Paris » ne possède qu'une dizaine de fréquences en France, contre plus de 600 pour France Inter.France Médias Monde France Médias Monde est le troisième groupe public financé par la redevance. Si on connaît moins l'ex-AEF (Audiovisuel extérieur français), c'est sans doute car, selon son cahier des charges, ses programmes sont « destinés au public international ainsi qu'au public français résidant à l'étranger ». Le groupe, présidé par Marie-Christine Saragosse (et qui a été écartée de la short-list des candidats à la présidence de France TV), gère une chaîne d'information et deux radios : France 24, RFI et MCD (Monte Carlo Doualiya).France Médias Monde a été dans la tourmente ses dernières années. En 2008, la fusion juridique des trois entités au sein d'une même holding a entraîné une crise ouverte entre le président-directeur général, Alain de Pouzilhac, et la directrice générale déléguée, Christine Ockrent, mais également la suppression de 22 % des effectifs, due à deux plans de départs volontaires successifs. Un nouveau contrat d'objectif et de moyen doit être lancé pour 2016 afin de redéfinir la stratégie du groupe.Radio France international (RFI) n'est écoutée que par 0,1 % des auditeurs français selon Médiamétrie mais en réunit 34,5 millions dans le monde, dans 62 pays. L'Afrique, notamment francophone, constitue 80 % de l'audience de RFI, loin devant l'Amérique du Sud (10 %) et l'Europe (3 %). C'est pourquoi la radio a choisi d'avoir deux grilles distinctes aux heures de grande écoute : une « Afrique » et une « Monde ». La rédaction, qui se trouve à Paris, vise à « offrir les clefs de compréhension du monde », que ce soit en français ou dans l'une des 12 langues étrangères de la station (anglais, cambodgien, chinois, espagnol, haoussa, kiswahili, persan, portugais, brésilien, roumain, russe, vietnamien). RFI souhaite d'ailleurs renforcer le nombre de ses décrochages en langues africaines. Le succès de la station repose aussi sur ses émissions diffusées par 700 radios partenaires.MCD, pour Monte Carlo Doualiya, est une radio généraliste en langue arabe, principalement axée sur l'information et la culture. Selon un rapport parlementaire, MCD « s'adresse en priorité à des individus instruits. On lui reconnaît des qualités de fiabilité et d'expertise. [C'est] une station incontournable en temps de guerre (Liban, Syrie, Irak) ». La filiale de RFI est écoutée par 8 millions d'auditeurs dans le Proche et Moyen-Orient, une partie de l'Afrique (Djibouti, Mauritanie et Sud-Soudan) et dans une moindre mesure à Marseille. MCD tente aujourd'hui d'ouvrir de nouvelles fréquences : elle s'est notamment installée dans le sultanat d'Oman, en janvier. Elle envisage également un développement au Maghreb, où le marché de l'audiovisuel a été ouvert après les printemps arabes. Depuis 2013, la station a quitté la Maison de la radio en même temps que RFI afin de s'installer aux côtés de France 24 dans les locaux de France Médias Monde, à Issy-les-Moulineaux.France 24 a été créée en 2006 par France Télévisions et TF1, après plusieurs années de débats. Entièrement publique depuis 2008 (TF1 ayant revendu ses parts), elle offre une vision française de l'actualité internationale dans le monde entier (177 pays). France 24 est déclinée en trois canaux (français, anglais et arabe), avec une même ligne éditoriale, résumée par le slogan « Liberté, égalité, actualité ». Une réflexion est en cours pour une diffusion en espagnol. Si l'audience de la « CNN à la française » est difficile à mesurer, France 24 totalise près de 46 millions de téléspectateurs par semaine dans les 64 pays (sur 177) mesurés. En France, l'audience reste faible, la chaîne ne bénéficiant d'un canal sur la TNT que depuis septembre 2014, et uniquement en Ile-de-France.Les chaînes co-financéesLe service public a également des parts dans deux médias : d'abord Arte, co-financée par l'Allemagne, mais aussi TV5 Monde, dont la Belgique, la Suisse, le Canada et dans une moindre mesure l'Allemagne (via Arte) sont actionnaires. Dans les deux cas, la France y joue un rôle important.TV5 Monde Né en 1984, la discrète TV5 Monde a été propulsée au cœur de l'actualité début avril après avoir été victime d'une cyberattaque. Détenu majoritairement par France Télévisions depuis 2013 (à près de 49 %) mais encore un peu par France Médias Monde (13 %), le groupe présidé par Yves Bigot appartient aussi à des médias publics suisses, belges, canadiens ainsi qu'à Arte et à l'INA. Rien d'étonnant, puisque le rôle de TV5 Monde, qui a fêté ses 30 ans en 2014, est de diffuser la culture francophone dans le monde entier (198 pays), à travers des programmes qu'elle produit ou des rediffusions de divertissements, spectacles, jeux, fictions, documentaires... issues des chaînes qui la financent. TV5 Monde est déclinée en 10 chaînes, couvrant chacune une partie du monde (TV5 FBS - France Belgique Suisse, TV5 Europe, TV5 Afrique...).Si 260 millions de foyers ont accès à TV5 Monde, on estime à 55 millions le nombre de téléspectateurs hebdomadaires de la chaîne. Plus des deux tiers de son audience se fait en Afrique, contre un quart en Europe. En France, TV5 FBS n'est accessible que sur le câble et le satellite ou via Internet. Elle rassemble 4,2 millions de téléspectateurs hebdomadaires, en incluant les Belges et les Suisses.TV5 Monde dépend en grande partie de France Télévisions, mais a un budget propre de 110 millions, 76 millions venant de la France, le reste des autres pays actionnaires. Elle a été baladée plusieurs fois [.pdf] entre France Télévisions, qui lui fournit la plupart de ses programmes français, et France Médias Monde, puisque la chaîne s'adresse à un public étranger.Arte Arte, pour Association relative à la télévision européenne, est une chaîne de télévision fondée par l'Allemagne et la France en 1991. Symbole de l'amitié de deux pays, elle se veut la chaîne de la culture européenne, « la télé qui vous allume», comme le clame son slogan. Ainsi, près de la moitié de sa programmation est faite de documentaires. Sans publicité, 95 % de ses recettes proviennent des redevances audiovisuelles française et allemande.Arte est un groupement européen d'intérêt économique (GEIE) composé d'une partie allemande détenue à part égale par les deux chaînes publiques (l'ARD et la ZDF) et d'Arte France, qui dépend de France Télévisions à 45 %, mais aussi directement de l'Etat, de Radio France, de l'INA et plus étonnant, de Radio France (15 %).La chaîne est diffusée en France et en Allemagne mais aussi en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Autriche et aux Pays-Bas. Dans l'hexagone, Arte tourne autour des 2 % de part de marché, ce qui fait d'elle la douzième chaîne française. Un score qui a progressé de 5 points entre 2011 et 2015. Avant l'arrivée de la TNT en 2005, Arte partageait un canal (et une faible audience) avec France 5. Depuis l'extinction du signal analogique en 2011, si les deux chaînes ont définitivement tourné la page de la cohabitation, une situation similaire persiste pour Public Sénat et La chaîne parlementaire - Assemblée nationale (LCP-AN dite LCP).Les chaînes parlementaires : LCP et Public Sénat On n'en parle moins que pour France Télévisions, mais 2015 est aussi l'année du renouvellement des présidents de LCP et de Public Sénat. Ainsi Gilles Leclerc va être remplacé à la tête de Public Sénat par Emmanuel Kessler à partir du 1er juin. Le remplaçant de Gérard Leclerc (LCP) devrait être connu dans les prochains jours. Contrairement à ce qui se passe pour Radio France, France Télévisions et France Médias Monde, ce n'est pas le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui nomme le président des deux chaînes mais un Bureau dans chaque assemblée qui représente l'ensemble des groupes politiques. Le CSA n'a d'ailleurs aucune compétence sur les chaînes parlementaires, qui ne sont étudiées ni par la Cour des comptes ni par Médiamétrie.De fait, les deux chaînes ont un statut à part, aussi parce qu'elles sont financées directement par le budget du Parlement. Si chaque chambre a sa chaîne, l'Assemblée nationale et le Sénat se partagent un même canal (le 13) sur la TNT. Une situation inédite dans le monde pour des chaînes parlementaires, comme l'expliquait récemment Challenges, qui n'est pas sans poser problème, surtout quand Sénat et Assemblée nationale sont de majorité différente (ce qui est souvent le cas). L'enjeu est important : depuis 1999, LCP et Public Sénat sont chargées de rendre compte de ce que fait le législatif, et ont, plus largement « une mission de service public, d'information et de formation des citoyens à la vie publique, par des programmes parlementaires, éducatifs et civiques ».Le canal 13 est divisé en huit tranches horaires, faisant alterner programmes de Public Sénat et de LCP. Conséquence : des discours de parlementaires parfois coupés s'ils ne sont pas synchronisés avec les horaires des deux chaînes, des émissions similaires, deux directions et un budget (35 millions d'euros) à se partager. Une telle structure a-t-elle un impact sur l'audience ? Si Médiamétrie ne la mesure pas, elle serait très faible selon un des opérateurs qui diffuse la chaîne en ADSL : autour de 0,25 % de part de marché. Si une fusion des deux chaînes est régulièrement évoquée - encore récemment par Claude Bartelone, le Sénat s'y oppose : il ne veut pas perdre sa visibilité, déjà faible dans les médias. Entre 1 (selon le Sénat) à 7 millions (selon l'Assemblée) d'euros pourraient être économisés.Loïc SoleymieuxJournaliste au Monde Alexis Delcambre Etienne Mougeotte savoure son joli coup. À 75 ans, l’ancien vice-président de TF1 s’apprête à mettre la main sur Valeurs actuelles, qu’il qualifie de « magazine de droite de référence ». Mercredi 22 avril, l’hebdomadaire a confirmé des négociations exclusives entre son propriétaire, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, et la société Privinvest Médias, en vue d’une cession qui « pourrait être effective d’ici fin juin ».Derrière Privinvest - une société créée pour l’occasion - se trouvent M. Mougeotte ainsi que son financeur, l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa, et Charles Villeneuve, lui aussi ancien cadre de TF1, et résident, comme M. Safa, de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes).Une surpriseL’arrivée du trio dans ce dossier est une surprise. Selon nos informations, les premiers contacts dateraient de trois semaines à peine, à l’initiative de Jean-Claude Dassier, lui aussi ancien cadre de TF1, et administrateur de Valeurs actuelles. Autre passerelle : Etienne Mougeotte connaît bien Yves de Kerdrel, le directeur du titre, pour l’avoir côtoyé au Figaro. M. De Kerdrel devrait d’ailleurs rester en place une fois la vente actée.Les trois hommes sont à l’affût des opportunités dans la presse. Ils avaient tenté de racheter le groupe Nice-Matin à l’automne dernier et manifesté, fin 2014, un intérêt pour L’Express, avant son rachat par Patrick Drahi. « Nous avons l’idée de commencer à constituer un groupe média », dit M. Mougeotte.Riche, M. Safa est un « acteur multi-investisseur », comme le qualifie un expert du secteur, déjà présent dans les chantiers navals, le transport maritime, l’immobilier, le pétrole et le gaz. « Mougeotte et Villeneuve l’ont sans doute convaincu qu’il y avait des opportunités » dans les médias, pense cet expert.Valeurs actuelles en est une. Son propriétaire, le groupe Pierre Fabre, cherchait depuis plusieurs mois à céder son activité presse, rassemblée dans le groupe Valmonde (Valeurs actuelles, Jours de Chasse et Jours de Cheval), qu’il a redressé après l’avoir racheté, en 2006, au groupe Dassault.Surtout, Valeurs actuelles est le seul « news magazine » à s’être développé depuis 2012 et l’arrivée de la gauche au pouvoir. Récemment distingué par l’OJD pour avoir connu la plus forte progression de diffusion en 2014 (+ 16,5 % avec 110 096 exemplaires de diffusion France payés), il est rentable.Sous la direction d’Yves de Kerdrel, arrivé en 2013, le journal incarne une opposition frontale et multiplie les couvertures « choc » sur l’islam ou l’immigration, autant de signaux envoyés à un électorat de droite radicalisé et parfois tenté par le Front national.Lire : La France de « Valeurs actuelles »Cette ligne éditoriale l’a, par deux fois, conduit devant la justice. Le titre a été condamné en mars pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation pour un dossier intitulé « Roms l’overdose ». En février, il a également été condamné pour provocation à la discrimination envers les musulmans, pour une couverture présentant une Marianne voilée. Valeurs actuelles a fait appel de ces deux condamnations.L’ombre de l’extrême droiteLa cession à venir a-t-elle un sens politique ? Les enregistrements de Patrick Buisson, dévoilés dans la presse, ont révélé la grande proximité entre Nicolas Sarkozy et M. Mougeotte, quand celui-ci dirigeait Le Figaro. Aujourd’hui, celui-ci concède conserver des « échanges épisodiques » avec l’ancien président, « comme avec Juppé, Le Maire, Fillon ou des gens du FN, car ils sont dans le jeu politique. »À l’automne, deux hommes d’affaires ayant des connexions avec l’extrême droite, Alain Lefebvre et Jean-François Michaud, avaient examiné le dossier. L’autre candidat connu au rachat de Valeurs actuelles a été le patron du groupe Fiducial, Christian Letouche, qui a parfois côtoyé l’extrême droite (il avait notamment participé, en 2003, à l’université du Mouvement national républicain de Bruno Mégret).À un an de la primaire à droite, le lectorat de Valeurs actuelles, qui gravite entre la droite traditionnelle et le Front national, est un enjeu majeur. Mais « ce ne sera ni une succursale, ni une écurie présidentielle, promet M. Mougeotte. Que le meilleur gagne ! »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après Google le mercredi 15 avril, il y a une semaine, Bruxelles s’en prend maintenant à un autre géant, russe, cette fois : Gazprom. La commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a confirmé, mercredi 22 avril, à midi, que ses services allaient envoyer, dans la journée, une notification des griefs, c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme, pour violation de la loi antitrust, au groupe gazier.Les charges retenues contre Gazprom sont lourdes : la Commission estime que l’entreprise entrave la concurrence sur le marché européen du gaz dans huit Etats membres (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie).Gazprom y impose en particulier « des restrictions territoriales dans ses accords de fourniture avec les grossistes et avec certains clients industriels […]. Ces restrictions consistent en des interdictions d’exportation et des clauses prévoyant l’utilisation du gaz acheté sur un territoire spécifique (clauses relatives à la destination) », précise le communiqué de Bruxelles.Dans cinq pays en particulier (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), ces restrictions territoriales, poursuit la Commission, « peuvent provoquer une hausse des prix du gaz et permettre à Gazprom de mener une politique de prix déloyale dans cinq Etats membres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), facturant aux grossistes des prix beaucoup plus élevés que ses propres coûts ou les prix de référence. »Des « obstacles artificiels » à l’acheminement du gazEnfin, dans deux pays, Pologne et Bulgarie, Gazprom pourrait tirer profit de sa position dominante en subordonnant ses livraisons de gaz à l’obtention d’engagements distincts de la part des grossistes concernant les infrastructures de transport gazier. « Par exemple, les livraisons de gaz ont été subordonnées à des investissements dans un projet de gazoduc promu par Gazprom ou à l’obligation d’accepter que Gazprom renforce son contrôle sur un gazoduc », explique encore Bruxelles.« Le gaz est un bien essentiel pour notre vie quotidienne : il chauffe nos maisons et nous l’utilisons pour la cuisine et pour produire de l’électricité. Le maintien d’une concurrence équitable sur les marchés européens du gaz est par conséquent de la plus haute importance », a souligné Margrethe Vestager, mercredi. « Toutes les entreprises opérant sur le marché européen – qu’elles soient européennes ou non– doivent respecter les règles de l’UE. Selon nous, [Gazprom] pourrait avoir érigé des obstacles artificiels empêchant l’acheminement du gaz de certains pays d’Europe centrale et orientale vers d’autres, entravant ainsi la concurrence transfrontière. Le cloisonnement des marchés nationaux du gaz a aussi permis à Gazprom de facturer des prix que nous jugeons, à ce stade, inéquitables. Si nos préoccupations venaient à se confirmer, Gazprom devrait assumer les conséquences juridiques de son comportement », a ajouté la commissaire.Lire aussi :Gaz : les négociations entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne reprennentLe géant russe a réagi, dans un communiqué, en jugeant les accusations de la Commission européennes « infondées ». « Gazprom adhère strictement à toutes les normes des lois internationales et des législations nationales des pays où il fait des affaires. Les pratiques de Gazprom sur le marché européen, y compris les principes de fixation des prix, sont en conformité totale avec les standards observés par les autres producteurs et exportateurs de gaz naturel », poursuit le groupe. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui dénoncé des pratiques « inadmissibles » de l’UE.Conséquences diplomatiquesCet acte d’accusation est totalement dénué d’arrière-pensées politiques, précise t-on à Bruxelles – la notification des griefs doit être fondée sur des preuves suffisamment étayées d’un point de vue juridique pour « tenir » si elle est contestée devant la Cour de justice de l’Union à Luxembourg.Il risque néanmoins de provoquer des conséquences diplomatiques. « Toute charge de ce type contre Gazprom risque d’être perçue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », avait prévenu, lundi 20 avril, une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait semblant de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).Une chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles renoue avec une ligne dure en matière de concurrenceLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.Mesures correctivesA l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été.« Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Bruxelles s’est trouvé une nouvelle héroïnePour Gazprom et Bruxelles, la bataille ne fait que commencer. Le groupe russe va maintenant pouvoir avoir accès aux « charges » réunies contre lui par la Commission, et peaufiner en conséquence sa défense. Il a douze semaines pour se faire, à compter de l’envoi de la notification de griefs. À tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. C’est ce que souhaiteraient les dirigeants de Gazprom et Moscou, suggère une source proche des autorités russes. « Pour les premières et troisièmes séries d’accusation [les restrictions territoriales et les liens entre contrat de fourniture et investissements dans les infrastructures], un accord peut très facilement être trouvé », juge t-elle.En revanche, ajoute cette source, Gazprom va porter le fer sur la question des prix jugés déloyaux par les services de la Commission, et pourrait contester les « benchmarks » (références) utilisés pour juger s’ils sont trop élevés ou pas.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Marine Le Pen a beau avoir été désignée par Time parmi les cent personnes les plus influentes au monde, c’est en français que la présidente du Front national a tenté de faire passer ses messages, mardi 21 avril, lors de la cérémonie organisée par le magazine américain. « Ah non, je ne parle pas anglais, moi. Je suis française ! », lâche-t-elle, juste avant que ne débute le gala au Jazz Lincoln Center, à New York.Lire aussi : Thomas Piketty et Marine Le Pen parmi les 100 personnalités influentes du « Time »« Je fais partie de la majorité des Français, qui parlent peu l’anglais. En cela je suis très gaullienne : I speak very badly », plaisante-t-elle avec un accent à couper au couteau. C’est donc Ludovic de Danne, le conseiller aux affaires européennes du parti, qui a joué les interprètes, le professionnel sollicité préalablement ayant fait faux bond au dernier moment.« C’est une nomination plus politique que celle de 2011 »Mme Le Pen est apparue tout sourire, défilant sur le tapis rouge au milieu d’une brochette de people, parmi lesquels le rappeur Kanye West et sa compagne, Kim Kardashian, ou Julianne Moore, oscar de la meilleure actrice 2015. « C’est la première fois que je vais à ce genre de soirée », avoue la présidente du FN. Dans une robe bustier bleu nuit – on ne se refait pas –, son compagnon, Louis Aliot, en smoking à ses côtés, Mme Le Pen était visiblement ravie de se retrouver au milieu de cette élite mondialisée.« Permettez-moi de faire preuve de curiosité, se justifie-t-elle. Je pense que nous allons arriver au pouvoir et que par conséquent, il faut obligatoirement croiser, rencontrer, discuter avec des gens puissants dans leur pays respectif. » « La France des oubliés n’est pas oubliée », a-t-elle osé avant de rejoindre sa table pour dîner, alors que la nuit tombait sur Central Park.Même si Mme Le Pen était déjà dans la liste de Time en 2011, sa venue au gala est une première. « C’est une nomination plus politique que celle de 2011. A l’époque, il s’agissait d’une promesse. Aujourd’hui, c’est plus la conséquence d’une analyse de l’importance politique que prend le FN », fait-elle valoir. Le magazine ne dit pas autre chose, écrivant pour justifier son choix : « Il y a moins d’un an, Marine Le Pen annonçait à Time que son parti serait au pouvoir dans une décennie. Sa prédiction ne paraît plus absurde. »Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Alors que la grève à Radio France a fragilisé la position de son PDG, Mathieu Gallet, et que les sociétés des journalistes de France 2 et France 3 contestent le mode de nomination du prochain dirigeant du groupe France Télévisions, le rôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) paraît plus décrié que jamais.Comment sont désignés les patrons de l'audiovisuel public en Europe ? Tour d'horizon des pratiques au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne et en Espagne.En France, du changement depuis 2013Depuis 2013, c'est le CSA qui nomme les dirigeants des services publics audiovisuels, à savoir le président de Radio France, celui de France Télévisions et de France Médias Monde (RFI, France 24). Il peut aussi mettre fin aux mandats en cours, sur « décision motivée ».Les sept membres (en raison du changement de législation, ils sont toutefois huit jusqu'en 2017) du CSA sont choisis par les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale (chacun désignant trois membres) ainsi que par le chef de l'Etat (qui n'en désigne qu'un seul). Les trois cinquièmes des membres des commissions des affaires culturelles du Parlement doivent par ailleurs rendre un avis conforme.Mathieu Gallet a ainsi été désigné PDG de Radio France à l'unanimité en 2014. Son prédécesseur, Jean-Luc Hees, l'avait été directement par l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, selon une loi datant de 2009.Présidence :- Radio France : Mathieu Gallet, entouré par un conseil d'administration (CA) de douze personnes- France Télévisions : Rémy Pflimlin (nommé par Nicolas Sarkozy en 2010), CA de 14 personnes- France Médias Monde : Marie-Christine Saragosse (nommée par François Hollande en 2012), CA de 14 personnesDurée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 3,8 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 136 euros par an (90 % du financement)Au Royaume-Uni, « un chef-d'œuvre de complexité »La British Broadcasting Corporation (BBC) a elle-même été réformée en 2007. La directrice de BBC Radio a été nommée par Tony Hall, le directeur général de la BBC, qui gère l'ensemble du groupe, télévision publique incluse. Outre-Manche, le dirigeant de la BBC est désigné par le Trust, un conseil de surveillance, nommé par la reine pour six ans, qui joue le rôle d'intermédiaire entre la BBC et le public.Ses douze membres, dont quatre représentent l'Ecosse, l'Angleterre, le pays de Galles et l'Irlande du Nord, sont chargés de faire respecter les missions du service audiovisuel public et ont la possibilité de mettre fin aux fonctions du directeur général.En 2012, l'ex-PDG de la BBC, George Entwistle, avait dû démissionner 55 jours à peine après avoir pris le poste, emporté dans la tourmente du scandale Savile – du nom d'un animateur dont les actes pédophiles ont été révélés après sa mort. Une affaire qui avait d'ailleurs souligné « le chef-d'œuvre de complexité » de l'organigramme de la BBC, comme l'expliquait Le Monde en 2012. Une organisation pourtant enviée par l'Italie.Présidence : Tony Hall (Directeur général de la BBC, nommé par BBC Trust), entouré de douze personnes au conseil exécutif, dont Helen Boaden (radio) et Danny Cohen (télévision), nommés par Tony Hall.Durée du mandat : illimitée (jusqu'à démission ou déchéance par le Trust)Budget annuel : 4,7 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 200 euros par an (53 % du financement)En Italie, une forte politisationEn Italie, le « lottizzazione », ce système où chaque parti politique avait sa chaîne, est officiellement terminé. Depuis 2004, un conseil d'administration de la Radiotelevisione italiana (RAI) préside aux destinées de l'audiovisuel public. Sept de ses membres sont nommés par les parlementaires et deux par le ministre de l'économie. C'est l'opposition qui propose le nom du président. Dans les faits, le service public italien reste très politisé.Un projet de loi adopté par le conseil des ministres en mars dernier prévoit de réduire le conseil d'administration à sept membres, dont deux seraient désignés par le gouvernement, deux par la Chambre des députés, deux par le Sénat et un par le personnel de la RAI. Le but du président du Conseil Matteo Renzi : « Chasser les partis politiques de la RAI et s'inspirer du modèle de gouvernance de la BBC ».La création d'un poste d'administrateur délégué aux pleins pouvoirs permettrait surtout à Renzi de ne pas donner les clefs de l'audiovisuel public à son opposition. Problème : celui-ci serait nommé par le gouvernement lui-même. Le mandat de l'actuelle présidente du conseil d'administration, débuté en 2012, arrive à échéance en mai prochain. Elle avait été nommée par le gouvernement de Mario Monti.Présidence : Anna Maria Tarentola (nommée par Mario Monti en 2012)Durée du mandat : 3 ans, renouvelableBudget annuel : 2,3 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers :  113 euros par an, 65 euros après la réforme (68 % du financement avant la réforme)En Allemagne, le poids des LänderLe président de la Deutschlandradio est élu par les 40 membres du Conseil radiophonique, incluant les Länder, le gouvernement et certaines organisations représentant la société (chambres des métiers, églises, professions libérales, organisations paysannes…). Les candidats sont proposés par le conseil d'administration, composé notamment d'un représentant de l'Etat et de trois des Länder.Côté télévision, il existe deux services publics en Allemagne, l'ARD (le France 3 allemand) et la ZDF (semblable à France 2). Le président de l'ARD est désigné par les représentants des dix médias publics régionaux qu'il fédère. Du côté de la ZDF, le président est désigné par un conseil d'administration de 14 membres dont six dépendent du gouvernement fédéral ou des Etats fédérés.Présidence : Lutz Marmor (ARD), Thomas Bellut (ZDF), Willi Steul (Deutschlandradio)Durée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 7,6 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 210 euros par an (85 % du financement)En Espagne, un service public avec peu de moyensSans publicité, sans redevance et avec très peu de moyens, la télévision publique espagnole est une exception en Europe. Depuis 2006, les douze membres du conseil d'administration de la Radio Television Española (RTVE) étaient élus par le Parlement, à la majorité des deux tiers. Une situation qui avait provoqué un blocage en 2012, le Parti socialiste et le Parti populaire n'arrivant pas à s'entendre sur le nom du dirigeant. Le Parti populaire a donc modifié la loi et une simple majorité suffit désormais. La règle des deux tiers subsiste pour mettre fin au mandat du conseil d'administration.Présidence : José Antonio Sánchez (élu par le Parti populaire)Durée du mandat : six ans, non renouvelableBudget annuel : 0,9 milliard d'eurosRedevance payée par les foyers :  0 euroLoïc SoleymieuxJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Mardi 14 avril, à Bruxelles. C’est l’heure du « midday », la messe médiatique quotidienne de la Commission européenne. Au fond de la salle de presse du Berlaymont, le vaisseau amiral de l’institution, une journaliste pose une question sur l’emploi du temps de Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie : « Pourquoi le vendredi et le lundi n’est-il jamais sur Bruxelles ? Ses voyages à Paris sont-ils pris en charge par le budget européen ? » Un confrère glisse, interrogateur : « C’est une journaliste de Politico ? » Il y en a bien une dans la salle, mais ce n’est pas elle…L’anecdote est révélatrice. Mardi 21 avril, Politico, un des plus grands succès médiatiques de ces dernières années aux Etats-Unis, lance son extension européenne, avec pour but de « secouer » la couverture journalistique de l’Union. Et l’événement plonge la « bulle bruxelloise » dans un mélange d’excitation, d’inquiétude et d’exaspération.Politico a été fondé en 2007 par John Harris et Jim VandeHei, journalistes au Washington Post, lassés du traitement par leur journal de l’actualité politique américaine qu’ils jugeaient « plan-plan ». En quelques années, ce pure player a su imposer sa marque grâce à un traitement plus « fun », plus incisif et beaucoup plus réactif de l’information. Sa lettre matinale en ligne (le Politico Playbook), gratuite, est devenue la bible des décideurs américains. Ses lettres spécialisées payantes ont permis au groupe – il compte désormais 150 journalistes – de générer de l’argent.Lire aussi : « Politico » : dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeRecruté pour prendre la tête de Politico Europe, Matthew Kaminski, un transfuge du Wall Street Journal, veut dupliquer le succès américain : la lettre matinale gratuite, les lettres thématiques payantes, le tout exclusivement en anglais. Il veut « raconter des good stories », affirme t-il, sur les coulisses de Bruxelles, la deuxième ville des lobbys au monde, derrière Washington. « Bruxelles n’est pas une super-capitale où se concentrent les pouvoirs : ils restent dans les Etats membres. Mais c’est une vraie capitale en termes de régulation. Et il y a un besoin, chez les Américains, d’être tenus au courant de cette énorme production de normes. »« Pas un média de masse »L’objectif ? Le même qu’aux Etats-Unis : « Nous ne sommes pas un média de masse. Ce qui compte, c’est d’atteindre les vingt décideurs-clés de Bruxelles », pointe M. Kaminski. Pour y parvenir, Politico a vu les choses en grand. La rédaction bruxelloise compte une petite quarantaine de journalistes. C’est de loin la plus grosse équipe sur place (Le Monde compte deux correspondants). Des équipes d’un ou deux journalistes sont aussi en cours de constitution à Paris, Berlin ou Londres.Lire aussi :Le site d’informations Politico promet d’avoir « la plus grosse rédaction de Bruxelles »Politico Europe ne part pas de zéro : elle est une filiale à 50-50 entre Politico et le géant allemand des médias Axel Springer (Bild, Die Welt, etc.). Elle a aussi racheté un journal spécialisé dans l’actualité européenne, EuropeanVoice, dont une grande partie des équipes ont été conservées. Budget de lancement ? Plusieurs millions d’euros, jusqu’à 10, assurent des concurrents. Le chiffre n’est pas confirmé par M. Kaminski.« Washington s’intéresse enfin à Bruxelles »Cela fait des années en tout cas que la capitale de l’Europe n’avait pas vu débarquer un tel déploiement d’ambition et d’énergie ! Le tout-Bruxelles devrait d’ailleurs se presser à la fête de lancement de Politico Europe, le 23 avril, à l’Autoworld, le musée de l’automobile, à deux pas du quartier européen. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, le président du Parlement européen, Martin Schulz, la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager (la charge pour abus de position dominante contre Google, c’est elle) ou le très influent Martin Selmayr, chef de cabinet du président de la Commission Jean-Claude Juncker. Donald Tusk, le président du Conseil européen, aurait dû lui aussi être de la partie, si un sommet extraordinaire sur les drames des migrants en Méditerranée n’avait pas été convoqué précisément ce jour-là…« On doit y aller, c’est important », lâchait, mi-avril, une source à la commission, flattée, comme beaucoup d’autres fonctionnaires européens, que « Washington s’intéresse enfin à Bruxelles ». Cela prouve que la capitale de l’Europe est encore importante, voire excitante ! Cela va peut-être changer des discours redondants sur la fin du rêve européen, l’impuissance des institutions à lutter contre le chômage ou les drames de l’immigration.« La communication de Politico est bourrée de testostérone. Mais leur arrivée me plaît, cela prouve que Bruxelles, c’est quand même “the place to be” », réagit Benoît Le Bret, du cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel à Bruxelles.« Politico va obliger les porte-parole européens à avoir un discours moins techno, à faire plus de politique »Autre conséquence positive de cette arrivée fracassante ? Politico pourrait contribuer à déstabiliser la communication très corsetée de la Commission. Depuis l’arrivée à la présidence de Jean-Claude Juncker (en novembre 2014), le corps des porte-parole a été réorganisé et, désormais, même le « off the record » est contrôlé.« Politico va obliger les porte-parole à avoir un discours moins techno, à faire plus de politique », espère Griselda Pastor, de la radio espagnole Cadena Ser, une des figures de la salle de presse. La publication a recruté une ex-journaliste du New York Post qu’elle a chargée d’un fil d’actualité « Gossip ». Doit-on s’attendre à des articles outrés à la Bild ? « Nous ferons du journalisme responsable, avec des informations précises, recoupées », assure M. Kaminski.L’inquiétude du « King »Tout le monde n’a pas lieu de se réjouir, cependant. A commencer par les probables concurrents directs de Politico : les publications spécialisées EurActiv, Europolitics ou Agence Europe, installées dans le paysage médiatique bruxellois depuis des décennies (1972 pour Europolitics, 1953 pour l’Agence Europe). Des titres disposant de rédactions modestes (moins de 15 journalistes à Bruxelles), sans les moyens ni les puissants actionnaires de Politico Europe.Les journaux anglo-saxons seraient aussi en première ligne, à commencer par le Financial Times, considéré comme le « King » de Bruxelles. Ce qui ne serait pas pour déplaire à une partie de la presse européenne, irritée que le quotidien des affaires britanniques soit à ce point devenu, ces dernières années, la référence des décideurs européens.D’autres fantasment sur l’arrivée d’un média partisan, un faux nez de l’administration Obama ou des néoconservateurs américains. La preuve, disent-ils, la fête à l’Autoworld est sponsorisée par… Google ! Politico débarquerait pour défendre le géant américain du Web contre une administration communautaire tatillonne, pour pousser les avantages américains dans les négociations sur le traité de libre-échange avec les Etats-Unis… « Non, nous n’avons ni agenda national ni agenda politique », tranche Matthew Kaminski.Le plan marketing de Politico, son ambition de « faire quelque chose de différent » énervent en tout cas une partie de la presse dans la capitale de l’Europe, où nombre de journalistes, confrontés à l’euroscepticisme grandissant des citoyens de l’Union, ont été poussés, ces dernières années, à faire plus de pédagogie et de politique.Intense concurrencePeter Spiegel, chef du bureau du Financial Times à Bruxelles (5 journalistes), souligne que « la réalité bruxelloise est bien plus complexe qu’à Washington ! Là-bas, les parlementaires décident où doivent être dépensés les millions de dollars des recettes publiques, donc c’est très utile de tout connaître d’eux. Ici, les eurodéputés et les fonctionnaires européens ne peuvent rien dépenser, et leurs faits et gestes intéressent bien moins ». Cet ex-collaborateur du Wall Street Journal à Washington confirme avoir été approché par Politico pour prendre la tête de Politico Europe, mais il a décliné.La concurrence à Bruxelles est déjà très intense : près de 1 000 journalistes sont accrédités auprès des institutions communautaires, dont 97 Britanniques, 118 Allemands, 81 Français, et même… 42 Chinois. Et chacun, vu la multiplicité des sources (ambassades, différentes unités de la Commission, Parlement, Conseil, lobbys), peut, un jour, avoir accès à une information privilégiée.Des good stories, on en trouve déjà dans les médias européens : il y avait un bon moyen de s’en rendre compte grâce à la revue de presse quotidienne diffusée par la Commission. Mais elle a été supprimée en 2014, au grand regret des journalistes.Evidemment, l’anglais, une des deux langues officielles de l’Union, avec le français, et qui prend de plus en plus le pas sur la langue de Molière, donnera un avantage indéniable à Politico Europe. Mais le challenge reste conséquent. « Il faut qu’on soit à la hauteur », glisse une des recrues du journal. Lui et ses collègues ont compris qu’il va falloir trouver vite leur place sur la photo. Ils s’y emploient déjà : Ryan Heath, en charge du Politico Brussels Playbook (et ex-porte-parole de la commissaire Neelie Kroes), fut un des premiers à poser des questions à Margrethe Vestager, mercredi 15 avril, quand elle a annoncé lancer les hostilités contre Google. Il a toutefois été devancé par le… Wall Street Journal.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.04.2015 à 22h58 Le comité Pulitzer a décerné, lundi 20 avril, à l'université Columbia, à New York, trois prix au quotidien New York Times, dans les catégories International, Journalisme d'investigation et Photo magazine. Ces prestigieuses récompenses américaines en matière de journalisme ont été remises dans vingt et une catégories.Les journalistes du quotidien new-yorkais ont été collectivement distingués dans la catégorie International pour leur couverture de l'épidémie mortelle d'Ebola en Afrique de l'Ouest. Un photographe pigiste du quotidien, Daniel Berehulak, l'a lui aussi remporté dans la catégorie Photo magazine sur le même sujet. Et le journaliste Eric Lipton a reçu le prix pour ses articles sur le rôle des lobbies.Le prix Breaking News (« dernière nouvelle ») de la photographie a récompensé l'ensemble des photographes du St Louis Dispatch pour leur couverture des événements de Ferguson (Missouri, Centre) après la mort d'un jeune Noir non armé, tué par la police en août.Le photographe de l'Agence France-Presse Bulent Kilice figurait parmi les trois finalistes du prix Photographie magazine pour ses photos de Kurdes fuyant les attaques de l'organisation djihadiste Etat islamique dans des petits villes kurdes à la frontière entre la Syrie et la Turquie. 02.04.2015 à 11h49 • Mis à jour le02.04.2015 à 12h07 | Jean-Baptiste Jacquin C’était en mars 2012. Vincent Bolloré, actionnaire à hauteur de 1 % de Vivendi était en passe de monter à 4,5 % en échange de la vente de ses chaînes de télévision D8 et D17. Il proclamait alors : « nous ne comptons jouer aucun rôle au sein du groupe Vivendi si ce n’est être un actionnaire stable à long terme ». Ceux qui l’ont cru ont eu tort. Dix-huit mois plus tard il postulait pour être président du directoire du groupe de télécommunication et de médias, et parvenait à déstabiliser le président du conseil de surveillance, un patriarche pourtant bien renard lui aussi, Jean-René Fourtou.Aujourd’hui, confortablement assis dans son fauteuil à la tête de Vivendi, il s’offusque que des investisseurs représentant 0,8 % et 2 % du capital viennent lui demander des comptes. Mercredi 1er avril, Bertrand Meheut, le patron du groupe Canal+, est monté au front en bon petit soldat pour dénoncer « la coalition menée par un fonds activiste américain visant à déstabiliser Vivendi ». Canal est, avec Universal Music, l’une des deux dernières entreprises de l’ex conglomérat qui a cédé en dix-huit mois pour 35 milliards d’euros d’actifs : SFR, Activision Blizzard (jeux vidéo), Maroc Télécom et GVT (télécoms au Brésil).Lire aussi :Vivendi sommé de partager son trésor de guerreOn crie au loup qui voudrait démanteler un tel joyau. Mais le démembrement a eu lieu, pour l’essentiel. Ce sont les restes du festin qu’ont flairés les loups. En l’occurrence les milliards accumulés par une telle vente aux enchères. Le fonds P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) souhaite demander aux actionnaires de Vivendi lors de l’assemblée générale du 17 avril de voter pour la distribution de 9 milliards de dividendes exceptionnels. Son argumentaire est basique, comme souvent avec les investisseurs activistes : ce cash accumulé grâce aux cessions, et non par les bénéfices, doit être restitué aux actionnaires.Démocratie actionnarialeLa question est légitime. La réponse de M. Bolloré, qui veut profiter de cette situation pour réaliser d’importantes acquisitions dans les médias, peut aussi se plaider. L’autre impertinent, PhiTrust, demande que Vivendi renonce, comme toutes les autres sociétés du CAC 40 aux droits de vote double. Là aussi, cette question de démocratie actionnariale est parfaitement légitime.Mais que fait le renard pendant qu’il crie au loup ? Il se renforce à vitesse accélérée dans le capital de Vivendi. Bolloré a annoncé jeudi 2 avril avoir acheté pour 568 millions d’euros d’actions supplémentaires portant sa participation à 12 %, six jours après avoir franchi les 10 %. En un mois, il a multiplié sa participation par 2,3.Serait-il inquiet ? Il sécurise sa position à l’approche d’une AG qui devra dire si les actionnaires lui laissent les mains libres pour utiliser ce cash dans leur intérêt à long terme, ou s’ils préfèrent le récupérer tout de suite.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.04.2015 à 12h18 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h51 Les prétendants à la succession de Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions sont nombreux. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé mercredi 1er avril avoir reçu 33 candidatures pour le poste de président du groupe audiovisuel public, un nombre élevé puisque seuls 11 candidats se sont officiellement déclarés.Lire : France Télévisions : la liste des candidats à la présidenceAvant de faire son choix, entre le 2 avril et le 22 mai, le CSA doit d'abord établir une liste restreinte de candidats. Ces derniers seront auditionnés à huis clos, et leurs noms ne seront divulgués que si tous les intéressés l'acceptent. Toute la procédure laisse aux candidats une assez grande latitude pour rester cachés.Voici la liste des candidatures connues à ce jour.Les 11 candidats officielsRémy Pflimlin, 61 ans, actuel président de France Télévisions, est candidat officiel. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, M. Pflimlin compte défendre son bilan et le besoin de stabilité pour France Télévisions, qui doit faire face à d'importantes réformes.Marie-Christine Saragosse, 55 ans, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a officialisé sa candidature, jeudi 26 mars, dans un message interne. Diplômée de l'ENA, ancienne dirigeante de TV5 Monde, elle a été nommée par François Hollande en 2012 à la tête de l'audiovisuel extérieur de la France, qu'elle a apaisé après la bataille entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac.Didier Quillot, âgé de 55 ans, a été PDG d'Orange France, puis, à partir de 2006, président du directoire de Lagardère Active. M. Quillot met en avant son expérience de gestionnaire et de conduite du changement dans des entreprises de grande taille, ainsi que son sens du « dialogue social ».Eric Garandeau, ancien président du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et conseiller culturel auprès de Nicolas Sarkozy de 2008 à 2010, il est également issu de l'audiovisuel public. L'homme de 42 ans a déjà travaillé un an à France Télévisions, sous Marc Tessier, et a été administrateur de l'entreprise.Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, a annoncé sa candidature dans un entretien aux Echos, jeudi 26 mars. Il siège au conseil d'administration de France Télévisions depuis 2011. Il a 48 ans. Alexandre Michelin, 50 ans, directeur général de Microsoft MSN pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, s'est déclaré fin février. Il a été directeur des programmes ou directeur général à Paris Première, à Canal+ et France 5.Emmanuel Gout est président du parc d'attractions Cinecitta World et ancien président de Canal+ Italie.Nacer Kettane est président et fondateur du réseau Beur FM.Matthieu Bellinghen est journaliste à France 3 Basse-Normandie.Serge Cimino, 51 ans, est délégué syndical SNJ de France Télévisions.Cyril Hanouna, animateur sur D8 de « Touche pas à mon poste », a lui aussi lancé une campagne humoristique avec pour slogan « La France Télévisions forte », référence à une formule de Nicolas Sarkozy.ON SAIT QU'ILS SONT CANDIDATS (4)Nathalie Collin, 50 ans, directrice générale adjointe de La Poste, chargée de la communication et du numérique, est également candidate selon nos informations. Diplômée de l'Essec, elle est issue du secteur des médias et ancienne présidente du directoire de Libération et directrice du Nouvel Observateur.Robin Leproux, ancien vice-président du directoire du groupe M6, ex-patron du Paris Saint-Germain et de RTL, est aussi sur les rangs.Pascal Josèphe, 60 ans, qui a travaillé pour le cabinet de conseil IMCA et été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, postule également.Cyrille du Peloux, 61 ans, cadre dans le groupe de services collectifs Veolia depuis douze ans, qui a été dirigeant de TF1 et de Paris Première dans les années 1980 et 1990.LEUR CANDIDATURE N'EST PAS CONFIRMEE (2)Delphine Ernotte-Cunci, directrice exécutive d'Orange France, ne s'est toujours pas exprimée. Ingénieure de formation, elle a fait toute sa carrière chez l'opérateur français.Emmanuel Hoog, PDG de l'AFP. Souvent cité comme candidat dans la presse, il garde lui aussi le silence sur ses intentions. 33 candidats à la présidence de France TéléLire aussi : Diriger France Télévisions serait-il « le pire job des médias » ? Cédric Pietralunga et Sarah Belouezzane Orange pensait avoir réglé l’affaire Dailymotion. L’opérateur devait en effet entrer en négociations exclusives avec PCCW, la holding de Richard Li, le fils du célèbre milliardaire chinois de Hong Kong Li Ka-shing, l’un des hommes les plus riches d’Asie, pour la cession de 49 % du capital de la plate-forme. Mais pour Emmanuel Macron, c’est aller trop vite en besogne.Selon nos informations, le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique a bloqué l’entrée en négociations exclusives de l’ex-monopole d’Etat avec le groupe hongkongais. « Nous avons demandé à Orange de prendre en compte les éléments de la souveraineté numérique européenne », confirme M. Macron. Comprendre : Dailymotion est une « pépite » hexagonale et il serait préférable que l’opérateur privilégie des partenaires européens voire français pour assurer son développement.Du côté d’Orange, dont l’Etat possède 24,9 %, on précise qu’il n’y a aujourd’hui aucun processus de négociation exclusive lancé avec qui que ce soit, contrairement à ce qui avait été évoqué au lendemain du conseil d’administration de l’opérateur du 11 mars. Le groupe serait ouvert à tous, notamment aux investisseurs européens, promet-on dans l’entourage d’Orange.Lire aussi :Orange discute avec le chinois PCCW pour DailymotionGoût de déjà-vuParmi les potentiels partenaires issus du Vieux Continent, se mêlent les noms des allemands Axel Springer et Bertelsmann, mais également des français Vivendi, propriétaire de Canal+, et AlloCiné. Selon un proche des négociations, c’est Fimalac, la maison mère de ce dernier, qui semble aujourd’hui le candidat le plus probable. Le groupe de Marc Ladreit de Lacharrière a déjà manifesté à plusieurs reprises son intérêt pour Dailymotion. Les fuites dans la presse d’une possible entrée en négociations de l’ex-monopole d’état avec le groupe de Li Ka-shing auraient réveillé l’appétit de l’homme d’affaires pour le site de streaming. Ce dernier n’aurait toutefois pas encore présenté de projet bien défini.Le ralentissement des négociations avec l’homme d’affaires asiatique a, pour Orange, un goût de déjà-vu. Stéphane Richard, patron de l’opérateur, avait en effet dû renoncer, au printemps 2013, à la cession de la plate-forme de streaming au géant américain Yahoo! pour 300 millions de dollars (279 millions d’euros). A l’époque, Arnaud Montebourg, le tonitruant ministre du redressement productif, avait tapé du poing sur la table, empêchant la transaction, au motif que Dailymotion devait demeurer sous pavillon hexagonal.Cette fois, le mode opératoire est plus feutré, à l’image de M. Macron. Mais le résultat est le même. L’actuel ministre va même plus loin que M. Montebourg : ce dernier était prêt à voir un partenaire international arriver dans le capital de Dailmymotion pour peu qu’il ne s’agisse pas d’une « dévoration ». En clair, qu’il ne prenne pas plus de 50 % du capital. M. Macron a toutefois clairement indiqué qu’il n’y aurait, de sa part, pas de veto contre le choix du conseil d’administration d’Orange.« L’Europe a besoin d’une stratégie numérique ambitieuse »De source proche de l’exécutif, on indique qu’un partenaire chinois pour un site de l’importance et de la taille de Dailymotion est difficilement compatible avec les ambitions française et européenne en matière de numérique. « L’Europe a besoin d’une stratégie numérique ambitieuse dans les prochaines années, fondée sur un marché européen plus intégré », ont ainsi indiqué M. Macron et Sigmar Gabriel, son homologue allemand, lors d’un conseil des ministres franco-allemand organisé mardi 31 mars à Berlin.Dans une déclaration conjointe, les deux ministres ont préconisé l’établissement d’un« cadre réglementaire approprié pour des plateformes structurantes au niveau européen », première étape pour la création d’un « marché unique du numérique ». Ils veulent, par ailleurs, mettre l’accent sur des technologies comme le Big data ou encore le « cloud computing », l’informatique dans les nuages, qui permet de stocker les données à distance dans des supers ordinateurs.Pas étonnant, dans ce contexte, que l’attention du gouvernement se porte sur Dailymotion. Le site de streaming compte 128 millions de visiteurs uniques par mois contre un milliard pour YouTube, la filiale de Google. Le destin de la plate-forme tricolore risque de déchaîner les passions pendant encore quelque temps. Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ils s’étaient jusqu’ici peu exprimés. Mais les dirigeants de l’UMP ont décidé, mardi 31 mars, de lancer une offensive sur la gestion de l’audiovisuel public sous François Hollande. En réunion du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a ainsi appelé la droite à dénoncer « le scandale de la grève à Radio France à un moment où 43 millions de Français vont voter » pour les départementales, dimanche 29 mars.Mais le président de l’UMP a également appelé à dénoncer « le processus de nomination de France Télévisions, où on garde même le secret des auditions ». Joint par Le Monde, le porte-parole de l’UMP renchérit : « Nous sommes face à un scandale d’Etat, a lancé Sébastien Huyghe. Nous sommes étonnés, voire atterrés, de voir que les auditions par le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour la présidence de France Télévisions se font de la manière la plus opaque possible : les candidats ne sont pas connus, les auditions sont à huis clos. On ne connaît pas les projets ni les critères de choix. C’est pourtant 2,3 milliards d’argent public ! »La nomination du président de France Télévisions est un point de clivage net entre PS et UMP : Nicolas Sarkozy avait choisi de faire le choix lui-même en temps que président de la République (avec avis des commissions culturelles parlementaires, a posteriori). François Hollande a expressément changé la procédure pour confier cette tâche au Conseil supérieur de l’audiovisuel, en gage d’indépendance par rapport au pouvoir politique.M. Huyghe insinue que la procédure est biaisée : « Le président de la République François Hollande ne pilote-t-il pas en réalité la nomination du président de France Télévisions ? On se pose la question. Le choix a été confié au CSA, présidé par Olivier Schrameck, qui est ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon et donc tout sauf indépendant. » « Le gouvernement fait pression sur le CSA », croit aussi savoir Franck Riester, député UMP spécialiste de l’audiovisuel, joint par Le Monde.Mathieu Gallet « bouc émissaire »Sur Radio France, la charge n’est pas moins rude : « Au lieu de fixer un cap et de mener les réformes progressivement, l’Etat crée une crise et utilise Mathieu Gallet comme bouc émissaire. » Le président de Radio France s’est notamment vu reprocher les dépenses de rénovation de son bureau, mais également, ce mardi dans Le Canard enchaîné, les frais de sa présidence précédente, à l’Institut national de l’audiovisuel, pour des rénovations encore et des conseils extérieurs.« Mathieu Gallet a reconnu des erreurs et il faudra voir ses réponses au nouvel article du Canard enchaîné. Mais le fond du problème est ailleurs : que fait-on de cette crise financière à Radio France ? », répond M. Riester.A Radio France, l’Etat « créé la crise financière » de l’entreprise, insiste le député, accusant le gouvernement d’avoir ponctionné des ressources destinées à l’audiovisuel pour honorer d’autres dépenses du budget de l’Etat. « On n’épaule pas, on met des bâtons dans les roues. C’est tout l’inverse de ce que doit faire une tutelle responsable et digne de ce nom », pense M. Riester, que Nicolas Sarkozy a consulté et qui va poser une question au gouvernement mercredi à l’Assemblée nationale, après avoir déjà interpellé la ministre de la culture Fleur Pellerin dans l’hémicycle la semaine dernière.Mardi, l’UMP s’est dévoilée sur un autre point, sensible : « La fusion pure et simple des principales rédactions du groupe, France Inter, France Info et France Culture. » Une piste prônée dans un rapport explosif de la Cour des comptes, mais immédiatement écartée par le président Mathieu Gallet, la jugeant impopulaire.Lire aussi :La Cour des comptes fustige la gestion de Radio FranceDavid-Hervé Boutin, le secrétaire national à la culture du parti de Nicolas Sarkozy, a également cité la « fusion » des orchestres de Radio France, une autre réforme proposée par la Cour des comptes et combattue par les grévistes, avant de demander : « Qu’attend le gouvernement pour réagir et enfin prendre les mesures vigoureuses qui s’imposent ? »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 19h55 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h43 Charlie Hebdo n’est plus cette publication suivie par quelques milliers de lecteurs fidèles, ce journal dont les nostalgiques reconnaissaient en avouant ne plus le lire : « Oui, j’ai lu Charlie quand j’étais jeune… » Devenu symbole mondial, Charlie Hebdo est désormais doté d’une identité inscrite dans la chair de son équipe dont les survivants ont tous choisi, après les attentats, de reprendre le flambeau hebdomadaire.Chacun d’entre nous, au journal, mais aussi chaque lecteur se retrouve un peu propriétaire de l’esprit Charlie, un esprit de tolérance et de résistance que notre journal incarne malgré lui depuis le 7 janvier 2015. L’incroyable solidarité de tous, votre soutien massif nous rendent dépositaires, nous membres de Charlie, d’une charge symbolique exceptionnelle. Oui, nous sommes désormais un bien commun.Charlie doit continuer, c’est pour nous une évidence, fidèle aux valeurs qui constituent son ADN, dans l’esprit de ses fondateurs et de ceux qui ont disparu : une place majeure accordée au dessin et à la caricature, une indépendance totale vis-à-vis des pouvoirs politiques et financiers, se traduisant par un actionnariat réservé aux salariés du journal, à l’exclusion de tout investisseur extérieur et de toute ressource publicitaire, défendant un modèle économique alternatif et dénonçant toutes les intolérances et les intégrismes divers et variés.Nous vivons tous le deuil de nos amis et sommes chaque jour au côté des familles, dont nous tentons d’apaiser la douleur. Nous sommes encore sous le choc de la tuerie, mais avons fait le choix de nous reconstruire en rebâtissant Charlie, et de faire ainsi notre part du devoir de mémoire que nous avons vis-à-vis de nos camarades assassinés.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journalPour vous, les millions de soutiens, les millions de lecteurs, nous devons continuer à nous battre. Rester fidèle à nos valeurs. Vous assurer de la plus grande transparence. Alors comment être à la hauteur de cette charge qui pèse sur nos épaules, nous qui avons failli mourir pour ce journal, nous dessinateurs, maquettistes, administratifs, webmaster, chroniqueurs, journalistes ? Comment échapper au poison des millions qui, par des chiffres de vente hors normes, mais aussi par les dons et les abonnements, sont tombés dans les poches de Charlie ? Comment continuer à fabriquer ce journal libre d’esprit que nous aimons tant, un journal satirique et fier des idées qu’il essaie de porter ?Rester libreEn remettant à plat l’architecture de Charlie. En recourant à une forme de société coopérative, dont nous discutions en interne depuis des années, et qui se situe dans la droite ligne de l’économie sociale et solidaire que Charlie prône depuis toujours ; le journal doit abandonner le statut d’entreprise commerciale. En accordant à chacun d’entre nous le droit de prendre part, collectivement, aux décisions qui engagent le journal, sans en retirer de gains personnels : les parts sociales dévolues ne donneront aucun droit à dividendes, mais nous offriront la possibilité d’être impliqué dans la reconstruction de ce qui est pour nous aujourd’hui bien plus qu’un employeur.En bloquant, comme nos camarades du Canard enchaîné, sous votre regard et par la volonté de tous les membres de Charlie, ces incroyables réserves financières qui doivent ne servir qu’à garantir la pérennité du titre à dix, vingt ou trente ans, en en affectant les fruits à la consolidation du titre, à l’apuration de ses dettes, à son développement et à sa nécessaire modernisation.Nous n’avons aucune ambition personnelle, hormis celle de faire un journal toujours meilleur et de faire perdurer Charlie Hebdo. La cause que nous défendons n’est en rien financière, c’est une cause juste et morale. Or, nous assistons aujourd’hui à des prises de décision importantes pour le journal, souvent le fait d’avocats, dont les tenants et les aboutissants restent opaques. Nous entendons qu’une nouvelle formule se prépare, dont nous sommes exclus.Nous ignorons tout de la fondation qui est en train d’être créée et souhaitons qu’elle soit l’émanation d’un projet mûrement réfléchi par l’ensemble du journal. Nous refusons que le journal, devenu une proie tentante, fasse l’objet de manipulations politiques et/ou financières, nous refusons qu’une poignée d’individus en prenne le contrôle, total ou partiel, dans le mépris absolu de ceux qui le fabriquent et de ceux qui le soutiennent. Surtout, nous refusons que ceux qui ont dit et écrit « Je suis Charlie » se réveillent demain matin avec la gueule de bois des illusions souillées, et constatent que leur confiance et leur attente ont été trahies.La réorganisation du journal et l’œuvre de transparence sont un moyen de porter au mieux et tous ensemble le Charlie d’après le 7 janvier, un Charlie qui devrait donner envie de rire du pire plutôt que de s’y résigner, qui ne révérera aucun pouvoir, qui sera un journal fiable et enquêté, engagé et attentif aux nouvelles luttes politiques citoyennes, tout en accordant plus de place aux phénomènes culturels, littéraires et poétiques de notre siècle. C’est la seule façon de retrouver l’énergie, les idées, la légèreté, la capacité de créer et de nous projeter dans l’avenir.Le collectif du journal Charlie Hebdo : Zineb El-Rhazoui, Simon Fieschi, Antonio Fischetti, Pascal Gros, Philippe Lançon, Laurent Léger, Luz, Mathieu Madénian, Catherine Meurisse, Patrick Pelloux, Martine Rousseaux, Jean-Baptiste Thoret, Sigolène Vinson, Jean-Luc Walet, Willem. Alexis Delcambre La Cour des comptes doit publier, mercredi 1er avril, un rapport très attendu sur Radio France, à l’heure où l’entreprise publique traverse une grave crise, marquée par un déficit de son budget et une grève qui atteindra mercredi son quatorzième jour. Ce rapport concerne la période 2006-2013, antérieure à l’arrivée du PDG Mathieu Gallet dont certaines dépenses, notamment pour la rénovation de son bureau, sont l’un des motifs de la crise actuelle.Lire aussi :Entre Radio France et son patron, la greffe n’a pas prisSelon un communiqué préalable, la cour constate dans ce rapport « la rigidité des coûts de fonctionnement » de Radio France, qui « devra en tout état de cause réaliser un effort très significatif d’économies structurelles ».Les magistrats soulignent que les effectifs de l’entreprise – 4 909 ETP en 2013 – ont crû de 14,3 % entre 2000 et 2011 et la masse salariale de 18,8 % entre 2006 et 2013, avec un recours à l’intermittence représentant près de 12 % de la masse salariale en 2013. La Cour a relevé 29 régimes de primes, « un modèle social complexe (…) source de grandes rigidités », « un dialogue social intense, difficile voire conflictuel » et estime que « 388 personnes – soit environ 8 % des effectifs – bénéficient du régime des salariés protégés ».« Des défaillances inacceptables pour une entreprise de cette taille »La cour s’en prend à la gestion des antennes, au « développement peu ordonné et dispendieux ». « Leurs budgets ont augmenté de 27,5 %, sans recherche de coordination des activités ni de mutualisation des moyens », constatent les magistrats, et « Radio France n’a pas achevé sa mue numérique ».Du côté de la musique, le rapport estime que « la coexistence de deux orchestres symphoniques (Orchestre national de France et Orchestre philharmonique de Radio France) pose question ».Toujours au rang des reproches, la cour constate des manquements dans la gouvernance. « La gestion de Radio France souffre de défaillances qui ne sont pas acceptables pour une entreprise de cette taille et doivent donc être corrigées », selon le rapport, qui souligne le rôle insuffisant du conseil d’administration, des procédures qui « tendent à reconduire les dépenses antérieures » et une « politique des achats chaotique ».Enfin, les magistrats estiment que le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio a été « mal maîtrisé » et « une occasion manquée de se réinventer », en raison notamment des « défaillances de la programmation initiale ». « Radio France ne s’est pas dotée, pour conduire ce projet, d’une équipe, d’une organisation et de procédures adaptées », constate la cour, qui dénonce « un doublement du coût » de 262 millions d’euros courants (2004) à 575 millions.Le rapport s’achève par des préconisations radicales : « Le décloisonnement des antennes », « la création d’une rédaction unique » – à laquelle le PDG, Mathieu Gallet, a indiqué qu’il n’était pas favorable –, « la réorganisation des modes de production », une décision rapide sur l’avenir du Mouv’, la fusion des « deux orchestres symphoniques de Radio France », une « direction commune à France Musique et à la direction de la musique » et la révision du « cahier des charges de Radio France (…) en faisant notamment évoluer les relations que Radio France entretient avec les autres entreprises de l’audiovisuel public. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Le groupe allemand Bertelsmann, un des plus grands groupes médias du monde, voit dans la formation continue et le e-learning (apprentissage sur Internet) de fortes perspectives de croissance ces prochaines années. Le groupe multiplie actuellement les investissements dans ce secteur et espère engranger, grâce à ce nouveau segment d’activité, un chiffre d’affaires à long terme d’un milliard d’euros. Bertelsmann ambitionne, entre autres, de devenir un grand acteur mondial du e-learning, a annoncé le groupe, mardi 31 mars, lors de sa conférence de presse annuelle.« Partout dans le monde, on voit émerger un énorme besoin d’offre de formations de qualité. Grâce au numérique, la formation va devenir plus accessible, moins chère et plus individuelle », a expliqué Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann mardi.Le groupe se concentre sur trois segments du marché, jugés particulièrement attractifs : le e-learning, ou la formation continue pour les entreprises et les utilisateurs finaux, la formation supérieure et les services liés à la formation, en lien avec les universités les plus prestigieuses du monde dans le domaine de la santé.Réseau mondial d’établissements d’enseignement« Ces trois segments promettent de forts taux de croissance. Ils sont fragmentés, avec de nombreuses petites et moyennes entreprises qui veulent croître et ont donc besoin de partenaires internationaux et financièrement solides comme Bertelsmann », a poursuivi M. Rabe.Au service de cette stratégie, Bertelsmann a réalisé ces six derniers mois d’importants investissements. Il a d’abord racheté, fin octobre 2014, le groupe Relias Learning, un des plus gros prestataires de formation du marché américain, avec un portefeuille de plus de 4 000 entreprises clientes et 2 millions d’utilisateurs privés. C’est le plus gros investissement du groupe allemand sur le marché américain depuis le rachat de Random House en 1998.Pour Bertelsmann, « Relias offre d’importantes perspectives de croissance parce qu’il est porté par cinq tendances de fond au plan mondial : la formation continue, la santé, la régulation, l’externalisation et la numérisation ».En février, le groupe allemand a annoncé la formation d’un réseau mondial d’établissements d’enseignement supérieur pour la médecine et les sciences humaines, nommé Arist. Mardi, Bertelsmann a annoncé en outre l’augmentation de sa participation dans Synergis Education, une entreprise américaine qui propose notamment aux universités des cursus entièrement en ligne.Les activités médias stagnent ou reculentLa formation doit devenir à long terme le troisième pilier d’activité du groupe, à côté des médias et de la prestation de services. Cette stratégie doit permettre à Bertelsmann de renforcer ses activités génératrices de croissance, alors que certaines de ses activités traditionnelles sont en stagnation ou en recul.C’est le cas de son groupe de presse Gruner + Jahr, qui enregistre une baisse de son chiffre d’affaires de 13,3 % sur un an, à 1,7 milliards d’euros, dû à la vente de certains actifs et au recul des ventes de magazines et de la publicité.Le groupe RTL a, lui, vu son chiffre d’affaire stagner, à 5,8 milliards d’euros (– 0,3 %) notamment à cause de la légère baisse du chiffre d’affaires de ses filiales françaises, la chaine M6 et la radio RTL.La branche édition reste cependant très solide : la filiale Penguin Random House, depuis 2013 le premier éditeur d’ouvrages d’intérêt général du monde, a vu son chiffre d’affaires bondir de 25,2 % en un an, grâce à de nombreux best-sellers en langue anglaise.Bertelsmann a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires total de 16,7 milliards d’euros (+ 3,1 %), sa marge opérationnelle reste stable, à 14,2 %.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde Corine Lesnes (San Francisco, correspondante) Le Sénat américain va se pencher sur les pratiques de Google, et sur les conditions dans lesquelles le moteur de recherche a été blanchi, en 2013, des accusations d’abus de position dominante par la FTC, l’agence fédérale chargée de la défense des consommateurs.Le 20 mars, le Wall Street Journal avait révélé que les commissaires de la FTC avaient décidé de classer le dossier, alors que les experts de sa division de la concurrence avaient recommandé d’engager des poursuites. Le quotidien avait eu accès à un rapport préliminaire, qui n’aurait pas dû être rendu public mais qu’il avait obtenu dans le cadre d’une requête invoquant la loi sur la liberté de l’information.Lire aussi :Révélations sur les drôles de pratiques de GoogleCe rapport, daté de 2012, concluait que le géant de Mountain View favorisait ses propres services dans ses référencements, qu’il copiait les données de ses concurrents, comme Yelp ou Tripadvisor, et exerçait des pressions sur les annonceurs pour qu’ils choisissent sa propre régie publicitaire, AdWords.Le sénateur républicain de l’Utah, Mike Lee, qui préside le comité anti-trust de la commission des lois du Sénat, a indiqué, lundi 30 mars, au National Journal, qu’il s’intéresse aux différents aspects du dossier : « Comment la FTC a-t-elle pu laisser filtrer un rapport confidentiel, et quelles conversations, le cas échéant, la FTC ou Google ont-ils eues avec la Maison Blanche sur les investigations en cours ? »230 visites à la Maison BlancheIl ne s’agit pas, dans l’immédiat, d’enquêter sur le fond de l’affaire elle-même, à savoir la plainte pour abus de position dominante portée par Microsoft et d’autres concurrents de Google, a précisé le sénateur. L’élu républicain souhaite en savoir plus sur les contacts entre Google et l’administration Obama pour établir si celle-ci a aidé la firme à éviter les sanctions en faisant pression sur la FTC, agence statutairement indépendante.La semaine dernière, le Wall Street Journal a révélé que des employés de Google avaient été reçus quelque 230 fois à la Maison Blanche depuis l’élection de Barack Obama en 2008, soit une fois par semaine en moyenne. Le PDG de Google, Eric Schmidt a soutenu M. Obama depuis les débuts et il a joué le rôle de conseiller informel auprès du président.Google a réagi au décompte du Wall Street Journal par la voix de sa vice-présidente pour les communications, Rachel Whetstone. Celle-ci a affirmé qu’il n’avait en aucun cas été question de la plainte portée devant la FTC dans les conversations des employés de la firme à la Maison Blanche.Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San FranciscoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.03.2015 à 16h08 • Mis à jour le31.03.2015 à 18h56 Par Ludovic Piedtenu, président de la Société des journalistes de Radio France et journaliste au service international de France Culture :« Les salariés et les auditeurs de Radio France sont spectateurs d’une mauvaise pièce de théâtre entre le PDG de Radio France et son actionnaire unique, l’État. Et ils demandent : à quand la fin ?La crise à Radio France dure depuis trop longtemps et l’intense période d’actualité que nous traversons n’a qu’un maigre écho sur nos ondes. Deux scrutins en sourdine, mais aussi une retentissante tragédie aérienne et l’attaque terroriste en Tunisie. Parmi les journalistes, si chacun porte un regard différent sur le mouvement social à Radio France, nous sommes tous rassemblés dans la volonté de mettre fin à ce malaise qui ne date pas du premier jour de grève et qui entrave jour après jour notre mission de service public.La principale variable trouvée jusqu’ici pour tenter de faire des économies budgétaires est l’emploi. Sur ce point, la direction et la tutelle, c'est-à-dire l’État, semblent être d’accord. L’avenir de Radio France est en train de se jouer dans un bras de fer inédit avec la tutelle pour négocier le prochain Contrat d’objectifs et de moyens (COM 2015-2019) qui doit déterminer le cap des prochaines années et les ressources pour l’atteindre.Or nous vivons depuis longtemps déjà les restrictions qui pèsent sur l’information, moins d’ambition et des économies à tous les étages. Et l’État n’a pas honoré 87 millions et demi d’euros promis à Radio France. Que dire du fruit de la taxe Telco ou « taxe Copé » créée en 2009 pour aider tout l’audiovisuel public dont Radio France et qui aujourd’hui abonde plus le déficit de l’État que les entreprises concernées ? L’État doit s’acquitter de ce qu’il doit à la radio publique.La contrainte budgétaire, un frein à l’informationL’État porte donc une responsabilité particulière dans la situation financière critique que connait aujourd’hui Radio France. Il doit assumer cette responsabilité s’il ne veut pas que le service public de la radio perde son identité, son indépendance, sa diversité et sa qualité.Alors que le PDG de Radio France annonce 50 millions d’euros d’économie d’ici 2019, notre métier est devenu de plus en plus compliqué, au quotidien. Savez-vous que nous mettons souvent de longues journées avant de prendre la décision de partir en reportage, le temps de vérifier si notre budget le permet ? C’est un frein à l’information.Les budgets de reportages sont chaque année un peu plus contraints, la réflexion est à la fusion de services entre rédactions, une crainte pour les identités éditoriales de chaque chaîne. Nos sites Internet regorgent déjà de publicités intrusives, l’heure du bricolage et de la vision purement comptable approche. Sauf que l’information ne se bricole pas.Savez-vous que plus de 100 journalistes en CDD, remplacent les titulaires au pied levé partout en France, faisant au mieux pour cerner les enjeux économiques, politiques d’une région, en quelques jours seulement, sans garantie aucune d’une embauche future ? Et que chaque année, la direction réduit l’enveloppe financière qui permet de les faire travailler régulièrement ?Aujourd’hui ce n’est pas la radio publique qui coûte cher mais la restauration du bâtiment qui l’abrite. S’il y a bien un budget que les directions successives ont alimenté sans compter, et qui assombrit à lui seul les perspectives de la Maison ronde : c’est bien celui de sa réhabilitation. Un chantier certes complexe, mais surtout plombé de malfaçons et de projets démesurés qui pourraient financer des décennies de reportages, de journaux, d’émissions, de podcast, d’info en ligne. Ce budget a explosé, d’un devis initial de 176 millions d’euros, l’estimation culmine aujourd’hui à 584 millions d’euros. Comment justifier les efforts demandés aux rédactions et à tous dans cette maison face à cette gabegie et l’absence de bon sens ?Mathieu Gallet vient de décider un moratoire sur une partie de la fin du chantier, nous verrons. Pour le reste, c’est l’impasse absolue. La direction et la tutelle se renvoient la balle, dans un match qui ne présage rien de bon pour la qualité de l’information à Radio France. Chacun semble improviser dans son coin et une vieille rengaine autoritaire s’échappe de la rue de Valois quand le président de Radio France y est convoqué et tancé publiquement.Réglement de comptes entre l’Etat et le CSAMadame Pellerin, Monsieur Gallet, il faut mettre un terme à la reformulation des projets pour Radio France. Monsieur Hollande, Monsieur Valls, il faut mettre un terme à cette cacophonie, au pourrissement d’une situation qui devrait au contraire vous obliger à agir, dans l’intérêt du service public de la radio et des auditeurs. Il faut sortir de l’indécision permanente et d’une espèce de nostalgie, cette volonté à peine voilée de reprise en main de l’audiovisuel public à l’opposée de la marche de l’Histoire. Radio France en apéritif de l’autre enjeu politico-médiatique : la prochaine présidence de France Télévisions.Radio France ne doit pas servir de « terrain de jeu » aux règlements de comptes entre l’État et le CSA. Monsieur Hollande, Monsieur Valls, les auditeurs et les personnels de Radio France tous corps de métier confondus n’ont que faire de ces querelles. Les salariés et les auditeurs refusent que la radio publique fasse les frais d’affaires de personnes.C’est à l’État, à Matignon et à Bercy, de ne pas casser cette maison. C’est à vous d’assurer la continuité de l’éventail unique d’information que proposent tous les jours les rédactions de France Info, France Inter, France Bleu, France Culture, France Musique et Mouv’. Exigence, réactivité, pluralité, proximité. C’est à l’État de garantir une information publique de qualité et de s’engager pour son avenir. Vous savez que dans une France qui lutte contre ses divisions, une information indépendante et gratuite qui s’adresse à tous est, plus que jamais, un enjeu primordial.Mieux qu’une négociation comptable sur un budget, Radio France mérite une négociation sur un projet. Et des moyens dignes de ce nom pour le servir. Et pour l’offrir aux auditeurs, les salariés et les journalistes de la radio publique attendent de l’ambition à tous les niveaux. Aujourd’hui, rien de tel n’est au rendez-vous. » Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fusion géante entre les câblo-opérateurs américains Comcast et Time Warner Cable (TWC) ne verra finalement pas le jour. Les deux groupes, qui avaient annoncé leur rapprochement le 13 février 2014, ont préféré jeter l’éponge face au scepticisme des autorités américaines de la concurrence, selon des sources proches du dossier et citées, jeudi 23 avril, par l’agence Bloomberg. L’abandon de l’opération devait être officialisé dans la journée de vendredi.Comcast, le leader du secteur aux Etats-Unis, avait initialement proposé de racheter TWC, le numéro deux, pour 45,2 milliards de dollars (41,7 milliards d’euros), soit 67 milliards de dollars dette comprise.A l’issue, les deux groupes auraient cumulé 30 millions d’abonnés. Mais, depuis cette annonce, d’intenses négociations se sont engagées avec le régulateur américain du secteur, la Federal Communications Commission (FCC), pour savoir si l’opération respectait les règles de la concurrence. Il y a quelques jours, le ministère de la justice avait commencé à émettre de sérieux doutes sur la faisabilité de la fusion.Lire aussi :La fusion Comcast-Time Warner sous la loupe de l’antitrust américainMercredi, le parcours d’obstacles s’est encore un peu plus compliqué. Comcast et TWC ont rencontré des membres de la FCC et du ministère de la justice, dont le feu vert était nécessaire pour que l’opération puisse aller à son terme. Leurs interlocuteurs ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact qu’aurait une fusion sur les consommateurs.Le précédent AT&TLa FCC a proposé que le feu vert donné à l’opération le soit par un juge administratif. Cette procédure, qui en dit long sur le scepticisme du régulateur, a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’issue finale devenant très incertaine, et malgré des dépenses en lobbying, en 2014, de 17 millions de dollars, Comcast a donc préféré renoncer.C’est le même type de procédure qui avait été imposé à AT&T pour valider son rapprochement avec T-Mobile en 2011. On sait ce qu’il advint : la fusion avait été cassée par le juge, et l’opérateur avait dû payer 4 milliards de dollars d’indemnités à Deutsche Telekom, la maison mère de T-Mobile.Comcast a eu beau répéter, ces derniers mois, que la fusion était dans l’intérêt public parce qu’elle permettrait de fournir aux clients de TWC un meilleur service, les autorités américaines ne se sont pas laissées convaincre.Il faut dire que le nouveau groupe aurait détenu 30 % du marché de la télévision payante aux Etats-Unis et 57 % de celui des fournisseurs d’accès à Internet. Les deux acteurs avaient proposé quelques concessions pour faire passer la pilule. Il était notamment question de rétrocéder environ trois millions d’abonnés au challenger du secteur, Charter Communications, qui serait ainsi passé de la quatrième à la deuxième place. Mais, visiblement, la concession n’a pas été jugée suffisante.Bonne nouvelle pour le consommateurLe renoncement à cette fusion fait les affaires de groupes de média, comme Time Warner – dont les activités n’ont plus rien à voir avec celles de TWC –, de Walt Disney, de 21st Century Fox ou encore de Netflix, qui voyaient d’un mauvais œil la constitution de ce nouveau géant. Reed Hastings, le fondateur et patron de la société de streaming (lecture sans téléchargement) était d’ailleurs l’un des plus virulents opposants à ce projet de mariage. Netflix avait déjà dû accepter de verser d’importantes sommes d’argent à Comcast et à TWC, afin d’assurer une vitesse de connexion optimale pour ses abonnés. Réunis, les deux opérateurs auraient encore plus de poids dans ces négociations.Du côté du consommateur, qui paie déjà des prix prohibitifs comparés à ceux pratiqués en Europe pour accéder à Internet, cette réduction du nombre d’acteurs n’aurait pas été non plus une très bonne nouvelle.La recomposition du secteur est donc relancée. Charter Communications et son principal actionnaire, Liberty Media, l’une des holdings du milliardaire américain John Malone, qui avait fait une offre sur TWC quelques semaines avant l’annonce de la fusion, pourrait revenir dans le jeu. Mais, à l’époque, la valorisation proposée, beaucoup moins généreuse que celle de Comcast, avait été rejetée par la cible.Il y a quelques mois, lors d’une réunion avec des investisseurs, M. Malone avait dit qu’il était prêt à envisager une nouvelle offre si jamais l’opération avec Comcast échouait. C’est désormais chose faite.Pour TWC, qui avait fait de cette fusion la pierre angulaire de stratégie, c’est assurément un coup dur. La direction de l’entreprise a prévu d’organiser une conférence téléphonique avec ses actionnaires, le 30 avril. Le PDG du groupe, Robert Marcus, arrivé à la tête de la société seulement un mois et demi avant la vente à Comcast, avait empoché une rémunération astronomique de 80 millions de dollars. Il va maintenant lui falloir trouver un plan B capable d’assurer un futur à TWC.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Anne Eveno « Chez Orange, elle connaît tous les rouages de l’entreprise et des métiers. Aller vers une autre entreprise va être pour elle un vrai défi, un saut dans l’inconnu. » Ce haut cadre d’Orange résume bien l’équation que va devoir résoudre Delphine Ernotte, nommée, jeudi 23 avril, présidente de France Télévisions, après vingt-six années passées chez l’opérateur.A 48 ans, la directrice générale adjointe d’Orange France a arpenté toutes les fonctions possibles au sein de son entreprise : de l’analyse financière à la R&D, de la distribution aux fonctions de direction. Centralienne, cette ingénieure de formation y a appris la vente, la communication, le marketing et le délicat exercice du dialogue social. Elle a aussi contribué à transformer l’entreprise et appris à composer avec la présence de l’Etat.« C’est une vraie patronne qui sait déléguer, écouter et décider », décrit Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution de Canal+, qui a travaillé sous ses ordres chez Orange. « Mi corse-mi basque, elle a un côté mama qui protège voire couve ses équipes, renchérit Elie Girard d’Atos, qui a travaillé avec elle pendant six ans. C’est une bosseuse, très impliquée. Lors de la grande panne des mobiles de l’été 2012, elle a passé toute la nuit au centre de supervision au beau milieu des techniciens et impressionné tout le monde. » Des tempêtesChez Orange, les tempêtes n’ont pas manqué. Mme Ernotte a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau concurrent, Free Mobile, en 2012. Surtout, elle a été confrontée, comme toute la direction du groupe, à la crise des suicides chez l’opérateur, consécutive à la mise en place du plan « Next ». Propulsée au comité exécutif après le départ de Didier Lombard – mis en cause dans cette affaire –, la nouvelle directrice générale admet alors que ces drames ont suscité chez elle « un mélange de profonde culpabilité et de déni » et « une remise en question fondamentale ».Ses défenseurs soulignent qu’elle a ensuite œuvré à l’« apaisement » du climat social. « C’est difficile d’évaluer son implication dans la crise sociale qui a secoué l’entreprise du temps de Lombard, juge une source chez Orange. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a appris à écouter, elle a réussi à respecter le contrat social dans un contexte difficile où Orange France était secoué de tous les côtés par la concurrence. »Dans sa nouvelle maison, Delphine Ernotte se sait attendue sur ce terrain. Pendant la campagne, la CGC Médias l’a associée à cette crise des suicides – un message lourd dans le contexte de fragilité sociale que connaît France Télévisions. Dans sa décision motivée, le CSA a souligné que la nouvelle PDG voulait « bâtir, par la négociation et le dialogue, un plan stratégique visant à promouvoir la confiance au sein de France Télévisions ».Lire aussi (édition abonnés) :France Télévisions, le grand corps maladeL’inconnue des contenusPour cela, elle devra forcer sa personnalité que beaucoup décrivent comme « froide » ou « distante ». « Son côté froid, c’est une carapace, corrige un cadre de l’opérateur. En réalité elle a beaucoup d’empathie et je l’ai vue dans plein de conventions faire le show quand il le fallait. »Et d’avancer une explication : « Elle a toujours été dans un milieu d’hommes, elle doit sûrement se protéger aussi. » Dans l’univers d’ingénieurs souvent masculin qu’est Orange, Delphine Ernotte s’est attachée à défendre la place des femmes, infligeant des amendes de 10 euros pour toute remarque sexiste formulée en comité exécutif.Autre défi pour la nouvelle présidente : son inexpérience dans les contenus et l’audiovisuel, même si Orange distribue aussi des contenus et que le CSA relève sa « perception des enjeux de l’audiovisuel ». Ses amis ont beau évoquer sa « passion du théâtre » – son époux est le comédien Marc Ernotte et elle ne manque pas de réseaux dans le monde culturel –, sa capacité à aider France Télévisions à repenser ses offres en profondeur est à ce stade une inconnue.Anne EvenoJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Il aura fallu une délibération de près de 24 heures pour que le Conseil supérieur de l’audiovisuel tranche. Jeudi 23 avril, les huit conseillers ont désigné Delphine Ernotte, actuelle directrice générale adjointe d’Orange France, à la présidence de France Télévisions. Mme Ernotte prendra ses fonctions le 22 août, succédant à Rémy Pflimlin.Cette nomination a fait l’objet d’une sérieuse bataille au sein du conseil. Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote avait attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique. Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’avaient recueilli aucun vote.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinLes conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias. Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.Des qualités d’écoute et de décisionLe CSA a donc décidé d’auditionner à nouveau les deux candidats, jeudi après-midi. A l’issue de ces auditions, un vote majoritaire s’est dégagé en faveur de Mme Ernotte.Centralienne, Delphine Ernotte a fait toute sa carrière chez Orange. Son profil est celui d’une manageuse dont les partisans vantent les qualités d’écoute, de compréhension et de décision. Avec 80 000 salariés, Orange France est le vaisseau amiral du groupe. Elle n’a par contre pas d’expérience des contenus ou de l’audiovisuel, ce qui était le point fort de l’autre finaliste, Pascal Josèphe.Agée de 48 ans, Mme Ernotte sera la première femme à diriger France Télévisions. Chez Orange, un univers d’ingénieurs souvent masculins, elle s’est attachée à défendre la place des femmes.Dans le milieu de l’audiovisuel, son nom a commencé à circuler fin 2014. Conseillée par Denis Pingaud – également présent aux côtés du PDG de Radio France, Mathieu Gallet –, elle a mené campagne en coulisse, sans s’exposer dans les médias. Cela ne l’a pas empêchée de subir plusieurs tirs de barrage, notamment de syndicats de France Télévisions, qui l’ont parfois associée au plan « Next » dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les huit conseillers du CSA doivent tenter, jeudi 23 avril, de s’accorder sur le nom du futur président de France Télévisions. Celui-ci – ou celle-ci – doit recueillir une majorité d’au moins cinq voix, que les premiers tours de scrutin n’ont pas permis d’atteindre.Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote a attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique.Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’ont recueilli aucun vote. Les conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias.Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.« Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, réuni en assemblée plénière ce matin, a constaté un partage des voix entre deux candidats à l’issue de deux votes. Il a décidé d’auditionner cet après-midi les deux personnalités concernées », a fait savoir le CSA dans un communiqué.Cette situation inédite ne devrait pas manquer de susciter de nouvelles questions à l’égard d’une procédure de désignation qui a été remise en question pour sa dimension secrète.Lire aussi :« France Télévisions, le règne de l’opacité »Jeudi, dans un communiqué, la CFDT de France Télévisions a estimé que « la sélection des candidats en finale à de quoi étonner ». A la surprise générale, plusieurs candidats expérimentés comme Emmanuel Hoog, Didier Quillot ou Marie-Christine Saragosse avaient été écartés, jeudi 16 avril.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Après la grève à Radio France, c'est France Télévisions qui se retrouve dans l'actualité avec la nomination imminente de son nouveau président. A eux deux, ces groupes rassemblent les principales télévisions et radios publiques françaises. Mais d'autres existent, à l'instar de LCP, TV5 Monde, Public Sénat, RFI, France 24 ou MCD. Ces entreprises, qui font un peu moins parler d'elles, sont aussi financées par la redevance et le budget de l'Etat. Pris dans sa globalité, le service public de l'audiovisuel représente un quart des parts de marché de la radio et un tiers pour la télévision.  #container_1429693686856{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1429693686856{ height:250px; } #container_1429693686856 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1429693686856 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1429693686856 .subtitre{ display:block; }Part d'audience des radios publiques en France(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1429693686856", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "pie", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.mediametrie.fr/radio/communiques/l-audience-de-la-radio-en-france-sur-la-periode-janvier-mars-2015.php?id=1239", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Tour d'horizon complet de ses différentes composantes :France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5, Outre-Mer 1ère, France Ô)Radio France (France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, France Musique, Mouv', FIP)France Médias Monde (RFI, France 24, MCD)Les chaînes co-financées (TV5 Monde, Arte)Les chaînes parlementaires (LCP, Public Sénat)L'Institut national de l'audiovisuel (INA)France Télévisions France 2, France 3, France 4, France 5 mais aussi Outre-mer 1ère et France Ô. Ces chaînes font toutes parties de France Télévisions, le « premier groupe audiovisuel français », comme il se définit lui-même. Rémy Pflimlin, son président, a été nommé en 2009 par Nicolas Sarkozy. C'est le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), chargé aujourd'hui de la procédure de nomination, qui décidera s'il est remplacé ou reconduit dans ses fonctions en août.France Télévisions rassemble près de 30 % des téléspectateurs (Médiamétrie, mars 2015). Un chiffre porté par l'audience de France 2 (13,8 %), qui se veut la chaîne généraliste « de l'événement, du lien social et du vivre ensemble » et qui est la deuxième chaîne nationale derrière TF1 (21,9 %). France 3, « la chaîne de la proximité », pèse elle 9 % de part de marché grâce à des rendez-vous phares comme le feuilleton « Plus belle la vie », le « 19/20 » ou « Thalassa ».Loin derrière, France 5 rassemble 3,4 % des téléspectateurs avides de connaissances et de découvertes tandis que France 4 et France Ô peinent à intéresser les jeunes d'un côté (1,6 % de part de marché) et le public ultramarin de l'autre (0,6 %). Cela s'explique sans doute par la concurrence du réseau local Outre-mer 1ère, décliné dans les neufs territoires ultramarins, de la Guadeloupe à Wallis-et-Futuna.Le maintien de France 4 et France Ô a d'ailleurs été récemment questionné dans un pré-rapport du CSA obtenu par BFM Business. En novembre 2011, le texte, qui n'était qu'un « document préparatoire » selon le CSA, souhaitait notamment que France Télévisions repense au périmètre des chaînes publiques, parfois mal identifiées. Sont alors évoqués un « contrat de lecture peu lisible » pour France 4 et un « problème d'harmonisation » entre France 2 et France 3, alors que le premier diffuse parfois des programmes plus en phase avec la ligne éditoriale de France 3 (le magazine « Secret d'histoire », par exemple).Le rapport mettait également en avant le vieillissement de l'audience et la faible qualité de certains programmes tout en jugeant satisfaisant l'action de France Télévisions en termes de qualité d'information, de développement numérique et de soutien à la création. Radio France Difficile aussi de passer à côté de Radio France, touché récemment par un mois de grève et qui diffuse les sept radios publiques nationales. L'ensemble pèse pour un quart des audiences de la radio (24,1 % de part de marché) sur la période janvier-mars 2015. Le groupe est porté par la généraliste France Inter (9,8 %), suivie du cumul des audiences des locales de France Bleu (6,9 %), puis de France Info (3,3 %).Les autres stations sont plus confidentielles : France Culture est écoutée par 1,6 % des auditeurs et France Musique par 1,2 %. Cette dernière, une des priorités du PDG Mathieu Gallet avec France Info et le Mouv', a été dans le collimateur de la Cour des comptes, qui préconise une direction commune avec la direction de la musique du groupe. La juridiction financière de la rue Cambon veut également « statuer sur l'avenir » du Mouv', autrement dit poser la question de la suppression de la diffusion hertzienne de cette station destinée aux jeunes, qui ne rassemble que 0,5 % des auditeurs. Autre station peu écoutée, FIP, l'antenne dédiée aux musiques éclectiques. Et pour cause, l'ancienne « France Inter Paris » ne possède qu'une dizaine de fréquences en France, contre plus de 600 pour France Inter.France Médias Monde France Médias Monde est le troisième groupe public financé par la redevance. Si on connaît moins l'ex-AEF (Audiovisuel extérieur français), c'est sans doute car, selon son cahier des charges, ses programmes sont « destinés au public international ainsi qu'au public français résidant à l'étranger ». Le groupe, présidé par Marie-Christine Saragosse (et qui a été écartée de la short-list des candidats à la présidence de France TV), gère une chaîne d'information et deux radios : France 24, RFI et MCD (Monte Carlo Doualiya).France Médias Monde a été dans la tourmente ses dernières années. En 2008, la fusion juridique des trois entités au sein d'une même holding a entraîné une crise ouverte entre le président-directeur général, Alain de Pouzilhac, et la directrice générale déléguée, Christine Ockrent, mais également la suppression de 22 % des effectifs, due à deux plans de départs volontaires successifs. Un nouveau contrat d'objectif et de moyen doit être lancé pour 2016 afin de redéfinir la stratégie du groupe.Radio France international (RFI) n'est écoutée que par 0,1 % des auditeurs français selon Médiamétrie mais en réunit 34,5 millions dans le monde, dans 62 pays. L'Afrique, notamment francophone, constitue 80 % de l'audience de RFI, loin devant l'Amérique du Sud (10 %) et l'Europe (3 %). C'est pourquoi la radio a choisi d'avoir deux grilles distinctes aux heures de grande écoute : une « Afrique » et une « Monde ». La rédaction, qui se trouve à Paris, vise à « offrir les clefs de compréhension du monde », que ce soit en français ou dans l'une des 12 langues étrangères de la station (anglais, cambodgien, chinois, espagnol, haoussa, kiswahili, persan, portugais, brésilien, roumain, russe, vietnamien). RFI souhaite d'ailleurs renforcer le nombre de ses décrochages en langues africaines. Le succès de la station repose aussi sur ses émissions diffusées par 700 radios partenaires.MCD, pour Monte Carlo Doualiya, est une radio généraliste en langue arabe, principalement axée sur l'information et la culture. Selon un rapport parlementaire, MCD « s'adresse en priorité à des individus instruits. On lui reconnaît des qualités de fiabilité et d'expertise. [C'est] une station incontournable en temps de guerre (Liban, Syrie, Irak) ». La filiale de RFI est écoutée par 8 millions d'auditeurs dans le Proche et Moyen-Orient, une partie de l'Afrique (Djibouti, Mauritanie et Sud-Soudan) et dans une moindre mesure à Marseille. MCD tente aujourd'hui d'ouvrir de nouvelles fréquences : elle s'est notamment installée dans le sultanat d'Oman, en janvier. Elle envisage également un développement au Maghreb, où le marché de l'audiovisuel a été ouvert après les printemps arabes. Depuis 2013, la station a quitté la Maison de la radio en même temps que RFI afin de s'installer aux côtés de France 24 dans les locaux de France Médias Monde, à Issy-les-Moulineaux.France 24 a été créée en 2006 par France Télévisions et TF1, après plusieurs années de débats. Entièrement publique depuis 2008 (TF1 ayant revendu ses parts), elle offre une vision française de l'actualité internationale dans le monde entier (177 pays). France 24 est déclinée en trois canaux (français, anglais et arabe), avec une même ligne éditoriale, résumée par le slogan « Liberté, égalité, actualité ». Une réflexion est en cours pour une diffusion en espagnol. Si l'audience de la « CNN à la française » est difficile à mesurer, France 24 totalise près de 46 millions de téléspectateurs par semaine dans les 64 pays (sur 177) mesurés. En France, l'audience reste faible, la chaîne ne bénéficiant d'un canal sur la TNT que depuis septembre 2014, et uniquement en Ile-de-France.Les chaînes co-financéesLe service public a également des parts dans deux médias : d'abord Arte, co-financée par l'Allemagne, mais aussi TV5 Monde, dont la Belgique, la Suisse, le Canada et dans une moindre mesure l'Allemagne (via Arte) sont actionnaires. Dans les deux cas, la France y joue un rôle important.TV5 Monde Né en 1984, la discrète TV5 Monde a été propulsée au cœur de l'actualité début avril après avoir été victime d'une cyberattaque. Détenu majoritairement par France Télévisions depuis 2013 (à près de 49 %) mais encore un peu par France Médias Monde (13 %), le groupe présidé par Yves Bigot appartient aussi à des médias publics suisses, belges, canadiens ainsi qu'à Arte et à l'INA. Rien d'étonnant, puisque le rôle de TV5 Monde, qui a fêté ses 30 ans en 2014, est de diffuser la culture francophone dans le monde entier (198 pays), à travers des programmes qu'elle produit ou des rediffusions de divertissements, spectacles, jeux, fictions, documentaires... issues des chaînes qui la financent. TV5 Monde est déclinée en 10 chaînes, couvrant chacune une partie du monde (TV5 FBS - France Belgique Suisse, TV5 Europe, TV5 Afrique...).Si 260 millions de foyers ont accès à TV5 Monde, on estime à 55 millions le nombre de téléspectateurs hebdomadaires de la chaîne. Plus des deux tiers de son audience se fait en Afrique, contre un quart en Europe. En France, TV5 FBS n'est accessible que sur le câble et le satellite ou via Internet. Elle rassemble 4,2 millions de téléspectateurs hebdomadaires, en incluant les Belges et les Suisses.TV5 Monde dépend en grande partie de France Télévisions, mais a un budget propre de 110 millions, 76 millions venant de la France, le reste des autres pays actionnaires. Elle a été baladée plusieurs fois [.pdf] entre France Télévisions, qui lui fournit la plupart de ses programmes français, et France Médias Monde, puisque la chaîne s'adresse à un public étranger.Arte Arte, pour Association relative à la télévision européenne, est une chaîne de télévision fondée par l'Allemagne et la France en 1991. Symbole de l'amitié de deux pays, elle se veut la chaîne de la culture européenne, « la télé qui vous allume», comme le clame son slogan. Ainsi, près de la moitié de sa programmation est faite de documentaires. Sans publicité, 95 % de ses recettes proviennent des redevances audiovisuelles française et allemande.Arte est un groupement européen d'intérêt économique (GEIE) composé d'une partie allemande détenue à part égale par les deux chaînes publiques (l'ARD et la ZDF) et d'Arte France, qui dépend de France Télévisions à 45 %, mais aussi directement de l'Etat, de Radio France, de l'INA et plus étonnant, de Radio France (15 %).La chaîne est diffusée en France et en Allemagne mais aussi en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Autriche et aux Pays-Bas. Dans l'hexagone, Arte tourne autour des 2 % de part de marché, ce qui fait d'elle la douzième chaîne française. Un score qui a progressé de 5 points entre 2011 et 2015. Avant l'arrivée de la TNT en 2005, Arte partageait un canal (et une faible audience) avec France 5. Depuis l'extinction du signal analogique en 2011, si les deux chaînes ont définitivement tourné la page de la cohabitation, une situation similaire persiste pour Public Sénat et La chaîne parlementaire - Assemblée nationale (LCP-AN dite LCP).Les chaînes parlementaires : LCP et Public Sénat On n'en parle moins que pour France Télévisions, mais 2015 est aussi l'année du renouvellement des présidents de LCP et de Public Sénat. Ainsi Gilles Leclerc va être remplacé à la tête de Public Sénat par Emmanuel Kessler à partir du 1er juin. Le remplaçant de Gérard Leclerc (LCP) devrait être connu dans les prochains jours. Contrairement à ce qui se passe pour Radio France, France Télévisions et France Médias Monde, ce n'est pas le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui nomme le président des deux chaînes mais un Bureau dans chaque assemblée qui représente l'ensemble des groupes politiques. Le CSA n'a d'ailleurs aucune compétence sur les chaînes parlementaires, qui ne sont étudiées ni par la Cour des comptes ni par Médiamétrie.De fait, les deux chaînes ont un statut à part, aussi parce qu'elles sont financées directement par le budget du Parlement. Si chaque chambre a sa chaîne, l'Assemblée nationale et le Sénat se partagent un même canal (le 13) sur la TNT. Une situation inédite dans le monde pour des chaînes parlementaires, comme l'expliquait récemment Challenges, qui n'est pas sans poser problème, surtout quand Sénat et Assemblée nationale sont de majorité différente (ce qui est souvent le cas). L'enjeu est important : depuis 1999, LCP et Public Sénat sont chargées de rendre compte de ce que fait le législatif, et ont, plus largement « une mission de service public, d'information et de formation des citoyens à la vie publique, par des programmes parlementaires, éducatifs et civiques ».Le canal 13 est divisé en huit tranches horaires, faisant alterner programmes de Public Sénat et de LCP. Conséquence : des discours de parlementaires parfois coupés s'ils ne sont pas synchronisés avec les horaires des deux chaînes, des émissions similaires, deux directions et un budget (35 millions d'euros) à se partager. Une telle structure a-t-elle un impact sur l'audience ? Si Médiamétrie ne la mesure pas, elle serait très faible selon un des opérateurs qui diffuse la chaîne en ADSL : autour de 0,25 % de part de marché. Si une fusion des deux chaînes est régulièrement évoquée - encore récemment par Claude Bartelone, le Sénat s'y oppose : il ne veut pas perdre sa visibilité, déjà faible dans les médias. Entre 1 (selon le Sénat) à 7 millions (selon l'Assemblée) d'euros pourraient être économisés.Loïc SoleymieuxJournaliste au Monde Alexis Delcambre Etienne Mougeotte savoure son joli coup. À 75 ans, l’ancien vice-président de TF1 s’apprête à mettre la main sur Valeurs actuelles, qu’il qualifie de « magazine de droite de référence ». Mercredi 22 avril, l’hebdomadaire a confirmé des négociations exclusives entre son propriétaire, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, et la société Privinvest Médias, en vue d’une cession qui « pourrait être effective d’ici fin juin ».Derrière Privinvest - une société créée pour l’occasion - se trouvent M. Mougeotte ainsi que son financeur, l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa, et Charles Villeneuve, lui aussi ancien cadre de TF1, et résident, comme M. Safa, de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes).Une surpriseL’arrivée du trio dans ce dossier est une surprise. Selon nos informations, les premiers contacts dateraient de trois semaines à peine, à l’initiative de Jean-Claude Dassier, lui aussi ancien cadre de TF1, et administrateur de Valeurs actuelles. Autre passerelle : Etienne Mougeotte connaît bien Yves de Kerdrel, le directeur du titre, pour l’avoir côtoyé au Figaro. M. De Kerdrel devrait d’ailleurs rester en place une fois la vente actée.Les trois hommes sont à l’affût des opportunités dans la presse. Ils avaient tenté de racheter le groupe Nice-Matin à l’automne dernier et manifesté, fin 2014, un intérêt pour L’Express, avant son rachat par Patrick Drahi. « Nous avons l’idée de commencer à constituer un groupe média », dit M. Mougeotte.Riche, M. Safa est un « acteur multi-investisseur », comme le qualifie un expert du secteur, déjà présent dans les chantiers navals, le transport maritime, l’immobilier, le pétrole et le gaz. « Mougeotte et Villeneuve l’ont sans doute convaincu qu’il y avait des opportunités » dans les médias, pense cet expert.Valeurs actuelles en est une. Son propriétaire, le groupe Pierre Fabre, cherchait depuis plusieurs mois à céder son activité presse, rassemblée dans le groupe Valmonde (Valeurs actuelles, Jours de Chasse et Jours de Cheval), qu’il a redressé après l’avoir racheté, en 2006, au groupe Dassault.Surtout, Valeurs actuelles est le seul « news magazine » à s’être développé depuis 2012 et l’arrivée de la gauche au pouvoir. Récemment distingué par l’OJD pour avoir connu la plus forte progression de diffusion en 2014 (+ 16,5 % avec 110 096 exemplaires de diffusion France payés), il est rentable.Sous la direction d’Yves de Kerdrel, arrivé en 2013, le journal incarne une opposition frontale et multiplie les couvertures « choc » sur l’islam ou l’immigration, autant de signaux envoyés à un électorat de droite radicalisé et parfois tenté par le Front national.Lire : La France de « Valeurs actuelles »Cette ligne éditoriale l’a, par deux fois, conduit devant la justice. Le titre a été condamné en mars pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms et diffamation pour un dossier intitulé « Roms l’overdose ». En février, il a également été condamné pour provocation à la discrimination envers les musulmans, pour une couverture présentant une Marianne voilée. Valeurs actuelles a fait appel de ces deux condamnations.L’ombre de l’extrême droiteLa cession à venir a-t-elle un sens politique ? Les enregistrements de Patrick Buisson, dévoilés dans la presse, ont révélé la grande proximité entre Nicolas Sarkozy et M. Mougeotte, quand celui-ci dirigeait Le Figaro. Aujourd’hui, celui-ci concède conserver des « échanges épisodiques » avec l’ancien président, « comme avec Juppé, Le Maire, Fillon ou des gens du FN, car ils sont dans le jeu politique. »À l’automne, deux hommes d’affaires ayant des connexions avec l’extrême droite, Alain Lefebvre et Jean-François Michaud, avaient examiné le dossier. L’autre candidat connu au rachat de Valeurs actuelles a été le patron du groupe Fiducial, Christian Letouche, qui a parfois côtoyé l’extrême droite (il avait notamment participé, en 2003, à l’université du Mouvement national républicain de Bruno Mégret).À un an de la primaire à droite, le lectorat de Valeurs actuelles, qui gravite entre la droite traditionnelle et le Front national, est un enjeu majeur. Mais « ce ne sera ni une succursale, ni une écurie présidentielle, promet M. Mougeotte. Que le meilleur gagne ! »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après Google le mercredi 15 avril, il y a une semaine, Bruxelles s’en prend maintenant à un autre géant, russe, cette fois : Gazprom. La commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a confirmé, mercredi 22 avril, à midi, que ses services allaient envoyer, dans la journée, une notification des griefs, c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme, pour violation de la loi antitrust, au groupe gazier.Les charges retenues contre Gazprom sont lourdes : la Commission estime que l’entreprise entrave la concurrence sur le marché européen du gaz dans huit Etats membres (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie).Gazprom y impose en particulier « des restrictions territoriales dans ses accords de fourniture avec les grossistes et avec certains clients industriels […]. Ces restrictions consistent en des interdictions d’exportation et des clauses prévoyant l’utilisation du gaz acheté sur un territoire spécifique (clauses relatives à la destination) », précise le communiqué de Bruxelles.Dans cinq pays en particulier (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), ces restrictions territoriales, poursuit la Commission, « peuvent provoquer une hausse des prix du gaz et permettre à Gazprom de mener une politique de prix déloyale dans cinq Etats membres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), facturant aux grossistes des prix beaucoup plus élevés que ses propres coûts ou les prix de référence. »Des « obstacles artificiels » à l’acheminement du gazEnfin, dans deux pays, Pologne et Bulgarie, Gazprom pourrait tirer profit de sa position dominante en subordonnant ses livraisons de gaz à l’obtention d’engagements distincts de la part des grossistes concernant les infrastructures de transport gazier. « Par exemple, les livraisons de gaz ont été subordonnées à des investissements dans un projet de gazoduc promu par Gazprom ou à l’obligation d’accepter que Gazprom renforce son contrôle sur un gazoduc », explique encore Bruxelles.« Le gaz est un bien essentiel pour notre vie quotidienne : il chauffe nos maisons et nous l’utilisons pour la cuisine et pour produire de l’électricité. Le maintien d’une concurrence équitable sur les marchés européens du gaz est par conséquent de la plus haute importance », a souligné Margrethe Vestager, mercredi. « Toutes les entreprises opérant sur le marché européen – qu’elles soient européennes ou non– doivent respecter les règles de l’UE. Selon nous, [Gazprom] pourrait avoir érigé des obstacles artificiels empêchant l’acheminement du gaz de certains pays d’Europe centrale et orientale vers d’autres, entravant ainsi la concurrence transfrontière. Le cloisonnement des marchés nationaux du gaz a aussi permis à Gazprom de facturer des prix que nous jugeons, à ce stade, inéquitables. Si nos préoccupations venaient à se confirmer, Gazprom devrait assumer les conséquences juridiques de son comportement », a ajouté la commissaire.Lire aussi :Gaz : les négociations entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne reprennentLe géant russe a réagi, dans un communiqué, en jugeant les accusations de la Commission européennes « infondées ». « Gazprom adhère strictement à toutes les normes des lois internationales et des législations nationales des pays où il fait des affaires. Les pratiques de Gazprom sur le marché européen, y compris les principes de fixation des prix, sont en conformité totale avec les standards observés par les autres producteurs et exportateurs de gaz naturel », poursuit le groupe. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui dénoncé des pratiques « inadmissibles » de l’UE.Conséquences diplomatiquesCet acte d’accusation est totalement dénué d’arrière-pensées politiques, précise t-on à Bruxelles – la notification des griefs doit être fondée sur des preuves suffisamment étayées d’un point de vue juridique pour « tenir » si elle est contestée devant la Cour de justice de l’Union à Luxembourg.Il risque néanmoins de provoquer des conséquences diplomatiques. « Toute charge de ce type contre Gazprom risque d’être perçue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », avait prévenu, lundi 20 avril, une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait semblant de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).Une chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles renoue avec une ligne dure en matière de concurrenceLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.Mesures correctivesA l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été.« Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Bruxelles s’est trouvé une nouvelle héroïnePour Gazprom et Bruxelles, la bataille ne fait que commencer. Le groupe russe va maintenant pouvoir avoir accès aux « charges » réunies contre lui par la Commission, et peaufiner en conséquence sa défense. Il a douze semaines pour se faire, à compter de l’envoi de la notification de griefs. À tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. C’est ce que souhaiteraient les dirigeants de Gazprom et Moscou, suggère une source proche des autorités russes. « Pour les premières et troisièmes séries d’accusation [les restrictions territoriales et les liens entre contrat de fourniture et investissements dans les infrastructures], un accord peut très facilement être trouvé », juge t-elle.En revanche, ajoute cette source, Gazprom va porter le fer sur la question des prix jugés déloyaux par les services de la Commission, et pourrait contester les « benchmarks » (références) utilisés pour juger s’ils sont trop élevés ou pas.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Marine Le Pen a beau avoir été désignée par Time parmi les cent personnes les plus influentes au monde, c’est en français que la présidente du Front national a tenté de faire passer ses messages, mardi 21 avril, lors de la cérémonie organisée par le magazine américain. « Ah non, je ne parle pas anglais, moi. Je suis française ! », lâche-t-elle, juste avant que ne débute le gala au Jazz Lincoln Center, à New York.Lire aussi : Thomas Piketty et Marine Le Pen parmi les 100 personnalités influentes du « Time »« Je fais partie de la majorité des Français, qui parlent peu l’anglais. En cela je suis très gaullienne : I speak very badly », plaisante-t-elle avec un accent à couper au couteau. C’est donc Ludovic de Danne, le conseiller aux affaires européennes du parti, qui a joué les interprètes, le professionnel sollicité préalablement ayant fait faux bond au dernier moment.« C’est une nomination plus politique que celle de 2011 »Mme Le Pen est apparue tout sourire, défilant sur le tapis rouge au milieu d’une brochette de people, parmi lesquels le rappeur Kanye West et sa compagne, Kim Kardashian, ou Julianne Moore, oscar de la meilleure actrice 2015. « C’est la première fois que je vais à ce genre de soirée », avoue la présidente du FN. Dans une robe bustier bleu nuit – on ne se refait pas –, son compagnon, Louis Aliot, en smoking à ses côtés, Mme Le Pen était visiblement ravie de se retrouver au milieu de cette élite mondialisée.« Permettez-moi de faire preuve de curiosité, se justifie-t-elle. Je pense que nous allons arriver au pouvoir et que par conséquent, il faut obligatoirement croiser, rencontrer, discuter avec des gens puissants dans leur pays respectif. » « La France des oubliés n’est pas oubliée », a-t-elle osé avant de rejoindre sa table pour dîner, alors que la nuit tombait sur Central Park.Même si Mme Le Pen était déjà dans la liste de Time en 2011, sa venue au gala est une première. « C’est une nomination plus politique que celle de 2011. A l’époque, il s’agissait d’une promesse. Aujourd’hui, c’est plus la conséquence d’une analyse de l’importance politique que prend le FN », fait-elle valoir. Le magazine ne dit pas autre chose, écrivant pour justifier son choix : « Il y a moins d’un an, Marine Le Pen annonçait à Time que son parti serait au pouvoir dans une décennie. Sa prédiction ne paraît plus absurde. »Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Alors que la grève à Radio France a fragilisé la position de son PDG, Mathieu Gallet, et que les sociétés des journalistes de France 2 et France 3 contestent le mode de nomination du prochain dirigeant du groupe France Télévisions, le rôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) paraît plus décrié que jamais.Comment sont désignés les patrons de l'audiovisuel public en Europe ? Tour d'horizon des pratiques au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne et en Espagne.En France, du changement depuis 2013Depuis 2013, c'est le CSA qui nomme les dirigeants des services publics audiovisuels, à savoir le président de Radio France, celui de France Télévisions et de France Médias Monde (RFI, France 24). Il peut aussi mettre fin aux mandats en cours, sur « décision motivée ».Les sept membres (en raison du changement de législation, ils sont toutefois huit jusqu'en 2017) du CSA sont choisis par les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale (chacun désignant trois membres) ainsi que par le chef de l'Etat (qui n'en désigne qu'un seul). Les trois cinquièmes des membres des commissions des affaires culturelles du Parlement doivent par ailleurs rendre un avis conforme.Mathieu Gallet a ainsi été désigné PDG de Radio France à l'unanimité en 2014. Son prédécesseur, Jean-Luc Hees, l'avait été directement par l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, selon une loi datant de 2009.Présidence :- Radio France : Mathieu Gallet, entouré par un conseil d'administration (CA) de douze personnes- France Télévisions : Rémy Pflimlin (nommé par Nicolas Sarkozy en 2010), CA de 14 personnes- France Médias Monde : Marie-Christine Saragosse (nommée par François Hollande en 2012), CA de 14 personnesDurée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 3,8 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 136 euros par an (90 % du financement)Au Royaume-Uni, « un chef-d'œuvre de complexité »La British Broadcasting Corporation (BBC) a elle-même été réformée en 2007. La directrice de BBC Radio a été nommée par Tony Hall, le directeur général de la BBC, qui gère l'ensemble du groupe, télévision publique incluse. Outre-Manche, le dirigeant de la BBC est désigné par le Trust, un conseil de surveillance, nommé par la reine pour six ans, qui joue le rôle d'intermédiaire entre la BBC et le public.Ses douze membres, dont quatre représentent l'Ecosse, l'Angleterre, le pays de Galles et l'Irlande du Nord, sont chargés de faire respecter les missions du service audiovisuel public et ont la possibilité de mettre fin aux fonctions du directeur général.En 2012, l'ex-PDG de la BBC, George Entwistle, avait dû démissionner 55 jours à peine après avoir pris le poste, emporté dans la tourmente du scandale Savile – du nom d'un animateur dont les actes pédophiles ont été révélés après sa mort. Une affaire qui avait d'ailleurs souligné « le chef-d'œuvre de complexité » de l'organigramme de la BBC, comme l'expliquait Le Monde en 2012. Une organisation pourtant enviée par l'Italie.Présidence : Tony Hall (Directeur général de la BBC, nommé par BBC Trust), entouré de douze personnes au conseil exécutif, dont Helen Boaden (radio) et Danny Cohen (télévision), nommés par Tony Hall.Durée du mandat : illimitée (jusqu'à démission ou déchéance par le Trust)Budget annuel : 4,7 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 200 euros par an (53 % du financement)En Italie, une forte politisationEn Italie, le « lottizzazione », ce système où chaque parti politique avait sa chaîne, est officiellement terminé. Depuis 2004, un conseil d'administration de la Radiotelevisione italiana (RAI) préside aux destinées de l'audiovisuel public. Sept de ses membres sont nommés par les parlementaires et deux par le ministre de l'économie. C'est l'opposition qui propose le nom du président. Dans les faits, le service public italien reste très politisé.Un projet de loi adopté par le conseil des ministres en mars dernier prévoit de réduire le conseil d'administration à sept membres, dont deux seraient désignés par le gouvernement, deux par la Chambre des députés, deux par le Sénat et un par le personnel de la RAI. Le but du président du Conseil Matteo Renzi : « Chasser les partis politiques de la RAI et s'inspirer du modèle de gouvernance de la BBC ».La création d'un poste d'administrateur délégué aux pleins pouvoirs permettrait surtout à Renzi de ne pas donner les clefs de l'audiovisuel public à son opposition. Problème : celui-ci serait nommé par le gouvernement lui-même. Le mandat de l'actuelle présidente du conseil d'administration, débuté en 2012, arrive à échéance en mai prochain. Elle avait été nommée par le gouvernement de Mario Monti.Présidence : Anna Maria Tarentola (nommée par Mario Monti en 2012)Durée du mandat : 3 ans, renouvelableBudget annuel : 2,3 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers :  113 euros par an, 65 euros après la réforme (68 % du financement avant la réforme)En Allemagne, le poids des LänderLe président de la Deutschlandradio est élu par les 40 membres du Conseil radiophonique, incluant les Länder, le gouvernement et certaines organisations représentant la société (chambres des métiers, églises, professions libérales, organisations paysannes…). Les candidats sont proposés par le conseil d'administration, composé notamment d'un représentant de l'Etat et de trois des Länder.Côté télévision, il existe deux services publics en Allemagne, l'ARD (le France 3 allemand) et la ZDF (semblable à France 2). Le président de l'ARD est désigné par les représentants des dix médias publics régionaux qu'il fédère. Du côté de la ZDF, le président est désigné par un conseil d'administration de 14 membres dont six dépendent du gouvernement fédéral ou des Etats fédérés.Présidence : Lutz Marmor (ARD), Thomas Bellut (ZDF), Willi Steul (Deutschlandradio)Durée du mandat : 5 ans, renouvelableBudget annuel : 7,6 milliards d'eurosRedevance payée par les foyers : 210 euros par an (85 % du financement)En Espagne, un service public avec peu de moyensSans publicité, sans redevance et avec très peu de moyens, la télévision publique espagnole est une exception en Europe. Depuis 2006, les douze membres du conseil d'administration de la Radio Television Española (RTVE) étaient élus par le Parlement, à la majorité des deux tiers. Une situation qui avait provoqué un blocage en 2012, le Parti socialiste et le Parti populaire n'arrivant pas à s'entendre sur le nom du dirigeant. Le Parti populaire a donc modifié la loi et une simple majorité suffit désormais. La règle des deux tiers subsiste pour mettre fin au mandat du conseil d'administration.Présidence : José Antonio Sánchez (élu par le Parti populaire)Durée du mandat : six ans, non renouvelableBudget annuel : 0,9 milliard d'eurosRedevance payée par les foyers :  0 euroLoïc SoleymieuxJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Mardi 14 avril, à Bruxelles. C’est l’heure du « midday », la messe médiatique quotidienne de la Commission européenne. Au fond de la salle de presse du Berlaymont, le vaisseau amiral de l’institution, une journaliste pose une question sur l’emploi du temps de Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie : « Pourquoi le vendredi et le lundi n’est-il jamais sur Bruxelles ? Ses voyages à Paris sont-ils pris en charge par le budget européen ? » Un confrère glisse, interrogateur : « C’est une journaliste de Politico ? » Il y en a bien une dans la salle, mais ce n’est pas elle…L’anecdote est révélatrice. Mardi 21 avril, Politico, un des plus grands succès médiatiques de ces dernières années aux Etats-Unis, lance son extension européenne, avec pour but de « secouer » la couverture journalistique de l’Union. Et l’événement plonge la « bulle bruxelloise » dans un mélange d’excitation, d’inquiétude et d’exaspération.Politico a été fondé en 2007 par John Harris et Jim VandeHei, journalistes au Washington Post, lassés du traitement par leur journal de l’actualité politique américaine qu’ils jugeaient « plan-plan ». En quelques années, ce pure player a su imposer sa marque grâce à un traitement plus « fun », plus incisif et beaucoup plus réactif de l’information. Sa lettre matinale en ligne (le Politico Playbook), gratuite, est devenue la bible des décideurs américains. Ses lettres spécialisées payantes ont permis au groupe – il compte désormais 150 journalistes – de générer de l’argent.Lire aussi : « Politico » : dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeRecruté pour prendre la tête de Politico Europe, Matthew Kaminski, un transfuge du Wall Street Journal, veut dupliquer le succès américain : la lettre matinale gratuite, les lettres thématiques payantes, le tout exclusivement en anglais. Il veut « raconter des good stories », affirme t-il, sur les coulisses de Bruxelles, la deuxième ville des lobbys au monde, derrière Washington. « Bruxelles n’est pas une super-capitale où se concentrent les pouvoirs : ils restent dans les Etats membres. Mais c’est une vraie capitale en termes de régulation. Et il y a un besoin, chez les Américains, d’être tenus au courant de cette énorme production de normes. »« Pas un média de masse »L’objectif ? Le même qu’aux Etats-Unis : « Nous ne sommes pas un média de masse. Ce qui compte, c’est d’atteindre les vingt décideurs-clés de Bruxelles », pointe M. Kaminski. Pour y parvenir, Politico a vu les choses en grand. La rédaction bruxelloise compte une petite quarantaine de journalistes. C’est de loin la plus grosse équipe sur place (Le Monde compte deux correspondants). Des équipes d’un ou deux journalistes sont aussi en cours de constitution à Paris, Berlin ou Londres.Lire aussi :Le site d’informations Politico promet d’avoir « la plus grosse rédaction de Bruxelles »Politico Europe ne part pas de zéro : elle est une filiale à 50-50 entre Politico et le géant allemand des médias Axel Springer (Bild, Die Welt, etc.). Elle a aussi racheté un journal spécialisé dans l’actualité européenne, EuropeanVoice, dont une grande partie des équipes ont été conservées. Budget de lancement ? Plusieurs millions d’euros, jusqu’à 10, assurent des concurrents. Le chiffre n’est pas confirmé par M. Kaminski.« Washington s’intéresse enfin à Bruxelles »Cela fait des années en tout cas que la capitale de l’Europe n’avait pas vu débarquer un tel déploiement d’ambition et d’énergie ! Le tout-Bruxelles devrait d’ailleurs se presser à la fête de lancement de Politico Europe, le 23 avril, à l’Autoworld, le musée de l’automobile, à deux pas du quartier européen. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, le président du Parlement européen, Martin Schulz, la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager (la charge pour abus de position dominante contre Google, c’est elle) ou le très influent Martin Selmayr, chef de cabinet du président de la Commission Jean-Claude Juncker. Donald Tusk, le président du Conseil européen, aurait dû lui aussi être de la partie, si un sommet extraordinaire sur les drames des migrants en Méditerranée n’avait pas été convoqué précisément ce jour-là…« On doit y aller, c’est important », lâchait, mi-avril, une source à la commission, flattée, comme beaucoup d’autres fonctionnaires européens, que « Washington s’intéresse enfin à Bruxelles ». Cela prouve que la capitale de l’Europe est encore importante, voire excitante ! Cela va peut-être changer des discours redondants sur la fin du rêve européen, l’impuissance des institutions à lutter contre le chômage ou les drames de l’immigration.« La communication de Politico est bourrée de testostérone. Mais leur arrivée me plaît, cela prouve que Bruxelles, c’est quand même “the place to be” », réagit Benoît Le Bret, du cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel à Bruxelles.« Politico va obliger les porte-parole européens à avoir un discours moins techno, à faire plus de politique »Autre conséquence positive de cette arrivée fracassante ? Politico pourrait contribuer à déstabiliser la communication très corsetée de la Commission. Depuis l’arrivée à la présidence de Jean-Claude Juncker (en novembre 2014), le corps des porte-parole a été réorganisé et, désormais, même le « off the record » est contrôlé.« Politico va obliger les porte-parole à avoir un discours moins techno, à faire plus de politique », espère Griselda Pastor, de la radio espagnole Cadena Ser, une des figures de la salle de presse. La publication a recruté une ex-journaliste du New York Post qu’elle a chargée d’un fil d’actualité « Gossip ». Doit-on s’attendre à des articles outrés à la Bild ? « Nous ferons du journalisme responsable, avec des informations précises, recoupées », assure M. Kaminski.L’inquiétude du « King »Tout le monde n’a pas lieu de se réjouir, cependant. A commencer par les probables concurrents directs de Politico : les publications spécialisées EurActiv, Europolitics ou Agence Europe, installées dans le paysage médiatique bruxellois depuis des décennies (1972 pour Europolitics, 1953 pour l’Agence Europe). Des titres disposant de rédactions modestes (moins de 15 journalistes à Bruxelles), sans les moyens ni les puissants actionnaires de Politico Europe.Les journaux anglo-saxons seraient aussi en première ligne, à commencer par le Financial Times, considéré comme le « King » de Bruxelles. Ce qui ne serait pas pour déplaire à une partie de la presse européenne, irritée que le quotidien des affaires britanniques soit à ce point devenu, ces dernières années, la référence des décideurs européens.D’autres fantasment sur l’arrivée d’un média partisan, un faux nez de l’administration Obama ou des néoconservateurs américains. La preuve, disent-ils, la fête à l’Autoworld est sponsorisée par… Google ! Politico débarquerait pour défendre le géant américain du Web contre une administration communautaire tatillonne, pour pousser les avantages américains dans les négociations sur le traité de libre-échange avec les Etats-Unis… « Non, nous n’avons ni agenda national ni agenda politique », tranche Matthew Kaminski.Le plan marketing de Politico, son ambition de « faire quelque chose de différent » énervent en tout cas une partie de la presse dans la capitale de l’Europe, où nombre de journalistes, confrontés à l’euroscepticisme grandissant des citoyens de l’Union, ont été poussés, ces dernières années, à faire plus de pédagogie et de politique.Intense concurrencePeter Spiegel, chef du bureau du Financial Times à Bruxelles (5 journalistes), souligne que « la réalité bruxelloise est bien plus complexe qu’à Washington ! Là-bas, les parlementaires décident où doivent être dépensés les millions de dollars des recettes publiques, donc c’est très utile de tout connaître d’eux. Ici, les eurodéputés et les fonctionnaires européens ne peuvent rien dépenser, et leurs faits et gestes intéressent bien moins ». Cet ex-collaborateur du Wall Street Journal à Washington confirme avoir été approché par Politico pour prendre la tête de Politico Europe, mais il a décliné.La concurrence à Bruxelles est déjà très intense : près de 1 000 journalistes sont accrédités auprès des institutions communautaires, dont 97 Britanniques, 118 Allemands, 81 Français, et même… 42 Chinois. Et chacun, vu la multiplicité des sources (ambassades, différentes unités de la Commission, Parlement, Conseil, lobbys), peut, un jour, avoir accès à une information privilégiée.Des good stories, on en trouve déjà dans les médias européens : il y avait un bon moyen de s’en rendre compte grâce à la revue de presse quotidienne diffusée par la Commission. Mais elle a été supprimée en 2014, au grand regret des journalistes.Evidemment, l’anglais, une des deux langues officielles de l’Union, avec le français, et qui prend de plus en plus le pas sur la langue de Molière, donnera un avantage indéniable à Politico Europe. Mais le challenge reste conséquent. « Il faut qu’on soit à la hauteur », glisse une des recrues du journal. Lui et ses collègues ont compris qu’il va falloir trouver vite leur place sur la photo. Ils s’y emploient déjà : Ryan Heath, en charge du Politico Brussels Playbook (et ex-porte-parole de la commissaire Neelie Kroes), fut un des premiers à poser des questions à Margrethe Vestager, mercredi 15 avril, quand elle a annoncé lancer les hostilités contre Google. Il a toutefois été devancé par le… Wall Street Journal.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.04.2015 à 22h58 Le comité Pulitzer a décerné, lundi 20 avril, à l'université Columbia, à New York, trois prix au quotidien New York Times, dans les catégories International, Journalisme d'investigation et Photo magazine. Ces prestigieuses récompenses américaines en matière de journalisme ont été remises dans vingt et une catégories.Les journalistes du quotidien new-yorkais ont été collectivement distingués dans la catégorie International pour leur couverture de l'épidémie mortelle d'Ebola en Afrique de l'Ouest. Un photographe pigiste du quotidien, Daniel Berehulak, l'a lui aussi remporté dans la catégorie Photo magazine sur le même sujet. Et le journaliste Eric Lipton a reçu le prix pour ses articles sur le rôle des lobbies.Le prix Breaking News (« dernière nouvelle ») de la photographie a récompensé l'ensemble des photographes du St Louis Dispatch pour leur couverture des événements de Ferguson (Missouri, Centre) après la mort d'un jeune Noir non armé, tué par la police en août.Le photographe de l'Agence France-Presse Bulent Kilice figurait parmi les trois finalistes du prix Photographie magazine pour ses photos de Kurdes fuyant les attaques de l'organisation djihadiste Etat islamique dans des petits villes kurdes à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Plusieurs sources convergentes assuraient, lundi 20 avril, que la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, devrait annoncer dès mercredi 22 avril l’envoi d’une notification des griefs au géant énergétique russe Gazprom.Une décision lourde de conséquences d’un point de vue diplomatique. « Toute charge de ce type contre Gazprom serait vue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », prévenait lundi 20 avril une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait mine de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).La Commission européenne n’a pas souhaité confirmer l’information, se contentant de souligner que Mme Vestager, actuellement en tournée aux Etats-Unis, serait de retour à Bruxelles mercredi.« Réveil » de la politique antitrust européenneUne chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social-libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens au total : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.A l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été. « Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Margrethe Vestager, la commissaire qui s’attaque à GoogleMesures correctivesQuelles charges Bruxelles pourrait-elle retenir contre Gazprom ? Le groupe russe est soupçonné de signer des accords trop contraignants avec ses clients européens, leur interdisant, par exemple, de revendre à des tiers les volumes surnuméraires qu’ils ont achetés auprès du conglomérat russe. On lui reproche aussi d’obliger ses clients à signer des contrats d’une trop longue durée. Ou encore, d’indexer le prix du gaz sur celui, très volatil, du pétrole : les plaignants plaident pour une indexation sur les prix du charbon.A compter de l’envoi de la notification de griefs, Gazprom aura environ deux mois pour peaufiner sa défense, puis les audiences contradictoires débuteront. A tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. La compagnie aurait d’ailleurs introduit une demande en ce sens, la semaine dernière. Elle aurait été balayée.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut aller jusqu’à lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.« Timing » politique habileEst-ce que parce que la notification risque de faire des vagues, qu’elle a « fuité » deux jours avant sa publication ? Peut-être. Mais Mme Vestager, comme tous les commissaires à la concurrence, n’est pas obligée de passer par le collège de la Commission pour valider sa décision. Pour certains experts des dossiers de concurrence, le timing politique est en tout cas très habile. « C’est le meilleur moyen de prouver qu’elle n’a pas une gestion politique des dossiers. En attaquant le russe Gazprom après l’américain Google, elle prouve que c’est la loi européenne en matière de concurrence, et uniquement elle, qu’elle applique », relève une source diplomatique.« La gestion d‎u temps par Mme Vestager force l’admiration, pour Jacques Lafitte, du cabinet d’avocats Avisa. La commissaire savait qu’elle allait être taxée d’anti-américanisme après son offensive sur Google, du coup elle sort les griefs contre Gazprom une semaine plus tard. L’histoire pourrait retenir avril 2015 comme le mois où les deux cas les plus édifiants de l’histoire de l’antitrust européen ont franchi une étape cruciale. »Dépendance au gaz russeReste à savoir quelle sera la réaction du Kremlin à une possible annonce de Bruxelles. Début 2014, le président Vladimir Poutine avait exprimé sa colère en décidant d’abandonner le gazoduc South Stream, destiné à contourner l’Ukraine.La Commission avait évoqué de possibles entorses à la concurrence et le président russe, dénonçant la pression exercée sur la Bulgarie pour qu’elle s’oppose au passage du réseau sur son territoire, avait menacé de réduire les livraisons de gaz aux Européens.Lire aussi :Gazoduc South Stream : pourquoi la Russie a décidé de jeter l’épongeActuellement, Bruxelles poursuit avec Moscou et Kiev de difficiles négociations destinées à sécuriser l’approvisionnement de l’Ukraine et celui de l’Union – dont 15 % du gaz transite par le territoire ukrainien. L’UE achète annuellement 130 milliards de mètres cubes à Gazprom, mais veut réduire sa dépendance avec son projet d’union énergétique. Loin d’être concrétisé, celui-ci ne résoudra pas, à court terme, les problèmes de plusieurs pays de l’Est, qui continuent de dépendre à 80 % du gaz russe, voire de l’Italie ou de la Grèce, qui en dépendent à hauteur de 30 %.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les nuages se dissipent peu à peu pour Mathieu Gallet, le PDG de Radio France. Après les bonnes audiences de ses chaînes qui ont progressé au premier trimestre selon les derniers chiffres de Médiamétrie, mercredi 15 avril, puis l’arrêt d’une grève de vingt-huit jours, jeudi, c’est l’Inspection générale des finances (IGF) qui lui a apporté un motif de soulagement. « Les dépenses des instances dirigeantes de Radio France, notamment celles de son PDG, ne présentent pas de caractère abusif », a estimé l’IGF dans un rapport rendu public, lundi 20 avril, après huit jours d’enquête.Celle-ci était un des derniers éléments susceptibles de faire vaciller le PDG. Elle avait été décidée le 20 mars, après des révélations du Canard enchaîné sur la rénovation de son bureau. Pour répondre à la tempête médiatique, Bercy et le ministère de la culture demandaient une enquête sur les dépenses de la direction de l’entreprise publique. Le contexte était explosif, ces révélations ayant coïncidé avec le début de la grève illimitée lancée par cinq syndicats. Perçu comme privilégiant son confort personnel sur l’intérêt général, M. Gallet était inaudible au début du conflit social.Lire aussi :Radio France : les dépenses de la direction auscultéesSi l’IGF n’a relevé aucune entorse aux règles, elle se permet néanmoins d’« appeler particulièrement l’attention du président de Radio France sur l’importance de l’exemplarité des actions non seulement sur le fond mais aussi sur leur processus de décision ». En clair, M. Gallet aurait pu se montrer plus sensible au contexte et anticiper le fait qu’un changement de mobilier choquerait forcément au sein d’une entreprise s’apprêtant à endurer un plan d’économies et des suppressions de postes. « Il aurait pu surseoir à ces dépenses », répète Jean-Paul Quennesson, membre de l’Orchestre national de France et délégué syndical (SUD).M. Gallet est peu intervenu dans la rénovation de son bureauL’IGF, qui a commencé son enquête le 30 mars, s’est donc penchée sur la rénovation du bureau présidentiel, mais aussi sur le contrat de communication conclu entre Radio France et Denis Pingaud pour un montant de 96 000 euros, ainsi que sur le changement de la voiture de service du PDG – deux autres dépenses qui avaient été relevées par la presse, fin mars.Sur le bureau, les conclusions de l’IGF valident la défense de M. Gallet. Sur les 104 000 euros dépensés, 68 000 euros « de rénovation des boiseries en palissandre de Rio avaient un caractère patrimonial et étaient liés à des décisions sur lesquelles l’actuel président n’a pas pu exercer d’influence, car antérieures à son arrivée ». L’IGF rappelle néanmoins que M. Gallet aurait pu décider de suspendre cette rénovation, comme il l’avait lui-même reconnu dans un entretien au Monde.Lire aussi :Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Les 35 000 euros restants, correspondant à un changement de moquette, de mobilier et de stores, dans un bureau qui n’était pas hors d’âge, semblaient moins justifiables. Mais « la mission n’a pu retrouver d’éléments écrits permettant d’établir avec certitude l’origine de la décision, entre le président ou la direction de la réhabilitation », qui pilote le chantier de la Maison de la radio. La seule intervention traçable de M. Gallet est le choix de sa table de réunion. Le rapport estime que cette dépense de 35 000 euros n’est « pas injustifiée » compte tenu des « fonctions de représentation » exercées par le PDG.Les prestations de M. Pingaud sont « effectives »Autre élément qui a nourri la polémique : le contrat de communication conclu en juin 2014 avec Denis Pingaud, qui conseillait déjà M. Gallet quand celui-ci était président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Ce contrat « n’est inhabituel (…) ni par son contenu ni par ses modalités de passation », observe le rapport.Une clause de tacite reconduction, présente dans la première version du contrat, a été retirée dès juin 2014 sur recommandation de la direction juridique de l’entreprise, afin qu’une mise en concurrence puisse avoir lieu au bout d’un an. Le rapport rappelle que sous la présidence antérieure, un contrat équivalent existait, et comportait, lui, une clause de tacite reconduction – M. Gallet a donc, en ce sens, amélioré les choses.L’IGF valide également l’« effectivité de la prestation » du conseiller de Radio France : en dix mois, 350 courriels ont été échangés entre M. Pingaud et des membres du comité exécutif et il a assisté à 23 réunions, selon le rapport, sur des sujets concernant l’entreprise, pas uniquement l’image de M. Gallet.Enfin, concernant le véhicule de service du PDG, « le changement (…) avait été prévu dès le mois de mai 2013 [avant sa prise de fonctions] et s’est s’inscrit dans le cadre des règles de l’entreprise, que ce soit pour les critères d’obsolescence de la précédente C6 (cinquante-trois mois et 121 383 km), ou pour le choix du modèle de l’actuelle 508 ».Un appel à une plus grande transparenceLes enquêteurs ont également passé au crible toutes les dépenses du comité exécutif (supérieures à 100 euros) et les choix des fournisseurs les plus récents. « Aucune des dépenses examinées, du président ou d’un membre du Comex [comité exécutif de Radio France], ne présente de caractère anormal ou disproportionné par leur nature ou leur montant », conclut le rapport. Tout juste souligne-t-il la justification fragile de deux voyages effectués par M. Gallet, l’un au Brésil au moment de la Coupe du monde de football, l’autre en Chine pour participer à un sommet « Young Leaders ».Le rapport suggère, enfin, que l’entreprise se dote de règles plus transparentes en matière de contrôle et de publicité des dépenses. « Certaines dispositions nouvelles pourraient néanmoins utilement être mises en place afin que leur acceptabilité ne soit plus remise en cause », propose le rapport.« Je n’ai jamais douté des conclusions de l’enquête de l’Inspection générale des finances, a réagi M. Gallet. L’important, maintenant, c’est l’avenir du service public de la radio et sa nécessaire modernisation. Nous allons y travailler avec l’ensemble des salariés de Radio France qui sont, comme moi, particulièrement attachés à l’entreprise et à ses missions de service public. »Vendredi, le PDG a rencontré Dominique-Jean Chertier, le médiateur choisi par le gouvernement, pour discuter de la mission de celui-ci. M. Chertier, qui sera présent « à tiers temps » à Radio France, doit remettre sur pied le dialogue social. Il a aussi vu les syndicats, ensemble puis séparément. « C’est le démarrage », souligne-t-on. La question qui agite la Maison ronde est désormais de savoir si cette relance du dialogue peut se faire avec une équipe de direction inchangée, ou si M. Gallet procédera à des mouvements – montrant au passage qu’il s’efforce désormais de reprendre la main.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.04.2015 à 11h31 • Mis à jour le10.04.2015 à 11h32 | Jean-Baptiste Jacquin C’est sur la scène de l’Olympia que va se jouer, vendredi 17 avril, l’épilogue d’une belle bataille. Le spectacle et le suspense promettent d’être au rendez-vous. En tête d’affiche, dans le rôle du hussard, Vincent Bolloré. Contrairement au roman d’aventures de Jean Giono, il n’est pas sur le toit, mais déjà dans la maison.Vivendi a donc choisi cette salle de spectacle emblématique de la capitale pour réunir l’assemblée générale annuelle de ses actionnaires. N’y voyons pas malice. A l’approche du dénouement, l’intrigue se concentre sur la question de l’instauration d’un droit de vote double. Cette disposition permet d’attacher deux droits de vote à chaque action détenue depuis deux ans par un actionnaire inscrit au nominatif.Le débat sur ce mécanisme est ancien. C’est une atteinte au sacro-saint principe de la démocratie actionnariale selon lequel tous les actionnaires sont égaux, plaident les uns. C’est le moyen de privilégier les actionnaires qui choisissent d’accompagner un projet d’entreprise dans la durée, assurent les autres.Les fonds d’investissements et les fonds de pension, qui sont pourtant des investisseurs à très long terme, sont généralement opposés à un mécanisme dans lequel ils voient un moyen de protéger les dirigeants en place. Or, une société qui a une mauvaise gouvernance est moins bien valorisée en Bourse. Et ça, ils n’aiment pas. C’est pour ne pas les fâcher que la plupart des sociétés du CAC 40 concernées par la loi Florange généralisant les droits de vote doubles préfèrent soumettre cette année à leurs actionnaires une résolution maintenant le droit de vote simple.Prime de contrôleM. Bolloré, qui a pris le pouvoir chez Vivendi avec 5 % du capital, trouve au contraire dans cette exception démocratique le moyen garder les mains libres pour investir les 10 ou 15 milliards d’euros que le groupe va avoir en caisses. Alors que certains fonds, emmenés par Phitrust et soutenus par la société de conseil aux actionnaires Proxinvest, ont déposé une résolution pour que l’AG du 17 avril maintienne le principe « une action, une voix », l’industriel breton s’est mis à racheter massivement des actions du groupe.En un mois, c’est 9 % du capital du propriétaire de Canal+ et d’Universal Music qu’il a acquis pour porter sa participation à 14,5 %. Il a même contracté un emprunt sur deux ans pour financer une partie de cette offensive éclair. L’enjeu est d’empêcher qu’à l’Olympia cette résolution scélérate ne l’emporte. Gagner cette bataille justifie d’importants sacrifices financiers. Tout comme l’Etat qui a mis, temporairement dit-il, un milliard d’euros sur la table pour s’assurer du maintien de ce privilège chez Renault.Le droit de vote double a donc bien une valeur. C’est le prix du pouvoir, sans avoir à payer la prime de contrôle.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.04.2015 à 10h36 • Mis à jour le09.04.2015 à 13h21 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Après avoir longtemps hésité, le gouvernement travaillait activement, jeudi 9 avril matin, à la mise en place d’une médiation à Radio France, selon nos informations. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, devait rencontrer le PDG Mathieu Gallet, jeudi dans la journée, pour en discuter des modalités. Car le contenu de cette « médiation », mais aussi les apparences, ont toute leur importance. De leur côté, les élus syndicaux de l’entreprise publique surveillaient le sujet alors qu’une nouvelle assemblée générale à 10 heures à la Maison de la radio a voté la reconduction de la grève jusqu’à vendredi.Cette mise en mouvement du gouvernement intervient au lendemain de l’échec d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, suspendu après que les élus syndicaux ont déclaré que « les fils du dialogue et de la confiance sont rompus ». Interrogée dans la foulée à l’Assemblée nationale, Fleur Pellerin, avait déclaré que « très rapidement, [elle ferait] connaître les décisions qu’[elle prendrait] pour renouer le dialogue social ».Selon nos informations, une réunion s’est tenue mercredi soir au ministère de la culture avec les élus syndicaux de Radio France, pour discuter des conditions de cette médiation. La première mission du médiateur ou de la médiatrice – aucun nom n’a encore été évoqué – serait de résoudre le conflit social qui paralyse l’entreprise et ses antennes depuis le 19 mars. Des négociations marathon pourraient donc reprendre, dans l’espoir d’aboutir en quelques jours.Quel périmètre pour une intervention externe ?Mais sa mission pourrait ne pas se limiter à sortir les discussions de l’ornière. « La médiation devra aussi animer un dialogue social durable sur le projet stratégique de Radio France, pour que ce projet soit précisé en concertation avec les salariés », souhaite un élu. L’horizon pourrait dès lors être la conclusion du contrat d’objectifs et de moyens 2015-2019, actuellement en discussion entre l’entreprise et l’Etat.Dans cette hypothèse, la médiation aurait donc un périmètre large, consistant à éteindre l’incendie social, mais aussi à reformuler les ambitions de Radio France et à confirmer les pistes envisagées pour son retour à l’équilibre budgétaire. Les syndicats avaient officiellement demandé une intervention extérieure, mardi, dans une lettre ouverte à Fleur Pellerin.S’agit-il d’une aide pour la direction, ou d’une mise sous tutelle ? Auditionné, mercredi, à l’Assemblée nationale, Mathieu Gallet avait lui-même évoqué la possibilité d’« une intervention extérieure pour retisser le dialogue social ». Quelques minutes plus tard, le PDG précisait en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement – l’expression utilisée par les syndicats –, mais peut-être à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.Une approche voisine de celle du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui a appelé mercredi « à la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui ».La prudence reste de miseA quel degré d’interventionnisme politique la ministre situe-t-elle son action ? La direction de Radio France va scruter les détails. Les apparences ont leur importance : une médiation annoncée conjointement par Fleur Pellerin et Mathieu Gallet n’aurait pas le même sens qu’une communication du ministère qui semblerait un rappel à l’ordre de la direction de Radio France.De même, un médiateur qui, par un apport méthodologique, faciliterait les négociations autour des sujets sociaux du projet (plan de départs volontaires, réforme des modes de production…), serait différent d’une personnalité qui s’immiscerait dans le contenu de la négociation.Mais le gouvernement marche sur des œufs. Le ministère ne peut pas rester passif devant une situation de blocage d’une entreprise dont il a la tutelle, mais il ne veut surtout pas apparaître comme intervenant dans sa gestion. Cela l’obligerait à porter davantage, politiquement, le poids des probables suppressions de postes. Et cela offrirait un boulevard à l’opposition pour dénoncer une indépendance de l’audiovisuel public en trompe-l’œil et créer une pression politique forte au moment où le CSA doit désigner le nouveau PDG de France Télévisions, d’ici le 22 mai.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Dans les tuyaux depuis des mois, le projet de YouTube de lancer un service par abonnement sans publicité prend forme. La plateforme vidéo de Google a pris contact avec des partenaires producteurs de vidéos pour leur annoncer ce nouveau mode de diffusion de vidéos, qui passera par un abonnement mensuel et vise à permettre aux internautes de mieux adapter leur utilisation de YouTube à leurs besoins.Business Insider figure, par exemple, parmi les partenaires contactés et publie sur son site le courrier envoyé par les équipes de YouTube. Ni la date du lancement de ce service, ni le prix des abonnements n’ont été précisés aux producteurs de vidéos, auxquels il a été expliqué qu’il s’agissait là d’une nouvelle façon de monétiser leurs œuvres.YouTube, à l’origine un simple site d’échange de vidéos amateurs, repose principalement aujourd’hui sur la diffusion gratuite de vidéos, financée par des publicités sur le site.1,2 milliard de dollarsCette version payante de YouTube permettra donc à ceux qui opteront pour cet abonnement de ne plus être exposés aux annonces publicitaires. Cette offre place égalememt YouTube comme un concurrent potentiel d’autres services vidéos payants fonctionnant sur abonnement, comme Netflix par exemple.YouTube a déjà lancé, en 2014, une offre payante sans publicité pour les vidéos musicales et avait testé une offre payante, en 2013, qui permettait aux inscrits d’accéder à 29 chaînes YouTube, dont celles de Sesame Street (série télévisée éducative franco-britannique), UFC (organisation américaine de sport de combat) et National Geographic (média avec pour thèmes l’histoire et la géographie, notamment). L’abonnement coûtait 99 cents par mois.En 2014, YouTube a engrangé 1,2 milliard de dollars de revenus publicitaires et compte un milliard de visiteurs par mois.Lire aussi :Youtube : 10 ans de vie et de vidéosAnne EvenoJournaliste au Monde 09.04.2015 à 07h08 • Mis à jour le09.04.2015 à 12h06 Tout est bien qui finit bien. Après deux semaines passées à s’invectiver publiquement, Vivendi et le fonds activiste américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) ont finalement trouvé un terrain d’entente mercredi 8 avril : d’ici à 2017, le géant des médias va verser 6,75 milliards d’euros à ses actionnaires, soit un milliard d’euros de plus que prévu initialement. De plus, cette distribution se fera intégralement sous forme de dividendes, à raison de 5 euros par action en plusieurs étapes, alors que 2,7 milliards d’euros devaient à l’origine être versés sous forme de rachat d’actions.Moindres marges de manœuvre« Avec ces distributions, nous avons souhaité trouver un consensus avec certains de nos actionnaires minoritaires, même s’il en résulte de moindres marges de manœuvre pour Vivendi dans son ambition stratégique de construire un grand groupe de médias et de contenus », a justifié Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi, dans un communiqué. Le groupe a néanmoins de quoi voir venir : il devrait disposer d’une trésorerie de près de 15 milliards d’euros après la clôture des opérations de cession de SFR et de l’opérateur brésilien GVT, attendue cet automne.Lire aussi :Vivendi : le renard, les loups et le magotDe son côté, le fonds activiste américain, qui affirme représenter 0,8 % du capital de Vivendi, s’est réjoui du « dialogue constructif » engagé avec le géant tricolore et affirme que ces distributions « sont compatibles avec une stratégie de développement ambitieuse de Vivendi, que ce soit dans le cadre d’une croissance organique ou dans le cadre d’acquisitions ». En échange de cette rallonge, le fonds américain a retiré les projets de résolution qu’il avait inscrits à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Vivendi, prévue le 17 avril, qui réclamaient le versement de 9 milliards d’euros de dividendes.Détail important : PSAM s’engage également à soutenir Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, dans sa volonté de voir le géant des médias adopter le système des droits de vote doubles prévu par la loi Florange. Ce dispositif décrié par les sociétés de conseil aux investisseurs doit permettre au milliardaire breton d’asseoir son emprise sur le conglomérat, dont il détient 12,01 % du capital, sans bourse délier.Néanmoins, PSAM n’entend pas lui laisser carte blanche. Le fonds a obtenu que, si aucune acquisition d’envergure n’est annoncée dans les deux ans, « Vivendi étudiera la possibilité de proposer des distributions complémentaires » à ses actionnaires. Comprenez : la balle est dans le camp de M. Bolloré... Lire aussi :Vivendi veut développer des contenus exclusifs pour Dailymotion 08.04.2015 à 15h27 • Mis à jour le09.04.2015 à 07h33 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Après vingt et un jours de grève, le dialogue n’a pas repris à Radio France entre la direction et les salariés. Le comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, organisé mercredi 8 avril, a été suspendu peu après son ouverture, et les salariés ont voté ensuite la poursuite de la grève jusqu’à jeudi.Lire aussi :A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseComité d’entreprise avortéCette réunion, lors de laquelle le PDG, Mathieu Gallet, devait formellement présenter son projet pour l’entreprise, s’est ouverte par une déclaration conjointe des élus CFDT, CGT, SNFORT, SUD et UNSA. Ils reprochent à Mathieu Gallet et à la direction d’avoir « parié sur le pourrissement du conflit ». « En réponse à cela, il y a la dignité du combat des salariés et les valeurs qu’ils portent. Cette détermination en dit long quant à leur attachement aux valeurs du service public », saluent les élus syndicaux. Concernant le projet présenté par Mathieu Gallet, « il est lourd de périls graves pour l’avenir de Radio France », souligne le communiqué. Déclaration Cce Extra Radio France 8.4.2015Suite à cette déclaration, plusieurs élus ont quitté la salle et le CCE a été suspendu, laissant la situation dans l’impasse. La direction a déploré cette suspension, « convaincue que la présentation du projet stratégique était de nature à éclairer les élus, et à travers eux les personnels, sur les choix stratégiques engageant l’avenir de Radio France ».La ministre intervient, le CSA veut une « résolution des conflits »Interrogée à l’Assemblée nationale sur cette impasse, mercredi après-midi, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a annoncé qu’elle « recevrait les parties prenantes très prochainement ».#RadioFrance - @FleurPellerin "Très rapidement, je ferai connaître les décisions que je prendrai pour renouer le dialogue social" #QAG— LCP (@LCPan) April 8, 2015De son côté, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), assez discret depuis le début du conflit, a publié un communiqué : il « appelle à la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui ». Un appel à la mise en place d’une « médiation », réclamée par les syndicats comme préalable à la levée de la grève. Plus tôt, Mathieu Gallet avait envisagé « une intervention extérieure pour retisser le dialogue social », en audition à la commission culturelle de l’Assemblée nationale. Toutefois, il a ensuite précisé en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement (l’expression utilisée par les syndicats) peut-être davantage à un recours à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.La « politique de la chaise vide » critiquéeMercredi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a dénoncé l’attitude des autres syndicats. « La tenue, ce mercredi, d’un comité central d’entreprise extraordinaire était l’occasion d’obtenir du PDG des précisions essentielles sur son projet de plan de départs volontaires, écrit le SNJ. (…) Mais à l’obtention de réponses, les syndicats grévistes ont préféré quitter la salle. La politique de la chaise vide, au risque de foncer dans le mur. »« Depuis le début, le SNJ n’est pas vraiment dans le mouvement de grève qui est mené par l’intersyndicale », relativise un journaliste syndiqué. Gréviste, celui-ci reconnaît que lors de l’assemblée générale de mercredi, il y a eu un débat sur l’opportunité d’assister ou non au CCE. « Plus largement, les gens sont partagés, explique ce journaliste qui s’est abstenu lors du vote, vendredi, de la motion de défiance contre Mathieu Gallet. La défiance envers le président de Radio France affaiblit-elle l’entreprise ou pousse-t-elle le gouvernement à enfin prendre la main en nommant un médiateur ? Avec un navire sans pilote, la situation serait-elle pire qu’aujourd’hui ? C’est une vraie ligne de fracture. Les gens sont un peu perdus. » Communiqué du SNJAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’est un Mathieu Gallet combatif qui s’est présenté, mercredi 8 avril, devant les députés de la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Hasard du calendrier, cette audition était prévue juste avant la présentation formelle du projet stratégique du président de Radio France devant le comité central d’entreprise (CCE).Invité par le président de cette commission, Patrick Bloche, à « fendre l’armure », M. Gallet a profité de l’occasion pour détailler ce projet, mais aussi s’exprimer plus largement sur la crise que traverse l’entreprise publique depuis trois semaines. Il a enlevé les lunettes qu’il portait pendant que les députés lui ont posé une trentaine de questions. Et quitté la moue perplexe qu’il affichait parfois pendant cette très longue série d’interpellations.Lire aussi :Radio France : un projet stratégique sans surpriseMathieu Gallet arrive à l'Assemblee nationale pic.twitter.com/PGmQQyPgkS— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Dans sa réponse, M. Gallet s’est animé et a réaffirmé ses « convictions » sur la réforme de Radio France, alors que l’audition était diffusée en direct devant l’assemblée générale des grévistes, à la Maison de la radio,#Radiofrance Gallet: "radio France est au bout de son modèle économique passé."— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015A #RadioFrance, les salariés en AG écoutent (quasi) religieusement l'audition de #Gallet à l'Assemblée pic.twitter.com/PqHZ1ibFHT— Rémi Banet (@RemiBanet) 8 Avril 2015Il a également opéré un mea culpa sur sa méthode et son style :#Radiofrance Gallet: "mon erreur a été d'intégrer très tôt les contraintes budgétaires"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: "on a peut être pas assez partagé le projet avec les salariés"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: évoque sa "personnalité": "oui je ne suis pas très expansif. Mais pas malpoli non plus. Le fond, ce n'est pas moi"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Sans oublier de pointer le rôle de l’Etat dans la situation budgétaire délicate de Radio France :#Radiofrance Gallet: "la redevance a augmenté depuis 2012, rien n'est allé à Radio France"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Il s’est posé en protecteur de l’entreprise, mise en cause la semaine dernière dans un sévère rapport de la Cour des comptes :"C'est pas la @Courdescomptes qui va faire la stratégie de @radiofrance " dit @mathieu_gallet #DirectAN— Alexis Delcambre (@alexisdelcambre) 8 Avril 2015#Radiofrance Gallet: "je ne porterai pas de plan de départs contraints à radio fŕance"— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Alors que Le Canard enchaîné a de nouveau mis en cause M. Gallet, mercredi 8 avril, cette fois sur les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2014, le PDG a maintenu sa thèse d’une campagne orchestrée contre lui :#Radiofrance Gallet: "le canard canarde... Je veux bien avoir le dos large mais on me salit."— alexandre piquard (@apiquard) 8 Avril 2015Sur les affirmations de l’hebdomadaire liée à son passage à l’INA, Mathieu Gallet a affirmé qu’un des contrats (attribué à l'agence EuroRSCG) avait été signé avant son arrivée. « Le Canard devait avoir de bonnes sources pour ne pas vérifier », a-t-il ironisé. « Le Canard ajoute des contrats de conseil qui n’ont rien à voir. On a l’impression que j’ai dépensé un million d’euros de 'hair et makeup'... On a parfois besoin de consultants, de personnes extérieures dans une entreprise ! », a-t-il plaidé, défendant son bilan à l'INA.Alors que les syndicats réclament une « médiation » pour reprendre les négociations avec lui, Mathieu Gallet ne s’est pas montré fermé à cette idée :#Radiofrance Gallet: "peut être qu'on aura besoin d'une intervention extérieure pour retisser le dialogue social"— alexandre piquard (@apiquard) April 8, 2015Toutefois, après l’audition, il a précisé en aparté qu’il ne pensait pas forcément à une « médiation » du gouvernement, peut-être davantage à un recours à un intervenant extérieur spécialisé dans la conduite du dialogue social.A la fin de l’audition, le plus dur restait toutefois à venir pour M. Gallet, qui devait rencontrer les syndicats à 14 heures lors d’un CCE extraordinaire :"Je ne lâcherai rien" conclut @mathieu_gallet qq minutes après que la @CGT_RadioFrance a publié un communiqué "Ne rien lâcher" #frontal— Alexis Delcambre (@alexisdelcambre) 8 Avril 2015Après sa prise de parole, Mathieu Gallet a été félicité par certains députés : « Sois comme tu es », lui a lancé l’UMP Michel Herbillon, estimant qu’il avait « enfin fendu l’armure ». « Il faut que je me fasse violence », a souri Mathieu Gallet, jouant de son personnage réputé peu expansif. « Il a joué cartes sur table », a estimé l’UMP Franck Riester, estimant que M. Gallet, « s’il se lâche comme cela avec les salariés », a des chances de « reprendre la main ».Las, la députée PS de Paris Annick Lepetit a été elle plus déçue : « Il n’a rien dit... ». « On le sent blessé et il a répondu sur le fait que son ’moi’ était inattaquable. Mais l’important, ce sont ses actions », a regretté le député Michel Françaix, qui siège au conseil d’administration de Radio France. Ce dernier a souligné que l’Etat avait consenti un effort financier en promettant une dotation (de 80 millions d’euros selon lui). Ne resterait donc plus qu’à aider M. Gallet pour le dialogue social, pense le député, selon lequel il semble difficile d’éviter le recours à un intermédiaire extérieur.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Présent depuis 2004 dans l’Hexagone, Google France lance, mercredi 8 avril, sa toute première campagne de publicité institutionnelle. D’un coût de 1,5 million d’euros, la première vague de cette opération, qui se déroulera jusqu’au 23 mai, veut mettre en avant des succès français incarnés par cinq ambassadeurs venant du monde des associations, des start-up ou des PME et qui ont réussi grâce à Internet et aux technologies Google.« Jusqu’ici, nous n’avions communiqué que sur les produits et jamais sur notre rôle dans l’écosystème du numérique français », souligne Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Google France. Cette campagne, baptisée « Moteur de réussites françaises » - et à laquelle l’entreprise travaille depuis 18 mois - intervient à un moment où le poids de Google, que ce soit en, France ou aux États-Unis, soulève de nombreuses critiques.Le groupe, qui détient sur le marché de la recherche sur Internet une part ultra-dominante (77 % aux États-Unis et plus de 90 % en Europe), est visé par plusieurs procédures.De l’autre côté de l’Atlantique, un sénateur américain a annoncé vouloir entendre l’agence fédérale américaine chargée de faire respecter le droit de la consommation (FTC) sur l’abandon d’une enquête pour anticoncurrence, qui visait Google en 2012.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GoogleEncadrer les pratiquesEn Europe, Bruxelles serait sur le point de clore son enquête – ouverte il y a cinq ans – sur les pratiques anticoncurrentielles de Google. Et en France, des sénateurs ont déposé, jeudi 2 avril, un amendement au projet de loi Macron car ils estiment urgent de se donner les moyens d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceNick Leeder, directeur général de Google France, interrogé par Le Monde, a refusé de commenter cette initiative sénatoriale. Le dirigeant insiste sur la place prise par la filiale française du géant américain auprès des entrepreneurs français et des acteurs du web.« Depuis notre installation à Paris en 2004, nos effectifs sont passés d’une petite quinzaine de personnes à 600 salariés dont une centaine d’ingénieurs » précise-t-il. M. Leeder souligne également le rôle joué par Google pour améliorer leur visibilité sur internet.Avec le programme Google pour les pros, lancé il y a trois ans, les équipes de Google ont rencontré 50 000 TPE et PME et la moitié d’entre elles ont désormais une présence en ligne. « D’ici fin 2015, nous voulons rencontrer 200 000 PME » annonce M. Leeder, « ce qui nécessitera l’emploi de 200 coaches, issus notamment des juniors entreprises, des universités et des écoles de commerce ».Le groupe insiste également sur son rôle auprès des associations en indiquant avoir offert, ces deux dernières années, 35 millions d’euros de publicité gratuite via les Google Ad Grants.Aide à l’internationalisationLe dernier axe d’action vanté pas Google est son soutien aux entrepreneurs, et particulièrement aux start-up. Depuis 2011, l’entreprise verse annuellement 1 million d’euros au Numa, emblématique lieu de l’innovation à Paris. Et Google France va lancer une nouvelle initiative, intitulée « Scale-up ».Ce soutien s’adresse aux start-up qui ont déjà réussi une première levée de fonds et a pour objectif de les aider à s’internationaliser, pour faire naître de futurs Blablacar par exemple.D’ores et déjà, dix start-up ont été sélectionnées et sont accompagnées par une équipe de dix personnes au sein de Google France.Lire aussi :Quand Google cherche le prochain GoogleAvec cette campagne, dans un moment difficile en termes d’image pour Google, la filiale française du moteur de recherche entend prouver sa « contribution certaine, incontournable et dans la durée » à l’économie française, affirme Mme Dauba-Pantanacce.Une volonté de clarté qui se heurte encore à une certaine culture de la confidentialité, puisque, aujourd’hui encore, Google France ne fournit pas le montant total de ses investissements en France.Anne EvenoJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Au vingt et unième jour de grève à Radio France, mercredi 8 avril, la situation restait profondément enlisée. Certes, la direction se félicitait d’un nombre de grévistes déclarés moins important – 193 mardi 7 avril, contre 334 jeudi 2 avril, et 482 vendredi 3 avril –, mais ces chiffres sont peu signifiants, compte tenu du système de grève « tournante » mis en place par les syndicats. Le président de l’entreprise publique, Mathieu Gallet, devait présenter au comité central d’entreprise, mercredi 8 avril, la dernière version de son projet stratégique, fruit de ses échanges avec le gouvernement, que Le Monde s’est procuré. Mais la réunion a tourné court rapidement, s’ouvrant sur une déclaration conjointe des élus CFDT, CGT, SNFORT, SUD et Unsa estimant le projet de la direction « lourd de périls graves pour l'avenir de Radio France ».Quatre éléments expliquent cette impossible reprise de dialogue entre salariés et direction. Le premier est lié à l’épuisement des négociations dans un conflit qui a démarré le 19 mars. Samedi 4 avril, les échanges pour intégrer l’arbitrage gouvernemental favorable au maintien des deux orchestres, qui étaient menacés de fusion, ont certes repris, mais sans avancées notables.Autre point de blocage, la radicalisation d’une partie des grévistes. Mardi 7 avril, plusieurs voix ont appelé à rompre complètement les négociations ou encore à multiplier les motions de défiance contre les 198 cadres de direction, qui concentrent une partie du ressentiment. Dans ce contexte ressurgit l’épineuse question de la « médiation », et ce alors que M. Gallet doit faire face à une motion de défiance votée le 3 avril. Enfin, l’absence du Conseil supérieur de l’audiovisuel – qui a choisi à l’unanimité le nouveau président de Radio France il y a un an – est aujourd’hui montrée du doigt.L’épuisement des négociationsC’est un fait : les négociations sociales sont à l’arrêt depuis au moins neuf jours. Le 30 mars, la direction a proposé un protocole d’accord qui a été refusé. Samedi 6 avril, les échanges ont repris, pour intégrer l’arbitrage gouvernemental favorable au maintien des deux orchestres, qui étaient menacés de fusion. Mais il n’y a pas eu d’avancée sur les trois autres revendications des syndicats (abandon des réformes du service propreté et moyens pour l’accueil et la sécurité ; abandon de la réforme des modes de production ; maintien des effectifs et rejet des mutualisations de programmes sur France Bleu).La direction semble ne plus avoir aucune marge de manœuvre. S’engager sur les revendications des grévistes reviendrait à rendre presque impossible le rétablissement de l’équilibre budgétaire, que l’Etat demande pour 2017. Les syndicats eux n’entendent pas céder face à une direction affaiblie et à un Etat hésitant. Le système de grève « tournante » permet de durer, malgré l’irritation grandissante d’une partie des salariés de la maison, notamment les journalistes, et de certains auditeurs.Reste que la ligne syndicale est parfois contradictoire. Ainsi, les syndicats sont partagés entre le refus de négocier davantage avec la direction – illustré par la motion de défiance votée, vendredi, contre Mathieu Gallet – et le fait de continuer à se rendre aux réunions pour en retirer « tout ce qu’on pourra obtenir ». Les points de compromis possibles ne font pas l’objet d’échanges lors des assemblées générales, comme si la seule ligne était de faire céder la direction.La radicalisation d’une partie des troupes Les assemblées générales qui rythment le quotidien de la Maison de la radio donnent des signes de durcissement. Mardi, plusieurs voix ont appelé à rompre complètement les négociations ou encore à multiplier les motions de défiance contre les 198 cadres de direction, qui concentrent une partie du ressentiment. Un courant que les délégués syndicaux ont peiné à contenir. « C’est 1793 ! », s’est exclamé l’un d’eux.La force du mouvement est en même temps sa faiblesse : tous les corps de métiers y participent, mais cela donne parfois l’image d’une mobilisation « attrape-tout », avec des desiderata pouvant évoquer des inventaires à la Prévert, mêlant éléments très concrets et grandes idées, comme cet appel entendu mardi à la mise en place d’une « démocratie participative » dans l’entreprise. « La question est désormais : les organisations syndicales tiennent-elles la base ? » se demande un journaliste.Depuis plusieurs jours, les « AG » accueillent aussi des militants extérieurs : syndicalistes de France Télévisions ou de l’INA, représentants de la Coordination des intermittents et précaires, et même personnel venu de… Carrefour Market. La perspective de la journée d’action interprofessionnelle du jeudi 9 avril, à laquelle les syndicats appellent contre l’« austérité », est manifestement présente à l’agenda de certains, qui espèrent surfer sur la grève à Radio France pour mobiliser plus largement.L’épineuse question de la « médiation »Depuis le vote d’une motion de défiance contre Mathieu Gallet, jugé « discrédité », vendredi 3 avril, les syndicats ont ajouté une nouvelle revendication : la mise en place d’une « médiation ». « Vous êtes, Madame la ministre, notre médiateur naturel, ont-ils écrit, mardi, à Fleur Pellerin. (…) Nous vous demandons d’intervenir en tant que médiatrice, dans une situation où vous avez commencé à vous engager. » Le secrétaire national de la CGT, Philippe Martinez, a réclamé mardi le départ du PDG. « On est arrivé à un point de non-retour », a-t-il estimé. Et mercredi, lors du comité central d’entreprise, les syndicats devaient réitérer leur « refus du projet » et leur « défiance » envers leurs interlocuteurs.Mais pour le gouvernement, la mise en place d’une telle médiation l’amènerait à endosser la responsabilité des négociations, dans un cadre très contraint où les marges de manœuvre sont réduites. Et donc leur éventuel échec. Et serait inévitablement exploitée politiquement, illustrant une forme d’échec de l’indépendance des entreprises de l’audiovisuel public à l’heure où le nouveau président de France Télévisions doit être désigné par le CSA, avant la fin mai.L’absence du CSALe Conseil supérieur de l’audiovisuel a nommé Mathieu Gallet en février 2014, mais il rappelle qu’il n’a pas le pouvoir de tutelle sur Radio France. Il peut toutefois mettre fin au mandat du PDG, « par décision motivée », après une audition. Les grévistes de Radio France ont apporté, mardi, leur motion de défiance au CSA, un geste symbolique.Le partage du pouvoir entre l’Etat et le CSA est une des sources du problème, martèle aujourd’hui la droite : « Ce vernis d’indépendance n’est qu’un affichage qui pousse la tutelle à se défiler face à ses responsabilités », a ainsi lancé le député (UMP) Christian Kert au président du CSA, auditionné mardi 7 avril à l’Assemblée nationale.En réponse, Olivier Schrameck a estimé que cette répartition des pouvoirs suivait « une distinction assez claire » : « Le CSA nomme et veille au respect du cahier des charges et de l’exigence sur les programmes, tandis que l’exécutif exerce la tutelle et le suivi économique. »Depuis le début, le CSA – épinglé par Le Canard enchaîné, mercredi, sur les conditions de la nomination de M. Gallet –, a gardé ses distances avec les difficultés du PDG, auquel il a renouvelé sa confiance le 25 mars. Mardi, M. Schrameck a assuré se tenir « étroitement informé » et rester « très sensible » aux préoccupations des salariés et des auditeurs. Tout en refusant « d’outrepasser son rôle ».Lire aussi :En France et à l’étranger, des orchestres en panne de financementsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne-Aël Durand Les salariés de Radio France ont voté, vendredi 10 avril, la poursuite de la grève jusqu'à lundi 13 avril, ce qui portera à 26 jours la durée de ce conflit social. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a nommé un médiateur, Dominique Jean-Chertier, pour renouer le dialogue entre direction et syndicats. Lire l'entretien (en édition abonnés) : Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue »Le conflit, entamé le 19 mars, porte sur les mesures d'économies visant à redresser les comptes du groupe. Les syndicats s'insurgent en particulier contre un plan de départs volontaires affectant jusqu'à 380 personnes sur 4 300, et la suppression d'un des deux orchestres de Radio France (option écartée vendredi dernier par le ministère).Un durcissement inévitable ?Si les auditeurs du service public sont habitués à des perturbations d'antenne en raison de mouvements sociaux,  une telle durée de grève constitue une première pour le groupe, constitué en 1975 après l'éclatement de l'ancien ORTF. Nous avons recensé ci-dessous les principaux mouvements sociaux observés à Radio France depuis vingt-cinq ans.Lire le décryptage : Quelles sont les raisons de la colère à Radio France ? #container_1428659399343{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1428659399343{ height:500px; } #container_1428659399343 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1428659399343 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1428659399343 .subtitre{ display:block; }La grève la plus longue de Radio France Les principaux conflits sociaux des vingt-cinq dernières années dans le service public radiophonique.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1428659399343", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Lemonde.fr", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Nombre de jours de grève" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} jours" }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["19/03/2015","12/03/2015","11/02/2015","02/10/2012","21/09/2012","18/06/2012","28/11/2011","22/12/2009","07/04/2009","04/04/2005","27/01/2004","26/11/2003","17/06/2003","21/05/2003","17/02/2003","13/11/2002","14/06/2001","22/06/2000","16/11/1999","09/11/1999","25/11/1998","24/09/1998","13/03/1997","25/02/1997","01/12/1994","12/10/1994","07/02/1992","22/03/1990"], title:{ text:"Date de début de conflit" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" jour(s)", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "durée ", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 26 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 1 ], [ "", 19 ], [ "", 18 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 8 ], [ "", 6 ], [ "", 7 ], [ "", 8 ], [ "", 9 ], [ "", 1 ], [ "", 12 ], [ "", 5 ], [ "", 9 ], [ "", 1 ], [ "", 14 ], [ "", 16 ], [ "", 2 ], [ "", 12 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);C'est la première fois, en 2015, que les salariés sont confrontés à des menaces de suppressions d'emploi. L'inquiétude sur le sort des salariés s'est d'abord traduite par deux grèves de vingt-quatre heures, le 11 février, puis le 12 mars, avant de se muer en un mouvement à durée illimitée.Entre 2009 et 2012, les mouvements sociaux à la Maison de la radio portaient plutôt sur les redéploiements d'équipes techniques ou rédactionnelles. En 2009, Radio France International avait également protesté durant soixante-douze heures contre le projet de fusion avec la chaîne de télévision France 24.En 2004 et 2005, de longs bras-de-fer sur les salairesLe précédent record de durée de grève à Radio France avait été établi en 2005. A l'appel des organisations syndicales CFTC, CFDT, CGC, CGT, CSA, FO et SNJ, les personnels techniques, ouvriers et employés administratifs avaient alors bataillé dix-neuf jours pour obtenir des hausses de salaires.Un an auparavant, début 2004, les journalistes avaient cessé le travail durant dix-huit jours pour réclamer que leur rémunération soit alignée avec celle des salariés de France Télévisions.Une décennie plus tôt, un conflit sur le même thème, l'alignement des salaires entre radio et télévision publique, avait abouti à seize jours de conflit, durée record à l'époque. Une « belle grève », selon les syndicats, qui avait alors surpris par sa durée le ministre de tutelle de Radio France, Nicolas Sarkozy.Les autres grèves de longue durée observées à la Maison ronde concernaient des catégories de personnels plus réduites. En décembre 1994, les animateurs des antennes locales de Radio France avaient réclamé durant quatorze jours la revalorisation de leur statut. En 1998, ils s'étaient également battus douze jours pour être embauchés en contrat à durée indéterminée.Anne-Aël DurandJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.04.2015 à 22h58 Le comité Pulitzer a décerné, lundi 20 avril, à l'université Columbia, à New York, trois prix au quotidien New York Times, dans les catégories International, Journalisme d'investigation et Photo magazine. Ces prestigieuses récompenses américaines en matière de journalisme ont été remises dans vingt et une catégories.Les journalistes du quotidien new-yorkais ont été collectivement distingués dans la catégorie International pour leur couverture de l'épidémie mortelle d'Ebola en Afrique de l'Ouest. Un photographe pigiste du quotidien, Daniel Berehulak, l'a lui aussi remporté dans la catégorie Photo magazine sur le même sujet. Et le journaliste Eric Lipton a reçu le prix pour ses articles sur le rôle des lobbies.Le prix Breaking News (« dernière nouvelle ») de la photographie a récompensé l'ensemble des photographes du St Louis Dispatch pour leur couverture des événements de Ferguson (Missouri, Centre) après la mort d'un jeune Noir non armé, tué par la police en août.Le photographe de l'Agence France-Presse Bulent Kilice figurait parmi les trois finalistes du prix Photographie magazine pour ses photos de Kurdes fuyant les attaques de l'organisation djihadiste Etat islamique dans des petits villes kurdes à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Plusieurs sources convergentes assuraient, lundi 20 avril, que la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, devrait annoncer dès mercredi 22 avril l’envoi d’une notification des griefs au géant énergétique russe Gazprom. Une décision lourde de conséquences d’un point de vue diplomatique. « Toute charge de ce type contre Gazprom serait vue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », prévenait lundi 20 avril une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait mine de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).La Commission européenne n’a pas souhaité confirmer l’information, se contentant de souligner que Mme Vestager, actuellement en tournée aux Etats-Unis, serait de retour à Bruxelles mercredi.« Réveil » de la politique antitrust européenneUne chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social-libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens au total : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.A l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été. « Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Margrethe Vestager, la commissaire qui s’attaque à GoogleQuelles charges Bruxelles pourrait-elle retenir contre Gazprom ? Le groupe russe est soupçonné de signer des accords trop contraignants avec ses clients européens, leur interdisant, par exemple, de revendre à des tiers les volumes surnuméraires qu’ils ont achetés auprès du conglomérat russe. On lui reproche aussi d’obliger ses clients à signer des contrats d’une trop longue durée. Ou encore, d’indexer le prix du gaz sur celui, très volatil, du pétrole : les plaignants plaident pour une indexation sur les prix du charbon.Mesures correctivesA compter de l’envoi de la notification de griefs, Gazprom aura environ deux mois pour peaufiner sa défense, puis les audiences contradictoires débuteront. A tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. La compagnie aurait d’ailleurs introduit une demande en ce sens, la semaine dernière. Elle aurait été balayée.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut aller jusqu’à lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.Est-ce que parce que la notification risque de faire des vagues, qu’elle a « fuité » deux jours avant sa publication ? Peut-être. Mais Mme Vestager, comme tous les commissaires à la concurrence, n’est pas obligée de passer par le collège de la Commission pour valider sa décision. Pour certains experts des dossiers de concurrence, le timing politique est en tout cas très habile. « C’est le meilleur moyen de prouver qu’elle n’a pas une gestion politique des dossiers. En attaquant le russe Gazprom après l’américain Google, elle prouve que c’est la loi européenne en matière de concurrence, et uniquement elle, qu’elle applique », relève une source diplomatique.« La gestion d‎u temps par Mme Vestager force l’admiration, pour Jacques Lafitte, du cabinet d’avocats Avisa. La commissaire savait qu’elle allait être taxée d’anti-américanisme après son offensive sur Google, du coup elle sort les griefs contre Gazprom une semaine plus tard. L’histoire pourrait retenir avril 2015 comme le mois où les deux cas les plus édifiants de l’histoire de l’antitrust européen ont franchi une étape cruciale. »Reste à savoir quelle sera la réaction du Kremlin à une possible annonce de Bruxelles. Début 2014, le président Vladimir Poutine avait exprimé sa colère en décidant d’abandonner le gazoduc South Stream, destiné à contourner l’Ukraine. La Commission avait évoqué de possibles entorses à la concurrence et le président russe, dénonçant la pression exercée sur la Bulgarie pour qu’elle s’oppose au passage du réseau sur son territoire, avait menacé de réduire les livraisons de gaz aux Européens.Actuellement, Bruxelles poursuit avec Moscou et Kiev de difficiles négociations destinées à sécuriser l’approvisionnement de l’Ukraine et celui de l’Union – dont 15 % du gaz transite par le territoire ukrainien. L’UE achète annuellement 130 milliards de mètres cubes à Gazprom, mais veut réduire sa dépendance avec son projet d’union énergétique. Loin d’être concrétisé, celui-ci ne résoudra pas, à court terme, les problèmes de plusieurs pays de l’Est, qui continuent de dépendre à 80 % du gaz russe, voire de l’Italie ou de la Grèce, qui en dépendent à hauteur de 30 %.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les nuages se dissipent peu à peu pour Mathieu Gallet, le PDG de Radio France. Après les bonnes audiences de ses chaînes qui ont progressé au premier trimestre selon les derniers chiffres de Médiamétrie, mercredi 15 avril, puis l’arrêt d’une grève de vingt-huit jours, jeudi, c’est l’Inspection générale des finances (IGF) qui lui a apporté un motif de soulagement. « Les dépenses des instances dirigeantes de Radio France, notamment celles de son PDG, ne présentent pas de caractère abusif », a estimé l’IGF dans un rapport rendu public, lundi 20 avril, après huit jours d’enquête.Celle-ci était un des derniers éléments susceptibles de faire vaciller le PDG. Elle avait été décidée le 20 mars, après des révélations du Canard enchaîné sur la rénovation de son bureau. Pour répondre à la tempête médiatique, Bercy et le ministère de la culture demandaient une enquête sur les dépenses de la direction de l’entreprise publique. Le contexte était explosif, ces révélations ayant coïncidé avec le début de la grève illimitée lancée par cinq syndicats. Perçu comme privilégiant son confort personnel sur l’intérêt général, M. Gallet était inaudible au début du conflit social.Lire aussi :Radio France : les dépenses de la direction auscultéesSi l’IGF n’a relevé aucune entorse aux règles, elle se permet néanmoins d’« appeler particulièrement l’attention du président de Radio France sur l’importance de l’exemplarité des actions non seulement sur le fond mais aussi sur leur processus de décision ». En clair, M. Gallet aurait pu se montrer plus sensible au contexte et anticiper le fait qu’un changement de mobilier choquerait forcément au sein d’une entreprise s’apprêtant à endurer un plan d’économies et des suppressions de postes. « Il aurait pu surseoir à ces dépenses », répète Jean-Paul Quennesson, membre de l’Orchestre national de France et délégué syndical (SUD).M. Gallet est peu intervenu dans la rénovation de son bureauL’IGF, qui a commencé son enquête le 30 mars, s’est donc penchée sur la rénovation du bureau présidentiel, mais aussi sur le contrat de communication conclu entre Radio France et Denis Pingaud pour un montant de 96 000 euros, ainsi que sur le changement de la voiture de service du PDG – deux autres dépenses qui avaient été relevées par la presse, fin mars.Sur le bureau, les conclusions de l’IGF valident la défense de M. Gallet. Sur les 104 000 euros dépensés, 68 000 euros « de rénovation des boiseries en palissandre de Rio avaient un caractère patrimonial et étaient liés à des décisions sur lesquelles l’actuel président n’a pas pu exercer d’influence, car antérieures à son arrivée ». L’IGF rappelle néanmoins que M. Gallet aurait pu décider de suspendre cette rénovation, comme il l’avait lui-même reconnu dans un entretien au Monde.Lire aussi :Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »Les 35 000 euros restants, correspondant à un changement de moquette, de mobilier et de stores, dans un bureau qui n’était pas hors d’âge, semblaient moins justifiables. Mais « la mission n’a pu retrouver d’éléments écrits permettant d’établir avec certitude l’origine de la décision, entre le président ou la direction de la réhabilitation », qui pilote le chantier de la Maison de la radio. La seule intervention traçable de M. Gallet est le choix de sa table de réunion. Le rapport estime que cette dépense de 35 000 euros n’est « pas injustifiée » compte tenu des « fonctions de représentation » exercées par le PDG.Les prestations de M. Pingaud sont « effectives »Autre élément qui a nourri la polémique : le contrat de communication conclu en juin 2014 avec Denis Pingaud, qui conseillait déjà M. Gallet quand celui-ci était président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Ce contrat « n’est inhabituel (…) ni par son contenu ni par ses modalités de passation », observe le rapport.Une clause de tacite reconduction, présente dans la première version du contrat, a été retirée dès juin 2014 sur recommandation de la direction juridique de l’entreprise, afin qu’une mise en concurrence puisse avoir lieu au bout d’un an. Le rapport rappelle que sous la présidence antérieure, un contrat équivalent existait, et comportait, lui, une clause de tacite reconduction – M. Gallet a donc, en ce sens, amélioré les choses.L’IGF valide également l’« effectivité de la prestation » du conseiller de Radio France : en dix mois, 350 courriels ont été échangés entre M. Pingaud et des membres du comité exécutif et il a assisté à 23 réunions, selon le rapport, sur des sujets concernant l’entreprise, pas uniquement l’image de M. Gallet.Enfin, concernant le véhicule de service du PDG, « le changement (…) avait été prévu dès le mois de mai 2013 [avant sa prise de fonctions] et s’est s’inscrit dans le cadre des règles de l’entreprise, que ce soit pour les critères d’obsolescence de la précédente C6 (cinquante-trois mois et 121 383 km), ou pour le choix du modèle de l’actuelle 508 ».Un appel à une plus grande transparenceLes enquêteurs ont également passé au crible toutes les dépenses du comité exécutif (supérieures à 100 euros) et les choix des fournisseurs les plus récents. « Aucune des dépenses examinées, du président ou d’un membre du Comex [comité exécutif de Radio France], ne présente de caractère anormal ou disproportionné par leur nature ou leur montant », conclut le rapport. Tout juste souligne-t-il la justification fragile de deux voyages effectués par M. Gallet, l’un au Brésil au moment de la Coupe du monde de football, l’autre en Chine pour participer à un sommet « Young Leaders ».Le rapport suggère, enfin, que l’entreprise se dote de règles plus transparentes en matière de contrôle et de publicité des dépenses. « Certaines dispositions nouvelles pourraient néanmoins utilement être mises en place afin que leur acceptabilité ne soit plus remise en cause », propose le rapport.« Je n’ai jamais douté des conclusions de l’enquête de l’Inspection générale des finances, a réagi M. Gallet. L’important, maintenant, c’est l’avenir du service public de la radio et sa nécessaire modernisation. Nous allons y travailler avec l’ensemble des salariés de Radio France qui sont, comme moi, particulièrement attachés à l’entreprise et à ses missions de service public. »Vendredi, le PDG a rencontré Dominique-Jean Chertier, le médiateur choisi par le gouvernement, pour discuter de la mission de celui-ci. M. Chertier, qui sera présent « à tiers temps » à Radio France, doit remettre sur pied le dialogue social. Il a aussi vu les syndicats, ensemble puis séparément. « C’est le démarrage », souligne-t-on. La question qui agite la Maison ronde est désormais de savoir si cette relance du dialogue peut se faire avec une équipe de direction inchangée, ou si M. Gallet procédera à des mouvements – montrant au passage qu’il s’efforce désormais de reprendre la main.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.04.2015 à 10h06 • Mis à jour le20.04.2015 à 14h32 | Simon Roger et Stéphane Foucart Le quotidien britannique The Guardian est associé depuis mars avec l’ONG 350.org dans la campagne « Keep it in the Ground » (« Laissez-le sous terre »), visant au « désinvestissement » dans les énergies fossiles. Le Guardian Media Group, qui dispose de 1,1 milliard d’euros d’actifs, a lui-même annoncé début avril qu’il commençait à se débarrasser de ses participations dans l’industrie des combustibles fossiles. Alan Rusbridger, le directeur du Guardian, qui quittera le quotidien cet été pour prendre la présidence du trust propriétaire du titre, détaille au Monde la genèse de cet engagement.Pour quelles raisons « The Guardian » mène-t-il campagne pour renoncer à l’exploitation des réserves d’énergies fossiles ?Tout a débuté à Noël 2014, lorsque j’ai réalisé que j’allais quitter mes fonctions. Quand vous vous apprêtez à partir d’une institution incroyable comme le journal The Guardian, après deux décennies passées à sa tête, vous vous demandez ce que vous avez raté. Non que je regrette la couverture que nous avons faite jusqu’ici de l’environnement. Mais si l’on pense à ce qui restera dans l’Histoire, le changement climatique est la plus grande « story » de notre époque. Or jusqu’à présent, elle n’avait fait que très rarement la « une » du Guardian.J’ai été frappé aussi par ma rencontre avec Bill McKibben [fondateur du mouvement 350.org]. Il m’a fait prendre conscience que les médias étaient englués dans un traitement environnemental et scientifique du climat alors que c’est une question politique et économique. En abordant le sujet dans la rédaction, nous nous sommes mis à parler également de santé, de culture… Cela a créé une énergie entre nous. C’était le moment d’impliquer l’ensemble du journal sur ce sujet.Comment avez-vous organisé cette mobilisation du journal ?Une partie de la rédaction est partie avec moi une semaine en Autriche pour planifier cette campagne. Il est bon de temps en temps de quitter le bureau et de couper le portable. Nous avons enregistré chaque mot de nos discussions et une partie de ces échanges ont été publiés sous forme de podcasts, sur le site du journal. C’était aussi une manière de montrer à nos lecteurs comment un journal fonctionne. Les entreprises de presse devraient être plus démocratiques. Je n’aime pas les journaux construits autour d’une figure très imposante.L’une des premières choses dites pendant notre séminaire, c’était que nous ne pouvions pas lancer une telle campagne sans avoir nous-mêmes décidé de quelle énergie nous voulions pour remplacer les combustibles fossiles. La discussion s’est notamment focalisée sur le nucléaire. J’ai demandé que l’on ne cherche pas à trancher ce débat. Car si nous élargissons trop le sujet, les gens risquent de perdre de vue le sens de notre campagne.Pourquoi avoir pris pour cible des fonds financiers impliqués dans le secteur des énergies fossiles ?Quels vont être les faits marquants en 2015 sur le climat ? Tout le monde à la rédaction est d’accord pour dire que la Conférence de Paris sur le climat (COP 21) sera le grand événement de l’année, mais ce n’est pas le sujet que l’on a le plus envie de lire. On s’est dit, ensuite, pourrait-on persuader des investisseurs de changer d’avis sur les énergies fossiles, responsables d’une majeure partie des émissions polluantes ? Nous avons par exemple lancé le 7 mars une pétition en direction des fondations philanthropiques telles que le Wellcome Trust et la Bill & Melinda Gates Foundation [180 000 signataires au 17 avril]. Nous n’allons pas en faire des ennemis, mais comme elles gèrent des gros portefeuilles d’actifs, elles peuvent prendre la tête du mouvement de désinvestissement.Avez-vous rencontré des réticences dans la rédaction à propos de cette campagne ?Seuls quelques-uns étaient inquiets de cette démarche. Je l’étais moi-même. Durant ces vingt ans comme directeur du Guardian, je n’avais jamais lancé un appel comme celui-ci. Il s’agit d’un sujet complexe, c’était un peu risqué de plonger le journal dans cette complexité. Ce qui m’a convaincu, c’est l’importance de l’enjeu. C’est très différent des OGM, sur lesquels on peut tirer des conclusions divergentes. Là, l’écrasante majorité de la communauté scientifique s’accorde à dire qu’il y a urgence à agir. Il n’y a pas de sujet plus sérieux que le réchauffement climatique.Pourtant, près de 40 % des Britanniques se disent sceptiques face au réchauffement climatique. Ne craignez-vous pas de perdre une partie de votre lectorat ?Si vous vous levez chaque matin en vous demandant si vous allez perdre du lectorat, c’est une très mauvaise façon de construire un journal ! Le renoncement aux énergies fossiles est une cause morale, bien sûr, mais aussi une mesure de bonne gestion. Je ne m’attendais pas à ce que le Guardian Media Group (GMG) décide aussi vite de désinvestir. En voyant ce qu’il a fait, le monde de la finance a commencé à en parler. Aujourd’hui, notre propre conseiller financier nous dit : « J’ai observé les chiffres sur les dix dernières années, les énergies fossiles sont devenues de mauvais investissements, qui sous-performent. »« Keep it in the Ground » n’est-il pas également un formidable coup de pub pour votre journal ?Au cours de ces cinq dernières années, The Guardian a sorti les dossiers WikiLeaks, le Tax Gap [vaste enquête sur les manœuvres d’évitement fiscal des entreprises britanniques], l’affaire Snowden… Maintenant, nous faisons campagne sur le changement climatique. Si l’on entreprend ce travail d’investigation journalistique, ce n’est pas pour s’assurer des records d’audience, mais pour être à la hauteur de notre réputation. Les gens se rendent compte qu’on est prêt à faire des choix courageux, à dépenser de l’argent quand c’est nécessaire.A vous entendre, les journaux devraient remplir une mission de service public…Ce que nous faisons doit servir l’intérêt général. Au cours des dix dernières années, l’industrie de la presse s’est fracturée, elle est devenue peureuse. On regarde en permanence nos chiffres de ventes, nos nombres de lecteurs et d’abonnés. Cela a mené certains à faire des choses idiotes. Si vous voulez faire du journalisme, il faut garder l’intérêt général comme moteur. Et je ne vois pas de plus grand intérêt général que d’aider à la prise de conscience sur le dérèglement climatique. Il est irresponsable de la part des journalistes de ne pas réfléchir davantage à la manière de couvrir cette grande question.Comment concilier le traitement de l’actualité et une réflexion de long terme sur le climat ?Le journalisme est très efficace pour raconter ce qu’il s’est passé hier, il l’est beaucoup moins pour faire le récit de ce qui va se produire dans dix ans. Pourtant, cela reste du journalisme, car les décisions que nous prenons aujourd’hui auront des conséquences dans les dix prochaines années et au-delà. Il faut trouver le moyen de faire réfléchir nos concitoyens car la classe politique ou les marchés ne sauront pas le faire. Les investisseurs, en revanche, sont capables d’un tel effort : ça les intéresse de savoir ce qui va se passer dans les dix ou les vingt prochaines années.La nature des relations entre les journalistes du « Guardian » et les entreprises pétrolières a-t-elle changé ?Non. Nous avons par exemple un rubricard énergie pour qui les compagnies ont beaucoup de respect. A un moment, Exxon a refusé de répondre à certaines de nos questions, estimant que nous n’étions pas impartiaux. Qu’une compagnie qui pèse 300 milliards de dollars [278 milliards d’euros] refuse de nous répondre en dit davantage sur elle-même que sur le Guardian.Acceptez-vous toujours les publicités des compagnies pétrolières ?Oui, nous acceptons et, j’en conviens, c’est une vraie question. Je considère que la publicité est la publicité, l’éditorial est l’éditorial. Ce sont deux choses complètement séparées. Au moment où vous commencez à former un jugement sur la publicité, vous franchissez cette ligne de démarcation.En lançant cette campagne, pensiez-vous être rejoints par d’autres journaux ?Nos concurrents sont tous focalisés sur les élections législatives du 7 mai. Jusqu’à présent, je n’ai vu aucune réaction de leur part. Au Royaume-Uni, les journaux se vivent comme des adversaires et ils détestent faire des choses ensemble.Simon RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterStéphane FoucartJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Michel Guerrin Avec son livre Malaise dans l’inculture (Grasset), Philippe Val ne va pas arranger son image de libertaire devenu réac, tout en ayant conservé des séquelles de gauche. Du reste, invité, mardi 14 avril, sur France Inter, une station qu’il a dirigée, il a provoqué des réactions allergiques du genre : « Mieux vaut la grève que Val. » Dans ce pamphlet bien écrit, ce qui ne fait pas de mal, l’ancien patron de Charlie Hebdo découpe la gauche en quartiers et enfonce sa plume dans les plaies de ses divisions. Il s’en prend aux radicaux de l’écologie, aux prophètes de la décroissance, aux pourfendeurs de l’Amérique et de l’Europe libérale, aux fans de Poutine, aux analystes bienveillants du communautarisme, à ceux qui font passer les laïques résolus pour racistes.Philippe Val a dans le collimateur le sociologisme, cette attitude de gauche qui déresponsabilise les individus de leurs gestes, ce qui a des conséquences affligeantes : la montée de l’islamisme, la violence dans les banlieues, l’incivisme, l’éducation en compote, c’est la faute à la société, au système. Val n’en revient pas que les démocraties occidentales, où pourtant tout le monde « voudrait vivre », soient à ce point vilipendées. Il a cette formule : « Exaltez la culture orientale, on vous regarde avec intérêt. Exaltez la culture occidentale, vous êtes conservateur, limite fasciste. » On en arrive, dit Val, à défendre les pratiques internes aux communautés contre les libertés instituées, en les assimilant à une culture menacée par le « système » : « Et... 16.04.2015 à 13h52 • Mis à jour le16.04.2015 à 15h44 | Anne Eveno Les jours se suivent et se ressemblent pour Google. Jeudi 16 avril, les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi Macron « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ». Déposé initialement par des élus centristes et UMP, le texte de l’amendement défendu notamment par Catherine Morin-Desailly, sénatrice UDI de Seine-Maritime, a rencontré un soutien bien plus large au sein du palais du Luxembourg puisque communistes et socialistes l’ont appuyé.Le gouvernement, par la voix d’Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, avait demandé le retrait de cette disposition la jugeant contraire au droit européen de la concurrence et au droit constitutionnel. En vain donc. Une commission mixte paritaire, rassemblant des élus de l’Assemblée nationale et du Sénat, devra définitivement trancher le sort de cette disposition.Liens vers trois moteurs concurrentsSes auteurs ont voulu adresser un signal politique sur la nécessité d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.S’ils ne nomment pas Google explicitement dans le texte, c’est bien le géant américain qui est dans le collimateur des parlementaires. « Nous avons la conviction que Google favorise ses propres services et nous estimons qu’il faut réguler cette situation, sinon les autres entreprises ne peuvent se développer », a expliqué au Monde Catherine Morin-Desailly.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceAfin de limiter ces abus, l’amendement stipule notamment que « tout exploitant d’un moteur de recherche susceptible, compte tenu de son audience, d’avoir un effet structurant sur le fonctionnement de l’économie numérique » soit contraint d’afficher sur sa page d’accueil des liens vers au moins trois autres moteurs de recherche concurrents.Sur ce point précis de l’amendement, M. Macron a jugé qu’il s’agissait d’une mesure anticonstitutionnelle car consistant en une « attaque disproportionnée au droit d’entreprendre », estimant que cela reviendrait à demander à « Renault d’afficher sur son pare-brise qu’on peut acheter une Peugeot ou une Fiat ».Il n’a pas été entendu puisque la version initiale a même été durcie lors des débats. Un sous-amendement socialiste a été adopté qui exige que parmi les 3 moteurs concurrents figure un moteur qui ait son siège social en France. Une disposition qui risque bien d’être contraire au droit européen de la concurrence.Feu nourri de critiquesLes sénateurs veulent aussi que les moteurs de recherche veillent à ne pas favoriser leurs propres services et produits dans leurs résultats de recherche. L’amendement pose que c’est à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (l’Arcep, le gendarme français des télécoms), que reviendra « la mission de contrôler le respect des obligations mises à la charge des exploitants de moteurs de recherche ».L’autorité de régulation pourra – en cas de manquements – infliger une amende pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial du groupe mis en cause. Soit dans le cas de Google, une somme de l’ordre de 6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros).Google est actuellement soumis à un feu nourri de critiques. Au point que la Commission européenne a, mercredi 15 avril, accusé formellement le groupe américain d’abus de position dominante dans la recherche en ligne, en pointant particulièrement le fonctionnement du comparateur de prix pour les produits Google Shopping.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteUne mise en cause que Google – qui a dix semaines pour répondre à la Commission – conteste déjà fermement. Estimant que jamais l’innovation ou la concurrence n’a été aussi forte qu’actuellement sur son marché.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesAnne EvenoJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard La course à la présidence de France Télévisions a créé ses premières déceptions, jeudi 16 avril. Des personnalités de poids comme Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde (FMM), et Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et Lagardère Active, ont admis ne pas avoir été retenus dans la liste de candidats que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit auditionner dès la semaine prochaine. Au terme de ces auditions, et avant le 22 mai, le CSA doit désigner le nouveau président de l’entreprise publique.L’éviction de Marie-Christine Saragosse a surpris. Sa personnalité et son bilan à la tête de FMM la rangeaient au rang des favoris. Mais le fait qu’elle soit actuellement en poste dans une entreprise de médias publique, et en cours de mandat, a pu devenir un handicap, au lendemain de la crise survenue à Radio France. Par souci de stabilité, les huit conseillers auraient jugé préférable qu’elle aille au terme de son mandat commencé en 2012 après la crise survenue sous le mandat d’Alain de Pouzilhac, selon une source proche du dossier. Cette préoccupation aurait également barré Emmanuel Hoog, PDG de l’Agence France-Presse (AFP), qui ne figurerait pas dans la liste restreinte. Tous deux sont passés par des cabinets ministériels de gauche, note aussi un connaisseur du secteur.La décision du CSA est difficile à digérer pour Didier Quillot, qui pensait que sa longue expérience managériale le protégerait d’une élimination à ce stade. « J’ai reçu jeudi un courrier me signifiant que je n’étais pas retenu, mais je n’ai eu aucune explication, déplore-t-il. Je trouve cette décision complètement incompréhensible. J’ai mis en ligne mon projet car je veux qu’il soit connu et j’espère que les autres candidats feront de même. » Parmi les 33 postulants enregistrés par le CSA, d’autres, comme Serge Cimino, du Syndicat national des journalistes (SNJ), et Alexandre Michelin (MSN), ont déclaré publiquement ne pas avoir été retenus.La composition de la liste restreinte ne fait l’objet d’aucune communication de la part du CSA dès lors qu’un ou plusieurs de ses membres sollicite la confidentialité. Il n’est donc pas possible de la connaître avec certitude. Toutefois, selon nos informations, au moins cinq candidats ont été contactés par l’autorité pour être auditionnés, et deux autres sont annoncés certains par d’autres médias.Âgé de 48 ans, Christophe Beaux s’appuie sur la transformation jugée réussie de la Monnaie de Paris, une institution industrielle et culturelle de 500 personnes qu’il préside depuis huit ans. Cet énarque a travaillé en banque d’affaires, chez JP Morgan, et connaît parfaitement la machine d’Etat pour avoir œuvré au Trésor - sous la responsabilité de Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée - et dans plusieurs cabinets ministériels - sous le second mandat de Jacques Chirac. Il est membre du conseil d’administration de France Télévisions depuis 2011.Arrivée à La Poste au poste de directrice générale adjointe en charge de la communication en avril 2014, Nathalie Collin, 50 ans, a auparavant dirigé des structures plus modestes, dans la presse (Libération, Le Nouvel Observateur) ou la musique (EMI France). Elle se présente comme une experte de la transition numérique - qu’elle chapeaute désormais à La Poste. Pour se renforcer sur les programmes et la stratégie, elle se serait appuyée sur Vincent Meslet, directeur éditorial d’Arte et ancien directeur des programmes de France 3, ainsi que sur Catherine Smadja, cadre du groupe audiovisuel public britannique BBC et ancienne conseillère audiovisuelle du ministère de la culture sous Catherine Trautmann.Delphine Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, a fait toute sa carrière chez l’opérateur, où les activités audiovisuelles sont concentrées sur la distribution (via les box d’accès à Internet). Ingénieure de formation, 48 ans, elle a l’expérience d’une grosse structure et du dialogue social. Son profil a suscité une inquiétude chez des syndicats de France Télévisions, après des échos de presse rappelant qu’elle était en poste chez France Télécom à l’époque de la mise en place du plan Next, dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Pascal Josèphe, ancien consultant, a surtout été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, dans les années 1980 et 1990. Il dit aborder la télévision publique par « la question de l’offre », qui doit davantage refléter, selon lui, la jeunesse et la diversité. Quand on lui parle de son âge (60 ans), il pointe celui, plus élevé, des actuels patrons de M6, TF1 ou Canal+.Robin Leproux incarne, dans cette liste, l’expérience du secteur privé, après notamment un long parcours chez M6. Âgé de 55 ans, l’homme qui a géré la crise des supporters en tant que président du PSG est aussi celui qui a conquis des parts de marché publicitaire avec la régie de M6. Il dispose aussi d’une expérience dans la stratégie et les contenus, sur la chaîne privée et à RTL. Sur ce média grand public, il a fait venir l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie ou mis en place certains rendez-vous comme « On refait le monde ».Polytechnicien, ingénieur des Ponts et chaussées, Cyrille du Peloux a fait partie de l’équipe de direction de TF1 lors de son acquisition par le groupe Bouygues. Passé à la Lyonnaise des Eaux, il a ensuite dirigé le bouquet satellite TPS et la chaîne Paris Première avant de rejoindre, en 2002, le groupe Veolia, où il est aujourd’hui, à 61 ans, directeur de la transformation et membre du comité de direction.Rémy Pflimlin, lui, ne doit pas voir d’un mauvais œil la liste retenue par le CSA, dont deux candidats sérieux issus, comme lui, de la sphère publique ont été écartés. À l’automne, l’actuel président ne se voyait crédité que de chances très faibles de voir son mandat renouvelé. Les derniers mois, et notamment les difficultés de Mathieu Gallet à Radio France, lui ont plutôt redonné des raisons de ne pas désespérer. À 61 ans, il défend son bilan et plaide pour la continuité managériale dans un audiovisuel public fragile. Reste une particularité de son profil : il a été nommé par le président de la République Nicolas Sarkozy. Alors que François Hollande a tenu à rendre au CSA le choix de ces patrons, l’autorité voudrait-elle confirmer à la tête de France Télévisions la personne choisie par l’ancien président ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.04.2015 à 15h34 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h33 Le tribunal de commerce de Marseille a validé, mercredi 15 avril, l'offre de reprise du quotidien de gauche La Marseillaise par les Editions des fédérés, seul candidat en lice, a-t-on appris de la CGT (majoritaire).L'offre de reprise du quotidien régional du Sud-Est, qui est en redressement judiciaire depuis la fin de novembre, prévoit la suppression de 91 postes sur les 208 que compte l'entreprise. Lorsqu'elle a présenté cette offre, en février, la société Les Editions des fédérés, présidée par Pierre Dharréville, secrétaire départemental du Parti communiste français (PCF) dans les Bouches-du-Rhône, affirmait ne pas vouloir « laisser s'éteindre un journal à la ligne éditoriale spécifique, engagé, populaire, rebelle ».Autour d'actionnaires issus du PCF – qui concourt au financement –, du monde mutualiste et soutenu par l'association Les Amis de La Marseillaise, les Editions des fédérés proposent un projet s'articulant selon trois axes. « Le premier, c'est le (support) papier, avec la volonté d'être plus agréable. Un journal, ça a une existence physique », argumente M. Dharréville. « Le deuxième, c'est le développement sur Internet », poursuit-il, exprimant sa volonté de « faire passer la sensibilité » du quotidien sur ce support. En troisième lieu, le repreneur souhaite développer « la présence du titre dans la société ». Le quotidien s'organisera autour de trois grands « pôles » couvrant les six départements de diffusion : une édition pour le Gard et l'Hérault ; une autre pour les Bouches-du-Rhône ; une troisième pour le Var, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence. Le plan de suppression de 91 emplois, concernant les journalistes, les services centraux et l'imprimerie externalisée, est « un déchirement », déplore M. Dharréville.Lire aussi (édition abonnés) : Deux offres de reprise pour « La Marseillaise » 15.04.2015 à 12h16 • Mis à jour le15.04.2015 à 14h46 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Elle était déjà considérée comme l’une des personnalités les plus fortes et intéressantes du collège de la Commission européenne. Avec sa décision, mercredi 15 avril, d’accuser Google de violation de la loi antitrust européenne avec son moteur de recherche, la commissaire Margrethe Vestager entre vraiment dans la cour des « grands » de Bruxelles.La Danoise de 47 ans, qui a pris son poste début novembre 2014, avait la lourde responsabilité de boucler – si possible – le plus vite possible l’enquête contre le groupe américain. Une enquête extrêmement sensible, politiquement et économiquement, mais qui n’en finissait plus, puisqu’elle a été lancée par la Commission européenne il y a près de cinq ans, en novembre 2010.Et surtout, on attendait de la commissaire qu’elle reparte sur des bases moins controversées, alors que la stratégie de son prédécesseur, l’Espagnol Joaquin Almunia, avait suscité beaucoup de critiques en Europe. De la part des plaignants, bien sûr, mais aussi des politiques, notamment français et allemands. M. Almunia s’était vu reprocher d’avoir cherché, en vain, à trois reprises, un compromis avec le groupe américain, sans jamais aller jusqu’à l’acte d’accusation.« Souci du consommateur »Margrethe Vestager, ex-leader du parti social libéral à Copenhague, qui aurait servi de modèle à la série danoise à succès Borgen, a donc choisi la manière forte contre Google. Sans pour autant « jeter à la poubelle » tout le travail d’enquête mené par la puissante Direction générale de la concurrence (la « DG Comp ») de la Commission, entre 2009 et 2O14.Mais, dès décembre 2014, un mois après son arrivée à Bruxelles, elle a pris soin de rencontrer les plaignants (ils sont environ une trentaine à avoir déposé plainte contre Google). « Elle a pris le temps, et elle l’a fait avant de voir Eric Schmidt [le président exécutif de Google], ce qui a été apprécié », souligne l’un des plaignants souhaitant conserver l’anonymat.Tous ceux qui, à Bruxelles, ont eu récemment à faire avec elle soulignent son pragmatisme, son écoute, « son souci constant du consommateur », souligne une source européenne, et sa maîtrise rapide des dossiers.Discrète dans les médias, elle a su néanmoins s’imposer au sein du collège des commissaires présidé par Jean-Claude Juncker. Avec cinq ou six autres personnalités (Frans Timmermans, Günther Oettinger, Andrus Ansip, Pierre Moscovici, Cecilia Malmström, Federica Mogherini), elle fait partie des poids lourds de l’exécutif européen.Enquêtes sur les accords fiscauxDifficile de faire sans elle, par exemple, pour définir la future stratégie concernant le « marché unique digital » promise par la Commission Juncker. Preuve de sa détermination à investir le secteur du numérique, elle a aussi décidé de lancer une enquête formelle sur des possibles violations de la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation mobile ultra-dominant de Google.Et Mme Vestager a validé récemment la création d’un « desk » e-commerce, une équipe dédiée au sein de la DG Comp, pour enquêter, pour l’instant de manière informelle, sur les barrières au commerce en ligne au sein de l’Union européenne. Notamment sur le fait qu’il est parfois difficile, voire impossible, d’acheter sur un site en ligne si l’on ne se trouve pas dans le même pays à ce moment-là (le « geoblocking »), selon une source européenne.Entre autres dossiers brûlants, Mme Vestager doit aussi boucler les enquêtes, ouvertes en 2014, sur de possibles aides d’État illégales concernant Starbucks aux Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg et Apple en Irlande. Une décision devrait tomber avant cet été.Lire aussi :Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesLà, il s’agit de savoir si les « rulings » (les accords fiscaux préalables) consentis à ces sociétés par ces États sont conformes ou non à la loi européenne en matière concurrentielle. Là aussi, la commissaire est attendue au tournant.Si elle décide d’accuser le Luxembourg, la polémique « Luxleaks » risque de repartir. D’autant plus que M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant plus de quinze ans…Lire aussi :LuxLeaks : M. Juncker de nouveau accuséCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Michel Guerrin Avec son livre Malaise dans l’inculture (Grasset), Philippe Val ne va pas arranger son image de libertaire devenu réac, tout en ayant conservé des séquelles de gauche. Du reste, invité, mardi 14 avril, sur France Inter, une station qu’il a dirigée, il a provoqué des réactions allergiques du genre : « Mieux vaut la grève que Val. » Dans ce pamphlet bien écrit, ce qui ne fait pas de mal, l’ancien patron de Charlie Hebdo découpe la gauche en quartiers et enfonce sa plume dans les plaies de ses divisions. Il s’en prend aux radicaux de l’écologie, aux prophètes de la décroissance, aux pourfendeurs de l’Amérique et de l’Europe libérale, aux fans de Poutine, aux analystes bienveillants du communautarisme, à ceux qui font passer les laïques résolus pour racistes.Philippe Val a dans le collimateur le sociologisme, cette attitude de gauche qui déresponsabilise les individus de leurs gestes, ce qui a des conséquences affligeantes : la montée de l’islamisme, la violence dans les banlieues, l’incivisme, l’éducation en compote, c’est la faute à la société, au système. Val n’en revient pas que les démocraties occidentales, où pourtant tout le monde « voudrait vivre », soient à ce point vilipendées. Il a cette formule : « Exaltez la culture orientale, on vous regarde avec intérêt. Exaltez la culture occidentale, vous êtes conservateur, limite fasciste. » On en arrive, dit Val, à défendre les pratiques internes aux communautés contre les libertés instituées, en les assimilant à une culture menacée par le « système » : « Et... 16.04.2015 à 13h52 • Mis à jour le16.04.2015 à 15h44 | Anne Eveno Les jours se suivent et se ressemblent pour Google. Jeudi 16 avril, les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi Macron « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ». Déposé initialement par des élus centristes et UMP, le texte de l’amendement défendu notamment par Catherine Morin-Desailly, sénatrice UDI de Seine-Maritime, a rencontré un soutien bien plus large au sein du palais du Luxembourg puisque communistes et socialistes l’ont appuyé.Le gouvernement, par la voix d’Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, avait demandé le retrait de cette disposition la jugeant contraire au droit européen de la concurrence et au droit constitutionnel. En vain donc. Une commission mixte paritaire, rassemblant des élus de l’Assemblée nationale et du Sénat, devra définitivement trancher le sort de cette disposition.Liens vers trois moteurs concurrentsSes auteurs ont voulu adresser un signal politique sur la nécessité d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.S’ils ne nomment pas Google explicitement dans le texte, c’est bien le géant américain qui est dans le collimateur des parlementaires. « Nous avons la conviction que Google favorise ses propres services et nous estimons qu’il faut réguler cette situation, sinon les autres entreprises ne peuvent se développer », a expliqué au Monde Catherine Morin-Desailly.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceAfin de limiter ces abus, l’amendement stipule notamment que « tout exploitant d’un moteur de recherche susceptible, compte tenu de son audience, d’avoir un effet structurant sur le fonctionnement de l’économie numérique » soit contraint d’afficher sur sa page d’accueil des liens vers au moins trois autres moteurs de recherche concurrents.Sur ce point précis de l’amendement, M. Macron a jugé qu’il s’agissait d’une mesure anticonstitutionnelle car consistant en une « attaque disproportionnée au droit d’entreprendre », estimant que cela reviendrait à demander à « Renault d’afficher sur son pare-brise qu’on peut acheter une Peugeot ou une Fiat ».Il n’a pas été entendu puisque la version initiale a même été durcie lors des débats. Un sous-amendement socialiste a été adopté qui exige que parmi les 3 moteurs concurrents figure un moteur qui ait son siège social en France. Une disposition qui risque bien d’être contraire au droit européen de la concurrence.Feu nourri de critiquesLes sénateurs veulent aussi que les moteurs de recherche veillent à ne pas favoriser leurs propres services et produits dans leurs résultats de recherche. L’amendement pose que c’est à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (l’Arcep, le gendarme français des télécoms), que reviendra « la mission de contrôler le respect des obligations mises à la charge des exploitants de moteurs de recherche ».L’autorité de régulation pourra – en cas de manquements – infliger une amende pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial du groupe mis en cause. Soit dans le cas de Google, une somme de l’ordre de 6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros).Google est actuellement soumis à un feu nourri de critiques. Au point que la Commission européenne a, mercredi 15 avril, accusé formellement le groupe américain d’abus de position dominante dans la recherche en ligne, en pointant particulièrement le fonctionnement du comparateur de prix pour les produits Google Shopping.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteUne mise en cause que Google – qui a dix semaines pour répondre à la Commission – conteste déjà fermement. Estimant que jamais l’innovation ou la concurrence n’a été aussi forte qu’actuellement sur son marché.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesAnne EvenoJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard La course à la présidence de France Télévisions a créé ses premières déceptions, jeudi 16 avril. Des personnalités de poids comme Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde (FMM), et Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et Lagardère Active, ont admis ne pas avoir été retenus dans la liste de candidats que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit auditionner dès la semaine prochaine. Au terme de ces auditions, et avant le 22 mai, le CSA doit désigner le nouveau président de l’entreprise publique.L’éviction de Marie-Christine Saragosse a surpris. Sa personnalité et son bilan à la tête de FMM la rangeaient au rang des favoris. Mais le fait qu’elle soit actuellement en poste dans une entreprise de médias publique, et en cours de mandat, a pu devenir un handicap, au lendemain de la crise survenue à Radio France. Par souci de stabilité, les huit conseillers auraient jugé préférable qu’elle aille au terme de son mandat commencé en 2012 après la crise survenue sous le mandat d’Alain de Pouzilhac, selon une source proche du dossier. Cette préoccupation aurait également barré Emmanuel Hoog, PDG de l’Agence France-Presse (AFP), qui ne figurerait pas dans la liste restreinte. Tous deux sont passés par des cabinets ministériels de gauche, note aussi un connaisseur du secteur.La décision du CSA est difficile à digérer pour Didier Quillot, qui pensait que sa longue expérience managériale le protégerait d’une élimination à ce stade. « J’ai reçu jeudi un courrier me signifiant que je n’étais pas retenu, mais je n’ai eu aucune explication, déplore-t-il. Je trouve cette décision complètement incompréhensible. J’ai mis en ligne mon projet car je veux qu’il soit connu et j’espère que les autres candidats feront de même. » Parmi les 33 postulants enregistrés par le CSA, d’autres, comme Serge Cimino, du Syndicat national des journalistes (SNJ), et Alexandre Michelin (MSN), ont déclaré publiquement ne pas avoir été retenus.La composition de la liste restreinte ne fait l’objet d’aucune communication de la part du CSA dès lors qu’un ou plusieurs de ses membres sollicite la confidentialité. Il n’est donc pas possible de la connaître avec certitude. Toutefois, selon nos informations, au moins cinq candidats ont été contactés par l’autorité pour être auditionnés, et deux autres sont annoncés certains par d’autres médias.Âgé de 48 ans, Christophe Beaux s’appuie sur la transformation jugée réussie de la Monnaie de Paris, une institution industrielle et culturelle de 500 personnes qu’il préside depuis huit ans. Cet énarque a travaillé en banque d’affaires, chez JP Morgan, et connaît parfaitement la machine d’Etat pour avoir œuvré au Trésor - sous la responsabilité de Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée - et dans plusieurs cabinets ministériels - sous le second mandat de Jacques Chirac. Il est membre du conseil d’administration de France Télévisions depuis 2011.Arrivée à La Poste au poste de directrice générale adjointe en charge de la communication en avril 2014, Nathalie Collin, 50 ans, a auparavant dirigé des structures plus modestes, dans la presse (Libération, Le Nouvel Observateur) ou la musique (EMI France). Elle se présente comme une experte de la transition numérique - qu’elle chapeaute désormais à La Poste. Pour se renforcer sur les programmes et la stratégie, elle se serait appuyée sur Vincent Meslet, directeur éditorial d’Arte et ancien directeur des programmes de France 3, ainsi que sur Catherine Smadja, cadre du groupe audiovisuel public britannique BBC et ancienne conseillère audiovisuelle du ministère de la culture sous Catherine Trautmann.Delphine Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, a fait toute sa carrière chez l’opérateur, où les activités audiovisuelles sont concentrées sur la distribution (via les box d’accès à Internet). Ingénieure de formation, 48 ans, elle a l’expérience d’une grosse structure et du dialogue social. Son profil a suscité une inquiétude chez des syndicats de France Télévisions, après des échos de presse rappelant qu’elle était en poste chez France Télécom à l’époque de la mise en place du plan Next, dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Pascal Josèphe, ancien consultant, a surtout été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, dans les années 1980 et 1990. Il dit aborder la télévision publique par « la question de l’offre », qui doit davantage refléter, selon lui, la jeunesse et la diversité. Quand on lui parle de son âge (60 ans), il pointe celui, plus élevé, des actuels patrons de M6, TF1 ou Canal+.Robin Leproux incarne, dans cette liste, l’expérience du secteur privé, après notamment un long parcours chez M6. Âgé de 55 ans, l’homme qui a géré la crise des supporters en tant que président du PSG est aussi celui qui a conquis des parts de marché publicitaire avec la régie de M6. Il dispose aussi d’une expérience dans la stratégie et les contenus, sur la chaîne privée et à RTL. Sur ce média grand public, il a fait venir l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie ou mis en place certains rendez-vous comme « On refait le monde ».Polytechnicien, ingénieur des Ponts et chaussées, Cyrille du Peloux a fait partie de l’équipe de direction de TF1 lors de son acquisition par le groupe Bouygues. Passé à la Lyonnaise des Eaux, il a ensuite dirigé le bouquet satellite TPS et la chaîne Paris Première avant de rejoindre, en 2002, le groupe Veolia, où il est aujourd’hui, à 61 ans, directeur de la transformation et membre du comité de direction.Rémy Pflimlin, lui, ne doit pas voir d’un mauvais œil la liste retenue par le CSA, dont deux candidats sérieux issus, comme lui, de la sphère publique ont été écartés. À l’automne, l’actuel président ne se voyait crédité que de chances très faibles de voir son mandat renouvelé. Les derniers mois, et notamment les difficultés de Mathieu Gallet à Radio France, lui ont plutôt redonné des raisons de ne pas désespérer. À 61 ans, il défend son bilan et plaide pour la continuité managériale dans un audiovisuel public fragile. Reste une particularité de son profil : il a été nommé par le président de la République Nicolas Sarkozy. Alors que François Hollande a tenu à rendre au CSA le choix de ces patrons, l’autorité voudrait-elle confirmer à la tête de France Télévisions la personne choisie par l’ancien président ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.04.2015 à 15h34 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h33 Le tribunal de commerce de Marseille a validé, mercredi 15 avril, l'offre de reprise du quotidien de gauche La Marseillaise par les Editions des fédérés, seul candidat en lice, a-t-on appris de la CGT (majoritaire).L'offre de reprise du quotidien régional du Sud-Est, qui est en redressement judiciaire depuis la fin de novembre, prévoit la suppression de 91 postes sur les 208 que compte l'entreprise. Lorsqu'elle a présenté cette offre, en février, la société Les Editions des fédérés, présidée par Pierre Dharréville, secrétaire départemental du Parti communiste français (PCF) dans les Bouches-du-Rhône, affirmait ne pas vouloir « laisser s'éteindre un journal à la ligne éditoriale spécifique, engagé, populaire, rebelle ».Autour d'actionnaires issus du PCF – qui concourt au financement –, du monde mutualiste et soutenu par l'association Les Amis de La Marseillaise, les Editions des fédérés proposent un projet s'articulant selon trois axes. « Le premier, c'est le (support) papier, avec la volonté d'être plus agréable. Un journal, ça a une existence physique », argumente M. Dharréville. « Le deuxième, c'est le développement sur Internet », poursuit-il, exprimant sa volonté de « faire passer la sensibilité » du quotidien sur ce support. En troisième lieu, le repreneur souhaite développer « la présence du titre dans la société ». Le quotidien s'organisera autour de trois grands « pôles » couvrant les six départements de diffusion : une édition pour le Gard et l'Hérault ; une autre pour les Bouches-du-Rhône ; une troisième pour le Var, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence. Le plan de suppression de 91 emplois, concernant les journalistes, les services centraux et l'imprimerie externalisée, est « un déchirement », déplore M. Dharréville.Lire aussi (édition abonnés) : Deux offres de reprise pour « La Marseillaise » 15.04.2015 à 12h16 • Mis à jour le15.04.2015 à 14h46 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Elle était déjà considérée comme l’une des personnalités les plus fortes et intéressantes du collège de la Commission européenne. Avec sa décision, mercredi 15 avril, d’accuser Google de violation de la loi antitrust européenne avec son moteur de recherche, la commissaire Margrethe Vestager entre vraiment dans la cour des « grands » de Bruxelles.La Danoise de 47 ans, qui a pris son poste début novembre 2014, avait la lourde responsabilité de boucler – si possible – le plus vite possible l’enquête contre le groupe américain. Une enquête extrêmement sensible, politiquement et économiquement, mais qui n’en finissait plus, puisqu’elle a été lancée par la Commission européenne il y a près de cinq ans, en novembre 2010.Et surtout, on attendait de la commissaire qu’elle reparte sur des bases moins controversées, alors que la stratégie de son prédécesseur, l’Espagnol Joaquin Almunia, avait suscité beaucoup de critiques en Europe. De la part des plaignants, bien sûr, mais aussi des politiques, notamment français et allemands. M. Almunia s’était vu reprocher d’avoir cherché, en vain, à trois reprises, un compromis avec le groupe américain, sans jamais aller jusqu’à l’acte d’accusation.« Souci du consommateur »Margrethe Vestager, ex-leader du parti social libéral à Copenhague, qui aurait servi de modèle à la série danoise à succès Borgen, a donc choisi la manière forte contre Google. Sans pour autant « jeter à la poubelle » tout le travail d’enquête mené par la puissante Direction générale de la concurrence (la « DG Comp ») de la Commission, entre 2009 et 2O14.Mais, dès décembre 2014, un mois après son arrivée à Bruxelles, elle a pris soin de rencontrer les plaignants (ils sont environ une trentaine à avoir déposé plainte contre Google). « Elle a pris le temps, et elle l’a fait avant de voir Eric Schmidt [le président exécutif de Google], ce qui a été apprécié », souligne l’un des plaignants souhaitant conserver l’anonymat.Tous ceux qui, à Bruxelles, ont eu récemment à faire avec elle soulignent son pragmatisme, son écoute, « son souci constant du consommateur », souligne une source européenne, et sa maîtrise rapide des dossiers.Discrète dans les médias, elle a su néanmoins s’imposer au sein du collège des commissaires présidé par Jean-Claude Juncker. Avec cinq ou six autres personnalités (Frans Timmermans, Günther Oettinger, Andrus Ansip, Pierre Moscovici, Cecilia Malmström, Federica Mogherini), elle fait partie des poids lourds de l’exécutif européen.Enquêtes sur les accords fiscauxDifficile de faire sans elle, par exemple, pour définir la future stratégie concernant le « marché unique digital » promise par la Commission Juncker. Preuve de sa détermination à investir le secteur du numérique, elle a aussi décidé de lancer une enquête formelle sur des possibles violations de la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation mobile ultra-dominant de Google.Et Mme Vestager a validé récemment la création d’un « desk » e-commerce, une équipe dédiée au sein de la DG Comp, pour enquêter, pour l’instant de manière informelle, sur les barrières au commerce en ligne au sein de l’Union européenne. Notamment sur le fait qu’il est parfois difficile, voire impossible, d’acheter sur un site en ligne si l’on ne se trouve pas dans le même pays à ce moment-là (le « geoblocking »), selon une source européenne.Entre autres dossiers brûlants, Mme Vestager doit aussi boucler les enquêtes, ouvertes en 2014, sur de possibles aides d’État illégales concernant Starbucks aux Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg et Apple en Irlande. Une décision devrait tomber avant cet été.Lire aussi :Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesLà, il s’agit de savoir si les « rulings » (les accords fiscaux préalables) consentis à ces sociétés par ces États sont conformes ou non à la loi européenne en matière concurrentielle. Là aussi, la commissaire est attendue au tournant.Si elle décide d’accuser le Luxembourg, la polémique « Luxleaks » risque de repartir. D’autant plus que M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant plus de quinze ans…Lire aussi :LuxLeaks : M. Juncker de nouveau accuséCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Après cinq années d’enquête, la Commission européenne a décidé, mercredi 15 avril, de s’attaquer aux pratiques de Google dans le domaine des moteurs de recherche, qu’elle considère comme des abus de position dominante. Bruxelles a envoyé au groupe américain une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.Pour ses détracteurs, le groupe américain profite de sa positition dominante pour favoriser ses propres sites et produits au détriments de ceux de ses concurrents dans ses résultats de recherche.Les responsables de Google affirment, pour leur part, que l’entreprise exerce ses activités dans « un environnement très concurrentiel ». Ils rappellent que les internautes disposent d’un vaste choix (réseaux sociaux, les moteurs de recherche spécialisés, les applications mobiles, les sites de référence) pour accéder à l’information ou pour acheter des biens et des services. En un mot, rien ne les contraint à passer par Google.Petite revue de situation. Du point de vue des parts de marché, notamment.Un poids lourd en EuropeAu premier trimestre de cette année, la part de marché de Google sur le segment de la recherche sur le Web s’est établie à 92,26 %.Le groupe de Mountain View devance Bing, le moteur de recherche de Microsoft, et Yahoo!, dont les parts respectives sont de respectivement 2,82 % et 2,26 %.Mais des situations européennes contrastéesDans certains pays d’Europe, hors de l’Union européenne, des acteurs locaux réussissent à tirer leur épingle du jeu.En Russie, Yandex détient une part de marché de près de 40 %, quand Google s’est arrogé près de 50 %En République tchèque, Seznam parvient à conserver une part de 21,5 %, contre 74 % à Google.Une position moins hégémonique aux Etats-UnisGoogle est un peu plus contesté à domicile. Google a achevé l’année 2014 avec la plus faible part de marché depuis 2008.Avec 75,2 %, le groupe reste toutefois très loin devant ses rivaux, Bing et Yahoo!Ce dernier, notamment, a amorcé une vraie progression, profitant d’être désormais le moteur de recherche par défaut du navigateur Mozilla Firefox.Aux Etats-Unis, on observe une tendance à contourner les moteurs de recherche. par exemple, 30 % des adultes découvrent les informations et l’actualité qui les intéressent d’abord sur… Facebook. Sans parler de Twitter, qui avec neuf ans d’existence à peine, est devenu un acteur majeur de la quête d’informations.Une concurrence de plus en plus forte des applicationsLes recherches d’achats sur Internet se font, outre-Atlantique, deux fois plus via Amazon que sur Google.Les mobinautes privilégient aussi bien plus les applications que leur navigateur voire les moteurs de recherche pour acheter des biens ou des services. Le succès de sociétés comme Uber ou Blablacar en témoignent.De nouveaux acteurs se lancent malgré toutLa forte présence de Google sur la recherche n’a pas empêché la naissance et la croissance de nouveaux acteurs : par exemple l’américain DuckDuckGo ou le franco-allemand Qwant.Lire aussi :L’européen Qwant s’offre un lifting pour exister face à GoogleA des années-lumière de Google, ils espèrent néanmoins se faire une place au soleil, avec ou sans l’aide de la Commission européenne.Anne EvenoJournaliste au Monde 15.04.2015 à 07h54 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h26 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pour Google, c’est un coup dur. Après près de cinq ans d’enquête sur un éventuel abus de position dominante, la Commission européenne a finalement décidé, mercredi 15 avril, d’envoyer au groupe Internet américain ce que l’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme. Est tout particulièrement visé le service « Google shopping » et le fait que Google privilégie systématiquement ce service par rapport aux autres services/comparateurs de prix en ligne« Je crains que l'entreprise n'ait injustement avantagé son propre service de comparaison de prix, en violation des règles de l'Union européenne en matière d'ententes et d'abus de position dominante », a déclaré, mercredi à mi-journée, la commissaire européenne en charge de la concurrence, la Danoise Margrete Vestager.La Commission craint que les utilisateurs de Google « ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes ».La direction de Google a déclaré qu’elle a « hâte de discuter avec la Commission européenne ».Si cette décision ne préjuge pas d’une sanction ultérieure contre Google, c’est la première fois dans son histoire que le groupe américain est reconnu coupable d’avoir enfreint la loi antitrust. De quoi écorner un peu l’image de ce géant, fondé en 1998, dont la domination, sur la recherche en ligne, le mobile, le traitement des données personnelles de manière générale inquiète de plus en plus, surtout en Europe.Aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission (FTC), responsable des questions de concurrence et de protection du consommateur, avait finalement blanchi Google d’abus de position dominante, en 2013.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GooglePar ailleurs, Bruxelles a aussi annoncé, mercredi, avoir décidé de lancer une enquête formelle sur d’éventuelles infractions à la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation du groupe américain. Une enquête informelle était en cours depuis des dépôts de plainte, en 2013.Deux mois pour se défendreLa trentaine de plaignants (dont Microsoft) qui accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur et réclamaient depuis longtemps la « manière forte » contre Google se réjouit, logiquement, de cette décision.« Cette notification des griefs représente un pas significatif pour faire stopper les pratiques anticoncurrentielles de Google, qui ont nui à l’innovation et au choix des consommateurs », avaient d’ailleurs réagi, par avance, mardi 14 avril, une des associations de plaignants, FairSearch Europe, dans l’attente de la confirmation de la décision de Bruxelles.A dater de l’envoi de cette notification, Google dispose de deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer sa défense. Puis pourrait suivre une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rendra sa décision qu’à l’issue de ces étapes, c’est-à-dire au plus tôt fin 2015.Un accord négocié n’est pas à exclureLe géant de l’Internet risque une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). Mais ce ne serait pas le pire pour un groupe aussi riche (66 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014, soit 62 milliards d’euros, pour 14 milliards de dollars de profits).La Commission pourrait surtout lui imposer des actions « correctives » de nature à transformer son modèle économique. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Bruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme l’ont demandé les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceDavid Wood, l’avocat d’Icomp, un syndicat de sociétés Web regroupant des plaignants contre Google (dont la britannique Foundem et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime-t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Rupture dans l’approche européenneLa décision prise par Mme Vestager et les services de la puissante « direction générale à la concurrence » de la Commission européenne marque une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google.Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, à la suite de trois plaintes initiales de petites sociétés (l’allemande Ciao, la britannique Foundem et la française Ejustice.fr), Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants, de quelques politiques (notamment le ministre de l’économie allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés en première ligne mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente Commission Manuel Barroso (dont l’allemand Gunther Oettinger, actuel commissaire chargé du numérique, très remonté alors contre Google).Tous estimaient que les améliorations proposées par le géant de l’Internet à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi :Opération séduction de Google FranceLa décision de Bruxelles concernant Google est sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes. Cela va donner de l’eau au moulin de ceux qui disent que l’Europe « en veut » à Google et plus généralement au high-tech américain.L’acte d’accusation de la Commission s’ajoute en effet à une série, ces dernières années, de réactions des Européens contre de nouveaux « modèles économiques » : interdiction d’Uber dans certains pays, instauration de taxes « anti-Google » en Allemagne et en Espagne, enquêtes européennes sur des aides d’Etat illégales qui auraient bénéficié à Apple (en Irlande) ou à Facebook (au Luxembourg)…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.04.2015 à 22h06 • Mis à jour le14.04.2015 à 22h24 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les conclusions de la Commission européenne concernant l’enquête qu’elle mène sur Google depuis maintenant près de cinq ans seraient imminentes. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, chargée du dossier, pourrait faire des annonces dès mercredi 15 avril, selon une source européenne contactée par Le Monde.Mercredi, la Commission pourrait envoyer au groupe internet américain ce qu’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication des griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.En cause, de forts soupçons d’abus de position dominante concernant le moteur de recherche de Google. Les plaignants, des éditeurs de services en ligne allemands, français, anglais…, accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur.Abandon de la recherche d’une conciliationCette décision, si elle se confirme, marquerait une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google. Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager (qui lui a succédé en novembre 2014), n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants (le service allemand Ciao, le britannique Foundem, les sociétés comme Le Guide.com regroupées sous la bannière Open Internet Project, etc.), de quelques politiques (notamment le ministre allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés au créneau mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente commission Barroso (dont M. Oettinger, alors chargé de l’énergie).Tous estimaient que les « améliorations » proposées par Google à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi : Un nouveau front s’ouvre contre Google en FrancePour Google, une notification des griefs serait aussi un vrai coup dur. Ce serait la première fois qu’une autorité de l’importance de la Commission européenne reconnaît officiellement que le géant américain a enfreint la loi antitrust.A dater de l’envoi de cette notification, qui n’est pas rendue publique in extenso, les entreprises visées ont deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer leur défense. Puis suit en général une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rend sa décision finale que quelques mois plus tard.Que risque le géant de l’Internet ? Une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). La Commission pourrait aussi imposer des actions « correctives » à Google. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Décision sans précédentBruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme demandé par les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Quoi qu’il en soit, si la Commission décide de finalement sanctionner Google, ce sera une décision sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.David Wood, l’avocat d’ICOMP, un syndicat de sociétés web regroupant des plaignants contre Google (dont Foundem, historiquement un des premiers, et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est un véritable tournant dans le mouvement de grève qui perturbe les antennes de Radio France depuis le 19 mars. Mardi 14 avril, quatre syndicats sur cinq – CFDT, SNFORT, SUD, UNSA – ont appelé à la reprise du travail, en s'appuyant sur la consultation de leurs militants.Pour ces syndicats, l'objectif est désormais la négociation du contrat d'objectif et de moyens (COM) de Radio France pour les cinq prochaines années, qui doit se faire sous l'égide du médiateur, Dominique-Jean Chertier.Seule la CGT a maintenu l'appel à la grève, pour vingt-quatre heures de plus, suivant le vote de l'assemblée générale parisienne. Dans son communiqué, diffusé dans la soirée, le syndicat explique son choix : « Les salariés réunis en AG ont voté à une large majorité la poursuite de la grève. Parce que des revendications essentielles restent insatisfaites malgré l'intervention du médiateur. »La CGT espère notamment encore obtenir quelques avancées supplémentaires sur le maintien de l'emploi ou le refus de la syndication de contenus au sein du réseau France Bleu.Lire aussi : A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseToutefois, isolée, la CGT ne semble pas en mesure de maintenir le blocage des antennes. Mercredi matin, France Info, à partir de 4 heures, et France Inter, à partir de 5 heures, diffusaient leurs matinales habituelles.L'assemblée générale s'était achevée dans la division et une ambiance houleuse. Certains journalistes, comme Fabienne Sintes de France Info, ont exprimé sur Twitter leur déception sur la façon dont s'est achevé le mouvement de grève le plus long de l'histoire de Radio France.Donc. #greveRF reconduite sur UN SYNDICAT mais pour dire quoi ? Parler à qui ? Désordre total. CGT démunie. #AG furax. Fin de mvt terrible.— Fabienne Sintes (@FabSintes)require(["twitter/widgets"]);Une nouvelle phase dans la mission du médiateurLundi soir, alors que le conflit semblait dans l'impasse, une visite surprise à Radio France de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a semblé faire évoluer la position de certains syndicats. Même si elle a fermé la porte à toute évolution du texte du médiateur, « Fleur Pellerin a tenu à souligner qu'elle se portait garante du dialogue social et du retour à la confiance », a souligné le ministère à propos de cette réunion à laquelle participait le PDG de Radio France, Mathieu Gallet.Lire : Radio France : Fleur Pellerin défend le texte du médiateurMardi soir, quelques heures après l'assemblée générale et la division du front syndical, la ministre a salué la décision des quatre syndicats appelant à la fin de la grève, qui ont ainsi, selon elle, « fait le choix clair de la responsabilité et de l'avenir de Radio France ». Elle a également « souhaité que la CGT puisse rejoindre cette tendance majoritaire ».Dans ce communiqué, elle estime que la première partie de la mission du médiateur est « terminée » et indique « qu'il se rendra disponible pour la deuxième partie de sa mission », à savoir accompagner la négociation du COM pour la période 2015-2019. « Cette phase permettra de poser un diagnostic partagé sur la situation de l'entreprise et de répondre aux interrogations et aux inquiétudes qui sont apparues au cours de son conflit » précise-t-elle en appelant, pour conclure, à « rassembler tous les salariés de Radio France » et « à se tourner vers l'avenir ». Voir la chronologie interactive : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Pas facile d’exister face au tout puissant Google en Europe. Les dirigeants et fondateurs de Qwant peinent à faire de leur bébé l’alternative européenne au géant de Mountain View (Californie), dont ils rêvent depuis sa naissance, en 2011. Avec la présentation, mardi 14 avril, de la nouvelle version de ce moteur de recherche, apparu sur la toile en février 2013, Jean-Manuel Rozan et Eric Léandri, respectivement président et directeur général de Qwant, espèrent franchir une étape décisive.Et cette fois, les planètes semblent plutôt bien alignées. Jamais la toute puissance de Google dans la recherche sur Internet n’a été autant questionnée. Au point que Bruxelles serait proche de communiquer au groupe américain une liste de griefs dans laquelle seraient formalisés les reproches de la Commission européenne quant aux pratiques du moteur de recherche. L’envoi des griefs signifierait que l’enquête pour abus de position dominante ouverte en 2010 entrerait dans une phase contentieuse.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreSur le marché des requêtes sur le Web, Google détient aujourd’hui, selon Statcounter, une part de marché en Europe de 92,3 %. Avec respectivement 2,6 % et 2,2 %, les américains Bing et Yahoo! occupent la deuxième et troisième place du podium. Le russe Yandex est le premier européen, avec une part de marché de 1,3 %. Les autres moteurs de recherche, dont Qwant, doivent donc se partager des miettes, 1,6 %.Mais pas question pour autant pour le « petit » d’attaquer Google sur le front du droit. « Nous souhaitons juste démontrer aux autorités européennes que nous avons un produit qui fonctionne, qui est pertinent et les inciter à nous utiliser », souligne M. Léandri.David contre GoliathDans les faits, l’opposition Qwant-Google a tout de celle de David contre Goliath. Le moteur européen indique avoir traité 1,6 milliard de requêtes en 2014. C’est peu ou prou le nombre de requêtes adressées à Google chaque… jour. Mais, affirme, M. Léandri « nous avons la conviction que Qwant a sa place ».Cette foi se fonde sur des chiffres – chaque mois, Qwant enregistre 20 % de requêtes en plus – et sur une certitude, celle de proposer un modèle distinct. Cette différence est d’abord visuelle. Sur sa page d’accueil, Qwant présente ses résultats en colonnes : mettant d’un côté les sites Web, de l’autre les actualités, les sites d’e-commerce et les réseaux sociaux. Cette dernière option n’est pas proposée pas les moteurs de recherche classiques. « Nous sommes attachés à l’idée de garder une vision ouverte du Web. Nous proposons un choix alors qu’ailleurs l’Internet a tendance à se fermer », argumente M. Léandri.La deuxième différence entre Google et Qwant tient au modèle économique. L’américain a assis une partie de son succès sur la vente de mots-clés, qui permettent aux sites marchands d’apparaître en tête de la recherche. Le français se rémunère uniquement en percevant une commission à chaque fois qu’un utilisateur ouvre un site d’e-commerce à partir de sa colonne shopping.« Forte viralité »En 2013, Qwant, qui emploie aujourd’hui 50 personnes, a enregistré un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros, à comparer aux 60 milliards de dollars affichés par Google cette même année.Mais « notre stratégie n’est pas axée sur le chiffre d’affaires », justifie M. Rozan. « Nous voulons d’abord construire l’audience et cela passe par un moteur qui soit pertinent, un bon produit à forte viralité ». Et d’espérer qu’avec la version plus simple et moins déboussolante pour l’internaute, présentée mardi 14 avril, ils approcheront de cet idéal.Qwant – qui est disponible en 15 langues – a commencé à séduire hors des frontières hexagonales. En juin 2014, l’Allemand Axel Springer a pris 20 % du capital, portant à 10 millions d’euros les fonds levés par la start-up depuis sa création.« Le groupe Axel Springer cherchait des solutions dans le domaine du “search” et voulait un partenaire qui savait indexer, classer, etc. Et comme, en plus, les Allemands sont attachés à l’idée de l’existence d’un moteur européen, Qwant les a intéressés », explique M. Léandri.Nouveaux moyens financiersDerrière l’émergence ou non de rivaux aux moteurs américains affleurent des questions de souveraineté. Qwant a élaboré son propre algorithme, envoie des robots fouiller l’Internet mondial (500 000 sites à l’heure) et constitue ainsi sa propre bibliothèque de l’Internet avec des serveurs situés en région parisienne précisément.Avec l’arrivée d’Axel Springer, Qwant a obtenu de nouveaux moyens financiers pour son développement. Ce partenariat va lui permettre de devenir également le moteur natif des publications du groupe allemand, ce qui devrait mécaniquement lui assurer un surcroît de visites. Dès 2015, le moteur de recherche espère atteindre les 15 milliards de requêtes. « Le soutien d’Axel Springer devrait aussi nous être utile lors de notre prochain tour de table, sans doute cet été », indique M. Léandri.La dernière différence entre Google et Qwant n’est sans doute pas la moindre puisqu’elle touche à la préservation de la vie privée. Les dirigeants de la start-up affirment que les résultats affichés en réponse une requête ne sont pas sélectionnés en fonction des données personnelles collectées lors d’une précédente navigation, au contraire de ce qui peut s’observer ailleurs.« Pour gagner de l’argent, nous n’avons pas besoin de vous traquer », telle serait la promesse de Qwant. Un engagement qui pourrait faire mouche après l’affaire Snowden.Anne EvenoJournaliste au Monde 15.04.2015 à 13h59 Le nouveau président de la chaîne Public Sénat a été désigné, mercredi 15 avril. Et c'est Emmanuel Kessler, chef du pôle économie de LCI et ancien journaliste de Public Sénat et de France Info, qui a obtenu le plus de voix lors du vote à bulletins secrets, a annoncé le bureau du Sénat dans un communiqué. Il prendra la succession de Gilles Leclerc à partir du 1er juin.M. Kessler faisait partie des deux derniers candidats en lice, avec Alexandre Kara, éditorialiste et ancien chef du service politique d'Europe 1.Pas de fusion avec LCP-Assemblée nationaleL'Assemblée et le Sénat ont créé en 1999 La Chaîne parlementaire, qui regroupe deux sociétés de programmes, LCP-Assemblée nationale et Public Sénat. Ces deux sociétés se partagent le temps d'antenne sur un même canal désormais accessible via la télévision numérique terrestre.Le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone (PS) avait proposé à son homologue de la Haute Assemblée Gérard Larcher (UMP) de fusionner les deux chaînes dans un but d'économies, mais cette offre a été refusée à l'unanimité par le Bureau du Sénat « faute de projet d'entreprise, faute de projet social, faute de projet éditorial aussi ». Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Elle était déjà considérée comme l’une des personnalités les plus fortes et intéressantes du collège de la Commission européenne. Avec sa décision, mercredi 15 avril, d’accuser Google de violation de la loi antitrust européenne avec son moteur de recherche, la commissaire Margrethe Vestager entre vraiment dans la cour des « grands » de Bruxelles.La Danoise de 47 ans, qui a pris son poste début novembre 2014, avait la lourde responsabilité de boucler – si possible – le plus vite possible l’enquête contre le groupe américain. Une enquête extrêmement sensible, politiquement et économiquement, mais qui n’en finissait plus, puisqu’elle a été lancée par la Commission européenne il y a près de cinq ans, en novembre 2010.Et surtout, on attendait de la commissaire qu’elle reparte sur des bases moins controversées, alors que la stratégie de son prédécesseur, l’Espagnol Joaquin Almunia, avait suscité beaucoup de critiques en Europe. De la part des plaignants, bien sûr, mais aussi des politiques, notamment français et allemands. M. Almunia s’était vu reprocher d’avoir cherché, en vain, à trois reprises, un compromis avec le groupe américain, sans jamais aller jusqu’à l’acte d’accusation.« Souci du consommateur »Margrethe Vestager, ex-leader du parti social libéral à Copenhague, qui aurait servi de modèle à la série danoise à succès Borgen, a donc choisi la manière forte contre Google. Sans pour autant « jeter à la poubelle » tout le travail d’enquête mené par la puissante Direction générale de la concurrence (la « DG Comp ») de la Commission, entre 2009 et 2O14.Mais, dès décembre 2014, un mois après son arrivée à Bruxelles, elle a pris soin de rencontrer les plaignants (ils sont environ une trentaine à avoir déposé plainte contre Google). « Elle a pris le temps, et elle l’a fait avant de voir Eric Schmidt [le président exécutif de Google], ce qui a été apprécié », souligne l’un des plaignants souhaitant conserver l’anonymat.Tous ceux qui, à Bruxelles, ont eu récemment à faire avec elle soulignent son pragmatisme, son écoute, « son souci constant du consommateur », souligne une source européenne, et sa maîtrise rapide des dossiers.Discrète dans les médias, elle a su néanmoins s’imposer au sein du collège des commissaires présidé par Jean-Claude Juncker. Avec cinq ou six autres personnalités (Frans Timmermans, Günther Oettinger, Andrus Ansip, Pierre Moscovici, Cecilia Malmström, Federica Mogherini), elle fait partie des poids lourds de l’exécutif européen.Enquêtes sur les accords fiscauxDifficile de faire sans elle, par exemple, pour définir la future stratégie concernant le « marché unique digital » promise par la Commission Juncker. Preuve de sa détermination à investir le secteur du numérique, elle a aussi décidé de lancer une enquête formelle sur des possibles violations de la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation mobile ultra-dominant de Google.Et Mme Vestager a validé récemment la création d’un « desk » e-commerce, une équipe dédiée au sein de la DG Comp, pour enquêter, pour l’instant de manière informelle, sur les barrières au commerce en ligne au sein de l’Union européenne. Notamment sur le fait qu’il est parfois difficile, voire impossible, d’acheter sur un site en ligne si l’on ne se trouve pas dans le même pays à ce moment-là (le « geoblocking »), selon une source européenne.Entre autres dossiers brûlants, Mme Vestager doit aussi boucler les enquêtes, ouvertes en 2014, sur de possibles aides d’État illégales concernant Starbucks aux Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg et Apple en Irlande. Une décision devrait tomber avant cet été.Lire aussi :Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesLà, il s’agit de savoir si les « rulings » (les accords fiscaux préalables) consentis à ces sociétés par ces États sont conformes ou non à la loi européenne en matière concurrentielle. Là aussi, la commissaire est attendue au tournant.Si elle décide d’accuser le Luxembourg, la polémique « Luxleaks » risque de repartir. D’autant plus que M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant plus de quinze ans…Lire aussi :LuxLeaks : M. Juncker de nouveau accuséCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Après cinq années d’enquête, la Commission européenne a décidé, mercredi 15 avril, de s’attaquer aux pratiques de Google dans le domaine des moteurs de recherche, qu’elle considère comme des abus de position dominante. Bruxelles a envoyé au groupe américain une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.Pour ses détracteurs, le groupe américain profite de sa positition dominante pour favoriser ses propres sites et produits au détriments de ceux de ses concurrents dans ses résultats de recherche.Les responsables de Google affirment, pour leur part, que l’entreprise exerce ses activités dans « un environnement très concurrentiel ». Ils rappellent que les internautes disposent d’un vaste choix (réseaux sociaux, les moteurs de recherche spécialisés, les applications mobiles, les sites de référence) pour accéder à l’information ou pour acheter des biens et des services. En un mot, rien ne les contraint à passer par Google.Petite revue de situation. Du point de vue des parts de marché, notamment.Un poids lourd en EuropeAu premier trimestre de cette année, la part de marché de Google sur le segment de la recherche sur le Web s’est établie à 92,26 %.Le groupe de Mountain View devance Bing, le moteur de recherche de Microsoft, et Yahoo!, dont les parts respectives sont de respectivement 2,82 % et 2,26 %.Mais des situations européennes contrastéesDans certains pays d’Europe, hors de l’Union européenne, des acteurs locaux réussissent à tirer leur épingle du jeu.En Russie, Yandex détient une part de marché de près de 40 %, quand Google s’est arrogé près de 50 %En République tchèque, Seznam parvient à conserver une part de 21,5 %, contre 74 % à Google.Une position moins hégémonique aux Etats-UnisGoogle est un peu plus contesté à domicile. Google a achevé l’année 2014 avec la plus faible part de marché depuis 2008.Avec 75,2 %, le groupe reste toutefois très loin devant ses rivaux, Bing et Yahoo!Ce dernier, notamment, a amorcé une vraie progression, profitant d’être désormais le moteur de recherche par défaut du navigateur Mozilla Firefox.Aux Etats-Unis, on observe une tendance à contourner les moteurs de recherche. par exemple, 30 % des adultes découvrent les informations et l’actualité qui les intéressent d’abord sur… Facebook. Sans parler de Twitter, qui avec neuf ans d’existence à peine, est devenu un acteur majeur de la quête d’informations.Une concurrence de plus en plus forte des applicationsLes recherches d’achats sur Internet se font, outre-Atlantique, deux fois plus via Amazon que sur Google.Les mobinautes privilégient aussi bien plus les applications que leur navigateur voire les moteurs de recherche pour acheter des biens ou des services. Le succès de sociétés comme Uber ou Blablacar en témoignent.De nouveaux acteurs se lancent malgré toutLa forte présence de Google sur la recherche n’a pas empêché la naissance et la croissance de nouveaux acteurs : par exemple l’américain DuckDuckGo ou le franco-allemand Qwant.Lire aussi :L’européen Qwant s’offre un lifting pour exister face à GoogleA des années-lumière de Google, ils espèrent néanmoins se faire une place au soleil, avec ou sans l’aide de la Commission européenne.Anne EvenoJournaliste au Monde 15.04.2015 à 07h54 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h26 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pour Google, c’est un coup dur. Après près de cinq ans d’enquête sur un éventuel abus de position dominante, la Commission européenne a finalement décidé, mercredi 15 avril, d’envoyer au groupe Internet américain ce que l’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme. Est tout particulièrement visé le service « Google shopping » et le fait que Google privilégie systématiquement ce service par rapport aux autres services/comparateurs de prix en ligne« Je crains que l'entreprise n'ait injustement avantagé son propre service de comparaison de prix, en violation des règles de l'Union européenne en matière d'ententes et d'abus de position dominante », a déclaré, mercredi à mi-journée, la commissaire européenne en charge de la concurrence, la Danoise Margrete Vestager.La Commission craint que les utilisateurs de Google « ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes ».La direction de Google a déclaré qu’elle a « hâte de discuter avec la Commission européenne ».Si cette décision ne préjuge pas d’une sanction ultérieure contre Google, c’est la première fois dans son histoire que le groupe américain est reconnu coupable d’avoir enfreint la loi antitrust. De quoi écorner un peu l’image de ce géant, fondé en 1998, dont la domination, sur la recherche en ligne, le mobile, le traitement des données personnelles de manière générale inquiète de plus en plus, surtout en Europe.Aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission (FTC), responsable des questions de concurrence et de protection du consommateur, avait finalement blanchi Google d’abus de position dominante, en 2013.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GooglePar ailleurs, Bruxelles a aussi annoncé, mercredi, avoir décidé de lancer une enquête formelle sur d’éventuelles infractions à la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation du groupe américain. Une enquête informelle était en cours depuis des dépôts de plainte, en 2013.Deux mois pour se défendreLa trentaine de plaignants (dont Microsoft) qui accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur et réclamaient depuis longtemps la « manière forte » contre Google se réjouit, logiquement, de cette décision.« Cette notification des griefs représente un pas significatif pour faire stopper les pratiques anticoncurrentielles de Google, qui ont nui à l’innovation et au choix des consommateurs », avaient d’ailleurs réagi, par avance, mardi 14 avril, une des associations de plaignants, FairSearch Europe, dans l’attente de la confirmation de la décision de Bruxelles.A dater de l’envoi de cette notification, Google dispose de deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer sa défense. Puis pourrait suivre une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rendra sa décision qu’à l’issue de ces étapes, c’est-à-dire au plus tôt fin 2015.Un accord négocié n’est pas à exclureLe géant de l’Internet risque une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). Mais ce ne serait pas le pire pour un groupe aussi riche (66 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014, soit 62 milliards d’euros, pour 14 milliards de dollars de profits).La Commission pourrait surtout lui imposer des actions « correctives » de nature à transformer son modèle économique. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Bruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme l’ont demandé les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceDavid Wood, l’avocat d’Icomp, un syndicat de sociétés Web regroupant des plaignants contre Google (dont la britannique Foundem et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime-t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Rupture dans l’approche européenneLa décision prise par Mme Vestager et les services de la puissante « direction générale à la concurrence » de la Commission européenne marque une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google.Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, à la suite de trois plaintes initiales de petites sociétés (l’allemande Ciao, la britannique Foundem et la française Ejustice.fr), Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants, de quelques politiques (notamment le ministre de l’économie allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés en première ligne mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente Commission Manuel Barroso (dont l’allemand Gunther Oettinger, actuel commissaire chargé du numérique, très remonté alors contre Google).Tous estimaient que les améliorations proposées par le géant de l’Internet à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi :Opération séduction de Google FranceLa décision de Bruxelles concernant Google est sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes. Cela va donner de l’eau au moulin de ceux qui disent que l’Europe « en veut » à Google et plus généralement au high-tech américain.L’acte d’accusation de la Commission s’ajoute en effet à une série, ces dernières années, de réactions des Européens contre de nouveaux « modèles économiques » : interdiction d’Uber dans certains pays, instauration de taxes « anti-Google » en Allemagne et en Espagne, enquêtes européennes sur des aides d’Etat illégales qui auraient bénéficié à Apple (en Irlande) ou à Facebook (au Luxembourg)…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.04.2015 à 22h06 • Mis à jour le14.04.2015 à 22h24 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les conclusions de la Commission européenne concernant l’enquête qu’elle mène sur Google depuis maintenant près de cinq ans seraient imminentes. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, chargée du dossier, pourrait faire des annonces dès mercredi 15 avril, selon une source européenne contactée par Le Monde.Mercredi, la Commission pourrait envoyer au groupe internet américain ce qu’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication des griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.En cause, de forts soupçons d’abus de position dominante concernant le moteur de recherche de Google. Les plaignants, des éditeurs de services en ligne allemands, français, anglais…, accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur.Abandon de la recherche d’une conciliationCette décision, si elle se confirme, marquerait une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google. Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager (qui lui a succédé en novembre 2014), n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants (le service allemand Ciao, le britannique Foundem, les sociétés comme Le Guide.com regroupées sous la bannière Open Internet Project, etc.), de quelques politiques (notamment le ministre allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés au créneau mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente commission Barroso (dont M. Oettinger, alors chargé de l’énergie).Tous estimaient que les « améliorations » proposées par Google à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi : Un nouveau front s’ouvre contre Google en FrancePour Google, une notification des griefs serait aussi un vrai coup dur. Ce serait la première fois qu’une autorité de l’importance de la Commission européenne reconnaît officiellement que le géant américain a enfreint la loi antitrust.A dater de l’envoi de cette notification, qui n’est pas rendue publique in extenso, les entreprises visées ont deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer leur défense. Puis suit en général une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rend sa décision finale que quelques mois plus tard.Que risque le géant de l’Internet ? Une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). La Commission pourrait aussi imposer des actions « correctives » à Google. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Décision sans précédentBruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme demandé par les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Quoi qu’il en soit, si la Commission décide de finalement sanctionner Google, ce sera une décision sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.David Wood, l’avocat d’ICOMP, un syndicat de sociétés web regroupant des plaignants contre Google (dont Foundem, historiquement un des premiers, et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est un véritable tournant dans le mouvement de grève qui perturbe les antennes de Radio France depuis le 19 mars. Mardi 14 avril, quatre syndicats sur cinq – CFDT, SNFORT, SUD, UNSA – ont appelé à la reprise du travail, en s'appuyant sur la consultation de leurs militants.Pour ces syndicats, l'objectif est désormais la négociation du contrat d'objectif et de moyens (COM) de Radio France pour les cinq prochaines années, qui doit se faire sous l'égide du médiateur, Dominique-Jean Chertier.Seule la CGT a maintenu l'appel à la grève, pour vingt-quatre heures de plus, suivant le vote de l'assemblée générale parisienne. Dans son communiqué, diffusé dans la soirée, le syndicat explique son choix : « Les salariés réunis en AG ont voté à une large majorité la poursuite de la grève. Parce que des revendications essentielles restent insatisfaites malgré l'intervention du médiateur. »La CGT espère notamment encore obtenir quelques avancées supplémentaires sur le maintien de l'emploi ou le refus de la syndication de contenus au sein du réseau France Bleu.Lire aussi : A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseToutefois, isolée, la CGT ne semble pas en mesure de maintenir le blocage des antennes. Mercredi matin, France Info, à partir de 4 heures, et France Inter, à partir de 5 heures, diffusaient leurs matinales habituelles.L'assemblée générale s'était achevée dans la division et une ambiance houleuse. Certains journalistes, comme Fabienne Sintes de France Info, ont exprimé sur Twitter leur déception sur la façon dont s'est achevé le mouvement de grève le plus long de l'histoire de Radio France.Donc. #greveRF reconduite sur UN SYNDICAT mais pour dire quoi ? Parler à qui ? Désordre total. CGT démunie. #AG furax. Fin de mvt terrible.— Fabienne Sintes (@FabSintes)require(["twitter/widgets"]);Une nouvelle phase dans la mission du médiateurLundi soir, alors que le conflit semblait dans l'impasse, une visite surprise à Radio France de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a semblé faire évoluer la position de certains syndicats. Même si elle a fermé la porte à toute évolution du texte du médiateur, « Fleur Pellerin a tenu à souligner qu'elle se portait garante du dialogue social et du retour à la confiance », a souligné le ministère à propos de cette réunion à laquelle participait le PDG de Radio France, Mathieu Gallet.Lire : Radio France : Fleur Pellerin défend le texte du médiateurMardi soir, quelques heures après l'assemblée générale et la division du front syndical, la ministre a salué la décision des quatre syndicats appelant à la fin de la grève, qui ont ainsi, selon elle, « fait le choix clair de la responsabilité et de l'avenir de Radio France ». Elle a également « souhaité que la CGT puisse rejoindre cette tendance majoritaire ».Dans ce communiqué, elle estime que la première partie de la mission du médiateur est « terminée » et indique « qu'il se rendra disponible pour la deuxième partie de sa mission », à savoir accompagner la négociation du COM pour la période 2015-2019. « Cette phase permettra de poser un diagnostic partagé sur la situation de l'entreprise et de répondre aux interrogations et aux inquiétudes qui sont apparues au cours de son conflit » précise-t-elle en appelant, pour conclure, à « rassembler tous les salariés de Radio France » et « à se tourner vers l'avenir ». Voir la chronologie interactive : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Pas facile d’exister face au tout puissant Google en Europe. Les dirigeants et fondateurs de Qwant peinent à faire de leur bébé l’alternative européenne au géant de Mountain View (Californie), dont ils rêvent depuis sa naissance, en 2011. Avec la présentation, mardi 14 avril, de la nouvelle version de ce moteur de recherche, apparu sur la toile en février 2013, Jean-Manuel Rozan et Eric Léandri, respectivement président et directeur général de Qwant, espèrent franchir une étape décisive.Et cette fois, les planètes semblent plutôt bien alignées. Jamais la toute puissance de Google dans la recherche sur Internet n’a été autant questionnée. Au point que Bruxelles serait proche de communiquer au groupe américain une liste de griefs dans laquelle seraient formalisés les reproches de la Commission européenne quant aux pratiques du moteur de recherche. L’envoi des griefs signifierait que l’enquête pour abus de position dominante ouverte en 2010 entrerait dans une phase contentieuse.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreSur le marché des requêtes sur le Web, Google détient aujourd’hui, selon Statcounter, une part de marché en Europe de 92,3 %. Avec respectivement 2,6 % et 2,2 %, les américains Bing et Yahoo! occupent la deuxième et troisième place du podium. Le russe Yandex est le premier européen, avec une part de marché de 1,3 %. Les autres moteurs de recherche, dont Qwant, doivent donc se partager des miettes, 1,6 %.Mais pas question pour autant pour le « petit » d’attaquer Google sur le front du droit. « Nous souhaitons juste démontrer aux autorités européennes que nous avons un produit qui fonctionne, qui est pertinent et les inciter à nous utiliser », souligne M. Léandri.David contre GoliathDans les faits, l’opposition Qwant-Google a tout de celle de David contre Goliath. Le moteur européen indique avoir traité 1,6 milliard de requêtes en 2014. C’est peu ou prou le nombre de requêtes adressées à Google chaque… jour. Mais, affirme, M. Léandri « nous avons la conviction que Qwant a sa place ».Cette foi se fonde sur des chiffres – chaque mois, Qwant enregistre 20 % de requêtes en plus – et sur une certitude, celle de proposer un modèle distinct. Cette différence est d’abord visuelle. Sur sa page d’accueil, Qwant présente ses résultats en colonnes : mettant d’un côté les sites Web, de l’autre les actualités, les sites d’e-commerce et les réseaux sociaux. Cette dernière option n’est pas proposée pas les moteurs de recherche classiques. « Nous sommes attachés à l’idée de garder une vision ouverte du Web. Nous proposons un choix alors qu’ailleurs l’Internet a tendance à se fermer », argumente M. Léandri.La deuxième différence entre Google et Qwant tient au modèle économique. L’américain a assis une partie de son succès sur la vente de mots-clés, qui permettent aux sites marchands d’apparaître en tête de la recherche. Le français se rémunère uniquement en percevant une commission à chaque fois qu’un utilisateur ouvre un site d’e-commerce à partir de sa colonne shopping.« Forte viralité »En 2013, Qwant, qui emploie aujourd’hui 50 personnes, a enregistré un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros, à comparer aux 60 milliards de dollars affichés par Google cette même année.Mais « notre stratégie n’est pas axée sur le chiffre d’affaires », justifie M. Rozan. « Nous voulons d’abord construire l’audience et cela passe par un moteur qui soit pertinent, un bon produit à forte viralité ». Et d’espérer qu’avec la version plus simple et moins déboussolante pour l’internaute, présentée mardi 14 avril, ils approcheront de cet idéal.Qwant – qui est disponible en 15 langues – a commencé à séduire hors des frontières hexagonales. En juin 2014, l’Allemand Axel Springer a pris 20 % du capital, portant à 10 millions d’euros les fonds levés par la start-up depuis sa création.« Le groupe Axel Springer cherchait des solutions dans le domaine du “search” et voulait un partenaire qui savait indexer, classer, etc. Et comme, en plus, les Allemands sont attachés à l’idée de l’existence d’un moteur européen, Qwant les a intéressés », explique M. Léandri.Nouveaux moyens financiersDerrière l’émergence ou non de rivaux aux moteurs américains affleurent des questions de souveraineté. Qwant a élaboré son propre algorithme, envoie des robots fouiller l’Internet mondial (500 000 sites à l’heure) et constitue ainsi sa propre bibliothèque de l’Internet avec des serveurs situés en région parisienne précisément.Avec l’arrivée d’Axel Springer, Qwant a obtenu de nouveaux moyens financiers pour son développement. Ce partenariat va lui permettre de devenir également le moteur natif des publications du groupe allemand, ce qui devrait mécaniquement lui assurer un surcroît de visites. Dès 2015, le moteur de recherche espère atteindre les 15 milliards de requêtes. « Le soutien d’Axel Springer devrait aussi nous être utile lors de notre prochain tour de table, sans doute cet été », indique M. Léandri.La dernière différence entre Google et Qwant n’est sans doute pas la moindre puisqu’elle touche à la préservation de la vie privée. Les dirigeants de la start-up affirment que les résultats affichés en réponse une requête ne sont pas sélectionnés en fonction des données personnelles collectées lors d’une précédente navigation, au contraire de ce qui peut s’observer ailleurs.« Pour gagner de l’argent, nous n’avons pas besoin de vous traquer », telle serait la promesse de Qwant. Un engagement qui pourrait faire mouche après l’affaire Snowden.Anne EvenoJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les conclusions de la Commission européenne concernant l’enquête qu’elle mène sur Google depuis maintenant près de cinq ans seraient imminentes. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, chargée du dossier, pourrait même faire des annonces dès mercredi 15 avril, selon une source européenne.Son collègue, le commissaire du numérique, Gunther Oettinger, a dit à plusieurs reprises ces derniers jours qu’il s’attendait à une décision rapide de l’exécutif européen. « Nous devons amener ou même obliger les plateformes, les moteurs de recherche, à suivre nos règles en Europe », a-t-il encore rappelé lundi 13 avril, lors d’une réunion organisée par la fédération patronale allemande VDMA, en marge de la foire commerciale de Hanovre.Mercredi, la Commission pourrait donc envoyer au groupe américain de l’Internet ce qu’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication des griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.En cause, de forts soupçons d’abus de position dominante concernant le moteur de recherche de Google. Les plaignants (des éditeurs de services en ligne allemands, français, anglais, etc.) accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceAbandon de la recherche d’une conciliationCette décision, si elle se confirme, marquerait une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google. Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager (qui lui a succédé en novembre 2014), n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants (le service allemand Ciao, le britannique Foundem, les sociétés comme Leguide.com regroupées sous la bannière Open Internet Project, etc.), de quelques politiques (notamment le ministre allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés au créneau mi-2014), et d’autres commissaires, au sein de la précédente commission Barroso (dont M. Oettinger, alors chargé de l’énergie).Tous estimaient que les « améliorations » proposées par Google à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Démantèlement demandé par les eurodéputésA dater de l’envoi de la « communication des griefs » (qui n’est pas rendue publique in extenso), les entreprises visées ont deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer leur défense. Puis, suit en général une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rend sa décision finale que quelques mois plus tard.Dans le cas Google, si c’est effectivement un acte d’accusation qui lui parvient dans les jours qui viennent, la sentence pourrait intervenir au plus tôt fin 2015.Que risque le géant de l’Internet ? Une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros).La Commission pourrait aussi imposer des actions « correctives » à Google. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Bruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme demandé par les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Si Bruxelles décide de finalement sanctionner Google, ce sera une décision sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes.Mais il n’est pas non plus exclu, que malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent. Sans sanction ni imposition d’actions correctives. Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.Lire aussi :Opération séduction de Google FranceCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.04.2015 à 14h46 • Mis à jour le14.04.2015 à 10h09 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Comment mettre fin à un conflit entré, mardi 14 avril, dans son 27e jour, et qui s’apparente désormais à une impasse ? La question est désormais largement partagée au sein de la Maison de la radio, à Paris, tout comme au gouvernement.Interpellée lundi par les organisations syndicales, qui réclamaient une reprise des négociations après s’être montrées déçus des résultats de la médiation menée pendant le week-end, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, est venue en personne les rencontrer à la Maison ronde, lundi soir.La ministre a défendu le texte établi par le médiateur, qui selon elle « pose les bases d’une sortie rapide du conflit (…) et permet d’engager, dans un deuxième temps, le travail pour les différentes réformes à conduire pour Radio France ». Que répondre à des syndicats qui assurent ne plus pouvoir croire en la parole de leur direction ? « Fleur Pellerin a tenu à souligner qu’elle se portait garante du dialogue social et du retour à la confiance », selon le ministère de la culture, qui précise que le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, a assisté aux échanges.Cette garantie suffira-t-elle à permettre la levée des préavis de grève ? La réponse sera donnée, mardi, lors d’une assemblée générale des salariés de Radio France, convoquée à 15 heures. « On avait des problèmes sémantiques sur quelques points, elle est venue nous rassurer, a commenté Jean-Eric Ziolkowski (CFDT). Elle s’est déplacée, elle nous a entendus, c’est un signe fort même si ça ne préjuge pas de l’AG. »« Amertume »Lundi, déçus de la médiation de Dominique-Jean Chertier, qui ne leur a pas permis d’obtenir gain de cause sur le maintien de l’emploi ou le refus de la syndication de contenus entre les locales du réseau France Bleu, les grévistes avaient voté la poursuite de leur action. Principal problème : les « Bleus » des locales pouvaient-ils sortir du conflit sans avoir rien gagné ? « Que Paris ne nous abandonne pas ! », implorait David Rochier, un journaliste venu de Perpignan (Pyrénées-Orientales).Les délégués syndicaux faisaient état de leur « amertume », mais ils étaient peu à oser parler d’un arrêt du mouvement, face à une salle parfois radicale, où certains continuaient de réclamer le départ des dirigeants de l’entreprise. « Ils m’ont fait un peu de peine, sincèrement, témoignait, après-coup, un participant à l’assemblée générale. Chacun essaye de sortir du conflit la tête haute. Mais est-ce possible ? » Lire aussi :A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseLe médiateur – et à travers lui, le gouvernement – avait laissé aux grévistes un marché entre les mains - qualifié par plusieurs d’« ultimatum » ou de « chantage ». En échange de la levée des préavis de grève, le médiateur s’engageait à être présent lors des trois prochains mois pour accompagner la préparation du contrat d’objectifs et de moyens (COM), où la stratégie de Radio France pour les cinq prochaines années sera consignée. Si les syndicats maintenaient leurs préavis, Dominique-Jean Chertier ne revenait pas.« Dilemme »Face à ce « dilemme », quatre syndicats (CFDT, CGT, SNFORT, SUD) ont opté pour une voie médiane : appeler à prolonger la grève, mais demander le retour du médiateur jusqu’à la conclusion d’un accord. Un autre syndicat, l’UNSA, a lui appelé - pour la première fois - à la reprise du travail, estimant qu’il fallait désormais se projeter dans la discussion autour du COM. « J’ai l’impression que les syndicats sont partagés et tentés aussi de mettre fin à la grève, comme y a appelé l’UNSA, pensait un participant à l’assemblée générale. La discussion interminable que l’on a eue en AG aujourd’hui, on l’aura à nouveau demain. »Autre échéance à venir : la négociation du plan de départs volontaires annoncé par la direction. Comment se mobiliser pour ce rendez-vous ? « On va aborder cette phase avec l’arme de la grève en moins, constate un journaliste. C’est le paradoxe de ce mouvement. On est au bord de l’absurdie. »« Il va falloir crever des abcès »Ces hésitations procèdent aussi d’un constat de « léger affaiblissement » du mouvement, comme l’a reconnu Lionel Thompson, de la CGT. De fait, les antennes nationales sont moins perturbées et seules quelques locales étaient à l’arrêt, lundi. Selon la direction, le taux de participation au conflit a baissé à 4,10 %, soit 119 grévistes répertoriés lundi. Mais ces chiffres restent contestés par les syndicats.Lundi matin, à l’ouverture de l’assemblée générale, on parlait presque au passé, quand il a été question de « garder trace de ce mouvement magnifique ». Finalement, la grève a été reconduite, mais douze personnes ont voté contre et 26 se sont abstenues - après des échanges parfois vifs.Un journaliste non gréviste redoute désormais des tensions entre grévistes et non grévistes, ou entre les techniciens et les journalistes, qui ont parfois l’impression qu’on les prend pour des privilégiés. « Pourtant, le droit non-grève existe, comme le droit de grève, rappelle ce journaliste. La reprise du travail va être compliquée. Il va falloir crever des abcès. »Lire aussi :Radio Clash Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.04.2015 à 22h23 • Mis à jour le13.04.2015 à 12h28 L'assemblée générale des personnels de Radio France, réunie lundi 13 avril à partir de 10 heures pour décider de la poursuite ou non du mouvement de grève, s'est interrompue vers midi et devrait reprendre à 15 heures pour le vote, selon l'Agence France-Presse.Depuis vingt-six jours, les antennes sont perturrbées par le conflit social, le plus grave qu'ait traversé le groupe. Après la remise dimanche soir du rapport du médiateur nommé par Fleur Pellerin, les syndicats, « amers », déploraient toujours des « points de blocage ». La ministre de la culture s'est, elle, voulue confiante, en estimant que le texte ouvrait « la voie d'un compromis permettant une sortie du conflit ».Dimanche, Dominique-Jean Chertier, le médiateur chargé de dénouer la crise sociale à Radio France, a quitté la Maison de la radio dans la soirée, après avoir remis son texte à la direction et aux syndicats. « Sans attendre leur réponse », a-t-il précisé. Ces propositions sont l'aboutissement de discussions menées depuis vendredi avec les deux parties.Lire l'entretien : Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio France« Peu de garanties » sur l'emploiLes syndicats sont apparus un peu surpris et globalement déçus par l'issue de ces négociations et la teneur du document de trois pages remis par le médiateur. « On a l'impression que le médiateur n'a pas servi à grand-chose », a estimé Guillaume Baldy, de l'Union nationale des syndicats autonomes. « Nous allons soumettre en assemblée générale et à nos adhérents le texte, qui comporte des points de blocage », a-t-il ajouté, regrettant par exemple que la mutualisation des programmes des stations locales de France Bleu, contestée par les syndicats, « reste possible ».Les syndicats s'opposent à plusieurs mesures du plan stratégique du président de l'entreprise publique, Mathieu Gallet, qui prévoit notamment une « réduction nette d'effectifs, de 250 à 330 équivalents temps plein », avec 300 à 380 départs volontaires.Lire nos explications : A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éternisePour Jean-Paul Quennesson, délégué du syndicat Solidaires, unitaires, démocratiques, ce document donne « peu de garanties » sur la question de l'emploi. « A ce stade, on émet beaucoup de réserves », a-t-il convenu, reconnaissant que cette médiation avait permis des avancées, notamment en donnant la parole aux syndicats.« Thérapie de groupe »« On a une impression amère », a commenté Jean-Eric Ziolkowski, de la Confédération française démocratique du travail, pour qui ces trois jours de discussions avec le médiateur se sont apparentés à une « thérapie de groupe ».Le recours à un médiateur avait été posé comme préalable par les syndicats de Radio France à la reprise des discussions avec la direction et préconisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui avait nommé Mathieu Gallet à la tête de la radio au début de l'année dernière. 14.04.2015 à 11h58 | Anne Eveno Pas facile d’exister face au tout puissant Google en Europe. Les dirigeants et fondateurs de Qwant peinent à faire de leur bébé l’alternative européenne au géant de Mountain View (Californie), dont ils rêvent depuis sa naissance, en 2011. Avec la présentation, mardi 14 avril, de la nouvelle version de ce moteur de recherche, apparu sur la toile en février 2013, Jean-Manuel Rozan et Eric Léandri, respectivement président et directeur général de Qwant, espèrent franchir une étape décisive.Et cette fois, les planètes semblent plutôt bien alignées. Jamais la toute puissance de Google dans la recherche sur Internet n’a été autant questionnée. Au point que Bruxelles serait proche de communiquer au groupe américain une liste de griefs dans laquelle seraient formalisés les reproches de la Commission européenne quant aux pratiques du moteur de recherche. L’envoi des griefs signifierait que l’enquête pour abus de position dominante ouverte en 2010 entrerait dans une phase contentieuse.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreSur le marché des requêtes sur le Web, Google détient aujourd’hui, selon Statcounter, une part de marché en Europe de 92,3 %. Avec respectivement 2,6 % et 2,2 %, les américains Bing et Yahoo! occupent la deuxième et troisième place du podium. Le russe Yandex est le premier européen, avec une part de marché de 1,3 %. Les autres moteurs de recherche, dont Qwant, doivent donc se partager des miettes, 1,6 %.Mais pas question pour autant pour le « petit » d’attaquer Google sur le front du droit. « Nous souhaitons juste démontrer aux autorités européennes que nous avons un produit qui fonctionne, qui est pertinent et les inciter à nous utiliser », souligne M. Léandri.David contre GoliathDans les faits, l’opposition Qwant-Google a tout de celle de David contre Goliath. Le moteur européen indique avoir traité 1,6 milliard de requêtes en 2014. C’est peu ou prou le nombre de requêtes adressées à Google chaque… jour. Mais, affirme, M. Léandri « nous avons la conviction que Qwant a sa place ».Cette foi se fonde sur des chiffres – chaque mois, Qwant enregistre 20 % de requêtes en plus – et sur une certitude, celle de proposer un modèle distinct. Cette différence est d’abord visuelle. Sur sa page d’accueil, Qwant présente ses résultats en colonnes : mettant d’un côté les sites Web, de l’autre les actualités, les sites d’e-commerce et les réseaux sociaux. Cette dernière option n’est pas proposée pas les moteurs de recherche classiques. « Nous sommes attachés à l’idée de garder une vision ouverte du Web. Nous proposons un choix alors qu’ailleurs l’Internet a tendance à se fermer », argumente M. Léandri.La deuxième différence entre Google et Qwant tient au modèle économique. L’américain a assis une partie de son succès sur la vente de mots-clés, qui permettent aux sites marchands d’apparaître en tête de la recherche. Le français se rémunère uniquement en percevant une commission à chaque fois qu’un utilisateur ouvre un site d’e-commerce à partir de sa colonne shopping.« Forte viralité »En 2013, Qwant, qui emploie aujourd’hui 50 personnes, a enregistré un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros, à comparer aux 60 milliards de dollars affichés par Google cette même année.Mais « notre stratégie n’est pas axée sur le chiffre d’affaires », justifie M. Rozan. « Nous voulons d’abord construire l’audience et cela passe par un moteur qui soit pertinent, un bon produit à forte viralité ». Et d’espérer qu’avec la version plus simple et moins déboussolante pour l’internaute, présentée mardi 14 avril, ils approcheront de cet idéal.Qwant – qui est disponible en 15 langues – a commencé à séduire hors des frontières hexagonales. En juin 2014, l’Allemand Axel Springer a pris 20 % du capital, portant à 10 millions d’euros les fonds levés par la start-up depuis sa création.« Le groupe Axel Springer cherchait des solutions dans le domaine du “search” et voulait un partenaire qui savait indexer, classer, etc. Et comme, en plus, les Allemands sont attachés à l’idée de l’existence d’un moteur européen, Qwant les a intéressés », explique M. Léandri.Nouveaux moyens financiersDerrière l’émergence ou non de rivaux aux moteurs américains affleurent des questions de souveraineté. Qwant a élaboré son propre algorithme, envoie des robots fouiller l’Internet mondial (500 000 sites à l’heure) et constitue ainsi sa propre bibliothèque de l’Internet avec des serveurs situés en région parisienne précisément.Avec l’arrivée d’Axel Springer, Qwant a obtenu de nouveaux moyens financiers pour son développement. Ce partenariat va lui permettre de devenir également le moteur natif des publications du groupe allemand, ce qui devrait mécaniquement lui assurer un surcroît de visites. Dès 2015, le moteur de recherche espère atteindre les 15 milliards de requêtes. « Le soutien d’Axel Springer devrait aussi nous être utile lors de notre prochain tour de table, sans doute cet été », indique M. Léandri.La dernière différence entre Google et Qwant n’est sans doute pas la moindre puisqu’elle touche à la préservation de la vie privée. Les dirigeants de la start-up affirment que les résultats affichés en réponse une requête ne sont pas sélectionnés en fonction des données personnelles collectées lors d’une précédente navigation, au contraire de ce qui peut s’observer ailleurs.« Pour gagner de l’argent, nous n’avons pas besoin de vous traquer », telle serait la promesse de Qwant. Un engagement qui pourrait faire mouche après l’affaire Snowden.Anne EvenoJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les conclusions de la Commission européenne concernant l’enquête qu’elle mène sur Google depuis maintenant près de cinq ans seraient imminentes. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, chargée du dossier, pourrait même faire des annonces dès mercredi 15 avril, selon une source européenne.Son collègue, le commissaire du numérique, Gunther Oettinger, a dit à plusieurs reprises ces derniers jours qu’il s’attendait à une décision rapide de l’exécutif européen. « Nous devons amener ou même obliger les plateformes, les moteurs de recherche, à suivre nos règles en Europe », a-t-il encore rappelé lundi 13 avril, lors d’une réunion organisée par la fédération patronale allemande VDMA, en marge de la foire commerciale de Hanovre.Mercredi, la Commission pourrait donc envoyer au groupe américain de l’Internet ce qu’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication des griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.En cause, de forts soupçons d’abus de position dominante concernant le moteur de recherche de Google. Les plaignants (des éditeurs de services en ligne allemands, français, anglais, etc.) accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceAbandon de la recherche d’une conciliationCette décision, si elle se confirme, marquerait une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google. Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager (qui lui a succédé en novembre 2014), n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants (le service allemand Ciao, le britannique Foundem, les sociétés comme Leguide.com regroupées sous la bannière Open Internet Project, etc.), de quelques politiques (notamment le ministre allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés au créneau mi-2014), et d’autres commissaires, au sein de la précédente commission Barroso (dont M. Oettinger, alors chargé de l’énergie).Tous estimaient que les « améliorations » proposées par Google à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Démantèlement demandé par les eurodéputésA dater de l’envoi de la « communication des griefs » (qui n’est pas rendue publique in extenso), les entreprises visées ont deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer leur défense. Puis, suit en général une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rend sa décision finale que quelques mois plus tard.Dans le cas Google, si c’est effectivement un acte d’accusation qui lui parvient dans les jours qui viennent, la sentence pourrait intervenir au plus tôt fin 2015.Que risque le géant de l’Internet ? Une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros).La Commission pourrait aussi imposer des actions « correctives » à Google. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Bruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme demandé par les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Si Bruxelles décide de finalement sanctionner Google, ce sera une décision sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes.Mais il n’est pas non plus exclu, que malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent. Sans sanction ni imposition d’actions correctives. Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.Lire aussi :Opération séduction de Google FranceCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.04.2015 à 14h46 • Mis à jour le14.04.2015 à 10h09 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Comment mettre fin à un conflit entré, mardi 14 avril, dans son 27e jour, et qui s’apparente désormais à une impasse ? La question est désormais largement partagée au sein de la Maison de la radio, à Paris, tout comme au gouvernement.Interpellée lundi par les organisations syndicales, qui réclamaient une reprise des négociations après s’être montrées déçus des résultats de la médiation menée pendant le week-end, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, est venue en personne les rencontrer à la Maison ronde, lundi soir.La ministre a défendu le texte établi par le médiateur, qui selon elle « pose les bases d’une sortie rapide du conflit (…) et permet d’engager, dans un deuxième temps, le travail pour les différentes réformes à conduire pour Radio France ». Que répondre à des syndicats qui assurent ne plus pouvoir croire en la parole de leur direction ? « Fleur Pellerin a tenu à souligner qu’elle se portait garante du dialogue social et du retour à la confiance », selon le ministère de la culture, qui précise que le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, a assisté aux échanges.Cette garantie suffira-t-elle à permettre la levée des préavis de grève ? La réponse sera donnée, mardi, lors d’une assemblée générale des salariés de Radio France, convoquée à 15 heures. « On avait des problèmes sémantiques sur quelques points, elle est venue nous rassurer, a commenté Jean-Eric Ziolkowski (CFDT). Elle s’est déplacée, elle nous a entendus, c’est un signe fort même si ça ne préjuge pas de l’AG. »« Amertume »Lundi, déçus de la médiation de Dominique-Jean Chertier, qui ne leur a pas permis d’obtenir gain de cause sur le maintien de l’emploi ou le refus de la syndication de contenus entre les locales du réseau France Bleu, les grévistes avaient voté la poursuite de leur action. Principal problème : les « Bleus » des locales pouvaient-ils sortir du conflit sans avoir rien gagné ? « Que Paris ne nous abandonne pas ! », implorait David Rochier, un journaliste venu de Perpignan (Pyrénées-Orientales).Les délégués syndicaux faisaient état de leur « amertume », mais ils étaient peu à oser parler d’un arrêt du mouvement, face à une salle parfois radicale, où certains continuaient de réclamer le départ des dirigeants de l’entreprise. « Ils m’ont fait un peu de peine, sincèrement, témoignait, après-coup, un participant à l’assemblée générale. Chacun essaye de sortir du conflit la tête haute. Mais est-ce possible ? » Lire aussi :A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseLe médiateur – et à travers lui, le gouvernement – avait laissé aux grévistes un marché entre les mains - qualifié par plusieurs d’« ultimatum » ou de « chantage ». En échange de la levée des préavis de grève, le médiateur s’engageait à être présent lors des trois prochains mois pour accompagner la préparation du contrat d’objectifs et de moyens (COM), où la stratégie de Radio France pour les cinq prochaines années sera consignée. Si les syndicats maintenaient leurs préavis, Dominique-Jean Chertier ne revenait pas.« Dilemme »Face à ce « dilemme », quatre syndicats (CFDT, CGT, SNFORT, SUD) ont opté pour une voie médiane : appeler à prolonger la grève, mais demander le retour du médiateur jusqu’à la conclusion d’un accord. Un autre syndicat, l’UNSA, a lui appelé - pour la première fois - à la reprise du travail, estimant qu’il fallait désormais se projeter dans la discussion autour du COM. « J’ai l’impression que les syndicats sont partagés et tentés aussi de mettre fin à la grève, comme y a appelé l’UNSA, pensait un participant à l’assemblée générale. La discussion interminable que l’on a eue en AG aujourd’hui, on l’aura à nouveau demain. »Autre échéance à venir : la négociation du plan de départs volontaires annoncé par la direction. Comment se mobiliser pour ce rendez-vous ? « On va aborder cette phase avec l’arme de la grève en moins, constate un journaliste. C’est le paradoxe de ce mouvement. On est au bord de l’absurdie. »« Il va falloir crever des abcès »Ces hésitations procèdent aussi d’un constat de « léger affaiblissement » du mouvement, comme l’a reconnu Lionel Thompson, de la CGT. De fait, les antennes nationales sont moins perturbées et seules quelques locales étaient à l’arrêt, lundi. Selon la direction, le taux de participation au conflit a baissé à 4,10 %, soit 119 grévistes répertoriés lundi. Mais ces chiffres restent contestés par les syndicats.Lundi matin, à l’ouverture de l’assemblée générale, on parlait presque au passé, quand il a été question de « garder trace de ce mouvement magnifique ». Finalement, la grève a été reconduite, mais douze personnes ont voté contre et 26 se sont abstenues - après des échanges parfois vifs.Un journaliste non gréviste redoute désormais des tensions entre grévistes et non grévistes, ou entre les techniciens et les journalistes, qui ont parfois l’impression qu’on les prend pour des privilégiés. « Pourtant, le droit non-grève existe, comme le droit de grève, rappelle ce journaliste. La reprise du travail va être compliquée. Il va falloir crever des abcès. »Lire aussi :Radio Clash Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.04.2015 à 22h23 • Mis à jour le13.04.2015 à 12h28 L'assemblée générale des personnels de Radio France, réunie lundi 13 avril à partir de 10 heures pour décider de la poursuite ou non du mouvement de grève, s'est interrompue vers midi et devrait reprendre à 15 heures pour le vote, selon l'Agence France-Presse.Depuis vingt-six jours, les antennes sont perturrbées par le conflit social, le plus grave qu'ait traversé le groupe. Après la remise dimanche soir du rapport du médiateur nommé par Fleur Pellerin, les syndicats, « amers », déploraient toujours des « points de blocage ». La ministre de la culture s'est, elle, voulue confiante, en estimant que le texte ouvrait « la voie d'un compromis permettant une sortie du conflit ».Dimanche, Dominique-Jean Chertier, le médiateur chargé de dénouer la crise sociale à Radio France, a quitté la Maison de la radio dans la soirée, après avoir remis son texte à la direction et aux syndicats. « Sans attendre leur réponse », a-t-il précisé. Ces propositions sont l'aboutissement de discussions menées depuis vendredi avec les deux parties.Lire l'entretien : Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio France« Peu de garanties » sur l'emploiLes syndicats sont apparus un peu surpris et globalement déçus par l'issue de ces négociations et la teneur du document de trois pages remis par le médiateur. « On a l'impression que le médiateur n'a pas servi à grand-chose », a estimé Guillaume Baldy, de l'Union nationale des syndicats autonomes. « Nous allons soumettre en assemblée générale et à nos adhérents le texte, qui comporte des points de blocage », a-t-il ajouté, regrettant par exemple que la mutualisation des programmes des stations locales de France Bleu, contestée par les syndicats, « reste possible ».Les syndicats s'opposent à plusieurs mesures du plan stratégique du président de l'entreprise publique, Mathieu Gallet, qui prévoit notamment une « réduction nette d'effectifs, de 250 à 330 équivalents temps plein », avec 300 à 380 départs volontaires.Lire nos explications : A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éternisePour Jean-Paul Quennesson, délégué du syndicat Solidaires, unitaires, démocratiques, ce document donne « peu de garanties » sur la question de l'emploi. « A ce stade, on émet beaucoup de réserves », a-t-il convenu, reconnaissant que cette médiation avait permis des avancées, notamment en donnant la parole aux syndicats.« Thérapie de groupe »« On a une impression amère », a commenté Jean-Eric Ziolkowski, de la Confédération française démocratique du travail, pour qui ces trois jours de discussions avec le médiateur se sont apparentés à une « thérapie de groupe ».Le recours à un médiateur avait été posé comme préalable par les syndicats de Radio France à la reprise des discussions avec la direction et préconisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui avait nommé Mathieu Gallet à la tête de la radio au début de l'année dernière. 11.04.2015 à 12h57 Publiés, supprimés, puis republiés. Voilà l'inhabituel va-et-vient qu'ont subi ces derniers jours deux « posts » du site américain Buzzfeed, en plein questionnement sur l'identité éditoriale de la publication.Le premier article incriminé, qui critiquait avec virulence une publicité pour les savons Dove, a été discrètement supprimé jeudi 9 avril et remplacé par la mention « Nous avons retiré ce post car il n'est pas en ligne avec le ton de BuzzFeed Life », sans plus de précisions.Une décision qui a intrigué le site Gawker, qui s'est souvenu que la charte éditoriale et éthique de Buzzfeed interdisait de supprimer des « posts éditoriaux [...] pour des raisons liées à leur contenu, ou parce qu'un sujet ou une partie prenante l'a demandé ».En outre, Gawker n'a pas manqué de souligner que la marque Dove et sa maison mère, Unilever, s'étaient offert de nombreux espaces publicitaires sur Buzzfeed, y compris sous la forme de « native advertising », c'est-à-dire de publirédactionnel dont la forme est très proche de celle des articles du site.Pas d'opinions personnellesLe lendemain, Gawker a remué le couteau dans la plaie, démontrant comment Buzzfeed avait tout mis en œuvre pour faire disparaître un article critique sur le Monopoly, quelques semaines après avoir annoncé un grand partenariat publicitaire avec son fabricant, Hasbro, pour les 80 ans du célèbre jeu de société.Pour Gawker, la pression des annonceurs pourrait donc ne pas être étrangère au retrait de deux articles, d'autant qu'une ancienne employée de Buzzfeed avait fait état d'une histoire similaire en 2013, après avoir été remerciée. Un de ses articles sur les déodorants Axe avait été supprimé un mois après sa publication sur la demande d'Unilever, le propriétaire de la marque.La polémique prenant de l'ampleur, le rédacteur en chef de Buzzfeed, Ben Smith, a décidé de republier les deux articles en question, et de jouer la transparence en diffusant sur Twitter le courriel d'explication qu'il avait adressé à la rédaction. Il dément catégoriquement avoir cédé à des pressions publicitaires et explique avoir agi « impulsivement » en retirant ces deux articles, jugeant que les articles faisant état d'opinions personnelles des rédacteurs n'avaient pas leur place dans la ligne éditoriale du site..@iam486 & @emofly sent this to staff earlier today about why we changed a post: We are trying not to do hot takes http://t.co/bgVdxOR3Uh— Ben Smith (@BuzzFeedBen)require(["twitter/widgets"]);Cette nouvelle polémique survient quelques mois après la suppression brutale de près cinq mille anciens articles de Buzzfeed jugés non conformes aux « standards éditoriaux » actuels du site, notamment pour des problèmes de plagiat.Lire également : Buzzfeed en français : « Une part de notre contenu est global » Alexandre Piquard « Il est assez scandaleux qu’on puisse faire autant de bénéfice sur une ressource publique. » La sentence prononcée par la députée PS Martine Martinel, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, mercredi 8 avril, résume assez bien les critiques déclenchées par le rachat de Numéro23. Certains reprochent aux actionnaires de cette chaîne de la TNT, parmi lequels Pascal Houzelot (membre du Conseil de surveillance du Monde) de l’avoir revendue pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, le 2 avril. Soit deux ans et huit mois après s’être vu attribuer – gratuitement – une fréquence par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire aussi : TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa députée de Haute-Garonne n’a pas été la seule élue à interpeller le président du CSA Olivier Schrameck, lors de son audition par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Outre Christian Kert, de l’UMP, le socialiste Marcel Rogemont s’est interrogé sur une politique d’attribution de fréquences qui « priorise soi-disant les nouveaux entrants » dans le secteur audiovisuel mais permet « des plus-values sur le bien public ». Il a constaté à regret que la vente de Numéro23 respectait parfaitement les règles en vigueur : les deux ans et demi de délai minimum de détention d’une chaîne avant sa cession, mais aussi la taxe de 5 % sur les plus-values liées à des chaînes de la TNT, instaurée en 2013.« Faut-il revoir les règles ? », a demandé M. Rogemont à M. Schrameck. Puis le député à fait à Numéro23 un autre grief : cette chaîne s’est présentée au CSA comme un canal consacré à la « diversité » mais aurait en fait une ligne éditoriale assez large, voire opportuniste : sa grille de programmes intègre plusieurs émissions américaines de divertissement, comme un concours de tatoueurs. Ou une émission sur les phénomènes paranormaux.Indignation« Ces largesses éditoriales interrogent », a lancé M. Rogemont. Comme Rachid Arhab, ex-membre du CSA, il sous-entend que la chaîne ne respecte pas la promesse éditoriale qui lui a permis de remporter l’appel d’offres pour une des six nouvelles chaînes de la TNT lancées fin 2012. A l’époque, la chaîne avait toutefois défendu une conception large de la diversité : diversité des origines, des modèles familiaux, parité, cultures du monde ou handicaps, listait Le Figaro. Et le CSA a depuis jugé que Numéro23 avait en 2013 respecté les obligations relatives à sa ligne éditoriale.L’indignation soulevée par la revente de Numéro23, dont le premier actionnaire est Pascal Houzelot – ancien conseiller d’Etienne Mougeotte à TF1, ancien dirigeant de la chaîne PinkTV – n’est pas nouvelle. Une polémique similaire avait accompagné les ventes de TMC et NT1 par le groupe AB à TF1, ou de D8 et D17 par le groupe Bolloré à Canal+.« Si j’avais voulu faire une opération avec un groupe plus puissant, je l’aurais fait avant. Je continue sur ma logique d’entrepreneur », a réagi dans Les Echos M. Houzelot, « professionnel des médias depuis vingt-cinq ans ». Une manière de dire que contrairement aux autres revendeurs, il respectait l’esprit des pouvoirs publics, soucieux avec la TNT d’ouvrir l’audiovisuel à d’autres acteurs que les grands groupes.M. Houzelot a vendu Numéro 23 (0,7 % de part d’audience en mars 2015) pour 50 millions d’euros en « cash » et 40 millions d’obligations convertibles en capital de NextRadioTV, dont il deviendra membre du conseil d’administration. Propriétaire de BFMTV ou RMC, le groupe d’Alain Weill est considéré comme le plus gros des indépendants de la télévision, ou le plus petit des grands groupes.Vers une taxation plus forte ?Face à la mini-fronde des députés sur Numéro 23, M. Schrameck a rappelé qu’avant de valider par une décision motivée la revente de la chaîne, il ferait une « étude d’impact » économique. Il serait toutefois surprenant que celle-ci empêche la transaction. Sur la « question de fond » des fréquences gratuites générant des plus-values, le président du CSA a estimé que la limitation de la taxation à 5 % sur le produit de la vente est « une question substantielle ». En langage du CSA, cela veut dire que l’on pourrait taxer davantage, ce qui est du ressort des parlementaires et du gouvernement.Qu’en pense Fleur Pellerin, la ministre de la culture ? C’est la question qu’a posée la sénatrice UMP Catherine Morin-Desailly lors des questions au gouvernement du jeudi 9 avril. « Comment prévenir la poursuite de ces actions spéculatives ? », a demandé l’élue, suggérant de doubler le délai minimum de détention d’une chaîne à cinq ans, par exemple « le projet de loi sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ».La ministre de la culture, Fleur Pellerin, a pris plaisir à rappeler qu’à l’époque du vote de la taxe sur les reventes de chaînes de la TNT, la majorité socialiste « aurait aimé avoir le soutien de la droite ». Avant de toutefois tomber d’accord avec l’élue UMP : « Je partage avec vous l’objectif que vous avez indiqué et sur la proposition que vous avez faite de l’extension des durées de détention, je dis : pourquoi pas. » Suite au prochain numéro.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.04.2015 à 11h31 • Mis à jour le10.04.2015 à 11h32 | Jean-Baptiste Jacquin C’est sur la scène de l’Olympia que va se jouer, vendredi 17 avril, l’épilogue d’une belle bataille. Le spectacle et le suspense promettent d’être au rendez-vous. En tête d’affiche, dans le rôle du hussard, Vincent Bolloré. Contrairement au roman d’aventures de Jean Giono, il n’est pas sur le toit, mais déjà dans la maison.Vivendi a donc choisi cette salle de spectacle emblématique de la capitale pour réunir l’assemblée générale annuelle de ses actionnaires. N’y voyons pas malice. A l’approche du dénouement, l’intrigue se concentre sur la question de l’instauration d’un droit de vote double. Cette disposition permet d’attacher deux droits de vote à chaque action détenue depuis deux ans par un actionnaire inscrit au nominatif.Le débat sur ce mécanisme est ancien. C’est une atteinte au sacro-saint principe de la démocratie actionnariale selon lequel tous les actionnaires sont égaux, plaident les uns. C’est le moyen de privilégier les actionnaires qui choisissent d’accompagner un projet d’entreprise dans la durée, assurent les autres.Les fonds d’investissements et les fonds de pension, qui sont pourtant des investisseurs à très long terme, sont généralement opposés à un mécanisme dans lequel ils voient un moyen de protéger les dirigeants en place. Or, une société qui a une mauvaise gouvernance est moins bien valorisée en Bourse. Et ça, ils n’aiment pas. C’est pour ne pas les fâcher que la plupart des sociétés du CAC 40 concernées par la loi Florange généralisant les droits de vote doubles préfèrent soumettre cette année à leurs actionnaires une résolution maintenant le droit de vote simple.Prime de contrôleM. Bolloré, qui a pris le pouvoir chez Vivendi avec 5 % du capital, trouve au contraire dans cette exception démocratique le moyen garder les mains libres pour investir les 10 ou 15 milliards d’euros que le groupe va avoir en caisses. Alors que certains fonds, emmenés par Phitrust et soutenus par la société de conseil aux actionnaires Proxinvest, ont déposé une résolution pour que l’AG du 17 avril maintienne le principe « une action, une voix », l’industriel breton s’est mis à racheter massivement des actions du groupe.En un mois, c’est 9 % du capital du propriétaire de Canal+ et d’Universal Music qu’il a acquis pour porter sa participation à 14,5 %. Il a même contracté un emprunt sur deux ans pour financer une partie de cette offensive éclair. L’enjeu est d’empêcher qu’à l’Olympia cette résolution scélérate ne l’emporte. Gagner cette bataille justifie d’importants sacrifices financiers. Tout comme l’Etat qui a mis, temporairement dit-il, un milliard d’euros sur la table pour s’assurer du maintien de ce privilège chez Renault.Le droit de vote double a donc bien une valeur. C’est le prix du pouvoir, sans avoir à payer la prime de contrôle.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Michel Guerrin Avec son livre Malaise dans l’inculture (Grasset), Philippe Val ne va pas arranger son image de libertaire devenu réac, tout en ayant conservé des séquelles de gauche. Du reste, invité, mardi 14 avril, sur France Inter, une station qu’il a dirigée, il a provoqué des réactions allergiques du genre : « Mieux vaut la grève que Val. » Dans ce pamphlet bien écrit, ce qui ne fait pas de mal, l’ancien patron de Charlie Hebdo découpe la gauche en quartiers et enfonce sa plume dans les plaies de ses divisions. Il s’en prend aux radicaux de l’écologie, aux prophètes de la décroissance, aux pourfendeurs de l’Amérique et de l’Europe libérale, aux fans de Poutine, aux analystes bienveillants du communautarisme, à ceux qui font passer les laïques résolus pour racistes.Philippe Val a dans le collimateur le sociologisme, cette attitude de gauche qui déresponsabilise les individus de leurs gestes, ce qui a des conséquences affligeantes : la montée de l’islamisme, la violence dans les banlieues, l’incivisme, l’éducation en compote, c’est la faute à la société, au système. Val n’en revient pas que les démocraties occidentales, où pourtant tout le monde « voudrait vivre », soient à ce point vilipendées. Il a cette formule : « Exaltez la culture orientale, on vous regarde avec intérêt. Exaltez la culture occidentale, vous êtes conservateur, limite fasciste. » On en arrive, dit Val, à défendre les pratiques internes aux communautés contre les libertés instituées, en les assimilant à une culture menacée par le « système » : « Et... 16.04.2015 à 13h52 • Mis à jour le16.04.2015 à 15h44 | Anne Eveno Les jours se suivent et se ressemblent pour Google. Jeudi 16 avril, les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi Macron « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ». Déposé initialement par des élus centristes et UMP, le texte de l’amendement défendu notamment par Catherine Morin-Desailly, sénatrice UDI de Seine-Maritime, a rencontré un soutien bien plus large au sein du palais du Luxembourg puisque communistes et socialistes l’ont appuyé.Le gouvernement, par la voix d’Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, avait demandé le retrait de cette disposition la jugeant contraire au droit européen de la concurrence et au droit constitutionnel. En vain donc. Une commission mixte paritaire, rassemblant des élus de l’Assemblée nationale et du Sénat, devra définitivement trancher le sort de cette disposition.Liens vers trois moteurs concurrentsSes auteurs ont voulu adresser un signal politique sur la nécessité d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.S’ils ne nomment pas Google explicitement dans le texte, c’est bien le géant américain qui est dans le collimateur des parlementaires. « Nous avons la conviction que Google favorise ses propres services et nous estimons qu’il faut réguler cette situation, sinon les autres entreprises ne peuvent se développer », a expliqué au Monde Catherine Morin-Desailly.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceAfin de limiter ces abus, l’amendement stipule notamment que « tout exploitant d’un moteur de recherche susceptible, compte tenu de son audience, d’avoir un effet structurant sur le fonctionnement de l’économie numérique » soit contraint d’afficher sur sa page d’accueil des liens vers au moins trois autres moteurs de recherche concurrents.Sur ce point précis de l’amendement, M. Macron a jugé qu’il s’agissait d’une mesure anticonstitutionnelle car consistant en une « attaque disproportionnée au droit d’entreprendre », estimant que cela reviendrait à demander à « Renault d’afficher sur son pare-brise qu’on peut acheter une Peugeot ou une Fiat ».Il n’a pas été entendu puisque la version initiale a même été durcie lors des débats. Un sous-amendement socialiste a été adopté qui exige que parmi les 3 moteurs concurrents figure un moteur qui ait son siège social en France. Une disposition qui risque bien d’être contraire au droit européen de la concurrence.Feu nourri de critiquesLes sénateurs veulent aussi que les moteurs de recherche veillent à ne pas favoriser leurs propres services et produits dans leurs résultats de recherche. L’amendement pose que c’est à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (l’Arcep, le gendarme français des télécoms), que reviendra « la mission de contrôler le respect des obligations mises à la charge des exploitants de moteurs de recherche ».L’autorité de régulation pourra – en cas de manquements – infliger une amende pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial du groupe mis en cause. Soit dans le cas de Google, une somme de l’ordre de 6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros).Google est actuellement soumis à un feu nourri de critiques. Au point que la Commission européenne a, mercredi 15 avril, accusé formellement le groupe américain d’abus de position dominante dans la recherche en ligne, en pointant particulièrement le fonctionnement du comparateur de prix pour les produits Google Shopping.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteUne mise en cause que Google – qui a dix semaines pour répondre à la Commission – conteste déjà fermement. Estimant que jamais l’innovation ou la concurrence n’a été aussi forte qu’actuellement sur son marché.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesAnne EvenoJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard La course à la présidence de France Télévisions a créé ses premières déceptions, jeudi 16 avril. Des personnalités de poids comme Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde (FMM), et Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et Lagardère Active, ont admis ne pas avoir été retenus dans la liste de candidats que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit auditionner dès la semaine prochaine. Au terme de ces auditions, et avant le 22 mai, le CSA doit désigner le nouveau président de l’entreprise publique.L’éviction de Marie-Christine Saragosse a surpris. Sa personnalité et son bilan à la tête de FMM la rangeaient au rang des favoris. Mais le fait qu’elle soit actuellement en poste dans une entreprise de médias publique, et en cours de mandat, a pu devenir un handicap, au lendemain de la crise survenue à Radio France. Par souci de stabilité, les huit conseillers auraient jugé préférable qu’elle aille au terme de son mandat commencé en 2012 après la crise survenue sous le mandat d’Alain de Pouzilhac, selon une source proche du dossier. Cette préoccupation aurait également barré Emmanuel Hoog, PDG de l’Agence France-Presse (AFP), qui ne figurerait pas dans la liste restreinte. Tous deux sont passés par des cabinets ministériels de gauche, note aussi un connaisseur du secteur.La décision du CSA est difficile à digérer pour Didier Quillot, qui pensait que sa longue expérience managériale le protégerait d’une élimination à ce stade. « J’ai reçu jeudi un courrier me signifiant que je n’étais pas retenu, mais je n’ai eu aucune explication, déplore-t-il. Je trouve cette décision complètement incompréhensible. J’ai mis en ligne mon projet car je veux qu’il soit connu et j’espère que les autres candidats feront de même. » Parmi les 33 postulants enregistrés par le CSA, d’autres, comme Serge Cimino, du Syndicat national des journalistes (SNJ), et Alexandre Michelin (MSN), ont déclaré publiquement ne pas avoir été retenus.La composition de la liste restreinte ne fait l’objet d’aucune communication de la part du CSA dès lors qu’un ou plusieurs de ses membres sollicite la confidentialité. Il n’est donc pas possible de la connaître avec certitude. Toutefois, selon nos informations, au moins cinq candidats ont été contactés par l’autorité pour être auditionnés, et deux autres sont annoncés certains par d’autres médias.Âgé de 48 ans, Christophe Beaux s’appuie sur la transformation jugée réussie de la Monnaie de Paris, une institution industrielle et culturelle de 500 personnes qu’il préside depuis huit ans. Cet énarque a travaillé en banque d’affaires, chez JP Morgan, et connaît parfaitement la machine d’Etat pour avoir œuvré au Trésor - sous la responsabilité de Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée - et dans plusieurs cabinets ministériels - sous le second mandat de Jacques Chirac. Il est membre du conseil d’administration de France Télévisions depuis 2011.Arrivée à La Poste au poste de directrice générale adjointe en charge de la communication en avril 2014, Nathalie Collin, 50 ans, a auparavant dirigé des structures plus modestes, dans la presse (Libération, Le Nouvel Observateur) ou la musique (EMI France). Elle se présente comme une experte de la transition numérique - qu’elle chapeaute désormais à La Poste. Pour se renforcer sur les programmes et la stratégie, elle se serait appuyée sur Vincent Meslet, directeur éditorial d’Arte et ancien directeur des programmes de France 3, ainsi que sur Catherine Smadja, cadre du groupe audiovisuel public britannique BBC et ancienne conseillère audiovisuelle du ministère de la culture sous Catherine Trautmann.Delphine Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, a fait toute sa carrière chez l’opérateur, où les activités audiovisuelles sont concentrées sur la distribution (via les box d’accès à Internet). Ingénieure de formation, 48 ans, elle a l’expérience d’une grosse structure et du dialogue social. Son profil a suscité une inquiétude chez des syndicats de France Télévisions, après des échos de presse rappelant qu’elle était en poste chez France Télécom à l’époque de la mise en place du plan Next, dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Pascal Josèphe, ancien consultant, a surtout été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, dans les années 1980 et 1990. Il dit aborder la télévision publique par « la question de l’offre », qui doit davantage refléter, selon lui, la jeunesse et la diversité. Quand on lui parle de son âge (60 ans), il pointe celui, plus élevé, des actuels patrons de M6, TF1 ou Canal+.Robin Leproux incarne, dans cette liste, l’expérience du secteur privé, après notamment un long parcours chez M6. Âgé de 55 ans, l’homme qui a géré la crise des supporters en tant que président du PSG est aussi celui qui a conquis des parts de marché publicitaire avec la régie de M6. Il dispose aussi d’une expérience dans la stratégie et les contenus, sur la chaîne privée et à RTL. Sur ce média grand public, il a fait venir l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie ou mis en place certains rendez-vous comme « On refait le monde ».Polytechnicien, ingénieur des Ponts et chaussées, Cyrille du Peloux a fait partie de l’équipe de direction de TF1 lors de son acquisition par le groupe Bouygues. Passé à la Lyonnaise des Eaux, il a ensuite dirigé le bouquet satellite TPS et la chaîne Paris Première avant de rejoindre, en 2002, le groupe Veolia, où il est aujourd’hui, à 61 ans, directeur de la transformation et membre du comité de direction.Rémy Pflimlin, lui, ne doit pas voir d’un mauvais œil la liste retenue par le CSA, dont deux candidats sérieux issus, comme lui, de la sphère publique ont été écartés. À l’automne, l’actuel président ne se voyait crédité que de chances très faibles de voir son mandat renouvelé. Les derniers mois, et notamment les difficultés de Mathieu Gallet à Radio France, lui ont plutôt redonné des raisons de ne pas désespérer. À 61 ans, il défend son bilan et plaide pour la continuité managériale dans un audiovisuel public fragile. Reste une particularité de son profil : il a été nommé par le président de la République Nicolas Sarkozy. Alors que François Hollande a tenu à rendre au CSA le choix de ces patrons, l’autorité voudrait-elle confirmer à la tête de France Télévisions la personne choisie par l’ancien président ?Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.04.2015 à 15h34 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h33 Le tribunal de commerce de Marseille a validé, mercredi 15 avril, l'offre de reprise du quotidien de gauche La Marseillaise par les Editions des fédérés, seul candidat en lice, a-t-on appris de la CGT (majoritaire).L'offre de reprise du quotidien régional du Sud-Est, qui est en redressement judiciaire depuis la fin de novembre, prévoit la suppression de 91 postes sur les 208 que compte l'entreprise. Lorsqu'elle a présenté cette offre, en février, la société Les Editions des fédérés, présidée par Pierre Dharréville, secrétaire départemental du Parti communiste français (PCF) dans les Bouches-du-Rhône, affirmait ne pas vouloir « laisser s'éteindre un journal à la ligne éditoriale spécifique, engagé, populaire, rebelle ».Autour d'actionnaires issus du PCF – qui concourt au financement –, du monde mutualiste et soutenu par l'association Les Amis de La Marseillaise, les Editions des fédérés proposent un projet s'articulant selon trois axes. « Le premier, c'est le (support) papier, avec la volonté d'être plus agréable. Un journal, ça a une existence physique », argumente M. Dharréville. « Le deuxième, c'est le développement sur Internet », poursuit-il, exprimant sa volonté de « faire passer la sensibilité » du quotidien sur ce support. En troisième lieu, le repreneur souhaite développer « la présence du titre dans la société ». Le quotidien s'organisera autour de trois grands « pôles » couvrant les six départements de diffusion : une édition pour le Gard et l'Hérault ; une autre pour les Bouches-du-Rhône ; une troisième pour le Var, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence. Le plan de suppression de 91 emplois, concernant les journalistes, les services centraux et l'imprimerie externalisée, est « un déchirement », déplore M. Dharréville.Lire aussi (édition abonnés) : Deux offres de reprise pour « La Marseillaise » 15.04.2015 à 12h16 • Mis à jour le15.04.2015 à 14h46 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Elle était déjà considérée comme l’une des personnalités les plus fortes et intéressantes du collège de la Commission européenne. Avec sa décision, mercredi 15 avril, d’accuser Google de violation de la loi antitrust européenne avec son moteur de recherche, la commissaire Margrethe Vestager entre vraiment dans la cour des « grands » de Bruxelles.La Danoise de 47 ans, qui a pris son poste début novembre 2014, avait la lourde responsabilité de boucler – si possible – le plus vite possible l’enquête contre le groupe américain. Une enquête extrêmement sensible, politiquement et économiquement, mais qui n’en finissait plus, puisqu’elle a été lancée par la Commission européenne il y a près de cinq ans, en novembre 2010.Et surtout, on attendait de la commissaire qu’elle reparte sur des bases moins controversées, alors que la stratégie de son prédécesseur, l’Espagnol Joaquin Almunia, avait suscité beaucoup de critiques en Europe. De la part des plaignants, bien sûr, mais aussi des politiques, notamment français et allemands. M. Almunia s’était vu reprocher d’avoir cherché, en vain, à trois reprises, un compromis avec le groupe américain, sans jamais aller jusqu’à l’acte d’accusation.« Souci du consommateur »Margrethe Vestager, ex-leader du parti social libéral à Copenhague, qui aurait servi de modèle à la série danoise à succès Borgen, a donc choisi la manière forte contre Google. Sans pour autant « jeter à la poubelle » tout le travail d’enquête mené par la puissante Direction générale de la concurrence (la « DG Comp ») de la Commission, entre 2009 et 2O14.Mais, dès décembre 2014, un mois après son arrivée à Bruxelles, elle a pris soin de rencontrer les plaignants (ils sont environ une trentaine à avoir déposé plainte contre Google). « Elle a pris le temps, et elle l’a fait avant de voir Eric Schmidt [le président exécutif de Google], ce qui a été apprécié », souligne l’un des plaignants souhaitant conserver l’anonymat.Tous ceux qui, à Bruxelles, ont eu récemment à faire avec elle soulignent son pragmatisme, son écoute, « son souci constant du consommateur », souligne une source européenne, et sa maîtrise rapide des dossiers.Discrète dans les médias, elle a su néanmoins s’imposer au sein du collège des commissaires présidé par Jean-Claude Juncker. Avec cinq ou six autres personnalités (Frans Timmermans, Günther Oettinger, Andrus Ansip, Pierre Moscovici, Cecilia Malmström, Federica Mogherini), elle fait partie des poids lourds de l’exécutif européen.Enquêtes sur les accords fiscauxDifficile de faire sans elle, par exemple, pour définir la future stratégie concernant le « marché unique digital » promise par la Commission Juncker. Preuve de sa détermination à investir le secteur du numérique, elle a aussi décidé de lancer une enquête formelle sur des possibles violations de la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation mobile ultra-dominant de Google.Et Mme Vestager a validé récemment la création d’un « desk » e-commerce, une équipe dédiée au sein de la DG Comp, pour enquêter, pour l’instant de manière informelle, sur les barrières au commerce en ligne au sein de l’Union européenne. Notamment sur le fait qu’il est parfois difficile, voire impossible, d’acheter sur un site en ligne si l’on ne se trouve pas dans le même pays à ce moment-là (le « geoblocking »), selon une source européenne.Entre autres dossiers brûlants, Mme Vestager doit aussi boucler les enquêtes, ouvertes en 2014, sur de possibles aides d’État illégales concernant Starbucks aux Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg et Apple en Irlande. Une décision devrait tomber avant cet été.Lire aussi :Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesLà, il s’agit de savoir si les « rulings » (les accords fiscaux préalables) consentis à ces sociétés par ces États sont conformes ou non à la loi européenne en matière concurrentielle. Là aussi, la commissaire est attendue au tournant.Si elle décide d’accuser le Luxembourg, la polémique « Luxleaks » risque de repartir. D’autant plus que M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant plus de quinze ans…Lire aussi :LuxLeaks : M. Juncker de nouveau accuséCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Après cinq années d’enquête, la Commission européenne a décidé, mercredi 15 avril, de s’attaquer aux pratiques de Google dans le domaine des moteurs de recherche, qu’elle considère comme des abus de position dominante. Bruxelles a envoyé au groupe américain une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.Pour ses détracteurs, le groupe américain profite de sa positition dominante pour favoriser ses propres sites et produits au détriments de ceux de ses concurrents dans ses résultats de recherche.Les responsables de Google affirment, pour leur part, que l’entreprise exerce ses activités dans « un environnement très concurrentiel ». Ils rappellent que les internautes disposent d’un vaste choix (réseaux sociaux, les moteurs de recherche spécialisés, les applications mobiles, les sites de référence) pour accéder à l’information ou pour acheter des biens et des services. En un mot, rien ne les contraint à passer par Google.Petite revue de situation. Du point de vue des parts de marché, notamment.Un poids lourd en EuropeAu premier trimestre de cette année, la part de marché de Google sur le segment de la recherche sur le Web s’est établie à 92,26 %.Le groupe de Mountain View devance Bing, le moteur de recherche de Microsoft, et Yahoo!, dont les parts respectives sont de respectivement 2,82 % et 2,26 %.Mais des situations européennes contrastéesDans certains pays d’Europe, hors de l’Union européenne, des acteurs locaux réussissent à tirer leur épingle du jeu.En Russie, Yandex détient une part de marché de près de 40 %, quand Google s’est arrogé près de 50 %En République tchèque, Seznam parvient à conserver une part de 21,5 %, contre 74 % à Google.Une position moins hégémonique aux Etats-UnisGoogle est un peu plus contesté à domicile. Google a achevé l’année 2014 avec la plus faible part de marché depuis 2008.Avec 75,2 %, le groupe reste toutefois très loin devant ses rivaux, Bing et Yahoo!Ce dernier, notamment, a amorcé une vraie progression, profitant d’être désormais le moteur de recherche par défaut du navigateur Mozilla Firefox.Aux Etats-Unis, on observe une tendance à contourner les moteurs de recherche. par exemple, 30 % des adultes découvrent les informations et l’actualité qui les intéressent d’abord sur… Facebook. Sans parler de Twitter, qui avec neuf ans d’existence à peine, est devenu un acteur majeur de la quête d’informations.Une concurrence de plus en plus forte des applicationsLes recherches d’achats sur Internet se font, outre-Atlantique, deux fois plus via Amazon que sur Google.Les mobinautes privilégient aussi bien plus les applications que leur navigateur voire les moteurs de recherche pour acheter des biens ou des services. Le succès de sociétés comme Uber ou Blablacar en témoignent.De nouveaux acteurs se lancent malgré toutLa forte présence de Google sur la recherche n’a pas empêché la naissance et la croissance de nouveaux acteurs : par exemple l’américain DuckDuckGo ou le franco-allemand Qwant.Lire aussi :L’européen Qwant s’offre un lifting pour exister face à GoogleA des années-lumière de Google, ils espèrent néanmoins se faire une place au soleil, avec ou sans l’aide de la Commission européenne.Anne EvenoJournaliste au Monde 15.04.2015 à 07h54 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h26 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pour Google, c’est un coup dur. Après près de cinq ans d’enquête sur un éventuel abus de position dominante, la Commission européenne a finalement décidé, mercredi 15 avril, d’envoyer au groupe Internet américain ce que l’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme. Est tout particulièrement visé le service « Google shopping » et le fait que Google privilégie systématiquement ce service par rapport aux autres services/comparateurs de prix en ligne« Je crains que l'entreprise n'ait injustement avantagé son propre service de comparaison de prix, en violation des règles de l'Union européenne en matière d'ententes et d'abus de position dominante », a déclaré, mercredi à mi-journée, la commissaire européenne en charge de la concurrence, la Danoise Margrete Vestager.La Commission craint que les utilisateurs de Google « ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes ».La direction de Google a déclaré qu’elle a « hâte de discuter avec la Commission européenne ».Si cette décision ne préjuge pas d’une sanction ultérieure contre Google, c’est la première fois dans son histoire que le groupe américain est reconnu coupable d’avoir enfreint la loi antitrust. De quoi écorner un peu l’image de ce géant, fondé en 1998, dont la domination, sur la recherche en ligne, le mobile, le traitement des données personnelles de manière générale inquiète de plus en plus, surtout en Europe.Aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission (FTC), responsable des questions de concurrence et de protection du consommateur, avait finalement blanchi Google d’abus de position dominante, en 2013.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GooglePar ailleurs, Bruxelles a aussi annoncé, mercredi, avoir décidé de lancer une enquête formelle sur d’éventuelles infractions à la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation du groupe américain. Une enquête informelle était en cours depuis des dépôts de plainte, en 2013.Deux mois pour se défendreLa trentaine de plaignants (dont Microsoft) qui accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur et réclamaient depuis longtemps la « manière forte » contre Google se réjouit, logiquement, de cette décision.« Cette notification des griefs représente un pas significatif pour faire stopper les pratiques anticoncurrentielles de Google, qui ont nui à l’innovation et au choix des consommateurs », avaient d’ailleurs réagi, par avance, mardi 14 avril, une des associations de plaignants, FairSearch Europe, dans l’attente de la confirmation de la décision de Bruxelles.A dater de l’envoi de cette notification, Google dispose de deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer sa défense. Puis pourrait suivre une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rendra sa décision qu’à l’issue de ces étapes, c’est-à-dire au plus tôt fin 2015.Un accord négocié n’est pas à exclureLe géant de l’Internet risque une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). Mais ce ne serait pas le pire pour un groupe aussi riche (66 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014, soit 62 milliards d’euros, pour 14 milliards de dollars de profits).La Commission pourrait surtout lui imposer des actions « correctives » de nature à transformer son modèle économique. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Bruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme l’ont demandé les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceDavid Wood, l’avocat d’Icomp, un syndicat de sociétés Web regroupant des plaignants contre Google (dont la britannique Foundem et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime-t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Rupture dans l’approche européenneLa décision prise par Mme Vestager et les services de la puissante « direction générale à la concurrence » de la Commission européenne marque une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google.Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, à la suite de trois plaintes initiales de petites sociétés (l’allemande Ciao, la britannique Foundem et la française Ejustice.fr), Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants, de quelques politiques (notamment le ministre de l’économie allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés en première ligne mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente Commission Manuel Barroso (dont l’allemand Gunther Oettinger, actuel commissaire chargé du numérique, très remonté alors contre Google).Tous estimaient que les améliorations proposées par le géant de l’Internet à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi :Opération séduction de Google FranceLa décision de Bruxelles concernant Google est sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes. Cela va donner de l’eau au moulin de ceux qui disent que l’Europe « en veut » à Google et plus généralement au high-tech américain.L’acte d’accusation de la Commission s’ajoute en effet à une série, ces dernières années, de réactions des Européens contre de nouveaux « modèles économiques » : interdiction d’Uber dans certains pays, instauration de taxes « anti-Google » en Allemagne et en Espagne, enquêtes européennes sur des aides d’Etat illégales qui auraient bénéficié à Apple (en Irlande) ou à Facebook (au Luxembourg)…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.04.2015 à 22h06 • Mis à jour le14.04.2015 à 22h24 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les conclusions de la Commission européenne concernant l’enquête qu’elle mène sur Google depuis maintenant près de cinq ans seraient imminentes. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, chargée du dossier, pourrait faire des annonces dès mercredi 15 avril, selon une source européenne contactée par Le Monde.Mercredi, la Commission pourrait envoyer au groupe internet américain ce qu’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication des griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.En cause, de forts soupçons d’abus de position dominante concernant le moteur de recherche de Google. Les plaignants, des éditeurs de services en ligne allemands, français, anglais…, accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur.Abandon de la recherche d’une conciliationCette décision, si elle se confirme, marquerait une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google. Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager (qui lui a succédé en novembre 2014), n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants (le service allemand Ciao, le britannique Foundem, les sociétés comme Le Guide.com regroupées sous la bannière Open Internet Project, etc.), de quelques politiques (notamment le ministre allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés au créneau mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente commission Barroso (dont M. Oettinger, alors chargé de l’énergie).Tous estimaient que les « améliorations » proposées par Google à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi : Un nouveau front s’ouvre contre Google en FrancePour Google, une notification des griefs serait aussi un vrai coup dur. Ce serait la première fois qu’une autorité de l’importance de la Commission européenne reconnaît officiellement que le géant américain a enfreint la loi antitrust.A dater de l’envoi de cette notification, qui n’est pas rendue publique in extenso, les entreprises visées ont deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer leur défense. Puis suit en général une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rend sa décision finale que quelques mois plus tard.Que risque le géant de l’Internet ? Une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). La Commission pourrait aussi imposer des actions « correctives » à Google. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Décision sans précédentBruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme demandé par les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Quoi qu’il en soit, si la Commission décide de finalement sanctionner Google, ce sera une décision sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.David Wood, l’avocat d’ICOMP, un syndicat de sociétés web regroupant des plaignants contre Google (dont Foundem, historiquement un des premiers, et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est un véritable tournant dans le mouvement de grève qui perturbe les antennes de Radio France depuis le 19 mars. Mardi 14 avril, quatre syndicats sur cinq – CFDT, SNFORT, SUD, UNSA – ont appelé à la reprise du travail, en s'appuyant sur la consultation de leurs militants.Pour ces syndicats, l'objectif est désormais la négociation du contrat d'objectif et de moyens (COM) de Radio France pour les cinq prochaines années, qui doit se faire sous l'égide du médiateur, Dominique-Jean Chertier.Seule la CGT a maintenu l'appel à la grève, pour vingt-quatre heures de plus, suivant le vote de l'assemblée générale parisienne. Dans son communiqué, diffusé dans la soirée, le syndicat explique son choix : « Les salariés réunis en AG ont voté à une large majorité la poursuite de la grève. Parce que des revendications essentielles restent insatisfaites malgré l'intervention du médiateur. »La CGT espère notamment encore obtenir quelques avancées supplémentaires sur le maintien de l'emploi ou le refus de la syndication de contenus au sein du réseau France Bleu.Lire aussi : A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseToutefois, isolée, la CGT ne semble pas en mesure de maintenir le blocage des antennes. Mercredi matin, France Info, à partir de 4 heures, et France Inter, à partir de 5 heures, diffusaient leurs matinales habituelles.L'assemblée générale s'était achevée dans la division et une ambiance houleuse. Certains journalistes, comme Fabienne Sintes de France Info, ont exprimé sur Twitter leur déception sur la façon dont s'est achevé le mouvement de grève le plus long de l'histoire de Radio France.Donc. #greveRF reconduite sur UN SYNDICAT mais pour dire quoi ? Parler à qui ? Désordre total. CGT démunie. #AG furax. Fin de mvt terrible.— Fabienne Sintes (@FabSintes)require(["twitter/widgets"]);Une nouvelle phase dans la mission du médiateurLundi soir, alors que le conflit semblait dans l'impasse, une visite surprise à Radio France de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a semblé faire évoluer la position de certains syndicats. Même si elle a fermé la porte à toute évolution du texte du médiateur, « Fleur Pellerin a tenu à souligner qu'elle se portait garante du dialogue social et du retour à la confiance », a souligné le ministère à propos de cette réunion à laquelle participait le PDG de Radio France, Mathieu Gallet.Lire : Radio France : Fleur Pellerin défend le texte du médiateurMardi soir, quelques heures après l'assemblée générale et la division du front syndical, la ministre a salué la décision des quatre syndicats appelant à la fin de la grève, qui ont ainsi, selon elle, « fait le choix clair de la responsabilité et de l'avenir de Radio France ». Elle a également « souhaité que la CGT puisse rejoindre cette tendance majoritaire ».Dans ce communiqué, elle estime que la première partie de la mission du médiateur est « terminée » et indique « qu'il se rendra disponible pour la deuxième partie de sa mission », à savoir accompagner la négociation du COM pour la période 2015-2019. « Cette phase permettra de poser un diagnostic partagé sur la situation de l'entreprise et de répondre aux interrogations et aux inquiétudes qui sont apparues au cours de son conflit » précise-t-elle en appelant, pour conclure, à « rassembler tous les salariés de Radio France » et « à se tourner vers l'avenir ». Voir la chronologie interactive : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Pas facile d’exister face au tout puissant Google en Europe. Les dirigeants et fondateurs de Qwant peinent à faire de leur bébé l’alternative européenne au géant de Mountain View (Californie), dont ils rêvent depuis sa naissance, en 2011. Avec la présentation, mardi 14 avril, de la nouvelle version de ce moteur de recherche, apparu sur la toile en février 2013, Jean-Manuel Rozan et Eric Léandri, respectivement président et directeur général de Qwant, espèrent franchir une étape décisive.Et cette fois, les planètes semblent plutôt bien alignées. Jamais la toute puissance de Google dans la recherche sur Internet n’a été autant questionnée. Au point que Bruxelles serait proche de communiquer au groupe américain une liste de griefs dans laquelle seraient formalisés les reproches de la Commission européenne quant aux pratiques du moteur de recherche. L’envoi des griefs signifierait que l’enquête pour abus de position dominante ouverte en 2010 entrerait dans une phase contentieuse.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreSur le marché des requêtes sur le Web, Google détient aujourd’hui, selon Statcounter, une part de marché en Europe de 92,3 %. Avec respectivement 2,6 % et 2,2 %, les américains Bing et Yahoo! occupent la deuxième et troisième place du podium. Le russe Yandex est le premier européen, avec une part de marché de 1,3 %. Les autres moteurs de recherche, dont Qwant, doivent donc se partager des miettes, 1,6 %.Mais pas question pour autant pour le « petit » d’attaquer Google sur le front du droit. « Nous souhaitons juste démontrer aux autorités européennes que nous avons un produit qui fonctionne, qui est pertinent et les inciter à nous utiliser », souligne M. Léandri.David contre GoliathDans les faits, l’opposition Qwant-Google a tout de celle de David contre Goliath. Le moteur européen indique avoir traité 1,6 milliard de requêtes en 2014. C’est peu ou prou le nombre de requêtes adressées à Google chaque… jour. Mais, affirme, M. Léandri « nous avons la conviction que Qwant a sa place ».Cette foi se fonde sur des chiffres – chaque mois, Qwant enregistre 20 % de requêtes en plus – et sur une certitude, celle de proposer un modèle distinct. Cette différence est d’abord visuelle. Sur sa page d’accueil, Qwant présente ses résultats en colonnes : mettant d’un côté les sites Web, de l’autre les actualités, les sites d’e-commerce et les réseaux sociaux. Cette dernière option n’est pas proposée pas les moteurs de recherche classiques. « Nous sommes attachés à l’idée de garder une vision ouverte du Web. Nous proposons un choix alors qu’ailleurs l’Internet a tendance à se fermer », argumente M. Léandri.La deuxième différence entre Google et Qwant tient au modèle économique. L’américain a assis une partie de son succès sur la vente de mots-clés, qui permettent aux sites marchands d’apparaître en tête de la recherche. Le français se rémunère uniquement en percevant une commission à chaque fois qu’un utilisateur ouvre un site d’e-commerce à partir de sa colonne shopping.« Forte viralité »En 2013, Qwant, qui emploie aujourd’hui 50 personnes, a enregistré un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros, à comparer aux 60 milliards de dollars affichés par Google cette même année.Mais « notre stratégie n’est pas axée sur le chiffre d’affaires », justifie M. Rozan. « Nous voulons d’abord construire l’audience et cela passe par un moteur qui soit pertinent, un bon produit à forte viralité ». Et d’espérer qu’avec la version plus simple et moins déboussolante pour l’internaute, présentée mardi 14 avril, ils approcheront de cet idéal.Qwant – qui est disponible en 15 langues – a commencé à séduire hors des frontières hexagonales. En juin 2014, l’Allemand Axel Springer a pris 20 % du capital, portant à 10 millions d’euros les fonds levés par la start-up depuis sa création.« Le groupe Axel Springer cherchait des solutions dans le domaine du “search” et voulait un partenaire qui savait indexer, classer, etc. Et comme, en plus, les Allemands sont attachés à l’idée de l’existence d’un moteur européen, Qwant les a intéressés », explique M. Léandri.Nouveaux moyens financiersDerrière l’émergence ou non de rivaux aux moteurs américains affleurent des questions de souveraineté. Qwant a élaboré son propre algorithme, envoie des robots fouiller l’Internet mondial (500 000 sites à l’heure) et constitue ainsi sa propre bibliothèque de l’Internet avec des serveurs situés en région parisienne précisément.Avec l’arrivée d’Axel Springer, Qwant a obtenu de nouveaux moyens financiers pour son développement. Ce partenariat va lui permettre de devenir également le moteur natif des publications du groupe allemand, ce qui devrait mécaniquement lui assurer un surcroît de visites. Dès 2015, le moteur de recherche espère atteindre les 15 milliards de requêtes. « Le soutien d’Axel Springer devrait aussi nous être utile lors de notre prochain tour de table, sans doute cet été », indique M. Léandri.La dernière différence entre Google et Qwant n’est sans doute pas la moindre puisqu’elle touche à la préservation de la vie privée. Les dirigeants de la start-up affirment que les résultats affichés en réponse une requête ne sont pas sélectionnés en fonction des données personnelles collectées lors d’une précédente navigation, au contraire de ce qui peut s’observer ailleurs.« Pour gagner de l’argent, nous n’avons pas besoin de vous traquer », telle serait la promesse de Qwant. Un engagement qui pourrait faire mouche après l’affaire Snowden.Anne EvenoJournaliste au Monde 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le fonds Google pour la presse française est mort… vive le fonds Google pour la presse européenne ! Ainsi pourrait se résumer l’annonce que devait faire le groupe américain mardi 28 avril à Londres. Dans le langage maison, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) va cesser mi-2016 son activité après avoir distribué en trois ans 60 millions d’euros environ à des projets d’éditeurs français. Il va laisser la place au Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Cette évolution n’est pas anodine et répond à plusieurs préoccupations de Google, toujours engagé dans une épreuve de force avec certaines entreprises et autorités en Europe.A son lancement, la nouvelle structure de Google s’appuiera sur huit éditeurs partenaires, la plupart quotidiens : Les Echos en France, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie. Cette liste de partenaires est ouverte et susceptible d’accueillir de nouveaux membres.L’initiative sur huit éditeurs partenairesUne première constatation s’impose : les éditeurs français devraient en principe recevoir moins d’argent qu’au cours des trois dernières années. En 2014, le FINP a accordé 16,1 millions d’euros à 29 projets d’innovation (qui restaient financés à 40 % minimum par les médias). En 2013, il a accordé 16,3 millions d’euros à 23 projets.Allant du lancement d’une édition numérique du matin au développement de plates-formes payantes ou mobiles, l’aide a bénéficié à nombre de médias : Le Monde, Le Figaro, Libération, Rue89, BFM-TV, Alternatives économiques…Les candidats français devront désormais défendre leurs initiatives face à celles des éditeurs de toute l’Europe en tant que région. Google n’avait jamais caché que le fonds français était lancé pour trois ans et que son avenir serait alors rediscuté. Mais les détracteurs de Google souligneront que le montant promis en 2013 par l’entreprise en soutien de la presse française n’était pas pérenne et reste soumis à sa volonté.A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Défendant une approche « pragmatique » et de coopération, le fonds français était une « exception » en Europe et dans le monde, a expliqué Francis Morel, patron des Echos, le 25 mars, lors d’une journée organisée par le FINP à Paris. « Je me demande pourquoi. Les autres pays européens devraient nous regarder », disait-il. L’élargissement du fonds français au niveau européen était une question de « cohérence », précisait-on chez Google.Plus collaboratifEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media) qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus, a expliqué Christoph Keese, vice-président exécutif du groupe Springer.Selon ce dirigeant, en pointe du combat contre Google, le fonds français « faillit à établir un principe crucial : le contenu doit être payé ». En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits, écrit Les Echos. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes, ajoute le quotidien partenaire. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.« Rôle dans l’écosystème du numérique »« Google s’intéresse au journalisme car c’est un des fondements de la démocratie. Nos internautes, dans le monde entier, ont besoin d’une presse forte », a expliqué le 25 mars Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations de Google Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique. « Le DNI est le témoignage d’un engagement pour le développement de l’écosystème du journalisme », estime Ludovic Blecher, directeur du FINP.Une démarche qui ne dépareille pas avec l’inflexion de la communication générale de Google, qui vient de lancer sa première campagne institutionnelle en France pour vanter son « rôle dans l’écosystème du numérique ». Au même moment, le groupe livre en Europe un combat dont l’intensité a grimpé d’un cran le 15 avril avec la décision de la commission européenne de notifier à Google son accusation d’abus de position dominante sur la recherche en ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.04.2015 à 11h35 • Mis à jour le27.04.2015 à 19h46 La présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, selon Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures.Cette révélation a été faite à la suite d'un courrier anonyme envoyé aux administrateurs de l'INA à la veille du conseil d'administration qui s'est tenu le 23 avril, précise le quotidien. A la réception de ce courrier anonyme citant des documents de l'entreprise, l'INA a lancé une enquête interne et envisage de porter plainte, a appris Le Monde.Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement et 32 000 euros les déplacements. Agnès Saal a indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés. 6 700 euros au nom de son filsAgnès Saal, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014 s'est défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation, ajoute Le Figaro. « C'est une maladresse, j'en reconnais la responsabilité et j'ai immédiatement remboursé ces frais », a expliqué l'énarque de 57 ans.Un doute subsiste cependant concernant les 7 800 euros de frais de taxi facturés le week-end, à savoir ce qui relève des trajets professionnels et des privés. « Ce n'est pas évident de savoir si une course de taxi pour un événement dans lequel je représente l'INA est professionnelle ou personnelle », a-t-elle expliqué, estimant que « l'usage professionnel du taxi pendant les week-ends représente environ un tiers ou un quart de la facture ». Selon Le Figaro, elle s'est ainsi engagée à rembourser les deux tiers ou les trois quarts restants.La ministre de la culture réagitQuelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin, la ministre de la culture, a rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Concernant les « frais de déplacement privés de la présidente » de l'INA, Mme Pellerin en « a immédiatement demandé le remboursement intégral, qui est en cours », précise le ministère. Gilles Paris (Washington, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o1nqx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o1nqx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « Une offre de télévision publique moderne et créative, ouverte sur le monde et accessible à tous grâce à une entreprise publique réconciliée avec elle-même. » Tel est l’objectif que se fixe Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, dans le projet qu’elle a présenté au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et que celui-ci a rendu public, vendredi 24 avril. Volontariste, ce projet de 31 pages entend transformer cette structure de 10 000 salariés « en une entreprise moderne, du 21e siècle », en constatant « un dilemme simple : l’adaptation ou l’affaiblissement. »Reconquérir la jeunesseMme Ernotte veut « réinventer l’offre » pour reconquérir la jeunesse et s’adapter aux nouveaux usages numériques, tout en promouvant « la diversité culturelle ». « Le principal axe de travail pour y parvenir consiste à mettre l’accent sur l’innovation et une certaine prise de risque », écrit-elle. La recherche et développement de nouveaux programmes se verrait allouer 5 % des budgets, les délais de production seraient raccourcis, un « pacte » serait négocié avec les producteurs pour « faire de l’audiovisuel français un champion à l’international » et « pousser à la création de programmes exportables ». L’enjeu serait la « création de nouvelles fictions » mais aussi la culture, l’information et le sport.La nouvelle PDG souhaite également refondre l’offre de rattrapage, sous l’influence de la plate-forme Netflix. « Afin de créer une passerelle directe avec les usagers, une nouvelle plateforme numérique, basée sur un algorithme de recommandation, doit rendre la télévision de rattrapage plus accessible », souhaite-t-elle.L’offre jeunesse serait la première concernée, avec la mise en place d’une offre à la demande qu’elle espère également génératrice de nouvelles recettes. Plus largement, Mme Ernotte propose une stratégie numérique inspirée de pratiques en vigueur sur d’autres chaînes : recherche de nouveaux talents, interactivité, mise en ligne anticipée de tous les épisodes d’une série…France 2 chaîne du flux, réforme de France 3Du côté des chaînes, elle compte faire évoluer France 2 vers l’« événementiel », c’est-à-dire la chaîne du « voir ensemble », qu’il s’agisse de l’information, du sport ou des télés crochets. « France 2 a vocation naturelle à devenir la chaîne leader de la télévision française », espère-t-elle.Delphine Ernotte annonce également une profonde réforme de France 3, très attendue par les pouvoirs publics. Celle-ci reposerait sur le rassemblement de France 3 et France 3 Régions, actuellement séparées ; le développement des décrochages régionaux ; une redéfinition du découpage régional pour suivre la nouvelle carte des régions françaises.Quant aux autres chaînes, France 5 et France Ô garderaient le même positionnement, mais France 4 serait exclusivement orientée vers « le public des moins de 15 ans », et non plus les jeunes adultes.Enfin, dans le domaine de l’information, ce projet propose de « faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion », c’est-à-dire une chaîne d’information - dont le mode de diffusion reste à définir - qui puisse se positionner en contrepoint de BFM-TV. Pour y parvenir, Mme Ernotte souhaite développer des liens avec les autres entreprises de l’audiovisuel public (l’INA, France Médias Monde ou Radio France), répondant là aussi à une attente des pouvoirs publics. Ce projet pourrait être « mis à l’antenne en septembre 2016 ».Des assises de l’entrepriseMais pour mener à bien ces différentes ambitions, Delphine Ernotte trace un chemin exigeant qui définit une large réforme de l’entreprise. Constatant que « France Télévisions est une entreprise qui doute », elle insiste sur une méthode reposant sur le dialogue. « Le plan stratégique 2020 sera élaboré dans le cadre des assises de l’entreprise, organisées selon un processus décentralisé », annonce-t-elle.Elle en attend « un pacte social adapté aux besoins de l’entreprise et des salariés » qui reposera sur « une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « donnant la priorité aux responsables de proximité ». Il s’agit de répondre aux angoisses et à la désorganisation de l’entreprise, décrites dans plusieurs rapports, pour proposer des évolutions des métiers et une vaste politique de formation.Lire aussi :France Télévisions, le grand corps maladeLa masse salariale sous pressionMme Ernotte compte aussi donner plus d’autonomie aux directions de chaînes, même si elle maintiendrait une direction transversale pour les programmes et une autre pour l’information. « Dès mon entrée en fonction, je nommerai une équipe strictement paritaire. Celle-ci, composée de quatorze membres comprendra, outre la Présidence, les cinq directions de chaînes, les deux directions transversales (stratégie et programmes, information) auxquelles s’ajouteront six directions fonctionnelles : commerciale, technique et système d’information, financière, ressources humaines, communication et secrétariat général », annonce-t-elle.Dans l’immédiat, c’est une politique de rigueur qui est prévue. La nouvelle PDG va « remettre à plat immédiatement le budget 2015 » et engager des économies de structure : « direction plus recentrée », « mise sous contrôle des frais de conseil et des frais généraux », « blocage immédiat des embauches », « rationalisation des missions » et rentabilisation de « l’outil de production » interne.« De façon plus générale, la question des charges de personnel doit être affrontée avec détermination et responsabilité, écrit Mme Ernotte. Le taux de collaborateurs non permanents est de 15,4 %. Le taux d’encadrement est très élevé. Afin d’éviter tout départ contraint et de chercher des solutions négociées, il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fusion géante entre les câblo-opérateurs américains Comcast et Time Warner Cable (TWC) ne verra finalement pas le jour. Les deux groupes, qui avaient annoncé leur rapprochement le 13 février 2014, ont préféré jeter l’éponge face au scepticisme des autorités américaines de la concurrence, selon des sources proches du dossier et citées, jeudi 23 avril, par l’agence Bloomberg. L’abandon de l’opération devait être officialisé dans la journée de vendredi.Comcast, le leader du secteur aux Etats-Unis, avait initialement proposé de racheter TWC, le numéro deux, pour 45,2 milliards de dollars (41,7 milliards d’euros), soit 67 milliards de dollars dette comprise.A l’issue, les deux groupes auraient cumulé 30 millions d’abonnés. Mais, depuis cette annonce, d’intenses négociations se sont engagées avec le régulateur américain du secteur, la Federal Communications Commission (FCC), pour savoir si l’opération respectait les règles de la concurrence. Il y a quelques jours, le ministère de la justice avait commencé à émettre de sérieux doutes sur la faisabilité de la fusion.Lire aussi :La fusion Comcast-Time Warner sous la loupe de l’antitrust américainMercredi, le parcours d’obstacles s’est encore un peu plus compliqué. Comcast et TWC ont rencontré des membres de la FCC et du ministère de la justice, dont le feu vert était nécessaire pour que l’opération puisse aller à son terme. Leurs interlocuteurs ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact qu’aurait une fusion sur les consommateurs.Le précédent AT&TLa FCC a proposé que le feu vert donné à l’opération le soit par un juge administratif. Cette procédure, qui en dit long sur le scepticisme du régulateur, a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’issue finale devenant très incertaine, et malgré des dépenses en lobbying, en 2014, de 17 millions de dollars, Comcast a donc préféré renoncer.C’est le même type de procédure qui avait été imposé à AT&T pour valider son rapprochement avec T-Mobile en 2011. On sait ce qu’il advint : la fusion avait été cassée par le juge, et l’opérateur avait dû payer 4 milliards de dollars d’indemnités à Deutsche Telekom, la maison mère de T-Mobile.Comcast a eu beau répéter, ces derniers mois, que la fusion était dans l’intérêt public parce qu’elle permettrait de fournir aux clients de TWC un meilleur service, les autorités américaines ne se sont pas laissées convaincre.Il faut dire que le nouveau groupe aurait détenu 30 % du marché de la télévision payante aux Etats-Unis et 57 % de celui des fournisseurs d’accès à Internet. Les deux acteurs avaient proposé quelques concessions pour faire passer la pilule. Il était notamment question de rétrocéder environ trois millions d’abonnés au challenger du secteur, Charter Communications, qui serait ainsi passé de la quatrième à la deuxième place. Mais, visiblement, la concession n’a pas été jugée suffisante.Bonne nouvelle pour le consommateurLe renoncement à cette fusion fait les affaires de groupes de média, comme Time Warner – dont les activités n’ont plus rien à voir avec celles de TWC –, de Walt Disney, de 21st Century Fox ou encore de Netflix, qui voyaient d’un mauvais œil la constitution de ce nouveau géant. Reed Hastings, le fondateur et patron de la société de streaming (lecture sans téléchargement) était d’ailleurs l’un des plus virulents opposants à ce projet de mariage. Netflix avait déjà dû accepter de verser d’importantes sommes d’argent à Comcast et à TWC, afin d’assurer une vitesse de connexion optimale pour ses abonnés. Réunis, les deux opérateurs auraient encore plus de poids dans ces négociations.Du côté du consommateur, qui paie déjà des prix prohibitifs comparés à ceux pratiqués en Europe pour accéder à Internet, cette réduction du nombre d’acteurs n’aurait pas été non plus une très bonne nouvelle.La recomposition du secteur est donc relancée. Charter Communications et son principal actionnaire, Liberty Media, l’une des holdings du milliardaire américain John Malone, qui avait fait une offre sur TWC quelques semaines avant l’annonce de la fusion, pourrait revenir dans le jeu. Mais, à l’époque, la valorisation proposée, beaucoup moins généreuse que celle de Comcast, avait été rejetée par la cible.Il y a quelques mois, lors d’une réunion avec des investisseurs, M. Malone avait dit qu’il était prêt à envisager une nouvelle offre si jamais l’opération avec Comcast échouait. C’est désormais chose faite.Pour TWC, qui avait fait de cette fusion la pierre angulaire de stratégie, c’est assurément un coup dur. La direction de l’entreprise a prévu d’organiser une conférence téléphonique avec ses actionnaires, le 30 avril. Le PDG du groupe, Robert Marcus, arrivé à la tête de la société seulement un mois et demi avant la vente à Comcast, avait empoché une rémunération astronomique de 80 millions de dollars. Il va maintenant lui falloir trouver un plan B capable d’assurer un futur à TWC.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Anne Eveno « Chez Orange, elle connaît tous les rouages de l’entreprise et des métiers. Aller vers une autre entreprise va être pour elle un vrai défi, un saut dans l’inconnu. » Ce haut cadre d’Orange résume bien l’équation que va devoir résoudre Delphine Ernotte, nommée, jeudi 23 avril, présidente de France Télévisions, après vingt-six années passées chez l’opérateur.A 48 ans, la directrice générale adjointe d’Orange France a arpenté toutes les fonctions possibles au sein de son entreprise : de l’analyse financière à la R&D, de la distribution aux fonctions de direction. Centralienne, cette ingénieure de formation y a appris la vente, la communication, le marketing et le délicat exercice du dialogue social. Elle a aussi contribué à transformer l’entreprise et appris à composer avec la présence de l’Etat.« C’est une vraie patronne qui sait déléguer, écouter et décider », décrit Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution de Canal+, qui a travaillé sous ses ordres chez Orange. « Mi corse-mi basque, elle a un côté mama qui protège voire couve ses équipes, renchérit Elie Girard d’Atos, qui a travaillé avec elle pendant six ans. C’est une bosseuse, très impliquée. Lors de la grande panne des mobiles de l’été 2012, elle a passé toute la nuit au centre de supervision au beau milieu des techniciens et impressionné tout le monde. » Des tempêtesChez Orange, les tempêtes n’ont pas manqué. Mme Ernotte a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau concurrent, Free Mobile, en 2012. Surtout, elle a été confrontée, comme toute la direction du groupe, à la crise des suicides chez l’opérateur, consécutive à la mise en place du plan « Next ». Propulsée au comité exécutif après le départ de Didier Lombard – mis en cause dans cette affaire –, la nouvelle directrice générale admet alors que ces drames ont suscité chez elle « un mélange de profonde culpabilité et de déni » et « une remise en question fondamentale ».Ses défenseurs soulignent qu’elle a ensuite œuvré à l’« apaisement » du climat social. « C’est difficile d’évaluer son implication dans la crise sociale qui a secoué l’entreprise du temps de Lombard, juge une source chez Orange. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a appris à écouter, elle a réussi à respecter le contrat social dans un contexte difficile où Orange France était secoué de tous les côtés par la concurrence. »Dans sa nouvelle maison, Delphine Ernotte se sait attendue sur ce terrain. Pendant la campagne, la CGC Médias l’a associée à cette crise des suicides – un message lourd dans le contexte de fragilité sociale que connaît France Télévisions. Dans sa décision motivée, le CSA a souligné que la nouvelle PDG voulait « bâtir, par la négociation et le dialogue, un plan stratégique visant à promouvoir la confiance au sein de France Télévisions ».Lire aussi (édition abonnés) :France Télévisions, le grand corps maladeL’inconnue des contenusPour cela, elle devra forcer sa personnalité que beaucoup décrivent comme « froide » ou « distante ». « Son côté froid, c’est une carapace, corrige un cadre de l’opérateur. En réalité elle a beaucoup d’empathie et je l’ai vue dans plein de conventions faire le show quand il le fallait. »Et d’avancer une explication : « Elle a toujours été dans un milieu d’hommes, elle doit sûrement se protéger aussi. » Dans l’univers d’ingénieurs souvent masculin qu’est Orange, Delphine Ernotte s’est attachée à défendre la place des femmes, infligeant des amendes de 10 euros pour toute remarque sexiste formulée en comité exécutif.Autre défi pour la nouvelle présidente : son inexpérience dans les contenus et l’audiovisuel, même si Orange distribue aussi des contenus et que le CSA relève sa « perception des enjeux de l’audiovisuel ». Ses amis ont beau évoquer sa « passion du théâtre » – son époux est le comédien Marc Ernotte et elle ne manque pas de réseaux dans le monde culturel –, sa capacité à aider France Télévisions à repenser ses offres en profondeur est à ce stade une inconnue.Anne EvenoJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Il aura fallu une délibération de près de 24 heures pour que le Conseil supérieur de l’audiovisuel tranche. Jeudi 23 avril, les huit conseillers ont désigné Delphine Ernotte, actuelle directrice générale adjointe d’Orange France, à la présidence de France Télévisions. Mme Ernotte prendra ses fonctions le 22 août, succédant à Rémy Pflimlin.Cette nomination a fait l’objet d’une sérieuse bataille au sein du conseil. Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote avait attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique. Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’avaient recueilli aucun vote.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinLes conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias. Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.Des qualités d’écoute et de décisionLe CSA a donc décidé d’auditionner à nouveau les deux candidats, jeudi après-midi. A l’issue de ces auditions, un vote majoritaire s’est dégagé en faveur de Mme Ernotte.Centralienne, Delphine Ernotte a fait toute sa carrière chez Orange. Son profil est celui d’une manageuse dont les partisans vantent les qualités d’écoute, de compréhension et de décision. Avec 80 000 salariés, Orange France est le vaisseau amiral du groupe. Elle n’a par contre pas d’expérience des contenus ou de l’audiovisuel, ce qui était le point fort de l’autre finaliste, Pascal Josèphe.Agée de 48 ans, Mme Ernotte sera la première femme à diriger France Télévisions. Chez Orange, un univers d’ingénieurs souvent masculins, elle s’est attachée à défendre la place des femmes.Dans le milieu de l’audiovisuel, son nom a commencé à circuler fin 2014. Conseillée par Denis Pingaud – également présent aux côtés du PDG de Radio France, Mathieu Gallet –, elle a mené campagne en coulisse, sans s’exposer dans les médias. Cela ne l’a pas empêchée de subir plusieurs tirs de barrage, notamment de syndicats de France Télévisions, qui l’ont parfois associée au plan « Next » dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les huit conseillers du CSA doivent tenter, jeudi 23 avril, de s’accorder sur le nom du futur président de France Télévisions. Celui-ci – ou celle-ci – doit recueillir une majorité d’au moins cinq voix, que les premiers tours de scrutin n’ont pas permis d’atteindre.Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote a attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique.Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’ont recueilli aucun vote. Les conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias.Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.« Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, réuni en assemblée plénière ce matin, a constaté un partage des voix entre deux candidats à l’issue de deux votes. Il a décidé d’auditionner cet après-midi les deux personnalités concernées », a fait savoir le CSA dans un communiqué.Cette situation inédite ne devrait pas manquer de susciter de nouvelles questions à l’égard d’une procédure de désignation qui a été remise en question pour sa dimension secrète.Lire aussi :« France Télévisions, le règne de l’opacité »Jeudi, dans un communiqué, la CFDT de France Télévisions a estimé que « la sélection des candidats en finale à de quoi étonner ». A la surprise générale, plusieurs candidats expérimentés comme Emmanuel Hoog, Didier Quillot ou Marie-Christine Saragosse avaient été écartés, jeudi 16 avril.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Loïc Soleymieux Après la grève à Radio France, c'est France Télévisions qui se retrouve dans l'actualité avec la nomination imminente de son nouveau président. A eux deux, ces groupes rassemblent les principales télévisions et radios publiques françaises. Mais d'autres existent, à l'instar de LCP, TV5 Monde, Public Sénat, RFI, France 24 ou MCD. Ces entreprises, qui font un peu moins parler d'elles, sont aussi financées par la redevance et le budget de l'Etat. Pris dans sa globalité, le service public de l'audiovisuel représente un quart des parts de marché de la radio et un tiers pour la télévision.  #container_1429693686856{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1429693686856{ height:250px; } #container_1429693686856 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1429693686856 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1429693686856 .subtitre{ display:block; }Part d'audience des radios publiques en France(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1429693686856", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "pie", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.mediametrie.fr/radio/communiques/l-audience-de-la-radio-en-france-sur-la-periode-janvier-mars-2015.php?id=1239", "_blank" ); 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if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Tour d'horizon complet de ses différentes composantes :France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5, Outre-Mer 1ère, France Ô)Radio France (France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, France Musique, Mouv', FIP)France Médias Monde (RFI, France 24, MCD)Les chaînes co-financées (TV5 Monde, Arte)Les chaînes parlementaires (LCP, Public Sénat)L'Institut national de l'audiovisuel (INA)France Télévisions France 2, France 3, France 4, France 5 mais aussi Outre-mer 1ère et France Ô. Ces chaînes font toutes parties de France Télévisions, le « premier groupe audiovisuel français », comme il se définit lui-même. Rémy Pflimlin, son président, a été nommé en 2009 par Nicolas Sarkozy. C'est le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), chargé aujourd'hui de la procédure de nomination, qui décidera s'il est remplacé ou reconduit dans ses fonctions en août.France Télévisions rassemble près de 30 % des téléspectateurs (Médiamétrie, mars 2015). Un chiffre porté par l'audience de France 2 (13,8 %), qui se veut la chaîne généraliste « de l'événement, du lien social et du vivre ensemble » et qui est la deuxième chaîne nationale derrière TF1 (21,9 %). France 3, « la chaîne de la proximité », pèse elle 9 % de part de marché grâce à des rendez-vous phares comme le feuilleton « Plus belle la vie », le « 19/20 » ou « Thalassa ».Loin derrière, France 5 rassemble 3,4 % des téléspectateurs avides de connaissances et de découvertes tandis que France 4 et France Ô peinent à intéresser les jeunes d'un côté (1,6 % de part de marché) et le public ultramarin de l'autre (0,6 %). Cela s'explique sans doute par la concurrence du réseau local Outre-mer 1ère, décliné dans les neufs territoires ultramarins, de la Guadeloupe à Wallis-et-Futuna.Le maintien de France 4 et France Ô a d'ailleurs été récemment questionné dans un pré-rapport du CSA obtenu par BFM Business. En novembre 2011, le texte, qui n'était qu'un « document préparatoire » selon le CSA, souhaitait notamment que France Télévisions repense au périmètre des chaînes publiques, parfois mal identifiées. Sont alors évoqués un « contrat de lecture peu lisible » pour France 4 et un « problème d'harmonisation » entre France 2 et France 3, alors que le premier diffuse parfois des programmes plus en phase avec la ligne éditoriale de France 3 (le magazine « Secret d'histoire », par exemple).Le rapport mettait également en avant le vieillissement de l'audience et la faible qualité de certains programmes tout en jugeant satisfaisant l'action de France Télévisions en termes de qualité d'information, de développement numérique et de soutien à la création. Radio France Difficile aussi de passer à côté de Radio France, touché récemment par un mois de grève et qui diffuse les sept radios publiques nationales. L'ensemble pèse pour un quart des audiences de la radio (24,1 % de part de marché) sur la période janvier-mars 2015. Le groupe est porté par la généraliste France Inter (9,8 %), suivie du cumul des audiences des locales de France Bleu (6,9 %), puis de France Info (3,3 %).Les autres stations sont plus confidentielles : France Culture est écoutée par 1,6 % des auditeurs et France Musique par 1,2 %. Cette dernière, une des priorités du PDG Mathieu Gallet avec France Info et le Mouv', a été dans le collimateur de la Cour des comptes, qui préconise une direction commune avec la direction de la musique du groupe. La juridiction financière de la rue Cambon veut également « statuer sur l'avenir » du Mouv', autrement dit poser la question de la suppression de la diffusion hertzienne de cette station destinée aux jeunes, qui ne rassemble que 0,5 % des auditeurs. Autre station peu écoutée, FIP, l'antenne dédiée aux musiques éclectiques. Et pour cause, l'ancienne « France Inter Paris » ne possède qu'une dizaine de fréquences en France, contre plus de 600 pour France Inter.France Médias Monde France Médias Monde est le troisième groupe public financé par la redevance. Si on connaît moins l'ex-AEF (Audiovisuel extérieur français), c'est sans doute car, selon son cahier des charges, ses programmes sont « destinés au public international ainsi qu'au public français résidant à l'étranger ». Le groupe, présidé par Marie-Christine Saragosse (et qui a été écartée de la short-list des candidats à la présidence de France TV), gère une chaîne d'information et deux radios : France 24, RFI et MCD (Monte Carlo Doualiya).France Médias Monde a été dans la tourmente ses dernières années. En 2008, la fusion juridique des trois entités au sein d'une même holding a entraîné une crise ouverte entre le président-directeur général, Alain de Pouzilhac, et la directrice générale déléguée, Christine Ockrent, mais également la suppression de 22 % des effectifs, due à deux plans de départs volontaires successifs. Un nouveau contrat d'objectif et de moyen doit être lancé pour 2016 afin de redéfinir la stratégie du groupe.Radio France international (RFI) n'est écoutée que par 0,1 % des auditeurs français selon Médiamétrie mais en réunit 34,5 millions dans le monde, dans 62 pays. L'Afrique, notamment francophone, constitue 80 % de l'audience de RFI, loin devant l'Amérique du Sud (10 %) et l'Europe (3 %). C'est pourquoi la radio a choisi d'avoir deux grilles distinctes aux heures de grande écoute : une « Afrique » et une « Monde ». La rédaction, qui se trouve à Paris, vise à « offrir les clefs de compréhension du monde », que ce soit en français ou dans l'une des 12 langues étrangères de la station (anglais, cambodgien, chinois, espagnol, haoussa, kiswahili, persan, portugais, brésilien, roumain, russe, vietnamien). RFI souhaite d'ailleurs renforcer le nombre de ses décrochages en langues africaines. Le succès de la station repose aussi sur ses émissions diffusées par 700 radios partenaires.MCD, pour Monte Carlo Doualiya, est une radio généraliste en langue arabe, principalement axée sur l'information et la culture. Selon un rapport parlementaire, MCD « s'adresse en priorité à des individus instruits. On lui reconnaît des qualités de fiabilité et d'expertise. [C'est] une station incontournable en temps de guerre (Liban, Syrie, Irak) ». La filiale de RFI est écoutée par 8 millions d'auditeurs dans le Proche et Moyen-Orient, une partie de l'Afrique (Djibouti, Mauritanie et Soudan du Sud) et dans une moindre mesure à Marseille. MCD tente aujourd'hui d'ouvrir de nouvelles fréquences : elle s'est notamment installée dans le sultanat d'Oman, en janvier. Elle envisage également un développement au Maghreb, où le marché de l'audiovisuel a été ouvert après les printemps arabes. Depuis 2013, la station a quitté la Maison de la radio en même temps que RFI afin de s'installer aux côtés de France 24 dans les locaux de France Médias Monde, à Issy-les-Moulineaux.France 24 a été créée en 2006 par France Télévisions et TF1, après plusieurs années de débats. Entièrement publique depuis 2008 (TF1 ayant revendu ses parts), elle offre une vision française de l'actualité internationale dans le monde entier (177 pays). France 24 est déclinée en trois canaux (français, anglais et arabe), avec une même ligne éditoriale, résumée par le slogan « Liberté, égalité, actualité ». Une réflexion est en cours pour une diffusion en espagnol. Si l'audience de la « CNN à la française » est difficile à mesurer, France 24 totalise près de 46 millions de téléspectateurs par semaine dans les 64 pays (sur 177) mesurés. En France, l'audience reste faible, la chaîne ne bénéficiant d'un canal sur la TNT que depuis septembre 2014, et uniquement en Ile-de-France.Les chaînes co-financéesLe service public a également des parts dans deux médias : d'abord Arte, co-financée par l'Allemagne, mais aussi TV5 Monde, dont la Belgique, la Suisse, le Canada et dans une moindre mesure l'Allemagne (via Arte) sont actionnaires. Dans les deux cas, la France y joue un rôle important.TV5 Monde Né en 1984, la discrète TV5 Monde a été propulsée au cœur de l'actualité début avril après avoir été victime d'une cyberattaque. Détenu majoritairement par France Télévisions depuis 2013 (à près de 49 %) mais encore un peu par France Médias Monde (13 %), le groupe présidé par Yves Bigot appartient aussi à des médias publics suisses, belges, canadiens ainsi qu'à Arte et à l'INA. Rien d'étonnant, puisque le rôle de TV5 Monde, qui a fêté ses 30 ans en 2014, est de diffuser la culture francophone dans le monde entier (198 pays), à travers des programmes qu'elle produit ou des rediffusions de divertissements, spectacles, jeux, fictions, documentaires... issues des chaînes qui la financent. TV5 Monde est déclinée en 10 chaînes, couvrant chacune une partie du monde (TV5 FBS - France Belgique Suisse, TV5 Europe, TV5 Afrique...).Si 260 millions de foyers ont accès à TV5 Monde, on estime à 55 millions le nombre de téléspectateurs hebdomadaires de la chaîne. Plus des deux tiers de son audience se fait en Afrique, contre un quart en Europe. En France, TV5 FBS n'est accessible que sur le câble et le satellite ou via Internet. Elle rassemble 4,2 millions de téléspectateurs hebdomadaires, en incluant les Belges et les Suisses.TV5 Monde dépend en grande partie de France Télévisions, mais a un budget propre de 110 millions, 76 millions venant de la France, le reste des autres pays actionnaires. Elle a été baladée plusieurs fois [.pdf] entre France Télévisions, qui lui fournit la plupart de ses programmes français, et France Médias Monde, puisque la chaîne s'adresse à un public étranger.Arte Arte, pour Association relative à la télévision européenne, est une chaîne de télévision fondée par l'Allemagne et la France en 1991. Symbole de l'amitié de deux pays, elle se veut la chaîne de la culture européenne, « la télé qui vous allume», comme le clame son slogan. Ainsi, près de la moitié de sa programmation est faite de documentaires. Sans publicité, 95 % de ses recettes proviennent des redevances audiovisuelles française et allemande.Arte est un groupement européen d'intérêt économique (GEIE) composé d'une partie allemande détenue à part égale par les deux chaînes publiques (l'ARD et la ZDF) et d'Arte France, qui dépend de France Télévisions à 45 %, mais aussi directement de l'Etat, de Radio France, de l'INA et plus étonnant, de Radio France (15 %).La chaîne est diffusée en France et en Allemagne mais aussi en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Autriche et aux Pays-Bas. Dans l'hexagone, Arte tourne autour des 2 % de part de marché, ce qui fait d'elle la douzième chaîne française. Un score qui a progressé de 5 points entre 2011 et 2015. Avant l'arrivée de la TNT en 2005, Arte partageait un canal (et une faible audience) avec France 5. Depuis l'extinction du signal analogique en 2011, si les deux chaînes ont définitivement tourné la page de la cohabitation, une situation similaire persiste pour Public Sénat et La chaîne parlementaire - Assemblée nationale (LCP-AN dite LCP).Les chaînes parlementaires : LCP et Public Sénat On n'en parle moins que pour France Télévisions, mais 2015 est aussi l'année du renouvellement des présidents de LCP et de Public Sénat. Ainsi Gilles Leclerc va être remplacé à la tête de Public Sénat par Emmanuel Kessler à partir du 1er juin. Le remplaçant de Gérard Leclerc (LCP) devrait être connu dans les prochains jours. Contrairement à ce qui se passe pour Radio France, France Télévisions et France Médias Monde, ce n'est pas le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui nomme le président des deux chaînes mais un Bureau dans chaque assemblée qui représente l'ensemble des groupes politiques. Le CSA n'a d'ailleurs aucune compétence sur les chaînes parlementaires, qui ne sont étudiées ni par la Cour des comptes ni par Médiamétrie.De fait, les deux chaînes ont un statut à part, aussi parce qu'elles sont financées directement par le budget du Parlement. Si chaque chambre a sa chaîne, l'Assemblée nationale et le Sénat se partagent un même canal (le 13) sur la TNT. Une situation inédite dans le monde pour des chaînes parlementaires, comme l'expliquait récemment Challenges, qui n'est pas sans poser problème, surtout quand Sénat et Assemblée nationale sont de majorité différente (ce qui est souvent le cas). L'enjeu est important : depuis 1999, LCP et Public Sénat sont chargées de rendre compte de ce que fait le législatif, et ont, plus largement « une mission de service public, d'information et de formation des citoyens à la vie publique, par des programmes parlementaires, éducatifs et civiques ».Le canal 13 est divisé en huit tranches horaires, faisant alterner programmes de Public Sénat et de LCP. Conséquence : des discours de parlementaires parfois coupés s'ils ne sont pas synchronisés avec les horaires des deux chaînes, des émissions similaires, deux directions et un budget (35 millions d'euros) à se partager. Une telle structure a-t-elle un impact sur l'audience ? Si Médiamétrie ne la mesure pas, elle serait très faible selon un des opérateurs qui diffuse la chaîne en ADSL : autour de 0,25 % de part de marché. Si une fusion des deux chaînes est régulièrement évoquée - encore récemment par Claude Bartelone, le Sénat s'y oppose : il ne veut pas perdre sa visibilité, déjà faible dans les médias. Entre 1 (selon le Sénat) à 7 millions (selon l'Assemblée) d'euros pourraient être économisés.Loïc SoleymieuxJournaliste au Monde 16.04.2015 à 13h52 • Mis à jour le16.04.2015 à 15h44 | Anne Eveno Les jours se suivent et se ressemblent pour Google. Jeudi 16 avril, les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi Macron « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ». Déposé initialement par des élus centristes et UMP, le texte de l’amendement défendu notamment par Catherine Morin-Desailly, sénatrice UDI de Seine-Maritime, a rencontré un soutien bien plus large au sein du palais du Luxembourg puisque communistes et socialistes l’ont appuyé.Le gouvernement, par la voix d’Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, avait demandé le retrait de cette disposition la jugeant contraire au droit européen de la concurrence et au droit constitutionnel. En vain donc. Une commission mixte paritaire, rassemblant des élus de l’Assemblée nationale et du Sénat, devra définitivement trancher le sort de cette disposition.Liens vers trois moteurs concurrentsSes auteurs ont voulu adresser un signal politique sur la nécessité d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.S’ils ne nomment pas Google explicitement dans le texte, c’est bien le géant américain qui est dans le collimateur des parlementaires. « Nous avons la conviction que Google favorise ses propres services et nous estimons qu’il faut réguler cette situation, sinon les autres entreprises ne peuvent se développer », a expliqué au Monde Catherine Morin-Desailly.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceAfin de limiter ces abus, l’amendement stipule notamment que « tout exploitant d’un moteur de recherche susceptible, compte tenu de son audience, d’avoir un effet structurant sur le fonctionnement de l’économie numérique » soit contraint d’afficher sur sa page d’accueil des liens vers au moins trois autres moteurs de recherche concurrents.Sur ce point précis de l’amendement, M. Macron a jugé qu’il s’agissait d’une mesure anticonstitutionnelle car consistant en une « attaque disproportionnée au droit d’entreprendre », estimant que cela reviendrait à demander à « Renault d’afficher sur son pare-brise qu’on peut acheter une Peugeot ou une Fiat ».Il n’a pas été entendu puisque la version initiale a même été durcie lors des débats. Un sous-amendement socialiste a été adopté qui exige que parmi les 3 moteurs concurrents figure un moteur qui ait son siège social en France. Une disposition qui risque bien d’être contraire au droit européen de la concurrence.Feu nourri de critiquesLes sénateurs veulent aussi que les moteurs de recherche veillent à ne pas favoriser leurs propres services et produits dans leurs résultats de recherche. L’amendement pose que c’est à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (l’Arcep, le gendarme français des télécoms), que reviendra « la mission de contrôler le respect des obligations mises à la charge des exploitants de moteurs de recherche ».L’autorité de régulation pourra – en cas de manquements – infliger une amende pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial du groupe mis en cause. Soit dans le cas de Google, une somme de l’ordre de 6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros).Google est actuellement soumis à un feu nourri de critiques. Au point que la Commission européenne a, mercredi 15 avril, accusé formellement le groupe américain d’abus de position dominante dans la recherche en ligne, en pointant particulièrement le fonctionnement du comparateur de prix pour les produits Google Shopping.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteUne mise en cause que Google – qui a dix semaines pour répondre à la Commission – conteste déjà fermement. Estimant que jamais l’innovation ou la concurrence n’a été aussi forte qu’actuellement sur son marché.Lire aussi :Google prêt à en découdre face à BruxellesAnne EvenoJournaliste au Monde Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Selon nos informations, Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, n’avait, jeudi 16 avril au matin, pas été contactée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour être auditionnée pour la présidence de France Télévisions.Pourtant, selon nos informations, d’autres candidats eux reçu un appel de l’autorité chargée de désigner le successeur du président actuel, Rémy Pflimlin, avant le 22 mai : Rémy Pflimlin lui-même, mais aussi Delphine Ernotte (Orange), Robin Leproux (ex-M6 et RTL), Pascal Josèphe (ex-France Télévisions) ou Christophe Beaux (Monnaie de Paris).Autre surprise, Didier Quillot (ex-Orange et Lagardère active) n’a pas non plus été contacté. Son expérience dans une grande structure publique ainsi que dans les médias (dont l’audiovisuel via la structure de production Lagardère entertainment), auraient pour en faire un candidat retenu. Alexandre Michelin (ex-MSN) n’a pas davantage reçu d’appel.La liste peut rester secrèteUne incertitude demeure sur Nathalie Collin (La Poste, ex-Libération et Nouvel Observateur), Cyrille du Peloux (ex-TF1 et Veolia). Ainsi que sur Emmanuel Hoog, actuel PDG de l’Agence France-Presse. Par ailleurs, le CSA n’ayant pas donné le nombre de candidats retenus dans sa « shortlist », d’autres noms peuvent y figurer.Une source précise que les candidats retenus pour audition ont été joints par téléphone mercredi en fin de journée, car le CSA voulait savoir rapidement s’ils souhaitaient rester anonymes, comme la procédure les y autorise. Si l’un des candidats retenus ne veut pas être connu, toute la liste reste secrète, a décidé le CSA.Marie-Christine Saragosse était considérée par certains comme une des favorites. Elle a pour particularité d’être en poste dans une entreprise de médias publique, et en cours de mandat, comme Emmanuel Hoog. Selon une source, c’est ce critère qui a guidé le choix du CSA de ne pas retenir cette dirigeante nommée en 2012.Si le CSA ne souhaitait pas déstabiliser des entreprises publiques, pourquoi ne l’a-t-il par fait comprendre d’emblée à un candidat comme Mme Saragosse ? Une source proche du dossier pense que les difficultés de Mathieu Gallet à Radio France (nées vers le 20 mars, alors que la date limite de dépôt des candidatures à France Télévisions était le 26 mars) ont pu faire évoluer l’opinion des membres du collège.La mise à l'écart de Mme Saragosse (voire de M. Hoog si elle se confirme) semble renforcer les chances relatives du patron d'audiovisuel public en lice, le sortant Rémy Pflimlin.Nommé par le président de la République Nicolas Sarkozy, qui avait souhaité s'attribuer le pouvoir de désigner les dirigeants d'audiovisuel public, il se voyait à l'automne crédité de chances très faibles de voir son mandat renouvelé. Les derniers mois, et notamment les difficultés de Mathieu Gallet à Radio France, lui ont plutôt redonné des raisons de ne pas désespérer.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.04.2015 à 15h34 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h33 Le tribunal de commerce de Marseille a validé, mercredi 15 avril, l'offre de reprise du quotidien de gauche La Marseillaise par les Editions des fédérés, seul candidat en lice, a-t-on appris de la CGT (majoritaire).L'offre de reprise du quotidien régional du Sud-Est, qui est en redressement judiciaire depuis la fin de novembre, prévoit la suppression de 91 postes sur les 208 que compte l'entreprise. Lorsqu'elle a présenté cette offre, en février, la société Les Editions des fédérés, présidée par Pierre Dharréville, secrétaire départemental du Parti communiste français (PCF) dans les Bouches-du-Rhône, affirmait ne pas vouloir « laisser s'éteindre un journal à la ligne éditoriale spécifique, engagé, populaire, rebelle ».Autour d'actionnaires issus du PCF – qui concourt au financement –, du monde mutualiste et soutenu par l'association Les Amis de La Marseillaise, les Editions des fédérés proposent un projet s'articulant selon trois axes. « Le premier, c'est le (support) papier, avec la volonté d'être plus agréable. Un journal, ça a une existence physique », argumente M. Dharréville. « Le deuxième, c'est le développement sur Internet », poursuit-il, exprimant sa volonté de « faire passer la sensibilité » du quotidien sur ce support. En troisième lieu, le repreneur souhaite développer « la présence du titre dans la société ». Le quotidien s'organisera autour de trois grands « pôles » couvrant les six départements de diffusion : une édition pour le Gard et l'Hérault ; une autre pour les Bouches-du-Rhône ; une troisième pour le Var, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence. Le plan de suppression de 91 emplois, concernant les journalistes, les services centraux et l'imprimerie externalisée, est « un déchirement », déplore M. Dharréville.Lire aussi (édition abonnés) : Deux offres de reprise pour « La Marseillaise » 15.04.2015 à 12h16 • Mis à jour le15.04.2015 à 14h46 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Elle était déjà considérée comme l’une des personnalités les plus fortes et intéressantes du collège de la Commission européenne. Avec sa décision, mercredi 15 avril, d’accuser Google de violation de la loi antitrust européenne avec son moteur de recherche, la commissaire Margrethe Vestager entre vraiment dans la cour des « grands » de Bruxelles.La Danoise de 47 ans, qui a pris son poste début novembre 2014, avait la lourde responsabilité de boucler – si possible – le plus vite possible l’enquête contre le groupe américain. Une enquête extrêmement sensible, politiquement et économiquement, mais qui n’en finissait plus, puisqu’elle a été lancée par la Commission européenne il y a près de cinq ans, en novembre 2010.Et surtout, on attendait de la commissaire qu’elle reparte sur des bases moins controversées, alors que la stratégie de son prédécesseur, l’Espagnol Joaquin Almunia, avait suscité beaucoup de critiques en Europe. De la part des plaignants, bien sûr, mais aussi des politiques, notamment français et allemands. M. Almunia s’était vu reprocher d’avoir cherché, en vain, à trois reprises, un compromis avec le groupe américain, sans jamais aller jusqu’à l’acte d’accusation.« Souci du consommateur »Margrethe Vestager, ex-leader du parti social libéral à Copenhague, qui aurait servi de modèle à la série danoise à succès Borgen, a donc choisi la manière forte contre Google. Sans pour autant « jeter à la poubelle » tout le travail d’enquête mené par la puissante Direction générale de la concurrence (la « DG Comp ») de la Commission, entre 2009 et 2O14.Mais, dès décembre 2014, un mois après son arrivée à Bruxelles, elle a pris soin de rencontrer les plaignants (ils sont environ une trentaine à avoir déposé plainte contre Google). « Elle a pris le temps, et elle l’a fait avant de voir Eric Schmidt [le président exécutif de Google], ce qui a été apprécié », souligne l’un des plaignants souhaitant conserver l’anonymat.Tous ceux qui, à Bruxelles, ont eu récemment à faire avec elle soulignent son pragmatisme, son écoute, « son souci constant du consommateur », souligne une source européenne, et sa maîtrise rapide des dossiers.Discrète dans les médias, elle a su néanmoins s’imposer au sein du collège des commissaires présidé par Jean-Claude Juncker. Avec cinq ou six autres personnalités (Frans Timmermans, Günther Oettinger, Andrus Ansip, Pierre Moscovici, Cecilia Malmström, Federica Mogherini), elle fait partie des poids lourds de l’exécutif européen.Enquêtes sur les accords fiscauxDifficile de faire sans elle, par exemple, pour définir la future stratégie concernant le « marché unique digital » promise par la Commission Juncker. Preuve de sa détermination à investir le secteur du numérique, elle a aussi décidé de lancer une enquête formelle sur des possibles violations de la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation mobile ultra-dominant de Google.Et Mme Vestager a validé récemment la création d’un « desk » e-commerce, une équipe dédiée au sein de la DG Comp, pour enquêter, pour l’instant de manière informelle, sur les barrières au commerce en ligne au sein de l’Union européenne. Notamment sur le fait qu’il est parfois difficile, voire impossible, d’acheter sur un site en ligne si l’on ne se trouve pas dans le même pays à ce moment-là (le « geoblocking »), selon une source européenne.Entre autres dossiers brûlants, Mme Vestager doit aussi boucler les enquêtes, ouvertes en 2014, sur de possibles aides d’État illégales concernant Starbucks aux Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg et Apple en Irlande. Une décision devrait tomber avant cet été.Lire aussi :Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesLà, il s’agit de savoir si les « rulings » (les accords fiscaux préalables) consentis à ces sociétés par ces États sont conformes ou non à la loi européenne en matière concurrentielle. Là aussi, la commissaire est attendue au tournant.Si elle décide d’accuser le Luxembourg, la polémique « Luxleaks » risque de repartir. D’autant plus que M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant plus de quinze ans…Lire aussi :LuxLeaks : M. Juncker de nouveau accuséCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Après cinq années d’enquête, la Commission européenne a décidé, mercredi 15 avril, de s’attaquer aux pratiques de Google dans le domaine des moteurs de recherche, qu’elle considère comme des abus de position dominante. Bruxelles a envoyé au groupe américain une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.Pour ses détracteurs, le groupe américain profite de sa positition dominante pour favoriser ses propres sites et produits au détriments de ceux de ses concurrents dans ses résultats de recherche.Les responsables de Google affirment, pour leur part, que l’entreprise exerce ses activités dans « un environnement très concurrentiel ». Ils rappellent que les internautes disposent d’un vaste choix (réseaux sociaux, les moteurs de recherche spécialisés, les applications mobiles, les sites de référence) pour accéder à l’information ou pour acheter des biens et des services. En un mot, rien ne les contraint à passer par Google.Petite revue de situation. Du point de vue des parts de marché, notamment.Un poids lourd en EuropeAu premier trimestre de cette année, la part de marché de Google sur le segment de la recherche sur le Web s’est établie à 92,26 %.Le groupe de Mountain View devance Bing, le moteur de recherche de Microsoft, et Yahoo!, dont les parts respectives sont de respectivement 2,82 % et 2,26 %.Mais des situations européennes contrastéesDans certains pays d’Europe, hors de l’Union européenne, des acteurs locaux réussissent à tirer leur épingle du jeu.En Russie, Yandex détient une part de marché de près de 40 %, quand Google s’est arrogé près de 50 %En République tchèque, Seznam parvient à conserver une part de 21,5 %, contre 74 % à Google.Une position moins hégémonique aux Etats-UnisGoogle est un peu plus contesté à domicile. Google a achevé l’année 2014 avec la plus faible part de marché depuis 2008.Avec 75,2 %, le groupe reste toutefois très loin devant ses rivaux, Bing et Yahoo!Ce dernier, notamment, a amorcé une vraie progression, profitant d’être désormais le moteur de recherche par défaut du navigateur Mozilla Firefox.Aux Etats-Unis, on observe une tendance à contourner les moteurs de recherche. par exemple, 30 % des adultes découvrent les informations et l’actualité qui les intéressent d’abord sur… Facebook. Sans parler de Twitter, qui avec neuf ans d’existence à peine, est devenu un acteur majeur de la quête d’informations.Une concurrence de plus en plus forte des applicationsLes recherches d’achats sur Internet se font, outre-Atlantique, deux fois plus via Amazon que sur Google.Les mobinautes privilégient aussi bien plus les applications que leur navigateur voire les moteurs de recherche pour acheter des biens ou des services. Le succès de sociétés comme Uber ou Blablacar en témoignent.De nouveaux acteurs se lancent malgré toutLa forte présence de Google sur la recherche n’a pas empêché la naissance et la croissance de nouveaux acteurs : par exemple l’américain DuckDuckGo ou le franco-allemand Qwant.Lire aussi :L’européen Qwant s’offre un lifting pour exister face à GoogleA des années-lumière de Google, ils espèrent néanmoins se faire une place au soleil, avec ou sans l’aide de la Commission européenne.Anne EvenoJournaliste au Monde 15.04.2015 à 07h54 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h26 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pour Google, c’est un coup dur. Après près de cinq ans d’enquête sur un éventuel abus de position dominante, la Commission européenne a finalement décidé, mercredi 15 avril, d’envoyer au groupe Internet américain ce que l’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme. Est tout particulièrement visé le service « Google shopping » et le fait que Google privilégie systématiquement ce service par rapport aux autres services/comparateurs de prix en ligne« Je crains que l'entreprise n'ait injustement avantagé son propre service de comparaison de prix, en violation des règles de l'Union européenne en matière d'ententes et d'abus de position dominante », a déclaré, mercredi à mi-journée, la commissaire européenne en charge de la concurrence, la Danoise Margrete Vestager.La Commission craint que les utilisateurs de Google « ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes ».La direction de Google a déclaré qu’elle a « hâte de discuter avec la Commission européenne ».Si cette décision ne préjuge pas d’une sanction ultérieure contre Google, c’est la première fois dans son histoire que le groupe américain est reconnu coupable d’avoir enfreint la loi antitrust. De quoi écorner un peu l’image de ce géant, fondé en 1998, dont la domination, sur la recherche en ligne, le mobile, le traitement des données personnelles de manière générale inquiète de plus en plus, surtout en Europe.Aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission (FTC), responsable des questions de concurrence et de protection du consommateur, avait finalement blanchi Google d’abus de position dominante, en 2013.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GooglePar ailleurs, Bruxelles a aussi annoncé, mercredi, avoir décidé de lancer une enquête formelle sur d’éventuelles infractions à la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation du groupe américain. Une enquête informelle était en cours depuis des dépôts de plainte, en 2013.Deux mois pour se défendreLa trentaine de plaignants (dont Microsoft) qui accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur et réclamaient depuis longtemps la « manière forte » contre Google se réjouit, logiquement, de cette décision.« Cette notification des griefs représente un pas significatif pour faire stopper les pratiques anticoncurrentielles de Google, qui ont nui à l’innovation et au choix des consommateurs », avaient d’ailleurs réagi, par avance, mardi 14 avril, une des associations de plaignants, FairSearch Europe, dans l’attente de la confirmation de la décision de Bruxelles.A dater de l’envoi de cette notification, Google dispose de deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer sa défense. Puis pourrait suivre une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rendra sa décision qu’à l’issue de ces étapes, c’est-à-dire au plus tôt fin 2015.Un accord négocié n’est pas à exclureLe géant de l’Internet risque une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). Mais ce ne serait pas le pire pour un groupe aussi riche (66 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014, soit 62 milliards d’euros, pour 14 milliards de dollars de profits).La Commission pourrait surtout lui imposer des actions « correctives » de nature à transformer son modèle économique. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Bruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme l’ont demandé les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceDavid Wood, l’avocat d’Icomp, un syndicat de sociétés Web regroupant des plaignants contre Google (dont la britannique Foundem et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime-t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Rupture dans l’approche européenneLa décision prise par Mme Vestager et les services de la puissante « direction générale à la concurrence » de la Commission européenne marque une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google.Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, à la suite de trois plaintes initiales de petites sociétés (l’allemande Ciao, la britannique Foundem et la française Ejustice.fr), Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants, de quelques politiques (notamment le ministre de l’économie allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés en première ligne mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente Commission Manuel Barroso (dont l’allemand Gunther Oettinger, actuel commissaire chargé du numérique, très remonté alors contre Google).Tous estimaient que les améliorations proposées par le géant de l’Internet à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi :Opération séduction de Google FranceLa décision de Bruxelles concernant Google est sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes. Cela va donner de l’eau au moulin de ceux qui disent que l’Europe « en veut » à Google et plus généralement au high-tech américain.L’acte d’accusation de la Commission s’ajoute en effet à une série, ces dernières années, de réactions des Européens contre de nouveaux « modèles économiques » : interdiction d’Uber dans certains pays, instauration de taxes « anti-Google » en Allemagne et en Espagne, enquêtes européennes sur des aides d’Etat illégales qui auraient bénéficié à Apple (en Irlande) ou à Facebook (au Luxembourg)…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.04.2015 à 22h06 • Mis à jour le14.04.2015 à 22h24 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les conclusions de la Commission européenne concernant l’enquête qu’elle mène sur Google depuis maintenant près de cinq ans seraient imminentes. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, chargée du dossier, pourrait faire des annonces dès mercredi 15 avril, selon une source européenne contactée par Le Monde.Mercredi, la Commission pourrait envoyer au groupe internet américain ce qu’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication des griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.En cause, de forts soupçons d’abus de position dominante concernant le moteur de recherche de Google. Les plaignants, des éditeurs de services en ligne allemands, français, anglais…, accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur.Abandon de la recherche d’une conciliationCette décision, si elle se confirme, marquerait une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google. Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager (qui lui a succédé en novembre 2014), n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants (le service allemand Ciao, le britannique Foundem, les sociétés comme Le Guide.com regroupées sous la bannière Open Internet Project, etc.), de quelques politiques (notamment le ministre allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés au créneau mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente commission Barroso (dont M. Oettinger, alors chargé de l’énergie).Tous estimaient que les « améliorations » proposées par Google à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi : Un nouveau front s’ouvre contre Google en FrancePour Google, une notification des griefs serait aussi un vrai coup dur. Ce serait la première fois qu’une autorité de l’importance de la Commission européenne reconnaît officiellement que le géant américain a enfreint la loi antitrust.A dater de l’envoi de cette notification, qui n’est pas rendue publique in extenso, les entreprises visées ont deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer leur défense. Puis suit en général une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rend sa décision finale que quelques mois plus tard.Que risque le géant de l’Internet ? Une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). La Commission pourrait aussi imposer des actions « correctives » à Google. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Décision sans précédentBruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme demandé par les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Quoi qu’il en soit, si la Commission décide de finalement sanctionner Google, ce sera une décision sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.David Wood, l’avocat d’ICOMP, un syndicat de sociétés web regroupant des plaignants contre Google (dont Foundem, historiquement un des premiers, et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C'est un véritable tournant dans le mouvement de grève qui perturbe les antennes de Radio France depuis le 19 mars. Mardi 14 avril, quatre syndicats sur cinq – CFDT, SNFORT, SUD, UNSA – ont appelé à la reprise du travail, en s'appuyant sur la consultation de leurs militants.Pour ces syndicats, l'objectif est désormais la négociation du contrat d'objectif et de moyens (COM) de Radio France pour les cinq prochaines années, qui doit se faire sous l'égide du médiateur, Dominique-Jean Chertier.Seule la CGT a maintenu l'appel à la grève, pour vingt-quatre heures de plus, suivant le vote de l'assemblée générale parisienne. Dans son communiqué, diffusé dans la soirée, le syndicat explique son choix : « Les salariés réunis en AG ont voté à une large majorité la poursuite de la grève. Parce que des revendications essentielles restent insatisfaites malgré l'intervention du médiateur. »La CGT espère notamment encore obtenir quelques avancées supplémentaires sur le maintien de l'emploi ou le refus de la syndication de contenus au sein du réseau France Bleu.Lire aussi : A Radio France, les raisons d’une crise qui s’éterniseToutefois, isolée, la CGT ne semble pas en mesure de maintenir le blocage des antennes. Mercredi matin, France Info, à partir de 4 heures, et France Inter, à partir de 5 heures, diffusaient leurs matinales habituelles.L'assemblée générale s'était achevée dans la division et une ambiance houleuse. Certains journalistes, comme Fabienne Sintes de France Info, ont exprimé sur Twitter leur déception sur la façon dont s'est achevé le mouvement de grève le plus long de l'histoire de Radio France.Donc. #greveRF reconduite sur UN SYNDICAT mais pour dire quoi ? Parler à qui ? Désordre total. CGT démunie. #AG furax. Fin de mvt terrible.— Fabienne Sintes (@FabSintes)require(["twitter/widgets"]);Une nouvelle phase dans la mission du médiateurLundi soir, alors que le conflit semblait dans l'impasse, une visite surprise à Radio France de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a semblé faire évoluer la position de certains syndicats. Même si elle a fermé la porte à toute évolution du texte du médiateur, « Fleur Pellerin a tenu à souligner qu'elle se portait garante du dialogue social et du retour à la confiance », a souligné le ministère à propos de cette réunion à laquelle participait le PDG de Radio France, Mathieu Gallet.Lire : Radio France : Fleur Pellerin défend le texte du médiateurMardi soir, quelques heures après l'assemblée générale et la division du front syndical, la ministre a salué la décision des quatre syndicats appelant à la fin de la grève, qui ont ainsi, selon elle, « fait le choix clair de la responsabilité et de l'avenir de Radio France ». Elle a également « souhaité que la CGT puisse rejoindre cette tendance majoritaire ».Dans ce communiqué, elle estime que la première partie de la mission du médiateur est « terminée » et indique « qu'il se rendra disponible pour la deuxième partie de sa mission », à savoir accompagner la négociation du COM pour la période 2015-2019. « Cette phase permettra de poser un diagnostic partagé sur la situation de l'entreprise et de répondre aux interrogations et aux inquiétudes qui sont apparues au cours de son conflit » précise-t-elle en appelant, pour conclure, à « rassembler tous les salariés de Radio France » et « à se tourner vers l'avenir ». Voir la chronologie interactive : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Pas facile d’exister face au tout puissant Google en Europe. Les dirigeants et fondateurs de Qwant peinent à faire de leur bébé l’alternative européenne au géant de Mountain View (Californie), dont ils rêvent depuis sa naissance, en 2011. Avec la présentation, mardi 14 avril, de la nouvelle version de ce moteur de recherche, apparu sur la toile en février 2013, Jean-Manuel Rozan et Eric Léandri, respectivement président et directeur général de Qwant, espèrent franchir une étape décisive.Et cette fois, les planètes semblent plutôt bien alignées. Jamais la toute puissance de Google dans la recherche sur Internet n’a été autant questionnée. Au point que Bruxelles serait proche de communiquer au groupe américain une liste de griefs dans laquelle seraient formalisés les reproches de la Commission européenne quant aux pratiques du moteur de recherche. L’envoi des griefs signifierait que l’enquête pour abus de position dominante ouverte en 2010 entrerait dans une phase contentieuse.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreSur le marché des requêtes sur le Web, Google détient aujourd’hui, selon Statcounter, une part de marché en Europe de 92,3 %. Avec respectivement 2,6 % et 2,2 %, les américains Bing et Yahoo! occupent la deuxième et troisième place du podium. Le russe Yandex est le premier européen, avec une part de marché de 1,3 %. Les autres moteurs de recherche, dont Qwant, doivent donc se partager des miettes, 1,6 %.Mais pas question pour autant pour le « petit » d’attaquer Google sur le front du droit. « Nous souhaitons juste démontrer aux autorités européennes que nous avons un produit qui fonctionne, qui est pertinent et les inciter à nous utiliser », souligne M. Léandri.David contre GoliathDans les faits, l’opposition Qwant-Google a tout de celle de David contre Goliath. Le moteur européen indique avoir traité 1,6 milliard de requêtes en 2014. C’est peu ou prou le nombre de requêtes adressées à Google chaque… jour. Mais, affirme, M. Léandri « nous avons la conviction que Qwant a sa place ».Cette foi se fonde sur des chiffres – chaque mois, Qwant enregistre 20 % de requêtes en plus – et sur une certitude, celle de proposer un modèle distinct. Cette différence est d’abord visuelle. Sur sa page d’accueil, Qwant présente ses résultats en colonnes : mettant d’un côté les sites Web, de l’autre les actualités, les sites d’e-commerce et les réseaux sociaux. Cette dernière option n’est pas proposée pas les moteurs de recherche classiques. « Nous sommes attachés à l’idée de garder une vision ouverte du Web. Nous proposons un choix alors qu’ailleurs l’Internet a tendance à se fermer », argumente M. Léandri.La deuxième différence entre Google et Qwant tient au modèle économique. L’américain a assis une partie de son succès sur la vente de mots-clés, qui permettent aux sites marchands d’apparaître en tête de la recherche. Le français se rémunère uniquement en percevant une commission à chaque fois qu’un utilisateur ouvre un site d’e-commerce à partir de sa colonne shopping.« Forte viralité »En 2013, Qwant, qui emploie aujourd’hui 50 personnes, a enregistré un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros, à comparer aux 60 milliards de dollars affichés par Google cette même année.Mais « notre stratégie n’est pas axée sur le chiffre d’affaires », justifie M. Rozan. « Nous voulons d’abord construire l’audience et cela passe par un moteur qui soit pertinent, un bon produit à forte viralité ». Et d’espérer qu’avec la version plus simple et moins déboussolante pour l’internaute, présentée mardi 14 avril, ils approcheront de cet idéal.Qwant – qui est disponible en 15 langues – a commencé à séduire hors des frontières hexagonales. En juin 2014, l’Allemand Axel Springer a pris 20 % du capital, portant à 10 millions d’euros les fonds levés par la start-up depuis sa création.« Le groupe Axel Springer cherchait des solutions dans le domaine du “search” et voulait un partenaire qui savait indexer, classer, etc. Et comme, en plus, les Allemands sont attachés à l’idée de l’existence d’un moteur européen, Qwant les a intéressés », explique M. Léandri.Nouveaux moyens financiersDerrière l’émergence ou non de rivaux aux moteurs américains affleurent des questions de souveraineté. Qwant a élaboré son propre algorithme, envoie des robots fouiller l’Internet mondial (500 000 sites à l’heure) et constitue ainsi sa propre bibliothèque de l’Internet avec des serveurs situés en région parisienne précisément.Avec l’arrivée d’Axel Springer, Qwant a obtenu de nouveaux moyens financiers pour son développement. Ce partenariat va lui permettre de devenir également le moteur natif des publications du groupe allemand, ce qui devrait mécaniquement lui assurer un surcroît de visites. Dès 2015, le moteur de recherche espère atteindre les 15 milliards de requêtes. « Le soutien d’Axel Springer devrait aussi nous être utile lors de notre prochain tour de table, sans doute cet été », indique M. Léandri.La dernière différence entre Google et Qwant n’est sans doute pas la moindre puisqu’elle touche à la préservation de la vie privée. Les dirigeants de la start-up affirment que les résultats affichés en réponse une requête ne sont pas sélectionnés en fonction des données personnelles collectées lors d’une précédente navigation, au contraire de ce qui peut s’observer ailleurs.« Pour gagner de l’argent, nous n’avons pas besoin de vous traquer », telle serait la promesse de Qwant. Un engagement qui pourrait faire mouche après l’affaire Snowden.Anne EvenoJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les conclusions de la Commission européenne concernant l’enquête qu’elle mène sur Google depuis maintenant près de cinq ans seraient imminentes. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, chargée du dossier, pourrait même faire des annonces dès mercredi 15 avril, selon une source européenne.Son collègue, le commissaire du numérique, Gunther Oettinger, a dit à plusieurs reprises ces derniers jours qu’il s’attendait à une décision rapide de l’exécutif européen. « Nous devons amener ou même obliger les plateformes, les moteurs de recherche, à suivre nos règles en Europe », a-t-il encore rappelé lundi 13 avril, lors d’une réunion organisée par la fédération patronale allemande VDMA, en marge de la foire commerciale de Hanovre.Mercredi, la Commission pourrait donc envoyer au groupe américain de l’Internet ce qu’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication des griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme.En cause, de forts soupçons d’abus de position dominante concernant le moteur de recherche de Google. Les plaignants (des éditeurs de services en ligne allemands, français, anglais, etc.) accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceAbandon de la recherche d’une conciliationCette décision, si elle se confirme, marquerait une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google. Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager (qui lui a succédé en novembre 2014), n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants (le service allemand Ciao, le britannique Foundem, les sociétés comme Leguide.com regroupées sous la bannière Open Internet Project, etc.), de quelques politiques (notamment le ministre allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés au créneau mi-2014), et d’autres commissaires, au sein de la précédente commission Barroso (dont M. Oettinger, alors chargé de l’énergie).Tous estimaient que les « améliorations » proposées par Google à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Démantèlement demandé par les eurodéputésA dater de l’envoi de la « communication des griefs » (qui n’est pas rendue publique in extenso), les entreprises visées ont deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer leur défense. Puis, suit en général une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rend sa décision finale que quelques mois plus tard.Dans le cas Google, si c’est effectivement un acte d’accusation qui lui parvient dans les jours qui viennent, la sentence pourrait intervenir au plus tôt fin 2015.Que risque le géant de l’Internet ? Une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros).La Commission pourrait aussi imposer des actions « correctives » à Google. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Bruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme demandé par les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Si Bruxelles décide de finalement sanctionner Google, ce sera une décision sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes.Mais il n’est pas non plus exclu, que malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent. Sans sanction ni imposition d’actions correctives. Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.Lire aussi :Opération séduction de Google FranceCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.04.2015 à 12h13 • Mis à jour le03.04.2015 à 18h17 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le dialogue semble bien rompu entre Mathieu Gallet, le PDG de Radio France, et les grévistes qui ont reconduit leur mouvement jusqu’au mardi 7 avril. Vendredi matin, une assemblée générale, qui réunissait 400 à 500 salariés, de source syndicale, a voté à la quasi-unanimité une motion de défiance, qui demande le départ du dirigeant. Texte de la motion de défiancePourquoi ce vote, alors que la résolution de la crise se joue désormais dans les cabinets ministériels, de Bercy à la culture en passant par Matignon ? Ceux-ci planchent actuellement sur le fameux « projet stratégique » remis jeudi par M. Gallet et s’apprêtent à rendre des arbitrages sur les missions et les moyens de l’entreprise publique ces prochaines années.« L’assemblée générale a réagi aux contre-vérités énoncées hier par M. Gallet et à son mépris du dialogue social », a commenté Jean-Paul Quennesson, délégué syndical SUD et membre de l’Orchestre national de France (ONF). Jeudi, le PDG avait mené une offensive médiatique, d’i-Télé aux antennes de France Info et de France Inter, pour se défendre et tendre la main aux grévistes en vue de renouer le dialogue.« M. Gallet se sert des antennes de Radio France pour sa communication personnelle, alors qu’il n’arrive plus à mettre les partenaires sociaux autour d’une table », a poursuivi M. Quennesson. De fait, les négociations sociales sont en berne depuis le 30 mars, date du dernier échange formel entre la direction et les délégués du personnel.Depuis le début de la crise, le 19 mars, le fait que le PDG s’exprime plus volontiers dans les médias ou dans les rédactions que face aux délégués syndicaux est un reproche récurrent. « M. Gallet est totalement discrédité, il s’avère incapable de diriger Radio France et d’incarner les valeurs fortes et intangibles de la radio publique », juge sèchement le texte.L’idée d’une médiation a été à nouveau évoquée par les représentants syndicaux dans leurs contacts, cette semaine, avec des politiques. Pour le moment, le prochain rendez-vous avec le PDG est fixé au mercredi 8 avril, lors d’un comité central d’entreprise où le projet sera présenté.Mais cette personnalisation du conflit ne fait pas l’unanimité au sein de la Maison ronde. Ainsi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a déploré ce vote. « Tout ce qui affaiblit le patron de Radio France affaiblit Radio France à l’heure où son PDG devra inévitablement négocier avec l’Etat », estime Valeria Emanuele, déléguée nationale. « Je ne sais pas ce que cela changerait d’avoir la tête de M. Gallet : nous nous retrouverions dans un vide et la vraie question des réformes resterait la même », renchérit un journaliste.Le SNJ appelait aussi à la grève vendredi, mais de façon indépendante du mouvement illimité ouvert par cinq autres syndicats. De source syndicale, on comptait 75 % de grévistes dans les locales du réseau France Bleu et à France Culture, et un tiers à la rédaction de France Info et France Inter. Selon la direction, il n’y avait à Radio France que 11 % de grévistes vendredi.« Ce qui pourrait débloquer la situation serait que la tutelle se fasse enfin entendre », résume un journaliste. Et de suggérer que « ce serait bien que le ministère propose de séparer la question des travaux de celle des réformes », pour tenir compte de l’exaspération provoquée par l’interminable réhabilitation, qui perturbe le quotidien et consume la trésorerie.« Ce chantier est le seul sujet sur lequel il y a consensus à Radio France, résume ce journaliste. Sur le reste – faut-il accepter un plan social, ne garder qu’un orchestre, réformer les modes de production  – il y a des débats parmi les salariés. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 19h51 • Mis à jour le03.04.2015 à 11h14 | Alexandre Piquard Numéro 23, qui se présente comme un canal dédié à la « diversité », est une des très rares chaînes du paysage audiovisuel français qui n’appartenaient pas à un groupe. Lancée fin 2012 parmi six nouvelles chaînes sur la télévision numérique terrestre, la TNT, elle se vend au plus gros groupe indépendant de la télévision privée, propriétaire notamment de la chaîne d’information en continu BFM-TV : NextRadioTV a annoncé, jeudi 2 avril, être entré en négociations exclusives en vue de racheter Numéro 23 pour 88,3 millions d’euros.L’opération n’est-elle pas trop grosse pour un groupe comme NextRadioTV, qui en 2014 a réalisé 195 millions d’euros de chiffres d’affaires, pour 34 millions d’excédent d’exploitation ? « Pas du tout », répond Alain Weill, son fondateur et actionnaire. L’opération se fera en « cash » (50 millions d’euros) mais aussi en obligations convertibles du groupe NextRadioTV. Cela permettra éventuellement à Pascal Houzelot, PDG de Numéro 23 (et membre du conseil de surveillance du Monde), de détenir jusqu’à 5 % du groupe fondé et présidé par Alain Weill (premier actionnaire avec 37,7 % du capital).Pascal Houzelot, ancien lobbyiste de TF1 et homme de réseaux, restera de plus président de Numéro 23 et intégrera le conseil d’administration de NextRadioTV (qui possède également la station de radio RMC).« L’acquisition de Numéro 23 a pour nous plusieurs avantages, assure M. Weill. Elle va nous permettre de peser davantage sur le marché publicitaire. Et nous réaliserons beaucoup de synergies car l’intégration de cette chaîne, qui a cinq collaborateurs et fait le même métier que nous, sera très facile. »Opération rentable dès 2016 ?Selon les calculs du PDG de NextRadioTV, l’opération générera un résultat équilibré dès 2016 : en effet, Numéro 23 génère aujourd’hui 10 millions d’euros de pertes pour un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros. Mais, en 2016, son rachat créera 10 millions d’euros de synergie, via la mise en commun des achats de programmes ou des régies publicitaires, croit M. Weill. Ce qui équilibrerait des pertes réduites à 9 millions d’euros.Numéro 23 serait exploitée par l’équipe de RMC Découverte, une autre chaîne du groupe NextRadioTV consacrée au documentaire et au reportage. Les chaînes seront couplées sur le plan publicitaire. Ce qui permettrait à RMC Découverte d’« atteindre l’équilibre financier dès 2015 », soit un an plus tôt que prévu, selon NextRadioTV.Reste la question de la pertinence de Numéro 23 : à 0,7 %, sa part d’audience n’est pas mauvaise pour un canal aussi récent. Mais elle apparaît comme une des chaînes « mini-généraliste » de la TNT, mêlant tous types de programmes au risque d’un positionnement flou. Les chaînes thématiques (comme BFM-TV, RMC Découverte ou L’Equipe21, dédiée au sport) sont réputées avoir un meilleur avenir.En l’état, Numéro 23 se dit consacrée à la diversité mais ne se veut pas communautaire. « Quand je la regarde, je n’ai pas l’impression qu’elle représente la diversité », a critiqué l’ancien membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) Rachid Arhab sur France Inter récemment.Positionnement flouSa grille de programmes intègre différents éléments, dont le magazine de société « Révélations », mais aussi beaucoup d’émissions américaines de divertissement, de type « talent show », comme un concours de tatoueurs. Ou une émission sur les phénomènes paranormaux.Demain, NextRadioTV compte légèrement repositionner la chaîne pour éviter des doublons avec RMC Découverte. Cette dernière se consacrera « à l’aventure, aux animaux, aux sciences et aux technologies », décrit M. Weill. Numéro 23 serait, elle, davantage tournée vers « l’histoire et la société ». Un modèle est cité : History Channel, une chaîne américaine dont la devise est « History made every day » (l’Histoire s’écrit chaque jour).Du côté de Pascal Houzelot, la cession de sa chaîne, deux ans après son démarrage, relancera peut-être le débat sur la revente des fréquences. Celles-ci sont en effet attribuées gratuitement par le CSA mais génèrent des plus-values. Une polémique a accompagné les ventes de TMC et NT1 par le groupe AB à TF1, ou de D8 et D17 par le groupe Bolloré à Canal+. Début 2013, la ministre de la culture et de la communication Aurélie Filippetti s’était déclarée favorable à une taxation des plus-values réalisées. « Je suis un professionnel des médias depuis vingt-cinq ans, j’ai accompagné le groupe TF1 pendant quinze ans, j’ai produit des films et créé une autre chaîne, Pink. Si j’avais voulu faire une opération avec un groupe plus puissant, je l’aurais fait avant. Je continue sur ma logique d’entrepreneur », a déclaré aux Echos M. Houzelot, jeudi.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 11h49 • Mis à jour le02.04.2015 à 12h07 | Jean-Baptiste Jacquin C’était en mars 2012. Vincent Bolloré, actionnaire à hauteur de 1 % de Vivendi était en passe de monter à 4,5 % en échange de la vente de ses chaînes de télévision D8 et D17. Il proclamait alors : « nous ne comptons jouer aucun rôle au sein du groupe Vivendi si ce n’est être un actionnaire stable à long terme ». Ceux qui l’ont cru ont eu tort. Dix-huit mois plus tard il postulait pour être président du directoire du groupe de télécommunication et de médias, et parvenait à déstabiliser le président du conseil de surveillance, un patriarche pourtant bien renard lui aussi, Jean-René Fourtou.Aujourd’hui, confortablement assis dans son fauteuil à la tête de Vivendi, il s’offusque que des investisseurs représentant 0,8 % et 2 % du capital viennent lui demander des comptes. Mercredi 1er avril, Bertrand Meheut, le patron du groupe Canal+, est monté au front en bon petit soldat pour dénoncer « la coalition menée par un fonds activiste américain visant à déstabiliser Vivendi ». Canal est, avec Universal Music, l’une des deux dernières entreprises de l’ex conglomérat qui a cédé en dix-huit mois pour 35 milliards d’euros d’actifs : SFR, Activision Blizzard (jeux vidéo), Maroc Télécom et GVT (télécoms au Brésil).Lire aussi :Vivendi sommé de partager son trésor de guerreOn crie au loup qui voudrait démanteler un tel joyau. Mais le démembrement a eu lieu, pour l’essentiel. Ce sont les restes du festin qu’ont flairés les loups. En l’occurrence les milliards accumulés par une telle vente aux enchères. Le fonds P. Schoenfeld Asset Management (PSAM) souhaite demander aux actionnaires de Vivendi lors de l’assemblée générale du 17 avril de voter pour la distribution de 9 milliards de dividendes exceptionnels. Son argumentaire est basique, comme souvent avec les investisseurs activistes : ce cash accumulé grâce aux cessions, et non par les bénéfices, doit être restitué aux actionnaires.Démocratie actionnarialeLa question est légitime. La réponse de M. Bolloré, qui veut profiter de cette situation pour réaliser d’importantes acquisitions dans les médias, peut aussi se plaider. L’autre impertinent, PhiTrust, demande que Vivendi renonce, comme toutes les autres sociétés du CAC 40 aux droits de vote double. Là aussi, cette question de démocratie actionnariale est parfaitement légitime.Mais que fait le renard pendant qu’il crie au loup ? Il se renforce à vitesse accélérée dans le capital de Vivendi. Bolloré a annoncé jeudi 2 avril avoir acheté pour 568 millions d’euros d’actions supplémentaires portant sa participation à 12 %, six jours après avoir franchi les 10 %. En un mois, il a multiplié sa participation par 2,3.Serait-il inquiet ? Il sécurise sa position à l’approche d’une AG qui devra dire si les actionnaires lui laissent les mains libres pour utiliser ce cash dans leur intérêt à long terme, ou s’ils préfèrent le récupérer tout de suite.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.04.2015 à 12h18 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h51 Les prétendants à la succession de Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions sont nombreux. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé mercredi 1er avril avoir reçu 33 candidatures pour le poste de président du groupe audiovisuel public, un nombre élevé puisque seuls 11 candidats se sont officiellement déclarés.Lire : France Télévisions : la liste des candidats à la présidenceAvant de faire son choix, entre le 2 avril et le 22 mai, le CSA doit d'abord établir une liste restreinte de candidats. Ces derniers seront auditionnés à huis clos, et leurs noms ne seront divulgués que si tous les intéressés l'acceptent. Toute la procédure laisse aux candidats une assez grande latitude pour rester cachés.Voici la liste des candidatures connues à ce jour.Les 11 candidats officielsRémy Pflimlin, 61 ans, actuel président de France Télévisions, est candidat officiel. Nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, M. Pflimlin compte défendre son bilan et le besoin de stabilité pour France Télévisions, qui doit faire face à d'importantes réformes.Marie-Christine Saragosse, 55 ans, présidente de France Médias Monde (France 24, RFI…), a officialisé sa candidature, jeudi 26 mars, dans un message interne. Diplômée de l'ENA, ancienne dirigeante de TV5 Monde, elle a été nommée par François Hollande en 2012 à la tête de l'audiovisuel extérieur de la France, qu'elle a apaisé après la bataille entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac.Didier Quillot, âgé de 55 ans, a été PDG d'Orange France, puis, à partir de 2006, président du directoire de Lagardère Active. M. Quillot met en avant son expérience de gestionnaire et de conduite du changement dans des entreprises de grande taille, ainsi que son sens du « dialogue social ».Eric Garandeau, ancien président du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et conseiller culturel auprès de Nicolas Sarkozy de 2008 à 2010, il est également issu de l'audiovisuel public. L'homme de 42 ans a déjà travaillé un an à France Télévisions, sous Marc Tessier, et a été administrateur de l'entreprise.Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, a annoncé sa candidature dans un entretien aux Echos, jeudi 26 mars. Il siège au conseil d'administration de France Télévisions depuis 2011. Il a 48 ans. Alexandre Michelin, 50 ans, directeur général de Microsoft MSN pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, s'est déclaré fin février. Il a été directeur des programmes ou directeur général à Paris Première, à Canal+ et France 5.Emmanuel Gout est président du parc d'attractions Cinecitta World et ancien président de Canal+ Italie.Nacer Kettane est président et fondateur du réseau Beur FM.Matthieu Bellinghen est journaliste à France 3 Basse-Normandie.Serge Cimino, 51 ans, est délégué syndical SNJ de France Télévisions.Cyril Hanouna, animateur sur D8 de « Touche pas à mon poste », a lui aussi lancé une campagne humoristique avec pour slogan « La France Télévisions forte », référence à une formule de Nicolas Sarkozy.ON SAIT QU'ILS SONT CANDIDATS (4)Nathalie Collin, 50 ans, directrice générale adjointe de La Poste, chargée de la communication et du numérique, est également candidate selon nos informations. Diplômée de l'Essec, elle est issue du secteur des médias et ancienne présidente du directoire de Libération et directrice du Nouvel Observateur.Robin Leproux, ancien vice-président du directoire du groupe M6, ex-patron du Paris Saint-Germain et de RTL, est aussi sur les rangs.Pascal Josèphe, 60 ans, qui a travaillé pour le cabinet de conseil IMCA et été dirigeant de TF1, La Cinq, France 2 ou France 3, postule également.Cyrille du Peloux, 61 ans, cadre dans le groupe de services collectifs Veolia depuis douze ans, qui a été dirigeant de TF1 et de Paris Première dans les années 1980 et 1990.LEUR CANDIDATURE N'EST PAS CONFIRMEE (2)Delphine Ernotte-Cunci, directrice exécutive d'Orange France, ne s'est toujours pas exprimée. Ingénieure de formation, elle a fait toute sa carrière chez l'opérateur français.Emmanuel Hoog, PDG de l'AFP. Souvent cité comme candidat dans la presse, il garde lui aussi le silence sur ses intentions. 33 candidats à la présidence de France TéléLire aussi : Diriger France Télévisions serait-il « le pire job des médias » ? Cédric Pietralunga et Sarah Belouezzane Orange pensait avoir réglé l’affaire Dailymotion. L’opérateur devait en effet entrer en négociations exclusives avec PCCW, la holding de Richard Li, le fils du célèbre milliardaire chinois de Hong Kong Li Ka-shing, l’un des hommes les plus riches d’Asie, pour la cession de 49 % du capital de la plate-forme. Mais pour Emmanuel Macron, c’est aller trop vite en besogne.Selon nos informations, le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique a bloqué l’entrée en négociations exclusives de l’ex-monopole d’Etat avec le groupe hongkongais. « Nous avons demandé à Orange de prendre en compte les éléments de la souveraineté numérique européenne », confirme M. Macron. Comprendre : Dailymotion est une « pépite » hexagonale et il serait préférable que l’opérateur privilégie des partenaires européens voire français pour assurer son développement.Du côté d’Orange, dont l’Etat possède 24,9 %, on précise qu’il n’y a aujourd’hui aucun processus de négociation exclusive lancé avec qui que ce soit, contrairement à ce qui avait été évoqué au lendemain du conseil d’administration de l’opérateur du 11 mars. Le groupe serait ouvert à tous, notamment aux investisseurs européens, promet-on dans l’entourage d’Orange.Lire aussi :Orange discute avec le chinois PCCW pour DailymotionGoût de déjà-vuParmi les potentiels partenaires issus du Vieux Continent, se mêlent les noms des allemands Axel Springer et Bertelsmann, mais également des français Vivendi, propriétaire de Canal+, et AlloCiné. Selon un proche des négociations, c’est Fimalac, la maison mère de ce dernier, qui semble aujourd’hui le candidat le plus probable. Le groupe de Marc Ladreit de Lacharrière a déjà manifesté à plusieurs reprises son intérêt pour Dailymotion. Les fuites dans la presse d’une possible entrée en négociations de l’ex-monopole d’état avec le groupe de Li Ka-shing auraient réveillé l’appétit de l’homme d’affaires pour le site de streaming. Ce dernier n’aurait toutefois pas encore présenté de projet bien défini.Le ralentissement des négociations avec l’homme d’affaires asiatique a, pour Orange, un goût de déjà-vu. Stéphane Richard, patron de l’opérateur, avait en effet dû renoncer, au printemps 2013, à la cession de la plate-forme de streaming au géant américain Yahoo! pour 300 millions de dollars (279 millions d’euros). A l’époque, Arnaud Montebourg, le tonitruant ministre du redressement productif, avait tapé du poing sur la table, empêchant la transaction, au motif que Dailymotion devait demeurer sous pavillon hexagonal.Cette fois, le mode opératoire est plus feutré, à l’image de M. Macron. Mais le résultat est le même. L’actuel ministre va même plus loin que M. Montebourg : ce dernier était prêt à voir un partenaire international arriver dans le capital de Dailmymotion pour peu qu’il ne s’agisse pas d’une « dévoration ». En clair, qu’il ne prenne pas plus de 50 % du capital. M. Macron a toutefois clairement indiqué qu’il n’y aurait, de sa part, pas de veto contre le choix du conseil d’administration d’Orange.« L’Europe a besoin d’une stratégie numérique ambitieuse »De source proche de l’exécutif, on indique qu’un partenaire chinois pour un site de l’importance et de la taille de Dailymotion est difficilement compatible avec les ambitions française et européenne en matière de numérique. « L’Europe a besoin d’une stratégie numérique ambitieuse dans les prochaines années, fondée sur un marché européen plus intégré », ont ainsi indiqué M. Macron et Sigmar Gabriel, son homologue allemand, lors d’un conseil des ministres franco-allemand organisé mardi 31 mars à Berlin.Dans une déclaration conjointe, les deux ministres ont préconisé l’établissement d’un« cadre réglementaire approprié pour des plateformes structurantes au niveau européen », première étape pour la création d’un « marché unique du numérique ». Ils veulent, par ailleurs, mettre l’accent sur des technologies comme le Big data ou encore le « cloud computing », l’informatique dans les nuages, qui permet de stocker les données à distance dans des supers ordinateurs.Pas étonnant, dans ce contexte, que l’attention du gouvernement se porte sur Dailymotion. Le site de streaming compte 128 millions de visiteurs uniques par mois contre un milliard pour YouTube, la filiale de Google. Le destin de la plate-forme tricolore risque de déchaîner les passions pendant encore quelque temps. Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Ils s’étaient jusqu’ici peu exprimés. Mais les dirigeants de l’UMP ont décidé, mardi 31 mars, de lancer une offensive sur la gestion de l’audiovisuel public sous François Hollande. En réunion du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a ainsi appelé la droite à dénoncer « le scandale de la grève à Radio France à un moment où 43 millions de Français vont voter » pour les départementales, dimanche 29 mars.Mais le président de l’UMP a également appelé à dénoncer « le processus de nomination de France Télévisions, où on garde même le secret des auditions ». Joint par Le Monde, le porte-parole de l’UMP renchérit : « Nous sommes face à un scandale d’Etat, a lancé Sébastien Huyghe. Nous sommes étonnés, voire atterrés, de voir que les auditions par le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour la présidence de France Télévisions se font de la manière la plus opaque possible : les candidats ne sont pas connus, les auditions sont à huis clos. On ne connaît pas les projets ni les critères de choix. C’est pourtant 2,3 milliards d’argent public ! »La nomination du président de France Télévisions est un point de clivage net entre PS et UMP : Nicolas Sarkozy avait choisi de faire le choix lui-même en temps que président de la République (avec avis des commissions culturelles parlementaires, a posteriori). François Hollande a expressément changé la procédure pour confier cette tâche au Conseil supérieur de l’audiovisuel, en gage d’indépendance par rapport au pouvoir politique.M. Huyghe insinue que la procédure est biaisée : « Le président de la République François Hollande ne pilote-t-il pas en réalité la nomination du président de France Télévisions ? On se pose la question. Le choix a été confié au CSA, présidé par Olivier Schrameck, qui est ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon et donc tout sauf indépendant. » « Le gouvernement fait pression sur le CSA », croit aussi savoir Franck Riester, député UMP spécialiste de l’audiovisuel, joint par Le Monde.Mathieu Gallet « bouc émissaire »Sur Radio France, la charge n’est pas moins rude : « Au lieu de fixer un cap et de mener les réformes progressivement, l’Etat crée une crise et utilise Mathieu Gallet comme bouc émissaire. » Le président de Radio France s’est notamment vu reprocher les dépenses de rénovation de son bureau, mais également, ce mardi dans Le Canard enchaîné, les frais de sa présidence précédente, à l’Institut national de l’audiovisuel, pour des rénovations encore et des conseils extérieurs.« Mathieu Gallet a reconnu des erreurs et il faudra voir ses réponses au nouvel article du Canard enchaîné. Mais le fond du problème est ailleurs : que fait-on de cette crise financière à Radio France ? », répond M. Riester.A Radio France, l’Etat « créé la crise financière » de l’entreprise, insiste le député, accusant le gouvernement d’avoir ponctionné des ressources destinées à l’audiovisuel pour honorer d’autres dépenses du budget de l’Etat. « On n’épaule pas, on met des bâtons dans les roues. C’est tout l’inverse de ce que doit faire une tutelle responsable et digne de ce nom », pense M. Riester, que Nicolas Sarkozy a consulté et qui va poser une question au gouvernement mercredi à l’Assemblée nationale, après avoir déjà interpellé la ministre de la culture Fleur Pellerin dans l’hémicycle la semaine dernière.Mardi, l’UMP s’est dévoilée sur un autre point, sensible : « La fusion pure et simple des principales rédactions du groupe, France Inter, France Info et France Culture. » Une piste prônée dans un rapport explosif de la Cour des comptes, mais immédiatement écartée par le président Mathieu Gallet, la jugeant impopulaire.Lire aussi :La Cour des comptes fustige la gestion de Radio FranceDavid-Hervé Boutin, le secrétaire national à la culture du parti de Nicolas Sarkozy, a également cité la « fusion » des orchestres de Radio France, une autre réforme proposée par la Cour des comptes et combattue par les grévistes, avant de demander : « Qu’attend le gouvernement pour réagir et enfin prendre les mesures vigoureuses qui s’imposent ? »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 19h55 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h43 Charlie Hebdo n’est plus cette publication suivie par quelques milliers de lecteurs fidèles, ce journal dont les nostalgiques reconnaissaient en avouant ne plus le lire : « Oui, j’ai lu Charlie quand j’étais jeune… » Devenu symbole mondial, Charlie Hebdo est désormais doté d’une identité inscrite dans la chair de son équipe dont les survivants ont tous choisi, après les attentats, de reprendre le flambeau hebdomadaire.Chacun d’entre nous, au journal, mais aussi chaque lecteur se retrouve un peu propriétaire de l’esprit Charlie, un esprit de tolérance et de résistance que notre journal incarne malgré lui depuis le 7 janvier 2015. L’incroyable solidarité de tous, votre soutien massif nous rendent dépositaires, nous membres de Charlie, d’une charge symbolique exceptionnelle. Oui, nous sommes désormais un bien commun.Charlie doit continuer, c’est pour nous une évidence, fidèle aux valeurs qui constituent son ADN, dans l’esprit de ses fondateurs et de ceux qui ont disparu : une place majeure accordée au dessin et à la caricature, une indépendance totale vis-à-vis des pouvoirs politiques et financiers, se traduisant par un actionnariat réservé aux salariés du journal, à l’exclusion de tout investisseur extérieur et de toute ressource publicitaire, défendant un modèle économique alternatif et dénonçant toutes les intolérances et les intégrismes divers et variés.Nous vivons tous le deuil de nos amis et sommes chaque jour au côté des familles, dont nous tentons d’apaiser la douleur. Nous sommes encore sous le choc de la tuerie, mais avons fait le choix de nous reconstruire en rebâtissant Charlie, et de faire ainsi notre part du devoir de mémoire que nous avons vis-à-vis de nos camarades assassinés.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journalPour vous, les millions de soutiens, les millions de lecteurs, nous devons continuer à nous battre. Rester fidèle à nos valeurs. Vous assurer de la plus grande transparence. Alors comment être à la hauteur de cette charge qui pèse sur nos épaules, nous qui avons failli mourir pour ce journal, nous dessinateurs, maquettistes, administratifs, webmaster, chroniqueurs, journalistes ? Comment échapper au poison des millions qui, par des chiffres de vente hors normes, mais aussi par les dons et les abonnements, sont tombés dans les poches de Charlie ? Comment continuer à fabriquer ce journal libre d’esprit que nous aimons tant, un journal satirique et fier des idées qu’il essaie de porter ?Rester libreEn remettant à plat l’architecture de Charlie. En recourant à une forme de société coopérative, dont nous discutions en interne depuis des années, et qui se situe dans la droite ligne de l’économie sociale et solidaire que Charlie prône depuis toujours ; le journal doit abandonner le statut d’entreprise commerciale. En accordant à chacun d’entre nous le droit de prendre part, collectivement, aux décisions qui engagent le journal, sans en retirer de gains personnels : les parts sociales dévolues ne donneront aucun droit à dividendes, mais nous offriront la possibilité d’être impliqué dans la reconstruction de ce qui est pour nous aujourd’hui bien plus qu’un employeur.En bloquant, comme nos camarades du Canard enchaîné, sous votre regard et par la volonté de tous les membres de Charlie, ces incroyables réserves financières qui doivent ne servir qu’à garantir la pérennité du titre à dix, vingt ou trente ans, en en affectant les fruits à la consolidation du titre, à l’apuration de ses dettes, à son développement et à sa nécessaire modernisation.Nous n’avons aucune ambition personnelle, hormis celle de faire un journal toujours meilleur et de faire perdurer Charlie Hebdo. La cause que nous défendons n’est en rien financière, c’est une cause juste et morale. Or, nous assistons aujourd’hui à des prises de décision importantes pour le journal, souvent le fait d’avocats, dont les tenants et les aboutissants restent opaques. Nous entendons qu’une nouvelle formule se prépare, dont nous sommes exclus.Nous ignorons tout de la fondation qui est en train d’être créée et souhaitons qu’elle soit l’émanation d’un projet mûrement réfléchi par l’ensemble du journal. Nous refusons que le journal, devenu une proie tentante, fasse l’objet de manipulations politiques et/ou financières, nous refusons qu’une poignée d’individus en prenne le contrôle, total ou partiel, dans le mépris absolu de ceux qui le fabriquent et de ceux qui le soutiennent. Surtout, nous refusons que ceux qui ont dit et écrit « Je suis Charlie » se réveillent demain matin avec la gueule de bois des illusions souillées, et constatent que leur confiance et leur attente ont été trahies.La réorganisation du journal et l’œuvre de transparence sont un moyen de porter au mieux et tous ensemble le Charlie d’après le 7 janvier, un Charlie qui devrait donner envie de rire du pire plutôt que de s’y résigner, qui ne révérera aucun pouvoir, qui sera un journal fiable et enquêté, engagé et attentif aux nouvelles luttes politiques citoyennes, tout en accordant plus de place aux phénomènes culturels, littéraires et poétiques de notre siècle. C’est la seule façon de retrouver l’énergie, les idées, la légèreté, la capacité de créer et de nous projeter dans l’avenir.Le collectif du journal Charlie Hebdo : Zineb El-Rhazoui, Simon Fieschi, Antonio Fischetti, Pascal Gros, Philippe Lançon, Laurent Léger, Luz, Mathieu Madénian, Catherine Meurisse, Patrick Pelloux, Martine Rousseaux, Jean-Baptiste Thoret, Sigolène Vinson, Jean-Luc Walet, Willem. Alexis Delcambre La Cour des comptes doit publier, mercredi 1er avril, un rapport très attendu sur Radio France, à l’heure où l’entreprise publique traverse une grave crise, marquée par un déficit de son budget et une grève qui atteindra mercredi son quatorzième jour. Ce rapport concerne la période 2006-2013, antérieure à l’arrivée du PDG Mathieu Gallet dont certaines dépenses, notamment pour la rénovation de son bureau, sont l’un des motifs de la crise actuelle.Lire aussi :Entre Radio France et son patron, la greffe n’a pas prisSelon un communiqué préalable, la cour constate dans ce rapport « la rigidité des coûts de fonctionnement » de Radio France, qui « devra en tout état de cause réaliser un effort très significatif d’économies structurelles ».Les magistrats soulignent que les effectifs de l’entreprise – 4 909 ETP en 2013 – ont crû de 14,3 % entre 2000 et 2011 et la masse salariale de 18,8 % entre 2006 et 2013, avec un recours à l’intermittence représentant près de 12 % de la masse salariale en 2013. La Cour a relevé 29 régimes de primes, « un modèle social complexe (…) source de grandes rigidités », « un dialogue social intense, difficile voire conflictuel » et estime que « 388 personnes – soit environ 8 % des effectifs – bénéficient du régime des salariés protégés ».« Des défaillances inacceptables pour une entreprise de cette taille »La cour s’en prend à la gestion des antennes, au « développement peu ordonné et dispendieux ». « Leurs budgets ont augmenté de 27,5 %, sans recherche de coordination des activités ni de mutualisation des moyens », constatent les magistrats, et « Radio France n’a pas achevé sa mue numérique ».Du côté de la musique, le rapport estime que « la coexistence de deux orchestres symphoniques (Orchestre national de France et Orchestre philharmonique de Radio France) pose question ».Toujours au rang des reproches, la cour constate des manquements dans la gouvernance. « La gestion de Radio France souffre de défaillances qui ne sont pas acceptables pour une entreprise de cette taille et doivent donc être corrigées », selon le rapport, qui souligne le rôle insuffisant du conseil d’administration, des procédures qui « tendent à reconduire les dépenses antérieures » et une « politique des achats chaotique ».Enfin, les magistrats estiment que le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio a été « mal maîtrisé » et « une occasion manquée de se réinventer », en raison notamment des « défaillances de la programmation initiale ». « Radio France ne s’est pas dotée, pour conduire ce projet, d’une équipe, d’une organisation et de procédures adaptées », constate la cour, qui dénonce « un doublement du coût » de 262 millions d’euros courants (2004) à 575 millions.Le rapport s’achève par des préconisations radicales : « Le décloisonnement des antennes », « la création d’une rédaction unique » – à laquelle le PDG, Mathieu Gallet, a indiqué qu’il n’était pas favorable –, « la réorganisation des modes de production », une décision rapide sur l’avenir du Mouv’, la fusion des « deux orchestres symphoniques de Radio France », une « direction commune à France Musique et à la direction de la musique » et la révision du « cahier des charges de Radio France (…) en faisant notamment évoluer les relations que Radio France entretient avec les autres entreprises de l’audiovisuel public. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Le conseil d’administration d’Orange, réuni mardi 7 avril dans l’après-midi, a approuvé la cession de la plateforme de vidéos Dailymotion au groupe de média Vivendi.Ce dernier reprendrait 80 % du capital de l’entreprise, pour 217 millions d’euros. Orange conserverait donc tout de même 20 % du capital de sa filiale.L’opérateur, dont l’Etat est actionnaire à hauteur de 24,9 %, et qui est propriétaire de la plateforme de vidéos à 100 %, cherche depuis deux ans un acquéreur pour sa filiale.L’opération intervient après de multiples rebondissements et les tentatives de rachat avortées des américains Yahoo! et Microsoft, du hongkongais PCCW, et même une première fois de Canal+.Le but d’Orange était d’adosser la start-up à un groupe international afin de lui permettre de se développer hors de France. Et de devenir un véritable concurrent pour Youtube, notamment dans les pays (Asie surtout) où le site, propriété de Google, n’est pas encore totalement hégémonique.La différence d’audience entre les deux plateformes donne toutefois le vertige : Youtube totalise un milliard de visiteurs uniques par mois, quand Dailymotion n’en compte que 128 millions.La musique au coeur de la stratégieVivendi, qui compte en son sein Universal Music et Canal+, entend se servir de ses filiales dans l’industrie culturelle pour doper l’audience de Dailymotion à travers le monde.« Ce que nous voulons, c’est internationaliser Dailymotion, explique Stéphane Roussel, directeur du développement de Vivendi, pour cela nous allons lui donner des signes distinctifs, des contenus qui n’existent pas ailleurs ». Les responsable du conglomérat rappelle ainsi qu’un tiers des vidéos visionnés sur des plateformes comme Youtube ou Dailymotion ont un rapport avec la musique. Domaine dans lequel le groupe a un avantage certain grâce à Universal Music, label qui compte des stars internationales comme Lady Gaga, Lorde ou encore Nicki Minaj.« Nous pourrions imaginer des contenus exclusifs avec nos artistes comme Stromae », indique M. Roussel. « Nous voulons avoir une valeur éditoriale supérieure à ce qu’il y a sur Youtube. Pour autant, on ne va pas faire du moins avec les autres plateformes, on va simplement faire du plus avec Dailymotion », précise pour sa part Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+ et responsable des contenus chez Vivendi.Pour le conglomérat, la plateforme est aussi un moyen de diffuser ses programmes et ses artistes sur toute la planète et représente un projet symbolique de sa nouvelle stratégie, axée autour des contenus.Le nouvel actionnaire devrait privilégier un modèle gratuit, mais songe aussi à un système où il serait possible de s’abonner pour accéder sans contraintes aux contenus sur le modèle de Deezer ou de Spotify.Lire aussi :Vivendi fait une offre sur DailymotionSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.04.2015 à 17h36 • Mis à jour le07.04.2015 à 18h01 | Alexis Delcambre « Mon projet reprend ce que j’ai déjà présenté, il n’y aura rien de vraiment nouveau », annonçait Mathieu Gallet, jeudi 2 avril, sur les ondes de France Inter. La promesse est tenue, si l’on en croit le document qui a été remis aux syndicats mardi 7 avril, à la veille de sa présentation en comité central d’entreprise (CCE), mercredi. Projet stratégique de Radio FranceLe projet comprend cinq points :Radio France, radio de tous à l’ère numériqueRadio France, acteur majeur de la musique et de la culture en FranceAller à la rencontre des publics et diversifier les activitésTransformer et moderniser l’entrepriseLes principes du retour à l’équilibreOn y retrouve la plupart des axes développés par Mathieu Gallet depuis son audition par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui l’a désigné en février 2014.En réponse aux attentes de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, le document s’efforce de mieux définir ce qu’est le « service public de radio ». Il met en avant la singularité de ses sept chaînes, l’accessibilité pour tous renforcée par le numérique, l’information de référence et de proximité, et le soutien à la création – sans toujours dépasser le stade des généralités.Du côté de la musique, le projet intègre l’arbitrage du gouvernement – maintien des quatre formations musicales avec « redimensionnement » – et promet un « projet artistique global et ambitieux » pour 2015. Le texte rappelle l’objectif de faire de la Maison de la radio « un nouveau lieu ouvert à tous et un nouveau lien avec le public ».« Renforcer le dialogue social »Le projet propose également de « renforcer le dialogue social », en s’appuyant sur « l’affirmation du management » et « la construction d’une communauté de cadres », ainsi que la mise en place d’un « référentiel des métiers et des compétences ».En réaction au récent et sévère rapport de la Cour des comptes, le projet affirme l’ambition d’« améliorer la performance et garantir l’exemplarité de la gestion ». Comme déjà annoncé, il prévoit un moratoire sur certaines parties du chantier de réhabilitation de la Maison de la radio et une étude pour voir comment achever au mieux les parties restantes.Lire : Mathieu Gallet : « Je propose un moratoire sur le chantier de la Maison de la radio »En matière budgétaire, les leviers d’un retour à l’équilibre sont les suivants :8 à 16 millions d’euros issus d’un « élargissement des secteurs autorisés à faire de la publicité » – validé par la ministre – et de nouvelles recettes commerciales issues du numérique ;16 millions d’euros issus de l’abandon des ondes moyennes et longues et de certaines missions (météo marine, messe…)18 à 24 millions d’euros (en 2017) issus d’une réduction d’effectifs « comprise entre 250 et 330 équivalents temps plein, comprenant 300 à 380 départs et 50 créations de postes dans les métiers du développement informatique, de la production scénique et du marketing, notamment » ;enfin, « une dotation complémentaire » de l’Etat pour finir le chantier de réhabilitation et qui a été annoncée par Mme Pellerin, vendredi 3 avril.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.04.2015 à 09h49 • Mis à jour le06.04.2015 à 12h25 Fleur Pellerin : "L'emploi ne peut pas être la... par franceinterInvitée de France inter, qui avait momentanément retrouvé ses programmes habituels lundi matin, la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, a appelé lundi 6 avril à « trouver une issue rapide au conflit » à Radio France. L’entreprise publique entame son dix-neuvième jour de grève, la plus longue de son histoire. Les négociations entre la direction de Radio France et les syndicats se sont soldées par un échec, samedi 4 avril au soir.Alors que les syndicats réclament au gouvernement un médiateur, la ministre de la culture a toutefois rappelé, sur France inter, que « le rôle de l’Etat n’est pas de gérer l’entreprise » mais de « définir des lignes rouges ». Elle a donc renvoyé au « président de Radio France [Mathieu Gallet] la responsabilité de définir un projet d’entreprise ». « Quand on écoute France Inter, on n’écoute pas RTL »La ministre, qui l’avait déjà demandé dans une lettre de cadrage à M. Gallet, samedi, a rappelé qu’il devait « donner les moyens [à Radio France] de retourner à l’équilibre » tout en soulignant que « ce qui importait surtout, c’est la vision du service public qu’il y a derrière » ce projet. « Quand on écoute France Inter, on n’écoute pas RTL », a-t-elle lancé, s’empressant d’ajouter que « malgré tout le respect que j’ai pour RTL ou pour Europe 1, il y a une mission spécifique de décryptage de l’information. »Lire aussi : Crise à Radio France : Mathieu Gallet dos au murEt de rappeler que M. Gallet doit présenter son plan stratégique, mercredi 8 avril, lors d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire. Outre le maintien des orchestres de Radio France, ce plan abandonnerait toute référence à un audit externe qui cristallisait la colère des personnels grévistes. Il devrait toutefois maintenir plusieurs mesures d’économies qui visent à redresser les comptes, en déficit de 21,3 millions d’euros cette année. Parmi elles, un plan de 300 à 380 départs volontaires, en priorité pour les seniors, avec 50 créations de postes dans des métiers qui jusqu’ici n’existaient pas à Radio France, a-t-on précisé de source proche du dossier. Des réductions d’effectifs d’avance rejetées par les syndicats.Se définissant comme « la gardienne des finances publiques », Fleur Pellerin a expliqué que « le statu quo n’était pas tenable ». Elle a toutefois rejeté « une approche uniquement comptable ». Ce « chantier de modernisation sociale » doit aussi viser à rétablir « l’équité entre salariés » et « limiter les salaires les plus élevés », selon elle. Pour la ministre, « on peut essayer de s’organiser avec moins de moyens » même si « l’emploi ne peut pas être la seule variable d’ajustement à Radio France ».Il n’est pas sûr que cela calme les représentants syndicaux qui ce week-end déjà estimaient que la grève pourrait se poursuivre au moins jusqu’en fin de semaine. « Avec le plan de départs, je ne vois pas comment éviter le durcissement », jugeait l’un d’entre eux.  04.04.2015 à 22h15 • Mis à jour le05.04.2015 à 00h17 | Alexis Delcambre Quelques heures après l'envoi d'une lettre de cadrage par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, les négociations entre la direction de Radio France et les syndicats engagés dans une grève illimitée se sont soldées par un échec, samedi 4 avril au soir.Si les syndicats reconnaissent des avancées sur les orchestres, amenés à être maintenus, ils estiment qu'aucune avancée n'a été proposée sur leurs autres revendications.Lire aussi :Crise à Radio France : Mathieu Gallet dos au mur« L’urgence d’une médiation »« Le blocage reste total », écrit l'intersyndicale dans un message envoyé samedi soir à la direction de Radio France et au ministère, dont Le Monde a eu copie.La direction explique avoir proposé un nouveau protocole d'accord. Outre le maintien des orchestres, celui-ci abandonne toute référence à un audit externe qui cristallisait la colère et indique que les éventuelles mises en commun de programmes se feront en concertation avec les salariés.« L'échec de cette journée démontre une nouvelle fois l'urgence d'une médiation », rétorquent les délégués syndicaux, qui n'entendent donc pas poursuivre les discussions dans le cadre actuel, alors que la direction dit rester disponible.Lire aussi :Crise à Radio France : Mathieu Gallet dos au murAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.04.2015 à 09h41 • Mis à jour le06.04.2015 à 10h36 | Alain Constant Chaque année au Touquet (Pas-de-Calais), le Festival international du grand reportage d’actualité (Figra) reflète le monde tel qu’il va. Manifestation populaire au sens littéral du terme, ce rendez-vous annuel permet au grand public de visionner, en compagnie de professionnels (producteurs, journalistes, diffuseurs), des dizaines de documentaires, déjà diffusés ou sur le point de l’être, sur les chaînes de télévision.En raison des tragiques événements survenus début janvier, cette 22e édition, qui s’est déroulée du 25 au 29 mars, était consacrée aux journalistes de Charlie Hebdo, et plus généralement à celles et ceux qui sont morts en exerçant le métier d’informer. « Plus que jamais, le Figra met à l’honneur le courage des journalistes qui couvrent le monde pour témoigner et nous informer », résume Georges Marque-Bouaret, créateur du festival.Dans un monde où les conflits sont de plus en plus complexes, le travail des reporters de terrain, et plus généralement les droits et devoirs de ces témoins envoyés en première ligne ainsi que ceux de leurs commanditaires ont fait l’objet de discussions animées. Organisé par Reporters sans frontières, le débat intitulé « L’information dans le viseur » a d’abord dressé le sombre bilan 2014 de la liberté de la presse : 66 journalistes tués, 178 emprisonnés et 119 enlevés. Le pire pays pour un journaliste ? L’Erythrée.« Affirmer nos choix » Des journalistes audiovisuels ayant mis leur vie en danger dans l’exercice de leurs fonctions ont ensuite apporté leur témoignage. Et répondu aux questions. A celle qui interrogeait, « Faut-il aller partout ? », les réponses ont été unanimes : « Bien sûr, ce n’est pas négociable ! Ce qui est négociable, c’est le degré de prise de risques », a estimé Anne Gintzburger, journaliste et productrice, qui a confié la peur qu’elle a ressentie, une fois, au Rwanda, enfermée pendant quelques heures dans une cahute par des gamins armés et ivres. « J’ai été physiquement en danger à Sarajevo. Mais il faut aller sur le terrain ! », a souligné Luc Hermann, lui aussi journaliste et producteur.Les intervenants ont aussi insisté sur la difficulté pour les journalistes de résister aux campagnes de communication. Les nouvelles technologies permettant à n’importe quel pouvoir de diffuser de l’info, ou plutôt de faire sa « com ». Certaines vidéos de propagande sont très bien faites, et l’Etat islamique sait soigner la mise en scène de ses terrifiants messages à l’aide de photos 5D.Organisé par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), le débat intitulé « Nous avons choisi de ne pas diffuser ces images » a également suscité de nombreuses discussions.« L’émergence d’Internet et des réseaux sociaux nous pousse à affirmer nos choix », a indiqué Agnès Vahramian, directrice adjointe de la rédaction de France 2 et rédactrice en chef du « 20 heures ». « Récemment, lors de la tuerie de Tunis [au Musée du Bardo, le 18 mars], nous avons choisi de ne pas diffuser les images des deux terroristes baignant dans leur sang, estimant que cela n’apportait rien de plus à l’info. »Sur le même événement, Lucas Menget, rédacteur en chef chargé des reportages sur i-Télé a dû régler un autre problème : « Nous n’avons pas diffusé d’images de la tuerie de Tunis, mais l’un de nos envoyés spéciaux a envoyé des photos sur son compte Twitter. Nous lui avons demandé de les retirer. »En écho à ces discussions, la diffusion du documentaire de Bruno Lorvao, Le Siècle des journalistes (diffusion prévue dimanche 3 mai sur Toute l’Histoire), a permis, à travers les témoignages de reporters, de mieux réaliser les risques encourus sur le terrain. Et comme le disait un habitant de Sarajevo à un reporter : « Vous, les journalistes, vous ne servez à rien. Mais si vous n’étiez pas là, ce serait encore pire ! »Palmarès Figra 2015 (principaux lauréats)Grand Prix (+ de 40 min) : Tchétchénie, une guerre sans traces, de Manon Loizeau.Grand Prix (– de 40 min) : Syrie : la vie obstinément, de Marcel Mettelsiefen et Anthony Wonke.Prix Spécial du Jury : Ecole en bateau, l’enfance sabordée, de Laurent Esnault et Réjane Varrod.Mention spéciale du jury (– de 40 min) : Larmes de guerre, de Jean-Sébastien Desbordes, Matthieu Martin et Nicolas Berthelot.Prix de l’investigation/Société civile des auteurs multimedia : Bientôt dans vos assiettes !, De Paul Moreira.Prix Olivier Quemener/RSF : Voyage en barbarie, de Cécile Allegra et Delphine Deloget.Mention spéciale du jury : Paraguay : chronique d’un coup annoncé, d’Anna Recalde Miranda.Prix du public : Syrie : enfants en guerre, de Yuri Maldavsky.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Sortir de la crise sociale, rétablir l’équilibre des comptes et formuler une ambition renouvelée pour Radio France : tels sont les messages que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a adressés à Mathieu Gallet, PDG de l’entreprise publique, vendredi 3 avril, dans une lettre que Le Monde s’est procurée. Dans un entretien à l’AFP, Mme Pellerin a par ailleurs estimé que M.Gallet avait « toutes les cartes en main pour sortir du conflit » et qui lui fallait « rétablir le dialogue social » au plus vite au sein de la Maison ronde. L’option d’une médiation n’est pas envisagée à ce stade, fait-on ainsi savoir rue de Valois.Suite à cette lettre, le PDG de Radio France a annoncé la tenue samedi à 14 heures d’« une nouvelle réunion de négociations pour trouver une issue au conflit social et partager au plus vite le projet stratégique avec les collaborateurs de Radio France et leurs représentants ». Samedi matin, les syndicats n’avaient toujours pas dit s’ils se rendraient à cette réunion.Cette prise de parole gouvernementale était très attendue, alors que Radio France s’apprêtait à vivre un troisième week-end consécutif de grève, en réaction aux difficultés financières de l’entreprise – déficitaire de 21 millions d’euros en 2015 – et à la rupture du dialogue social entre le personnel et M. Gallet, par ailleurs mis en cause pour ses dépenses.Lire : Radio France : vote d’une motion de défiance contre Mathieu GalletL’urgence est de faire face à une fonte de la trésorerie, consumée notamment par le chantier de réhabilitation de la Maison de la radio, dont les coûts ont dérivé. Pour cela, la ministre annonce « une dotation en capital liée aux surcoûts du chantier », qui n’est pas chiffrée à ce stade. En clair, l’Etat va apporter une subvention exceptionnelle qui aidera l’entreprise à faire face à ses dépenses les plus urgentes. En complément, « les différentes options possibles pour la finalisation de ce chantier » seront étudiées. Dans un entretien au Parisien samedi 4 avril, M. Gallet se dit satisfait de ces annonces qui sont « des signes de confiance pour l’entreprise » et confirme, parmi les économies envisagées, la suppression des ondes moyennes et longues (soit 14 millions d’euros par an).Le gouvernement assume l’objectif d’un retour à l’équilibre d’exploitation dès 2017 – alors qu’une option plus douce, à horizon 2019, était aussi envisagée. Mis en cause pour ses revirements, l’Etat rappelle son engagement à « stabiliser la ressource publique » affectée à l’entreprise jusqu’en 2017. Mais en contrepartie, il demande des efforts.Une gageureToutefois, Fleur Pellerin se garde bien de se prononcer sur la nature de ces efforts. Elle se contente de pointer que Mathieu Gallet a proposé un plan de départs volontaires – qui concernerait 300 à 380 personnes, soit l’option la plus élevée. « Le niveau d’emploi ne peut constituer la seule variable d’ajustement », nuance la ministre, ne refusant donc pas cette option, mais la complétant par la demande d’un « travail de modernisation sociale ».« C’est dans le dialogue social à l’intérieur de l’entreprise que devront être trouvées les mesures adaptées pour atteindre cet objectif », souligne-t-elle. Une gageure, quand on sait que les grévistes ont voté vendredi 3 avril, lors d’une assemblée générale réunissant entre 400 et 500 personnes, une motion de défiance envers M. Gallet, qu’ils jugent « discrédité ».Un vote qui a divisé le personnel au sein de Radio France. « L’assemblée générale a réagi aux contre-vérités énoncées hier par M. Gallet et à son mépris du dialogue social », a commenté Jean-Paul Quennesson, délégué syndical SUD et membre de l’Orchestre national de France (ONF). Jeudi 2 avril, le PDG avait mené une offensive médiatique, d’iTélé aux antennes de France Info et de France Inter, pour se défendre et tendre la main aux grévistes en vue de renouer le dialogue. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a quant à lui déploré ce vote. « Tout ce qui affaiblit le patron de Radio France affaiblit Radio France à l’heure où son PDG devra inévitablement négocier avec l’Etat », estime Valeria Emanuele, déléguée nationale.Dans sa lettre, Fleur Pellerin ne se contente pas de demander au PDG une sortie de crise rapide et un retour à l’équilibre dans deux ans. Elle souhaite aussi, en complément, qu’il porte une « ambition réformatrice ». Pour cela, elle l’enjoint à formuler, en vue du prochain contrat d’objectifs et de moyens – que l’entreprise et l’Etat doivent conclure pour la période 2015-2019 - une vision qui incarne la « singularité » du service public de radio et de musique.Deux orchestres, mais réduitsLa ministre demande une « offre de programmes qui ne soit ni banalisée, ni aseptisée », sans fermer la porte à des « regroupements » de chaînes, pour autant qu’ils soient « ambitieux ». Elle s’oppose à une augmentation des volumes de publicité, mais se dit ouverte à un assouplissement des catégories d’annonceurs autorisés, comme le demande la direction. Au grand dam des radios privées qui ne veulent pas entendre parler d’un assouplissement des règles publicitaires. Mme Pellerin demande aussi des précisions sur l’information, l’éducation aux médias, la transmission des valeurs citoyennes et le numérique.En matière de musique, la ministre de la culture fait comprendre qu’elle ne souhaite ni la fusion des deux orchestres de Radio France, ni le détachement de l’un d’entre eux, comme le demandait M. Gallet. Mais la ministre propose un « redimensionnement des formations musicales » et une « réforme de leurs modalités de travail ». « L’annonce de ne pas fusionner les deux orchestres nous rassure, commente Philippe Ballet, délégué UNSA. En revanche, la ministre valide de fait le plan de départ volontaire. Cela nous heurte. Plus largement, le gouvernement ne répond pas à notre constat de sous financement de l’audiovisuel public. »L’accueil qui sera fait aux propositions de Mme Pellerin reste incertain, dans une Maison ronde chauffée à blanc après deux semaines de conflit. De source syndicale, on comptait 75 % de grévistes dans les locales du réseau France Bleu et à France Culture, et un tiers à la rédaction de France Info et France Inter. Selon la direction, il n’y avait à Radio France que 11 % de grévistes vendredi.Consulter notre visuel interactif : La première année agitée de Mathieu Gallet à la tête de Radio FranceAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.04.2015 à 12h13 • Mis à jour le03.04.2015 à 22h43 | Alexis Delcambre et Alexandre Piquard Le dialogue semble bien rompu entre Mathieu Gallet, le PDG de Radio France, et les grévistes qui ont reconduit leur mouvement jusqu’au mardi 7 avril. Vendredi matin, une assemblée générale, qui réunissait 400 à 500 salariés, de source syndicale, a voté à la quasi-unanimité une motion de défiance, qui demande le départ du dirigeant. Texte de la motion de défiancePourquoi ce vote, alors que la résolution de la crise se joue désormais dans les cabinets ministériels, de Bercy à la culture en passant par Matignon ? Ceux-ci planchent actuellement sur le fameux « projet stratégique » remis jeudi par M. Gallet et s’apprêtent à rendre des arbitrages sur les missions et les moyens de l’entreprise publique ces prochaines années.« L’assemblée générale a réagi aux contre-vérités énoncées hier par M. Gallet et à son mépris du dialogue social », a commenté Jean-Paul Quennesson, délégué syndical SUD et membre de l’Orchestre national de France (ONF). Jeudi, le PDG avait mené une offensive médiatique, d’i-Télé aux antennes de France Info et de France Inter, pour se défendre et tendre la main aux grévistes en vue de renouer le dialogue.« M. Gallet se sert des antennes de Radio France pour sa communication personnelle, alors qu’il n’arrive plus à mettre les partenaires sociaux autour d’une table », a poursuivi M. Quennesson. De fait, les négociations sociales sont en berne depuis le 30 mars, date du dernier échange formel entre la direction et les délégués du personnel.Personnalisation du conflitDepuis le début de la crise, le 19 mars, le fait que le PDG s’exprime plus volontiers dans les médias ou dans les rédactions que face aux délégués syndicaux est un reproche récurrent. « M. Gallet est totalement discrédité, il s’avère incapable de diriger Radio France et d’incarner les valeurs fortes et intangibles de la radio publique », juge sèchement le texte.L’idée d’une médiation a été à nouveau évoquée par les représentants syndicaux dans leurs contacts, cette semaine, avec des politiques. Pour le moment, le prochain rendez-vous avec le PDG est fixé au mercredi 8 avril, lors d’un comité central d’entreprise où le projet sera présenté.Mais cette personnalisation du conflit ne fait pas l’unanimité au sein de la Maison ronde. Ainsi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a déploré ce vote. « Tout ce qui affaiblit le patron de Radio France affaiblit Radio France à l’heure où son PDG devra inévitablement négocier avec l’Etat », estime Valeria Emanuele, déléguée nationale. « Je ne sais pas ce que cela changerait d’avoir la tête de M. Gallet : nous nous retrouverions dans un vide et la vraie question des réformes resterait la même », renchérit un journaliste.Le SNJ appelait aussi à la grève vendredi, mais de façon indépendante du mouvement illimité ouvert par cinq autres syndicats. De source syndicale, on comptait 75 % de grévistes dans les locales du réseau France Bleu et à France Culture, et un tiers à la rédaction de France Info et France Inter. Selon la direction, il n’y avait à Radio France que 11 % de grévistes vendredi.>> Voir notre visuel interactif : La première année agitée de Mathieu Gallet à Radio France« Ce qui pourrait débloquer la situation serait que la tutelle [le ministère de la culture] se fasse enfin entendre », résume un journaliste. Et de suggérer que « ce serait bien que le ministère propose de séparer la question des travaux de celle des réformes », pour tenir compte de l’exaspération provoquée par l’interminable réhabilitation, qui perturbe le quotidien et consume la trésorerie.« Ce chantier est le seul sujet sur lequel il y a consensus à Radio France, résume ce journaliste. Sur le reste – faut-il accepter un plan social, ne garder qu’un orchestre, réformer les modes de production  – il y a des débats parmi les salariés. »Dans la soirée, la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a finalement réitéré son soutien au PDG de Radio France, estimant qu’il avait « toutes les cartes en main pour sortir du conflit à Radio France ». « Il faut que [Mathieu Gallet] sorte de ce conflit mais c'est à lui de rétablir le dialogue social », a-t-elle toutefois insisté dans un entretien à l’AFP.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.05.2015 à 13h23 • Mis à jour le27.05.2015 à 17h05 Le groupe de presse belge Rossel a confirmé, mercredi 27 mai, son intérêt pour prendre le contrôle du quotidien gratuit français 20 Minutes, un rapprochement qui viendrait compléter ses activités en France, où il est très présent en presse quotidienne régionale.Le norvégien Schibsted, fondateur du titre, avait auparavant annoncé dans un communiqué avoir engagé des négociations exclusives avec Rossel en vue de lui céder sa participation de 49,3 %, le reste étant détenu par SIPA-Ouest-France.Selon les deux groupes, l'objectif est de clore en octobre cette transaction, dont le montant n'a pas été divulgué. Un accord éventuel serait soumis aux autorités françaises de la concurrence, précise Schibsted « Sur la base de l'offre indicative [du groupe Rossel], Schibsted devrait enregistrer un léger gain comptable », note encore le groupe norvégien. Aucun montant n'a été annoncé, ni aucun détail donné sur les conséquence de cette transaction sur l'emploi.« C'est plus un projet en développement qu'en restructuration », a affirmé à l'Agence France-Presse Bernard Marchant, le numéro un du groupe de presse francophone belge, se voulant rassurant.« Nous connaissons bien la presse gratuite. »Lancé en France en 2002, 20 Minutes emploie une centaine de journalistes, sur un total de deux cents salariés. Sa diffusion a progressé de 1,3 % en 2014, à 969 586 exemplaires en moyenne par jour. Si ce partenariat voit le jour, « ce sera une expérience très complémentaire de nos activités françaises dans la presse quotidienne régionale », a indiqué Bernard Marchant, car 20 Minutes « est un média plus urbain, avec une diffusion forte, orientée vers le numérique ».Rossel contrôle, entre autres, le quotidien belge Le Soir et le groupe de presse français La Voix, qui édite notamment La Voix du Nord. Il est également en Belgique l'éditeur de Metro, le seul quotidien gratuit du pays. L'annonce des négociations entre Rossel et Schibsted suit de moins d'une semaine celle de la disparition de l'édition papier de Metronews, détenu par TF1, dans un contexte de crise publicitaire profonde pour la presse gratuite. « C'est une évolution logique du marché », a relativisé le patron de Rossel, pour qui la coexistence de trois journaux gratuits en France, avec Direct Matin, n'était « pas simple », compte tenu d'une trop forte concurrence.Lire aussi (édition abonnés) : Pourquoi Metronews va cesser sa diffusion papier 27.05.2015 à 06h34 • Mis à jour le27.05.2015 à 15h38 | Alexis Delcambre Quoi de commun entre le leader mondial du luxe, LVMH, et Le Parisien/Aujourd’hui en France, archétype du quotidien populaire, plus présent dans les bars PMU que dans les salons des grands hôtels ? La question taraude tous les analystes du secteur du luxe depuis l’annonce, mardi 26 mai, des négociations exclusives ouvertes entre le groupe de Bernard Arnault – déjà propriétaire des Echos – et la famille Amaury, qui détient le quotidien.Mais ce qui manque apparemment de sens à l’échelle de LVMH en trouve davantage au niveau des Echos. Le quotidien économique est un acteur isolé dans un paysage de la presse en pleine concentration : le groupe Le Monde a acquis L’Obs, Patrick Drahi a engagé la construction d’un groupe avec Libération et L’Express, Le Figaro a mené des acquisitions dans l’univers numérique.Cette course à la taille n’a pas pour seul objectif de satisfaire l’appétit ou la quête d’influence de quelques milliardaires. Elle vise aussi à réaliser des économies, en mutualisant des fonctions non éditoriales, et à donner plus de puissance aux régies publicitaires. De quoi recréer des marges de manœuvre pour continuer à financer la transition numérique de ces titres.Sur le papier, des complémentarités apparaissent. Les Echos pourront bénéficier du réseau de portage du Parisien et de la pénétration d’Aujourd’hui en France – sa version nationale – en province. Le Parisien pourra profiter du savoir-faire des Echos en matière d’abonnement.Surtout, leur régie commune, qui continuera à commercialiser L’Equipe, affichera une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)… Une surface publicitaire qui offre un terrain de choix à la soixantaine de marques du groupe LVMH… quoi qu’en pensent les analystes du luxe.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Pour un site web d’information, il devient de plus en plus difficile de rester indépendant, surtout lorsqu’on a une taille modeste. Un peu plus d’un an après sa création, ReCode a ainsi décidé de se vendre au groupe Vox Media, déjà propriétaire de The Verge et du site sportif SB Nation. L’opération devait être annoncée mercredi 27 mai, selon le New York Times.Lire : Vox Media, l'ambitieux des médias numériquesReCode avait été lancé par Walt Mossberg et Kara Swisher, après leur départ en septembre 2013 du Wall Street Journal, où ils avaient créé et animé pendant six ans AllThingsD, un site spécialisé sur les nouvelles technologies. Mais, malgré une influence reconnue dans le milieu de la High Tech, ReCode a eu du mal à trouver son public. Son audience ne dépasse pas 1,5 million de visiteurs réguliers par mois, selon la société d’études comScore. Un public insuffisant pour faire vivre les 44 salariés employés par le site.ReCode veut changer de dimensionEn se faisant racheter pour un montant qui n’a pas été divulgué, ReCode veut changer de dimension. Vox Media au travers de ses différents sites a totalisé en avril plus de 53 millions de visiteurs uniques. The Verge, en comptant à lui seul 12 millions.Le groupe, qui est valorisé 400 millions de dollars après une récente levée de fonds de 46,5 millions auprès de la firme de private equity General Atlantic, mise sur la complémentarité des deux sites pour faire progresser les audiences, tout en faisant des économies d’échelle en termes de publicité et de marketing. Le patron de Vox Media, Jim Bankoff, a commandé récemment une étude qui montre que seulement 3 % des deux sites se cannibalisent.Vox Media met ainsi la main sur la partie très lucrative de ReCode que constituent ses conférences, capables d’attirer les stars de la Silicon Valley, sur le modèle de celles qui avaient fait le succès de AllThingsD.Un Time des médias numériquesL’idée de M.Bankoff est de constituer à terme une sorte de Time des médias numériques. À l’automne 2013, Vox Media a racheté Curbed Network, qui édite notamment Curbed, un blog spécialisé sur l’immobilier et Racked, un site sur la mode et le shopping. En avril 2014, le groupe a également lancé Vox.com avec à sa tête Ezra Klein, le fondateur du Wonkblog, le blog économique du Washington Post.Les actionnaires de ReCode, notamment la firme d’investissement Windsor Media et NBCUniversal News Group, échangeront de leurs parts contre une petite portion du capital de Vox Media.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.05.2015 à 15h30 • Mis à jour le27.05.2015 à 16h29 | Alexis Delcambre C’est un coup de tonnerre dans le ciel de la presse française. Le groupe de luxe LVMH, déjà propriétaire des Échos, est entré en négociations exclusives avec le groupe Amaury pour racheter Le Parisien, comme l’ont annoncé les deux groupes, mardi 26 mai, après plusieurs semaines de discussions secrètes.L’annonce de ces négociations a été faite aux personnels des deux titres, mardi – signe qu’elles sont déjà assez avancées. La transaction n’est toutefois pas achevée et doit notamment recevoir l’aval de l’Autorité de la concurrence.L’acquisition concerne le quotidien régional (229 638 exemplaires en 2014 et 8,5 millions de visiteurs uniques mensuels sur Internet), son édition nationale Aujourd’hui en France (148 220 exemplaires en 2014), la régie Amaury Médias (environ 150 millions d’euros de chiffre d’affaires avec Le Parisien/Aujourd’hui en France et L’Equipe), la filiale de distribution Proximy et l’imprimerie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dont la fermeture est programmée.Un rachat à 50 millions d’eurosPour cet ensemble, LVMH a proposé un prix « supérieur à 50 millions d’euros », selon Francis Morel, PDG des Échos. Même si le montant exact n’est pas encore connu, ce prix est a priori nettement inférieur aux 200 millions d’euros, révisés à 150 millions, qu’espérait en 2010 Marie-Odile Amaury, propriétaire du groupe, lors d’une précédente tentative de vente.« Le niveau probable de la transaction me semble malheureusement s’inscrire dans la spirale de destruction de valeur... Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Plus d’un mois après la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions continue de susciter des remous. Des questions ont été soulevées sur les conditions de cette désignation, par des candidats malheureux notamment, dans des articles du Monde, de M, le magazine du Monde, ainsi que de Mediapart ou de TéléObs.Au Parlement, l’opposition s’est emparée du sujet, suivant la ligne fixée par Nicolas Sarkozy, qui entend démontrer que la majorité actuelle a eu tort de mettre fin à la nomination par le président de la République, qu’il avait instaurée. Mardi 19 mai, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, a demandé la création d’une commission d’enquête. La conférence des présidents l’a refusée, mais le président (PS) de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche, a proposé d’auditionner Olivier Schrameck, mardi 26 mai.« On fait une audition parce qu’il n’y a pas, de mon point de vue et avant l’audition d’Olivier Schrameck, d’éléments constitutifs d’une commission d’enquête parlementaire. C’est-à-dire une irrégularité ou une illégalité caractérisée traduisant un dysfonctionnement majeur », a expliqué M. Bloche.Le président du CSA a donc été interrogé par les députés et a défendu vigoureusement la « régularité » et l'« impartialité » du processus de nomination. Les débats ont porté sur plusieurs points.Le secret de la procédure. M. Schrameck a souvent rappelé que les membres du collège étaient tenus par le secret des délibérations sur les détails du vote. De plus, le CSA a adopté pour France Télévisions une procédure permettant de garantir, autant que possible, la confidentialité des candidatures, afin d’attirer des dirigeants en poste dans le privé. Cette procédure a été contestée pour son opacité.Sur le contenu des auditions, également secret, le président du CSA a invoqué une jurisprudence issue d’une décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 2000. Mais certains juristes, cités par Mediapart, estiment qu’il en a une interprétation extensive.Les règles du vote. Pour établir une liste restreinte de candidats à auditionner, les huit membres du collège du CSA ont voté à bulletin secret sur chacun des trente-trois postulants initiaux. Seuls ceux qui ont obtenu au moins cinq voix ont été retenus, ce qui a entraîné l’élimination de candidats sérieux comme Marie-Christine Saragosse (France Médias Monde), Emmanuel Hoog (AFP), ou Didier Quillot (ex-Lagardère active et Orange).Certains membres du collège ont depuis assuré aux journalistes que cette méthode de vote avait été imposée par M. Schrameck au dernier moment, alors que dans le cas de la présidence de Radio France, un an plus tôt, la liste restreinte avait été établie de façon consensuelle.Le président du CSA dément tout changement de procédure de dernière minute. Et estime que le système adopté pour France Télévisions n’a rien changé en substance par rapport à celui retenu pour Radio France.Enfin, l’article de M évoque une intervention de M. Schrameck auprès de l’une des membres du collège, Francine Mariani-Ducray, issue comme lui du Conseil d’Etat, afin qu’elle vote en faveur de Delphine Ernotte, pour sortir le CSA d’une situation de blocage (4 voix contre 4).« Je n'avais aucun parti pris sur les différents candidats », a fait valoir le président du CSA devant les députés, en soulignant n'avoir « fait pression sur aucun de [s]es collègues, ni directement ni indirectement ».Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsL’impartialité du collège. Les médias ont notamment pointé le rôle de Sylvie Pierre-Brossolette, l’une des membres du collège, qui aurait marqué une préférence précoce pour Delphine Ernotte. Elle aurait notamment intercédé auprès de l’homme d’affaires François Pinault pour qu’il rencontre la dirigeante d’Orange.Mme Pierre-Brossolette a admis un échange avec M. Pinault sur le sujet, mais a démenti avoir organisé quoi que ce soit. L’entourage de Delphine Ernotte, cité par l’AFP, a assuré : « Elle a rencontré François Pinault, comme elle a vu une cinquantaine de personnes entre janvier et avril (…) et ce n’est pas sur le conseil de Sylvie Pierre-Brossolette. »Egalement cité – tout comme les conseillers récemment nommés Nicolas Curien et Nathalie Sonnac, qui ont voté en faveur de Mme Ernotte après les auditions –, M. Schrameck s’est vigoureusement défendu de tout favoritisme, affirmant n’avoir jamais rencontré Delphine Ernotte avant le 6 mars. Il a précisé avoir rencontré beaucoup d’autres candidats et ne pas avoir eu de contacts avec elle depuis.Interrogé sur d’éventuels recours, Olivier Schrameck avait affirmé à Libération, avant son audition, n’avoir « aucune crainte » : « Je n’ai pas de raison de douter de notre collégialité, sauf preuve inverse et administrée par la voie judiciaire », Quelle base pour une plainte ?Un syndicat de France Télévisions, la SNPCA-CGC, a fait savoir, lundi 25 mai, qu’il voulait déposer une plainte au sujet de la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions. « Le CSA est une autorité indépendante qui a une personnalité morale et donc une responsabilité juridique », explique le représentant de ce syndicat minoritaire, Jean-Jacques Cordival, ancien salarié de l’entreprise.Déterminer le motif et l’angle d’une action juridique n’est toutefois pas évident. M. Cordival évoque l’obligation « d’impartialité » des membres du CSA, ainsi que le respect des « principes électoraux », qui supposent un traitement égalitaire des candidats. La nomination de Delphine Ernotte n’étant toutefois pas un scrutin électoral, ce raisonnement ne tiendrait en principe que par analogie.Une contestation pourrait avoir lieu auprès d’une juridiction administrative (éventuellement le Conseil d’Etat) garante de la légalité d’une procédure encadrée notamment par la loi d’indépendance de l’audiovisuel de novembre 2013. Une plainte au pénal n’est par ailleurs pas exclue mais il faudrait trouver une base de droit.« En tout cas, il est hors de question d’en rester là », insiste M. Cordival, qui rappelle être à l’origine du volet « France Télévisions » de l’affaire Bygmalion, qui a notamment entraîné la mise en examen de l’ancien président Patrick de Carolis pour favoritisme.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Johannès L’officier de sécurité a jeté un œil dans le rétro. La petite Fiat noire était toujours là. Elle les suivait depuis déjà un moment, et le type au volant prenait des photos. Il était très tôt, ce matin frais du 15 octobre 2014, à Paris, il faisait à peu près noir, ça ne devait pas donner grand-chose. Boulevard de l’Hôpital, le policier a dit à son collègue de relever le numéro et s’est brusquement rangé sur le côté. La Fiat est passée, ils l’ont doublée, elle n’a pas insisté. Les deux agents ont rendu compte : ils sont chargés de la sécurité de deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui reçoivent leur lot régulier de menaces de mort, et que le ministère de l’intérieur a placé sous protection. L’homme à l’appareil photo a été identifié. Il s’appelle Sébastien Valente. C’est le photographe qu’a choisi Nicolas Sarkozy pour sa campagne présidentielle.Lire : Sarkozy s'offre un paparazziLes ennuis ont commencé pour les deux journalistes le 8 mars 2014 exactement, lorsqu’ils ont révélé que l’ancien chef de l’Etat et son avocat avaient été placés sur écoute dans l’enquête sur un financement libyen. Le Journal du dimanche publie huit jours plus tard un fac-similé de l’agenda privé de François Hollande, qui fait état d’un rendez-vous avec les deux enquêteurs le 7 mars au soir – preuve supposée qu’ils s’informent directement auprès du pouvoir. Outre qu’il n’est pas d’usage de dévoiler les rendez-vous des confrères, la coïncidence tombe à plat : Le Monde du 8 mars est paru, comme toujours, la veille, et était déjà en kiosque au moment de l’entretien, consacré au livre que les journalistes entendent publier sur le quinquennat.La rumeur court bientôt que ce seraient les deux journalistes eux-mêmes qui auraient prévenu Nicolas Sarkozy des écoutes, par le biais de son avocat – sans qu’on saisisse bien le pourquoi de cette fantaisie. Les retombées, en revanche, sont concrètes : Gérard Davet et Fabrice Lhomme reçoivent des menaces de mort, de petits cercueils avec les noms et dates de naissance de leurs femmes et de leurs enfants, ou des balles envoyées par la poste. Au point qu’en septembre 2014, le ministère de l’intérieur les place entre les mains du service de la protection (SDLP). Les journalistes doivent tant bien que mal se faire déposer dans des endroits discrets pour ne pas « griller » leurs sources.François Hollande en maillot de bainLa pression monte d’un cran le 14 octobre 2014, avec le tweet d’Yves de Kerdrel, le directeur de Valeurs actuelles : Dans le prochain numéro de @Valeurs revoilà le cabinet noir contre #Sarkozy avec ses deux valets : les pseudo journalistes Davet et Lhomme.— ydekerdrel (@Yves de Kerdrel ن)require(["twitter/widgets"]);Le propos résume assez bien la pensée de proches de Nicolas Sarkozy et vaut au vicomte de Kerdrel d’être renvoyé devant le tribunal pour « injure publique ». Le 15 octobre, de bonne heure, Fabrice Lhomme vient au journal à pied, Gérard Davet est pris en charge dans la voiture des officiers de sécurité : les deux hommes ont rendez-vous « avec une très bonne source » sur les affaires Sarkozy. C’est ce jour-là que Sébastien Valente le suivait avec sa Fiat noire.Il ne s’en cache d’ailleurs pas. « J’ai essayé de faire une photo de M. Davet, a expliqué le photographe aux policiers, le but était de faire une photo avec ses officiers de sécurité. Je pensais que cette photo allait intéresser des magazines. C’est mon métier de faire des photos d’actualité (...) Mes tentatives de faire des photos de MM. Davet et Lhomme [se] sont arrêtées là. » Il n’est pas certain qu’une photo des journalistes avec les policiers se serait vendue bien cher. Une photo de leur source, si.Sébastien Valente, 34 ans, joue d’ordinaire dans une autre cour. La photo volée de François Hollande et de Julie Gayet à l’Elysée aurait transité, selon Le Canard enchaîné, par l’agence E-presse, dirigée par sa compagne ; il dément aussi avoir photographié François Hollande en maillot de bain et pas à son avantage. C’est, enfin, un proche de Carla Bruni, et le photographe officiel de Nicolas Sarkozy pour sa campagne de 2017 ; il avait joliment photographié le couple au cap Nègre en 2013.« Pseudo-affaires »Le 16 octobre, donc, Valeurs actuelles publie un article non signé qui donne les rendez-vous des deux journalistes à l’Elysée, à la chancellerie et au pôle national financier, « lieu en théorie impénétrable », assure l’hebdomadaire, alors que le parquet a même un correspondant détaché pour répondre à la presse. Une chose est sûre, « les révélations sur des pseudo-affaires » de la droite « ne peuvent avoir été conduites qu’avec l’aide de juges qui, cherchant à nuire au retour de Nicolas Sarkozy, sont prêts à violer impunément la loi », assure le magazine. Les rédactions de quatorze médias condamnent les méthodes « indignes » du journal.Le photographe opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond-ilSébastien Valente opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond le photographe. Yves de Kerdrel dit lui aussi ne pas le connaître, et assure devant la police n’avoir « eu recours à aucun moyen délictueux, filature, photographie pour obtenir ces informations » – l’hebdomadaire était d’ailleurs déjà imprimé quand le photographe a pris Gérard Davet en filature.Pour qui travaillait Valente ? Il n’est pas le seul à surveiller les journalistes. De retour de Montpellier, Fabrice Lhomme a été pris en chasse le 26 janvier sur le périphérique par quatre hommes et sauvé ce jour-là par le SDLP. En octobre 2014, un agent d’un centre d’impôt a été surpris à consulter les dossiers fiscaux des deux journalistes, une expertise a démontré qu’il était aussi l’auteur de certaines des menaces. Reste à savoir pour le compte de qui. Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont porté plainte le 21 octobre 2014, au lendemain de la parution de Valeurs actuelles, pour « atteinte à l’intimité de la vie privée et violation des correspondances ». Le parquet, qui bute sur les dénégations du photographe et du patron du magazine, a classé l’affaire, faute d’user de méthodes plus intrusives. Savoir qui employait Sébastien Valente conduirait nécessairement à violer le secret des sources du photographe…Franck JohannèsFranck JohannèsSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 17h38 • Mis à jour le21.05.2015 à 18h42 | Eric Albert (Londres, correspondance) Après le spectaculaire procès du News of the World l’an dernier, le Daily Mirror a été condamné, jeudi 21 mai, pour avoir pratiqué pendant plus d’une décennie des écoutes téléphoniques à grande échelle. Le tabloïd britannique va devoir verser des compensations record de 1,2 million de livres (1,7 million d’euros) à huit victimes, principalement des stars du show-business. Mais près d’une centaine d’autres sont désormais sur les rangs et demandent compensation.Le jugement vient confirmer officiellement ce que beaucoup soupçonnaient depuis des années : les écoutes téléphoniques ont été pratiquées par tous les tabloïds de façon systématique. L’excuse, qui consistait initialement à faire passer pour un canard boîteux le News of the World, le journal dominical du groupe de Rupert Murdoch, ne tient plus.Le procès, qui a duré trois semaines, a mis à jour les écoutes téléphoniques réalisées entre 1999 et 2010 par le Daily Mirror, le Sunday Mirror (l’édition dominicale du premier) et The Sunday People, un hebdomadaire du même groupe.L’accusation reposait très largement sur le témoignage de Dan Evans, qui avait été le principal responsable des écoutes en 2003 et 2004. Parfaitement conscient de l’illégalité de la pratique, le journaliste a raconté comment il détruisait les cassettes des enregistrements et jetait régulièrement dans la Tamise les téléphones qu’il utilisait pour réaliser son espionnage.Sa technique consistait à écouter les messages laissés sur les répondeurs des portables. A l’époque – avant l’arrivée des smartphones –, il était assez facile d’y accéder à distance, à condition d’en avoir le code d’accès.Mais une grande majorité des utilisateurs ne changeait jamais ce numéro, qui restait souvent sur le mode par défaut de l’usine : 0000 ou 9999 par exemple.« A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne »Les conséquences de cette intrusion dans la vie privée étaient brutales. Parmi les huit plaignants, certains ont été espionnés pendant sept ans. Ils retrouvaient des articles sur leur vie intime et soupçonnaient leurs proches de les avoir trahis.Steve McFadden, un acteur d’une série télévisée, a expliqué à la barre avoir renoncé à demander en mariage sa petite amie de l’époque, parce qu’il la soupçonnait d’être la source d’informations du Daily Mirror.L’actrice Sadie Frost est allée jusqu’à faire signer à sa propre mère un document juridique lui faisant promettre de ne jamais dévoiler d’informations à la presse. « Quand j’ai appris que j’étais sur écoutes, je me suis sentie soulagée, a-t-elle témoigné, jeudi. J’ai su que je n’étais pas devenue folle. A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne. »Contrairement au News of the World, il ne s’agissait pas d’un procès pénal, mais civil. La décision de justice va cependant faire date car les condamnations sont beaucoup plus élevées que toute la jurisprudence actuelle.Jusqu’à présent, la compensation la plus élevée jamais accordée pour violation de la vie privée était de 60 000 livres (85 000 euros). Cette fois-ci, Mme Frost va recevoir quatre fois plus, en l’occurrence 260 000 livres (366 000 euros), et Paul Gascoigne, l’ancien footballeur, 188 000 livres (265 000 euros).Depuis que la procédure judiciaire contre le Daily Mirror a été ouverte, de nombreuses plaintes supplémentaires ont été déposées. Selon le Guardian, il y en aurait une centaine au total.Le Daily Mirror a indiqué qu’il envisage de faire appel, mais il a également décidé de plus que doubler l’argent qu’il met de côté pour les compensations, à un total de 28 millions de livres (39 millions d’euros).Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Après plusieurs mois d’incertitudes, les discussions autour de Radio Nova sont en passe d’aboutir. Jeudi 21 mai, Les Nouvelles Editions indépendantes (LNEI) – la holding de médias de Matthieu Pigasse – ont annoncé leur entrée en négociation exclusive avec les actionnaires de Radio Nova.La cible du propriétaire des Inrocks (et actionnaire à titre personnel du Monde, avec Pierre Bergé et Xavier Niel), le groupe Nova Press, est surtout connue pour son emblématique radio, marquée par la figure de Jean-François Bizot, mais est également présente dans l’édition musicale et la production, avec Nova Records.« L’opération envisagée vise à mettre en place une offre multimédia reposant sur les nombreuses complémentarités existantes (culturelles, éditoriales, commerciales, de support…) entre les groupes Nova Press et Les Inrockuptibles, dans le plein respect de l’intégrité et de l’identité des deux marques », explique le communiqué de LNEI.Un prix de 12 millions à 15 millions d’eurosLa perspective de bâtir un écosystème cohérent, musical et culturel, avec Les Inrockuptibles a probablement joué dans la décision des propriétaires de Nova, qui sont les héritiers de Jean-François Bizot, conseillés par la banque Degroof.Selon une source proche du dossier, le montant de la transaction se situerait « dans une fourchette entre 12 et 15 millions d'euros ». Nova compte 26 fréquences et réalise 12 millions d’euros de chiffre d’affaires environ.M. Pigasse avait dévoilé ses intentions dès le 30 janvier. Mais d’autres candidats, une trentaine d’autres, ont étudié le dossier. Ont notamment été cités Patrick Drahi et Marc Laufer (actionnaires de Libération), les groupes NRJ et NextRadioTV, Pascal Chevalier (Reworld Media), Didier Quillot (Lagardère Active) ou encore le groupe Vivendi.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 21h47 • Mis à jour le21.05.2015 à 08h44 Le caricaturiste français Jul s’est vu refuser l’entrée au Nicaragua par le gouvernement. Il devait y participer à un forum d’écrivains, a affirmé mercredi 20 mai Sergio Ramirez, promoteur de la rencontre. Ce dernier a qualifié cette décision d’« acte lamentable », ajoutant qu’aucune explication n’avait été fournie par les autorités pour la justifier.La troisième édition de Centroamerica Cuenta – qui réunit 70 auteurs d’Amérique latine et d’Europe et a été inaugurée mardi par un hommage au journal satirique –, cible le 7 janvier dernier d'un attentat qui a décimé sa rédaction. Jul devait arriver la veille dans la capitale Managua pour y assister.« Nous ne comprenons pas, nous sommes surpris et, bien sûr, nous rejetons ce genre de mesures contre un caricaturiste de grand prestige mondial qui venait enrichir [l’événement] par sa participation », a regretté M. Ramirez.Troisième étranger refouléSelon lui, l’ambassade de France au Nicaragua a essayé, sans succès, de faire revenir les autorités sur leur décision. Le représentant diplomatique, Antoine Joly, a fait part, mardi, de sa déception. Il a par ailleurs précisé que Jul venait dans la région pour participer également à d’autres événements culturels au Costa Rica et au Salvador.De son côté, le caricaturiste, qui a collaboré avec de nombreux médias français comme Libération et L’Humanité, a enregistré un message vidéo, diffusé lors du forum, pour expliquer les raisons de son absence.Il est le troisième étranger en une semaine à être refoulé à son arrivée au Nicaragua, après le Péruvien Luis Carlos Boub et l'Espagnole Marta Gonzalez, militants de l’ONG Centre pour la justice et le droit international, qui venaient participer à l’anniversaire d'un organisme local de défense des droits de l’homme. Raphaëlle Besse Desmoulières et Alexis Delcambre La première saison a vu la dirigeante d’un opérateur téléphonique, peu connue du grand public mais aux solides réseaux, choisie pour diriger France Télévisions. Elle n’est pas achevée, puisque les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) continuent de faire jaser, des rédactions à l’Assemblée nationale.Mais voilà que la deuxième saison s’ouvre déjà : avec qui Delphine Ernotte va-t-elle tenter de réinventer la télévision publique ? Le dévoilement de ce casting très attendu a commencé, mercredi 20 mai, par une surprise de taille : la nouvelle présidente a choisi un jeune homme de 27 ans, issu de la politique, comme directeur de cabinet.Pour ceux qui suivent la saga des Verts et ses méandres, Stéphane Sitbon-Gomez n’a certes rien d’un second rôle. Celui que tout le monde surnomme « Yop » à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a été directeur de cabinet de Cécile Duflot au conseil régional d’Ile-de-France en 2010, puis directeur de campagne d’Eva Joly à la présidentielle deux ans plus tard et, enfin, « conseiller spécial » de Mme Duflot, alors ministre du logement, en 2012.Depuis que sa « patronne » avait claqué la porte du gouvernement en 2014, il affirmait vouloir prendre du recul et ne plus dépendre de la politique pour vivre, après près de quinze ans de militantisme. C’est désormais chose faite. « Une nouvelle vie commence pour moi », explique-t-il au Monde.Mais les ponts ne manquent pas entre sa vie d’avant et celle qu’il va découvrir, au cœur d’une entreprise publique de 10 000 salariés secouée par la baisse de son financement public et objet de toutes les attentions politiques et médiatiques.Le premier lien s’appelle Denis Pingaud, le précieux conseiller de Mme Ernotte, qui l’a mis en relation avec cette dernière. L’homme avait découvert Stéphane Sitbon-Gomez au moment de la création d’EELV, qu’il avait accompagnée, en 2010.Le petit-fils du journaliste Guy Sitbon a également participé, à l’automne 2014, comme coauteur, à l’aventure de la fiction participative Anarchy (en partie diffusée par Le Monde), avec l’équipe des Nouvelles Ecritures de France Télévisions. Une expérience en lien avec son sens politique, et son aisance avec le numérique et les nouveaux modes de communication.Dernière similitude : celui qui se définissait, dans un portrait du Monde, comme « un apparatchik, un homme d’appareil », va explorer, au poste de directeur de cabinet, un paysage politique interne pas moins complexe que celui des Verts, où se croisent directeurs de chaîne et directeurs « transversaux », tutelles de Bercy et de la culture, parlementaires, responsables syndicaux…D’autant que le poste de directeur de cabinet n’existait pas sous les présidences antérieures. Le haut encadrement de France Télévisions s’interroge donc déjà sur le périmètre exact qui sera celui du nouveau venu.A deux ans d’une élection présidentielle où Mme Duflot pourrait être candidate, Mme Ernotte a pris un risque en recrutant l’ancien bras droit de celle-ci. Mais elle envoie aussi un signal : la nouvelle présidente est en quête de profils neufs, à l’heure où France Télévisions doit notamment renouer avec la jeunesse.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Éphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Qui pour diriger l’Institut national de l’audiovisuel (INA) après Agnès Saal, acculée à la démission après la polémique sur ses frais de taxis ? Carine Camby, actuelle déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, est favorite pour occuper le poste, comme l’ont écrit La Correspondance de la presse le 9 mai et Le Figaro le 12 mai.Sa nomination pourrait intervenir dès mercredi 13 mai. Selon la procédure, le directeur de l’INA doit être proposé par la ministre de la culture au premier ministre, qui le nomme par décret au conseil d’administration de l’institution. Dans la foulée, le conseil des ministres le nomme président.Énarque, Carine Camby est issue de la Cour des comptes, tout comme Fleur Pellerin. Âgée de 54 ans, elle a travaillé dans le secteur audiovisuel au cours des années 1990 : elle a été directrice financière de la chaîne publique culturelle La Cinquième sous la direction de Jean-Marie Cavada, puis conseiller technique chargée des médias et du cinéma au cabinet du ministre de la culture Philippe Douste-Blazy.Elle a également été directrice de la société de production Image et Compagnie. Plus tard, en 2009, elle est nommée secrétaire générale du conseil de la création artistique présidé par le président de la République, Nicolas Sarkozy, et animé par Marin Karmitz.GarantiesCarine Camby a également été active dans le domaine de la santé : en 2003, elle a pris la tête de l’établissement français des greffes, qui deviendra l’agence de biomédecine. En 2008, elle a également été chargée par le premier ministre François Fillon d’une mission auprès du secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wauquiez, et du haut-commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch.Ses responsabilités dans des secteurs jugés sensibles sont vues comme un avantage pour succéder à Agnès Saal, emportée par la polémique sur ses dépenses de déplacements, dénoncés dans une lettre anonyme totalisant 40 000 euros de frais sur dix mois.Le gouvernement était soucieux de trouver un dirigeant qui puisse donner des assurances de gestion de l’argent public. Le profil de Carine Camby, issue de la Cour des comptes, est jugé favorable.À l’INA, le successeur d’Agnès Saal devra signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises. La négociation avec le ministère pourrait être retardée si le « COM » est modifié par le nouvel arrivant. À l’INA, les personnels, qui avaient déjà changé de dirigeant début 2014 avec le départ de Mathieu Gallet à Radio France, attendent de la continuité.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Samuel Laurent, Maxime Vaudano et Leila Marchand « L’analyse des unes de newsmagazines est une science ancienne et assez inexacte », ironise Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point. On détecte pourtant certaines tendances quand on dénombre, comme LeMonde.fr l’a fait, les 273 couvertures publiées sur un an (du 1er mars 2014 au 9 avril 2015) par cinq hebdomadaires généralistes français :Le Nouvel Observateur (du groupe Le Monde, 448 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 46 000 en kiosques),L’Express (400 000 ex., dont 54 000 en kiosques),Le Point (381 000 ex., dont 72 000 en kiosques)Marianne (155 803 ex. dont 67 374 en kiosques)Valeurs actuelles (112 000 ex., dont 25 000 en kiosques)(Voir notre méthodologie détaillée en fin d’article)Parmi les 14 catégories définies, on constate une part importante de sujets dits « magazine », qui ne sont pas liés à l’actualité, politique ou autre. Notamment dans les unes de la catégorie culture/loisirs/santé/« marronniers », qui inclut l’histoire ou le cinéma, mais aussi les sujets récurrents comme les palmarès et classements sur l’immobilier. #container_14309925725{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309925725{ height:500px; } #container_14309925725 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309925725 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309925725 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309925725 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Répartition des sujets de "une" des newsmagazinesPar thèmes, en %, sur un an et une sélection de cinq titres. Cliquez sur un élément de la légende pour filtrer l'affichage.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309925725", backgroundColor: 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document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Médicaments qui guérissent », « derniers jours d’Hitler », « folie De Funès », diplômes qui donnent du travail ou palmarès des hôpitaux… avec 57 couvertures, cette catégorie représente 20 % des unes des cinq newsmagazines. Et en particulier un tiers des unes de L’Express, un quart de celles de L’Obs et 27 % de celles du Point.« Les unes d’actualité politique pure vendent moins bien ces temps-ci », explique Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en précisant que son titre est le seul des trois grands hebdomadaires à avoir titré sur les élections départementales après le 1er tour, en évoquant « La Gauche en ruines ». Cette même semaine, Le Point avait fait sa une sur Winston Churchill et L’Obs sur les mémoires des époux Klarsfeld (avec toutefois un entretien évoquant la montée du Front national).« La période est peu favorable au politique. Il y a une désaffection, on la voit dans les chiffres de vente, abonde Etienne Gernelle. Michel Onfray vend mieux que Hollande ou Sarkozy. » Le numéro du 12 mars sur « Le Philosophe qui secoue la France » a permis au Point d’écouler « 30 % d’exemplaires en plus que la moyenne », alors que la dernière couverture consacrée au président de la République (« Et maintenant on fait la sieste ? », le 2 avril) a fait l’objet d’une vente « normale ».Les unes géopolitiques ont également des résultats de vente incertains, selon le patron de L’Express. Christophe Barbier note un paradoxe : « Les gens demandent de l’actualité internationale mais ne l’achètent pas forcément… » Les sujets internationaux sont donc mis en avant quand l’actualité l’impose vraiment, résume le directeur de L’Express, citant en exemple « Poutine super-tsar » (paru en janvier 2014, et donc absent de notre étude).Moins de « marronniers » et de francs-maçons qu’on ne croitEvoquer les sujets hors actualité, pour les hebdomadaires, fait immédiatement penser aux « marronniers », ces sujets que l’on a l’impression de voir revenir sans cesse : le classement des meilleurs lycées, les francs-maçons… Pourtant, la pratique a changé et s’est éloignée de certains clichés, insistent les dirigeants de newsmagazines. « Cela fait plusieurs années que nous n’avons pas fait de couverture sur les francs-maçons. Idem pour les classes moyennes. Pourtant, on nous en parle toujours. Il y a chez les gens un effet de persistance rétinienne », s’amuse Etienne Gernelle. De fait, aucun newsmagazine n’a mis les francs-maçons en une depuis plus d’un an. #container_14309930038{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309930038{ height:500px; } #container_14309930038 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309930038 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309930038 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309930038 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les sujets "magazine" dans les newsmagazinesVentilation des 53 unes de la catégorie "culture/loisirs/santé/marronniers dans les cinq newsmagazines étudiés. (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309930038", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Sexe","Palmarès","Alimentation","Tourisme","Immobilier","Culture","Santé","Portrait","Psycho","Vie pratique","Histoire"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de unes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 5 ], [ "", 7 ], [ "", 7 ], [ "", 9 ], [ "", 11 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " unes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Les gros marronniers, il en reste peu, expose Christophe Barbier de L’Express. Nous en avons surtout gardé deux : le ‘spécial immobilier’, deux fois par an, et le classement des hôpitaux, qui est pour les lecteurs un service dans un domaine important. » Le classement des lycées n’existe désormais plus que sous la forme d’un moteur de recherche sur le site de L’Express, explique M. Barbier.Le refus des marronniers est un parti pris beaucoup plus franc pour Valeurs actuelles. Son directeur, Yves de Kerdrel, raille les couvertures des autres hebdos sur la santé ou les derniers jours d’Hitler. Chez Valeurs actuelles et Marianne, deux titres au tirage plus faible, les sujets culture/loisirs/santé/« marronniers » ne représentent que 5,5 % et 10 % des unes.« Ces sujets sont guidés par les régies publicitaires. Et ils se vendent même parfois plus mal que la moyenne ! », critique M. Kerdrel, citant le cas de l’immobilier. L’Express affirme que son « spécial immobilier » ne répond pas à un impératif de publicité (les budgets seraient intéressants en mars à l’occasion d’un salon de l’immobilier, mais pas tellement en septembre) mais de diffusion. Selon M. Barbier, le moteur des ventes est local : l’édition nationale du numéro sur l’immobilier de septembre réalise une performance moyenne, mais les 36 éditions régionales apportent un plus qui fait de ce numéro « une des meilleures ventes de l’année ». D’autres dossiers sont plus directement réalisés par les hebdomadaires pour des raisons de la publicité (sur les vins, le numérique ou les flottes automobiles d’entreprises) mais ils sont très rarement en une, note-t-il.« C’est un pur métier d’offre. On ne sait pas vraiment ce que souhaitent les gens. On est souvent surpris quand on essaye de deviner les ventes, philosophe Etienne Gernelle. Les gens imaginent qu’on a des experts marketing et des recettes mais ce n’est pas le cas. Il faut donc une stratégie de long terme. »L’histoire, la psychologie et la morale sont « tendance »Parmi les sujets « magazine », on trouve beaucoup de thèmes historiques (11 unes), mais aussi de vie pratique et de conseils (« manuel de culture générale », « comment éviter le burn-out »…) Les sujets psycho (« la revanche des introvertis », « les hypernarcissiques ») sont également souvent tentés. Autre tendance : le grand portrait d’un artiste ou d’un intellectuel. Parmi les titres, chacun a ses spécialités : Le Point aime par exemple les dossiers historiques (Hitler, chute de Rome, Débarquement de 1944…). L’Express se pique de sujets psycho (« L’esprit qui soigne le corps », « Les Hyper narcissiques », « Les Manipulateurs »…). L’Obs navigue entre les deux, mais garde une appétence pour les valeurs sûres que sont « Les Diplômes qui donnent du travail » ou « Immobilier, pourquoi acheter ? »« L’histoire, c’est une tendance de longue date au Point, confirme M. Gernelle. Notre stratégie, c’est de proposer du fond. Et donc d’écrire souvent sur des intellectuels : des philosophes des historiens… » « Il y a deux ans, nous avons choisi de relancer la thématique psychologique sous l’angle de l’univers personnel, explique de son côté Christophe Barbier, de L’Express. Le domaine avait fait de belles performances il y a dix ans avec des psychologues comme Marcel Rufo ou Boris Cyrulnik, notamment sur la question du bonheur. Aujourd’hui, il faut trouver les nouvelles tendances. »M. Barbier estime que les couvertures sur les pervers narcissiques, ou celle sur le « burn-out » ont réalisé de très bons scores, en augmentant les ventes de 20 à 30 % par rapport à un numéro comparable. Dans le même esprit, L’Express a fait sa dernière couverture sur l’éducation : « Comment rendre nos enfants heureux ? ». Le Point a déjà titré sur « Les Jaloux, enquête sur une maladie qui gâche la vie » et L’Obs sur « La Revanche des introvertis ».« Les philosophes sont à la mode », constate enfin M. Barbier. « Les questions sur la République, les valeurs, la France, la laïcité, cela préoccupe les gens, estime M. Gernelle. On voit d’ailleurs que le Nouvel Observateur a consacré sa une à Emmanuel Todd (pour son livre Qui est Charlie ?). » Le directeur du Point affirme ne pas avoir mis Alain Finkielkraut ou Michel Onfray en couverture pour les ventes, mais note que ces numéros ont bien fonctionné. « Il y a cinq ans, la une que nous avions dédiée à Michel Onfray, pour son livre sur Sigmund Freud, s’était moins bien vendue », compare-t-il. La catégorie « valeurs et morale » comprend ainsi 29 unes des cinq newsmagazines étudiés, en un an. Les frontières entre catégories sont parfois poreuses et les questions de « valeurs » rejoignent des enjeux politiques : c’est clair avec des auteurs comme Michel Houellebecq, Michel Onfray, Alain Finkielkraut ou Emmanuel Todd, tous liés aux débats sur la laïcité et l’islam, notamment. Idem pour des unes de l’hebdo de droite Valeurs actuelles comme « Zemmour l’insoumis - comment Le Suicide français annonce la révolte d’un pays qui refuse de mourir » ou « De l’ordre - Etat, banlieues, école, les Français veulent de l’autorité ». Dans le même esprit, Le Point a mis en une « Les mal-élevés - Comment ils font la loi dans les transports - Sarkozy, Hollande et le savoir-vivre », quand Marianne titrait « Laïcité - pourquoi il faut se ressaisir » ou distinguait « Vrais et faux rebelles - De B comme Booba à Z comme Zemmour ».Leila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Leila Marchand, Maxime Vaudano et Samuel Laurent On ne sait pas si les couvertures des hebdomadaires sont des indications fiables sur la politique française, mais on y distingue certaines tendances. Celle-ci occupe encore environ un tiers des « unes » des magazines d’actualité français : sur un total de 273 couvertures analysées sur l’année écoulée par Le Monde.fr, pour cinq titres généralistes – L’Obs, L’Express, Le Point, Marianne et Valeurs actuelles –, 49 ont concerné François Hollande ou son gouvernement, 36 l’UMP ou son président, Nicolas Sarkozy, et 12 Marine Le Pen et le Front national. Dans le détail, L’Obs et L’Express ont consacré 20 % de leurs « unes » à François Hollande ou ses ministres, derrière le droitier Valeurs actuelles, qui leur a consacré 25 % de ses couvertures. Marianne et Le Point sont plus distants, avec respectivement 13 % et 10 %. Quant à la droite, Marianne y a consacré 17 % de ses « unes », devant Valeurs actuelles (15 %), Le Point (14,5 %), L’Express (12 %) et L’Obs (10 %).Si on regarde uniquement qui figure en photo, François Hollande, avec 21 « unes », est devant Nicolas Sarkozy (19), le premier ministre Manuel Valls (10), Marine Le Pen (9) et l’UMP Alain Juppé (6).Les politiques ne font plus vendre« Mais il y a des cycles et en ce moment, la politique n’intéresse pas beaucoup les lecteurs, si l’on se fie aux ventes », prévient Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point (381 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 72 000 en kiosques). Une tendance constatée également par d’autres confrères, comme Christophe Barbier, patron de L’Express (400 000 exemplaires, dont 54 000 en kiosques).La désaffection des lecteurs touche notamment Nicolas Sarkozy, qui pourtant a longtemps été réputé très porteur en kiosques, note M. Gernelle : « Qu’on en dise du bien ou du mal, il a toujours bien vendu, jusqu’en septembre 2011. Depuis, c’est très variable. » La « une » sur la tribune de l’ex-chef de l’Etat avant les européennes, le 21 mai 2014, avait fait un très bon score, selon le directeur du Point, mais celle du 18 septembre 2014 (« C’est plus fort que lui ») a affiché un chiffre moyen en kiosques.« Le retour de Sarkozy à l’automne dernier n’a pas fonctionné en kiosques, abonde Christophe Barbier. L’intérêt des lecteurs est faible. » « Les sujets récents sur la droite et Nicolas Sarkozy ne vendent pas bien. Il y a eu un décrochage à l’automne », estime également Yves de Kerdrel, directeur de Valeurs actuelles (112 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 25 000 en kiosques). Il cite le mauvais score de la couverture « On se réveille », sur le nouveau président de l’UMP, le 12 février 2015. Selon le journaliste, « la droite ne parle pas assez d’idées et trop de politicailleries », ce qu’aurait confirmé en juin 2014 une nouvelle étude de lectorat de l’hebdomadaire de droite. Les lecteurs plébisciteraient davantage les sujets sur les valeurs, l’école ou le travail.La tentation du dénigrement présidentielSi l’on étudie les mots des titres de « une » consacrés à Nicolas Sarkozy, on trouve un vocabulaire moins négatif que pour François Hollande, même s’il reste peu amène (« boulet », « récidiviste », « Terminator »…) Les trois dirigeants de magazine interrogés notent toutefois les bons scores obtenus par leurs « unes » consacrées à Alain Juppé, certes plus rares.A la fois politiques et aux affaires, François Hollande et son gouvernement ne génèrent pas des ventes en kiosques exceptionnelles, selon les patrons d’hebdo. « Ceux qui avaient beaucoup donné dans le “Hollande bashing” ont depuis un peu retenu leurs coups », s’amuse Christophe Barbier.Le Point avait, au début du mandat du nouveau président, fait des « unes » très « moqueuses », reconnaît Etienne Gernelle. « Mais, depuis que François Hollande a fait un demi-tournant de la rigueur économique, on a été un peu moins virulent avec lui », explique-t-il.« Le “gauche-bashing”, ça remarche bien depuis le début de l’année 2015 », estime cependant le directeur de Valeurs actuelles, journal de droite qui fait figure de spécialiste du genre. Yves de Kerdrel liste une couverture en janvier, une en mars et une titrée « Les pigeons de Hollande », dont il est particulièrement content.Un ton qui rejoint le champ lexical employé par les magazines d’actualité envers le chef de l’Etat : « faillite », « sieste », « trahison »… Voici une représentation graphique des mots employés sur les « unes » des news magazines pour évoquer François Hollande : Le Front national fait plutôt recette« Marine Le Pen n’a jamais fait vendre autant de journaux que son père. Mais les couvertures sur la thématique du FN font des scores stables », selon Christophe Barbier. La « une » de L’Express « Pourquoi le pire est possible », en novembre, aurait vendu autour de 10 % au-dessus de la moyenne.La couverture du Point sur le Front national après les européennes de mai 2014 avait aussi fait un très bon score de vente, note M. Gernelle, mais ce chiffre traduit le choc du score élevé du parti d’extrême droite au scrutin, et le numéro a bénéficié de révélations sur l’affaire Bygmalion, relativise-t-il.Valeurs actuelles assure n’avoir consacré à Marine Le Pen que deux « unes », lors des départementales et lors du conflit avec son père, pour « ne pas prêter le flanc » aux critiques. Habitué des couvertures coup de poing très hostiles à l’islam ou aux Roms, le titre est déjà régulièrement accusé de faire le jeu de l’extrême droite.Pour l’instant, Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de la présidente du FN, n’a fait l’objet que d’une couverture d’hebdomadaire : celle de L’Express, le 18 mars, sous le titre « L’effrontée nationale ». Celle-ci n’aurait pas fait un carton, plutôt une « bonne vente moyenne », selon M. Barbier. Mais d’autres couvertures pourraient suivre.Retrouvez Les Décodeurs sur @decodeursLeila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Fâchés avec la politique, les Français ? En tout cas, cela ne se voit pas dans les chiffres d’audience des radios et des télévisions. Le matin, l’interview politique reste une valeur sûre. « C’est la meilleure audience de la chaîne », affirme Bruce Toussaint, anchorman d’i-Télé qui reçoit son invité entre 8 h 15 et 8 h 30. « C’est de très loin la demi-heure la plus regardée, avec 16 % de part de marché », renchérit Jean-Jacques Bourdin qui officie en simultané sur RMC et BFM-TV de 8 h 30 à 9 heures. Et les radios ne sont pas en reste   : entre 7 h 45 et 9 heures, les interviews politiques réalisent souvent des pics d’audience sur chacune des stations qui les diffusent.Des performances qui peuvent apparaître paradoxales, mais qui n’étonnent pas les journalistes concernés. « Il y a un désir de comprendre la politique avec ceux qui la font », constate Jean-Pierre Elkabbach, le doyen de l’interview politique, que l’on peut écouter chaque matin sur Europe 1. « On aime la politique dans ce pays. Il y a un côté masochiste, on adore détester les gens que l’on écoute », raconte avec une pointe d’humour Jean-Michel Aphatie, sur RTL à 7 h 50. « Objectivement, il est inimaginable de faire une matinale solide sans un invité politique », ajoute-t-il.Un exercice souvent courtPourtant, cette passion française pour la chose publique tend à s’émousser. « Depuis quelques semaines, je constate une petite désaffection, mais c’est une fluctuation saisonnière », se rassure Jean-Jacques Bourdin, qui analyse minutieusement chaque matin les audiences réalisées la veille. Ce désamour apparaît plus profond pour les responsables de France Inter. « Dès la rentrée 2012, on a senti un mouvement de recul, non pas à l’égard de la politique, mais des politiques. La multiplication des plateaux politiques sur les chaînes info a participé à la banalisation de la parole publique. On a aussi des difficultés pour obtenir une parole neuve et originale », observe Patrick Cohen, qui accueille son invité à partir de 8 h 20 et pendant près de quarante minutes.Plusieurs fois par semaine, l’anchorman de France Inter ouvre son micro à des personnalités autres que politiques. Un parti pris choisi également par Léa Salamé quelques minutes plus tôt sur la même antenne. La journaliste alterne entre des responsables politiques, des intellectuels, des chefs d’entreprise, des acteurs qui parlent de leur engagement.Jean-Pierre Elkabbach, quant à lui, sort du champ franco-français en ouvrant son micro à des personnalités internationales. Il a ainsi interrogé ces dernières semaines : le responsable de l’autorité des marchés financiers grecs pour évoquer la crise dans son pays, un responsable du Parlement russe ou encore Denis Sassou-Nguesso, le président du Congo, premier chef d’Etat africain à s’exprimer sur la vague d’émigrants qui fuient le continent. Un moyen d’élargir et d’enrichir le débat afin d’intéresser des auditeurs de plus en plus blasés par la classe politique.« La brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration »Jean-Michel AphatieCe coup de mou dans la relation qu’entretiennent les Français avec ceux qui les dirigent s’explique de multiples manières. « Leur discours s’est appauvri, et ils se sentent obligés de le simplifier sous l’influence des communicants », juge Alain Duhamel, observateur passionné de la vie publique depuis près de cinq décennies. L’interview politique du matin ne contribue-t-elle pas à ce phénomène ?L’exercice est souvent court, une dizaine de minutes en général. Un moment qui ne permet pas forcément d’aborder les sujets en profondeur. « Je n’ai pas toujours le temps de reprendre la réponse d’un de mes invités, car j’ai toujours l’œil sur la pendule », concède Jean-Michel Aphatie, qui dispose de sept minutes sur RTL. Cependant, « la brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration », juge-t-il. Le manque de temps, pour Jean-Pierre Elkabbach, ne doit pas être une excuse pour ne pas poser les bonnes questions : « En préparant bien, on peut obtenir l’essentiel. » Malgré sa longue carrière, il continue de rédiger minutieusement son intervention, et il arrive en studio avec plusieurs pages dactylographiées dont certains passages ont été soulignés avec des couleurs différentes.Ceux qui disposent de plus de temps ne boudent pas leur plaisir. « C’est un luxe de disposer de quarante minutes avec un invité », reconnaît Patrick Cohen, qui prolonge son entretien avec une session d’interventions d’auditeurs et une revue de presse. « L’exercice n’est pas le même en quelques minutes : l’homme politique sait ce qu’il va dire, il donne une info précise ; notre panorama est plus large », se réjouit Jean-Jacques Bourdin, qui a la chance d’être en tête à tête avec son invité pendant plus de vingt minutes.Tour d’horizon de l’actualitéFaute de temps, l’interview peut se transformer en un simple tour d’horizon de l’actualité, obligeant l’homme politique à commenter des sujets qui n’ont parfois aucun rapport les uns avec les autres et sur lesquels son éclairage n’est pas toujours pertinent. Un format que revendique pourtant Bruce Toussaint : « Je cherche à faire réagir à chaud, car c’est le boulot d’une chaîne d’info. La première question est liée à l’actualité immédiate. Je ne commence pas par le plus important, mais par le plus récent. J’aime terminer par une question plus personnelle, ou sur une note sportive ou culturelle. J’essaye d’avoir des ruptures, de varier le rythme, car les hommes politiques sont tellement rodés à l’exercice que c’est très difficile de les déstabiliser pour avoir un moment de vérité. Je pense que ce n’est pas le but de ces interviews de donner une réponse au chômage. Le matin, ce n’est pas ce que recherchent les téléspectateurs ou les auditeurs. »A l’inverse, Léa Salamé propose, à 7 h 50 sur France Inter, une interview plus anglée, « quitte à ne pas tout couvrir », assume-t-elle. Comme Patrick Cohen, quelques minutes plus tard. « Je suis assez rarement dans un balayage de l’actualité, mais sur une thématique dominante quasi exclusive, sauf pour les personnalités très importantes comme le premier ministre ou le chef de l’opposition », explique-t-il.Pourtant, pour l’auditeur et le téléspectateur pressé du matin, l’interview politique se résume souvent à une course aux petites phrases. « Une pratique qui n’est pas nouvelle », souligne Guillaume Durand, dont l’interview de 8 h 15 est diffusée simultanément sur Radio Classique et LCI, mais qui a pris des proportions démesurées avec le développement des réseaux sociaux et des chaînes info. « Elle est renforcée par le buzz, qui est la version absolue de la connerie contemporaine. La reprise par l’AFP, c’est l’idée qu’on parle de moi. Ça ne peut pas être une obsession, mais ça serait une hypocrisie totale de dire qu’on ne recherche pas notre propre participation à l’actualité. Aujourd’hui, il y a une peur des gens de ma génération, qui composent l’essentiel des intervieweurs politiques, de ne pas être dans la modernité et de ne pas être dans le buzz », reconnaît-il.Chercher la petite phraseSi Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Michel Aphatie jurent qu’ils ne cherchent pas la petite phrase, ils font tous les deux une pause dans l’entretien lorsque apparaît une alerte sur l’iPhone du premier ou un extrait sur i-Télé de l’interview du second. « Quand on réfléchit à la construction d’une interview, on essaye d’allier des choses qui sont de natures différentes : regarder les problématiques au fond, chercher des sujets plus secondaires ou une réponse de votre invité dont vous savez qu’elle va faire débat. Quand on accuse les journalistes de chercher la petite phrase, on méconnaît grandement les obligations de ce travail. L’interview politique n’est pas une prise de parole magistrale d’un homme politique », plaide le journaliste de RTL.Voulue ou pas, la recherche de la reprise du bon mot peut provoquer des dérapages. La question posée à Roland Dumas par Jean-Jacques Bourdin sur l’« influence juive » qui serait subie par Manuel Valls a suscité beaucoup de réactions, jusqu’à provoquer celle, très inhabituelle, du CSA. « Les commentaires débridés des lecteurs sur les sites des journaux poussent au dérapage, car il existe une tentation de l’intervieweur de flatter son auditoire », analyse Guillaume Durand.Autre tendance qui peut contribuer à une certaine lassitude de l’auditeur : le sentiment d’entendre toujours les mêmes. « C’est vrai », concède Patrick Cohen. « Mais le format long suppose un minimum de notoriété, soit une légitimité incontestable sur un sujet. » « L’interview politique n’est pas un radio-crochet, mais il faut donner la chance aux jeunes pousses », juge pour sa part Jean-François Achilli, sur France Info tous les matins à 7 h 45.En quête de voix nouvelles« C’est compliqué de faire venir les gens, car ils ont peur. Ils sont méfiants et ont des plans médias concoctés par des communicants. Il faut qu’ils viennent quand ils ont des choses à dire et qu’ils sont prêts à répondre à des questions précises. Malheureusement, les partis eux-mêmes ne se renouvellent pas, mais, curieusement, lorsque j’invite des personnalités peu connues comme Jean-Jacques Urvoas ou Edouard Philippe, ça ne marche pas trop mal, s’ils sont en situation », se félicite Jean-Jacques Bourdin.Comme si, pour réconcilier les Français avec leurs hommes politiques, on devait ouvrir le micro à de nouvelles voix.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Comme annoncé par le président Mathieu Gallet le 16 avril dernier, une réflexion a effectivement été engagée sur l’évolution des instances de direction de Radio France dont les conclusions seront présentées dans quelques semaines », a confirmé la direction de l’entreprise publique dans un message interne, mercredi 6 mai.Tout en déplorant « des informations parues dans la presse ce matin au sujet de changements présumés au sein du Comité exécutif de l’entreprise ».Comme l’a annoncé Le Figaro, Sibyle Veil, actuellement directrice du pilotage de la transformation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, est pressentie pour rejoindre Radio France. Toutefois, sa venue n’est pas confirmée officiellement. Se posent notamment, selon nos informations, des questions sur le périmètre de ses missions.Elle a été présentée comme une future « directrice générale » et une remplaçante de Catherine Sueur, l’actuelle directrice générale déléguée, réputée en froid avec M. Gallet. Mais son poste pourrait avoir une envergure un peu moindre. Mme Sueur était numéro deux de l’entreprise sous le président précédent, Jean-Luc Hees.Sibyle Veil est énarque, issue de la même promotion qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, Gaspard Gantzer, le conseiller communication de François Hollande, ou Boris Vallaud, le secrétaire général adjoint de l’Elysée, aussi mari de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a été conseillère santé, travail et logement à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Elle est mariée à Sébastien Veil, lui aussi ancien membre du cabinet du président de la République et petit-fils de la ministre Simone Veil. Elle ne connaît pas le secteur audiovisuel.Le ministère de la culture de Fleur Pellerin a été informé par Radio France de la possible venue de Mme Veil, mais nie avoir donné une forme d’aval.D’autres changements possiblesUn autre changement devrait intervenir prochainement : le départ de Jean-Pierre Rousseau, l’actuel directeur de la musique, recruté par Mathieu Gallet. Cette hypothèse avait été évoquée dès fin mars, lors du conflit social qui a débouché sur une grève inédite à Radio France. Jean-Paul Quennesson, délégué Sud de Radio France et corniste à l’Orchestre national, avait qualifié sa direction de « fiasco total ».Pendant le conflit, l’assemblée générale des grévistes avait aussi visé l’actuel directeur des ressources humaines, Christian Mettot, un des principaux interlocuteurs des syndicats.Après la crise qui a secoué son autorité, Mathieu Gallet a donc engagé une réflexion sur la gouvernance de Radio France. Avant la sortie de grève, la ministre, Fleur Pellerin, s’était davantage impliquée personnellement, « convoquant » le dirigeant nommé par le CSA et nommant plus tard un médiateur pour renouer le dialogue entre les syndicats et la direction. Après la crise, certains anticipaient que la réflexion évoquée par Mathieu Gallet puisse être l’occasion pour le gouvernement de peser sur la réorganisation de l’entreprise. Il semble plutôt que le président de Radio France étudie sa future direction de son côté, dans la lignée du comité exécutif élargi mis en place à son arrivée.Pendant ce temps, le médiateur Dominique-Jean Chertier poursuit actuellement la « seconde phase » de sa mission, menant des réunions avec les parties prenantes en vue de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, feuille de route de l’entreprise pour les cinq années à venir. Parmi les chantiers sensibles figurent notamment la réforme des modes de production et la négociation d’un plan de départs volontaires de 300 personnes environ.Toutefois, la mise en place de ces discussions reste délicate. De source syndicale, un calendrier a été proposé par le médiateur. S’il propose des ateliers sur France Bleu, la musique ou les modes de production, aucun espace de discussion n’est pour le moment prévu sur le plan stratégique de l’entreprise.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un chantier délicat qu’a ouvert la Commission européenne mercredi 6 mai : aller plus avant dans la constitution d’un vrai marché unique numérique. Tous les sujets sont sur la table, y compris les plus polémiques. Une réforme du droit d’auteur, le renforcement de la lutte contre le piratage, une réflexion sur la nécessité ou pas de « réguler » les plates-formes Internet (Amazon, Apple, Facebook ou Google)…L’enjeu est considérable pour le président Jean-Claude Juncker, qui en a fait une des priorités de son mandat. Il s’agit de créer l’environnement économique favorable à la multiplication des sociétés numériques. Tout en préservant les industries traditionnelles – la banque, l’automobile, etc. –, toutes menacées à plus ou moins long terme d’« ubérisation », c’est-à-dire de voir leur modèle économique mis à bas par de nouveaux acteurs du Net.Réformer le droit d’auteurLa réforme du droit d’auteur ? Un texte législatif devrait être présenté à l’automne 2015, a précisé Bruxelles mercredi. Le principe de la territorialité des droits (le fait qu’un auteur puisse commercialiser les droits d’exploitation de son œuvre pays par pays) y sera conservé. Au grand soulagement du monde français de la culture, qui a mené un intense lobbying ces derniers mois afin d’éviter une relecture trop « radicale » de la directive droits d’auteurs de 2001.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreBruxelles tient néanmoins à proposer davantage d’exemptions au droit d’auteur, notamment pour le secteur de la recherche.La Commission voudrait aussi rendre plus accessibles les contenus en ligne entre pays européens. En surmontant le « geoblocking » (le fait, dans un pays A, de ne pas avoir accès au catalogue de vidéo à la demande [VOD] ou aux matchs de foot diffusés par une TV du pays B) ; ou en permettant la « portabilité » des abonnements à des services audiovisuels afin qu’un abonné puisse avoir accès à son offre quand il est en déplacement.Le vice-président de la commission en charge du numérique, Andrus Ansip, a fait du geoblocking et de l’accessibilité ses chevaux de bataille.Encadrer les plate-formes internetAutre gros chantier, pour lequel il n’y a pas consensus, loin de là, à la Commission : la régulation des plates-formes. La France et l’Allemagne poussent pour une révision de la directive e-commerce de 2000, demandant que les groupes de l’Internet qui jouissent du statut d’hébergeur soient considérés comme des éditeurs, donc tenus davantage responsables des contenus qu’ils distribuent.L’Irlande ou les Pays-Bas, terres d’accueil de grands du Net américains, freinent des quatre fers. L’administration Obama a déjà fait savoir, elle aussi, que ce n’était pas une bonne idée…Il y a aussi tout l’enjeu de l’accès aux gigantesques masses de données personnelles détenues par ces plates-formes : à qui appartiennent-elles ? Qu’est-ce que ces acteurs en font ? Est-il possible de les porter d’une plate-forme à l’autre ? Etc.Pour l’instant, aucun projet de directive n’est sur la table, « mais la volonté politique d’avancer sur ces sujets est là », dit-on à la Commission. Une consultation publique et une série d’études seront lancées d’ici à fin 2015.Pour avoir un espoir d’avancer avec et non contre les multiples groupes d’intérêt qui se sont déjà manifestés, ou ne manqueront pas bientôt de le faire, sur tous ces sujets, Bruxelles va devoir réussir un sacré travail de synthèse…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 11h25 • Mis à jour le06.05.2015 à 14h23 | Alain Beuve-Méry Par sa vitalité, le cinéma en France demeure une exception en Europe. Présenté, mercredi 6 mai, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), le tour d’horizon de l’année écoulée affiche dans tous ses segments (taux de fréquentation des salles, nombre de films produits et distribués ou exportés…) un dynamisme certain. Tous les clignotants sont au vert ou presque. Ce bilan est traditionnellement présenté, juste avant l’ouverture du Festival de Cannes (du 13 au 24 mai), qui constitue la vitrine la plus luxueuse du septième art dans l’Hexagone.Ainsi, avec 209 millions d’entrées sur 911 millions en Europe – 213,6 millions si l’on inclut les entrées gratuites –, la France demeure de loin le premier marché européen en termes de fréquentation, devant l’Allemagne (122 millions), l’Italie (100 millions), l’Espagne (87 millions) ou l’Angleterre (57 millions).En 2014, 66,6 % des Français, soit 39 millions sont allés au moins une fois au cinéma, soit une augmentation de 4 %. Chaque spectateur est allé en moyenne 5,3 fois au cinéma. Ce qui fait en vingt ans, une progression d’un tiers de spectateurs.Le bataillon le plus important : les étudiantsParmi ces publics, les inactifs représentent 51,1 % du total et, parmi eux, les étudiants, 28,6 %. Par tranches d’âge, les 25-49 ans forment le bataillon le plus important (35,6 %) devant les 50 ans et plus (33,1 %). Mais, avec 80 % des moins de 25 ans qui sont allés au cinéma au moins une fois par an, le septième art demeure un loisir très répandu chez les jeunes. Les 20-24 ans sont notamment ceux qui demeurent les plus gros consommateurs, même si leur nombre est en recul.Le CNC observe une stabilité de la fréquentation à Paris, mais une forte progression des entrées au sein des plus petites agglomérations : + 14 % sur les villes de 20 000 à 100 000 habitants ; + 17 % sur les plus petites communes.Ces données sont à rapprocher de celles concernant le nombre de salles. De fait, la France dispose du parc cinématographique le plus important en Europe, avec 2 020 établissements et 5 653 écrans. Avec, en moyenne, 8,6 écrans pour 100 000 habitants, l’Hexagone est ainsi doté du parc de salles le plus dense. En dix ans, le nombre de fauteuils a augmenté de 5,4 %, celui des écrans de 7,3 %. Le nombre d’établissements est, lui, en recul de 2,6 %.Films français en tête de podium en 2014En 2014, un cinéma a réalisé 103 453 entrées en moyenne. Mais ce sont les plus grands qui se tirent la part du lion, avec une progression de 9,5 % et 472 038 entrées par cinéma. Au total, le parc français se décompose en 191 multiplexes, avec 1 555 écrans actifs, dont deux multiplexes ouverts en 2014. Paris jouit de 404 écrans répartis en 87 établissements.En termes de recettes, le retour à une TVA à 5,5 % sur les tickets de cinéma a eu un effet positif. Aux guichets, les exploitants ont gagné 1,33 milliard d’euros en 2014, soit une hausse de 6,5 %. Le CNC note une forte progression des entrées entre 4 euros et 5 euros, qui sont passées de 9 % à 16 %. C’est la traduction logique de la politique tarifaire mise en place en faveur des jeunes de moins de 14 ans, pour qui le prix de la place a été fixé à 4 euros. Il y a eu près de 21 millions d’entrées à ce tarif en 2014. Sur ces recettes de 1,3 milliard d’euros, 43 % sont allés aux exploitants, soit 570 millions d’euros et 40 % aux distributeurs (532 millions d’euros).Avec 91 millions d’entrées pour les films français, la part du marché domestique s’élève à 44 % en France, contre 28 % en Italie, 27 % en Allemagne, 25,5 % en Espagne et 15,5 % au Royaume-Uni. C’est le plus haut niveau depuis 1984. De fait, en 2014, les trois premières places du podium des films ayant réalisé le plus grand nombre d’entrées sont 100 % françaises. La première marche est occupée par Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, avec 12,34 millions d’entrées, devant Supercondriaque (5,27 millions) et Lucy (5,2 millions).Vitalité des films d’animationParmi les bonnes nouvelles figure aussi la vitalité des films d’animation avec vingt-neuf sorties en 2014 pour 23 millions d’entrées. Parmi les six films français, deux – Astérix et le domaine des dieux et Minuscule – ont dépassé un million d’entrées en 2014. Cent films documentaires sont sortis en salle en 2014 dont soixante-douze films français.Lire aussi :Comédies et documentaires, les films français les plus rentables en 2014En 2014, 7 035 films ont été exploités, un chiffre en constante augmentation. La progression est même de 20,5 % depuis 2005. Parmi ceux-ci, il y a eu 663 films inédits et 4 108 films art et essai. En termes d’exposition, les films français sont présents en moyenne dans 119 établissements, en première semaine d’exploitation, un chiffre en recul par rapport à il y a dix ans. Les films américains sont en revanche présents en moyenne dans 258 établissements, un chiffre en augmentation.Il y a eu aussi six films distribués dans 800 établissements ou plus en 2014, dès la première semaine (contre trois en 2013), ce qui démontre la puissance de tir mise au service de certains blockbusters.Lire aussi :Les bons chiffres du cinéma français à l’exportAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martine Delahaye Pas encore patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, alors à la tête d’Orange France, ne mâchait pas ses mots, en janvier 2013, sur le site Lesnouvellesnews.fr.Répondant à David Abiker au sujet de l’égalité professionnelle femmes-hommes, elle disait notamment : « En gros, en caricaturant, quand vous proposez un poste à un homme, c’est tout juste assez bon pour lui ; quand vous le proposez à une femme, elle vous demande tout de suite : “Mais pensez-vous que je vais être capable de le tenir ?” Il faut que ça change. » Avant d’ajouter : « La question n’est pas de savoir si les hommes et les femmes, c’est différent. Tout ça, c’est un faux débat. Ce qu’il faut, c’est savoir si on respecte le principe d’égalité en droit : y a-t-il égalité des salaires dans l’entreprise. Et y a-t-il égalité des promotions ? C’est ça, la question. » Si le projet de Dephine Ernotte-Cunci, élue PDG de France Télévisions jeudi 23 avril, prévoit « une direction resserrée et paritaire », on peut supposer qu’elle voudra aussi mettre à mal les chiffres dont font état deux rapports officiels récents du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du Centre national de la cinématographie quant à « la place des femmes dans l’audiovisuel public ».Des chiffres et constats jugés « atterrants » par les professionnelles de la télévision invitées à la table ronde organisée sur ce sujet par le festival Séries Mania, lundi 20 avril. Alors que « les femmes représentent 52 % de la population (Insee), 56 % de l’audience TV, 50 % des usagers d’Internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur (Insee) »,comme l’a rappelé le CSA, « il est logique que la sous-représentation des femmes dans les instances audiovisuelles ne soit quasiment jamais évoquée et étonne : on n’y trouve quasiment pas de femmes ! », commentait la scénariste Sophie Deschamps, présidente du conseil d’administration de la Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD).En faveur des quotasEt de détailler : seulement 16 % de réalisatrices en télévision (7 % dans le domaine des séries) ; un tiers de femmes cadres dans les sociétés de production, un quart de femmes parmi les dirigeants de sociétés audiovisuelles. « En dessous du seuil de 30 %, c’est ce que l’on nomme “l’invisibilité”, ajoutait Sophie Deschamps, on fait partie des minorités invisibles… » Sans oublier que le peu de réalisatrices qui travaillent gagnent un tiers de moins que les hommes, seules les scriptes, actrices et cascadeuses sont en moyenne mieux rémunérées que les hommes.Certes, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes votée le 4 août 2014 devrait permettre à terme de changer la donne. Mais en attendant, non sans manifester quelques réserves, l’ensemble des femmes réunies lors de cette table ronde professionnelle se sont prononcées en faveur de l’application temporaire de quotas afin que davantage de femmes puissent mener un projet audiovisuel. Ce qui existe déjà en Suède. « Après ces cinquante dernières années d’injustice, on n’a pas le choix, il faut en passer par là, répondait Sophie Deschamps à une question sur la perversité des quotas. Il faut faire monter les femmes, sinon on voit bien qu’elles n’ont quasiment aucune chance de faire carrière ! »Constatant, par ailleurs, que lorsque les concours publics ont lieu à l’aveugle – derrière un paravent pour les musicien(ne)s classiques, par exemple –, les femmes sont beaucoup plus souvent recrutées, l’ensemble des participantes à cette table ronde parvenaient à la même conclusion : hormis à Arte, dirigée par Véronique Cayla et qui compte 67 % de femmes, peu ou pas de femmes sont présentes dans les instances de décision, de même à la tête de téléfilms ou de séries, ce qui les empêche de se former, d’acquérir une compétence et donc d’être ensuite appelées à exercer leur métier…Sans décision de parité temporaire et raisonnée, pas de vrais changements à attendre.Martine DelahayeJournaliste au Monde Alain Constant En six ans, le directeur de la rédaction d’Euronews a su dynamiser les programmes de la chaîne d’information en continu.Même au sein d’une chaîne internationale d’information en continu où l’on a l’habitude des coups de chaud, cette journée du 18 mars se révèle plus agitée que d’habitude. Entre l’attentat du Musée du Bardo, à Tunis, le discours de Vladimir Poutine à l’occasion du premier anniversaire du « retour » de la Crimée au sein de la « mère-patrie », l’analyse des élections israéliennes, la rencontre entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker,­ et le premier ministre français, Manuel Valls, à Bruxelles et l’attente imminente d’un entretien exclusif à Kiev avec le président Petro Porochenko, la régie d’Euronews est en ébullition.Debout, chemise blanche et regard pétillant, un homme s’adresse alternativement en anglais et en français à ses troupes. Le Roumain Lucian Sârb donne ses directives, apaise certaines angoisses, encourage les initiatives. Dans la tempête de l’actualité chaude, le capitaine semble tenir la barre. Quelques minutes plus tard, dans le calme de son petit bureau, celui qui dirige depuis six ans cette grande rédaction cosmopolite de plusieurs centaines de journalistes représentant vingt-­cinq nationalités a encore les yeux qui brillent. « Oui, c’est une journée spéciale, un peu plus tendue que d’habitude. Mais ça peut être pire », lance-t-­il en français et en roulant les « r ».« Tout est allé très vite »Né en 1967 à Cluj, au cœur de la Transylvanie, l’homme fait partie de la jeune génération qui a « détruit Ceausescu », selon ses propres termes. « Ma région natale est ouverte, on y a toujours entendu parler allemand, hongrois, roumain. J’ai commencé des études d’ingénieur à Cluj. Mais ma passion, c’était la lecture. » L’obtention de son diplôme coïncide avec la chute du régime de Ceausescu. Il quitte sa ville pour Bucarest, se fait un plaisir de refuser toute proposition concernant un poste d’ingénieur et se lance, avec passion, dans des études de journalisme, de communication et de relations internationales. A 27 ans, il décroche son premier vrai job à la télévision publique roumaine.Après quelques mois, le voilà correspondant de politique internationale. « J’étais toujours entre deux avions, le monde était mon jardin. J’en ai profité pour effectuer des stages aux Etats­-Unis, en Italie, au sein de structures spécialisées dans les relations internationales. » Son carnet d’adresses s’enrichit. Et la suite de sa carrière s’accélère. A 33 ans, il devient le plus jeune chef des infos de la télévision publique. « Tout est allé très vite. Mais c’est le genre de parcours possible en Europe de l’Est : il y a du sang frais, une jeunesse très bien formée et éduquée, curieuse, avide de découvrir le monde, aspirant à un mode de vie plus ouvert. »Lucian Sârb connaissait le journalisme, il découvre le management. Ses qualités ne passent pas inaperçues. Lorsqu’un groupe de médias privés, déjà propriétaire d’une chaîne d’info en continu en Roumanie, décide de lancer, en 2006, The Money Channel, première chaîne d’info économique en Europe de l’Est, c’est lui qui est choisi pour la diriger. Elle est diffusée vingt-quatre heures sur vingt-quatre en roumain avec des sous­-titres anglais. C’est un succès. « A cette époque, l’économie explosait en Europe de l’Est. Ce fut une expérience très originale. Et lorsque mes copains de CNBC Londres sont venus me voir à Bucarest, ils n’en croyaient pas leurs yeux, épatés par la qualité de la chaîne. J’y avais recruté des pointures de la presse écrite qui n’avaient jamais fait de télé. Ils sont devenus excellents. » « La plus ouverte au monde »Que l’homme ouvert sur le monde quitte un jour les médias roumains pour une structure plus internationale n’étonne guère. Mais Lucian Sârb ne s’attendait pas à être approché par un chasseur de têtes installé à Paris, qui lui demande s’il est intéressé par Euronews. « Se mesurer à CNN et compagnie, cela ne se refuse pas. » Il débarque, en 2009, à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, siège de la chaîne créée en 1993. « A mon arrivée, il n’y avait qu’environ 10 % de sujets spécifiques à Euronews. Le reste était constitué d’images d’agences internationales. Aujourd’hui, 75 % de nos programmes sont labellisés Euronews, et de plus en plus de chaînes internationales utilisent nos sujets alors que, auparavant, c’était en sens inverse ! Pourquoi ? Parce que la façon dont on traite les sujets est valable pour tous les pays. »Créations de magazines, personnalisation un peu plus poussée de l’antenne, changements de rythmes et de formats, ouvertures de bureaux à Athènes et à Budapest, renforcement massif du bureau de Bruxelles passé en cinq ans d’un à quinze journalistes, ajout de cinq langues (turc, ukrainien, persan, grec, hongrois) aux huit déjà existantes, Lucian Sârb a multiplié les chantiers. « Il a révolutionné le fonctionnement d’une rédaction qui somnolait un peu. Nous sommes passés d’un robinet à info à une chaîne plus vivante et innovante », estime l’un de ses adjoints.« Notre force, c’est de toujours proposer notre propre perspective. Dans cette maison, on ne peut avoir une obsession éditoriale unique, le monde entier nous intéresse. La richesse de notre rédaction doit se voir à l’antenne, car c’est probablement la newsroom la plus ouverte intellectuellement au monde. Nous parions sur les faits, pas sur les commentaires. Chez nous, il n’y pas de “bla-bla” », estime le « boss », dans un anglais impeccable. La suite ? Il sourit, se voit bien continuer l’aventure dans les futurs locaux des bords de Saône, où la rédaction emménagera dans quelques mois.Les dates1967 : Naissance à Cluj, en Roumanie.1994 : Entre à la télévision publique roumaine (TVR).2001 : Nommé chef des informations à la TVR.2006 : Dirige The Money Channel, à Bucarest.Mai 2009 : Directeur de la rédaction d’Euronews.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jérémie Lamothe Quatre mois après les attentats de Paris et les manifestations qui ont rassemblé près de quatre millions de personnes dans les rues, les livres sur l’après-Charlie continuent de fleurir dans les librairies. Le dernier essai d’Emmanuel Todd, Qui est Charlie ?, en est la dernière preuve : le démographe y dénonce « l’imposture » de cette France du 11 janvier qui s’est déplacée en masse pour défendre la liberté d’expression.Lire aussi :Manuel Valls : « Non, la France du 11 janvier n'est pas une imposture »Emmanuel Todd est le premier auteur à critiquer aussi ouvertement l’esprit post-Charlie, parmi les nombreux ouvrages sur les événements, et ses conséquences politiques, religieuses ou identitaires. Du dernier ouvrage de Caroline Fourest chez Grasset, à celui de Laurent Joffrin chez Stock, en passant par celui d’Abdennour Bidar chez Albin Michel… En tout, ce sont une quinzaine de livres liés directement ou indirectement au 11 janvier qui se trouvent dans les librairies.De nombreuses ventesMais le public est-il demandeur ? Oui, selon Jérome Dayre, fondateur des éditions Inculte : « En librairie, les lecteurs ont énormément réagi, dès le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo. Les libraires ont joué leur rôle en ressortant des livres sur la tolérance par exemple. Ça a très bien marché. Il y a eu une vraie attente du public, les gens étaient vraiment désemparés. »Dans la grande librairie Mollat à Bordeaux, Pierre Coutelle, responsable du pôle littérature et sciences humaines, compare cet engouement « à l’après-11 septembre. Les gens ont demandé des ouvrages d’exploration sur l’islam, la géopolitique… Après les attentats, il n’y a pas eu de réaction de fuite de la part des lecteurs. Au contraire, il y a eu une vraie demande de compréhension ».Une réaction spontanée qui a surpris Olivier Nora, PDG des éditions Grasset : « Ce qui s’est produit a été contre-intuitif. Je pensais que la machine serait arrêtée par l’attentat. Lorsqu’il y a des actualités aussi fortes, les gens se précipitent vers la presse, Internet mais là il s’est produit l’inverse. C’est un mélange de réveil militant, républicain et citoyen. »Toutes les maisons d’édition interrogées le reconnaissent volontiers, les livres liés aux événements de janvier se portent très bien. C’est le cas de celui d’Edgar Morin et de Patrick Singaïny, Avant, pendant, après le 11 janvier, publié aux éditions de l’Aube. Pour le directeur des collections d’essai, Jean Viard : « Cet essai a été vendu pour l’instant à 4 500 exemplaires, on peut espérer en vendre 10 000. » Un bon chiffre : « Aujourd’hui, quand un essai se vend à 1 500-3 000 exemplaires, on commence à avoir de l’effet, avec des idées qui se diffusent ».Des bons résultats perçus également chez Grasset d’après Olivier Nora : « Le livre de Caroline Fourest, sorti le 29 avril, a déjà été vendu à près de 11 000 exemplaires. Il va rentrer dans les best-sellers à partir de la semaine prochaine. Je suis surpris que ça aille aussi vite. »Un temps de réaction différentDes scores qui s’expliquent peut-être aussi par la rapidité avec laquelle certaines maisons d’édition ont décidé de participer au mouvement. Le Livre de poche a par exemple sorti dès le 5 février Nous sommes Charlie, un recueil de soixante textes en réaction à la tuerie qui a touché le journal satirique : « Ce livre a été décidé dès le lendemain des attentats de Charlie Hebdo, le jeudi. On a souhaité une réaction à chaud, un mouvement spontané », précise l’attachée de presse, Anne Bouissy.Albin Michel a également souhaité très vite réagir en sortant dès le 18 février Plaidoyer pour la fraternité, d’Abdennour Bidar. Une rapidité assumée par Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités : « Chez Albin Michel, on le fait très rarement, ça perturbe le réseau commercial. Mais là, ça valait le coup, on a réfléchi et on s’est dit qu’en cinq semaines, il devait être en librairie. »Une réactivité qui n’est pas partagée par tous. Aux éditions de La Découverte, on a fait le choix de ne pas surréagir au traumatisme des événements. Seul le livre d’Edwy Plenel, Pour les musulmans, sorti en septembre 2014, a été réédité avec une nouvelle préface évoquant les attentats. D’après François Gèze, éditeur à La Découverte : « Nous n’avons pas souhaité sortir un livre directement. Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le sujet. Nous sommes plutôt à la recherche de livres qui aident, qui éclairent, sans être dépendants de l’actualité. »« La machine à débattre s’est remise en mouvement »De fait, le « filon » du 11 janvier a poussé de nombreux auteurs à démarcher les maisons d’édition. Avec plus ou mois de réussite, précise Olivier Nora : « Beaucoup d’auteurs nous ont sollicités pour écrire un livre sur ces événements mais tous n’ont pas une expertise telle que cela mérite un livre. » Pour ce dernier, cette effervescence est une très bonne nouvelle : « La machine à débattre s’est remise en mouvement, notamment entre les deux gauches, sur les concepts de laïcité par exemple. Il est vrai que l’événement permet une énorme traînée, et personne ne pense que ça va s’arrêter. » Prochainement, dans les rayons de la librairie Mollat, à Bordeaux, Pierre Coutelle prévoit en effet « une quarantaine de livres » sur ce sujet en 2015.Un renouvellement du débat indispensable et vital pour Jean Viard, des éditions de l’Aube : « On est entré dans un cycle de violence qui va durer dix à vingt ans, la société doit se charpenter. On n’a jamais eu une aussi forte volonté de débat. Le 11 janvier n’est pas une date, mais une ouverture de période, le champ intellectuel va être passionnant. »« Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion »« Jusqu’en février, on était dans les livres de réaction, puis ça a commencé à s’estomper. Mais depuis la sortie du livre de Todd, ça repart », précise Jérémie Chevallier, vendeur à la librairie Gibert Joseph à Barbès (XVIIIe arrondissement de Paris), pour qui « les lecteurs demandent maintenant des livres de réflexion, qui vont davantage sur le fond ».Le Traité de la tolérance de Voltaire a par exemple été réimprimé et vendu à plus de 90 000 exemplaires par les éditions Folio-Gallimard depuis les attentats de janvier. Selon Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités chez Albin Michel, l’une des premières préoccupations des Français a aussi été de s’informer sur l’islam : « Nous avions beaucoup de livres sur l’islam que nous avons ressortis et nos ventes ont explosé. Nous avons beaucoup revendu Islam sans soumission, d’Abdennour Bidar, la traduction du Coran, par Jacques Berque ou encore l’autobiographie d’Abd al Malik, Qu’Allah bénisse la France. »La volonté de comprendre ces événements a une incidence sur le reste du marché du livre, remarque également Olivier Nora : « Dès janvier, il y a eu une prime à la non-fiction. Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion. La littérature “haut de gamme” et le roman n’ont pas connu un très bon premier trimestre. »Jérémie LamotheJournaliste au Monde Alexandre Piquard Les médias doivent-ils abandonner un partie du contrôle sur leur contenu pour toucher davantage de lecteurs sur les réseaux sociaux ? Ou risquent-ils de se retrouver dans une dépendance funeste ? Après des mois de négociations et de rumeurs, une dizaine de grands éditeurs a décidé de sauter le pas en nouant un accord avec Facebook : à partir du mercredi 13 mai, le New York Times, BuzzFeed, National Geographic, The Atlantic et NBC News vont publier des articles directement sur la plateforme du réseau social.Outre ces éditeurs américains, quatre européens (The Guardian, BBC News, Bild et Spiegel Online) vont participer à cette « expérimentation » baptisée « Instant Articles ».L’accord suppose de « perdre une partie du contrôle sur nos moyens de distribution », mais en même temps, « nous nous efforçons de rendre nos histoires accessibles au plus grand nombre de personnes possible », a résumé James Bennet, rédacteur en chef de The Atlantic, l’un des partenaires de Facebook, cité par le New York Times. Générer plus de traficAujourd’hui, vu des médias partenaires, l’accord ressemble à un grand ciel bleu mais certains distinguent quelques nuages, au loin. Jusqu’ici, les éditeurs se servent de Facebook pour publier des liens vers leurs articles, avec les titres, photos et résumés les plus alléchants possible.Quand les lecteurs cliquent, ils sont renvoyés vers le site ou la plateforme des médias. C’est sur leurs supports principalement que les éditeurs génèrent des revenus, en vendant de la publicité, et qu’ils suivent leur précieuse communauté. Facebook est vu par les éditeurs comme un moyen d’interagir avec leur public mais indirectement, ils en attendent du trafic.Le poids de Facebook dans l’audience des médias numériques n’a fait que croître : il représente 14 à 16 % du trafic du New York Times, un chiffre qui a doublé au cours de derniers mois. En France, le site d’information 20Minutes estime la part d’audience venue des réseaux sociaux à 15 % environ. Pour Le Monde, elle est d’environ 10 % (dont la grosse majorité en provenance de Facebook). Le chiffre peut être sensiblement plus élevé pour des médias à l’audience moins massive. Ou pour ceux qui ont beaucoup misé sur le « social », comme le site d’information et de divertissement Buzzfeed, qui avance le chiffre record de 75 %.« Instant Articles »Du point de vue de Facebook, le premier objectif d’« Instant Articles » est de charger le contenu plus rapidement. Un enjeu crucial pour les smartphones, qui génèrent parfois un temps d’attente exaspérant quand on clique sur un lien dans les transports en commun, par exemple. Selon Facebook, chaque article prendrait en moyenne 8 secondes à charger. « Instant Articles » promet un chargement « jusqu’à 10 fois plus rapide ». Pour le réseau, c’est un moyen d’améliorer « l’expérience utilisateur » et d’attirer du bon contenu, donc de garder les internautes sur sa plateforme. Pour les médias partenaires, c’est l’espoir de voir ses contenus bien plus lus que ceux de leurs concurrents.Afin de vaincre les réticences de grands éditeurs, la société de Mark Zuckerberg n’a pas hésité à élaborer un accord de départ favorable : les médias ont le droit de vendre eux-mêmes de la publicité dans leurs articles « embeddés » sur Facebook. Et de garder 100 % des revenus générés. Si c’est Facebook qui vend les annonces, les médias en tirent tout de même 70 %. Et le réseau social autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs sur Facebook, avec leurs outils habituels. Un enjeu central vu l’importance croissante des « data » dans la publicité ciblée.De plus, Facebook donne aux médias la possibilité de personnaliser la mise en forme de leurs « Instant Articles ». Et leur donne accès à quelques mises en forme spéciales, comme des « cartes interactives », des photos agrandissables ou des commentaires sur un extrait d’article.Dépendance accrue« Nous n’essayons pas du tout de positionner Facebook comme un remplacement aux journaux, aux radios ou aux chaînes que vous aimez. Nous pouvons être complémentaires », a plaidé en résumé Chris Cox, responsable produit de Facebook, cité par le New York Times.Pourquoi alors les médias devraient-ils s’inquiéter ? La crainte principale tient à un risque : celui d’avoir une dépendance accrue à Facebook. Et d’être soumis à ses changements stratégiques, voire à son bon vouloir. Les termes du « deal » actuel « d’Instant Articles » pourraient changer, anticipent certains éditeurs. Beaucoup ont en mémoire l’expérience malheureuse du « social reader » de Facebook, sorte de journal agrégeant des articles de différents médias partenaires : lancé en 2011, il a depuis été arrêté.Plus fondamentalement, d’autres pointent les changements successifs apportés par Facebook à l’algorithme crucial qui détermine quels contenus sont montrés dans le flux personnel des utilisateurs. Il s’est par exemple agi de favoriser les vidéos ou de défavoriser les posts d’agrégateurs de contenus. Les sociétés très dépendantes de Facebook peuvent avoir un destin fragile, comme l’a expérimenté l’éditeur de jeux Zynga.Dans le rapport de forces qui se dessine, Facebook a un poids croissant, en tant qu’apporteur d’audience pour les éditeurs, mais aussi comme acteur de la publicité : il a capté à lui seul 35 % de la publicité sur mobile en 2014, selon Emarketer. Un poids qui rappelle celui de Google, dont les rapports avec la presse ont été variés. Pour dépasser la menace de la dépendance, Buzzfeed propose, lui, de mettre le maximum de ses contenus… sur un maximum de réseaux sociaux différents. Un autre dilemme.Lire aussi :Facebook redéfinit son « Internet pour les pauvres » en IndeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Verizon a annoncé, mardi 12 mai, le rachat de la société de services Internet AOL pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). Grâce à cette acquisition, l’opérateur de télécommunications veut accélérer son développement dans le domaine de la vidéo et de la publicité sur mobile. Verizon propose aux actionnaires d’AOL un prix de 50 dollars par action, ce qui représente une prime de 23 % par rapport au cours moyen du titre sur les trois derniers mois. Mardi, l’action AOL s’est envolée de plus de 18,62 %, pour s’aligner sur l’offre de Verizon.Pour Tim Armstrong, le patron d’AOL, cette opération « va donner naissance au plus gros acteur de téléphonie mobile et de vidéo américain ». Il estime que grâce à ce rapprochement, son groupe va désormais être capable de rivaliser avec des géants de la publicité sur Internet comme Google et Facebook. AOL est aujourd’hui le troisième fournisseur de vidéo en termes d’audience aux Etats-Unis, loin derrière les deux géants, selon la société d’études ComScore. « Les entreprises ont noué des partenariats réussis et nous sommes enthousiastes à l’idée de travailler avec eux pour créer la prochaine génération de média dans le domaine du mobile et de la vidéo »,assure M. Armstrong à propos du rapprochement avec Verizon.Verizon a l’intention de lancer dès cet été son propre service de vidéo, OnCue. Il va s’agir de proposer des programmes payants et gratuits à ses abonnés, mais sur des formats et des contenus adaptés au mobile et différents de ce que les chaînes de télévision traditionnelles peuvent proposer. Grâce à AOL, Verizon compte doper ses revenus publicitaires. L’idée de ce service est également d’augmenter la consommation de haut débit des abonnés de l’opérateur.Virage stratégiqueVerizon est déjà un diffuseur de contenu grâce à sa box FiOS TV, à laquelle sont abonnés 5,6 millions de foyers américains. L’opérateur a également noué un partenariat avec la National Football League (NFL) pour diffuser des matchs sur les téléphones mobiles de ses clients. « Verizon a déjà de bonnes relations avec tous les grands fournisseurs de contenu à travers [sa box] FiOS et grâce à des accords de licence plus larges. Il peut créer facilement une sorte d’offre dégroupée qu’il pourra vendre dans tout le pays », estime l’analyste spécialisé dans les nouvelles technologies Jan Dawson.Il s’agit d’un virage stratégique pour le premier opérateur de téléphonie mobile américain. En septembre 2013, Verizon s’était donné de nouvelles marges de manœuvre en rachetant les 45 % que le britannique Vodafone détenait dans Verizon Wireless, leur filiale commune de téléphonie mobile aux Etats-Unis, pour 130 milliards de dollars.Pour AOL, c’est la fin d’une histoire mouvementée. Le fournisseur d’accès à Internet avait fusionné avec le groupe de médias Time Warner en 2000, à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Ce rapprochement avait tourné au cauchemar avant que Time Warner ne décide de se séparer d’AOL en mai 2009.C’est à ce moment que M. Armstrong, un ancien de Google, arrive à la tête d’AOL pour réorienter l’activité de la société, notamment vers la publicité sur Internet. En 2013, AOL a ainsi racheté Adap.tv, une plate-forme qui permet de connecter annonceurs et producteurs de contenu vidéo. Parallèlement, le groupe est à la tête d’un portefeuille de sites Internet comme le Huffington Post, TechCrunch et Engadget. Selon des rumeurs, le nouvel ensemble pourrait se séparer du Huffington Post, racheté en 2011 pour 315 millions de dollars. Une hypothèse démentie. « L’un des grands gagnants de cette opération sera le Huffington Post », a assuré M. Armstrong sur CNBC. Lui-même est appelé à continuer à diriger AOL, une fois que la fusion sera bouclée, sans doute au détour de l’été.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.05.2015 à 09h37 • Mis à jour le12.05.2015 à 09h45 | Alexandre Piquard Qui pour diriger l’Institut national de l’audiovisuel (INA) après Agnès Saal, acculée à la démission après la polémique sur ses frais de taxis ? Carine Camby, actuelle déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, est favorite pour occuper le poste, comme l’ont écrit La Correspondance de la presse le 9 mai et Le Figaro le 12 mai.Sa nomination pourrait intervenir dès mercredi 13 mai. Selon la procédure, le directeur de l’INA doit être proposé par la ministre de la culture au premier ministre, qui le nomme par décret au conseil d’administration de l’institution. Dans la foulée, le conseil des ministres le nomme président.Énarque, Carine Camby est issue de la Cour des comptes, tout comme Fleur Pellerin. Âgée de 54 ans, elle a travaillé dans le secteur audiovisuel au cours des années 1990 : elle a été directrice financière de la chaîne publique culturelle La Cinquième sous la direction de Jean-Marie Cavada, puis conseiller technique chargée des médias et du cinéma au cabinet du ministre de la culture Philippe Douste-Blazy.Elle a également été directrice de la société de production Image et Compagnie. Plus tard, en 2009, elle est nommée secrétaire générale du conseil de la création artistique présidé par le président de la République, Nicolas Sarkozy, et animé par Marin Karmitz.GarantiesCarine Camby a également été active dans le domaine de la santé : en 2003, elle a pris la tête de l’établissement français des greffes, qui deviendra l’agence de biomédecine. En 2008, elle a également été chargée par le premier ministre François Fillon d’une mission auprès du secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wauquiez, et du haut-commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch.Ses responsabilités dans des secteurs jugés sensibles sont vues comme un avantage pour succéder à Agnès Saal, emportée par la polémique sur ses dépenses de déplacements, dénoncés dans une lettre anonyme totalisant 40 000 euros de frais sur dix mois.Le gouvernement était soucieux de trouver un dirigeant qui puisse donner des assurances de gestion de l’argent public. Le profil de Carine Camby, issue de la Cour des comptes, est jugé favorable.À l’INA, le successeur d’Agnès Saal devra signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises. La négociation avec le ministère pourrait être retardée si le « COM » est modifié par le nouvel arrivant. À l’INA, les personnels, qui avaient déjà changé de dirigeant début 2014 avec le départ de Mathieu Gallet à Radio France, attendent de la continuité.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Samuel Laurent, Maxime Vaudano et Leila Marchand « L’analyse des unes de newsmagazines est une science ancienne et assez inexacte », ironise Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point. On détecte pourtant certaines tendances quand on dénombre, comme LeMonde.fr l’a fait, les 273 couvertures publiées sur un an (du 1er mars 2014 au 9 avril 2015) par cinq hebdomadaires généralistes français :Le Nouvel Observateur (du groupe Le Monde, 448 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 46 000 en kiosques),L’Express (400 000 ex., dont 54 000 en kiosques),Le Point (381 000 ex., dont 72 000 en kiosques)Marianne (155 803 ex. dont 67 374 en kiosques)Valeurs actuelles (112 000 ex., dont 25 000 en kiosques)(Voir notre méthodologie détaillée en fin d’article)Parmi les 14 catégories définies, on constate une part importante de sujets dits « magazine », qui ne sont pas liés à l’actualité, politique ou autre. Notamment dans les unes de la catégorie culture/loisirs/santé/« marronniers », qui inclut l’histoire ou le cinéma, mais aussi les sujets récurrents comme les palmarès et classements sur l’immobilier. #container_14309925725{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309925725{ height:500px; } #container_14309925725 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309925725 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309925725 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309925725 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Répartition des sujets de "une" des newsmagazinesPar thèmes, en %, sur un an et une sélection de cinq titres. Cliquez sur un élément de la légende pour filtrer l'affichage.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309925725", backgroundColor: 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document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Médicaments qui guérissent », « derniers jours d’Hitler », « folie De Funès », diplômes qui donnent du travail ou palmarès des hôpitaux… avec 57 couvertures, cette catégorie représente 20 % des unes des cinq newsmagazines. Et en particulier un tiers des unes de L’Express, un quart de celles de L’Obs et 27 % de celles du Point.« Les unes d’actualité politique pure vendent moins bien ces temps-ci », explique Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en précisant que son titre est le seul des trois grands hebdomadaires à avoir titré sur les élections départementales après le 1er tour, en évoquant « La Gauche en ruines ». Cette même semaine, Le Point avait fait sa une sur Winston Churchill et L’Obs sur les mémoires des époux Klarsfeld (avec toutefois un entretien évoquant la montée du Front national).« La période est peu favorable au politique. Il y a une désaffection, on la voit dans les chiffres de vente, abonde Etienne Gernelle. Michel Onfray vend mieux que Hollande ou Sarkozy. » Le numéro du 12 mars sur « Le Philosophe qui secoue la France » a permis au Point d’écouler « 30 % d’exemplaires en plus que la moyenne », alors que la dernière couverture consacrée au président de la République (« Et maintenant on fait la sieste ? », le 2 avril) a fait l’objet d’une vente « normale ».Les unes géopolitiques ont également des résultats de vente incertains, selon le patron de L’Express. Christophe Barbier note un paradoxe : « Les gens demandent de l’actualité internationale mais ne l’achètent pas forcément… » Les sujets internationaux sont donc mis en avant quand l’actualité l’impose vraiment, résume le directeur de L’Express, citant en exemple « Poutine super-tsar » (paru en janvier 2014, et donc absent de notre étude).Moins de « marronniers » et de francs-maçons qu’on ne croitEvoquer les sujets hors actualité, pour les hebdomadaires, fait immédiatement penser aux « marronniers », ces sujets que l’on a l’impression de voir revenir sans cesse : le classement des meilleurs lycées, les francs-maçons… Pourtant, la pratique a changé et s’est éloignée de certains clichés, insistent les dirigeants de newsmagazines. « Cela fait plusieurs années que nous n’avons pas fait de couverture sur les francs-maçons. Idem pour les classes moyennes. Pourtant, on nous en parle toujours. Il y a chez les gens un effet de persistance rétinienne », s’amuse Etienne Gernelle. De fait, aucun newsmagazine n’a mis les francs-maçons en une depuis plus d’un an. #container_14309930038{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309930038{ height:500px; } #container_14309930038 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309930038 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309930038 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309930038 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les sujets "magazine" dans les newsmagazinesVentilation des 53 unes de la catégorie "culture/loisirs/santé/marronniers dans les cinq newsmagazines étudiés. (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309930038", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Sexe","Palmarès","Alimentation","Tourisme","Immobilier","Culture","Santé","Portrait","Psycho","Vie pratique","Histoire"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de unes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 5 ], [ "", 7 ], [ "", 7 ], [ "", 9 ], [ "", 11 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " unes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Les gros marronniers, il en reste peu, expose Christophe Barbier de L’Express. Nous en avons surtout gardé deux : le ‘spécial immobilier’, deux fois par an, et le classement des hôpitaux, qui est pour les lecteurs un service dans un domaine important. » Le classement des lycées n’existe désormais plus que sous la forme d’un moteur de recherche sur le site de L’Express, explique M. Barbier.Le refus des marronniers est un parti pris beaucoup plus franc pour Valeurs actuelles. Son directeur, Yves de Kerdrel, raille les couvertures des autres hebdos sur la santé ou les derniers jours d’Hitler. Chez Valeurs actuelles et Marianne, deux titres au tirage plus faible, les sujets culture/loisirs/santé/« marronniers » ne représentent que 5,5 % et 10 % des unes.« Ces sujets sont guidés par les régies publicitaires. Et ils se vendent même parfois plus mal que la moyenne ! », critique M. Kerdrel, citant le cas de l’immobilier. L’Express affirme que son « spécial immobilier » ne répond pas à un impératif de publicité (les budgets seraient intéressants en mars à l’occasion d’un salon de l’immobilier, mais pas tellement en septembre) mais de diffusion. Selon M. Barbier, le moteur des ventes est local : l’édition nationale du numéro sur l’immobilier de septembre réalise une performance moyenne, mais les 36 éditions régionales apportent un plus qui fait de ce numéro « une des meilleures ventes de l’année ». D’autres dossiers sont plus directement réalisés par les hebdomadaires pour des raisons de la publicité (sur les vins, le numérique ou les flottes automobiles d’entreprises) mais ils sont très rarement en une, note-t-il.« C’est un pur métier d’offre. On ne sait pas vraiment ce que souhaitent les gens. On est souvent surpris quand on essaye de deviner les ventes, philosophe Etienne Gernelle. Les gens imaginent qu’on a des experts marketing et des recettes mais ce n’est pas le cas. Il faut donc une stratégie de long terme. »L’histoire, la psychologie et la morale sont « tendance »Parmi les sujets « magazine », on trouve beaucoup de thèmes historiques (11 unes), mais aussi de vie pratique et de conseils (« manuel de culture générale », « comment éviter le burn-out »…) Les sujets psycho (« la revanche des introvertis », « les hypernarcissiques ») sont également souvent tentés. Autre tendance : le grand portrait d’un artiste ou d’un intellectuel. Parmi les titres, chacun a ses spécialités : Le Point aime par exemple les dossiers historiques (Hitler, chute de Rome, Débarquement de 1944…). L’Express se pique de sujets psycho (« L’esprit qui soigne le corps », « Les Hyper narcissiques », « Les Manipulateurs »…). L’Obs navigue entre les deux, mais garde une appétence pour les valeurs sûres que sont « Les Diplômes qui donnent du travail » ou « Immobilier, pourquoi acheter ? »« L’histoire, c’est une tendance de longue date au Point, confirme M. Gernelle. Notre stratégie, c’est de proposer du fond. Et donc d’écrire souvent sur des intellectuels : des philosophes des historiens… » « Il y a deux ans, nous avons choisi de relancer la thématique psychologique sous l’angle de l’univers personnel, explique de son côté Christophe Barbier, de L’Express. Le domaine avait fait de belles performances il y a dix ans avec des psychologues comme Marcel Rufo ou Boris Cyrulnik, notamment sur la question du bonheur. Aujourd’hui, il faut trouver les nouvelles tendances. »M. Barbier estime que les couvertures sur les pervers narcissiques, ou celle sur le « burn-out » ont réalisé de très bons scores, en augmentant les ventes de 20 à 30 % par rapport à un numéro comparable. Dans le même esprit, L’Express a fait sa dernière couverture sur l’éducation : « Comment rendre nos enfants heureux ? ». Le Point a déjà titré sur « Les Jaloux, enquête sur une maladie qui gâche la vie » et L’Obs sur « La Revanche des introvertis ».« Les philosophes sont à la mode », constate enfin M. Barbier. « Les questions sur la République, les valeurs, la France, la laïcité, cela préoccupe les gens, estime M. Gernelle. On voit d’ailleurs que le Nouvel Observateur a consacré sa une à Emmanuel Todd (pour son livre Qui est Charlie ?). » Le directeur du Point affirme ne pas avoir mis Alain Finkielkraut ou Michel Onfray en couverture pour les ventes, mais note que ces numéros ont bien fonctionné. « Il y a cinq ans, la une que nous avions dédiée à Michel Onfray, pour son livre sur Sigmund Freud, s’était moins bien vendue », compare-t-il. La catégorie « valeurs et morale » comprend ainsi 29 unes des cinq newsmagazines étudiés, en un an. Les frontières entre catégories sont parfois poreuses et les questions de « valeurs » rejoignent des enjeux politiques : c’est clair avec des auteurs comme Michel Houellebecq, Michel Onfray, Alain Finkielkraut ou Emmanuel Todd, tous liés aux débats sur la laïcité et l’islam, notamment. Idem pour des unes de l’hebdo de droite Valeurs actuelles comme « Zemmour l’insoumis - comment Le Suicide français annonce la révolte d’un pays qui refuse de mourir » ou « De l’ordre - Etat, banlieues, école, les Français veulent de l’autorité ». Dans le même esprit, Le Point a mis en une « Les mal-élevés - Comment ils font la loi dans les transports - Sarkozy, Hollande et le savoir-vivre », quand Marianne titrait « Laïcité - pourquoi il faut se ressaisir » ou distinguait « Vrais et faux rebelles - De B comme Booba à Z comme Zemmour ».Leila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Leila Marchand, Maxime Vaudano et Samuel Laurent On ne sait pas si les couvertures des hebdomadaires sont des indications fiables sur la politique française, mais on y distingue certaines tendances. Celle-ci occupe encore environ un tiers des « unes » des magazines d’actualité français : sur un total de 273 couvertures analysées sur l’année écoulée par Le Monde.fr, pour cinq titres généralistes – L’Obs, L’Express, Le Point, Marianne et Valeurs actuelles –, 49 ont concerné François Hollande ou son gouvernement, 36 l’UMP ou son président, Nicolas Sarkozy, et 12 Marine Le Pen et le Front national. Dans le détail, L’Obs et L’Express ont consacré 20 % de leurs « unes » à François Hollande ou ses ministres, derrière le droitier Valeurs actuelles, qui leur a consacré 25 % de ses couvertures. Marianne et Le Point sont plus distants, avec respectivement 13 % et 10 %. Quant à la droite, Marianne y a consacré 17 % de ses « unes », devant Valeurs actuelles (15 %), Le Point (14,5 %), L’Express (12 %) et L’Obs (10 %).Si on regarde uniquement qui figure en photo, François Hollande, avec 21 « unes », est devant Nicolas Sarkozy (19), le premier ministre Manuel Valls (10), Marine Le Pen (9) et l’UMP Alain Juppé (6).Les politiques ne font plus vendre« Mais il y a des cycles et en ce moment, la politique n’intéresse pas beaucoup les lecteurs, si l’on se fie aux ventes », prévient Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point (381 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 72 000 en kiosques). Une tendance constatée également par d’autres confrères, comme Christophe Barbier, patron de L’Express (400 000 exemplaires, dont 54 000 en kiosques).La désaffection des lecteurs touche notamment Nicolas Sarkozy, qui pourtant a longtemps été réputé très porteur en kiosques, note M. Gernelle : « Qu’on en dise du bien ou du mal, il a toujours bien vendu, jusqu’en septembre 2011. Depuis, c’est très variable. » La « une » sur la tribune de l’ex-chef de l’Etat avant les européennes, le 21 mai 2014, avait fait un très bon score, selon le directeur du Point, mais celle du 18 septembre 2014 (« C’est plus fort que lui ») a affiché un chiffre moyen en kiosques.« Le retour de Sarkozy à l’automne dernier n’a pas fonctionné en kiosques, abonde Christophe Barbier. L’intérêt des lecteurs est faible. » « Les sujets récents sur la droite et Nicolas Sarkozy ne vendent pas bien. Il y a eu un décrochage à l’automne », estime également Yves de Kerdrel, directeur de Valeurs actuelles (112 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 25 000 en kiosques). Il cite le mauvais score de la couverture « On se réveille », sur le nouveau président de l’UMP, le 12 février 2015. Selon le journaliste, « la droite ne parle pas assez d’idées et trop de politicailleries », ce qu’aurait confirmé en juin 2014 une nouvelle étude de lectorat de l’hebdomadaire de droite. Les lecteurs plébisciteraient davantage les sujets sur les valeurs, l’école ou le travail.La tentation du dénigrement présidentielSi l’on étudie les mots des titres de « une » consacrés à Nicolas Sarkozy, on trouve un vocabulaire moins négatif que pour François Hollande, même s’il reste peu amène (« boulet », « récidiviste », « Terminator »…) Les trois dirigeants de magazine interrogés notent toutefois les bons scores obtenus par leurs « unes » consacrées à Alain Juppé, certes plus rares.A la fois politiques et aux affaires, François Hollande et son gouvernement ne génèrent pas des ventes en kiosques exceptionnelles, selon les patrons d’hebdo. « Ceux qui avaient beaucoup donné dans le “Hollande bashing” ont depuis un peu retenu leurs coups », s’amuse Christophe Barbier.Le Point avait, au début du mandat du nouveau président, fait des « unes » très « moqueuses », reconnaît Etienne Gernelle. « Mais, depuis que François Hollande a fait un demi-tournant de la rigueur économique, on a été un peu moins virulent avec lui », explique-t-il.« Le “gauche-bashing”, ça remarche bien depuis le début de l’année 2015 », estime cependant le directeur de Valeurs actuelles, journal de droite qui fait figure de spécialiste du genre. Yves de Kerdrel liste une couverture en janvier, une en mars et une titrée « Les pigeons de Hollande », dont il est particulièrement content.Un ton qui rejoint le champ lexical employé par les magazines d’actualité envers le chef de l’Etat : « faillite », « sieste », « trahison »… Voici une représentation graphique des mots employés sur les « unes » des news magazines pour évoquer François Hollande : Le Front national fait plutôt recette« Marine Le Pen n’a jamais fait vendre autant de journaux que son père. Mais les couvertures sur la thématique du FN font des scores stables », selon Christophe Barbier. La « une » de L’Express « Pourquoi le pire est possible », en novembre, aurait vendu autour de 10 % au-dessus de la moyenne.La couverture du Point sur le Front national après les européennes de mai 2014 avait aussi fait un très bon score de vente, note M. Gernelle, mais ce chiffre traduit le choc du score élevé du parti d’extrême droite au scrutin, et le numéro a bénéficié de révélations sur l’affaire Bygmalion, relativise-t-il.Valeurs actuelles assure n’avoir consacré à Marine Le Pen que deux « unes », lors des départementales et lors du conflit avec son père, pour « ne pas prêter le flanc » aux critiques. Habitué des couvertures coup de poing très hostiles à l’islam ou aux Roms, le titre est déjà régulièrement accusé de faire le jeu de l’extrême droite.Pour l’instant, Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de la présidente du FN, n’a fait l’objet que d’une couverture d’hebdomadaire : celle de L’Express, le 18 mars, sous le titre « L’effrontée nationale ». Celle-ci n’aurait pas fait un carton, plutôt une « bonne vente moyenne », selon M. Barbier. Mais d’autres couvertures pourraient suivre.Retrouvez Les Décodeurs sur @decodeursLeila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Fâchés avec la politique, les Français ? En tout cas, cela ne se voit pas dans les chiffres d’audience des radios et des télévisions. Le matin, l’interview politique reste une valeur sûre. « C’est la meilleure audience de la chaîne », affirme Bruce Toussaint, anchorman d’i-Télé qui reçoit son invité entre 8 h 15 et 8 h 30. « C’est de très loin la demi-heure la plus regardée, avec 16 % de part de marché », renchérit Jean-Jacques Bourdin qui officie en simultané sur RMC et BFM-TV de 8 h 30 à 9 heures. Et les radios ne sont pas en reste   : entre 7 h 45 et 9 heures, les interviews politiques réalisent souvent des pics d’audience sur chacune des stations qui les diffusent.Des performances qui peuvent apparaître paradoxales, mais qui n’étonnent pas les journalistes concernés. « Il y a un désir de comprendre la politique avec ceux qui la font », constate Jean-Pierre Elkabbach, le doyen de l’interview politique, que l’on peut écouter chaque matin sur Europe 1. « On aime la politique dans ce pays. Il y a un côté masochiste, on adore détester les gens que l’on écoute », raconte avec une pointe d’humour Jean-Michel Aphatie, sur RTL à 7 h 50. « Objectivement, il est inimaginable de faire une matinale solide sans un invité politique », ajoute-t-il.Un exercice souvent courtPourtant, cette passion française pour la chose publique tend à s’émousser. « Depuis quelques semaines, je constate une petite désaffection, mais c’est une fluctuation saisonnière », se rassure Jean-Jacques Bourdin, qui analyse minutieusement chaque matin les audiences réalisées la veille. Ce désamour apparaît plus profond pour les responsables de France Inter. « Dès la rentrée 2012, on a senti un mouvement de recul, non pas à l’égard de la politique, mais des politiques. La multiplication des plateaux politiques sur les chaînes info a participé à la banalisation de la parole publique. On a aussi des difficultés pour obtenir une parole neuve et originale », observe Patrick Cohen, qui accueille son invité à partir de 8 h 20 et pendant près de quarante minutes.Plusieurs fois par semaine, l’anchorman de France Inter ouvre son micro à des personnalités autres que politiques. Un parti pris choisi également par Léa Salamé quelques minutes plus tôt sur la même antenne. La journaliste alterne entre des responsables politiques, des intellectuels, des chefs d’entreprise, des acteurs qui parlent de leur engagement.Jean-Pierre Elkabbach, quant à lui, sort du champ franco-français en ouvrant son micro à des personnalités internationales. Il a ainsi interrogé ces dernières semaines : le responsable de l’autorité des marchés financiers grecs pour évoquer la crise dans son pays, un responsable du Parlement russe ou encore Denis Sassou-Nguesso, le président du Congo, premier chef d’Etat africain à s’exprimer sur la vague d’émigrants qui fuient le continent. Un moyen d’élargir et d’enrichir le débat afin d’intéresser des auditeurs de plus en plus blasés par la classe politique.« La brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration »Jean-Michel AphatieCe coup de mou dans la relation qu’entretiennent les Français avec ceux qui les dirigent s’explique de multiples manières. « Leur discours s’est appauvri, et ils se sentent obligés de le simplifier sous l’influence des communicants », juge Alain Duhamel, observateur passionné de la vie publique depuis près de cinq décennies. L’interview politique du matin ne contribue-t-elle pas à ce phénomène ?L’exercice est souvent court, une dizaine de minutes en général. Un moment qui ne permet pas forcément d’aborder les sujets en profondeur. « Je n’ai pas toujours le temps de reprendre la réponse d’un de mes invités, car j’ai toujours l’œil sur la pendule », concède Jean-Michel Aphatie, qui dispose de sept minutes sur RTL. Cependant, « la brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration », juge-t-il. Le manque de temps, pour Jean-Pierre Elkabbach, ne doit pas être une excuse pour ne pas poser les bonnes questions : « En préparant bien, on peut obtenir l’essentiel. » Malgré sa longue carrière, il continue de rédiger minutieusement son intervention, et il arrive en studio avec plusieurs pages dactylographiées dont certains passages ont été soulignés avec des couleurs différentes.Ceux qui disposent de plus de temps ne boudent pas leur plaisir. « C’est un luxe de disposer de quarante minutes avec un invité », reconnaît Patrick Cohen, qui prolonge son entretien avec une session d’interventions d’auditeurs et une revue de presse. « L’exercice n’est pas le même en quelques minutes : l’homme politique sait ce qu’il va dire, il donne une info précise ; notre panorama est plus large », se réjouit Jean-Jacques Bourdin, qui a la chance d’être en tête à tête avec son invité pendant plus de vingt minutes.Tour d’horizon de l’actualitéFaute de temps, l’interview peut se transformer en un simple tour d’horizon de l’actualité, obligeant l’homme politique à commenter des sujets qui n’ont parfois aucun rapport les uns avec les autres et sur lesquels son éclairage n’est pas toujours pertinent. Un format que revendique pourtant Bruce Toussaint : « Je cherche à faire réagir à chaud, car c’est le boulot d’une chaîne d’info. La première question est liée à l’actualité immédiate. Je ne commence pas par le plus important, mais par le plus récent. J’aime terminer par une question plus personnelle, ou sur une note sportive ou culturelle. J’essaye d’avoir des ruptures, de varier le rythme, car les hommes politiques sont tellement rodés à l’exercice que c’est très difficile de les déstabiliser pour avoir un moment de vérité. Je pense que ce n’est pas le but de ces interviews de donner une réponse au chômage. Le matin, ce n’est pas ce que recherchent les téléspectateurs ou les auditeurs. »A l’inverse, Léa Salamé propose, à 7 h 50 sur France Inter, une interview plus anglée, « quitte à ne pas tout couvrir », assume-t-elle. Comme Patrick Cohen, quelques minutes plus tard. « Je suis assez rarement dans un balayage de l’actualité, mais sur une thématique dominante quasi exclusive, sauf pour les personnalités très importantes comme le premier ministre ou le chef de l’opposition », explique-t-il.Pourtant, pour l’auditeur et le téléspectateur pressé du matin, l’interview politique se résume souvent à une course aux petites phrases. « Une pratique qui n’est pas nouvelle », souligne Guillaume Durand, dont l’interview de 8 h 15 est diffusée simultanément sur Radio Classique et LCI, mais qui a pris des proportions démesurées avec le développement des réseaux sociaux et des chaînes info. « Elle est renforcée par le buzz, qui est la version absolue de la connerie contemporaine. La reprise par l’AFP, c’est l’idée qu’on parle de moi. Ça ne peut pas être une obsession, mais ça serait une hypocrisie totale de dire qu’on ne recherche pas notre propre participation à l’actualité. Aujourd’hui, il y a une peur des gens de ma génération, qui composent l’essentiel des intervieweurs politiques, de ne pas être dans la modernité et de ne pas être dans le buzz », reconnaît-il.Chercher la petite phraseSi Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Michel Aphatie jurent qu’ils ne cherchent pas la petite phrase, ils font tous les deux une pause dans l’entretien lorsque apparaît une alerte sur l’iPhone du premier ou un extrait sur i-Télé de l’interview du second. « Quand on réfléchit à la construction d’une interview, on essaye d’allier des choses qui sont de natures différentes : regarder les problématiques au fond, chercher des sujets plus secondaires ou une réponse de votre invité dont vous savez qu’elle va faire débat. Quand on accuse les journalistes de chercher la petite phrase, on méconnaît grandement les obligations de ce travail. L’interview politique n’est pas une prise de parole magistrale d’un homme politique », plaide le journaliste de RTL.Voulue ou pas, la recherche de la reprise du bon mot peut provoquer des dérapages. La question posée à Roland Dumas par Jean-Jacques Bourdin sur l’« influence juive » qui serait subie par Manuel Valls a suscité beaucoup de réactions, jusqu’à provoquer celle, très inhabituelle, du CSA. « Les commentaires débridés des lecteurs sur les sites des journaux poussent au dérapage, car il existe une tentation de l’intervieweur de flatter son auditoire », analyse Guillaume Durand.Autre tendance qui peut contribuer à une certaine lassitude de l’auditeur : le sentiment d’entendre toujours les mêmes. « C’est vrai », concède Patrick Cohen. « Mais le format long suppose un minimum de notoriété, soit une légitimité incontestable sur un sujet. » « L’interview politique n’est pas un radio-crochet, mais il faut donner la chance aux jeunes pousses », juge pour sa part Jean-François Achilli, sur France Info tous les matins à 7 h 45.En quête de voix nouvelles« C’est compliqué de faire venir les gens, car ils ont peur. Ils sont méfiants et ont des plans médias concoctés par des communicants. Il faut qu’ils viennent quand ils ont des choses à dire et qu’ils sont prêts à répondre à des questions précises. Malheureusement, les partis eux-mêmes ne se renouvellent pas, mais, curieusement, lorsque j’invite des personnalités peu connues comme Jean-Jacques Urvoas ou Edouard Philippe, ça ne marche pas trop mal, s’ils sont en situation », se félicite Jean-Jacques Bourdin.Comme si, pour réconcilier les Français avec leurs hommes politiques, on devait ouvrir le micro à de nouvelles voix.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Comme annoncé par le président Mathieu Gallet le 16 avril dernier, une réflexion a effectivement été engagée sur l’évolution des instances de direction de Radio France dont les conclusions seront présentées dans quelques semaines », a confirmé la direction de l’entreprise publique dans un message interne, mercredi 6 mai.Tout en déplorant « des informations parues dans la presse ce matin au sujet de changements présumés au sein du Comité exécutif de l’entreprise ».Comme l’a annoncé Le Figaro, Sibyle Veil, actuellement directrice du pilotage de la transformation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, est pressentie pour rejoindre Radio France. Toutefois, sa venue n’est pas confirmée officiellement. Se posent notamment, selon nos informations, des questions sur le périmètre de ses missions.Elle a été présentée comme une future « directrice générale » et une remplaçante de Catherine Sueur, l’actuelle directrice générale déléguée, réputée en froid avec M. Gallet. Mais son poste pourrait avoir une envergure un peu moindre. Mme Sueur était numéro deux de l’entreprise sous le président précédent, Jean-Luc Hees.Sibyle Veil est énarque, issue de la même promotion qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, Gaspard Gantzer, le conseiller communication de François Hollande, ou Boris Vallaud, le secrétaire général adjoint de l’Elysée, aussi mari de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a été conseillère santé, travail et logement à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Elle est mariée à Sébastien Veil, lui aussi ancien membre du cabinet du président de la République et petit-fils de la ministre Simone Veil. Elle ne connaît pas le secteur audiovisuel.Le ministère de la culture de Fleur Pellerin a été informé par Radio France de la possible venue de Mme Veil, mais nie avoir donné une forme d’aval.D’autres changements possiblesUn autre changement devrait intervenir prochainement : le départ de Jean-Pierre Rousseau, l’actuel directeur de la musique, recruté par Mathieu Gallet. Cette hypothèse avait été évoquée dès fin mars, lors du conflit social qui a débouché sur une grève inédite à Radio France. Jean-Paul Quennesson, délégué Sud de Radio France et corniste à l’Orchestre national, avait qualifié sa direction de « fiasco total ».Pendant le conflit, l’assemblée générale des grévistes avait aussi visé l’actuel directeur des ressources humaines, Christian Mettot, un des principaux interlocuteurs des syndicats.Après la crise qui a secoué son autorité, Mathieu Gallet a donc engagé une réflexion sur la gouvernance de Radio France. Avant la sortie de grève, la ministre, Fleur Pellerin, s’était davantage impliquée personnellement, « convoquant » le dirigeant nommé par le CSA et nommant plus tard un médiateur pour renouer le dialogue entre les syndicats et la direction. Après la crise, certains anticipaient que la réflexion évoquée par Mathieu Gallet puisse être l’occasion pour le gouvernement de peser sur la réorganisation de l’entreprise. Il semble plutôt que le président de Radio France étudie sa future direction de son côté, dans la lignée du comité exécutif élargi mis en place à son arrivée.Pendant ce temps, le médiateur Dominique-Jean Chertier poursuit actuellement la « seconde phase » de sa mission, menant des réunions avec les parties prenantes en vue de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, feuille de route de l’entreprise pour les cinq années à venir. Parmi les chantiers sensibles figurent notamment la réforme des modes de production et la négociation d’un plan de départs volontaires de 300 personnes environ.Toutefois, la mise en place de ces discussions reste délicate. De source syndicale, un calendrier a été proposé par le médiateur. S’il propose des ateliers sur France Bleu, la musique ou les modes de production, aucun espace de discussion n’est pour le moment prévu sur le plan stratégique de l’entreprise.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un chantier délicat qu’a ouvert la Commission européenne mercredi 6 mai : aller plus avant dans la constitution d’un vrai marché unique numérique. Tous les sujets sont sur la table, y compris les plus polémiques. Une réforme du droit d’auteur, le renforcement de la lutte contre le piratage, une réflexion sur la nécessité ou pas de « réguler » les plates-formes Internet (Amazon, Apple, Facebook ou Google)…L’enjeu est considérable pour le président Jean-Claude Juncker, qui en a fait une des priorités de son mandat. Il s’agit de créer l’environnement économique favorable à la multiplication des sociétés numériques. Tout en préservant les industries traditionnelles – la banque, l’automobile, etc. –, toutes menacées à plus ou moins long terme d’« ubérisation », c’est-à-dire de voir leur modèle économique mis à bas par de nouveaux acteurs du Net.Réformer le droit d’auteurLa réforme du droit d’auteur ? Un texte législatif devrait être présenté à l’automne 2015, a précisé Bruxelles mercredi. Le principe de la territorialité des droits (le fait qu’un auteur puisse commercialiser les droits d’exploitation de son œuvre pays par pays) y sera conservé. Au grand soulagement du monde français de la culture, qui a mené un intense lobbying ces derniers mois afin d’éviter une relecture trop « radicale » de la directive droits d’auteurs de 2001.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreBruxelles tient néanmoins à proposer davantage d’exemptions au droit d’auteur, notamment pour le secteur de la recherche.La Commission voudrait aussi rendre plus accessibles les contenus en ligne entre pays européens. En surmontant le « geoblocking » (le fait, dans un pays A, de ne pas avoir accès au catalogue de vidéo à la demande [VOD] ou aux matchs de foot diffusés par une TV du pays B) ; ou en permettant la « portabilité » des abonnements à des services audiovisuels afin qu’un abonné puisse avoir accès à son offre quand il est en déplacement.Le vice-président de la commission en charge du numérique, Andrus Ansip, a fait du geoblocking et de l’accessibilité ses chevaux de bataille.Encadrer les plate-formes internetAutre gros chantier, pour lequel il n’y a pas consensus, loin de là, à la Commission : la régulation des plates-formes. La France et l’Allemagne poussent pour une révision de la directive e-commerce de 2000, demandant que les groupes de l’Internet qui jouissent du statut d’hébergeur soient considérés comme des éditeurs, donc tenus davantage responsables des contenus qu’ils distribuent.L’Irlande ou les Pays-Bas, terres d’accueil de grands du Net américains, freinent des quatre fers. L’administration Obama a déjà fait savoir, elle aussi, que ce n’était pas une bonne idée…Il y a aussi tout l’enjeu de l’accès aux gigantesques masses de données personnelles détenues par ces plates-formes : à qui appartiennent-elles ? Qu’est-ce que ces acteurs en font ? Est-il possible de les porter d’une plate-forme à l’autre ? Etc.Pour l’instant, aucun projet de directive n’est sur la table, « mais la volonté politique d’avancer sur ces sujets est là », dit-on à la Commission. Une consultation publique et une série d’études seront lancées d’ici à fin 2015.Pour avoir un espoir d’avancer avec et non contre les multiples groupes d’intérêt qui se sont déjà manifestés, ou ne manqueront pas bientôt de le faire, sur tous ces sujets, Bruxelles va devoir réussir un sacré travail de synthèse…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 11h25 • Mis à jour le06.05.2015 à 14h23 | Alain Beuve-Méry Par sa vitalité, le cinéma en France demeure une exception en Europe. Présenté, mercredi 6 mai, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), le tour d’horizon de l’année écoulée affiche dans tous ses segments (taux de fréquentation des salles, nombre de films produits et distribués ou exportés…) un dynamisme certain. Tous les clignotants sont au vert ou presque. Ce bilan est traditionnellement présenté, juste avant l’ouverture du Festival de Cannes (du 13 au 24 mai), qui constitue la vitrine la plus luxueuse du septième art dans l’Hexagone.Ainsi, avec 209 millions d’entrées sur 911 millions en Europe – 213,6 millions si l’on inclut les entrées gratuites –, la France demeure de loin le premier marché européen en termes de fréquentation, devant l’Allemagne (122 millions), l’Italie (100 millions), l’Espagne (87 millions) ou l’Angleterre (57 millions).En 2014, 66,6 % des Français, soit 39 millions sont allés au moins une fois au cinéma, soit une augmentation de 4 %. Chaque spectateur est allé en moyenne 5,3 fois au cinéma. Ce qui fait en vingt ans, une progression d’un tiers de spectateurs.Le bataillon le plus important : les étudiantsParmi ces publics, les inactifs représentent 51,1 % du total et, parmi eux, les étudiants, 28,6 %. Par tranches d’âge, les 25-49 ans forment le bataillon le plus important (35,6 %) devant les 50 ans et plus (33,1 %). Mais, avec 80 % des moins de 25 ans qui sont allés au cinéma au moins une fois par an, le septième art demeure un loisir très répandu chez les jeunes. Les 20-24 ans sont notamment ceux qui demeurent les plus gros consommateurs, même si leur nombre est en recul.Le CNC observe une stabilité de la fréquentation à Paris, mais une forte progression des entrées au sein des plus petites agglomérations : + 14 % sur les villes de 20 000 à 100 000 habitants ; + 17 % sur les plus petites communes.Ces données sont à rapprocher de celles concernant le nombre de salles. De fait, la France dispose du parc cinématographique le plus important en Europe, avec 2 020 établissements et 5 653 écrans. Avec, en moyenne, 8,6 écrans pour 100 000 habitants, l’Hexagone est ainsi doté du parc de salles le plus dense. En dix ans, le nombre de fauteuils a augmenté de 5,4 %, celui des écrans de 7,3 %. Le nombre d’établissements est, lui, en recul de 2,6 %.Films français en tête de podium en 2014En 2014, un cinéma a réalisé 103 453 entrées en moyenne. Mais ce sont les plus grands qui se tirent la part du lion, avec une progression de 9,5 % et 472 038 entrées par cinéma. Au total, le parc français se décompose en 191 multiplexes, avec 1 555 écrans actifs, dont deux multiplexes ouverts en 2014. Paris jouit de 404 écrans répartis en 87 établissements.En termes de recettes, le retour à une TVA à 5,5 % sur les tickets de cinéma a eu un effet positif. Aux guichets, les exploitants ont gagné 1,33 milliard d’euros en 2014, soit une hausse de 6,5 %. Le CNC note une forte progression des entrées entre 4 euros et 5 euros, qui sont passées de 9 % à 16 %. C’est la traduction logique de la politique tarifaire mise en place en faveur des jeunes de moins de 14 ans, pour qui le prix de la place a été fixé à 4 euros. Il y a eu près de 21 millions d’entrées à ce tarif en 2014. Sur ces recettes de 1,3 milliard d’euros, 43 % sont allés aux exploitants, soit 570 millions d’euros et 40 % aux distributeurs (532 millions d’euros).Avec 91 millions d’entrées pour les films français, la part du marché domestique s’élève à 44 % en France, contre 28 % en Italie, 27 % en Allemagne, 25,5 % en Espagne et 15,5 % au Royaume-Uni. C’est le plus haut niveau depuis 1984. De fait, en 2014, les trois premières places du podium des films ayant réalisé le plus grand nombre d’entrées sont 100 % françaises. La première marche est occupée par Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, avec 12,34 millions d’entrées, devant Supercondriaque (5,27 millions) et Lucy (5,2 millions).Vitalité des films d’animationParmi les bonnes nouvelles figure aussi la vitalité des films d’animation avec vingt-neuf sorties en 2014 pour 23 millions d’entrées. Parmi les six films français, deux – Astérix et le domaine des dieux et Minuscule – ont dépassé un million d’entrées en 2014. Cent films documentaires sont sortis en salle en 2014 dont soixante-douze films français.Lire aussi :Comédies et documentaires, les films français les plus rentables en 2014En 2014, 7 035 films ont été exploités, un chiffre en constante augmentation. La progression est même de 20,5 % depuis 2005. Parmi ceux-ci, il y a eu 663 films inédits et 4 108 films art et essai. En termes d’exposition, les films français sont présents en moyenne dans 119 établissements, en première semaine d’exploitation, un chiffre en recul par rapport à il y a dix ans. Les films américains sont en revanche présents en moyenne dans 258 établissements, un chiffre en augmentation.Il y a eu aussi six films distribués dans 800 établissements ou plus en 2014, dès la première semaine (contre trois en 2013), ce qui démontre la puissance de tir mise au service de certains blockbusters.Lire aussi :Les bons chiffres du cinéma français à l’exportAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 17h38 • Mis à jour le21.05.2015 à 18h42 | Eric Albert (Londres, correspondance) Après le spectaculaire procès du News of the World l’an dernier, le Daily Mirror a été condamné, jeudi 21 mai, pour avoir pratiqué pendant plus d’une décennie des écoutes téléphoniques à grande échelle. Le tabloïd britannique va devoir verser des compensations record de 1,2 million de livres (1,7 million d’euros) à huit victimes, principalement des stars du show-business. Mais près d’une centaine d’autres sont désormais sur les rangs et demandent compensation.Le jugement vient confirmer officiellement ce que beaucoup soupçonnaient depuis des années : les écoutes téléphoniques ont été pratiquées par tous les tabloïds de façon systématique. L’excuse, qui consistait initialement à faire passer pour un canard boîteux le News of the World, le journal dominical du groupe de Rupert Murdoch, ne tient plus.Le procès, qui a duré trois semaines, a mis à jour les écoutes téléphoniques réalisées entre 1999 et 2010 par le Daily Mirror, le Sunday Mirror (l’édition dominicale du premier) et The Sunday People, un hebdomadaire du même groupe.L’accusation reposait très largement sur le témoignage de Dan Evans, qui avait été le principal responsable des écoutes en 2003 et 2004. Parfaitement conscient de l’illégalité de la pratique, le journaliste a raconté comment il détruisait les cassettes des enregistrements et jetait régulièrement dans la Tamise les téléphones qu’il utilisait pour réaliser son espionnage.Sa technique consistait à écouter les messages laissés sur les répondeurs des portables. A l’époque – avant l’arrivée des smartphones –, il était assez facile d’y accéder à distance, à condition d’en avoir le code d’accès.Mais une grande majorité des utilisateurs ne changeait jamais ce numéro, qui restait souvent sur le mode par défaut de l’usine : 0000 ou 9999 par exemple.« A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne »Les conséquences de cette intrusion dans la vie privée étaient brutales. Parmi les huit plaignants, certains ont été espionnés pendant sept ans. Ils retrouvaient des articles sur leur vie intime et soupçonnaient leurs proches de les avoir trahis.Steve McFadden, un acteur d’une série télévisée, a expliqué à la barre avoir renoncé à demander en mariage sa petite amie de l’époque, parce qu’il la soupçonnait d’être la source d’informations du Daily Mirror.L’actrice Sadie Frost est allée jusqu’à faire signer à sa propre mère un document juridique lui faisant promettre de ne jamais dévoiler d’informations à la presse. « Quand j’ai appris que j’étais sur écoutes, je me suis sentie soulagée, a-t-elle témoigné, jeudi. J’ai su que je n’étais pas devenue folle. A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne. »Contrairement au News of the World, il ne s’agissait pas d’un procès pénal, mais civil. La décision de justice va cependant faire date car les condamnations sont beaucoup plus élevées que toute la jurisprudence actuelle.Jusqu’à présent, la compensation la plus élevée jamais accordée pour violation de la vie privée était de 60 000 livres (85 000 euros). Cette fois-ci, Mme Frost va recevoir quatre fois plus, en l’occurrence 260 000 livres (366 000 euros), et Paul Gascoigne, l’ancien footballeur, 188 000 livres (265 000 euros).Depuis que la procédure judiciaire contre le Daily Mirror a été ouverte, de nombreuses plaintes supplémentaires ont été déposées. Selon le Guardian, il y en aurait une centaine au total.Le Daily Mirror a indiqué qu’il envisage de faire appel, mais il a également décidé de plus que doubler l’argent qu’il met de côté pour les compensations, à un total de 28 millions de livres (39 millions d’euros).Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Après plusieurs mois d’incertitudes, les discussions autour de Radio Nova sont en passe d’aboutir. Jeudi 21 mai, Les Nouvelles Editions indépendantes (LNEI) – la holding de médias de Matthieu Pigasse – ont annoncé leur entrée en négociation exclusive avec les actionnaires de Radio Nova.La cible du propriétaire des Inrocks (et actionnaire à titre personnel du Monde, avec Pierre Bergé et Xavier Niel), le groupe Nova Press, est surtout connue pour son emblématique radio, marquée par la figure de Jean-François Bizot, mais est également présente dans l’édition musicale et la production, avec Nova Records.« L’opération envisagée vise à mettre en place une offre multimédia reposant sur les nombreuses complémentarités existantes (culturelles, éditoriales, commerciales, de support…) entre les groupes Nova Press et Les Inrockuptibles, dans le plein respect de l’intégrité et de l’identité des deux marques », explique le communiqué de LNEI.Un prix de 12 millions à 15 millions d’eurosLa perspective de bâtir un écosystème cohérent, musical et culturel, avec Les Inrockuptibles a probablement joué dans la décision des propriétaires de Nova, qui sont les héritiers de Jean-François Bizot, conseillés par la banque Degroof.Selon une source proche du dossier, le montant de la transaction se situerait « dans une fourchette entre 12 et 15 millions d'euros ». Nova compte 26 fréquences et réalise 12 millions d’euros de chiffre d’affaires environ.M. Pigasse avait dévoilé ses intentions dès le 30 janvier. Mais d’autres candidats, une trentaine d’autres, ont étudié le dossier. Ont notamment été cités Patrick Drahi et Marc Laufer (actionnaires de Libération), les groupes NRJ et NextRadioTV, Pascal Chevalier (Reworld Media), Didier Quillot (Lagardère Active) ou encore le groupe Vivendi.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 21h47 • Mis à jour le21.05.2015 à 08h44 Le caricaturiste français Jul s’est vu refuser l’entrée au Nicaragua par le gouvernement. Il devait y participer à un forum d’écrivains, a affirmé mercredi 20 mai Sergio Ramirez, promoteur de la rencontre. Ce dernier a qualifié cette décision d’« acte lamentable », ajoutant qu’aucune explication n’avait été fournie par les autorités pour la justifier.La troisième édition de Centroamerica Cuenta – qui réunit 70 auteurs d’Amérique latine et d’Europe et a été inaugurée mardi par un hommage au journal satirique –, cible le 7 janvier dernier d'un attentat qui a décimé sa rédaction. Jul devait arriver la veille dans la capitale Managua pour y assister.« Nous ne comprenons pas, nous sommes surpris et, bien sûr, nous rejetons ce genre de mesures contre un caricaturiste de grand prestige mondial qui venait enrichir [l’événement] par sa participation », a regretté M. Ramirez.Troisième étranger refouléSelon lui, l’ambassade de France au Nicaragua a essayé, sans succès, de faire revenir les autorités sur leur décision. Le représentant diplomatique, Antoine Joly, a fait part, mardi, de sa déception. Il a par ailleurs précisé que Jul venait dans la région pour participer également à d’autres événements culturels au Costa Rica et au Salvador.De son côté, le caricaturiste, qui a collaboré avec de nombreux médias français comme Libération et L’Humanité, a enregistré un message vidéo, diffusé lors du forum, pour expliquer les raisons de son absence.Il est le troisième étranger en une semaine à être refoulé à son arrivée au Nicaragua, après le Péruvien Luis Carlos Boub et l'Espagnole Marta Gonzalez, militants de l’ONG Centre pour la justice et le droit international, qui venaient participer à l’anniversaire d'un organisme local de défense des droits de l’homme. Raphaëlle Besse Desmoulières et Alexis Delcambre La première saison a vu la dirigeante d’un opérateur téléphonique, peu connue du grand public mais aux solides réseaux, choisie pour diriger France Télévisions. Elle n’est pas achevée, puisque les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) continuent de faire jaser, des rédactions à l’Assemblée nationale.Mais voilà que la deuxième saison s’ouvre déjà : avec qui Delphine Ernotte va-t-elle tenter de réinventer la télévision publique ? Le dévoilement de ce casting très attendu a commencé, mercredi 20 mai, par une surprise de taille : la nouvelle présidente a choisi un jeune homme de 27 ans, issu de la politique, comme directeur de cabinet.Pour ceux qui suivent la saga des Verts et ses méandres, Stéphane Sitbon-Gomez n’a certes rien d’un second rôle. Celui que tout le monde surnomme « Yop » à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a été directeur de cabinet de Cécile Duflot au conseil régional d’Ile-de-France en 2010, puis directeur de campagne d’Eva Joly à la présidentielle deux ans plus tard et, enfin, « conseiller spécial » de Mme Duflot, alors ministre du logement, en 2012.Depuis que sa « patronne » avait claqué la porte du gouvernement en 2014, il affirmait vouloir prendre du recul et ne plus dépendre de la politique pour vivre, après près de quinze ans de militantisme. C’est désormais chose faite. « Une nouvelle vie commence pour moi », explique-t-il au Monde.Mais les ponts ne manquent pas entre sa vie d’avant et celle qu’il va découvrir, au cœur d’une entreprise publique de 10 000 salariés secouée par la baisse de son financement public et objet de toutes les attentions politiques et médiatiques.Le premier lien s’appelle Denis Pingaud, le précieux conseiller de Mme Ernotte, qui l’a mis en relation avec cette dernière. L’homme avait découvert Stéphane Sitbon-Gomez au moment de la création d’EELV, qu’il avait accompagnée, en 2010.Le petit-fils du journaliste Guy Sitbon a également participé, à l’automne 2014, comme coauteur, à l’aventure de la fiction participative Anarchy (en partie diffusée par Le Monde), avec l’équipe des Nouvelles Ecritures de France Télévisions. Une expérience en lien avec son sens politique, et son aisance avec le numérique et les nouveaux modes de communication.Dernière similitude : celui qui se définissait, dans un portrait du Monde, comme « un apparatchik, un homme d’appareil », va explorer, au poste de directeur de cabinet, un paysage politique interne pas moins complexe que celui des Verts, où se croisent directeurs de chaîne et directeurs « transversaux », tutelles de Bercy et de la culture, parlementaires, responsables syndicaux…D’autant que le poste de directeur de cabinet n’existait pas sous les présidences antérieures. Le haut encadrement de France Télévisions s’interroge donc déjà sur le périmètre exact qui sera celui du nouveau venu.A deux ans d’une élection présidentielle où Mme Duflot pourrait être candidate, Mme Ernotte a pris un risque en recrutant l’ancien bras droit de celle-ci. Mais elle envoie aussi un signal : la nouvelle présidente est en quête de profils neufs, à l’heure où France Télévisions doit notamment renouer avec la jeunesse.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Éphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Après avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 09h32 • Mis à jour le20.05.2015 à 16h30 | Alexis Delcambre Laurent Vallet a été nommé, mercredi 20 mai en conseil des ministres, à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Le directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) a été choisi pour succéder à Agnès Saal, démissionnaire, à la présidence de l’INA.Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, de l’Ecole des hautes études commerciales de Paris (HEC) et ancien élève de l’Ecole national d’administration (ENA), Laurent Vallet, 45 ans, présente une double légitimité, financière et culturelle. Sa carrière a commencé à Bercy (1995-2002), avec notamment un passage au cabinet du ministre Laurent Fabius.En 2002, il est devenu directeur général de l’IFCIC, un établissement de crédit spécialisé dans le financement des industries culturelles, qui gère un encours de près de 800 millions d’euros. Il s’y est créé un solide réseau dans le monde culturel. En juin 2013, la ministre de la culture Aurélie Filippetti lui confiait un rapport sur les relations entre producteurs et diffuseurs.Lire aussi : Le rapport Vallet propose un équilibre renouvelé entre chaînes et producteurs En mars 2014, il est une première fois candidat à la présidence de l’INA, que Mathieu Gallet vient de quitter pour celle de Radio France. Mais Mme Filippetti lui préfère Agnès Saal. Les déboires de celle-ci, poussée à la démission en avril à la suite d’un scandale public sur ses notes de taxi, offrent une seconde chance à M. Vallet.Lire aussi :Le souhait d’« exemplarité » du gouvernement a eu raison d’Agnès SaalC’est un temps Carine Camby, déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, qui a paru tenir la corde. Mais au ministère, on explique que c’est l’expérience de M. Vallet dans le secteur culturel qui a finalement fait la différence.Cette nomination achève la reconfiguration de l’audiovisuel public, après celles de Mathieu Gallet (38 ans) à Radio France et de Delphine Ernotte (48 ans) à France Télévisions – soit un profond rajeunissement des présidences.A l’INA, M. Vallet aura la délicate mission d’apaiser une maison déstabilisée par la démission de sa présidente, victime d’une dénonciation anonyme. Il lui faudra aussi signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises.Agnès Saal de retour au ministère de la cultureAprès avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Martin Ajdari nommé à la DGMICÉphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre TF1 se regarde désormais massivement hors antenne. En avril 2015, selon Médiamétrie, plus de 9 millions de téléspectateurs ont utilisé son offre de « replay » depuis leur téléviseur, et 7 millions depuis leur ordinateur. Pour accompagner ces nouveaux usages, qui ont généré 1,4 milliard de visionnages en 2014, le groupe audiovisuel lance, lundi 25 mai, une refonte complète de son offre numérique, désormais unifiée sous la marque MYTF1.Les barrières installées par l’Autorité de la concurrence après le rachat des chaînes NT1 et TMC ayant expiré, MYTF1 rassemble désormais les contenus issus des quatre chaînes en clair du groupe (HD1, NT1, TF1, TMC) – ce qui lui permet mécaniquement de doubler le nombre de programmes proposés, pour atteindre 160 par mois.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Structuration par programme plutôt que par chaîne, design épuré, enchaînement automatique des vidéos, continuité d’un appareil à l’autre : les équipes de TF1 se sont inspirées des plates-formes comme Hulu ou Netflix pour imaginer ce nouveau MYTF1, qui sera proposé à travers les boxes des fournisseurs d’accès – y compris Numericable, dont MYTF1 était jusqu’ici absent –, disponible en ligne (PC, mobile, tablette) et sous forme d’application Android, iOS et Windows.Vous êtes un inconditionnel de « MasterChef » ? Vous trouverez sur une même page les dernières émissions, des bonus, des informations sur le programme et des vidéos « pur Web » sur la cuisine, issues du partenariat de TF1 avec Finder Studios. Si vous préférez la série « Les Experts », vous trouverez les dernières saisons diffusées, mais aussi l’accès, en vidéo payante à la demande (VOD), à la dernière saison diffusée aux Etats-Unis et pas encore en France.Forte progression de la VODPour TF1, le replay constitue un « complément d’audience », qui peut dépasser 20 % de l’audience linéaire dans certains cas. Pas de lien, donc, aux yeux de la chaîne, entre le succès de ces services et la légère érosion des audiences (21,3 % de part en avril, soit 1,5 point de recul en un an).La chaîne en attend évidemment des recettes, même si elle refuse de communiquer ses objectifs. Deux ou trois spots publicitaires sont diffusés avant chaque programme (« preroll »), et jusqu’à 120 secondes en « midroll » (au milieu des programmes). Des formats d’habillage de page sont aussi proposés aux annonceurs, pour les associer à tel ou tel programme. L’insertion de vidéos de marques (« brand content ») est une option.Lire aussi :Wild Bunch et TF1 s’engouffrent dans l’e-cinémaAutre source de recettes : la VOD. Selon TF1, le chiffre d’affaires en la matière a progressé de 38 % en 2014 et atteint « plusieurs dizaines de millions d’euros ». Vendredi 22 mai, MYTF1 proposera le film Adaline (6,99 euros le visionnage) avant sa sortie en salles en France, imitant ainsi les pratiques d’acteurs comme Amazon ou Netflix. Adaline rejoindra le film Son of Gun, proposé selon les mêmes modalités depuis début mai. D’autres sorties similaires sont prévues ces prochains mois.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.05.2015 à 20h39 • Mis à jour le18.05.2015 à 20h51 « Je ne serai plus Charlie Hebdo mais je serai toujours Charlie. » C’est par ces mots que le dessinateur Luz a annoncé, lundi 18 mai, dans une interview à Libération, son intention de quitter l’équipe de Charlie Hebdo.Le dessinateur se dit « phagocyté par mille choses, le deuil, la douleur, la colère », qui l’empêchent, dit-il, de s’intéresser à l’actualité. « C’est un choix très personnel », assure-t-il, alors que l’annonce de la mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui, la semaine dernière, avait ravivé les tensions qui existent dans la rédaction des « survivants », confrontée à la difficulté de rebâtir une équipe amputée depuis l’attentat du 7 janvier, et à l’afflux d’argent qui leur avait été versé en soutien.Lire l'interview de Riss :« La vie à “Charlie” n’a jamais été un fleuve tranquille »Quelques jours avant son entretien à Libération – qui accueille toujours l’équipe de Charlie Hebdo dans l’attente de son prochain déménagement dans de nouveaux locaux – Luz avait confié au Monde que trouver « des idées marrantes sur la politique française » lui demandait aujourd’hui énormément d’« énergie ». « Je me rends compte que la politique française, hormis la montée du FN, est particulièrement inintéressante », avait-t-il ainsi expliqué. « Cela a toujours le cas, mais on se réfugiait derrière le principe que le ridicule demeure un bon terrain humoristique. Là, j’ai un peu de mal… », confiait-il.« C’est aussi dû au fait que “Charlie” est désormais au cœur du débat politique. C’est difficile de se dessiner en tant que sujet. »A la fin d’avril déjà, le dessinateur avait annoncé dans les Inrockuptibles qu’il ne dessinerait plus le personnage de Mahomet, qu’il avait notamment croqué en « une » du premier numéro de Charlie Hebdo paru après les attentats de janvier. « Je m’en suis lassé, tout comme celui de Sarkozy. Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner », expliquait-il alors.« Chaque bouclage est une torture »A Libération, il raconte :« Chaque bouclage est une torture parce que les autres ne sont plus là. Passer des nuits d’insomnie à convoquer les disparus, à se demander qu’est-ce que Charb, Cabu, Honoré, Tignous auraient fait, c’est épuisant. »Il assure également que « cette réflexion sur le départ date d’il y a longtemps », mais qu’après les attentats il a « suivi par solidarité, pour laisser tomber personne. Il n’y avait plus grand monde pour dessiner ». « Si l’actu ne t’inspire plus, tu peux toujours dessiner, c’est presque pavlovien, mais tu vas refaire une idée que tu as déjà faite. »« Cette idée du départ, ajoute-t-il dans Libération, elle est aussi dans cette angoisse : la peur d’être mauvais. » Au Monde il avait ainsi évoqué le souhait de « passer à autre chose » et de s’éloigner d’une forme de routine professionnelle.« Après vingt ans de carrière, on a beau expérimenter des formes d’expression nouvelles, on finit par s’enfermer dans une sorte de train-train », expliquait ainsi celui qui publie mercredi Catharsis, un album de dessin personnel qui, dit-il, lui a fait du bien. « Pour la première fois, je n’avais pas peur d’une page blanche », confie-t-il à Libération.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journal Alexandre Piquard, Samuel Laurent, Maxime Vaudano et Leila Marchand « L’analyse des unes de newsmagazines est une science ancienne et assez inexacte », ironise Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point. On détecte pourtant certaines tendances quand on dénombre, comme LeMonde.fr l’a fait, les 273 couvertures publiées sur un an (du 1er mars 2014 au 9 avril 2015) par cinq hebdomadaires généralistes français :Le Nouvel Observateur (du groupe Le Monde, 448 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 46 000 en kiosques),L’Express (400 000 ex., dont 54 000 en kiosques),Le Point (381 000 ex., dont 72 000 en kiosques)Marianne (155 803 ex. dont 67 374 en kiosques)Valeurs actuelles (112 000 ex., dont 25 000 en kiosques)(Voir notre méthodologie détaillée en fin d’article)Parmi les 14 catégories définies, on constate une part importante de sujets dits « magazine », qui ne sont pas liés à l’actualité, politique ou autre. Notamment dans les unes de la catégorie culture/loisirs/santé/« marronniers », qui inclut l’histoire ou le cinéma, mais aussi les sujets récurrents comme les palmarès et classements sur l’immobilier. #container_14309925725{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309925725{ height:500px; } #container_14309925725 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309925725 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309925725 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309925725 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Répartition des sujets de "une" des newsmagazinesPar thèmes, en %, sur un an et une sélection de cinq titres. Cliquez sur un élément de la légende pour filtrer l'affichage.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309925725", backgroundColor: 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document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Médicaments qui guérissent », « derniers jours d’Hitler », « folie De Funès », diplômes qui donnent du travail ou palmarès des hôpitaux… avec 57 couvertures, cette catégorie représente 20 % des unes des cinq newsmagazines. Et en particulier un tiers des unes de L’Express, un quart de celles de L’Obs et 27 % de celles du Point.« Les unes d’actualité politique pure vendent moins bien ces temps-ci », explique Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en précisant que son titre est le seul des trois grands hebdomadaires à avoir titré sur les élections départementales après le 1er tour, en évoquant « La Gauche en ruines ». Cette même semaine, Le Point avait fait sa une sur Winston Churchill et L’Obs sur les mémoires des époux Klarsfeld (avec toutefois un entretien évoquant la montée du Front national).« La période est peu favorable au politique. Il y a une désaffection, on la voit dans les chiffres de vente, abonde Etienne Gernelle. Michel Onfray vend mieux que Hollande ou Sarkozy. » Le numéro du 12 mars sur « Le Philosophe qui secoue la France » a permis au Point d’écouler « 30 % d’exemplaires en plus que la moyenne », alors que la dernière couverture consacrée au président de la République (« Et maintenant on fait la sieste ? », le 2 avril) a fait l’objet d’une vente « normale ».Les unes géopolitiques ont également des résultats de vente incertains, selon le patron de L’Express. Christophe Barbier note un paradoxe : « Les gens demandent de l’actualité internationale mais ne l’achètent pas forcément… » Les sujets internationaux sont donc mis en avant quand l’actualité l’impose vraiment, résume le directeur de L’Express, citant en exemple « Poutine super-tsar » (paru en janvier 2014, et donc absent de notre étude).Moins de « marronniers » et de francs-maçons qu’on ne croitEvoquer les sujets hors actualité, pour les hebdomadaires, fait immédiatement penser aux « marronniers », ces sujets que l’on a l’impression de voir revenir sans cesse : le classement des meilleurs lycées, les francs-maçons… Pourtant, la pratique a changé et s’est éloignée de certains clichés, insistent les dirigeants de newsmagazines. « Cela fait plusieurs années que nous n’avons pas fait de couverture sur les francs-maçons. Idem pour les classes moyennes. Pourtant, on nous en parle toujours. Il y a chez les gens un effet de persistance rétinienne », s’amuse Etienne Gernelle. De fait, aucun newsmagazine n’a mis les francs-maçons en une depuis plus d’un an. #container_14309930038{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309930038{ height:500px; } #container_14309930038 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309930038 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309930038 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309930038 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les sujets "magazine" dans les newsmagazinesVentilation des 53 unes de la catégorie "culture/loisirs/santé/marronniers dans les cinq newsmagazines étudiés. (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309930038", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Sexe","Palmarès","Alimentation","Tourisme","Immobilier","Culture","Santé","Portrait","Psycho","Vie pratique","Histoire"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de unes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 5 ], [ "", 7 ], [ "", 7 ], [ "", 9 ], [ "", 11 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " unes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Les gros marronniers, il en reste peu, expose Christophe Barbier de L’Express. Nous en avons surtout gardé deux : le ‘spécial immobilier’, deux fois par an, et le classement des hôpitaux, qui est pour les lecteurs un service dans un domaine important. » Le classement des lycées n’existe désormais plus que sous la forme d’un moteur de recherche sur le site de L’Express, explique M. Barbier.Le refus des marronniers est un parti pris beaucoup plus franc pour Valeurs actuelles. Son directeur, Yves de Kerdrel, raille les couvertures des autres hebdos sur la santé ou les derniers jours d’Hitler. Chez Valeurs actuelles et Marianne, deux titres au tirage plus faible, les sujets culture/loisirs/santé/« marronniers » ne représentent que 5,5 % et 10 % des unes.« Ces sujets sont guidés par les régies publicitaires. Et ils se vendent même parfois plus mal que la moyenne ! », critique M. Kerdrel, citant le cas de l’immobilier. L’Express affirme que son « spécial immobilier » ne répond pas à un impératif de publicité (les budgets seraient intéressants en mars à l’occasion d’un salon de l’immobilier, mais pas tellement en septembre) mais de diffusion. Selon M. Barbier, le moteur des ventes est local : l’édition nationale du numéro sur l’immobilier de septembre réalise une performance moyenne, mais les 36 éditions régionales apportent un plus qui fait de ce numéro « une des meilleures ventes de l’année ». D’autres dossiers sont plus directement réalisés par les hebdomadaires pour des raisons de la publicité (sur les vins, le numérique ou les flottes automobiles d’entreprises) mais ils sont très rarement en une, note-t-il.« C’est un pur métier d’offre. On ne sait pas vraiment ce que souhaitent les gens. On est souvent surpris quand on essaye de deviner les ventes, philosophe Etienne Gernelle. Les gens imaginent qu’on a des experts marketing et des recettes mais ce n’est pas le cas. Il faut donc une stratégie de long terme. »L’histoire, la psychologie et la morale sont « tendance »Parmi les sujets « magazine », on trouve beaucoup de thèmes historiques (11 unes), mais aussi de vie pratique et de conseils (« manuel de culture générale », « comment éviter le burn-out »…) Les sujets psycho (« la revanche des introvertis », « les hypernarcissiques ») sont également souvent tentés. Autre tendance : le grand portrait d’un artiste ou d’un intellectuel. Parmi les titres, chacun a ses spécialités : Le Point aime par exemple les dossiers historiques (Hitler, chute de Rome, Débarquement de 1944…). L’Express se pique de sujets psycho (« L’esprit qui soigne le corps », « Les Hyper narcissiques », « Les Manipulateurs »…). L’Obs navigue entre les deux, mais garde une appétence pour les valeurs sûres que sont « Les Diplômes qui donnent du travail » ou « Immobilier, pourquoi acheter ? »« L’histoire, c’est une tendance de longue date au Point, confirme M. Gernelle. Notre stratégie, c’est de proposer du fond. Et donc d’écrire souvent sur des intellectuels : des philosophes des historiens… » « Il y a deux ans, nous avons choisi de relancer la thématique psychologique sous l’angle de l’univers personnel, explique de son côté Christophe Barbier, de L’Express. Le domaine avait fait de belles performances il y a dix ans avec des psychologues comme Marcel Rufo ou Boris Cyrulnik, notamment sur la question du bonheur. Aujourd’hui, il faut trouver les nouvelles tendances. »M. Barbier estime que les couvertures sur les pervers narcissiques, ou celle sur le « burn-out » ont réalisé de très bons scores, en augmentant les ventes de 20 à 30 % par rapport à un numéro comparable. Dans le même esprit, L’Express a fait sa dernière couverture sur l’éducation : « Comment rendre nos enfants heureux ? ». Le Point a déjà titré sur « Les Jaloux, enquête sur une maladie qui gâche la vie » et L’Obs sur « La Revanche des introvertis ».« Les philosophes sont à la mode », constate enfin M. Barbier. « Les questions sur la République, les valeurs, la France, la laïcité, cela préoccupe les gens, estime M. Gernelle. On voit d’ailleurs que le Nouvel Observateur a consacré sa une à Emmanuel Todd (pour son livre Qui est Charlie ?). » Le directeur du Point affirme ne pas avoir mis Alain Finkielkraut ou Michel Onfray en couverture pour les ventes, mais note que ces numéros ont bien fonctionné. « Il y a cinq ans, la une que nous avions dédiée à Michel Onfray, pour son livre sur Sigmund Freud, s’était moins bien vendue », compare-t-il. La catégorie « valeurs et morale » comprend ainsi 29 unes des cinq newsmagazines étudiés, en un an. Les frontières entre catégories sont parfois poreuses et les questions de « valeurs » rejoignent des enjeux politiques : c’est clair avec des auteurs comme Michel Houellebecq, Michel Onfray, Alain Finkielkraut ou Emmanuel Todd, tous liés aux débats sur la laïcité et l’islam, notamment. Idem pour des unes de l’hebdo de droite Valeurs actuelles comme « Zemmour l’insoumis - comment Le Suicide français annonce la révolte d’un pays qui refuse de mourir » ou « De l’ordre - Etat, banlieues, école, les Français veulent de l’autorité ». Dans le même esprit, Le Point a mis en une « Les mal-élevés - Comment ils font la loi dans les transports - Sarkozy, Hollande et le savoir-vivre », quand Marianne titrait « Laïcité - pourquoi il faut se ressaisir » ou distinguait « Vrais et faux rebelles - De B comme Booba à Z comme Zemmour ».Leila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Leila Marchand, Maxime Vaudano et Samuel Laurent On ne sait pas si les couvertures des hebdomadaires sont des indications fiables sur la politique française, mais on y distingue certaines tendances. Celle-ci occupe encore environ un tiers des « unes » des magazines d’actualité français : sur un total de 273 couvertures analysées sur l’année écoulée par Le Monde.fr, pour cinq titres généralistes – L’Obs, L’Express, Le Point, Marianne et Valeurs actuelles –, 49 ont concerné François Hollande ou son gouvernement, 36 l’UMP ou son président, Nicolas Sarkozy, et 12 Marine Le Pen et le Front national. Dans le détail, L’Obs et L’Express ont consacré 20 % de leurs « unes » à François Hollande ou ses ministres, derrière le droitier Valeurs actuelles, qui leur a consacré 25 % de ses couvertures. Marianne et Le Point sont plus distants, avec respectivement 13 % et 10 %. Quant à la droite, Marianne y a consacré 17 % de ses « unes », devant Valeurs actuelles (15 %), Le Point (14,5 %), L’Express (12 %) et L’Obs (10 %).Si on regarde uniquement qui figure en photo, François Hollande, avec 21 « unes », est devant Nicolas Sarkozy (19), le premier ministre Manuel Valls (10), Marine Le Pen (9) et l’UMP Alain Juppé (6).Les politiques ne font plus vendre« Mais il y a des cycles et en ce moment, la politique n’intéresse pas beaucoup les lecteurs, si l’on se fie aux ventes », prévient Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point (381 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 72 000 en kiosques). Une tendance constatée également par d’autres confrères, comme Christophe Barbier, patron de L’Express (400 000 exemplaires, dont 54 000 en kiosques).La désaffection des lecteurs touche notamment Nicolas Sarkozy, qui pourtant a longtemps été réputé très porteur en kiosques, note M. Gernelle : « Qu’on en dise du bien ou du mal, il a toujours bien vendu, jusqu’en septembre 2011. Depuis, c’est très variable. » La « une » sur la tribune de l’ex-chef de l’Etat avant les européennes, le 21 mai 2014, avait fait un très bon score, selon le directeur du Point, mais celle du 18 septembre 2014 (« C’est plus fort que lui ») a affiché un chiffre moyen en kiosques.« Le retour de Sarkozy à l’automne dernier n’a pas fonctionné en kiosques, abonde Christophe Barbier. L’intérêt des lecteurs est faible. » « Les sujets récents sur la droite et Nicolas Sarkozy ne vendent pas bien. Il y a eu un décrochage à l’automne », estime également Yves de Kerdrel, directeur de Valeurs actuelles (112 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 25 000 en kiosques). Il cite le mauvais score de la couverture « On se réveille », sur le nouveau président de l’UMP, le 12 février 2015. Selon le journaliste, « la droite ne parle pas assez d’idées et trop de politicailleries », ce qu’aurait confirmé en juin 2014 une nouvelle étude de lectorat de l’hebdomadaire de droite. Les lecteurs plébisciteraient davantage les sujets sur les valeurs, l’école ou le travail.La tentation du dénigrement présidentielSi l’on étudie les mots des titres de « une » consacrés à Nicolas Sarkozy, on trouve un vocabulaire moins négatif que pour François Hollande, même s’il reste peu amène (« boulet », « récidiviste », « Terminator »…) Les trois dirigeants de magazine interrogés notent toutefois les bons scores obtenus par leurs « unes » consacrées à Alain Juppé, certes plus rares.A la fois politiques et aux affaires, François Hollande et son gouvernement ne génèrent pas des ventes en kiosques exceptionnelles, selon les patrons d’hebdo. « Ceux qui avaient beaucoup donné dans le “Hollande bashing” ont depuis un peu retenu leurs coups », s’amuse Christophe Barbier.Le Point avait, au début du mandat du nouveau président, fait des « unes » très « moqueuses », reconnaît Etienne Gernelle. « Mais, depuis que François Hollande a fait un demi-tournant de la rigueur économique, on a été un peu moins virulent avec lui », explique-t-il.« Le “gauche-bashing”, ça remarche bien depuis le début de l’année 2015 », estime cependant le directeur de Valeurs actuelles, journal de droite qui fait figure de spécialiste du genre. Yves de Kerdrel liste une couverture en janvier, une en mars et une titrée « Les pigeons de Hollande », dont il est particulièrement content.Un ton qui rejoint le champ lexical employé par les magazines d’actualité envers le chef de l’Etat : « faillite », « sieste », « trahison »… Voici une représentation graphique des mots employés sur les « unes » des news magazines pour évoquer François Hollande : Le Front national fait plutôt recette« Marine Le Pen n’a jamais fait vendre autant de journaux que son père. Mais les couvertures sur la thématique du FN font des scores stables », selon Christophe Barbier. La « une » de L’Express « Pourquoi le pire est possible », en novembre, aurait vendu autour de 10 % au-dessus de la moyenne.La couverture du Point sur le Front national après les européennes de mai 2014 avait aussi fait un très bon score de vente, note M. Gernelle, mais ce chiffre traduit le choc du score élevé du parti d’extrême droite au scrutin, et le numéro a bénéficié de révélations sur l’affaire Bygmalion, relativise-t-il.Valeurs actuelles assure n’avoir consacré à Marine Le Pen que deux « unes », lors des départementales et lors du conflit avec son père, pour « ne pas prêter le flanc » aux critiques. Habitué des couvertures coup de poing très hostiles à l’islam ou aux Roms, le titre est déjà régulièrement accusé de faire le jeu de l’extrême droite.Pour l’instant, Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de la présidente du FN, n’a fait l’objet que d’une couverture d’hebdomadaire : celle de L’Express, le 18 mars, sous le titre « L’effrontée nationale ». Celle-ci n’aurait pas fait un carton, plutôt une « bonne vente moyenne », selon M. Barbier. Mais d’autres couvertures pourraient suivre.Retrouvez Les Décodeurs sur @decodeursLeila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Fâchés avec la politique, les Français ? En tout cas, cela ne se voit pas dans les chiffres d’audience des radios et des télévisions. Le matin, l’interview politique reste une valeur sûre. « C’est la meilleure audience de la chaîne », affirme Bruce Toussaint, anchorman d’i-Télé qui reçoit son invité entre 8 h 15 et 8 h 30. « C’est de très loin la demi-heure la plus regardée, avec 16 % de part de marché », renchérit Jean-Jacques Bourdin qui officie en simultané sur RMC et BFM-TV de 8 h 30 à 9 heures. Et les radios ne sont pas en reste   : entre 7 h 45 et 9 heures, les interviews politiques réalisent souvent des pics d’audience sur chacune des stations qui les diffusent.Des performances qui peuvent apparaître paradoxales, mais qui n’étonnent pas les journalistes concernés. « Il y a un désir de comprendre la politique avec ceux qui la font », constate Jean-Pierre Elkabbach, le doyen de l’interview politique, que l’on peut écouter chaque matin sur Europe 1. « On aime la politique dans ce pays. Il y a un côté masochiste, on adore détester les gens que l’on écoute », raconte avec une pointe d’humour Jean-Michel Aphatie, sur RTL à 7 h 50. « Objectivement, il est inimaginable de faire une matinale solide sans un invité politique », ajoute-t-il.Un exercice souvent courtPourtant, cette passion française pour la chose publique tend à s’émousser. « Depuis quelques semaines, je constate une petite désaffection, mais c’est une fluctuation saisonnière », se rassure Jean-Jacques Bourdin, qui analyse minutieusement chaque matin les audiences réalisées la veille. Ce désamour apparaît plus profond pour les responsables de France Inter. « Dès la rentrée 2012, on a senti un mouvement de recul, non pas à l’égard de la politique, mais des politiques. La multiplication des plateaux politiques sur les chaînes info a participé à la banalisation de la parole publique. On a aussi des difficultés pour obtenir une parole neuve et originale », observe Patrick Cohen, qui accueille son invité à partir de 8 h 20 et pendant près de quarante minutes.Plusieurs fois par semaine, l’anchorman de France Inter ouvre son micro à des personnalités autres que politiques. Un parti pris choisi également par Léa Salamé quelques minutes plus tôt sur la même antenne. La journaliste alterne entre des responsables politiques, des intellectuels, des chefs d’entreprise, des acteurs qui parlent de leur engagement.Jean-Pierre Elkabbach, quant à lui, sort du champ franco-français en ouvrant son micro à des personnalités internationales. Il a ainsi interrogé ces dernières semaines : le responsable de l’autorité des marchés financiers grecs pour évoquer la crise dans son pays, un responsable du Parlement russe ou encore Denis Sassou-Nguesso, le président du Congo, premier chef d’Etat africain à s’exprimer sur la vague d’émigrants qui fuient le continent. Un moyen d’élargir et d’enrichir le débat afin d’intéresser des auditeurs de plus en plus blasés par la classe politique.« La brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration »Jean-Michel AphatieCe coup de mou dans la relation qu’entretiennent les Français avec ceux qui les dirigent s’explique de multiples manières. « Leur discours s’est appauvri, et ils se sentent obligés de le simplifier sous l’influence des communicants », juge Alain Duhamel, observateur passionné de la vie publique depuis près de cinq décennies. L’interview politique du matin ne contribue-t-elle pas à ce phénomène ?L’exercice est souvent court, une dizaine de minutes en général. Un moment qui ne permet pas forcément d’aborder les sujets en profondeur. « Je n’ai pas toujours le temps de reprendre la réponse d’un de mes invités, car j’ai toujours l’œil sur la pendule », concède Jean-Michel Aphatie, qui dispose de sept minutes sur RTL. Cependant, « la brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration », juge-t-il. Le manque de temps, pour Jean-Pierre Elkabbach, ne doit pas être une excuse pour ne pas poser les bonnes questions : « En préparant bien, on peut obtenir l’essentiel. » Malgré sa longue carrière, il continue de rédiger minutieusement son intervention, et il arrive en studio avec plusieurs pages dactylographiées dont certains passages ont été soulignés avec des couleurs différentes.Ceux qui disposent de plus de temps ne boudent pas leur plaisir. « C’est un luxe de disposer de quarante minutes avec un invité », reconnaît Patrick Cohen, qui prolonge son entretien avec une session d’interventions d’auditeurs et une revue de presse. « L’exercice n’est pas le même en quelques minutes : l’homme politique sait ce qu’il va dire, il donne une info précise ; notre panorama est plus large », se réjouit Jean-Jacques Bourdin, qui a la chance d’être en tête à tête avec son invité pendant plus de vingt minutes.Tour d’horizon de l’actualitéFaute de temps, l’interview peut se transformer en un simple tour d’horizon de l’actualité, obligeant l’homme politique à commenter des sujets qui n’ont parfois aucun rapport les uns avec les autres et sur lesquels son éclairage n’est pas toujours pertinent. Un format que revendique pourtant Bruce Toussaint : « Je cherche à faire réagir à chaud, car c’est le boulot d’une chaîne d’info. La première question est liée à l’actualité immédiate. Je ne commence pas par le plus important, mais par le plus récent. J’aime terminer par une question plus personnelle, ou sur une note sportive ou culturelle. J’essaye d’avoir des ruptures, de varier le rythme, car les hommes politiques sont tellement rodés à l’exercice que c’est très difficile de les déstabiliser pour avoir un moment de vérité. Je pense que ce n’est pas le but de ces interviews de donner une réponse au chômage. Le matin, ce n’est pas ce que recherchent les téléspectateurs ou les auditeurs. »A l’inverse, Léa Salamé propose, à 7 h 50 sur France Inter, une interview plus anglée, « quitte à ne pas tout couvrir », assume-t-elle. Comme Patrick Cohen, quelques minutes plus tard. « Je suis assez rarement dans un balayage de l’actualité, mais sur une thématique dominante quasi exclusive, sauf pour les personnalités très importantes comme le premier ministre ou le chef de l’opposition », explique-t-il.Pourtant, pour l’auditeur et le téléspectateur pressé du matin, l’interview politique se résume souvent à une course aux petites phrases. « Une pratique qui n’est pas nouvelle », souligne Guillaume Durand, dont l’interview de 8 h 15 est diffusée simultanément sur Radio Classique et LCI, mais qui a pris des proportions démesurées avec le développement des réseaux sociaux et des chaînes info. « Elle est renforcée par le buzz, qui est la version absolue de la connerie contemporaine. La reprise par l’AFP, c’est l’idée qu’on parle de moi. Ça ne peut pas être une obsession, mais ça serait une hypocrisie totale de dire qu’on ne recherche pas notre propre participation à l’actualité. Aujourd’hui, il y a une peur des gens de ma génération, qui composent l’essentiel des intervieweurs politiques, de ne pas être dans la modernité et de ne pas être dans le buzz », reconnaît-il.Chercher la petite phraseSi Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Michel Aphatie jurent qu’ils ne cherchent pas la petite phrase, ils font tous les deux une pause dans l’entretien lorsque apparaît une alerte sur l’iPhone du premier ou un extrait sur i-Télé de l’interview du second. « Quand on réfléchit à la construction d’une interview, on essaye d’allier des choses qui sont de natures différentes : regarder les problématiques au fond, chercher des sujets plus secondaires ou une réponse de votre invité dont vous savez qu’elle va faire débat. Quand on accuse les journalistes de chercher la petite phrase, on méconnaît grandement les obligations de ce travail. L’interview politique n’est pas une prise de parole magistrale d’un homme politique », plaide le journaliste de RTL.Voulue ou pas, la recherche de la reprise du bon mot peut provoquer des dérapages. La question posée à Roland Dumas par Jean-Jacques Bourdin sur l’« influence juive » qui serait subie par Manuel Valls a suscité beaucoup de réactions, jusqu’à provoquer celle, très inhabituelle, du CSA. « Les commentaires débridés des lecteurs sur les sites des journaux poussent au dérapage, car il existe une tentation de l’intervieweur de flatter son auditoire », analyse Guillaume Durand.Autre tendance qui peut contribuer à une certaine lassitude de l’auditeur : le sentiment d’entendre toujours les mêmes. « C’est vrai », concède Patrick Cohen. « Mais le format long suppose un minimum de notoriété, soit une légitimité incontestable sur un sujet. » « L’interview politique n’est pas un radio-crochet, mais il faut donner la chance aux jeunes pousses », juge pour sa part Jean-François Achilli, sur France Info tous les matins à 7 h 45.En quête de voix nouvelles« C’est compliqué de faire venir les gens, car ils ont peur. Ils sont méfiants et ont des plans médias concoctés par des communicants. Il faut qu’ils viennent quand ils ont des choses à dire et qu’ils sont prêts à répondre à des questions précises. Malheureusement, les partis eux-mêmes ne se renouvellent pas, mais, curieusement, lorsque j’invite des personnalités peu connues comme Jean-Jacques Urvoas ou Edouard Philippe, ça ne marche pas trop mal, s’ils sont en situation », se félicite Jean-Jacques Bourdin.Comme si, pour réconcilier les Français avec leurs hommes politiques, on devait ouvrir le micro à de nouvelles voix.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Comme annoncé par le président Mathieu Gallet le 16 avril dernier, une réflexion a effectivement été engagée sur l’évolution des instances de direction de Radio France dont les conclusions seront présentées dans quelques semaines », a confirmé la direction de l’entreprise publique dans un message interne, mercredi 6 mai.Tout en déplorant « des informations parues dans la presse ce matin au sujet de changements présumés au sein du Comité exécutif de l’entreprise ».Comme l’a annoncé Le Figaro, Sibyle Veil, actuellement directrice du pilotage de la transformation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, est pressentie pour rejoindre Radio France. Toutefois, sa venue n’est pas confirmée officiellement. Se posent notamment, selon nos informations, des questions sur le périmètre de ses missions.Elle a été présentée comme une future « directrice générale » et une remplaçante de Catherine Sueur, l’actuelle directrice générale déléguée, réputée en froid avec M. Gallet. Mais son poste pourrait avoir une envergure un peu moindre. Mme Sueur était numéro deux de l’entreprise sous le président précédent, Jean-Luc Hees.Sibyle Veil est énarque, issue de la même promotion qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, Gaspard Gantzer, le conseiller communication de François Hollande, ou Boris Vallaud, le secrétaire général adjoint de l’Elysée, aussi mari de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a été conseillère santé, travail et logement à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Elle est mariée à Sébastien Veil, lui aussi ancien membre du cabinet du président de la République et petit-fils de la ministre Simone Veil. Elle ne connaît pas le secteur audiovisuel.Le ministère de la culture de Fleur Pellerin a été informé par Radio France de la possible venue de Mme Veil, mais nie avoir donné une forme d’aval.D’autres changements possiblesUn autre changement devrait intervenir prochainement : le départ de Jean-Pierre Rousseau, l’actuel directeur de la musique, recruté par Mathieu Gallet. Cette hypothèse avait été évoquée dès fin mars, lors du conflit social qui a débouché sur une grève inédite à Radio France. Jean-Paul Quennesson, délégué Sud de Radio France et corniste à l’Orchestre national, avait qualifié sa direction de « fiasco total ».Pendant le conflit, l’assemblée générale des grévistes avait aussi visé l’actuel directeur des ressources humaines, Christian Mettot, un des principaux interlocuteurs des syndicats.Après la crise qui a secoué son autorité, Mathieu Gallet a donc engagé une réflexion sur la gouvernance de Radio France. Avant la sortie de grève, la ministre, Fleur Pellerin, s’était davantage impliquée personnellement, « convoquant » le dirigeant nommé par le CSA et nommant plus tard un médiateur pour renouer le dialogue entre les syndicats et la direction. Après la crise, certains anticipaient que la réflexion évoquée par Mathieu Gallet puisse être l’occasion pour le gouvernement de peser sur la réorganisation de l’entreprise. Il semble plutôt que le président de Radio France étudie sa future direction de son côté, dans la lignée du comité exécutif élargi mis en place à son arrivée.Pendant ce temps, le médiateur Dominique-Jean Chertier poursuit actuellement la « seconde phase » de sa mission, menant des réunions avec les parties prenantes en vue de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, feuille de route de l’entreprise pour les cinq années à venir. Parmi les chantiers sensibles figurent notamment la réforme des modes de production et la négociation d’un plan de départs volontaires de 300 personnes environ.Toutefois, la mise en place de ces discussions reste délicate. De source syndicale, un calendrier a été proposé par le médiateur. S’il propose des ateliers sur France Bleu, la musique ou les modes de production, aucun espace de discussion n’est pour le moment prévu sur le plan stratégique de l’entreprise.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un chantier délicat qu’a ouvert la Commission européenne mercredi 6 mai : aller plus avant dans la constitution d’un vrai marché unique numérique. Tous les sujets sont sur la table, y compris les plus polémiques. Une réforme du droit d’auteur, le renforcement de la lutte contre le piratage, une réflexion sur la nécessité ou pas de « réguler » les plates-formes Internet (Amazon, Apple, Facebook ou Google)…L’enjeu est considérable pour le président Jean-Claude Juncker, qui en a fait une des priorités de son mandat. Il s’agit de créer l’environnement économique favorable à la multiplication des sociétés numériques. Tout en préservant les industries traditionnelles – la banque, l’automobile, etc. –, toutes menacées à plus ou moins long terme d’« ubérisation », c’est-à-dire de voir leur modèle économique mis à bas par de nouveaux acteurs du Net.Réformer le droit d’auteurLa réforme du droit d’auteur ? Un texte législatif devrait être présenté à l’automne 2015, a précisé Bruxelles mercredi. Le principe de la territorialité des droits (le fait qu’un auteur puisse commercialiser les droits d’exploitation de son œuvre pays par pays) y sera conservé. Au grand soulagement du monde français de la culture, qui a mené un intense lobbying ces derniers mois afin d’éviter une relecture trop « radicale » de la directive droits d’auteurs de 2001.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreBruxelles tient néanmoins à proposer davantage d’exemptions au droit d’auteur, notamment pour le secteur de la recherche.La Commission voudrait aussi rendre plus accessibles les contenus en ligne entre pays européens. En surmontant le « geoblocking » (le fait, dans un pays A, de ne pas avoir accès au catalogue de vidéo à la demande [VOD] ou aux matchs de foot diffusés par une TV du pays B) ; ou en permettant la « portabilité » des abonnements à des services audiovisuels afin qu’un abonné puisse avoir accès à son offre quand il est en déplacement.Le vice-président de la commission en charge du numérique, Andrus Ansip, a fait du geoblocking et de l’accessibilité ses chevaux de bataille.Encadrer les plate-formes internetAutre gros chantier, pour lequel il n’y a pas consensus, loin de là, à la Commission : la régulation des plates-formes. La France et l’Allemagne poussent pour une révision de la directive e-commerce de 2000, demandant que les groupes de l’Internet qui jouissent du statut d’hébergeur soient considérés comme des éditeurs, donc tenus davantage responsables des contenus qu’ils distribuent.L’Irlande ou les Pays-Bas, terres d’accueil de grands du Net américains, freinent des quatre fers. L’administration Obama a déjà fait savoir, elle aussi, que ce n’était pas une bonne idée…Il y a aussi tout l’enjeu de l’accès aux gigantesques masses de données personnelles détenues par ces plates-formes : à qui appartiennent-elles ? Qu’est-ce que ces acteurs en font ? Est-il possible de les porter d’une plate-forme à l’autre ? Etc.Pour l’instant, aucun projet de directive n’est sur la table, « mais la volonté politique d’avancer sur ces sujets est là », dit-on à la Commission. Une consultation publique et une série d’études seront lancées d’ici à fin 2015.Pour avoir un espoir d’avancer avec et non contre les multiples groupes d’intérêt qui se sont déjà manifestés, ou ne manqueront pas bientôt de le faire, sur tous ces sujets, Bruxelles va devoir réussir un sacré travail de synthèse…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 11h25 • Mis à jour le06.05.2015 à 14h23 | Alain Beuve-Méry Par sa vitalité, le cinéma en France demeure une exception en Europe. Présenté, mercredi 6 mai, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), le tour d’horizon de l’année écoulée affiche dans tous ses segments (taux de fréquentation des salles, nombre de films produits et distribués ou exportés…) un dynamisme certain. Tous les clignotants sont au vert ou presque. Ce bilan est traditionnellement présenté, juste avant l’ouverture du Festival de Cannes (du 13 au 24 mai), qui constitue la vitrine la plus luxueuse du septième art dans l’Hexagone.Ainsi, avec 209 millions d’entrées sur 911 millions en Europe – 213,6 millions si l’on inclut les entrées gratuites –, la France demeure de loin le premier marché européen en termes de fréquentation, devant l’Allemagne (122 millions), l’Italie (100 millions), l’Espagne (87 millions) ou l’Angleterre (57 millions).En 2014, 66,6 % des Français, soit 39 millions sont allés au moins une fois au cinéma, soit une augmentation de 4 %. Chaque spectateur est allé en moyenne 5,3 fois au cinéma. Ce qui fait en vingt ans, une progression d’un tiers de spectateurs.Le bataillon le plus important : les étudiantsParmi ces publics, les inactifs représentent 51,1 % du total et, parmi eux, les étudiants, 28,6 %. Par tranches d’âge, les 25-49 ans forment le bataillon le plus important (35,6 %) devant les 50 ans et plus (33,1 %). Mais, avec 80 % des moins de 25 ans qui sont allés au cinéma au moins une fois par an, le septième art demeure un loisir très répandu chez les jeunes. Les 20-24 ans sont notamment ceux qui demeurent les plus gros consommateurs, même si leur nombre est en recul.Le CNC observe une stabilité de la fréquentation à Paris, mais une forte progression des entrées au sein des plus petites agglomérations : + 14 % sur les villes de 20 000 à 100 000 habitants ; + 17 % sur les plus petites communes.Ces données sont à rapprocher de celles concernant le nombre de salles. De fait, la France dispose du parc cinématographique le plus important en Europe, avec 2 020 établissements et 5 653 écrans. Avec, en moyenne, 8,6 écrans pour 100 000 habitants, l’Hexagone est ainsi doté du parc de salles le plus dense. En dix ans, le nombre de fauteuils a augmenté de 5,4 %, celui des écrans de 7,3 %. Le nombre d’établissements est, lui, en recul de 2,6 %.Films français en tête de podium en 2014En 2014, un cinéma a réalisé 103 453 entrées en moyenne. Mais ce sont les plus grands qui se tirent la part du lion, avec une progression de 9,5 % et 472 038 entrées par cinéma. Au total, le parc français se décompose en 191 multiplexes, avec 1 555 écrans actifs, dont deux multiplexes ouverts en 2014. Paris jouit de 404 écrans répartis en 87 établissements.En termes de recettes, le retour à une TVA à 5,5 % sur les tickets de cinéma a eu un effet positif. Aux guichets, les exploitants ont gagné 1,33 milliard d’euros en 2014, soit une hausse de 6,5 %. Le CNC note une forte progression des entrées entre 4 euros et 5 euros, qui sont passées de 9 % à 16 %. C’est la traduction logique de la politique tarifaire mise en place en faveur des jeunes de moins de 14 ans, pour qui le prix de la place a été fixé à 4 euros. Il y a eu près de 21 millions d’entrées à ce tarif en 2014. Sur ces recettes de 1,3 milliard d’euros, 43 % sont allés aux exploitants, soit 570 millions d’euros et 40 % aux distributeurs (532 millions d’euros).Avec 91 millions d’entrées pour les films français, la part du marché domestique s’élève à 44 % en France, contre 28 % en Italie, 27 % en Allemagne, 25,5 % en Espagne et 15,5 % au Royaume-Uni. C’est le plus haut niveau depuis 1984. De fait, en 2014, les trois premières places du podium des films ayant réalisé le plus grand nombre d’entrées sont 100 % françaises. La première marche est occupée par Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, avec 12,34 millions d’entrées, devant Supercondriaque (5,27 millions) et Lucy (5,2 millions).Vitalité des films d’animationParmi les bonnes nouvelles figure aussi la vitalité des films d’animation avec vingt-neuf sorties en 2014 pour 23 millions d’entrées. Parmi les six films français, deux – Astérix et le domaine des dieux et Minuscule – ont dépassé un million d’entrées en 2014. Cent films documentaires sont sortis en salle en 2014 dont soixante-douze films français.Lire aussi :Comédies et documentaires, les films français les plus rentables en 2014En 2014, 7 035 films ont été exploités, un chiffre en constante augmentation. La progression est même de 20,5 % depuis 2005. Parmi ceux-ci, il y a eu 663 films inédits et 4 108 films art et essai. En termes d’exposition, les films français sont présents en moyenne dans 119 établissements, en première semaine d’exploitation, un chiffre en recul par rapport à il y a dix ans. Les films américains sont en revanche présents en moyenne dans 258 établissements, un chiffre en augmentation.Il y a eu aussi six films distribués dans 800 établissements ou plus en 2014, dès la première semaine (contre trois en 2013), ce qui démontre la puissance de tir mise au service de certains blockbusters.Lire aussi :Les bons chiffres du cinéma français à l’exportAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martine Delahaye Pas encore patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, alors à la tête d’Orange France, ne mâchait pas ses mots, en janvier 2013, sur le site Lesnouvellesnews.fr.Répondant à David Abiker au sujet de l’égalité professionnelle femmes-hommes, elle disait notamment : « En gros, en caricaturant, quand vous proposez un poste à un homme, c’est tout juste assez bon pour lui ; quand vous le proposez à une femme, elle vous demande tout de suite : “Mais pensez-vous que je vais être capable de le tenir ?” Il faut que ça change. » Avant d’ajouter : « La question n’est pas de savoir si les hommes et les femmes, c’est différent. Tout ça, c’est un faux débat. Ce qu’il faut, c’est savoir si on respecte le principe d’égalité en droit : y a-t-il égalité des salaires dans l’entreprise. Et y a-t-il égalité des promotions ? C’est ça, la question. » Si le projet de Dephine Ernotte-Cunci, élue PDG de France Télévisions jeudi 23 avril, prévoit « une direction resserrée et paritaire », on peut supposer qu’elle voudra aussi mettre à mal les chiffres dont font état deux rapports officiels récents du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du Centre national de la cinématographie quant à « la place des femmes dans l’audiovisuel public ».Des chiffres et constats jugés « atterrants » par les professionnelles de la télévision invitées à la table ronde organisée sur ce sujet par le festival Séries Mania, lundi 20 avril. Alors que « les femmes représentent 52 % de la population (Insee), 56 % de l’audience TV, 50 % des usagers d’Internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur (Insee) »,comme l’a rappelé le CSA, « il est logique que la sous-représentation des femmes dans les instances audiovisuelles ne soit quasiment jamais évoquée et étonne : on n’y trouve quasiment pas de femmes ! », commentait la scénariste Sophie Deschamps, présidente du conseil d’administration de la Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD).En faveur des quotasEt de détailler : seulement 16 % de réalisatrices en télévision (7 % dans le domaine des séries) ; un tiers de femmes cadres dans les sociétés de production, un quart de femmes parmi les dirigeants de sociétés audiovisuelles. « En dessous du seuil de 30 %, c’est ce que l’on nomme “l’invisibilité”, ajoutait Sophie Deschamps, on fait partie des minorités invisibles… » Sans oublier que le peu de réalisatrices qui travaillent gagnent un tiers de moins que les hommes, seules les scriptes, actrices et cascadeuses sont en moyenne mieux rémunérées que les hommes.Certes, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes votée le 4 août 2014 devrait permettre à terme de changer la donne. Mais en attendant, non sans manifester quelques réserves, l’ensemble des femmes réunies lors de cette table ronde professionnelle se sont prononcées en faveur de l’application temporaire de quotas afin que davantage de femmes puissent mener un projet audiovisuel. Ce qui existe déjà en Suède. « Après ces cinquante dernières années d’injustice, on n’a pas le choix, il faut en passer par là, répondait Sophie Deschamps à une question sur la perversité des quotas. Il faut faire monter les femmes, sinon on voit bien qu’elles n’ont quasiment aucune chance de faire carrière ! »Constatant, par ailleurs, que lorsque les concours publics ont lieu à l’aveugle – derrière un paravent pour les musicien(ne)s classiques, par exemple –, les femmes sont beaucoup plus souvent recrutées, l’ensemble des participantes à cette table ronde parvenaient à la même conclusion : hormis à Arte, dirigée par Véronique Cayla et qui compte 67 % de femmes, peu ou pas de femmes sont présentes dans les instances de décision, de même à la tête de téléfilms ou de séries, ce qui les empêche de se former, d’acquérir une compétence et donc d’être ensuite appelées à exercer leur métier…Sans décision de parité temporaire et raisonnée, pas de vrais changements à attendre.Martine DelahayeJournaliste au Monde Alain Constant En six ans, le directeur de la rédaction d’Euronews a su dynamiser les programmes de la chaîne d’information en continu.Même au sein d’une chaîne internationale d’information en continu où l’on a l’habitude des coups de chaud, cette journée du 18 mars se révèle plus agitée que d’habitude. Entre l’attentat du Musée du Bardo, à Tunis, le discours de Vladimir Poutine à l’occasion du premier anniversaire du « retour » de la Crimée au sein de la « mère-patrie », l’analyse des élections israéliennes, la rencontre entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker,­ et le premier ministre français, Manuel Valls, à Bruxelles et l’attente imminente d’un entretien exclusif à Kiev avec le président Petro Porochenko, la régie d’Euronews est en ébullition.Debout, chemise blanche et regard pétillant, un homme s’adresse alternativement en anglais et en français à ses troupes. Le Roumain Lucian Sârb donne ses directives, apaise certaines angoisses, encourage les initiatives. Dans la tempête de l’actualité chaude, le capitaine semble tenir la barre. Quelques minutes plus tard, dans le calme de son petit bureau, celui qui dirige depuis six ans cette grande rédaction cosmopolite de plusieurs centaines de journalistes représentant vingt-­cinq nationalités a encore les yeux qui brillent. « Oui, c’est une journée spéciale, un peu plus tendue que d’habitude. Mais ça peut être pire », lance-t-­il en français et en roulant les « r ».« Tout est allé très vite »Né en 1967 à Cluj, au cœur de la Transylvanie, l’homme fait partie de la jeune génération qui a « détruit Ceausescu », selon ses propres termes. « Ma région natale est ouverte, on y a toujours entendu parler allemand, hongrois, roumain. J’ai commencé des études d’ingénieur à Cluj. Mais ma passion, c’était la lecture. » L’obtention de son diplôme coïncide avec la chute du régime de Ceausescu. Il quitte sa ville pour Bucarest, se fait un plaisir de refuser toute proposition concernant un poste d’ingénieur et se lance, avec passion, dans des études de journalisme, de communication et de relations internationales. A 27 ans, il décroche son premier vrai job à la télévision publique roumaine.Après quelques mois, le voilà correspondant de politique internationale. « J’étais toujours entre deux avions, le monde était mon jardin. J’en ai profité pour effectuer des stages aux Etats­-Unis, en Italie, au sein de structures spécialisées dans les relations internationales. » Son carnet d’adresses s’enrichit. Et la suite de sa carrière s’accélère. A 33 ans, il devient le plus jeune chef des infos de la télévision publique. « Tout est allé très vite. Mais c’est le genre de parcours possible en Europe de l’Est : il y a du sang frais, une jeunesse très bien formée et éduquée, curieuse, avide de découvrir le monde, aspirant à un mode de vie plus ouvert. »Lucian Sârb connaissait le journalisme, il découvre le management. Ses qualités ne passent pas inaperçues. Lorsqu’un groupe de médias privés, déjà propriétaire d’une chaîne d’info en continu en Roumanie, décide de lancer, en 2006, The Money Channel, première chaîne d’info économique en Europe de l’Est, c’est lui qui est choisi pour la diriger. Elle est diffusée vingt-quatre heures sur vingt-quatre en roumain avec des sous­-titres anglais. C’est un succès. « A cette époque, l’économie explosait en Europe de l’Est. Ce fut une expérience très originale. Et lorsque mes copains de CNBC Londres sont venus me voir à Bucarest, ils n’en croyaient pas leurs yeux, épatés par la qualité de la chaîne. J’y avais recruté des pointures de la presse écrite qui n’avaient jamais fait de télé. Ils sont devenus excellents. » « La plus ouverte au monde »Que l’homme ouvert sur le monde quitte un jour les médias roumains pour une structure plus internationale n’étonne guère. Mais Lucian Sârb ne s’attendait pas à être approché par un chasseur de têtes installé à Paris, qui lui demande s’il est intéressé par Euronews. « Se mesurer à CNN et compagnie, cela ne se refuse pas. » Il débarque, en 2009, à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, siège de la chaîne créée en 1993. « A mon arrivée, il n’y avait qu’environ 10 % de sujets spécifiques à Euronews. Le reste était constitué d’images d’agences internationales. Aujourd’hui, 75 % de nos programmes sont labellisés Euronews, et de plus en plus de chaînes internationales utilisent nos sujets alors que, auparavant, c’était en sens inverse ! Pourquoi ? Parce que la façon dont on traite les sujets est valable pour tous les pays. »Créations de magazines, personnalisation un peu plus poussée de l’antenne, changements de rythmes et de formats, ouvertures de bureaux à Athènes et à Budapest, renforcement massif du bureau de Bruxelles passé en cinq ans d’un à quinze journalistes, ajout de cinq langues (turc, ukrainien, persan, grec, hongrois) aux huit déjà existantes, Lucian Sârb a multiplié les chantiers. « Il a révolutionné le fonctionnement d’une rédaction qui somnolait un peu. Nous sommes passés d’un robinet à info à une chaîne plus vivante et innovante », estime l’un de ses adjoints.« Notre force, c’est de toujours proposer notre propre perspective. Dans cette maison, on ne peut avoir une obsession éditoriale unique, le monde entier nous intéresse. La richesse de notre rédaction doit se voir à l’antenne, car c’est probablement la newsroom la plus ouverte intellectuellement au monde. Nous parions sur les faits, pas sur les commentaires. Chez nous, il n’y pas de “bla-bla” », estime le « boss », dans un anglais impeccable. La suite ? Il sourit, se voit bien continuer l’aventure dans les futurs locaux des bords de Saône, où la rédaction emménagera dans quelques mois.Les dates1967 : Naissance à Cluj, en Roumanie.1994 : Entre à la télévision publique roumaine (TVR).2001 : Nommé chef des informations à la TVR.2006 : Dirige The Money Channel, à Bucarest.Mai 2009 : Directeur de la rédaction d’Euronews.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 20h12 Plusieurs sociétés de droits d’auteur, comme la Sacem, la SCAM ou la SACD vont assigner la chaîne de télévision numérique terrestre (TNT) Numéro 23, pour non-paiement des droits, a révélé la revue Stratégie vendredi 29 mai.Les sociétés reprochent à la chaîne, créée en décembre 2012, de ne pas s’être acquittée de certains droits d’auteur. Le préjudice est « de l’ordre du million d’euros », selon Pascal Rogard, le président de la SACD, interrogé par la revue. Une audience doit avoir lieu le 18 juin.Numéro 23 est sous le feu des critiques depuis que ses actionnaires, parmi lequels Pascal Houzelot (membre du Conseil de surveillance du Monde), l’ont revendue pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV. Soit deux ans et huit mois après s’être vu attribuer – gratuitement – une fréquence par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »Après cette polémique, le Sénat a voté au début de mai un amendement proposant d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT. Le texte instaure une ponction de 20 % si la cession survient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre cinq et dix ans, et de 5 % au bout de dix ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention. 29.05.2015 à 14h05 • Mis à jour le29.05.2015 à 14h27 Anticor a déposé une plainte visant les dépenses de taxi de l’ex-PDG de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) Agnès Saal et les contrats passés par Mathieu Gallet, actuel patron de Radio France, à l’époque où il présidait l’institut, a-t-on appris vendredi 29 mai de l’avocat de l’association d’élus et de citoyens contre la corruption.Anticor a porté plainte contre X au parquet de Créteil pour « favoritisme » pour les faits concernant Mathieu Gallet et pour « détournement de fonds publics » en ce qui concerne Agnès Saal. L’association soulève de « multiples infractions touchant à la probité publique », selon le détail de la plainte, consultée par l’AFP et également révélée par France Inter et France Info. « Pour un établissement financé en majeure partie par le contribuable, il y a une totale désinvolture, voire plus, sur la gestion de l’argent public à un moment où l’Etat se doit d’être exemplaire », a déclaré Jérôme Karsenti, avocat d’Anticor. Agnès Saal avait été poussée à la démission à la fin d’avril après avoir été mise en cause pour des frais de taxi de plusieurs milliers d’euros. Selon des informations de presse, elle aurait dépensé en dix mois plus de 40 000 euros de factures de taxi, dont 14 000 euros pour des courses privées. « Il n’est pas contestable en l’espèce que Mme Agnès Saal a utilisé à des fins personnelles pour partie les taxis qu’elle commandait et payait avec les deniers publics de l’INA », affirme l’association dans sa plainte. Agnès Saal avait été nommée à la présidence de l’INA en avril 2014 en remplacement de Mathieu Gallet, nommé à la tête de Radio France, et également visé par Anticor pour des contrats passés sous sa présidence de l’INA entre 2010 et 2014.L’association se fonde sur un article du Canard enchaîné publié au début de mai selon lequel un service du ministère de l’économie a révélé des « irrégularités » dans plusieurs marchés publics passés sans aucune mise en concurrence et portant sur plus de un million d’euros avec des cabinets de conseil. Parmi ces marchés figurent notamment des contrats signés avec les sociétés OpinionWay puis Balises, pour un montant total de près de 250 000 euros. Or, Balises est présidée par Denis Pingaud, actuel conseiller en communication de Mathieu Gallet à Radio France. Et M. Pingaud était vice-président d’OpinionWay lors de la signature des contrats avec l’INA.Anticor déplore par ailleurs que le ministère de la culture n’ait pas saisi le parquet à la suite de ces révélations. « On voit bien qu’il y a une certaine acceptation des institutions pour dire que la gabegie financière est tolérable, a regretté Me Karsenti. On porte plainte pour alerter les services publics de leur responsabilité. » Benoît Hopquin Scène de genre politico-médiatique, jeudi 28 mai, devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, chargée de la presse. Branle-bas même, de par la qualité des protagonistes. Etait étudiée devant les juges la plainte de François Fillon, ancien premier ministre, contre Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée, contre le journal Le Monde et lemonde.fr, contre les éditions Stock et contre deux journalistes de renom, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. François Fillon est présent à l’audience. Jean-Pierre Jouyet est en revanche absent, même s’il va être le personnage central de débats qui dureront plus de dix heures.Lire aussi notre décryptage : Tout comprendre à l'affaire Jouyet-FillonDans un long mais indispensable préambule, la présidente de la cour, Fabienne Siredey-Garnier, tente de camper les faits ou plutôt leur impossible entrelacs. Dans un livre, « Sarko s’est tuer », puis dans une série d’articles parus en novembre 2014, les deux journalistes évoquaient un déjeuner qui s’est tenu le 24 juin, entre Jean-Pierre Jouyet et François Fillon. Les deux hommes entretenaient des relations de proximité, M. Jouyet ayant été deux ans ministre des affaires européennes dans le gouvernement Fillon. Selon les deux journalistes, au cours de ce repas, il aura été question des affaires qui commençaient à éclore autour de l’UMP, et de l’une d’entre elles, plus particulièrement : le remboursement par l’UMP des dépassements de dépenses survenues lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. La magistrate rappelle le contexte de concurrence politique entre MM. Sarkozy et Fillon au sein de l’UMP, le tohu-bohu que provoqua la révélation du contenu de cette rencontre Fillon-Jouyet, le sentiment que l’ancien premier ministre tentait d’enfoncer son rival, le trahissait même.Fillon dénonce une « farce »Mme Siredey-Garnier lit ensuite le décryptage des dix minutes de conversation enregistrée par les deux journalistes lors de leur rencontre avec M. Jouyet, le 20 septembre 2014. Sans fioritures ni précautions oratoires, Jean-Pierre Jouyet y affirme que François Fillon lui aurait demandé de faire accélérer les procédures contre Nicolas Sarkozy, de « taper vite », de lui « casser les pattes » alors qu’était annoncé le retour de l’ancien président de la République dans la vie politique. La présidente évoque les démentis formels de M. Fillon qui ont suivi, les revirements de M. Jouyet qui dément à demi-mot puis confirme à demi-mot les propos. Elle tente de résumer les divergences entre les versions de cet épisode. En fait, elles différent en tout. Il n’est qu’une chose reconnue par tous : le déjeuner a bien eu lieu.Pendant cet exposé, François Fillon est resté marmoréen, le menton légèrement relevé, les joues parfois traversé de rougeurs agacées. Puis il prend la parole et lit une déclaration écrite sur une feuille blanche qu’il tient d’une main tremblante d’émotion. Il rappelle que c’est la première fois qu’il s’exprime ainsi, à la barre d’un prétoire. « Je ne peux supporter la manœuvre visant à salir mon honneur dont je suis victime. Je n’accepte pas une telle salissure ». Il réfute « l’attitude abjecte » qui lui a été prêtée. Il donne en gage « toute sa vie politique » : « Je n’ai jamais été mêlé à une affaire. Je n’ai jamais fait pression ou tenté de faire pression sur l’appareil judiciaire. Jamais je n’aurais pu solliciter une intervention contre le président de la République que j’ai accepté de servir malgré nos différences ». Il dénonce ensuite une « farce » : « J’aurais été remettre mon destin et mon honneur dans les mains de mes adversaires politiques ». Et de conclure : « Je n’accepte pas la victoire du mensonge et du calcul ».Après ce préambule, interrogé, relancé par la présidente sur les propos qui lui sont prêtés dans les enregistrements de Jean-Pierre Jouyet, François Fillon n’a qu’une réponse : « Ils sont inventés », trois fois il le répète. Il insiste : « Je n’ai jamais évoqué les affaires en cours dans ma famille politique ». Avant enfin de livrer le fond de sa pensée. « Je ne peux pas ne pas y voir le fait qu’il [Jean-Pierre Jouyet] était en service commandé. Ce n’est pas quelqu’un de maladroit ou qui n’aurait pas réfléchi à ce qu’il faisait ». Il se montre plus direct encore en évoquant « une affaire d’Etat », « une opération montée avec deux objectifs : me décrédibiliser et semer la zizanie dans ma famille politique ». La ligne de François Fillon et de ses avocats est tracée pour la journée, celle du complot visant à le détruire politiquement.« Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos »Il y avait un troisième protagoniste du déjeuner : Antoine Gosset-Grainville, qui joua les intermédiaires entre les deux hommes, organisa la rencontre, fort de ses bonnes relations avec l’un et l’autre. Le voilà justement qui est appelé à la barre comme témoin, celui qui paya l’addition de ce déjeuner chez Ledoyen. La voix est suave, les mots pesés au trébuchet mais catégoriques. « Aucun des propos que vous évoquez n’ont été tenus ». Le repas n’a porté que sur l’Europe, sur l’éventualité d’une candidature de Fillon à la tête d’une instance européenne : la rencontre devait sonder l’attitude qu’aurait l’Elysée dans une telle hypothèse.Les avocats de la défense lui font remarquer qu’à d’autres moments, il a affirmé qu’il n’y avait pas d’ordre du jour. Il s’enferre un peu, revient à l’essentiel : « le sujet des affaires n’a pas été évoqué », insiste-t-il encore, une fois, deux fois, trois fois. Plus hésitantes sont ses réponses quand on lui demande pourquoi Jean-Pierre Jouyet aurait affabulé devant les journalistes. « Il invente ? », insiste deux fois la présidente. Chaque fois, le témoin use de périphrases pour ne pas répondre. « Mensonge par omission », conclut un des avocats des journalistes, François Saint-Pierre. « Cela ne correspond pas à ce qui a été dit au déjeuner », dit une dernière fois le témoin avant de se retirer.L’audience tourne alors à une longue bataille de dates, calendrier contre calendrier. François Fillon assure n’avoir connu l’existence d’un risque pénal, lié au remboursement par l’UMP de dépenses qui incombaient au candidat Sarkozy, qu’après le déjeuner du 24 juin. Comment, alors, aurait-il pu en parler à ce déjeuner ? Les journalistes et leurs avocats tentent de démontrer que les menaces pénales étaient connues à l’UMP dès le 20 juin, donc avant le fameux déjeuner.Rappelés à la barre, les deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, nommés interlocuteur 1 et interlocuteur 3 sur les transcriptions du 20 septembre, défendent le sérieux de leur travail journalistique. Le matin, ils avaient déjà expliqué avoir vérifié l’information, multiplié les sources, quatre selon leur décompte, à l’UMP ou à l’Elysée. Ils ont par ailleurs envoyé à François Fillon des SMS, cinq au total, demandant des entretiens qu’ils n’eurent jamais. Ces SMS évoquant les affaires financières n’étaient pas assez explicites, ont rétorqué les avocats de la partie civile et François Fillon. « S’ils m’avaient précisé le sujet, j’aurais accepté. A aucun moment, les auteurs de ce livre m’ont contacté sur le déjeuner et les propos que j’y ai tenus ».Gérard Davet et Fabrice Lhomme se défendent d’avoir brisé le off et fait état d’une conversation qui n’avait vocation à être publiée, comme le leur a reproché Jean Veil, avocat de M. Jouyet. Ils détaillent les conditions de l’entretien, le 20 septembre, estimant notamment que la présence de deux téléphones en mode enregistreur ne pouvait être ignorée de leur interlocuteur. Ils expliquent comment cet entretien était passé par l’intermédiaire tout ce qu’il y a de plus officiel du service de presse. Les deux journalistes ont ensuite rappelé M. Jouyet pour les prévenir de la parution de cette histoire de déjeuner dans le livre, sans que M. Jouyet ne trouve à redire. « Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos. Je n’ai aucun regret », estime Fabrice Lhomme, ajoutant : « Je n’ai jamais violé de off ». « On a avancé en toute transparence », assure Gérard Davet.Lire aussi l'analyse (en édition abonnés) :Jean-Pierre Jouyet, l’ami qui parle tropJugement mis en délibéré au 9 juilletPuis sont enfin diffusées dans la salle les quelque dix minutes de la conversation entre M. Jouyet et les deux journalistes, largement à bâtons rompus. François Fillon écoute les propos du secrétaire général. Qu’a-t-il pu penser à cet instant, en entendant crûment Jean-Pierre Jouyet, un homme en qui il avait confiance, un ami sans doute, parler aussi crûment d’un rendez-vous censé être discret, voire secret ? M. Fillon rejoint-il à cet instant les pensées de son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, qui n’a pas hésité à comparer ce qu’il a entendu aux délateurs des années noires. « C’est glaçant », a estimé l’avocat. Pour ce dernier, il n’y a qu’une hypothèse plausible : « C’est une manipulation politique. On met le cataclysme à l’UMP. Ce qui n’était pas prévu, c’est que MM Davet et Lhomme décident de fracasser leurs sources ». « C’est une affaire d’Etat », poursuit-il, en donnant le nom de l’instigateur supposé : François Hollande. Puis Orly Rezlan, également avocate de M. Fillon, a attaqué le travail des journalistes du Monde, dénoncé leur « recherche du sensationnel ». « Ils n’ont réalisé aucune enquête », a-t-elle insisté. Plus tard : « Ils ont exécuté François Fillon avec une insoutenable légèreté ».La procureure Annabelle Philippe n’a retiré des débats qu’une seule certitude : « On ne sait pas ce qui s’est passé lors de ce déjeuner et on ne le saura jamais ». A ses yeux, même l’enregistrement fourni ne permet pas de savoir formellement ce qui s’est dit entre les deux hommes. Cela reste et restera parole contre parole. « J’ai du mal à qualifier l’enquête [des deux journalistes] de très sérieuse au regard des exigences de la jurisprudence », assure-t-elle. Mais la procureure estime que l’intérêt général de leur travail est évident tout comme leur bonne foi. Elle a donc requis « de ne pas retenir de responsabilités » pénales contre eux et contre Jean-Pierre Jouyet. Jean Veil, très discret toute la journée, a plaidé « la naïveté, la franchise et la transparence » de ce dernier. Appelé comme complice de la diffamation, il serait plutôt, aux yeux de son conseil, victime du « harcèlement et de la légèreté des journalistes », le plaçant « dans une situation extraordinairement déplaisante ».Premier défendeur des journalistes, Christophe Bigot a estimé que ceux-ci n’ont pas diffamé. Ils n’ont fait que décrire les mœurs politiques, telles qu’on les connaît. « François Fillon vient chercher un brevet de vertu devant la cour ». Marie Burguburu est allée plus loin dans cette démonstration. « Il n’y a procès que parce que les faits sont vrais et révélés de manière précise ». Pour l’avocate, François Fillon ne pouvait que réagir à ce dévoilement cru des manières politiques. « Politiquement, il était en danger. » François Saint-Pierre a enfoncé le clou. « S’il a voulu ce procès, c’est pour se justifier vis-à-vis des siens. C’était le moyen nécessaire pour lui de répondre aux accusations de son propre parti ». Mais, à ce moment, François Fillon a déjà quitté la salle. Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 9 juillet.Lire notre enquête : Fillon a sollicité l'Elysée pour accélérer les poursuites judiciaires contre SarkozyBenoît HopquinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 15h46 • Mis à jour le28.05.2015 à 15h54 Défendre la liberté d’expression et apporter leur soutien à l’un des leurs. Plusieurs centaines de lycéens ont manifesté, jeudi 28 mai, à Saint-Maur-des-Fossés dans le Val-de-Marne pour dénoncer les menaces de mort reçues par Louis. Elève dans cette commune et à la tête d’un journal scolaire, il a été pris pour cible pour avoir publié en janvier un numéro en hommage à l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.Quelque 300 à 400 manifestants, originaires de plusieurs établissements de la ville, se sont donné rendez-vous à 12 h 30 devant le lycée Marcelin-Berthelot à l’initiative de syndicats lycéens. Défilant derrière une banderole « Marche pour la liberté d’expression », ils ont rejoint le parvis de la gare du parc de Saint-Maur.« Liberté dans nos classes ! Ni censure, ni menaces ! », « Résistance contre la censure ! », ont résonné dans le cortège, où plusieurs personnes brandissaient des pancartes « Je suis Louis » en lettres blanches sur fond noir, sur le modèle de « Je suis Charlie ». Cinq membres de la rédaction de l’hebdomadaire participaient à ce rassemblement. Une chronique illustrée en soutien au lycéen a par ailleurs été publiée dans le dernier numéro de Charlie Hebdo.« Apolitique et non partisane »Dans les rangs du cortège, quelques rares professeurs de l’établissement de Louis. « Certains [de mes collègues] avaient peur de la récupération politique. Moi, je pense qu’il faut manifester avant que n’arrive quelque chose de plus grave », déclare une enseignante d’histoire-géographie. La mobilisation se voulait cependant « apolitique et non partisane », selon les syndicats à son origine.Louis, 17 ans, avait fait paraître le 22 janvier un numéro spécial de La Mouette bâillonnée, la publication de son établissement, en réaction aux attentats. Depuis, il a reçu sept menaces de mort, au lycée mais aussi à son domicile. Certaines ont même été accompagnées de balles.La rédaction de La Mouette bâillonnée avait fait savoir qu’elle ne participerait pas à la marche, pour des raisons de sécurité, mais aussi, car « les motivations du ou des harceleurs ne sont pas identifiées ».« Le risque, c’est que [toute cette histoire] se traduise par un repli, une peur du débat et une difficulté des journaux lycéens à publier », s’inquiète Matthieu Porte, président de l’association Jets d’encre, qui revendique fédérer 300 journaux lycéens en France. « Cette presse est amateur mais n’est pas une sous-presse. Un lycéen rédacteur en chef n’est pas irresponsable, mais un citoyen déjà actif. »A lire également : Pour les lycéens caricaturistes, l'esprit « Charlie » demeure 27.05.2015 à 13h23 • Mis à jour le27.05.2015 à 17h05 Le groupe de presse belge Rossel a confirmé, mercredi 27 mai, son intérêt pour prendre le contrôle du quotidien gratuit français 20 Minutes, un rapprochement qui viendrait compléter ses activités en France, où il est très présent en presse quotidienne régionale.Le norvégien Schibsted, fondateur du titre, avait auparavant annoncé dans un communiqué avoir engagé des négociations exclusives avec Rossel en vue de lui céder sa participation de 49,3 %, le reste étant détenu par SIPA-Ouest-France.Selon les deux groupes, l'objectif est de clore en octobre cette transaction, dont le montant n'a pas été divulgué. Un accord éventuel serait soumis aux autorités françaises de la concurrence, précise Schibsted « Sur la base de l'offre indicative [du groupe Rossel], Schibsted devrait enregistrer un léger gain comptable », note encore le groupe norvégien. Aucun montant n'a été annoncé, ni aucun détail donné sur les conséquence de cette transaction sur l'emploi.« C'est plus un projet en développement qu'en restructuration », a affirmé à l'Agence France-Presse Bernard Marchant, le numéro un du groupe de presse francophone belge, se voulant rassurant.« Nous connaissons bien la presse gratuite. »Lancé en France en 2002, 20 Minutes emploie une centaine de journalistes, sur un total de deux cents salariés. Sa diffusion a progressé de 1,3 % en 2014, à 969 586 exemplaires en moyenne par jour. Si ce partenariat voit le jour, « ce sera une expérience très complémentaire de nos activités françaises dans la presse quotidienne régionale », a indiqué Bernard Marchant, car 20 Minutes « est un média plus urbain, avec une diffusion forte, orientée vers le numérique ».Rossel contrôle, entre autres, le quotidien belge Le Soir et le groupe de presse français La Voix, qui édite notamment La Voix du Nord. Il est également en Belgique l'éditeur de Metro, le seul quotidien gratuit du pays. L'annonce des négociations entre Rossel et Schibsted suit de moins d'une semaine celle de la disparition de l'édition papier de Metronews, détenu par TF1, dans un contexte de crise publicitaire profonde pour la presse gratuite. « C'est une évolution logique du marché », a relativisé le patron de Rossel, pour qui la coexistence de trois journaux gratuits en France, avec Direct Matin, n'était « pas simple », compte tenu d'une trop forte concurrence.Lire aussi (édition abonnés) : Pourquoi Metronews va cesser sa diffusion papier 27.05.2015 à 06h34 • Mis à jour le27.05.2015 à 15h38 | Alexis Delcambre Quoi de commun entre le leader mondial du luxe, LVMH, et Le Parisien/Aujourd’hui en France, archétype du quotidien populaire, plus présent dans les bars PMU que dans les salons des grands hôtels ? La question taraude tous les analystes du secteur du luxe depuis l’annonce, mardi 26 mai, des négociations exclusives ouvertes entre le groupe de Bernard Arnault – déjà propriétaire des Echos – et la famille Amaury, qui détient le quotidien.Mais ce qui manque apparemment de sens à l’échelle de LVMH en trouve davantage au niveau des Echos. Le quotidien économique est un acteur isolé dans un paysage de la presse en pleine concentration : le groupe Le Monde a acquis L’Obs, Patrick Drahi a engagé la construction d’un groupe avec Libération et L’Express, Le Figaro a mené des acquisitions dans l’univers numérique.Cette course à la taille n’a pas pour seul objectif de satisfaire l’appétit ou la quête d’influence de quelques milliardaires. Elle vise aussi à réaliser des économies, en mutualisant des fonctions non éditoriales, et à donner plus de puissance aux régies publicitaires. De quoi recréer des marges de manœuvre pour continuer à financer la transition numérique de ces titres.Sur le papier, des complémentarités apparaissent. Les Echos pourront bénéficier du réseau de portage du Parisien et de la pénétration d’Aujourd’hui en France – sa version nationale – en province. Le Parisien pourra profiter du savoir-faire des Echos en matière d’abonnement.Surtout, leur régie commune, qui continuera à commercialiser L’Equipe, affichera une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)… Une surface publicitaire qui offre un terrain de choix à la soixantaine de marques du groupe LVMH… quoi qu’en pensent les analystes du luxe.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Pour un site web d’information, il devient de plus en plus difficile de rester indépendant, surtout lorsqu’on a une taille modeste. Un peu plus d’un an après sa création, ReCode a ainsi décidé de se vendre au groupe Vox Media, déjà propriétaire de The Verge et du site sportif SB Nation. L’opération devait être annoncée mercredi 27 mai, selon le New York Times.Lire : Vox Media, l'ambitieux des médias numériquesReCode avait été lancé par Walt Mossberg et Kara Swisher, après leur départ en septembre 2013 du Wall Street Journal, où ils avaient créé et animé pendant six ans AllThingsD, un site spécialisé sur les nouvelles technologies. Mais, malgré une influence reconnue dans le milieu de la High Tech, ReCode a eu du mal à trouver son public. Son audience ne dépasse pas 1,5 million de visiteurs réguliers par mois, selon la société d’études comScore. Un public insuffisant pour faire vivre les 44 salariés employés par le site.ReCode veut changer de dimensionEn se faisant racheter pour un montant qui n’a pas été divulgué, ReCode veut changer de dimension. Vox Media au travers de ses différents sites a totalisé en avril plus de 53 millions de visiteurs uniques. The Verge, en comptant à lui seul 12 millions.Le groupe, qui est valorisé 400 millions de dollars après une récente levée de fonds de 46,5 millions auprès de la firme de private equity General Atlantic, mise sur la complémentarité des deux sites pour faire progresser les audiences, tout en faisant des économies d’échelle en termes de publicité et de marketing. Le patron de Vox Media, Jim Bankoff, a commandé récemment une étude qui montre que seulement 3 % des deux sites se cannibalisent.Vox Media met ainsi la main sur la partie très lucrative de ReCode que constituent ses conférences, capables d’attirer les stars de la Silicon Valley, sur le modèle de celles qui avaient fait le succès de AllThingsD.Un Time des médias numériquesL’idée de M.Bankoff est de constituer à terme une sorte de Time des médias numériques. À l’automne 2013, Vox Media a racheté Curbed Network, qui édite notamment Curbed, un blog spécialisé sur l’immobilier et Racked, un site sur la mode et le shopping. En avril 2014, le groupe a également lancé Vox.com avec à sa tête Ezra Klein, le fondateur du Wonkblog, le blog économique du Washington Post.Les actionnaires de ReCode, notamment la firme d’investissement Windsor Media et NBCUniversal News Group, échangeront de leurs parts contre une petite portion du capital de Vox Media.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.05.2015 à 15h30 • Mis à jour le27.05.2015 à 16h29 | Alexis Delcambre C’est un coup de tonnerre dans le ciel de la presse française. Le groupe de luxe LVMH, déjà propriétaire des Échos, est entré en négociations exclusives avec le groupe Amaury pour racheter Le Parisien, comme l’ont annoncé les deux groupes, mardi 26 mai, après plusieurs semaines de discussions secrètes.L’annonce de ces négociations a été faite aux personnels des deux titres, mardi – signe qu’elles sont déjà assez avancées. La transaction n’est toutefois pas achevée et doit notamment recevoir l’aval de l’Autorité de la concurrence.L’acquisition concerne le quotidien régional (229 638 exemplaires en 2014 et 8,5 millions de visiteurs uniques mensuels sur Internet), son édition nationale Aujourd’hui en France (148 220 exemplaires en 2014), la régie Amaury Médias (environ 150 millions d’euros de chiffre d’affaires avec Le Parisien/Aujourd’hui en France et L’Equipe), la filiale de distribution Proximy et l’imprimerie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dont la fermeture est programmée.Un rachat à 50 millions d’eurosPour cet ensemble, LVMH a proposé un prix « supérieur à 50 millions d’euros », selon Francis Morel, PDG des Échos. Même si le montant exact n’est pas encore connu, ce prix est a priori nettement inférieur aux 200 millions d’euros, révisés à 150 millions, qu’espérait en 2010 Marie-Odile Amaury, propriétaire du groupe, lors d’une précédente tentative de vente.« Le niveau probable de la transaction me semble malheureusement s’inscrire dans la spirale de destruction de valeur... Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Plus d’un mois après la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions continue de susciter des remous. Des questions ont été soulevées sur les conditions de cette désignation, par des candidats malheureux notamment, dans des articles du Monde, de M, le magazine du Monde, ainsi que de Mediapart ou de TéléObs.Au Parlement, l’opposition s’est emparée du sujet, suivant la ligne fixée par Nicolas Sarkozy, qui entend démontrer que la majorité actuelle a eu tort de mettre fin à la nomination par le président de la République, qu’il avait instaurée. Mardi 19 mai, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, a demandé la création d’une commission d’enquête. La conférence des présidents l’a refusée, mais le président (PS) de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche, a proposé d’auditionner Olivier Schrameck, mardi 26 mai.« On fait une audition parce qu’il n’y a pas, de mon point de vue et avant l’audition d’Olivier Schrameck, d’éléments constitutifs d’une commission d’enquête parlementaire. C’est-à-dire une irrégularité ou une illégalité caractérisée traduisant un dysfonctionnement majeur », a expliqué M. Bloche.Le président du CSA a donc été interrogé par les députés et a défendu vigoureusement la « régularité » et l'« impartialité » du processus de nomination. Les débats ont porté sur plusieurs points.Le secret de la procédure. M. Schrameck a souvent rappelé que les membres du collège étaient tenus par le secret des délibérations sur les détails du vote. De plus, le CSA a adopté pour France Télévisions une procédure permettant de garantir, autant que possible, la confidentialité des candidatures, afin d’attirer des dirigeants en poste dans le privé. Cette procédure a été contestée pour son opacité.Sur le contenu des auditions, également secret, le président du CSA a invoqué une jurisprudence issue d’une décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 2000. Mais certains juristes, cités par Mediapart, estiment qu’il en a une interprétation extensive.Les règles du vote. Pour établir une liste restreinte de candidats à auditionner, les huit membres du collège du CSA ont voté à bulletin secret sur chacun des trente-trois postulants initiaux. Seuls ceux qui ont obtenu au moins cinq voix ont été retenus, ce qui a entraîné l’élimination de candidats sérieux comme Marie-Christine Saragosse (France Médias Monde), Emmanuel Hoog (AFP), ou Didier Quillot (ex-Lagardère active et Orange).Certains membres du collège ont depuis assuré aux journalistes que cette méthode de vote avait été imposée par M. Schrameck au dernier moment, alors que dans le cas de la présidence de Radio France, un an plus tôt, la liste restreinte avait été établie de façon consensuelle.Le président du CSA dément tout changement de procédure de dernière minute. Et estime que le système adopté pour France Télévisions n’a rien changé en substance par rapport à celui retenu pour Radio France.Enfin, l’article de M évoque une intervention de M. Schrameck auprès de l’une des membres du collège, Francine Mariani-Ducray, issue comme lui du Conseil d’Etat, afin qu’elle vote en faveur de Delphine Ernotte, pour sortir le CSA d’une situation de blocage (4 voix contre 4).« Je n'avais aucun parti pris sur les différents candidats », a fait valoir le président du CSA devant les députés, en soulignant n'avoir « fait pression sur aucun de [s]es collègues, ni directement ni indirectement ».Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsL’impartialité du collège. Les médias ont notamment pointé le rôle de Sylvie Pierre-Brossolette, l’une des membres du collège, qui aurait marqué une préférence précoce pour Delphine Ernotte. Elle aurait notamment intercédé auprès de l’homme d’affaires François Pinault pour qu’il rencontre la dirigeante d’Orange.Mme Pierre-Brossolette a admis un échange avec M. Pinault sur le sujet, mais a démenti avoir organisé quoi que ce soit. L’entourage de Delphine Ernotte, cité par l’AFP, a assuré : « Elle a rencontré François Pinault, comme elle a vu une cinquantaine de personnes entre janvier et avril (…) et ce n’est pas sur le conseil de Sylvie Pierre-Brossolette. »Egalement cité – tout comme les conseillers récemment nommés Nicolas Curien et Nathalie Sonnac, qui ont voté en faveur de Mme Ernotte après les auditions –, M. Schrameck s’est vigoureusement défendu de tout favoritisme, affirmant n’avoir jamais rencontré Delphine Ernotte avant le 6 mars. Il a précisé avoir rencontré beaucoup d’autres candidats et ne pas avoir eu de contacts avec elle depuis.Interrogé sur d’éventuels recours, Olivier Schrameck avait affirmé à Libération, avant son audition, n’avoir « aucune crainte » : « Je n’ai pas de raison de douter de notre collégialité, sauf preuve inverse et administrée par la voie judiciaire », Quelle base pour une plainte ?Un syndicat de France Télévisions, la SNPCA-CGC, a fait savoir, lundi 25 mai, qu’il voulait déposer une plainte au sujet de la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions. « Le CSA est une autorité indépendante qui a une personnalité morale et donc une responsabilité juridique », explique le représentant de ce syndicat minoritaire, Jean-Jacques Cordival, ancien salarié de l’entreprise.Déterminer le motif et l’angle d’une action juridique n’est toutefois pas évident. M. Cordival évoque l’obligation « d’impartialité » des membres du CSA, ainsi que le respect des « principes électoraux », qui supposent un traitement égalitaire des candidats. La nomination de Delphine Ernotte n’étant toutefois pas un scrutin électoral, ce raisonnement ne tiendrait en principe que par analogie.Une contestation pourrait avoir lieu auprès d’une juridiction administrative (éventuellement le Conseil d’Etat) garante de la légalité d’une procédure encadrée notamment par la loi d’indépendance de l’audiovisuel de novembre 2013. Une plainte au pénal n’est par ailleurs pas exclue mais il faudrait trouver une base de droit.« En tout cas, il est hors de question d’en rester là », insiste M. Cordival, qui rappelle être à l’origine du volet « France Télévisions » de l’affaire Bygmalion, qui a notamment entraîné la mise en examen de l’ancien président Patrick de Carolis pour favoritisme.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Johannès L’officier de sécurité a jeté un œil dans le rétro. La petite Fiat noire était toujours là. Elle les suivait depuis déjà un moment, et le type au volant prenait des photos. Il était très tôt, ce matin frais du 15 octobre 2014, à Paris, il faisait à peu près noir, ça ne devait pas donner grand-chose. Boulevard de l’Hôpital, le policier a dit à son collègue de relever le numéro et s’est brusquement rangé sur le côté. La Fiat est passée, ils l’ont doublée, elle n’a pas insisté. Les deux agents ont rendu compte : ils sont chargés de la sécurité de deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui reçoivent leur lot régulier de menaces de mort, et que le ministère de l’intérieur a placé sous protection. L’homme à l’appareil photo a été identifié. Il s’appelle Sébastien Valente. C’est le photographe qu’a choisi Nicolas Sarkozy pour sa campagne présidentielle.Lire : Sarkozy s'offre un paparazziLes ennuis ont commencé pour les deux journalistes le 8 mars 2014 exactement, lorsqu’ils ont révélé que l’ancien chef de l’Etat et son avocat avaient été placés sur écoute dans l’enquête sur un financement libyen. Le Journal du dimanche publie huit jours plus tard un fac-similé de l’agenda privé de François Hollande, qui fait état d’un rendez-vous avec les deux enquêteurs le 7 mars au soir – preuve supposée qu’ils s’informent directement auprès du pouvoir. Outre qu’il n’est pas d’usage de dévoiler les rendez-vous des confrères, la coïncidence tombe à plat : Le Monde du 8 mars est paru, comme toujours, la veille, et était déjà en kiosque au moment de l’entretien, consacré au livre que les journalistes entendent publier sur le quinquennat.La rumeur court bientôt que ce seraient les deux journalistes eux-mêmes qui auraient prévenu Nicolas Sarkozy des écoutes, par le biais de son avocat – sans qu’on saisisse bien le pourquoi de cette fantaisie. Les retombées, en revanche, sont concrètes : Gérard Davet et Fabrice Lhomme reçoivent des menaces de mort, de petits cercueils avec les noms et dates de naissance de leurs femmes et de leurs enfants, ou des balles envoyées par la poste. Au point qu’en septembre 2014, le ministère de l’intérieur les place entre les mains du service de la protection (SDLP). Les journalistes doivent tant bien que mal se faire déposer dans des endroits discrets pour ne pas « griller » leurs sources.François Hollande en maillot de bainLa pression monte d’un cran le 14 octobre 2014, avec le tweet d’Yves de Kerdrel, le directeur de Valeurs actuelles : Dans le prochain numéro de @Valeurs revoilà le cabinet noir contre #Sarkozy avec ses deux valets : les pseudo journalistes Davet et Lhomme.— ydekerdrel (@Yves de Kerdrel ن)require(["twitter/widgets"]);Le propos résume assez bien la pensée de proches de Nicolas Sarkozy et vaut au vicomte de Kerdrel d’être renvoyé devant le tribunal pour « injure publique ». Le 15 octobre, de bonne heure, Fabrice Lhomme vient au journal à pied, Gérard Davet est pris en charge dans la voiture des officiers de sécurité : les deux hommes ont rendez-vous « avec une très bonne source » sur les affaires Sarkozy. C’est ce jour-là que Sébastien Valente le suivait avec sa Fiat noire.Il ne s’en cache d’ailleurs pas. « J’ai essayé de faire une photo de M. Davet, a expliqué le photographe aux policiers, le but était de faire une photo avec ses officiers de sécurité. Je pensais que cette photo allait intéresser des magazines. C’est mon métier de faire des photos d’actualité (...) Mes tentatives de faire des photos de MM. Davet et Lhomme [se] sont arrêtées là. » Il n’est pas certain qu’une photo des journalistes avec les policiers se serait vendue bien cher. Une photo de leur source, si.Sébastien Valente, 34 ans, joue d’ordinaire dans une autre cour. La photo volée de François Hollande et de Julie Gayet à l’Elysée aurait transité, selon Le Canard enchaîné, par l’agence E-presse, dirigée par sa compagne ; il dément aussi avoir photographié François Hollande en maillot de bain et pas à son avantage. C’est, enfin, un proche de Carla Bruni, et le photographe officiel de Nicolas Sarkozy pour sa campagne de 2017 ; il avait joliment photographié le couple au cap Nègre en 2013.« Pseudo-affaires »Le 16 octobre, donc, Valeurs actuelles publie un article non signé qui donne les rendez-vous des deux journalistes à l’Elysée, à la chancellerie et au pôle national financier, « lieu en théorie impénétrable », assure l’hebdomadaire, alors que le parquet a même un correspondant détaché pour répondre à la presse. Une chose est sûre, « les révélations sur des pseudo-affaires » de la droite « ne peuvent avoir été conduites qu’avec l’aide de juges qui, cherchant à nuire au retour de Nicolas Sarkozy, sont prêts à violer impunément la loi », assure le magazine. Les rédactions de quatorze médias condamnent les méthodes « indignes » du journal.Le photographe opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond-ilSébastien Valente opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond le photographe. Yves de Kerdrel dit lui aussi ne pas le connaître, et assure devant la police n’avoir « eu recours à aucun moyen délictueux, filature, photographie pour obtenir ces informations » – l’hebdomadaire était d’ailleurs déjà imprimé quand le photographe a pris Gérard Davet en filature.Pour qui travaillait Valente ? Il n’est pas le seul à surveiller les journalistes. De retour de Montpellier, Fabrice Lhomme a été pris en chasse le 26 janvier sur le périphérique par quatre hommes et sauvé ce jour-là par le SDLP. En octobre 2014, un agent d’un centre d’impôt a été surpris à consulter les dossiers fiscaux des deux journalistes, une expertise a démontré qu’il était aussi l’auteur de certaines des menaces. Reste à savoir pour le compte de qui. Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont porté plainte le 21 octobre 2014, au lendemain de la parution de Valeurs actuelles, pour « atteinte à l’intimité de la vie privée et violation des correspondances ». Le parquet, qui bute sur les dénégations du photographe et du patron du magazine, a classé l’affaire, faute d’user de méthodes plus intrusives. Savoir qui employait Sébastien Valente conduirait nécessairement à violer le secret des sources du photographe…Franck JohannèsFranck JohannèsSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le29.05.2015 à 16h51 Le tribunal correctionnel d’Annecy (Haute-Savoie) a condamné, vendredi 29 mai, le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud, et son journaliste Dominique Rizet à payer des amendes de 10 000 euros chacun. Une peine prononcée pour avoir diffusé à l’antenne des photos de la tuerie de Chevaline. Egalement poursuivi pour avoir publié ces clichés, le directeur de la publication du Parisien, Jean Hornain, a été relaxé.M. Béroud et M. Rizet ont été reconnus coupables de recel de violation du secret de l’instruction. Ils ont en revanche été relaxés des délits d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre et de reproduction illicite d’une scène de crime.Les trois clichés incriminés montraient la famille au complet avant la fusillade et des scènes du crime de la tuerie de Chevaline. On y voyait la voiture des victimes et le corps de Sylvain Mollier, probable victime collatérale lors du quadruple meurtre.Diffusées en exclusivité à l’antenne de la première chaîne d’infos de France, les photos furent présentées et commentées par Dominique Rizet. Une plainte avait alors été déposée par les avocats de la famille de Sylvain Mollier.Lire : Tuerie de chevaline : une plainte déposée contre BFM-TVLe 5 septembre 2012, Saad Al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d’origine irakienne, sa femme, âgée 47 ans, et sa belle-mère, âgée de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.L’une des fillettes du couple Al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s’en était miraculeusement sortie indemne. Sylvain Mollier, lui, avait été abattu de plusieurs balles. 29.05.2015 à 03h27 • Mis à jour le29.05.2015 à 09h42 | Benoît Hopquin Scène de genre politico-médiatique, jeudi 28 mai, devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, chargée de la presse. Branle-bas même, de par la qualité des protagonistes. Etait étudiée devant les juges la plainte de François Fillon, ancien premier ministre, contre Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée, contre le journal Le Monde et lemonde.fr, contre les éditions Stock et contre deux journalistes de renom, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. François Fillon est présent à l’audience. Jean-Pierre Jouyet est en revanche absent, même s’il va être le personnage central de débats qui dureront plus de dix heures.Lire aussi notre décryptage : Tout comprendre à l'affaire Jouyet-FillonDans un long mais indispensable préambule, la présidente de la cour, Fabienne Siredey-Garnier, tente de camper les faits ou plutôt leur impossible entrelacs. Dans un livre, « Sarko s’est tuer », puis dans une série d’articles parus en novembre 2014, les deux journalistes évoquaient un déjeuner qui s’est tenu le 24 juin, entre Jean-Pierre Jouyet et François Fillon. Les deux hommes entretenaient des relations de proximité, M. Jouyet ayant été deux ans ministre des affaires européennes dans le gouvernement Fillon. Selon les deux journalistes, au cours de ce repas, il aura été question des affaires qui commençaient à éclore autour de l’UMP, et de l’une d’entre elles, plus particulièrement : le remboursement par l’UMP des dépassements de dépenses survenues lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. La magistrate rappelle le contexte de concurrence politique entre MM. Sarkozy et Fillon au sein de l’UMP, le tohu-bohu que provoqua la révélation du contenu de cette rencontre Fillon-Jouyet, le sentiment que l’ancien premier ministre tentait d’enfoncer son rival, le trahissait même.Fillon dénonce une « farce »Mme Siredey-Garnier lit ensuite le décryptage des dix minutes de conversation enregistrée par les deux journalistes lors de leur rencontre avec M. Jouyet, le 20 septembre 2014. Sans fioritures ni précautions oratoires, Jean-Pierre Jouyet y affirme que François Fillon lui aurait demandé de faire accélérer les procédures contre Nicolas Sarkozy, de « taper vite », de lui « casser les pattes » alors qu’était annoncé le retour de l’ancien président de la République dans la vie politique. La présidente évoque les démentis formels de M. Fillon qui ont suivi, les revirements de M. Jouyet qui dément à demi-mot puis confirme à demi-mot les propos. Elle tente de résumer les divergences entre les versions de cet épisode. En fait, elles différent en tout. Il n’est qu’une chose reconnue par tous : le déjeuner a bien eu lieu.Pendant cet exposé, François Fillon est resté marmoréen, le menton légèrement relevé, les joues parfois traversé de rougeurs agacées. Puis il prend la parole et lit une déclaration écrite sur une feuille blanche qu’il tient d’une main tremblante d’émotion. Il rappelle que c’est la première fois qu’il s’exprime ainsi, à la barre d’un prétoire. « Je ne peux supporter la manœuvre visant à salir mon honneur dont je suis victime. Je n’accepte pas une telle salissure ». Il réfute « l’attitude abjecte » qui lui a été prêtée. Il donne en gage « toute sa vie politique » : « Je n’ai jamais été mêlé à une affaire. Je n’ai jamais fait pression ou tenté de faire pression sur l’appareil judiciaire. Jamais je n’aurais pu solliciter une intervention contre le président de la République que j’ai accepté de servir malgré nos différences ». Il dénonce ensuite une « farce » : « J’aurais été remettre mon destin et mon honneur dans les mains de mes adversaires politiques ». Et de conclure : « Je n’accepte pas la victoire du mensonge et du calcul ».Après ce préambule, interrogé, relancé par la présidente sur les propos qui lui sont prêtés dans les enregistrements de Jean-Pierre Jouyet, François Fillon n’a qu’une réponse : « Ils sont inventés », trois fois il le répète. Il insiste : « Je n’ai jamais évoqué les affaires en cours dans ma famille politique ». Avant enfin de livrer le fond de sa pensée. « Je ne peux pas ne pas y voir le fait qu’il [Jean-Pierre Jouyet] était en service commandé. Ce n’est pas quelqu’un de maladroit ou qui n’aurait pas réfléchi à ce qu’il faisait ». Il se montre plus direct encore en évoquant « une affaire d’Etat », « une opération montée avec deux objectifs : me décrédibiliser et semer la zizanie dans ma famille politique ». La ligne de François Fillon et de ses avocats est tracée pour la journée, celle du complot visant à le détruire politiquement.« Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos »Il y avait un troisième protagoniste du déjeuner : Antoine Gosset-Grainville, qui joua les intermédiaires entre les deux hommes, organisa la rencontre, fort de ses bonnes relations avec l’un et l’autre. Le voilà justement qui est appelé à la barre comme témoin, celui qui paya l’addition de ce déjeuner chez Ledoyen. La voix est suave, les mots pesés au trébuchet mais catégoriques. « Aucun des propos que vous évoquez n’ont été tenus ». Le repas n’a porté que sur l’Europe, sur l’éventualité d’une candidature de Fillon à la tête d’une instance européenne : la rencontre devait sonder l’attitude qu’aurait l’Elysée dans une telle hypothèse.Les avocats de la défense lui font remarquer qu’à d’autres moments, il a affirmé qu’il n’y avait pas d’ordre du jour. Il s’enferre un peu, revient à l’essentiel : « le sujet des affaires n’a pas été évoqué », insiste-t-il encore, une fois, deux fois, trois fois. Plus hésitantes sont ses réponses quand on lui demande pourquoi Jean-Pierre Jouyet aurait affabulé devant les journalistes. « Il invente ? », insiste deux fois la présidente. Chaque fois, le témoin use de périphrases pour ne pas répondre. « Mensonge par omission », conclut un des avocats des journalistes, François Saint-Pierre. « Cela ne correspond pas à ce qui a été dit au déjeuner », dit une dernière fois le témoin avant de se retirer.L’audience tourne alors à une longue bataille de dates, calendrier contre calendrier. François Fillon assure n’avoir connu l’existence d’un risque pénal, lié au remboursement par l’UMP de dépenses qui incombaient au candidat Sarkozy, qu’après le déjeuner du 24 juin. Comment, alors, aurait-il pu en parler à ce déjeuner ? Les journalistes et leurs avocats tentent de démontrer que les menaces pénales étaient connues à l’UMP dès le 20 juin, donc avant le fameux déjeuner.Rappelés à la barre, les deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, nommés interlocuteur 1 et interlocuteur 3 sur les transcriptions du 20 septembre, défendent le sérieux de leur travail journalistique. Le matin, ils avaient déjà expliqué avoir vérifié l’information, multiplié les sources, quatre selon leur décompte, à l’UMP ou à l’Elysée. Ils ont par ailleurs envoyé à François Fillon des SMS, cinq au total, demandant des entretiens qu’ils n’eurent jamais. Ces SMS évoquant les affaires financières n’étaient pas assez explicites, ont rétorqué les avocats de la partie civile et François Fillon. « S’ils m’avaient précisé le sujet, j’aurais accepté. A aucun moment, les auteurs de ce livre m’ont contacté sur le déjeuner et les propos que j’y ai tenus ».Gérard Davet et Fabrice Lhomme se défendent d’avoir brisé le off et fait état d’une conversation qui n’avait vocation à être publiée, comme le leur a reproché Jean Veil, avocat de M. Jouyet. Ils détaillent les conditions de l’entretien, le 20 septembre, estimant notamment que la présence de deux téléphones en mode enregistreur ne pouvait être ignorée de leur interlocuteur. Ils expliquent comment cet entretien était passé par l’intermédiaire tout ce qu’il y a de plus officiel du service de presse. Les deux journalistes ont ensuite rappelé M. Jouyet pour les prévenir de la parution de cette histoire de déjeuner dans le livre, sans que M. Jouyet ne trouve à redire. « Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos. Je n’ai aucun regret », estime Fabrice Lhomme, ajoutant : « Je n’ai jamais violé de off ». « On a avancé en toute transparence », assure Gérard Davet.Lire aussi l'analyse (en édition abonnés) :Jean-Pierre Jouyet, l’ami qui parle tropJugement mis en délibéré au 9 juilletPuis sont enfin diffusées dans la salle les quelque dix minutes de la conversation entre M. Jouyet et les deux journalistes, largement à bâtons rompus. François Fillon écoute les propos du secrétaire général. Qu’a-t-il pu penser à cet instant, en entendant crûment Jean-Pierre Jouyet, un homme en qui il avait confiance, un ami sans doute, parler aussi crûment d’un rendez-vous censé être discret, voire secret ? M. Fillon rejoint-il à cet instant les pensées de son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, qui n’a pas hésité à comparer ce qu’il a entendu aux délateurs des années noires. « C’est glaçant », a estimé l’avocat. Pour ce dernier, il n’y a qu’une hypothèse plausible : « C’est une manipulation politique. On met le cataclysme à l’UMP. Ce qui n’était pas prévu, c’est que MM Davet et Lhomme décident de fracasser leurs sources ». « C’est une affaire d’Etat », poursuit-il, en donnant le nom de l’instigateur supposé : François Hollande. Puis Orly Rezlan, également avocate de M. Fillon, a attaqué le travail des journalistes du Monde, dénoncé leur « recherche du sensationnel ». « Ils n’ont réalisé aucune enquête », a-t-elle insisté. Plus tard : « Ils ont exécuté François Fillon avec une insoutenable légèreté ».La procureure Annabelle Philippe n’a retiré des débats qu’une seule certitude : « On ne sait pas ce qui s’est passé lors de ce déjeuner et on ne le saura jamais ». A ses yeux, même l’enregistrement fourni ne permet pas de savoir formellement ce qui s’est dit entre les deux hommes. Cela reste et restera parole contre parole. « J’ai du mal à qualifier l’enquête [des deux journalistes] de très sérieuse au regard des exigences de la jurisprudence », assure-t-elle. Mais la procureure estime que l’intérêt général de leur travail est évident tout comme leur bonne foi. Elle a donc requis « de ne pas retenir de responsabilités » pénales contre eux et contre Jean-Pierre Jouyet. Jean Veil, très discret toute la journée, a plaidé « la naïveté, la franchise et la transparence » de ce dernier. Appelé comme complice de la diffamation, il serait plutôt, aux yeux de son conseil, victime du « harcèlement et de la légèreté des journalistes », le plaçant « dans une situation extraordinairement déplaisante ».Premier défendeur des journalistes, Christophe Bigot a estimé que ceux-ci n’ont pas diffamé. Ils n’ont fait que décrire les mœurs politiques, telles qu’on les connaît. « François Fillon vient chercher un brevet de vertu devant la cour ». Marie Burguburu est allée plus loin dans cette démonstration. « Il n’y a procès que parce que les faits sont vrais et révélés de manière précise ». Pour l’avocate, François Fillon ne pouvait que réagir à ce dévoilement cru des manières politiques. « Politiquement, il était en danger. » François Saint-Pierre a enfoncé le clou. « S’il a voulu ce procès, c’est pour se justifier vis-à-vis des siens. C’était le moyen nécessaire pour lui de répondre aux accusations de son propre parti ». Mais, à ce moment, François Fillon a déjà quitté la salle. Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 9 juillet.Lire notre enquête : Fillon a sollicité l'Elysée pour accélérer les poursuites judiciaires contre SarkozyBenoît HopquinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 15h46 • Mis à jour le28.05.2015 à 15h54 Défendre la liberté d’expression et apporter leur soutien à l’un des leurs. Plusieurs centaines de lycéens ont manifesté, jeudi 28 mai, à Saint-Maur-des-Fossés dans le Val-de-Marne pour dénoncer les menaces de mort reçues par Louis. Elève dans cette commune et à la tête d’un journal scolaire, il a été pris pour cible pour avoir publié en janvier un numéro en hommage à l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.Quelque 300 à 400 manifestants, originaires de plusieurs établissements de la ville, se sont donné rendez-vous à 12 h 30 devant le lycée Marcelin-Berthelot à l’initiative de syndicats lycéens. Défilant derrière une banderole « Marche pour la liberté d’expression », ils ont rejoint le parvis de la gare du parc de Saint-Maur.« Liberté dans nos classes ! Ni censure, ni menaces ! », « Résistance contre la censure ! », ont résonné dans le cortège, où plusieurs personnes brandissaient des pancartes « Je suis Louis » en lettres blanches sur fond noir, sur le modèle de « Je suis Charlie ». Cinq membres de la rédaction de l’hebdomadaire participaient à ce rassemblement. Une chronique illustrée en soutien au lycéen a par ailleurs été publiée dans le dernier numéro de Charlie Hebdo.« Apolitique et non partisane »Dans les rangs du cortège, quelques rares professeurs de l’établissement de Louis. « Certains [de mes collègues] avaient peur de la récupération politique. Moi, je pense qu’il faut manifester avant que n’arrive quelque chose de plus grave », déclare une enseignante d’histoire-géographie. La mobilisation se voulait cependant « apolitique et non partisane », selon les syndicats à son origine.Louis, 17 ans, avait fait paraître le 22 janvier un numéro spécial de La Mouette bâillonnée, la publication de son établissement, en réaction aux attentats. Depuis, il a reçu sept menaces de mort, au lycée mais aussi à son domicile. Certaines ont même été accompagnées de balles.La rédaction de La Mouette bâillonnée avait fait savoir qu’elle ne participerait pas à la marche, pour des raisons de sécurité, mais aussi, car « les motivations du ou des harceleurs ne sont pas identifiées ».« Le risque, c’est que [toute cette histoire] se traduise par un repli, une peur du débat et une difficulté des journaux lycéens à publier », s’inquiète Matthieu Porte, président de l’association Jets d’encre, qui revendique fédérer 300 journaux lycéens en France. « Cette presse est amateur mais n’est pas une sous-presse. Un lycéen rédacteur en chef n’est pas irresponsable, mais un citoyen déjà actif. »A lire également : Pour les lycéens caricaturistes, l'esprit « Charlie » demeure 27.05.2015 à 13h23 • Mis à jour le27.05.2015 à 17h05 Le groupe de presse belge Rossel a confirmé, mercredi 27 mai, son intérêt pour prendre le contrôle du quotidien gratuit français 20 Minutes, un rapprochement qui viendrait compléter ses activités en France, où il est très présent en presse quotidienne régionale.Le norvégien Schibsted, fondateur du titre, avait auparavant annoncé dans un communiqué avoir engagé des négociations exclusives avec Rossel en vue de lui céder sa participation de 49,3 %, le reste étant détenu par SIPA-Ouest-France.Selon les deux groupes, l'objectif est de clore en octobre cette transaction, dont le montant n'a pas été divulgué. Un accord éventuel serait soumis aux autorités françaises de la concurrence, précise Schibsted « Sur la base de l'offre indicative [du groupe Rossel], Schibsted devrait enregistrer un léger gain comptable », note encore le groupe norvégien. Aucun montant n'a été annoncé, ni aucun détail donné sur les conséquence de cette transaction sur l'emploi.« C'est plus un projet en développement qu'en restructuration », a affirmé à l'Agence France-Presse Bernard Marchant, le numéro un du groupe de presse francophone belge, se voulant rassurant.« Nous connaissons bien la presse gratuite. »Lancé en France en 2002, 20 Minutes emploie une centaine de journalistes, sur un total de deux cents salariés. Sa diffusion a progressé de 1,3 % en 2014, à 969 586 exemplaires en moyenne par jour. Si ce partenariat voit le jour, « ce sera une expérience très complémentaire de nos activités françaises dans la presse quotidienne régionale », a indiqué Bernard Marchant, car 20 Minutes « est un média plus urbain, avec une diffusion forte, orientée vers le numérique ».Rossel contrôle, entre autres, le quotidien belge Le Soir et le groupe de presse français La Voix, qui édite notamment La Voix du Nord. Il est également en Belgique l'éditeur de Metro, le seul quotidien gratuit du pays. L'annonce des négociations entre Rossel et Schibsted suit de moins d'une semaine celle de la disparition de l'édition papier de Metronews, détenu par TF1, dans un contexte de crise publicitaire profonde pour la presse gratuite. « C'est une évolution logique du marché », a relativisé le patron de Rossel, pour qui la coexistence de trois journaux gratuits en France, avec Direct Matin, n'était « pas simple », compte tenu d'une trop forte concurrence.Lire aussi (édition abonnés) : Pourquoi Metronews va cesser sa diffusion papier 27.05.2015 à 06h34 • Mis à jour le27.05.2015 à 15h38 | Alexis Delcambre Quoi de commun entre le leader mondial du luxe, LVMH, et Le Parisien/Aujourd’hui en France, archétype du quotidien populaire, plus présent dans les bars PMU que dans les salons des grands hôtels ? La question taraude tous les analystes du secteur du luxe depuis l’annonce, mardi 26 mai, des négociations exclusives ouvertes entre le groupe de Bernard Arnault – déjà propriétaire des Echos – et la famille Amaury, qui détient le quotidien.Mais ce qui manque apparemment de sens à l’échelle de LVMH en trouve davantage au niveau des Echos. Le quotidien économique est un acteur isolé dans un paysage de la presse en pleine concentration : le groupe Le Monde a acquis L’Obs, Patrick Drahi a engagé la construction d’un groupe avec Libération et L’Express, Le Figaro a mené des acquisitions dans l’univers numérique.Cette course à la taille n’a pas pour seul objectif de satisfaire l’appétit ou la quête d’influence de quelques milliardaires. Elle vise aussi à réaliser des économies, en mutualisant des fonctions non éditoriales, et à donner plus de puissance aux régies publicitaires. De quoi recréer des marges de manœuvre pour continuer à financer la transition numérique de ces titres.Sur le papier, des complémentarités apparaissent. Les Echos pourront bénéficier du réseau de portage du Parisien et de la pénétration d’Aujourd’hui en France – sa version nationale – en province. Le Parisien pourra profiter du savoir-faire des Echos en matière d’abonnement.Surtout, leur régie commune, qui continuera à commercialiser L’Equipe, affichera une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)… Une surface publicitaire qui offre un terrain de choix à la soixantaine de marques du groupe LVMH… quoi qu’en pensent les analystes du luxe.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Pour un site web d’information, il devient de plus en plus difficile de rester indépendant, surtout lorsqu’on a une taille modeste. Un peu plus d’un an après sa création, ReCode a ainsi décidé de se vendre au groupe Vox Media, déjà propriétaire de The Verge et du site sportif SB Nation. L’opération devait être annoncée mercredi 27 mai, selon le New York Times.Lire : Vox Media, l'ambitieux des médias numériquesReCode avait été lancé par Walt Mossberg et Kara Swisher, après leur départ en septembre 2013 du Wall Street Journal, où ils avaient créé et animé pendant six ans AllThingsD, un site spécialisé sur les nouvelles technologies. Mais, malgré une influence reconnue dans le milieu de la High Tech, ReCode a eu du mal à trouver son public. Son audience ne dépasse pas 1,5 million de visiteurs réguliers par mois, selon la société d’études comScore. Un public insuffisant pour faire vivre les 44 salariés employés par le site.ReCode veut changer de dimensionEn se faisant racheter pour un montant qui n’a pas été divulgué, ReCode veut changer de dimension. Vox Media au travers de ses différents sites a totalisé en avril plus de 53 millions de visiteurs uniques. The Verge, en comptant à lui seul 12 millions.Le groupe, qui est valorisé 400 millions de dollars après une récente levée de fonds de 46,5 millions auprès de la firme de private equity General Atlantic, mise sur la complémentarité des deux sites pour faire progresser les audiences, tout en faisant des économies d’échelle en termes de publicité et de marketing. Le patron de Vox Media, Jim Bankoff, a commandé récemment une étude qui montre que seulement 3 % des deux sites se cannibalisent.Vox Media met ainsi la main sur la partie très lucrative de ReCode que constituent ses conférences, capables d’attirer les stars de la Silicon Valley, sur le modèle de celles qui avaient fait le succès de AllThingsD.Un Time des médias numériquesL’idée de M.Bankoff est de constituer à terme une sorte de Time des médias numériques. À l’automne 2013, Vox Media a racheté Curbed Network, qui édite notamment Curbed, un blog spécialisé sur l’immobilier et Racked, un site sur la mode et le shopping. En avril 2014, le groupe a également lancé Vox.com avec à sa tête Ezra Klein, le fondateur du Wonkblog, le blog économique du Washington Post.Les actionnaires de ReCode, notamment la firme d’investissement Windsor Media et NBCUniversal News Group, échangeront de leurs parts contre une petite portion du capital de Vox Media.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.05.2015 à 15h30 • Mis à jour le27.05.2015 à 16h29 | Alexis Delcambre C’est un coup de tonnerre dans le ciel de la presse française. Le groupe de luxe LVMH, déjà propriétaire des Échos, est entré en négociations exclusives avec le groupe Amaury pour racheter Le Parisien, comme l’ont annoncé les deux groupes, mardi 26 mai, après plusieurs semaines de discussions secrètes.L’annonce de ces négociations a été faite aux personnels des deux titres, mardi – signe qu’elles sont déjà assez avancées. La transaction n’est toutefois pas achevée et doit notamment recevoir l’aval de l’Autorité de la concurrence.L’acquisition concerne le quotidien régional (229 638 exemplaires en 2014 et 8,5 millions de visiteurs uniques mensuels sur Internet), son édition nationale Aujourd’hui en France (148 220 exemplaires en 2014), la régie Amaury Médias (environ 150 millions d’euros de chiffre d’affaires avec Le Parisien/Aujourd’hui en France et L’Equipe), la filiale de distribution Proximy et l’imprimerie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dont la fermeture est programmée.Un rachat à 50 millions d’eurosPour cet ensemble, LVMH a proposé un prix « supérieur à 50 millions d’euros », selon Francis Morel, PDG des Échos. Même si le montant exact n’est pas encore connu, ce prix est a priori nettement inférieur aux 200 millions d’euros, révisés à 150 millions, qu’espérait en 2010 Marie-Odile Amaury, propriétaire du groupe, lors d’une précédente tentative de vente.« Le niveau probable de la transaction me semble malheureusement s’inscrire dans la spirale de destruction de valeur... Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Plus d’un mois après la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions continue de susciter des remous. Des questions ont été soulevées sur les conditions de cette désignation, par des candidats malheureux notamment, dans des articles du Monde, de M, le magazine du Monde, ainsi que de Mediapart ou de TéléObs.Au Parlement, l’opposition s’est emparée du sujet, suivant la ligne fixée par Nicolas Sarkozy, qui entend démontrer que la majorité actuelle a eu tort de mettre fin à la nomination par le président de la République, qu’il avait instaurée. Mardi 19 mai, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, a demandé la création d’une commission d’enquête. La conférence des présidents l’a refusée, mais le président (PS) de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche, a proposé d’auditionner Olivier Schrameck, mardi 26 mai.« On fait une audition parce qu’il n’y a pas, de mon point de vue et avant l’audition d’Olivier Schrameck, d’éléments constitutifs d’une commission d’enquête parlementaire. C’est-à-dire une irrégularité ou une illégalité caractérisée traduisant un dysfonctionnement majeur », a expliqué M. Bloche.Le président du CSA a donc été interrogé par les députés et a défendu vigoureusement la « régularité » et l'« impartialité » du processus de nomination. Les débats ont porté sur plusieurs points.Le secret de la procédure. M. Schrameck a souvent rappelé que les membres du collège étaient tenus par le secret des délibérations sur les détails du vote. De plus, le CSA a adopté pour France Télévisions une procédure permettant de garantir, autant que possible, la confidentialité des candidatures, afin d’attirer des dirigeants en poste dans le privé. Cette procédure a été contestée pour son opacité.Sur le contenu des auditions, également secret, le président du CSA a invoqué une jurisprudence issue d’une décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 2000. Mais certains juristes, cités par Mediapart, estiment qu’il en a une interprétation extensive.Les règles du vote. Pour établir une liste restreinte de candidats à auditionner, les huit membres du collège du CSA ont voté à bulletin secret sur chacun des trente-trois postulants initiaux. Seuls ceux qui ont obtenu au moins cinq voix ont été retenus, ce qui a entraîné l’élimination de candidats sérieux comme Marie-Christine Saragosse (France Médias Monde), Emmanuel Hoog (AFP), ou Didier Quillot (ex-Lagardère active et Orange).Certains membres du collège ont depuis assuré aux journalistes que cette méthode de vote avait été imposée par M. Schrameck au dernier moment, alors que dans le cas de la présidence de Radio France, un an plus tôt, la liste restreinte avait été établie de façon consensuelle.Le président du CSA dément tout changement de procédure de dernière minute. Et estime que le système adopté pour France Télévisions n’a rien changé en substance par rapport à celui retenu pour Radio France.Enfin, l’article de M évoque une intervention de M. Schrameck auprès de l’une des membres du collège, Francine Mariani-Ducray, issue comme lui du Conseil d’Etat, afin qu’elle vote en faveur de Delphine Ernotte, pour sortir le CSA d’une situation de blocage (4 voix contre 4).« Je n'avais aucun parti pris sur les différents candidats », a fait valoir le président du CSA devant les députés, en soulignant n'avoir « fait pression sur aucun de [s]es collègues, ni directement ni indirectement ».Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsL’impartialité du collège. Les médias ont notamment pointé le rôle de Sylvie Pierre-Brossolette, l’une des membres du collège, qui aurait marqué une préférence précoce pour Delphine Ernotte. Elle aurait notamment intercédé auprès de l’homme d’affaires François Pinault pour qu’il rencontre la dirigeante d’Orange.Mme Pierre-Brossolette a admis un échange avec M. Pinault sur le sujet, mais a démenti avoir organisé quoi que ce soit. L’entourage de Delphine Ernotte, cité par l’AFP, a assuré : « Elle a rencontré François Pinault, comme elle a vu une cinquantaine de personnes entre janvier et avril (…) et ce n’est pas sur le conseil de Sylvie Pierre-Brossolette. »Egalement cité – tout comme les conseillers récemment nommés Nicolas Curien et Nathalie Sonnac, qui ont voté en faveur de Mme Ernotte après les auditions –, M. Schrameck s’est vigoureusement défendu de tout favoritisme, affirmant n’avoir jamais rencontré Delphine Ernotte avant le 6 mars. Il a précisé avoir rencontré beaucoup d’autres candidats et ne pas avoir eu de contacts avec elle depuis.Interrogé sur d’éventuels recours, Olivier Schrameck avait affirmé à Libération, avant son audition, n’avoir « aucune crainte » : « Je n’ai pas de raison de douter de notre collégialité, sauf preuve inverse et administrée par la voie judiciaire », Quelle base pour une plainte ?Un syndicat de France Télévisions, la SNPCA-CGC, a fait savoir, lundi 25 mai, qu’il voulait déposer une plainte au sujet de la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions. « Le CSA est une autorité indépendante qui a une personnalité morale et donc une responsabilité juridique », explique le représentant de ce syndicat minoritaire, Jean-Jacques Cordival, ancien salarié de l’entreprise.Déterminer le motif et l’angle d’une action juridique n’est toutefois pas évident. M. Cordival évoque l’obligation « d’impartialité » des membres du CSA, ainsi que le respect des « principes électoraux », qui supposent un traitement égalitaire des candidats. La nomination de Delphine Ernotte n’étant toutefois pas un scrutin électoral, ce raisonnement ne tiendrait en principe que par analogie.Une contestation pourrait avoir lieu auprès d’une juridiction administrative (éventuellement le Conseil d’Etat) garante de la légalité d’une procédure encadrée notamment par la loi d’indépendance de l’audiovisuel de novembre 2013. Une plainte au pénal n’est par ailleurs pas exclue mais il faudrait trouver une base de droit.« En tout cas, il est hors de question d’en rester là », insiste M. Cordival, qui rappelle être à l’origine du volet « France Télévisions » de l’affaire Bygmalion, qui a notamment entraîné la mise en examen de l’ancien président Patrick de Carolis pour favoritisme.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Johannès L’officier de sécurité a jeté un œil dans le rétro. La petite Fiat noire était toujours là. Elle les suivait depuis déjà un moment, et le type au volant prenait des photos. Il était très tôt, ce matin frais du 15 octobre 2014, à Paris, il faisait à peu près noir, ça ne devait pas donner grand-chose. Boulevard de l’Hôpital, le policier a dit à son collègue de relever le numéro et s’est brusquement rangé sur le côté. La Fiat est passée, ils l’ont doublée, elle n’a pas insisté. Les deux agents ont rendu compte : ils sont chargés de la sécurité de deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui reçoivent leur lot régulier de menaces de mort, et que le ministère de l’intérieur a placé sous protection. L’homme à l’appareil photo a été identifié. Il s’appelle Sébastien Valente. C’est le photographe qu’a choisi Nicolas Sarkozy pour sa campagne présidentielle.Lire : Sarkozy s'offre un paparazziLes ennuis ont commencé pour les deux journalistes le 8 mars 2014 exactement, lorsqu’ils ont révélé que l’ancien chef de l’Etat et son avocat avaient été placés sur écoute dans l’enquête sur un financement libyen. Le Journal du dimanche publie huit jours plus tard un fac-similé de l’agenda privé de François Hollande, qui fait état d’un rendez-vous avec les deux enquêteurs le 7 mars au soir – preuve supposée qu’ils s’informent directement auprès du pouvoir. Outre qu’il n’est pas d’usage de dévoiler les rendez-vous des confrères, la coïncidence tombe à plat : Le Monde du 8 mars est paru, comme toujours, la veille, et était déjà en kiosque au moment de l’entretien, consacré au livre que les journalistes entendent publier sur le quinquennat.La rumeur court bientôt que ce seraient les deux journalistes eux-mêmes qui auraient prévenu Nicolas Sarkozy des écoutes, par le biais de son avocat – sans qu’on saisisse bien le pourquoi de cette fantaisie. Les retombées, en revanche, sont concrètes : Gérard Davet et Fabrice Lhomme reçoivent des menaces de mort, de petits cercueils avec les noms et dates de naissance de leurs femmes et de leurs enfants, ou des balles envoyées par la poste. Au point qu’en septembre 2014, le ministère de l’intérieur les place entre les mains du service de la protection (SDLP). Les journalistes doivent tant bien que mal se faire déposer dans des endroits discrets pour ne pas « griller » leurs sources.François Hollande en maillot de bainLa pression monte d’un cran le 14 octobre 2014, avec le tweet d’Yves de Kerdrel, le directeur de Valeurs actuelles : Dans le prochain numéro de @Valeurs revoilà le cabinet noir contre #Sarkozy avec ses deux valets : les pseudo journalistes Davet et Lhomme.— ydekerdrel (@Yves de Kerdrel ن)require(["twitter/widgets"]);Le propos résume assez bien la pensée de proches de Nicolas Sarkozy et vaut au vicomte de Kerdrel d’être renvoyé devant le tribunal pour « injure publique ». Le 15 octobre, de bonne heure, Fabrice Lhomme vient au journal à pied, Gérard Davet est pris en charge dans la voiture des officiers de sécurité : les deux hommes ont rendez-vous « avec une très bonne source » sur les affaires Sarkozy. C’est ce jour-là que Sébastien Valente le suivait avec sa Fiat noire.Il ne s’en cache d’ailleurs pas. « J’ai essayé de faire une photo de M. Davet, a expliqué le photographe aux policiers, le but était de faire une photo avec ses officiers de sécurité. Je pensais que cette photo allait intéresser des magazines. C’est mon métier de faire des photos d’actualité (...) Mes tentatives de faire des photos de MM. Davet et Lhomme [se] sont arrêtées là. » Il n’est pas certain qu’une photo des journalistes avec les policiers se serait vendue bien cher. Une photo de leur source, si.Sébastien Valente, 34 ans, joue d’ordinaire dans une autre cour. La photo volée de François Hollande et de Julie Gayet à l’Elysée aurait transité, selon Le Canard enchaîné, par l’agence E-presse, dirigée par sa compagne ; il dément aussi avoir photographié François Hollande en maillot de bain et pas à son avantage. C’est, enfin, un proche de Carla Bruni, et le photographe officiel de Nicolas Sarkozy pour sa campagne de 2017 ; il avait joliment photographié le couple au cap Nègre en 2013.« Pseudo-affaires »Le 16 octobre, donc, Valeurs actuelles publie un article non signé qui donne les rendez-vous des deux journalistes à l’Elysée, à la chancellerie et au pôle national financier, « lieu en théorie impénétrable », assure l’hebdomadaire, alors que le parquet a même un correspondant détaché pour répondre à la presse. Une chose est sûre, « les révélations sur des pseudo-affaires » de la droite « ne peuvent avoir été conduites qu’avec l’aide de juges qui, cherchant à nuire au retour de Nicolas Sarkozy, sont prêts à violer impunément la loi », assure le magazine. Les rédactions de quatorze médias condamnent les méthodes « indignes » du journal.Le photographe opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond-ilSébastien Valente opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond le photographe. Yves de Kerdrel dit lui aussi ne pas le connaître, et assure devant la police n’avoir « eu recours à aucun moyen délictueux, filature, photographie pour obtenir ces informations » – l’hebdomadaire était d’ailleurs déjà imprimé quand le photographe a pris Gérard Davet en filature.Pour qui travaillait Valente ? Il n’est pas le seul à surveiller les journalistes. De retour de Montpellier, Fabrice Lhomme a été pris en chasse le 26 janvier sur le périphérique par quatre hommes et sauvé ce jour-là par le SDLP. En octobre 2014, un agent d’un centre d’impôt a été surpris à consulter les dossiers fiscaux des deux journalistes, une expertise a démontré qu’il était aussi l’auteur de certaines des menaces. Reste à savoir pour le compte de qui. Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont porté plainte le 21 octobre 2014, au lendemain de la parution de Valeurs actuelles, pour « atteinte à l’intimité de la vie privée et violation des correspondances ». Le parquet, qui bute sur les dénégations du photographe et du patron du magazine, a classé l’affaire, faute d’user de méthodes plus intrusives. Savoir qui employait Sébastien Valente conduirait nécessairement à violer le secret des sources du photographe…Franck JohannèsFranck JohannèsSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.05.2015 à 18h57 • Mis à jour le28.05.2015 à 08h28 Le journaliste Jean-Michel Aphatie va quitter RTL pour Europe 1 à la fin de la saison, après avoir mené pendant douze ans l’interview politique du matin, a-t-il annoncé, mercredi 27 mai, sur Twitter. « Douze années formidables à @RTLFrance se terminent. Merci à tous. Rendez-vous la saison prochaine sur @Europe1 », a tweeté le journaliste.Jean-Michel Aphatie, âgé de 56 ans, coanimera à partir de septembre « Europe 1 Midi » avec Wendy Bouchard, a annoncé Europe 1 dans un communiqué. Il travaillait à RTL depuis 2003, où il mène l’interview quotidienne de 7 h 50, « L’invité de RTL ». Directeur adjoint de la rédaction de RTL depuis 2008, il est également chroniqueur au « Grand Journal » de Canal+.« RTL a décidé de proposer à Jean-Michel Aphatie de nouveaux projets pour la prochaine saison. Ces propositions n’ayant pas rencontré son assentiment, RTL et Jean-Michel Aphatie ont décidé, en bonne intelligence, de mettre un terme à leur collaboration », a dit la station dans un communiqué. 27.05.2015 à 12h12 Au lendemain de l’annonce surprise du prochain rachat du Parisien/Aujourd’hui en France par le groupe LVMH, qui possède déjà Les Echos, le propriétaire du titre économique défend ce rapprochement. Selon Francis Morel, président-directeur général du groupe Les Echos, interrogé mercredi 27 mai par Le Figaro, Les Echos et Le Parisien sont deux titres « complémentaires ».« Le lectorat du “Parisien/Aujourd’hui en France” est très large et touche notamment les cadres et PME de province, qui lisent également “Les Echos”. Soixante pour cent de notre lectorat se trouve en dehors de la région parisienne ! »Lire aussi :LVMH va tenter le mariage du « Parisien » et des « Echos »« Rester isolé n’est plus une option »Dans cette interview, M. Morel explique avoir convaincu son actionnaire, le leader mondial du luxe LVMH, que « rester isolé n’était plus une option ». « Aujourd’hui, les acteurs de taille moyenne, comme nous, ont du mal à se développer. L’heure est à la concentration, comme le prouvent le rapprochement du Monde et de l’Obs ainsi que celui de Libération et L’Express », précise-t-il.Avec ce rapprochement, Les Echos espèrent capter davantage d’opérations publicitaires. Ils comptent aussi bénéficier du réseau de distribution et de portage du Parisien/Aujourd’hui en France et de sa puissance sur le Web. « Ensemble, nous dépasserons les 10 millions de visiteurs uniques par mois », fait savoir M. Morel.Il affirme qu’il n’y aura par contre pas de « synergie éditoriale » ni « d’impact social sur les rédactions », qui ne devraient pas être rapprochées physiquement. Selon M. Morel, ce rapprochement « stratégique » devrait permettre d’économiser au moins trois millions d’euros par an.Lire aussi :LVMH-Le Parisien : les raisons d’un attelage inattendu Alexis Delcambre Quoi de commun entre le leader mondial du luxe, LVMH, et Le Parisien/Aujourd’hui en France, archétype du quotidien populaire, plus présent dans les bars PMU que dans les salons des grands hôtels ? La question taraude tous les analystes du secteur du luxe depuis l’annonce, mardi 26 mai, des négociations exclusives ouvertes entre le groupe de Bernard Arnault – déjà propriétaire des Echos – et la famille Amaury, qui détient le quotidien.Mais ce qui manque apparemment de sens à l’échelle de LVMH en trouve davantage au niveau des Echos. Le quotidien économique est un acteur isolé dans un paysage de la presse en pleine concentration : le groupe Le Monde a acquis L’Obs, Patrick Drahi a engagé la construction d’un groupe avec Libération et L’Express, Le Figaro a mené des acquisitions dans l’univers numérique.Cette course à la taille n’a pas pour seul objectif de satisfaire l’appétit ou la quête d’influence de quelques milliardaires. Elle vise aussi à réaliser des économies, en mutualisant des fonctions non éditoriales, et à donner plus de puissance aux régies publicitaires. De quoi recréer des marges de manœuvre pour continuer à financer la transition numérique de ces titres.Sur le papier, des complémentarités apparaissent. Les Echos pourront bénéficier du réseau de portage du Parisien et de la pénétration d’Aujourd’hui en France – sa version nationale – en province. Le Parisien pourra profiter du savoir-faire des Echos en matière d’abonnement.Surtout, leur régie commune, qui continuera à commercialiser L’Equipe, affichera une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)… Une surface publicitaire qui offre un terrain de choix à la soixantaine de marques du groupe LVMH… quoi qu’en pensent les analystes du luxe.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Pour un site web d’information, il devient de plus en plus difficile de rester indépendant, surtout lorsqu’on a une taille modeste. Un peu plus d’un an après sa création, ReCode a ainsi décidé de se vendre au groupe Vox Media, déjà propriétaire de The Verge et du site sportif SB Nation. L’opération devait être annoncée mercredi 27 mai, selon le New York Times.Lire : Vox Media, l'ambitieux des médias numériquesReCode avait été lancé par Walt Mossberg et Kara Swisher, après leur départ en septembre 2013 du Wall Street Journal, où ils avaient créé et animé pendant six ans AllThingsD, un site spécialisé sur les nouvelles technologies. Mais, malgré une influence reconnue dans le milieu de la High Tech, ReCode a eu du mal à trouver son public. Son audience ne dépasse pas 1,5 million de visiteurs réguliers par mois, selon la société d’études comScore. Un public insuffisant pour faire vivre les 44 salariés employés par le site.ReCode veut changer de dimensionEn se faisant racheter pour un montant qui n’a pas été divulgué, ReCode veut changer de dimension. Vox Media au travers de ses différents sites a totalisé en avril plus de 53 millions de visiteurs uniques. The Verge, en comptant à lui seul 12 millions.Le groupe, qui est valorisé 400 millions de dollars après une récente levée de fonds de 46,5 millions auprès de la firme de private equity General Atlantic, mise sur la complémentarité des deux sites pour faire progresser les audiences, tout en faisant des économies d’échelle en termes de publicité et de marketing. Le patron de Vox Media, Jim Bankoff, a commandé récemment une étude qui montre que seulement 3 % des deux sites se cannibalisent.Vox Media met ainsi la main sur la partie très lucrative de ReCode que constituent ses conférences, capables d’attirer les stars de la Silicon Valley, sur le modèle de celles qui avaient fait le succès de AllThingsD.Un Time des médias numériquesL’idée de M.Bankoff est de constituer à terme une sorte de Time des médias numériques. À l’automne 2013, Vox Media a racheté Curbed Network, qui édite notamment Curbed, un blog spécialisé sur l’immobilier et Racked, un site sur la mode et le shopping. En avril 2014, le groupe a également lancé Vox.com avec à sa tête Ezra Klein, le fondateur du Wonkblog, le blog économique du Washington Post.Les actionnaires de ReCode, notamment la firme d’investissement Windsor Media et NBCUniversal News Group, échangeront de leurs parts contre une petite portion du capital de Vox Media.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.05.2015 à 15h30 • Mis à jour le27.05.2015 à 16h29 | Alexis Delcambre C’est un coup de tonnerre dans le ciel de la presse française. Le groupe de luxe LVMH, déjà propriétaire des Échos, est entré en négociations exclusives avec le groupe Amaury pour racheter Le Parisien, comme l’ont annoncé les deux groupes, mardi 26 mai, après plusieurs semaines de discussions secrètes.L’annonce de ces négociations a été faite aux personnels des deux titres, mardi – signe qu’elles sont déjà assez avancées. La transaction n’est toutefois pas achevée et doit notamment recevoir l’aval de l’Autorité de la concurrence.L’acquisition concerne le quotidien régional (229 638 exemplaires en 2014 et 8,5 millions de visiteurs uniques mensuels sur Internet), son édition nationale Aujourd’hui en France (148 220 exemplaires en 2014), la régie Amaury Médias (environ 150 millions d’euros de chiffre d’affaires avec Le Parisien/Aujourd’hui en France et L’Equipe), la filiale de distribution Proximy et l’imprimerie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dont la fermeture est programmée.Un rachat à 50 millions d’eurosPour cet ensemble, LVMH a proposé un prix « supérieur à 50 millions d’euros », selon Francis Morel, PDG des Échos. Même si le montant exact n’est pas encore connu, ce prix est a priori nettement inférieur aux 200 millions d’euros, révisés à 150 millions, qu’espérait en 2010 Marie-Odile Amaury, propriétaire du groupe, lors d’une précédente tentative de vente.« Le niveau probable de la transaction me semble malheureusement s’inscrire dans la spirale de destruction de valeur... Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Plus d’un mois après la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions continue de susciter des remous. Des questions ont été soulevées sur les conditions de cette désignation, par des candidats malheureux notamment, dans des articles du Monde, de M, le magazine du Monde, ainsi que de Mediapart ou de TéléObs.Au Parlement, l’opposition s’est emparée du sujet, suivant la ligne fixée par Nicolas Sarkozy, qui entend démontrer que la majorité actuelle a eu tort de mettre fin à la nomination par le président de la République, qu’il avait instaurée. Mardi 19 mai, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, a demandé la création d’une commission d’enquête. La conférence des présidents l’a refusée, mais le président (PS) de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche, a proposé d’auditionner Olivier Schrameck, mardi 26 mai.« On fait une audition parce qu’il n’y a pas, de mon point de vue et avant l’audition d’Olivier Schrameck, d’éléments constitutifs d’une commission d’enquête parlementaire. C’est-à-dire une irrégularité ou une illégalité caractérisée traduisant un dysfonctionnement majeur », a expliqué M. Bloche.Le président du CSA a donc été interrogé par les députés et a défendu vigoureusement la « régularité » et l'« impartialité » du processus de nomination. Les débats ont porté sur plusieurs points.Le secret de la procédure. M. Schrameck a souvent rappelé que les membres du collège étaient tenus par le secret des délibérations sur les détails du vote. De plus, le CSA a adopté pour France Télévisions une procédure permettant de garantir, autant que possible, la confidentialité des candidatures, afin d’attirer des dirigeants en poste dans le privé. Cette procédure a été contestée pour son opacité.Sur le contenu des auditions, également secret, le président du CSA a invoqué une jurisprudence issue d’une décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 2000. Mais certains juristes, cités par Mediapart, estiment qu’il en a une interprétation extensive.Les règles du vote. Pour établir une liste restreinte de candidats à auditionner, les huit membres du collège du CSA ont voté à bulletin secret sur chacun des trente-trois postulants initiaux. Seuls ceux qui ont obtenu au moins cinq voix ont été retenus, ce qui a entraîné l’élimination de candidats sérieux comme Marie-Christine Saragosse (France Médias Monde), Emmanuel Hoog (AFP), ou Didier Quillot (ex-Lagardère active et Orange).Certains membres du collège ont depuis assuré aux journalistes que cette méthode de vote avait été imposée par M. Schrameck au dernier moment, alors que dans le cas de la présidence de Radio France, un an plus tôt, la liste restreinte avait été établie de façon consensuelle.Le président du CSA dément tout changement de procédure de dernière minute. Et estime que le système adopté pour France Télévisions n’a rien changé en substance par rapport à celui retenu pour Radio France.Enfin, l’article de M évoque une intervention de M. Schrameck auprès de l’une des membres du collège, Francine Mariani-Ducray, issue comme lui du Conseil d’Etat, afin qu’elle vote en faveur de Delphine Ernotte, pour sortir le CSA d’une situation de blocage (4 voix contre 4).« Je n'avais aucun parti pris sur les différents candidats », a fait valoir le président du CSA devant les députés, en soulignant n'avoir « fait pression sur aucun de [s]es collègues, ni directement ni indirectement ».Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsL’impartialité du collège. Les médias ont notamment pointé le rôle de Sylvie Pierre-Brossolette, l’une des membres du collège, qui aurait marqué une préférence précoce pour Delphine Ernotte. Elle aurait notamment intercédé auprès de l’homme d’affaires François Pinault pour qu’il rencontre la dirigeante d’Orange.Mme Pierre-Brossolette a admis un échange avec M. Pinault sur le sujet, mais a démenti avoir organisé quoi que ce soit. L’entourage de Delphine Ernotte, cité par l’AFP, a assuré : « Elle a rencontré François Pinault, comme elle a vu une cinquantaine de personnes entre janvier et avril (…) et ce n’est pas sur le conseil de Sylvie Pierre-Brossolette. »Egalement cité – tout comme les conseillers récemment nommés Nicolas Curien et Nathalie Sonnac, qui ont voté en faveur de Mme Ernotte après les auditions –, M. Schrameck s’est vigoureusement défendu de tout favoritisme, affirmant n’avoir jamais rencontré Delphine Ernotte avant le 6 mars. Il a précisé avoir rencontré beaucoup d’autres candidats et ne pas avoir eu de contacts avec elle depuis.Interrogé sur d’éventuels recours, Olivier Schrameck avait affirmé à Libération, avant son audition, n’avoir « aucune crainte » : « Je n’ai pas de raison de douter de notre collégialité, sauf preuve inverse et administrée par la voie judiciaire », Quelle base pour une plainte ?Un syndicat de France Télévisions, la SNPCA-CGC, a fait savoir, lundi 25 mai, qu’il voulait déposer une plainte au sujet de la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions. « Le CSA est une autorité indépendante qui a une personnalité morale et donc une responsabilité juridique », explique le représentant de ce syndicat minoritaire, Jean-Jacques Cordival, ancien salarié de l’entreprise.Déterminer le motif et l’angle d’une action juridique n’est toutefois pas évident. M. Cordival évoque l’obligation « d’impartialité » des membres du CSA, ainsi que le respect des « principes électoraux », qui supposent un traitement égalitaire des candidats. La nomination de Delphine Ernotte n’étant toutefois pas un scrutin électoral, ce raisonnement ne tiendrait en principe que par analogie.Une contestation pourrait avoir lieu auprès d’une juridiction administrative (éventuellement le Conseil d’Etat) garante de la légalité d’une procédure encadrée notamment par la loi d’indépendance de l’audiovisuel de novembre 2013. Une plainte au pénal n’est par ailleurs pas exclue mais il faudrait trouver une base de droit.« En tout cas, il est hors de question d’en rester là », insiste M. Cordival, qui rappelle être à l’origine du volet « France Télévisions » de l’affaire Bygmalion, qui a notamment entraîné la mise en examen de l’ancien président Patrick de Carolis pour favoritisme.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Johannès L’officier de sécurité a jeté un œil dans le rétro. La petite Fiat noire était toujours là. Elle les suivait depuis déjà un moment, et le type au volant prenait des photos. Il était très tôt, ce matin frais du 15 octobre 2014, à Paris, il faisait à peu près noir, ça ne devait pas donner grand-chose. Boulevard de l’Hôpital, le policier a dit à son collègue de relever le numéro et s’est brusquement rangé sur le côté. La Fiat est passée, ils l’ont doublée, elle n’a pas insisté. Les deux agents ont rendu compte : ils sont chargés de la sécurité de deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui reçoivent leur lot régulier de menaces de mort, et que le ministère de l’intérieur a placé sous protection. L’homme à l’appareil photo a été identifié. Il s’appelle Sébastien Valente. C’est le photographe qu’a choisi Nicolas Sarkozy pour sa campagne présidentielle.Lire : Sarkozy s'offre un paparazziLes ennuis ont commencé pour les deux journalistes le 8 mars 2014 exactement, lorsqu’ils ont révélé que l’ancien chef de l’Etat et son avocat avaient été placés sur écoute dans l’enquête sur un financement libyen. Le Journal du dimanche publie huit jours plus tard un fac-similé de l’agenda privé de François Hollande, qui fait état d’un rendez-vous avec les deux enquêteurs le 7 mars au soir – preuve supposée qu’ils s’informent directement auprès du pouvoir. Outre qu’il n’est pas d’usage de dévoiler les rendez-vous des confrères, la coïncidence tombe à plat : Le Monde du 8 mars est paru, comme toujours, la veille, et était déjà en kiosque au moment de l’entretien, consacré au livre que les journalistes entendent publier sur le quinquennat.La rumeur court bientôt que ce seraient les deux journalistes eux-mêmes qui auraient prévenu Nicolas Sarkozy des écoutes, par le biais de son avocat – sans qu’on saisisse bien le pourquoi de cette fantaisie. Les retombées, en revanche, sont concrètes : Gérard Davet et Fabrice Lhomme reçoivent des menaces de mort, de petits cercueils avec les noms et dates de naissance de leurs femmes et de leurs enfants, ou des balles envoyées par la poste. Au point qu’en septembre 2014, le ministère de l’intérieur les place entre les mains du service de la protection (SDLP). Les journalistes doivent tant bien que mal se faire déposer dans des endroits discrets pour ne pas « griller » leurs sources.François Hollande en maillot de bainLa pression monte d’un cran le 14 octobre 2014, avec le tweet d’Yves de Kerdrel, le directeur de Valeurs actuelles : Dans le prochain numéro de @Valeurs revoilà le cabinet noir contre #Sarkozy avec ses deux valets : les pseudo journalistes Davet et Lhomme.— ydekerdrel (@Yves de Kerdrel ن)require(["twitter/widgets"]);Le propos résume assez bien la pensée de proches de Nicolas Sarkozy et vaut au vicomte de Kerdrel d’être renvoyé devant le tribunal pour « injure publique ». Le 15 octobre, de bonne heure, Fabrice Lhomme vient au journal à pied, Gérard Davet est pris en charge dans la voiture des officiers de sécurité : les deux hommes ont rendez-vous « avec une très bonne source » sur les affaires Sarkozy. C’est ce jour-là que Sébastien Valente le suivait avec sa Fiat noire.Il ne s’en cache d’ailleurs pas. « J’ai essayé de faire une photo de M. Davet, a expliqué le photographe aux policiers, le but était de faire une photo avec ses officiers de sécurité. Je pensais que cette photo allait intéresser des magazines. C’est mon métier de faire des photos d’actualité (...) Mes tentatives de faire des photos de MM. Davet et Lhomme [se] sont arrêtées là. » Il n’est pas certain qu’une photo des journalistes avec les policiers se serait vendue bien cher. Une photo de leur source, si.Sébastien Valente, 34 ans, joue d’ordinaire dans une autre cour. La photo volée de François Hollande et de Julie Gayet à l’Elysée aurait transité, selon Le Canard enchaîné, par l’agence E-presse, dirigée par sa compagne ; il dément aussi avoir photographié François Hollande en maillot de bain et pas à son avantage. C’est, enfin, un proche de Carla Bruni, et le photographe officiel de Nicolas Sarkozy pour sa campagne de 2017 ; il avait joliment photographié le couple au cap Nègre en 2013.« Pseudo-affaires »Le 16 octobre, donc, Valeurs actuelles publie un article non signé qui donne les rendez-vous des deux journalistes à l’Elysée, à la chancellerie et au pôle national financier, « lieu en théorie impénétrable », assure l’hebdomadaire, alors que le parquet a même un correspondant détaché pour répondre à la presse. Une chose est sûre, « les révélations sur des pseudo-affaires » de la droite « ne peuvent avoir été conduites qu’avec l’aide de juges qui, cherchant à nuire au retour de Nicolas Sarkozy, sont prêts à violer impunément la loi », assure le magazine. Les rédactions de quatorze médias condamnent les méthodes « indignes » du journal.Le photographe opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond-ilSébastien Valente opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond le photographe. Yves de Kerdrel dit lui aussi ne pas le connaître, et assure devant la police n’avoir « eu recours à aucun moyen délictueux, filature, photographie pour obtenir ces informations » – l’hebdomadaire était d’ailleurs déjà imprimé quand le photographe a pris Gérard Davet en filature.Pour qui travaillait Valente ? Il n’est pas le seul à surveiller les journalistes. De retour de Montpellier, Fabrice Lhomme a été pris en chasse le 26 janvier sur le périphérique par quatre hommes et sauvé ce jour-là par le SDLP. En octobre 2014, un agent d’un centre d’impôt a été surpris à consulter les dossiers fiscaux des deux journalistes, une expertise a démontré qu’il était aussi l’auteur de certaines des menaces. Reste à savoir pour le compte de qui. Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont porté plainte le 21 octobre 2014, au lendemain de la parution de Valeurs actuelles, pour « atteinte à l’intimité de la vie privée et violation des correspondances ». Le parquet, qui bute sur les dénégations du photographe et du patron du magazine, a classé l’affaire, faute d’user de méthodes plus intrusives. Savoir qui employait Sébastien Valente conduirait nécessairement à violer le secret des sources du photographe…Franck JohannèsFranck JohannèsSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 17h38 • Mis à jour le21.05.2015 à 18h42 | Eric Albert (Londres, correspondance) Après le spectaculaire procès du News of the World l’an dernier, le Daily Mirror a été condamné, jeudi 21 mai, pour avoir pratiqué pendant plus d’une décennie des écoutes téléphoniques à grande échelle. Le tabloïd britannique va devoir verser des compensations record de 1,2 million de livres (1,7 million d’euros) à huit victimes, principalement des stars du show-business. Mais près d’une centaine d’autres sont désormais sur les rangs et demandent compensation.Le jugement vient confirmer officiellement ce que beaucoup soupçonnaient depuis des années : les écoutes téléphoniques ont été pratiquées par tous les tabloïds de façon systématique. L’excuse, qui consistait initialement à faire passer pour un canard boîteux le News of the World, le journal dominical du groupe de Rupert Murdoch, ne tient plus.Le procès, qui a duré trois semaines, a mis à jour les écoutes téléphoniques réalisées entre 1999 et 2010 par le Daily Mirror, le Sunday Mirror (l’édition dominicale du premier) et The Sunday People, un hebdomadaire du même groupe.L’accusation reposait très largement sur le témoignage de Dan Evans, qui avait été le principal responsable des écoutes en 2003 et 2004. Parfaitement conscient de l’illégalité de la pratique, le journaliste a raconté comment il détruisait les cassettes des enregistrements et jetait régulièrement dans la Tamise les téléphones qu’il utilisait pour réaliser son espionnage.Sa technique consistait à écouter les messages laissés sur les répondeurs des portables. A l’époque – avant l’arrivée des smartphones –, il était assez facile d’y accéder à distance, à condition d’en avoir le code d’accès.Mais une grande majorité des utilisateurs ne changeait jamais ce numéro, qui restait souvent sur le mode par défaut de l’usine : 0000 ou 9999 par exemple.« A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne »Les conséquences de cette intrusion dans la vie privée étaient brutales. Parmi les huit plaignants, certains ont été espionnés pendant sept ans. Ils retrouvaient des articles sur leur vie intime et soupçonnaient leurs proches de les avoir trahis.Steve McFadden, un acteur d’une série télévisée, a expliqué à la barre avoir renoncé à demander en mariage sa petite amie de l’époque, parce qu’il la soupçonnait d’être la source d’informations du Daily Mirror.L’actrice Sadie Frost est allée jusqu’à faire signer à sa propre mère un document juridique lui faisant promettre de ne jamais dévoiler d’informations à la presse. « Quand j’ai appris que j’étais sur écoutes, je me suis sentie soulagée, a-t-elle témoigné, jeudi. J’ai su que je n’étais pas devenue folle. A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne. »Contrairement au News of the World, il ne s’agissait pas d’un procès pénal, mais civil. La décision de justice va cependant faire date car les condamnations sont beaucoup plus élevées que toute la jurisprudence actuelle.Jusqu’à présent, la compensation la plus élevée jamais accordée pour violation de la vie privée était de 60 000 livres (85 000 euros). Cette fois-ci, Mme Frost va recevoir quatre fois plus, en l’occurrence 260 000 livres (366 000 euros), et Paul Gascoigne, l’ancien footballeur, 188 000 livres (265 000 euros).Depuis que la procédure judiciaire contre le Daily Mirror a été ouverte, de nombreuses plaintes supplémentaires ont été déposées. Selon le Guardian, il y en aurait une centaine au total.Le Daily Mirror a indiqué qu’il envisage de faire appel, mais il a également décidé de plus que doubler l’argent qu’il met de côté pour les compensations, à un total de 28 millions de livres (39 millions d’euros).Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Après plusieurs mois d’incertitudes, les discussions autour de Radio Nova sont en passe d’aboutir. Jeudi 21 mai, Les Nouvelles Editions indépendantes (LNEI) – la holding de médias de Matthieu Pigasse – ont annoncé leur entrée en négociation exclusive avec les actionnaires de Radio Nova.La cible du propriétaire des Inrocks (et actionnaire à titre personnel du Monde, avec Pierre Bergé et Xavier Niel), le groupe Nova Press, est surtout connue pour son emblématique radio, marquée par la figure de Jean-François Bizot, mais est également présente dans l’édition musicale et la production, avec Nova Records.« L’opération envisagée vise à mettre en place une offre multimédia reposant sur les nombreuses complémentarités existantes (culturelles, éditoriales, commerciales, de support…) entre les groupes Nova Press et Les Inrockuptibles, dans le plein respect de l’intégrité et de l’identité des deux marques », explique le communiqué de LNEI.Un prix de 12 millions à 15 millions d’eurosLa perspective de bâtir un écosystème cohérent, musical et culturel, avec Les Inrockuptibles a probablement joué dans la décision des propriétaires de Nova, qui sont les héritiers de Jean-François Bizot, conseillés par la banque Degroof.Selon une source proche du dossier, le montant de la transaction se situerait « dans une fourchette entre 12 et 15 millions d'euros ». Nova compte 26 fréquences et réalise 12 millions d’euros de chiffre d’affaires environ.M. Pigasse avait dévoilé ses intentions dès le 30 janvier. Mais d’autres candidats, une trentaine d’autres, ont étudié le dossier. Ont notamment été cités Patrick Drahi et Marc Laufer (actionnaires de Libération), les groupes NRJ et NextRadioTV, Pascal Chevalier (Reworld Media), Didier Quillot (Lagardère Active) ou encore le groupe Vivendi.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Comme annoncé par le président Mathieu Gallet le 16 avril dernier, une réflexion a effectivement été engagée sur l’évolution des instances de direction de Radio France dont les conclusions seront présentées dans quelques semaines », a confirmé la direction de l’entreprise publique dans un message interne, mercredi 6 mai.Tout en déplorant « des informations parues dans la presse ce matin au sujet de changements présumés au sein du Comité exécutif de l’entreprise ».Comme l’a annoncé Le Figaro, Sibyle Veil, actuellement directrice du pilotage de la transformation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, est pressentie pour rejoindre Radio France. Toutefois, sa venue n’est pas confirmée officiellement. Se posent notamment, selon nos informations, des questions sur le périmètre de ses missions.Elle a été présentée comme une future « directrice générale » et une remplaçante de Catherine Sueur, l’actuelle directrice générale déléguée, réputée en froid avec M. Gallet. Mais son poste pourrait avoir une envergure un peu moindre. Mme Sueur était numéro deux de l’entreprise sous le président précédent, Jean-Luc Hees.Sibyle Veil est énarque, issue de la même promotion qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, Gaspard Gantzer, le conseiller communication de François Hollande, ou Boris Vallaud, le secrétaire général adjoint de l’Elysée, aussi mari de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a été conseillère santé, travail et logement à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Elle est mariée à Sébastien Veil, lui aussi ancien membre du cabinet du président de la République et petit-fils de la ministre Simone Veil. Elle ne connaît pas le secteur audiovisuel.Le ministère de la culture de Fleur Pellerin a été informé par Radio France de la possible venue de Mme Veil, mais nie avoir donné une forme d’aval.D’autres changements possiblesUn autre changement devrait intervenir prochainement : le départ de Jean-Pierre Rousseau, l’actuel directeur de la musique, recruté par Mathieu Gallet. Cette hypothèse avait été évoquée dès fin mars, lors du conflit social qui a débouché sur une grève inédite à Radio France. Jean-Paul Quennesson, délégué Sud de Radio France et corniste à l’Orchestre national, avait qualifié sa direction de « fiasco total ».Pendant le conflit, l’assemblée générale des grévistes avait aussi visé l’actuel directeur des ressources humaines, Christian Mettot, un des principaux interlocuteurs des syndicats.Après la crise qui a secoué son autorité, Mathieu Gallet a donc engagé une réflexion sur la gouvernance de Radio France. Avant la sortie de grève, la ministre, Fleur Pellerin, s’était davantage impliquée personnellement, « convoquant » le dirigeant nommé par le CSA et nommant plus tard un médiateur pour renouer le dialogue entre les syndicats et la direction. Après la crise, certains anticipaient que la réflexion évoquée par Mathieu Gallet puisse être l’occasion pour le gouvernement de peser sur la réorganisation de l’entreprise. Il semble plutôt que le président de Radio France étudie sa future direction de son côté, dans la lignée du comité exécutif élargi mis en place à son arrivée.Pendant ce temps, le médiateur Dominique-Jean Chertier poursuit actuellement la « seconde phase » de sa mission, menant des réunions avec les parties prenantes en vue de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, feuille de route de l’entreprise pour les cinq années à venir. Parmi les chantiers sensibles figurent notamment la réforme des modes de production et la négociation d’un plan de départs volontaires de 300 personnes environ.Toutefois, la mise en place de ces discussions reste délicate. De source syndicale, un calendrier a été proposé par le médiateur. S’il propose des ateliers sur France Bleu, la musique ou les modes de production, aucun espace de discussion n’est pour le moment prévu sur le plan stratégique de l’entreprise.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un chantier délicat qu’a ouvert la Commission européenne mercredi 6 mai : aller plus avant dans la constitution d’un vrai marché unique numérique. Tous les sujets sont sur la table, y compris les plus polémiques. Une réforme du droit d’auteur, le renforcement de la lutte contre le piratage, une réflexion sur la nécessité ou pas de « réguler » les plates-formes Internet (Amazon, Apple, Facebook ou Google)…L’enjeu est considérable pour le président Jean-Claude Juncker, qui en a fait une des priorités de son mandat. Il s’agit de créer l’environnement économique favorable à la multiplication des sociétés numériques. Tout en préservant les industries traditionnelles – la banque, l’automobile, etc. –, toutes menacées à plus ou moins long terme d’« ubérisation », c’est-à-dire de voir leur modèle économique mis à bas par de nouveaux acteurs du Net.Réformer le droit d’auteurLa réforme du droit d’auteur ? Un texte législatif devrait être présenté à l’automne 2015, a précisé Bruxelles mercredi. Le principe de la territorialité des droits (le fait qu’un auteur puisse commercialiser les droits d’exploitation de son œuvre pays par pays) y sera conservé. Au grand soulagement du monde français de la culture, qui a mené un intense lobbying ces derniers mois afin d’éviter une relecture trop « radicale » de la directive droits d’auteurs de 2001.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreBruxelles tient néanmoins à proposer davantage d’exemptions au droit d’auteur, notamment pour le secteur de la recherche.La Commission voudrait aussi rendre plus accessibles les contenus en ligne entre pays européens. En surmontant le « geoblocking » (le fait, dans un pays A, de ne pas avoir accès au catalogue de vidéo à la demande [VOD] ou aux matchs de foot diffusés par une TV du pays B) ; ou en permettant la « portabilité » des abonnements à des services audiovisuels afin qu’un abonné puisse avoir accès à son offre quand il est en déplacement.Le vice-président de la commission en charge du numérique, Andrus Ansip, a fait du geoblocking et de l’accessibilité ses chevaux de bataille.Encadrer les plate-formes internetAutre gros chantier, pour lequel il n’y a pas consensus, loin de là, à la Commission : la régulation des plates-formes. La France et l’Allemagne poussent pour une révision de la directive e-commerce de 2000, demandant que les groupes de l’Internet qui jouissent du statut d’hébergeur soient considérés comme des éditeurs, donc tenus davantage responsables des contenus qu’ils distribuent.L’Irlande ou les Pays-Bas, terres d’accueil de grands du Net américains, freinent des quatre fers. L’administration Obama a déjà fait savoir, elle aussi, que ce n’était pas une bonne idée…Il y a aussi tout l’enjeu de l’accès aux gigantesques masses de données personnelles détenues par ces plates-formes : à qui appartiennent-elles ? Qu’est-ce que ces acteurs en font ? Est-il possible de les porter d’une plate-forme à l’autre ? Etc.Pour l’instant, aucun projet de directive n’est sur la table, « mais la volonté politique d’avancer sur ces sujets est là », dit-on à la Commission. Une consultation publique et une série d’études seront lancées d’ici à fin 2015.Pour avoir un espoir d’avancer avec et non contre les multiples groupes d’intérêt qui se sont déjà manifestés, ou ne manqueront pas bientôt de le faire, sur tous ces sujets, Bruxelles va devoir réussir un sacré travail de synthèse…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 11h25 • Mis à jour le06.05.2015 à 14h23 | Alain Beuve-Méry Par sa vitalité, le cinéma en France demeure une exception en Europe. Présenté, mercredi 6 mai, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), le tour d’horizon de l’année écoulée affiche dans tous ses segments (taux de fréquentation des salles, nombre de films produits et distribués ou exportés…) un dynamisme certain. Tous les clignotants sont au vert ou presque. Ce bilan est traditionnellement présenté, juste avant l’ouverture du Festival de Cannes (du 13 au 24 mai), qui constitue la vitrine la plus luxueuse du septième art dans l’Hexagone.Ainsi, avec 209 millions d’entrées sur 911 millions en Europe – 213,6 millions si l’on inclut les entrées gratuites –, la France demeure de loin le premier marché européen en termes de fréquentation, devant l’Allemagne (122 millions), l’Italie (100 millions), l’Espagne (87 millions) ou l’Angleterre (57 millions).En 2014, 66,6 % des Français, soit 39 millions sont allés au moins une fois au cinéma, soit une augmentation de 4 %. Chaque spectateur est allé en moyenne 5,3 fois au cinéma. Ce qui fait en vingt ans, une progression d’un tiers de spectateurs.Le bataillon le plus important : les étudiantsParmi ces publics, les inactifs représentent 51,1 % du total et, parmi eux, les étudiants, 28,6 %. Par tranches d’âge, les 25-49 ans forment le bataillon le plus important (35,6 %) devant les 50 ans et plus (33,1 %). Mais, avec 80 % des moins de 25 ans qui sont allés au cinéma au moins une fois par an, le septième art demeure un loisir très répandu chez les jeunes. Les 20-24 ans sont notamment ceux qui demeurent les plus gros consommateurs, même si leur nombre est en recul.Le CNC observe une stabilité de la fréquentation à Paris, mais une forte progression des entrées au sein des plus petites agglomérations : + 14 % sur les villes de 20 000 à 100 000 habitants ; + 17 % sur les plus petites communes.Ces données sont à rapprocher de celles concernant le nombre de salles. De fait, la France dispose du parc cinématographique le plus important en Europe, avec 2 020 établissements et 5 653 écrans. Avec, en moyenne, 8,6 écrans pour 100 000 habitants, l’Hexagone est ainsi doté du parc de salles le plus dense. En dix ans, le nombre de fauteuils a augmenté de 5,4 %, celui des écrans de 7,3 %. Le nombre d’établissements est, lui, en recul de 2,6 %.Films français en tête de podium en 2014En 2014, un cinéma a réalisé 103 453 entrées en moyenne. Mais ce sont les plus grands qui se tirent la part du lion, avec une progression de 9,5 % et 472 038 entrées par cinéma. Au total, le parc français se décompose en 191 multiplexes, avec 1 555 écrans actifs, dont deux multiplexes ouverts en 2014. Paris jouit de 404 écrans répartis en 87 établissements.En termes de recettes, le retour à une TVA à 5,5 % sur les tickets de cinéma a eu un effet positif. Aux guichets, les exploitants ont gagné 1,33 milliard d’euros en 2014, soit une hausse de 6,5 %. Le CNC note une forte progression des entrées entre 4 euros et 5 euros, qui sont passées de 9 % à 16 %. C’est la traduction logique de la politique tarifaire mise en place en faveur des jeunes de moins de 14 ans, pour qui le prix de la place a été fixé à 4 euros. Il y a eu près de 21 millions d’entrées à ce tarif en 2014. Sur ces recettes de 1,3 milliard d’euros, 43 % sont allés aux exploitants, soit 570 millions d’euros et 40 % aux distributeurs (532 millions d’euros).Avec 91 millions d’entrées pour les films français, la part du marché domestique s’élève à 44 % en France, contre 28 % en Italie, 27 % en Allemagne, 25,5 % en Espagne et 15,5 % au Royaume-Uni. C’est le plus haut niveau depuis 1984. De fait, en 2014, les trois premières places du podium des films ayant réalisé le plus grand nombre d’entrées sont 100 % françaises. La première marche est occupée par Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, avec 12,34 millions d’entrées, devant Supercondriaque (5,27 millions) et Lucy (5,2 millions).Vitalité des films d’animationParmi les bonnes nouvelles figure aussi la vitalité des films d’animation avec vingt-neuf sorties en 2014 pour 23 millions d’entrées. Parmi les six films français, deux – Astérix et le domaine des dieux et Minuscule – ont dépassé un million d’entrées en 2014. Cent films documentaires sont sortis en salle en 2014 dont soixante-douze films français.Lire aussi :Comédies et documentaires, les films français les plus rentables en 2014En 2014, 7 035 films ont été exploités, un chiffre en constante augmentation. La progression est même de 20,5 % depuis 2005. Parmi ceux-ci, il y a eu 663 films inédits et 4 108 films art et essai. En termes d’exposition, les films français sont présents en moyenne dans 119 établissements, en première semaine d’exploitation, un chiffre en recul par rapport à il y a dix ans. Les films américains sont en revanche présents en moyenne dans 258 établissements, un chiffre en augmentation.Il y a eu aussi six films distribués dans 800 établissements ou plus en 2014, dès la première semaine (contre trois en 2013), ce qui démontre la puissance de tir mise au service de certains blockbusters.Lire aussi :Les bons chiffres du cinéma français à l’exportAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martine Delahaye Pas encore patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, alors à la tête d’Orange France, ne mâchait pas ses mots, en janvier 2013, sur le site Lesnouvellesnews.fr.Répondant à David Abiker au sujet de l’égalité professionnelle femmes-hommes, elle disait notamment : « En gros, en caricaturant, quand vous proposez un poste à un homme, c’est tout juste assez bon pour lui ; quand vous le proposez à une femme, elle vous demande tout de suite : “Mais pensez-vous que je vais être capable de le tenir ?” Il faut que ça change. » Avant d’ajouter : « La question n’est pas de savoir si les hommes et les femmes, c’est différent. Tout ça, c’est un faux débat. Ce qu’il faut, c’est savoir si on respecte le principe d’égalité en droit : y a-t-il égalité des salaires dans l’entreprise. Et y a-t-il égalité des promotions ? C’est ça, la question. » Si le projet de Dephine Ernotte-Cunci, élue PDG de France Télévisions jeudi 23 avril, prévoit « une direction resserrée et paritaire », on peut supposer qu’elle voudra aussi mettre à mal les chiffres dont font état deux rapports officiels récents du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du Centre national de la cinématographie quant à « la place des femmes dans l’audiovisuel public ».Des chiffres et constats jugés « atterrants » par les professionnelles de la télévision invitées à la table ronde organisée sur ce sujet par le festival Séries Mania, lundi 20 avril. Alors que « les femmes représentent 52 % de la population (Insee), 56 % de l’audience TV, 50 % des usagers d’Internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur (Insee) »,comme l’a rappelé le CSA, « il est logique que la sous-représentation des femmes dans les instances audiovisuelles ne soit quasiment jamais évoquée et étonne : on n’y trouve quasiment pas de femmes ! », commentait la scénariste Sophie Deschamps, présidente du conseil d’administration de la Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD).En faveur des quotasEt de détailler : seulement 16 % de réalisatrices en télévision (7 % dans le domaine des séries) ; un tiers de femmes cadres dans les sociétés de production, un quart de femmes parmi les dirigeants de sociétés audiovisuelles. « En dessous du seuil de 30 %, c’est ce que l’on nomme “l’invisibilité”, ajoutait Sophie Deschamps, on fait partie des minorités invisibles… » Sans oublier que le peu de réalisatrices qui travaillent gagnent un tiers de moins que les hommes, seules les scriptes, actrices et cascadeuses sont en moyenne mieux rémunérées que les hommes.Certes, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes votée le 4 août 2014 devrait permettre à terme de changer la donne. Mais en attendant, non sans manifester quelques réserves, l’ensemble des femmes réunies lors de cette table ronde professionnelle se sont prononcées en faveur de l’application temporaire de quotas afin que davantage de femmes puissent mener un projet audiovisuel. Ce qui existe déjà en Suède. « Après ces cinquante dernières années d’injustice, on n’a pas le choix, il faut en passer par là, répondait Sophie Deschamps à une question sur la perversité des quotas. Il faut faire monter les femmes, sinon on voit bien qu’elles n’ont quasiment aucune chance de faire carrière ! »Constatant, par ailleurs, que lorsque les concours publics ont lieu à l’aveugle – derrière un paravent pour les musicien(ne)s classiques, par exemple –, les femmes sont beaucoup plus souvent recrutées, l’ensemble des participantes à cette table ronde parvenaient à la même conclusion : hormis à Arte, dirigée par Véronique Cayla et qui compte 67 % de femmes, peu ou pas de femmes sont présentes dans les instances de décision, de même à la tête de téléfilms ou de séries, ce qui les empêche de se former, d’acquérir une compétence et donc d’être ensuite appelées à exercer leur métier…Sans décision de parité temporaire et raisonnée, pas de vrais changements à attendre.Martine DelahayeJournaliste au Monde Alain Constant En six ans, le directeur de la rédaction d’Euronews a su dynamiser les programmes de la chaîne d’information en continu.Même au sein d’une chaîne internationale d’information en continu où l’on a l’habitude des coups de chaud, cette journée du 18 mars se révèle plus agitée que d’habitude. Entre l’attentat du Musée du Bardo, à Tunis, le discours de Vladimir Poutine à l’occasion du premier anniversaire du « retour » de la Crimée au sein de la « mère-patrie », l’analyse des élections israéliennes, la rencontre entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker,­ et le premier ministre français, Manuel Valls, à Bruxelles et l’attente imminente d’un entretien exclusif à Kiev avec le président Petro Porochenko, la régie d’Euronews est en ébullition.Debout, chemise blanche et regard pétillant, un homme s’adresse alternativement en anglais et en français à ses troupes. Le Roumain Lucian Sârb donne ses directives, apaise certaines angoisses, encourage les initiatives. Dans la tempête de l’actualité chaude, le capitaine semble tenir la barre. Quelques minutes plus tard, dans le calme de son petit bureau, celui qui dirige depuis six ans cette grande rédaction cosmopolite de plusieurs centaines de journalistes représentant vingt-­cinq nationalités a encore les yeux qui brillent. « Oui, c’est une journée spéciale, un peu plus tendue que d’habitude. Mais ça peut être pire », lance-t-­il en français et en roulant les « r ».« Tout est allé très vite »Né en 1967 à Cluj, au cœur de la Transylvanie, l’homme fait partie de la jeune génération qui a « détruit Ceausescu », selon ses propres termes. « Ma région natale est ouverte, on y a toujours entendu parler allemand, hongrois, roumain. J’ai commencé des études d’ingénieur à Cluj. Mais ma passion, c’était la lecture. » L’obtention de son diplôme coïncide avec la chute du régime de Ceausescu. Il quitte sa ville pour Bucarest, se fait un plaisir de refuser toute proposition concernant un poste d’ingénieur et se lance, avec passion, dans des études de journalisme, de communication et de relations internationales. A 27 ans, il décroche son premier vrai job à la télévision publique roumaine.Après quelques mois, le voilà correspondant de politique internationale. « J’étais toujours entre deux avions, le monde était mon jardin. J’en ai profité pour effectuer des stages aux Etats­-Unis, en Italie, au sein de structures spécialisées dans les relations internationales. » Son carnet d’adresses s’enrichit. Et la suite de sa carrière s’accélère. A 33 ans, il devient le plus jeune chef des infos de la télévision publique. « Tout est allé très vite. Mais c’est le genre de parcours possible en Europe de l’Est : il y a du sang frais, une jeunesse très bien formée et éduquée, curieuse, avide de découvrir le monde, aspirant à un mode de vie plus ouvert. »Lucian Sârb connaissait le journalisme, il découvre le management. Ses qualités ne passent pas inaperçues. Lorsqu’un groupe de médias privés, déjà propriétaire d’une chaîne d’info en continu en Roumanie, décide de lancer, en 2006, The Money Channel, première chaîne d’info économique en Europe de l’Est, c’est lui qui est choisi pour la diriger. Elle est diffusée vingt-quatre heures sur vingt-quatre en roumain avec des sous­-titres anglais. C’est un succès. « A cette époque, l’économie explosait en Europe de l’Est. Ce fut une expérience très originale. Et lorsque mes copains de CNBC Londres sont venus me voir à Bucarest, ils n’en croyaient pas leurs yeux, épatés par la qualité de la chaîne. J’y avais recruté des pointures de la presse écrite qui n’avaient jamais fait de télé. Ils sont devenus excellents. » « La plus ouverte au monde »Que l’homme ouvert sur le monde quitte un jour les médias roumains pour une structure plus internationale n’étonne guère. Mais Lucian Sârb ne s’attendait pas à être approché par un chasseur de têtes installé à Paris, qui lui demande s’il est intéressé par Euronews. « Se mesurer à CNN et compagnie, cela ne se refuse pas. » Il débarque, en 2009, à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, siège de la chaîne créée en 1993. « A mon arrivée, il n’y avait qu’environ 10 % de sujets spécifiques à Euronews. Le reste était constitué d’images d’agences internationales. Aujourd’hui, 75 % de nos programmes sont labellisés Euronews, et de plus en plus de chaînes internationales utilisent nos sujets alors que, auparavant, c’était en sens inverse ! Pourquoi ? Parce que la façon dont on traite les sujets est valable pour tous les pays. »Créations de magazines, personnalisation un peu plus poussée de l’antenne, changements de rythmes et de formats, ouvertures de bureaux à Athènes et à Budapest, renforcement massif du bureau de Bruxelles passé en cinq ans d’un à quinze journalistes, ajout de cinq langues (turc, ukrainien, persan, grec, hongrois) aux huit déjà existantes, Lucian Sârb a multiplié les chantiers. « Il a révolutionné le fonctionnement d’une rédaction qui somnolait un peu. Nous sommes passés d’un robinet à info à une chaîne plus vivante et innovante », estime l’un de ses adjoints.« Notre force, c’est de toujours proposer notre propre perspective. Dans cette maison, on ne peut avoir une obsession éditoriale unique, le monde entier nous intéresse. La richesse de notre rédaction doit se voir à l’antenne, car c’est probablement la newsroom la plus ouverte intellectuellement au monde. Nous parions sur les faits, pas sur les commentaires. Chez nous, il n’y pas de “bla-bla” », estime le « boss », dans un anglais impeccable. La suite ? Il sourit, se voit bien continuer l’aventure dans les futurs locaux des bords de Saône, où la rédaction emménagera dans quelques mois.Les dates1967 : Naissance à Cluj, en Roumanie.1994 : Entre à la télévision publique roumaine (TVR).2001 : Nommé chef des informations à la TVR.2006 : Dirige The Money Channel, à Bucarest.Mai 2009 : Directeur de la rédaction d’Euronews.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Comme annoncé par le président Mathieu Gallet le 16 avril dernier, une réflexion a effectivement été engagée sur l’évolution des instances de direction de Radio France dont les conclusions seront présentées dans quelques semaines », a confirmé la direction de l’entreprise publique dans un message interne, mercredi 6 mai.Tout en déplorant « des informations parues dans la presse ce matin au sujet de changements présumés au sein du Comité exécutif de l’entreprise ».Comme l’a annoncé Le Figaro, Sibyle Veil, actuellement directrice du pilotage de la transformation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, est pressentie pour rejoindre Radio France. Toutefois, sa venue n’est pas confirmée officiellement. Se posent notamment, selon nos informations, des questions sur le périmètre de ses missions.Elle a été présentée comme une future « directrice générale » et une remplaçante de Catherine Sueur, l’actuelle directrice générale déléguée, réputée en froid avec M. Gallet. Mais son poste pourrait avoir une envergure un peu moindre. Mme Sueur était numéro deux de l’entreprise sous le président précédent, Jean-Luc Hees.Sibyle Veil est énarque, issue de la même promotion qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, Gaspard Gantzer, le conseiller communication de François Hollande, ou Boris Vallaud, le secrétaire général adjoint de l’Elysée, aussi mari de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a été conseillère santé, travail et logement à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Elle est mariée à Sébastien Veil, lui aussi ancien membre du cabinet du président de la République et petit-fils de la ministre Simone Veil. Elle ne connaît pas le secteur audiovisuel.Le ministère de la culture de Fleur Pellerin a été informé par Radio France de la possible venue de Mme Veil, mais nie avoir donné une forme d’aval.D’autres changements possiblesUn autre changement devrait intervenir prochainement : le départ de Jean-Pierre Rousseau, l’actuel directeur de la musique, recruté par Mathieu Gallet. Cette hypothèse avait été évoquée dès fin mars, lors du conflit social qui a débouché sur une grève inédite à Radio France. Jean-Paul Quennesson, délégué Sud de Radio France et corniste à l’Orchestre national, avait qualifié sa direction de « fiasco total ».Pendant le conflit, l’assemblée générale des grévistes avait aussi visé l’actuel directeur des ressources humaines, Christian Mettot, un des principaux interlocuteurs des syndicats.Après la crise qui a secoué son autorité, Mathieu Gallet a donc engagé une réflexion sur la gouvernance de Radio France. Avant la sortie de grève, la ministre, Fleur Pellerin, s’était davantage impliquée personnellement, « convoquant » le dirigeant nommé par le CSA et nommant plus tard un médiateur pour renouer le dialogue entre les syndicats et la direction. Après la crise, certains anticipaient que la réflexion évoquée par Mathieu Gallet puisse être l’occasion pour le gouvernement de peser sur la réorganisation de l’entreprise. Il semble plutôt que le président de Radio France étudie sa future direction de son côté, dans la lignée du comité exécutif élargi mis en place à son arrivée.Pendant ce temps, le médiateur Dominique-Jean Chertier poursuit actuellement la « seconde phase » de sa mission, menant des réunions avec les parties prenantes en vue de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, feuille de route de l’entreprise pour les cinq années à venir. Parmi les chantiers sensibles figurent notamment la réforme des modes de production et la négociation d’un plan de départs volontaires de 300 personnes environ.Toutefois, la mise en place de ces discussions reste délicate. De source syndicale, un calendrier a été proposé par le médiateur. S’il propose des ateliers sur France Bleu, la musique ou les modes de production, aucun espace de discussion n’est pour le moment prévu sur le plan stratégique de l’entreprise.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un chantier délicat qu’a ouvert la Commission européenne mercredi 6 mai : aller plus avant dans la constitution d’un vrai marché unique numérique. Tous les sujets sont sur la table, y compris les plus polémiques. Une réforme du droit d’auteur, le renforcement de la lutte contre le piratage, une réflexion sur la nécessité ou pas de « réguler » les plates-formes Internet (Amazon, Apple, Facebook ou Google)…L’enjeu est considérable pour le président Jean-Claude Juncker, qui en a fait une des priorités de son mandat. Il s’agit de créer l’environnement économique favorable à la multiplication des sociétés numériques. Tout en préservant les industries traditionnelles – la banque, l’automobile, etc. –, toutes menacées à plus ou moins long terme d’« ubérisation », c’est-à-dire de voir leur modèle économique mis à bas par de nouveaux acteurs du Net.Réformer le droit d’auteurLa réforme du droit d’auteur ? Un texte législatif devrait être présenté à l’automne 2015, a précisé Bruxelles mercredi. Le principe de la territorialité des droits (le fait qu’un auteur puisse commercialiser les droits d’exploitation de son œuvre pays par pays) y sera conservé. Au grand soulagement du monde français de la culture, qui a mené un intense lobbying ces derniers mois afin d’éviter une relecture trop « radicale » de la directive droits d’auteurs de 2001.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreBruxelles tient néanmoins à proposer davantage d’exemptions au droit d’auteur, notamment pour le secteur de la recherche.La Commission voudrait aussi rendre plus accessibles les contenus en ligne entre pays européens. En surmontant le « geoblocking » (le fait, dans un pays A, de ne pas avoir accès au catalogue de vidéo à la demande [VOD] ou aux matchs de foot diffusés par une TV du pays B) ; ou en permettant la « portabilité » des abonnements à des services audiovisuels afin qu’un abonné puisse avoir accès à son offre quand il est en déplacement.Le vice-président de la commission en charge du numérique, Andrus Ansip, a fait du geoblocking et de l’accessibilité ses chevaux de bataille.Encadrer les plate-formes internetAutre gros chantier, pour lequel il n’y a pas consensus, loin de là, à la Commission : la régulation des plates-formes. La France et l’Allemagne poussent pour une révision de la directive e-commerce de 2000, demandant que les groupes de l’Internet qui jouissent du statut d’hébergeur soient considérés comme des éditeurs, donc tenus davantage responsables des contenus qu’ils distribuent.L’Irlande ou les Pays-Bas, terres d’accueil de grands du Net américains, freinent des quatre fers. L’administration Obama a déjà fait savoir, elle aussi, que ce n’était pas une bonne idée…Il y a aussi tout l’enjeu de l’accès aux gigantesques masses de données personnelles détenues par ces plates-formes : à qui appartiennent-elles ? Qu’est-ce que ces acteurs en font ? Est-il possible de les porter d’une plate-forme à l’autre ? Etc.Pour l’instant, aucun projet de directive n’est sur la table, « mais la volonté politique d’avancer sur ces sujets est là », dit-on à la Commission. Une consultation publique et une série d’études seront lancées d’ici à fin 2015.Pour avoir un espoir d’avancer avec et non contre les multiples groupes d’intérêt qui se sont déjà manifestés, ou ne manqueront pas bientôt de le faire, sur tous ces sujets, Bruxelles va devoir réussir un sacré travail de synthèse…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 11h25 • Mis à jour le06.05.2015 à 14h23 | Alain Beuve-Méry Par sa vitalité, le cinéma en France demeure une exception en Europe. Présenté, mercredi 6 mai, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), le tour d’horizon de l’année écoulée affiche dans tous ses segments (taux de fréquentation des salles, nombre de films produits et distribués ou exportés…) un dynamisme certain. Tous les clignotants sont au vert ou presque. Ce bilan est traditionnellement présenté, juste avant l’ouverture du Festival de Cannes (du 13 au 24 mai), qui constitue la vitrine la plus luxueuse du septième art dans l’Hexagone.Ainsi, avec 209 millions d’entrées sur 911 millions en Europe – 213,6 millions si l’on inclut les entrées gratuites –, la France demeure de loin le premier marché européen en termes de fréquentation, devant l’Allemagne (122 millions), l’Italie (100 millions), l’Espagne (87 millions) ou l’Angleterre (57 millions).En 2014, 66,6 % des Français, soit 39 millions sont allés au moins une fois au cinéma, soit une augmentation de 4 %. Chaque spectateur est allé en moyenne 5,3 fois au cinéma. Ce qui fait en vingt ans, une progression d’un tiers de spectateurs.Le bataillon le plus important : les étudiantsParmi ces publics, les inactifs représentent 51,1 % du total et, parmi eux, les étudiants, 28,6 %. Par tranches d’âge, les 25-49 ans forment le bataillon le plus important (35,6 %) devant les 50 ans et plus (33,1 %). Mais, avec 80 % des moins de 25 ans qui sont allés au cinéma au moins une fois par an, le septième art demeure un loisir très répandu chez les jeunes. Les 20-24 ans sont notamment ceux qui demeurent les plus gros consommateurs, même si leur nombre est en recul.Le CNC observe une stabilité de la fréquentation à Paris, mais une forte progression des entrées au sein des plus petites agglomérations : + 14 % sur les villes de 20 000 à 100 000 habitants ; + 17 % sur les plus petites communes.Ces données sont à rapprocher de celles concernant le nombre de salles. De fait, la France dispose du parc cinématographique le plus important en Europe, avec 2 020 établissements et 5 653 écrans. Avec, en moyenne, 8,6 écrans pour 100 000 habitants, l’Hexagone est ainsi doté du parc de salles le plus dense. En dix ans, le nombre de fauteuils a augmenté de 5,4 %, celui des écrans de 7,3 %. Le nombre d’établissements est, lui, en recul de 2,6 %.Films français en tête de podium en 2014En 2014, un cinéma a réalisé 103 453 entrées en moyenne. Mais ce sont les plus grands qui se tirent la part du lion, avec une progression de 9,5 % et 472 038 entrées par cinéma. Au total, le parc français se décompose en 191 multiplexes, avec 1 555 écrans actifs, dont deux multiplexes ouverts en 2014. Paris jouit de 404 écrans répartis en 87 établissements.En termes de recettes, le retour à une TVA à 5,5 % sur les tickets de cinéma a eu un effet positif. Aux guichets, les exploitants ont gagné 1,33 milliard d’euros en 2014, soit une hausse de 6,5 %. Le CNC note une forte progression des entrées entre 4 euros et 5 euros, qui sont passées de 9 % à 16 %. C’est la traduction logique de la politique tarifaire mise en place en faveur des jeunes de moins de 14 ans, pour qui le prix de la place a été fixé à 4 euros. Il y a eu près de 21 millions d’entrées à ce tarif en 2014. Sur ces recettes de 1,3 milliard d’euros, 43 % sont allés aux exploitants, soit 570 millions d’euros et 40 % aux distributeurs (532 millions d’euros).Avec 91 millions d’entrées pour les films français, la part du marché domestique s’élève à 44 % en France, contre 28 % en Italie, 27 % en Allemagne, 25,5 % en Espagne et 15,5 % au Royaume-Uni. C’est le plus haut niveau depuis 1984. De fait, en 2014, les trois premières places du podium des films ayant réalisé le plus grand nombre d’entrées sont 100 % françaises. La première marche est occupée par Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, avec 12,34 millions d’entrées, devant Supercondriaque (5,27 millions) et Lucy (5,2 millions).Vitalité des films d’animationParmi les bonnes nouvelles figure aussi la vitalité des films d’animation avec vingt-neuf sorties en 2014 pour 23 millions d’entrées. Parmi les six films français, deux – Astérix et le domaine des dieux et Minuscule – ont dépassé un million d’entrées en 2014. Cent films documentaires sont sortis en salle en 2014 dont soixante-douze films français.Lire aussi :Comédies et documentaires, les films français les plus rentables en 2014En 2014, 7 035 films ont été exploités, un chiffre en constante augmentation. La progression est même de 20,5 % depuis 2005. Parmi ceux-ci, il y a eu 663 films inédits et 4 108 films art et essai. En termes d’exposition, les films français sont présents en moyenne dans 119 établissements, en première semaine d’exploitation, un chiffre en recul par rapport à il y a dix ans. Les films américains sont en revanche présents en moyenne dans 258 établissements, un chiffre en augmentation.Il y a eu aussi six films distribués dans 800 établissements ou plus en 2014, dès la première semaine (contre trois en 2013), ce qui démontre la puissance de tir mise au service de certains blockbusters.Lire aussi :Les bons chiffres du cinéma français à l’exportAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martine Delahaye Pas encore patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, alors à la tête d’Orange France, ne mâchait pas ses mots, en janvier 2013, sur le site Lesnouvellesnews.fr.Répondant à David Abiker au sujet de l’égalité professionnelle femmes-hommes, elle disait notamment : « En gros, en caricaturant, quand vous proposez un poste à un homme, c’est tout juste assez bon pour lui ; quand vous le proposez à une femme, elle vous demande tout de suite : “Mais pensez-vous que je vais être capable de le tenir ?” Il faut que ça change. » Avant d’ajouter : « La question n’est pas de savoir si les hommes et les femmes, c’est différent. Tout ça, c’est un faux débat. Ce qu’il faut, c’est savoir si on respecte le principe d’égalité en droit : y a-t-il égalité des salaires dans l’entreprise. Et y a-t-il égalité des promotions ? C’est ça, la question. » Si le projet de Dephine Ernotte-Cunci, élue PDG de France Télévisions jeudi 23 avril, prévoit « une direction resserrée et paritaire », on peut supposer qu’elle voudra aussi mettre à mal les chiffres dont font état deux rapports officiels récents du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du Centre national de la cinématographie quant à « la place des femmes dans l’audiovisuel public ».Des chiffres et constats jugés « atterrants » par les professionnelles de la télévision invitées à la table ronde organisée sur ce sujet par le festival Séries Mania, lundi 20 avril. Alors que « les femmes représentent 52 % de la population (Insee), 56 % de l’audience TV, 50 % des usagers d’Internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur (Insee) »,comme l’a rappelé le CSA, « il est logique que la sous-représentation des femmes dans les instances audiovisuelles ne soit quasiment jamais évoquée et étonne : on n’y trouve quasiment pas de femmes ! », commentait la scénariste Sophie Deschamps, présidente du conseil d’administration de la Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD).En faveur des quotasEt de détailler : seulement 16 % de réalisatrices en télévision (7 % dans le domaine des séries) ; un tiers de femmes cadres dans les sociétés de production, un quart de femmes parmi les dirigeants de sociétés audiovisuelles. « En dessous du seuil de 30 %, c’est ce que l’on nomme “l’invisibilité”, ajoutait Sophie Deschamps, on fait partie des minorités invisibles… » Sans oublier que le peu de réalisatrices qui travaillent gagnent un tiers de moins que les hommes, seules les scriptes, actrices et cascadeuses sont en moyenne mieux rémunérées que les hommes.Certes, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes votée le 4 août 2014 devrait permettre à terme de changer la donne. Mais en attendant, non sans manifester quelques réserves, l’ensemble des femmes réunies lors de cette table ronde professionnelle se sont prononcées en faveur de l’application temporaire de quotas afin que davantage de femmes puissent mener un projet audiovisuel. Ce qui existe déjà en Suède. « Après ces cinquante dernières années d’injustice, on n’a pas le choix, il faut en passer par là, répondait Sophie Deschamps à une question sur la perversité des quotas. Il faut faire monter les femmes, sinon on voit bien qu’elles n’ont quasiment aucune chance de faire carrière ! »Constatant, par ailleurs, que lorsque les concours publics ont lieu à l’aveugle – derrière un paravent pour les musicien(ne)s classiques, par exemple –, les femmes sont beaucoup plus souvent recrutées, l’ensemble des participantes à cette table ronde parvenaient à la même conclusion : hormis à Arte, dirigée par Véronique Cayla et qui compte 67 % de femmes, peu ou pas de femmes sont présentes dans les instances de décision, de même à la tête de téléfilms ou de séries, ce qui les empêche de se former, d’acquérir une compétence et donc d’être ensuite appelées à exercer leur métier…Sans décision de parité temporaire et raisonnée, pas de vrais changements à attendre.Martine DelahayeJournaliste au Monde Alain Constant En six ans, le directeur de la rédaction d’Euronews a su dynamiser les programmes de la chaîne d’information en continu.Même au sein d’une chaîne internationale d’information en continu où l’on a l’habitude des coups de chaud, cette journée du 18 mars se révèle plus agitée que d’habitude. Entre l’attentat du Musée du Bardo, à Tunis, le discours de Vladimir Poutine à l’occasion du premier anniversaire du « retour » de la Crimée au sein de la « mère-patrie », l’analyse des élections israéliennes, la rencontre entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker,­ et le premier ministre français, Manuel Valls, à Bruxelles et l’attente imminente d’un entretien exclusif à Kiev avec le président Petro Porochenko, la régie d’Euronews est en ébullition.Debout, chemise blanche et regard pétillant, un homme s’adresse alternativement en anglais et en français à ses troupes. Le Roumain Lucian Sârb donne ses directives, apaise certaines angoisses, encourage les initiatives. Dans la tempête de l’actualité chaude, le capitaine semble tenir la barre. Quelques minutes plus tard, dans le calme de son petit bureau, celui qui dirige depuis six ans cette grande rédaction cosmopolite de plusieurs centaines de journalistes représentant vingt-­cinq nationalités a encore les yeux qui brillent. « Oui, c’est une journée spéciale, un peu plus tendue que d’habitude. Mais ça peut être pire », lance-t-­il en français et en roulant les « r ».« Tout est allé très vite »Né en 1967 à Cluj, au cœur de la Transylvanie, l’homme fait partie de la jeune génération qui a « détruit Ceausescu », selon ses propres termes. « Ma région natale est ouverte, on y a toujours entendu parler allemand, hongrois, roumain. J’ai commencé des études d’ingénieur à Cluj. Mais ma passion, c’était la lecture. » L’obtention de son diplôme coïncide avec la chute du régime de Ceausescu. Il quitte sa ville pour Bucarest, se fait un plaisir de refuser toute proposition concernant un poste d’ingénieur et se lance, avec passion, dans des études de journalisme, de communication et de relations internationales. A 27 ans, il décroche son premier vrai job à la télévision publique roumaine.Après quelques mois, le voilà correspondant de politique internationale. « J’étais toujours entre deux avions, le monde était mon jardin. J’en ai profité pour effectuer des stages aux Etats­-Unis, en Italie, au sein de structures spécialisées dans les relations internationales. » Son carnet d’adresses s’enrichit. Et la suite de sa carrière s’accélère. A 33 ans, il devient le plus jeune chef des infos de la télévision publique. « Tout est allé très vite. Mais c’est le genre de parcours possible en Europe de l’Est : il y a du sang frais, une jeunesse très bien formée et éduquée, curieuse, avide de découvrir le monde, aspirant à un mode de vie plus ouvert. »Lucian Sârb connaissait le journalisme, il découvre le management. Ses qualités ne passent pas inaperçues. Lorsqu’un groupe de médias privés, déjà propriétaire d’une chaîne d’info en continu en Roumanie, décide de lancer, en 2006, The Money Channel, première chaîne d’info économique en Europe de l’Est, c’est lui qui est choisi pour la diriger. Elle est diffusée vingt-quatre heures sur vingt-quatre en roumain avec des sous­-titres anglais. C’est un succès. « A cette époque, l’économie explosait en Europe de l’Est. Ce fut une expérience très originale. Et lorsque mes copains de CNBC Londres sont venus me voir à Bucarest, ils n’en croyaient pas leurs yeux, épatés par la qualité de la chaîne. J’y avais recruté des pointures de la presse écrite qui n’avaient jamais fait de télé. Ils sont devenus excellents. » « La plus ouverte au monde »Que l’homme ouvert sur le monde quitte un jour les médias roumains pour une structure plus internationale n’étonne guère. Mais Lucian Sârb ne s’attendait pas à être approché par un chasseur de têtes installé à Paris, qui lui demande s’il est intéressé par Euronews. « Se mesurer à CNN et compagnie, cela ne se refuse pas. » Il débarque, en 2009, à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, siège de la chaîne créée en 1993. « A mon arrivée, il n’y avait qu’environ 10 % de sujets spécifiques à Euronews. Le reste était constitué d’images d’agences internationales. Aujourd’hui, 75 % de nos programmes sont labellisés Euronews, et de plus en plus de chaînes internationales utilisent nos sujets alors que, auparavant, c’était en sens inverse ! Pourquoi ? Parce que la façon dont on traite les sujets est valable pour tous les pays. »Créations de magazines, personnalisation un peu plus poussée de l’antenne, changements de rythmes et de formats, ouvertures de bureaux à Athènes et à Budapest, renforcement massif du bureau de Bruxelles passé en cinq ans d’un à quinze journalistes, ajout de cinq langues (turc, ukrainien, persan, grec, hongrois) aux huit déjà existantes, Lucian Sârb a multiplié les chantiers. « Il a révolutionné le fonctionnement d’une rédaction qui somnolait un peu. Nous sommes passés d’un robinet à info à une chaîne plus vivante et innovante », estime l’un de ses adjoints.« Notre force, c’est de toujours proposer notre propre perspective. Dans cette maison, on ne peut avoir une obsession éditoriale unique, le monde entier nous intéresse. La richesse de notre rédaction doit se voir à l’antenne, car c’est probablement la newsroom la plus ouverte intellectuellement au monde. Nous parions sur les faits, pas sur les commentaires. Chez nous, il n’y pas de “bla-bla” », estime le « boss », dans un anglais impeccable. La suite ? Il sourit, se voit bien continuer l’aventure dans les futurs locaux des bords de Saône, où la rédaction emménagera dans quelques mois.Les dates1967 : Naissance à Cluj, en Roumanie.1994 : Entre à la télévision publique roumaine (TVR).2001 : Nommé chef des informations à la TVR.2006 : Dirige The Money Channel, à Bucarest.Mai 2009 : Directeur de la rédaction d’Euronews.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le fonds Google pour la presse française est mort… vive le fonds Google pour la presse européenne ! Ainsi pourrait se résumer l’annonce que devait faire le groupe américain mardi 28 avril à Londres. Dans le langage maison, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) va cesser mi-2016 son activité après avoir distribué en trois ans 60 millions d’euros environ à des projets d’éditeurs français. Il va laisser la place au Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Cette évolution n’est pas anodine et répond à plusieurs préoccupations de Google, toujours engagé dans une épreuve de force avec certaines entreprises et autorités en Europe.A son lancement, la nouvelle structure de Google s’appuiera sur huit éditeurs partenaires, la plupart quotidiens : Les Echos en France, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie. Cette liste de partenaires est ouverte et susceptible d’accueillir de nouveaux membres.L’initiative sur huit éditeurs partenairesUne première constatation s’impose : les éditeurs français devraient en principe recevoir moins d’argent qu’au cours des trois dernières années. En 2014, le FINP a accordé 16,1 millions d’euros à 29 projets d’innovation (qui restaient financés à 40 % minimum par les médias). En 2013, il a accordé 16,3 millions d’euros à 23 projets.Allant du lancement d’une édition numérique du matin au développement de plates-formes payantes ou mobiles, l’aide a bénéficié à nombre de médias : Le Monde, Le Figaro, Libération, Rue89, BFM-TV, Alternatives économiques…Les candidats français devront désormais défendre leurs initiatives face à celles des éditeurs de toute l’Europe en tant que région. Google n’avait jamais caché que le fonds français était lancé pour trois ans et que son avenir serait alors rediscuté. Mais les détracteurs de Google souligneront que le montant promis en 2013 par l’entreprise en soutien de la presse française n’était pas pérenne et reste soumis à sa volonté.A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Défendant une approche « pragmatique » et de coopération, le fonds français était une « exception » en Europe et dans le monde, a expliqué Francis Morel, patron des Echos, le 25 mars, lors d’une journée organisée par le FINP à Paris. « Je me demande pourquoi. Les autres pays européens devraient nous regarder », disait-il. L’élargissement du fonds français au niveau européen était une question de « cohérence », précisait-on chez Google.Plus collaboratifEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media) qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus, a expliqué Christoph Keese, vice-président exécutif du groupe Springer.Selon ce dirigeant, en pointe du combat contre Google, le fonds français « faillit à établir un principe crucial : le contenu doit être payé ». En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits, écrit Les Echos. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes, ajoute le quotidien partenaire. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.« Rôle dans l’écosystème du numérique »« Google s’intéresse au journalisme car c’est un des fondements de la démocratie. Nos internautes, dans le monde entier, ont besoin d’une presse forte », a expliqué le 25 mars Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations de Google Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique. « Le DNI est le témoignage d’un engagement pour le développement de l’écosystème du journalisme », estime Ludovic Blecher, directeur du FINP.Une démarche qui ne dépareille pas avec l’inflexion de la communication générale de Google, qui vient de lancer sa première campagne institutionnelle en France pour vanter son « rôle dans l’écosystème du numérique ». Au même moment, le groupe livre en Europe un combat dont l’intensité a grimpé d’un cran le 15 avril avec la décision de la commission européenne de notifier à Google son accusation d’abus de position dominante sur la recherche en ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martine Delahaye Pas encore patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, alors à la tête d’Orange France, ne mâchait pas ses mots, en janvier 2013, sur le site Lesnouvellesnews.fr.Répondant à David Abiker au sujet de l’égalité professionnelle femmes-hommes, elle disait notamment : « En gros, en caricaturant, quand vous proposez un poste à un homme, c’est tout juste assez bon pour lui ; quand vous le proposez à une femme, elle vous demande tout de suite : “Mais pensez-vous que je vais être capable de le tenir ?” Il faut que ça change. » Avant d’ajouter : « La question n’est pas de savoir si les hommes et les femmes, c’est différent. Tout ça, c’est un faux débat. Ce qu’il faut, c’est savoir si on respecte le principe d’égalité en droit : y a-t-il égalité des salaires dans l’entreprise. Et y a-t-il égalité des promotions ? C’est ça, la question. » Si le projet de Dephine Ernotte-Cunci, élue PDG de France Télévisions jeudi 23 avril, prévoit « une direction resserrée et paritaire », on peut supposer qu’elle voudra aussi mettre à mal les chiffres dont font état deux rapports officiels récents du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du Centre national de la cinématographie quant à « la place des femmes dans l’audiovisuel public ».Des chiffres et constats jugés « atterrants » par les professionnelles de la télévision invitées à la table ronde organisée sur ce sujet par le festival Séries Mania, lundi 20 avril. Alors que « les femmes représentent 52 % de la population (Insee), 56 % de l’audience TV, 50 % des usagers d’Internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur (Insee) »,comme l’a rappelé le CSA, « il est logique que la sous-représentation des femmes dans les instances audiovisuelles ne soit quasiment jamais évoquée et étonne : on n’y trouve quasiment pas de femmes ! », commentait la scénariste Sophie Deschamps, présidente du conseil d’administration de la Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD).En faveur des quotasEt de détailler : seulement 16 % de réalisatrices en télévision (7 % dans le domaine des séries) ; un tiers de femmes cadres dans les sociétés de production, un quart de femmes parmi les dirigeants de sociétés audiovisuelles. « En dessous du seuil de 30 %, c’est ce que l’on nomme “l’invisibilité”, ajoutait Sophie Deschamps, on fait partie des minorités invisibles… » Sans oublier que le peu de réalisatrices qui travaillent gagnent un tiers de moins que les hommes, seules les scriptes, actrices et cascadeuses sont en moyenne mieux rémunérées que les hommes.Certes, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes votée le 4 août 2014 devrait permettre à terme de changer la donne. Mais en attendant, non sans manifester quelques réserves, l’ensemble des femmes réunies lors de cette table ronde professionnelle se sont prononcées en faveur de l’application temporaire de quotas afin que davantage de femmes puissent mener un projet audiovisuel. Ce qui existe déjà en Suède. « Après ces cinquante dernières années d’injustice, on n’a pas le choix, il faut en passer par là, répondait Sophie Deschamps à une question sur la perversité des quotas. Il faut faire monter les femmes, sinon on voit bien qu’elles n’ont quasiment aucune chance de faire carrière ! »Constatant, par ailleurs, que lorsque les concours publics ont lieu à l’aveugle – derrière un paravent pour les musicien(ne)s classiques, par exemple –, les femmes sont beaucoup plus souvent recrutées, l’ensemble des participantes à cette table ronde parvenaient à la même conclusion : hormis à Arte, dirigée par Véronique Cayla et qui compte 67 % de femmes, peu ou pas de femmes sont présentes dans les instances de décision, de même à la tête de téléfilms ou de séries, ce qui les empêche de se former, d’acquérir une compétence et donc d’être ensuite appelées à exercer leur métier…Sans décision de parité temporaire et raisonnée, pas de vrais changements à attendre.Martine DelahayeJournaliste au Monde Alain Constant En six ans, le directeur de la rédaction d’Euronews a su dynamiser les programmes de la chaîne d’information en continu.Même au sein d’une chaîne internationale d’information en continu où l’on a l’habitude des coups de chaud, cette journée du 18 mars se révèle plus agitée que d’habitude. Entre l’attentat du Musée du Bardo, à Tunis, le discours de Vladimir Poutine à l’occasion du premier anniversaire du « retour » de la Crimée au sein de la « mère-patrie », l’analyse des élections israéliennes, la rencontre entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker,­ et le premier ministre français, Manuel Valls, à Bruxelles et l’attente imminente d’un entretien exclusif à Kiev avec le président Petro Porochenko, la régie d’Euronews est en ébullition.Debout, chemise blanche et regard pétillant, un homme s’adresse alternativement en anglais et en français à ses troupes. Le Roumain Lucian Sârb donne ses directives, apaise certaines angoisses, encourage les initiatives. Dans la tempête de l’actualité chaude, le capitaine semble tenir la barre. Quelques minutes plus tard, dans le calme de son petit bureau, celui qui dirige depuis six ans cette grande rédaction cosmopolite de plusieurs centaines de journalistes représentant vingt-­cinq nationalités a encore les yeux qui brillent. « Oui, c’est une journée spéciale, un peu plus tendue que d’habitude. Mais ça peut être pire », lance-t-­il en français et en roulant les « r ».« Tout est allé très vite »Né en 1967 à Cluj, au cœur de la Transylvanie, l’homme fait partie de la jeune génération qui a « détruit Ceausescu », selon ses propres termes. « Ma région natale est ouverte, on y a toujours entendu parler allemand, hongrois, roumain. J’ai commencé des études d’ingénieur à Cluj. Mais ma passion, c’était la lecture. » L’obtention de son diplôme coïncide avec la chute du régime de Ceausescu. Il quitte sa ville pour Bucarest, se fait un plaisir de refuser toute proposition concernant un poste d’ingénieur et se lance, avec passion, dans des études de journalisme, de communication et de relations internationales. A 27 ans, il décroche son premier vrai job à la télévision publique roumaine.Après quelques mois, le voilà correspondant de politique internationale. « J’étais toujours entre deux avions, le monde était mon jardin. J’en ai profité pour effectuer des stages aux Etats­-Unis, en Italie, au sein de structures spécialisées dans les relations internationales. » Son carnet d’adresses s’enrichit. Et la suite de sa carrière s’accélère. A 33 ans, il devient le plus jeune chef des infos de la télévision publique. « Tout est allé très vite. Mais c’est le genre de parcours possible en Europe de l’Est : il y a du sang frais, une jeunesse très bien formée et éduquée, curieuse, avide de découvrir le monde, aspirant à un mode de vie plus ouvert. »Lucian Sârb connaissait le journalisme, il découvre le management. Ses qualités ne passent pas inaperçues. Lorsqu’un groupe de médias privés, déjà propriétaire d’une chaîne d’info en continu en Roumanie, décide de lancer, en 2006, The Money Channel, première chaîne d’info économique en Europe de l’Est, c’est lui qui est choisi pour la diriger. Elle est diffusée vingt-quatre heures sur vingt-quatre en roumain avec des sous­-titres anglais. C’est un succès. « A cette époque, l’économie explosait en Europe de l’Est. Ce fut une expérience très originale. Et lorsque mes copains de CNBC Londres sont venus me voir à Bucarest, ils n’en croyaient pas leurs yeux, épatés par la qualité de la chaîne. J’y avais recruté des pointures de la presse écrite qui n’avaient jamais fait de télé. Ils sont devenus excellents. » « La plus ouverte au monde »Que l’homme ouvert sur le monde quitte un jour les médias roumains pour une structure plus internationale n’étonne guère. Mais Lucian Sârb ne s’attendait pas à être approché par un chasseur de têtes installé à Paris, qui lui demande s’il est intéressé par Euronews. « Se mesurer à CNN et compagnie, cela ne se refuse pas. » Il débarque, en 2009, à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, siège de la chaîne créée en 1993. « A mon arrivée, il n’y avait qu’environ 10 % de sujets spécifiques à Euronews. Le reste était constitué d’images d’agences internationales. Aujourd’hui, 75 % de nos programmes sont labellisés Euronews, et de plus en plus de chaînes internationales utilisent nos sujets alors que, auparavant, c’était en sens inverse ! Pourquoi ? Parce que la façon dont on traite les sujets est valable pour tous les pays. »Créations de magazines, personnalisation un peu plus poussée de l’antenne, changements de rythmes et de formats, ouvertures de bureaux à Athènes et à Budapest, renforcement massif du bureau de Bruxelles passé en cinq ans d’un à quinze journalistes, ajout de cinq langues (turc, ukrainien, persan, grec, hongrois) aux huit déjà existantes, Lucian Sârb a multiplié les chantiers. « Il a révolutionné le fonctionnement d’une rédaction qui somnolait un peu. Nous sommes passés d’un robinet à info à une chaîne plus vivante et innovante », estime l’un de ses adjoints.« Notre force, c’est de toujours proposer notre propre perspective. Dans cette maison, on ne peut avoir une obsession éditoriale unique, le monde entier nous intéresse. La richesse de notre rédaction doit se voir à l’antenne, car c’est probablement la newsroom la plus ouverte intellectuellement au monde. Nous parions sur les faits, pas sur les commentaires. Chez nous, il n’y pas de “bla-bla” », estime le « boss », dans un anglais impeccable. La suite ? Il sourit, se voit bien continuer l’aventure dans les futurs locaux des bords de Saône, où la rédaction emménagera dans quelques mois.Les dates1967 : Naissance à Cluj, en Roumanie.1994 : Entre à la télévision publique roumaine (TVR).2001 : Nommé chef des informations à la TVR.2006 : Dirige The Money Channel, à Bucarest.Mai 2009 : Directeur de la rédaction d’Euronews.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le fonds Google pour la presse française est mort… vive le fonds Google pour la presse européenne ! Ainsi pourrait se résumer l’annonce que devait faire le groupe américain mardi 28 avril à Londres. Dans le langage maison, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) va cesser mi-2016 son activité après avoir distribué en trois ans 60 millions d’euros environ à des projets d’éditeurs français. Il va laisser la place au Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Cette évolution n’est pas anodine et répond à plusieurs préoccupations de Google, toujours engagé dans une épreuve de force avec certaines entreprises et autorités en Europe.A son lancement, la nouvelle structure de Google s’appuiera sur huit éditeurs partenaires, la plupart quotidiens : Les Echos en France, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie. Cette liste de partenaires est ouverte et susceptible d’accueillir de nouveaux membres.L’initiative sur huit éditeurs partenairesUne première constatation s’impose : les éditeurs français devraient en principe recevoir moins d’argent qu’au cours des trois dernières années. En 2014, le FINP a accordé 16,1 millions d’euros à 29 projets d’innovation (qui restaient financés à 40 % minimum par les médias). En 2013, il a accordé 16,3 millions d’euros à 23 projets.Allant du lancement d’une édition numérique du matin au développement de plates-formes payantes ou mobiles, l’aide a bénéficié à nombre de médias : Le Monde, Le Figaro, Libération, Rue89, BFM-TV, Alternatives économiques…Les candidats français devront désormais défendre leurs initiatives face à celles des éditeurs de toute l’Europe en tant que région. Google n’avait jamais caché que le fonds français était lancé pour trois ans et que son avenir serait alors rediscuté. Mais les détracteurs de Google souligneront que le montant promis en 2013 par l’entreprise en soutien de la presse française n’était pas pérenne et reste soumis à sa volonté.A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Défendant une approche « pragmatique » et de coopération, le fonds français était une « exception » en Europe et dans le monde, a expliqué Francis Morel, patron des Echos, le 25 mars, lors d’une journée organisée par le FINP à Paris. « Je me demande pourquoi. Les autres pays européens devraient nous regarder », disait-il. L’élargissement du fonds français au niveau européen était une question de « cohérence », précisait-on chez Google.Plus collaboratifEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media) qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus, a expliqué Christoph Keese, vice-président exécutif du groupe Springer.Selon ce dirigeant, en pointe du combat contre Google, le fonds français « faillit à établir un principe crucial : le contenu doit être payé ». En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits, écrit Les Echos. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes, ajoute le quotidien partenaire. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.« Rôle dans l’écosystème du numérique »« Google s’intéresse au journalisme car c’est un des fondements de la démocratie. Nos internautes, dans le monde entier, ont besoin d’une presse forte », a expliqué le 25 mars Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations de Google Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique. « Le DNI est le témoignage d’un engagement pour le développement de l’écosystème du journalisme », estime Ludovic Blecher, directeur du FINP.Une démarche qui ne dépareille pas avec l’inflexion de la communication générale de Google, qui vient de lancer sa première campagne institutionnelle en France pour vanter son « rôle dans l’écosystème du numérique ». Au même moment, le groupe livre en Europe un combat dont l’intensité a grimpé d’un cran le 15 avril avec la décision de la commission européenne de notifier à Google son accusation d’abus de position dominante sur la recherche en ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.04.2015 à 11h35 • Mis à jour le27.04.2015 à 19h46 La présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, selon Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures.Cette révélation a été faite à la suite d'un courrier anonyme envoyé aux administrateurs de l'INA à la veille du conseil d'administration qui s'est tenu le 23 avril, précise le quotidien. A la réception de ce courrier anonyme citant des documents de l'entreprise, l'INA a lancé une enquête interne et envisage de porter plainte, a appris Le Monde.Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement et 32 000 euros les déplacements. Agnès Saal a indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés. 6 700 euros au nom de son filsAgnès Saal, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014 s'est défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation, ajoute Le Figaro. « C'est une maladresse, j'en reconnais la responsabilité et j'ai immédiatement remboursé ces frais », a expliqué l'énarque de 57 ans.Un doute subsiste cependant concernant les 7 800 euros de frais de taxi facturés le week-end, à savoir ce qui relève des trajets professionnels et des privés. « Ce n'est pas évident de savoir si une course de taxi pour un événement dans lequel je représente l'INA est professionnelle ou personnelle », a-t-elle expliqué, estimant que « l'usage professionnel du taxi pendant les week-ends représente environ un tiers ou un quart de la facture ». Selon Le Figaro, elle s'est ainsi engagée à rembourser les deux tiers ou les trois quarts restants.La ministre de la culture réagitQuelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin, la ministre de la culture, a rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Concernant les « frais de déplacement privés de la présidente » de l'INA, Mme Pellerin en « a immédiatement demandé le remboursement intégral, qui est en cours », précise le ministère. Gilles Paris (Washington, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o1nqx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o1nqx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « Une offre de télévision publique moderne et créative, ouverte sur le monde et accessible à tous grâce à une entreprise publique réconciliée avec elle-même. » Tel est l’objectif que se fixe Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, dans le projet qu’elle a présenté au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et que celui-ci a rendu public, vendredi 24 avril. Volontariste, ce projet de 31 pages entend transformer cette structure de 10 000 salariés « en une entreprise moderne, du 21e siècle », en constatant « un dilemme simple : l’adaptation ou l’affaiblissement. »Reconquérir la jeunesseMme Ernotte veut « réinventer l’offre » pour reconquérir la jeunesse et s’adapter aux nouveaux usages numériques, tout en promouvant « la diversité culturelle ». « Le principal axe de travail pour y parvenir consiste à mettre l’accent sur l’innovation et une certaine prise de risque », écrit-elle. La recherche et développement de nouveaux programmes se verrait allouer 5 % des budgets, les délais de production seraient raccourcis, un « pacte » serait négocié avec les producteurs pour « faire de l’audiovisuel français un champion à l’international » et « pousser à la création de programmes exportables ». L’enjeu serait la « création de nouvelles fictions » mais aussi la culture, l’information et le sport.La nouvelle PDG souhaite également refondre l’offre de rattrapage, sous l’influence de la plate-forme Netflix. « Afin de créer une passerelle directe avec les usagers, une nouvelle plateforme numérique, basée sur un algorithme de recommandation, doit rendre la télévision de rattrapage plus accessible », souhaite-t-elle.L’offre jeunesse serait la première concernée, avec la mise en place d’une offre à la demande qu’elle espère également génératrice de nouvelles recettes. Plus largement, Mme Ernotte propose une stratégie numérique inspirée de pratiques en vigueur sur d’autres chaînes : recherche de nouveaux talents, interactivité, mise en ligne anticipée de tous les épisodes d’une série…France 2 chaîne du flux, réforme de France 3Du côté des chaînes, elle compte faire évoluer France 2 vers l’« événementiel », c’est-à-dire la chaîne du « voir ensemble », qu’il s’agisse de l’information, du sport ou des télés crochets. « France 2 a vocation naturelle à devenir la chaîne leader de la télévision française », espère-t-elle.Delphine Ernotte annonce également une profonde réforme de France 3, très attendue par les pouvoirs publics. Celle-ci reposerait sur le rassemblement de France 3 et France 3 Régions, actuellement séparées ; le développement des décrochages régionaux ; une redéfinition du découpage régional pour suivre la nouvelle carte des régions françaises.Quant aux autres chaînes, France 5 et France Ô garderaient le même positionnement, mais France 4 serait exclusivement orientée vers « le public des moins de 15 ans », et non plus les jeunes adultes.Enfin, dans le domaine de l’information, ce projet propose de « faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion », c’est-à-dire une chaîne d’information - dont le mode de diffusion reste à définir - qui puisse se positionner en contrepoint de BFM-TV. Pour y parvenir, Mme Ernotte souhaite développer des liens avec les autres entreprises de l’audiovisuel public (l’INA, France Médias Monde ou Radio France), répondant là aussi à une attente des pouvoirs publics. Ce projet pourrait être « mis à l’antenne en septembre 2016 ».Des assises de l’entrepriseMais pour mener à bien ces différentes ambitions, Delphine Ernotte trace un chemin exigeant qui définit une large réforme de l’entreprise. Constatant que « France Télévisions est une entreprise qui doute », elle insiste sur une méthode reposant sur le dialogue. « Le plan stratégique 2020 sera élaboré dans le cadre des assises de l’entreprise, organisées selon un processus décentralisé », annonce-t-elle.Elle en attend « un pacte social adapté aux besoins de l’entreprise et des salariés » qui reposera sur « une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « donnant la priorité aux responsables de proximité ». Il s’agit de répondre aux angoisses et à la désorganisation de l’entreprise, décrites dans plusieurs rapports, pour proposer des évolutions des métiers et une vaste politique de formation.Lire aussi :France Télévisions, le grand corps maladeLa masse salariale sous pressionMme Ernotte compte aussi donner plus d’autonomie aux directions de chaînes, même si elle maintiendrait une direction transversale pour les programmes et une autre pour l’information. « Dès mon entrée en fonction, je nommerai une équipe strictement paritaire. Celle-ci, composée de quatorze membres comprendra, outre la Présidence, les cinq directions de chaînes, les deux directions transversales (stratégie et programmes, information) auxquelles s’ajouteront six directions fonctionnelles : commerciale, technique et système d’information, financière, ressources humaines, communication et secrétariat général », annonce-t-elle.Dans l’immédiat, c’est une politique de rigueur qui est prévue. La nouvelle PDG va « remettre à plat immédiatement le budget 2015 » et engager des économies de structure : « direction plus recentrée », « mise sous contrôle des frais de conseil et des frais généraux », « blocage immédiat des embauches », « rationalisation des missions » et rentabilisation de « l’outil de production » interne.« De façon plus générale, la question des charges de personnel doit être affrontée avec détermination et responsabilité, écrit Mme Ernotte. Le taux de collaborateurs non permanents est de 15,4 %. Le taux d’encadrement est très élevé. Afin d’éviter tout départ contraint et de chercher des solutions négociées, il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Comme annoncé par le président Mathieu Gallet le 16 avril dernier, une réflexion a effectivement été engagée sur l’évolution des instances de direction de Radio France dont les conclusions seront présentées dans quelques semaines », a confirmé la direction de l’entreprise publique dans un message interne, mercredi 6 mai.Tout en déplorant « des informations parues dans la presse ce matin au sujet de changements présumés au sein du Comité exécutif de l’entreprise ».Comme l’a annoncé Le Figaro, Sibyle Veil, actuellement directrice du pilotage de la transformation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, est pressentie pour rejoindre Radio France. Toutefois, sa venue n’est pas confirmée officiellement. Se posent notamment, selon nos informations, des questions sur le périmètre de ses missions.Elle a été présentée comme une future « directrice générale » et une remplaçante de Catherine Sueur, l’actuelle directrice générale déléguée, réputée en froid avec M. Gallet. Mais son poste pourrait avoir une envergure un peu moindre. Mme Sueur était numéro deux de l’entreprise sous le président précédent, Jean-Luc Hees.Sibyle Veil est énarque, issue de la même promotion qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, Gaspard Gantzer, le conseiller communication de François Hollande, ou Boris Vallaud, le secrétaire général adjoint de l’Elysée, aussi mari de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a été conseillère santé, travail et logement à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Elle est mariée à Sébastien Veil, lui aussi ancien membre du cabinet du président de la République et petit-fils de la ministre Simone Veil. Elle ne connaît pas le secteur audiovisuel.Le ministère de la culture de Fleur Pellerin a été informé par Radio France de la possible venue de Mme Veil, mais nie avoir donné une forme d’aval.D’autres changements possiblesUn autre changement devrait intervenir prochainement : le départ de Jean-Pierre Rousseau, l’actuel directeur de la musique, recruté par Mathieu Gallet. Cette hypothèse avait été évoquée dès fin mars, lors du conflit social qui a débouché sur une grève inédite à Radio France. Jean-Paul Quennesson, délégué Sud de Radio France et corniste à l’Orchestre national, avait qualifié sa direction de « fiasco total ».Pendant le conflit, l’assemblée générale des grévistes avait aussi visé l’actuel directeur des ressources humaines, Christian Mettot, un des principaux interlocuteurs des syndicats.Après la crise qui a secoué son autorité, Mathieu Gallet a donc engagé une réflexion sur la gouvernance de Radio France. Avant la sortie de grève, la ministre, Fleur Pellerin, s’était davantage impliquée personnellement, « convoquant » le dirigeant nommé par le CSA et nommant plus tard un médiateur pour renouer le dialogue entre les syndicats et la direction. Après la crise, certains anticipaient que la réflexion évoquée par Mathieu Gallet puisse être l’occasion pour le gouvernement de peser sur la réorganisation de l’entreprise. Il semble plutôt que le président de Radio France étudie sa future direction de son côté, dans la lignée du comité exécutif élargi mis en place à son arrivée.Pendant ce temps, le médiateur Dominique-Jean Chertier poursuit actuellement la « seconde phase » de sa mission, menant des réunions avec les parties prenantes en vue de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, feuille de route de l’entreprise pour les cinq années à venir. Parmi les chantiers sensibles figurent notamment la réforme des modes de production et la négociation d’un plan de départs volontaires de 300 personnes environ.Toutefois, la mise en place de ces discussions reste délicate. De source syndicale, un calendrier a été proposé par le médiateur. S’il propose des ateliers sur France Bleu, la musique ou les modes de production, aucun espace de discussion n’est pour le moment prévu sur le plan stratégique de l’entreprise.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un chantier délicat qu’a ouvert la Commission européenne mercredi 6 mai : aller plus avant dans la constitution d’un vrai marché unique numérique. Tous les sujets sont sur la table, y compris les plus polémiques. Une réforme du droit d’auteur, le renforcement de la lutte contre le piratage, une réflexion sur la nécessité ou pas de « réguler » les plates-formes Internet (Amazon, Apple, Facebook ou Google)…L’enjeu est considérable pour le président Jean-Claude Juncker, qui en a fait une des priorités de son mandat. Il s’agit de créer l’environnement économique favorable à la multiplication des sociétés numériques. Tout en préservant les industries traditionnelles – la banque, l’automobile, etc. –, toutes menacées à plus ou moins long terme d’« ubérisation », c’est-à-dire de voir leur modèle économique mis à bas par de nouveaux acteurs du Net.Réformer le droit d’auteurLa réforme du droit d’auteur ? Un texte législatif devrait être présenté à l’automne 2015, a précisé Bruxelles mercredi. Le principe de la territorialité des droits (le fait qu’un auteur puisse commercialiser les droits d’exploitation de son œuvre pays par pays) y sera conservé. Au grand soulagement du monde français de la culture, qui a mené un intense lobbying ces derniers mois afin d’éviter une relecture trop « radicale » de la directive droits d’auteurs de 2001.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreBruxelles tient néanmoins à proposer davantage d’exemptions au droit d’auteur, notamment pour le secteur de la recherche.La Commission voudrait aussi rendre plus accessibles les contenus en ligne entre pays européens. En surmontant le « geoblocking » (le fait, dans un pays A, de ne pas avoir accès au catalogue de vidéo à la demande [VOD] ou aux matchs de foot diffusés par une TV du pays B) ; ou en permettant la « portabilité » des abonnements à des services audiovisuels afin qu’un abonné puisse avoir accès à son offre quand il est en déplacement.Le vice-président de la commission en charge du numérique, Andrus Ansip, a fait du geoblocking et de l’accessibilité ses chevaux de bataille.Encadrer les plate-formes internetAutre gros chantier, pour lequel il n’y a pas consensus, loin de là, à la Commission : la régulation des plates-formes. La France et l’Allemagne poussent pour une révision de la directive e-commerce de 2000, demandant que les groupes de l’Internet qui jouissent du statut d’hébergeur soient considérés comme des éditeurs, donc tenus davantage responsables des contenus qu’ils distribuent.L’Irlande ou les Pays-Bas, terres d’accueil de grands du Net américains, freinent des quatre fers. L’administration Obama a déjà fait savoir, elle aussi, que ce n’était pas une bonne idée…Il y a aussi tout l’enjeu de l’accès aux gigantesques masses de données personnelles détenues par ces plates-formes : à qui appartiennent-elles ? Qu’est-ce que ces acteurs en font ? Est-il possible de les porter d’une plate-forme à l’autre ? Etc.Pour l’instant, aucun projet de directive n’est sur la table, « mais la volonté politique d’avancer sur ces sujets est là », dit-on à la Commission. Une consultation publique et une série d’études seront lancées d’ici à fin 2015.Pour avoir un espoir d’avancer avec et non contre les multiples groupes d’intérêt qui se sont déjà manifestés, ou ne manqueront pas bientôt de le faire, sur tous ces sujets, Bruxelles va devoir réussir un sacré travail de synthèse…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 11h25 • Mis à jour le06.05.2015 à 14h23 | Alain Beuve-Méry Par sa vitalité, le cinéma en France demeure une exception en Europe. Présenté, mercredi 6 mai, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), le tour d’horizon de l’année écoulée affiche dans tous ses segments (taux de fréquentation des salles, nombre de films produits et distribués ou exportés…) un dynamisme certain. Tous les clignotants sont au vert ou presque. Ce bilan est traditionnellement présenté, juste avant l’ouverture du Festival de Cannes (du 13 au 24 mai), qui constitue la vitrine la plus luxueuse du septième art dans l’Hexagone.Ainsi, avec 209 millions d’entrées sur 911 millions en Europe – 213,6 millions si l’on inclut les entrées gratuites –, la France demeure de loin le premier marché européen en termes de fréquentation, devant l’Allemagne (122 millions), l’Italie (100 millions), l’Espagne (87 millions) ou l’Angleterre (57 millions).En 2014, 66,6 % des Français, soit 39 millions sont allés au moins une fois au cinéma, soit une augmentation de 4 %. Chaque spectateur est allé en moyenne 5,3 fois au cinéma. Ce qui fait en vingt ans, une progression d’un tiers de spectateurs.Le bataillon le plus important : les étudiantsParmi ces publics, les inactifs représentent 51,1 % du total et, parmi eux, les étudiants, 28,6 %. Par tranches d’âge, les 25-49 ans forment le bataillon le plus important (35,6 %) devant les 50 ans et plus (33,1 %). Mais, avec 80 % des moins de 25 ans qui sont allés au cinéma au moins une fois par an, le septième art demeure un loisir très répandu chez les jeunes. Les 20-24 ans sont notamment ceux qui demeurent les plus gros consommateurs, même si leur nombre est en recul.Le CNC observe une stabilité de la fréquentation à Paris, mais une forte progression des entrées au sein des plus petites agglomérations : + 14 % sur les villes de 20 000 à 100 000 habitants ; + 17 % sur les plus petites communes.Ces données sont à rapprocher de celles concernant le nombre de salles. De fait, la France dispose du parc cinématographique le plus important en Europe, avec 2 020 établissements et 5 653 écrans. Avec, en moyenne, 8,6 écrans pour 100 000 habitants, l’Hexagone est ainsi doté du parc de salles le plus dense. En dix ans, le nombre de fauteuils a augmenté de 5,4 %, celui des écrans de 7,3 %. Le nombre d’établissements est, lui, en recul de 2,6 %.Films français en tête de podium en 2014En 2014, un cinéma a réalisé 103 453 entrées en moyenne. Mais ce sont les plus grands qui se tirent la part du lion, avec une progression de 9,5 % et 472 038 entrées par cinéma. Au total, le parc français se décompose en 191 multiplexes, avec 1 555 écrans actifs, dont deux multiplexes ouverts en 2014. Paris jouit de 404 écrans répartis en 87 établissements.En termes de recettes, le retour à une TVA à 5,5 % sur les tickets de cinéma a eu un effet positif. Aux guichets, les exploitants ont gagné 1,33 milliard d’euros en 2014, soit une hausse de 6,5 %. Le CNC note une forte progression des entrées entre 4 euros et 5 euros, qui sont passées de 9 % à 16 %. C’est la traduction logique de la politique tarifaire mise en place en faveur des jeunes de moins de 14 ans, pour qui le prix de la place a été fixé à 4 euros. Il y a eu près de 21 millions d’entrées à ce tarif en 2014. Sur ces recettes de 1,3 milliard d’euros, 43 % sont allés aux exploitants, soit 570 millions d’euros et 40 % aux distributeurs (532 millions d’euros).Avec 91 millions d’entrées pour les films français, la part du marché domestique s’élève à 44 % en France, contre 28 % en Italie, 27 % en Allemagne, 25,5 % en Espagne et 15,5 % au Royaume-Uni. C’est le plus haut niveau depuis 1984. De fait, en 2014, les trois premières places du podium des films ayant réalisé le plus grand nombre d’entrées sont 100 % françaises. La première marche est occupée par Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, avec 12,34 millions d’entrées, devant Supercondriaque (5,27 millions) et Lucy (5,2 millions).Vitalité des films d’animationParmi les bonnes nouvelles figure aussi la vitalité des films d’animation avec vingt-neuf sorties en 2014 pour 23 millions d’entrées. Parmi les six films français, deux – Astérix et le domaine des dieux et Minuscule – ont dépassé un million d’entrées en 2014. Cent films documentaires sont sortis en salle en 2014 dont soixante-douze films français.Lire aussi :Comédies et documentaires, les films français les plus rentables en 2014En 2014, 7 035 films ont été exploités, un chiffre en constante augmentation. La progression est même de 20,5 % depuis 2005. Parmi ceux-ci, il y a eu 663 films inédits et 4 108 films art et essai. En termes d’exposition, les films français sont présents en moyenne dans 119 établissements, en première semaine d’exploitation, un chiffre en recul par rapport à il y a dix ans. Les films américains sont en revanche présents en moyenne dans 258 établissements, un chiffre en augmentation.Il y a eu aussi six films distribués dans 800 établissements ou plus en 2014, dès la première semaine (contre trois en 2013), ce qui démontre la puissance de tir mise au service de certains blockbusters.Lire aussi :Les bons chiffres du cinéma français à l’exportAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martine Delahaye Pas encore patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, alors à la tête d’Orange France, ne mâchait pas ses mots, en janvier 2013, sur le site Lesnouvellesnews.fr.Répondant à David Abiker au sujet de l’égalité professionnelle femmes-hommes, elle disait notamment : « En gros, en caricaturant, quand vous proposez un poste à un homme, c’est tout juste assez bon pour lui ; quand vous le proposez à une femme, elle vous demande tout de suite : “Mais pensez-vous que je vais être capable de le tenir ?” Il faut que ça change. » Avant d’ajouter : « La question n’est pas de savoir si les hommes et les femmes, c’est différent. Tout ça, c’est un faux débat. Ce qu’il faut, c’est savoir si on respecte le principe d’égalité en droit : y a-t-il égalité des salaires dans l’entreprise. Et y a-t-il égalité des promotions ? C’est ça, la question. » Si le projet de Dephine Ernotte-Cunci, élue PDG de France Télévisions jeudi 23 avril, prévoit « une direction resserrée et paritaire », on peut supposer qu’elle voudra aussi mettre à mal les chiffres dont font état deux rapports officiels récents du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du Centre national de la cinématographie quant à « la place des femmes dans l’audiovisuel public ».Des chiffres et constats jugés « atterrants » par les professionnelles de la télévision invitées à la table ronde organisée sur ce sujet par le festival Séries Mania, lundi 20 avril. Alors que « les femmes représentent 52 % de la population (Insee), 56 % de l’audience TV, 50 % des usagers d’Internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur (Insee) »,comme l’a rappelé le CSA, « il est logique que la sous-représentation des femmes dans les instances audiovisuelles ne soit quasiment jamais évoquée et étonne : on n’y trouve quasiment pas de femmes ! », commentait la scénariste Sophie Deschamps, présidente du conseil d’administration de la Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD).En faveur des quotasEt de détailler : seulement 16 % de réalisatrices en télévision (7 % dans le domaine des séries) ; un tiers de femmes cadres dans les sociétés de production, un quart de femmes parmi les dirigeants de sociétés audiovisuelles. « En dessous du seuil de 30 %, c’est ce que l’on nomme “l’invisibilité”, ajoutait Sophie Deschamps, on fait partie des minorités invisibles… » Sans oublier que le peu de réalisatrices qui travaillent gagnent un tiers de moins que les hommes, seules les scriptes, actrices et cascadeuses sont en moyenne mieux rémunérées que les hommes.Certes, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes votée le 4 août 2014 devrait permettre à terme de changer la donne. Mais en attendant, non sans manifester quelques réserves, l’ensemble des femmes réunies lors de cette table ronde professionnelle se sont prononcées en faveur de l’application temporaire de quotas afin que davantage de femmes puissent mener un projet audiovisuel. Ce qui existe déjà en Suède. « Après ces cinquante dernières années d’injustice, on n’a pas le choix, il faut en passer par là, répondait Sophie Deschamps à une question sur la perversité des quotas. Il faut faire monter les femmes, sinon on voit bien qu’elles n’ont quasiment aucune chance de faire carrière ! »Constatant, par ailleurs, que lorsque les concours publics ont lieu à l’aveugle – derrière un paravent pour les musicien(ne)s classiques, par exemple –, les femmes sont beaucoup plus souvent recrutées, l’ensemble des participantes à cette table ronde parvenaient à la même conclusion : hormis à Arte, dirigée par Véronique Cayla et qui compte 67 % de femmes, peu ou pas de femmes sont présentes dans les instances de décision, de même à la tête de téléfilms ou de séries, ce qui les empêche de se former, d’acquérir une compétence et donc d’être ensuite appelées à exercer leur métier…Sans décision de parité temporaire et raisonnée, pas de vrais changements à attendre.Martine DelahayeJournaliste au Monde Alain Constant En six ans, le directeur de la rédaction d’Euronews a su dynamiser les programmes de la chaîne d’information en continu.Même au sein d’une chaîne internationale d’information en continu où l’on a l’habitude des coups de chaud, cette journée du 18 mars se révèle plus agitée que d’habitude. Entre l’attentat du Musée du Bardo, à Tunis, le discours de Vladimir Poutine à l’occasion du premier anniversaire du « retour » de la Crimée au sein de la « mère-patrie », l’analyse des élections israéliennes, la rencontre entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker,­ et le premier ministre français, Manuel Valls, à Bruxelles et l’attente imminente d’un entretien exclusif à Kiev avec le président Petro Porochenko, la régie d’Euronews est en ébullition.Debout, chemise blanche et regard pétillant, un homme s’adresse alternativement en anglais et en français à ses troupes. Le Roumain Lucian Sârb donne ses directives, apaise certaines angoisses, encourage les initiatives. Dans la tempête de l’actualité chaude, le capitaine semble tenir la barre. Quelques minutes plus tard, dans le calme de son petit bureau, celui qui dirige depuis six ans cette grande rédaction cosmopolite de plusieurs centaines de journalistes représentant vingt-­cinq nationalités a encore les yeux qui brillent. « Oui, c’est une journée spéciale, un peu plus tendue que d’habitude. Mais ça peut être pire », lance-t-­il en français et en roulant les « r ».« Tout est allé très vite »Né en 1967 à Cluj, au cœur de la Transylvanie, l’homme fait partie de la jeune génération qui a « détruit Ceausescu », selon ses propres termes. « Ma région natale est ouverte, on y a toujours entendu parler allemand, hongrois, roumain. J’ai commencé des études d’ingénieur à Cluj. Mais ma passion, c’était la lecture. » L’obtention de son diplôme coïncide avec la chute du régime de Ceausescu. Il quitte sa ville pour Bucarest, se fait un plaisir de refuser toute proposition concernant un poste d’ingénieur et se lance, avec passion, dans des études de journalisme, de communication et de relations internationales. A 27 ans, il décroche son premier vrai job à la télévision publique roumaine.Après quelques mois, le voilà correspondant de politique internationale. « J’étais toujours entre deux avions, le monde était mon jardin. J’en ai profité pour effectuer des stages aux Etats­-Unis, en Italie, au sein de structures spécialisées dans les relations internationales. » Son carnet d’adresses s’enrichit. Et la suite de sa carrière s’accélère. A 33 ans, il devient le plus jeune chef des infos de la télévision publique. « Tout est allé très vite. Mais c’est le genre de parcours possible en Europe de l’Est : il y a du sang frais, une jeunesse très bien formée et éduquée, curieuse, avide de découvrir le monde, aspirant à un mode de vie plus ouvert. »Lucian Sârb connaissait le journalisme, il découvre le management. Ses qualités ne passent pas inaperçues. Lorsqu’un groupe de médias privés, déjà propriétaire d’une chaîne d’info en continu en Roumanie, décide de lancer, en 2006, The Money Channel, première chaîne d’info économique en Europe de l’Est, c’est lui qui est choisi pour la diriger. Elle est diffusée vingt-quatre heures sur vingt-quatre en roumain avec des sous­-titres anglais. C’est un succès. « A cette époque, l’économie explosait en Europe de l’Est. Ce fut une expérience très originale. Et lorsque mes copains de CNBC Londres sont venus me voir à Bucarest, ils n’en croyaient pas leurs yeux, épatés par la qualité de la chaîne. J’y avais recruté des pointures de la presse écrite qui n’avaient jamais fait de télé. Ils sont devenus excellents. » « La plus ouverte au monde »Que l’homme ouvert sur le monde quitte un jour les médias roumains pour une structure plus internationale n’étonne guère. Mais Lucian Sârb ne s’attendait pas à être approché par un chasseur de têtes installé à Paris, qui lui demande s’il est intéressé par Euronews. « Se mesurer à CNN et compagnie, cela ne se refuse pas. » Il débarque, en 2009, à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, siège de la chaîne créée en 1993. « A mon arrivée, il n’y avait qu’environ 10 % de sujets spécifiques à Euronews. Le reste était constitué d’images d’agences internationales. Aujourd’hui, 75 % de nos programmes sont labellisés Euronews, et de plus en plus de chaînes internationales utilisent nos sujets alors que, auparavant, c’était en sens inverse ! Pourquoi ? Parce que la façon dont on traite les sujets est valable pour tous les pays. »Créations de magazines, personnalisation un peu plus poussée de l’antenne, changements de rythmes et de formats, ouvertures de bureaux à Athènes et à Budapest, renforcement massif du bureau de Bruxelles passé en cinq ans d’un à quinze journalistes, ajout de cinq langues (turc, ukrainien, persan, grec, hongrois) aux huit déjà existantes, Lucian Sârb a multiplié les chantiers. « Il a révolutionné le fonctionnement d’une rédaction qui somnolait un peu. Nous sommes passés d’un robinet à info à une chaîne plus vivante et innovante », estime l’un de ses adjoints.« Notre force, c’est de toujours proposer notre propre perspective. Dans cette maison, on ne peut avoir une obsession éditoriale unique, le monde entier nous intéresse. La richesse de notre rédaction doit se voir à l’antenne, car c’est probablement la newsroom la plus ouverte intellectuellement au monde. Nous parions sur les faits, pas sur les commentaires. Chez nous, il n’y pas de “bla-bla” », estime le « boss », dans un anglais impeccable. La suite ? Il sourit, se voit bien continuer l’aventure dans les futurs locaux des bords de Saône, où la rédaction emménagera dans quelques mois.Les dates1967 : Naissance à Cluj, en Roumanie.1994 : Entre à la télévision publique roumaine (TVR).2001 : Nommé chef des informations à la TVR.2006 : Dirige The Money Channel, à Bucarest.Mai 2009 : Directeur de la rédaction d’Euronews.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le fonds Google pour la presse française est mort… vive le fonds Google pour la presse européenne ! Ainsi pourrait se résumer l’annonce que devait faire le groupe américain mardi 28 avril à Londres. Dans le langage maison, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) va cesser mi-2016 son activité après avoir distribué en trois ans 60 millions d’euros environ à des projets d’éditeurs français. Il va laisser la place au Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Cette évolution n’est pas anodine et répond à plusieurs préoccupations de Google, toujours engagé dans une épreuve de force avec certaines entreprises et autorités en Europe.A son lancement, la nouvelle structure de Google s’appuiera sur huit éditeurs partenaires, la plupart quotidiens : Les Echos en France, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie. Cette liste de partenaires est ouverte et susceptible d’accueillir de nouveaux membres.L’initiative sur huit éditeurs partenairesUne première constatation s’impose : les éditeurs français devraient en principe recevoir moins d’argent qu’au cours des trois dernières années. En 2014, le FINP a accordé 16,1 millions d’euros à 29 projets d’innovation (qui restaient financés à 40 % minimum par les médias). En 2013, il a accordé 16,3 millions d’euros à 23 projets.Allant du lancement d’une édition numérique du matin au développement de plates-formes payantes ou mobiles, l’aide a bénéficié à nombre de médias : Le Monde, Le Figaro, Libération, Rue89, BFM-TV, Alternatives économiques…Les candidats français devront désormais défendre leurs initiatives face à celles des éditeurs de toute l’Europe en tant que région. Google n’avait jamais caché que le fonds français était lancé pour trois ans et que son avenir serait alors rediscuté. Mais les détracteurs de Google souligneront que le montant promis en 2013 par l’entreprise en soutien de la presse française n’était pas pérenne et reste soumis à sa volonté.A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Défendant une approche « pragmatique » et de coopération, le fonds français était une « exception » en Europe et dans le monde, a expliqué Francis Morel, patron des Echos, le 25 mars, lors d’une journée organisée par le FINP à Paris. « Je me demande pourquoi. Les autres pays européens devraient nous regarder », disait-il. L’élargissement du fonds français au niveau européen était une question de « cohérence », précisait-on chez Google.Plus collaboratifEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media) qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus, a expliqué Christoph Keese, vice-président exécutif du groupe Springer.Selon ce dirigeant, en pointe du combat contre Google, le fonds français « faillit à établir un principe crucial : le contenu doit être payé ». En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits, écrit Les Echos. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes, ajoute le quotidien partenaire. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.« Rôle dans l’écosystème du numérique »« Google s’intéresse au journalisme car c’est un des fondements de la démocratie. Nos internautes, dans le monde entier, ont besoin d’une presse forte », a expliqué le 25 mars Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations de Google Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique. « Le DNI est le témoignage d’un engagement pour le développement de l’écosystème du journalisme », estime Ludovic Blecher, directeur du FINP.Une démarche qui ne dépareille pas avec l’inflexion de la communication générale de Google, qui vient de lancer sa première campagne institutionnelle en France pour vanter son « rôle dans l’écosystème du numérique ». Au même moment, le groupe livre en Europe un combat dont l’intensité a grimpé d’un cran le 15 avril avec la décision de la commission européenne de notifier à Google son accusation d’abus de position dominante sur la recherche en ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.04.2015 à 11h35 • Mis à jour le27.04.2015 à 19h46 La présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, selon Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures.Cette révélation a été faite à la suite d'un courrier anonyme envoyé aux administrateurs de l'INA à la veille du conseil d'administration qui s'est tenu le 23 avril, précise le quotidien. A la réception de ce courrier anonyme citant des documents de l'entreprise, l'INA a lancé une enquête interne et envisage de porter plainte, a appris Le Monde.Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement et 32 000 euros les déplacements. Agnès Saal a indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés. 6 700 euros au nom de son filsAgnès Saal, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014 s'est défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation, ajoute Le Figaro. « C'est une maladresse, j'en reconnais la responsabilité et j'ai immédiatement remboursé ces frais », a expliqué l'énarque de 57 ans.Un doute subsiste cependant concernant les 7 800 euros de frais de taxi facturés le week-end, à savoir ce qui relève des trajets professionnels et des privés. « Ce n'est pas évident de savoir si une course de taxi pour un événement dans lequel je représente l'INA est professionnelle ou personnelle », a-t-elle expliqué, estimant que « l'usage professionnel du taxi pendant les week-ends représente environ un tiers ou un quart de la facture ». Selon Le Figaro, elle s'est ainsi engagée à rembourser les deux tiers ou les trois quarts restants.La ministre de la culture réagitQuelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin, la ministre de la culture, a rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Concernant les « frais de déplacement privés de la présidente » de l'INA, Mme Pellerin en « a immédiatement demandé le remboursement intégral, qui est en cours », précise le ministère. Gilles Paris (Washington, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o1nqx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o1nqx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « Une offre de télévision publique moderne et créative, ouverte sur le monde et accessible à tous grâce à une entreprise publique réconciliée avec elle-même. » Tel est l’objectif que se fixe Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, dans le projet qu’elle a présenté au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et que celui-ci a rendu public, vendredi 24 avril. Volontariste, ce projet de 31 pages entend transformer cette structure de 10 000 salariés « en une entreprise moderne, du 21e siècle », en constatant « un dilemme simple : l’adaptation ou l’affaiblissement. »Reconquérir la jeunesseMme Ernotte veut « réinventer l’offre » pour reconquérir la jeunesse et s’adapter aux nouveaux usages numériques, tout en promouvant « la diversité culturelle ». « Le principal axe de travail pour y parvenir consiste à mettre l’accent sur l’innovation et une certaine prise de risque », écrit-elle. La recherche et développement de nouveaux programmes se verrait allouer 5 % des budgets, les délais de production seraient raccourcis, un « pacte » serait négocié avec les producteurs pour « faire de l’audiovisuel français un champion à l’international » et « pousser à la création de programmes exportables ». L’enjeu serait la « création de nouvelles fictions » mais aussi la culture, l’information et le sport.La nouvelle PDG souhaite également refondre l’offre de rattrapage, sous l’influence de la plate-forme Netflix. « Afin de créer une passerelle directe avec les usagers, une nouvelle plateforme numérique, basée sur un algorithme de recommandation, doit rendre la télévision de rattrapage plus accessible », souhaite-t-elle.L’offre jeunesse serait la première concernée, avec la mise en place d’une offre à la demande qu’elle espère également génératrice de nouvelles recettes. Plus largement, Mme Ernotte propose une stratégie numérique inspirée de pratiques en vigueur sur d’autres chaînes : recherche de nouveaux talents, interactivité, mise en ligne anticipée de tous les épisodes d’une série…France 2 chaîne du flux, réforme de France 3Du côté des chaînes, elle compte faire évoluer France 2 vers l’« événementiel », c’est-à-dire la chaîne du « voir ensemble », qu’il s’agisse de l’information, du sport ou des télés crochets. « France 2 a vocation naturelle à devenir la chaîne leader de la télévision française », espère-t-elle.Delphine Ernotte annonce également une profonde réforme de France 3, très attendue par les pouvoirs publics. Celle-ci reposerait sur le rassemblement de France 3 et France 3 Régions, actuellement séparées ; le développement des décrochages régionaux ; une redéfinition du découpage régional pour suivre la nouvelle carte des régions françaises.Quant aux autres chaînes, France 5 et France Ô garderaient le même positionnement, mais France 4 serait exclusivement orientée vers « le public des moins de 15 ans », et non plus les jeunes adultes.Enfin, dans le domaine de l’information, ce projet propose de « faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion », c’est-à-dire une chaîne d’information - dont le mode de diffusion reste à définir - qui puisse se positionner en contrepoint de BFM-TV. Pour y parvenir, Mme Ernotte souhaite développer des liens avec les autres entreprises de l’audiovisuel public (l’INA, France Médias Monde ou Radio France), répondant là aussi à une attente des pouvoirs publics. Ce projet pourrait être « mis à l’antenne en septembre 2016 ».Des assises de l’entrepriseMais pour mener à bien ces différentes ambitions, Delphine Ernotte trace un chemin exigeant qui définit une large réforme de l’entreprise. Constatant que « France Télévisions est une entreprise qui doute », elle insiste sur une méthode reposant sur le dialogue. « Le plan stratégique 2020 sera élaboré dans le cadre des assises de l’entreprise, organisées selon un processus décentralisé », annonce-t-elle.Elle en attend « un pacte social adapté aux besoins de l’entreprise et des salariés » qui reposera sur « une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « donnant la priorité aux responsables de proximité ». Il s’agit de répondre aux angoisses et à la désorganisation de l’entreprise, décrites dans plusieurs rapports, pour proposer des évolutions des métiers et une vaste politique de formation.Lire aussi :France Télévisions, le grand corps maladeLa masse salariale sous pressionMme Ernotte compte aussi donner plus d’autonomie aux directions de chaînes, même si elle maintiendrait une direction transversale pour les programmes et une autre pour l’information. « Dès mon entrée en fonction, je nommerai une équipe strictement paritaire. Celle-ci, composée de quatorze membres comprendra, outre la Présidence, les cinq directions de chaînes, les deux directions transversales (stratégie et programmes, information) auxquelles s’ajouteront six directions fonctionnelles : commerciale, technique et système d’information, financière, ressources humaines, communication et secrétariat général », annonce-t-elle.Dans l’immédiat, c’est une politique de rigueur qui est prévue. La nouvelle PDG va « remettre à plat immédiatement le budget 2015 » et engager des économies de structure : « direction plus recentrée », « mise sous contrôle des frais de conseil et des frais généraux », « blocage immédiat des embauches », « rationalisation des missions » et rentabilisation de « l’outil de production » interne.« De façon plus générale, la question des charges de personnel doit être affrontée avec détermination et responsabilité, écrit Mme Ernotte. Le taux de collaborateurs non permanents est de 15,4 %. Le taux d’encadrement est très élevé. Afin d’éviter tout départ contraint et de chercher des solutions négociées, il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fusion géante entre les câblo-opérateurs américains Comcast et Time Warner Cable (TWC) ne verra finalement pas le jour. Les deux groupes, qui avaient annoncé leur rapprochement le 13 février 2014, ont préféré jeter l’éponge face au scepticisme des autorités américaines de la concurrence, selon des sources proches du dossier et citées, jeudi 23 avril, par l’agence Bloomberg. L’abandon de l’opération devait être officialisé dans la journée de vendredi.Comcast, le leader du secteur aux Etats-Unis, avait initialement proposé de racheter TWC, le numéro deux, pour 45,2 milliards de dollars (41,7 milliards d’euros), soit 67 milliards de dollars dette comprise.A l’issue, les deux groupes auraient cumulé 30 millions d’abonnés. Mais, depuis cette annonce, d’intenses négociations se sont engagées avec le régulateur américain du secteur, la Federal Communications Commission (FCC), pour savoir si l’opération respectait les règles de la concurrence. Il y a quelques jours, le ministère de la justice avait commencé à émettre de sérieux doutes sur la faisabilité de la fusion.Lire aussi :La fusion Comcast-Time Warner sous la loupe de l’antitrust américainMercredi, le parcours d’obstacles s’est encore un peu plus compliqué. Comcast et TWC ont rencontré des membres de la FCC et du ministère de la justice, dont le feu vert était nécessaire pour que l’opération puisse aller à son terme. Leurs interlocuteurs ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact qu’aurait une fusion sur les consommateurs.Le précédent AT&TLa FCC a proposé que le feu vert donné à l’opération le soit par un juge administratif. Cette procédure, qui en dit long sur le scepticisme du régulateur, a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’issue finale devenant très incertaine, et malgré des dépenses en lobbying, en 2014, de 17 millions de dollars, Comcast a donc préféré renoncer.C’est le même type de procédure qui avait été imposé à AT&T pour valider son rapprochement avec T-Mobile en 2011. On sait ce qu’il advint : la fusion avait été cassée par le juge, et l’opérateur avait dû payer 4 milliards de dollars d’indemnités à Deutsche Telekom, la maison mère de T-Mobile.Comcast a eu beau répéter, ces derniers mois, que la fusion était dans l’intérêt public parce qu’elle permettrait de fournir aux clients de TWC un meilleur service, les autorités américaines ne se sont pas laissées convaincre.Il faut dire que le nouveau groupe aurait détenu 30 % du marché de la télévision payante aux Etats-Unis et 57 % de celui des fournisseurs d’accès à Internet. Les deux acteurs avaient proposé quelques concessions pour faire passer la pilule. Il était notamment question de rétrocéder environ trois millions d’abonnés au challenger du secteur, Charter Communications, qui serait ainsi passé de la quatrième à la deuxième place. Mais, visiblement, la concession n’a pas été jugée suffisante.Bonne nouvelle pour le consommateurLe renoncement à cette fusion fait les affaires de groupes de média, comme Time Warner – dont les activités n’ont plus rien à voir avec celles de TWC –, de Walt Disney, de 21st Century Fox ou encore de Netflix, qui voyaient d’un mauvais œil la constitution de ce nouveau géant. Reed Hastings, le fondateur et patron de la société de streaming (lecture sans téléchargement) était d’ailleurs l’un des plus virulents opposants à ce projet de mariage. Netflix avait déjà dû accepter de verser d’importantes sommes d’argent à Comcast et à TWC, afin d’assurer une vitesse de connexion optimale pour ses abonnés. Réunis, les deux opérateurs auraient encore plus de poids dans ces négociations.Du côté du consommateur, qui paie déjà des prix prohibitifs comparés à ceux pratiqués en Europe pour accéder à Internet, cette réduction du nombre d’acteurs n’aurait pas été non plus une très bonne nouvelle.La recomposition du secteur est donc relancée. Charter Communications et son principal actionnaire, Liberty Media, l’une des holdings du milliardaire américain John Malone, qui avait fait une offre sur TWC quelques semaines avant l’annonce de la fusion, pourrait revenir dans le jeu. Mais, à l’époque, la valorisation proposée, beaucoup moins généreuse que celle de Comcast, avait été rejetée par la cible.Il y a quelques mois, lors d’une réunion avec des investisseurs, M. Malone avait dit qu’il était prêt à envisager une nouvelle offre si jamais l’opération avec Comcast échouait. C’est désormais chose faite.Pour TWC, qui avait fait de cette fusion la pierre angulaire de stratégie, c’est assurément un coup dur. La direction de l’entreprise a prévu d’organiser une conférence téléphonique avec ses actionnaires, le 30 avril. Le PDG du groupe, Robert Marcus, arrivé à la tête de la société seulement un mois et demi avant la vente à Comcast, avait empoché une rémunération astronomique de 80 millions de dollars. Il va maintenant lui falloir trouver un plan B capable d’assurer un futur à TWC.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Anne Eveno « Chez Orange, elle connaît tous les rouages de l’entreprise et des métiers. Aller vers une autre entreprise va être pour elle un vrai défi, un saut dans l’inconnu. » Ce haut cadre d’Orange résume bien l’équation que va devoir résoudre Delphine Ernotte, nommée, jeudi 23 avril, présidente de France Télévisions, après vingt-six années passées chez l’opérateur.A 48 ans, la directrice générale adjointe d’Orange France a arpenté toutes les fonctions possibles au sein de son entreprise : de l’analyse financière à la R&D, de la distribution aux fonctions de direction. Centralienne, cette ingénieure de formation y a appris la vente, la communication, le marketing et le délicat exercice du dialogue social. Elle a aussi contribué à transformer l’entreprise et appris à composer avec la présence de l’Etat.« C’est une vraie patronne qui sait déléguer, écouter et décider », décrit Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution de Canal+, qui a travaillé sous ses ordres chez Orange. « Mi corse-mi basque, elle a un côté mama qui protège voire couve ses équipes, renchérit Elie Girard d’Atos, qui a travaillé avec elle pendant six ans. C’est une bosseuse, très impliquée. Lors de la grande panne des mobiles de l’été 2012, elle a passé toute la nuit au centre de supervision au beau milieu des techniciens et impressionné tout le monde. » Des tempêtesChez Orange, les tempêtes n’ont pas manqué. Mme Ernotte a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau concurrent, Free Mobile, en 2012. Surtout, elle a été confrontée, comme toute la direction du groupe, à la crise des suicides chez l’opérateur, consécutive à la mise en place du plan « Next ». Propulsée au comité exécutif après le départ de Didier Lombard – mis en cause dans cette affaire –, la nouvelle directrice générale admet alors que ces drames ont suscité chez elle « un mélange de profonde culpabilité et de déni » et « une remise en question fondamentale ».Ses défenseurs soulignent qu’elle a ensuite œuvré à l’« apaisement » du climat social. « C’est difficile d’évaluer son implication dans la crise sociale qui a secoué l’entreprise du temps de Lombard, juge une source chez Orange. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a appris à écouter, elle a réussi à respecter le contrat social dans un contexte difficile où Orange France était secoué de tous les côtés par la concurrence. »Dans sa nouvelle maison, Delphine Ernotte se sait attendue sur ce terrain. Pendant la campagne, la CGC Médias l’a associée à cette crise des suicides – un message lourd dans le contexte de fragilité sociale que connaît France Télévisions. Dans sa décision motivée, le CSA a souligné que la nouvelle PDG voulait « bâtir, par la négociation et le dialogue, un plan stratégique visant à promouvoir la confiance au sein de France Télévisions ».Lire aussi (édition abonnés) :France Télévisions, le grand corps maladeL’inconnue des contenusPour cela, elle devra forcer sa personnalité que beaucoup décrivent comme « froide » ou « distante ». « Son côté froid, c’est une carapace, corrige un cadre de l’opérateur. En réalité elle a beaucoup d’empathie et je l’ai vue dans plein de conventions faire le show quand il le fallait. »Et d’avancer une explication : « Elle a toujours été dans un milieu d’hommes, elle doit sûrement se protéger aussi. » Dans l’univers d’ingénieurs souvent masculin qu’est Orange, Delphine Ernotte s’est attachée à défendre la place des femmes, infligeant des amendes de 10 euros pour toute remarque sexiste formulée en comité exécutif.Autre défi pour la nouvelle présidente : son inexpérience dans les contenus et l’audiovisuel, même si Orange distribue aussi des contenus et que le CSA relève sa « perception des enjeux de l’audiovisuel ». Ses amis ont beau évoquer sa « passion du théâtre » – son époux est le comédien Marc Ernotte et elle ne manque pas de réseaux dans le monde culturel –, sa capacité à aider France Télévisions à repenser ses offres en profondeur est à ce stade une inconnue.Anne EvenoJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Il aura fallu une délibération de près de 24 heures pour que le Conseil supérieur de l’audiovisuel tranche. Jeudi 23 avril, les huit conseillers ont désigné Delphine Ernotte, actuelle directrice générale adjointe d’Orange France, à la présidence de France Télévisions. Mme Ernotte prendra ses fonctions le 22 août, succédant à Rémy Pflimlin.Cette nomination a fait l’objet d’une sérieuse bataille au sein du conseil. Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote avait attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique. Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’avaient recueilli aucun vote.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinLes conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias. Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.Des qualités d’écoute et de décisionLe CSA a donc décidé d’auditionner à nouveau les deux candidats, jeudi après-midi. A l’issue de ces auditions, un vote majoritaire s’est dégagé en faveur de Mme Ernotte.Centralienne, Delphine Ernotte a fait toute sa carrière chez Orange. Son profil est celui d’une manageuse dont les partisans vantent les qualités d’écoute, de compréhension et de décision. Avec 80 000 salariés, Orange France est le vaisseau amiral du groupe. Elle n’a par contre pas d’expérience des contenus ou de l’audiovisuel, ce qui était le point fort de l’autre finaliste, Pascal Josèphe.Agée de 48 ans, Mme Ernotte sera la première femme à diriger France Télévisions. Chez Orange, un univers d’ingénieurs souvent masculins, elle s’est attachée à défendre la place des femmes.Dans le milieu de l’audiovisuel, son nom a commencé à circuler fin 2014. Conseillée par Denis Pingaud – également présent aux côtés du PDG de Radio France, Mathieu Gallet –, elle a mené campagne en coulisse, sans s’exposer dans les médias. Cela ne l’a pas empêchée de subir plusieurs tirs de barrage, notamment de syndicats de France Télévisions, qui l’ont parfois associée au plan « Next » dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les huit conseillers du CSA doivent tenter, jeudi 23 avril, de s’accorder sur le nom du futur président de France Télévisions. Celui-ci – ou celle-ci – doit recueillir une majorité d’au moins cinq voix, que les premiers tours de scrutin n’ont pas permis d’atteindre.Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote a attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique.Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’ont recueilli aucun vote. Les conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias.Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.« Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, réuni en assemblée plénière ce matin, a constaté un partage des voix entre deux candidats à l’issue de deux votes. Il a décidé d’auditionner cet après-midi les deux personnalités concernées », a fait savoir le CSA dans un communiqué.Cette situation inédite ne devrait pas manquer de susciter de nouvelles questions à l’égard d’une procédure de désignation qui a été remise en question pour sa dimension secrète.Lire aussi :« France Télévisions, le règne de l’opacité »Jeudi, dans un communiqué, la CFDT de France Télévisions a estimé que « la sélection des candidats en finale à de quoi étonner ». A la surprise générale, plusieurs candidats expérimentés comme Emmanuel Hoog, Didier Quillot ou Marie-Christine Saragosse avaient été écartés, jeudi 16 avril.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martine Delahaye Pas encore patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, alors à la tête d’Orange France, ne mâchait pas ses mots, en janvier 2013, sur le site Lesnouvellesnews.fr.Répondant à David Abiker au sujet de l’égalité professionnelle femmes-hommes, elle disait notamment : « En gros, en caricaturant, quand vous proposez un poste à un homme, c’est tout juste assez bon pour lui ; quand vous le proposez à une femme, elle vous demande tout de suite : “Mais pensez-vous que je vais être capable de le tenir ?” Il faut que ça change. » Avant d’ajouter : « La question n’est pas de savoir si les hommes et les femmes, c’est différent. Tout ça, c’est un faux débat. Ce qu’il faut, c’est savoir si on respecte le principe d’égalité en droit : y a-t-il égalité des salaires dans l’entreprise. Et y a-t-il égalité des promotions ? C’est ça, la question. » Si le projet de Dephine Ernotte-Cunci, élue PDG de France Télévisions jeudi 23 avril, prévoit « une direction resserrée et paritaire », on peut supposer qu’elle voudra aussi mettre à mal les chiffres dont font état deux rapports officiels récents du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du Centre national de la cinématographie quant à « la place des femmes dans l’audiovisuel public ».Des chiffres et constats jugés « atterrants » par les professionnelles de la télévision invitées à la table ronde organisée sur ce sujet par le festival Séries Mania, lundi 20 avril. Alors que « les femmes représentent 52 % de la population (Insee), 56 % de l’audience TV, 50 % des usagers d’Internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur (Insee) »,comme l’a rappelé le CSA, « il est logique que la sous-représentation des femmes dans les instances audiovisuelles ne soit quasiment jamais évoquée et étonne : on n’y trouve quasiment pas de femmes ! », commentait la scénariste Sophie Deschamps, présidente du conseil d’administration de la Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD).En faveur des quotasEt de détailler : seulement 16 % de réalisatrices en télévision (7 % dans le domaine des séries) ; un tiers de femmes cadres dans les sociétés de production, un quart de femmes parmi les dirigeants de sociétés audiovisuelles. « En dessous du seuil de 30 %, c’est ce que l’on nomme “l’invisibilité”, ajoutait Sophie Deschamps, on fait partie des minorités invisibles… » Sans oublier que le peu de réalisatrices qui travaillent gagnent un tiers de moins que les hommes, seules les scriptes, actrices et cascadeuses sont en moyenne mieux rémunérées que les hommes.Certes, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes votée le 4 août 2014 devrait permettre à terme de changer la donne. Mais en attendant, non sans manifester quelques réserves, l’ensemble des femmes réunies lors de cette table ronde professionnelle se sont prononcées en faveur de l’application temporaire de quotas afin que davantage de femmes puissent mener un projet audiovisuel. Ce qui existe déjà en Suède. « Après ces cinquante dernières années d’injustice, on n’a pas le choix, il faut en passer par là, répondait Sophie Deschamps à une question sur la perversité des quotas. Il faut faire monter les femmes, sinon on voit bien qu’elles n’ont quasiment aucune chance de faire carrière ! »Constatant, par ailleurs, que lorsque les concours publics ont lieu à l’aveugle – derrière un paravent pour les musicien(ne)s classiques, par exemple –, les femmes sont beaucoup plus souvent recrutées, l’ensemble des participantes à cette table ronde parvenaient à la même conclusion : hormis à Arte, dirigée par Véronique Cayla et qui compte 67 % de femmes, peu ou pas de femmes sont présentes dans les instances de décision, de même à la tête de téléfilms ou de séries, ce qui les empêche de se former, d’acquérir une compétence et donc d’être ensuite appelées à exercer leur métier…Sans décision de parité temporaire et raisonnée, pas de vrais changements à attendre.Martine DelahayeJournaliste au Monde Alain Constant En six ans, le directeur de la rédaction d’Euronews a su dynamiser les programmes de la chaîne d’information en continu.Même au sein d’une chaîne internationale d’information en continu où l’on a l’habitude des coups de chaud, cette journée du 18 mars se révèle plus agitée que d’habitude. Entre l’attentat du Musée du Bardo, à Tunis, le discours de Vladimir Poutine à l’occasion du premier anniversaire du « retour » de la Crimée au sein de la « mère-patrie », l’analyse des élections israéliennes, la rencontre entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker,­ et le premier ministre français, Manuel Valls, à Bruxelles et l’attente imminente d’un entretien exclusif à Kiev avec le président Petro Porochenko, la régie d’Euronews est en ébullition.Debout, chemise blanche et regard pétillant, un homme s’adresse alternativement en anglais et en français à ses troupes. Le Roumain Lucian Sârb donne ses directives, apaise certaines angoisses, encourage les initiatives. Dans la tempête de l’actualité chaude, le capitaine semble tenir la barre. Quelques minutes plus tard, dans le calme de son petit bureau, celui qui dirige depuis six ans cette grande rédaction cosmopolite de plusieurs centaines de journalistes représentant vingt-­cinq nationalités a encore les yeux qui brillent. « Oui, c’est une journée spéciale, un peu plus tendue que d’habitude. Mais ça peut être pire », lance-t-­il en français et en roulant les « r ».« Tout est allé très vite »Né en 1967 à Cluj, au cœur de la Transylvanie, l’homme fait partie de la jeune génération qui a « détruit Ceausescu », selon ses propres termes. « Ma région natale est ouverte, on y a toujours entendu parler allemand, hongrois, roumain. J’ai commencé des études d’ingénieur à Cluj. Mais ma passion, c’était la lecture. » L’obtention de son diplôme coïncide avec la chute du régime de Ceausescu. Il quitte sa ville pour Bucarest, se fait un plaisir de refuser toute proposition concernant un poste d’ingénieur et se lance, avec passion, dans des études de journalisme, de communication et de relations internationales. A 27 ans, il décroche son premier vrai job à la télévision publique roumaine.Après quelques mois, le voilà correspondant de politique internationale. « J’étais toujours entre deux avions, le monde était mon jardin. J’en ai profité pour effectuer des stages aux Etats­-Unis, en Italie, au sein de structures spécialisées dans les relations internationales. » Son carnet d’adresses s’enrichit. Et la suite de sa carrière s’accélère. A 33 ans, il devient le plus jeune chef des infos de la télévision publique. « Tout est allé très vite. Mais c’est le genre de parcours possible en Europe de l’Est : il y a du sang frais, une jeunesse très bien formée et éduquée, curieuse, avide de découvrir le monde, aspirant à un mode de vie plus ouvert. »Lucian Sârb connaissait le journalisme, il découvre le management. Ses qualités ne passent pas inaperçues. Lorsqu’un groupe de médias privés, déjà propriétaire d’une chaîne d’info en continu en Roumanie, décide de lancer, en 2006, The Money Channel, première chaîne d’info économique en Europe de l’Est, c’est lui qui est choisi pour la diriger. Elle est diffusée vingt-quatre heures sur vingt-quatre en roumain avec des sous­-titres anglais. C’est un succès. « A cette époque, l’économie explosait en Europe de l’Est. Ce fut une expérience très originale. Et lorsque mes copains de CNBC Londres sont venus me voir à Bucarest, ils n’en croyaient pas leurs yeux, épatés par la qualité de la chaîne. J’y avais recruté des pointures de la presse écrite qui n’avaient jamais fait de télé. Ils sont devenus excellents. » « La plus ouverte au monde »Que l’homme ouvert sur le monde quitte un jour les médias roumains pour une structure plus internationale n’étonne guère. Mais Lucian Sârb ne s’attendait pas à être approché par un chasseur de têtes installé à Paris, qui lui demande s’il est intéressé par Euronews. « Se mesurer à CNN et compagnie, cela ne se refuse pas. » Il débarque, en 2009, à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, siège de la chaîne créée en 1993. « A mon arrivée, il n’y avait qu’environ 10 % de sujets spécifiques à Euronews. Le reste était constitué d’images d’agences internationales. Aujourd’hui, 75 % de nos programmes sont labellisés Euronews, et de plus en plus de chaînes internationales utilisent nos sujets alors que, auparavant, c’était en sens inverse ! Pourquoi ? Parce que la façon dont on traite les sujets est valable pour tous les pays. »Créations de magazines, personnalisation un peu plus poussée de l’antenne, changements de rythmes et de formats, ouvertures de bureaux à Athènes et à Budapest, renforcement massif du bureau de Bruxelles passé en cinq ans d’un à quinze journalistes, ajout de cinq langues (turc, ukrainien, persan, grec, hongrois) aux huit déjà existantes, Lucian Sârb a multiplié les chantiers. « Il a révolutionné le fonctionnement d’une rédaction qui somnolait un peu. Nous sommes passés d’un robinet à info à une chaîne plus vivante et innovante », estime l’un de ses adjoints.« Notre force, c’est de toujours proposer notre propre perspective. Dans cette maison, on ne peut avoir une obsession éditoriale unique, le monde entier nous intéresse. La richesse de notre rédaction doit se voir à l’antenne, car c’est probablement la newsroom la plus ouverte intellectuellement au monde. Nous parions sur les faits, pas sur les commentaires. Chez nous, il n’y pas de “bla-bla” », estime le « boss », dans un anglais impeccable. La suite ? Il sourit, se voit bien continuer l’aventure dans les futurs locaux des bords de Saône, où la rédaction emménagera dans quelques mois.Les dates1967 : Naissance à Cluj, en Roumanie.1994 : Entre à la télévision publique roumaine (TVR).2001 : Nommé chef des informations à la TVR.2006 : Dirige The Money Channel, à Bucarest.Mai 2009 : Directeur de la rédaction d’Euronews.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le fonds Google pour la presse française est mort… vive le fonds Google pour la presse européenne ! Ainsi pourrait se résumer l’annonce que devait faire le groupe américain mardi 28 avril à Londres. Dans le langage maison, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) va cesser mi-2016 son activité après avoir distribué en trois ans 60 millions d’euros environ à des projets d’éditeurs français. Il va laisser la place au Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Cette évolution n’est pas anodine et répond à plusieurs préoccupations de Google, toujours engagé dans une épreuve de force avec certaines entreprises et autorités en Europe.A son lancement, la nouvelle structure de Google s’appuiera sur huit éditeurs partenaires, la plupart quotidiens : Les Echos en France, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie. Cette liste de partenaires est ouverte et susceptible d’accueillir de nouveaux membres.L’initiative sur huit éditeurs partenairesUne première constatation s’impose : les éditeurs français devraient en principe recevoir moins d’argent qu’au cours des trois dernières années. En 2014, le FINP a accordé 16,1 millions d’euros à 29 projets d’innovation (qui restaient financés à 40 % minimum par les médias). En 2013, il a accordé 16,3 millions d’euros à 23 projets.Allant du lancement d’une édition numérique du matin au développement de plates-formes payantes ou mobiles, l’aide a bénéficié à nombre de médias : Le Monde, Le Figaro, Libération, Rue89, BFM-TV, Alternatives économiques…Les candidats français devront désormais défendre leurs initiatives face à celles des éditeurs de toute l’Europe en tant que région. Google n’avait jamais caché que le fonds français était lancé pour trois ans et que son avenir serait alors rediscuté. Mais les détracteurs de Google souligneront que le montant promis en 2013 par l’entreprise en soutien de la presse française n’était pas pérenne et reste soumis à sa volonté.A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Défendant une approche « pragmatique » et de coopération, le fonds français était une « exception » en Europe et dans le monde, a expliqué Francis Morel, patron des Echos, le 25 mars, lors d’une journée organisée par le FINP à Paris. « Je me demande pourquoi. Les autres pays européens devraient nous regarder », disait-il. L’élargissement du fonds français au niveau européen était une question de « cohérence », précisait-on chez Google.Plus collaboratifEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media) qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus, a expliqué Christoph Keese, vice-président exécutif du groupe Springer.Selon ce dirigeant, en pointe du combat contre Google, le fonds français « faillit à établir un principe crucial : le contenu doit être payé ». En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits, écrit Les Echos. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes, ajoute le quotidien partenaire. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.« Rôle dans l’écosystème du numérique »« Google s’intéresse au journalisme car c’est un des fondements de la démocratie. Nos internautes, dans le monde entier, ont besoin d’une presse forte », a expliqué le 25 mars Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations de Google Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique. « Le DNI est le témoignage d’un engagement pour le développement de l’écosystème du journalisme », estime Ludovic Blecher, directeur du FINP.Une démarche qui ne dépareille pas avec l’inflexion de la communication générale de Google, qui vient de lancer sa première campagne institutionnelle en France pour vanter son « rôle dans l’écosystème du numérique ». Au même moment, le groupe livre en Europe un combat dont l’intensité a grimpé d’un cran le 15 avril avec la décision de la commission européenne de notifier à Google son accusation d’abus de position dominante sur la recherche en ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.04.2015 à 11h35 • Mis à jour le27.04.2015 à 19h46 La présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, selon Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures.Cette révélation a été faite à la suite d'un courrier anonyme envoyé aux administrateurs de l'INA à la veille du conseil d'administration qui s'est tenu le 23 avril, précise le quotidien. A la réception de ce courrier anonyme citant des documents de l'entreprise, l'INA a lancé une enquête interne et envisage de porter plainte, a appris Le Monde.Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement et 32 000 euros les déplacements. Agnès Saal a indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés. 6 700 euros au nom de son filsAgnès Saal, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014 s'est défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation, ajoute Le Figaro. « C'est une maladresse, j'en reconnais la responsabilité et j'ai immédiatement remboursé ces frais », a expliqué l'énarque de 57 ans.Un doute subsiste cependant concernant les 7 800 euros de frais de taxi facturés le week-end, à savoir ce qui relève des trajets professionnels et des privés. « Ce n'est pas évident de savoir si une course de taxi pour un événement dans lequel je représente l'INA est professionnelle ou personnelle », a-t-elle expliqué, estimant que « l'usage professionnel du taxi pendant les week-ends représente environ un tiers ou un quart de la facture ». Selon Le Figaro, elle s'est ainsi engagée à rembourser les deux tiers ou les trois quarts restants.La ministre de la culture réagitQuelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin, la ministre de la culture, a rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Concernant les « frais de déplacement privés de la présidente » de l'INA, Mme Pellerin en « a immédiatement demandé le remboursement intégral, qui est en cours », précise le ministère. Gilles Paris (Washington, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o1nqx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o1nqx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « Une offre de télévision publique moderne et créative, ouverte sur le monde et accessible à tous grâce à une entreprise publique réconciliée avec elle-même. » Tel est l’objectif que se fixe Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, dans le projet qu’elle a présenté au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et que celui-ci a rendu public, vendredi 24 avril. Volontariste, ce projet de 31 pages entend transformer cette structure de 10 000 salariés « en une entreprise moderne, du 21e siècle », en constatant « un dilemme simple : l’adaptation ou l’affaiblissement. »Reconquérir la jeunesseMme Ernotte veut « réinventer l’offre » pour reconquérir la jeunesse et s’adapter aux nouveaux usages numériques, tout en promouvant « la diversité culturelle ». « Le principal axe de travail pour y parvenir consiste à mettre l’accent sur l’innovation et une certaine prise de risque », écrit-elle. La recherche et développement de nouveaux programmes se verrait allouer 5 % des budgets, les délais de production seraient raccourcis, un « pacte » serait négocié avec les producteurs pour « faire de l’audiovisuel français un champion à l’international » et « pousser à la création de programmes exportables ». L’enjeu serait la « création de nouvelles fictions » mais aussi la culture, l’information et le sport.La nouvelle PDG souhaite également refondre l’offre de rattrapage, sous l’influence de la plate-forme Netflix. « Afin de créer une passerelle directe avec les usagers, une nouvelle plateforme numérique, basée sur un algorithme de recommandation, doit rendre la télévision de rattrapage plus accessible », souhaite-t-elle.L’offre jeunesse serait la première concernée, avec la mise en place d’une offre à la demande qu’elle espère également génératrice de nouvelles recettes. Plus largement, Mme Ernotte propose une stratégie numérique inspirée de pratiques en vigueur sur d’autres chaînes : recherche de nouveaux talents, interactivité, mise en ligne anticipée de tous les épisodes d’une série…France 2 chaîne du flux, réforme de France 3Du côté des chaînes, elle compte faire évoluer France 2 vers l’« événementiel », c’est-à-dire la chaîne du « voir ensemble », qu’il s’agisse de l’information, du sport ou des télés crochets. « France 2 a vocation naturelle à devenir la chaîne leader de la télévision française », espère-t-elle.Delphine Ernotte annonce également une profonde réforme de France 3, très attendue par les pouvoirs publics. Celle-ci reposerait sur le rassemblement de France 3 et France 3 Régions, actuellement séparées ; le développement des décrochages régionaux ; une redéfinition du découpage régional pour suivre la nouvelle carte des régions françaises.Quant aux autres chaînes, France 5 et France Ô garderaient le même positionnement, mais France 4 serait exclusivement orientée vers « le public des moins de 15 ans », et non plus les jeunes adultes.Enfin, dans le domaine de l’information, ce projet propose de « faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion », c’est-à-dire une chaîne d’information - dont le mode de diffusion reste à définir - qui puisse se positionner en contrepoint de BFM-TV. Pour y parvenir, Mme Ernotte souhaite développer des liens avec les autres entreprises de l’audiovisuel public (l’INA, France Médias Monde ou Radio France), répondant là aussi à une attente des pouvoirs publics. Ce projet pourrait être « mis à l’antenne en septembre 2016 ».Des assises de l’entrepriseMais pour mener à bien ces différentes ambitions, Delphine Ernotte trace un chemin exigeant qui définit une large réforme de l’entreprise. Constatant que « France Télévisions est une entreprise qui doute », elle insiste sur une méthode reposant sur le dialogue. « Le plan stratégique 2020 sera élaboré dans le cadre des assises de l’entreprise, organisées selon un processus décentralisé », annonce-t-elle.Elle en attend « un pacte social adapté aux besoins de l’entreprise et des salariés » qui reposera sur « une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « donnant la priorité aux responsables de proximité ». Il s’agit de répondre aux angoisses et à la désorganisation de l’entreprise, décrites dans plusieurs rapports, pour proposer des évolutions des métiers et une vaste politique de formation.Lire aussi :France Télévisions, le grand corps maladeLa masse salariale sous pressionMme Ernotte compte aussi donner plus d’autonomie aux directions de chaînes, même si elle maintiendrait une direction transversale pour les programmes et une autre pour l’information. « Dès mon entrée en fonction, je nommerai une équipe strictement paritaire. Celle-ci, composée de quatorze membres comprendra, outre la Présidence, les cinq directions de chaînes, les deux directions transversales (stratégie et programmes, information) auxquelles s’ajouteront six directions fonctionnelles : commerciale, technique et système d’information, financière, ressources humaines, communication et secrétariat général », annonce-t-elle.Dans l’immédiat, c’est une politique de rigueur qui est prévue. La nouvelle PDG va « remettre à plat immédiatement le budget 2015 » et engager des économies de structure : « direction plus recentrée », « mise sous contrôle des frais de conseil et des frais généraux », « blocage immédiat des embauches », « rationalisation des missions » et rentabilisation de « l’outil de production » interne.« De façon plus générale, la question des charges de personnel doit être affrontée avec détermination et responsabilité, écrit Mme Ernotte. Le taux de collaborateurs non permanents est de 15,4 %. Le taux d’encadrement est très élevé. Afin d’éviter tout départ contraint et de chercher des solutions négociées, il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.05.2015 à 16h34 • Mis à jour le15.05.2015 à 16h38 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) L’avocat chinois Pu Zhiqiang, figure emblématique du combat pour l’Etat de droit en Chine et ex-défenseur d’Ai Weiwei, a été officiellement inculpé pour « incitation à la haine ethnique » et « provocation de querelles et de trouble » vendredi 15 mai après-midi. L’information a été diffusée par le microblog du parquet populaire de la municipalité de Pékin. M. Pu, âgé de 50 ans, avait été arrêté il y a plus d’un an, le 7 mai 2014, après avoir participé à un séminaire privé pour commémorer les 25 ans des événements de Tiananmen. Il a ensuite subi une détention d’une durée exceptionnelle, durant laquelle le parquet a plusieurs fois renvoyé à la police le dossier pour supplément de preuves, laissant envisager une hypothétique relaxe. Il n’en a rien été. Deux accusations ont toutefois été abandonnées, « l’incitation au séparatisme » et « l’obtention illégale d’information ».Un procès d’ici à deux semainesCette inculpation fait craindre le pire : M. Pu, qui s’était spécialisé dans les cas de liberté d’expression, encourt selon son avocat, Shang Baojun, joint par Le Monde, huit ans de prison. Son procès devrait se tenir d’ici à deux semaines. Or, M. Pu et son équipe de défenseurs ont peu de chances de gagner la partie : la jurisprudence en matière de « dissidents » montre une justice largement instrumentalisée par le parti pour faire taire les critiques, sans aucun souci de cohérence ni d’équité. « Après la journaliste Gao Yu dans le domaine de la presse, le juriste Xu Zhiyong pour la société civile, voici une autre figure connue qui va être lourdement punie pour l’exemple, cette fois pour intimider les autres avocats », explique un diplomate dans une chancellerie occidentale à Pékin. Cette liste qui s’allonge de prisonniers d’opinion jetés derrière les barreaux confirme, de la part du régime et de son nouvel homme fort, une tolérance zéro à la critique, assumée sans vergogne malgré l’indignation des associations des droits de l’homme et des pays démocratiques, asiatiques ou occidentaux. Hasard du calendrier, la nouvelle de l’inculpation de M. Pu est tombée le jour de la rencontre entre le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, en visite officielle à Pékin, et le premier ministre chinois, Li Keqiang. Et la veille de l’arrivée en Chine du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, samedi 16 mai. « Il faudra s’attendre à beaucoup de réactions dans les jours qui suivent puis lors du procès, car le dossier Pu Zhiqiang fait partie de ceux qui sont le plus suivis par les ambassades étrangères », poursuit le diplomate sous couvert d’anonymat. Au début du mois, le département d’Etat américain avait appelé Pékin à libérer Pu Zhiqiang.Lire aussi :Sept années de prison pour la journaliste chinoise Gao YuLa persécution politique en Chine s’abrite toutefois derrière une façade procédurière qui rend difficile les critiques, malgré les vices de procédures et les dénis de droits que ne cessent de répertorier les avocats chinois. Enfin, alors que le très charismatique Pu Zhiqiang faisait partie des rares personnalités mises en avant par les médias chinois les plus progressistes avant sa détention, plus aucune couverture médiatique n’est autorisée sur son cas depuis en Chine, en dehors des dépêches, brèves et vénéneuses, des organes officiels.Blogueur hyperactifLa justice chinoise reproche à M. Pu des messages de microblog – 28 billets exactement – qu’il avait envoyés à ses abonnés entre 2011 et 2014 et qui ont été consignés dans l’enquête parmi des milliers d’autres (M. Pu était un blogueur hyperactif). Ses avocats ont toujours fait valoir qu’ils restaient dans les limites de la liberté d’expression telle que la définit la Constitution chinoise. Leur client est, selon eux, persécuté pour délit d’opinion.Lire aussi :Un avocat chinois menacé de 20 ans de prison pour des tweets« L’incitation à la haine ethnique » concerne des messages diffusés au sujet de la situation dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, qui a basculé depuis 2013 dans une spirale de violence et de répression. Turcophones et musulmans, les Ouïgours s’estiment réduits à des citoyens de seconde zone sur leur propre territoire. Loin de s’en être pris à eux, Pu Zhiqiang avait mis en doute dans ses tweets les informations extrêmement contrôlées et partielles de la propagande sur les attentats de 2014 au Xinjiang – dont un dans la gare d’Urumqi le 30 avril – et dans le reste de la Chine. Il avait aussi critiqué des « politiques absurdes », fondées sur le « contrôle et la vision d’autrui [les Ouïgours] en ennemis » de la part du gouvernement chinois.Quant à la « provocation de querelles et de troubles », elle pourrait renvoyer à un ensemble de moqueries exprimées par Pu Zhiqiang à l’encontre de personnalités politiques mineures très souvent raillées par la blogosphère pour leur manque d’esprit critique et leur soumission au régime – comme le petit-fils de Mao, Mao Xinyu, un haut gradé de l’armée nommé député et dont les internautes moquent continuellement l’incompétence. Dans la Chine de Xi Jinping, comme jamais peut-être depuis des décennies, le parti et son sacro-saint héritage sont intouchables.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.05.2015 à 20h45 • Mis à jour le15.05.2015 à 10h12 | Alexandre Piquard Zineb El Rhazoui, journaliste membre de la rédaction de Charlie Hebdo, a reçu, mercredi 13 mai, un courrier de la direction la convoquant à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, a appris Le Monde. Elle est d’ici là mise à pied. Contactée, la direction refuse de commenter « une procédure en cours et interne », mais insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’une convocation à un entretien, pas d’un licenciement effectif. La décision intervient dans un contexte de tensions entre la direction et la rédaction.Zineb El Rhazoui dit ne pas comprendre le motif du courrier ni la faute grave évoquée et s’étonne de la méthode « bureaucratique » employée, « sans discussion préalable ». « Je suis choquée et scandalisée qu’une direction qui a bénéficié d’autant de soutien après les attentats de janvier fasse preuve d’aussi peu de soutien envers un de ses salariés, qui est sous pression comme tous dans l’équipe et fait l’objet de menaces. »Menaces de mortSociologue des religions, franco-marocaine et militante contre l’islamisme et l’intégrisme, Zineb El Rhazoui, a notamment fait l’objet de menaces de mort de la part d’islamistes, mi février. Visant également son mari, ces menaces ont été dénoncées par des sociétés de journalistes. Par ailleurs scénariste de La Vie de Mahomet, dessiné par Charb, Mme El Rhazoui vit depuis sous protection renforcée, à Paris.« Mon mari a perdu son emploi car des djihadistes ont dévoilé son lieu de travail, il a dû quitter le Maroc, je suis menacée, je vis dans des chambres d’amis ou à l’hôtel et la direction envisage de me licencier... Bravo Charlie », ironise Zineb El Rhazoui.Conditions chaotiquesSans préjuger du motif du courrier reçu, Mme El Rhazoui explique qu’elle n’a pas pu travailler normalement depuis les attentats qui ont décimé la rédaction en janvier. « Je ne suis pas la seule. On ne peut pas reprocher aux gens d’aller mal et de ne pas se comporter en bons ouvriers, on vit dans des conditions chaotiques. C’est impossible de faire des reportages sous protection policière... », explique-t-elle.Avant janvier, Zineb El Rhazoui réalisait pour Charlie Hebdo des reportages en France et à l’étranger, notamment en Afrique, souvent sur les religions. Elle a été recrutée en 2011 pendant les « printemps arabes ». Auparavant, elle a été militante au Maroc, opposée au régime ou au ramadan, via notamment le mouvement alternatif pour les libertés individuelles, qu’elle a confondé. Elle a aussi été très active au sein de l’association Ni putes ni soumises.Depuis janvier, Mme El Rhazoui est souvent apparue dans les médias, notamment au « Grand Journal », afin de défendre la laïcité contre l’islamisme ou le droit au blasphème, des thèmes liés à Charlie Hebdo et aux attentats, comme lors de conférences, à Chicago, Montréal ou Paris.« Mesure punitive »Au fond, Mme El Rhazoui s’estime aujourd’hui victime d’une « mesure punitive » pour avoir contesté la direction actuelle de Charlie Hebdo. Elle a fait partie des signataires d’une tribune parue fin mars dans Le Monde demandant une « refondation » du journal et une gouvernance – ainsi qu’une structure de capital – beaucoup plus collégiale qu’aujourd’hui. Le capital est actuellement détenu à 60 % par le directeur de la publication Riss et le directeur financier Eric Portheault. Ils travaillent de façon assez étroite avec le rédacteur en chef Gérard Biard (L’avocat Richard Malka, proche de la direction et notamment actif dans un projet de fondation, a lui fait savoir début avril qu’il se concentrerait désormais sur les dossier de droit de la presse du journal).La tribune des journalistes – qui ont créé une association – n’avait pas plu à la direction, qui s’est estimée injustement visée. Un e-mail a été envoyé aux signataires, leur demandant de ne pas émettre de critiques à l’extérieur. Par ailleurs, les salariés ont été consultés sur leur vision du futur du journal, dans l’optique d’une future nouvelle formule.« Après une phase où on pensait qu’une vraie discussion avait repris, les choses ne passent aujourd’hui pas bien », estime un journaliste signataire de la tribune.« Pas d’explication »Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie, est furieux du courrier envoyé à Zineb El Rhazoui : « On est tous encore en train de gérer l’après-attentat. Convoquer des membres de l’équipe qui sont encore dans des souffrances incroyables, c’est méchant et déloyal. »« Recevoir des prix pour la liberté d’expression et convoquer des journalistes menacés, c’est paradoxal, ajoute-t-il. Et on n’a pas d’explication alors que journal se veut alternatif et socialement irréprochable... »Un autre journaliste s’indigne du sort réservé à Zineb El Rhazoui, qui est une « grande gueule » mais qui « s’est exposée et mise en danger depuis des années » pour écrire un livre comme celui sur Mahomet avec Charb ou pour ramener des reportages.« Je suis très surpris d’une décision aussi bête et méchante, mais pas au sens de Hara-Kiri... critique-t-il. La méthode est incroyable pour Charlie. C’est violent. » La réaction de la direction sous-entend qu’il pourrait ne pas s’agir de licencier Zineb El Rhazoui, simplement de la rappeler à l’ordre et à ses devoirs envers le journal. Cette dernière ne décolère pas et estime que « si c’était le cas, on aurait dû discuter... ».A lire aussi (édition abonnés) : « Charlie Hebdo » : le casse-tête de la reconstruction Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florent Bouteiller SAMEDI 16 MAI Moto Allez, pleins gaz sur les championnats du monde de vitesse. Au Mans, lors du Grand Prix de France, Louis Rossi et Alexis Masbou espèrent faire ronronner comme il se doit leur moteur à domicile. Décibels assurés et belles batailles en perspective sur le circuit sarthois. (12 h 30, Eurosport.) Rugby Eux aussi vont mettre la gomme. Troisièmes à 1 point de Clermont, les mastodontes du Stade toulousain n’ont pas d’autre choix que d’écraser les pauvres Grenoblois, cantonnés dans la zone rouge du Top 14 (11e). Si la 2e place semble à portée des Toulousains, on voit mal Toulon, intraitable sur toutes les pelouses des royaumes de France et d’Europe, perdre son Bouclier de Brennus. (14 h 35, Canal+.) Tir à l’arc Les archers de France et de Navarre devront avoir un bon coup d’œil. Le domaine victicole de Saint-Hilaire (Var) accueille la fine fleur nationale du tir à l’arc. Sept cents concurrents sont attendus en plein cœur de la Provence verte, et 21 arbitres. Des stands consacrés à la gastronomie provençale ou à l’archerie seront érigés. Mais, à coup sûr, celui qui attirera le plus de monde, c’est celui de l’école de kinésithérapie de Marseille qui propose des massages. De quoi joindre l’utile à l’agréable. Cyclisme C’est un bon coup de pédale que devra mettre Alberto Contador pour gagner le Tour d’Italie cette année. A 33 ans, l’Espagnol de la Tinkoff a toujours les jambes pour réaliser un Giro-Tour de France. Mais le mental suivra-t-il au cours de cette 8e étape entre Fiuggi et Campitello Matese. 188 km tout de même ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Athlétisme Vous êtes dans les starting-blocks ? Ça tombe bien, eux aussi. Les meilleurs coureurs de la planète ont rendez-vous au meeting de Doha dans le cadre de la Diamond League. Ne cherchez pas le fondeur Haile Gebreselassie. L’Éthiopien de 42 ans a dit adieu à la compétition. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour zapper ! (10 heures, BeIN Sports 1.) Rugby Ils vont devoir mettre encore plus de gomme. Chez eux, à Jean-Bouin, les rugbymen du Stade français, à 1 point de Toulouse, auront à cœur de remonter sur le podium du Top 14. Mais affronter Montpellier (7e) dans un tel match à enjeu n’est pas une mince affaire pour les Parisiens. (16 h 35, Canal+.) Football On retrouve Montpellier, version ballon rond cette fois. Et derechef contre un poids lourd parisien. Les Héraultais affrontent le PSG, désormais seul en tête du classement de Ligue 1. Pour arracher une victoire, il faudra beaucoup de cœur et quand même un peu de chance. (20 h 55, BeIN Sports 2.)DIMANCHE 17 MAI Golf Vous avez une fâcheuse tendance à louper votre swing ? Un coup de zapette sur l’Open d’Espagne vous fera un bien fou. A ne pas manquer : l’Espagnol Miguel Angel Jiménez. A 50 ans, le tenant du titre aimerait doubler la mise. Si, après cela, vous êtes toujours aussi maladroit, on ne peut plus rien pour vous. Essayez les fléchettes ! (20 h 45, Canal+ Sport.) Equitation Le golf, ce n’est définitivement pas pour vous, alors, chaussez les étriers ! A La Baule, c’est autre chose que du manège qu’on vous propose. Les plus grands noms du saut d’obstacles mondial sont attendus de sabot ferme. 17 nations, 67 cavaliers et 185 chevaux sont engagés dans les 9 épreuves au programme. Ça va sauter ! (10 h 45, Sport +.)Athlétisme On reste dans la Diamond League, mais, cette fois, ça se passe à Shanghaï. Et toujours pas d’Haile Gebreselassie au programme. Ah oui, c’est vrai, il a pris sa retraite. Mais ce n’est toujours pas une raison pour zapper ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Tennis Un service phénoménal, un coup droit ravageur et un mental au top… c’est ce que devra retrouver Rafael Nadal pour briller une dixième fois à Roland-Garros cette année. Pour l’instant, c’est mal parti. L’Espagnol n’a gagné aucun tournoi sur terre battue cette année. Le tournoi de Rome, dont la finale se joue ce dimanche, sera peut-être le théâtre de sa résurrection ? (16 heures, BeIN Sports 1.) Plongeon Pendant que Rafael Nadal sombre dans les abysses, d’autres y vont de plein gré. A La Rochelle, le niveau de la mer n’est peut-être pas très profond, mais assez quand même pour y organiser le Cliff Diving World Series. Attention quand même à ne pas trop toucher le fond, les entrailles du port n’étant pas des plus paradisiaques. (16 heures, France O.)Football Inévitablement, l’une de ces deux équipes perdra gros dans la course au podium en Premier League. Manchester United (4e) affronte Arsenal (3e), et ça sent le très gros match, aussi bien sur la pelouse que dans les tribunes. (16 h 50, Canal+.) Hockey sur glace Si vous croyez que, à cette période de l’année, il n’y a plus de sports d’hiver, vous vous fourrez la crosse dans l’œil. A Prague, on dispute même la finale des championnats du monde. Un an après le traumatisme des Jeux olympiques de Sotchi, les Russes espèrent redorer leur blason grâce à un nouveau titre. Mais le Canada comme les Etats-Unis sont là encore pour les en empêcher. (20 h 40, Sport +.) Rugby Bis repetita. Trois semaines après s’être affrontés sur la pelouse de Twickenham pour un titre européen, les Toulonnais et les Clermontois se retrouvent dans le cadre du Top 14 cette fois. Avantage psychologique aux Varois bien sûr, champions d’Europe en tête du championnat national. Les Jaunards devront sortir un gros match pour déstabiliser leur adversaire. (21 heures, Canal+.)Florent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.05.2015 à 16h32 • Mis à jour le13.05.2015 à 19h00 | Jérémie Lamothe Quatre mois après les attentats de Paris et les manifestations qui ont rassemblé près de quatre millions de personnes dans les rues, les livres sur l’après-Charlie continuent de fleurir dans les librairies. Le dernier essai d’Emmanuel Todd, Qui est Charlie ?, en est la dernière preuve : le démographe y dénonce « l’imposture » de cette France du 11 janvier qui s’est déplacée en masse pour défendre la liberté d’expression.Lire aussi :Manuel Valls : « Non, la France du 11 janvier n'est pas une imposture »Emmanuel Todd est le premier auteur à critiquer aussi ouvertement l’esprit post-Charlie, parmi les nombreux ouvrages sur les événements, et ses conséquences politiques, religieuses ou identitaires. Du dernier ouvrage de Caroline Fourest chez Grasset, à celui de Laurent Joffrin chez Stock, en passant par celui d’Abdennour Bidar chez Albin Michel… En tout, ce sont une quinzaine de livres liés directement ou indirectement au 11 janvier qui se trouvent dans les librairies.De nombreuses ventesMais le public est-il demandeur ? Oui, selon Jérome Dayre, fondateur des éditions Inculte : « En librairie, les lecteurs ont énormément réagi, dès le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo. Les libraires ont joué leur rôle en ressortant des livres sur la tolérance par exemple. Ça a très bien marché. Il y a eu une vraie attente du public, les gens étaient vraiment désemparés. »Dans la grande librairie Mollat à Bordeaux, Pierre Coutelle, responsable du pôle littérature et sciences humaines, compare cet engouement « à l’après-11 septembre. Les gens ont demandé des ouvrages d’exploration sur l’islam, la géopolitique… Après les attentats, il n’y a pas eu de réaction de fuite de la part des lecteurs. Au contraire, il y a eu une vraie demande de compréhension ».Une réaction spontanée qui a surpris Olivier Nora, PDG des éditions Grasset : « Ce qui s’est produit a été contre-intuitif. Je pensais que la machine serait arrêtée par l’attentat. Lorsqu’il y a des actualités aussi fortes, les gens se précipitent vers la presse, Internet mais là il s’est produit l’inverse. C’est un mélange de réveil militant, républicain et citoyen. »Toutes les maisons d’édition interrogées le reconnaissent volontiers, les livres liés aux événements de janvier se portent très bien. C’est le cas de celui d’Edgar Morin et de Patrick Singaïny, Avant, pendant, après le 11 janvier, publié aux éditions de l’Aube. Pour le directeur des collections d’essai, Jean Viard : « Cet essai a été vendu pour l’instant à 4 500 exemplaires, on peut espérer en vendre 10 000. » Un bon chiffre : « Aujourd’hui, quand un essai se vend à 1 500-3 000 exemplaires, on commence à avoir de l’effet, avec des idées qui se diffusent ».Des bons résultats perçus également chez Grasset d’après Olivier Nora : « Le livre de Caroline Fourest, sorti le 29 avril, a déjà été vendu à près de 11 000 exemplaires. Il va rentrer dans les best-sellers à partir de la semaine prochaine. Je suis surpris que ça aille aussi vite. »Un temps de réaction différentDes scores qui s’expliquent peut-être aussi par la rapidité avec laquelle certaines maisons d’édition ont décidé de participer au mouvement. Le Livre de poche a par exemple sorti dès le 5 février Nous sommes Charlie, un recueil de soixante textes en réaction à la tuerie qui a touché le journal satirique : « Ce livre a été décidé dès le lendemain des attentats de Charlie Hebdo, le jeudi. On a souhaité une réaction à chaud, un mouvement spontané », précise l’attachée de presse, Anne Bouissy.Albin Michel a également souhaité très vite réagir en sortant dès le 18 février Plaidoyer pour la fraternité, d’Abdennour Bidar. Une rapidité assumée par Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités : « Chez Albin Michel, on le fait très rarement, ça perturbe le réseau commercial. Mais là, ça valait le coup, on a réfléchi et on s’est dit qu’en cinq semaines, il devait être en librairie. »Une réactivité qui n’est pas partagée par tous. Aux éditions de La Découverte, on a fait le choix de ne pas surréagir au traumatisme des événements. Seul le livre d’Edwy Plenel, Pour les musulmans, sorti en septembre 2014, a été réédité avec une nouvelle préface évoquant les attentats. D’après François Gèze, éditeur à La Découverte : « Nous n’avons pas souhaité sortir un livre directement. Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le sujet. Nous sommes plutôt à la recherche de livres qui aident, qui éclairent, sans être dépendants de l’actualité. »« La machine à débattre s’est remise en mouvement »De fait, le « filon » du 11 janvier a poussé de nombreux auteurs à démarcher les maisons d’édition. Avec plus ou mois de réussite, précise Olivier Nora : « Beaucoup d’auteurs nous ont sollicités pour écrire un livre sur ces événements mais tous n’ont pas une expertise telle que cela mérite un livre. » Pour ce dernier, cette effervescence est une très bonne nouvelle : « La machine à débattre s’est remise en mouvement, notamment entre les deux gauches, sur les concepts de laïcité par exemple. Il est vrai que l’événement permet une énorme traînée, et personne ne pense que ça va s’arrêter. » Prochainement, dans les rayons de la librairie Mollat, à Bordeaux, Pierre Coutelle prévoit en effet « une quarantaine de livres » sur ce sujet en 2015.Un renouvellement du débat indispensable et vital pour Jean Viard, des éditions de l’Aube : « On est entré dans un cycle de violence qui va durer dix à vingt ans, la société doit se charpenter. On n’a jamais eu une aussi forte volonté de débat. Le 11 janvier n’est pas une date, mais une ouverture de période, le champ intellectuel va être passionnant. »« Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion »« Jusqu’en février, on était dans les livres de réaction, puis ça a commencé à s’estomper. Mais depuis la sortie du livre de Todd, ça repart », précise Jérémie Chevallier, vendeur à la librairie Gibert Joseph à Barbès (XVIIIe arrondissement de Paris), pour qui « les lecteurs demandent maintenant des livres de réflexion, qui vont davantage sur le fond ».Le Traité de la tolérance de Voltaire a par exemple été réimprimé et vendu à plus de 90 000 exemplaires par les éditions Folio-Gallimard depuis les attentats de janvier. Selon Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités chez Albin Michel, l’une des premières préoccupations des Français a aussi été de s’informer sur l’islam : « Nous avions beaucoup de livres sur l’islam que nous avons ressortis et nos ventes ont explosé. Nous avons beaucoup revendu Islam sans soumission, d’Abdennour Bidar, la traduction du Coran, par Jacques Berque ou encore l’autobiographie d’Abd al Malik, Qu’Allah bénisse la France. »La volonté de comprendre ces événements a une incidence sur le reste du marché du livre, remarque également Olivier Nora : « Dès janvier, il y a eu une prime à la non-fiction. Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion. La littérature “haut de gamme” et le roman n’ont pas connu un très bon premier trimestre. »Jérémie LamotheJournaliste au Monde Alexandre Piquard Les médias doivent-ils abandonner un partie du contrôle sur leur contenu pour toucher davantage de lecteurs sur les réseaux sociaux ? Ou risquent-ils de se retrouver dans une dépendance funeste ? Après des mois de négociations et de rumeurs, une dizaine de grands éditeurs a décidé de sauter le pas en nouant un accord avec Facebook : à partir du mercredi 13 mai, le New York Times, BuzzFeed, National Geographic, The Atlantic et NBC News vont publier des articles directement sur la plateforme du réseau social.Outre ces éditeurs américains, quatre européens (The Guardian, BBC News, Bild et Spiegel Online) vont participer à cette « expérimentation » baptisée « Instant Articles ».L’accord suppose de « perdre une partie du contrôle sur nos moyens de distribution », mais en même temps, « nous nous efforçons de rendre nos histoires accessibles au plus grand nombre de personnes possible », a résumé James Bennet, rédacteur en chef de The Atlantic, l’un des partenaires de Facebook, cité par le New York Times. Générer plus de traficAujourd’hui, vu des médias partenaires, l’accord ressemble à un grand ciel bleu mais certains distinguent quelques nuages, au loin. Jusqu’ici, les éditeurs se servent de Facebook pour publier des liens vers leurs articles, avec les titres, photos et résumés les plus alléchants possible.Quand les lecteurs cliquent, ils sont renvoyés vers le site ou la plateforme des médias. C’est sur leurs supports principalement que les éditeurs génèrent des revenus, en vendant de la publicité, et qu’ils suivent leur précieuse communauté. Facebook est vu par les éditeurs comme un moyen d’interagir avec leur public mais indirectement, ils en attendent du trafic.Le poids de Facebook dans l’audience des médias numériques n’a fait que croître : il représente 14 à 16 % du trafic du New York Times, un chiffre qui a doublé au cours de derniers mois. En France, le site d’information 20Minutes estime la part d’audience venue des réseaux sociaux à 15 % environ. Pour Le Monde, elle est d’environ 10 % (dont la grosse majorité en provenance de Facebook). Le chiffre peut être sensiblement plus élevé pour des médias à l’audience moins massive. Ou pour ceux qui ont beaucoup misé sur le « social », comme le site d’information et de divertissement Buzzfeed, qui avance le chiffre record de 75 %.« Instant Articles »Du point de vue de Facebook, le premier objectif d’« Instant Articles » est de charger le contenu plus rapidement. Un enjeu crucial pour les smartphones, qui génèrent parfois un temps d’attente exaspérant quand on clique sur un lien dans les transports en commun, par exemple. Selon Facebook, chaque article prendrait en moyenne 8 secondes à charger. « Instant Articles » promet un chargement « jusqu’à 10 fois plus rapide ». Pour le réseau, c’est un moyen d’améliorer « l’expérience utilisateur » et d’attirer du bon contenu, donc de garder les internautes sur sa plateforme. Pour les médias partenaires, c’est l’espoir de voir ses contenus bien plus lus que ceux de leurs concurrents.Afin de vaincre les réticences de grands éditeurs, la société de Mark Zuckerberg n’a pas hésité à élaborer un accord de départ favorable : les médias ont le droit de vendre eux-mêmes de la publicité dans leurs articles « embeddés » sur Facebook. Et de garder 100 % des revenus générés. Si c’est Facebook qui vend les annonces, les médias en tirent tout de même 70 %. Et le réseau social autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs sur Facebook, avec leurs outils habituels. Un enjeu central vu l’importance croissante des « data » dans la publicité ciblée.De plus, Facebook donne aux médias la possibilité de personnaliser la mise en forme de leurs « Instant Articles ». Et leur donne accès à quelques mises en forme spéciales, comme des « cartes interactives », des photos agrandissables ou des commentaires sur un extrait d’article.Dépendance accrue« Nous n’essayons pas du tout de positionner Facebook comme un remplacement aux journaux, aux radios ou aux chaînes que vous aimez. Nous pouvons être complémentaires », a plaidé en résumé Chris Cox, responsable produit de Facebook, cité par le New York Times.Pourquoi alors les médias devraient-ils s’inquiéter ? La crainte principale tient à un risque : celui d’avoir une dépendance accrue à Facebook. Et d’être soumis à ses changements stratégiques, voire à son bon vouloir. Les termes du « deal » actuel « d’Instant Articles » pourraient changer, anticipent certains éditeurs. Beaucoup ont en mémoire l’expérience malheureuse du « social reader » de Facebook, sorte de journal agrégeant des articles de différents médias partenaires : lancé en 2011, il a depuis été arrêté.Plus fondamentalement, d’autres pointent les changements successifs apportés par Facebook à l’algorithme crucial qui détermine quels contenus sont montrés dans le flux personnel des utilisateurs. Il s’est par exemple agi de favoriser les vidéos ou de défavoriser les posts d’agrégateurs de contenus. Les sociétés très dépendantes de Facebook peuvent avoir un destin fragile, comme l’a expérimenté l’éditeur de jeux Zynga.Dans le rapport de forces qui se dessine, Facebook a un poids croissant, en tant qu’apporteur d’audience pour les éditeurs, mais aussi comme acteur de la publicité : il a capté à lui seul 35 % de la publicité sur mobile en 2014, selon Emarketer. Un poids qui rappelle celui de Google, dont les rapports avec la presse ont été variés. Pour dépasser la menace de la dépendance, Buzzfeed propose, lui, de mettre le maximum de ses contenus… sur un maximum de réseaux sociaux différents. Un autre dilemme.Lire aussi :Facebook redéfinit son « Internet pour les pauvres » en IndeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Verizon a annoncé, mardi 12 mai, le rachat de la société de services Internet AOL pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). Grâce à cette acquisition, l’opérateur de télécommunications veut accélérer son développement dans le domaine de la vidéo et de la publicité sur mobile. Verizon propose aux actionnaires d’AOL un prix de 50 dollars par action, ce qui représente une prime de 23 % par rapport au cours moyen du titre sur les trois derniers mois. Mardi, l’action AOL s’est envolée de plus de 18,62 %, pour s’aligner sur l’offre de Verizon.Pour Tim Armstrong, le patron d’AOL, cette opération « va donner naissance au plus gros acteur de téléphonie mobile et de vidéo américain ». Il estime que grâce à ce rapprochement, son groupe va désormais être capable de rivaliser avec des géants de la publicité sur Internet comme Google et Facebook. AOL est aujourd’hui le troisième fournisseur de vidéo en termes d’audience aux Etats-Unis, loin derrière les deux géants, selon la société d’études ComScore. « Les entreprises ont noué des partenariats réussis et nous sommes enthousiastes à l’idée de travailler avec eux pour créer la prochaine génération de média dans le domaine du mobile et de la vidéo »,assure M. Armstrong à propos du rapprochement avec Verizon.Verizon a l’intention de lancer dès cet été son propre service de vidéo, OnCue. Il va s’agir de proposer des programmes payants et gratuits à ses abonnés, mais sur des formats et des contenus adaptés au mobile et différents de ce que les chaînes de télévision traditionnelles peuvent proposer. Grâce à AOL, Verizon compte doper ses revenus publicitaires. L’idée de ce service est également d’augmenter la consommation de haut débit des abonnés de l’opérateur.Virage stratégiqueVerizon est déjà un diffuseur de contenu grâce à sa box FiOS TV, à laquelle sont abonnés 5,6 millions de foyers américains. L’opérateur a également noué un partenariat avec la National Football League (NFL) pour diffuser des matchs sur les téléphones mobiles de ses clients. « Verizon a déjà de bonnes relations avec tous les grands fournisseurs de contenu à travers [sa box] FiOS et grâce à des accords de licence plus larges. Il peut créer facilement une sorte d’offre dégroupée qu’il pourra vendre dans tout le pays », estime l’analyste spécialisé dans les nouvelles technologies Jan Dawson.Il s’agit d’un virage stratégique pour le premier opérateur de téléphonie mobile américain. En septembre 2013, Verizon s’était donné de nouvelles marges de manœuvre en rachetant les 45 % que le britannique Vodafone détenait dans Verizon Wireless, leur filiale commune de téléphonie mobile aux Etats-Unis, pour 130 milliards de dollars.Pour AOL, c’est la fin d’une histoire mouvementée. Le fournisseur d’accès à Internet avait fusionné avec le groupe de médias Time Warner en 2000, à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Ce rapprochement avait tourné au cauchemar avant que Time Warner ne décide de se séparer d’AOL en mai 2009.C’est à ce moment que M. Armstrong, un ancien de Google, arrive à la tête d’AOL pour réorienter l’activité de la société, notamment vers la publicité sur Internet. En 2013, AOL a ainsi racheté Adap.tv, une plate-forme qui permet de connecter annonceurs et producteurs de contenu vidéo. Parallèlement, le groupe est à la tête d’un portefeuille de sites Internet comme le Huffington Post, TechCrunch et Engadget. Selon des rumeurs, le nouvel ensemble pourrait se séparer du Huffington Post, racheté en 2011 pour 315 millions de dollars. Une hypothèse démentie. « L’un des grands gagnants de cette opération sera le Huffington Post », a assuré M. Armstrong sur CNBC. Lui-même est appelé à continuer à diriger AOL, une fois que la fusion sera bouclée, sans doute au détour de l’été.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.05.2015 à 09h37 • Mis à jour le12.05.2015 à 09h45 | Alexandre Piquard Qui pour diriger l’Institut national de l’audiovisuel (INA) après Agnès Saal, acculée à la démission après la polémique sur ses frais de taxis ? Carine Camby, actuelle déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, est favorite pour occuper le poste, comme l’ont écrit La Correspondance de la presse le 9 mai et Le Figaro le 12 mai.Sa nomination pourrait intervenir dès mercredi 13 mai. Selon la procédure, le directeur de l’INA doit être proposé par la ministre de la culture au premier ministre, qui le nomme par décret au conseil d’administration de l’institution. Dans la foulée, le conseil des ministres le nomme président.Énarque, Carine Camby est issue de la Cour des comptes, tout comme Fleur Pellerin. Âgée de 54 ans, elle a travaillé dans le secteur audiovisuel au cours des années 1990 : elle a été directrice financière de la chaîne publique culturelle La Cinquième sous la direction de Jean-Marie Cavada, puis conseiller technique chargée des médias et du cinéma au cabinet du ministre de la culture Philippe Douste-Blazy.Elle a également été directrice de la société de production Image et Compagnie. Plus tard, en 2009, elle est nommée secrétaire générale du conseil de la création artistique présidé par le président de la République, Nicolas Sarkozy, et animé par Marin Karmitz.GarantiesCarine Camby a également été active dans le domaine de la santé : en 2003, elle a pris la tête de l’établissement français des greffes, qui deviendra l’agence de biomédecine. En 2008, elle a également été chargée par le premier ministre François Fillon d’une mission auprès du secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wauquiez, et du haut-commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch.Ses responsabilités dans des secteurs jugés sensibles sont vues comme un avantage pour succéder à Agnès Saal, emportée par la polémique sur ses dépenses de déplacements, dénoncés dans une lettre anonyme totalisant 40 000 euros de frais sur dix mois.Le gouvernement était soucieux de trouver un dirigeant qui puisse donner des assurances de gestion de l’argent public. Le profil de Carine Camby, issue de la Cour des comptes, est jugé favorable.À l’INA, le successeur d’Agnès Saal devra signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises. La négociation avec le ministère pourrait être retardée si le « COM » est modifié par le nouvel arrivant. À l’INA, les personnels, qui avaient déjà changé de dirigeant début 2014 avec le départ de Mathieu Gallet à Radio France, attendent de la continuité.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Samuel Laurent, Maxime Vaudano et Leila Marchand « L’analyse des unes de newsmagazines est une science ancienne et assez inexacte », ironise Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point. On détecte pourtant certaines tendances quand on dénombre, comme LeMonde.fr l’a fait, les 273 couvertures publiées sur un an (du 1er mars 2014 au 9 avril 2015) par cinq hebdomadaires généralistes français :Le Nouvel Observateur (du groupe Le Monde, 448 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 46 000 en kiosques),L’Express (400 000 ex., dont 54 000 en kiosques),Le Point (381 000 ex., dont 72 000 en kiosques)Marianne (155 803 ex. dont 67 374 en kiosques)Valeurs actuelles (112 000 ex., dont 25 000 en kiosques)(Voir notre méthodologie détaillée en fin d’article)Parmi les 14 catégories définies, on constate une part importante de sujets dits « magazine », qui ne sont pas liés à l’actualité, politique ou autre. Notamment dans les unes de la catégorie culture/loisirs/santé/« marronniers », qui inclut l’histoire ou le cinéma, mais aussi les sujets récurrents comme les palmarès et classements sur l’immobilier. #container_14309925725{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309925725{ height:500px; } #container_14309925725 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309925725 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309925725 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309925725 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Répartition des sujets de "une" des newsmagazinesPar thèmes, en %, sur un an et une sélection de cinq titres. Cliquez sur un élément de la légende pour filtrer l'affichage.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309925725", backgroundColor: 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document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Médicaments qui guérissent », « derniers jours d’Hitler », « folie De Funès », diplômes qui donnent du travail ou palmarès des hôpitaux… avec 57 couvertures, cette catégorie représente 20 % des unes des cinq newsmagazines. Et en particulier un tiers des unes de L’Express, un quart de celles de L’Obs et 27 % de celles du Point.« Les unes d’actualité politique pure vendent moins bien ces temps-ci », explique Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en précisant que son titre est le seul des trois grands hebdomadaires à avoir titré sur les élections départementales après le 1er tour, en évoquant « La Gauche en ruines ». Cette même semaine, Le Point avait fait sa une sur Winston Churchill et L’Obs sur les mémoires des époux Klarsfeld (avec toutefois un entretien évoquant la montée du Front national).« La période est peu favorable au politique. Il y a une désaffection, on la voit dans les chiffres de vente, abonde Etienne Gernelle. Michel Onfray vend mieux que Hollande ou Sarkozy. » Le numéro du 12 mars sur « Le Philosophe qui secoue la France » a permis au Point d’écouler « 30 % d’exemplaires en plus que la moyenne », alors que la dernière couverture consacrée au président de la République (« Et maintenant on fait la sieste ? », le 2 avril) a fait l’objet d’une vente « normale ».Les unes géopolitiques ont également des résultats de vente incertains, selon le patron de L’Express. Christophe Barbier note un paradoxe : « Les gens demandent de l’actualité internationale mais ne l’achètent pas forcément… » Les sujets internationaux sont donc mis en avant quand l’actualité l’impose vraiment, résume le directeur de L’Express, citant en exemple « Poutine super-tsar » (paru en janvier 2014, et donc absent de notre étude).Moins de « marronniers » et de francs-maçons qu’on ne croitEvoquer les sujets hors actualité, pour les hebdomadaires, fait immédiatement penser aux « marronniers », ces sujets que l’on a l’impression de voir revenir sans cesse : le classement des meilleurs lycées, les francs-maçons… Pourtant, la pratique a changé et s’est éloignée de certains clichés, insistent les dirigeants de newsmagazines. « Cela fait plusieurs années que nous n’avons pas fait de couverture sur les francs-maçons. Idem pour les classes moyennes. Pourtant, on nous en parle toujours. Il y a chez les gens un effet de persistance rétinienne », s’amuse Etienne Gernelle. De fait, aucun newsmagazine n’a mis les francs-maçons en une depuis plus d’un an. #container_14309930038{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309930038{ height:500px; } #container_14309930038 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309930038 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309930038 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309930038 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les sujets "magazine" dans les newsmagazinesVentilation des 53 unes de la catégorie "culture/loisirs/santé/marronniers dans les cinq newsmagazines étudiés. (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309930038", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Sexe","Palmarès","Alimentation","Tourisme","Immobilier","Culture","Santé","Portrait","Psycho","Vie pratique","Histoire"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de unes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 5 ], [ "", 7 ], [ "", 7 ], [ "", 9 ], [ "", 11 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " unes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Les gros marronniers, il en reste peu, expose Christophe Barbier de L’Express. Nous en avons surtout gardé deux : le ‘spécial immobilier’, deux fois par an, et le classement des hôpitaux, qui est pour les lecteurs un service dans un domaine important. » Le classement des lycées n’existe désormais plus que sous la forme d’un moteur de recherche sur le site de L’Express, explique M. Barbier.Le refus des marronniers est un parti pris beaucoup plus franc pour Valeurs actuelles. Son directeur, Yves de Kerdrel, raille les couvertures des autres hebdos sur la santé ou les derniers jours d’Hitler. Chez Valeurs actuelles et Marianne, deux titres au tirage plus faible, les sujets culture/loisirs/santé/« marronniers » ne représentent que 5,5 % et 10 % des unes.« Ces sujets sont guidés par les régies publicitaires. Et ils se vendent même parfois plus mal que la moyenne ! », critique M. Kerdrel, citant le cas de l’immobilier. L’Express affirme que son « spécial immobilier » ne répond pas à un impératif de publicité (les budgets seraient intéressants en mars à l’occasion d’un salon de l’immobilier, mais pas tellement en septembre) mais de diffusion. Selon M. Barbier, le moteur des ventes est local : l’édition nationale du numéro sur l’immobilier de septembre réalise une performance moyenne, mais les 36 éditions régionales apportent un plus qui fait de ce numéro « une des meilleures ventes de l’année ». D’autres dossiers sont plus directement réalisés par les hebdomadaires pour des raisons de la publicité (sur les vins, le numérique ou les flottes automobiles d’entreprises) mais ils sont très rarement en une, note-t-il.« C’est un pur métier d’offre. On ne sait pas vraiment ce que souhaitent les gens. On est souvent surpris quand on essaye de deviner les ventes, philosophe Etienne Gernelle. Les gens imaginent qu’on a des experts marketing et des recettes mais ce n’est pas le cas. Il faut donc une stratégie de long terme. »L’histoire, la psychologie et la morale sont « tendance »Parmi les sujets « magazine », on trouve beaucoup de thèmes historiques (11 unes), mais aussi de vie pratique et de conseils (« manuel de culture générale », « comment éviter le burn-out »…) Les sujets psycho (« la revanche des introvertis », « les hypernarcissiques ») sont également souvent tentés. Autre tendance : le grand portrait d’un artiste ou d’un intellectuel. Parmi les titres, chacun a ses spécialités : Le Point aime par exemple les dossiers historiques (Hitler, chute de Rome, Débarquement de 1944…). L’Express se pique de sujets psycho (« L’esprit qui soigne le corps », « Les Hyper narcissiques », « Les Manipulateurs »…). L’Obs navigue entre les deux, mais garde une appétence pour les valeurs sûres que sont « Les Diplômes qui donnent du travail » ou « Immobilier, pourquoi acheter ? »« L’histoire, c’est une tendance de longue date au Point, confirme M. Gernelle. Notre stratégie, c’est de proposer du fond. Et donc d’écrire souvent sur des intellectuels : des philosophes des historiens… » « Il y a deux ans, nous avons choisi de relancer la thématique psychologique sous l’angle de l’univers personnel, explique de son côté Christophe Barbier, de L’Express. Le domaine avait fait de belles performances il y a dix ans avec des psychologues comme Marcel Rufo ou Boris Cyrulnik, notamment sur la question du bonheur. Aujourd’hui, il faut trouver les nouvelles tendances. »M. Barbier estime que les couvertures sur les pervers narcissiques, ou celle sur le « burn-out » ont réalisé de très bons scores, en augmentant les ventes de 20 à 30 % par rapport à un numéro comparable. Dans le même esprit, L’Express a fait sa dernière couverture sur l’éducation : « Comment rendre nos enfants heureux ? ». Le Point a déjà titré sur « Les Jaloux, enquête sur une maladie qui gâche la vie » et L’Obs sur « La Revanche des introvertis ».« Les philosophes sont à la mode », constate enfin M. Barbier. « Les questions sur la République, les valeurs, la France, la laïcité, cela préoccupe les gens, estime M. Gernelle. On voit d’ailleurs que le Nouvel Observateur a consacré sa une à Emmanuel Todd (pour son livre Qui est Charlie ?). » Le directeur du Point affirme ne pas avoir mis Alain Finkielkraut ou Michel Onfray en couverture pour les ventes, mais note que ces numéros ont bien fonctionné. « Il y a cinq ans, la une que nous avions dédiée à Michel Onfray, pour son livre sur Sigmund Freud, s’était moins bien vendue », compare-t-il. La catégorie « valeurs et morale » comprend ainsi 29 unes des cinq newsmagazines étudiés, en un an. Les frontières entre catégories sont parfois poreuses et les questions de « valeurs » rejoignent des enjeux politiques : c’est clair avec des auteurs comme Michel Houellebecq, Michel Onfray, Alain Finkielkraut ou Emmanuel Todd, tous liés aux débats sur la laïcité et l’islam, notamment. Idem pour des unes de l’hebdo de droite Valeurs actuelles comme « Zemmour l’insoumis - comment Le Suicide français annonce la révolte d’un pays qui refuse de mourir » ou « De l’ordre - Etat, banlieues, école, les Français veulent de l’autorité ». Dans le même esprit, Le Point a mis en une « Les mal-élevés - Comment ils font la loi dans les transports - Sarkozy, Hollande et le savoir-vivre », quand Marianne titrait « Laïcité - pourquoi il faut se ressaisir » ou distinguait « Vrais et faux rebelles - De B comme Booba à Z comme Zemmour ».Leila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Leila Marchand, Maxime Vaudano et Samuel Laurent On ne sait pas si les couvertures des hebdomadaires sont des indications fiables sur la politique française, mais on y distingue certaines tendances. Celle-ci occupe encore environ un tiers des « unes » des magazines d’actualité français : sur un total de 273 couvertures analysées sur l’année écoulée par Le Monde.fr, pour cinq titres généralistes – L’Obs, L’Express, Le Point, Marianne et Valeurs actuelles –, 49 ont concerné François Hollande ou son gouvernement, 36 l’UMP ou son président, Nicolas Sarkozy, et 12 Marine Le Pen et le Front national. Dans le détail, L’Obs et L’Express ont consacré 20 % de leurs « unes » à François Hollande ou ses ministres, derrière le droitier Valeurs actuelles, qui leur a consacré 25 % de ses couvertures. Marianne et Le Point sont plus distants, avec respectivement 13 % et 10 %. Quant à la droite, Marianne y a consacré 17 % de ses « unes », devant Valeurs actuelles (15 %), Le Point (14,5 %), L’Express (12 %) et L’Obs (10 %).Si on regarde uniquement qui figure en photo, François Hollande, avec 21 « unes », est devant Nicolas Sarkozy (19), le premier ministre Manuel Valls (10), Marine Le Pen (9) et l’UMP Alain Juppé (6).Les politiques ne font plus vendre« Mais il y a des cycles et en ce moment, la politique n’intéresse pas beaucoup les lecteurs, si l’on se fie aux ventes », prévient Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point (381 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 72 000 en kiosques). Une tendance constatée également par d’autres confrères, comme Christophe Barbier, patron de L’Express (400 000 exemplaires, dont 54 000 en kiosques).La désaffection des lecteurs touche notamment Nicolas Sarkozy, qui pourtant a longtemps été réputé très porteur en kiosques, note M. Gernelle : « Qu’on en dise du bien ou du mal, il a toujours bien vendu, jusqu’en septembre 2011. Depuis, c’est très variable. » La « une » sur la tribune de l’ex-chef de l’Etat avant les européennes, le 21 mai 2014, avait fait un très bon score, selon le directeur du Point, mais celle du 18 septembre 2014 (« C’est plus fort que lui ») a affiché un chiffre moyen en kiosques.« Le retour de Sarkozy à l’automne dernier n’a pas fonctionné en kiosques, abonde Christophe Barbier. L’intérêt des lecteurs est faible. » « Les sujets récents sur la droite et Nicolas Sarkozy ne vendent pas bien. Il y a eu un décrochage à l’automne », estime également Yves de Kerdrel, directeur de Valeurs actuelles (112 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 25 000 en kiosques). Il cite le mauvais score de la couverture « On se réveille », sur le nouveau président de l’UMP, le 12 février 2015. Selon le journaliste, « la droite ne parle pas assez d’idées et trop de politicailleries », ce qu’aurait confirmé en juin 2014 une nouvelle étude de lectorat de l’hebdomadaire de droite. Les lecteurs plébisciteraient davantage les sujets sur les valeurs, l’école ou le travail.La tentation du dénigrement présidentielSi l’on étudie les mots des titres de « une » consacrés à Nicolas Sarkozy, on trouve un vocabulaire moins négatif que pour François Hollande, même s’il reste peu amène (« boulet », « récidiviste », « Terminator »…) Les trois dirigeants de magazine interrogés notent toutefois les bons scores obtenus par leurs « unes » consacrées à Alain Juppé, certes plus rares.A la fois politiques et aux affaires, François Hollande et son gouvernement ne génèrent pas des ventes en kiosques exceptionnelles, selon les patrons d’hebdo. « Ceux qui avaient beaucoup donné dans le “Hollande bashing” ont depuis un peu retenu leurs coups », s’amuse Christophe Barbier.Le Point avait, au début du mandat du nouveau président, fait des « unes » très « moqueuses », reconnaît Etienne Gernelle. « Mais, depuis que François Hollande a fait un demi-tournant de la rigueur économique, on a été un peu moins virulent avec lui », explique-t-il.« Le “gauche-bashing”, ça remarche bien depuis le début de l’année 2015 », estime cependant le directeur de Valeurs actuelles, journal de droite qui fait figure de spécialiste du genre. Yves de Kerdrel liste une couverture en janvier, une en mars et une titrée « Les pigeons de Hollande », dont il est particulièrement content.Un ton qui rejoint le champ lexical employé par les magazines d’actualité envers le chef de l’Etat : « faillite », « sieste », « trahison »… Voici une représentation graphique des mots employés sur les « unes » des news magazines pour évoquer François Hollande : Le Front national fait plutôt recette« Marine Le Pen n’a jamais fait vendre autant de journaux que son père. Mais les couvertures sur la thématique du FN font des scores stables », selon Christophe Barbier. La « une » de L’Express « Pourquoi le pire est possible », en novembre, aurait vendu autour de 10 % au-dessus de la moyenne.La couverture du Point sur le Front national après les européennes de mai 2014 avait aussi fait un très bon score de vente, note M. Gernelle, mais ce chiffre traduit le choc du score élevé du parti d’extrême droite au scrutin, et le numéro a bénéficié de révélations sur l’affaire Bygmalion, relativise-t-il.Valeurs actuelles assure n’avoir consacré à Marine Le Pen que deux « unes », lors des départementales et lors du conflit avec son père, pour « ne pas prêter le flanc » aux critiques. Habitué des couvertures coup de poing très hostiles à l’islam ou aux Roms, le titre est déjà régulièrement accusé de faire le jeu de l’extrême droite.Pour l’instant, Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de la présidente du FN, n’a fait l’objet que d’une couverture d’hebdomadaire : celle de L’Express, le 18 mars, sous le titre « L’effrontée nationale ». Celle-ci n’aurait pas fait un carton, plutôt une « bonne vente moyenne », selon M. Barbier. Mais d’autres couvertures pourraient suivre.Retrouvez Les Décodeurs sur @decodeursLeila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Fâchés avec la politique, les Français ? En tout cas, cela ne se voit pas dans les chiffres d’audience des radios et des télévisions. Le matin, l’interview politique reste une valeur sûre. « C’est la meilleure audience de la chaîne », affirme Bruce Toussaint, anchorman d’i-Télé qui reçoit son invité entre 8 h 15 et 8 h 30. « C’est de très loin la demi-heure la plus regardée, avec 16 % de part de marché », renchérit Jean-Jacques Bourdin qui officie en simultané sur RMC et BFM-TV de 8 h 30 à 9 heures. Et les radios ne sont pas en reste   : entre 7 h 45 et 9 heures, les interviews politiques réalisent souvent des pics d’audience sur chacune des stations qui les diffusent.Des performances qui peuvent apparaître paradoxales, mais qui n’étonnent pas les journalistes concernés. « Il y a un désir de comprendre la politique avec ceux qui la font », constate Jean-Pierre Elkabbach, le doyen de l’interview politique, que l’on peut écouter chaque matin sur Europe 1. « On aime la politique dans ce pays. Il y a un côté masochiste, on adore détester les gens que l’on écoute », raconte avec une pointe d’humour Jean-Michel Aphatie, sur RTL à 7 h 50. « Objectivement, il est inimaginable de faire une matinale solide sans un invité politique », ajoute-t-il.Un exercice souvent courtPourtant, cette passion française pour la chose publique tend à s’émousser. « Depuis quelques semaines, je constate une petite désaffection, mais c’est une fluctuation saisonnière », se rassure Jean-Jacques Bourdin, qui analyse minutieusement chaque matin les audiences réalisées la veille. Ce désamour apparaît plus profond pour les responsables de France Inter. « Dès la rentrée 2012, on a senti un mouvement de recul, non pas à l’égard de la politique, mais des politiques. La multiplication des plateaux politiques sur les chaînes info a participé à la banalisation de la parole publique. On a aussi des difficultés pour obtenir une parole neuve et originale », observe Patrick Cohen, qui accueille son invité à partir de 8 h 20 et pendant près de quarante minutes.Plusieurs fois par semaine, l’anchorman de France Inter ouvre son micro à des personnalités autres que politiques. Un parti pris choisi également par Léa Salamé quelques minutes plus tôt sur la même antenne. La journaliste alterne entre des responsables politiques, des intellectuels, des chefs d’entreprise, des acteurs qui parlent de leur engagement.Jean-Pierre Elkabbach, quant à lui, sort du champ franco-français en ouvrant son micro à des personnalités internationales. Il a ainsi interrogé ces dernières semaines : le responsable de l’autorité des marchés financiers grecs pour évoquer la crise dans son pays, un responsable du Parlement russe ou encore Denis Sassou-Nguesso, le président du Congo, premier chef d’Etat africain à s’exprimer sur la vague d’émigrants qui fuient le continent. Un moyen d’élargir et d’enrichir le débat afin d’intéresser des auditeurs de plus en plus blasés par la classe politique.« La brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration »Jean-Michel AphatieCe coup de mou dans la relation qu’entretiennent les Français avec ceux qui les dirigent s’explique de multiples manières. « Leur discours s’est appauvri, et ils se sentent obligés de le simplifier sous l’influence des communicants », juge Alain Duhamel, observateur passionné de la vie publique depuis près de cinq décennies. L’interview politique du matin ne contribue-t-elle pas à ce phénomène ?L’exercice est souvent court, une dizaine de minutes en général. Un moment qui ne permet pas forcément d’aborder les sujets en profondeur. « Je n’ai pas toujours le temps de reprendre la réponse d’un de mes invités, car j’ai toujours l’œil sur la pendule », concède Jean-Michel Aphatie, qui dispose de sept minutes sur RTL. Cependant, « la brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration », juge-t-il. Le manque de temps, pour Jean-Pierre Elkabbach, ne doit pas être une excuse pour ne pas poser les bonnes questions : « En préparant bien, on peut obtenir l’essentiel. » Malgré sa longue carrière, il continue de rédiger minutieusement son intervention, et il arrive en studio avec plusieurs pages dactylographiées dont certains passages ont été soulignés avec des couleurs différentes.Ceux qui disposent de plus de temps ne boudent pas leur plaisir. « C’est un luxe de disposer de quarante minutes avec un invité », reconnaît Patrick Cohen, qui prolonge son entretien avec une session d’interventions d’auditeurs et une revue de presse. « L’exercice n’est pas le même en quelques minutes : l’homme politique sait ce qu’il va dire, il donne une info précise ; notre panorama est plus large », se réjouit Jean-Jacques Bourdin, qui a la chance d’être en tête à tête avec son invité pendant plus de vingt minutes.Tour d’horizon de l’actualitéFaute de temps, l’interview peut se transformer en un simple tour d’horizon de l’actualité, obligeant l’homme politique à commenter des sujets qui n’ont parfois aucun rapport les uns avec les autres et sur lesquels son éclairage n’est pas toujours pertinent. Un format que revendique pourtant Bruce Toussaint : « Je cherche à faire réagir à chaud, car c’est le boulot d’une chaîne d’info. La première question est liée à l’actualité immédiate. Je ne commence pas par le plus important, mais par le plus récent. J’aime terminer par une question plus personnelle, ou sur une note sportive ou culturelle. J’essaye d’avoir des ruptures, de varier le rythme, car les hommes politiques sont tellement rodés à l’exercice que c’est très difficile de les déstabiliser pour avoir un moment de vérité. Je pense que ce n’est pas le but de ces interviews de donner une réponse au chômage. Le matin, ce n’est pas ce que recherchent les téléspectateurs ou les auditeurs. »A l’inverse, Léa Salamé propose, à 7 h 50 sur France Inter, une interview plus anglée, « quitte à ne pas tout couvrir », assume-t-elle. Comme Patrick Cohen, quelques minutes plus tard. « Je suis assez rarement dans un balayage de l’actualité, mais sur une thématique dominante quasi exclusive, sauf pour les personnalités très importantes comme le premier ministre ou le chef de l’opposition », explique-t-il.Pourtant, pour l’auditeur et le téléspectateur pressé du matin, l’interview politique se résume souvent à une course aux petites phrases. « Une pratique qui n’est pas nouvelle », souligne Guillaume Durand, dont l’interview de 8 h 15 est diffusée simultanément sur Radio Classique et LCI, mais qui a pris des proportions démesurées avec le développement des réseaux sociaux et des chaînes info. « Elle est renforcée par le buzz, qui est la version absolue de la connerie contemporaine. La reprise par l’AFP, c’est l’idée qu’on parle de moi. Ça ne peut pas être une obsession, mais ça serait une hypocrisie totale de dire qu’on ne recherche pas notre propre participation à l’actualité. Aujourd’hui, il y a une peur des gens de ma génération, qui composent l’essentiel des intervieweurs politiques, de ne pas être dans la modernité et de ne pas être dans le buzz », reconnaît-il.Chercher la petite phraseSi Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Michel Aphatie jurent qu’ils ne cherchent pas la petite phrase, ils font tous les deux une pause dans l’entretien lorsque apparaît une alerte sur l’iPhone du premier ou un extrait sur i-Télé de l’interview du second. « Quand on réfléchit à la construction d’une interview, on essaye d’allier des choses qui sont de natures différentes : regarder les problématiques au fond, chercher des sujets plus secondaires ou une réponse de votre invité dont vous savez qu’elle va faire débat. Quand on accuse les journalistes de chercher la petite phrase, on méconnaît grandement les obligations de ce travail. L’interview politique n’est pas une prise de parole magistrale d’un homme politique », plaide le journaliste de RTL.Voulue ou pas, la recherche de la reprise du bon mot peut provoquer des dérapages. La question posée à Roland Dumas par Jean-Jacques Bourdin sur l’« influence juive » qui serait subie par Manuel Valls a suscité beaucoup de réactions, jusqu’à provoquer celle, très inhabituelle, du CSA. « Les commentaires débridés des lecteurs sur les sites des journaux poussent au dérapage, car il existe une tentation de l’intervieweur de flatter son auditoire », analyse Guillaume Durand.Autre tendance qui peut contribuer à une certaine lassitude de l’auditeur : le sentiment d’entendre toujours les mêmes. « C’est vrai », concède Patrick Cohen. « Mais le format long suppose un minimum de notoriété, soit une légitimité incontestable sur un sujet. » « L’interview politique n’est pas un radio-crochet, mais il faut donner la chance aux jeunes pousses », juge pour sa part Jean-François Achilli, sur France Info tous les matins à 7 h 45.En quête de voix nouvelles« C’est compliqué de faire venir les gens, car ils ont peur. Ils sont méfiants et ont des plans médias concoctés par des communicants. Il faut qu’ils viennent quand ils ont des choses à dire et qu’ils sont prêts à répondre à des questions précises. Malheureusement, les partis eux-mêmes ne se renouvellent pas, mais, curieusement, lorsque j’invite des personnalités peu connues comme Jean-Jacques Urvoas ou Edouard Philippe, ça ne marche pas trop mal, s’ils sont en situation », se félicite Jean-Jacques Bourdin.Comme si, pour réconcilier les Français avec leurs hommes politiques, on devait ouvrir le micro à de nouvelles voix.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 17h38 • Mis à jour le21.05.2015 à 18h42 | Eric Albert (Londres, correspondance) Après le spectaculaire procès du News of the World l’an dernier, le Daily Mirror a été condamné, jeudi 21 mai, pour avoir pratiqué pendant plus d’une décennie des écoutes téléphoniques à grande échelle. Le tabloïd britannique va devoir verser des compensations record de 1,2 million de livres (1,7 million d’euros) à huit victimes, principalement des stars du show-business. Mais près d’une centaine d’autres sont désormais sur les rangs et demandent compensation.Le jugement vient confirmer officiellement ce que beaucoup soupçonnaient depuis des années : les écoutes téléphoniques ont été pratiquées par tous les tabloïds de façon systématique. L’excuse, qui consistait initialement à faire passer pour un canard boîteux le News of the World, le journal dominical du groupe de Rupert Murdoch, ne tient plus.Le procès, qui a duré trois semaines, a mis à jour les écoutes téléphoniques réalisées entre 1999 et 2010 par le Daily Mirror, le Sunday Mirror (l’édition dominicale du premier) et The Sunday People, un hebdomadaire du même groupe.L’accusation reposait très largement sur le témoignage de Dan Evans, qui avait été le principal responsable des écoutes en 2003 et 2004. Parfaitement conscient de l’illégalité de la pratique, le journaliste a raconté comment il détruisait les cassettes des enregistrements et jetait régulièrement dans la Tamise les téléphones qu’il utilisait pour réaliser son espionnage.Sa technique consistait à écouter les messages laissés sur les répondeurs des portables. A l’époque – avant l’arrivée des smartphones –, il était assez facile d’y accéder à distance, à condition d’en avoir le code d’accès.Mais une grande majorité des utilisateurs ne changeait jamais ce numéro, qui restait souvent sur le mode par défaut de l’usine : 0000 ou 9999 par exemple.« A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne »Les conséquences de cette intrusion dans la vie privée étaient brutales. Parmi les huit plaignants, certains ont été espionnés pendant sept ans. Ils retrouvaient des articles sur leur vie intime et soupçonnaient leurs proches de les avoir trahis.Steve McFadden, un acteur d’une série télévisée, a expliqué à la barre avoir renoncé à demander en mariage sa petite amie de l’époque, parce qu’il la soupçonnait d’être la source d’informations du Daily Mirror.L’actrice Sadie Frost est allée jusqu’à faire signer à sa propre mère un document juridique lui faisant promettre de ne jamais dévoiler d’informations à la presse. « Quand j’ai appris que j’étais sur écoutes, je me suis sentie soulagée, a-t-elle témoigné, jeudi. J’ai su que je n’étais pas devenue folle. A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne. »Contrairement au News of the World, il ne s’agissait pas d’un procès pénal, mais civil. La décision de justice va cependant faire date car les condamnations sont beaucoup plus élevées que toute la jurisprudence actuelle.Jusqu’à présent, la compensation la plus élevée jamais accordée pour violation de la vie privée était de 60 000 livres (85 000 euros). Cette fois-ci, Mme Frost va recevoir quatre fois plus, en l’occurrence 260 000 livres (366 000 euros), et Paul Gascoigne, l’ancien footballeur, 188 000 livres (265 000 euros).Depuis que la procédure judiciaire contre le Daily Mirror a été ouverte, de nombreuses plaintes supplémentaires ont été déposées. Selon le Guardian, il y en aurait une centaine au total.Le Daily Mirror a indiqué qu’il envisage de faire appel, mais il a également décidé de plus que doubler l’argent qu’il met de côté pour les compensations, à un total de 28 millions de livres (39 millions d’euros).Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Après plusieurs mois d’incertitudes, les discussions autour de Radio Nova sont en passe d’aboutir. Jeudi 21 mai, Les Nouvelles Editions indépendantes (LNEI) – la holding de médias de Matthieu Pigasse – ont annoncé leur entrée en négociation exclusive avec les actionnaires de Radio Nova.La cible du propriétaire des Inrocks (et actionnaire à titre personnel du Monde, avec Pierre Bergé et Xavier Niel), le groupe Nova Press, est surtout connue pour son emblématique radio, marquée par la figure de Jean-François Bizot, mais est également présente dans l’édition musicale et la production, avec Nova Records.« L’opération envisagée vise à mettre en place une offre multimédia reposant sur les nombreuses complémentarités existantes (culturelles, éditoriales, commerciales, de support…) entre les groupes Nova Press et Les Inrockuptibles, dans le plein respect de l’intégrité et de l’identité des deux marques », explique le communiqué de LNEI.Un prix de 12 millions à 15 millions d’eurosLa perspective de bâtir un écosystème cohérent, musical et culturel, avec Les Inrockuptibles a probablement joué dans la décision des propriétaires de Nova, qui sont les héritiers de Jean-François Bizot, conseillés par la banque Degroof.Selon une source proche du dossier, le montant de la transaction se situerait « dans une fourchette entre 12 et 15 millions d'euros ». Nova compte 26 fréquences et réalise 12 millions d’euros de chiffre d’affaires environ.M. Pigasse avait dévoilé ses intentions dès le 30 janvier. Mais d’autres candidats, une trentaine d’autres, ont étudié le dossier. Ont notamment été cités Patrick Drahi et Marc Laufer (actionnaires de Libération), les groupes NRJ et NextRadioTV, Pascal Chevalier (Reworld Media), Didier Quillot (Lagardère Active) ou encore le groupe Vivendi.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 21h47 • Mis à jour le21.05.2015 à 08h44 Le caricaturiste français Jul s’est vu refuser l’entrée au Nicaragua par le gouvernement. Il devait y participer à un forum d’écrivains, a affirmé mercredi 20 mai Sergio Ramirez, promoteur de la rencontre. Ce dernier a qualifié cette décision d’« acte lamentable », ajoutant qu’aucune explication n’avait été fournie par les autorités pour la justifier.La troisième édition de Centroamerica Cuenta – qui réunit 70 auteurs d’Amérique latine et d’Europe et a été inaugurée mardi par un hommage au journal satirique –, cible le 7 janvier dernier d'un attentat qui a décimé sa rédaction. Jul devait arriver la veille dans la capitale Managua pour y assister.« Nous ne comprenons pas, nous sommes surpris et, bien sûr, nous rejetons ce genre de mesures contre un caricaturiste de grand prestige mondial qui venait enrichir [l’événement] par sa participation », a regretté M. Ramirez.Troisième étranger refouléSelon lui, l’ambassade de France au Nicaragua a essayé, sans succès, de faire revenir les autorités sur leur décision. Le représentant diplomatique, Antoine Joly, a fait part, mardi, de sa déception. Il a par ailleurs précisé que Jul venait dans la région pour participer également à d’autres événements culturels au Costa Rica et au Salvador.De son côté, le caricaturiste, qui a collaboré avec de nombreux médias français comme Libération et L’Humanité, a enregistré un message vidéo, diffusé lors du forum, pour expliquer les raisons de son absence.Il est le troisième étranger en une semaine à être refoulé à son arrivée au Nicaragua, après le Péruvien Luis Carlos Boub et l'Espagnole Marta Gonzalez, militants de l’ONG Centre pour la justice et le droit international, qui venaient participer à l’anniversaire d'un organisme local de défense des droits de l’homme. Raphaëlle Besse Desmoulières et Alexis Delcambre La première saison a vu la dirigeante d’un opérateur téléphonique, peu connue du grand public mais aux solides réseaux, choisie pour diriger France Télévisions. Elle n’est pas achevée, puisque les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) continuent de faire jaser, des rédactions à l’Assemblée nationale.Mais voilà que la deuxième saison s’ouvre déjà : avec qui Delphine Ernotte va-t-elle tenter de réinventer la télévision publique ? Le dévoilement de ce casting très attendu a commencé, mercredi 20 mai, par une surprise de taille : la nouvelle présidente a choisi un jeune homme de 27 ans, issu de la politique, comme directeur de cabinet.Pour ceux qui suivent la saga des Verts et ses méandres, Stéphane Sitbon-Gomez n’a certes rien d’un second rôle. Celui que tout le monde surnomme « Yop » à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a été directeur de cabinet de Cécile Duflot au conseil régional d’Ile-de-France en 2010, puis directeur de campagne d’Eva Joly à la présidentielle deux ans plus tard et, enfin, « conseiller spécial » de Mme Duflot, alors ministre du logement, en 2012.Depuis que sa « patronne » avait claqué la porte du gouvernement en 2014, il affirmait vouloir prendre du recul et ne plus dépendre de la politique pour vivre, après près de quinze ans de militantisme. C’est désormais chose faite. « Une nouvelle vie commence pour moi », explique-t-il au Monde.Mais les ponts ne manquent pas entre sa vie d’avant et celle qu’il va découvrir, au cœur d’une entreprise publique de 10 000 salariés secouée par la baisse de son financement public et objet de toutes les attentions politiques et médiatiques.Le premier lien s’appelle Denis Pingaud, le précieux conseiller de Mme Ernotte, qui l’a mis en relation avec cette dernière. L’homme avait découvert Stéphane Sitbon-Gomez au moment de la création d’EELV, qu’il avait accompagnée, en 2010.Le petit-fils du journaliste Guy Sitbon a également participé, à l’automne 2014, comme coauteur, à l’aventure de la fiction participative Anarchy (en partie diffusée par Le Monde), avec l’équipe des Nouvelles Ecritures de France Télévisions. Une expérience en lien avec son sens politique, et son aisance avec le numérique et les nouveaux modes de communication.Dernière similitude : celui qui se définissait, dans un portrait du Monde, comme « un apparatchik, un homme d’appareil », va explorer, au poste de directeur de cabinet, un paysage politique interne pas moins complexe que celui des Verts, où se croisent directeurs de chaîne et directeurs « transversaux », tutelles de Bercy et de la culture, parlementaires, responsables syndicaux…D’autant que le poste de directeur de cabinet n’existait pas sous les présidences antérieures. Le haut encadrement de France Télévisions s’interroge donc déjà sur le périmètre exact qui sera celui du nouveau venu.A deux ans d’une élection présidentielle où Mme Duflot pourrait être candidate, Mme Ernotte a pris un risque en recrutant l’ancien bras droit de celle-ci. Mais elle envoie aussi un signal : la nouvelle présidente est en quête de profils neufs, à l’heure où France Télévisions doit notamment renouer avec la jeunesse.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Éphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Après avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 09h32 • Mis à jour le20.05.2015 à 16h30 | Alexis Delcambre Laurent Vallet a été nommé, mercredi 20 mai en conseil des ministres, à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Le directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) a été choisi pour succéder à Agnès Saal, démissionnaire, à la présidence de l’INA.Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, de l’Ecole des hautes études commerciales de Paris (HEC) et ancien élève de l’Ecole national d’administration (ENA), Laurent Vallet, 45 ans, présente une double légitimité, financière et culturelle. Sa carrière a commencé à Bercy (1995-2002), avec notamment un passage au cabinet du ministre Laurent Fabius.En 2002, il est devenu directeur général de l’IFCIC, un établissement de crédit spécialisé dans le financement des industries culturelles, qui gère un encours de près de 800 millions d’euros. Il s’y est créé un solide réseau dans le monde culturel. En juin 2013, la ministre de la culture Aurélie Filippetti lui confiait un rapport sur les relations entre producteurs et diffuseurs.Lire aussi : Le rapport Vallet propose un équilibre renouvelé entre chaînes et producteurs En mars 2014, il est une première fois candidat à la présidence de l’INA, que Mathieu Gallet vient de quitter pour celle de Radio France. Mais Mme Filippetti lui préfère Agnès Saal. Les déboires de celle-ci, poussée à la démission en avril à la suite d’un scandale public sur ses notes de taxi, offrent une seconde chance à M. Vallet.Lire aussi :Le souhait d’« exemplarité » du gouvernement a eu raison d’Agnès SaalC’est un temps Carine Camby, déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, qui a paru tenir la corde. Mais au ministère, on explique que c’est l’expérience de M. Vallet dans le secteur culturel qui a finalement fait la différence.Cette nomination achève la reconfiguration de l’audiovisuel public, après celles de Mathieu Gallet (38 ans) à Radio France et de Delphine Ernotte (48 ans) à France Télévisions – soit un profond rajeunissement des présidences.A l’INA, M. Vallet aura la délicate mission d’apaiser une maison déstabilisée par la démission de sa présidente, victime d’une dénonciation anonyme. Il lui faudra aussi signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises.Agnès Saal de retour au ministère de la cultureAprès avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Martin Ajdari nommé à la DGMICÉphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre TF1 se regarde désormais massivement hors antenne. En avril 2015, selon Médiamétrie, plus de 9 millions de téléspectateurs ont utilisé son offre de « replay » depuis leur téléviseur, et 7 millions depuis leur ordinateur. Pour accompagner ces nouveaux usages, qui ont généré 1,4 milliard de visionnages en 2014, le groupe audiovisuel lance, lundi 25 mai, une refonte complète de son offre numérique, désormais unifiée sous la marque MYTF1.Les barrières installées par l’Autorité de la concurrence après le rachat des chaînes NT1 et TMC ayant expiré, MYTF1 rassemble désormais les contenus issus des quatre chaînes en clair du groupe (HD1, NT1, TF1, TMC) – ce qui lui permet mécaniquement de doubler le nombre de programmes proposés, pour atteindre 160 par mois.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Structuration par programme plutôt que par chaîne, design épuré, enchaînement automatique des vidéos, continuité d’un appareil à l’autre : les équipes de TF1 se sont inspirées des plates-formes comme Hulu ou Netflix pour imaginer ce nouveau MYTF1, qui sera proposé à travers les boxes des fournisseurs d’accès – y compris Numericable, dont MYTF1 était jusqu’ici absent –, disponible en ligne (PC, mobile, tablette) et sous forme d’application Android, iOS et Windows.Vous êtes un inconditionnel de « MasterChef » ? Vous trouverez sur une même page les dernières émissions, des bonus, des informations sur le programme et des vidéos « pur Web » sur la cuisine, issues du partenariat de TF1 avec Finder Studios. Si vous préférez la série « Les Experts », vous trouverez les dernières saisons diffusées, mais aussi l’accès, en vidéo payante à la demande (VOD), à la dernière saison diffusée aux Etats-Unis et pas encore en France.Forte progression de la VODPour TF1, le replay constitue un « complément d’audience », qui peut dépasser 20 % de l’audience linéaire dans certains cas. Pas de lien, donc, aux yeux de la chaîne, entre le succès de ces services et la légère érosion des audiences (21,3 % de part en avril, soit 1,5 point de recul en un an).La chaîne en attend évidemment des recettes, même si elle refuse de communiquer ses objectifs. Deux ou trois spots publicitaires sont diffusés avant chaque programme (« preroll »), et jusqu’à 120 secondes en « midroll » (au milieu des programmes). Des formats d’habillage de page sont aussi proposés aux annonceurs, pour les associer à tel ou tel programme. L’insertion de vidéos de marques (« brand content ») est une option.Lire aussi :Wild Bunch et TF1 s’engouffrent dans l’e-cinémaAutre source de recettes : la VOD. Selon TF1, le chiffre d’affaires en la matière a progressé de 38 % en 2014 et atteint « plusieurs dizaines de millions d’euros ». Vendredi 22 mai, MYTF1 proposera le film Adaline (6,99 euros le visionnage) avant sa sortie en salles en France, imitant ainsi les pratiques d’acteurs comme Amazon ou Netflix. Adaline rejoindra le film Son of Gun, proposé selon les mêmes modalités depuis début mai. D’autres sorties similaires sont prévues ces prochains mois.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.05.2015 à 20h39 • Mis à jour le18.05.2015 à 20h51 « Je ne serai plus Charlie Hebdo mais je serai toujours Charlie. » C’est par ces mots que le dessinateur Luz a annoncé, lundi 18 mai, dans une interview à Libération, son intention de quitter l’équipe de Charlie Hebdo.Le dessinateur se dit « phagocyté par mille choses, le deuil, la douleur, la colère », qui l’empêchent, dit-il, de s’intéresser à l’actualité. « C’est un choix très personnel », assure-t-il, alors que l’annonce de la mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui, la semaine dernière, avait ravivé les tensions qui existent dans la rédaction des « survivants », confrontée à la difficulté de rebâtir une équipe amputée depuis l’attentat du 7 janvier, et à l’afflux d’argent qui leur avait été versé en soutien.Lire l'interview de Riss :« La vie à “Charlie” n’a jamais été un fleuve tranquille »Quelques jours avant son entretien à Libération – qui accueille toujours l’équipe de Charlie Hebdo dans l’attente de son prochain déménagement dans de nouveaux locaux – Luz avait confié au Monde que trouver « des idées marrantes sur la politique française » lui demandait aujourd’hui énormément d’« énergie ». « Je me rends compte que la politique française, hormis la montée du FN, est particulièrement inintéressante », avait-t-il ainsi expliqué. « Cela a toujours le cas, mais on se réfugiait derrière le principe que le ridicule demeure un bon terrain humoristique. Là, j’ai un peu de mal… », confiait-il.« C’est aussi dû au fait que “Charlie” est désormais au cœur du débat politique. C’est difficile de se dessiner en tant que sujet. »A la fin d’avril déjà, le dessinateur avait annoncé dans les Inrockuptibles qu’il ne dessinerait plus le personnage de Mahomet, qu’il avait notamment croqué en « une » du premier numéro de Charlie Hebdo paru après les attentats de janvier. « Je m’en suis lassé, tout comme celui de Sarkozy. Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner », expliquait-il alors.« Chaque bouclage est une torture »A Libération, il raconte :« Chaque bouclage est une torture parce que les autres ne sont plus là. Passer des nuits d’insomnie à convoquer les disparus, à se demander qu’est-ce que Charb, Cabu, Honoré, Tignous auraient fait, c’est épuisant. »Il assure également que « cette réflexion sur le départ date d’il y a longtemps », mais qu’après les attentats il a « suivi par solidarité, pour laisser tomber personne. Il n’y avait plus grand monde pour dessiner ». « Si l’actu ne t’inspire plus, tu peux toujours dessiner, c’est presque pavlovien, mais tu vas refaire une idée que tu as déjà faite. »« Cette idée du départ, ajoute-t-il dans Libération, elle est aussi dans cette angoisse : la peur d’être mauvais. » Au Monde il avait ainsi évoqué le souhait de « passer à autre chose » et de s’éloigner d’une forme de routine professionnelle.« Après vingt ans de carrière, on a beau expérimenter des formes d’expression nouvelles, on finit par s’enfermer dans une sorte de train-train », expliquait ainsi celui qui publie mercredi Catharsis, un album de dessin personnel qui, dit-il, lui a fait du bien. « Pour la première fois, je n’avais pas peur d’une page blanche », confie-t-il à Libération.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journal 26.05.2015 à 15h30 • Mis à jour le26.05.2015 à 17h52 | Alexis Delcambre C’est un coup de tonnerre dans le ciel de la presse française. Le groupe de luxe LVMH, déjà propriétaire des Echos, est entré en négociations exclusives avec le groupe Amaury pour racheter Le Parisien, selon les informations du Monde, confirmant une information initiale de La Correspondance de la presse.L’annonce en a été faite aux représentants des personnels du Parisien, mardi 26 mai, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire – signe que les négociations sont déjà assez avancées. Le groupe LVMH a lui confirmé dans un communiqué être en négociations en vue du rachat du quotidien. L’Autorité de la concurrence doit également être prochainement consultée.Selon certaines sources, l’offre de LVMH s’élèverait à 50 millions d’euros pour un périmètre comprenant le quotidien régional (229 638 exemplaires et 8,5 millions de visiteurs uniques), son édition nationale Aujourd’hui en France (148 220 exemplaires), une régie, la filiale de distribution Proximy et l’imprimerie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dont la fermeture est programmée. Mais ce montant n’est pas officiellement confirmé.Selon le groupe Amaury, Le Parisien n’était pas à vendre. « C’est une offre qui est venue vers nous », affirme une source interne. A l’origine de la manœuvre, Francis Morel, PDG du groupe Les Echos et bon connaisseur du dossier : en 2010, alors au Figaro, il avait en effet travaillé sur une offre de rachat du Parisien par le groupe Dassault (propriétaire du Figaro).La stratégie de M. Morel, qui a manifestement convaincu le propriétaire de LVMH, Bernard Arnault, est de rassembler deux titres complémentaires. Les deux chiffres d’affaires cumulés (149 millions d’euros en 2014 pour Les Echos et 186 millions d’euros pour Le Parisien) forment un total de 335 millions d’euros, qui pèsera davantage sur le marché.En outre, la fermeture de l’imprimerie du Parisien étant programmée, une reprise semble socialement plus simple à conduire qu’elle ne l’était en 2010, lorsque le groupe Amaury avait une première fois tenté de vendre le groupe. Après avoir subi de lourdes pertes en 2012 (19,6 millions d’euros) et 2013 (17 millions d’euros), Le Parisien a nettement réduit celles-ci en 2014 et espère un retour à l’équilibre en 2015.« Dans le secteur de la presse, les consolidations s’imposent, explique Jean-Clément Texier, banquier conseil. Il y a énormément de synergies possibles entre ces deux titres en termes de gestion, et aucun risque de cannibalisation, car ils ne visent pas les mêmes cibles. » Du côté du groupe Amaury, la rupture est considérable. D’une part parce que Le Parisien appartient à la famille depuis ses origines, en 1944. Mais aussi parce que recentré sur ses deux autres actifs, L’Equipe et Amaury Sport Organisation (ASO), il devient un groupe uniquement consacré au sport. « La stratégie sera désormais d’accélerer notre développement dans ce domaine », assure une source.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Suivez en direct l’audition d’Olivier Schrameck à l’Assemblée nationale grâce à notre journaliste Alexandre Piquard.Tweets de @apiquard!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");Plus d’un mois après la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions continue de susciter des remous. Des questions ont été soulevées sur les conditions de cette désignation, par des candidats malheureux notamment, dans des articles du Monde ou de M, le magazine du Monde, ainsi que de Mediapart ou TéléObs.Au Parlement, l’opposition s’est emparée du sujet, suivant la ligne fixée par Nicolas Sarkozy, qui entend démontrer que la majorité actuelle a eu tort de mettre fin à la nomination par le président de la République, qu’il avait instaurée. Mardi 19 mai, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, a demandé la création d’une commission d’enquête. La conférence des présidents l’a refusée, mais le président (PS) de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche, a proposé d’auditionner Olivier Schrameck, mardi 26 mai.« On fait une audition parce qu’il n’y a pas, de mon point de vue et avant l’audition d’Olivier Schrameck, d’éléments constitutifs d’une commission d’enquête parlementaire. C’est-à-dire une irrégularité ou une illégalité caractérisée traduisant un dysfonctionnement majeur », a expliqué M. Bloche.Le président du CSA est donc interrogé par les députés, à partir de 17 heures (cette audition sera diffusée en direct sur le site de l’Assemblée nationale), les débats pourraient porter sur plusieurs points.Le secret de la procédure. M. Schrameck a souvent rappelé que les membres du collège étaient tenus par le secret des délibérations sur les détails du vote. De plus, le CSA a adopté pour France Télévisions une procédure permettant de garantir, autant que possible, la confidentialité des candidatures, afin d’attirer des dirigeants en poste dans le privé. Cette procédure a été contestée pour son opacité.Sur le contenu des auditions, également secret, le président du CSA a invoqué une jurisprudence issue d’une décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 2000. Mais certains juristes, cités par Mediapart, estiment qu’il a une interprétation extensive de cette jurisprudence.Les règles du vote. Pour établir une liste restreinte de candidats à auditionner, les huit membres du collège du CSA ont voté à bulletins secrets sur chacun des 33 postulants initiaux. Seuls ceux qui ont obtenu au moins cinq voix ont été retenus, ce qui a entraîné l’élimination de candidats sérieux comme Marie-Christine Saragosse (France Médias Monde), Emmanuel Hoog (AFP) ou Didier Quillot (ex-Lagardère active et Orange).Certains membres du collège ont depuis assuré aux journalistes que cette méthode de vote avait été imposée par M. Schrameck au dernier moment, alors que dans le cas de la présidence de Radio France, un an plus tôt, la liste restreinte avait été établie de façon consensuelle.Le président du CSA dément tout changement de procédure de dernière minute. Et estime que le système adopté pour France Télévisions n’a rien changé en substance par rapport à celui retenu pour Radio France.Enfin, l’article de M évoque une intervention de M. Schrameck auprès de l’une des membres du collège, Francine Mariani-Ducray, issue comme lui du Conseil d’Etat, afin qu’elle vote en faveur de Delphine Ernotte, pour sortir le CSA d’une situation de blocage (4 voix contre 4).Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsL’impartialité du collège. Les médias ont notamment pointé le rôle de Sylvie Pierre-Brossolette, l’une des membres du collège, qui aurait marqué une préférence précoce pour Delphine Ernotte. Elle aurait notamment intercédé auprès de l’homme d’affaires François Pinault pour qu’il rencontre la dirigeante d’Orange.Mme Pierre-Brossolette a admis un échange avec M. Pinault sur le sujet, mais démenti avoir organisé quoi que ce soit. L’entourage de Delphine Ernotte, cité par l’AFP, a assuré : « Elle a rencontré François Pinault, comme elle a vu une cinquantaine de personnes entre janvier et avril (…) et ce n’est pas sur le conseil de Sylvie Pierre-Brossolette. »Également cité – tout comme les conseillers récemment nommés Nicolas Curien et Nathalie Sonnac, qui ont voté en faveur de Mme Ernotte après les auditions –, M. Schrameck s’est vigoureusement défendu de tout favoritisme, affirmant n’avoir jamais rencontré Delphine Ernotte avant le 6 mars. Il a précisé avoir rencontré beaucoup d’autres candidats et ne pas avoir eu de contacts avec elle depuis.Interrogé sur d’éventuels recours, Olivier Schrameck a affirmé n’avoir « aucune crainte » : « Je n’ai pas de raison de douter de notre collégialité, sauf preuve inverse et administrée par la voie judiciaire », avait-il dit à Libération.Quelle base pour une plainte ?Un syndicat de France Télévisions, la SNPCA-CGC, a fait savoir, lundi 25 mai, qu’il voulait déposer une plainte au sujet de la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions. « Le CSA est une autorité indépendante qui a une personnalité morale et donc une responsabilité juridique », explique le représentant de ce syndicat minoritaire, Jean-Jacques Cordival, ancien salarié de l’entreprise.Déterminer le motif et l’angle d’une action juridique n’est toutefois pas évident. M. Cordival évoque l’obligation « d’impartialité » des membres du CSA, ainsi que le respect des « principes électoraux », qui supposent un traitement égalitaire des candidats. La nomination de Delphine Ernotte n’étant toutefois pas un scrutin électoral, ce raisonnement ne tiendrait en principe que par analogie.Une contestation pourrait avoir lieu auprès d’une juridiction administrative (éventuellement le Conseil d’Etat) garante de la légalité d’une procédure encadrée notamment par la loi d’indépendance de l’audiovisuel de novembre 2013. Une plainte au pénal n’est par ailleurs pas exclue mais il faudrait trouver une base de droit.« En tout cas, il est hors de question d’en rester là », insiste M. Cordival, qui rappelle être à l’origine du volet « France Télévisions » de l’affaire Bygmalion, qui a notamment entraîné la mise en examen de l’ancien président Patrick de Carolis pour favoritisme.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Johannès L’officier de sécurité a jeté un œil dans le rétro. La petite Fiat noire était toujours là. Elle les suivait depuis déjà un moment, et le type au volant prenait des photos. Il était très tôt, ce matin frais du 15 octobre 2014, à Paris, il faisait à peu près noir, ça ne devait pas donner grand-chose. Boulevard de l’Hôpital, le policier a dit à son collègue de relever le numéro et s’est brusquement rangé sur le côté. La Fiat est passée, ils l’ont doublée, elle n’a pas insisté. Les deux agents ont rendu compte : ils sont chargés de la sécurité de deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui reçoivent leur lot régulier de menaces de mort, et que le ministère de l’intérieur a placé sous protection. L’homme à l’appareil photo a été identifié. Il s’appelle Sébastien Valente. C’est le photographe qu’a choisi Nicolas Sarkozy pour sa campagne présidentielle.Lire : Sarkozy s'offre un paparazziLes ennuis ont commencé pour les deux journalistes le 8 mars 2014 exactement, lorsqu’ils ont révélé que l’ancien chef de l’Etat et son avocat avaient été placés sur écoute dans l’enquête sur un financement libyen. Le Journal du dimanche publie huit jours plus tard un fac-similé de l’agenda privé de François Hollande, qui fait état d’un rendez-vous avec les deux enquêteurs le 7 mars au soir – preuve supposée qu’ils s’informent directement auprès du pouvoir. Outre qu’il n’est pas d’usage de dévoiler les rendez-vous des confrères, la coïncidence tombe à plat : Le Monde du 8 mars est paru, comme toujours, la veille, et était déjà en kiosque au moment de l’entretien, consacré au livre que les journalistes entendent publier sur le quinquennat.La rumeur court bientôt que ce seraient les deux journalistes eux-mêmes qui auraient prévenu Nicolas Sarkozy des écoutes, par le biais de son avocat – sans qu’on saisisse bien le pourquoi de cette fantaisie. Les retombées, en revanche, sont concrètes : Gérard Davet et Fabrice Lhomme reçoivent des menaces de mort, de petits cercueils avec les noms et dates de naissance de leurs femmes et de leurs enfants, ou des balles envoyées par la poste. Au point qu’en septembre 2014, le ministère de l’intérieur les place entre les mains du service de la protection (SDLP). Les journalistes doivent tant bien que mal se faire déposer dans des endroits discrets pour ne pas « griller » leurs sources.François Hollande en maillot de bainLa pression monte d’un cran le 14 octobre 2014, avec le tweet d’Yves de Kerdrel, le directeur de Valeurs actuelles : Dans le prochain numéro de @Valeurs revoilà le cabinet noir contre #Sarkozy avec ses deux valets : les pseudo journalistes Davet et Lhomme.— ydekerdrel (@Yves de Kerdrel ن)require(["twitter/widgets"]);Le propos résume assez bien la pensée de proches de Nicolas Sarkozy et vaut au vicomte de Kerdrel d’être renvoyé devant le tribunal pour « injure publique ». Le 15 octobre, de bonne heure, Fabrice Lhomme vient au journal à pied, Gérard Davet est pris en charge dans la voiture des officiers de sécurité : les deux hommes ont rendez-vous « avec une très bonne source » sur les affaires Sarkozy. C’est ce jour-là que Sébastien Valente le suivait avec sa Fiat noire.Il ne s’en cache d’ailleurs pas. « J’ai essayé de faire une photo de M. Davet, a expliqué le photographe aux policiers, le but était de faire une photo avec ses officiers de sécurité. Je pensais que cette photo allait intéresser des magazines. C’est mon métier de faire des photos d’actualité (...) Mes tentatives de faire des photos de MM. Davet et Lhomme [se] sont arrêtées là. » Il n’est pas certain qu’une photo des journalistes avec les policiers se serait vendue bien cher. Une photo de leur source, si.Sébastien Valente, 34 ans, joue d’ordinaire dans une autre cour. La photo volée de François Hollande et de Julie Gayet à l’Elysée aurait transité, selon Le Canard enchaîné, par l’agence E-presse, dirigée par sa compagne ; il dément aussi avoir photographié François Hollande en maillot de bain et pas à son avantage. C’est, enfin, un proche de Carla Bruni, et le photographe officiel de Nicolas Sarkozy pour sa campagne de 2017 ; il avait joliment photographié le couple au cap Nègre en 2013.« Pseudo-affaires »Le 16 octobre, donc, Valeurs actuelles publie un article non signé qui donne les rendez-vous des deux journalistes à l’Elysée, à la chancellerie et au pôle national financier, « lieu en théorie impénétrable », assure l’hebdomadaire, alors que le parquet a même un correspondant détaché pour répondre à la presse. Une chose est sûre, « les révélations sur des pseudo-affaires » de la droite « ne peuvent avoir été conduites qu’avec l’aide de juges qui, cherchant à nuire au retour de Nicolas Sarkozy, sont prêts à violer impunément la loi », assure le magazine. Les rédactions de quatorze médias condamnent les méthodes « indignes » du journal.Le photographe opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond-ilSébastien Valente opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond le photographe. Yves de Kerdrel dit lui aussi ne pas le connaître, et assure devant la police n’avoir « eu recours à aucun moyen délictueux, filature, photographie pour obtenir ces informations » – l’hebdomadaire était d’ailleurs déjà imprimé quand le photographe a pris Gérard Davet en filature.Pour qui travaillait Valente ? Il n’est pas le seul à surveiller les journalistes. De retour de Montpellier, Fabrice Lhomme a été pris en chasse le 26 janvier sur le périphérique par quatre hommes et sauvé ce jour-là par le SDLP. En octobre 2014, un agent d’un centre d’impôt a été surpris à consulter les dossiers fiscaux des deux journalistes, une expertise a démontré qu’il était aussi l’auteur de certaines des menaces. Reste à savoir pour le compte de qui. Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont porté plainte le 21 octobre 2014, au lendemain de la parution de Valeurs actuelles, pour « atteinte à l’intimité de la vie privée et violation des correspondances ». Le parquet, qui bute sur les dénégations du photographe et du patron du magazine, a classé l’affaire, faute d’user de méthodes plus intrusives. Savoir qui employait Sébastien Valente conduirait nécessairement à violer le secret des sources du photographe…Franck JohannèsFranck JohannèsSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 17h38 • Mis à jour le21.05.2015 à 18h42 | Eric Albert (Londres, correspondance) Après le spectaculaire procès du News of the World l’an dernier, le Daily Mirror a été condamné, jeudi 21 mai, pour avoir pratiqué pendant plus d’une décennie des écoutes téléphoniques à grande échelle. Le tabloïd britannique va devoir verser des compensations record de 1,2 million de livres (1,7 million d’euros) à huit victimes, principalement des stars du show-business. Mais près d’une centaine d’autres sont désormais sur les rangs et demandent compensation.Le jugement vient confirmer officiellement ce que beaucoup soupçonnaient depuis des années : les écoutes téléphoniques ont été pratiquées par tous les tabloïds de façon systématique. L’excuse, qui consistait initialement à faire passer pour un canard boîteux le News of the World, le journal dominical du groupe de Rupert Murdoch, ne tient plus.Le procès, qui a duré trois semaines, a mis à jour les écoutes téléphoniques réalisées entre 1999 et 2010 par le Daily Mirror, le Sunday Mirror (l’édition dominicale du premier) et The Sunday People, un hebdomadaire du même groupe.L’accusation reposait très largement sur le témoignage de Dan Evans, qui avait été le principal responsable des écoutes en 2003 et 2004. Parfaitement conscient de l’illégalité de la pratique, le journaliste a raconté comment il détruisait les cassettes des enregistrements et jetait régulièrement dans la Tamise les téléphones qu’il utilisait pour réaliser son espionnage.Sa technique consistait à écouter les messages laissés sur les répondeurs des portables. A l’époque – avant l’arrivée des smartphones –, il était assez facile d’y accéder à distance, à condition d’en avoir le code d’accès.Mais une grande majorité des utilisateurs ne changeait jamais ce numéro, qui restait souvent sur le mode par défaut de l’usine : 0000 ou 9999 par exemple.« A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne »Les conséquences de cette intrusion dans la vie privée étaient brutales. Parmi les huit plaignants, certains ont été espionnés pendant sept ans. Ils retrouvaient des articles sur leur vie intime et soupçonnaient leurs proches de les avoir trahis.Steve McFadden, un acteur d’une série télévisée, a expliqué à la barre avoir renoncé à demander en mariage sa petite amie de l’époque, parce qu’il la soupçonnait d’être la source d’informations du Daily Mirror.L’actrice Sadie Frost est allée jusqu’à faire signer à sa propre mère un document juridique lui faisant promettre de ne jamais dévoiler d’informations à la presse. « Quand j’ai appris que j’étais sur écoutes, je me suis sentie soulagée, a-t-elle témoigné, jeudi. J’ai su que je n’étais pas devenue folle. A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne. »Contrairement au News of the World, il ne s’agissait pas d’un procès pénal, mais civil. La décision de justice va cependant faire date car les condamnations sont beaucoup plus élevées que toute la jurisprudence actuelle.Jusqu’à présent, la compensation la plus élevée jamais accordée pour violation de la vie privée était de 60 000 livres (85 000 euros). Cette fois-ci, Mme Frost va recevoir quatre fois plus, en l’occurrence 260 000 livres (366 000 euros), et Paul Gascoigne, l’ancien footballeur, 188 000 livres (265 000 euros).Depuis que la procédure judiciaire contre le Daily Mirror a été ouverte, de nombreuses plaintes supplémentaires ont été déposées. Selon le Guardian, il y en aurait une centaine au total.Le Daily Mirror a indiqué qu’il envisage de faire appel, mais il a également décidé de plus que doubler l’argent qu’il met de côté pour les compensations, à un total de 28 millions de livres (39 millions d’euros).Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Après plusieurs mois d’incertitudes, les discussions autour de Radio Nova sont en passe d’aboutir. Jeudi 21 mai, Les Nouvelles Editions indépendantes (LNEI) – la holding de médias de Matthieu Pigasse – ont annoncé leur entrée en négociation exclusive avec les actionnaires de Radio Nova.La cible du propriétaire des Inrocks (et actionnaire à titre personnel du Monde, avec Pierre Bergé et Xavier Niel), le groupe Nova Press, est surtout connue pour son emblématique radio, marquée par la figure de Jean-François Bizot, mais est également présente dans l’édition musicale et la production, avec Nova Records.« L’opération envisagée vise à mettre en place une offre multimédia reposant sur les nombreuses complémentarités existantes (culturelles, éditoriales, commerciales, de support…) entre les groupes Nova Press et Les Inrockuptibles, dans le plein respect de l’intégrité et de l’identité des deux marques », explique le communiqué de LNEI.Un prix de 12 millions à 15 millions d’eurosLa perspective de bâtir un écosystème cohérent, musical et culturel, avec Les Inrockuptibles a probablement joué dans la décision des propriétaires de Nova, qui sont les héritiers de Jean-François Bizot, conseillés par la banque Degroof.Selon une source proche du dossier, le montant de la transaction se situerait « dans une fourchette entre 12 et 15 millions d'euros ». Nova compte 26 fréquences et réalise 12 millions d’euros de chiffre d’affaires environ.M. Pigasse avait dévoilé ses intentions dès le 30 janvier. Mais d’autres candidats, une trentaine d’autres, ont étudié le dossier. Ont notamment été cités Patrick Drahi et Marc Laufer (actionnaires de Libération), les groupes NRJ et NextRadioTV, Pascal Chevalier (Reworld Media), Didier Quillot (Lagardère Active) ou encore le groupe Vivendi.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 21h47 • Mis à jour le21.05.2015 à 08h44 Le caricaturiste français Jul s’est vu refuser l’entrée au Nicaragua par le gouvernement. Il devait y participer à un forum d’écrivains, a affirmé mercredi 20 mai Sergio Ramirez, promoteur de la rencontre. Ce dernier a qualifié cette décision d’« acte lamentable », ajoutant qu’aucune explication n’avait été fournie par les autorités pour la justifier.La troisième édition de Centroamerica Cuenta – qui réunit 70 auteurs d’Amérique latine et d’Europe et a été inaugurée mardi par un hommage au journal satirique –, cible le 7 janvier dernier d'un attentat qui a décimé sa rédaction. Jul devait arriver la veille dans la capitale Managua pour y assister.« Nous ne comprenons pas, nous sommes surpris et, bien sûr, nous rejetons ce genre de mesures contre un caricaturiste de grand prestige mondial qui venait enrichir [l’événement] par sa participation », a regretté M. Ramirez.Troisième étranger refouléSelon lui, l’ambassade de France au Nicaragua a essayé, sans succès, de faire revenir les autorités sur leur décision. Le représentant diplomatique, Antoine Joly, a fait part, mardi, de sa déception. Il a par ailleurs précisé que Jul venait dans la région pour participer également à d’autres événements culturels au Costa Rica et au Salvador.De son côté, le caricaturiste, qui a collaboré avec de nombreux médias français comme Libération et L’Humanité, a enregistré un message vidéo, diffusé lors du forum, pour expliquer les raisons de son absence.Il est le troisième étranger en une semaine à être refoulé à son arrivée au Nicaragua, après le Péruvien Luis Carlos Boub et l'Espagnole Marta Gonzalez, militants de l’ONG Centre pour la justice et le droit international, qui venaient participer à l’anniversaire d'un organisme local de défense des droits de l’homme. Raphaëlle Besse Desmoulières et Alexis Delcambre La première saison a vu la dirigeante d’un opérateur téléphonique, peu connue du grand public mais aux solides réseaux, choisie pour diriger France Télévisions. Elle n’est pas achevée, puisque les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) continuent de faire jaser, des rédactions à l’Assemblée nationale.Mais voilà que la deuxième saison s’ouvre déjà : avec qui Delphine Ernotte va-t-elle tenter de réinventer la télévision publique ? Le dévoilement de ce casting très attendu a commencé, mercredi 20 mai, par une surprise de taille : la nouvelle présidente a choisi un jeune homme de 27 ans, issu de la politique, comme directeur de cabinet.Pour ceux qui suivent la saga des Verts et ses méandres, Stéphane Sitbon-Gomez n’a certes rien d’un second rôle. Celui que tout le monde surnomme « Yop » à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a été directeur de cabinet de Cécile Duflot au conseil régional d’Ile-de-France en 2010, puis directeur de campagne d’Eva Joly à la présidentielle deux ans plus tard et, enfin, « conseiller spécial » de Mme Duflot, alors ministre du logement, en 2012.Depuis que sa « patronne » avait claqué la porte du gouvernement en 2014, il affirmait vouloir prendre du recul et ne plus dépendre de la politique pour vivre, après près de quinze ans de militantisme. C’est désormais chose faite. « Une nouvelle vie commence pour moi », explique-t-il au Monde.Mais les ponts ne manquent pas entre sa vie d’avant et celle qu’il va découvrir, au cœur d’une entreprise publique de 10 000 salariés secouée par la baisse de son financement public et objet de toutes les attentions politiques et médiatiques.Le premier lien s’appelle Denis Pingaud, le précieux conseiller de Mme Ernotte, qui l’a mis en relation avec cette dernière. L’homme avait découvert Stéphane Sitbon-Gomez au moment de la création d’EELV, qu’il avait accompagnée, en 2010.Le petit-fils du journaliste Guy Sitbon a également participé, à l’automne 2014, comme coauteur, à l’aventure de la fiction participative Anarchy (en partie diffusée par Le Monde), avec l’équipe des Nouvelles Ecritures de France Télévisions. Une expérience en lien avec son sens politique, et son aisance avec le numérique et les nouveaux modes de communication.Dernière similitude : celui qui se définissait, dans un portrait du Monde, comme « un apparatchik, un homme d’appareil », va explorer, au poste de directeur de cabinet, un paysage politique interne pas moins complexe que celui des Verts, où se croisent directeurs de chaîne et directeurs « transversaux », tutelles de Bercy et de la culture, parlementaires, responsables syndicaux…D’autant que le poste de directeur de cabinet n’existait pas sous les présidences antérieures. Le haut encadrement de France Télévisions s’interroge donc déjà sur le périmètre exact qui sera celui du nouveau venu.A deux ans d’une élection présidentielle où Mme Duflot pourrait être candidate, Mme Ernotte a pris un risque en recrutant l’ancien bras droit de celle-ci. Mais elle envoie aussi un signal : la nouvelle présidente est en quête de profils neufs, à l’heure où France Télévisions doit notamment renouer avec la jeunesse.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Éphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Après avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 09h32 • Mis à jour le20.05.2015 à 16h30 | Alexis Delcambre Laurent Vallet a été nommé, mercredi 20 mai en conseil des ministres, à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Le directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) a été choisi pour succéder à Agnès Saal, démissionnaire, à la présidence de l’INA.Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, de l’Ecole des hautes études commerciales de Paris (HEC) et ancien élève de l’Ecole national d’administration (ENA), Laurent Vallet, 45 ans, présente une double légitimité, financière et culturelle. Sa carrière a commencé à Bercy (1995-2002), avec notamment un passage au cabinet du ministre Laurent Fabius.En 2002, il est devenu directeur général de l’IFCIC, un établissement de crédit spécialisé dans le financement des industries culturelles, qui gère un encours de près de 800 millions d’euros. Il s’y est créé un solide réseau dans le monde culturel. En juin 2013, la ministre de la culture Aurélie Filippetti lui confiait un rapport sur les relations entre producteurs et diffuseurs.Lire aussi : Le rapport Vallet propose un équilibre renouvelé entre chaînes et producteurs En mars 2014, il est une première fois candidat à la présidence de l’INA, que Mathieu Gallet vient de quitter pour celle de Radio France. Mais Mme Filippetti lui préfère Agnès Saal. Les déboires de celle-ci, poussée à la démission en avril à la suite d’un scandale public sur ses notes de taxi, offrent une seconde chance à M. Vallet.Lire aussi :Le souhait d’« exemplarité » du gouvernement a eu raison d’Agnès SaalC’est un temps Carine Camby, déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, qui a paru tenir la corde. Mais au ministère, on explique que c’est l’expérience de M. Vallet dans le secteur culturel qui a finalement fait la différence.Cette nomination achève la reconfiguration de l’audiovisuel public, après celles de Mathieu Gallet (38 ans) à Radio France et de Delphine Ernotte (48 ans) à France Télévisions – soit un profond rajeunissement des présidences.A l’INA, M. Vallet aura la délicate mission d’apaiser une maison déstabilisée par la démission de sa présidente, victime d’une dénonciation anonyme. Il lui faudra aussi signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises.Agnès Saal de retour au ministère de la cultureAprès avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Martin Ajdari nommé à la DGMICÉphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre TF1 se regarde désormais massivement hors antenne. En avril 2015, selon Médiamétrie, plus de 9 millions de téléspectateurs ont utilisé son offre de « replay » depuis leur téléviseur, et 7 millions depuis leur ordinateur. Pour accompagner ces nouveaux usages, qui ont généré 1,4 milliard de visionnages en 2014, le groupe audiovisuel lance, lundi 25 mai, une refonte complète de son offre numérique, désormais unifiée sous la marque MYTF1.Les barrières installées par l’Autorité de la concurrence après le rachat des chaînes NT1 et TMC ayant expiré, MYTF1 rassemble désormais les contenus issus des quatre chaînes en clair du groupe (HD1, NT1, TF1, TMC) – ce qui lui permet mécaniquement de doubler le nombre de programmes proposés, pour atteindre 160 par mois.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Structuration par programme plutôt que par chaîne, design épuré, enchaînement automatique des vidéos, continuité d’un appareil à l’autre : les équipes de TF1 se sont inspirées des plates-formes comme Hulu ou Netflix pour imaginer ce nouveau MYTF1, qui sera proposé à travers les boxes des fournisseurs d’accès – y compris Numericable, dont MYTF1 était jusqu’ici absent –, disponible en ligne (PC, mobile, tablette) et sous forme d’application Android, iOS et Windows.Vous êtes un inconditionnel de « MasterChef » ? Vous trouverez sur une même page les dernières émissions, des bonus, des informations sur le programme et des vidéos « pur Web » sur la cuisine, issues du partenariat de TF1 avec Finder Studios. Si vous préférez la série « Les Experts », vous trouverez les dernières saisons diffusées, mais aussi l’accès, en vidéo payante à la demande (VOD), à la dernière saison diffusée aux Etats-Unis et pas encore en France.Forte progression de la VODPour TF1, le replay constitue un « complément d’audience », qui peut dépasser 20 % de l’audience linéaire dans certains cas. Pas de lien, donc, aux yeux de la chaîne, entre le succès de ces services et la légère érosion des audiences (21,3 % de part en avril, soit 1,5 point de recul en un an).La chaîne en attend évidemment des recettes, même si elle refuse de communiquer ses objectifs. Deux ou trois spots publicitaires sont diffusés avant chaque programme (« preroll »), et jusqu’à 120 secondes en « midroll » (au milieu des programmes). Des formats d’habillage de page sont aussi proposés aux annonceurs, pour les associer à tel ou tel programme. L’insertion de vidéos de marques (« brand content ») est une option.Lire aussi :Wild Bunch et TF1 s’engouffrent dans l’e-cinémaAutre source de recettes : la VOD. Selon TF1, le chiffre d’affaires en la matière a progressé de 38 % en 2014 et atteint « plusieurs dizaines de millions d’euros ». Vendredi 22 mai, MYTF1 proposera le film Adaline (6,99 euros le visionnage) avant sa sortie en salles en France, imitant ainsi les pratiques d’acteurs comme Amazon ou Netflix. Adaline rejoindra le film Son of Gun, proposé selon les mêmes modalités depuis début mai. D’autres sorties similaires sont prévues ces prochains mois.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le fonds Google pour la presse française est mort… vive le fonds Google pour la presse européenne ! Ainsi pourrait se résumer l’annonce que devait faire le groupe américain mardi 28 avril à Londres. Dans le langage maison, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) va cesser mi-2016 son activité après avoir distribué en trois ans 60 millions d’euros environ à des projets d’éditeurs français. Il va laisser la place au Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Cette évolution n’est pas anodine et répond à plusieurs préoccupations de Google, toujours engagé dans une épreuve de force avec certaines entreprises et autorités en Europe.A son lancement, la nouvelle structure de Google s’appuiera sur huit éditeurs partenaires, la plupart quotidiens : Les Echos en France, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie. Cette liste de partenaires est ouverte et susceptible d’accueillir de nouveaux membres.L’initiative sur huit éditeurs partenairesUne première constatation s’impose : les éditeurs français devraient en principe recevoir moins d’argent qu’au cours des trois dernières années. En 2014, le FINP a accordé 16,1 millions d’euros à 29 projets d’innovation (qui restaient financés à 40 % minimum par les médias). En 2013, il a accordé 16,3 millions d’euros à 23 projets.Allant du lancement d’une édition numérique du matin au développement de plates-formes payantes ou mobiles, l’aide a bénéficié à nombre de médias : Le Monde, Le Figaro, Libération, Rue89, BFM-TV, Alternatives économiques…Les candidats français devront désormais défendre leurs initiatives face à celles des éditeurs de toute l’Europe en tant que région. Google n’avait jamais caché que le fonds français était lancé pour trois ans et que son avenir serait alors rediscuté. Mais les détracteurs de Google souligneront que le montant promis en 2013 par l’entreprise en soutien de la presse française n’était pas pérenne et reste soumis à sa volonté.A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Défendant une approche « pragmatique » et de coopération, le fonds français était une « exception » en Europe et dans le monde, a expliqué Francis Morel, patron des Echos, le 25 mars, lors d’une journée organisée par le FINP à Paris. « Je me demande pourquoi. Les autres pays européens devraient nous regarder », disait-il. L’élargissement du fonds français au niveau européen était une question de « cohérence », précisait-on chez Google.Plus collaboratifEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media) qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus, a expliqué Christoph Keese, vice-président exécutif du groupe Springer.Selon ce dirigeant, en pointe du combat contre Google, le fonds français « faillit à établir un principe crucial : le contenu doit être payé ». En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits, écrit Les Echos. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes, ajoute le quotidien partenaire. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.« Rôle dans l’écosystème du numérique »« Google s’intéresse au journalisme car c’est un des fondements de la démocratie. Nos internautes, dans le monde entier, ont besoin d’une presse forte », a expliqué le 25 mars Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations de Google Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique. « Le DNI est le témoignage d’un engagement pour le développement de l’écosystème du journalisme », estime Ludovic Blecher, directeur du FINP.Une démarche qui ne dépareille pas avec l’inflexion de la communication générale de Google, qui vient de lancer sa première campagne institutionnelle en France pour vanter son « rôle dans l’écosystème du numérique ». Au même moment, le groupe livre en Europe un combat dont l’intensité a grimpé d’un cran le 15 avril avec la décision de la commission européenne de notifier à Google son accusation d’abus de position dominante sur la recherche en ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.04.2015 à 11h35 • Mis à jour le27.04.2015 à 19h46 La présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, selon Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures.Cette révélation a été faite à la suite d'un courrier anonyme envoyé aux administrateurs de l'INA à la veille du conseil d'administration qui s'est tenu le 23 avril, précise le quotidien. A la réception de ce courrier anonyme citant des documents de l'entreprise, l'INA a lancé une enquête interne et envisage de porter plainte, a appris Le Monde.Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement et 32 000 euros les déplacements. Agnès Saal a indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés. 6 700 euros au nom de son filsAgnès Saal, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014 s'est défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation, ajoute Le Figaro. « C'est une maladresse, j'en reconnais la responsabilité et j'ai immédiatement remboursé ces frais », a expliqué l'énarque de 57 ans.Un doute subsiste cependant concernant les 7 800 euros de frais de taxi facturés le week-end, à savoir ce qui relève des trajets professionnels et des privés. « Ce n'est pas évident de savoir si une course de taxi pour un événement dans lequel je représente l'INA est professionnelle ou personnelle », a-t-elle expliqué, estimant que « l'usage professionnel du taxi pendant les week-ends représente environ un tiers ou un quart de la facture ». Selon Le Figaro, elle s'est ainsi engagée à rembourser les deux tiers ou les trois quarts restants.La ministre de la culture réagitQuelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin, la ministre de la culture, a rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Concernant les « frais de déplacement privés de la présidente » de l'INA, Mme Pellerin en « a immédiatement demandé le remboursement intégral, qui est en cours », précise le ministère. Gilles Paris (Washington, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o1nqx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o1nqx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « Une offre de télévision publique moderne et créative, ouverte sur le monde et accessible à tous grâce à une entreprise publique réconciliée avec elle-même. » Tel est l’objectif que se fixe Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, dans le projet qu’elle a présenté au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et que celui-ci a rendu public, vendredi 24 avril. Volontariste, ce projet de 31 pages entend transformer cette structure de 10 000 salariés « en une entreprise moderne, du 21e siècle », en constatant « un dilemme simple : l’adaptation ou l’affaiblissement. »Reconquérir la jeunesseMme Ernotte veut « réinventer l’offre » pour reconquérir la jeunesse et s’adapter aux nouveaux usages numériques, tout en promouvant « la diversité culturelle ». « Le principal axe de travail pour y parvenir consiste à mettre l’accent sur l’innovation et une certaine prise de risque », écrit-elle. La recherche et développement de nouveaux programmes se verrait allouer 5 % des budgets, les délais de production seraient raccourcis, un « pacte » serait négocié avec les producteurs pour « faire de l’audiovisuel français un champion à l’international » et « pousser à la création de programmes exportables ». L’enjeu serait la « création de nouvelles fictions » mais aussi la culture, l’information et le sport.La nouvelle PDG souhaite également refondre l’offre de rattrapage, sous l’influence de la plate-forme Netflix. « Afin de créer une passerelle directe avec les usagers, une nouvelle plateforme numérique, basée sur un algorithme de recommandation, doit rendre la télévision de rattrapage plus accessible », souhaite-t-elle.L’offre jeunesse serait la première concernée, avec la mise en place d’une offre à la demande qu’elle espère également génératrice de nouvelles recettes. Plus largement, Mme Ernotte propose une stratégie numérique inspirée de pratiques en vigueur sur d’autres chaînes : recherche de nouveaux talents, interactivité, mise en ligne anticipée de tous les épisodes d’une série…France 2 chaîne du flux, réforme de France 3Du côté des chaînes, elle compte faire évoluer France 2 vers l’« événementiel », c’est-à-dire la chaîne du « voir ensemble », qu’il s’agisse de l’information, du sport ou des télés crochets. « France 2 a vocation naturelle à devenir la chaîne leader de la télévision française », espère-t-elle.Delphine Ernotte annonce également une profonde réforme de France 3, très attendue par les pouvoirs publics. Celle-ci reposerait sur le rassemblement de France 3 et France 3 Régions, actuellement séparées ; le développement des décrochages régionaux ; une redéfinition du découpage régional pour suivre la nouvelle carte des régions françaises.Quant aux autres chaînes, France 5 et France Ô garderaient le même positionnement, mais France 4 serait exclusivement orientée vers « le public des moins de 15 ans », et non plus les jeunes adultes.Enfin, dans le domaine de l’information, ce projet propose de « faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion », c’est-à-dire une chaîne d’information - dont le mode de diffusion reste à définir - qui puisse se positionner en contrepoint de BFM-TV. Pour y parvenir, Mme Ernotte souhaite développer des liens avec les autres entreprises de l’audiovisuel public (l’INA, France Médias Monde ou Radio France), répondant là aussi à une attente des pouvoirs publics. Ce projet pourrait être « mis à l’antenne en septembre 2016 ».Des assises de l’entrepriseMais pour mener à bien ces différentes ambitions, Delphine Ernotte trace un chemin exigeant qui définit une large réforme de l’entreprise. Constatant que « France Télévisions est une entreprise qui doute », elle insiste sur une méthode reposant sur le dialogue. « Le plan stratégique 2020 sera élaboré dans le cadre des assises de l’entreprise, organisées selon un processus décentralisé », annonce-t-elle.Elle en attend « un pacte social adapté aux besoins de l’entreprise et des salariés » qui reposera sur « une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « donnant la priorité aux responsables de proximité ». Il s’agit de répondre aux angoisses et à la désorganisation de l’entreprise, décrites dans plusieurs rapports, pour proposer des évolutions des métiers et une vaste politique de formation.Lire aussi :France Télévisions, le grand corps maladeLa masse salariale sous pressionMme Ernotte compte aussi donner plus d’autonomie aux directions de chaînes, même si elle maintiendrait une direction transversale pour les programmes et une autre pour l’information. « Dès mon entrée en fonction, je nommerai une équipe strictement paritaire. Celle-ci, composée de quatorze membres comprendra, outre la Présidence, les cinq directions de chaînes, les deux directions transversales (stratégie et programmes, information) auxquelles s’ajouteront six directions fonctionnelles : commerciale, technique et système d’information, financière, ressources humaines, communication et secrétariat général », annonce-t-elle.Dans l’immédiat, c’est une politique de rigueur qui est prévue. La nouvelle PDG va « remettre à plat immédiatement le budget 2015 » et engager des économies de structure : « direction plus recentrée », « mise sous contrôle des frais de conseil et des frais généraux », « blocage immédiat des embauches », « rationalisation des missions » et rentabilisation de « l’outil de production » interne.« De façon plus générale, la question des charges de personnel doit être affrontée avec détermination et responsabilité, écrit Mme Ernotte. Le taux de collaborateurs non permanents est de 15,4 %. Le taux d’encadrement est très élevé. Afin d’éviter tout départ contraint et de chercher des solutions négociées, il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fusion géante entre les câblo-opérateurs américains Comcast et Time Warner Cable (TWC) ne verra finalement pas le jour. Les deux groupes, qui avaient annoncé leur rapprochement le 13 février 2014, ont préféré jeter l’éponge face au scepticisme des autorités américaines de la concurrence, selon des sources proches du dossier et citées, jeudi 23 avril, par l’agence Bloomberg. L’abandon de l’opération devait être officialisé dans la journée de vendredi.Comcast, le leader du secteur aux Etats-Unis, avait initialement proposé de racheter TWC, le numéro deux, pour 45,2 milliards de dollars (41,7 milliards d’euros), soit 67 milliards de dollars dette comprise.A l’issue, les deux groupes auraient cumulé 30 millions d’abonnés. Mais, depuis cette annonce, d’intenses négociations se sont engagées avec le régulateur américain du secteur, la Federal Communications Commission (FCC), pour savoir si l’opération respectait les règles de la concurrence. Il y a quelques jours, le ministère de la justice avait commencé à émettre de sérieux doutes sur la faisabilité de la fusion.Lire aussi :La fusion Comcast-Time Warner sous la loupe de l’antitrust américainMercredi, le parcours d’obstacles s’est encore un peu plus compliqué. Comcast et TWC ont rencontré des membres de la FCC et du ministère de la justice, dont le feu vert était nécessaire pour que l’opération puisse aller à son terme. Leurs interlocuteurs ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact qu’aurait une fusion sur les consommateurs.Le précédent AT&TLa FCC a proposé que le feu vert donné à l’opération le soit par un juge administratif. Cette procédure, qui en dit long sur le scepticisme du régulateur, a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’issue finale devenant très incertaine, et malgré des dépenses en lobbying, en 2014, de 17 millions de dollars, Comcast a donc préféré renoncer.C’est le même type de procédure qui avait été imposé à AT&T pour valider son rapprochement avec T-Mobile en 2011. On sait ce qu’il advint : la fusion avait été cassée par le juge, et l’opérateur avait dû payer 4 milliards de dollars d’indemnités à Deutsche Telekom, la maison mère de T-Mobile.Comcast a eu beau répéter, ces derniers mois, que la fusion était dans l’intérêt public parce qu’elle permettrait de fournir aux clients de TWC un meilleur service, les autorités américaines ne se sont pas laissées convaincre.Il faut dire que le nouveau groupe aurait détenu 30 % du marché de la télévision payante aux Etats-Unis et 57 % de celui des fournisseurs d’accès à Internet. Les deux acteurs avaient proposé quelques concessions pour faire passer la pilule. Il était notamment question de rétrocéder environ trois millions d’abonnés au challenger du secteur, Charter Communications, qui serait ainsi passé de la quatrième à la deuxième place. Mais, visiblement, la concession n’a pas été jugée suffisante.Bonne nouvelle pour le consommateurLe renoncement à cette fusion fait les affaires de groupes de média, comme Time Warner – dont les activités n’ont plus rien à voir avec celles de TWC –, de Walt Disney, de 21st Century Fox ou encore de Netflix, qui voyaient d’un mauvais œil la constitution de ce nouveau géant. Reed Hastings, le fondateur et patron de la société de streaming (lecture sans téléchargement) était d’ailleurs l’un des plus virulents opposants à ce projet de mariage. Netflix avait déjà dû accepter de verser d’importantes sommes d’argent à Comcast et à TWC, afin d’assurer une vitesse de connexion optimale pour ses abonnés. Réunis, les deux opérateurs auraient encore plus de poids dans ces négociations.Du côté du consommateur, qui paie déjà des prix prohibitifs comparés à ceux pratiqués en Europe pour accéder à Internet, cette réduction du nombre d’acteurs n’aurait pas été non plus une très bonne nouvelle.La recomposition du secteur est donc relancée. Charter Communications et son principal actionnaire, Liberty Media, l’une des holdings du milliardaire américain John Malone, qui avait fait une offre sur TWC quelques semaines avant l’annonce de la fusion, pourrait revenir dans le jeu. Mais, à l’époque, la valorisation proposée, beaucoup moins généreuse que celle de Comcast, avait été rejetée par la cible.Il y a quelques mois, lors d’une réunion avec des investisseurs, M. Malone avait dit qu’il était prêt à envisager une nouvelle offre si jamais l’opération avec Comcast échouait. C’est désormais chose faite.Pour TWC, qui avait fait de cette fusion la pierre angulaire de stratégie, c’est assurément un coup dur. La direction de l’entreprise a prévu d’organiser une conférence téléphonique avec ses actionnaires, le 30 avril. Le PDG du groupe, Robert Marcus, arrivé à la tête de la société seulement un mois et demi avant la vente à Comcast, avait empoché une rémunération astronomique de 80 millions de dollars. Il va maintenant lui falloir trouver un plan B capable d’assurer un futur à TWC.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Anne Eveno « Chez Orange, elle connaît tous les rouages de l’entreprise et des métiers. Aller vers une autre entreprise va être pour elle un vrai défi, un saut dans l’inconnu. » Ce haut cadre d’Orange résume bien l’équation que va devoir résoudre Delphine Ernotte, nommée, jeudi 23 avril, présidente de France Télévisions, après vingt-six années passées chez l’opérateur.A 48 ans, la directrice générale adjointe d’Orange France a arpenté toutes les fonctions possibles au sein de son entreprise : de l’analyse financière à la R&D, de la distribution aux fonctions de direction. Centralienne, cette ingénieure de formation y a appris la vente, la communication, le marketing et le délicat exercice du dialogue social. Elle a aussi contribué à transformer l’entreprise et appris à composer avec la présence de l’Etat.« C’est une vraie patronne qui sait déléguer, écouter et décider », décrit Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution de Canal+, qui a travaillé sous ses ordres chez Orange. « Mi corse-mi basque, elle a un côté mama qui protège voire couve ses équipes, renchérit Elie Girard d’Atos, qui a travaillé avec elle pendant six ans. C’est une bosseuse, très impliquée. Lors de la grande panne des mobiles de l’été 2012, elle a passé toute la nuit au centre de supervision au beau milieu des techniciens et impressionné tout le monde. » Des tempêtesChez Orange, les tempêtes n’ont pas manqué. Mme Ernotte a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau concurrent, Free Mobile, en 2012. Surtout, elle a été confrontée, comme toute la direction du groupe, à la crise des suicides chez l’opérateur, consécutive à la mise en place du plan « Next ». Propulsée au comité exécutif après le départ de Didier Lombard – mis en cause dans cette affaire –, la nouvelle directrice générale admet alors que ces drames ont suscité chez elle « un mélange de profonde culpabilité et de déni » et « une remise en question fondamentale ».Ses défenseurs soulignent qu’elle a ensuite œuvré à l’« apaisement » du climat social. « C’est difficile d’évaluer son implication dans la crise sociale qui a secoué l’entreprise du temps de Lombard, juge une source chez Orange. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a appris à écouter, elle a réussi à respecter le contrat social dans un contexte difficile où Orange France était secoué de tous les côtés par la concurrence. »Dans sa nouvelle maison, Delphine Ernotte se sait attendue sur ce terrain. Pendant la campagne, la CGC Médias l’a associée à cette crise des suicides – un message lourd dans le contexte de fragilité sociale que connaît France Télévisions. Dans sa décision motivée, le CSA a souligné que la nouvelle PDG voulait « bâtir, par la négociation et le dialogue, un plan stratégique visant à promouvoir la confiance au sein de France Télévisions ».Lire aussi (édition abonnés) :France Télévisions, le grand corps maladeL’inconnue des contenusPour cela, elle devra forcer sa personnalité que beaucoup décrivent comme « froide » ou « distante ». « Son côté froid, c’est une carapace, corrige un cadre de l’opérateur. En réalité elle a beaucoup d’empathie et je l’ai vue dans plein de conventions faire le show quand il le fallait. »Et d’avancer une explication : « Elle a toujours été dans un milieu d’hommes, elle doit sûrement se protéger aussi. » Dans l’univers d’ingénieurs souvent masculin qu’est Orange, Delphine Ernotte s’est attachée à défendre la place des femmes, infligeant des amendes de 10 euros pour toute remarque sexiste formulée en comité exécutif.Autre défi pour la nouvelle présidente : son inexpérience dans les contenus et l’audiovisuel, même si Orange distribue aussi des contenus et que le CSA relève sa « perception des enjeux de l’audiovisuel ». Ses amis ont beau évoquer sa « passion du théâtre » – son époux est le comédien Marc Ernotte et elle ne manque pas de réseaux dans le monde culturel –, sa capacité à aider France Télévisions à repenser ses offres en profondeur est à ce stade une inconnue.Anne EvenoJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Il aura fallu une délibération de près de 24 heures pour que le Conseil supérieur de l’audiovisuel tranche. Jeudi 23 avril, les huit conseillers ont désigné Delphine Ernotte, actuelle directrice générale adjointe d’Orange France, à la présidence de France Télévisions. Mme Ernotte prendra ses fonctions le 22 août, succédant à Rémy Pflimlin.Cette nomination a fait l’objet d’une sérieuse bataille au sein du conseil. Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote avait attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique. Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’avaient recueilli aucun vote.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinLes conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias. Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.Des qualités d’écoute et de décisionLe CSA a donc décidé d’auditionner à nouveau les deux candidats, jeudi après-midi. A l’issue de ces auditions, un vote majoritaire s’est dégagé en faveur de Mme Ernotte.Centralienne, Delphine Ernotte a fait toute sa carrière chez Orange. Son profil est celui d’une manageuse dont les partisans vantent les qualités d’écoute, de compréhension et de décision. Avec 80 000 salariés, Orange France est le vaisseau amiral du groupe. Elle n’a par contre pas d’expérience des contenus ou de l’audiovisuel, ce qui était le point fort de l’autre finaliste, Pascal Josèphe.Agée de 48 ans, Mme Ernotte sera la première femme à diriger France Télévisions. Chez Orange, un univers d’ingénieurs souvent masculins, elle s’est attachée à défendre la place des femmes.Dans le milieu de l’audiovisuel, son nom a commencé à circuler fin 2014. Conseillée par Denis Pingaud – également présent aux côtés du PDG de Radio France, Mathieu Gallet –, elle a mené campagne en coulisse, sans s’exposer dans les médias. Cela ne l’a pas empêchée de subir plusieurs tirs de barrage, notamment de syndicats de France Télévisions, qui l’ont parfois associée au plan « Next » dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 17h38 • Mis à jour le21.05.2015 à 18h42 | Eric Albert (Londres, correspondance) Après le spectaculaire procès du News of the World l’an dernier, le Daily Mirror a été condamné, jeudi 21 mai, pour avoir pratiqué pendant plus d’une décennie des écoutes téléphoniques à grande échelle. Le tabloïd britannique va devoir verser des compensations record de 1,2 million de livres (1,7 million d’euros) à huit victimes, principalement des stars du show-business. Mais près d’une centaine d’autres sont désormais sur les rangs et demandent compensation.Le jugement vient confirmer officiellement ce que beaucoup soupçonnaient depuis des années : les écoutes téléphoniques ont été pratiquées par tous les tabloïds de façon systématique. L’excuse, qui consistait initialement à faire passer pour un canard boîteux le News of the World, le journal dominical du groupe de Rupert Murdoch, ne tient plus.Le procès, qui a duré trois semaines, a mis à jour les écoutes téléphoniques réalisées entre 1999 et 2010 par le Daily Mirror, le Sunday Mirror (l’édition dominicale du premier) et The Sunday People, un hebdomadaire du même groupe.L’accusation reposait très largement sur le témoignage de Dan Evans, qui avait été le principal responsable des écoutes en 2003 et 2004. Parfaitement conscient de l’illégalité de la pratique, le journaliste a raconté comment il détruisait les cassettes des enregistrements et jetait régulièrement dans la Tamise les téléphones qu’il utilisait pour réaliser son espionnage.Sa technique consistait à écouter les messages laissés sur les répondeurs des portables. A l’époque – avant l’arrivée des smartphones –, il était assez facile d’y accéder à distance, à condition d’en avoir le code d’accès.Mais une grande majorité des utilisateurs ne changeait jamais ce numéro, qui restait souvent sur le mode par défaut de l’usine : 0000 ou 9999 par exemple.« A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne »Les conséquences de cette intrusion dans la vie privée étaient brutales. Parmi les huit plaignants, certains ont été espionnés pendant sept ans. Ils retrouvaient des articles sur leur vie intime et soupçonnaient leurs proches de les avoir trahis.Steve McFadden, un acteur d’une série télévisée, a expliqué à la barre avoir renoncé à demander en mariage sa petite amie de l’époque, parce qu’il la soupçonnait d’être la source d’informations du Daily Mirror.L’actrice Sadie Frost est allée jusqu’à faire signer à sa propre mère un document juridique lui faisant promettre de ne jamais dévoiler d’informations à la presse. « Quand j’ai appris que j’étais sur écoutes, je me suis sentie soulagée, a-t-elle témoigné, jeudi. J’ai su que je n’étais pas devenue folle. A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne. »Contrairement au News of the World, il ne s’agissait pas d’un procès pénal, mais civil. La décision de justice va cependant faire date car les condamnations sont beaucoup plus élevées que toute la jurisprudence actuelle.Jusqu’à présent, la compensation la plus élevée jamais accordée pour violation de la vie privée était de 60 000 livres (85 000 euros). Cette fois-ci, Mme Frost va recevoir quatre fois plus, en l’occurrence 260 000 livres (366 000 euros), et Paul Gascoigne, l’ancien footballeur, 188 000 livres (265 000 euros).Depuis que la procédure judiciaire contre le Daily Mirror a été ouverte, de nombreuses plaintes supplémentaires ont été déposées. Selon le Guardian, il y en aurait une centaine au total.Le Daily Mirror a indiqué qu’il envisage de faire appel, mais il a également décidé de plus que doubler l’argent qu’il met de côté pour les compensations, à un total de 28 millions de livres (39 millions d’euros).Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Après plusieurs mois d’incertitudes, les discussions autour de Radio Nova sont en passe d’aboutir. Jeudi 21 mai, Les Nouvelles Editions indépendantes (LNEI) – la holding de médias de Matthieu Pigasse – ont annoncé leur entrée en négociation exclusive avec les actionnaires de Radio Nova.La cible du propriétaire des Inrocks (et actionnaire à titre personnel du Monde, avec Pierre Bergé et Xavier Niel), le groupe Nova Press, est surtout connue pour son emblématique radio, marquée par la figure de Jean-François Bizot, mais est également présente dans l’édition musicale et la production, avec Nova Records.« L’opération envisagée vise à mettre en place une offre multimédia reposant sur les nombreuses complémentarités existantes (culturelles, éditoriales, commerciales, de support…) entre les groupes Nova Press et Les Inrockuptibles, dans le plein respect de l’intégrité et de l’identité des deux marques », explique le communiqué de LNEI.Un prix de 12 millions à 15 millions d’eurosLa perspective de bâtir un écosystème cohérent, musical et culturel, avec Les Inrockuptibles a probablement joué dans la décision des propriétaires de Nova, qui sont les héritiers de Jean-François Bizot, conseillés par la banque Degroof.Selon une source proche du dossier, le montant de la transaction se situerait « dans une fourchette entre 12 et 15 millions d'euros ». Nova compte 26 fréquences et réalise 12 millions d’euros de chiffre d’affaires environ.M. Pigasse avait dévoilé ses intentions dès le 30 janvier. Mais d’autres candidats, une trentaine d’autres, ont étudié le dossier. Ont notamment été cités Patrick Drahi et Marc Laufer (actionnaires de Libération), les groupes NRJ et NextRadioTV, Pascal Chevalier (Reworld Media), Didier Quillot (Lagardère Active) ou encore le groupe Vivendi.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 21h47 • Mis à jour le21.05.2015 à 08h44 Le caricaturiste français Jul s’est vu refuser l’entrée au Nicaragua par le gouvernement. Il devait y participer à un forum d’écrivains, a affirmé mercredi 20 mai Sergio Ramirez, promoteur de la rencontre. Ce dernier a qualifié cette décision d’« acte lamentable », ajoutant qu’aucune explication n’avait été fournie par les autorités pour la justifier.La troisième édition de Centroamerica Cuenta – qui réunit 70 auteurs d’Amérique latine et d’Europe et a été inaugurée mardi par un hommage au journal satirique –, cible le 7 janvier dernier d'un attentat qui a décimé sa rédaction. Jul devait arriver la veille dans la capitale Managua pour y assister.« Nous ne comprenons pas, nous sommes surpris et, bien sûr, nous rejetons ce genre de mesures contre un caricaturiste de grand prestige mondial qui venait enrichir [l’événement] par sa participation », a regretté M. Ramirez.Troisième étranger refouléSelon lui, l’ambassade de France au Nicaragua a essayé, sans succès, de faire revenir les autorités sur leur décision. Le représentant diplomatique, Antoine Joly, a fait part, mardi, de sa déception. Il a par ailleurs précisé que Jul venait dans la région pour participer également à d’autres événements culturels au Costa Rica et au Salvador.De son côté, le caricaturiste, qui a collaboré avec de nombreux médias français comme Libération et L’Humanité, a enregistré un message vidéo, diffusé lors du forum, pour expliquer les raisons de son absence.Il est le troisième étranger en une semaine à être refoulé à son arrivée au Nicaragua, après le Péruvien Luis Carlos Boub et l'Espagnole Marta Gonzalez, militants de l’ONG Centre pour la justice et le droit international, qui venaient participer à l’anniversaire d'un organisme local de défense des droits de l’homme. Raphaëlle Besse Desmoulières et Alexis Delcambre La première saison a vu la dirigeante d’un opérateur téléphonique, peu connue du grand public mais aux solides réseaux, choisie pour diriger France Télévisions. Elle n’est pas achevée, puisque les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) continuent de faire jaser, des rédactions à l’Assemblée nationale.Mais voilà que la deuxième saison s’ouvre déjà : avec qui Delphine Ernotte va-t-elle tenter de réinventer la télévision publique ? Le dévoilement de ce casting très attendu a commencé, mercredi 20 mai, par une surprise de taille : la nouvelle présidente a choisi un jeune homme de 27 ans, issu de la politique, comme directeur de cabinet.Pour ceux qui suivent la saga des Verts et ses méandres, Stéphane Sitbon-Gomez n’a certes rien d’un second rôle. Celui que tout le monde surnomme « Yop » à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a été directeur de cabinet de Cécile Duflot au conseil régional d’Ile-de-France en 2010, puis directeur de campagne d’Eva Joly à la présidentielle deux ans plus tard et, enfin, « conseiller spécial » de Mme Duflot, alors ministre du logement, en 2012.Depuis que sa « patronne » avait claqué la porte du gouvernement en 2014, il affirmait vouloir prendre du recul et ne plus dépendre de la politique pour vivre, après près de quinze ans de militantisme. C’est désormais chose faite. « Une nouvelle vie commence pour moi », explique-t-il au Monde.Mais les ponts ne manquent pas entre sa vie d’avant et celle qu’il va découvrir, au cœur d’une entreprise publique de 10 000 salariés secouée par la baisse de son financement public et objet de toutes les attentions politiques et médiatiques.Le premier lien s’appelle Denis Pingaud, le précieux conseiller de Mme Ernotte, qui l’a mis en relation avec cette dernière. L’homme avait découvert Stéphane Sitbon-Gomez au moment de la création d’EELV, qu’il avait accompagnée, en 2010.Le petit-fils du journaliste Guy Sitbon a également participé, à l’automne 2014, comme coauteur, à l’aventure de la fiction participative Anarchy (en partie diffusée par Le Monde), avec l’équipe des Nouvelles Ecritures de France Télévisions. Une expérience en lien avec son sens politique, et son aisance avec le numérique et les nouveaux modes de communication.Dernière similitude : celui qui se définissait, dans un portrait du Monde, comme « un apparatchik, un homme d’appareil », va explorer, au poste de directeur de cabinet, un paysage politique interne pas moins complexe que celui des Verts, où se croisent directeurs de chaîne et directeurs « transversaux », tutelles de Bercy et de la culture, parlementaires, responsables syndicaux…D’autant que le poste de directeur de cabinet n’existait pas sous les présidences antérieures. Le haut encadrement de France Télévisions s’interroge donc déjà sur le périmètre exact qui sera celui du nouveau venu.A deux ans d’une élection présidentielle où Mme Duflot pourrait être candidate, Mme Ernotte a pris un risque en recrutant l’ancien bras droit de celle-ci. Mais elle envoie aussi un signal : la nouvelle présidente est en quête de profils neufs, à l’heure où France Télévisions doit notamment renouer avec la jeunesse.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Éphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Après avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 09h32 • Mis à jour le20.05.2015 à 16h30 | Alexis Delcambre Laurent Vallet a été nommé, mercredi 20 mai en conseil des ministres, à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Le directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) a été choisi pour succéder à Agnès Saal, démissionnaire, à la présidence de l’INA.Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, de l’Ecole des hautes études commerciales de Paris (HEC) et ancien élève de l’Ecole national d’administration (ENA), Laurent Vallet, 45 ans, présente une double légitimité, financière et culturelle. Sa carrière a commencé à Bercy (1995-2002), avec notamment un passage au cabinet du ministre Laurent Fabius.En 2002, il est devenu directeur général de l’IFCIC, un établissement de crédit spécialisé dans le financement des industries culturelles, qui gère un encours de près de 800 millions d’euros. Il s’y est créé un solide réseau dans le monde culturel. En juin 2013, la ministre de la culture Aurélie Filippetti lui confiait un rapport sur les relations entre producteurs et diffuseurs.Lire aussi : Le rapport Vallet propose un équilibre renouvelé entre chaînes et producteurs En mars 2014, il est une première fois candidat à la présidence de l’INA, que Mathieu Gallet vient de quitter pour celle de Radio France. Mais Mme Filippetti lui préfère Agnès Saal. Les déboires de celle-ci, poussée à la démission en avril à la suite d’un scandale public sur ses notes de taxi, offrent une seconde chance à M. Vallet.Lire aussi :Le souhait d’« exemplarité » du gouvernement a eu raison d’Agnès SaalC’est un temps Carine Camby, déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, qui a paru tenir la corde. Mais au ministère, on explique que c’est l’expérience de M. Vallet dans le secteur culturel qui a finalement fait la différence.Cette nomination achève la reconfiguration de l’audiovisuel public, après celles de Mathieu Gallet (38 ans) à Radio France et de Delphine Ernotte (48 ans) à France Télévisions – soit un profond rajeunissement des présidences.A l’INA, M. Vallet aura la délicate mission d’apaiser une maison déstabilisée par la démission de sa présidente, victime d’une dénonciation anonyme. Il lui faudra aussi signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises.Agnès Saal de retour au ministère de la cultureAprès avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Martin Ajdari nommé à la DGMICÉphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre TF1 se regarde désormais massivement hors antenne. En avril 2015, selon Médiamétrie, plus de 9 millions de téléspectateurs ont utilisé son offre de « replay » depuis leur téléviseur, et 7 millions depuis leur ordinateur. Pour accompagner ces nouveaux usages, qui ont généré 1,4 milliard de visionnages en 2014, le groupe audiovisuel lance, lundi 25 mai, une refonte complète de son offre numérique, désormais unifiée sous la marque MYTF1.Les barrières installées par l’Autorité de la concurrence après le rachat des chaînes NT1 et TMC ayant expiré, MYTF1 rassemble désormais les contenus issus des quatre chaînes en clair du groupe (HD1, NT1, TF1, TMC) – ce qui lui permet mécaniquement de doubler le nombre de programmes proposés, pour atteindre 160 par mois.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Structuration par programme plutôt que par chaîne, design épuré, enchaînement automatique des vidéos, continuité d’un appareil à l’autre : les équipes de TF1 se sont inspirées des plates-formes comme Hulu ou Netflix pour imaginer ce nouveau MYTF1, qui sera proposé à travers les boxes des fournisseurs d’accès – y compris Numericable, dont MYTF1 était jusqu’ici absent –, disponible en ligne (PC, mobile, tablette) et sous forme d’application Android, iOS et Windows.Vous êtes un inconditionnel de « MasterChef » ? Vous trouverez sur une même page les dernières émissions, des bonus, des informations sur le programme et des vidéos « pur Web » sur la cuisine, issues du partenariat de TF1 avec Finder Studios. Si vous préférez la série « Les Experts », vous trouverez les dernières saisons diffusées, mais aussi l’accès, en vidéo payante à la demande (VOD), à la dernière saison diffusée aux Etats-Unis et pas encore en France.Forte progression de la VODPour TF1, le replay constitue un « complément d’audience », qui peut dépasser 20 % de l’audience linéaire dans certains cas. Pas de lien, donc, aux yeux de la chaîne, entre le succès de ces services et la légère érosion des audiences (21,3 % de part en avril, soit 1,5 point de recul en un an).La chaîne en attend évidemment des recettes, même si elle refuse de communiquer ses objectifs. Deux ou trois spots publicitaires sont diffusés avant chaque programme (« preroll »), et jusqu’à 120 secondes en « midroll » (au milieu des programmes). Des formats d’habillage de page sont aussi proposés aux annonceurs, pour les associer à tel ou tel programme. L’insertion de vidéos de marques (« brand content ») est une option.Lire aussi :Wild Bunch et TF1 s’engouffrent dans l’e-cinémaAutre source de recettes : la VOD. Selon TF1, le chiffre d’affaires en la matière a progressé de 38 % en 2014 et atteint « plusieurs dizaines de millions d’euros ». Vendredi 22 mai, MYTF1 proposera le film Adaline (6,99 euros le visionnage) avant sa sortie en salles en France, imitant ainsi les pratiques d’acteurs comme Amazon ou Netflix. Adaline rejoindra le film Son of Gun, proposé selon les mêmes modalités depuis début mai. D’autres sorties similaires sont prévues ces prochains mois.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.05.2015 à 20h39 • Mis à jour le18.05.2015 à 20h51 « Je ne serai plus Charlie Hebdo mais je serai toujours Charlie. » C’est par ces mots que le dessinateur Luz a annoncé, lundi 18 mai, dans une interview à Libération, son intention de quitter l’équipe de Charlie Hebdo.Le dessinateur se dit « phagocyté par mille choses, le deuil, la douleur, la colère », qui l’empêchent, dit-il, de s’intéresser à l’actualité. « C’est un choix très personnel », assure-t-il, alors que l’annonce de la mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui, la semaine dernière, avait ravivé les tensions qui existent dans la rédaction des « survivants », confrontée à la difficulté de rebâtir une équipe amputée depuis l’attentat du 7 janvier, et à l’afflux d’argent qui leur avait été versé en soutien.Lire l'interview de Riss :« La vie à “Charlie” n’a jamais été un fleuve tranquille »Quelques jours avant son entretien à Libération – qui accueille toujours l’équipe de Charlie Hebdo dans l’attente de son prochain déménagement dans de nouveaux locaux – Luz avait confié au Monde que trouver « des idées marrantes sur la politique française » lui demandait aujourd’hui énormément d’« énergie ». « Je me rends compte que la politique française, hormis la montée du FN, est particulièrement inintéressante », avait-t-il ainsi expliqué. « Cela a toujours le cas, mais on se réfugiait derrière le principe que le ridicule demeure un bon terrain humoristique. Là, j’ai un peu de mal… », confiait-il.« C’est aussi dû au fait que “Charlie” est désormais au cœur du débat politique. C’est difficile de se dessiner en tant que sujet. »A la fin d’avril déjà, le dessinateur avait annoncé dans les Inrockuptibles qu’il ne dessinerait plus le personnage de Mahomet, qu’il avait notamment croqué en « une » du premier numéro de Charlie Hebdo paru après les attentats de janvier. « Je m’en suis lassé, tout comme celui de Sarkozy. Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner », expliquait-il alors.« Chaque bouclage est une torture »A Libération, il raconte :« Chaque bouclage est une torture parce que les autres ne sont plus là. Passer des nuits d’insomnie à convoquer les disparus, à se demander qu’est-ce que Charb, Cabu, Honoré, Tignous auraient fait, c’est épuisant. »Il assure également que « cette réflexion sur le départ date d’il y a longtemps », mais qu’après les attentats il a « suivi par solidarité, pour laisser tomber personne. Il n’y avait plus grand monde pour dessiner ». « Si l’actu ne t’inspire plus, tu peux toujours dessiner, c’est presque pavlovien, mais tu vas refaire une idée que tu as déjà faite. »« Cette idée du départ, ajoute-t-il dans Libération, elle est aussi dans cette angoisse : la peur d’être mauvais. » Au Monde il avait ainsi évoqué le souhait de « passer à autre chose » et de s’éloigner d’une forme de routine professionnelle.« Après vingt ans de carrière, on a beau expérimenter des formes d’expression nouvelles, on finit par s’enfermer dans une sorte de train-train », expliquait ainsi celui qui publie mercredi Catharsis, un album de dessin personnel qui, dit-il, lui a fait du bien. « Pour la première fois, je n’avais pas peur d’une page blanche », confie-t-il à Libération.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journal Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Comme annoncé par le président Mathieu Gallet le 16 avril dernier, une réflexion a effectivement été engagée sur l’évolution des instances de direction de Radio France dont les conclusions seront présentées dans quelques semaines », a confirmé la direction de l’entreprise publique dans un message interne, mercredi 6 mai.Tout en déplorant « des informations parues dans la presse ce matin au sujet de changements présumés au sein du Comité exécutif de l’entreprise ».Comme l’a annoncé Le Figaro, Sibyle Veil, actuellement directrice du pilotage de la transformation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, est pressentie pour rejoindre Radio France. Toutefois, sa venue n’est pas confirmée officiellement. Se posent notamment, selon nos informations, des questions sur le périmètre de ses missions.Elle a été présentée comme une future « directrice générale » et une remplaçante de Catherine Sueur, l’actuelle directrice générale déléguée, réputée en froid avec M. Gallet. Mais son poste pourrait avoir une envergure un peu moindre. Mme Sueur était numéro deux de l’entreprise sous le président précédent, Jean-Luc Hees.Sibyle Veil est énarque, issue de la même promotion qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, Gaspard Gantzer, le conseiller communication de François Hollande, ou Boris Vallaud, le secrétaire général adjoint de l’Elysée, aussi mari de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a été conseillère santé, travail et logement à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Elle est mariée à Sébastien Veil, lui aussi ancien membre du cabinet du président de la République et petit-fils de la ministre Simone Veil. Elle ne connaît pas le secteur audiovisuel.Le ministère de la culture de Fleur Pellerin a été informé par Radio France de la possible venue de Mme Veil, mais nie avoir donné une forme d’aval.D’autres changements possiblesUn autre changement devrait intervenir prochainement : le départ de Jean-Pierre Rousseau, l’actuel directeur de la musique, recruté par Mathieu Gallet. Cette hypothèse avait été évoquée dès fin mars, lors du conflit social qui a débouché sur une grève inédite à Radio France. Jean-Paul Quennesson, délégué Sud de Radio France et corniste à l’Orchestre national, avait qualifié sa direction de « fiasco total ».Pendant le conflit, l’assemblée générale des grévistes avait aussi visé l’actuel directeur des ressources humaines, Christian Mettot, un des principaux interlocuteurs des syndicats.Après la crise qui a secoué son autorité, Mathieu Gallet a donc engagé une réflexion sur la gouvernance de Radio France. Avant la sortie de grève, la ministre, Fleur Pellerin, s’était davantage impliquée personnellement, « convoquant » le dirigeant nommé par le CSA et nommant plus tard un médiateur pour renouer le dialogue entre les syndicats et la direction. Après la crise, certains anticipaient que la réflexion évoquée par Mathieu Gallet puisse être l’occasion pour le gouvernement de peser sur la réorganisation de l’entreprise. Il semble plutôt que le président de Radio France étudie sa future direction de son côté, dans la lignée du comité exécutif élargi mis en place à son arrivée.Pendant ce temps, le médiateur Dominique-Jean Chertier poursuit actuellement la « seconde phase » de sa mission, menant des réunions avec les parties prenantes en vue de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, feuille de route de l’entreprise pour les cinq années à venir. Parmi les chantiers sensibles figurent notamment la réforme des modes de production et la négociation d’un plan de départs volontaires de 300 personnes environ.Toutefois, la mise en place de ces discussions reste délicate. De source syndicale, un calendrier a été proposé par le médiateur. S’il propose des ateliers sur France Bleu, la musique ou les modes de production, aucun espace de discussion n’est pour le moment prévu sur le plan stratégique de l’entreprise.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un chantier délicat qu’a ouvert la Commission européenne mercredi 6 mai : aller plus avant dans la constitution d’un vrai marché unique numérique. Tous les sujets sont sur la table, y compris les plus polémiques. Une réforme du droit d’auteur, le renforcement de la lutte contre le piratage, une réflexion sur la nécessité ou pas de « réguler » les plates-formes Internet (Amazon, Apple, Facebook ou Google)…L’enjeu est considérable pour le président Jean-Claude Juncker, qui en a fait une des priorités de son mandat. Il s’agit de créer l’environnement économique favorable à la multiplication des sociétés numériques. Tout en préservant les industries traditionnelles – la banque, l’automobile, etc. –, toutes menacées à plus ou moins long terme d’« ubérisation », c’est-à-dire de voir leur modèle économique mis à bas par de nouveaux acteurs du Net.Réformer le droit d’auteurLa réforme du droit d’auteur ? Un texte législatif devrait être présenté à l’automne 2015, a précisé Bruxelles mercredi. Le principe de la territorialité des droits (le fait qu’un auteur puisse commercialiser les droits d’exploitation de son œuvre pays par pays) y sera conservé. Au grand soulagement du monde français de la culture, qui a mené un intense lobbying ces derniers mois afin d’éviter une relecture trop « radicale » de la directive droits d’auteurs de 2001.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreBruxelles tient néanmoins à proposer davantage d’exemptions au droit d’auteur, notamment pour le secteur de la recherche.La Commission voudrait aussi rendre plus accessibles les contenus en ligne entre pays européens. En surmontant le « geoblocking » (le fait, dans un pays A, de ne pas avoir accès au catalogue de vidéo à la demande [VOD] ou aux matchs de foot diffusés par une TV du pays B) ; ou en permettant la « portabilité » des abonnements à des services audiovisuels afin qu’un abonné puisse avoir accès à son offre quand il est en déplacement.Le vice-président de la commission en charge du numérique, Andrus Ansip, a fait du geoblocking et de l’accessibilité ses chevaux de bataille.Encadrer les plate-formes internetAutre gros chantier, pour lequel il n’y a pas consensus, loin de là, à la Commission : la régulation des plates-formes. La France et l’Allemagne poussent pour une révision de la directive e-commerce de 2000, demandant que les groupes de l’Internet qui jouissent du statut d’hébergeur soient considérés comme des éditeurs, donc tenus davantage responsables des contenus qu’ils distribuent.L’Irlande ou les Pays-Bas, terres d’accueil de grands du Net américains, freinent des quatre fers. L’administration Obama a déjà fait savoir, elle aussi, que ce n’était pas une bonne idée…Il y a aussi tout l’enjeu de l’accès aux gigantesques masses de données personnelles détenues par ces plates-formes : à qui appartiennent-elles ? Qu’est-ce que ces acteurs en font ? Est-il possible de les porter d’une plate-forme à l’autre ? Etc.Pour l’instant, aucun projet de directive n’est sur la table, « mais la volonté politique d’avancer sur ces sujets est là », dit-on à la Commission. Une consultation publique et une série d’études seront lancées d’ici à fin 2015.Pour avoir un espoir d’avancer avec et non contre les multiples groupes d’intérêt qui se sont déjà manifestés, ou ne manqueront pas bientôt de le faire, sur tous ces sujets, Bruxelles va devoir réussir un sacré travail de synthèse…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 11h25 • Mis à jour le06.05.2015 à 14h23 | Alain Beuve-Méry Par sa vitalité, le cinéma en France demeure une exception en Europe. Présenté, mercredi 6 mai, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), le tour d’horizon de l’année écoulée affiche dans tous ses segments (taux de fréquentation des salles, nombre de films produits et distribués ou exportés…) un dynamisme certain. Tous les clignotants sont au vert ou presque. Ce bilan est traditionnellement présenté, juste avant l’ouverture du Festival de Cannes (du 13 au 24 mai), qui constitue la vitrine la plus luxueuse du septième art dans l’Hexagone.Ainsi, avec 209 millions d’entrées sur 911 millions en Europe – 213,6 millions si l’on inclut les entrées gratuites –, la France demeure de loin le premier marché européen en termes de fréquentation, devant l’Allemagne (122 millions), l’Italie (100 millions), l’Espagne (87 millions) ou l’Angleterre (57 millions).En 2014, 66,6 % des Français, soit 39 millions sont allés au moins une fois au cinéma, soit une augmentation de 4 %. Chaque spectateur est allé en moyenne 5,3 fois au cinéma. Ce qui fait en vingt ans, une progression d’un tiers de spectateurs.Le bataillon le plus important : les étudiantsParmi ces publics, les inactifs représentent 51,1 % du total et, parmi eux, les étudiants, 28,6 %. Par tranches d’âge, les 25-49 ans forment le bataillon le plus important (35,6 %) devant les 50 ans et plus (33,1 %). Mais, avec 80 % des moins de 25 ans qui sont allés au cinéma au moins une fois par an, le septième art demeure un loisir très répandu chez les jeunes. Les 20-24 ans sont notamment ceux qui demeurent les plus gros consommateurs, même si leur nombre est en recul.Le CNC observe une stabilité de la fréquentation à Paris, mais une forte progression des entrées au sein des plus petites agglomérations : + 14 % sur les villes de 20 000 à 100 000 habitants ; + 17 % sur les plus petites communes.Ces données sont à rapprocher de celles concernant le nombre de salles. De fait, la France dispose du parc cinématographique le plus important en Europe, avec 2 020 établissements et 5 653 écrans. Avec, en moyenne, 8,6 écrans pour 100 000 habitants, l’Hexagone est ainsi doté du parc de salles le plus dense. En dix ans, le nombre de fauteuils a augmenté de 5,4 %, celui des écrans de 7,3 %. Le nombre d’établissements est, lui, en recul de 2,6 %.Films français en tête de podium en 2014En 2014, un cinéma a réalisé 103 453 entrées en moyenne. Mais ce sont les plus grands qui se tirent la part du lion, avec une progression de 9,5 % et 472 038 entrées par cinéma. Au total, le parc français se décompose en 191 multiplexes, avec 1 555 écrans actifs, dont deux multiplexes ouverts en 2014. Paris jouit de 404 écrans répartis en 87 établissements.En termes de recettes, le retour à une TVA à 5,5 % sur les tickets de cinéma a eu un effet positif. Aux guichets, les exploitants ont gagné 1,33 milliard d’euros en 2014, soit une hausse de 6,5 %. Le CNC note une forte progression des entrées entre 4 euros et 5 euros, qui sont passées de 9 % à 16 %. C’est la traduction logique de la politique tarifaire mise en place en faveur des jeunes de moins de 14 ans, pour qui le prix de la place a été fixé à 4 euros. Il y a eu près de 21 millions d’entrées à ce tarif en 2014. Sur ces recettes de 1,3 milliard d’euros, 43 % sont allés aux exploitants, soit 570 millions d’euros et 40 % aux distributeurs (532 millions d’euros).Avec 91 millions d’entrées pour les films français, la part du marché domestique s’élève à 44 % en France, contre 28 % en Italie, 27 % en Allemagne, 25,5 % en Espagne et 15,5 % au Royaume-Uni. C’est le plus haut niveau depuis 1984. De fait, en 2014, les trois premières places du podium des films ayant réalisé le plus grand nombre d’entrées sont 100 % françaises. La première marche est occupée par Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, avec 12,34 millions d’entrées, devant Supercondriaque (5,27 millions) et Lucy (5,2 millions).Vitalité des films d’animationParmi les bonnes nouvelles figure aussi la vitalité des films d’animation avec vingt-neuf sorties en 2014 pour 23 millions d’entrées. Parmi les six films français, deux – Astérix et le domaine des dieux et Minuscule – ont dépassé un million d’entrées en 2014. Cent films documentaires sont sortis en salle en 2014 dont soixante-douze films français.Lire aussi :Comédies et documentaires, les films français les plus rentables en 2014En 2014, 7 035 films ont été exploités, un chiffre en constante augmentation. La progression est même de 20,5 % depuis 2005. Parmi ceux-ci, il y a eu 663 films inédits et 4 108 films art et essai. En termes d’exposition, les films français sont présents en moyenne dans 119 établissements, en première semaine d’exploitation, un chiffre en recul par rapport à il y a dix ans. Les films américains sont en revanche présents en moyenne dans 258 établissements, un chiffre en augmentation.Il y a eu aussi six films distribués dans 800 établissements ou plus en 2014, dès la première semaine (contre trois en 2013), ce qui démontre la puissance de tir mise au service de certains blockbusters.Lire aussi :Les bons chiffres du cinéma français à l’exportAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martine Delahaye Pas encore patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, alors à la tête d’Orange France, ne mâchait pas ses mots, en janvier 2013, sur le site Lesnouvellesnews.fr.Répondant à David Abiker au sujet de l’égalité professionnelle femmes-hommes, elle disait notamment : « En gros, en caricaturant, quand vous proposez un poste à un homme, c’est tout juste assez bon pour lui ; quand vous le proposez à une femme, elle vous demande tout de suite : “Mais pensez-vous que je vais être capable de le tenir ?” Il faut que ça change. » Avant d’ajouter : « La question n’est pas de savoir si les hommes et les femmes, c’est différent. Tout ça, c’est un faux débat. Ce qu’il faut, c’est savoir si on respecte le principe d’égalité en droit : y a-t-il égalité des salaires dans l’entreprise. Et y a-t-il égalité des promotions ? C’est ça, la question. » Si le projet de Dephine Ernotte-Cunci, élue PDG de France Télévisions jeudi 23 avril, prévoit « une direction resserrée et paritaire », on peut supposer qu’elle voudra aussi mettre à mal les chiffres dont font état deux rapports officiels récents du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du Centre national de la cinématographie quant à « la place des femmes dans l’audiovisuel public ».Des chiffres et constats jugés « atterrants » par les professionnelles de la télévision invitées à la table ronde organisée sur ce sujet par le festival Séries Mania, lundi 20 avril. Alors que « les femmes représentent 52 % de la population (Insee), 56 % de l’audience TV, 50 % des usagers d’Internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur (Insee) »,comme l’a rappelé le CSA, « il est logique que la sous-représentation des femmes dans les instances audiovisuelles ne soit quasiment jamais évoquée et étonne : on n’y trouve quasiment pas de femmes ! », commentait la scénariste Sophie Deschamps, présidente du conseil d’administration de la Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD).En faveur des quotasEt de détailler : seulement 16 % de réalisatrices en télévision (7 % dans le domaine des séries) ; un tiers de femmes cadres dans les sociétés de production, un quart de femmes parmi les dirigeants de sociétés audiovisuelles. « En dessous du seuil de 30 %, c’est ce que l’on nomme “l’invisibilité”, ajoutait Sophie Deschamps, on fait partie des minorités invisibles… » Sans oublier que le peu de réalisatrices qui travaillent gagnent un tiers de moins que les hommes, seules les scriptes, actrices et cascadeuses sont en moyenne mieux rémunérées que les hommes.Certes, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes votée le 4 août 2014 devrait permettre à terme de changer la donne. Mais en attendant, non sans manifester quelques réserves, l’ensemble des femmes réunies lors de cette table ronde professionnelle se sont prononcées en faveur de l’application temporaire de quotas afin que davantage de femmes puissent mener un projet audiovisuel. Ce qui existe déjà en Suède. « Après ces cinquante dernières années d’injustice, on n’a pas le choix, il faut en passer par là, répondait Sophie Deschamps à une question sur la perversité des quotas. Il faut faire monter les femmes, sinon on voit bien qu’elles n’ont quasiment aucune chance de faire carrière ! »Constatant, par ailleurs, que lorsque les concours publics ont lieu à l’aveugle – derrière un paravent pour les musicien(ne)s classiques, par exemple –, les femmes sont beaucoup plus souvent recrutées, l’ensemble des participantes à cette table ronde parvenaient à la même conclusion : hormis à Arte, dirigée par Véronique Cayla et qui compte 67 % de femmes, peu ou pas de femmes sont présentes dans les instances de décision, de même à la tête de téléfilms ou de séries, ce qui les empêche de se former, d’acquérir une compétence et donc d’être ensuite appelées à exercer leur métier…Sans décision de parité temporaire et raisonnée, pas de vrais changements à attendre.Martine DelahayeJournaliste au Monde Alain Constant En six ans, le directeur de la rédaction d’Euronews a su dynamiser les programmes de la chaîne d’information en continu.Même au sein d’une chaîne internationale d’information en continu où l’on a l’habitude des coups de chaud, cette journée du 18 mars se révèle plus agitée que d’habitude. Entre l’attentat du Musée du Bardo, à Tunis, le discours de Vladimir Poutine à l’occasion du premier anniversaire du « retour » de la Crimée au sein de la « mère-patrie », l’analyse des élections israéliennes, la rencontre entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker,­ et le premier ministre français, Manuel Valls, à Bruxelles et l’attente imminente d’un entretien exclusif à Kiev avec le président Petro Porochenko, la régie d’Euronews est en ébullition.Debout, chemise blanche et regard pétillant, un homme s’adresse alternativement en anglais et en français à ses troupes. Le Roumain Lucian Sârb donne ses directives, apaise certaines angoisses, encourage les initiatives. Dans la tempête de l’actualité chaude, le capitaine semble tenir la barre. Quelques minutes plus tard, dans le calme de son petit bureau, celui qui dirige depuis six ans cette grande rédaction cosmopolite de plusieurs centaines de journalistes représentant vingt-­cinq nationalités a encore les yeux qui brillent. « Oui, c’est une journée spéciale, un peu plus tendue que d’habitude. Mais ça peut être pire », lance-t-­il en français et en roulant les « r ».« Tout est allé très vite »Né en 1967 à Cluj, au cœur de la Transylvanie, l’homme fait partie de la jeune génération qui a « détruit Ceausescu », selon ses propres termes. « Ma région natale est ouverte, on y a toujours entendu parler allemand, hongrois, roumain. J’ai commencé des études d’ingénieur à Cluj. Mais ma passion, c’était la lecture. » L’obtention de son diplôme coïncide avec la chute du régime de Ceausescu. Il quitte sa ville pour Bucarest, se fait un plaisir de refuser toute proposition concernant un poste d’ingénieur et se lance, avec passion, dans des études de journalisme, de communication et de relations internationales. A 27 ans, il décroche son premier vrai job à la télévision publique roumaine.Après quelques mois, le voilà correspondant de politique internationale. « J’étais toujours entre deux avions, le monde était mon jardin. J’en ai profité pour effectuer des stages aux Etats­-Unis, en Italie, au sein de structures spécialisées dans les relations internationales. » Son carnet d’adresses s’enrichit. Et la suite de sa carrière s’accélère. A 33 ans, il devient le plus jeune chef des infos de la télévision publique. « Tout est allé très vite. Mais c’est le genre de parcours possible en Europe de l’Est : il y a du sang frais, une jeunesse très bien formée et éduquée, curieuse, avide de découvrir le monde, aspirant à un mode de vie plus ouvert. »Lucian Sârb connaissait le journalisme, il découvre le management. Ses qualités ne passent pas inaperçues. Lorsqu’un groupe de médias privés, déjà propriétaire d’une chaîne d’info en continu en Roumanie, décide de lancer, en 2006, The Money Channel, première chaîne d’info économique en Europe de l’Est, c’est lui qui est choisi pour la diriger. Elle est diffusée vingt-quatre heures sur vingt-quatre en roumain avec des sous­-titres anglais. C’est un succès. « A cette époque, l’économie explosait en Europe de l’Est. Ce fut une expérience très originale. Et lorsque mes copains de CNBC Londres sont venus me voir à Bucarest, ils n’en croyaient pas leurs yeux, épatés par la qualité de la chaîne. J’y avais recruté des pointures de la presse écrite qui n’avaient jamais fait de télé. Ils sont devenus excellents. » « La plus ouverte au monde »Que l’homme ouvert sur le monde quitte un jour les médias roumains pour une structure plus internationale n’étonne guère. Mais Lucian Sârb ne s’attendait pas à être approché par un chasseur de têtes installé à Paris, qui lui demande s’il est intéressé par Euronews. « Se mesurer à CNN et compagnie, cela ne se refuse pas. » Il débarque, en 2009, à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, siège de la chaîne créée en 1993. « A mon arrivée, il n’y avait qu’environ 10 % de sujets spécifiques à Euronews. Le reste était constitué d’images d’agences internationales. Aujourd’hui, 75 % de nos programmes sont labellisés Euronews, et de plus en plus de chaînes internationales utilisent nos sujets alors que, auparavant, c’était en sens inverse ! Pourquoi ? Parce que la façon dont on traite les sujets est valable pour tous les pays. »Créations de magazines, personnalisation un peu plus poussée de l’antenne, changements de rythmes et de formats, ouvertures de bureaux à Athènes et à Budapest, renforcement massif du bureau de Bruxelles passé en cinq ans d’un à quinze journalistes, ajout de cinq langues (turc, ukrainien, persan, grec, hongrois) aux huit déjà existantes, Lucian Sârb a multiplié les chantiers. « Il a révolutionné le fonctionnement d’une rédaction qui somnolait un peu. Nous sommes passés d’un robinet à info à une chaîne plus vivante et innovante », estime l’un de ses adjoints.« Notre force, c’est de toujours proposer notre propre perspective. Dans cette maison, on ne peut avoir une obsession éditoriale unique, le monde entier nous intéresse. La richesse de notre rédaction doit se voir à l’antenne, car c’est probablement la newsroom la plus ouverte intellectuellement au monde. Nous parions sur les faits, pas sur les commentaires. Chez nous, il n’y pas de “bla-bla” », estime le « boss », dans un anglais impeccable. La suite ? Il sourit, se voit bien continuer l’aventure dans les futurs locaux des bords de Saône, où la rédaction emménagera dans quelques mois.Les dates1967 : Naissance à Cluj, en Roumanie.1994 : Entre à la télévision publique roumaine (TVR).2001 : Nommé chef des informations à la TVR.2006 : Dirige The Money Channel, à Bucarest.Mai 2009 : Directeur de la rédaction d’Euronews.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 17h38 • Mis à jour le21.05.2015 à 18h42 | Eric Albert (Londres, correspondance) Après le spectaculaire procès du News of the World l’an dernier, le Daily Mirror a été condamné, jeudi 21 mai, pour avoir pratiqué pendant plus d’une décennie des écoutes téléphoniques à grande échelle. Le tabloïd britannique va devoir verser des compensations record de 1,2 million de livres (1,7 million d’euros) à huit victimes, principalement des stars du show-business. Mais près d’une centaine d’autres sont désormais sur les rangs et demandent compensation.Le jugement vient confirmer officiellement ce que beaucoup soupçonnaient depuis des années : les écoutes téléphoniques ont été pratiquées par tous les tabloïds de façon systématique. L’excuse, qui consistait initialement à faire passer pour un canard boîteux le News of the World, le journal dominical du groupe de Rupert Murdoch, ne tient plus.Le procès, qui a duré trois semaines, a mis à jour les écoutes téléphoniques réalisées entre 1999 et 2010 par le Daily Mirror, le Sunday Mirror (l’édition dominicale du premier) et The Sunday People, un hebdomadaire du même groupe.L’accusation reposait très largement sur le témoignage de Dan Evans, qui avait été le principal responsable des écoutes en 2003 et 2004. Parfaitement conscient de l’illégalité de la pratique, le journaliste a raconté comment il détruisait les cassettes des enregistrements et jetait régulièrement dans la Tamise les téléphones qu’il utilisait pour réaliser son espionnage.Sa technique consistait à écouter les messages laissés sur les répondeurs des portables. A l’époque – avant l’arrivée des smartphones –, il était assez facile d’y accéder à distance, à condition d’en avoir le code d’accès.Mais une grande majorité des utilisateurs ne changeait jamais ce numéro, qui restait souvent sur le mode par défaut de l’usine : 0000 ou 9999 par exemple.« A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne »Les conséquences de cette intrusion dans la vie privée étaient brutales. Parmi les huit plaignants, certains ont été espionnés pendant sept ans. Ils retrouvaient des articles sur leur vie intime et soupçonnaient leurs proches de les avoir trahis.Steve McFadden, un acteur d’une série télévisée, a expliqué à la barre avoir renoncé à demander en mariage sa petite amie de l’époque, parce qu’il la soupçonnait d’être la source d’informations du Daily Mirror.L’actrice Sadie Frost est allée jusqu’à faire signer à sa propre mère un document juridique lui faisant promettre de ne jamais dévoiler d’informations à la presse. « Quand j’ai appris que j’étais sur écoutes, je me suis sentie soulagée, a-t-elle témoigné, jeudi. J’ai su que je n’étais pas devenue folle. A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne. »Contrairement au News of the World, il ne s’agissait pas d’un procès pénal, mais civil. La décision de justice va cependant faire date car les condamnations sont beaucoup plus élevées que toute la jurisprudence actuelle.Jusqu’à présent, la compensation la plus élevée jamais accordée pour violation de la vie privée était de 60 000 livres (85 000 euros). Cette fois-ci, Mme Frost va recevoir quatre fois plus, en l’occurrence 260 000 livres (366 000 euros), et Paul Gascoigne, l’ancien footballeur, 188 000 livres (265 000 euros).Depuis que la procédure judiciaire contre le Daily Mirror a été ouverte, de nombreuses plaintes supplémentaires ont été déposées. Selon le Guardian, il y en aurait une centaine au total.Le Daily Mirror a indiqué qu’il envisage de faire appel, mais il a également décidé de plus que doubler l’argent qu’il met de côté pour les compensations, à un total de 28 millions de livres (39 millions d’euros).Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Après plusieurs mois d’incertitudes, les discussions autour de Radio Nova sont en passe d’aboutir. Jeudi 21 mai, Les Nouvelles Editions indépendantes (LNEI) – la holding de médias de Matthieu Pigasse – ont annoncé leur entrée en négociation exclusive avec les actionnaires de Radio Nova.La cible du propriétaire des Inrocks (et actionnaire à titre personnel du Monde, avec Pierre Bergé et Xavier Niel), le groupe Nova Press, est surtout connue pour son emblématique radio, marquée par la figure de Jean-François Bizot, mais est également présente dans l’édition musicale et la production, avec Nova Records.« L’opération envisagée vise à mettre en place une offre multimédia reposant sur les nombreuses complémentarités existantes (culturelles, éditoriales, commerciales, de support…) entre les groupes Nova Press et Les Inrockuptibles, dans le plein respect de l’intégrité et de l’identité des deux marques », explique le communiqué de LNEI.Un prix de 12 millions à 15 millions d’eurosLa perspective de bâtir un écosystème cohérent, musical et culturel, avec Les Inrockuptibles a probablement joué dans la décision des propriétaires de Nova, qui sont les héritiers de Jean-François Bizot.Selon une source proche du dossier, le montant de la transaction se situerait « dans une fourchette entre 12 et 15 millions d'euros ». Nova compte 26 fréquences et réalise 12 millions d’euros de chiffre d’affaires environ.M. Pigasse avait dévoilé ses intentions dès le 30 janvier. Mais d’autres candidats, une trentaine d’autres, ont étudié le dossier. Ont notamment été cités Patrick Drahi et Marc Laufer (actionnaires de Libération), les groupes NRJ et NextRadioTV, Pascal Chevalier (Reworld Media), Didier Quillot (Lagardère Active) ou encore le groupe Vivendi.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 21h47 • Mis à jour le21.05.2015 à 08h44 Le caricaturiste français Jul s’est vu refuser l’entrée au Nicaragua par le gouvernement. Il devait y participer à un forum d’écrivains, a affirmé mercredi 20 mai Sergio Ramirez, promoteur de la rencontre. Ce dernier a qualifié cette décision d’« acte lamentable », ajoutant qu’aucune explication n’avait été fournie par les autorités pour la justifier.La troisième édition de Centroamerica Cuenta – qui réunit 70 auteurs d’Amérique latine et d’Europe et a été inaugurée mardi par un hommage au journal satirique –, cible le 7 janvier dernier d'un attentat qui a décimé sa rédaction. Jul devait arriver la veille dans la capitale Managua pour y assister.« Nous ne comprenons pas, nous sommes surpris et, bien sûr, nous rejetons ce genre de mesures contre un caricaturiste de grand prestige mondial qui venait enrichir [l’événement] par sa participation », a regretté M. Ramirez.Troisième étranger refouléSelon lui, l’ambassade de France au Nicaragua a essayé, sans succès, de faire revenir les autorités sur leur décision. Le représentant diplomatique, Antoine Joly, a fait part, mardi, de sa déception. Il a par ailleurs précisé que Jul venait dans la région pour participer également à d’autres événements culturels au Costa Rica et au Salvador.De son côté, le caricaturiste, qui a collaboré avec de nombreux médias français comme Libération et L’Humanité, a enregistré un message vidéo, diffusé lors du forum, pour expliquer les raisons de son absence.Il est le troisième étranger en une semaine à être refoulé à son arrivée au Nicaragua, après le Péruvien Luis Carlos Boub et l'Espagnole Marta Gonzalez, militants de l’ONG Centre pour la justice et le droit international, qui venaient participer à l’anniversaire d'un organisme local de défense des droits de l’homme. Raphaëlle Besse Desmoulières et Alexis Delcambre La première saison a vu la dirigeante d’un opérateur téléphonique, peu connue du grand public mais aux solides réseaux, choisie pour diriger France Télévisions. Elle n’est pas achevée, puisque les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) continuent de faire jaser, des rédactions à l’Assemblée nationale.Mais voilà que la deuxième saison s’ouvre déjà : avec qui Delphine Ernotte va-t-elle tenter de réinventer la télévision publique ? Le dévoilement de ce casting très attendu a commencé, mercredi 20 mai, par une surprise de taille : la nouvelle présidente a choisi un jeune homme de 27 ans, issu de la politique, comme directeur de cabinet.Pour ceux qui suivent la saga des Verts et ses méandres, Stéphane Sitbon-Gomez n’a certes rien d’un second rôle. Celui que tout le monde surnomme « Yop » à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a été directeur de cabinet de Cécile Duflot au conseil régional d’Ile-de-France en 2010, puis directeur de campagne d’Eva Joly à la présidentielle deux ans plus tard et, enfin, « conseiller spécial » de Mme Duflot, alors ministre du logement, en 2012.Depuis que sa « patronne » avait claqué la porte du gouvernement en 2014, il affirmait vouloir prendre du recul et ne plus dépendre de la politique pour vivre, après près de quinze ans de militantisme. C’est désormais chose faite. « Une nouvelle vie commence pour moi », explique-t-il au Monde.Mais les ponts ne manquent pas entre sa vie d’avant et celle qu’il va découvrir, au cœur d’une entreprise publique de 10 000 salariés secouée par la baisse de son financement public et objet de toutes les attentions politiques et médiatiques.Le premier lien s’appelle Denis Pingaud, le précieux conseiller de Mme Ernotte, qui l’a mis en relation avec cette dernière. L’homme avait découvert Stéphane Sitbon-Gomez au moment de la création d’EELV, qu’il avait accompagnée, en 2010.Le petit-fils du journaliste Guy Sitbon a également participé, à l’automne 2014, comme coauteur, à l’aventure de la fiction participative Anarchy (en partie diffusée par Le Monde), avec l’équipe des Nouvelles Ecritures de France Télévisions. Une expérience en lien avec son sens politique, et son aisance avec le numérique et les nouveaux modes de communication.Dernière similitude : celui qui se définissait, dans un portrait du Monde, comme « un apparatchik, un homme d’appareil », va explorer, au poste de directeur de cabinet, un paysage politique interne pas moins complexe que celui des Verts, où se croisent directeurs de chaîne et directeurs « transversaux », tutelles de Bercy et de la culture, parlementaires, responsables syndicaux…D’autant que le poste de directeur de cabinet n’existait pas sous les présidences antérieures. Le haut encadrement de France Télévisions s’interroge donc déjà sur le périmètre exact qui sera celui du nouveau venu.A deux ans d’une élection présidentielle où Mme Duflot pourrait être candidate, Mme Ernotte a pris un risque en recrutant l’ancien bras droit de celle-ci. Mais elle envoie aussi un signal : la nouvelle présidente est en quête de profils neufs, à l’heure où France Télévisions doit notamment renouer avec la jeunesse.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Éphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Après avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 09h32 • Mis à jour le20.05.2015 à 16h30 | Alexis Delcambre Laurent Vallet a été nommé, mercredi 20 mai en conseil des ministres, à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Le directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) a été choisi pour succéder à Agnès Saal, démissionnaire, à la présidence de l’INA.Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, de l’Ecole des hautes études commerciales de Paris (HEC) et ancien élève de l’Ecole national d’administration (ENA), Laurent Vallet, 45 ans, présente une double légitimité, financière et culturelle. Sa carrière a commencé à Bercy (1995-2002), avec notamment un passage au cabinet du ministre Laurent Fabius.En 2002, il est devenu directeur général de l’IFCIC, un établissement de crédit spécialisé dans le financement des industries culturelles, qui gère un encours de près de 800 millions d’euros. Il s’y est créé un solide réseau dans le monde culturel. En juin 2013, la ministre de la culture Aurélie Filippetti lui confiait un rapport sur les relations entre producteurs et diffuseurs.Lire aussi : Le rapport Vallet propose un équilibre renouvelé entre chaînes et producteurs En mars 2014, il est une première fois candidat à la présidence de l’INA, que Mathieu Gallet vient de quitter pour celle de Radio France. Mais Mme Filippetti lui préfère Agnès Saal. Les déboires de celle-ci, poussée à la démission en avril à la suite d’un scandale public sur ses notes de taxi, offrent une seconde chance à M. Vallet.Lire aussi :Le souhait d’« exemplarité » du gouvernement a eu raison d’Agnès SaalC’est un temps Carine Camby, déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, qui a paru tenir la corde. Mais au ministère, on explique que c’est l’expérience de M. Vallet dans le secteur culturel qui a finalement fait la différence.Cette nomination achève la reconfiguration de l’audiovisuel public, après celles de Mathieu Gallet (38 ans) à Radio France et de Delphine Ernotte (48 ans) à France Télévisions – soit un profond rajeunissement des présidences.A l’INA, M. Vallet aura la délicate mission d’apaiser une maison déstabilisée par la démission de sa présidente, victime d’une dénonciation anonyme. Il lui faudra aussi signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises.Agnès Saal de retour au ministère de la cultureAprès avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Martin Ajdari nommé à la DGMICÉphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre TF1 se regarde désormais massivement hors antenne. En avril 2015, selon Médiamétrie, plus de 9 millions de téléspectateurs ont utilisé son offre de « replay » depuis leur téléviseur, et 7 millions depuis leur ordinateur. Pour accompagner ces nouveaux usages, qui ont généré 1,4 milliard de visionnages en 2014, le groupe audiovisuel lance, lundi 25 mai, une refonte complète de son offre numérique, désormais unifiée sous la marque MYTF1.Les barrières installées par l’Autorité de la concurrence après le rachat des chaînes NT1 et TMC ayant expiré, MYTF1 rassemble désormais les contenus issus des quatre chaînes en clair du groupe (HD1, NT1, TF1, TMC) – ce qui lui permet mécaniquement de doubler le nombre de programmes proposés, pour atteindre 160 par mois.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Structuration par programme plutôt que par chaîne, design épuré, enchaînement automatique des vidéos, continuité d’un appareil à l’autre : les équipes de TF1 se sont inspirées des plates-formes comme Hulu ou Netflix pour imaginer ce nouveau MYTF1, qui sera proposé à travers les boxes des fournisseurs d’accès – y compris Numericable, dont MYTF1 était jusqu’ici absent –, disponible en ligne (PC, mobile, tablette) et sous forme d’application Android, iOS et Windows.Vous êtes un inconditionnel de « MasterChef » ? Vous trouverez sur une même page les dernières émissions, des bonus, des informations sur le programme et des vidéos « pur Web » sur la cuisine, issues du partenariat de TF1 avec Finder Studios. Si vous préférez la série « Les Experts », vous trouverez les dernières saisons diffusées, mais aussi l’accès, en vidéo payante à la demande (VOD), à la dernière saison diffusée aux Etats-Unis et pas encore en France.Forte progression de la VODPour TF1, le replay constitue un « complément d’audience », qui peut dépasser 20 % de l’audience linéaire dans certains cas. Pas de lien, donc, aux yeux de la chaîne, entre le succès de ces services et la légère érosion des audiences (21,3 % de part en avril, soit 1,5 point de recul en un an).La chaîne en attend évidemment des recettes, même si elle refuse de communiquer ses objectifs. Deux ou trois spots publicitaires sont diffusés avant chaque programme (« preroll »), et jusqu’à 120 secondes en « midroll » (au milieu des programmes). Des formats d’habillage de page sont aussi proposés aux annonceurs, pour les associer à tel ou tel programme. L’insertion de vidéos de marques (« brand content ») est une option.Lire aussi :Wild Bunch et TF1 s’engouffrent dans l’e-cinémaAutre source de recettes : la VOD. Selon TF1, le chiffre d’affaires en la matière a progressé de 38 % en 2014 et atteint « plusieurs dizaines de millions d’euros ». Vendredi 22 mai, MYTF1 proposera le film Adaline (6,99 euros le visionnage) avant sa sortie en salles en France, imitant ainsi les pratiques d’acteurs comme Amazon ou Netflix. Adaline rejoindra le film Son of Gun, proposé selon les mêmes modalités depuis début mai. D’autres sorties similaires sont prévues ces prochains mois.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.05.2015 à 20h39 • Mis à jour le18.05.2015 à 20h51 « Je ne serai plus Charlie Hebdo mais je serai toujours Charlie. » C’est par ces mots que le dessinateur Luz a annoncé, lundi 18 mai, dans une interview à Libération, son intention de quitter l’équipe de Charlie Hebdo.Le dessinateur se dit « phagocyté par mille choses, le deuil, la douleur, la colère », qui l’empêchent, dit-il, de s’intéresser à l’actualité. « C’est un choix très personnel », assure-t-il, alors que l’annonce de la mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui, la semaine dernière, avait ravivé les tensions qui existent dans la rédaction des « survivants », confrontée à la difficulté de rebâtir une équipe amputée depuis l’attentat du 7 janvier, et à l’afflux d’argent qui leur avait été versé en soutien.Lire l'interview de Riss :« La vie à “Charlie” n’a jamais été un fleuve tranquille »Quelques jours avant son entretien à Libération – qui accueille toujours l’équipe de Charlie Hebdo dans l’attente de son prochain déménagement dans de nouveaux locaux – Luz avait confié au Monde que trouver « des idées marrantes sur la politique française » lui demandait aujourd’hui énormément d’« énergie ». « Je me rends compte que la politique française, hormis la montée du FN, est particulièrement inintéressante », avait-t-il ainsi expliqué. « Cela a toujours le cas, mais on se réfugiait derrière le principe que le ridicule demeure un bon terrain humoristique. Là, j’ai un peu de mal… », confiait-il.« C’est aussi dû au fait que “Charlie” est désormais au cœur du débat politique. C’est difficile de se dessiner en tant que sujet. »A la fin d’avril déjà, le dessinateur avait annoncé dans les Inrockuptibles qu’il ne dessinerait plus le personnage de Mahomet, qu’il avait notamment croqué en « une » du premier numéro de Charlie Hebdo paru après les attentats de janvier. « Je m’en suis lassé, tout comme celui de Sarkozy. Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner », expliquait-il alors.« Chaque bouclage est une torture »A Libération, il raconte :« Chaque bouclage est une torture parce que les autres ne sont plus là. Passer des nuits d’insomnie à convoquer les disparus, à se demander qu’est-ce que Charb, Cabu, Honoré, Tignous auraient fait, c’est épuisant. »Il assure également que « cette réflexion sur le départ date d’il y a longtemps », mais qu’après les attentats il a « suivi par solidarité, pour laisser tomber personne. Il n’y avait plus grand monde pour dessiner ». « Si l’actu ne t’inspire plus, tu peux toujours dessiner, c’est presque pavlovien, mais tu vas refaire une idée que tu as déjà faite. »« Cette idée du départ, ajoute-t-il dans Libération, elle est aussi dans cette angoisse : la peur d’être mauvais. » Au Monde il avait ainsi évoqué le souhait de « passer à autre chose » et de s’éloigner d’une forme de routine professionnelle.« Après vingt ans de carrière, on a beau expérimenter des formes d’expression nouvelles, on finit par s’enfermer dans une sorte de train-train », expliquait ainsi celui qui publie mercredi Catharsis, un album de dessin personnel qui, dit-il, lui a fait du bien. « Pour la première fois, je n’avais pas peur d’une page blanche », confie-t-il à Libération.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journal Alexandre Piquard « Il faut faire ensemble un bon journal chaque semaine. Le reste, c’est de l’intendance… » Cette devise caricature à peine l’état d’esprit de Riss. Entré au journal en 1992, l’ancien numéro deux de Charlie Hebdo en est devenu le directeur après l’attentat du 7 janvier 2015 qui a décimé l’équipe. Encore occupé à rééduquer son épaule touchée par balle, escorté de plusieurs policiers, le dessinateur fait face à une contestation de salariés du journal, qui réclament un fonctionnement plus collectif. Réputé pour la rigidité de son caractère, plus intéressé par le contenu que par les débats juridiques ou économiques, Riss se dit ouvert au dialogue. Mais assume aussi ses choix.Le symbole le plus récent de la crise à Charlie Hebdo est la lettre de convocation à un entretien préalable de licenciement envoyée à la journaliste Zineb El Rhazoui. « Elle n’assure pas les obligations de son contrat de travail de façon satisfaisante. Cela pose des problèmes concrets au fonctionnement de la rédaction, justifie Riss. Des remarques lui ont été faites. J’en ai eu marre. J’ai demandé à notre avocat quoi faire. J’espère que le courrier envoyé remettra les choses sur les rails. »Après la parution d’un article du Monde.fr le 14 mai, la direction de Charlie Hebdo a toutefois annulé la convocation et adressé à la journaliste franco-marocaine un « courrier de rappel de ses obligations ». Il s’agit notamment de « sa présence aux conférences de rédaction ou des délais de rendu de ses articles », décrit Riss.La direction ne s’est-elle pas montrée trop dure face à une journaliste menacée de mort en février par des islamistes ? « Avant le 7 janvier, c’était pareil : elle écoutait peu les remarques, répond Riss. C’est vrai que la solennité du courrier confère une gravité. Mais on n’a pas envie de virer des gens. Si on en arrive à ce genre de procédure, à Charlie – journal peu répressif –, c’est qu’il y a quelque chose. » C’est le paradoxe qu’a aussi souligné Zineb El Rhazoui, tout en reconnaissant être « une grande gueule ».« Ce qui est agaçant, c’est que, par ailleurs, au journal, toute l’équipe est sur le pont, même si la rédaction est hantée par le 7 janvier et que tout le monde est suivi par un psy », poursuit le directeur de la publication. « C’est un problème de méthode de travail. J’ai embauché Zineb avec Charb (en 2011), je n’ai rien contre elle, elle fait de bons articles », assure Riss, qui ironise en rappelant avoir, lui aussi, fait à Charlie Hebdo l’objet d’une rare « mise à pied », pour « des conneries » ; il s’était « bousculé avec quelqu’un ».« Citadelle excédée »Il n’empêche, le cas de Zineb El Rhazoui a été présenté comme emblématique de la tension qui oppose depuis plusieurs mois la direction à une partie des salariés, réunis dans une association, qui demandent davantage de transparence sur l’argent du journal. Mais Riss n’estime pas que la direction se comporte en citadelle assiégée, au mieux en « citadelle excédée ».Le directeur évoque une piste de réponse aux revendications de l’équipe : la direction « étudie » le statut de « société solidaire de presse », né d’une loi d’avril 2015. Ainsi, Charlie Hebdo s’engagerait à réinvestir chaque année au minimum 70 % de son résultat, qui ne pourrait être distribué aux actionnaires. Le taux serait même de 100 % en 2015, année hors norme qui a vu les ventes en kiosques grimper jusqu’à 8 millions d’exemplaires, avant de retomber à 170 000 exemplaires.Avec 270 000 abonnements et un objectif à terme de 100 000 exemplaires vendus, Charlie prévoit de finir l’année avec 10 à 15 millions d’euros d’excédent sur lesquels s’appliquerait un impôt sur les sociétés d’un tiers. « Cet argent, c’est une sécurité », estime Riss, qui souhaite faire vivre le journal de ses ressources. En outre, les 4,3 à 4,5 millions d’euros de dons reçus doivent aller aux victimes de tous les attentats de janvier et à leurs familles, le ministère de l’économie ayant « donné son accord ». L’argent sera réparti par un comité de personnalités indépendantes, juristes ou fonctionnaires, décrit le directeur.Autre sujet sensible, les salariés du collectif revendiquent l’ouverture du capital, voire l’adoption d’une forme coopérative. Riss se dit ouvert à une discussion, mais « en septembre, après la nouvelle formule du journal ». « Aujourd’hui, j’aurais peur que nous prenions des décisions sous le coup de l’émotion », déclare celui qui détient 40 % du capital, le directeur financier, Eric Portheault, possédant 20 % – les derniers 40 % revenant à la famille de Charb. « On ne pourra pas rester à seulement deux actionnaires. Il y aura une ouverture du capital », assure Riss, tout en reconnaissant s’être déclaré « pas trop favorable » à ce que « tout le monde » détienne des parts de façon directe. Les pistes seraient l’ouverture du capital à certains membres de l’équipe ou à une société qui représenterait les salariés.DéfianceLe projet de fondation pour le dessin de presse a, lui, été « mis en suspens » car « la priorité, c’est le journal », explique Riss. L’avocat Richard Malka, qui s’y était impliqué, a désormais décidé de s’en tenir à un rôle de défense du titre dans les affaires de droit de la presse.Alors que Zineb El Rhazoui n’hésite pas à qualifier la direction d’« oligarchie » qui exercerait un pouvoir autiste, Riss relativise : « Je ne vois pas ce que la direction a fait de grave ou d’important depuis le 7 janvier sans l’avis des salariés. Ce sont des discours un peu théoriques. » La défiance qui s’est installée n’empêche-t-elle pas la suite de Charlie ? « Il y a plus de confiance qu’on veut le dire, croit Riss. Il n’y a pas de divergence éditoriale. Nous avons fait une réunion il y a quinze jours sur l’avenir du journal. On voulait tous faire la même chose. » Un nouveau site Web est en préparation.Riss aimerait un Charlie qui ait plus souvent « une longueur d’avance sur les sujets et l’actualité ». Il a pu envier des sujets parus ailleurs. Sur « l’insécurité culturelle », de Laurent Bouvet, par exemple. Certains n’ont-ils pas vu dans ce concept une tentative d’importer à gauche des idées liées au Front national ? « Cela est un sujet en soi, répond Riss. Comment parler de thèmes viciés par l’extrême droite ? C’est comme la laïcité. Il faut aborder des thèmes inconfortables. »Une autre urgence reste de trouver une « nouvelle génération » de dessinateurs, « comme Cabu quand nous sommes entrés au journal, Charb, Luz et moi, en 1992 ». Et de garder le « ton Charlie », « joyeux ». « Il faut faire chaque numéro comme si c’était le numéro un », insiste Riss, pour qui « la vie à Charlie Hebdo n’a jamais été un long fleuve tranquille ».Le désormais seul directeur du journal n’est-il pas trop autoritaire et exigeant pour la période que traverse le journal ? « C’est un cap. Il ne faut pas louvoyer. C’est vrai que je peux être intransigeant, reconnaît Riss. Mais il ne faut pas perdre l’exigence. Mais quand je parle avec Luz ou Gérard [Biard], ou d’autres, on se comprend. » Il a cette phrase, dont il goûte ensuite la petite part d’ironie : « Ce sont les choses difficiles qui sont excitantes. Plus c’est difficile, plus c’est excitant. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.05.2015 à 16h34 • Mis à jour le15.05.2015 à 16h38 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) L’avocat chinois Pu Zhiqiang, figure emblématique du combat pour l’Etat de droit en Chine et ex-défenseur d’Ai Weiwei, a été officiellement inculpé pour « incitation à la haine ethnique » et « provocation de querelles et de trouble » vendredi 15 mai après-midi. L’information a été diffusée par le microblog du parquet populaire de la municipalité de Pékin. M. Pu, âgé de 50 ans, avait été arrêté il y a plus d’un an, le 7 mai 2014, après avoir participé à un séminaire privé pour commémorer les 25 ans des événements de Tiananmen. Il a ensuite subi une détention d’une durée exceptionnelle, durant laquelle le parquet a plusieurs fois renvoyé à la police le dossier pour supplément de preuves, laissant envisager une hypothétique relaxe. Il n’en a rien été. Deux accusations ont toutefois été abandonnées, « l’incitation au séparatisme » et « l’obtention illégale d’information ».Un procès d’ici à deux semainesCette inculpation fait craindre le pire : M. Pu, qui s’était spécialisé dans les cas de liberté d’expression, encourt selon son avocat, Shang Baojun, joint par Le Monde, huit ans de prison. Son procès devrait se tenir d’ici à deux semaines. Or, M. Pu et son équipe de défenseurs ont peu de chances de gagner la partie : la jurisprudence en matière de « dissidents » montre une justice largement instrumentalisée par le parti pour faire taire les critiques, sans aucun souci de cohérence ni d’équité. « Après la journaliste Gao Yu dans le domaine de la presse, le juriste Xu Zhiyong pour la société civile, voici une autre figure connue qui va être lourdement punie pour l’exemple, cette fois pour intimider les autres avocats », explique un diplomate dans une chancellerie occidentale à Pékin. Cette liste qui s’allonge de prisonniers d’opinion jetés derrière les barreaux confirme, de la part du régime et de son nouvel homme fort, une tolérance zéro à la critique, assumée sans vergogne malgré l’indignation des associations des droits de l’homme et des pays démocratiques, asiatiques ou occidentaux. Hasard du calendrier, la nouvelle de l’inculpation de M. Pu est tombée le jour de la rencontre entre le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, en visite officielle à Pékin, et le premier ministre chinois, Li Keqiang. Et la veille de l’arrivée en Chine du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, samedi 16 mai. « Il faudra s’attendre à beaucoup de réactions dans les jours qui suivent puis lors du procès, car le dossier Pu Zhiqiang fait partie de ceux qui sont le plus suivis par les ambassades étrangères », poursuit le diplomate sous couvert d’anonymat. Au début du mois, le département d’Etat américain avait appelé Pékin à libérer Pu Zhiqiang.Lire aussi :Sept années de prison pour la journaliste chinoise Gao YuLa persécution politique en Chine s’abrite toutefois derrière une façade procédurière qui rend difficile les critiques, malgré les vices de procédures et les dénis de droits que ne cessent de répertorier les avocats chinois. Enfin, alors que le très charismatique Pu Zhiqiang faisait partie des rares personnalités mises en avant par les médias chinois les plus progressistes avant sa détention, plus aucune couverture médiatique n’est autorisée sur son cas depuis en Chine, en dehors des dépêches, brèves et vénéneuses, des organes officiels.Blogueur hyperactifLa justice chinoise reproche à M. Pu des messages de microblog – 28 billets exactement – qu’il avait envoyés à ses abonnés entre 2011 et 2014 et qui ont été consignés dans l’enquête parmi des milliers d’autres (M. Pu était un blogueur hyperactif). Ses avocats ont toujours fait valoir qu’ils restaient dans les limites de la liberté d’expression telle que la définit la Constitution chinoise. Leur client est, selon eux, persécuté pour délit d’opinion.Lire aussi :Un avocat chinois menacé de 20 ans de prison pour des tweets« L’incitation à la haine ethnique » concerne des messages diffusés au sujet de la situation dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, qui a basculé depuis 2013 dans une spirale de violence et de répression. Turcophones et musulmans, les Ouïgours s’estiment réduits à des citoyens de seconde zone sur leur propre territoire. Loin de s’en être pris à eux, Pu Zhiqiang avait mis en doute dans ses tweets les informations extrêmement contrôlées et partielles de la propagande sur les attentats de 2014 au Xinjiang – dont un dans la gare d’Urumqi le 30 avril – et dans le reste de la Chine. Il avait aussi critiqué des « politiques absurdes », fondées sur le « contrôle et la vision d’autrui [les Ouïgours] en ennemis » de la part du gouvernement chinois.Quant à la « provocation de querelles et de troubles », elle pourrait renvoyer à un ensemble de moqueries exprimées par Pu Zhiqiang à l’encontre de personnalités politiques mineures très souvent raillées par la blogosphère pour leur manque d’esprit critique et leur soumission au régime – comme le petit-fils de Mao, Mao Xinyu, un haut gradé de l’armée nommé député et dont les internautes moquent continuellement l’incompétence. Dans la Chine de Xi Jinping, comme jamais peut-être depuis des décennies, le parti et son sacro-saint héritage sont intouchables.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.05.2015 à 20h45 • Mis à jour le15.05.2015 à 10h12 | Alexandre Piquard Zineb El Rhazoui, journaliste membre de la rédaction de Charlie Hebdo, a reçu, mercredi 13 mai, un courrier de la direction la convoquant à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, a appris Le Monde. Elle est d’ici là mise à pied. Contactée, la direction refuse de commenter « une procédure en cours et interne », mais insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’une convocation à un entretien, pas d’un licenciement effectif. La décision intervient dans un contexte de tensions entre la direction et la rédaction.Zineb El Rhazoui dit ne pas comprendre le motif du courrier ni la faute grave évoquée et s’étonne de la méthode « bureaucratique » employée, « sans discussion préalable ». « Je suis choquée et scandalisée qu’une direction qui a bénéficié d’autant de soutien après les attentats de janvier fasse preuve d’aussi peu de soutien envers un de ses salariés, qui est sous pression comme tous dans l’équipe et fait l’objet de menaces. »Menaces de mortSociologue des religions, franco-marocaine et militante contre l’islamisme et l’intégrisme, Zineb El Rhazoui, a notamment fait l’objet de menaces de mort de la part d’islamistes, mi février. Visant également son mari, ces menaces ont été dénoncées par des sociétés de journalistes. Par ailleurs scénariste de La Vie de Mahomet, dessiné par Charb, Mme El Rhazoui vit depuis sous protection renforcée, à Paris.« Mon mari a perdu son emploi car des djihadistes ont dévoilé son lieu de travail, il a dû quitter le Maroc, je suis menacée, je vis dans des chambres d’amis ou à l’hôtel et la direction envisage de me licencier... Bravo Charlie », ironise Zineb El Rhazoui.Conditions chaotiquesSans préjuger du motif du courrier reçu, Mme El Rhazoui explique qu’elle n’a pas pu travailler normalement depuis les attentats qui ont décimé la rédaction en janvier. « Je ne suis pas la seule. On ne peut pas reprocher aux gens d’aller mal et de ne pas se comporter en bons ouvriers, on vit dans des conditions chaotiques. C’est impossible de faire des reportages sous protection policière... », explique-t-elle.Avant janvier, Zineb El Rhazoui réalisait pour Charlie Hebdo des reportages en France et à l’étranger, notamment en Afrique, souvent sur les religions. Elle a été recrutée en 2011 pendant les « printemps arabes ». Auparavant, elle a été militante au Maroc, opposée au régime ou au ramadan, via notamment le mouvement alternatif pour les libertés individuelles, qu’elle a confondé. Elle a aussi été très active au sein de l’association Ni putes ni soumises.Depuis janvier, Mme El Rhazoui est souvent apparue dans les médias, notamment au « Grand Journal », afin de défendre la laïcité contre l’islamisme ou le droit au blasphème, des thèmes liés à Charlie Hebdo et aux attentats, comme lors de conférences, à Chicago, Montréal ou Paris.« Mesure punitive »Au fond, Mme El Rhazoui s’estime aujourd’hui victime d’une « mesure punitive » pour avoir contesté la direction actuelle de Charlie Hebdo. Elle a fait partie des signataires d’une tribune parue fin mars dans Le Monde demandant une « refondation » du journal et une gouvernance – ainsi qu’une structure de capital – beaucoup plus collégiale qu’aujourd’hui. Le capital est actuellement détenu à 60 % par le directeur de la publication Riss et le directeur financier Eric Portheault. Ils travaillent de façon assez étroite avec le rédacteur en chef Gérard Biard (L’avocat Richard Malka, proche de la direction et notamment actif dans un projet de fondation, a lui fait savoir début avril qu’il se concentrerait désormais sur les dossier de droit de la presse du journal).La tribune des journalistes – qui ont créé une association – n’avait pas plu à la direction, qui s’est estimée injustement visée. Un e-mail a été envoyé aux signataires, leur demandant de ne pas émettre de critiques à l’extérieur. Par ailleurs, les salariés ont été consultés sur leur vision du futur du journal, dans l’optique d’une future nouvelle formule.« Après une phase où on pensait qu’une vraie discussion avait repris, les choses ne passent aujourd’hui pas bien », estime un journaliste signataire de la tribune.« Pas d’explication »Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie, est furieux du courrier envoyé à Zineb El Rhazoui : « On est tous encore en train de gérer l’après-attentat. Convoquer des membres de l’équipe qui sont encore dans des souffrances incroyables, c’est méchant et déloyal. »« Recevoir des prix pour la liberté d’expression et convoquer des journalistes menacés, c’est paradoxal, ajoute-t-il. Et on n’a pas d’explication alors que journal se veut alternatif et socialement irréprochable... »Un autre journaliste s’indigne du sort réservé à Zineb El Rhazoui, qui est une « grande gueule » mais qui « s’est exposée et mise en danger depuis des années » pour écrire un livre comme celui sur Mahomet avec Charb ou pour ramener des reportages.« Je suis très surpris d’une décision aussi bête et méchante, mais pas au sens de Hara-Kiri... critique-t-il. La méthode est incroyable pour Charlie. C’est violent. » La réaction de la direction sous-entend qu’il pourrait ne pas s’agir de licencier Zineb El Rhazoui, simplement de la rappeler à l’ordre et à ses devoirs envers le journal. Cette dernière ne décolère pas et estime que « si c’était le cas, on aurait dû discuter... ».A lire aussi (édition abonnés) : « Charlie Hebdo » : le casse-tête de la reconstruction Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florent Bouteiller SAMEDI 16 MAI Moto Allez, pleins gaz sur les championnats du monde de vitesse. Au Mans, lors du Grand Prix de France, Louis Rossi et Alexis Masbou espèrent faire ronronner comme il se doit leur moteur à domicile. Décibels assurés et belles batailles en perspective sur le circuit sarthois. (12 h 30, Eurosport.) Rugby Eux aussi vont mettre la gomme. Troisièmes à 1 point de Clermont, les mastodontes du Stade toulousain n’ont pas d’autre choix que d’écraser les pauvres Grenoblois, cantonnés dans la zone rouge du Top 14 (11e). Si la 2e place semble à portée des Toulousains, on voit mal Toulon, intraitable sur toutes les pelouses des royaumes de France et d’Europe, perdre son Bouclier de Brennus. (14 h 35, Canal+.) Tir à l’arc Les archers de France et de Navarre devront avoir un bon coup d’œil. Le domaine victicole de Saint-Hilaire (Var) accueille la fine fleur nationale du tir à l’arc. Sept cents concurrents sont attendus en plein cœur de la Provence verte, et 21 arbitres. Des stands consacrés à la gastronomie provençale ou à l’archerie seront érigés. Mais, à coup sûr, celui qui attirera le plus de monde, c’est celui de l’école de kinésithérapie de Marseille qui propose des massages. De quoi joindre l’utile à l’agréable. Cyclisme C’est un bon coup de pédale que devra mettre Alberto Contador pour gagner le Tour d’Italie cette année. A 33 ans, l’Espagnol de la Tinkoff a toujours les jambes pour réaliser un Giro-Tour de France. Mais le mental suivra-t-il au cours de cette 8e étape entre Fiuggi et Campitello Matese. 188 km tout de même ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Athlétisme Vous êtes dans les starting-blocks ? Ça tombe bien, eux aussi. Les meilleurs coureurs de la planète ont rendez-vous au meeting de Doha dans le cadre de la Diamond League. Ne cherchez pas le fondeur Haile Gebreselassie. L’Éthiopien de 42 ans a dit adieu à la compétition. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour zapper ! (10 heures, BeIN Sports 1.) Rugby Ils vont devoir mettre encore plus de gomme. Chez eux, à Jean-Bouin, les rugbymen du Stade français, à 1 point de Toulouse, auront à cœur de remonter sur le podium du Top 14. Mais affronter Montpellier (7e) dans un tel match à enjeu n’est pas une mince affaire pour les Parisiens. (16 h 35, Canal+.) Football On retrouve Montpellier, version ballon rond cette fois. Et derechef contre un poids lourd parisien. Les Héraultais affrontent le PSG, désormais seul en tête du classement de Ligue 1. Pour arracher une victoire, il faudra beaucoup de cœur et quand même un peu de chance. (20 h 55, BeIN Sports 2.)DIMANCHE 17 MAI Golf Vous avez une fâcheuse tendance à louper votre swing ? Un coup de zapette sur l’Open d’Espagne vous fera un bien fou. A ne pas manquer : l’Espagnol Miguel Angel Jiménez. A 50 ans, le tenant du titre aimerait doubler la mise. Si, après cela, vous êtes toujours aussi maladroit, on ne peut plus rien pour vous. Essayez les fléchettes ! (20 h 45, Canal+ Sport.) Equitation Le golf, ce n’est définitivement pas pour vous, alors, chaussez les étriers ! A La Baule, c’est autre chose que du manège qu’on vous propose. Les plus grands noms du saut d’obstacles mondial sont attendus de sabot ferme. 17 nations, 67 cavaliers et 185 chevaux sont engagés dans les 9 épreuves au programme. Ça va sauter ! (10 h 45, Sport +.)Athlétisme On reste dans la Diamond League, mais, cette fois, ça se passe à Shanghaï. Et toujours pas d’Haile Gebreselassie au programme. Ah oui, c’est vrai, il a pris sa retraite. Mais ce n’est toujours pas une raison pour zapper ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Tennis Un service phénoménal, un coup droit ravageur et un mental au top… c’est ce que devra retrouver Rafael Nadal pour briller une dixième fois à Roland-Garros cette année. Pour l’instant, c’est mal parti. L’Espagnol n’a gagné aucun tournoi sur terre battue cette année. Le tournoi de Rome, dont la finale se joue ce dimanche, sera peut-être le théâtre de sa résurrection ? (16 heures, BeIN Sports 1.) Plongeon Pendant que Rafael Nadal sombre dans les abysses, d’autres y vont de plein gré. A La Rochelle, le niveau de la mer n’est peut-être pas très profond, mais assez quand même pour y organiser le Cliff Diving World Series. Attention quand même à ne pas trop toucher le fond, les entrailles du port n’étant pas des plus paradisiaques. (16 heures, France O.)Football Inévitablement, l’une de ces deux équipes perdra gros dans la course au podium en Premier League. Manchester United (4e) affronte Arsenal (3e), et ça sent le très gros match, aussi bien sur la pelouse que dans les tribunes. (16 h 50, Canal+.) Hockey sur glace Si vous croyez que, à cette période de l’année, il n’y a plus de sports d’hiver, vous vous fourrez la crosse dans l’œil. A Prague, on dispute même la finale des championnats du monde. Un an après le traumatisme des Jeux olympiques de Sotchi, les Russes espèrent redorer leur blason grâce à un nouveau titre. Mais le Canada comme les Etats-Unis sont là encore pour les en empêcher. (20 h 40, Sport +.) Rugby Bis repetita. Trois semaines après s’être affrontés sur la pelouse de Twickenham pour un titre européen, les Toulonnais et les Clermontois se retrouvent dans le cadre du Top 14 cette fois. Avantage psychologique aux Varois bien sûr, champions d’Europe en tête du championnat national. Les Jaunards devront sortir un gros match pour déstabiliser leur adversaire. (21 heures, Canal+.)Florent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.05.2015 à 16h32 • Mis à jour le13.05.2015 à 19h00 | Jérémie Lamothe Quatre mois après les attentats de Paris et les manifestations qui ont rassemblé près de quatre millions de personnes dans les rues, les livres sur l’après-Charlie continuent de fleurir dans les librairies. Le dernier essai d’Emmanuel Todd, Qui est Charlie ?, en est la dernière preuve : le démographe y dénonce « l’imposture » de cette France du 11 janvier qui s’est déplacée en masse pour défendre la liberté d’expression.Lire aussi :Manuel Valls : « Non, la France du 11 janvier n'est pas une imposture »Emmanuel Todd est le premier auteur à critiquer aussi ouvertement l’esprit post-Charlie, parmi les nombreux ouvrages sur les événements, et ses conséquences politiques, religieuses ou identitaires. Du dernier ouvrage de Caroline Fourest chez Grasset, à celui de Laurent Joffrin chez Stock, en passant par celui d’Abdennour Bidar chez Albin Michel… En tout, ce sont une quinzaine de livres liés directement ou indirectement au 11 janvier qui se trouvent dans les librairies.De nombreuses ventesMais le public est-il demandeur ? Oui, selon Jérome Dayre, fondateur des éditions Inculte : « En librairie, les lecteurs ont énormément réagi, dès le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo. Les libraires ont joué leur rôle en ressortant des livres sur la tolérance par exemple. Ça a très bien marché. Il y a eu une vraie attente du public, les gens étaient vraiment désemparés. »Dans la grande librairie Mollat à Bordeaux, Pierre Coutelle, responsable du pôle littérature et sciences humaines, compare cet engouement « à l’après-11 septembre. Les gens ont demandé des ouvrages d’exploration sur l’islam, la géopolitique… Après les attentats, il n’y a pas eu de réaction de fuite de la part des lecteurs. Au contraire, il y a eu une vraie demande de compréhension ».Une réaction spontanée qui a surpris Olivier Nora, PDG des éditions Grasset : « Ce qui s’est produit a été contre-intuitif. Je pensais que la machine serait arrêtée par l’attentat. Lorsqu’il y a des actualités aussi fortes, les gens se précipitent vers la presse, Internet mais là il s’est produit l’inverse. C’est un mélange de réveil militant, républicain et citoyen. »Toutes les maisons d’édition interrogées le reconnaissent volontiers, les livres liés aux événements de janvier se portent très bien. C’est le cas de celui d’Edgar Morin et de Patrick Singaïny, Avant, pendant, après le 11 janvier, publié aux éditions de l’Aube. Pour le directeur des collections d’essai, Jean Viard : « Cet essai a été vendu pour l’instant à 4 500 exemplaires, on peut espérer en vendre 10 000. » Un bon chiffre : « Aujourd’hui, quand un essai se vend à 1 500-3 000 exemplaires, on commence à avoir de l’effet, avec des idées qui se diffusent ».Des bons résultats perçus également chez Grasset d’après Olivier Nora : « Le livre de Caroline Fourest, sorti le 29 avril, a déjà été vendu à près de 11 000 exemplaires. Il va rentrer dans les best-sellers à partir de la semaine prochaine. Je suis surpris que ça aille aussi vite. »Un temps de réaction différentDes scores qui s’expliquent peut-être aussi par la rapidité avec laquelle certaines maisons d’édition ont décidé de participer au mouvement. Le Livre de poche a par exemple sorti dès le 5 février Nous sommes Charlie, un recueil de soixante textes en réaction à la tuerie qui a touché le journal satirique : « Ce livre a été décidé dès le lendemain des attentats de Charlie Hebdo, le jeudi. On a souhaité une réaction à chaud, un mouvement spontané », précise l’attachée de presse, Anne Bouissy.Albin Michel a également souhaité très vite réagir en sortant dès le 18 février Plaidoyer pour la fraternité, d’Abdennour Bidar. Une rapidité assumée par Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités : « Chez Albin Michel, on le fait très rarement, ça perturbe le réseau commercial. Mais là, ça valait le coup, on a réfléchi et on s’est dit qu’en cinq semaines, il devait être en librairie. »Une réactivité qui n’est pas partagée par tous. Aux éditions de La Découverte, on a fait le choix de ne pas surréagir au traumatisme des événements. Seul le livre d’Edwy Plenel, Pour les musulmans, sorti en septembre 2014, a été réédité avec une nouvelle préface évoquant les attentats. D’après François Gèze, éditeur à La Découverte : « Nous n’avons pas souhaité sortir un livre directement. Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le sujet. Nous sommes plutôt à la recherche de livres qui aident, qui éclairent, sans être dépendants de l’actualité. »« La machine à débattre s’est remise en mouvement »De fait, le « filon » du 11 janvier a poussé de nombreux auteurs à démarcher les maisons d’édition. Avec plus ou mois de réussite, précise Olivier Nora : « Beaucoup d’auteurs nous ont sollicités pour écrire un livre sur ces événements mais tous n’ont pas une expertise telle que cela mérite un livre. » Pour ce dernier, cette effervescence est une très bonne nouvelle : « La machine à débattre s’est remise en mouvement, notamment entre les deux gauches, sur les concepts de laïcité par exemple. Il est vrai que l’événement permet une énorme traînée, et personne ne pense que ça va s’arrêter. » Prochainement, dans les rayons de la librairie Mollat, à Bordeaux, Pierre Coutelle prévoit en effet « une quarantaine de livres » sur ce sujet en 2015.Un renouvellement du débat indispensable et vital pour Jean Viard, des éditions de l’Aube : « On est entré dans un cycle de violence qui va durer dix à vingt ans, la société doit se charpenter. On n’a jamais eu une aussi forte volonté de débat. Le 11 janvier n’est pas une date, mais une ouverture de période, le champ intellectuel va être passionnant. »« Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion »« Jusqu’en février, on était dans les livres de réaction, puis ça a commencé à s’estomper. Mais depuis la sortie du livre de Todd, ça repart », précise Jérémie Chevallier, vendeur à la librairie Gibert Joseph à Barbès (XVIIIe arrondissement de Paris), pour qui « les lecteurs demandent maintenant des livres de réflexion, qui vont davantage sur le fond ».Le Traité de la tolérance de Voltaire a par exemple été réimprimé et vendu à plus de 90 000 exemplaires par les éditions Folio-Gallimard depuis les attentats de janvier. Selon Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités chez Albin Michel, l’une des premières préoccupations des Français a aussi été de s’informer sur l’islam : « Nous avions beaucoup de livres sur l’islam que nous avons ressortis et nos ventes ont explosé. Nous avons beaucoup revendu Islam sans soumission, d’Abdennour Bidar, la traduction du Coran, par Jacques Berque ou encore l’autobiographie d’Abd al Malik, Qu’Allah bénisse la France. »La volonté de comprendre ces événements a une incidence sur le reste du marché du livre, remarque également Olivier Nora : « Dès janvier, il y a eu une prime à la non-fiction. Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion. La littérature “haut de gamme” et le roman n’ont pas connu un très bon premier trimestre. »Jérémie LamotheJournaliste au Monde Alexandre Piquard Les médias doivent-ils abandonner un partie du contrôle sur leur contenu pour toucher davantage de lecteurs sur les réseaux sociaux ? Ou risquent-ils de se retrouver dans une dépendance funeste ? Après des mois de négociations et de rumeurs, une dizaine de grands éditeurs a décidé de sauter le pas en nouant un accord avec Facebook : à partir du mercredi 13 mai, le New York Times, BuzzFeed, National Geographic, The Atlantic et NBC News vont publier des articles directement sur la plateforme du réseau social.Outre ces éditeurs américains, quatre européens (The Guardian, BBC News, Bild et Spiegel Online) vont participer à cette « expérimentation » baptisée « Instant Articles ».L’accord suppose de « perdre une partie du contrôle sur nos moyens de distribution », mais en même temps, « nous nous efforçons de rendre nos histoires accessibles au plus grand nombre de personnes possible », a résumé James Bennet, rédacteur en chef de The Atlantic, l’un des partenaires de Facebook, cité par le New York Times. Générer plus de traficAujourd’hui, vu des médias partenaires, l’accord ressemble à un grand ciel bleu mais certains distinguent quelques nuages, au loin. Jusqu’ici, les éditeurs se servent de Facebook pour publier des liens vers leurs articles, avec les titres, photos et résumés les plus alléchants possible.Quand les lecteurs cliquent, ils sont renvoyés vers le site ou la plateforme des médias. C’est sur leurs supports principalement que les éditeurs génèrent des revenus, en vendant de la publicité, et qu’ils suivent leur précieuse communauté. Facebook est vu par les éditeurs comme un moyen d’interagir avec leur public mais indirectement, ils en attendent du trafic.Le poids de Facebook dans l’audience des médias numériques n’a fait que croître : il représente 14 à 16 % du trafic du New York Times, un chiffre qui a doublé au cours de derniers mois. En France, le site d’information 20Minutes estime la part d’audience venue des réseaux sociaux à 15 % environ. Pour Le Monde, elle est d’environ 10 % (dont la grosse majorité en provenance de Facebook). Le chiffre peut être sensiblement plus élevé pour des médias à l’audience moins massive. Ou pour ceux qui ont beaucoup misé sur le « social », comme le site d’information et de divertissement Buzzfeed, qui avance le chiffre record de 75 %.« Instant Articles »Du point de vue de Facebook, le premier objectif d’« Instant Articles » est de charger le contenu plus rapidement. Un enjeu crucial pour les smartphones, qui génèrent parfois un temps d’attente exaspérant quand on clique sur un lien dans les transports en commun, par exemple. Selon Facebook, chaque article prendrait en moyenne 8 secondes à charger. « Instant Articles » promet un chargement « jusqu’à 10 fois plus rapide ». Pour le réseau, c’est un moyen d’améliorer « l’expérience utilisateur » et d’attirer du bon contenu, donc de garder les internautes sur sa plateforme. Pour les médias partenaires, c’est l’espoir de voir ses contenus bien plus lus que ceux de leurs concurrents.Afin de vaincre les réticences de grands éditeurs, la société de Mark Zuckerberg n’a pas hésité à élaborer un accord de départ favorable : les médias ont le droit de vendre eux-mêmes de la publicité dans leurs articles « embeddés » sur Facebook. Et de garder 100 % des revenus générés. Si c’est Facebook qui vend les annonces, les médias en tirent tout de même 70 %. Et le réseau social autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs sur Facebook, avec leurs outils habituels. Un enjeu central vu l’importance croissante des « data » dans la publicité ciblée.De plus, Facebook donne aux médias la possibilité de personnaliser la mise en forme de leurs « Instant Articles ». Et leur donne accès à quelques mises en forme spéciales, comme des « cartes interactives », des photos agrandissables ou des commentaires sur un extrait d’article.Dépendance accrue« Nous n’essayons pas du tout de positionner Facebook comme un remplacement aux journaux, aux radios ou aux chaînes que vous aimez. Nous pouvons être complémentaires », a plaidé en résumé Chris Cox, responsable produit de Facebook, cité par le New York Times.Pourquoi alors les médias devraient-ils s’inquiéter ? La crainte principale tient à un risque : celui d’avoir une dépendance accrue à Facebook. Et d’être soumis à ses changements stratégiques, voire à son bon vouloir. Les termes du « deal » actuel « d’Instant Articles » pourraient changer, anticipent certains éditeurs. Beaucoup ont en mémoire l’expérience malheureuse du « social reader » de Facebook, sorte de journal agrégeant des articles de différents médias partenaires : lancé en 2011, il a depuis été arrêté.Plus fondamentalement, d’autres pointent les changements successifs apportés par Facebook à l’algorithme crucial qui détermine quels contenus sont montrés dans le flux personnel des utilisateurs. Il s’est par exemple agi de favoriser les vidéos ou de défavoriser les posts d’agrégateurs de contenus. Les sociétés très dépendantes de Facebook peuvent avoir un destin fragile, comme l’a expérimenté l’éditeur de jeux Zynga.Dans le rapport de forces qui se dessine, Facebook a un poids croissant, en tant qu’apporteur d’audience pour les éditeurs, mais aussi comme acteur de la publicité : il a capté à lui seul 35 % de la publicité sur mobile en 2014, selon Emarketer. Un poids qui rappelle celui de Google, dont les rapports avec la presse ont été variés. Pour dépasser la menace de la dépendance, Buzzfeed propose, lui, de mettre le maximum de ses contenus… sur un maximum de réseaux sociaux différents. Un autre dilemme.Lire aussi :Facebook redéfinit son « Internet pour les pauvres » en IndeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Verizon a annoncé, mardi 12 mai, le rachat de la société de services Internet AOL pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). Grâce à cette acquisition, l’opérateur de télécommunications veut accélérer son développement dans le domaine de la vidéo et de la publicité sur mobile. Verizon propose aux actionnaires d’AOL un prix de 50 dollars par action, ce qui représente une prime de 23 % par rapport au cours moyen du titre sur les trois derniers mois. Mardi, l’action AOL s’est envolée de plus de 18,62 %, pour s’aligner sur l’offre de Verizon.Pour Tim Armstrong, le patron d’AOL, cette opération « va donner naissance au plus gros acteur de téléphonie mobile et de vidéo américain ». Il estime que grâce à ce rapprochement, son groupe va désormais être capable de rivaliser avec des géants de la publicité sur Internet comme Google et Facebook. AOL est aujourd’hui le troisième fournisseur de vidéo en termes d’audience aux Etats-Unis, loin derrière les deux géants, selon la société d’études ComScore. « Les entreprises ont noué des partenariats réussis et nous sommes enthousiastes à l’idée de travailler avec eux pour créer la prochaine génération de média dans le domaine du mobile et de la vidéo »,assure M. Armstrong à propos du rapprochement avec Verizon.Verizon a l’intention de lancer dès cet été son propre service de vidéo, OnCue. Il va s’agir de proposer des programmes payants et gratuits à ses abonnés, mais sur des formats et des contenus adaptés au mobile et différents de ce que les chaînes de télévision traditionnelles peuvent proposer. Grâce à AOL, Verizon compte doper ses revenus publicitaires. L’idée de ce service est également d’augmenter la consommation de haut débit des abonnés de l’opérateur.Virage stratégiqueVerizon est déjà un diffuseur de contenu grâce à sa box FiOS TV, à laquelle sont abonnés 5,6 millions de foyers américains. L’opérateur a également noué un partenariat avec la National Football League (NFL) pour diffuser des matchs sur les téléphones mobiles de ses clients. « Verizon a déjà de bonnes relations avec tous les grands fournisseurs de contenu à travers [sa box] FiOS et grâce à des accords de licence plus larges. Il peut créer facilement une sorte d’offre dégroupée qu’il pourra vendre dans tout le pays », estime l’analyste spécialisé dans les nouvelles technologies Jan Dawson.Il s’agit d’un virage stratégique pour le premier opérateur de téléphonie mobile américain. En septembre 2013, Verizon s’était donné de nouvelles marges de manœuvre en rachetant les 45 % que le britannique Vodafone détenait dans Verizon Wireless, leur filiale commune de téléphonie mobile aux Etats-Unis, pour 130 milliards de dollars.Pour AOL, c’est la fin d’une histoire mouvementée. Le fournisseur d’accès à Internet avait fusionné avec le groupe de médias Time Warner en 2000, à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Ce rapprochement avait tourné au cauchemar avant que Time Warner ne décide de se séparer d’AOL en mai 2009.C’est à ce moment que M. Armstrong, un ancien de Google, arrive à la tête d’AOL pour réorienter l’activité de la société, notamment vers la publicité sur Internet. En 2013, AOL a ainsi racheté Adap.tv, une plate-forme qui permet de connecter annonceurs et producteurs de contenu vidéo. Parallèlement, le groupe est à la tête d’un portefeuille de sites Internet comme le Huffington Post, TechCrunch et Engadget. Selon des rumeurs, le nouvel ensemble pourrait se séparer du Huffington Post, racheté en 2011 pour 315 millions de dollars. Une hypothèse démentie. « L’un des grands gagnants de cette opération sera le Huffington Post », a assuré M. Armstrong sur CNBC. Lui-même est appelé à continuer à diriger AOL, une fois que la fusion sera bouclée, sans doute au détour de l’été.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.05.2015 à 09h37 • Mis à jour le12.05.2015 à 09h45 | Alexandre Piquard Qui pour diriger l’Institut national de l’audiovisuel (INA) après Agnès Saal, acculée à la démission après la polémique sur ses frais de taxis ? Carine Camby, actuelle déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, est favorite pour occuper le poste, comme l’ont écrit La Correspondance de la presse le 9 mai et Le Figaro le 12 mai.Sa nomination pourrait intervenir dès mercredi 13 mai. Selon la procédure, le directeur de l’INA doit être proposé par la ministre de la culture au premier ministre, qui le nomme par décret au conseil d’administration de l’institution. Dans la foulée, le conseil des ministres le nomme président.Énarque, Carine Camby est issue de la Cour des comptes, tout comme Fleur Pellerin. Âgée de 54 ans, elle a travaillé dans le secteur audiovisuel au cours des années 1990 : elle a été directrice financière de la chaîne publique culturelle La Cinquième sous la direction de Jean-Marie Cavada, puis conseiller technique chargée des médias et du cinéma au cabinet du ministre de la culture Philippe Douste-Blazy.Elle a également été directrice de la société de production Image et Compagnie. Plus tard, en 2009, elle est nommée secrétaire générale du conseil de la création artistique présidé par le président de la République, Nicolas Sarkozy, et animé par Marin Karmitz.GarantiesCarine Camby a également été active dans le domaine de la santé : en 2003, elle a pris la tête de l’établissement français des greffes, qui deviendra l’agence de biomédecine. En 2008, elle a également été chargée par le premier ministre François Fillon d’une mission auprès du secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wauquiez, et du haut-commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch.Ses responsabilités dans des secteurs jugés sensibles sont vues comme un avantage pour succéder à Agnès Saal, emportée par la polémique sur ses dépenses de déplacements, dénoncés dans une lettre anonyme totalisant 40 000 euros de frais sur dix mois.Le gouvernement était soucieux de trouver un dirigeant qui puisse donner des assurances de gestion de l’argent public. Le profil de Carine Camby, issue de la Cour des comptes, est jugé favorable.À l’INA, le successeur d’Agnès Saal devra signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises. La négociation avec le ministère pourrait être retardée si le « COM » est modifié par le nouvel arrivant. À l’INA, les personnels, qui avaient déjà changé de dirigeant début 2014 avec le départ de Mathieu Gallet à Radio France, attendent de la continuité.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Samuel Laurent, Maxime Vaudano et Leila Marchand « L’analyse des unes de newsmagazines est une science ancienne et assez inexacte », ironise Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point. On détecte pourtant certaines tendances quand on dénombre, comme LeMonde.fr l’a fait, les 273 couvertures publiées sur un an (du 1er mars 2014 au 9 avril 2015) par cinq hebdomadaires généralistes français :Le Nouvel Observateur (du groupe Le Monde, 448 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 46 000 en kiosques),L’Express (400 000 ex., dont 54 000 en kiosques),Le Point (381 000 ex., dont 72 000 en kiosques)Marianne (155 803 ex. dont 67 374 en kiosques)Valeurs actuelles (112 000 ex., dont 25 000 en kiosques)(Voir notre méthodologie détaillée en fin d’article)Parmi les 14 catégories définies, on constate une part importante de sujets dits « magazine », qui ne sont pas liés à l’actualité, politique ou autre. Notamment dans les unes de la catégorie culture/loisirs/santé/« marronniers », qui inclut l’histoire ou le cinéma, mais aussi les sujets récurrents comme les palmarès et classements sur l’immobilier. #container_14309925725{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309925725{ height:500px; } #container_14309925725 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309925725 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309925725 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309925725 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Répartition des sujets de "une" des newsmagazinesPar thèmes, en %, sur un an et une sélection de cinq titres. Cliquez sur un élément de la légende pour filtrer l'affichage.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309925725", backgroundColor: 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Et en particulier un tiers des unes de L’Express, un quart de celles de L’Obs et 27 % de celles du Point.« Les unes d’actualité politique pure vendent moins bien ces temps-ci », explique Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en précisant que son titre est le seul des trois grands hebdomadaires à avoir titré sur les élections départementales après le 1er tour, en évoquant « La Gauche en ruines ». Cette même semaine, Le Point avait fait sa une sur Winston Churchill et L’Obs sur les mémoires des époux Klarsfeld (avec toutefois un entretien évoquant la montée du Front national).« La période est peu favorable au politique. Il y a une désaffection, on la voit dans les chiffres de vente, abonde Etienne Gernelle. Michel Onfray vend mieux que Hollande ou Sarkozy. » Le numéro du 12 mars sur « Le Philosophe qui secoue la France » a permis au Point d’écouler « 30 % d’exemplaires en plus que la moyenne », alors que la dernière couverture consacrée au président de la République (« Et maintenant on fait la sieste ? », le 2 avril) a fait l’objet d’une vente « normale ».Les unes géopolitiques ont également des résultats de vente incertains, selon le patron de L’Express. Christophe Barbier note un paradoxe : « Les gens demandent de l’actualité internationale mais ne l’achètent pas forcément… » Les sujets internationaux sont donc mis en avant quand l’actualité l’impose vraiment, résume le directeur de L’Express, citant en exemple « Poutine super-tsar » (paru en janvier 2014, et donc absent de notre étude).Moins de « marronniers » et de francs-maçons qu’on ne croitEvoquer les sujets hors actualité, pour les hebdomadaires, fait immédiatement penser aux « marronniers », ces sujets que l’on a l’impression de voir revenir sans cesse : le classement des meilleurs lycées, les francs-maçons… Pourtant, la pratique a changé et s’est éloignée de certains clichés, insistent les dirigeants de newsmagazines. « Cela fait plusieurs années que nous n’avons pas fait de couverture sur les francs-maçons. Idem pour les classes moyennes. Pourtant, on nous en parle toujours. Il y a chez les gens un effet de persistance rétinienne », s’amuse Etienne Gernelle. De fait, aucun newsmagazine n’a mis les francs-maçons en une depuis plus d’un an. #container_14309930038{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309930038{ height:500px; } #container_14309930038 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309930038 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309930038 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309930038 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les sujets "magazine" dans les newsmagazinesVentilation des 53 unes de la catégorie "culture/loisirs/santé/marronniers dans les cinq newsmagazines étudiés. (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309930038", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Sexe","Palmarès","Alimentation","Tourisme","Immobilier","Culture","Santé","Portrait","Psycho","Vie pratique","Histoire"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de unes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 5 ], [ "", 7 ], [ "", 7 ], [ "", 9 ], [ "", 11 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " unes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Les gros marronniers, il en reste peu, expose Christophe Barbier de L’Express. Nous en avons surtout gardé deux : le ‘spécial immobilier’, deux fois par an, et le classement des hôpitaux, qui est pour les lecteurs un service dans un domaine important. » Le classement des lycées n’existe désormais plus que sous la forme d’un moteur de recherche sur le site de L’Express, explique M. Barbier.Le refus des marronniers est un parti pris beaucoup plus franc pour Valeurs actuelles. Son directeur, Yves de Kerdrel, raille les couvertures des autres hebdos sur la santé ou les derniers jours d’Hitler. Chez Valeurs actuelles et Marianne, deux titres au tirage plus faible, les sujets culture/loisirs/santé/« marronniers » ne représentent que 5,5 % et 10 % des unes.« Ces sujets sont guidés par les régies publicitaires. Et ils se vendent même parfois plus mal que la moyenne ! », critique M. Kerdrel, citant le cas de l’immobilier. L’Express affirme que son « spécial immobilier » ne répond pas à un impératif de publicité (les budgets seraient intéressants en mars à l’occasion d’un salon de l’immobilier, mais pas tellement en septembre) mais de diffusion. Selon M. Barbier, le moteur des ventes est local : l’édition nationale du numéro sur l’immobilier de septembre réalise une performance moyenne, mais les 36 éditions régionales apportent un plus qui fait de ce numéro « une des meilleures ventes de l’année ». D’autres dossiers sont plus directement réalisés par les hebdomadaires pour des raisons de la publicité (sur les vins, le numérique ou les flottes automobiles d’entreprises) mais ils sont très rarement en une, note-t-il.« C’est un pur métier d’offre. On ne sait pas vraiment ce que souhaitent les gens. On est souvent surpris quand on essaye de deviner les ventes, philosophe Etienne Gernelle. Les gens imaginent qu’on a des experts marketing et des recettes mais ce n’est pas le cas. Il faut donc une stratégie de long terme. »L’histoire, la psychologie et la morale sont « tendance »Parmi les sujets « magazine », on trouve beaucoup de thèmes historiques (11 unes), mais aussi de vie pratique et de conseils (« manuel de culture générale », « comment éviter le burn-out »…) Les sujets psycho (« la revanche des introvertis », « les hypernarcissiques ») sont également souvent tentés. Autre tendance : le grand portrait d’un artiste ou d’un intellectuel. Parmi les titres, chacun a ses spécialités : Le Point aime par exemple les dossiers historiques (Hitler, chute de Rome, Débarquement de 1944…). L’Express se pique de sujets psycho (« L’esprit qui soigne le corps », « Les Hyper narcissiques », « Les Manipulateurs »…). L’Obs navigue entre les deux, mais garde une appétence pour les valeurs sûres que sont « Les Diplômes qui donnent du travail » ou « Immobilier, pourquoi acheter ? »« L’histoire, c’est une tendance de longue date au Point, confirme M. Gernelle. Notre stratégie, c’est de proposer du fond. Et donc d’écrire souvent sur des intellectuels : des philosophes des historiens… » « Il y a deux ans, nous avons choisi de relancer la thématique psychologique sous l’angle de l’univers personnel, explique de son côté Christophe Barbier, de L’Express. Le domaine avait fait de belles performances il y a dix ans avec des psychologues comme Marcel Rufo ou Boris Cyrulnik, notamment sur la question du bonheur. Aujourd’hui, il faut trouver les nouvelles tendances. »M. Barbier estime que les couvertures sur les pervers narcissiques, ou celle sur le « burn-out » ont réalisé de très bons scores, en augmentant les ventes de 20 à 30 % par rapport à un numéro comparable. Dans le même esprit, L’Express a fait sa dernière couverture sur l’éducation : « Comment rendre nos enfants heureux ? ». Le Point a déjà titré sur « Les Jaloux, enquête sur une maladie qui gâche la vie » et L’Obs sur « La Revanche des introvertis ».« Les philosophes sont à la mode », constate enfin M. Barbier. « Les questions sur la République, les valeurs, la France, la laïcité, cela préoccupe les gens, estime M. Gernelle. On voit d’ailleurs que le Nouvel Observateur a consacré sa une à Emmanuel Todd (pour son livre Qui est Charlie ?). » Le directeur du Point affirme ne pas avoir mis Alain Finkielkraut ou Michel Onfray en couverture pour les ventes, mais note que ces numéros ont bien fonctionné. « Il y a cinq ans, la une que nous avions dédiée à Michel Onfray, pour son livre sur Sigmund Freud, s’était moins bien vendue », compare-t-il. La catégorie « valeurs et morale » comprend ainsi 29 unes des cinq newsmagazines étudiés, en un an. Les frontières entre catégories sont parfois poreuses et les questions de « valeurs » rejoignent des enjeux politiques : c’est clair avec des auteurs comme Michel Houellebecq, Michel Onfray, Alain Finkielkraut ou Emmanuel Todd, tous liés aux débats sur la laïcité et l’islam, notamment. Idem pour des unes de l’hebdo de droite Valeurs actuelles comme « Zemmour l’insoumis - comment Le Suicide français annonce la révolte d’un pays qui refuse de mourir » ou « De l’ordre - Etat, banlieues, école, les Français veulent de l’autorité ». Dans le même esprit, Le Point a mis en une « Les mal-élevés - Comment ils font la loi dans les transports - Sarkozy, Hollande et le savoir-vivre », quand Marianne titrait « Laïcité - pourquoi il faut se ressaisir » ou distinguait « Vrais et faux rebelles - De B comme Booba à Z comme Zemmour ».Leila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Leila Marchand, Maxime Vaudano et Samuel Laurent On ne sait pas si les couvertures des hebdomadaires sont des indications fiables sur la politique française, mais on y distingue certaines tendances. Celle-ci occupe encore environ un tiers des « unes » des magazines d’actualité français : sur un total de 273 couvertures analysées sur l’année écoulée par Le Monde.fr, pour cinq titres généralistes – L’Obs, L’Express, Le Point, Marianne et Valeurs actuelles –, 49 ont concerné François Hollande ou son gouvernement, 36 l’UMP ou son président, Nicolas Sarkozy, et 12 Marine Le Pen et le Front national. Dans le détail, L’Obs et L’Express ont consacré 20 % de leurs « unes » à François Hollande ou ses ministres, derrière le droitier Valeurs actuelles, qui leur a consacré 25 % de ses couvertures. Marianne et Le Point sont plus distants, avec respectivement 13 % et 10 %. Quant à la droite, Marianne y a consacré 17 % de ses « unes », devant Valeurs actuelles (15 %), Le Point (14,5 %), L’Express (12 %) et L’Obs (10 %).Si on regarde uniquement qui figure en photo, François Hollande, avec 21 « unes », est devant Nicolas Sarkozy (19), le premier ministre Manuel Valls (10), Marine Le Pen (9) et l’UMP Alain Juppé (6).Les politiques ne font plus vendre« Mais il y a des cycles et en ce moment, la politique n’intéresse pas beaucoup les lecteurs, si l’on se fie aux ventes », prévient Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point (381 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 72 000 en kiosques). Une tendance constatée également par d’autres confrères, comme Christophe Barbier, patron de L’Express (400 000 exemplaires, dont 54 000 en kiosques).La désaffection des lecteurs touche notamment Nicolas Sarkozy, qui pourtant a longtemps été réputé très porteur en kiosques, note M. Gernelle : « Qu’on en dise du bien ou du mal, il a toujours bien vendu, jusqu’en septembre 2011. Depuis, c’est très variable. » La « une » sur la tribune de l’ex-chef de l’Etat avant les européennes, le 21 mai 2014, avait fait un très bon score, selon le directeur du Point, mais celle du 18 septembre 2014 (« C’est plus fort que lui ») a affiché un chiffre moyen en kiosques.« Le retour de Sarkozy à l’automne dernier n’a pas fonctionné en kiosques, abonde Christophe Barbier. L’intérêt des lecteurs est faible. » « Les sujets récents sur la droite et Nicolas Sarkozy ne vendent pas bien. Il y a eu un décrochage à l’automne », estime également Yves de Kerdrel, directeur de Valeurs actuelles (112 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 25 000 en kiosques). Il cite le mauvais score de la couverture « On se réveille », sur le nouveau président de l’UMP, le 12 février 2015. Selon le journaliste, « la droite ne parle pas assez d’idées et trop de politicailleries », ce qu’aurait confirmé en juin 2014 une nouvelle étude de lectorat de l’hebdomadaire de droite. Les lecteurs plébisciteraient davantage les sujets sur les valeurs, l’école ou le travail.La tentation du dénigrement présidentielSi l’on étudie les mots des titres de « une » consacrés à Nicolas Sarkozy, on trouve un vocabulaire moins négatif que pour François Hollande, même s’il reste peu amène (« boulet », « récidiviste », « Terminator »…) Les trois dirigeants de magazine interrogés notent toutefois les bons scores obtenus par leurs « unes » consacrées à Alain Juppé, certes plus rares.A la fois politiques et aux affaires, François Hollande et son gouvernement ne génèrent pas des ventes en kiosques exceptionnelles, selon les patrons d’hebdo. « Ceux qui avaient beaucoup donné dans le “Hollande bashing” ont depuis un peu retenu leurs coups », s’amuse Christophe Barbier.Le Point avait, au début du mandat du nouveau président, fait des « unes » très « moqueuses », reconnaît Etienne Gernelle. « Mais, depuis que François Hollande a fait un demi-tournant de la rigueur économique, on a été un peu moins virulent avec lui », explique-t-il.« Le “gauche-bashing”, ça remarche bien depuis le début de l’année 2015 », estime cependant le directeur de Valeurs actuelles, journal de droite qui fait figure de spécialiste du genre. Yves de Kerdrel liste une couverture en janvier, une en mars et une titrée « Les pigeons de Hollande », dont il est particulièrement content.Un ton qui rejoint le champ lexical employé par les magazines d’actualité envers le chef de l’Etat : « faillite », « sieste », « trahison »… Voici une représentation graphique des mots employés sur les « unes » des news magazines pour évoquer François Hollande : Le Front national fait plutôt recette« Marine Le Pen n’a jamais fait vendre autant de journaux que son père. Mais les couvertures sur la thématique du FN font des scores stables », selon Christophe Barbier. La « une » de L’Express « Pourquoi le pire est possible », en novembre, aurait vendu autour de 10 % au-dessus de la moyenne.La couverture du Point sur le Front national après les européennes de mai 2014 avait aussi fait un très bon score de vente, note M. Gernelle, mais ce chiffre traduit le choc du score élevé du parti d’extrême droite au scrutin, et le numéro a bénéficié de révélations sur l’affaire Bygmalion, relativise-t-il.Valeurs actuelles assure n’avoir consacré à Marine Le Pen que deux « unes », lors des départementales et lors du conflit avec son père, pour « ne pas prêter le flanc » aux critiques. Habitué des couvertures coup de poing très hostiles à l’islam ou aux Roms, le titre est déjà régulièrement accusé de faire le jeu de l’extrême droite.Pour l’instant, Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de la présidente du FN, n’a fait l’objet que d’une couverture d’hebdomadaire : celle de L’Express, le 18 mars, sous le titre « L’effrontée nationale ». Celle-ci n’aurait pas fait un carton, plutôt une « bonne vente moyenne », selon M. Barbier. Mais d’autres couvertures pourraient suivre.Retrouvez Les Décodeurs sur @decodeursLeila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Raphaëlle Besse Desmoulières et Alexis Delcambre C'est désormais officiel : le bras droit de Cécile Duflot, Stéphane Sitbon-Gomez, rejoint France Télévisions comme directeur de cabinet de la nouvelle présidente, Delphine Ernotte.A 27 ans, celui que tout le monde surnomme « Yop » à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) choisit ainsi de tourner la page de près de quinze ans de militantisme politique. « Une nouvelle vie commence pour moi », explique-t-il au Monde.Directeur de cabinet de Cécile Duflot au conseil régional d'Ile-de-France en 2010 puis directeur de campagne d'Eva Joly à la présidentielle deux ans plus tard, il devient « conseiller spécial » de la ministre du logement en 2012. Depuis que sa « patronne » avait claqué la porte du gouvernement en 2014, il affirmait vouloir prendre du recul et ne plus dépendre de la politique pour vivre. C’est désormais chose faite.Lire : Stéphane Sitbon-Gomez, jeune prodige des VertsC’est Denis Pingaud, le précieux conseiller de Delphine Ernotte, qui les a mis en relation. L’homme avait découvert Stéphane Sitbon-Gomez au moment de la création d’EELV, qu’il avait accompagnée, en 2010.Stéphane Sitbon-Gomez n’était pas sans lien avec France Télévisions puisqu’il avait, en 2014, coécrit la fiction participative Anarchy (en partie diffusée par Le Monde), avec l’équipe des Nouvelles écritures de l’entreprise publique. Une expérience en lien avec son sens politique, et son aisance avec le numérique et les nouveaux modes de communication.C’est désormais un rôle très différent qui l’attend. Mais son profil est un premier signal : Delphine Ernotte est en quête de profils neufs, à l’heure où France Télévisions doit notamment renouer avec la jeunesse.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Éphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Après avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 09h32 • Mis à jour le20.05.2015 à 16h30 | Alexis Delcambre Laurent Vallet a été nommé, mercredi 20 mai en conseil des ministres, à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Le directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) a été choisi pour succéder à Agnès Saal, démissionnaire, à la présidence de l’INA.Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, de l’Ecole des hautes études commerciales de Paris (HEC) et ancien élève de l’Ecole national d’administration (ENA), Laurent Vallet, 45 ans, présente une double légitimité, financière et culturelle. Sa carrière a commencé à Bercy (1995-2002), avec notamment un passage au cabinet du ministre Laurent Fabius.En 2002, il est devenu directeur général de l’IFCIC, un établissement de crédit spécialisé dans le financement des industries culturelles, qui gère un encours de près de 800 millions d’euros. Il s’y est créé un solide réseau dans le monde culturel. En juin 2013, la ministre de la culture Aurélie Filippetti lui confiait un rapport sur les relations entre producteurs et diffuseurs.Lire aussi : Le rapport Vallet propose un équilibre renouvelé entre chaînes et producteurs En mars 2014, il est une première fois candidat à la présidence de l’INA, que Mathieu Gallet vient de quitter pour celle de Radio France. Mais Mme Filippetti lui préfère Agnès Saal. Les déboires de celle-ci, poussée à la démission en avril à la suite d’un scandale public sur ses notes de taxi, offrent une seconde chance à M. Vallet.Lire aussi :Le souhait d’« exemplarité » du gouvernement a eu raison d’Agnès SaalC’est un temps Carine Camby, déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, qui a paru tenir la corde. Mais au ministère, on explique que c’est l’expérience de M. Vallet dans le secteur culturel qui a finalement fait la différence.Cette nomination achève la reconfiguration de l’audiovisuel public, après celles de Mathieu Gallet (38 ans) à Radio France et de Delphine Ernotte (48 ans) à France Télévisions – soit un profond rajeunissement des présidences.A l’INA, M. Vallet aura la délicate mission d’apaiser une maison déstabilisée par la démission de sa présidente, victime d’une dénonciation anonyme. Il lui faudra aussi signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises.Agnès Saal de retour au ministère de la cultureAprès avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.Martin Ajdari nommé à la DGMICÉphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre TF1 se regarde désormais massivement hors antenne. En avril 2015, selon Médiamétrie, plus de 9 millions de téléspectateurs ont utilisé son offre de « replay » depuis leur téléviseur, et 7 millions depuis leur ordinateur. Pour accompagner ces nouveaux usages, qui ont généré 1,4 milliard de visionnages en 2014, le groupe audiovisuel lance, lundi 25 mai, une refonte complète de son offre numérique, désormais unifiée sous la marque MYTF1.Les barrières installées par l’Autorité de la concurrence après le rachat des chaînes NT1 et TMC ayant expiré, MYTF1 rassemble désormais les contenus issus des quatre chaînes en clair du groupe (HD1, NT1, TF1, TMC) – ce qui lui permet mécaniquement de doubler le nombre de programmes proposés, pour atteindre 160 par mois.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Structuration par programme plutôt que par chaîne, design épuré, enchaînement automatique des vidéos, continuité d’un appareil à l’autre : les équipes de TF1 se sont inspirées des plates-formes comme Hulu ou Netflix pour imaginer ce nouveau MYTF1, qui sera proposé à travers les boxes des fournisseurs d’accès – y compris Numericable, dont MYTF1 était jusqu’ici absent –, disponible en ligne (PC, mobile, tablette) et sous forme d’application Android, iOS et Windows.Vous êtes un inconditionnel de « MasterChef » ? Vous trouverez sur une même page les dernières émissions, des bonus, des informations sur le programme et des vidéos « pur Web » sur la cuisine, issues du partenariat de TF1 avec Finder Studios. Si vous préférez la série « Les Experts », vous trouverez les dernières saisons diffusées, mais aussi l’accès, en vidéo payante à la demande (VOD), à la dernière saison diffusée aux Etats-Unis et pas encore en France.Forte progression de la VODPour TF1, le replay constitue un « complément d’audience », qui peut dépasser 20 % de l’audience linéaire dans certains cas. Pas de lien, donc, aux yeux de la chaîne, entre le succès de ces services et la légère érosion des audiences (21,3 % de part en avril, soit 1,5 point de recul en un an).La chaîne en attend évidemment des recettes, même si elle refuse de communiquer ses objectifs. Deux ou trois spots publicitaires sont diffusés avant chaque programme (« preroll »), et jusqu’à 120 secondes en « midroll » (au milieu des programmes). Des formats d’habillage de page sont aussi proposés aux annonceurs, pour les associer à tel ou tel programme. L’insertion de vidéos de marques (« brand content ») est une option.Lire aussi :Wild Bunch et TF1 s’engouffrent dans l’e-cinémaAutre source de recettes : la VOD. Selon TF1, le chiffre d’affaires en la matière a progressé de 38 % en 2014 et atteint « plusieurs dizaines de millions d’euros ». Vendredi 22 mai, MYTF1 proposera le film Adaline (6,99 euros le visionnage) avant sa sortie en salles en France, imitant ainsi les pratiques d’acteurs comme Amazon ou Netflix. Adaline rejoindra le film Son of Gun, proposé selon les mêmes modalités depuis début mai. D’autres sorties similaires sont prévues ces prochains mois.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.05.2015 à 20h39 • Mis à jour le18.05.2015 à 20h51 « Je ne serai plus Charlie Hebdo mais je serai toujours Charlie. » C’est par ces mots que le dessinateur Luz a annoncé, lundi 18 mai, dans une interview à Libération, son intention de quitter l’équipe de Charlie Hebdo.Le dessinateur se dit « phagocyté par mille choses, le deuil, la douleur, la colère », qui l’empêchent, dit-il, de s’intéresser à l’actualité. « C’est un choix très personnel », assure-t-il, alors que l’annonce de la mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui, la semaine dernière, avait ravivé les tensions qui existent dans la rédaction des « survivants », confrontée à la difficulté de rebâtir une équipe amputée depuis l’attentat du 7 janvier, et à l’afflux d’argent qui leur avait été versé en soutien.Lire l'interview de Riss :« La vie à “Charlie” n’a jamais été un fleuve tranquille »Quelques jours avant son entretien à Libération – qui accueille toujours l’équipe de Charlie Hebdo dans l’attente de son prochain déménagement dans de nouveaux locaux – Luz avait confié au Monde que trouver « des idées marrantes sur la politique française » lui demandait aujourd’hui énormément d’« énergie ». « Je me rends compte que la politique française, hormis la montée du FN, est particulièrement inintéressante », avait-t-il ainsi expliqué. « Cela a toujours le cas, mais on se réfugiait derrière le principe que le ridicule demeure un bon terrain humoristique. Là, j’ai un peu de mal… », confiait-il.« C’est aussi dû au fait que “Charlie” est désormais au cœur du débat politique. C’est difficile de se dessiner en tant que sujet. »A la fin d’avril déjà, le dessinateur avait annoncé dans les Inrockuptibles qu’il ne dessinerait plus le personnage de Mahomet, qu’il avait notamment croqué en « une » du premier numéro de Charlie Hebdo paru après les attentats de janvier. « Je m’en suis lassé, tout comme celui de Sarkozy. Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner », expliquait-il alors.« Chaque bouclage est une torture »A Libération, il raconte :« Chaque bouclage est une torture parce que les autres ne sont plus là. Passer des nuits d’insomnie à convoquer les disparus, à se demander qu’est-ce que Charb, Cabu, Honoré, Tignous auraient fait, c’est épuisant. »Il assure également que « cette réflexion sur le départ date d’il y a longtemps », mais qu’après les attentats il a « suivi par solidarité, pour laisser tomber personne. Il n’y avait plus grand monde pour dessiner ». « Si l’actu ne t’inspire plus, tu peux toujours dessiner, c’est presque pavlovien, mais tu vas refaire une idée que tu as déjà faite. »« Cette idée du départ, ajoute-t-il dans Libération, elle est aussi dans cette angoisse : la peur d’être mauvais. » Au Monde il avait ainsi évoqué le souhait de « passer à autre chose » et de s’éloigner d’une forme de routine professionnelle.« Après vingt ans de carrière, on a beau expérimenter des formes d’expression nouvelles, on finit par s’enfermer dans une sorte de train-train », expliquait ainsi celui qui publie mercredi Catharsis, un album de dessin personnel qui, dit-il, lui a fait du bien. « Pour la première fois, je n’avais pas peur d’une page blanche », confie-t-il à Libération.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journal Alexandre Piquard « Il faut faire ensemble un bon journal chaque semaine. Le reste, c’est de l’intendance… » Cette devise caricature à peine l’état d’esprit de Riss. Entré au journal en 1992, l’ancien numéro deux de Charlie Hebdo en est devenu le directeur après l’attentat du 7 janvier 2015 qui a décimé l’équipe. Encore occupé à rééduquer son épaule touchée par balle, escorté de plusieurs policiers, le dessinateur fait face à une contestation de salariés du journal, qui réclament un fonctionnement plus collectif. Réputé pour la rigidité de son caractère, plus intéressé par le contenu que par les débats juridiques ou économiques, Riss se dit ouvert au dialogue. Mais assume aussi ses choix.Le symbole le plus récent de la crise à Charlie Hebdo est la lettre de convocation à un entretien préalable de licenciement envoyée à la journaliste Zineb El Rhazoui. « Elle n’assure pas les obligations de son contrat de travail de façon satisfaisante. Cela pose des problèmes concrets au fonctionnement de la rédaction, justifie Riss. Des remarques lui ont été faites. J’en ai eu marre. J’ai demandé à notre avocat quoi faire. J’espère que le courrier envoyé remettra les choses sur les rails. »Après la parution d’un article du Monde.fr le 14 mai, la direction de Charlie Hebdo a toutefois annulé la convocation et adressé à la journaliste franco-marocaine un « courrier de rappel de ses obligations ». Il s’agit notamment de « sa présence aux conférences de rédaction ou des délais de rendu de ses articles », décrit Riss.La direction ne s’est-elle pas montrée trop dure face à une journaliste menacée de mort en février par des islamistes ? « Avant le 7 janvier, c’était pareil : elle écoutait peu les remarques, répond Riss. C’est vrai que la solennité du courrier confère une gravité. Mais on n’a pas envie de virer des gens. Si on en arrive à ce genre de procédure, à Charlie – journal peu répressif –, c’est qu’il y a quelque chose. » C’est le paradoxe qu’a aussi souligné Zineb El Rhazoui, tout en reconnaissant être « une grande gueule ».« Ce qui est agaçant, c’est que, par ailleurs, au journal, toute l’équipe est sur le pont, même si la rédaction est hantée par le 7 janvier et que tout le monde est suivi par un psy », poursuit le directeur de la publication. « C’est un problème de méthode de travail. J’ai embauché Zineb avec Charb (en 2011), je n’ai rien contre elle, elle fait de bons articles », assure Riss, qui ironise en rappelant avoir, lui aussi, fait à Charlie Hebdo l’objet d’une rare « mise à pied », pour « des conneries » ; il s’était « bousculé avec quelqu’un ».« Citadelle excédée »Il n’empêche, le cas de Zineb El Rhazoui a été présenté comme emblématique de la tension qui oppose depuis plusieurs mois la direction à une partie des salariés, réunis dans une association, qui demandent davantage de transparence sur l’argent du journal. Mais Riss n’estime pas que la direction se comporte en citadelle assiégée, au mieux en « citadelle excédée ».Le directeur évoque une piste de réponse aux revendications de l’équipe : la direction « étudie » le statut de « société solidaire de presse », né d’une loi d’avril 2015. Ainsi, Charlie Hebdo s’engagerait à réinvestir chaque année au minimum 70 % de son résultat, qui ne pourrait être distribué aux actionnaires. Le taux serait même de 100 % en 2015, année hors norme qui a vu les ventes en kiosques grimper jusqu’à 8 millions d’exemplaires, avant de retomber à 170 000 exemplaires.Avec 270 000 abonnements et un objectif à terme de 100 000 exemplaires vendus, Charlie prévoit de finir l’année avec 10 à 15 millions d’euros d’excédent sur lesquels s’appliquerait un impôt sur les sociétés d’un tiers. « Cet argent, c’est une sécurité », estime Riss, qui souhaite faire vivre le journal de ses ressources. En outre, les 4,3 à 4,5 millions d’euros de dons reçus doivent aller aux victimes de tous les attentats de janvier et à leurs familles, le ministère de l’économie ayant « donné son accord ». L’argent sera réparti par un comité de personnalités indépendantes, juristes ou fonctionnaires, décrit le directeur.Autre sujet sensible, les salariés du collectif revendiquent l’ouverture du capital, voire l’adoption d’une forme coopérative. Riss se dit ouvert à une discussion, mais « en septembre, après la nouvelle formule du journal ». « Aujourd’hui, j’aurais peur que nous prenions des décisions sous le coup de l’émotion », déclare celui qui détient 40 % du capital, le directeur financier, Eric Portheault, possédant 20 % – les derniers 40 % revenant à la famille de Charb. « On ne pourra pas rester à seulement deux actionnaires. Il y aura une ouverture du capital », assure Riss, tout en reconnaissant s’être déclaré « pas trop favorable » à ce que « tout le monde » détienne des parts de façon directe. Les pistes seraient l’ouverture du capital à certains membres de l’équipe ou à une société qui représenterait les salariés.DéfianceLe projet de fondation pour le dessin de presse a, lui, été « mis en suspens » car « la priorité, c’est le journal », explique Riss. L’avocat Richard Malka, qui s’y était impliqué, a désormais décidé de s’en tenir à un rôle de défense du titre dans les affaires de droit de la presse.Alors que Zineb El Rhazoui n’hésite pas à qualifier la direction d’« oligarchie » qui exercerait un pouvoir autiste, Riss relativise : « Je ne vois pas ce que la direction a fait de grave ou d’important depuis le 7 janvier sans l’avis des salariés. Ce sont des discours un peu théoriques. » La défiance qui s’est installée n’empêche-t-elle pas la suite de Charlie ? « Il y a plus de confiance qu’on veut le dire, croit Riss. Il n’y a pas de divergence éditoriale. Nous avons fait une réunion il y a quinze jours sur l’avenir du journal. On voulait tous faire la même chose. » Un nouveau site Web est en préparation.Riss aimerait un Charlie qui ait plus souvent « une longueur d’avance sur les sujets et l’actualité ». Il a pu envier des sujets parus ailleurs. Sur « l’insécurité culturelle », de Laurent Bouvet, par exemple. Certains n’ont-ils pas vu dans ce concept une tentative d’importer à gauche des idées liées au Front national ? « Cela est un sujet en soi, répond Riss. Comment parler de thèmes viciés par l’extrême droite ? C’est comme la laïcité. Il faut aborder des thèmes inconfortables. »Une autre urgence reste de trouver une « nouvelle génération » de dessinateurs, « comme Cabu quand nous sommes entrés au journal, Charb, Luz et moi, en 1992 ». Et de garder le « ton Charlie », « joyeux ». « Il faut faire chaque numéro comme si c’était le numéro un », insiste Riss, pour qui « la vie à Charlie Hebdo n’a jamais été un long fleuve tranquille ».Le désormais seul directeur du journal n’est-il pas trop autoritaire et exigeant pour la période que traverse le journal ? « C’est un cap. Il ne faut pas louvoyer. C’est vrai que je peux être intransigeant, reconnaît Riss. Mais il ne faut pas perdre l’exigence. Mais quand je parle avec Luz ou Gérard [Biard], ou d’autres, on se comprend. » Il a cette phrase, dont il goûte ensuite la petite part d’ironie : « Ce sont les choses difficiles qui sont excitantes. Plus c’est difficile, plus c’est excitant. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.05.2015 à 16h34 • Mis à jour le15.05.2015 à 16h38 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) L’avocat chinois Pu Zhiqiang, figure emblématique du combat pour l’Etat de droit en Chine et ex-défenseur d’Ai Weiwei, a été officiellement inculpé pour « incitation à la haine ethnique » et « provocation de querelles et de trouble » vendredi 15 mai après-midi. L’information a été diffusée par le microblog du parquet populaire de la municipalité de Pékin. M. Pu, âgé de 50 ans, avait été arrêté il y a plus d’un an, le 7 mai 2014, après avoir participé à un séminaire privé pour commémorer les 25 ans des événements de Tiananmen. Il a ensuite subi une détention d’une durée exceptionnelle, durant laquelle le parquet a plusieurs fois renvoyé à la police le dossier pour supplément de preuves, laissant envisager une hypothétique relaxe. Il n’en a rien été. Deux accusations ont toutefois été abandonnées, « l’incitation au séparatisme » et « l’obtention illégale d’information ».Un procès d’ici à deux semainesCette inculpation fait craindre le pire : M. Pu, qui s’était spécialisé dans les cas de liberté d’expression, encourt selon son avocat, Shang Baojun, joint par Le Monde, huit ans de prison. Son procès devrait se tenir d’ici à deux semaines. Or, M. Pu et son équipe de défenseurs ont peu de chances de gagner la partie : la jurisprudence en matière de « dissidents » montre une justice largement instrumentalisée par le parti pour faire taire les critiques, sans aucun souci de cohérence ni d’équité. « Après la journaliste Gao Yu dans le domaine de la presse, le juriste Xu Zhiyong pour la société civile, voici une autre figure connue qui va être lourdement punie pour l’exemple, cette fois pour intimider les autres avocats », explique un diplomate dans une chancellerie occidentale à Pékin. Cette liste qui s’allonge de prisonniers d’opinion jetés derrière les barreaux confirme, de la part du régime et de son nouvel homme fort, une tolérance zéro à la critique, assumée sans vergogne malgré l’indignation des associations des droits de l’homme et des pays démocratiques, asiatiques ou occidentaux. Hasard du calendrier, la nouvelle de l’inculpation de M. Pu est tombée le jour de la rencontre entre le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, en visite officielle à Pékin, et le premier ministre chinois, Li Keqiang. Et la veille de l’arrivée en Chine du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, samedi 16 mai. « Il faudra s’attendre à beaucoup de réactions dans les jours qui suivent puis lors du procès, car le dossier Pu Zhiqiang fait partie de ceux qui sont le plus suivis par les ambassades étrangères », poursuit le diplomate sous couvert d’anonymat. Au début du mois, le département d’Etat américain avait appelé Pékin à libérer Pu Zhiqiang.Lire aussi :Sept années de prison pour la journaliste chinoise Gao YuLa persécution politique en Chine s’abrite toutefois derrière une façade procédurière qui rend difficile les critiques, malgré les vices de procédures et les dénis de droits que ne cessent de répertorier les avocats chinois. Enfin, alors que le très charismatique Pu Zhiqiang faisait partie des rares personnalités mises en avant par les médias chinois les plus progressistes avant sa détention, plus aucune couverture médiatique n’est autorisée sur son cas depuis en Chine, en dehors des dépêches, brèves et vénéneuses, des organes officiels.Blogueur hyperactifLa justice chinoise reproche à M. Pu des messages de microblog – 28 billets exactement – qu’il avait envoyés à ses abonnés entre 2011 et 2014 et qui ont été consignés dans l’enquête parmi des milliers d’autres (M. Pu était un blogueur hyperactif). Ses avocats ont toujours fait valoir qu’ils restaient dans les limites de la liberté d’expression telle que la définit la Constitution chinoise. Leur client est, selon eux, persécuté pour délit d’opinion.Lire aussi :Un avocat chinois menacé de 20 ans de prison pour des tweets« L’incitation à la haine ethnique » concerne des messages diffusés au sujet de la situation dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, qui a basculé depuis 2013 dans une spirale de violence et de répression. Turcophones et musulmans, les Ouïgours s’estiment réduits à des citoyens de seconde zone sur leur propre territoire. Loin de s’en être pris à eux, Pu Zhiqiang avait mis en doute dans ses tweets les informations extrêmement contrôlées et partielles de la propagande sur les attentats de 2014 au Xinjiang – dont un dans la gare d’Urumqi le 30 avril – et dans le reste de la Chine. Il avait aussi critiqué des « politiques absurdes », fondées sur le « contrôle et la vision d’autrui [les Ouïgours] en ennemis » de la part du gouvernement chinois.Quant à la « provocation de querelles et de troubles », elle pourrait renvoyer à un ensemble de moqueries exprimées par Pu Zhiqiang à l’encontre de personnalités politiques mineures très souvent raillées par la blogosphère pour leur manque d’esprit critique et leur soumission au régime – comme le petit-fils de Mao, Mao Xinyu, un haut gradé de l’armée nommé député et dont les internautes moquent continuellement l’incompétence. Dans la Chine de Xi Jinping, comme jamais peut-être depuis des décennies, le parti et son sacro-saint héritage sont intouchables.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.05.2015 à 20h45 • Mis à jour le15.05.2015 à 10h12 | Alexandre Piquard Zineb El Rhazoui, journaliste membre de la rédaction de Charlie Hebdo, a reçu, mercredi 13 mai, un courrier de la direction la convoquant à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, a appris Le Monde. Elle est d’ici là mise à pied. Contactée, la direction refuse de commenter « une procédure en cours et interne », mais insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’une convocation à un entretien, pas d’un licenciement effectif. La décision intervient dans un contexte de tensions entre la direction et la rédaction.Zineb El Rhazoui dit ne pas comprendre le motif du courrier ni la faute grave évoquée et s’étonne de la méthode « bureaucratique » employée, « sans discussion préalable ». « Je suis choquée et scandalisée qu’une direction qui a bénéficié d’autant de soutien après les attentats de janvier fasse preuve d’aussi peu de soutien envers un de ses salariés, qui est sous pression comme tous dans l’équipe et fait l’objet de menaces. »Menaces de mortSociologue des religions, franco-marocaine et militante contre l’islamisme et l’intégrisme, Zineb El Rhazoui, a notamment fait l’objet de menaces de mort de la part d’islamistes, mi février. Visant également son mari, ces menaces ont été dénoncées par des sociétés de journalistes. Par ailleurs scénariste de La Vie de Mahomet, dessiné par Charb, Mme El Rhazoui vit depuis sous protection renforcée, à Paris.« Mon mari a perdu son emploi car des djihadistes ont dévoilé son lieu de travail, il a dû quitter le Maroc, je suis menacée, je vis dans des chambres d’amis ou à l’hôtel et la direction envisage de me licencier... Bravo Charlie », ironise Zineb El Rhazoui.Conditions chaotiquesSans préjuger du motif du courrier reçu, Mme El Rhazoui explique qu’elle n’a pas pu travailler normalement depuis les attentats qui ont décimé la rédaction en janvier. « Je ne suis pas la seule. On ne peut pas reprocher aux gens d’aller mal et de ne pas se comporter en bons ouvriers, on vit dans des conditions chaotiques. C’est impossible de faire des reportages sous protection policière... », explique-t-elle.Avant janvier, Zineb El Rhazoui réalisait pour Charlie Hebdo des reportages en France et à l’étranger, notamment en Afrique, souvent sur les religions. Elle a été recrutée en 2011 pendant les « printemps arabes ». Auparavant, elle a été militante au Maroc, opposée au régime ou au ramadan, via notamment le mouvement alternatif pour les libertés individuelles, qu’elle a confondé. Elle a aussi été très active au sein de l’association Ni putes ni soumises.Depuis janvier, Mme El Rhazoui est souvent apparue dans les médias, notamment au « Grand Journal », afin de défendre la laïcité contre l’islamisme ou le droit au blasphème, des thèmes liés à Charlie Hebdo et aux attentats, comme lors de conférences, à Chicago, Montréal ou Paris.« Mesure punitive »Au fond, Mme El Rhazoui s’estime aujourd’hui victime d’une « mesure punitive » pour avoir contesté la direction actuelle de Charlie Hebdo. Elle a fait partie des signataires d’une tribune parue fin mars dans Le Monde demandant une « refondation » du journal et une gouvernance – ainsi qu’une structure de capital – beaucoup plus collégiale qu’aujourd’hui. Le capital est actuellement détenu à 60 % par le directeur de la publication Riss et le directeur financier Eric Portheault. Ils travaillent de façon assez étroite avec le rédacteur en chef Gérard Biard (L’avocat Richard Malka, proche de la direction et notamment actif dans un projet de fondation, a lui fait savoir début avril qu’il se concentrerait désormais sur les dossier de droit de la presse du journal).La tribune des journalistes – qui ont créé une association – n’avait pas plu à la direction, qui s’est estimée injustement visée. Un e-mail a été envoyé aux signataires, leur demandant de ne pas émettre de critiques à l’extérieur. Par ailleurs, les salariés ont été consultés sur leur vision du futur du journal, dans l’optique d’une future nouvelle formule.« Après une phase où on pensait qu’une vraie discussion avait repris, les choses ne passent aujourd’hui pas bien », estime un journaliste signataire de la tribune.« Pas d’explication »Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie, est furieux du courrier envoyé à Zineb El Rhazoui : « On est tous encore en train de gérer l’après-attentat. Convoquer des membres de l’équipe qui sont encore dans des souffrances incroyables, c’est méchant et déloyal. »« Recevoir des prix pour la liberté d’expression et convoquer des journalistes menacés, c’est paradoxal, ajoute-t-il. Et on n’a pas d’explication alors que journal se veut alternatif et socialement irréprochable... »Un autre journaliste s’indigne du sort réservé à Zineb El Rhazoui, qui est une « grande gueule » mais qui « s’est exposée et mise en danger depuis des années » pour écrire un livre comme celui sur Mahomet avec Charb ou pour ramener des reportages.« Je suis très surpris d’une décision aussi bête et méchante, mais pas au sens de Hara-Kiri... critique-t-il. La méthode est incroyable pour Charlie. C’est violent. » La réaction de la direction sous-entend qu’il pourrait ne pas s’agir de licencier Zineb El Rhazoui, simplement de la rappeler à l’ordre et à ses devoirs envers le journal. Cette dernière ne décolère pas et estime que « si c’était le cas, on aurait dû discuter... ».A lire aussi (édition abonnés) : « Charlie Hebdo » : le casse-tête de la reconstruction Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florent Bouteiller SAMEDI 16 MAI Moto Allez, pleins gaz sur les championnats du monde de vitesse. Au Mans, lors du Grand Prix de France, Louis Rossi et Alexis Masbou espèrent faire ronronner comme il se doit leur moteur à domicile. Décibels assurés et belles batailles en perspective sur le circuit sarthois. (12 h 30, Eurosport.) Rugby Eux aussi vont mettre la gomme. Troisièmes à 1 point de Clermont, les mastodontes du Stade toulousain n’ont pas d’autre choix que d’écraser les pauvres Grenoblois, cantonnés dans la zone rouge du Top 14 (11e). Si la 2e place semble à portée des Toulousains, on voit mal Toulon, intraitable sur toutes les pelouses des royaumes de France et d’Europe, perdre son Bouclier de Brennus. (14 h 35, Canal+.) Tir à l’arc Les archers de France et de Navarre devront avoir un bon coup d’œil. Le domaine victicole de Saint-Hilaire (Var) accueille la fine fleur nationale du tir à l’arc. Sept cents concurrents sont attendus en plein cœur de la Provence verte, et 21 arbitres. Des stands consacrés à la gastronomie provençale ou à l’archerie seront érigés. Mais, à coup sûr, celui qui attirera le plus de monde, c’est celui de l’école de kinésithérapie de Marseille qui propose des massages. De quoi joindre l’utile à l’agréable. Cyclisme C’est un bon coup de pédale que devra mettre Alberto Contador pour gagner le Tour d’Italie cette année. A 33 ans, l’Espagnol de la Tinkoff a toujours les jambes pour réaliser un Giro-Tour de France. Mais le mental suivra-t-il au cours de cette 8e étape entre Fiuggi et Campitello Matese. 188 km tout de même ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Athlétisme Vous êtes dans les starting-blocks ? Ça tombe bien, eux aussi. Les meilleurs coureurs de la planète ont rendez-vous au meeting de Doha dans le cadre de la Diamond League. Ne cherchez pas le fondeur Haile Gebreselassie. L’Éthiopien de 42 ans a dit adieu à la compétition. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour zapper ! (10 heures, BeIN Sports 1.) Rugby Ils vont devoir mettre encore plus de gomme. Chez eux, à Jean-Bouin, les rugbymen du Stade français, à 1 point de Toulouse, auront à cœur de remonter sur le podium du Top 14. Mais affronter Montpellier (7e) dans un tel match à enjeu n’est pas une mince affaire pour les Parisiens. (16 h 35, Canal+.) Football On retrouve Montpellier, version ballon rond cette fois. Et derechef contre un poids lourd parisien. Les Héraultais affrontent le PSG, désormais seul en tête du classement de Ligue 1. Pour arracher une victoire, il faudra beaucoup de cœur et quand même un peu de chance. (20 h 55, BeIN Sports 2.)DIMANCHE 17 MAI Golf Vous avez une fâcheuse tendance à louper votre swing ? Un coup de zapette sur l’Open d’Espagne vous fera un bien fou. A ne pas manquer : l’Espagnol Miguel Angel Jiménez. A 50 ans, le tenant du titre aimerait doubler la mise. Si, après cela, vous êtes toujours aussi maladroit, on ne peut plus rien pour vous. Essayez les fléchettes ! (20 h 45, Canal+ Sport.) Equitation Le golf, ce n’est définitivement pas pour vous, alors, chaussez les étriers ! A La Baule, c’est autre chose que du manège qu’on vous propose. Les plus grands noms du saut d’obstacles mondial sont attendus de sabot ferme. 17 nations, 67 cavaliers et 185 chevaux sont engagés dans les 9 épreuves au programme. Ça va sauter ! (10 h 45, Sport +.)Athlétisme On reste dans la Diamond League, mais, cette fois, ça se passe à Shanghaï. Et toujours pas d’Haile Gebreselassie au programme. Ah oui, c’est vrai, il a pris sa retraite. Mais ce n’est toujours pas une raison pour zapper ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Tennis Un service phénoménal, un coup droit ravageur et un mental au top… c’est ce que devra retrouver Rafael Nadal pour briller une dixième fois à Roland-Garros cette année. Pour l’instant, c’est mal parti. L’Espagnol n’a gagné aucun tournoi sur terre battue cette année. Le tournoi de Rome, dont la finale se joue ce dimanche, sera peut-être le théâtre de sa résurrection ? (16 heures, BeIN Sports 1.) Plongeon Pendant que Rafael Nadal sombre dans les abysses, d’autres y vont de plein gré. A La Rochelle, le niveau de la mer n’est peut-être pas très profond, mais assez quand même pour y organiser le Cliff Diving World Series. Attention quand même à ne pas trop toucher le fond, les entrailles du port n’étant pas des plus paradisiaques. (16 heures, France O.)Football Inévitablement, l’une de ces deux équipes perdra gros dans la course au podium en Premier League. Manchester United (4e) affronte Arsenal (3e), et ça sent le très gros match, aussi bien sur la pelouse que dans les tribunes. (16 h 50, Canal+.) Hockey sur glace Si vous croyez que, à cette période de l’année, il n’y a plus de sports d’hiver, vous vous fourrez la crosse dans l’œil. A Prague, on dispute même la finale des championnats du monde. Un an après le traumatisme des Jeux olympiques de Sotchi, les Russes espèrent redorer leur blason grâce à un nouveau titre. Mais le Canada comme les Etats-Unis sont là encore pour les en empêcher. (20 h 40, Sport +.) Rugby Bis repetita. Trois semaines après s’être affrontés sur la pelouse de Twickenham pour un titre européen, les Toulonnais et les Clermontois se retrouvent dans le cadre du Top 14 cette fois. Avantage psychologique aux Varois bien sûr, champions d’Europe en tête du championnat national. Les Jaunards devront sortir un gros match pour déstabiliser leur adversaire. (21 heures, Canal+.)Florent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 17h38 • Mis à jour le21.05.2015 à 18h42 | Eric Albert (Londres, correspondance) Après le spectaculaire procès du News of the World l’an dernier, le Daily Mirror a été condamné, jeudi 21 mai, pour avoir pratiqué pendant plus d’une décennie des écoutes téléphoniques à grande échelle. Le tabloïd britannique va devoir verser des compensations record de 1,2 million de livres (1,7 million d’euros) à huit victimes, principalement des stars du show-business. Mais près d’une centaine d’autres sont désormais sur les rangs et demandent compensation.Le jugement vient confirmer officiellement ce que beaucoup soupçonnaient depuis des années : les écoutes téléphoniques ont été pratiquées par tous les tabloïds de façon systématique. L’excuse, qui consistait initialement à faire passer pour un canard boîteux le News of the World, le journal dominical du groupe de Rupert Murdoch, ne tient plus.Le procès, qui a duré trois semaines, a mis à jour les écoutes téléphoniques réalisées entre 1999 et 2010 par le Daily Mirror, le Sunday Mirror (l’édition dominicale du premier) et The Sunday People, un hebdomadaire du même groupe.L’accusation reposait très largement sur le témoignage de Dan Evans, qui avait été le principal responsable des écoutes en 2003 et 2004. Parfaitement conscient de l’illégalité de la pratique, le journaliste a raconté comment il détruisait les cassettes des enregistrements et jetait régulièrement dans la Tamise les téléphones qu’il utilisait pour réaliser son espionnage.Sa technique consistait à écouter les messages laissés sur les répondeurs des portables. A l’époque – avant l’arrivée des smartphones –, il était assez facile d’y accéder à distance, à condition d’en avoir le code d’accès.Mais une grande majorité des utilisateurs ne changeait jamais ce numéro, qui restait souvent sur le mode par défaut de l’usine : 0000 ou 9999 par exemple.« A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne »Les conséquences de cette intrusion dans la vie privée étaient brutales. Parmi les huit plaignants, certains ont été espionnés pendant sept ans. Ils retrouvaient des articles sur leur vie intime et soupçonnaient leurs proches de les avoir trahis.Steve McFadden, un acteur d’une série télévisée, a expliqué à la barre avoir renoncé à demander en mariage sa petite amie de l’époque, parce qu’il la soupçonnait d’être la source d’informations du Daily Mirror.L’actrice Sadie Frost est allée jusqu’à faire signer à sa propre mère un document juridique lui faisant promettre de ne jamais dévoiler d’informations à la presse. « Quand j’ai appris que j’étais sur écoutes, je me suis sentie soulagée, a-t-elle témoigné, jeudi. J’ai su que je n’étais pas devenue folle. A l’époque, je ne faisais plus confiance à personne. »Contrairement au News of the World, il ne s’agissait pas d’un procès pénal, mais civil. La décision de justice va cependant faire date car les condamnations sont beaucoup plus élevées que toute la jurisprudence actuelle.Jusqu’à présent, la compensation la plus élevée jamais accordée pour violation de la vie privée était de 60 000 livres (85 000 euros). Cette fois-ci, Mme Frost va recevoir quatre fois plus, en l’occurrence 260 000 livres (366 000 euros), et Paul Gascoigne, l’ancien footballeur, 188 000 livres (265 000 euros).Depuis que la procédure judiciaire contre le Daily Mirror a été ouverte, de nombreuses plaintes supplémentaires ont été déposées. Selon le Guardian, il y en aurait une centaine au total.Le Daily Mirror a indiqué qu’il envisage de faire appel, mais il a également décidé de plus que doubler l’argent qu’il met de côté pour les compensations, à un total de 28 millions de livres (39 millions d’euros).Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre Après plusieurs mois d’incertitudes, les discussions autour de Radio Nova sont en passe d’aboutir. Jeudi 21 mai, Les Nouvelles Editions indépendantes (LNEI) – la holding de médias de Matthieu Pigasse – ont annoncé leur entrée en négociation exclusive avec les actionnaires de Radio Nova.La cible du propriétaire des Inrocks (et actionnaire à titre personnel du Monde, avec Pierre Bergé et Xavier Niel), le groupe Nova Press, est surtout connue pour son emblématique radio, marquée par la figure de Jean-François Bizot, mais est également présente dans l’édition musicale et la production, avec Nova Records.« L’opération envisagée vise à mettre en place une offre multimédia reposant sur les nombreuses complémentarités existantes (culturelles, éditoriales, commerciales, de support…) entre les groupes Nova Press et Les Inrockuptibles, dans le plein respect de l’intégrité et de l’identité des deux marques », explique le communiqué de LNEI.Un prix de 12 millions à 15 millions d’eurosLa perspective de bâtir un écosystème cohérent, musical et culturel, avec Les Inrockuptibles a probablement joué dans la décision des propriétaires de Nova, qui sont les héritiers de Jean-François Bizot, conseillés par la banque Degroof.Selon une source proche du dossier, le montant de la transaction se situerait « dans une fourchette entre 12 et 15 millions d'euros ». Nova compte 26 fréquences et réalise 12 millions d’euros de chiffre d’affaires environ.M. Pigasse avait dévoilé ses intentions dès le 30 janvier. Mais d’autres candidats, une trentaine d’autres, ont étudié le dossier. Ont notamment été cités Patrick Drahi et Marc Laufer (actionnaires de Libération), les groupes NRJ et NextRadioTV, Pascal Chevalier (Reworld Media), Didier Quillot (Lagardère Active) ou encore le groupe Vivendi.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 21h47 • Mis à jour le21.05.2015 à 08h44 Le caricaturiste français Jul s’est vu refuser l’entrée au Nicaragua par le gouvernement. Il devait y participer à un forum d’écrivains, a affirmé mercredi 20 mai Sergio Ramirez, promoteur de la rencontre. Ce dernier a qualifié cette décision d’« acte lamentable », ajoutant qu’aucune explication n’avait été fournie par les autorités pour la justifier.La troisième édition de Centroamerica Cuenta – qui réunit 70 auteurs d’Amérique latine et d’Europe et a été inaugurée mardi par un hommage au journal satirique –, cible le 7 janvier dernier d'un attentat qui a décimé sa rédaction. Jul devait arriver la veille dans la capitale Managua pour y assister.« Nous ne comprenons pas, nous sommes surpris et, bien sûr, nous rejetons ce genre de mesures contre un caricaturiste de grand prestige mondial qui venait enrichir [l’événement] par sa participation », a regretté M. Ramirez.Troisième étranger refouléSelon lui, l’ambassade de France au Nicaragua a essayé, sans succès, de faire revenir les autorités sur leur décision. Le représentant diplomatique, Antoine Joly, a fait part, mardi, de sa déception. Il a par ailleurs précisé que Jul venait dans la région pour participer également à d’autres événements culturels au Costa Rica et au Salvador.De son côté, le caricaturiste, qui a collaboré avec de nombreux médias français comme Libération et L’Humanité, a enregistré un message vidéo, diffusé lors du forum, pour expliquer les raisons de son absence.Il est le troisième étranger en une semaine à être refoulé à son arrivée au Nicaragua, après le Péruvien Luis Carlos Boub et l'Espagnole Marta Gonzalez, militants de l’ONG Centre pour la justice et le droit international, qui venaient participer à l’anniversaire d'un organisme local de défense des droits de l’homme. Raphaëlle Besse Desmoulières et Alexis Delcambre La première saison a vu la dirigeante d’un opérateur téléphonique, peu connue du grand public mais aux solides réseaux, choisie pour diriger France Télévisions. Elle n’est pas achevée, puisque les conditions de sa nomination par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) continuent de faire jaser, des rédactions à l’Assemblée nationale.Mais voilà que la deuxième saison s’ouvre déjà : avec qui Delphine Ernotte va-t-elle tenter de réinventer la télévision publique ? Le dévoilement de ce casting très attendu a commencé, mercredi 20 mai, par une surprise de taille : la nouvelle présidente a choisi un jeune homme de 27 ans, issu de la politique, comme directeur de cabinet.Pour ceux qui suivent la saga des Verts et ses méandres, Stéphane Sitbon-Gomez n’a certes rien d’un second rôle. Celui que tout le monde surnomme « Yop » à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a été directeur de cabinet de Cécile Duflot au conseil régional d’Ile-de-France en 2010, puis directeur de campagne d’Eva Joly à la présidentielle deux ans plus tard et, enfin, « conseiller spécial » de Mme Duflot, alors ministre du logement, en 2012.Depuis que sa « patronne » avait claqué la porte du gouvernement en 2014, il affirmait vouloir prendre du recul et ne plus dépendre de la politique pour vivre, après près de quinze ans de militantisme. C’est désormais chose faite. « Une nouvelle vie commence pour moi », explique-t-il au Monde.Mais les ponts ne manquent pas entre sa vie d’avant et celle qu’il va découvrir, au cœur d’une entreprise publique de 10 000 salariés secouée par la baisse de son financement public et objet de toutes les attentions politiques et médiatiques.Le premier lien s’appelle Denis Pingaud, le précieux conseiller de Mme Ernotte, qui l’a mis en relation avec cette dernière. L’homme avait découvert Stéphane Sitbon-Gomez au moment de la création d’EELV, qu’il avait accompagnée, en 2010.Le petit-fils du journaliste Guy Sitbon a également participé, à l’automne 2014, comme coauteur, à l’aventure de la fiction participative Anarchy (en partie diffusée par Le Monde), avec l’équipe des Nouvelles Ecritures de France Télévisions. Une expérience en lien avec son sens politique, et son aisance avec le numérique et les nouveaux modes de communication.Dernière similitude : celui qui se définissait, dans un portrait du Monde, comme « un apparatchik, un homme d’appareil », va explorer, au poste de directeur de cabinet, un paysage politique interne pas moins complexe que celui des Verts, où se croisent directeurs de chaîne et directeurs « transversaux », tutelles de Bercy et de la culture, parlementaires, responsables syndicaux…D’autant que le poste de directeur de cabinet n’existait pas sous les présidences antérieures. Le haut encadrement de France Télévisions s’interroge donc déjà sur le périmètre exact qui sera celui du nouveau venu.A deux ans d’une élection présidentielle où Mme Duflot pourrait être candidate, Mme Ernotte a pris un risque en recrutant l’ancien bras droit de celle-ci. Mais elle envoie aussi un signal : la nouvelle présidente est en quête de profils neufs, à l’heure où France Télévisions doit notamment renouer avec la jeunesse.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Éphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Après avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 09h32 • Mis à jour le20.05.2015 à 16h30 | Alexis Delcambre Laurent Vallet a été nommé, mercredi 20 mai en conseil des ministres, à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Le directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) a été choisi pour succéder à Agnès Saal, démissionnaire, à la présidence de l’INA.Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, de l’Ecole des hautes études commerciales de Paris (HEC) et ancien élève de l’Ecole national d’administration (ENA), Laurent Vallet, 45 ans, présente une double légitimité, financière et culturelle. Sa carrière a commencé à Bercy (1995-2002), avec notamment un passage au cabinet du ministre Laurent Fabius.En 2002, il est devenu directeur général de l’IFCIC, un établissement de crédit spécialisé dans le financement des industries culturelles, qui gère un encours de près de 800 millions d’euros. Il s’y est créé un solide réseau dans le monde culturel. En juin 2013, la ministre de la culture Aurélie Filippetti lui confiait un rapport sur les relations entre producteurs et diffuseurs.Lire aussi : Le rapport Vallet propose un équilibre renouvelé entre chaînes et producteurs En mars 2014, il est une première fois candidat à la présidence de l’INA, que Mathieu Gallet vient de quitter pour celle de Radio France. Mais Mme Filippetti lui préfère Agnès Saal. Les déboires de celle-ci, poussée à la démission en avril à la suite d’un scandale public sur ses notes de taxi, offrent une seconde chance à M. Vallet.Lire aussi :Le souhait d’« exemplarité » du gouvernement a eu raison d’Agnès SaalC’est un temps Carine Camby, déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, qui a paru tenir la corde. Mais au ministère, on explique que c’est l’expérience de M. Vallet dans le secteur culturel qui a finalement fait la différence.Cette nomination achève la reconfiguration de l’audiovisuel public, après celles de Mathieu Gallet (38 ans) à Radio France et de Delphine Ernotte (48 ans) à France Télévisions – soit un profond rajeunissement des présidences.A l’INA, M. Vallet aura la délicate mission d’apaiser une maison déstabilisée par la démission de sa présidente, victime d’une dénonciation anonyme. Il lui faudra aussi signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises.Agnès Saal de retour au ministère de la cultureAprès avoir démissionné de la présidence de l’INA, le 28 avril, Agnès Saal, administratrice civile, a retrouvé son ministère d’origine, la culture. Rattachée au secrétariat général de ce ministère, elle y a, selon nos informations, un titre de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction.« Il s’agit d’une réintégration automatique, conformément aux statuts de la fonction publique, explique-t-on au ministère. Cette réintégration n’exonère pas Agnès Saal d’une éventuelle procédure disciplinaire, qui sera ouverte en temps voulu. »Cette procédure serait synonyme d’une enquête interne menée par le secrétariat général du ministère, comme c’est le cas quand un agent est suspecté d’avoir enfreint les règles.De fait, les faits n’ont pas encore été clairement établis. Quand l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal est sortie, le 27 avril, la Cour des comptes était en train de mener une enquête à l’INA, dans le cadre de ses contrôles récurrents. Mais la Cour ne contrôle que les exercices budgétaires clos, et il n’est donc pas certain que les frais de la présidence, où Agnès Saal était arrivée en mai 2014, figurent dans le périmètre de son examen. Selon la période examinée, la Cour pourra, elle aussi, décider d’éventuelles suites à donner.Martin Ajdari nommé à la DGMICÉphémère directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin, Martin Ajdari a été nommé, mercredi 20 mai, directeur général des médias et des industries culturelles au ministère de la culture. L’ancien secrétaire général de France Télévisions, candidat malheureux à la présidence de Radio France en 2014, occupera ce poste stratégique à compter du 3 juin. Il y remplace Laurence Franceschini, nommée de son côté au Conseil d’Etat, et qui occupait ce poste depuis 2007.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre TF1 se regarde désormais massivement hors antenne. En avril 2015, selon Médiamétrie, plus de 9 millions de téléspectateurs ont utilisé son offre de « replay » depuis leur téléviseur, et 7 millions depuis leur ordinateur. Pour accompagner ces nouveaux usages, qui ont généré 1,4 milliard de visionnages en 2014, le groupe audiovisuel lance, lundi 25 mai, une refonte complète de son offre numérique, désormais unifiée sous la marque MYTF1.Les barrières installées par l’Autorité de la concurrence après le rachat des chaînes NT1 et TMC ayant expiré, MYTF1 rassemble désormais les contenus issus des quatre chaînes en clair du groupe (HD1, NT1, TF1, TMC) – ce qui lui permet mécaniquement de doubler le nombre de programmes proposés, pour atteindre 160 par mois.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Structuration par programme plutôt que par chaîne, design épuré, enchaînement automatique des vidéos, continuité d’un appareil à l’autre : les équipes de TF1 se sont inspirées des plates-formes comme Hulu ou Netflix pour imaginer ce nouveau MYTF1, qui sera proposé à travers les boxes des fournisseurs d’accès – y compris Numericable, dont MYTF1 était jusqu’ici absent –, disponible en ligne (PC, mobile, tablette) et sous forme d’application Android, iOS et Windows.Vous êtes un inconditionnel de « MasterChef » ? Vous trouverez sur une même page les dernières émissions, des bonus, des informations sur le programme et des vidéos « pur Web » sur la cuisine, issues du partenariat de TF1 avec Finder Studios. Si vous préférez la série « Les Experts », vous trouverez les dernières saisons diffusées, mais aussi l’accès, en vidéo payante à la demande (VOD), à la dernière saison diffusée aux Etats-Unis et pas encore en France.Forte progression de la VODPour TF1, le replay constitue un « complément d’audience », qui peut dépasser 20 % de l’audience linéaire dans certains cas. Pas de lien, donc, aux yeux de la chaîne, entre le succès de ces services et la légère érosion des audiences (21,3 % de part en avril, soit 1,5 point de recul en un an).La chaîne en attend évidemment des recettes, même si elle refuse de communiquer ses objectifs. Deux ou trois spots publicitaires sont diffusés avant chaque programme (« preroll »), et jusqu’à 120 secondes en « midroll » (au milieu des programmes). Des formats d’habillage de page sont aussi proposés aux annonceurs, pour les associer à tel ou tel programme. L’insertion de vidéos de marques (« brand content ») est une option.Lire aussi :Wild Bunch et TF1 s’engouffrent dans l’e-cinémaAutre source de recettes : la VOD. Selon TF1, le chiffre d’affaires en la matière a progressé de 38 % en 2014 et atteint « plusieurs dizaines de millions d’euros ». Vendredi 22 mai, MYTF1 proposera le film Adaline (6,99 euros le visionnage) avant sa sortie en salles en France, imitant ainsi les pratiques d’acteurs comme Amazon ou Netflix. Adaline rejoindra le film Son of Gun, proposé selon les mêmes modalités depuis début mai. D’autres sorties similaires sont prévues ces prochains mois.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.05.2015 à 20h39 • Mis à jour le18.05.2015 à 20h51 « Je ne serai plus Charlie Hebdo mais je serai toujours Charlie. » C’est par ces mots que le dessinateur Luz a annoncé, lundi 18 mai, dans une interview à Libération, son intention de quitter l’équipe de Charlie Hebdo.Le dessinateur se dit « phagocyté par mille choses, le deuil, la douleur, la colère », qui l’empêchent, dit-il, de s’intéresser à l’actualité. « C’est un choix très personnel », assure-t-il, alors que l’annonce de la mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui, la semaine dernière, avait ravivé les tensions qui existent dans la rédaction des « survivants », confrontée à la difficulté de rebâtir une équipe amputée depuis l’attentat du 7 janvier, et à l’afflux d’argent qui leur avait été versé en soutien.Lire l'interview de Riss :« La vie à “Charlie” n’a jamais été un fleuve tranquille »Quelques jours avant son entretien à Libération – qui accueille toujours l’équipe de Charlie Hebdo dans l’attente de son prochain déménagement dans de nouveaux locaux – Luz avait confié au Monde que trouver « des idées marrantes sur la politique française » lui demandait aujourd’hui énormément d’« énergie ». « Je me rends compte que la politique française, hormis la montée du FN, est particulièrement inintéressante », avait-t-il ainsi expliqué. « Cela a toujours le cas, mais on se réfugiait derrière le principe que le ridicule demeure un bon terrain humoristique. Là, j’ai un peu de mal… », confiait-il.« C’est aussi dû au fait que “Charlie” est désormais au cœur du débat politique. C’est difficile de se dessiner en tant que sujet. »A la fin d’avril déjà, le dessinateur avait annoncé dans les Inrockuptibles qu’il ne dessinerait plus le personnage de Mahomet, qu’il avait notamment croqué en « une » du premier numéro de Charlie Hebdo paru après les attentats de janvier. « Je m’en suis lassé, tout comme celui de Sarkozy. Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner », expliquait-il alors.« Chaque bouclage est une torture »A Libération, il raconte :« Chaque bouclage est une torture parce que les autres ne sont plus là. Passer des nuits d’insomnie à convoquer les disparus, à se demander qu’est-ce que Charb, Cabu, Honoré, Tignous auraient fait, c’est épuisant. »Il assure également que « cette réflexion sur le départ date d’il y a longtemps », mais qu’après les attentats il a « suivi par solidarité, pour laisser tomber personne. Il n’y avait plus grand monde pour dessiner ». « Si l’actu ne t’inspire plus, tu peux toujours dessiner, c’est presque pavlovien, mais tu vas refaire une idée que tu as déjà faite. »« Cette idée du départ, ajoute-t-il dans Libération, elle est aussi dans cette angoisse : la peur d’être mauvais. » Au Monde il avait ainsi évoqué le souhait de « passer à autre chose » et de s’éloigner d’une forme de routine professionnelle.« Après vingt ans de carrière, on a beau expérimenter des formes d’expression nouvelles, on finit par s’enfermer dans une sorte de train-train », expliquait ainsi celui qui publie mercredi Catharsis, un album de dessin personnel qui, dit-il, lui a fait du bien. « Pour la première fois, je n’avais pas peur d’une page blanche », confie-t-il à Libération.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journal Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) L’avocat chinois Pu Zhiqiang, figure emblématique du combat pour l’Etat de droit en Chine et ex-défenseur d’Ai Weiwei, a été officiellement inculpé pour « incitation à la haine ethnique » et « provocation de querelles et de trouble » vendredi 15 mai après-midi. L’information a été diffusée par le microblog du parquet populaire de la municipalité de Pékin. M. Pu, âgé de 50 ans, avait été arrêté il y a plus d’un an, le 7 mai 2014, après avoir participé à un séminaire privé pour commémorer les 25 ans des événements de Tiananmen. Il a ensuite subi une détention d’une durée exceptionnelle, durant laquelle le parquet a plusieurs fois renvoyé à la police le dossier pour supplément de preuves, laissant envisager une hypothétique relaxe. Il n’en a rien été. Deux accusations ont toutefois été abandonnées, « l’incitation au séparatisme » et « l’obtention illégale d’information ».Un procès d’ici à deux semainesCette inculpation fait craindre le pire : M. Pu, qui s’était spécialisé dans les cas de liberté d’expression, encourt selon son avocat, Shang Baojun, joint par Le Monde, huit ans de prison. Son procès devrait se tenir d’ici à deux semaines. Or, M. Pu et son équipe de défenseurs ont peu de chances de gagner la partie : la jurisprudence en matière de « dissidents » montre une justice largement instrumentalisée par le parti pour faire taire les critiques, sans aucun souci de cohérence ni d’équité. « Après la journaliste Gao Yu dans le domaine de la presse, le juriste Xu Zhiyong pour la société civile, voici une autre figure connue qui va être lourdement punie pour l’exemple, cette fois pour intimider les autres avocats », explique un diplomate dans une chancellerie occidentale à Pékin. Cette liste qui s’allonge de prisonniers d’opinion jetés derrière les barreaux confirme, de la part du régime et de son nouvel homme fort, une tolérance zéro à la critique, assumée sans vergogne malgré l’indignation des associations des droits de l’homme et des pays démocratiques, asiatiques ou occidentaux. Hasard du calendrier, la nouvelle de l’inculpation de M. Pu est tombée le jour de la rencontre entre le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, en visite officielle à Pékin, et le premier ministre chinois, Li Keqiang. Et la veille de l’arrivée en Chine du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, samedi 16 mai. « Il faudra s’attendre à beaucoup de réactions dans les jours qui suivent puis lors du procès, car le dossier Pu Zhiqiang fait partie de ceux qui sont le plus suivis par les ambassades étrangères », poursuit le diplomate sous couvert d’anonymat. Au début du mois, le département d’Etat américain avait appelé Pékin à libérer Pu Zhiqiang.Lire aussi :Sept années de prison pour la journaliste chinoise Gao YuLa persécution politique en Chine s’abrite toutefois derrière une façade procédurière qui rend difficile les critiques, malgré les vices de procédures et les dénis de droits que ne cessent de répertorier les avocats chinois. Enfin, alors que le très charismatique Pu Zhiqiang faisait partie des rares personnalités mises en avant par les médias chinois les plus progressistes avant sa détention, plus aucune couverture médiatique n’est autorisée sur son cas depuis en Chine, en dehors des dépêches, brèves et vénéneuses, des organes officiels.Blogueur hyperactifLa justice chinoise reproche à M. Pu des messages de microblog – 28 billets exactement – qu’il avait envoyés à ses abonnés entre 2011 et 2014 et qui ont été consignés dans l’enquête parmi des milliers d’autres (M. Pu était un blogueur hyperactif). Ses avocats ont toujours fait valoir qu’ils restaient dans les limites de la liberté d’expression telle que la définit la Constitution chinoise. Leur client est, selon eux, persécuté pour délit d’opinion.Lire aussi :Un avocat chinois menacé de 20 ans de prison pour des tweets« L’incitation à la haine ethnique » concerne des messages diffusés au sujet de la situation dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, qui a basculé depuis 2013 dans une spirale de violence et de répression. Turcophones et musulmans, les Ouïgours s’estiment réduits à des citoyens de seconde zone sur leur propre territoire. Loin de s’en être pris à eux, Pu Zhiqiang avait mis en doute dans ses tweets les informations extrêmement contrôlées et partielles de la propagande sur les attentats de 2014 au Xinjiang – dont un dans la gare d’Urumqi le 30 avril – et dans le reste de la Chine. Il avait aussi critiqué des « politiques absurdes », fondées sur le « contrôle et la vision d’autrui [les Ouïgours] en ennemis » de la part du gouvernement chinois.Quant à la « provocation de querelles et de troubles », elle pourrait renvoyer à un ensemble de moqueries exprimées par Pu Zhiqiang à l’encontre de personnalités politiques mineures très souvent raillées par la blogosphère pour leur manque d’esprit critique et leur soumission au régime – comme le petit-fils de Mao, Mao Xinyu, un haut gradé de l’armée nommé député et dont les internautes moquent continuellement l’incompétence. Dans la Chine de Xi Jinping, comme jamais peut-être depuis des décennies, le parti et son sacro-saint héritage sont intouchables.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.05.2015 à 20h45 • Mis à jour le15.05.2015 à 10h12 | Alexandre Piquard Zineb El Rhazoui, journaliste membre de la rédaction de Charlie Hebdo, a reçu, mercredi 13 mai, un courrier de la direction la convoquant à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, a appris Le Monde. Elle est d’ici là mise à pied. Contactée, la direction refuse de commenter « une procédure en cours et interne », mais insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’une convocation à un entretien, pas d’un licenciement effectif. La décision intervient dans un contexte de tensions entre la direction et la rédaction.Zineb El Rhazoui dit ne pas comprendre le motif du courrier ni la faute grave évoquée et s’étonne de la méthode « bureaucratique » employée, « sans discussion préalable ». « Je suis choquée et scandalisée qu’une direction qui a bénéficié d’autant de soutien après les attentats de janvier fasse preuve d’aussi peu de soutien envers un de ses salariés, qui est sous pression comme tous dans l’équipe et fait l’objet de menaces. »Menaces de mortSociologue des religions, franco-marocaine et militante contre l’islamisme et l’intégrisme, Zineb El Rhazoui, a notamment fait l’objet de menaces de mort de la part d’islamistes, mi février. Visant également son mari, ces menaces ont été dénoncées par des sociétés de journalistes. Par ailleurs scénariste de La Vie de Mahomet, dessiné par Charb, Mme El Rhazoui vit depuis sous protection renforcée, à Paris.« Mon mari a perdu son emploi car des djihadistes ont dévoilé son lieu de travail, il a dû quitter le Maroc, je suis menacée, je vis dans des chambres d’amis ou à l’hôtel et la direction envisage de me licencier... Bravo Charlie », ironise Zineb El Rhazoui.Conditions chaotiquesSans préjuger du motif du courrier reçu, Mme El Rhazoui explique qu’elle n’a pas pu travailler normalement depuis les attentats qui ont décimé la rédaction en janvier. « Je ne suis pas la seule. On ne peut pas reprocher aux gens d’aller mal et de ne pas se comporter en bons ouvriers, on vit dans des conditions chaotiques. C’est impossible de faire des reportages sous protection policière... », explique-t-elle.Avant janvier, Zineb El Rhazoui réalisait pour Charlie Hebdo des reportages en France et à l’étranger, notamment en Afrique, souvent sur les religions. Elle a été recrutée en 2011 pendant les « printemps arabes ». Auparavant, elle a été militante au Maroc, opposée au régime ou au ramadan, via notamment le mouvement alternatif pour les libertés individuelles, qu’elle a confondé. Elle a aussi été très active au sein de l’association Ni putes ni soumises.Depuis janvier, Mme El Rhazoui est souvent apparue dans les médias, notamment au « Grand Journal », afin de défendre la laïcité contre l’islamisme ou le droit au blasphème, des thèmes liés à Charlie Hebdo et aux attentats, comme lors de conférences, à Chicago, Montréal ou Paris.« Mesure punitive »Au fond, Mme El Rhazoui s’estime aujourd’hui victime d’une « mesure punitive » pour avoir contesté la direction actuelle de Charlie Hebdo. Elle a fait partie des signataires d’une tribune parue fin mars dans Le Monde demandant une « refondation » du journal et une gouvernance – ainsi qu’une structure de capital – beaucoup plus collégiale qu’aujourd’hui. Le capital est actuellement détenu à 60 % par le directeur de la publication Riss et le directeur financier Eric Portheault. Ils travaillent de façon assez étroite avec le rédacteur en chef Gérard Biard (L’avocat Richard Malka, proche de la direction et notamment actif dans un projet de fondation, a lui fait savoir début avril qu’il se concentrerait désormais sur les dossier de droit de la presse du journal).La tribune des journalistes – qui ont créé une association – n’avait pas plu à la direction, qui s’est estimée injustement visée. Un e-mail a été envoyé aux signataires, leur demandant de ne pas émettre de critiques à l’extérieur. Par ailleurs, les salariés ont été consultés sur leur vision du futur du journal, dans l’optique d’une future nouvelle formule.« Après une phase où on pensait qu’une vraie discussion avait repris, les choses ne passent aujourd’hui pas bien », estime un journaliste signataire de la tribune.« Pas d’explication »Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie, est furieux du courrier envoyé à Zineb El Rhazoui : « On est tous encore en train de gérer l’après-attentat. Convoquer des membres de l’équipe qui sont encore dans des souffrances incroyables, c’est méchant et déloyal. »« Recevoir des prix pour la liberté d’expression et convoquer des journalistes menacés, c’est paradoxal, ajoute-t-il. Et on n’a pas d’explication alors que journal se veut alternatif et socialement irréprochable... »Un autre journaliste s’indigne du sort réservé à Zineb El Rhazoui, qui est une « grande gueule » mais qui « s’est exposée et mise en danger depuis des années » pour écrire un livre comme celui sur Mahomet avec Charb ou pour ramener des reportages.« Je suis très surpris d’une décision aussi bête et méchante, mais pas au sens de Hara-Kiri... critique-t-il. La méthode est incroyable pour Charlie. C’est violent. » La réaction de la direction sous-entend qu’il pourrait ne pas s’agir de licencier Zineb El Rhazoui, simplement de la rappeler à l’ordre et à ses devoirs envers le journal. Cette dernière ne décolère pas et estime que « si c’était le cas, on aurait dû discuter... ».A lire aussi (édition abonnés) : « Charlie Hebdo » : le casse-tête de la reconstruction Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florent Bouteiller SAMEDI 16 MAI Moto Allez, pleins gaz sur les championnats du monde de vitesse. Au Mans, lors du Grand Prix de France, Louis Rossi et Alexis Masbou espèrent faire ronronner comme il se doit leur moteur à domicile. Décibels assurés et belles batailles en perspective sur le circuit sarthois. (12 h 30, Eurosport.) Rugby Eux aussi vont mettre la gomme. Troisièmes à 1 point de Clermont, les mastodontes du Stade toulousain n’ont pas d’autre choix que d’écraser les pauvres Grenoblois, cantonnés dans la zone rouge du Top 14 (11e). Si la 2e place semble à portée des Toulousains, on voit mal Toulon, intraitable sur toutes les pelouses des royaumes de France et d’Europe, perdre son Bouclier de Brennus. (14 h 35, Canal+.) Tir à l’arc Les archers de France et de Navarre devront avoir un bon coup d’œil. Le domaine victicole de Saint-Hilaire (Var) accueille la fine fleur nationale du tir à l’arc. Sept cents concurrents sont attendus en plein cœur de la Provence verte, et 21 arbitres. Des stands consacrés à la gastronomie provençale ou à l’archerie seront érigés. Mais, à coup sûr, celui qui attirera le plus de monde, c’est celui de l’école de kinésithérapie de Marseille qui propose des massages. De quoi joindre l’utile à l’agréable. Cyclisme C’est un bon coup de pédale que devra mettre Alberto Contador pour gagner le Tour d’Italie cette année. A 33 ans, l’Espagnol de la Tinkoff a toujours les jambes pour réaliser un Giro-Tour de France. Mais le mental suivra-t-il au cours de cette 8e étape entre Fiuggi et Campitello Matese. 188 km tout de même ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Athlétisme Vous êtes dans les starting-blocks ? Ça tombe bien, eux aussi. Les meilleurs coureurs de la planète ont rendez-vous au meeting de Doha dans le cadre de la Diamond League. Ne cherchez pas le fondeur Haile Gebreselassie. L’Éthiopien de 42 ans a dit adieu à la compétition. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour zapper ! (10 heures, BeIN Sports 1.) Rugby Ils vont devoir mettre encore plus de gomme. Chez eux, à Jean-Bouin, les rugbymen du Stade français, à 1 point de Toulouse, auront à cœur de remonter sur le podium du Top 14. Mais affronter Montpellier (7e) dans un tel match à enjeu n’est pas une mince affaire pour les Parisiens. (16 h 35, Canal+.) Football On retrouve Montpellier, version ballon rond cette fois. Et derechef contre un poids lourd parisien. Les Héraultais affrontent le PSG, désormais seul en tête du classement de Ligue 1. Pour arracher une victoire, il faudra beaucoup de cœur et quand même un peu de chance. (20 h 55, BeIN Sports 2.)DIMANCHE 17 MAI Golf Vous avez une fâcheuse tendance à louper votre swing ? Un coup de zapette sur l’Open d’Espagne vous fera un bien fou. A ne pas manquer : l’Espagnol Miguel Angel Jiménez. A 50 ans, le tenant du titre aimerait doubler la mise. Si, après cela, vous êtes toujours aussi maladroit, on ne peut plus rien pour vous. Essayez les fléchettes ! (20 h 45, Canal+ Sport.) Equitation Le golf, ce n’est définitivement pas pour vous, alors, chaussez les étriers ! A La Baule, c’est autre chose que du manège qu’on vous propose. Les plus grands noms du saut d’obstacles mondial sont attendus de sabot ferme. 17 nations, 67 cavaliers et 185 chevaux sont engagés dans les 9 épreuves au programme. Ça va sauter ! (10 h 45, Sport +.)Athlétisme On reste dans la Diamond League, mais, cette fois, ça se passe à Shanghaï. Et toujours pas d’Haile Gebreselassie au programme. Ah oui, c’est vrai, il a pris sa retraite. Mais ce n’est toujours pas une raison pour zapper ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Tennis Un service phénoménal, un coup droit ravageur et un mental au top… c’est ce que devra retrouver Rafael Nadal pour briller une dixième fois à Roland-Garros cette année. Pour l’instant, c’est mal parti. L’Espagnol n’a gagné aucun tournoi sur terre battue cette année. Le tournoi de Rome, dont la finale se joue ce dimanche, sera peut-être le théâtre de sa résurrection ? (16 heures, BeIN Sports 1.) Plongeon Pendant que Rafael Nadal sombre dans les abysses, d’autres y vont de plein gré. A La Rochelle, le niveau de la mer n’est peut-être pas très profond, mais assez quand même pour y organiser le Cliff Diving World Series. Attention quand même à ne pas trop toucher le fond, les entrailles du port n’étant pas des plus paradisiaques. (16 heures, France O.)Football Inévitablement, l’une de ces deux équipes perdra gros dans la course au podium en Premier League. Manchester United (4e) affronte Arsenal (3e), et ça sent le très gros match, aussi bien sur la pelouse que dans les tribunes. (16 h 50, Canal+.) Hockey sur glace Si vous croyez que, à cette période de l’année, il n’y a plus de sports d’hiver, vous vous fourrez la crosse dans l’œil. A Prague, on dispute même la finale des championnats du monde. Un an après le traumatisme des Jeux olympiques de Sotchi, les Russes espèrent redorer leur blason grâce à un nouveau titre. Mais le Canada comme les Etats-Unis sont là encore pour les en empêcher. (20 h 40, Sport +.) Rugby Bis repetita. Trois semaines après s’être affrontés sur la pelouse de Twickenham pour un titre européen, les Toulonnais et les Clermontois se retrouvent dans le cadre du Top 14 cette fois. Avantage psychologique aux Varois bien sûr, champions d’Europe en tête du championnat national. Les Jaunards devront sortir un gros match pour déstabiliser leur adversaire. (21 heures, Canal+.)Florent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.05.2015 à 16h32 • Mis à jour le13.05.2015 à 19h00 | Jérémie Lamothe Quatre mois après les attentats de Paris et les manifestations qui ont rassemblé près de quatre millions de personnes dans les rues, les livres sur l’après-Charlie continuent de fleurir dans les librairies. Le dernier essai d’Emmanuel Todd, Qui est Charlie ?, en est la dernière preuve : le démographe y dénonce « l’imposture » de cette France du 11 janvier qui s’est déplacée en masse pour défendre la liberté d’expression.Lire aussi :Manuel Valls : « Non, la France du 11 janvier n'est pas une imposture »Emmanuel Todd est le premier auteur à critiquer aussi ouvertement l’esprit post-Charlie, parmi les nombreux ouvrages sur les événements, et ses conséquences politiques, religieuses ou identitaires. Du dernier ouvrage de Caroline Fourest chez Grasset, à celui de Laurent Joffrin chez Stock, en passant par celui d’Abdennour Bidar chez Albin Michel… En tout, ce sont une quinzaine de livres liés directement ou indirectement au 11 janvier qui se trouvent dans les librairies.De nombreuses ventesMais le public est-il demandeur ? Oui, selon Jérome Dayre, fondateur des éditions Inculte : « En librairie, les lecteurs ont énormément réagi, dès le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo. Les libraires ont joué leur rôle en ressortant des livres sur la tolérance par exemple. Ça a très bien marché. Il y a eu une vraie attente du public, les gens étaient vraiment désemparés. »Dans la grande librairie Mollat à Bordeaux, Pierre Coutelle, responsable du pôle littérature et sciences humaines, compare cet engouement « à l’après-11 septembre. Les gens ont demandé des ouvrages d’exploration sur l’islam, la géopolitique… Après les attentats, il n’y a pas eu de réaction de fuite de la part des lecteurs. Au contraire, il y a eu une vraie demande de compréhension ».Une réaction spontanée qui a surpris Olivier Nora, PDG des éditions Grasset : « Ce qui s’est produit a été contre-intuitif. Je pensais que la machine serait arrêtée par l’attentat. Lorsqu’il y a des actualités aussi fortes, les gens se précipitent vers la presse, Internet mais là il s’est produit l’inverse. C’est un mélange de réveil militant, républicain et citoyen. »Toutes les maisons d’édition interrogées le reconnaissent volontiers, les livres liés aux événements de janvier se portent très bien. C’est le cas de celui d’Edgar Morin et de Patrick Singaïny, Avant, pendant, après le 11 janvier, publié aux éditions de l’Aube. Pour le directeur des collections d’essai, Jean Viard : « Cet essai a été vendu pour l’instant à 4 500 exemplaires, on peut espérer en vendre 10 000. » Un bon chiffre : « Aujourd’hui, quand un essai se vend à 1 500-3 000 exemplaires, on commence à avoir de l’effet, avec des idées qui se diffusent ».Des bons résultats perçus également chez Grasset d’après Olivier Nora : « Le livre de Caroline Fourest, sorti le 29 avril, a déjà été vendu à près de 11 000 exemplaires. Il va rentrer dans les best-sellers à partir de la semaine prochaine. Je suis surpris que ça aille aussi vite. »Un temps de réaction différentDes scores qui s’expliquent peut-être aussi par la rapidité avec laquelle certaines maisons d’édition ont décidé de participer au mouvement. Le Livre de poche a par exemple sorti dès le 5 février Nous sommes Charlie, un recueil de soixante textes en réaction à la tuerie qui a touché le journal satirique : « Ce livre a été décidé dès le lendemain des attentats de Charlie Hebdo, le jeudi. On a souhaité une réaction à chaud, un mouvement spontané », précise l’attachée de presse, Anne Bouissy.Albin Michel a également souhaité très vite réagir en sortant dès le 18 février Plaidoyer pour la fraternité, d’Abdennour Bidar. Une rapidité assumée par Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités : « Chez Albin Michel, on le fait très rarement, ça perturbe le réseau commercial. Mais là, ça valait le coup, on a réfléchi et on s’est dit qu’en cinq semaines, il devait être en librairie. »Une réactivité qui n’est pas partagée par tous. Aux éditions de La Découverte, on a fait le choix de ne pas surréagir au traumatisme des événements. Seul le livre d’Edwy Plenel, Pour les musulmans, sorti en septembre 2014, a été réédité avec une nouvelle préface évoquant les attentats. D’après François Gèze, éditeur à La Découverte : « Nous n’avons pas souhaité sortir un livre directement. Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le sujet. Nous sommes plutôt à la recherche de livres qui aident, qui éclairent, sans être dépendants de l’actualité. »« La machine à débattre s’est remise en mouvement »De fait, le « filon » du 11 janvier a poussé de nombreux auteurs à démarcher les maisons d’édition. Avec plus ou mois de réussite, précise Olivier Nora : « Beaucoup d’auteurs nous ont sollicités pour écrire un livre sur ces événements mais tous n’ont pas une expertise telle que cela mérite un livre. » Pour ce dernier, cette effervescence est une très bonne nouvelle : « La machine à débattre s’est remise en mouvement, notamment entre les deux gauches, sur les concepts de laïcité par exemple. Il est vrai que l’événement permet une énorme traînée, et personne ne pense que ça va s’arrêter. » Prochainement, dans les rayons de la librairie Mollat, à Bordeaux, Pierre Coutelle prévoit en effet « une quarantaine de livres » sur ce sujet en 2015.Un renouvellement du débat indispensable et vital pour Jean Viard, des éditions de l’Aube : « On est entré dans un cycle de violence qui va durer dix à vingt ans, la société doit se charpenter. On n’a jamais eu une aussi forte volonté de débat. Le 11 janvier n’est pas une date, mais une ouverture de période, le champ intellectuel va être passionnant. »« Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion »« Jusqu’en février, on était dans les livres de réaction, puis ça a commencé à s’estomper. Mais depuis la sortie du livre de Todd, ça repart », précise Jérémie Chevallier, vendeur à la librairie Gibert Joseph à Barbès (XVIIIe arrondissement de Paris), pour qui « les lecteurs demandent maintenant des livres de réflexion, qui vont davantage sur le fond ».Le Traité de la tolérance de Voltaire a par exemple été réimprimé et vendu à plus de 90 000 exemplaires par les éditions Folio-Gallimard depuis les attentats de janvier. Selon Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités chez Albin Michel, l’une des premières préoccupations des Français a aussi été de s’informer sur l’islam : « Nous avions beaucoup de livres sur l’islam que nous avons ressortis et nos ventes ont explosé. Nous avons beaucoup revendu Islam sans soumission, d’Abdennour Bidar, la traduction du Coran, par Jacques Berque ou encore l’autobiographie d’Abd al Malik, Qu’Allah bénisse la France. »La volonté de comprendre ces événements a une incidence sur le reste du marché du livre, remarque également Olivier Nora : « Dès janvier, il y a eu une prime à la non-fiction. Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion. La littérature “haut de gamme” et le roman n’ont pas connu un très bon premier trimestre. »Jérémie LamotheJournaliste au Monde Alexandre Piquard Les médias doivent-ils abandonner un partie du contrôle sur leur contenu pour toucher davantage de lecteurs sur les réseaux sociaux ? Ou risquent-ils de se retrouver dans une dépendance funeste ? Après des mois de négociations et de rumeurs, une dizaine de grands éditeurs a décidé de sauter le pas en nouant un accord avec Facebook : à partir du mercredi 13 mai, le New York Times, BuzzFeed, National Geographic, The Atlantic et NBC News vont publier des articles directement sur la plateforme du réseau social.Outre ces éditeurs américains, quatre européens (The Guardian, BBC News, Bild et Spiegel Online) vont participer à cette « expérimentation » baptisée « Instant Articles ».L’accord suppose de « perdre une partie du contrôle sur nos moyens de distribution », mais en même temps, « nous nous efforçons de rendre nos histoires accessibles au plus grand nombre de personnes possible », a résumé James Bennet, rédacteur en chef de The Atlantic, l’un des partenaires de Facebook, cité par le New York Times. Générer plus de traficAujourd’hui, vu des médias partenaires, l’accord ressemble à un grand ciel bleu mais certains distinguent quelques nuages, au loin. Jusqu’ici, les éditeurs se servent de Facebook pour publier des liens vers leurs articles, avec les titres, photos et résumés les plus alléchants possible.Quand les lecteurs cliquent, ils sont renvoyés vers le site ou la plateforme des médias. C’est sur leurs supports principalement que les éditeurs génèrent des revenus, en vendant de la publicité, et qu’ils suivent leur précieuse communauté. Facebook est vu par les éditeurs comme un moyen d’interagir avec leur public mais indirectement, ils en attendent du trafic.Le poids de Facebook dans l’audience des médias numériques n’a fait que croître : il représente 14 à 16 % du trafic du New York Times, un chiffre qui a doublé au cours de derniers mois. En France, le site d’information 20Minutes estime la part d’audience venue des réseaux sociaux à 15 % environ. Pour Le Monde, elle est d’environ 10 % (dont la grosse majorité en provenance de Facebook). Le chiffre peut être sensiblement plus élevé pour des médias à l’audience moins massive. Ou pour ceux qui ont beaucoup misé sur le « social », comme le site d’information et de divertissement Buzzfeed, qui avance le chiffre record de 75 %.« Instant Articles »Du point de vue de Facebook, le premier objectif d’« Instant Articles » est de charger le contenu plus rapidement. Un enjeu crucial pour les smartphones, qui génèrent parfois un temps d’attente exaspérant quand on clique sur un lien dans les transports en commun, par exemple. Selon Facebook, chaque article prendrait en moyenne 8 secondes à charger. « Instant Articles » promet un chargement « jusqu’à 10 fois plus rapide ». Pour le réseau, c’est un moyen d’améliorer « l’expérience utilisateur » et d’attirer du bon contenu, donc de garder les internautes sur sa plateforme. Pour les médias partenaires, c’est l’espoir de voir ses contenus bien plus lus que ceux de leurs concurrents.Afin de vaincre les réticences de grands éditeurs, la société de Mark Zuckerberg n’a pas hésité à élaborer un accord de départ favorable : les médias ont le droit de vendre eux-mêmes de la publicité dans leurs articles « embeddés » sur Facebook. Et de garder 100 % des revenus générés. Si c’est Facebook qui vend les annonces, les médias en tirent tout de même 70 %. Et le réseau social autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs sur Facebook, avec leurs outils habituels. Un enjeu central vu l’importance croissante des « data » dans la publicité ciblée.De plus, Facebook donne aux médias la possibilité de personnaliser la mise en forme de leurs « Instant Articles ». Et leur donne accès à quelques mises en forme spéciales, comme des « cartes interactives », des photos agrandissables ou des commentaires sur un extrait d’article.Dépendance accrue« Nous n’essayons pas du tout de positionner Facebook comme un remplacement aux journaux, aux radios ou aux chaînes que vous aimez. Nous pouvons être complémentaires », a plaidé en résumé Chris Cox, responsable produit de Facebook, cité par le New York Times.Pourquoi alors les médias devraient-ils s’inquiéter ? La crainte principale tient à un risque : celui d’avoir une dépendance accrue à Facebook. Et d’être soumis à ses changements stratégiques, voire à son bon vouloir. Les termes du « deal » actuel « d’Instant Articles » pourraient changer, anticipent certains éditeurs. Beaucoup ont en mémoire l’expérience malheureuse du « social reader » de Facebook, sorte de journal agrégeant des articles de différents médias partenaires : lancé en 2011, il a depuis été arrêté.Plus fondamentalement, d’autres pointent les changements successifs apportés par Facebook à l’algorithme crucial qui détermine quels contenus sont montrés dans le flux personnel des utilisateurs. Il s’est par exemple agi de favoriser les vidéos ou de défavoriser les posts d’agrégateurs de contenus. Les sociétés très dépendantes de Facebook peuvent avoir un destin fragile, comme l’a expérimenté l’éditeur de jeux Zynga.Dans le rapport de forces qui se dessine, Facebook a un poids croissant, en tant qu’apporteur d’audience pour les éditeurs, mais aussi comme acteur de la publicité : il a capté à lui seul 35 % de la publicité sur mobile en 2014, selon Emarketer. Un poids qui rappelle celui de Google, dont les rapports avec la presse ont été variés. Pour dépasser la menace de la dépendance, Buzzfeed propose, lui, de mettre le maximum de ses contenus… sur un maximum de réseaux sociaux différents. Un autre dilemme.Lire aussi :Facebook redéfinit son « Internet pour les pauvres » en IndeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Verizon a annoncé, mardi 12 mai, le rachat de la société de services Internet AOL pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). Grâce à cette acquisition, l’opérateur de télécommunications veut accélérer son développement dans le domaine de la vidéo et de la publicité sur mobile. Verizon propose aux actionnaires d’AOL un prix de 50 dollars par action, ce qui représente une prime de 23 % par rapport au cours moyen du titre sur les trois derniers mois. Mardi, l’action AOL s’est envolée de plus de 18,62 %, pour s’aligner sur l’offre de Verizon.Pour Tim Armstrong, le patron d’AOL, cette opération « va donner naissance au plus gros acteur de téléphonie mobile et de vidéo américain ». Il estime que grâce à ce rapprochement, son groupe va désormais être capable de rivaliser avec des géants de la publicité sur Internet comme Google et Facebook. AOL est aujourd’hui le troisième fournisseur de vidéo en termes d’audience aux Etats-Unis, loin derrière les deux géants, selon la société d’études ComScore. « Les entreprises ont noué des partenariats réussis et nous sommes enthousiastes à l’idée de travailler avec eux pour créer la prochaine génération de média dans le domaine du mobile et de la vidéo »,assure M. Armstrong à propos du rapprochement avec Verizon.Verizon a l’intention de lancer dès cet été son propre service de vidéo, OnCue. Il va s’agir de proposer des programmes payants et gratuits à ses abonnés, mais sur des formats et des contenus adaptés au mobile et différents de ce que les chaînes de télévision traditionnelles peuvent proposer. Grâce à AOL, Verizon compte doper ses revenus publicitaires. L’idée de ce service est également d’augmenter la consommation de haut débit des abonnés de l’opérateur.Virage stratégiqueVerizon est déjà un diffuseur de contenu grâce à sa box FiOS TV, à laquelle sont abonnés 5,6 millions de foyers américains. L’opérateur a également noué un partenariat avec la National Football League (NFL) pour diffuser des matchs sur les téléphones mobiles de ses clients. « Verizon a déjà de bonnes relations avec tous les grands fournisseurs de contenu à travers [sa box] FiOS et grâce à des accords de licence plus larges. Il peut créer facilement une sorte d’offre dégroupée qu’il pourra vendre dans tout le pays », estime l’analyste spécialisé dans les nouvelles technologies Jan Dawson.Il s’agit d’un virage stratégique pour le premier opérateur de téléphonie mobile américain. En septembre 2013, Verizon s’était donné de nouvelles marges de manœuvre en rachetant les 45 % que le britannique Vodafone détenait dans Verizon Wireless, leur filiale commune de téléphonie mobile aux Etats-Unis, pour 130 milliards de dollars.Pour AOL, c’est la fin d’une histoire mouvementée. Le fournisseur d’accès à Internet avait fusionné avec le groupe de médias Time Warner en 2000, à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Ce rapprochement avait tourné au cauchemar avant que Time Warner ne décide de se séparer d’AOL en mai 2009.C’est à ce moment que M. Armstrong, un ancien de Google, arrive à la tête d’AOL pour réorienter l’activité de la société, notamment vers la publicité sur Internet. En 2013, AOL a ainsi racheté Adap.tv, une plate-forme qui permet de connecter annonceurs et producteurs de contenu vidéo. Parallèlement, le groupe est à la tête d’un portefeuille de sites Internet comme le Huffington Post, TechCrunch et Engadget. Selon des rumeurs, le nouvel ensemble pourrait se séparer du Huffington Post, racheté en 2011 pour 315 millions de dollars. Une hypothèse démentie. « L’un des grands gagnants de cette opération sera le Huffington Post », a assuré M. Armstrong sur CNBC. Lui-même est appelé à continuer à diriger AOL, une fois que la fusion sera bouclée, sans doute au détour de l’été.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.05.2015 à 09h37 • Mis à jour le12.05.2015 à 09h45 | Alexandre Piquard Qui pour diriger l’Institut national de l’audiovisuel (INA) après Agnès Saal, acculée à la démission après la polémique sur ses frais de taxis ? Carine Camby, actuelle déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, est favorite pour occuper le poste, comme l’ont écrit La Correspondance de la presse le 9 mai et Le Figaro le 12 mai.Sa nomination pourrait intervenir dès mercredi 13 mai. Selon la procédure, le directeur de l’INA doit être proposé par la ministre de la culture au premier ministre, qui le nomme par décret au conseil d’administration de l’institution. Dans la foulée, le conseil des ministres le nomme président.Énarque, Carine Camby est issue de la Cour des comptes, tout comme Fleur Pellerin. Âgée de 54 ans, elle a travaillé dans le secteur audiovisuel au cours des années 1990 : elle a été directrice financière de la chaîne publique culturelle La Cinquième sous la direction de Jean-Marie Cavada, puis conseiller technique chargée des médias et du cinéma au cabinet du ministre de la culture Philippe Douste-Blazy.Elle a également été directrice de la société de production Image et Compagnie. Plus tard, en 2009, elle est nommée secrétaire générale du conseil de la création artistique présidé par le président de la République, Nicolas Sarkozy, et animé par Marin Karmitz.GarantiesCarine Camby a également été active dans le domaine de la santé : en 2003, elle a pris la tête de l’établissement français des greffes, qui deviendra l’agence de biomédecine. En 2008, elle a également été chargée par le premier ministre François Fillon d’une mission auprès du secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wauquiez, et du haut-commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch.Ses responsabilités dans des secteurs jugés sensibles sont vues comme un avantage pour succéder à Agnès Saal, emportée par la polémique sur ses dépenses de déplacements, dénoncés dans une lettre anonyme totalisant 40 000 euros de frais sur dix mois.Le gouvernement était soucieux de trouver un dirigeant qui puisse donner des assurances de gestion de l’argent public. Le profil de Carine Camby, issue de la Cour des comptes, est jugé favorable.À l’INA, le successeur d’Agnès Saal devra signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises. La négociation avec le ministère pourrait être retardée si le « COM » est modifié par le nouvel arrivant. À l’INA, les personnels, qui avaient déjà changé de dirigeant début 2014 avec le départ de Mathieu Gallet à Radio France, attendent de la continuité.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Samuel Laurent, Maxime Vaudano et Leila Marchand « L’analyse des unes de newsmagazines est une science ancienne et assez inexacte », ironise Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point. On détecte pourtant certaines tendances quand on dénombre, comme LeMonde.fr l’a fait, les 273 couvertures publiées sur un an (du 1er mars 2014 au 9 avril 2015) par cinq hebdomadaires généralistes français :Le Nouvel Observateur (du groupe Le Monde, 448 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 46 000 en kiosques),L’Express (400 000 ex., dont 54 000 en kiosques),Le Point (381 000 ex., dont 72 000 en kiosques)Marianne (155 803 ex. dont 67 374 en kiosques)Valeurs actuelles (112 000 ex., dont 25 000 en kiosques)(Voir notre méthodologie détaillée en fin d’article)Parmi les 14 catégories définies, on constate une part importante de sujets dits « magazine », qui ne sont pas liés à l’actualité, politique ou autre. Notamment dans les unes de la catégorie culture/loisirs/santé/« marronniers », qui inclut l’histoire ou le cinéma, mais aussi les sujets récurrents comme les palmarès et classements sur l’immobilier. #container_14309925725{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309925725{ height:500px; } #container_14309925725 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309925725 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309925725 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309925725 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Répartition des sujets de "une" des newsmagazinesPar thèmes, en %, sur un an et une sélection de cinq titres. Cliquez sur un élément de la légende pour filtrer l'affichage.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309925725", backgroundColor: 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document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Médicaments qui guérissent », « derniers jours d’Hitler », « folie De Funès », diplômes qui donnent du travail ou palmarès des hôpitaux… avec 57 couvertures, cette catégorie représente 20 % des unes des cinq newsmagazines. Et en particulier un tiers des unes de L’Express, un quart de celles de L’Obs et 27 % de celles du Point.« Les unes d’actualité politique pure vendent moins bien ces temps-ci », explique Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en précisant que son titre est le seul des trois grands hebdomadaires à avoir titré sur les élections départementales après le 1er tour, en évoquant « La Gauche en ruines ». Cette même semaine, Le Point avait fait sa une sur Winston Churchill et L’Obs sur les mémoires des époux Klarsfeld (avec toutefois un entretien évoquant la montée du Front national).« La période est peu favorable au politique. Il y a une désaffection, on la voit dans les chiffres de vente, abonde Etienne Gernelle. Michel Onfray vend mieux que Hollande ou Sarkozy. » Le numéro du 12 mars sur « Le Philosophe qui secoue la France » a permis au Point d’écouler « 30 % d’exemplaires en plus que la moyenne », alors que la dernière couverture consacrée au président de la République (« Et maintenant on fait la sieste ? », le 2 avril) a fait l’objet d’une vente « normale ».Les unes géopolitiques ont également des résultats de vente incertains, selon le patron de L’Express. Christophe Barbier note un paradoxe : « Les gens demandent de l’actualité internationale mais ne l’achètent pas forcément… » Les sujets internationaux sont donc mis en avant quand l’actualité l’impose vraiment, résume le directeur de L’Express, citant en exemple « Poutine super-tsar » (paru en janvier 2014, et donc absent de notre étude).Moins de « marronniers » et de francs-maçons qu’on ne croitEvoquer les sujets hors actualité, pour les hebdomadaires, fait immédiatement penser aux « marronniers », ces sujets que l’on a l’impression de voir revenir sans cesse : le classement des meilleurs lycées, les francs-maçons… Pourtant, la pratique a changé et s’est éloignée de certains clichés, insistent les dirigeants de newsmagazines. « Cela fait plusieurs années que nous n’avons pas fait de couverture sur les francs-maçons. Idem pour les classes moyennes. Pourtant, on nous en parle toujours. Il y a chez les gens un effet de persistance rétinienne », s’amuse Etienne Gernelle. De fait, aucun newsmagazine n’a mis les francs-maçons en une depuis plus d’un an. #container_14309930038{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309930038{ height:500px; } #container_14309930038 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309930038 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309930038 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309930038 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les sujets "magazine" dans les newsmagazinesVentilation des 53 unes de la catégorie "culture/loisirs/santé/marronniers dans les cinq newsmagazines étudiés. (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309930038", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Sexe","Palmarès","Alimentation","Tourisme","Immobilier","Culture","Santé","Portrait","Psycho","Vie pratique","Histoire"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de unes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 5 ], [ "", 7 ], [ "", 7 ], [ "", 9 ], [ "", 11 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " unes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Les gros marronniers, il en reste peu, expose Christophe Barbier de L’Express. Nous en avons surtout gardé deux : le ‘spécial immobilier’, deux fois par an, et le classement des hôpitaux, qui est pour les lecteurs un service dans un domaine important. » Le classement des lycées n’existe désormais plus que sous la forme d’un moteur de recherche sur le site de L’Express, explique M. Barbier.Le refus des marronniers est un parti pris beaucoup plus franc pour Valeurs actuelles. Son directeur, Yves de Kerdrel, raille les couvertures des autres hebdos sur la santé ou les derniers jours d’Hitler. Chez Valeurs actuelles et Marianne, deux titres au tirage plus faible, les sujets culture/loisirs/santé/« marronniers » ne représentent que 5,5 % et 10 % des unes.« Ces sujets sont guidés par les régies publicitaires. Et ils se vendent même parfois plus mal que la moyenne ! », critique M. Kerdrel, citant le cas de l’immobilier. L’Express affirme que son « spécial immobilier » ne répond pas à un impératif de publicité (les budgets seraient intéressants en mars à l’occasion d’un salon de l’immobilier, mais pas tellement en septembre) mais de diffusion. Selon M. Barbier, le moteur des ventes est local : l’édition nationale du numéro sur l’immobilier de septembre réalise une performance moyenne, mais les 36 éditions régionales apportent un plus qui fait de ce numéro « une des meilleures ventes de l’année ». D’autres dossiers sont plus directement réalisés par les hebdomadaires pour des raisons de la publicité (sur les vins, le numérique ou les flottes automobiles d’entreprises) mais ils sont très rarement en une, note-t-il.« C’est un pur métier d’offre. On ne sait pas vraiment ce que souhaitent les gens. On est souvent surpris quand on essaye de deviner les ventes, philosophe Etienne Gernelle. Les gens imaginent qu’on a des experts marketing et des recettes mais ce n’est pas le cas. Il faut donc une stratégie de long terme. »L’histoire, la psychologie et la morale sont « tendance »Parmi les sujets « magazine », on trouve beaucoup de thèmes historiques (11 unes), mais aussi de vie pratique et de conseils (« manuel de culture générale », « comment éviter le burn-out »…) Les sujets psycho (« la revanche des introvertis », « les hypernarcissiques ») sont également souvent tentés. Autre tendance : le grand portrait d’un artiste ou d’un intellectuel. Parmi les titres, chacun a ses spécialités : Le Point aime par exemple les dossiers historiques (Hitler, chute de Rome, Débarquement de 1944…). L’Express se pique de sujets psycho (« L’esprit qui soigne le corps », « Les Hyper narcissiques », « Les Manipulateurs »…). L’Obs navigue entre les deux, mais garde une appétence pour les valeurs sûres que sont « Les Diplômes qui donnent du travail » ou « Immobilier, pourquoi acheter ? »« L’histoire, c’est une tendance de longue date au Point, confirme M. Gernelle. Notre stratégie, c’est de proposer du fond. Et donc d’écrire souvent sur des intellectuels : des philosophes des historiens… » « Il y a deux ans, nous avons choisi de relancer la thématique psychologique sous l’angle de l’univers personnel, explique de son côté Christophe Barbier, de L’Express. Le domaine avait fait de belles performances il y a dix ans avec des psychologues comme Marcel Rufo ou Boris Cyrulnik, notamment sur la question du bonheur. Aujourd’hui, il faut trouver les nouvelles tendances. »M. Barbier estime que les couvertures sur les pervers narcissiques, ou celle sur le « burn-out » ont réalisé de très bons scores, en augmentant les ventes de 20 à 30 % par rapport à un numéro comparable. Dans le même esprit, L’Express a fait sa dernière couverture sur l’éducation : « Comment rendre nos enfants heureux ? ». Le Point a déjà titré sur « Les Jaloux, enquête sur une maladie qui gâche la vie » et L’Obs sur « La Revanche des introvertis ».« Les philosophes sont à la mode », constate enfin M. Barbier. « Les questions sur la République, les valeurs, la France, la laïcité, cela préoccupe les gens, estime M. Gernelle. On voit d’ailleurs que le Nouvel Observateur a consacré sa une à Emmanuel Todd (pour son livre Qui est Charlie ?). » Le directeur du Point affirme ne pas avoir mis Alain Finkielkraut ou Michel Onfray en couverture pour les ventes, mais note que ces numéros ont bien fonctionné. « Il y a cinq ans, la une que nous avions dédiée à Michel Onfray, pour son livre sur Sigmund Freud, s’était moins bien vendue », compare-t-il. La catégorie « valeurs et morale » comprend ainsi 29 unes des cinq newsmagazines étudiés, en un an. Les frontières entre catégories sont parfois poreuses et les questions de « valeurs » rejoignent des enjeux politiques : c’est clair avec des auteurs comme Michel Houellebecq, Michel Onfray, Alain Finkielkraut ou Emmanuel Todd, tous liés aux débats sur la laïcité et l’islam, notamment. Idem pour des unes de l’hebdo de droite Valeurs actuelles comme « Zemmour l’insoumis - comment Le Suicide français annonce la révolte d’un pays qui refuse de mourir » ou « De l’ordre - Etat, banlieues, école, les Français veulent de l’autorité ». Dans le même esprit, Le Point a mis en une « Les mal-élevés - Comment ils font la loi dans les transports - Sarkozy, Hollande et le savoir-vivre », quand Marianne titrait « Laïcité - pourquoi il faut se ressaisir » ou distinguait « Vrais et faux rebelles - De B comme Booba à Z comme Zemmour ».Leila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Leila Marchand, Maxime Vaudano et Samuel Laurent On ne sait pas si les couvertures des hebdomadaires sont des indications fiables sur la politique française, mais on y distingue certaines tendances. Celle-ci occupe encore environ un tiers des « unes » des magazines d’actualité français : sur un total de 273 couvertures analysées sur l’année écoulée par Le Monde.fr, pour cinq titres généralistes – L’Obs, L’Express, Le Point, Marianne et Valeurs actuelles –, 49 ont concerné François Hollande ou son gouvernement, 36 l’UMP ou son président, Nicolas Sarkozy, et 12 Marine Le Pen et le Front national. Dans le détail, L’Obs et L’Express ont consacré 20 % de leurs « unes » à François Hollande ou ses ministres, derrière le droitier Valeurs actuelles, qui leur a consacré 25 % de ses couvertures. Marianne et Le Point sont plus distants, avec respectivement 13 % et 10 %. Quant à la droite, Marianne y a consacré 17 % de ses « unes », devant Valeurs actuelles (15 %), Le Point (14,5 %), L’Express (12 %) et L’Obs (10 %).Si on regarde uniquement qui figure en photo, François Hollande, avec 21 « unes », est devant Nicolas Sarkozy (19), le premier ministre Manuel Valls (10), Marine Le Pen (9) et l’UMP Alain Juppé (6).Les politiques ne font plus vendre« Mais il y a des cycles et en ce moment, la politique n’intéresse pas beaucoup les lecteurs, si l’on se fie aux ventes », prévient Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point (381 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 72 000 en kiosques). Une tendance constatée également par d’autres confrères, comme Christophe Barbier, patron de L’Express (400 000 exemplaires, dont 54 000 en kiosques).La désaffection des lecteurs touche notamment Nicolas Sarkozy, qui pourtant a longtemps été réputé très porteur en kiosques, note M. Gernelle : « Qu’on en dise du bien ou du mal, il a toujours bien vendu, jusqu’en septembre 2011. Depuis, c’est très variable. » La « une » sur la tribune de l’ex-chef de l’Etat avant les européennes, le 21 mai 2014, avait fait un très bon score, selon le directeur du Point, mais celle du 18 septembre 2014 (« C’est plus fort que lui ») a affiché un chiffre moyen en kiosques.« Le retour de Sarkozy à l’automne dernier n’a pas fonctionné en kiosques, abonde Christophe Barbier. L’intérêt des lecteurs est faible. » « Les sujets récents sur la droite et Nicolas Sarkozy ne vendent pas bien. Il y a eu un décrochage à l’automne », estime également Yves de Kerdrel, directeur de Valeurs actuelles (112 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 25 000 en kiosques). Il cite le mauvais score de la couverture « On se réveille », sur le nouveau président de l’UMP, le 12 février 2015. Selon le journaliste, « la droite ne parle pas assez d’idées et trop de politicailleries », ce qu’aurait confirmé en juin 2014 une nouvelle étude de lectorat de l’hebdomadaire de droite. Les lecteurs plébisciteraient davantage les sujets sur les valeurs, l’école ou le travail.La tentation du dénigrement présidentielSi l’on étudie les mots des titres de « une » consacrés à Nicolas Sarkozy, on trouve un vocabulaire moins négatif que pour François Hollande, même s’il reste peu amène (« boulet », « récidiviste », « Terminator »…) Les trois dirigeants de magazine interrogés notent toutefois les bons scores obtenus par leurs « unes » consacrées à Alain Juppé, certes plus rares.A la fois politiques et aux affaires, François Hollande et son gouvernement ne génèrent pas des ventes en kiosques exceptionnelles, selon les patrons d’hebdo. « Ceux qui avaient beaucoup donné dans le “Hollande bashing” ont depuis un peu retenu leurs coups », s’amuse Christophe Barbier.Le Point avait, au début du mandat du nouveau président, fait des « unes » très « moqueuses », reconnaît Etienne Gernelle. « Mais, depuis que François Hollande a fait un demi-tournant de la rigueur économique, on a été un peu moins virulent avec lui », explique-t-il.« Le “gauche-bashing”, ça remarche bien depuis le début de l’année 2015 », estime cependant le directeur de Valeurs actuelles, journal de droite qui fait figure de spécialiste du genre. Yves de Kerdrel liste une couverture en janvier, une en mars et une titrée « Les pigeons de Hollande », dont il est particulièrement content.Un ton qui rejoint le champ lexical employé par les magazines d’actualité envers le chef de l’Etat : « faillite », « sieste », « trahison »… Voici une représentation graphique des mots employés sur les « unes » des news magazines pour évoquer François Hollande : Le Front national fait plutôt recette« Marine Le Pen n’a jamais fait vendre autant de journaux que son père. Mais les couvertures sur la thématique du FN font des scores stables », selon Christophe Barbier. La « une » de L’Express « Pourquoi le pire est possible », en novembre, aurait vendu autour de 10 % au-dessus de la moyenne.La couverture du Point sur le Front national après les européennes de mai 2014 avait aussi fait un très bon score de vente, note M. Gernelle, mais ce chiffre traduit le choc du score élevé du parti d’extrême droite au scrutin, et le numéro a bénéficié de révélations sur l’affaire Bygmalion, relativise-t-il.Valeurs actuelles assure n’avoir consacré à Marine Le Pen que deux « unes », lors des départementales et lors du conflit avec son père, pour « ne pas prêter le flanc » aux critiques. Habitué des couvertures coup de poing très hostiles à l’islam ou aux Roms, le titre est déjà régulièrement accusé de faire le jeu de l’extrême droite.Pour l’instant, Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de la présidente du FN, n’a fait l’objet que d’une couverture d’hebdomadaire : celle de L’Express, le 18 mars, sous le titre « L’effrontée nationale ». Celle-ci n’aurait pas fait un carton, plutôt une « bonne vente moyenne », selon M. Barbier. Mais d’autres couvertures pourraient suivre.Retrouvez Les Décodeurs sur @decodeursLeila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Fâchés avec la politique, les Français ? En tout cas, cela ne se voit pas dans les chiffres d’audience des radios et des télévisions. Le matin, l’interview politique reste une valeur sûre. « C’est la meilleure audience de la chaîne », affirme Bruce Toussaint, anchorman d’i-Télé qui reçoit son invité entre 8 h 15 et 8 h 30. « C’est de très loin la demi-heure la plus regardée, avec 16 % de part de marché », renchérit Jean-Jacques Bourdin qui officie en simultané sur RMC et BFM-TV de 8 h 30 à 9 heures. Et les radios ne sont pas en reste   : entre 7 h 45 et 9 heures, les interviews politiques réalisent souvent des pics d’audience sur chacune des stations qui les diffusent.Des performances qui peuvent apparaître paradoxales, mais qui n’étonnent pas les journalistes concernés. « Il y a un désir de comprendre la politique avec ceux qui la font », constate Jean-Pierre Elkabbach, le doyen de l’interview politique, que l’on peut écouter chaque matin sur Europe 1. « On aime la politique dans ce pays. Il y a un côté masochiste, on adore détester les gens que l’on écoute », raconte avec une pointe d’humour Jean-Michel Aphatie, sur RTL à 7 h 50. « Objectivement, il est inimaginable de faire une matinale solide sans un invité politique », ajoute-t-il.Un exercice souvent courtPourtant, cette passion française pour la chose publique tend à s’émousser. « Depuis quelques semaines, je constate une petite désaffection, mais c’est une fluctuation saisonnière », se rassure Jean-Jacques Bourdin, qui analyse minutieusement chaque matin les audiences réalisées la veille. Ce désamour apparaît plus profond pour les responsables de France Inter. « Dès la rentrée 2012, on a senti un mouvement de recul, non pas à l’égard de la politique, mais des politiques. La multiplication des plateaux politiques sur les chaînes info a participé à la banalisation de la parole publique. On a aussi des difficultés pour obtenir une parole neuve et originale », observe Patrick Cohen, qui accueille son invité à partir de 8 h 20 et pendant près de quarante minutes.Plusieurs fois par semaine, l’anchorman de France Inter ouvre son micro à des personnalités autres que politiques. Un parti pris choisi également par Léa Salamé quelques minutes plus tôt sur la même antenne. La journaliste alterne entre des responsables politiques, des intellectuels, des chefs d’entreprise, des acteurs qui parlent de leur engagement.Jean-Pierre Elkabbach, quant à lui, sort du champ franco-français en ouvrant son micro à des personnalités internationales. Il a ainsi interrogé ces dernières semaines : le responsable de l’autorité des marchés financiers grecs pour évoquer la crise dans son pays, un responsable du Parlement russe ou encore Denis Sassou-Nguesso, le président du Congo, premier chef d’Etat africain à s’exprimer sur la vague d’émigrants qui fuient le continent. Un moyen d’élargir et d’enrichir le débat afin d’intéresser des auditeurs de plus en plus blasés par la classe politique.« La brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration »Jean-Michel AphatieCe coup de mou dans la relation qu’entretiennent les Français avec ceux qui les dirigent s’explique de multiples manières. « Leur discours s’est appauvri, et ils se sentent obligés de le simplifier sous l’influence des communicants », juge Alain Duhamel, observateur passionné de la vie publique depuis près de cinq décennies. L’interview politique du matin ne contribue-t-elle pas à ce phénomène ?L’exercice est souvent court, une dizaine de minutes en général. Un moment qui ne permet pas forcément d’aborder les sujets en profondeur. « Je n’ai pas toujours le temps de reprendre la réponse d’un de mes invités, car j’ai toujours l’œil sur la pendule », concède Jean-Michel Aphatie, qui dispose de sept minutes sur RTL. Cependant, « la brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration », juge-t-il. Le manque de temps, pour Jean-Pierre Elkabbach, ne doit pas être une excuse pour ne pas poser les bonnes questions : « En préparant bien, on peut obtenir l’essentiel. » Malgré sa longue carrière, il continue de rédiger minutieusement son intervention, et il arrive en studio avec plusieurs pages dactylographiées dont certains passages ont été soulignés avec des couleurs différentes.Ceux qui disposent de plus de temps ne boudent pas leur plaisir. « C’est un luxe de disposer de quarante minutes avec un invité », reconnaît Patrick Cohen, qui prolonge son entretien avec une session d’interventions d’auditeurs et une revue de presse. « L’exercice n’est pas le même en quelques minutes : l’homme politique sait ce qu’il va dire, il donne une info précise ; notre panorama est plus large », se réjouit Jean-Jacques Bourdin, qui a la chance d’être en tête à tête avec son invité pendant plus de vingt minutes.Tour d’horizon de l’actualitéFaute de temps, l’interview peut se transformer en un simple tour d’horizon de l’actualité, obligeant l’homme politique à commenter des sujets qui n’ont parfois aucun rapport les uns avec les autres et sur lesquels son éclairage n’est pas toujours pertinent. Un format que revendique pourtant Bruce Toussaint : « Je cherche à faire réagir à chaud, car c’est le boulot d’une chaîne d’info. La première question est liée à l’actualité immédiate. Je ne commence pas par le plus important, mais par le plus récent. J’aime terminer par une question plus personnelle, ou sur une note sportive ou culturelle. J’essaye d’avoir des ruptures, de varier le rythme, car les hommes politiques sont tellement rodés à l’exercice que c’est très difficile de les déstabiliser pour avoir un moment de vérité. Je pense que ce n’est pas le but de ces interviews de donner une réponse au chômage. Le matin, ce n’est pas ce que recherchent les téléspectateurs ou les auditeurs. »A l’inverse, Léa Salamé propose, à 7 h 50 sur France Inter, une interview plus anglée, « quitte à ne pas tout couvrir », assume-t-elle. Comme Patrick Cohen, quelques minutes plus tard. « Je suis assez rarement dans un balayage de l’actualité, mais sur une thématique dominante quasi exclusive, sauf pour les personnalités très importantes comme le premier ministre ou le chef de l’opposition », explique-t-il.Pourtant, pour l’auditeur et le téléspectateur pressé du matin, l’interview politique se résume souvent à une course aux petites phrases. « Une pratique qui n’est pas nouvelle », souligne Guillaume Durand, dont l’interview de 8 h 15 est diffusée simultanément sur Radio Classique et LCI, mais qui a pris des proportions démesurées avec le développement des réseaux sociaux et des chaînes info. « Elle est renforcée par le buzz, qui est la version absolue de la connerie contemporaine. La reprise par l’AFP, c’est l’idée qu’on parle de moi. Ça ne peut pas être une obsession, mais ça serait une hypocrisie totale de dire qu’on ne recherche pas notre propre participation à l’actualité. Aujourd’hui, il y a une peur des gens de ma génération, qui composent l’essentiel des intervieweurs politiques, de ne pas être dans la modernité et de ne pas être dans le buzz », reconnaît-il.Chercher la petite phraseSi Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Michel Aphatie jurent qu’ils ne cherchent pas la petite phrase, ils font tous les deux une pause dans l’entretien lorsque apparaît une alerte sur l’iPhone du premier ou un extrait sur i-Télé de l’interview du second. « Quand on réfléchit à la construction d’une interview, on essaye d’allier des choses qui sont de natures différentes : regarder les problématiques au fond, chercher des sujets plus secondaires ou une réponse de votre invité dont vous savez qu’elle va faire débat. Quand on accuse les journalistes de chercher la petite phrase, on méconnaît grandement les obligations de ce travail. L’interview politique n’est pas une prise de parole magistrale d’un homme politique », plaide le journaliste de RTL.Voulue ou pas, la recherche de la reprise du bon mot peut provoquer des dérapages. La question posée à Roland Dumas par Jean-Jacques Bourdin sur l’« influence juive » qui serait subie par Manuel Valls a suscité beaucoup de réactions, jusqu’à provoquer celle, très inhabituelle, du CSA. « Les commentaires débridés des lecteurs sur les sites des journaux poussent au dérapage, car il existe une tentation de l’intervieweur de flatter son auditoire », analyse Guillaume Durand.Autre tendance qui peut contribuer à une certaine lassitude de l’auditeur : le sentiment d’entendre toujours les mêmes. « C’est vrai », concède Patrick Cohen. « Mais le format long suppose un minimum de notoriété, soit une légitimité incontestable sur un sujet. » « L’interview politique n’est pas un radio-crochet, mais il faut donner la chance aux jeunes pousses », juge pour sa part Jean-François Achilli, sur France Info tous les matins à 7 h 45.En quête de voix nouvelles« C’est compliqué de faire venir les gens, car ils ont peur. Ils sont méfiants et ont des plans médias concoctés par des communicants. Il faut qu’ils viennent quand ils ont des choses à dire et qu’ils sont prêts à répondre à des questions précises. Malheureusement, les partis eux-mêmes ne se renouvellent pas, mais, curieusement, lorsque j’invite des personnalités peu connues comme Jean-Jacques Urvoas ou Edouard Philippe, ça ne marche pas trop mal, s’ils sont en situation », se félicite Jean-Jacques Bourdin.Comme si, pour réconcilier les Français avec leurs hommes politiques, on devait ouvrir le micro à de nouvelles voix.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Comme annoncé par le président Mathieu Gallet le 16 avril dernier, une réflexion a effectivement été engagée sur l’évolution des instances de direction de Radio France dont les conclusions seront présentées dans quelques semaines », a confirmé la direction de l’entreprise publique dans un message interne, mercredi 6 mai.Tout en déplorant « des informations parues dans la presse ce matin au sujet de changements présumés au sein du Comité exécutif de l’entreprise ».Comme l’a annoncé Le Figaro, Sibyle Veil, actuellement directrice du pilotage de la transformation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, est pressentie pour rejoindre Radio France. Toutefois, sa venue n’est pas confirmée officiellement. Se posent notamment, selon nos informations, des questions sur le périmètre de ses missions.Elle a été présentée comme une future « directrice générale » et une remplaçante de Catherine Sueur, l’actuelle directrice générale déléguée, réputée en froid avec M. Gallet. Mais son poste pourrait avoir une envergure un peu moindre. Mme Sueur était numéro deux de l’entreprise sous le président précédent, Jean-Luc Hees.Sibyle Veil est énarque, issue de la même promotion qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, Gaspard Gantzer, le conseiller communication de François Hollande, ou Boris Vallaud, le secrétaire général adjoint de l’Elysée, aussi mari de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a été conseillère santé, travail et logement à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Elle est mariée à Sébastien Veil, lui aussi ancien membre du cabinet du président de la République et petit-fils de la ministre Simone Veil. Elle ne connaît pas le secteur audiovisuel.Le ministère de la culture de Fleur Pellerin a été informé par Radio France de la possible venue de Mme Veil, mais nie avoir donné une forme d’aval.D’autres changements possiblesUn autre changement devrait intervenir prochainement : le départ de Jean-Pierre Rousseau, l’actuel directeur de la musique, recruté par Mathieu Gallet. Cette hypothèse avait été évoquée dès fin mars, lors du conflit social qui a débouché sur une grève inédite à Radio France. Jean-Paul Quennesson, délégué Sud de Radio France et corniste à l’Orchestre national, avait qualifié sa direction de « fiasco total ».Pendant le conflit, l’assemblée générale des grévistes avait aussi visé l’actuel directeur des ressources humaines, Christian Mettot, un des principaux interlocuteurs des syndicats.Après la crise qui a secoué son autorité, Mathieu Gallet a donc engagé une réflexion sur la gouvernance de Radio France. Avant la sortie de grève, la ministre, Fleur Pellerin, s’était davantage impliquée personnellement, « convoquant » le dirigeant nommé par le CSA et nommant plus tard un médiateur pour renouer le dialogue entre les syndicats et la direction. Après la crise, certains anticipaient que la réflexion évoquée par Mathieu Gallet puisse être l’occasion pour le gouvernement de peser sur la réorganisation de l’entreprise. Il semble plutôt que le président de Radio France étudie sa future direction de son côté, dans la lignée du comité exécutif élargi mis en place à son arrivée.Pendant ce temps, le médiateur Dominique-Jean Chertier poursuit actuellement la « seconde phase » de sa mission, menant des réunions avec les parties prenantes en vue de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, feuille de route de l’entreprise pour les cinq années à venir. Parmi les chantiers sensibles figurent notamment la réforme des modes de production et la négociation d’un plan de départs volontaires de 300 personnes environ.Toutefois, la mise en place de ces discussions reste délicate. De source syndicale, un calendrier a été proposé par le médiateur. S’il propose des ateliers sur France Bleu, la musique ou les modes de production, aucun espace de discussion n’est pour le moment prévu sur le plan stratégique de l’entreprise.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un chantier délicat qu’a ouvert la Commission européenne mercredi 6 mai : aller plus avant dans la constitution d’un vrai marché unique numérique. Tous les sujets sont sur la table, y compris les plus polémiques. Une réforme du droit d’auteur, le renforcement de la lutte contre le piratage, une réflexion sur la nécessité ou pas de « réguler » les plates-formes Internet (Amazon, Apple, Facebook ou Google)…L’enjeu est considérable pour le président Jean-Claude Juncker, qui en a fait une des priorités de son mandat. Il s’agit de créer l’environnement économique favorable à la multiplication des sociétés numériques. Tout en préservant les industries traditionnelles – la banque, l’automobile, etc. –, toutes menacées à plus ou moins long terme d’« ubérisation », c’est-à-dire de voir leur modèle économique mis à bas par de nouveaux acteurs du Net.Réformer le droit d’auteurLa réforme du droit d’auteur ? Un texte législatif devrait être présenté à l’automne 2015, a précisé Bruxelles mercredi. Le principe de la territorialité des droits (le fait qu’un auteur puisse commercialiser les droits d’exploitation de son œuvre pays par pays) y sera conservé. Au grand soulagement du monde français de la culture, qui a mené un intense lobbying ces derniers mois afin d’éviter une relecture trop « radicale » de la directive droits d’auteurs de 2001.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreBruxelles tient néanmoins à proposer davantage d’exemptions au droit d’auteur, notamment pour le secteur de la recherche.La Commission voudrait aussi rendre plus accessibles les contenus en ligne entre pays européens. En surmontant le « geoblocking » (le fait, dans un pays A, de ne pas avoir accès au catalogue de vidéo à la demande [VOD] ou aux matchs de foot diffusés par une TV du pays B) ; ou en permettant la « portabilité » des abonnements à des services audiovisuels afin qu’un abonné puisse avoir accès à son offre quand il est en déplacement.Le vice-président de la commission en charge du numérique, Andrus Ansip, a fait du geoblocking et de l’accessibilité ses chevaux de bataille.Encadrer les plate-formes internetAutre gros chantier, pour lequel il n’y a pas consensus, loin de là, à la Commission : la régulation des plates-formes. La France et l’Allemagne poussent pour une révision de la directive e-commerce de 2000, demandant que les groupes de l’Internet qui jouissent du statut d’hébergeur soient considérés comme des éditeurs, donc tenus davantage responsables des contenus qu’ils distribuent.L’Irlande ou les Pays-Bas, terres d’accueil de grands du Net américains, freinent des quatre fers. L’administration Obama a déjà fait savoir, elle aussi, que ce n’était pas une bonne idée…Il y a aussi tout l’enjeu de l’accès aux gigantesques masses de données personnelles détenues par ces plates-formes : à qui appartiennent-elles ? Qu’est-ce que ces acteurs en font ? Est-il possible de les porter d’une plate-forme à l’autre ? Etc.Pour l’instant, aucun projet de directive n’est sur la table, « mais la volonté politique d’avancer sur ces sujets est là », dit-on à la Commission. Une consultation publique et une série d’études seront lancées d’ici à fin 2015.Pour avoir un espoir d’avancer avec et non contre les multiples groupes d’intérêt qui se sont déjà manifestés, ou ne manqueront pas bientôt de le faire, sur tous ces sujets, Bruxelles va devoir réussir un sacré travail de synthèse…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.05.2015 à 19h19 • Mis à jour le14.05.2015 à 19h12 Un an après la démission de Natalie Nougayrède, Le Monde reste en quête d’un directeur. Mercredi 13 mai, la rédaction du Monde n’a pas approuvé la candidature de Jérôme Fenoglio à ce poste, en ne lui accordant que 55 % de ses suffrages, lors d’un vote organisé par la Société des rédacteurs (SRM).Selon les statuts du Monde, pour être élu directeur du journal et nommé au directoire de la Société éditrice du Monde (SEM), le candidat proposé par les actionnaires doit atteindre une majorité de 60 % de votes positifs.Lors du vote de mercredi, « 82 % des 492 inscrits sur les listes ont participé au vote. Sur les 1 454 parts exprimées [chaque membre inscrit étant porteur de 2 ou 4 parts en fonction de son ancienneté dans l’entreprise], 800 l’ont été en faveur de la candidature de Jérôme Fenoglio, 532 contre, auxquelles s’ajoutent 122 blancs et nuls », selon la SRM. Cette consultation intervenait dans le cadre du processus de renouvellement du directeur du Monde, engagé après la démission de Natalie Nougayrède, le 14 mai 2014.« Fier d’avoir été directeur »Jeudi, au lendemain de ce vote, le directeur du journal par intérim, Gilles van Kote, a annoncé qu’il démissionnait de sa fonction. Il a expliqué sa décision dans un message envoyé à tous les services du journal :« La décision du Monde libre de ne pas retenir ma candidature au poste de directeur puis le vote de la Société des rédacteurs du Monde qui a conduit au rejet de la candidature de Jérôme Fenoglio, que je soutenais, me conduisent à mettre un terme à cette période et donc à démissionner de ma fonction de directeur du journal, membre du directoire du groupe Le Monde. (…) Toutes les parties prenantes ont leur part de responsabilité dans la situation actuelle. J’espère qu’elles auront la lucidité de le reconnaître et d’en tirer les leçons pour redéfinir un processus pérenne, transparent et juste de désignation du directeur ou de la directrice du Monde. Pour ma part, je réaffirme mon attachement à notre imprévisible collectivité et tiens à remercier sincèrement toutes les équipes, au sein du groupe, avec lesquelles j’ai tenté depuis un an de faire le meilleur travail possible et de remplir la mission qui m’avait été confiée. »Fier d'avoir été directeur @lemondefr !— gvankote (@Gilles van Kote)require(["twitter/widgets"]);Peu après cette annonce de Gilles van Kote, les actionnaires de la holding Le Monde libre – Pierre Bergé, Xavier Niel, Matthieu Pigasse – ont réagi dans un communiqué en « invitant la Société des rédacteurs du “Monde” à examiner les enjeux qui se posent aujourd’hui aux groupes de presse et à considérer à nouveau les qualités de Jérôme Fenoglio, de son équipe et de son projet éditorial ». Les actionnaires expliquent être « à la disposition de la SRM et du Pôle d’indépendance pour examiner les conséquences de ce vote. En attendant, les actionnaires déclarent le poste de directeur du journal vacant ».Cinq directeurs en cinq ansLes actionnaires de la holding Le Monde libre (qui détiennent, avec le groupe espagnol Prisa, la majorité des capitaux de la Société éditrice du Monde) avaient confié à Gilles van Kote, alors président du Pôle d’indépendance du journal, le soin d’assurer un intérim de quelques mois, après la démission de Natalie Nougayrède le 14 mai 2014.Les actionnaires du Monde avaient finalement attendu le 5 mars 2015 pour faire un appel à candidatures afin de désigner un nouveau directeur de plein droit. Trois candidats internes s’étaient manifestés : Christophe Ayad, chef du service International, Jean Birnbaum, responsable du « Monde des livres », et Gilles van Kote.MM. Bergé, Niel et Pigasse ont auditionné ces trois candidats le 14 avril, en présence de Louis Dreyfus, le président du directoire, et d’Alain Beuve-Méry, le président de la SRM. Mais, à l’issue de ces auditions, ils ont décidé de ne retenir aucune de ces trois candidatures.Le trio « BNP » s’est alors tourné, le 17 avril, vers un quatrième journaliste : Jérôme Fenoglio, 48 ans, qui occupait le poste de directeur des rédactions. Ce dernier a répondu favorablement à la sollicitation des actionnaires, qui l’ont proposé aux suffrages des journalistes.« [L]a candidature [de Jérôme Fenoglio] a visiblement pâti de l’attitude des actionnaires, qui ont prolongé l’intérim au-delà du raisonnable et contourné la procédure qu’ils avaient eux-mêmes mise en œuvre », a estimé le conseil de gérance de la SRM dans un communiqué publié mercredi soir.« Nous souhaitons que s’ouvre au plus vite avec les actionnaires un débat sur la gouvernance du Monde et la meilleure façon de sélectionner son directeur  », avait auparavant indiqué la SRM dans une motion adoptée avant le vote de mercredi. (…)«  Depuis 2010, nous avons connu six directeurs du Monde – par intérim ou pas – et un seul directeur général, qui est aussi président du directoire et directeur de la publication. Le manque de continuité au poste de directeur entraîne un déséquilibre dommageable pour notre collectivité. (…) L’histoire récente place les actionnaires du Monde devant leurs responsabilités et leurs divergences. »Depuis le rachat du Groupe Le  Monde par le trio d’actionnaires, en 2010, cinq directeurs se sont succédé : Eric Fottorino, Erik Izraelewicz (décédé brutalement en novembre 2012), Alain Frachon, par intérim, Natalie Nougayrède et Gilles van Kote, par intérim. Jérémie Lamothe Quatre mois après les attentats de Paris et les manifestations qui ont rassemblé près de quatre millions de personnes dans les rues, les livres sur l’après-Charlie continuent de fleurir dans les librairies. Le dernier essai d’Emmanuel Todd, Qui est Charlie ?, en est la dernière preuve : le démographe y dénonce « l’imposture » de cette France du 11 janvier qui s’est déplacée en masse pour défendre la liberté d’expression.Lire aussi :Manuel Valls : « Non, la France du 11 janvier n'est pas une imposture »Emmanuel Todd est le premier auteur à critiquer aussi ouvertement l’esprit post-Charlie, parmi les nombreux ouvrages sur les événements, et ses conséquences politiques, religieuses ou identitaires. Du dernier ouvrage de Caroline Fourest chez Grasset, à celui de Laurent Joffrin chez Stock, en passant par celui d’Abdennour Bidar chez Albin Michel… En tout, ce sont une quinzaine de livres liés directement ou indirectement au 11 janvier qui se trouvent dans les librairies.De nombreuses ventesMais le public est-il demandeur ? Oui, selon Jérome Dayre, fondateur des éditions Inculte : « En librairie, les lecteurs ont énormément réagi, dès le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo. Les libraires ont joué leur rôle en ressortant des livres sur la tolérance par exemple. Ça a très bien marché. Il y a eu une vraie attente du public, les gens étaient vraiment désemparés. »Dans la grande librairie Mollat à Bordeaux, Pierre Coutelle, responsable du pôle littérature et sciences humaines, compare cet engouement « à l’après-11 septembre. Les gens ont demandé des ouvrages d’exploration sur l’islam, la géopolitique… Après les attentats, il n’y a pas eu de réaction de fuite de la part des lecteurs. Au contraire, il y a eu une vraie demande de compréhension ».Une réaction spontanée qui a surpris Olivier Nora, PDG des éditions Grasset : « Ce qui s’est produit a été contre-intuitif. Je pensais que la machine serait arrêtée par l’attentat. Lorsqu’il y a des actualités aussi fortes, les gens se précipitent vers la presse, Internet mais là il s’est produit l’inverse. C’est un mélange de réveil militant, républicain et citoyen. »Toutes les maisons d’édition interrogées le reconnaissent volontiers, les livres liés aux événements de janvier se portent très bien. C’est le cas de celui d’Edgar Morin et de Patrick Singaïny, Avant, pendant, après le 11 janvier, publié aux éditions de l’Aube. Pour le directeur des collections d’essai, Jean Viard : « Cet essai a été vendu pour l’instant à 4 500 exemplaires, on peut espérer en vendre 10 000. » Un bon chiffre : « Aujourd’hui, quand un essai se vend à 1 500-3 000 exemplaires, on commence à avoir de l’effet, avec des idées qui se diffusent ».Des bons résultats perçus également chez Grasset d’après Olivier Nora : « Le livre de Caroline Fourest, sorti le 29 avril, a déjà été vendu à près de 11 000 exemplaires. Il va rentrer dans les best-sellers à partir de la semaine prochaine. Je suis surpris que ça aille aussi vite. »Un temps de réaction différentDes scores qui s’expliquent peut-être aussi par la rapidité avec laquelle certaines maisons d’édition ont décidé de participer au mouvement. Le Livre de poche a par exemple sorti dès le 5 février Nous sommes Charlie, un recueil de soixante textes en réaction à la tuerie qui a touché le journal satirique : « Ce livre a été décidé dès le lendemain des attentats de Charlie Hebdo, le jeudi. On a souhaité une réaction à chaud, un mouvement spontané », précise l’attachée de presse, Anne Bouissy.Albin Michel a également souhaité très vite réagir en sortant dès le 18 février Plaidoyer pour la fraternité, d’Abdennour Bidar. Une rapidité assumée par Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités : « Chez Albin Michel, on le fait très rarement, ça perturbe le réseau commercial. Mais là, ça valait le coup, on a réfléchi et on s’est dit qu’en cinq semaines, il devait être en librairie. »Une réactivité qui n’est pas partagée par tous. Aux éditions de La Découverte, on a fait le choix de ne pas surréagir au traumatisme des événements. Seul le livre d’Edwy Plenel, Pour les musulmans, sorti en septembre 2014, a été réédité avec une nouvelle préface évoquant les attentats. D’après François Gèze, éditeur à La Découverte : « Nous n’avons pas souhaité sortir un livre directement. Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le sujet. Nous sommes plutôt à la recherche de livres qui aident, qui éclairent, sans être dépendants de l’actualité. »« La machine à débattre s’est remise en mouvement »De fait, le « filon » du 11 janvier a poussé de nombreux auteurs à démarcher les maisons d’édition. Avec plus ou mois de réussite, précise Olivier Nora : « Beaucoup d’auteurs nous ont sollicités pour écrire un livre sur ces événements mais tous n’ont pas une expertise telle que cela mérite un livre. » Pour ce dernier, cette effervescence est une très bonne nouvelle : « La machine à débattre s’est remise en mouvement, notamment entre les deux gauches, sur les concepts de laïcité par exemple. Il est vrai que l’événement permet une énorme traînée, et personne ne pense que ça va s’arrêter. » Prochainement, dans les rayons de la librairie Mollat, à Bordeaux, Pierre Coutelle prévoit en effet « une quarantaine de livres » sur ce sujet en 2015.Un renouvellement du débat indispensable et vital pour Jean Viard, des éditions de l’Aube : « On est entré dans un cycle de violence qui va durer dix à vingt ans, la société doit se charpenter. On n’a jamais eu une aussi forte volonté de débat. Le 11 janvier n’est pas une date, mais une ouverture de période, le champ intellectuel va être passionnant. »« Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion »« Jusqu’en février, on était dans les livres de réaction, puis ça a commencé à s’estomper. Mais depuis la sortie du livre de Todd, ça repart », précise Jérémie Chevallier, vendeur à la librairie Gibert Joseph à Barbès (XVIIIe arrondissement de Paris), pour qui « les lecteurs demandent maintenant des livres de réflexion, qui vont davantage sur le fond ».Le Traité de la tolérance de Voltaire a par exemple été réimprimé et vendu à plus de 90 000 exemplaires par les éditions Folio-Gallimard depuis les attentats de janvier. Selon Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités chez Albin Michel, l’une des premières préoccupations des Français a aussi été de s’informer sur l’islam : « Nous avions beaucoup de livres sur l’islam que nous avons ressortis et nos ventes ont explosé. Nous avons beaucoup revendu Islam sans soumission, d’Abdennour Bidar, la traduction du Coran, par Jacques Berque ou encore l’autobiographie d’Abd al Malik, Qu’Allah bénisse la France. »La volonté de comprendre ces événements a une incidence sur le reste du marché du livre, remarque également Olivier Nora : « Dès janvier, il y a eu une prime à la non-fiction. Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion. La littérature “haut de gamme” et le roman n’ont pas connu un très bon premier trimestre. »Jérémie LamotheJournaliste au Monde Alexandre Piquard Les médias doivent-ils abandonner un partie du contrôle sur leur contenu pour toucher davantage de lecteurs sur les réseaux sociaux ? Ou risquent-ils de se retrouver dans une dépendance funeste ? Après des mois de négociations et de rumeurs, une dizaine de grands éditeurs a décidé de sauter le pas en nouant un accord avec Facebook : à partir du mercredi 13 mai, le New York Times, BuzzFeed, National Geographic, The Atlantic et NBC News vont publier des articles directement sur la plateforme du réseau social.Outre ces éditeurs américains, quatre européens (The Guardian, BBC News, Bild et Spiegel Online) vont participer à cette « expérimentation » baptisée « Instant Articles ».L’accord suppose de « perdre une partie du contrôle sur nos moyens de distribution », mais en même temps, « nous nous efforçons de rendre nos histoires accessibles au plus grand nombre de personnes possible », a résumé James Bennet, rédacteur en chef de The Atlantic, l’un des partenaires de Facebook, cité par le New York Times. Générer plus de traficAujourd’hui, vu des médias partenaires, l’accord ressemble à un grand ciel bleu mais certains distinguent quelques nuages, au loin. Jusqu’ici, les éditeurs se servent de Facebook pour publier des liens vers leurs articles, avec les titres, photos et résumés les plus alléchants possible.Quand les lecteurs cliquent, ils sont renvoyés vers le site ou la plateforme des médias. C’est sur leurs supports principalement que les éditeurs génèrent des revenus, en vendant de la publicité, et qu’ils suivent leur précieuse communauté. Facebook est vu par les éditeurs comme un moyen d’interagir avec leur public mais indirectement, ils en attendent du trafic.Le poids de Facebook dans l’audience des médias numériques n’a fait que croître : il représente 14 à 16 % du trafic du New York Times, un chiffre qui a doublé au cours de derniers mois. En France, le site d’information 20Minutes estime la part d’audience venue des réseaux sociaux à 15 % environ. Pour Le Monde, elle est d’environ 10 % (dont la grosse majorité en provenance de Facebook). Le chiffre peut être sensiblement plus élevé pour des médias à l’audience moins massive. Ou pour ceux qui ont beaucoup misé sur le « social », comme le site d’information et de divertissement Buzzfeed, qui avance le chiffre record de 75 %.« Instant Articles »Du point de vue de Facebook, le premier objectif d’« Instant Articles » est de charger le contenu plus rapidement. Un enjeu crucial pour les smartphones, qui génèrent parfois un temps d’attente exaspérant quand on clique sur un lien dans les transports en commun, par exemple. Selon Facebook, chaque article prendrait en moyenne 8 secondes à charger. « Instant Articles » promet un chargement « jusqu’à 10 fois plus rapide ». Pour le réseau, c’est un moyen d’améliorer « l’expérience utilisateur » et d’attirer du bon contenu, donc de garder les internautes sur sa plateforme. Pour les médias partenaires, c’est l’espoir de voir ses contenus bien plus lus que ceux de leurs concurrents.Afin de vaincre les réticences de grands éditeurs, la société de Mark Zuckerberg n’a pas hésité à élaborer un accord de départ favorable : les médias ont le droit de vendre eux-mêmes de la publicité dans leurs articles « embeddés » sur Facebook. Et de garder 100 % des revenus générés. Si c’est Facebook qui vend les annonces, les médias en tirent tout de même 70 %. Et le réseau social autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs sur Facebook, avec leurs outils habituels. Un enjeu central vu l’importance croissante des « data » dans la publicité ciblée.De plus, Facebook donne aux médias la possibilité de personnaliser la mise en forme de leurs « Instant Articles ». Et leur donne accès à quelques mises en forme spéciales, comme des « cartes interactives », des photos agrandissables ou des commentaires sur un extrait d’article.Dépendance accrue« Nous n’essayons pas du tout de positionner Facebook comme un remplacement aux journaux, aux radios ou aux chaînes que vous aimez. Nous pouvons être complémentaires », a plaidé en résumé Chris Cox, responsable produit de Facebook, cité par le New York Times.Pourquoi alors les médias devraient-ils s’inquiéter ? La crainte principale tient à un risque : celui d’avoir une dépendance accrue à Facebook. Et d’être soumis à ses changements stratégiques, voire à son bon vouloir. Les termes du « deal » actuel « d’Instant Articles » pourraient changer, anticipent certains éditeurs. Beaucoup ont en mémoire l’expérience malheureuse du « social reader » de Facebook, sorte de journal agrégeant des articles de différents médias partenaires : lancé en 2011, il a depuis été arrêté.Plus fondamentalement, d’autres pointent les changements successifs apportés par Facebook à l’algorithme crucial qui détermine quels contenus sont montrés dans le flux personnel des utilisateurs. Il s’est par exemple agi de favoriser les vidéos ou de défavoriser les posts d’agrégateurs de contenus. Les sociétés très dépendantes de Facebook peuvent avoir un destin fragile, comme l’a expérimenté l’éditeur de jeux Zynga.Dans le rapport de forces qui se dessine, Facebook a un poids croissant, en tant qu’apporteur d’audience pour les éditeurs, mais aussi comme acteur de la publicité : il a capté à lui seul 35 % de la publicité sur mobile en 2014, selon Emarketer. Un poids qui rappelle celui de Google, dont les rapports avec la presse ont été variés. Pour dépasser la menace de la dépendance, Buzzfeed propose, lui, de mettre le maximum de ses contenus… sur un maximum de réseaux sociaux différents. Un autre dilemme.Lire aussi :Facebook redéfinit son « Internet pour les pauvres » en IndeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Verizon a annoncé, mardi 12 mai, le rachat de la société de services Internet AOL pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). Grâce à cette acquisition, l’opérateur de télécommunications veut accélérer son développement dans le domaine de la vidéo et de la publicité sur mobile. Verizon propose aux actionnaires d’AOL un prix de 50 dollars par action, ce qui représente une prime de 23 % par rapport au cours moyen du titre sur les trois derniers mois. Mardi, l’action AOL s’est envolée de plus de 18,62 %, pour s’aligner sur l’offre de Verizon.Pour Tim Armstrong, le patron d’AOL, cette opération « va donner naissance au plus gros acteur de téléphonie mobile et de vidéo américain ». Il estime que grâce à ce rapprochement, son groupe va désormais être capable de rivaliser avec des géants de la publicité sur Internet comme Google et Facebook. AOL est aujourd’hui le troisième fournisseur de vidéo en termes d’audience aux Etats-Unis, loin derrière les deux géants, selon la société d’études ComScore. « Les entreprises ont noué des partenariats réussis et nous sommes enthousiastes à l’idée de travailler avec eux pour créer la prochaine génération de média dans le domaine du mobile et de la vidéo »,assure M. Armstrong à propos du rapprochement avec Verizon.Verizon a l’intention de lancer dès cet été son propre service de vidéo, OnCue. Il va s’agir de proposer des programmes payants et gratuits à ses abonnés, mais sur des formats et des contenus adaptés au mobile et différents de ce que les chaînes de télévision traditionnelles peuvent proposer. Grâce à AOL, Verizon compte doper ses revenus publicitaires. L’idée de ce service est également d’augmenter la consommation de haut débit des abonnés de l’opérateur.Virage stratégiqueVerizon est déjà un diffuseur de contenu grâce à sa box FiOS TV, à laquelle sont abonnés 5,6 millions de foyers américains. L’opérateur a également noué un partenariat avec la National Football League (NFL) pour diffuser des matchs sur les téléphones mobiles de ses clients. « Verizon a déjà de bonnes relations avec tous les grands fournisseurs de contenu à travers [sa box] FiOS et grâce à des accords de licence plus larges. Il peut créer facilement une sorte d’offre dégroupée qu’il pourra vendre dans tout le pays », estime l’analyste spécialisé dans les nouvelles technologies Jan Dawson.Il s’agit d’un virage stratégique pour le premier opérateur de téléphonie mobile américain. En septembre 2013, Verizon s’était donné de nouvelles marges de manœuvre en rachetant les 45 % que le britannique Vodafone détenait dans Verizon Wireless, leur filiale commune de téléphonie mobile aux Etats-Unis, pour 130 milliards de dollars.Pour AOL, c’est la fin d’une histoire mouvementée. Le fournisseur d’accès à Internet avait fusionné avec le groupe de médias Time Warner en 2000, à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Ce rapprochement avait tourné au cauchemar avant que Time Warner ne décide de se séparer d’AOL en mai 2009.C’est à ce moment que M. Armstrong, un ancien de Google, arrive à la tête d’AOL pour réorienter l’activité de la société, notamment vers la publicité sur Internet. En 2013, AOL a ainsi racheté Adap.tv, une plate-forme qui permet de connecter annonceurs et producteurs de contenu vidéo. Parallèlement, le groupe est à la tête d’un portefeuille de sites Internet comme le Huffington Post, TechCrunch et Engadget. Selon des rumeurs, le nouvel ensemble pourrait se séparer du Huffington Post, racheté en 2011 pour 315 millions de dollars. Une hypothèse démentie. « L’un des grands gagnants de cette opération sera le Huffington Post », a assuré M. Armstrong sur CNBC. Lui-même est appelé à continuer à diriger AOL, une fois que la fusion sera bouclée, sans doute au détour de l’été.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.05.2015 à 09h37 • Mis à jour le12.05.2015 à 09h45 | Alexandre Piquard Qui pour diriger l’Institut national de l’audiovisuel (INA) après Agnès Saal, acculée à la démission après la polémique sur ses frais de taxis ? Carine Camby, actuelle déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, est favorite pour occuper le poste, comme l’ont écrit La Correspondance de la presse le 9 mai et Le Figaro le 12 mai.Sa nomination pourrait intervenir dès mercredi 13 mai. Selon la procédure, le directeur de l’INA doit être proposé par la ministre de la culture au premier ministre, qui le nomme par décret au conseil d’administration de l’institution. Dans la foulée, le conseil des ministres le nomme président.Énarque, Carine Camby est issue de la Cour des comptes, tout comme Fleur Pellerin. Âgée de 54 ans, elle a travaillé dans le secteur audiovisuel au cours des années 1990 : elle a été directrice financière de la chaîne publique culturelle La Cinquième sous la direction de Jean-Marie Cavada, puis conseiller technique chargée des médias et du cinéma au cabinet du ministre de la culture Philippe Douste-Blazy.Elle a également été directrice de la société de production Image et Compagnie. Plus tard, en 2009, elle est nommée secrétaire générale du conseil de la création artistique présidé par le président de la République, Nicolas Sarkozy, et animé par Marin Karmitz.GarantiesCarine Camby a également été active dans le domaine de la santé : en 2003, elle a pris la tête de l’établissement français des greffes, qui deviendra l’agence de biomédecine. En 2008, elle a également été chargée par le premier ministre François Fillon d’une mission auprès du secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wauquiez, et du haut-commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch.Ses responsabilités dans des secteurs jugés sensibles sont vues comme un avantage pour succéder à Agnès Saal, emportée par la polémique sur ses dépenses de déplacements, dénoncés dans une lettre anonyme totalisant 40 000 euros de frais sur dix mois.Le gouvernement était soucieux de trouver un dirigeant qui puisse donner des assurances de gestion de l’argent public. Le profil de Carine Camby, issue de la Cour des comptes, est jugé favorable.À l’INA, le successeur d’Agnès Saal devra signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises. La négociation avec le ministère pourrait être retardée si le « COM » est modifié par le nouvel arrivant. À l’INA, les personnels, qui avaient déjà changé de dirigeant début 2014 avec le départ de Mathieu Gallet à Radio France, attendent de la continuité.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Samuel Laurent, Maxime Vaudano et Leila Marchand « L’analyse des unes de newsmagazines est une science ancienne et assez inexacte », ironise Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point. On détecte pourtant certaines tendances quand on dénombre, comme LeMonde.fr l’a fait, les 273 couvertures publiées sur un an (du 1er mars 2014 au 9 avril 2015) par cinq hebdomadaires généralistes français :Le Nouvel Observateur (du groupe Le Monde, 448 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 46 000 en kiosques),L’Express (400 000 ex., dont 54 000 en kiosques),Le Point (381 000 ex., dont 72 000 en kiosques)Marianne (155 803 ex. dont 67 374 en kiosques)Valeurs actuelles (112 000 ex., dont 25 000 en kiosques)(Voir notre méthodologie détaillée en fin d’article)Parmi les 14 catégories définies, on constate une part importante de sujets dits « magazine », qui ne sont pas liés à l’actualité, politique ou autre. Notamment dans les unes de la catégorie culture/loisirs/santé/« marronniers », qui inclut l’histoire ou le cinéma, mais aussi les sujets récurrents comme les palmarès et classements sur l’immobilier. #container_14309925725{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309925725{ height:500px; } #container_14309925725 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309925725 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309925725 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309925725 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Répartition des sujets de "une" des newsmagazinesPar thèmes, en %, sur un an et une sélection de cinq titres. 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document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Médicaments qui guérissent », « derniers jours d’Hitler », « folie De Funès », diplômes qui donnent du travail ou palmarès des hôpitaux… avec 57 couvertures, cette catégorie représente 20 % des unes des cinq newsmagazines. Et en particulier un tiers des unes de L’Express, un quart de celles de L’Obs et 27 % de celles du Point.« Les unes d’actualité politique pure vendent moins bien ces temps-ci », explique Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en précisant que son titre est le seul des trois grands hebdomadaires à avoir titré sur les élections départementales après le 1er tour, en évoquant « La Gauche en ruines ». Cette même semaine, Le Point avait fait sa une sur Winston Churchill et L’Obs sur les mémoires des époux Klarsfeld (avec toutefois un entretien évoquant la montée du Front national).« La période est peu favorable au politique. Il y a une désaffection, on la voit dans les chiffres de vente, abonde Etienne Gernelle. Michel Onfray vend mieux que Hollande ou Sarkozy. » Le numéro du 12 mars sur « Le Philosophe qui secoue la France » a permis au Point d’écouler « 30 % d’exemplaires en plus que la moyenne », alors que la dernière couverture consacrée au président de la République (« Et maintenant on fait la sieste ? », le 2 avril) a fait l’objet d’une vente « normale ».Les unes géopolitiques ont également des résultats de vente incertains, selon le patron de L’Express. Christophe Barbier note un paradoxe : « Les gens demandent de l’actualité internationale mais ne l’achètent pas forcément… » Les sujets internationaux sont donc mis en avant quand l’actualité l’impose vraiment, résume le directeur de L’Express, citant en exemple « Poutine super-tsar » (paru en janvier 2014, et donc absent de notre étude).Moins de « marronniers » et de francs-maçons qu’on ne croitEvoquer les sujets hors actualité, pour les hebdomadaires, fait immédiatement penser aux « marronniers », ces sujets que l’on a l’impression de voir revenir sans cesse : le classement des meilleurs lycées, les francs-maçons… Pourtant, la pratique a changé et s’est éloignée de certains clichés, insistent les dirigeants de newsmagazines. « Cela fait plusieurs années que nous n’avons pas fait de couverture sur les francs-maçons. Idem pour les classes moyennes. Pourtant, on nous en parle toujours. Il y a chez les gens un effet de persistance rétinienne », s’amuse Etienne Gernelle. De fait, aucun newsmagazine n’a mis les francs-maçons en une depuis plus d’un an. #container_14309930038{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309930038{ height:500px; } #container_14309930038 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309930038 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309930038 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309930038 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les sujets "magazine" dans les newsmagazinesVentilation des 53 unes de la catégorie "culture/loisirs/santé/marronniers dans les cinq newsmagazines étudiés. (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309930038", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Sexe","Palmarès","Alimentation","Tourisme","Immobilier","Culture","Santé","Portrait","Psycho","Vie pratique","Histoire"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de unes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 5 ], [ "", 7 ], [ "", 7 ], [ "", 9 ], [ "", 11 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " unes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Les gros marronniers, il en reste peu, expose Christophe Barbier de L’Express. Nous en avons surtout gardé deux : le ‘spécial immobilier’, deux fois par an, et le classement des hôpitaux, qui est pour les lecteurs un service dans un domaine important. » Le classement des lycées n’existe désormais plus que sous la forme d’un moteur de recherche sur le site de L’Express, explique M. Barbier.Le refus des marronniers est un parti pris beaucoup plus franc pour Valeurs actuelles. Son directeur, Yves de Kerdrel, raille les couvertures des autres hebdos sur la santé ou les derniers jours d’Hitler. Chez Valeurs actuelles et Marianne, deux titres au tirage plus faible, les sujets culture/loisirs/santé/« marronniers » ne représentent que 5,5 % et 10 % des unes.« Ces sujets sont guidés par les régies publicitaires. Et ils se vendent même parfois plus mal que la moyenne ! », critique M. Kerdrel, citant le cas de l’immobilier. L’Express affirme que son « spécial immobilier » ne répond pas à un impératif de publicité (les budgets seraient intéressants en mars à l’occasion d’un salon de l’immobilier, mais pas tellement en septembre) mais de diffusion. Selon M. Barbier, le moteur des ventes est local : l’édition nationale du numéro sur l’immobilier de septembre réalise une performance moyenne, mais les 36 éditions régionales apportent un plus qui fait de ce numéro « une des meilleures ventes de l’année ». D’autres dossiers sont plus directement réalisés par les hebdomadaires pour des raisons de la publicité (sur les vins, le numérique ou les flottes automobiles d’entreprises) mais ils sont très rarement en une, note-t-il.« C’est un pur métier d’offre. On ne sait pas vraiment ce que souhaitent les gens. On est souvent surpris quand on essaye de deviner les ventes, philosophe Etienne Gernelle. Les gens imaginent qu’on a des experts marketing et des recettes mais ce n’est pas le cas. Il faut donc une stratégie de long terme. »L’histoire, la psychologie et la morale sont « tendance »Parmi les sujets « magazine », on trouve beaucoup de thèmes historiques (11 unes), mais aussi de vie pratique et de conseils (« manuel de culture générale », « comment éviter le burn-out »…) Les sujets psycho (« la revanche des introvertis », « les hypernarcissiques ») sont également souvent tentés. Autre tendance : le grand portrait d’un artiste ou d’un intellectuel. Parmi les titres, chacun a ses spécialités : Le Point aime par exemple les dossiers historiques (Hitler, chute de Rome, Débarquement de 1944…). L’Express se pique de sujets psycho (« L’esprit qui soigne le corps », « Les Hyper narcissiques », « Les Manipulateurs »…). L’Obs navigue entre les deux, mais garde une appétence pour les valeurs sûres que sont « Les Diplômes qui donnent du travail » ou « Immobilier, pourquoi acheter ? »« L’histoire, c’est une tendance de longue date au Point, confirme M. Gernelle. Notre stratégie, c’est de proposer du fond. Et donc d’écrire souvent sur des intellectuels : des philosophes des historiens… » « Il y a deux ans, nous avons choisi de relancer la thématique psychologique sous l’angle de l’univers personnel, explique de son côté Christophe Barbier, de L’Express. Le domaine avait fait de belles performances il y a dix ans avec des psychologues comme Marcel Rufo ou Boris Cyrulnik, notamment sur la question du bonheur. Aujourd’hui, il faut trouver les nouvelles tendances. »M. Barbier estime que les couvertures sur les pervers narcissiques, ou celle sur le « burn-out » ont réalisé de très bons scores, en augmentant les ventes de 20 à 30 % par rapport à un numéro comparable. Dans le même esprit, L’Express a fait sa dernière couverture sur l’éducation : « Comment rendre nos enfants heureux ? ». Le Point a déjà titré sur « Les Jaloux, enquête sur une maladie qui gâche la vie » et L’Obs sur « La Revanche des introvertis ».« Les philosophes sont à la mode », constate enfin M. Barbier. « Les questions sur la République, les valeurs, la France, la laïcité, cela préoccupe les gens, estime M. Gernelle. On voit d’ailleurs que le Nouvel Observateur a consacré sa une à Emmanuel Todd (pour son livre Qui est Charlie ?). » Le directeur du Point affirme ne pas avoir mis Alain Finkielkraut ou Michel Onfray en couverture pour les ventes, mais note que ces numéros ont bien fonctionné. « Il y a cinq ans, la une que nous avions dédiée à Michel Onfray, pour son livre sur Sigmund Freud, s’était moins bien vendue », compare-t-il. La catégorie « valeurs et morale » comprend ainsi 29 unes des cinq newsmagazines étudiés, en un an. Les frontières entre catégories sont parfois poreuses et les questions de « valeurs » rejoignent des enjeux politiques : c’est clair avec des auteurs comme Michel Houellebecq, Michel Onfray, Alain Finkielkraut ou Emmanuel Todd, tous liés aux débats sur la laïcité et l’islam, notamment. Idem pour des unes de l’hebdo de droite Valeurs actuelles comme « Zemmour l’insoumis - comment Le Suicide français annonce la révolte d’un pays qui refuse de mourir » ou « De l’ordre - Etat, banlieues, école, les Français veulent de l’autorité ». Dans le même esprit, Le Point a mis en une « Les mal-élevés - Comment ils font la loi dans les transports - Sarkozy, Hollande et le savoir-vivre », quand Marianne titrait « Laïcité - pourquoi il faut se ressaisir » ou distinguait « Vrais et faux rebelles - De B comme Booba à Z comme Zemmour ».Leila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Leila Marchand, Maxime Vaudano et Samuel Laurent On ne sait pas si les couvertures des hebdomadaires sont des indications fiables sur la politique française, mais on y distingue certaines tendances. Celle-ci occupe encore environ un tiers des « unes » des magazines d’actualité français : sur un total de 273 couvertures analysées sur l’année écoulée par Le Monde.fr, pour cinq titres généralistes – L’Obs, L’Express, Le Point, Marianne et Valeurs actuelles –, 49 ont concerné François Hollande ou son gouvernement, 36 l’UMP ou son président, Nicolas Sarkozy, et 12 Marine Le Pen et le Front national. Dans le détail, L’Obs et L’Express ont consacré 20 % de leurs « unes » à François Hollande ou ses ministres, derrière le droitier Valeurs actuelles, qui leur a consacré 25 % de ses couvertures. Marianne et Le Point sont plus distants, avec respectivement 13 % et 10 %. Quant à la droite, Marianne y a consacré 17 % de ses « unes », devant Valeurs actuelles (15 %), Le Point (14,5 %), L’Express (12 %) et L’Obs (10 %).Si on regarde uniquement qui figure en photo, François Hollande, avec 21 « unes », est devant Nicolas Sarkozy (19), le premier ministre Manuel Valls (10), Marine Le Pen (9) et l’UMP Alain Juppé (6).Les politiques ne font plus vendre« Mais il y a des cycles et en ce moment, la politique n’intéresse pas beaucoup les lecteurs, si l’on se fie aux ventes », prévient Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point (381 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 72 000 en kiosques). Une tendance constatée également par d’autres confrères, comme Christophe Barbier, patron de L’Express (400 000 exemplaires, dont 54 000 en kiosques).La désaffection des lecteurs touche notamment Nicolas Sarkozy, qui pourtant a longtemps été réputé très porteur en kiosques, note M. Gernelle : « Qu’on en dise du bien ou du mal, il a toujours bien vendu, jusqu’en septembre 2011. Depuis, c’est très variable. » La « une » sur la tribune de l’ex-chef de l’Etat avant les européennes, le 21 mai 2014, avait fait un très bon score, selon le directeur du Point, mais celle du 18 septembre 2014 (« C’est plus fort que lui ») a affiché un chiffre moyen en kiosques.« Le retour de Sarkozy à l’automne dernier n’a pas fonctionné en kiosques, abonde Christophe Barbier. L’intérêt des lecteurs est faible. » « Les sujets récents sur la droite et Nicolas Sarkozy ne vendent pas bien. Il y a eu un décrochage à l’automne », estime également Yves de Kerdrel, directeur de Valeurs actuelles (112 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 25 000 en kiosques). Il cite le mauvais score de la couverture « On se réveille », sur le nouveau président de l’UMP, le 12 février 2015. Selon le journaliste, « la droite ne parle pas assez d’idées et trop de politicailleries », ce qu’aurait confirmé en juin 2014 une nouvelle étude de lectorat de l’hebdomadaire de droite. Les lecteurs plébisciteraient davantage les sujets sur les valeurs, l’école ou le travail.La tentation du dénigrement présidentielSi l’on étudie les mots des titres de « une » consacrés à Nicolas Sarkozy, on trouve un vocabulaire moins négatif que pour François Hollande, même s’il reste peu amène (« boulet », « récidiviste », « Terminator »…) Les trois dirigeants de magazine interrogés notent toutefois les bons scores obtenus par leurs « unes » consacrées à Alain Juppé, certes plus rares.A la fois politiques et aux affaires, François Hollande et son gouvernement ne génèrent pas des ventes en kiosques exceptionnelles, selon les patrons d’hebdo. « Ceux qui avaient beaucoup donné dans le “Hollande bashing” ont depuis un peu retenu leurs coups », s’amuse Christophe Barbier.Le Point avait, au début du mandat du nouveau président, fait des « unes » très « moqueuses », reconnaît Etienne Gernelle. « Mais, depuis que François Hollande a fait un demi-tournant de la rigueur économique, on a été un peu moins virulent avec lui », explique-t-il.« Le “gauche-bashing”, ça remarche bien depuis le début de l’année 2015 », estime cependant le directeur de Valeurs actuelles, journal de droite qui fait figure de spécialiste du genre. Yves de Kerdrel liste une couverture en janvier, une en mars et une titrée « Les pigeons de Hollande », dont il est particulièrement content.Un ton qui rejoint le champ lexical employé par les magazines d’actualité envers le chef de l’Etat : « faillite », « sieste », « trahison »… Voici une représentation graphique des mots employés sur les « unes » des news magazines pour évoquer François Hollande : Le Front national fait plutôt recette« Marine Le Pen n’a jamais fait vendre autant de journaux que son père. Mais les couvertures sur la thématique du FN font des scores stables », selon Christophe Barbier. La « une » de L’Express « Pourquoi le pire est possible », en novembre, aurait vendu autour de 10 % au-dessus de la moyenne.La couverture du Point sur le Front national après les européennes de mai 2014 avait aussi fait un très bon score de vente, note M. Gernelle, mais ce chiffre traduit le choc du score élevé du parti d’extrême droite au scrutin, et le numéro a bénéficié de révélations sur l’affaire Bygmalion, relativise-t-il.Valeurs actuelles assure n’avoir consacré à Marine Le Pen que deux « unes », lors des départementales et lors du conflit avec son père, pour « ne pas prêter le flanc » aux critiques. Habitué des couvertures coup de poing très hostiles à l’islam ou aux Roms, le titre est déjà régulièrement accusé de faire le jeu de l’extrême droite.Pour l’instant, Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de la présidente du FN, n’a fait l’objet que d’une couverture d’hebdomadaire : celle de L’Express, le 18 mars, sous le titre « L’effrontée nationale ». Celle-ci n’aurait pas fait un carton, plutôt une « bonne vente moyenne », selon M. Barbier. Mais d’autres couvertures pourraient suivre.Retrouvez Les Décodeurs sur @decodeursLeila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Fâchés avec la politique, les Français ? En tout cas, cela ne se voit pas dans les chiffres d’audience des radios et des télévisions. Le matin, l’interview politique reste une valeur sûre. « C’est la meilleure audience de la chaîne », affirme Bruce Toussaint, anchorman d’i-Télé qui reçoit son invité entre 8 h 15 et 8 h 30. « C’est de très loin la demi-heure la plus regardée, avec 16 % de part de marché », renchérit Jean-Jacques Bourdin qui officie en simultané sur RMC et BFM-TV de 8 h 30 à 9 heures. Et les radios ne sont pas en reste   : entre 7 h 45 et 9 heures, les interviews politiques réalisent souvent des pics d’audience sur chacune des stations qui les diffusent.Des performances qui peuvent apparaître paradoxales, mais qui n’étonnent pas les journalistes concernés. « Il y a un désir de comprendre la politique avec ceux qui la font », constate Jean-Pierre Elkabbach, le doyen de l’interview politique, que l’on peut écouter chaque matin sur Europe 1. « On aime la politique dans ce pays. Il y a un côté masochiste, on adore détester les gens que l’on écoute », raconte avec une pointe d’humour Jean-Michel Aphatie, sur RTL à 7 h 50. « Objectivement, il est inimaginable de faire une matinale solide sans un invité politique », ajoute-t-il.Un exercice souvent courtPourtant, cette passion française pour la chose publique tend à s’émousser. « Depuis quelques semaines, je constate une petite désaffection, mais c’est une fluctuation saisonnière », se rassure Jean-Jacques Bourdin, qui analyse minutieusement chaque matin les audiences réalisées la veille. Ce désamour apparaît plus profond pour les responsables de France Inter. « Dès la rentrée 2012, on a senti un mouvement de recul, non pas à l’égard de la politique, mais des politiques. La multiplication des plateaux politiques sur les chaînes info a participé à la banalisation de la parole publique. On a aussi des difficultés pour obtenir une parole neuve et originale », observe Patrick Cohen, qui accueille son invité à partir de 8 h 20 et pendant près de quarante minutes.Plusieurs fois par semaine, l’anchorman de France Inter ouvre son micro à des personnalités autres que politiques. Un parti pris choisi également par Léa Salamé quelques minutes plus tôt sur la même antenne. La journaliste alterne entre des responsables politiques, des intellectuels, des chefs d’entreprise, des acteurs qui parlent de leur engagement.Jean-Pierre Elkabbach, quant à lui, sort du champ franco-français en ouvrant son micro à des personnalités internationales. Il a ainsi interrogé ces dernières semaines : le responsable de l’autorité des marchés financiers grecs pour évoquer la crise dans son pays, un responsable du Parlement russe ou encore Denis Sassou-Nguesso, le président du Congo, premier chef d’Etat africain à s’exprimer sur la vague d’émigrants qui fuient le continent. Un moyen d’élargir et d’enrichir le débat afin d’intéresser des auditeurs de plus en plus blasés par la classe politique.« La brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration »Jean-Michel AphatieCe coup de mou dans la relation qu’entretiennent les Français avec ceux qui les dirigent s’explique de multiples manières. « Leur discours s’est appauvri, et ils se sentent obligés de le simplifier sous l’influence des communicants », juge Alain Duhamel, observateur passionné de la vie publique depuis près de cinq décennies. L’interview politique du matin ne contribue-t-elle pas à ce phénomène ?L’exercice est souvent court, une dizaine de minutes en général. Un moment qui ne permet pas forcément d’aborder les sujets en profondeur. « Je n’ai pas toujours le temps de reprendre la réponse d’un de mes invités, car j’ai toujours l’œil sur la pendule », concède Jean-Michel Aphatie, qui dispose de sept minutes sur RTL. Cependant, « la brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration », juge-t-il. Le manque de temps, pour Jean-Pierre Elkabbach, ne doit pas être une excuse pour ne pas poser les bonnes questions : « En préparant bien, on peut obtenir l’essentiel. » Malgré sa longue carrière, il continue de rédiger minutieusement son intervention, et il arrive en studio avec plusieurs pages dactylographiées dont certains passages ont été soulignés avec des couleurs différentes.Ceux qui disposent de plus de temps ne boudent pas leur plaisir. « C’est un luxe de disposer de quarante minutes avec un invité », reconnaît Patrick Cohen, qui prolonge son entretien avec une session d’interventions d’auditeurs et une revue de presse. « L’exercice n’est pas le même en quelques minutes : l’homme politique sait ce qu’il va dire, il donne une info précise ; notre panorama est plus large », se réjouit Jean-Jacques Bourdin, qui a la chance d’être en tête à tête avec son invité pendant plus de vingt minutes.Tour d’horizon de l’actualitéFaute de temps, l’interview peut se transformer en un simple tour d’horizon de l’actualité, obligeant l’homme politique à commenter des sujets qui n’ont parfois aucun rapport les uns avec les autres et sur lesquels son éclairage n’est pas toujours pertinent. Un format que revendique pourtant Bruce Toussaint : « Je cherche à faire réagir à chaud, car c’est le boulot d’une chaîne d’info. La première question est liée à l’actualité immédiate. Je ne commence pas par le plus important, mais par le plus récent. J’aime terminer par une question plus personnelle, ou sur une note sportive ou culturelle. J’essaye d’avoir des ruptures, de varier le rythme, car les hommes politiques sont tellement rodés à l’exercice que c’est très difficile de les déstabiliser pour avoir un moment de vérité. Je pense que ce n’est pas le but de ces interviews de donner une réponse au chômage. Le matin, ce n’est pas ce que recherchent les téléspectateurs ou les auditeurs. »A l’inverse, Léa Salamé propose, à 7 h 50 sur France Inter, une interview plus anglée, « quitte à ne pas tout couvrir », assume-t-elle. Comme Patrick Cohen, quelques minutes plus tard. « Je suis assez rarement dans un balayage de l’actualité, mais sur une thématique dominante quasi exclusive, sauf pour les personnalités très importantes comme le premier ministre ou le chef de l’opposition », explique-t-il.Pourtant, pour l’auditeur et le téléspectateur pressé du matin, l’interview politique se résume souvent à une course aux petites phrases. « Une pratique qui n’est pas nouvelle », souligne Guillaume Durand, dont l’interview de 8 h 15 est diffusée simultanément sur Radio Classique et LCI, mais qui a pris des proportions démesurées avec le développement des réseaux sociaux et des chaînes info. « Elle est renforcée par le buzz, qui est la version absolue de la connerie contemporaine. La reprise par l’AFP, c’est l’idée qu’on parle de moi. Ça ne peut pas être une obsession, mais ça serait une hypocrisie totale de dire qu’on ne recherche pas notre propre participation à l’actualité. Aujourd’hui, il y a une peur des gens de ma génération, qui composent l’essentiel des intervieweurs politiques, de ne pas être dans la modernité et de ne pas être dans le buzz », reconnaît-il.Chercher la petite phraseSi Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Michel Aphatie jurent qu’ils ne cherchent pas la petite phrase, ils font tous les deux une pause dans l’entretien lorsque apparaît une alerte sur l’iPhone du premier ou un extrait sur i-Télé de l’interview du second. « Quand on réfléchit à la construction d’une interview, on essaye d’allier des choses qui sont de natures différentes : regarder les problématiques au fond, chercher des sujets plus secondaires ou une réponse de votre invité dont vous savez qu’elle va faire débat. Quand on accuse les journalistes de chercher la petite phrase, on méconnaît grandement les obligations de ce travail. L’interview politique n’est pas une prise de parole magistrale d’un homme politique », plaide le journaliste de RTL.Voulue ou pas, la recherche de la reprise du bon mot peut provoquer des dérapages. La question posée à Roland Dumas par Jean-Jacques Bourdin sur l’« influence juive » qui serait subie par Manuel Valls a suscité beaucoup de réactions, jusqu’à provoquer celle, très inhabituelle, du CSA. « Les commentaires débridés des lecteurs sur les sites des journaux poussent au dérapage, car il existe une tentation de l’intervieweur de flatter son auditoire », analyse Guillaume Durand.Autre tendance qui peut contribuer à une certaine lassitude de l’auditeur : le sentiment d’entendre toujours les mêmes. « C’est vrai », concède Patrick Cohen. « Mais le format long suppose un minimum de notoriété, soit une légitimité incontestable sur un sujet. » « L’interview politique n’est pas un radio-crochet, mais il faut donner la chance aux jeunes pousses », juge pour sa part Jean-François Achilli, sur France Info tous les matins à 7 h 45.En quête de voix nouvelles« C’est compliqué de faire venir les gens, car ils ont peur. Ils sont méfiants et ont des plans médias concoctés par des communicants. Il faut qu’ils viennent quand ils ont des choses à dire et qu’ils sont prêts à répondre à des questions précises. Malheureusement, les partis eux-mêmes ne se renouvellent pas, mais, curieusement, lorsque j’invite des personnalités peu connues comme Jean-Jacques Urvoas ou Edouard Philippe, ça ne marche pas trop mal, s’ils sont en situation », se félicite Jean-Jacques Bourdin.Comme si, pour réconcilier les Français avec leurs hommes politiques, on devait ouvrir le micro à de nouvelles voix.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Comme annoncé par le président Mathieu Gallet le 16 avril dernier, une réflexion a effectivement été engagée sur l’évolution des instances de direction de Radio France dont les conclusions seront présentées dans quelques semaines », a confirmé la direction de l’entreprise publique dans un message interne, mercredi 6 mai.Tout en déplorant « des informations parues dans la presse ce matin au sujet de changements présumés au sein du Comité exécutif de l’entreprise ».Comme l’a annoncé Le Figaro, Sibyle Veil, actuellement directrice du pilotage de la transformation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, est pressentie pour rejoindre Radio France. Toutefois, sa venue n’est pas confirmée officiellement. Se posent notamment, selon nos informations, des questions sur le périmètre de ses missions.Elle a été présentée comme une future « directrice générale » et une remplaçante de Catherine Sueur, l’actuelle directrice générale déléguée, réputée en froid avec M. Gallet. Mais son poste pourrait avoir une envergure un peu moindre. Mme Sueur était numéro deux de l’entreprise sous le président précédent, Jean-Luc Hees.Sibyle Veil est énarque, issue de la même promotion qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, Gaspard Gantzer, le conseiller communication de François Hollande, ou Boris Vallaud, le secrétaire général adjoint de l’Elysée, aussi mari de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a été conseillère santé, travail et logement à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Elle est mariée à Sébastien Veil, lui aussi ancien membre du cabinet du président de la République et petit-fils de la ministre Simone Veil. Elle ne connaît pas le secteur audiovisuel.Le ministère de la culture de Fleur Pellerin a été informé par Radio France de la possible venue de Mme Veil, mais nie avoir donné une forme d’aval.D’autres changements possiblesUn autre changement devrait intervenir prochainement : le départ de Jean-Pierre Rousseau, l’actuel directeur de la musique, recruté par Mathieu Gallet. Cette hypothèse avait été évoquée dès fin mars, lors du conflit social qui a débouché sur une grève inédite à Radio France. Jean-Paul Quennesson, délégué Sud de Radio France et corniste à l’Orchestre national, avait qualifié sa direction de « fiasco total ».Pendant le conflit, l’assemblée générale des grévistes avait aussi visé l’actuel directeur des ressources humaines, Christian Mettot, un des principaux interlocuteurs des syndicats.Après la crise qui a secoué son autorité, Mathieu Gallet a donc engagé une réflexion sur la gouvernance de Radio France. Avant la sortie de grève, la ministre, Fleur Pellerin, s’était davantage impliquée personnellement, « convoquant » le dirigeant nommé par le CSA et nommant plus tard un médiateur pour renouer le dialogue entre les syndicats et la direction. Après la crise, certains anticipaient que la réflexion évoquée par Mathieu Gallet puisse être l’occasion pour le gouvernement de peser sur la réorganisation de l’entreprise. Il semble plutôt que le président de Radio France étudie sa future direction de son côté, dans la lignée du comité exécutif élargi mis en place à son arrivée.Pendant ce temps, le médiateur Dominique-Jean Chertier poursuit actuellement la « seconde phase » de sa mission, menant des réunions avec les parties prenantes en vue de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, feuille de route de l’entreprise pour les cinq années à venir. Parmi les chantiers sensibles figurent notamment la réforme des modes de production et la négociation d’un plan de départs volontaires de 300 personnes environ.Toutefois, la mise en place de ces discussions reste délicate. De source syndicale, un calendrier a été proposé par le médiateur. S’il propose des ateliers sur France Bleu, la musique ou les modes de production, aucun espace de discussion n’est pour le moment prévu sur le plan stratégique de l’entreprise.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un chantier délicat qu’a ouvert la Commission européenne mercredi 6 mai : aller plus avant dans la constitution d’un vrai marché unique numérique. Tous les sujets sont sur la table, y compris les plus polémiques. Une réforme du droit d’auteur, le renforcement de la lutte contre le piratage, une réflexion sur la nécessité ou pas de « réguler » les plates-formes Internet (Amazon, Apple, Facebook ou Google)…L’enjeu est considérable pour le président Jean-Claude Juncker, qui en a fait une des priorités de son mandat. Il s’agit de créer l’environnement économique favorable à la multiplication des sociétés numériques. Tout en préservant les industries traditionnelles – la banque, l’automobile, etc. –, toutes menacées à plus ou moins long terme d’« ubérisation », c’est-à-dire de voir leur modèle économique mis à bas par de nouveaux acteurs du Net.Réformer le droit d’auteurLa réforme du droit d’auteur ? Un texte législatif devrait être présenté à l’automne 2015, a précisé Bruxelles mercredi. Le principe de la territorialité des droits (le fait qu’un auteur puisse commercialiser les droits d’exploitation de son œuvre pays par pays) y sera conservé. Au grand soulagement du monde français de la culture, qui a mené un intense lobbying ces derniers mois afin d’éviter une relecture trop « radicale » de la directive droits d’auteurs de 2001.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreBruxelles tient néanmoins à proposer davantage d’exemptions au droit d’auteur, notamment pour le secteur de la recherche.La Commission voudrait aussi rendre plus accessibles les contenus en ligne entre pays européens. En surmontant le « geoblocking » (le fait, dans un pays A, de ne pas avoir accès au catalogue de vidéo à la demande [VOD] ou aux matchs de foot diffusés par une TV du pays B) ; ou en permettant la « portabilité » des abonnements à des services audiovisuels afin qu’un abonné puisse avoir accès à son offre quand il est en déplacement.Le vice-président de la commission en charge du numérique, Andrus Ansip, a fait du geoblocking et de l’accessibilité ses chevaux de bataille.Encadrer les plate-formes internetAutre gros chantier, pour lequel il n’y a pas consensus, loin de là, à la Commission : la régulation des plates-formes. La France et l’Allemagne poussent pour une révision de la directive e-commerce de 2000, demandant que les groupes de l’Internet qui jouissent du statut d’hébergeur soient considérés comme des éditeurs, donc tenus davantage responsables des contenus qu’ils distribuent.L’Irlande ou les Pays-Bas, terres d’accueil de grands du Net américains, freinent des quatre fers. L’administration Obama a déjà fait savoir, elle aussi, que ce n’était pas une bonne idée…Il y a aussi tout l’enjeu de l’accès aux gigantesques masses de données personnelles détenues par ces plates-formes : à qui appartiennent-elles ? Qu’est-ce que ces acteurs en font ? Est-il possible de les porter d’une plate-forme à l’autre ? Etc.Pour l’instant, aucun projet de directive n’est sur la table, « mais la volonté politique d’avancer sur ces sujets est là », dit-on à la Commission. Une consultation publique et une série d’études seront lancées d’ici à fin 2015.Pour avoir un espoir d’avancer avec et non contre les multiples groupes d’intérêt qui se sont déjà manifestés, ou ne manqueront pas bientôt de le faire, sur tous ces sujets, Bruxelles va devoir réussir un sacré travail de synthèse…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 11h25 • Mis à jour le06.05.2015 à 14h23 | Alain Beuve-Méry Par sa vitalité, le cinéma en France demeure une exception en Europe. Présenté, mercredi 6 mai, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), le tour d’horizon de l’année écoulée affiche dans tous ses segments (taux de fréquentation des salles, nombre de films produits et distribués ou exportés…) un dynamisme certain. Tous les clignotants sont au vert ou presque. Ce bilan est traditionnellement présenté, juste avant l’ouverture du Festival de Cannes (du 13 au 24 mai), qui constitue la vitrine la plus luxueuse du septième art dans l’Hexagone.Ainsi, avec 209 millions d’entrées sur 911 millions en Europe – 213,6 millions si l’on inclut les entrées gratuites –, la France demeure de loin le premier marché européen en termes de fréquentation, devant l’Allemagne (122 millions), l’Italie (100 millions), l’Espagne (87 millions) ou l’Angleterre (57 millions).En 2014, 66,6 % des Français, soit 39 millions sont allés au moins une fois au cinéma, soit une augmentation de 4 %. Chaque spectateur est allé en moyenne 5,3 fois au cinéma. Ce qui fait en vingt ans, une progression d’un tiers de spectateurs.Le bataillon le plus important : les étudiantsParmi ces publics, les inactifs représentent 51,1 % du total et, parmi eux, les étudiants, 28,6 %. Par tranches d’âge, les 25-49 ans forment le bataillon le plus important (35,6 %) devant les 50 ans et plus (33,1 %). Mais, avec 80 % des moins de 25 ans qui sont allés au cinéma au moins une fois par an, le septième art demeure un loisir très répandu chez les jeunes. Les 20-24 ans sont notamment ceux qui demeurent les plus gros consommateurs, même si leur nombre est en recul.Le CNC observe une stabilité de la fréquentation à Paris, mais une forte progression des entrées au sein des plus petites agglomérations : + 14 % sur les villes de 20 000 à 100 000 habitants ; + 17 % sur les plus petites communes.Ces données sont à rapprocher de celles concernant le nombre de salles. De fait, la France dispose du parc cinématographique le plus important en Europe, avec 2 020 établissements et 5 653 écrans. Avec, en moyenne, 8,6 écrans pour 100 000 habitants, l’Hexagone est ainsi doté du parc de salles le plus dense. En dix ans, le nombre de fauteuils a augmenté de 5,4 %, celui des écrans de 7,3 %. Le nombre d’établissements est, lui, en recul de 2,6 %.Films français en tête de podium en 2014En 2014, un cinéma a réalisé 103 453 entrées en moyenne. Mais ce sont les plus grands qui se tirent la part du lion, avec une progression de 9,5 % et 472 038 entrées par cinéma. Au total, le parc français se décompose en 191 multiplexes, avec 1 555 écrans actifs, dont deux multiplexes ouverts en 2014. Paris jouit de 404 écrans répartis en 87 établissements.En termes de recettes, le retour à une TVA à 5,5 % sur les tickets de cinéma a eu un effet positif. Aux guichets, les exploitants ont gagné 1,33 milliard d’euros en 2014, soit une hausse de 6,5 %. Le CNC note une forte progression des entrées entre 4 euros et 5 euros, qui sont passées de 9 % à 16 %. C’est la traduction logique de la politique tarifaire mise en place en faveur des jeunes de moins de 14 ans, pour qui le prix de la place a été fixé à 4 euros. Il y a eu près de 21 millions d’entrées à ce tarif en 2014. Sur ces recettes de 1,3 milliard d’euros, 43 % sont allés aux exploitants, soit 570 millions d’euros et 40 % aux distributeurs (532 millions d’euros).Avec 91 millions d’entrées pour les films français, la part du marché domestique s’élève à 44 % en France, contre 28 % en Italie, 27 % en Allemagne, 25,5 % en Espagne et 15,5 % au Royaume-Uni. C’est le plus haut niveau depuis 1984. De fait, en 2014, les trois premières places du podium des films ayant réalisé le plus grand nombre d’entrées sont 100 % françaises. La première marche est occupée par Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, avec 12,34 millions d’entrées, devant Supercondriaque (5,27 millions) et Lucy (5,2 millions).Vitalité des films d’animationParmi les bonnes nouvelles figure aussi la vitalité des films d’animation avec vingt-neuf sorties en 2014 pour 23 millions d’entrées. Parmi les six films français, deux – Astérix et le domaine des dieux et Minuscule – ont dépassé un million d’entrées en 2014. Cent films documentaires sont sortis en salle en 2014 dont soixante-douze films français.Lire aussi :Comédies et documentaires, les films français les plus rentables en 2014En 2014, 7 035 films ont été exploités, un chiffre en constante augmentation. La progression est même de 20,5 % depuis 2005. Parmi ceux-ci, il y a eu 663 films inédits et 4 108 films art et essai. En termes d’exposition, les films français sont présents en moyenne dans 119 établissements, en première semaine d’exploitation, un chiffre en recul par rapport à il y a dix ans. Les films américains sont en revanche présents en moyenne dans 258 établissements, un chiffre en augmentation.Il y a eu aussi six films distribués dans 800 établissements ou plus en 2014, dès la première semaine (contre trois en 2013), ce qui démontre la puissance de tir mise au service de certains blockbusters.Lire aussi :Les bons chiffres du cinéma français à l’exportAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre TF1 se regarde désormais massivement hors antenne. En avril 2015, selon Médiamétrie, plus de 9 millions de téléspectateurs ont utilisé son offre de « replay » depuis leur téléviseur, et 7 millions depuis leur ordinateur. Pour accompagner ces nouveaux usages, qui ont généré 1,4 milliard de visionnages en 2014, le groupe audiovisuel lance, lundi 25 mai, une refonte complète de son offre numérique, désormais unifiée sous la marque MYTF1.Les barrières installées par l’Autorité de la concurrence après le rachat des chaînes NT1 et TMC ayant expiré, MYTF1 rassemble désormais les contenus issus des quatre chaînes en clair du groupe (HD1, NT1, TF1, TMC) – ce qui lui permet mécaniquement de doubler le nombre de programmes proposés, pour atteindre 160 par mois.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Structuration par programme plutôt que par chaîne, design épuré, enchaînement automatique des vidéos, continuité d’un appareil à l’autre : les équipes de TF1 se sont inspirées des plates-formes comme Hulu ou Netflix pour imaginer ce nouveau MYTF1, qui sera proposé à travers les boxes des fournisseurs d’accès – y compris Numericable, dont MYTF1 était jusqu’ici absent –, disponible en ligne (PC, mobile, tablette) et sous forme d’application Android, iOS et Windows.Vous êtes un inconditionnel de « MasterChef » ? Vous trouverez sur une même page les dernières émissions, des bonus, des informations sur le programme et des vidéos « pur Web » sur la cuisine, issues du partenariat de TF1 avec Finder Studios. Si vous préférez la série « Les Experts », vous trouverez les dernières saisons diffusées, mais aussi l’accès, en vidéo payante à la demande (VOD), à la dernière saison diffusée aux Etats-Unis et pas encore en France.Forte progression de la VODPour TF1, le replay constitue un « complément d’audience », qui peut dépasser 20 % de l’audience linéaire dans certains cas. Pas de lien, donc, aux yeux de la chaîne, entre le succès de ces services et la légère érosion des audiences (21,3 % de part en avril, soit 1,5 point de recul en un an).La chaîne en attend évidemment des recettes, même si elle refuse de communiquer ses objectifs. Deux ou trois spots publicitaires sont diffusés avant chaque programme (« preroll »), et jusqu’à 120 secondes en « midroll » (au milieu des programmes). Des formats d’habillage de page sont aussi proposés aux annonceurs, pour les associer à tel ou tel programme. L’insertion de vidéos de marques (« brand content ») est une option.Lire aussi :Wild Bunch et TF1 s’engouffrent dans l’e-cinémaAutre source de recettes : la VOD. Selon TF1, le chiffre d’affaires en la matière a progressé de 38 % en 2014 et atteint « plusieurs dizaines de millions d’euros ». Vendredi 22 mai, MYTF1 proposera le film Adaline (6,99 euros le visionnage) avant sa sortie en salles en France, imitant ainsi les pratiques d’acteurs comme Amazon ou Netflix. Adaline rejoindra le film Son of Gun, proposé selon les mêmes modalités depuis début mai. D’autres sorties similaires sont prévues ces prochains mois.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.05.2015 à 20h39 • Mis à jour le18.05.2015 à 20h51 « Je ne serai plus Charlie Hebdo mais je serai toujours Charlie. » C’est par ces mots que le dessinateur Luz a annoncé, lundi 18 mai, dans une interview à Libération, son intention de quitter l’équipe de Charlie Hebdo.Le dessinateur se dit « phagocyté par mille choses, le deuil, la douleur, la colère », qui l’empêchent, dit-il, de s’intéresser à l’actualité. « C’est un choix très personnel », assure-t-il, alors que l’annonce de la mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui, la semaine dernière, avait ravivé les tensions qui existent dans la rédaction des « survivants », confrontée à la difficulté de rebâtir une équipe amputée depuis l’attentat du 7 janvier, et à l’afflux d’argent qui leur avait été versé en soutien.Lire l'interview de Riss :« La vie à “Charlie” n’a jamais été un fleuve tranquille »Quelques jours avant son entretien à Libération – qui accueille toujours l’équipe de Charlie Hebdo dans l’attente de son prochain déménagement dans de nouveaux locaux – Luz avait confié au Monde que trouver « des idées marrantes sur la politique française » lui demandait aujourd’hui énormément d’« énergie ». « Je me rends compte que la politique française, hormis la montée du FN, est particulièrement inintéressante », avait-t-il ainsi expliqué. « Cela a toujours le cas, mais on se réfugiait derrière le principe que le ridicule demeure un bon terrain humoristique. Là, j’ai un peu de mal… », confiait-il.« C’est aussi dû au fait que “Charlie” est désormais au cœur du débat politique. C’est difficile de se dessiner en tant que sujet. »A la fin d’avril déjà, le dessinateur avait annoncé dans les Inrockuptibles qu’il ne dessinerait plus le personnage de Mahomet, qu’il avait notamment croqué en « une » du premier numéro de Charlie Hebdo paru après les attentats de janvier. « Je m’en suis lassé, tout comme celui de Sarkozy. Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner », expliquait-il alors.« Chaque bouclage est une torture »A Libération, il raconte :« Chaque bouclage est une torture parce que les autres ne sont plus là. Passer des nuits d’insomnie à convoquer les disparus, à se demander qu’est-ce que Charb, Cabu, Honoré, Tignous auraient fait, c’est épuisant. »Il assure également que « cette réflexion sur le départ date d’il y a longtemps », mais qu’après les attentats il a « suivi par solidarité, pour laisser tomber personne. Il n’y avait plus grand monde pour dessiner ». « Si l’actu ne t’inspire plus, tu peux toujours dessiner, c’est presque pavlovien, mais tu vas refaire une idée que tu as déjà faite. »« Cette idée du départ, ajoute-t-il dans Libération, elle est aussi dans cette angoisse : la peur d’être mauvais. » Au Monde il avait ainsi évoqué le souhait de « passer à autre chose » et de s’éloigner d’une forme de routine professionnelle.« Après vingt ans de carrière, on a beau expérimenter des formes d’expression nouvelles, on finit par s’enfermer dans une sorte de train-train », expliquait ainsi celui qui publie mercredi Catharsis, un album de dessin personnel qui, dit-il, lui a fait du bien. « Pour la première fois, je n’avais pas peur d’une page blanche », confie-t-il à Libération.Lire aussi :Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journal Alexandre Piquard « Il faut faire ensemble un bon journal chaque semaine. Le reste, c’est de l’intendance… » Cette devise caricature à peine l’état d’esprit de Riss. Entré au journal en 1992, l’ancien numéro deux de Charlie Hebdo en est devenu le directeur après l’attentat du 7 janvier 2015 qui a décimé l’équipe. Encore occupé à rééduquer son épaule touchée par balle, escorté de plusieurs policiers, le dessinateur fait face à une contestation de salariés du journal, qui réclament un fonctionnement plus collectif. Réputé pour la rigidité de son caractère, plus intéressé par le contenu que par les débats juridiques ou économiques, Riss se dit ouvert au dialogue. Mais assume aussi ses choix.Le symbole le plus récent de la crise à Charlie Hebdo est la lettre de convocation à un entretien préalable de licenciement envoyée à la journaliste Zineb El Rhazoui. « Elle n’assure pas les obligations de son contrat de travail de façon satisfaisante. Cela pose des problèmes concrets au fonctionnement de la rédaction, justifie Riss. Des remarques lui ont été faites. J’en ai eu marre. J’ai demandé à notre avocat quoi faire. J’espère que le courrier envoyé remettra les choses sur les rails. »Après la parution d’un article du Monde.fr le 14 mai, la direction de Charlie Hebdo a toutefois annulé la convocation et adressé à la journaliste franco-marocaine un « courrier de rappel de ses obligations ». Il s’agit notamment de « sa présence aux conférences de rédaction ou des délais de rendu de ses articles », décrit Riss.La direction ne s’est-elle pas montrée trop dure face à une journaliste menacée de mort en février par des islamistes ? « Avant le 7 janvier, c’était pareil : elle écoutait peu les remarques, répond Riss. C’est vrai que la solennité du courrier confère une gravité. Mais on n’a pas envie de virer des gens. Si on en arrive à ce genre de procédure, à Charlie – journal peu répressif –, c’est qu’il y a quelque chose. » C’est le paradoxe qu’a aussi souligné Zineb El Rhazoui, tout en reconnaissant être « une grande gueule ».« Ce qui est agaçant, c’est que, par ailleurs, au journal, toute l’équipe est sur le pont, même si la rédaction est hantée par le 7 janvier et que tout le monde est suivi par un psy », poursuit le directeur de la publication. « C’est un problème de méthode de travail. J’ai embauché Zineb avec Charb (en 2011), je n’ai rien contre elle, elle fait de bons articles », assure Riss, qui ironise en rappelant avoir, lui aussi, fait à Charlie Hebdo l’objet d’une rare « mise à pied », pour « des conneries » ; il s’était « bousculé avec quelqu’un ».« Citadelle excédée »Il n’empêche, le cas de Zineb El Rhazoui a été présenté comme emblématique de la tension qui oppose depuis plusieurs mois la direction à une partie des salariés, réunis dans une association, qui demandent davantage de transparence sur l’argent du journal. Mais Riss n’estime pas que la direction se comporte en citadelle assiégée, au mieux en « citadelle excédée ».Le directeur évoque une piste de réponse aux revendications de l’équipe : la direction « étudie » le statut de « société solidaire de presse », né d’une loi d’avril 2015. Ainsi, Charlie Hebdo s’engagerait à réinvestir chaque année au minimum 70 % de son résultat, qui ne pourrait être distribué aux actionnaires. Le taux serait même de 100 % en 2015, année hors norme qui a vu les ventes en kiosques grimper jusqu’à 8 millions d’exemplaires, avant de retomber à 170 000 exemplaires.Avec 270 000 abonnements et un objectif à terme de 100 000 exemplaires vendus, Charlie prévoit de finir l’année avec 10 à 15 millions d’euros d’excédent sur lesquels s’appliquerait un impôt sur les sociétés d’un tiers. « Cet argent, c’est une sécurité », estime Riss, qui souhaite faire vivre le journal de ses ressources. En outre, les 4,3 à 4,5 millions d’euros de dons reçus doivent aller aux victimes de tous les attentats de janvier et à leurs familles, le ministère de l’économie ayant « donné son accord ». L’argent sera réparti par un comité de personnalités indépendantes, juristes ou fonctionnaires, décrit le directeur.Autre sujet sensible, les salariés du collectif revendiquent l’ouverture du capital, voire l’adoption d’une forme coopérative. Riss se dit ouvert à une discussion, mais « en septembre, après la nouvelle formule du journal ». « Aujourd’hui, j’aurais peur que nous prenions des décisions sous le coup de l’émotion », déclare celui qui détient 40 % du capital, le directeur financier, Eric Portheault, possédant 20 % – les derniers 40 % revenant à la famille de Charb. « On ne pourra pas rester à seulement deux actionnaires. Il y aura une ouverture du capital », assure Riss, tout en reconnaissant s’être déclaré « pas trop favorable » à ce que « tout le monde » détienne des parts de façon directe. Les pistes seraient l’ouverture du capital à certains membres de l’équipe ou à une société qui représenterait les salariés.DéfianceLe projet de fondation pour le dessin de presse a, lui, été « mis en suspens » car « la priorité, c’est le journal », explique Riss. L’avocat Richard Malka, qui s’y était impliqué, a désormais décidé de s’en tenir à un rôle de défense du titre dans les affaires de droit de la presse.Alors que Zineb El Rhazoui n’hésite pas à qualifier la direction d’« oligarchie » qui exercerait un pouvoir autiste, Riss relativise : « Je ne vois pas ce que la direction a fait de grave ou d’important depuis le 7 janvier sans l’avis des salariés. Ce sont des discours un peu théoriques. » La défiance qui s’est installée n’empêche-t-elle pas la suite de Charlie ? « Il y a plus de confiance qu’on veut le dire, croit Riss. Il n’y a pas de divergence éditoriale. Nous avons fait une réunion il y a quinze jours sur l’avenir du journal. On voulait tous faire la même chose. » Un nouveau site Web est en préparation.Riss aimerait un Charlie qui ait plus souvent « une longueur d’avance sur les sujets et l’actualité ». Il a pu envier des sujets parus ailleurs. Sur « l’insécurité culturelle », de Laurent Bouvet, par exemple. Certains n’ont-ils pas vu dans ce concept une tentative d’importer à gauche des idées liées au Front national ? « Cela est un sujet en soi, répond Riss. Comment parler de thèmes viciés par l’extrême droite ? C’est comme la laïcité. Il faut aborder des thèmes inconfortables. »Une autre urgence reste de trouver une « nouvelle génération » de dessinateurs, « comme Cabu quand nous sommes entrés au journal, Charb, Luz et moi, en 1992 ». Et de garder le « ton Charlie », « joyeux ». « Il faut faire chaque numéro comme si c’était le numéro un », insiste Riss, pour qui « la vie à Charlie Hebdo n’a jamais été un long fleuve tranquille ».Le désormais seul directeur du journal n’est-il pas trop autoritaire et exigeant pour la période que traverse le journal ? « C’est un cap. Il ne faut pas louvoyer. C’est vrai que je peux être intransigeant, reconnaît Riss. Mais il ne faut pas perdre l’exigence. Mais quand je parle avec Luz ou Gérard [Biard], ou d’autres, on se comprend. » Il a cette phrase, dont il goûte ensuite la petite part d’ironie : « Ce sont les choses difficiles qui sont excitantes. Plus c’est difficile, plus c’est excitant. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.05.2015 à 16h34 • Mis à jour le15.05.2015 à 16h38 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) L’avocat chinois Pu Zhiqiang, figure emblématique du combat pour l’Etat de droit en Chine et ex-défenseur d’Ai Weiwei, a été officiellement inculpé pour « incitation à la haine ethnique » et « provocation de querelles et de trouble » vendredi 15 mai après-midi. L’information a été diffusée par le microblog du parquet populaire de la municipalité de Pékin. M. Pu, âgé de 50 ans, avait été arrêté il y a plus d’un an, le 7 mai 2014, après avoir participé à un séminaire privé pour commémorer les 25 ans des événements de Tiananmen. Il a ensuite subi une détention d’une durée exceptionnelle, durant laquelle le parquet a plusieurs fois renvoyé à la police le dossier pour supplément de preuves, laissant envisager une hypothétique relaxe. Il n’en a rien été. Deux accusations ont toutefois été abandonnées, « l’incitation au séparatisme » et « l’obtention illégale d’information ».Un procès d’ici à deux semainesCette inculpation fait craindre le pire : M. Pu, qui s’était spécialisé dans les cas de liberté d’expression, encourt selon son avocat, Shang Baojun, joint par Le Monde, huit ans de prison. Son procès devrait se tenir d’ici à deux semaines. Or, M. Pu et son équipe de défenseurs ont peu de chances de gagner la partie : la jurisprudence en matière de « dissidents » montre une justice largement instrumentalisée par le parti pour faire taire les critiques, sans aucun souci de cohérence ni d’équité. « Après la journaliste Gao Yu dans le domaine de la presse, le juriste Xu Zhiyong pour la société civile, voici une autre figure connue qui va être lourdement punie pour l’exemple, cette fois pour intimider les autres avocats », explique un diplomate dans une chancellerie occidentale à Pékin. Cette liste qui s’allonge de prisonniers d’opinion jetés derrière les barreaux confirme, de la part du régime et de son nouvel homme fort, une tolérance zéro à la critique, assumée sans vergogne malgré l’indignation des associations des droits de l’homme et des pays démocratiques, asiatiques ou occidentaux. Hasard du calendrier, la nouvelle de l’inculpation de M. Pu est tombée le jour de la rencontre entre le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, en visite officielle à Pékin, et le premier ministre chinois, Li Keqiang. Et la veille de l’arrivée en Chine du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, samedi 16 mai. « Il faudra s’attendre à beaucoup de réactions dans les jours qui suivent puis lors du procès, car le dossier Pu Zhiqiang fait partie de ceux qui sont le plus suivis par les ambassades étrangères », poursuit le diplomate sous couvert d’anonymat. Au début du mois, le département d’Etat américain avait appelé Pékin à libérer Pu Zhiqiang.Lire aussi :Sept années de prison pour la journaliste chinoise Gao YuLa persécution politique en Chine s’abrite toutefois derrière une façade procédurière qui rend difficile les critiques, malgré les vices de procédures et les dénis de droits que ne cessent de répertorier les avocats chinois. Enfin, alors que le très charismatique Pu Zhiqiang faisait partie des rares personnalités mises en avant par les médias chinois les plus progressistes avant sa détention, plus aucune couverture médiatique n’est autorisée sur son cas depuis en Chine, en dehors des dépêches, brèves et vénéneuses, des organes officiels.Blogueur hyperactifLa justice chinoise reproche à M. Pu des messages de microblog – 28 billets exactement – qu’il avait envoyés à ses abonnés entre 2011 et 2014 et qui ont été consignés dans l’enquête parmi des milliers d’autres (M. Pu était un blogueur hyperactif). Ses avocats ont toujours fait valoir qu’ils restaient dans les limites de la liberté d’expression telle que la définit la Constitution chinoise. Leur client est, selon eux, persécuté pour délit d’opinion.Lire aussi :Un avocat chinois menacé de 20 ans de prison pour des tweets« L’incitation à la haine ethnique » concerne des messages diffusés au sujet de la situation dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, qui a basculé depuis 2013 dans une spirale de violence et de répression. Turcophones et musulmans, les Ouïgours s’estiment réduits à des citoyens de seconde zone sur leur propre territoire. Loin de s’en être pris à eux, Pu Zhiqiang avait mis en doute dans ses tweets les informations extrêmement contrôlées et partielles de la propagande sur les attentats de 2014 au Xinjiang – dont un dans la gare d’Urumqi le 30 avril – et dans le reste de la Chine. Il avait aussi critiqué des « politiques absurdes », fondées sur le « contrôle et la vision d’autrui [les Ouïgours] en ennemis » de la part du gouvernement chinois.Quant à la « provocation de querelles et de troubles », elle pourrait renvoyer à un ensemble de moqueries exprimées par Pu Zhiqiang à l’encontre de personnalités politiques mineures très souvent raillées par la blogosphère pour leur manque d’esprit critique et leur soumission au régime – comme le petit-fils de Mao, Mao Xinyu, un haut gradé de l’armée nommé député et dont les internautes moquent continuellement l’incompétence. Dans la Chine de Xi Jinping, comme jamais peut-être depuis des décennies, le parti et son sacro-saint héritage sont intouchables.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.05.2015 à 20h45 • Mis à jour le15.05.2015 à 10h12 | Alexandre Piquard Zineb El Rhazoui, journaliste membre de la rédaction de Charlie Hebdo, a reçu, mercredi 13 mai, un courrier de la direction la convoquant à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, a appris Le Monde. Elle est d’ici là mise à pied. Contactée, la direction refuse de commenter « une procédure en cours et interne », mais insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’une convocation à un entretien, pas d’un licenciement effectif. La décision intervient dans un contexte de tensions entre la direction et la rédaction.Zineb El Rhazoui dit ne pas comprendre le motif du courrier ni la faute grave évoquée et s’étonne de la méthode « bureaucratique » employée, « sans discussion préalable ». « Je suis choquée et scandalisée qu’une direction qui a bénéficié d’autant de soutien après les attentats de janvier fasse preuve d’aussi peu de soutien envers un de ses salariés, qui est sous pression comme tous dans l’équipe et fait l’objet de menaces. »Menaces de mortSociologue des religions, franco-marocaine et militante contre l’islamisme et l’intégrisme, Zineb El Rhazoui, a notamment fait l’objet de menaces de mort de la part d’islamistes, mi février. Visant également son mari, ces menaces ont été dénoncées par des sociétés de journalistes. Par ailleurs scénariste de La Vie de Mahomet, dessiné par Charb, Mme El Rhazoui vit depuis sous protection renforcée, à Paris.« Mon mari a perdu son emploi car des djihadistes ont dévoilé son lieu de travail, il a dû quitter le Maroc, je suis menacée, je vis dans des chambres d’amis ou à l’hôtel et la direction envisage de me licencier... Bravo Charlie », ironise Zineb El Rhazoui.Conditions chaotiquesSans préjuger du motif du courrier reçu, Mme El Rhazoui explique qu’elle n’a pas pu travailler normalement depuis les attentats qui ont décimé la rédaction en janvier. « Je ne suis pas la seule. On ne peut pas reprocher aux gens d’aller mal et de ne pas se comporter en bons ouvriers, on vit dans des conditions chaotiques. C’est impossible de faire des reportages sous protection policière... », explique-t-elle.Avant janvier, Zineb El Rhazoui réalisait pour Charlie Hebdo des reportages en France et à l’étranger, notamment en Afrique, souvent sur les religions. Elle a été recrutée en 2011 pendant les « printemps arabes ». Auparavant, elle a été militante au Maroc, opposée au régime ou au ramadan, via notamment le mouvement alternatif pour les libertés individuelles, qu’elle a confondé. Elle a aussi été très active au sein de l’association Ni putes ni soumises.Depuis janvier, Mme El Rhazoui est souvent apparue dans les médias, notamment au « Grand Journal », afin de défendre la laïcité contre l’islamisme ou le droit au blasphème, des thèmes liés à Charlie Hebdo et aux attentats, comme lors de conférences, à Chicago, Montréal ou Paris.« Mesure punitive »Au fond, Mme El Rhazoui s’estime aujourd’hui victime d’une « mesure punitive » pour avoir contesté la direction actuelle de Charlie Hebdo. Elle a fait partie des signataires d’une tribune parue fin mars dans Le Monde demandant une « refondation » du journal et une gouvernance – ainsi qu’une structure de capital – beaucoup plus collégiale qu’aujourd’hui. Le capital est actuellement détenu à 60 % par le directeur de la publication Riss et le directeur financier Eric Portheault. Ils travaillent de façon assez étroite avec le rédacteur en chef Gérard Biard (L’avocat Richard Malka, proche de la direction et notamment actif dans un projet de fondation, a lui fait savoir début avril qu’il se concentrerait désormais sur les dossier de droit de la presse du journal).La tribune des journalistes – qui ont créé une association – n’avait pas plu à la direction, qui s’est estimée injustement visée. Un e-mail a été envoyé aux signataires, leur demandant de ne pas émettre de critiques à l’extérieur. Par ailleurs, les salariés ont été consultés sur leur vision du futur du journal, dans l’optique d’une future nouvelle formule.« Après une phase où on pensait qu’une vraie discussion avait repris, les choses ne passent aujourd’hui pas bien », estime un journaliste signataire de la tribune.« Pas d’explication »Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie, est furieux du courrier envoyé à Zineb El Rhazoui : « On est tous encore en train de gérer l’après-attentat. Convoquer des membres de l’équipe qui sont encore dans des souffrances incroyables, c’est méchant et déloyal. »« Recevoir des prix pour la liberté d’expression et convoquer des journalistes menacés, c’est paradoxal, ajoute-t-il. Et on n’a pas d’explication alors que journal se veut alternatif et socialement irréprochable... »Un autre journaliste s’indigne du sort réservé à Zineb El Rhazoui, qui est une « grande gueule » mais qui « s’est exposée et mise en danger depuis des années » pour écrire un livre comme celui sur Mahomet avec Charb ou pour ramener des reportages.« Je suis très surpris d’une décision aussi bête et méchante, mais pas au sens de Hara-Kiri... critique-t-il. La méthode est incroyable pour Charlie. C’est violent. » La réaction de la direction sous-entend qu’il pourrait ne pas s’agir de licencier Zineb El Rhazoui, simplement de la rappeler à l’ordre et à ses devoirs envers le journal. Cette dernière ne décolère pas et estime que « si c’était le cas, on aurait dû discuter... ».A lire aussi (édition abonnés) : « Charlie Hebdo » : le casse-tête de la reconstruction Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florent Bouteiller SAMEDI 16 MAI Moto Allez, pleins gaz sur les championnats du monde de vitesse. Au Mans, lors du Grand Prix de France, Louis Rossi et Alexis Masbou espèrent faire ronronner comme il se doit leur moteur à domicile. Décibels assurés et belles batailles en perspective sur le circuit sarthois. (12 h 30, Eurosport.) Rugby Eux aussi vont mettre la gomme. Troisièmes à 1 point de Clermont, les mastodontes du Stade toulousain n’ont pas d’autre choix que d’écraser les pauvres Grenoblois, cantonnés dans la zone rouge du Top 14 (11e). Si la 2e place semble à portée des Toulousains, on voit mal Toulon, intraitable sur toutes les pelouses des royaumes de France et d’Europe, perdre son Bouclier de Brennus. (14 h 35, Canal+.) Tir à l’arc Les archers de France et de Navarre devront avoir un bon coup d’œil. Le domaine victicole de Saint-Hilaire (Var) accueille la fine fleur nationale du tir à l’arc. Sept cents concurrents sont attendus en plein cœur de la Provence verte, et 21 arbitres. Des stands consacrés à la gastronomie provençale ou à l’archerie seront érigés. Mais, à coup sûr, celui qui attirera le plus de monde, c’est celui de l’école de kinésithérapie de Marseille qui propose des massages. De quoi joindre l’utile à l’agréable. Cyclisme C’est un bon coup de pédale que devra mettre Alberto Contador pour gagner le Tour d’Italie cette année. A 33 ans, l’Espagnol de la Tinkoff a toujours les jambes pour réaliser un Giro-Tour de France. Mais le mental suivra-t-il au cours de cette 8e étape entre Fiuggi et Campitello Matese. 188 km tout de même ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Athlétisme Vous êtes dans les starting-blocks ? Ça tombe bien, eux aussi. Les meilleurs coureurs de la planète ont rendez-vous au meeting de Doha dans le cadre de la Diamond League. Ne cherchez pas le fondeur Haile Gebreselassie. L’Éthiopien de 42 ans a dit adieu à la compétition. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour zapper ! (10 heures, BeIN Sports 1.) Rugby Ils vont devoir mettre encore plus de gomme. Chez eux, à Jean-Bouin, les rugbymen du Stade français, à 1 point de Toulouse, auront à cœur de remonter sur le podium du Top 14. Mais affronter Montpellier (7e) dans un tel match à enjeu n’est pas une mince affaire pour les Parisiens. (16 h 35, Canal+.) Football On retrouve Montpellier, version ballon rond cette fois. Et derechef contre un poids lourd parisien. Les Héraultais affrontent le PSG, désormais seul en tête du classement de Ligue 1. Pour arracher une victoire, il faudra beaucoup de cœur et quand même un peu de chance. (20 h 55, BeIN Sports 2.)DIMANCHE 17 MAI Golf Vous avez une fâcheuse tendance à louper votre swing ? Un coup de zapette sur l’Open d’Espagne vous fera un bien fou. A ne pas manquer : l’Espagnol Miguel Angel Jiménez. A 50 ans, le tenant du titre aimerait doubler la mise. Si, après cela, vous êtes toujours aussi maladroit, on ne peut plus rien pour vous. Essayez les fléchettes ! (20 h 45, Canal+ Sport.) Equitation Le golf, ce n’est définitivement pas pour vous, alors, chaussez les étriers ! A La Baule, c’est autre chose que du manège qu’on vous propose. Les plus grands noms du saut d’obstacles mondial sont attendus de sabot ferme. 17 nations, 67 cavaliers et 185 chevaux sont engagés dans les 9 épreuves au programme. Ça va sauter ! (10 h 45, Sport +.)Athlétisme On reste dans la Diamond League, mais, cette fois, ça se passe à Shanghaï. Et toujours pas d’Haile Gebreselassie au programme. Ah oui, c’est vrai, il a pris sa retraite. Mais ce n’est toujours pas une raison pour zapper ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Tennis Un service phénoménal, un coup droit ravageur et un mental au top… c’est ce que devra retrouver Rafael Nadal pour briller une dixième fois à Roland-Garros cette année. Pour l’instant, c’est mal parti. L’Espagnol n’a gagné aucun tournoi sur terre battue cette année. Le tournoi de Rome, dont la finale se joue ce dimanche, sera peut-être le théâtre de sa résurrection ? (16 heures, BeIN Sports 1.) Plongeon Pendant que Rafael Nadal sombre dans les abysses, d’autres y vont de plein gré. A La Rochelle, le niveau de la mer n’est peut-être pas très profond, mais assez quand même pour y organiser le Cliff Diving World Series. Attention quand même à ne pas trop toucher le fond, les entrailles du port n’étant pas des plus paradisiaques. (16 heures, France O.)Football Inévitablement, l’une de ces deux équipes perdra gros dans la course au podium en Premier League. Manchester United (4e) affronte Arsenal (3e), et ça sent le très gros match, aussi bien sur la pelouse que dans les tribunes. (16 h 50, Canal+.) Hockey sur glace Si vous croyez que, à cette période de l’année, il n’y a plus de sports d’hiver, vous vous fourrez la crosse dans l’œil. A Prague, on dispute même la finale des championnats du monde. Un an après le traumatisme des Jeux olympiques de Sotchi, les Russes espèrent redorer leur blason grâce à un nouveau titre. Mais le Canada comme les Etats-Unis sont là encore pour les en empêcher. (20 h 40, Sport +.) Rugby Bis repetita. Trois semaines après s’être affrontés sur la pelouse de Twickenham pour un titre européen, les Toulonnais et les Clermontois se retrouvent dans le cadre du Top 14 cette fois. Avantage psychologique aux Varois bien sûr, champions d’Europe en tête du championnat national. Les Jaunards devront sortir un gros match pour déstabiliser leur adversaire. (21 heures, Canal+.)Florent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.05.2015 à 16h32 • Mis à jour le13.05.2015 à 19h00 | Jérémie Lamothe Quatre mois après les attentats de Paris et les manifestations qui ont rassemblé près de quatre millions de personnes dans les rues, les livres sur l’après-Charlie continuent de fleurir dans les librairies. Le dernier essai d’Emmanuel Todd, Qui est Charlie ?, en est la dernière preuve : le démographe y dénonce « l’imposture » de cette France du 11 janvier qui s’est déplacée en masse pour défendre la liberté d’expression.Lire aussi :Manuel Valls : « Non, la France du 11 janvier n'est pas une imposture »Emmanuel Todd est le premier auteur à critiquer aussi ouvertement l’esprit post-Charlie, parmi les nombreux ouvrages sur les événements, et ses conséquences politiques, religieuses ou identitaires. Du dernier ouvrage de Caroline Fourest chez Grasset, à celui de Laurent Joffrin chez Stock, en passant par celui d’Abdennour Bidar chez Albin Michel… En tout, ce sont une quinzaine de livres liés directement ou indirectement au 11 janvier qui se trouvent dans les librairies.De nombreuses ventesMais le public est-il demandeur ? Oui, selon Jérome Dayre, fondateur des éditions Inculte : « En librairie, les lecteurs ont énormément réagi, dès le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo. Les libraires ont joué leur rôle en ressortant des livres sur la tolérance par exemple. Ça a très bien marché. Il y a eu une vraie attente du public, les gens étaient vraiment désemparés. »Dans la grande librairie Mollat à Bordeaux, Pierre Coutelle, responsable du pôle littérature et sciences humaines, compare cet engouement « à l’après-11 septembre. Les gens ont demandé des ouvrages d’exploration sur l’islam, la géopolitique… Après les attentats, il n’y a pas eu de réaction de fuite de la part des lecteurs. Au contraire, il y a eu une vraie demande de compréhension ».Une réaction spontanée qui a surpris Olivier Nora, PDG des éditions Grasset : « Ce qui s’est produit a été contre-intuitif. Je pensais que la machine serait arrêtée par l’attentat. Lorsqu’il y a des actualités aussi fortes, les gens se précipitent vers la presse, Internet mais là il s’est produit l’inverse. C’est un mélange de réveil militant, républicain et citoyen. »Toutes les maisons d’édition interrogées le reconnaissent volontiers, les livres liés aux événements de janvier se portent très bien. C’est le cas de celui d’Edgar Morin et de Patrick Singaïny, Avant, pendant, après le 11 janvier, publié aux éditions de l’Aube. Pour le directeur des collections d’essai, Jean Viard : « Cet essai a été vendu pour l’instant à 4 500 exemplaires, on peut espérer en vendre 10 000. » Un bon chiffre : « Aujourd’hui, quand un essai se vend à 1 500-3 000 exemplaires, on commence à avoir de l’effet, avec des idées qui se diffusent ».Des bons résultats perçus également chez Grasset d’après Olivier Nora : « Le livre de Caroline Fourest, sorti le 29 avril, a déjà été vendu à près de 11 000 exemplaires. Il va rentrer dans les best-sellers à partir de la semaine prochaine. Je suis surpris que ça aille aussi vite. »Un temps de réaction différentDes scores qui s’expliquent peut-être aussi par la rapidité avec laquelle certaines maisons d’édition ont décidé de participer au mouvement. Le Livre de poche a par exemple sorti dès le 5 février Nous sommes Charlie, un recueil de soixante textes en réaction à la tuerie qui a touché le journal satirique : « Ce livre a été décidé dès le lendemain des attentats de Charlie Hebdo, le jeudi. On a souhaité une réaction à chaud, un mouvement spontané », précise l’attachée de presse, Anne Bouissy.Albin Michel a également souhaité très vite réagir en sortant dès le 18 février Plaidoyer pour la fraternité, d’Abdennour Bidar. Une rapidité assumée par Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités : « Chez Albin Michel, on le fait très rarement, ça perturbe le réseau commercial. Mais là, ça valait le coup, on a réfléchi et on s’est dit qu’en cinq semaines, il devait être en librairie. »Une réactivité qui n’est pas partagée par tous. Aux éditions de La Découverte, on a fait le choix de ne pas surréagir au traumatisme des événements. Seul le livre d’Edwy Plenel, Pour les musulmans, sorti en septembre 2014, a été réédité avec une nouvelle préface évoquant les attentats. D’après François Gèze, éditeur à La Découverte : « Nous n’avons pas souhaité sortir un livre directement. Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le sujet. Nous sommes plutôt à la recherche de livres qui aident, qui éclairent, sans être dépendants de l’actualité. »« La machine à débattre s’est remise en mouvement »De fait, le « filon » du 11 janvier a poussé de nombreux auteurs à démarcher les maisons d’édition. Avec plus ou mois de réussite, précise Olivier Nora : « Beaucoup d’auteurs nous ont sollicités pour écrire un livre sur ces événements mais tous n’ont pas une expertise telle que cela mérite un livre. » Pour ce dernier, cette effervescence est une très bonne nouvelle : « La machine à débattre s’est remise en mouvement, notamment entre les deux gauches, sur les concepts de laïcité par exemple. Il est vrai que l’événement permet une énorme traînée, et personne ne pense que ça va s’arrêter. » Prochainement, dans les rayons de la librairie Mollat, à Bordeaux, Pierre Coutelle prévoit en effet « une quarantaine de livres » sur ce sujet en 2015.Un renouvellement du débat indispensable et vital pour Jean Viard, des éditions de l’Aube : « On est entré dans un cycle de violence qui va durer dix à vingt ans, la société doit se charpenter. On n’a jamais eu une aussi forte volonté de débat. Le 11 janvier n’est pas une date, mais une ouverture de période, le champ intellectuel va être passionnant. »« Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion »« Jusqu’en février, on était dans les livres de réaction, puis ça a commencé à s’estomper. Mais depuis la sortie du livre de Todd, ça repart », précise Jérémie Chevallier, vendeur à la librairie Gibert Joseph à Barbès (XVIIIe arrondissement de Paris), pour qui « les lecteurs demandent maintenant des livres de réflexion, qui vont davantage sur le fond ».Le Traité de la tolérance de Voltaire a par exemple été réimprimé et vendu à plus de 90 000 exemplaires par les éditions Folio-Gallimard depuis les attentats de janvier. Selon Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités chez Albin Michel, l’une des premières préoccupations des Français a aussi été de s’informer sur l’islam : « Nous avions beaucoup de livres sur l’islam que nous avons ressortis et nos ventes ont explosé. Nous avons beaucoup revendu Islam sans soumission, d’Abdennour Bidar, la traduction du Coran, par Jacques Berque ou encore l’autobiographie d’Abd al Malik, Qu’Allah bénisse la France. »La volonté de comprendre ces événements a une incidence sur le reste du marché du livre, remarque également Olivier Nora : « Dès janvier, il y a eu une prime à la non-fiction. Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion. La littérature “haut de gamme” et le roman n’ont pas connu un très bon premier trimestre. »Jérémie LamotheJournaliste au Monde Alexandre Piquard Les médias doivent-ils abandonner un partie du contrôle sur leur contenu pour toucher davantage de lecteurs sur les réseaux sociaux ? Ou risquent-ils de se retrouver dans une dépendance funeste ? Après des mois de négociations et de rumeurs, une dizaine de grands éditeurs a décidé de sauter le pas en nouant un accord avec Facebook : à partir du mercredi 13 mai, le New York Times, BuzzFeed, National Geographic, The Atlantic et NBC News vont publier des articles directement sur la plateforme du réseau social.Outre ces éditeurs américains, quatre européens (The Guardian, BBC News, Bild et Spiegel Online) vont participer à cette « expérimentation » baptisée « Instant Articles ».L’accord suppose de « perdre une partie du contrôle sur nos moyens de distribution », mais en même temps, « nous nous efforçons de rendre nos histoires accessibles au plus grand nombre de personnes possible », a résumé James Bennet, rédacteur en chef de The Atlantic, l’un des partenaires de Facebook, cité par le New York Times. Générer plus de traficAujourd’hui, vu des médias partenaires, l’accord ressemble à un grand ciel bleu mais certains distinguent quelques nuages, au loin. Jusqu’ici, les éditeurs se servent de Facebook pour publier des liens vers leurs articles, avec les titres, photos et résumés les plus alléchants possible.Quand les lecteurs cliquent, ils sont renvoyés vers le site ou la plateforme des médias. C’est sur leurs supports principalement que les éditeurs génèrent des revenus, en vendant de la publicité, et qu’ils suivent leur précieuse communauté. Facebook est vu par les éditeurs comme un moyen d’interagir avec leur public mais indirectement, ils en attendent du trafic.Le poids de Facebook dans l’audience des médias numériques n’a fait que croître : il représente 14 à 16 % du trafic du New York Times, un chiffre qui a doublé au cours de derniers mois. En France, le site d’information 20Minutes estime la part d’audience venue des réseaux sociaux à 15 % environ. Pour Le Monde, elle est d’environ 10 % (dont la grosse majorité en provenance de Facebook). Le chiffre peut être sensiblement plus élevé pour des médias à l’audience moins massive. Ou pour ceux qui ont beaucoup misé sur le « social », comme le site d’information et de divertissement Buzzfeed, qui avance le chiffre record de 75 %.« Instant Articles »Du point de vue de Facebook, le premier objectif d’« Instant Articles » est de charger le contenu plus rapidement. Un enjeu crucial pour les smartphones, qui génèrent parfois un temps d’attente exaspérant quand on clique sur un lien dans les transports en commun, par exemple. Selon Facebook, chaque article prendrait en moyenne 8 secondes à charger. « Instant Articles » promet un chargement « jusqu’à 10 fois plus rapide ». Pour le réseau, c’est un moyen d’améliorer « l’expérience utilisateur » et d’attirer du bon contenu, donc de garder les internautes sur sa plateforme. Pour les médias partenaires, c’est l’espoir de voir ses contenus bien plus lus que ceux de leurs concurrents.Afin de vaincre les réticences de grands éditeurs, la société de Mark Zuckerberg n’a pas hésité à élaborer un accord de départ favorable : les médias ont le droit de vendre eux-mêmes de la publicité dans leurs articles « embeddés » sur Facebook. Et de garder 100 % des revenus générés. Si c’est Facebook qui vend les annonces, les médias en tirent tout de même 70 %. Et le réseau social autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs sur Facebook, avec leurs outils habituels. Un enjeu central vu l’importance croissante des « data » dans la publicité ciblée.De plus, Facebook donne aux médias la possibilité de personnaliser la mise en forme de leurs « Instant Articles ». Et leur donne accès à quelques mises en forme spéciales, comme des « cartes interactives », des photos agrandissables ou des commentaires sur un extrait d’article.Dépendance accrue« Nous n’essayons pas du tout de positionner Facebook comme un remplacement aux journaux, aux radios ou aux chaînes que vous aimez. Nous pouvons être complémentaires », a plaidé en résumé Chris Cox, responsable produit de Facebook, cité par le New York Times.Pourquoi alors les médias devraient-ils s’inquiéter ? La crainte principale tient à un risque : celui d’avoir une dépendance accrue à Facebook. Et d’être soumis à ses changements stratégiques, voire à son bon vouloir. Les termes du « deal » actuel « d’Instant Articles » pourraient changer, anticipent certains éditeurs. Beaucoup ont en mémoire l’expérience malheureuse du « social reader » de Facebook, sorte de journal agrégeant des articles de différents médias partenaires : lancé en 2011, il a depuis été arrêté.Plus fondamentalement, d’autres pointent les changements successifs apportés par Facebook à l’algorithme crucial qui détermine quels contenus sont montrés dans le flux personnel des utilisateurs. Il s’est par exemple agi de favoriser les vidéos ou de défavoriser les posts d’agrégateurs de contenus. Les sociétés très dépendantes de Facebook peuvent avoir un destin fragile, comme l’a expérimenté l’éditeur de jeux Zynga.Dans le rapport de forces qui se dessine, Facebook a un poids croissant, en tant qu’apporteur d’audience pour les éditeurs, mais aussi comme acteur de la publicité : il a capté à lui seul 35 % de la publicité sur mobile en 2014, selon Emarketer. Un poids qui rappelle celui de Google, dont les rapports avec la presse ont été variés. Pour dépasser la menace de la dépendance, Buzzfeed propose, lui, de mettre le maximum de ses contenus… sur un maximum de réseaux sociaux différents. Un autre dilemme.Lire aussi :Facebook redéfinit son « Internet pour les pauvres » en IndeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Verizon a annoncé, mardi 12 mai, le rachat de la société de services Internet AOL pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). Grâce à cette acquisition, l’opérateur de télécommunications veut accélérer son développement dans le domaine de la vidéo et de la publicité sur mobile. Verizon propose aux actionnaires d’AOL un prix de 50 dollars par action, ce qui représente une prime de 23 % par rapport au cours moyen du titre sur les trois derniers mois. Mardi, l’action AOL s’est envolée de plus de 18,62 %, pour s’aligner sur l’offre de Verizon.Pour Tim Armstrong, le patron d’AOL, cette opération « va donner naissance au plus gros acteur de téléphonie mobile et de vidéo américain ». Il estime que grâce à ce rapprochement, son groupe va désormais être capable de rivaliser avec des géants de la publicité sur Internet comme Google et Facebook. AOL est aujourd’hui le troisième fournisseur de vidéo en termes d’audience aux Etats-Unis, loin derrière les deux géants, selon la société d’études ComScore. « Les entreprises ont noué des partenariats réussis et nous sommes enthousiastes à l’idée de travailler avec eux pour créer la prochaine génération de média dans le domaine du mobile et de la vidéo »,assure M. Armstrong à propos du rapprochement avec Verizon.Verizon a l’intention de lancer dès cet été son propre service de vidéo, OnCue. Il va s’agir de proposer des programmes payants et gratuits à ses abonnés, mais sur des formats et des contenus adaptés au mobile et différents de ce que les chaînes de télévision traditionnelles peuvent proposer. Grâce à AOL, Verizon compte doper ses revenus publicitaires. L’idée de ce service est également d’augmenter la consommation de haut débit des abonnés de l’opérateur.Virage stratégiqueVerizon est déjà un diffuseur de contenu grâce à sa box FiOS TV, à laquelle sont abonnés 5,6 millions de foyers américains. L’opérateur a également noué un partenariat avec la National Football League (NFL) pour diffuser des matchs sur les téléphones mobiles de ses clients. « Verizon a déjà de bonnes relations avec tous les grands fournisseurs de contenu à travers [sa box] FiOS et grâce à des accords de licence plus larges. Il peut créer facilement une sorte d’offre dégroupée qu’il pourra vendre dans tout le pays », estime l’analyste spécialisé dans les nouvelles technologies Jan Dawson.Il s’agit d’un virage stratégique pour le premier opérateur de téléphonie mobile américain. En septembre 2013, Verizon s’était donné de nouvelles marges de manœuvre en rachetant les 45 % que le britannique Vodafone détenait dans Verizon Wireless, leur filiale commune de téléphonie mobile aux Etats-Unis, pour 130 milliards de dollars.Pour AOL, c’est la fin d’une histoire mouvementée. Le fournisseur d’accès à Internet avait fusionné avec le groupe de médias Time Warner en 2000, à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Ce rapprochement avait tourné au cauchemar avant que Time Warner ne décide de se séparer d’AOL en mai 2009.C’est à ce moment que M. Armstrong, un ancien de Google, arrive à la tête d’AOL pour réorienter l’activité de la société, notamment vers la publicité sur Internet. En 2013, AOL a ainsi racheté Adap.tv, une plate-forme qui permet de connecter annonceurs et producteurs de contenu vidéo. Parallèlement, le groupe est à la tête d’un portefeuille de sites Internet comme le Huffington Post, TechCrunch et Engadget. Selon des rumeurs, le nouvel ensemble pourrait se séparer du Huffington Post, racheté en 2011 pour 315 millions de dollars. Une hypothèse démentie. « L’un des grands gagnants de cette opération sera le Huffington Post », a assuré M. Armstrong sur CNBC. Lui-même est appelé à continuer à diriger AOL, une fois que la fusion sera bouclée, sans doute au détour de l’été.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le29.05.2015 à 16h51 Le tribunal correctionnel d’Annecy (Haute-Savoie) a condamné, vendredi 29 mai, le directeur de la rédaction de BFM-TV, Hervé Béroud, et son journaliste Dominique Rizet à payer des amendes de 10 000 euros chacun. Une peine prononcée pour avoir diffusé à l’antenne des photos de la tuerie de Chevaline. Egalement poursuivi pour avoir publié ces clichés, le directeur de la publication du Parisien, Jean Hornain, a été relaxé.M. Béroud et M. Rizet ont été reconnus coupables de recel de violation du secret de l’instruction. Ils ont en revanche été relaxés des délits d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre et de reproduction illicite d’une scène de crime.Les trois clichés incriminés montraient la famille au complet avant la fusillade et des scènes du crime de la tuerie de Chevaline. On y voyait la voiture des victimes et le corps de Sylvain Mollier, probable victime collatérale lors du quadruple meurtre.Diffusées en exclusivité à l’antenne de la première chaîne d’infos de France, les photos furent présentées et commentées par Dominique Rizet. Une plainte avait alors été déposée par les avocats de la famille de Sylvain Mollier.Lire : Tuerie de chevaline : une plainte déposée contre BFM-TVLe 5 septembre 2012, Saad Al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d’origine irakienne, sa femme, âgée 47 ans, et sa belle-mère, âgée de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.L’une des fillettes du couple Al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s’en était miraculeusement sortie indemne. Sylvain Mollier, lui, avait été abattu de plusieurs balles. 29.05.2015 à 03h27 • Mis à jour le29.05.2015 à 09h42 | Benoît Hopquin Scène de genre politico-médiatique, jeudi 28 mai, devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, chargée de la presse. Branle-bas même, de par la qualité des protagonistes. Etait étudiée devant les juges la plainte de François Fillon, ancien premier ministre, contre Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée, contre le journal Le Monde et lemonde.fr, contre les éditions Stock et contre deux journalistes de renom, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. François Fillon est présent à l’audience. Jean-Pierre Jouyet est en revanche absent, même s’il va être le personnage central de débats qui dureront plus de dix heures.Lire aussi notre décryptage : Tout comprendre à l'affaire Jouyet-FillonDans un long mais indispensable préambule, la présidente de la cour, Fabienne Siredey-Garnier, tente de camper les faits ou plutôt leur impossible entrelacs. Dans un livre, « Sarko s’est tuer », puis dans une série d’articles parus en novembre 2014, les deux journalistes évoquaient un déjeuner qui s’est tenu le 24 juin, entre Jean-Pierre Jouyet et François Fillon. Les deux hommes entretenaient des relations de proximité, M. Jouyet ayant été deux ans ministre des affaires européennes dans le gouvernement Fillon. Selon les deux journalistes, au cours de ce repas, il aura été question des affaires qui commençaient à éclore autour de l’UMP, et de l’une d’entre elles, plus particulièrement : le remboursement par l’UMP des dépassements de dépenses survenues lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. La magistrate rappelle le contexte de concurrence politique entre MM. Sarkozy et Fillon au sein de l’UMP, le tohu-bohu que provoqua la révélation du contenu de cette rencontre Fillon-Jouyet, le sentiment que l’ancien premier ministre tentait d’enfoncer son rival, le trahissait même.Fillon dénonce une « farce »Mme Siredey-Garnier lit ensuite le décryptage des dix minutes de conversation enregistrée par les deux journalistes lors de leur rencontre avec M. Jouyet, le 20 septembre 2014. Sans fioritures ni précautions oratoires, Jean-Pierre Jouyet y affirme que François Fillon lui aurait demandé de faire accélérer les procédures contre Nicolas Sarkozy, de « taper vite », de lui « casser les pattes » alors qu’était annoncé le retour de l’ancien président de la République dans la vie politique. La présidente évoque les démentis formels de M. Fillon qui ont suivi, les revirements de M. Jouyet qui dément à demi-mot puis confirme à demi-mot les propos. Elle tente de résumer les divergences entre les versions de cet épisode. En fait, elles différent en tout. Il n’est qu’une chose reconnue par tous : le déjeuner a bien eu lieu.Pendant cet exposé, François Fillon est resté marmoréen, le menton légèrement relevé, les joues parfois traversé de rougeurs agacées. Puis il prend la parole et lit une déclaration écrite sur une feuille blanche qu’il tient d’une main tremblante d’émotion. Il rappelle que c’est la première fois qu’il s’exprime ainsi, à la barre d’un prétoire. « Je ne peux supporter la manœuvre visant à salir mon honneur dont je suis victime. Je n’accepte pas une telle salissure ». Il réfute « l’attitude abjecte » qui lui a été prêtée. Il donne en gage « toute sa vie politique » : « Je n’ai jamais été mêlé à une affaire. Je n’ai jamais fait pression ou tenté de faire pression sur l’appareil judiciaire. Jamais je n’aurais pu solliciter une intervention contre le président de la République que j’ai accepté de servir malgré nos différences ». Il dénonce ensuite une « farce » : « J’aurais été remettre mon destin et mon honneur dans les mains de mes adversaires politiques ». Et de conclure : « Je n’accepte pas la victoire du mensonge et du calcul ».Après ce préambule, interrogé, relancé par la présidente sur les propos qui lui sont prêtés dans les enregistrements de Jean-Pierre Jouyet, François Fillon n’a qu’une réponse : « Ils sont inventés », trois fois il le répète. Il insiste : « Je n’ai jamais évoqué les affaires en cours dans ma famille politique ». Avant enfin de livrer le fond de sa pensée. « Je ne peux pas ne pas y voir le fait qu’il [Jean-Pierre Jouyet] était en service commandé. Ce n’est pas quelqu’un de maladroit ou qui n’aurait pas réfléchi à ce qu’il faisait ». Il se montre plus direct encore en évoquant « une affaire d’Etat », « une opération montée avec deux objectifs : me décrédibiliser et semer la zizanie dans ma famille politique ». La ligne de François Fillon et de ses avocats est tracée pour la journée, celle du complot visant à le détruire politiquement.« Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos »Il y avait un troisième protagoniste du déjeuner : Antoine Gosset-Grainville, qui joua les intermédiaires entre les deux hommes, organisa la rencontre, fort de ses bonnes relations avec l’un et l’autre. Le voilà justement qui est appelé à la barre comme témoin, celui qui paya l’addition de ce déjeuner chez Ledoyen. La voix est suave, les mots pesés au trébuchet mais catégoriques. « Aucun des propos que vous évoquez n’ont été tenus ». Le repas n’a porté que sur l’Europe, sur l’éventualité d’une candidature de Fillon à la tête d’une instance européenne : la rencontre devait sonder l’attitude qu’aurait l’Elysée dans une telle hypothèse.Les avocats de la défense lui font remarquer qu’à d’autres moments, il a affirmé qu’il n’y avait pas d’ordre du jour. Il s’enferre un peu, revient à l’essentiel : « le sujet des affaires n’a pas été évoqué », insiste-t-il encore, une fois, deux fois, trois fois. Plus hésitantes sont ses réponses quand on lui demande pourquoi Jean-Pierre Jouyet aurait affabulé devant les journalistes. « Il invente ? », insiste deux fois la présidente. Chaque fois, le témoin use de périphrases pour ne pas répondre. « Mensonge par omission », conclut un des avocats des journalistes, François Saint-Pierre. « Cela ne correspond pas à ce qui a été dit au déjeuner », dit une dernière fois le témoin avant de se retirer.L’audience tourne alors à une longue bataille de dates, calendrier contre calendrier. François Fillon assure n’avoir connu l’existence d’un risque pénal, lié au remboursement par l’UMP de dépenses qui incombaient au candidat Sarkozy, qu’après le déjeuner du 24 juin. Comment, alors, aurait-il pu en parler à ce déjeuner ? Les journalistes et leurs avocats tentent de démontrer que les menaces pénales étaient connues à l’UMP dès le 20 juin, donc avant le fameux déjeuner.Rappelés à la barre, les deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, nommés interlocuteur 1 et interlocuteur 3 sur les transcriptions du 20 septembre, défendent le sérieux de leur travail journalistique. Le matin, ils avaient déjà expliqué avoir vérifié l’information, multiplié les sources, quatre selon leur décompte, à l’UMP ou à l’Elysée. Ils ont par ailleurs envoyé à François Fillon des SMS, cinq au total, demandant des entretiens qu’ils n’eurent jamais. Ces SMS évoquant les affaires financières n’étaient pas assez explicites, ont rétorqué les avocats de la partie civile et François Fillon. « S’ils m’avaient précisé le sujet, j’aurais accepté. A aucun moment, les auteurs de ce livre m’ont contacté sur le déjeuner et les propos que j’y ai tenus ».Gérard Davet et Fabrice Lhomme se défendent d’avoir brisé le off et fait état d’une conversation qui n’avait vocation à être publiée, comme le leur a reproché Jean Veil, avocat de M. Jouyet. Ils détaillent les conditions de l’entretien, le 20 septembre, estimant notamment que la présence de deux téléphones en mode enregistreur ne pouvait être ignorée de leur interlocuteur. Ils expliquent comment cet entretien était passé par l’intermédiaire tout ce qu’il y a de plus officiel du service de presse. Les deux journalistes ont ensuite rappelé M. Jouyet pour les prévenir de la parution de cette histoire de déjeuner dans le livre, sans que M. Jouyet ne trouve à redire. « Les personnalités publiques doivent assumer leurs propos. Je n’ai aucun regret », estime Fabrice Lhomme, ajoutant : « Je n’ai jamais violé de off ». « On a avancé en toute transparence », assure Gérard Davet.Lire aussi l'analyse (en édition abonnés) :Jean-Pierre Jouyet, l’ami qui parle tropJugement mis en délibéré au 9 juilletPuis sont enfin diffusées dans la salle les quelque dix minutes de la conversation entre M. Jouyet et les deux journalistes, largement à bâtons rompus. François Fillon écoute les propos du secrétaire général. Qu’a-t-il pu penser à cet instant, en entendant crûment Jean-Pierre Jouyet, un homme en qui il avait confiance, un ami sans doute, parler aussi crûment d’un rendez-vous censé être discret, voire secret ? M. Fillon rejoint-il à cet instant les pensées de son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, qui n’a pas hésité à comparer ce qu’il a entendu aux délateurs des années noires. « C’est glaçant », a estimé l’avocat. Pour ce dernier, il n’y a qu’une hypothèse plausible : « C’est une manipulation politique. On met le cataclysme à l’UMP. Ce qui n’était pas prévu, c’est que MM Davet et Lhomme décident de fracasser leurs sources ». « C’est une affaire d’Etat », poursuit-il, en donnant le nom de l’instigateur supposé : François Hollande. Puis Orly Rezlan, également avocate de M. Fillon, a attaqué le travail des journalistes du Monde, dénoncé leur « recherche du sensationnel ». « Ils n’ont réalisé aucune enquête », a-t-elle insisté. Plus tard : « Ils ont exécuté François Fillon avec une insoutenable légèreté ».La procureure Annabelle Philippe n’a retiré des débats qu’une seule certitude : « On ne sait pas ce qui s’est passé lors de ce déjeuner et on ne le saura jamais ». A ses yeux, même l’enregistrement fourni ne permet pas de savoir formellement ce qui s’est dit entre les deux hommes. Cela reste et restera parole contre parole. « J’ai du mal à qualifier l’enquête [des deux journalistes] de très sérieuse au regard des exigences de la jurisprudence », assure-t-elle. Mais la procureure estime que l’intérêt général de leur travail est évident tout comme leur bonne foi. Elle a donc requis « de ne pas retenir de responsabilités » pénales contre eux et contre Jean-Pierre Jouyet. Jean Veil, très discret toute la journée, a plaidé « la naïveté, la franchise et la transparence » de ce dernier. Appelé comme complice de la diffamation, il serait plutôt, aux yeux de son conseil, victime du « harcèlement et de la légèreté des journalistes », le plaçant « dans une situation extraordinairement déplaisante ».Premier défendeur des journalistes, Christophe Bigot a estimé que ceux-ci n’ont pas diffamé. Ils n’ont fait que décrire les mœurs politiques, telles qu’on les connaît. « François Fillon vient chercher un brevet de vertu devant la cour ». Marie Burguburu est allée plus loin dans cette démonstration. « Il n’y a procès que parce que les faits sont vrais et révélés de manière précise ». Pour l’avocate, François Fillon ne pouvait que réagir à ce dévoilement cru des manières politiques. « Politiquement, il était en danger. » François Saint-Pierre a enfoncé le clou. « S’il a voulu ce procès, c’est pour se justifier vis-à-vis des siens. C’était le moyen nécessaire pour lui de répondre aux accusations de son propre parti ». Mais, à ce moment, François Fillon a déjà quitté la salle. Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 9 juillet.Lire notre enquête : Fillon a sollicité l'Elysée pour accélérer les poursuites judiciaires contre SarkozyBenoît HopquinJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 15h46 • Mis à jour le28.05.2015 à 15h54 Défendre la liberté d’expression et apporter leur soutien à l’un des leurs. Plusieurs centaines de lycéens ont manifesté, jeudi 28 mai, à Saint-Maur-des-Fossés dans le Val-de-Marne pour dénoncer les menaces de mort reçues par Louis. Elève dans cette commune et à la tête d’un journal scolaire, il a été pris pour cible pour avoir publié en janvier un numéro en hommage à l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.Quelque 300 à 400 manifestants, originaires de plusieurs établissements de la ville, se sont donné rendez-vous à 12 h 30 devant le lycée Marcelin-Berthelot à l’initiative de syndicats lycéens. Défilant derrière une banderole « Marche pour la liberté d’expression », ils ont rejoint le parvis de la gare du parc de Saint-Maur.« Liberté dans nos classes ! Ni censure, ni menaces ! », « Résistance contre la censure ! », ont résonné dans le cortège, où plusieurs personnes brandissaient des pancartes « Je suis Louis » en lettres blanches sur fond noir, sur le modèle de « Je suis Charlie ». Cinq membres de la rédaction de l’hebdomadaire participaient à ce rassemblement. Une chronique illustrée en soutien au lycéen a par ailleurs été publiée dans le dernier numéro de Charlie Hebdo.« Apolitique et non partisane »Dans les rangs du cortège, quelques rares professeurs de l’établissement de Louis. « Certains [de mes collègues] avaient peur de la récupération politique. Moi, je pense qu’il faut manifester avant que n’arrive quelque chose de plus grave », déclare une enseignante d’histoire-géographie. La mobilisation se voulait cependant « apolitique et non partisane », selon les syndicats à son origine.Louis, 17 ans, avait fait paraître le 22 janvier un numéro spécial de La Mouette bâillonnée, la publication de son établissement, en réaction aux attentats. Depuis, il a reçu sept menaces de mort, au lycée mais aussi à son domicile. Certaines ont même été accompagnées de balles.La rédaction de La Mouette bâillonnée avait fait savoir qu’elle ne participerait pas à la marche, pour des raisons de sécurité, mais aussi, car « les motivations du ou des harceleurs ne sont pas identifiées ».« Le risque, c’est que [toute cette histoire] se traduise par un repli, une peur du débat et une difficulté des journaux lycéens à publier », s’inquiète Matthieu Porte, président de l’association Jets d’encre, qui revendique fédérer 300 journaux lycéens en France. « Cette presse est amateur mais n’est pas une sous-presse. Un lycéen rédacteur en chef n’est pas irresponsable, mais un citoyen déjà actif. »A lire également : Pour les lycéens caricaturistes, l'esprit « Charlie » demeure 27.05.2015 à 13h23 • Mis à jour le27.05.2015 à 17h05 Le groupe de presse belge Rossel a confirmé, mercredi 27 mai, son intérêt pour prendre le contrôle du quotidien gratuit français 20 Minutes, un rapprochement qui viendrait compléter ses activités en France, où il est très présent en presse quotidienne régionale.Le norvégien Schibsted, fondateur du titre, avait auparavant annoncé dans un communiqué avoir engagé des négociations exclusives avec Rossel en vue de lui céder sa participation de 49,3 %, le reste étant détenu par SIPA-Ouest-France.Selon les deux groupes, l'objectif est de clore en octobre cette transaction, dont le montant n'a pas été divulgué. Un accord éventuel serait soumis aux autorités françaises de la concurrence, précise Schibsted « Sur la base de l'offre indicative [du groupe Rossel], Schibsted devrait enregistrer un léger gain comptable », note encore le groupe norvégien. Aucun montant n'a été annoncé, ni aucun détail donné sur les conséquence de cette transaction sur l'emploi.« C'est plus un projet en développement qu'en restructuration », a affirmé à l'Agence France-Presse Bernard Marchant, le numéro un du groupe de presse francophone belge, se voulant rassurant.« Nous connaissons bien la presse gratuite. »Lancé en France en 2002, 20 Minutes emploie une centaine de journalistes, sur un total de deux cents salariés. Sa diffusion a progressé de 1,3 % en 2014, à 969 586 exemplaires en moyenne par jour. Si ce partenariat voit le jour, « ce sera une expérience très complémentaire de nos activités françaises dans la presse quotidienne régionale », a indiqué Bernard Marchant, car 20 Minutes « est un média plus urbain, avec une diffusion forte, orientée vers le numérique ».Rossel contrôle, entre autres, le quotidien belge Le Soir et le groupe de presse français La Voix, qui édite notamment La Voix du Nord. Il est également en Belgique l'éditeur de Metro, le seul quotidien gratuit du pays. L'annonce des négociations entre Rossel et Schibsted suit de moins d'une semaine celle de la disparition de l'édition papier de Metronews, détenu par TF1, dans un contexte de crise publicitaire profonde pour la presse gratuite. « C'est une évolution logique du marché », a relativisé le patron de Rossel, pour qui la coexistence de trois journaux gratuits en France, avec Direct Matin, n'était « pas simple », compte tenu d'une trop forte concurrence.Lire aussi (édition abonnés) : Pourquoi Metronews va cesser sa diffusion papier 27.05.2015 à 06h34 • Mis à jour le27.05.2015 à 15h38 | Alexis Delcambre Quoi de commun entre le leader mondial du luxe, LVMH, et Le Parisien/Aujourd’hui en France, archétype du quotidien populaire, plus présent dans les bars PMU que dans les salons des grands hôtels ? La question taraude tous les analystes du secteur du luxe depuis l’annonce, mardi 26 mai, des négociations exclusives ouvertes entre le groupe de Bernard Arnault – déjà propriétaire des Echos – et la famille Amaury, qui détient le quotidien.Mais ce qui manque apparemment de sens à l’échelle de LVMH en trouve davantage au niveau des Echos. Le quotidien économique est un acteur isolé dans un paysage de la presse en pleine concentration : le groupe Le Monde a acquis L’Obs, Patrick Drahi a engagé la construction d’un groupe avec Libération et L’Express, Le Figaro a mené des acquisitions dans l’univers numérique.Cette course à la taille n’a pas pour seul objectif de satisfaire l’appétit ou la quête d’influence de quelques milliardaires. Elle vise aussi à réaliser des économies, en mutualisant des fonctions non éditoriales, et à donner plus de puissance aux régies publicitaires. De quoi recréer des marges de manœuvre pour continuer à financer la transition numérique de ces titres.Sur le papier, des complémentarités apparaissent. Les Echos pourront bénéficier du réseau de portage du Parisien et de la pénétration d’Aujourd’hui en France – sa version nationale – en province. Le Parisien pourra profiter du savoir-faire des Echos en matière d’abonnement.Surtout, leur régie commune, qui continuera à commercialiser L’Equipe, affichera une force de frappe importante, avec plus de 700 000 exemplaires quotidiens, 15 millions de visiteurs uniques numériques, deux magazines de fin de semaine, une chaîne de télévision (L’Equipe 21)… Une surface publicitaire qui offre un terrain de choix à la soixantaine de marques du groupe LVMH… quoi qu’en pensent les analystes du luxe.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Pour un site web d’information, il devient de plus en plus difficile de rester indépendant, surtout lorsqu’on a une taille modeste. Un peu plus d’un an après sa création, ReCode a ainsi décidé de se vendre au groupe Vox Media, déjà propriétaire de The Verge et du site sportif SB Nation. L’opération devait être annoncée mercredi 27 mai, selon le New York Times.Lire : Vox Media, l'ambitieux des médias numériquesReCode avait été lancé par Walt Mossberg et Kara Swisher, après leur départ en septembre 2013 du Wall Street Journal, où ils avaient créé et animé pendant six ans AllThingsD, un site spécialisé sur les nouvelles technologies. Mais, malgré une influence reconnue dans le milieu de la High Tech, ReCode a eu du mal à trouver son public. Son audience ne dépasse pas 1,5 million de visiteurs réguliers par mois, selon la société d’études comScore. Un public insuffisant pour faire vivre les 44 salariés employés par le site.ReCode veut changer de dimensionEn se faisant racheter pour un montant qui n’a pas été divulgué, ReCode veut changer de dimension. Vox Media au travers de ses différents sites a totalisé en avril plus de 53 millions de visiteurs uniques. The Verge, en comptant à lui seul 12 millions.Le groupe, qui est valorisé 400 millions de dollars après une récente levée de fonds de 46,5 millions auprès de la firme de private equity General Atlantic, mise sur la complémentarité des deux sites pour faire progresser les audiences, tout en faisant des économies d’échelle en termes de publicité et de marketing. Le patron de Vox Media, Jim Bankoff, a commandé récemment une étude qui montre que seulement 3 % des deux sites se cannibalisent.Vox Media met ainsi la main sur la partie très lucrative de ReCode que constituent ses conférences, capables d’attirer les stars de la Silicon Valley, sur le modèle de celles qui avaient fait le succès de AllThingsD.Un Time des médias numériquesL’idée de M.Bankoff est de constituer à terme une sorte de Time des médias numériques. À l’automne 2013, Vox Media a racheté Curbed Network, qui édite notamment Curbed, un blog spécialisé sur l’immobilier et Racked, un site sur la mode et le shopping. En avril 2014, le groupe a également lancé Vox.com avec à sa tête Ezra Klein, le fondateur du Wonkblog, le blog économique du Washington Post.Les actionnaires de ReCode, notamment la firme d’investissement Windsor Media et NBCUniversal News Group, échangeront de leurs parts contre une petite portion du capital de Vox Media.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.05.2015 à 15h30 • Mis à jour le27.05.2015 à 16h29 | Alexis Delcambre C’est un coup de tonnerre dans le ciel de la presse française. Le groupe de luxe LVMH, déjà propriétaire des Échos, est entré en négociations exclusives avec le groupe Amaury pour racheter Le Parisien, comme l’ont annoncé les deux groupes, mardi 26 mai, après plusieurs semaines de discussions secrètes.L’annonce de ces négociations a été faite aux personnels des deux titres, mardi – signe qu’elles sont déjà assez avancées. La transaction n’est toutefois pas achevée et doit notamment recevoir l’aval de l’Autorité de la concurrence.L’acquisition concerne le quotidien régional (229 638 exemplaires en 2014 et 8,5 millions de visiteurs uniques mensuels sur Internet), son édition nationale Aujourd’hui en France (148 220 exemplaires en 2014), la régie Amaury Médias (environ 150 millions d’euros de chiffre d’affaires avec Le Parisien/Aujourd’hui en France et L’Equipe), la filiale de distribution Proximy et l’imprimerie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dont la fermeture est programmée.Un rachat à 50 millions d’eurosPour cet ensemble, LVMH a proposé un prix « supérieur à 50 millions d’euros », selon Francis Morel, PDG des Échos. Même si le montant exact n’est pas encore connu, ce prix est a priori nettement inférieur aux 200 millions d’euros, révisés à 150 millions, qu’espérait en 2010 Marie-Odile Amaury, propriétaire du groupe, lors d’une précédente tentative de vente.« Le niveau probable de la transaction me semble malheureusement s’inscrire dans la spirale de destruction de valeur... Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Plus d’un mois après la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions continue de susciter des remous. Des questions ont été soulevées sur les conditions de cette désignation, par des candidats malheureux notamment, dans des articles du Monde, de M, le magazine du Monde, ainsi que de Mediapart ou de TéléObs.Au Parlement, l’opposition s’est emparée du sujet, suivant la ligne fixée par Nicolas Sarkozy, qui entend démontrer que la majorité actuelle a eu tort de mettre fin à la nomination par le président de la République, qu’il avait instaurée. Mardi 19 mai, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, a demandé la création d’une commission d’enquête. La conférence des présidents l’a refusée, mais le président (PS) de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche, a proposé d’auditionner Olivier Schrameck, mardi 26 mai.« On fait une audition parce qu’il n’y a pas, de mon point de vue et avant l’audition d’Olivier Schrameck, d’éléments constitutifs d’une commission d’enquête parlementaire. C’est-à-dire une irrégularité ou une illégalité caractérisée traduisant un dysfonctionnement majeur », a expliqué M. Bloche.Le président du CSA a donc été interrogé par les députés et a défendu vigoureusement la « régularité » et l'« impartialité » du processus de nomination. Les débats ont porté sur plusieurs points.Le secret de la procédure. M. Schrameck a souvent rappelé que les membres du collège étaient tenus par le secret des délibérations sur les détails du vote. De plus, le CSA a adopté pour France Télévisions une procédure permettant de garantir, autant que possible, la confidentialité des candidatures, afin d’attirer des dirigeants en poste dans le privé. Cette procédure a été contestée pour son opacité.Sur le contenu des auditions, également secret, le président du CSA a invoqué une jurisprudence issue d’une décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 2000. Mais certains juristes, cités par Mediapart, estiment qu’il en a une interprétation extensive.Les règles du vote. Pour établir une liste restreinte de candidats à auditionner, les huit membres du collège du CSA ont voté à bulletin secret sur chacun des trente-trois postulants initiaux. Seuls ceux qui ont obtenu au moins cinq voix ont été retenus, ce qui a entraîné l’élimination de candidats sérieux comme Marie-Christine Saragosse (France Médias Monde), Emmanuel Hoog (AFP), ou Didier Quillot (ex-Lagardère active et Orange).Certains membres du collège ont depuis assuré aux journalistes que cette méthode de vote avait été imposée par M. Schrameck au dernier moment, alors que dans le cas de la présidence de Radio France, un an plus tôt, la liste restreinte avait été établie de façon consensuelle.Le président du CSA dément tout changement de procédure de dernière minute. Et estime que le système adopté pour France Télévisions n’a rien changé en substance par rapport à celui retenu pour Radio France.Enfin, l’article de M évoque une intervention de M. Schrameck auprès de l’une des membres du collège, Francine Mariani-Ducray, issue comme lui du Conseil d’Etat, afin qu’elle vote en faveur de Delphine Ernotte, pour sortir le CSA d’une situation de blocage (4 voix contre 4).« Je n'avais aucun parti pris sur les différents candidats », a fait valoir le président du CSA devant les députés, en soulignant n'avoir « fait pression sur aucun de [s]es collègues, ni directement ni indirectement ».Lire aussi :La nomination de Delphine Ernotte fait toujours grincer des dentsL’impartialité du collège. Les médias ont notamment pointé le rôle de Sylvie Pierre-Brossolette, l’une des membres du collège, qui aurait marqué une préférence précoce pour Delphine Ernotte. Elle aurait notamment intercédé auprès de l’homme d’affaires François Pinault pour qu’il rencontre la dirigeante d’Orange.Mme Pierre-Brossolette a admis un échange avec M. Pinault sur le sujet, mais a démenti avoir organisé quoi que ce soit. L’entourage de Delphine Ernotte, cité par l’AFP, a assuré : « Elle a rencontré François Pinault, comme elle a vu une cinquantaine de personnes entre janvier et avril (…) et ce n’est pas sur le conseil de Sylvie Pierre-Brossolette. »Egalement cité – tout comme les conseillers récemment nommés Nicolas Curien et Nathalie Sonnac, qui ont voté en faveur de Mme Ernotte après les auditions –, M. Schrameck s’est vigoureusement défendu de tout favoritisme, affirmant n’avoir jamais rencontré Delphine Ernotte avant le 6 mars. Il a précisé avoir rencontré beaucoup d’autres candidats et ne pas avoir eu de contacts avec elle depuis.Interrogé sur d’éventuels recours, Olivier Schrameck avait affirmé à Libération, avant son audition, n’avoir « aucune crainte » : « Je n’ai pas de raison de douter de notre collégialité, sauf preuve inverse et administrée par la voie judiciaire », Quelle base pour une plainte ?Un syndicat de France Télévisions, la SNPCA-CGC, a fait savoir, lundi 25 mai, qu’il voulait déposer une plainte au sujet de la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions. « Le CSA est une autorité indépendante qui a une personnalité morale et donc une responsabilité juridique », explique le représentant de ce syndicat minoritaire, Jean-Jacques Cordival, ancien salarié de l’entreprise.Déterminer le motif et l’angle d’une action juridique n’est toutefois pas évident. M. Cordival évoque l’obligation « d’impartialité » des membres du CSA, ainsi que le respect des « principes électoraux », qui supposent un traitement égalitaire des candidats. La nomination de Delphine Ernotte n’étant toutefois pas un scrutin électoral, ce raisonnement ne tiendrait en principe que par analogie.Une contestation pourrait avoir lieu auprès d’une juridiction administrative (éventuellement le Conseil d’Etat) garante de la légalité d’une procédure encadrée notamment par la loi d’indépendance de l’audiovisuel de novembre 2013. Une plainte au pénal n’est par ailleurs pas exclue mais il faudrait trouver une base de droit.« En tout cas, il est hors de question d’en rester là », insiste M. Cordival, qui rappelle être à l’origine du volet « France Télévisions » de l’affaire Bygmalion, qui a notamment entraîné la mise en examen de l’ancien président Patrick de Carolis pour favoritisme.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Franck Johannès L’officier de sécurité a jeté un œil dans le rétro. La petite Fiat noire était toujours là. Elle les suivait depuis déjà un moment, et le type au volant prenait des photos. Il était très tôt, ce matin frais du 15 octobre 2014, à Paris, il faisait à peu près noir, ça ne devait pas donner grand-chose. Boulevard de l’Hôpital, le policier a dit à son collègue de relever le numéro et s’est brusquement rangé sur le côté. La Fiat est passée, ils l’ont doublée, elle n’a pas insisté. Les deux agents ont rendu compte : ils sont chargés de la sécurité de deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui reçoivent leur lot régulier de menaces de mort, et que le ministère de l’intérieur a placé sous protection. L’homme à l’appareil photo a été identifié. Il s’appelle Sébastien Valente. C’est le photographe qu’a choisi Nicolas Sarkozy pour sa campagne présidentielle.Lire : Sarkozy s'offre un paparazziLes ennuis ont commencé pour les deux journalistes le 8 mars 2014 exactement, lorsqu’ils ont révélé que l’ancien chef de l’Etat et son avocat avaient été placés sur écoute dans l’enquête sur un financement libyen. Le Journal du dimanche publie huit jours plus tard un fac-similé de l’agenda privé de François Hollande, qui fait état d’un rendez-vous avec les deux enquêteurs le 7 mars au soir – preuve supposée qu’ils s’informent directement auprès du pouvoir. Outre qu’il n’est pas d’usage de dévoiler les rendez-vous des confrères, la coïncidence tombe à plat : Le Monde du 8 mars est paru, comme toujours, la veille, et était déjà en kiosque au moment de l’entretien, consacré au livre que les journalistes entendent publier sur le quinquennat.La rumeur court bientôt que ce seraient les deux journalistes eux-mêmes qui auraient prévenu Nicolas Sarkozy des écoutes, par le biais de son avocat – sans qu’on saisisse bien le pourquoi de cette fantaisie. Les retombées, en revanche, sont concrètes : Gérard Davet et Fabrice Lhomme reçoivent des menaces de mort, de petits cercueils avec les noms et dates de naissance de leurs femmes et de leurs enfants, ou des balles envoyées par la poste. Au point qu’en septembre 2014, le ministère de l’intérieur les place entre les mains du service de la protection (SDLP). Les journalistes doivent tant bien que mal se faire déposer dans des endroits discrets pour ne pas « griller » leurs sources.François Hollande en maillot de bainLa pression monte d’un cran le 14 octobre 2014, avec le tweet d’Yves de Kerdrel, le directeur de Valeurs actuelles : Dans le prochain numéro de @Valeurs revoilà le cabinet noir contre #Sarkozy avec ses deux valets : les pseudo journalistes Davet et Lhomme.— ydekerdrel (@Yves de Kerdrel ن)require(["twitter/widgets"]);Le propos résume assez bien la pensée de proches de Nicolas Sarkozy et vaut au vicomte de Kerdrel d’être renvoyé devant le tribunal pour « injure publique ». Le 15 octobre, de bonne heure, Fabrice Lhomme vient au journal à pied, Gérard Davet est pris en charge dans la voiture des officiers de sécurité : les deux hommes ont rendez-vous « avec une très bonne source » sur les affaires Sarkozy. C’est ce jour-là que Sébastien Valente le suivait avec sa Fiat noire.Il ne s’en cache d’ailleurs pas. « J’ai essayé de faire une photo de M. Davet, a expliqué le photographe aux policiers, le but était de faire une photo avec ses officiers de sécurité. Je pensais que cette photo allait intéresser des magazines. C’est mon métier de faire des photos d’actualité (...) Mes tentatives de faire des photos de MM. Davet et Lhomme [se] sont arrêtées là. » Il n’est pas certain qu’une photo des journalistes avec les policiers se serait vendue bien cher. Une photo de leur source, si.Sébastien Valente, 34 ans, joue d’ordinaire dans une autre cour. La photo volée de François Hollande et de Julie Gayet à l’Elysée aurait transité, selon Le Canard enchaîné, par l’agence E-presse, dirigée par sa compagne ; il dément aussi avoir photographié François Hollande en maillot de bain et pas à son avantage. C’est, enfin, un proche de Carla Bruni, et le photographe officiel de Nicolas Sarkozy pour sa campagne de 2017 ; il avait joliment photographié le couple au cap Nègre en 2013.« Pseudo-affaires »Le 16 octobre, donc, Valeurs actuelles publie un article non signé qui donne les rendez-vous des deux journalistes à l’Elysée, à la chancellerie et au pôle national financier, « lieu en théorie impénétrable », assure l’hebdomadaire, alors que le parquet a même un correspondant détaché pour répondre à la presse. Une chose est sûre, « les révélations sur des pseudo-affaires » de la droite « ne peuvent avoir été conduites qu’avec l’aide de juges qui, cherchant à nuire au retour de Nicolas Sarkozy, sont prêts à violer impunément la loi », assure le magazine. Les rédactions de quatorze médias condamnent les méthodes « indignes » du journal.Le photographe opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond-ilSébastien Valente opérait-il pour Valeurs actuelles ? « Je n’ai jamais travaillé avec ce journal », répond le photographe. Yves de Kerdrel dit lui aussi ne pas le connaître, et assure devant la police n’avoir « eu recours à aucun moyen délictueux, filature, photographie pour obtenir ces informations » – l’hebdomadaire était d’ailleurs déjà imprimé quand le photographe a pris Gérard Davet en filature.Pour qui travaillait Valente ? Il n’est pas le seul à surveiller les journalistes. De retour de Montpellier, Fabrice Lhomme a été pris en chasse le 26 janvier sur le périphérique par quatre hommes et sauvé ce jour-là par le SDLP. En octobre 2014, un agent d’un centre d’impôt a été surpris à consulter les dossiers fiscaux des deux journalistes, une expertise a démontré qu’il était aussi l’auteur de certaines des menaces. Reste à savoir pour le compte de qui. Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont porté plainte le 21 octobre 2014, au lendemain de la parution de Valeurs actuelles, pour « atteinte à l’intimité de la vie privée et violation des correspondances ». Le parquet, qui bute sur les dénégations du photographe et du patron du magazine, a classé l’affaire, faute d’user de méthodes plus intrusives. Savoir qui employait Sébastien Valente conduirait nécessairement à violer le secret des sources du photographe…Franck JohannèsFranck JohannèsSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.05.2015 à 16h34 • Mis à jour le15.05.2015 à 16h38 | Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) L’avocat chinois Pu Zhiqiang, figure emblématique du combat pour l’Etat de droit en Chine et ex-défenseur d’Ai Weiwei, a été officiellement inculpé pour « incitation à la haine ethnique » et « provocation de querelles et de trouble » vendredi 15 mai après-midi. L’information a été diffusée par le microblog du parquet populaire de la municipalité de Pékin. M. Pu, âgé de 50 ans, avait été arrêté il y a plus d’un an, le 7 mai 2014, après avoir participé à un séminaire privé pour commémorer les 25 ans des événements de Tiananmen. Il a ensuite subi une détention d’une durée exceptionnelle, durant laquelle le parquet a plusieurs fois renvoyé à la police le dossier pour supplément de preuves, laissant envisager une hypothétique relaxe. Il n’en a rien été. Deux accusations ont toutefois été abandonnées, « l’incitation au séparatisme » et « l’obtention illégale d’information ».Un procès d’ici à deux semainesCette inculpation fait craindre le pire : M. Pu, qui s’était spécialisé dans les cas de liberté d’expression, encourt selon son avocat, Shang Baojun, joint par Le Monde, huit ans de prison. Son procès devrait se tenir d’ici à deux semaines. Or, M. Pu et son équipe de défenseurs ont peu de chances de gagner la partie : la jurisprudence en matière de « dissidents » montre une justice largement instrumentalisée par le parti pour faire taire les critiques, sans aucun souci de cohérence ni d’équité. « Après la journaliste Gao Yu dans le domaine de la presse, le juriste Xu Zhiyong pour la société civile, voici une autre figure connue qui va être lourdement punie pour l’exemple, cette fois pour intimider les autres avocats », explique un diplomate dans une chancellerie occidentale à Pékin. Cette liste qui s’allonge de prisonniers d’opinion jetés derrière les barreaux confirme, de la part du régime et de son nouvel homme fort, une tolérance zéro à la critique, assumée sans vergogne malgré l’indignation des associations des droits de l’homme et des pays démocratiques, asiatiques ou occidentaux. Hasard du calendrier, la nouvelle de l’inculpation de M. Pu est tombée le jour de la rencontre entre le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, en visite officielle à Pékin, et le premier ministre chinois, Li Keqiang. Et la veille de l’arrivée en Chine du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, samedi 16 mai. « Il faudra s’attendre à beaucoup de réactions dans les jours qui suivent puis lors du procès, car le dossier Pu Zhiqiang fait partie de ceux qui sont le plus suivis par les ambassades étrangères », poursuit le diplomate sous couvert d’anonymat. Au début du mois, le département d’Etat américain avait appelé Pékin à libérer Pu Zhiqiang.Lire aussi :Sept années de prison pour la journaliste chinoise Gao YuLa persécution politique en Chine s’abrite toutefois derrière une façade procédurière qui rend difficile les critiques, malgré les vices de procédures et les dénis de droits que ne cessent de répertorier les avocats chinois. Enfin, alors que le très charismatique Pu Zhiqiang faisait partie des rares personnalités mises en avant par les médias chinois les plus progressistes avant sa détention, plus aucune couverture médiatique n’est autorisée sur son cas depuis en Chine, en dehors des dépêches, brèves et vénéneuses, des organes officiels.Blogueur hyperactifLa justice chinoise reproche à M. Pu des messages de microblog – 28 billets exactement – qu’il avait envoyés à ses abonnés entre 2011 et 2014 et qui ont été consignés dans l’enquête parmi des milliers d’autres (M. Pu était un blogueur hyperactif). Ses avocats ont toujours fait valoir qu’ils restaient dans les limites de la liberté d’expression telle que la définit la Constitution chinoise. Leur client est, selon eux, persécuté pour délit d’opinion.Lire aussi :Un avocat chinois menacé de 20 ans de prison pour des tweets« L’incitation à la haine ethnique » concerne des messages diffusés au sujet de la situation dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, qui a basculé depuis 2013 dans une spirale de violence et de répression. Turcophones et musulmans, les Ouïgours s’estiment réduits à des citoyens de seconde zone sur leur propre territoire. Loin de s’en être pris à eux, Pu Zhiqiang avait mis en doute dans ses tweets les informations extrêmement contrôlées et partielles de la propagande sur les attentats de 2014 au Xinjiang – dont un dans la gare d’Urumqi le 30 avril – et dans le reste de la Chine. Il avait aussi critiqué des « politiques absurdes », fondées sur le « contrôle et la vision d’autrui [les Ouïgours] en ennemis » de la part du gouvernement chinois.Quant à la « provocation de querelles et de troubles », elle pourrait renvoyer à un ensemble de moqueries exprimées par Pu Zhiqiang à l’encontre de personnalités politiques mineures très souvent raillées par la blogosphère pour leur manque d’esprit critique et leur soumission au régime – comme le petit-fils de Mao, Mao Xinyu, un haut gradé de l’armée nommé député et dont les internautes moquent continuellement l’incompétence. Dans la Chine de Xi Jinping, comme jamais peut-être depuis des décennies, le parti et son sacro-saint héritage sont intouchables.Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.05.2015 à 20h45 • Mis à jour le15.05.2015 à 10h12 | Alexandre Piquard Zineb El Rhazoui, journaliste membre de la rédaction de Charlie Hebdo, a reçu, mercredi 13 mai, un courrier de la direction la convoquant à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, a appris Le Monde. Elle est d’ici là mise à pied. Contactée, la direction refuse de commenter « une procédure en cours et interne », mais insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’une convocation à un entretien, pas d’un licenciement effectif. La décision intervient dans un contexte de tensions entre la direction et la rédaction.Zineb El Rhazoui dit ne pas comprendre le motif du courrier ni la faute grave évoquée et s’étonne de la méthode « bureaucratique » employée, « sans discussion préalable ». « Je suis choquée et scandalisée qu’une direction qui a bénéficié d’autant de soutien après les attentats de janvier fasse preuve d’aussi peu de soutien envers un de ses salariés, qui est sous pression comme tous dans l’équipe et fait l’objet de menaces. »Menaces de mortSociologue des religions, franco-marocaine et militante contre l’islamisme et l’intégrisme, Zineb El Rhazoui, a notamment fait l’objet de menaces de mort de la part d’islamistes, mi février. Visant également son mari, ces menaces ont été dénoncées par des sociétés de journalistes. Par ailleurs scénariste de La Vie de Mahomet, dessiné par Charb, Mme El Rhazoui vit depuis sous protection renforcée, à Paris.« Mon mari a perdu son emploi car des djihadistes ont dévoilé son lieu de travail, il a dû quitter le Maroc, je suis menacée, je vis dans des chambres d’amis ou à l’hôtel et la direction envisage de me licencier... Bravo Charlie », ironise Zineb El Rhazoui.Conditions chaotiquesSans préjuger du motif du courrier reçu, Mme El Rhazoui explique qu’elle n’a pas pu travailler normalement depuis les attentats qui ont décimé la rédaction en janvier. « Je ne suis pas la seule. On ne peut pas reprocher aux gens d’aller mal et de ne pas se comporter en bons ouvriers, on vit dans des conditions chaotiques. C’est impossible de faire des reportages sous protection policière... », explique-t-elle.Avant janvier, Zineb El Rhazoui réalisait pour Charlie Hebdo des reportages en France et à l’étranger, notamment en Afrique, souvent sur les religions. Elle a été recrutée en 2011 pendant les « printemps arabes ». Auparavant, elle a été militante au Maroc, opposée au régime ou au ramadan, via notamment le mouvement alternatif pour les libertés individuelles, qu’elle a confondé. Elle a aussi été très active au sein de l’association Ni putes ni soumises.Depuis janvier, Mme El Rhazoui est souvent apparue dans les médias, notamment au « Grand Journal », afin de défendre la laïcité contre l’islamisme ou le droit au blasphème, des thèmes liés à Charlie Hebdo et aux attentats, comme lors de conférences, à Chicago, Montréal ou Paris.« Mesure punitive »Au fond, Mme El Rhazoui s’estime aujourd’hui victime d’une « mesure punitive » pour avoir contesté la direction actuelle de Charlie Hebdo. Elle a fait partie des signataires d’une tribune parue fin mars dans Le Monde demandant une « refondation » du journal et une gouvernance – ainsi qu’une structure de capital – beaucoup plus collégiale qu’aujourd’hui. Le capital est actuellement détenu à 60 % par le directeur de la publication Riss et le directeur financier Eric Portheault. Ils travaillent de façon assez étroite avec le rédacteur en chef Gérard Biard (L’avocat Richard Malka, proche de la direction et notamment actif dans un projet de fondation, a lui fait savoir début avril qu’il se concentrerait désormais sur les dossier de droit de la presse du journal).La tribune des journalistes – qui ont créé une association – n’avait pas plu à la direction, qui s’est estimée injustement visée. Un e-mail a été envoyé aux signataires, leur demandant de ne pas émettre de critiques à l’extérieur. Par ailleurs, les salariés ont été consultés sur leur vision du futur du journal, dans l’optique d’une future nouvelle formule.« Après une phase où on pensait qu’une vraie discussion avait repris, les choses ne passent aujourd’hui pas bien », estime un journaliste signataire de la tribune.« Pas d’explication »Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie, est furieux du courrier envoyé à Zineb El Rhazoui : « On est tous encore en train de gérer l’après-attentat. Convoquer des membres de l’équipe qui sont encore dans des souffrances incroyables, c’est méchant et déloyal. »« Recevoir des prix pour la liberté d’expression et convoquer des journalistes menacés, c’est paradoxal, ajoute-t-il. Et on n’a pas d’explication alors que journal se veut alternatif et socialement irréprochable... »Un autre journaliste s’indigne du sort réservé à Zineb El Rhazoui, qui est une « grande gueule » mais qui « s’est exposée et mise en danger depuis des années » pour écrire un livre comme celui sur Mahomet avec Charb ou pour ramener des reportages.« Je suis très surpris d’une décision aussi bête et méchante, mais pas au sens de Hara-Kiri... critique-t-il. La méthode est incroyable pour Charlie. C’est violent. » La réaction de la direction sous-entend qu’il pourrait ne pas s’agir de licencier Zineb El Rhazoui, simplement de la rappeler à l’ordre et à ses devoirs envers le journal. Cette dernière ne décolère pas et estime que « si c’était le cas, on aurait dû discuter... ».A lire aussi (édition abonnés) : « Charlie Hebdo » : le casse-tête de la reconstruction Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Florent Bouteiller SAMEDI 16 MAI Moto Allez, pleins gaz sur les championnats du monde de vitesse. Au Mans, lors du Grand Prix de France, Louis Rossi et Alexis Masbou espèrent faire ronronner comme il se doit leur moteur à domicile. Décibels assurés et belles batailles en perspective sur le circuit sarthois. (12 h 30, Eurosport.) Rugby Eux aussi vont mettre la gomme. Troisièmes à 1 point de Clermont, les mastodontes du Stade toulousain n’ont pas d’autre choix que d’écraser les pauvres Grenoblois, cantonnés dans la zone rouge du Top 14 (11e). Si la 2e place semble à portée des Toulousains, on voit mal Toulon, intraitable sur toutes les pelouses des royaumes de France et d’Europe, perdre son Bouclier de Brennus. (14 h 35, Canal+.) Tir à l’arc Les archers de France et de Navarre devront avoir un bon coup d’œil. Le domaine victicole de Saint-Hilaire (Var) accueille la fine fleur nationale du tir à l’arc. Sept cents concurrents sont attendus en plein cœur de la Provence verte, et 21 arbitres. Des stands consacrés à la gastronomie provençale ou à l’archerie seront érigés. Mais, à coup sûr, celui qui attirera le plus de monde, c’est celui de l’école de kinésithérapie de Marseille qui propose des massages. De quoi joindre l’utile à l’agréable. Cyclisme C’est un bon coup de pédale que devra mettre Alberto Contador pour gagner le Tour d’Italie cette année. A 33 ans, l’Espagnol de la Tinkoff a toujours les jambes pour réaliser un Giro-Tour de France. Mais le mental suivra-t-il au cours de cette 8e étape entre Fiuggi et Campitello Matese. 188 km tout de même ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Athlétisme Vous êtes dans les starting-blocks ? Ça tombe bien, eux aussi. Les meilleurs coureurs de la planète ont rendez-vous au meeting de Doha dans le cadre de la Diamond League. Ne cherchez pas le fondeur Haile Gebreselassie. L’Éthiopien de 42 ans a dit adieu à la compétition. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour zapper ! (10 heures, BeIN Sports 1.) Rugby Ils vont devoir mettre encore plus de gomme. Chez eux, à Jean-Bouin, les rugbymen du Stade français, à 1 point de Toulouse, auront à cœur de remonter sur le podium du Top 14. Mais affronter Montpellier (7e) dans un tel match à enjeu n’est pas une mince affaire pour les Parisiens. (16 h 35, Canal+.) Football On retrouve Montpellier, version ballon rond cette fois. Et derechef contre un poids lourd parisien. Les Héraultais affrontent le PSG, désormais seul en tête du classement de Ligue 1. Pour arracher une victoire, il faudra beaucoup de cœur et quand même un peu de chance. (20 h 55, BeIN Sports 2.)DIMANCHE 17 MAI Golf Vous avez une fâcheuse tendance à louper votre swing ? Un coup de zapette sur l’Open d’Espagne vous fera un bien fou. A ne pas manquer : l’Espagnol Miguel Angel Jiménez. A 50 ans, le tenant du titre aimerait doubler la mise. Si, après cela, vous êtes toujours aussi maladroit, on ne peut plus rien pour vous. Essayez les fléchettes ! (20 h 45, Canal+ Sport.) Equitation Le golf, ce n’est définitivement pas pour vous, alors, chaussez les étriers ! A La Baule, c’est autre chose que du manège qu’on vous propose. Les plus grands noms du saut d’obstacles mondial sont attendus de sabot ferme. 17 nations, 67 cavaliers et 185 chevaux sont engagés dans les 9 épreuves au programme. Ça va sauter ! (10 h 45, Sport +.)Athlétisme On reste dans la Diamond League, mais, cette fois, ça se passe à Shanghaï. Et toujours pas d’Haile Gebreselassie au programme. Ah oui, c’est vrai, il a pris sa retraite. Mais ce n’est toujours pas une raison pour zapper ! (13 heures, BeIN Sports 1.) Tennis Un service phénoménal, un coup droit ravageur et un mental au top… c’est ce que devra retrouver Rafael Nadal pour briller une dixième fois à Roland-Garros cette année. Pour l’instant, c’est mal parti. L’Espagnol n’a gagné aucun tournoi sur terre battue cette année. Le tournoi de Rome, dont la finale se joue ce dimanche, sera peut-être le théâtre de sa résurrection ? (16 heures, BeIN Sports 1.) Plongeon Pendant que Rafael Nadal sombre dans les abysses, d’autres y vont de plein gré. A La Rochelle, le niveau de la mer n’est peut-être pas très profond, mais assez quand même pour y organiser le Cliff Diving World Series. Attention quand même à ne pas trop toucher le fond, les entrailles du port n’étant pas des plus paradisiaques. (16 heures, France O.)Football Inévitablement, l’une de ces deux équipes perdra gros dans la course au podium en Premier League. Manchester United (4e) affronte Arsenal (3e), et ça sent le très gros match, aussi bien sur la pelouse que dans les tribunes. (16 h 50, Canal+.) Hockey sur glace Si vous croyez que, à cette période de l’année, il n’y a plus de sports d’hiver, vous vous fourrez la crosse dans l’œil. A Prague, on dispute même la finale des championnats du monde. Un an après le traumatisme des Jeux olympiques de Sotchi, les Russes espèrent redorer leur blason grâce à un nouveau titre. Mais le Canada comme les Etats-Unis sont là encore pour les en empêcher. (20 h 40, Sport +.) Rugby Bis repetita. Trois semaines après s’être affrontés sur la pelouse de Twickenham pour un titre européen, les Toulonnais et les Clermontois se retrouvent dans le cadre du Top 14 cette fois. Avantage psychologique aux Varois bien sûr, champions d’Europe en tête du championnat national. Les Jaunards devront sortir un gros match pour déstabiliser leur adversaire. (21 heures, Canal+.)Florent BouteillerSpécialiste judoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.05.2015 à 16h32 • Mis à jour le13.05.2015 à 19h00 | Jérémie Lamothe Quatre mois après les attentats de Paris et les manifestations qui ont rassemblé près de quatre millions de personnes dans les rues, les livres sur l’après-Charlie continuent de fleurir dans les librairies. Le dernier essai d’Emmanuel Todd, Qui est Charlie ?, en est la dernière preuve : le démographe y dénonce « l’imposture » de cette France du 11 janvier qui s’est déplacée en masse pour défendre la liberté d’expression.Lire aussi :Manuel Valls : « Non, la France du 11 janvier n'est pas une imposture »Emmanuel Todd est le premier auteur à critiquer aussi ouvertement l’esprit post-Charlie, parmi les nombreux ouvrages sur les événements, et ses conséquences politiques, religieuses ou identitaires. Du dernier ouvrage de Caroline Fourest chez Grasset, à celui de Laurent Joffrin chez Stock, en passant par celui d’Abdennour Bidar chez Albin Michel… En tout, ce sont une quinzaine de livres liés directement ou indirectement au 11 janvier qui se trouvent dans les librairies.De nombreuses ventesMais le public est-il demandeur ? Oui, selon Jérome Dayre, fondateur des éditions Inculte : « En librairie, les lecteurs ont énormément réagi, dès le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo. Les libraires ont joué leur rôle en ressortant des livres sur la tolérance par exemple. Ça a très bien marché. Il y a eu une vraie attente du public, les gens étaient vraiment désemparés. »Dans la grande librairie Mollat à Bordeaux, Pierre Coutelle, responsable du pôle littérature et sciences humaines, compare cet engouement « à l’après-11 septembre. Les gens ont demandé des ouvrages d’exploration sur l’islam, la géopolitique… Après les attentats, il n’y a pas eu de réaction de fuite de la part des lecteurs. Au contraire, il y a eu une vraie demande de compréhension ».Une réaction spontanée qui a surpris Olivier Nora, PDG des éditions Grasset : « Ce qui s’est produit a été contre-intuitif. Je pensais que la machine serait arrêtée par l’attentat. Lorsqu’il y a des actualités aussi fortes, les gens se précipitent vers la presse, Internet mais là il s’est produit l’inverse. C’est un mélange de réveil militant, républicain et citoyen. »Toutes les maisons d’édition interrogées le reconnaissent volontiers, les livres liés aux événements de janvier se portent très bien. C’est le cas de celui d’Edgar Morin et de Patrick Singaïny, Avant, pendant, après le 11 janvier, publié aux éditions de l’Aube. Pour le directeur des collections d’essai, Jean Viard : « Cet essai a été vendu pour l’instant à 4 500 exemplaires, on peut espérer en vendre 10 000. » Un bon chiffre : « Aujourd’hui, quand un essai se vend à 1 500-3 000 exemplaires, on commence à avoir de l’effet, avec des idées qui se diffusent ».Des bons résultats perçus également chez Grasset d’après Olivier Nora : « Le livre de Caroline Fourest, sorti le 29 avril, a déjà été vendu à près de 11 000 exemplaires. Il va rentrer dans les best-sellers à partir de la semaine prochaine. Je suis surpris que ça aille aussi vite. »Un temps de réaction différentDes scores qui s’expliquent peut-être aussi par la rapidité avec laquelle certaines maisons d’édition ont décidé de participer au mouvement. Le Livre de poche a par exemple sorti dès le 5 février Nous sommes Charlie, un recueil de soixante textes en réaction à la tuerie qui a touché le journal satirique : « Ce livre a été décidé dès le lendemain des attentats de Charlie Hebdo, le jeudi. On a souhaité une réaction à chaud, un mouvement spontané », précise l’attachée de presse, Anne Bouissy.Albin Michel a également souhaité très vite réagir en sortant dès le 18 février Plaidoyer pour la fraternité, d’Abdennour Bidar. Une rapidité assumée par Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités : « Chez Albin Michel, on le fait très rarement, ça perturbe le réseau commercial. Mais là, ça valait le coup, on a réfléchi et on s’est dit qu’en cinq semaines, il devait être en librairie. »Une réactivité qui n’est pas partagée par tous. Aux éditions de La Découverte, on a fait le choix de ne pas surréagir au traumatisme des événements. Seul le livre d’Edwy Plenel, Pour les musulmans, sorti en septembre 2014, a été réédité avec une nouvelle préface évoquant les attentats. D’après François Gèze, éditeur à La Découverte : « Nous n’avons pas souhaité sortir un livre directement. Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le sujet. Nous sommes plutôt à la recherche de livres qui aident, qui éclairent, sans être dépendants de l’actualité. »« La machine à débattre s’est remise en mouvement »De fait, le « filon » du 11 janvier a poussé de nombreux auteurs à démarcher les maisons d’édition. Avec plus ou mois de réussite, précise Olivier Nora : « Beaucoup d’auteurs nous ont sollicités pour écrire un livre sur ces événements mais tous n’ont pas une expertise telle que cela mérite un livre. » Pour ce dernier, cette effervescence est une très bonne nouvelle : « La machine à débattre s’est remise en mouvement, notamment entre les deux gauches, sur les concepts de laïcité par exemple. Il est vrai que l’événement permet une énorme traînée, et personne ne pense que ça va s’arrêter. » Prochainement, dans les rayons de la librairie Mollat, à Bordeaux, Pierre Coutelle prévoit en effet « une quarantaine de livres » sur ce sujet en 2015.Un renouvellement du débat indispensable et vital pour Jean Viard, des éditions de l’Aube : « On est entré dans un cycle de violence qui va durer dix à vingt ans, la société doit se charpenter. On n’a jamais eu une aussi forte volonté de débat. Le 11 janvier n’est pas une date, mais une ouverture de période, le champ intellectuel va être passionnant. »« Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion »« Jusqu’en février, on était dans les livres de réaction, puis ça a commencé à s’estomper. Mais depuis la sortie du livre de Todd, ça repart », précise Jérémie Chevallier, vendeur à la librairie Gibert Joseph à Barbès (XVIIIe arrondissement de Paris), pour qui « les lecteurs demandent maintenant des livres de réflexion, qui vont davantage sur le fond ».Le Traité de la tolérance de Voltaire a par exemple été réimprimé et vendu à plus de 90 000 exemplaires par les éditions Folio-Gallimard depuis les attentats de janvier. Selon Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités chez Albin Michel, l’une des premières préoccupations des Français a aussi été de s’informer sur l’islam : « Nous avions beaucoup de livres sur l’islam que nous avons ressortis et nos ventes ont explosé. Nous avons beaucoup revendu Islam sans soumission, d’Abdennour Bidar, la traduction du Coran, par Jacques Berque ou encore l’autobiographie d’Abd al Malik, Qu’Allah bénisse la France. »La volonté de comprendre ces événements a une incidence sur le reste du marché du livre, remarque également Olivier Nora : « Dès janvier, il y a eu une prime à la non-fiction. Les gens cherchaient plus des livres de réflexion que d’évasion. La littérature “haut de gamme” et le roman n’ont pas connu un très bon premier trimestre. »Jérémie LamotheJournaliste au Monde Alexandre Piquard Les médias doivent-ils abandonner un partie du contrôle sur leur contenu pour toucher davantage de lecteurs sur les réseaux sociaux ? Ou risquent-ils de se retrouver dans une dépendance funeste ? Après des mois de négociations et de rumeurs, une dizaine de grands éditeurs a décidé de sauter le pas en nouant un accord avec Facebook : à partir du mercredi 13 mai, le New York Times, BuzzFeed, National Geographic, The Atlantic et NBC News vont publier des articles directement sur la plateforme du réseau social.Outre ces éditeurs américains, quatre européens (The Guardian, BBC News, Bild et Spiegel Online) vont participer à cette « expérimentation » baptisée « Instant Articles ».L’accord suppose de « perdre une partie du contrôle sur nos moyens de distribution », mais en même temps, « nous nous efforçons de rendre nos histoires accessibles au plus grand nombre de personnes possible », a résumé James Bennet, rédacteur en chef de The Atlantic, l’un des partenaires de Facebook, cité par le New York Times. Générer plus de traficAujourd’hui, vu des médias partenaires, l’accord ressemble à un grand ciel bleu mais certains distinguent quelques nuages, au loin. Jusqu’ici, les éditeurs se servent de Facebook pour publier des liens vers leurs articles, avec les titres, photos et résumés les plus alléchants possible.Quand les lecteurs cliquent, ils sont renvoyés vers le site ou la plateforme des médias. C’est sur leurs supports principalement que les éditeurs génèrent des revenus, en vendant de la publicité, et qu’ils suivent leur précieuse communauté. Facebook est vu par les éditeurs comme un moyen d’interagir avec leur public mais indirectement, ils en attendent du trafic.Le poids de Facebook dans l’audience des médias numériques n’a fait que croître : il représente 14 à 16 % du trafic du New York Times, un chiffre qui a doublé au cours de derniers mois. En France, le site d’information 20Minutes estime la part d’audience venue des réseaux sociaux à 15 % environ. Pour Le Monde, elle est d’environ 10 % (dont la grosse majorité en provenance de Facebook). Le chiffre peut être sensiblement plus élevé pour des médias à l’audience moins massive. Ou pour ceux qui ont beaucoup misé sur le « social », comme le site d’information et de divertissement Buzzfeed, qui avance le chiffre record de 75 %.« Instant Articles »Du point de vue de Facebook, le premier objectif d’« Instant Articles » est de charger le contenu plus rapidement. Un enjeu crucial pour les smartphones, qui génèrent parfois un temps d’attente exaspérant quand on clique sur un lien dans les transports en commun, par exemple. Selon Facebook, chaque article prendrait en moyenne 8 secondes à charger. « Instant Articles » promet un chargement « jusqu’à 10 fois plus rapide ». Pour le réseau, c’est un moyen d’améliorer « l’expérience utilisateur » et d’attirer du bon contenu, donc de garder les internautes sur sa plateforme. Pour les médias partenaires, c’est l’espoir de voir ses contenus bien plus lus que ceux de leurs concurrents.Afin de vaincre les réticences de grands éditeurs, la société de Mark Zuckerberg n’a pas hésité à élaborer un accord de départ favorable : les médias ont le droit de vendre eux-mêmes de la publicité dans leurs articles « embeddés » sur Facebook. Et de garder 100 % des revenus générés. Si c’est Facebook qui vend les annonces, les médias en tirent tout de même 70 %. Et le réseau social autorise les éditeurs à collecter des données à propos de leurs lecteurs sur Facebook, avec leurs outils habituels. Un enjeu central vu l’importance croissante des « data » dans la publicité ciblée.De plus, Facebook donne aux médias la possibilité de personnaliser la mise en forme de leurs « Instant Articles ». Et leur donne accès à quelques mises en forme spéciales, comme des « cartes interactives », des photos agrandissables ou des commentaires sur un extrait d’article.Dépendance accrue« Nous n’essayons pas du tout de positionner Facebook comme un remplacement aux journaux, aux radios ou aux chaînes que vous aimez. Nous pouvons être complémentaires », a plaidé en résumé Chris Cox, responsable produit de Facebook, cité par le New York Times.Pourquoi alors les médias devraient-ils s’inquiéter ? La crainte principale tient à un risque : celui d’avoir une dépendance accrue à Facebook. Et d’être soumis à ses changements stratégiques, voire à son bon vouloir. Les termes du « deal » actuel « d’Instant Articles » pourraient changer, anticipent certains éditeurs. Beaucoup ont en mémoire l’expérience malheureuse du « social reader » de Facebook, sorte de journal agrégeant des articles de différents médias partenaires : lancé en 2011, il a depuis été arrêté.Plus fondamentalement, d’autres pointent les changements successifs apportés par Facebook à l’algorithme crucial qui détermine quels contenus sont montrés dans le flux personnel des utilisateurs. Il s’est par exemple agi de favoriser les vidéos ou de défavoriser les posts d’agrégateurs de contenus. Les sociétés très dépendantes de Facebook peuvent avoir un destin fragile, comme l’a expérimenté l’éditeur de jeux Zynga.Dans le rapport de forces qui se dessine, Facebook a un poids croissant, en tant qu’apporteur d’audience pour les éditeurs, mais aussi comme acteur de la publicité : il a capté à lui seul 35 % de la publicité sur mobile en 2014, selon Emarketer. Un poids qui rappelle celui de Google, dont les rapports avec la presse ont été variés. Pour dépasser la menace de la dépendance, Buzzfeed propose, lui, de mettre le maximum de ses contenus… sur un maximum de réseaux sociaux différents. Un autre dilemme.Lire aussi :Facebook redéfinit son « Internet pour les pauvres » en IndeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Verizon a annoncé, mardi 12 mai, le rachat de la société de services Internet AOL pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). Grâce à cette acquisition, l’opérateur de télécommunications veut accélérer son développement dans le domaine de la vidéo et de la publicité sur mobile. Verizon propose aux actionnaires d’AOL un prix de 50 dollars par action, ce qui représente une prime de 23 % par rapport au cours moyen du titre sur les trois derniers mois. Mardi, l’action AOL s’est envolée de plus de 18,62 %, pour s’aligner sur l’offre de Verizon.Pour Tim Armstrong, le patron d’AOL, cette opération « va donner naissance au plus gros acteur de téléphonie mobile et de vidéo américain ». Il estime que grâce à ce rapprochement, son groupe va désormais être capable de rivaliser avec des géants de la publicité sur Internet comme Google et Facebook. AOL est aujourd’hui le troisième fournisseur de vidéo en termes d’audience aux Etats-Unis, loin derrière les deux géants, selon la société d’études ComScore. « Les entreprises ont noué des partenariats réussis et nous sommes enthousiastes à l’idée de travailler avec eux pour créer la prochaine génération de média dans le domaine du mobile et de la vidéo »,assure M. Armstrong à propos du rapprochement avec Verizon.Verizon a l’intention de lancer dès cet été son propre service de vidéo, OnCue. Il va s’agir de proposer des programmes payants et gratuits à ses abonnés, mais sur des formats et des contenus adaptés au mobile et différents de ce que les chaînes de télévision traditionnelles peuvent proposer. Grâce à AOL, Verizon compte doper ses revenus publicitaires. L’idée de ce service est également d’augmenter la consommation de haut débit des abonnés de l’opérateur.Virage stratégiqueVerizon est déjà un diffuseur de contenu grâce à sa box FiOS TV, à laquelle sont abonnés 5,6 millions de foyers américains. L’opérateur a également noué un partenariat avec la National Football League (NFL) pour diffuser des matchs sur les téléphones mobiles de ses clients. « Verizon a déjà de bonnes relations avec tous les grands fournisseurs de contenu à travers [sa box] FiOS et grâce à des accords de licence plus larges. Il peut créer facilement une sorte d’offre dégroupée qu’il pourra vendre dans tout le pays », estime l’analyste spécialisé dans les nouvelles technologies Jan Dawson.Il s’agit d’un virage stratégique pour le premier opérateur de téléphonie mobile américain. En septembre 2013, Verizon s’était donné de nouvelles marges de manœuvre en rachetant les 45 % que le britannique Vodafone détenait dans Verizon Wireless, leur filiale commune de téléphonie mobile aux Etats-Unis, pour 130 milliards de dollars.Pour AOL, c’est la fin d’une histoire mouvementée. Le fournisseur d’accès à Internet avait fusionné avec le groupe de médias Time Warner en 2000, à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Ce rapprochement avait tourné au cauchemar avant que Time Warner ne décide de se séparer d’AOL en mai 2009.C’est à ce moment que M. Armstrong, un ancien de Google, arrive à la tête d’AOL pour réorienter l’activité de la société, notamment vers la publicité sur Internet. En 2013, AOL a ainsi racheté Adap.tv, une plate-forme qui permet de connecter annonceurs et producteurs de contenu vidéo. Parallèlement, le groupe est à la tête d’un portefeuille de sites Internet comme le Huffington Post, TechCrunch et Engadget. Selon des rumeurs, le nouvel ensemble pourrait se séparer du Huffington Post, racheté en 2011 pour 315 millions de dollars. Une hypothèse démentie. « L’un des grands gagnants de cette opération sera le Huffington Post », a assuré M. Armstrong sur CNBC. Lui-même est appelé à continuer à diriger AOL, une fois que la fusion sera bouclée, sans doute au détour de l’été.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.05.2015 à 09h37 • Mis à jour le12.05.2015 à 09h45 | Alexandre Piquard Qui pour diriger l’Institut national de l’audiovisuel (INA) après Agnès Saal, acculée à la démission après la polémique sur ses frais de taxis ? Carine Camby, actuelle déléguée générale à la Cité internationale universitaire de Paris, est favorite pour occuper le poste, comme l’ont écrit La Correspondance de la presse le 9 mai et Le Figaro le 12 mai.Sa nomination pourrait intervenir dès mercredi 13 mai. Selon la procédure, le directeur de l’INA doit être proposé par la ministre de la culture au premier ministre, qui le nomme par décret au conseil d’administration de l’institution. Dans la foulée, le conseil des ministres le nomme président.Énarque, Carine Camby est issue de la Cour des comptes, tout comme Fleur Pellerin. Âgée de 54 ans, elle a travaillé dans le secteur audiovisuel au cours des années 1990 : elle a été directrice financière de la chaîne publique culturelle La Cinquième sous la direction de Jean-Marie Cavada, puis conseiller technique chargée des médias et du cinéma au cabinet du ministre de la culture Philippe Douste-Blazy.Elle a également été directrice de la société de production Image et Compagnie. Plus tard, en 2009, elle est nommée secrétaire générale du conseil de la création artistique présidé par le président de la République, Nicolas Sarkozy, et animé par Marin Karmitz.GarantiesCarine Camby a également été active dans le domaine de la santé : en 2003, elle a pris la tête de l’établissement français des greffes, qui deviendra l’agence de biomédecine. En 2008, elle a également été chargée par le premier ministre François Fillon d’une mission auprès du secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wauquiez, et du haut-commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch.Ses responsabilités dans des secteurs jugés sensibles sont vues comme un avantage pour succéder à Agnès Saal, emportée par la polémique sur ses dépenses de déplacements, dénoncés dans une lettre anonyme totalisant 40 000 euros de frais sur dix mois.Le gouvernement était soucieux de trouver un dirigeant qui puisse donner des assurances de gestion de l’argent public. Le profil de Carine Camby, issue de la Cour des comptes, est jugé favorable.À l’INA, le successeur d’Agnès Saal devra signer le contrat d’objectifs et de moyens qui fixe pour les prochaines années la feuille de route de l’établissement chargé de veiller sur les archives audiovisuelles françaises. La négociation avec le ministère pourrait être retardée si le « COM » est modifié par le nouvel arrivant. À l’INA, les personnels, qui avaient déjà changé de dirigeant début 2014 avec le départ de Mathieu Gallet à Radio France, attendent de la continuité.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Samuel Laurent, Maxime Vaudano et Leila Marchand « L’analyse des unes de newsmagazines est une science ancienne et assez inexacte », ironise Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point. On détecte pourtant certaines tendances quand on dénombre, comme LeMonde.fr l’a fait, les 273 couvertures publiées sur un an (du 1er mars 2014 au 9 avril 2015) par cinq hebdomadaires généralistes français :Le Nouvel Observateur (du groupe Le Monde, 448 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 46 000 en kiosques),L’Express (400 000 ex., dont 54 000 en kiosques),Le Point (381 000 ex., dont 72 000 en kiosques)Marianne (155 803 ex. dont 67 374 en kiosques)Valeurs actuelles (112 000 ex., dont 25 000 en kiosques)(Voir notre méthodologie détaillée en fin d’article)Parmi les 14 catégories définies, on constate une part importante de sujets dits « magazine », qui ne sont pas liés à l’actualité, politique ou autre. Notamment dans les unes de la catégorie culture/loisirs/santé/« marronniers », qui inclut l’histoire ou le cinéma, mais aussi les sujets récurrents comme les palmarès et classements sur l’immobilier. #container_14309925725{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309925725{ height:500px; } #container_14309925725 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309925725 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309925725 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309925725 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Répartition des sujets de "une" des newsmagazinesPar thèmes, en %, sur un an et une sélection de cinq titres. Cliquez sur un élément de la légende pour filtrer l'affichage.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309925725", backgroundColor: 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document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Médicaments qui guérissent », « derniers jours d’Hitler », « folie De Funès », diplômes qui donnent du travail ou palmarès des hôpitaux… avec 57 couvertures, cette catégorie représente 20 % des unes des cinq newsmagazines. Et en particulier un tiers des unes de L’Express, un quart de celles de L’Obs et 27 % de celles du Point.« Les unes d’actualité politique pure vendent moins bien ces temps-ci », explique Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, en précisant que son titre est le seul des trois grands hebdomadaires à avoir titré sur les élections départementales après le 1er tour, en évoquant « La Gauche en ruines ». Cette même semaine, Le Point avait fait sa une sur Winston Churchill et L’Obs sur les mémoires des époux Klarsfeld (avec toutefois un entretien évoquant la montée du Front national).« La période est peu favorable au politique. Il y a une désaffection, on la voit dans les chiffres de vente, abonde Etienne Gernelle. Michel Onfray vend mieux que Hollande ou Sarkozy. » Le numéro du 12 mars sur « Le Philosophe qui secoue la France » a permis au Point d’écouler « 30 % d’exemplaires en plus que la moyenne », alors que la dernière couverture consacrée au président de la République (« Et maintenant on fait la sieste ? », le 2 avril) a fait l’objet d’une vente « normale ».Les unes géopolitiques ont également des résultats de vente incertains, selon le patron de L’Express. Christophe Barbier note un paradoxe : « Les gens demandent de l’actualité internationale mais ne l’achètent pas forcément… » Les sujets internationaux sont donc mis en avant quand l’actualité l’impose vraiment, résume le directeur de L’Express, citant en exemple « Poutine super-tsar » (paru en janvier 2014, et donc absent de notre étude).Moins de « marronniers » et de francs-maçons qu’on ne croitEvoquer les sujets hors actualité, pour les hebdomadaires, fait immédiatement penser aux « marronniers », ces sujets que l’on a l’impression de voir revenir sans cesse : le classement des meilleurs lycées, les francs-maçons… Pourtant, la pratique a changé et s’est éloignée de certains clichés, insistent les dirigeants de newsmagazines. « Cela fait plusieurs années que nous n’avons pas fait de couverture sur les francs-maçons. Idem pour les classes moyennes. Pourtant, on nous en parle toujours. Il y a chez les gens un effet de persistance rétinienne », s’amuse Etienne Gernelle. De fait, aucun newsmagazine n’a mis les francs-maçons en une depuis plus d’un an. #container_14309930038{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14309930038{ height:500px; } #container_14309930038 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14309930038 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14309930038 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14309930038 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les sujets "magazine" dans les newsmagazinesVentilation des 53 unes de la catégorie "culture/loisirs/santé/marronniers dans les cinq newsmagazines étudiés. (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14309930038", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Sexe","Palmarès","Alimentation","Tourisme","Immobilier","Culture","Santé","Portrait","Psycho","Vie pratique","Histoire"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de unes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 4 ], [ "", 5 ], [ "", 7 ], [ "", 7 ], [ "", 9 ], [ "", 11 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " unes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}« Les gros marronniers, il en reste peu, expose Christophe Barbier de L’Express. Nous en avons surtout gardé deux : le ‘spécial immobilier’, deux fois par an, et le classement des hôpitaux, qui est pour les lecteurs un service dans un domaine important. » Le classement des lycées n’existe désormais plus que sous la forme d’un moteur de recherche sur le site de L’Express, explique M. Barbier.Le refus des marronniers est un parti pris beaucoup plus franc pour Valeurs actuelles. Son directeur, Yves de Kerdrel, raille les couvertures des autres hebdos sur la santé ou les derniers jours d’Hitler. Chez Valeurs actuelles et Marianne, deux titres au tirage plus faible, les sujets culture/loisirs/santé/« marronniers » ne représentent que 5,5 % et 10 % des unes.« Ces sujets sont guidés par les régies publicitaires. Et ils se vendent même parfois plus mal que la moyenne ! », critique M. Kerdrel, citant le cas de l’immobilier. L’Express affirme que son « spécial immobilier » ne répond pas à un impératif de publicité (les budgets seraient intéressants en mars à l’occasion d’un salon de l’immobilier, mais pas tellement en septembre) mais de diffusion. Selon M. Barbier, le moteur des ventes est local : l’édition nationale du numéro sur l’immobilier de septembre réalise une performance moyenne, mais les 36 éditions régionales apportent un plus qui fait de ce numéro « une des meilleures ventes de l’année ». D’autres dossiers sont plus directement réalisés par les hebdomadaires pour des raisons de la publicité (sur les vins, le numérique ou les flottes automobiles d’entreprises) mais ils sont très rarement en une, note-t-il.« C’est un pur métier d’offre. On ne sait pas vraiment ce que souhaitent les gens. On est souvent surpris quand on essaye de deviner les ventes, philosophe Etienne Gernelle. Les gens imaginent qu’on a des experts marketing et des recettes mais ce n’est pas le cas. Il faut donc une stratégie de long terme. »L’histoire, la psychologie et la morale sont « tendance »Parmi les sujets « magazine », on trouve beaucoup de thèmes historiques (11 unes), mais aussi de vie pratique et de conseils (« manuel de culture générale », « comment éviter le burn-out »…) Les sujets psycho (« la revanche des introvertis », « les hypernarcissiques ») sont également souvent tentés. Autre tendance : le grand portrait d’un artiste ou d’un intellectuel. Parmi les titres, chacun a ses spécialités : Le Point aime par exemple les dossiers historiques (Hitler, chute de Rome, Débarquement de 1944…). L’Express se pique de sujets psycho (« L’esprit qui soigne le corps », « Les Hyper narcissiques », « Les Manipulateurs »…). L’Obs navigue entre les deux, mais garde une appétence pour les valeurs sûres que sont « Les Diplômes qui donnent du travail » ou « Immobilier, pourquoi acheter ? »« L’histoire, c’est une tendance de longue date au Point, confirme M. Gernelle. Notre stratégie, c’est de proposer du fond. Et donc d’écrire souvent sur des intellectuels : des philosophes des historiens… » « Il y a deux ans, nous avons choisi de relancer la thématique psychologique sous l’angle de l’univers personnel, explique de son côté Christophe Barbier, de L’Express. Le domaine avait fait de belles performances il y a dix ans avec des psychologues comme Marcel Rufo ou Boris Cyrulnik, notamment sur la question du bonheur. Aujourd’hui, il faut trouver les nouvelles tendances. »M. Barbier estime que les couvertures sur les pervers narcissiques, ou celle sur le « burn-out » ont réalisé de très bons scores, en augmentant les ventes de 20 à 30 % par rapport à un numéro comparable. Dans le même esprit, L’Express a fait sa dernière couverture sur l’éducation : « Comment rendre nos enfants heureux ? ». Le Point a déjà titré sur « Les Jaloux, enquête sur une maladie qui gâche la vie » et L’Obs sur « La Revanche des introvertis ».« Les philosophes sont à la mode », constate enfin M. Barbier. « Les questions sur la République, les valeurs, la France, la laïcité, cela préoccupe les gens, estime M. Gernelle. On voit d’ailleurs que le Nouvel Observateur a consacré sa une à Emmanuel Todd (pour son livre Qui est Charlie ?). » Le directeur du Point affirme ne pas avoir mis Alain Finkielkraut ou Michel Onfray en couverture pour les ventes, mais note que ces numéros ont bien fonctionné. « Il y a cinq ans, la une que nous avions dédiée à Michel Onfray, pour son livre sur Sigmund Freud, s’était moins bien vendue », compare-t-il. La catégorie « valeurs et morale » comprend ainsi 29 unes des cinq newsmagazines étudiés, en un an. Les frontières entre catégories sont parfois poreuses et les questions de « valeurs » rejoignent des enjeux politiques : c’est clair avec des auteurs comme Michel Houellebecq, Michel Onfray, Alain Finkielkraut ou Emmanuel Todd, tous liés aux débats sur la laïcité et l’islam, notamment. Idem pour des unes de l’hebdo de droite Valeurs actuelles comme « Zemmour l’insoumis - comment Le Suicide français annonce la révolte d’un pays qui refuse de mourir » ou « De l’ordre - Etat, banlieues, école, les Français veulent de l’autorité ». Dans le même esprit, Le Point a mis en une « Les mal-élevés - Comment ils font la loi dans les transports - Sarkozy, Hollande et le savoir-vivre », quand Marianne titrait « Laïcité - pourquoi il faut se ressaisir » ou distinguait « Vrais et faux rebelles - De B comme Booba à Z comme Zemmour ».Leila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard, Leila Marchand, Maxime Vaudano et Samuel Laurent On ne sait pas si les couvertures des hebdomadaires sont des indications fiables sur la politique française, mais on y distingue certaines tendances. Celle-ci occupe encore environ un tiers des « unes » des magazines d’actualité français : sur un total de 273 couvertures analysées sur l’année écoulée par Le Monde.fr, pour cinq titres généralistes – L’Obs, L’Express, Le Point, Marianne et Valeurs actuelles –, 49 ont concerné François Hollande ou son gouvernement, 36 l’UMP ou son président, Nicolas Sarkozy, et 12 Marine Le Pen et le Front national. Dans le détail, L’Obs et L’Express ont consacré 20 % de leurs « unes » à François Hollande ou ses ministres, derrière le droitier Valeurs actuelles, qui leur a consacré 25 % de ses couvertures. Marianne et Le Point sont plus distants, avec respectivement 13 % et 10 %. Quant à la droite, Marianne y a consacré 17 % de ses « unes », devant Valeurs actuelles (15 %), Le Point (14,5 %), L’Express (12 %) et L’Obs (10 %).Si on regarde uniquement qui figure en photo, François Hollande, avec 21 « unes », est devant Nicolas Sarkozy (19), le premier ministre Manuel Valls (10), Marine Le Pen (9) et l’UMP Alain Juppé (6).Les politiques ne font plus vendre« Mais il y a des cycles et en ce moment, la politique n’intéresse pas beaucoup les lecteurs, si l’on se fie aux ventes », prévient Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point (381 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 72 000 en kiosques). Une tendance constatée également par d’autres confrères, comme Christophe Barbier, patron de L’Express (400 000 exemplaires, dont 54 000 en kiosques).La désaffection des lecteurs touche notamment Nicolas Sarkozy, qui pourtant a longtemps été réputé très porteur en kiosques, note M. Gernelle : « Qu’on en dise du bien ou du mal, il a toujours bien vendu, jusqu’en septembre 2011. Depuis, c’est très variable. » La « une » sur la tribune de l’ex-chef de l’Etat avant les européennes, le 21 mai 2014, avait fait un très bon score, selon le directeur du Point, mais celle du 18 septembre 2014 (« C’est plus fort que lui ») a affiché un chiffre moyen en kiosques.« Le retour de Sarkozy à l’automne dernier n’a pas fonctionné en kiosques, abonde Christophe Barbier. L’intérêt des lecteurs est faible. » « Les sujets récents sur la droite et Nicolas Sarkozy ne vendent pas bien. Il y a eu un décrochage à l’automne », estime également Yves de Kerdrel, directeur de Valeurs actuelles (112 000 exemplaires vendus en moyenne, dont 25 000 en kiosques). Il cite le mauvais score de la couverture « On se réveille », sur le nouveau président de l’UMP, le 12 février 2015. Selon le journaliste, « la droite ne parle pas assez d’idées et trop de politicailleries », ce qu’aurait confirmé en juin 2014 une nouvelle étude de lectorat de l’hebdomadaire de droite. Les lecteurs plébisciteraient davantage les sujets sur les valeurs, l’école ou le travail.La tentation du dénigrement présidentielSi l’on étudie les mots des titres de « une » consacrés à Nicolas Sarkozy, on trouve un vocabulaire moins négatif que pour François Hollande, même s’il reste peu amène (« boulet », « récidiviste », « Terminator »…) Les trois dirigeants de magazine interrogés notent toutefois les bons scores obtenus par leurs « unes » consacrées à Alain Juppé, certes plus rares.A la fois politiques et aux affaires, François Hollande et son gouvernement ne génèrent pas des ventes en kiosques exceptionnelles, selon les patrons d’hebdo. « Ceux qui avaient beaucoup donné dans le “Hollande bashing” ont depuis un peu retenu leurs coups », s’amuse Christophe Barbier.Le Point avait, au début du mandat du nouveau président, fait des « unes » très « moqueuses », reconnaît Etienne Gernelle. « Mais, depuis que François Hollande a fait un demi-tournant de la rigueur économique, on a été un peu moins virulent avec lui », explique-t-il.« Le “gauche-bashing”, ça remarche bien depuis le début de l’année 2015 », estime cependant le directeur de Valeurs actuelles, journal de droite qui fait figure de spécialiste du genre. Yves de Kerdrel liste une couverture en janvier, une en mars et une titrée « Les pigeons de Hollande », dont il est particulièrement content.Un ton qui rejoint le champ lexical employé par les magazines d’actualité envers le chef de l’Etat : « faillite », « sieste », « trahison »… Voici une représentation graphique des mots employés sur les « unes » des news magazines pour évoquer François Hollande : Le Front national fait plutôt recette« Marine Le Pen n’a jamais fait vendre autant de journaux que son père. Mais les couvertures sur la thématique du FN font des scores stables », selon Christophe Barbier. La « une » de L’Express « Pourquoi le pire est possible », en novembre, aurait vendu autour de 10 % au-dessus de la moyenne.La couverture du Point sur le Front national après les européennes de mai 2014 avait aussi fait un très bon score de vente, note M. Gernelle, mais ce chiffre traduit le choc du score élevé du parti d’extrême droite au scrutin, et le numéro a bénéficié de révélations sur l’affaire Bygmalion, relativise-t-il.Valeurs actuelles assure n’avoir consacré à Marine Le Pen que deux « unes », lors des départementales et lors du conflit avec son père, pour « ne pas prêter le flanc » aux critiques. Habitué des couvertures coup de poing très hostiles à l’islam ou aux Roms, le titre est déjà régulièrement accusé de faire le jeu de l’extrême droite.Pour l’instant, Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de la présidente du FN, n’a fait l’objet que d’une couverture d’hebdomadaire : celle de L’Express, le 18 mars, sous le titre « L’effrontée nationale ». Celle-ci n’aurait pas fait un carton, plutôt une « bonne vente moyenne », selon M. Barbier. Mais d’autres couvertures pourraient suivre.Retrouvez Les Décodeurs sur @decodeursLeila MarchandJournaliste au MondeMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Joël Morio Fâchés avec la politique, les Français ? En tout cas, cela ne se voit pas dans les chiffres d’audience des radios et des télévisions. Le matin, l’interview politique reste une valeur sûre. « C’est la meilleure audience de la chaîne », affirme Bruce Toussaint, anchorman d’i-Télé qui reçoit son invité entre 8 h 15 et 8 h 30. « C’est de très loin la demi-heure la plus regardée, avec 16 % de part de marché », renchérit Jean-Jacques Bourdin qui officie en simultané sur RMC et BFM-TV de 8 h 30 à 9 heures. Et les radios ne sont pas en reste   : entre 7 h 45 et 9 heures, les interviews politiques réalisent souvent des pics d’audience sur chacune des stations qui les diffusent.Des performances qui peuvent apparaître paradoxales, mais qui n’étonnent pas les journalistes concernés. « Il y a un désir de comprendre la politique avec ceux qui la font », constate Jean-Pierre Elkabbach, le doyen de l’interview politique, que l’on peut écouter chaque matin sur Europe 1. « On aime la politique dans ce pays. Il y a un côté masochiste, on adore détester les gens que l’on écoute », raconte avec une pointe d’humour Jean-Michel Aphatie, sur RTL à 7 h 50. « Objectivement, il est inimaginable de faire une matinale solide sans un invité politique », ajoute-t-il.Un exercice souvent courtPourtant, cette passion française pour la chose publique tend à s’émousser. « Depuis quelques semaines, je constate une petite désaffection, mais c’est une fluctuation saisonnière », se rassure Jean-Jacques Bourdin, qui analyse minutieusement chaque matin les audiences réalisées la veille. Ce désamour apparaît plus profond pour les responsables de France Inter. « Dès la rentrée 2012, on a senti un mouvement de recul, non pas à l’égard de la politique, mais des politiques. La multiplication des plateaux politiques sur les chaînes info a participé à la banalisation de la parole publique. On a aussi des difficultés pour obtenir une parole neuve et originale », observe Patrick Cohen, qui accueille son invité à partir de 8 h 20 et pendant près de quarante minutes.Plusieurs fois par semaine, l’anchorman de France Inter ouvre son micro à des personnalités autres que politiques. Un parti pris choisi également par Léa Salamé quelques minutes plus tôt sur la même antenne. La journaliste alterne entre des responsables politiques, des intellectuels, des chefs d’entreprise, des acteurs qui parlent de leur engagement.Jean-Pierre Elkabbach, quant à lui, sort du champ franco-français en ouvrant son micro à des personnalités internationales. Il a ainsi interrogé ces dernières semaines : le responsable de l’autorité des marchés financiers grecs pour évoquer la crise dans son pays, un responsable du Parlement russe ou encore Denis Sassou-Nguesso, le président du Congo, premier chef d’Etat africain à s’exprimer sur la vague d’émigrants qui fuient le continent. Un moyen d’élargir et d’enrichir le débat afin d’intéresser des auditeurs de plus en plus blasés par la classe politique.« La brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration »Jean-Michel AphatieCe coup de mou dans la relation qu’entretiennent les Français avec ceux qui les dirigent s’explique de multiples manières. « Leur discours s’est appauvri, et ils se sentent obligés de le simplifier sous l’influence des communicants », juge Alain Duhamel, observateur passionné de la vie publique depuis près de cinq décennies. L’interview politique du matin ne contribue-t-elle pas à ce phénomène ?L’exercice est souvent court, une dizaine de minutes en général. Un moment qui ne permet pas forcément d’aborder les sujets en profondeur. « Je n’ai pas toujours le temps de reprendre la réponse d’un de mes invités, car j’ai toujours l’œil sur la pendule », concède Jean-Michel Aphatie, qui dispose de sept minutes sur RTL. Cependant, « la brièveté est un facteur de qualité plutôt que de frustration », juge-t-il. Le manque de temps, pour Jean-Pierre Elkabbach, ne doit pas être une excuse pour ne pas poser les bonnes questions : « En préparant bien, on peut obtenir l’essentiel. » Malgré sa longue carrière, il continue de rédiger minutieusement son intervention, et il arrive en studio avec plusieurs pages dactylographiées dont certains passages ont été soulignés avec des couleurs différentes.Ceux qui disposent de plus de temps ne boudent pas leur plaisir. « C’est un luxe de disposer de quarante minutes avec un invité », reconnaît Patrick Cohen, qui prolonge son entretien avec une session d’interventions d’auditeurs et une revue de presse. « L’exercice n’est pas le même en quelques minutes : l’homme politique sait ce qu’il va dire, il donne une info précise ; notre panorama est plus large », se réjouit Jean-Jacques Bourdin, qui a la chance d’être en tête à tête avec son invité pendant plus de vingt minutes.Tour d’horizon de l’actualitéFaute de temps, l’interview peut se transformer en un simple tour d’horizon de l’actualité, obligeant l’homme politique à commenter des sujets qui n’ont parfois aucun rapport les uns avec les autres et sur lesquels son éclairage n’est pas toujours pertinent. Un format que revendique pourtant Bruce Toussaint : « Je cherche à faire réagir à chaud, car c’est le boulot d’une chaîne d’info. La première question est liée à l’actualité immédiate. Je ne commence pas par le plus important, mais par le plus récent. J’aime terminer par une question plus personnelle, ou sur une note sportive ou culturelle. J’essaye d’avoir des ruptures, de varier le rythme, car les hommes politiques sont tellement rodés à l’exercice que c’est très difficile de les déstabiliser pour avoir un moment de vérité. Je pense que ce n’est pas le but de ces interviews de donner une réponse au chômage. Le matin, ce n’est pas ce que recherchent les téléspectateurs ou les auditeurs. »A l’inverse, Léa Salamé propose, à 7 h 50 sur France Inter, une interview plus anglée, « quitte à ne pas tout couvrir », assume-t-elle. Comme Patrick Cohen, quelques minutes plus tard. « Je suis assez rarement dans un balayage de l’actualité, mais sur une thématique dominante quasi exclusive, sauf pour les personnalités très importantes comme le premier ministre ou le chef de l’opposition », explique-t-il.Pourtant, pour l’auditeur et le téléspectateur pressé du matin, l’interview politique se résume souvent à une course aux petites phrases. « Une pratique qui n’est pas nouvelle », souligne Guillaume Durand, dont l’interview de 8 h 15 est diffusée simultanément sur Radio Classique et LCI, mais qui a pris des proportions démesurées avec le développement des réseaux sociaux et des chaînes info. « Elle est renforcée par le buzz, qui est la version absolue de la connerie contemporaine. La reprise par l’AFP, c’est l’idée qu’on parle de moi. Ça ne peut pas être une obsession, mais ça serait une hypocrisie totale de dire qu’on ne recherche pas notre propre participation à l’actualité. Aujourd’hui, il y a une peur des gens de ma génération, qui composent l’essentiel des intervieweurs politiques, de ne pas être dans la modernité et de ne pas être dans le buzz », reconnaît-il.Chercher la petite phraseSi Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Michel Aphatie jurent qu’ils ne cherchent pas la petite phrase, ils font tous les deux une pause dans l’entretien lorsque apparaît une alerte sur l’iPhone du premier ou un extrait sur i-Télé de l’interview du second. « Quand on réfléchit à la construction d’une interview, on essaye d’allier des choses qui sont de natures différentes : regarder les problématiques au fond, chercher des sujets plus secondaires ou une réponse de votre invité dont vous savez qu’elle va faire débat. Quand on accuse les journalistes de chercher la petite phrase, on méconnaît grandement les obligations de ce travail. L’interview politique n’est pas une prise de parole magistrale d’un homme politique », plaide le journaliste de RTL.Voulue ou pas, la recherche de la reprise du bon mot peut provoquer des dérapages. La question posée à Roland Dumas par Jean-Jacques Bourdin sur l’« influence juive » qui serait subie par Manuel Valls a suscité beaucoup de réactions, jusqu’à provoquer celle, très inhabituelle, du CSA. « Les commentaires débridés des lecteurs sur les sites des journaux poussent au dérapage, car il existe une tentation de l’intervieweur de flatter son auditoire », analyse Guillaume Durand.Autre tendance qui peut contribuer à une certaine lassitude de l’auditeur : le sentiment d’entendre toujours les mêmes. « C’est vrai », concède Patrick Cohen. « Mais le format long suppose un minimum de notoriété, soit une légitimité incontestable sur un sujet. » « L’interview politique n’est pas un radio-crochet, mais il faut donner la chance aux jeunes pousses », juge pour sa part Jean-François Achilli, sur France Info tous les matins à 7 h 45.En quête de voix nouvelles« C’est compliqué de faire venir les gens, car ils ont peur. Ils sont méfiants et ont des plans médias concoctés par des communicants. Il faut qu’ils viennent quand ils ont des choses à dire et qu’ils sont prêts à répondre à des questions précises. Malheureusement, les partis eux-mêmes ne se renouvellent pas, mais, curieusement, lorsque j’invite des personnalités peu connues comme Jean-Jacques Urvoas ou Edouard Philippe, ça ne marche pas trop mal, s’ils sont en situation », se félicite Jean-Jacques Bourdin.Comme si, pour réconcilier les Français avec leurs hommes politiques, on devait ouvrir le micro à de nouvelles voix.Joël MorioJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Le fonds Google pour la presse française est mort… vive le fonds Google pour la presse européenne ! Ainsi pourrait se résumer l’annonce que devait faire le groupe américain mardi 28 avril à Londres. Dans le langage maison, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP) va cesser mi-2016 son activité après avoir distribué en trois ans 60 millions d’euros environ à des projets d’éditeurs français. Il va laisser la place au Digital News Initiative (DNI), doté de 150 millions d’euros pour trois ans, à destination d’éditeurs de toute l’Europe. Ce dernier nouera aussi des collaborations avec les médias.Cette évolution n’est pas anodine et répond à plusieurs préoccupations de Google, toujours engagé dans une épreuve de force avec certaines entreprises et autorités en Europe.A son lancement, la nouvelle structure de Google s’appuiera sur huit éditeurs partenaires, la plupart quotidiens : Les Echos en France, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie. Cette liste de partenaires est ouverte et susceptible d’accueillir de nouveaux membres.L’initiative sur huit éditeurs partenairesUne première constatation s’impose : les éditeurs français devraient en principe recevoir moins d’argent qu’au cours des trois dernières années. En 2014, le FINP a accordé 16,1 millions d’euros à 29 projets d’innovation (qui restaient financés à 40 % minimum par les médias). En 2013, il a accordé 16,3 millions d’euros à 23 projets.Allant du lancement d’une édition numérique du matin au développement de plates-formes payantes ou mobiles, l’aide a bénéficié à nombre de médias : Le Monde, Le Figaro, Libération, Rue89, BFM-TV, Alternatives économiques…Les candidats français devront désormais défendre leurs initiatives face à celles des éditeurs de toute l’Europe en tant que région. Google n’avait jamais caché que le fonds français était lancé pour trois ans et que son avenir serait alors rediscuté. Mais les détracteurs de Google souligneront que le montant promis en 2013 par l’entreprise en soutien de la presse française n’était pas pérenne et reste soumis à sa volonté.A l’époque, la création du FINP par Google et l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG) avait mis fin à un conflit entre les éditeurs français et le moteur de recherche américain, accusé de profiter des contenus des médias, notamment avec Google Actualités, sans compensation suffisante.Défendant une approche « pragmatique » et de coopération, le fonds français était une « exception » en Europe et dans le monde, a expliqué Francis Morel, patron des Echos, le 25 mars, lors d’une journée organisée par le FINP à Paris. « Je me demande pourquoi. Les autres pays européens devraient nous regarder », disait-il. L’élargissement du fonds français au niveau européen était une question de « cohérence », précisait-on chez Google.Plus collaboratifEn ouvrant son aide hors de France, l’entreprise américaine tend la main à des éditeurs dans des pays où le conflit avec la presse n’est pas encore réglé. Et Google sait que les éditeurs ne sont pas unis. En Allemagne, par exemple, la société de collecte de droits des éditeurs papier et audiovisuel allemands (VG Media) qui représente 50 % des éditeurs, a déposé une plainte pour demander l’application d’une loi de 2013 obligeant Google à rémunérer les médias dont il reproduit une partie des contenus, a expliqué Christoph Keese, vice-président exécutif du groupe Springer.Selon ce dirigeant, en pointe du combat contre Google, le fonds français « faillit à établir un principe crucial : le contenu doit être payé ». En Espagne, une loi d’inspiration similaire a mené à la fermeture de Google News.Dans sa version future, l’initiative de Google se veut aussi plus collaborative : Google et les éditeurs mettront en place des groupes de travail pour réfléchir à des produits, écrit Les Echos. Le géant investira dans la formation et la recherche, en proposant aux médias des outils repensés pour les journalistes, ajoute le quotidien partenaire. En principe, il ne sera toujours pas nécessaire d’utiliser des technologies de Google pour bénéficier de l’aide du fonds mais le groupe américain renforce les liens qu’il tisse avec les éditeurs.« Rôle dans l’écosystème du numérique »« Google s’intéresse au journalisme car c’est un des fondements de la démocratie. Nos internautes, dans le monde entier, ont besoin d’une presse forte », a expliqué le 25 mars Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations de Google Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique. « Le DNI est le témoignage d’un engagement pour le développement de l’écosystème du journalisme », estime Ludovic Blecher, directeur du FINP.Une démarche qui ne dépareille pas avec l’inflexion de la communication générale de Google, qui vient de lancer sa première campagne institutionnelle en France pour vanter son « rôle dans l’écosystème du numérique ». Au même moment, le groupe livre en Europe un combat dont l’intensité a grimpé d’un cran le 15 avril avec la décision de la commission européenne de notifier à Google son accusation d’abus de position dominante sur la recherche en ligne.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.04.2015 à 11h35 • Mis à jour le27.04.2015 à 19h46 La présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, selon Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures.Cette révélation a été faite à la suite d'un courrier anonyme envoyé aux administrateurs de l'INA à la veille du conseil d'administration qui s'est tenu le 23 avril, précise le quotidien. A la réception de ce courrier anonyme citant des documents de l'entreprise, l'INA a lancé une enquête interne et envisage de porter plainte, a appris Le Monde.Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement et 32 000 euros les déplacements. Agnès Saal a indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés. 6 700 euros au nom de son filsAgnès Saal, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014 s'est défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation, ajoute Le Figaro. « C'est une maladresse, j'en reconnais la responsabilité et j'ai immédiatement remboursé ces frais », a expliqué l'énarque de 57 ans.Un doute subsiste cependant concernant les 7 800 euros de frais de taxi facturés le week-end, à savoir ce qui relève des trajets professionnels et des privés. « Ce n'est pas évident de savoir si une course de taxi pour un événement dans lequel je représente l'INA est professionnelle ou personnelle », a-t-elle expliqué, estimant que « l'usage professionnel du taxi pendant les week-ends représente environ un tiers ou un quart de la facture ». Selon Le Figaro, elle s'est ainsi engagée à rembourser les deux tiers ou les trois quarts restants.La ministre de la culture réagitQuelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin, la ministre de la culture, a rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Concernant les « frais de déplacement privés de la présidente » de l'INA, Mme Pellerin en « a immédiatement demandé le remboursement intégral, qui est en cours », précise le ministère. Gilles Paris (Washington, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2o1nqx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2o1nqx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La presse américaine était à l’honneur samedi 25 avril avec le traditionnel dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel le président en fonction est toujours tenu de rivaliser avec un, ou une, humoriste de renom en tentant de faire rire à ses dépens. La profession avait été également mise en avant cinq jours plus tôt à l’occasion de l’attribution des prix Pulitzer pour le journalisme. Une fête pourtant obscurcie par la découverte que deux des lauréats, Natalie Caula Hauff et Rob Kuznia, honorés respectivement pour des enquêtes publiées par le Post and Courier de Charleston (Caroline du Sud) et le Daily Breeze (Californie) ne fréquentaient plus les salles de rédaction depuis la publication de leurs travaux.La première, âgée de 31 ans, est chargée désormais des relations publiques pour le comté de Charleston. Le second, 39 ans, travaille pour sa part comme conseiller pour la presse de la fondation pour la Shoah de l’université de Californie du Sud. Ce dernier a expliqué sa décision de quitter le journalisme pour des raisons matérielles : un niveau de vie jugé incompatible avec des projets familiaux. Un journaliste du service économique du Washington Post, Jim Tankersley, a mis en perspective le 24 avril ces deux décisions individuelles en consultant les statistiques du département du travail.L’emploi en recul dans la presseSelon le résultat de ses recherches, l’emploi est en effet partout en recul dans la presse en dehors des mégapoles de Los Angeles et de New York, et de la capitale fédérale. À l’échelle du pays, ces dernières concentrent désormais un poste de journaliste sur cinq au lieu d’un poste sur huit en 2004. Ailleurs, 12 000 postes ont été perdus en dix ans, que le journaliste du Washington Post a mis en regard avec la création de 20 000 postes dans le domaine des relations publiques. Originaire de l’Oregon, Jim Tankersley a raconté l’hémorragie qui a frappé la rédaction du quotidien local The Oregonian, dont deux lauréats du prix Pulitzer ont quitté également la pratique du journalisme pour des raisons économiques.L’écosystème médiatique préservé de la capitale fédérale n’est d’ailleurs pas épargné par les remises en cause. Le site Politico a en effet mis en ligne samedi matin un article consacré au blues des correspondants de la Maison Blanche, fragilisés par le recours intensif par la présidence Obama à des réseaux sociaux qui relativisent l’importance de la salle James S. Brady, celle où se déroulent les briefings du porte-parole Josh Earnest.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Delcambre « Une offre de télévision publique moderne et créative, ouverte sur le monde et accessible à tous grâce à une entreprise publique réconciliée avec elle-même. » Tel est l’objectif que se fixe Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, dans le projet qu’elle a présenté au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et que celui-ci a rendu public, vendredi 24 avril. Volontariste, ce projet de 31 pages entend transformer cette structure de 10 000 salariés « en une entreprise moderne, du 21e siècle », en constatant « un dilemme simple : l’adaptation ou l’affaiblissement. »Reconquérir la jeunesseMme Ernotte veut « réinventer l’offre » pour reconquérir la jeunesse et s’adapter aux nouveaux usages numériques, tout en promouvant « la diversité culturelle ». « Le principal axe de travail pour y parvenir consiste à mettre l’accent sur l’innovation et une certaine prise de risque », écrit-elle. La recherche et développement de nouveaux programmes se verrait allouer 5 % des budgets, les délais de production seraient raccourcis, un « pacte » serait négocié avec les producteurs pour « faire de l’audiovisuel français un champion à l’international » et « pousser à la création de programmes exportables ». L’enjeu serait la « création de nouvelles fictions » mais aussi la culture, l’information et le sport.La nouvelle PDG souhaite également refondre l’offre de rattrapage, sous l’influence de la plate-forme Netflix. « Afin de créer une passerelle directe avec les usagers, une nouvelle plateforme numérique, basée sur un algorithme de recommandation, doit rendre la télévision de rattrapage plus accessible », souhaite-t-elle.L’offre jeunesse serait la première concernée, avec la mise en place d’une offre à la demande qu’elle espère également génératrice de nouvelles recettes. Plus largement, Mme Ernotte propose une stratégie numérique inspirée de pratiques en vigueur sur d’autres chaînes : recherche de nouveaux talents, interactivité, mise en ligne anticipée de tous les épisodes d’une série…France 2 chaîne du flux, réforme de France 3Du côté des chaînes, elle compte faire évoluer France 2 vers l’« événementiel », c’est-à-dire la chaîne du « voir ensemble », qu’il s’agisse de l’information, du sport ou des télés crochets. « France 2 a vocation naturelle à devenir la chaîne leader de la télévision française », espère-t-elle.Delphine Ernotte annonce également une profonde réforme de France 3, très attendue par les pouvoirs publics. Celle-ci reposerait sur le rassemblement de France 3 et France 3 Régions, actuellement séparées ; le développement des décrochages régionaux ; une redéfinition du découpage régional pour suivre la nouvelle carte des régions françaises.Quant aux autres chaînes, France 5 et France Ô garderaient le même positionnement, mais France 4 serait exclusivement orientée vers « le public des moins de 15 ans », et non plus les jeunes adultes.Enfin, dans le domaine de l’information, ce projet propose de « faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion », c’est-à-dire une chaîne d’information - dont le mode de diffusion reste à définir - qui puisse se positionner en contrepoint de BFM-TV. Pour y parvenir, Mme Ernotte souhaite développer des liens avec les autres entreprises de l’audiovisuel public (l’INA, France Médias Monde ou Radio France), répondant là aussi à une attente des pouvoirs publics. Ce projet pourrait être « mis à l’antenne en septembre 2016 ».Des assises de l’entrepriseMais pour mener à bien ces différentes ambitions, Delphine Ernotte trace un chemin exigeant qui définit une large réforme de l’entreprise. Constatant que « France Télévisions est une entreprise qui doute », elle insiste sur une méthode reposant sur le dialogue. « Le plan stratégique 2020 sera élaboré dans le cadre des assises de l’entreprise, organisées selon un processus décentralisé », annonce-t-elle.Elle en attend « un pacte social adapté aux besoins de l’entreprise et des salariés » qui reposera sur « une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « donnant la priorité aux responsables de proximité ». Il s’agit de répondre aux angoisses et à la désorganisation de l’entreprise, décrites dans plusieurs rapports, pour proposer des évolutions des métiers et une vaste politique de formation.Lire aussi :France Télévisions, le grand corps maladeLa masse salariale sous pressionMme Ernotte compte aussi donner plus d’autonomie aux directions de chaînes, même si elle maintiendrait une direction transversale pour les programmes et une autre pour l’information. « Dès mon entrée en fonction, je nommerai une équipe strictement paritaire. Celle-ci, composée de quatorze membres comprendra, outre la Présidence, les cinq directions de chaînes, les deux directions transversales (stratégie et programmes, information) auxquelles s’ajouteront six directions fonctionnelles : commerciale, technique et système d’information, financière, ressources humaines, communication et secrétariat général », annonce-t-elle.Dans l’immédiat, c’est une politique de rigueur qui est prévue. La nouvelle PDG va « remettre à plat immédiatement le budget 2015 » et engager des économies de structure : « direction plus recentrée », « mise sous contrôle des frais de conseil et des frais généraux », « blocage immédiat des embauches », « rationalisation des missions » et rentabilisation de « l’outil de production » interne.« De façon plus générale, la question des charges de personnel doit être affrontée avec détermination et responsabilité, écrit Mme Ernotte. Le taux de collaborateurs non permanents est de 15,4 %. Le taux d’encadrement est très élevé. Afin d’éviter tout départ contraint et de chercher des solutions négociées, il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane Comme tous les trimestres, les résultats de Google sont scrutés, disséqués par les observateurs qui cherchent à y voir des signes potentiels du ralentissement de l’activité du moteur de recherche. Ceux publiés par le groupe de Mountain View jeudi 23 avril n’ont pas échappé à la règle.Au premier trimestre 2015, le groupe fondé par Sergueï Brin et Larry Page, a affiché un bénéfice net de 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros). Soit une augmentation de 4 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2014. Son chiffre d’affaires, dont 90 % est issu de la publicité, a, quant à lui, grimpé de 12 % pour atteindre 17,3 milliards de dollars. Habitués à bien plus spectaculaire, les marchés n’ont pas été enthousiasmés par ces résultats. Les analystes ont notamment regretté que le bénéfice par action soit, à 6,57 dollars, de 3 cents inférieur à leurs prévisions.D’après Patrick Pichette, le directeur financier du groupe qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique, ces résultats mitigés sont principalement dus au dollar fort. Hors effet de change, « le chiffre d’affaires aurait progressé de 17 % », explique M. Pichette.Une publicité à meilleur prixIl en veut pour preuve la progression des gains issus de la publicité, la principale source de revenus du groupe. Ils ont, selon le responsable, augmenté de 11 % sur les trois premiers mois de l’année. Mais c’est le mobile qui focalise l’attention des marchés. Ces derniers sont en effet très inquiets : ils craignent que le moteur de recherche ne monétise pas aussi bien son audience sur mobile que celle sur ordinateur fixe.Or avec la diffusion massive des smartphones et le changement des usages qui l’ont accompagnée, c’est aujourd’hui près de 60 % du trafic du moteur de recherche qui est issu du mobile. Problème, la publicité sur ce terminal coûte beaucoup moins cher que sa cousine sur PC. Et les prix ne cessent de chuter. Selon la presse américaine, ils auraient accusé un recul de 7 % au premier trimestre 2015.Lire aussi :Google va désormais privilégier les sites adaptés au mobile lors d’une recherche sur smartphoneEncore très importantes, les parts de marché de Google dans le domaine sont, par ailleurs, grignotées par des applications tierces, surtout Facebook, sur lesquelles les mobinautes passent de plus en plus de temps. Ainsi en 2013, le moteur de recherche se taillait selon eMarketer, 46 % de la publicité mobile à travers le monde. Contre 16 % pour le réseau social de Mark Zuckerberg. En 2014, la part du premier est passée à 38,2 % quand celle du second grimpait à 17,4.Attaqué de tous côtésRésultat, cette semaine l’entreprise de Mountain View a multiplié les initiatives pour rappeler que le mobile était aussi son royaume : Sur les smartphones, il a mis en place, mardi 21 avril, un changement de son algorithme de recherche afin qu’il favorise les sites Internet dont l’interface est adaptée à ces terminaux. Mercredi 22 avril, le géant du Net a, par ailleurs, précisé les détails de son offre de téléphonie mobile.« En fait ces deux annonces n’ont rien à voir avec la publicité mobile, ils sont pour le premier juste une évolution logique et pour le second le moyen de tester les terminaux de Google sur un réseau. Mais ils montrent aussi que le groupe ne se laissera pas faire et qu’il maîtrise la mobilité », affirme James Dix du courtier Wedbush.Pour l’analyste, Google est certes attaqué de tous les côtés mais dispose d’un atout inestimable : « Les espaces préférés des annonceurs aujourd’hui pour placer leurs publicités sur mobile sont la recherche et la vidéo. A raison de 70 % pour la première et de 30 % pour la seconde. Ce sont deux domaines sur lesquels Google n’a pratiquement aucun concurrent. »M. Dix, cite l’exemple de l’agence TBWA qui, à elle seule, a dépensé 3 milliards de dollars en annonces sur Google mobile en 2014. Un chiffre qui pourrait grimper de 30 % en 2014 pour atteindre 4 milliards de dollars. Selon eMarketer, les revenus issus de cette branche devraient même presque doubler entre 2013 et 2017.Outre la recherche, c’est donc la vidéo qui représente l’un des atouts principaux du groupe. Avec des milliards de visiteurs uniques par mois, sa filiale Youtube est de loin le premier site mondial sur lequel se rendent les internautes pour visionner clips, extraits de films ou gags devenus viraux sur la toile. Un milliard de vidéos et autant de publicités sont visionnés quotidiennement par les mobinautes. « Le smartphone est idéal pour la publicité vidéo et les annonceurs l’ont bien compris », explique M. Dix. Une garantie supplémentaire pour les marchés.Lire aussi :La santé, nouvel eldorado de GoogleSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fusion géante entre les câblo-opérateurs américains Comcast et Time Warner Cable (TWC) ne verra finalement pas le jour. Les deux groupes, qui avaient annoncé leur rapprochement le 13 février 2014, ont préféré jeter l’éponge face au scepticisme des autorités américaines de la concurrence, selon des sources proches du dossier et citées, jeudi 23 avril, par l’agence Bloomberg. L’abandon de l’opération devait être officialisé dans la journée de vendredi.Comcast, le leader du secteur aux Etats-Unis, avait initialement proposé de racheter TWC, le numéro deux, pour 45,2 milliards de dollars (41,7 milliards d’euros), soit 67 milliards de dollars dette comprise.A l’issue, les deux groupes auraient cumulé 30 millions d’abonnés. Mais, depuis cette annonce, d’intenses négociations se sont engagées avec le régulateur américain du secteur, la Federal Communications Commission (FCC), pour savoir si l’opération respectait les règles de la concurrence. Il y a quelques jours, le ministère de la justice avait commencé à émettre de sérieux doutes sur la faisabilité de la fusion.Lire aussi :La fusion Comcast-Time Warner sous la loupe de l’antitrust américainMercredi, le parcours d’obstacles s’est encore un peu plus compliqué. Comcast et TWC ont rencontré des membres de la FCC et du ministère de la justice, dont le feu vert était nécessaire pour que l’opération puisse aller à son terme. Leurs interlocuteurs ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact qu’aurait une fusion sur les consommateurs.Le précédent AT&TLa FCC a proposé que le feu vert donné à l’opération le soit par un juge administratif. Cette procédure, qui en dit long sur le scepticisme du régulateur, a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’issue finale devenant très incertaine, et malgré des dépenses en lobbying, en 2014, de 17 millions de dollars, Comcast a donc préféré renoncer.C’est le même type de procédure qui avait été imposé à AT&T pour valider son rapprochement avec T-Mobile en 2011. On sait ce qu’il advint : la fusion avait été cassée par le juge, et l’opérateur avait dû payer 4 milliards de dollars d’indemnités à Deutsche Telekom, la maison mère de T-Mobile.Comcast a eu beau répéter, ces derniers mois, que la fusion était dans l’intérêt public parce qu’elle permettrait de fournir aux clients de TWC un meilleur service, les autorités américaines ne se sont pas laissées convaincre.Il faut dire que le nouveau groupe aurait détenu 30 % du marché de la télévision payante aux Etats-Unis et 57 % de celui des fournisseurs d’accès à Internet. Les deux acteurs avaient proposé quelques concessions pour faire passer la pilule. Il était notamment question de rétrocéder environ trois millions d’abonnés au challenger du secteur, Charter Communications, qui serait ainsi passé de la quatrième à la deuxième place. Mais, visiblement, la concession n’a pas été jugée suffisante.Bonne nouvelle pour le consommateurLe renoncement à cette fusion fait les affaires de groupes de média, comme Time Warner – dont les activités n’ont plus rien à voir avec celles de TWC –, de Walt Disney, de 21st Century Fox ou encore de Netflix, qui voyaient d’un mauvais œil la constitution de ce nouveau géant. Reed Hastings, le fondateur et patron de la société de streaming (lecture sans téléchargement) était d’ailleurs l’un des plus virulents opposants à ce projet de mariage. Netflix avait déjà dû accepter de verser d’importantes sommes d’argent à Comcast et à TWC, afin d’assurer une vitesse de connexion optimale pour ses abonnés. Réunis, les deux opérateurs auraient encore plus de poids dans ces négociations.Du côté du consommateur, qui paie déjà des prix prohibitifs comparés à ceux pratiqués en Europe pour accéder à Internet, cette réduction du nombre d’acteurs n’aurait pas été non plus une très bonne nouvelle.La recomposition du secteur est donc relancée. Charter Communications et son principal actionnaire, Liberty Media, l’une des holdings du milliardaire américain John Malone, qui avait fait une offre sur TWC quelques semaines avant l’annonce de la fusion, pourrait revenir dans le jeu. Mais, à l’époque, la valorisation proposée, beaucoup moins généreuse que celle de Comcast, avait été rejetée par la cible.Il y a quelques mois, lors d’une réunion avec des investisseurs, M. Malone avait dit qu’il était prêt à envisager une nouvelle offre si jamais l’opération avec Comcast échouait. C’est désormais chose faite.Pour TWC, qui avait fait de cette fusion la pierre angulaire de stratégie, c’est assurément un coup dur. La direction de l’entreprise a prévu d’organiser une conférence téléphonique avec ses actionnaires, le 30 avril. Le PDG du groupe, Robert Marcus, arrivé à la tête de la société seulement un mois et demi avant la vente à Comcast, avait empoché une rémunération astronomique de 80 millions de dollars. Il va maintenant lui falloir trouver un plan B capable d’assurer un futur à TWC.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane, Alexis Delcambre et Anne Eveno « Chez Orange, elle connaît tous les rouages de l’entreprise et des métiers. Aller vers une autre entreprise va être pour elle un vrai défi, un saut dans l’inconnu. » Ce haut cadre d’Orange résume bien l’équation que va devoir résoudre Delphine Ernotte, nommée, jeudi 23 avril, présidente de France Télévisions, après vingt-six années passées chez l’opérateur.A 48 ans, la directrice générale adjointe d’Orange France a arpenté toutes les fonctions possibles au sein de son entreprise : de l’analyse financière à la R&D, de la distribution aux fonctions de direction. Centralienne, cette ingénieure de formation y a appris la vente, la communication, le marketing et le délicat exercice du dialogue social. Elle a aussi contribué à transformer l’entreprise et appris à composer avec la présence de l’Etat.« C’est une vraie patronne qui sait déléguer, écouter et décider », décrit Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution de Canal+, qui a travaillé sous ses ordres chez Orange. « Mi corse-mi basque, elle a un côté mama qui protège voire couve ses équipes, renchérit Elie Girard d’Atos, qui a travaillé avec elle pendant six ans. C’est une bosseuse, très impliquée. Lors de la grande panne des mobiles de l’été 2012, elle a passé toute la nuit au centre de supervision au beau milieu des techniciens et impressionné tout le monde. » Des tempêtesChez Orange, les tempêtes n’ont pas manqué. Mme Ernotte a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau concurrent, Free Mobile, en 2012. Surtout, elle a été confrontée, comme toute la direction du groupe, à la crise des suicides chez l’opérateur, consécutive à la mise en place du plan « Next ». Propulsée au comité exécutif après le départ de Didier Lombard – mis en cause dans cette affaire –, la nouvelle directrice générale admet alors que ces drames ont suscité chez elle « un mélange de profonde culpabilité et de déni » et « une remise en question fondamentale ».Ses défenseurs soulignent qu’elle a ensuite œuvré à l’« apaisement » du climat social. « C’est difficile d’évaluer son implication dans la crise sociale qui a secoué l’entreprise du temps de Lombard, juge une source chez Orange. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a appris à écouter, elle a réussi à respecter le contrat social dans un contexte difficile où Orange France était secoué de tous les côtés par la concurrence. »Dans sa nouvelle maison, Delphine Ernotte se sait attendue sur ce terrain. Pendant la campagne, la CGC Médias l’a associée à cette crise des suicides – un message lourd dans le contexte de fragilité sociale que connaît France Télévisions. Dans sa décision motivée, le CSA a souligné que la nouvelle PDG voulait « bâtir, par la négociation et le dialogue, un plan stratégique visant à promouvoir la confiance au sein de France Télévisions ».Lire aussi (édition abonnés) :France Télévisions, le grand corps maladeL’inconnue des contenusPour cela, elle devra forcer sa personnalité que beaucoup décrivent comme « froide » ou « distante ». « Son côté froid, c’est une carapace, corrige un cadre de l’opérateur. En réalité elle a beaucoup d’empathie et je l’ai vue dans plein de conventions faire le show quand il le fallait. »Et d’avancer une explication : « Elle a toujours été dans un milieu d’hommes, elle doit sûrement se protéger aussi. » Dans l’univers d’ingénieurs souvent masculin qu’est Orange, Delphine Ernotte s’est attachée à défendre la place des femmes, infligeant des amendes de 10 euros pour toute remarque sexiste formulée en comité exécutif.Autre défi pour la nouvelle présidente : son inexpérience dans les contenus et l’audiovisuel, même si Orange distribue aussi des contenus et que le CSA relève sa « perception des enjeux de l’audiovisuel ». Ses amis ont beau évoquer sa « passion du théâtre » – son époux est le comédien Marc Ernotte et elle ne manque pas de réseaux dans le monde culturel –, sa capacité à aider France Télévisions à repenser ses offres en profondeur est à ce stade une inconnue.Anne EvenoJournaliste au MondeAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Il aura fallu une délibération de près de 24 heures pour que le Conseil supérieur de l’audiovisuel tranche. Jeudi 23 avril, les huit conseillers ont désigné Delphine Ernotte, actuelle directrice générale adjointe d’Orange France, à la présidence de France Télévisions. Mme Ernotte prendra ses fonctions le 22 août, succédant à Rémy Pflimlin.Cette nomination a fait l’objet d’une sérieuse bataille au sein du conseil. Mercredi soir, à l’issue de deux longues journées d’auditions – deux heures par candidat –, un premier vote avait attribué quatre voix à Delphine Ernotte, directrice générale adjointe d’Orange France ; trois à Pascal Josèphe, président fondateur du cabinet de conseil IMCA et ancien dirigeant de France 2 et France 3 ; et une à Rémy Pflimlin, actuel PDG de l’entreprise publique. Les autres candidats – Christophe Beaux, Nathalie Collin, Robin Leproux, Cyrille du Peloux – n’avaient recueilli aucun vote.Lire aussi :France Télévisions : ces candidats qui veulent remplacer Rémy PflimlinLes conseillers se sont retrouvés jeudi matin avec la volonté de s’accorder rapidement, alors que de premières informations fuitaient dans les médias. Mais le collège s’est au contraire divisé en deux blocs de poids égal, quatre conseillers continuant de soutenir Mme Ernotte tandis que quatre autres se rangeaient derrière M. Josèphe.Des qualités d’écoute et de décisionLe CSA a donc décidé d’auditionner à nouveau les deux candidats, jeudi après-midi. A l’issue de ces auditions, un vote majoritaire s’est dégagé en faveur de Mme Ernotte.Centralienne, Delphine Ernotte a fait toute sa carrière chez Orange. Son profil est celui d’une manageuse dont les partisans vantent les qualités d’écoute, de compréhension et de décision. Avec 80 000 salariés, Orange France est le vaisseau amiral du groupe. Elle n’a par contre pas d’expérience des contenus ou de l’audiovisuel, ce qui était le point fort de l’autre finaliste, Pascal Josèphe.Agée de 48 ans, Mme Ernotte sera la première femme à diriger France Télévisions. Chez Orange, un univers d’ingénieurs souvent masculins, elle s’est attachée à défendre la place des femmes.Dans le milieu de l’audiovisuel, son nom a commencé à circuler fin 2014. Conseillée par Denis Pingaud – également présent aux côtés du PDG de Radio France, Mathieu Gallet –, elle a mené campagne en coulisse, sans s’exposer dans les médias. Cela ne l’a pas empêchée de subir plusieurs tirs de barrage, notamment de syndicats de France Télévisions, qui l’ont parfois associée au plan « Next » dans la foulée duquel les suicides se sont multipliés chez l’opérateur. Son entourage a rappelé que la justice ne l’avait en rien mise en cause.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La mesure était à l’étude, elle est désormais quasi acquise : un amendement propose d’alourdir la taxation des reventes de chaînes de la TNT, après la polémique déclenchée par la vente de Numéro 23, critiquée comme spéculative.Le texte adopté au Sénat, mercredi 6 mai, dans le cadre de la « loi Macron », instaure une ponction de 20 % si la cession intervient moins de cinq ans après l’attribution de la fréquence, de 10 % si elle a lieu entre 5 et 10 ans, et de 5 % au bout de 10 ans.Cette taxation n’était jusqu’ici que de 5 %, suite à la mobilisation du sénateur David Assouline, notamment. Et les cessions étaient interdites avant deux ans et demi de détention.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVLa ministre de la culture, Fleur Pellerin ne s’est pas opposée à l’amendement déposé par la sénatrice UMP Dominique Sassone-Estrosi, rapporteur de la loi sur la croissance et l’activité. C’est un signe que le gouvernement soutient implicitement la mesure.Il étudiait d’ailleurs une réforme depuis la vente, le 2 avril, de Numéro 23 pour 90 millions d’euros, par ses actionnaires, dont Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde).Lire aussi :Numéro 23 : Réflexion sur une réforme des ventes de chaînesDes chaînes concurrentes et des élus se sont indignés d’une plus-value réalisée rapidement, alors que la fréquence avait, elle, été accordée gratuitement par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en 2012.Les fréquences hertziennes, associées à des obligations de diffusion et de production, diffèrent ainsi des fréquences télécoms, mises aux enchères.Lire aussi :Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse »La mesure adoptée par le Sénat doit encore passer le cap de la Commission mixte paritaire - chargée d’« accorder » les textes votés par les députés et les sénateurs. Elle ne devrait pas pouvoir s’appliquer à la vente de Numéro 23, estime une source proche du dossier. Notamment parce qu’il n’y aurait pas de rétroactivité.La disposition ne sera d’ailleurs effective qu’après l’agrément que doit délivrer le CSA, qui a promis de prendre le temps de faire une étude d’impact économique. Et de prendre en compte le « contexte », comme l’a dit Olivier Schrameck, président du CSA, en audition  au Sénat mercredi 6 mai.Numéro 23, chaîne dédiée à la « diversité  » au sens large, n’est créditée que de 0,7 point de parts d’audience.Le groupe NextRadioTV (BFM-TV, RMC...), qui l’a acquise, assure avoir agi comme ses concurrents TF1 ou Canal +, qui ont, avant lui, racheté des chaînes de TNT. Déclenchant déjà à l’époque des polémiques.Lire aussi :Numéro 23 : « TF1 et Canal+ ont aussi racheté des chaînes TNT »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre « Comme annoncé par le président Mathieu Gallet le 16 avril dernier, une réflexion a effectivement été engagée sur l’évolution des instances de direction de Radio France dont les conclusions seront présentées dans quelques semaines », a confirmé la direction de l’entreprise publique dans un message interne, mercredi 6 mai.Tout en déplorant « des informations parues dans la presse ce matin au sujet de changements présumés au sein du Comité exécutif de l’entreprise ».Comme l’a annoncé Le Figaro, Sibyle Veil, actuellement directrice du pilotage de la transformation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, est pressentie pour rejoindre Radio France. Toutefois, sa venue n’est pas confirmée officiellement. Se posent notamment, selon nos informations, des questions sur le périmètre de ses missions.Elle a été présentée comme une future « directrice générale » et une remplaçante de Catherine Sueur, l’actuelle directrice générale déléguée, réputée en froid avec M. Gallet. Mais son poste pourrait avoir une envergure un peu moindre. Mme Sueur était numéro deux de l’entreprise sous le président précédent, Jean-Luc Hees.Sibyle Veil est énarque, issue de la même promotion qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, Gaspard Gantzer, le conseiller communication de François Hollande, ou Boris Vallaud, le secrétaire général adjoint de l’Elysée, aussi mari de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a été conseillère santé, travail et logement à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Elle est mariée à Sébastien Veil, lui aussi ancien membre du cabinet du président de la République et petit-fils de la ministre Simone Veil. Elle ne connaît pas le secteur audiovisuel.Le ministère de la culture de Fleur Pellerin a été informé par Radio France de la possible venue de Mme Veil, mais nie avoir donné une forme d’aval.D’autres changements possiblesUn autre changement devrait intervenir prochainement : le départ de Jean-Pierre Rousseau, l’actuel directeur de la musique, recruté par Mathieu Gallet. Cette hypothèse avait été évoquée dès fin mars, lors du conflit social qui a débouché sur une grève inédite à Radio France. Jean-Paul Quennesson, délégué Sud de Radio France et corniste à l’Orchestre national, avait qualifié sa direction de « fiasco total ».Pendant le conflit, l’assemblée générale des grévistes avait aussi visé l’actuel directeur des ressources humaines, Christian Mettot, un des principaux interlocuteurs des syndicats.Après la crise qui a secoué son autorité, Mathieu Gallet a donc engagé une réflexion sur la gouvernance de Radio France. Avant la sortie de grève, la ministre, Fleur Pellerin, s’était davantage impliquée personnellement, « convoquant » le dirigeant nommé par le CSA et nommant plus tard un médiateur pour renouer le dialogue entre les syndicats et la direction. Après la crise, certains anticipaient que la réflexion évoquée par Mathieu Gallet puisse être l’occasion pour le gouvernement de peser sur la réorganisation de l’entreprise. Il semble plutôt que le président de Radio France étudie sa future direction de son côté, dans la lignée du comité exécutif élargi mis en place à son arrivée.Pendant ce temps, le médiateur Dominique-Jean Chertier poursuit actuellement la « seconde phase » de sa mission, menant des réunions avec les parties prenantes en vue de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, feuille de route de l’entreprise pour les cinq années à venir. Parmi les chantiers sensibles figurent notamment la réforme des modes de production et la négociation d’un plan de départs volontaires de 300 personnes environ.Toutefois, la mise en place de ces discussions reste délicate. De source syndicale, un calendrier a été proposé par le médiateur. S’il propose des ateliers sur France Bleu, la musique ou les modes de production, aucun espace de discussion n’est pour le moment prévu sur le plan stratégique de l’entreprise.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un chantier délicat qu’a ouvert la Commission européenne mercredi 6 mai : aller plus avant dans la constitution d’un vrai marché unique numérique. Tous les sujets sont sur la table, y compris les plus polémiques. Une réforme du droit d’auteur, le renforcement de la lutte contre le piratage, une réflexion sur la nécessité ou pas de « réguler » les plates-formes Internet (Amazon, Apple, Facebook ou Google)…L’enjeu est considérable pour le président Jean-Claude Juncker, qui en a fait une des priorités de son mandat. Il s’agit de créer l’environnement économique favorable à la multiplication des sociétés numériques. Tout en préservant les industries traditionnelles – la banque, l’automobile, etc. –, toutes menacées à plus ou moins long terme d’« ubérisation », c’est-à-dire de voir leur modèle économique mis à bas par de nouveaux acteurs du Net.Réformer le droit d’auteurLa réforme du droit d’auteur ? Un texte législatif devrait être présenté à l’automne 2015, a précisé Bruxelles mercredi. Le principe de la territorialité des droits (le fait qu’un auteur puisse commercialiser les droits d’exploitation de son œuvre pays par pays) y sera conservé. Au grand soulagement du monde français de la culture, qui a mené un intense lobbying ces derniers mois afin d’éviter une relecture trop « radicale » de la directive droits d’auteurs de 2001.Lire aussi :Bruxelles pourrait rappeler Google à l’ordreBruxelles tient néanmoins à proposer davantage d’exemptions au droit d’auteur, notamment pour le secteur de la recherche.La Commission voudrait aussi rendre plus accessibles les contenus en ligne entre pays européens. En surmontant le « geoblocking » (le fait, dans un pays A, de ne pas avoir accès au catalogue de vidéo à la demande [VOD] ou aux matchs de foot diffusés par une TV du pays B) ; ou en permettant la « portabilité » des abonnements à des services audiovisuels afin qu’un abonné puisse avoir accès à son offre quand il est en déplacement.Le vice-président de la commission en charge du numérique, Andrus Ansip, a fait du geoblocking et de l’accessibilité ses chevaux de bataille.Encadrer les plate-formes internetAutre gros chantier, pour lequel il n’y a pas consensus, loin de là, à la Commission : la régulation des plates-formes. La France et l’Allemagne poussent pour une révision de la directive e-commerce de 2000, demandant que les groupes de l’Internet qui jouissent du statut d’hébergeur soient considérés comme des éditeurs, donc tenus davantage responsables des contenus qu’ils distribuent.L’Irlande ou les Pays-Bas, terres d’accueil de grands du Net américains, freinent des quatre fers. L’administration Obama a déjà fait savoir, elle aussi, que ce n’était pas une bonne idée…Il y a aussi tout l’enjeu de l’accès aux gigantesques masses de données personnelles détenues par ces plates-formes : à qui appartiennent-elles ? Qu’est-ce que ces acteurs en font ? Est-il possible de les porter d’une plate-forme à l’autre ? Etc.Pour l’instant, aucun projet de directive n’est sur la table, « mais la volonté politique d’avancer sur ces sujets est là », dit-on à la Commission. Une consultation publique et une série d’études seront lancées d’ici à fin 2015.Pour avoir un espoir d’avancer avec et non contre les multiples groupes d’intérêt qui se sont déjà manifestés, ou ne manqueront pas bientôt de le faire, sur tous ces sujets, Bruxelles va devoir réussir un sacré travail de synthèse…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 11h25 • Mis à jour le06.05.2015 à 14h23 | Alain Beuve-Méry Par sa vitalité, le cinéma en France demeure une exception en Europe. Présenté, mercredi 6 mai, par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), le tour d’horizon de l’année écoulée affiche dans tous ses segments (taux de fréquentation des salles, nombre de films produits et distribués ou exportés…) un dynamisme certain. Tous les clignotants sont au vert ou presque. Ce bilan est traditionnellement présenté, juste avant l’ouverture du Festival de Cannes (du 13 au 24 mai), qui constitue la vitrine la plus luxueuse du septième art dans l’Hexagone.Ainsi, avec 209 millions d’entrées sur 911 millions en Europe – 213,6 millions si l’on inclut les entrées gratuites –, la France demeure de loin le premier marché européen en termes de fréquentation, devant l’Allemagne (122 millions), l’Italie (100 millions), l’Espagne (87 millions) ou l’Angleterre (57 millions).En 2014, 66,6 % des Français, soit 39 millions sont allés au moins une fois au cinéma, soit une augmentation de 4 %. Chaque spectateur est allé en moyenne 5,3 fois au cinéma. Ce qui fait en vingt ans, une progression d’un tiers de spectateurs.Le bataillon le plus important : les étudiantsParmi ces publics, les inactifs représentent 51,1 % du total et, parmi eux, les étudiants, 28,6 %. Par tranches d’âge, les 25-49 ans forment le bataillon le plus important (35,6 %) devant les 50 ans et plus (33,1 %). Mais, avec 80 % des moins de 25 ans qui sont allés au cinéma au moins une fois par an, le septième art demeure un loisir très répandu chez les jeunes. Les 20-24 ans sont notamment ceux qui demeurent les plus gros consommateurs, même si leur nombre est en recul.Le CNC observe une stabilité de la fréquentation à Paris, mais une forte progression des entrées au sein des plus petites agglomérations : + 14 % sur les villes de 20 000 à 100 000 habitants ; + 17 % sur les plus petites communes.Ces données sont à rapprocher de celles concernant le nombre de salles. De fait, la France dispose du parc cinématographique le plus important en Europe, avec 2 020 établissements et 5 653 écrans. Avec, en moyenne, 8,6 écrans pour 100 000 habitants, l’Hexagone est ainsi doté du parc de salles le plus dense. En dix ans, le nombre de fauteuils a augmenté de 5,4 %, celui des écrans de 7,3 %. Le nombre d’établissements est, lui, en recul de 2,6 %.Films français en tête de podium en 2014En 2014, un cinéma a réalisé 103 453 entrées en moyenne. Mais ce sont les plus grands qui se tirent la part du lion, avec une progression de 9,5 % et 472 038 entrées par cinéma. Au total, le parc français se décompose en 191 multiplexes, avec 1 555 écrans actifs, dont deux multiplexes ouverts en 2014. Paris jouit de 404 écrans répartis en 87 établissements.En termes de recettes, le retour à une TVA à 5,5 % sur les tickets de cinéma a eu un effet positif. Aux guichets, les exploitants ont gagné 1,33 milliard d’euros en 2014, soit une hausse de 6,5 %. Le CNC note une forte progression des entrées entre 4 euros et 5 euros, qui sont passées de 9 % à 16 %. C’est la traduction logique de la politique tarifaire mise en place en faveur des jeunes de moins de 14 ans, pour qui le prix de la place a été fixé à 4 euros. Il y a eu près de 21 millions d’entrées à ce tarif en 2014. Sur ces recettes de 1,3 milliard d’euros, 43 % sont allés aux exploitants, soit 570 millions d’euros et 40 % aux distributeurs (532 millions d’euros).Avec 91 millions d’entrées pour les films français, la part du marché domestique s’élève à 44 % en France, contre 28 % en Italie, 27 % en Allemagne, 25,5 % en Espagne et 15,5 % au Royaume-Uni. C’est le plus haut niveau depuis 1984. De fait, en 2014, les trois premières places du podium des films ayant réalisé le plus grand nombre d’entrées sont 100 % françaises. La première marche est occupée par Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, avec 12,34 millions d’entrées, devant Supercondriaque (5,27 millions) et Lucy (5,2 millions).Vitalité des films d’animationParmi les bonnes nouvelles figure aussi la vitalité des films d’animation avec vingt-neuf sorties en 2014 pour 23 millions d’entrées. Parmi les six films français, deux – Astérix et le domaine des dieux et Minuscule – ont dépassé un million d’entrées en 2014. Cent films documentaires sont sortis en salle en 2014 dont soixante-douze films français.Lire aussi :Comédies et documentaires, les films français les plus rentables en 2014En 2014, 7 035 films ont été exploités, un chiffre en constante augmentation. La progression est même de 20,5 % depuis 2005. Parmi ceux-ci, il y a eu 663 films inédits et 4 108 films art et essai. En termes d’exposition, les films français sont présents en moyenne dans 119 établissements, en première semaine d’exploitation, un chiffre en recul par rapport à il y a dix ans. Les films américains sont en revanche présents en moyenne dans 258 établissements, un chiffre en augmentation.Il y a eu aussi six films distribués dans 800 établissements ou plus en 2014, dès la première semaine (contre trois en 2013), ce qui démontre la puissance de tir mise au service de certains blockbusters.Lire aussi :Les bons chiffres du cinéma français à l’exportAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martine Delahaye Pas encore patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, alors à la tête d’Orange France, ne mâchait pas ses mots, en janvier 2013, sur le site Lesnouvellesnews.fr.Répondant à David Abiker au sujet de l’égalité professionnelle femmes-hommes, elle disait notamment : « En gros, en caricaturant, quand vous proposez un poste à un homme, c’est tout juste assez bon pour lui ; quand vous le proposez à une femme, elle vous demande tout de suite : “Mais pensez-vous que je vais être capable de le tenir ?” Il faut que ça change. » Avant d’ajouter : « La question n’est pas de savoir si les hommes et les femmes, c’est différent. Tout ça, c’est un faux débat. Ce qu’il faut, c’est savoir si on respecte le principe d’égalité en droit : y a-t-il égalité des salaires dans l’entreprise. Et y a-t-il égalité des promotions ? C’est ça, la question. » Si le projet de Dephine Ernotte-Cunci, élue PDG de France Télévisions jeudi 23 avril, prévoit « une direction resserrée et paritaire », on peut supposer qu’elle voudra aussi mettre à mal les chiffres dont font état deux rapports officiels récents du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du Centre national de la cinématographie quant à « la place des femmes dans l’audiovisuel public ».Des chiffres et constats jugés « atterrants » par les professionnelles de la télévision invitées à la table ronde organisée sur ce sujet par le festival Séries Mania, lundi 20 avril. Alors que « les femmes représentent 52 % de la population (Insee), 56 % de l’audience TV, 50 % des usagers d’Internet (Médiamétrie) et 51 % des diplômés de l’enseignement supérieur (Insee) »,comme l’a rappelé le CSA, « il est logique que la sous-représentation des femmes dans les instances audiovisuelles ne soit quasiment jamais évoquée et étonne : on n’y trouve quasiment pas de femmes ! », commentait la scénariste Sophie Deschamps, présidente du conseil d’administration de la Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD).En faveur des quotasEt de détailler : seulement 16 % de réalisatrices en télévision (7 % dans le domaine des séries) ; un tiers de femmes cadres dans les sociétés de production, un quart de femmes parmi les dirigeants de sociétés audiovisuelles. « En dessous du seuil de 30 %, c’est ce que l’on nomme “l’invisibilité”, ajoutait Sophie Deschamps, on fait partie des minorités invisibles… » Sans oublier que le peu de réalisatrices qui travaillent gagnent un tiers de moins que les hommes, seules les scriptes, actrices et cascadeuses sont en moyenne mieux rémunérées que les hommes.Certes, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes votée le 4 août 2014 devrait permettre à terme de changer la donne. Mais en attendant, non sans manifester quelques réserves, l’ensemble des femmes réunies lors de cette table ronde professionnelle se sont prononcées en faveur de l’application temporaire de quotas afin que davantage de femmes puissent mener un projet audiovisuel. Ce qui existe déjà en Suède. « Après ces cinquante dernières années d’injustice, on n’a pas le choix, il faut en passer par là, répondait Sophie Deschamps à une question sur la perversité des quotas. Il faut faire monter les femmes, sinon on voit bien qu’elles n’ont quasiment aucune chance de faire carrière ! »Constatant, par ailleurs, que lorsque les concours publics ont lieu à l’aveugle – derrière un paravent pour les musicien(ne)s classiques, par exemple –, les femmes sont beaucoup plus souvent recrutées, l’ensemble des participantes à cette table ronde parvenaient à la même conclusion : hormis à Arte, dirigée par Véronique Cayla et qui compte 67 % de femmes, peu ou pas de femmes sont présentes dans les instances de décision, de même à la tête de téléfilms ou de séries, ce qui les empêche de se former, d’acquérir une compétence et donc d’être ensuite appelées à exercer leur métier…Sans décision de parité temporaire et raisonnée, pas de vrais changements à attendre.Martine DelahayeJournaliste au Monde Alain Constant En six ans, le directeur de la rédaction d’Euronews a su dynamiser les programmes de la chaîne d’information en continu.Même au sein d’une chaîne internationale d’information en continu où l’on a l’habitude des coups de chaud, cette journée du 18 mars se révèle plus agitée que d’habitude. Entre l’attentat du Musée du Bardo, à Tunis, le discours de Vladimir Poutine à l’occasion du premier anniversaire du « retour » de la Crimée au sein de la « mère-patrie », l’analyse des élections israéliennes, la rencontre entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker,­ et le premier ministre français, Manuel Valls, à Bruxelles et l’attente imminente d’un entretien exclusif à Kiev avec le président Petro Porochenko, la régie d’Euronews est en ébullition.Debout, chemise blanche et regard pétillant, un homme s’adresse alternativement en anglais et en français à ses troupes. Le Roumain Lucian Sârb donne ses directives, apaise certaines angoisses, encourage les initiatives. Dans la tempête de l’actualité chaude, le capitaine semble tenir la barre. Quelques minutes plus tard, dans le calme de son petit bureau, celui qui dirige depuis six ans cette grande rédaction cosmopolite de plusieurs centaines de journalistes représentant vingt-­cinq nationalités a encore les yeux qui brillent. « Oui, c’est une journée spéciale, un peu plus tendue que d’habitude. Mais ça peut être pire », lance-t-­il en français et en roulant les « r ».« Tout est allé très vite »Né en 1967 à Cluj, au cœur de la Transylvanie, l’homme fait partie de la jeune génération qui a « détruit Ceausescu », selon ses propres termes. « Ma région natale est ouverte, on y a toujours entendu parler allemand, hongrois, roumain. J’ai commencé des études d’ingénieur à Cluj. Mais ma passion, c’était la lecture. » L’obtention de son diplôme coïncide avec la chute du régime de Ceausescu. Il quitte sa ville pour Bucarest, se fait un plaisir de refuser toute proposition concernant un poste d’ingénieur et se lance, avec passion, dans des études de journalisme, de communication et de relations internationales. A 27 ans, il décroche son premier vrai job à la télévision publique roumaine.Après quelques mois, le voilà correspondant de politique internationale. « J’étais toujours entre deux avions, le monde était mon jardin. J’en ai profité pour effectuer des stages aux Etats­-Unis, en Italie, au sein de structures spécialisées dans les relations internationales. » Son carnet d’adresses s’enrichit. Et la suite de sa carrière s’accélère. A 33 ans, il devient le plus jeune chef des infos de la télévision publique. « Tout est allé très vite. Mais c’est le genre de parcours possible en Europe de l’Est : il y a du sang frais, une jeunesse très bien formée et éduquée, curieuse, avide de découvrir le monde, aspirant à un mode de vie plus ouvert. »Lucian Sârb connaissait le journalisme, il découvre le management. Ses qualités ne passent pas inaperçues. Lorsqu’un groupe de médias privés, déjà propriétaire d’une chaîne d’info en continu en Roumanie, décide de lancer, en 2006, The Money Channel, première chaîne d’info économique en Europe de l’Est, c’est lui qui est choisi pour la diriger. Elle est diffusée vingt-quatre heures sur vingt-quatre en roumain avec des sous­-titres anglais. C’est un succès. « A cette époque, l’économie explosait en Europe de l’Est. Ce fut une expérience très originale. Et lorsque mes copains de CNBC Londres sont venus me voir à Bucarest, ils n’en croyaient pas leurs yeux, épatés par la qualité de la chaîne. J’y avais recruté des pointures de la presse écrite qui n’avaient jamais fait de télé. Ils sont devenus excellents. » « La plus ouverte au monde »Que l’homme ouvert sur le monde quitte un jour les médias roumains pour une structure plus internationale n’étonne guère. Mais Lucian Sârb ne s’attendait pas à être approché par un chasseur de têtes installé à Paris, qui lui demande s’il est intéressé par Euronews. « Se mesurer à CNN et compagnie, cela ne se refuse pas. » Il débarque, en 2009, à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, siège de la chaîne créée en 1993. « A mon arrivée, il n’y avait qu’environ 10 % de sujets spécifiques à Euronews. Le reste était constitué d’images d’agences internationales. Aujourd’hui, 75 % de nos programmes sont labellisés Euronews, et de plus en plus de chaînes internationales utilisent nos sujets alors que, auparavant, c’était en sens inverse ! Pourquoi ? Parce que la façon dont on traite les sujets est valable pour tous les pays. »Créations de magazines, personnalisation un peu plus poussée de l’antenne, changements de rythmes et de formats, ouvertures de bureaux à Athènes et à Budapest, renforcement massif du bureau de Bruxelles passé en cinq ans d’un à quinze journalistes, ajout de cinq langues (turc, ukrainien, persan, grec, hongrois) aux huit déjà existantes, Lucian Sârb a multiplié les chantiers. « Il a révolutionné le fonctionnement d’une rédaction qui somnolait un peu. Nous sommes passés d’un robinet à info à une chaîne plus vivante et innovante », estime l’un de ses adjoints.« Notre force, c’est de toujours proposer notre propre perspective. Dans cette maison, on ne peut avoir une obsession éditoriale unique, le monde entier nous intéresse. La richesse de notre rédaction doit se voir à l’antenne, car c’est probablement la newsroom la plus ouverte intellectuellement au monde. Nous parions sur les faits, pas sur les commentaires. Chez nous, il n’y pas de “bla-bla” », estime le « boss », dans un anglais impeccable. La suite ? Il sourit, se voit bien continuer l’aventure dans les futurs locaux des bords de Saône, où la rédaction emménagera dans quelques mois.Les dates1967 : Naissance à Cluj, en Roumanie.1994 : Entre à la télévision publique roumaine (TVR).2001 : Nommé chef des informations à la TVR.2006 : Dirige The Money Channel, à Bucarest.Mai 2009 : Directeur de la rédaction d’Euronews.Alain ConstantJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.04.2015 à 11h16 • Mis à jour le30.04.2015 à 14h49 | Laurent Telo et Alexandre Piquard Pour certains, la pilule n’est pas encore passée : six jours après la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, le processus par lequel le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’a choisie reste critiqué. Souvent dénoncé comme opaque, le déroulement de ce processus a laissé un goût amer à des candidats malheureux. Mais aussi à certains membres du CSA lui-même. Un point, notamment, suscite le ressentiment : les modalités du vote selon lequel le conseil a établi, le 15 avril, la liste des candidats auditionnés. A l’époque, l’absence de certains candidats expérimentés a étonné : Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP et candidat non officiel, ou Didier Quillot, ancien dirigeant d’Orange et de Lagardère Active.Selon nos informations, certains des huit membres du collège du CSA ont été surpris par la méthode finalement retenue. Ils pensaient que chacun des conseillers cocherait des cases dans la liste des trente-trois candidats en lice : les postulants ayant reçu cinq voix seraient de facto retenus pour audition, mais le collège discuterait ensuite des cas ayant obtenu moins de voix. Une façon de parachever la liste finale en n’omettant aucun candidat de qualité.BlocOr, le jour de la séance, le président Olivier Schrameck a instauré un vote à bulletin secret, sur chaque candidat, l’un après l’autre, par ordre alphabétique. Après chaque vote n’ont été retenus que les candidats ayant obtenu cinq voix sur huit. Ceux avec quatre voix ou moins ont été recalés, sans possibilité de repêchage.Des conseillers ont le sentiment d’avoir été pris de court. Et pensent que la méthode choisie a permis à un bloc de quatre membres du CSA de favoriser l’élimination de candidats sérieux, dès l’établissement de la liste des sept candidats à auditionner. Il s’agirait des quatre conseillers ayant opté pour Delphine Ernotte dès le premier tour du vote final, qui en comptera trois : Olivier Schrameck et la conseillère chargée de l’audiovisuel public, Sylvie Pierre-Brossolette, nommés début 2013, ainsi que Nathalie Sonnac et Nicolas Curien, arrivés début 2015.Au CSA, on confirme simplement que chaque candidat a fait l’objet d’un vote à bulletin secret à la majorité des cinq voix, réfutant un changement imprévu.Des critiques ne se sont pas gênés depuis pour souligner que cette procédure a évité à Mme Ernotte, directrice exécutive d’Orange France, une concurrence importante : une femme dotée, elle, d’une expérience dans l’audiovisuel public (Marie-Christine Saragosse), un professionnel du secteur de 52 ans (Emmanuel Hoog), ainsi qu’un ancien dirigeant d’Orange France, familier de la production audiovisuelle (Didier Quillot).Interrogé sur la mise à l’écart de Mme Saragosse, Olivier Schrameck a rappelé sur France Inter qu’elle est à « mi-mandat » à France Médias Monde (France 24, RFI…). Mais Mathieu Gallet n’était-il pas aussi en cours de mandat avant d’avoir été choisi pour Radio France ? M. Hoog est également en poste dans le public, mais pour un second mandat. Et pourquoi les membres du CSA (que la plupart des candidats ont rencontré de manière informelle ces derniers mois) n’ont-ils pas évoqué ce critère à l’avance ? M. Quillot, lui, n’a cessé de marteler qu’il trouvait son éviction « incompréhensible ».Lire aussi :Delphine Ernotte sera la première présidente de France TélévisionsEviter le blocage de l’institutionTout ne s’est, bien sûr, pas joué sur la shortlist. Mais la persistance d’une critique met en lumière la division qui s’est installée au sein du CSA. Le face-à-face final l’a illustrée. Le jeudi de la désignation, face aux quatre « votes Ernotte », quatre autres conseillers ont choisi Pascal Josèphe, ancien de TF1 et France 2 : Nicolas About et Mémona Hintermann, souvent décrits comme des opposants au président du CSA, ainsi que Patrice Gélinet et Francine Mariani-Ducray – dont trois ont été nommés avant l’élection de François Hollande. Cette dernière, membre du conseil d’Etat comme Olivier Schrameck, aurait évité le blocage de l’institution en basculant finalement pour Mme Ernotte, après s’être d’abord prononcée pour le président sortant, Rémy Pflimlin, puis avoir rejoint le groupe « Josèphe ».Certains conseillers « malheureux » – et des candidats – ont l’impression que quatre membres du CSA étaient déterminés à faire élire Delphine Ernotte. Et qu’ils n’ont pu les contrer… Défendre un candidat n’a rien d’illicite. Mais, au-delà des rancœurs et du sain débat dans une institution, la désignation du nouveau président de France Télévisions laisse des traces au CSA, qui contrastent avec l’unanimité affichée lors de la nomination de Mathieu Gallet, en février 2014. Et en cas de crise pendant le mandat de Delphine Ernotte, le conseil et la présidente risquent de se voir rappeler les tensions autour de sa nomination.Lire aussi :Drôle de campagne pour la présidence de France TélévisionsLaurent TeloJournaliste au MondeAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 16h17 • Mis à jour le29.04.2015 à 16h53 Le magazine féminin Causette a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Ce dispositif est assorti d'une période d'observation de six mois. L'information, révélée par La Correspondance de la presse, a été confirmée mercredi 29 avril à l'Agence France-Presse par la direction du mensuel.Le mensuel a accusé un déficit de 600 000 euros en 2014. Un conflit interne, entre l'équipe dirigeante et l'équipe rédactionnelle, a empêché la sortie de deux numéros, représentant un manque à gagner de 400 000 euros environ. A la suite de ce différend, « il y a eu six ruptures conventionnelles qu'il a fallu financer », a expliqué Grégory Lassus-Debat, le gérant du titre.Lire aussi sur ce conflit la note de blog : La rédaction de « Causette » en grève après un dossier sur la prostitution« On perdait de l'argent sans le savoir »Le mensuel aurait par ailleurs, selon M. Lassus-Debat, été victime de « très grosses erreurs comptables », commises par un cabinet extérieur. « On perdait de l'argent sans le savoir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'entreprise avait jusqu'ici toujours été à l'équilibre.M. Lassus-Debat est à l'origine de la demande de placement en redressement judiciaire du magazine. Une requête destinée à « geler les dettes envers les fournisseurs » et qui ne devrait s'accompagner d'aucun licenciement ».Lancé en 2009, Causette, « mensuel plus féminin du cerveau que du capiton » (c'est sa devise), emploie trente salariés, dont une vingtaine de journalistes. Après un recul de 11 % en 2014, ses ventes sont reparties à la hausse au premier trimestre 2015, à environ 67 000 exemplaires mensuels. 29.04.2015 à 01h33 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h53 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La mauvaise nouvelle pour Twitter est arrivée par… un Tweet. Quelques minutes avant la clôture de Wall Street, mardi 28 avril, une fuite sur la publication des résultats du premier trimestre du réseau social, permettait à la société de recherche Selerity - la bien nommée - de révéler un chiffre d’affaires décevant.Cette double surprise a provoqué une chute de 18 % de l’action en fin de séance, l’action Twitter finissant à 42,27 dollars. Selerity affirme avoir trouvé les résultats sur le site de Twitter et qu’il n’avait bénéficié d’aucune fuite ou piratage. Le réseau social, lui a déclenché une enquête.Un chiffre d’affaires en deçà des attentesMais ce qui a douché les marchés, c’est surtout la progression du chiffre d’affaires. Avec une hausse de 74 %, le rythme peut paraître impressionnant, mais il se situe très en deçà des attentes des investisseurs. Sur les trois premiers mois, les revenus s’élèvent à 436 millions de dollars, quand le consensus des analystes tablait sur 456 millions. Cette contre-performance a même amené le réseau social à abaisser ses prévisions de chiffre d’affaires annuel, qui devrait se situer dans une fourchette entre 2,17 milliards et 2,27 milliards, soit moins que les 2,3 milliards attendus précédemment.Le patron de Twitter, Dick Costolo explique ce résultat décevant « en raison de la contribution plus faible que prévu de certains de nos produits ». Le réseau social est confronté à un véritable défi. Car même s’il a réussi à dépasser la barre des 300 millions d’utilisateurs actifs au cours des trois premiers mois, il semble avoir de plus en plus de mal dans sa stratégie pour monétiser son audience grâce à la publicité. Autre contre-performance : le nombre d’abonnés sur mobile (241,6 millions), qui se situe lui aussi en deçà des attentes, les analystes tablant sur 243 millions.Cette situation est de nature à mettre sous pression Dick Costolo. « Le management devra à nouveau répondre aux préoccupations sur sa crédibilité », estime Mark Mahaney, analyste chez RBC Capital Markets, qui s’estime inquiet sur les capacités de Twitter pour dynamiser sa croissance. D’autant que la société ne gagne toujours pas d’argent : la perte au premier trimestre s’est élevée à 162 millions de dollars. En revanche, hors éléments exceptionnels, le résultat par action s’élève à 7 cents.La Bourse manifeste son impatience« Nous restons confiants dans notre stratégie et nous restons concentrés sur la création de valeur pour les actionnaires de façon durable en mettant l’accent sur trois priorités : le renforcement de notre cœur d’activité, faire tomber les barrières en termes de consommation et sortir de nouvelles applications et services ».C’est dans cet esprit que Twitter a annoncé mardi le rachat de TellApart, une société spécialisée dans les publicités et le marketing en ligne. Un partenariat avec la filiale de Google spécialisée dans la publicité, DoubleClik a été également révélé. Les marques et les agences utilisatrices de DoubleClick pourront désormais acheter de la publicité sur Twitter comme ils le font sur d’autres sites. Cette alliance permettra également aux annonceurs de mesurer la performance des messages qu’ils achètent sur Twitter.Le réseau social avait déjà noué un partenariat avec Google en donnant un accès en temps réel au moteur de recherche aux 500 millions de tweets qui s’échangent chaque jour. Il faut maintenant que ces initiatives fassent leurs preuves, alors que la Bourse manifeste déjà son impatience.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Mise en cause pour ses dépenses de plusieurs milliers d'euros de taxis, la présidente-directrice générale de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté mardi 28 avril sa démission. Une décision prise à la demande de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d'une rencontre entre les deux femmes. La Rue de Valois précise que cette mesure est immédiatement effective.Joint par Le Monde, le ministère a ajouté que Jean-Marc Auvray, le secrétaire général de l'institut assurerait l'interim jusqu'à ce que Mme Pellerin nomme un ou une présidente.Agnès Saal est soupçonnée d'avoir dépensé des sommes exorbitantes auprès de la compagnie de taxi G7, avait rapporté dimanche soir Le Figaro éco. En dix mois, elle aurait accumulé plus de 40 000 euros de factures. Sur le montant global (40 915 euros), un peu plus de 7 000 euros concernent l'abonnement, et 32 000 euros, les déplacements. Agnès Saal avait indiqué avoir déjà remboursé une partie des dépenses de taxi relevant de ses déplacements privés.La dirigeante, qui avait succédé à Mathieu Gallet, PDG de Radio France, en mai 2014, s'était alors défendue :« En tant que PDG de l'INA, j'ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l'ai repris. »Sur cette facture, 6 700 euros sont imputables à son fils, à qui elle avait communiqué son numéro de réservation. L'énarque de 57 ans avait reconnu une « maladresse » sur ce point.Quelques heures après ces révélations, Fleur Pellerin avait rappelé dans un communiqué « son attachement très ferme à l'exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle ». Elle avait par ailleurs appelé la présidente de l'INA à rembourser intégralement et « immédiatement » ses frais de déplacements non liés à l'exercice de sa fonction.Agnès Saal avait fait savoir qu'elle avait payé les 6 700 euros de déplacements commandés sur son compte par son fils. Et a dit qu'elle s'apprêtait à rembourser des frais engendrés pendant les week-ends (7 800 euros) dont elle estimait toutefois qu'un « tiers ou un quart » avait un caractère professionnel. Elle aurait depuis fait un chèque.La ministre Pellerin avait aussi lundi lancé une procédure de vérification à l'INA : elle avait « demandé au contrôle général économique et financier [qui dépend du ministère de l'économie et des finances] son analyse et ses recommandations pour les suites qu'il conviendrait éventuellement de donner ». Ce compte rendu n'a pas été rendu public, mais le ministère dit en avoir eu des premiers éléments avant de demander à Mme Saal de démissionner.Le spectre de « l'affaire Gallet »Le choix de la Rue de Valois de se montrer intransigeant avec la présidente de l'INA intervient dans un contexte sensible, lié à « l'affaire Gallet ». Le 18 mars, dans la foulée des révélations du Canard enchaîné sur le montant des rénovations du bureau du PDG de Radio France, Fleur Pellerin a demandé une enquête à l'inspection générale des finances – qui a finalement blanchi le dirigeant. En parallèle, la ministre, issue de la Cour des comptes, a demandé une revue générale des pratiques des dirigeants d'entreprises publiques du secteur culturel et audiovisuel. La mission, officiellement lancée le 17 avril, a été confiée à l'inspection générale des affaires culturelles, rattachée au ministère de la culture, et au contrôle général économique et financier, dépendant de Bercy. Ils devaient rappeller « le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s'inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d'harmoniser certaines règles de fonctionnement ».Dans l'esprit du gouvernement, l'exemplarité est bien sûr nécessaire dans les établissements publics de tout temps, mais a fortiori quand l'Etat demande des efforts financiers à tout le monde et notamment aux personnels de ces institutions. Difficile de mener des négociations de réformes imposant des économies ou des plans de départs quand on est mis en cause pour ses dépenses.Si Fleur Pellerin souhaitait réaffirmer son autorité après une phase de turbulences de l'audiovisuel public, il était techniquement faisable de le faire avec Agnès Saal : elle est nommée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas de Mathieu Gallet, dépendant du Conseil supérieur de l'audiovisuel.Ironie du sort, Agnès Saal, nommée par Aurélie Filippetti, prédécesseure de Mme Pellerin, avait énervé Mathieu Gallet... auquel elle a succédé à la tête de l'INA : « J'ai trouvé en arrivant l'INA démoralisé, démotivé, exsangue, sans vision d'avenir », avait-elle dit le 9 octobre devant l'Association des journalistes des médias et de la communication. Pendant la crise à Radio France, Mathieu Gallet l'avait sommée d'apporter un démenti aux affirmations du Canard enchaîné selon lequel il avait à l'INA passé plusieurs contrats de conseil sans appel d'offres. Ce qu'elle n'avait pas fait.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.07.2015 à 14h43 | Adrien Candau Les amateurs de Kamehameha vont devoir prendre leur mal en patience : « Dragon Ball Super », le nouveau dessin animé qui fera suite à « Dragon Ball Z », l’animé culte des années 1990, ne sera pas sur les écrans français avant la fin de 2016. Les Japonais peuvent, eux, visionner les nouvelles aventures de Son Goku et ses amis chaque dimanche depuis le 5 juillet, au rythme d’un épisode par semaine.Lire aussi :« Dragon Ball Super » : dix-neuf ans après, l’univers de « DBZ » renaît et s’agranditLa diffusion décalée de « Dragon Ball Super » en France serait essentiellement due à la volonté d’adapter le dessin animé aux usages de son public cible, majoritairement jeune, selon les dires de Ryuji Kochi, manager général de Toei Animation Europe, la société qui produit et distribue le dessin animé japonais dans le monde. « Nous visons les enfants, et, pour cela, il faut doubler la série en français, ce qui prend du temps. Une diffusion en 2016 est plus probable. » Une déclaration qui n’a pas été sans décevoir les fans de la franchise, qui ont été nombreux à exprimer leur mécontentement surInternet et les réseaux sociaux.Des chaînes françaises comme Game One, déjà diffuseurs de « Dragon Ball Z Kai », une version affinée et retravaillée de la série d’animation « Dragon Ball Z », ont, pour leur part, entamé les négociations avec la Toei pour acquérir les droits de diffusion de « Dragon Ball Super » : « On est en discussion avec eux, mais le processus va prendre un peu de temps, ils ont une attente particulière pour ce produit », explique Thierry Cammas, le président de Game One et J-One.Techniquement, la diffusion en France d’un dessin animé nippon un jour seulement après son passage à la télévision japonaise est néanmoins possible. C’est même devenu une pratique courante avec la démocratisation du simulcast (un processus qui consiste à diffuser les dessins animés japonais sous-titrés en français de un à quinze jours après leur diffusion au Japon) sur des chaînes TV comme J-One ou des sites français de vidéo à la demande comme Wakanim ou Anime Digital Network.Un positionnement et un ciblage différenciés« On a joint la Toei pour discuter d’une éventuelle diffusion de “Dragon Ball Super” en simulcast, mais sans succès, dit Olivier Cervantes, président de Wakanim. Je pense que ça n’entre simplement pas dans leur politique. Ils ne ciblent pas les fans historiques, les nostalgiques de “Dragon Ball”, mais essaient plutôt de conquérir un nouveau public pour la franchise. » Un objectif de rajeunissement de l’audience qui pourrait expliquer la décision de la Toei de s’orienter vers une diffusion plus tardive mais intégralement doublée en français, là ou les adeptes de longue date de l’animation japonaise privilégient les versions originales sous-titrées, plus rapidement accessibles. La diffusion de « Dragon Ball Super » en simulcast n’est également pas prévue sur J-One, selon Thierry Cammas, le président de la chaîne. J-One avait pourtant diffusé des épisodes de « Dragon Ball Z Kai » à J + 1 après leur sortie au Japon.Mais la Toei semble privilégier une stratégie de distribution différente pour « Dragon Ball Super » : « Ils peuvent vouloir mettre en place une chronologie de diffusion moins événementielle mais plus dense et donc plus puissante, pronostique Thierry Cammas. C’est un choix de positionnement et de ciblage. La Toei pourrait d’abord rechercher à vendre les droits de “Dragon Ball Super” à une chaîne privée, avant d’autoriser dans un deuxième temps la diffusion de la série sur une chaîne gratuite, accessible au plus grand nombre. » Une stratégie en deux temps qui permettrait de capitaliser sur le montant des droits de la série avant de miser sur une valorisation par l’audience, plus adaptée à la vente des produits dérivés par exemple.La Toei, jointe par Le Monde vendredi 10 juillet, préfère, elle, rester discrète sur la question. Les fans français de « Dragon Ball » devront donc s’armer de patience pour découvrir « Dragon Ball Super », à la télévision uniquement et pas avant 2016. A moins qu’ils ne puissent se soustraire à la tentation de l’offre illégale, qui pullule sur Internet : quelques heures après la diffusion du premier épisode de la nouvelle série animée de la Toei à la télévision japonaise, des dizaines de sites proposaient déjà de visionner ce premier acte via une version sous-titrée en français, produite par des fans.Adrien CandauJournaliste au Monde 10.07.2015 à 07h53 • Mis à jour le10.07.2015 à 10h39 | Alexis Delcambre et Guillaume Fraissard Olivier Poivre d’Arvor a confirmé au Monde, vendredi 10 juillet, avoir été « limogé » de son poste de directeur de France Culture par le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui lui reproche de « s’être exprimé sans son visa » sur son projet pour le groupe public.« Mathieu Gallet m’a reproché lors d’un entretien jeudi soir de m’être exprimé sans son visa dans deux interviews sur son projet pour Radio France que je qualifiais “d’uniquement construit sur une logique budgétaire et comptable” », indique Olivier Poivre d’Arvor, qui était en poste depuis septembre 2010.« Nous nous sommes aussi opposés récemment sur sa demande d’éviction de producteurs qui se sont manifestés de manière critique pendant la grève de Radio France », a-t-il ajouté. « Je trouve cette décision incompréhensible et irrespectueuse de la liberté éditoriale », a-t-il jugé, précisant qu’il quitterait effectivement son poste fin août.« Une logique de départ permanente »« Ce n’est pas un limogeage, se défend-on à la direction de Radio France. Olivier Poivre d’Arvor était détaché du Quai d’Orsay pour cinq ans. Ce détachement arrive à son terme fin août et Radio France ne souhaite pas le renouveler. » Depuis 2007, M. Poivre d’Arvor dispose en effet du titre de ministre plénipotentiaire au ministère des affaires étrangères.Dans l’entourage de la présidence, on reconnaît un « bilan formidable », mais on pointe un « problème de confiance » vis-à-vis d’un directeur qui a postulé ces derniers mois à de nombreux postes (Centre Pompidou, La Villette…). « Il s’inscrit dans une logique de départ permanente », dit-on.L’ancienne ministre de la culture Aurélie Filippetti a immédiatement réagi à cette annonce sur Twitter, mettant en avant l’« excellent travail » effectué par Olivier Poivre d’Arvor à la tête de France Culture.Soutien à Olivier Poivre d'Arvor qui a fait un excellent travail à la tête de l'une de nos plus belles antennes @franceculture— Aurélie Filippetti (@aurelifil) 10 Juillet 2015Une autre directrice de chaîne, Marie-Pierre de Surville (France Musique), va changer de fonction. Dans un communiqué diffusé vendredi 10, Mathieu Gallet a annoncé son remplacement par Marc Voinchet, l’actuel matinalier de France Culture. Mme de Surville se voit confier « une mission de préfiguration visant à créer une direction en charge de la création musicale et culturelle et de la programmation de la Maison de la radio. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGuillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Une des plus grosses menaces qui planent sur Numéro 23 s’éloigne : dans son rapport rendu le jeudi 9 juillet, que Le Monde a pu consulter, le rapporteur indépendant du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) « ne propose pas au CSA de retirer, sur le fondement de l’article 42-3 de la loi du 30 septembre 1986, l’autorisation qu’il a accordée [...] à la société Diversité TV France ». Une sanction qui s’applique en cas de changement de contrôle au sein de la société qui édite une chaîne. Le CSA avait sollicité l’avis du rapporteur car il avait des doutes sur le poids réel d’un actionnaire russe, Le rapporteur relève toutefois que « la détermination d’un concert et d’un contrôle conjoint (…) est un exercice d’appréciation délicat ». Juridiquement, il estime que la« détermination en fait des décisions des assemblées générales » est constituée mais pas « l’action de concert », en « l’absence d’éléments suffisants permettant d’affirmer qu’il y une intention des actionnaires d’avoir une politique commune » et notamment en« l’absence de droit de regard » de l’actionnaire russe sur le budget annuel et les programmes.Le document ne préconise donc pas de sanction. Mais il appartient désormais au CSA de suivre, ou non, cet avis du rapporteur, un conseiller d’Etat dont le travail sera présenté au collège de l’autorité avant fin juillet.Symbole d’une « spéculation »Numéro 23 est au cœur d’une polémique depuis qu’elle a été revendue pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV (BFM TV, RMC…) par son actionnaire principal Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde). Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT. « Oui, ça me choque », a encore dit Fleur Pellerin, la ministre de la culture, mercredi 8 juillet, devant l’association des journalistes médias.Le CSA avait des doutes sur l’arrivée au capital de Numéro 23, fin 2013, du groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, cette société a acquis 15 % de la chaîne et conclu un pacte d’actionnaires. De plus, Numéro 23 a émis pour 5 millions d’euros des obligations à bons de souscription d’actions achetées par Qipco, un fonds d’investissement qatari.Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors Union européenne qui détienne plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée. Le changement de contrôle de la société est puni de la même sanction.Encore des étapes à franchirSoupçonnés d’avoir cédé une part du contrôle à son actionnaire russe, voire d’avoir anticipé avec lui la revente de Numéro 23, les dirigeants de la chaîne avaient argué que le pacte d’actionnaires ne contenait que de banales mesures de protection des actionnaires minoritaires.Si le CSA suit l’avis du rapporteur, il restera malgré tout encore des étapes à franchir pour Numéro 23 : le CSA doit aussi donner son agrément à la vente. Il a pour cela commandé une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Un dernier élément du paysage est le respect des obligations : la chaîne s’est récemment vue mise en demeure par le CSA pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français. Numéro 23 souligne de son côté qu’elle a respecté ses devoirs en matière de diversité et que de toutes façons le non-respect des obligations peut susciter des amendes, mais pas entraîner un refus d’agrément. La question semble plus ouverte dans l’esprit du CSA.Enfin, si l’agrément était accordé, Pascal Houzelot et les actionnaires de Numéro 23 pourraient avoir à franchir une dernière haie : s’acquitter de la taxation renforcée mise en place par le gouvernement depuis l’annonce de la transaction, via la loi Macron. Si ce texte est promulgué avant l’agrément, sera due une taxe de 20 % du prix de vente et non plus 5 % comme précédemment.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) étaient de nouveau muets, vendredi 10 juillet au matin. Depuis mardi, un mouvement de grève touche le siège parisien de l’agence de presse et bloque la diffusion des contenus en langue française.AFP : le personnel vote en AG un 3ème jour de grève contre la dénonciation de la totalité des accords sociaux par le PDG Emmanuel Hoog— drousseauafp (@Denis Rousseau)require(["twitter/widgets"]);De nombreux journalistes de quotidiens et sites d’information français – dont Le Monde – restent donc privés d’une de leurs sources d’information, l’agence étant complètement bloquée et l’envoi de toute dépêche empêché.Pourtant, jeudi, deux syndicats, la CFDT et le SNJ, majoritaires dans la rédaction, ont appelé à suspendre le mouvement de grève jusqu’au 20 juillet, date de reprise des négociations sur le nouvel accord d’entreprise, qui est à l’origine du conflit. Mais quatre autres syndicats (CGC, CGT, FO, SUD) ont appelé à poursuivre le mouvement, qui se traduit par plusieurs perturbations techniques.Dans une note envoyée à l’ensemble de la rédaction, jeudi, la directrice de l’information, Michèle Léridon, les énumère : « Pushmail bloqués sur les téléphones, bureaux qui ne reçoivent pas les agences nationales, climatisation et électricité coupées dans divers étages de la maison, système Symphonia [serveur photo et vidéo] bloqué. Une étrange “épidémie” affecte les outils techniques de la rédaction. » « Je demande solennellement à tous les personnels de ne pas porter atteinte à notre outil de travail et de garantir que chacun, en toute responsabilité, puisse décider de travailler ou pas », ajoute Mme Léridon.Jeudi, la direction avait également tenté de rassurer les personnels en expliquant qu’« à partir du 20 juillet, les organisations syndicales sont conviées à des réunions de négociation thématiques qui permettront d’étudier leurs contre-propositions afin de converger vers une position commune ». Elle s’est également engagée à « une augmentation salariale générale » en 2016.Vendredi, les syndicats ont décidé de suspendre leur mouvement jusqu’au mercredi 15 juillet.Dénonciation de 117 accordsÀ l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 1 350 salariés de droit français de l’AFP (sur 2 260) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis les années 1960.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Trois syndicats – CFDT, SNJ et SUD – sont entrés en négociation, mais d’autres, notamment la CGT, s’y opposent. Une situation qui n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais qui permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer.C’est pour éviter ce risque que la direction a choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.« On ne peut pas conduire une politique sociale et managériale cohérente sur la base de 117 accords différents », s’est défendu le PDG, Emmanuel Hoog, dans un entretien aux Echos, jeudi 9 juillet, ajoutant que « toute cette négociation se fait avec l’idée que l’emploi éditorial doit continuer à se développer, notamment dans le réseau international ».Lire l'entretien du PDG de l'AFP :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julia Pascual Le quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest a été condamné, mercredi 1er juillet, en première instance pour des faits de harcèlement sexuel. Et sur le fond, la décision de la juridiction tourangelle est inédite.« C’est la première fois qu’un conseil des prud’hommes ne déboute pas une salariée qui fait valoir que le harcèlement sexuel peut être constitué par des agissements qui ne lui sont pas directement destinés », souligne Marylin Baldeck, présidente de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT).Madame G. avait 25 ans de maison lorsqu’en 2012 son environnement de travail est devenu invivable à l’agence de Châteauroux. Le jugement des prud’hommes décrit « des propos à connotation sexuelle et sexiste [qui] sont proférés dans le cadre de l’agence », « des photos de femmes à forte poitrine [qui] sont installées en fond d’écran d’ordinateurs et des vidéos [qui] circulent par courriels » ou encore « des propos vulgaires et insultants à l’encontre d’une de ses collègues ».Licenciée pour inaptitudeL’AVFT, qui a défendu la journaliste, précise les choses dans un communiqué. Les trois collègues masculins de Mme G. s’interpellaient en usant de termes tels que « Petite bite, enculé de mes deux, grosse burne » ou encore « Ma chatounette, mes couilles ». Il leur arrivait de « mimer des rapports sexuels » ou de commenter leur week-end par un « Je vous ferai une photo bien dégueulasse de chatte en gros plan ». Sans s’adresser à Mme G., ils pouvaient dire d’une autre journaliste : « Ah celle-là, quelle sale pute ! Celle-là, si elle croit que c’est comme ça que je vais lui mettre un doigt, elle se trompe ».Lorsque Mme G. se plaint, l’un de ses collègues lui « reproche de manquer d’humour », explique le jugement des prud’hommes. Et un rédacteur en chef « lui fait comprendre qu’elle avait “cassé l’ambiance” ». La journaliste a beau alerter son employeur sur la « dégradation de ses conditions de travail », rien n’est fait. Poussée à bout, elle est mise en arrêt de travail par son médecin en janvier 2013. Elle est licenciée, pour inaptitude, un an et demi plus tard.Dans sa décision, le conseil des prud’hommes condamne La Nouvelle République du Centre-Ouest pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et harcèlement moral et sexuel. Le tribunal reproche en outre au journal de ne pas avoir mené d’enquête sur les agissements dénoncés par son employée. Une expertise commandée par le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), postérieure au départ de Mme G., a conclu notamment à l’absence d’une « politique clairement définie » en matière de prévention des risques psycho-sociaux.Mme G., elle, « est désormais contrainte, à 47 ans, d’envisager une reconversion professionnelle », conclut l’AVFT.Julia PascualJournaliste au Monde Gabriel Coutagne Les étals des commerçants ont remplacé la horde des camions de CRS. Porte de Vincennes, c’est jour de marché. Face à l’Hyper Cacher, clients et commerçants s’activent. Leurs voix, qui ont remplacé les sirènes, rendent lointain le bruit de la circulation du boulevard périphérique, pourtant tout proche.« Le souvenir du 9 janvier est toujours là, mais il commence un peu à s’estomper », confie Gérard, un habitant du quartier. Dans les allées du marché, les conversations portent plus volontiers sur la canicule qui frappe la région parisienne en ce début d’été. « Mais l’émotion reste présente », soupire le retraité, ses mains agaçant son paquet de cigarettes.De l’autre côté de l’avenue se dresse la supérette où a eu lieu l’attaque qui a coûté la vie à quatre otages. Depuis sa réouverture, le 15 mars dernier, le magasin accueille de nouveau ses clients. Comme pour gommer cet épisode tragique, sa devanture a été repeinte. Le logo, imprimé sur une bâche, se veut plus minimaliste. A l’intérieur, les nombreuses caméras de vidéosurveillance quadrillent chaque rayon du magasin.Lire : Réouverture de l'Hyper Cacher : les clients n'ont « sûrement pas » peurBarrièresL’Hyper Cacher reste toujours barricadé derrière plusieurs barrières, transformées en reposoirs pour quelques bouquets fanés ou affiches accrochées là en hommage aux victimes. Au sol, un bout de satin, sur lequel on lit encore les condoléances adressées au proches des victimes par l’ambassade des Etats-Unis.Au-delà des barrières, aucune voiture n’est autorisée à stationner, sauf un véhicule des forces de l’ordre. « Nous assurons la sécurité de l’établissement durant les horaires d’ouverture », explique l’un des deux policiers en faction devant l’entrée. Un dispositif allégé par rapport aux premières semaines qui ont suivi les attentats.« Les choses sont redevenues normales, mais les événements récents ont nourri un sentiment de peur, notamment parmi la communauté juive », raconte Catherine, une autre habitante du quartier. « La tension est encore palpable », poursuit-elle, en tournant son regard vers le magasin. Fleurs fanéesUn homme en tablier, employé de la charcuterie cacher voisine de la supérette, s’énerve quand on l’interroge sur le sujet. Il ne veux pas s’adresser à la presse : « Je m’en fous, j’ai pas besoin de ça », grogne-t-il, en tournant le dos. A quelques mètres, un autre homme barbu, kippa vissée sur la tête, est plongé dans la lecture d’un livre religieux. Il refuse, plus poliment, d’aborder le sujet.« Je connais des habitués de l’Hyper Cacher, et pour eux, qui connaissaient des victimes, c’est encore difficile », déclare Christophe, la trentaine élancée, avant de s’engouffrer dans le métro.Lire aussi :Yoav, Philippe, Yohan et François-Michel, les quatre otages tués porte de VincennesA huit stations de là, dans le 11e arrondissement de la capitale, on retrouve d’autres traces des événements de janvier. Au coin de la rue du Chemin-Vert et du boulevard Richard-Lenoir, deux barrières en métal protègent des dessins, de nombreux « Je suis Charlie », des bougies éteintes, des fleurs et des plantes asséchées, déposés en hommage aux victimes de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo. C’est à quelques pas de là que le policier Ahmed Merabet avait été abattu froidement par les frères Kouachi, pendant leur fuite.« Autrefois, on élevait des stèles ou des monuments », professe Nicolas, un jeune riverain qui se présente comme artiste. « On va sans doute installer une plaque commémorative », imagine-t-il. Le patron d’un café voisin est plus sceptique : « Les gens ne viennent plus trop ici pour se recueillir. L’esprit Charlie, c’est fini. » GraffitisAu 10, rue Nicolas-Appert – l’adresse de la rédaction de Charlie Hebdo jusqu’au 7 janvier 2015 –, la vie semble avoir repris un cours presque normal. La présence policière se fait discrète, même si, plusieurs fois par jour, deux gendarmes armés de fusils mitrailleurs viennent inspecter les lieux, d’un pas calme. Leur présence, imposée par le plan Vigipirate, vise aussi, selon eux, à rassurer : « On essaie de montrer qu’on est là. »Quatre graffitis au pochoir ornent un mur adjacent à l’immeuble. Ce sont des portraits, en noir et blanc. Ceux de Wolinski, Cabu, Charb et Tignous. Sur la façade du bâtiment, un autre clame « Je suis Charlie », comme un refrain devenu naturel. Des barrières empêchent les voitures de stationner dans la rue, comme à la porte de Vincennes. Elles semblent aussi imposer une petite frontière entre ceux qui travaillent toujours dans le bâtiment et les passants, venus en curieux.Lire : Attentat à « Charlie Hebdo » : « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète »« Ça va », rassure une jeune femme, descendue pour fumer une cigarette au pied du bâtiment, où elle travaille. « De toutes façons, il faut bien que ça aille… La vie reprend ses droits. » Même si elle reconnaît que les touristes sont désormais nombreux. Elle s’agace un peu de leur présence, « surtout ceux qui font des photos ». Couleurs« On est venus voir, en curieux, mais ce n’est pas pour cela qu’on est monté à Paris », se défend une mère de famille, venue d’Alès avec son époux et leurs trois enfants. « Nous vivions dans le quartier il y a quelques années, et l’événement nous a beaucoup touchés », reconnaissent-ils. L’aîné, un adolescent d’une quinzaine d’années, regarde longuement l’entrée par laquelle les frères Kouachi se sont engouffrés, les armes à la main, par un matin d’hiver. De son côté, Sonya, employée de mairie venue de Belgique, est émue, derrière ses lunettes noires. « Je suis venue sur les lieux pour voir », explique t-elle, d’une voix hésitante. « J’avais besoin de rendre tout cela réel. »Lire : Des attentats à la marche républicaine, cinq jours en FranceTrès vite, la rue Nicolas-Appert retrouve son calme. A certains moments, il arrive même qu’elle devienne totalement déserte, recueillie. Seuls quelques rires d’enfants viennent briser le silence. Ils viennent de la halte-garderie qui fait face à l’immeuble qui accueillait Charlie Hebdo. Comme partout dans Paris, des poteaux séparent les trottoirs de la chaussée. Mais, rue Appert, une main les a peints de couleurs vives. Comme pour signifier qu’une page est en train de se tourner. Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.07.2015 à 06h50 • Mis à jour le09.07.2015 à 09h59 | Edouard Launet La Revue des deux mondes fête cet été ses 186 ans, ce qui en fait sans doute la plus vieille revue européenne encore en activité. Ce journal du conservatisme éclairé se flatte d’avoir poursuivi une trajectoire « à distance des adhésions idéologiques dont les bilans désastreux parlent pour eux-mêmes ».Fondée en 1829, célèbre pour avoir accueilli des textes de Sand, Chateaubriand, Nerval, Dumas et autres grandes plumes du temps où elle était le rendez-vous littéraire du pays, la revue fut progressiste à ses débuts, soutenant la monarchie libérale de Louis-Philippe. Elle s’est raidie dès la révolution de 1848, puis n’a cessé d’évoluer vers « des positions politiques de plus en plus conservatrices sur le fond et modérées sur la forme qui la conduiront, par exemple, à une réserve plus que prudente pendant l’affaire Dreyfus, tout comme à se prononcer contre la guerre d’Espagne en 1936 », a naguère analysé Olivier Corpet, fondateur de La ­Revue des revues. Elle compte désormais moins de 5 000 abonnés, contre 40 000 juste avant la Grande Guerre.Pessimisme prophétique et réactionnaireDepuis cinq mois – depuis, exactement, que Valérie Toranian, ancienne directrice du magazine Elle, en a repris les rênes – la revue modérée a pris un drôle de tournant, servant à ses lecteurs des plats particulièrement relevés avec des interventions ou interviews d’Eric Zemmour, Michel Onfray, Michel Houellebecq, Régis Debray : c’est un festin du pessimisme prophétique et réactionnaire. Les couvertures agressives et la mise en scène des dossiers ne font pas dans la dentelle, ­tirant la revue vers la polémique à l’arme lourde. Le virage inquiète plusieurs ­contributeurs : ils y voient une rupture avec le ­patrimoine génétique de la revue.Il est vrai que sont désormais aux commandes deux anciens patrons de la presse magazine. Deux, oui, car Franz-Olivier Giesbert, ancien directeur du Point, compagnon à la ville de Valérie Toranian et ami du propriétaire de la revue Marc ­Ladreit de Lacharrière, a fait irruption en mars au comité de rédaction de façon specta­culaire puisque, aux dires de témoins ­effarés, ce fut pour FOG l’occasion d’une grande bouffée d’anti-intellectualisme ponctuée par ce mot d’ordre : « Il faut arrêter d’en­culer les mouches. » ­Lancée dans l’un des lieux les plus policés du débat ­intellectuel français, la phrase a fait sensation.Quelques attaques ad hominem (le grand islamologue Christian Jambet qualifié de « musulman fanatique » et l’éditeur Bernard ­Condominas de « censeur ») ont contribué à alourdir le climat. Deux membres du ­comité de rédaction se sont inquiétés de cette radicalisation au point de démissionner  : Bernard Condominas et l’écrivaine Edith de la ­Héronnière.Michel Crépu, qui a dirigé la revue pendant quinze ans avant de partir au début de l’année s’occuper de la gallimardienne NRF, craint ainsi que la Revue des deux mondes ne se transforme en « produit de marketing intellectuel ». Pour lui, le fond du problème est celui de la transmission : « La revue de la bourgeoisie ­cultivée française, dont le lecteur modèle était le proustien baron de Norpoix, ­semble avoir été abandonnée par les ­petits-enfants de Norpoix. »Le prophète ZemmourRupture ? Valérie Toranian s’en défend : « Nous voulons refaire de la revue un acteur pertinent et visible du débat d’idées, en phase avec son époque. Or il se trouve que les gens qui ont de l’audience aujourd’hui sont des pessimistes. » Quel degré d’adhésion avec les idées de ces plumes tonitruantes ? Dans le numéro de juin, Franz-Olivier Giesbert laissait poindre une sympathie, écrivant à la suite de l’interview d’Eric Zemmour : « Contrairement à Sartre, Barthes, Badiou, Althusser, il n’a jamais fait l’éloge d’une tyrannie sanguinaire, d’un système totalitaire, des camps de concentration ou de rééducation. » Et l’auteur du Suicide français a pour FOG cette qualité de ne pas être un « intellectuel »,mais un « prophète rongé par un pessimisme compulsif ».C’est d’ailleurs dans cette logique, semble-t-il, que la revue consacre son dossier de juillet-août aux écrivains prophètes avec, au premier rang, Michel Houellebecq. ­Valérie Toranian écrit : « Qu’il s’agisse de l’avenir du monde, de la littérature, des arts, de la technologie, des psychotropes ou de la ­société de consommation, les pensées ­visionnaires de ces auteurs, fruits de leurs doutes et de leurs angoisses, sont un remède à l’engourdissement politique et ­intellectuel. »Peut-être est-ce là la nouvelle idée-force : combattre la vacuité de l’époque par une angoisse radicale et bruyante. Plutôt les prophètes noirs que les penseurs encombrés de nuances. Mais alors, que va-t-il rester de cette ­Revue des deux mondes dans laquelle le narrateur d’A la recherche du temps perdu rêvait d’écrire ?Edouard Launet Alexis Delcambre La tablette est bien devenue un support qui compte dans l’accès à l’information et aux titres de presse. C’est un des enseignements de l’étude AudiPresse One Global publiée jeudi 9 juillet. Pour la première fois, ce baromètre trimestriel de l’audience des journaux intègre la lecture sur les tablettes, mesurée par l’institut Médiamétrie depuis début 2015 à partir d’un panel de 2 300 individus.Résultat : la tablette contribue pour 7 % à l’audience des marques de presse consultées par ce panel, ce qui est significatif. Médiamétrie estime que 10 millions environ des Français de 15 ans et plus (soit 18 %) utilisent ce support (parmi d’autres) pour s’informer. Sans surprise, le profil du lecteur sur tablette est assez sélectif : plutôt urbain, issu des catégories socioprofessionnelles supérieures, souvent membre d’un foyer comprenant un ou plusieurs enfants. On compte même 3 % d’utilisateurs qui n’ont recours qu’à la tablette (contre 6 % qui se contentent du mobile, 21 % qui se bornent à l’ordinateur et 54 % qui ne jurent que par le « print »).L’usage des tablettes contribue à développer la lecture de la presse. En effet, celle-ci n’a progressé, en un an, que de 0,4 % (en agrégeant les supports papier, Internet fixe et mobile). Mais, en ajoutant l’apport des tablettes, l’audience des titres concernés progresse en moyenne de 2,7 %. Cette progression atteint respectivement 8,9 % et 6,8 % pour les magazines d’information et les quotidiens nationaux.Lire aussi :L’audience du « Monde » toujours plus numériqueLa tablette apporte donc une audience complémentaire bien réelle. Mais celle-ci ne concerne pas tous les titres de presse. En effet, sur les 70 marques étudiées par AudiPresse One Global, seules quatorze ont enregistré une audience sur tablette suffisante pour être retenue. Il s’agit des grands titres d’actualité avec, par ordre décroissant d’audience, Le Figaro, Le Monde, 20 Minutes et L’Express, qui comptent chacun plus de 2 millions de lecteurs sur tablette.L’essor du mobile se poursuitMais le leader du classement n’est pas un titre d’actualité : il s’agit de Marmiton, qui est une application servicielle avant d’être un magazine, et qui compte plus de 3 millions d’utilisateurs. Derrière elle, on trouve Télé Loisirs, là encore une application majoritairement de service.Beaucoup d’autres titres ont une audience non significative sur les tablettes. Cela témoigne du fait que toutes les marques de presse n’ont pas encore suffisamment investi ce support, ou que les internautes y sont moins volatils que sur leur ordinateur ou leur smartphone.Si l’émergence de la tablette est réelle, elle continue de peser peu face à la grande tendance du moment, qui est l’explosion du mobile. En un an, la lecture des titres de presse y a progressé de 29 % ! Ce support est de loin celui qui se développe le plus pour toutes les grandes marques d’information.Sept d’entre elles dominent le classement, qui additionne donc les audiences print (2014), ordinateur, mobile et tablette (avril 2015). Au total, Le Figaro et 20 Minutes touchent environ 18 millions d’utilisateurs, devant Le Monde (environ 16 millions), Le Parisien (environ 15 millions) et, autour de 14 millions, L’Equipe, L’Obs et L’Express.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est désormais une certitude : une procédure disciplinaire va être engagée contre Agnès Saal, ex-présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dont les notes de taxi avaient précipité la chute, fin avril.« Je vais faire une demande au président de procédure disciplinaire à l’encontre d’Agnès Saal », a déclaré la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes médias, mercredi 8 juillet.Cette démarche fait suite à une enquête administrative interne qui avait été ouverte après les révélations concernant les frais de Mme Saal, en parallèle des deux enquêtes préliminaires ouvertes aux parquets de Créteil et Paris concernant ses mandats à l’INA et au Centre Pompidou. Cela signifie que cette enquête administrative a recueilli des éléments probants.La décision de Mme Pellerin ne préjuge pas d’une éventuelle sanction. La procédure est dite « contradictoire » et Agnès Saal fera donc entendre sa défense. Mais en théorie, si sanction il y a, cela pourrait aller jusqu’à son exclusion de la fonction publique.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le calme plat qui règne sur les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) va continuer jusqu’à, au moins, jeudi 9 juillet dans l’après-midi. Le mouvement de grève, qui touche l’agence de presse depuis mardi après-midi, a été prolongé de vingt-quatre heures, mercredi. Il prive ainsi plus longuement nombre de journalistes de quotidiens et sites d’information – dont Le Monde – d’une de leurs sources d’information.A l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 2 260 salariés de l’AFP (journalistes, techniciens, cadres…) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis la création de l’agence, en 1944.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Baisse des RTTDepuis la fin de 2013, trois syndicats – Confédération française démocratique du travail (CFDT), Syndicat national des journalistes (SNJ) et l’union syndicale Solidaires (SUD) – jouent le jeu de la négociation, mais d’autres, notamment la Confédération générale du travail (CGT), s’y opposent. Cette situation n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer. Pour éviter ce risque, la direction a aussi choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.Mais cette décision frustre les syndicats qui étaient déjà impliqués dans la négociation. « On ne comprend pas ce geste, c’est un acte de mépris pour les syndicats qui négocient », explique ainsi Benoît Fauchet, délégué syndical (SNJ). Et conforte les autres dans l’idée que la direction veut imposer des conditions de travail moins favorables, à l’image du passage des RTT de 18 à 7 jours ou de l’alignement des congés de tous sur ceux des journalistes (44 jours).Risques de divisions multiples« Cette dénonciation des accords intervient très opportunément dans la torpeur de l’été alors qu’Emmanuel Hoog [PDG de l’AFP] pense avoir les mains libres, maintenant que la course en vue de France Télévisions est terminée, que son mandat à l’AFP a été prorogé de trois à cinq ans (soit jusqu’en 2018 au lieu de 2016) et que son contrat d’objectifs et de moyens avec l’Etat a été signé », écrit le SNJ.Conséquence : une agence complètement bloquée, avec un blocage de l’envoi de toute dépêche. A la clé, des risques de divisions multiples, entre grévistes et non-grévistes, entre syndicats et entre catégories professionnelles.Lire l'entretien :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La scène était inédite : Vincent Bolloré n’était jamais venu à l’une des réunions des hauts cadres du groupe Canal+, comme il l’a fait lundi 6 juillet au soir. Et la circonstance était particulière : un dirigeant historique, le numéro deux, Rodolphe Belmer, avait été remercié trois jours auparavant par le nouveau président du conseil de surveillance de Vivendi.La centaine de cadres de Canal+ n’ont pas été déçus : selon nos informations, Vincent Bolloré n’a pas hésité à évoquer frontalement la direction de la chaîne et son PDG, Bertrand Meheut, présent en bonne place. Le patron de Vivendi a d’abord rendu un hommage à cet « ami » – breton comme lui – qui est arrivé quand Canal+ perdait 600 millions d’euros, alors que le groupe gagne 500 millions aujourd’hui. Mais il a aussi prévenu : M. Meheut ne pourra rester éternellement à la tête de Canal+, a dit en substance M. Bolloré, rappelant l’âge du dirigeant, 63 ans.Une gouvernance remaniéeDans la foulée, M. Bolloré a annoncé que la gouvernance de Canal+ serait remaniée en septembre, avec un directoire élargi. Beaucoup dans l’assistance y ont vu une porte ouverte au possible départ rapide de M. Meheut, pourtant conforté vendredi.Quant au déchu Rodolphe Belmer, M. Bolloré a raconté avoir observé Canal+ et sa direction, puis demandé des évolutions, avant de « trancher ». Mais l’industriel est allé plus loin en évoquant le conflit entre M. Meheut et M. Belmer, dont le duo était abîmé depuis que le premier avait promis sa succession au second, avant de se raviser. La discorde générait un dysfonctionnement auquel il fallait mettre fin, a argué M. Bolloré. Qui a raconté aux cadres présents que M. Meheut lui avait demandé la tête de son ancien numéro deux.Dans la salle, au siège d’un Canal+ habitué à une communication pesée, un langage aussi « cash » a suscité des vertiges. Mais aussi des applaudissements. M. Bolloré avait ce soir-là un message clair : vous étiez un bastion, mais je suis désormais le taulier et nous allons travailler ensemble. A bon entendeur…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) NME joue son va-tout : le mythique magazine britannique de musique, que se sont arraché des générations de jeunes branchés, va devenir gratuit. A partir de septembre, New Musical Express sera distribué dans les gares, les universités et des « partenaires de vente » dont la liste n’est pas précisée.Pour l’hebdomadaire, il s’agit d’une dernière tentative de retrouver sa gloire d’antan. Il sera distribué gratuitement à 300 000 exemplaires, ce qui était son niveau dans les années 1970. Actuellement, seulement 15 000 copies sont vendues chaque semaine, à 3,50 euros pièce.En multipliant par vingt sa diffusion, NME espère récupérer de la publicité et trouver un nouveau modèle économique. Il va aussi élargir son champ d’activité, pour couvrir l’ensemble de l’actualité culturelle et ne plus se limiter à la musique. « Des 63 ans de notre existence, c’est notre évolution la plus osée », explique Mike Williams, le rédacteur en chef.DéfricheurCréé en 1952 par Maurice Kinn, avec de l’argent de sa belle-mère, NME a toujours occupé une place à part dans le très actif paysage musical britannique. A son pic, dans les années 1970 et 1980, le magazine était l’incontournable bible de l’Underground. Il avait commencé dès les années 1950, avec la découverte du rock’n’roll alors qu’Elvis choquait encore.Toujours défricheur, il a longtemps évité de mettre en avant les stars du moment, préférant donner leur chance de jeunes groupes intéressants. Le déclin a commencé dès le début des années 1990, avec l’arrivée d’une série de mensuels comme Q, qui consacraient des articles à des groupes plus connus, qui attiraient finalement plus de lecteurs.Mais l’arrivée d’internet a accéléré le mouvement, en touchant doublement le magazine. D’une part, l’industrie de la musique s’est effondrée, avec le téléchargement illégal et depuis peu du « streaming ». D’autre part, le recensement des concerts est désormais réalisé en ligne. NME est progressivement devenu un magazine de niche, ultra-spécialisé.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.07.2015 à 14h43 | Adrien Candau Les amateurs de Kamehameha vont devoir prendre leur mal en patience : « Dragon Ball Super », le nouveau dessin animé qui fera suite à « Dragon Ball Z », l’animé culte des années 1990, ne sera pas sur les écrans français avant la fin de 2016. Les Japonais peuvent, eux, visionner les nouvelles aventures de Son Goku et ses amis chaque dimanche depuis le 5 juillet, au rythme d’un épisode par semaine.Lire aussi :« Dragon Ball Super » : dix-neuf ans après, l’univers de « DBZ » renaît et s’agranditLa diffusion décalée de « Dragon Ball Super » en France serait essentiellement due à la volonté d’adapter le dessin animé aux usages de son public cible, majoritairement jeune, selon les dires de Ryuji Kochi, manager général de Toei Animation Europe, la société qui produit et distribue le dessin animé japonais dans le monde. « Nous visons les enfants, et, pour cela, il faut doubler la série en français, ce qui prend du temps. Une diffusion en 2016 est plus probable. » Une déclaration qui n’a pas été sans décevoir les fans de la franchise, qui ont été nombreux à exprimer leur mécontentement surInternet et les réseaux sociaux.Des chaînes françaises comme Game One, déjà diffuseurs de « Dragon Ball Z Kai », une version affinée et retravaillée de la série d’animation « Dragon Ball Z », ont, pour leur part, entamé les négociations avec la Toei pour acquérir les droits de diffusion de « Dragon Ball Super » : « On est en discussion avec eux, mais le processus va prendre un peu de temps, ils ont une attente particulière pour ce produit », explique Thierry Cammas, le président de Game One et J-One.Techniquement, la diffusion en France d’un dessin animé nippon un jour seulement après son passage à la télévision japonaise est néanmoins possible. C’est même devenu une pratique courante avec la démocratisation du simulcast (un processus qui consiste à diffuser les dessins animés japonais sous-titrés en français de un à quinze jours après leur diffusion au Japon) sur des chaînes TV comme J-One ou des sites français de vidéo à la demande comme Wakanim ou Anime Digital Network.Un positionnement et un ciblage différenciés« On a joint la Toei pour discuter d’une éventuelle diffusion de “Dragon Ball Super” en simulcast, mais sans succès, dit Olivier Cervantes, président de Wakanim. Je pense que ça n’entre simplement pas dans leur politique. Ils ne ciblent pas les fans historiques, les nostalgiques de “Dragon Ball”, mais essaient plutôt de conquérir un nouveau public pour la franchise. » Un objectif de rajeunissement de l’audience qui pourrait expliquer la décision de la Toei de s’orienter vers une diffusion plus tardive mais intégralement doublée en français, là ou les adeptes de longue date de l’animation japonaise privilégient les versions originales sous-titrées, plus rapidement accessibles. La diffusion de « Dragon Ball Super » en simulcast n’est également pas prévue sur J-One, selon Thierry Cammas, le président de la chaîne. J-One avait pourtant diffusé des épisodes de « Dragon Ball Z Kai » à J + 1 après leur sortie au Japon.Mais la Toei semble privilégier une stratégie de distribution différente pour « Dragon Ball Super » : « Ils peuvent vouloir mettre en place une chronologie de diffusion moins événementielle mais plus dense et donc plus puissante, pronostique Thierry Cammas. C’est un choix de positionnement et de ciblage. La Toei pourrait d’abord rechercher à vendre les droits de “Dragon Ball Super” à une chaîne privée, avant d’autoriser dans un deuxième temps la diffusion de la série sur une chaîne gratuite, accessible au plus grand nombre. » Une stratégie en deux temps qui permettrait de capitaliser sur le montant des droits de la série avant de miser sur une valorisation par l’audience, plus adaptée à la vente des produits dérivés par exemple.La Toei, jointe par Le Monde vendredi 10 juillet, préfère, elle, rester discrète sur la question. Les fans français de « Dragon Ball » devront donc s’armer de patience pour découvrir « Dragon Ball Super », à la télévision uniquement et pas avant 2016. A moins qu’ils ne puissent se soustraire à la tentation de l’offre illégale, qui pullule sur Internet : quelques heures après la diffusion du premier épisode de la nouvelle série animée de la Toei à la télévision japonaise, des dizaines de sites proposaient déjà de visionner ce premier acte via une version sous-titrée en français, produite par des fans.Adrien CandauJournaliste au Monde 10.07.2015 à 07h53 • Mis à jour le10.07.2015 à 10h39 | Alexis Delcambre et Guillaume Fraissard Olivier Poivre d’Arvor a confirmé au Monde, vendredi 10 juillet, avoir été « limogé » de son poste de directeur de France Culture par le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui lui reproche de « s’être exprimé sans son visa » sur son projet pour le groupe public.« Mathieu Gallet m’a reproché lors d’un entretien jeudi soir de m’être exprimé sans son visa dans deux interviews sur son projet pour Radio France que je qualifiais “d’uniquement construit sur une logique budgétaire et comptable” », indique Olivier Poivre d’Arvor, qui était en poste depuis septembre 2010.« Nous nous sommes aussi opposés récemment sur sa demande d’éviction de producteurs qui se sont manifestés de manière critique pendant la grève de Radio France », a-t-il ajouté. « Je trouve cette décision incompréhensible et irrespectueuse de la liberté éditoriale », a-t-il jugé, précisant qu’il quitterait effectivement son poste fin août.« Une logique de départ permanente »« Ce n’est pas un limogeage, se défend-on à la direction de Radio France. Olivier Poivre d’Arvor était détaché du Quai d’Orsay pour cinq ans. Ce détachement arrive à son terme fin août et Radio France ne souhaite pas le renouveler. » Depuis 2007, M. Poivre d’Arvor dispose en effet du titre de ministre plénipotentiaire au ministère des affaires étrangères.Dans l’entourage de la présidence, on reconnaît un « bilan formidable », mais on pointe un « problème de confiance » vis-à-vis d’un directeur qui a postulé ces derniers mois à de nombreux postes (Centre Pompidou, La Villette…). « Il s’inscrit dans une logique de départ permanente », dit-on.L’ancienne ministre de la culture Aurélie Filippetti a immédiatement réagi à cette annonce sur Twitter, mettant en avant l’« excellent travail » effectué par Olivier Poivre d’Arvor à la tête de France Culture.Soutien à Olivier Poivre d'Arvor qui a fait un excellent travail à la tête de l'une de nos plus belles antennes @franceculture— Aurélie Filippetti (@aurelifil) 10 Juillet 2015Une autre directrice de chaîne, Marie-Pierre de Surville (France Musique), va changer de fonction. Dans un communiqué diffusé vendredi 10, Mathieu Gallet a annoncé son remplacement par Marc Voinchet, l’actuel matinalier de France Culture. Mme de Surville se voit confier « une mission de préfiguration visant à créer une direction en charge de la création musicale et culturelle et de la programmation de la Maison de la radio. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGuillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Une des plus grosses menaces qui planent sur Numéro 23 s’éloigne : dans son rapport rendu le jeudi 9 juillet, que Le Monde a pu consulter, le rapporteur indépendant du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) « ne propose pas au CSA de retirer, sur le fondement de l’article 42-3 de la loi du 30 septembre 1986, l’autorisation qu’il a accordée [...] à la société Diversité TV France ». Une sanction qui s’applique en cas de changement de contrôle au sein de la société qui édite une chaîne. Le CSA avait sollicité l’avis du rapporteur car il avait des doutes sur le poids réel d’un actionnaire russe, Le rapporteur relève toutefois que « la détermination d’un concert et d’un contrôle conjoint (…) est un exercice d’appréciation délicat ». Juridiquement, il estime que la« détermination en fait des décisions des assemblées générales » est constituée mais pas « l’action de concert », en « l’absence d’éléments suffisants permettant d’affirmer qu’il y une intention des actionnaires d’avoir une politique commune » et notamment en« l’absence de droit de regard » de l’actionnaire russe sur le budget annuel et les programmes.Le document ne préconise donc pas de sanction. Mais il appartient désormais au CSA de suivre, ou non, cet avis du rapporteur, un conseiller d’Etat dont le travail sera présenté au collège de l’autorité avant fin juillet.Symbole d’une « spéculation »Numéro 23 est au cœur d’une polémique depuis qu’elle a été revendue pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV (BFM TV, RMC…) par son actionnaire principal Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde). Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT. « Oui, ça me choque », a encore dit Fleur Pellerin, la ministre de la culture, mercredi 8 juillet, devant l’association des journalistes médias.Le CSA avait des doutes sur l’arrivée au capital de Numéro 23, fin 2013, du groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, cette société a acquis 15 % de la chaîne et conclu un pacte d’actionnaires. De plus, Numéro 23 a émis pour 5 millions d’euros des obligations à bons de souscription d’actions achetées par Qipco, un fonds d’investissement qatari.Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors Union européenne qui détienne plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée. Le changement de contrôle de la société est puni de la même sanction.Encore des étapes à franchirSoupçonnés d’avoir cédé une part du contrôle à son actionnaire russe, voire d’avoir anticipé avec lui la revente de Numéro 23, les dirigeants de la chaîne avaient argué que le pacte d’actionnaires ne contenait que de banales mesures de protection des actionnaires minoritaires.Si le CSA suit l’avis du rapporteur, il restera malgré tout encore des étapes à franchir pour Numéro 23 : le CSA doit aussi donner son agrément à la vente. Il a pour cela commandé une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Un dernier élément du paysage est le respect des obligations : la chaîne s’est récemment vue mise en demeure par le CSA pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français. Numéro 23 souligne de son côté qu’elle a respecté ses devoirs en matière de diversité et que de toutes façons le non-respect des obligations peut susciter des amendes, mais pas entraîner un refus d’agrément. La question semble plus ouverte dans l’esprit du CSA.Enfin, si l’agrément était accordé, Pascal Houzelot et les actionnaires de Numéro 23 pourraient avoir à franchir une dernière haie : s’acquitter de la taxation renforcée mise en place par le gouvernement depuis l’annonce de la transaction, via la loi Macron. Si ce texte est promulgué avant l’agrément, sera due une taxe de 20 % du prix de vente et non plus 5 % comme précédemment.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) étaient de nouveau muets, vendredi 10 juillet au matin. Depuis mardi, un mouvement de grève touche le siège parisien de l’agence de presse et bloque la diffusion des contenus en langue française.AFP : le personnel vote en AG un 3ème jour de grève contre la dénonciation de la totalité des accords sociaux par le PDG Emmanuel Hoog— drousseauafp (@Denis Rousseau)require(["twitter/widgets"]);De nombreux journalistes de quotidiens et sites d’information français – dont Le Monde – restent donc privés d’une de leurs sources d’information, l’agence étant complètement bloquée et l’envoi de toute dépêche empêché.Pourtant, jeudi, deux syndicats, la CFDT et le SNJ, majoritaires dans la rédaction, ont appelé à suspendre le mouvement de grève jusqu’au 20 juillet, date de reprise des négociations sur le nouvel accord d’entreprise, qui est à l’origine du conflit. Mais quatre autres syndicats (CGC, CGT, FO, SUD) ont appelé à poursuivre le mouvement, qui se traduit par plusieurs perturbations techniques.Dans une note envoyée à l’ensemble de la rédaction, jeudi, la directrice de l’information, Michèle Léridon, les énumère : « Pushmail bloqués sur les téléphones, bureaux qui ne reçoivent pas les agences nationales, climatisation et électricité coupées dans divers étages de la maison, système Symphonia [serveur photo et vidéo] bloqué. Une étrange “épidémie” affecte les outils techniques de la rédaction. » « Je demande solennellement à tous les personnels de ne pas porter atteinte à notre outil de travail et de garantir que chacun, en toute responsabilité, puisse décider de travailler ou pas », ajoute Mme Léridon.Jeudi, la direction avait également tenté de rassurer les personnels en expliquant qu’« à partir du 20 juillet, les organisations syndicales sont conviées à des réunions de négociation thématiques qui permettront d’étudier leurs contre-propositions afin de converger vers une position commune ». Elle s’est également engagée à « une augmentation salariale générale » en 2016.Vendredi, les syndicats ont décidé de suspendre leur mouvement jusqu’au mercredi 15 juillet.Dénonciation de 117 accordsÀ l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 1 350 salariés de droit français de l’AFP (sur 2 260) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis les années 1960.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Trois syndicats – CFDT, SNJ et SUD – sont entrés en négociation, mais d’autres, notamment la CGT, s’y opposent. Une situation qui n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais qui permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer.C’est pour éviter ce risque que la direction a choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.« On ne peut pas conduire une politique sociale et managériale cohérente sur la base de 117 accords différents », s’est défendu le PDG, Emmanuel Hoog, dans un entretien aux Echos, jeudi 9 juillet, ajoutant que « toute cette négociation se fait avec l’idée que l’emploi éditorial doit continuer à se développer, notamment dans le réseau international ».Lire l'entretien du PDG de l'AFP :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julia Pascual Le quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest a été condamné, mercredi 1er juillet, en première instance pour des faits de harcèlement sexuel. Et sur le fond, la décision de la juridiction tourangelle est inédite.« C’est la première fois qu’un conseil des prud’hommes ne déboute pas une salariée qui fait valoir que le harcèlement sexuel peut être constitué par des agissements qui ne lui sont pas directement destinés », souligne Marylin Baldeck, présidente de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT).Madame G. avait 25 ans de maison lorsqu’en 2012 son environnement de travail est devenu invivable à l’agence de Châteauroux. Le jugement des prud’hommes décrit « des propos à connotation sexuelle et sexiste [qui] sont proférés dans le cadre de l’agence », « des photos de femmes à forte poitrine [qui] sont installées en fond d’écran d’ordinateurs et des vidéos [qui] circulent par courriels » ou encore « des propos vulgaires et insultants à l’encontre d’une de ses collègues ».Licenciée pour inaptitudeL’AVFT, qui a défendu la journaliste, précise les choses dans un communiqué. Les trois collègues masculins de Mme G. s’interpellaient en usant de termes tels que « Petite bite, enculé de mes deux, grosse burne » ou encore « Ma chatounette, mes couilles ». Il leur arrivait de « mimer des rapports sexuels » ou de commenter leur week-end par un « Je vous ferai une photo bien dégueulasse de chatte en gros plan ». Sans s’adresser à Mme G., ils pouvaient dire d’une autre journaliste : « Ah celle-là, quelle sale pute ! Celle-là, si elle croit que c’est comme ça que je vais lui mettre un doigt, elle se trompe ».Lorsque Mme G. se plaint, l’un de ses collègues lui « reproche de manquer d’humour », explique le jugement des prud’hommes. Et un rédacteur en chef « lui fait comprendre qu’elle avait “cassé l’ambiance” ». La journaliste a beau alerter son employeur sur la « dégradation de ses conditions de travail », rien n’est fait. Poussée à bout, elle est mise en arrêt de travail par son médecin en janvier 2013. Elle est licenciée, pour inaptitude, un an et demi plus tard.Dans sa décision, le conseil des prud’hommes condamne La Nouvelle République du Centre-Ouest pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et harcèlement moral et sexuel. Le tribunal reproche en outre au journal de ne pas avoir mené d’enquête sur les agissements dénoncés par son employée. Une expertise commandée par le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), postérieure au départ de Mme G., a conclu notamment à l’absence d’une « politique clairement définie » en matière de prévention des risques psycho-sociaux.Mme G., elle, « est désormais contrainte, à 47 ans, d’envisager une reconversion professionnelle », conclut l’AVFT.Julia PascualJournaliste au Monde Gabriel Coutagne Les étals des commerçants ont remplacé la horde des camions de CRS. Porte de Vincennes, c’est jour de marché. Face à l’Hyper Cacher, clients et commerçants s’activent. Leurs voix, qui ont remplacé les sirènes, rendent lointain le bruit de la circulation du boulevard périphérique, pourtant tout proche.« Le souvenir du 9 janvier est toujours là, mais il commence un peu à s’estomper », confie Gérard, un habitant du quartier. Dans les allées du marché, les conversations portent plus volontiers sur la canicule qui frappe la région parisienne en ce début d’été. « Mais l’émotion reste présente », soupire le retraité, ses mains agaçant son paquet de cigarettes.De l’autre côté de l’avenue se dresse la supérette où a eu lieu l’attaque qui a coûté la vie à quatre otages. Depuis sa réouverture, le 15 mars dernier, le magasin accueille de nouveau ses clients. Comme pour gommer cet épisode tragique, sa devanture a été repeinte. Le logo, imprimé sur une bâche, se veut plus minimaliste. A l’intérieur, les nombreuses caméras de vidéosurveillance quadrillent chaque rayon du magasin.Lire : Réouverture de l'Hyper Cacher : les clients n'ont « sûrement pas » peurBarrièresL’Hyper Cacher reste toujours barricadé derrière plusieurs barrières, transformées en reposoirs pour quelques bouquets fanés ou affiches accrochées là en hommage aux victimes. Au sol, un bout de satin, sur lequel on lit encore les condoléances adressées au proches des victimes par l’ambassade des Etats-Unis.Au-delà des barrières, aucune voiture n’est autorisée à stationner, sauf un véhicule des forces de l’ordre. « Nous assurons la sécurité de l’établissement durant les horaires d’ouverture », explique l’un des deux policiers en faction devant l’entrée. Un dispositif allégé par rapport aux premières semaines qui ont suivi les attentats.« Les choses sont redevenues normales, mais les événements récents ont nourri un sentiment de peur, notamment parmi la communauté juive », raconte Catherine, une autre habitante du quartier. « La tension est encore palpable », poursuit-elle, en tournant son regard vers le magasin. Fleurs fanéesUn homme en tablier, employé de la charcuterie cacher voisine de la supérette, s’énerve quand on l’interroge sur le sujet. Il ne veux pas s’adresser à la presse : « Je m’en fous, j’ai pas besoin de ça », grogne-t-il, en tournant le dos. A quelques mètres, un autre homme barbu, kippa vissée sur la tête, est plongé dans la lecture d’un livre religieux. Il refuse, plus poliment, d’aborder le sujet.« Je connais des habitués de l’Hyper Cacher, et pour eux, qui connaissaient des victimes, c’est encore difficile », déclare Christophe, la trentaine élancée, avant de s’engouffrer dans le métro.Lire aussi :Yoav, Philippe, Yohan et François-Michel, les quatre otages tués porte de VincennesA huit stations de là, dans le 11e arrondissement de la capitale, on retrouve d’autres traces des événements de janvier. Au coin de la rue du Chemin-Vert et du boulevard Richard-Lenoir, deux barrières en métal protègent des dessins, de nombreux « Je suis Charlie », des bougies éteintes, des fleurs et des plantes asséchées, déposés en hommage aux victimes de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo. C’est à quelques pas de là que le policier Ahmed Merabet avait été abattu froidement par les frères Kouachi, pendant leur fuite.« Autrefois, on élevait des stèles ou des monuments », professe Nicolas, un jeune riverain qui se présente comme artiste. « On va sans doute installer une plaque commémorative », imagine-t-il. Le patron d’un café voisin est plus sceptique : « Les gens ne viennent plus trop ici pour se recueillir. L’esprit Charlie, c’est fini. » GraffitisAu 10, rue Nicolas-Appert – l’adresse de la rédaction de Charlie Hebdo jusqu’au 7 janvier 2015 –, la vie semble avoir repris un cours presque normal. La présence policière se fait discrète, même si, plusieurs fois par jour, deux gendarmes armés de fusils mitrailleurs viennent inspecter les lieux, d’un pas calme. Leur présence, imposée par le plan Vigipirate, vise aussi, selon eux, à rassurer : « On essaie de montrer qu’on est là. »Quatre graffitis au pochoir ornent un mur adjacent à l’immeuble. Ce sont des portraits, en noir et blanc. Ceux de Wolinski, Cabu, Charb et Tignous. Sur la façade du bâtiment, un autre clame « Je suis Charlie », comme un refrain devenu naturel. Des barrières empêchent les voitures de stationner dans la rue, comme à la porte de Vincennes. Elles semblent aussi imposer une petite frontière entre ceux qui travaillent toujours dans le bâtiment et les passants, venus en curieux.Lire : Attentat à « Charlie Hebdo » : « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète »« Ça va », rassure une jeune femme, descendue pour fumer une cigarette au pied du bâtiment, où elle travaille. « De toutes façons, il faut bien que ça aille… La vie reprend ses droits. » Même si elle reconnaît que les touristes sont désormais nombreux. Elle s’agace un peu de leur présence, « surtout ceux qui font des photos ». Couleurs« On est venus voir, en curieux, mais ce n’est pas pour cela qu’on est monté à Paris », se défend une mère de famille, venue d’Alès avec son époux et leurs trois enfants. « Nous vivions dans le quartier il y a quelques années, et l’événement nous a beaucoup touchés », reconnaissent-ils. L’aîné, un adolescent d’une quinzaine d’années, regarde longuement l’entrée par laquelle les frères Kouachi se sont engouffrés, les armes à la main, par un matin d’hiver. De son côté, Sonya, employée de mairie venue de Belgique, est émue, derrière ses lunettes noires. « Je suis venue sur les lieux pour voir », explique t-elle, d’une voix hésitante. « J’avais besoin de rendre tout cela réel. »Lire : Des attentats à la marche républicaine, cinq jours en FranceTrès vite, la rue Nicolas-Appert retrouve son calme. A certains moments, il arrive même qu’elle devienne totalement déserte, recueillie. Seuls quelques rires d’enfants viennent briser le silence. Ils viennent de la halte-garderie qui fait face à l’immeuble qui accueillait Charlie Hebdo. Comme partout dans Paris, des poteaux séparent les trottoirs de la chaussée. Mais, rue Appert, une main les a peints de couleurs vives. Comme pour signifier qu’une page est en train de se tourner. Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.07.2015 à 06h50 • Mis à jour le09.07.2015 à 09h59 | Edouard Launet La Revue des deux mondes fête cet été ses 186 ans, ce qui en fait sans doute la plus vieille revue européenne encore en activité. Ce journal du conservatisme éclairé se flatte d’avoir poursuivi une trajectoire « à distance des adhésions idéologiques dont les bilans désastreux parlent pour eux-mêmes ».Fondée en 1829, célèbre pour avoir accueilli des textes de Sand, Chateaubriand, Nerval, Dumas et autres grandes plumes du temps où elle était le rendez-vous littéraire du pays, la revue fut progressiste à ses débuts, soutenant la monarchie libérale de Louis-Philippe. Elle s’est raidie dès la révolution de 1848, puis n’a cessé d’évoluer vers « des positions politiques de plus en plus conservatrices sur le fond et modérées sur la forme qui la conduiront, par exemple, à une réserve plus que prudente pendant l’affaire Dreyfus, tout comme à se prononcer contre la guerre d’Espagne en 1936 », a naguère analysé Olivier Corpet, fondateur de La ­Revue des revues. Elle compte désormais moins de 5 000 abonnés, contre 40 000 juste avant la Grande Guerre.Pessimisme prophétique et réactionnaireDepuis cinq mois – depuis, exactement, que Valérie Toranian, ancienne directrice du magazine Elle, en a repris les rênes – la revue modérée a pris un drôle de tournant, servant à ses lecteurs des plats particulièrement relevés avec des interventions ou interviews d’Eric Zemmour, Michel Onfray, Michel Houellebecq, Régis Debray : c’est un festin du pessimisme prophétique et réactionnaire. Les couvertures agressives et la mise en scène des dossiers ne font pas dans la dentelle, ­tirant la revue vers la polémique à l’arme lourde. Le virage inquiète plusieurs ­contributeurs : ils y voient une rupture avec le ­patrimoine génétique de la revue.Il est vrai que sont désormais aux commandes deux anciens patrons de la presse magazine. Deux, oui, car Franz-Olivier Giesbert, ancien directeur du Point, compagnon à la ville de Valérie Toranian et ami du propriétaire de la revue Marc ­Ladreit de Lacharrière, a fait irruption en mars au comité de rédaction de façon specta­culaire puisque, aux dires de témoins ­effarés, ce fut pour FOG l’occasion d’une grande bouffée d’anti-intellectualisme ponctuée par ce mot d’ordre : « Il faut arrêter d’en­culer les mouches. » ­Lancée dans l’un des lieux les plus policés du débat ­intellectuel français, la phrase a fait sensation.Quelques attaques ad hominem (le grand islamologue Christian Jambet qualifié de « musulman fanatique » et l’éditeur Bernard ­Condominas de « censeur ») ont contribué à alourdir le climat. Deux membres du ­comité de rédaction se sont inquiétés de cette radicalisation au point de démissionner  : Bernard Condominas et l’écrivaine Edith de la ­Héronnière.Michel Crépu, qui a dirigé la revue pendant quinze ans avant de partir au début de l’année s’occuper de la gallimardienne NRF, craint ainsi que la Revue des deux mondes ne se transforme en « produit de marketing intellectuel ». Pour lui, le fond du problème est celui de la transmission : « La revue de la bourgeoisie ­cultivée française, dont le lecteur modèle était le proustien baron de Norpoix, ­semble avoir été abandonnée par les ­petits-enfants de Norpoix. »Le prophète ZemmourRupture ? Valérie Toranian s’en défend : « Nous voulons refaire de la revue un acteur pertinent et visible du débat d’idées, en phase avec son époque. Or il se trouve que les gens qui ont de l’audience aujourd’hui sont des pessimistes. » Quel degré d’adhésion avec les idées de ces plumes tonitruantes ? Dans le numéro de juin, Franz-Olivier Giesbert laissait poindre une sympathie, écrivant à la suite de l’interview d’Eric Zemmour : « Contrairement à Sartre, Barthes, Badiou, Althusser, il n’a jamais fait l’éloge d’une tyrannie sanguinaire, d’un système totalitaire, des camps de concentration ou de rééducation. » Et l’auteur du Suicide français a pour FOG cette qualité de ne pas être un « intellectuel »,mais un « prophète rongé par un pessimisme compulsif ».C’est d’ailleurs dans cette logique, semble-t-il, que la revue consacre son dossier de juillet-août aux écrivains prophètes avec, au premier rang, Michel Houellebecq. ­Valérie Toranian écrit : « Qu’il s’agisse de l’avenir du monde, de la littérature, des arts, de la technologie, des psychotropes ou de la ­société de consommation, les pensées ­visionnaires de ces auteurs, fruits de leurs doutes et de leurs angoisses, sont un remède à l’engourdissement politique et ­intellectuel. »Peut-être est-ce là la nouvelle idée-force : combattre la vacuité de l’époque par une angoisse radicale et bruyante. Plutôt les prophètes noirs que les penseurs encombrés de nuances. Mais alors, que va-t-il rester de cette ­Revue des deux mondes dans laquelle le narrateur d’A la recherche du temps perdu rêvait d’écrire ?Edouard Launet Alexis Delcambre La tablette est bien devenue un support qui compte dans l’accès à l’information et aux titres de presse. C’est un des enseignements de l’étude AudiPresse One Global publiée jeudi 9 juillet. Pour la première fois, ce baromètre trimestriel de l’audience des journaux intègre la lecture sur les tablettes, mesurée par l’institut Médiamétrie depuis début 2015 à partir d’un panel de 2 300 individus.Résultat : la tablette contribue pour 7 % à l’audience des marques de presse consultées par ce panel, ce qui est significatif. Médiamétrie estime que 10 millions environ des Français de 15 ans et plus (soit 18 %) utilisent ce support (parmi d’autres) pour s’informer. Sans surprise, le profil du lecteur sur tablette est assez sélectif : plutôt urbain, issu des catégories socioprofessionnelles supérieures, souvent membre d’un foyer comprenant un ou plusieurs enfants. On compte même 3 % d’utilisateurs qui n’ont recours qu’à la tablette (contre 6 % qui se contentent du mobile, 21 % qui se bornent à l’ordinateur et 54 % qui ne jurent que par le « print »).L’usage des tablettes contribue à développer la lecture de la presse. En effet, celle-ci n’a progressé, en un an, que de 0,4 % (en agrégeant les supports papier, Internet fixe et mobile). Mais, en ajoutant l’apport des tablettes, l’audience des titres concernés progresse en moyenne de 2,7 %. Cette progression atteint respectivement 8,9 % et 6,8 % pour les magazines d’information et les quotidiens nationaux.Lire aussi :L’audience du « Monde » toujours plus numériqueLa tablette apporte donc une audience complémentaire bien réelle. Mais celle-ci ne concerne pas tous les titres de presse. En effet, sur les 70 marques étudiées par AudiPresse One Global, seules quatorze ont enregistré une audience sur tablette suffisante pour être retenue. Il s’agit des grands titres d’actualité avec, par ordre décroissant d’audience, Le Figaro, Le Monde, 20 Minutes et L’Express, qui comptent chacun plus de 2 millions de lecteurs sur tablette.L’essor du mobile se poursuitMais le leader du classement n’est pas un titre d’actualité : il s’agit de Marmiton, qui est une application servicielle avant d’être un magazine, et qui compte plus de 3 millions d’utilisateurs. Derrière elle, on trouve Télé Loisirs, là encore une application majoritairement de service.Beaucoup d’autres titres ont une audience non significative sur les tablettes. Cela témoigne du fait que toutes les marques de presse n’ont pas encore suffisamment investi ce support, ou que les internautes y sont moins volatils que sur leur ordinateur ou leur smartphone.Si l’émergence de la tablette est réelle, elle continue de peser peu face à la grande tendance du moment, qui est l’explosion du mobile. En un an, la lecture des titres de presse y a progressé de 29 % ! Ce support est de loin celui qui se développe le plus pour toutes les grandes marques d’information.Sept d’entre elles dominent le classement, qui additionne donc les audiences print (2014), ordinateur, mobile et tablette (avril 2015). Au total, Le Figaro et 20 Minutes touchent environ 18 millions d’utilisateurs, devant Le Monde (environ 16 millions), Le Parisien (environ 15 millions) et, autour de 14 millions, L’Equipe, L’Obs et L’Express.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est désormais une certitude : une procédure disciplinaire va être engagée contre Agnès Saal, ex-présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dont les notes de taxi avaient précipité la chute, fin avril.« Je vais faire une demande au président de procédure disciplinaire à l’encontre d’Agnès Saal », a déclaré la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes médias, mercredi 8 juillet.Cette démarche fait suite à une enquête administrative interne qui avait été ouverte après les révélations concernant les frais de Mme Saal, en parallèle des deux enquêtes préliminaires ouvertes aux parquets de Créteil et Paris concernant ses mandats à l’INA et au Centre Pompidou. Cela signifie que cette enquête administrative a recueilli des éléments probants.La décision de Mme Pellerin ne préjuge pas d’une éventuelle sanction. La procédure est dite « contradictoire » et Agnès Saal fera donc entendre sa défense. Mais en théorie, si sanction il y a, cela pourrait aller jusqu’à son exclusion de la fonction publique.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le calme plat qui règne sur les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) va continuer jusqu’à, au moins, jeudi 9 juillet dans l’après-midi. Le mouvement de grève, qui touche l’agence de presse depuis mardi après-midi, a été prolongé de vingt-quatre heures, mercredi. Il prive ainsi plus longuement nombre de journalistes de quotidiens et sites d’information – dont Le Monde – d’une de leurs sources d’information.A l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 2 260 salariés de l’AFP (journalistes, techniciens, cadres…) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis la création de l’agence, en 1944.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Baisse des RTTDepuis la fin de 2013, trois syndicats – Confédération française démocratique du travail (CFDT), Syndicat national des journalistes (SNJ) et l’union syndicale Solidaires (SUD) – jouent le jeu de la négociation, mais d’autres, notamment la Confédération générale du travail (CGT), s’y opposent. Cette situation n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer. Pour éviter ce risque, la direction a aussi choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.Mais cette décision frustre les syndicats qui étaient déjà impliqués dans la négociation. « On ne comprend pas ce geste, c’est un acte de mépris pour les syndicats qui négocient », explique ainsi Benoît Fauchet, délégué syndical (SNJ). Et conforte les autres dans l’idée que la direction veut imposer des conditions de travail moins favorables, à l’image du passage des RTT de 18 à 7 jours ou de l’alignement des congés de tous sur ceux des journalistes (44 jours).Risques de divisions multiples« Cette dénonciation des accords intervient très opportunément dans la torpeur de l’été alors qu’Emmanuel Hoog [PDG de l’AFP] pense avoir les mains libres, maintenant que la course en vue de France Télévisions est terminée, que son mandat à l’AFP a été prorogé de trois à cinq ans (soit jusqu’en 2018 au lieu de 2016) et que son contrat d’objectifs et de moyens avec l’Etat a été signé », écrit le SNJ.Conséquence : une agence complètement bloquée, avec un blocage de l’envoi de toute dépêche. A la clé, des risques de divisions multiples, entre grévistes et non-grévistes, entre syndicats et entre catégories professionnelles.Lire l'entretien :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La scène était inédite : Vincent Bolloré n’était jamais venu à l’une des réunions des hauts cadres du groupe Canal+, comme il l’a fait lundi 6 juillet au soir. Et la circonstance était particulière : un dirigeant historique, le numéro deux, Rodolphe Belmer, avait été remercié trois jours auparavant par le nouveau président du conseil de surveillance de Vivendi.La centaine de cadres de Canal+ n’ont pas été déçus : selon nos informations, Vincent Bolloré n’a pas hésité à évoquer frontalement la direction de la chaîne et son PDG, Bertrand Meheut, présent en bonne place. Le patron de Vivendi a d’abord rendu un hommage à cet « ami » – breton comme lui – qui est arrivé quand Canal+ perdait 600 millions d’euros, alors que le groupe gagne 500 millions aujourd’hui. Mais il a aussi prévenu : M. Meheut ne pourra rester éternellement à la tête de Canal+, a dit en substance M. Bolloré, rappelant l’âge du dirigeant, 63 ans.Une gouvernance remaniéeDans la foulée, M. Bolloré a annoncé que la gouvernance de Canal+ serait remaniée en septembre, avec un directoire élargi. Beaucoup dans l’assistance y ont vu une porte ouverte au possible départ rapide de M. Meheut, pourtant conforté vendredi.Quant au déchu Rodolphe Belmer, M. Bolloré a raconté avoir observé Canal+ et sa direction, puis demandé des évolutions, avant de « trancher ». Mais l’industriel est allé plus loin en évoquant le conflit entre M. Meheut et M. Belmer, dont le duo était abîmé depuis que le premier avait promis sa succession au second, avant de se raviser. La discorde générait un dysfonctionnement auquel il fallait mettre fin, a argué M. Bolloré. Qui a raconté aux cadres présents que M. Meheut lui avait demandé la tête de son ancien numéro deux.Dans la salle, au siège d’un Canal+ habitué à une communication pesée, un langage aussi « cash » a suscité des vertiges. Mais aussi des applaudissements. M. Bolloré avait ce soir-là un message clair : vous étiez un bastion, mais je suis désormais le taulier et nous allons travailler ensemble. A bon entendeur…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) NME joue son va-tout : le mythique magazine britannique de musique, que se sont arraché des générations de jeunes branchés, va devenir gratuit. A partir de septembre, New Musical Express sera distribué dans les gares, les universités et des « partenaires de vente » dont la liste n’est pas précisée.Pour l’hebdomadaire, il s’agit d’une dernière tentative de retrouver sa gloire d’antan. Il sera distribué gratuitement à 300 000 exemplaires, ce qui était son niveau dans les années 1970. Actuellement, seulement 15 000 copies sont vendues chaque semaine, à 3,50 euros pièce.En multipliant par vingt sa diffusion, NME espère récupérer de la publicité et trouver un nouveau modèle économique. Il va aussi élargir son champ d’activité, pour couvrir l’ensemble de l’actualité culturelle et ne plus se limiter à la musique. « Des 63 ans de notre existence, c’est notre évolution la plus osée », explique Mike Williams, le rédacteur en chef.DéfricheurCréé en 1952 par Maurice Kinn, avec de l’argent de sa belle-mère, NME a toujours occupé une place à part dans le très actif paysage musical britannique. A son pic, dans les années 1970 et 1980, le magazine était l’incontournable bible de l’Underground. Il avait commencé dès les années 1950, avec la découverte du rock’n’roll alors qu’Elvis choquait encore.Toujours défricheur, il a longtemps évité de mettre en avant les stars du moment, préférant donner leur chance de jeunes groupes intéressants. Le déclin a commencé dès le début des années 1990, avec l’arrivée d’une série de mensuels comme Q, qui consacraient des articles à des groupes plus connus, qui attiraient finalement plus de lecteurs.Mais l’arrivée d’internet a accéléré le mouvement, en touchant doublement le magazine. D’une part, l’industrie de la musique s’est effondrée, avec le téléchargement illégal et depuis peu du « streaming ». D’autre part, le recensement des concerts est désormais réalisé en ligne. NME est progressivement devenu un magazine de niche, ultra-spécialisé.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adrien Candau Les amateurs de Kamehameha vont devoir prendre leur mal en patience : « Dragon Ball Super », le nouveau dessin animé qui fera suite à « Dragon Ball Z », l’animé culte des années 1990, ne sera pas sur les écrans français avant la fin de 2016. Les Japonais peuvent, eux, visionner les nouvelles aventures de Son Goku et ses amis chaque dimanche depuis le 5 juillet, au rythme d’un épisode par semaine.Lire aussi :« Dragon Ball Super » : dix-neuf ans après, l’univers de « DBZ » renaît et s’agranditLa diffusion décalée de « Dragon Ball Super » en France serait essentiellement due à la volonté d’adapter le dessin animé aux usages de son public cible, majoritairement jeune, selon les dires de Ryuji Kochi, manager général de Toei Animation Europe, la société qui produit et distribue le dessin animé japonais dans le monde. « Nous visons les enfants, et, pour cela, il faut doubler la série en français, ce qui prend du temps. Une diffusion en 2016 est plus probable. » Une déclaration qui n’a pas été sans décevoir les fans de la franchise, qui ont été nombreux à exprimer leur mécontentement surInternet et les réseaux sociaux.Des chaînes françaises comme Game One, déjà diffuseurs de « Dragon Ball Z Kai », une version affinée et retravaillée de la série d’animation « Dragon Ball Z », ont, pour leur part, entamé les négociations avec la Toei pour acquérir les droits de diffusion de « Dragon Ball Super » : « On est en discussion avec eux, mais le processus va prendre un peu de temps, ils ont une attente particulière pour ce produit », explique Thierry Cammas, le président de Game One et J-One.Techniquement, la diffusion en France d’un dessin animé nippon un jour seulement après son passage à la télévision japonaise est néanmoins possible. C’est même devenu une pratique courante avec la démocratisation du simulcast (un processus qui consiste à diffuser les dessins animés japonais sous-titrés en français de un à quinze jours après leur diffusion au Japon) sur des chaînes TV comme J-One ou des sites français de vidéo à la demande comme Wakanim ou Anime Digital Network.Un positionnement et un ciblage différenciés« On a joint la Toei pour discuter d’une éventuelle diffusion de “Dragon Ball Super” en simulcast, mais sans succès, dit Olivier Cervantes, président de Wakanim. Je pense que ça n’entre simplement pas dans leur politique. Ils ne ciblent pas les fans historiques, les nostalgiques de “Dragon Ball”, mais essaient plutôt de conquérir un nouveau public pour la franchise. » Un objectif de rajeunissement de l’audience qui pourrait expliquer la décision de la Toei de s’orienter vers une diffusion plus tardive mais intégralement doublée en français, là ou les adeptes de longue date de l’animation japonaise privilégient les versions originales sous-titrées, plus rapidement accessibles. La diffusion de « Dragon Ball Super » en simulcast n’est également pas prévue sur J-One, selon Thierry Cammas, le président de la chaîne. J-One avait pourtant diffusé des épisodes de « Dragon Ball Z Kai » à J + 1 après leur sortie au Japon.Mais la Toei semble privilégier une stratégie de distribution différente pour « Dragon Ball Super » : « Ils peuvent vouloir mettre en place une chronologie de diffusion moins événementielle mais plus dense et donc plus puissante, pronostique Thierry Cammas. C’est un choix de positionnement et de ciblage. La Toei pourrait d’abord rechercher à vendre les droits de “Dragon Ball Super” à une chaîne privée, avant d’autoriser dans un deuxième temps la diffusion de la série sur une chaîne gratuite, accessible au plus grand nombre. » Une stratégie en deux temps qui permettrait de capitaliser sur le montant des droits de la série avant de miser sur une valorisation par l’audience, plus adaptée à la vente des produits dérivés par exemple.La Toei, jointe par Le Monde vendredi 10 juillet, préfère, elle, rester discrète sur la question. Les fans français de « Dragon Ball » devront donc s’armer de patience pour découvrir « Dragon Ball Super », à la télévision uniquement et pas avant 2016. A moins qu’ils ne puissent se soustraire à la tentation de l’offre illégale, qui pullule sur Internet : quelques heures après la diffusion du premier épisode de la nouvelle série animée de la Toei à la télévision japonaise, des dizaines de sites proposaient déjà de visionner ce premier acte via une version sous-titrée en français, produite par des fans.Adrien CandauJournaliste au Monde 10.07.2015 à 07h53 • Mis à jour le10.07.2015 à 10h39 | Alexis Delcambre et Guillaume Fraissard Olivier Poivre d’Arvor a confirmé au Monde, vendredi 10 juillet, avoir été « limogé » de son poste de directeur de France Culture par le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui lui reproche de « s’être exprimé sans son visa » sur son projet pour le groupe public.« Mathieu Gallet m’a reproché lors d’un entretien jeudi soir de m’être exprimé sans son visa dans deux interviews sur son projet pour Radio France que je qualifiais “d’uniquement construit sur une logique budgétaire et comptable” », indique Olivier Poivre d’Arvor, qui était en poste depuis septembre 2010.« Nous nous sommes aussi opposés récemment sur sa demande d’éviction de producteurs qui se sont manifestés de manière critique pendant la grève de Radio France », a-t-il ajouté. « Je trouve cette décision incompréhensible et irrespectueuse de la liberté éditoriale », a-t-il jugé, précisant qu’il quitterait effectivement son poste fin août.« Une logique de départ permanente »« Ce n’est pas un limogeage, se défend-on à la direction de Radio France. Olivier Poivre d’Arvor était détaché du Quai d’Orsay pour cinq ans. Ce détachement arrive à son terme fin août et Radio France ne souhaite pas le renouveler. » Depuis 2007, M. Poivre d’Arvor dispose en effet du titre de ministre plénipotentiaire au ministère des affaires étrangères.Dans l’entourage de la présidence, on reconnaît un « bilan formidable », mais on pointe un « problème de confiance » vis-à-vis d’un directeur qui a postulé ces derniers mois à de nombreux postes (Centre Pompidou, La Villette…). « Il s’inscrit dans une logique de départ permanente », dit-on.L’ancienne ministre de la culture Aurélie Filippetti a immédiatement réagi à cette annonce sur Twitter, mettant en avant l’« excellent travail » effectué par Olivier Poivre d’Arvor à la tête de France Culture.Soutien à Olivier Poivre d'Arvor qui a fait un excellent travail à la tête de l'une de nos plus belles antennes @franceculture— Aurélie Filippetti (@aurelifil) 10 Juillet 2015Une autre directrice de chaîne, Marie-Pierre de Surville (France Musique), va changer de fonction. Dans un communiqué diffusé vendredi 10, Mathieu Gallet a annoncé son remplacement par Marc Voinchet, l’actuel matinalier de France Culture. Mme de Surville se voit confier « une mission de préfiguration visant à créer une direction en charge de la création musicale et culturelle et de la programmation de la Maison de la radio. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGuillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Une des plus grosses menaces qui planent sur Numéro 23 s’éloigne : dans son rapport rendu le jeudi 9 juillet, que Le Monde a pu consulter, le rapporteur indépendant du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) « ne propose pas au CSA de retirer, sur le fondement de l’article 42-3 de la loi du 30 septembre 1986, l’autorisation qu’il a accordée [...] à la société Diversité TV France ». Une sanction qui s’applique en cas de changement de contrôle au sein de la société qui édite une chaîne. Le CSA avait sollicité l’avis du rapporteur car il avait des doutes sur le poids réel d’un actionnaire russe, Le rapporteur relève toutefois que « la détermination d’un concert et d’un contrôle conjoint (…) est un exercice d’appréciation délicat ». Juridiquement, il estime que la« détermination en fait des décisions des assemblées générales » est constituée mais pas « l’action de concert », en « l’absence d’éléments suffisants permettant d’affirmer qu’il y une intention des actionnaires d’avoir une politique commune » et notamment en« l’absence de droit de regard » de l’actionnaire russe sur le budget annuel et les programmes.Le document ne préconise donc pas de sanction. Mais il appartient désormais au CSA de suivre, ou non, cet avis du rapporteur, un conseiller d’Etat dont le travail sera présenté au collège de l’autorité avant fin juillet.Symbole d’une « spéculation »Numéro 23 est au cœur d’une polémique depuis qu’elle a été revendue pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV (BFM TV, RMC…) par son actionnaire principal Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde). Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT. « Oui, ça me choque », a encore dit Fleur Pellerin, la ministre de la culture, mercredi 8 juillet, devant l’association des journalistes médias.Le CSA avait des doutes sur l’arrivée au capital de Numéro 23, fin 2013, du groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, cette société a acquis 15 % de la chaîne et conclu un pacte d’actionnaires. De plus, Numéro 23 a émis pour 5 millions d’euros des obligations à bons de souscription d’actions achetées par Qipco, un fonds d’investissement qatari.Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors Union européenne qui détienne plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée. Le changement de contrôle de la société est puni de la même sanction.Encore des étapes à franchirSoupçonnés d’avoir cédé une part du contrôle à son actionnaire russe, voire d’avoir anticipé avec lui la revente de Numéro 23, les dirigeants de la chaîne avaient argué que le pacte d’actionnaires ne contenait que de banales mesures de protection des actionnaires minoritaires.Si le CSA suit l’avis du rapporteur, il restera malgré tout encore des étapes à franchir pour Numéro 23 : le CSA doit aussi donner son agrément à la vente. Il a pour cela commandé une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Un dernier élément du paysage est le respect des obligations : la chaîne s’est récemment vue mise en demeure par le CSA pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français. Numéro 23 souligne de son côté qu’elle a respecté ses devoirs en matière de diversité et que de toutes façons le non-respect des obligations peut susciter des amendes, mais pas entraîner un refus d’agrément. La question semble plus ouverte dans l’esprit du CSA.Enfin, si l’agrément était accordé, Pascal Houzelot et les actionnaires de Numéro 23 pourraient avoir à franchir une dernière haie : s’acquitter de la taxation renforcée mise en place par le gouvernement depuis l’annonce de la transaction, via la loi Macron. Si ce texte est promulgué avant l’agrément, sera due une taxe de 20 % du prix de vente et non plus 5 % comme précédemment.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) étaient de nouveau muets, vendredi 10 juillet au matin. Depuis mardi, un mouvement de grève touche le siège parisien de l’agence de presse et bloque la diffusion des contenus en langue française.AFP : le personnel vote en AG un 3ème jour de grève contre la dénonciation de la totalité des accords sociaux par le PDG Emmanuel Hoog— drousseauafp (@Denis Rousseau)require(["twitter/widgets"]);De nombreux journalistes de quotidiens et sites d’information français – dont Le Monde – restent donc privés d’une de leurs sources d’information, l’agence étant complètement bloquée et l’envoi de toute dépêche empêché.Pourtant, jeudi, deux syndicats, la CFDT et le SNJ, majoritaires dans la rédaction, ont appelé à suspendre le mouvement de grève jusqu’au 20 juillet, date de reprise des négociations sur le nouvel accord d’entreprise, qui est à l’origine du conflit. Mais quatre autres syndicats (CGC, CGT, FO, SUD) ont appelé à poursuivre le mouvement, qui se traduit par plusieurs perturbations techniques.Dans une note envoyée à l’ensemble de la rédaction, jeudi, la directrice de l’information, Michèle Léridon, les énumère : « Pushmail bloqués sur les téléphones, bureaux qui ne reçoivent pas les agences nationales, climatisation et électricité coupées dans divers étages de la maison, système Symphonia [serveur photo et vidéo] bloqué. Une étrange “épidémie” affecte les outils techniques de la rédaction. » « Je demande solennellement à tous les personnels de ne pas porter atteinte à notre outil de travail et de garantir que chacun, en toute responsabilité, puisse décider de travailler ou pas », ajoute Mme Léridon.Jeudi, la direction avait également tenté de rassurer les personnels en expliquant qu’« à partir du 20 juillet, les organisations syndicales sont conviées à des réunions de négociation thématiques qui permettront d’étudier leurs contre-propositions afin de converger vers une position commune ». Elle s’est également engagée à « une augmentation salariale générale » en 2016.Vendredi, les syndicats ont décidé de suspendre leur mouvement jusqu’au mercredi 15 juillet.Dénonciation de 117 accordsÀ l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 1 350 salariés de droit français de l’AFP (sur 2 260) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis les années 1960.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Trois syndicats – CFDT, SNJ et SUD – sont entrés en négociation, mais d’autres, notamment la CGT, s’y opposent. Une situation qui n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais qui permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer.C’est pour éviter ce risque que la direction a choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.« On ne peut pas conduire une politique sociale et managériale cohérente sur la base de 117 accords différents », s’est défendu le PDG, Emmanuel Hoog, dans un entretien aux Echos, jeudi 9 juillet, ajoutant que « toute cette négociation se fait avec l’idée que l’emploi éditorial doit continuer à se développer, notamment dans le réseau international ».Lire l'entretien du PDG de l'AFP :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julia Pascual Le quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest a été condamné, mercredi 1er juillet, en première instance pour des faits de harcèlement sexuel. Et sur le fond, la décision de la juridiction tourangelle est inédite.« C’est la première fois qu’un conseil des prud’hommes ne déboute pas une salariée qui fait valoir que le harcèlement sexuel peut être constitué par des agissements qui ne lui sont pas directement destinés », souligne Marylin Baldeck, présidente de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT).Madame G. avait 25 ans de maison lorsqu’en 2012 son environnement de travail est devenu invivable à l’agence de Châteauroux. Le jugement des prud’hommes décrit « des propos à connotation sexuelle et sexiste [qui] sont proférés dans le cadre de l’agence », « des photos de femmes à forte poitrine [qui] sont installées en fond d’écran d’ordinateurs et des vidéos [qui] circulent par courriels » ou encore « des propos vulgaires et insultants à l’encontre d’une de ses collègues ».Licenciée pour inaptitudeL’AVFT, qui a défendu la journaliste, précise les choses dans un communiqué. Les trois collègues masculins de Mme G. s’interpellaient en usant de termes tels que « Petite bite, enculé de mes deux, grosse burne » ou encore « Ma chatounette, mes couilles ». Il leur arrivait de « mimer des rapports sexuels » ou de commenter leur week-end par un « Je vous ferai une photo bien dégueulasse de chatte en gros plan ». Sans s’adresser à Mme G., ils pouvaient dire d’une autre journaliste : « Ah celle-là, quelle sale pute ! Celle-là, si elle croit que c’est comme ça que je vais lui mettre un doigt, elle se trompe ».Lorsque Mme G. se plaint, l’un de ses collègues lui « reproche de manquer d’humour », explique le jugement des prud’hommes. Et un rédacteur en chef « lui fait comprendre qu’elle avait “cassé l’ambiance” ». La journaliste a beau alerter son employeur sur la « dégradation de ses conditions de travail », rien n’est fait. Poussée à bout, elle est mise en arrêt de travail par son médecin en janvier 2013. Elle est licenciée, pour inaptitude, un an et demi plus tard.Dans sa décision, le conseil des prud’hommes condamne La Nouvelle République du Centre-Ouest pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et harcèlement moral et sexuel. Le tribunal reproche en outre au journal de ne pas avoir mené d’enquête sur les agissements dénoncés par son employée. Une expertise commandée par le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), postérieure au départ de Mme G., a conclu notamment à l’absence d’une « politique clairement définie » en matière de prévention des risques psycho-sociaux.Mme G., elle, « est désormais contrainte, à 47 ans, d’envisager une reconversion professionnelle », conclut l’AVFT.Julia PascualJournaliste au Monde Gabriel Coutagne Les étals des commerçants ont remplacé la horde des camions de CRS. Porte de Vincennes, c’est jour de marché. Face à l’Hyper Cacher, clients et commerçants s’activent. Leurs voix, qui ont remplacé les sirènes, rendent lointain le bruit de la circulation du boulevard périphérique, pourtant tout proche.« Le souvenir du 9 janvier est toujours là, mais il commence un peu à s’estomper », confie Gérard, un habitant du quartier. Dans les allées du marché, les conversations portent plus volontiers sur la canicule qui frappe la région parisienne en ce début d’été. « Mais l’émotion reste présente », soupire le retraité, ses mains agaçant son paquet de cigarettes.De l’autre côté de l’avenue se dresse la supérette où a eu lieu l’attaque qui a coûté la vie à quatre otages. Depuis sa réouverture, le 15 mars dernier, le magasin accueille de nouveau ses clients. Comme pour gommer cet épisode tragique, sa devanture a été repeinte. Le logo, imprimé sur une bâche, se veut plus minimaliste. A l’intérieur, les nombreuses caméras de vidéosurveillance quadrillent chaque rayon du magasin.Lire : Réouverture de l'Hyper Cacher : les clients n'ont « sûrement pas » peurBarrièresL’Hyper Cacher reste toujours barricadé derrière plusieurs barrières, transformées en reposoirs pour quelques bouquets fanés ou affiches accrochées là en hommage aux victimes. Au sol, un bout de satin, sur lequel on lit encore les condoléances adressées au proches des victimes par l’ambassade des Etats-Unis.Au-delà des barrières, aucune voiture n’est autorisée à stationner, sauf un véhicule des forces de l’ordre. « Nous assurons la sécurité de l’établissement durant les horaires d’ouverture », explique l’un des deux policiers en faction devant l’entrée. Un dispositif allégé par rapport aux premières semaines qui ont suivi les attentats.« Les choses sont redevenues normales, mais les événements récents ont nourri un sentiment de peur, notamment parmi la communauté juive », raconte Catherine, une autre habitante du quartier. « La tension est encore palpable », poursuit-elle, en tournant son regard vers le magasin. Fleurs fanéesUn homme en tablier, employé de la charcuterie cacher voisine de la supérette, s’énerve quand on l’interroge sur le sujet. Il ne veux pas s’adresser à la presse : « Je m’en fous, j’ai pas besoin de ça », grogne-t-il, en tournant le dos. A quelques mètres, un autre homme barbu, kippa vissée sur la tête, est plongé dans la lecture d’un livre religieux. Il refuse, plus poliment, d’aborder le sujet.« Je connais des habitués de l’Hyper Cacher, et pour eux, qui connaissaient des victimes, c’est encore difficile », déclare Christophe, la trentaine élancée, avant de s’engouffrer dans le métro.Lire aussi :Yoav, Philippe, Yohan et François-Michel, les quatre otages tués porte de VincennesA huit stations de là, dans le 11e arrondissement de la capitale, on retrouve d’autres traces des événements de janvier. Au coin de la rue du Chemin-Vert et du boulevard Richard-Lenoir, deux barrières en métal protègent des dessins, de nombreux « Je suis Charlie », des bougies éteintes, des fleurs et des plantes asséchées, déposés en hommage aux victimes de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo. C’est à quelques pas de là que le policier Ahmed Merabet avait été abattu froidement par les frères Kouachi, pendant leur fuite.« Autrefois, on élevait des stèles ou des monuments », professe Nicolas, un jeune riverain qui se présente comme artiste. « On va sans doute installer une plaque commémorative », imagine-t-il. Le patron d’un café voisin est plus sceptique : « Les gens ne viennent plus trop ici pour se recueillir. L’esprit Charlie, c’est fini. » GraffitisAu 10, rue Nicolas-Appert – l’adresse de la rédaction de Charlie Hebdo jusqu’au 7 janvier 2015 –, la vie semble avoir repris un cours presque normal. La présence policière se fait discrète, même si, plusieurs fois par jour, deux gendarmes armés de fusils mitrailleurs viennent inspecter les lieux, d’un pas calme. Leur présence, imposée par le plan Vigipirate, vise aussi, selon eux, à rassurer : « On essaie de montrer qu’on est là. »Quatre graffitis au pochoir ornent un mur adjacent à l’immeuble. Ce sont des portraits, en noir et blanc. Ceux de Wolinski, Cabu, Charb et Tignous. Sur la façade du bâtiment, un autre clame « Je suis Charlie », comme un refrain devenu naturel. Des barrières empêchent les voitures de stationner dans la rue, comme à la porte de Vincennes. Elles semblent aussi imposer une petite frontière entre ceux qui travaillent toujours dans le bâtiment et les passants, venus en curieux.Lire : Attentat à « Charlie Hebdo » : « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète »« Ça va », rassure une jeune femme, descendue pour fumer une cigarette au pied du bâtiment, où elle travaille. « De toutes façons, il faut bien que ça aille… La vie reprend ses droits. » Même si elle reconnaît que les touristes sont désormais nombreux. Elle s’agace un peu de leur présence, « surtout ceux qui font des photos ». Couleurs« On est venus voir, en curieux, mais ce n’est pas pour cela qu’on est monté à Paris », se défend une mère de famille, venue d’Alès avec son époux et leurs trois enfants. « Nous vivions dans le quartier il y a quelques années, et l’événement nous a beaucoup touchés », reconnaissent-ils. L’aîné, un adolescent d’une quinzaine d’années, regarde longuement l’entrée par laquelle les frères Kouachi se sont engouffrés, les armes à la main, par un matin d’hiver. De son côté, Sonya, employée de mairie venue de Belgique, est émue, derrière ses lunettes noires. « Je suis venue sur les lieux pour voir », explique t-elle, d’une voix hésitante. « J’avais besoin de rendre tout cela réel. »Lire : Des attentats à la marche républicaine, cinq jours en FranceTrès vite, la rue Nicolas-Appert retrouve son calme. A certains moments, il arrive même qu’elle devienne totalement déserte, recueillie. Seuls quelques rires d’enfants viennent briser le silence. Ils viennent de la halte-garderie qui fait face à l’immeuble qui accueillait Charlie Hebdo. Comme partout dans Paris, des poteaux séparent les trottoirs de la chaussée. Mais, rue Appert, une main les a peints de couleurs vives. Comme pour signifier qu’une page est en train de se tourner. Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.07.2015 à 06h50 • Mis à jour le09.07.2015 à 09h59 | Edouard Launet La Revue des deux mondes fête cet été ses 186 ans, ce qui en fait sans doute la plus vieille revue européenne encore en activité. Ce journal du conservatisme éclairé se flatte d’avoir poursuivi une trajectoire « à distance des adhésions idéologiques dont les bilans désastreux parlent pour eux-mêmes ».Fondée en 1829, célèbre pour avoir accueilli des textes de Sand, Chateaubriand, Nerval, Dumas et autres grandes plumes du temps où elle était le rendez-vous littéraire du pays, la revue fut progressiste à ses débuts, soutenant la monarchie libérale de Louis-Philippe. Elle s’est raidie dès la révolution de 1848, puis n’a cessé d’évoluer vers « des positions politiques de plus en plus conservatrices sur le fond et modérées sur la forme qui la conduiront, par exemple, à une réserve plus que prudente pendant l’affaire Dreyfus, tout comme à se prononcer contre la guerre d’Espagne en 1936 », a naguère analysé Olivier Corpet, fondateur de La ­Revue des revues. Elle compte désormais moins de 5 000 abonnés, contre 40 000 juste avant la Grande Guerre.Pessimisme prophétique et réactionnaireDepuis cinq mois – depuis, exactement, que Valérie Toranian, ancienne directrice du magazine Elle, en a repris les rênes – la revue modérée a pris un drôle de tournant, servant à ses lecteurs des plats particulièrement relevés avec des interventions ou interviews d’Eric Zemmour, Michel Onfray, Michel Houellebecq, Régis Debray : c’est un festin du pessimisme prophétique et réactionnaire. Les couvertures agressives et la mise en scène des dossiers ne font pas dans la dentelle, ­tirant la revue vers la polémique à l’arme lourde. Le virage inquiète plusieurs ­contributeurs : ils y voient une rupture avec le ­patrimoine génétique de la revue.Il est vrai que sont désormais aux commandes deux anciens patrons de la presse magazine. Deux, oui, car Franz-Olivier Giesbert, ancien directeur du Point, compagnon à la ville de Valérie Toranian et ami du propriétaire de la revue Marc ­Ladreit de Lacharrière, a fait irruption en mars au comité de rédaction de façon specta­culaire puisque, aux dires de témoins ­effarés, ce fut pour FOG l’occasion d’une grande bouffée d’anti-intellectualisme ponctuée par ce mot d’ordre : « Il faut arrêter d’en­culer les mouches. » ­Lancée dans l’un des lieux les plus policés du débat ­intellectuel français, la phrase a fait sensation.Quelques attaques ad hominem (le grand islamologue Christian Jambet qualifié de « musulman fanatique » et l’éditeur Bernard ­Condominas de « censeur ») ont contribué à alourdir le climat. Deux membres du ­comité de rédaction se sont inquiétés de cette radicalisation au point de démissionner  : Bernard Condominas et l’écrivaine Edith de la ­Héronnière.Michel Crépu, qui a dirigé la revue pendant quinze ans avant de partir au début de l’année s’occuper de la gallimardienne NRF, craint ainsi que la Revue des deux mondes ne se transforme en « produit de marketing intellectuel ». Pour lui, le fond du problème est celui de la transmission : « La revue de la bourgeoisie ­cultivée française, dont le lecteur modèle était le proustien baron de Norpoix, ­semble avoir été abandonnée par les ­petits-enfants de Norpoix. »Le prophète ZemmourRupture ? Valérie Toranian s’en défend : « Nous voulons refaire de la revue un acteur pertinent et visible du débat d’idées, en phase avec son époque. Or il se trouve que les gens qui ont de l’audience aujourd’hui sont des pessimistes. » Quel degré d’adhésion avec les idées de ces plumes tonitruantes ? Dans le numéro de juin, Franz-Olivier Giesbert laissait poindre une sympathie, écrivant à la suite de l’interview d’Eric Zemmour : « Contrairement à Sartre, Barthes, Badiou, Althusser, il n’a jamais fait l’éloge d’une tyrannie sanguinaire, d’un système totalitaire, des camps de concentration ou de rééducation. » Et l’auteur du Suicide français a pour FOG cette qualité de ne pas être un « intellectuel »,mais un « prophète rongé par un pessimisme compulsif ».C’est d’ailleurs dans cette logique, semble-t-il, que la revue consacre son dossier de juillet-août aux écrivains prophètes avec, au premier rang, Michel Houellebecq. ­Valérie Toranian écrit : « Qu’il s’agisse de l’avenir du monde, de la littérature, des arts, de la technologie, des psychotropes ou de la ­société de consommation, les pensées ­visionnaires de ces auteurs, fruits de leurs doutes et de leurs angoisses, sont un remède à l’engourdissement politique et ­intellectuel. »Peut-être est-ce là la nouvelle idée-force : combattre la vacuité de l’époque par une angoisse radicale et bruyante. Plutôt les prophètes noirs que les penseurs encombrés de nuances. Mais alors, que va-t-il rester de cette ­Revue des deux mondes dans laquelle le narrateur d’A la recherche du temps perdu rêvait d’écrire ?Edouard Launet Alexis Delcambre La tablette est bien devenue un support qui compte dans l’accès à l’information et aux titres de presse. C’est un des enseignements de l’étude AudiPresse One Global publiée jeudi 9 juillet. Pour la première fois, ce baromètre trimestriel de l’audience des journaux intègre la lecture sur les tablettes, mesurée par l’institut Médiamétrie depuis début 2015 à partir d’un panel de 2 300 individus.Résultat : la tablette contribue pour 7 % à l’audience des marques de presse consultées par ce panel, ce qui est significatif. Médiamétrie estime que 10 millions environ des Français de 15 ans et plus (soit 18 %) utilisent ce support (parmi d’autres) pour s’informer. Sans surprise, le profil du lecteur sur tablette est assez sélectif : plutôt urbain, issu des catégories socioprofessionnelles supérieures, souvent membre d’un foyer comprenant un ou plusieurs enfants. On compte même 3 % d’utilisateurs qui n’ont recours qu’à la tablette (contre 6 % qui se contentent du mobile, 21 % qui se bornent à l’ordinateur et 54 % qui ne jurent que par le « print »).L’usage des tablettes contribue à développer la lecture de la presse. En effet, celle-ci n’a progressé, en un an, que de 0,4 % (en agrégeant les supports papier, Internet fixe et mobile). Mais, en ajoutant l’apport des tablettes, l’audience des titres concernés progresse en moyenne de 2,7 %. Cette progression atteint respectivement 8,9 % et 6,8 % pour les magazines d’information et les quotidiens nationaux.Lire aussi :L’audience du « Monde » toujours plus numériqueLa tablette apporte donc une audience complémentaire bien réelle. Mais celle-ci ne concerne pas tous les titres de presse. En effet, sur les 70 marques étudiées par AudiPresse One Global, seules quatorze ont enregistré une audience sur tablette suffisante pour être retenue. Il s’agit des grands titres d’actualité avec, par ordre décroissant d’audience, Le Figaro, Le Monde, 20 Minutes et L’Express, qui comptent chacun plus de 2 millions de lecteurs sur tablette.L’essor du mobile se poursuitMais le leader du classement n’est pas un titre d’actualité : il s’agit de Marmiton, qui est une application servicielle avant d’être un magazine, et qui compte plus de 3 millions d’utilisateurs. Derrière elle, on trouve Télé Loisirs, là encore une application majoritairement de service.Beaucoup d’autres titres ont une audience non significative sur les tablettes. Cela témoigne du fait que toutes les marques de presse n’ont pas encore suffisamment investi ce support, ou que les internautes y sont moins volatils que sur leur ordinateur ou leur smartphone.Si l’émergence de la tablette est réelle, elle continue de peser peu face à la grande tendance du moment, qui est l’explosion du mobile. En un an, la lecture des titres de presse y a progressé de 29 % ! Ce support est de loin celui qui se développe le plus pour toutes les grandes marques d’information.Sept d’entre elles dominent le classement, qui additionne donc les audiences print (2014), ordinateur, mobile et tablette (avril 2015). Au total, Le Figaro et 20 Minutes touchent environ 18 millions d’utilisateurs, devant Le Monde (environ 16 millions), Le Parisien (environ 15 millions) et, autour de 14 millions, L’Equipe, L’Obs et L’Express.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est désormais une certitude : une procédure disciplinaire va être engagée contre Agnès Saal, ex-présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dont les notes de taxi avaient précipité la chute, fin avril.« Je vais faire une demande au président de procédure disciplinaire à l’encontre d’Agnès Saal », a déclaré la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes médias, mercredi 8 juillet.Cette démarche fait suite à une enquête administrative interne qui avait été ouverte après les révélations concernant les frais de Mme Saal, en parallèle des deux enquêtes préliminaires ouvertes aux parquets de Créteil et Paris concernant ses mandats à l’INA et au Centre Pompidou. Cela signifie que cette enquête administrative a recueilli des éléments probants.La décision de Mme Pellerin ne préjuge pas d’une éventuelle sanction. La procédure est dite « contradictoire » et Agnès Saal fera donc entendre sa défense. Mais en théorie, si sanction il y a, cela pourrait aller jusqu’à son exclusion de la fonction publique.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le calme plat qui règne sur les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) va continuer jusqu’à, au moins, jeudi 9 juillet dans l’après-midi. Le mouvement de grève, qui touche l’agence de presse depuis mardi après-midi, a été prolongé de vingt-quatre heures, mercredi. Il prive ainsi plus longuement nombre de journalistes de quotidiens et sites d’information – dont Le Monde – d’une de leurs sources d’information.A l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 2 260 salariés de l’AFP (journalistes, techniciens, cadres…) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis la création de l’agence, en 1944.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Baisse des RTTDepuis la fin de 2013, trois syndicats – Confédération française démocratique du travail (CFDT), Syndicat national des journalistes (SNJ) et l’union syndicale Solidaires (SUD) – jouent le jeu de la négociation, mais d’autres, notamment la Confédération générale du travail (CGT), s’y opposent. Cette situation n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer. Pour éviter ce risque, la direction a aussi choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.Mais cette décision frustre les syndicats qui étaient déjà impliqués dans la négociation. « On ne comprend pas ce geste, c’est un acte de mépris pour les syndicats qui négocient », explique ainsi Benoît Fauchet, délégué syndical (SNJ). Et conforte les autres dans l’idée que la direction veut imposer des conditions de travail moins favorables, à l’image du passage des RTT de 18 à 7 jours ou de l’alignement des congés de tous sur ceux des journalistes (44 jours).Risques de divisions multiples« Cette dénonciation des accords intervient très opportunément dans la torpeur de l’été alors qu’Emmanuel Hoog [PDG de l’AFP] pense avoir les mains libres, maintenant que la course en vue de France Télévisions est terminée, que son mandat à l’AFP a été prorogé de trois à cinq ans (soit jusqu’en 2018 au lieu de 2016) et que son contrat d’objectifs et de moyens avec l’Etat a été signé », écrit le SNJ.Conséquence : une agence complètement bloquée, avec un blocage de l’envoi de toute dépêche. A la clé, des risques de divisions multiples, entre grévistes et non-grévistes, entre syndicats et entre catégories professionnelles.Lire l'entretien :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La scène était inédite : Vincent Bolloré n’était jamais venu à l’une des réunions des hauts cadres du groupe Canal+, comme il l’a fait lundi 6 juillet au soir. Et la circonstance était particulière : un dirigeant historique, le numéro deux, Rodolphe Belmer, avait été remercié trois jours auparavant par le nouveau président du conseil de surveillance de Vivendi.La centaine de cadres de Canal+ n’ont pas été déçus : selon nos informations, Vincent Bolloré n’a pas hésité à évoquer frontalement la direction de la chaîne et son PDG, Bertrand Meheut, présent en bonne place. Le patron de Vivendi a d’abord rendu un hommage à cet « ami » – breton comme lui – qui est arrivé quand Canal+ perdait 600 millions d’euros, alors que le groupe gagne 500 millions aujourd’hui. Mais il a aussi prévenu : M. Meheut ne pourra rester éternellement à la tête de Canal+, a dit en substance M. Bolloré, rappelant l’âge du dirigeant, 63 ans.Une gouvernance remaniéeDans la foulée, M. Bolloré a annoncé que la gouvernance de Canal+ serait remaniée en septembre, avec un directoire élargi. Beaucoup dans l’assistance y ont vu une porte ouverte au possible départ rapide de M. Meheut, pourtant conforté vendredi.Quant au déchu Rodolphe Belmer, M. Bolloré a raconté avoir observé Canal+ et sa direction, puis demandé des évolutions, avant de « trancher ». Mais l’industriel est allé plus loin en évoquant le conflit entre M. Meheut et M. Belmer, dont le duo était abîmé depuis que le premier avait promis sa succession au second, avant de se raviser. La discorde générait un dysfonctionnement auquel il fallait mettre fin, a argué M. Bolloré. Qui a raconté aux cadres présents que M. Meheut lui avait demandé la tête de son ancien numéro deux.Dans la salle, au siège d’un Canal+ habitué à une communication pesée, un langage aussi « cash » a suscité des vertiges. Mais aussi des applaudissements. M. Bolloré avait ce soir-là un message clair : vous étiez un bastion, mais je suis désormais le taulier et nous allons travailler ensemble. A bon entendeur…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) NME joue son va-tout : le mythique magazine britannique de musique, que se sont arraché des générations de jeunes branchés, va devenir gratuit. A partir de septembre, New Musical Express sera distribué dans les gares, les universités et des « partenaires de vente » dont la liste n’est pas précisée.Pour l’hebdomadaire, il s’agit d’une dernière tentative de retrouver sa gloire d’antan. Il sera distribué gratuitement à 300 000 exemplaires, ce qui était son niveau dans les années 1970. Actuellement, seulement 15 000 copies sont vendues chaque semaine, à 3,50 euros pièce.En multipliant par vingt sa diffusion, NME espère récupérer de la publicité et trouver un nouveau modèle économique. Il va aussi élargir son champ d’activité, pour couvrir l’ensemble de l’actualité culturelle et ne plus se limiter à la musique. « Des 63 ans de notre existence, c’est notre évolution la plus osée », explique Mike Williams, le rédacteur en chef.DéfricheurCréé en 1952 par Maurice Kinn, avec de l’argent de sa belle-mère, NME a toujours occupé une place à part dans le très actif paysage musical britannique. A son pic, dans les années 1970 et 1980, le magazine était l’incontournable bible de l’Underground. Il avait commencé dès les années 1950, avec la découverte du rock’n’roll alors qu’Elvis choquait encore.Toujours défricheur, il a longtemps évité de mettre en avant les stars du moment, préférant donner leur chance de jeunes groupes intéressants. Le déclin a commencé dès le début des années 1990, avec l’arrivée d’une série de mensuels comme Q, qui consacraient des articles à des groupes plus connus, qui attiraient finalement plus de lecteurs.Mais l’arrivée d’internet a accéléré le mouvement, en touchant doublement le magazine. D’une part, l’industrie de la musique s’est effondrée, avec le téléchargement illégal et depuis peu du « streaming ». D’autre part, le recensement des concerts est désormais réalisé en ligne. NME est progressivement devenu un magazine de niche, ultra-spécialisé.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.07.2015 à 20h17 • Mis à jour le30.07.2015 à 11h27 | Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.07.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.07.2015 à 17h57 Le groupe britannique Pearson a annoncé jeudi 23 juillet la vente du Financial Times (FT), le quotidien de référence des affaires, au groupe japonais Nikkei, pour 844 millions de livres (1,19 milliard d’euros). Quelques minutes auparavant, le quotidien avait affirmé, citant des personnes proches du dossier, que le géant allemand des médias Axel Springer était également en discussion « avancée » avec Pearson. Axel Springer, propriétaire notamment du tabloïd allemand Bild et du quotidien Die Welt, avait immédiatement démenti toute intention de racheter le FT.John Fallon, le directeur général du groupe, a expliqué, cité dans un communiqué :« Pearson a été fier d’être le propriétaire du “FT” pendant près de soixante ans. Mais nous avons atteint un point d’inflexion dans les médias, avec l’explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux. Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le “FT” d’assurer son succès journalistique et commercial est d’être membre d’une entreprise d’information numérique mondiale. »Le FT Group comprend le Financial Times et son site Internet, 50 % du magazine The Economist et une coentreprise en Russie avec le quotidien Vedomosti. Mais la transaction, qui pourrait être bouclée d’ici à la fin de l’année, ne comprend pas la part de 50 % dans The Economist Group ni l’immeuble du FT, sur le bord de la Tamise, dans le centre de Londres.Selon Pearson, FT Group a, en 2014, contribué à hauteur de 334 millions de livres au chiffre d’affaires et à hauteur de 24 millions au résultat opérationnel ajusté.L’édition en ligne représente 70 % de la diffusion totaleLundi, l’agence Bloomberg News, sans citer de source, avait écrit que si la transaction allait à son terme, le journal britannique, qui revendique une diffusion quotidienne de 720 000 exemplaires (éditions papier et Internet réunies), pourrait être valorisé jusqu’à 1 milliard de livres (1,44 milliard d’euros).L’édition en ligne du FT représente 70 % de sa diffusion totale, après avoir dépassé la diffusion papier en 2012. Au sein de cette version internet, la moitié des connexions se font par des applications mobiles, comme les smartphones et les tablettes. Ce passage vers le numérique est considéré comme un succès par les analystes, bien que le FT souffre de la concurrence de sites internet d’information économique gratuits et peine à s’imposer aux Etats-Unis.Il y a deux ans, Pearson avait formellement démenti des informations évoquant une possible vente du Financial Times au magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch et à l’émirat d’Abou Dhabi pour 1,2 milliard de dollars (1,11 milliard d’euros). 29.07.2015 à 20h17 • Mis à jour le30.07.2015 à 11h27 | Alexandre Piquard Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié, mercredi 29 juillet, l’étude « d’impact économique » qu’il a réalisée avant d’agréer – ou non – la vente controversée de la chaîne Numéro 23 au groupe NextRadioTV, pour 90 millions d’euros.L’autorité soumet cette étude à consultation publique, en vue de se prononcer « courant octobre 2015 » sur cette cession que certains estiment « spéculative » car elle génère une plus-value sur un canal accordé gratuitement en 2012.Peu d’impact sur la publicité ou les équilibres de la TNTSans surprise, sur le plan économique pur, l’étude du CSA n’anticipe que peu d’impacts susceptibles de bouleverser les équilibres en place, et donc d’empêcher la vente :« L’éventuelle acquisition de Numéro 23 par le groupe NextRadioTV ne viendrait pas modifier les équilibres de la TNT en termes de diversité des opérateurs, puisque la chaîne resterait dans le périmètre des opérateurs privés non adossés à une chaîne historique [comme TF1 ou M6] ».En effet, NextRadioTV, propriétaire de BFM-TV et RMC, se considère comme un « nouvel entrant » de l’audiovisuel, même s’il s’est depuis la vente associé à l’opérateur télécom Altice de Patrick Drahi.« Compte tenu des très faibles niveaux de recettes et de parts de marché publicitaires en jeu, cette opération n’est pas de nature à induire un changement manifeste dans les équilibres au sein du marché publicitaire », écrit aussi le rapport, qui n’envisage pas plus « d’effets concurrentiels négatifs » sur le marché des achats de droits de programmes. Numéro 23 ne fait en effet que 0,6 % de part d’audience, note le CSA.« Les aspects économiques sont le critère principal, estime une source proche de la chaîne. Nous progressons plutôt dans le bon sens et le calendrier s’éclaircit. »Un avertissement sur les « obligations »Pourtant, le CSA a tenu à inclure dans l’étude d’impact une dimension qui n’était pas évidente : le respect des « obligations ». En effet, argue le CSA, les autorisations d’émettre une antenne sont accordées gratuitement mais l’octroi de ce bien public a une « contrepartie » : les chaînes s’engagent à investir dans la création télévisuelle, à financer des documentaires ou des fictions et à respecter des objectifs « d’intérêt du public et de pluralisme ». Et ce, dans une perspective de « long terme », ajoute le CSA, alors que la chaîne a été revendue moins de trois ans après sa création.  « D’un point de vue plus global, l’agrément d’une telle opération, alors même que la valorisation du domaine public n’aurait pas été suffisante, pourrait sembler contraire à un bon usage du spectre 67 et donc contraire aux intérêts patrimoniaux de l’Etat ».Dans son raisonnement, le CSA s’appuie enfin sur un amendement voté au Sénat lui demandant justement de prendre en compte dans son agrément le respect des obligations. Un texte dont les parties concernées par la vente pensent toutefois qu’il pourrait ne pas être conservé par le gouvernement lors du passage en commission mixte paritaire puis à l’Assemblée nationale.Invoquer les obligations est un point plutôt négatif pour la chaîne, car le CSA rappelle notamment :« Qu’en 2014, Numéro 23 n’a pas respecté son engagement de favoriser la diversité des origines au sein de son offre cinématographique étrangère consistant à privilégier, parmi les cinématographies étrangères, celles provenant notamment d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ». La chaîne fait elle valoir que le cinéma est le seul domaine dans lequel elle ne respecte pas ses obligations. « NextRadioTV est prêt à prendre des engagements supplémentaires afin de renforcer les obligations en matière de diversité à l’antenne », a de son côté communiqué l’acheteur mercredi.Un éclaircissement attendu sur l’arrivée d’un actionnaire russeL’étude d’impact ne préjuge pas de la décision finale du CSA. Certaines sources proches du dossier estiment que l’institution cherche aussi à gagner du temps pour attendre la promulgation de la loi qui augmente à 20 % la taxe sur le prix de vente de chaînes de la TNT.Toutefois, pour avoir gain de cause, NextRadioTV et Pascal Houzelot (l’actionnaire principal de la chaîne, également membre du conseil de surveillance du Monde) devront encore passer un autre obstacle : le CSA a demandé un supplément d’instruction sur la présence d’un actionnaire russe au capital de la chaîne, le groupe audiovisuel UTH.L’autorité veut s’assurer qu’il n’a pas investi fin 2013 en vertu d’un engagement de revente ultérieure, alors qu’il est interdit de céder une chaîne moins de deux ans et demi après sa création. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative. Le rapport sur ce point est attendu le 16 septembre.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal+ d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart, mercredi 29 juillet, dans la foulée du magazine Society. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, ajoute le site.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission « Spécial Investigation », la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le « Grand Journal » sur Canal+, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses », pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de   « Cash Investigation », l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par l’agence Premières Lignes. « C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal+ a construit sa réputation sur l’indépendance », rajoute le journaliste, qui publie une tribune jeudi. Censuré sur Canal+, le documentaire a, selon Mediapart, trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal+.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal+ par Vincent Bolloré. L’industriel, qui a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le « Grand Journal » a été arrêté dans sa forme actuelle et « Les Guignols » sont passés en crypté. Les auteurs historiques de l’émission ont été également été remerciés. Des rumeurs donnent aussi sur le départ des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holzman, responsable des abonnements en France.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du « Grand journal » a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au “Grand Journal”, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animé par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus.Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal+ confiait ces derniers jours que l’ambiance ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remerciés « bouleversent » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.07.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.07.2015 à 17h57 Le groupe britannique Pearson a annoncé jeudi 23 juillet la vente du Financial Times (FT), le quotidien de référence des affaires, au groupe japonais Nikkei, pour 844 millions de livres (1,19 milliard d’euros). Quelques minutes auparavant, le quotidien avait affirmé, citant des personnes proches du dossier, que le géant allemand des médias Axel Springer était également en discussion « avancée » avec Pearson. Axel Springer, propriétaire notamment du tabloïd allemand Bild et du quotidien Die Welt, avait immédiatement démenti toute intention de racheter le FT.John Fallon, le directeur général du groupe, a expliqué, cité dans un communiqué :« Pearson a été fier d’être le propriétaire du “FT” pendant près de soixante ans. Mais nous avons atteint un point d’inflexion dans les médias, avec l’explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux. Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le “FT” d’assurer son succès journalistique et commercial est d’être membre d’une entreprise d’information numérique mondiale. »Le FT Group comprend le Financial Times et son site Internet, 50 % du magazine The Economist et une coentreprise en Russie avec le quotidien Vedomosti. Mais la transaction, qui pourrait être bouclée d’ici à la fin de l’année, ne comprend pas la part de 50 % dans The Economist Group ni l’immeuble du FT, sur le bord de la Tamise, dans le centre de Londres.Selon Pearson, FT Group a, en 2014, contribué à hauteur de 334 millions de livres au chiffre d’affaires et à hauteur de 24 millions au résultat opérationnel ajusté.L’édition en ligne représente 70 % de la diffusion totaleLundi, l’agence Bloomberg News, sans citer de source, avait écrit que si la transaction allait à son terme, le journal britannique, qui revendique une diffusion quotidienne de 720 000 exemplaires (éditions papier et Internet réunies), pourrait être valorisé jusqu’à 1 milliard de livres (1,44 milliard d’euros).L’édition en ligne du FT représente 70 % de sa diffusion totale, après avoir dépassé la diffusion papier en 2012. Au sein de cette version internet, la moitié des connexions se font par des applications mobiles, comme les smartphones et les tablettes. Ce passage vers le numérique est considéré comme un succès par les analystes, bien que le FT souffre de la concurrence de sites internet d’information économique gratuits et peine à s’imposer aux Etats-Unis.Il y a deux ans, Pearson avait formellement démenti des informations évoquant une possible vente du Financial Times au magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch et à l’émirat d’Abou Dhabi pour 1,2 milliard de dollars (1,11 milliard d’euros). Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.07.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.07.2015 à 17h57 Le groupe britannique Pearson a annoncé jeudi 23 juillet la vente du Financial Times (FT), le quotidien de référence des affaires, au groupe japonais Nikkei, pour 844 millions de livres (1,19 milliard d’euros). Quelques minutes auparavant, le quotidien avait affirmé, citant des personnes proches du dossier, que le géant allemand des médias Axel Springer était également en discussion « avancée » avec Pearson. Axel Springer, propriétaire notamment du tabloïd allemand Bild et du quotidien Die Welt, avait immédiatement démenti toute intention de racheter le FT.John Fallon, le directeur général du groupe, a expliqué, cité dans un communiqué :« Pearson a été fier d’être le propriétaire du “FT” pendant près de soixante ans. Mais nous avons atteint un point d’inflexion dans les médias, avec l’explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux. Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le “FT” d’assurer son succès journalistique et commercial est d’être membre d’une entreprise d’information numérique mondiale. »Le FT Group comprend le Financial Times et son site Internet, 50 % du magazine The Economist et une coentreprise en Russie avec le quotidien Vedomosti. Mais la transaction, qui pourrait être bouclée d’ici à la fin de l’année, ne comprend pas la part de 50 % dans The Economist Group ni l’immeuble du FT, sur le bord de la Tamise, dans le centre de Londres.Selon Pearson, FT Group a, en 2014, contribué à hauteur de 334 millions de livres au chiffre d’affaires et à hauteur de 24 millions au résultat opérationnel ajusté.L’édition en ligne représente 70 % de la diffusion totaleLundi, l’agence Bloomberg News, sans citer de source, avait écrit que si la transaction allait à son terme, le journal britannique, qui revendique une diffusion quotidienne de 720 000 exemplaires (éditions papier et Internet réunies), pourrait être valorisé jusqu’à 1 milliard de livres (1,44 milliard d’euros).L’édition en ligne du FT représente 70 % de sa diffusion totale, après avoir dépassé la diffusion papier en 2012. Au sein de cette version internet, la moitié des connexions se font par des applications mobiles, comme les smartphones et les tablettes. Ce passage vers le numérique est considéré comme un succès par les analystes, bien que le FT souffre de la concurrence de sites internet d’information économique gratuits et peine à s’imposer aux Etats-Unis.Il y a deux ans, Pearson avait formellement démenti des informations évoquant une possible vente du Financial Times au magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch et à l’émirat d’Abou Dhabi pour 1,2 milliard de dollars (1,11 milliard d’euros). 22.07.2015 à 23h30 • Mis à jour le23.07.2015 à 09h27 | Alexis Delcambre Dans une lettre ouverte adressée à François Hollande, mercredi 22 juillet, le personnel de 60 millions de consommateurs s’inquiète de la « révocation » prochaine de Fabienne Chol, la directrice générale de l’Institut national de la consommation (INC), qu’ils estiment certaine.Pour eux, « cette éviction suscite une grande inquiétude pour l’avenir, car nous pensons qu’elle laisse le champ libre aux personnes qui œuvrent à la disparition de l’INC et de son journal ».Cette inquiétude tire ses racines de plusieurs épisodes passés. En 2011, comme le rappelle Le Canard enchaîné dans son édition du 22 juillet, « Bercy voulait se débarrasser du magazine de la conso et le revendre à un groupe privé ». Cause présumée : une série d’articles sur l’inflation.En 2014, le personnel s’est à nouveau mobilisé contre un projet gouvernemental de séparation de l’activité presse de l’INC. Dans un contexte de réduction des dépenses publiques, l’édition d’un magazine ne semble plus une priorité.Lire l’article : « 60 millions de consommateurs » craint de nouveau pour son avenirAujourd’hui, le remplacement de leur directrice générale, passée par le cabinet de Valérie Précresse (Les Républicains), est à leurs yeux un nouveau signe de défiance à l’égard de leur mission et ce qui est pour eux « un magazine unique, fleuron du service public à la française ».« Attaqué depuis plusieurs années par sa propre tutelle, l’INC ne pourra pas résister bien longtemps à la nomination d’un directeur liquidateur », ont affirmé les salariés dans un communiqué.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le groupe audiovisuel français TF1 a annoncé, mercredi 22 juillet, la vente de ses 49 % dans la chaîne sportive paneuropéenne Eurosport au groupe américain de télévision payante Discovery Communications, pour la somme de 491 millions d’euros. Une opération qui devrait être réalisée « dans les prochains mois », a précisé TF1.Cette vente vient achever le désengagement de TF1 d’Eurosport, désormais propriété intégrale de l’américain Discovery. TF1 avait le choix entre exercer son option de vente des 49 % restants cette année, à un prix basé sur la transaction initiale de 2012 (valorisation globale de 902 millions d’euros), ou lui céder l’année prochaine, à un prix recalculé.La filiale de Bouygues a sans doute estimé que si elle temporisait, la valorisation pourrait être revue à la baisse, compte tenu de l’énorme engagement financier pris récemment par Eurosport, qui a acquis les droits de diffusion européens des quatre prochains Jeux olympiques.De quoi relativiser les pertesTF1 a également annoncé mercredi le rachat à Discovery des 20 % que le groupe détient dans les chaînes payantes TV Breizh, Histoire et Ushuaïa, pour un total de 14,6 millions d’euros.Avec cette acquisition, Discovery s’affirme un peu plus comme un géant mondial du sport, amené à lutter avec le qatari BeIN Sports pour les droits sportifs sur un marché en voie de globalisation. De son côté, TF1 voit sa trésorerie, déjà considérable, augmenter de 491 millions d’euros. A la fin de 2014, le trésor de guerre du groupe audiovisuel s’élevait à 497 millions d’euros. Il avoisinera donc le milliard d’euros cette année. De quoi relativiser les pertes occasionnées par le quotidien gratuit Metronews, qui a cessé en juillet de faire paraître son édition papier, ou LCI, en attente d’un éventuel réexamen de sa demande de passage en gratuit par le CSA. De quoi aussi relancer les rumeurs d’acquisitions que le groupe pourrait mener ces prochains mois, par exemple sur le front du numérique.Lire aussi :Pour Eurosport, « l’important, c’est de gagner »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Daniel Psenny Comme Vincent Bolloré l’avait assuré début juillet, « Les Guignols », dont la rumeur de la disparition avait suscité une vague de protestations, seront bien à l’antenne de Canal+ à la rentrée. Mais l’émission satirique ne sera plus diffusée en clair avant 20 heures, annonce le nouveau directeur général de la chaîne, Maxime Saada, dans un entretien au Figaro, jeudi 23 juillet : les marionnettes occuperont désormais une case cryptée, juste avant le prime time, vers 20 h 50.Lire aussi :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+Toutefois, l’émission sera toujours diffusée en clair le dimanche ainsi que sur Dailymotion, propriété de Vivendi, après sa diffusion sur Canal+. « Nous développons leur exposition. Nous considérons que c’est une pépite qui contribue à l’attractivité de la chaîne », commente M. Saada. « Il n’a jamais été question de les faire disparaître. C’est tout l’inverse. » Les 17 millions d’euros de budget du programme sont maintenus, et son passage en crypté a pour ambition de « donner plus de valeur aux abonnements ».Soulagement au sein de l’équipeCes annonces ont provoqué le soulagement au sein de l’équipe des « Guignols ». Même s’ils passent du clair au crypté, ils conservent le même temps d’antenne (de 7 à 8 minutes) au quotidien. « L’essentiel est que tout le monde puisse nous voir », confie un membre de l’équipe, en référence à la diffusion sur Dailymotion.Selon nos informations, la direction de Canal+ a donné la garantie aux auteurs d’aller au-delà de cette saison et d’être bien présents pour la prochaine élection présidentielle. « Bolloré considère que “Les Guignols” sont un actif important de la chaîne et souhaite même développer cette marque », explique-t-on dans l’équipe. La direction aurait ainsi évoqué de réaliser un film avec les marionnettes… « Nous garderons une totale liberté éditoriale et particulièrement dans le domaine politique », précisent-ils.De Caunes en renfortComme en atteste l’arbitrage pour « Les Guignols », Canal+ fait le choix de renforcer sa partie payante, pour faire face à l’érosion des abonnements. D’autres programmes passent au crypté, comme le magazine « L’Effet papillon ».Antoine de Caunes, qui ne sera plus aux commandes du « Grand Journal », animera quant à lui une émission de seconde partie de soirée (un « late-show » à l’américaine) à partir d’octobre, également diffusée en payant. Il sera entouré de Fred Testot et de l’équipe du « Gorafi ». Clin d’œil au manque de spontanéité pointé, lors de ses deux dernières saisons au « Grand Journal », cette émission portera le nom résilient d’« Antoine sans fiche ».Lire aussi :Bolloré impose de profonds changements au « Grand Journal » de Canal+Redonner envie de s’abonner est la priorité de cette nouvelle direction, qui veut aussi « proposer une douzaine de grands prime times » événementiels par an. « Nous avons, par exemple, un projet extrêmement ambitieux avec Jamel Debbouze, qui sera diffusé en crypté avant la fin de l’année avec des têtes d’affiche de tout premier plan », révèle M. Saada. « Il faut surprendre davantage les abonnés », résume-t-il, pointant en creux la monotonie de l’alternance actuelle entre films, séries et soirées foot.Le divertissement en identitéCôté tranche en clair, c’est Ali Baddou qui animera le programme dominical « Le Supplément », en remplacement de Maïtena Biraben, qui prend les rênes du « Grand Journal ». Celui-ci « mettra beaucoup plus l’accent sur les sujets culturels », tandis que la politique ne sera présente que « lorsque l’actualité le justifie ».On retrouve ici la vision de Vincent Bolloré, désireux de bâtir un géant du divertissement et de délaisser les matières jugées trop clivantes. Toutefois, comme déjà annoncé, « Le Petit Journal », nouveau foyer de l’impertinence Canal, devrait être « légèrement rallongé ».Tous ces changements, décidés bien après l’habituelle période de préparation des nouvelles saisons, vont amener Canal+ à décaler la mise en place de sa nouvelle grille. « Nous travaillons [avec Vincent Bolloré] en direct sur les sujets de la grille de programmes, qui démarrera le 7 septembre », explique M. Saada.Lire aussi :Vincent Bolloré parade chez Canal+Miser sur les piliers historiquesDans cet entretien, Maxime Saada explicite également la nouvelle stratégie du groupe, désormais bel et bien réinscrit dans l’orbite de son actionnaire Vivendi. « Canal+ veut investir massivement dans les contenus premium et diffuser ces contenus à l’international, développe M. Saada. Canal+ ne se cantonne plus à l’Hexagone ou même à l’Europe, mais a vocation à rayonner dans le monde entier. »Cette vision donne sens à ses yeux à la récente acquisition de Dailymotion, présenté comme le vecteur principal de ce déploiement. « Aujourd’hui, nous disposons, avec Dailymotion, d’une plate-forme numérique qui couvre l’Europe, les Etats-Unis et l’Asie, rappelle M. Saada. Nous disposons aussi d’actifs numériques comme l’appli My Canal ou Studio Bagel, qui cartonne sur YouTube. »Dans cette compétition désormais mondiale, face à des acteurs comme Netflix, BeIN ou Amazon, le Canal+ de Vincent Bolloré entend miser sur ses piliers historiques – le cinéma, le sport, la création originale – et « en ajouter un nouveau : les émissions de divertissement ».Le nouveau directeur général s’attache aussi à démentir le point de vue selon lequel Vincent Bolloré entendrait réduire les investissements : « Vivendi n’est pas dans une logique de réduction des coûts, mais dans une logique d’investissement dans les contenus et les talents. »Ainsi, estime-t-il, « Canal+ offrira [la saison prochaine] la plus riche saison de créations originales de son histoire », avec « la deuxième saison des Revenants, Panthers et le très attendu Versailles ». « Nous allons investir de 15 % à 20 % de plus par an pour atteindre un rythme de six à dix créations maison par an », annonce M. Saada, soucieux de rassurer les abonnés autant que le milieu de la production audiovisuelle, dont Canal+ est le principal argentier.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard C’était l’un des derniers postes à attribuer au sein de la nouvelle équipe composée par Delphine Ernotte, qui deviendra formellement présidente de France Télévisions le 24 août. Un poste sensible, celui de la direction de l’information, à deux ans de l’élection présidentielle de 2017, alors que l’entreprise publique est lancée dans un projet de fusion de ses rédactions baptisé « Info 2015 ».C’est notamment pour cette raison que le choix s’est finalement porté, selon nos informations, sur Pascal Golomer, titulaire de ce poste par intérim depuis le départ de Thierry Thuillier, le 1er juin. Présent à France Télévisions depuis vingt ans, M. Golomer était monté en grade dans le sillage de M. Thuillier, en devenant notamment directeur de la rédaction nationale de France 3, puis directeur délégué à l’information.Lire aussi :Thierry Thuillier quitte France Télévisions pour Canal +C’est clairement un choix de continuité, qui signifie que le projet « Info 2015 » n’est pas remis en cause. Outre la mise en œuvre de ce lourd chantier, M. Golomer aura à plancher sur le projet de chaîne d’information en continu, qui figure dans le programme de Mme Ernotte.Lire aussi :France Télévisions : Ernotte rêve d’une chaîne d’info en continu publiqueDe nombreux noms avaient circulé pour ce poste, comme ceux d’Etienne Leenhardt, rédacteur en chef service enquêtes et reportages de France 2, de Yannick Letranchant, directeur de France 3 Nord-Ouest, d’Agnès Vahramian, directrice adjointe de la rédaction de France 2, ou encore de Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2.Mme Ernotte a également sondé Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’information BFM-TV. A l’extérieur, on a aussi évoqué le nom de Fabien Namias, directeur général d’Europe 1, et de Catherine Mangin, directrice adjointe de l’information de la radio RTL.Toujours selon nos informations, Delphine Ernotte va également créer une direction commerciale unique pour couvrir France Télévisions Distribution (FTD), France Télévisions publicité (FTP) et Multimédia France Productions (MFP). Celle-ci sera confiée à une recrue externe : Laëtitia Recayte, venue de la société de production Newen, où elle est directrice générale de la distribution. Celle-ci est également présidente de TV France International, une association professionnelle chargée de promouvoir les productions audiovisuelles françaises à l’étranger. Le choix de créer cette nouvelle direction commerciale répond à la volonté de développer les recettes propres de l’entreprise, dans un contexte de réduction de la ressource publique.Ces deux noms viennent compléter un dispositif désormais exhaustif, à un mois de l’entrée en fonction officielle de Mme Ernotte.Lire aussi :Caroline Got, nouveau visage des programmes à France TélévisionsAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre « Une vision comptable étriquée et néfaste. » C’est en ces termes que les élus du comité central d’entreprise (CCE) de Radio France ont éreinté, mardi 21 juillet, les projets de leur direction, qui envisage « un éventuel plan de départs volontaires de 350 postes », comme le précisait récemment Mathieu Gallet dans un entretien au Monde.Lire aussi :Mathieu Gallet : « On ne peut pas être dans la maison tout en la critiquant »Trois mois après la fin de la longue grève qui a paralysé les antennes publiques, en mars et avril, la question de l’emploi ressurgit au sein de la Maison de la radio, à Paris. Les termes de l’équation sont connus : Radio France a inscrit, dans son budget initial pour 2015, un déficit de 21 millions d’euros, et prévoit un retour à l’équilibre « à horizon 2017 », comme le lui a demandé le gouvernement.Aux yeux de la direction, un effort sur la masse salariale est inéluctable. Celle-ci représente 55 % des charges de l’entreprise. Les équipes de Mathieu Gallet estiment qu’il faut économiser 24 millions d’euros sur les charges de personnel. Une provision de 28,5 millions d’euros a été prévue en 2015 pour parer au coût de cet éventuel plan de départs, et la trajectoire envisagée prévoit un retour aux bénéfices en 2017.Lire aussi :A Radio France, le dialogue a repris mais demeure « fragile »Mesures d’économiesMais des experts mandatés par les élus, issus du cabinet Tandem, émettent des doutes sur cette perspective. Dans un rapport que Le Monde a pu consulter, ils estiment qu’une partie des économies prévues par la direction de l’entreprise sont hypothétiques et que « le retour à l’équilibre des comptes de Radio France ne paraît pas atteignable en 2017 ».Mardi, la direction de l’entreprise a précisé quelques-uns des mesures d’économies qu’elle étudie : arrêt des émissions en ondes moyennes, fin 2015, et des longues ondes, fin 2016, révision du mode de diffusion de la radio Mouv’ (si l’objectif de 1 % d’audience n’est pas atteint mi-2016), économies sur les abonnements à la presse, réduction des CDD et des piges.Lire aussi :Après la grève, la réorganisation à Radio FranceSurtout, les experts du cabinet Tandem ont jeté une pierre dans le jardin de Mathieu Gallet en estimant qu’« un plan de départs volontaires n’est pas inéluctable, si le retour à l’équilibre est reporté à 2018 ». Ils s’appuient sur une estimation de l’« effet de noria », qui consiste à évaluer les économies engendrées par les départs en retraite de salariés, et leur remplacement par des employés plus jeunes, a priori moins bien rémunérés.Poursuite des échangesEn conjuguant cet effet à une politique de remplacement d’un seul départ en retraite sur deux, le cabinet Tandem juge que l’économie générée se situe entre 23,2 millions d’euros et 38,1 millions d’euros sur la période 2015-2019, et que cela peut donc permettre à l’entreprise de retrouver l’équilibre en 2018.Lire aussi :Radio France va recevoir une aide exceptionnelle de 80 millions d’eurosAu-delà de cette argumentation comptable, les experts assurent que la « mise en œuvre trop rapide d’un plan de départs volontaires casserait la dynamique impulsée par la mise en place de groupes de travail » qui réfléchissent actuellement, sous l’autorité d’un médiateur, à la réforme des modes de production, au réseau France Bleu et à la politique musicale.Le médiateur nommé par le gouvernement, Dominique-Jean Chertier, doit achever sa mission vendredi 24 juillet, mais il est prévu que ces groupes de travail poursuivent leurs échanges à la rentrée. Comment déterminer une organisation-cible sans que ces discussions soient allées à leur terme ? C’est l’argument de bon sens repris par les élus, qui préviennent également que « le climat social rend irréaliste la mise en place d’un plan de départs volontaires », dans une entreprise encore très marquée par le conflit du printemps.C’est pourquoi les syndicats ont demandé mardi aux administrateurs de Radio France « d’étudier l’hypothèse d’un retour à l’équilibre en 2018 sans plan de départs ». Une hypothèse dont la direction a estimé, mardi soir, qu’elle « mérite d’être approfondie ». « La question sera examinée avec les administrateurs, lors du prochain conseil d’administration du jeudi 23 juillet », a indiqué Radio France dans un communiqué.Question de confianceDe son côté, Fleur Pellerin a précisé qu’il n’y avait « pas d’injonction ». « Je n’ai jamais dit qu’il fallait revenir à l’équilibre le 31 décembre 2017, a déclaré la ministre, mercredi matin sur France Culture. J’ai parlé d’horizon 2017, pas de date butoir. » « Il n’y a pas de tabou à examiner un scénario de retour à l’équilibre ultérieur », a-t-elle ajouté, tout en prévenant vouloir avant tout « un scénario crédible ». Au ministère, on assure que cette approche est partagée par Bercy.De nouveau, la question est donc celle de la confiance envers la direction de Radio France et notamment son président, même si Fleur Pellerin répète qu’elle refuse « la personnalisation des choses ». Le jeu médiatique entre un PDG qui renvoie les arbitrages à « la tutelle » et un ministère qui affirme avoir été clair dans ses orientations, exprimées en avril dans une lettre de cadrage, menace de reprendre à tout moment.Mais cette fois, les deux parties se disent d’accord pour étudier la piste proposée par les élus. Cela fait écho aux conclusions du médiateur, qui devrait insister, dans son rapport présenté au conseil d’administration jeudi, sur la nécessaire réforme de l’entreprise, dans un esprit de concertation avec les salariés. Ce qui semble indispensable pour éviter un nouveau conflit à la rentrée.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) vont rester muets, ou en tout cas fortement perturbés, vingt-quatre heures de plus. Le mouvement de grève, qui touche l’agence de presse depuis mardi, a été prolongé jusqu’au vendredi 10 juillet, dans l’après-midi.AFP : le personnel vote en AG un 3ème jour de grève contre la dénonciation de la totalité des accords sociaux par le PDG Emmanuel Hoog— drousseauafp (@Denis Rousseau)require(["twitter/widgets"]);De nombreux journalistes de quotidiens et sites d’information – dont Le Monde – resteront donc privés d’une de leurs sources d’information, l’agence étant complètement bloquée, avec des piquets de grève sur les « desks », pour empêcher l’envoi de toute dépêche.Mais le front syndical s’est lézardé, jeudi. Le PDG, Emmanuel Hoog, s’est engagé à une augmentation générale des salaires en 2016. Majoritaires dans la rédaction, la CFDT et le SNJ ont dès lors appelé à suspendre le mouvement de grève jusqu’au 20 juillet, date de reprise des négociations sur le nouvel accord d’entreprise, qui est à l’origine du conflit.Par contre, quatre autres syndicats (CGC, CGT, FO, SUD) ont appelé à poursuivre le mouvement. Le degré de perturbation jeudi soir et vendredi reste donc incertain.Dénonciation de 117 accords sociaux par le PDGÀ l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 2 260 salariés de l’AFP (journalistes, techniciens, cadres…) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis la création de l’agence, en 1944.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Trois syndicats – Confédération française démocratique du travail (CFDT), Syndicat national des journalistes (SNJ) et l’union syndicale Solidaires (SUD) — sont entrés en négociation depuis la fin 2013, mais d’autres, notamment la Confédération générale du travail (CGT), s’y opposent. Une situation qui n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais qui permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer.Lire l'entretien du PDG de l'AFP :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Une décision qui intervient « dans la torpeur de l’été »C’est pour éviter ce risque que la direction a choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.Une décision qui a eu pour résultat le blocage complet de l’agence. Pour le SNJ – à l’origine de l’appel à la grève avec la CGT, la CFDT, FO, SUD et la CGC –« Cette dénonciation des accords intervient très opportunément dans la torpeur de l’été alors qu’Emmanuel Hoog [PDG de l’AFP] pense avoir les mains libres, maintenant que la course en vue de France Télévisions est terminée, que son mandat à l’AFP a été prorogé de trois à cinq ans [soit jusqu’en 2018 au lieu de 2016] et que son contrat d’objectifs et de moyens avec l’Etat a été signé ».Mercredi, la direction a appelé les salariés « à reprendre le travail afin que la place de l’AFP, 3e agence mondiale, ne soit pas compromise ». Les clients étrangers de l’agence ne sont pas impactés par cette grève qui concerne la production dédiée au marché français.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julia Pascual Le quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest a été condamné, mercredi 1er juillet, en première instance pour des faits de harcèlement sexuel. Et sur le fond, la décision de la juridiction tourangelle est inédite.« C’est la première fois qu’un conseil des prud’hommes ne déboute pas une salariée qui fait valoir que le harcèlement sexuel peut être constitué par des agissements qui ne lui sont pas directement destinés », souligne Marylin Baldeck, présidente de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT).Madame G. avait 25 ans de maison lorsqu’en 2012 son environnement de travail est devenu invivable à l’agence de Châteauroux. Le jugement des prud’hommes décrit « des propos à connotation sexuelle et sexiste [qui] sont proférés dans le cadre de l’agence », « des photos de femmes à forte poitrine [qui] sont installées en fond d’écran d’ordinateurs et des vidéos [qui] circulent par courriels » ou encore « des propos vulgaires et insultants à l’encontre d’une de ses collègues ».Licenciée pour inaptitudeL’AVFT, qui a défendu la journaliste, précise les choses dans un communiqué. Les trois collègues masculins de Mme G. s’interpellaient en usant de termes tels que « Petite bite, enculé de mes deux, grosse burne » ou encore « Ma chatounette, mes couilles ». Il leur arrivait de « mimer des rapports sexuels » ou de commenter leur week-end par un « Je vous ferai une photo bien dégueulasse de chatte en gros plan ». Sans s’adresser à Mme G., ils pouvaient dire d’une autre journaliste : « Ah celle-là, quelle sale pute ! Celle-là, si elle croit que c’est comme ça que je vais lui mettre un doigt, elle se trompe ».Lorsque Mme G. se plaint, l’un de ses collègues lui « reproche de manquer d’humour », explique le jugement des prud’hommes. Et un rédacteur en chef « lui fait comprendre qu’elle avait “cassé l’ambiance” ». La journaliste a beau alerter son employeur sur la « dégradation de ses conditions de travail », rien n’est fait. Poussée à bout, elle mise en arrêt de travail par son médecin en janvier 2013. Elle est licenciée, pour inaptitude, un an et demi plus tard.Dans sa décision, le conseil des prud’hommes condamne La Nouvelle République du Centre-Ouest pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et harcèlement moral et sexuel. Le tribunal reproche en outre au journal de ne pas avoir mené d’enquête sur les agissements dénoncés par son employée. Une expertise commandée par le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), postérieure au départ de Mme G., a conclu notamment à l’absence d’une « politique clairement définie » en matière de prévention des risques psycho-sociaux.Mme G., elle, « est désormais contrainte, à 47 ans, d’envisager une reconversion professionnelle », conclut l’AVFT.Julia PascualJournaliste au Monde Gabriel Coutagne Les étals des commerçants ont remplacé la horde des camions de CRS. Porte de Vincennes, c’est jour de marché. Face à l’Hyper Cacher, clients et commerçants s’activent. Leurs voix, qui ont remplacé les sirènes, rendent lointain le bruit de la circulation du boulevard périphérique, pourtant tout proche.« Le souvenir du 9 janvier est toujours là, mais il commence un peu à s’estomper », confie Gérard, un habitant du quartier. Dans les allées du marché, les conversations portent plus volontiers sur la canicule qui frappe la région parisienne en ce début d’été. « Mais l’émotion reste présente », soupire le retraité, ses mains agaçant son paquet de cigarettes.De l’autre côté de l’avenue se dresse la supérette où a eu lieu l’attaque qui a coûté la vie à quatre otages. Depuis sa réouverture, le 15 mars dernier, le magasin accueille de nouveau ses clients. Comme pour gommer cet épisode tragique, sa devanture a été repeinte. Le logo, imprimé sur une bâche, se veut plus minimaliste. A l’intérieur, les nombreuses caméras de vidéosurveillance quadrillent chaque rayon du magasin.Lire : Réouverture de l'Hyper Cacher : les clients n'ont « sûrement pas » peurBarrièresL’Hyper Cacher reste toujours barricadé derrière plusieurs barrières, transformées en reposoirs pour quelques bouquets fanés ou affiches accrochées là en hommage aux victimes. Au sol, un bout de satin, sur lequel on lit encore les condoléances adressées au proches des victimes par l’ambassade des Etats-Unis.Au-delà des barrières, aucune voiture n’est autorisée à stationner, sauf un véhicule des forces de l’ordre. « Nous assurons la sécurité de l’établissement durant les horaires d’ouverture », explique l’un des deux policiers en faction devant l’entrée. Un dispositif allégé par rapport aux premières semaines qui ont suivi les attentats.« Les choses sont redevenues normales, mais les événements récents ont nourri un sentiment de peur, notamment parmi la communauté juive », raconte Catherine, une autre habitante du quartier. « La tension est encore palpable », poursuit-elle, en tournant son regard vers le magasin. Fleurs fanéesUn homme en tablier, employé de la charcuterie cacher voisine de la supérette, s’énerve quand on l’interroge sur le sujet. Il ne veux pas s’adresser à la presse : « Je m’en fous, j’ai pas besoin de ça », grogne-t-il, en tournant le dos. A quelques mètres, un autre homme barbu, kippa vissée sur la tête, est plongé dans la lecture d’un livre religieux. Il refuse, plus poliment, d’aborder le sujet.« Je connais des habitués de l’Hyper Cacher, et pour eux, qui connaissaient des victimes, c’est encore difficile », déclare Christophe, la trentaine élancée, avant de s’engouffrer dans le métro.Lire aussi :Yoav, Philippe, Yohan et François-Michel, les quatre otages tués porte de VincennesA huit stations de là, dans le 11e arrondissement de la capitale, on retrouve d’autres traces des événements de janvier. Au coin de la rue du Chemin-Vert et du boulevard Richard-Lenoir, deux barrières en métal protègent des dessins, de nombreux « Je suis Charlie », des bougies éteintes, des fleurs et des plantes asséchées, déposés en hommage aux victimes de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo. C’est à quelques pas de là que le policier Ahmed Merabet avait été abattu froidement par les frères Kouachi, pendant leur fuite.« Autrefois, on élevait des stèles ou des monuments », professe Nicolas, un jeune riverain qui se présente comme artiste. « On va sans doute installer une plaque commémorative », imagine-t-il. Le patron d’un café voisin est plus sceptique : « Les gens ne viennent plus trop ici pour se recueillir. L’esprit Charlie, c’est fini. » GraffitisAu 10, rue Nicolas-Appert – l’adresse de la rédaction de Charlie Hebdo jusqu’au 7 janvier 2015 –, la vie semble avoir repris un cours presque normal. La présence policière se fait discrète, même si, plusieurs fois par jour, deux gendarmes armés de fusils mitrailleurs viennent inspecter les lieux, d’un pas calme. Leur présence, imposée par le plan Vigipirate, vise aussi, selon eux, à rassurer : « On essaie de montrer qu’on est là. »Quatre graffitis au pochoir ornent un mur adjacent à l’immeuble. Ce sont des portraits, en noir et blanc. Ceux de Wolinski, Cabu, Charb et Tignous. Sur la façade du bâtiment, un autre clame « Je suis Charlie », comme un refrain devenu naturel. Des barrières empêchent les voitures de stationner dans la rue, comme à la porte de Vincennes. Elles semblent aussi imposer une petite frontière entre ceux qui travaillent toujours dans le bâtiment et les passants, venus en curieux.Lire : Attentat à « Charlie Hebdo » : « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète »« Ça va », rassure une jeune femme, descendue pour fumer une cigarette au pied du bâtiment, où elle travaille. « De toutes façons, il faut bien que ça aille… La vie reprend ses droits. » Même si elle reconnaît que les touristes sont désormais nombreux. Elle s’agace un peu de leur présence, « surtout ceux qui font des photos ». Couleurs« On est venus voir, en curieux, mais ce n’est pas pour cela qu’on est monté à Paris », se défend une mère de famille, venue d’Alès avec son époux et leurs trois enfants. « Nous vivions dans le quartier il y a quelques années, et l’événement nous a beaucoup touchés », reconnaissent-ils. L’aîné, un adolescent d’une quinzaine d’années, regarde longuement l’entrée par laquelle les frères Kouachi se sont engouffrés, les armes à la main, par un matin d’hiver. De son côté, Sonya, employée de mairie venue de Belgique, est émue, derrière ses lunettes noires. « Je suis venue sur les lieux pour voir », explique t-elle, d’une voix hésitante. « J’avais besoin de rendre tout cela réel. »Lire : Des attentats à la marche républicaine, cinq jours en FranceTrès vite, la rue Nicolas-Appert retrouve son calme. A certains moments, il arrive même qu’elle devienne totalement déserte, recueillie. Seuls quelques rires d’enfants viennent briser le silence. Ils viennent de la halte-garderie qui fait face à l’immeuble qui accueillait Charlie Hebdo. Comme partout dans Paris, des poteaux séparent les trottoirs de la chaussée. Mais, rue Appert, une main les a peints de couleurs vives. Comme pour signifier qu’une page est en train de se tourner. Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.07.2015 à 06h50 • Mis à jour le09.07.2015 à 09h59 | Edouard Launet La Revue des deux mondes fête cet été ses 186 ans, ce qui en fait sans doute la plus vieille revue européenne encore en activité. Ce journal du conservatisme éclairé se flatte d’avoir poursuivi une trajectoire « à distance des adhésions idéologiques dont les bilans désastreux parlent pour eux-mêmes ».Fondée en 1829, célèbre pour avoir accueilli des textes de Sand, Chateaubriand, Nerval, Dumas et autres grandes plumes du temps où elle était le rendez-vous littéraire du pays, la revue fut progressiste à ses débuts, soutenant la monarchie libérale de Louis-Philippe. Elle s’est raidie dès la révolution de 1848, puis n’a cessé d’évoluer vers « des positions politiques de plus en plus conservatrices sur le fond et modérées sur la forme qui la conduiront, par exemple, à une réserve plus que prudente pendant l’affaire Dreyfus, tout comme à se prononcer contre la guerre d’Espagne en 1936 », a naguère analysé Olivier Corpet, fondateur de La ­Revue des revues. Elle compte désormais moins de 5 000 abonnés, contre 40 000 juste avant la Grande Guerre.Pessimisme prophétique et réactionnaireDepuis cinq mois – depuis, exactement, que Valérie Toranian, ancienne directrice du magazine Elle, en a repris les rênes – la revue modérée a pris un drôle de tournant, servant à ses lecteurs des plats particulièrement relevés avec des interventions ou interviews d’Eric Zemmour, Michel Onfray, Michel Houellebecq, Régis Debray : c’est un festin du pessimisme prophétique et réactionnaire. Les couvertures agressives et la mise en scène des dossiers ne font pas dans la dentelle, ­tirant la revue vers la polémique à l’arme lourde. Le virage inquiète plusieurs ­contributeurs : ils y voient une rupture avec le ­patrimoine génétique de la revue.Il est vrai que sont désormais aux commandes deux anciens patrons de la presse magazine. Deux, oui, car Franz-Olivier Giesbert, ancien directeur du Point, compagnon à la ville de Valérie Toranian et ami du propriétaire de la revue Marc ­Ladreit de Lacharrière, a fait irruption en mars au comité de rédaction de façon specta­culaire puisque, aux dires de témoins ­effarés, ce fut pour FOG l’occasion d’une grande bouffée d’anti-intellectualisme ponctuée par ce mot d’ordre : « Il faut arrêter d’en­culer les mouches. » ­Lancée dans l’un des lieux les plus policés du débat ­intellectuel français, la phrase a fait sensation.Quelques attaques ad hominem (le grand islamologue Christian Jambet qualifié de « musulman fanatique » et l’éditeur Bernard ­Condominas de « censeur ») ont contribué à alourdir le climat. Deux membres du ­comité de rédaction se sont inquiétés de cette radicalisation au point de démissionner  : Bernard Condominas et l’écrivaine Edith de la ­Héronnière.Michel Crépu, qui a dirigé la revue pendant quinze ans avant de partir au début de l’année s’occuper de la gallimardienne NRF, craint ainsi que la Revue des deux mondes ne se transforme en « produit de marketing intellectuel ». Pour lui, le fond du problème est celui de la transmission : « La revue de la bourgeoisie ­cultivée française, dont le lecteur modèle était le proustien baron de Norpoix, ­semble avoir été abandonnée par les ­petits-enfants de Norpoix. »Le prophète ZemmourRupture ? Valérie Toranian s’en défend : « Nous voulons refaire de la revue un acteur pertinent et visible du débat d’idées, en phase avec son époque. Or il se trouve que les gens qui ont de l’audience aujourd’hui sont des pessimistes. » Quel degré d’adhésion avec les idées de ces plumes tonitruantes ? Dans le numéro de juin, Franz-Olivier Giesbert laissait poindre une sympathie, écrivant à la suite de l’interview d’Eric Zemmour : « Contrairement à Sartre, Barthes, Badiou, Althusser, il n’a jamais fait l’éloge d’une tyrannie sanguinaire, d’un système totalitaire, des camps de concentration ou de rééducation. » Et l’auteur du Suicide français a pour FOG cette qualité de ne pas être un « intellectuel »,mais un « prophète rongé par un pessimisme compulsif ».C’est d’ailleurs dans cette logique, semble-t-il, que la revue consacre son dossier de juillet-août aux écrivains prophètes avec, au premier rang, Michel Houellebecq. ­Valérie Toranian écrit : « Qu’il s’agisse de l’avenir du monde, de la littérature, des arts, de la technologie, des psychotropes ou de la ­société de consommation, les pensées ­visionnaires de ces auteurs, fruits de leurs doutes et de leurs angoisses, sont un remède à l’engourdissement politique et ­intellectuel. »Peut-être est-ce là la nouvelle idée-force : combattre la vacuité de l’époque par une angoisse radicale et bruyante. Plutôt les prophètes noirs que les penseurs encombrés de nuances. Mais alors, que va-t-il rester de cette ­Revue des deux mondes dans laquelle le narrateur d’A la recherche du temps perdu rêvait d’écrire ?Edouard Launet Alexis Delcambre La tablette est bien devenue un support qui compte dans l’accès à l’information et aux titres de presse. C’est un des enseignements de l’étude AudiPresse One Global publiée jeudi 9 juillet. Pour la première fois, ce baromètre trimestriel de l’audience des journaux intègre la lecture sur les tablettes, mesurée par l’institut Médiamétrie depuis début 2015 à partir d’un panel de 2 300 individus.Résultat : la tablette contribue pour 7 % à l’audience des marques de presse consultées par ce panel, ce qui est significatif. Médiamétrie estime que 10 millions environ des Français de 15 ans et plus (soit 18 %) utilisent ce support (parmi d’autres) pour s’informer. Sans surprise, le profil du lecteur sur tablette est assez sélectif : plutôt urbain, issu des catégories socioprofessionnelles supérieures, souvent membre d’un foyer comprenant un ou plusieurs enfants. On compte même 3 % d’utilisateurs qui n’ont recours qu’à la tablette (contre 6 % qui se contentent du mobile, 21 % qui se bornent à l’ordinateur et 54 % qui ne jurent que par le « print »).L’usage des tablettes contribue à développer la lecture de la presse. En effet, celle-ci n’a progressé, en un an, que de 0,4 % (en agrégeant les supports papier, Internet fixe et mobile). Mais, en ajoutant l’apport des tablettes, l’audience des titres concernés progresse en moyenne de 2,7 %. Cette progression atteint respectivement 8,9 % et 6,8 % pour les magazines d’information et les quotidiens nationaux.Lire aussi :L’audience du « Monde » toujours plus numériqueLa tablette apporte donc une audience complémentaire bien réelle. Mais celle-ci ne concerne pas tous les titres de presse. En effet, sur les 70 marques étudiées par AudiPresse One Global, seules quatorze ont enregistré une audience sur tablette suffisante pour être retenue. Il s’agit des grands titres d’actualité avec, par ordre décroissant d’audience, Le Figaro, Le Monde, 20 Minutes et L’Express, qui comptent chacun plus de 2 millions de lecteurs sur tablette.L’essor du mobile se poursuitMais le leader du classement n’est pas un titre d’actualité : il s’agit de Marmiton, qui est une application servicielle avant d’être un magazine, et qui compte plus de 3 millions d’utilisateurs. Derrière elle, on trouve Télé Loisirs, là encore une application majoritairement de service.Beaucoup d’autres titres ont une audience non significative sur les tablettes. Cela témoigne du fait que toutes les marques de presse n’ont pas encore suffisamment investi ce support, ou que les internautes y sont moins volatils que sur leur ordinateur ou leur smartphone.Si l’émergence de la tablette est réelle, elle continue de peser peu face à la grande tendance du moment, qui est l’explosion du mobile. En un an, la lecture des titres de presse y a progressé de 29 % ! Ce support est de loin celui qui se développe le plus pour toutes les grandes marques d’information.Sept d’entre elles dominent le classement, qui additionne donc les audiences print (2014), ordinateur, mobile et tablette (avril 2015). Au total, Le Figaro et 20 Minutes touchent environ 18 millions d’utilisateurs, devant Le Monde (environ 16 millions), Le Parisien (environ 15 millions) et, autour de 14 millions, L’Equipe, L’Obs et L’Express.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est désormais une certitude : une procédure disciplinaire va être engagée contre Agnès Saal, ex-présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dont les notes de taxi avaient précipité la chute, fin avril.« Je vais faire une demande au président de procédure disciplinaire à l’encontre d’Agnès Saal », a déclaré la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes médias, mercredi 8 juillet.Cette démarche fait suite à une enquête administrative interne qui avait été ouverte après les révélations concernant les frais de Mme Saal, en parallèle des deux enquêtes préliminaires ouvertes aux parquets de Créteil et Paris concernant ses mandats à l’INA et au Centre Pompidou. Cela signifie que cette enquête administrative a recueilli des éléments probants.La décision de Mme Pellerin ne préjuge pas d’une éventuelle sanction. La procédure est dite « contradictoire » et Agnès Saal fera donc entendre sa défense. Mais en théorie, si sanction il y a, cela pourrait aller jusqu’à son exclusion de la fonction publique.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le calme plat qui règne sur les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) va continuer jusqu’à, au moins, jeudi 9 juillet dans l’après-midi. Le mouvement de grève, qui touche l’agence de presse depuis mardi après-midi, a été prolongé de vingt-quatre heures, mercredi. Il prive ainsi plus longuement nombre de journalistes de quotidiens et sites d’information – dont Le Monde – d’une de leurs sources d’information.A l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 2 260 salariés de l’AFP (journalistes, techniciens, cadres…) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis la création de l’agence, en 1944.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Baisse des RTTDepuis la fin de 2013, trois syndicats – Confédération française démocratique du travail (CFDT), Syndicat national des journalistes (SNJ) et l’union syndicale Solidaires (SUD) – jouent le jeu de la négociation, mais d’autres, notamment la Confédération générale du travail (CGT), s’y opposent. Cette situation n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer. Pour éviter ce risque, la direction a aussi choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.Mais cette décision frustre les syndicats qui étaient déjà impliqués dans la négociation. « On ne comprend pas ce geste, c’est un acte de mépris pour les syndicats qui négocient », explique ainsi Benoît Fauchet, délégué syndical (SNJ). Et conforte les autres dans l’idée que la direction veut imposer des conditions de travail moins favorables, à l’image du passage des RTT de 18 à 7 jours ou de l’alignement des congés de tous sur ceux des journalistes (44 jours).Risques de divisions multiples« Cette dénonciation des accords intervient très opportunément dans la torpeur de l’été alors qu’Emmanuel Hoog [PDG de l’AFP] pense avoir les mains libres, maintenant que la course en vue de France Télévisions est terminée, que son mandat à l’AFP a été prorogé de trois à cinq ans (soit jusqu’en 2018 au lieu de 2016) et que son contrat d’objectifs et de moyens avec l’Etat a été signé », écrit le SNJ.Conséquence : une agence complètement bloquée, avec des piquets de grève sur les « desks », pour empêcher l’envoi de toute dépêche. A la clé, des risques de divisions multiples, entre grévistes et non-grévistes, entre syndicats et entre catégories professionnelles.Lire l'entretien :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La scène était inédite : Vincent Bolloré n’était jamais venu à l’une des réunions des hauts cadres du groupe Canal+, comme il l’a fait lundi 6 juillet au soir. Et la circonstance était particulière : un dirigeant historique, le numéro deux, Rodolphe Belmer, avait été remercié trois jours auparavant par le nouveau président du conseil de surveillance de Vivendi.La centaine de cadres de Canal+ n’ont pas été déçus : selon nos informations, Vincent Bolloré n’a pas hésité à évoquer frontalement la direction de la chaîne et son PDG, Bertrand Meheut, présent en bonne place. Le patron de Vivendi a d’abord rendu un hommage à cet « ami » – breton comme lui – qui est arrivé quand Canal+ perdait 600 millions d’euros, alors que le groupe gagne 500 millions aujourd’hui. Mais il a aussi prévenu : M. Meheut ne pourra rester éternellement à la tête de Canal+, a dit en substance M. Bolloré, rappelant l’âge du dirigeant, 63 ans.Une gouvernance remaniéeDans la foulée, M. Bolloré a annoncé que la gouvernance de Canal+ serait remaniée en septembre, avec un directoire élargi. Beaucoup dans l’assistance y ont vu une porte ouverte au possible départ rapide de M. Meheut, pourtant conforté vendredi.Quant au déchu Rodolphe Belmer, M. Bolloré a raconté avoir observé Canal+ et sa direction, puis demandé des évolutions, avant de « trancher ». Mais l’industriel est allé plus loin en évoquant le conflit entre M. Meheut et M. Belmer, dont le duo était abîmé depuis que le premier avait promis sa succession au second, avant de se raviser. La discorde générait un dysfonctionnement auquel il fallait mettre fin, a argué M. Bolloré. Qui a raconté aux cadres présents que M. Meheut lui avait demandé la tête de son ancien numéro deux.Dans la salle, au siège d’un Canal+ habitué à une communication pesée, un langage aussi « cash » a suscité des vertiges. Mais aussi des applaudissements. M. Bolloré avait ce soir-là un message clair : vous étiez un bastion, mais je suis désormais le taulier et nous allons travailler ensemble. A bon entendeur…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) NME joue son va-tout : le mythique magazine britannique de musique, que se sont arraché des générations de jeunes branchés, va devenir gratuit. A partir de septembre, New Musical Express sera distribué dans les gares, les universités et des « partenaires de vente » dont la liste n’est pas précisée.Pour l’hebdomadaire, il s’agit d’une dernière tentative de retrouver sa gloire d’antan. Il sera distribué gratuitement à 300 000 exemplaires, ce qui était son niveau dans les années 1970. Actuellement, seulement 15 000 copies sont vendues chaque semaine, à 3,50 euros pièce.En multipliant par vingt sa diffusion, NME espère récupérer de la publicité et trouver un nouveau modèle économique. Il va aussi élargir son champ d’activité, pour couvrir l’ensemble de l’actualité culturelle et ne plus se limiter à la musique. « Des 63 ans de notre existence, c’est notre évolution la plus osée », explique Mike Williams, le rédacteur en chef.DéfricheurCréé en 1952 par Maurice Kinn, avec de l’argent de sa belle-mère, NME a toujours occupé une place à part dans le très actif paysage musical britannique. A son pic, dans les années 1970 et 1980, le magazine était l’incontournable bible de l’Underground. Il avait commencé dès les années 1950, avec la découverte du rock’n’roll alors qu’Elvis choquait encore.Toujours défricheur, il a longtemps évité de mettre en avant les stars du moment, préférant donner leur chance de jeunes groupes intéressants. Le déclin a commencé dès le début des années 1990, avec l’arrivée d’une série de mensuels comme Q, qui consacraient des articles à des groupes plus connus, qui attiraient finalement plus de lecteurs.Mais l’arrivée d’internet a accéléré le mouvement, en touchant doublement le magazine. D’une part, l’industrie de la musique s’est effondrée, avec le téléchargement illégal et depuis peu du « streaming ». D’autre part, le recensement des concerts est désormais réalisé en ligne. NME est progressivement devenu un magazine de niche, ultra-spécialisé.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.07.2015 à 15h31 • Mis à jour le06.07.2015 à 10h11 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre La tempête médiatique autour des « Guignols » masquait une bataille au sommet de Canal+, qui s’est soldée, vendredi 3 juillet, par le départ de son numéro deux, Rodolphe Belmer. Sa disgrâce a été prononcée par un communiqué de Vivendi, propriétaire du groupe, qui a nommé son adjoint, Maxime Saada, au poste de directeur général. Selon nos informations, le dernier rendez-vous entre Rodolphe Belmer et la direction de Vivendi s’est tenue mercredi pendant plus d’une heure. C’est à l’issue de cet entretien que Vincent Bolloré a pris sa décision.C’est un signe fort de reprise en main de la chaîne par le groupe de M. Bolloré, qui s’est néanmoins voulu rassurant sur l’avenir des célèbres marionnettes en latex. Le président du conseil de surveillance de Vivendi a expliqué, lors d’un comité d’entreprise, que leur survie était assurée. « Les Guignols font partie du patrimoine de Canal+ qui a été, je le rappelle, créé par Havas [dont l’homme d’affaires breton est également le premier actionnaire] il y a trente ans » et « il est hors de question de se priver de cet atout qui est la propriété du groupe », a-t-il ensuite précisé à l’Agence France-Presse. Tout en indiquant que « les dirigeants de Canal+ et de Vivendi devraient décider sous quel format et à quel moment ils devraient être distribués ».Pour Vivendi, la polémique des derniers jours était déplacée : la volonté de M. Bolloré n’était pas de supprimer « Les Guignols de l’info » pour des raisons politiques, mais plutôt d’envoyer un message fort à Canal+. L’industriel... La Matinale « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+ ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective n’est pourtant pas exclue. Hier, les internautes, attachés au journal télévisé parodique de « PPD » ont lancé une pétition en ligne intitulée « Non à la suppression des “Guignols de l’info” », qui a déjà réuni plus de 27 000 signataires depuis mercredi 1er juillet.Déprogrammation ou passage à un rythme hebdomadaire ? La rumeur inquiète également les politiques, qui se sont mobilisés pour sauver l’émission diffusée chaque jour depuis 1987. En visite officielle en Angola, François Hollande s’est exprimé sur le sujet vendredi 3 juillet :« Le temps où le président de la République disait ce qu’il y avait dans les programmes est révolu, mais la dérision, la caricature, ça fait partie du patrimoine. »L’ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault a tweeté : « Si même au pays de Rabelais et de Molière on ne protège plus le rire… » Benoît Hamon, philosophe, écrit : « Si les “Guignols” étaient supprimés la question serait : “Qui est la marionnette de qui ?” » De son côté, Cécile Duflot attaque directement Vincent Bolloré, le président de Vivendi, qui détient la chaîne : « C’est qui le bol… os qui veut arrêter “Les Guignols” ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant… »Mélenchon a également visé Bolloré dans un tweet, en le décrivant opportunément comme « l’ami de Hollande ». L’ancien premier ministre Alain Juppé a également pris la défense de l’émission satirique, allant jusqu’à changer l’avatar de son profil Twitter au profit d’une photo de sa marionnette : « J’aime me voir dans@LesGuignols. Nous avons besoin d’eux. #LesGuignols. »J'aime me voir dans @LesGuignols. Nous avons besoin d'eux. #LesGuignols— alainjuppe (@Alain Juppé)require(["twitter/widgets"]);Par l’intermédiaire de Patrick Bloche, le Parti socialiste (PS) a publié un communiqué dans lequel il « tient à souligner combien, depuis vingt-sept ans, “Les Guignols” contribuent activement au rôle fédérateur que doit jouer tout grand média audiovisuel, particulièrement quand la société est soumise à de multiples tensions ».Des politiques peu rancuniers envers une émission qui les moque chaque soir. Seul Gilbert Collard du Front national s’est réjoui de la nouvelle : « Le départ des “Guignols”, ces fonctionnaires du rire, perturbe l’addiction à la malfaisance des guignolards : ils mordent ! »Vive inquiétude chez Canal+Une vive inquiétude est montée au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier, mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. L’ancien président de Canal+, Pierre Lescure, a pour sa part démissionné du conseil d’administration d’Havas, propriété de Vincent Bolloré, « pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire ».Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe des « Guignols » assure que « Vincent Bolloré veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait. Cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience ».Dans les couloirs de la chaîne, le soupçon d’un oukase politique persiste, avec l’ombre d’une intervention de Nicolas Sarkozy demandant la mise au pas des « Guignols » comme un service à M. Bolloré.Interrogé par Le Monde, le porte-parole des Républicains, Sébastien Huyghe, a démenti une supposée intervention de l’ex-président visant à interrompre « Les Guignols de l’info » : « Je dénonce la volonté de mettre en cause Nicolas Sarkozy dans cette affaire », a affirmé le député du Nord, dénonçant « une manipulation ». Pour lui, « on essaie de politiser cette histoire pour essayer de tordre le bras à ceux qui sont amenés à prendre la décision d’interrompre ou non l’émission ». « La reconduction ou non des “Guignols” relève d’un strict choix industriel » et non politique, souligne-t-il. Et de conclure, en ironisant : « Si Nicolas Sarkozy avait une quelconque influence sur la politique éditoriale de Canal+, cela se saurait… »A l’instar de Jean-Marie Le Guen (PS), secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, d’autres politiques pensent que la décision de Bolloré relève d’un choix industriel. « Le problème est de savoir si la grille des programmes de Canal+ satisfait en termes d’audience. Ce n’est pas un problème politique », a-t-il assuré. Au sein de la chaîne, on se refuse à croire qu’il s’agit simplement de donner un nouvel élan au « Grand Journal ». Avec des pointes à 2 millions de téléspectateurs, « Les Guignols de l’info » totalisent 30 % de l’audience de la tranche.Une donnée qui n’a d’ailleurs pas dû échapper à la nouvelle directrice de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a offert l’asile politique aux plus célèbres marionnettes du PAF.Si......Les #GuignolsDeLinfo seront les bienvenus sur @Francetele— DelphineErnotte (@Delphine Ernotte)require(["twitter/widgets"]);La MatinaleJournaliste au Monde 02.07.2015 à 17h13 • Mis à jour le03.07.2015 à 08h17 L’ancien président de Canal+ a démissionné du conseil d’administration de Havas en réaction à la volonté prêtée à Vincent Bolloré, propriétaire de Havas, de mettre fin à l’émission « Les Guignols de l’info », selon L’Obs. « J’ai démissionné d’Havas en apprenant la nouvelle qu’il y avait une menace de suppression de l’émission, a précisé M. Lescure aux Échos. C’est aussi pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire… » 03.07.2015 à 15h31 • Mis à jour le06.07.2015 à 10h11 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre La tempête médiatique autour des « Guignols » masquait une bataille au sommet de Canal+, qui s’est soldée, vendredi 3 juillet, par le départ de son numéro deux, Rodolphe Belmer. Sa disgrâce a été prononcée par un communiqué de Vivendi, propriétaire du groupe, qui a nommé son adjoint, Maxime Saada, au poste de directeur général. Selon nos informations, le dernier rendez-vous entre Rodolphe Belmer et la direction de Vivendi s’est tenue mercredi pendant plus d’une heure. C’est à l’issue de cet entretien que Vincent Bolloré a pris sa décision.C’est un signe fort de reprise en main de la chaîne par le groupe de M. Bolloré, qui s’est néanmoins voulu rassurant sur l’avenir des célèbres marionnettes en latex. Le président du conseil de surveillance de Vivendi a expliqué, lors d’un comité d’entreprise, que leur survie était assurée. « Les Guignols font partie du patrimoine de Canal+ qui a été, je le rappelle, créé par Havas [dont l’homme d’affaires breton est également le premier actionnaire] il y a trente ans » et « il est hors de question de se priver de cet atout qui est la propriété du groupe », a-t-il ensuite précisé à l’Agence France-Presse. Tout en indiquant que « les dirigeants de Canal+ et de Vivendi devraient décider sous quel format et à quel moment ils devraient être distribués ».Pour Vivendi, la polémique des derniers jours était déplacée : la volonté de M. Bolloré n’était pas de supprimer « Les Guignols de l’info » pour des raisons politiques, mais plutôt d’envoyer un message fort à Canal+. L’industriel... La Matinale « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+ ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective n’est pourtant pas exclue. Hier, les internautes, attachés au journal télévisé parodique de « PPD » ont lancé une pétition en ligne intitulée « Non à la suppression des “Guignols de l’info” », qui a déjà réuni plus de 27 000 signataires depuis mercredi 1er juillet.Déprogrammation ou passage à un rythme hebdomadaire ? La rumeur inquiète également les politiques, qui se sont mobilisés pour sauver l’émission diffusée chaque jour depuis 1987. En visite officielle en Angola, François Hollande s’est exprimé sur le sujet vendredi 3 juillet :« Le temps où le président de la République disait ce qu’il y avait dans les programmes est révolu, mais la dérision, la caricature, ça fait partie du patrimoine. »L’ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault a tweeté : « Si même au pays de Rabelais et de Molière on ne protège plus le rire… » Benoît Hamon, philosophe, écrit : « Si les “Guignols” étaient supprimés la question serait : “Qui est la marionnette de qui ?” » De son côté, Cécile Duflot attaque directement Vincent Bolloré, le président de Vivendi, qui détient la chaîne : « C’est qui le bol… os qui veut arrêter “Les Guignols” ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant… »Mélenchon a également visé Bolloré dans un tweet, en le décrivant opportunément comme « l’ami de Hollande ». L’ancien premier ministre Alain Juppé a également pris la défense de l’émission satirique, allant jusqu’à changer l’avatar de son profil Twitter au profit d’une photo de sa marionnette : « J’aime me voir dans@LesGuignols. Nous avons besoin d’eux. #LesGuignols. »J'aime me voir dans @LesGuignols. Nous avons besoin d'eux. #LesGuignols— alainjuppe (@Alain Juppé)require(["twitter/widgets"]);Par l’intermédiaire de Patrick Bloche, le Parti socialiste (PS) a publié un communiqué dans lequel il « tient à souligner combien, depuis vingt-sept ans, “Les Guignols” contribuent activement au rôle fédérateur que doit jouer tout grand média audiovisuel, particulièrement quand la société est soumise à de multiples tensions ».Des politiques peu rancuniers envers une émission qui les moque chaque soir. Seul Gilbert Collard du Front national s’est réjoui de la nouvelle : « Le départ des “Guignols”, ces fonctionnaires du rire, perturbe l’addiction à la malfaisance des guignolards : ils mordent ! »Vive inquiétude chez Canal+Une vive inquiétude est montée au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier, mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. L’ancien président de Canal+, Pierre Lescure, a pour sa part démissionné du conseil d’administration d’Havas, propriété de Vincent Bolloré, « pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire ».Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe des « Guignols » assure que « Vincent Bolloré veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait. Cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience ».Dans les couloirs de la chaîne, le soupçon d’un oukase politique persiste, avec l’ombre d’une intervention de Nicolas Sarkozy demandant la mise au pas des « Guignols » comme un service à M. Bolloré.Interrogé par Le Monde, le porte-parole des Républicains, Sébastien Huyghe, a démenti une supposée intervention de l’ex-président visant à interrompre « Les Guignols de l’info » : « Je dénonce la volonté de mettre en cause Nicolas Sarkozy dans cette affaire », a affirmé le député du Nord, dénonçant « une manipulation ». Pour lui, « on essaie de politiser cette histoire pour essayer de tordre le bras à ceux qui sont amenés à prendre la décision d’interrompre ou non l’émission ». « La reconduction ou non des “Guignols” relève d’un strict choix industriel » et non politique, souligne-t-il. Et de conclure, en ironisant : « Si Nicolas Sarkozy avait une quelconque influence sur la politique éditoriale de Canal+, cela se saurait… »A l’instar de Jean-Marie Le Guen (PS), secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, d’autres politiques pensent que la décision de Bolloré relève d’un choix industriel. « Le problème est de savoir si la grille des programmes de Canal+ satisfait en termes d’audience. Ce n’est pas un problème politique », a-t-il assuré. Au sein de la chaîne, on se refuse à croire qu’il s’agit simplement de donner un nouvel élan au « Grand Journal ». Avec des pointes à 2 millions de téléspectateurs, « Les Guignols de l’info » totalisent 30 % de l’audience de la tranche.Une donnée qui n’a d’ailleurs pas dû échapper à la nouvelle directrice de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a offert l’asile politique aux plus célèbres marionnettes du PAF.Si......Les #GuignolsDeLinfo seront les bienvenus sur @Francetele— DelphineErnotte (@Delphine Ernotte)require(["twitter/widgets"]);La MatinaleJournaliste au Monde 02.07.2015 à 17h13 • Mis à jour le03.07.2015 à 08h17 L’ancien président de Canal+ a démissionné du conseil d’administration de Havas en réaction à la volonté prêtée à Vincent Bolloré, propriétaire de Havas, de mettre fin à l’émission « Les Guignols de l’info », selon L’Obs. « J’ai démissionné d’Havas en apprenant la nouvelle qu’il y avait une menace de suppression de l’émission, a précisé M. Lescure aux Échos. C’est aussi pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire… » 02.07.2015 à 10h28 • Mis à jour le02.07.2015 à 14h26 | Alexandre Piquard, Daniel Psenny et Alexis Delcambre « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+, sur laquelle ils apparaissent chaque jour depuis 1988 ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective ne semble pas exclue. Une vive inquiétude est en tout cas montée, depuis quelques jours, au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. Le mot-clé de la mobilisation a rapidement été repris des milliers de fois sur le réseau social et une pétition en ligne lancée.Beaucoup ne pouvait y croire hier mais @LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols— benjmorgaine (@Benjamin Morgaine)require(["twitter/widgets"]);Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe assure : « Vincent Bolloré [le président du conseil de surveillance de Vivendi, propriétaire de Canal+] veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait, cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience. » « Aucun commentaire sur des rumeurs »Plusieurs articles de presse, de Puremédias, puis de Metronews et des Inrocks, ont relayé cette version. Mais l’ancien des « Guignols » Bruno Gaccio nuance sur Twitter : « Rien n’a été annoncé aux “Guignols” encore. Donc, c’est une envie, pas un fait. » Un membre de l’équipe évoque l’hypothèse d’un passage de l’émission en hebdomadaire, le dimanche, « mais cela équivaudrait à nous tuer à petit feu », juge-t-il.Contacté, Vivendi ne confirme ni ne dément et « ne fait aucun commentaire sur des rumeurs ». Mais le groupe est entré dans une phase de réflexion sur la relance de Canal+, dont la dynamique n’est pas jugée satisfaisante, ce qui inclut de s’interroger sur l’avenir des « Guignols », entre autres. La direction de Canal+ ne s’exprime pas plus et évoque, elle aussi, des « rumeurs » autour du sort des marionnettes. Jeudi matin, le compte Twitter @CanalSat a démenti l’arrêt de l’émission, avant de se reprendre pour communiquer sur le thème « nous n’avons pas d’information ».Les fins de saison, périodes de renégociation des contrats des émissions, sont toujours des moments propices aux doutes. Et l’arrivée d’un nouvel homme fort dans le groupe, comme Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, nourrit les spéculations.« Un peu trop de dérision » selon BolloréDans le cas des « Guignols », l’inquiétude procède aussi des déclarations qu’a faites M. Bolloré sur « l’esprit Canal+ » : « C’est un esprit de découverte, d’ouverture, d’initiative », a-t-il décrit sur France Inter le 12 février, avant de déplorer : « Parfois, un peu trop de dérision ». « Je préfère quand ils sont plus dans la découverte que dans la dérision. Parce que parfois, c’est un peu blessant ou désagréable, avait-il dit des “Guignols” eux-mêmes. Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » data-tym-playerid="tym-player-x2h0932" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2h0932" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"« Les Guignols » n’avaient pas manqué, le soir même, de produire en plateau la marionnette du « nouveau patron », interrogé par celle du présentateur « PPD » sur la notion de « dérision acceptable ».Lors de l’assemblée générale des actionnaires de Vivendi, le 17 avril, M. Bolloré avait été interrogé, par un petit actionnaire, sur la ligne éditoriale et politique des chaînes du groupe, qui critiquent son « ancien ami Nicolas Sarkozy » et « stigmatisent un quart des Français ». Il avait botté en touche en renvoyant la question à Bertrand Méheut, le patron de Canal+, qui avait rappelé que la chaîne critique tous les partis. « Tout le monde considère que Canal est souvent dans la caricature et souvent excessive, cela fait partie de notre ligne », avait-il assumé. Symbolique et politiqueLa personnalité de M. Bolloré, homme d’affaires volontariste, connu pour souvent décider seul, ami de M. Sarkozy auquel il avait prêté son yacht en 2007, renforce la mobilisation autour de l’émission, érigée en emblème. « S’ils suppriment “Les Guignols” la semaine de la mort d’Alain de Greef, c’est énorme comme symbole », s’inquiète une source au « Grand Journal », en référence à l’artisan de « l’esprit Canal », disparu lundi 29 juin. « Sur le fond, s’en prendre aux derniers qui font de la satire à la télévision, l’année des attentats contre Charlie Hebdo, ce serait assez étonnant, ajoute-t-il. Si c’est vrai, à côté de cela, l’époque Jean-Marie Messier, c’est de la rigolade. Le groupe enterrerait le dernier symbole du Canal historique. »Lire aussi :Mort d’Alain de Greef, un des pionniers de Canal+Lire aussi :Esprit Canal, es-tu (encore) là ? data-tym-playerid="tym-player-x2wacdr" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2wacdr" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Jeudi matin, plusieurs personnalités politiques ont décidé d’entrer dans le feuilleton : « Soutien aux #Guignols de l’Info contre la censure de #Bolloré, l’ami de #Hollande », a tweeté Jean-Luc Mélenchon. « Dans tous les cas, il faut sauver [Les Guignols], ce côté acide aère l’actualité », a réagi le socialiste Claude Bartolone sur France Info. « C’est qui le bol… os qui veut arrêter@LesGuignols ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant », a lancé l’écologiste Cécile Duflot.Soutien aux #Guignols de l'Info contre la censure de #Bolloré, l'ami de #Hollande. #TouchePasAuxGuignols cc @LesGuignols— JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon)require(["twitter/widgets"]);C'est qui le bol...os qui veut arrêter @LesGuignols ? Un actionnaire qui n'aime pas l'ironie... pas rassurant... #TouchePasAuxGuignols— CecileDuflot (@Cécile Duflot)require(["twitter/widgets"]);« Le Grand Journal » en chantierLes tensions autour des « Guignols » interviennent alors que « Le Grand journal », l’émission phare de la chaîne dont ils sont un des temps forts, fait l’objet d’intenses réflexions. Son maintien ne semble pas en cause mais les spéculations vont loin : une source interne s’inquiète de l’avenir de Renaud Le Van Kim, le réalisateur historique, dans le nouveau Canal+ de Bolloré. Mais sa société productrice, KM, a déjà resigné avec la chaîne pour la saison prochaine, tout comme Antoine de Caunes, qui présente l’émission.L’érosion de l’audience du « Grand journal » est une réalité depuis deux saisons, sur fond de vieillissement du concept et de concurrence accrue des chaînes de la TNT, notamment de l’émission de Cyril Hanouna sur D8 (également propriété de Canal+). Cette saison, l’émission est passée sous la barre des 900 000 téléspectateurs. Une baisse qui n’a pas touché les « Guignols », dont la courbe d’audience reste stable et qui pèsent environ 30 % de l’audience de la tranche.La semaine dernière, la chaîne a confirmé que les deux chroniqueurs politiques Natacha Polony et Jean-Michel Aphatie ne seraient pas présents sur le plateau la saison prochaine et que « Le Grand Journal » démarrerait plus tôt en absorbant « Le Before », l’émission qui le précède. Des noms de nouveaux arrivants possibles ont été évoqués, comme Laurence Ferrari et Maïtena Biraben, actuelle figure du « Supplément », une autre émission de Canal+. Selon nos informations, confirmant celles des Puremédias, cette dernière figure bien parmi les hypothèses de travail.Canal+ ne peut plus ignorer VivendiMais qui conduit ces réflexions ? La rumeur prête à Vincent Bolloré une activité intense en la matière. Certains affirment qu’il contacterait lui-même des membres d’équipes ou des présentateurs, ce que Le Monde n’a pu avérer. De son côté, le producteur du « Grand Journal », Renaud Le Van Kim, mène également une réflexion avec ses équipes.Celle-ci a lieu sur fond de concurrence avec « Le Petit Journal » de Yann Barthès, produit par Laurent Bon – par ailleurs producteur de Mme Biraben. La rivalité entre les deux sociétés de production est vive et on prête au duo Barthès-Bon l’ambition de devenir le centre de gravité de toute la tranche horaire. Mais leur demande d’obtenir sept minutes de plus la saison prochaine a été retoquée, selon nos informations.Une chose est sûre, Canal+ avait pris l’habitude de vivre sans se préoccuper beaucoup de Vivendi, avec une direction forte incarnée par le tandem Bertrand Méheut et Rodolphe Belmer. La rumeur du départ de ce dernier est récurrente. La semaine dernière, plusieurs médias se sont aussi fait l’écho d’un possible départ de M. Méheut. Autant de rumeurs démenties par la chaîne.Lire aussi :Vivendi : Rodolphe Belmer confortéAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Le torchon brûle entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et Numericable-SFR. Selon nos informations, la Ville de Paris a transmis en date du 26 juin un courrier à l’opérateur télécoms lui enjoignant de démonter ses installations dans la capitale et de remettre en état les locaux occupés par le groupe, et ce, d’ici le 10 août. Ce qui ne serait pas sans conséquences pour les abonnés parisiens de l’opérateur, que ce soit pour le téléphone ou pour la télévision.Derrière le ton comminatoire, un différend entre la Ville de Paris et Numericable-SFR sur l’appréciation des sommes à acquitter par l’opérateur au titre des loyers pour l’occupation de locaux utilisés afin de déployer son réseau parisien. L’affaire remonte à 2009 et au refus de Numericable de signer, au contraire des autres opérateurs présents à Paris, une convention qui revoyait à la hausse les tarifs de ces redevances. Selon les chiffres communiqués par la Ville de Paris, les loyers acquittés par Numericable auraient dû augmenter en moyenne de 62 772 euros par an, ce qui n’a pas été le cas.Un occupant sans droit ni titreLa Ville de Paris et Numericable étant liés par une convention signée en 2005, c’est celle-ci qui a été appliquée jusqu’à son échéance le 10 février dernier. Et le groupe occupe donc actuellement des lieux sans droit ni titre. Si Numericable-SFR refuse de signer la convention de 2009, c’est que le groupe est en désaccord avec le mode de calcul proposé par la ville. « Nous souhaitons payer le juste prix, c’est-à-dire pour la surface que nous utilisons réellement », explique Jérôme Yomtov. Le secrétaire général de Numericable-SFR rappelle également que son groupe a investi « massivement à Paris et va continuer à le faire, dans la fibre comme dans la 4G ».Au lieu des 871,99 euros par mètre carré pour 2014 pour la surface totale des locaux mis à disposition définis dans la convention, le groupe souhaiterait bénéficier d’un tarif préférentiel et d’une assiette de calcul différente, explique la Ville de Paris. Un traitement que les services de la capitale ne semblent pas prêt à consentir, au nom du principe d’équité imposé réglementairement à la Ville envers tous les opérateurs. La collectivité ne peut accéder à cette demande sans également faire bénéficier de ce tarif les dix-sept autres opérateurs télécoms et risquer, ainsi, de voir les contentieux se multiplier et de devoir restituer des montants déjà perçus, explique-t-on dans l’entourage d’Anne Hidalgo.A ce premier différend s’en ajoute un autre relatif à des impayés constatés par la Ville de Paris et portant sur une période courant de 2008 à 2013. L’addition se monterait, selon la municipalité, à 8,37 millions d’euros et elle concernerait aussi bien Numericable que Completel, la filiale services aux professionnels de l’opérateur.InterconnexionsSelon des estimations de la Ville de Paris, la dépose des installations de Numericable pourrait affecter plusieurs millions de foyers. Ainsi pour le téléphone, l’ensemble des réseaux télécoms nationaux des opérateurs s’interconnectant à Paris, c’est la totalité des abonnés de Numericable qui pourraient être concernés, soit 1,7 million de clients, souligne la Ville de Paris. Laquelle fait également valoir que Bouygues Telecom louant le réseau de Numericable, ses clients – 380 000 abonnés – pourraient également être touchés. Pour la télévision, ce sont les Parisiens vivant dans les immeubles collectifs qui seraient principalement affectés car la télévision y arrive majoritairement par le réseau câblé, lequel est historiquement celui de Numericable.Dans le cas où Numericable continuerait à refuser de régulariser sa situation – en acquittant les impayés et en ratifiant la convention de 2009 –, ce conflit pourrait se traduire pour des millions de Français par un écran noir et des téléphones muets. La Ville de Paris se déclare en effet prête à procéder elle-même au retrait des installations à partir du 11 août prochain. Une menace tout de même bien difficile à mettre en œuvre, tant elle serait impopulaire.Anne EvenoJournaliste au Monde Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale) L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntakton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1 h 20 du matin, le visage du premier ministre, Alexis Tsipras, apparut à la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la “une” du journal de samedi. » L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont payés... Alexandre Piquard Il reste plusieurs obstacles à passer pour obtenir la validation de la vente controversée de Numéro 23 : le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit donner son agrément à la cession de la chaîne de Pascal Houzelot pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, se penche de près sur ce dossier. Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT.Le CSA a notamment saisi son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors d’Union européenne qui détient plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée.Le CSA se demande si UTH ne possède pas en réalité plus de 20 % des droits de vote dans Numéro 23. En effet, un pacte d’actionnaires a été noué début 2014, qui prévoit, notamment, que l’investisseur russe soit consulté pour les décisions importantes. Celui-ci possède un siège sur quatre au conseil de surveillance.Revente dès que possibleUne source proche de la chaîne assure qu’UTH ne possède aucun droit de blocage anormal et aucun droit au-delà de 20 %. Le pacte d’actionnaires n’est qu’une façon habituelle pour les minoritaires de protéger leurs droits et d’éviter que le majoritaire sorte de son business plan ou change d’activité, affirme-t-on. M. Houzelot – membre du conseil de surveillance du Monde – possède 70 % des droits de vote de Numéro 23. Et 15 % du capital est possédé par des entrepreneurs privés français, dont Bernard Arnault et Xavier Niel (actionnaire du Monde).Le Canard enchaîné pointe, mercredi 1er juillet, la présence d’un autre partenaire étranger : Qipco, un fonds d’investissement qatari, qui a prêté 5 millions d’euros. Mais une source proche de la chaîne affirme que ces obligations ne sont pas « convertibles » en actions.L’hebdomadaire assure que le pacte d’actionnaires prévoit la revente de la chaîne dès que possible, à partir de janvier 2015. Pour la direction de la chaîne, il ne s’agit là que d’une « clause de liquidité » donnant le droit à l’actionnaire russe de céder ses titres, sur lesquels M. Houzelot gardait un droit de préemption.Le rapporteur indépendant du CSA doit rendre un avis aux membres du collège, qui décideront. Ceux-ci se fonderont aussi sur l’étude d’impact économique en cours d’élaboration. Et devront évaluer l’importance d’un dernier point : si la chaîne a respecté ses obligations en matière de diversité, elle a été mise en demeure, le 26 juin, pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) L’extraordinaire saga familiale du clan Murdoch entre dans son dernier chapitre. Le 1er juillet, le vieux patriarche Rupert Murdoch, 84 ans, a vu son rêve se réaliser : ses deux fils adultes ont pris leurs nouvelles fonctions au plus haut niveau, prêts à lui succéder à la tête de son empire médiatique mondial. Non pas qu’il ait l’intention de passer la main. Le magnat de la presse et de la télévision demeure très actif et conserve le poste de vice-président exécutif.Mais la succession est désormais en ordre, ou presque. James Murdoch, le fils cadet de son second mariage, en sort le grand vainqueur. A 42 ans, l’abrasif et impatient rejeton devient le directeur général de 21st Century Fox, la société qui détient les activités dans la télévision et le cinéma (les chaînes Fox News et National Geographic, les studios de cinéma 20th Century Fox, une large participation dans le bouquet satellite Sky). Mais comme le pater familias aime à entretenir le flou et les rivalités, il a aussi donné un rôle clé à Lachlan, aîné de James de quinze mois. Celui-ci devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs.Lachlan devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs. Il conserve aussi son rôle de vice-président dans l’autre entreprise du groupe, News Corp, qui réunit les journaux – Wall Street Journal, The Times, The Sun, Harper Collins… –, et qui n’intéresse pas James.Mais il ne faut pas s’y méprendre. Derrière les déclarations publiques d’unité, James est en train de prendre le pouvoir. Il est basé à New York, au siège de 21st Century Fox, tandis que Lachlan est à Los Angeles, où se trouvent seulement les studios de cinéma.La gestion au quotidien sera du ressort du premier. Mais avec son père dans le bureau d’à côté et son frère au conseil d’administration, il n’aura pas une liberté de travail complète, loin de là.Lire aussi :Rupert Murdoch s’apprête à lâcher les rênes de la 21st Century Fox« Tous investis dans le succès des uns et des autres »« Les familles aristocrates britanniques ont un slogan : il faut avoir a heir and a spare[un héritier et un de rechange]. C’est ce que fait Rupert Murdoch », dit Claire Enders, directrice d’Enders Analysis, influente observatrice britannique des médias, qui a côtoyé le clan Murdoch. James confirmait à sa manière, le 25 juin, lors d’un passage à une conférence à Cannes : « Nous sommes tous investis dans le succès des uns et des autres. »Pour lui, le rebond est spectaculaire. En février 2012, sa réputation était détruite par le scandale des écoutes au tabloïd britannique News of the World. Devenu persona non grataparmi l’élite du Royaume-Uni, James quittait Londres pour se réfugier à New York, au siège du groupe. Le jeune loup, arrivé à Londres une décennie plus tôt, était à terre.Il est tombé à cause des journaux, mais il ne jure que par les nouvelles technologies et la télévision. Après des études arrêtées en cours de route à Harvard, et des débuts faussement rebelles à monter un label de musique de rap – vite racheté par son père –, il a fait sa carrière dans la télévision. Il débute à 27 ans à Star Television, l’antenne asiatique du groupe. A 30 ans, en 2003, il prend la tête de Sky, malgré l’opposition des actionnaires qui s’agacent de voir ce bambin diriger le premier groupe de diffusion par satellite d’Europe.« Vu comme un type sympa »Mais il impressionne. « Il a été visionnaire, avec quinze ans d’avance sur des groupes comme Canal + », dit Mme Enders. Comprenant que télévision, téléphonie et Internet vont converger, il investit dans les télécommunications pour diversifier Sky , qui devient une vache à lait pour le groupe. Couronné de ce succès, il prend, en 2007, la direction de toutes les affaires de l’empire familial hors des Etats-Unis, y compris les journaux britanniques.Lachlan, lui, a claqué la porte du groupe. Pressuré par son père, fragile, il est parti faire des affaires en Australie, et élever ses enfants en bas âge. « Il a tout fait pour avoir une vie normale, témoigne Justin Jameson, directeur de Venture Consulting, une société spécialisée dans les médias en Australie. Lui et Sarah [sa femme] étaient comme les autres parents à l’école, aidant à la cantine… Il est vu comme un type sympa. » Pendant que son frère mène cette vie familiale, James apparaît comme l’hériter évident.Ce dernier commence à agacer. Sec et brutal, il joue au baron des médias, faisant régner la terreur, tirant les ficelles de la société. Il reçoit dans son bureau debout derrière un pupitre, pour abréger les réunions. Ecouter n’est pas son fort. Eduqué aux Etats-Unis, il a horreur de la petite élite britannique. Il veut des résultats, et vite.« Il a grandi dans un monde où son père pouvait décrocher le téléphone pour appeler n’importe quel premier ministre », dit Mme Enders. Il adopte la même attitude dominante, multiplie les attaques contre ses rivaux et en particulier la détestée BBC, noue des alliances avec les leaders politiques, de Tony Blair à David Cameron.Un appétit féroceJusqu’à ce que cette envolée irrésistible soit stoppée net par le scandale de News of the World : un système d’écoutes téléphoniques à grande échelle, réalisé par les journalistes du tabloïd. La défense de James : il y a bien eu des écoutes et son groupe a bien tenté d’étouffer le scandale, mais il n’était pas au courant. Un comité parlementaire britannique conclut qu’il a fait preuve « d’aveuglement volontaire ».Parti à New York, il laisse passer la tempête. L’occasion de tourner la page se présente en juillet 2014, quand, à la surprise générale, Rebekah Brooks gagne son procès. Accusée d’avoir commandité les écoutes, l’ex-rédactrice en chef de News of the World, qui était la vraie patronne des journaux britanniques du groupe, est blanchie. La défense de James, qui consiste à plaider l’ignorance, devient plus solide. Dans la foulée, la justice américaine abandonne l’idée de poursuivre le groupe en justice pour corruption à l’étranger. Enfin, la victoire des conservateurs aux élections législatives britanniques de mai assure à la famille Murdoch la présence d’alliés au pouvoir à Londres.Dès lors, la voie est libre pour le retour officiel de l’enfant prodigue. Pendant l’été 2014, il conduit l’offre de rachat de Time Warner, qui aurait abouti à la création d’un géant du câble aux Etats-Unis. L’échec a été rapide et cuisant, mais il donne une idée de l’appétit féroce du fils cadet.James ne pourra cependant pas faire ce qu’il veut. « Il est généralement considéré que Rupert Murdoch va continuer à diriger tant qu’il est dans les parages », notent les analystes de Zacks Equity Research. A 84 ans, le vieux lion reste fringant et n’a pas dit son dernier mot.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.06.2015 à 18h14 • Mis à jour le01.07.2015 à 09h07 Jérôme Fenoglio sera le nouveau directeur du Monde. Son nom a été finalement retenu par les journalistes des rédactions du journal et du site, consultés, mardi 30 juin, lors d’un vote organisé par la Société des rédacteurs du Monde (SRM), conformément aux statuts de désignation d’un directeur du journal dans l’entreprise.Selon ces statuts, pour être élu directeur et nommé au directoire de la Société éditrice du Monde (SEM), le candidat proposé par les actionnaires de la holding Le Monde libre (Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse, qui détiennent la majorité des capitaux de la SEM) doit atteindre une majorité de 60 % de votes positifs de la part des membres de la société des rédacteurs.Mardi 30 juin, les journalistes membres de la SRM se sont prononcés à plus de 60 % en faveur de Jérôme Fenoglio. Ce dernier sera donc nommé directeur du Monde pour un mandat de six ans, lors d’un conseil de surveillance extraordinaire qui devrait se tenir jeudi 2 juillet.Jérôme Fenoglio, 49 ans, occupait ces derniers mois le poste de directeur des rédactions, après être passé, depuis son entrée au Monde en 1991, par de nombreux services (rédacteur en chef du Monde.fr, grand reporter, rédacteur en chef du Monde 2, reporter au service Sciences, chef du service Société, chargé de la rubrique Exclusion, reporter au service Sports).Un premier vote sur le nom de Jérôme Fenoglio avait eu lieu le 13 mai : il n’avait recueilli que 55 % de votes positifs. S’en était suivi la démission du directeur par intérim du journal, Gilles Van Kote. Les actionnaires de la holding Le Monde libre avaient ensuite annoncé, le 15 juin, qu’ils souhaitaient qu’un nouveau vote ait lieu sur le nom de Jérôme Fenoglio.Ce processus était intervenu dans le cadre du renouvellement du directeur du Monde, initié un an auparavant après la démission de l’ancienne directrice, Natalie Nougayrède. Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse avaient alors confié à Gilles Van Kote le soin d’assurer l’intérim, ce qu’il a fait pendant près d’un an. Alexis Delcambre L’idéal olympique formulé par le baron Pierre de Coubertin en 1908 ne s’applique pas au marché des droits sportifs. Dans cette discipline, l’important, c’est de gagner, plus que de participer. David Zaslav, le PDG de Discovery Communications, l’a bien compris. La maison mère d’Eurosport vient de mettre 1,3 milliard d’euros sur la table pour acquérir les droits de diffusion européens des quatre prochains Jeux olympiques (JO) (soit sur la période 2018-2024), et sur tous les supports.L’irruption d’Eurosport sur ce marché vient rompre de vieux équilibres. Jusqu’ici, le Comité international olympique (CIO), détenteur des droits, s’accordait avec l’ Union européenne de radio-télévision (UER, un consortium de diffuseurs européens parmi lesquels la BBC, France Télévisions ou l’allemand ARD) ou directement avec ces chaînes. Cette fois, ces dernières ont été doublées par un concurrent américain, un géant de la télévision payante, qui réalise près de 6 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros) de chiffre d’affaires par an et consacre 2 milliards d’euros annuels aux achats de droits et de programmes.Ces chiffres permettent de mesurer la puissance nouvelle d’Eurosport, une ancienne possession de TF1 dont Discovery est devenu l’actionnaire majoritaire en 2014. Outre la force de frappe financière, la chaîne a joué de deux autres atouts : sa présence dans plus de cinquante pays européens, et son développement numérique – avec Eurosport.com et son service Eurosport Player.Mutation à grande vitesseSeules exceptions à cet accord : la Russie, et les droits de diffusion en France et au Royaume-Uni (pour 2018 et 2020), déjà attribués à France Télévisions et à la BBC. « Nous sous-traiterons une partie des droits », a rassuré M. Zaslav lors d’une conférence de presse, lundi 29 juin. Le CIO impose que 200 heures de programmes, pour les Jeux d’été, et 100 heures, pour ceux d’hiver, soient remis sur le marché à l’intention de chaînes gratuites. « Mais encore faut-il s’accorder sur le prix », pointe Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions.Première leçon de cet accord : Discovery n’est pas venu sur le marché européen pour faire de la figuration. Si Eurosport touche déjà 220 millions d’Européens, le potentiel estimé pour les JO est de 700 millions. Le Vieux Continent est le « marché émergent » que veut occuper le groupe américain, comme l’a encore répété M. Zaslav en mai, lors d’un passage à Roland-Garros.Seconde leçon : le marché des droits sportifs mute à grande vitesse. Pour la première fois de son histoire, le CIO a cédé les droits d’un continent en bloc, et non pays par pays. Comme pour certains films ou séries, la mondialisation est en marche, et elle écarte de la compétition les acteurs de taille nationale, au bénéfice des réseaux internationaux comme Eurosport ou BeIN Sports. En février, la chaîne qatari avait ainsi acquis les droits de la Coupe Davis de tennis pour le monde entier. C’est aussi cette compétition que TF1 n’a pas voulu jouer, en sortant d’Eurosport. Participer ne sert à rien, il faut gagner.Lire aussi :JO 2020 : le stade olympique de Tokyo va coûter 1,8 milliard d’eurosAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Fin de polémique en Israël pour Orange. L’opérateur télécoms français a annoncé dans un communiqué, mardi 30 juin, être parvenu à un accord avec l’entreprise israélienne Partner afin de redéfinir un « cadre à leur relation ». Derrière cette expression pudique, c’est la fin programmée du partenariat entre les deux entreprises qui s’esquisse, quelques semaines après une polémique, qui a vu Orange se retrouver au cœur d’une tempête médiatico-diplomatique.Selon le communiqué, le nouveau contrat qui lie les deux groupes « accorde à Partner et à Orange le droit de résilier l’accord de licence de marque Orange actuellement en vigueur. Si Partner n’exerce pas son droit de résiliation dans un délai de 12 mois, Partner ou Orange pourront alors résilier l’accord de licence de marque au cours des 12 mois suivants ».Orange versera 40 millions d’euros à Partner à la signature du contrat et un paiement additionnel de 50 millions d’euros devra être acquitté, si l’accord de licence de marque est résilié dans un délai de 24 mois.Violence des réactionsAu début du mois de juin, en déplacement au Caire, Stéphane Richard, le PDG d’Orange avait déclaré que, s’il le pouvait, il déciderait dès « demain » le retrait d’Orange d’Israël. Ces propos avaient été interprétés comme une volonté de quitter le pays et semblaient faire écho aux appels au boycottage lancés contre l’Etat hébreu.Devant la levée de boucliers suscitée, le patron de l’opérateur de téléphonie français avait tenu à rappeler que son groupe n’était pas lui-même directement présent en Israël. Le seul enjeu, soulignait M. Richard, était celui du retrait de l’usage de la marque Orange par la société Partner.Orange dispose en effet en Israël d’un accord de licence avec cet opérateur, qui utilise dans ce cadre la marque en échange d’une redevance. Cet accord date toutefois de 1998, c’est-à-dire lorsque cette marque était encore la propriété du groupe chinois Hutchison, deux ans avant son rachat par France Télécom.Face à la violence des réactions en Israël, M. Richard avait été contraint de se rendre en Israël afin de s’expliquer en tête à tête avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.Lire aussi :Polémique avec Israël : le PDG d’Orange s’explique, Nétanyahou s’enflamme« Nouveau cadre de partenariat » L’accord annoncé mardi permet donc à Orange de récupérer l’usage de sa marque dans les deux ans alors que l’actuel contrat prévoyait que son partenaire israélien en bénéficie jusqu’en 2025.« Orange se réjouit de ce nouveau cadre de partenariat », commente Pierre Louette, directeur général adjoint d’Orange, selon qui « Israël est un pays important, stratégiquement parlant. Nous avons établi avec ce pays une relation durable, par le biais notamment des activités innovantes conduites par les filiales Orange présentes sur place. »L’Etat hébreu est le seul pays dans lequel Orange est présent sans exploiter lui-même sa marque. Ainsi, contrairement aux autres pays, l’incubateur d’Orange pour les start-up en Israël (Fab Israel) n’affiche pas le nom du groupe.Dans le cas où l’accord avec Partner serait résilié, l’ensemble des activités de recherche et développement (R&D) et d’innovation de l’opérateur français en Israël passeraient sous la marque Orange.Anne EvenoJournaliste au Monde 03.07.2015 à 15h31 • Mis à jour le04.07.2015 à 10h20 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre La tempête médiatique autour des « Guignols » masquait une bataille au sommet de Canal+, qui s’est soldée, vendredi 3 juillet, par le départ de son numéro deux, Rodolphe Belmer. Sa disgrâce a été prononcée par un communiqué de Vivendi, propriétaire du groupe, qui a nommé son adjoint, Maxime Saada, au poste de directeur général. Selon nos informations, le dernier rendez-vous entre Rodolphe Belmer et la direction de Vivendi s’est tenue mercredi pendant plus d’une heure. C’est à l’issue de cet entretien que Vincent Bolloré a pris sa décision.C’est un signe fort de reprise en main de la chaîne par le groupe de M. Bolloré, qui s’est néanmoins voulu rassurant sur l’avenir des célèbres marionnettes en latex. Le président du conseil de surveillance de Vivendi a expliqué, lors d’un comité d’entreprise, que leur survie était assurée. « Les Guignols font partie du patrimoine de Canal+ qui a été, je le rappelle, créé par Havas [dont l’homme d’affaires breton est également le premier actionnaire] il y a trente ans » et « il est hors de question de se priver de cet atout qui est la propriété du groupe », a-t-il ensuite précisé à l’Agence France-Presse. Tout en indiquant que « les dirigeants de Canal+ et de Vivendi devraient décider sous quel format et à quel moment ils devraient être distribués ».Pour Vivendi, la polémique des derniers jours était déplacée : la volonté de M. Bolloré n’était pas de supprimer « Les Guignols de l’info » pour des raisons politiques, mais plutôt d’envoyer un message fort à Canal+. L’industriel juge qu’il faut faire évoluer fortement la grille de la chaîne, dont l’audience est en repli.Changements à venirDans ce contexte, la partie diffusée en clair – qui inclut « Le Grand Journal » et « Les Guignols de l’info » – est susceptible de connaître des changements. Le passage de l’émission satirique quotidienne à une périodicité hebdomadaire est une hypothèse, mais pas la seule. L’horaire de diffusion pourrait être une autre variable et l’idée d’un passage en payant, comme produit d’appel pour générer de l’abonnement, existe également.« C’est une petite victoire, réagissait, vendredi, un membre de l’équipe des « Guignols ». Mais si on nous passe le dimanche pendant vingt minutes, on nous tue quand même. Les Guignols, c’est une émission quotidienne. » Mettre en question le statut des « Guignols » ou du « Grand Journal » est aussi clairement pour M. Bolloré une façon de secouer le management actuel. Rodolphe Belmer était le numéro deux du groupe depuis douze ans et patron des programmes de la chaîne. Or la volonté affichée par Vivendi de réformer les programmes entre en conflit avec certaines décisions déjà prises par la direction de Canal+ pour la saison prochaine. M. Bolloré parle ainsi de transformer le « Grand Journal », or le contrat a déjà été renouvelé avec KM, la société de production de Renaud Le Van Kim, qui réalise et produit l’émission depuis 2004. Par ailleurs, Canal+ a récemment racheté la société qui crée les marionnettes des « Guignols » et l’a accueillie dans ses locaux.Le groupe de télévision payante et gratuite a certes de bons résultats, mais est confronté à différents défis, notamment sa branche Canal+ France. Les coûts des programmes sportifs ont ainsi augmenté, en raison de l’offensive de la chaîne beIN Sports. La concurrence change, avec notamment l’arrivée de Netflix. Enfin, les abonnements en France ne progressent pas, voire sont en léger recul.Pour répondre à cette situation, il faut réformer Canal+, pense le groupe Vivendi, et l’une des solutions est de réduire les coûts. D’où la piste évoquée en comité d’entreprise, vendredi 3 juillet, de favoriser si nécessaire la production interne. Un message qui peut s’appliquer par exemple au « Grand Journal », produit par la société externe KM. Une émission qui est jugée coûteuse (100 000 euros par jour, selon Challenges) et dont l’audience baisse. Renaud Le Van Kim, réalisateur du « Grand Journal », a rencontré le nouveau directeur général, Maxime Saada, vendredi soir. Il a indiqué qu’il n’était pas question d’arrêter le « “Grand Journal” à ce stade ». La production et la direction de Canal + doivent reprendre contact dans quelques jours.« Bolloré soulève le tapis et voit qu’il y a des contrats généreux qui n’ont pas été renégociés depuis une éternité, analyse un salarié. Enfin on a un vrai actionnaire qui prend les dossiers en main. » A l’heure où un plan social de 39 personnes est en cours dans le groupe, les employés sont sensibles à ce discours en faveur de la production interne.ImprévisibleLa reprise en main brutale de Canal+ par Vincent Bolloré a lieu après une période d’observation de plusieurs mois. Vivendi estime avoir, depuis l’automne, envoyé des messages demandant des réformes. Des messages qui, à ses yeux, ont été insuffisamment pris en compte.M. Bolloré est fidèle à sa réputation d’imprévisibilité : quand il est arrivé, tout le monde s’est posé la question de l’avenir de Bertrand Meheut, 64 ans et de Rodolphe Belmer, 45 ans, le duo qui a depuis 2002 redressé la chaîne après l’ère Jean-Marie Messier. Le premier avait désigné le second comme dauphin, avant de se raviser. M. Bolloré a d’abord conforté M. Meheut, puis il a donné des nouvelles fonctions dans le groupe à M. Belmer, placé à la tête d’une nouvelle division baptisée « Vivendi Contents », chargé de développer de nouveaux formats, avec Canal+ mais aussi Universal Music et Studio Canal, la filiale de production. Ce signe de confiance n’a pas empêché qu’il soit sacrifié vendredi… « sur la recommandation » de M. Meheut, pointe perfidement le communiqué de Vivendi.Depuis 2002, Canal+ (qui, en plus d’activités de production de cinéma, possède les chaînes gratuites D8 et D17) avait pris l’habitude de vivre en autonomie. Désormais, le groupe prend une importance croissante. Outre Vivendi Contents, M. Bolloré a récemment lancé Vivendi Village, qui regroupe les diversifications comme la billetterie, mais se veut aussi pépinière de petites entités comme Watchever, plate-forme de vidéo concurrente de Netflix en Allemagne. Une activité qui aurait pu en théorie être rattachée à Canal+, comme la plate-forme de vidéo Dailymotion, mais les deux ont été intégrées à Vivendi. « A l’extrême, on pourrait imaginer que Vivendi incarne le groupe au sein duquel Canal+ redevient une simple chaîne », estime un bon connaisseur de la maison.Le nouveau patron de Vivendi a franchi une nouvelle étape dans sa prise de pouvoir. « M. Bolloré n’aime pas les gens qui lui disent non, rappelle cette source. C’est ce qui s’est joué ces derniers jours. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La Matinale « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+ ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective n’est pourtant pas exclue. Hier, les internautes, attachés au journal télévisé parodique de « PPD » ont lancé une pétition en ligne intitulée « Non à la suppression des “Guignols de l’info” », qui a déjà réuni plus de 27 000 signataires depuis mercredi 1er juillet.Déprogrammation ou passage à un rythme hebdomadaire ? La rumeur inquiète également les politiques, qui se sont mobilisés pour sauver l’émission diffusée chaque jour depuis 1987. En visite officielle en Angola, François Hollande s’est exprimé sur le sujet vendredi 3 juillet :« Le temps où le président de la République disait ce qu’il y avait dans les programmes est révolu, mais la dérision, la caricature, ça fait partie du patrimoine. »L’ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault a tweeté : « Si même au pays de Rabelais et de Molière on ne protège plus le rire… » Benoît Hamon, philosophe, écrit : « Si les “Guignols” étaient supprimés la question serait : “Qui est la marionnette de qui ?” » De son côté, Cécile Duflot attaque directement Vincent Bolloré, le président de Vivendi, qui détient la chaîne : « C’est qui le bol… os qui veut arrêter “Les Guignols” ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant… »Mélenchon a également visé Bolloré dans un tweet, en le décrivant opportunément comme « l’ami de Hollande ». L’ancien premier ministre Alain Juppé a également pris la défense de l’émission satirique, allant jusqu’à changer l’avatar de son profil Twitter au profit d’une photo de sa marionnette : « J’aime me voir dans@LesGuignols. Nous avons besoin d’eux. #LesGuignols. »J'aime me voir dans @LesGuignols. Nous avons besoin d'eux. #LesGuignols— alainjuppe (@Alain Juppé)require(["twitter/widgets"]);Par l’intermédiaire de Patrick Bloche, le Parti socialiste (PS) a publié un communiqué dans lequel il « tient à souligner combien, depuis vingt-sept ans, “Les Guignols” contribuent activement au rôle fédérateur que doit jouer tout grand média audiovisuel, particulièrement quand la société est soumise à de multiples tensions ».Des politiques peu rancuniers envers une émission qui les moque chaque soir. Seul Gilbert Collard du Front national s’est réjoui de la nouvelle : « Le départ des “Guignols”, ces fonctionnaires du rire, perturbe l’addiction à la malfaisance des guignolards : ils mordent ! »Vive inquiétude chez Canal+Une vive inquiétude est montée au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier, mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. L’ancien président de Canal+, Pierre Lescure, a pour sa part démissionné du conseil d’administration d’Havas, propriété de Vincent Bolloré, « pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire ».Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe des « Guignols » assure que « Vincent Bolloré veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait. Cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience ».Dans les couloirs de la chaîne, le soupçon d’un oukase politique persiste, avec l’ombre d’une intervention de Nicolas Sarkozy demandant la mise au pas des « Guignols » comme un service à M. Bolloré.Interrogé par Le Monde, le porte-parole des Républicains, Sébastien Huyghe, a démenti une supposée intervention de l’ex-président visant à interrompre « Les Guignols de l’info » : « Je dénonce la volonté de mettre en cause Nicolas Sarkozy dans cette affaire », a affirmé le député du Nord, dénonçant « une manipulation ». Pour lui, « on essaie de politiser cette histoire pour essayer de tordre le bras à ceux qui sont amenés à prendre la décision d’interrompre ou non l’émission ». « La reconduction ou non des “Guignols” relève d’un strict choix industriel » et non politique, souligne-t-il. Et de conclure, en ironisant : « Si Nicolas Sarkozy avait une quelconque influence sur la politique éditoriale de Canal+, cela se saurait… »A l’instar de Jean-Marie Le Guen (PS), secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, d’autres politiques pensent que la décision de Bolloré relève d’un choix industriel. « Le problème est de savoir si la grille des programmes de Canal+ satisfait en termes d’audience. Ce n’est pas un problème politique », a-t-il assuré. Au sein de la chaîne, on se refuse à croire qu’il s’agit simplement de donner un nouvel élan au « Grand Journal ». Avec des pointes à 2 millions de téléspectateurs, « Les Guignols de l’info » totalisent 30 % de l’audience de la tranche.Une donnée qui n’a d’ailleurs pas dû échapper à la nouvelle directrice de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a offert l’asile politique aux plus célèbres marionnettes du PAF.Si......Les #GuignolsDeLinfo seront les bienvenus sur @Francetele— DelphineErnotte (@Delphine Ernotte)require(["twitter/widgets"]);La MatinaleJournaliste au Monde 02.07.2015 à 17h13 • Mis à jour le03.07.2015 à 08h17 L’ancien président de Canal+ a démissionné du conseil d’administration de Havas en réaction à la volonté prêtée à Vincent Bolloré, propriétaire de Havas, de mettre fin à l’émission « Les Guignols de l’info », selon L’Obs. « J’ai démissionné d’Havas en apprenant la nouvelle qu’il y avait une menace de suppression de l’émission, a précisé M. Lescure aux Échos. C’est aussi pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire… » 02.07.2015 à 10h28 • Mis à jour le02.07.2015 à 14h26 | Alexandre Piquard, Daniel Psenny et Alexis Delcambre « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+, sur laquelle ils apparaissent chaque jour depuis 1988 ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective ne semble pas exclue. Une vive inquiétude est en tout cas montée, depuis quelques jours, au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. Le mot-clé de la mobilisation a rapidement été repris des milliers de fois sur le réseau social et une pétition en ligne lancée.Beaucoup ne pouvait y croire hier mais @LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols— benjmorgaine (@Benjamin Morgaine)require(["twitter/widgets"]);Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe assure : « Vincent Bolloré [le président du conseil de surveillance de Vivendi, propriétaire de Canal+] veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait, cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience. » « Aucun commentaire sur des rumeurs »Plusieurs articles de presse, de Puremédias, puis de Metronews et des Inrocks, ont relayé cette version. Mais l’ancien des « Guignols » Bruno Gaccio nuance sur Twitter : « Rien n’a été annoncé aux “Guignols” encore. Donc, c’est une envie, pas un fait. » Un membre de l’équipe évoque l’hypothèse d’un passage de l’émission en hebdomadaire, le dimanche, « mais cela équivaudrait à nous tuer à petit feu », juge-t-il.Contacté, Vivendi ne confirme ni ne dément et « ne fait aucun commentaire sur des rumeurs ». Mais le groupe est entré dans une phase de réflexion sur la relance de Canal+, dont la dynamique n’est pas jugée satisfaisante, ce qui inclut de s’interroger sur l’avenir des « Guignols », entre autres. La direction de Canal+ ne s’exprime pas plus et évoque, elle aussi, des « rumeurs » autour du sort des marionnettes. Jeudi matin, le compte Twitter @CanalSat a démenti l’arrêt de l’émission, avant de se reprendre pour communiquer sur le thème « nous n’avons pas d’information ».Les fins de saison, périodes de renégociation des contrats des émissions, sont toujours des moments propices aux doutes. Et l’arrivée d’un nouvel homme fort dans le groupe, comme Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, nourrit les spéculations.« Un peu trop de dérision » selon BolloréDans le cas des « Guignols », l’inquiétude procède aussi des déclarations qu’a faites M. Bolloré sur « l’esprit Canal+ » : « C’est un esprit de découverte, d’ouverture, d’initiative », a-t-il décrit sur France Inter le 12 février, avant de déplorer : « Parfois, un peu trop de dérision ». « Je préfère quand ils sont plus dans la découverte que dans la dérision. Parce que parfois, c’est un peu blessant ou désagréable, avait-il dit des “Guignols” eux-mêmes. Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » data-tym-playerid="tym-player-x2h0932" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2h0932" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"« Les Guignols » n’avaient pas manqué, le soir même, de produire en plateau la marionnette du « nouveau patron », interrogé par celle du présentateur « PPD » sur la notion de « dérision acceptable ».Lors de l’assemblée générale des actionnaires de Vivendi, le 17 avril, M. Bolloré avait été interrogé, par un petit actionnaire, sur la ligne éditoriale et politique des chaînes du groupe, qui critiquent son « ancien ami Nicolas Sarkozy » et « stigmatisent un quart des Français ». Il avait botté en touche en renvoyant la question à Bertrand Méheut, le patron de Canal+, qui avait rappelé que la chaîne critique tous les partis. « Tout le monde considère que Canal est souvent dans la caricature et souvent excessive, cela fait partie de notre ligne », avait-il assumé. Symbolique et politiqueLa personnalité de M. Bolloré, homme d’affaires volontariste, connu pour souvent décider seul, ami de M. Sarkozy auquel il avait prêté son yacht en 2007, renforce la mobilisation autour de l’émission, érigée en emblème. « S’ils suppriment “Les Guignols” la semaine de la mort d’Alain de Greef, c’est énorme comme symbole », s’inquiète une source au « Grand Journal », en référence à l’artisan de « l’esprit Canal », disparu lundi 29 juin. « Sur le fond, s’en prendre aux derniers qui font de la satire à la télévision, l’année des attentats contre Charlie Hebdo, ce serait assez étonnant, ajoute-t-il. Si c’est vrai, à côté de cela, l’époque Jean-Marie Messier, c’est de la rigolade. Le groupe enterrerait le dernier symbole du Canal historique. »Lire aussi :Mort d’Alain de Greef, un des pionniers de Canal+Lire aussi :Esprit Canal, es-tu (encore) là ? data-tym-playerid="tym-player-x2wacdr" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2wacdr" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Jeudi matin, plusieurs personnalités politiques ont décidé d’entrer dans le feuilleton : « Soutien aux #Guignols de l’Info contre la censure de #Bolloré, l’ami de #Hollande », a tweeté Jean-Luc Mélenchon. « Dans tous les cas, il faut sauver [Les Guignols], ce côté acide aère l’actualité », a réagi le socialiste Claude Bartolone sur France Info. « C’est qui le bol… os qui veut arrêter@LesGuignols ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant », a lancé l’écologiste Cécile Duflot.Soutien aux #Guignols de l'Info contre la censure de #Bolloré, l'ami de #Hollande. #TouchePasAuxGuignols cc @LesGuignols— JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon)require(["twitter/widgets"]);C'est qui le bol...os qui veut arrêter @LesGuignols ? Un actionnaire qui n'aime pas l'ironie... pas rassurant... #TouchePasAuxGuignols— CecileDuflot (@Cécile Duflot)require(["twitter/widgets"]);« Le Grand Journal » en chantierLes tensions autour des « Guignols » interviennent alors que « Le Grand journal », l’émission phare de la chaîne dont ils sont un des temps forts, fait l’objet d’intenses réflexions. Son maintien ne semble pas en cause mais les spéculations vont loin : une source interne s’inquiète de l’avenir de Renaud Le Van Kim, le réalisateur historique, dans le nouveau Canal+ de Bolloré. Mais sa société productrice, KM, a déjà resigné avec la chaîne pour la saison prochaine, tout comme Antoine de Caunes, qui présente l’émission.L’érosion de l’audience du « Grand journal » est une réalité depuis deux saisons, sur fond de vieillissement du concept et de concurrence accrue des chaînes de la TNT, notamment de l’émission de Cyril Hanouna sur D8 (également propriété de Canal+). Cette saison, l’émission est passée sous la barre des 900 000 téléspectateurs. Une baisse qui n’a pas touché les « Guignols », dont la courbe d’audience reste stable et qui pèsent environ 30 % de l’audience de la tranche.La semaine dernière, la chaîne a confirmé que les deux chroniqueurs politiques Natacha Polony et Jean-Michel Aphatie ne seraient pas présents sur le plateau la saison prochaine et que « Le Grand Journal » démarrerait plus tôt en absorbant « Le Before », l’émission qui le précède. Des noms de nouveaux arrivants possibles ont été évoqués, comme Laurence Ferrari et Maïtena Biraben, actuelle figure du « Supplément », une autre émission de Canal+. Selon nos informations, confirmant celles des Puremédias, cette dernière figure bien parmi les hypothèses de travail.Canal+ ne peut plus ignorer VivendiMais qui conduit ces réflexions ? La rumeur prête à Vincent Bolloré une activité intense en la matière. Certains affirment qu’il contacterait lui-même des membres d’équipes ou des présentateurs, ce que Le Monde n’a pu avérer. De son côté, le producteur du « Grand Journal », Renaud Le Van Kim, mène également une réflexion avec ses équipes.Celle-ci a lieu sur fond de concurrence avec « Le Petit Journal » de Yann Barthès, produit par Laurent Bon – par ailleurs producteur de Mme Biraben. La rivalité entre les deux sociétés de production est vive et on prête au duo Barthès-Bon l’ambition de devenir le centre de gravité de toute la tranche horaire. Mais leur demande d’obtenir sept minutes de plus la saison prochaine a été retoquée, selon nos informations.Une chose est sûre, Canal+ avait pris l’habitude de vivre sans se préoccuper beaucoup de Vivendi, avec une direction forte incarnée par le tandem Bertrand Méheut et Rodolphe Belmer. La rumeur du départ de ce dernier est récurrente. La semaine dernière, plusieurs médias se sont aussi fait l’écho d’un possible départ de M. Méheut. Autant de rumeurs démenties par la chaîne.Lire aussi :Vivendi : Rodolphe Belmer confortéAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Le torchon brûle entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et Numericable-SFR. Selon nos informations, la Ville de Paris a transmis en date du 26 juin un courrier à l’opérateur télécoms lui enjoignant de démonter ses installations dans la capitale et de remettre en état les locaux occupés par le groupe, et ce, d’ici le 10 août. Ce qui ne serait pas sans conséquences pour les abonnés parisiens de l’opérateur, que ce soit pour le téléphone ou pour la télévision.Derrière le ton comminatoire, un différend entre la Ville de Paris et Numericable-SFR sur l’appréciation des sommes à acquitter par l’opérateur au titre des loyers pour l’occupation de locaux utilisés afin de déployer son réseau parisien. L’affaire remonte à 2009 et au refus de Numericable de signer, au contraire des autres opérateurs présents à Paris, une convention qui revoyait à la hausse les tarifs de ces redevances. Selon les chiffres communiqués par la Ville de Paris, les loyers acquittés par Numericable auraient dû augmenter en moyenne de 62 772 euros par an, ce qui n’a pas été le cas.Un occupant sans droit ni titreLa Ville de Paris et Numericable étant liés par une convention signée en 2005, c’est celle-ci qui a été appliquée jusqu’à son échéance le 10 février dernier. Et le groupe occupe donc actuellement des lieux sans droit ni titre. Si Numericable-SFR refuse de signer la convention de 2009, c’est que le groupe est en désaccord avec le mode de calcul proposé par la ville. « Nous souhaitons payer le juste prix, c’est-à-dire pour la surface que nous utilisons réellement », explique Jérôme Yomtov. Le secrétaire général de Numericable-SFR rappelle également que son groupe a investi « massivement à Paris et va continuer à le faire, dans la fibre comme dans la 4G ».Au lieu des 871,99 euros par mètre carré pour 2014 pour la surface totale des locaux mis à disposition définis dans la convention, le groupe souhaiterait bénéficier d’un tarif préférentiel et d’une assiette de calcul différente, explique la Ville de Paris. Un traitement que les services de la capitale ne semblent pas prêt à consentir, au nom du principe d’équité imposé réglementairement à la Ville envers tous les opérateurs. La collectivité ne peut accéder à cette demande sans également faire bénéficier de ce tarif les dix-sept autres opérateurs télécoms et risquer, ainsi, de voir les contentieux se multiplier et de devoir restituer des montants déjà perçus, explique-t-on dans l’entourage d’Anne Hidalgo.A ce premier différend s’en ajoute un autre relatif à des impayés constatés par la Ville de Paris et portant sur une période courant de 2008 à 2013. L’addition se monterait, selon la municipalité, à 8,37 millions d’euros et elle concernerait aussi bien Numericable que Completel, la filiale services aux professionnels de l’opérateur.InterconnexionsSelon des estimations de la Ville de Paris, la dépose des installations de Numericable pourrait affecter plusieurs millions de foyers. Ainsi pour le téléphone, l’ensemble des réseaux télécoms nationaux des opérateurs s’interconnectant à Paris, c’est la totalité des abonnés de Numericable qui pourraient être concernés, soit 1,7 million de clients, souligne la Ville de Paris. Laquelle fait également valoir que Bouygues Telecom louant le réseau de Numericable, ses clients – 380 000 abonnés – pourraient également être touchés. Pour la télévision, ce sont les Parisiens vivant dans les immeubles collectifs qui seraient principalement affectés car la télévision y arrive majoritairement par le réseau câblé, lequel est historiquement celui de Numericable.Dans le cas où Numericable continuerait à refuser de régulariser sa situation – en acquittant les impayés et en ratifiant la convention de 2009 –, ce conflit pourrait se traduire pour des millions de Français par un écran noir et des téléphones muets. La Ville de Paris se déclare en effet prête à procéder elle-même au retrait des installations à partir du 11 août prochain. Une menace tout de même bien difficile à mettre en œuvre, tant elle serait impopulaire.Anne EvenoJournaliste au Monde Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale) L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntakton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1 h 20 du matin, le visage du premier ministre, Alexis Tsipras, apparut à la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la “une” du journal de samedi. » L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont payés... Alexandre Piquard Il reste plusieurs obstacles à passer pour obtenir la validation de la vente controversée de Numéro 23 : le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit donner son agrément à la cession de la chaîne de Pascal Houzelot pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, se penche de près sur ce dossier. Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT.Le CSA a notamment saisi son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors d’Union européenne qui détient plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée.Le CSA se demande si UTH ne possède pas en réalité plus de 20 % des droits de vote dans Numéro 23. En effet, un pacte d’actionnaires a été noué début 2014, qui prévoit, notamment, que l’investisseur russe soit consulté pour les décisions importantes. Celui-ci possède un siège sur quatre au conseil de surveillance.Revente dès que possibleUne source proche de la chaîne assure qu’UTH ne possède aucun droit de blocage anormal et aucun droit au-delà de 20 %. Le pacte d’actionnaires n’est qu’une façon habituelle pour les minoritaires de protéger leurs droits et d’éviter que le majoritaire sorte de son business plan ou change d’activité, affirme-t-on. M. Houzelot – membre du conseil de surveillance du Monde – possède 70 % des droits de vote de Numéro 23. Et 15 % du capital est possédé par des entrepreneurs privés français, dont Bernard Arnault et Xavier Niel (actionnaire du Monde).Le Canard enchaîné pointe, mercredi 1er juillet, la présence d’un autre partenaire étranger : Qipco, un fonds d’investissement qatari, qui a prêté 5 millions d’euros. Mais une source proche de la chaîne affirme que ces obligations ne sont pas « convertibles » en actions.L’hebdomadaire assure que le pacte d’actionnaires prévoit la revente de la chaîne dès que possible, à partir de janvier 2015. Pour la direction de la chaîne, il ne s’agit là que d’une « clause de liquidité » donnant le droit à l’actionnaire russe de céder ses titres, sur lesquels M. Houzelot gardait un droit de préemption.Le rapporteur indépendant du CSA doit rendre un avis aux membres du collège, qui décideront. Ceux-ci se fonderont aussi sur l’étude d’impact économique en cours d’élaboration. Et devront évaluer l’importance d’un dernier point : si la chaîne a respecté ses obligations en matière de diversité, elle a été mise en demeure, le 26 juin, pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) L’extraordinaire saga familiale du clan Murdoch entre dans son dernier chapitre. Le 1er juillet, le vieux patriarche Rupert Murdoch, 84 ans, a vu son rêve se réaliser : ses deux fils adultes ont pris leurs nouvelles fonctions au plus haut niveau, prêts à lui succéder à la tête de son empire médiatique mondial. Non pas qu’il ait l’intention de passer la main. Le magnat de la presse et de la télévision demeure très actif et conserve le poste de vice-président exécutif.Mais la succession est désormais en ordre, ou presque. James Murdoch, le fils cadet de son second mariage, en sort le grand vainqueur. A 42 ans, l’abrasif et impatient rejeton devient le directeur général de 21st Century Fox, la société qui détient les activités dans la télévision et le cinéma (les chaînes Fox News et National Geographic, les studios de cinéma 20th Century Fox, une large participation dans le bouquet satellite Sky). Mais comme le pater familias aime à entretenir le flou et les rivalités, il a aussi donné un rôle clé à Lachlan, aîné de James de quinze mois. Celui-ci devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs.Lachlan devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs. Il conserve aussi son rôle de vice-président dans l’autre entreprise du groupe, News Corp, qui réunit les journaux – Wall Street Journal, The Times, The Sun, Harper Collins… –, et qui n’intéresse pas James.Mais il ne faut pas s’y méprendre. Derrière les déclarations publiques d’unité, James est en train de prendre le pouvoir. Il est basé à New York, au siège de 21st Century Fox, tandis que Lachlan est à Los Angeles, où se trouvent seulement les studios de cinéma.La gestion au quotidien sera du ressort du premier. Mais avec son père dans le bureau d’à côté et son frère au conseil d’administration, il n’aura pas une liberté de travail complète, loin de là.Lire aussi :Rupert Murdoch s’apprête à lâcher les rênes de la 21st Century Fox« Tous investis dans le succès des uns et des autres »« Les familles aristocrates britanniques ont un slogan : il faut avoir a heir and a spare[un héritier et un de rechange]. C’est ce que fait Rupert Murdoch », dit Claire Enders, directrice d’Enders Analysis, influente observatrice britannique des médias, qui a côtoyé le clan Murdoch. James confirmait à sa manière, le 25 juin, lors d’un passage à une conférence à Cannes : « Nous sommes tous investis dans le succès des uns et des autres. »Pour lui, le rebond est spectaculaire. En février 2012, sa réputation était détruite par le scandale des écoutes au tabloïd britannique News of the World. Devenu persona non grataparmi l’élite du Royaume-Uni, James quittait Londres pour se réfugier à New York, au siège du groupe. Le jeune loup, arrivé à Londres une décennie plus tôt, était à terre.Il est tombé à cause des journaux, mais il ne jure que par les nouvelles technologies et la télévision. Après des études arrêtées en cours de route à Harvard, et des débuts faussement rebelles à monter un label de musique de rap – vite racheté par son père –, il a fait sa carrière dans la télévision. Il débute à 27 ans à Star Television, l’antenne asiatique du groupe. A 30 ans, en 2003, il prend la tête de Sky, malgré l’opposition des actionnaires qui s’agacent de voir ce bambin diriger le premier groupe de diffusion par satellite d’Europe.« Vu comme un type sympa »Mais il impressionne. « Il a été visionnaire, avec quinze ans d’avance sur des groupes comme Canal + », dit Mme Enders. Comprenant que télévision, téléphonie et Internet vont converger, il investit dans les télécommunications pour diversifier Sky , qui devient une vache à lait pour le groupe. Couronné de ce succès, il prend, en 2007, la direction de toutes les affaires de l’empire familial hors des Etats-Unis, y compris les journaux britanniques.Lachlan, lui, a claqué la porte du groupe. Pressuré par son père, fragile, il est parti faire des affaires en Australie, et élever ses enfants en bas âge. « Il a tout fait pour avoir une vie normale, témoigne Justin Jameson, directeur de Venture Consulting, une société spécialisée dans les médias en Australie. Lui et Sarah [sa femme] étaient comme les autres parents à l’école, aidant à la cantine… Il est vu comme un type sympa. » Pendant que son frère mène cette vie familiale, James apparaît comme l’hériter évident.Ce dernier commence à agacer. Sec et brutal, il joue au baron des médias, faisant régner la terreur, tirant les ficelles de la société. Il reçoit dans son bureau debout derrière un pupitre, pour abréger les réunions. Ecouter n’est pas son fort. Eduqué aux Etats-Unis, il a horreur de la petite élite britannique. Il veut des résultats, et vite.« Il a grandi dans un monde où son père pouvait décrocher le téléphone pour appeler n’importe quel premier ministre », dit Mme Enders. Il adopte la même attitude dominante, multiplie les attaques contre ses rivaux et en particulier la détestée BBC, noue des alliances avec les leaders politiques, de Tony Blair à David Cameron.Un appétit féroceJusqu’à ce que cette envolée irrésistible soit stoppée net par le scandale de News of the World : un système d’écoutes téléphoniques à grande échelle, réalisé par les journalistes du tabloïd. La défense de James : il y a bien eu des écoutes et son groupe a bien tenté d’étouffer le scandale, mais il n’était pas au courant. Un comité parlementaire britannique conclut qu’il a fait preuve « d’aveuglement volontaire ».Parti à New York, il laisse passer la tempête. L’occasion de tourner la page se présente en juillet 2014, quand, à la surprise générale, Rebekah Brooks gagne son procès. Accusée d’avoir commandité les écoutes, l’ex-rédactrice en chef de News of the World, qui était la vraie patronne des journaux britanniques du groupe, est blanchie. La défense de James, qui consiste à plaider l’ignorance, devient plus solide. Dans la foulée, la justice américaine abandonne l’idée de poursuivre le groupe en justice pour corruption à l’étranger. Enfin, la victoire des conservateurs aux élections législatives britanniques de mai assure à la famille Murdoch la présence d’alliés au pouvoir à Londres.Dès lors, la voie est libre pour le retour officiel de l’enfant prodigue. Pendant l’été 2014, il conduit l’offre de rachat de Time Warner, qui aurait abouti à la création d’un géant du câble aux Etats-Unis. L’échec a été rapide et cuisant, mais il donne une idée de l’appétit féroce du fils cadet.James ne pourra cependant pas faire ce qu’il veut. « Il est généralement considéré que Rupert Murdoch va continuer à diriger tant qu’il est dans les parages », notent les analystes de Zacks Equity Research. A 84 ans, le vieux lion reste fringant et n’a pas dit son dernier mot.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.06.2015 à 18h14 • Mis à jour le01.07.2015 à 09h07 Jérôme Fenoglio sera le nouveau directeur du Monde. Son nom a été finalement retenu par les journalistes des rédactions du journal et du site, consultés, mardi 30 juin, lors d’un vote organisé par la Société des rédacteurs du Monde (SRM), conformément aux statuts de désignation d’un directeur du journal dans l’entreprise.Selon ces statuts, pour être élu directeur et nommé au directoire de la Société éditrice du Monde (SEM), le candidat proposé par les actionnaires de la holding Le Monde libre (Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse, qui détiennent la majorité des capitaux de la SEM) doit atteindre une majorité de 60 % de votes positifs de la part des membres de la société des rédacteurs.Mardi 30 juin, les journalistes membres de la SRM se sont prononcés à plus de 60 % en faveur de Jérôme Fenoglio. Ce dernier sera donc nommé directeur du Monde pour un mandat de six ans, lors d’un conseil de surveillance extraordinaire qui devrait se tenir jeudi 2 juillet.Jérôme Fenoglio, 49 ans, occupait ces derniers mois le poste de directeur des rédactions, après être passé, depuis son entrée au Monde en 1991, par de nombreux services (rédacteur en chef du Monde.fr, grand reporter, rédacteur en chef du Monde 2, reporter au service Sciences, chef du service Société, chargé de la rubrique Exclusion, reporter au service Sports).Un premier vote sur le nom de Jérôme Fenoglio avait eu lieu le 13 mai : il n’avait recueilli que 55 % de votes positifs. S’en était suivi la démission du directeur par intérim du journal, Gilles Van Kote. Les actionnaires de la holding Le Monde libre avaient ensuite annoncé, le 15 juin, qu’ils souhaitaient qu’un nouveau vote ait lieu sur le nom de Jérôme Fenoglio.Ce processus était intervenu dans le cadre du renouvellement du directeur du Monde, initié un an auparavant après la démission de l’ancienne directrice, Natalie Nougayrède. Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse avaient alors confié à Gilles Van Kote le soin d’assurer l’intérim, ce qu’il a fait pendant près d’un an. Alexis Delcambre L’idéal olympique formulé par le baron Pierre de Coubertin en 1908 ne s’applique pas au marché des droits sportifs. Dans cette discipline, l’important, c’est de gagner, plus que de participer. David Zaslav, le PDG de Discovery Communications, l’a bien compris. La maison mère d’Eurosport vient de mettre 1,3 milliard d’euros sur la table pour acquérir les droits de diffusion européens des quatre prochains Jeux olympiques (JO) (soit sur la période 2018-2024), et sur tous les supports.L’irruption d’Eurosport sur ce marché vient rompre de vieux équilibres. Jusqu’ici, le Comité international olympique (CIO), détenteur des droits, s’accordait avec l’ Union européenne de radio-télévision (UER, un consortium de diffuseurs européens parmi lesquels la BBC, France Télévisions ou l’allemand ARD) ou directement avec ces chaînes. Cette fois, ces dernières ont été doublées par un concurrent américain, un géant de la télévision payante, qui réalise près de 6 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros) de chiffre d’affaires par an et consacre 2 milliards d’euros annuels aux achats de droits et de programmes.Ces chiffres permettent de mesurer la puissance nouvelle d’Eurosport, une ancienne possession de TF1 dont Discovery est devenu l’actionnaire majoritaire en 2014. Outre la force de frappe financière, la chaîne a joué de deux autres atouts : sa présence dans plus de cinquante pays européens, et son développement numérique – avec Eurosport.com et son service Eurosport Player.Mutation à grande vitesseSeules exceptions à cet accord : la Russie, et les droits de diffusion en France et au Royaume-Uni (pour 2018 et 2020), déjà attribués à France Télévisions et à la BBC. « Nous sous-traiterons une partie des droits », a rassuré M. Zaslav lors d’une conférence de presse, lundi 29 juin. Le CIO impose que 200 heures de programmes, pour les Jeux d’été, et 100 heures, pour ceux d’hiver, soient remis sur le marché à l’intention de chaînes gratuites. « Mais encore faut-il s’accorder sur le prix », pointe Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions.Première leçon de cet accord : Discovery n’est pas venu sur le marché européen pour faire de la figuration. Si Eurosport touche déjà 220 millions d’Européens, le potentiel estimé pour les JO est de 700 millions. Le Vieux Continent est le « marché émergent » que veut occuper le groupe américain, comme l’a encore répété M. Zaslav en mai, lors d’un passage à Roland-Garros.Seconde leçon : le marché des droits sportifs mute à grande vitesse. Pour la première fois de son histoire, le CIO a cédé les droits d’un continent en bloc, et non pays par pays. Comme pour certains films ou séries, la mondialisation est en marche, et elle écarte de la compétition les acteurs de taille nationale, au bénéfice des réseaux internationaux comme Eurosport ou BeIN Sports. En février, la chaîne qatari avait ainsi acquis les droits de la Coupe Davis de tennis pour le monde entier. C’est aussi cette compétition que TF1 n’a pas voulu jouer, en sortant d’Eurosport. Participer ne sert à rien, il faut gagner.Lire aussi :JO 2020 : le stade olympique de Tokyo va coûter 1,8 milliard d’eurosAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Fin de polémique en Israël pour Orange. L’opérateur télécoms français a annoncé dans un communiqué, mardi 30 juin, être parvenu à un accord avec l’entreprise israélienne Partner afin de redéfinir un « cadre à leur relation ». Derrière cette expression pudique, c’est la fin programmée du partenariat entre les deux entreprises qui s’esquisse, quelques semaines après une polémique, qui a vu Orange se retrouver au cœur d’une tempête médiatico-diplomatique.Selon le communiqué, le nouveau contrat qui lie les deux groupes « accorde à Partner et à Orange le droit de résilier l’accord de licence de marque Orange actuellement en vigueur. Si Partner n’exerce pas son droit de résiliation dans un délai de 12 mois, Partner ou Orange pourront alors résilier l’accord de licence de marque au cours des 12 mois suivants ».Orange versera 40 millions d’euros à Partner à la signature du contrat et un paiement additionnel de 50 millions d’euros devra être acquitté, si l’accord de licence de marque est résilié dans un délai de 24 mois.Violence des réactionsAu début du mois de juin, en déplacement au Caire, Stéphane Richard, le PDG d’Orange avait déclaré que, s’il le pouvait, il déciderait dès « demain » le retrait d’Orange d’Israël. Ces propos avaient été interprétés comme une volonté de quitter le pays et semblaient faire écho aux appels au boycottage lancés contre l’Etat hébreu.Devant la levée de boucliers suscitée, le patron de l’opérateur de téléphonie français avait tenu à rappeler que son groupe n’était pas lui-même directement présent en Israël. Le seul enjeu, soulignait M. Richard, était celui du retrait de l’usage de la marque Orange par la société Partner.Orange dispose en effet en Israël d’un accord de licence avec cet opérateur, qui utilise dans ce cadre la marque en échange d’une redevance. Cet accord date toutefois de 1998, c’est-à-dire lorsque cette marque était encore la propriété du groupe chinois Hutchison, deux ans avant son rachat par France Télécom.Face à la violence des réactions en Israël, M. Richard avait été contraint de se rendre en Israël afin de s’expliquer en tête à tête avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.Lire aussi :Polémique avec Israël : le PDG d’Orange s’explique, Nétanyahou s’enflamme« Nouveau cadre de partenariat » L’accord annoncé mardi permet donc à Orange de récupérer l’usage de sa marque dans les deux ans alors que l’actuel contrat prévoyait que son partenaire israélien en bénéficie jusqu’en 2025.« Orange se réjouit de ce nouveau cadre de partenariat », commente Pierre Louette, directeur général adjoint d’Orange, selon qui « Israël est un pays important, stratégiquement parlant. Nous avons établi avec ce pays une relation durable, par le biais notamment des activités innovantes conduites par les filiales Orange présentes sur place. »L’Etat hébreu est le seul pays dans lequel Orange est présent sans exploiter lui-même sa marque. Ainsi, contrairement aux autres pays, l’incubateur d’Orange pour les start-up en Israël (Fab Israel) n’affiche pas le nom du groupe.Dans le cas où l’accord avec Partner serait résilié, l’ensemble des activités de recherche et développement (R&D) et d’innovation de l’opérateur français en Israël passeraient sous la marque Orange.Anne EvenoJournaliste au Monde Alexis Delcambre C’est désormais une certitude : une procédure disciplinaire va être engagée contre Agnès Saal, ex-présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dont les notes de taxi avaient précipité la chute, fin avril.« Je vais faire une demande au président de procédure disciplinaire à l’encontre d’Agnès Saal », a déclaré la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes médias, mercredi 8 juillet.Cette démarche fait suite à une enquête administrative interne qui avait été ouverte après les révélations concernant les frais de Mme Saal, en parallèle des deux enquêtes préliminaires ouvertes aux parquets de Créteil et Paris concernant ses mandats à l’INA et au Centre Pompidou. Cela signifie que cette enquête administrative a recueilli des éléments probants.La décision de Mme Pellerin ne préjuge pas d’une éventuelle sanction. La procédure est dite « contradictoire » et Agnès Saal fera donc entendre sa défense. Mais en théorie, si sanction il y a, cela pourrait aller jusqu’à son exclusion de la fonction publique.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le calme plat qui règne sur les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) va continuer jusqu’à, au moins, jeudi 9 août dans l’après-midi. Le mouvement de grève qui touche l’agence de presse depuis mardi en fin d’après-midi, été prolongé de vingt-quatre heures, mercredi, privant plus longuement nombre de journalistes de quotidiens et sites d’information – dont Le Monde – d’une de leurs sources d’information.A l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 2 260 salariés de l’AFP (journalistes, techniciens, cadres…) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis la création de l’agence, en 1944.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Baisse des RTTDepuis la fin de 2013, trois syndicats – Confédération française démocratique du travail (CFDT), Syndicat national des journalistes (SNJ) et l’union syndicale Solidaires (SUD) – jouent le jeu de la négociation, mais d’autres, notamment la Confédération générale du travail (CGT), s’y opposent. Cette situation n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer. Pour éviter ce risque, la direction a aussi choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.Mais cette décision frustre les syndicats qui étaient déjà impliqués dans la négociation. « On ne comprend pas ce geste, c’est un acte de mépris pour les syndicats qui négocient », explique ainsi Benoît Fauchet, délégué syndical (SNJ). Et conforte les autres dans l’idée que la direction veut imposer des conditions de travail moins favorables, à l’image du passage des RTT de 18 à 7 jours ou de l’alignement des congés de tous sur ceux des journalistes (44 jours).Risques de divisions multiples« Cette dénonciation des accords intervient très opportunément dans la torpeur de l’été alors qu’Emmanuel Hoog [PDG de l’AFP] pense avoir les mains libres, maintenant que la course en vue de France Télévisions est terminée, que son mandat à l’AFP a été prorogé de trois à cinq ans (soit jusqu’en 2018 au lieu de 2016) et que son contrat d’objectifs et de moyens avec l’Etat a été signé », écrit le SNJ.Conséquence : une agence complètement bloquée, avec des piquets de grève sur les « desks », pour empêcher l’envoi de toute dépêche. A la clé, des risques de divisions multiples, entre grévistes et non-grévistes, entre syndicats et entre catégories professionnelles.Lire l'entretien :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La scène était inédite : Vincent Bolloré n’était jamais venu à l’une des réunions des hauts cadres du groupe Canal+, comme il l’a fait lundi 6 juillet au soir. Et la circonstance était particulière : un dirigeant historique, le numéro deux, Rodolphe Belmer, avait été remercié trois jours auparavant par le nouveau président du conseil de surveillance de Vivendi.La centaine de cadres de Canal+ n’ont pas été déçus : selon nos informations, Vincent Bolloré n’a pas hésité à évoquer frontalement la direction de la chaîne et son PDG, Bertrand Meheut, présent en bonne place. Le patron de Vivendi a d’abord rendu un hommage à cet « ami » – breton comme lui – qui est arrivé quand Canal+ perdait 600 millions d’euros, alors que le groupe gagne 500 millions aujourd’hui. Mais il a aussi prévenu : M. Meheut ne pourra rester éternellement à la tête de Canal+, a dit en substance M. Bolloré, rappelant l’âge du dirigeant, 63 ans.Une gouvernance remaniéeDans la foulée, M. Bolloré a annoncé que la gouvernance de Canal+ serait remaniée en septembre, avec un directoire élargi. Beaucoup dans l’assistance y ont vu une porte ouverte au possible départ rapide de M. Meheut, pourtant conforté vendredi.Quant au déchu Rodolphe Belmer, M. Bolloré a raconté avoir observé Canal+ et sa direction, puis demandé des évolutions, avant de « trancher ». Mais l’industriel est allé plus loin en évoquant le conflit entre M. Meheut et M. Belmer, dont le duo était abîmé depuis que le premier avait promis sa succession au second, avant de se raviser. La discorde générait un dysfonctionnement auquel il fallait mettre fin, a argué M. Bolloré. Qui a raconté aux cadres présents que M. Meheut lui avait demandé la tête de son ancien numéro deux.Dans la salle, au siège d’un Canal+ habitué à une communication pesée, un langage aussi « cash » a suscité des vertiges. Mais aussi des applaudissements. M. Bolloré avait ce soir-là un message clair : vous étiez un bastion, mais je suis désormais le taulier et nous allons travailler ensemble. A bon entendeur…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) NME joue son va-tout : le mythique magazine britannique de musique, que se sont arraché des générations de jeunes branchés, va devenir gratuit. A partir de septembre, New Musical Express sera distribué dans les gares, les universités et des « partenaires de vente » dont la liste n’est pas précisée.Pour l’hebdomadaire, il s’agit d’une dernière tentative de retrouver sa gloire d’antan. Il sera distribué gratuitement à 300 000 exemplaires, ce qui était son niveau dans les années 1970. Actuellement, seulement 15 000 copies sont vendues chaque semaine, à 3,50 euros pièce.En multipliant par vingt sa diffusion, NME espère récupérer de la publicité et trouver un nouveau modèle économique. Il va aussi élargir son champ d’activité, pour couvrir l’ensemble de l’actualité culturelle et ne plus se limiter à la musique. « Des 63 ans de notre existence, c’est notre évolution la plus osée », explique Mike Williams, le rédacteur en chef.DéfricheurCréé en 1952 par Maurice Kinn, avec de l’argent de sa belle-mère, NME a toujours occupé une place à part dans le très actif paysage musical britannique. A son pic, dans les années 1970 et 1980, le magazine était l’incontournable bible de l’Underground. Il avait commencé dès les années 1950, avec la découverte du rock’n’roll alors qu’Elvis choquait encore.Toujours défricheur, il a longtemps évité de mettre en avant les stars du moment, préférant donner leur chance de jeunes groupes intéressants. Le déclin a commencé dès le début des années 1990, avec l’arrivée d’une série de mensuels comme Q, qui consacraient des articles à des groupes plus connus, qui attiraient finalement plus de lecteurs.Mais l’arrivée d’internet a accéléré le mouvement, en touchant doublement le magazine. D’une part, l’industrie de la musique s’est effondrée, avec le téléchargement illégal et depuis peu du « streaming ». D’autre part, le recensement des concerts est désormais réalisé en ligne. NME est progressivement devenu un magazine de niche, ultra-spécialisé.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.07.2015 à 15h31 • Mis à jour le06.07.2015 à 10h11 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre La tempête médiatique autour des « Guignols » masquait une bataille au sommet de Canal+, qui s’est soldée, vendredi 3 juillet, par le départ de son numéro deux, Rodolphe Belmer. Sa disgrâce a été prononcée par un communiqué de Vivendi, propriétaire du groupe, qui a nommé son adjoint, Maxime Saada, au poste de directeur général. Selon nos informations, le dernier rendez-vous entre Rodolphe Belmer et la direction de Vivendi s’est tenue mercredi pendant plus d’une heure. C’est à l’issue de cet entretien que Vincent Bolloré a pris sa décision.C’est un signe fort de reprise en main de la chaîne par le groupe de M. Bolloré, qui s’est néanmoins voulu rassurant sur l’avenir des célèbres marionnettes en latex. Le président du conseil de surveillance de Vivendi a expliqué, lors d’un comité d’entreprise, que leur survie était assurée. « Les Guignols font partie du patrimoine de Canal+ qui a été, je le rappelle, créé par Havas [dont l’homme d’affaires breton est également le premier actionnaire] il y a trente ans » et « il est hors de question de se priver de cet atout qui est la propriété du groupe », a-t-il ensuite précisé à l’Agence France-Presse. Tout en indiquant que « les dirigeants de Canal+ et de Vivendi devraient décider sous quel format et à quel moment ils devraient être distribués ».Pour Vivendi, la polémique des derniers jours était déplacée : la volonté de M. Bolloré n’était pas de supprimer « Les Guignols de l’info » pour des raisons politiques, mais plutôt d’envoyer un message fort à Canal+. L’industriel... La Matinale « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+ ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective n’est pourtant pas exclue. Hier, les internautes, attachés au journal télévisé parodique de « PPD » ont lancé une pétition en ligne intitulée « Non à la suppression des “Guignols de l’info” », qui a déjà réuni plus de 27 000 signataires depuis mercredi 1er juillet.Déprogrammation ou passage à un rythme hebdomadaire ? La rumeur inquiète également les politiques, qui se sont mobilisés pour sauver l’émission diffusée chaque jour depuis 1987. En visite officielle en Angola, François Hollande s’est exprimé sur le sujet vendredi 3 juillet :« Le temps où le président de la République disait ce qu’il y avait dans les programmes est révolu, mais la dérision, la caricature, ça fait partie du patrimoine. »L’ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault a tweeté : « Si même au pays de Rabelais et de Molière on ne protège plus le rire… » Benoît Hamon, philosophe, écrit : « Si les “Guignols” étaient supprimés la question serait : “Qui est la marionnette de qui ?” » De son côté, Cécile Duflot attaque directement Vincent Bolloré, le président de Vivendi, qui détient la chaîne : « C’est qui le bol… os qui veut arrêter “Les Guignols” ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant… »Mélenchon a également visé Bolloré dans un tweet, en le décrivant opportunément comme « l’ami de Hollande ». L’ancien premier ministre Alain Juppé a également pris la défense de l’émission satirique, allant jusqu’à changer l’avatar de son profil Twitter au profit d’une photo de sa marionnette : « J’aime me voir dans@LesGuignols. Nous avons besoin d’eux. #LesGuignols. »J'aime me voir dans @LesGuignols. Nous avons besoin d'eux. #LesGuignols— alainjuppe (@Alain Juppé)require(["twitter/widgets"]);Par l’intermédiaire de Patrick Bloche, le Parti socialiste (PS) a publié un communiqué dans lequel il « tient à souligner combien, depuis vingt-sept ans, “Les Guignols” contribuent activement au rôle fédérateur que doit jouer tout grand média audiovisuel, particulièrement quand la société est soumise à de multiples tensions ».Des politiques peu rancuniers envers une émission qui les moque chaque soir. Seul Gilbert Collard du Front national s’est réjoui de la nouvelle : « Le départ des “Guignols”, ces fonctionnaires du rire, perturbe l’addiction à la malfaisance des guignolards : ils mordent ! »Vive inquiétude chez Canal+Une vive inquiétude est montée au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier, mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. L’ancien président de Canal+, Pierre Lescure, a pour sa part démissionné du conseil d’administration d’Havas, propriété de Vincent Bolloré, « pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire ».Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe des « Guignols » assure que « Vincent Bolloré veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait. Cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience ».Dans les couloirs de la chaîne, le soupçon d’un oukase politique persiste, avec l’ombre d’une intervention de Nicolas Sarkozy demandant la mise au pas des « Guignols » comme un service à M. Bolloré.Interrogé par Le Monde, le porte-parole des Républicains, Sébastien Huyghe, a démenti une supposée intervention de l’ex-président visant à interrompre « Les Guignols de l’info » : « Je dénonce la volonté de mettre en cause Nicolas Sarkozy dans cette affaire », a affirmé le député du Nord, dénonçant « une manipulation ». Pour lui, « on essaie de politiser cette histoire pour essayer de tordre le bras à ceux qui sont amenés à prendre la décision d’interrompre ou non l’émission ». « La reconduction ou non des “Guignols” relève d’un strict choix industriel » et non politique, souligne-t-il. Et de conclure, en ironisant : « Si Nicolas Sarkozy avait une quelconque influence sur la politique éditoriale de Canal+, cela se saurait… »A l’instar de Jean-Marie Le Guen (PS), secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, d’autres politiques pensent que la décision de Bolloré relève d’un choix industriel. « Le problème est de savoir si la grille des programmes de Canal+ satisfait en termes d’audience. Ce n’est pas un problème politique », a-t-il assuré. Au sein de la chaîne, on se refuse à croire qu’il s’agit simplement de donner un nouvel élan au « Grand Journal ». Avec des pointes à 2 millions de téléspectateurs, « Les Guignols de l’info » totalisent 30 % de l’audience de la tranche.Une donnée qui n’a d’ailleurs pas dû échapper à la nouvelle directrice de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a offert l’asile politique aux plus célèbres marionnettes du PAF.Si......Les #GuignolsDeLinfo seront les bienvenus sur @Francetele— DelphineErnotte (@Delphine Ernotte)require(["twitter/widgets"]);La MatinaleJournaliste au Monde 02.07.2015 à 17h13 • Mis à jour le03.07.2015 à 08h17 L’ancien président de Canal+ a démissionné du conseil d’administration de Havas en réaction à la volonté prêtée à Vincent Bolloré, propriétaire de Havas, de mettre fin à l’émission « Les Guignols de l’info », selon L’Obs. « J’ai démissionné d’Havas en apprenant la nouvelle qu’il y avait une menace de suppression de l’émission, a précisé M. Lescure aux Échos. C’est aussi pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire… » 02.07.2015 à 10h28 • Mis à jour le02.07.2015 à 14h26 | Alexandre Piquard, Daniel Psenny et Alexis Delcambre « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+, sur laquelle ils apparaissent chaque jour depuis 1988 ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective ne semble pas exclue. Une vive inquiétude est en tout cas montée, depuis quelques jours, au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. Le mot-clé de la mobilisation a rapidement été repris des milliers de fois sur le réseau social et une pétition en ligne lancée.Beaucoup ne pouvait y croire hier mais @LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols— benjmorgaine (@Benjamin Morgaine)require(["twitter/widgets"]);Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe assure : « Vincent Bolloré [le président du conseil de surveillance de Vivendi, propriétaire de Canal+] veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait, cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience. » « Aucun commentaire sur des rumeurs »Plusieurs articles de presse, de Puremédias, puis de Metronews et des Inrocks, ont relayé cette version. Mais l’ancien des « Guignols » Bruno Gaccio nuance sur Twitter : « Rien n’a été annoncé aux “Guignols” encore. Donc, c’est une envie, pas un fait. » Un membre de l’équipe évoque l’hypothèse d’un passage de l’émission en hebdomadaire, le dimanche, « mais cela équivaudrait à nous tuer à petit feu », juge-t-il.Contacté, Vivendi ne confirme ni ne dément et « ne fait aucun commentaire sur des rumeurs ». Mais le groupe est entré dans une phase de réflexion sur la relance de Canal+, dont la dynamique n’est pas jugée satisfaisante, ce qui inclut de s’interroger sur l’avenir des « Guignols », entre autres. La direction de Canal+ ne s’exprime pas plus et évoque, elle aussi, des « rumeurs » autour du sort des marionnettes. Jeudi matin, le compte Twitter @CanalSat a démenti l’arrêt de l’émission, avant de se reprendre pour communiquer sur le thème « nous n’avons pas d’information ».Les fins de saison, périodes de renégociation des contrats des émissions, sont toujours des moments propices aux doutes. Et l’arrivée d’un nouvel homme fort dans le groupe, comme Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, nourrit les spéculations.« Un peu trop de dérision » selon BolloréDans le cas des « Guignols », l’inquiétude procède aussi des déclarations qu’a faites M. Bolloré sur « l’esprit Canal+ » : « C’est un esprit de découverte, d’ouverture, d’initiative », a-t-il décrit sur France Inter le 12 février, avant de déplorer : « Parfois, un peu trop de dérision ». « Je préfère quand ils sont plus dans la découverte que dans la dérision. Parce que parfois, c’est un peu blessant ou désagréable, avait-il dit des “Guignols” eux-mêmes. Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » data-tym-playerid="tym-player-x2h0932" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2h0932" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"« Les Guignols » n’avaient pas manqué, le soir même, de produire en plateau la marionnette du « nouveau patron », interrogé par celle du présentateur « PPD » sur la notion de « dérision acceptable ».Lors de l’assemblée générale des actionnaires de Vivendi, le 17 avril, M. Bolloré avait été interrogé, par un petit actionnaire, sur la ligne éditoriale et politique des chaînes du groupe, qui critiquent son « ancien ami Nicolas Sarkozy » et « stigmatisent un quart des Français ». Il avait botté en touche en renvoyant la question à Bertrand Méheut, le patron de Canal+, qui avait rappelé que la chaîne critique tous les partis. « Tout le monde considère que Canal est souvent dans la caricature et souvent excessive, cela fait partie de notre ligne », avait-il assumé. Symbolique et politiqueLa personnalité de M. Bolloré, homme d’affaires volontariste, connu pour souvent décider seul, ami de M. Sarkozy auquel il avait prêté son yacht en 2007, renforce la mobilisation autour de l’émission, érigée en emblème. « S’ils suppriment “Les Guignols” la semaine de la mort d’Alain de Greef, c’est énorme comme symbole », s’inquiète une source au « Grand Journal », en référence à l’artisan de « l’esprit Canal », disparu lundi 29 juin. « Sur le fond, s’en prendre aux derniers qui font de la satire à la télévision, l’année des attentats contre Charlie Hebdo, ce serait assez étonnant, ajoute-t-il. Si c’est vrai, à côté de cela, l’époque Jean-Marie Messier, c’est de la rigolade. Le groupe enterrerait le dernier symbole du Canal historique. »Lire aussi :Mort d’Alain de Greef, un des pionniers de Canal+Lire aussi :Esprit Canal, es-tu (encore) là ? data-tym-playerid="tym-player-x2wacdr" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2wacdr" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Jeudi matin, plusieurs personnalités politiques ont décidé d’entrer dans le feuilleton : « Soutien aux #Guignols de l’Info contre la censure de #Bolloré, l’ami de #Hollande », a tweeté Jean-Luc Mélenchon. « Dans tous les cas, il faut sauver [Les Guignols], ce côté acide aère l’actualité », a réagi le socialiste Claude Bartolone sur France Info. « C’est qui le bol… os qui veut arrêter@LesGuignols ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant », a lancé l’écologiste Cécile Duflot.Soutien aux #Guignols de l'Info contre la censure de #Bolloré, l'ami de #Hollande. #TouchePasAuxGuignols cc @LesGuignols— JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon)require(["twitter/widgets"]);C'est qui le bol...os qui veut arrêter @LesGuignols ? Un actionnaire qui n'aime pas l'ironie... pas rassurant... #TouchePasAuxGuignols— CecileDuflot (@Cécile Duflot)require(["twitter/widgets"]);« Le Grand Journal » en chantierLes tensions autour des « Guignols » interviennent alors que « Le Grand journal », l’émission phare de la chaîne dont ils sont un des temps forts, fait l’objet d’intenses réflexions. Son maintien ne semble pas en cause mais les spéculations vont loin : une source interne s’inquiète de l’avenir de Renaud Le Van Kim, le réalisateur historique, dans le nouveau Canal+ de Bolloré. Mais sa société productrice, KM, a déjà resigné avec la chaîne pour la saison prochaine, tout comme Antoine de Caunes, qui présente l’émission.L’érosion de l’audience du « Grand journal » est une réalité depuis deux saisons, sur fond de vieillissement du concept et de concurrence accrue des chaînes de la TNT, notamment de l’émission de Cyril Hanouna sur D8 (également propriété de Canal+). Cette saison, l’émission est passée sous la barre des 900 000 téléspectateurs. Une baisse qui n’a pas touché les « Guignols », dont la courbe d’audience reste stable et qui pèsent environ 30 % de l’audience de la tranche.La semaine dernière, la chaîne a confirmé que les deux chroniqueurs politiques Natacha Polony et Jean-Michel Aphatie ne seraient pas présents sur le plateau la saison prochaine et que « Le Grand Journal » démarrerait plus tôt en absorbant « Le Before », l’émission qui le précède. Des noms de nouveaux arrivants possibles ont été évoqués, comme Laurence Ferrari et Maïtena Biraben, actuelle figure du « Supplément », une autre émission de Canal+. Selon nos informations, confirmant celles des Puremédias, cette dernière figure bien parmi les hypothèses de travail.Canal+ ne peut plus ignorer VivendiMais qui conduit ces réflexions ? La rumeur prête à Vincent Bolloré une activité intense en la matière. Certains affirment qu’il contacterait lui-même des membres d’équipes ou des présentateurs, ce que Le Monde n’a pu avérer. De son côté, le producteur du « Grand Journal », Renaud Le Van Kim, mène également une réflexion avec ses équipes.Celle-ci a lieu sur fond de concurrence avec « Le Petit Journal » de Yann Barthès, produit par Laurent Bon – par ailleurs producteur de Mme Biraben. La rivalité entre les deux sociétés de production est vive et on prête au duo Barthès-Bon l’ambition de devenir le centre de gravité de toute la tranche horaire. Mais leur demande d’obtenir sept minutes de plus la saison prochaine a été retoquée, selon nos informations.Une chose est sûre, Canal+ avait pris l’habitude de vivre sans se préoccuper beaucoup de Vivendi, avec une direction forte incarnée par le tandem Bertrand Méheut et Rodolphe Belmer. La rumeur du départ de ce dernier est récurrente. La semaine dernière, plusieurs médias se sont aussi fait l’écho d’un possible départ de M. Méheut. Autant de rumeurs démenties par la chaîne.Lire aussi :Vivendi : Rodolphe Belmer confortéAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Le torchon brûle entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et Numericable-SFR. Selon nos informations, la Ville de Paris a transmis en date du 26 juin un courrier à l’opérateur télécoms lui enjoignant de démonter ses installations dans la capitale et de remettre en état les locaux occupés par le groupe, et ce, d’ici le 10 août. Ce qui ne serait pas sans conséquences pour les abonnés parisiens de l’opérateur, que ce soit pour le téléphone ou pour la télévision.Derrière le ton comminatoire, un différend entre la Ville de Paris et Numericable-SFR sur l’appréciation des sommes à acquitter par l’opérateur au titre des loyers pour l’occupation de locaux utilisés afin de déployer son réseau parisien. L’affaire remonte à 2009 et au refus de Numericable de signer, au contraire des autres opérateurs présents à Paris, une convention qui revoyait à la hausse les tarifs de ces redevances. Selon les chiffres communiqués par la Ville de Paris, les loyers acquittés par Numericable auraient dû augmenter en moyenne de 62 772 euros par an, ce qui n’a pas été le cas.Un occupant sans droit ni titreLa Ville de Paris et Numericable étant liés par une convention signée en 2005, c’est celle-ci qui a été appliquée jusqu’à son échéance le 10 février dernier. Et le groupe occupe donc actuellement des lieux sans droit ni titre. Si Numericable-SFR refuse de signer la convention de 2009, c’est que le groupe est en désaccord avec le mode de calcul proposé par la ville. « Nous souhaitons payer le juste prix, c’est-à-dire pour la surface que nous utilisons réellement », explique Jérôme Yomtov. Le secrétaire général de Numericable-SFR rappelle également que son groupe a investi « massivement à Paris et va continuer à le faire, dans la fibre comme dans la 4G ».Au lieu des 871,99 euros par mètre carré pour 2014 pour la surface totale des locaux mis à disposition définis dans la convention, le groupe souhaiterait bénéficier d’un tarif préférentiel et d’une assiette de calcul différente, explique la Ville de Paris. Un traitement que les services de la capitale ne semblent pas prêt à consentir, au nom du principe d’équité imposé réglementairement à la Ville envers tous les opérateurs. La collectivité ne peut accéder à cette demande sans également faire bénéficier de ce tarif les dix-sept autres opérateurs télécoms et risquer, ainsi, de voir les contentieux se multiplier et de devoir restituer des montants déjà perçus, explique-t-on dans l’entourage d’Anne Hidalgo.A ce premier différend s’en ajoute un autre relatif à des impayés constatés par la Ville de Paris et portant sur une période courant de 2008 à 2013. L’addition se monterait, selon la municipalité, à 8,37 millions d’euros et elle concernerait aussi bien Numericable que Completel, la filiale services aux professionnels de l’opérateur.InterconnexionsSelon des estimations de la Ville de Paris, la dépose des installations de Numericable pourrait affecter plusieurs millions de foyers. Ainsi pour le téléphone, l’ensemble des réseaux télécoms nationaux des opérateurs s’interconnectant à Paris, c’est la totalité des abonnés de Numericable qui pourraient être concernés, soit 1,7 million de clients, souligne la Ville de Paris. Laquelle fait également valoir que Bouygues Telecom louant le réseau de Numericable, ses clients – 380 000 abonnés – pourraient également être touchés. Pour la télévision, ce sont les Parisiens vivant dans les immeubles collectifs qui seraient principalement affectés car la télévision y arrive majoritairement par le réseau câblé, lequel est historiquement celui de Numericable.Dans le cas où Numericable continuerait à refuser de régulariser sa situation – en acquittant les impayés et en ratifiant la convention de 2009 –, ce conflit pourrait se traduire pour des millions de Français par un écran noir et des téléphones muets. La Ville de Paris se déclare en effet prête à procéder elle-même au retrait des installations à partir du 11 août prochain. Une menace tout de même bien difficile à mettre en œuvre, tant elle serait impopulaire.Anne EvenoJournaliste au Monde Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale) L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntakton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1 h 20 du matin, le visage du premier ministre, Alexis Tsipras, apparut à la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la “une” du journal de samedi. » L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont payés... Alexandre Piquard Il reste plusieurs obstacles à passer pour obtenir la validation de la vente controversée de Numéro 23 : le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit donner son agrément à la cession de la chaîne de Pascal Houzelot pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, se penche de près sur ce dossier. Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT.Le CSA a notamment saisi son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors d’Union européenne qui détient plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée.Le CSA se demande si UTH ne possède pas en réalité plus de 20 % des droits de vote dans Numéro 23. En effet, un pacte d’actionnaires a été noué début 2014, qui prévoit, notamment, que l’investisseur russe soit consulté pour les décisions importantes. Celui-ci possède un siège sur quatre au conseil de surveillance.Revente dès que possibleUne source proche de la chaîne assure qu’UTH ne possède aucun droit de blocage anormal et aucun droit au-delà de 20 %. Le pacte d’actionnaires n’est qu’une façon habituelle pour les minoritaires de protéger leurs droits et d’éviter que le majoritaire sorte de son business plan ou change d’activité, affirme-t-on. M. Houzelot – membre du conseil de surveillance du Monde – possède 70 % des droits de vote de Numéro 23. Et 15 % du capital est possédé par des entrepreneurs privés français, dont Bernard Arnault et Xavier Niel (actionnaire du Monde).Le Canard enchaîné pointe, mercredi 1er juillet, la présence d’un autre partenaire étranger : Qipco, un fonds d’investissement qatari, qui a prêté 5 millions d’euros. Mais une source proche de la chaîne affirme que ces obligations ne sont pas « convertibles » en actions.L’hebdomadaire assure que le pacte d’actionnaires prévoit la revente de la chaîne dès que possible, à partir de janvier 2015. Pour la direction de la chaîne, il ne s’agit là que d’une « clause de liquidité » donnant le droit à l’actionnaire russe de céder ses titres, sur lesquels M. Houzelot gardait un droit de préemption.Le rapporteur indépendant du CSA doit rendre un avis aux membres du collège, qui décideront. Ceux-ci se fonderont aussi sur l’étude d’impact économique en cours d’élaboration. Et devront évaluer l’importance d’un dernier point : si la chaîne a respecté ses obligations en matière de diversité, elle a été mise en demeure, le 26 juin, pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) L’extraordinaire saga familiale du clan Murdoch entre dans son dernier chapitre. Le 1er juillet, le vieux patriarche Rupert Murdoch, 84 ans, a vu son rêve se réaliser : ses deux fils adultes ont pris leurs nouvelles fonctions au plus haut niveau, prêts à lui succéder à la tête de son empire médiatique mondial. Non pas qu’il ait l’intention de passer la main. Le magnat de la presse et de la télévision demeure très actif et conserve le poste de vice-président exécutif.Mais la succession est désormais en ordre, ou presque. James Murdoch, le fils cadet de son second mariage, en sort le grand vainqueur. A 42 ans, l’abrasif et impatient rejeton devient le directeur général de 21st Century Fox, la société qui détient les activités dans la télévision et le cinéma (les chaînes Fox News et National Geographic, les studios de cinéma 20th Century Fox, une large participation dans le bouquet satellite Sky). Mais comme le pater familias aime à entretenir le flou et les rivalités, il a aussi donné un rôle clé à Lachlan, aîné de James de quinze mois. Celui-ci devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs.Lachlan devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs. Il conserve aussi son rôle de vice-président dans l’autre entreprise du groupe, News Corp, qui réunit les journaux – Wall Street Journal, The Times, The Sun, Harper Collins… –, et qui n’intéresse pas James.Mais il ne faut pas s’y méprendre. Derrière les déclarations publiques d’unité, James est en train de prendre le pouvoir. Il est basé à New York, au siège de 21st Century Fox, tandis que Lachlan est à Los Angeles, où se trouvent seulement les studios de cinéma.La gestion au quotidien sera du ressort du premier. Mais avec son père dans le bureau d’à côté et son frère au conseil d’administration, il n’aura pas une liberté de travail complète, loin de là.Lire aussi :Rupert Murdoch s’apprête à lâcher les rênes de la 21st Century Fox« Tous investis dans le succès des uns et des autres »« Les familles aristocrates britanniques ont un slogan : il faut avoir a heir and a spare[un héritier et un de rechange]. C’est ce que fait Rupert Murdoch », dit Claire Enders, directrice d’Enders Analysis, influente observatrice britannique des médias, qui a côtoyé le clan Murdoch. James confirmait à sa manière, le 25 juin, lors d’un passage à une conférence à Cannes : « Nous sommes tous investis dans le succès des uns et des autres. »Pour lui, le rebond est spectaculaire. En février 2012, sa réputation était détruite par le scandale des écoutes au tabloïd britannique News of the World. Devenu persona non grataparmi l’élite du Royaume-Uni, James quittait Londres pour se réfugier à New York, au siège du groupe. Le jeune loup, arrivé à Londres une décennie plus tôt, était à terre.Il est tombé à cause des journaux, mais il ne jure que par les nouvelles technologies et la télévision. Après des études arrêtées en cours de route à Harvard, et des débuts faussement rebelles à monter un label de musique de rap – vite racheté par son père –, il a fait sa carrière dans la télévision. Il débute à 27 ans à Star Television, l’antenne asiatique du groupe. A 30 ans, en 2003, il prend la tête de Sky, malgré l’opposition des actionnaires qui s’agacent de voir ce bambin diriger le premier groupe de diffusion par satellite d’Europe.« Vu comme un type sympa »Mais il impressionne. « Il a été visionnaire, avec quinze ans d’avance sur des groupes comme Canal + », dit Mme Enders. Comprenant que télévision, téléphonie et Internet vont converger, il investit dans les télécommunications pour diversifier Sky , qui devient une vache à lait pour le groupe. Couronné de ce succès, il prend, en 2007, la direction de toutes les affaires de l’empire familial hors des Etats-Unis, y compris les journaux britanniques.Lachlan, lui, a claqué la porte du groupe. Pressuré par son père, fragile, il est parti faire des affaires en Australie, et élever ses enfants en bas âge. « Il a tout fait pour avoir une vie normale, témoigne Justin Jameson, directeur de Venture Consulting, une société spécialisée dans les médias en Australie. Lui et Sarah [sa femme] étaient comme les autres parents à l’école, aidant à la cantine… Il est vu comme un type sympa. » Pendant que son frère mène cette vie familiale, James apparaît comme l’hériter évident.Ce dernier commence à agacer. Sec et brutal, il joue au baron des médias, faisant régner la terreur, tirant les ficelles de la société. Il reçoit dans son bureau debout derrière un pupitre, pour abréger les réunions. Ecouter n’est pas son fort. Eduqué aux Etats-Unis, il a horreur de la petite élite britannique. Il veut des résultats, et vite.« Il a grandi dans un monde où son père pouvait décrocher le téléphone pour appeler n’importe quel premier ministre », dit Mme Enders. Il adopte la même attitude dominante, multiplie les attaques contre ses rivaux et en particulier la détestée BBC, noue des alliances avec les leaders politiques, de Tony Blair à David Cameron.Un appétit féroceJusqu’à ce que cette envolée irrésistible soit stoppée net par le scandale de News of the World : un système d’écoutes téléphoniques à grande échelle, réalisé par les journalistes du tabloïd. La défense de James : il y a bien eu des écoutes et son groupe a bien tenté d’étouffer le scandale, mais il n’était pas au courant. Un comité parlementaire britannique conclut qu’il a fait preuve « d’aveuglement volontaire ».Parti à New York, il laisse passer la tempête. L’occasion de tourner la page se présente en juillet 2014, quand, à la surprise générale, Rebekah Brooks gagne son procès. Accusée d’avoir commandité les écoutes, l’ex-rédactrice en chef de News of the World, qui était la vraie patronne des journaux britanniques du groupe, est blanchie. La défense de James, qui consiste à plaider l’ignorance, devient plus solide. Dans la foulée, la justice américaine abandonne l’idée de poursuivre le groupe en justice pour corruption à l’étranger. Enfin, la victoire des conservateurs aux élections législatives britanniques de mai assure à la famille Murdoch la présence d’alliés au pouvoir à Londres.Dès lors, la voie est libre pour le retour officiel de l’enfant prodigue. Pendant l’été 2014, il conduit l’offre de rachat de Time Warner, qui aurait abouti à la création d’un géant du câble aux Etats-Unis. L’échec a été rapide et cuisant, mais il donne une idée de l’appétit féroce du fils cadet.James ne pourra cependant pas faire ce qu’il veut. « Il est généralement considéré que Rupert Murdoch va continuer à diriger tant qu’il est dans les parages », notent les analystes de Zacks Equity Research. A 84 ans, le vieux lion reste fringant et n’a pas dit son dernier mot.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Annick Cojean L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntackton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube Dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1h20 du matin, le visage du premier ministre Alexis Tsipras apparut sur la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la Une du journal de samedi ». L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des Rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont payés 1 000 euros) et sur les ruines d’un journal brusquement fermé, était sur le pont. Et le lendemain, décision était prise de faire pour dimanche une édition spéciale avec pour manchette le mot « Dignité ».Sophistiquer un débat s’annonçant sans nuances« Il fallait aller vite, raconte le journaliste, donner le ton, soutenir l’initiative du premier ministre qui, franchement, n’avait pas d’autre choix que ce référendum, et contrer le rouleau compresseur des médias qui, dans leur quasi-totalité, allaient sonner l’alerte générale, torpiller Tsipras, transformer sa question en un « Pour ou contre l’Europe » et appeler à une déferlante de “oui”. » L’édito, non signé, fut titré : « Le “non” est pour l’Europe » et tentait de sophistiquer un débat qui s’annonçait sans nuances. « C’est une sacrée responsabilité d’aller contre la vague et d’appeler au vote “non”, affirme Dimitri Psarras dans les locaux étroits de sa rédaction. Car personne ne peut prédire les conséquences du “non”. On bute sur la question du lendemain, on fonce vers l’inconnu. J’ai encore l’espoir d’un compromis avant samedi. Mais je crains que cette crise soit pour l’Europe l’opportunité de se débarrasser de ce gouvernement qui ose remettre en cause son idéologie et qu’elle abhorre. » L’important, dit-il, est de donner aux lecteurs la possibilité de se faire une opinion en ouvrant tous les champs de réflexion possibles, « ce que s’interdisent 90 % des médias, tous entre les mains d’oligarques. » Une gageure dans le délai si court d’une semaine. « Mais ce n’est pas plus mal, relativise le journaliste. Quand on voit la propagande en cours, les rumeurs et les tentatives d’intoxication, je me dis que deux ou trois semaines de campagne auraient été dévastatrices. »« On improvise, conscients de vivre l’Histoire »Peut-être. Mais là, à quelques jours du scrutin, les médias grecs roulent à tombeau ouvert, excités, affolés, frénétiques, transformant les antennes de télévision en flux constant de débats et de flashs d’information aux allures de thriller, ou multipliant les manchettes et Unes fracassantes.« En 31 ans de journalisme et la couverture de 27 élections, je n’avais encore jamais vécu un référendum », explique l’éditorialiste conservateur Yannis Pretenderis, qui officie à la fois dans la presse écrite – en signant un éditorial chaque jour dans Les Nouvelles, le dimanche dans La Tribune – et qui intervient chaque soir au journal télévisé de la télévision privée Mega.« Alors on improvise, conscients de vivre l’Histoire ! On ne connaît pas les règles à suivre, les instituts de réglementation sont dépassés. Pour des élections parlementaires, on sait faire. Tout est structuré par les partis. Mais là, ça part dans tous les sens et les cartes sont brouillées. »Il n’empêche. Il est partisan du vote « oui », le clame sur les antennes comme un vote d’évidence et de raison, et à la question : « Avez-vous de l’influence ? », s’exclame en riant : « J’espère bien ! » Car il est urgent, dit-il, d’expliquer aux électeurs que la vraie question est « la drachme ou l’euro ? » « C’est ainsi que tous les leaders politiques européens résument la question posée pendant que le pauvre type qui nous gouverne s’obstine à nous dire : acceptez-vous la proposition 27 du texte de X pages des créditeurs ? Quelle inconséquence ! », tempête-t-il.Acteurs, mais très vulnérablesObservateurs, les médias ? Voyons ! se récrie le professeur George Pleios, directeur du laboratoire de recherches sociales sur les médias d’Athènes. « Ce sont plutôt des acteurs. Et encore plus dans une Grèce en crise, où ils sont devenus eux-mêmes très vulnérables économiquement, et prêts à troquer soutien politique contre aides financières. »Attention, prévient-il, le système, autrefois très simple, s’est complexifié. Les médias privés grecs appartiennent tous à des grandes familles ou des groupes travaillant dans la construction, la banque ou l’armement maritime. Longtemps, ces derniers ont beaucoup travaillé avec l’Etat, bénéficiant de ses commandes (routes, bâtiments publics, ensembles olympiques), de ses relations et intercessions, et de ses achats de publicité.Mais la crise a bouleversé la donne. L’Etat n’ayant plus d’argent, les groupes sont devenus dépendants des banques, lesquelles ont été renflouées par les institutions internationales qui attendent, en échange, une coopération disciplinée du gouvernement grec soutenu normalement par les médias.« Ce système est si connu qu’il a un nom : “Diaploki” qui signifie imbrication. Autrement dit : liaisons incestueuses entre industrie, finances, politique… et médias, analyse M. Pleios. C’est une constante grecque. Et cela explique que tous les grands médias privés soient alignés comme un seul homme derrière les leaders européens. Leur vie en dépend. » Et c’est notamment pour ça, insiste le professeur, que Syriza et ses ruades remettant en cause le système sont, depuis la première heure, la bête noire des médias.Consensus pour ne pas rompre avec l’EuropeLe journaliste Pavlos Tsimas, réputé pour sa modération et qui travaille à la fois pour le quotidien Kathimerini et la radio Skaï – qui appartiennent à la famille Alafouzos, des armateurs de Santorin –, apporte un autre éclairage : « Depuis les années 1970, l’élite politique, économique et intellectuelle de ce pays a fait le choix de l’Europe, convaincue que ce petit coin de la planète, entre Turquie et Balkans ne serait en sécurité que sous l’ombrelle de l’Europe. C’est donc aussi un choix existentiel ». Et puis il y a l’angoisse de ce qui suivra, en cas de divorce. « L’establishment a beaucoup à perdre et s’inquiète déjà de la nouvelle élite qui émergera : des mafieux dont l’argent est obscur et ne participe pas à l’économie de la Grèce. » Tout cela, dit-il, explique ce consensus des gens de médias pour ne pas rompre avec l’Europe. « Les rédactions ne sont pas monocolores mais c’est très difficile de rester mesuré. Le débat est si binaire et le public si méfiant qu’un journaliste trop balancé et trop subtile est tout de suite accusé d’être hypocrite, propagandiste caché, et donc discrédité ! »« Nous, on donne la parole aux fantômes »Reste ERT, le service public de la radio-télévision grecque réouvert le 11 juin. On l’attend au tournant bien sûr, en se demandant s’il trouvera le ton d’une indépendance politique qui lui a si longtemps manqué.Lire aussi :Grèce : le groupe audiovisuel public ERT a repris l’antenneMais Nikos Tsimpidas, le patron de l’information de la radio est confiant. « Notre différence ? Faire entendre la société, donner la parole aux gens, à la Grèce qui subit et qui souffre, pas qu’à celle qui décide et commente, revendique-t-il. Les autres médias font débattre les partis. Nous, on donne la parole aux fantômes des médias privés. »Ils ont évoqué largement les files d’attente aux distributeurs, dit-il, mais ils n’ont jamais raconté les queues devant les distributions de nourriture ou l’angoisse des chômeurs devant le bureau de l’emploi. « Eh bien, c’est notre rôle ! Il y aura les médias du système. Et puis nous, qui ne sommes pas la voix de Syriza. C’est David contre Goliath. » Et puis il y a Internet. Il suffit d’aller à une manifestation place Syntagma pour que tous les jeunes vous disent bouder la télévision et le bal des « talking heads » pour s’informer sur des sites dont ils s’échangent l’adresse sur les réseaux sociaux. Et dans cet espace, Syriza, pour une fois, a une longueur d’avance. A tel point que Yannis Pretenderis parle de « l’armée électronique de Syriza ». Une longue exclusion des médias traditionnels a en effet obligé le mouvement à investir Twitter et la blogosphère. Oui, pour prendre le pouls de ce pays aux cent médias mais sans boussole, Internet est désormais crucial.Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Il reste plusieurs obstacles à passer pour obtenir la validation de la vente controversée de Numéro 23 : le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit donner son agrément à la cession de la chaîne de Pascal Houzelot pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, se penche de près sur ce dossier. Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT.Le CSA a notamment saisi son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors d’Union européenne qui détient plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée.Le CSA se demande si UTH ne possède pas en réalité plus de 20 % des droits de vote dans Numéro 23. En effet, un pacte d’actionnaires a été noué début 2014, qui prévoit, notamment, que l’investisseur russe soit consulté pour les décisions importantes. Celui-ci possède un siège sur quatre au conseil de surveillance.Revente dès que possibleUne source proche de la chaîne assure qu’UTH ne possède aucun droit de blocage anormal et aucun droit au-delà de 20 %. Le pacte d’actionnaires n’est qu’une façon habituelle pour les minoritaires de protéger leurs droits et d’éviter que le majoritaire sorte de son business plan ou change d’activité, affirme-t-on. M. Houzelot – membre du conseil de surveillance du Monde – possède 70 % des droits de vote de Numéro 23. Et 15 % du capital est possédé par des entrepreneurs privés français, dont Bernard Arnault et Xavier Niel (actionnaire du Monde).Le Canard enchaîné pointe, mercredi 1er juillet, la présence d’un autre partenaire étranger : Qipco, un fonds d’investissement qatari, qui a prêté 5 millions d’euros. Mais une source proche de la chaîne affirme que ces obligations ne sont pas « convertibles » en actions.L’hebdomadaire assure que le pacte d’actionnaires prévoit la revente de la chaîne dès que possible, à partir de janvier 2015. Pour la direction de la chaîne, il ne s’agit là que d’une « clause de liquidité » donnant le droit à l’actionnaire russe de céder ses titres, sur lesquels M. Houzelot gardait un droit de préemption.Le rapporteur indépendant du CSA doit rendre un avis aux membres du collège, qui décideront. Ceux-ci se fonderont aussi sur l’étude d’impact économique en cours d’élaboration. Et devront évaluer l’importance d’un dernier point : si la chaîne a respecté ses obligations en matière de diversité, elle a été mise en demeure, le 26 juin, pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.06.2015 à 18h14 • Mis à jour le01.07.2015 à 09h07 Jérôme Fenoglio sera le nouveau directeur du Monde. Son nom a été finalement retenu par les journalistes des rédactions du journal et du site, consultés, mardi 30 juin, lors d’un vote organisé par la Société des rédacteurs du Monde (SRM), conformément aux statuts de désignation d’un directeur du journal dans l’entreprise.Selon ces statuts, pour être élu directeur et nommé au directoire de la Société éditrice du Monde (SEM), le candidat proposé par les actionnaires de la holding Le Monde libre (Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse, qui détiennent la majorité des capitaux de la SEM) doit atteindre une majorité de 60 % de votes positifs de la part des membres de la société des rédacteurs.Mardi 30 juin, les journalistes membres de la SRM se sont prononcés à plus de 60 % en faveur de Jérôme Fenoglio. Ce dernier sera donc nommé directeur du Monde pour un mandat de six ans, lors d’un conseil de surveillance extraordinaire qui devrait se tenir jeudi 2 juillet.Jérôme Fenoglio, 49 ans, occupait ces derniers mois le poste de directeur des rédactions, après être passé, depuis son entrée au Monde en 1991, par de nombreux services (rédacteur en chef du Monde.fr, grand reporter, rédacteur en chef du Monde 2, reporter au service Sciences, chef du service Société, chargé de la rubrique Exclusion, reporter au service Sports).Un premier vote sur le nom de Jérôme Fenoglio avait eu lieu le 13 mai : il n’avait recueilli que 55 % de votes positifs. S’en était suivi la démission du directeur par intérim du journal, Gilles Van Kote. Les actionnaires de la holding Le Monde libre avaient ensuite annoncé, le 15 juin, qu’ils souhaitaient qu’un nouveau vote ait lieu sur le nom de Jérôme Fenoglio.Ce processus était intervenu dans le cadre du renouvellement du directeur du Monde, initié un an auparavant après la démission de l’ancienne directrice, Natalie Nougayrède. Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse avaient alors confié à Gilles Van Kote le soin d’assurer l’intérim, ce qu’il a fait pendant près d’un an. Alexis Delcambre L’idéal olympique formulé par le baron Pierre de Coubertin en 1908 ne s’applique pas au marché des droits sportifs. Dans cette discipline, l’important, c’est de gagner, plus que de participer. David Zaslav, le PDG de Discovery Communications, l’a bien compris. La maison mère d’Eurosport vient de mettre 1,3 milliard d’euros sur la table pour acquérir les droits de diffusion européens des quatre prochains Jeux olympiques (JO) (soit sur la période 2018-2024), et sur tous les supports.L’irruption d’Eurosport sur ce marché vient rompre de vieux équilibres. Jusqu’ici, le Comité international olympique (CIO), détenteur des droits, s’accordait avec l’ Union européenne de radio-télévision (UER, un consortium de diffuseurs européens parmi lesquels la BBC, France Télévisions ou l’allemand ARD) ou directement avec ces chaînes. Cette fois, ces dernières ont été doublées par un concurrent américain, un géant de la télévision payante, qui réalise près de 6 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros) de chiffre d’affaires par an et consacre 2 milliards d’euros annuels aux achats de droits et de programmes.Ces chiffres permettent de mesurer la puissance nouvelle d’Eurosport, une ancienne possession de TF1 dont Discovery est devenu l’actionnaire majoritaire en 2014. Outre la force de frappe financière, la chaîne a joué de deux autres atouts : sa présence dans plus de cinquante pays européens, et son développement numérique – avec Eurosport.com et son service Eurosport Player.Mutation à grande vitesseSeules exceptions à cet accord : la Russie, et les droits de diffusion en France et au Royaume-Uni (pour 2018 et 2020), déjà attribués à France Télévisions et à la BBC. « Nous sous-traiterons une partie des droits », a rassuré M. Zaslav lors d’une conférence de presse, lundi 29 juin. Le CIO impose que 200 heures de programmes, pour les Jeux d’été, et 100 heures, pour ceux d’hiver, soient remis sur le marché à l’intention de chaînes gratuites. « Mais encore faut-il s’accorder sur le prix », pointe Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions.Première leçon de cet accord : Discovery n’est pas venu sur le marché européen pour faire de la figuration. Si Eurosport touche déjà 220 millions d’Européens, le potentiel estimé pour les JO est de 700 millions. Le Vieux Continent est le « marché émergent » que veut occuper le groupe américain, comme l’a encore répété M. Zaslav en mai, lors d’un passage à Roland-Garros.Seconde leçon : le marché des droits sportifs mute à grande vitesse. Pour la première fois de son histoire, le CIO a cédé les droits d’un continent en bloc, et non pays par pays. Comme pour certains films ou séries, la mondialisation est en marche, et elle écarte de la compétition les acteurs de taille nationale, au bénéfice des réseaux internationaux comme Eurosport ou BeIN Sports. En février, la chaîne qatari avait ainsi acquis les droits de la Coupe Davis de tennis pour le monde entier. C’est aussi cette compétition que TF1 n’a pas voulu jouer, en sortant d’Eurosport. Participer ne sert à rien, il faut gagner.Lire aussi :JO 2020 : le stade olympique de Tokyo va coûter 1,8 milliard d’eurosAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Fin de polémique en Israël pour Orange. L’opérateur télécoms français a annoncé dans un communiqué, mardi 30 juin, être parvenu à un accord avec l’entreprise israélienne Partner afin de redéfinir un « cadre à leur relation ». Derrière cette expression pudique, c’est la fin programmée du partenariat entre les deux entreprises qui s’esquisse, quelques semaines après une polémique, qui a vu Orange se retrouver au cœur d’une tempête médiatico-diplomatique.Selon le communiqué, le nouveau contrat qui lie les deux groupes « accorde à Partner et à Orange le droit de résilier l’accord de licence de marque Orange actuellement en vigueur. Si Partner n’exerce pas son droit de résiliation dans un délai de 12 mois, Partner ou Orange pourront alors résilier l’accord de licence de marque au cours des 12 mois suivants ».Orange versera 40 millions d’euros à Partner à la signature du contrat et un paiement additionnel de 50 millions d’euros devra être acquitté, si l’accord de licence de marque est résilié dans un délai de 24 mois.Violence des réactionsAu début du mois de juin, en déplacement au Caire, Stéphane Richard, le PDG d’Orange avait déclaré que, s’il le pouvait, il déciderait dès « demain » le retrait d’Orange d’Israël. Ces propos avaient été interprétés comme une volonté de quitter le pays et semblaient faire écho aux appels au boycottage lancés contre l’Etat hébreu.Devant la levée de boucliers suscitée, le patron de l’opérateur de téléphonie français avait tenu à rappeler que son groupe n’était pas lui-même directement présent en Israël. Le seul enjeu, soulignait M. Richard, était celui du retrait de l’usage de la marque Orange par la société Partner.Orange dispose en effet en Israël d’un accord de licence avec cet opérateur, qui utilise dans ce cadre la marque en échange d’une redevance. Cet accord date toutefois de 1998, c’est-à-dire lorsque cette marque était encore la propriété du groupe chinois Hutchison, deux ans avant son rachat par France Télécom.Face à la violence des réactions en Israël, M. Richard avait été contraint de se rendre en Israël afin de s’expliquer en tête à tête avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.Lire aussi :Polémique avec Israël : le PDG d’Orange s’explique, Nétanyahou s’enflamme« Nouveau cadre de partenariat » L’accord annoncé mardi permet donc à Orange de récupérer l’usage de sa marque dans les deux ans alors que l’actuel contrat prévoyait que son partenaire israélien en bénéficie jusqu’en 2025.« Orange se réjouit de ce nouveau cadre de partenariat », commente Pierre Louette, directeur général adjoint d’Orange, selon qui « Israël est un pays important, stratégiquement parlant. Nous avons établi avec ce pays une relation durable, par le biais notamment des activités innovantes conduites par les filiales Orange présentes sur place. »L’Etat hébreu est le seul pays dans lequel Orange est présent sans exploiter lui-même sa marque. Ainsi, contrairement aux autres pays, l’incubateur d’Orange pour les start-up en Israël (Fab Israel) n’affiche pas le nom du groupe.Dans le cas où l’accord avec Partner serait résilié, l’ensemble des activités de recherche et développement (R&D) et d’innovation de l’opérateur français en Israël passeraient sous la marque Orange.Anne EvenoJournaliste au Monde Daniel Psenny « Deug » est mort. Alain de Greef, directeur des programmes emblématique de Canal+ de 1986 à 2000, s’est éteint lundi 29 juin en fin d’après-midi dans sa maison de Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse). Il avait 68 ans. Depuis deux ans, il luttait contre un cancer des poumons et un cancer de la mâchoire, qui l’avaient obligé à suspendre ses activités professionnelles, mais qui ne l'empêchaient pas de s'indigner.Malgré la maladie, Alain de Greef était très actif sur Facebook, où il postait régulièrement ses colères et ses commentaires contre la télévision, dont il aura été un des plus grands dynamiteurs. « Il avait conservé une capacité d’indignation très rare pour une personnalité audiovisuelle de ce niveau », souligne Bernard Zékri, ancien du magazine Actuel, qu’Alain de Greef fit venir à Canal+ pour s’occuper du « Vrai Journal », de Karl Zéro, puis de la rédaction d’I-Télé, lancée par de Greef en 1999.« Nulle Part ailleurs », « Les Guignols de l’info »…Dans un entretien au Monde publié en novembre 2014, à l’occasion des trente ans de Canal+, Alain de Greef avait eu des commentaires très durs contre les dirigeants de son ancienne chaîne. Avec ses mots bien pesés, il y dénonçait « les experts en marketing » et pointait férocement « les dérives » de Canal, s’indignant, par exemple, de voir Nadine Morano ou Eric Zemmour sur le plateau du « Grand Journal », l’ancêtre de « Nulle Part ailleurs », un de ses bébés favoris. « C’est comme voir un odieux graffiti sur une toile de Vermeer ! », s’était-il énervé.Ancien élève de l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec, aujourd’hui devenu la Fémis), Alain de Greef a commencé sa carrière dans l’audiovisuel en 1971 comme chef monteur à l’ORTF, avant d’émigrer sur Antenne 2, tout juste créée, en 1974. C’est là qu’il rencontre Pierre Lescure, avec qui, en avril 1982, il concocte le magazine de pop culture « Les Enfants du rock », devenue une émission de référence. Lescure et de Greef, tous deux biberonnés à la culture américaine des années 1950, y font travailler de jeunes journalistes experts en musique rock et underground. Parmi eux, Bernard Lenoir, Philippe Manœuvre, Jean-Pierre Dionnet ou Antoine de Caunes, qui font découvrir Madonna, The Cure ou Indochine aux jeunes téléspectateurs coincés, à l’époque, entre seulement trois chaînes de télévision. Tout un petit monde que le tandem Lescure-de Greef embarque dans l’aventure Canal+, qui démarre le 4 novembre 1984, sous la présidence d’André Rousselet, l’ex-directeur de cabinet de François Mitterrand.De Greef y travaille d’abord comme directeur de production. Après avoir manqué de couler faute d’abonnés, la chaîne cryptée prend véritablement son essor en 1986, année où Alain de Greef est nommé par Lescure à la direction des programmes. En toute liberté, il peut enfin donner libre cours à sa conception de la télévision, où les émissions ne sont pas formatées et soumises à la sanction de l’audience. Il est ainsi à l’origine des programmes qui ont fait la notoriété de la chaîne : « Nulle Part ailleurs », « Les Guignols de l’info », « Groland », « Les Deschiens », et c’est lui qui, en lorgnant de près dans le laboratoire de Radio Nova, repère Jamel Debbouze et lance, entre autres, Jules-Edouard Moustic, Benoît Delépine ou Benoît Poelvoorde.« Il vomissait les tièdes »Car, par-dessous tout, Alain de Greef aimait déranger. « Il vomissait les tièdes », rappelle le journaliste Paul Moreira, qui, avec l’appui de de Greef, lança le magazine « Spécial Investigation ». Adepte de l’écrivain Guy Debord, dont il diffusa un documentaire sur Canal en première partie de soirée (!), Alain de Greef avait compris depuis longtemps que la société avait besoin de sa part de chaos et qu’il était nécessaire de bousculer ses règles à travers la télévision. Une posture qui lui valut plusieurs rappels à l’ordre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), que « Les Guignols de l’Info » ont immortalisé dans un sketch devenu célèbre où la marionnette d’Alain de Greef tente d’expliquer aux « sages »  sa démarche éditoriale, avec son phrasé tout personnel, composé de « Çaaa vaaa ! », « Çaaa vaaa paas ! ».Viré en 2001 de Canal+ après les changements d’actionnaires, Alain de Greef n’avait pas abandonné son envie de télévision. Il étudiait toujours de près des projets de chaîne sur le Net, notamment avec Jamel Debbouze et Alain Chabat, l’un des Nuls qui contribua fortement au succès de Canal. Il consacrait également beaucoup de son temps à écouter du jazz et, en fin connaisseur d’art, il fréquentait beaucoup les musées. « Je suis un paisible retraité provincial », avait-il expliqué au Monde, l’œil vif et toujours rieur.Lire l'interview datant de 2014 :Alain De Greef : « Il reste beaucoup d’espace à la télévision pour des projets culturels originaux. Encore faut-il le vouloir »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.06.2015 à 11h39 • Mis à jour le27.06.2015 à 14h03 | Elise Vincent et Alexandre Piquard Deux affaires très médiatiques concernant des enquêtes pour favoritisme dans le secteur audiovisuel pourraient-elles être annulées ? C’est ce qu’espèrent les défenseurs des personnalités visées : Patrick de Carolis, l’ancien président de France Télévisions, et Mathieu Gallet, actuel président de Radio France, visé pour son mandat à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Les deux ne sont pas du tout dans la même situation – le premier est mis en examen, l’autre ne se voit pour l’instant concerné qu’à travers une enquête préliminaire.Mais les deux ont repéré un argument juridique qui, selon leurs avocats, rendrait impossible de les inquiéter pour favoritisme. En cause : les règles particulières auxquelles sont soumis l’INA et France Télévisions en matière de marchés publics.M. de Carolis a été mis en examen, en avril 2014, dans le volet « France Télévisions » du dossier Bygmalion, qui concerne par ailleurs le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. L’enquête porte sur différents contrats signés par le groupe public d’audiovisuel, en particulier ceux conclus à partir de fin 2008 avec Bygmalion.Ces contrats avaient notamment pour but de veiller à la réputation du groupe sur Internet, gérer le courrier des téléspectateurs, etc. Or Bastien Millot, le fondateur de Bygmalion, avait été jusqu’en 2008 directeur délégué de la stratégie à France Télévisions auprès de M. de Carolis, avant de quitter l’entreprise. Il a été mis en examen pour recel de favoritisme. Camille Pascal, ancien secrétaire général de France Télévisions, est également mis en examen dans ce dossier pour favoritisme.Les révélations du « Canard enchaîné »M. Gallet est lui concerné par une enquête préliminaire conduite depuis le 8 juin sous l’autorité du parquet de Créteil (Val-de-Marne). Il n’est pas visé en tant que tel, mais les soupçons de « favoritisme » portent sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » à l’INA, alors qu’il était président. L’enquête fait suite à un signalement de la ministre de la culture, Fleur Pellerin. Au mois de mai, Le Canard enchaîné avait évoqué les prestations demandées à six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, ce que M. Gallet avait contesté dans un communiqué.Outre le débat sur les faits, le raisonnement juridique de défense est le suivant : France Télévisions est une société de droit privé et l’INA, un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Ces deux structures ne dépendent donc pas, statutairement, du code des marchés publics (CMP) mais d’un autre texte : une ordonnance du 6 juin 2005. Celle-ci fixe, comme le CMP, les consignes de mise en concurrence en fonction des montants des contrats. Mais elle est d’une nature juridique différente du CMP : ne pas respecter l’ordonnance ne pourrait être puni pénalement, selon les avocats concernés.Lire aussi :France Télévisions : l’enquête Bygmalion s’élargitDemande d’annulationLes conseillers de MM. Gallet et de Carolis ciblent en particulier le délit de favoritisme. Celui-ci ne pourrait s’appliquer car, selon une lecture littérale du code pénal, il ne permet de condamner à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende que les atteintes aux règles des « marchés publics et délégations de service public ». Un argument qui s’appuie sur un arrêt de la cour d’appel de Paris du 26 novembre 2012 : « La violation des règles applicables aux marchés soumis à cette ordonnance n’est pas pénalement sanctionnée et ne peut notamment pas être poursuivie sur le fondement d’une quelconque autre infraction de favoritisme », avait écrit la cour.Sur cette base, Patrick de Carolis, représenté par les avocats Michel Beaussier et Anastasia Pitchouguina, a contesté, avec MM. Pascal et Millot, sa mise en examen, demandant son annulation. Une audience a eu lieu devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. La décision est attendue jeudi 2 juillet.Du côté de Mathieu Gallet et de son entourage, personne ne s’exprime, faisant valoir que l’enquête préliminaire est en cours et qu’il n’est pas dit qu’elle débouche sur l’ouverture d’une information judiciaire. Mais les conseils de l’ancien président de l’INA ont bien en tête, eux aussi, l’arrêt du 26 novembre 2012.Les trois principes fondamentauxToutefois, tous les experts ne sont pas de l’avis des défenseurs de MM. Gallet et de Carolis. Pour Sébastien Palmier, avocat spécialiste du droit public et des marchés publics, les entreprises qui dépendent de l’ordonnance de 2005 ne peuvent s’exonérer des trois principes fondamentaux de la commande publique qui ont valeur « constitutionnelle » : « La liberté d’accès au marché, l’égalité des candidats et la preuve de la mise en concurrence. »L’avocat rappelle par ailleurs que deux arrêts de la cour d’appel de Saint-Denis de La Réunion de février et juin 2012 ont abouti à des conclusions inverses à celle avancée par les conseils de MM. Gallet et de Carolis. « Il existe certes un débat sur ce qu’il faut entendre par “marché public” mais la question n’est pas aussi tranchée qu’on souhaiterait le faire croire. La plus grande prudence est de mise en l’absence de décision de la Cour de cassation », souligne-t-il.Enfin, d’ici avril 2016, le ministère de l’économie doit transposer plusieurs directives européennes sur la question des marchés publics. Dans ce cadre, Bercy a pour projet de réunir dans un seul et même texte les règles relatives aux marchés publics et aux partenariats public-privé. Ce qui reviendrait à supprimer la distinction sur laquelle s’appuient aujourd’hui les avocats de MM. Gallet et de Carolis. Un texte « très attendu » par l’ensemble des acteurs du secteur, souligne Me Palmier, mais qui n’aurait pas de portée rétroactive, estime un avocat de la défense.Le débat pourrait être tranché bientôt en droit, mais ces dossiers sont aussi très politiques : Patrick de Carolis, nommé sous Jacques Chirac, travaillait avec M. Millot, proche de M. Copé, et M. Pascal, proche de Nicolas Sarkozy. Mathieu Gallet a lui travaillé dans des gouvernements de droite mais a été le premier président nommé par le CSA d’Olivier Schrameck, aux pouvoirs renforcés par M. Hollande. Tous vont scruter la décision qui va être rendue dans le dossier Bygmalion-France Télévisions, le 2 juillet.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Anne Devailly (Montpellier, correspondante) Le groupe La Dépêche du Midi, basé à Toulouse et présidé par Jean-Michel Baylet, a finalisé, jeudi 25 juin, l’acquisition des Journaux du Midi composé de Midi Libre, L’Indépendant et Centre Presse. Les Journaux du Midi appartenaient jusqu’ici au groupe Sud-Ouest basé à Bordeaux.Jean-Michel Baylet est venu à Montpellier pour entériner la vente. Il a annoncé qu’il fallait sans doute s’attendre à des suppressions d’emploi, qui seront précisées par la suite, mais qui pourraient atteindre 150 postes dans chacun des deux groupes. Ces suppressions concerneront tous les services, des rotatives à la rédaction en passant par la régie publicitaire.Les chiffres montrent que le groupe des Journaux du Midi, malgré des plans sociaux qui se suivent depuis des années, n’a pas la même rentabilité que le groupe La Dépêche : le journal de La Dépêche du Midi emploie 800 salariés, couvre 10 départements et réalise un chiffre d’affaires de 145 millions d’euros. Le groupe Les Journaux du Midi emploie 930 salariés, couvre 5 départements et réalise un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros.Quatrième groupe de presse quotidienne régionaleL’ensemble va maintenant couvrir un territoire de six millions d’habitants avec deux métropoles (Toulouse et Montpellier). Le nouvel ensemble se positionne comme le quatrième groupe de presse quotidienne régionale.L’audience cumulée de leurs deux sites (vingt millions de visites par mois) les place, selon Jean-Michel Baylet, en première position, devant le site de Ouest-France. Jean-Michel Baylet rachète Midi Libre pour 15 millions euros, alors que Sud-Ouest l’avait racheté au groupe Le Monde pour 90 millions d’euros en 2007.Jean-Michel Baylet, également président du PRG, a affirmé que ce rachat n’avait aucun rapport avec la fusion administrative qui se prépare entre le Languedoc-Roussillon et Midi- Pyrénées et ne cache pas d’arrière-pensées politiques : « Je suis contre cette fusion, personne dans ces deux régions n’avait rien demandé. On m’a prêté des intentions machiavéliques, alors que j’ai toujours été hostile à ce regroupement ».Investissements attendus sur le numériqueBernard Maffre, vice-président directeur général du groupe La Dépêche a été nommé président-directeur général de Midi Libre, en remplacement d’Olivier Gerolami (groupe Sud- Ouest). Jean-Nicolas Baylet, l’un des fils de Jean-Michel, est nommé vice-président du groupe, plus spécifiquement en charge du numérique. Xavier Clément devient directeur général des Journaux du Midi.Parmi les pistes envisagées, un développement des activités dans l’événementiel et des investissements attendus sur le numérique. La Dépêche estime notamment que ses propres outils numériques pourraient être étendus à Midi Libre.C’est notamment le cas du « Paywall » (le système qui fait que les internautes consultant beaucoup le site passent en mode payant) et d’un service Premium avec diffusion d’un journal vidéo tous les jours à 18 heures. « Il nous faut modifier l’équilibre des recettes entre la presse écrite et la diversification numérique, a estimé Jean-Nicolas Baylet. Depuis deux ans, on voit enfin que le payant peut être envisageable sur le web, c’est une bonne nouvelle. »Anne Devailly (Montpellier, correspondante)Journaliste au Monde Alexis Delcambre L’Etat va mettre la main à la poche pour aider Radio France à sortir de l’ornière. Selon nos informations, l’entreprise publique va recevoir 80 millions d’euros de financement exceptionnel, afin de faire face aux besoins de trésorerie engendrés par l’interminable chantier de réhabilitation de la Maison de la radio.Lire aussi :L’interminable chantier de la Maison de la radioCette somme, dont le montant a été annoncé, mardi 23 juin, en conseil d’administration, sera versée sous deux formes différentes. Cinquante-cinq millions d’euros seront apportés aux fonds propres de l’entreprise sous forme d’une dotation en capital, sous l’égide de l’Agence des participations de l’Etat (APE). Répartis sur trois exercices budgétaires (de 2016 à 2018), 25 autres millions d’euros seront issus de la contribution à l’audiovisuel public (la « redevance »), au titre de l’investissement.Un geste de l’Etat était attendu et avait été promis par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors de la longue grève qui a paralysé Radio France, en avril. « J’ai proposé une intervention au capital de l’entreprise, pour l’accompagner dans cette période difficile », avait-elle déclaré dans un entretien au Monde. Son montant et ses modalités restaient à définir, dans un contexte où chaque euro d’argent public compte et où il est par ailleurs demandé à l’entreprise de se réformer.Lire aussi :Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio FranceUn chantier à plus de 100 millions d’eurosAu ministère, on explique que les formes d’intervention retenues – une dotation en capital et un budget d’investissement – permettent de bien distinguer cet apport exceptionnel de ce qui relève du fonctionnement courant de l’entreprise. Cet apport ne sera par ailleurs pas le seul : Radio France a soumis une demande de prêt à trois banques et recherche 90 millions d’euros pour subvenir à ses besoins de trésorerie. Mais pour obtenir l’accord des banques, elle doit d’abord finaliser son contrat d’objectif et de moyens (COM), dont la conclusion n’est pas attendue avant septembre.L’apport de l’Etat, ainsi que cet emprunt, sont censés permettre à l’entreprise de répondre aux besoins de financement supplémentaires liés au chantier, évalués à ce stade entre 100 et 110 millions d’euros. Mais cette estimation laisse un angle mort : le sort d’une partie des studios, dits « studios moyens ». Des études doivent être menées pour déterminer comment mener leur réhabilitation.L’aide apportée par l’Etat lève une partie des incertitudes financières pesant sur Radio France. Mais elle ne résout pas la « question stratégique » qui doit être au cœur du COM, pointe-t-on au ministère. Ni la question des 44 millions d’euros d’économies, dont 24 sur la masse salariale, que l’entreprise doit dégager dans le cadre du COM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Circa News has been put on indefinite hiatus [Circa News a été suspendue pour une durée indéterminée] », écrit le co-fondateur de l’application mobile d’information, Matt Galligan, dans un post publié, jeudi 25 juin, sur la plate-forme Medium. Celui qui est aussi PDG de la start-up créée en 2011 explique que sa compagnie n’a plus les moyens de financer sa production de contenus.M. Galligan raconte qu’une nouvelle levée de fonds – après la première, de 5,7 millions d’euros –, a échoué car l’équipe de Circa n’a pas voulu affecter l’expérience des utilisateurs en optant soit pour l’insertion de formats publicitaires, soit pour la mise en place d’un système d’abonnement.Le paradoxe pour Circa est qu’il a été le premier à proposer, en 2013, une expérience d’information conçue pour le mobile, en se positionnant sur de l’agrégation de haute qualité, à base de contenus externes soigneusement choisis par une rédaction de 20 personnes, présentés de façon très découpée, agrémentés de nombreux enrichissements (citations, liens…), avec une fonctionnalité permettant de suivre un sujet. À son lancement l’application avait suscité de nombreux commentaires élogieux. Mais Circa a « échoué à construire un business à partir de son produit », admet le co-fondateur.Plusieurs obstacles au succèsL’application n’a jamais communiqué ses chiffres d’audience, que son M. Gilligan qualifie de « modeste ». Pour certains critiques, tel Joshua Benton, responsable du Nieman Lab, l’inventivité narrative de Circa ne compense pas son manque de personnalité éditoriale. « Découper un article en bouts, c’est prendre le risque d’en retirer tout le ton, tout l’aspect humain, estime M. Benton, rappelant la différence entre le style d’un site de divertissement comme Buzzfeed et l’hebdomadaire britannique de référence The Economist. Les articles sur Circa sont fades et dénués de personnalité. C’est la confusion entre une stratégie de logiciel d’édition de contenu et une stratégie éditoriale. »Mais l’échec de Circa est aussi un symptôme du développement insuffisant de l’économie du mobile, comme l’a décrypté Frédéric Filloux dans sa Monday Note. Alors que la part mobile du trafic web dépasse fréquemment les 50 %, les revenus tirés du mobile plafonnent à 30 % et sont concentrés entre les mains de quelques entreprises, notamment Facebook. Elle illustre aussi la rapidité des changements de modèles : en deux ans, Circa a vieilli, notamment dans son absence de perméabilité avec les réseaux sociaux.Si Circa ne donne pas de détails sur ce qui va désormais advenir, c’est qu’il espère vendre une partie de ses actifs, par exemple sa plateforme de publication. Il y a quelques semaines, le site américain consacré à la vie du web et des jeux vidéo Daily Dot a confirmé discuter avec les fondateurs de Circa, rapporte le blog The Desk.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.06.2015 à 01h30 • Mis à jour le25.06.2015 à 09h01 Une amende de 5 000 euros a été requise, mercredi 24 juin, à l’encontre d’Eric Zemmour, poursuivi notamment pour incitation à la haine raciale et diffamation raciale, pour avoir évoqué, lors d’une chronique à la radio, « les bandes » d’étrangers « qui dévalisent, violentent ou dépouillent ». Le parquet a en outre requis 3 000 euros d’amende avec sursis à l’encontre de RTL, poursuivie pour avoir diffusé la chronique de M. Zemmour sur son site Internet.« Dans l’urgence »Eric Zemmour a expliqué avoir appuyé ses propos sur des témoignages, comme ceux « d’agriculteurs dépouillés par des bandes de Roms » et « des touristes chinois dévalisés à Paris » par ces mêmes « bandes ». Il a aussi souligné qu’il travaillait « dans l’urgence » et qu’il ne pouvait pas analyser toutes les statistiques sur la délinquance et se devait donc de « synthétiser ».« C’est ma liberté d’expression ; si on ne fait pas ça, on ne peut plus travailler », s’est défendu M. Zemmour, qui se dit « victime d’un procès profondément politique ». « Je ne suis pas assistante sociale, mon métier n’est pas de savoir si je vais faire de la peine à Untel ou Untel. Mon métier, c’est dire la vérité », a-t-il poursuivi.Mais pour le procureur de la République M. Zemmour tient « des propos sans nuance » qui « rejaillissent sur des groupes visés dans leur ensemble » et « stigmatisent » les populations immigrées. « Vous parlez d’acharnement, mais je ne sais pas de qui l’on parle », a ajouté la magistrate après avoir souligné que le prévenu avait déjà été condamné en 2011 pour les mêmes chefs, pour avoir déclaré à la télévision que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Le jugement a été mis en délibéré au 22 septembre. Laure Belot //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/360741', 21484, '', 'pave_milieu', '']); //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/360741', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Gisèle Bienne panse ses blessures familiales Svetlana Alpers : regarder, tout un art Histoire de l’art, patience de l’œiltous les articles de la thématique Votre roman d’anticipation « Silo », auto publié en ligne en 2011, a connu un succès mondial. Vous percevez-vous comme un pionnier ?Je me considère plutôt comme quelqu’un de chanceux d’écrire à l’époque actuelle. Je fais partie de cette douzaine d’initiative d’auto-édition en ligne qui sont devenues des « succès ». C’est une sacrée chance. Ces changements étaient annoncés et auraient eu lieu, quels que soient les acteurs y participant. Cinq ans auparavant, j’aurais vendu mes droits à un éditeur pour des broutilles et n’aurai pas eu le même succès. Puis cinq années plus tard, j’aurai regardé quelqu’un d’autre être un « pionnier ». La vérité est que nous étions tout simplement en train de marcher lorsque cette voie s’est ouverte. Personne n’a eu à se frayer de passage avec une machette.Comment percevez-vous l’évolution de la lecture ?Mon premier roman est sorti en 2009, à la fois sur papier et en ligne. Je me suis toujours occupé moi-même des versions imprimées. Au fil du temps, de plus en plus de mes lecteurs ont lu en ligne, une tendance qui s’accroît encore actuellement. Cela est directement lié à la façon dont nous consommons l’information, sur plus de sites et moins de magazines, à la façon dont nous écrivons des mails plutôt que des lettres. A la façon dont nous écoutons de la musique par des canaux numériques, sans acheter d’album ou de CD.La lecture se déplace en ligne. Certaines personnes ne sont pas satisfaites de cette évolution, mais il me semble stupide de s’en irriter. Nous devons juste espérer que les personnes continuent à lire, quel que soit le support utilisé pour le faire. Pour des lecteurs qui habitent dans des zones rurales, sans librairie près de chez eux, les livres numériques sont une bénédiction. Je trouve fascinant que certaines personnes restent accrochées sur la forme sous laquelle une histoire est livrée plutôt que sur la beauté des mots eux-mêmes.Vous interagissez beaucoup avec vos lecteurs, par votre site et sur les réseaux sociaux. Que vous apporte cette activité ?Un bonheur personnel. Je suis très proche de mes lecteurs. J’ai récemment nettoyé une unité de stockage (informatique) pleine de livres et des souvenirs, certains étaient vraiment de valeur. J’ai expédié tout cela en ligne à des lecteurs qui l’ont eux-mêmes partagé avec ce qu’ils avaient sur leur propre page Facebook. Nous nous sommes tous bien amusés. Certains courriers électroniques de remerciement m’ont ému aux larmes. Cela me motive pour écrire plus, et mieux.Cela vous inspire-t-il dans votre travail ?Absolument. La « muse » de l’écriture n’est pas, selon moi, quelqu’un qui inspire une œuvre avant qu’elle ne soit écrite. la muse est quelqu’un qui apprécie l’art après sa création. J’ai écrit mon premier roman pour mon dernier ami, qui a lu chaque chapitre à sa sortie de l’imprimante et cela a alimenté ma passion pour ce métier. Entendre le retour d’un auditoire me donne envie de me replonger dans une histoire.Pendant des dizaines de milliers d’années, la tradition du conte a été orale et non écrite. Les conteurs, tels des bardes, racontaient des histoires face à un public. Cette interaction était clé. Pour de nombreux romanciers, elle a disparu, et je vois cela comme une immense perte. Nous avons bien sûr besoin de nous retirer et d’être seul pour penser et améliorer nos œuvres, mais nous devons également célébrer des aspects plus vivants, tels le partage de ces travaux, et l’écoute de ce qui vient en retour, comment ces travaux touchent les lecteurs.Breat Easton Ellis a suggéré à certains fans d’écrire la suite d’« American Psycho ». Vous avez également tenté une sorte de co-création avec votre communauté. Qu’en avez-vous tiré ?J’ai aimé ouvrir mon monde à mes fans pour qu’il puisse l’explorer. Ce n’est pas vraiment de la co-création dans le sens où nous ne travaillons pas sur la même partie, mais c’est de la co-création tout de même car il s’agit de peindre sur la même toile, avec de mêmes pinceaux. Les fans créent leur propre version de mon univers, faisant vivre de nouvelles aventures à mes personnages, et amenant l’histoire dans des directions liées à leur propre imagination. Cela a été une expérience très agréable d’observer tant d’enthousiasme et d’implication. Une fois qu’une œuvre est publiée, elle ne nous appartient plus vraiment.Lire aussi :Les communautés de lecteurs sur Internet, nouveau salut des écrivainsVous avez testé la publication par épisodes. Est-ce devenue une nécessité pour une nouvelle génération de lecteurs ?Je le pense, en effet. Regardez comment les séries télé ont jailli et sont devenues des vecteurs bien supérieurs aux films pour raconter des histoires. Cette temporalité donne plus d’espace à l’histoire pour respirer : les lecteurs ont le temps de l’examiner avant que le prochain épisode ne soit publié. Une conversation peut grandir. Cela est une excellente façon d’écrire un récit, comme Charles Dickens nous l’a montré d’ailleurs.Vous avez conclu en 2012, un accord avec une maison d’édition. Est-il vrai que vous avez gardé vos droits d’auteur pour les versions numériques ?Oui. Mon contrat aux Etats-Unis avec Simon & Schuster ne concerne que les éditions dites cartonnées [« hardcover »] et brochées [« paperback »]. J’ai gardé les autres droits. Cela me donne un contrôle créatif et me permet également d’avoir des revenus bien plus importants.Pour vous adapter au téléchargement-piratage de fichiers, vous avez créé sur votre site un bouton explicite : « Vous avez téléchargé le livre et voulez payer, c’est ici ». Cela fonctionne-t-il ?Oui. Il n’y a pas un jour où quelqu’un ne me paye pas en ligne après-coup. Juste cette semaine, deux lecteurs m’ont très largement surpayé pour l’entière série « Silo ». Un autre s’est platement excusé en me disant m’avoir volé. Je lui ai dit qu’il n’en était rien. Je vois dans cette activité en ligne et ces partages quelque chose de similaire à l’emprunt à un ami, ou lorsque l’on récupère un livre d’occasion chez un bouquiniste. Tout cela nous revient d’une manière ou d’une autre. Nous devrions, me semble-t-il aborder la lecture, ces changements et ces nouvelles questions avec plus de confiance et moins de peur.Lire aussi :Roxane Gay : « Sur Internet, j’ai gagné une communauté »Lire aussi :Margaret Atwood : « Etre sur Twitter, c’est comme posséder sa petite station de radio »Silo est publié en France par Actes Sud (trois volumes parus). Un film tiré de ce roman, produit par Ridley Scott et Steve Zaillian, est en préparation.Laure Belot Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Nous avons la volonté de réaffirmer l’exigence d’exemplarité dans les établissements publics. » Telle est l’ambition du ministère de la culture alors que Fleur Pellerin a adressé aux dirigeants des 75 établissements culturels et audiovisuels, mercredi 24 juin, une « instruction pour la maîtrise et la transparence » des dépenses. Un travail de fond pour harmoniser et renforcer les règles en vigueur. Mais aussi un affichage politique volontariste sur un thème très sensible dans l’opinion, comme l’ont démontré plusieurs affaires, touchant jusqu’au premier ministre Manuel Valls, qui avait emmené ses enfants en avion voir la finale de la Ligue des Champions.Une réaction à « l’affaire » du bureau de Mathieu GalletL’initiative de Mme Pellerin a été lancée en mars, en réaction à l’affaire Mathieu Gallet : à l’époque, le nouveau PDG de Radio France se voit reprocher les frais de rénovation de son bureau. Il sera blanchi par l’inspection générale des finances sur ses dépenses dans le groupe audiovisuel. Mais une enquête préliminaire a, depuis, été ouverte pour favoritisme sur les prestations de conseils extérieurs à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sous sa présidence (2010-2014).Lire : Mathieu Gallet visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme »  Dans le sillage de ce feuilleton est née l’affaire des taxis d’Agnès Saal, poussée à la démission de la présidence de l’INA. La circulaire envoyée mercredi par le... 23.06.2015 à 19h34 • Mis à jour le23.06.2015 à 21h01 | Alexandre Piquard Les sanctions infligées aux médias par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour le traitement des attentats de janvier ne passent toujours pas. Selon nos informations, la plupart des chaînes et radios qui avaient contesté leurs mises en demeure et mises en garde ne désarment pas, malgré le rejet de leur recours gracieux par l’autorité, le 1er juin. La semaine dernière, France Télévisions, BFM-TV et RMC, France 24 et RFI, RTL et Europe 1 ont déposé chacun un recours au Conseil d’Etat contre les décisions du CSA. Selon ce dernier, des personnes avaient été mises en danger et le travail des forces de l’ordre gêné.« C’est un enjeu majeur pour la liberté de travail des journalistes de service public, dont l’information est une des missions centrales », explique-t-on à France Télévisions, résumant le sentiment d’autres médias concernés. « La volonté est d’avoir un éclairage juridique sur le fond, pour l’avenir, et d’avoir un cadre légal précisé au regard de l’évolution des médias et de l’information en continu », ajoute-t-on à France Médias Monde (France 24, RFI…). Les chaînes et radios se défendent de toute action procédurière ou corporatiste.Le cas particulier de l’assaut à Dammartin-en-GoëleLe 11 février, l’institution dirigée par Olivier Schrameck avait sanctionné pas moins de 36 « manquements » divers. Certains étaient des défauts de « respect de la dignité humaine », comme dans le cas de la diffusion d’extraits de la vidéo amateur d’un policier abattu par les frères Kouachi.D’autres ont été considérés comme des atteintes à « l’ordre public » : par exemple « la diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes », ou « la diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie ».Dans leurs recours auprès du Conseil d’Etat, les médias concentrent leur argumentation sur une sanction particulière : celle visant « l’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la porte de Vincennes ». « La divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële », avait écrit le CSA.L’ordre public, une notion trop vague ?Il ne s’agit pas de faits avérés mais d’un risque potentiel. Le CSA considère a priori qu’il aurait pu y avoir un trouble à l’ordre public, arguent les médias concernés. A BFM-TV et RMC, ainsi qu’à France Télévisions, notamment, le recours repose sur le raisonnement suivant : la liberté d’expression définie par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme ne peut être restreinte que par des références à des infractions pénales précises (par exemple la provocation à la haine raciale, le négationnisme…). Et donc pas par une interprétation par le CSA du concept, vague, d’ordre public, cité à l’article 1er de la loi sur l’audiovisuel de 1986.« Le risque est de nous contraindre à demander au ministère de l’intérieur si une information peut porter atteinte à l’ordre public. Est-ce légitime ? C’est un problème de fond », estime-t-on à RTL. Lors du début de l’assaut à Dammartin-en-Goële, les journalistes étaient témoins directs, comme d’autres riverains, ajoute-t-on. Aucune consigne n’avait été donnée sur cette information aux médias par les forces de police, ajoute-t-on à France Télévisions.« On ne veut pas que la liberté de la presse soit réduite a priori. Il y a en France des lois pour que le juge tranche a posteriori », renchérit RTL. Plusieurs médias s’inquiètent d’une « insécurité juridique » qui pourrait mener à de « l’autocensure » et réclament un cadre au Conseil d’Etat.« Distorsion de concurrence » avec les réseaux sociaux et les sites de médiasContacté, le CSA ne souhaite pour l’instant pas réagir, ne disposant pas du contenu des recours déposés. « Nous ne sommes pas donneurs de leçons », s’était défendu Olivier Schrameck dans Le Figaro. « Il ne s’agit pas de distribuer des sanctions pour l’exemple. L’hommage que j’ai rendu aux médias pour leur rôle dans la prise de conscience collective, je le réitère », avait-il ajouté, tout en reconnaissant la « portée préventive » des sanctions.Enfin est pointée une « distorsion de concurrence » défavorable aux chaînes de télévisions et aux radios, soumises au CSA. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, mais aussi les sites internet de médias, qui ont pour la plupart couvert les événements en direct, ne dépendent eux pas de cette autorité. « Si une information est diffusée ailleurs mais que nous devons la taire, il risque de s’installer une défiance de nos spectateurs, qui seront tentés de s’informer à d’autres sources. Alors que nous sommes justement garants d’un professionnalisme de l’information », estime-t-on à France Télévisions, rappelant que l’entreprise a un code de déontologie.M. Schrameck avait reconnu le « problème » : « Nous avons d’un côté un champ médiatique qui est très précisément régulé et de l’autre un champ numérique qui ne l’est pas ou très peu », avait-il dit au Figaro, renvoyant la question au législateur.« Prise de conscience commune » et prudenceCes débats et ces recours interviennent dans un contexte particulier : le CSA voit son action contestée sur plusieurs points et le Conseil d’Etat a notamment cassé sa décision contre le passage en gratuit de LCI et Paris Première. Les médias concernés, eux, restent prudents dans leur expression, car ils dépendent tous de l’autorité pour diverses décisions, à l’image d’une BFM-TV qui espère ne pas voir arriver une troisième chaîne d’information en continu sur la TNT.« Il y a eu une prise de conscience commune aux médias d’information qui ont été sanctionnés, explique pourtant l’un d’eux. Ce CSA-là a pris une tournure inattendue, alors qu’Olivier Schrameck avait dit à son arrivée qu’il voulait être davantage régulateur que censeur. »Mais les médias en continu savent aussi que la bataille de l’opinion n’est pas forcément gagnée et que la couverture des attentats, dont la plupart sont fiers, a suscité des critiques. « Le climat d’insécurité et d’attaques terroristes nous fait accepter des choses qu’on aurait refusées autrement », regrette un dirigeant. Après avoir invité les médias à un débriefing ouvert, le CSA a pris en compte dans ses sanctions l’émotion du « public » : « Dans un premier temps, il veut tout savoir, mais très curieusement, très vite, il a lui-même réagi, ayant le sentiment que tout ne peut pas être dit ou montré », avait dit Nicolas About, membre du CSA, sur Europe 1.Fleur Pellerin avait, elle, apporté son soutien aux décisions : « Le CSA est dans son rôle, il doit réguler l’audiovisuel », avait déclaré la ministre de la communication. Tout en promettant un cadre « plus clair » à l’avenir.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.07.2015 à 15h31 • Mis à jour le04.07.2015 à 10h20 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre La tempête médiatique autour des « Guignols » masquait une bataille au sommet de Canal+, qui s’est soldée, vendredi 3 juillet, par le départ de son numéro deux, Rodolphe Belmer. Sa disgrâce a été prononcée par un communiqué de Vivendi, propriétaire du groupe, qui a nommé son adjoint, Maxime Saada, au poste de directeur général. Selon nos informations, le dernier rendez-vous entre Rodolphe Belmer et la direction de Vivendi s’est tenue mercredi pendant plus d’une heure. C’est à l’issue de cet entretien que Vincent Bolloré a pris sa décision.C’est un signe fort de reprise en main de la chaîne par le groupe de M. Bolloré, qui s’est néanmoins voulu rassurant sur l’avenir des célèbres marionnettes en latex. Le président du conseil de surveillance de Vivendi a expliqué, lors d’un comité d’entreprise, que leur survie était assurée. « Les Guignols font partie du patrimoine de Canal+ qui a été, je le rappelle, créé par Havas [dont l’homme d’affaires breton est également le premier actionnaire] il y a trente ans » et « il est hors de question de se priver de cet atout qui est la propriété du groupe », a-t-il ensuite précisé à l’Agence France-Presse. Tout en indiquant que « les dirigeants de Canal+ et de Vivendi devraient décider sous quel format et à quel moment ils devraient être distribués ».Pour Vivendi, la polémique des derniers jours était déplacée : la volonté de M. Bolloré n’était pas de supprimer « Les Guignols de l’info » pour des raisons politiques, mais plutôt d’envoyer un message fort à Canal+. L’industriel juge qu’il faut faire évoluer fortement la grille de la chaîne, dont l’audience est en repli.Changements à venirDans ce contexte, la partie diffusée en clair – qui inclut « Le Grand Journal » et « Les Guignols de l’info » – est susceptible de connaître des changements. Le passage de l’émission satirique quotidienne à une périodicité hebdomadaire est une hypothèse, mais pas la seule. L’horaire de diffusion pourrait être une autre variable et l’idée d’un passage en payant, comme produit d’appel pour générer de l’abonnement, existe également.« C’est une petite victoire, réagissait, vendredi, un membre de l’équipe des « Guignols ». Mais si on nous passe le dimanche pendant vingt minutes, on nous tue quand même. Les Guignols, c’est une émission quotidienne. » Mettre en question le statut des « Guignols » ou du « Grand Journal » est aussi clairement pour M. Bolloré une façon de secouer le management actuel. Rodolphe Belmer était le numéro deux du groupe depuis douze ans et patron des programmes de la chaîne. Or la volonté affichée par Vivendi de réformer les programmes entre en conflit avec certaines décisions déjà prises par la direction de Canal+ pour la saison prochaine. M. Bolloré parle ainsi de transformer le « Grand Journal », or le contrat a déjà été renouvelé avec KM, la société de production de Renaud Le Van Kim, qui réalise et produit l’émission depuis 2004. Par ailleurs, Canal+ a récemment racheté la société qui crée les marionnettes des « Guignols » et l’a accueillie dans ses locaux.Le groupe de télévision payante et gratuite a certes de bons résultats, mais est confronté à différents défis, notamment sa branche Canal+ France. Les coûts des programmes sportifs ont ainsi augmenté, en raison de l’offensive de la chaîne beIN Sports. La concurrence change, avec notamment l’arrivée de Netflix. Enfin, les abonnements en France ne progressent pas, voire sont en léger recul.Pour répondre à cette situation, il faut réformer Canal+, pense le groupe Vivendi, et l’une des solutions est de réduire les coûts. D’où la piste évoquée en comité d’entreprise, vendredi 3 juillet, de favoriser si nécessaire la production interne. Un message qui peut s’appliquer par exemple au « Grand Journal », produit par la société externe KM. Une émission qui est jugée coûteuse (100 000 euros par jour, selon Challenges) et dont l’audience baisse. Renaud Le Van Kim, réalisateur du « Grand Journal », a rencontré le nouveau directeur général, Maxime Saada, vendredi soir. Il a indiqué qu’il n’était pas question d’arrêter le « “Grand Journal” à ce stade ». La production et la direction de Canal + doivent reprendre contact dans quelques jours.« Bolloré soulève le tapis et voit qu’il y a des contrats généreux qui n’ont pas été renégociés depuis une éternité, analyse un salarié. Enfin on a un vrai actionnaire qui prend les dossiers en main. » A l’heure où un plan social de 39 personnes est en cours dans le groupe, les employés sont sensibles à ce discours en faveur de la production interne.ImprévisibleLa reprise en main brutale de Canal+ par Vincent Bolloré a lieu après une période d’observation de plusieurs mois. Vivendi estime avoir, depuis l’automne, envoyé des messages demandant des réformes. Des messages qui, à ses yeux, ont été insuffisamment pris en compte.M. Bolloré est fidèle à sa réputation d’imprévisibilité : quand il est arrivé, tout le monde s’est posé la question de l’avenir de Bertrand Meheut, 64 ans et de Rodolphe Belmer, 45 ans, le duo qui a depuis 2002 redressé la chaîne après l’ère Jean-Marie Messier. Le premier avait désigné le second comme dauphin, avant de se raviser. M. Bolloré a d’abord conforté M. Meheut, puis il a donné des nouvelles fonctions dans le groupe à M. Belmer, placé à la tête d’une nouvelle division baptisée « Vivendi Contents », chargé de développer de nouveaux formats, avec Canal+ mais aussi Universal Music et Studio Canal, la filiale de production. Ce signe de confiance n’a pas empêché qu’il soit sacrifié vendredi… « sur la recommandation » de M. Meheut, pointe perfidement le communiqué de Vivendi.Depuis 2002, Canal+ (qui, en plus d’activités de production de cinéma, possède les chaînes gratuites D8 et D17) avait pris l’habitude de vivre en autonomie. Désormais, le groupe prend une importance croissante. Outre Vivendi Contents, M. Bolloré a récemment lancé Vivendi Village, qui regroupe les diversifications comme la billetterie, mais se veut aussi pépinière de petites entités comme Watchever, plate-forme de vidéo concurrente de Netflix en Allemagne. Une activité qui aurait pu en théorie être rattachée à Canal+, comme la plate-forme de vidéo Dailymotion, mais les deux ont été intégrées à Vivendi. « A l’extrême, on pourrait imaginer que Vivendi incarne le groupe au sein duquel Canal+ redevient une simple chaîne », estime un bon connaisseur de la maison.Le nouveau patron de Vivendi a franchi une nouvelle étape dans sa prise de pouvoir. « M. Bolloré n’aime pas les gens qui lui disent non, rappelle cette source. C’est ce qui s’est joué ces derniers jours. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La Matinale « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+ ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective n’est pourtant pas exclue. Hier, les internautes, attachés au journal télévisé parodique de « PPD » ont lancé une pétition en ligne intitulée « Non à la suppression des “Guignols de l’info” », qui a déjà réuni plus de 27 000 signataires depuis mercredi 1er juillet.Déprogrammation ou passage à un rythme hebdomadaire ? La rumeur inquiète également les politiques, qui se sont mobilisés pour sauver l’émission diffusée chaque jour depuis 1987. En visite officielle en Angola, François Hollande s’est exprimé sur le sujet vendredi 3 juillet :« Le temps où le président de la République disait ce qu’il y avait dans les programmes est révolu, mais la dérision, la caricature, ça fait partie du patrimoine. »L’ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault a tweeté : « Si même au pays de Rabelais et de Molière on ne protège plus le rire… » Benoît Hamon, philosophe, écrit : « Si les “Guignols” étaient supprimés la question serait : “Qui est la marionnette de qui ?” » De son côté, Cécile Duflot attaque directement Vincent Bolloré, le président de Vivendi, qui détient la chaîne : « C’est qui le bol… os qui veut arrêter “Les Guignols” ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant… »Mélenchon a également visé Bolloré dans un tweet, en le décrivant opportunément comme « l’ami de Hollande ». L’ancien premier ministre Alain Juppé a également pris la défense de l’émission satirique, allant jusqu’à changer l’avatar de son profil Twitter au profit d’une photo de sa marionnette : « J’aime me voir dans@LesGuignols. Nous avons besoin d’eux. #LesGuignols. »J'aime me voir dans @LesGuignols. Nous avons besoin d'eux. #LesGuignols— alainjuppe (@Alain Juppé)require(["twitter/widgets"]);Par l’intermédiaire de Patrick Bloche, le Parti socialiste (PS) a publié un communiqué dans lequel il « tient à souligner combien, depuis vingt-sept ans, “Les Guignols” contribuent activement au rôle fédérateur que doit jouer tout grand média audiovisuel, particulièrement quand la société est soumise à de multiples tensions ».Des politiques peu rancuniers envers une émission qui les moque chaque soir. Seul Gilbert Collard du Front national s’est réjoui de la nouvelle : « Le départ des “Guignols”, ces fonctionnaires du rire, perturbe l’addiction à la malfaisance des guignolards : ils mordent ! »Vive inquiétude chez Canal+Une vive inquiétude est montée au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier, mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. L’ancien président de Canal+, Pierre Lescure, a pour sa part démissionné du conseil d’administration d’Havas, propriété de Vincent Bolloré, « pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire ».Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe des « Guignols » assure que « Vincent Bolloré veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait. Cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience ».Dans les couloirs de la chaîne, le soupçon d’un oukase politique persiste, avec l’ombre d’une intervention de Nicolas Sarkozy demandant la mise au pas des « Guignols » comme un service à M. Bolloré.Interrogé par Le Monde, le porte-parole des Républicains, Sébastien Huyghe, a démenti une supposée intervention de l’ex-président visant à interrompre « Les Guignols de l’info » : « Je dénonce la volonté de mettre en cause Nicolas Sarkozy dans cette affaire », a affirmé le député du Nord, dénonçant « une manipulation ». Pour lui, « on essaie de politiser cette histoire pour essayer de tordre le bras à ceux qui sont amenés à prendre la décision d’interrompre ou non l’émission ». « La reconduction ou non des “Guignols” relève d’un strict choix industriel » et non politique, souligne-t-il. Et de conclure, en ironisant : « Si Nicolas Sarkozy avait une quelconque influence sur la politique éditoriale de Canal+, cela se saurait… »A l’instar de Jean-Marie Le Guen (PS), secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, d’autres politiques pensent que la décision de Bolloré relève d’un choix industriel. « Le problème est de savoir si la grille des programmes de Canal+ satisfait en termes d’audience. Ce n’est pas un problème politique », a-t-il assuré. Au sein de la chaîne, on se refuse à croire qu’il s’agit simplement de donner un nouvel élan au « Grand Journal ». Avec des pointes à 2 millions de téléspectateurs, « Les Guignols de l’info » totalisent 30 % de l’audience de la tranche.Une donnée qui n’a d’ailleurs pas dû échapper à la nouvelle directrice de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a offert l’asile politique aux plus célèbres marionnettes du PAF.Si......Les #GuignolsDeLinfo seront les bienvenus sur @Francetele— DelphineErnotte (@Delphine Ernotte)require(["twitter/widgets"]);La MatinaleJournaliste au Monde 02.07.2015 à 17h13 • Mis à jour le03.07.2015 à 08h17 L’ancien président de Canal+ a démissionné du conseil d’administration de Havas en réaction à la volonté prêtée à Vincent Bolloré, propriétaire de Havas, de mettre fin à l’émission « Les Guignols de l’info », selon L’Obs. « J’ai démissionné d’Havas en apprenant la nouvelle qu’il y avait une menace de suppression de l’émission, a précisé M. Lescure aux Échos. C’est aussi pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire… » 02.07.2015 à 10h28 • Mis à jour le02.07.2015 à 14h26 | Alexandre Piquard, Daniel Psenny et Alexis Delcambre « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+, sur laquelle ils apparaissent chaque jour depuis 1988 ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective ne semble pas exclue. Une vive inquiétude est en tout cas montée, depuis quelques jours, au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. Le mot-clé de la mobilisation a rapidement été repris des milliers de fois sur le réseau social et une pétition en ligne lancée.Beaucoup ne pouvait y croire hier mais @LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols— benjmorgaine (@Benjamin Morgaine)require(["twitter/widgets"]);Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe assure : « Vincent Bolloré [le président du conseil de surveillance de Vivendi, propriétaire de Canal+] veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait, cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience. » « Aucun commentaire sur des rumeurs »Plusieurs articles de presse, de Puremédias, puis de Metronews et des Inrocks, ont relayé cette version. Mais l’ancien des « Guignols » Bruno Gaccio nuance sur Twitter : « Rien n’a été annoncé aux “Guignols” encore. Donc, c’est une envie, pas un fait. » Un membre de l’équipe évoque l’hypothèse d’un passage de l’émission en hebdomadaire, le dimanche, « mais cela équivaudrait à nous tuer à petit feu », juge-t-il.Contacté, Vivendi ne confirme ni ne dément et « ne fait aucun commentaire sur des rumeurs ». Mais le groupe est entré dans une phase de réflexion sur la relance de Canal+, dont la dynamique n’est pas jugée satisfaisante, ce qui inclut de s’interroger sur l’avenir des « Guignols », entre autres. La direction de Canal+ ne s’exprime pas plus et évoque, elle aussi, des « rumeurs » autour du sort des marionnettes. Jeudi matin, le compte Twitter @CanalSat a démenti l’arrêt de l’émission, avant de se reprendre pour communiquer sur le thème « nous n’avons pas d’information ».Les fins de saison, périodes de renégociation des contrats des émissions, sont toujours des moments propices aux doutes. Et l’arrivée d’un nouvel homme fort dans le groupe, comme Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, nourrit les spéculations.« Un peu trop de dérision » selon BolloréDans le cas des « Guignols », l’inquiétude procède aussi des déclarations qu’a faites M. Bolloré sur « l’esprit Canal+ » : « C’est un esprit de découverte, d’ouverture, d’initiative », a-t-il décrit sur France Inter le 12 février, avant de déplorer : « Parfois, un peu trop de dérision ». « Je préfère quand ils sont plus dans la découverte que dans la dérision. Parce que parfois, c’est un peu blessant ou désagréable, avait-il dit des “Guignols” eux-mêmes. Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » data-tym-playerid="tym-player-x2h0932" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2h0932" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"« Les Guignols » n’avaient pas manqué, le soir même, de produire en plateau la marionnette du « nouveau patron », interrogé par celle du présentateur « PPD » sur la notion de « dérision acceptable ».Lors de l’assemblée générale des actionnaires de Vivendi, le 17 avril, M. Bolloré avait été interrogé, par un petit actionnaire, sur la ligne éditoriale et politique des chaînes du groupe, qui critiquent son « ancien ami Nicolas Sarkozy » et « stigmatisent un quart des Français ». Il avait botté en touche en renvoyant la question à Bertrand Méheut, le patron de Canal+, qui avait rappelé que la chaîne critique tous les partis. « Tout le monde considère que Canal est souvent dans la caricature et souvent excessive, cela fait partie de notre ligne », avait-il assumé. Symbolique et politiqueLa personnalité de M. Bolloré, homme d’affaires volontariste, connu pour souvent décider seul, ami de M. Sarkozy auquel il avait prêté son yacht en 2007, renforce la mobilisation autour de l’émission, érigée en emblème. « S’ils suppriment “Les Guignols” la semaine de la mort d’Alain de Greef, c’est énorme comme symbole », s’inquiète une source au « Grand Journal », en référence à l’artisan de « l’esprit Canal », disparu lundi 29 juin. « Sur le fond, s’en prendre aux derniers qui font de la satire à la télévision, l’année des attentats contre Charlie Hebdo, ce serait assez étonnant, ajoute-t-il. Si c’est vrai, à côté de cela, l’époque Jean-Marie Messier, c’est de la rigolade. Le groupe enterrerait le dernier symbole du Canal historique. »Lire aussi :Mort d’Alain de Greef, un des pionniers de Canal+Lire aussi :Esprit Canal, es-tu (encore) là ? data-tym-playerid="tym-player-x2wacdr" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2wacdr" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Jeudi matin, plusieurs personnalités politiques ont décidé d’entrer dans le feuilleton : « Soutien aux #Guignols de l’Info contre la censure de #Bolloré, l’ami de #Hollande », a tweeté Jean-Luc Mélenchon. « Dans tous les cas, il faut sauver [Les Guignols], ce côté acide aère l’actualité », a réagi le socialiste Claude Bartolone sur France Info. « C’est qui le bol… os qui veut arrêter@LesGuignols ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant », a lancé l’écologiste Cécile Duflot.Soutien aux #Guignols de l'Info contre la censure de #Bolloré, l'ami de #Hollande. #TouchePasAuxGuignols cc @LesGuignols— JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon)require(["twitter/widgets"]);C'est qui le bol...os qui veut arrêter @LesGuignols ? Un actionnaire qui n'aime pas l'ironie... pas rassurant... #TouchePasAuxGuignols— CecileDuflot (@Cécile Duflot)require(["twitter/widgets"]);« Le Grand Journal » en chantierLes tensions autour des « Guignols » interviennent alors que « Le Grand journal », l’émission phare de la chaîne dont ils sont un des temps forts, fait l’objet d’intenses réflexions. Son maintien ne semble pas en cause mais les spéculations vont loin : une source interne s’inquiète de l’avenir de Renaud Le Van Kim, le réalisateur historique, dans le nouveau Canal+ de Bolloré. Mais sa société productrice, KM, a déjà resigné avec la chaîne pour la saison prochaine, tout comme Antoine de Caunes, qui présente l’émission.L’érosion de l’audience du « Grand journal » est une réalité depuis deux saisons, sur fond de vieillissement du concept et de concurrence accrue des chaînes de la TNT, notamment de l’émission de Cyril Hanouna sur D8 (également propriété de Canal+). Cette saison, l’émission est passée sous la barre des 900 000 téléspectateurs. Une baisse qui n’a pas touché les « Guignols », dont la courbe d’audience reste stable et qui pèsent environ 30 % de l’audience de la tranche.La semaine dernière, la chaîne a confirmé que les deux chroniqueurs politiques Natacha Polony et Jean-Michel Aphatie ne seraient pas présents sur le plateau la saison prochaine et que « Le Grand Journal » démarrerait plus tôt en absorbant « Le Before », l’émission qui le précède. Des noms de nouveaux arrivants possibles ont été évoqués, comme Laurence Ferrari et Maïtena Biraben, actuelle figure du « Supplément », une autre émission de Canal+. Selon nos informations, confirmant celles des Puremédias, cette dernière figure bien parmi les hypothèses de travail.Canal+ ne peut plus ignorer VivendiMais qui conduit ces réflexions ? La rumeur prête à Vincent Bolloré une activité intense en la matière. Certains affirment qu’il contacterait lui-même des membres d’équipes ou des présentateurs, ce que Le Monde n’a pu avérer. De son côté, le producteur du « Grand Journal », Renaud Le Van Kim, mène également une réflexion avec ses équipes.Celle-ci a lieu sur fond de concurrence avec « Le Petit Journal » de Yann Barthès, produit par Laurent Bon – par ailleurs producteur de Mme Biraben. La rivalité entre les deux sociétés de production est vive et on prête au duo Barthès-Bon l’ambition de devenir le centre de gravité de toute la tranche horaire. Mais leur demande d’obtenir sept minutes de plus la saison prochaine a été retoquée, selon nos informations.Une chose est sûre, Canal+ avait pris l’habitude de vivre sans se préoccuper beaucoup de Vivendi, avec une direction forte incarnée par le tandem Bertrand Méheut et Rodolphe Belmer. La rumeur du départ de ce dernier est récurrente. La semaine dernière, plusieurs médias se sont aussi fait l’écho d’un possible départ de M. Méheut. Autant de rumeurs démenties par la chaîne.Lire aussi :Vivendi : Rodolphe Belmer confortéAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Le torchon brûle entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et Numericable-SFR. Selon nos informations, la Ville de Paris a transmis en date du 26 juin un courrier à l’opérateur télécoms lui enjoignant de démonter ses installations dans la capitale et de remettre en état les locaux occupés par le groupe, et ce, d’ici le 10 août. Ce qui ne serait pas sans conséquences pour les abonnés parisiens de l’opérateur, que ce soit pour le téléphone ou pour la télévision.Derrière le ton comminatoire, un différend entre la Ville de Paris et Numericable-SFR sur l’appréciation des sommes à acquitter par l’opérateur au titre des loyers pour l’occupation de locaux utilisés afin de déployer son réseau parisien. L’affaire remonte à 2009 et au refus de Numericable de signer, au contraire des autres opérateurs présents à Paris, une convention qui revoyait à la hausse les tarifs de ces redevances. Selon les chiffres communiqués par la Ville de Paris, les loyers acquittés par Numericable auraient dû augmenter en moyenne de 62 772 euros par an, ce qui n’a pas été le cas.Un occupant sans droit ni titreLa Ville de Paris et Numericable étant liés par une convention signée en 2005, c’est celle-ci qui a été appliquée jusqu’à son échéance le 10 février dernier. Et le groupe occupe donc actuellement des lieux sans droit ni titre. Si Numericable-SFR refuse de signer la convention de 2009, c’est que le groupe est en désaccord avec le mode de calcul proposé par la ville. « Nous souhaitons payer le juste prix, c’est-à-dire pour la surface que nous utilisons réellement », explique Jérôme Yomtov. Le secrétaire général de Numericable-SFR rappelle également que son groupe a investi « massivement à Paris et va continuer à le faire, dans la fibre comme dans la 4G ».Au lieu des 871,99 euros par mètre carré pour 2014 pour la surface totale des locaux mis à disposition définis dans la convention, le groupe souhaiterait bénéficier d’un tarif préférentiel et d’une assiette de calcul différente, explique la Ville de Paris. Un traitement que les services de la capitale ne semblent pas prêt à consentir, au nom du principe d’équité imposé réglementairement à la Ville envers tous les opérateurs. La collectivité ne peut accéder à cette demande sans également faire bénéficier de ce tarif les dix-sept autres opérateurs télécoms et risquer, ainsi, de voir les contentieux se multiplier et de devoir restituer des montants déjà perçus, explique-t-on dans l’entourage d’Anne Hidalgo.A ce premier différend s’en ajoute un autre relatif à des impayés constatés par la Ville de Paris et portant sur une période courant de 2008 à 2013. L’addition se monterait, selon la municipalité, à 8,37 millions d’euros et elle concernerait aussi bien Numericable que Completel, la filiale services aux professionnels de l’opérateur.InterconnexionsSelon des estimations de la Ville de Paris, la dépose des installations de Numericable pourrait affecter plusieurs millions de foyers. Ainsi pour le téléphone, l’ensemble des réseaux télécoms nationaux des opérateurs s’interconnectant à Paris, c’est la totalité des abonnés de Numericable qui pourraient être concernés, soit 1,7 million de clients, souligne la Ville de Paris. Laquelle fait également valoir que Bouygues Telecom louant le réseau de Numericable, ses clients – 380 000 abonnés – pourraient également être touchés. Pour la télévision, ce sont les Parisiens vivant dans les immeubles collectifs qui seraient principalement affectés car la télévision y arrive majoritairement par le réseau câblé, lequel est historiquement celui de Numericable.Dans le cas où Numericable continuerait à refuser de régulariser sa situation – en acquittant les impayés et en ratifiant la convention de 2009 –, ce conflit pourrait se traduire pour des millions de Français par un écran noir et des téléphones muets. La Ville de Paris se déclare en effet prête à procéder elle-même au retrait des installations à partir du 11 août prochain. Une menace tout de même bien difficile à mettre en œuvre, tant elle serait impopulaire.Anne EvenoJournaliste au Monde Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale) L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntakton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1 h 20 du matin, le visage du premier ministre, Alexis Tsipras, apparut à la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la “une” du journal de samedi. » L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont payés... Alexandre Piquard Il reste plusieurs obstacles à passer pour obtenir la validation de la vente controversée de Numéro 23 : le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit donner son agrément à la cession de la chaîne de Pascal Houzelot pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, se penche de près sur ce dossier. Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT.Le CSA a notamment saisi son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors d’Union européenne qui détient plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée.Le CSA se demande si UTH ne possède pas en réalité plus de 20 % des droits de vote dans Numéro 23. En effet, un pacte d’actionnaires a été noué début 2014, qui prévoit, notamment, que l’investisseur russe soit consulté pour les décisions importantes. Celui-ci possède un siège sur quatre au conseil de surveillance.Revente dès que possibleUne source proche de la chaîne assure qu’UTH ne possède aucun droit de blocage anormal et aucun droit au-delà de 20 %. Le pacte d’actionnaires n’est qu’une façon habituelle pour les minoritaires de protéger leurs droits et d’éviter que le majoritaire sorte de son business plan ou change d’activité, affirme-t-on. M. Houzelot – membre du conseil de surveillance du Monde – possède 70 % des droits de vote de Numéro 23. Et 15 % du capital est possédé par des entrepreneurs privés français, dont Bernard Arnault et Xavier Niel (actionnaire du Monde).Le Canard enchaîné pointe, mercredi 1er juillet, la présence d’un autre partenaire étranger : Qipco, un fonds d’investissement qatari, qui a prêté 5 millions d’euros. Mais une source proche de la chaîne affirme que ces obligations ne sont pas « convertibles » en actions.L’hebdomadaire assure que le pacte d’actionnaires prévoit la revente de la chaîne dès que possible, à partir de janvier 2015. Pour la direction de la chaîne, il ne s’agit là que d’une « clause de liquidité » donnant le droit à l’actionnaire russe de céder ses titres, sur lesquels M. Houzelot gardait un droit de préemption.Le rapporteur indépendant du CSA doit rendre un avis aux membres du collège, qui décideront. Ceux-ci se fonderont aussi sur l’étude d’impact économique en cours d’élaboration. Et devront évaluer l’importance d’un dernier point : si la chaîne a respecté ses obligations en matière de diversité, elle a été mise en demeure, le 26 juin, pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) L’extraordinaire saga familiale du clan Murdoch entre dans son dernier chapitre. Le 1er juillet, le vieux patriarche Rupert Murdoch, 84 ans, a vu son rêve se réaliser : ses deux fils adultes ont pris leurs nouvelles fonctions au plus haut niveau, prêts à lui succéder à la tête de son empire médiatique mondial. Non pas qu’il ait l’intention de passer la main. Le magnat de la presse et de la télévision demeure très actif et conserve le poste de vice-président exécutif.Mais la succession est désormais en ordre, ou presque. James Murdoch, le fils cadet de son second mariage, en sort le grand vainqueur. A 42 ans, l’abrasif et impatient rejeton devient le directeur général de 21st Century Fox, la société qui détient les activités dans la télévision et le cinéma (les chaînes Fox News et National Geographic, les studios de cinéma 20th Century Fox, une large participation dans le bouquet satellite Sky). Mais comme le pater familias aime à entretenir le flou et les rivalités, il a aussi donné un rôle clé à Lachlan, aîné de James de quinze mois. Celui-ci devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs.Lachlan devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs. Il conserve aussi son rôle de vice-président dans l’autre entreprise du groupe, News Corp, qui réunit les journaux – Wall Street Journal, The Times, The Sun, Harper Collins… –, et qui n’intéresse pas James.Mais il ne faut pas s’y méprendre. Derrière les déclarations publiques d’unité, James est en train de prendre le pouvoir. Il est basé à New York, au siège de 21st Century Fox, tandis que Lachlan est à Los Angeles, où se trouvent seulement les studios de cinéma.La gestion au quotidien sera du ressort du premier. Mais avec son père dans le bureau d’à côté et son frère au conseil d’administration, il n’aura pas une liberté de travail complète, loin de là.Lire aussi :Rupert Murdoch s’apprête à lâcher les rênes de la 21st Century Fox« Tous investis dans le succès des uns et des autres »« Les familles aristocrates britanniques ont un slogan : il faut avoir a heir and a spare[un héritier et un de rechange]. C’est ce que fait Rupert Murdoch », dit Claire Enders, directrice d’Enders Analysis, influente observatrice britannique des médias, qui a côtoyé le clan Murdoch. James confirmait à sa manière, le 25 juin, lors d’un passage à une conférence à Cannes : « Nous sommes tous investis dans le succès des uns et des autres. »Pour lui, le rebond est spectaculaire. En février 2012, sa réputation était détruite par le scandale des écoutes au tabloïd britannique News of the World. Devenu persona non grataparmi l’élite du Royaume-Uni, James quittait Londres pour se réfugier à New York, au siège du groupe. Le jeune loup, arrivé à Londres une décennie plus tôt, était à terre.Il est tombé à cause des journaux, mais il ne jure que par les nouvelles technologies et la télévision. Après des études arrêtées en cours de route à Harvard, et des débuts faussement rebelles à monter un label de musique de rap – vite racheté par son père –, il a fait sa carrière dans la télévision. Il débute à 27 ans à Star Television, l’antenne asiatique du groupe. A 30 ans, en 2003, il prend la tête de Sky, malgré l’opposition des actionnaires qui s’agacent de voir ce bambin diriger le premier groupe de diffusion par satellite d’Europe.« Vu comme un type sympa »Mais il impressionne. « Il a été visionnaire, avec quinze ans d’avance sur des groupes comme Canal + », dit Mme Enders. Comprenant que télévision, téléphonie et Internet vont converger, il investit dans les télécommunications pour diversifier Sky , qui devient une vache à lait pour le groupe. Couronné de ce succès, il prend, en 2007, la direction de toutes les affaires de l’empire familial hors des Etats-Unis, y compris les journaux britanniques.Lachlan, lui, a claqué la porte du groupe. Pressuré par son père, fragile, il est parti faire des affaires en Australie, et élever ses enfants en bas âge. « Il a tout fait pour avoir une vie normale, témoigne Justin Jameson, directeur de Venture Consulting, une société spécialisée dans les médias en Australie. Lui et Sarah [sa femme] étaient comme les autres parents à l’école, aidant à la cantine… Il est vu comme un type sympa. » Pendant que son frère mène cette vie familiale, James apparaît comme l’hériter évident.Ce dernier commence à agacer. Sec et brutal, il joue au baron des médias, faisant régner la terreur, tirant les ficelles de la société. Il reçoit dans son bureau debout derrière un pupitre, pour abréger les réunions. Ecouter n’est pas son fort. Eduqué aux Etats-Unis, il a horreur de la petite élite britannique. Il veut des résultats, et vite.« Il a grandi dans un monde où son père pouvait décrocher le téléphone pour appeler n’importe quel premier ministre », dit Mme Enders. Il adopte la même attitude dominante, multiplie les attaques contre ses rivaux et en particulier la détestée BBC, noue des alliances avec les leaders politiques, de Tony Blair à David Cameron.Un appétit féroceJusqu’à ce que cette envolée irrésistible soit stoppée net par le scandale de News of the World : un système d’écoutes téléphoniques à grande échelle, réalisé par les journalistes du tabloïd. La défense de James : il y a bien eu des écoutes et son groupe a bien tenté d’étouffer le scandale, mais il n’était pas au courant. Un comité parlementaire britannique conclut qu’il a fait preuve « d’aveuglement volontaire ».Parti à New York, il laisse passer la tempête. L’occasion de tourner la page se présente en juillet 2014, quand, à la surprise générale, Rebekah Brooks gagne son procès. Accusée d’avoir commandité les écoutes, l’ex-rédactrice en chef de News of the World, qui était la vraie patronne des journaux britanniques du groupe, est blanchie. La défense de James, qui consiste à plaider l’ignorance, devient plus solide. Dans la foulée, la justice américaine abandonne l’idée de poursuivre le groupe en justice pour corruption à l’étranger. Enfin, la victoire des conservateurs aux élections législatives britanniques de mai assure à la famille Murdoch la présence d’alliés au pouvoir à Londres.Dès lors, la voie est libre pour le retour officiel de l’enfant prodigue. Pendant l’été 2014, il conduit l’offre de rachat de Time Warner, qui aurait abouti à la création d’un géant du câble aux Etats-Unis. L’échec a été rapide et cuisant, mais il donne une idée de l’appétit féroce du fils cadet.James ne pourra cependant pas faire ce qu’il veut. « Il est généralement considéré que Rupert Murdoch va continuer à diriger tant qu’il est dans les parages », notent les analystes de Zacks Equity Research. A 84 ans, le vieux lion reste fringant et n’a pas dit son dernier mot.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.06.2015 à 18h14 • Mis à jour le01.07.2015 à 09h07 Jérôme Fenoglio sera le nouveau directeur du Monde. Son nom a été finalement retenu par les journalistes des rédactions du journal et du site, consultés, mardi 30 juin, lors d’un vote organisé par la Société des rédacteurs du Monde (SRM), conformément aux statuts de désignation d’un directeur du journal dans l’entreprise.Selon ces statuts, pour être élu directeur et nommé au directoire de la Société éditrice du Monde (SEM), le candidat proposé par les actionnaires de la holding Le Monde libre (Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse, qui détiennent la majorité des capitaux de la SEM) doit atteindre une majorité de 60 % de votes positifs de la part des membres de la société des rédacteurs.Mardi 30 juin, les journalistes membres de la SRM se sont prononcés à plus de 60 % en faveur de Jérôme Fenoglio. Ce dernier sera donc nommé directeur du Monde pour un mandat de six ans, lors d’un conseil de surveillance extraordinaire qui devrait se tenir jeudi 2 juillet.Jérôme Fenoglio, 49 ans, occupait ces derniers mois le poste de directeur des rédactions, après être passé, depuis son entrée au Monde en 1991, par de nombreux services (rédacteur en chef du Monde.fr, grand reporter, rédacteur en chef du Monde 2, reporter au service Sciences, chef du service Société, chargé de la rubrique Exclusion, reporter au service Sports).Un premier vote sur le nom de Jérôme Fenoglio avait eu lieu le 13 mai : il n’avait recueilli que 55 % de votes positifs. S’en était suivi la démission du directeur par intérim du journal, Gilles Van Kote. Les actionnaires de la holding Le Monde libre avaient ensuite annoncé, le 15 juin, qu’ils souhaitaient qu’un nouveau vote ait lieu sur le nom de Jérôme Fenoglio.Ce processus était intervenu dans le cadre du renouvellement du directeur du Monde, initié un an auparavant après la démission de l’ancienne directrice, Natalie Nougayrède. Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse avaient alors confié à Gilles Van Kote le soin d’assurer l’intérim, ce qu’il a fait pendant près d’un an. Alexis Delcambre L’idéal olympique formulé par le baron Pierre de Coubertin en 1908 ne s’applique pas au marché des droits sportifs. Dans cette discipline, l’important, c’est de gagner, plus que de participer. David Zaslav, le PDG de Discovery Communications, l’a bien compris. La maison mère d’Eurosport vient de mettre 1,3 milliard d’euros sur la table pour acquérir les droits de diffusion européens des quatre prochains Jeux olympiques (JO) (soit sur la période 2018-2024), et sur tous les supports.L’irruption d’Eurosport sur ce marché vient rompre de vieux équilibres. Jusqu’ici, le Comité international olympique (CIO), détenteur des droits, s’accordait avec l’ Union européenne de radio-télévision (UER, un consortium de diffuseurs européens parmi lesquels la BBC, France Télévisions ou l’allemand ARD) ou directement avec ces chaînes. Cette fois, ces dernières ont été doublées par un concurrent américain, un géant de la télévision payante, qui réalise près de 6 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros) de chiffre d’affaires par an et consacre 2 milliards d’euros annuels aux achats de droits et de programmes.Ces chiffres permettent de mesurer la puissance nouvelle d’Eurosport, une ancienne possession de TF1 dont Discovery est devenu l’actionnaire majoritaire en 2014. Outre la force de frappe financière, la chaîne a joué de deux autres atouts : sa présence dans plus de cinquante pays européens, et son développement numérique – avec Eurosport.com et son service Eurosport Player.Mutation à grande vitesseSeules exceptions à cet accord : la Russie, et les droits de diffusion en France et au Royaume-Uni (pour 2018 et 2020), déjà attribués à France Télévisions et à la BBC. « Nous sous-traiterons une partie des droits », a rassuré M. Zaslav lors d’une conférence de presse, lundi 29 juin. Le CIO impose que 200 heures de programmes, pour les Jeux d’été, et 100 heures, pour ceux d’hiver, soient remis sur le marché à l’intention de chaînes gratuites. « Mais encore faut-il s’accorder sur le prix », pointe Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions.Première leçon de cet accord : Discovery n’est pas venu sur le marché européen pour faire de la figuration. Si Eurosport touche déjà 220 millions d’Européens, le potentiel estimé pour les JO est de 700 millions. Le Vieux Continent est le « marché émergent » que veut occuper le groupe américain, comme l’a encore répété M. Zaslav en mai, lors d’un passage à Roland-Garros.Seconde leçon : le marché des droits sportifs mute à grande vitesse. Pour la première fois de son histoire, le CIO a cédé les droits d’un continent en bloc, et non pays par pays. Comme pour certains films ou séries, la mondialisation est en marche, et elle écarte de la compétition les acteurs de taille nationale, au bénéfice des réseaux internationaux comme Eurosport ou BeIN Sports. En février, la chaîne qatari avait ainsi acquis les droits de la Coupe Davis de tennis pour le monde entier. C’est aussi cette compétition que TF1 n’a pas voulu jouer, en sortant d’Eurosport. Participer ne sert à rien, il faut gagner.Lire aussi :JO 2020 : le stade olympique de Tokyo va coûter 1,8 milliard d’eurosAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Fin de polémique en Israël pour Orange. L’opérateur télécoms français a annoncé dans un communiqué, mardi 30 juin, être parvenu à un accord avec l’entreprise israélienne Partner afin de redéfinir un « cadre à leur relation ». Derrière cette expression pudique, c’est la fin programmée du partenariat entre les deux entreprises qui s’esquisse, quelques semaines après une polémique, qui a vu Orange se retrouver au cœur d’une tempête médiatico-diplomatique.Selon le communiqué, le nouveau contrat qui lie les deux groupes « accorde à Partner et à Orange le droit de résilier l’accord de licence de marque Orange actuellement en vigueur. Si Partner n’exerce pas son droit de résiliation dans un délai de 12 mois, Partner ou Orange pourront alors résilier l’accord de licence de marque au cours des 12 mois suivants ».Orange versera 40 millions d’euros à Partner à la signature du contrat et un paiement additionnel de 50 millions d’euros devra être acquitté, si l’accord de licence de marque est résilié dans un délai de 24 mois.Violence des réactionsAu début du mois de juin, en déplacement au Caire, Stéphane Richard, le PDG d’Orange avait déclaré que, s’il le pouvait, il déciderait dès « demain » le retrait d’Orange d’Israël. Ces propos avaient été interprétés comme une volonté de quitter le pays et semblaient faire écho aux appels au boycottage lancés contre l’Etat hébreu.Devant la levée de boucliers suscitée, le patron de l’opérateur de téléphonie français avait tenu à rappeler que son groupe n’était pas lui-même directement présent en Israël. Le seul enjeu, soulignait M. Richard, était celui du retrait de l’usage de la marque Orange par la société Partner.Orange dispose en effet en Israël d’un accord de licence avec cet opérateur, qui utilise dans ce cadre la marque en échange d’une redevance. Cet accord date toutefois de 1998, c’est-à-dire lorsque cette marque était encore la propriété du groupe chinois Hutchison, deux ans avant son rachat par France Télécom.Face à la violence des réactions en Israël, M. Richard avait été contraint de se rendre en Israël afin de s’expliquer en tête à tête avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.Lire aussi :Polémique avec Israël : le PDG d’Orange s’explique, Nétanyahou s’enflamme« Nouveau cadre de partenariat » L’accord annoncé mardi permet donc à Orange de récupérer l’usage de sa marque dans les deux ans alors que l’actuel contrat prévoyait que son partenaire israélien en bénéficie jusqu’en 2025.« Orange se réjouit de ce nouveau cadre de partenariat », commente Pierre Louette, directeur général adjoint d’Orange, selon qui « Israël est un pays important, stratégiquement parlant. Nous avons établi avec ce pays une relation durable, par le biais notamment des activités innovantes conduites par les filiales Orange présentes sur place. »L’Etat hébreu est le seul pays dans lequel Orange est présent sans exploiter lui-même sa marque. Ainsi, contrairement aux autres pays, l’incubateur d’Orange pour les start-up en Israël (Fab Israel) n’affiche pas le nom du groupe.Dans le cas où l’accord avec Partner serait résilié, l’ensemble des activités de recherche et développement (R&D) et d’innovation de l’opérateur français en Israël passeraient sous la marque Orange.Anne EvenoJournaliste au Monde 02.07.2015 à 13h00 • Mis à jour le02.07.2015 à 13h19 La BBC, premier groupe audiovisuel public au monde, a annoncé jeudi 2 juillet la suppression de plus de 1 000 emplois en raison de la baisse de collecte de la redevance télévisuelle, qui la finance presque intégralement. Les coupes pourraient viser en priorité les services du management, dans ce groupe qui emploie actuellement plus de 16 600 personne.« Selon les prévisions, la redevance pour la période 2016-17 rapportera 150 millions de livres de moins que prévu en 2011. Les gens visionnent de plus de plus les programmes en ligne ou sur leurs appareils mobiles. Le nombre de foyers qui possèdent un téléviseur diminue », a indiqué Tony Hall, le directeur général du géant de l’audiovisuel public britannique.« Le système de redevance doit être modernisé »Ces dernières années, la BBC a déjà supprimé des milliers d'emplois dans le cadre d'un plan d'économies de 800 millions de livres entamé en 2010. Parallèlement, le groupe public de radio-télévision vend des propriétés à tour de bras pour réduire ses coûts immobiliers. En juin, la BBC a ainsi indiqué que la taille de son parc immobilier avait diminué de 40 % depuis 1998.Le gel de la redevance depuis sept ans – à 145,50 livres sterling, soit 202 euros – par le premier gouvernement Cameron et les surcoûts liés au déploiement du haut débit ont déjà entraîné une baisse de 26 % des revenus de la BBC, selon la direction. « Cela démontre aussi une nouvelle fois que le système de redevance doit être modernisé », selon la BBC, pour prendre en compte le visionnage de ses programmes en ligne ou sur un appareil mobile, non soumis à la possession d'une licence.Lire : La BBC teste la nouvelle télévision sur InternetSous les critiques des conservateursCette annonce intervient à quelques mois de la renégociation de la charte qui régit les relations de la BBC avec l’Etat. La domination d’une BBC – en particulier de son très populaire site internet – subventionnée par l’argent public est critiquée par les avocats de la libre concurrence entre les opérateurs. Le programme du parti conservateur promettait aux électeurs que les négociations seraient conduites afin qu’ils « en aient pour leur argent ».Lire aussi :La BBC dans le viseur des conservateurs britanniques Alexandre Piquard, Daniel Psenny et Alexis Delcambre « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+, sur laquelle ils apparaissent chaque jour depuis 1988 ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective ne semble pas exclue. Une vive inquiétude est en tout cas montée, depuis quelques jours, au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. Le mot-clé de la mobilisation a rapidement été repris des milliers de fois sur le réseau social et une pétition en ligne lancée.Beaucoup ne pouvait y croire hier mais @LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols— benjmorgaine (@Benjamin Morgaine)require(["twitter/widgets"]);Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe assure : « Vincent Bolloré [le président du conseil de surveillance de Vivendi, propriétaire de Canal+] veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait, cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience. » « Aucun commentaire sur des rumeurs »Plusieurs articles de presse, de Puremédias, puis de Metronews et des Inrocks, ont relayé cette version. Mais l’ancien des « Guignols » Bruno Gaccio nuance sur Twitter : « Rien n’a été annoncé aux “Guignols” encore. Donc, c’est une envie, pas un fait. » Un membre de l’équipe évoque l’hypothèse d’un passage de l’émission en hebdomadaire, le dimanche, « mais cela équivaudrait à nous tuer à petit feu », juge-t-il.Contacté, Vivendi ne confirme ni ne dément et « ne fait aucun commentaire sur des rumeurs ». Mais le groupe est entré dans une phase de réflexion sur la relance de Canal+, dont la dynamique n’est pas jugée satisfaisante, ce qui inclut de s’interroger sur l’avenir des « Guignols », entre autres. La direction de Canal+ ne s’exprime pas plus et évoque, elle aussi, des « rumeurs » autour du sort des marionnettes. Jeudi matin, le compte Twitter @CanalSat a démenti l’arrêt de l’émission, avant de se reprendre pour communiquer sur le thème « nous n’avons pas d’information ».Les fins de saison, périodes de renégociation des contrats des émissions, sont toujours des moments propices aux doutes. Et l’arrivée d’un nouvel homme fort dans le groupe, comme Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, nourrit les spéculations.« Un peu trop de dérision » selon BolloréDans le cas des « Guignols », l’inquiétude procède aussi des déclarations qu’a faites M. Bolloré sur « l’esprit Canal+ » : « C’est un esprit de découverte, d’ouverture, d’initiative », a-t-il décrit sur France Inter le 12 février, avant de déplorer : « Parfois, un peu trop de dérision ». « Je préfère quand ils sont plus dans la découverte que dans la dérision. Parce que parfois, c’est un peu blessant ou désagréable, avait-il dit des “Guignols” eux-mêmes. Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » data-tym-playerid="tym-player-x2h0932" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2h0932" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"« Les Guignols » n’avaient pas manqué, le soir même, de produire en plateau la marionnette du « nouveau patron », interrogé par celle du présentateur « PPD » sur la notion de « dérision acceptable ».Lors de l’assemblée générale des actionnaires de Vivendi, le 17 avril, M. Bolloré avait été interrogé, par un petit actionnaire, sur la ligne éditoriale et politique des chaînes du groupe, qui critiquent son « ancien ami Nicolas Sarkozy » et « stigmatisent un quart des Français ». Il avait botté en touche en renvoyant la question à Bertrand Méheut, le patron de Canal+, qui avait rappelé que la chaîne critique tous les partis. « Tout le monde considère que Canal est souvent dans la caricature et souvent excessive, cela fait partie de notre ligne », avait-il assumé. Symbolique et politiqueLa personnalité de M. Bolloré, homme d’affaires volontariste, connu pour souvent décider seul, ami de M. Sarkozy auquel il avait prêté son yacht en 2007, renforce la mobilisation autour de l’émission, érigée en emblème. « S’ils suppriment “Les Guignols” la semaine de la mort d’Alain de Greef, c’est énorme comme symbole », s’inquiète une source au « Grand Journal », en référence à l’artisan de « l’esprit Canal », disparu lundi 29 juin. « Sur le fond, s’en prendre aux derniers qui font de la satire à la télévision, l’année des attentats contre Charlie Hebdo, ce serait assez étonnant, ajoute-t-il. Si c’est vrai, à côté de cela, l’époque Jean-Marie Messier, c’est de la rigolade. Le groupe enterrerait le dernier symbole du Canal historique. »Lire aussi :Mort d’Alain de Greef, un des pionniers de Canal+Lire aussi :Esprit Canal, es-tu (encore) là ? data-tym-playerid="tym-player-x2wacdr" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2wacdr" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Jeudi matin, plusieurs personnalités politiques ont décidé d’entrer dans le feuilleton : « Soutien aux #Guignols de l’Info contre la censure de #Bolloré, l’ami de #Hollande », a tweeté Jean-Luc Mélenchon. « Dans tous les cas, il faut sauver [Les Guignols], ce côté acide aère l’actualité », a réagi le socialiste Claude Bartolone sur France Info. « C’est qui le bol… os qui veut arrêter@LesGuignols ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant », a lancé l’écologiste Cécile Duflot.Soutien aux #Guignols de l'Info contre la censure de #Bolloré, l'ami de #Hollande. #TouchePasAuxGuignols cc @LesGuignols— JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon)require(["twitter/widgets"]);C'est qui le bol...os qui veut arrêter @LesGuignols ? Un actionnaire qui n'aime pas l'ironie... pas rassurant... #TouchePasAuxGuignols— CecileDuflot (@Cécile Duflot)require(["twitter/widgets"]);« Le Grand Journal » en chantierLes tensions autour des « Guignols » interviennent alors que « Le Grand journal », l’émission phare de la chaîne dont ils sont un des temps forts, fait l’objet d’intenses réflexions. Son maintien ne semble pas en cause mais les spéculations vont loin : une source interne s’inquiète de l’avenir de Renaud Le Van Kim, le réalisateur historique, dans le nouveau Canal+ de Bolloré. Mais sa société productrice, KM, a déjà resigné avec la chaîne pour la saison prochaine, tout comme Antoine de Caunes, qui présente l’émission.L’érosion de l’audience du « Grand journal » est une réalité depuis deux saisons, sur fond de vieillissement du concept et de concurrence accrue des chaînes de la TNT, notamment de l’émission de Cyril Hanouna sur D8 (également propriété de Canal+). Cette saison, l’émission est passée sous la barre des 900 000 téléspectateurs. Une baisse qui n’a pas touché les « Guignols », dont la courbe d’audience reste stable et qui pèsent environ 30 % de l’audience de la tranche.La semaine dernière, la chaîne a confirmé que les deux chroniqueurs politiques Natacha Polony et Jean-Michel Aphatie ne seraient pas présents sur le plateau la saison prochaine et que « Le Grand Journal » démarrerait plus tôt en absorbant « Le Before », l’émission qui le précède. Des noms de nouveaux arrivants possibles ont été évoqués, comme Laurence Ferrari et Maïtena Biraben, actuelle figure du « Supplément », une autre émission de Canal+. Selon nos informations, confirmant celles des Puremédias, cette dernière figure bien parmi les hypothèses de travail.Canal+ ne peut plus ignorer VivendiMais qui conduit ces réflexions ? La rumeur prête à Vincent Bolloré une activité intense en la matière. Certains affirment qu’il contacterait lui-même des membres d’équipes ou des présentateurs, ce que Le Monde n’a pu avérer. De son côté, le producteur du « Grand Journal », Renaud Le Van Kim, mène également une réflexion avec ses équipes.Celle-ci a lieu sur fond de concurrence avec « Le Petit Journal » de Yann Barthès, produit par Laurent Bon – par ailleurs producteur de Mme Biraben. La rivalité entre les deux sociétés de production est vive et on prête au duo Barthès-Bon l’ambition de devenir le centre de gravité de toute la tranche horaire. Mais leur demande d’obtenir sept minutes de plus la saison prochaine a été retoquée, selon nos informations.Une chose est sûre, Canal+ avait pris l’habitude de vivre sans se préoccuper beaucoup de Vivendi, avec une direction forte incarnée par le tandem Bertrand Méheut et Rodolphe Belmer. La rumeur du départ de ce dernier est récurrente. La semaine dernière, plusieurs médias se sont aussi fait l’écho d’un possible départ de M. Méheut. Autant de rumeurs démenties par la chaîne.Lire aussi :Vivendi : Rodolphe Belmer confortéAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Le torchon brûle entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et Numericable-SFR. Selon nos informations, la Ville de Paris a transmis en date du 26 juin un courrier à l’opérateur télécoms lui enjoignant de démonter ses installations dans la capitale et de remettre en état les locaux occupés par le groupe, et ce, d’ici le 10 août. Ce qui ne serait pas sans conséquences pour les abonnés parisiens de l’opérateur, que ce soit pour le téléphone ou pour la télévision.Derrière le ton comminatoire, un différend entre la Ville de Paris et Numericable-SFR sur l’appréciation des sommes à acquitter par l’opérateur au titre des loyers pour l’occupation de locaux utilisés afin de déployer son réseau parisien. L’affaire remonte à 2009 et au refus de Numericable de signer, au contraire des autres opérateurs présents à Paris, une convention qui revoyait à la hausse les tarifs de ces redevances. Selon les chiffres communiqués par la Ville de Paris, les loyers acquittés par Numericable auraient dû augmenter en moyenne de 62 772 euros par an, ce qui n’a pas été le cas.Un occupant sans droit ni titreLa Ville de Paris et Numericable étant liés par une convention signée en 2005, c’est celle-ci qui a été appliquée jusqu’à son échéance le 10 février dernier. Et le groupe occupe donc actuellement des lieux sans droit ni titre. Si Numericable-SFR refuse de signer la convention de 2009, c’est que le groupe est en désaccord avec le mode de calcul proposé par la ville. « Nous souhaitons payer le juste prix, c’est-à-dire pour la surface que nous utilisons réellement », explique Jérôme Yomtov. Le secrétaire général de Numericable-SFR rappelle également que son groupe a investi « massivement à Paris et va continuer à le faire, dans la fibre comme dans la 4G ».Au lieu des 871,99 euros par mètre carré pour 2014 pour la surface totale des locaux mis à disposition définis dans la convention, le groupe souhaiterait bénéficier d’un tarif préférentiel et d’une assiette de calcul différente, explique la Ville de Paris. Un traitement que les services de la capitale ne semblent pas prêt à consentir, au nom du principe d’équité imposé réglementairement à la Ville envers tous les opérateurs. La collectivité ne peut accéder à cette demande sans également faire bénéficier de ce tarif les dix-sept autres opérateurs télécoms et risquer, ainsi, de voir les contentieux se multiplier et de devoir restituer des montants déjà perçus, explique-t-on dans l’entourage d’Anne Hidalgo.A ce premier différend s’en ajoute un autre relatif à des impayés constatés par la Ville de Paris et portant sur une période courant de 2008 à 2013. L’addition se monterait, selon la municipalité, à 8,37 millions d’euros et elle concernerait aussi bien Numericable que Completel, la filiale services aux professionnels de l’opérateur.InterconnexionsSelon des estimations de la Ville de Paris, la dépose des installations de Numericable pourrait affecter plusieurs millions de foyers. Ainsi pour le téléphone, l’ensemble des réseaux télécoms nationaux des opérateurs s’interconnectant à Paris, c’est la totalité des abonnés de Numericable qui pourraient être concernés, soit 1,7 million de clients, souligne la Ville de Paris. Laquelle fait également valoir que Bouygues Telecom louant le réseau de Numericable, ses clients – 380 000 abonnés – pourraient également être touchés. Pour la télévision, ce sont les Parisiens vivant dans les immeubles collectifs qui seraient principalement affectés car la télévision y arrive majoritairement par le réseau câblé, lequel est historiquement celui de Numericable.Dans le cas où Numericable continuerait à refuser de régulariser sa situation – en acquittant les impayés et en ratifiant la convention de 2009 –, ce conflit pourrait se traduire pour des millions de Français par un écran noir et des téléphones muets. La Ville de Paris se déclare en effet prête à procéder elle-même au retrait des installations à partir du 11 août prochain. Une menace tout de même bien difficile à mettre en œuvre, tant elle serait impopulaire.Anne EvenoJournaliste au Monde Annick Cojean L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntakton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1 h 20 du matin, le visage du premier ministre Alexis Tsipras apparut sur la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la Une du journal de samedi. » L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont... Alexandre Piquard Il reste plusieurs obstacles à passer pour obtenir la validation de la vente controversée de Numéro 23 : le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit donner son agrément à la cession de la chaîne de Pascal Houzelot pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, se penche de près sur ce dossier. Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT.Le CSA a notamment saisi son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors d’Union européenne qui détient plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée.Le CSA se demande si UTH ne possède pas en réalité plus de 20 % des droits de vote dans Numéro 23. En effet, un pacte d’actionnaires a été noué début 2014, qui prévoit, notamment, que l’investisseur russe soit consulté pour les décisions importantes. Celui-ci possède un siège sur quatre au conseil de surveillance.Revente dès que possibleUne source proche de la chaîne assure qu’UTH ne possède aucun droit de blocage anormal et aucun droit au-delà de 20 %. Le pacte d’actionnaires n’est qu’une façon habituelle pour les minoritaires de protéger leurs droits et d’éviter que le majoritaire sorte de son business plan ou change d’activité, affirme-t-on. M. Houzelot – membre du conseil de surveillance du Monde – possède 70 % des droits de vote de Numéro 23. Et 15 % du capital est possédé par des entrepreneurs privés français, dont Bernard Arnault et Xavier Niel (actionnaire du Monde).Le Canard enchaîné pointe, mercredi 1er juillet, la présence d’un autre partenaire étranger : Qipco, un fonds d’investissement qatari, qui a prêté 5 millions d’euros. Mais une source proche de la chaîne affirme que ces obligations ne sont pas « convertibles » en actions.L’hebdomadaire assure que le pacte d’actionnaires prévoit la revente de la chaîne dès que possible, à partir de janvier 2015. Pour la direction de la chaîne, il ne s’agit là que d’une « clause de liquidité » donnant le droit à l’actionnaire russe de céder ses titres, sur lesquels M. Houzelot gardait un droit de préemption.Le rapporteur indépendant du CSA doit rendre un avis aux membres du collège, qui décideront. Ceux-ci se fonderont aussi sur l’étude d’impact économique en cours d’élaboration. Et devront évaluer l’importance d’un dernier point : si la chaîne a respecté ses obligations en matière de diversité, elle a été mise en demeure, le 26 juin, pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) L’extraordinaire saga familiale du clan Murdoch entre dans son dernier chapitre. Le 1er juillet, le vieux patriarche Rupert Murdoch, 84 ans, a vu son rêve se réaliser : ses deux fils adultes ont pris leurs nouvelles fonctions au plus haut niveau, prêts à lui succéder à la tête de son empire médiatique mondial. Non pas qu’il ait l’intention de passer la main. Le magnat de la presse et de la télévision demeure très actif et conserve le poste de vice-président exécutif.Mais la succession est désormais en ordre, ou presque. James Murdoch, le fils cadet de son second mariage, en sort le grand vainqueur. A 42 ans, l’abrasif et impatient rejeton devient le directeur général de 21st Century Fox, la société qui détient les activités dans la télévision et le cinéma (les chaînes Fox News et National Geographic, les studios de cinéma 20th Century Fox, une large participation dans le bouquet satellite Sky). Mais comme le pater familias aime à entretenir le flou et les rivalités, il a aussi donné un rôle clé à Lachlan, aîné de James de quinze mois. Celui-ci devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs.Lachlan devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs. Il conserve aussi son rôle de vice-président dans l’autre entreprise du groupe, News Corp, qui réunit les journaux – Wall Street Journal, The Times, The Sun, Harper Collins… –, et qui n’intéresse pas James.Mais il ne faut pas s’y méprendre. Derrière les déclarations publiques d’unité, James est en train de prendre le pouvoir. Il est basé à New York, au siège de 21st Century Fox, tandis que Lachlan est à Los Angeles, où se trouvent seulement les studios de cinéma.La gestion au quotidien sera du ressort du premier. Mais avec son père dans le bureau d’à côté et son frère au conseil d’administration, il n’aura pas une liberté de travail complète, loin de là.Lire aussi :Rupert Murdoch s’apprête à lâcher les rênes de la 21st Century Fox« Tous investis dans le succès des uns et des autres »« Les familles aristocrates britanniques ont un slogan : il faut avoir a heir and a spare[un héritier et un de rechange]. C’est ce que fait Rupert Murdoch », dit Claire Enders, directrice d’Enders Analysis, influente observatrice britannique des médias, qui a côtoyé le clan Murdoch. James confirmait à sa manière, le 25 juin, lors d’un passage à une conférence à Cannes : « Nous sommes tous investis dans le succès des uns et des autres. »Pour lui, le rebond est spectaculaire. En février 2012, sa réputation était détruite par le scandale des écoutes au tabloïd britannique News of the World. Devenu persona non grataparmi l’élite du Royaume-Uni, James quittait Londres pour se réfugier à New York, au siège du groupe. Le jeune loup, arrivé à Londres une décennie plus tôt, était à terre.Il est tombé à cause des journaux, mais il ne jure que par les nouvelles technologies et la télévision. Après des études arrêtées en cours de route à Harvard, et des débuts faussement rebelles à monter un label de musique de rap – vite racheté par son père –, il a fait sa carrière dans la télévision. Il débute à 27 ans à Star Television, l’antenne asiatique du groupe. A 30 ans, en 2003, il prend la tête de Sky, malgré l’opposition des actionnaires qui s’agacent de voir ce bambin diriger le premier groupe de diffusion par satellite d’Europe.« Vu comme un type sympa »Mais il impressionne. « Il a été visionnaire, avec quinze ans d’avance sur des groupes comme Canal + », dit Mme Enders. Comprenant que télévision, téléphonie et Internet vont converger, il investit dans les télécommunications pour diversifier Sky , qui devient une vache à lait pour le groupe. Couronné de ce succès, il prend, en 2007, la direction de toutes les affaires de l’empire familial hors des Etats-Unis, y compris les journaux britanniques.Lachlan, lui, a claqué la porte du groupe. Pressuré par son père, fragile, il est parti faire des affaires en Australie, et élever ses enfants en bas âge. « Il a tout fait pour avoir une vie normale, témoigne Justin Jameson, directeur de Venture Consulting, une société spécialisée dans les médias en Australie. Lui et Sarah [sa femme] étaient comme les autres parents à l’école, aidant à la cantine… Il est vu comme un type sympa. » Pendant que son frère mène cette vie familiale, James apparaît comme l’hériter évident.Ce dernier commence à agacer. Sec et brutal, il joue au baron des médias, faisant régner la terreur, tirant les ficelles de la société. Il reçoit dans son bureau debout derrière un pupitre, pour abréger les réunions. Ecouter n’est pas son fort. Eduqué aux Etats-Unis, il a horreur de la petite élite britannique. Il veut des résultats, et vite.« Il a grandi dans un monde où son père pouvait décrocher le téléphone pour appeler n’importe quel premier ministre », dit Mme Enders. Il adopte la même attitude dominante, multiplie les attaques contre ses rivaux et en particulier la détestée BBC, noue des alliances avec les leaders politiques, de Tony Blair à David Cameron.Un appétit féroceJusqu’à ce que cette envolée irrésistible soit stoppée net par le scandale de News of the World : un système d’écoutes téléphoniques à grande échelle, réalisé par les journalistes du tabloïd. La défense de James : il y a bien eu des écoutes et son groupe a bien tenté d’étouffer le scandale, mais il n’était pas au courant. Un comité parlementaire britannique conclut qu’il a fait preuve « d’aveuglement volontaire ».Parti à New York, il laisse passer la tempête. L’occasion de tourner la page se présente en juillet 2014, quand, à la surprise générale, Rebekah Brooks gagne son procès. Accusée d’avoir commandité les écoutes, l’ex-rédactrice en chef de News of the World, qui était la vraie patronne des journaux britanniques du groupe, est blanchie. La défense de James, qui consiste à plaider l’ignorance, devient plus solide. Dans la foulée, la justice américaine abandonne l’idée de poursuivre le groupe en justice pour corruption à l’étranger. Enfin, la victoire des conservateurs aux élections législatives britanniques de mai assure à la famille Murdoch la présence d’alliés au pouvoir à Londres.Dès lors, la voie est libre pour le retour officiel de l’enfant prodigue. Pendant l’été 2014, il conduit l’offre de rachat de Time Warner, qui aurait abouti à la création d’un géant du câble aux Etats-Unis. L’échec a été rapide et cuisant, mais il donne une idée de l’appétit féroce du fils cadet.James ne pourra cependant pas faire ce qu’il veut. « Il est généralement considéré que Rupert Murdoch va continuer à diriger tant qu’il est dans les parages », notent les analystes de Zacks Equity Research. A 84 ans, le vieux lion reste fringant et n’a pas dit son dernier mot.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.06.2015 à 18h14 • Mis à jour le01.07.2015 à 09h07 Jérôme Fenoglio sera le nouveau directeur du Monde. Son nom a été finalement retenu par les journalistes des rédactions du journal et du site, consultés, mardi 30 juin, lors d’un vote organisé par la Société des rédacteurs du Monde (SRM), conformément aux statuts de désignation d’un directeur du journal dans l’entreprise.Selon ces statuts, pour être élu directeur et nommé au directoire de la Société éditrice du Monde (SEM), le candidat proposé par les actionnaires de la holding Le Monde libre (Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse, qui détiennent la majorité des capitaux de la SEM) doit atteindre une majorité de 60 % de votes positifs de la part des membres de la société des rédacteurs.Mardi 30 juin, les journalistes membres de la SRM se sont prononcés à plus de 60 % en faveur de Jérôme Fenoglio. Ce dernier sera donc nommé directeur du Monde pour un mandat de six ans, lors d’un conseil de surveillance extraordinaire qui devrait se tenir jeudi 2 juillet.Jérôme Fenoglio, 49 ans, occupait ces derniers mois le poste de directeur des rédactions, après être passé, depuis son entrée au Monde en 1991, par de nombreux services (rédacteur en chef du Monde.fr, grand reporter, rédacteur en chef du Monde 2, reporter au service Sciences, chef du service Société, chargé de la rubrique Exclusion, reporter au service Sports).Un premier vote sur le nom de Jérôme Fenoglio avait eu lieu le 13 mai : il n’avait recueilli que 55 % de votes positifs. S’en était suivi la démission du directeur par intérim du journal, Gilles Van Kote. Les actionnaires de la holding Le Monde libre avaient ensuite annoncé, le 15 juin, qu’ils souhaitaient qu’un nouveau vote ait lieu sur le nom de Jérôme Fenoglio.Ce processus était intervenu dans le cadre du renouvellement du directeur du Monde, initié un an auparavant après la démission de l’ancienne directrice, Natalie Nougayrède. Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse avaient alors confié à Gilles Van Kote le soin d’assurer l’intérim, ce qu’il a fait pendant près d’un an. Alexis Delcambre L’idéal olympique formulé par le baron Pierre de Coubertin en 1908 ne s’applique pas au marché des droits sportifs. Dans cette discipline, l’important, c’est de gagner, plus que de participer. David Zaslav, le PDG de Discovery Communications, l’a bien compris. La maison mère d’Eurosport vient de mettre 1,3 milliard d’euros sur la table pour acquérir les droits de diffusion européens des quatre prochains Jeux olympiques (JO) (soit sur la période 2018-2024), et sur tous les supports.L’irruption d’Eurosport sur ce marché vient rompre de vieux équilibres. Jusqu’ici, le Comité international olympique (CIO), détenteur des droits, s’accordait avec l’ Union européenne de radio-télévision (UER, un consortium de diffuseurs européens parmi lesquels la BBC, France Télévisions ou l’allemand ARD) ou directement avec ces chaînes. Cette fois, ces dernières ont été doublées par un concurrent américain, un géant de la télévision payante, qui réalise près de 6 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros) de chiffre d’affaires par an et consacre 2 milliards d’euros annuels aux achats de droits et de programmes.Ces chiffres permettent de mesurer la puissance nouvelle d’Eurosport, une ancienne possession de TF1 dont Discovery est devenu l’actionnaire majoritaire en 2014. Outre la force de frappe financière, la chaîne a joué de deux autres atouts : sa présence dans plus de cinquante pays européens, et son développement numérique – avec Eurosport.com et son service Eurosport Player.Mutation à grande vitesseSeules exceptions à cet accord : la Russie, et les droits de diffusion en France et au Royaume-Uni (pour 2018 et 2020), déjà attribués à France Télévisions et à la BBC. « Nous sous-traiterons une partie des droits », a rassuré M. Zaslav lors d’une conférence de presse, lundi 29 juin. Le CIO impose que 200 heures de programmes, pour les Jeux d’été, et 100 heures, pour ceux d’hiver, soient remis sur le marché à l’intention de chaînes gratuites. « Mais encore faut-il s’accorder sur le prix », pointe Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions.Première leçon de cet accord : Discovery n’est pas venu sur le marché européen pour faire de la figuration. Si Eurosport touche déjà 220 millions d’Européens, le potentiel estimé pour les JO est de 700 millions. Le Vieux Continent est le « marché émergent » que veut occuper le groupe américain, comme l’a encore répété M. Zaslav en mai, lors d’un passage à Roland-Garros.Seconde leçon : le marché des droits sportifs mute à grande vitesse. Pour la première fois de son histoire, le CIO a cédé les droits d’un continent en bloc, et non pays par pays. Comme pour certains films ou séries, la mondialisation est en marche, et elle écarte de la compétition les acteurs de taille nationale, au bénéfice des réseaux internationaux comme Eurosport ou BeIN Sports. En février, la chaîne qatari avait ainsi acquis les droits de la Coupe Davis de tennis pour le monde entier. C’est aussi cette compétition que TF1 n’a pas voulu jouer, en sortant d’Eurosport. Participer ne sert à rien, il faut gagner.Lire aussi :JO 2020 : le stade olympique de Tokyo va coûter 1,8 milliard d’eurosAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Fin de polémique en Israël pour Orange. L’opérateur télécoms français a annoncé dans un communiqué, mardi 30 juin, être parvenu à un accord avec l’entreprise israélienne Partner afin de redéfinir un « cadre à leur relation ». Derrière cette expression pudique, c’est la fin programmée du partenariat entre les deux entreprises qui s’esquisse, quelques semaines après une polémique, qui a vu Orange se retrouver au cœur d’une tempête médiatico-diplomatique.Selon le communiqué, le nouveau contrat qui lie les deux groupes « accorde à Partner et à Orange le droit de résilier l’accord de licence de marque Orange actuellement en vigueur. Si Partner n’exerce pas son droit de résiliation dans un délai de 12 mois, Partner ou Orange pourront alors résilier l’accord de licence de marque au cours des 12 mois suivants ».Orange versera 40 millions d’euros à Partner à la signature du contrat et un paiement additionnel de 50 millions d’euros devra être acquitté, si l’accord de licence de marque est résilié dans un délai de 24 mois.Violence des réactionsAu début du mois de juin, en déplacement au Caire, Stéphane Richard, le PDG d’Orange avait déclaré que, s’il le pouvait, il déciderait dès « demain » le retrait d’Orange d’Israël. Ces propos avaient été interprétés comme une volonté de quitter le pays et semblaient faire écho aux appels au boycottage lancés contre l’Etat hébreu.Devant la levée de boucliers suscitée, le patron de l’opérateur de téléphonie français avait tenu à rappeler que son groupe n’était pas lui-même directement présent en Israël. Le seul enjeu, soulignait M. Richard, était celui du retrait de l’usage de la marque Orange par la société Partner.Orange dispose en effet en Israël d’un accord de licence avec cet opérateur, qui utilise dans ce cadre la marque en échange d’une redevance. Cet accord date toutefois de 1998, c’est-à-dire lorsque cette marque était encore la propriété du groupe chinois Hutchison, deux ans avant son rachat par France Télécom.Face à la violence des réactions en Israël, M. Richard avait été contraint de se rendre en Israël afin de s’expliquer en tête à tête avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.Lire aussi :Polémique avec Israël : le PDG d’Orange s’explique, Nétanyahou s’enflamme« Nouveau cadre de partenariat » L’accord annoncé mardi permet donc à Orange de récupérer l’usage de sa marque dans les deux ans alors que l’actuel contrat prévoyait que son partenaire israélien en bénéficie jusqu’en 2025.« Orange se réjouit de ce nouveau cadre de partenariat », commente Pierre Louette, directeur général adjoint d’Orange, selon qui « Israël est un pays important, stratégiquement parlant. Nous avons établi avec ce pays une relation durable, par le biais notamment des activités innovantes conduites par les filiales Orange présentes sur place. »L’Etat hébreu est le seul pays dans lequel Orange est présent sans exploiter lui-même sa marque. Ainsi, contrairement aux autres pays, l’incubateur d’Orange pour les start-up en Israël (Fab Israel) n’affiche pas le nom du groupe.Dans le cas où l’accord avec Partner serait résilié, l’ensemble des activités de recherche et développement (R&D) et d’innovation de l’opérateur français en Israël passeraient sous la marque Orange.Anne EvenoJournaliste au Monde Daniel Psenny « Deug » est mort. Alain de Greef, directeur des programmes emblématique de Canal+ de 1986 à 2000, s’est éteint lundi 29 juin en fin d’après-midi dans sa maison de Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse). Il avait 68 ans. Depuis deux ans, il luttait contre un cancer des poumons et un cancer de la mâchoire, qui l’avaient obligé à suspendre ses activités professionnelles, mais qui ne l'empêchaient pas de s'indigner.Malgré la maladie, Alain de Greef était très actif sur Facebook, où il postait régulièrement ses colères et ses commentaires contre la télévision, dont il aura été un des plus grands dynamiteurs. « Il avait conservé une capacité d’indignation très rare pour une personnalité audiovisuelle de ce niveau », souligne Bernard Zékri, ancien du magazine Actuel, qu’Alain de Greef fit venir à Canal+ pour s’occuper du « Vrai Journal », de Karl Zéro, puis de la rédaction d’I-Télé, lancée par de Greef en 1999.« Nulle Part ailleurs », « Les Guignols de l’info »…Dans un entretien au Monde publié en novembre 2014, à l’occasion des trente ans de Canal+, Alain de Greef avait eu des commentaires très durs contre les dirigeants de son ancienne chaîne. Avec ses mots bien pesés, il y dénonçait « les experts en marketing » et pointait férocement « les dérives » de Canal, s’indignant, par exemple, de voir Nadine Morano ou Eric Zemmour sur le plateau du « Grand Journal », l’ancêtre de « Nulle Part ailleurs », un de ses bébés favoris. « C’est comme voir un odieux graffiti sur une toile de Vermeer ! », s’était-il énervé.Ancien élève de l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec, aujourd’hui devenu la Fémis), Alain de Greef a commencé sa carrière dans l’audiovisuel en 1971 comme chef monteur à l’ORTF, avant d’émigrer sur Antenne 2, tout juste créée, en 1974. C’est là qu’il rencontre Pierre Lescure, avec qui, en avril 1982, il concocte le magazine de pop culture « Les Enfants du rock », devenue une émission de référence. Lescure et de Greef, tous deux biberonnés à la culture américaine des années 1950, y font travailler de jeunes journalistes experts en musique rock et underground. Parmi eux, Bernard Lenoir, Philippe Manœuvre, Jean-Pierre Dionnet ou Antoine de Caunes, qui font découvrir Madonna, The Cure ou Indochine aux jeunes téléspectateurs coincés, à l’époque, entre seulement trois chaînes de télévision. Tout un petit monde que le tandem Lescure-de Greef embarque dans l’aventure Canal+, qui démarre le 4 novembre 1984, sous la présidence d’André Rousselet, l’ex-directeur de cabinet de François Mitterrand.De Greef y travaille d’abord comme directeur de production. Après avoir manqué de couler faute d’abonnés, la chaîne cryptée prend véritablement son essor en 1986, année où Alain de Greef est nommé par Lescure à la direction des programmes. En toute liberté, il peut enfin donner libre cours à sa conception de la télévision, où les émissions ne sont pas formatées et soumises à la sanction de l’audience. Il est ainsi à l’origine des programmes qui ont fait la notoriété de la chaîne : « Nulle Part ailleurs », « Les Guignols de l’info », « Groland », « Les Deschiens », et c’est lui qui, en lorgnant de près dans le laboratoire de Radio Nova, repère Jamel Debbouze et lance, entre autres, Jules-Edouard Moustic, Benoît Delépine ou Benoît Poelvoorde.« Il vomissait les tièdes »Car, par-dessous tout, Alain de Greef aimait déranger. « Il vomissait les tièdes », rappelle le journaliste Paul Moreira, qui, avec l’appui de de Greef, lança le magazine « Spécial Investigation ». Adepte de l’écrivain Guy Debord, dont il diffusa un documentaire sur Canal en première partie de soirée (!), Alain de Greef avait compris depuis longtemps que la société avait besoin de sa part de chaos et qu’il était nécessaire de bousculer ses règles à travers la télévision. Une posture qui lui valut plusieurs rappels à l’ordre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), que « Les Guignols de l’Info » ont immortalisé dans un sketch devenu célèbre où la marionnette d’Alain de Greef tente d’expliquer aux « sages »  sa démarche éditoriale, avec son phrasé tout personnel, composé de « Çaaa vaaa ! », « Çaaa vaaa paas ! ».Viré en 2001 de Canal+ après les changements d’actionnaires, Alain de Greef n’avait pas abandonné son envie de télévision. Il étudiait toujours de près des projets de chaîne sur le Net, notamment avec Jamel Debbouze et Alain Chabat, l’un des Nuls qui contribua fortement au succès de Canal. Il consacrait également beaucoup de son temps à écouter du jazz et, en fin connaisseur d’art, il fréquentait beaucoup les musées. « Je suis un paisible retraité provincial », avait-il expliqué au Monde, l’œil vif et toujours rieur.Lire l'interview datant de 2014 :Alain De Greef : « Il reste beaucoup d’espace à la télévision pour des projets culturels originaux. Encore faut-il le vouloir »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.06.2015 à 11h39 • Mis à jour le27.06.2015 à 14h03 | Elise Vincent et Alexandre Piquard Deux affaires très médiatiques concernant des enquêtes pour favoritisme dans le secteur audiovisuel pourraient-elles être annulées ? C’est ce qu’espèrent les défenseurs des personnalités visées : Patrick de Carolis, l’ancien président de France Télévisions, et Mathieu Gallet, actuel président de Radio France, visé pour son mandat à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Les deux ne sont pas du tout dans la même situation – le premier est mis en examen, l’autre ne se voit pour l’instant concerné qu’à travers une enquête préliminaire.Mais les deux ont repéré un argument juridique qui, selon leurs avocats, rendrait impossible de les inquiéter pour favoritisme. En cause : les règles particulières auxquelles sont soumis l’INA et France Télévisions en matière de marchés publics.M. de Carolis a été mis en examen, en avril 2014, dans le volet « France Télévisions » du dossier Bygmalion, qui concerne par ailleurs le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. L’enquête porte sur différents contrats signés par le groupe public d’audiovisuel, en particulier ceux conclus à partir de fin 2008 avec Bygmalion.Ces contrats avaient notamment pour but de veiller à la réputation du groupe sur Internet, gérer le courrier des téléspectateurs, etc. Or Bastien Millot, le fondateur de Bygmalion, avait été jusqu’en 2008 directeur délégué de la stratégie à France Télévisions auprès de M. de Carolis, avant de quitter l’entreprise. Il a été mis en examen pour recel de favoritisme. Camille Pascal, ancien secrétaire général de France Télévisions, est également mis en examen dans ce dossier pour favoritisme.Les révélations du « Canard enchaîné »M. Gallet est lui concerné par une enquête préliminaire conduite depuis le 8 juin sous l’autorité du parquet de Créteil (Val-de-Marne). Il n’est pas visé en tant que tel, mais les soupçons de « favoritisme » portent sur « des contrats passés entre 2010 et 2014 » à l’INA, alors qu’il était président. L’enquête fait suite à un signalement de la ministre de la culture, Fleur Pellerin. Au mois de mai, Le Canard enchaîné avait évoqué les prestations demandées à six cabinets de consultants (Balises, Euro RSCG, OpinionWay, Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis), pour un montant total de plus d’un million d’euros, sans respecter les procédures de mises en concurrence, ce que M. Gallet avait contesté dans un communiqué.Outre le débat sur les faits, le raisonnement juridique de défense est le suivant : France Télévisions est une société de droit privé et l’INA, un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Ces deux structures ne dépendent donc pas, statutairement, du code des marchés publics (CMP) mais d’un autre texte : une ordonnance du 6 juin 2005. Celle-ci fixe, comme le CMP, les consignes de mise en concurrence en fonction des montants des contrats. Mais elle est d’une nature juridique différente du CMP : ne pas respecter l’ordonnance ne pourrait être puni pénalement, selon les avocats concernés.Lire aussi :France Télévisions : l’enquête Bygmalion s’élargitDemande d’annulationLes conseillers de MM. Gallet et de Carolis ciblent en particulier le délit de favoritisme. Celui-ci ne pourrait s’appliquer car, selon une lecture littérale du code pénal, il ne permet de condamner à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende que les atteintes aux règles des « marchés publics et délégations de service public ». Un argument qui s’appuie sur un arrêt de la cour d’appel de Paris du 26 novembre 2012 : « La violation des règles applicables aux marchés soumis à cette ordonnance n’est pas pénalement sanctionnée et ne peut notamment pas être poursuivie sur le fondement d’une quelconque autre infraction de favoritisme », avait écrit la cour.Sur cette base, Patrick de Carolis, représenté par les avocats Michel Beaussier et Anastasia Pitchouguina, a contesté, avec MM. Pascal et Millot, sa mise en examen, demandant son annulation. Une audience a eu lieu devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. La décision est attendue jeudi 2 juillet.Du côté de Mathieu Gallet et de son entourage, personne ne s’exprime, faisant valoir que l’enquête préliminaire est en cours et qu’il n’est pas dit qu’elle débouche sur l’ouverture d’une information judiciaire. Mais les conseils de l’ancien président de l’INA ont bien en tête, eux aussi, l’arrêt du 26 novembre 2012.Les trois principes fondamentauxToutefois, tous les experts ne sont pas de l’avis des défenseurs de MM. Gallet et de Carolis. Pour Sébastien Palmier, avocat spécialiste du droit public et des marchés publics, les entreprises qui dépendent de l’ordonnance de 2005 ne peuvent s’exonérer des trois principes fondamentaux de la commande publique qui ont valeur « constitutionnelle » : « La liberté d’accès au marché, l’égalité des candidats et la preuve de la mise en concurrence. »L’avocat rappelle par ailleurs que deux arrêts de la cour d’appel de Saint-Denis de La Réunion de février et juin 2012 ont abouti à des conclusions inverses à celle avancée par les conseils de MM. Gallet et de Carolis. « Il existe certes un débat sur ce qu’il faut entendre par “marché public” mais la question n’est pas aussi tranchée qu’on souhaiterait le faire croire. La plus grande prudence est de mise en l’absence de décision de la Cour de cassation », souligne-t-il.Enfin, d’ici avril 2016, le ministère de l’économie doit transposer plusieurs directives européennes sur la question des marchés publics. Dans ce cadre, Bercy a pour projet de réunir dans un seul et même texte les règles relatives aux marchés publics et aux partenariats public-privé. Ce qui reviendrait à supprimer la distinction sur laquelle s’appuient aujourd’hui les avocats de MM. Gallet et de Carolis. Un texte « très attendu » par l’ensemble des acteurs du secteur, souligne Me Palmier, mais qui n’aurait pas de portée rétroactive, estime un avocat de la défense.Le débat pourrait être tranché bientôt en droit, mais ces dossiers sont aussi très politiques : Patrick de Carolis, nommé sous Jacques Chirac, travaillait avec M. Millot, proche de M. Copé, et M. Pascal, proche de Nicolas Sarkozy. Mathieu Gallet a lui travaillé dans des gouvernements de droite mais a été le premier président nommé par le CSA d’Olivier Schrameck, aux pouvoirs renforcés par M. Hollande. Tous vont scruter la décision qui va être rendue dans le dossier Bygmalion-France Télévisions, le 2 juillet.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Anne Devailly (Montpellier, correspondante) Le groupe La Dépêche du Midi, basé à Toulouse et présidé par Jean-Michel Baylet, a finalisé, jeudi 25 juin, l’acquisition des Journaux du Midi composé de Midi Libre, L’Indépendant et Centre Presse. Les Journaux du Midi appartenaient jusqu’ici au groupe Sud-Ouest basé à Bordeaux.Jean-Michel Baylet est venu à Montpellier pour entériner la vente. Il a annoncé qu’il fallait sans doute s’attendre à des suppressions d’emploi, qui seront précisées par la suite, mais qui pourraient atteindre 150 postes dans chacun des deux groupes. Ces suppressions concerneront tous les services, des rotatives à la rédaction en passant par la régie publicitaire.Les chiffres montrent que le groupe des Journaux du Midi, malgré des plans sociaux qui se suivent depuis des années, n’a pas la même rentabilité que le groupe La Dépêche : le journal de La Dépêche du Midi emploie 800 salariés, couvre 10 départements et réalise un chiffre d’affaires de 145 millions d’euros. Le groupe Les Journaux du Midi emploie 930 salariés, couvre 5 départements et réalise un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros.Quatrième groupe de presse quotidienne régionaleL’ensemble va maintenant couvrir un territoire de six millions d’habitants avec deux métropoles (Toulouse et Montpellier). Le nouvel ensemble se positionne comme le quatrième groupe de presse quotidienne régionale.L’audience cumulée de leurs deux sites (vingt millions de visites par mois) les place, selon Jean-Michel Baylet, en première position, devant le site de Ouest-France. Jean-Michel Baylet rachète Midi Libre pour 15 millions euros, alors que Sud-Ouest l’avait racheté au groupe Le Monde pour 90 millions d’euros en 2007.Jean-Michel Baylet, également président du PRG, a affirmé que ce rachat n’avait aucun rapport avec la fusion administrative qui se prépare entre le Languedoc-Roussillon et Midi- Pyrénées et ne cache pas d’arrière-pensées politiques : « Je suis contre cette fusion, personne dans ces deux régions n’avait rien demandé. On m’a prêté des intentions machiavéliques, alors que j’ai toujours été hostile à ce regroupement ».Investissements attendus sur le numériqueBernard Maffre, vice-président directeur général du groupe La Dépêche a été nommé président-directeur général de Midi Libre, en remplacement d’Olivier Gerolami (groupe Sud- Ouest). Jean-Nicolas Baylet, l’un des fils de Jean-Michel, est nommé vice-président du groupe, plus spécifiquement en charge du numérique. Xavier Clément devient directeur général des Journaux du Midi.Parmi les pistes envisagées, un développement des activités dans l’événementiel et des investissements attendus sur le numérique. La Dépêche estime notamment que ses propres outils numériques pourraient être étendus à Midi Libre.C’est notamment le cas du « Paywall » (le système qui fait que les internautes consultant beaucoup le site passent en mode payant) et d’un service Premium avec diffusion d’un journal vidéo tous les jours à 18 heures. « Il nous faut modifier l’équilibre des recettes entre la presse écrite et la diversification numérique, a estimé Jean-Nicolas Baylet. Depuis deux ans, on voit enfin que le payant peut être envisageable sur le web, c’est une bonne nouvelle. »Anne Devailly (Montpellier, correspondante)Journaliste au Monde Alexis Delcambre L’Etat va mettre la main à la poche pour aider Radio France à sortir de l’ornière. Selon nos informations, l’entreprise publique va recevoir 80 millions d’euros de financement exceptionnel, afin de faire face aux besoins de trésorerie engendrés par l’interminable chantier de réhabilitation de la Maison de la radio.Lire aussi :L’interminable chantier de la Maison de la radioCette somme, dont le montant a été annoncé, mardi 23 juin, en conseil d’administration, sera versée sous deux formes différentes. Cinquante-cinq millions d’euros seront apportés aux fonds propres de l’entreprise sous forme d’une dotation en capital, sous l’égide de l’Agence des participations de l’Etat (APE). Répartis sur trois exercices budgétaires (de 2016 à 2018), 25 autres millions d’euros seront issus de la contribution à l’audiovisuel public (la « redevance »), au titre de l’investissement.Un geste de l’Etat était attendu et avait été promis par la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors de la longue grève qui a paralysé Radio France, en avril. « J’ai proposé une intervention au capital de l’entreprise, pour l’accompagner dans cette période difficile », avait-elle déclaré dans un entretien au Monde. Son montant et ses modalités restaient à définir, dans un contexte où chaque euro d’argent public compte et où il est par ailleurs demandé à l’entreprise de se réformer.Lire aussi :Fleur Pellerin : « Il faut renouer les fils du dialogue » à Radio FranceUn chantier à plus de 100 millions d’eurosAu ministère, on explique que les formes d’intervention retenues – une dotation en capital et un budget d’investissement – permettent de bien distinguer cet apport exceptionnel de ce qui relève du fonctionnement courant de l’entreprise. Cet apport ne sera par ailleurs pas le seul : Radio France a soumis une demande de prêt à trois banques et recherche 90 millions d’euros pour subvenir à ses besoins de trésorerie. Mais pour obtenir l’accord des banques, elle doit d’abord finaliser son contrat d’objectif et de moyens (COM), dont la conclusion n’est pas attendue avant septembre.L’apport de l’Etat, ainsi que cet emprunt, sont censés permettre à l’entreprise de répondre aux besoins de financement supplémentaires liés au chantier, évalués à ce stade entre 100 et 110 millions d’euros. Mais cette estimation laisse un angle mort : le sort d’une partie des studios, dits « studios moyens ». Des études doivent être menées pour déterminer comment mener leur réhabilitation.L’aide apportée par l’Etat lève une partie des incertitudes financières pesant sur Radio France. Mais elle ne résout pas la « question stratégique » qui doit être au cœur du COM, pointe-t-on au ministère. Ni la question des 44 millions d’euros d’économies, dont 24 sur la masse salariale, que l’entreprise doit dégager dans le cadre du COM.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre et Alexandre Piquard « Circa News has been put on indefinite hiatus [Circa News a été suspendue pour une durée indéterminée] », écrit le co-fondateur de l’application mobile d’information, Matt Galligan, dans un post publié, jeudi 25 juin, sur la plate-forme Medium. Celui qui est aussi PDG de la start-up créée en 2011 explique que sa compagnie n’a plus les moyens de financer sa production de contenus.M. Galligan raconte qu’une nouvelle levée de fonds – après la première, de 5,7 millions d’euros –, a échoué car l’équipe de Circa n’a pas voulu affecter l’expérience des utilisateurs en optant soit pour l’insertion de formats publicitaires, soit pour la mise en place d’un système d’abonnement.Le paradoxe pour Circa est qu’il a été le premier à proposer, en 2013, une expérience d’information conçue pour le mobile, en se positionnant sur de l’agrégation de haute qualité, à base de contenus externes soigneusement choisis par une rédaction de 20 personnes, présentés de façon très découpée, agrémentés de nombreux enrichissements (citations, liens…), avec une fonctionnalité permettant de suivre un sujet. À son lancement l’application avait suscité de nombreux commentaires élogieux. Mais Circa a « échoué à construire un business à partir de son produit », admet le co-fondateur.Plusieurs obstacles au succèsL’application n’a jamais communiqué ses chiffres d’audience, que son M. Gilligan qualifie de « modeste ». Pour certains critiques, tel Joshua Benton, responsable du Nieman Lab, l’inventivité narrative de Circa ne compense pas son manque de personnalité éditoriale. « Découper un article en bouts, c’est prendre le risque d’en retirer tout le ton, tout l’aspect humain, estime M. Benton, rappelant la différence entre le style d’un site de divertissement comme Buzzfeed et l’hebdomadaire britannique de référence The Economist. Les articles sur Circa sont fades et dénués de personnalité. C’est la confusion entre une stratégie de logiciel d’édition de contenu et une stratégie éditoriale. »Mais l’échec de Circa est aussi un symptôme du développement insuffisant de l’économie du mobile, comme l’a décrypté Frédéric Filloux dans sa Monday Note. Alors que la part mobile du trafic web dépasse fréquemment les 50 %, les revenus tirés du mobile plafonnent à 30 % et sont concentrés entre les mains de quelques entreprises, notamment Facebook. Elle illustre aussi la rapidité des changements de modèles : en deux ans, Circa a vieilli, notamment dans son absence de perméabilité avec les réseaux sociaux.Si Circa ne donne pas de détails sur ce qui va désormais advenir, c’est qu’il espère vendre une partie de ses actifs, par exemple sa plateforme de publication. Il y a quelques semaines, le site américain consacré à la vie du web et des jeux vidéo Daily Dot a confirmé discuter avec les fondateurs de Circa, rapporte le blog The Desk.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.07.2015 à 07h53 • Mis à jour le10.07.2015 à 10h39 | Alexis Delcambre et Guillaume Fraissard Olivier Poivre d’Arvor a confirmé au Monde, vendredi 10 juillet, avoir été « limogé » de son poste de directeur de France Culture par le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui lui reproche de « s’être exprimé sans son visa » sur son projet pour le groupe public.« Mathieu Gallet m’a reproché lors d’un entretien jeudi soir de m’être exprimé sans son visa dans deux interviews sur son projet pour Radio France que je qualifiais “d’uniquement construit sur une logique budgétaire et comptable” », indique Olivier Poivre d’Arvor, qui était en poste depuis septembre 2010.« Nous nous sommes aussi opposés récemment sur sa demande d’éviction de producteurs qui se sont manifestés de manière critique pendant la grève de Radio France », a-t-il ajouté. « Je trouve cette décision incompréhensible et irrespectueuse de la liberté éditoriale », a-t-il jugé, précisant qu’il quitterait effectivement son poste fin août.« Une logique de départ permanente »« Ce n’est pas un limogeage, se défend-on à la direction de Radio France. Olivier Poivre d’Arvor était détaché du Quai d’Orsay pour cinq ans. Ce détachement arrive à son terme fin août et Radio France ne souhaite pas le renouveler. » Depuis 2007, M. Poivre d’Arvor dispose en effet du titre de ministre plénipotentiaire au ministère des affaires étrangères.Dans l’entourage de la présidence, on reconnaît un « bilan formidable », mais on pointe un « problème de confiance » vis-à-vis d’un directeur qui a postulé ces derniers mois à de nombreux postes (Centre Pompidou, La Villette…). « Il s’inscrit dans une logique de départ permanente », dit-on.L’ancienne ministre de la culture Aurélie Filippetti a immédiatement réagi à cette annonce sur Twitter, mettant en avant l’« excellent travail » effectué par Olivier Poivre d’Arvor à la tête de France Culture.Soutien à Olivier Poivre d'Arvor qui a fait un excellent travail à la tête de l'une de nos plus belles antennes @franceculture— Aurélie Filippetti (@aurelifil) 10 Juillet 2015Une autre directrice de chaîne, Marie-Pierre de Surville (France Musique), va changer de fonction. Dans un communiqué diffusé vendredi 10, Mathieu Gallet a annoncé son remplacement par Marc Voinchet, l’actuel matinalier de France Culture. Mme de Surville se voit confier « une mission de préfiguration visant à créer une direction en charge de la création musicale et culturelle et de la programmation de la Maison de la radio. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGuillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Une des plus grosses menaces qui planent sur Numéro 23 s’éloigne : dans son rapport rendu le jeudi 9 juillet, que Le Monde a pu consulter, le rapporteur indépendant du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) « ne propose pas au CSA de retirer, sur le fondement de l’article 42-3 de la loi du 30 septembre 1986, l’autorisation qu’il a accordée [...] à la société Diversité TV France ». Une sanction qui s’applique en cas de changement de contrôle au sein de la société qui édite une chaîne. Le CSA avait sollicité l’avis du rapporteur car il avait des doutes sur le poids réel d’un actionnaire russe, Le rapporteur relève toutefois que « la détermination d’un concert et d’un contrôle conjoint (…) est un exercice d’appréciation délicat ». Juridiquement, il estime que la« détermination en fait des décisions des assemblées générales » est constituée mais pas « l’action de concert », en « l’absence d’éléments suffisants permettant d’affirmer qu’il y une intention des actionnaires d’avoir une politique commune » et notamment en« l’absence de droit de regard » de l’actionnaire russe sur le budget annuel et les programmes.Le document ne préconise donc pas de sanction. Mais il appartient désormais au CSA de suivre, ou non, cet avis du rapporteur, un conseiller d’Etat dont le travail sera présenté au collège de l’autorité avant fin juillet.Symbole d’une « spéculation »Numéro 23 est au cœur d’une polémique depuis qu’elle a été revendue pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV (BFM TV, RMC…) par son actionnaire principal Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde). Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT. « Oui, ça me choque », a encore dit Fleur Pellerin, la ministre de la culture, mercredi 8 juillet, devant l’association des journalistes médias.Le CSA avait des doutes sur l’arrivée au capital de Numéro 23, fin 2013, du groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, cette société a acquis 15 % de la chaîne et conclu un pacte d’actionnaires. De plus, Numéro 23 a émis pour 5 millions d’euros des obligations à bons de souscription d’actions achetées par Qipco, un fonds d’investissement qatari.Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors Union européenne qui détienne plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée. Le changement de contrôle de la société est puni de la même sanction.Encore des étapes à franchirSoupçonnés d’avoir cédé une part du contrôle à son actionnaire russe, voire d’avoir anticipé avec lui la revente de Numéro 23, les dirigeants de la chaîne avaient argué que le pacte d’actionnaires ne contenait que de banales mesures de protection des actionnaires minoritaires.Si le CSA suit l’avis du rapporteur, il restera malgré tout encore des étapes à franchir pour Numéro 23 : le CSA doit aussi donner son agrément à la vente. Il a pour cela commandé une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Un dernier élément du paysage est le respect des obligations : la chaîne s’est récemment vue mise en demeure par le CSA pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français. Numéro 23 souligne de son côté qu’elle a respecté ses devoirs en matière de diversité et que de toutes façons le non-respect des obligations peut susciter des amendes, mais pas entraîner un refus d’agrément. La question semble plus ouverte dans l’esprit du CSA.Enfin, si l’agrément était accordé, Pascal Houzelot et les actionnaires de Numéro 23 pourraient avoir à franchir une dernière haie : s’acquitter de la taxation renforcée mise en place par le gouvernement depuis l’annonce de la transaction, via la loi Macron. Si ce texte est promulgué avant l’agrément, sera due une taxe de 20 % du prix de vente et non plus 5 % comme précédemment.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) étaient de nouveau muets, vendredi 10 juillet au matin. Depuis mardi, un mouvement de grève touche le siège parisien de l’agence de presse et bloque la diffusion des contenus en langue française.AFP : le personnel vote en AG un 3ème jour de grève contre la dénonciation de la totalité des accords sociaux par le PDG Emmanuel Hoog— drousseauafp (@Denis Rousseau)require(["twitter/widgets"]);De nombreux journalistes de quotidiens et sites d’information français – dont Le Monde – restent donc privés d’une de leurs sources d’information, l’agence étant complètement bloquée, avec des piquets de grève sur les « desks » pour empêcher l’envoi de toute dépêche.Pourtant, jeudi, deux syndicats, la CFDT et le SNJ, majoritaires dans la rédaction, ont appelé à suspendre le mouvement de grève jusqu’au 20 juillet, date de reprise des négociations sur le nouvel accord d’entreprise, qui est à l’origine du conflit. Mais quatre autres syndicats (CGC, CGT, FO, SUD) ont appelé à poursuivre le mouvement, qui se traduit par plusieurs perturbations techniques.Dans une note envoyée à l’ensemble de la rédaction, jeudi, la directrice de l’information, Michèle Léridon, les énumère : « Pushmail bloqués sur les téléphones, bureaux qui ne reçoivent pas les agences nationales, climatisation et électricité coupées dans divers étages de la maison, système Symphonia [serveur photo et vidéo] bloqué. Une étrange « épidémie » affecte les outils techniques de la rédaction. » « Je demande solennellement à tous les personnels de ne pas porter atteinte à notre outil de travail et de garantir que chacun, en toute responsabilité, puisse décider de travailler ou pas », ajoute Mme Léridon.Jeudi, la direction avait également tenté de rassurer les personnels en expliquant qu’« à partir du 20 juillet, les organisations syndicales sont conviées à des réunions de négociation thématiques qui permettront d’étudier leurs contre-propositions afin de converger vers une position commune ». Elle s’est également engagée à « une augmentation salariale générale » en 2016.Dénonciation de 117 accords sociaux par le PDGÀ l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 1 350 salariés de droit français de l’AFP (sur 2 260) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis les années 1960.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Trois syndicats – CFDT, SNJ et SUD — sont entrés en négociation, mais d’autres, notamment la CGT, s’y opposent. Une situation qui n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais qui permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer.C’est pour éviter ce risque que la direction a choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.« On ne peut pas conduire une politique sociale et managériale cohérente sur la base de 117 accords différents », s’est défendu le PDG, Emmanuel Hoog, dans un entretien aux Echos, jeudi 9 juillet, ajoutant que « toute cette négociation se fait avec l’idée que l’emploi éditorial doit continuer à se développer, notamment dans le réseau international. »Lire l'entretien du PDG de l'AFP :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julia Pascual Le quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest a été condamné, mercredi 1er juillet, en première instance pour des faits de harcèlement sexuel. Et sur le fond, la décision de la juridiction tourangelle est inédite.« C’est la première fois qu’un conseil des prud’hommes ne déboute pas une salariée qui fait valoir que le harcèlement sexuel peut être constitué par des agissements qui ne lui sont pas directement destinés », souligne Marylin Baldeck, présidente de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT).Madame G. avait 25 ans de maison lorsqu’en 2012 son environnement de travail est devenu invivable à l’agence de Châteauroux. Le jugement des prud’hommes décrit « des propos à connotation sexuelle et sexiste [qui] sont proférés dans le cadre de l’agence », « des photos de femmes à forte poitrine [qui] sont installées en fond d’écran d’ordinateurs et des vidéos [qui] circulent par courriels » ou encore « des propos vulgaires et insultants à l’encontre d’une de ses collègues ».Licenciée pour inaptitudeL’AVFT, qui a défendu la journaliste, précise les choses dans un communiqué. Les trois collègues masculins de Mme G. s’interpellaient en usant de termes tels que « Petite bite, enculé de mes deux, grosse burne » ou encore « Ma chatounette, mes couilles ». Il leur arrivait de « mimer des rapports sexuels » ou de commenter leur week-end par un « Je vous ferai une photo bien dégueulasse de chatte en gros plan ». Sans s’adresser à Mme G., ils pouvaient dire d’une autre journaliste : « Ah celle-là, quelle sale pute ! Celle-là, si elle croit que c’est comme ça que je vais lui mettre un doigt, elle se trompe ».Lorsque Mme G. se plaint, l’un de ses collègues lui « reproche de manquer d’humour », explique le jugement des prud’hommes. Et un rédacteur en chef « lui fait comprendre qu’elle avait “cassé l’ambiance” ». La journaliste a beau alerter son employeur sur la « dégradation de ses conditions de travail », rien n’est fait. Poussée à bout, elle est mise en arrêt de travail par son médecin en janvier 2013. Elle est licenciée, pour inaptitude, un an et demi plus tard.Dans sa décision, le conseil des prud’hommes condamne La Nouvelle République du Centre-Ouest pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et harcèlement moral et sexuel. Le tribunal reproche en outre au journal de ne pas avoir mené d’enquête sur les agissements dénoncés par son employée. Une expertise commandée par le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), postérieure au départ de Mme G., a conclu notamment à l’absence d’une « politique clairement définie » en matière de prévention des risques psycho-sociaux.Mme G., elle, « est désormais contrainte, à 47 ans, d’envisager une reconversion professionnelle », conclut l’AVFT.Julia PascualJournaliste au Monde Gabriel Coutagne Les étals des commerçants ont remplacé la horde des camions de CRS. Porte de Vincennes, c’est jour de marché. Face à l’Hyper Cacher, clients et commerçants s’activent. Leurs voix, qui ont remplacé les sirènes, rendent lointain le bruit de la circulation du boulevard périphérique, pourtant tout proche.« Le souvenir du 9 janvier est toujours là, mais il commence un peu à s’estomper », confie Gérard, un habitant du quartier. Dans les allées du marché, les conversations portent plus volontiers sur la canicule qui frappe la région parisienne en ce début d’été. « Mais l’émotion reste présente », soupire le retraité, ses mains agaçant son paquet de cigarettes.De l’autre côté de l’avenue se dresse la supérette où a eu lieu l’attaque qui a coûté la vie à quatre otages. Depuis sa réouverture, le 15 mars dernier, le magasin accueille de nouveau ses clients. Comme pour gommer cet épisode tragique, sa devanture a été repeinte. Le logo, imprimé sur une bâche, se veut plus minimaliste. A l’intérieur, les nombreuses caméras de vidéosurveillance quadrillent chaque rayon du magasin.Lire : Réouverture de l'Hyper Cacher : les clients n'ont « sûrement pas » peurBarrièresL’Hyper Cacher reste toujours barricadé derrière plusieurs barrières, transformées en reposoirs pour quelques bouquets fanés ou affiches accrochées là en hommage aux victimes. Au sol, un bout de satin, sur lequel on lit encore les condoléances adressées au proches des victimes par l’ambassade des Etats-Unis.Au-delà des barrières, aucune voiture n’est autorisée à stationner, sauf un véhicule des forces de l’ordre. « Nous assurons la sécurité de l’établissement durant les horaires d’ouverture », explique l’un des deux policiers en faction devant l’entrée. Un dispositif allégé par rapport aux premières semaines qui ont suivi les attentats.« Les choses sont redevenues normales, mais les événements récents ont nourri un sentiment de peur, notamment parmi la communauté juive », raconte Catherine, une autre habitante du quartier. « La tension est encore palpable », poursuit-elle, en tournant son regard vers le magasin. Fleurs fanéesUn homme en tablier, employé de la charcuterie cacher voisine de la supérette, s’énerve quand on l’interroge sur le sujet. Il ne veux pas s’adresser à la presse : « Je m’en fous, j’ai pas besoin de ça », grogne-t-il, en tournant le dos. A quelques mètres, un autre homme barbu, kippa vissée sur la tête, est plongé dans la lecture d’un livre religieux. Il refuse, plus poliment, d’aborder le sujet.« Je connais des habitués de l’Hyper Cacher, et pour eux, qui connaissaient des victimes, c’est encore difficile », déclare Christophe, la trentaine élancée, avant de s’engouffrer dans le métro.Lire aussi :Yoav, Philippe, Yohan et François-Michel, les quatre otages tués porte de VincennesA huit stations de là, dans le 11e arrondissement de la capitale, on retrouve d’autres traces des événements de janvier. Au coin de la rue du Chemin-Vert et du boulevard Richard-Lenoir, deux barrières en métal protègent des dessins, de nombreux « Je suis Charlie », des bougies éteintes, des fleurs et des plantes asséchées, déposés en hommage aux victimes de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo. C’est à quelques pas de là que le policier Ahmed Merabet avait été abattu froidement par les frères Kouachi, pendant leur fuite.« Autrefois, on élevait des stèles ou des monuments », professe Nicolas, un jeune riverain qui se présente comme artiste. « On va sans doute installer une plaque commémorative », imagine-t-il. Le patron d’un café voisin est plus sceptique : « Les gens ne viennent plus trop ici pour se recueillir. L’esprit Charlie, c’est fini. » GraffitisAu 10, rue Nicolas-Appert – l’adresse de la rédaction de Charlie Hebdo jusqu’au 7 janvier 2015 –, la vie semble avoir repris un cours presque normal. La présence policière se fait discrète, même si, plusieurs fois par jour, deux gendarmes armés de fusils mitrailleurs viennent inspecter les lieux, d’un pas calme. Leur présence, imposée par le plan Vigipirate, vise aussi, selon eux, à rassurer : « On essaie de montrer qu’on est là. »Quatre graffitis au pochoir ornent un mur adjacent à l’immeuble. Ce sont des portraits, en noir et blanc. Ceux de Wolinski, Cabu, Charb et Tignous. Sur la façade du bâtiment, un autre clame « Je suis Charlie », comme un refrain devenu naturel. Des barrières empêchent les voitures de stationner dans la rue, comme à la porte de Vincennes. Elles semblent aussi imposer une petite frontière entre ceux qui travaillent toujours dans le bâtiment et les passants, venus en curieux.Lire : Attentat à « Charlie Hebdo » : « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète »« Ça va », rassure une jeune femme, descendue pour fumer une cigarette au pied du bâtiment, où elle travaille. « De toutes façons, il faut bien que ça aille… La vie reprend ses droits. » Même si elle reconnaît que les touristes sont désormais nombreux. Elle s’agace un peu de leur présence, « surtout ceux qui font des photos ». Couleurs« On est venus voir, en curieux, mais ce n’est pas pour cela qu’on est monté à Paris », se défend une mère de famille, venue d’Alès avec son époux et leurs trois enfants. « Nous vivions dans le quartier il y a quelques années, et l’événement nous a beaucoup touchés », reconnaissent-ils. L’aîné, un adolescent d’une quinzaine d’années, regarde longuement l’entrée par laquelle les frères Kouachi se sont engouffrés, les armes à la main, par un matin d’hiver. De son côté, Sonya, employée de mairie venue de Belgique, est émue, derrière ses lunettes noires. « Je suis venue sur les lieux pour voir », explique t-elle, d’une voix hésitante. « J’avais besoin de rendre tout cela réel. »Lire : Des attentats à la marche républicaine, cinq jours en FranceTrès vite, la rue Nicolas-Appert retrouve son calme. A certains moments, il arrive même qu’elle devienne totalement déserte, recueillie. Seuls quelques rires d’enfants viennent briser le silence. Ils viennent de la halte-garderie qui fait face à l’immeuble qui accueillait Charlie Hebdo. Comme partout dans Paris, des poteaux séparent les trottoirs de la chaussée. Mais, rue Appert, une main les a peints de couleurs vives. Comme pour signifier qu’une page est en train de se tourner. Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.07.2015 à 06h50 • Mis à jour le09.07.2015 à 09h59 | Edouard Launet La Revue des deux mondes fête cet été ses 186 ans, ce qui en fait sans doute la plus vieille revue européenne encore en activité. Ce journal du conservatisme éclairé se flatte d’avoir poursuivi une trajectoire « à distance des adhésions idéologiques dont les bilans désastreux parlent pour eux-mêmes ».Fondée en 1829, célèbre pour avoir accueilli des textes de Sand, Chateaubriand, Nerval, Dumas et autres grandes plumes du temps où elle était le rendez-vous littéraire du pays, la revue fut progressiste à ses débuts, soutenant la monarchie libérale de Louis-Philippe. Elle s’est raidie dès la révolution de 1848, puis n’a cessé d’évoluer vers « des positions politiques de plus en plus conservatrices sur le fond et modérées sur la forme qui la conduiront, par exemple, à une réserve plus que prudente pendant l’affaire Dreyfus, tout comme à se prononcer contre la guerre d’Espagne en 1936 », a naguère analysé Olivier Corpet, fondateur de La ­Revue des revues. Elle compte désormais moins de 5 000 abonnés, contre 40 000 juste avant la Grande Guerre.Pessimisme prophétique et réactionnaireDepuis cinq mois – depuis, exactement, que Valérie Toranian, ancienne directrice du magazine Elle, en a repris les rênes – la revue modérée a pris un drôle de tournant, servant à ses lecteurs des plats particulièrement relevés avec des interventions ou interviews d’Eric Zemmour, Michel Onfray, Michel Houellebecq, Régis Debray : c’est un festin du pessimisme prophétique et réactionnaire. Les couvertures agressives et la mise en scène des dossiers ne font pas dans la dentelle, ­tirant la revue vers la polémique à l’arme lourde. Le virage inquiète plusieurs ­contributeurs : ils y voient une rupture avec le ­patrimoine génétique de la revue.Il est vrai que sont désormais aux commandes deux anciens patrons de la presse magazine. Deux, oui, car Franz-Olivier Giesbert, ancien directeur du Point, compagnon à la ville de Valérie Toranian et ami du propriétaire de la revue Marc ­Ladreit de Lacharrière, a fait irruption en mars au comité de rédaction de façon specta­culaire puisque, aux dires de témoins ­effarés, ce fut pour FOG l’occasion d’une grande bouffée d’anti-intellectualisme ponctuée par ce mot d’ordre : « Il faut arrêter d’en­culer les mouches. » ­Lancée dans l’un des lieux les plus policés du débat ­intellectuel français, la phrase a fait sensation.Quelques attaques ad hominem (le grand islamologue Christian Jambet qualifié de « musulman fanatique » et l’éditeur Bernard ­Condominas de « censeur ») ont contribué à alourdir le climat. Deux membres du ­comité de rédaction se sont inquiétés de cette radicalisation au point de démissionner  : Bernard Condominas et l’écrivaine Edith de la ­Héronnière.Michel Crépu, qui a dirigé la revue pendant quinze ans avant de partir au début de l’année s’occuper de la gallimardienne NRF, craint ainsi que la Revue des deux mondes ne se transforme en « produit de marketing intellectuel ». Pour lui, le fond du problème est celui de la transmission : « La revue de la bourgeoisie ­cultivée française, dont le lecteur modèle était le proustien baron de Norpoix, ­semble avoir été abandonnée par les ­petits-enfants de Norpoix. »Le prophète ZemmourRupture ? Valérie Toranian s’en défend : « Nous voulons refaire de la revue un acteur pertinent et visible du débat d’idées, en phase avec son époque. Or il se trouve que les gens qui ont de l’audience aujourd’hui sont des pessimistes. » Quel degré d’adhésion avec les idées de ces plumes tonitruantes ? Dans le numéro de juin, Franz-Olivier Giesbert laissait poindre une sympathie, écrivant à la suite de l’interview d’Eric Zemmour : « Contrairement à Sartre, Barthes, Badiou, Althusser, il n’a jamais fait l’éloge d’une tyrannie sanguinaire, d’un système totalitaire, des camps de concentration ou de rééducation. » Et l’auteur du Suicide français a pour FOG cette qualité de ne pas être un « intellectuel »,mais un « prophète rongé par un pessimisme compulsif ».C’est d’ailleurs dans cette logique, semble-t-il, que la revue consacre son dossier de juillet-août aux écrivains prophètes avec, au premier rang, Michel Houellebecq. ­Valérie Toranian écrit : « Qu’il s’agisse de l’avenir du monde, de la littérature, des arts, de la technologie, des psychotropes ou de la ­société de consommation, les pensées ­visionnaires de ces auteurs, fruits de leurs doutes et de leurs angoisses, sont un remède à l’engourdissement politique et ­intellectuel. »Peut-être est-ce là la nouvelle idée-force : combattre la vacuité de l’époque par une angoisse radicale et bruyante. Plutôt les prophètes noirs que les penseurs encombrés de nuances. Mais alors, que va-t-il rester de cette ­Revue des deux mondes dans laquelle le narrateur d’A la recherche du temps perdu rêvait d’écrire ?Edouard Launet Alexis Delcambre La tablette est bien devenue un support qui compte dans l’accès à l’information et aux titres de presse. C’est un des enseignements de l’étude AudiPresse One Global publiée jeudi 9 juillet. Pour la première fois, ce baromètre trimestriel de l’audience des journaux intègre la lecture sur les tablettes, mesurée par l’institut Médiamétrie depuis début 2015 à partir d’un panel de 2 300 individus.Résultat : la tablette contribue pour 7 % à l’audience des marques de presse consultées par ce panel, ce qui est significatif. Médiamétrie estime que 10 millions environ des Français de 15 ans et plus (soit 18 %) utilisent ce support (parmi d’autres) pour s’informer. Sans surprise, le profil du lecteur sur tablette est assez sélectif : plutôt urbain, issu des catégories socioprofessionnelles supérieures, souvent membre d’un foyer comprenant un ou plusieurs enfants. On compte même 3 % d’utilisateurs qui n’ont recours qu’à la tablette (contre 6 % qui se contentent du mobile, 21 % qui se bornent à l’ordinateur et 54 % qui ne jurent que par le « print »).L’usage des tablettes contribue à développer la lecture de la presse. En effet, celle-ci n’a progressé, en un an, que de 0,4 % (en agrégeant les supports papier, Internet fixe et mobile). Mais, en ajoutant l’apport des tablettes, l’audience des titres concernés progresse en moyenne de 2,7 %. Cette progression atteint respectivement 8,9 % et 6,8 % pour les magazines d’information et les quotidiens nationaux.Lire aussi :L’audience du « Monde » toujours plus numériqueLa tablette apporte donc une audience complémentaire bien réelle. Mais celle-ci ne concerne pas tous les titres de presse. En effet, sur les 70 marques étudiées par AudiPresse One Global, seules quatorze ont enregistré une audience sur tablette suffisante pour être retenue. Il s’agit des grands titres d’actualité avec, par ordre décroissant d’audience, Le Figaro, Le Monde, 20 Minutes et L’Express, qui comptent chacun plus de 2 millions de lecteurs sur tablette.L’essor du mobile se poursuitMais le leader du classement n’est pas un titre d’actualité : il s’agit de Marmiton, qui est une application servicielle avant d’être un magazine, et qui compte plus de 3 millions d’utilisateurs. Derrière elle, on trouve Télé Loisirs, là encore une application majoritairement de service.Beaucoup d’autres titres ont une audience non significative sur les tablettes. Cela témoigne du fait que toutes les marques de presse n’ont pas encore suffisamment investi ce support, ou que les internautes y sont moins volatils que sur leur ordinateur ou leur smartphone.Si l’émergence de la tablette est réelle, elle continue de peser peu face à la grande tendance du moment, qui est l’explosion du mobile. En un an, la lecture des titres de presse y a progressé de 29 % ! Ce support est de loin celui qui se développe le plus pour toutes les grandes marques d’information.Sept d’entre elles dominent le classement, qui additionne donc les audiences print (2014), ordinateur, mobile et tablette (avril 2015). Au total, Le Figaro et 20 Minutes touchent environ 18 millions d’utilisateurs, devant Le Monde (environ 16 millions), Le Parisien (environ 15 millions) et, autour de 14 millions, L’Equipe, L’Obs et L’Express.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est désormais une certitude : une procédure disciplinaire va être engagée contre Agnès Saal, ex-présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dont les notes de taxi avaient précipité la chute, fin avril.« Je vais faire une demande au président de procédure disciplinaire à l’encontre d’Agnès Saal », a déclaré la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes médias, mercredi 8 juillet.Cette démarche fait suite à une enquête administrative interne qui avait été ouverte après les révélations concernant les frais de Mme Saal, en parallèle des deux enquêtes préliminaires ouvertes aux parquets de Créteil et Paris concernant ses mandats à l’INA et au Centre Pompidou. Cela signifie que cette enquête administrative a recueilli des éléments probants.La décision de Mme Pellerin ne préjuge pas d’une éventuelle sanction. La procédure est dite « contradictoire » et Agnès Saal fera donc entendre sa défense. Mais en théorie, si sanction il y a, cela pourrait aller jusqu’à son exclusion de la fonction publique.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le calme plat qui règne sur les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) va continuer jusqu’à, au moins, jeudi 9 juillet dans l’après-midi. Le mouvement de grève, qui touche l’agence de presse depuis mardi après-midi, a été prolongé de vingt-quatre heures, mercredi. Il prive ainsi plus longuement nombre de journalistes de quotidiens et sites d’information – dont Le Monde – d’une de leurs sources d’information.A l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 2 260 salariés de l’AFP (journalistes, techniciens, cadres…) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis la création de l’agence, en 1944.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Baisse des RTTDepuis la fin de 2013, trois syndicats – Confédération française démocratique du travail (CFDT), Syndicat national des journalistes (SNJ) et l’union syndicale Solidaires (SUD) – jouent le jeu de la négociation, mais d’autres, notamment la Confédération générale du travail (CGT), s’y opposent. Cette situation n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer. Pour éviter ce risque, la direction a aussi choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.Mais cette décision frustre les syndicats qui étaient déjà impliqués dans la négociation. « On ne comprend pas ce geste, c’est un acte de mépris pour les syndicats qui négocient », explique ainsi Benoît Fauchet, délégué syndical (SNJ). Et conforte les autres dans l’idée que la direction veut imposer des conditions de travail moins favorables, à l’image du passage des RTT de 18 à 7 jours ou de l’alignement des congés de tous sur ceux des journalistes (44 jours).Risques de divisions multiples« Cette dénonciation des accords intervient très opportunément dans la torpeur de l’été alors qu’Emmanuel Hoog [PDG de l’AFP] pense avoir les mains libres, maintenant que la course en vue de France Télévisions est terminée, que son mandat à l’AFP a été prorogé de trois à cinq ans (soit jusqu’en 2018 au lieu de 2016) et que son contrat d’objectifs et de moyens avec l’Etat a été signé », écrit le SNJ.Conséquence : une agence complètement bloquée, avec des piquets de grève sur les « desks », pour empêcher l’envoi de toute dépêche. A la clé, des risques de divisions multiples, entre grévistes et non-grévistes, entre syndicats et entre catégories professionnelles.Lire l'entretien :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La scène était inédite : Vincent Bolloré n’était jamais venu à l’une des réunions des hauts cadres du groupe Canal+, comme il l’a fait lundi 6 juillet au soir. Et la circonstance était particulière : un dirigeant historique, le numéro deux, Rodolphe Belmer, avait été remercié trois jours auparavant par le nouveau président du conseil de surveillance de Vivendi.La centaine de cadres de Canal+ n’ont pas été déçus : selon nos informations, Vincent Bolloré n’a pas hésité à évoquer frontalement la direction de la chaîne et son PDG, Bertrand Meheut, présent en bonne place. Le patron de Vivendi a d’abord rendu un hommage à cet « ami » – breton comme lui – qui est arrivé quand Canal+ perdait 600 millions d’euros, alors que le groupe gagne 500 millions aujourd’hui. Mais il a aussi prévenu : M. Meheut ne pourra rester éternellement à la tête de Canal+, a dit en substance M. Bolloré, rappelant l’âge du dirigeant, 63 ans.Une gouvernance remaniéeDans la foulée, M. Bolloré a annoncé que la gouvernance de Canal+ serait remaniée en septembre, avec un directoire élargi. Beaucoup dans l’assistance y ont vu une porte ouverte au possible départ rapide de M. Meheut, pourtant conforté vendredi.Quant au déchu Rodolphe Belmer, M. Bolloré a raconté avoir observé Canal+ et sa direction, puis demandé des évolutions, avant de « trancher ». Mais l’industriel est allé plus loin en évoquant le conflit entre M. Meheut et M. Belmer, dont le duo était abîmé depuis que le premier avait promis sa succession au second, avant de se raviser. La discorde générait un dysfonctionnement auquel il fallait mettre fin, a argué M. Bolloré. Qui a raconté aux cadres présents que M. Meheut lui avait demandé la tête de son ancien numéro deux.Dans la salle, au siège d’un Canal+ habitué à une communication pesée, un langage aussi « cash » a suscité des vertiges. Mais aussi des applaudissements. M. Bolloré avait ce soir-là un message clair : vous étiez un bastion, mais je suis désormais le taulier et nous allons travailler ensemble. A bon entendeur…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) NME joue son va-tout : le mythique magazine britannique de musique, que se sont arraché des générations de jeunes branchés, va devenir gratuit. A partir de septembre, New Musical Express sera distribué dans les gares, les universités et des « partenaires de vente » dont la liste n’est pas précisée.Pour l’hebdomadaire, il s’agit d’une dernière tentative de retrouver sa gloire d’antan. Il sera distribué gratuitement à 300 000 exemplaires, ce qui était son niveau dans les années 1970. Actuellement, seulement 15 000 copies sont vendues chaque semaine, à 3,50 euros pièce.En multipliant par vingt sa diffusion, NME espère récupérer de la publicité et trouver un nouveau modèle économique. Il va aussi élargir son champ d’activité, pour couvrir l’ensemble de l’actualité culturelle et ne plus se limiter à la musique. « Des 63 ans de notre existence, c’est notre évolution la plus osée », explique Mike Williams, le rédacteur en chef.DéfricheurCréé en 1952 par Maurice Kinn, avec de l’argent de sa belle-mère, NME a toujours occupé une place à part dans le très actif paysage musical britannique. A son pic, dans les années 1970 et 1980, le magazine était l’incontournable bible de l’Underground. Il avait commencé dès les années 1950, avec la découverte du rock’n’roll alors qu’Elvis choquait encore.Toujours défricheur, il a longtemps évité de mettre en avant les stars du moment, préférant donner leur chance de jeunes groupes intéressants. Le déclin a commencé dès le début des années 1990, avec l’arrivée d’une série de mensuels comme Q, qui consacraient des articles à des groupes plus connus, qui attiraient finalement plus de lecteurs.Mais l’arrivée d’internet a accéléré le mouvement, en touchant doublement le magazine. D’une part, l’industrie de la musique s’est effondrée, avec le téléchargement illégal et depuis peu du « streaming ». D’autre part, le recensement des concerts est désormais réalisé en ligne. NME est progressivement devenu un magazine de niche, ultra-spécialisé.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.07.2015 à 15h31 • Mis à jour le06.07.2015 à 10h11 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre La tempête médiatique autour des « Guignols » masquait une bataille au sommet de Canal+, qui s’est soldée, vendredi 3 juillet, par le départ de son numéro deux, Rodolphe Belmer. Sa disgrâce a été prononcée par un communiqué de Vivendi, propriétaire du groupe, qui a nommé son adjoint, Maxime Saada, au poste de directeur général. Selon nos informations, le dernier rendez-vous entre Rodolphe Belmer et la direction de Vivendi s’est tenue mercredi pendant plus d’une heure. C’est à l’issue de cet entretien que Vincent Bolloré a pris sa décision.C’est un signe fort de reprise en main de la chaîne par le groupe de M. Bolloré, qui s’est néanmoins voulu rassurant sur l’avenir des célèbres marionnettes en latex. Le président du conseil de surveillance de Vivendi a expliqué, lors d’un comité d’entreprise, que leur survie était assurée. « Les Guignols font partie du patrimoine de Canal+ qui a été, je le rappelle, créé par Havas [dont l’homme d’affaires breton est également le premier actionnaire] il y a trente ans » et « il est hors de question de se priver de cet atout qui est la propriété du groupe », a-t-il ensuite précisé à l’Agence France-Presse. Tout en indiquant que « les dirigeants de Canal+ et de Vivendi devraient décider sous quel format et à quel moment ils devraient être distribués ».Pour Vivendi, la polémique des derniers jours était déplacée : la volonté de M. Bolloré n’était pas de supprimer « Les Guignols de l’info » pour des raisons politiques, mais plutôt d’envoyer un message fort à Canal+. L’industriel... 14.07.2015 à 16h12 • Mis à jour le14.07.2015 à 16h22 | Alexis Delcambre Le numéro 212 de Têtu – avec le chanteur Mika en couverture et un dossier « Tout sur la drague en 2015 » – sera-t-il le dernier ? La menace d’une disparition du magazine gay est désormais imminente. Placé en redressement judiciaire le 1er juin, le titre bénéficiait d’une période d’observation de quatre mois. Mais celle-ci va être plus courte que prévue, tant ses difficultés financières sont importantes.Lire aussi :Opération sauvetage pour le magazine gay « Têtu »Selon nos informations, une demande de conversion du redressement en liquidation judiciaire a été établie et l’audience au tribunal de commerce a été fixée au 23 juillet. A cette date, le tribunal pourrait donc prononcer la liquidation judiciaire de ce titre vieux de vingt ans.Deux offres de repriseDeux ans après la légalisation du mariage homosexuel en France, la disparition d’un titre emblématique des combats de la communauté gay serait paradoxale aux yeux de Yannick Barbe, directeur d’une rédaction qui ne compte plus que neuf membres permanents.Deux offres de reprise sont pourtant arrivées sur le bureau de l’administratrice judiciaire. Mais elles ont été jugées insuffisantes. L’une d’elles, « Rachetons Têtu », comptait rassembler des lecteurs à travers une plate-forme de crowdfunding. Mais elle n’a pas réussi à mobiliser suffisamment de personnes. En outre, ce mode de financement n’offre pas de garanties de pérennité.D’autres investisseurs potentiels ont regardé le dossier, sans déposer d’offre. « Ils ne semblent pas convaincus de l’apport de “Têtu” au sein d’un groupe de presse, pense M. Barbe. La marque ne trouve pas grâce aux yeux de tous les annonceurs. Et sans doute considèrent-ils que c’est un média de niche. » Un modèle incertainAu-delà des questions d’image, Têtu paye aussi son absence de modèle économique. « Notre modèle historique est celui du mécénat », rappelle Sylvain Zimmermann, rédacteur en chef adjoint. Jusqu’en 2013, date de sa vente pour un euro symbolique, les pertes étaient régulièrement épongées par Pierre Bergé, son propriétaire historique (et actuel co-actionnaire du Monde).Le paradoxe est que les pertes du magazine ont été réduites ces deux dernières années : de 2,35 millions d’euros en 2013 à 1,1 million d’euros en 2014 et 500 000 euros prévus en 2015.Mais cette cure de rigueur menée par Jean-Jacques Augier, actuel propriétaire du titre, ne lui a pas permis de se développer suffisamment. Les ventes du journal sont passées sous les 30 000 exemplaires, tandis que son site touche moins de 500 000 visiteurs.Un concept qui a vieilliL’analyse de M. Augier est que Têtu paye son isolement, notamment dans sa relation aux annonceurs. Pour lui, seule son intégration dans un groupe pourrait lui permettre de surmonter ses difficultés.Mais la reprise des dettes de Têtu et les investissements nécessaires à la relance d’un concept qui a vieilli et dont le modèle économique est incertain refroidissent les investisseurs. Et pour certains, ne vaut-il mieux pas tenter de récupérer la marque une fois la liquidation prononcée ?L’équipe de Têtu s’attend donc au pire. La préparation du numéro de septembre a été suspendue. « Les choses sont allées très vite, on a été pris de court », témoigne Sylvain Zimmermann qui se souvient qu’il y a cinq semaines à peine, le journal organisait une grande fête au Palais de Tokyo pour ses vingt ans.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.07.2015 à 14h43 | Adrien Candau Les amateurs de Kamehameha vont devoir prendre leur mal en patience : « Dragon Ball Super », le nouveau dessin animé qui fera suite à « Dragon Ball Z », l’animé culte des années 1990, ne sera pas sur les écrans français avant la fin de 2016. Les Japonais peuvent, eux, visionner les nouvelles aventures de Son Goku et ses amis chaque dimanche depuis le 5 juillet, au rythme d’un épisode par semaine.Lire aussi :« Dragon Ball Super » : dix-neuf ans après, l’univers de « DBZ » renaît et s’agranditLa diffusion décalée de « Dragon Ball Super » en France serait essentiellement due à la volonté d’adapter le dessin animé aux usages de son public cible, majoritairement jeune, selon les dires de Ryuji Kochi, manager général de Toei Animation Europe, la société qui produit et distribue le dessin animé japonais dans le monde. « Nous visons les enfants, et, pour cela, il faut doubler la série en français, ce qui prend du temps. Une diffusion en 2016 est plus probable. » Une déclaration qui n’a pas été sans décevoir les fans de la franchise, qui ont été nombreux à exprimer leur mécontentement surInternet et les réseaux sociaux.Des chaînes françaises comme Game One, déjà diffuseurs de « Dragon Ball Z Kai », une version affinée et retravaillée de la série d’animation « Dragon Ball Z », ont, pour leur part, entamé les négociations avec la Toei pour acquérir les droits de diffusion de « Dragon Ball Super » : « On est en discussion avec eux, mais le processus va prendre un peu de temps, ils ont une attente particulière pour ce produit », explique Thierry Cammas, le président de Game One et J-One.Techniquement, la diffusion en France d’un dessin animé nippon un jour seulement après son passage à la télévision japonaise est néanmoins possible. C’est même devenu une pratique courante avec la démocratisation du simulcast (un processus qui consiste à diffuser les dessins animés japonais sous-titrés en français de un à quinze jours après leur diffusion au Japon) sur des chaînes TV comme J-One ou des sites français de vidéo à la demande comme Wakanim ou Anime Digital Network.Un positionnement et un ciblage différenciés« On a joint la Toei pour discuter d’une éventuelle diffusion de “Dragon Ball Super” en simulcast, mais sans succès, dit Olivier Cervantes, président de Wakanim. Je pense que ça n’entre simplement pas dans leur politique. Ils ne ciblent pas les fans historiques, les nostalgiques de “Dragon Ball”, mais essaient plutôt de conquérir un nouveau public pour la franchise. » Un objectif de rajeunissement de l’audience qui pourrait expliquer la décision de la Toei de s’orienter vers une diffusion plus tardive mais intégralement doublée en français, là ou les adeptes de longue date de l’animation japonaise privilégient les versions originales sous-titrées, plus rapidement accessibles. La diffusion de « Dragon Ball Super » en simulcast n’est également pas prévue sur J-One, selon Thierry Cammas, le président de la chaîne. J-One avait pourtant diffusé des épisodes de « Dragon Ball Z Kai » à J + 1 après leur sortie au Japon.Mais la Toei semble privilégier une stratégie de distribution différente pour « Dragon Ball Super » : « Ils peuvent vouloir mettre en place une chronologie de diffusion moins événementielle mais plus dense et donc plus puissante, pronostique Thierry Cammas. C’est un choix de positionnement et de ciblage. La Toei pourrait d’abord rechercher à vendre les droits de “Dragon Ball Super” à une chaîne privée, avant d’autoriser dans un deuxième temps la diffusion de la série sur une chaîne gratuite, accessible au plus grand nombre. » Une stratégie en deux temps qui permettrait de capitaliser sur le montant des droits de la série avant de miser sur une valorisation par l’audience, plus adaptée à la vente des produits dérivés par exemple.La Toei, jointe par Le Monde vendredi 10 juillet, préfère, elle, rester discrète sur la question. Les fans français de « Dragon Ball » devront donc s’armer de patience pour découvrir « Dragon Ball Super », à la télévision uniquement et pas avant 2016. A moins qu’ils ne puissent se soustraire à la tentation de l’offre illégale, qui pullule sur Internet : quelques heures après la diffusion du premier épisode de la nouvelle série animée de la Toei à la télévision japonaise, des dizaines de sites proposaient déjà de visionner ce premier acte via une version sous-titrée en français, produite par des fans.Adrien CandauJournaliste au Monde 10.07.2015 à 07h53 • Mis à jour le10.07.2015 à 10h39 | Alexis Delcambre et Guillaume Fraissard Olivier Poivre d’Arvor a confirmé au Monde, vendredi 10 juillet, avoir été « limogé » de son poste de directeur de France Culture par le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui lui reproche de « s’être exprimé sans son visa » sur son projet pour le groupe public.« Mathieu Gallet m’a reproché lors d’un entretien jeudi soir de m’être exprimé sans son visa dans deux interviews sur son projet pour Radio France que je qualifiais “d’uniquement construit sur une logique budgétaire et comptable” », indique Olivier Poivre d’Arvor, qui était en poste depuis septembre 2010.« Nous nous sommes aussi opposés récemment sur sa demande d’éviction de producteurs qui se sont manifestés de manière critique pendant la grève de Radio France », a-t-il ajouté. « Je trouve cette décision incompréhensible et irrespectueuse de la liberté éditoriale », a-t-il jugé, précisant qu’il quitterait effectivement son poste fin août.« Une logique de départ permanente »« Ce n’est pas un limogeage, se défend-on à la direction de Radio France. Olivier Poivre d’Arvor était détaché du Quai d’Orsay pour cinq ans. Ce détachement arrive à son terme fin août et Radio France ne souhaite pas le renouveler. » Depuis 2007, M. Poivre d’Arvor dispose en effet du titre de ministre plénipotentiaire au ministère des affaires étrangères.Dans l’entourage de la présidence, on reconnaît un « bilan formidable », mais on pointe un « problème de confiance » vis-à-vis d’un directeur qui a postulé ces derniers mois à de nombreux postes (Centre Pompidou, La Villette…). « Il s’inscrit dans une logique de départ permanente », dit-on.L’ancienne ministre de la culture Aurélie Filippetti a immédiatement réagi à cette annonce sur Twitter, mettant en avant l’« excellent travail » effectué par Olivier Poivre d’Arvor à la tête de France Culture.Soutien à Olivier Poivre d'Arvor qui a fait un excellent travail à la tête de l'une de nos plus belles antennes @franceculture— Aurélie Filippetti (@aurelifil) 10 Juillet 2015Une autre directrice de chaîne, Marie-Pierre de Surville (France Musique), va changer de fonction. Dans un communiqué diffusé vendredi 10, Mathieu Gallet a annoncé son remplacement par Marc Voinchet, l’actuel matinalier de France Culture. Mme de Surville se voit confier « une mission de préfiguration visant à créer une direction en charge de la création musicale et culturelle et de la programmation de la Maison de la radio. »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGuillaume FraissardJournaliste - Supplément TéléVisionsSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Une des plus grosses menaces qui planent sur Numéro 23 s’éloigne : dans son rapport rendu le jeudi 9 juillet, que Le Monde a pu consulter, le rapporteur indépendant du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) « ne propose pas au CSA de retirer, sur le fondement de l’article 42-3 de la loi du 30 septembre 1986, l’autorisation qu’il a accordée [...] à la société Diversité TV France ». Une sanction qui s’applique en cas de changement de contrôle au sein de la société qui édite une chaîne. Le CSA avait sollicité l’avis du rapporteur car il avait des doutes sur le poids réel d’un actionnaire russe, Le rapporteur relève toutefois que « la détermination d’un concert et d’un contrôle conjoint (…) est un exercice d’appréciation délicat ». Juridiquement, il estime que la« détermination en fait des décisions des assemblées générales » est constituée mais pas « l’action de concert », en « l’absence d’éléments suffisants permettant d’affirmer qu’il y une intention des actionnaires d’avoir une politique commune » et notamment en« l’absence de droit de regard » de l’actionnaire russe sur le budget annuel et les programmes.Le document ne préconise donc pas de sanction. Mais il appartient désormais au CSA de suivre, ou non, cet avis du rapporteur, un conseiller d’Etat dont le travail sera présenté au collège de l’autorité avant fin juillet.Symbole d’une « spéculation »Numéro 23 est au cœur d’une polémique depuis qu’elle a été revendue pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV (BFM TV, RMC…) par son actionnaire principal Pascal Houzelot (membre du conseil de surveillance du Monde). Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT. « Oui, ça me choque », a encore dit Fleur Pellerin, la ministre de la culture, mercredi 8 juillet, devant l’association des journalistes médias.Le CSA avait des doutes sur l’arrivée au capital de Numéro 23, fin 2013, du groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, cette société a acquis 15 % de la chaîne et conclu un pacte d’actionnaires. De plus, Numéro 23 a émis pour 5 millions d’euros des obligations à bons de souscription d’actions achetées par Qipco, un fonds d’investissement qatari.Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors Union européenne qui détienne plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée. Le changement de contrôle de la société est puni de la même sanction.Encore des étapes à franchirSoupçonnés d’avoir cédé une part du contrôle à son actionnaire russe, voire d’avoir anticipé avec lui la revente de Numéro 23, les dirigeants de la chaîne avaient argué que le pacte d’actionnaires ne contenait que de banales mesures de protection des actionnaires minoritaires.Si le CSA suit l’avis du rapporteur, il restera malgré tout encore des étapes à franchir pour Numéro 23 : le CSA doit aussi donner son agrément à la vente. Il a pour cela commandé une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Un dernier élément du paysage est le respect des obligations : la chaîne s’est récemment vue mise en demeure par le CSA pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français. Numéro 23 souligne de son côté qu’elle a respecté ses devoirs en matière de diversité et que de toutes façons le non-respect des obligations peut susciter des amendes, mais pas entraîner un refus d’agrément. La question semble plus ouverte dans l’esprit du CSA.Enfin, si l’agrément était accordé, Pascal Houzelot et les actionnaires de Numéro 23 pourraient avoir à franchir une dernière haie : s’acquitter de la taxation renforcée mise en place par le gouvernement depuis l’annonce de la transaction, via la loi Macron. Si ce texte est promulgué avant l’agrément, sera due une taxe de 20 % du prix de vente et non plus 5 % comme précédemment.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) étaient de nouveau muets, vendredi 10 juillet au matin. Depuis mardi, un mouvement de grève touche le siège parisien de l’agence de presse et bloque la diffusion des contenus en langue française.AFP : le personnel vote en AG un 3ème jour de grève contre la dénonciation de la totalité des accords sociaux par le PDG Emmanuel Hoog— drousseauafp (@Denis Rousseau)require(["twitter/widgets"]);De nombreux journalistes de quotidiens et sites d’information français – dont Le Monde – restent donc privés d’une de leurs sources d’information, l’agence étant complètement bloquée et l’envoi de toute dépêche empêché.Pourtant, jeudi, deux syndicats, la CFDT et le SNJ, majoritaires dans la rédaction, ont appelé à suspendre le mouvement de grève jusqu’au 20 juillet, date de reprise des négociations sur le nouvel accord d’entreprise, qui est à l’origine du conflit. Mais quatre autres syndicats (CGC, CGT, FO, SUD) ont appelé à poursuivre le mouvement, qui se traduit par plusieurs perturbations techniques.Dans une note envoyée à l’ensemble de la rédaction, jeudi, la directrice de l’information, Michèle Léridon, les énumère : « Pushmail bloqués sur les téléphones, bureaux qui ne reçoivent pas les agences nationales, climatisation et électricité coupées dans divers étages de la maison, système Symphonia [serveur photo et vidéo] bloqué. Une étrange “épidémie” affecte les outils techniques de la rédaction. » « Je demande solennellement à tous les personnels de ne pas porter atteinte à notre outil de travail et de garantir que chacun, en toute responsabilité, puisse décider de travailler ou pas », ajoute Mme Léridon.Jeudi, la direction avait également tenté de rassurer les personnels en expliquant qu’« à partir du 20 juillet, les organisations syndicales sont conviées à des réunions de négociation thématiques qui permettront d’étudier leurs contre-propositions afin de converger vers une position commune ». Elle s’est également engagée à « une augmentation salariale générale » en 2016.Vendredi, les syndicats ont décidé de suspendre leur mouvement jusqu’au mercredi 15 juillet.Dénonciation de 117 accordsÀ l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 1 350 salariés de droit français de l’AFP (sur 2 260) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis les années 1960.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Trois syndicats – CFDT, SNJ et SUD – sont entrés en négociation, mais d’autres, notamment la CGT, s’y opposent. Une situation qui n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais qui permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer.C’est pour éviter ce risque que la direction a choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.« On ne peut pas conduire une politique sociale et managériale cohérente sur la base de 117 accords différents », s’est défendu le PDG, Emmanuel Hoog, dans un entretien aux Echos, jeudi 9 juillet, ajoutant que « toute cette négociation se fait avec l’idée que l’emploi éditorial doit continuer à se développer, notamment dans le réseau international ».Lire l'entretien du PDG de l'AFP :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julia Pascual Le quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest a été condamné, mercredi 1er juillet, en première instance pour des faits de harcèlement sexuel. Et sur le fond, la décision de la juridiction tourangelle est inédite.« C’est la première fois qu’un conseil des prud’hommes ne déboute pas une salariée qui fait valoir que le harcèlement sexuel peut être constitué par des agissements qui ne lui sont pas directement destinés », souligne Marylin Baldeck, présidente de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT).Madame G. avait 25 ans de maison lorsqu’en 2012 son environnement de travail est devenu invivable à l’agence de Châteauroux. Le jugement des prud’hommes décrit « des propos à connotation sexuelle et sexiste [qui] sont proférés dans le cadre de l’agence », « des photos de femmes à forte poitrine [qui] sont installées en fond d’écran d’ordinateurs et des vidéos [qui] circulent par courriels » ou encore « des propos vulgaires et insultants à l’encontre d’une de ses collègues ».Licenciée pour inaptitudeL’AVFT, qui a défendu la journaliste, précise les choses dans un communiqué. Les trois collègues masculins de Mme G. s’interpellaient en usant de termes tels que « Petite bite, enculé de mes deux, grosse burne » ou encore « Ma chatounette, mes couilles ». Il leur arrivait de « mimer des rapports sexuels » ou de commenter leur week-end par un « Je vous ferai une photo bien dégueulasse de chatte en gros plan ». Sans s’adresser à Mme G., ils pouvaient dire d’une autre journaliste : « Ah celle-là, quelle sale pute ! Celle-là, si elle croit que c’est comme ça que je vais lui mettre un doigt, elle se trompe ».Lorsque Mme G. se plaint, l’un de ses collègues lui « reproche de manquer d’humour », explique le jugement des prud’hommes. Et un rédacteur en chef « lui fait comprendre qu’elle avait “cassé l’ambiance” ». La journaliste a beau alerter son employeur sur la « dégradation de ses conditions de travail », rien n’est fait. Poussée à bout, elle est mise en arrêt de travail par son médecin en janvier 2013. Elle est licenciée, pour inaptitude, un an et demi plus tard.Dans sa décision, le conseil des prud’hommes condamne La Nouvelle République du Centre-Ouest pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et harcèlement moral et sexuel. Le tribunal reproche en outre au journal de ne pas avoir mené d’enquête sur les agissements dénoncés par son employée. Une expertise commandée par le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), postérieure au départ de Mme G., a conclu notamment à l’absence d’une « politique clairement définie » en matière de prévention des risques psycho-sociaux.Mme G., elle, « est désormais contrainte, à 47 ans, d’envisager une reconversion professionnelle », conclut l’AVFT.Julia PascualJournaliste au Monde Gabriel Coutagne Les étals des commerçants ont remplacé la horde des camions de CRS. Porte de Vincennes, c’est jour de marché. Face à l’Hyper Cacher, clients et commerçants s’activent. Leurs voix, qui ont remplacé les sirènes, rendent lointain le bruit de la circulation du boulevard périphérique, pourtant tout proche.« Le souvenir du 9 janvier est toujours là, mais il commence un peu à s’estomper », confie Gérard, un habitant du quartier. Dans les allées du marché, les conversations portent plus volontiers sur la canicule qui frappe la région parisienne en ce début d’été. « Mais l’émotion reste présente », soupire le retraité, ses mains agaçant son paquet de cigarettes.De l’autre côté de l’avenue se dresse la supérette où a eu lieu l’attaque qui a coûté la vie à quatre otages. Depuis sa réouverture, le 15 mars dernier, le magasin accueille de nouveau ses clients. Comme pour gommer cet épisode tragique, sa devanture a été repeinte. Le logo, imprimé sur une bâche, se veut plus minimaliste. A l’intérieur, les nombreuses caméras de vidéosurveillance quadrillent chaque rayon du magasin.Lire : Réouverture de l'Hyper Cacher : les clients n'ont « sûrement pas » peurBarrièresL’Hyper Cacher reste toujours barricadé derrière plusieurs barrières, transformées en reposoirs pour quelques bouquets fanés ou affiches accrochées là en hommage aux victimes. Au sol, un bout de satin, sur lequel on lit encore les condoléances adressées au proches des victimes par l’ambassade des Etats-Unis.Au-delà des barrières, aucune voiture n’est autorisée à stationner, sauf un véhicule des forces de l’ordre. « Nous assurons la sécurité de l’établissement durant les horaires d’ouverture », explique l’un des deux policiers en faction devant l’entrée. Un dispositif allégé par rapport aux premières semaines qui ont suivi les attentats.« Les choses sont redevenues normales, mais les événements récents ont nourri un sentiment de peur, notamment parmi la communauté juive », raconte Catherine, une autre habitante du quartier. « La tension est encore palpable », poursuit-elle, en tournant son regard vers le magasin. Fleurs fanéesUn homme en tablier, employé de la charcuterie cacher voisine de la supérette, s’énerve quand on l’interroge sur le sujet. Il ne veux pas s’adresser à la presse : « Je m’en fous, j’ai pas besoin de ça », grogne-t-il, en tournant le dos. A quelques mètres, un autre homme barbu, kippa vissée sur la tête, est plongé dans la lecture d’un livre religieux. Il refuse, plus poliment, d’aborder le sujet.« Je connais des habitués de l’Hyper Cacher, et pour eux, qui connaissaient des victimes, c’est encore difficile », déclare Christophe, la trentaine élancée, avant de s’engouffrer dans le métro.Lire aussi :Yoav, Philippe, Yohan et François-Michel, les quatre otages tués porte de VincennesA huit stations de là, dans le 11e arrondissement de la capitale, on retrouve d’autres traces des événements de janvier. Au coin de la rue du Chemin-Vert et du boulevard Richard-Lenoir, deux barrières en métal protègent des dessins, de nombreux « Je suis Charlie », des bougies éteintes, des fleurs et des plantes asséchées, déposés en hommage aux victimes de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo. C’est à quelques pas de là que le policier Ahmed Merabet avait été abattu froidement par les frères Kouachi, pendant leur fuite.« Autrefois, on élevait des stèles ou des monuments », professe Nicolas, un jeune riverain qui se présente comme artiste. « On va sans doute installer une plaque commémorative », imagine-t-il. Le patron d’un café voisin est plus sceptique : « Les gens ne viennent plus trop ici pour se recueillir. L’esprit Charlie, c’est fini. » GraffitisAu 10, rue Nicolas-Appert – l’adresse de la rédaction de Charlie Hebdo jusqu’au 7 janvier 2015 –, la vie semble avoir repris un cours presque normal. La présence policière se fait discrète, même si, plusieurs fois par jour, deux gendarmes armés de fusils mitrailleurs viennent inspecter les lieux, d’un pas calme. Leur présence, imposée par le plan Vigipirate, vise aussi, selon eux, à rassurer : « On essaie de montrer qu’on est là. »Quatre graffitis au pochoir ornent un mur adjacent à l’immeuble. Ce sont des portraits, en noir et blanc. Ceux de Wolinski, Cabu, Charb et Tignous. Sur la façade du bâtiment, un autre clame « Je suis Charlie », comme un refrain devenu naturel. Des barrières empêchent les voitures de stationner dans la rue, comme à la porte de Vincennes. Elles semblent aussi imposer une petite frontière entre ceux qui travaillent toujours dans le bâtiment et les passants, venus en curieux.Lire : Attentat à « Charlie Hebdo » : « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète »« Ça va », rassure une jeune femme, descendue pour fumer une cigarette au pied du bâtiment, où elle travaille. « De toutes façons, il faut bien que ça aille… La vie reprend ses droits. » Même si elle reconnaît que les touristes sont désormais nombreux. Elle s’agace un peu de leur présence, « surtout ceux qui font des photos ». Couleurs« On est venus voir, en curieux, mais ce n’est pas pour cela qu’on est monté à Paris », se défend une mère de famille, venue d’Alès avec son époux et leurs trois enfants. « Nous vivions dans le quartier il y a quelques années, et l’événement nous a beaucoup touchés », reconnaissent-ils. L’aîné, un adolescent d’une quinzaine d’années, regarde longuement l’entrée par laquelle les frères Kouachi se sont engouffrés, les armes à la main, par un matin d’hiver. De son côté, Sonya, employée de mairie venue de Belgique, est émue, derrière ses lunettes noires. « Je suis venue sur les lieux pour voir », explique t-elle, d’une voix hésitante. « J’avais besoin de rendre tout cela réel. »Lire : Des attentats à la marche républicaine, cinq jours en FranceTrès vite, la rue Nicolas-Appert retrouve son calme. A certains moments, il arrive même qu’elle devienne totalement déserte, recueillie. Seuls quelques rires d’enfants viennent briser le silence. Ils viennent de la halte-garderie qui fait face à l’immeuble qui accueillait Charlie Hebdo. Comme partout dans Paris, des poteaux séparent les trottoirs de la chaussée. Mais, rue Appert, une main les a peints de couleurs vives. Comme pour signifier qu’une page est en train de se tourner. Gabriel CoutagneJournaliste (service photo)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.07.2015 à 06h50 • Mis à jour le09.07.2015 à 09h59 | Edouard Launet La Revue des deux mondes fête cet été ses 186 ans, ce qui en fait sans doute la plus vieille revue européenne encore en activité. Ce journal du conservatisme éclairé se flatte d’avoir poursuivi une trajectoire « à distance des adhésions idéologiques dont les bilans désastreux parlent pour eux-mêmes ».Fondée en 1829, célèbre pour avoir accueilli des textes de Sand, Chateaubriand, Nerval, Dumas et autres grandes plumes du temps où elle était le rendez-vous littéraire du pays, la revue fut progressiste à ses débuts, soutenant la monarchie libérale de Louis-Philippe. Elle s’est raidie dès la révolution de 1848, puis n’a cessé d’évoluer vers « des positions politiques de plus en plus conservatrices sur le fond et modérées sur la forme qui la conduiront, par exemple, à une réserve plus que prudente pendant l’affaire Dreyfus, tout comme à se prononcer contre la guerre d’Espagne en 1936 », a naguère analysé Olivier Corpet, fondateur de La ­Revue des revues. Elle compte désormais moins de 5 000 abonnés, contre 40 000 juste avant la Grande Guerre.Pessimisme prophétique et réactionnaireDepuis cinq mois – depuis, exactement, que Valérie Toranian, ancienne directrice du magazine Elle, en a repris les rênes – la revue modérée a pris un drôle de tournant, servant à ses lecteurs des plats particulièrement relevés avec des interventions ou interviews d’Eric Zemmour, Michel Onfray, Michel Houellebecq, Régis Debray : c’est un festin du pessimisme prophétique et réactionnaire. Les couvertures agressives et la mise en scène des dossiers ne font pas dans la dentelle, ­tirant la revue vers la polémique à l’arme lourde. Le virage inquiète plusieurs ­contributeurs : ils y voient une rupture avec le ­patrimoine génétique de la revue.Il est vrai que sont désormais aux commandes deux anciens patrons de la presse magazine. Deux, oui, car Franz-Olivier Giesbert, ancien directeur du Point, compagnon à la ville de Valérie Toranian et ami du propriétaire de la revue Marc ­Ladreit de Lacharrière, a fait irruption en mars au comité de rédaction de façon specta­culaire puisque, aux dires de témoins ­effarés, ce fut pour FOG l’occasion d’une grande bouffée d’anti-intellectualisme ponctuée par ce mot d’ordre : « Il faut arrêter d’en­culer les mouches. » ­Lancée dans l’un des lieux les plus policés du débat ­intellectuel français, la phrase a fait sensation.Quelques attaques ad hominem (le grand islamologue Christian Jambet qualifié de « musulman fanatique » et l’éditeur Bernard ­Condominas de « censeur ») ont contribué à alourdir le climat. Deux membres du ­comité de rédaction se sont inquiétés de cette radicalisation au point de démissionner  : Bernard Condominas et l’écrivaine Edith de la ­Héronnière.Michel Crépu, qui a dirigé la revue pendant quinze ans avant de partir au début de l’année s’occuper de la gallimardienne NRF, craint ainsi que la Revue des deux mondes ne se transforme en « produit de marketing intellectuel ». Pour lui, le fond du problème est celui de la transmission : « La revue de la bourgeoisie ­cultivée française, dont le lecteur modèle était le proustien baron de Norpoix, ­semble avoir été abandonnée par les ­petits-enfants de Norpoix. »Le prophète ZemmourRupture ? Valérie Toranian s’en défend : « Nous voulons refaire de la revue un acteur pertinent et visible du débat d’idées, en phase avec son époque. Or il se trouve que les gens qui ont de l’audience aujourd’hui sont des pessimistes. » Quel degré d’adhésion avec les idées de ces plumes tonitruantes ? Dans le numéro de juin, Franz-Olivier Giesbert laissait poindre une sympathie, écrivant à la suite de l’interview d’Eric Zemmour : « Contrairement à Sartre, Barthes, Badiou, Althusser, il n’a jamais fait l’éloge d’une tyrannie sanguinaire, d’un système totalitaire, des camps de concentration ou de rééducation. » Et l’auteur du Suicide français a pour FOG cette qualité de ne pas être un « intellectuel »,mais un « prophète rongé par un pessimisme compulsif ».C’est d’ailleurs dans cette logique, semble-t-il, que la revue consacre son dossier de juillet-août aux écrivains prophètes avec, au premier rang, Michel Houellebecq. ­Valérie Toranian écrit : « Qu’il s’agisse de l’avenir du monde, de la littérature, des arts, de la technologie, des psychotropes ou de la ­société de consommation, les pensées ­visionnaires de ces auteurs, fruits de leurs doutes et de leurs angoisses, sont un remède à l’engourdissement politique et ­intellectuel. »Peut-être est-ce là la nouvelle idée-force : combattre la vacuité de l’époque par une angoisse radicale et bruyante. Plutôt les prophètes noirs que les penseurs encombrés de nuances. Mais alors, que va-t-il rester de cette ­Revue des deux mondes dans laquelle le narrateur d’A la recherche du temps perdu rêvait d’écrire ?Edouard Launet Alexis Delcambre La tablette est bien devenue un support qui compte dans l’accès à l’information et aux titres de presse. C’est un des enseignements de l’étude AudiPresse One Global publiée jeudi 9 juillet. Pour la première fois, ce baromètre trimestriel de l’audience des journaux intègre la lecture sur les tablettes, mesurée par l’institut Médiamétrie depuis début 2015 à partir d’un panel de 2 300 individus.Résultat : la tablette contribue pour 7 % à l’audience des marques de presse consultées par ce panel, ce qui est significatif. Médiamétrie estime que 10 millions environ des Français de 15 ans et plus (soit 18 %) utilisent ce support (parmi d’autres) pour s’informer. Sans surprise, le profil du lecteur sur tablette est assez sélectif : plutôt urbain, issu des catégories socioprofessionnelles supérieures, souvent membre d’un foyer comprenant un ou plusieurs enfants. On compte même 3 % d’utilisateurs qui n’ont recours qu’à la tablette (contre 6 % qui se contentent du mobile, 21 % qui se bornent à l’ordinateur et 54 % qui ne jurent que par le « print »).L’usage des tablettes contribue à développer la lecture de la presse. En effet, celle-ci n’a progressé, en un an, que de 0,4 % (en agrégeant les supports papier, Internet fixe et mobile). Mais, en ajoutant l’apport des tablettes, l’audience des titres concernés progresse en moyenne de 2,7 %. Cette progression atteint respectivement 8,9 % et 6,8 % pour les magazines d’information et les quotidiens nationaux.Lire aussi :L’audience du « Monde » toujours plus numériqueLa tablette apporte donc une audience complémentaire bien réelle. Mais celle-ci ne concerne pas tous les titres de presse. En effet, sur les 70 marques étudiées par AudiPresse One Global, seules quatorze ont enregistré une audience sur tablette suffisante pour être retenue. Il s’agit des grands titres d’actualité avec, par ordre décroissant d’audience, Le Figaro, Le Monde, 20 Minutes et L’Express, qui comptent chacun plus de 2 millions de lecteurs sur tablette.L’essor du mobile se poursuitMais le leader du classement n’est pas un titre d’actualité : il s’agit de Marmiton, qui est une application servicielle avant d’être un magazine, et qui compte plus de 3 millions d’utilisateurs. Derrière elle, on trouve Télé Loisirs, là encore une application majoritairement de service.Beaucoup d’autres titres ont une audience non significative sur les tablettes. Cela témoigne du fait que toutes les marques de presse n’ont pas encore suffisamment investi ce support, ou que les internautes y sont moins volatils que sur leur ordinateur ou leur smartphone.Si l’émergence de la tablette est réelle, elle continue de peser peu face à la grande tendance du moment, qui est l’explosion du mobile. En un an, la lecture des titres de presse y a progressé de 29 % ! Ce support est de loin celui qui se développe le plus pour toutes les grandes marques d’information.Sept d’entre elles dominent le classement, qui additionne donc les audiences print (2014), ordinateur, mobile et tablette (avril 2015). Au total, Le Figaro et 20 Minutes touchent environ 18 millions d’utilisateurs, devant Le Monde (environ 16 millions), Le Parisien (environ 15 millions) et, autour de 14 millions, L’Equipe, L’Obs et L’Express.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre C’est désormais une certitude : une procédure disciplinaire va être engagée contre Agnès Saal, ex-présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dont les notes de taxi avaient précipité la chute, fin avril.« Je vais faire une demande au président de procédure disciplinaire à l’encontre d’Agnès Saal », a déclaré la ministre de la culture, Fleur Pellerin, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes médias, mercredi 8 juillet.Cette démarche fait suite à une enquête administrative interne qui avait été ouverte après les révélations concernant les frais de Mme Saal, en parallèle des deux enquêtes préliminaires ouvertes aux parquets de Créteil et Paris concernant ses mandats à l’INA et au Centre Pompidou. Cela signifie que cette enquête administrative a recueilli des éléments probants.La décision de Mme Pellerin ne préjuge pas d’une éventuelle sanction. La procédure est dite « contradictoire » et Agnès Saal fera donc entendre sa défense. Mais en théorie, si sanction il y a, cela pourrait aller jusqu’à son exclusion de la fonction publique.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le calme plat qui règne sur les fils de dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) va continuer jusqu’à, au moins, jeudi 9 juillet dans l’après-midi. Le mouvement de grève, qui touche l’agence de presse depuis mardi après-midi, a été prolongé de vingt-quatre heures, mercredi. Il prive ainsi plus longuement nombre de journalistes de quotidiens et sites d’information – dont Le Monde – d’une de leurs sources d’information.A l’origine de ce conflit, la renégociation des accords sociaux en vigueur dans l’entreprise, qui est en cours depuis novembre 2013. Les 2 260 salariés de l’AFP (journalistes, techniciens, cadres…) travaillent dans un cadre complexe : 117 accords se sont empilés depuis la création de l’agence, en 1944.La direction souhaite parvenir à un accord d’entreprise unique, qui harmonise les temps de travail, actuellement disparates (44 jours de congés pour les journalistes et une cinquantaine pour les techniciens), qui tienne compte de l’évolution des métiers (il n’y a plus de coursiers à l’agence, mais des techniciens audiovisuels, des informaticiens…) ou qui fixe un mécanisme unique d’évolution salariale.Baisse des RTTDepuis la fin de 2013, trois syndicats – Confédération française démocratique du travail (CFDT), Syndicat national des journalistes (SNJ) et l’union syndicale Solidaires (SUD) – jouent le jeu de la négociation, mais d’autres, notamment la Confédération générale du travail (CGT), s’y opposent. Cette situation n’empêche pas de conclure un accord (qui peut être signé avec des syndicats représentant 30 % des salariés), mais permet aux syndicats qui y sont hostiles de le dénoncer. Pour éviter ce risque, la direction a aussi choisi de dénoncer les accords en place, ce qui ouvre une nouvelle phase de négociations de quinze mois. Son objectif semble être que tous les syndicats participent à cette nouvelle phase.Mais cette décision frustre les syndicats qui étaient déjà impliqués dans la négociation. « On ne comprend pas ce geste, c’est un acte de mépris pour les syndicats qui négocient », explique ainsi Benoît Fauchet, délégué syndical (SNJ). Et conforte les autres dans l’idée que la direction veut imposer des conditions de travail moins favorables, à l’image du passage des RTT de 18 à 7 jours ou de l’alignement des congés de tous sur ceux des journalistes (44 jours).Risques de divisions multiples« Cette dénonciation des accords intervient très opportunément dans la torpeur de l’été alors qu’Emmanuel Hoog [PDG de l’AFP] pense avoir les mains libres, maintenant que la course en vue de France Télévisions est terminée, que son mandat à l’AFP a été prorogé de trois à cinq ans (soit jusqu’en 2018 au lieu de 2016) et que son contrat d’objectifs et de moyens avec l’Etat a été signé », écrit le SNJ.Conséquence : une agence complètement bloquée, avec un blocage de l’envoi de toute dépêche. A la clé, des risques de divisions multiples, entre grévistes et non-grévistes, entre syndicats et entre catégories professionnelles.Lire l'entretien :Emmanuel Hoog : « Nous voulons développer la couverture live de l’actualité »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La scène était inédite : Vincent Bolloré n’était jamais venu à l’une des réunions des hauts cadres du groupe Canal+, comme il l’a fait lundi 6 juillet au soir. Et la circonstance était particulière : un dirigeant historique, le numéro deux, Rodolphe Belmer, avait été remercié trois jours auparavant par le nouveau président du conseil de surveillance de Vivendi.La centaine de cadres de Canal+ n’ont pas été déçus : selon nos informations, Vincent Bolloré n’a pas hésité à évoquer frontalement la direction de la chaîne et son PDG, Bertrand Meheut, présent en bonne place. Le patron de Vivendi a d’abord rendu un hommage à cet « ami » – breton comme lui – qui est arrivé quand Canal+ perdait 600 millions d’euros, alors que le groupe gagne 500 millions aujourd’hui. Mais il a aussi prévenu : M. Meheut ne pourra rester éternellement à la tête de Canal+, a dit en substance M. Bolloré, rappelant l’âge du dirigeant, 63 ans.Une gouvernance remaniéeDans la foulée, M. Bolloré a annoncé que la gouvernance de Canal+ serait remaniée en septembre, avec un directoire élargi. Beaucoup dans l’assistance y ont vu une porte ouverte au possible départ rapide de M. Meheut, pourtant conforté vendredi.Quant au déchu Rodolphe Belmer, M. Bolloré a raconté avoir observé Canal+ et sa direction, puis demandé des évolutions, avant de « trancher ». Mais l’industriel est allé plus loin en évoquant le conflit entre M. Meheut et M. Belmer, dont le duo était abîmé depuis que le premier avait promis sa succession au second, avant de se raviser. La discorde générait un dysfonctionnement auquel il fallait mettre fin, a argué M. Bolloré. Qui a raconté aux cadres présents que M. Meheut lui avait demandé la tête de son ancien numéro deux.Dans la salle, au siège d’un Canal+ habitué à une communication pesée, un langage aussi « cash » a suscité des vertiges. Mais aussi des applaudissements. M. Bolloré avait ce soir-là un message clair : vous étiez un bastion, mais je suis désormais le taulier et nous allons travailler ensemble. A bon entendeur…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) NME joue son va-tout : le mythique magazine britannique de musique, que se sont arraché des générations de jeunes branchés, va devenir gratuit. A partir de septembre, New Musical Express sera distribué dans les gares, les universités et des « partenaires de vente » dont la liste n’est pas précisée.Pour l’hebdomadaire, il s’agit d’une dernière tentative de retrouver sa gloire d’antan. Il sera distribué gratuitement à 300 000 exemplaires, ce qui était son niveau dans les années 1970. Actuellement, seulement 15 000 copies sont vendues chaque semaine, à 3,50 euros pièce.En multipliant par vingt sa diffusion, NME espère récupérer de la publicité et trouver un nouveau modèle économique. Il va aussi élargir son champ d’activité, pour couvrir l’ensemble de l’actualité culturelle et ne plus se limiter à la musique. « Des 63 ans de notre existence, c’est notre évolution la plus osée », explique Mike Williams, le rédacteur en chef.DéfricheurCréé en 1952 par Maurice Kinn, avec de l’argent de sa belle-mère, NME a toujours occupé une place à part dans le très actif paysage musical britannique. A son pic, dans les années 1970 et 1980, le magazine était l’incontournable bible de l’Underground. Il avait commencé dès les années 1950, avec la découverte du rock’n’roll alors qu’Elvis choquait encore.Toujours défricheur, il a longtemps évité de mettre en avant les stars du moment, préférant donner leur chance de jeunes groupes intéressants. Le déclin a commencé dès le début des années 1990, avec l’arrivée d’une série de mensuels comme Q, qui consacraient des articles à des groupes plus connus, qui attiraient finalement plus de lecteurs.Mais l’arrivée d’internet a accéléré le mouvement, en touchant doublement le magazine. D’une part, l’industrie de la musique s’est effondrée, avec le téléchargement illégal et depuis peu du « streaming ». D’autre part, le recensement des concerts est désormais réalisé en ligne. NME est progressivement devenu un magazine de niche, ultra-spécialisé.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Piquard Vincent Bolloré est intervenu en mai pour empêcher la diffusion sur Canal + d’un documentaire d’investigation sur le Crédit mutuel, affirme Mediapart mercredi 29 juillet. Mi-mai, le premier actionnaire de Vivendi, maison-mère de la chaîne cryptée, a téléphoné au directeur général de Canal +, Rodolphe Belmer (limogé depuis), et aurait invoqué ses liens avec Michel Lucas, le patron du Crédit Mutuel, écrit le site, qui précise que le magazine Society a évoqué l’affaire.Dans le reportage, initialement destiné à l’émission Spécial Investigation, la banque est accusée de favoriser des pratiques d’évasion fiscale de ses clients, ajoute Mediapart.Contacté, Vivendi ne fait pas de commentaire, selon le site. « C’est un problème citoyen »« L’intervention de Vincent Bolloré pour empêcher la diffusion du documentaire que nous préparions ne fait pas de doute », affirme au Monde Jean-Pierre Canet, qui a supervisé le sujet en tant rédacteur en chef de KM, la société dirigée par Renaud Le Van Kim qui produisait aussi le Grand Journal sur Canal +, en tout cas jusqu’à ce que Vincent Bolloré lui retire ce dossier en juillet.« Cette affaire pose une question plus vaste : la concentration dans les télévisions privées est-elle un risque pour l’investigation ? Si l’enquête n’est possible que sur le service public, cela réduit beaucoup les choses, pense M. Canet, qui a auparavant été rédacteur en chef deux ans de Cash Investigation, l’émission d’Elise Lucet sur France 2, produite par Premières lignes. C’est un problème citoyen, d’autant plus que Canal + a construit sa réputation sur l’indépendance. » Barré sur Canal +, le documentaire a selon Mediapart trouvé une diffusion sur France 3 pour cet automne.M. Bolloré est proche de M. Lucas, qui fait comme lui partie du Club des trente, un rassemblement de patrons bretons, pointe Mediapart, qui ajoute que Vivendi a choisi le Crédit mutuel comme banque conseil dans le récent rachat de la société d’édition de Canal +.Lire notre enquête :« Guignols », « Grand journal », coûts : Bolloré secoue Canal+La reprise en main musclée de Canal + par Bolloré Si les faits sont antérieurs, cette polémique s’ajoute à celle qui est née de la reprise en main musclée de Canal + par Vincent Bolloré. L’industriel y a fait partir le numéro 2, est en train de modeler un nouvel organigramme pour septembre et s’est intéressé personnellement à la grille de rentrée. Le Grand journal a été arrêté dans sa forme actuelle et les Guignols passés en crypté, puis ses auteurs historiques remerciés. Des rumeurs donnent aussi des cadres comme Ara Aprikian, patron des antennes gratuites, ou Alice Holtzmann, responsable des abonnements, sur le départ.« Une émission de télévision ne mérite pas qu’on descende dans la rue et Vincent Bolloré est maître chez lui, mais les méthodes sont brutales et socialement violentes », dénonce M. Canet, qui fait partie de l’équipe de KM où l’annonce début juillet de l’arrêt du Grand journal a fait l’effet d’une douche froide, car l’émission avait été confirmée pour la saison prochaine. « J’ai travaillé au Grand journal, on a appris la fin par la presse, merci Bolloré », a ironisé une intermittente qui a travaillé huit ans pour le talk-show animér par Michel Denisot puis Antoine de Caunes, dans une tribune anonyme publiée sur le site participatif de L’Obs, Le Plus. Ambiance de « remaniement ministériel »En interne, un salarié de Canal + confiait ces derniers jours que l’ambiance interne ressemblait à celle entourant un « remaniement ministériel », en allusion aux réorganisations en cours. Le discours stratégique du nouveau directeur général Maxime Saada en a rassuré certains et le chamboulement d’organigramme a été annoncé à l’avance par Vincent Bolloré, relativise-t-il toutefois. Tout en reconnaissant que les rumeurs sur les noms de cadres qui se verraient remercier « bouleverse » les équipes.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sarah Belouezzane C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.Des annonceurs absentsMais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.Lire aussi :Twitter expérimente l'insertion de messages publicitairesC’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.Sarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.07.2015 à 08h53 • Mis à jour le27.07.2015 à 15h02 | Alexandre Piquard et Sarah Belouezzane Rien n’arrête plus la boulimie d’acquisitions de Patrick Drahi dans les médias. Après Libération, L’Express ou Stratégies, le tycoon des télécommunications se lance à l’assaut d’un des plus gros groupes de médias indépendants français, propriétaire de BFM-TV et RMC. Lundi 27 juillet, Altice, la holding du milliardaire, a annoncé avoir noué un partenariat stratégique avec NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill, en vue, à terme, de le racheter.« Alain Weill et le groupe Altice seront associés dans une société dont Alain Weill détiendra le contrôle majoritaire avec 51 % du capital et des droits de vote et dont il assurera la présidence, à laquelle sera transférée sa participation dans NextRadioTV, représentant 37,77 % du capital et 48,59 % des droits de vote », indique le communiqué.Lire aussi :Patrick Drahi, le nouveau tycoon des médiasEn clair, cela signifie qu’une nouvelle société sera créée, dans laquelle seront transférés tous les actifs de NextRadioTV. Elle sera détenue à 51 % par M. Weill et à 49 % par Altice Contents, une filiale créée pour l’occasion et détenue par la maison mère Altice. Une cascade de holdings dont M. Drahi se fait une spécialité.Alain Weill dirigera les activités médias d’AlticeLe groupe d’Alain Weill est ainsi valorisé au total à 670 millions d’euros, à 37 euros l’action, en moyenne 30 % de plus que le cours moyen de NextRadioTV ces six derniers mois. Outre les 51 % dans NextRadioTV, le dirigeant possèdera aussi désormais 24 % d’Altice Contents.M. Weill rejoint, en outre, le comité exécutif d’Altice, où il dirigera les activités médias de tout le groupe, ajoute le communiqué. Même si le patron de NextRadioTV précise que, juridiquement, la filiale Altice Média Groupe (qui accueille les titres de presse écrite comme L’Express et Libération) ne dépend pas d’Altice mais de M. Drahi.De son côté, le fondateur d’Altice dispose d’une option de rachat sur la totalité des actions conservées par M. Weill à partir de mars 2019. En d’autres termes, cela signifie qu’Altice achèvera le rachat total de NextRadioTV dans quatre ans.En 2014, NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, en croissance de 12 % sur un an. Le groupe a par ailleurs affiché un résultat net de 16,8 millions d’euros, le double de ce qu’il avait réalisé une année auparavant.« Je me sentais parfois petit en France »Pour Alain Weill, qui s’est toujours targué d’être un nouvel entrant face aux grands groupes historiques de télévision comme TF1 ou M6, c’est un vrai changement de cap. Interrogé, le dirigeant nie renoncer à son « indépendance » car il conserve pour l’heure 51 % de NextRadioTV. Mais il assume d’avoir fini par se laisser convaincre de s’allier à plus gros que lui. « Je me sentais parfois petit en France », explique-t-il au Monde, revendiquant un raisonnement « à l’anglo-saxonne » : « Plutôt que d’être accroché à la majorité, je préfère construire quelque chose de plus ambitieux. »Dans le paysage audiovisuel français, NextRadioTV rejoint ainsi la longue liste des médias contrôlés par des grands patrons ou des groupes industriels. A l’image de TF1, propriété de Bouygues, des Echos qui appartiennent à LVMH ou encore du Monde, dont Xavier Niel, fondateur de Free, est actionnaire à titre personnel.Alain Weill et Patrick Drahi se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils avaient déjà évoqué le sujet lors d’une de leurs entrevues, en mars. Mais selon des sources proches du dossier, le rachat est lui négocié depuis le mois de juin. C’est M. Drahi qui a approché Alain Weill.« Une garantie de distribution »Le patron de NextRadioTV dit avoir choisi de céder à M. Drahi pour deux raisons : « Il souhaite le même élan pour les médias que pour les télécoms. Les deux vont ensemble : pour un groupe audiovisuel, c’est une garantie de distribution, alors que le hertzien, pour la télévision comme pour la radio, va décliner. » L’autre dimension invoquée est l’international : « Il est difficile d’y aller seul, » explique M. Weill.A terme se dessine pour Altice une division médias beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui : outre la nouvelle structure créée au-dessus de NextRadioTV, le groupe dispose déjà d’Altice Média Groupe (Libération, L’Express…), deux entités qui pourraient à terme fusionner. Altice Média Groupe est dirigé par l’ex banquier d’affaires de M. Drahi chez Morgan Stanley, Bernard Mourad et Marc Laufer, devenu patron d’un groupe de presse professionnelle, Mag & NewsCo. Alain Weill et Marc Laufer sont de vieilles connaissances. M. Laufer a longtemps travaillé chez NextRadioTV où il a été directeur général délégué.Pour l’avenir, les nouveaux associés se plaisent à évoquer leur volonté de ne pas en rester là. Ils sont entrés vendredi 24 juillet en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, propriétaire notamment de Stratégies, support influent sur la communication et les médias. Mais ils envisagent surtout de nouvelles acquisitions « importantes » dans les mois et années à venir.Lire aussi :La boulimie d’acquisitions de Patrick DrahiAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSarah BelouezzaneJournaliste High Tech-Telecoms au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 15h40 • Mis à jour le25.07.2015 à 17h13 | Alexis Delcambre et Daniel Psenny Les quatre principaux auteurs des « Guignols de l’info » – Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine –, vont quitter l’émission emblématique de Canal+, a indiqué samedi 25 juillet leur entourage au Monde, confirmant une information du Parisien.Le nouveau directeur général du groupe, Maxime Saada, a signifié sa décision lors d’une réunion jeudi, leur expliquant qu’ils étaient « trop usés » et ne correspondaient plus à ce que les nouveaux patrons voulaient faire sur la chaîne. Lionel Dutemple, qui officiait chez les « Guignols » depuis seize ans, paierait sa proximité avec Rodolphe Belmer, l’ancien directeur général de la chaîne, remplacé par Maxime Saada après la reprise en main de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+.Le départ de deux des quatre autres auteurs, déjà prévu depuis quelques mois, a en outre été accéléré par les mouvements récents dans la chaîne cryptée, selon une source à Canal+.Une nouvelle équipe début 2016Leur remplacement sera progressif. Les trois auteurs jusqu’alors dédiés aux sketches de l’émission (Yvan Longuet, Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré) devraient prendre une part plus importante aux directs. Ils seront entourés par plusieurs contributeurs ponctuels, « testés » pendant les prochains mois, avant d’aboutir à une équipe définitive début 2016.Le passage en crypté de l’émission, qui va mécaniquement réduire l’audience, laissera sans doute plus de marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour tenter de nouvelles choses et faire évoluer l’émission dans le sens voulu par la nouvelle direction.Lire :« Les Guignols » en crypté, emblème de la nouvelle stratégie de Canal+Ara Aprikian sur le départ ?Yves Le Rolland, producteur artistique, a quant à lui été confirmé dans ses fonctions pour la saison prochaine, et les suivantes.Selon nos informations, Renaud Le Van Kim serait également en train de négocier son départ de KM, sa propre société de production. Proche de Rodolphe Belmer, son départ aurait été mis comme condition par la nouvelle direction de la chaîne au fait que KM, qui a perdu « Le Grand Journal », conserve une partie de ses prestations, comme le Festival de Cannes ou la Nuit des Césars.Le sort d’Ara Aprikian, le patron des chaînes en clair du groupe Canal+ (D8, D17 et i-Télé), fait, quant à lui, l’objet d’informations contradictoires. BFM Business le donnait partant, vendredi. Une information « largement précipitée », selon une source chez Vivendi contactée par Le Monde. Dans tous les cas, il semble acquis qu’il ne conservera pas ses attributions actuelles.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.07.2015 à 13h47 Le groupe France Télévisions a confirmé que ses pertes pourraient atteindre à la fin de l’année 10 millions d’euros, au lieu des 5 millions prévus, à cause d’une nouvelle réduction de ses ressources par l’Etat. A la mi-avril, lors de la clôture des comptes de 2014, France Télévisions avait déjà indiqué qu’il tablait pour l’année 2015 sur un déficit de 9,8 millions d’euros.Entre dotations publiques en baisse – moins 300 millions d’euros à l’horizon 2015 – et réduction d’effectifs, France Télévisions a engagé ces dernières années une cure d’amaigrissement.Un avenant au contrat d’objectifs et de moyens (COM) entre France Télévisions et l’Etat actionnaire, signé à la fin de 2013, a autorisé le groupe audiovisuel public à « réaliser des pertes en 2013 et 2014 ». Cet avenant prévoyait ensuite « un quasi-retour à l’équilibre en 2015, avec un résultat de – 5 millions d’euros » tandis que « les comptes 2010, 2011 et 2012 de France Télévisions avaient été à l’équilibre », a rappelé le groupe dans un communiqué.Baisse de la dotation publiqueEn 2014, la perte nette du groupe s’est élevée à 38,4 millions d’euros, moins que les 40,5 millions prévus. « Pour 2015, en raison d’une nouvelle baisse de 20 millions d’euros des ressources attendues par rapport à l’avenant au COM 2013, le conseil d’administration de France Télévisions a approuvé, tout en conservant l’objectif du retour vers l’équilibre, un résultat prévisionnel de – 10 millions d’euros au lieu des – 5 millions d’euros initiaux », indique France Télévisions.Outre la baisse de la dotation publique, le groupe met en cause un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage » par les marques. En revanche, France Télévisions souligne que les recettes liées à la publicité sont « en ligne avec le budget et laisse entrevoir de bonnes perspectives d’atterrissage en 2015 ».Côté réduction d’effectifs, autre levier d’économies, la direction du groupe « maintient son objectif d’atteinte d’un effectif moyen de 9 750 ETP (équivalent temps plein) à fin 2015 » via un plan de départs volontaires portant sur 340 postes. « Près de 80 % des départs prévus sont déjà actés au 30 juin 2015 », souligne le groupe. Delphine Ernotte, qui succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, doit prendre ses fonctions à compter du 22 août. 24.07.2015 à 16h35 • Mis à jour le25.07.2015 à 10h16 | Alexis Delcambre C’est un document de sept pages, qui décrit de façon très précise l’état de Radio France, trois mois après la fin de la plus longue grève de son histoire. Ce conflit avait entraîné, en avril, la désignation d’un médiateur par le gouvernement. Jeudi 23 juillet, Dominique-Jean Chertier a présenté les conclusions de sa mission au conseil d’administration de Radio France – un document que Le Monde s’est procuré. M. Chertier y livre une série de constats et de recommandations et souligne que dans cette entreprise encore fragile, « la confiance ne peut se reconstruire que progressivement ».« Tension », « lassitude » et « agression »Le médiateur revient d’abord sur les origines du conflit, décrivant un « corps social en forte tension ». Il y voit des causes multiples, parmi lesquelles « la présentation inattendue d’une situation financière dégradée » [notamment dans des déclarations au Monde du PDG, Mathieu Gallet, en décembre 2014], « des attitudes managériales, dans certains secteurs de l’entreprise, pour le moins contestables » [qui ont conduit à une réorganisation de la direction] et « un contexte de grande lassitude » dû au long chantier de rénovation de la Maison de la Radio, qui reste inachevé.Dans ce contexte, la présentation par la direction d’un plan stratégique « inspiré par des études effectuées par des cabinets extérieurs » a été très mal perçue. « Dans une entreprise où par tradition tout « se fait maison », ceci ne pouvait se traduire que par un sentiment d’agression », analyse le médiateur.Opacité et gestion déficiente du personnel M. Chertier identifie aussi des causes structurelles de malaise, qui ont trait à la « grave insuffisance des systèmes d’information » dans la maison. Il précise que ces travers sont anciens et ne datent pas de la direction actuelle. Faute d’une réelle communication avec les chaînes, la gestion des ressources humaines se fait dans « l’urgence ». Cela empêche de mettre en place des politiques pérennes. Cette situation favorise « la reproduction des dysfonctionnements » et une « conflictualité élevée ».En mal de modernisation, l’entreprise doit encore « bâtir une véritable comptabilité analytique », « renforcer les moyens et le rôle des fonctions d’audit et de contrôle interne » et « organiser une information régulière de l’ensemble du personnel sur la situation financière ».La précarité comme « mode de gestion »Le médiateur éclaire un des angles morts du conflit : le fait que Radio France « utilise la précarité (…) comme un véritable mode de gestion du personnel ». Le SNJ a récemment rappelé le chiffre vertigineux de 4 696 CDD signés par des journalistes en 2014 dans l’entreprise. En cause : l’« absence de gestion des prises de congés » (deux mois et demi par an en moyenne) qui répond en général « à des habitudes ou des solutions de confort ».Il préconise donc « un système rigoureux des prises de congés » pour permettre « une indispensable réduction programmée du recours à la précarité ».Des relations sociales à reconstruireLors de sa mission, M. Chertier a mis en place des groupes de travail. « Un nouveau mode de relations sociales et d’élaboration des prises de décision se met progressivement en place à Radio France », constate-t-il. « Si Mathieu Gallet se saisit [de ces groupes de travail], cela sera une marque forte de son mandat », espère le médiateur, qui encourage « une méthode de dialogue social fondée sur la confiance, la transparence et le respect scrupuleux des calendriers et des engagements pris ».Le président de Radio France est donc placé face à ses responsabilités. Au passage, M. Chertier égratigne la stratégie de médiatisation du PDG : « Les débats qui se déroulent en interne sont toujours plus profitables que ceux qui prennent à témoin des analystes ou commentateurs extérieurs », souligne-t-il. « Seul le temps et la certitude que les pratiques anciennes contestées seront définitivement abandonnées, permettront d’assurer des relations constructives entre les différentes parties », conclut-il.Les personnels invités à évoluerLes salariés de Radio France doivent « dépasser le sentiment d’agression », estime le médiateur, et ne pas voir l’avenir « que comme la dégradation inéluctable d’un passé dont ils tirent une fierté légitime ». « Les mesures récentes prises par l’Etat (…) devraient être appréciées comme un signe positif », juge-t-il, en référence aux 80 millions d’euros débloqués à titre exceptionnel.Se voulant rassurant, il ajoute : « Le monde des médias et de la culture bouge : Radio France a les moyens (…) d’affronter ces évolutions. »Réticence sur l’hypothèse d’un plan de départs volontairesCes derniers jours, la tension est remontée d’un cran à Radio France, quand M. Gallet a de nouveau évoqué un éventuel plan de départs de 350 postes. Dominique-Jean Chertier n’est pas loin de contester ce choix. Il en signale en tout cas les travers : le PDV est un dispositif « coûteux, entraînant de nombreux effets d’aubaine », qui n’a de sens que s’il repose sur « un ciblage très précis des secteurs et des populations concernées ». Sous peine de voir partir des compétences indispensables, qu’il faudra bien ensuite remplacer.Il appelle donc la direction « à envisager en complément ou en substitution partielle (…) tous autres moyens (…) » : « gel des rémunérations », « politique des achats », « limitation du recours aux cabinets de conseil », « mesures incitatives permettant l’accélération de départs naturels non remplacés… »Ces options font en partie écho aux pistes proposées par les élus du personnel, que la direction s’est engagée, jeudi, à examiner d’ici septembre.Un appel à temporiser le retour à l’équilibreLe médiateur appelle enfin à « prendre en considération » le retard constaté dans l’élaboration du contrat d’objectif et de moyens (COM) et demande à l’Etat d’« éviter des demandes qui ne seraient pas compatibles avec les capacités réalistes de l’entreprise ». Cela fait référence à la date de retour à l’équilibre budgétaire.Comme Fleur Pellerin, M. Chertier appelle donc à ne pas faire de 2017 une date butoir. Jeudi, en conseil d’administration, les représentants de l’Etat ont confirmé que cette date constituait un « cap », incluant une « marge » à apprécier.En échange de cette souplesse, le médiateur suggère « un suivi extrêmement scrupuleux du redressement des comptes, ainsi que de toutes les mesures d’amélioration de la gestion de l’entreprise ».Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre L’appétit de Patrick Drahi et de son nouveau groupe médias, Altice Media Group (AMG), reste intact. Après Libération et le groupe L’Express - L’Expansion, récemment acquis, AMG est entré en négociations exclusives avec le groupe de presse professionnelle Intescia, selon une source proche du dossier, confirmant une information initiale de PresseNews.La négociation porte sur les trois titres de presse d’Intescia, à commencer par Stratégies, un hebdomadaire influent sur la communication et les médias. Les deux autres titres sont Coiffure de Paris et Cosmétique Mag.Ces titres pourraient rejoindre le pôle de presse professionnelle d’AMG, qui regroupe les titres issus de Mag & NewsCo, que Marc Laufer, associé de Patrick Drahi et directeur général d’AMG, a apportés.Lire aussi :« L’Express » entre dans l’ère Patrick DrahiAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre La chaîne d’information LCI perd une de ses figures. Visage de la chaîne et directeur général depuis 2008, Eric Revel la quitte, officiellement « pour un nouveau projet personnel », selon un communiqué du groupe TF1, publié vendredi 24 juillet.Âgé de 54 ans, Eric Revel s’était fortement investi dans la tentative de passage de LCI en gratuit menée en 2014, qui avait échoué, mais semblait moins actif depuis quelques mois. Spécialiste de l’économie, de sensibilité libérale et classé à droite, il était présent à LCI depuis 2003 après un parcours dans la presse écrite (Jeune Afrique, Le Parisien, Madagascar matin, La Cote Desfossés, L’Agefi, La Tribune, Les Échos). Il animait « Le Club LCI », une émission de débats accueillant des politiques et chefs d’entreprise.A la suite de ce départ, TF1 met en place une organisation provisoire, jusqu’en décembre 2015. La directrice générale adjointe à l’information du groupe, Catherine Nayl, dirigera directement le quotidien de LCI, en s’appuyant sur Christophe Berg, nommé directeur de la rédaction.Série de départsCette nomination intervient à la suite du départ d’Anne de Coudenhove, qui occupait précédemment le poste. D’autres cadres sont également partis ces derniers mois, comme Emmanuel Kessler, parti diriger Public Sénat, et Michel Field, qui doit être nommé à la tête de France 5. Une présentatrice et plusieurs journalistes ont également quitté la chaîne.« Une page se tourne pour LCI, on arrive vraiment à la fin de quelque chose, commente un salarié. On sait qu’on va faire quelque chose de neuf, notamment si on passe en gratuit, mais on ne sait pas encore quoi. »La direction générale sera, elle, assurée par Eric Jaouen, actuel secrétaire général de l’information du groupe. Il aura la charge de coordonner, avec Catherine Nayl, le projet « LCI 2016 ».En effet, la chaîne poursuit son combat pour obtenir son passage en gratuit, comme l’a encore rappelé jeudi le patron du groupe, Nonce Paolini, lors d’une conférence avec des analystes. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le lui avait refusé, en juillet 2014. Mais, depuis, le Conseil d’Etat a annulé cette décision. La candidature de LCI doit donc être à nouveau examinée… mais sera portée par un visage neuf.Lire aussi :TF1 reste déterminée à obtenir le passage en gratuit de LCIAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre Les conditions de la présence d’un actionnaire russe au capital de Numéro 23 continuent de susciter des questionnements au CSA, qui doit donner par ailleurs son agrément à la vente de cette chaîne au groupe NextRadioTV. Alors que le rapporteur public avait initialement estimé que l’actionnariat de la chaîne était conforme à la loi, les membres du collège ont demandé, mercredi 22 juillet, un supplément d’instruction, selon un communiqué publié jeudi par le gendarme de l’audiovisuel. Le rapporteur remettra ses nouvelles conclusions le 16 septembre.Lire aussi :Le rapport du CSA ne préconise pas d’enlever son autorisation à Numéro 23Selon nos informations, le débat s’est concentré mercredi autour d’une clause du pacte d’actionnaires, dite « clause de liquidité », qui définit les conditions auxquelles l’actionnaire minoritaire UTH Russia peut revendre ses parts. Cet actionnaire est arrivé au capital fin 2013. Il est contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes.Pour Numéro 23 et son actionnaire principal, Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), cette clause est tout à fait habituelle et classique dans sa formulation. Mais le CSA souhaite vérifier davantage ce point. L’objectif est de s’assurer que cette clause n’a pas été rédigée en vertu d’un engagement de revente ultérieure. Et donc que l’actionnaire russe n’est pas entré au capital avec la garantie d’une cession et donc d’une plus-value, dans une démarche purement spéculative.Voilà donc une nouvelle complication dans ce dossier, ouvert en avril, quand le groupe NextRadioTV d’Alain Weill a annoncé être entré en négociations exclusives pour racheter Diversité TV France, la société éditrice de Numéro 23, pour 88,3 millions d’euros.Non-respect des obligationsLe CSA doit donner son agrément à cette transaction et notamment réaliser une étude d’impact qui doit mesurer les conséquences économiques de la revente sur l’équilibre du secteur et sur le pluralisme.Autre élément nouveau et ennuyeux pour MM. Houzelot et Weill : le Sénat a adopté, mercredi, un amendement à la proposition de loi sur la bande 700 MHz qui vise directement Numéro 23. Cet amendement stipule que l’agrément du CSA doit être « délivré en tenant compte du respect par l’éditeur, lors des deux années précédant l’année de la demande d’agrément, de ses obligations conventionnelles relatives à la programmation du service ».Selon la sénatrice Catherine Morin-Desailly, à l’origine de cet amendement, il s’agit de corriger un vide juridique qui ne permet pas au CSA de refuser son agrément à la vente d’une chaîne n’ayant pas respecté ses obligations. Or le CSA a relevé des manquements aux obligations de Numéro 23 sur son activité en 2013 et 2014, notamment pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.07.2015 à 13h18 • Mis à jour le23.07.2015 à 17h57 Le groupe britannique Pearson a annoncé jeudi 23 juillet la vente du Financial Times (FT), le quotidien de référence des affaires, au groupe japonais Nikkei, pour 844 millions de livres (1,19 milliard d’euros). Quelques minutes auparavant, le quotidien avait affirmé, citant des personnes proches du dossier, que le géant allemand des médias Axel Springer était également en discussion « avancée » avec Pearson. Axel Springer, propriétaire notamment du tabloïd allemand Bild et du quotidien Die Welt, avait immédiatement démenti toute intention de racheter le FT.John Fallon, le directeur général du groupe, a expliqué, cité dans un communiqué :« Pearson a été fier d’être le propriétaire du “FT” pendant près de soixante ans. Mais nous avons atteint un point d’inflexion dans les médias, avec l’explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux. Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le “FT” d’assurer son succès journalistique et commercial est d’être membre d’une entreprise d’information numérique mondiale. »Le FT Group comprend le Financial Times et son site Internet, 50 % du magazine The Economist et une coentreprise en Russie avec le quotidien Vedomosti. Mais la transaction, qui pourrait être bouclée d’ici à la fin de l’année, ne comprend pas la part de 50 % dans The Economist Group ni l’immeuble du FT, sur le bord de la Tamise, dans le centre de Londres.Selon Pearson, FT Group a, en 2014, contribué à hauteur de 334 millions de livres au chiffre d’affaires et à hauteur de 24 millions au résultat opérationnel ajusté.L’édition en ligne représente 70 % de la diffusion totaleLundi, l’agence Bloomberg News, sans citer de source, avait écrit que si la transaction allait à son terme, le journal britannique, qui revendique une diffusion quotidienne de 720 000 exemplaires (éditions papier et Internet réunies), pourrait être valorisé jusqu’à 1 milliard de livres (1,44 milliard d’euros).L’édition en ligne du FT représente 70 % de sa diffusion totale, après avoir dépassé la diffusion papier en 2012. Au sein de cette version internet, la moitié des connexions se font par des applications mobiles, comme les smartphones et les tablettes. Ce passage vers le numérique est considéré comme un succès par les analystes, bien que le FT souffre de la concurrence de sites internet d’information économique gratuits et peine à s’imposer aux Etats-Unis.Il y a deux ans, Pearson avait formellement démenti des informations évoquant une possible vente du Financial Times au magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch et à l’émirat d’Abou Dhabi pour 1,2 milliard de dollars (1,11 milliard d’euros). 22.07.2015 à 23h30 • Mis à jour le23.07.2015 à 09h27 | Alexis Delcambre Dans une lettre ouverte adressée à François Hollande, mercredi 22 juillet, le personnel de 60 millions de consommateurs s’inquiète de la « révocation » prochaine de Fabienne Chol, la directrice générale de l’Institut national de la consommation (INC), qu’ils estiment certaine.Pour eux, « cette éviction suscite une grande inquiétude pour l’avenir, car nous pensons qu’elle laisse le champ libre aux personnes qui œuvrent à la disparition de l’INC et de son journal ».Cette inquiétude tire ses racines de plusieurs épisodes passés. En 2011, comme le rappelle Le Canard enchaîné dans son édition du 22 juillet, « Bercy voulait se débarrasser du magazine de la conso et le revendre à un groupe privé ». Cause présumée : une série d’articles sur l’inflation.En 2014, le personnel s’est à nouveau mobilisé contre un projet gouvernemental de séparation de l’activité presse de l’INC. Dans un contexte de réduction des dépenses publiques, l’édition d’un magazine ne semble plus une priorité.Lire l’article : « 60 millions de consommateurs » craint de nouveau pour son avenirAujourd’hui, le remplacement de leur directrice générale, passée par le cabinet de Valérie Précresse (Les Républicains), est à leurs yeux un nouveau signe de défiance à l’égard de leur mission et ce qui est pour eux « un magazine unique, fleuron du service public à la française ».« Attaqué depuis plusieurs années par sa propre tutelle, l’INC ne pourra pas résister bien longtemps à la nomination d’un directeur liquidateur », ont affirmé les salariés dans un communiqué.Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Delcambre Le groupe audiovisuel français TF1 a annoncé, mercredi 22 juillet, la vente de ses 49 % dans la chaîne sportive paneuropéenne Eurosport au groupe américain de télévision payante Discovery Communications, pour la somme de 491 millions d’euros. Une opération qui devrait être réalisée « dans les prochains mois », a précisé TF1.Cette vente vient achever le désengagement de TF1 d’Eurosport, désormais propriété intégrale de l’américain Discovery. TF1 avait le choix entre exercer son option de vente des 49 % restants cette année, à un prix basé sur la transaction initiale de 2012 (valorisation globale de 902 millions d’euros), ou lui céder l’année prochaine, à un prix recalculé.La filiale de Bouygues a sans doute estimé que si elle temporisait, la valorisation pourrait être revue à la baisse, compte tenu de l’énorme engagement financier pris récemment par Eurosport, qui a acquis les droits de diffusion européens des quatre prochains Jeux olympiques.De quoi relativiser les pertesTF1 a également annoncé mercredi le rachat à Discovery des 20 % que le groupe détient dans les chaînes payantes TV Breizh, Histoire et Ushuaïa, pour un total de 14,6 millions d’euros.Avec cette acquisition, Discovery s’affirme un peu plus comme un géant mondial du sport, amené à lutter avec le qatari BeIN Sports pour les droits sportifs sur un marché en voie de globalisation. De son côté, TF1 voit sa trésorerie, déjà considérable, augmenter de 491 millions d’euros. A la fin de 2014, le trésor de guerre du groupe audiovisuel s’élevait à 497 millions d’euros. Il avoisinera donc le milliard d’euros cette année. De quoi relativiser les pertes occasionnées par le quotidien gratuit Metronews, qui a cessé en juillet de faire paraître son édition papier, ou LCI, en attente d’un éventuel réexamen de sa demande de passage en gratuit par le CSA. De quoi aussi relancer les rumeurs d’acquisitions que le groupe pourrait mener ces prochains mois, par exemple sur le front du numérique.Lire aussi :Pour Eurosport, « l’important, c’est de gagner »Alexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard et Alexis Delcambre La tempête médiatique autour des « Guignols » masquait une bataille au sommet de Canal+, qui s’est soldée, vendredi 3 juillet, par le départ de son numéro deux, Rodolphe Belmer. Sa disgrâce a été prononcée par un communiqué de Vivendi, propriétaire du groupe, qui a nommé son adjoint, Maxime Saada, au poste de directeur général.C’est un signe fort de reprise en main de la chaîne par le groupe de Vincent Bolloré, qui s’est néanmoins voulu rassurant sur l’avenir des célèbres marionnettes de latex. Le président du conseil de surveillance de Vivendi a expliqué vendredi, lors d’un comité d’entreprise, que leur survie était assurée. « Les Guignols font partie du patrimoine de Canal+ qui a été, je le rappelle, créé par Havas [dont l’homme d’affaires breton est également le premier actionnaire] il y a trente ans » et « il est hors de question de se priver de cet atout qui est la propriété du groupe », a-t-il ensuite précisé à l’AFP. Tout en indiquant que « les dirigeants de Canal+ et de Vivendi devraient décider sous quel format et à quel moment ils devraient être distribués ».Conserver les « Guignols », mais n’exclure aucun changementPour Vivendi, la polémique des derniers jours était déplacée : la volonté de M. Bolloré n’était pas de supprimer « Les Guignols de l’info » pour des raisons politiques, mais plutôt d’envoyer un message fort à Canal+. L’industriel juge qu’il faut faire évoluer fortement la grille de la chaîne, dont l’audience est en repli.Dans ce contexte, la partie diffusée en clair - incluant « Le Grand Journal » et « Les Guignols de l’info » - est susceptible de connaître des changements. Dans l’esprit des dirigeants de Vivendi, le passage de l’émission satirique quotidienne à une périodicité hebdomadaire est une hypothèse, mais pas la seule. L’horaire de diffusion pourrait être une autre variable, et l’idée d’un passage en payant, comme produit d’appel pour générer de l’abonnement, existe également.« C'est une petite victoire, réagissait, vendredi, un membre de l’équipe des « Guignols ».« Mais si on nous passe le dimanche pendant vingt minutes, on nous tue quand même. Les Guignols, c'est une émission quotidienne. Si on nous passe en hebdo ou en crypté, on risque de perdre la moitié de l'audience et de l'équipe. »Mettre en question le statut des « Guignols » ou du « Grand Journal » est aussi clairement pour M. Bolloré une façon de secouer le management actuel, qui s’est soldé par le départ de M. Belmer.Lire aussi :Les réseaux sociaux et les politiques au secours des « Guignols »Bras-de-fer avec la direction de Canal+Rodolphe Belmer était le numéro deux du groupe depuis douze ans et patron des programmes de la chaîne. Or la volonté affichée par Vivendi de réformer les programmes entre en conflit avec certaines décisions déjà prises par la direction de Canal+ pour la saison prochaine. M. Bolloré parle ainsi de transformer le « Grand Journal », or le contrat a déjà été renouvelé avec KM, la société de production de Renaud Le Van Kim, qui réalise et contrôle l’émission depuis 2004. Par ailleurs, Canal+ a récemment racheté la société qui crée les marionnettes des « Guignols » et l’a accueillie dans ses locaux.Secouer Canal+ et réduire les coûtsPour Vincent Bolloré, il faut secouer Canal+ : le groupe de télévision payante et gratuite a certes de bons résultats, mais est confronté à différents défis, notamment sa branche Canal+ France. Les coûts des programmes sportifs ont ainsi augmenté, en raison de l’offensive de la chaîne beIN Sports. La concurrence change, avec notamment l’arrivée de Netflix. Enfin, les abonnements en France ne progressent pas, voire sont en léger recul.Pour répondre à cette situation, il faut réformer Canal+, pense le groupe Vivendi, et l’une des solutions est de réduire les coûts. D’où la piste évoquée en comité d’entreprise, vendredi 3 juillet, de favoriser si nécessaire la production interne. Un message qui peut s’appliquer par exemple au « Grand Journal », produit par la société externe KM. Une émission qui est jugée coûteuse (100 000 euros par jour, selon Challenges) et dont l’audience baisse.« Bolloré soulève le tapis et voit qu’il y a des contrats généreux qui n’ont pas été renégociés depuis une éternité, analyse un salarié. Enfin on a un vrai actionnaire qui prend les dossiers en main. » A l’heure où un plan social de 39 personnes est en cours dans le groupe, les employés sont sensibles à ce discours en faveur de la production interne.L’imprévisible BolloréLa reprise en main brutale de Canal + par Vincent Bolloré a lieu après une période d’observation de plusieurs mois. Vivendi estime avoir, depuis l’automne, envoyé des messages demandant des réformes, messages qui ont été insuffisamment pris en compte à ses yeux.L’industriel breton est fidèle à sa réputation d’imprévisibilité : quand il est arrivé, tout le monde s’est posé la question de l’avenir de Bertrand Méheut, 64 ans et de Rodolphe Belmer, 45 ans, le duo qui a depuis 2002 redressé la chaîne après l’ère Jean-Marie Messier. Le premier avait désigné le second comme dauphin, avant de se raviser. M. Bolloré a d’abord conforté M. Méheut, puis il a donné des nouvelles fonctions groupe à M. Belmer, placé à la tête d’une nouvelle division baptisée « Vivendi Contents », chargé de développer de nouveaux formats, avec Canal + mais aussi Universal Music et Studio Canal, la filiale de production. Ce signe de confiance n’a pas empêché qu’il soit sacrifié vendredi... « sur la recommandation » de M. Méheut, pointe perfidement le communiqué de Vivendi.Depuis 2002, Canal+ - qui possède aussi les chaînes gratuites D8 et D17, ainsi que de la production cinéma - avait pris l’habitude, de vivre en autonomie. Désormais, le niveau groupe prend une importance croissante. Outre Vivendi Contents, M. Bolloré a récemment lancé Vivendi Village, qui regroupe les diversifications comme la billetterie, mais se veut aussi pépinière de petites entités comme Watchever, plateforme de vidéo par abonnement concurrente de Netflix en Allemagne. Une activité qui aurait pu en théorie être rattachée à Canal+, comme la plateforme de vidéo Dailymotion, mais les deux ont été intégrées à Vivendi. « A l’extrême, on pourrait imaginer que Vivendi incarne le groupe au sein duquel Canal+ redevienne une simple chaîne », estime un bon connaisseur de la maison.Le nouveau patron de Vivendi a franchi une nouvelle étape dans sa prise de pouvoir. « M. Bolloré n’aime pas les gens qui lui disent non, rappelle cette source. C’est ce qui s’est joué ces derniers jours. »Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter La Matinale « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+ ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective n’est pourtant pas exclue. Hier, les internautes, attachés au journal télévisé parodique de « PPD » ont lancé une pétition en ligne intitulée « Non à la suppression des “Guignols de l’info” », qui a déjà réuni plus de 27 000 signataires depuis mercredi 1er juillet.Déprogrammation ou passage à un rythme hebdomadaire ? La rumeur inquiète également les politiques, qui se sont mobilisés pour sauver l’émission diffusée chaque jour depuis 1987. En visite officielle en Angola, François Hollande s’est exprimé sur le sujet vendredi 3 juillet :« Le temps où le président de la République disait ce qu’il y avait dans les programmes est révolu, mais la dérision, la caricature, ça fait partie du patrimoine. »L’ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault a tweeté : « Si même au pays de Rabelais et de Molière on ne protège plus le rire… » Benoît Hamon, philosophe, écrit : « Si les “Guignols” étaient supprimés la question serait : “Qui est la marionnette de qui ?” » De son côté, Cécile Duflot attaque directement Vincent Bolloré, le président de Vivendi, qui détient la chaîne : « C’est qui le bol… os qui veut arrêter “Les Guignols” ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant… »Mélenchon a également visé Bolloré dans un tweet, en le décrivant opportunément comme « l’ami de Hollande ». L’ancien premier ministre Alain Juppé a également pris la défense de l’émission satirique, allant jusqu’à changer l’avatar de son profil Twitter au profit d’une photo de sa marionnette : « J’aime me voir dans@LesGuignols. Nous avons besoin d’eux. #LesGuignols. »J'aime me voir dans @LesGuignols. Nous avons besoin d'eux. #LesGuignols— alainjuppe (@Alain Juppé)require(["twitter/widgets"]);Par l’intermédiaire de Patrick Bloche, le Parti socialiste (PS) a publié un communiqué dans lequel il « tient à souligner combien, depuis vingt-sept ans, “Les Guignols” contribuent activement au rôle fédérateur que doit jouer tout grand média audiovisuel, particulièrement quand la société est soumise à de multiples tensions ».Des politiques peu rancuniers envers une émission qui les moque chaque soir. Seul Gilbert Collard du Front national s’est réjoui de la nouvelle : « Le départ des “Guignols”, ces fonctionnaires du rire, perturbe l’addiction à la malfaisance des guignolards : ils mordent ! »Vive inquiétude chez Canal+Une vive inquiétude est montée au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier, mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. L’ancien président de Canal+, Pierre Lescure, a pour sa part démissionné du conseil d’administration d’Havas, propriété de Vincent Bolloré, « pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire ».Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe des « Guignols » assure que « Vincent Bolloré veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait. Cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience ».Dans les couloirs de la chaîne, le soupçon d’un oukase politique persiste, avec l’ombre d’une intervention de Nicolas Sarkozy demandant la mise au pas des « Guignols » comme un service à M. Bolloré.Interrogé par Le Monde, le porte-parole des Républicains, Sébastien Huyghe, a démenti une supposée intervention de l’ex-président visant à interrompre « Les Guignols de l’info » : « Je dénonce la volonté de mettre en cause Nicolas Sarkozy dans cette affaire », a affirmé le député du Nord, dénonçant « une manipulation ». Pour lui, « on essaie de politiser cette histoire pour essayer de tordre le bras à ceux qui sont amenés à prendre la décision d’interrompre ou non l’émission ». « La reconduction ou non des “Guignols” relève d’un strict choix industriel » et non politique, souligne-t-il. Et de conclure, en ironisant : « Si Nicolas Sarkozy avait une quelconque influence sur la politique éditoriale de Canal+, cela se saurait… »A l’instar de Jean-Marie Le Guen (PS), secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, d’autres politiques pensent que la décision de Bolloré relève d’un choix industriel. « Le problème est de savoir si la grille des programmes de Canal+ satisfait en termes d’audience. Ce n’est pas un problème politique », a-t-il assuré. Au sein de la chaîne, on se refuse à croire qu’il s’agit simplement de donner un nouvel élan au « Grand Journal ». Avec des pointes à 2 millions de téléspectateurs, « Les Guignols de l’info » totalisent 30 % de l’audience de la tranche.Une donnée qui n’a d’ailleurs pas dû échapper à la nouvelle directrice de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a offert l’asile politique aux plus célèbres marionnettes du PAF.Si......Les #GuignolsDeLinfo seront les bienvenus sur @Francetele— DelphineErnotte (@Delphine Ernotte)require(["twitter/widgets"]);La MatinaleJournaliste au Monde 02.07.2015 à 17h13 • Mis à jour le03.07.2015 à 08h17 L’ancien président de Canal+ a démissionné du conseil d’administration de Havas en réaction à la volonté prêtée à Vincent Bolloré, propriétaire de Havas, de mettre fin à l’émission « Les Guignols de l’info », selon L’Obs. « J’ai démissionné d’Havas en apprenant la nouvelle qu’il y avait une menace de suppression de l’émission, a précisé M. Lescure aux Échos. C’est aussi pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire… » 02.07.2015 à 10h28 • Mis à jour le02.07.2015 à 14h26 | Alexandre Piquard, Daniel Psenny et Alexis Delcambre « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+, sur laquelle ils apparaissent chaque jour depuis 1988 ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective ne semble pas exclue. Une vive inquiétude est en tout cas montée, depuis quelques jours, au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. Le mot-clé de la mobilisation a rapidement été repris des milliers de fois sur le réseau social et une pétition en ligne lancée.Beaucoup ne pouvait y croire hier mais @LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols— benjmorgaine (@Benjamin Morgaine)require(["twitter/widgets"]);Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe assure : « Vincent Bolloré [le président du conseil de surveillance de Vivendi, propriétaire de Canal+] veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait, cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience. » « Aucun commentaire sur des rumeurs »Plusieurs articles de presse, de Puremédias, puis de Metronews et des Inrocks, ont relayé cette version. Mais l’ancien des « Guignols » Bruno Gaccio nuance sur Twitter : « Rien n’a été annoncé aux “Guignols” encore. Donc, c’est une envie, pas un fait. » Un membre de l’équipe évoque l’hypothèse d’un passage de l’émission en hebdomadaire, le dimanche, « mais cela équivaudrait à nous tuer à petit feu », juge-t-il.Contacté, Vivendi ne confirme ni ne dément et « ne fait aucun commentaire sur des rumeurs ». Mais le groupe est entré dans une phase de réflexion sur la relance de Canal+, dont la dynamique n’est pas jugée satisfaisante, ce qui inclut de s’interroger sur l’avenir des « Guignols », entre autres. La direction de Canal+ ne s’exprime pas plus et évoque, elle aussi, des « rumeurs » autour du sort des marionnettes. Jeudi matin, le compte Twitter @CanalSat a démenti l’arrêt de l’émission, avant de se reprendre pour communiquer sur le thème « nous n’avons pas d’information ».Les fins de saison, périodes de renégociation des contrats des émissions, sont toujours des moments propices aux doutes. Et l’arrivée d’un nouvel homme fort dans le groupe, comme Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, nourrit les spéculations.« Un peu trop de dérision » selon BolloréDans le cas des « Guignols », l’inquiétude procède aussi des déclarations qu’a faites M. Bolloré sur « l’esprit Canal+ » : « C’est un esprit de découverte, d’ouverture, d’initiative », a-t-il décrit sur France Inter le 12 février, avant de déplorer : « Parfois, un peu trop de dérision ». « Je préfère quand ils sont plus dans la découverte que dans la dérision. Parce que parfois, c’est un peu blessant ou désagréable, avait-il dit des “Guignols” eux-mêmes. Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » data-tym-playerid="tym-player-x2h0932" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2h0932" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"« Les Guignols » n’avaient pas manqué, le soir même, de produire en plateau la marionnette du « nouveau patron », interrogé par celle du présentateur « PPD » sur la notion de « dérision acceptable ».Lors de l’assemblée générale des actionnaires de Vivendi, le 17 avril, M. Bolloré avait été interrogé, par un petit actionnaire, sur la ligne éditoriale et politique des chaînes du groupe, qui critiquent son « ancien ami Nicolas Sarkozy » et « stigmatisent un quart des Français ». Il avait botté en touche en renvoyant la question à Bertrand Méheut, le patron de Canal+, qui avait rappelé que la chaîne critique tous les partis. « Tout le monde considère que Canal est souvent dans la caricature et souvent excessive, cela fait partie de notre ligne », avait-il assumé. Symbolique et politiqueLa personnalité de M. Bolloré, homme d’affaires volontariste, connu pour souvent décider seul, ami de M. Sarkozy auquel il avait prêté son yacht en 2007, renforce la mobilisation autour de l’émission, érigée en emblème. « S’ils suppriment “Les Guignols” la semaine de la mort d’Alain de Greef, c’est énorme comme symbole », s’inquiète une source au « Grand Journal », en référence à l’artisan de « l’esprit Canal », disparu lundi 29 juin. « Sur le fond, s’en prendre aux derniers qui font de la satire à la télévision, l’année des attentats contre Charlie Hebdo, ce serait assez étonnant, ajoute-t-il. Si c’est vrai, à côté de cela, l’époque Jean-Marie Messier, c’est de la rigolade. Le groupe enterrerait le dernier symbole du Canal historique. »Lire aussi :Mort d’Alain de Greef, un des pionniers de Canal+Lire aussi :Esprit Canal, es-tu (encore) là ? data-tym-playerid="tym-player-x2wacdr" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2wacdr" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Jeudi matin, plusieurs personnalités politiques ont décidé d’entrer dans le feuilleton : « Soutien aux #Guignols de l’Info contre la censure de #Bolloré, l’ami de #Hollande », a tweeté Jean-Luc Mélenchon. « Dans tous les cas, il faut sauver [Les Guignols], ce côté acide aère l’actualité », a réagi le socialiste Claude Bartolone sur France Info. « C’est qui le bol… os qui veut arrêter@LesGuignols ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant », a lancé l’écologiste Cécile Duflot.Soutien aux #Guignols de l'Info contre la censure de #Bolloré, l'ami de #Hollande. #TouchePasAuxGuignols cc @LesGuignols— JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon)require(["twitter/widgets"]);C'est qui le bol...os qui veut arrêter @LesGuignols ? Un actionnaire qui n'aime pas l'ironie... pas rassurant... #TouchePasAuxGuignols— CecileDuflot (@Cécile Duflot)require(["twitter/widgets"]);« Le Grand Journal » en chantierLes tensions autour des « Guignols » interviennent alors que « Le Grand journal », l’émission phare de la chaîne dont ils sont un des temps forts, fait l’objet d’intenses réflexions. Son maintien ne semble pas en cause mais les spéculations vont loin : une source interne s’inquiète de l’avenir de Renaud Le Van Kim, le réalisateur historique, dans le nouveau Canal+ de Bolloré. Mais sa société productrice, KM, a déjà resigné avec la chaîne pour la saison prochaine, tout comme Antoine de Caunes, qui présente l’émission.L’érosion de l’audience du « Grand journal » est une réalité depuis deux saisons, sur fond de vieillissement du concept et de concurrence accrue des chaînes de la TNT, notamment de l’émission de Cyril Hanouna sur D8 (également propriété de Canal+). Cette saison, l’émission est passée sous la barre des 900 000 téléspectateurs. Une baisse qui n’a pas touché les « Guignols », dont la courbe d’audience reste stable et qui pèsent environ 30 % de l’audience de la tranche.La semaine dernière, la chaîne a confirmé que les deux chroniqueurs politiques Natacha Polony et Jean-Michel Aphatie ne seraient pas présents sur le plateau la saison prochaine et que « Le Grand Journal » démarrerait plus tôt en absorbant « Le Before », l’émission qui le précède. Des noms de nouveaux arrivants possibles ont été évoqués, comme Laurence Ferrari et Maïtena Biraben, actuelle figure du « Supplément », une autre émission de Canal+. Selon nos informations, confirmant celles des Puremédias, cette dernière figure bien parmi les hypothèses de travail.Canal+ ne peut plus ignorer VivendiMais qui conduit ces réflexions ? La rumeur prête à Vincent Bolloré une activité intense en la matière. Certains affirment qu’il contacterait lui-même des membres d’équipes ou des présentateurs, ce que Le Monde n’a pu avérer. De son côté, le producteur du « Grand Journal », Renaud Le Van Kim, mène également une réflexion avec ses équipes.Celle-ci a lieu sur fond de concurrence avec « Le Petit Journal » de Yann Barthès, produit par Laurent Bon – par ailleurs producteur de Mme Biraben. La rivalité entre les deux sociétés de production est vive et on prête au duo Barthès-Bon l’ambition de devenir le centre de gravité de toute la tranche horaire. Mais leur demande d’obtenir sept minutes de plus la saison prochaine a été retoquée, selon nos informations.Une chose est sûre, Canal+ avait pris l’habitude de vivre sans se préoccuper beaucoup de Vivendi, avec une direction forte incarnée par le tandem Bertrand Méheut et Rodolphe Belmer. La rumeur du départ de ce dernier est récurrente. La semaine dernière, plusieurs médias se sont aussi fait l’écho d’un possible départ de M. Méheut. Autant de rumeurs démenties par la chaîne.Lire aussi :Vivendi : Rodolphe Belmer confortéAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Le torchon brûle entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et Numericable-SFR. Selon nos informations, la Ville de Paris a transmis en date du 26 juin un courrier à l’opérateur télécoms lui enjoignant de démonter ses installations dans la capitale et de remettre en état les locaux occupés par le groupe, et ce, d’ici le 10 août. Ce qui ne serait pas sans conséquences pour les abonnés parisiens de l’opérateur, que ce soit pour le téléphone ou pour la télévision.Derrière le ton comminatoire, un différend entre la Ville de Paris et Numericable-SFR sur l’appréciation des sommes à acquitter par l’opérateur au titre des loyers pour l’occupation de locaux utilisés afin de déployer son réseau parisien. L’affaire remonte à 2009 et au refus de Numericable de signer, au contraire des autres opérateurs présents à Paris, une convention qui revoyait à la hausse les tarifs de ces redevances. Selon les chiffres communiqués par la Ville de Paris, les loyers acquittés par Numericable auraient dû augmenter en moyenne de 62 772 euros par an, ce qui n’a pas été le cas.Un occupant sans droit ni titreLa Ville de Paris et Numericable étant liés par une convention signée en 2005, c’est celle-ci qui a été appliquée jusqu’à son échéance le 10 février dernier. Et le groupe occupe donc actuellement des lieux sans droit ni titre. Si Numericable-SFR refuse de signer la convention de 2009, c’est que le groupe est en désaccord avec le mode de calcul proposé par la ville. « Nous souhaitons payer le juste prix, c’est-à-dire pour la surface que nous utilisons réellement », explique Jérôme Yomtov. Le secrétaire général de Numericable-SFR rappelle également que son groupe a investi « massivement à Paris et va continuer à le faire, dans la fibre comme dans la 4G ».Au lieu des 871,99 euros par mètre carré pour 2014 pour la surface totale des locaux mis à disposition définis dans la convention, le groupe souhaiterait bénéficier d’un tarif préférentiel et d’une assiette de calcul différente, explique la Ville de Paris. Un traitement que les services de la capitale ne semblent pas prêt à consentir, au nom du principe d’équité imposé réglementairement à la Ville envers tous les opérateurs. La collectivité ne peut accéder à cette demande sans également faire bénéficier de ce tarif les dix-sept autres opérateurs télécoms et risquer, ainsi, de voir les contentieux se multiplier et de devoir restituer des montants déjà perçus, explique-t-on dans l’entourage d’Anne Hidalgo.A ce premier différend s’en ajoute un autre relatif à des impayés constatés par la Ville de Paris et portant sur une période courant de 2008 à 2013. L’addition se monterait, selon la municipalité, à 8,37 millions d’euros et elle concernerait aussi bien Numericable que Completel, la filiale services aux professionnels de l’opérateur.InterconnexionsSelon des estimations de la Ville de Paris, la dépose des installations de Numericable pourrait affecter plusieurs millions de foyers. Ainsi pour le téléphone, l’ensemble des réseaux télécoms nationaux des opérateurs s’interconnectant à Paris, c’est la totalité des abonnés de Numericable qui pourraient être concernés, soit 1,7 million de clients, souligne la Ville de Paris. Laquelle fait également valoir que Bouygues Telecom louant le réseau de Numericable, ses clients – 380 000 abonnés – pourraient également être touchés. Pour la télévision, ce sont les Parisiens vivant dans les immeubles collectifs qui seraient principalement affectés car la télévision y arrive majoritairement par le réseau câblé, lequel est historiquement celui de Numericable.Dans le cas où Numericable continuerait à refuser de régulariser sa situation – en acquittant les impayés et en ratifiant la convention de 2009 –, ce conflit pourrait se traduire pour des millions de Français par un écran noir et des téléphones muets. La Ville de Paris se déclare en effet prête à procéder elle-même au retrait des installations à partir du 11 août prochain. Une menace tout de même bien difficile à mettre en œuvre, tant elle serait impopulaire.Anne EvenoJournaliste au Monde Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale) L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntakton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1 h 20 du matin, le visage du premier ministre, Alexis Tsipras, apparut à la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la “une” du journal de samedi. » L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont payés... Alexandre Piquard Il reste plusieurs obstacles à passer pour obtenir la validation de la vente controversée de Numéro 23 : le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit donner son agrément à la cession de la chaîne de Pascal Houzelot pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, se penche de près sur ce dossier. Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT.Le CSA a notamment saisi son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors d’Union européenne qui détient plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée.Le CSA se demande si UTH ne possède pas en réalité plus de 20 % des droits de vote dans Numéro 23. En effet, un pacte d’actionnaires a été noué début 2014, qui prévoit, notamment, que l’investisseur russe soit consulté pour les décisions importantes. Celui-ci possède un siège sur quatre au conseil de surveillance.Revente dès que possibleUne source proche de la chaîne assure qu’UTH ne possède aucun droit de blocage anormal et aucun droit au-delà de 20 %. Le pacte d’actionnaires n’est qu’une façon habituelle pour les minoritaires de protéger leurs droits et d’éviter que le majoritaire sorte de son business plan ou change d’activité, affirme-t-on. M. Houzelot – membre du conseil de surveillance du Monde – possède 70 % des droits de vote de Numéro 23. Et 15 % du capital est possédé par des entrepreneurs privés français, dont Bernard Arnault et Xavier Niel (actionnaire du Monde).Le Canard enchaîné pointe, mercredi 1er juillet, la présence d’un autre partenaire étranger : Qipco, un fonds d’investissement qatari, qui a prêté 5 millions d’euros. Mais une source proche de la chaîne affirme que ces obligations ne sont pas « convertibles » en actions.L’hebdomadaire assure que le pacte d’actionnaires prévoit la revente de la chaîne dès que possible, à partir de janvier 2015. Pour la direction de la chaîne, il ne s’agit là que d’une « clause de liquidité » donnant le droit à l’actionnaire russe de céder ses titres, sur lesquels M. Houzelot gardait un droit de préemption.Le rapporteur indépendant du CSA doit rendre un avis aux membres du collège, qui décideront. Ceux-ci se fonderont aussi sur l’étude d’impact économique en cours d’élaboration. Et devront évaluer l’importance d’un dernier point : si la chaîne a respecté ses obligations en matière de diversité, elle a été mise en demeure, le 26 juin, pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) L’extraordinaire saga familiale du clan Murdoch entre dans son dernier chapitre. Le 1er juillet, le vieux patriarche Rupert Murdoch, 84 ans, a vu son rêve se réaliser : ses deux fils adultes ont pris leurs nouvelles fonctions au plus haut niveau, prêts à lui succéder à la tête de son empire médiatique mondial. Non pas qu’il ait l’intention de passer la main. Le magnat de la presse et de la télévision demeure très actif et conserve le poste de vice-président exécutif.Mais la succession est désormais en ordre, ou presque. James Murdoch, le fils cadet de son second mariage, en sort le grand vainqueur. A 42 ans, l’abrasif et impatient rejeton devient le directeur général de 21st Century Fox, la société qui détient les activités dans la télévision et le cinéma (les chaînes Fox News et National Geographic, les studios de cinéma 20th Century Fox, une large participation dans le bouquet satellite Sky). Mais comme le pater familias aime à entretenir le flou et les rivalités, il a aussi donné un rôle clé à Lachlan, aîné de James de quinze mois. Celui-ci devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs.Lachlan devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs. Il conserve aussi son rôle de vice-président dans l’autre entreprise du groupe, News Corp, qui réunit les journaux – Wall Street Journal, The Times, The Sun, Harper Collins… –, et qui n’intéresse pas James.Mais il ne faut pas s’y méprendre. Derrière les déclarations publiques d’unité, James est en train de prendre le pouvoir. Il est basé à New York, au siège de 21st Century Fox, tandis que Lachlan est à Los Angeles, où se trouvent seulement les studios de cinéma.La gestion au quotidien sera du ressort du premier. Mais avec son père dans le bureau d’à côté et son frère au conseil d’administration, il n’aura pas une liberté de travail complète, loin de là.Lire aussi :Rupert Murdoch s’apprête à lâcher les rênes de la 21st Century Fox« Tous investis dans le succès des uns et des autres »« Les familles aristocrates britanniques ont un slogan : il faut avoir a heir and a spare[un héritier et un de rechange]. C’est ce que fait Rupert Murdoch », dit Claire Enders, directrice d’Enders Analysis, influente observatrice britannique des médias, qui a côtoyé le clan Murdoch. James confirmait à sa manière, le 25 juin, lors d’un passage à une conférence à Cannes : « Nous sommes tous investis dans le succès des uns et des autres. »Pour lui, le rebond est spectaculaire. En février 2012, sa réputation était détruite par le scandale des écoutes au tabloïd britannique News of the World. Devenu persona non grataparmi l’élite du Royaume-Uni, James quittait Londres pour se réfugier à New York, au siège du groupe. Le jeune loup, arrivé à Londres une décennie plus tôt, était à terre.Il est tombé à cause des journaux, mais il ne jure que par les nouvelles technologies et la télévision. Après des études arrêtées en cours de route à Harvard, et des débuts faussement rebelles à monter un label de musique de rap – vite racheté par son père –, il a fait sa carrière dans la télévision. Il débute à 27 ans à Star Television, l’antenne asiatique du groupe. A 30 ans, en 2003, il prend la tête de Sky, malgré l’opposition des actionnaires qui s’agacent de voir ce bambin diriger le premier groupe de diffusion par satellite d’Europe.« Vu comme un type sympa »Mais il impressionne. « Il a été visionnaire, avec quinze ans d’avance sur des groupes comme Canal + », dit Mme Enders. Comprenant que télévision, téléphonie et Internet vont converger, il investit dans les télécommunications pour diversifier Sky , qui devient une vache à lait pour le groupe. Couronné de ce succès, il prend, en 2007, la direction de toutes les affaires de l’empire familial hors des Etats-Unis, y compris les journaux britanniques.Lachlan, lui, a claqué la porte du groupe. Pressuré par son père, fragile, il est parti faire des affaires en Australie, et élever ses enfants en bas âge. « Il a tout fait pour avoir une vie normale, témoigne Justin Jameson, directeur de Venture Consulting, une société spécialisée dans les médias en Australie. Lui et Sarah [sa femme] étaient comme les autres parents à l’école, aidant à la cantine… Il est vu comme un type sympa. » Pendant que son frère mène cette vie familiale, James apparaît comme l’hériter évident.Ce dernier commence à agacer. Sec et brutal, il joue au baron des médias, faisant régner la terreur, tirant les ficelles de la société. Il reçoit dans son bureau debout derrière un pupitre, pour abréger les réunions. Ecouter n’est pas son fort. Eduqué aux Etats-Unis, il a horreur de la petite élite britannique. Il veut des résultats, et vite.« Il a grandi dans un monde où son père pouvait décrocher le téléphone pour appeler n’importe quel premier ministre », dit Mme Enders. Il adopte la même attitude dominante, multiplie les attaques contre ses rivaux et en particulier la détestée BBC, noue des alliances avec les leaders politiques, de Tony Blair à David Cameron.Un appétit féroceJusqu’à ce que cette envolée irrésistible soit stoppée net par le scandale de News of the World : un système d’écoutes téléphoniques à grande échelle, réalisé par les journalistes du tabloïd. La défense de James : il y a bien eu des écoutes et son groupe a bien tenté d’étouffer le scandale, mais il n’était pas au courant. Un comité parlementaire britannique conclut qu’il a fait preuve « d’aveuglement volontaire ».Parti à New York, il laisse passer la tempête. L’occasion de tourner la page se présente en juillet 2014, quand, à la surprise générale, Rebekah Brooks gagne son procès. Accusée d’avoir commandité les écoutes, l’ex-rédactrice en chef de News of the World, qui était la vraie patronne des journaux britanniques du groupe, est blanchie. La défense de James, qui consiste à plaider l’ignorance, devient plus solide. Dans la foulée, la justice américaine abandonne l’idée de poursuivre le groupe en justice pour corruption à l’étranger. Enfin, la victoire des conservateurs aux élections législatives britanniques de mai assure à la famille Murdoch la présence d’alliés au pouvoir à Londres.Dès lors, la voie est libre pour le retour officiel de l’enfant prodigue. Pendant l’été 2014, il conduit l’offre de rachat de Time Warner, qui aurait abouti à la création d’un géant du câble aux Etats-Unis. L’échec a été rapide et cuisant, mais il donne une idée de l’appétit féroce du fils cadet.James ne pourra cependant pas faire ce qu’il veut. « Il est généralement considéré que Rupert Murdoch va continuer à diriger tant qu’il est dans les parages », notent les analystes de Zacks Equity Research. A 84 ans, le vieux lion reste fringant et n’a pas dit son dernier mot.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.06.2015 à 18h14 • Mis à jour le01.07.2015 à 09h07 Jérôme Fenoglio sera le nouveau directeur du Monde. Son nom a été finalement retenu par les journalistes des rédactions du journal et du site, consultés, mardi 30 juin, lors d’un vote organisé par la Société des rédacteurs du Monde (SRM), conformément aux statuts de désignation d’un directeur du journal dans l’entreprise.Selon ces statuts, pour être élu directeur et nommé au directoire de la Société éditrice du Monde (SEM), le candidat proposé par les actionnaires de la holding Le Monde libre (Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse, qui détiennent la majorité des capitaux de la SEM) doit atteindre une majorité de 60 % de votes positifs de la part des membres de la société des rédacteurs.Mardi 30 juin, les journalistes membres de la SRM se sont prononcés à plus de 60 % en faveur de Jérôme Fenoglio. Ce dernier sera donc nommé directeur du Monde pour un mandat de six ans, lors d’un conseil de surveillance extraordinaire qui devrait se tenir jeudi 2 juillet.Jérôme Fenoglio, 49 ans, occupait ces derniers mois le poste de directeur des rédactions, après être passé, depuis son entrée au Monde en 1991, par de nombreux services (rédacteur en chef du Monde.fr, grand reporter, rédacteur en chef du Monde 2, reporter au service Sciences, chef du service Société, chargé de la rubrique Exclusion, reporter au service Sports).Un premier vote sur le nom de Jérôme Fenoglio avait eu lieu le 13 mai : il n’avait recueilli que 55 % de votes positifs. S’en était suivi la démission du directeur par intérim du journal, Gilles Van Kote. Les actionnaires de la holding Le Monde libre avaient ensuite annoncé, le 15 juin, qu’ils souhaitaient qu’un nouveau vote ait lieu sur le nom de Jérôme Fenoglio.Ce processus était intervenu dans le cadre du renouvellement du directeur du Monde, initié un an auparavant après la démission de l’ancienne directrice, Natalie Nougayrède. Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse avaient alors confié à Gilles Van Kote le soin d’assurer l’intérim, ce qu’il a fait pendant près d’un an. Alexis Delcambre L’idéal olympique formulé par le baron Pierre de Coubertin en 1908 ne s’applique pas au marché des droits sportifs. Dans cette discipline, l’important, c’est de gagner, plus que de participer. David Zaslav, le PDG de Discovery Communications, l’a bien compris. La maison mère d’Eurosport vient de mettre 1,3 milliard d’euros sur la table pour acquérir les droits de diffusion européens des quatre prochains Jeux olympiques (JO) (soit sur la période 2018-2024), et sur tous les supports.L’irruption d’Eurosport sur ce marché vient rompre de vieux équilibres. Jusqu’ici, le Comité international olympique (CIO), détenteur des droits, s’accordait avec l’ Union européenne de radio-télévision (UER, un consortium de diffuseurs européens parmi lesquels la BBC, France Télévisions ou l’allemand ARD) ou directement avec ces chaînes. Cette fois, ces dernières ont été doublées par un concurrent américain, un géant de la télévision payante, qui réalise près de 6 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros) de chiffre d’affaires par an et consacre 2 milliards d’euros annuels aux achats de droits et de programmes.Ces chiffres permettent de mesurer la puissance nouvelle d’Eurosport, une ancienne possession de TF1 dont Discovery est devenu l’actionnaire majoritaire en 2014. Outre la force de frappe financière, la chaîne a joué de deux autres atouts : sa présence dans plus de cinquante pays européens, et son développement numérique – avec Eurosport.com et son service Eurosport Player.Mutation à grande vitesseSeules exceptions à cet accord : la Russie, et les droits de diffusion en France et au Royaume-Uni (pour 2018 et 2020), déjà attribués à France Télévisions et à la BBC. « Nous sous-traiterons une partie des droits », a rassuré M. Zaslav lors d’une conférence de presse, lundi 29 juin. Le CIO impose que 200 heures de programmes, pour les Jeux d’été, et 100 heures, pour ceux d’hiver, soient remis sur le marché à l’intention de chaînes gratuites. « Mais encore faut-il s’accorder sur le prix », pointe Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions.Première leçon de cet accord : Discovery n’est pas venu sur le marché européen pour faire de la figuration. Si Eurosport touche déjà 220 millions d’Européens, le potentiel estimé pour les JO est de 700 millions. Le Vieux Continent est le « marché émergent » que veut occuper le groupe américain, comme l’a encore répété M. Zaslav en mai, lors d’un passage à Roland-Garros.Seconde leçon : le marché des droits sportifs mute à grande vitesse. Pour la première fois de son histoire, le CIO a cédé les droits d’un continent en bloc, et non pays par pays. Comme pour certains films ou séries, la mondialisation est en marche, et elle écarte de la compétition les acteurs de taille nationale, au bénéfice des réseaux internationaux comme Eurosport ou BeIN Sports. En février, la chaîne qatari avait ainsi acquis les droits de la Coupe Davis de tennis pour le monde entier. C’est aussi cette compétition que TF1 n’a pas voulu jouer, en sortant d’Eurosport. Participer ne sert à rien, il faut gagner.Lire aussi :JO 2020 : le stade olympique de Tokyo va coûter 1,8 milliard d’eurosAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Fin de polémique en Israël pour Orange. L’opérateur télécoms français a annoncé dans un communiqué, mardi 30 juin, être parvenu à un accord avec l’entreprise israélienne Partner afin de redéfinir un « cadre à leur relation ». Derrière cette expression pudique, c’est la fin programmée du partenariat entre les deux entreprises qui s’esquisse, quelques semaines après une polémique, qui a vu Orange se retrouver au cœur d’une tempête médiatico-diplomatique.Selon le communiqué, le nouveau contrat qui lie les deux groupes « accorde à Partner et à Orange le droit de résilier l’accord de licence de marque Orange actuellement en vigueur. Si Partner n’exerce pas son droit de résiliation dans un délai de 12 mois, Partner ou Orange pourront alors résilier l’accord de licence de marque au cours des 12 mois suivants ».Orange versera 40 millions d’euros à Partner à la signature du contrat et un paiement additionnel de 50 millions d’euros devra être acquitté, si l’accord de licence de marque est résilié dans un délai de 24 mois.Violence des réactionsAu début du mois de juin, en déplacement au Caire, Stéphane Richard, le PDG d’Orange avait déclaré que, s’il le pouvait, il déciderait dès « demain » le retrait d’Orange d’Israël. Ces propos avaient été interprétés comme une volonté de quitter le pays et semblaient faire écho aux appels au boycottage lancés contre l’Etat hébreu.Devant la levée de boucliers suscitée, le patron de l’opérateur de téléphonie français avait tenu à rappeler que son groupe n’était pas lui-même directement présent en Israël. Le seul enjeu, soulignait M. Richard, était celui du retrait de l’usage de la marque Orange par la société Partner.Orange dispose en effet en Israël d’un accord de licence avec cet opérateur, qui utilise dans ce cadre la marque en échange d’une redevance. Cet accord date toutefois de 1998, c’est-à-dire lorsque cette marque était encore la propriété du groupe chinois Hutchison, deux ans avant son rachat par France Télécom.Face à la violence des réactions en Israël, M. Richard avait été contraint de se rendre en Israël afin de s’expliquer en tête à tête avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.Lire aussi :Polémique avec Israël : le PDG d’Orange s’explique, Nétanyahou s’enflamme« Nouveau cadre de partenariat » L’accord annoncé mardi permet donc à Orange de récupérer l’usage de sa marque dans les deux ans alors que l’actuel contrat prévoyait que son partenaire israélien en bénéficie jusqu’en 2025.« Orange se réjouit de ce nouveau cadre de partenariat », commente Pierre Louette, directeur général adjoint d’Orange, selon qui « Israël est un pays important, stratégiquement parlant. Nous avons établi avec ce pays une relation durable, par le biais notamment des activités innovantes conduites par les filiales Orange présentes sur place. »L’Etat hébreu est le seul pays dans lequel Orange est présent sans exploiter lui-même sa marque. Ainsi, contrairement aux autres pays, l’incubateur d’Orange pour les start-up en Israël (Fab Israel) n’affiche pas le nom du groupe.Dans le cas où l’accord avec Partner serait résilié, l’ensemble des activités de recherche et développement (R&D) et d’innovation de l’opérateur français en Israël passeraient sous la marque Orange.Anne EvenoJournaliste au Monde Daniel Psenny « Deug » est mort. Alain de Greef, directeur des programmes emblématique de Canal+ de 1986 à 2000, s’est éteint lundi 29 juin en fin d’après-midi dans sa maison de Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse). Il avait 68 ans. Depuis deux ans, il luttait contre un cancer des poumons et un cancer de la mâchoire, qui l’avaient obligé à suspendre ses activités professionnelles, mais qui ne l'empêchaient pas de s'indigner.Malgré la maladie, Alain de Greef était très actif sur Facebook, où il postait régulièrement ses colères et ses commentaires contre la télévision, dont il aura été un des plus grands dynamiteurs. « Il avait conservé une capacité d’indignation très rare pour une personnalité audiovisuelle de ce niveau », souligne Bernard Zékri, ancien du magazine Actuel, qu’Alain de Greef fit venir à Canal+ pour s’occuper du « Vrai Journal », de Karl Zéro, puis de la rédaction d’I-Télé, lancée par de Greef en 1999.« Nulle Part ailleurs », « Les Guignols de l’info »…Dans un entretien au Monde publié en novembre 2014, à l’occasion des trente ans de Canal+, Alain de Greef avait eu des commentaires très durs contre les dirigeants de son ancienne chaîne. Avec ses mots bien pesés, il y dénonçait « les experts en marketing » et pointait férocement « les dérives » de Canal, s’indignant, par exemple, de voir Nadine Morano ou Eric Zemmour sur le plateau du « Grand Journal », l’ancêtre de « Nulle Part ailleurs », un de ses bébés favoris. « C’est comme voir un odieux graffiti sur une toile de Vermeer ! », s’était-il énervé.Ancien élève de l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec, aujourd’hui devenu la Fémis), Alain de Greef a commencé sa carrière dans l’audiovisuel en 1971 comme chef monteur à l’ORTF, avant d’émigrer sur Antenne 2, tout juste créée, en 1974. C’est là qu’il rencontre Pierre Lescure, avec qui, en avril 1982, il concocte le magazine de pop culture « Les Enfants du rock », devenue une émission de référence. Lescure et de Greef, tous deux biberonnés à la culture américaine des années 1950, y font travailler de jeunes journalistes experts en musique rock et underground. Parmi eux, Bernard Lenoir, Philippe Manœuvre, Jean-Pierre Dionnet ou Antoine de Caunes, qui font découvrir Madonna, The Cure ou Indochine aux jeunes téléspectateurs coincés, à l’époque, entre seulement trois chaînes de télévision. Tout un petit monde que le tandem Lescure-de Greef embarque dans l’aventure Canal+, qui démarre le 4 novembre 1984, sous la présidence d’André Rousselet, l’ex-directeur de cabinet de François Mitterrand.De Greef y travaille d’abord comme directeur de production. Après avoir manqué de couler faute d’abonnés, la chaîne cryptée prend véritablement son essor en 1986, année où Alain de Greef est nommé par Lescure à la direction des programmes. En toute liberté, il peut enfin donner libre cours à sa conception de la télévision, où les émissions ne sont pas formatées et soumises à la sanction de l’audience. Il est ainsi à l’origine des programmes qui ont fait la notoriété de la chaîne : « Nulle Part ailleurs », « Les Guignols de l’info », « Groland », « Les Deschiens », et c’est lui qui, en lorgnant de près dans le laboratoire de Radio Nova, repère Jamel Debbouze et lance, entre autres, Jules-Edouard Moustic, Benoît Delépine ou Benoît Poelvoorde.« Il vomissait les tièdes »Car, par-dessous tout, Alain de Greef aimait déranger. « Il vomissait les tièdes », rappelle le journaliste Paul Moreira, qui, avec l’appui de de Greef, lança le magazine « Spécial Investigation ». Adepte de l’écrivain Guy Debord, dont il diffusa un documentaire sur Canal en première partie de soirée (!), Alain de Greef avait compris depuis longtemps que la société avait besoin de sa part de chaos et qu’il était nécessaire de bousculer ses règles à travers la télévision. Une posture qui lui valut plusieurs rappels à l’ordre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), que « Les Guignols de l’Info » ont immortalisé dans un sketch devenu célèbre où la marionnette d’Alain de Greef tente d’expliquer aux « sages »  sa démarche éditoriale, avec son phrasé tout personnel, composé de « Çaaa vaaa ! », « Çaaa vaaa paas ! ».Viré en 2001 de Canal+ après les changements d’actionnaires, Alain de Greef n’avait pas abandonné son envie de télévision. Il étudiait toujours de près des projets de chaîne sur le Net, notamment avec Jamel Debbouze et Alain Chabat, l’un des Nuls qui contribua fortement au succès de Canal. Il consacrait également beaucoup de son temps à écouter du jazz et, en fin connaisseur d’art, il fréquentait beaucoup les musées. « Je suis un paisible retraité provincial », avait-il expliqué au Monde, l’œil vif et toujours rieur.Lire l'interview datant de 2014 :Alain De Greef : « Il reste beaucoup d’espace à la télévision pour des projets culturels originaux. Encore faut-il le vouloir »Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Piquard La scène était inédite : Vincent Bolloré n’était jamais venu à l’une des réunions des hauts cadres du groupe Canal+, comme il l’a fait lundi 6 juillet au soir. Et la circonstance était particulière : un dirigeant historique, le numéro deux, Rodolphe Belmer, avait été remercié trois jours auparavant par le nouveau président du conseil de surveillance de Vivendi.La centaine de cadres de Canal+ n’ont pas été déçus : selon nos informations, Vincent Bolloré n’a pas hésité à évoquer frontalement la direction de la chaîne et son PDG, Bertrand Meheut, présent en bonne place. Le patron de Vivendi a d’abord rendu un hommage à cet « ami » – breton comme lui – qui est arrivé quand Canal+ perdait 600 millions d’euros, alors que le groupe gagne 500 millions aujourd’hui. Mais il a aussi prévenu : M. Meheut ne pourra rester éternellement à la tête de Canal+, a dit en substance M. Bolloré, rappelant l’âge du dirigeant, 63 ans.Une gouvernance remaniéeDans la foulée, M. Bolloré a annoncé que la gouvernance de Canal+ serait remaniée en septembre, avec un directoire élargi. Beaucoup dans l’assistance y ont vu une porte ouverte au possible départ rapide de M. Meheut, pourtant conforté vendredi.Quant au déchu Rodolphe Belmer, M. Bolloré a raconté avoir observé Canal+ et sa direction, puis demandé des évolutions, avant de « trancher ». Mais l’industriel est allé plus loin en évoquant le conflit entre M. Meheut et M. Belmer, dont le duo était abîmé depuis que le premier avait promis sa succession au second, avant de se raviser. La discorde générait un dysfonctionnement auquel il fallait mettre fin, a argué M. Bolloré. Qui a raconté aux cadres présents que M. Meheut lui avait demandé la tête de son ancien numéro deux.Dans la salle, au siège d’un Canal+ habitué à une communication pesée, un langage aussi « cash » a suscité des vertiges. Mais aussi des applaudissements. M. Bolloré avait ce soir-là un message clair : vous étiez un bastion, mais je suis désormais le taulier et nous allons travailler ensemble. A bon entendeur…Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) NME joue son va-tout : le mythique magazine britannique de musique, que se sont arraché des générations de jeunes branchés, va devenir gratuit. A partir de septembre, New Musical Express sera distribué dans les gares, les universités et des « partenaires de vente » dont la liste n’est pas précisée.Pour l’hebdomadaire, il s’agit d’une dernière tentative de retrouver sa gloire d’antan. Il sera distribué gratuitement à 300 000 exemplaires, ce qui était son niveau dans les années 1970. Actuellement, seulement 15 000 copies sont vendues chaque semaine, à 3,50 euros pièce.En multipliant par vingt sa diffusion, NME espère récupérer de la publicité et trouver un nouveau modèle économique. Il va aussi élargir son champ d’activité, pour couvrir l’ensemble de l’actualité culturelle et ne plus se limiter à la musique. « Des 63 ans de notre existence, c’est notre évolution la plus osée », explique Mike Williams, le rédacteur en chef.DéfricheurCréé en 1952 par Maurice Kinn, avec de l’argent de sa belle-mère, NME a toujours occupé une place à part dans le très actif paysage musical britannique. A son pic, dans les années 1970 et 1980, le magazine était l’incontournable bible de l’Underground. Il avait commencé dès les années 1950, avec la découverte du rock’n’roll alors qu’Elvis choquait encore.Toujours défricheur, il a longtemps évité de mettre en avant les stars du moment, préférant donner leur chance de jeunes groupes intéressants. Le déclin a commencé dès le début des années 1990, avec l’arrivée d’une série de mensuels comme Q, qui consacraient des articles à des groupes plus connus, qui attiraient finalement plus de lecteurs.Mais l’arrivée d’internet a accéléré le mouvement, en touchant doublement le magazine. D’une part, l’industrie de la musique s’est effondrée, avec le téléchargement illégal et depuis peu du « streaming ». D’autre part, le recensement des concerts est désormais réalisé en ligne. NME est progressivement devenu un magazine de niche, ultra-spécialisé.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.07.2015 à 15h31 • Mis à jour le06.07.2015 à 10h11 | Alexandre Piquard et Alexis Delcambre La tempête médiatique autour des « Guignols » masquait une bataille au sommet de Canal+, qui s’est soldée, vendredi 3 juillet, par le départ de son numéro deux, Rodolphe Belmer. Sa disgrâce a été prononcée par un communiqué de Vivendi, propriétaire du groupe, qui a nommé son adjoint, Maxime Saada, au poste de directeur général. Selon nos informations, le dernier rendez-vous entre Rodolphe Belmer et la direction de Vivendi s’est tenue mercredi pendant plus d’une heure. C’est à l’issue de cet entretien que Vincent Bolloré a pris sa décision.C’est un signe fort de reprise en main de la chaîne par le groupe de M. Bolloré, qui s’est néanmoins voulu rassurant sur l’avenir des célèbres marionnettes en latex. Le président du conseil de surveillance de Vivendi a expliqué, lors d’un comité d’entreprise, que leur survie était assurée. « Les Guignols font partie du patrimoine de Canal+ qui a été, je le rappelle, créé par Havas [dont l’homme d’affaires breton est également le premier actionnaire] il y a trente ans » et « il est hors de question de se priver de cet atout qui est la propriété du groupe », a-t-il ensuite précisé à l’Agence France-Presse. Tout en indiquant que « les dirigeants de Canal+ et de Vivendi devraient décider sous quel format et à quel moment ils devraient être distribués ».Pour Vivendi, la polémique des derniers jours était déplacée : la volonté de M. Bolloré n’était pas de supprimer « Les Guignols de l’info » pour des raisons politiques, mais plutôt d’envoyer un message fort à Canal+. L’industriel... La Matinale « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+ ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective n’est pourtant pas exclue. Hier, les internautes, attachés au journal télévisé parodique de « PPD » ont lancé une pétition en ligne intitulée « Non à la suppression des “Guignols de l’info” », qui a déjà réuni plus de 27 000 signataires depuis mercredi 1er juillet.Déprogrammation ou passage à un rythme hebdomadaire ? La rumeur inquiète également les politiques, qui se sont mobilisés pour sauver l’émission diffusée chaque jour depuis 1987. En visite officielle en Angola, François Hollande s’est exprimé sur le sujet vendredi 3 juillet :« Le temps où le président de la République disait ce qu’il y avait dans les programmes est révolu, mais la dérision, la caricature, ça fait partie du patrimoine. »L’ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault a tweeté : « Si même au pays de Rabelais et de Molière on ne protège plus le rire… » Benoît Hamon, philosophe, écrit : « Si les “Guignols” étaient supprimés la question serait : “Qui est la marionnette de qui ?” » De son côté, Cécile Duflot attaque directement Vincent Bolloré, le président de Vivendi, qui détient la chaîne : « C’est qui le bol… os qui veut arrêter “Les Guignols” ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant… »Mélenchon a également visé Bolloré dans un tweet, en le décrivant opportunément comme « l’ami de Hollande ». L’ancien premier ministre Alain Juppé a également pris la défense de l’émission satirique, allant jusqu’à changer l’avatar de son profil Twitter au profit d’une photo de sa marionnette : « J’aime me voir dans@LesGuignols. Nous avons besoin d’eux. #LesGuignols. »J'aime me voir dans @LesGuignols. Nous avons besoin d'eux. #LesGuignols— alainjuppe (@Alain Juppé)require(["twitter/widgets"]);Par l’intermédiaire de Patrick Bloche, le Parti socialiste (PS) a publié un communiqué dans lequel il « tient à souligner combien, depuis vingt-sept ans, “Les Guignols” contribuent activement au rôle fédérateur que doit jouer tout grand média audiovisuel, particulièrement quand la société est soumise à de multiples tensions ».Des politiques peu rancuniers envers une émission qui les moque chaque soir. Seul Gilbert Collard du Front national s’est réjoui de la nouvelle : « Le départ des “Guignols”, ces fonctionnaires du rire, perturbe l’addiction à la malfaisance des guignolards : ils mordent ! »Vive inquiétude chez Canal+Une vive inquiétude est montée au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier, mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. L’ancien président de Canal+, Pierre Lescure, a pour sa part démissionné du conseil d’administration d’Havas, propriété de Vincent Bolloré, « pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire ».Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe des « Guignols » assure que « Vincent Bolloré veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait. Cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience ».Dans les couloirs de la chaîne, le soupçon d’un oukase politique persiste, avec l’ombre d’une intervention de Nicolas Sarkozy demandant la mise au pas des « Guignols » comme un service à M. Bolloré.Interrogé par Le Monde, le porte-parole des Républicains, Sébastien Huyghe, a démenti une supposée intervention de l’ex-président visant à interrompre « Les Guignols de l’info » : « Je dénonce la volonté de mettre en cause Nicolas Sarkozy dans cette affaire », a affirmé le député du Nord, dénonçant « une manipulation ». Pour lui, « on essaie de politiser cette histoire pour essayer de tordre le bras à ceux qui sont amenés à prendre la décision d’interrompre ou non l’émission ». « La reconduction ou non des “Guignols” relève d’un strict choix industriel » et non politique, souligne-t-il. Et de conclure, en ironisant : « Si Nicolas Sarkozy avait une quelconque influence sur la politique éditoriale de Canal+, cela se saurait… »A l’instar de Jean-Marie Le Guen (PS), secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, d’autres politiques pensent que la décision de Bolloré relève d’un choix industriel. « Le problème est de savoir si la grille des programmes de Canal+ satisfait en termes d’audience. Ce n’est pas un problème politique », a-t-il assuré. Au sein de la chaîne, on se refuse à croire qu’il s’agit simplement de donner un nouvel élan au « Grand Journal ». Avec des pointes à 2 millions de téléspectateurs, « Les Guignols de l’info » totalisent 30 % de l’audience de la tranche.Une donnée qui n’a d’ailleurs pas dû échapper à la nouvelle directrice de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a offert l’asile politique aux plus célèbres marionnettes du PAF.Si......Les #GuignolsDeLinfo seront les bienvenus sur @Francetele— DelphineErnotte (@Delphine Ernotte)require(["twitter/widgets"]);La MatinaleJournaliste au Monde 02.07.2015 à 17h13 • Mis à jour le03.07.2015 à 08h17 L’ancien président de Canal+ a démissionné du conseil d’administration de Havas en réaction à la volonté prêtée à Vincent Bolloré, propriétaire de Havas, de mettre fin à l’émission « Les Guignols de l’info », selon L’Obs. « J’ai démissionné d’Havas en apprenant la nouvelle qu’il y avait une menace de suppression de l’émission, a précisé M. Lescure aux Échos. C’est aussi pour avoir, le cas échéant, la liberté de m’exprimer. J’espère que je n’aurai pas à le faire… » 02.07.2015 à 10h28 • Mis à jour le02.07.2015 à 14h26 | Alexandre Piquard, Daniel Psenny et Alexis Delcambre « Les Guignols de l’info » peuvent-ils disparaître de l’antenne de Canal+, sur laquelle ils apparaissent chaque jour depuis 1988 ? Si elle n’est pas confirmée, cette perspective ne semble pas exclue. Une vive inquiétude est en tout cas montée, depuis quelques jours, au sein de l’équipe qui anime l’émission satirique : « Beaucoup ne pouvaient y croire hier mais@LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols », a ainsi tweeté, jeudi 2 juillet, l’un des auteurs, Benjamin Morgaine. Le mot-clé de la mobilisation a rapidement été repris des milliers de fois sur le réseau social et une pétition en ligne lancée.Beaucoup ne pouvait y croire hier mais @LesGuignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous ! #Touchepasauxguignols— benjmorgaine (@Benjamin Morgaine)require(["twitter/widgets"]);Contacté par Le Monde, un membre de l’équipe assure : « Vincent Bolloré [le président du conseil de surveillance de Vivendi, propriétaire de Canal+] veut se débarrasser de nous. Mais ce n’est pas encore fait, cela va se décider dans les jours à venir. La direction de la chaîne est opposée à cette décision incompréhensible en termes de communication, de ligne éditoriale et même d’audience. » « Aucun commentaire sur des rumeurs »Plusieurs articles de presse, de Puremédias, puis de Metronews et des Inrocks, ont relayé cette version. Mais l’ancien des « Guignols » Bruno Gaccio nuance sur Twitter : « Rien n’a été annoncé aux “Guignols” encore. Donc, c’est une envie, pas un fait. » Un membre de l’équipe évoque l’hypothèse d’un passage de l’émission en hebdomadaire, le dimanche, « mais cela équivaudrait à nous tuer à petit feu », juge-t-il.Contacté, Vivendi ne confirme ni ne dément et « ne fait aucun commentaire sur des rumeurs ». Mais le groupe est entré dans une phase de réflexion sur la relance de Canal+, dont la dynamique n’est pas jugée satisfaisante, ce qui inclut de s’interroger sur l’avenir des « Guignols », entre autres. La direction de Canal+ ne s’exprime pas plus et évoque, elle aussi, des « rumeurs » autour du sort des marionnettes. Jeudi matin, le compte Twitter @CanalSat a démenti l’arrêt de l’émission, avant de se reprendre pour communiquer sur le thème « nous n’avons pas d’information ».Les fins de saison, périodes de renégociation des contrats des émissions, sont toujours des moments propices aux doutes. Et l’arrivée d’un nouvel homme fort dans le groupe, comme Vincent Bolloré à la tête de Vivendi, nourrit les spéculations.« Un peu trop de dérision » selon BolloréDans le cas des « Guignols », l’inquiétude procède aussi des déclarations qu’a faites M. Bolloré sur « l’esprit Canal+ » : « C’est un esprit de découverte, d’ouverture, d’initiative », a-t-il décrit sur France Inter le 12 février, avant de déplorer : « Parfois, un peu trop de dérision ». « Je préfère quand ils sont plus dans la découverte que dans la dérision. Parce que parfois, c’est un peu blessant ou désagréable, avait-il dit des “Guignols” eux-mêmes. Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » data-tym-playerid="tym-player-x2h0932" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2h0932" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"« Les Guignols » n’avaient pas manqué, le soir même, de produire en plateau la marionnette du « nouveau patron », interrogé par celle du présentateur « PPD » sur la notion de « dérision acceptable ».Lors de l’assemblée générale des actionnaires de Vivendi, le 17 avril, M. Bolloré avait été interrogé, par un petit actionnaire, sur la ligne éditoriale et politique des chaînes du groupe, qui critiquent son « ancien ami Nicolas Sarkozy » et « stigmatisent un quart des Français ». Il avait botté en touche en renvoyant la question à Bertrand Méheut, le patron de Canal+, qui avait rappelé que la chaîne critique tous les partis. « Tout le monde considère que Canal est souvent dans la caricature et souvent excessive, cela fait partie de notre ligne », avait-il assumé. Symbolique et politiqueLa personnalité de M. Bolloré, homme d’affaires volontariste, connu pour souvent décider seul, ami de M. Sarkozy auquel il avait prêté son yacht en 2007, renforce la mobilisation autour de l’émission, érigée en emblème. « S’ils suppriment “Les Guignols” la semaine de la mort d’Alain de Greef, c’est énorme comme symbole », s’inquiète une source au « Grand Journal », en référence à l’artisan de « l’esprit Canal », disparu lundi 29 juin. « Sur le fond, s’en prendre aux derniers qui font de la satire à la télévision, l’année des attentats contre Charlie Hebdo, ce serait assez étonnant, ajoute-t-il. Si c’est vrai, à côté de cela, l’époque Jean-Marie Messier, c’est de la rigolade. Le groupe enterrerait le dernier symbole du Canal historique. »Lire aussi :Mort d’Alain de Greef, un des pionniers de Canal+Lire aussi :Esprit Canal, es-tu (encore) là ? data-tym-playerid="tym-player-x2wacdr" data-tym-title="« Les Guignols » craignent de disparaître sous Bolloré" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/07/02/les-guignols-craignent-de-disparaitre-sous-bollore_4667376_3236.html" data-tym-categories="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-tags="actualite-medias,televisions-radio,entreprises,economie" data-tym-providerreference="x2wacdr" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Jeudi matin, plusieurs personnalités politiques ont décidé d’entrer dans le feuilleton : « Soutien aux #Guignols de l’Info contre la censure de #Bolloré, l’ami de #Hollande », a tweeté Jean-Luc Mélenchon. « Dans tous les cas, il faut sauver [Les Guignols], ce côté acide aère l’actualité », a réagi le socialiste Claude Bartolone sur France Info. « C’est qui le bol… os qui veut arrêter@LesGuignols ? Un actionnaire qui n’aime pas l’ironie… pas rassurant », a lancé l’écologiste Cécile Duflot.Soutien aux #Guignols de l'Info contre la censure de #Bolloré, l'ami de #Hollande. #TouchePasAuxGuignols cc @LesGuignols— JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon)require(["twitter/widgets"]);C'est qui le bol...os qui veut arrêter @LesGuignols ? Un actionnaire qui n'aime pas l'ironie... pas rassurant... #TouchePasAuxGuignols— CecileDuflot (@Cécile Duflot)require(["twitter/widgets"]);« Le Grand Journal » en chantierLes tensions autour des « Guignols » interviennent alors que « Le Grand journal », l’émission phare de la chaîne dont ils sont un des temps forts, fait l’objet d’intenses réflexions. Son maintien ne semble pas en cause mais les spéculations vont loin : une source interne s’inquiète de l’avenir de Renaud Le Van Kim, le réalisateur historique, dans le nouveau Canal+ de Bolloré. Mais sa société productrice, KM, a déjà resigné avec la chaîne pour la saison prochaine, tout comme Antoine de Caunes, qui présente l’émission.L’érosion de l’audience du « Grand journal » est une réalité depuis deux saisons, sur fond de vieillissement du concept et de concurrence accrue des chaînes de la TNT, notamment de l’émission de Cyril Hanouna sur D8 (également propriété de Canal+). Cette saison, l’émission est passée sous la barre des 900 000 téléspectateurs. Une baisse qui n’a pas touché les « Guignols », dont la courbe d’audience reste stable et qui pèsent environ 30 % de l’audience de la tranche.La semaine dernière, la chaîne a confirmé que les deux chroniqueurs politiques Natacha Polony et Jean-Michel Aphatie ne seraient pas présents sur le plateau la saison prochaine et que « Le Grand Journal » démarrerait plus tôt en absorbant « Le Before », l’émission qui le précède. Des noms de nouveaux arrivants possibles ont été évoqués, comme Laurence Ferrari et Maïtena Biraben, actuelle figure du « Supplément », une autre émission de Canal+. Selon nos informations, confirmant celles des Puremédias, cette dernière figure bien parmi les hypothèses de travail.Canal+ ne peut plus ignorer VivendiMais qui conduit ces réflexions ? La rumeur prête à Vincent Bolloré une activité intense en la matière. Certains affirment qu’il contacterait lui-même des membres d’équipes ou des présentateurs, ce que Le Monde n’a pu avérer. De son côté, le producteur du « Grand Journal », Renaud Le Van Kim, mène également une réflexion avec ses équipes.Celle-ci a lieu sur fond de concurrence avec « Le Petit Journal » de Yann Barthès, produit par Laurent Bon – par ailleurs producteur de Mme Biraben. La rivalité entre les deux sociétés de production est vive et on prête au duo Barthès-Bon l’ambition de devenir le centre de gravité de toute la tranche horaire. Mais leur demande d’obtenir sept minutes de plus la saison prochaine a été retoquée, selon nos informations.Une chose est sûre, Canal+ avait pris l’habitude de vivre sans se préoccuper beaucoup de Vivendi, avec une direction forte incarnée par le tandem Bertrand Méheut et Rodolphe Belmer. La rumeur du départ de ce dernier est récurrente. La semaine dernière, plusieurs médias se sont aussi fait l’écho d’un possible départ de M. Méheut. Autant de rumeurs démenties par la chaîne.Lire aussi :Vivendi : Rodolphe Belmer confortéAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexis DelcambreResponsable du pôle Techno-médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDaniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne Eveno Le torchon brûle entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et Numericable-SFR. Selon nos informations, la Ville de Paris a transmis en date du 26 juin un courrier à l’opérateur télécoms lui enjoignant de démonter ses installations dans la capitale et de remettre en état les locaux occupés par le groupe, et ce, d’ici le 10 août. Ce qui ne serait pas sans conséquences pour les abonnés parisiens de l’opérateur, que ce soit pour le téléphone ou pour la télévision.Derrière le ton comminatoire, un différend entre la Ville de Paris et Numericable-SFR sur l’appréciation des sommes à acquitter par l’opérateur au titre des loyers pour l’occupation de locaux utilisés afin de déployer son réseau parisien. L’affaire remonte à 2009 et au refus de Numericable de signer, au contraire des autres opérateurs présents à Paris, une convention qui revoyait à la hausse les tarifs de ces redevances. Selon les chiffres communiqués par la Ville de Paris, les loyers acquittés par Numericable auraient dû augmenter en moyenne de 62 772 euros par an, ce qui n’a pas été le cas.Un occupant sans droit ni titreLa Ville de Paris et Numericable étant liés par une convention signée en 2005, c’est celle-ci qui a été appliquée jusqu’à son échéance le 10 février dernier. Et le groupe occupe donc actuellement des lieux sans droit ni titre. Si Numericable-SFR refuse de signer la convention de 2009, c’est que le groupe est en désaccord avec le mode de calcul proposé par la ville. « Nous souhaitons payer le juste prix, c’est-à-dire pour la surface que nous utilisons réellement », explique Jérôme Yomtov. Le secrétaire général de Numericable-SFR rappelle également que son groupe a investi « massivement à Paris et va continuer à le faire, dans la fibre comme dans la 4G ».Au lieu des 871,99 euros par mètre carré pour 2014 pour la surface totale des locaux mis à disposition définis dans la convention, le groupe souhaiterait bénéficier d’un tarif préférentiel et d’une assiette de calcul différente, explique la Ville de Paris. Un traitement que les services de la capitale ne semblent pas prêt à consentir, au nom du principe d’équité imposé réglementairement à la Ville envers tous les opérateurs. La collectivité ne peut accéder à cette demande sans également faire bénéficier de ce tarif les dix-sept autres opérateurs télécoms et risquer, ainsi, de voir les contentieux se multiplier et de devoir restituer des montants déjà perçus, explique-t-on dans l’entourage d’Anne Hidalgo.A ce premier différend s’en ajoute un autre relatif à des impayés constatés par la Ville de Paris et portant sur une période courant de 2008 à 2013. L’addition se monterait, selon la municipalité, à 8,37 millions d’euros et elle concernerait aussi bien Numericable que Completel, la filiale services aux professionnels de l’opérateur.InterconnexionsSelon des estimations de la Ville de Paris, la dépose des installations de Numericable pourrait affecter plusieurs millions de foyers. Ainsi pour le téléphone, l’ensemble des réseaux télécoms nationaux des opérateurs s’interconnectant à Paris, c’est la totalité des abonnés de Numericable qui pourraient être concernés, soit 1,7 million de clients, souligne la Ville de Paris. Laquelle fait également valoir que Bouygues Telecom louant le réseau de Numericable, ses clients – 380 000 abonnés – pourraient également être touchés. Pour la télévision, ce sont les Parisiens vivant dans les immeubles collectifs qui seraient principalement affectés car la télévision y arrive majoritairement par le réseau câblé, lequel est historiquement celui de Numericable.Dans le cas où Numericable continuerait à refuser de régulariser sa situation – en acquittant les impayés et en ratifiant la convention de 2009 –, ce conflit pourrait se traduire pour des millions de Français par un écran noir et des téléphones muets. La Ville de Paris se déclare en effet prête à procéder elle-même au retrait des installations à partir du 11 août prochain. Une menace tout de même bien difficile à mettre en œuvre, tant elle serait impopulaire.Anne EvenoJournaliste au Monde Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale) L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntakton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1 h 20 du matin, le visage du premier ministre, Alexis Tsipras, apparut à la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la “une” du journal de samedi. » L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont payés... Alexandre Piquard Il reste plusieurs obstacles à passer pour obtenir la validation de la vente controversée de Numéro 23 : le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui doit donner son agrément à la cession de la chaîne de Pascal Houzelot pour 90 millions d’euros au groupe NextRadioTV, se penche de près sur ce dossier. Survenue moins de trois ans après l’attribution gratuite de nouveaux canaux, la transaction est, pour certains, symbole d’une « spéculation » sur les chaînes de la TNT.Le CSA a notamment saisi son rapporteur indépendant pour éclaircir les conditions de la présence d’un actionnaire russe arrivé fin 2013 dans la société. L’investisseur est le groupe audiovisuel russe UTH, contrôlé à 50 % par USM, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov, troisième homme le plus riche de Russie, selon Forbes. Pour 10 millions d’euros, il a acquis 15 % de la chaîne. Or, en France, il est interdit pour une chaîne d’avoir un actionnaire hors d’Union européenne qui détient plus de 20 % du capital. Sous peine de voir son autorisation d’émettre annulée.Le CSA se demande si UTH ne possède pas en réalité plus de 20 % des droits de vote dans Numéro 23. En effet, un pacte d’actionnaires a été noué début 2014, qui prévoit, notamment, que l’investisseur russe soit consulté pour les décisions importantes. Celui-ci possède un siège sur quatre au conseil de surveillance.Revente dès que possibleUne source proche de la chaîne assure qu’UTH ne possède aucun droit de blocage anormal et aucun droit au-delà de 20 %. Le pacte d’actionnaires n’est qu’une façon habituelle pour les minoritaires de protéger leurs droits et d’éviter que le majoritaire sorte de son business plan ou change d’activité, affirme-t-on. M. Houzelot – membre du conseil de surveillance du Monde – possède 70 % des droits de vote de Numéro 23. Et 15 % du capital est possédé par des entrepreneurs privés français, dont Bernard Arnault et Xavier Niel (actionnaire du Monde).Le Canard enchaîné pointe, mercredi 1er juillet, la présence d’un autre partenaire étranger : Qipco, un fonds d’investissement qatari, qui a prêté 5 millions d’euros. Mais une source proche de la chaîne affirme que ces obligations ne sont pas « convertibles » en actions.L’hebdomadaire assure que le pacte d’actionnaires prévoit la revente de la chaîne dès que possible, à partir de janvier 2015. Pour la direction de la chaîne, il ne s’agit là que d’une « clause de liquidité » donnant le droit à l’actionnaire russe de céder ses titres, sur lesquels M. Houzelot gardait un droit de préemption.Le rapporteur indépendant du CSA doit rendre un avis aux membres du collège, qui décideront. Ceux-ci se fonderont aussi sur l’étude d’impact économique en cours d’élaboration. Et devront évaluer l’importance d’un dernier point : si la chaîne a respecté ses obligations en matière de diversité, elle a été mise en demeure, le 26 juin, pour ne pas avoir diffusé la quantité prévue de films européens et français.Lire aussi :TNT : Numéro 23 dans l’escarcelle de NextRadioTVAlexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Eric Albert (Londres, correspondance) L’extraordinaire saga familiale du clan Murdoch entre dans son dernier chapitre. Le 1er juillet, le vieux patriarche Rupert Murdoch, 84 ans, a vu son rêve se réaliser : ses deux fils adultes ont pris leurs nouvelles fonctions au plus haut niveau, prêts à lui succéder à la tête de son empire médiatique mondial. Non pas qu’il ait l’intention de passer la main. Le magnat de la presse et de la télévision demeure très actif et conserve le poste de vice-président exécutif.Mais la succession est désormais en ordre, ou presque. James Murdoch, le fils cadet de son second mariage, en sort le grand vainqueur. A 42 ans, l’abrasif et impatient rejeton devient le directeur général de 21st Century Fox, la société qui détient les activités dans la télévision et le cinéma (les chaînes Fox News et National Geographic, les studios de cinéma 20th Century Fox, une large participation dans le bouquet satellite Sky). Mais comme le pater familias aime à entretenir le flou et les rivalités, il a aussi donné un rôle clé à Lachlan, aîné de James de quinze mois. Celui-ci devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs.Lachlan devient vice-président exécutif du groupe : le même titre que son père, et sur le papier, les mêmes pouvoirs. Il conserve aussi son rôle de vice-président dans l’autre entreprise du groupe, News Corp, qui réunit les journaux – Wall Street Journal, The Times, The Sun, Harper Collins… –, et qui n’intéresse pas James.Mais il ne faut pas s’y méprendre. Derrière les déclarations publiques d’unité, James est en train de prendre le pouvoir. Il est basé à New York, au siège de 21st Century Fox, tandis que Lachlan est à Los Angeles, où se trouvent seulement les studios de cinéma.La gestion au quotidien sera du ressort du premier. Mais avec son père dans le bureau d’à côté et son frère au conseil d’administration, il n’aura pas une liberté de travail complète, loin de là.Lire aussi :Rupert Murdoch s’apprête à lâcher les rênes de la 21st Century Fox« Tous investis dans le succès des uns et des autres »« Les familles aristocrates britanniques ont un slogan : il faut avoir a heir and a spare[un héritier et un de rechange]. C’est ce que fait Rupert Murdoch », dit Claire Enders, directrice d’Enders Analysis, influente observatrice britannique des médias, qui a côtoyé le clan Murdoch. James confirmait à sa manière, le 25 juin, lors d’un passage à une conférence à Cannes : « Nous sommes tous investis dans le succès des uns et des autres. »Pour lui, le rebond est spectaculaire. En février 2012, sa réputation était détruite par le scandale des écoutes au tabloïd britannique News of the World. Devenu persona non grataparmi l’élite du Royaume-Uni, James quittait Londres pour se réfugier à New York, au siège du groupe. Le jeune loup, arrivé à Londres une décennie plus tôt, était à terre.Il est tombé à cause des journaux, mais il ne jure que par les nouvelles technologies et la télévision. Après des études arrêtées en cours de route à Harvard, et des débuts faussement rebelles à monter un label de musique de rap – vite racheté par son père –, il a fait sa carrière dans la télévision. Il débute à 27 ans à Star Television, l’antenne asiatique du groupe. A 30 ans, en 2003, il prend la tête de Sky, malgré l’opposition des actionnaires qui s’agacent de voir ce bambin diriger le premier groupe de diffusion par satellite d’Europe.« Vu comme un type sympa »Mais il impressionne. « Il a été visionnaire, avec quinze ans d’avance sur des groupes comme Canal + », dit Mme Enders. Comprenant que télévision, téléphonie et Internet vont converger, il investit dans les télécommunications pour diversifier Sky , qui devient une vache à lait pour le groupe. Couronné de ce succès, il prend, en 2007, la direction de toutes les affaires de l’empire familial hors des Etats-Unis, y compris les journaux britanniques.Lachlan, lui, a claqué la porte du groupe. Pressuré par son père, fragile, il est parti faire des affaires en Australie, et élever ses enfants en bas âge. « Il a tout fait pour avoir une vie normale, témoigne Justin Jameson, directeur de Venture Consulting, une société spécialisée dans les médias en Australie. Lui et Sarah [sa femme] étaient comme les autres parents à l’école, aidant à la cantine… Il est vu comme un type sympa. » Pendant que son frère mène cette vie familiale, James apparaît comme l’hériter évident.Ce dernier commence à agacer. Sec et brutal, il joue au baron des médias, faisant régner la terreur, tirant les ficelles de la société. Il reçoit dans son bureau debout derrière un pupitre, pour abréger les réunions. Ecouter n’est pas son fort. Eduqué aux Etats-Unis, il a horreur de la petite élite britannique. Il veut des résultats, et vite.« Il a grandi dans un monde où son père pouvait décrocher le téléphone pour appeler n’importe quel premier ministre », dit Mme Enders. Il adopte la même attitude dominante, multiplie les attaques contre ses rivaux et en particulier la détestée BBC, noue des alliances avec les leaders politiques, de Tony Blair à David Cameron.Un appétit féroceJusqu’à ce que cette envolée irrésistible soit stoppée net par le scandale de News of the World : un système d’écoutes téléphoniques à grande échelle, réalisé par les journalistes du tabloïd. La défense de James : il y a bien eu des écoutes et son groupe a bien tenté d’étouffer le scandale, mais il n’était pas au courant. Un comité parlementaire britannique conclut qu’il a fait preuve « d’aveuglement volontaire ».Parti à New York, il laisse passer la tempête. L’occasion de tourner la page se présente en juillet 2014, quand, à la surprise générale, Rebekah Brooks gagne son procès. Accusée d’avoir commandité les écoutes, l’ex-rédactrice en chef de News of the World, qui était la vraie patronne des journaux britanniques du groupe, est blanchie. La défense de James, qui consiste à plaider l’ignorance, devient plus solide. Dans la foulée, la justice américaine abandonne l’idée de poursuivre le groupe en justice pour corruption à l’étranger. Enfin, la victoire des conservateurs aux élections législatives britanniques de mai assure à la famille Murdoch la présence d’alliés au pouvoir à Londres.Dès lors, la voie est libre pour le retour officiel de l’enfant prodigue. Pendant l’été 2014, il conduit l’offre de rachat de Time Warner, qui aurait abouti à la création d’un géant du câble aux Etats-Unis. L’échec a été rapide et cuisant, mais il donne une idée de l’appétit féroce du fils cadet.James ne pourra cependant pas faire ce qu’il veut. « Il est généralement considéré que Rupert Murdoch va continuer à diriger tant qu’il est dans les parages », notent les analystes de Zacks Equity Research. A 84 ans, le vieux lion reste fringant et n’a pas dit son dernier mot.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.06.2015 à 18h14 • Mis à jour le01.07.2015 à 09h07 Jérôme Fenoglio sera le nouveau directeur du Monde. Son nom a été finalement retenu par les journalistes des rédactions du journal et du site, consultés, mardi 30 juin, lors d’un vote organisé par la Société des rédacteurs du Monde (SRM), conformément aux statuts de désignation d’un directeur du journal dans l’entreprise.Selon ces statuts, pour être élu directeur et nommé au directoire de la Société éditrice du Monde (SEM), le candidat proposé par les actionnaires de la holding Le Monde libre (Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse, qui détiennent la majorité des capitaux de la SEM) doit atteindre une majorité de 60 % de votes positifs de la part des membres de la société des rédacteurs.Mardi 30 juin, les journalistes membres de la SRM se sont prononcés à plus de 60 % en faveur de Jérôme Fenoglio. Ce dernier sera donc nommé directeur du Monde pour un mandat de six ans, lors d’un conseil de surveillance extraordinaire qui devrait se tenir jeudi 2 juillet.Jérôme Fenoglio, 49 ans, occupait ces derniers mois le poste de directeur des rédactions, après être passé, depuis son entrée au Monde en 1991, par de nombreux services (rédacteur en chef du Monde.fr, grand reporter, rédacteur en chef du Monde 2, reporter au service Sciences, chef du service Société, chargé de la rubrique Exclusion, reporter au service Sports).Un premier vote sur le nom de Jérôme Fenoglio avait eu lieu le 13 mai : il n’avait recueilli que 55 % de votes positifs. S’en était suivi la démission du directeur par intérim du journal, Gilles Van Kote. Les actionnaires de la holding Le Monde libre avaient ensuite annoncé, le 15 juin, qu’ils souhaitaient qu’un nouveau vote ait lieu sur le nom de Jérôme Fenoglio.Ce processus était intervenu dans le cadre du renouvellement du directeur du Monde, initié un an auparavant après la démission de l’ancienne directrice, Natalie Nougayrède. Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse avaient alors confié à Gilles Van Kote le soin d’assurer l’intérim, ce qu’il a fait pendant près d’un an.